Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
vendredi 14 février 2025
-
Vol. 47 N° 61
Interpellation de la députée de Sherbrooke à la ministre responsable des
Aînés sur le sujet suivant : L’avenir des services et des soins à domicile
Aller directement au contenu du Journal des débats
9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures une minute)
Le Président (M. Leduc) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. C'est un plaisir d'être avec vous en ce vendredi matin.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation de la députée de Sherbrooke à la ministre responsable des
Aînés sur le sujet suivant : L'avenir des services et des soins à
domicile.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par M. Sainte-Croix
(Gaspé); Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), par Mme Poulet (Laporte);
et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Leduc) : Merci...
10 h (version non révisée)
Le Président (M. Leduc) : ...conformément
à l'entente prévue pour la 43e législature, l'opposition officielle
interviendra lors des 2e, 4e et 6e séries d'intervention, le 2e groupe
interviendra lors des 1e et 3e séries d'intervention, tandis que le député
des Îles-de-la-Madeleine interviendra lors de la 5e série d'intervention.
Je comprends qu'il y a consentement afin
que la députée de Sherbrooke puisse participer à l'interpellation.
Consentement? Merci. Nous allons débuter sans plus avec les déclarations d'ouverture.
Mme la députée de Sherbrooke, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme Labrie : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à chacun d'entre vous de vous être déplacés ce matin.
On est réunis pour parler de l'avenir des
soins à domicile. Il y a un an presque jour pour jour, j'avais aussi convoqué
la ministre pour discuter de la préparation du Québec au vieillissement de la
population. Puis je lui avais tendu la main à ce moment-là pour qu'on travaille
ensemble de manière transpartisane parce que la côte est assez abrupte, puis on
n'a pas beaucoup de temps pour la remonter, donc ça m'inquiète énormément. On
avait eu des très beaux échanges avec le député de La Peltrie, l'année
dernière, je m'en souviens. Mais bon, au final, je ne sais pas ce qui a été
fait de plus, sincèrement, depuis cette année qui s'est écoulée.
L'année dernière, au moment de l'interpellation,
la commissaire à la santé et au bien-être venait de déposer le dernier volet de
son rapport. Les constats étaient assez accablants. Non seulement elle nous
apprenait qu'on répondait à seulement 10,7 % des besoins en services à
domicile, ce qui, en soi, est très préoccupant, mais elle nous disait aussi
que, selon les projections, le taux de réponse allait en diminuant, ce qui est
alarmant. Il n'y a rien de rassurant là-dedans pour toutes les personnes qui
ont besoin de services à domicile ni pour leurs proches, et il y a énormément
de gens qui comptent là-dessus. Bien sûr, les aînés sont de plus en plus
nombreux, ont besoin de ces services-là pour vivre chez eux de manière autonome
le plus longtemps possible. Il y a aussi une personne sur cinq au Québec qui
vit avec un handicap et plusieurs d'entre elles ont besoin de soins et de
services à domicile pour les soutenir dans leur quotidien puis pour leur
permettre d'avoir une participation active, là, une participation sociale ou
sur le marché du travail. Ces personnes-là ont aussi besoin de ces services. Et
c'est vraiment la clé pour leur autonomie. Et elles sont même à risque, en
fait, de mettre leur santé et leur sécurité en jeu ou de devoir être placées en
milieu institutionnel, ce qui est rarement leur choix puis qui est rarement
avantageux pour l'État non plus.
Donc, de savoir qu'on répond juste à 10 %
des besoins, c'est extrêmement inquiétant et ça devrait nous inciter à en faire
une priorité nationale. Et ce n'est pas ça que j'ai vu, moi, malheureusement,
depuis le dépôt du rapport de la commissaire. Je sais que la ministre va me
parler de ses investissements. Je sais qu'il y a eu, des investissements, ça, c'est
vrai, mais, dans les dernières années, le recours à des fournisseurs privés
pour offrir des services a quasiment doublé avec, évidemment, des gens qui font
leurs marges de profit au passage, là. Juste pour l'illustrer, là, la part qui
est en bleu, c'est la part qui va aux fournisseurs privés pour offrir des
services à domicile. On voit que ça a monté considérablement. Donc, ça nous dit
qu'il y a de plus en plus de gens qui interviennent dans les services à
domicile et qui utilisent certains de ces fonds-là pour leur marge de profit.
Pour ce qui est fait dans le réseau, la
ministre elle-même a reconnu à quel point il y avait du temps qui se perdait en
bureaucratie. On s'en souvient, c'était assez marquant, à l'automne 2023.
Elle nous disait que parfois, jusqu'à 70 % du temps était consacré à des
tâches administratives ou à des déplacements. Alors, ce n'est pas certain du
tout que, malgré toutes les sommes investies dans les dernières années par le
gouvernement de la CAQ, on répond à une plus grande proportion du besoin... des
besoins.
Alors, moi, c'est ça, ma première question
à la ministre aujourd'hui. En janvier 2024, la commissaire nous disait qu'on
répondait à 10 ,7 % des besoins. Mais moi, je veux savoir, un an plus
tard, on en est où, on est rendus à combien, c'est quoi le taux de couverture
des besoins. La commissaire craignait que ça diminue. Est-ce que les gestes de
la ministre nous ont permis de faire mieux puis de s'améliorer à ce niveau-là?
Moi, je veux le savoir. Puis, je ne veux pas m'embarquer dans une guerre de
chiffres, parce que je sais que le gouvernement n'a jamais nécessairement
reconnu, là, le 10 % qui était l'évaluation de la commissaire. Moi, je
veux savoir, si on utilisait la même méthodologie, on en serait où. C'est ça
que je veux savoir. Puis, que la ministre s'engage aussi à rendre publique, à
chaque année, l'évolution de ce bilan-là, de la méthode que la commissaire
avait utilisée. J'aimerais ça aussi qu'elle nous mette à jour sur toutes les
mesures qu'elle a déployées pour que l'argent aille à la bonne place, non dans
la paperasse. Un an et demi après sa sortie, où elle annonçait plusieurs
petites révolutions, notamment dans les formulaires, et puis tout ça, quelle
proportion aujourd'hui du temps est consacrée à des services, et non à de la
paperasse ou à des déplacements? Est-ce que ça marche essentiellement? Moi, ça,
je veux le savoir.
Et c'est... c'est difficile de faire le
suivi de ça, parce que, même sur le tableau de bord du ministère, la donnée sur
le nombre de personnes en attente de premiers services, en date d'hier en tout
cas, elle n'avait pas été mise à jour depuis mars 2024, donc ça fait presque un
an. Si c'était une priorité nationale, on verrait une mise à jour plus...
Mme Labrie : ...que ça, hein?
On pense aux urgences, par exemple. Il y a d'autres... plusieurs autres
indicateurs qui sont, de toute évidence, plus prioritaires pour le gouvernement
parce qu'on voit des mises à jour plus régulières. Donc, moi, je veux savoir...
alors que la ministre s'apprête à déposer sa politique, je veux savoir d'où on
part, c'est quoi, l'état des lieux en ce moment.
Je veux aussi, parlant de cette
politique-là, discuter de l'approche qu'elle va choisir pour offrir les soins à
domicile parce que ça va être déterminant dans notre capacité de répondre aux
besoins. Moi, je suis inquiète de voir la part croissante du privé pour offrir
ces services-là. J'ai montré le graphique tout à l'heure. Ce qu'on voit, là,
c'est que, depuis la réforme Barrette jusqu'à l'année dernière, la proportion
des soins à domicile prise en charge par le réseau de la santé directement est
passée de 27 % à 12 %. La part du privé est passée de 29 % à
51 %. C'est une croissance rapide. C'est certain que là-dedans il y a des
EESAD, il y a toutes sortes de modèles, mais on le sait, que ce n'est pas
100 % des soins offerts par le privé qui sont offerts par des entreprises
à but non lucratif. Si c'était le cas, je ne vous en parlerais même pas aujourd'hui.
Moi, je n'ai pas de problème fondamental à ce qu'on sorte certains services du
réseau de la santé et des services sociaux. Mon problème, c'est quand on le
sort du réseau pour le confier à des entreprises qui sont à but lucratif et qui
vont chercher une marge de profit là-dedans, parce que, forcément, si on fait
ça, il y a une part de nos fonds publics qui ne sert pas à offrir des services
parce qu'elle sert à rendre ces entreprises-là rentables. Et les gens, ce
qu'ils veulent, c'est que leurs impôts servent à offrir des services, pas à
nourrir des profits. Et là, avec les... l'augmentation importante qu'on
anticipe de personnes qui vont avoir besoin de soins et de services à domicile,
on ne peut pas se permettre de gaspiller un seul dollar des sommes colossales
dont on va avoir besoin en soins à domicile pour nourrir les profits
d'entreprises privées. Autrement, on ne sera jamais capables de répondre à tous
ces besoins-là. Donc, je veux qu'on discute de la place qu'elle va consacrer
aux entreprises en économie sociale puis au réseau dans sa nouvelle politique.
Puis finalement je veux qu'on parle aussi
de l'impact de l'austérité sur les soins puis sur la dignité des personnes qui
dépendent de ces services-là, parce qu'en ce moment il y a des établissements
qui ont décidé de faire des coupures dans les soins à domicile pour réussir à
atteindre la cible de compressions de la CAQ. Je sais que ce n'est pas la
ministre qui a demandé des compressions dans les services à domicile, mais, de
toute évidence, il n'y a personne qui a donné la directive à Santé Québec de
préserver les soins à domicile des coupures. Et le résultat, c'est qu'à
certains endroits, bien, il y en a, des coupures, puis les témoignages, ils
sont extrêmement alarmants. Même la Commission des droits de la personne et de
la jeunesse a senti le besoin de faire une sortie publique en décembre, je vais
la citer : «La Commission s'inquiète vivement des réductions du nombre
d'heures de services accordées au soutien à domicile pour les personnes en situation
de handicap, puisque ce soutien est essentiel pour préserver leur autonomie et
leur assurer des conditions de vie respectueuses de leur dignité. Dans les
dernières semaines, des personnes en situation de handicap ont rapporté une
réduction importante des heures et des services accordés par la mesure du
chèque emploi-service.» Puis la ministre, on le sait, elle a... elle a tenté
d'agir. Elle a demandé au réseau de ne pas toucher au chèque emploi-service,
mais, de toute évidence, Santé Québec fait ce qu'il veut. Et le résultat, c'est
qu'il y en a, des coupures dans les chèques emploi-service. Et c'est très grave
ce qu'on rapporte, là.
Moi, je me souviens aussi de la ministre
qui disait : Le minutage, on veut sortir de ce paradigme-là. Elle s'en
souviendra, de ses propos, certainement. Ce qu'on nous rapporte en ce moment,
c'est qu'il y en a, du minutage, hein, au point où c'est complètement
déshumanisant, là. Une personne handicapée qui rapporte que le temps de
transfert a été compté, là, le temps que ça prend de la prendre de son
fauteuil, l'amener sur la toilette, la prendre de la toilette, la ramener sur
son fauteuil, ça prend 15 minutes, puis on lui a dit : Dorénavant, c'est
15 minutes que tu as pour faire tes besoins, sans jamais considérer le temps
que ça prend, justement, pour se soulager. C'est particulièrement
déshumanisant.
• (10 h 10) •
Je vais vous donner un autre exemple, une
personne qui reçoit de l'aide à domicile pour un bain. Bien, cette personne-là
s'est fait dire que, vraiment, là, ça serait d'adon, là, ça aiderait si elle
était déjà nue quand l'aide à domicile arrivait parce que ça leur ferait gagner
du temps pour offrir ce soin-là. Pouvez-vous vous imaginer à quel point c'est
déshumanisant de se faire dire : Aïe! Ça serait le fun tu attendes tout nu
qu'on arrive pour recevoir ton bain? Il y a des gens qui se font dire des
choses comme ça en ce moment au Québec.
Moi, je suis très inquiète que... pour
donner l'impression qu'on répond à plus de besoins, que les chiffres soient
plus beaux dans les tableaux de bord, qu'on diminue la qualité ou la quantité
des services qu'on donne à chaque personne. Puis ça peut peut-être être beau
sur un tableau de bord, là, mais moi, je ne veux pas qu'on tolère ça comme
société, ce niveau-là de déshumanisation pour les gens dont la qualité de vie
puis la dignité humaine en dépend. Puis on a travaillé ensemble sur l'aide
médicale à mourir avec la ministre. Elle le sait, hein, quand les gens ne se
sentent plus traités comme... quand ils ne sentent plus qu'ils peuvent vivre...
Mme Labrie : ...dignement, ils
envisagent des soins comme ça, eh bien, nous, on a toute la responsabilité de
s'assurer que les services qu'on leur offre leur permettent de se sentir comme
des êtres humains dignes de respect, puis en ce moment, malheureusement, il y
en a qui ne le ressentent pas. Donc, j'aimerais beaucoup l'entendre là -dessus,
là, tu sais. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la ministre responsable des Aînés.
Vous disposez également de 10 minutes.
Mme Bélanger : Oui. Alors,
bonjour à tous et à toutes. Merci à mes collègues d'être avec moi, merci pour
cette interpellation. Je pense que je souhaite vraiment qu'on ait une rencontre
qui est enrichissante et, je dirais, pédagogique, parce que je pense qu'on a
beaucoup d'information, là, à se transmettre de part et d'autre. J'en profite
pour vous souhaiter une bonne Saint-Valentin. On est au salon rouge, j'ai mis
un chandail rouge.
Je pense que le soutien à domicile, en
fait, a besoin de beaucoup d'amour, mais aussi beaucoup de structure, beaucoup
d'organisation, de coordination puis aussi beaucoup de financement. Alors...
Donc, on le sait, le Québec vit
actuellement un vieillissement important de sa démographie. Chaque jour, le
nombre croissant de Québécois, Québécoises de 65 ans et plus augmente. En
2041, c'est près de 25 % de la population du Québec qui sera âgée de
65 ans et plus. La bonne nouvelle, c'est qu'au Québec, l'espérance de vie
est en augmentation, mais l'espérance de vie en santé aussi est en
augmentation, quand on se compare notamment aux autres provinces canadiennes.
Alors, c'est important. La longévité, ça vient, oui, avec une fragilité, mais
ça ne vient pas nécessairement tout le temps avec une perte de capacité
importante, puis je veux quand même le mentionner, parce qu'il faut éviter de
faire de l'âgisme quand on sort seulement le côté, je dirais, plus difficile du
vieillissement. Alors, c'est une réalité importante, on vieillit.
Les gens nous disent qu'ils veulent
vieillir chez eux le plus longtemps possible dans leur communauté, auprès de
leurs proches, ils veulent continuer de faire une différence dans la société,
et le soutien à domicile devient donc, en termes de système de santé, une
priorité, une priorité. Puis on a une responsabilité collective de bien
organiser l'ensemble des services aux aînés, puis le soutien à domicile est au
cœur des transformations. Ça c'est vraiment important, puis je veux qu'on le retienne.
Je vais avoir l'occasion de le redire à quelques reprises, le soutien à
domicile, ce n'est pas le plan B, ça doit être le plan A du système de santé.
Moi, j'en fais ma priorité. Je suis
infirmière de formation, je suis encore infirmière aujourd'hui avec le statut
d'infirmière retraitée, mais je suis membre en règle de l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec. J'ai été gestionnaire dans ma vie dans plusieurs
établissements de santé, et je me suis toujours battue pour le soutien à
domicile. J'ai eu deux CLSC, entre autres, qui ont été parmi les leaders au
Québec pour développer les services de soutien à domicile : le CLSC Verdun — on
appelait d'ailleurs le «modèle Verdun» — et le CLSC du côté
Jeanne-Mance, dans le Centre-Sud, avec l'hôpital Notre-Dame. Pendant des années
et des années, j'ai fait en sorte que le soutien à domicile soit une priorité
dans l'organisation que je gérais, puis l'organisation que je gérais, là,
c'étaient des hôpitaux, c'étaient naturellement des CHSLD, c'étaient des GMF,
c'étaient les organismes communautaires.
Puis le soutien à domicile, très souvent,
dans le réseau, pendant les 20 dernières années, bien, on en parlait très
timidement. Puis pourquoi j'ai mis ça à l'avant-scène? Parce que j'avais dans
ma population des gens extrêmement vulnérables qui vieillissaient plus que dans
les autres quartiers de Montréal. Donc, on avait une population qui était plus
âgée puis qui vivait, en plus, seule. Alors, des médecins, des professionnels,
des infirmières, des travailleurs sociaux m'ont convaincue petit à petit, mois
après mois que c'était important de donner des services de soutien à domicile,
et je suis convaincue encore aujourd'hui que c'est ce qu'il faut faire.
Alors, le soutien à domicile, il est
important, j'ai eu l'occasion de le mentionner. Je ne peux pas faire autrement
que vous donner des chiffres. Vous le savez, depuis notre arrivée en fonctions
en 2018, c'est 3,6 milliards de dollars qui ont été injectés dans le
soutien à domicile, puis je vais vous donner la perspective. Même si au niveau
économique, actuellement, on le sait que c'est difficile, notre perspective,
c'est que d'ici 2029, 2030, on soit à 8 milliards de dollars. Alors, ça,
c'est aussi une réponse au rapport...
Mme Bélanger : ...rapport de la
Commissaire Santé et bien-être. On ne peut pas augmenter un budget comme ça, de
passer du simple au double, au triple en l'espace d'un an. C'est impossible de
faire ça. Donc, on s'est donné, vraiment, un objectif important.
Et j'en profite pour vous montrer... Parce
que, vous savez, je suis d'accord avec la députée de Sherbrooke, que parler
d'argent, c'est une affaire, mais qu'est-ce que ça donne sur le terrain, c'est
une autre affaire, je suis tout à fait d'accord avec vous. Je n'ai pas
l'habitude de sortir des tableaux, c'est la première fois que je vais le faire
au salon rouge, certains de mes collègues le font amplement, mais je pense que
c'est quand même important. Je vais essayer de ne pas me laisser trop
contaminer par les tableaux, là, mais il reste que... je voulais quand même
vous l'illustrer. Vous savez, tantôt je vous ai dit qu'on a mis
3,6 milliards de dollars depuis notre arrivée en fonction, puis regardez
comment ça se traduit en termes de nombre d'heures en soutien à domicile. Ça, c'est
aussi une réponse à la Commissaire Santé et Bien-être, O.K.? Alors, je veux
quand même le mentionner, là, en 2018-2019, alors, on était à 18 000... 18
millions d'heures, en 2023-2024, on est rendu à 35 millions d'heures, mais
là, l'année 2024-2025, ça continue. On est vraiment sur une courbe
d'augmentation. Puis, quand on dit «des heures de soutien à domicile, bien, ça
se traduit, j'aurais pu avoir une autre affiche, par du nombre d'usagers. Au
moment où on se parle, je ne sais pas si vous le savez, là, mais il y a
400 000 personnes au Québec qui reçoivent des services de soutien à
domicile. Puis, dans ces personnes, bien oui, il y a des aînés, il y a des
personnes en situation de handicap, des personnes même avec des problématiques
de santé mentale, des adultes qui ont besoin de soutien à domicile court terme
parce qu'ils sortent de l'hôpital, donc on a... puis on fait du soin palliatif
à domicile. Alors, on a une augmentation. Moi, M. le Président, c'est ça que je
regarde, puis je le regarde période par période. Puis je vais vous dire quelque
chose, je ne le regarde pas juste période par période, je le regarde
établissement par établissement. Puis il y a des établissements qui sont dans
ma ligne de mire où j'interviens directement. Pour moi, tous les établissements
ont eu du budget, tous les établissements, donc, ont eu plus d'heures et donc
je m'attends qu'il y ait plus d'employés. C'est ce qu'on voit aussi. Alors, je
veux quand même le mentionner, c'est important. Ce n'est pas juste des millions
de dollars, des milliards de dollars qui ont été investis, c'est quand même
400 000 personnes qui reçoivent des services de soutien domicile au
Québec.
Je veux ajouter qu'il y a aussi
100 000 personnes qui reçoivent des services des entreprises
d'économie de services de soutien domicile. Alors, tantôt, la députée de
Sherbrooke disait : Il y a une augmentation du privé, attention! Bien, on
pourra le regarder ensemble. Parce que moi, ce que je note, et c'est ce que je
souhaite, puis je pourrais vous parler plus tard de la vision, mais ce que je
souhaite, c'est qu'il y ait de plus en plus d'entreprises d'économie sociale,
que je finance d'ailleurs, qui puissent intervenir dans le soutien domicile.
Ils sont partout. Il y a plus de 100 entreprises d'économie sociale en soutien
domicile au Québec. Ils sont partout dans toutes les régions du Québec. Ils
font des services extrêmement importants. Ça commence par des services de menus
travaux domestiques, parce que, oui, en vieillissant, des fois, on va avoir
besoin de quelqu'un pour venir nous aider, par exemple, aujourd'hui, à pelleter
les deux marches pour sortir de la maison, sortir les poubelles, faire un peu
d'entretien ménager. Les entreprises d'économie sociale en soutien domicile
font ça, les menus travaux domestiques. Je souhaite qu'ils fassent plus de
soutien aux activités quotidiennes.
• (10 h 20) •
Alors, les prochains financements qu'ils
auront, ça va être aussi conditionnel au fait qu'on ne fait pas juste
l'entretien ménager léger puis des travaux domestiques, on fait surtout,
surtout du suivi pour le soutien aux activités quotidiennes, aider à manger,
les services d'hygiène, aider à prendre les médicaments. Ils font aussi, les
entreprises d'économie sociale, une troisième affaire, du répit. Alors, ça,
c'est important, ça permet aux proches aidants de prendre une petite pause pour
aller faire ses courses, etc. Alors, entreprises d'économie sociale, depuis mon
entrée en fonction, à chaque année, donc les deux dernières années, j'ai
augmenté leur financement.
Et ça, je vous invite à aller voir vos
entreprises d'économie sociale dans vos régions. Si vous ne l'avez pas déjà
fait, allez-y, vous allez voir comment ce sont des gens dédiés qui font un
service extraordinaire. Et je travaille avec le regroupement des EESAD et je
vais continuer à les soutenir. J'ai d'ailleurs mentionné que, pour moi, le
soutien à domicile, ce n'est pas seulement avec des professionnels qui sont en
CLSC. Je pourrai y revenir tantôt, mais je mets là déjà un...
Mme Bélanger : ...le premier
élément de ma vision, le soutien à domicile, c'est pour toute population qui a
besoin de services. C'est avec les CLSC, je vais y revenir tantôt, comme porte
d'entrée notamment. Mais c'est aussi avec d'autres acteurs, comme les
entreprises d'économie sociale. Puis n'oublions pas que, pour moi, les centres
d'action bénévole, ça fait partie du soutien à domicile. La popote roulante,
pour moi, c'est du soutien à domicile. Alors, on va y revenir un petit peu plus
tard.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. Mme la députée
de Sherbrooke, vous avez la parole pour cinq minutes.
Mme Labrie : Merci.
J'aimerais d'abord demander le dépôt du graphique de la ministre.
Le Président (M. Leduc) : Consentement
pour le dépôt? Merci.
Mme Labrie : Merci. Donc,
c'est vrai ce que la ministre a dit, hein, d'emblée, que ce n'est pas tous les
aînés qui ont besoin de services à domicile. C'est important de le rappeler
quand même. Mais le fait est que, de par la proportion très importante d'aînés
qu'il y aura, il y aura aussi plus de personnes qui auront besoin de services,
même si on s'entend que ce n'est pas la totalité. La ministre nous a parlé
beaucoup de son bagage et donc de sa très fine connaissance du milieu des
services à domicile. Moi, je dois dire, je suis ravie qu'on ait une ministre
avec son bagage pour s'acquitter de cette mission. Je pense que c'est précieux.
Mais ce qui m'inquiète, ce n'est pas qu'elle ne soit pas elle-même assez
expérimentée pour faire ça, ce qui m'inquiète, c'est qu'on réussisse quand même
à obtenir des résultats. Parce que, même si elle connaît bien le réseau puis
qu'elle est équipée pour faire ce travail-là, dans les faits, on a besoin de
voir des résultats.
Elle nous a montré son graphique. Moi, je
vais lui en montrer un autre. Ça, c'est dans la dernière année, depuis avril
2024, le total des heures en soins à domicile, tous types de soins confondus,
le chèque emploi-service, réseau, SAD, bien, on voit que ça a diminué puis on
voit que ça a diminué... Il y a eu quand même une baisse importante aussi à
partir de décembre. Donc, ça, c'est par mois, le nombre total d'heures en soins
à domicile, l'évolution de ça dans la dernière année, depuis avril 2024. Donc,
ça, pour moi, c'est inquiétant. Je veux bien voir quand elle nous dit... elle
nous montre son graphique qui parle des dernières années, qu'il y en a eu, des
investissements. Mais moi, je vous parle de l'avenir des soins à domicile
aujourd'hui, parce que dans la conjoncture dans laquelle on se trouve, ce que
le gouvernement fait, c'est des compressions. Donc, oui, il y a eu des
investissements importants dans les dernières années, mais là ils sont en train
de revenir et d'annuler certains de ces investissements-là qui avaient été
faits. Et là le résultat qu'on voit, c'est que ça diminue, là, ça diminue dans
la dernière année puis en décembre, en particulier.
Je vais montrer, en particulier, le chèque
d'emploi-service dans la dernière année. Ça, c'est depuis avril, on voit qu'il
y a des fluctuations, mais novembre, décembre, on voit une baisse importante du
nombre d'heures en chèque emploi-service, et ça, bien, c'est extrêmement
préoccupant. Ça vient montrer que la ministre, elle a beau accorder elle-même
une grande valeur, par exemple, au chèque emploi-service, elle a beau avoir
envoyé une directive à Santé Québec, le fait est que, bien, c'est ça qui s'est
passé. Et donc, le résultat, il est sous nos yeux. On a les données qu'on a. Si
elle en a des meilleures, j'aimerais bien les avoir aussi. Mais, en ce moment,
les données qu'on a, c'est qu'il y a eu une diminution du chèque
emploi-service. Malgré son appel à maintenir, malgré tous les investissements
qui avaient été faits dans les dernières années, au moment où on se parle, il y
a une diminution dans le nombre d'heures totales offertes en soins à domicile.
Il y a une diminution des heures dans le chèque emploi-service. On a des
témoignages très alarmants des êtres humains qui vivent ces diminutions d'heures
là. Puis elle a nommé le nombre de personnes qui reçoivent des soins à
domicile.
Moi, je vous en ai parlé de mon
inquiétude. Ce n'est pas tout de savoir combien de personnes en reçoivent,
hein, si on éparpille des grenailles pour s'assurer d'en offrir à un plus grand
nombre, mais qu'au final aucune de ces personnes-là ne réussit à vivre
dignement, on n'est pas plus avancé. Donc, il faut garder ça en tête aussi.
Moi, ça me préoccupe. Dans son intervention, on n'a pas réussi à savoir, c'est
quoi, le pourcentage de réponse aux besoins totaux au moment où on se parle.
Moi, je veux qu'elle nous le dise. Ça ne se peut pas qu'ils ne le savent pas.
Il faut monitorer ça de mois en mois. Si c'est vrai que c'est une priorité
nationale, il faudrait savoir, à chaque mois, on en est où par rapport à la
couverture totale des besoins. Je veux savoir la proportion de temps perdu en
bureaucratie puis en transport. Ça marche-tu, les moyens que la ministre a mis
sur pied? On en est où avec ça? Est-ce qu'on a réussi à faire en sorte qu'il y
a une plus grande proportion des heures qui est investie vraiment dans les
services? Donc, ça, je veux qu'elle nous le dise. Puis la ministre, elle a
parlé de son souhait qu'il y ait de plus en plus d'entreprises d'économie
sociale qui soient mises à contribution pour offrir les services. Moi, je suis
ravie d'entendre ça. J'espère que ça va se retrouver très, très clairement dans
la politique, parce que le risque que je vois, quand on commence à miser sur
d'autres types d'entreprises qui sont à but lucratif, c'est qu'eux autres il y
a des territoires pour lesquels ils ne feront pas de profit, hein? Ils n'iront
pas s'installer là, des territoires plus étendus, par exemple, et donc, ça nous
rend vulnérables. Puis on l'a vu dans le réseau de la santé à quel point ils
essaient de se débarrasser, en ce moment, du recours aux agences pour offrir
des services, parce qu'au final c'est devenu comme le cancer du réseau. Moi, je
ne veux pas qu'on...
Mme Labrie : ...ça, c'est
inséré dans les services à domicile, je voudrais un engagement clair de sa part
que, dans sa nouvelle politique, les engagements publics soient faits
exclusivement auprès soit du réseau ou d'entreprises à but non lucratif. Et
elle a parlé des centres d'action bénévole, on est encore dans le but non
lucratif, là, il n'y a pas d'enjeu là-dessus. Mais je voudrais un engagement
ferme que, dans sa politique, les soins... les fonds publics qui vont être
investis en soins et services à domicile seront seulement dans des entreprises
à but non lucratif ou dans le réseau de la santé.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la ministre. Vous avez la parole pour
cinq minutes.
Mme Bélanger : Oui. Bien,
peut-être que je pourrais y aller avec le chèque emploi-service. La députée de
Sherbrooke a montré, là, des données. Ce n'est pas du tout les données que
j'ai. Ça fait que peut-être qu'on pourra se reparler éventuellement pour être
sûrs qu'on ait tous les mêmes données. Je ne sais pas où vous les avez prises,
là, mais je ne doute pas que les groupes ou les associations qui vous ont
transmis ces informations les ont puisées à quelque part, mais honnêtement, ça
ne correspond pas du tout à ce que j'ai au niveau du ministère.
Chèque emploi-service. N'ayez crainte,
j'ai seulement deux tableaux. Le chèque emploi-service, j'ai été interpelée la
semaine dernière aussi à ce sujet-là, la même chose. Vous voyez le nombre
d'heures, le nombre d'heures de chèque emploi-service par année. Il n'est pas en
diminution, le nombre d'heures. Le nombre d'heures, là... Parce que là, je ne
parle même pas de dollars. Je pourrais vous en parler, là, mais je ne vous
donnerai pas le montant. On est à 250 millions et plus. Mais ça, là, ce
qui est important, c'est que ça se traduit par des heures. Puis, des heures,
c'est important. Puis tantôt, je vous ai dit, il y a 22 000 personnes
qui reçoivent le chèque emploi-service en plus de tout ce qu'on fait en soutien
à domicile et en plus des entreprises d'économie sociale. Si on prend juste le
chèque emploi-service, c'est en augmentation.
Est-ce que c'est vrai que j'ai dû faire
une intervention au mois de décembre pour rétablir le discours qu'on entendait
sur le terrain? Oui. Et j'ai demandé au sous-ministre de la Santé d'intervenir
auprès des établissements dès que j'ai su les premières situations qui m'ont
été rapportées. Puis c'est exact, il y avait des situations sur le terrain,
notamment du côté du CISSS de la Lanaudière, du CISSS de Montérégie-Ouest, du
CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île. J'ai eu donc des situations qui m'ont été apportées
sur mon bureau de personnes qui avaient été réévaluées avec donc un nombre
d'heures à la baisse pour le chèque emploi-service. Dès que j'ai su ça, j'ai
demandé un état de situation, mais plus que ça, j'ai demandé à mon
sous-ministre, M. Daniel Paré, d'intervenir et d'envoyer une lettre, donc, à
tous les P.D.G. Alors, et avec mon équipe, je m'assure que toutes les
situations nous soient remontées. Pour moi, j'ai eu un discours très clair avec
Santé Québec. Le soutien à domicile, c'est une priorité, le chèque
emploi-service aussi. Alors, on a du travail à faire collectivement, c'est
certain.
Je voudrais revenir sur le volet de la
Politique nationale de soutien à domicile. Parce que, vous le savez, on a
débuté des travaux pour se doter au Québec d'une politique nationale de soutien
à domicile. La dernière politique qui a été élaborée au Québec sur le soutien à
domicile date de 2003-2004 et ça fait plus de 20 ans. Et, à cette époque,
le titre de la politique, c'était Chez soi le premier choix. Alors, on est en
train de réviser cette politique-là, mais j'avais demandé au ministère de ne
pas le faire en vase clos. Donc, actuellement, au moment où on se parle, il y a
plus de 80 organismes qui interviennent, qui ont déposé des rapports, des
avis, des recommandations. Donc, on est vraiment en train de documenter tous
ces éléments-là.
• (10 h 30) •
Alors, cette nouvelle politique pourra
nous propulser vers les prochaines décennies pour faire face au vieillissement
de la population, notamment, puis pour mieux répondre aux besoins des personnes
les plus vulnérables ou qui sont en grande perte d'autonomie. Il y a quatre
grandes orientations, là, je ne vous donnerai pas tout le détail aujourd'hui,
mais la première chose, c'est l'accès. Alors donc, dans cette politique, on
parlera de l'accès, l'accès au soutien à domicile puis le parcours de l'usager
à travers... une fois qu'il a accès, à travers la gamme de services.
Le deuxième élément de la politique, le financement.
On va en parler, du financement, puis on va parler des indicateurs qu'on
devrait suivre. Alors, je veux quand même le mentionner, moi, je ne suis pas
des pourcentages. J'ai eu l'occasion de le dire, je ne suis pas des
pourcentages. Je suis des nombres d'individus par CLSC, par entreprises
d'économie sociale, des nombres d'heures. C'est ça que je suis...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Bélanger : ...le
pourcentage, ce n'est pas mauvais dans un rapport annuel ou quand on veut faire
une analyse rétrospective, mais, au quotidien, on ne peut pas suivre un
pourcentage ou suivre des nombres d'usagers si on veut agir. Alors, c'est ce
que je vais faire.
La troisième orientation, c'est la
collaboration entre les différents acteurs du réseau. Parce qu'actuellement on
a les entreprises d'économie sociale, on a les CLSC, on a les centres d'action
bénévole, etc. Il n'y a pas de coordination qui est suffisante.
Et, finalement, la gouvernance est la
porte d'entrée. Alors, vous voyez un peu quatre axes, donc, qui seront élaborés
dans la politique.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Laporte. Vous avez cinq
minutes.
Mme Poulet : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, je salue ma collègue la ministre des... responsable des
Aînés, mon collègue de Gaspé et les députés de l'opposition, mes collègues de l'opposition.
Alors, bonne journée, bonjour à tous. Je suis contente de participer à cette
interpellation dans le cœur de nos discussions sur nos aînés.
Je ne vous apprends rien en disant que la
population du Québec vieillit à un rythme assez soutenu. Cette année, c'est 1,8 million
de Québécois qui ont plus de 65 ans et, dans 15 ans, ça va être 25 %
de la population. Ce vieillissement est rapide et entraîne des bouleversements
sociaux et économiques qui sont majeurs touchant non seulement le système de
santé, mais aussi les modes de vie familiaux et communautaires. Les récentes
données montrent que 80 % des aînés vivent avec au moins une condition
chronique, ce qui accentue la pression sur le système de santé. Toujours selon
les projections, les dépenses liées aux soins aux personnes âgées pourraient
doubler d'ici 20 ans si nous n'adoptons pas des solutions durables et
adaptées. Ce n'est pas qu'un simple défi d'organisation, c'est une question d'humanité,
de respect et de reconnaissance envers ceux et celles qui ont bâti notre
société. Le maintien à domicile, M. le Président, est au cœur de cette
reconnaissance. La majorité des aînés, tout comme nous tous ici aujourd'hui, je
le pense, souhaite vieillir à la maison, moi, la première. Malheureusement,
pour certains aînés, leur état de santé ne leur permet pas de rester à la
maison. Nous comprenons qu'ils veulent rester dans leur milieu de vie, entourés
de leurs souvenirs, de leur famille, de leur communauté, on les comprend. M. le
Président, pour répondre à cette attente, il est évident que le modèle actuel
doit être adapté et renforcé.
Depuis plusieurs années, notre
gouvernement met en œuvre des initiatives pour accélérer ce virage, comme la
formation et l'embauche de préposés en soutien à domicile, ce qui constitue un
pas déterminant. En 2024, nous avons lancé un programme de courte durée qui a
permis d'augmenter le nombre de professionnels formés pour intervenir
directement auprès des aînés. M. le Président, c'est plus de mille nouveaux
préposés prévus de la... d'ici la fin de la présente année. Nous consultons la
base nécessaire pour répondre aux besoins pressants du terrain. Les ressources
financières et humaines doivent être dirigées stratégiquement pour garantir que
les aînés, peu importe leur lieu de résidence, reçoivent des services
équitables et de qualité, cela inclut non seulement des soins médicaux, mais
également des services essentiels, comme l'aide à la préparation des repas, le
ménage ou l'accompagnement pour des sorties. Ces services sont cruciaux pour le
maintien de l'autonomie de nos aînés.
Les familles jouent aussi un rôle
primordial dans le maintien des personnes âgées à domicile. Les proches
aidants, souvent des conjoints, des enfants, des nièces, des neveux, assument
une part importante de cette responsabilité. Ils le font avec dévouement, avec
bienveillance, mais souvent au détriment de leur propre bien-être. Dans ma
famille, ma mère s'est épuisée à prendre soin de mon père. Notre gouvernement
reconnaît ces sacrifices et s'engage à mieux les soutenir, à mieux soutenir les
aidants naturels, notamment par des mesures financières et des réseaux d'entraide
adaptés à leur réalité.
M. le Président, on ne peut passer sous
silence l'impact économique du soutien à domicile. En permettant aux aînés de
rester chez eux, la pression sur les hôpitaux et les centres d'hébergement
diminue. Cette approche préventive se traduit par des économies substantielles
pour le système de santé. Mais, au-delà des chiffres, il y a des humains. C'est
une démarche qui valorise le respect de la dignité humaine, de l'autonomie des
individus. Je suis convaincue que, collectivement, nous avons les capacités et
la volonté nécessaires pour relever ces défis. Le...
Mme Poulet : ...soutien à
domicile doit être perçu comme un pilier central de notre stratégie en matière
de santé. C'est un engagement envers nos aînés, envers leurs familles et envers
nous tous. N'oublions pas qu'un jour nous serons tous confrontés, vous et moi,
à cette réalité.
M. le Président, le vieillissement de notre
population est un enjeu qui est complexe, mais c'est aussi une opportunité de
continuer à réfléchir ensemble sur les moyens d'améliorer notre stratégie et de
répondre aux besoins grandissants des aînés. J'ai terminé.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup.
Mme Poulet : Merci.
Le Président (M. Leduc) : Merci.
Nous allons débuter la deuxième série d'interventions. Je cède maintenant la
parole à la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, tout le monde. Je suis heureuse de participer à
cette interpellation. Alors, je vais entrer tout de suite dans le vif du sujet
de la politique de santé... de soutien à domicile. Effectivement, la
première... la toute première remonte à 2002-2003. Elle a été suivie de trois
plans d'action, dont l'actuelle ministre qui a fait le troisième plan d'action
sur cette politique-là en 2023. Et maintenant je suis tout à fait d'accord que
le temps est venu. Le contexte a changé. Il faut absolument avoir une politique
et des actions, surtout sur le terrain, qui répondent aux besoins. Et on sait
que les besoins sont grandissants, et ils vont continuer d'augmenter d'année en
année. Peu importe les efforts qui sont mis, les besoins vont continuer
d'augmenter, étant donné notre courbe démographique.
Je... En décembre dernier, durant une
période de questions, j'avais posé la question parce que je trouvais que les
travaux tardaient à ce chapitre-là, puisque, dès son entrée en poste, la
ministre avait donné une entrevue qui disait à quel point elle trouvait que
c'était important, que c'était sa priorité, elle nous l'a redit ce matin, et
donc on apprenait en... fin novembre, début décembre, qu'une grande
consultation allait commencer en janvier. Et il y a, quant à moi, beaucoup
d'opacité autour de cette consultation-là parce que c'est une consultation qui
est faite à huis clos. Les partis d'opposition ne sont pas présents à cette
consultation. On en entend des bribes parce qu'il y a des partenaires avec qui
on parle chaque année, parfois plusieurs fois par année, qui nous envoient le
mémoire qu'ils ont... qu'ils ont présenté à la ministre durant ces
consultations. Alors, ce serait bien d'avoir une information qui est à jour et
qui est partagée. Ça nous... Ça permettrait aux partis d'opposition d'avoir...
de pouvoir se faire une tête à partir des données qui sont factuelles et qui
sont à jour.
Par exemple, je regarde juste le tableau
de bord, j'ai revérifié ce matin, le tableau de bord qui montre le nombre de
personnes qui sont en attente d'un premier soin à domicile, bien, il date de...
du 31 mars 2024. Ça va bientôt faire un an. Pourquoi attendre si longtemps?
Est-ce que c'est parce que les... on n'a pas les chiffres, on n'a pas le temps
d'aller les chercher? Je ne croirais pas que c'est le cas, puisqu'après une
demande d'accès à l'information qui a été faite au ministère de la Santé et des
Services sociaux par l'entreprise AppEco, qui a d'ailleurs préparé un document,
une recherche sur les soins... le coût des soins à domicile, offerts par le
public, par le privé, par les EESAD, c'est indiqué qu'en réalité le nombre de
personnes qui attendent, c'est 53 000. Alors, il y a sans doute une raison
pourquoi on arrive à 53 000 là puis on n'arrive pas à ces chiffres-là sur le
tableau de bord. Donc, qu'on ait tous une mise à jour, on pourrait être sûrs de
tous parler de la même chose.
• (10 h 40) •
Aussi, c'est... dans cette consultation,
est-ce que... on voit... Parce que j'ai... on a trouvé le document de
consultation où il y a plusieurs questions qui sont posées. Alors, j'imagine
que les groupes qui vont déposer leurs mémoires, présenter leurs mémoires à la
ministre dans cette consultation à huis clos... j'imagine qu'elle a déjà...
elle est déjà en train de se faire une tête sur où on va aller dans cet
écosystème. Elle nous parlait de l'écosystème, puis je pourrai y revenir
peut-être dans le prochain bloc, l'écosystème, donc, des prestataires de
services, alors il y a les... il y a les EESAD, il y a... elle a parlé des
centres d'action bénévole, aussi des...
Mme Caron : ...évidemment, du
secteur public. Alors, vers où on s'en va avec ça?
Et, dans tout ce soutien-là, oui, il y a
les soins, effectivement, qui... des soins qui sont offerts à domicile, il y a
du soutien aussi, de l'aide aux activités de la vie quotidienne. Alors, j'ai...
j'ai vu que l'une des questions était... portait sur la contribution des
usagers, alors est-ce qu'on s'en va vers une contribution des usagers pour...
Je ne comprends pas pour les soins, parce que les soins, c'est l'universalité.
Donc, alors est-ce qu'il y a des réflexions sur le coût ou la contribution que
les usagers verseraient pour avoir du soutien à domicile, qui est autre que les
soins, là? Alors, j'aimerais avoir des réponses là-dessus. Merci.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la ministre pour cinq minutes.
Mme Bélanger : Oui. Bien, en
fait, je veux revenir sur la politique. Effectivement, les travaux ont débuté
au mois de novembre. C'est un exercice qui est vraiment transparent, un
document qui... parce que le ministère, vous comprenez, a sorti les meilleures
pratiques, la réflexion sur les quatre domaines que je vous ai parlé tantôt. Et
les groupes ont été invités à réagir. Ils ont déposé leurs propres mémoires.
Actuellement, ça se passe en entrevues individuelles. Donc, chaque groupe
rencontre une équipe, là, du ministère. Tout ça va être, donc, bien documenté,
répertorié.
Bien, je vous dis tout de suite qu'au mois
de mai il y aura un grand rendez-vous ici même, à Québec. Alors, naturellement,
un peu comme on l'a fait pour Fierté de vieillir, il nous fera plaisir de vous
inviter. Et, à votre demande d'avoir l'information sur le déroulement de tout
ça, bien sûr, je pense qu'avant cette rencontre-là, du mois de mai, on pourra
faire un état de situation. Au moment où on se parle, le processus est en
cours. Puis vous comprenez que, dépendamment des regroupements, des
associations, des intervenants, des fois, il y a des idées qui sont complètement
opposées les unes des autres, notamment la place du privé, O.K.. Puis on m'a
demandé justement comment je voyais ça, la place du privé. Ce que j'ai dit,
c'est qu'au moment où on se parle, je regarde toutes les options possibles pour
faire en sorte d'améliorer les services de soutien à domicile. On va parler de
la question du financement du soutien à domicile. C'est clair. Puis aussi, je
veux quand même vous mentionner, je ne suis pas en train de dire que je suis
ouverte au privé, là. J'ai dit qu'actuellement je regarde toutes les options.
Tantôt, je vous ai mentionné que, dans les organisations que je privilégie,
outre les CLSC, c'est les entreprises d'économie sociale, les centres d'action
bénévoles. Ça, c'est clair pour moi, que c'est dans les priorités. J'ai eu
l'occasion de le dire. Je l'ai dit à plusieurs forums. Mais, pour l'entreprise
privée, on doit faire la réflexion. Ça fait que je n'ai pas fermé la porte,
mais je dois voir clair à l'intérieur de ça. Ça fait que ça, c'est vraiment
important. Et mon objectif, c'est de... ce n'est pas de privatiser des services
de soutien à domicile, là, bien sûr, mais je pense qu'il faut regarder la
contribution de l'ensemble des acteurs.
Je veux revenir sur les listes d'attente.
Vous avez raison, en P10, donc la période 10, c'est la période des fêtes,
là, donc à peu près le 10... ça termine à peu près le 10 décembre, grosso
modo, il y avait 50 000 personnes qui attendaient,
50 567 personnes exactement qui attendaient pour un service de
soutien à domicile. C'est quand même une... c'est énorme comme chiffre, mais
c'est une amélioration par rapport à la même date l'année passée. On suit comme
indicateur le nombre de personnes en attente d'un premier service. Parce que,
quand on... quand on analyse les listes d'attente, il y a l'attente d'un
service, mais il y a l'attente d'un premier service, qui, pour moi, dans une
situation d'urgence, est le plus important. Et il y a
17 000 personnes qui attendent un premier service. C'est 1 000
de moins que l'année passée à pareille date, malgré qu'il y a une demande qui
augmente.
Ça fait que là, je ne veux pas qu'on se
mêle dans les chiffres, là, mais je veux... ça m'amène à vous parler du tableau
de bord. Le tableau de bord, quand je suis arrivée en fonction, il n'y avait
pas de tableau de bord public de soutien à domicile. Tout ce qu'on parlait,
dans le réseau de la santé, c'était des urgences, du bloc opératoire puis des
GMF. Ça, on avait des données pas mal, ça fait partie de l'historique du
système de santé. Alors, j'ai voulu qu'on ajoute des tableaux de bord sur le
soutien à domicile. L'année passée, bien, on commençait avec un tableau de
bord. Un tableau de bord, ce n'est jamais parfait quand on le fait la première
année, il faut le bonifier. En plus, on a changé de système d'information,
l'année passée, pour passer de GESTRED à ICLSC. On est en...
Mme Bélanger : ...en
ajustement. Le tableau de bord va être rendu public incessamment, donc dans les
prochaines semaines, pas les prochains mois. Alors, l'objectif, c'est juste qu
‘il fallait s'assurer que notre tableau de bord, bien, soit bien développé.
J'ai demandé d'ajouter des indicateurs. Ça fait qu ‘on sera en mesure de
suivre, puis vous allez l'avoir publiquement de toute façon, ça fait que c'est
quand même important, et donc c'est quand même une avancée, parce qu ‘il n'y
avait pas d'historique, au niveau du soutien à domicile, de documenter des
indicateurs périodiques, c'était souvent un travail qu ‘on faisait à la fin
d'une année, on regardait un regard sur ce qui s'était passé, on le comparait
aux autres années, mais au quotidien, au jour le jour. Alors donc, c'est
important. Tantôt, je pourrai revenir sur les personnes qui sont en attente en
Estrie, moins de 200 personnes...
Le Président (M. Leduc) : En
terminant.
Mme Bélanger : ...en
attente...
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Laporte.
Mme Poulet : ...propre
vieillissement, parlons maintenant des enjeux que ces changements
démographiques ont sur notre société et sur le service à la population. En
vieillissant, les personnes aînées sont plus susceptibles de souffrir de
maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou les troubles
neurodégénératifs. Ces maladies augmentent la demande des soins de santé, des
ressources médicales et du personnel soignant, soit dit en passant, qui
effectue un travail extraordinaire. Plusieurs mesures ont été mises en place
pour mieux répondre à ces demandes qui sont en constante hausse. Pour combler
les besoins en main-d'oeuvre, des places de formation supplémentaires ont été
ouvertes, des bourses ont été accordées pour former, entre autres, des préposés
aux bénéficiaires supplémentaires. Ils sont maintenant en mesure d'assurer des
soins soit dans les milieux hospitaliers, dans les maisons des aînés, dans les
CHSLD ou, comme personnel de soins, en soutien à domicile.
Le vieillissement de la population ajoute
une pression sur la première ligne, comme vous le savez. Dans une situation où
la demande explose et considérant les ressources à la disposition du système de
santé, on se doit d'être efficace et proactif dans nos approches et dans la
prise en charge de la clientèle aînée. Les aînés ont besoin de nous. Nous
devons, collectivement, leur offrir les soins à la hauteur des meilleurs
standards de qualité. La hausse du nombre d'aînés rime avec divers besoins
accomplis. Les besoins de l'un... de l'un n'est pas nécessairement les mêmes
pour tous. Ils sont variés et tout aussi importants et, surtout, ils évoluent
avec le temps. Les services de soutien à domicile doivent être flexibles et
adaptés pour répondre à ces besoins. C'est un réel défi logistique et
organisationnel.
M. le Président, l'augmentation des coûts
liés aux soins de santé nous a obligés à investir encore plus dans le réseau.
Le budget global de la santé est passé de 40 à 60 milliards de dollars. En
six ans, c'est une augmentation de 50 %. Au-delà de ces investissements
qui sont importants, on se doit de bien organiser le travail. On parle
d'efficacité, de flexibilité, de planification. C'est ça, la clé : mieux
faire avec les ressources qui sont à notre disposition. Et, une des mesures
phares qui tient à la ministre, c'est le soutien à domicile, elle l'a bien
mentionné plus tôt. Si les gens sont à mesure de demeurer à la maison avec
l'aide nécessaire, c'est la situation à privilégier.
• (10 h 50) •
Parlant d'efficacité, je vous donne un
exemple. Beaucoup trop de temps était passé à remplir de la paperasse et en
déplacement pour aller voir les patients. Lorsque nous avons procédé à
l'évaluation des services offerts auprès des soignants, on s'est rendu compte
que les professionnels en soins passaient 70 % de leur temps à remplir cette
paperasse-là et en déplacement au lieu d'être où ils devaient être, en donnant
des soins directs aux aînés. Un autre exemple. Vous vous rappelez du projet de
loi n° 67 pour moderniser et élargir les pratiques professionnelles dans
le domaine de la santé et des services sociaux, il accorde de nouveaux pouvoirs
aux pharmaciens. Ils pourront évaluer la condition physique et mentale des
patients ainsi que prescrire et ajuster les traitements pharmacologiques. On
s'entend, on doit augmenter les services de soutien à domicile, rejoindre plus
de monde, réduire nos listes d'attente mais réalistement, avec le bassin de
travailleurs disponibles.
Ce chantier est l'un des piliers
importants vers le virage du soutien à domicile. On doit faire un virage majeur
et on doit utiliser le maximum des compétences des soignants...
Mme Poulet : ...on est en
train de réduire le fardeau administratif pour que les professionnels passent
plus de temps là où ça compte, avec les patients. On élimine les formulaires
inutiles, on teste des solutions technologiques pour améliorer la productivité
des intervenants, pour arriver à faire plus avec les ressources qu'on a. M. le
Président, lorsqu'on sera vieux, vous et moi, j'espère qu'on va se souvenir du
travail que l'on a tous fait pour améliorer le soutien à domicile. Merci.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant débuter la troisième série d'interventions, et
je cède sans plus garder la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. Tout à
l'heure, dans notre échange avec la ministre, elle se demandait d'où je tirais
mes chiffres de mes graphiques. Ce sont des chiffres de son propre ministère
qui viennent d'une demande d'accès à l'information. Donc, ce sont des données
auxquelles normalement elle devrait avoir accès. D'ailleurs, on a des chiffres
en commun et elle nous dit que le nombre d'usagers du chèque emploi-service
augmente. Je le vois, je le vois que le nombre d'usagers augmente. Par contre,
c'est ça qui ne me rassure pas, parce que, ce que je vois, c'est que le nombre
d'heures totales de chèque emploi-service diminue. Et donc, c'est là où, quand
la ministre nous dit qu'elle ne veut pas suivre un pourcentage, elle veut
suivre un nombre d'usagers, ça m'inquiète énormément. Si la seule chose qu'on
regarde, c'est le nombre d'usagers, forcément, si l'organisation se fait juger
sur le nombre d'usagers qu'elle réussit à couvrir, il va y avoir une tendance à
passer vite sur chaque usager pour répondre au plus d'usagers possible. Et ça, c'est
très préoccupant pour la qualité des services et pour les soins humains qu'on
doit donner à ces personnes-là. Moi, c'est ça qui m'inquiète.
Et je la vois comme elle, l'augmentation
des usagers des chèques emploi-service, et, ce que je vois, c'est que ça
s'accompagne malheureusement d'une diminution des heures pour chacune de ces
personnes-là. Donc, ça me préoccupe énormément. J'y vois un risque majeur et je
pense que la ministre devrait peut-être s'assurer que ce n'est pas le seul
indicateur qu'elle regarde et qu'elle suit de près auprès des différents
établissements parce que, sinon, il y a un enjeu... Honnêtement, il y a des
personnes qui vivent avec un handicap qui nous ont parlé même d'enjeux de
sécurité ou de santé pour elles, là, d'avoir une réduction comme ça du nombre
de leurs heures de service, sans parler de l'impact majeur juste sur leur
qualité de vie, là. Donc, moi, ça, ça me préoccupe.
Si ça allait bien en ce moment, là, ce
qu'on verrait, ce n'est pas juste une augmentation du nombre de personnes qui
reçoivent des services, c'est aussi une augmentation du nombre d'heures. Puis
même pour le nombre total d'heures en soins à domicile, on ne parle plus juste
du chèque emploi-service, là, tout type de soins à domicile confondus, on ne
peut pas dire, là, qu'on voit vraiment une courbe vers le haut, là, ce n'est
pas ça du tout. Puis même, on voit une courbe vers le bas pendant
l'année 2024, c'est ça qui s'est passé. Donc, moi, quand je vous parle de
l'avenir des soins à domicile aujourd'hui, je ne peux pas me contenter du
graphique des dernières années, qui est très beau, hein? Le graphique de la
ministre des dernières années, il est très beau, mais le graphique de la
dernière année nous montre une diminution du nombre total d'heures en soins à domicile.
Et si, en même temps, on a plus d'usagers qui sont couverts, mais on a une
diminution du nombre total d'heures, ça veut dire qu'on doit tourner les coins
ronds auprès de quelques citoyens et citoyennes du Québec qui sont en droit de
recevoir des soins et des services de meilleure qualité que ça et ça veut dire
qu'on n'est pas sur la bonne voie pour répondre à la hausse de demandes dans
les prochaines années non plus.
Donc, moi, je pense que c'est une bonne
nouvelle quand la ministre nous dit qu'elle va rendre disponibles plus
d'indicateurs. J'espère qu'ils seront mis à jour très régulièrement, parce que,
là, en ce moment, les seules données disponibles, il y en a qui datent, là, il
y en a qui datent de mars de l'année dernière. Donc, c'est sûr que ce n'est pas
suffisant pour nous pour en faire le suivi. Mais ça, les chiffres qui existent
en ce moment sur la dernière année, là, ils sont très parlants sur le niveau de
qualité des services qu'on donne aux citoyens et citoyennes en ce moment, et je
ne peux pas me satisfaire de ça.
Je vais revenir sur les exemples que j'ai
donné tout à l'heure, là, en entrée de discussion, sur des personnes qui se
font minuter le nombre de minutes qu'elles vont avoir besoin pour aller aux
toilettes, qui se font dire d'attendre nus pour recevoir leur bain avant
l'arrivée, là, de l'aide à domicile. Ça, c'est le genre de choses qui se
passent en ce moment. Quand, sur le terrain, les personnes se font dire ce qui
est le plus important, c'est le nombre de personnes à qui on donne des
services, ça fait que, faites ça vite, bien, après ça, là, il y a des êtres
humains qui se font dire des choses comme : Oui, ça serait vraiment le fun
que vous soyez déjà nus quand on arrive. Pouvez-vous vous imaginer, Mme la
ministre? Aimeriez-vous ça...
Mme Labrie : ...qu'un de vos
proches se fasse dire ça, à quel point c'est déshumanisant d'attendre nu que
quelqu'un arrive pour nous donner un bain. C'est ça, là, le risque quand on
focusse seulement sur le nombre de personnes qui vont recevoir un service, ça
ne peut pas être suffisant de regarder ça. Donc, moi, je... franchement, ça
m'inquiète. Quand la ministre me dit que c'est ça, sa lunette principale, là,
sur l'état des lieux, ça m'inquiète encore plus pour la suite, bien franchement.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je constate que l'industrie des tableaux se porte très bien. Tout le
monde en a un à portée de main. C'est la saison des REER, peut -être que c'est
le temps de regarder s'il n'y a pas une entreprise québécoise de tableaux qui
serait intéressante. Blague à part, je cède la parole à la ministre.
Mme Bélanger : Merci
beaucoup, M. le Président. Puis je ne demanderai pas à ma collègue députée de
Sherbrooke le dépôt de son tableau puisque c'est le ministère qui lui a fourni
les chiffres. Mais je veux quand même juste mentionner... retenons, là, que je
ne suis pas seulement le nombre d'usagers, je suis trois indicateurs : le
nombre d'usagers, le nombre d'heures puis la liste d'attentes. Ça, pour moi,
c'est primordial. Après ça, on peut suivre une série de sous-indicateurs qui
sont plus sur la qualité des soins, sur la satisfaction de la clientèle, mais
on n'est pas là, honnêtement, on n'est pas là en soutien à domicile. On a
développé, donc, trois indicateurs qui, je le répète, sont plus importants et
utiles aux gestionnaires sur le terrain qu'un pourcentage. Le pourcentage,
c'est bon, c'est bon dans une perspective d'analyse. Si un gestionnaire veut
agir sur le terrain, il n'agira pas en fonction d'un pourcentage. Je vais lui
demander quand je vais le voir : C'est quoi ton pourcentage? Je vais lui
demander : Pourquoi t'as 600 personnes qui attendent dans une liste
d'attentes? Pourquoi tu as moins d'heures que l'année passée? Puis comment ça
que tu as moins d'usagers? C'est ça, mes questions. Je ne lui demanderai
pas : C'est quoi ton pourcentage? Ça fait que, vous voyez, en gestion, si
on veut avoir un impact, il faut que les gestionnaires soient capables d'agir,
pas juste les gestionnaires, le personnel aussi devrait suivre leur propre
liste d'attente, puis leur caseload, et tout ça. Ça fait que c'est une culture
des données qui est complètement différente. Ça n'enlève rien aux chercheurs,
aux chaires de recherche qui font un travail extrêmement important et
complémentaire dans l'analyse qu'on doit tenir compte. Mais comme ministre, si
on parle de tableau de bord, moi, je vous parle de trois indicateurs. Puis ne
pensez pas que je suis juste le nombre d'usagers, ce ne serait vraiment pas bon
de suivre juste le nombre d'usagers, il faut suivre les heures et les listes
d'attente.
Je veux revenir sur VSAD parce que, vous
savez, on avait fait un grand chantier valorisation SAD avec près de huit
établissements pilotes. Et puis on avait donc fait l'analyse des formulaires,
ça passait comme ça, parce que la porte d'entrée du CLSC, là, c'est vraiment
par les travailleurs sociaux, grosso modo. Et les travailleurs sociaux, vous le
savez, utilisaient un formulaire qui pouvait prendre jusqu'à une journée et
demie d'évaluation avant de déterminer le plan d'action puis avant que l'action
arrive, c'était beaucoup de temps passé. On a donc considérablement réduit les
formulaires. On a changé complètement ce formulaire -là. Et maintenant, c'est
déployé à l'ensemble du Québec. Donc, c'est une avancée importante et ce n'est
pas le fruit du hasard si on a réussi, malgré plus de demandes à chaque mois,
chaque période, on a plus de demandes de services en soutien à domicile, de
diminuer notre liste d'attente. Ce n'est pas le fruit du hasard. Faites le lien
avec les blocs opératoires. Tu sais, en blocs opératoires, il y a une
augmentation de la demande en chirurgie puis il y a une augmentation de la
liste d'attente. En soutien à domicile, il y a une augmentation de la demande,
mais on réussit à réduire quand même notre liste d'attente. Bien sûr, elle
devrait être à zéro.
• (11 heures) •
C'est... hein, une liste d'attente, là, on
ne veut pas avoir ça, personne, mais il reste que moi, je regarde ça puis je me
dis, puis je le regarde après par établissement, en Estrie, il y a eu beaucoup
d'efforts de faits en soutien à domicile, je vous me permets de vous le dire, parce
que j'ai eu moi-même des rencontres très importantes avec le P.D.G. de l'Estrie
parce que je n'étais pas pleinement satisfaite des résultats. Ils ont fait un
beau virage en soutien à domicile, et puis c'est un exemple, il y a moins de
200 personnes qui attendent pour un service de soutien à domicile. Mme la
députée de La Pinière, je pense que vous êtes avec Montérégie-Centre, mais du
côté de Montérégie-Centre, vous le savez que le soutien à domicile, c'est une
priorité pour Montérégie-Centre. Ils ont tout de même des bons résultats. Ce
n'est pas pareil en Montérégie, mais en Montérégie-Centre, je pense qu'ils
agissent comme leaders en soutien à domicile. Puis du côté des
Îles-de-la-Madeleine, M. le député, vous ne serez pas surpris, dans les données
que j'ai, vous n'avez pas personne en attente de soutien à domicile, ça veut
dire qu'ils sont... dès qu'il y a une demande elles sont prises en charge
relativement rapidement à l'intérieur d'une semaine. Alors, donc, c'est donc
une bonne nouvelle. Vous avez des personnes qui sont suivies à domicile,
mais...
11 h (version non révisée)
Mme Bélanger : ...là, je parle
de l'attente.
Alors, le... a donné quelque chose sur les
formulaires. Puis heureusement qu'on a fait ça parce qu'on... je pense qu'on
serait dans une situation, honnêtement, encore plus difficile, O.K.? Alors, il
faut quand même le mentionner.
On continue nos travaux avec ces mêmes
sept établissements là. On est en train donc de revoir les rôles, les
responsabilités. On est en train de revoir, avec une dizaine d'établissements,
le modèle de porte d'entrée CLSC. C'était d'ailleurs une recommandation de la
commissaire, qui souhaitait qu'on mette des bureaux régionaux de coordination
de soutien à domicile dans toutes les régions du Québec. J'avais eu l'occasion
de m'entretenir avec la commissaire en disant : On va utiliser nos CLSC,
on n'ajoutera pas des structures.
Le Président (M. Leduc) : Merci.
Mme Bélanger : Je ne veux pas
que...
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. La parole est maintenant au député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : ...M. le
Président. Si vous me le permettez, d'emblée, j'aimerais procéder moi aussi aux
salutations d'usage, à commencer par la banquette gouvernementale, Mme la
ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, ma collègue
députée de Laporte, nos collègues des oppositions. Très heureux d'être ici avec
vous pour cette séance d'interpellation en ce vendredi 14 février, donc
vendredi de Saint-Valentin, lendemain de tempête de neige. Donc, très, très
joli aujourd'hui dehors. Salutations à nos auditeurs et puis, bien évidemment,
là, à nos Gaspésiens, à nos Gaspésiennes.
M. le Président, nous savons tous que le
Québec fait face à des défis importants, là, en matière de soins à domicile. Le
vieillissement de la population, les besoins croissants en matière de services
et la rareté de la main-d'oeuvre, bien évidemment, sont autant de facteurs qui
nous poussent à repenser nos façons de faire pour offrir des soins adaptés et
accessibles. Toutefois, notre gouvernement est... résolument, pardon, engagé à
renforcer le soutien à domicile, car il s'agit d'une des pierres angulaires d'un
système de santé moderne et humain. Le soutien à domicile, c'est beaucoup plus
que des services de base, c'est un pilier de notre système de santé. C'est
permettre aux aînés, aux personnes en perte d'autonomie et aux citoyens ayant
des besoins particuliers de demeurer dans leurs milieux de vie entourés de
leurs proches.
Depuis 2018, notre gouvernement a augmenté
de façon très significative les investissements en soutien à domicile. À titre
d'exemple, nous avons augmenté de 1 milliard les investissements en
soutien à domicile, portant les dépenses annuelles pour l'exercice en cours,
2024-2025, à 2,8 millions de dollars. Cette hausse permet d'améliorer l'accès
aux services pour des milliers de Québécois. Grâce à ces investissements, c'est
près de 400 000 personnes qui reçoivent actuellement des services à
domicile chaque année. Et ce nombre continue de croître. Ces efforts se
traduisent par des services bonifiés et un accompagnement mieux adapté aux
réalités des bénéficiaires.
Prenons par exemple le programme chèque
emploi-service dont Mme la ministre a fait état plus tôt. Ce programme donne
accès aux bénéficiaires à une flexibilité inégalée dans le choix de leurs
intervenants. Il connaît d'ailleurs une... popularité, pardon, croissante.
Depuis 2018, nous avons augmenté de plus de 64 % les heures de services
offertes par ce programme. En 2024, plus de 20 300 personnes ont
bénéficié du programme, une hausse de 1 800 usagers comparativement à
l'an dernier.
Ce n'est pas un hasard. Nous avons mis en
place des mesures pour élargir l'accès au programme et répondre aux besoins
grandissants des familles québécoises. En 2023-2024, c'est plus de 12 millions
d'heures de services qui ont été dispensées, soit 1,7 million d'heures de
plus que l'année précédente. C'est une augmentation qui reflète notre
engagement à offrir plus d'heures à plus de familles, avec un soutien renforcé.
Notre gouvernement continue d'investir
pour assurer l'avenir du programme. Nous avons alloué 964 millions de
dollars supplémentaires afin d'adapter encore mieux cette mesure aux réalités
des familles d'enfants handicapés particulièrement et... d'améliorer, pardon,
les services disponibles. Nous savons que chaque situation est unique et qu'une
évaluation...
M. Sainte-Croix : ...évaluation
complète des besoins doit être réalisée pour garantir que le soutien offert
corresponde réellement à la réalité des familles. Grâce à ce modèle, les
personnes ayant des besoins spécifiques peuvent sélectionner elles-mêmes leurs
préposés, renforçant ainsi le lien de confiance et la personnalisation des
soins. Non seulement cela favorise l'autonomie des bénéficiaires, mais cela
contribue également à la création d'emplois directs dans nos régions.
Un autre acteur clé dans ce réseau de
soins est sans contredit les entreprises d'économie sociale en aide à soins en
domicile. Chaque année, plus de 7 millions, 7 millions d'heures de services...
Le Président (M. Leduc) : En
terminant.
M. Sainte-Croix : C'est un
acteur clé dans le réseau. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant débuter la quatrième série d'interventions, et
je cède maintenant la parole à la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, juste en rafale, en réponse à l'intervention de la ministre
tout à l'heure, le tableau de bord qu'on aura incessamment, j'aimerais savoir
si ce sera ce mois-ci, en février, ou bien si c'est plus vers le printemps.
Sur le chèque emploi-service, le tableau
montre un nombre de personnes qui... il y a plus de personnes qui ont le
service, il y a des sous qui sont consacrés, mais je veux juste ramener que les
cas qui ont été amenés, notamment par ma collègue députée de D'Arcy-McGee,
étaient des cas où les personnes, après une évaluation, avaient eu droit à tant
d'heures de services, et, même si leur situation ne change pas, on venait
couper leurs services. Alors, ce n'est pas juste le nombre de personnes qui
reçoivent le service puis le nombre d'heures qui sont données, mais il faut
s'assurer que, pour répondre à plus de personnes et donner au total plus
d'heures, bien, on ne va pas en enlever à ceux qui en ont déjà et qui
continuent d'en avoir besoin.
Et l'aspect, je dirais, frustrant,
humiliant et déshumanisant, je l'ai vu dans ma propre famille élargie, où une
dame de 90 ans demeure dans sa maison, a besoin d'aide, et puis l'intervenante
est arrivée, puis elle a mis une minuterie sur la table de cuisine, puis elle
dit : Moi, je suis ici pour 15 minutes. Envoie, bang, bang, bang! Ça, ça,
c'est... ça se passe. Je sais que ce n'est pas ça que vise la ministre, là,
mais ça se passe sur le terrain, puis il ne faut plus que ça se passe.
J'aimerais faire référence à des aînés
dont le domicile n'est pas une maison unifamiliale ou un appartement dans un
appartement... un bloc appartements ordinaire, mais qui habitent dans des RPA,
donc les résidences privées pour aînés. Alors, la ministre avait... Bien,
d'abord, on sait qu'il y a les... des RPA qui ont fermé par centaines ces
dernières années, et que ça ne s'améliore pas. La ministre, pour répondre...
pour freiner les fermetures, a lancé en janvier 2024 le programme d'allocations
personnalisées. C'était, selon le communiqué de... pas le communiqué de presse,
mais l'article, «Une mesure phare pour permettre le maintien à domicile des
personnes aînées et aussi pour soutenir les RPA fragilisées par la
conjoncture». Alors, on sait qu'aujourd'hui, le rassemblement des RPA, le RQRA,
qui avait été aux côtés de la ministre avec ce programme-là à l'annonce en
janvier, s'est retiré au mois de septembre de ce programme, tout en laissant
bien entendu ses membres libres de continuer à l'utiliser s'ils le désiraient.
• (11 h 10) •
Alors, il y a juste 125 personnes qui ont accès
à ce programme-là, 150... 150 personnes qui en bénéficient, et l'une des
raisons qui causent un problème sur le terrain, c'est que les... il y a une
allocation maximum qui est donnée, ça, c'est correct, et le gouvernement
détermine que, bien, on donne tant de l'heure. Mais, même si la résidence, pour
faire ses frais, facturait plus, admettons, s'il y a un différentiel de 7, 8 à
10 $ de l'heure, bien, il faut qu'elle rabaisse ses prix au tarif qui est donné
par le gouvernement. Alors, ils sont en déficit par rapport à ça, ils n'ont pas
le droit de facturer plus. Donc, l'aîné... Même si dans l'article, au moment de
l'annonce du programme, on disait qu'«en plus d'aider les RPA, ça pourrait se
traduire par une baisse de la contribution financière des résidents et des
résidentes», et c'est vrai si le... Admettons - je prends un chiffre rond - que
le tarif était de 40 $ de l'heure, puis le gouvernement donne une allocation de
30 $ de l'heure...
Mme Caron : ...c'est sûr que
ça baisse la contribution financière des aînés, mais on ne... on ne permet
pas... ce n'était pas... ce n'était pas déterminé comme ça au début, mais ce
que le RQRA nous dit, c'est qu'on ne permet pas aux... aux résidences de
facturer la différence. Alors, est -ce qu'il va y avoir une mise à jour... que
ce soit sur ce point -là ou sur un autre, est -ce qu'il va y avoir une mise à
jour du programme pour... de... d'allocation personnalisée dans les RPA ou
quelque chose qui remplacera? Parce que le... le souci, c'est que les personnes
qui habitent dans les RPA reçoivent du soutien à domicile, et que ça
fonctionne, que ça n'empêche... que... que les... que les places en RPA
demeurent, et que les... les gens ne... ne soient pas obligés de déménager, parce
qu'on sait combien c'est... c'est difficile, pour une personne aînée en besoin
de soins, d'être obligée de déménager.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup, merci. Je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Bélanger : ...M. le
Président. Bien, je vais y aller brièvement sur les RPA, là, parce qu'en fait
les RPA, c'est un... un acteur -clé, là, dans tout l'écosystème de... de
l'offre d'hébergement au Québec. Et on a, au fil des années, mis énormément
d'argent pour soutenir les RPA, vous le savez, le programme d'aide pour les
assurances, programme d'aide pour les gicleurs, programme d'aide pour les
rénovations, programme de transition salariale, qui est encore en vigueur au
moment où on se parle. Et, finalement, le dernier programme dont vous parlez,
qui est le programme d'allocation personnalisée. Puis je suis tout à fait
d'accord pour dire que ce programme n'est pas optimal.
Alors donc, ce programme avait quand même
été élaboré en collaboration avec le Regroupement des RPA, autant les
entreprises privées que du côté des OSBL. J'ai fait beaucoup de visites sur le
terrain, et puis il y a comme deux discours. Les RPA, OSBL sont assez
satisfaits du programme, mais les RPA à but lucratif le sont moins. Là, je suis
en train de regarder tout ça, mais ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est
que les RPA... et le modèle d'allocation personnalisée va être révisé, on est
en train de le regarder. Je veux vraiment qu'on révise ce modèle -là.
Alors, on a des... des expériences
extrêmement intéressantes, actuellement, du côté de la Capitale-Nationale puis
du côté de Chaudière-Appalaches, où, finalement, ils n'utilisent pas ce modèle
-là, puis ils utilisent un modèle maison. Alors, quand on dit qu'il y a juste
125 personnes qui reçoivent de l'aide, bien, je comprends que c'est le
chiffre que vous avez, puis le chiffre est bon, là, mais il faut voir que
Capitale-Nationale, la façon qu'ils fonctionnent, eux, avec leurs RPA ils vont
aller évaluer une personne qui est en RPA, selon la grille standardisée qui a
été développée, leur collaboration avec le regroupement et le ministère. La
personne est évaluée. Selon ses besoins de services, une allocation directe est
donnée à la RPA pour qu'elle puisse acheter des services, pour aider, donc,
les... les personnes aînées à demeurer là le plus longtemps possible. Ça fait
que c'est très intéressant, parce que ça dégage le soutien à domicile, O.K.
Puis là vous me voyez venir, là, parce que
tout ce que je suis en train de vous dire, ce n'est pas comptabilisé dans le
soutien à domicile, au moment où on se parle, puis, pour moi, c'est du soutien
à domicile, ça, O.K., c'est... Le CLSC qui évalue demeure responsable, donne un
financement à la RPA, qui, elle, achète des services. Puis là on va dire :
Oui, mais ça, ce n'est pas du soutien à domicile. C'est vraiment du soutien à
domicile, donné par un autre dispensateur de soins. Ça fait que, je veux quand
même le dire, ce modèle -là est très intéressant pour les RPA.
Puis il faut faire une différence, je
pense, entre le modèle public puis le modèle RPA. Il ne faut quand même pas
oublier que les RPA, les gens décident d'y aller, là, puis il y a les RPA,
OSBL, c'est d'autres choses. Puis il y a beaucoup de logements aussi, là, qui
sont en train de se mettre en place un peu partout, au Québec, pour les aînés,
je suis très contente de ça. On voudrait que ça aille plus vite, mais le rythme
est pris. Alors donc, une belle initiative, dernièrement, du côté de mon
collègue... j'oublie son... de... de Québec... Portneuf, dans Portneuf, où
du... un logement... une subvention fédérale-provinciale, collaboration
municipale, 40 logements abordables pour aînés, avec des services de repas
deux fois par jour. Donc là, on commence à rentrer... Ils n'ont pas
l'appellation «RPA», mais, honnêtement, ça... ça ressemble beaucoup à une RPA
catégories 1 et 2. Ça fait que je veux juste quand même le mentionner.
Permettez -moi de continuer sur quelque
chose qu'on n'a pas abordé aujourd'hui, qui est extrêmement important. Quand on
parle de moderniser des programmes, par exemple, ici, le programme de soutien à
domicile, on ne peut pas le faire seulement avec la politique, avec le
financement, seulement en révisant...
Mme Bélanger : ...des rôles et
des responsabilités, mais il faut aussi penser à l'introduction de technologies
d'information et d'objets connectés. C'est l'avenir, on ne peut pas faire comme
si ça n'existait pas.
Donc, je veux quand même le mentionner, on
n'en parle pas beaucoup, mais ça fait partie quand même des projets pour
lesquels... qu'on soutient actuellement, avec Medtech, notamment, huit projets
innovants qui sont financés, 50 % par le gouvernement du Québec, donc, des
projets en lien avec la télésurveillance à domicile, la gestion des
médicaments, les piluliers virtuels, les outils de réadaptation à distance.
Donc, ça, c'est important. Et, en plus, nous avons, avec le programme Envisage,
donc, c'est un programme fédéral, embarqué vraiment dans ce projet-là pour
faire en sorte de continuer à faire de l'hospitalisation à domicile et puis y
aller, donc, de l'avant avec les objets connectés...
Le Président (M. Leduc) : En
terminant.
Mme Bélanger : C'est aussi
l'avenir, puis on va le regarder dans le cadre de la politique sur l'offre de
services.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : ...Président,
je vous parlais précédemment de soutien à domicile, mais, pour que notre vision
se réalise pleinement, il est aussi essentiel de reconnaître le rôle central
des proches aidants. Je voudrais maintenant souligner l'importance fondamentale
des proches aidants. Leur engagement est souvent un travail de l'ombre, mais il
est indispensable. Ce sont des parents, des amis, des conjoints qui, chaque
jour, se consacrent à l'accompagnement d'un être cher. Chaque jour aussi, ils
consacrent du temps, de l'énergie et de l'amour à ceux qui en ont besoin,
souvent au détriment de leur propre bien -être. Ils méritent d'être soutenus et
reconnus à la hauteur de leur engagement.
Actuellement, c'est plus de 1,5 million de
Québécois qui considèrent... comme des proches aidants et, de ce nombre, 60 %
le sont auprès d'un proche âgé. C'est pourquoi le Québec est la seule province
à offrir un crédit d'impôt remboursable aux personnes proches aidantes, un
soutien financier essentiel que nous avons bonifié il y a déjà quelques années.
Grâce à cette mesure, 102,3 millions de
dollars d'aide fiscale additionnelle ont été offerts depuis 2020-2021. Plus
précisément, 56,4 millions de dollars ont permis d'augmenter le montant accordé
aux 82 000 bénéficiaires du crédit d'impôt, tandis que 45,9 millions de dollars
ont permis d'élargir l'accès à cette aide aux proches aidants d'un conjoint de
moins de 70 ans, ainsi qu'à ceux sans lien familial avec la personne aidée. Il
est essentiel également de mentionner les défis auxquels font face ceux que
nous appelons la génération sandwich, ces personnes qui doivent simultanément
s'occuper de leurs enfants et de leurs parents vieillissants, simultanément.
Cette double responsabilité, émotionnelle et financière, accentue la pression
sur ces proches aidants.
Cela rend notre soutien encore plus
crucial pour leur permettre de souffler et de mieux concilier leur rôle. Notre
gouvernement a fait du soutien aux proches aidants une priorité, M. le
Président. Nous avons adopté des mesures concrètes pour les reconnaître, les
soutenir et alléger leur fardeau. Nous le savons, prendre soin des proches
aidants, c'est aussi préserver la qualité de vie de milliers de Québécois. Leur
engagement est un pilier du bien-être des aînés et des personnes en perte
d'autonomie, et nous avons la responsabilité de leur offrir du soutien, de la
reconnaissance et des solutions concrètes, M. le Président. Parce qu'ils sont
essentiels, nous serons toujours à leur côté. La politique nationale pour les
proches aidants constitue une avancée majeure dans ce domaine, mais nous savons
que le soutien aux proches aidants ne se limite pas aux mesures financières.
• (11 h 20) •
Le bien-être des aidants est une priorité
et c'est pourquoi nous avons mis en place un plan d'action gouvernementale pour
les personnes proches aidantes. Ce plan vise avant tout à reconnaître leurs
besoins pour mieux les soutenir, qu'il s'agisse de conciliation
travail-aidance, de soutien psychosocial ou encore de services de répit. Nous
avons développé plusieurs initiatives pour aider les proches aidants en emploi.
Proches Aidance Québec a mis en place des outils concrets pour sensibiliser les
travailleurs proches aidants aux répercussions de leur rôle et leur faire
connaître les mesures disponibles pour mieux concilier travail et proches
aidance. De plus, les ministères de la Famille et Travail ont identifié les
meilleures pratiques pour favoriser leur embauche et leur maintien en emploi,
car aucune personne proche aidante ne devrait vivre dans la précarité
financière.
L'augmentation du financement des services
de répit a permis de bonifier l'offre de places disponibles de 25 % depuis 2020...
M. Sainte-Croix : ...un proche
aidant peut bénéficier de quelques heures de répit par semaine grâce à
l'intervention d'un préposé à domicile qui prend le relais pour les soins
personnels de la personne aidée. Les Maisons Gilles-Carle offrent ainsi un
service de répit avec nuitée. Les monastères des Augustines permet aux proches
aidants de bénéficier de séjours de renforcement, de ressourcement, et nous
avons également rehaussé l'offre de Baluchon, qui offre un soutien essentiel
aux aidants de longue durée. J'aimerais ici saluer, M. le Président, M. Guy
Gasse, président fondateur de la Maison Gilles-Carle de Saint-Anne-des-Monts.
Nous savons aussi que le soutien émotionnel et psychologique est essentiel pour
les proches, notamment pour ceux qui accompagnent une personne en soins
palliatifs et fin de vie.
Enfin, l'appui pour les proches aidants
finance plusieurs centaines de projets de répit à travers le Québec.
Le Président (M. Leduc) : En
terminant.
M. Sainte-Croix : Soutenir
psychologiquement les proches aidants, c'est aussi leur permettre de continuer
à être présents pour leurs proches.
Le Président (M. Leduc) : Merci.
Merci beaucoup.
M. Sainte-Croix : Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant débuter la cinquième série d'interventions. Et
je cède la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci à tous d'être présents pour cette interpellation. Un merci
particulier à ma collègue de Sherbrooke, qui nous permet, pour une deuxième
année consécutive, à peu près à la même date, de discuter de cet enjeu fort
important du soutien à domicile.
Puis je ferais un recul un peu plus loin
dans le temps pour nous donner une perspective. Je vous ramène au rapport de la
Vérificatrice générale, en mai 2022, qui disait déjà que le Québec a des enjeux
graves et importants sur la planification de l'hébergement et des soins de
longue durée qui ne sont pas sans lien, évidemment, avec les soins à domicile,
en disant notamment que la majorité des aînés en grande perte d'autonomie
reçoivent moins de 5 % des services à domicile dont ils ont besoin. Ça, c'est
la Vérificatrice générale, qui utilise des pourcentages. Est-ce que le
pourcentage a augmenté? J'aimerais le savoir, mais on était extrêmement loin du
compte, à ce moment-là.
On parlait également de l'absence
d'action... ou de plan d'action concerté pour coordonner les services entre le
réseau public et les différents partenaires. Ça, ça fait déjà trois ans, de ce
rapport-là. Le rapport disait aussi que la planification de l'hébergement
public de longue durée pour les aînés en grande perte d'autonomie, bien... dans
ce rapport-là, que le ministère n'a pas réalisé de façon régulière et complète
des projections de la demande d'hébergement de longue durée pour les aînés, que
le ministère n'a pas défini comment il va réorganiser et financer les soins de
longue durée aux aînés en grande perte d'autonomie.
Dans le contexte d'un virage vers le
soutien à domicile, c'est ce qu'on souhaite, que le ministère planifie. Les
chiffres existent et, les projections, on peut les faire. J'espère que le
gouvernement bénéficie d'actuaires pour pouvoir justement faire ces calculs-là
et se projeter dans le temps parce que tous les rapports indiquent qu'on va
frapper un mur. L'offre de soins de longue durée actuelle ne permet pas
d'atteindre les niveaux de services requis pour tous les aînés. Et ça ne va pas
aller en s'améliorant si on ne change pas d'approche. Quand on parle d'un
virage, il faut le négocier, mais le négocier rapidement et clairement. On ne
voit pas, à l'heure actuelle, un mouvement en ce sens-là. Même si, en réponse
au rapport de la VG, on s'en doute, le gouvernement a confié un mandat à la
commissaire à la santé et au bien-être, qui a publié, on le rappelle, quatre
rapports entre mars 2023 et janvier 2024 sur les soins et les services de
soutien à domicile, la commissaire qui a fait 16 recommandations dans son
rapport, dont l'adoption d'une politique de maintien à l'autonomie. Je rappelle
les grandes conclusions, là, de la commissaire : l'écosystème de soutien à
domicile est construit sur des assises fragiles, complexes, peu intégré et peu
performant, basé sur des programmes et des mesures ayant des conditions
d'éligibilité variables, il est financement... financièrement, pardon, peu
soutenable, donc transformation majeure nécessaire. C'était il y a un an.
En réponse, la ministre nous présente un
chantier pour le développement d'une politique nationale de soutien à domicile,
dont l'aboutissement va se faire d'ici la fin de l'année. Donc, encore une
fois, on repousse à plus tard les modifications majeures qu'il faut amener. On
mène des consultations. On a hâte d'y prendre part. On vient d'apprendre qu'on
pourrait peut-être y participer en mai prochain, c'est une bonne nouvelle, mais
les constats sont quand même là. Ils sont là depuis nombre d'années. Et moi,
j'aimerais aujourd'hui sentir le sentiment d'urgence, de la part de la ministre,
d'agir et de transformer véritablement le modèle québécois actuel, qui
sous-performe par rapport aux autres juridictions canadiennes, et encore
davantage...
M. Arseneau : ...par rapport à
ce qui se passe présentement en Europe. Quant au nombre de personnes
desservies, les chiffres qu'on a, on parle de — les plus récents qui sont
disponibles — 386 500 usagers qui reçoivent des soins à domicile. Par
rapport à l'année précédente, 383 000, c'est une augmentation de
3 000 personnes seulement. Pendant ce temps-là, on coupe des chèques
emploi-service avec une période d'austérité, de compression budgétaire. Je
pense qu'on peut s'inquiéter.
Et puis j'aimerais beaucoup qu'on mette à
jour les données du tableau de bord, parce qu'on a voulu s'y référer pour
préparer l'interpellation d'aujourd'hui. Les derniers chiffres datent du
31 mars 2024, on parlait de 16 656 personnes en attente.
Aujourd'hui, la ministre nous dit qu'ils sont 17 000. Ce n'est pas une
baisse, c'est une augmentation. Ils étaient 10 000 en 2019. Et puis, ces
gens qui sont en attente, là, bien, il faut qu'on soit 90 jours en attente
de soins à domicile pour figurer sur cette liste -là. Ailleurs, la moyenne
canadienne, c'est trois jours d'attente avant de figurer sur une liste d'attente.
Nous, on... en fait, on interpelle la ministre pour que des actions concrètes
se fassent à court terme pour véritablement négocier un virage clair et précis.
Merci.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Bélanger : Oui, M. le
Président. Bien, très contente de voir que le député des Îles maîtrise bien le
rapport de la Commissaire Santé et Bien-être. On a accompagné, tout le long des
quatre rapports, la Commissaire Santé et Bien-être et ses équipes. L'ensemble
des recommandations font partie de mon plan de match. Alors, quand, dans les
recommandations, il dit de se doter d'une politique nationale de soutien à
domicile, bien, c'est ce qu'on est en train de faire. Puis se doter d'une
politique nationale de soutien à domicile, bien, ça ne prend pas deux mois,
faire ça, surtout quand ça fait 20 ans qu'elle n'a pas été révisée puis
que tous les gouvernements avant nous ne l'ont pas révisée non plus, hein?
Alors, on va prendre le temps de le faire comme il faut.
Là où je prends une certaine distance par
rapport à vos propos, c'est que le Québec est vraiment dernier de classe en
soutien à domicile au Canada. Je suis complètement éberluée que vous disiez ça
parce que c'est inexact. C'est inexact. Quand je rencontre mes vis-à-vis des
autres provinces canadiennes, tous ont des défis en soutien à domicile, tous
ont des défis en soutien à domicile. Tous regardent ce qui se passe du côté du
Québec et tous regardent la politique qu'on est en train actuellement, là, de
réfléchir et d'élaborer. Puis il n'était pas question pour moi de faire cette
politique comme on a fait celle de 2003 -2004, avec seulement les gens du
ministère. Parce qu'en 2003 -2004 ce n'était pas mauvais, la politique, là,
elle a été utilisée comme pierre d'assise pour tous nos services de soutien à
domicile au Québec, mais c'était très théorique. Il faut se le dire, c'était
très théorique. Il y avait beaucoup de principes, des belles valeurs, mais,
dans l'action, les équipes de soutien à domicile de l'ensemble des CLSC ont
fait leur gros possible.
Puis moi, je veux qu'on souligne le
travail des équipes de soutien à domicile. Ils sont partout au Québec, ils sont
partout. Puis, qu'ils entendent qu'ils sont les moins bons de classe, là, par
rapport à l'Europe puis le Canada, honnêtement, je trouve ça plutôt insultant.
Alors, moi, je veux quand même vous dire : On est bon en soutien à
domicile, on est très bon même, en soutien à domicile. On peut-tu se le dire?
Est-ce que vous allez rencontrer vos citoyens qui reçoivent des services de
soutien à domicile? Je ne sais pas si vous allez rencontrer vos citoyens qui
reçoivent des services de soutien à domicile. J'imagine qu'il n'y a pas juste
ceux des Laurentides qui sont contents de leurs services.
• (11 h 30) •
Alors, écoutez, je veux quand même vous
dire, faisons attention, là. Oui, le rapport de la commissaire, honnêtement,
c'est un exploit que j'ai réussi à mettre en place une grande majorité de ses
recommandations puis de le faire dans les prochains mois. Très souvent, les
rapports, malheureusement, ont tendance à rester, disons, moins considérés, à
part les recommandations extrêmement urgentes. Alors, je suis tout à fait à la
même place. On va faire de la politique. Elle a parlé de bureaux régionaux.
J'ai déjà dit à la commissaire que je... l'idée des bureaux régionaux... en
fait, l'idée en dessous de ça, c'est de se concerter, d'accompagner les usagers
dans le parcours de soins, je suis tout à fait d'accord, mais on va le faire
via nos CLSC. J'ai annoncé que le chantier Porte d'entrée CLSC était en place.
Donc, on est en train de le réfléchir. Il y a des... Actuellement, il y a des
régions qui se mobilisent pour leurs services de soutien à domicile, puis je
vais vous en nommer quelques-unes, Chaudière-Appalaches, la Capitale-Nationale,
la région des Laurentides. Ils font un travail extraordinaire...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Bélanger : ...j'ai
parlé du modèle Verdun. Encore la semaine dernière, l'équipe du CLSC
Jeanne-Mance à l'hôpital Notre-Dame, qui sont présents dans la salle d'urgence.
Alors, il y en a des belles initiatives. Puis moi, ce que j'ai voulu faire, ça
fait deux ans que je suis là, je me suis dit, pendant qu'on réfléchit à
organiser le soutien à domicile, je veux surtout qu'on continue d'avoir des
résultats sur le terrain. Alors, on n'a pas tout arrêté. On a dit, continuez.
On va aller là où c'est plus urgent. Alors, VESAD, c'était vraiment d'aider les
travailleurs sociaux à faire en sorte qu'ils soient plus efficaces dans leur
évaluation. Parce qu'on leur avait imposé, depuis des années, un formulaire qui
avait été élaboré. Je ne vous nommerai pas par qui, mais un grand gériatre au
Québec qui avait évalué... qui avait élaboré un formulaire extraordinaire parce
que la recherche, c'était super important. Les centres de recherche, il y avait
plein de données là-dedans. Alors, on est concret, nous. Alors, le formulaire,
il a été réduit. On voit plus d'usagers. Le tableau de bar, il va être
disponible. Les gens du ministère m'écoutent, là, je suis sûre qu'il doit y en
avoir plusieurs qui écoutent l'interpellation. Alors, on va le mettre de
l'avant, le tableau de bord. C'est mon objectif. Mais vous comprenez qu'en
changeant de système d'information, puis mettre en même temps un tableau de
bord au public, ça ne fonctionne pas.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Merci. Je vous informe que j'ai reçu le tableau de la ministre et que
j'autorise son dépôt. Et maintenant, je cède la parole à la députée de Laporte.
Mme Poulet : Oui, merci,
le Président. Monsieur le Président, nous avons bâti un écosystème de soutien à
domicile qui facilite la pratique des soins et des services. D'une part, le
gouvernement ne peut faire cavalier seul dans le soutien à domicile. Madame la
ministre en a parlé tantôt, les entreprises d'économie sociale en aide à
domicile jouent un rôle essentiel de soutien et d'amélioration de la qualité de
vie des aînés et des personnes en perte d'autonomie. En juin dernier, nous
avons annoncé une bonification de 14,8 millions de dollars à l'enveloppe
de ces entreprises pour soutenir les services et les conditions de travail des
aides de services. Amélis, dans ma circonscription, et toutes ces entreprises,
sont les principaux fournisseurs de services en aide domestique.
Monsieur le Président, ma soeur a effectué
ce travail durant plusieurs années. Elle était aux premières loges à constater
les besoins de ses aînés. Les services sont personnalisés et adaptés. Ils sont
indispensables pour les aider à demeurer à la maison avec ceux qu'ils aiment,
en toute dignité et sécurité. Mais certains sont seuls. Ces services permettent
de briser leur isolement. Pour certains, ma soeur, c'était la seule personne qu'ils
voyaient. Tous ces aînés sont soutenus par des gens de confiance et
bienveillants. Monsieur le Président, cette bonification financière, les
personnes ayant un revenu modeste verront leurs contributions réduites, ce qui
leur permettra de bénéficier de davantage d'heures de services d'aide
domestique.
Aussi, nous avons renforcé l'offre de
services de répit pour les proches aidants. Il faut les aider à préserver un
certain équilibre dans leur vie. Je veux remercier Proches Aidance Québec, qui
englobe 124 organismes communautaires. Ils soutiennent plus de 41 000 proches
aidants par l'entreprise de leurs services-conseils, soutien psychosocial et de
répit. Mais ce n'est pas tout. Nous avons annoncé 20 initiatives ciblées
de gériatrie sociale qui seront déployées dans 10 régions du Québec. Chez
nous, c'est la Maison Tournesol qui fait un travail extraordinaire. Une
enveloppe de 6,1 millions de dollars sur trois ans a été accordée pour
cette initiative et elles viendront en complémentarité à tous les autres
services déjà offerts. Les initiatives prévoient l'embauche, la formation et
l'accompagnement de navigateurs et de navigatrices.
Aussi, je vous rappelle, Monsieur le
Président, que nous avons annoncé l'an dernier la revalorisation des CLSC,
c'est vendredi après-midi après une tempête, comme point d'entrée aux soins
pour les aînés. Les aînés pourront s'y référer pour obtenir diverses
informations, ressources et accès, notamment au soutien à domicile et à autres
services. L'hospitalisation à domicile maintenant, Madame la ministre en a
parlé tantôt, fait aussi partie de l'équation. En 2023, pas moins de 13 projets
d'hospitalisation à domicile ont été annoncés, dont 8 qui ont déjà débuté leur
mandat depuis l'année dernière. Notre objectif est de déployer ce programme
dans les 34 établissements hospitaliers du Québec, de façon que toutes nos
régions soient desservies avec les bons soins, au bon moment...
Mme Poulet : ...pour ceux qui
le désirent. Non seulement ce permet... ce programme permet à la clientèle qui
y sont éligibles d'avoir une expérience patient plus humaine dans le confort de
leur résidence, mais ils ont des services réguliers virtuels avec une équipe de
soins, un accès prioritaire aux examens, aux consultations avec des
spécialistes, la possibilité de rentrer en contact avec une infirmière 24/7,
c'est un... vraiment un service VIP. Les intervenants se déplacent pour leur
donner des soins physiques, les médicaments et fournitures médicales sont
livrés directement chez eux gratuitement. L'équipement et le moniteur médicaux
sont connectés à un réseau qui permet aux infirmières et aux médecins de
mesurer les informations sur l'état de santé du médecin en temps réel. Je suis
vraiment impressionnée.
L'hospitalisation à domicile a plusieurs
avantages. Elle diminue le déconditionnement et l'isolement de... que
l'hospitalisation traditionnelle peut avoir sur eux. Ils sont moins exposés aux
infections nosocomiales, vivent moins de perturbations au niveau de
l'alimentation et du sommeil, et la durée de soins peut être de plus courte
durée.
Nous avons la plus grande gratitude envers
les médecins spécialistes et personnels soignants, infirmières,
physiothérapeutes, pharmaciens, inhalothérapeutes, entre autres, qui
participent à cette démarche. Tous ces projets s'inscrivent dans nos efforts
pour désengorger nos hôpitaux. Par tous ces exemples, notre gouvernement prend
très au sérieux le bien-être de nos aînés et ceux à venir. Bref, l'on met en
oeuvre des initiatives pour accélérer ce virage en permettant aux aînés de
rester chez eux le plus longtemps possible. Merci.
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Et nous allons débuter la sixième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole à la députée de La Pinière pour 2 minutes 30 secondes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, je vais y aller rapidement puisque j'ai peu de temps. La
question des CLSC. Donc, le 3 mai, à la suite du rapport de... en fait, de la
commissaire, qui proposait des bureaux régionaux et qui avait dit d'ailleurs,
dans son tome 4, de ne pas donner ça aux CLSC parce qu'ils étaient déjà
débordés... mais je comprends la ministre de ne pas avoir voulu créer une autre
structure.
Donc, ma question : Est-ce que des
ressources seront allouées davantage aux CLSC pour permettre d'être le point
d'accès principal?
Dans l'annonce que la ministre avait
faite, il était question d'avoir... de tester le tout dans 10 CLSC. Dans une
demande... une question au feuilleton que j'avais faite l'automne dernier, la
réponse, c'est qu'on avait toujours l'intention de faire ça, mais il n'y avait
pas de... il n'y avait pas de date.
Alors, j'aimerais savoir si c'est
commencé. Est-ce que c'est le chantier dont elle parlait tout à l'heure? Dans
quels... Dans lesquels CLSC c'est en... c'est en marche, si c'est le cas? Et
est-ce que... est-ce qu'elle a un état d'avancement? Est-ce que ça semble
fonctionner? Est-ce que c'est vers ça qu'elle va... qu'elle va aller? Et puis
quel sera le rôle? On parle de guichet... de guichet unique. Ça peut être
plusieurs choses. Est-ce que c'est un guichet d'information où les gens
pourront aller et savoir quelle est la panoplie de services publics ou
communautaires ou privés qui sont offerts aux aînés dans leur région? Ou est-ce
qu'il y aura aussi... ce sera aussi le même point pour obtenir une évaluation
en cas de besoin? Est-ce que ce sera le même point pour renseigner les
personnes proches aidantes, leur donner du soutien à elles aussi?
Alors, j'aimerais avoir, donc, un état des
lieux, un peu, sur le projet et l'échéancier aussi, parce que, sauf erreur,
lorsque le projet avait été annoncé, les... les tests, là, c'est-à-dire les
projets pilotes auraient dû être terminés en 2024 et la mise en oeuvre
graduellement en 2025. Alors, comme on est en février 2025, j'aimerais savoir
si l'échéancier a changé, ça peut avoir changé, ou si on se dirige toujours
vers une implantation dans tous les CLSC d'ici la fin de 2025. Merci.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Nous en sommes maintenant aux dernières interventions, et, Mme la
ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme Bélanger : Oui. En fait,
pour y aller d'entrée de jeu avec... en suivi, là, de l'intervention de ma
collègue de La Pinière, il y a actuellement... Parce que, vous savez, on
travaille sur la politique soutien à domicile avec les quatre éléments dont je
vous ai parlé. Un élément majeur de cette politique-là est l'accès, O.K., la
continuité, l'accompagnement de l'usager dans un... dans son parcours de soins,
dans un univers, j'en conviens, qui est extrêmement complexe, alors...
Donc, actuellement, il y a 10
établissements qui sont en train de vivre des projets pilotes, c'est tous des
projets différents, et ça nous permet donc d'aller de l'avant. Le CISSS des
Laurentides, actuellement, est en train de...
Mme Bélanger : ...sur ce qu'on
appelle l'écosystème du vieillissement. Donc, à partir d'un réseau local de
services, un CLSC, ils ont identifié quelles étaient les personnes âgées de
leur territoire, ils ont identifié quels étaient les services offerts à ce
territoire -là, pas seulement ceux du CLSC, mais ceux des centres d'action
bénévole, les entreprises d'économie sociale, les projets en lien avec la
proche aidance, les projets de villes amies des aînés, etc. Donc, les besoins
d'une population dans un réseau local de services autour d'un CLSC, l'offre de
services existants, et, par la suite, ils identifient les écarts entre les
deux. Et c'est vraiment après ça qu'on va identifier le rôle des personnes qui
devraient accompagner, donc, les aînés à travers ce parcours-là. Donc, leur rendre
accessible des services, savoir où aller frapper, une seule porte.
Actuellement, là, c'est comme si on s'attendait que les aînés connaissent tous
les programmes gouvernementaux. Ce n'est pas ça, l'objectif. L'objectif, c'est
qu'à partir du moment où il y a un besoin il y ait un intervenant pivot, qu'il
y ait un lieu d'accueil de la demande et qu'il y ait rapidement un
accompagnement. Alors, donc, il y a plusieurs projets qui sont inscrits dans ce
sens -là. À Québec, par exemple, ils ont mis en place aussi un guichet d'accès
qu'ils sont en train de tester, O.K., dans une des sous-régions de Québec. Dans
un autre territoire, ils sont en train de tester le rôle des assistants
techniques aux travailleurs sociaux. Alors, c'est très intéressant. Ça fait que,
voyez-vous, ça fait qu'on a comme décortiqué puis on a dit : O.K., ces
10 établissements-là, en fonction déjà de leur force, vous pouvez aller de
l'avant, et donc on va monitorer vos projets puis ça va nous aider, donc, au
niveau de la politique, c'est comme si on était en train de tester des choses
que les gens viennent nous dire, de toute façon, dans la politique nationale.
Ça fait que, je le répète, la politique, extrêmement important : l'accès,
le volet du financement, le volet de la continuité de service et la gouvernance
partenariat. Alors, c'est très important. Il va falloir, donc, qu'il y ait des
meilleures synchronisations au niveau des CLSC. Puis les CLSC devraient être
les maîtres d'oeuvre des plans d'action pour le soutien à domicile. Ça, c'est clair
pour moi, mais pas en vase clos, donc avec les autres partenaires, mais les
CLSC devraient avoir la responsabilité ultime de donner l'information,
d'accueillir, d'évaluer, de soutenir puis surtout de s'assurer d'avoir un plan
d'action régionale dans chacune... dans chacun des sous -territoires. Alors, je
veux le mentionner. Cette politique, elle est importante.
Puis il y a aussi le plan national en lien
avec le vieillissement, 2024-2029, Fierté de vieillir, plus de 100 mesures
qui touchent différents partenaires, en lien avec le vieillissement actif, on
parle de la prévention, des municipalités amies des aînés, du transport, de
littéracie financière, de la gériatrie sociale, ainsi de suite. Ça fait que,
donc, on aura, dans le coffre à outils soutien à domicile, une politique
nationale. Puis on a un plan d'action gouvernementale qui ne concerne pas le
soutien à domicile uniquement, mais oui, il y a certains liens. D'ailleurs,
dans Fierté de vieillir, un des axes, c'est de se doter d'un plan d'action, d'une
politique nationale en soins à domicile. Alors, donc, je répète, Fierté de
vieillir, politique nationale de soutien à domicile.
On aura l'occasion aussi de déposer, dans
les prochains jours, la politique nationale en lien avec la maladie
d'Alzheimer, travaux qui ont été conduits par Dr Howard Bergman. Puis
d'ailleurs nous allons inviter les députés à venir rencontrer Dr Bergman. J'en
avais fait un engagement avec un député de... de votre...
Mme Labrie : ...
Mme Bélanger : Oui, donc...
De quel...
Mme Labrie : ...
Mme Bélanger : Oui, de
Jean-Lesage, qui m'avait demandé si c'était possible d'avoir l'information en
lien avec les travaux du Dr Bergman. Donc, on va faire ça.
Ça fait que, vous savez, donc, pour, je
dirais, bien travailler en lien avec le vieillissement de la population, il
faut avoir Fierté de vieillir, parce que ça touche tous les ministères, tous
les partenaires. Vous savez, habitation, on parle de l'habitation, mais ma
collègue, ministre de l'Habitation, elle avait un plan de créer jusqu'à
10 000, 15 000 logements abordables en peu de temps, puis, par
la suite, il y a une gradation. La première question que je lui ai demandée,
c'est : Dans ton objectif de 10 000, 15 000 logements, tu
en as combien qui concerne les aînés? Ça fait que c'est comme ça qu'on a
travaillé. Donc, tous les ministres concernés par le vieillissement ont des
objectifs. C'est le secrétariat des aînés qui fait la coordination du plan
Fierté de vieillir. Il va y avoir...
Mme Bélanger : ...donc un
rapport qui va être déposé bientôt. Donc, fierté de vieillir, politique
nationale de soutien à domicile, politique en lien avec l'Alzheimer. Je pense
qu'on aura donc des outils structurants pour faire face au vieillissement.
Puis, vous savez, on m'a posé tantôt une
question, à savoir, est-ce que je sens l'urgence d'agir? Bien, l'urgence
d'agir, je la ressens à chaque jour, à chaque soir puis presque à chaque nuit,
parce que je le sais, qu'il faut qu'on travaille. Puis, actuellement, pour moi,
c'était très important de prendre le temps de réfléchir puis de travailler avec
nos équipes puis avec nos partenaires, mais, en même temps, il ne fallait pas
être inactif sur le terrain.
Puis les données que j'ai me montrent que,
quand même, actuellement, on continue de donner des services de soutien à
domicile, on a augmenté les heures. On a du travail à faire, mais je pense que
les trois outils dont je vous ai parlé vont venir nous aider à changer le
modèle. Parce qu'il faut changer le modèle, je suis tout à fait d'accord, le
statu quo n'est plus possible, mais il faut le faire correctement puis dans
l'ordre des choses, puis ça, c'est vraiment important.
Puis je veux aussi vous mentionner que je
travaille avec des conférences régionales aînées, vous en avez dans toutes vos
régions. Dans chaque région du Québec, il y a une conférence régionale aînée,
donc c'est environ 17 conférences régionales, et ces conférences régionales
relèvent du Secrétariat des aînés. Alors, ça, pour moi, c'est mon... je dirais,
là, c'est mon groupe aviseur aîné. Alors, ils sont aussi interpellés dans la
politique soutien à domicile, ils ont été interpellés dans Fierté de vieillir.
Donc, ils sont vraiment, je dirais, les porte-parole puis ils connaissent leurs
communautés.
Ça fait que, donc, c'est important, et
puis je suis consciente qu'il y a beaucoup d'avis, beaucoup d'opinions en lien
avec le soutien à domicile, que ce soit la chaire de recherche
Jacques-Pagizeau, HEC Montréal, l'IRIS, la Commissaire santé, bien -être. Vous
savez, je les lis tous, les rapports, puis toutes les recommandations qui sont
là. Puis, si on les mettait toutes sur la table, là, des fois, il y a une chose
et son contraire. Alors, mon rôle, comme ministre, c'est de vraiment prendre ce
qu'il y a de mieux.
Puis, surtout, soyons donc fiers de
vieillir au Québec. Soyons donc fiers de ce qu'on fait, parce que c'est vrai
qu'il se fait des belles choses en Europe, mais, honnêtement, quand on regarde
le fond de tout ça, là, bien, il y a des choses qu'on fait aussi au Québec,
puis on n'a pas à être gêné des services de soutien à domicile. Puis, pour moi,
les services de soutien à domicile, c'est ma bataille constante. Je ne veux pas
que ce soit un maillon, je dirais, de troisième puis quatrième étape dans le
système de santé. Alors, c'est ça, la bataille que je fais. Ça, je pense que
c'est important qu'on ait tous ce discours-là ensemble.
C'est vrai qu'avec l'arrivée de Santé
Québec, c'est possible qu'il y ait un petit peu plus d'ajustements, parce qu'ils
arrivent dans un contexte qui n'est pas évident, mais il n'est pas question
qu'on coupe dans le soutien à domicile. Ça fait que, là, je le dis, parce que
je sais que c'est enregistré, en plus, il n'est pas question qu'on coupe dans
le soutien à domicile. Alors, vous savez, si on coupe dans le soutien à
domicile, les premières personnes qui vont subir les contre -coups de ça, c'est
les usagers, mais c'est les proches, c'est les familles, c'est des communautés
puis c'est surtout les hôpitaux aussi. Parce que, si on n'arrive pas à bien
répondre aux besoins des personnes en soutien à domicile, elles vont se
retrouver où, ces personnes -là? Bien, elles vont finir par se retrouver à
l'hôpital, puis on ne veut pas ça.
Alors, c'est important, on peut faire mieux
qu'on fait là, j'en suis tout à fait consciente, mais il y a des belles choses
qui se passent sur le terrain, puis mon rôle, c'est aussi de les mettre en
évidence. Puis, quand je les mets en évidence, ce n'est pas pour nier ce qui ne
marche pas, parce que, oui, il y a des choses qui ne fonctionnent pas, mais je
ne suis pas prête à dire que notre soutien à domicile au Québec, là, on est les
pires au monde, loin de là. On a tout ce qu'il faut pour être les meilleurs au
monde.
Puis je veux terminer en remerciant les
employés de notre réseau, les médecins, il y a de plus en plus de médecins qui
font du soutien à domicile. Puis je veux vous souhaiter une belle
Saint-Valentin.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sherbrooke,
également pour une période de 10 minutes.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Donc, aujourd'hui, j'ai abordé trois sujets principaux avec la
ministre. D'abord, le bilan d'où on en est avec les soins à domicile, avec tous
les rapports qu'il y a eu, les sorties, même, de la ministre. Je pense que
c'est important de faire un studio de ça. J'ai abordé aussi la place qu'elle
veut faire au privé dans sa nouvelle politique et la déshumanisation des soins
qu'on voit en ce moment avec les compressions.
Donc, je vais revenir sur nos échanges.
D'abord, sur le suivi des données, elle nous a dit qu'il y a trois données
qu'elle veut suivre, principalement, donc : le nombre d'usagers, le nombre
d'heures totales, le nombre de personnes en attente d'un premier service. C'est
peu, quand même...
Mme Labrie : ...heureusement
que ce n'est pas seulement, là, le nombre d'usagers, mais je pense qu'il
faudrait aussi regarder des choses comme par exemple le temps d'attente moyen
pour obtenir un premier service, par exemple. Elle nous a dit qu'elle rendrait
bientôt disponible un tableau de bord plus complet, mais moi, c'est un chiffre
que je voudrais retrouver sur le tableau de bord. On le voit pour plein
d'autres services, là, les dépassements de temps d'attente, donc moi,
j'aimerais le voir aussi en soins à domicile, c'est quoi le temps d'attente
moyen pour un premier service.
Puis je me permets de dire qu'au-delà de
ça, ce serait quand même pertinent de suivre notre taux de réponse aux besoins
de la manière dont la commissaire à la santé et au bien-être l'avait fait parce
qu'il faut être capables de mesurer le chemin parcouru depuis ces rapports-là.
Ce serait le fun de le voir de manière nationale, mais aussi à l'échelle de
chacune des régions. Moi, je veux savoir, est-ce qu'on... est-ce qu'on stagne à
10 %, malgré toutes les ressources investies, est-ce qu'on avance, est-ce que
les compressions nous font reculer sur le taux de réponse aux besoins. Je pense
que les gens ont besoin de savoir ça. Tout le monde se soucie de la qualité des
soins et des services à domicile, parce que, comme la ministre l'a dit, ça n'a
pas juste un impact sur les personnes qui en reçoivent puis qui en ont besoin
pour leur propre qualité de vie, ça a aussi un impact sur leurs proches. Puis
on connaît tous quelqu'un qui a besoin de ces services-là.
Donc, je pense que l'ensemble des
citoyens du Québec sont préoccupés par notre capacité à répondre aux besoins.
Et tout le monde a vraiment été déçu de voir qu'on répondait à juste 10 % des
besoins, et inquiet. Donc, moi, je veux qu'on puisse savoir on en est où par
rapport à ça et qu'on le mesure sur une base régulière. Parce que, quand on
dépense des fonds publics, il faut vérifier s'ils servent vraiment à ce à quoi
on veut qu'ils servent. C'est quand même la base, là, c'est normal, surtout
quand on parle d'êtres humains dont la qualité de vie et la dignité en
dépendent. Et aussi, on doit vérifier si les solutions qu'on met en place
fonctionnent. Parce que la ministre, là, il y a un an et demi, à peu près, elle
a parlé de sa petite révolution, on en a discuté un peu, là, les formulaires
qu'elle voulait raccourcir, et puis tout ça, ça a été très bien accueilli,
hein? Dans le milieu, ici, politiquement, tout le monde a très bien réagi à ça,
c'était la chose à faire. Mais on en est où? Est-ce que ça a marché? On ne le
sait pas. Puis j'avoue que ça m'inquiète, parce que, si ça avait marché, cette
petite révolution là, par rapport à la bureaucratie, au temps de déplacement,
si, par exemple on était passé de 70 % du temps consacré à la paperasse puis
aux déplacements à 30 %, je suis convaincue que la ministre nous le dirait. Je
suis convaincue qu'elle serait quand même assez fière de nous livrer cette évolution
positive de l'utilisation de nos ressources. Alors, juste le fait qu'elle
ne le mesure pas, qu'elle ne nous répond pas à ça aujourd'hui, qu'elle ne nous
le dit pas, qu'elle ne... ça envoie un drôle de message, comme si ça n'avait
pas eu les résultats attendus. Donc, moi, j'invite vraiment la ministre à nous
le dire, si ça marche ou si ça ne marche pas. Parce que tout le monde veut que
ça marche. Elle avait des bonnes idées. On veut que ça marche. Puis là, moi, ce
que je vois sur le terrain, il y a des endroits où on me dit que ça prend
forme, des endroits où on me fournit des exemples quand même qu'il reste du
travail à faire, là. Je vais donner un exemple qui nous vient de la FIQ, sur le
territoire de l'Est-de-l'île-de-Montréal, qui fait partie des projets pilotes
qui étaient dans les établissements ciblés, là, il y a déjà un an et demi. On
dit qu'en moyenne, sur une journée de sept heures et demie, une infirmière
auxiliaire passe seulement quatre heures à quatre heures et demie à donner des
soins aux patients, puis pour une infirmière, c'est deux à deux heures et
demie. C'est peu. Et ça, on parle d'un établissement qui était visé par les
projets pilotes, là, donc il y a un an et demi. Donc, à un moment donné, je
pense qu'il faut... il faut le savoir si ça marche aussi. Ça fait que j'invite
la ministre à nous donner des suivis plus assidus là-dessus.
Maintenant, par rapport à la politique,
moi, j'ai bien entendu que la priorité de la ministre, c'est les entreprises
d'économie sociale puis les centres d'action bénévole, et je veux le saluer. Je
trouve que c'est tant mieux. Moi, j'ai adoré entendre ça, aujourd'hui. J'espère
que ça va se concrétiser en accélérant les démarches des ESAD pour qu'ils
puissent conclure plus facilement des ententes avec des établissements. On sait
qu'en ce moment, c'est un irritant. Les ESAD peuvent en faire plus, sont
limitées par des contraintes administratives. Elle dit qu'elle n'a pas fermé la
porte au privé à but lucratif, elle est encore en train d'étudier ça. Moi, je
veux l'inviter à fermer cette porte-là. Je pense que c'est important qu'elle
ferme cette porte-là. On les connaît, les risques de miser sur le privé à but
lucratif pour offrir des services essentiels, on les connaît très bien.
D'abord, ils ne vont pas là où c e n'est pas assez rentable, hein,
premièrement. Puis c'est normal, là, c'est des entreprises à but lucratif,
elles vont là où elles peuvent faire de l'argent puis ça leur appartient. Mais,
quand on parle de services essentiels, on ne devrait pas miser là-dessus.
On connaît aussi la réalité que, quand ce
n'est plus assez rentable à leur goût, bien, soit ils demandent plus de
subventions, ou soit ils arrêtent de le faire. On le vit régulièrement avec les
RPA. Et, donc ça, c'est un engrenage dans lequel on ne devrait pas vouloir
embarquer. Ne mettons pas la main dans cet engrenage-là pour les soins à
domicile. On l'a vu aussi comment les agences ont fait exploser les coûts en
santé, puis combien c'est difficile et douloureux...
Mme Labrie : ...de s'en sevrer
en ce moment. Alors, ne nous rendons pas dépendants du privé à bus lucratif
pour les services à domicile, fermons cette porte-là.
Puis maintenant, bien, pour conclure, je
veux revenir sur la déshumanisation des soins, parce que ça, je n'en ai pas
entendu, de réponse à mes questionnements là-dessus. En deux heures d'échange,
ou presque, la ministre a réussi à ne pas en parler, alors que j'avais quand
même donné des exemples qui m'apparaissent alarmants. Ce n'est pas anodin, là,
que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse ait pris soin de
sonner l'alarme pour dire que la réduction des heures de services, ça pouvait
porter atteinte aux droits des personnes qui vivent avec un handicap. Ils ont
fait ça en décembre, là, en voyant l'effet des compressions. Moi, j'aurais
voulu entendre la ministre là-dessus, puis je ne l'ai pas... je ne l'ai pas
entendu commenter sur... l'impact sur la vie, là, des gens qui vivent ces
compressions-là. Parce que les chiffres sont assez clairs, hein, il y a eu un
impact des compressions demandées par le gouvernement du Québec à Santé Québec
sur le réseau... sur l'offre de soins à domicile, et les témoignages aussi sont
clairs sur l'impact des réductions d'heures de services sur les personnes qui
ont besoin de ces services-là. Il y en a un, impact sur leur qualité de vie. On
ne peut pas traiter les gens comme ça, en minutant le temps qu'on passe avec
eux, le temps de chaque geste qui est posé pour les accompagner dans leur
quotidien. On ne peut pas mettre la pression de faire vite à ce point-là aux
personnes qui offrent les soins, aux personnes qui offrent de l'aide à
domicile. Parce que ces personnes-là veulent prendre soin des gens. Ils veulent
le faire avec humanité, ils ont choisi ce travail-là pour cette raison-là la
plupart du temps, puis leur travail va perdre son sens si on se met à les
minuter puis à leur mettre cette pression-là pour réussir à avoir des beaux
chiffres sur un tableau de bord. Donc, moi, ça m'inquiète énormément parce
qu'on va avoir un enjeu, d'abord, de respect de la dignité humaine des gens qui
reçoivent ces services-là puis aussi un enjeu de rétention de personnel, à qui
on met une pression qui déshumanise aussi leur travail.
Donc, je sais que ce n'est pas la ministre
qui a demandé ça. Ça, pour moi, c'est très clair, là, je sais que ce n'est pas
la ministre qui a demandé ces compressions -là, je sais qu'elle a... qu'elle a
essayé de protéger même le chèque emploi-service. Je suis convaincue que ce qui
se passe, ça, ce n'est pas ça qu'elle veut. Elle l'a déjà dit, d'ailleurs, dans
le passé, qu'elle voulait sortir du paradigme du minutage. Puis moi, je la
crois quand elle dit ça, et j'ai quasiment le goût de dire que c'est justement
ça qui m'inquiète le plus parce qu'elle, elle ne veut pas ça et elle n'a pas
l'influence nécessaire pour que ça advienne dans le réseau. Et ça, c'est parce
qu'on a créé Santé Québec. Avec Santé Québec, ce n'est plus la ministre qui
décide de comment ça va marcher dans le réseau. C'était ça, l'effet collatéral
de créer une agence, on diminue l'influence du politique sur la gestion du
réseau de la santé et des services sociaux et donc, par le fait même, des
services à domicile. Il y en a qui pourraient voir ça positivement, mais là ce
qu'on vit en ce moment, c'est que, depuis décembre, on voit qu'on a un
gouvernement qui ne réussit pas à influencer Santé Québec dans sa gestion, dans
ses manières de faire. La ministre, elle a eu beau demander très fermement,
très clairement de ne pas couper les chèques emploi-service, elle l'a fait par
écrit, elle nous l'a dit, et Santé Québec a pris sa lettre puis ils l'ont mise
au recyclage. Parce que, dans les faits, il y en a eu, des coupes dans les
chèques emploi-service. On les voit, là, dans les données, ces réductions d'heures
dans les chèques emploi-service. Donc, même quand elle nous parle avec son
coeur puis qu'elle nous dit qu'elle ne veut pas ça, bien, dans la vraie vie, ça
arrive quand même.
Et moi, ça me fait me demander :
Qu'est-ce qui va arriver avec la politique puis le plan d'action de la
ministre? Parce que c'est du... C'est du travail sérieux qui se fait,
assurément. Beaucoup de gens sont impliqués là-dedans. Puis après ça :
Est-ce que Santé Québec va le prendre, dire merci, puis se revirer de bord,
puis faire comme ils veulent? Moi, ça, ça m'inquiète de voir ça aussi parce que
ce travail-là, il est important, l'avenir des soins à domicile en dépend, puis
moi, je n'aime pas ça savoir qu'on n'est pas capable d'influencer Santé Québec
dans la manière dont ils vont organiser ces services -là, je... puis je...
S'ils n'étaient pas tenus de respecter la directive de la ministre avec sa
lettre sur les chèques emploi-service, en quoi ils vont être tenus de respecter
sa politique? C'est très préoccupant pour moi de savoir ça en ce moment.
• (12 heures) •
Le Président (M. Leduc) : Merci
beaucoup, merci pour votre collaboration. C'était ma première présidence. Merci
pour l'aide en préparation. Merci pour les bons échanges.
Et, compte tenu de l'heure, je lève la séance
de commission. Ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Bonne
journée, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 01)