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Sidbec (2)
(Dix heures trente-neuf minutes)
M. GRENIER (président): Alors, pour faire suite à la
dernière séance que nous avons tenue, voici ce comité des
régies gouvernementales, à caractère industriel et
commercial.
M. le Premier Ministre.
M. JOHNSON: M. Gignac, d'abord nous vous remercions d'être revenu.
Nous remercions M. Caron pour son premier cours sur le cours des valeurs. Nous
avons, la semaine dernière, déclaré que les
représentants des métallos auraient la permission, avec le
consentement du comité, de poser quelques questions. Est-ce qu'il y a
des représentants ce matin?
Hier, nous avons reçu une délégation fort imposante
de Bécancour et de la région qui nous a évidemment
exposé premièrement sa déception, deuxièmement son
espoir que l'entente avec Dosco n'ait pas lieu, troisièmement, son
espoir que Dosco n'étant pas réalisée on pourrait
éventuellement recevoir un début de sidérurgie à
Bécancour même, selon l'espoir et la certitude qui avait
été donnée à toute la population de
Bécancour.
Alors, nous avons suggéré à ces messieurs, de
former un comité qui, lui aussi, aurait le même droit que les
métallos, c'est-à-dire celui de poser quelques questions.
Il n'est évidemment pas question ce matin de faire un
débat sur les emplacements ni sur les rapports et je crois qu'en toute
équité, il faut fournir à chacun l'occasion de poser des
questions qui éclaireront l'opinion publique et les
députés de cette Chambre sur le pourquoi de Sidbec.
M. le Président, il se passe des événements qui
troublent tous ceux qui ont à coeur la paix dans le monde et qui veulent
dénoncer la violence surtout quand il s'agit de violence contre les
hommes politiques. Tout le monde se sent un peu touché à des
degrés plus ou moins divers et je voudrais bien ici, même si ce
n'est pas dans l'ordre, offrir officiellement des sympathies à Mme
Kennedy et à toute sa famille pour le tragique attentat dont le
sénateur Kennedy a été victime hier. On rapporte, ce n'est
pas confirmé, que l'opération n'aurait pas réussi et que
le sénateur Kennedy serait décédé.
M. LESAGE: Mais ce n'est pas confirmé.
M. JOHNSON: Ce n'est pas confirmé. C'est une nouvelle entendue
à la radio pour le moment. Je pense que chacun dans son coeur aura une
pensée pieuse et espère que les immolations finiront par servir
la paix et l'ordre dans le monde et dans l'Amérique du Nord.
Pour revenir à Sidbec, ce matin nous serions très heureux
d'entendre de nouveau M. Gignac répondre à nos questions et aux
questions des membres de ce comité et aux questions que pourront poser
les représentants des Métallos et de la région de
Bécancour.
Est-ce que le comité a été formé? M. le
maire de Bécancour est-il ici?
M. GAUDET: Oui, M. le Président.
M. JOHNSON: De qui êtes-vous assisté? Il y a un peu moins
de monde qu'hier.
M. GAUDET: Un peu moins mais par contre on a choisi des gens qui, je le
pense bien, nous rendront service. Notre urbaniste, notre ingénieur,
trois échevins, les deux maires des villes qui nous environnent,
Trois-Rivières-Ouest et Trois-Rivières.
M. JOHNSONS Pourriez-vous nous les présenter s'il vous
plaît?
M. GAUDET: M. Philippe Bourque, échevin; M. Jean-Baptiste
Leblanc, échevin; M. André Labrecque, notre ingénieur; M.
Roch Duval, échevin; M. Roger Leblanc, notre urbaniste; M. Montour, le
maire de Trois-Rivières-Ouest; M. Deschênes de
Trois-Rivières. Les gens de Victoriaville sont censés arriver
d'une minute à l'autre. Je vous remercie.
M. JOHNSON: Merci M. le Maire. Ce n'est pas une nouvelle officielle que
je donnais tantôt, mais de toute façon je pense qu'il y a lieu
d'offrir nos sympathies. Le pire n'est pas arrivé.
Tous les députés et, je pense, tous les membres de
l'auditoire sont un peu affectés par ces nouvelles, mais il faut quand
même que la vie continue. Et pour nous ramener des choses
extrêmement prosaïques, nous pourrions peut-être demander
à M. Caron de continuer sa démonstration. Il n'y a rien comme une
douche de chiffres pour nous ramener les deux pieds I terre.
M. Caron devait nous préparer, à la demande du chef de
l'Opposition, un document qui a été distribué à
tous les députés et au sujet duquel nous pourrions poser des
questions. Préférez-vous être au tableau, M. Caron?
M. CARON: Oui, si vous le désirez, pourvu que vous me permettiez
d'avoir I mes côtés M. Graveline qui est mon bras droit.
M. JOHNSON: Vous avez besoin d'un souffleur?
M. CARON: J'ai aussi besoin d'experts. M. le Premier Ministre.
M. LESAGE: Voudriez-vous attendre un instant? Je vais essayer de trouver
des copies.
M. JOHNSON: Pendant que le chef de l'Opposition cherche des documents
pour nous rendre service, est-ce que je pourrais faire le point, du moins tel
que je le vois quant à nous? La question principale est la suivante,
pourquoi avez-vous fixé à onze dollars le prix de l'action que
Sidbec offrirait, après les autorisations nécessaires y compris
celle du gouvernement, et l'assurance d'avoir de l'argent, aux actionnaires de
Hawker Siddeley qui détiennent environ 77% ou exactement 77% des actions
émises, et aux actionnaires qui ont acheté en bourse leurs
actions?
Nous avons compris que le président de Sidbec et son conseil
d'administration avaient arrêté le chiffre de $45,000,000 environ
comme valeur des actifs que garderait en définitive la Sidbec, soit
trois installations dans le Québec et une en Ontario, à
Etobicoke, et que ces actifs valaient ou vaudraient aux livres environ
$72,000,000. Cela c'est une autre dimension du problème. Donc,
$45,000,000, c'est le prix que vous aviez arrêté, que vous
trouviez raisonnable et qui, par toute une opération complexe que M.
Garon nous expliquera, se ramène sur la base d'action à $11
l'action.
Nous avons aussi compris, tout le monde, je crois bien, que les
$60,000,000 que le gouvernement s'engagerait à mettre à la
disposition de Sidbec, c'est un montant qui n'est pas entièrement
nécessaire pour l'achat des actions mais qu'il servirait aussi à
d'autres opérations de Sidbec, entre autres pour l'installation d'une
usine de transformation du minerai, ou du minerai préréduit
à de l'acier primaire, pour compléter le processus d'un complexe
intégré.
M. GIGNAC: Si vous permettez, M.Johnson. M. JOHNSON: Oui
M. GIGNAC: Un peu plus tard, si le comité le désire, nous
vous donnerons en gros le détail de ces $60,000,000, c'est-à-dire
ce que Sidbec entend en faire dans les années qui viennent.
M. JOHNSON: Merci, M. Gignac, donc comment les $45,000,000, pour les
actifs que garderait Sidbec, ou une compagnie que Sidbec contrôlerait,
peuvent arriver à faire $11 l'action? C'est cette opération que
nous aimerions comprendre dans les menus détails.
M. LESAGE: On soustrait 45 de 64.
M. CARON: Alors pour faire le lien avec notre discussion de la semaine
dernière, peut-être qu'on pourrait prendre connaissance du
tableau.
On vous a exposé, alors, que nous avons extrait du rapport annuel
de Dosco, le rapport au 31 décembre 1967, qui est le rapport officiel de
la compagnie, des chiffres que nous avons re-classifiés pour nous
permettre d'enchaîner et d'expliquer les régularisations qui
devaient être apportées.
Alors, pour résumer, le bilan montrait, en disponibilité,
$68 millions, c'est-à-dire l'encaisse, les comptes à recevoir, et
l'inventaire. Il y avait certains actifs en charbonnages, d'autres actifs, des
immobilisations dont une partie à laquelle Sidbec est
particulièrement intéressée, dont la valeur aux livres
dépréciée est de $72 millions. La semaine dernière
nous avons fait état de $6,700,000 pour la Montreal Works, $58,500,000
pour Contrecoeur, pour Etobicoke $4 millions et $2,600,000 pour Truscon
Steel.
D'autres actifs, d'une valeur aux livres dépréciée
de $10 millions, seront revendus à Hawker Siddeley Canada Limited. Un
actif total de $157,500,000 qui correspond à l'actif total apparaissant
dans le rapport officiel de la compagnie.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que vous me permettez juste
une question à ce moment-ci? L'actif de $157,881,541 ou environ
$157,500,000 ou $158,000,000, c'est l'actif au 31 décembre 1967. Il y
avait eu diminution des actifs, par rapport au 31 décembre 1966. de $11
millions, n'est-ce pas?
M. CARON: M. le Premier Ministre et M. Lesage, d'après
l'état financier que j'ai devant moi, en 1966...
M. JOHNSON: M. Caron, vous n'êtes pas recyclé encore?
M. CARON: Je pensais que je devais toujours m'adresser à lui
d'abord. Alors, M. Lesage, l'actif total, à la fin de 1966, apparaissant
aux livres est de $189 millions et l'actif apparaissant à la fin de 1967
est de $157 millions.
M. LESAGE: Ce qui fait $31 millions.
M. CARON: C'est $31 millions. Une raison de la forte diminution de
l'actif c'est la radiation, au cours de l'année, d'une somme de $26
millions résultant de la disposition des actifs de Sydney Works,
c'est-à-dire ceux que je présume avoir été vendus
à la province de la Nouvelle-Ecosse à une valeur
inférieure à la valeur qui apparaissait aux livres de Dosco.
Alors, pour la transition entre les deux bilans, il y a beaucoup
d'autres facteurs d'ajustement, mais c'est un facteur majeur et c'est
écrit comme ceci: Provisions for estimated costs and losses araising
from sale of almost all of the assets in the business of the Sydney Works.
C'est $26 millions.
M. LESAGE: C'est $26,000,000!
M. CARON: Alors, c'est une radiation de $26 millions dans le bilan de
Dosco qui est comparable ou qui est du moins de la même espèce que
la radiation de $27 millions que nous appliquons sur l'article immobilier.
Pour continuer le bilan, nous avons une exigibilité de
$38,500,000, les comptes à payer, des frais courus à payer,
diverses provisions dont une pour pension, les pensions aux employés,
$9,500,000, une réserve qui est utilisée pour une
régularisation sur les achats de minerai, $6 millions, et des
impôts différés de $1 million.
Et nous avons ensuite la dette à long terme, celle que l'on a
décrite, qui porte intérêt à 5 3/4% ou 6% et qui
échoit en 84/85, un passif total de $93 millions. Or l'avoir des
actionnaires qui est la différence entre les biens de la compagnie et
ses dettes, est de l'ordre de $64 millions. Cet avoir des actionnaires est
celui qui apparaît au rapport financier de Dosco, à la fin de
1967.
Pour les fins du calcul de $11 l'action, nous avons appliqué des
régularisations aux chiffres du bilan et c'est ainsi qu'une
réduction des immobilisations achetées par Sidbec, dont le
coût déprécié de $72 millions, est réduit
à un prix de $45 millions. Ce prix de $45 millions résulte des
négociations de M. Gignac avec le groupe de Hawker Siddeley, mais est
aussi appuyé par des études qui avaient été faites
quant aux opérations projetées de la compagnie, de 1968 à
1980, études qui tiennent compte des capacités de production des
usines et des possibilités du marché, en d'autres mots,
conciliation entre ce qu'il est possible de vendre et ce qu'il est possible de
produire.
Voici le résultat net de cette étude compte tenu des
corrections à apporter aux immobilisations, lesquelles sont
déterminées par des études d'ingénieurs, et
après analyse de l'effet de ces corrections sur les prix de revient, a
permis des calculs de rentabilité qui ont établi pour les
administrateurs de Sidbec, qu'en payant tel prix, on devait s'attendre à
obtenir tel niveau de rendement sur l'investissement. Et cette base est de 12
ans, c'est-à-dire de 1968 à 1980. Or le prix
négocié pour les actifs de Sidbec a été
établi à $45 millions. Une réduction est accordée
dans la négociation, sur les stocks. C'est-à-dire qu'on accorde
une diminution de l'inventaire, d'un montant de $1,500,000, qui pourrait tenir
compte de surévaluation, de stocks désuets, ou de stocks en trop
grande quantité. En fait un coussin, si on peut dire, de $1,500,000
contre les inventaires du 31 décembre 1967.
Nous avons ensuite une réduction de l'actif net, parce que les
actifs nets, c'est-à-dire des actifs moins des passifs, qui seraient
assumés par Hawker Siddeley, ont une valeur nette
dépréciée de $17,600,000 et la valeur de rachat, le
montant que Hawker Siddeley devra repayer à Dosco pour prendre
possession des actifs est de $13,600,000. Donc, une perte à la
liquidation, à la vente, de $4 millions, laquelle permettra en
même temps, cependant, de récupérer $1 million
d'impôts différés. Donc une perte nette au point de vue
comptable, une perte nette dans nos livres de $3 millions. Le total des
régularisations, des corrections à apporter,
l'équité pour les fins de calcul, seulement, de la valeur des
actions, est de $31,500,000. L'avoir des actionnaires, celui qui est
considéré pour les fins de l'offre qui n'est pas celui qui
apparaît à l'état financier et qui n'apparaîtra
probablement jamais, mais qui est utilisé pour les fins de calcul, est
de $32,500,000.
C'est ce que Sidbec a considéré être
l'évaluation de la valeur de la compagnie une fois que l'on a
éliminé les actifs extérieurs du Québec, mais en.
gardant ici les installations, le fonds de roulement et en assumant la dette
obligataire, donc la division de $32,500,000, par le nombre d'actions donne
$11.00 l'action.
M. LESAGE: M. Caron, de tousles chiffres que nous voyons au tableau,
deux seulement, me semble-t-il, ne sont pas tirés soit du bilan, soit
des livres de Dosco. Ce sont les chiffres de $45 millions et de $13,600,000.
Est-ce que c'est exact?
M. CARON: Oui, c'est exact.
M. LESAGE: Ces deux chiffres sont le résultat de
négociations, n'est-ce pas?
M. CARON: Oui, des négociations qui ont suivi les études
faites par les experts.
M. LESAGE: M. Caron, est-ce que vous avez fait partie de l'équipe
qui a fait une estimation de la rentabilité sur une période de
douze ans des quatre établissements de Dosco qui deviendraient la
propriété de Sidbec?
M. CARON: Nous faisions partie de l'équipe, c'est-à-dire
moi et quelque dix membres de mon bureau, tous comptables agréés,
travaillant en coordination avec les ingénieurs-conseils, travaillant en
coordination avec les ingénieurs et les comptables à l'emploi de
Sidbec et que l'on a nommé l'équipe Sidbec, qui ont
coordonné leurs efforts dans les domaines de leur compétence
respective pour établir les études de rentabilité. Et nous
étions de l'équipe, par le truchement d'un de mes associés
M. Ferguson, dans l'établissement du marché éventuel de
Dosco. Et M. Ferguson est ici ce matin avec moi.
M. LESAGE: Oui, M. Dozois voudrait vous...
M. DOZOIS: M. Lesage soulève cette question de rentabilité
des actifs que Sidbec peut acheter. Vous établissez la valeur
dépréciée ou les $72 millions sont basés sur la
valeur dépréciée de quatre installations. Est-ce qu'il
vous est possible de nous donner entre autres dans le cas de Contrecoeur
on nous a dit que cela avait coûté $70 millions et on ne
connaît que la date de construction de ces installations qui remonte
à trois ou quatre ans et que c'est maintenant
déprécié à $58 millions est-ce que vous
pourriez nous dire, dans le cas de Montreal Works, quand cela a
été installé et quelle a été la valeur
originale, pour arriver aujourd'hui à une valeur
dépréciée de $6,700,000 et dans le cas des deux autres
également ou si c'est impossible?
M. CARON: Si vous le permettez, M. Dozois, je vais demander à M.
Graveline qui est lui-même allé sur place à Contrecoeur,
à Montreal Works et dans chacune des usines, de répondre à
votre question.
M. GRAVELINE: M. Dozois, nous pouvons vous donner rapidement le
coût original des actifs aux différents emplacements. Nous pouvons
également faire un peu de recherche pendant cinq à dix minutes
pour vous donner la date d'acquisition de ces différents actifs.
M. DOZOIS: Non, approximativement, à quand cela remonte-t-il
Montreal Works? Est-ce une installation qui remonte à dix ans, quinze
ans, trente ans ou cinquante ans, environ?
M. GRAVELINE: Le Montreal Works remonte à au moins une vingtaine
d'années.
M. DOZOIS: Une vingtaine d'années. Et la valeur originale?
M. GRAVELINE: II faut que j'aille chercher les papiers.
M. LESAGE: Nous pouvons discuter avec M. Caron pendant que M. Graveline
fait ses recherches.
M. DOZOIS: Parce que j'estimais que c'était peut-être
nécessaire de partir de cette base pour estimer la
rentabilité.
M. LESAGE: Oui.
M. CARON: Je voudrais soulever un point, M. Dozois, c'est qu'entre les
usines, il y a transfert de matériel et le problème se pose
toujours lorsque vous avez un enchafnement de postes de fabrication, à
quel point on doit reconnaître le profit. Et nécessairement
suivant l'endroit où vous l'octroyez, vous pouvez changer la
rentabilité d'un établissement pour en faire
bénéficier un autre. Notre étude est certainement plus
exacte sur une base globale. Parce qu'à ce moment-là, nous
partons du prix de vente au consommateur et nous avons le taux global encouru
par toute l'organisation de Dos- co.
Mais c'est un problème qui se pose parce que, prenez Etobicoke,
elle est alimentée largement par Contrecoeur et, d'ailleurs, c'est la
raison pour laquelle Etobicoke est suggérée dans l'acquisition de
groupe, parce que, par le truchement d'Etobicoke, on écoule une forte
proportions des produits qui sont fabriqués à
Contrecoeur.
C'est la même chose entre Contrecoeur et Montreal Works. C'est la
même chose en fait à Truscon où vous manipulez du fer
d'armature que vous obtenez de vos usines. L'enchaînement des
opérations permet une meilleure utilisation globale.
M. LESAGE: D'accord. Entre compagnies parentes, le prix de vente des
produits de l'une à l'autre peut servir aux propriétaires
d'instrument pour faire profiter telle compagnie plutôt que telle autre,
suivant le prix de vente de l'acier dans l'état où il est
lorsqu'il est vendu.
M. JOHNSON: C'est très souvent en fonction d'une entente.
M. LESAGE: C'est ça que je dis, c'est une entente entre les
propriétaires qui en décident. M. Gignac l'a dit la semaine
dernière d'ailleurs.
M. CARON: La semaine dernière, dans l'exemple de Sydney Steel, le
transfert de la matière première de Sydney à
Contrecoeur...
M. LESAGE: Etait de $10 à $15 trop élevé, avez-vous
dit...
M. CARON: D'accord.
M. LESAGE: ... et c'était une question d'impôt, parce que
Sydney Steel opérant à perte, les opérations de la
Nouvelle-Ecosse opérant à perte, il n'y avait pas
intérêt à faire payer des impôts trop
élevés ni à Contrecoeur, ni à Etobicoke, ni
à Montreal Works, ni à Truscon.
M. DOZOIS: Cela servait à sauver des impôts à
l'autre.
M. LESAGE: Je pense que les comptables sont bien familiers avec ce
procédé qui est habile, mais n'est pas illégal.
M. DOZOIS: Le ministère du Revenu s'en plaint.
M. LESAGE: Ce n'est pas contre la loi. Non. Maintenant, M. Caron, j'en
suis toujours aux $45 millions. Je voudrais revenir aux deux chiffres qui sont
les seuls, n'est-ce pas, qui rie proviennent pas des livres, soit $45 millions
qui est un prix négocié, une valeur ou un prix
négocié, de même que $17.6 millions qui également
est une valeur négociée ramenée à $13.6 millions.
Dans ces deux cas, prenons plutôt l'exemple des $45 millions. Si je
comprends bien il s'agit d'un prix négocié. Ce n'était par
conséquent pas le prix ou la valeur à laquelle l'équipe de
Sidbec en était venue tenant compte de la rentabilité sur douze
ans, puisque cela a été négocié. Quelle
était la valeur à laquelle l'équipe de Sidbec en
était venue avant les négociations qui ont amené la
précision du chiffre de $45 millions?
M. CARON: Si j'ai bien compris notre mandat de l'équipe de
Sidbec, c'était de préparer tous les renseignements pertinents et
utiles, de manière que les administrateurs de Sidbec puissent prendre
une décision informée devant une série de faits. Alors
nous n'avons pas établi un chiffre, nous en avons établi
plusieurs. Par exemple, je pense que je puis dire qu'à certains moments,
nous avons considéré que l'actif immobilisé de Dosco dans
le Québec pouvait valoir $70 millions. Et nous avons établi
quelle serait la rentabilité advenant le cas où l'on paierait $70
millions. Nous l'avons fait à $65 millions. Nous l'avons fait à
$60,000,000. Nous avons fait toute la gamme, de manière à
informer le conseil d'administration de Sidbec: Si vous achetez à telle
condition, vous devriez avoir tel résultat d'après la projection
de douze ans. Somme toute, vos opérations et vos ventes restent les
mêmes, votre coût de main-d'oeuvre ne fluctue pas, vos frais fixes
ne fluctuent pas. Un facteur fluctue, c'est la dépréciation sur
les immobilisations et l'intérêt sur l'argent requis si vous payez
plus cher.
M. LESAGE: C'est ça!
M. CARON: Alors vous avez toujours des correctifs. Nous avons fait des
courbes et illustré qu'à tel niveau, on obtient tel
résultat et à tel autre tel résultat, de manière
que, M. Gignac avait en main toute la gamme et l'effet immédiat d'une
décision ou du moins l'effet immédiat de la négociation,
il savait que s'il achetait à tel prix il obtenait tel rendement.
Il l'a dit lui-même, et je pense que nous pouvons le
répéter, que la base établie a été pour que
sur des opérations de 12 ans, de 1968 à 1980, on trouverait un
facteur de rentabilité comparable aux autres sidérurgies
canadiennes. Cela ne serait pas vrai si on regarde l'année 1968 comme
telle, parce qu'on sait que 1968 va être une année difficile. Il y
a des correctifs à apporter, il y a des changements à apporter.
On ne peut pas changer une situation de perte en une de profit
immédiatement.
M. LESAGE: Non, c'est une perte qui est inévitable, en 1968.
M. CARON: Mais, des études indiquent que nous atteingnons le
point mort ou le point où nous faisons nos frais totalement après
quelques années d'opération et qu'ensuite une rentabilité
intéressante se développe.
M. LESAGE: A $45 millions.
M. CARON: Sur la base de $45 millions.
M. LESAGE: Evidemment, vous aviez préparé, pour divers
paliers...
M. CARON: Divers paliers.
M. LESAGE: ... à partir de $25 millions jusqu'à $70
millions, je suppose.
M. CARON: Nous ne nous sommes pas rendus à $25 millions, parce
qu'il y avait un problème pratique qui intervenait. Quand vous avez une
dette obligataire de $38 millions, vous avez peut-être un montant minimum
à considérer. Là, je suis obligé de vous parler de
mémoire, parce que je ne me rappelle pas exactement, mais nous sommes
certainement descendus très bas pour montrer exactement l'effet que
ça produisait sur la rentabilité à tous les niveaux.
M. LESAGE: Mais les $17,600,000?
M. CARON: On m'a laissé entendre, et c'est M. Bourassa qui m'a
dirigé vers ça, il aurait fait des mathématiques pour
expliquer que c'était la même radiation...
M. LESAGE: Mais vous aviez dit que c'était, comme on dit
communément, un « adon ».
M. CARON: Pour moi, j'y vois là une coïncidence.
M. LESAGE: Une coïncidence.
M. CARON: Je ne suis pas allé à la négociation, je
n'ai pas fait les calculs mathématiques à ce moment-là. On
peut présumer que Hawker Siddeley aurait pu dire: Bien nous, si nous
acceptons les radiations de tant sur certains actifs, nous voudrions que vous
acceptiez la même radiation sur ce que nous reprenons.
M. LESAGE: La même radiation...
M. CARON: Encore une fois, je ne veux pas faire de chantage. C'est
à peu près...
M. LESAGE: C'est à peu près ce que je vous ai dit l'autre
jour.
M. CARON: ... ce qu'on a dit l'autre fois. Comme je n'étais pas
à la négociation, je ne peux pas dire...
M. LESAGE: Mais est-ce que vous aviez préparé des
chiffres...
M. CARON: Oui, nous avions préparé des tableaux...
M. LESAGE: ... qui concernent l'évaluation?
M. CARON: ... qui indiquaient le coût de chacune des unités
hors du Québec et préparé des tableaux...
M. LESAGE: Est-ce que c'était...
M. CARON: ... qui montraient le résultat d'opération de
ces unités, parce que certaines sont déficitaires et d'autres
opèrent à profit. Alors, nous avions donné au conseil
d'administration de Sidbec des tableaux qui analysent ici il y en a cinq
ou six concernés chacune des opérations. Cinq ou six
opérations y sont analysées en fonction des actifs requis, des
résultats qu'elles ont apportés depuis cinq ans ou six ans, de
manière que M. Gignac puisse établir quelle était, dans
son opinion, la valeur réelle de ces actifs.
M. LESAGE: Au cours des dernières années, M. Caron, est-ce
que, toute proportion gardée, les actifs qui seront rachetés par
Hawker Siddeley étaient une source de pertes relativement plus
considérable que les actifs en ce qui concerne les quatre
établissements que Sidbec retiendrait?
M. CARON: Disons que certaines unités ont opéré
à perte continuellement.
M. LESAGE: Cela, c'est dans le rachat.
M. CARON: Oui, dans le rachat. Je ne veux pas les identifier pour porter
préjudice, mais disons dans certaines activités très
particulières, qui sont en dehors des opérations normales de
l'acier. D'autres, par ailleurs, avaient une production qui a changé
avec le temps. Par exemple, il y en a une en Ontario, entre autres, qui a
modifié son approche en affaires. Elle fabriquait, je crois, des wagons,
à certains moments, et à certains moments, les commandes
étaient généreuses, ce qui était très
intéressant. Elle s'est lancée dans d'autres activités et,
depuis ce temps-là, il y a des pertes. On peut dire que dans l'ensemble
la rentabilité que nous avons voulue, ne justifierait pas un prix
supérieur à celui qui a paru ici.
M. DOZOIS: Je crois comprendre, n'est-ce pas, que le prix offert de $45
millions pour ce qui intéresse Sidbec, c'est le coût net par
Sidbec indépendamment de la transaction des $17 millions ou des $13
millions. Quand toute l'opération sera terminée et que Hawker
Siddeley aura
racheté certains actifs au coût de $13 millions, et ce qui
restera coûtera $45 millions àsidbec?
M. CARON: C'est ça. Avec une valeur aux livres de $72,000,000,
mais on n'aurait pas payé un montant équivalent de plus de
$45,000,000 pour les installations.
M. DOZOIS: Oui, mais les $45,000,000 qui est le prix offert, comportent
en somme un paiement de $18.9 millions qui est $11 l'action, moins les $13.6
millions.
M. CARON: Oui, nous allons payer $11 l'action et Hawker Siddeley va
remettre l'équivalent d'environ $4 l'action à Dosco.
M. LESAGE: Oui, mais il y a une chose, M. Dozois, les $45 millions, le
prix négocié de $45 millions, comprend les actifs qui seront
rachetés par Hawker Siddeley.
M. CARON: Non.
M. LESAGE: Bien oui, vous les soustrayez.
M. CARON: Non, c'est exclus, icinous avions divisé les
immobilisations en deux secteurs. Alors les $10 millions d'immobilisations,
valeur originale dépréciée, plus certains actifs que nous
avons en disponibilité, moins certains passifs que nous avons en
exigibilité, se retrouvent dans les $17 millions.
M. LESAGE: Les $17.6 millions.
M. CARON: Alors que les $72 millions se ramènent directement aux
$45,000,000. Somme toute, nous pourrions oublier tout ça et mettre $45
millions ici et puis dire: On a nettoyé notre situation, puisque nous
avons payé effectivement $45 millions, nous ne le
référions pas, parce que ça pourrait être
désavantageux puisque nous avons des dépréciations
additionnelles qui peut-être pourront être utilisées
éventuellement. Alors, nous allons continuer à porter une valeur
aux livres de $72 millions, mais nous aurions effectivement payé $45
millions.
M. DOZOIS: Alors, M. Caron, j'imagine que quand Sidbec offre $45
millions pour des actifs, et que Sidbec ne débourse seulement que $18.9
millions, c'est-à-dire $32 millions moins la récupération
de $13.6 millions, que la différence entre le $18 millions est
constituée par les obligations assumées de $38 millions, moins
d'autres disponibilités qui appartiendront à Sid- bec. Autres
actifs qui appartiendront à Sidbec et feront la différence.
M. LESAGE: La partie des $68 millions.
M. CARON: Nous héritons, comme vous le dites, d'un fonds de
roulement, qui lui, va être augmenté de $13,6 millions. Ce qui
équivaut, si l'on peut dire, à $4 l'action, et qui sont compris
dans notre prix de $11. Nous allons hériter des immobilisations dont la
valeur a été négociée et établie à
$45 millions. Nous allons continuer ou plutôt Dosco va continuer
d'assumer sa dette obligataire de $38 millions et aura certaines
exigibilités; par ailleurs Dosco dispose de la provision pour le minerai
et un impôt récupérable aura disparu dans la
transaction.
M. LESAGE: Est-ce que je fais erreur?
M. DOZOIS: Actif ou passif.
M. CARON: Moi, je fais la différence.
M. LESAGE: Est-ce que je fais erreur en disant que la semaine
dernière, je crois, vous avez parlé d'un fonds de roulement de
$30 millions.
M. CARON: J'ai fait un calcul mathématique, M. Lesage, en disant,
qu'au 31 décembre 1967, celui qui apparaît est de $29,500,000 soit
la différence entre le $68 millions et le $38.5 millions.
M. LESAGE: C'est ça.
M. CARON: Nécessairement, comme nous venons d'en discuter,
plusieurs modifications vont s'effectuer, nous avons des demandes d'argent que
nous recevons qui vont changer le fonds de roulement. Mais, nous avons
donné effet à ces changements et nous sommes en mesure d'affirmer
qu'avec la souscription gouvernementale de $60 millions et ce dont Dosco
disposerait après la transaction, que le fonds de roulement serait
confortable, serait ce qui est anticipé d'une compagnie de l'ampleur de
Dosco.
M. LESAGE: Mais, vous parlez de la souscription gouvernementale de $60
millions. La souscription gouvernementale de $60 millions n'est pas
nécessaire pour cette transaction?
M. CARON: Non, je pense que M. Gignac en a indiqué le
désir tout à l'heure.
M. LESAGE: C'est vous qui venez de le mentionner.
M. CARON: Je m'excuse.
M. LESAGE: J'ai compris que la souscription gouvernementale de $60
millions, faite sur une période de cinq ans à $12 millions par
année, pourrait éventuellement servir à une
opération additionnelle, c'est-à-dire la réduction du
minerai.
M. GIGNAC: Oui, d'accord.
M. CARON: En partie, pas en totalité...
M. LESAGE: Non, c'est parce que vous venez d'ajouter les $60 millions
pour calculer le fonds de roulement...
M. CARON: Avec ces $60 millions nous allons acquitter le coût.
M. DOZOIS: II y a plusieurs facteurs qui interviennent.
M. CARON: Il va rester un montant pour des nouveaux investissements.
M. LESAGE: Evidemment. Je faisais simplement remarquer à M. Caron
qu'en mentionnant $60 millions comme ajoutant de la valeur à ces
actifs-là, il allait trop loin. Ce n'est pas $60 millions, il y en a une
partie qui va servir à autre chose.
M. DOZOIS: D'accord.
M. CARON: D'accord, partiellement.
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Est-ce que vous seriez en mesure de répondre à
ma question de tout à l'heure, M. Graveline?
M. GRAVELINE: Pour répondre à votre de-mande, M. Dozois,
les usines de Montréal ont un coût initial approximatif de $26
millions. Certaines installations datent de 25 ans mais la majeure partie de 15
ans.
Contrecoeur a un coût de $62 millions...
M. DOZOIS: Est-ce $62 millions?
M. GRAVELINE: C'est $62 millions. La mise en opération s'est
faite à partir de 1964 jusqu'à aujourd'hui.
UNE VOIX: Depuis quatre ans.
M. JOHNSON: La mise en opération, est-ce le début de la
construction de Dosco à Contrecoeur?
M. GRAVELINE: Je crois que le début de la construction remonte
à 1962.
M. BERTRAND: A 1963. UNE VOIX: A 1963.
M. GRAVELINE: A 1963. Etobicoke a un coût de $8 millions et date
approximativement de 1955. Truscon a un coût de $5 millions...
M. DOZOIS: Est-ce $5 millions?
M. GRAVELINE: ... et un âge d'à peu près quinze ans,
également, 1955 disons.
M. DOZOIS: Avez-vous estimé le coût de remplacement de ces
installations?
M. JOHNSON: Est-ce que le coût de remplacement a été
évalué ou établi pour ces installations?
M. GIGNAC: Nous avons tenu pour acquis, je crois, que le coût de
remplacement serait le coût initial des équipements qui ont
été mis en place. Si nous recommencions aujourd'hui Montreal
Works, il est quand même fort probable que le coût de remplacement
serait beaucoup plus élevé que le coût initial d'il y a
vingt ans.
M. DOZOIS: Oui.
M. GIGNAC: II s'élevait à peu près à $26
millions à ce moment-là. Mais nous n'avons pas fait
d'étude approfondie là-dessus. Nous les avons pris tels qu'ils
étaient dans les livres.
M. DOZOIS: Mais si vous deviez construire les quatre usines dont il est
question, la valeur originale serait de $101 millions.
M. GIGNAC: Oui.
M. DOZOIS: Alors, je m'imagine que ça coûterait beaucoup
plus au prix d'aujourd'hui.
M. GIGNAC: Ah, oui! beaucoup plus.
M. DOZOIS: Vous auriez quelque chose de neuf, évidemment.
M. GIGNAC: Oui. Il faudrait rajouter à la
valeur aux livres, coût initial, un montant de l'ordre de 20%
à 30% de plus au moins...
M. DOZOIS: De 20% à 30% de plus? M. GIGNAC: Ah, oui!
M. DOZOIS: Alors, construire en neuf les installations qu'il y a
là, pourrait coûter actuellement de $120 millions à $130
millions?
M. GIGNAC: Au moins.
M. DOZOIS: Au moins, sauf que vous auriez quelque chose de neuf.
M. GIGNAC: Oui.
M. DOZOIS: C est là la différence. Très bien.
M. JOHNSON: M. Gérin-Lajoie et M.Gaudet, je pense bien, auraient
des questions à poser.
M. GERIN-LAJOIE: J'aurais une première question à poser
à M. Gignac. Est-ce que j'ai bien compris que l'effet de la transaction
initiale est de laisser intacte l'entité juridique de Dosco qui continue
à fonctionner comme auparavant? Je parle de la transaction initiale et
non pas de leurs projets éventuels. Si je pose cette question-là,
ce n'est pas évidemment parce que nous nous intéressons à
l'aspect légal de la question, mais parce que la continuité de
l'entreprise comme entité juridique a immédiatement des effets
sur la continuité des régimes d'assurance et des régimes
de pension en dehors même des conventions collectives ou en dehors des
articles de loi qui régissent les plans de pension ou les fonds
d'assurance. Alors, est-ce qu'on a bien compris que, en achetant les actions,
plutôt que les actifs pour les quatre usines concernées,
l'employeur sur le plan juridique reste Dosco, du moins après la
transaction initiale, l'achat des actions par Sidbec?
M. GIGNAC: Vous aviez bien compris, M. Gérin-Lajoie.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, il y a une autre question, M. le
Président. Je n'ai pas l'intention de demander à M. Gignac quelle
sera la politique de salaires, la politique de Sidbec dans ses
négociations collectives éventuellement. Il nous a
expliqué assez clairement, quelle était sa politique de
rentabilité par rapport aux autres aciéries canadiennes et je
pense bien qu'il estimerait que ce n'est pas, ici, l'endroit pour exposer son
attitude vis-à-vis des négociations.
Cependant, si on me le permet, j'aimerais faire un bref commentaire. Et
si cela dépasse les cadres de l'invitation qui nous a été
faite par le comité, je serais reconnaissant au président du
comité de me rappeler à l'ordre. J'aimerais seulement faire un
très bref commentaire sur la position du syndicat des métallos
sur le plan des négociations vis-à-vis d'une entreprise qui va
être maintenant, sinon la propriété complète, du
moins sous le contrôle du gouvernement.
Alors que Dosco était encore du secteur privé, nous avons
dans deux usines, celle de Montreal Works d'abord, qui aurait fait le travail
de pionnier dans ce secteur-là et celle d'Etobicoke tout
récemment, nous avons établi une politique de parité avec
les autres aciéries canadiennes, au premier chef Stelco.
Malheureusement, dans les deux cas, il a fallu des grèves pour obtenir
ces résultats. Evidemment, ce sont les travailleurs de chaque usine qui
prennent leurs décisions et établissent leurs politiques de
négociations, mais nous avons l'intention dans les conseils que nous
sommes appelés à donner à ces syndicats locaux, de
recommander de conserver cette politique de parité obtenue dans les deux
dernières années et, dans le cas de l'usine de Contrecoeur, de
l'établir et de suivre le modèle de parité établi
par Etobicoke et Montreal Works récemment. Dans le cas de Contrecoeur,
cela peut avoir un intérêt un peu plus immédiat,
étant donné que les négociations sont présentement
en cours. Mais je crois que c'est notre responsabilité syndicale de
traiter Dosco, une fois qu'elle appartiendra à Sidbec, sur le plan des
salaires, exactement de la même façon que le reste de toute
l'industrie canadienne de l'acier.
Je me permettrai aussi, un autre commentaire très bref. En gros,
le syndicat des métallos accueille avec énormément de joie
et de satisfaction la transaction envisagée sans pouvoir offrir un
jugement d'experts sur tous ces détails. Nous avons abordé le
sujet avec une confiance initiale envers l'équipe de Sidbec et je dois
dire, après avoir entendu les explications, la réaction de mes
confrères et moi-même est que notre confiance est sortie grandie
et non pas diminuée envers l'équipe que dirige M. Gignac.
Si nous accueillons avec joie cette transaction, c'est d'abord pour ses
effets immédiats. Après le coup moral donné par la
fermeture de l'usine de Sydney, l'intérêt, qui nous apparaît
clair depuis plusieurs mois déjà, de Hawker Siddeley est de se
débarrasser de sa présence dans l'acier, dont le premier
symptôme a été l'abandon des opérations à
Sydney. Il a évidemment surgi une crainte parmi les quelque 2,000
employés de Dosco au Québec et à Etobicoke de voir des
transactions hâtives s'effectuer
à droite ou à" gauche ou ne pas se réaliser du
tout, d'où la fermeture possible d'usines. L'effet immédiat de la
transaction est d'assurer l'emploi de ces quelque 2,000 travailleurs et nous
tenons à féliciter Sidbec et, également, le gouvernement
du Québec pour cette initiative.
A long terme, nous nous réjouissons aussi des intentions qu'a
manifestées M. Gignac, sinon le premier ministre lui-même, selon
lesquelles ce n'est peut-être, qu'après une période de
consolidation et d'expérimentation, qu'un premier pas sera franchi vers
la transformation de l'acier ici au Québec. Et la transformation de
l'acier au Québec offre l'intérêt à la province
d'une diminution du coût de transformation de l'acier et d'une baisse du
coût des produits de l'acier, un métal extrêmement important
pour l'industrie secondaire. Si Sidbec peut servir d'intermédiaire pour
offrir l'acier à meilleur prix pour le développement de
l'industrie secondaire, toute la métallurgie, plusieurs des
régions du Québec et, éventuellement, toute l'industrie
québécoise auront à s'en féliciter.
En terminant, nous souhaiterions vivement que le gouvernement autorise,
le plus rapidement possible, Sidbec à conclure cette transaction, le
facteur délai nous apparaissant actuellement important. Il naît
parmi nous une certaine inquiétude, centrée plus
particulièrement sur l'usine de Contrecoeur, où à l'heure
actuelle les opérations d'entretien dans cette usine sans parler
de celles d'améliorations qui sont mêlées quotidiennement
à l'entretien ont atteint un point qui nous semble dangereusement bas,
particulièrement à l'usine de Contrecoeur; ce qui est
peut-être inévitable que ce soit louable ou non pour
une compagnie qui songe à se débarasser bientôt de ces
actifs. Il nous semble, qu'à long terme, les intérêts de
l'opération elle-même, celle des travailleurs qui, tout de
même, aiment travailler, pour une entreprise qui tourne rond, et non avec
des machines qu'on rafistole avec des « bouts de broche à foin
», que cet intérêt dis-je serait avantagé si la
transaction pouvait se compléter le plus tôt possible et si le nom
du propriétaire et la prise de pouvoir du propriétaire pouvaient
être connus rapidement.
Je remercie le comité de nous avoir donné la permission,
en dehors des règlements, d'avoir pu faire ces quelques remarques au nom
des 2,000 membres des métallos qui travaillent pour Dosco et qui, nous
le souhaitons, travailleront bientôt pour Sidbec.
M. BERTRAND: M. Lajoie, si vous me le permettez, vous avez eu dans vos
derniers propos une remarque qui m'a frappé je pense qu'elle a
frappé tous mes collègues aussi lorsque vous avez dit que
c'était une « cour de broche à foin ». Ces
propos-là s'appliquent-ils à un ensemble ou à certaines
parties de cet ensemble? Ne serait-il pas préférable que vous
précisiez?
M. JOHNSON: Parliez-vous de la maintenance seulement?
M. GERIN-LAJOIE: Je parle surtout de la maintenance et je parle de
l'usine de Contrecoeur. L'usage des mots « broche à foin »
ils ne font pas de broche à foin à Dosco.
M. BERTRAND: On sait quel sens cela peut avoir devant l'opinion
publique.
M. GERIN-LAJOIE: En fait, cela s'applique si peu que Dosco, il y a un
an, a vendu son département de broche à foin. Disons qu'il s'agit
pour nous d'une préoccupation.
M. BERTRAND: C'est plus sérieux que cela.
M. LESAGE: Nous avons compris que vous avez employé l'expression
« broche à foin », nous voulons savoir à quoi
ça s'applique. Est-ce à ce que vous appelez la maintenance, la
production?
M. GERIN-LAJOIE: A la qualité et au budget de la maintenance.
M. DOZOIS: Est-ce qu'on pourrait appliquer ça à une chose
qu'on veut acheter à $58 millions? Si c'est de la broche à foin,
cela n'en vaut peut-être pas un million.
M. GERIN-LAJOIE: Ecoutez, nous n'en sommes pas à dire que le
fonctionnement des opérations a atteint un point désastreux, que
ça ne fonctionne plus. Mais il y a ce qu'on appelle la maintenance
immédiate et une maintenance complète. Ce n'est pas la même
chose de tenir des machines en marche et de tenir une usine en parfait
état. Et nous avons, quant à nous, le sentiment que nous
observons un certain relâchement dans la politique de maintenance
à Contrecoeur.
M. DOZOIS: C'est plutôt l'administration que vous qualifieriez de
broche à foin.
M. GERIN-LAJOIE : Je dirais plutôt un relâchement dans la
qualité et les budgets affectés à la maintenance.
M. BERTRAND: Appliquez-vous vos propos, pour être encore plus
précis, à ce qu'il y a là comme usine, équipement,
immeubles?
M. GERIN-LAJOIE: II s'agit évidemment uniquement de
l'équipement puisque les bâtisses elles-mêmes sont presque
toutes quasiment neuves.
M. LESAGE: Est-ce que dans la machinerie, les laminoirs et autres, une
bonne partie n'est pas neuve également?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, exactement.
M. LESAGE: Oui, mais alors, qu'est-ce qui ne va pas dans ce que vous
appelez la maintenance et l'entretien?
M. GERIN-LAJOIE: Disons que dans un atelier, quand il se brise un
morceau ou qu'on a besoin d'en faire un, on peut profiter de cette occasion
pour en faire deux ou trois de rechange. A ce moment-là, c'est plus
facile de le faire et on a donc tout de suite des pièces de rechange
s'il survient un autre bris. Si on ne fait qu'une pièce de rechange pour
un morceau qui se brise, la machine continue à marcher mais comme
politique de maintenance à long terme, on s'aperçoit d'un
changement. Si on commande une pièce d'équipement additionnelle
qui modifie et améliore un procédé de fabrication mais
qu'on ne l'installe pas en disant que le présent budget ne permet pas
l'installation immédiate de la machine, on sauve de l'argent durant ce
mois mais, une fois l'acquisition faite, il faudra évidemment installer
une machine qui a été commandée pour améliorer le
processus de production.
M. JOHNSON: M. Lajoie, serait-il exact de décrire la situation de
Dosco comme suit: Dosco serait, quant à l'entretien de son usine, dans
la même position que quelqu'un qui a décidé de vendre sa
voiture à un prix déterminé et qui n'a pas le goût
de faire de grosses réparations entre le moment où c'est
décidé et la livraison.
M. GERIN-LAJOIE: C'est exactement ma pensée.
M. JOHNSON: Cela ne s'applique pas quant à la qualité du
nouveau laminoir.
M. GERIN-LAJOIE: D'aucune façon.
M. JOHNSON: II y a un vieux laminoir aussi.
Celui-là doit se briser plus souvent. Mais, M. Lajoie, je puis
d'abord vous proposer d'éliminer le mot peut-être quant à
la fin du processus et dire: « ... les $60 millions seraient
versés ou imputés avec la condition expresse qu'on va se rendre
jusqu'au bout du procédé pour établir un complexe
intégré ».
M. LESAGE: Jusqu'au début, vous voulez dire.
M. JOHNSON: Oui. On sera jusqu'au bout. On commence par la fin. Le
projet, si vous l'avez bien compris, c'est l'achat d'installations qui
fonctionnent déjà, qui ont déjà des marchés
de l'ordre de 350,000 tonnes, pour ensuite en arriver à établir
la source d'approvisionnement d'acier.
Cela, c'est de $60 millions et c'est fait en fonction de ça. M.
Gignac, tantôt, avait évoqué le désir d'expliciter
sur ce point, ce qu'il fera tout à l'heure après que nous lui
aurons posé des questions.
J'aimerais vous poser quelques questions. Est-ce que la parité de
salaires est établie pour représenter les métallos de
Stelco à Contrecoeur?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, à Contrecoeur, à Montréal et
dans le reste du pays.
M. JOHNSON: Est-ce que la parité est établie entre
Stelco-Contrecoeur et Stelco-Ontario?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, sur le plan géographique pour la même
sorte d'opération, Stelco à Contrecoeur est payé au
même salaire, ou les travailleurs sont payés au même salaire
que les employés de Stelco à Hamilton. Il y a dans ça une
légère différence de quelques cents l'heure, selon que le
travailleur travaille du lundi au vendredi ou sur des équipes
continues.
M. JOHNSON: Est-ce que, par ailleurs, il vous semble y avoir une
parité entre les employés de Dosco et Stelco, entre eux, à
Contrecoeur?
M. GERIN-LAJOIE: Non, jusqu'à maintenant, non.
M. JOHNSON: C'est ce qui est en train d'être
négocié.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ce qui est en train d'être
négocié. Nous devons demander la conciliation d'ici une quinzaine
de jours.
M. JOHNSON: Alors, il faudrait demander à M. Gignac si les
projections ont été basées en tenant compte de
l'éventuelle parité entre Dosco-Contrecoeur et Stelco-Contrecoeur
et ensuite entre Dosco-Contrecoeur et Stelco-Ontario ou la parité, en
somme, géographique québécoise et la parité
canadienne.
M. GIGNAC: Dans les études que nous avons faites, nous avons tenu
compte du fait qu'éventuellement, évidemment si nous parlons de
parité de rentabilité nous pensons aussi à la
parité de salaire.
M. JOHNSON: Vous ne pensez pas pouvoir échapper à
ça?
M. GIGNAC: Bien nous verrons à la table des négociations,
si jamais nous nous y retrouvons. Mais je crois que c'est une chose qu'il faut
envisager, mais il me semble assez évident que c'est à la table
des négociations que tout cela va se décider. Disons que nous
n'avons pas tenu pour acquis que la rentabilité se faisait aux
dépens de la main-d'oeuvre.
M. BERTRAND: Bon, très bien! M. JOHNSON: Merci.
M. LESAGE: En d'autres mots, M. Gignac, vous avez assumé, dans
vos études de rentabilité, en faisant vos comparaisons avec la
rentabilité actuelle de la sidérurgie en général au
Canada, vous avez assumé, dis-je, la parité de salaire...
M. JOHNSON: ... Eventuelle.
M. LESAGE: Eventuelle dans les établissements, Dosco avec le
reste de la sidérurgie au Canada?
M. GIGNAC: C'est exactement ça. M. LESAGE: Bon, c'est très
bien.
M. JOHNSON: M. Gignac, êtes-vous du même avis que M.
Gérin-Lajoie quant à l'urgence d'en arriver à une
décision, pour que ne se détériorent pas le climat et les
budgets d'entretien?
M. GIGNAC: Oui, je suis absolument de cet avis-là. Je crois que
nous devrions faire le plus rapidement possible pour régler le
problème si nous devons le régler, de telle façon que nous
prenions en main la responsabilité non seu- lement de la maintenance
mais aussi et surtout de certaines dépenses capitales qui devront
contribuer éventuellement à améliorer les installations
dont nous allons devenir propriétaires.
M. VINCENT: M. Gignac, avant de demander au maire de
Bécancour...
M. LESAGE: Un instant, j'aurais une question à poser à M.
Gérin-Lajoie.
M.VINCENT: D'accord!
M. LESAGE: M. Gérin-Lajoie, vous avez parlé de
laisser-aller dans l'entretien, je traduis comme ça votre expression
« broche à foin », le laisser-aller dans l'entretien
à Contrecoeur. La production est très minime par rapport à
la capacité de production de l'usine, n'est-ce pas? Est-ce qu'il y a
ralentissement actuellement dans la production?
M. GERIN-LAJOIE: Il y a un ralentissement. Une bonne partie des
activités d'un laminoir à Contrecoeur c'est de rouler de l'acier
inoxydable qu'Atlas Steel envoyait auparavant aux Etats-Unis et qu'elle fait
rouler maintenant à Contrecoeur.
Il y a aussi le roulage de ce qu'on appelle du skelp,
c'est-à-dire des rubans de métal qui servent à la
fabrication de tuyaux et qui sont vendus soit à Dosco, soit à
Stelco, et si l'on enlevait ces activités-là, il y a un laminoir
qui n'aurait plus besoin d'entretien.
M. LESAGE: La production est très très ralentie alors.
Est-ce qu'il y a eu ralentissement au cours des derniers mois, des
dernières semaines? A quel moment s'est fait sentir ce ralentissement
dont vous parlez?
M. GERIN-LAJOIE: II est plus accentué depuis trois semaines ou un
mois.
M. LESAGE: Le ralentissement est plus accentué depuis trois
semaines ou un mois dans la production.
M. GERIN-LAJOIE: Dans la production. Je n'ai pas mentionné ce
facteur-là au début, parce qu'il est difficile de dire si le
carnet de commandes a diminué uniquement à cause de l'annonce de
la transaction et puis là nous entrons dans un domaine
hypothétique qu'il me semble difficile d'explorer à fond...
M. LESAGE: C'est pour ça que je l'ai mentionné.
M. GERIN-LAJOIE: ... et c'est pour ça que je n'ai
mentionné que le facteur d'entretien.
M. LESAGE: Disons que ce facteur est plus économique que
politique et c'est peut-être M. Gignac qui pourrait nous faire des
commentaires sur les causes de ce ralentissement que vous mentionnez et dont
vos membres sont témoins dans la production à Contrecoeur.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on aurait d'autres questions à
poser?
M. LESAGE: Il y a les commentaires de M. Gignac sur le ralentissement
dans laproduction. Alors, si M. Gignac, comme il l'a fait tout à l'heure
lorsque le premier ministre posait des questions à M.
Gérin-Lajoie, voulait faire son commentaire sur le ralentissement de la
production.
M. GIGNAC: D'une façon générale, M. Le-sage, les
ventes, sans aller dans les détails, les ventes des produits qui sont
fabriqués à Contrecoeur, correspondent à peu près
aux projections qui ont été faites pour l'année en cours.
Maintenant, il arrive, pour des raisons qui sont assez souvent difficiles
à analyser, qu'il peut y avoir dans certains secteurs un ralentissement
temporaire. Alors, il semble que dans deux ou trois produits, cette
situation-là soit arrivée et qu'effectivement depuis les deux ou
trois dernières semaines, particulièrement dans les tôles
fines, il y a eu un certain ralentissement.
M. LESAGE: Dans quoi?
M. GIGNAC: Dans les tôles fines il y a eu un certain
ralentissement, mais nous n'avons pas de chiffres. Ce serait assez difficile de
vous donner les raisons de ce fait, de ces choses, mais je crois qu'il faut
surtout regarder, ce qu'il est important d'établir, c'est si les ventes
ou si la production correspond à ce qui a été
projeté pour une année, compte tenu du fait que dans l'avenir on
doive avoir un certain ralentissement, à certaines périodes, sans
trop prévoir toujours à quelle période ces
ralentissements-là arriveront. Dans le cas des tôles fines,
ça correspondait à l'annonce, en effet, de l'offre que Sidbec
faisait pour les parts de Dosco, les actions ordinaires de Dosco. Maintenant,
ça peut être une coincidence mais nous n'avons pas...
M. LESAGE: Quelle est l'utilisation principale de ces tôles
fines?
M. GIGNAC: Pardon?
M. LESAGE: Quelle est l'utilisation principale des tôles fines
produites?
M. GIGNAC: II y en a une partie qui va au Québec et l'autre
partie qui va en Ontario.
M. LESAGE: Je comprends, mais l'utilisation...
M. GIGNAC: Il y a une partie de ces tôles qui sont
galvanisées, qui sont utilisées pour faire de l'acier
corrugué et puis il y en a d'autres qui sont utilisées, enfin,
à toutes sortes d'industries secondaires où on utilise les
tôles fines.
M. LESAGE: Est-ce que c'est vendu pour l'industrie automobile?
M. GIGNAC: Pour les réfrigérateurs, les chauffe-eau, les
choses comme ça.
M. LESAGE: Alors, c'est utilisé principalement dans la
fabrication des, comment appelle-t-on ça, des appareils...
M. GIGNAC: Des appareils ménagers. M. LESAGE: ...
ménagers.
M. GIGNAC: II y a une quantité assez grande qui va dans ce
domaine-là et puis pour la construction, enfin, ça couvre
à peu près presque tous les domaines. La tôle fine est un
produit qui est utilisé dans à peu près tous les domaines
de la construction et de la fabrication et c'est d'ailleurs pourquoi,
éventuellement, on compte que ces laminoires-là sauront attirer
au Québec des industries secondaires, parce que c'est la tôle fine
qui peut contribuer le plus largement I développer l'industrie
secondaire au Québec.
M. LESAGE: Pour mon renseignement, j'ignore si ça
intéresse les autres membres du comité quelle est
l'épaisseur maximale d'une tôle fine, ce que vous appelez la
tôle fine?
M. GIGNAC: Je crois que c'est 3/16.
M. LESAGE: C'est 3/16 de pouce. Au-delà de 3/16 de pouce...
M. DOZOIS: M. Gignac...
M. LESAGE: ... on n'appelle plus cela des tôles fines.
M. GIGNAC: Non.
M. DOZOIS: ... vous avez dit qu'une partie de cette production de la
tôle fine s'en allait en Ontario. Quel est le pourcentage?
M. GIGNAC: Actuellement, je crois que c'est à peu près
50-50. C'est 50% au Québec, 50% en Ontario.
M. LE PRESIDENT: M. Dozois.
M. DOZOIS: M. Gérin-Lajoie, si vous permettez, étant
donné que depuis l'annonce de la proposition de M. Gignac au sujet des
installations de Dosco, il y a eu diverses réactions et que certaines
personnes ont utilisé l'expression que vous avez employée tout
à l'heure, que Sidbec s'apprêtait I acheter une affaire de broche
à foin, je voudrais bien que vous précisiez davantage l'emploi
que vous avez fait de ce mot. Est-ce que l'on doit conclure que votre remarque
ne s'applique pas à la valeur intrinsèque des actifs que nous
achetons mais tout simplement à la façon...
UNE VOIX: D'opérer.
M. DOZOIS: ... qu'on utilise ces actifs-là?
M. GERIN-LAJOIE: Je n'allais même pas aussi loin que ça, M.
le Ministre, c'était uniquement I un certain relâchement
récent de l'entretien. C'est là-dessus que portait mon
expression. Quand à la valeur des établissements eux-mêmes,
évidemment nous ne sommes pas des experts en la matière mais,
connaissant les opérations de Stelco, celles de Dosco, il nous semble
qu'avec une saine administration, il n'y ait aucune raison pour que les
entreprises de Dosco ne puissent pas réaliser l'objectif que vise M.
Gignac, c'est-à-dire de pouvoir concurrencer avec efficacité les
autres sidérurgies canadiennes dans le domaine des produits qu'elles
fabriquent.
M. DOZOIS: Très bien, je vous remercie. M. LE PRESIDENT: M.
Vincent.
M. VINCENT: M. Gignac, la semaine dernière, vers la fin du
comité, j'ai mentionné les extraits d'une lettre du
président de Sidbec, lettre qui a été lue en Chambre le 31
mars 1965, par le premier ministre du temps, M. Lesage, informant de la
décision prise le 30 mars par les administrateurs de Sidbec. La
décision la plus importante a été le choix d'un
emplacement, c'est-à-dire Bécancour, et l'annonce du début
des travaux au printemps de 1966. Et aujourd'hui, avant que nous puissions
entendre les représentants de la ville de Bécancour, vous avez
mentionné qu'il serait possible, pour vous, d'apporter, aujourd'hui, les
décisions qui ont été prises par Sidbec le 30 mars 1965.
Est-ce que vous pourriez nous donner ces décisions?
M. GIGNAC: M. Vincent, je crois que je n'ai pas d'objection dans les
circonstances à vous lire un extrait du procès-verbal qui fait
mention du choix de l'emplacement de Bécancour. Mais disons que je
considère ça comme une façon non orthodoxe de
procéder, parce que normalement ce sont des choses qui doivent rester
pour le conseil d'administration.
Mais, étant donné la chaleur du sujet...
M. BERTRAND: Non, mais ça avait été rendu public
par M. Filion.
M. GIGNAC: Oui, mais l'extrait, ici, officiel, si vous voulez, du livre
des minutes, si vous voulez que je vous lise cet extrait-là, moi, je
n'ai aucune objection. Cela pourrait peut-être éclairer un peu le
sujet.
Alors, cela se lit comme suit: « Les administrateurs ont
reçu une copie du rapport de la firme d'ingénieurs-conseils,
Asselin, Benoît, Boucher, Ducharme et Lapointe. L'étude conduite
au cours des dernières semaines, a mené à la conclusion
que Bécancour est l'emplacement le plus avantageux pour l'implantation
d'un complexe sidérurgique. Pour le type d'usine retenu par le rapport
de rentabilité, le coût de production par tonne de produit fini,
reviendrait meilleur marché à Bécancour qu'à
Contrecoeur. L'étude des ingénieurs tient un compte rigoureux de
tous les facteurs ayant une incidence sur le coût de revient, soit le
transport des matières premières, le coût des
immobilisations et le transport des produits finis. Alors que Contrecoeur
présente des avantages au poste du transport des matières
premières et du transport des produits finis, Bécancour
s'avère nettement plus avantageux au poste des immobilisations,
notamment à cause de la présence d'un roc solide en surface et de
meilleures facilités portuaires. Sur proposition dûment
appuyée, il est unanimement résolu de fixer le site de
l'emplacement sidérurgique à Bécancour. »
Alors, c'est l'extrait de...
M. VINCENT: M. Gignac, est-ce qu'à ce moment-là, quand le
conseil d'aministration a fixé définitivement le site de l'usine
sidérurgique, la décision était prise de construire une
usine sidérurgique?
M. GIGNAC: Non.
M. VINCENT: Donc, on fixait l'emplacement sans avoir pris de
décision pour cette construction.
M. GIGNAC: II faut quand même trouver un emplacement pour pouvoir
étudier le sol, pour pouvoir faire les coûts de construction, etc,
calculer le coût du transport des matériaux, le coût de
livraison au marché, alors c'est à partir du moment où on
étudie cet emplacement-là, je pense bien, qu'il faut annoncer
qu'on l'étudie. Sans cela, ça fait de la spéculation,
j'imagine. J'ai l'impression que c'est pour cela, que cela a été
annoncé. C'est tout simplement pour éviter les rumeurs.
M. VINCENT: Mais est-ce qu'on a quand même informé les
administrateurs des villes qui se sont fusionnées, à qui on
demandait tout de suite, de donner des services, que ce serait l'emplacement
seulement au cas où une décision serait prise pour la
construction?
M. GIGNAC: Pour autant que je sache, M. Vincent, jamais Sidbec a
été mise au courant de l'agglomération qu'on a faite des
villes aux alentours du village de Bécancour. On n'a absolument rien eu
à faire avec cela.
M. VINCENT: II faut quand même être juste et
équitable envers la population de Bécancour. C'est que le
président de Sidbec a eu l'occasion de la rencontrer, de lui demander
d'organiser ses services, de se préparer même en vue d'une
population de 50,000 en l'an 2000 et ces gens sont partis sous la foi d'un
discours d'affirmation du président de Sidbec du temps.
M. GIGNAC: Moi, M. Vincent, je ne peux pas prendre sous ma
responsabilité les déclarations du président du temps.
M. BERTRAND: Dites-vous, M. Gignac, qu'il n'y avait à ce
moment-là, d'après ce que vous pouvez retracer dans les livres,
aucun lien, aucune coordination entre les activités que poursuivaient la
Société générale de financement, quant à
l'acquisition des terrains, Sidbec et le ministère des Affaires
municipales?
M. GIGNAC: Pas à ma connaissance. Je n'ai jamais vu de rapport
à cet effet-là. C'est-à-dire qu'il y avait une certaine
coordination entre la SGF et Sidbec parce qu'à ce moment-là,
c'est la SGF qui devait être le véhicule du gouvernement pour
investir de l'argent dans Sidbec.
M. LESAGE: M. Filion était à la fois président de
Sidbec et directeur général de la SGF?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: Au moment où il m'a écrit la lettre du 31 mars
1965, il disait ceci: « Je crois devoir aussi vous informer que f ai
accepté la présidence de Sidbec. Je continuerai à assumer
temporairement la direction générale de la SGF, en attendant que
les administrateurs m'ait désigné un successeur. »
II m'envoyait cette lettre comme directeur général de la
SGF. L'original de cette lettre est au dossier que j'ai remis au premier
ministre. Elle est écrite, d'après la copie
dactylographiée que j'ai ici sur du papier de la Société
générale de financement du Québec et M. Filion signait
comme directeur général de la SGF.
Mais dans la plus grande partie de sa lettre, il parlait franchement
comme président de Sidbec, puisqu'il faisait rapport dans des termes
presque identiques au procès-verbal que vous avez lu, des raisons du
choix de Bécancour.
M. JOHNSON: Par ailleurs, M. le Président, dans cette lettre que
le chef de l'Opposition connaît certainement, ou dans des notes qu'il m'a
transmises dans le dossier, il y aura deux ans bientôt, c'est le 5
juin aujourd'hui ...
M. BERTRAND: C'est un événement heureux et on
félicite celui qui fut vainqueur lors de la grande constestation du 5
juin 1966. C'est le premier ministre qui a été vainqueur.
M. LESAGE: Je crois que c'était le 14 ou le 16 que j'ai remis les
documents. C'est donc dire qu'après l'événement heureux du
5 juin pour mes amis d'en face, moins heureux pour nous, celui qui assumait
encore la fonction de premier ministre dans l'intérim, a travallé
jour et nuit pour préparer et classer, avec ses principaux assistants,
toute la documentation qu'il fallait remettre au premier ministre
désigné, contrairement à l'habitude qui avait
malheureusement été contractée depuis des décennies
dans le Québec, de ne transmettre aucun document.
M. JOHNSON: Mais les gouvernements changeaient si peu souvent.
M. BERTRAND: Il y avait une raison majeure.
M. LESAGE: Ce n'était pas une raison.
M. JOHNSON: Je dois dire que nous sommes déjà
recyclés tous les deux, je l'espère. Quant à moi, je le
suis, j'avais même oublié que c'était aujourd'hui
l'anniversaire.
M. LESAGE: J'ai déjà commencé à me
re-recycler. J'aime autant en aviser le premier ministre.
M. JOHNSON: Il reste que dans ses notes, dès le mois de janvier
1966, M. Filion protestait contre le fait que le gouvernement n'avait pas tenu
ses engagements, c'est-à-dire, si je comprends bien le contexte, un
engagement d'investir $25 millions pour faire démarrer l'affaire.
Engagement pris depuis un an, d'après M. Filion.
M. LESAGE: Voudriez-vous me montrer la lettre? Je n'ai pas gardé
cela.
M. JOHNSON: Je n'ai qu'une copie, c'est ce qui m'a été
remis.
M. LESAGE: Je vais vous la remettre. UNE VOIX: Va-t-il falloir
payer?
M. LESAGE: Je vais vous la remettre tout de suite.
M. JOHNSON: Ce n'est pas dans celle-là.
M. VINCENT: Pendant que le chef de l'Opposition prendra connaissance de
la lettre, je voudrais poser une question supplémentaire à M.
Gignac. Le site a été choisi, la décision finale n'avait
pas été prise pour la construction d'une aciérie ou d'une
sidérurgie. Mais dans la même lettre de M. Filion,
président de Sidbec, lue par le premier ministre du temps, M. Lesage, en
Chambre, celui-ci dit: « Les cadres de Sidbec seront
complétés incessamment. Le groupe d'ingineering sera formé
d'ici quelques mois et les travaux, sur le terrain, débuteront au
printemps 1966. » Donc, c'est simplement pour confirmer la bonne foi de
la population, des édiles municipaux qui, voyant cette
déclaration-là...
M. COURCY: Si le 5 juin n'était pas arrivé.
M. VINCENT: Le député d'Abitibi-Ouest dit: « Si le 5
juin n'était pas arrivé. » Bon, remarquez cela, si le 5
juin n'était pas arrivé. M. Gignac est-ce qu'il y a eu quelque
chose de changé dans les décisions, dans le travail de Sidbec
à cause du 5 juin 1966?
M. GIGNAC: Si vous parlez pour autant que je suis concerné, il
n'y a eu aucun changement.
M. JOHNSON: Si le ministre de l'Agriculture me le permet, je
référais pour éclairer les recherches de
l'Opposition à une note du 12 janvier de M. Filion,
adressée au premier ministre et dont j'ai eu copie du chef de
l'Opposition 12 janvier 1966 dans laquelle M. Filion reprochait
au gouvernement de n'avoir pas donné suite à un engagement. Cet
engagement a été pris dans une déclaration conjointe du
premier ministre M. Lesage et du président de la Société
générale de financement, M. Filion, en date du 19 octobre 1964.
Le gouvernement prenant un engagement de souscrire $25 millions à la
nouvelle société par le truchement de la Société
générale de financement, dont $20 millions sous forme d'actions
ordinaires à dividendes différés, et $5 millions sous
forme d'actions ordinaires. C'était un engagement pris en octobre 1964.
Et au mois de janvier 1966, M. Filion disait: Je n'ai pas votre appui, vous ne
remplissez pas vos promesses, je commence à en avoir plein le dos.
On sait ce qui est arrivé par la suite. Choisir entre le beurre
et le canon et tout ce que vous voulez. Mais pour le moment, je ne voudrais
pas...
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais bien préciser que
c'est une note qui m'avait été envoyée par M. Filion, le
12 janvier 1966, alors qu'il était encore en pourparlers avec des
intérêts internationaux et que la partie de cette note à
laquelle réfère le premier ministre est le chapitre 8,
intitulé: Un cas personnel. Il faut lire ce qu'a lu le premier ministre
en regard du premier paragraphe de la page 18 qui précède et qui
se lit comme suit: nous pensons bien qu'à ce moment-là,
les décisions d'ingénieurs, quant à la consistance
technique de l'usine, n'étaient pas prises « Après
une année d'études, de travail, de visites, de consultations,
j'ai la conviction profonde que Sidbec ne peut réussir sans l'appui
entier de l'Etat et sans l'apport financier, technique et commercial du secteur
privé. Même en réunissant
les deux, il faudra mettre double proportion de travail et
d'énergie. » Et voici la phrase-clé: « Une
sidérurgie entièrement publique n'a pas de sens dans le contexte
nord-américain, à moins que le Québec ne s'achemine vers
un état séparé ayant des frontières et un
régime douanier propres. Une sidérurgie entièrement
privée, les efforts de Dosco sont là pour en témoigner, ne
se fera pas avant une génération ou davantage. Seul un effort
concerté du gouvernement et du capital privé peut mener le projet
à bonne fin. » Et le premier ministre a dans ses dossiers les
réponses que j'ai adressées à M. Filion au cours de cette
période. M. Filion m'a écrit une lettre le 13 janvier, si on veut
dévoiler tout le dossier, on peut le faire. On pourra en même
temps citer une note que M. Cyrille Dufresne avait envoyée à M.
Filion le même jour et étudier les différences entre les
deux. On verra alors dans quelle situation se trouvait le gouvernement.
Maintenant, il appartient au premier ministre de décider s'il y a lieu
de rendre publics ces documents. Mais, en toute justice, il doit savoir dans
quel contexte le gouvernement était placé le 12 et le 13 janvier
et ce qui se passait à Sidbec même, et bien se rappeler qu'en ce
qui concerne la consistance de l'usine, la décision n'avait pas
été prise ni par les ingénieurs ni par Sidbec.
M. VINCENT: La décision n'avait pas été prise mais
on annonçait néanmoins le début des travaux pour 1966.
M. LESAGE: Pardon, c'est en 1965 que le début des travaux a
été annoncé par M. Filion pour le printemps 1966.
M. VINCENT: Et non par le gouvernement.
M. LESAGE: Non par le gouvernement. Par M. Filion, dans sa lettre du 31
mars 1965. M. Filion calculait alors qu'au printemps 1966, Sidbec aurait pu,
à ce moment-là, prendre les décisions quant à la
consistance de l'usine en regard des marchés qu'il aurait obtenus:
marchés internationaux dans son esprit, puisque ses conversations, tout
au cours de 1965, ont été tenues avec des Français, des
Allemands, des Italiens et des Belges pour l'écoulement des produits
d'une sidérurgie considérable, axée vers le marché
d'exportation, et construite à Bécancour.
M. VINCENT: Mais à ce moment-là, dans l'esprit des
administrateurs de Sidbec, quelle était la capacité de l'usine
qu'on devait construire à Bécancour?
M. LESAGE: On devait commencer avec une capacité d'au moins un
million de tonnes. Parce que la coulée continue et les fours
électriques ne s'étaient pas avérés possibles, on
avait choisi les hauts fourneaux conventionnels et on disait que le seuil, le
palier de la rentabilité, était, si mon souvenir est bon, de 1
million de tonnes. C'est ce que M. Filion me disait. Alors il fallait trouver
les marchés pour 1 million de tonnes.
M. VINCENT: Il fallait trouver les marchés extérieurs pour
1 million de tonnes.
M. LESAGE: Il fallait trouver les marchés pour 1 million de
tonnes y compris l'exportation, et cela pour le début en vue d'une
production éventuelle, je ne le sais pas. M. Dufresne pourrait me dire,
de combien...? Trois millions, quatre millions?
M. JOHNSON: Deux millions.
M. LESAGE: Pardon, M. Dufresne? vous avez vécu presque
exclusivement ce problème depuis quelques années, pouvez-vous
nous dire ce qui s'est passé à ce moment-là?
M. DUFRESNE: Le projet initial que vous venez de décrire au seuil
de rentabilité de 1 million de tonnes pouvait se développer assez
rapidement à 2 millions de tonne.
M. LESAGE: Deux millions de tonnes.
M. DUFRESNE: On avait également indiqué que si, 20 ans ou
25 ans plus tard, l'industrie s'était développée, elle
aurait facilement pu augmenter sa production à 4 millions de tonnes.
C'est-à-dire que tout était prévu en fonction d'un
développement continu dans le temps et elle aurait éventuellement
atteint cette production, avec les années, avec de très longues
années.
M. LESAGE: C'est dans ce contexte-là, n'est-ce pas, que Sidbec,
son président, ses administrateurs, ses directeurs, comme vous, M.
Dufresne, avez travaillé au cours de l'année 1965?
M. DUFRESNE: En 1965 et 1966.
M. LESAGE: Et 1966, dans le contexte d'une très grande usine
axée sur l'exportation, n'est-ce pas?
M. DUFRESNE: Pour une bonne partie axée sur l'exportation.
M. LESAGE: Une grande partie axée sur l'exportation.
M. VINCENT:. Etait-ce ce que recommandait le comité de la
sidérurgie en 1964, une très grande usine?
M. GIGNAC: Je vais demander à M. Bélanger de
répondre à cette question.
M. BELANGER: Je pense que M. Dufresne pourrait répondre
également à cette question. Le projet du comité de
sidérurgie envisageait une usine qui pourrait se rendre le plus
rapidement possible à 1 million de tonnes mais qui ne commençait
pas avec une telle production.
M. LESAGE: C'est ça!
M. VINCENT: Y a-t-il eu des relations constantes entre le comité
de la sidérurgie et Sid-bec de 1964 à 1966?
M. BELANGER: Non. Le comité de sidérurgie a
été dissout après avoir remis son rapport. Le directeur
technique du comité de sidérurgie, M. Dufresne, est devenu
employé de Sidbec, les dossiers du comité de sidérurgie
ont été transférés à Sidbec. Il n'y a pas eu
de liaison organique entre l'un et l'autre, puisque l'un est disparu lorsque
l'autre a été créé.
M. VINCENT: Lorsque le comité de sidérurgie a
recommandé Bécancour, était-ce dans le contexte d'une
usine commençant avec 400,000 ou 500,000 tonnes et allant jusqu'à
1 million de tonnes?
M. BELANGER: Dans l'ordre de 600 millions à 1 million de
tonnes.
M. LESAGE: Vous voulez dire 600,000 tonnes.
M. BELANGER: Oui, de 600,000 tonnes. Si on veut plutôt avoir un
point de repère, les chiffres d'investissements envisagés par le
comité de sidérurgie étaient de l'ordre de $200 millions
à $250 millions...
M. LESAGE: $228 millions.
M. BELANGER: Ce qui évidemment se traduisaient par une certaine
capacité qui était détaillée dans le rapport. C'est
à partir de ce projet que Bécancour était
considéré comme un endroit désirable pour un nouveau
projet.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai référé
à ce document tout simplement pour rappeler qu'il y a eu un engagement
par une déclaration publique en 1964, ce qui donnait lieu aux gens de
Bécancour d'espérer qu'il y aurait une sidérurgie,
puisqu'on parlait, en octobre 1964, dans une déclaration conjointe,
publique, d'engagement, d'investissement de $25 millions. Ce qui, dans le
temps, a renforcé évidemment l'espoir des gens de
Bécancour. Je n'aurais pas lu d'autres extraits, mais le chef de
l'Opposition s'était permis d'en lire, voici juste une phrase qui
explique peut-être le climat dans lequel ce problème s'est
joué. M. Filion disait: « Ajoutons la dernière sortie de M.
Kierans qui menace les Américains de société d'Etat s'ils
refusent de nous prêter les fonds dont nous avons besoin. Dans un tel
climat psychologique et politique, bâtir Sidbec contre l'hostilité
d'une partie du gouvernement et l'indifférence de l'autre et contre la
suspicion du capital privé devient une impossibilité ».
C'était en quelque sorte la conclusion de M. Filion au mois de
janvier.
M. LESAGE: Oui, mais j'avais reçu M. Filion à la suite de
ce rapport et il a continué son travail, comme pourra vous le dire M.
Dufresne, et comme pourra le confirmer M. Bélanger, qui était
administrateur de Sidbec à ce moment-là.
M. BERTRAND: Des canons ce matin là...
M. JOHNSON: Ce matin-là ils ont utilisé des canons
plutôt que du beurre! A tout événement, M. le maire aurait
peut-être des questions à poser.
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre vient de faire
allusion à ma déclaration du 19 octobre 1964, est-ce qu'il me
serait permis d'en lire un extrait puisque c'était une
déclaration publique? Voici, des extraits de la déclaration quant
à l'engagement financier du gouvernement: « Le gouvernement entend
donner à la nouvelle entreprise son appui entier. Il a confiance que le
public en fera autant lorsqu'il sera appelé à souscrire. »
C'était une entreprise mixte, le 19 octobre 1964. « Comme
première étape du financement, la Société
générale de financement souscrira $25 millions pas le
gouvernement au fonds social de la nouvelle compagnie. De ce montant,
$20 millions seront fournis par le gouvernement sous forme de souscription,
d'actions à dividendes différés de la SGF.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Celle-ci fournira le reste en utilisant à cette fin
les $5 millions déjà investis par le gouvernement en actions
à dividendes différés » et par conséquent
nous nous engagions à fournir $20 millions additionnels au moment,
évidemment, où Sidbec en aurait besoin. Or, au mois de janvier
1966 je pense que M. Dufresne peut confirmer ce que je dis là
le démarrage de Sidbec était impossible, parce qu'au point
de vue technique et au point de vue du marché, l'affaire n'était
pas définitive. C'est bien ça, M. Dufresne?
M. DUFRESNE: Les études techniques n'étaient pas
complétées à ce moment-là.
M. LESAGE: Ce n'était pas complété. M. DUFRESNE:
Non, non.
M. LESAGE: Au moment où M. Filion m'écrivait cette lettre,
me parlant de la souscription gouvernementale, les études techniques,
permettant le début des travaux, n'étaient même pas
complétées.
M. VINCENT: Comme l'affirmait le député d'Abitibi-Ouest,
ce n'est pas à cause du 5 juin.
M. LESAGE: Bien voyons donc.
M. VINCENT: Ce n'est pas comme l'affirmait le député
d'Abitibi-Ouest
M. LESAGE: Je ne comprends pas très bien, mais M. Gignac, la
semaine dernière, a déclaré: Dès les mois de mai,
juin, juillet et août 1966 et M. Gignac avait assumé ses fonctions
de président de Sidbec au mois de juin 1966...
M. JOHNSON: Non, au mois de mai.
M. LESAGE: ... au mois de mai 1966, je l'ai annoncé le 25 mai, M.
Gignac disait la semaine dernière, et je cite la page 38 des
Débats rapportant les discussions ici au comité des régies
gouvernementales: « Dès les mois de mai, juin, juillet et
août 1966, nous avons essayé de raffiner le rapport qui avait
été préparé par les ingénieurs-conseils et
de déterminer quel était réellement le strict minimum
qu'il fallait dépenser pour établir un complexe
sidérurgique intégré à Bécancour. »
C'était encore à Bécancour à ce
moment-là.
M. GIGNAC: Oui, d'accord.
M. LESAGE: « Dans des notions de financement plus acceptables.
» Alors, je voulais citer ça au ministre de l'Agriculture, pour
qu'il prenne bien connaissance du fait que, dans l'esprit des administrateurs
de Sidbec, même en août 1966, la décision à Sidbec
était encore l'établissement de la sidérurgie
intégrée à Bécancour. Nous avions perdu le pouvoir
en juin 1966. Je continue de lire ce que M. Gignac a dit: « c'est
à peu près vers ce temps-là. Malgré le fait que
nous ayons pu abaisser le coût du projet, il n'en reste pas moins,
à notre avis, que les sommes à être engagées sont
encore très énormes. » Je continue à citer M. Gignac
qui déclarait la semaine dernière: « II nous est apparu
à ce moment-là qu'il fallait penser à voir le
problème sous un autre aspect. C'est à peu près vers ce
temps-là, vers septembre ou octobre 1966, que f ai eu l'occasion
d'entrer en communication avec Dosco et du même coup demander à
l'équipe de Sidbec de préparer un autre projet d'allure beaucoup
plus modeste. Les deux ont été menés de front pendant un
an. Le projet d'allure beaucoup plus modeste est prêt. En fait, nous
l'avons en filière. Il n'a jamais été
présenté, parce que nous avons réalisé, à un
moment donné, qu'il fallait donner une priorité à la
possibilité de prendre certains actifs de Dosco à cause des
avantages énormes que nous pouvions y voir à ce moment-là,
de là les transactions qui ont eu lieu. »
Maintenant, M. le Président, c'était justement la
principale question que je voulais poser à M. Gignac, aujourd'hui. Ce
projet plus modeste pour Bécancour qui est en filière, ne
croit-il pas qu'il serait d'intérêt que les membres du
comité en prennent connaissance, pour pouvoir comparer la
rentabilité de ce projet avec la rentabilité de l'achat des
actifs de Dosco, rentabilité qu'on nous a expliquée en
détail.
M. JOHNSON: Voici, M. le Président. Deux points d'abord. M.
Gaudet s'est déplacé aujourd'hui. Nous aimerions bien lui donner
une chance de poser des questions.
M. LESAGE: J'arrive justement au point qui l'intéresse.
M. JOHNSON: Oui, la transition est bien faite.
M. LESAGE: Je pense que je suis arrivé à ce qui
l'intéresse.
M. JOHNSON: Nous, députés, serons ici dans d'autres
circonstances, Quant à discuter
de l'autre projet plus modeste qui serait situé à
Bécancour, projet que le président et le conseil d'administration
de Sidbec ont mis de côté pour le moment, en tentant de
réaliser la transaction Dosco, je pense que nous n'avons aucune
objection à en parler. Nous ne le connaissons pas en détail, le
gouvernement ne le connaît pas dans le détail. Le gouvernement n'a
pas pris de décision là-dessus et il faut bien situer le
problème, c'est que nous avons fait confiance à l'équipe
de Sidbec, qui est formée sous un nom ou sous un autre, avec quelques
additions ou soustractions depuis 1961. Nous lui faisons confiance et elle nous
a dit: Nous, nous préférons tenter le marché ou l'entente
avec Dosco, ce qui n'exclut pas, je le répète, la
possibilité de discuter ici l'autre projet.
M. LESAGE: Ah! je le sais ça, oui.
M. JOHNSON: Je pense que toute la population serait
intéressée, et particulièrement le maire de
Bécancour et tout son comité.
M. LE PRESIDENT: M. le Maire, avez-vous des questions?
M. GAUDET: M. le Premier Ministre, je vous remercie de l'invitation que
vous nous avez faite de pouvoir assister à ce comité qui est pour
nous certainement fructueux, et nous donner l'occasion, également, de
dire quelques mots.
Nous avons formé notre comité à la hâte,
hier, parce que le temps manquait et, en retournant chez nous, en dehors des
activités de la municipalité, nous devons aussi travailler pour
subvenir aux besoins de notre famille. C'est la raison pour laquelle nous avons
pris des échevins et invité les maires qui ont bien voulu venir.
Après moi, si vous nous donnez la permission d'entendre notre urbaniste,
et comme notre comptable n'a pas pu ce matin venir au rendez-vous, je vous
demanderais nous en avons pris un ici à Québec, il s'agit
de M. Ro-chette de bien vouloir nous laisser dire quelques mots.
J'ai bien compris votre rapport, plutôt je l'ai bien entendu sur
les chiffres donnés sur votre tableau et sur la rentabilité de
Dosco. A notre point de vue, nous nous demandons s'il ne serait pas mieux de
payer un peu plus pour une construction neuve, car on semble douter du bon
état des industries dont on a parlé ce matin.
Chez nous, pour se replacer un peu dans le contexte, la plupart de nos
gens vivent de l'agriculture et comme un agriculteur se base tou- jours avec le
gros bon sens lorsque vient le temps d'acheter une machine, un tracteur ou
quelque chose de semblable, plus souvent il aime mieux payer un peu plus pour
avoir une machine neuve que pour acheter une machine d'occasion.
Je remarque aussi on fait tout simplement commencer à en
parler que nous ignorions pour le début de l'assemblée,
les possibilités complètes d'établir le complexe
sidérurgique à Bécancour. On a parlé de la
rentabilité de l'autre, mais on n'a pas parlé de la
rentabilité de la nôtre. Comme je ne voudrais pas parler
inutilement et trop longtemps, comme vous nous avez dit hier qu'il n'y avait
encore rien de décidé en ce qui a trait à
l'établissement du complexe sidérurgique à
Bécancour, je vous demanderais une faveur. Si vous voulez nous donner
votre gâteau de deuxième anniversaire de la ville de
Bécancour et en incluant la sidérurgie, complexe
intégré, nous en serions bien reconnaissants. Je vous
remercie.
M. JOHNSON: Mais vous pourriez poser des questions à M. Gignac,
si vous voulez.
M. BERTRAND: Si vous avez des questions.
M. JOHNSON: Il est préparé à vous répondre
sur les raisons pour lesquelles il recommande, lui et son conseil
d'administration et tout son groupe, Dosco plutôt que l'implantation
à Bécancour, d'un complexe en commençant soit par un
laminoir pour ensuite en arriver à une fonderie ou à une usine de
transformation ou soit en débutant par une usine de transformation.
M. Gignac est parfaitement préparé à
répondre à toutes vos questions dans ce domaine.
M. GAUDET: C'est un peu ces questions-là que nous nous sommes
posées chez nous aussi. D'après les lettres que nous avons pu
entendre lire ce matin, en autant que nous ne prenons que les consonances qui
font notre affaire, nous avions toujours l'impression, comme au début
ici, lorsqu'on a rencontré M. Dufresne à quelques reprises, et M.
Filion également, que l'on construisait quelque chose à
Bécancour.
Au début, c'était une grosse affaire et après les
chances ont un peu diminué, mais nous n'avions jamais entendu dire qu'il
n'y aurait rien d'installé à Bécancour. C'est cette raison
surtout que nous aimerions connaître. Pourquoi se dirige-t-on
plutôt vers l'achat de Dosco que vers la construction dans notre
région?
M. JOHNSON: Alors, M. Gaudet, même si nous n'avions pas le temps
ce matin, d'épuiser le sujet, ou bien le comité siégera en
d'autres circonstances, ou bien, si M. Gignac est d'accord, vous pourriez, vous
et votre comité avoir une entrevue avec les gens de Sidbec, pour poser
amplement toutes les questions que vous voudrez. Ce qui n'exclut pas, pour
nous, la possibilité de poser nos questions. Je veux que cela soit bien
entendu, nous ne voulons pas bâillonner le comité, au contraire.
Mais il y a peut-être une foule de détails que les gens
concernés plus directement aimeraient obtenir. Quant à moi, je
n'ai pas d'objection, si les gens de Sidbec qui ont quand même une
certaine autonomie, veulent bien le faire.
M. LESAGE: Est-ce que M. le maire Gaudet ne pourrait pas donner une
liste des principales questions qu'il voudrait poser à M. Gignac, afin
que ce dernier se prépare, s'il a besoin de préparation, ce que
j'ignore...
M. GAUDET: S'il n'en a pas besoin, moi, j'en aurais besoin. Parce que
à brûle-pourpoint, nous avons toutes les idées dans la
tête, mais, au fur et à mesure, j'aurais peur de vouloir poser des
questions et de les omettre. Si vous nous le permettez, lors d'une prochaine
rencontre si vous avez l'obligeance de nous inviter comme vous venez de
le faire d'ailleurs il sera davantage possible pour nous de poser des
questions plus spécifiques et de tourner moins autour du sujet. Je pense
bien que, pour gagner du temps, à tout le monde, le comité pourra
venir avec des questions tout à fait spécifiques, pour avoir des
réponses.
M. VINCENT: D'accord. C'est parfait, ça.
M. GAUDET: Si vous le permettez, M. Leblanc, notre urbaniste aimerait
bien vous poser quelques questions avant de terminer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. JOHNSON: M. Leblanc.
M. LEBLANC: Messieurs du comité, avant de poser ma question,
j'aimerais faire un parallèle avec ce que M. Lesage a dit tout à
l'heure, dans le sens que le gouvernement, avant l'élection de juin,
avait toujours coopéré, avait toujours travaillé de pair,
de façon très intime avec Sidbec, à ce comité
interministériel, que le ministère des Affaires municipales avait
établi.
M. JOHNSON: Pardon!
M. LEBLANC: C'est donc une action continue entre les autorités de
Sidbec et les organismes intéressés et la ville de
Bécancour également, pour la planification en vue de
l'implantation d'une sidérurgie à Bécancour.
Alors, maintenant, j'aborde ma question. Elle se présente sous
forme de trois questions qui peuvent paraître dès l'abord, futiles
mais qui, à mon avis, sont très importantes. Ces trois questions
sont celles-ci. Pourquoi une sidérurgie? Quel type de sidérurgie
devons-nous avoir ici? Et où l'implanter?
Alors, à la première question, évidemment une
sidérurgie s'Impose dans une économie telle que la nôtre,
au même titre que les réseaux routiers, que les axes de
communications, les développements des ressources naturelles.
A la deuxième question, quel type de sidérurgie
devons-nous avoir? J'ai été bien heureux de l'entendre hier,
parce que c'est toujours cela que j'ai pensé. Il doit s'agir d'une
industrie absolument intégrée, c'est-à-dire une industrie
qui parte de la transformation du minerai et qui aille jusqu'à la
transformation des produits finis, par des usines connexes. C'est bien
entendu.
A la troisième question, à savoir où implanter la
sidérurgie c'est en fait la question épineuse à l'ordre du
jour.
A mon avis, dans une économie concertée comme celle qui
nous occupe actuellement, dans une économie nationale, en l'occurence
provinciale, l'implantation d'une sidérurgie doit tenir compte de tous
les autres facteurs, c'est-à-dire des axes de circulation, de la
main-d'oeuvre et de la production secondaire. Enfin, je sais que vous
êtes très pressés, et sans insister davantage sur ces
points-là, il demeure un fait quand même qui a été
mentionné hier à savoir que l'Industrie sidérurgique
devait être absolument intégrée. D'autre part, l'industrie
sidérurgique doit faire partie intégrante d'une planification
économique concertée.
Ceci étant admis au départ, je pose une question à
qui de droit, à celui qui peut répondre. C'est qu'on a
parlé tout à l'heure de rentabilité. Cette
rentabilité à mon avis part d'une mauvaise donnée. Dans le
sens, dans l'optique des deux considérations dont nous venons de parler,
est-il possible de considérer une rentabilité qui ne soit qu'une
rentabilité financière de la firme elle-même, alors que la
rentabilité doit s'établir nécessairement sur la raison
d'être de toutes les implications de cette industrie
sidérurgique?
Je sais pertinemment que jamais une étude de rentabilité
n'a été faite concernant tous les effets de la sidérurgie.
Et à mon sens, ceci constitue une erreur. La rentabilité a
toujours été étudiée dès le départ.
Et j'ai été, dès le départ, informé du
problème. Depuis 1964, je travaille à la planification concernant
la sidérurgie à Bécancour. Le comité n'a jamais
étudié la rentabilité du point de vue global à
l'échelle provinciale.
Hier, M. le Premier Ministre, vous disiez que Bécancour ne devait
pas agir égoïstement et penser que la sidérurgie devait
venir chez elle, mais qu'au contraire on devait tenir compte du point de vue de
toute la province. Justement, à cet effet, il me semble qu'une
étude de rentabilité ne peut pas exister concernant la
sidérurgie sans qu'une étude de rentabilité soit
nécessairement une étude de rentabilité globale.
Alors, je m'adresse à M. Gignac, ou à celui qui pourra
répondre à cette question. Une étude de rentabilité
concernant tous les aspects de la sidérurgie et de ses
répercussions sur la main-d'oeuvre, etc., a-t-elle été
faite? Sinon, est-il possible de juger de l'emplacement d'une sidérurgie
en parlant seulement de la rentabilité des opérations de la firme
elle-même?
M. LE PRESIDENT: M. Gignac.
M. JOHNSON: M. Gignac, s'il y a des aspects de politique
générale, je n'ai pas d'objection à répondre
moi-même.
M. GIGNAC: Est-ce que vous préférez répondre
d'abord?
M. JOHNSON: M. Leblanc a fait des affirmations que je ne suis pas en
mesure de confirmer ni d'infirmer. Entre autres, celle de la collaboration
continue entre Sidbec et Bécancour jusqu'à votre arrivée.
Si j'ai bien compris, c'est ce que cela voulait dire. Avant que vous
n'arriviez, on collaborait beaucoup avec Bécancour, Et
deuxièmement, M. Leblanc pose le problème, en termes très
généraux et en termes bien placés à part cela,
d'une étude de rentabilité qui ne serait pas seulement
économique pour une industrie donnée, mais également de
rentabilité sociale, de rentabilité d'aménagement
régional et tout ce que vous voulez.
Si vous me permettez M. Gignac, je vais répondre toute de suite
à cette question. Evidemment, c'est la responsabilité du
gouvernement qui doit, dans ce domaine, prendre les mesures nécessaires.
Deuxièmement, je dirai tout de suite le fond de ma pensée, la
création d'emplois, de « jobs » à Bécancour
n'est pas restreinte uniquement à l'implantation d'une aciérie.
Il peut y avoir beaucoup plus de postes, en moins de temps à
Bécancour, autrement que par l'implantation d'une sidérurgie.
Alors, il n'y a donc pas de dogme là-dedans à l'effet que ce soit
une sidérurgie plutôt qu'une autre source d'emplois à
Bécancour.
Je ne blâme pas les gens de Bécancour. Ils ont toutes les
raisons au monde d'espérer l'avoir chez eux, ça fait des
années. Alors, le gouvernement devra prendre ses responsabilités
dans ce domaine et expliquer à la Chambre et au public pourquoi il ne le
fera pas à Bécancour, si cela ne se fait pas à
Bécancour. Mais laissez-moi vous dire très simplement que
n'importe quel gouvernement peut décider de l'implantation d'une
sidérurgie d'un ou de deux millions de tonnes basées sur
l'exportation et peut la maintenir ouverte à une seule et unique
condition, c'est qu'il prenne $10, $15, $20, $30, $50 millions par année
pour en payer le déficit. Alors, est-ce que cet argent ne serait pas
mieux placé, distribué dans la province, pour d'autres
industries, plutôt que concentré sur un seul projet qui pourrait
devenir évidemment un tonneau de Danaïdes. C'est là le
problème du gouvernement. Les priorités sociales ne
s'établissent pas seulement en fonction d'une ville, fut-elle la plus
sympathique, celle qui avait le plus grand espoir d'avoir la sidérurgie,
mais en fonction des besoins de toute la province.
Alors, sur la rentabilité, M. Gignac?
M. GIGNAC: Si vous me le permettez, M. le Premier Ministre, je vais
d'abord parler des échanges qu'il y a eus, semble-t-il, entre la ville
de Bécancour et Sidbec, par le truchement du ministère des
Affaires municipales, je crois. Il y aurait eu trois réunions qui ont
sûrement dû se tenir avant mon entrée en fonction,
c'est-à-dire avant le 25 mai 1966, et à la suite desquelles, en
autant que nous le savons, il n'y eut aucune décision de principe de
prise, pour autant que Sidbec est concernée. J'ai lu, dès mon
arrivée en fonction, toutes les minutes, les procès-verbaux des
assemblées depuis le début jusqu'à ma venue à
Sidbec et dans aucun de ces procès-verbaux, je n'ai pu déceler la
moindre allusion aux discussions ou aux prises de position du conseil
d'administration concernant le projet de la ville de Bécancour ou les
projets de la future ville de Bécancour.
Pour ce qui est de la rentabilité, comme industriel et comme
président de Sidbec secondé par un conseil d'administration
composé non d'hommes d'affaires avec des oeillères
mais qui volent les problèmes dans le sens le plus large du mot,
je crois que ce serait assez difficile, même pour des raisons sociales,
de faire accepter par un conseil d'administration un projet de
sidérurgie qui, à priori, au départ, n'est pas rentable. A
mon opinion personnelle, je serai absolument contre. Mais le problème
comme tel ne s'est jamais posé au conseil d'administration, puisque
celui-ci a toujours essayé d'établir la rentabilité
financière de la sidérurgie. A partir du moment où l'on
produit une tonne d'acier, il faut la vendre. On ne peut la stocker et je pense
que ce serait plutôt déprimant pour un conseil d'administration et
aussi pour les a-gents de la compagnie, d'avoir une société
productrice qui ferait d'une année à l'autre des déficits
à cause des contraintes sociales.
D'autre part, une société comme Sidbec, si elle pouvait
établir d'une façon ou d'une autre un projet rentable au point de
vue financier, devient à ce moment-là, je crois, une
espèce de bougie d'allumage pour la création d'autres industries
qui, elles, en se créant, contribuent à développer
l'entourage ou la société du Québec d'une façon
générale.
Un des avantages du projet Dosco sur tout autre projet jusqu'à
aujourd'hui, c'est que justement nous ne partons pas de rien. Nous partons avec
un marché établi et, en travaillant dur et en développant
l'usine, en intégrant les usines de Dosco, nous risquons
éventuellement de créer un « cash flow »
intéressant qui nous permettra à ce moment-là d'être
beaucoup plus à l'aise pour contribuer, peut-être, au
développement de l'industrie secondaire qui est un des buts de
l'implantation d'un complexe sidérurgique au Québec.
Il y a un mot que j'ai retenu, un mot que M. le premier ministre m'a
mentionné un jour où nous discutions de ces
problèmes-là. J'espère qu'il n'aura pas d'objection
à ce que Je le mentionne aujourd'hui mais ça m'a frappé.
Nous parlions de sidérurgie et, alors que je lui demandais certaines
opinions, il m'a dit à peu près textuellement: Moi, dans cette
chose-là, je crois à la vérité économique.
Et j'ai trouvé que cela avait beaucoup de sens. Alors moi aussi, je
crois à la vérité économique et ce n'est pas en
faisant des déficits ou en étant extrêmement original, que
nous allons contribuer au développement de l'industrie au Québec.
C'est en faisant des profits et en en ayant assez pour justement être
capable de mettre à la disposition ou du moins aider le
développement de l'industrie secondaire éventuellement.
Avec Dosco, nous y parviendrons probablement d'ici sept ou huit ans.
Avec un départ modeste nous en avons au moins pour vingt ans. Je ne dis
pas que ce n'est pas rentable, mais au point de vue d'entraînement
économique, cela va prendre du temps avant de récolter des
dividendes.
M. DOZOIS: Ces dividendes sont certainement des dividendes dans le sens
large du mot.
M. LESAGE: M. Gignac, la rentabilité sociale, économique
et financière, l'ensemble. M. Gignac, lorsque vous avez
été nommé, à la fin de mai 1966, président
de Sidbec, j'avais fait une déclaration et j'avais été
informé à ce moment-là que le rapport des
ingénieurs-conseils sur la formule d'une grande sidérurgie avait
été remis à Sidbec le 15 avril 1966, et que le conseil
d'administration de Sidbec ne l'avait pas encore étudié à
fond. Cela, c'est le 25 mal. Et si vous vous souvenez bien, c'était une
des choses que nous vous avons demandées d'étudier, le rapport de
ces ingénieurs-conseils, que je n'ai jamais vu, que je n'ai jamais eu,
et qui a été remis à Sidbec le 15 avril 1966 et auquel je
faisais allusion dans ma déclaration du 25 mai, à l'occasion de
l'annonce de votre nomination.
Il est clair que vous l'avez mis de côté, pour des raisons
que je pourrai vous demander de me donner à une autre séance. En
même temps j'aimerais bien que vous explicitiez, en donnant des chiffres,
ce que vous venez de déclarer à l'effet que si un autre projet
que celui de l'achat des parts, par conséquent des actifs de Dosco,
était entretenu, projet par exemple d'une construction neuve à
Bécancour. C'est sans doute à cet autre projet que vous faisiez
allusion dans votre déclaration de mardi de la semaine dernière
devant le comité. Est-ce que ce ne serait pas rentable à tout
point de vue avant 20 ans? Evidemment vous n'auriez pas le temps, il est une
heure moins le quart, de nous répondre en détail à toutes
ces questions, de répondre aux questions que nous pourrions vous poser.
Il n'y a pas de doute de plus, que M. le maire de Bé-cancour et ses
compagnons auraient sur ce point en particulier des questions à vous
poser. Pourrions-nous vous demander, pour une prochaine séance, de vous
préparer à nous en dire le plus possible sur ce projet que vous
avez en filière et également sur les raisons du rejet de ce
programme qui était sur une plus haute échelle et au sujet duquel
Sidbec aurait reçu un rapport le 15 avril 1966. Evidemment, pour les
raisons que vous connaissez, je n'ai pas...
M. GIGNAC: II est assez difficile pour moi de vous parler de projets
qui, disons, n'ont pas
été nécessairement mis de côté par le
conseil d'administration mais qu'il n'a pas approuvés non plus.
M. LESAGE: Qui n'ont pas été retenus, si vous voulez.
M. GIGNAC: Je peux dire, ici, que nous avons étudié
à peu près six ou sept projets de front, en plus de ceux
qu'éventuellement, nous avons retenus, et nous avons été
extrêmement conscients, tout au cours de ces études, des
contraintes financières. Enfin, personne ne l'ignore, il y a des
limites, non seulement à ce qu'un gouvernement, mais à ce que des
intérêts privés peuvent investir actuellement dans des
complexes de l'envergure d'une sidérurgie intégrée, ou
d'une sidérurgie quelle qu'elle soit Je pense que la contrainte
financière a sûrement été le facteur le plus
important lors de l'étude de tous ces projets. Sans doute, me suis-je
mal exprimé quand j'ai dit que les alternatives n'étaient pas
rentables. Je pense plutôt qu'à plus ou moins longue
échéance, elles sont toutes rentables. Mais ce sont des
échéances qui s'échelonnent sur des périodes de 15,
20 ou 25 ans, et, à ce moment-là, un projet devient strictement
gouvernemental, mené par l'Etat et risque de devenir lourd à un
moment donné, s'il y a des fluctuations importantes dans le
marché de l'acier, comme ça s'est produit l'an dernier. Les
marchés de 1967 n'ont sûrement pas contribué à faire
de Dosco une entreprise rentable.
Maintenant, je suis bien prêt, personnellement, à revenir
devant le comité, évidemment, je suis à la disposition du
gouvernement. J'apprécierais, cependant, pour sauver du temps et pour
éviter des paroles peut-être inutiles aussi, qu'on m'envoie une
liste de questions précises. Je ne vous dis pas d'avance que je
répondrai à toutes ces questions, parce qu'il reste tout de
même que nous ne voulons pas dévoiler nos projets futurs à
nos concurrents ni leur indiquer la façon dont nous entendons
développer notre projet de sidérurgie. Mais je ferai tous les
efforts possibles pour essayer d'y répondre avec un maximum de
précisions, en m'efforçant de satisfaire tout le monde.
M. LESAGE: Ma demande serait la suivante, M. Gignac. Voulez-vous nous
exposer, dans le plus de détails possibles, le projet d'allure beaucoup
plus modeste qui est prêt et que vous avez en filière, projet pour
Bécancour, d'après ce que vous avez dit la semaine
dernière. Exposez-le-nous en détail. Quelle production
prévoyez-vous dans ce projet? Quelle installation prévoyez-vous?
Le coût? La rentabilité? etc. Evidemment, les questions de
détails seront formulées selon l'exposé que vous ferez de
ce projet.
M. JOHNSON: M. Gignac, comme nous devons ajourner, disons que, par le
président, nous vous ferons parvenir les questions que les membres du
comité auront bien voulu vous poser. Le chef de l'Opposition a
déjà formulé une question générale. Moi,
j'en ai une à laquelle vous avez déjà esquissé une
réponse: l'utilisation des $60 millions dans l'hypothèse Dosco et
dans l'autre hypothèse...
M. LESAGE: Dans l'autre hypothèse, excellent.
M. JOHNSON: ... de sorte que, à une séance
ultérieure, en tenant compte de l'urgence de prendre une
décision, et de passer les législations nécessaires, vous
puissiez répondre à ces questions. Vendredi vous
conviendrait-il?
M. GIGNAC: Cette semaine? M. JOHNSON: Cette semaine.
M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: Pour que nous soyons situés.
M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: Quel jour seriez-vous...
M. GIGNAC: Vendredi, conviendrait, M. le Premier Ministre.
M. JOHNSON: Vendredi matin? M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: Cela va? Vendredi matin, Alors, vendredi matin, à dix
heures et demie.
M. GIGNAC: Vendredi matin, à dix heures trente. Maintenant, il
faudrait quand même que d'ici à ce temps-là, ceux qui ont
des questions précises à poser me les formulent par écrit
le plus rapidement possible.
M. JOHNSON: M. Gignac, avez-vous compris la question de M. Lesage?
M. GIGNAC: J'ai compris la question la question de M. Lesage.
M. LESAGE: Pardon?
M. GIGNAC: Enfin, j'ai votre question en note.
M. LESAGE: Oui, et celle dupremier ministre aussi. La réponse
à la question du premier ministre m'intéresserait
énormément aussi.
M. CLICHE: M. Gignac, en vertu de la formule que vous préconisez,
l'Etat deviendrait acquéreur des actions.
M. JOHNSON: Non, Sidbec deviendrait acquéreur.
M. CLICHE: Sidbec plutôt deviendrait acquéreur de la
totalité des actions. Avez-vous étudié la
possibilité d'une participation des intérêts de
l'entreprise privée? Je pense qu'il y aurait lieu, pour vous, de nous
exposer à la prochaine séance, quels seraient les avantages
possibles d'une participation et même aussi les désavantages
possibles d'une participation, s'il y en a. Je pense, vu la dure concurrence
que Dosco a ou aura de la part de Stelco...
M. BERTRAND: Et des autres.
M. CLICHE: ... et peut-être aussi pour protéger les
marchés, qu'une participation possible aiderait. J'aimerais que vous
élaboriez sur ce sujet-là à la prochaine
séance.
M. GIGNAC: Est-ce que l'on pourrait dire immédiatement qu'on a
effectivement pris en considération la participation possible de
l'entreprise privée. D'ailleurs, M. Johnson a répondu je crois,
à la dernière réunion, qu'éventuellement nous
envisagions la participation de l'entreprise privée, des capitaux
privés, dans le capital-actions de Sidbec.
M. LESAGE: Dans quelle proportion? M. JOHNSON: Et même public.
M. LESAGE: Qui serait majoritaire? Le gouvernement ou les capitaux
privés?
M. GIGNAC: Evidemment, le gouvernement serait majoritaire.
M. JOHNSON: De la part du gouvernement, j'ai déclaré que
nous n'avions pas d'objection à ce qu'il y ait une participation des
autres aciéries et qu'on devrait donner la préférence aux
aciéries canadiennes existantes. Deuxièmement, pas d'objection
à ce qu'il y ait participation du public mais qu'au départ, au
moins, le gouvernement voulait avoir le contrôle de la politique,
c'est-à-dire avec un grand P: la Politique de prix, la Politique dans
toute la mesure où ça peut influencer le développement
régional. Or, la Politique des prix peut-être, etc., ça
nécessiterait probablement que le contrôle soit, pour un certain
temps, du moins, entre les mains du gouvernement ou de ses
représentants.
M. LESAGE: Alors, la question qui se pose est la suivante: Comment
pensez-vous pouvoir intéresser les investisseurs privés à
investir dans une société contrôlée par l'Etat?
M. JOHNSON: C'est arrivé dans d'autres pays.
M. LESAGE: Je vous demanderais d'y réfléchir. C'est une
question qui a été discutée à fond.
M. JOHNSON: Cela existe dans d'autres pays, nous avons plusieurs
suggestions qui nous ont été faites par des experts, mais tout
cela devra être discuté en fonction d'une loi ou d'une charte
nouvelle pour Sidbec. Mais au moment où nous vous parlons, je pense que
M. Gignac peut confirmer cela, toutes les options sont ouvertes, nous n'avons
fermé aucune porte; ce qui importe, c'est que cela démarre soit
à
Contrecoeur, soit éventuellement à Bécancour, et
que l'on cesse d'en parler et qu'on passe à l'action.
M. LE PRESIDENT: M. Dozois.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais dans la même ligne
de pensée des questions posées par le premier ministre et par le
chef de l'Opposition, sur l'autre projet de Bécancour, poser la question
suivante et vous y répondrez dans la mesure du possible. Seriez-vous en
mesure de nous dire quelles seraient les conséquences de
l'établissement d'un complexe sidérurgique à
Bécancour, résultant du fait que Dosco resterait à
Contrecoeur? Les effets sur le complexe à Bécancour ou les effets
sur le complexe de Dosco? Si vous êtes en mesure d'y répondre,
vendredi, vous pourrez y répondre.
M. GIGNAC: Si l'on mettait en marche un projet très modeste, les
effets évidemment...
M. DOZOIS: J'aimerais mieux avoir une réponse complète, si
c'est possible pour vous de le faire vendredi.
M. GIGNAC: Vendredi? D'accord.
M. BOURASSA: Pourriez-vous me dire brièvement l'étendue du
marché captif du gouvernement et des institutions affiliées si
vous pouviez le donner?
M. GIGNAC: 100,000 tonnes. M. BOURASSA: Cent mille.
M. LE PRESIDENT: Alors, si M. le maire de Bécancour veut
préparer ses questions et les faire parvenir. La séance est
ajournée au vendredi, 7 juin, à 10 h 30.
Séance du 7 juin 1968
(Dix heures cinquante-quatre minutes)
M. GRENIER (président): A l'ordre!
Alors, c'est la troisième séance pour le comité des
régies gouvernementales. M. le maire de la ville de Bécancour
s'excuse, il n'a pas eu de copies de ses questions pour donner à tous
les membres du comité. Mais il en arrivera quelques copies
supplémentaires. On pourra en distribuer aux députés qui
siègent ici autour de la table.
Si quelqu'un dans l'assistance veut poser des questions ou prendre la
parole, on leur demande de se servir du microphone qui est installé
là-bas. Et les députés qui sont dans la deuxième
rangée voudront bien s'approcher de la table, s'ils ont des questions
à poser.
M. Gignac aimerait dire quelques mots au tout début.
M. GIGNAC: Pardon!
M. LE PRESIDENT: Vous avez la parole.
M. GIGNAC: Non, non.
M. JOHNSON: Vous n'avez rien à dire?
M. GIGNAC: J'ai beaucoup à dire, mais pas dans le moment.
M. JOHNSON: Je sais que vous avez beaucoup à faire. Est-ce que je
pourrais vous poser une question tout de suite, M. Gignac? Une question que
vous auriez aimé traiter, c'était l'utilisation des $60 millions,
qui ne se borneraient pas exclusivement à l'achat des actifs en
question, mais qui serviraient également au prolongement, pour en
arriver à un complexe intégré.
M. GIGNAC: M. le Premier Ministre, nous avons préparé
quelques notes pour expliquer de quelle façon nous entendons utiliser
les $60 millions qui seront investis par le gouvernement, sous une forme ou une
autre, dans la Sidbec.
Je vais demander à M. Graveline de vous expliquer au tableau de
quelle façon, nous comptons au départ utiliser ces sommes
d'argent, quitte éventuellement, un peu plus tard, à faire les
remarques en fonction de l'exposé qui aura été fait par M.
Graveline.
M. GAGNON: Seulement une question à M. Graveline. Dans les
disponibilités, $68 millions,
cela comprend quoi? Est-ce que ce sont des disponibilités
d'argent physique ou si ce sont d'autres disponibilités qui
comprendraient l'inventaire?
M. GRAVELINE: Les disponibilités comprennent l'argent en banque,
les comptes I recevoir des clients de Dosco, les inventaires de matières
premières ainsi que des produits finis.
M. GAGNON: Parce que si je me rappelle, sur la formule que vous nous
avez remise il est dit que dans l'actif de la compagnie, vous arriviez avec un
prix de $21 et quelque chose par action. Par la suite, vous mettez les actifs
de Sidbec moins toutes les diminutions qui apparaissaient à l'actif du
bilan et qui totalisent les actions à $11 et quelque chose.
M. GRAVELINE: C'est exact.
M. GAGNON: Comment se fait-il que toutes les diminutions viennent contre
les actifs de Sidbec et qu'elles ne se partagent pas avec celles de Dosco?
M. GRAVELINE: La diminution s'appliquait contre les actifs de Dosco qui
étaient achetés par Sidbec.
M. GAGNON: Si je pose ces questions, c'est que je n'étais pas
à la première réunion, en raison de circonstances de force
majeure.
M. LESAGE: Je viens de lui donner le bilan de Dosco. Je pense que M.
Graveline peut vous donner le détail des $67.7 millions de
disponibilités.
M. GRAVELINE: C'est exact, selon le bilan de Dosco, ces $68 millions se
composent de dépôts à court terme de $550,000; de comptes I
recevoir des clients de Dosco de $22 millions; de dûs, par certaines
compagnies affiliées, de $677,000; la valeur des actifs vendus à
la province de la Nouvelle-Ecosse, $14 millions; les inventaires de $29.7
millions et des frais payés d'avance de $440,000.
M. GAGNON: Merci.
M. GRAVELINE: M. le Président, si vous le permettez, j'aimerais
disposer de trois minutes pour mettre au tableau les chiffres sur lesquels nous
allons apporter des commentaires.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GRAVELINE: M. le Président, je vais me permettre de passer
brièvement à ces chiffres en revue et ensuite je pourrai vous
expliquer le détail.
Premièrement, les investissements du gouvernement sont
prévus comme suit: $12 millions annuellement en 1968, 1969, 1970, 1971,
1972 pour un total de $60 millions. L'emploi de ces fonds s'établit
comme suit. Premièrement, l'achat des actions de Dosco, ainsi
qu'expliqué, se chiffre par $32.5 millions; d'autre part, nous savons
que certains actifs dans lesquels Sidbec n'est pas intéressée
seront revendus à Hawker Siddeley pour un prix qui semble devoir
être $13.6 millions, soit un montant net de $18.9 millions.
Il est projeté que l'agrandissement et l'amélioration des
installations existantes de Dosco à Contrecoeur, l'usine de
Montréal, Truscon et Etobicoke requerront un montant de $17
millions.
L'augmentation du fonds de roulement durant cette période de cinq
ans, $13.9 millions.
Le remboursement de la dette à long terme, $7.2 millions.
Enfin des recherches visant à la fabrication de l'acier primaire,
$3 millions, en tout un montant de $60 millions.
Si vous me permettez, je vais élaborer un peu plus longuement sur
le détail de ces chiffres.
Ce chiffre-ci ($18.9 millions) ne requiert pas plus
d'élaboration.
Les $17 millions ici visent a agrandir les installations existantes,
comme je l'ai expliqué, les usines de Montréal, Contrecoeur,
Truscon, Etobicoke, pour leur donner la capacité demandée par les
études faites sur le marché et également assurer une
qualité de produits que les études du marché semblent
exiger. Quant à l'augmentation du fonds de roulement, durant la
période de cinq ans, nos projections sont que les ventes augmenteront et
automatiquement, les comptes à recevoir augmenteront. Les stocks devront
être également accrus pour pouvoir répondre aux exigences
des clients et assurer une meilleure qualité de service. Nous avons
considéré qu'un montant de $13.9 millions sera requis à
ces fins. Le remboursement de la dette à long terme est fixé par
les actes de fiducie de la présente dette obligataire de Dosco. Ces
actes de fiducie exigent que des versements de $7.2 millions soient faits
durant cette période de cinq ans. Finalement, Sidbec envisage que durant
cette période, elle devra dépenser $3 millions dans certaines
études visant à la fabrication de l'acier primaire.
Vous remarquerez que les souscriptions
gouvernementales ici ont été consacrées à
établir une entreprise saine et une structure financière propice
à son développement. Vous pourrez remarquer qu'aucune indication
n'a été donnée ici de l'emploi des fonds qui seront rendus
disponibles par les opérations et en fait, à la conclusion de
cette période, ces fonds seraient suffisants pour entrevoir la
création d'une usine de fabrication d'acier. Egalement, à ce
moment-là, à la conclusion d'une période de cinq ans, les
projections indiquent que la compagnie Dosco-Sidbec aurait accumulé un
avoir des actionnaires, aurait prouvé un pouvoir de gain qui lui
permettrait des financements additionnels pour la création de l'usine
d'acier primaire, des financements de quelque forme que ce soit dans le secteur
privé.
M. LESAGE: M. Graveline, vous dites que Dosco aurait besoin, au cours de
la période 1968 à 1972, d'une augmentation du fonds de roulement
de $14 millions.
M. GRAVE UNE: C'est exact.
M. LESAGE: Et cela, en dépit du fait qu'il y a actuellement un
fonds de roulement assez considérable et en dépit du fait qu'une
somme de $14 millions est due par le gouvernement de la Nouvelle-Ecosse et
qu'elle doit être payée et fera partie du fonds de roulement.
Alors, même en tenant compte du montant de $14 millions à recevoir
du gouvernement de la Nouvelle-Ecosse, vous croyez qu'il y aurait une telle
augmentation des comptes à recevoir et des réserves de stocks,
qu'il faudrait en plus de ces premiers $14 millions encore $14 millions,
c'est-à-dire $28 millions additionnels de fonds de roulement.
M. GRAVELINE: C'est exact. Nous avons basé nos exigences de fonds
de roulement sur les statistiques qui sont courantes dans l'industrie
sidérurgique canadienne.
Et en prévision d'augmentation de ventes, nous considérons
qu'il serait sage, qu'en plus des $14 millions qui apparaissent
déjà au fonds de roulement...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. GRAVELINE: ... .entre parenthèses, qui apparaissent
déjà au fonds de roulement de Dosco...
M. LESAGE: Mais ils sont dus, eux?
M. GRAVELINE: C'est ça. Mais ils appa- raissent
déjà au fonds de roulement, Nous avons besoin d'un moyen
additionnel.
M. LESAGE: Je ne me trompe pas lorsque je dis que c'est comme
créance qu'ils apparaissent ici?
M. GRAVELINE: Ils apparaissent comme comptes à recevoir.
M. LESAGE: Comme comptes à recevoir!
M. GRAVELINE: Dans les disponibilités de Dosco.
M. LESAGE: Très bien. Comme disent les Anglais: « I stand
corrected ».
M. GRAVELINE: C'est ça.
M. LESAGE: Comptes à recevoir, $14 millions...
M. GRAVELINE: Et dans les disponibilités de Dosco.
M. LESAGE: Oui.
M. GRAVELINE: Qui constituent le fonds de roulement de Dosco.
M. LESAGE: Bon. Maintenant, j'avais cru comprendre, au cours des
séances précédentes il est évident que
j'avais mal compris qu'une partie des $60 millions qui seraient
souscrits par le gouvernement au rythme de $12 millions par année,
servirait éventuellement à payer le coût des installations
nécessaires pour la production de l'industrie primaire.
Je constate, d'après les chiffres que vous avez au tableau, que
les $3 millions qui seraient consacrés à cette phase, le seraient
pour recherche...
M. GRAVELINE: C'est ça.
M. LESAGE: ... des recherches et d'après ce que vous avez dit, il
faudrait compter sur les gains, sur le « cash flow » au cours des
cinq prochaines années, sur les profits quoi, les profits de la
compagnie, pour accumuler les montants nécessaires à la
création d'une industrie de transformation primaire,
c'est-à-dire...
M. GRAVELINE: C'est ça.
M. LESAGE: ... à partir du minerai à aller à
l'acier en gueuse. C'est ça?
M. GRAVELINE: Le souci que nous avons eu, M. Lesage, était de
montrer que les $60 millions étaient requis pour établir une
entreprise saine, d'une façon administrative et financière. En
d'autres mots, non seulement nous pouvions acheter les actions de Dosco, mais
nous pouvions avoir un fonds de roulement adéquat, rencontrer les
exigences de la dette à long terme et à ce moment-là,
étant bien assis, dire: Après avoir dépensé $3
millions dans des recherches pures, nous pensons que nous avons une entreprise
viable qui, durant cette période de cinq ans, a surmonté ses
pertes, a commencé à démontrer un pouvoir de gains, a
commencé à accumuler un avoir des actionnaires elle a
déjà des fonds disponibles c'est-à-dire le profit
des opérations, plus, les fonds correspondants à l'amortissement,
qui nous permettent d'investir dans des usines d'acier primaire. De plus ce
pouvoir de gains et ces avoirs des actionnaires peuvent être
utilisés comme un levier de financement.
M. LESAGE: Oui, je comprends que ça peut servir de levier de
financement et que tout ça est difficile à évaluer. Mais
vous dites, n'est-ce pas, qu'à ce moment-là, vous croyez que
Dosco, étant établie, sur des bases financières solides,
aura accumulé des gains, que l'avoir des actionnaires aura
été augmenté par les profits et évidemment par
l'amortissement. A combien évaluez-vous les profits que pourra faire
Dosco sur la base que vous dites solide vous venez de l'établir
et quel sera l'amortissement?
Vous comprendrez que je voudrais savoir quel sera le montant disponible
en 1972. C'est dans quatre ans, quatre ans et demi. Quelle sera la somme
disponible pour entreprendre la construction des installations
nécessaires pour la transformation du minerai de fer en acier
primaire?
M. GRAVELINE: Je crois qu'avant de m'aventurer trop loin dans ce
domaine, je préférerais que la question soit adressée
à M. Gignac. Si je peux me permettre une liberté,
néanmoins, je remarquais, en préparant ce tableau et en regardant
les projections, qu'advenant certains développements dans la fabrication
de l'acier primaire, il pourrait déjà, dès la fin de 1972,
ou au début de 1973, y avoir des capitaux suffisants pour créer
des usines de fabrication requérant des investissements modestes
comparés aux hauts fourneaux.
M. LESAGE: Est-ce que M. Gignac peut donner des chiffres?
M. GIGNAC: Je crois que M. Graveline a très bien
répondu.
M. LESAGE: Oui, très bien, mais est-ce que M. Gignac peut mettre
des chiffres au bout des explications?
M. GIGNAC: Non, je ne crois pas que ça soit opportun à ce
moment-ci de mettre des chiffres. Il faudrait quand même que vous nous
fassiez un peu confiance. Je ne crois pas que ce serait utile de publier des
chiffres pour les cinq prochaines années, pas plus que pour les dix
prochaines années. Le mandat ou disons l'entente verbale ou autre sur
laquelle nous nous sommes entendus avec le gouvernement est la suivante: Si
nous avons à notre disposition $60 millions par tranches de $12 millions
pendant cinq ans, est-ce que nous pouvons acheter Dosco et faire
démarrer une usine d'acier primaire? La réponse c'est oui.
Maintenant, la façon d'étaler les chiffres sur le tableau
en est une. On aurait pu dire: L'augmentation du fonds de roulement plus la
recherche, plus le remboursement de la dette à long terme s'appliquent
à la fabrication de l'acier primaire et puis, à même notre
« cash flow », rembourser la dette à long terme, enfin il y
a bien des façons de plumer un chat.
Etant donné que le gouvernement a l'intention de nous donner $12
millions par année pendant cinq ans, je pense que ce que M. Graveline a
voulu démontrer, c'est qu'avec cet argent-là on pouvait mettre la
compagnie Dosco en excellente posture et qu'il ne semble pas, d'après
les états financiers que nous avons projetés, que nous aurions
quelque problème que ce soit pour trouver l'argent requis pour faire
l'acier primaire. Il y en aurait une partie dans la compagnie; il pourrait y en
avoir une partie à court terme des banques et il pourrait y en avoir une
partie aussi soit d'investisseurs privés ou dans la dette à long
terme.
M. LESAGE: Mais tout cela est basé sur une question de confiance.
Si pour une ou des raisons quelconques il arrivait que Dosco, les quatre
établissements, avec la base financière exposée par M.
Graveline, ne fassent pas les profits anticipés et n'opèrent pas
à profit régulièrement d'ici une couple d'années,
jusqu'en 1972, bien il sera peut-être difficile de trouver l'argent et le
crédit à même Dosco pour établir l'industrie
primaire. Alors, il faudra de nouveau avoir recours au gouvernement pour
l'Industrie primaire. C'est une possibilité. Vous ne pouvez l'exclure,
n'est-ce pas?
M. GIGNAC: Non, j'exclus cette possibilité-là, M.
Lesage.
M. LESAGE: Vous l'excluez!
M. GIGNAC: Je l'exclus complètement. Ce qui peut arriver c'est
que nos projections s'avèrent conservatrices et que nous puissions faire
démarrer la fabrication d'acier primaire avant le temps prévu ou
que nos projections ayant été trop optimistes, on doive retarder
d'un an ou deux la fabrication d'acier primaire. Maintenant, des projections,
ça reste des projections.
M. LESAGE: D'accord.
M. GIGNAC: Nous avons essayé d'être ni optimistes ni
pessimistes. Nous avons essayé d'être réalistes, nous tenir
au milieu du chemin et ce sont les conclusions auxquelles nous arrivons. Je
crois réellement, et mon conseil d'administration de même, que la
façon dont nous avons envisagé le problème Dosco, est une
façon réaliste et que nous ne pouvons pas nous attendre d'une
façon raisonnable à ce que l'investissement de l'acier primaire
soit fait à même le pouvoir d'achat de Dosco, uniquement vers
1972.
M. LESAGE: Alors, comment se fait-il... .
M. GIGNAC: II y a une chose que je voudrais ajouter, peut-être
pour renforcir ma thèse, si l'on peut appeler cela une thèse.
C'est que, lorsque l'on parle de Dosco, on parle de chiffres qui existent
aujourd'hui. Que ce soient des déficits ou des gains, on parle de
chiffres qui sont connus. Evidemment la projection est plus réaliste que
si l'on partait de chiffres qui sont projetés ou qui sont inconnus, dans
le fond.
M. JOHNSON: Installés à Bécancour, vous auriez
à vous baser sur des projections aussi.
M. GIGNAC: Exactement.
M. LESAGE: Oui, mais nous n'avons pas commencé à parler de
Bécancour...
M. JOHNSON: Mais vous auriez de l'argent à trouver
également.
M. LESAGE: ... le projet que nous avons devant nous, c'est le projet
Dosco.
M. BOURASSA: Quand vous parlez des projections, est-ce indiscret de vous
demander si vous avez pris des projections basées sur un taux de
croissance Inférieur, équivalent, ou supérieur à
celui du produit national brut?
M. GIGNAC: Equivalent à celui du produit national brut du
Canada.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LESAGE: Maintenant, c'est dire que si comme vous l'avez
mentionné tout I l'heure vous avez été trop
optimiste dans vos estimations, quant au profit, que cela pourrait retarder
l'établissement de l'industrie de l'acier primaire. C'est ce que vous
avez dit, n'est-ce pas?
M. GIGNAC: Oui, ça pourrait... M. LESAGE: Au-delà de
1972.
M. GIGNAC: Oui, ça pourrait arriver. Ce n'est pas ce que l'on
prévoit, mais c'est une chose qui pourrait arriver, de la même
façon que dans l'autre projet dont je vous parlerai tout à
l'heure, d'autres choses aussi pourraient arriver.
M. LESAGE: Ah! clairement. Il n'y a pas d'entreprise sans risque. C'est
entendu.
M. GIGNAC: Non.
M. LESAGE: Mais la somme de $60 millions n'est pas suffisante pour
accélérer la construction de l'industrie de transformation du
minerai de fer en acier primaire.
M. GIGNAC: Ah, bien, là, je ne suis pas tout à fait
d'accord!
M. LESAGE: Sauf, indirectement. Bien, d'après le tableau que nous
avons devant nous.
M. GIGNAC: Cela me semble assez direct comme approche. Le gouvernement
nous donne $60 millions pour nous permettre, éventuellement à
très court terme, d'en arriver à faire de l'acier primaire. Si
nous pouvons faire démarrer une fabrique d'acier primaire en 1972, ce
serait à mon sens, assez extraordinaire.
M. LESAGE: C'est parce que vous auriez fait des profits suffisants, du
fait qu'une injection de $60 millions a permis de rendre le tout rentable.
C'est pour cela que Je dis que c'est une conséquence indirecte.
M. GIGNAC: Oui, mais disons que nous ne
mettons pas la charrue devant les boeufs. Nous développons notre
marché, nous développons notre production et quand nous arrivons
avec une fabrique d'acier primaire, nous avons un volume suffisant pour
justifier la dépense. Alors, ç'a été un peu le
problème du premier projet.
M. LESAGE: Bien, évidemment le conseil d'administration de Sidbec
a déjà pensé autrement. Quand vous parlez de mettre la
charrue devant les boeufs, le conseil d'administration de Sidbec, dans les
rapports qui ont été faits au gouvernement, voyait la charrue et
les boeufs autrement, dans un autre ordre. On commençait par l'acier
primaire.
M. GIGNAC: Le conseil de Sidbec n'a jamais approuvé, M. Lesage,
ces rapports-là, pour autant que je sache.
M. LESAGE: C'est justement une question que je voudrais poser.
M. GIGNAC: J'ai justement des réponses à ces
questions-là.
M. LESAGE: Je pense que c'est assez important de savoir, lorsque M.
Filion m'a écrit le 31 mars et qu'il m'a dit que le conseil
d'administration de Sidbec, la veille, avait approuvé le choix de
Bécancour, avait approuvé la nomination de M. Bonnaure.
M. GIGNAC: Oui, le choix de Bécancour, ce n'est pas la
consistance de l'usine.
M. LESAGE: Pardon!
M. GIGNAC: Le choix de Bécancour et la consistance de l'usine,
à mon sens, sont deux choses assez différentes. Le 15 avril, Je
crois que vous avez reçu une lettre de M. Filion.
M. LESAGE: J'ai reçu une lettre de M. Filion le 15 avril 1966, me
disant que le conseil d'administration de Sidbec étudiait le dernier
rapport.
M. GIGNAC: Vers le milieu d'avril 1966, le conseil d'administration de
Sidbec a été saisi du rapport final des
ingénieurs-conseils.
M. LESAGE: C'est cela.
M. GIGNAC: Ce rapport a été déposé et les
administrateurs ont commencé à l'étudier. Comme vous le
savez, c'était un rapport assez vo- lumineux, très bien fait et
qui arrivait aux conclusions que j'ai mentionnées à la
dernière ou à la première séance je crois. Il y a
un concours de circonstances dont je ne suis pas responsable mais qui a fait
qu'un mois après, ou un peu plus, j'ai été nommé
président de Sidbec. Je me suis penché assez rapidement sur le
problème de la sidérurgie, il le fallait bien.
M. LEVESQUE (Laurier): En termes galants, ces choses-là sont
dites.
M. GIGNAC: Indépendamment de la valeur du rapport, de sa
qualité, nous avons été forcés de réaliser
très rapidement que l'investissement du départ était
très élevé. Et même si les marchés avaient
été disponibles, nous doutions fort que les montants pour
développer le complexe auraient pu être disponibles, soit du
gouvernement ou soit du secteur privé.
Mais non seulement les investissements globaux étaient trop
élevés, mais il faut ajouter qu'on était un peu optimiste
sur le marché prévu. Donc s'il y avait le moindre ralentissement
dans la production et dans l'allure du marché je n'ai pas besoin
de vous dire qu'en 1967 il y a eu un moyen ralentissement on en arrivait
à conclure que la rentabilité, à ce moment-là,
pouvait être grandement affectée et que ce ne pourrait être
que dix, quinze ou vingt ans après qu'on pourrait réaliser une
rentabilité acceptable.
M. LESAGE: M. Gignac, vous avez été nommé
président de Sidbec le 25 mai 1966, ces études, vous les avez
poursuivies au cours de l'été et de l'automne 1966?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: Vous dites que vous avez réalisé très
rapidement, c'est au cours de l'été cela?
M. GIGNAC: Cela s'est fait disons au cours de l'été. Ce
qui est arrivé, c'est qu'après avoir mis de côté le
rapport KSAL, nous nous sommes appliqués à déterminer quel
serait le coût minimum pour une sidérurgie intégrée
qui produirait à peu près 700,000 ou 800,000 tonnes. Nous avons
considérablement réduit, par toutes sortes de moyens, les
coûts d'investissement. Cela s'est fait au cours de l'été
1966. Je crois que ce projet-là était attrayant. Mais ce qui
n'était pas encore attrayant, c'était le marché de
l'argent, si vous vous souvenez bien. Même si les investissements
étalent réduits, nous considérions qu'il serait difficile
de lancer ce pro-
jet et de trouver l'argent requis pour le financer. Que ce soit du
gouvernement ou du secteur privé.
M. LESAGE: De quel projet parlez-vous? M. GIGNAC: Du projet
réduit.
M. LESAGE: Celui dont vous avez parlé en disant qu'il
était en filière.
M. GIGNAC: Non, c'est un autre projet.
M. LESAGE: Un autre encore.
M. GIGNAC: Nous en avons fait sept.
M. LESAGE: Oui, je comprends, il y en a eu tellement que c'est pour cela
que je vous demande de préciser.
M. GIGNAC: On aime mieux vous parler des projets qu'on a l'intention de
vous vendre.
M. LESAGE: Oui, d'accord. Mais celui dont vous parlez, de
l'été ou de l'automne 1966, a été mis de
côté?
M. GIGNAC: D'accord.
M. LESAGE: C'était une réduction...
M. GIGNAC: Considérable.
M. LESAGE: ... du projet qui avait été soumis à
Sidbec le 15 avril 1966.
M. GIGNAC: C'est cela.
M. LESAGE: Celui-là, c'était $328 millions?
M. GIGNAC: $400 millions.
M. LESAGE: $400 millions.
M. GIGNAC: C'était$350 millions d'investissement technique plus
le fonds de roulement et divers frais d'ingénérie, etc. Cela se
chiffrait par $406 millions, je crois.
M. LESAGE: C'était ce projet qui permettait
éventuellement, sur une période d'années, d'aller à
une production de 4 millions de tonnes.
M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: C'est le projet KSAL, cela?
M. GIGNAC: Oui, le projet KSAL.
M. JOHNSON: En résumé, le projet KSAL, c'était,
comme l'a dit le chef de l'Opposition, conçu comme un ensemble de 4
millions de tonnes, étalé éventuellement sur une
période de 40 années...
M. LESAGE: Eventuellement.
M. JOHNSON: ... dont la capitalisation totale requise aurait
été de $653 millions.
M. GIGNAC: C'était lepremierprojetKSAL, M. le Premier
Ministre.
M. JOHNSON: Le premier projet KSAL. M. GIGNAC: C'est ça. Il y en
a déjà d'autres.
M. JOHNSON: Le déficit cumulatif de ce projet KSAL serait de $111
millions pour les cinq premières années et $220 millions pour les
quatorze années suivantes.
M. LESAGE: Qui a donné ces chiffres? M. JOHNSON: C'est
tiré du rapport KSAL.
M. PINARD: Est-ce que le premier ministre a dit qu'il a
préparé...
M. JOHNSON: Le premier profit de $174,000 apparaît en 1984.
Toujours dans le projet KSAL. Et un taux très faible d'utilisation des
installations dans un prix de revient très élevé. Je pense
que tout le monde l'a mis de côté, celui-là.
M. LESAGE: C'était ça qui était le grand
défaut de ce premier projet. C'est qu'on construisait à
Bécancour des installations formidables, qui n'auraient
été utilisées que beaucoup plus tard.
M. JOHNSON: A 15% de l'utilisation, au départ.
M. LESAGE: Plusieurs décennies plus tard. Ce qui rendait le
projet pratiquement non rentable. Cela, d'accord, c'était le premier,
ça.
M. JOHNSON: Mais c'était $111 millions de déficit pour les
cinq premières années et $220 millions pour les quatorze
années suivantes.
M. LESAGE: Oui, il a été mis de côté. M.
JOHNSON: Un rêve en couleurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que l'on
peut poser une question sur un autre sujet ou si vous avez...
M. LESAGE: Non, mais cela a été soumis quand même.
Il a été mis de côté.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Gignac, si vous me permettez, tantôt
vous avez parlé du taux de croissance... Le député de
Mercier vous demandait, à propos de la façon que vous aviez
calculé, par rapport à la progression, la croissance
économique générale. Vous avez dit c'était plus ou
moins équivalent, que les projections qui ont été faites
sont plus ou moins équivalentes à celles du produit national brut
canadien. Par rapport au marché, vous avez dit que la façon dont
ça avait été conçu là, au moment où
vous êtes arrivé pour prendre la charge du projet, qu'on avait
conçu ça en fonction d'une projection trop optimiste des
marchés. Alors, dans ce domaine plus spécifique des
marchés de l'acier, parce que c'est de ça qu'il s'agit, vous,
comment avez-vous calculé? C'est-à-dire en fonction strictement
du marché de l'acier, qui n'est pas nécessairement toujours
relié à l'ensemble économique.
M. GIGNAC: Je crois, M. Levesque, que l'on peut en effet faire une
analogie assez rapprochée...
M. LEVESQUE (Laurier): Même sur quatre ans?
M. GIGNAC: Nous avons fait nos projections pour une période de
treize ans, en nous servant comme base d'accroissement du produit national
brut. Mais je dois vous dire que cet accroissement-là est de beaucoup
inférieur à toute autre projection de marché que nous
avons faite. C'est ce qui nous donne un avantage considérable dans
l'étude des marchés, lorsqu'on considère le projet Dosco,
parce que nous partons d'une base établie et nous avons
été, je crois, conservateurs en ne considérant que
l'accroissement normal du volume d'acier qui est vendu d'une année
à l'autre. C'est-à-dire que l'accroissement des ventes est
proportionnel à l'accroissement du produit national brut, prenant pour
base de départ ce que Dosco vend aujourd'hui.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que Dosco vend aujourd'hui dans les
installations que vous achetez, c'est quoi? C'est de la tôle?
M. GIGNAC: De la tôle, des fers marchands et des cornières,
du fil-machine. Il y a plusieurs produits.
M. LEVESQUE (Laurier): Et c'est sur le type de produits que vous achetez
à la fabrication et sur le marché, d'abord celui qu'ils ont,
celui dont vous héritez et aussi sur ce que vous voyez comme projection,
que vos chiffres sont basés?
M. GIGNAC: Exactement.
M. LEVESQUE (Laurier): Combien d'hommes sont employés? Parce
qu'il y a toujours cette idée de l'emploi.
M. GIGNAC; Au-delà de 2,000. M. LEVESQUE (Laurier): C'est cela
actuellement?
M. GIGNAC: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous avez fait une projection? Disons,
au moment où vous passeriez au primaire, est-ce que ce serait stable?
C'est parce que d'un côté, si vous faites de l'expansion, parfois
il y a plus de monde et, d'un autre côté, si vous modernisez,
parfois il y en a moins. Est-ce que vous avez une idée...?
M. GIGNAC: Nous prévoyons que si nous ajoutons une fabrique
d'acier primaire, disons à Contrecoeur ou ailleurs, que la
main-d'oeuvre, le personnel à ce moment-là augmenterait de 300
à 350 personnes d'un seul coup.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui voudrait dire que...
M. GIGNAC: Il y a l'augmentation normale suivant les lignes de
production qui pourraient être ajoutées par après. Quand on
parle du montant de $19 millions ou de $18,6 millions qu'on dépense pour
améliorer la production de Dosco, cela comprend entre autres un
dédoublement du laminoir à barre qui existe présentement
à Contrecoeur et pour lequel les fondations sont en place. Le laminoir
n'est pas là mais les fondations sont en place. Alors,
évidemment, si on installe un autre laminoir à barre, cela
requiert une main-d'oeuvre additionnelle.
M. LEVESQUE (Laurier): En gros, alors, ce pourrait être entre
2,500 et 3,000 employés dans quatre ans.
M. GIGNAC : A peu près. Disons dans six ans. M. LEVESQUE
(Laurier): Avec le primaire?
M. GIGNAC: Avec le primaire.
M. LE PRESIDENT: A-t-on encore des questions à poser à M.
Graveline?
M. LESAGE: Je voulais simplement demander à M. Graveline s'il
voulait être assez aimable de nous rendre le même service qu'il
nous a rendu il y a deux semaines lorsqu'il nous a préparé un
tableau sur papier au clavigraphe?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on passe aux question de M. le maire Gaudet
à l'adresse de M. Gignac?
M. LESAGE: M. le Président, M. le Premier Ministre, je pense bien
qu'en répondant à la première question de monsieur le
maire, M. Gignac, inévitablement, devra répondre à la
mienne. Je demande à M. Gignac si c'est exact. Je lui demandais de faire
l'exposé du projet qui est en filière. Je lis la première
question de monsieur le maire et il est clair qu'il ne peut y répondre
sans faire cet exposé. Alors, nous pouvons fort bien procéder en
suivant les questions de monsieur le maire, ce qui implique une réponse
à ma question. Alors, à vous laparole, M. le Maire.
M. GAUDET: M. le Premier Ministre, MM. les Ministres et
Députés, messieurs de Sidbec, comme vous le voyez, nous avons
préparé un questionnaire assez rapidement; on ne pense pas qu'il
soit parfait. Mais si on donne réponse à toutes les questions qui
y sont inscrites, nous serons satisfaits. Il n'y a aucun doute que M. Gignac et
son équipe travaillent de pair pour la réalisation de quelque
chose. Je pense bien que ce qui nous intéresse encore le plus
après cette foule de questions, c'est de savoir exactement, et dans le
plus bref délai possible, si la sidérurgie doit s'établir
chez nous ou ailleurs. Nous ne sommes pas indifférents à la
question. Si nous posons toutes ces questions, c'est parce que nous aimerions
aussi avoir quelque chose chez nous, comme le démontrent des copies de
journaux que nous vous avons transmises ce matin. Nous avons toujours eu
l'espérance que la sidérurgie du Qué -bec viendrait bel et
bien chez nous. Je passe à la première question; Quels sont les
avantages comparatifs sur le plan financier de l'achat de Dosco ou du complexe
d'allure beaucoup plus modeste pour Sidbec, si le complexe s'établit
à Bécancour?
On a vu, par l'exposé de l'expert comptable, que d'un
côté ou de l'autre, le gouvernement doit accorder son aide presque
en égalité.
M. GIGNAC: Si vous pouvez me le permettre, M. le Maire, j'aimerais vous
exposer, dans ses grandes lignes, le projet d'allure plus modeste qu'on
pourrait éventuellement, ou le cas échéant, établir
à Bécancour. Les préalables qu'on doit poser au
départ sont les mêmes ou à peu près les mêmes
que pour le projet de Sidbec-Dosco. D'abord, contribution du gouvernement de
$60 millions à raison de $12 millions par année pendant cinq ans
dans Sidbec. Et cela requiert la possibilité de pouvoir financer soit
à moyen terme ou soit à long terme et presque au départ,
une somme d'environ $20 millions. Ce sont deux préalables très
importants.
M. DOZOIS: Cela s'applique aux $60 millions.
M. GIGNAC: Oui. Dans ces conditions, nous pourrions installer à
Bécancour un laminoir à barres et fer marchand d'une
capacité nominale annuelle de 250,000 tonnes avec une fournaise
électrique utilisant des ferrailles ou de la fonte achetée en
grande partie sur le marché québécois.
L'aciérie électrique comprendrait un four à arc de
85 tonnes capable de produire environ 215,000 tonnes par année. Il y
aurait une installation de coulée continue à six lignes pour
produire des billettes de six par six. Et enfin le laminoir à barre dont
j'ai fait mention un peu plus haut, qui produirait des ronds à
béton lisses ou crénelés d'un demi-pouce à deux
pouces et demi de diamètre, des carrés, des plats et
cornières, enfin tous les fers marchands, jusqu'à quatre
pouces.
M. JOHNSON: Combien d'employés?
M. GIGNAC: Au départ, environ 350 à 400 employés.
Le coût, $80 millions, inclut les frais d'inge'nérie, enfin inclut
tout: l'intérêt durant la construction, le fonds de roulement et,
je crois, une partie des frais de démarrage du moins ceux que l'on peut
prévoir.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est plus ou moins parallèle
auprojet Sidbec-Dosco? Autrement dit, ça donnerait à peu
près les mêmes produits?
M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: Mais, on n'aurait que des profilés, on n'aurait pas
de tôle à ce moment-là.
M. GIGNAC: Il n'y aurait pas de tôle, c'est-à-dire que le
projet Sidbec-Bécancour, couvre des produits qui sont produits par
Dosco.
M. JOHNSON: Ah, bon!
M. GIGNAC: Mais, pas tous les produits.
M. LESAGE: Maintenant, il n'y a pas de transformation primaire du
minerai? Vous vous alimentez...?
M. GIGNAC: De la ferraille et de la tonte.
M. LESAGE: II en existe un à Montréal, un four
électrique. Cela c'était à Stelco ou à Dosco?
M. GIGNAC: A Dosco.
M. LESAGE: A Dosco.
M. GIGNAC: A Montreal Works.
M. LESAGE: A Montreal Works, il y en a un.
M. GIGNAC: Deux.
M. LESAGE: II y en a deux où l'on utilise la fonte et la
ferraille.
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: Et là, la coulée continue est possible.
M. GIGNAC: Nous avons la coulée continue à
Montréal.
M. LESAGE: Au Montreal Works? M. GIGNAC: Actuellement, oui.
M. LESAGE: Ce qui n'a a pas été ou ce qui ne s'est pas
révélé possible techniquement, c'est la coulée
continue à partir du minerai de fer, si je comprends?
M. GIGNAC: C'est-à-dire que c'est la coulée continue pour
la tôle fine.
M. LESAGE: Pour la tôle fine?
M. GIGNAC: Pour la tôle forte, on peut avoir la coulée
continue.
M. LESAGE: La tôle forte et pour les fers marchands.
M. GIGNAC: Pour les fers marchands. Mais, pour la tôle fine, le
procédé n'est pas au point encore.
M. LESAGE: Le projet antérieur, qui était beaucoup plus
considérable, prévoyait au départ, c'est-à-dire le
projet KSAL, ou son amendement prévoyait la production de fer marchand
et de tôles fortes au départ, et nonpas les tôles fines,
n'est-ce pas?
M. GIGNAC: C'est ça. Maintenant, si vous me permettez de
continuer...
M. LESAGE: A partir du minerai.
M. GIGNAC: Oui, oui, avec des hauts fourneaux conventionnels et des
convertisseurs à l'oxygène.
M. LESAGE: C'est ça.
M. GIGNAC: La rentabilité du projet que je viens de vous
décrire, sur une période de treize ans, nous allons vous la
donner d'une façon comparative. Le profit, sur une période de
treize ans, d'une entreprise comme celle qu'il serait possible d'installer
à Contrecoeur, est du tiers du profit de Dosco.
UNE VOIX: Bécancour.
M. JOHNSON: C'est Bécancour.
M. GIGNAC: Bécancour, excusez-moi.
M. JOHNSON: D'accord.
M. GIGNAC: Et le « cash flow », ce qui est assez important
aussi, serait lui aussi le tiers du projet Sidbec-Dosco à
Contrecoeur.
M. DE MERS: Est-ce que ce serait parce que vous ne fabriqueriez pas de
tôle?
M. GIGNAC: C'est parce que l'ensemble... Evidemment, on compare une
chose qui est déjà en marche avec une installation qui est quand
même limitée dans les produits qu'elle peut mettre sur le
marché et qui est limitée aussi par la quantité qu'elle
peut produire et par la pénétration des marchés.
Si nous démarrons à Bécancour, il faut penser I un
pourcentage de pénétration de marché. C'est assez
difficile d'apprécier les projections. Tous ont quand même un peu
la tendance de vouloir faire coller le marché à la
capacité de production de l'usine. Nous essayons de nous en
défendre mais c'est assez difficile.
L'étape suivante, parce qu'il y aura une étape suivante,
c'est-à-dire aussitôt que l'usi-
ne de Bécancour fait des profits et fournit suffisamment de fonds
pour le permettre, nous pourrions, à ce moment-là, passer
à l'installation d'un laminoir à tôle forte d'une
capacité de 480,000 tonnes, avec les fournaises électriques
appropriées et de toute évidence l'utilisation de
matériaux préréduits, ou de fer métallisé,
si vous voulez, convertis sur place. Le coût total additionnel de ces
installations comprenant frais « d'ingénérie » et
tout le reste, s'élèverait entre $110 millions et $120 millions.
Sa rentabilité, si on le prend sur une période donnée
comparable au projet Sidbec-Dosco, serait, au point de vue des profits, de 40%
de celui de Dosco et le « cash flow » serait aussi à peu
près de 40% de celui de Dosco.
Cependant, Je dois aussi souligner que, dans les deux cas, les premiers
profits ne seraient réalisés qu'après cinq ans, compte
tenu des projections de marché que nous avons faites.
M. LESAGE: Les $80 millions que vous avez mentionnés au
départ pour la première phase, c'est le coût global,
ça?
M. GIGNAC: Oui, M. Lesage.
M. LESAGE: Parce que quand nous pensons à l'achat de Dosco, c'est
$60 millions moins la partie de capital des $7.2 millions. Votre projet
Sidbec-Dosco...
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: ... c'est $60 millions moins les $7.2 millions.
M. GIGNAC: Bien là, ça dépend comment on le
considère.
M. LESAGE: Non, mais je parle du coût, n'est-ce pas?
M. GIGNAC: Oui, d'accord.
M. LESAGE: Du coût au gouvernement, $60 millions moins la partie
de capital des $7.2 millions plus la dette à long terme, la dette
à long terme dont on soustrait la partie de $7.2 millions qui est un
montant de capital. Mettons cinq si vous voulez, 38, 33 et 5, il y a
certainement $2 millions ou $3 millions d'intérêt.
M. GIGNAC: Je pourrais peut-être ajouter... M. LESAGE: Près
de $100 millions.
M. JOHNSON: M. Caron, ce sont des obligations sériées,
ça? Un fonds d'amortissement dans la dette budgétaire.
M. CARON: Oui, oui.
M. JOHNSON: Et les $7.2 millions, c'est du capital remboursé,
ça.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a de l'intérêt?
M. CARON: Les versements, d'après les échéanciers,
comprennent le fonds d'amortissement.
M. LESAGE: Alors, ça comprend l'intérêt.
M. DOZOIS: Intérêt et capital ou seulement le capital?
M. CARON: Non, le capital seulement.
M. LESAGE: Le capital seulement. $31 millions plus $60 millions,
ça fait $91 millions. Le gouvernement injecte $60 millions; Sidbec
assume une dette à long terme en dehors des $60 millions, qui est de $31
millions, ça fait $91 millions. Je vous dis que c'est suivant le plan
Sidbec-Dosco, je n'ai pas dit pour acquérir, comprenons-nous bien, c'est
pour établir, tandis que, dans l'autre cas, pour l'établissement
de départ à Bécancour, c'est $80,000,000.
C'est 20 plus 60, ce qui donne 80. Non, d'accord, je pense bien que nous
ne sommes pas pour recommencer à faire toutes les différences
à chaque fois que nous parlons des coûts. Il est clair que ce
n'est pas la même chose.
M. GIGNAC: Je pourrais peut-être vous faire remarquer ou vous
informer aussi que si nous appliquons au projet Sidbec-Bécancour les
mêmes critères que nous avons pris pour Sidbec-Dosco, le
décalage, dans le temps de la deuxième étape, peut
être assez long. Je ne crois pas que la compagnie pourrait être en
mesure de songer sérieusement à la deuxième étape,
avant d'avoir établi, je dirais d'une façon définitive,
qu'elle peut faire des profits. Et même à cela, je crois qu'il va
falloir aussi ramasser un peu de profit, faire une petite réserve, un
peu comme nous faisons dans le projet Dosco, sur laquelle nous pourrions nous
appuyer pour aller éventuellement sur le marché de l'argent,
d'une façon ou de l'autre, pour être en mesure de financer la
deuxième étape qui s'élève à un montant
d'environ $120 millions.
Si nous considérons les conditions actuel-
les du marché, vous conviendrez que c'est une chose qui ne sera
pas facile. Je crois avoir répondu, en gros du moins, à la
première question qui nous a été posée. Maintenant
pour éviter à M. le maire de venir...
M. LESAGE: Sur la première question, sur le détail de la
première question, vous dites que vous avez étudié cinq,
six ou même sept projets, à partir de la date de votre
nomination.
M. GIGNAC: Huit.
M. LESAGE: Huit à partir de la date de votre nomination.
M. GIGNAC: Non, non. A partir de ma nomination, six.
M. LESAGE: Six. Est-ce que parmi ces projets, vous en avez
élaboré un qui aurait été rentable et qui aurait
été moins dispendieux que celui dont vous avez
hérité, le 25 mal? Je pense que nous nous comprenons bien quand
je vous parle de cela.
M. GIGNAC: Les investissements des projets que nous avons
étudiés sont tous beaucoup moins considérables que ceux
dont j'ai hérité comme vous dites, ils sont tous plus
rentables.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y en a parmi ces projets qui comportaient
peut-être pas au moment du départ, mais à une date assez
rapprochée du départ en nombre d'années, la
transformation du minerai?
M. GIGNAC: Il y a trois de ces projets-là, M. Lesage, qui
comportent la transformation du minerai.
M. LESAGE: Et le meilleur marché des trois était pour une
production de combien?
M. GIGNAC: 800,000 tonnes environ, 850,000 éventuellement.
M. LESAGE: De tôles fines, de tôles fortes et de...
M. GIGNAC: De divers produits, c'est plutôt de la tôle forte
et des fers marchands.
M. LESAGE: Tôles fortes et fers marchands. Alors 800,000 tonnes et
quel était l'investissement requis?
M. GIGNAC: Il y en a un, c'était $226 millions, l'autre...
M. LESAGE: Cela, c'est revenir à peu près au projet du
comité de sidérurgie.
M. GIGNAC: Oui, mais pas avec les mêmes produits.
M. LESAGE: Non, parce qu'on parlait de tôles fines et on assumait
que la coulée continue serait possible pour les tôles fines,
à ce moment-là, au moment où le comité de
sidérurgie a fait son rapport, en 1964. Ce n'étaient pas les
mêmes produits, je suis d'accord.
M. GIGNAC: II y a deux projets qui se ressemblent, mais pour lesquels
nous avons pris des voles différentes, justement pour la transformation
du minerai. Il y en a un pour lequel on doit investir environ $226 millions,
cela comprend tout, même la dette que Sidbec doit au gouvernement. Il y a
un autre projet qui est à peu près semblable, sinon que la
façon de traiter le minerai est différente et qui requiert des
investissements d'à peu près $210 millions.
M. LESAGE: Lorsqu'à la fin de février 1967, vous avez
déclaré que le « complexe sidérurgique à
l'état de projet, qui doit être construit à
Bécancour, à mi-chemin entre Québec et Montréal,
sur la rive sud du Saint-Laurent, est tout ce qu'il y a de plus viable, a
déclaré hier dans un interview M. Jean-Paul Gignac,
président de Sidbec », et c'est Le Nouvelliste, je pense que vous
en avez une copie devant vous, Le Nouvelliste du 1er mars 1967. A ce
moment-là quel projet était sur votre table de travail?
M. GIGNAC: Ce qui est indiqué ici et ce que j'ai
déclaré, cela peut être différent, cela arrive.
M. LESAGE: C'est pour cela que je vous ai envoyé une copie du
journal.
M. GIGNAC: Oui, je vous remercie, j'en ai eu trois.
M. LESAGE: II n'aurait pas été juste que je le fasse, sans
que vous ayez l'occasion de faire des précisions, s'il y a lieu.
M. GIGNAC: Je pense bien que ce qui est passé est passé.
Mais je n'ai jamais fait de déclaration, à ma connaissance, sur
la Sidbec sinon au moment où officiellement nous avons fait part de
notre intention d'examiner les installations de Dosco. J'ai dit officiellement
une fois, à la Chambre de commerce de Montréal je ne me
souviens pas exactement de la
date que je croyais qu'une sidérurgie pouvait être
rentable au Québec. Je n'ai sûrement pas spécifié
l'endroit. On m'avait demandé à ce moment-là si j'avais
demandé la permission à Stelco. J'ai dit non, que je croyais que
je n'avais pas de permission à demander à Stelco. Je n'ai jamais
déclaré qu'une sidérurgie à Bécancour
pouvait être rentable. Mais j'ai pu dire qu'un complexe
sidérurgique au Québec était rentable. Mais je n'ai
sûrement pas mentionné l'endroit.
M. LESAGE: Mais vous croyez aujourd'hui qu'une sidérurgie
à Bécancour peut être rentable?
M. GIGNAC: Sûrement que je le crois. Nous procédons
actuellement d'une façon comparative.
M. LESAGE: Oui, oui. D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que vous établissez, si j'ai bien
compris, c'est que ce serait plus coûteux, plus lent et, si la
rentabilité se rejoignait, ce serait à beaucoup plus longue
échéance, dans le cas de Bécancour, ce que vous appelez
votre tableau comparatif là...
M. GIGNAC: C'est exact.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le cas de Bécancour que dans le cas
d'un départ avec Sidbec-Dosco tel que vous...
M. GIGNAC: C'est exact et je crois que c'est très normal. C'est
facile de faire une sidérurgie sur le papier, mais quand...
M. LEVESQUE (Laurier): Ah, cela, nous en avons eu!
M. LESAGE: ... M. Filion a déjà dit, dans une
conférence, que cela prenait une demi-heure.
M. GIGNAC: Mais il faut bien penser que construire un complexe
industriel, même de très petite envergure, cela représente
des problèmes considérables et des dépenses
d'énergie inappréciables. Avant de s'aventurer dans des choses de
cette nature, il faut y penser comme il faut. Cela requiert beaucoup d'argent
et beaucoup de patience aussi de la part de ceux qui attendent et de la part de
ceux qui le font. Et de compréhension, devrais-je ajouter.
M. JOHNSON: La deuxième question, monsieur...
M. GAUDET: Est-ce que Dosco tomberait en failllite, si le gouvernement
érige un complexe intégré à Bécancour?
M. GIGNAC: La réponse est non. M. LE PRESIDENT: La
troisième?
M. GAUDET: Est-ce que la province a des obligations envers cette
compagnie?
M. JOHNSON: M. Gignac, vous me permettez une question. La question est:
Est-ce que Dosco tomberait en faillite si le gouvernement érige un
complexe intégré à Bécancour? Votre réponse
est: Non. Est-ce que cela veut dire qu'il y a de la place pour les deux?
M. GIGNAC: Cela veut dire, M. Johnson, qu'éventuellement,
théoriquement du moins, il y a de la place pour les deux. Mais cela
ferait deux sidérurgies séparées et les forces ou les
pouvoirs d'achat seraient nécessairement divisés.
M. DEMERS: Comme ça, ça voudrait dire que vous...
compagnie si vous bâtissez.
M. GIGNAC: Non, je n'ai jamais dit ça. M. DE MERS: Non, je vous
pose la question. M. GIGNAC: Non, la réponse est non là
aussi.
M. DEMERS: C'est parce que la question n'a pas été
clarifiée.
M. DOZOIS: La question de concurrence, M. Gignac. Est-ce que, quand vous
projetez l'étatablissement d'une sidérurgie au Québec,
vous y voyez non des obstacles insurmontables, mais tout au moins des obstacles
sérieux du fait que la concurrence de Dosco continuerait?
M. GIGNAC: Oui, il y aurait des obstacles sérieux, je crois, et
de plus il y aura non seulement des obstacles mais des désavantages
sérieux pour les deux parties. J'ai en note la question que vous avez
posée à la dernière assemblée, M. Dozois, et je
peux peut-être y répondre tout de suite ou plus tard.
M. DOZOIS: Peut-être... c'est dans le contexte actuel, puisqu'on
étudie le projet de Bécancour.
M. JOHNSON: C'est dans le contexte actuel.
M. GIGNAC: Il y a plusieurs façons d'aborder le problème.
Si nous prenons, si je m'en tiens aux choses les plus faciles et les plus
évidentes, je préférerais tout d'abord parler des produits
mis en marché par Dosco et ceux qui seraient éventuellement mis
en marché par Bécancour si Bécancour existait.
Dans le domaine des tôles fortes, présentement Contrecoeur
ne produit pas de tôles fortes. Donc il n'y a pas d'effet immédiat
si à Bécancour on produit éventuellement de tôles
fortes.
Par contre...
M. JOHNSON: Eventuellement c'est quelle année, ça? Le plus
proche.
M. GIGNAC: Oh! cela peut être à peu près 1977, 1978
peut-être 1979. Dans le domaine des fers marchands, c'est-à-dire
les cornières, les ronds à béton, le fil-machine, etc.,
à ce moment-là Bécancour et Contrecoeur seraient en
compétition directe sur les marchés québécois,
enfin sur tous les marchés.
M. BOURASSA: Mais le marché est déprimé ces
années-ci, peut-on dire, pour les aciers marchands. Avec le fait que le
métro soit complété et puis que les travaux publics soient
au ralenti.
M. GIGNAC: D'accord, mais c'est un marché qui fluctue
énormément comme vous le savez peut-être.
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. GIGNAC: Il peut peut-être se remplumer s'il y a les tours de
transmission de l'Hydro-Québec.
M. BOURASSA: Ou un changement de gouvernement.
UNE VOIX: Ne vous fiez pas là-dessus pour faire...
M. JOHNSON: Ou les prochains gouvernements, c'est le crédit
social qui va imprimer l'argent.
M. LESAGE: Mais, quand même, vous avez mentionné
l'Hydro-Québec. Il est clair que le gouvernement, étant
intéressé, il y a un marché captif à Québec
pour les aciers marchands d'environ 100,000 tonnes, avez-vous dit, par
année?
M. GIGNAC: Oui, c'est une moyenne, M.Le-sage.
M. LESAGE: Oui, une moyenne, c'est entendu, parce que cela fluctue. Vous
l'avez dit.
M. GIGNAC: Oui, oui.
M. BOURASSA: Est-ce que ça comprend 100,000 tonnes, par exemple,
une société comme Marine Industries qui est reliée
à la SGF et...
M. GIGNAC: Une société comme Marine Industries? Non, cela
ne comprendpas... L'acier requis par Marine Industries n'est pas inclus dans
les 100,000 tonnes. Lorsque nous avons fait les études, cela n'a pas
été pris en considération.
M. BOURASSA: Seulement les wagons de chemin de fer, je pense, comme on
en parlait, c'est 25,000 tonnes.
M. BOURASSA: Sans compter les turbines et les bateaux et...
M. GIGNAC: Bien les turbines, c'est plus spécial.
M. BOURASSA: Oui, là c'est plus... la construction des
bateaux?
M. GIGNAC: La construction des bateaux, cela demande de la tôle
forte.
M. JOHNSON: M. Gignac, vous me permettrez une très brève
question. En posant l'hypothèse que pour Churchill Falls l'entente se
fait, est-ce que c'est Truscon, une des installations de Dosco, si
c'était acheté par vous, qui pourrait faire les tours, l'acier
pour les tours?
M. GIGNAC: Truscon pourrait être en mesure de faire l'acier pour
les tours. Maintenant je dois dire, pour être honnête, qu'il y a au
moins deux autres organisations au Québec qui peuvent faire la
même chose.
M. JOHNSON: Lesquelles?
M» GIGNAC: Il y a une compagnie ici à Québec qui
s'appelle Dynamic Industries et il y a Lockwell Forges à
Montréal, M. Fast. Mais disons que ce n'est pas impossible qu'à
travers Truscon on centralise certaines productions avec des compagnies
déjà existantes, surtout
dans le domaine des tours de transmission ou de la fabrication
d'acier.
M. JOHNSON: Un marché de combien, en tonnes et en dollars?
Environ?
M. GIGNAC: 250,000 à 300,000 tonnes. Pas par année. Pour
l'ensemble.
M. JOHNSON: Pour l'ensemble de ce projet.
M. GIGNAC: Sur une période d'à peu près quatre ou
cinq ans.
M. DOZOIS: Si on décidait de prendre des procédures pour
un projet à Bécancour, est-ce qu'on pourrait fournir...?
M. GIGNAC: On pourrait peut-être fournir pour une année au
maximum. Ce serait la fin. Si nous prenions aujourd'hui la décision
d'aller de l'avant avec Bécancour, il faut au moins compter trois ans
avant d'avoir une usine qui fonctionne et qui soit un peu rodée. Cela
nous mène tout de suite en 1971 et, à ce moment-là, une
bonne partie des commandes de l'Hydro-Québec auront été
données et seront même fabriquées. C'est un des avantages
indéniables de pouvoir avoir Dosco parce que eux peuvent produire
immédiatement, s'ils ont une partie de ces commandes. Maintenant, si
vous me permettez de continuer un peu mon exposé.
M. DOZOIS: Est-ce sur la question que je vous ai posée?
M. GIGNAC: C'est ça. Je crois que la main-d'oeuvre est un aspect
qu'il faut considérer. Evidemment, je le considère dans un
contexte provincial, même si je suis natif de la Mauri-cie. Je crois que
pour les cinq premières années, s'il y avait un laminoir ou une
petite installation mise en marche à Bécancour, il n'y aurait ni
perte ni gain au point de vue de la main-d'uvre comparativement à
ce que nous avons aujourd'hui. Ce qui veut dire, en d'autres mots, qu'il y
aurait saturation ou sursaturation des marchés et, évidemment, il
faudrait que Dosco en perde si Bécancour en gagne. Alors, ce ne serait
que beaucoup plus tard, dans six ou sept ans, que l'équilibre se
rétablirait à cause de l'accroissement normal de la demande ou de
la consommation dans le domaine des fers marchands. Evidemment, il y aurait
accroissement de la main-d'oeuvre dès qu'un laminoir à tôle
forte serait installé à Bécancour,, Mais je dois vous dire
du même coup que ce laminoir peut aussi être installé
à Contrecoeur.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, au départ, cela
s'équivaut?
M. GIGNAC: Oui, absolument.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous tenez compte des deux marchands...
M. GIGNAC: Si Bécancour produit et vend et qu'il y en a deux
plutôt qu'un pour fournir un marché donné, il va y avoir
une surproduction et un des deux en souffrira. Alors, il faudra qu'il y ait une
diminution de main-d'oeuvre quelque part. Mais il n'y a pas de gain net ni de
perte nette. Je vous ai fait un peu mention du marché et je pense bien
que je n'ai pas besoin de vous exposer longuement qu'un marché
divisé entre deux sociétés de production est moins
intéressant qu'un marché unifié dans une unité de
production.
Au point de vue financier je pense en fonction du contexte
où on vit présentement si Dosco continue ses
opérations malgré une présence de Sidbec à
Bécancour, et comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons raison
de croire que Dosco continuera, je crois qu'il sera plus difficile à ce
moment-là de justifier notre position vis-à-vis des financiers et
de les convaincre d'investir dans de la dette à long terme pour
Bécancour.
Alors, à ce moment-là, la conséquence
immédiate sera qu'il faudra retarder l'installation de nouveaux
équipements à Bécancour jusqu'au moment où la
petite compagnie modeste aura fait assez de profits pour pouvoir financer ses
investissements, ou disons une grande partie de ses investissements.
C'est une situation, je crois, qui peut durer entre cinq et dix ans.
Pour ce qui est de la rentabilité, j'en ai dit quelques mots aussi tout
à l'heure, il nous semble assez clair qu'avec un départ rapide
dans l'investissement à Contrecoeur, nous pouvons assez rapidement, sur
une période de temps très peu étendue, d'abord
créer un petit « cash flow » et ensuite faire des profits.
Je dois vous dire que je voudrais insister sur le fait qu'après cinq
ans, le « cash flow » produit par Dosco à Contrecoeur serait
extrêmement attrayant et permettrait à la compagnie de faire tous
les financements nécessaires pour installer quelque installation que ce
soit dans l'acier primaire, même la plus dispendieuse,
c'est-à-dire les hauts fourneaux ou la moins dispendieuse, utilisant les
minerais préréduits.
Chaque fois qu'on parle d'un facteur dont il faut tenir compte pour
établir les marchés, établir la rentabilité,
établir la finance, il faut tou-
jours diviser par deux lorsque nous avons deux installations. Et enfin,
ce que je peux vous dire, et c'est, je crois, plus qu'une opinion personnelle,
j'ai un membre du conseil d'administration à côté de moi
et, s'il n'estpas d'accord, il pourra me le dire. Je crois qu'avec Dosco, on
pourra arriver en 1980 avec une sidérurgie complètement
intégrée, qui aura une gamme de produits qui ressemblera
étrangement à celle mise de l'avant par le comité de
sidérurgie, qui sera éminemment rentable, qui n'aura à peu
près pas de dettes à long terme en cours et qui aura tout
l'argent voulu pour voir à son expansion ou au développement de
l'industrie secondaire du Québec. Je pense, comme président de
Sidbec et comme représentant des membres de mon conseil
d'administration, que ce sont des avantages que nous ne pouvons sûrement
pas ignorer.
Je ne sais pas si ça répond un peu à votre
question, M. Dozois?
M. DOZOIS: Je voudrais vous poser une question, si vous me le permettez.
Je pense que l'installation d'une aciérie dans le Québec, en soi
est une chose intéressante pour la main-d'oeuvre qui sera
employée etc. Mais je pense qu'également il faut tenir compte du
fait que l'établissement d'une aciérie pourra créer des
industries primaires ayant une production en mesure de fournir la
matière première des industries secondaires. Je pense que c'est
un des aspects intéressants de l'investissement dans une
aciérie.
D'après vous, M. Gignac, est-ce qu'il y aurait plus de chance de
créer des industries secondaires au Québec avec deux
installations, Bécancour et Dosco, ou bien avec une seule installation,
soit à Bécancour ou avec Dosco?
M. GIGNAC: Je vais vous donner une opinion personnelle. Je crois
sincèrement qu'un complexe est suffisant actuellement au Québec.
Avec un complexe on a beaucoup plus de chances éventuellement
d'être en moyen de mousser l'éclosion d'industries secondaires que
s'il y avait deux complexes qui seraient peut-être rentables mais qui
seraient un peu plus marginaux.
M. DOZOIS: Deux complexes n'empêcheraient pas la création
d'industries secondaires.
M. GIGNAC: Non, mais ça serait un peu plus difficile et
peut-être un peu plus long aussi. Voyez-vous, des compagnies comme
Stelco, Algoma et Dofasco ont créé ou à peu près
toutes, des marchés captifs et ces marchés captifs dont je vous
fais mention sont nécessairement des industries secondaires. Elles
alimentent des industries dont elles sont les propriétaires. Il faut
être en moyen pour faire des choses comme ça.
M. BOURASSA: Le taux de rendement de Stelco et Dofasco, est-ce que vous
l'avez étudié? Est-ce qu'il a tendance à baisser?
M. GIGNAC: Nous l'avons bien étudié.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il a tendance à baisser?
M. GIGNAC: Bien en 1967, comme vous le savez sûrement, le taux de
rendement de toutes les sidérurgies au monde, je crois, a
considérablement diminué. Mais si j'ai bien lu dans les journaux
les rapports qui ont été faits jusqu'à présent sur
les sidérurgies canadiennes en particulier, l'allure des profits pour
l'année en cours sera beaucoup meilleure que celle de l'an dernier.
M. LESAGE: Stelco est établie dans le Québec?
M. GIGNAC: Stelco a trois usines de fabrication au Québec dont
deux à Contrecoeur à côté de celle de Dosco.
M. LESAGE: II y a déjà au moins Dosco et Stelco; il y a
déjà deux compagnies qui produisent l'acier.
M. GIGNAC: Oui, oui, qui font du laminage d'acier.
M. LESAGE: Ils font du laminage.
M. JOHNSON: Elles emploient à peu près 4,000
employés? M. Gérin-Lajoie, vous avez à peu près
4,000 membres?
M. GERIN-LAJOIE: Non, Stelco a moins d'employés que Dosco. C'est
entre 1,000 et 1,500.
M. JOHNSON: Y inclus ceux de Montréal?
M. GERIN-LAJOIE: Y inclus ceux de Montréal.
M. LESAGE: M. Gignac, est-ce que c'est Stelco ou Dosco qui, à
Montréal, fait le tuyau continu?
M. GIGNAC: C'est Dosco. M. LESAGE: C'est Dosco.
M. GIGNAC: C'est Dosco qui fait du tuyau à Montréal.
Stelco est à Contrecoeur pour son tuyau.
M. LESAGE: Mais à Montréal? C'est parce que j'ai
déjà visité l'usine de fabrication de tuyau continu. C'est
Dosco, je crois.
M. GIGNAC: Je sais que Dosco a d'excellentes organisations de
fabrication de tuyau à Montréal.
M. LESAGE: Oui, c'est Dosco.
M. JOHNSON: Et Atlas Steel, M. Gignac?
M. LESAGE: Non, ce n'est pas Atlas, ça.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que fait Atlas?
M. GIGNAC: Les aciers spéciaux.
M. LESAGE: Les aciers inoxydables.
M. GIGNAC: Atlas ne fait pas de tuyau.
M. LEVESQUE (Laurier): ... On se demande ce qu'elle fait.
M. LESAGE: De l'acier inoxydable à partir du minerai de fer de
Havre-Saint-Pierre.
M. GIGNAC: Ce n'est pas à partir...
M. LESAGE: Ce n'est pas à partir du minerai de
Havre-Saint-Pierre, Atlas?
M. DUFRESNE: Excusez-moi, M. Lesage, Atlas, à Tracy, fait de
l'acier inoxydable surtout à partir de ferraille d'acier inoxydable et
se sert d'un certain apport, je crois, de fonte de Quebec Iron and Titanium
mais c'est un apport qui est faible.
M. LESAGE: De Quebec Iron and Titanium.
M. DUFRESNE: L'apport de fonte de Quebec Iron and Titanium est
faible.
M. LESAGE: Par rapport à l'utilisation de la ferraille.
M. DUFRESNE: ... à l'utilisation de la ferraille.
M. LESAGE: Pour la fabrication de l'acier inoxydable d'Atlas Steel.
M. DUFRESNE: Exactement.
M. VINCENT: M. Gignac, vous avez mentionné tout à l'heure
que si le marché Sidbec-Dosco était conclu, vous en arriveriez
à avoir un complexe intégré, une sidérurgie
intégrée au Québec vers 1980.
M. GIGNAC: Je m'excuse, ce n'est pas tout à fait ça que
j'ai dit. Cela va être intégré avant ça mais je dis
que les prévisions s'échelonnent sur 13 ans. Alors, je dis qu'en
1980 nous aurons au Québec, avec Dosco-Contrecoeur, une
sidérurgie intégrée. J'ai dit éminemment, enlevons
le mot éminemment et puis disons très rentable. Maintenant, si
l'autre projet...
M. LEVESQUE (Laurier): Quelle différence y a-t-il entre
éminemment et puis très?
M. GIGNAC: Question d'appréciation.
M. VINCENT: Mais si l'autre projet dont vous parliez tout à
l'heure était mis sur pied à Bécancour, vers quelle date
arriveriez-vous au même résultat?
M. GIGNAC: Passé dix ans ou douze ans. Il faut réellement
naviguer dans les chiffres, mais je dirais que le minimum, ce serait 15 ans,
peut-être 20 ans, enfin de 15 à 20 ans.
M. DOZOIS: Avec un investissement supérieur?
M. GIGNAC: Avec un investissement supérieur. J'insiste pour vous
dire que la sidérurgie à Contrecoeur sera intégrée,
nous le prévoyons entre 1972 et 1974. Mais nous ferons des profits
à ce moment-là, mais disons que nous tirerons le maximum des
profits vers 1978, 1980. Et à ce moment-là, je crois que nous
serons en position de prendre la direction qui sera la plus avantageuse pour
nous et pour la province aussi.
Je voudrais peut-être juste faire un petit détour, M. le
Président, si vous me le permettez, pas pour vous prouver des choses,
mais pour vous dire que nous avons toujours eu à l'esprit les politiques
qui ont été données au gouvernement par le Conseil
d'orientation économique et qulpeuvent se résumer en trois points
très précis: Mettre sur pied une entreprise sidérurgique
qui soit en elle-même rentable; établir une entreprise dont les
centres de décision
sont localisés dans le Québec, en vue d'atteindre les
objectifs économiques de la province: tenir compte des
éléments de sidérurgie existant au Québec, en
tentant de relier certaines de leur fabrication à celle que nous
projetons.
Je dois vous dire que c'est de ces objectifs dont nous nous sommes
inspirés pour arriver au résultat que nous avons aujourd'hui et
je ne crois pas que ce que nous avons à offrir soit du tout incompatible
avec ces objectifs.
M. BOURASSA: Il y a un journal de Toronto, je crois, qui disait que vous
auriez obtenu un prêt de Hawker Siddeley à des taux
d'intérêt favorables, pour aider votre « cash flow »,
parce que vous disiez que votre « cash flow » serait excellent
après cinq ans. Mais d'ici cinq ans, du moins durant les
premières années, étant donné le paiement aux
actionnaires et comme vous avez droit seulement à $12 millions par
année ce serait plutôt serré. Vous pouvez confirmez ou vous
ne pouvez pas...
M. GIGNAC: Disons que c'est un as dans nos mains» En effet,
lorsque nous avons signé l'entente avec Hawker Siddeley, ils ont
accepté de prendre une note à court terme, de cinq ans, à
un taux d'intérêt assez intéressant pour un montant de $5
millions.
M. BOURASSA: Le taux d'intérêt, vous ne pouvez pas le
mentionner?
M. GIGNAC: Sept pour cent.
M. BOURASSA: D'accord, merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons passer à l'article
3?
M. GAUDET: Si vous ne faites pas de différence, nous allons
passer à l'article 5, pour rester dans le même ordre d'Idée
et nous reviendrons à l'article 3 après. L'article 4, nous y
avons répondu en répondant à l'article 2. Est-ce que
l'établissement du complexe construit de toutes pièces ne
permettrait pas d'avoir un équipement plus moderne et plus
compétitif s'il est construit à Bécancour?
M. GIGNAC: Ce que je peux vous dire là-dessus, c'est que nous
avons pris en considération, les installations, les équipements
actuels de Dosco, à Contrecoeur, à Montréal et à
Toronto. Nous les avons appréciés et les résultats qui en
sont sortis ceux dont je vous parle depuis trois séances. A moins de
vous faire un résumé complet de tout notre projet, il serait
assez difficile de vous prouver, laminoir par laminoir, ce que nous allons
faire d'ici 10 ans. Vous voyez au tableau un montant de $18 millions qui
devront être réinvestis dans les installations existantes. Ces
montants d'argent serviront d'une part à améliorer ces
installations et, d'autre part, à augmenter dans certains cas, la
production.
Il serait assez difficile pour moi d'aller plus loin que cela dans le
moment, de vous donner plus d'explications sans tomber dans les détails
techniques qui endormiraient le comité.
M. GAUDET: Il n'y a pas de possibilité d'établir si cela
serait réellement compétitif avec un équipement plus
moderne?
M. GIGNAC: J'ai dit tout à l'heure qu'en partant à
Bécancour, nous obtenions 1/3 du profit que nous espérions avoir
à Dosco compte tenu des équipements modernes à
Bécancour et que si nous allions à l'étape suivante,
à ce moment-là nous produirions à peu près 850,000
tonnes, et le profit comparatif serait de l'ordre de 40% des profits faits
à Contrecoeur. Les mêmes pourcentages s'appliquent au « cash
flow ». Cela tient compte de l'état actuel des équipements
dont nous prendrons possession, évidemment s'il y a entente, à
Contrecoeur, à Montréal et à Etobicoke.
M. GAUDET: Je vous remercie. Pour revenir à la question
numéro 3, est-ce que la province a des obligations envers cette
compagnie, c'est-à-dire la Dosco?
M. GIGNAC: Moi, je ne suis pas la province, j'Ignore si M. Johnson peut
répondre à la question.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous, vous n'en avez pas, sauf l'entente en
marche?
M. JOHNSON: Sidbec n'a aucune obligation envers Dosco?
M. GIGNAC : Non, sinon que nous avons signé une entente avec
toutes les restrictions que vous savez. L'entente est conditionnelle à
l'acceptation par le gouvernement des recommandations que nous allons lui faire
et conditionnelle au transfert de la dette obligataire sans changement, enfin
sujette à cinq ou six conditions... Je peux vous en donner d'autres.
M. JOHNSON: D'accord. Mais vous n'avez aucune autre obligation que celle
que comporte cette entente de principe, qui ne pourrait être
conclue qu'avec le consentement du gouvernement, entre autres.
M. GIGNAC: C'est cela.
M. JOHNSON: Et quant au gouvernement, il n'a aucune obligation envers
cette compagnie.
M. GAUDET: Du même coup, que pensez-vous de la
décentralisation de l'industrie?
M. LEVESQUE (Laurier): En tant que fils de la Mauricie.
M. GIGNAC: Tout ce que je pourrais vous donner, ce sont des idées
personnelles et je ne crois pas que je doive répondre à cette
question. Nous sommes partis d'un mandat qui avait été
donné par le gouvernement au COE et qui est revenu au gouvernement avec
des recommandations très précises. Mais nous nous en tenons
à cela. Je crois que c'est beaucoup plus au gouvernement à
établir ses positions au point de vue de la décentralisation de
l'industrie, qu'à Sidbec qui, à toutes fins pratiques, est
contrôlée par le gouvernement.
M. JOHNSON: M. Gaudet, évidemment M. Gignac nous renvoie le
ballon et avec raison. C'est une responsabilité du gouvernement. Le
gouvernement du temps, celui qui nous a précédés, a
certainement eu des pressions de la part des gens de Sept-Iles, des gens de
Rimouski. Je pense que des études sérieuses ont été
faites sur la possibilité de créer un autre pôle
d'attraction qui serait aussi éloigné que Montmagny ou Rimouski
ou Sept-Iles. Mais les économistes, les experts en sont venus à
la conclusion que si l'on voulait payer des déficits tous les ans et des
déficits considérables, on pourrait peut-être le faire,
mais que pour la rentabilité, il fallait s'approcher, soit à
Bécancour, soit à Contrecoeur.
L'expérience de la Suède, encore une fois, est assez
intéressante. Toutes les aciéries, généralement,
font des profits, sauf celle qui est installée à 400 ou 500
milles de Stockholm, qui est subventionnée à un rythme assez
intéressant par le gouvernement. Peut-être que dans leur
économie, cela se place assez bien, c'est peut-être
avantageux.
Mais l'opinion que j'avais recueillie en Suède de la part des
autorités gouvernementales et des hommes d'affaires est que si
c'était à refaire on ne la placerait pas là.
M. LESAGE: M. Gignac, dans les études qui ont été
faites par le comité de sidérurgie, quand le comité de
sidérurgie en est arrivé à la recommandation de
Bécancour, les prix du coût de production par tonne d'acier
avaient été établis pour divers endroits dans la province
n'est-ce pas?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: Et là où les coûts étaient les
plus bas, c'était justement à Bécancour et
Contrecoeur.
M. GIGNAC: C'est ça!
M. LESAGE: Contrecoeur, Varennes, si ma mémoire me sert.
Varennes, Contrecoeur et Bécancour. C'est exact. Le coût de la
production à Sept-Iles ou à Rimouski aurait été
beaucoup plus élevé.
M. GIGNACï Peut-être que le coût n'aurait pas
été tellement différent, mais le coût de
transport...
M. LESAGE: Non, quand je parle... M. GIGNAC: Le prix de revient...
M. LESAGE: Le prix de revient sur le marché, je me suis mal
exprimé. Je voulais dire les coûts qui nous étaient
donnés ou les prix qui nous étaient donnés par le
comité de sidérurgie, tenaient compte évidemment du
coût des transports. On parlait de la tonne d'acier rendue à
Montréal.
M. GIGNAC: Exactement.
M. LESAGE: Et c'est à ce moment-là que nous avons
étudié, que nous avons rétréci le champ des
études du comité de sidérurgie, quant à
l'emplacement entre Montmagny et Varennes.
M. GIGNAC: C'est ça. Bécancour.
M. GAUDET: On a répondu à la question 7 et à la
question 8 lorsqu'on nous a fourni les chiffres.
Question 9: Est-ce que Sidbec a considéré de s'associer
à une autre aciérie canadienne, telle que Stelco, Dofasco, au
lieu de s'installer seule à Bécancour?
M. GIGNAC: Oui, c'est-à-dire que, pour les deux projets,
Sidbec-Bécancour et Sidbec-Con-trecoeur, nous avons pensé d'avoir
certains accords avec d'autres sidérurgies canadiennes. Mais il n'y a
pas eu de discussions officielles,
à une exception près, avec les sidérurgies
canadiennes. Cependant nous savons qu'au moins une et peut-être deux
d'entre elles seraient peut-être intéressées à
participer à nos aventures. Mais je crois qu'il est bien
prématuré actuellement de dire ce que nous pourrons faire ou non.
C'est seulement avec le temps que nous pourrons y voir notre profit et eux le
leur.
M. LESAGE: Les membres du comité de sidérurgie avaient eu
dans le temps, si mon souvenir est bon, des discussions préliminaires.
Vous avez raison de dire que cela n'était pas officiel. Mais entre
autres, avec les gens de Stelco et également, je crois, avec M. Sherman,
de Dofasco.
M. GIGNAC: De Dofasco. Et Algoma. En fait nous avons vu les trois.
M. LESAGE: Les entrevues avec M. Sherman, je me souviens qu'elles
avaient été fixées à la suite de suggestions que
j'avais faites.
M. BOURASSA: Est-ce qu'elles exigeaient d'être majoritaires?
M. GIGNAC: Non, les discussions ne se sont pas rendues jusque la.
M. LESAGE: Cela ne s'est pas rendu là, non.
M. GIGNAC: Enfin, ce furent des discussions amicales.
M. LE PRESIDENT: Question numéro 10.
M. GAUDET: A-t-on sérieusement considéré et
cherché une participation américaine partielle à une
sidérurgie québécoise, qui pourrait être une
participation pratiquement égalitaire?
M. GIGNAC: A ma connaissance, non.
M. LESAGE: Bien, est-ce que Davum, le fameux Davum, n'opérait pas
de New York?
M. LEVESQUE (Laurier): Ce n'est pas une sidérurgie.
M. LESAGE: Non, je sais.
M. GIGNAC: Ils avaient deux bureaux. Ils en avaient un à New York
et un à Montréal, Franco Steel Corporation et Franco Steel, tout
court je crois.
M. LESAGE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): C'était pour mise en marché,
essentiellement.
M. GIGNAC: Oui, essentiellement pour la mise en marché.
M. JOHNSON: A l'extérieur du Canada.
M. LESAGE: Oui, à l'extérieur. Bien, il y avait
importation et il y avait exportation.
M. GIGNAC: Oui, mais l'entente n'aurait pas été une
entente américaine. Elle aurait été une entente
française.
M. LESAGE: M. Lévesque, si j'ai mentionné Davum, c'est
parce que la question telle que posée ne porte pas sur des
sidérurgies américaines, mais sur des intérêts
américains.
M. GAUDET: La province de Québec n'est-elle pas en posture, comme
l'Alberta avec ses puits d'huile, de marchander pour l'exploitation de ses
richesses naturelles?
M. GIGNAC: Je ne suis pas la province.
M. JOHNSON: Je ne suis pas la province moi non plus, mais je dois vous
dire que d'abord, nous parlons surtout de minerai de fer, exclusivement de
minerai de fer. Le minerai de fer, il y en a beaucoup dans la province et M.
Dufresne me corrigera, c'est quatre milliards de tonnes à l'ouest de
là supposée ou de la frontière discutée ou
discutable entre Labrador et Québec. Seulement dans la partie clairement
québécoise, qui n'est pas discutée, il y aurait quatre
à cinq milliards de tonnes de minerai de fer. Alors, avant que l'on
transforme ça, quelle est la clé, une demi-tonne de minerai ou
deux tonnes de minerai de fer pour une tonne d'acier?
M. DUFRESNE: Tout dépend de quelle teneur de fer nous avons dans
le minerai.
M. JOHNSON: Mais oui, vous connaissez la teneur, vous y avez
travaillé.
M. DUFRESNE: Alors, si nous parlons d'un minerai comme celui de
Schefferville qui titre environ dans les 55% de fer naturel, en moyenne, cela
va prendre deux tonnes de minerai de Schefferville. Si vous parlez d'un minerai
comme celui de Québec Cartier Mining qui titre de l'ordre de 28%
à 30% de fer, cela vous prend pratiquement trois tonnes et demie.
M. JOHNSON: Alors, nous en aurions pour une couple de milliers
d'années.
M. LESAGE: Une question que je voudrais vous poser, M. Dufresne.
M. JOHNSON: Si l'on me permet de compléter ma réponse,
deuxièmement il y a aussi d'autres pays qui ont du minerai de fer et il
y en a un très grand nombre facilement transportable de teneur assez
intéressante, de sorte que nous sommes déjà dans le
marché compétitif. Je pense que nous pouvons dire ça. M.
Dufresne m'approuvera ou me corrigera.
M. GIGNAC: Nous pouvons avoir des minerais qui viennent de
l'étranger à meilleur coût que le nôtre au
Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le premier ministre avait su tout ça
dans le temps, lui et d'autres, il y avait un débat sur Atlantic Iron
Ores, qui est quelque part dans la baie d'Ungava. Quand il voulait nous prouver
et à toute la province qu'on avait le « bargaining power »
et tout ce qu'il fallait pour placer même la sidérurgie en plein
la baie d'Ungava. J'ai vécu cela pendant une semaine. C'était un
vrai pique-nique!
M. JOHNSON: Je m'en souviens très bien. J'en ai beaucoup appris
depuis ce temps-là...
M. LEVESQUE (Laurier)r Moi aussi.
M. JOHNSON: ... et le député de Laurier aussi, avec le
résultat que je suis encore dans l'Union Nationale et lui n'est plus
dans le parti libéral.
M. LESAGE: M. Dufresne, une question qui m'intéresse, justement
quant au minerai de fer de l'Ungava.
M. LEVESQUE (Laurier): Nous étions champions dans ce
temps-la!
M. LESAGE: Pour ce minerai de fer de Iron Ore Company, de Scheffervllle,
qui est I 55%, est-ce qu'on a trouvé maintenant les techniques de
réduction possibles, de concentration si vous voulez?
M. DUFRESNE: M. Lesage, vous savez que j'ai laissé Iron Ore
depuis déjà quatre ou cinq ans.
M. LESAGE: Mais vous êtes un ingénieur minier.
M. DUFRESNE: Je comprends. Je sais que depuis ce temps-là, Iron
Ore a poursuivi des recherches dans cette optique et que ces recherches sont
réellement intensives. Ils espèrent d'ici quelques années,
mais je n'ai aucune idée de leurs échéances, avoir au
moins les éléments d'une solution à ce
problème-là.
M. LESAGE: D'un procédé de concentration.
M. DUFRESNE: Oui, de concentration de ces minerais.
M. LESAGE: Parce que ce n'est pas le même genre de minerai,
évidemment. Qu'est-ce qu'il y a dedans, c'est de la pyrite?
M. DUFRESNE: Non, le minerai de fer de Shefferville est un minerai qu'on
peut décrire comme llmonitlque, qui est un minerai à grain
très très fin un peu comme de la rouille si on peut dire
vous le connaissez M. Lesage qui fait une masse informe qui n'est
pas cristallisée et son amélioration ou sa bonification en est
rendue de ce fait très difficile, justement à cause de
l'état très fin des grains individuels d'oxyde. Par ailleurs, les
minerais qui existent à Cartier Mining ou à Wabush ont un grain
beaucoup plus grossier ce qui permet après broyage d'avoir un sable dont
par lavage on peut séparer les stériles du minerai de fer.
M. LESAGE: C'est le genre d'opération qui se fait à
Gagnon?
M. DUFRESNE: Oui, justement.
M. LE PRESIDENT: Question suivante.
M. GAUDET: Si on nous a dit que l'exploitation devait rester au pays,
c'est tout simplement qu'à notre avant-dernière réunion,
si ma mémoire est bonne, on nous a dit que le Parlement n'aimait pas
beaucoup voir passer les morceaux de province à pleins bateaux, et qu'il
y aurait peut-être possibilité de l'exploiter chez nous. La
onzième, la question de financement du projet mise à part pour un
instant, votre option aurait-elle été la même? La
construction à Bécancour, ou à Contrecoeur?
M. GIGNAC: Bien, c'est une question hypothétique et je crois que
ça demande une réponse hypothétique. Il y a d'autres
facteurs que le financement dans le moment c'est probablement le plus
important mais il y a aussi le facteur du marché que nous ne
pouvons ignorer et si nous mettons le facteur du marché à part,
bien, il va falloir mettre d'autres facteurs à
part. Théoriquement, je pense bien que s'il nous tombait du ciel
$250 millions I un intérêt pas trop élevé et que
nous pourrions théoriquement nous permettre le luxe de n'être pas
rentable pendant dix ou quinze ans, à ce moment-là, je n'aurais
pas d'objection à aller à Bécancour ou à d'autres
endroits; mais je pense qu'il faudrait alors considérer ça comme
un subside pur et simple; tandis que les $60 millions que nous attendons du
gouvernement, nous ne les considérons pas comme un subside. On a
parlé d'actions ordinaires à dividendes différés,
ça veut dire qu'un de ces jours on paiera les dividendes ou on
remboursera le capital et les actions seront vendues à d'autres. Ce sera
vendable.
Or, votre question est un peu hypothétique, et je pense que c'est
assez difficile d'y répondre, parce que l'on ne peut pas exclure des
facteurs aussi importans que le financement et le marché.
M. LE PRESIDENT: Douze.
M. GAUDET: Comment se fait-il que l'annonce de l'intention de Sidbec
d'acheter Dosco à $11 l'action, n'ait pas obtenu l'approbation
préalable du gouvernement?
M. GIGNAC: J'ai donné cette réponse tout I l'heure, quand
j'ai dit que dans l'entente que nous avons signée avec Hawker Siddely ou
qui a été signée disons par M. Hall, le président
du groupe Hawker Siddely et moi-même, il y a des restrictions et il y est
fait mention bien clairement dans cette entente que nous devrons, lorsque
l'offre formelle sera faite, avoir chacun de notre côté les
approbations de tous les corps administratifs ou politiques qui doivent
intervenir.
M. JOHNSON: M. Gaudet, vous n'avez peut-être pas vu cette nouvelle
dans les journaux sous la forme, je vous la donne, de capsule. J'ai
déclaré en Chambre que le président de Sidbec nous a
demandé si, il y a déjà plusieurs mois, nous croyions
pouvoir mettre à la disposition de Sidbec $60 millions sur une
période de cinq ans, au rythme de $12 millions par année. Nous
lui avons évidemment demandé pourquoi. Il a dit: « Je ferai
de deux choses l'une: ou une offre pour Dosco si le prix nous semble
raisonnable ou un début modeste mais pour en arriver finalement à
un complexe intégré à Bécancour. » Dans le
cas de Dosco, je lui ai dit: II faudrait aussi que vous en arriviez à un
complexe intégré, même avec Dosco. Il a dit: «
D'accord. » Et muni de cette assurance morale, si vous voulez, il a, avec
son conseil d'administration, fait des études et en est arrivé
à la conclusion que, dans les circonstances, c'était Dosco qui
était le plus favorable et le prix de $11 a été
fixé par eux. Aucun membre du conseil des ministres ne le connaissait,
sauf moi, parce qu'il me l'avait donné et parce que nous avons dit ceci,
c'est clair, c'est simple: Allons-nous, nous du Cabinet des ministres et des
députés, prendre tous les rapports, et c'est littéralement
à peu près aussi haut que ça, et commencer à les
étudier pour dire: Non, c'est $10.60 que vous devriez payer ou $10.33.
J'ai dit: Après six ans d'études avec les meilleurs experts, des
hommes honnêtes, des hommes en qui nous avons confiance, nous allons nous
en remettre à eux pour fixer le prix. Sauf qu'avant que le gouvernement
ne s'engage, j'ai dit à la Chambre que nous aurions des séances
devant ce comité, séances publiques, afin que les
députés se renseignent, que les intéressés posent
des questions avec la permission du comité et que le grand public puisse
connaître tous les aspects du problème.
M. GAUDET: Je vous remercie.
M. LESAGE: M. Gignac, je vais vous poser une question. Vous allez
peut-être être surpris que je vous la pose, parce que vous allez
dire que je pourrais donner les réponses, mais comme plusieurs personnes
m'ont posé la question, j'ai pensé vous la poser pour que les
réponses les plus précises apparaissent au compte rendu.
La question qui m'a été posée, est la suivante
et plusieurs personnes me l'ont posée, je le
répète. Comment se fait-il que, lorsque le gouvernement a acquis
les compagnies d'électricité, l'Hydro-Québec a
procédé par une offre ferme, un « take-over bid »? Et
dans ce cas, il me semble que Sidbec, au lieu de faire comme l'Hydro, a
procédé par négociations. Evidemment, vous étiez
directeur de l'Hydro, vous savez parfaitement la différence qu'il y a
entre les deux transactions, mais pour informer les gens qui veulent être
renseignés il y ades journalistes qui m'ont posé la
question j'ai pensé qu'il serait bon que...
M. GIGNAC: Je crois qu'au départ il y a une différence
fondamentale entre les problèmes de l'Hydro-Québec, faisant une
offre pour les compagnies d'électricité, et Sidbec, faisant une
offre pour Dosco. Du fait que le stock de Dosco est contrôlé
à 77% par la compagnie Hawker Siddeley of Canada, qui elle-même
est contrôlée
à 59% par Hawker Siddeley Group Limited, d'Angleterre, alors,
à ce moment-là, de toute évidence il faut négocier
avec l'actionnaire majoritaire.
M. LESAGE: II y avait des actionnaires majoritaires dans certaines des
compagnies.
M. GIGNAC: Mais ne dépassant pas 77%.
M. LESAGE: Non, non. Mais, il y avait des majoritaires dans certaines
compagnies. Oui, il y avait des « holding companies » qui
possédaient...
M. GIGNAC: Une offre ne pouvait pas se faire sans, auparavant, obtenir
un accord de principe ou l'appui moral de Hawker Siddeley of Canada.
M. LESAGE: Une des raisons de procéder par négociations ne
provient-elle pas encore fondamentalement du fait que, dans le cas de
l'Hydro-Québec, il s'agissait d'utilités publiques, où il
n'y a pas de concurrence, alors que, dans le cas de l'acier, il s'agit d'un
marché compétitif? Je pense que cela fait une
différence...
M. GIGNAC: Ah! ça fait une différence assez
particulière.
M. LESAGE: ... Sur la façon de procéder. C'est une des
réponses que j'ai données. Mais j'aimerais bien que vous me
confirmiez si j'avais raison et si c'est un des facteurs.
M. JOHNSON: M. Gaudet, votre question B, « Est-ce que le
gouvernement se trouve devant le fait accompli? » La réponse est
non.
M. LESAGE: Pardon!
M. JOHNSON: Question B.
M. LESAGE: Ah, oui! Un instant. Dans le cas des compagnies
d'électricité, il y avait le fait que l'Hydro-Québec
existait. C'était une corporation gouvernementale ou
paragouvernementale, qui opérait déjà dans le domaine de
l'électricité.
M. GIGNAC: Oui et je pense que l'un des facteurs qui a joué dans
le cas de l'Hydro-Québec et qui joue dans notre cas, est le fait qu'on
prenait une dette obligataire là je ne veux pas entrer dans des
discussions qui peuvent devenir politiques mais le fait est là:
on prenait une dette obligataire assez intéres- sante au point de vue
des taux d'intérêt. Maintenant, il y a eu...
M. LESAGE: Les questions que je pose n'ont aucun but politique et ne
peuvent pas en avoir parce que j'ai davantage l'air en posant ces questions, de
défendre votre position et celle du gouvernement que de l'attaquer.
M. GIGNAC: La grosse différence, je pense, entre les deux offres,
est que nous étions forcés de passer par une négociation
avec Hawker Siddely, parce que si leurs dirigeants s'étaient
objectés, quel que soit le prix, il n'y aurait pas de « take-over
». Ils contrôlent 77% du « stock ».
M. JOHNSON: Deuxièmement, il y avait l'aspect de tous les actifs
répartis dans les autres provinces qui ne nous intéressaient
pas.
M. GIGNAC: Bien oui.
M. LESAGE: II y a toujours moyen de nationaliser n'importe quel actif.
C'est clair. Mais les actifs, pas les actions.
M. LE PRESIDENT: On passe à B.
M. LESAGE: Surtout quand les actions représentent, en partie, des
propriétés situées hors du Québec.
M. LE PRESIDENT: La question numéro 13, M. Gaudet.
M. LESAGE: On peut exproprier les actions d'une compagnie établie
dans le Québec, incorporée au Québec, qui n'a de l'actif
que dans le Québec.
M. GAUDET: Sur quel marché sujet au contrôle direct ou
indirect de la province pourrait compter une sidérurgie
québécoise intégrée dans le domaine des tôles
minces fabriquées à Contrecoeur par Dosco, mais aussi dans le
domaine des profilés de toute nature, des tôles épaisses,
de l'acier d'armature, des âmes de précontraint.
M. GIGNAC: J'ai répondu à cela avant-hier, je crois. C'est
environ 100,000 tonnes. En moyenne.
M. LE PRESIDENT: B.
M. LESAGE: Ne comprenant pas, je le répète, Marine
Industries, contrôlée par la SGF où le gouvernement est
intéressé.
M. GIGNAC: Ne comprenant pas Marine Industries.
M. LESAGE: Ni Volcano, ni Forano... M. LE PRESIDENT: B.
M. GIGNAC: L'étude qui a été faite a porté
strictement sur ce que le gouvernement, en fait, contrôlait directement
plutôt qu'indirectement. L' « indirectement » peut
s'évaluer peut-être à 20,000, 30,000 ou 40,000 tonnes.
C'est assez difficile de le dire. Nous n'avons pas fait d'étude
là-dessus.
M.BOURASSA: D'ailleurs vous êtes au courant, M. Gignac, que dans
le cas de Marine Industries l'acier étant acheté en Ontario, les
compagnies ontariennes sont obligées de payer les frais de transport
jusqu'à Marine Industries, à cause de la concurrence japonaise ou
même européenne, suédoise, entre autres.
M. GIGNAC: Nous sommes au courant. M. BOURASSA: Cela limite les
possibilités.
M. GAUDET: Quelle est la consommation totale de l'acier dans la province
de Québec et au Canada?
M. BOURASSA: Un million de tonnes à peu près.
M. GIGNAC: Au Québec, la consommation totale, se situe entre
1,600,000 et 1,800,000 tonnes, et au Canada elle atteint entre 8 millions et 9
millions de tonnes par année.
M. BOURASSA: Mais une aciérie est-elle capable, M. Gignac, de
produire tous les types d'acier? Un million de tonnes... cela comprend-il tous
les aciers spécialisés?
M. GIGNAC: C'est ça!
M. BOURASSA: Une aciérie, en pratique, n'est pas capable de
produire tous ces aciers-là.
M. GIGNAC: Non. Dosco pourrait être intéressée
à peu près à 1 million de tonnes de ces produits.
M. BOURASSA: D'accord!
M. LE PRESIDENT: Quatorze.
M. GAUDET: Quels sont, dans l'optique de l'achat de Dosco par Sidbec,
les intentions de l'Hydro-Québec et du centre de l'Energie atomique du
Canada au sujet de la centrale atomique de Gentilly?
M. GIGNAC: Je crois que, si je me mets un chapeau de
l'Hydro-Québec sur la tête, le développement de la centrale
de Gentilly et le développement là, je change mon chapeau
de Dosco par Sidbec à Bécancour n'a absolument aucun
rapport. Que ce soit à Contrecoeur ou à Bécancour, cela
n'a aucun rapport. De fait, je crois que si la sidérurgie est
installée à Bécancour, l'alimentation si je me souviens
bien sera faite par la ligne à 230 KV qui traverse le fleuve, un peu en
amont de Trois-Rivières.
M. GAUDET: Le projet serait-il complété dans son entier ou
abandonné en cours de route?
M. GIGNAC: Vous parlez du projet de... M. GAUDET: De l'énergie
atomique.
M. GIGNAC: Cela n'a aucun rapport. Là, il s'agit de
l'Hydro-Québec...
M. JOHNSON: Vous changez de chapeau!
M. GIGNAC: Je change encore de chapeau. D'accord on a projeté des
développements pour Gentilly. En fait, je vais répondre à
vos questions B et C en même temps. Si on construisait cinq
réacteurs atomiques à Gentilly, il n'y aurait pas assez de place
pour y mettre une sidérurgie.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais d'où cela vient-il que tous et
chacun...
M. GIGNAC: Je ne sais pas...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous, vous ne le saviez pas.
M. GIGNAC: Je savais qu'on projetait quelque chose à Gentilly,
mais il n'y a rien de fixé encore. On parle de certaines
projections.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais les cinq réacteurs, ce sont
simplement une rumeur ou quoi?
M. LESAGE: Les réacteurs, c'est la première fois
que...
M. GIGNAC: Le réacteur qu'on installe à
Gentilly présentement est un réacteur à 250,000
kilowatts.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, votre centrale, c'est un
réacteur.
M. LESAGE: Oui.
M. GIGNAC: II y a un réacteur par centrale.
M. JOHNSON: Oui, mais M. Gaudet qui pose les questions, doit savoir
où il a pris ça que tous et chacun savent qu'on avait l'intention
d'installer cinq réacteurs.
M. GAUDET: Cela s'est toujours dit dans la région. Nous l'avons
appris des gens de l'Hydro-Québec. C'est parce que nous avons eu
l'avantage d'aller visiter à plusieurs reprises les chantiers sur
invitation. Et on nous a toujours démontré, sur certains plans
qui sont affichés dans les bureaux, l'endroit où seraient
construits les réacteurs, qu'il y avait de la place pour en construire
cinq.
M. LESAGE: Cinq réacteurs. Est-ce qu'il avait été
question, M. Gignac, de construire plus qu'un réacteur?
M. GIGNAC: Là, on est pris avec un. C'est-à-dire qu'on en
construit un. Mais ce n'est pas impossible qu'éventuellement, si on doit
faire dans cinq ou dix ou je ne sais combien d'années, de
l'énergie atomique, qu'on en construise d'autres. Alors, comme vous le
savez, le problème d'alimentation en eau est extrêmement important
et c'est sûrement une région que nous allons étudier
éventuellement comme futur emplacement de réacteurs
atomiques.
M. LESAGE: De centrales nucléaires additionnelles.
M. GIGNAC: Mais je peux vous dire qu'il n'y a pas de décision de
prise. Nous sommes loin d'une décision.
M. LESAGE: Non, mais c'est envisagé comme une
possibilité.
M. GIGNAC: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: On passe à la question quinze.
M. GAUDET: Advenant tout de même l'achat éventuel des
quatre installations existantes de Dosco, et admettant l'intervention
gouvernementale pour subventionner l'écoulement de la production par
l'exportation ces subventions ne peuvent-elles pas être investies dans un
com- plexe qui assurerait la décentralisation industrielle
souhaitée et prônée par le Conseil d'orientation
économique, et une politique régionale rationnelle?
M. GIGNAC: Pour autant que je sache, la Sidbec n'a jamais compté
sur quelque subvention que ce soit pour faire de l'exportation, peu importe
d'où viennent ces subventions. Enfin, il n'a jamais été
question ni de près ni de loin que nous soyons subventionnés pour
faire de l'exportation en dehors du pays.
M. GAUDET: Le seizième. Suivant les déclarations que vous
avez faites à l'émission « Deux plus un », il y a
plus d'une semaine, on compte conserver les marchés que possédait
Dosco, en l'occurence ceux de la province de Québec, dont le
gouvernement provincial est le principal client, et celui de l'Ontario. On peut
fort probablement conserver le marché du Québec, mais qu'est-ce
qui assure Sidbec de ne pas perdre une partie des marchés de l'Ontario,
au détriment d'aciéries plus près de ces mêmes
marchés?
Quant aux marchés extérieurs d'exportation, il en a
été un peu question. Pourrons-nous le concurrencer, si
présentement il y a déjà une réserve abondante
d'acier, c'est-à-dire une surproduction? Et quelles seront
également nos chances d'y concurrencer, maintenant que prévalent
les accords du Kennedy Round?
M. GIGNAC: Pour la première partie de votre question, nous
pouvons fort probablement conserver le marché du Québec; mais
qu'est-ce qui assure Sidbec de ne pas perdre une partie des marchés de
l'Ontario, au détriment d'aciéries plus près de ces
mêmes marchés? Il faut quand même reconnaître que
Dosco, dans le moment, a établi des têtes de pont assez valables
en Ontario et vend en Ontario. Ce ne sont pas des projections, ce sont des
réalités. Il faut aussi réaliser qu'en prenant Dosco, on
prend une compagnie ou une subsidiaire qui s'appelle Etobi-coke, une division,
qui produit en Ontario. Alors, ça met un peu d'huile sur les roulements
à billes, d'une part, et d'autre part, je dirais que, pour les
mêmes raisons, nous devons essayer de maintenir des marchés
d'Ontario et nous avons des marchés d'Ontario et je ne vois pas
pourquoi nous les perdrions pour les mêmes raisons que Stelco a
des marchés au Québec, ou Dofasco a des marchés au
Québec, et il n'y a pas de discrimination qui se fait contre eux. Je ne
vois pas pourquoi il s'en ferait contre nous en Ontario.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que, si mo-
deste soit-il, vous pouvez compter couvrir ce qu'il y a de
marchés dans les Maritimes, quand même?
M. GIGNAC: Oui. Nous sommes mieux placés pour certains produits
que Hamilton, pour alimenter les Maritimes. Nous sommes plus près,
alors, ça coupe énormément le coût du transport.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans les régions proches des Etats-Unis,
je veux dire les régions proches aux Etats-Unis, proches de Contrecoeur,
que ce soit dans les états limitrophes, est-ce qu'il y a quelque chose
dans la frontière qui empêcherait que vous y soyez
présents?
M. GIGNAC: Non, mais disons, que nous n'avons pas compté
là-dessus. Nous n'avons pas tablé là-dessus, parce que ce
n'étaient pas des quantités tellement énormes. Ce sont de
petites quantités. Comme je vous l'ai dit, nous avons voulu être
conservateurs, nous avons fait comme si nous n'avions pas ces marchés,
ou si ces marchés n'existaient pas.
Maintenant, pour la deuxième partie de votre question, disons que
nous n'avons jamais compté sur l'exportation pour établir les
projections que nous avons faites pour les six projets nouveaux et pour le
projet Dosco. Si on peut exporter, bien ça sera du surplus. Mais nous
n'avons jamais tablé sur l'exportation pour vendre nos produits.
M. LE PRESIDENT: Numéro 17. M. GIGNAC: Numéro 17...
M. LESAGE: Numéro 17, c'est une question assez complexe. Je ne
sais pas, il est déjà 1 h 5 et il y a des membres du
comité qui se sont engagés à rencontrer des cultivateurs
au Patro Roc-Amadour et qui sont déjà en retard de trois quarts
d'heure. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'avoir une séance la
semaine prochaine.
M. GIGNAC: Si vous me permettez, M. Lesage, je pourrais répondre
à la question 17 très rapidement
M. LESAGE: Oui, très bien.
M. LEVESQUE (Laurier): Auriez-vous une objection, pour ne pas
revenir?
M. GIGNAC: C'est exact.
M. JOHNSON: Mais c'est assez urgent qu'on procède dans cette
histoire, qu'on marche, qu'on démarre.
M. GIGNAC: II faut faire autre chose.
M. JOHNSON: C'est déjà un procédé
exceptionnel que celui où l'on permet remarquez bien que je ne
regrette rien à des gens d'interroger publiquement les
responsables dans un domaine semblable. Je remercie M. Gignac d'avoir
accepté. Je pense que si on nous accordait juste une quinzaine de
minutes, on pourrait peut-être terminer.
M. LESAGE: Les députés voudront quand même
réexaminer le texte, les questions et réponses et puis vouloir
revoir M. Gignac pour qu'il réponde à des questions
additionnelles qu'ils auront certainement à poser après lecture
du compte rendu.
M. JOHNSON: II est évident qu'il nous faudra une
législation quelconque et là l'Opposition pourra poser toutes les
questions.
M. LESAGE: Mais M. Gignac ne répond pas en Chambre.
M. JOHNSON: Le gouvernement, à ce moment-là, aura pris ses
responsabilités, sa décision, si une législation est
apportée. On pourra, à ce moment-là, répondre
à toutes les questions de l'Opposition. Quant à M. Gaudet je
pense qu'en peu de temps il pourra voir des réponses à ses
questions quitte, nous, à décider si nous devons faire une autre
réunion après avoir pris connaissance des transcriptions de ce
matin.
M. LESAGE: C'est ça.
M. GAUDET: Nous n'avons pas l'intention non plus, de vous retenir ici
indéfiniment, d'abuser de votre bonté de nous avoir
reçus.
Mais si cela rencontre l'assentiment de mon comité, si vous
préférez que M. Gignac donne suite aux questions, parce que nous
en avons posé plusieurs, parce que, comme vous voyez, nous sommes
toujours inquiets de notre sort, nous pourrions accepter des réponses
par écrit et elles pourraient être communiquées à
nos gens, aussi également.
M. LESAGE: Là, je suis moins sûr...
M. GAUDET: Pour les questions qu'on a
posées mais pour les questions supplémentaires
posées par le comité soit par vos ministres, par les
députés et par l'Opposition, bien...
M. JOHNSON: M. le Maire, c'est un arrangement extrêmement
généreux que vous faites là. Quant à moi, il me
semble que c'est normal, que ce serait satisfaisant pour le public que vous
répondiez par écrit au président qui fera connaître
les réponses publiquement, par la Chambre, et ensuite si la Chambre,
cependant, décide qu'elle a besoin de renseignements additionnels et
veut faire revenir M. Gignac, là nous prendrons notre
décision.
M. GAUDET: Notre intention est de ne faire perdre le temps à
personne. C'est tout simplement pour nous renseigner, si nous pouvons faire
quelque chose pour vous aider, nous avons peut-être posé un trop
grand nombre de questions que nous aurions peut-être pu résumer,
mais avec le peu de temps que nous avions à notre disposition, nous
avons essayé, le comité et moi-même, de faire pour le mieux
tout en voulant le faire intelligemment aussi.
M. LESAGE: Vos questions 17 et 18 sont extrêmement pertinentes, M.
le Maire. Nous allons retarder, je pense bien, nous sommes très
intéressés à savoir quelles seront les réponses de
M. Gignac à 17 et 18.
M. GAUDET: Nous sommes toujours désireux à tout
événement de laisser cela à votre discrétion et
arrangez les choses de la manière qu'il vous plaira.
M. LESAGE: Alors 17.
M. GAUDET: En définitive, nous avons le respect de
l'autorité.
M. JOHNSON: M. Gignac, 17, vous l'avez la question?
M. GIGNAC: Ce que je dois affirmer, c'est que lorsque nous avons
établi la rentabilité de Dosco ou des actifs de Dosco, nous avons
projeté, depuis le début de l'année 1968, pour treize ans.
Donc, nous avons tenu compte des résultats de Dosco cette année,
pour les actifs qui nous concernent.
M. JOHNSON: Alors, cette année, c'est 1968?
M. GIGNAC: Oui, et je dois vous dire que nous avons fait des
vérifications dernièrement, dans les livres de Dosco, pour
comparer les résultats qu'ils ont aujourd'hui avec nos projections et il
s'est avéré que, pour cette fois-là, en tout cas, nos
projections étaient très bonnes. En fait cela se tient.
M. BOURASSA: Vous aurez à nous faire un rapport à la fin
de juin, au 30 juin pour Dosco? Est-ce qu'ils ont un rapport semi-annuel?
M. GIGNAC: Oui, mais il sort assez tard, je crois. Le rapport
semi-annuel sort, je crois, vers le mois d'août.
M. BOURASSA: D'après vos informations, vos calculs se sont-ils
avérés relativement exacts?
M. GIGNAC: Si nous avions prévu une perte pour les actifs dont
nous prendrons charge éventuellement, peut-être. Je dois vous dire
que le résultat correspondrait à ce qui avait été
prévu, le résultat actuel.
M. BOURASSA: Perte dont vous pourrez profiter dans deux ou trois ans, si
la compagnie cesse, sur le plan fiscal, d'être considérée
comme une entreprise publique.
M. GIGNAC: On peut quand même profiter de la réserve qui a
été faite à cause de la perte.
M. LEDUC (Laviolette): Est-ce qu'il y a de l'amélioration?
M. GIGNAC: Oui.
M. BOURASSA: Si on prévoit que c'est rentable dans trois ans, il
va y avoir de l'amélioration.
M. LE PRESIDENT: M. Johnson.
M. JOHNSON: M. Gignac, quand il y a moyen d'accommoder tout le monde,
vous savez que cela nous fait bien plaisir. Serait-il possible que vous
reveniez mercredi? Est-ce que cela vous crée des problèmes?
M. GIGNAC: Un instant, M. le Premier Ministre.
M. LEVESQUE (Laurier): On n'entend pas les soupirs d'ici.
M. BOURASSA: Un voyage par semaine à
Québec, ce n'est pas trop pénible.
UNE VOIX: Les soupirs que vous n'entendez pas, ce sont les
nôtres.
M. GIGNAC: On appelle cela de l'hyper-ventilation.
Oui, mercredi matin, je pourrais être libre, J'imagine, si on
pouvait être libéré pour une heure, parce que j'ai un
rendez-vous assez important à Montréal, à trois
heures.
M. JOHNSON: II se pose un autre problème, la FTQ, c'est à
dix heures et demie, nous pourrions l'avancer à dix heures. Est-ce
qu'une heure et demie serait raisonnable? De onze heures et demie à une
heure mercredi?
M. GIGNAC: Si je peux avoir un réacté, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Une chance qu'ils ne l'ont pas vendu.
M. JOHNSON: Je dois vous avertir qu'à partir de lundi, il est en
inspection.
M. LESAGE: C'est parce qu'il a trop servi, je suppose.
M. JOHNSON: Non, c'est peut-être pour plus de
sécurité; parfois, toute la majorité du gouvernement
voyage dedans. Je voudrais bien faire plaisir à l'Opposition, mais pas
de cette façon-là.
M. GIGNAC: Alors voici, je m'organiserai avec mes problèmes. Vous
suggérez de onze heures à une heure?
M. JOHNSON: Onze heures et demie.
M. GIGNAC: Onze heures et demie à une heure.
M. JOHNSON: Nous recevons la FTQ, une délégation assez
importante. Cela représente plusieurs travailleurs, alors, de onze
heures trente à une heure.
M. LE PRESIDENT: Pour les questions 18, 19, 20 et 21.
M. JOHNSON: La FTQ, ce sera à dix heures.
M. LE PRESIDENT: Alors, on ajourne la séance à mercredi
prochain, onze heures trente.
(13 h 10)
Séance du 12 juin 1968
(Onze heures cinquante-quatre minutes)
M. GRENIER (président): A l'ordre!
Nous reprenons la séance du comité des régies
gouvernementales avec M. Gignac et ses représentants de Sidbec. C'est la
quatrième séance. Je déclare la séance ouverte.
Alors, nous en étions à la question dix-sept. M. le maire
de Bécancour.
M. GAUDET: Si vous me permettez, en premier lieu, je remercierai M. le
Premier ministre, tous les membres du comité et aussi les
délégués de Sidbec de s'être réunis ce
matin.
En plus du comité provisoire que nous avons formé pour
étudier la possibilité d'implanter Sidbec à
Bécancour, il me fait plaisir de souligner la présence parmi nous
du préfet du comté, assisté de tous les maires du
comté qui ont ajourné la séance ce matin pour prendre part
aux délibérations. Je les remercie bien sincèrement ainsi
que les nombreux délégués de toute la région. Je
pense bien que dans l'auditoire aussi, vous avez beaucoup de gens de
Bécancour. Je vous remercie.
A la dix-septième question: L'offre deSidbec à Dosco est
fixée à $11 l'action et tient compte de divers facteurs dont
principalement, le faible intérêt de la dette obligataire de
quelque $38 millions. De plus il semble que ce prix soit fixé suivant
l'évaluation des actifs de la compagnie au 31 décembre 1967. Or,
si nous tenons compte du fait que la perte pour l'exercice de 1967 a
été de l'ordre de $9 millions, soit $750,000 par mois, quelle
sera la perte encourue par la même compagnie pour l'exercice en cours,
d'autant plus que plusieurs mois peuvent encore se passer avant que l'entente
si elle survient soit définitivement signée? Tout
en admettant que le bilan soit assez récent, et que normalement pour
faire une offre il faut se baser sur des chiffres, n'y aurait-il pas lieu de
voir, par un bilan intérimaire, quelle sera la perte pour les six
premiers mois en cours, avant de signer cette entente au prix fixé?
Il va sans dire que si la perte est maintenue, le prix de $11 l'action
nous parait peu justifiable.
M. GIGNAC: M. le Président, M. le Maire. Tout d'abord dans la
première partie de votre question, je voudrais souligner que le prix qui
a été fixé à $11 l'action n'est pas établi
suivant l'évaluation des actifs de la compagnie au
31 décembre 1967, mais beaucoup plus bas. C'est à peu
près à 50% de l'évaluation des actifs de la compagnie au
31 décembre 1967, tel qu'il a été démontré
à l'avant-dernière séance par MM. Caron et Graveline. Pour
ce qui est de l'autre partie de la question, je tiens à
répéter que nous avons tenu compte de l'allure actuelle de la
compagnie pour 1968.
Tel que je l'ai déjà dit, il semble que les projections
que nous avons faites nous-mêmes pour les prévisions
financières, devrais-je dire, telles que nous les avons établies
pour l'année 1968, rencontrent d'assez près l'état actuel
des opérations.
Maintenant, je ne crois pas que je puisse vous dire dans quelle
situation, à quel point se trouve actuellement la compagnie au point de
vue des résultats d'opération pour l'année 1968. Etant
donné que nous ne sommes pas encore propriétaires de Dosco, ce
serait plutôt indiscret, je crois, de donner pour le compte de Dosco des
chiffres qui dans le fond lui appartiennent encore.
Je tiens à souligner, encore une fois, que nous avons tenu compte
des opérations de 1968 et que s'il y a pertes, tel qu'il est
mentionné dans la question de M. Gaudet, nous en avons tenu compte.
En fait, l'offre que nous avons faite à $11 l'action avec un
rachat d'actifs de $13.6 millions tient compte de l'opération de la
compagnie entre le 1er janvier 1968 et la fin de l'exercice financier de
1980.
Je crois que c'est pour ça que nous sommes en mesure de justifier
le prix de $11 l'action. Si nous avions payé la valeur actuelle des
actifs, le prix aurait été d'à peu près $21 ou $22
l'action.
M. JOHNSON: M. Gignac, êtes-vous en mesure d'affirmer que la perte
de $9 millions en 1967 n'est pas nécessairement, dans sa
totalité, attribuable aux quatre installations que vous voulez
acheter?
M. GIGNAC: Oui, M. le Premier Ministre, nous sommes en mesure d'affirmer
que les $9 millions de pertes ne s'appliquent pas nécessairement, ni
actuellement aux quatre installations que nous avons l'intention d'acheter.
En fin de compte, dans les rachats d'actifs qui seront faits par Hawker
Siddeley, il y a des compagnies dans ça qui montraient un déficit
à la fin de 1967.
M. JOHNSON: Mais le montant de $9 millions n'est pas attribuable
uniquement aux opérations des quatre installations telles que vous les
projetez?
M. GIGNAC: Non, M. le Premier Ministre.
M. JOHNSON: Vous avez déjà dit, je crois, publiquement
il faut que je sois prudent il semble que vous avez dit
publiquement qu'il y avait une partie de ces pertes qui pouvaient s'expliquer
par les ventes entre succursales ou entre installations particulièrement
quant au prix de base de l'acier qui venait de Sydney.
M. GIGNAC: C'est exact, M. le Premier Ministre, nous avons
mentionné qu'à toutes fins pratiques, Contrecoeur payait l'acier
de $10 à $15 de plus qu'elle ne l'aurait payé à
l'extérieur de Sydney.
M. BOURASSA: M. Gignac, pour faire le montant, est-ce que vous pouvez
nous dire sur combien de tonnes portent ces $10 à $15?
M. GIGNAC: Je dirais entre 200,000 et 300,000 tonnes.
M. BOURASSA: Vous avez $3 millions de frais de démarrage qui ne
se renouvelleront pas forcément au cours de ces années.
M. GIGNAC: Pour les frais de démarrage, le montant
s'élève à plus que $3 millions si on considère les
deux laminoirs, c'est-à-dire le laminoir à barre et le laminoir
à tôle fine. Je dirais que les frais de démarrage
s'élèvent à environ $8 à $10 millions.
M. BOURASSA: Je veux dire, l'an dernier, sur les $9 millions?
M. GIGNAC: Il y avait $3.5 millions pour les frais de
démarrage.
M. LESAGE: Le chiffre exact que vous aviez mentionné, je crois,
c'est $3,600,000.
M. GIGNAC: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Si la transaction se fait telle que
prévue, vous achetez à Contrecoeur un laminoir ou deux?
M. GIGNAC: Deux laminoirs.
M. LEVESQUE (Laurier): Deux laminoirs à Contrecoeur.
M. GIGNAC: C'est-à-dire trois laminoirs. Un laminoir à
barre et deux laminoirs à tôle fine.
M. LEVESQUE (Laurier): Et à Montréal, au point de vue des
produits finis...?
M. GIGNAC: A Montreal Works, il y a à peu près quatre ou
cinq produits différents. D'abord, il y a la fabrication des tuyaux,
deux laminoirs à cornières et à barre, ensuite, il y a la
fabrique de clous et la boulonnerie.
M. LEVESQUE (Laurier): Et pour les deux autres, Truscon et Etobicoke, ce
sont des produits finis?
M. GIGNAC: Oui. Truscon, c'est unique ment une usine de fabrication.
M. LEVESQUE (Laurier): Tuyaux, entre autres?
M. GIGNAC: Non, ce sont des poutrelles, des petites et des longues. Ilya
aussi la fabrication ou la manufacturation d'acier plat en toutes sortes de
produits.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, l'ensemble des installations que vous
acquerriez aurait quelle capacité?
M. GIGNAC: Actuellement, si tout marchait à pleine
capacité, ce serait de l'ordre de 700,000 tonnes.
M. LEVESQUE (Laurier): Et actuellement, pour autant que vous le sachiez,
l'emploi de la capacité est à peu près?
M. GIGNAC: A peu près, entre 350,000 et 400,000 tonnes.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui implique que le jour où vous
passerez à l'autre étape, à celle que vous prévoyez
dans trois ou quatre ans, si j'ai bonne mémoire, l'étape de
production à partir de la fonte, il faudra probablement entrevoir
quelque chose autour d'un million de tonnes ou de 500,000 tonnes ou quoi?
M. GIGNAC: Tout dépendra de la voie dans laquelle nous nous
engagerons à ce moment-là. S'il s'agit de la voie
conventionnelle, soit celle des hauts fourneaux et des convertisseurs à
l'oxygène, j'imagine qu'il faudra penser à une production
d'à peu près un million de tonnes. Si nous nous engageons dans
l'acier primaire, par la voie des matériaux préréduits ou
du fer métallisé, à ce moment-là, on peut envisager
des productions d'acier primaire qui seraient compatibles avec le marché
que nous aurions à ce moment-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Quand vous dites du fer métallisé,
est-ce la nouvelle formule?
M. GIGNAC: C'est le fer-éponge.
M. LEVESQUE (Laurier): Sponge iron?
M. GIGNAC: C'est ça. L'appellation française, semble-t-il,
est fer métallisé.
M,, LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'on peut l'acheter sur le
marché?
M. GIGNAC: Non. On ne peut pas l'acheter actuellement, sur le
marché.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, vous seriez obligé de le
fabriquer?
M. GIGNAC: De le fabriquer nous-mêmes.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez passer à la question 18, M.
Gaudet?
M. GAUDET: a) Le prix de $11 l'action représente, sur la base des
projections du marché pour la période de 1968 à 1980
utilisée dans votre étude de rentabilité, un rendement de
combien sur l'investissement, lequel rendement vous affirmez être
sensiblement le même que celui des établissements canadiens de
même nature? b) Quel a été effectivement le revenu net
utilisé pour chaque année à partir de 1968 jusqu'à
1980, qui a permis de fixer votre offre?
M. GIGNAC: Pour la première partie de votre question, je pourrais
vous dire que le retour ou le rendement sur l'investissement se situe entre 8%
et 15%. Je ne crois pas qu'il soit d'intérêt pour Sidbec
d'informer le public du rendement précis que nous avons utilisé
pour faire nos études.
Mais disons que le rendement de la sidérurgie canadienne, sur une
période d'années, se situe entre 8% et 15% et nous sommes dans
cet écart.
M. LESAGE: M. Gignac, vous dites de 8% à 15% de l'investissement.
Lorsque vous prononcez le mot investissement, à quel investissement
référez-vous?
M. GIGNAC: Aux $45 millions. M. LESAGE: Les $45 millions.
M. GIGNAC: Bien oui, évidemment, plus les investissements que
nous allons faire d'ici cinq ans, qui sont de $18 millions.
M. LESAGE: C'est ça.
M. GIGNAC: C'est ce que nous avons indiqué au tableau, l'autre
jour.
M. LESAGE: Est-ce que vous tenez compte, également, du fe.lt que
vous assumez une dette à long terme?
M. GIGNAC: Oui, nous tenons compte de cela aussi.
M. LESAGE: Evidemment, ça fait $45 millions, plus les
investissements qui vont à l'amélioration, si vous voulez, des
établissements...
M. GIGNAC: C'est exact.
M. LESAGE: ... et qui nous ont été détaillés
la semaine dernière par M. Graveline, plus les $38 millions.
M. GIGNAC: Non, non, les $38 millions, eux, sont dans le bilan de Dosco,
enfin.
M. LESAGE: Je sais.
M. GIGNAC: Ils financent... On en profite, quoi!
M. LESAGE: Oui, oui.
M. GIGNAC: Mais ça ne s'ajoute pas aux actifs.
M. LESAGE: Aux $45 millions, non. Alors, c'est $45 millions, plus cette
partie des $60 millions qui doit servir à l'amélioration des
installations, les dépenses capitales, tel que mentionné par M.
Graveline, qui vont à l'amélioration de la production.
M. GIGNAC: Exact. Disons que d'une façon générale,
nous avons établi notre rentabilité de la même façon
ou à peu près de la même façon que les
sidérurgies canadiennes ou américaines établissent la
leur. C'est assez difficile d'être exactement semblable, mais nous avons
essayé de nous rapprocher, autant que possible, des méthodes
employées couramment pour faire établir le taux de
rentabilité.
M. LESAGE: Maintenant, M. Gignac, le montant mentionné par M.
Graveline pour l'agrandissement et les améliorations à apporter
aux installations existantes à Montréal, Contrecoeur et Etobicoke
était de $17 millions. J'ai une copie du document qu'il m'a remis.
Est-ce que vous comptez, dans votre investissement, l'augmentation du
fonds de roulement de $14 millions?
M. GIGNAC: Non, le fonds de roulement est inclus dans le retour sur
l'investissement. En fait tout ce qui sert à faire fonctionner la
compagnie est inclus dans le montant dont nous tenons compte pour
établir le retour sur l'investissement.
M. LESAGE : Vous comprenez que cette question a son importance, parce
qu'étant donné que ces $14 millions que vous mentionnés
comme injection capitale pour le fonds de roulement, $14 millions par rapport
à $45 millions plus $17 millions, c'est tout de même une
proportion assez considérable.
M. GIGNAC: Oui, mais nous parlons sur une période de cinq ans, je
crois.
M. LESAGE: Oui, c'est entendu. Alors, en réalité,
l'investissement dont vous parlez c'est à peu près $31 millions
plus $45 millions?
M. GIGNAC: Bien, c'est-à-dire, voici. Les $45 millions, c'est le
chiffre de base...
M. LESAGE: Oui.
M. GIGNAC: ... d'où nous sommes partis...
M. LESAGE: Je suis bien prêt à dire $45 millions plus $31
millions, si vous voulez.
M. GIGNAC: Non, non, mais ce que je veux dire c'est que, par le
truchement de l'achat d'actions, nous prenons le contrôle d'une dette
obligataire qui nous permet d'acheter pour $45 millions des investissements qui
valent $75 millions.
M. LESAGE: Mais votre investissement, vous l'avez dit tantôt, vous
le calculez à $45 millions, plus $17 millions, plus $14 millions, ce qui
fait donc $76 millions.
M. GIGNAC: Je pense qu'il faudrait peut-être revenir au tableau
que nous avons fait l'autre jour. Je demanderais à M. Graveline de
démêler les chiffres un petit peu, parce qu'il ne faudrait pas
mêler les actifs que nous achetons avec les dettes obligataires ou...
M. LESAGE: Non, je ne fais pas ça. Les $45 millions, vous avez
dit vous-même que l'investissement était de $45 millions, je n'ai
pas discuté votre chiffre. Vous avez dit qu'il fallait y ajouter les $17
millions prévus à même les $60 millions qui viennent du
gouvernement, pour l'agrandissement et l'amélioration des installations
et qu'il fallait y
ajouter également les $13.9 millions d'injection au fonds de
roulement. Cela fait $45 millions plus $31 millions, c'est-à-dire $76
millions d'investissements.
M. GIGNAC: Très bien, sur ça, je suis d'accord sur la
façon dont vous l'exposez.
M. LESAGE: Bon. Alors, c'est un rendement de 8% à 15% sur un
investissement d'à peu près $70 millions ou $71 millions. Est-ce
que c'est bien ça, 8% à 15% sur un investissement de $70
millions?
M. GIGNAC: C'est ça. M. LESAGE: C'est bien.
M. BOURASSA: II ne reste pas tellement d'inconnues avec tout
ça.
M. GIGNAC: II reste l'opération pour les cinq prochaines
années.
M. LESAGE: Clairement.
M. GIGNAC: Je dis qu'il reste l'opération pour les cinq
prochaines années.
M. LESAGE: Oui, mais il est clair que vos 8% à 15%, c'est sur une
période de 12 ans, parce que vous n'envisagez pas faire des profits
d'ici deux ou trois ans, avez-vous dit.
M. GIGNAC: C'est ça.
M. LESAGE: Une période de 12 ans à partir de trois ans
d'ici.
M. GIGNAC: Non, non. Les prévisions ont été faites
à partir de 1968 à aller jusqu'à 1980.
M. LESAGE: Bien. Mais là-dessus il y a trois ans où vous
essayez de rattraper pour ne plus faire de pertes.
M. GIGNAC: Bien, écoutez, c'est variable, ça. Nous
espérons que d'ici...
M. LESAGE: Pour l'ensemble de la période, le rendement sera de 8%
à 15% sur l'investissement...
M. GIGNAC: C'est ça.
M. LESAGE: ... de $71 millions.
M. GIGNAC: L'investissement que vous avez mentionné tout à
l'heure.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on considère qu'on a répondu
à B)?
M. GIGNAC: B, non je ne crois pas que je puisse répondre à
B. Ce sont des projections que je ne suis pas en mesure de dévoiler.
M. BOURASSA: Alors, question 19.
M. LE PRESIDENT: Alors, question 19. M. Gaudet.
M. GAUDET: D'après les chiffres fournis, le coût de la
construction initiale des actifs immobilisés de Dosco serait de $100
millions. En tenant compte des augmentations des coûts de construction en
1968, la valeur de remplacement de ces actifs serait de l'ordre de $130
millions au minimum. Or, ces mêmes actifs sont évalués par
le prix d'achat des actions de Dosco à $45 millions, soit à 30%
de leur valeur de remplacement. Il me vient à l'esprit la question
suivante: Comment peut-on espérer opérer économiquement
avec de telles immobilisations et un tel équipement qui comptent en
moyenne une telle dépréciation?
M. GIGNAC: Justement, c'est sur quoi a porté l'étude
intensive que nous avons faite des installations que Sidbec espère
acquérir de Dosco? Nous avons apprécié les installations
de Dosco et nous avons décidé, nous avons établi que ces
installations, pour nous, valaient $45 millions, compte tenu des taux de
rendement que nous avions établis au départ. Maintenant, je crois
que si nous avons pu avoir, pour $45 millions, des actifs dont la valeur de
remplacement est de $130 millions au minimum, on peut peut-être, entre
autres choses, dire que Sidbec a bien négocié et,
deuxièmement, on peut aussi établir que les
dépréciations qui seront prises par Sidbec ne seront pas
limitées aux $45 millions, mais bien à la valeur actuelle aux
livres des actifs dont nous prenons la possession, ce qui est, dans le cas
d'une situation de profit, un avantage indéniable.
Mais il faut en fait, que vous nous fassiez un peu confiance. Nous avons
apprécié, de la façon la plus sérieuse et la plus
compétente qui soit du moins dans notre opinion les actifs
en question et la rentabilité a été établie en
fonction de critères qui sont courants dans l'industrie
sidérurgique et je crois que si cela n'est pas admis, eh bien, c'est
assez difficile de prouver quoi que ce soit.
M. DOZOIS: Je pense bien que la dernière partie de la question
laisse croire que ceux qui l'ont posé cette question, sont d'avis que,
en
somme, vous achetez de l'équipement tellement vieux, que cela va
vous coûter très cher d'opération.
M. GIGNAC: Je voudrais revenir à des réalités,
plutôt que de rester dans les rêves, et vous dire qu'il y a
certaines parties de l'équipement que nous achetons qui a un certain
âge, dont Montreal Works, mais je voudrais vous faire remarquer du
même coup que Montréal Works a été, pendant
longtemps, la partie la plus rentable de Dosco.
Deuxièmement, à Contrecoeur, il y a au moins les 2/3 de
l'équipement qui sont de l'équipement absolument neuf.
Troisièmement, la compagnie Truscon, qui est une compagnie de
fabrication, dont nous ferons l'acquisition éventuellement, je
l'espère, est une compagnie qui a été formée il y a
à peu près 10 ans, dont une partie de l'équipement est
absolument moderne.
Pour ce qui est de Etobicoke, c'est aussi une compagnie qui est
relativement jeune et qui a de l'équipement de dernier cri, qui ne
demande pas tellement de remodelage.
La chose qu'on veut peut-être mettre en évidence, c'est
qu'à Contrecoeur, et cela, tout le monde l'admet sans discussion
il y a une partie du laminoir à plat qui a des difficultés
techniques dans le moment. Nous avons prévu cette chose et dans le
montant d'investissements que nous prévoyons pour les cinq prochaines
années, il y a un montant assez considérable qui sera
affecté à la modernisation ou à la réfection des
laminoirs à plat, dont une partie fonctionne actuellement avec beaucoup
de difficultés. Je réfère ici le laminoir à
chaud.
Je dois vous dire que le démarrage et ça c'est,
disons, comme corrollaire d'un nouveau laminoir à plat ou
à tôle forte ou quel qu'il soit, que les frais de démarrage
d'un laminoir de quelque nature que se soit, coûteront probablement plus
cher que la réfection du laminoir à chaud qu'il faudra faire
éventuellement à Contrecoeur.
M. DOZOIS: Est-ce que M. Glgnac, d'après les renseignements que
vous nous donnez, en vous basant sur la science, les études que vous
avez faites, devons-nous conclure que vous êtes d'avis que, en achetant
à ce prix-là les actifs de Dosco, vous faites un bon achat, et
que ce sera économique de les utiliser, au prix où vous les
payez?
M. GIGNAC: Nous sommes formels, pour autant que ce point-là est
concerné.
M. LESAGE: M. Gignac, ici je vous demande une appréciation sur la
même base que celle que vient de mentionner le ministre des Finances, M.
Dozois, c'est-à-dire, votre expérience, le fait que vous soyez
ingénieur, votre sens des affaires, croyez-vous que le prix de $45
millions qui a été négocié, de même que celui
de $13.6 millions qui a également été
négocié, sont dans cette catégorie de prix, qu'en droit,
l'on définit comme un prix raisonnable au marché?
C'est-à-dire, le prix que paie un acheteur qui n'est pas
obligé d'acheter et le prix que reçoit un vendeur qui n'est pas
obligé de vendre. C'est la définition du prix raisonnable ou du
prix du marché en droit.
M. GIGNAC: Je crois que je pourrais raisonnablement répondre oui
à votre question. J'y ajouterais ceci: S'il n'y avait pas eu un acheteur
qui voulait acheter et un vendeur qui voulait vendre, je ne crois pas qu'il y
aurait eu une entente.
M. LESAGE: C'est clair. Je comprends que vous ne soyez peut-être
pas aussi habitué que certains d'entre nous pouvons l'être aux
critères qui sont utilisés par les cours dans l'évaluation
d'actifs ou d'une marchandise qui se vendent, ou quoi que ce soit qui fait
l'objet d'un contrat de vente. Mais le critère, c'est celui que je vous
ai mentionné. Le prix juste et raisonnable. Le prix du marché
doit être considéré comme celui qu'exige un
propriétaire qui n'est pas obligé de vendre d'un acheteur qui
n'est pas obligé d'acheter. C'est ça qui est le test, le
critère.
M. GIGNAC: Je ne veux pas prendre la responsabilité de ce qui a
pu motiver Dosco ou Hawker Siddeley Group de vouloir vendre ses actifs dans
Dosco, mais pour autant que Sidbec est concernée, cette partie-là
de votre affirmation, je l'accepte.
M. LESAGE: C'est-à-dire du critère. M. GIGNAC: Du
critère, oui.
M. LESAGE: Ce n'est pas une affirmation, c'est un critère
reconnu.
M.JOHNSON: C'est un critère reconnu lorsqu'il y a beaucoup de
transactions pour une marchandise donnée. Mais des actifs
d'aciéries, il ne s'en vend pas tous les jours.
M. LESAGE: Non, mais c'est justement pour
cela que j'essaie de vous apporter un critère.
M. JOHNSON: Il ne s'en vend pas un tous les mois non plus. Je pense bien
qu'il ne s'en vend pas un par mois au Canada, il ne s'en achète pas un
par mois au Canada non plus. Je pense que c'est assez difficile de comparer le
prix que vous paieriez pour Dosco à un prix que d'autres ont payé
ailleurs ou sont sur le point de payer. Ce ne sont pas des transactions
habituelles. Cela ne se fait pas bien souvent, je crois.
M. GIGNAC: Non.
M. LESAGE: C'est justement, M. le Premier Ministre, la raison pour
laquelle je n'ai pas voulu prendre le critère qui est souvent
utilisé dans l'achat des propriétés. Un autre
critère, c'est celui des ventes au cours d'une période
récente, je ne l'ai pas pris. Parce que le seul critère
applicable dans le cas qui nous occupe, c'est celui que je viens de
mentionner.
M. JOHNSON: Le désir d'acheter peut être plus ou moins
intense et le désir de vendre peut être plus ou moins urgent
aussi. Ce sont des facteurs assez difficiles à apprécier quant au
vendeur. C'est-à-dire que M. Gignac est placé dans une situation
où, je pense bien, il ne peut pas être trop prolifique dans ses
renseignements. C'est un fait public que Dosco a décidé de
fermer, d'abandonner son usine à Sydney. Il est aussi de
notoriété publique que Dosco a perdu de l'argent sur l'ensemble
de ses opérations sidérurgiques au Canada et pour un montant
considérable: $9 millions en 1967.
Il est aussi un fait de notoriété publique que la
situation en Angleterre n'est pas ce qu'elle a déjà
été et que les investissements à l'étranger sont
moins faciles qu'ils ne l'ont déjà été. C'est toute
une série de facteurs...
M. LESAGE: Ils sont plus restreints.
M. JOHNSON: Ils sont moins faciles, plus sévères. Par
ailleurs, de la part de l'acheteur, il y a un élément qu'il ne
faut pas oublier, c'est que M. Gignac et les gens de Sidbec ont
été placés dans une position telle qu'ils ne sont pas
obligés d'acheter Dosco, qu'ils ont l'assurance d'avoir à leur
disposition $60 millions sur une période de cinq ans pour être
utilisés selon l'une ou l'autre des méthodes qu'ils croiront la
meilleure, la plus rentable et disons c'est le gouvernement qui aura
à juger cela celle qui est plus conforme à
l'intérêt public.
C'est-à-dire ou acheter des actifs de Dosco pour les
compléter éventuellement par une acié- rie, une usine de
transformation du minerai, ou commencer tout de suite par un laminoir et
ensuite prévoir une usine de transformation.
Alors il y a de la liberté du côté de l'acheteur et
c'est dans ce contexte, après bien des études de
rentabilité, de mise au point de la machinerie, d'évaluation des
actifs en détail, que Sidbec nous dit: C'est ça notre
conclusion.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour ajouter à ce que disait le premier
ministre, on peut se poser la question suivante: Je ne me souviens pas si c'est
en 1966 ou en 1967, mais le groupe Hawker Siddeley Canada, si j'ai bonne
mémoire, était parmi les plus grosses entreprises au point de vue
de l'actif au Canada, mais par contre, peut-être une de celles qui
avaient le rendement le plus bas de tous les groupes. Je pense que
c'était autour de 1%, ce qui veut dire que c'est quelque chose, à
toutes fins pratiques, qui s'en va chez le diable.
Si on ajoute cette remarque à ce que le premier ministre disait
sur l'Angleterre, ce groupe n'était-il pas de toute façon en
position de liquider cette affaire-là? La liquidation a
sérieusement commencé en Nouvelle-Ecosse, ce qui implique que le
marché québécois sur lequel il se soutenait en grande
partie au point de vue sidérurgique, devenait orphelin, à moins
qu'il se reconstruise au complet ici, ce que, semble-t-il, ils ne peuvent pas
faire.
Alors voici ma question. N'est-ce pas d'un groupe qui n'est plus
rentable, qui est dépendant d'un pays dont la rentabilité est
assez basse actuellement, qu'on extrait la partie la plus rentable, qui est le
marché québécois et dont nous pouvons continuer le
développement? Cela ne revient-il pas à peu près à
ça?
M. GIGNAC: Oui, cela revient à peu près à
ça, M. Levesque.
M. LE PRESIDENT: Nous passons à la question suivante. Question
20.
M. GAUDET: L'option Dosco a été d'après vos propres
paroles, basée sur la seule question qui demeure essentiellement
valable, remarquez bien, sur le strict plan des affaires, soit la
rentabilité de l'entreprise dans le contexte économique actuel
nord-américain. Etes-vous prêt à admettre, cependant, que
le problème d'une sidérurgie intégrée au
Québec doit tenir compte d'une rentabilité plus élargie
que la stricte rentabilité de l'affaire d'un secteur bien restreint, qui
est l'ensemble de la compagnie Dosco? En admettant, à priori, que cette
entreprise est bien rentable, êtes-vous sûr,
d'autre part, qu'en ne considérant que cette stricte
rentabilité comptable, vous ne laissez pas tomber des facteurs
importants, difficiles à évaluer, mais qui changeraient tout
l'aspect de la question? Nous pensons en particulier qu'un complexe
sidérurgique québécois, établi dans le coeur du
Québec à Bécancour, est l'élément de
relève unique pouvant servir de substitut I l'industrie marginale sur
laquelle fonctionne, au ralenti, et la région de la Mauricie et la
région du centre du Québec au sud du Saint-Laurent?
M. LE PRESIDENT: M. Gignac.
M. GIGNAC: Pour réponse à cette question qui englobe assez
largement le point de vue aspect économique, je présume qu'avant
de penser à toute autre rentabilité, il faut d'abord avoir une
compagnie qui, au point de vue économique, est saine et peut se tenir
debout sur ses deux pieds, sans l'aide de personne, si l'on excepte l'injection
de capitaux par le gouvernement au tout début.
Pour ce qui est de l'aspect qui déborde ce que vous appelez ici
la rentabilité comptable, je ne crois pas que nous soyons actuellement
en mesure de répondre à votre question. Il faudrait
sûrement que vous expliquiez d'abord votre thèse. Lorsque vous
parlez des facteurs importants, il y en a plusieurs. Il faudrait les
connaître et leur appréciation ne pourrait sûrement pas se
faire sans la participation active de ceux qui en tant qu'actionnaires
contrôlent la compagnie.
A toutes fins pratiques, du moins au départ, l'actionnaire
principal de la compagnie sera le gouvernement. Il me semble assez normal donc,
si le gouvernement a des remarques à faire à un moment
donné au conseil d'administration de Sidbec, qu'il soit en mesure non
seulement dele faire, mais aussi d'imposer ses vues. Je crois que c'est une
façon normale de procéder. Celui qui contrôle ou ceux qui
contrôlent une entreprise sont en droit d'en établir les
politiques. Le premier ministre aurait peut-être quelque chose à
ajouter à ce propos.
M. JOHNSON: Oui, je pense que c'est une question qui s'adresse surtout
au gouvernement et elle demande une réponse publique que le gouvernement
donnera.
M. LEVESQUE (Laurier): Que le gouvernement donnera? C'est au futur.
M. JOHNSON: Oui. Disons que nous pouvons la donner tout de suite, du
moins très succinc- tement. La déconcentration industrielle ou
l'industrialisation décentralisée de la province, est une
préoccupation du gouvernement actuel au même titre qu'elle a
préoccupé le gouvernement antérieur qui, du moins, en a
beaucoup parlé. Nous avons, nous, songé à cet aspect du
problème et lorsque nous devrons donner l'approbation finale au projet
soumis par Sidbec, c'est un des éléments dont il faudra tenir
compte. Maintenant, il n'est pas dit que la seule vocation industrielle de
Bécancour, en soit une d'industrie sidérurgique, si tant il est
vrai que Bécancour a une vocation industrielle. Ce qui a dû
être établi par les travaux du Conseil d'orientation
économique, entre autres, dont les études démontrent qu'il
y a là plusieurs avantages au point de vue portuaire pour les industries
d'exportation. L'aciérie n'est pas la seule source d'exportation.
D'autres industries pourront s'établir.
Deuxièmement, il n'est pas établi, du moins à ma
satisfaction, que les industries ancillaires, qui gravitent autour d'une
aciérie, d'une manufacture de tôles fortes, de tôles
produites à bon marché, par exemple, vont nécessairement
toutes s'installer à Bécancour. C'est là, je pense, qu'on
se fait des illusions. C'est en tout cas mon opinion. Les industriels ont
d'autres considérations qu'un emplacement proche de leurs sources
d'approvisionnement. Pour plusieurs entreprises qui utiliseront les produits de
l'aciérie, que ce soit à Contrecoeur ou à
Bécancour, certaines d'entre elles ont des facteurs déterminants
d'implantation indépendants de la sidérurgie elle-même.
Evidemment, il y a toute une catégorie de compagnies qui aiment à
se coller sur la sidérurgie elle-même. Mais cela ne veut pas dire
dans un rayon de cinq milles ou de dix milles. Peut-être est-ce dans un
rayon de trente, quarante, cinquante, soixante milles, selon les
facilités de transport.
Je ne voudrais pas, M. le Maire, vous donner une opinion
définitive, mais j'ai un doute quant à votre affirmation relative
à la région de la Mauricie. Vous dites qu'elle repose sur une
industrie marginale. Je ne sais pas si vous songez aux papeteries de
Trois-Rivières, du Cap, de Shawinigan, de Grand'Mère. Je ne sais
pas. Lorsque vous employez ce terme, si vous songez aussi aux produits
pétrochimiques, à l'industrie chimique? Qu'entendez-vous par
« l'industrie marginale de la Mauricie »?
Quelles sont ces industries marginales que vous avez en Mauricie?
M. GAUDET: C'est parce que dans la région la population est assez
dense et pour l'industrie du papier ainsi que d'autres l'approvisionnement
en matière première est aujourd'hui plus difficile. Plus
ça va, par exemple, plus il faut prendre notre bois au loin.
M. LESAGE: Le mot marginal est employé dans un sens large. Vous
voulez sans doute dire déclinant plutôt que marginal?
M. JOHNSON: Bien, plusieurs des industries de la Mauricie sont
basées entre autres sur la proximité des ressources hydrauliques.
L'électricité produite à Shawinigan est, comme on le sait,
un des facteurs déterminants pour certaines industries. Si vous parlez
de l'industrie du bois, des industries de Grand'Mère qui s'occupent de
transformation des produits forestiers, je ne sais pas si c'est marginal ou
non. Vous pourriez demander cela à M. Gignacl
M. LEVESQUE (Laurier): Le tableau s'améliore quand on est au
pouvoir!
M. LESAGE: Je crois qu'on devrait plutôt dire que l'industrie,
relativement parlant, est déclinante par rapport à la
montée de la population.
M. GAUDET: C'est un peu ça aussi. Donc, en ayant l'industrie chez
nous, ça donnerait une chance, en même temps, à toute la
région pour garder au moins la population, principalement celle des
villes qui ont tendance à s'accroître à un rythme un peu
plus accéléré.
M. LESAGE: Alors, c'est donc dans ce sens-là que vous avez
employé le mot marginal?
M. GAUDET: C'est dans ce sens-là, parce que nous ne sommes pas
les seuls à vouloir avoir quelque chose chez nous. Nous avons l'aide des
gens du côté nord ainsi que celle des gens du côté
sud. Et s'il vient quelque chose dans la région, il y a une certaine
quantité de main-d'oeuvre qui, tout en nous aidant, aidera les autres
aussi également à maintenir ce qui est en opération et
puis, en même temps, employer tout le capital humain de disponible, du
moins dans nos régions.
M. JOHNSON: N'allez pas vous imaginer que c'est avec gaieté de
coeur que le gouvernement viendrait à approuver les suggestions, les
recommandations faites par Sidbec.
Ce n'est jamais plaisant de décevoir des gens qui avaient de
bonnes raisons de croire que l'industrie allait s'implanter chez eux. Il y a
aussi d'autres centres dans la province qui auraient voulu l'avoir. Je pense
bien que le gouvernement qui a précédé le nôtre a
éliminé les demandes de Sept-Iles, de Rimouski, de Montmagny pour
des raisons économiques.
Je pense qu'un pôle d'attraction à Rimouski ou à
Montmagny aurait drôlement favorisé le développement de
l'est de la province. Mais, le gouvernement, quel qu'il soit, ne peut pas se
lancer dans une série de remèdes artificiels si nos implantations
industrielles ne sont pas économiquement saines, ne sont pas en mesure
et de payer des salaires comparables à ceux qui sont payés
ailleurs et de vivre de leurs propres moyens et même d'être assez
efficaces pour supporter la concurrence dans l'exportation.
Nous voulons éviter l'industrie artificielle. Comme je vous l'ai
déjà dit, M. le Maire, publiquement, n'importe qui, n'importe
quel gouvernement surtout, peut autoriser l'implantation d'une industrie d'un
million de tonnes, qui s'en va vers quatre millions éventuellement,
à condition d'être prêt à y mettre l'argent pour
l'implantation et, deuxièmement, à fournir l'argent pour les
déficits pendant une période de cinq, six, huit, dix, douze,
quinze ans.
Mais, quand on examine ce problème en fonction de tous les autres
problèmes de la province et de tous les besoins du territoire, on ne
peut pas artificiellement faire vivre une aciérie même si on a eu
lieu de croire qu'elle s'établirait à tel endroit.
Ce n'est pas de gaieté de coeur que le gouvernement autorisera la
transaction de Dosco; ce sera un autre cas où nous devrons choisir entre
l'économique et la politique, entre ce que nous croyons être,
à tort ou à raison, l'intérêt économique
à la base du progrès social et une raison très claire,
très facile, celle de la politique: Combien de comtés ça
va nous donner ou nous faire perdre? Cela, il faut qu'un gouvernement ait le
courage de le faire, il faut qu'il prenne ces risques à un moment
donné même s'il doit être battu.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre de l'Agriculture écoute
ça d'un air mortuaire...
M. VINCENT: Je pensais aux déclarations de l'ancien ministre des
Richesses naturelles.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est vrai.
M. JOHNSON: Le ministre de l'Agriculture a eu une naïveté,
c'est de croire toutes les déclarations qu'il lisait des gens en place
avant 1966.
M. LEVESQUE (Laurier): Si j'ai bonne mémoire, en m'affiliant
à la campagne de 1966, il disait dans son coin: Avec nous autres,
ça va venir encore plus vite.
M. VINCENT: A ce moment-là, je me basais sur les
déclarations du président de Sidbec.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LESAGE : M. le Président, si vous me permettez, à la
suite des exposés de principe du premier ministre et avant qu'on ne
tombe dans la politique, d'en revenir à la rentabilité
économique, je voudrais demander à M. Gignac ceci: Au lieu d'une
somme de $60 millions à être versée pendant cinq ans
à $12 millions par année, si le gouvernement mettait à la
disposition de Sidbec une somme de $150 millions ou de $200 millions qu'il lui
verserait au rythme de $25 millions par année sur une période
soit de six ans dans le cas de $150 millions, soit de 8 ans dans le cas de $200
millions, quelle serait la période de temps requise pour construire
à Bécancour une sidérurgie intégrée
rentable? Sur quelle période de temps pourrait s'échelonner
l'établissement, alors, premièrement, d'une usine de
transformation du minerai I l'acier primaire et, deuxièmement, des
laminoirs pour les tôles fortes et des installations pour la production
des fers marchands?
M. GIGNAC: Enfin, pour autant que je suis concerné du moins,
c'est un peu une question hypothétique.
M. LESAGE: Ce n'est pas une question plus hypothétique que celle
que le premier ministre vous a posée lorsqu'il vous a parlé de
$60 millions. Je vous parle de $150 millions ou de $200 millions. Supposons,
par exemple, que ce n'est pas hypothétique, qu'il y a des
élections la semaine prochaine, que le gouvernement est renversé
et que nous vous disons: Qu'est-ce que vous allez faire avec $150 millions ou
$200 millions? C'est une question que je vous poserais, une question
très précise.
M. GIGNAC: Il y a une chose sûre, c'est que Dosco serait encore
là, c'est-à-dire à Contrecoeur. Nous avons toujours tenu
pour acquis que quoi qu'il arrive à Bécancour, Dosco continuerait
à exploiter la plupart de ses Installations au Québec et à
Toronto...
M. LESAGE: Mais vous avez dit qu'une industrie à Bécancour
pouvait être viable en dépit de Dosco.
M. GIGNAC: Je reviens à dire que les critères de
rentabilité que nous prendrions pour étudier cette nouvelle
proposition qui serait faite par le gouvernement seraient les mêmes que
nous avons pris jusqu'à maintenant pour étudier les divers
projets que nous mettons de l'avant. Je ne crois pas que nous pourrions aller
beaucoup plus vite que nous irions si nous démarrions à
Bécancour pour la bonne raison que le marché, au départ,
serait divisé entre deux complexes: celui de Dosco et celui de
Bécancour.
M. LESAGE: Il n'y a pas de tôle forte à Dosco.
M. GIGNAC: Oui, mais concernant la tôle forte, il y a une
pénétration considérable du marché à
faire.
M. LESAGE: Il faut pénétrer le marché,
d'accord.
M. GIGNAC: On ne peut pas mettre de côté les fers
marchands. En fait nous croyons que c'est par là qu'il faudrait
commencer plutôt que par la tôle forte.
M. LESAGE: Mais il y a un marché captif pour les fers
marchands.
M. GIGNAC: Oui, mais c'est quand même 100,000 tonnes.
M. LESAGE: On arrivait avec Marine Industries à plus que
cela.
M. GIGNAC: Cela présuppose des pénétrations de
marché beaucoup plus considérables que celles que nous avons
envisagées actuellement.
Peut-être que, à cause du fait que $150 millions
vous avez mentionné $150 millions cet argent-là serait
donné à Sidbec sans intérêt. C'est ce que vous
dites?
M. LESAGE: Oui, dans les mêmes conditions, au rythme des $25
millions par année.
M. GIGNAC: Evidemment, nous gagnerions dans la rentabilité le
taux d'intérêt que nous avons toujours pris en
considération lors des études que nous avons faites depuis 1966.
Cela serait sûrement plus avantageux au point de vue de la
rentabilité que ce que nous avons considéré
nous-mêmes, étant donné que si nous construisions un
complexe à Bécancour, nous disions au gouvernement ceci:
Assurez-nous de
$60 millions et, avec le temps, nous allons pouvoir établir un
complexe à Bécancour. Et le reste de l'argent qui sera requis
sera fourni à même les fonds produits par Sidbec à
Bécancour, ou fournis par une dette à long terme, pourvu que la
compagnie soit en bonne posture financière à ce moment-là,
ce qui lui permettrait d'aller sur le marché de l'argent.
M. LE PRESIDENT: M. Levesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Il ya deux choses qui sont contradictoires dans
ce qui s'est passé et nous ne sommes responsables, c'était
inévitable, et probablement que les élections ont rempiré
les choses. C'est que nous avons tous donné une sorte d'assurance morale
et c'est bien sûr que c'était vrai des deux côtés en
1966, que Bécancour, pour des raisons qui étaient très
logiques à ce moment-là, serait choisie, et les gens de
Bécancour ont droit d'être ici pour nous rappeler ce qui a
été dit. Plus importante encore que cela, il y a la question de
décentralisation c'est-à-dire d'arriver à réduire
un peu non pas à réduire Montréal ou si vous
voulez à réorienter ce qui peut devenir monstrueux dans la
région de Montréal et équilibrer le développement
du Québec, là-dessus, nous sommes tous d'accord.
Et d'un autre côté, si nous n'avons pas le minimum de
confiance envers ceux qui travaillent là-dedans, avec tous les experts
qu'ils ont consultés, il paraît évident que dans
l'immédiat, l'achat Dosco est d'une rentabilité que nous ne
pouvons pas discuter. De toute façon, si nous ne le faisions pas, il y
aurait cet ébrèchement mutuel de Dosco continuant autant qu'on
puisse savoir, et de Bécancour commençant, qui, à toutes
fins pratiques, serait uniquement une sorte de stérilisation mutuelle,
au moins pendant un bon nombre d'années. Alors, nous sommes devant ce
problème-là. Au point de vue technique, est-ce que je pourrais
poser deux ou trois questions à M. Gignac? Parce qu'il y a quelque chose
qui me frappe à propos de l'expansion prévue.
Est-ce qu'il n'y a pas une possibilité de sortir de ce
cul-de-sac, surtout en fonction de la décentralisation
éventuelle, en se posant les questions suivantes? Je vais être
profane. M. Gignac et M. Dufresne pourront me corriger s'ils le
désirent.
Si les souvenirs que j'en ai sont bons, d'abord vous dites que, d'ici
quatre ans, en prenant les fonds qui vous seraient fournis et en faisant
fonctionner l'entreprise telle qu'elle est vous avez une capacité
de 700,000 tonnes. Elle fonctionne actuellement, d'après ce que vous
disiez, à peu près à 350,000 ou 400,000 tonnes. Elle
lamine, elle fait des produits, elle a un marché. Et dans quatre ans
à peu près, vous prévoyez passer à la production,
enfin j'appelle cela primaire, en profane, à la production de fonte et
d'acier. C'est ça?
M. GIGNAC: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, si j'ai bonne mémoire du
cheminement, vous installez des hauts fourneaux ou des fours
électriques, peu importe, l'un ou l'autre éventuellement. Si vous
commencez par le deuxième, pour produire x centaines de milliers de
tonnes de fonte, quelque part, cela peut être Contrecoeur ou ailleurs,
à partir de minerai et de votre fer métallisé, je suppose,
dont vous parlez. Mais cela aussi, il faudrait le fabriquer quelque part. Cela
va en fonte, si j'ai bonne mémoire, et le cheminement, c'est qu'il va
à l'aciérie qui, dans la technique de la sidérurgie, est
l'endroit où la fonte devient acier. Et puis là, vous le barattez
suffisamment et, àun moment donné, avec ou sans coulée
continue, vous en faites des lingots ou des brames je ne sais pas trop
quoi et à ce moment-là, vous emmagasinez à
moins qu'on puisse prévoir qu'on va les employer tout de suite pour
faire des produits vous emmagasinez cela et il faut que ce soit
acheminé vers les laminoirs selon les besoins, c'est ça?
M. GIGNAC: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, toute la partie que vous allez ajouter,
d'après vos calculs, dans trois ou quatre ans, peu importe, ce sera
à toutes fins pratiques la partie de fourniture d'acier primaire,
c'est-à-dire de fabrication d'acier à partir de fonte par hauts
fourneaux ou par fours électriques ou les deux, selon les besoins du
marché; de cet acier auront été coulés des lingots
qui seront devenus brames, il me semble que c'est le mot.
Tout cela, c'est ce que vous ajouterez pour intégrer
l'opération sidérurgique, dont la partie que vous achetez
actuellement,ce sont les laminoirs et les produits finis. C'est cela?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESAGE: Excusez-moi M. Lévesque, M. Gignac, l'autre jour nous
a parlé de la construction de fours électriques pour alimenter
Dosco, mais pas à partir du minerai, à partir de la fonte de
ferraille.
M. LEVESQUE (Laurier): Si l'ancien premier ministre me permet, mon
ancien chef...
M. LESAGE: C'est parce que M. Gignac vous répond oui, mais ce
n'est pas ce qu'il nous a répondu l'autre jour.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, est-ce que nous pourrions finir
cela?
M. GIGNAC: Est-ce que nous parlons de Bécancour?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai presque fini.
M. LE PRESIDENT: Je pense bien que M. Gignac a peut-être
affirmé certaines choses actuellement, mais nous ne sommes pas encore
rendus là. M. Lévesque va terminer sa question et M.
Gignac...
M. LEVESQUE (Laurier): Je vais laisser répondre M. Gignac. Je
voudrais bien que le chef de l'Opposition me laisse finir mon modeste
cheminement.
M. LESAGE: C'était seulement parce que la réponse
affirmative de M. Gignac à votre question ne ressemble pas à la
réponse qu'il a donnée l'autre jour quant à la
transformation du minerai.
M. GIGNAC: Cela dépend de ce dont nous parlons. Si nous parlons
de Bécancour, ce que nous proposions au départ, si nous nous
installions à Bécancour, c'était l'installation d'un
laminoir et peut-être d'une fournaise électrique qui utiliserait
des déchets, des ferrailles.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ça. M. LESAGE: Et à
Dosco?
M. GIGNAC: A Dosco, cela pourrait être éventuellement, soit
une installation de hauts fourneaux ou de fournaises électriques qui
utiliseraient du fer métallisé. Maintenant, je crois que je vois
venir un peu la question de M. Levesque: Est-ce que cette opération
d'acier primaire ne pourrait pas être faite à Bécancour? A
ce moment-là, je n'ai pas encore répondu d'une façon
formelle là-dessus. Mais ce que j'ai dit, c'est qu'il me semblait
logique que, si le plus clair de nos opérations devant se concentrer
à Contrecoeur, il nous semblait logique que la fabrication d'acier
primaire se ferait aussi à Contrecoeur, pour des raisons administratives
et aussi pour des raisons d'opération. Parce que, dans
l'opération d'un four électrique ou même d'un haut
fourneau, il y a une propor- tion assez considérable de déchets
d'acier qui sont produits par l'opération des laminoirs les quels
déchets retournent éventuellement à la fabrication d'acier
primaire, soit via les hauts fourneaux ou soit via les fours
électriques. Disons que nous n'avons pas étudié à
fond la possibilité d'installer la fabrication d'acier primaire à
Bécancour ou à Contrecoeur, mais il nous semble que ce serait
peut-être éparpiller nos efforts et nos énergies, que
d'aller installer cela à Bécancour plutôt qu'à
Contrecoeur le cas échéant.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour terminer, je vois bien qu'il y a des
problèmes. Je pense bien que dans n'importe quelle conception
d'ingénieur, d'administrateur et cela doit être vrai
ailleurs aussi on essaie d'intégrer au maximum les
opérations, comme on les conçoit au début. Mais il demeure
que Contrecoeur est seulement à 48 milles de Bécancour
d'après ce qu'on me disait, on a vérifié avec les gens du
canton.
M. GIGNAC: C'est 80 milles.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah, bon! Vous ne connaissez même pas votre
région. L'autre jour, on nous a dit 48 milles. En tout cas,
écoutez, nous ne nous chicanerons pas. Ce que je veux dire, c'est que
dans l'immédiat une cinquantaine de milles et comme vous
dites il y a des questions de déchets, etc., il doit y avoir des
facteurs qui, au point de vue de l'efficacité immédiate ou de
l'efficacité à court terme, sont importants. Mais comme il reste
trois ou quatre ans, est-ce que l'on ne peut pas tenir compte du fait que le
centre du Québec c'est quand même le centre du
Québec qu'il y a trois régions qui sont évidemment
extraordinairement inégales.
Mais, en gros, on peut dire que l'industrie québécoise est
quelque part dans la région, qui confine à Bécancour,
éventuellement, et quelque part dans la région qui confine
à la capitale, si les projets du gouvernement et n'importe quelle
politique régionale un peu cohérente se développe.
Essentiellement, enfin, il y a l'agglomération monstrueuse de
Montréal.
Alors, on sait que la qualité du terrain à
Bécancour, qui existe, qui est là, a été
évaluée aussi systématiquement que possible, avec les
moyens de cette époque. C'est un terrain qui, paraît-il, est
idéal pour l'implantation d'industries lourdes, qui ont besoin
d'être bien soutenues. En profane, je rappelle simplement que le
transport du minerai de la Côte-Nord, source d'approvisionnement normal,
ne pose pas de
problème, d'alimentation des marchés extérieurs non
plus. C'est, enfin, l'endroit où la navigation ne présente aucun
problème, sauf des détails mineurs, douze mois par année.
Si donc on regarde le développement du Québec, qui sera
peut-être plus clair dans trois ou quatre ans, si on veut l'harmoniser,
qu'on implante cette aciérie! On n'en implantera pas tous les jours des
fabriques d'acier primaire! Nous serons peut-être 8 millions d'habitants
dans douze ans, 10 millions dans 20 ans. Par conséquent Québec ne
pourra pas soutenir, dans une industrie primaire aussi stratégique que
celle-là, trois ou quatre usines.
N'est-il pas possible, en fonction d'un développement
c'est un facteur très important d'un développement
déconcentré et d'un équilibre régional, en tenant
compte aussi du fait que les produits de cette sidérurgie peuvent aller
dans les deux directions et que ces approvisionnements viennent tout de
même normalement de la Côte-Nord, si vous employez du minerai;
n'est-il pas possible, de concevoir, ou enfin de ne pas fermer la porte I ce
bloc de fabrication, que j'appelle primaire, en profane, mais qui parviendrait
Si un produit qui pourrait être fini sûrement en grande partie
à Contrecoeur et Montréal mais peut-être aussi
éventuellement ailleurs et à du minerai qui doit venir de
moins loin s'il s'agit de Contrecoeur; n'est-il pas possible que tout cela soit
un argument suffisant, si votre actionnaire principal, qui est le gouvernement,
décidait dans sa politique de quantifier ça, de calculer et de
vous dire: C'est là qu'il faut aller?
M. GIGNAC: M. Lévesque, en ce qui concerne l'implantation d'une
fabrique d'acier primaire, je crois que nous pouvons dire que la porte n'est
pas fermée. Cependant, je ne voudrais leurrer ni le public ni le
gouvernement quant à la possibilité ou à
l'impossibilité d'implanter des installations pour produire de l'acier
primaire à Bécancour.
Je me sentirais, personnellement du moins comme citoyen du
Québec, très mal à l'aise de tenir en haleine pendant
quatre ou cinq ans les gens de Bécancour, de leur donner l'espoir qu'un
de ces jours, il y aura une fabrique d'acier primaire alors que peut-être
les chances sont assez minces, qu'il n'y a qu'une chance.
Disons que je parle de logique industrielle ou de logique d'hommes
d'affaires. Disons qu'il me semble plus logique d'installer l'acier primaire
à Contrecoeur qu'à Bécancour si nous devenons
propriétaires des installations de Con» trecoeur. Mais cela ne
veut pas dire que ce soit impossible de les installer ailleurs. Il y a un
facteur qui joue énormément en faveur de Bé- cancour au
point de vue de l'installation d'un gros équipement, c'est celui des
fondations. Il y a un facteur qui joue contre des installations d'acier
primaire ou de tout autre complexe à Bécancour, c'est
l'éloignement du marché. Et cela coûte de l'argent. Le
facteur de l'apport de matériaux ou de minerai n'est pas un facteur qui
compte parce que transporter du minerai à Bécancour ou le
transporter à Contrecoeur, c'est le même prix.
M. LEVESQUE (Laurier): Même pendant les mois d'hiver?
M. GIGNAC: Pendant les mois d'hiver, on ne transporte pas tellement de
minerai, de toute façon.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce serait « stocké » ou
quoi?
M. GIGNAC: Oui, il faudrait stocker parce que, comme vous le savez, dans
le fleuve, les assurances maritimes sont très élevées
l'hiver et, à moins que cette situation change, ce ne serait pas
attrayant d'autant plus que transporter du minerai qui gèle, l'hiver,
c'est assez embarrassant. Or, stocker à Bécancour ou stocker
à Contrecoeur, c'est le même prix. Je ne crois pas que nous
puissions trancher cette question aujourd'hui. Je ne veux pas fermer la porte
définitivement mais je ne voudrais pas non plus donner de fausses
espérances à quiconque.
M. LEVESQUE (Laurier): Une simple question additionnelle. Je ne voulais
pas vous interrompre mais c'est pour terminer...
M. LE PRESIDENT: M. Levesque, un instant. M. Johnson a la parole.
M. JOHNSON: Très courte, ma question. On a pu avoir l'impression,
M. Gignac, que c'est le gouvernement qui vous a dit qu'il n'avait que $60
millions à mettre alors que, je pense bien, vous allez le confirmer,
c'est vous qui nous avez demandé si on avait $60 millions à vous
promettre pour faire de deux choses l'une, le choix « A »: Dosco ou
le choix « B »: Bécancour, selon un plan que vous nous avez
exposé en détail la semaine dernière.
M. GIGNAC: C'est exact, M. Johnson.
M. JOHNSON: Vous êtes notre BAEQ en somme.
M. LESAGE: Je voudrais continuer mes questions. J'en ai pour quelques
minutes encore.
M. LE PRESIDENT: Une seconde, là.
M. LESAGE: J'en ai pour quelque temps. Il est déjà une
heure...
M. LEVESQUE: Est-ce que je pourrais terminer?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à la question B, il nous reste la
question 21 et le maire de Bécancour nous a distribué une autre
série de questions. Alors, nous nous étions engagés,
unanimement, vis-à-vis de M. Gignac, à le dégager à
une heure précise.
Or, je me demande s'il n'y a pas lieu de suspendre la séance.
M. GIGNAC: Ecoutez, j'ai réglé mes problèmes
personnels alors, moi, je peux continuer jusqu'à cinq heures, si vous
voulez.
M. LESAGE: Cinq ou six heures! M. JOHNSON: Voici,
évidemment,...
M. LESAGE: Après les ordres du jour en Chambre.
M. JOHNSON: ... Les questions...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le premier ministre permettrait, c'est
une simple question complémentaire? Est-ce que Sidbec est en mesure ou
sera en mesure, avant longtemps parce que je suis d'accord que quatre ou
cinq ans, faire mijoter des espoirs, etc., comme forcément c'est une
décision en grande partie politique que le gouvernement devrait prendre
pour Sidbec d'établir la différence au point de vue de la
rentabilité, de l'implantation de l'acier primaire au Coeur du
Québec, à une cinquantaine de milles des laminoirs actuels de
Contrecoeur et un peu plus de Montréal? Est-ce qu'on peut
l'établir ou si ça n'a pas été établi?
M. GIGNAC: Cela n'a pas été établi, mais nous
pouvons l'établir et nous...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que nous pourrions demander au
gouvernement de le demander?
M. JOHNSON: Oui.
M. GIGNAC: Nous avons l'intention de l'établir aussi. Maintenant,
je crois que le choix que nous devons faire aujourd'hui, quoi qu'il arrive plus
tard, c'est de quelle façon Sidbec ou le Québec peut arriver
à avoir une industrie intégrée là je parle
d'une façon générale au Québec et, la
réponse, c'est en achetant les installations de Dosco.
Maintenant, ça ne donne pas de réponse quant à
l'implantation de ce qui se passera plus tard pour les installations d'acier
primaire.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Mercier.
M. BOURASSA: Oui, juste une question. Je pense que le point que MM.
Levesque et Lesage ont abordé, c'est fondamental. Vous supposez
forcément que Dosco continuerait à opérer? C'est une
hypothèse que vous tenez pour acquis, même si,
évidemment...
M. GIGNAC: Oui.
M. BOURASSA: L'on peut se demander si les propriétaires
anglo-saxons continueraient à investir, puisqu'il semble qu'il faut
réinvestir pour faire opérer la chose de façon rentable?
Ou vous supposez que Dofasco ou Stelco achèterait Dosco ? C
est-à-dire que vous supposez de façon certaine ces deux
hypothèses?
M. GIGNAC: Enfin, ça peut être Dofasco, Stelco, ça
peut être d'autres aussi. Ce n'est pas limité à ces
deux-là.
M. BOURASSA: Mais, vous éliminez la disparition du
compétiteur?
M. GIGNAC: Ah! c'est impensable de croire que Dosco, les installations
à Contrecoeur particulièrement, vont fermer du jour au
lendemain.
Même si elles ont perdu beaucoup d'argent l'an dernier, les
mêmes conditions d'exploitation qui s'appliquaient pour nous cette
année, s'appliquent à elle aussi. Je pense bien que, avec Sydney
Steel sortie du portrait, la situation va s'améliorer grandement cette
année. Alors, il est plausible de croire que, même par ses propres
moyens, Dosco deviendrait éventuellement une compagnie rentable.
Maintenant je ne voudrais pas entrer dans les détails, je ne pourrais
pas entrer dans les détails quant aux raisons qui ont motivé
Dosco ou les propriétaires de Dosco, soit Hawker Siddeley au Canada ou
Hawker Siddeley à Londres, de vouloir vendre leurs installations. Mais
je suis pas mal convaincu qu'avant de fermer ces
installations-là, si d'un autre côté nous partons
à Béeancour, je pense bien que ça me surprendrait
énormément qu'ils ferment ça du jour au lendemain.
M. LE PRESIDENT: Question 21.
M. GAUDET: S'il est admis d'une part que la sidérurgie doit avant
tout...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Il est une heure cinq; il
n'y a certainement pas d'espoir de terminer ce matin. Il y a encore toute une
série de questions; j'ai à peine amorcée la question que
j'ai posée sur l'investissement possible de $150 millions à $200
millions et j'ai toute une série de questions à poser. J'ai
été interrompu par M. Le-vesque et j'ai bien l'intention de
continuer dans cette ligne de questions.
M. JOHNSON: M. Gignac, pourriez-vous revenir au comité cet
après-midi?
M. GIGNAC: Oui.
M. JOHNSON: Après la période des questions que nous
espérons toujours courte, mais dont la longueur n'est jamais
garantie.
M. LESAGE: Cela dépend de la longueur des déclarations
ministérielles.
M. GIGNAC: Nous sommes disponibles, M. Johnson, toute la journée,
à l'heure que vous voudrez. Nous sommes disposés à prendre
le temps qu'il faut pour répondre à toutes les questions.
M. LESAGE: Vers trois heures et demie ou quatre heures.
M. JOHNSON: Et nous sommes disposés à fournir aux
députés et aux intéressés tout le temps
nécessaire pour poser leurs questions et même au chef de
l'Opposition pour faire des promesses électorales.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est levée. Nous
reprendrons l'étude cet après-midi vers trois heures trente au
même local.
Reprise de la séance à 16 h 24
M. GRENIER (Président): A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: J'aurais une question avant que M. le Maire ne reprenne la
parole. Il s'agirait d'éclaircir une des dimensions du problème,
soit l'achat des actifs à $45 millions, le juger dans le contexte du
principe émis par le chef de l'Opposition. Si M. Gignac croit qu il
n'est pas opportun de répondre, il n'a qu'à le dire.' Ma question
est la suivante: Si Hawker Siddeley qui détient 77% du capital-actions
de Dosco ne se trouvait pas dans la conjoncture que vous connaissez, M. Gignac,
est-ce que vous auriez pu vous porter acquéreur pour $45 millions des
mêmes actifs dont il est question depuis le début?
M. GIGNAC: La réponse est définitivement non. Je crois que
je pourrais dévoiler qu'il y a environ un an, la base des discussions
que j'avais avec les gens de Hawker Siddeley Group, était établie
sur la valeur aux livres des actifs. Je parle des actifs que nous avions
l'intention d'acquérir.
Evidemment, à ce moment-là, c'est-à-dire vers le
mois de mai ou de juin de l'an dernier et le mois de février ou de mars
de cette année, le fait que Dosco ait dépéri, n'a
sûrement pas aidé les gens de Hawker Siddeley dans leurs
négociations avec nous. Si, au lieu d'avoir une position
déficitaire à la fin de 1967, ils avaient eu une position non
déficitaire, même pas une position de profit mais une position non
déficitaire, je ne crois pas personnellement que nous aurions
réussi à pouvoir acheter les actifs en question à un prix
de $45 millions.
M. JOHNSON: Merci, monsieur Gignac.
M. LE PRESIDENT: Nous nous en tenons à la question 21.
M. LESAGE: M. le Président, comme le disait le premier ministre,
ça revient un peu à la définition de ce qui est un prix
juste et raisonnable.
M. JOHNSON: Quand un gars est mal pris, il vend meilleur
marché,
M. LESAGE: Oui, peut-être.
M. LE PRESIDENT: A la question no 21, M. le Maire.
M. GAUDET: S'il est admis, d'une part que la sidérurgie doit
avant tout être une entreprise intégrée,
c'est-à-dire qu'elle soit suffisamment considérable pour
être compétitive sur le marché canadien, sinon
international, pour écouler la production et d'autre part, que cette
compétition soit en faveur du complexe sidérurgique
intégré, possédant la prépondérance
technique et réduisant les coûts d'exploitation et
améliorant la qualité de la production, comment Sidbec
espère-t-elle avoir le mécanisme suffisant pour se
prévaloir de ce marché, alors que les quatre usines Dosco
semblent déjà dépassées ou auront besoin
d'améliorations considérables pour atteindre les objectifs plus
haut précités?
M. GIGNAC: Je crois, M. le Président, que j'ai déjà
répondu directement ou indirectement à cette question. Mais
permettez-moi de dire que quand Sidbec déclare qu'elle peut payer $45
millions pour certaines installations de Dosco, c'est parce qu'elle a
établi, de la façon la plus sûre possible, que le pouvoir
de gains de ces installations est compatible avec le taux de rendement
prévu, dont je vous ai parlé ce matin et à d'autres
séances. Tout cela, compte tenu de la concurrence sur le marché
domestique. Nous n'avons pas tenu compte de l'exportation, comme je vous l'ai
déjà dit, sur des marchés à l'extérieur du
Canada, c'est-à-dire que nos prévisions de marché ou nos
projections de marché sont basées sur le marché canadien,
québécois et ontarien, etc.
M. JOHNSON: M. Gignac, considérez-vous que le mécanisme
des quatre usines est dépassé? C'est ce qu'on prétend dans
la question.
M. GIGNAC: Je ne suis pas prêt à dire que les installations
que nous prenons sont dépassées. Prenons l'installation de Dosco
à Contrecoeur. C'est à cet endroit que les installations les plus
coûteuses ont été faites. IL y a, à Contrecoeur,
à toutes fins pratiques, trois laminoirs, un laminoir à barres,
un laminoir à plat à froid, et un laminoir à plat à
chaud.
Le laminoir à barres est un laminoir moderne qui a actuellement
une bonne production et qui a dépassé le stade de
démarrage. Il est en production et en bonne production. Le laminoir
à froid est aussi un laminoir moderne qui a une bonne production. Le
seul laminoir ou la seule pièce d'équipement qui laisse à
désirer présentement est le laminoir à chaud. Dans nos
projections nous avons prévu des sommes pour pallier la mauvaise tenue
ou au mauvais rendement de cette pièce particulière
d'équipement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on passe aux questions supplémentaires
qui nous ont été posées cet avant-midi?
M. GAUDET: On présume que le facteur important du choix de Dosco,
ce sont les exigences du marché. L'achat de Dosco permettrait une
pénétration plus rapide du marché du fait que l'on
s'approprie déjà une clientèle. Mais cependant les
installations ne seront pas complétées puisque Dosco ne fabrique
pas de tôles fortes et de plus on projette une usine
intégrée.
Je passe à la deuxième partie de la question, parce
qu'à la première nous avons déjà obtenu une
réponse.
Toujours en tenant compte de la décentralisation industrielle, et
une fois le marché bien acquis, ne serait-il pas aussi possible et
souhaitable de prévoir le déménagement des installations
actuelles de Dosco à Bécancour avant d'investir un montant de $17
millions pour l'agrandissement et l'amélioration des installations
existantes de Dosco?
Combien en coûterait-il alors pour déménager les
installations de Dosco à Bécancour?
M. GIGNAC: Nous n'avons pas fait d'études spéciales sur un
projet de la sorte mais disons qu'avec l'expérience déjà
acquise il faudrait y mettre plusieurs millions pour transporter de Contrecoeur
à Bécancour les installations déjà existantes.
Si nous parlons des bâtisses, à toutes fins pratiques, cela
ne se déménage pas. Cela peut se déménager, mais
c'est très coûteux. On en profiterait sûrement pour
améliorer certains laminoirs, ce qui coûterait des sommes d'argent
additionnelles. Enfin, tout le monde sait que faire un
déménagement, c'est quelque chose d'assez dispendieux et je ne
serais pas prêt à dire combien cela coûterait, mais je peux
vous assurer que cela coûterait assez cher et que l'on se retrouverait
avec des installations qui seraient peut-être bonnes, mais qui
coûteraient beaucoup plus que $45 millions, plus les $17 millions que
nous avons l'intention d'investir à Contrecoeur ou ailleurs.
M. LESAGE: Combien beaucoup plus?Avez-vous une idée de l'ordre de
grandeur même si vous n'avez pas d'étude, M. Gignac?
M. GIGNAC: Dans les études que nous avons faites jusqu'à
présent, M. Lesage, le coût en soi des équipements
représente, grosso modo, à peu près le tiers du coût
total. Ce qui veut dire que les autres coûts sont répartis sur les
services, les aqueducs, égouts, bâtiments,
électricité... Ce sont des équipements de service,
extrêmement dispendieux. Cela a été fait il y a
déjà quelques années. Certains de ces services, à
Contrecoeur, sont très à point. Nous n'avons jamais mis en doute
les services d'é-gouts de Contrecoeur, que je sache, ni les services
d'électricité. Ce qui est à améliorer, ce sont des
équipements de production. Et comme je vous le disais, au total, ces
équipements représentent à peu près le tiers du
coût total d'une installation sidérurgique.
M. LESAGE: Comprenant bâtiments, services...?
M. GIGNAC: C'est cela.
M. JOHNSON: M. Gignac, est-ce sous votre présidence ou sous celle
de votre prédécesseur, que l'on aurait étudié la
possibilité de transporter l'acier liquide, en ébullition, en
fusion, de Bécancour à Contrecoeur?
M. LESAGE: De Tracy à Bécancour. M. JOHNSON: Ou à
l'inverse.
M. LESAGE: C'était de Tracy, de QIT, à Bécancour,
pour le début des opérations.
M. GIGNAC: On me dit, M. le Premier Ministre, que cette proposition a
été d'abord étudiée au comité de
sidérurgie. Elle a été reprise au début de
la fondation de Sidbec par Sidbec, mais elle a été
abandonnée en faveur du projet que vous connaissez.
M. JOHNSON: Qu'est-ce qu'il s'agissait de transporter exactement?
M. GIGNAC: De la fonte liquide, de Bécancour à
Contrecoeur, dans des...
M. LESAGE: Non, de Tracy à Bécancour.
M. GIGNAC: De Tracy à Bécancour, oui. C'est une distance
beaucoup plus courte.
M. LESAGE: De QIT. c'est beaucoup plus court. C'est à 18 milles
je crois, en ligne directe.
Peut-être un peu plus que ça, mais de toute façon on
nous disait que ce pouvait être sur des voies extrêmement rapides,
et il y aurait eu perte très légère de chaleur.
M. JOHNSON: Est-ce que l'on a songé à un pipe-line?
M. LESAGE: Non, non. Pas possible, le pipeline pour de l'acier en
fusion. C'est un peu chaud.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons passer à la question
suivante?
Question posée au gouvernement par M. le maire.
M. GAUDET: Sans déménager les usines existant à
Contrecoeur, si une partie du primaire était installée à
Bécancour, est-ce que ça pourrait aussi aider à venir
qu'à intégrer le complexe, à la longue?
M. GIGNAC: Je m'excuse, je n'ai pas très bien saisi.
M. GAUDET: En installant le primaire à Bécancour, sans
enlever en premier le complexe qui est établi à Contrecoeur,
est-ce qu'à la longue les travaux pourraient s'exécuter sur une
certaine période de temps, pour intégrer le complexe à
Bécancour tel que l'on pensait qu'il était prévu?
M. GIGNAC: La réponse à cette question est que, si nous
procédons dans l'ordre, c'est-à-dire que si Sidbec acquiert les
installations de Dosco à Contrecoeur, elle devra par la suite faire une
étude pour ce qui est de l'installation de la fabrique de l'acier
primaire. Et je crois ça, je l'ai déjà dit à
M. Johnson qu'il serait juste, à ce moment-là,
d'étudier les deux possibilités d'installer l'acier primaire,
soit à Bécancour, soit à Contrecoeur. Et je suppose qu'en
étant plongé dans ces études, on étudiera
sûrement ou l'on mettra au point sûrement toutes les
possibilités qui pourraient à ce moment-là rendre
attrayant soit l'un ou soit l'autre des projets et ça incluerait,
j'imagine, ce que vous venez de dire.
M. GAUDET: Question B: On connaît la force du pôle
d'attraction que constitue une sidérurgie au point de vue industriel. On
sait que nombre d'industries graviteront un jour autour de cette
sidérurgie projetée, pour former un complexe ou centre industriel
des plus importants du Québec. Le gouvernement du Québec ne
croit-il pas alors que, s'il autorise Sidbec à s'installer à
Contrecoeur, il ne pourra plus être question de décentralisation
industrielle au Québec? Considérant toute la force d'attraction
que constituera la sidérurgie au point de vue industriel, ne
réalise-t-il pas que la centralisation industrielle sera devenue
irréversible au Québec? Cette question 2, je la sauterai. Si vous
voulez que je la remplace par une autre qui res-
semble moins à une qui a été posée. Si l'on
considère le coût modique du terrain acquis à
Bé-cancour pour fins industrielles, comparativement à ce qui en
coûterait pour une étendue identique à Contrecoeur, ne
croyez-vous pas alors que ce facteur amènerait plutôt qu'à
Contrecoeur l'installation d'industries satellites à Bécancour et
compenserait alors, en partie ou totalement, le retard de la rentabilité
subi par Sidbec à Bécancour?
M. JOHNSON: J'ai l'impression, M. le maire, que la question est
dirigée plutôt au gouvernement. Elle ressemble étrangement
à une question qui nous a été posée souvent au
cabinet par un député, celui de Nicolet, et qui, lui aussi, avait
l'appui du député de Champlain, du député de
Trois-Rivières, entre autres.
M. LESAGE: Saint-Maurice.
M. JOHNSON: Saint-Maurice, oui monsieur, c'est un autre qui pousse.
Alors, nous, M. Gaudet, avons examiné cet aspect. Vous savez que
les terrains ont été acquis par la SGF, qui n'a pas
nécessairement investi d'argent, mais qui est quand même
collée avec cette obligation de les payer, si mes renseignements sont
exacts.
Nous avions, en vue de dégager la SGF de cette obligation,
dès l'année dernière, étudié le
problème et préparé même un projet de loi, qui en
était rendu à sa troisième rédaction. C'est en vue
de créer une compagnie, une corporation ou agence gouvernementale, qui
se porterait acquéreur de ces terrains. Alors, évidemment, si le
projet Sidbec-Dosco reçoit toutes les approbations tant du
côté des proposants vendeurs que de proposants acheteurs, nous
allons faire revivre ce projet de loi et je puis, ici, vous donner l'assurance
publique que le gouvernement quel que soit celui qui le dirige et de
quelque parti qu'il soit c'est une personne morale qui doit respecter
les obligations qui ont été prises dans le passé et
réparer au moins les dommages qu'il peut causer à des gens,
lorsque ces obligations ne sont pas respectées, pour des
considérations de bien commun.
En conséquence, ça veut dire ceci. Nous mettons au point
une étude, qui nous permettra, non seulement de former cette corporation
elle peut se former sans étude mais de faire une promotion
industrielle pour cette région, à même ces terrains qui
n'ont pas coûté cher et qui seraient très propices à
certains genres d'industries.
Nous allons, de plus, analyser avec vous, les municipalités qui
se sont groupées, toujours dans l'hypothèse où
Sidbec-Dosco se réalise, les conséquences pour les
propriétaires-contribuables de chez vous, les conséquences
monétaires, et le gouvernement réparera dans toute la mesure
où commandent la justice et l'équité, les dommages que
vous avez subis. Vous aviez raison de fonctionner. On vous a incité
à vous grouper, à vous organiser, à vous équiper en
services, en ressources humaines.
Vous vous êtes engagé un gérant, un gérant
adjoint. Vous avez, paraît-il, même mécanisé votre
comptabilité en vue de cette ville de 50,000 de population qu'on vous
annonçait et vous aviez raison d'y croire. Vous n'êtes pas les
seuls à y avoir cru. Le député de Nicolet y a cru; moi,
étant un peu plus sceptique, évidemment, j'ai été
beaucoup plus prudent dans mes déclarations...
M. LESAGE: Pas tellement.
M. JOHNSON: Ah oui!
M. LESAGE: Pas tellement!
M. JOHNSON: On ne pourra pas m'en mettre sur le nez...
M. LESAGE: J'en ai. On fera ça en Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, en Chambre nous aurons certainement
un débat à l'occasion d'une législation. Je vous dis tout
de suite que le gouvernement a l'intention de se faire autoriser à
garantir, à Sidbec, une somme de $60 millions, sur une période de
cinq ans, pour faire l'un ou l'autre des projets.
Maintenant, M. Gignac je pense que vous avez besoin de cette
autorisation pour faire votre offre définitive. Je voudrais vous poser
une question dont je connais la réponse mais que je pose en tant que
porte-parole de bien des gens dans la population qui se disent ceci: Pourquoi
n'avoir pas procédé par un achat graduel des actions sur le
marché alors qu'elles étaient à $8? D'après
certaines gens, cela aurait été facile. Vous auriez pu les
prendre par surprise, cela n'aurait coûté rien que $8.25 et vous
auriez eu le contrôle. Mais ce sont des gens qui, pour ne pas allonger la
réponse, ne savent peut-être pas qu'un bloc d'actions de 77% est
détenu par Hawker Siddeley et que ce bloc unique aurait bien pu
s'effriter, évidemment. Mais seulement si Hawker Siddeley avait bien
voulu les vendre vous n'auriez jamais pu attraper le contrôle sans
négociation avec Hawker Siddeley.
Il y a des gens encore qui se disent: Comment se fait-il qu'on
suggère au gouvernement de payer $11 l'action alors que sur le
marché c'était $8, $8.5O, $9? Pourquoi ne pas ramasser ça
sur le marché? Je connais la réponse mais j'aimerais vous
entendre l'expliquer à votre façon.
M. GIGNAC: Je crois que la valeur du marché n'est pas
nécessairement la valeur aux livres pas plus que c'est
nécessairement la valeur qu'il faut accepter au point de vue de la
rentabilité. La valeur actuelle aux livres des actions de la Dosco se
situe à $21.65 alors que la valeur au marché, même
présentement, est d'environ $8 ou $9. Deuxièmement, étant
donné, comme vous disiez, M. le Premier Ministre, que 77% des actions
sont contrôlées par Hawker Siddeley et étant donné
aussi que Hawker Siddeley, depuis 1957 alors qu'elle a pris le contrôle
de Dosco, n'a pas vendu ou acheté d'actions sur le marché, il
demeure que la spéculation ne se fait que sur les 23% qui restent
disponibles. Si nous examinons pour une période de quelques
années passées, quatre, cinq ou six ans, lafluc-tuation des
actions de Dosco sur le marché, nous réalisons que les moindres
ventes, c'est-à-dire les ventes de 1,000 actions ou plus, ont fait
varier le stock considérablement pour des raisons qui sont
inexplicables. Alors, je pense bien que si, d'une part, Sidbec s'était
mise entête d'acheter des actions sur le marché, le stock en
question aurait grimpé rapidement peut-être à
au-delà des $11 que nous offrons présentement. D'ailleurs, je
crois qu'à l'automne, lorsque nous avons fait l'annonce que Sidbec
examinait certaines installations de Dosco, les actions sont montées
immédiatement à $10.50 ou $10.75 chacune.
C'est juste pour vous donner une idée de la sensibilité de
ce stock sur le marché présentement.
M. LESAGE: M. Gignac, parmi les facteurs d'évaluation des
actions, est-ce que vous considérez comme des facteurs importants,
premièrement, la valeur aux livres des actifs représentés
par les actions, la valeur nette aux livres? Deuxièmement, la cote du
marché sur une période raisonnable qui peut être à
peu près pour les cinq dernières années, conjuguée
au rendement en dividendes sur les actions? Et troisièmement, le facteur
important de la rentabilité prévue sur une période
à venir d'une dizaine d'années? Est-ce que ce sont,
d'après vous, les trois facteurs principaux qui vous ont guidés
dans les attitudes que vous avez prises au cours des négociations?
M. GIGNAC: Je dirais, pour les deux premières parties de votre
question, que ma réponse est oui. Pour la troisième partie, nous
ne nous sommes pas occupés de la valeur au marché,
c'est-à-dire que nous l'avons...
M. LESAGE: Vous l'aviez devant les yeux.
M. GIGNAC: ... nous l'avions dans les yeux. Mais ça n'a pas
été la valeur au marché qui nous a guidés. Mais
c'est la valeur aux livres, comme vous dites et puis éventuellement la
valeur de rentabilité, telle que nous l'avons établie.
M. LESAGE: Quand je parle de la cote sur le marché, je ne veux
pas dire au moment de la transaction, mais au cours des cinq années qui
auront précédé.
M. GIGNAC: Oui, les actions ont varié, comme vous le savez, de
$21...
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. GIGNAC: Elles ont baissé graduellement de $21 au prix qui est
actuellement coté sur le marché...
M. LESAGE: Elles ont baissé à $7 et elles ont
remonté à $8.50.
M. GIGNAC: A $6 ou $6.50, quelque chose comme cela. Et elles se sont
maintenues entre, disons, $7 et $8, à quelques exceptions près,
depuis les deux dernières années. J'ai un tableau de ces
cotes-là.
M. LESAGE: M. Gignac, si je comprends bien, vous étiez l'un des
administrateurs de l'Hydro-Québec au moment de la nationalisation de
l'électricité et vous vous souvenez parfaitement des facteurs
qui, à ce moment-là, avaient été tenus en ligne de
compte, particulièrement sur la recommandation de M. Fuller-ton, pour
l'établissement des prix à offrir à chacune des compagnies
d'électricité, sous forme de « take-over bid ». Je
suppose que mutatis mutandis, étant donné que dans ce
cas-là, il s'agissait de services publics, sans concurrence, que vous
avez tenu compte d'à peu près les mêmes facteurs que dans
ce cas-ci, mais avec cette différence qu'il s'agit dans ce cas-ci d'une
industrie qui doit faire face à la concurrence, tandis que dans le cas
des compagnies d'électricité, il s'agissait de monopoles.
M. GIGNAC: Je pense bien que, à quelques
exceptions près, dans les facteurs dont l'on a tenu compte dans
le « take-over bid » qui a été fait pour les
compagnies d'électricité, exceptions assez importantes quand
même, nous avons suivi à peu près les mêmes...
M. LESAGE: Mais exceptions à cause du fait qu'il s'agissait de
monopoles dans le cas des compagnies d'électricité.
M. GIGNAC: Exactement.
M. LESAGE: Tandis qu'ici, il s'agit d'une société qui a
à faire face à la concurrence.
M. GIGNAC: Oui, et qui est contrôlée aussi à
77%.
M. JOHNSON: M. Gignac, pourriez-vous me rafraîchir la
mémoire? L'engagement de la province, pris en 1965, pour un montant de
$20 millions ou de $25 millions, à être investi via la
Société générale de financement. C'était en
vue d'un projet de quelle envergure? Vous en souvenez-vous?
M. GIGNAC: Je crois que c'est le projet de $250 millions. Cela a
été pris, si ma mémoire est fidèle, à la
suite de la déposition du rapport qui a été fait par le
comité de sidérurgie. C'est à la suite du rapport du
comité de la sidérurgie que le gouvernement a
décidé, par le truchement de la SGF, d'investir $25 millions.
Maintenant, je n'ai pas les détails de cette transaction.
M. LESAGE: Si vous vous souvenez, M. Gignac, cette entente avait
été annoncée au mois d'octobre 1964, à la suite du
rapport du comité de sidérurgie, avant la formation de
Sidbec?
M. GIGNAC: Je crois que oui.
M. LESAGE: Par conséquent, c'était clairement sur la
recommandation du comité de sidérurgie qui prévoyait un
projet de $250 millions y compris le « Working capital ».
D'après mon souvenir c'était $228 millions plus le «
working capital ».
M. GIGNAC: Je ne me souviens pas des détails.
M. LESAGE: Bien je crois que c'est cela. Je suis sujet à
correction par M. Bélanger. Est-ce que c'est pas mal exact ce que je
viens de dire? Oui.
M. BELANGER: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. le Maire, est-ce que vous auriez des questions
supplémentaires?
M. GAUDET: Oui, j'en ai une petite ici, si vous me permettez. J'ai cru
comprendre, selon l'opinion du premier ministre ce matin, que la
sidérurgie à Bécancour n'amènerait pas
nécessairement une industrie secondaire. Devons-nous déduire que
nos chances du côté de l'industrie secondaire seraient
plutôt nulles avec le complexe entier à Contrecoeur?
M. JOHNSON: Je n'ai pas saisi la fin de votre question.
M. GAUDET: Est-ce que nos chances seraient plutôt minces du
côté de l'industrie secondaire si le complexe était
établi en entier à Contrecoeur?
M. JOHNSON: Non, je ne suis pas en mesure quant à moi
d'évaluer l'intense développement de Bécancour par suite
de l'implantation dans cette ville de la sidérurgie. Mais je sais que
les industries existantes à Montréal et ailleurs dans la province
ont intérêt à ce que nous ayons éventuellement une
aciérie intégrée et même que nous ayons une
aciérie ou des installations qui fonctionnent très bien afin de
pouvoir leur offrir des prix compétitifs, des prix aussi bas que les
manufacturiers qui sont dans le triangle Sault-Sainte-Marie-Hamilton-Windsor
peuvent obtenir de leurs aciéries.
Disons bien franchement, que ce n'est pas pour le plaisir d'être
propriétaire d'une aciérie que la province se lancerait dans
cette initiative. Je pense que l'idée de tous ceux qui ont
travaillé sur ce projet depuis des années, soit d'avoir une
aciérie dans Québec, une aciérie éventuellement
intégrée, un complexe intégré, c'est d'être
en mesure de fournir aux industries de transformation les matériaux
nécessaires à un prix aussi bas que les obtiennent les industries
de transformation qui sont dans le triangle que j'ai délimité
tantôt d'une façon bien imparfaite par ces trois villes où
sont situées les aciéries d'Algoma, Dofasco, Stelco et
peut-être d'autres que j'oublie.
Alors, ce qui nous intéresse, nous, c'est que les industries
secondaires existantes et celles qui ont l'intention de s'établir
puissent obtenir leur matériel à un prix qui ne comprend pas le
prix du transport de Hamilton à Montréal. Ce qui a pour effet, me
dit-on, d'augmenter le coût de 8% à 12%. La seule présence
de Dosco dans l'état actuel a eu pour effet de faire bais-
ser les prix pour ce matériel utilisé par les industries
de transformation.
Mais nous sommes encore plus certains que cette situation se maintiendra
si nous avons une aciérie intégrée éventuellement.
C'est dans cette perspective que le gouvernement, du moins au départ,
est prêt à fonctionner. La chose aurait été plus
facile d'autres années. Je n'ai pas de reproches à distribuer
à qui que ce soit, mais il y a longtemps qu'on parle d'aciérie,
vous savez, dans la province de Québec et je pense qu'on sera
intéressé de savoir qu'en 1948 il y avait le projet Dudley fait
par MM. Préfontaine et A. Grégoire qui a été
rejeté.
En 1949, le projet Cholette-Potvin, une sidérurgie sur la
Côte-Nord, qui n'a pas été retenu. C'est à ce
moment-là que l'on écrivait dans les journaux que c'était
une affaire très simple. On n'avait qu'à installer deux fourneaux
électriques, c'était réglé. On avait une
sidérurgie.
En 1951, le gouvernement du temps avait chargé un expert, M.
Gérard Letendre, de préparer une étude sur la
réduction au Québec d'une partie du minerai de fer de l'Unga-va.
En 1952, le gouvernement a reçu ce rapport qui favorisait
l'établissement d'une usine de réduction de faible
capacité, dans la région de Montréal. En 1955, il y a eu
un nouveau projet. Le projet s'appelait New Quebec and Ungava Mining
Corporation. Il n'a pas été accepté celui-là non
plus. En 1955, projet des Aciéries nord-atlantiques incorporée.
C'était un projet piloté par MM. Louis Périni et
Gérald Martineau. L'étude avait été faite sous la
direction de Kayser Engineers.
En 1955, projet Iron Ore Company of Canada, pour la production du
fer-éponge au Nouveau-Québec. Le coût était trop
élevé, on l'a abandonné. En 1957, le projet Picard. Une
société franco-suisse qui a offert de nous ouvrir une
sidérurgie, mais cela n'a pas eu de suite. En 1957, les Krupp se sont
intéressés, ont voulu intéresser le gouvernement du temps
et je n'ai pas pu retracer les quelques documents...
M. LESAGE: Cela avait été publié dans les journaux
à ce moment-là.
M. JOHNSON: En 1957, la société Belge Sogemines a
préparé un projet d'une sidérurgie intégrée
qui aurait été établie à Beauharnois. Le travail
avait été dirigé par M. Du-priez et l'étude
concluait à la rentabilité. Il y eut à ce moment-là
une alliance ou un début de tentative d'alliance avec Dosco. Mais cela
n'a pas eu de suite.
En 1958 encore, projet Quesco celui-là, proposait une usine de
réduction à Varennes par le procédé Strategic-Udy
et Quesco a cédé ses actions à Corgemines. Les
résultats décevants du procédé, utilisé dans
un autre pays, ont découragé les promoteurs.
Donc, en 1958, Dosco avait un projet à long terme pour la
création d'une aciérie intégrée à
Contrecoeur. C'est en 1963 que Dosco s'est implantée à
Contrecoeur, avec un Investissement de $60 millions, alors que l'on
était en train de faire des études par le comité de
sidérurgie.
M. LESAGE: Us ne se sont pas implantés, d'un coup sec. La preuve
c'est qu'on en est encore à la période de démarrage.
M. JOHNSON: En 1958 aussi, construction à Contrecoeur d'une usine
de tuyaux par Stelco. Travaux terminés en 1960. Construction en
1964-1965 d'une autre partie de cette aciérie, soit d'un laminoir de
douze à dix-huit pouces, par un investissement de $25 millions.
L'agrandissement a été terminé en 1964-1965.
M. LESAGE: C'était compris dans les $60 millions
mentionnés tantôt.
M. JOHNSON: Peut-être. M. Dupriez, en 1960, a eu des rencontres
avec les autorités du gouvernement, c'était après le 22
juin, au sujet du projet Sogemines. Et à partir de là, je
pourrais céder la parole au chef de l'Opposition qui vous dirait que la
Chambre de commerce de la province nous a présenté, le 23 mai, un
mémoire suggérant la création d'un complexe
sidérurgique. Le Conseil d'orientation économique a
été chargé de faire un premier examen, etc., etc.
C'est ainsi qu'on est parti d'un projet modeste pour se retrouver avec
un projet de $653 millions, des promesses formelles, une lettre du
président de Sidbec du temps et une loi pour l'intégration des
municipalités.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre me permet? Est-ce que je
pourrais rétablir certains faits? C'est que la décision, quant
à Bé-cancour, est survenue avant que ne soit
préparé le projet gigantesque dont il parle. La recommandation
quant à Bécancour nous est venue du comité de
sidérurgie qui recommandait le projet plus modeste de $250 millions.
C'est à partir de là et avant même que le rapport final du
comité de sidérurgie nous soit soumis que des options ont
été prises sur des terrains à Bécancour.
Si on lit le rapport du comité de sidérurgie dont j'ai
d'ailleurs cité des extraits au cours d'une des séances, on
constatera que les options à Bécancour ont été
prises au cours de 1963 avant que soit remis au gouvernement le rapport final
du comité de sidérurgie en février ou mars 1964, je
crois.
A ce moment-là, il y avait même des options qui avaient
été exercées en décembre 1963. Cinq des options sur
cinq terrains l'avaient été... parce qu'il y a eu cinq
propriétaires qui avaient refusé de prolonger les options de
douze mois. Il y a donc cinq terrains qui ont été achetés
en décembre 1963 au moment de l'expiration des options, les autres
propriétaires ayant consenti à prolonger les options d'un an et
le reste des terrains ayant été acheté au mois de
décembre 1964 avant la création de Sidbec. Par conséquent,
avant qu'il ne soit question d'un projet qui soit d'un ordre plus grand que
celui qui avait été suggéré par le comité de
sidérurgie au coût de $250 millions.
Donc, ce n'est pas parce qu'il y avait eu un projet que le premier
ministre a qualifié de gigantesque qu'il a été question de
Bécancour. Pas du tout. Il a été question de
Bécancour dès qu'il y a eu des achats de terrain, dès
avant le premier rapport du comité de sidérurgie qui nous avait
proposé en février 1964 un projet de $250 millions, mais je ne
suis pas pour revenir sur tout ce que nous avons discuté je crois au
cours de la première séance.
M. JOHNSON: Je voudrais situer le problème et demander à
M. Gignac s'il peut confirmer ces faits par les dossiers ou par des conseils de
ses acolytes, qu'il y a ici, qui sont des éléments de
continuité depuis le début. C'est le 22 septembre que le
comité Deschamps recommandait la création d'une nouvelle
société, d'un capital, etc. Mais c'est le 19 octobre de la
même année 1964 qu'une annonce publique avait été
faite nous informant qu'une entente était intervenue entre le
gouvernement et la SGF pour le financement de l'entreprise, et que la SGF re
-cevait un mandat de constituer la société Sidbec. C'est
là qu'il y a eu l'engagement d'une souscription de $25 millions par la
province.
M. LESAGE: $20 millions additionnels aux cinq millions
déjà souscrits par le Québec à la SGF.
C'est-à-dire que la souscription totale du Québec à la SGF
était déjà de $5 millions et qu'on y ajoutait $20
millions.
M. JOHNSON: C'était pour le projet auquel on ajoutait $20
millions.
M. LESAGE: C'était pour le projet de $250 millions.
M. JOHNSON: $223 millions.
M. LESAGE: C'est ça, $223 plus le capital de roulement.
M. JOHNSON: ... disait le rapport Deschamps. Qu'est-ce qui a fait qu'on
a déraillé à ce moment-là? Cela avait l'air tout
bâclé, tout réglé, on embarquait, c'était
$223 millions plus le capital de roulement, $250 millions,, le gouvernement y
allait pour $20 millions, le public y allait pour $35 millions et les emprunts
à long terme pour $165 millions. Qu'est-ce qui est arrivé que
ça a cassé?
M. LESAGE: J'ai donné les raisons au cours de la première
séance et cela a été confirmé par les officiers.
C'est la coulée continue. On ne pouvait pas faire la coulée
continue pour les tôles fines et, à part ça, c'est que les
fours Elkem n'étaient pas éprouvés.
Or, le rapport du comité de sidérurgie était
basé en particulier sur ces deux aspects techniques. Et c'est là
qu'on s'est aperçu que ce n'était pas prouvé. L'on pourra
trouver ces raisons exactes dans la déclaration que je faisais le 25
mai...
M. JOHNSON: 1966.
M. LESAGE: ... 1966 et que j'ai répétée au mois
d'août de la même année, je crois, pas tout à fait
dans les mêmes termes, mais à peu près. Mais le 25 mai
1966, dans la déclaration que j'ai faite, je l'ai lue, ici, au
comité à la première séance, ou peut-être
à la deuxième, et la raison invoquée, c'était
l'impossibilité technique de donner suite à ces deux
recommandations, premièrement, quant à la coulée continue
pour les tôles fines, et deuxièmement, quant à
l'utilisation des fours Elkem.
M. JOHNSON: En résumé, M. Gignac, çafait 22 ans que
j'entends parler d'une aciérie, d'un complexe intégré,
depuis que je suis député. Moi, je suis prêt à ce
que ça démarre et je suis prêt à étudier,
avec beaucoup de sympathie, dans le sens de la compréhension, les
suggestions faites par une compagnie que vous dirigez et qui a eu $5 millions
ou $6 millions à sa disposition pour des études, qui a pu
recourir aux meilleurs experts et qui semble, à l'unanimité
j'ai lieu de le croire nous proposer une solution et nous
demander une autorisation.
II restera, évidemment, à tenir compte des facteurs qu'on
a fait ressortir par ces trois réunions du comité. Je voudrais,
quant à moi, remercier tous ceux qui ont participé...
M. LE PRESIDENT: M. le Maire.
M. GAUDET: Je voudrais remercier bien sincèrement M. le premier
ministre de son invitation. Je remercie également M. le ministre de
l'Agriculture, M. le chef de l'Opposition, M. le président...
M. LESAGE: Si la période des remerciements est
arrivée...
M. GAUDET: En ce qui me concerne, c'est fini, mais....
M. LESAGE: Je ne sais pas, vous aurez peut-être d'autres questions
à poser à la suite des miennes.
M. GAUDET: Non, c'est parce que j'avais le micro, je voulais profiter de
l'occasion.
M. LESAGE: On va vous le laisser, M. le Maire.
M. LE PRESIDENT: M. le Maire, on va laisser M. Lesage poser ses
questions et vous reviendrez après.
M. LESAGE: On va vous le laisser, M. le Maire.
M. GAUDET: Je ne suis pas seul sur le comité. Tous ceux qui sont
ici et qui nous accompagnent sont des collaborateurs précieux à
la ville de Bécancour. J'aimerais, si ce n'est pas trop vous demander,
que vous nous donniez encore quelques minutes. Je suis certain qu'il y en a
quelques-uns qui aimeraient se faire entendre pour plus de satisfaction. Tous
les exposés que nous avons eus ici à chaque séance que
nous avons tenue avec vous en comité, nous sommes bien heureux de les
avoir eus et ça nous aidera nous aussi, en retournant à la
maison, à renseigner d'une manière plus exacte les gens de notre
région, qui sont un peu indécis sur notre sort.
Si vous avez, d'un autre côté, quelque chose à
faire, sans vouloir dicter une ligne de conduite à personne, je
demanderais et on aimerait, nous aussi, que ç'a se fasse assez
rapidement pour qu'on s'oriente d'une manière ou d'une autre. Je vous
remercie.
M. LESAGE: M. Gignac, ce matin, je vous ai posé une question et
je vous ai demandé, si Sid-bec avait à sa disposition une somme
de $150 millions ou de $200 millions qui serait versée par le
gouvernement au rythme de $25 millions par année, soit pendant six ans,
soit pendant huit ans, s'il serait possible d'établir à
Bécancour une industrie sidérurgique intégrée et
rentable. Ma question venait surtout du premier rapport du comité de
sidérurgie. En remplaçant, si vous voulez, les tôles fines
par les tôles fortes dans le premier projet, et en tenant compte qu'il
est impossible d'utiliser les fours Elkem, est-ce qu'il y aurait eu moyen de
modifier le projet initial du comité de sidérurgie,
d'établir à Bécancour une industrie sidérurgique
intégrée de l'ordre de grandeur suggérée par le
comité de sidérurgie, en tenant compte du fait que ces
souscriptions gouvernementales seraient pour du capital ne portant pas
intérêt?
Vous avez posé la question ce matin, serait-ce pour ce qu'on
appelle du « equity capital », ce qui permettrait à Sidbec,
obtenant de son actionnaire le gouvernement, une équité de $150
millions ou de $200 millions, d'avoir assez facilement accès au
marché à long terme pour un montant qui ne serait pas trop
considérable pour la différence du coût de
l'établissement de cette industrie sidérurgique
intégrée, à Bécancour. Souvenons-nous que le
rapport du Conseil d'orientation économique insistait sur le facteur
mentionné tout à l'heure par le premier ministre, la
nécessité de produire de l'acier en tôle, de l'acier
marchand, en vue de l'établissement d'industries secondaires, mais il y
avait un autre facteur qui préoccupait aussi le Conseil d'orientation
économique et c'était la transformation de notre minerai de fer
du Québec, en acier primaire, ici, au Québec, en vue de son
utilisation et dans l'industrie sidérurgique, dans les laminoirs, et
plus tard dans l'industrie secondaire. La question a été longue,
un peu complexe, mais je sais que vous avez très bien compris ce que je
voulais dire.
M. GIGNAC: Je crois que oui.
M. LESAGE: Je pense que oui. Vous connaissez assez le dossier pour
comprendre ça.
M. GIGNAC: Tout d'abord disons que si le gouvernement nous donnait une
contribution de $150 millions à $200 millions dans Sidbec et que ces
sommes-là devraient être investies à Bécancour, bien
le projet que nous lancerions au départ serait le projet dont je vous ai
fait part lors de la deuxième ou de la troisième
séance,
c'est-à-dire le projet modeste mais qui deviendrait, disons, un
peu moins modeste en ce sens qu'il serait un peu plus
accéléré.
Evidemment, si l'on tient compte du fait qu'il n'y aurait pas
d'Intérêt sur une dette à long terme...
M. LESAGE: Ce serait de l'équité.
M. GIGNAC: ... on gagnerait l'Intérêt sur la
différence entre $60 millions et $150 millions, c'est-à-dire
environ $90 millions ou $100 millions, 3 $10 millions près.
M. JOHNSON: Ce serait un bon subside!
M. GIGNAC: Oui, cela serait un subside énorme.
M. LESAGE: Fort intéressant!
M. GIGNAC: J'ai dit ce matin que c'était une question
hypothétique; j'en reste encore là.
M. LESAGE: Un subside fort intéressant quand même! $25
millions par année, c'est seulement une fraction de 1% du budget annuel
du gouvernement.
M. GIGNAC: Cependant, si je peux me permettre de continuer mon
exposé...
M. LESAGE: Une fraction de 1%.
M. JOHNSON: Les fractions font rapidement les unités dans le
gouvernement.
M. LESAGE: Ne dites pas ça à un ancien ministre des
Finances, il le sait. Mais n'empêche que voici qu'on peut investir dans
une industrie aussi importante, au rythme d'une fraction de 1% par année
du budget.
M. GIGNAC: Alors, si l'on tient pour acquis qu'il n'y a pas
d'intérêt sur une dette à long terme, les autres
problèmes demeurent ou disons que le reste ne change à peu
près pas, en ce sens qu'il faut avoir des installations techniques,
compatibles avec la prévision des marchés. Il faudrait aussi
prendre le temps d'en-trafner la main-d'oeuvre et le personnel de cadre et y
consacrer les sommes d'argent appropriées. Il faudrait aussi
prévoir, dans le cas d'un démarrage rapide de plusieurs grosses
installations, des frais de démarrage plus élevés. Il faut
s'attendre à des coûts plus élevés cela a
déjà été établi pour le transport des
produits finis vers les marchés de con- sommation. De toute
façon, à ce moment-là, on se retrouve avec un pourcentage
important du marché qui sera forcément divisé entre
Contrecoeur et Bécancour, parce que je tiens pour acquis que Contrecoeur
continuera, et de ce fait des installations d'acier primaire qui, à
cause du volume réduit qui sera requis par les installations, ne seront
pas rentables avant plusieurs années, en fait ne le seront pas avant au
moins une dizaine d'années.
Finalement, si je peux me permettre de terminer, j'avais un peu
prévu votre question, M. Lesage, dans le cas d'une contribution du
gouvernement, de l'ordre de $150 à $200 millions, nous pouvons
facilement imaginer, si nous procédons sur une base comparative, que cet
argent rendrait une sidérurgie intégrée possible et
rentable au départ, beaucoup plus facilement à Contrecoeur
qu'à Bécancour. Et je crois qu'il est assez difficile, lorsque
nous parlons de sommes d'argent de cette envergure, de ne pas procéder
sur une base comparative. J'ai dit, l'autre jour, qu'une sidérurgie
à Bécancour serait au tiers rentable de celle de Dosco à
Contrecoeur et cela serait encore vrai. Compte tenu que Contrecoeur,
éventuellement, pourrait avoir les mêmes avantages.
M. LESAGE: Oui, mais est-ce que cela ne changerait pas tout de
même la proportion jusqu'à un certain point?
M. GIGNAC: C'est assez difficile à établir exactement.
Disons, si nous ne considérons que Bécancour comparativement
à Contrecoeur, la rentabilité, au lieu d'être du tiers,
sera à peu près de la moitié de celle de Contrecoeur.
M. LESAGE: La seule raison ce sont les établissements de
Dosco.
M. GIGNAC: Oui, c'est surtout la fabrique d'acier primaire, qui ne
serait pas rentable à cause du faible volume.
M. LESAGE: Du faible volume, plus faible dû à la
concurrence de Dosco?
M. GIGNAC: Oui, et même du fait qu'il n'y aurait pas
d'intérêt à cause du faible volume de la fabrique d'acier
primaire, il n'y aurait pas de profit à cet endroit ou du moins il
serait difficile d'établir une rentabilité acceptable avant un
nombre assez considérable d'années. Cela pourrait être huit
ou dix ans.
M. LESAGE: Huit ou dix ans. On n'a jamais prévu, n'est-ce pas,
dans aucun des plans qu'u-
ne industrie sidérurgique intégrée au
Québec, à Bécancour, pourrait être rentable pour les
huit ou dix premières années? Dans les rapports que nous avons
eus?
M. GIGNAC: Dans les rapports qui ont été faits, je crois
que la rentabilité devait être établie sur une
période d'environ vingt ans et encore, à mon sens...
M. LESAGE: C'était le grand projet, ça.
M. GIGNAC: ... du moins, dans l'opinion du conseil d'administration de
Sidbec, ce n'était pas une rentabilité acceptable.
M. LESAGE: Mais c'était plus que les dix ans que vous mentionnez
pour un projet du genre de celui que vous pourriez établir à
Contrecoeur.
M. GIGNAC: Voyez-vous, il faut s'entendre sur la rentabilité.
C'est peut-être rentable au bout de sept ans. On fait des profits au bout
de sept ans. Pour avoir un retour sur investissement acceptable, il faut
prendre une période donnée. Dans le cas que vous me soumettez,
avant d'avoir une rentabilité comparable à celle des autres
sidérurgies canadiennes sur cette période de temps-là,
cela pourrait être assez long, peut-être 15 ans. Mais il faudra
l'établir. Nous n'avons jamais osé espérer que le
gouvernement donnerait des subsides de cet ordre-là.
M. LESAGE: Et si cela arrivait, ce serait possible, sur une
période de 10 ans?
M. GIGNAC: Je ne crois pas que ce serait logique, mais ce serait
possible.
M. LESAGE: C'est ça. Bien, cela dépend, à ce
moment-là, il s'agit de savoir quelle est la valeur pour le gouvernement
du Québec de la rentabilité socio-économique de la
décentralisation de l'industrie. Et je pense que c'est une discussion
qui est possible. Les opinions peuvent être partagées. Tout
dépend de la valeur que l'on donne à la rentabilité
socio-économique qui découle de la décentralisation de
l'industrie.
M. GIGNAC: M. Lesage, si vous donniez les mêmes avantages à
Sidbec-Contrecoeur, d'abord la première chose que nous vous dirions,
c'est que nous n'avons pas besoin de $150 millions, et, deuxièmement,
ça deviendrait rentable d'une façon extrêmement rapide.
M. LESAGE: Je le crois.
M. GIGNAC: Moi j'en suis convaincu.
M. LESAGE: Mais, si vous aviez cet argent à Contrecoeur, vous
pourriez procéder également à la transformation à
partir du minerai beaucoup plus rapidement.
M. GIGNAC: A peu près immédiatement.
M. LESAGE: A peu près immédiatement, ça, c'est
sur.
M. JOHNSON: Le temps de compter trois à quatre ans?
M. LESAGE: A peu près immédiatement.
M. GIGNAC: C'est-à-dire qu'on prendrait la décision et,
trois ans ou trois ans et demi après, tout serait en marche.
M. LESAGE: Mais encore là, on aboutit toujours au même
point, l'industrie demeure concentrée principalement dans la grande
région de Montréal et on n'utilise pas toutes les
possibilités qu'offre le centre du Québec.
M. GIGNAC: Je crois qu'il y a une chose qu'il ne faudrait pas
sous-estimer. Je veux parler de l'apport de la main-d'oeuvre
spécialisée et des cadres qu'il faudrait mettre en place à
Bécancour. C'est un problème extrêmement ardu et qui ne
peut pas se régler sur une période de deux ou trois ans. Il faut
y mettre la patience, du temps et beaucoup d'argent.
M. LESAGE: La General Motors, à Sainte-Thérèse, a
dû faire ça.
M. GIGNAC: Oui, mais elle avait de l'argent pour entraîner le
monde.
M. LESAGE: Oui.
M. GIGNAC: Mais ce n'est pas facile.
M. LESAGE: On a commencé par donner aux contremaîtres
d'Oshawa des cours intensifs à l'école Berlitz, en
français, et les contremaîtres ont appris aux employés
Canadiens-français qui étaient engagés à
Sainte-Thérèse, à désigner en langue
française les diverses pièces d'automobiles...
M. PLAMONDON: On a dû apprendre certaines traductions de
pièces d'automobiles, on
a dû apprendre le mot français à nos
Canadiens-français.
M. LESAGE: C'est exactement ce que je viens de dire. D'ailleurs, quand
j'ai visité la General Motors, c'est une des choses que les
employés m'ont dite: ils avaient appris de gens de langue anglaise
d'Oshawa les termes français pour désigner les pièces
d'automobiles.
M. JOHNSON: Ils doivent avoir de la difficulté quand il vont dans
des garages, ces gens-là?
M. LESAGE: Oui, en effet. D'ailleurs, pour la plupart, c'était
d'anciens employés de garage.
M. JOHNSON: Moi, je ne me targue pas d'être fort en calcul et le
chef de l'Opposition pourrait me calculer ça, $20 millions sur un
budget, rien qu'une fois, $20 millions qu'on donnerait, ce serait une petite
proportion du budget, ça aussi, c'est une fraction plus petite encore
que $12 millions par année...
M. LESAGE: Bien dans le temps, c'était plus que 1%.
M. JOHNSON: Non, dans le temps, c'était moins que 1%.
M. LESAGE: C'était plus que 1% dans le temps. C'était $25
millions et c'était plus que 1% parce que c'est l'année
dernière seulement que vous avez atteint $2,600,000,000. Cette
année, vous êtes rendus à $2,900,000,000, au budget total.
Avant cela, en 65/66, c'était inférieur à $2 milliards.
Voyez-vous, cela a monté de $1,800,000,000
à$2,300,000,000à$2,600,000,000 et à $2,900,000,000 pour
l'année courante. $300 millions par année.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Oui, M.
Pinard.
M. PINARD: M. Gignac, je suis représentant d'un comté qui
se trouve dans le contexte géographique où aurait pu naître
cette fameuse sidérurgie dont il a été longuement
question. Je ne mets pas de côté vos expertises, ni les
déclarations que vous avez faites depuis que vous avez été
interrogé aux diverses séances du comité des Régies
gouvernementales, mais vous me permettrez d'être un peu pessimiste sur la
naissance possible, un jour, d'une véritable politique de
décentralisation industrielle. Je me demande, en effet, probablement
avec plusieurs des personnes qui ont assisté aux séances, ce
qu'il faudra donc au Québec pour comme fer de lance, par exemple
lancer cette fameuse politique de décentralisation industrielle.
On avait espéré que cela se ferait à l'occasion de la
création de Sldbec, mais ça n'existera pas à
Bécancour, ça restera à Contrecoeur. Qu'est-ce qu'il
faudra qu'il arrive au Québec pour que ça parte une fois pour
toutes, la réalisation de cette politique-là?
M. GIGNAC: Bien, si vous me permettez de donner à ce moment-ci
une opinion personnelle, je vous dirai que Contrecoeur, ce n'est quand
même pas à Montréal, c'est même plus loin de
Montréal que Sainte-Thérèse, où on vient d'ouvrir
une usine de General Motors..
Deuxièmement, je crois que dans tout pays du moins c'est
ce que j'ai eu l'avantage d'observer lorsque j'ai fait certains voyages
qu'on le veuille ou non, il y a des concentrations industrielles. Et à
partir du moment où ces concentrations industrielles-là existent,
c'est presque naturel que l'industrie vienne s'y greffer. Pour caricaturer un
peu ce que je pense, pour les besoins de décentralisation industrielle,
je ne crois pas que ce serait bon, d'aller s'installer à Gaspé
avec une sidérurgie.
Je crois que lorsque le choix de l'emplacement a été fait,
on avait établi que l'espace, la distance entre le marché et
l'usine devait être à ce moment-là de 100 ou 110 milles.
C'est pour cela qu'on a limité à Bécancour la
possibilité de décentraliser en y installant une
sidérurgie intégrée.
Que des accidents j'appellerai cela des accidents tels
celui que la Dosco soient venus s'installer entre-temps à Contrecoeur,
personnellement, je n'y peux rien. Mais je ne vois pas très bien les
circonstances dans lesquelles nous sommes présentement, comment on peut
passer par-dessus ce qui existe pour retourner dans des choses qui, au
départ, étaient quand même un peu
éphémères. Si vous prenez une carte géographique et
que vous y mettez les densités de population qu'il y a au Québec,
vous verrez, je crois, un centre comme Montréal qui est très
dense au point de vue de la population, vous en verrez un autre aux alentours
de Sorel, vous verrez un autre centre près de Trois-Rivières et
un autre aux alentours de Québec.
Je pense bien que, sur une période de temps, à force de
créer certaines industries lourdes, ces centres-là vont finir par
se rejoindre et que, via les installations d'autres industries lourdes ou le
développement d'industries secondaires, on créera une zone
industrielle, je
l'espère, qui se situera entre Montréal et Québec.
Mais ce sont des opinions personnelles. Je pense bien que le gouvernement a
aussi un petit mot à dire là-dessus et a aussi des
responsabilités dans ce domaine-là qui dépassent les
miennes ou celles de mon conseil d'administration.
M. LE PRESIDENT: M. Baillargeon.
M. BAILLARGEON: Au point de vue du marché américain,
quelle est la concentration de l'industrie de l'acier aux Etats-Unis? Il y a
plusieurs états qui ont des aciéries, mais beaucoup d'autres n'en
ont pas. Est-ce que ce n'est pas concentré dans certains grands
états?
M. GIGNAC: Oui, la fabrication d'acier primaire aux Etats-Unis est
concentrée à trois ou quatre endroits, mais il ne faudrait quand
même pas oublier qu'aux Etats-Unis, il y a 200 millions de personnes.
C'est un peu plus qu'au Québec et qu'au Canada.
M. LE PRESIDENT: M. Plamondon.
M. PLAMONDON: M. Gignac, croyez-vous que Sidbec, étant devenue
une entreprise rentable dans quelques années parce qu'en
s'ins-tallant à Contrecoeur, on a toutes les raisons de croire qu'elle
sera beaucoup plus forte, beaucoup plus viable croyez-vous
qu'éventuellement Sidbec pourrait participer à cette
opération de décentralisation industrielle? C'est-à-dire
en accordant peut-être certains escomptes sur la fourniture à des
industries s'installant dans un rayon éloigné?
Je m'explique. Je comprends que vous êtes tout de même une
entreprise privée, mais il reste qu'à ce stade-ci il semble que,
si on veut décentraliser, il faudra que quelqu'un paie. Est-ce
qu'éventuellement Sidbec pourrait participer à cela?
M. GIGNAC: A partir du moment où Sidbec devient une entreprise
prospère, elle peut se permettre bien des choses qu'elle ne peut se
permettre en ce moment. J'ai mentionné l'autre jour qu'une industrie
sidérurgique intégrée et prospère, qui fait des
profits, pourrait se permettre de participer, soit dans l'équité
ou d'une autre façon, à l'implantation de certaines industries
secondaires qui utilisent l'acier.
A ce moment-là, il n'est pas dit qu'obligatoirement il faudrait
que cette ou ces industries soient implantées près de
Contrecoeur.
Comme question de fait, nous avons été approchés
tout dernièrement par au moins deux manufactures qui transforment de
l'acier, qui ne sont pas situées à Contrecoeur et qui sont
intéressées à acheter de nous et, de plus, qui sont
même intéressées à ce que nous participions
éventuellement à leur équité. Alors, disons que
c'est une espèce d'engrenage dans lequel on devra un de ces jours
entrer, lorsque nous aurons fait des profits et que nous aurons les moyens de
le faire.
C'est pour ça qu'il est important de mettre la sidérurgie
au monde le plus rapidement possible et qu'on essaie de prendre les moyens de
l'implanter le plus rapidement possible afin de produire des profits et
d'être en mesure de participer à la formation de ces nouvelles
industries qui pourraient, selon toute possibilité, être
décentralisées. Mais, de toute façon, il faut penser aussi
qu'une industrie secondaire, à quelques exceptions près, a
tendance à se rapprocher de ses marchés. Alors, ce seront des
choses à étudier en temps et lieu et dont il faudra tenir compte
lorsque nous en serons rendus là.
M. LE PRESIDENT: Messieurs de Bécan-cour, avez-vous des
questions? M. Bourassa en a une apparemment qui est très courte. On
revient à vous immédiatement après celle de M.
Bourassa.
M. BOURASSA: Lorsque vous parlez d'association avec des compagnies
privées, ça veut dire qu'éventuellement votre entreprise
deviendrait privée, c'est-à-dire serait sujette à payer
des impôts? Parce qu'actuellement, tant que 90% des actions sont
détenues par le gouvernement québécois, vous ne payez pas
d'impôt. Alors, étant donné que vous avez beaucoup
d'amortissement à prendre et qu'il est possible que vous subissiez des
pertes pour trois ans, qui vont pouvoir aussi vous servir comme
récupération pour les impôts, quand prévoyez-vous
commencer à payer des impôts?
M. GIGNAC: Si les prévisions que nous avons faites
s'avèrent vraies, nous ne paierons pas d'impôt avant 1980 ou
1982.
M. BOURASSA: Parce que vous avez des amortissements?
M. GIGNAC: A cause des amortissements qui sont en réserve dans la
compagnie Dosco et les « tax losses » qu'on peut
récupérer.
M. LE PRESIDENT: Monsieur le représentant de la ville, est-ce que
vous voulez vous identifier pour les fins d'enregistrement?
M. LEBLANC: Mon nom est Roger Leblanc, du service d'urbanisme de la
ville de Bécancour. Les connaissances de M. Gignac, au point de vue de
la rentabilité financière de la sidérurgie ne font pas de
doutes mais, lorsque M. Gignac parle de Contrecoeur comme ne faisant pas partie
de la région de Montréal, je crois que ses connaissances, au
point de vue phénomène de la régionalisation dans le
monde, me semblent pour le moins limitées. De toute façon, ceci
m'amène à poser ma question, qui est un peu longue.
M. JOHNSON: M. Leblanc, est-ce une offre de services comme urbaniste
à Sidbec que vous venez de faire?
M. LEBLANC: M. Le Premier Ministre, ceci a été fait
dès le 2 novembre 1965, effectivement. Voici. Monsieur Sidbec...
effectivement... M. Gignac a semblé mésestimer, de même que
vous, M. le Premier Ministre, le fait que ce soit le gouvernement
lui-même qui ait entrepris la planification de la région de
Bécancour et qui l'ait suscitée effectivement. Il y a eu
formation d'un comité, comité d'aménagement au sein du
ministère des Affaires municipales, le 2 novembre 1965. Ce comité
d'aménagement a formé un comité consultatif
interministériel qui faisait aussi participer tous les organismes
intéressés à ce comité consultatif. En fait, on
peut dire que, dans la province de Québec, une véritable
planification a été amorcée à ce moment-là.
L'Office du plan préconisé actuellement découle
directement de l'expérience que nous avons eue à ce
moment-là. M. Gignac a tout d'abord sousestimé la participation
de Sidbec à ce comité, en disant qu'il n'y avait eu que trois
rencontres et qu'a partir de ces rencontres, peu de décisions
importantes avaient été prises. Or, en réalité,
sept réunions ont été tenues et de grandes
décisions ont y été prises quant à
l'aménagement de ce territoire.
En fait, ce préambule m'amène à poser ma question.
Sidbec, à ce moment-là, était tellement sérieuse
dans la réalité de son projet qu'elle nous a fourni un plan
montrant ses installations complètes sur le terrain à
Bécancour. Nous avons ces plans en main.
Ces plans comprennent toutes les parties du processus de transformation
du minerai jusqu'à la production finie. Alors, j'aimerais poser une
première question à M. Gignac, parce que, pendant la durée
du mandat du comité d'aménagement et du comité
consultatif, soit seize mois, du 2 novembre 1965 au 2 mars 1967, plus d'une
centaine de réunions ont eu lieu entre les différents
ministères et les organismes intéressés. Ce projet qui,
effectivement, a été tenu comme valable pendant cinq mois, je ne
sais pas lequel Xème des projets de Sidbec c'était à ce
moment-là.
Mais une chose est sûre, c'est que pendant une période
pouvant aller de cinq mois, à seize mois, un projet a été
présenté, d'une façon catégorique, au comité
d'aménagement et au comité consultatif. A ce moment-là,
Sidbec faisait partie du comité en tant que membre. Comment ce projet ne
pouvait-il pas être valable et être présenté d'autre
part et pendant si longtemps, de façon à baser nos éudes
là-dessus?
Ceci est une question à laquelle j'aimerais que M. Gignac
réponde tout à l'heure.
Deuxième partie de ma question. M. Gignac, à un moment
donné je ne sais pas si c'est par boutade ou parce qu'il
était conscient de la chose, j'espère que non a dit qu'il
n'était pas facile de construire cinq réacteurs nucléaires
et la sidérurgie à Bécancour.
Or, à mon avis, cette affirmation peut se baser sur deux faits,
soit sur le manque de terrain ou sur la prise d'eau, qui serait, à ce
moment-là, insuffisante dans le fleuve. Peut-être y a-t-il
d'autres raisons, c'est pour cela que j'aimerais lui poser la question par la
suite. Mais, dans le cas du terrain, les plans donnés par Sidbec
exposant tout le processus et les plans des cinq réacteurs que nous
possédons nous possédons incidemment les deux exemplaires
montrent bien que ces effectifs entrent très facilement sur le
terrain préconisé et acheté par le Trust
Général. D'autre part, s'il est question de prise d'eau, j'ai
fait les calculs hier, en admettant une production de 5,000 tonnes par jour et
en admettant les 5 centrales nucléaires. Selon les chiffres courants, on
aurait une prise d'eau de 49,500 mètres cubes heure. En prenant une
vitesse moyenne raisonnable de cinq milles à l'heure ça,
c'est conservateur le débit de ces six industries
prélèverait un millième du fleuve.
Je me demande donc dans quel sens M. Gignac disait qu'il n'y avait pas
de place pour cinq réacteurs nucléaires et une industrie
sidérurgique à Bécancour.
J'aimerais que M. Gignac réponde à ces deux questions,
s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: M. Gignac.
M. GIGNAC: Je n'ai pas tout à fait saisi les questions, mais je
vais vous en poser une, moi. Qui vous a présenté le projet final
de Sidbec?
M. LEBLANC: Les plans que nous avons en main et montrant les
différents stades du processus sur le terrain nous ont été
fournis par M. Dufresne les 2 et 3 février...
M. GIGNAC: Qui vous les a présentés?
M. LEBLANC: Les plans nous ont été présentés
au cours d'une réunion...
M. GIGNAC: Oui, mais qui vous a donné les explications?
M. LEBLANC: Qu'est-ce que vous entendez par explications?
M. GIGNAC: Enfin, vous avez pris les plans comme ça et vous les
avez étalés sur le terrain, tout simplement.
M. LEBLANC: Non, non, ces plans servaient à coordonner le travail
au point de vue des grands réseaux de circulation et de communication.
C'est la raison première, j'imagine, pour laquelle ces plans nous ont
été communiqués. C'est pour ça que je vous dis que
nous en sommes en possession.
M. GIGNAC: C'est parce que vous parliez d'un projet définitif. De
toute façon, pour répondre à votre première
question, ce que j'ai dit l'autre jour était conscient, c'est qu'il y a
eu une participation des gens de Sidbec à trois des réunions du
comité dont vous parlez et je ne sais pas à laquelle de ces
réunions nos gens ont participé. Mais, pour autant que je sache,
étant président de Sidbec depuis le 25 mai 1966, je n'ai jamais
entendu parler que, d'une façon officielle, le conseil d'administration
se soit commis, de près ou de loin, concernant l'élaboration que
vous faisiez à ce moment-là sur la ville de Bécancour.
Maintenant, pour ce qui touche la question des réacteurs
nucléaires et de la sidérurgie, je n'ai pas grand-chose à
dire là-dessus. J'ai toujours vu le projet d'une façon positive
et vous avez, pour une fois, bien jugé quand vous disiez que
j'étais inconscient ou que je faisais une boutade lorsque j'ai dit qu'il
n'y avait pas de place pour une sidérurgie si on y mettait cinq
réacteurs nucléaires. J'imagine que si c'était le cas, il
y aurait amplement de place pour les réacteurs nucléaires et puis
je pense bien qu'il y a assez d'eau dans le fleuve pour les fournir.
Je pense qu'il faut voir les problèmes d'une façon plus
positive et d'une façon plus réaliste aussi. C'est comme dire que
monter une sidérurgie à Contrecoeur ce n'est pas de la
décen- tralisation, bien je pense bien que c'est relatif. C'est plus
décentralisé que si c'était installé dans le coeur
de Montréal. Alors, à partir de quand ça devient de la
décentralisation, bien c'est bien relatif. C'est plus
décentralisé à Bécancour, ça le serait plus
à Montmagny, et ça le serait encore plus à Gaspé.
Alors, je pense que dans ça il faut être assez
pondéré et puis il faut savoir voir les problèmes
là où ils sont et non pas les supposer.
Je n'ai pas d'autres commentaires à faire pour le moment.
M. LE PRESIDENT: Quelqu'un d'autre de votre délégation
aurait-il des questions?
M. JOHNSON: Le chef de l'Opposition me corrigera si je fais erreur. Si
une sidérurgie était la seule façon de créer un
autre pôle, si c'était l'unique moyen, le conseil d'orientation
économique ne l'aurait pas fixé à Bécancour, il
l'aurait fixé beaucoup plus à l'est Parce que lorsqu'on a qu'un
moyen et qu'on a une province aussi vaste, qu'on a Québec et tout le
Bas-du-Fleuve, on ne le situe pas à Bécancour. Mais, le Conseil
d'orientation économique sait bien et vous aussi que la façon de
créer des pôles d'attraction qui vont amener une
déconcentration industrielle ou l'industrialisation
déconcentrée, c'est aussi une foule d'autres facteurs et une
foule d'autres industries. Celle-là est bien importante, mais vous ne
voulez pas affirmer que c'est la seule façon de créer une
déconcentration industrielle.
M. LEBLANC: Est-ce que vous me demandez de répondre à
cette question?
M. JOHNSON: Oui, je vous demande votre opinion.
M. LEBLANC: II faut, premièrement, un peu comme M. Gignac le
disait tout à l'heure, établir une fameuse région dans ce
programme de régionalisation. Evidemment, cet après-midi nous ne
sommes pas en position de le faire. Mais compte tenu de tous les facteurs qu'on
a mentionnés et qu'il faudra analyser pour préparer cette
régionalisation, il est bien sûr que le choix de Bécancour,
à mon avis, s'imposerait et non pas à l'est, comme vous dites.
Mais évidemment, nous ne sommes pas pour discuter ici, cet
après-midi, de ce phénomène.
J'aimerais, si vous me le permettez, revenir sur la déclaration
de M. Gignac tout à l'heure, c'est un point de vue un peu personnel que
je défends là. C'est que M. Gignac tient à ses trois
réunions, alors qu'il est question de sept réu-
nions que nous avons eues avec eux ici. Je comprends que M. Gignac
n'était pas là à ce moment-là, mais j'aimerais
quand même que la vérité se fasse là-dessus. Je ne
comprends pas que M. Dufresne n'intervienne pas ici pour le faire.
Mais la grande collaboration qu'il y a eue à ce moment-là,
entre le comité consultatif interministériel et Sidbec, je pense
qu'il y a là des facteurs qu'on ne comprend pas. On semble
mésestimer ou tout simplement faire oublier une planification d'ensemble
qui s'est effectivement passée pendant 16 mois.
M. JOHNSON: Mais vous parlez d'une planification locale de
Bécancour.
M. LEBLANC: Oui, mais quand on dit locale, c'est quand même un
territoire énorme.
M. JOHNSON: Enorme,immense.
M. LEBLANC: La SGF, on parlait de la SGF tout à l'heure, faisait
partie du comité. Nous avons rencontré M. Parenteau, à ce
moment-là. Nous avons discuté avec lui des options de
Bé-cancour et celui-ci ne remettait pas en question ce choix comme
pôle de décentralisation.
M. JOHNSON: Cen est un, il n'y a pas d'erreur.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, est-ce que vous avez terminé
là-dessus? M. Pinard.
M. PINARD: Je pense bien que le premier ministre me permettra, au nom du
chef de l'Opposition, de remercier, encore une fois M. Gignac et tous les
membres de son conseil d'administration d'avoir eu la patience de se soumettre
aux questions qui leur ont été posées pendant les quatre
séances, de remercier également le maire de Bécancour, les
membres de son conseil et les experts qui les ont entourés. Ceci a
permis, je pense, à tous les membres du comité de bien saisir la
profondeur du problème et aussi la complexité de cette
création de Sidbec à Bécancour ou à
Contrecoeur.
Evidemment, comme représentant du comté, comme je l'ai
fait tantôt, j'exprime des regrets que cette naissance de Sidbec ne
pourra probablement pas avoir lieu à Bécancour. J'espère
que, quand même, les fruits que donneront Sidbec ailleurs seront
profitables à l'ensemble de la province de Québec, que le
gouvernement prendra ses responsabilités, et que le Conseil
d'orientation économique, la Société
générale de financement et tous les autres instruments de
l'émancipation économique du Québec qui ont
été mis sur pied pourront reprendre l'étude d'une
véritable politique de déconcentration industrielle, et pourront
aussi élaborer des plans pour doter Bécancour et la région
du Coeur du Québec des industries secondaires dont elle a besoin pour se
développer harmonieusement mais aussi pour être dans le courant du
progrès économique que d'autres parties de la province
connaissent en ce moment. C'est le voeu que j'exprime tout en faisant mes
remerciements les plus sincères à tous ceux qui ont
participé de près et de loin aux séances du comité
de Sidbec.
M. LE PRESIDENT: M. le Premier Ministre.
M. JOHNSON: J'ai déjà remercié M. Gignac, je
remercie M. Bélanger, M. Graveline, M. Dufresne, M. Howison et les
autres. Je remercie le maire Gaudet, sa délégation et M.
Leblanc.
Je puis dire, en terminant, ce n'est pas un prix de consolation, c'est
tout simplement une vérité, ce n'est pas une promesse, ce n'est
pas un rêve en couleurs, que le travail qui a été fait
à Bécancour ne sera pas stérile. Il y a d'autres
façons de déconcentrer l'industrie et nous avons maintenant des
instruments, entre autres les bills numéros 23 et 24, qui vont nous
permettre de fonctionner. Cette corporation sera créée pour
devenir propriétaire du terrain. Des commissaires industriels seront
engagés, des ententes seront prises avec la municipalité et les
chances sont très bonnes pour qu'on ait besoin d'urbanistes pour nous
dire encore où faire passer les routes dans ce coin-là.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Gignac.
M. GIGNAC: Est-ce que je peux me permettre, moi aussi, de remercier les
membres du comité d'avoir eu la patience de nous écouter pendant
quatre séances, malgré quelques sautes d'humeur, et aussi les
membres de la presse, qui ont été bien gentils avec nous et
également mes collaborateurs. Je voudrais les remercier au nom de mon
conseil d'administration pour le bon travail qu'ils ont fait, je crois,
étant donné le mandat que nous avions. Merci.
M. JOHNSON: M. Gignac, quand on parie $60 millions sur un homme et une
équipe, on aime bien les voir.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Gignac et M. Gaudet.
La séance est terminée.
(17 h 55)