Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 27 novembre 2024
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Vol. 47 N° 59
Étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l’encadrement relatif aux étudiants étrangers
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie, je vous le
rappelle, afin de poursuivre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Caron (La Pinière) est remplacée par Mme Rizqy
(Saint-Laurent); Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce) par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); Mme Prass (D'Arcy-McGee) par M. Morin
(Acadie); et M. Bérubé (Matane-Matapédia) par M. Paradis (Jean-Talon).
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Alors, chers élus, bienvenue à la commission. Lors de l'ajournement de nos
travaux... ajournement de nos travaux d'hier nous en étions à l'étude de
l'article 12. Mais je vous rappelle toutefois que les articles 3 à 6
et 8 à 10 ont été suspendus. Alors, compte tenu que nous en étions à
l'article 12, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 12?
Mme Setlakwe : ...on a... on
a suspendu, hier... ajourné, hier, on a... nous en étions à la réponse du
ministre, là, quant à... en réponse à une question de mon collègue. On
discutait de la situation à Rimouski, la situation des logements, etc., et on
attendait la réponse du ministre. Sauf erreur.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, merci.
Rebonjour, tout le monde. Bien, effectivement, le collègue avait soulevé ça,
mais j'avais déjà préalablement répondu que, parmi tous les critères qu'on peut
considérer, quand on... quand on y va par région, parce qu'on va y venir mais
on veut regarder différents critères pour prendre des décisions, quand on
regarde le critère de région d'accueil, on parle d'étudiants, on parle
d'enseignement supérieur, on parle de science, on parle de recherche, on parle
le besoin de main-d'oeuvre, on parle de secteurs porteurs, on parle de chaires
de recherche, mais on parle aussi, dans un contexte d'immigration, de capacité
d'accueil, d'intégration puis d'accueillir dignement les personnes. Donc, oui,
la question du logement doit être considérée parmi plusieurs autres critères
lorsqu'on regarde notre capacité d'accueil.
Mme Setlakwe : Merci. Juste
pour poursuivre sur le logement. Donc, que ce soit à Rimouski ou ailleurs,
est-ce que vous avez un meilleur portrait aujourd'hui de ce qui nous manque? Je
sais que quand je vous ai posé la question, hier, sur le logement étudiant,
vous me disiez : Bien, ce n'est pas juste au niveau du logement étudiant
et les résidences, l'enjeu, c'est... c'est plus global. Mais moi, pour avoir
parlé à différents acteurs du milieu universitaire et collégial, il y a des
résidences étudiantes, il y a des... il y a... il y a des projets en cours.
C'est quelque chose qui... sur lequel les institutions se penchent. Donc, je
vous repose la question à nouveau, M. le ministre : Est-ce que vous avez
une idée, là? Est-ce qu'on peut... Quel portrait avez-vous, là, de la situation
du logement étudiant ou... c'est ça, à la grandeur du territoire?
M. Roberge : Je n'ai pas le
portrait ici à vous déposer, région par région, de l'état de la disponibilité
des logements ou du coût des logements ou du nombre de résidences étudiantes.
Ça fait partie des choses qui vont être considérées dans un grand tout en
faisant appel aux collègues. Dans ce cas-ci, ce serait Enseignement supérieur
et Logement.
Mme Setlakwe : Mais vous
devez avoir une idée de ce qui nous manque. Je ne vous demande pas un chiffre
précis, mais quand même une certaine fourchette, là, de... On entendait plus
tôt, vous et moi, là, la ministre de l'Habitation répondre à des questions,
elle travaille sur plusieurs... plusieurs angles, plusieurs... plusieurs
éléments dans son plan. Je pense qu'il y a un élément logement étudiant. Il
doit y avoir un soutien aux institutions d'enseignement. Il doit y avoir un
soutien. Il doit y avoir un volet qui a trait aux institutions d'enseignement
sur le territoire, là. Donc, je pense, ce serait une information pertinente
pour la commission, de savoir ce qui nous manque, ce sur quoi il faut plancher.
M. Roberge : Bien, la
décision qu'on prend ici, c'est est-ce qu'on veut se donner ou pas l'habilité
d'aller chercher des informations, est-ce qu'on veut se donner ou pas, comme
gouvernement, comme État, l'habileté de tenir compte de ces informations-là, de
tenir compte de ces critères-là quand viendra le temps de prendre des
décisions. Je pense que la réponse, c'est : Oui, on veut des informations,
il y a des articles pour ça, puis on veut être capables d'utiliser différents
critères, puis ça, c'est d'autres amendements. On ne fait pas ici l'exercice de
décider combien d'étudiants on veut au total ou combien d'étudiants on veut par
région, et donc on ne fait pas l'exercice ici de dire : Bien, il y a
combien de logements. Ici, là, on se dote de pouvoirs comme État pour prendre
les meilleures décisions. On ne fait pas l'analyse du nombre de logements par
région.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Bien,
je...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Mais je
pense qu'au sein du gouvernement il doit y avoir quelqu'un qui fait une analyse
au niveau du logement. Et je reviens à la charge, là, je comprends ce que vous
me dites, vous voulez puis vous le réitérez depuis le début, vous voulez vous
donner les pouvoirs d'aller chercher toutes les informations pour agir, on
l'espère, de façon bien précise et ciblée. On pourra rediscuter du libellé plus
tard. Mais il faut quand même qu'on sache, qu'on connaisse les éléments, là,
sur lesquels il y a des enjeux, il y a des défis, puis vous avez mentionné que
le logement, c'est un... c'est un enjeu dont il faut se préoccuper que les
étudiants internationaux ajoutent une pression, doivent forcément, on le
comprend, se loger, qu'il peut y avoir donc un impact sur la population
étudiante existante. Où est-ce qu'il nous manque des logements au Québec, des
logements qui servent à la population étudiante? Je suis certaine qu'il y a...
qu'il y a une qui a une analyse qui est faite. Est-ce que ces renseignements-là
vont être fournis par les ministères concernés?
M. Roberge : Mme la
Présidente, il n'est pas pertinent ici de faire cette analyse-là.
Effectivement, la ministre de l'Enseignement supérieur et la ministre du
Logement peuvent recueillir ces informations-là pour analyse ultérieure, mais
ce n'est pas la place ici. C'est comme si on disait aussi : Bon, bien,
quel est le taux de chômage par région et quelle est la pénurie de main-d'œuvre
dans le secteur industriel dans le Centre-du-Québec, dans la région de
Drummondville? Ça, c'est des informations qui pourraient être considérées après
quand on décidera, on a besoin de combien d'étudiants étrangers dans des
formations qualifiantes au Centre... au Centre-du-Québec? Ça, ça va être toutes
informations qui vont être utiles. Mais ce n'est pas utile ici de les déposer,
de les obtenir et d'en débattre. Ça, ce n'est pas ça le principe.
Mme Setlakwe : Pas forcément
pour en débattre, mais pour avoir un portrait clair, un état de situation. C'est
drôle, moi, à chaque fois que je parle à un recteur, à un directeur de cégep...
Récemment, j'ai été à Trois Rivières, on voyait très bien, là, les logements
étudiants à proximité du cégep, puis on me donnait le nombre d'unités. On me
donne toujours un état de situation. Puis, moi, je suis une députée de
l'opposition, là, tu sais, je fais des rencontres, j'ai plusieurs dossiers de
porte-parole, mais c'est drôle, à chaque fois que j'ai une rencontre, puis je
pose la question, il y a un plan de match qui est mis de l'avant. On me
dit : Nous, on en a tant, on planche sur tant d'unités. Voici notre...
notre plan de match, d'ici quelques années, on va se rendre à tant. Ces
informations-là existent, et je me dis c'est... En tout cas, moi, ça me
préoccupe de savoir que le gouvernement met de l'avant l'enjeu du logement
comme étant une préoccupation, parmi d'autres, qui justifie le projet de loi
qu'on étudie, mais qu'on ne soit pas capables de nous dire, dans les grandes
lignes, de nous fournir un état de situation sur le nombre de logements qui
nous manquent, qui pourraient être... qui pourraient servir à la population
étudiante.
M. Roberge : Bien, encore une
fois...
Mme Setlakwe : Vous n'en avez
pas.
M. Roberge : Je pense que
c'est des questions qui sont pertinentes, mais pas dans le forum actuel. Je
suis convaincu que si on regarde les verbatim probablement, oui, avril mai juin
de chacune des trois, quatre, cinq dernières années, les porte-parole en
logement de l'opposition officielle se sont levés pour questionner le
gouvernement à questionner la ministre du Logement pour dire qu'il y avait un
problème avec le coût des loyers et la manque de... et le manque de loyers,
donc j'imagine qu'elle est d'accord avec tous les porte-parole qui se sont
levés, de sa formation politique ces dernières années, pour dénoncer une
problématique. Donc, il y a une problématique de logement autant pour
l'accessibilité que pour l'abordabilité. Ça, on le sait d'un point de vue
national. Après ça, là, par région, la question du logement étudiant, c'est des
informations qui seront utiles ultérieurement pour prendre des décisions quand
ma collègue aura voté avec nous ce projet de loi là.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous êtes d'accord avec ce qu'on a entendu à l'effet que les étudiants, quand
on parle de logements étudiants, il faut faire attention, là, de ne pas... de
ne pas les traiter, comment je pourrais dire? Ou en fait, je vais le dire à
l'inverse, il faut les traiter de façon distincte. Et on nous a soumis des
énoncés, un argumentaire à l'effet qu'il faut traiter les étudiants étrangers
différemment, ne pas les mettre dans le même panier puis de considérer le fait
qu'ils n'ont pas d'enfant qui ne donc mettent pas de pression, une grande
pression sur les écoles, les garderies. Au niveau des logements, on entend
qu'ils sont... ils sont quelques-uns dans les logements en colocation et donc
qu'ils ne libéreront pas une quantité importante de logements, etc. Est-ce que
vous reconnaissez qu'on doit les traiter quand même d'une façon distincte et...
et particulière?
• (11 h 30) •
M. Roberge : Mais je pense
qu'on traite chaque personne de manière distincte, mais je comprends mal la
question, là. On va considérer...
11 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...on va
considérer la disponibilité de logements. C'est juste que, si on veut faire
venir des étudiants étrangers dans une région, on veut être capables de les
loger.
Mme Setlakwe : Oui, mais vous
ne...
M. Roberge : Je veux dire,
les traiter de manière distincte... Peut-être qu'ils vont être deux dans... Ça
dépend de la grandeur du logement aussi, là. Je veux dire, si c'est un loft, un
une et demie, ils ne seront pas quatre en coloc. Si c'est un cinq et demie, ils
vont peut-être être trois. Ça leur appartient. Mais il faut tenir compte du
nombre de... de logements disponibles ou pas disponibles quand on décide de
faire venir des étrangers dans une région. Que ce soient des travailleurs
étrangers temporaires ou des étudiants, il faut tenir compte de ça. Je veux
juste qu'on puisse tenir compte de ça.
Mme Setlakwe : Écoutez, moi,
je me fais la voix, là, de... du milieu, de l'enseignement supérieur,
particulièrement. Et on sait qu'à... qu'à Rimouski... Donc, prenons l'exemple
de Rimouski. Il y a un enjeu de logements, et... mais, du même coup, ils nous
disent à quel point les étudiants internationaux sont cruciaux, là, pour qu'on
puisse compléter des cohortes, qu'on puisse offrir une vaste gamme de
programmes. Donc... donc, qu'est-ce que vous allez faire à Rimouski? On va...
est-ce qu'on va cesser... ou couper le nombre d'étudiants internationaux?
M. Roberge : Bien, on nous a
envoyé une information qui répond peut-être à votre question, en partie, mais
on me dit que, dans le... pour le réseau universitaire, on estime qu'on a
besoin en nouvelles places de résidences, un peu plus de 15 000 places
dans les prochaines années. Et pour le réseau collégial, on constate un besoin
de 3 500 résidences. Donc, grosso modo, juste en enseignement supérieur,
on est en déficit de 18 500 résidences au moment où on se parle. Ça, c'est
en considérant qu'on a 120 000... 122 000 étudiants. On s'est placés
nous-mêmes, avec le cadre législatif actuel, qui est un peu maladroit... C'est
pour ça qu'on arrive avec de l'agilité gouvernementale. Mais la situation
actuelle nous amène à accueillir 122 000 personnes, puis se dire :
Ah! il nous manque 18 500 logements, là, spécifiques, logements étudiants.
Il me semble qu'on devrait avoir un arrimage. Mais ça, ce serait juste normal d'avoir
un arrimage entre les places disponibles avant de faire venir...
Tu sais, au printemps, là, les oiseaux,
là, ils ne pondent pas un nid puis, après ça, dire... ils ne pondent pas des
oeufs, puis après ça : I faudrait bien je fasse un nid. Bien non. Ils
ont... ils ont l'agilité de dire : Je vais faire mon nid puis, quand je
vais être prêt, là, je vais pondre des oeufs dedans. Bien, je pense qu'il
faudrait qu'on fasse ça, c'est-à-dire, je m'assure d'avoir des logements
disponibles, d'avoir des résidences puis, après ça, dire : Ah! bon, bien,
voilà, je suis prêt à accueillir des gens, je vais les accueillir. Je ne veux
pas faire venir 15 000 personnes de trop, me rendre compte que, woups! il
faut qu'ils soient à trois, puis quatre puis cinq dans un nid, me rendre compte
qu'il y en a qu'il faut qu'ils aillent à l'hôtel, me rendre compte qu'il y en a
qui... qui n'ont pas la disponibilité financière.
En ce moment, on ne respecte pas notre
capacité d'accueil. Y a-tu moyen qu'on se donne les outils législatifs pour
respecter notre capacité d'accueil, ajouter des logements pour être capables d'accueillir
des gens, mais ne pas accueillir des gens puis, après ça, se rendre compte que
ça ne marche pas? Donc, il faut tenir compte de ça. Voilà, c'est une évidence.
Je... je suis sûr que ceux qui nous écoutent disent : Bien oui.
Mme Setlakwe : Oui, puis ceux
qui nous écoutent disent : Mais bien sûr. Bien, moi aussi, je suis d'accord
que ça prend un arrimage, que ça prend une planification, puis il faut tenir
compte d'une capacité d'accueil, bien évidemment. Mais là on est devant une
pièce législative pour laquelle il existe un flou, pour laquelle la vision n'est
pas claire, les cibles n'ont pas été mises de l'avant. Tout ce qu'on sait, c'est
qu'il y a trop d'étudiants internationaux, mais, du même coup, on entend, de
façon unanime, qu'on a besoin d'étudiants internationaux.
Alors, moi, je demande simplement qu'on
ait un portrait, qu'on sache, bien, où... il nous en manque combien. Puis quel
est aussi... là, c'est ma question : Quel est le plan de match pour ces
unités? Donc, vous parlez d'autour de 15 000 unités pour le réseau
universitaire, donc, ce qui nous manque, puis 3 500 au niveau des
résidences collégiales. Là, vous n'allez pas couper de 18 500 le nombre d'étudiants
internationaux. Ou est-ce que c'est ça, l'arrimage que vous comptez faire? Puis
quel est aussi... donc, première question, puis quel est le... quel est l'horizon
pour combler ces... ce manque?
M. Roberge : Je pense que ça,
ce sont des questions pour la ministre de l'Enseignement supérieur et la
ministre du logement.
Mme Setlakwe : Bien oui, on
aurait donc voulu entendre la ministre de l'Enseignement supérieur. O.K. Moi, j'ai
une question aussi sur les renseignements... parce que là, on est sur... on est
sur 12... sur les renseignements que le... la ministre de l'Enseignement
supérieur va pouvoir aller chercher pour pouvoir exercer ses... ses pouvoirs en
vertu de la Loi sur l'immigration, elle va devoir émettre des recommandations.
Est-ce qu'il y a des renseignements là-dedans... Là, peut-être que je devance
aussi la discussion, mais j'étais rendue un peu plus loin, parce qu'on a déjà
étudié le... l'équivalent de... de 13 qui était...
Mme Setlakwe : ...Est-ce qu'il
serait... est-ce qu'il... est ce qu'on est en train de créer un genre
d'obligation de résultat, là, pour le réseau? Ce que je comprends, puis je vous
demande de peut-être réexpliquer la mécanique, mais la ministre de
l'Enseignement supérieur, dans sa loi constitutive, on va lui octroyer des
fonctions additionnelles, elle va pouvoir proposer des mesures et aller
chercher, recueillir des renseignements nécessaires à sa prise... à sa prise de
décision en vertu de la loi. Mais est-ce qu'on va se rendre compte qu'il y a
des informations qui ne sont pas détenues par les établissements?
M. Roberge : Je comprends mal
votre question. S'il y a des informations qui ne sont pas... L'idée, c'est
d'aller chercher un maximum d'informations.
Mme Setlakwe : Oui, mais les
établissements nous ont dit : Premièrement, fiez-vous au nombre
d'inscriptions parce que nous, on émet beaucoup de lettres d'admission. On
comprend comment ça fonctionne, là. Il y a un certain nombre de lettres
d'admission qui sont... qui sont émises à des étudiants qui ont souvent
l'embarras du choix. Ces admissions ne sont pas toutes complétées. On nous
demande de nous fier aux inscriptions. Mais là on est en train de donner ici le
pouvoir à la ministre... aux deux ministres concernés, Éducation et
Enseignement supérieur, d'aller chercher les renseignements. Par exemple, mais
comme quoi? Donnez-nous des exemples, c'est vous qui prévoyez ajouter ces
pouvoirs-là. Mais les établissements pourraient aussi nous répondre : Mais
nous, on ne le suit plus le processus par la suite, une fois qu'on a complété
l'inscription. Je ne sais pas moi... Si vous allez leur demander quoi? Moi, je
vous demande les questions. Vous allez demander quoi? Et est-ce que vous êtes
certain et à l'aise que les renseignements seront disponibles? Si on les place
devant une obligation de résultat, de fournir, je ne sais pas moi, combien
d'inscriptions finalement se traduisent en... Évidemment, les étudiants
arrivent sur notre territoire, ils sont inscrits, ils sont là, mais ensuite,
disons, par exemple, là, c'est moi qui est en train de fournir l'exemple,
demandent l'asile, je ne suis pas sûre qu'ils vont pouvoir fournir ces
informations-là. Alors, je vous demande quels renseignements avez-vous en tête.
M. Roberge : Mais c'est à
l'article 13 qu'on donne, par une habilitation réglementaire, aux
ministres, la possibilité de déterminer les renseignements qui seront requis.
Donc, on pourra faire ce débat-là à l'article suivant.
Mme Setlakwe : O.K. De toute
façon, l'article 12 va rester, va rester ouvert. Moi, ça va pour
l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 12? Alors, je comprends que vous voulez suspendre
l'article 12. Donc, l'article 12est suspendu. Nous allons passer à
l'article 13, M. le ministre. Vous pouvez en faire la lecture.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 4, du
suivant : Le ministre peut, par règlement, déterminer les renseignements
qu'un établissement d'enseignement doit recueillir et lui communiquer aux fins
de l'exercice de ses fonctions prévues au paragraphe 8.1 du dernier alinéa
de l'article 4. Ce règlement peut déterminer les modalités de
communication de tel règlement.
Donc, l'article 4.1 de la Loi sur le
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science, de la
Technologie proposé par l'article 13 de la loi actuelle octroie au
ministre de l'Éducation le pouvoir réglementaire de déterminer les
renseignements qui doivent être recueillis et lui être communiqués aux fins de
l'exercice de ses fonctions relatives à la prise de décision de gestion des
demandes présentées à titre d'étudiants étrangers proposé par l'article 12
du projet de loi.
Donc, l'article, c'est l'équivalent, pour
le ministre de l'Enseignement supérieur, de l'article 11du projet de loi.
Pour le ministre de l'Éducation, donc c'est exactement la même chose, c'est les
mêmes débats qu'on vient de faire, là, à 11. 10, l'article 10 qu'on a
traité, c'est l'équivalent de 12 qu'on vient de faire, donc Éducation,
Enseignement supérieur. Ensuite, 11, c'est l'équivalent de l'article 13.
Donc, on a fait Éducation, Éducation; Enseignement supérieur, Enseignement
supérieur, mais c'est exactement les mêmes principes.
Mme Setlakwe : Mais oui, je
le sais.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Des interventions?
Mme Setlakwe : Mais ma
question, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, allez-y.
Mme Setlakwe : Ma question
demeure : Est-ce qu'on crée une obligation de résultat? Quel... et quel
renseignement... Donnez-nous des exemples de renseignements qui seraient
nécessaires au-delà du nombre d'admissions puis du nombre d'inscriptions?
M. Roberge : On pourrait
demander le nombre d'étudiants qui ont un CAQ étude par établissement, par
programme. On pourrait demander le nombre d'étudiants étrangers qui ont
abandonné leur programme d'études, donc pas seulement le nombre d'étudiants,
mais le nombre d'étudiants étrangers. On pourrait avoir le nombre d'étudiants
étrangers qui sont inscrits dans un établissement ou dans un programme donné,
nouvellement inscrits pour un trimestre. Nombre d'étudiants qui ont gradué, qui
ont abandonné. On pourrait demander le numéro de suivi du CAQ étude...
M. Roberge : ...et pour
le ministère de l'Enseignement supérieur, le numéro du permis d'études. On pourrait
demander les antécédents scolaires dans le pays d'origine, on pourrait demander
s'ils ont des équivalences, des diplômes obtenus, bref, plusieurs informations
différentes qui aideraient à prendre les meilleures décisions par la suite.
Donc, ce sont des exemples.
• (11 h 40) •
Mme Setlakwe : Donc,
vous ne vous attendez pas à ce que les établissements puissent fournir, par
exemple, le nom de l'étudiant qui, en cours de route... Donc, on leur a octroyé
un CAQ études. Ils sont inscrits et ils sont là, mais dans le cadre de leur...
bien, pour la... dans la suite des choses demandent l'asile ou changent de...
changent de parcours. Je ne sais pas, moi, ils ont eu... ils ont été admis dans
un programme universitaire ou collégial, mais finalement, tu sais, le CAQ
études, j'imagine qu'il a trait à un programme, mais ensuite il décide
d'abandonner et d'aller vers un DEP, un diplôme, une... oui, un diplôme
d'études professionnelles, une autre formation, une formation professionnelle.
Donc, c'est deux questions. Est-ce que vous pensez qu'ils vont pouvoir vous
donner l'information pour les demandes d'asile? Parce que, tu sais, vous dites
beaucoup que vous vous fiez à ce qu'on lit dans les journaux. Bien c'est ce
qu'on lit dans les journaux.
M. Roberge : On va leur
demander des informations qu'on sait qu'ils peuvent avoir. Donc l'idée, c'est
d'en accueillir le plus possible. Alors, il est possible qu'à un moment donné
une question soit sans réponse. Ça se peut. Mais le but, c'est d'aller en
chercher davantage. On pourrait, après ça, prendre les meilleures décisions
d'admission d'étudiants.
Mme Setlakwe : Est-ce
que c'est une obligation de résultat ou une obligation de moyens?
M. Roberge : Qu'est-ce
qui est une obligation de résultats ou de moyens?
Mme Setlakwe : L'obligation
qui est imposée aux établissements.
M. Roberge : Bien, c'est
dans le respect de la loi. On ne peut pas demander des... Il y a une limite à
ce qu'on peut demander dans le respect des lois du Québec. Quand même, il y a
certains renseignements personnels qu'on peut demander et d'autres qu'on ne
peut pas demander, là. Le cadre légal continue d'exister, mais faut aller
chercher des informations utiles à la décision dans l'intérêt supérieur du
Québec, pour avoir la meilleure politique migratoire temporaire possible. Quand
on parle d'étudiants étrangers, c'est de ça dont on parle.
Mme Setlakwe : Non, mais
c'est juste qu'avec une question dans l'obligation, j'espérais peut-être que
vous puissiez nous expliquer, donc, le libellé... des légistes, mais j'ai...
Est-ce qu'on doit se... Si un établissement est dans l'impossibilité ou dans
l'incapacité de fournir un renseignement, est-ce que l'établissement va être en
défaut ou est-ce qu'on va, ensuite, là... Parce que c'est moi qui est en train
d'expliquer peut-être le libellé, mais est-ce qu'on va se rabattre sur le
libellé à, disons, à 12 qui parle de... qu'on doit tenir compte de réalités
propres au domaine de l'enseignement supérieur?
M. Roberge : Bien, je
pense que 12 et 13 sont liés.
Mme Setlakwe : Oui,
mais...
M. Roberge : On tient
compte de la réalité. Ils vont chercher les informations que c'est possible
d'aller chercher. Je ne pense pas que...
Mme Setlakwe : Quand c'est
possible.
M. Roberge : On
n'enverra pas un subpoena...
Mme Setlakwe : O.K.
Donc, on est...
M. Roberge : ...si ce
n'est pas possible de recueillir l'information, mais on leur donne ce
pouvoir-là.
Mme Setlakwe : Ah! On
leur donne le pouvoir ou on les oblige à fournir? Moi, c'est ce que j'ai
entendu, que c'était plutôt... C'est vrai que c'est le légiste qui devrait
répondre ici, en tout respect, M. le ministre.
Une voix : ...mais en même
temps.
M. Roberge : C'est qu'on
les oblige à fournir les documents. Puis après ça, on leur donne, via la loi,
une habileté réglementaire, mais qui est attachée à la loi, pour aller les
chercher. Tu sais, je te dis creuse un trou, puis je te donne une pelle. Plus
de chances que le trou soit creusé.
Mme Setlakwe : O.K. Ici,
le ministre, par règlement, détermine les renseignements qu'un établissement
doit recueillir. Donc, on lui donne le pouvoir ici. On ne lui impose pas une
obligation.
M. Roberge : Bon.
Une voix : ...
M. Roberge : C'est ça.
Voilà. On donne au ministère de l'Éducation et au ministère de l'Enseignement
supérieur ce pouvoir de demander des renseignements. Puis après ça on donne à
leur réseau, par règlement, cette capacité d'aller chercher.
Une voix : ...
M. Roberge : Pourriez-vous
y aller complémentaire, Me Roy? Ça va nous aider.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Roy, à nouveau, puisqu'on est dans une nouvelle
séance, je vais vous demander de vous présenter...
M. Roy (Gabriel) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Je m'appelle Gabriel Roy. Je suis avocat pour le
ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration...
M. Roy (Gabriel) : ...donc...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...consentement? Consentement. Allez-y.
M. Roy (Gabriel) : Merci.
Alors, ce que propose le projet de loi aux articles 12 et 13, c'est
effectivement de donner... bien, en fait, à l'article 13 principalement,
c'est... on donne un pouvoir réglementaire au ministre de déterminer des
règlements que les établissements vont devoir recueillir. Donc, ce qui signifie
qu'on vise à faire en sorte que, si certains renseignements n'ont pas à être
recueillis actuellement par les établissements mais qu'ils seraient pertinents pour
les fins qui ont été... qui sont celles énoncées à l'article 12, bien, on
veut que le ministre soit en mesure de les exiger par règlement. Et cet
article-là vise à créer la nécessité, donc, pour les établissements de le
fournir. Parce que, si ce n'est pas nécessaire en ce moment, qu'il recueille
des informations, la Loi sur l'accès normalement fait en sorte qu'il ne devrait
pas les recueillir. Donc, ce pouvoir réglementaire là vient aussi, du point de
vue des établissements, rendre nécessaire la cueillette pour donner suite aux
exigences réglementaires que le ministre pourrait déterminer.
Mme Setlakwe : Merci. Oui, je
pense que c'était ma compréhension aussi. Donc, de «déterminer par règlement
les renseignements qui doivent être fournis», ça, c'est un pouvoir, c'est bien
«peut» et non pas «doit», mais ensuite, une fois que le ministre détermine par
règlement ou met de l'avant ce règlement et il prévoit les renseignements, bien
là, à un moment... ce moment-là, ça devient une obligation de résultat de la
part des établissements.
M. Roy (Gabriel) : Effectivement.
Par contre, là, je... c'est ça, juste pour préciser, on parle bien du ministre,
en l'occurrence, de l'Enseignement supérieur?
Mme Setlakwe : Oui.
M. Roy (Gabriel) : Par ailleurs,
il faut que ce soit nécessaire pour l'exercice des fonctions prévues au
paragraphe 8.1. Donc, il faut qu'il y ait un critère de nécessité
sous-jacent, là. Le ministre ne pourrait pas demander n'importe quel... exiger
n'importe quel renseignement par règlement. Encore faut-il que ces
renseignements soient nécessaires, aient un lien pertinent avec l'exercice des
fonctions qui lui sont octroyées, soit de proposer des mesures reliées à la....
les gestions... la gestion des demandes de CAQ d'étudiants étrangers. Donc, il
y a quand même, de façon implicite et... bien, en fait, de façon explicite,
parce que c'est... c'est mentionné, «aux fins de l'exercice de ses fonctions»,
il doit y avoir un lien de pertinence entre ce qui est demandé comme documents et
l'exercice des fonctions ministérielles.
Mme Setlakwe : Je comprends.
Donc, on ne va pas... Le... on va l'étudier quand la version révisée sera
déposée. Mais...
M. Roy (Gabriel) : Bien là,
en fait, je référais aux fonctions qui sont ajoutées par l'article 12 du
projet de loi, à l'article quatre de la Loi sur le ministère de l'Enseignement
supérieur.
Mme Setlakwe : C'est 12. Oui.
Mais 12 étant rattaché à...
M. Roy (Gabriel) : Douze,
étant rattaché au pouvoir de gestion des demandes qui va être effectivement
dans la Loi sur Immigration Québec.
Mme Setlakwe : Oui, oui, oui.
Je me suis trompée d'article. Mais c'est un article quand même qui est crucial
au projet de loi, donc j'essaie juste de voir. Je ne suis pas en train de présumer
que le ministère... la ministre va imposer auprès... au sein de son réseau des
obligations qui sont impossibles à réaliser, mais quand même, le libellé est
là, le libellé lui donne le pouvoir de le faire. Donc, pour qu'on complète
notre analyse et notre réflexion, on doit quand même... Puis, je le sais, là,
Mme la Présidente, qu'on va... qu'il y a une note, puis comme quoi on va donc
attendre d'avoir fini l'exercice à l'article... à l'article cinq, mais c'est
tellement large. Les critères sont tellement larges qu'ils doivent... qu'ils
vont être pris en compte dans l'exercice du pouvoir, des nouveaux pouvoirs.
Puis d'ailleurs, je pense qu'il y avait le terme «notamment». Ils ne sont même
pas exclusifs. On est en train d'imposer potentiellement... donc mettre sur
le... mettre le fardeau sur les établissements de devoir recueillir et
communiquer les renseignements qui peut-être ne sont pas... ne tombent pas sous
le... pas la juridiction, mais qui sont donc, peut-être, impossibles à
recueillir. Vous ne croyez pas?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : À l'impossible
nul n'est tenu. Mais non, on... Dans l'élaboration d'un règlement par les
juristes de l'État, on respecte les lois du gouvernement. On ne demandera pas
des choses qui seraient impossibles à obtenir dans le respect des lois. Mais
par contre, on vient donner la possibilité aux établissements d'aller chercher
des renseignements. C'est ça. C'est... C'est ça, l'objectif.
Mme Setlakwe : Merci. Je
pense qu'on a fait le tour de la question.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 13? Non. Est-ce que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...l'article 13 est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Sur division. Alors, on va passer à l'article 14. M.
le ministre, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Merci bien.
Donc :
14. L'article 1 du Règlement sur
l'immigration du Québec (chapitre I-0.2.1, r. 3) est modifié par la suppression
de la définition de l'expression «établissement d'enseignement québécois».
Cet article vient supprimer la définition
de l'expression «établissement d'enseignement québécois» prévue à
l'article 1 du Règlement sur l'immigration au Québec. Cette définition
n'est plus pertinente étant donné le remplacement, proposé par
l'article 15 du projet de loi, de l'exigence d'être admis dans un
établissement d'enseignement québécois applicable dans le cadre du programme
des étudiants étrangers, par l'exigence...
(Interruption)
M. Roberge : Excusez-moi, à
la maison. Il y a un bruit très, très fort ici. Voilà. Excusez-moi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Roberge : Excusez-moi, ta,
ta, ta... être admis dans un établissement d'enseignement québécois applicable
dans le cadre du programme des étudiants étrangers par l'exigence d'être admis
dans un établissement désigné, en concordance avec l'article 15.1 de la
Loi sur l'immigration au Québec proposé par l'article 1 du projet de loi.
Donc, on est en concordance. Nous avons
déjà adopté l'article 1 et donc traité de la question des établissements
désignés. Puis on a eu quand même pas mal de questions, justement, à ce
sujet-là, sur ce qu'il y avait dans le règlement versus ce qu'il y aurait dans
le décret. Donc, c'est en concordance. Une fois qu'on a adopté le 1, il faut
aller vers le 14.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions sur
l'article 14?
Mme Setlakwe : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, Mme la députée.
Mme Setlakwe : Donc, je
comprends, là, que c'est de la concordance puis que l'expression «établissement
d'enseignement québécois» va être... va être radiée, là, du vocabulaire et va
être remplacée par «établissement désigné». Effectivement, on a discuté
amplement du nouvel article 1. Peut-être juste nous rappeler, là, donc, la
mécanique, parce que le règlement, on se rappelle, était plus détaillé au
niveau des établissements qui étaient d'emblée reconnus. Juste nous
réexpliquer, là, la... à tête reposée aujourd'hui, là, la mécanique de
désignation, parce qu'il y a des établissements qui n'étaient pas d'emblée
reconnus... qui l'étaient mais qui ne le seront plus.
M. Roberge : Bien, comme on
en a discuté hier, le règlement était construit différemment. Il n'y avait
aucun établissement qui était... comment on les appelle, établissements
d'enseignement québécois, là, c'est comme ça qu'on les désignait, là, il n'y
avait aucun des établissements ou aucun des réseaux qui était d'emblée dans la
loi. Tout était par règlement. Je parle au passé, mais c'est encore le cas au
moment où on se parle. La loi s'applique pour l'instant. Donc, c'est... tout
est dans le règlement au moment où on se parle. Rien n'est dans la loi. Avec
l'article 1 que nous avons adopté, les établissements désignés devront
l'être par décret, mais on a quand même mis dans la loi, cette fois-ci, les
écoles du réseau public d'éducation préscolaire et primaire. Donc, d'emblée,
ceux-ci seraient désignés. Pour tous les ordres, ça revient un peu au même. Ils
sont actuellement par règlement. Ils le seront éventuellement ensuite par
décret.
S'ajoute une notion... En fait, non, ça
va. Excusez-moi. C'est correct. Voilà. C'est complet.
Mme Setlakwe : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Est-ce
que déjà vous avez identifié un ordre d'enseignement qui est plus problématique
que d'autres?
M. Roberge : Non.
Mme Setlakwe : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Je ne pense pas qu'il y a un grand débat, M. le ministre, à
savoir que les universités québécoises vont être désignées. Vous n'avez pas
l'intention de ne pas désigner l'UQAM ou ne pas désigner Sherbrooke ou... Je veux
dire, c'est assez... c'est assez clair que vous allez désigner les universités
québécoises.
M. Roberge : Je pense qu'il
serait assez surprenant qu'à la prise du décret le réseau universitaire ne
serait pas désigné. De toute façon, dans le même article, quand on parle des
études reconnues, on précise que les études sanctionnées par un grade, un
diplôme, un certificat... puis on fait ici référence à tous les types de
diplômes du réseau universitaire.
M. Cliche-Rivard : Mais,
s'ils ne sont pas désignés, les études reconnues ne pourront pas se qualifier
dans ce scénario-là, qui est ultra-improbable, comme vous le soulignez, là.
M. Roberge : Je le comprends,
mais je le qualifierais de hautement improbable.
M. Cliche-Rivard : Hautement
improbable...
M. Cliche-Rivard : ...Parfait.
Est-ce qu'on peut avoir la même qualification pour les cégeps publics? C'est-tu
aussi hautement improbable?
M. Roberge : Je dirais
hautement improbable.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Et là où c'est peut-être moins improbable, c'est dans les autres catégories
d'enseignement supérieur?
M. Roberge : Je pense qu'il
faut faire attention. Parce que souvent, vous me dites qu'il y a des gens qui
sont inquiets, et là, d'aller catégoriser comme ça, c'est comme si on cherchait
à trouver une catégorie qui là serait peut-être ciblée, puis que là, attention,
peut-être que là, certains seraient dans la mire. Je l'ai déjà dit, on n'a pas
des gens qui sont dans la mire en ce moment. Donc, c'est après analyse
raisonnable des ministres responsables.
M. Cliche-Rivard : Bien, je
dirais qu'il y en a qui ne sont clairement pas dans la mire, là. Vous venez de
le dire, je pense, avec les deux autres. Puis il y en a qui sont peut-être un
peu dans la mire. Puis vous avez nommé, d'entrée de jeu, vous, quand vous avez
déposé le projet de loi, personne, mais vous avez nommé des exemples. Puis, ces
exemples-là ne visaient pas les cégeps publics ni les universités, d'où mon
inférence. Puis, dans les derniers jours, les situations qui ont été rapportées
par les médias, notamment là où il y avait plus de 10 000... ne touchaient
pas les cégeps publics ni les universités, d'où l'inférence.
Donc, ça nous amène à une catégorie. Puis
là, je ne suis en train de nommer personne puis je ne nommerai pas de collèges,
on ne fera pas ça ici, on ne nommera pas d'institutions ici. N'empêche, les
gens sont capables de faire le... «connect the dots», comme on dit en anglais,
là, ils sont capables de faire l'inférence qu'ils pourront faire. Mais je
comprends qu'on ne nommera personne ici, là. Ceci dit, vous rassurez lesdits
cégeps publics et lesdites universités québécoises qui ne sont pas dans la mire
et qui ne devraient fort... en fait, que ce serait fort improbable qu'ils ne
soient pas désignés.
M. Roberge : Bien, je vous
dirais qu'«inférence» est le mot du jour. Et, jusqu'à présent, je dirais que
vous avez de bonnes inférences.
M. Cliche-Rivard : Sous toute
réserve.
M. Roberge : Mais je nous
rappelle à l'article un, qu'on a adopté ensemble, il n'appartient pas au
ministre de l'Immigration, surtout pas au ministre de l'Immigration seul,
d'aller faire ça. On ne voudrait pas ça. C'est très important que les ministres
impliqués fassent ce travail-là. Et je pense que ça aussi, c'est de nature à
rassurer les gens. Donc, on me pose des questions pour lesquelles je ne
déciderais pas seule de toute façon, ensuite, ça passerait... L'idée, là,
c'est : recommandation conjointe après analyse sérieuse des ministres
concernés, puis après ça, le Conseil des ministres, donc le gouvernement. Donc,
il ne faut pas penser que c'est quelque chose qui serait traité de manière
frivole.
M. Cliche-Rivard : Non.
Évidemment, ça, je le comprends puis je l'entends. Il y avait quand même
référence, dans la définition, qu'on enlève cinq et six, là... bien, cinq,
disons, au Conservatoire de musique d'art dramatique du Québec. On peut faire
la même inférence, que ce serait hautement improbable qu'il ne se retrouve pas
dans la liste des établissements désignés?
M. Roberge : Là, je vais...
je vais arrêter parce que, si on descend la liste, à un moment donné, je n'ai
pas toutes les informations. Puis là, je ne veux pas que le conservatoire se
mette à dire : Bien, voyons donc, ils l'ont dit pour les universités, que,
hautement improbable... Je vais arrêter ici, là, de descendre la liste, là,
parce que je pense que c'est hasardeux puis ça ne sert personne.
M. Cliche-Rivard : Ceci dit,
là, on vient rayer l'article du règlement, là, quand même. Donc, je vous
entends sur le fait que vous n'allez pas faire une liste infinie, là, mais là,
je vous réfère quand même à nous, on est supposés voter l'approbation de
retirer la désignation d'office au Conservatoire. Je ne les sens pas
nécessairement rassurés de se voir rayés sans mention qu'ils seront désignés,
là.
M. Roberge : J'ai mal entendu
la... Est-ce que c'était une question à la fin?
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : Je vous ai
entendu parler. Mais c'était quoi la question?
M. Cliche-Rivard : Je la
répète. Il n'y a pas de problème. On a le conservatoire dûment désigné dans le
règlement en ce moment. Là, vous allez rayer la désignation directe du
Conservatoire. Là, je vous demande : Est-ce que le Conservatoire a des
raisons de s'inquiéter sur sa désignation? Parce que là, on vient quand même
retirer de facto sa désignation d'office par le règlement. Puis là, je ne veux
pas qu'on fasse la liste de 18 institutions, là. Il y en a six, là, puis
là, on est rendus, il en reste trois.
M. Roberge : Je vais
m'arrêter ici sur la liste.
• (12 heures) •
M. Cliche-Rivard : Quand
même, c'est votre droit, évidemment. Vous... Le quatrième dit : «Un
établissement d'enseignement tenu en vertu de la loi par un ministère ou un
organisme qui est mandataire de l'État ou un organisme de formation...
12 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...reconnu
par le ministère de la Culture et des Communications, le quatrième. Vous faites
pour eux le même commentaire à l'effet que vous n'allez pas commenter si les
institutions visées par 4 seront désignées.
M. Roberge : L'analyse va se
faire avec les ministres. Ce n'est pas une chasse aux sorcières de dire :
Mon Dieu! À qui on va enlever la notion d'établissement désigné? Mais il faut
que cette réponse-là vienne d'emblée suite à des analyses des différents ministres.
Peut-être que ça va être évident, la réponse, peut-être que ça va être évident,
mais, pour l'instant, je ne pense pas que c'est pertinent de donner les
résultats avant la fin de l'analyse. Mais écoutez, les établissements savent
très bien ce qu'ils font, savent les relations de confiance qu'ils ont avec les
gouvernements, avec les ministres, avec les équipes. Je ne pense pas, là, que
tout le monde doit se mettre à s'inquiéter à ce stade-ci.
Et il faut savoir qu'à l'article 19
on dit : «Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur à a
sanction de la présente loi, à l'exception de celle des articles 11, 14 et
15 — ah! là, on parle de 14 — qui entrent en vigueur à la
date de la publication de la Gazette officielle du premier décret.»
Donc, au moment de la sanction de la loi, le règlement dont on parle continue
de s'appliquer puis ça s'applique tout aussi longtemps qu'on n'a pas un nouveau
décret. Donc, il n'y a pas de «no man's land», il n'y a pas de période où, là,
tout à coup, les gens ne sont ni sur le règlement ni sur le décret. Il n'y a
pas une urgence, là, de vite, vite, vite appeler parce que, là, le gouvernement
ferait ce décret-là dès la sanction de la loi, puis que des gens seraient dans
l'inquiétude, ils vont avoir le temps, d'autant du côté du ministère, de faire
des analyses, du côté des institutions, de faire leurs représentations, mais il
n'y a pas, là, une épée de Damoclès qui dit : Le jour qu'on sanctionne
cette loi-là, l'article 14 s'applique. Il ne s'applique pas à la sanction
de la loi. Il fait partie des articles, justement, qui sont suspendus dans le
temps de manière à assurer une prévisibilité, à rassurer les gens puis à
permettre de faire les analyses puis les discussions nécessaires.
M. Cliche-Rivard : Et ça, je
ne remets pas ça en question, M. le ministre, là, je pense que tout le monde
sait que le règlement va entrer en vigueur quand il y aura un décret, puis tout
le monde sait qu'il n'y aura pas un flou juridique entre les deux. Je pense que
ça, ça va de soi. Ma question n'est pas là. Ma question est : Là, on va
rayer la définition. Puis il y a des endroits où il y a des groupes d'établissements
pour lesquels vous avez commenté, puis il y en a d'autres pour lesquels vous ne
voulez pas commenter. Puis là, bon, ça, ça nous laisse dans une situation qui
est pour le moins délicate. Ce que j'entends, c'est que, pour le 1°, là, ça,
vous le référez directement dans la loi, les articles visés à 36, ça va, vous l'envoyez
tout de suite à... vous l'envoyez à l'article.
Pour 2°, un collège institué, conformément
à l'article 2 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel. Vous nous avez dit : Les cégeps publics, ça serait
fortement improbable. Vous nous l'avez dit.
3 un établissement d'enseignement
privé titulaire d'un permis, vous m'avez dit : Je ne veux pas aller là.
Correct.
4 un établissement d'enseignement
tenu en vertu de la loi par un ministère ou un organisme qui est mandataire ou
un organisme de formation d'art reconnu, vous m'avez dit : On ne va pas
là.
6 les universités, vous m'avez dit :
Fortement improbable. Il nous reste donc 5°, là, qui est identifié même par le
règlement, c'est le Conservatoire. Êtes-vous en mesure de dire, oui ou non, si
le conservatoire, c'est-tu hautement improbable ou, lui aussi, vous ne voulez
pas commenter?
M. Roberge : Je pense que c'est
mieux que je fasse les discussions avec ma collègue de l'Enseignement supérieur
parce que ce sont des discussions conjointes. Il n'y a pas d'intention cachée
du gouvernement d'aller retirer ça au Conservatoire. Ce n'est pas pour dans les
cartons. Je n'ai pas eu de conversation, là, en toute honnêteté, je n'ai eu
aucune conversation avec aucun membre du gouvernement, dire comme quoi :
Oups, l'art du décret, il faudrait retirer ça au Conservatoire...
M. Cliche-Rivard : O.K., ce n'est
pas dans les cartons.
M. Roberge : ...ce n'est pas
sous mon radar à ce moment-ci, personne ne m'a parlé, il n'y a personne... Je n'ai
eu aucune note à cet effet là. Si vous me dites de prendre position ici tout de
suite pour dire : Bien, quand l'analyse de tout le réseau sera faite, qu'est-ce
que nous allons faire plus tard? Bien là, on va prendre le temps de faire les
choses. Il n'y a aucune intention cachée d'aller retirer ça.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Dans la balance, pour l'instant, là, vous ne voulez peut-être pas utiliser le
même vocable, mais ça serait improbable que le Conservatoire ne soit pas
désigné.
M. Roberge : Je vais...
M. Roberge : ...vais me garder
de répondre à toutes ces questions, parce que je vous dis qu'on va faire
l'analyse. Ce que je vous dis, c'est qu'on n'a pas d'intention... on n'a pas de
liste, là... de dire : Je vais aller retirer ça, là. Bon... Alors, quelqu'un
qui veut faire peur au monde pourrait utiliser ça, mais il serait bien... il
serait bien mal...
M. Cliche-Rivard : ...légitime
en commission parlementaire, là, je...
M. Roberge : Non, non, non,
mais quelqu'un qui...
M. Cliche-Rivard : Parce que
là, on est à la limite de...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais... je vais vous demander, s'il vous plaît, de
poursuivre de façon...
M. Cliche-Rivard : ...de
faire peur au monde.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais vous demander...
M. Roberge : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : S'il vous plaît! Ça va bien, là, on va continuer comme ça.
M. Roberge : ...pour le
faire, mais ça n'arrivera pas, parce qu'on vient de dire qu'on a tous de bonnes
intentions.
M. Cliche-Rivard : Je vais
quand même me permettre, là... Puis c'est correct, là, je... vous l'avez bien
dit, là, mais on n'entrera pas là, puis moi non plus, je ne veux pas aller là.
Ça fait qu'on... je n'irai pas plus loin là-dessus. Mais il n'y a personne ici
qui a une intention de faire peur au monde, on pose des questions légitimes au
ministre. Puis j'apprécie son... son dernier volet, où, effectivement, on va
tenir ça plus serein et calme. Mais, quand même, je... je veux quand même
réitérer que c'est mon droit de parlementaire de poser toutes les questions que
je veux au ministre, dans le cadre de nos règles, évidemment, j'en suis.
N'empêche, moi, je vous avais... j'avais
discuté, à l'époque, quand on était, hier, à l'article 1, là, sur les processus
de désignation, retrait de désignation, tout ça. Donc, moi, c'est des
inquiétudes que j'ai encore. Donc, je comprends le processus de concordance
puis moi, en concordance aussi, je voterais, donc, en dissension, là. Mais je
comprends le... l'effet que le ministre porte, là. On ne peut pas maintenir la
définition telle quelle. Si on vient l'incorporer dans la loi, ça n'a, comme,
pas de sens juridique. Ceci dit, j'ai encore les réserves que j'avais sur les
processus de désignation, les critères puis les retraits de désignation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 14? Allez-y.
Mme Setlakwe : ...sur l'échange
entre le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et le... le ministre. Moi aussi, là,
je regarde la liste en vertu du... du règlement actuel, là, quand on... on
parle d'établissements d'enseignement québécois. Je ne veux pas reposer les
questions, mais je comprends que vous êtes... vous êtes prudent, mais... mais
qui va se prononcer à l'égard du conservatoire? Est-ce que c'est... Quel
ministre?
M. Roberge : C'est quoi,
votre question?
Mme Setlakwe : Je demandais
simplement à M. le ministre... À l'égard du conservatoire, je comprends que
vous souhaitez être prudent, vous n'allez pas dire si, oui ou non, le
conservatoire va être désigné d'office dans le premier décret. Ma question est
la suivante : À l'égard du conservatoire, quel ministre sera impliqué dans
la décision?
M. Roberge : Bien, d'emblée,
les ministres qui sont impliqués, c'est toujours l'Immigration et le ministre
responsable de son dossier. Donc, c'est toujours soit Éducation, soit
Enseignement supérieur. Il peut y avoir d'autres ministres, après, qui sont
consultés. Mais c'est... je vous dirais qu'il y a deux dyades qui sont là. Dans
ce cas-ci, probablement que la discussion s'étendra, évidemment, avec le
ministre de la Culture.
Mme Setlakwe : C'est là...
c'est là où je m'en allais. Donc, le ministre de la Culture va être impliqué de
quelle façon?
M. Roberge : Bien, j'imagine
qu'il y aurait des discussions. De toute manière, au bout du compte, c'est une
décision du Conseil des ministres, puis on lit tous nos documents. Donc, voilà.
C'est sûr que ça... ça passe en comité ministériel, ça... et tous les ministres
sont impliqués, mais, évidemment, on porte un regard particulier quand ça
touche nos dossiers. Donc, c'est certain que le ministre de la Culture... Bien
là, c'est parce qu'on est, comme, dans un cadre théorique là, c'est-à-dire, si
on allait jusque là. Et je n'ai jamais dit qu'on irait pour ne pas désigner le
conservatoire.
Mme Setlakwe : Mais ce n'est
pas si théorique que ça, là, avec respect. On est en train de changer un
régime, c'est assez... c'est... c'est majeur. Je comprends que ce n'est pas en
vertu... Ici, on est... on est dans de la concordance, là, je le réalise, moi
aussi, comme juriste, mais on est quand même... on... Sur le fond, c'est un
régime... c'est un... c'est un changement de régime important, et, dans le
régime actuel, on désigne spécifiquement les universités, les établissements,
les... les collèges publics. Il y avait... il y avait une liste beaucoup plus
détaillée, on mentionnait spécifiquement le conservatoire. Il y a une autre...
une autre rubrique où on parle d'un établissement d'enseignement tenu par un
ministère, ou un organisme mandataire de l'État, ou un organisme de... de
formation en arts reconnu par le ministère de la Culture et des Communications.
Donc, je pense que c'est tout à fait
légitime qu'on vous demande... ou qu'on... qu'on vous demande de répondre, oui,
au micro, sur le processus qui va être suivi dans le cadre de cette... de ce
nouveau processus, de cette... de cette nouvelle désignation et de quelle façon
est-ce que le ministre de la Culture va être...
Mme Setlakwe : ...le ministre
de la Culture va être impliqué alors que, dans le libellé de l'article 1,
on ne retrouve pas le ministre de la Culture. On a bien parlé des
recommandations conjointes, et c'est... dans aucun cas à ce que le ministre de
la Culture est impliqué?
• (12 h 10) •
M. Roberge : Bien, c'est... à
la fin, c'est une décision du gouvernement, donc de tous les ministres, sur
recommandation du ministre de l'Immigration, de l'Enseignement supérieur, de
l'Éducation. Donc, le gouvernement, ça implique tous les ministres.
Mme Setlakwe : À quel moment
est-ce que vous avez l'intention de... d'adopter ou de... de... oui, adopter le
premier décret?
M. Roberge : Je ne peux pas
vous le dire à ce moment-ci parce qu'il faut d'abord adopter la loi, et il y a
toutes sortes de collectes d'informations. La loi nous permet de collecter les
informations. Les informations vont prendre un certain temps à récolter. Après
ça, bien, ça va nous permettre d'avoir de meilleures informations, de prendre
de meilleures décisions. Puis là, je ne peux pas répondre pour ma collègue à
l'Enseignement supérieur, répondre pour mon collègue à l'Éducation. Il faut
prendre le temps de bien faire les choses. Mais, écoutez, un horizon de temps,
je ne peux pas vous le donner à ce moment-ci.
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Oui. Vous
avez dû... et je rattache... eh oui, je comprends, vous n'avez pas une date
précise, là, mais vous... j'aurais pensé que peut-être vous aviez un horizon
approximatif. Je rattache ça à vos propos d'hier, là, vous avez dit
qu'actuellement, c'est intenable, le régime actuel a permis des dérapages et a
fait en sorte qu'on est allé beaucoup trop haut dans des chiffres dans les
admissions, dans... oui, dans des admissions de... beaucoup trop élevées en peu
de temps. J'ai même senti que vous trouviez qu'il y avait eu un manque de
rigueur. Donc, j'imagine que vous voulez régler ça rapidement. Non?
M. Roberge : Bien, on va
faire ça dans l'ordre, on va faire les analyses qu'on doit faire. Des fois...
Mme Setlakwe : Oui. Mais
la...
M. Roberge : ...des fois, on
est pressés de commencer quelque chose, mais faut pas être pressé de le
terminer parce que sinon on pourrait prendre des mauvaises décisions. Donc,
écoutez, analyse, habilitation de gouvernement, cueillette d'informations,
décisions. Les questions qu'on se pose aujourd'hui tout le long de l'étude du
projet de loi, c'est : Veut-on être plus agiles? Veut-on avoir de
meilleures informations? Veut-on être capables de prendre des décisions en
fonction de certains critères? Quand ces décisions seront-elles prises
exactement? Bien, quand on a toutes les informations. Quelle analyse
ferons-nous d'informations que nous n'avons pas encore? C'est hautement
théorique. La question qu'on se pose, c'est : Est-ce qu'on veut un
gouvernement puis un État qui est plus agile ou pas? La réponse pour moi, c'est
oui.
Mme Setlakwe : Et comment ça
va fonctionner? Donc, il va y avoir un premier décret, on ne sait pas
exactement quand. Je comprends que vous voulez être rigoureux, prendre le temps
de bien faire les choses. Et là, il va y avoir une liste d'établissements, et
donc il va y avoir un... un décret ultérieur si, dans le futur, vous souhaitez
retirer un établissement de la liste.
M. Roberge : Mais... mais pas
forcément. Il pourrait y avoir un seul décret puis qu'il n'y aurait pas
nécessairement de changement. On ne sait pas. On est dans la même situation
qu'actuellement avec le règlement. Il y a eu un règlement avec une liste
d'établissements. Il pourrait y avoir un autre règlement qui viendrait changer
celui-ci. Avec la loi actuelle, sans changer la loi, là, on pourrait avoir des
modifications au règlement. Il pourrait ne pas y en avoir. On ne peut pas
présumer qu'il va y avoir d'autres règlements. La situation actuelle, c'est une
situation où, oui, il y a des établissements qui sont, en ce moment, reconnus,
désignés. Ce n'est pas ce terme-là, mais c'est ça quand même, et ça... ça peut
changer dans l'état du droit actuel aussi. Là, on s'en va vers quelque chose
qui... qui utilise la notion d'établissement désigné. Ça ne veut pas dire que
la liste va changer régulièrement.
Mme Setlakwe : Mais si elle
devait changer, ce serait par voie de décret.
M. Roberge : Exactement,
parce que l'article 1 le précise, là. Un décret de désignation est pris
sur recommandation conjointe... et là je continue, on l'a déjà eu plusieurs
fois.
Mme Setlakwe : Mais dans le
fond, en vertu des pouvoirs actuels puis du régime actuel qu'on a sous les
yeux, quand on regarde le règlement qui parle d'établissements d'enseignement
québécois, vous auriez pu en retirer un établissement qui était problématique.
M. Roberge : Au moment où on
se parle, avec les critères qui sont là, c'est beaucoup plus complexe... puis
là, je voudrais avoir l'explication comment...
Mme Setlakwe : Pour bien comprendre
ce changement de régime...
Des voix : ...
Mme Setlakwe : Oui, mais je
comprends. Pourquoi qu'il ne l'a pas fait d'abord?
Des voix : ...
M. Roberge : C'est ça...
M. Roberge : C'est ça. En ce
moment, avec le règlement, on y va avec des critères, des définitions. C'est
plus complexe d'aller changer la liste, en ce moment, que ce le serait... bien,
que ce le sera, puisqu'on a adopté l'article 1, par décret, où on peut y aller
directement avec un établissement. Après analyse, après tout ce que vous
voudrez, ce serait plus agile, plus facile d'aller cibler avec précision un
endroit où il pourrait y avoir des abus ou des problèmes.
Mme Setlakwe : Est-ce que,
dans... avec le régime actuel, puis encore une fois je me rattache à vos
déclarations passées, là, incluant hier soir à la toute fin, là, de la
discussion, les chiffres ont évolué beaucoup trop vite, beaucoup trop
rapidement, de façon incontrôlée? Tu sais, moi, je... en entendant ça, je me
dis : Bien, pourquoi le gouvernement n'a pas agi? Est-ce que vous avez
tenté de retirer... Parce que dans le fond, vous avez... le gouvernement a une
emprise, a un contrôle sur des établissements, il y a des permis. Ce n'est pas
comme si ces collèges-là opéraient de façon parallèle, là, ils ont... ils sont
rattachés au gouvernement. Avez-vous tenté de... d'imposer des changements?
M. Roberge : Mais en ce
moment, il y a la notion d'«établissement», mais il y a aussi le nombre total
de CAQ. On ne pourrait pas, au moment où on se parle, choisir, en fonction des
critères qu'on va étudier plus tard, des établissements, des programmes pour
lesquels on donne plus de CAQ ou moins de CAQ. Ça, ça va venir avec le projet
de loi qu'on étudie.
Mme Setlakwe : Mais vous avez...
Je comprends. Vous avez le pouvoir de déterminer quels sont les établissements
d'enseignement québécois reconnus, vous avez aussi le pouvoir d'émettre les
CAQ. Vous avez constaté, vous avez dit qu'on a lu dans les journaux :
C'est épouvantable, c'est hors de contrôle, il faut agir. Mais vous n'avez pas
agi. Pourquoi? Pourquoi tous ces CAQ-études ont-ils été émis pour le même
collège?
M. Roberge : O.K. On l'a
expliqué plusieurs fois, là. Au moment où on se parle, des CAQ, on ne peut que
décider du nombre total qu'on émet dans l'année. On ne peut pas dire : On
n'émet pas de CAQ pour tel établissement, ou tel programme, ou tenant compte du
taux de chômage, ou tenant compte de la pénurie de logements, etc., on ne peut
pas faire ça. C'est la loi qui va nous permettre de faire ça.
Mme Setlakwe : Est-ce que vos
collègues sont venus vers vous à un moment donné en vous disant : Écoutez,
on a vraiment identifié des... des établissements qui sont problématiques, là,
il faut poser des gestes, en vertu de la réglementation actuelle? Est-ce que
vous avez eu ces discussions-là?
M. Roberge : Il y a... On a
des établissements sur lesquels on se pose de sérieuses questions, mais il faut
investiguer davantage. Je l'ai dit d'emblée lors du dépôt du projet de loi, ce
n'est pas nouveau.
Mme Setlakwe : Et,
présumément, ces établissements-là ne font pas partie du réseau de cégeps
publics ni des universités?
M. Roberge : Ceux que j'ai
nommés en début, lors du dépôt du projet de loi, ce sont des établissements
privés. Mais il faut faire attention, il ne faut pas penser que tous les
établissements privés, là, pourraient être victimes de la loi en ce moment.
Mme Setlakwe : Victimes? O.K.
Victimes de la loi, ou plutôt... Qu'est-ce que vous êtes... tu sais, vous
voulez protéger? Je ne le sais pas, là. Je trouve ça intéressant comme choix de
mots.
M. Roberge : C'est quoi,
votre question?
Mme Setlakwe : Mais comment
vous rassurez les... les collèges, les institutions qui nous écoutent, là, puis
qui disent : Nous, on a fait les choses de façon extrêmement rigoureuse,
on a une croissance raisonnable, contrôlée, éthique? C'est... c'est... Ça
devient... Ça devient inquiétant pour ceux qui font... On s'entend, là, on
présume toujours de la bonne foi, puis la majorité des institutions font...
Mme Setlakwe : ...ils
font très bien... Ils font très bien les choses, avec rigueur, avec... avec une
analyse raisonnable et approfondie.
• (12 h 20) •
M. Roberge : Ce qui est
inquiétant, c'est la situation actuelle. Parce que le gouvernement, en ce
moment, a un pouvoir très, très large. C'est la moissonneuse-batteuse. On peut
enlever le permis carrément à un établissement, d'un coup. Donc, on pourrait
même... Même des Québécois ne pourraient plus y aller, là. Ça ne serait pas
juste une question des étudiants étrangers, là. On pourrait aussi réduire d'un
coup en disant : Aïe! Il y a un problème dans tel ou tel établissement. Ça
fait qu'on va réduire le nombre d'étudiants étrangers d'un grand nombre en
espérant que ça règle le problème dans l'établissement X. Ça, c'est inquiétant
pour le réseau. La situation actuelle est beaucoup plus inquiétante que la
situation qu'on est en train de construire ensemble avec le projet de loi.
Mme Setlakwe : Ça va,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 14? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci.
J'ai... J'ai suivi avec attention ces échanges entre le ministre et mes
collègues de Saint-Henri-Sainte-Anne et Mont-Royal-Outremont. Donc, je
comprends l'objectif général de cet article, qui en est un de concordance avec
l'article 1 du projet de loi, bien sûr. Mais si j'ai bien entendu le
ministre sur les... sur ce que n'est pas ou ce que ne sont pas les motifs du
retrait d'un certain nombre d'établissements qui sont déjà désignés, je ne suis
pas sûr que je saisis encore le pourquoi. Donc, d'accord, ce n'est pas pour
envoyer un signal qu'ils ne seront plus désignés en vertu des nouvelles normes.
Mais pourquoi on a enlevé des... des organisations ou des institutions qui sont
déjà nommées? C'est quand même un geste significatif. Quel est l'objectif
législatif poursuivi pour faire ça?
Une voix : C'est dans un
règlement...
M. Roberge : Bien, en
fait, ils ne sont pas enlevés, là. C'est ça qu'il est important de préciser,
là. On sanctionne... Si on vote cette loi-là, qu'on la sanctionne, le
lendemain, rien ne change pour ces établissements-là. Le règlement a cours
jusqu'à ce qu'un éventuel décret ait lieu. Il y a une très forte probabilité
pour que les gens qui sont actuellement dans le règlement soient dans le
décret. Au moment où on se parle, les établissements qui sont dans le règlement
ont été inscrits par règlement, pas dans la loi, ont été inscrits par
règlement. Puis un règlement peut être changé. Là, on va arriver plus tard,
dans un deuxième temps, après la sanction de la loi, avec un décret dans lequel
il y aura des établissements. Puis, éventuellement, ça pourrait changer aussi.
Ce n'est pas comme s'il y avait une cassure où, avant, tout le monde était dans
la loi, puis là, tout à coup, on arrive par décret. Ce n'est pas ça, la
situation.
M. Paradis : Bien, je
comprends. Je comprends donc qu'en pratique, on va s'assurer que, dans les
mécanismes, ça n'affecte pas immédiatement les institutions. Mais néanmoins,
sur le plan législatif, il y avait dans le règlement actuel une liste
d'établissements. Certains n'y seront plus, dans la loi qui, peut-être,
peut-être, pourraient être désignés ensuite par le mécanisme qui est prévu,
notamment, à l'article 15.1 qui vient d'être ajouté. Je le comprends. Mais
quel est l'objectif législatif de ne plus les nommer spécifiquement à même le
règlement?
Une voix : ...
M. Roberge : Attention,
là. Il y a plusieurs établissements, mais en fait, les établissements qui sont
des établissements d'enseignement québécois. C'est comme ça qu'on les désigne
en ce moment, là. Après ça, on va... Mais à l'avenir, on utilisera
établissements d'enseignement désignés, mais le vocable actuel, c'est
établissements d'enseignement québécois. Ils se trouvent à être désignés sous
ce vocable-là. Ils le sont par règlement au moment où on se parle. Un
règlement, ça aurait pu être changé dans le passé. Si on n'adopte pas cette
loi-là, ça pourrait changer à l'avenir. Ils ne sont pas dans la loi, ils sont
dans un règlement. Advenant le cas où on avance, on étudie et on sanctionne ce
projet de loi là, rien ne se passe. Le règlement continue d'avoir cours.
Survient un moment où le gouvernement, après avoir fait ses analyses, passe un
décret et nomme... Les établissements qui étaient dans le règlement deviennent
maintenant nommés par un décret. Il n'y a pas de... Il n'y a...
M. Roberge : ...de... de...
il n'y a pas là, je dirais, de moments où les gens he sont nulle part, là, dans
les limbes. Il n'y a pas personne qui passe d'une protection législative à un simple
règlement ou un simple décret. Au moment où on se parle, il n'y a personne qui
est dans la loi, donc il faut juste remettre les choses en perspective.
M. Paradis : Bien. Et je
comprends qu'on est encore... puis je remercie le ministre de le spécifier, là,
qu'en pratique ça ne veut pas dire qu'une institution perd quelque chose au
lendemain de l'adoption de la loi. Néanmoins, je repose toujours la question,
et c'est vraiment une question qui est ouverte. Je cherche à comprendre quel
est l'objectif du législateur en modifiant de telle sorte l'article du
règlement, donc l'article un du règlement. Quand on avait une liste des
établissements d'enseignement québécois, il y en avait qui étaient
spécifiquement nommés dans le règlement, elles ne le seront plus. Quel est
l'objectif? Parce qu'on aurait pu ne pas faire ce changement. On aurait pu
simplement dire : Bien, oui, ils sont déjà des établissements désignés. Il
n'y aura pas nécessité d'un décret parce que c'était ça avant. Donc, quel est...
quel est l'objectif? Est-ce que c'est parce que désormais on veut... Je ne veux
pas mettre des mots dans la bouche, je ne sais pas, mais je ne veux présumer de
rien. Mais est-ce que c'est parce que désormais on veut que l'ensemble des
institutions d'enseignement soient sur un même pied? Est-ce que c'est parce
qu'on trouvait que ça détonnait, que c'était... pourquoi il y avait cette
particularité-là? J'ai bien... Je le redis, j'ai bien entendu le ministre sur
le fait que, pour ne pas générer d'inquiétudes, etc. que ce n'est pas parce
qu'il s'apprête à prendre une décision pour faire sortir ces établissements de
la liste des établissements désignés. Je le comprends. Ça, c'est ce que ce
n'est pas. Pourquoi on le fait, sinon?
M. Roberge : Bien, le gain
avec le futur nouveau régime, si j'ose dire, c'est qu'en cas de problème, le
gouvernement pourrait agir. Dans l'état du droit actuel, avec le règlement et
les désignations par grands regroupements, le gouvernement est un peu empêtré,
il ne peut pas agir. Au début du projet de loi, vous avez eu accès à un
breffage où on vous a parlé du projet de loi, mais on vous a aussi détaillé, je
pense, puis on vous a transmis des informations sur un recours qui a eu lieu,
qui montrait que le gouvernement était maladroit en ce moment pas à cause des
personnes qui sont ici, à cause du cadre législatif. Et le gouvernement, on l'a
bien vu, n'a pas pu agir devant un cas d'abus, a été obligé d'essayer de
convaincre Ottawa de faire le travail à sa place parce qu'eux étaient capables.
Ce n'est pas une situation qui me plaît. Ce n'est pas une situation, je pense,
qui ne plaît à aucun Québécois d'espérer convaincre Ottawa de faire le travail
que Québec ne peut pas faire parce que ses lois sont moins bien rédigées, parce
qu'on a moins d'agilité législative et réglementaire. Donc, pourquoi fait-on ce
qu'on fait? Pour être davantage maîtres chez nous.
M. Paradis : Et c'est le
principe général que je saisis bien. Mais néanmoins, encore une fois, sur cette
disposition précise, je m'interroge et j'avoue que j'ai trouvé intéressants les
commentaires de la collègue de Mont-Royal---Outremont qui disait : Oui,
mais attendez, là, on semble... Je comprends ce que vous voulez, vous n'êtes
pas en train de dire : Bien là, on n'enverra plus des étudiants étrangers,
on ne les mettra pas sur la liste, par exemple, du Conservatoire de musique et
d'art dramatique du Québec. Mais là, néanmoins, ils étaient là avant. Ils
avaient quelque chose d'institutionnalisé à même le règlement. Là, ils ne l'auront
plus et ils ne se retrouvent pas... leur ministère de références ne se retrouve
pas non plus dans la liste des ministères qui fait une recommandation. J'ai
bien compris aussi. Le ministre a dit : Oui, mais attendez, là, c'est le
gouvernement, donc le ministre ou la ministre de la Culture sera autour de la
table. Mais néanmoins, il y a comme deux signaux, le législatif, puis ça, vous
savez, M. le ministre, des fois, quand on cherche l'intention du législateur,
c'est ce qu'on regarde, là. Ça fait qu'ici il y a comme deux retraits puis il
ne semble pas y avoir de plus. C'est un peu là où je veux bien comprendre
l'intention du législateur, puis s'assurer que, bien non, ce n'est pas ça qu'on
veut dire non plus.
• (12 h 30) •
M. Roberge : Bien, on a eu des
conversations en même temps, là, avec les équipes, là. Je peux vous dire qu'on
a la ferme intention de les désigner, les gens du Conservatoire. Tant mieux! Je
voulais... je préfère être prudent, poser des questions. Puis en cas où des
gens disent : Après analyse on avisera, bien, d'avoir exercé une prudence
ou alors d'avoir une réponse, ensuite donner une réponse plus précise. Je
préfère aller vers le général... du général vers le particulier, puis toujours
vous donner la bonne réponse, puis je trouve que d'y aller au cas par cas
plutôt que...
12 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...au cas par cas
puis de vous induire en erreur. Donc, je pense, ça peut rassurer votre
collègue, votre voisin, ferme intention du gouvernement de désigner les
conservatoires comme étant désignés. Ceci dit, vous dites : Oui, mais là,
il y en a qui sont dans le règlement qui ne le seront plus. Bien, c'est parce
que le règlement va être remplacé par un décret, là, tu sais. Je veux dire, c'est
comme... C'est ça, là. Tu as... Tu as... Tu vends ton sofa, mais il arrive un
La-Z-Boy. Puis il n'y a pas de jour où tu n'as ni sofa ni La-Z-Boy. Il va y
voir quelque chose. Il n'y a pas de moment où tu peux... tu n'as plus de place,
là. Il faut faire attention à ça.
M. Paradis : Bien, c'est-à-dire,
si j'ai bien compris, le règlement ne sera pas remplacé dans son entièreté,
mais la partie de la désignation. C'est bien ça? Par un décret.
M. Roberge : Ce qu'on parle,
à l'article 14, c'est l'article un du règlement sur l'immigration, donc la
section qui va avec la suppression de la définition de l'expression
«établissement d'enseignement québécois», cette petite partie là.
M. Paradis : Puis ensuite ça
va être désigné par décret. Très bien.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 14?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 14 est
adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Sur division. Nous en... Pardon?
M. Cliche-Rivard : Avant d'arriver
au prochain, je vais avoir un 14.1, de mon côté. Je vais vous demander une
petite suspension.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'accord. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 12 h 38)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, nous en étions à... au dépôt d'un amendement... en fait, de
l'introduction d'un article 14.1 par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vous
le voyez à l'écran. M. le député, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Donc :
Ajouter, à l'article 1 du Règlement sur
l'immigration au Québec, après la définition des «époux», la définition
suivante :
«"Établissement d'enseignement
désigné" :
«Au surplus de ceux désignés comme
établissements d'enseignement désignés au sens de l'article 15.1 de la Loi sur
l'immigration au Québec, les établissements suivants sont également désignés
d'office :
«1° un collège institué conformément
à l'article 2 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel;
«2° un établissement d'enseignement
tenu, en vertu de la loi, par un ministère ou un organisme qui est mandataire
de l'État ou un organisme de formation en arts reconnu par le ministère de la
Culture et des Communications;
«3° le Conservatoire de musique en
art dramatique du Québec institué par la Loi sur le Conservatoire de musique et
d'art dramatique du Québec;
«4° un établissement, une personne
morale ou un organisme visé à l'article 2 de la Loi sur les établissements
d'enseignement du niveau universitaire.»
Donc, faisant miens les commentaires du
ministre, Mme la Présidente, à l'effet que les 10 institutions visées par les
quatre points que j'ai gardés seront, fort probablement... en fait, oui, ils
seront, fort probablement, désignés, moi, je... je soumets qu'on devrait donc, par
règlement, les désigner d'office, de manière à rassurer tout le monde, puis de
manière à... à permettre le continuum entre les définitions qui étaient prévues
et ceux qui ne le sont pas, considérant qu'il y a une catégorie spécifique qui
a été nommée à multiples reprises et qui a fait l'objet de discussions, puis
elle n'est pas là dans la liste.
• (12 h 40) •
Alors, le ministre l'a soumis, là :
Jamais je ne croirai que les universités du Québec ne seront pas désignées.
Sautons une étape, désignons-les d'office. «Jamais je ne croirai que les cégeps
publics ne seront pas désignés.» Sautons une étape, désignons-les d'office.
«Jamais je ne croirai que le conservatoire ne sera pas désigné.» Sautons une
étape, désignons-les d'office. Même chose pour les établissements tenus au
point 2°, sautons une étape...
M. Cliche-Rivard : ...d'office.
Il n'y a pas d'enjeu ou pas de problème à l'égard de ces derniers. Donc,
évitons une situation où ils perdent une désignation d'office dans le règlement
et doivent se rabattre sur une future désignation potentielle, faisons un
continuum et couvrons directement nos institutions publiques dans le cadre de
la définition. Si le gouvernement n'est pas à l'aise avec cette définition-là, il
lui appartiendra de modifier le règlement comme il peut le faire. Ceci dit, là,
on aura un continuum où nos cégeps publics, nos universités et nos institutions
d'art seront protégés. C'est ma proposition qui fonctionne conformément avec le
libellé d'établissement... d'établissements d'enseignement désignés prévu à
l'article 15.1. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, juste pour analyser, est-ce qu'on pourrait suspendre quelques
minutes, brièvement? On va juste poser quelques questions si tout le monde est
d'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
M. Roberge : Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprise à 12 h 48)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, lors de notre suspension, c'était pour prendre un regard un
petit peu plus élevé sur l'amendement qui a été déposé. M. le ministre...
Mme Schmaltz : ...s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Vimont. La parole est à vous.
Mme Schmaltz : Je vous
remercie. Écoutez, l'amendement qui a été proposé n'est pas recevable parce
qu'il va à l'encontre de l'article un, hein, l'article qui est... qu'on a voté
par un décret de désignation, donc article 244. Alors, si c'est possible
qu'on statue là-dessus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. M. le député. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Avec beaucoup d'égards, là, l'article... la proposition
d'amendement est légalement instituée. On est dans le règlement, je modifie le
règlement, je ne modifie pas l'article 15.1. Je ne demande pas à réouvrir
la loi. L'article 15.1, de surcroît, prévoit d'office également la
désignation des établissements d'enseignement visés à 36. Donc, il y a déjà des
catégories à 15.1. Moi, je suis dans les définitions, dans le règlement, en
dehors de la Loi sur l'immigration. Et j'établis une définition proposée où
d'autres établissements d'enseignement seront désignés d'office par définition.
Le gouvernement aura tout le loisir, par la suite, de refuser l'amendement,
s'il le veut. Mais, au niveau de la recevabilité, là, on est dans le règlement,
je modifie le règlement, le gouvernement vient de retirer une définition, j'en
ajoute une autre. Donc, moi, je vais vous demander une décision sur cette
recevabilité-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Roberge : Je peux ajouter
un mot?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Allez-y.
M. Roberge : C'est ça. C'est
que, comme à l'article 1, on est dans un décret qui s'appelle un décret de
désignation, ce qu'on précise avec les juristes, c'est qu'un décret de
désignation ne peut être subordonné et encadré par un règlement. Et c'est ce
que le collègue propose de faire. Donc voilà pourquoi on prétend qu'ayant
adopté l'article 1, vous ne pouvez pas aller là. Me Roy voudrait ajouter
un élément. C'est accepté? Oui?
• (12 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Roy (Gabriel) : Merci, Mme
la Présidente. En fait, peut-être...
M. Roy (Gabriel) : ...pour
préciser, là, à l'article 15.1, qui a été... de la Loi sur l'immigration,
qui a été ajouté par l'article un, l'article précise que «sont des
établissements désignés, paragraphe 1, les établissements de
l'article 36, paragraphe deux, les établissements d'enseignement que
désigne le gouvernement.» Donc, la loi vient circonscrire quels sont les
établissements désignés et... sauf pour les écoles, bon, les écoles primaires,
secondaires du paragraphe un, les autres établissements d'enseignement, ce ne
peut être que ceux que désigne le gouvernement selon la procédure qui est
prévue à l'alinéa suivant, donc par un décret de désignation sur recommandation
conjointe, là, du ministre de l'Immigration puis, selon leur compétence, du
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. Donc, la loi vient
circonscrire et restreindre quels peuvent être les établissements
d'enseignement désignés. Et c'est pour cette raison-là que d'ajouter... Bien,
en fait, je vais... je vais m'en tenir à ça, là. Mais je pense que ça... Voilà
ce que ça veut dire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. C'est exactement pour cette raison-là que l'amendement fait
directement référence à 15.1, donc pour qu'il s'ancre dans son contexte légal.
La proposition dit «au surplus de ceux désignés comme établissements
d'enseignement désignés au sens de 15.1 de la loi.» Donc, je ne suis pas dans
un cadre juridique abstrait et erroné, j'ancre la disposition directement à
15.1. 15.1 prévoit déjà une catégorie, celle des établissements d'enseignement
visés à 36, et prévoit que les autres soient désignés par le gouvernement. Je
n'ai aucune objection avec ces deux choses-là. Mais j'en désigne d'autres par
règlement qui fonctionnent complètement et qui éviteraient d'obtenir un décret
de désignation pour ceux autrement désignés. Par la suite, ceux n'étant pas
désignés et par la loi et par le règlement, le gouvernement sera libre de faire
un décret pour les désigner. Parce que mes propositions ne touchent pas
l'ensemble des établissements, nommément les établissements collégiaux privés,
qui, eux verront la définition et le cadre juridique s'appliquer à eux à
100 %. Donc voilà, je, entre guillemets, joue dans le même film que le
gouvernement et sa structure, après, lui appartiendra de refuser de désigner
d'office les universités. Ce sera sa justification à le faire. Mais sur la
recevabilité légale d'une proposition d'inclure une définition qui entre
complètement dans le cadre juridique, qui n'empêche rien au décret de
désignation mais qui nous permet de sauter une étape en désignant d'office
certains établissements, comme le fait d'ailleurs l'article 15.1 en
nommant d'office les établissements d'enseignement visés à l'article 36,
on est pleinement en concordance et en conformité avec l'esprit et la lettre de
la loi et du règlement. La demande d'irrecevabilité doit donc être rejetée.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Si... M. le
ministre.
M. Roberge : ...ajouter un
dernier mot.
M. Roy (Gabriel) : Oui.
Alors, en fait, peut-être, pour reformuler, je pense, la question qu'il faut se
poser à l'égard des établissements qui sont listés dans l'amendement proposé,
c'est : Est-ce que ce sont des établissements désignés au sens du
troisième alinéa de l'article 15.1? Et la réponse, c'est non, en fait,
puisque ce ne sont pas des établissements d'enseignement que désigne le
gouvernement au sens de cet alinéa-là. Et, par conséquent, c'est la raison pour
laquelle cet amendement-là ne... est en contradiction avec l'article 15.1.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député.
M. Cliche-Rivard : Dernier
élément, Mme la Présidente. Cette explication-là fonctionnerait si on n'avait
pas autrement une autre catégorie déjà là dans les catégories désignées
d'office. Alors, si elles étaient toutes désignées seulement par décret, la
réponse juridique qui vient d'être octroyée ici serait véridique. Ceci dit, du
moment où on établit déjà des catégories désignées d'office, cette
explication-là ne tient plus la route. On a déjà des explications... d'enseignement
visés à l'article 36. Donc ils ne sont pas tous désignés par décret. Donc,
considérant ceci, nous sommes tout à fait libres d'en faire la même chose dans
le règlement. Ça aurait été vrai si tout était désigné par décret seulement. Ce
n'est... Ce n'est pas le cas. Le gouvernement choisit d'ouvrir une catégorie
d'établissements désignés d'office, très...
M. Cliche-Rivard : ...du
moment où ces catégories-là sont ouvertes, et qu'il existe une capacité de
désigner en amont, cette catégorie-là doit pouvoir être possible pour nous
aussi dans le règlement. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, je nous
écoute discuter de la recevabilité de cette proposition d'amendement et je
constate que... ce n'est pas manifeste que ça contredit ce qui a déjà été
adopté, puisqu'il y a des discussions qui ont eu lieu là-dessus. Compte tenu de
nos échanges précédents sur l'article 14, je pense que c'est un amendement qui
mérite, au moins, d'être discuté sur le fond. C'est ce qu'on est en train de
faire.
Je trouverais ça dommage, pour les fins de
notre exercice démocratique d'étude détaillée de ce projet de loi là, qu'on se
prive de la possibilité de discuter de la pertinence ou non ou du bien-fondé ou
non de la proposition d'amendement du collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Donc, je pense que c'est... ça ne semble pas manifestement contradictoire avec
les articles déjà adoptés du projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, ça, c'est des débats sur qu'est-ce qui devrait être
dans la liste... ont été faits et refaits. Mais la question n'est pas là. La
question, c'est : Est-ce qu'un tel amendement est recevable? Je prétends
que non, puisqu'on a adopté l'article 1 et que, dans l'article 1, on dit que
c'est sur décret de désignation adopté par le gouvernement, sur recommandation
des deux ministres, que les établissements seront désignés, et donc ça ne peut
pas être par règlement si on vient d'adopter une loi qui dit que ça va se faire
par décret de désignation. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention, vous allez comprendre qu'avec cette demande de
recevabilité je vais devoir suspendre. Et, compte tenu de l'heure, on va se
retrouver à 15 heures.
Alors, je vais suspendre les travaux,
merci.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 07)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif
aux étudiants étrangers.
Donc, au moment de suspendre les travaux
ce matin, nous en étions à l'article 14.1, l'introduction d'un article 14.1
par amendement qui visait à l'article un du Règlement sur l'immigration au
Québec. Le gouvernement a déposé, par le truchement de la députée de Vimont,
une motion d'irrecevabilité. Alors, je suis prête à rendre ma décision.
Donc, je vais maintenant rendre ma
décision sur la recevabilité de l'amendement déposé par le but de le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne visant à introduire un article 14.1 au projet de
loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers.
Mme la députée de Vimont indique que l'amendement
irait à l'encontre de la décision de la commission, qui a adopté un amendement
à l'article un. Il a également été souligné qu'un décret de désignation ne peut
être subordonné à un règlement.
Le député de Saint-Henri-Sainte-Anne
indique pour sa part que la motion est recevable puisque l'amendement à l'article
un contient déjà une disposition prévoyant que certains établissements ne sont
pas désignés par décret car prévus directement par l'amendement.
Pour sa part, le député de Jean-Talon
indique qu'il n'est pas manifeste que l'amendement proposé par le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne contredit l'amendement déjà adopté et que, de surcroît,
l'amendement doit être débattu par la commission afin qu'elle puisse déterminer
de la pertinence de l'intégrer ou non au projet de loi.
Je vous rappelle que, lorsque la
présidence évalue la recevabilité d'un amendement, elle doit tenir compte des
règles élaborées par la jurisprudence avant de statuer. Ces règles sont
notamment codifiées aux articles 197 et 244 de notre règlement.
Par exemple, la jurisprudence a
effectivement déjà établi qu'une motion d'amendement ne peut pas aller à l'encontre
d'une motion adoptée précédemment. Un amendement ne peut non plus nier,
dénaturer ou écarter le principe du projet de loi, en l'espèce, l'amendement proposé
d'ajouter une définition d'«établissement d'enseignement désigné» à même le
Règlement sur l'immigration du Québec. Pour ce faire, l'amendement réfère
explicitement aux dispositions de l'article un du projet de loi adopté, tel qu'amendé.
En ce sens, l'amendement vient apporter certaines précisions, mais ne vient pas
à l'encontre de l'amendement déjà adopté. Par ailleurs, en ce qui a trait à l'impossibilité...
l'impossibilité qu'un décret de désignation soit subordonné à un règlement, la
jurisprudence a déjà établi qu'il ne revient pas à la présidence d'interpréter
les lois...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...ou de juger de la légalité d'une proposition. Compte
tenu de ces raisons, afin de favoriser le débat sur la proposition d'amendement,
je juge que celui-ci est recevable.
Alors, sur cette décision, on va
poursuivre les discussions. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
• (15 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente, merci également pour votre décision. Ça nous en apprend
toujours davantage sur notre procédure parlementaire, ça a ça comme mérite, de
l'exercice, alors merci de... de nous instruire dans votre décision.
L'objectif, ici, Mme la Présidente, c'est
de... d'aller un petit peu plus loin, eu égard aux déclarations précédentes.
Pour... pour remettre en contexte, on avait une définition d'établissement
d'enseignement québécois dans le Règlement sur l'immigration du Québec. Cette
définition là, par l'article 14, n'existe plus, donc il n'y a plus de
définition, il n'y aura plus, à l'adoption du projet de loi, ou, en fait, à
l'entrée en vigueur des dispositions en question, d'article de définition. On
réfère maintenant à l'article 15.1, qui prévoit deux choses, qui prévoit
que les établissements visés... puis ça, c'est le premier point du troisième
alinéa... les établissements d'enseignement visés à l'article 36 de la loi
sur l'instruction sont, d'office, intégrés comme... ou désignés comme établissements
d'enseignement désignés, et, pour le reste, c'est sur désignation du
gouvernement, par décret.
Ce que l'amendement vient préciser, c'est
par règlement, non pas par loi, donc le gouvernement sera à même de le modifier
au besoin, mais que certaines autres catégories sont également désignées
d'office. Et la distinction est claire entre le règlement et la loi. La loi ne
pourra pas être modifiée sans modification législative, alors que le règlement,
bien, il a une flexibilité, une agilité, pour reprendre les mots du ministre, à
savoir s'il pourrait ou non modifier ladite liste des... des institutions
désignées.
Dans la proposition d'amendement, je fais
écho aux déclarations du ministre à l'effet qu'il serait fortement improbable
que les institutions mentionnées dans ma proposition d'amendement ne soient pas
désignées. En fait, je ne vois pas ou je vois mal un scénario dans lequel les
universités du Québec ne seraient pas automatiquement désignées par le
gouvernement d'office. Je vois mal un scénario où les cégeps publics et le
conservatoire ne seraient pas désignés d'office ou de toute façon, et je vois
mal une possibilité pour le gouvernement d'un jour, quel qu'il soit, retirer
ladite désignation à nos institutions universitaires. Je suis certain que ce n'est
là... ce n'est pas là son intention.
Donc, sautons une étape, sautons une
certaine zone d'incertitude et adoptons la proposition d'amendement afin que
les... lesdites institutions publiques qui font la fierté des Québécois et des
Québécoises soient automatiquement désignées d'office à même le règlement. Ceci
n'empêchera pas le ministre, un, de modifier ledit règlement et, deux, pour
tous ceux qui ne sont pas désignés soit à 15.1 ou soit à la définition du
règlement, d'adopter lesdits décrets de désignation pris conformément à
l'article 15... 15.1, notamment eut égard aux collèges d'enseignement
privés, le cas échéant, s'il souhaite retirer ou ne pas désigner certains
d'entre eux.
Alors, voilà. Je pense qu'on confirmerait
les intentions du ministre. On rassurerait, s'il en est, une partie des
institutions qui voient leur désignation d'office du règlement leur être
retirée du règlement pour finalement leur laisser une place d'application
automatique à l'intérieur du règlement, évidemment modifiable par le
gouvernement au besoin. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Mme la
Présidente, évidemment, on accueille positivement votre décision. On l'accepte
évidemment. Donc, la proposition est recevable puisque vous en avez décidé
ainsi. Cependant, selon nous, elle entre en contradiction avec l'esprit, avec
l'intention du législateur. À l'article 15.1, notre objectif, notre intention,
c'est d'y aller par décret, avec une liste, comme ça l'exprime assez bien ici,
là. Ce sont les établissements d'enseignement désignés. En tout cas, on a les
établissements d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur
l'instruction publique, puis, après ça, les établissements d'enseignement que
désigne le gouvernement. On précise...
M. Roberge : ...que c'est
toujours en équipe de deux que la proposition est faite et que ça passe ensuite
au Conseil des ministres. Puis après ça, ça dit : «Le ministre publie la
liste des établissements, on parle d'une liste, le ministre publie la liste des
établissements d'enseignement désignés et la liste des études désignées.» Et
donc, en ce sens, pour nous, de contraindre le gouvernement avec un règlement
sur le décret qu'il pourrait... bien, qu'il fera plus tard à
l'article 15.1, pour nous, ça va un peu en contradiction, donc on n'ira
pas dans ce sens-là. Je comprends les intentions du collègue, c'est très clair
et fidèle dans sa ligne de pensée, je respecte ça, mais ce n'est pas la nôtre,
cette ligne de pensée. À cette... Dans ce contexte-ci et dans les libellés
législatifs qui sont les nôtres en ce moment dans le cadre du projet de loi, je
n'irai pas en faveur de cet amendement-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Donc, M. le ministre, merci pour votre explication. Donc,
désignées d'office, les universités québécoises ne font pas partie de vos
intentions législatives.
M. Roberge : Les
établissements seront désignés par décret de désignation et non pas par
regroupement dans un règlement.
M. Cliche-Rivard : Par
contre, à l'article 15.1, vous avez introduit une catégorie, vous avez
introduit la catégorie des établissements d'enseignement visés à
l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique. Ceux-là sont donc
désignés d'office, traitement... et j'ai de la misère à le comprendre, traitement
que vous refusez d'accorder aux universités du Québec. Donc, de dire : Là
n'est pas mon intention, puis on ne veut pas rester les mains liées, vous avez
décidé de le faire. Ce n'est pas comme si, à l'article 15.1, vous aviez
dit : Tous les établissements sont désignés par le gouvernement. Vous avez
introduit une exception déjà, en «les établissements d'enseignement visés à
36».
Moi, ce que je vous demande, c'est d'aller
un petit peu plus loin puis de faire la même chose pour nos incroyables et
fantastiques universités du Québec, par exemple. Alors, j'ai beaucoup de
respect pour l'explication que vous me donnez, mais force est de constater que
le libellé, lui-même, de ce qui a été adopté à 15.1 dit autre chose. Donc, moi,
je vous dis, à ce stade-ci, comme ils ne sont pas visés, je pense, à mon humble
avis, par les inquiétudes du ministère, et comme ils seront probablement, fort
probablement... En fait, vous avez plutôt dit que ce serait invraisemblable
qu'ils ne le soient pas, hautement invraisemblable. Allons un peu plus loin
puis intégrons-le d'office. Vous aurez toute la liberté de les modifier par
règlement par la suite, le cas échéant.
M. Roberge : Bien, justement,
mon collègue dit : Dans l'article 1, nous avons voté ensemble que les
écoles primaires, les centres...
M. Cliche-Rivard : Sur
division.
M. Roberge : ...de services
scolaires allaient être désignés. C'est un choix qui a été fait et qui allait
ensuite avoir d'autres établissements désignés par décret. C'est la voie que
nous avons choisie.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
vous... puis là c'est votre choix puis c'est votre réponse politique,
délibérément choisi de ne pas inclure les universités?
M. Roberge : Les universités
seront désignées ensuite par décret, comme tous les autres établissements qui
seront désignés ensuite par décret. Un peu comme de la même manière en ce
moment, ce n'est pas dans la loi, c'est dans le règlement. Une fois que la
nouvelle loi sera sanctionnée, les noms des établissements se retrouveront dans
le décret. Et ça ne se décidera pas ici, en commission, lors de l'étude article
par article du projet de loi puisqu'on fait les articles de la loi et pas les
articles d'un décret.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
Donc, délibérément, vous avez fait un choix politique, c'est le vôtre, de
désigner d'office les établissements d'enseignement visés à 36 de la Loi sur
l'instruction publique. C'est une décision politique. Vous avez pris cette
décision politique. Vous avez également pris la décision politique de ne pas
désigner d'office les universités du Québec. C'est un choix politique. C'est
une décision que vous avez prise. Moi, j'ai de la difficulté à la comprendre,
cette position politique-là, je, en fait, l'accepte mal parce que je ne vois
pas pourquoi on ne pourrait pas réserver aux fleurons du Québec, aux
universités du Québec notamment, le même traitement, le même privilège de
désignation d'office que vous accordez autrement aux établissements
d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique.
J'ai beaucoup de difficulté à comprendre ça, que nos institutions
universitaires n'aient pas le même bénéfice que...
M. Cliche-Rivard : ...celle
visée a 15.1.
• (15 h 20) •
M. Roberge : Je comprends,
mais ça fait un certain temps qu'on répète les mêmes arguments. Dans ce cas, si
on a fait le choix d'y aller avec un regroupement pour les écoles, les centres
de services scolaires qui se trouvent être dans une catégorie qui est distincte
parce que, comme je l'ai dit tout à l'heure, ça appartient au gouvernement,
parce que les programmes sont ceux du gouvernement. Et par rapport au droit
actuel, je le répète encore, les établissements qui seront désignés sont dans
la même situation qu'actuellement. Au lieu d'être, ils seront par décret.
M. Cliche-Rivard : Bien,
oui et non, dans le sens où, actuellement, il y a aucune liste d'établissements
désignés, là. Les gens qui correspondent à la définition du règlement sont
désignés, là. Il n'y a pas de pouvoir discrétionnaire de ne pas désigner ou
désigner. Là, on va avoir des listes d'établissements désignés. Donc, avec
égards, ce n'est pas la situation actuelle qui est maintenue... Pardon, je...
Ce n'est pas la situation actuelle qui est maintenue, c'est un nouveau régime
dans lequel vous allez identifier individuellement certains organismes,
certains établissements, alors que ledit règlement puis ladite perspective que
je vous offre, c'est de les catégoriser ensemble. Donc, voilà, la position politique
est claire. De votre côté, vous, vous n'acceptez pas d'accorder le même
privilège aux institutions universitaires que vous accordez d'office aux
établissements d'enseignement visés à 36. Les gens jugeront de la pertinence ou
du bien-fondé de ladite décision. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le député
de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais... Je voudrais simplement une précision de la part de
M. le ministre, suite à la réponse qu'il a donnée au collègue de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Vous avez dit, les établissements visés à 36, là, on
parle des centres de services scolaires, notamment, vous avez parlé des écoles
puis, là, le gouvernement, vous avez dit, contrôle les écoles, les programmes.
Est-ce que j'ai bien compris ou... Parce que, si c'est ce que vous avez dit, le
projet de loi vise à encadrer les étudiants étrangers, donc, vous voulez... En
tout cas, vous êtes rassurés, vous les... vous les désignez tout de suite à 36
parce que vous contrôlez les programmes, puis vous contrôlez moins les
programmes des universités? J'ai de la misère à vous suivre, M. le ministre.
M. Roberge : J'explique
tout simplement les différences entre les différents réseaux.
M. Morin :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions? Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Bien,
moi, j'aimerais simplement mentionner, là, explicitement que nous sommes
d'accord avec l'amendement qui a été déposé par notre collègue de
Saint-Henri-Sainte-Anne, et pour rebondir sur ce que mon collègue le député de
l'Acadie mentionnait, moi aussi, j'ai de la difficulté à saisir le raisonnement
derrière cette distinction qui est faite entre les établissements visés à 36.1
de la loi sur l'instruction... 36, l'article 36, et puis tout le
reste, tous les établissements qui tombent sous... qui tombent sous la
responsabilité du ministère de l'Enseignement supérieur, alors que le plan
stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur fait de
l'internationalisation de l'enseignement supérieur une... une mission
essentielle. Comment est-ce que vous réconciliez ces... Comment vous
réconcilier le fait que vous traitez différemment l'enseignement supérieur,
alors que c'est spécifiquement mentionné dans le plan stratégique du ministère
de l'Enseignement supérieur qu'on doit internationaliser l'enseignement
supérieur et aller recruter des étudiants internationaux?
M. Roberge : Je ne vois
pas de lien de pertinence entre l'intervention de ma collègue, parce qu'on peut
vouloir accueillir des étudiants étrangers internationaux et vouloir contrôler
le nombre d'étudiants étrangers internationaux qui arrivent et vouloir
analyser, je vous dirais, par catégorie, dans quel endroit on a vraiment
besoin, dans quel endroit l'apport de ces gens-là est le plus grand. Donc, il
ne s'agit pas de se dire est-ce qu'on veut ou on ne veut pas des étudiants
internationaux dans nos cégeps et nos universités. Ce n'est pas ça, la
question.
Mme Setlakwe : Mais ici,
vous hésitez à les désigner d'emblée. Là, on parle juste des universités et le
réseau des cégeps publics, là. Je ne parle même pas des autres établissements
pour lesquels il...
Mme Setlakwe : ...il demeure
un certain flou aussi à savoir est-ce qu'ils vont être reconnus d'emblée et
quelle sera l'intervention du... La question demeure toujours : Quelle va
être l'intervention du ministre de la Culture?
Mais revenons aux universités puis aux
cégeps, qui ont demandé spécifiquement, premièrement, d'être exclus de
l'application du projet de loi. Donc, clairement, ils sont très inquiets, ils
sont préoccupés. Et vous hésitez à les désigner d'emblée. Vous dites que c'est
hautement probable qu'ils le seront, prévus dans le décret, le premier décret
qui va être émis suite à l'adoption du projet de loi. Alors, je saisis mal
votre hésitation, étant donné leur grande inquiétude.
M. Roberge : Mais il ne s'agit
pas d'une hésitation, c'est que ce n'est pas à l'ordre du jour, dans le cadre
du projet de loi, de faire la liste des établissements qui seront faits par
décret. Ce n'est pas le lieu pour faire cette décision-là. Voilà. Tout
simplement.
Mme Setlakwe : Mais vous le
faites pour l'article 36.
M. Roberge : Pour les
enfants, la désignation des établissements qu'on a dans l'article 1 de la
loi, là, qui modifie l'article 15, ça vise à davantage non pas protéger
les établissements, mais protéger les enfants. Le but, c'est de s'assurer
que... par la loi, c'est d'assurer que les ressortissants étrangers mineurs,
les enfants mineurs qui doivent être admis dans un établissement désigné, bien,
aient accès à l'ensemble des écoles du Québec. Donc, ici, on n'est pas en train
de protéger des écoles, on n'est pas en train d'avoir un réseau chouchou, on
veut s'assurer que les enfants qui arrivent ici, qui sont des enfants mineurs,
qui ont le droit de fréquenter l'école, aient accès à l'ensemble des écoles publiques
du Québec sans que le gouvernement puisse restreindre cet accès-là et ce droit
à l'éducation pour des enfants. C'est totalement différent, le droit à
l'éducation d'un enfant de sept, huit ans versus le choix de quelqu'un de 22,
23, 25 ans qui veut venir ici et aller dans tel ou tel établissement. Ça n'a
rien à voir.
Mme Setlakwe : Êtes-vous
d'accord qu'ici, à l'article 1, donc l'article 15.1, c'est comme un
genre de première étape générale, là, on énonce... juste pour être sûre que je
comprenne bien, là, on énonce la condition générale. Pour pouvoir recevoir un
étudiant international, cet étudiant international, première... premier
constat, il faut absolument qu'il soit admis dans des études reconnues et dans
un établissement désigné. C'est bien ça?
M. Roberge : Bien, c'est ça
qu'on a voté.
Mme Setlakwe : C'est la
condition... la première condition. Et, plus tard, dans les articles qu'on
attend toujours de... dont on attend toujours de voir la version révisée, c'est
là où vous allez avoir des pouvoirs plus particuliers de venir dire : À
même ces établissements-là et dans ces... pour ces études-là, on va être plus
spécifiques et on va potentiellement venir imposer des plafonds.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...parce que je vais saisir l'occasion, tous les
articles... tous les amendements du gouvernement ont été déposés dans Greffier.
Alors, pendant qu'on poursuit les travaux, vous allez pouvoir les consulter.
Vous pouvez poursuivre.
M. Roberge : Bien, la
question qu'on se pose ici, essentiellement, parce qu'on est à
l'article 14, bon, avec 14.1, c'est de dire qu'on passe d'une situation
où, dans la loi, aucun établissement n'est désigné en ce moment sous le vocable
«établissement d'enseignement québécois», il n'y a rien dans la loi, aucun
établissement, aucune catégorie. En ce moment, c'est dans le règlement. On
passe de ça à une loi à venir qui utilise le terme «établissement désigné»
plutôt qu'«établissement d'enseignement québécois», mais on comprend que ça
ressemble dans le principe. Cette fois-ci, dans la loi, plutôt que d'avoir tout
le monde, soit par règlement ou décret, il y a un regroupement
d'établissements, nos écoles primaires et secondaires publiques, qui sont
d'office désignés, je viens de vous expliquer pourquoi, pour protéger le droit
des enfants d'avoir accès à l'école. Et, pour le reste, les établissements
seront désignés par décret, un peu comme elles le sont en ce moment par
règlement, sans que personne ne s'en plaigne en ce moment.
Mme Setlakwe : Mais ils le
sont, ils sont nommés explicitement dans le règlement, dans la version actuelle
du règlement.
• (15 h 30) •
M. Roberge : Bien sûr, mais
vous voudriez qu'on écrive le décret avant d'écrire le décret. Vous voudriez
que nous écrivions ici, en commission, le décret qui sera écrit conjointement
entre le ministre de l'Immigration et la ministre de l'Enseignement supérieur
après analyse. Ce n'est pas la place et le moment en commission, à l'étude
article par article d'une loi qui n'est pas encore votée, d'écrire un décret
qui sera écrit par deux ministres après analyse. On ne fera pas ça. Ce n'est
pas dans l'ordre des choses...
15 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...de la même
manière lorsque la loi a été adoptée, je doute fort que le règlement, que vous
semblez apprécier tant, ait été écrit en commission parlementaire, lorsque la
loi actuelle a été votée et que le règlement, que vous semblez apprécier. Je
doute fort que ce règlement-là ait été coécrit lors de l'étude article par
article de la précédente loi. Il y a eu vraisemblablement la loi, l'habilitation
réglementaire et ensuite le règlement. Et là on refait cette même séquence. C'est
dans l'ordre des choses. C'est tout à fait normal.
Mme Setlakwe : On ne voit pas
les choses de la même façon. Nous, on appuie cet amendement et on se dit que c'est
simplement... on... Ce qu'on constate du côté du gouvernement, c'est qu'il y a
une hésitation à venir affirmer aujourd'hui que, d'emblée, les cégeps publics
et les universités, pour ne nommer que ceux-là, ils sont protégés aujourd'hui,
ils... L'intention est de les protéger, de prévoir qu'ils sont des
établissements désignés.
M. Roberge : Je comprends,
mais dans l'éventualité où la loi serait votée et sanctionnée, la loi qu'on
travaille, bien, jusqu'à l'adoption d'un décret, le règlement actuel prévaut.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le député
de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Oui, effectivement, vous avez raison, M. le ministre, en attendant,
le règlement actuel va prévaloir. Sauf qu'un des enjeux qu'on a rencontrés lors
de la consultation des groupes en commission parlementaire, c'était d'essayer d'avoir
un cadre qui est prévisible. Et ce que je comprends du collègue de Saint-Henri
Sainte-Anne avec son amendement, c'est qu'il essaie d'identifier certains
établissements d'enseignement pour qu'il y ait justement cette prévisibilité.
Mon collègue pourra me corriger si je fais erreur, mais c'est ce que je
comprends de son amendement.
Alors, ça répond à une des préoccupations
que les groupes de gens nous ont suggérée. Ce que je comprends de ce que vous
voulez faire... puis c'est sûr que, les décrets, on ne va pas... on ne va pas
les rédiger maintenant, ça, c'est évident, il faudrait d'abord que la loi soit
adoptée, et on n'est pas encore rendus là, mais je comprends que, pour vous,
tout ce qui touche les... en fait, les écoles primaires, secondaires publiques,
donc, vous allez les définir d'emblée par la loi, les gens sont obligés d'aller
à l'école au Québec, donc ils vont rentrer là-dedans. Mais, à moins que vous
soyez, je ne sais pas, capable, puis vous avez peut-être des raisons... mais d'identifier
certains cégeps ou certains établissements universitaires ou encore des
établissements qui sont nommés là, à moins que vous nous dites que vous avez
des raisons puis que vous n'allez pas désigner, par exemple, le Conservatoire
de musique et d'art dramatique du Québec. Moi, je recherche de la
prévisibilité. Pourquoi, à ce moment-là, vous n'êtes pas prêt de les désigner
automatiquement pour que ce soit clair?
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, l'objectif,
c'est de se donner un pouvoir pour l'avenir. Il ne s'agit pas de trouver tout
de suite, peut-être, un établissement qui serait fautif, puis de désigner ici,
en commission, puis de dire : Voici, cet établissement serait incorrect,
etc. C'est de se donner cette capacité, cette agilité. Parce qu'on le voit, et
la démonstration a été faite, lorsque c'est arrivé par le passé, le
gouvernement n'a pas pu agir, il a fallu qu'il aille quêter la permission d'Ottawa
pour régler un problème local. Ce n'est pas une situation acceptable. Moi, je
ne suis pas à l'aise dans ce statu quo auquel le gouvernement du Québec a les
deux mains attachées. Il faut se libérer de ça. Aidez-nous.
M. Morin : Bien, oui, mais,
en fait, justement, c'est ce qu'on vous aide parce que, par la voie d'un
règlement, ça vous donne plus de flexibilité que par une loi. Donc, on vous
aide, on vous tend la main. C'est ce que le collègue essaie de faire. Voilà.
M. Roberge : Bien, je
regrette, mais il y a moins de flexibilité avec un règlement qu'avec un décret.
Et, de toute façon, comme je l'ai dit, selon notre analyse, notre perspective,
une fois qu'on a adopté l'article 1, c'est antinomique d'aller avec un
règlement qui définit quelles seraient les conclusions d'une analyse et quel...
comment devrait être écrit le décret. On déciderait, aujourd'hui, d'établir un
règlement qui nous empêcherait de faire un décret. En tout cas, pour nous, ça
ne fonctionne pas.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Alors, si je
n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement proposant l'introduction
de l'article 14.1...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est adopté?
M. Cliche-Rivard : Un
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un vote par appel nominal, oui.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : M. Paradis
(Jean-Talon)?
M. Paradis : Abstention.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous retournons
donc à l'article 14... non, 14 a été déjà adopté. Je m'excuse. On est donc
rendus à 15, ou, étant donné que les amendements ont été déposés, je vous
propose de revenir dans l'ordre des choses. Est-ce que ça vous convient? Donc,
on reviendrait à 3, si je ne m'abuse. Et j'imagine que vous avez besoin d'une
suspension pour prendre connaissance des documents. Alors, on va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 57)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend donc ses travaux. Au moment de suspendre, nous en
étions à... Au retour, nous avons suspendu l'article 3. Nous revenons donc à
l'article 3, mais j'ai besoin de votre consentement pour revenir à l'article 3.
Consentement.
Alors, M. le ministre, je pense que vous
avez un amendement qui a été regardé par les oppositions. Je vais demander de
lire l'article et par la suite l'amendement.
M. Roberge : Merci bien.
Alors, j'y vais. Article 3 :
L'article 50 de cette loi est
modifié :
1° par le remplacement du premier alinéa
par les suivants :
«Le ministre peut prendre une décision
relative à la réception et au traitement des demandes présentées conformément
au chapitre III, à moins qu'une telle décision ne concerne les demandes
présentées à titre d'étudiant étranger, auquel cas elle ne peut être prise que
par le gouvernement.
«Une décision est prise en tenant compte,
notamment, des orientations et des objectifs fixés au plan annuel
d'immigration, des besoins économiques et de main-d'oeuvre, du besoin de
favoriser une diversité de provenance des demandes de sélection, de
considérations humanitaires, de toute situation susceptible de compromettre la
santé, la sécurité ou le bien-être de personnes immigrantes, de la capacité
d'accueil et d'intégration du Québec ou de l'intérêt public.»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «maximum de demandes que le ministre entend recevoir» par «maximal
de demandes que recevra le ministre»;
3° par le remplacement, dans le troisième
alinéa, de «La désignation du ministre» par «Une décision».
Donc, cet article propose plusieurs
modifications à l'article 50 de la Loi sur l'immigration du Québec.
Premièrement, il retire au ministre et octroie au gouvernement le pouvoir de
prendre une décision de gestion des demandes présentées à titre d'étudiant
étranger. Deuxièmement, il ajoute deux exemples d'éléments pouvant être pris en
compte dans le cadre de la prise de toute décision relative à la gestion des
demandes : l'ajout des considérations humanitaires est proposé, en concordance
avec la notion de «motif humanitaire», au deuxième alinéa de l'article 52 de la
Loi sur l'immigration du Québec dans le cadre du remplacement de cet article
proposé par l'article 4 du projet de loi; l'ajout de «toute situation
susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou le bien-être de personnes
immigrantes» est proposé afin de donner une indication claire qu'une telle
situation peut justifier la prise d'une décision, notamment si la tenue d'une
enquête fait état d'une telle situation; troisièmement, il propose des
modifications de concordance afin de tenir compte de l'octroi au gouvernement
du pouvoir de prendre une décision de gestion des demandes présentes à titre
d'étudiant étranger.
Je peux...
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Et l'amendement proposé?
M. Roberge : L'amendement
proposé, donc, à l'article 3 :
Insérer, dans le deuxième alinéa de
l'article 50 de la Loi sur l'immigration au Québec, proposé par le paragraphe
1° de l'article 3 du projet de loi et après «Québec», de...
16 h (version non révisée)
M. Roberge : ...de «de l'objectif
d'assurer la pérennité et la vitalité du français». Donc ici, ce qu'on fait, c'est
ajouter à la liste des considérations. On parle de considérations humanitaires,
de situations susceptibles de compromettre la santé, tenir compte de la
capacité d'accueil et d'intégration. Bien, on rajoute l'objectif d'assurer la
pérennité et la vitalité du français. Je vous dirais que c'est suite aux
auditions particulières. La Commissaire à la langue française nous a proposé d'aller
dans cette direction.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai des interventions sur l'amendement?
Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Tout à fait en accord avec la proposition de M. le ministre.
Ça avait d'ailleurs été soulevé que la vitalité ou, en tout cas, le mot
«francisation», «français», ne se retrouvait pas, mis à part dans le titre du
ministre, dans la... dans le projet de loi. Ça avait été discuté en commission
parlementaire. Donc, j'accueille avec beaucoup de joie la modification. Je
pense que la vitalité du français devrait être au cœur et être au cœur de ce qu'on
fait ici, tous et toutes, je le pense. Donc, j'appuie, là, tout à fait. C'était
dans les revendications et recommandations du commissaire. Il y en avait d'ailleurs
beaucoup d'autres. Donc, j'espère que le ministre aura le même niveau d'ouverture
pour les autres recommandations du Commissaire en langue française qui, par
ailleurs, fait un travail important, et qui nous informe, et qui nous permet d'avancer
avec des objectifs importants en matière de pérennité et vitalité de la langue.
Alors, oui, il aura tout mon appui sur cette modification-là à l'article 3,
qui sera éventuellement amendé. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement? M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, effectivement, l'objectif d'assurer la pérennité et la
vitalité du français, c'est effectivement un objectif qui est très important,
cela va de soi. Maintenant, j'aurais quelques questions pour M. le ministre
parce que, si mon souvenir est bon, dans le... dans son rapport, le commissaire
parlait d'un pourcentage, 85 %. Est-ce que c'est une... Est-ce que, pour
vous, c'est une cible? Est-ce que c'est un plafond? Est-ce que le fait que vous
ayez cet ajout-là, c'est pour vous permettre de remplir une cible? Donc, j'aimerais
que vous puissiez nous expliquer un peu ce que vous entendez faire avec cette disposition,
cet ajout-là, finalement.
M. Roberge : Bien, merci
de votre question. D'abord, il faut voir que... excusez-moi, les articles 3,
4 et 5 doivent être vus comme un bloc. Des fois, les articles d'un projet de
loi se suivent mais modifient des articles très, très éloignés. Ça pourrait
modifier le 2, le 12, le 20, mais dans ce cas-ci, on est... Avec le 3, on
modifie l'article 50, avec le 4, on modifie l'article 52 et, avec le
5, on ajoute 52.1. Donc, on est toujours dans la notion des... des intentions,
des considérants, puis des critères utilisés, qui peuvent être utilisés plus
tard, une fois que la loi est sanctionnée.
Donc, on est en train de se donner des
leviers. Un peu plus loin, dans l'article 4 et dans l'article 5, on
sera de manière plus précise dans les leviers. Pour l'article 3, on est
davantage dans les intentions, dans les considérants, dans des considérations
importantes qui peuvent amener ensuite la sélection de critères comme étant un
critère discriminant, non pas discriminatoire mais discriminant, c'est-à-dire
qui nous aide vraiment à prendre des décisions. Donc, je pense qu'il va falloir
considérer la langue d'enseignement, la langue d'étude, la langue d'établissement.
Maintenant, le commissaire a déposé son rapport il y a moins d'une semaine. Il
nous a proposé plusieurs, plusieurs, plusieurs pistes de solution ou
suggestions. On n'a pas fait le travail en ce moment pour dire est-ce qu'on va
donner suite à toutes ces recommandations-là, et si on prend une
recommandation, quel chiffre on prendrait. Parce que le commissaire va y aller
avec des seuils, des seuils de présence du français en enseignement supérieur.
Il propose le seuil de 85 %. On est en voie de l'obtenir pour le
collégial. Pour l'universitaire, on est loin de ça pour l'instant. Et on n'a
pas pris la décision. Ça demande une analyse sérieuse.
M. Morin : Mais dans
votre réflexion, vous pourriez vous rendre là. Ce n'est pas exclu non plus.
M. Roberge : Bien, la
réflexion n'est pas faite. Donc là, dire est-ce que c'est exclu ou pas exclu,
nous n'avons pas fait cette réflexion-là. C'est beaucoup trop tôt, là. Ça a
beaucoup d'impact. Donc, on n'est pas là.
M. Morin : O.K. Je vous
remercie. Dans le rapport des universités du Québec...
M. Morin : ...UQAM, UQTR,
UQAC, UQAR, UQO, UQAT, INRS, ENAP, ETS, Telus... TELUQ, on dit que, à la page
cinq, les étudiants universitaires qui sont inscrits proviennent en très grande
majorité des pays francophones. Ils avancent le chiffre de 93 % des cas
dont... qui ont le français comme langue d'usage et ils disent qu'ils
contribuent à la vitalité... à la vitalité du français. Donc, pour ces
universités-là, en tout cas, la pérennité et la vitalité du français ne
semblent pas être un enjeu. Est-ce que vous, vous avez autre chose en tête?
Est-ce qu'il y a des endroits où vous pensez que ça va être davantage
applicable?
M. Roberge : Mais là, comme
je vous dis, on est dans les considérations. Donc, je vous dirais qu'on est, je
pense, dans quelque chose qui est consensuel ici, je ne veux pas présumer de
tout le monde autour de la table, mais j'ai l'impression que nous partageons
tous ce désir d'assurer la pérennité, la vitalité du français. Ce n'était pas
inscrit dans la loi. Je pense que c'est presque une évidence qu'on devrait
l'inscrire en toutes lettres pour renforcer le caractère symbolique. Mais il
reste qu'on est davantage... peut-être pas dans le symbolique, mais dans le
considérant. Je pense qu'on est tous là. Après ça, il faut voir comment on le fera
puis quels leviers on se donne pour le faire. Parce qu'on peut tous partager un
objectif, mais après ça est-ce qu'on se donne des leviers? Puis après ça, quel
est le plan d'action? Là, le plan d'action, pour l'instant, c'est de se donner
les leviers. Voilà. Donc, je comprends que... Je vais vous laisser dire. Je ne
veux vous... dire au micro que vous êtes d'accord, c'est à vous de le dire, je
ne ferai pas ça.
M. Morin : Bien, en fait,
j'ai dit d'emblée que c'était un objectif qui était très important, là. Ça, on
le reconnaît, c'est clair, là. Cependant, dans la loi actuelle, les secteurs
d'activités économiques, métiers, professions, on le retrouve à
l'article 52. Là, je comprends que vous voulez le déplacer vers
l'article 50, si ma lecture est bonne. Est-ce qu'il y a une raison
particulière?
M. Roberge : Excusez-moi,
vous me dites qu'on prend...
M. Morin : Oui, bien, en
fait...
M. Roberge : ...dans la
proposition... Là, bien... Là, c'est parce qu'on est dans l'amendement, là. Si
vous le voulez, on pourrait disposer de l'amendement...
M. Morin : De l'amendement,
d'accord. Puis on reviendra.
M. Roberge : ...si vous êtes
d'accord. De toute façon, on aura le temps, là. Il ne s'agit pas de bâillonner
personne.
M. Morin : Non, non, non, je
comprends.
M. Roberge : Mais, si on est
tous d'accord sur l'amendement, allons-y, faisons-le débat s'il y en a qui sont
en désaccord, puis après on pourra regarder, si vous le permettez, ensuite
l'article 3 avec l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...c'est ça, parce qu'on va discuter l'article après, mais
l'amendement à l'article 3... Mme la députée de Mont-Royal. Après ça, ça
sera à vous. Mont-Royal-Outremont. Oui.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Mais, oui, rapidement. Je pense que d'ajouter... là, je n'ai pas le
libellé exact, mais la vitalité du français comme étant un critère à
considérer, pour moi, ça va de soi. Et d'ailleurs ce n'était pas nécessaire de
l'inclure, parce qu'il y a une... il y a une liste de critères qui est énoncée,
mais on débute en disant qu'«une décision est prise en tenant compte notamment»
et là on décline une série de critères. Donc, corrigez-moi si j'ai tort, mais
le fait qu'on a le terme «notamment», ça démontre ou ça laisse sous-entendre
qu'il y a... en fait, il y a d'autres critères qui pourraient être considérés.
Est-ce que je me trompe?
M. Roberge : Effectivement,
lorsqu'on indique «notamment», ça veut dire que ce n'est pas exclusif, que
d'autres critères peuvent être considérés, puis on ne veut pas faire une liste
de 30 critères. À un moment donné, ça devient moins pertinent. Mais on pense
important de donner suite à la recommandation du commissaire et d'écrire
celui-là en toutes lettres.
Mme Setlakwe : De le dire
explicitement. Bien, encore une fois, j'abonde dans le même sens que mes
collègues, évidemment, mon collègue de l'Acadie. Pour nous, c'est important
aussi de tenir compte de la pérennité et de la vitalité du français, bien que
ce n'était pas essentiel de l'ajouter, mais on n'a absolument rien contre.
• (16 h 10) •
Moi, j'aurais une question, Mme la
Présidente... on est sur l'amendement. Puis là je ne veux pas être redondante,
on a compris que l'exercice de réflexion ne fait que s'entamer de votre côté,
que vous allez... allez chercher toutes les données afin de prendre des
décisions, mais il n'en demeure pas moins que, basé sur des chiffres, puis mon
collègue en a fait mention, là, on sait que l'augmentation des permis d'études
qui sont octroyés vise... ou ces permis sont... vont vers des pays
francophones, là où le Québec a expressément cherché à attirer plus
d'étudiants...
Mme Setlakwe : ...par exemple,
comme il a été mentionné par mon collègue, à l'Université du Québec, 93 %
de ses étudiants ont le français comme langue d'usage. Les étudiants
internationaux viennent par exemple de pays comme le Sénégal, la Côte d'Ivoire,
et aussi il y a beaucoup de ces permis d'études qui ont été octroyés à des personnes
qui fréquentent des écoles à l'extérieur de Montréal, dans des régions où le
gouvernement a permis... a promis de ne pas cibler des programmes qui dépendent
beaucoup de la présence d'étudiants internationaux. Donc ma question, sachant
qu'il y a énormément d'étudiants francophones et que ce sont ces chiffres-là
qui sont à la hausse, sachant qu'en région c'est essentiel... ils sont surtout
en région, c'est essentiel de les maintenir, est-ce que les programmes de par
exemple sciences humaines dans des universités anglophones à Montréal devraient
se sentir visés?
M. Roberge : On a... On n'a
indiqué aucun programme comme étant visé. Comme considération de base, lors du
dépôt du projet de loi, on s'est dit : Il y a quelques enjeux dans le
collégial privé où il semble y avoir des dérapages, on en a vu dans les médias
ensuite, puis on a dit : On voudra vraiment prendre garde de ne pas faire
fermer des programmes en région. Parce qu'on sait qu'il y a plusieurs
programmes qui ne survivent que grâce à la présence d'étudiants étrangers.
C'est très important pour l'occupation du territoire, c'est très important pour
la vitalité des régions, c'est très important aussi pour l'accessibilité aux
études. On sait que des étudiants québécois dans leur région peuvent aller dans
leur institution près de chez eux parce que le programme est maintenu. Donc
sinon, bien, ils devraient soit renoncer à leur projet d'études, soit
s'expatrier dans un grand centre pour, peut-être, ne jamais revenir. Donc, ça,
c'est des préoccupations, là, de base. C'est une lunette à travers laquelle on
veut faire notre analyse. Pour le reste, là, je ne peux pas m'avancer parce que
mes collègues sont en train d'analyser tout ça. Puis ils vont analyser
davantage une fois qu'on aura sanctionné la loi parce que la loi leur permet
d'aller chercher plus d'informations. On a travaillé ces articles-là tantôt.
Honnêtement, je ne peux pas aller plus loin que ça. Si vous me faites la
nomenclature, est-ce que telle personne devrait s'inquiéter, est-ce que tel
établissement est visé, est-ce que tel programme devrait s'inquiéter, je vais
vous dire à chaque fois, je dirais : Bien non, il ne faut pas s'inquiéter
d'emblée parce que le gouvernement se donne de l'agilité.
Mme Setlakwe : Bien, je
comprends, puis vous dites des choses rassurantes. Ce que vous venez d'énoncer
dans la dernière minute, c'est... ce sont des choses que nous aussi, on trouve
extrêmement pertinentes, là, de maintenir tous ces programmes-là en région.
Mais vous comprenez que ce sont des inquiétudes. Je ne les invente pas, ce sont
des inquiétudes qui persistent, qui subsistent. D'ailleurs, je suis certaine
qu'il y a des institutions qui nous écoutent en ce moment puis qui
disent : Ils sont en train de parler de la langue, puis nous, on ne se met
pas dans le chemin de la pérennité puis la vitalité du français, pas du tout,
mais, dans l'optique où vous nous dites qu'il y a trop d'étudiants
internationaux et qu'il faut réduire, et à un moment donné, on y va par...
forcément par... on y va par déduction, on dit : On ne coupera pas là, on
va... on va favoriser le français, on va favoriser les régions. Il y a aussi
des programmes à Montréal, en français, qui sont essentiels dans les cégeps,
là, pour maintenir des cohortes, pour assurer qu'on offre toutes les
formations, puis que les cégeps puissent remplir leur mission éducative.
Donc, moi, je me dis encore une
fois : Comment est-ce que vous rassurez, par exemple, McGill ou Concordia,
qui offrent... bien, dans le cas de McGill, disons, qui veulent ouvrir leurs
programmes de sciences politiques, droit, etc., ou, à Concordia, une série de
programmes en sciences humaines à des étudiants internationaux? Vous leur
répondez quoi aujourd'hui? Inquiétez-vous pas?
M. Roberge : Je ne peux pas
rassurer tout le monde en disant : Écoutez, rien ne changera. Ce n'est pas
vrai que rien ne changera. Il y a des analyses qui vont être faites puis il y a
des choses qui risquent de changer. Si je vous... Si je disais
aujourd'hui : Écoutez, on analyse un projet de loi, là, mais sachez qu'on
ne changera rien, là, on va analyser, mais on ne fera rien, là, ce ne serait
pas sérieux. Il va y avoir des décisions qui vont être prises au bout du
compte. Donc, je ne peux pas dire à tout le monde : Attention, quoi qu'il
advienne, on va poser des questions, peu importe les réponses, on va aller
chercher des informations, peu importe ce qu'on va trouver, on ne changera
rien. Je ne dirai pas ça. Donc, je ne vais pas, là, faire la tournée de tous
les programmes puis des établissements en disant : Rien n'arrivera. Mais
en même temps, on le voit bien, que le français est fragile, que le français
recule. C'est démontré par Statistique Canada, c'est démontré par l'OQLF, c'est
démontré par le Commissaire à la langue française. Je veux dire, quelqu'un qui
nierait ça, là...
M. Roberge : ...c'est pire que
du climatoscepticisme, là, c'est l'aveuglement volontaire. Donc, une fois qu'on
sait ça, il faut faire des gestes positifs pour la langue française, voilà, et
on va les faire.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous pouvez les rassurer que vous allez collaborer étroitement avec eux, avec
ces institutions dans les prochains mois?
M. Roberge : Mais on
collabore.
Mme Setlakwe : Soit vous ou
votre collègue à l'Enseignement supérieur.
M. Roberge : Bien, je vous
dirais que c'est surtout à travers leur ministre que tous les établissements
devraient passer, que ce soit en éducation ou en enseignement supérieur, s'ils
ont des préoccupations.
Mme Setlakwe : Et puis,
permettez-moi, Mme la Présidente, c'est encore sur la langue, là, c'est... À
l'article 3, il y a beaucoup... Bien, je ne veux pas déborder, en fait, de
l'amendement, mais... et je vais la poser, la question. Si vous choisissez la
langue comme critère, donc, oui, c'est en lien avec l'amendement, je pense à ce
qui nous a été dit durant les consultations, est-ce que ça ne va pas
contrecarrer les projets de recherche dans des universités anglophones?
M. Roberge : Vous me rappelez
quelque chose que j'ai dit? Je ne comprends pas votre question.
Mme Setlakwe : Non, pas du
tout. Non, ce n'est pas ça que j'ai dit. Ce que j'ai dit, c'est que, durant les
consultations, notamment Bishop's et Concordia, il y avait McGill également,
mais sur cet élément-là, sur l'article 3, sur le pouvoir discrétionnaire,
on a mis de l'avant une inquiétude par rapport à un impact... à l'impact direct
qu'un... que le choix de critères puisse avoir sur les choix stratégiques des
universités. Par exemple, si on choisit la langue comme critère, ça va
contrecarrer les projets de recherche qui ont lieu dans nos universités
anglophones. Est-ce que vous avez évolué dans votre réflexion au niveau de la
recherche? Est-ce que vous pensez qu'éventuellement vous allez exclure, disons,
les deuxième et troisième cycles, où il y a des étudiants internationaux en
grande partie? Moi, je me... je porte la voix, encore une fois, de nos
institutions qui sont venues nous exprimer ces préoccupations.
M. Roberge : Là, on est dans
une considération générale importante, une déclaration de principe fondamental
pour dire : Nous, là, on veut faire attention à la pérennité, à la
vitalité de la langue française puis on met ça dans l'article 50 de la Loi
sur l'immigration. Après ça, quand on arrivera davantage à l'article 5, on
s'intéressera aux différents critères. Et il y a, dans l'article 5, des
critères qui permettent de préserver des ordres ou des cycles d'études. C'est
nommément écrit, mais on fera le débat à ce moment-là. Mais le terme cycle
d'études est là, on y viendra.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que... Avez-vous terminé?
Mme Setlakwe : Est-ce qu'on
est... Oui, au niveau de la... Une dernière question, Mme la Présidente, quand
même, ça concerne la langue. Encore une fois, on est à l'aise avec
l'amendement. Est-ce qu'au niveau de la francisation vous avez des
préoccupations? Est-ce que vous estimez que les universités... les universités
anglophones n'en font pas assez pour franciser leur population étudiante?
M. Roberge : Bien, j'ai hâte
de voir ce qui va arriver suite aux décisions du gouvernement annoncées il y a
environ un an à la suite des travaux du Groupe d'action pour l'avenir de la
langue française, le dépôt du Plan d'action pour la langue française, la
décision de la ministre de demander de la francisation dans les universités
anglophones. Là, je vais me garder de faire trop de commentaires, parce que,
plutôt que d'y aller de l'avant avec la francisation, ils ont choisi de
poursuivre le gouvernement. C'est un choix que je qualifie de douteux, mais je
ne peux pas le commenter davantage.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que vous avez terminé?
Mme Setlakwe : Oui, mais je
pense que je n'ai pas bien saisi le dernier point du ministre, c'est très rare
que ça arrive. Est-ce que vous pouvez juste clarifier votre dernier énoncé, la
dernière chose que vous avez dite?
M. Roberge : Bien, je viens
de dire que je ne peux pas commenter davantage. C'est devant la cour en ce
moment.
Mme Setlakwe : Oui, je
comprends, je viens de saisir.
M. Roberge : Donc, vous me
demandez : Est-ce que j'ai une grande confiance que les universités
anglophones vont faire tous les efforts nécessaires pour faire de la
francisation? Bien, comme gouvernement, on a mis tous les moyens pour que ça
arrive. Je souhaite de tout cœur que ça arrive, mais, en ce moment, c'est
devant la cour. Donc, voilà, je ne peux pas aller plus loin que ça.
• (16 h 20) •
Mme Setlakwe : ...la hausse
des droits de scolarité. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Toujours sur l'amendement, le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci.
J'aimerais commencer par dire que nous sommes tout à fait en accord avec
l'objectif de cet amendement. Je pense qu'on partage ça avec le gouvernement.
Je m'interroge par contre...
M. Paradis : ...J'aimerais
savoir quelle est la motivation derrière le choix des mots, donc de l'objectif
d'assurer la pérennité et la vitalité du français. Ces deux critères-là, d'où
proviennent-ils? Est-ce qu'ils proviennent d'un autre texte réglementaire,
d'une autre loi? Pourquoi on a choisi ceux-là? Que veulent-ils dire donc?
M. Roberge : Ce sont des
termes utilisés à l'intérieur de la Loi sur l'immigration en ce moment. On me
dit l'article 1, dernier alinéa de l'article 1, mais je suis fort
aise que ce soit directement dans la loi, parce que c'est quelque chose qui, je
pense, est important. La pérennité de la langue, ça veut dire qu'on continue de
la parler, mais, à la limite, ça pourrait être du folklore. C'est de la langue
d'affichage, les panneaux du gouvernement, c'est une des langues parlées. Le
français survit, c'est la pérennité. Pour moi, c'est insuffisant, la pérennité.
Ça continue d'être là. La vitalité, c'est autre chose, ça va plus loin. Il y a
la fierté là-dedans. Il y a... il y a l'expression culturelle, il y a le
rayonnement. Il y a quelque chose de beaucoup plus fort. Il faut avoir la
pérennité et la vitalité.
M. Paradis : Le Commissaire à
la langue française, dans son mémoire, lui, parlait plutôt de faire référence
au français et à son rôle comme langue commune de la nation québécoise, ce qui
est une référence, bien sûr, à l'article 1 de la Charte de la langue
française, dont le deuxième alinéa mentionne que le français est aussi la seule
langue commune de la nation québécoise et constitue l'un de... l'un des
fondements de son identité, de sa culture distincte. Est ce que vous avez
réfléchi, donc, à intégrer plutôt cette notion-là du rôle du français comme
langue commune, comme seule langue commune du Québec?
M. Roberge : Bien, on
s'entend, on se rejoint là-dessus, là, on est très, très fiers d'avoir le
français comme langue officielle et langue commune, c'est dans la Charte de la
langue française. Là, ce qu'on souhaite, c'est de faire écho à
l'article 1. L'article 1 de la Loi sur l'immigration, ça dit :
«Enfin, cette loi vise à ce que les personnes immigrantes contribuent notamment
à la prospérité du Québec, à la pérennité et à la vitalité du français, langue
commune». Donc, on est là, on fait écho à ça, on le ramène à... avec pérennité
et vitalité. On le ramène ici. Donc, je pense que le travail est fait.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député d'Acadie? Est-ce que vous aviez terminé?
M. Paradis : Je vais proposer
un sous-amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va terminer ici puis on va procéder sur l'amendement qui
est là, après ça, vous déposerez votre sous-amendement.
M. Paradis : Non, c'est le
sous-amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un sous-amendement, c'est ça, mais je veux juste terminer.
Il y a une intervention ici, puis vous allez déposer votre sous-amendement.
Est-ce que vous l'avez envoyé?
M. Paradis : On le dépose là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K.. Allez-y. Le temps qu'on reçoive le sous-amendement.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. En fait, mon intervention, ma question, elle est technique, M. le
ministre, parce que ma compréhension, c'est que, dans le chapitre 1,
l'article 1 de la loi actuelle, qui traite des objets de la loi, vous avez
comme objectif la... bien, la prospérité du Québec, la pérennité et la vitalité
du français. Donc, ça, vous l'avez déjà comme objectif. Là, ce que je
comprends, c'est dans l'article 3 que vous voulez amender, vous
voulez en faire des critères qui vont être utilisés dans la prise de décision.
Alors, à ce moment-là, est ce qu'il ne serait pas plus juste, dans votre
amendement, de ne pas écrire «de l'objectif», mais uniquement d'écrire
«d'assurer la pérennité et la vitalité du français», qui sont des critères,
alors que l'objectif, vous l'avez déjà à l'article 1. C'est comme si vous
répétez l'objectif deux fois dans un article où vous voulez énoncer des
critères décisionnels et non pas un objectif.
M. Roberge : Euh, oui, bien,
c'est qu'on ne présume pas de la pérennité et de la vitalité, on se donne comme
objectif d'assurer la pérennité et la vitalité, elle n'est pas garantie...
M. Roberge : ...ça garantit
cette pérennité, cette vitalité-là, c'est un combat de tous les jours.
M. Morin : Ça, j'en conviens
avec vous, je suis d'accord, sauf que c'est déjà dans les objets de la loi,
donc vous l'avez déjà à l'article 1. Ça fait que si vous voulez en faire
un critère décisionnel, je me demande pourquoi vous répétez objectifs, mais,
écoutez... Parce que c'est déjà dans l'objet de la loi, c'est ce que la loi
vise à faire.
M. Roberge : Bien, enfin, là,
ce qu'on dit, c'est que la décision est prise en tenant compte notamment... Des
fois, on dit : des orientations et des objectifs fixés au plan annuel
tenant compte de ça, tenant compte de ça, tenant compte de notre objectif qui
est d'assurer la pérennité. Enfin, je pense qu'on n'est pas... on discute, là,
du bon verbatim, je pense qu'il est correct puis, je pense, d'un point de vue
plus objectif, on est au même endroit, je pense.
M. Morin : Oui, oui. Non,
non, c'est ça. Ça, il n'y a pas...
M. Roberge : Je vous soumets
que nous pouvons regarder sans heurter quiconque autour de cette table.
M. Morin : En fait, c'est
parce que je voulais que le projet de loi soit redondant ou pas cohérent.
C'était plus dans ce sens-là, M. le ministre. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député de Jean-Talon a déposé un
sous-amendement qui est dans Greffier. Vous le voyez affiché. M. le député, je
vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Paradis : Alors,
donnez-moi deux secondes. Bien, je le vois à l'écran, là. Donc, l'amendement à l'article 3
est modifié en insérant après, ouvrir les guillemets du français, fermez les
guillemets, les mots suivants, donc ouvrez les guillemets «comme seule langue
commune de la nation québécoise, au sens de l'article 1 de la Charte de la
langue française, qui est le chapitre XI des lois refondues du Québec. Donc...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais prendre les... Est-ce que...
M. Paradis : Oui. Donc,
l'objectif? Bon, on vient d'avoir un échange avec le ministre, et je note que
le Commissaire à la langue française... le Commissaire à la langue française
avait insisté, donc, dans son intervention et dans son mémoire sur le fait
qu'il fallait la peine de référer dans ces critères-là au français et à son
rôle comme langue commune. C'est quand même l'article introductif, l'article
premier de la Charte de la langue française, et je comprends que... je
comprends ce que le ministre disait tout à l'heure, là, que, dans la Loi sur
l'immigration, on réfère à ça, mais il y a quand même... on explique que la
loi, son objectif, c'est celui-là, c'est que les personnes immigrantes
contribuent notamment à la prospérité du Québec, à la pérennité, à la vitalité
du français, langue commune, dont la connaissance et la clé d'une participation
réussie au dynamisme des régions ainsi qu'à son rayonnement international. Très
bien. Mais ici, quand on considère les critères de l'article 50, je pense
que c'est important de spécifier, donc, qu'on va considérer la vitalité et la
pérennité du français comme langue, comme seule langue commune de la nation
québécoise.
Et pour compléter l'échange que vous
aviez, M. le ministre, avec notre collègue de l'Acadie, je pense que c'est
important que ce soit mentionné dans les critères. Bien que ce soit déjà mentionné
à l'article 1, ce critère de pérennité et de vitalité, ce n'est pas la
même chose, ce n'est pas le même objectif. L'objectif de la loi, les critères
qu'on considère quand on octroie les... quand on considère les demandes à
l'article 3. Donc, c'est l'objectif de l'amendement proposé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : Écoutez,
j'accueille favorablement la proposition de sous-amendement du collègue. On
fait juste demander dans le libellé... on est en train de vérifier avec le
secrétariat, peut être que ce serait tel quel ou peut-être qu'on vous
proposerait quelque chose pour améliorer la manière dont c'est rédigé. Mais je
n'ai pas d'enjeu à intégrer la proposition du collègue. Je ne sais pas s'il y a
d'autres commentaires. S'il y a des commentaires, bien, allons-y, sinon, on
suspendra.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député, oui.
M. Morin : Bien, en fait, je
ne suis pas... je ne suis pas un légiste, mais la Charte de la langue
française, c'est comme une supraloi, c'est déjà écrit dedans. Puis ma
compréhension, c'est que votre objectif de la loi, ce n'est pas de faire du
français la seule langue commune de la nation québécoise, ça l'est déjà. Votre objectif,
c'est d'assurer la vitalité et la pérennité du français. Ça fait que c'est
comme... c'est déjà dans le corpus législatif. Alors, à moins que... Tu sais,
je ne voudrais pas qu'on soit redondant, là. Pour moi, c'est bien clair, la
Charte de la langue française s'applique à l'ensemble des lois québécoises,
mais je ne suis pas un légiste. Alors, je ne sais pas si vous avez des
spécialistes avec vous, là.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député...
16 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Évidemment, sur le fond, là, absolument d'accord avec la
proposition de sous-amendement. Après, le ministre a souligné une ouverture,
là, à revoir la rédaction. Je pense qu'on peut être ouverts là-dessus aussi.
Mais, sur le fond, puis sur la proposition politique, on est tout à fait d'accord.
Alors, je... moi, j'accueille la suspension, puis on verra qu'est-ce que vous
voulez offrir de l'autre côté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous voulez qu'on suspende le temps de faire une
vérification?
M. Roberge : ...si vous
permettez.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 44)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, au moment de suspendre, nous en étions à la lecture et aux
discussions entourant un sous-amendement à l'article... à l'amendement déposé
par le ministre à l'article 3. Je vous laisse la parole, M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : L'amendement
à l'article 3...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, non, mais il faut d'abord retirer votre autre
amendement. Si c'est...
M. Paradis : Ah! Oui, je
retire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...c'est ce que... ce sur quoi vous vous êtes entendus,
vous devez d'abord retirer votre sous-amendement.
M. Paradis : Oui. Oui,
je l'avais annoncé tout à l'heure. Donc, je reconfirme de nouveau, je retire le
document précédent, l'amendement précédent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Est-ce qu'il y a consentement pour retirer le
sous-amendement?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Vous déposez une nouvelle... un nouveau
sous-amendement.
M. Paradis : C'est ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On parle français. Je vous invite à en faire la lecture,
s'il vous plaît.
M. Paradis : Très bien,
merci. Donc : L'amendement à l'article 3 est modifié en insérant,
après, ouvrez les guillemets, «du français», fermez les guillemets virgule,
ouvrez les guillemets virgule «, seule langue commune de la nation québécoise».
Fermer les guillemets.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que des interventions sur le sous-amendement?
Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Une très
rapide. Je voudrais remercier, Mme la Présidente, notre juriste, légiste qui
nous aide avec les travaux, c'est un peu le point que j'ai fait tantôt,
c'est...
M. Morin : ...ça se lit
beaucoup mieux comme ça. Ça fait que merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
ministre.
M. Roberge : Oui, bien, merci
aussi à toutes les équipes, parce que notre M. Roy est épaulé par toute l'équipe.
Mais tant mieux quand on arrive à s'entendre, tout le monde. Ce n'est pas
toujours le cas, mais on cherche à le faire. C'est ça qui est important, je
pense.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le sous-
amendement? Si je n'ai pas d'autre intervention, le sous-amendement à
l'amendement de l'article 3 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Nous revenons donc à l'amendement. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention à l'amendement... n'oubliez pas, on revient à l'amendement...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...tel qu'amendé, oui, effectivement... est-ce que
l'amendement, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Nous revenons donc à l'article 3. Est-ce que
l'article 3, tel qu'amendé, est adopté? Oui, j'ai des interventions. M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. On vous a communiqué une proposition d'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est-ce que nous l'avons reçue? Oui, c'est vrai,
d'accord. Donc, M. le député, effectivement, il est ici. Je vais vous demander
d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Article 3 :
Retirer, dans le deuxième alinéa de
l'article 50 de la Loi sur l'immigration au Québec proposé par le paragraphe 2°
de l'article 3 du projet de loi tel qu'amendé, les mots «du besoin de favoriser
une diversité de provenance des demandes de sélection».
Je m'explique. Je fais miens les
commentaires de la CDPDJ et du Commissaire à la langue française. Le mémoire — et
là je vais y aller dans l'ordre — de la CDPDJ nous dit : «Le
projet de loi prévoit de plus que toutes les décisions relatives à la gestion
des demandes d'immigration, tous programmes confondus, seront prises en vertu
de différents critères, dont la liste n'est pas limitative. Parmi ceux-ci,
notons le besoin de favoriser une diversité de provenance des demandes de
sélection, qui avait déjà fait l'objet de réserves de la part de la commission
des droits. Celle-ci soulignait que ce critère de sélection, basé sur un bassin
géographique, comme un pays, une région ou un continent, pourrait avoir un
effet discriminatoire à l'égard des ressortissants étrangers, sur la base du
motif origine ethnique ou nationale, en compromettant leur droit à la liberté
de leur personne, sans discrimination, et leur droit à l'égalité dans la
conclusion d'un acte juridique ayant pour objet des biens ou des services
ordinairement offerts au public, et ce, en vertu des articles 1, 10 et 12 de la
charte.»
C'est la CDPDJ, M. le ministre, qui nous
dit : N'allez pas là, faites les critères de limitation que vous voulez,
mais surtout pas... ne faites pas de distinction sur l'origine nationale ou
ethnique, telle qu'empêchée par la Charte des droits et libertés de la personne.
C'est la demande expresse de l'institution québécoise experte dans
l'interprétation et, évidemment, la déclaration de violation ou non de la... du
droit contre la discrimination.
Et ce propos-là est étayé et appuyé par le
Commissaire à la langue française : «Parmi les facteurs — et
c'est son mémoire — évoqués à l'article 3 du projet de loi
n° 74, nous trouvons aussi le besoin de favoriser une diversité de
provenance des demandes de sélection.» M. le commissaire nous dit : «Nous
reconnaissons qu'une telle diversité peut enrichir l'expérience étudiante.
Toutefois, elle est difficile à mesurer. Par exemple, les étudiants africains
ou asiatiques sont loin de former un tout homogène. Par ailleurs, la diversité
de provenance des étudiants étrangers ne semble pas un enjeu dans le contexte
québécois. Dans les universités, par exemple, en dehors du cas particulier de
la France, aucun pays ne représente plus de 8 % du total des effectifs. En
guise de comparaison, au Canada, 51 % des titulaires d'un permis d'études
proviennent de deux pays seulement, soit la Chine et l'Inde.» Et donc le
commissaire nous soumet qu'on ne devrait pas se baser comme ça sur ces
éléments-là.
• (16 h 50) •
Alors, a contrario... Parce que la phrase,
telle qu'elle, peut paraître intéressante, «le besoin de favoriser une
diversité de provenances». Ceci dit, dans l'application, qu'est-ce que ça veut
dire? Dans l'application, ça veut dire qu'on risque... ou qu'on pourrait
émettre un nombre maximum de CAQ par pays d'origine, et c'est exactement ce que
la CDPDJ... la CDPDJ nous dit de ne pas faire parce qu'il pourrait...
M. Cliche-Rivard : ...j'utilise
le conditionnel parce que je ne connais pas les décisions du gouvernement en ce
sens, mais il pourrait y avoir donc une distinction sur l'origine nationale ou
ethnique qui violerait la Charte québécoise des droits et libertés. Donc,
j'aimerais ça vous entendre, M. le ministre, sur ces deux inquiétudes là
soulevées par deux acteurs quand même importants qui sont venus rédiger dans leur
mémoire et nous demander de ne pas émettre, de près ou de loin, directement ou
indirectement, de distinction basée sur la diversité de provenance des demandes
de sélection.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
comprends les bonnes intentions de dire qu'il ne faudrait pas discriminer,
effectivement. Mais là, ici, il me semble qu'on... quand on dit qu'on reconnaît
un besoin de favoriser une diversité de provenance de demandes de sélection, on
n'y va pas, là, sur un critère discriminant qui pourrait offenser ou brimer qui
que ce soit, il me semble que c'est intéressant dans la mesure où on contrôle
le nombre d'étudiants qui arrivent sur le territoire québécois, ce n'est pas le
nombre qui est infini, et que le gouvernement manifeste l'intention claire de
le contrôler mieux. Bien, une fois qu'on dit ça dans les intentions et dans les
considérants, ici, là, on est dans les grandes orientations, bien, il me semble
que c'est quelque chose à avoir à l'esprit, d'avoir une diversité de
provenances, d'avoir des gens d'un peu partout. Quand on dit : Québec
ouvert, Québec avec de la diversité, je ne voudrais pas qu'on... qu'on
dise : Bien, on va prendre juste des gens de tel continent, on va prendre des
gens juste de tel pays seulement. Il me semble que ça, ça pourrait amener à des
dérapages : Ah, vous voulez des gens juste de tel pays, ah, vous ne voulez
pas des gens de tel continent, ah, pourquoi? Il me semble que, de dire qu'on
tient compte du besoin de favoriser une diversité de provenance des demandes de
sélection, me semble que ça va dans le sens de l'ouverture.
M. Cliche-Rivard : Je ne dis
pas que ça ne va pas dans le sens de l'ouverture. Au contraire, là on a quand
même... là, ce n'est pas un mémo, là, c'est les mots de la Commission des
droits de la personne et de la jeunesse quand même, là, qui lève un drapeau
rouge à l'effet que, dans l'application d'une telle mesure, on pourrait
émettre, je vous donne un exemple, un maximum x, je vais dire un chiffre,
500 CAQ émis pour un pays d'origine x. C'est ça, l'interprétation
problématique. Et là, la 501e personne qui se verrait refusée, par
exemple, sur la base que, bien, de ton... de ton pays d'origine, on a déjà émis
un nombre de CAQ qui dépasse ce qu'on avait prévu, cette personne-là aurait
effectivement probablement des recours fort justifiés au sens de la Charte.
C'est ce que la CDPDJ nous explique. Donc, moi, la diversité, je n'ai pas un
enjeu dans le libellé. J'ai un enjeu dans peut-être l'applicabilité, dans...
puis c'est ce que la CDPDJ nous demande puis c'est là-dessus que j'aimerais ça
vous entendre. Là, il pourrait y avoir, donc, afin de favoriser une diversité
de provenance, des quotas, des cibles, des maximums par pays d'origine. Et là on
aurait un problème selon la CDPDJ. Donc, je souligne votre ouverture, mais, si
cette ouverture-là se traduit par un nombre maximum de CAQ pour un pays donné,
là on va avoir un problème.
M. Roberge : Bien, on n'est
pas, là, dans des logiques de quotas ici, tout de suite. Puis je signale que
cet article-là, le 50, n'est pas un article qui ne s'adresse qu'aux étudiants
étrangers, hein?
M. Cliche-Rivard : Évidemment
pas.
M. Roberge : Ici, on est dans
la Loi sur l'immigration puis on n'est pas dans les articles distinctifs,
Enseignement supérieur. On est dans les programmes d'immigration. Ça me semble
intéressant de dire qu'au Québec on accueille des gens d'un peu partout. On n'a
pas ici... il n'est pas écrit, là, «par émission de quotas», etc. Ça peut se
procéder... Ça peut être... Ça peut être l'idée qu'on a des bureaux du Québec
un peu partout et pas juste sur un seul continent, en favorisant une origine
ethnique x ou y, ça peut être par des salons qu'on organise un peu partout et pas
seulement dans un seul bassin. Il me semble, ça va dans ce sens-là et, tu
sais...
M. Roberge : ...il me semble
qu'il y a pas mal de programmes en ce moment où on dit : Bon, bien... les
programmes, là, équité, diversité, inclusion, où ils font ce genre de choses
là... puis je ne dis pas qu'il faut faire ça, mais ça m'étonne de votre
formation politique. Tu sais, supposons, mettons, sur un conseil
d'administration, des fois on dit : Bien là, ça prendrait un jeune, ça
prendrait quelqu'un de telle, telle appartenance. Ça veut dire qu'une autre
personne ne peut pas soumettre puisque ça prend quelqu'un de telle, telle
appartenance. Et là, ça, ça serait correct, mais ça ne serait pas correct pour
l'immigration. Enfin, je saisis mal. Je comprends que vous reprenez des
arguments d'institutions puis d'organismes extrêmement crédibles, mais il me
semble que, dans ce cas-ci, le libellé amène quelque chose de positif.
M. Cliche-Rivard : Bien, avec
égards, là, c'est exactement ce libellé-là qu'ils attaquent, qu'ils demandent
de modifier. Ça fait que ce n'est pas un élément... Je veux dire, c'est
spécifiquement là où ils demandent, là. Ça fait que, je veux dire, je vous
inviterais, avec l'immense respect, puis à vos équipes, d'aller peut-être
relire le passage, peut-être que c'est moi l'explique mal.
Ceci dit, je vais vous la poser autrement.
Est-ce que, oui ou non, cette distinction-là puis cet élément-là vous
permettraient d'émettre, dans une décision de gestion, que, cette année, il y
aura seulement 1 000 CAQ émis de personnes originaires de la France?
Oui ou non?
M. Roberge : Bien, ici, on
est dans des grandes intentions, dans des considérants. Ce n'est pas ça qui
détermine le détail des politiques.
M. Cliche-Rivard : Mais on
vous donne le... on vous donne le droit de le faire, là, c'est ça, la loi, là.
On va établir sur quels critères vous pouvez établir vos décisions de gestion,
puis vous le... vous mettez le français, les besoins économiques, tous des...
tous des beaux motifs pour justifier vos décisions de gestion, mais vous dites
aussi : On pourrait émettre une décision de gestion sur la base de
l'origine nationale. Moi, ça, j'ai un problème avec ça. J'ai un problème avec
le fait que vous pourriez émettre une décision de gestion à l'effet que, cette
année, des gens du Cameroun, par exemple, on va en prendre seulement 500. Et
là, moi, c'est ce que la CDPDJ nous dit, là on aurait une violation de la
Charte des droits et libertés de la personne. Alors, si ce n'est pas ça
informez-nous puis rétablissons les faits si ce n'est pas ça, là.
Des voix : ...
M. Roberge : Bien, on me dit
que ce n'est pas l'intention ici d'arriver, à partir de ça, avec des quotas par
pays. C'est bien ça?
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : Oui ou
non, la disposition telle qu'introduite vous permettrait de le faire, oui ou
non?
Des voix : ...
M. Roberge : Je n'ai pas un
avis juridique précis là-dessus, mais ce qu'on me dit, c'est que, peu importe
un article de loi qui est là, il faut exercer les pouvoirs du gouvernement puis
il faut lire les lois dans le respect des chartes et dans le respect de la
charte. On ne pourrait pas avoir un article qui serait lu et qui dirait :
Bon, bien, je lis la troisième ligne de l'article 2 et donc, en vertu de
ça, je suis soustrait à la charte.
M. Cliche-Rivard : Donc, non.
Donc, la conclusion de ce que vous venez de me dire, c'est : Non,
l'article, tel qu'il devrait se lire, en concordance avec la Charte des droits
et libertés, ne me permet pas d'établir éventuellement des quotas sur la base
de l'origine nationale. C'est ça, la réponse que vous me donnez, là.
Des voix : ...
M. Roberge : ...un collègue
qui voulait commenter, contribuer au débat.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, juste un instant, s'il vous plaît. Dans l'ordre,
j'avais déjà le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous m'excusez? Je prenais des notes sur vos commentaires.
Allez-y.
M. Morin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Alors, un commentaire et une question. Vous vous rappellerez, il
y a quelques jours, j'avais présenté une motion préliminaire pour faire entendre
la Commission des droits de la personne. Bien, c'était justement pour éviter
ça, pour que la commission soit éclairée par le travail. Ça n'a pas été fait.
Le gouvernement ne l'a pas acceptée. On en débat aujourd'hui.
• (17 heures) •
Ma question maintenant : M. le
ministre, avant d'avoir déposé votre projet de loi, est-ce que vous avez fait
faire une analyse par vos juristes de la conformité avec la charte québécoise
des droits...
17 h (version non révisée)
M. Morin : ...droits et
libertés de la personne?
M. Roberge : Oui, oui, puis c'est
ça qu'on a... qu'on a vérifié. Puis, pour répondre à la question du collègue, c'est
ça, c'est que la règle ne permet pas de cibler un pays, de dire : Bon,
bien, on fait un quota pour un pays x. La règle pourrait dire : Bien, on
se fixe un maximum en pourcentage pour tous les pays, pour dire : Bien,
comme on veut une diversité, on souhaite une diversité des provenances, bien,
on ne pourrait pas avoir... je ne sais pas, moi. 50 % de toutes les
demandes vient d'un seul pays. On pourrait dire : Ah! considérant la
centaine de pays sur la planète, on émet, je ne sais pas, moi, 1 000 invitations
puis, à la fin, il ne peut pas en avoir plus que, on va dire, 30 % pour un
seul pays. Et c'est une règle qui s'appliquerait à tous les pays ciblés, ne
ciblerait pas ce pays-là, ce pays-là ou ce pays-là, mais qui dirait... le
maximum pour un pays, mettons, ce serait 30 %, mais pas pour ce pays-là,
pour les pays. C'est ça qu'on précise quand on dit de favoriser une diversité.
Ce n'est pas de dire : Je ne veux pas, vous, de ce pays-là, c'est de dire :
On veut permettre l'accès de divers bassins, j'ose... je dirais.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de Saint-Henri Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
puis je ne veux pas couper au collègue, là, parce que le ministre me faisait
directement réponse, merci, Mme la Présidente. Bien, c'est intéressant, ça,
parce que ça rassure, effectivement, là. Donc, la réponse, c'est non à ma
question. La loi telle qu'écrite là ne vous permettrait pas de fixer un quota
pour un pays donné, elle ne le permettrait pas? Vous ne pourriez pas identifier
800 CSQ du Cameroun, par exemple?
M. Roberge : On est d'accord.
Effectivement, ce n'est pas ce que la loi permettrait. La loi, de toute façon,
ne vient pas permettre quelque chose que la charte ne permet pas.
M. Cliche-Rivard : Exact.
Mais, des recours constitutionnels, il y en a plus souvent qu'à notre cour,
dans le sens...
M. Roberge : Mais on me
confirme que cette question a été vérifiée lors de la rédaction par les
juristes.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais
vous pourriez établir une règle générale qui dit : Par année, un pays donné
ne peut pas dépasser 30 % des demandes... ou des sélections émises, par
exemple, ou 40 %, «whatever», ou une région donnée, ou quelque chose...
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Il faut...
Vous pourriez nommer le pays.
Une voix : Non, non. Non.
M. Roberge : on.
M. Cliche-Rivard : Non.
O.K., vous ne pourriez pas nommer le pays. O.K. Vous pourriez dire : Un
pays, sans le nommer... En fait : Aucun... aucune... En fait, dites-le
donc, ça serait plus simple.
M. Roberge : On pourrait...
on pourrait tout simplement dire : Aucun pays ne pourrait fournir
davantage que... Je vais dire 25 % des candidats d'un programme X. Et ça s'applique
donc à tous les pays, donc tout le monde doit être entre 0 % et 25 %,
tout le monde.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
ledit individu, là...
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Voulez-vous
ajouter quelque chose? Ça peut nous éclairer.
M. Roberge : ...ça redit....
c'est de la redite, là, d'après ce que je comprends.
M. Cliche-Rivard : O.K. Ledit
individu qui, lui, serait celui, là, qui dépasserait le 30 %, là, lui, il
serait refusé sur cette base-là ou sa demande serait mise en suspend pour l'année
prochaine?
M. Roberge : Bien, année
après année, là, c'est... parce que c'est dur de savoir, on est dans le cas
théorique, là. Mais là c'est qui le ou la personne, là? Tu sais, c'est un peu
difficile de dire si ça serait cette personne-là, x ou y, mais on a une
capacité d'accueil qui est illimitée. On n'accepte pas tout le monde tout le
temps. Donc, peu importe, en fonction de n'importe quel critère, si on arrive à
100, bien, à partir de 100, les gens ne sont pas acceptés cette année-là. Donc,
qui est la 101, la 102, la 103, puis est-ce que cette personne-là peut postuler
l'an prochain, oui...
M. Cliche-Rivard : Mais
quelqu'un...
M. Roberge : ...là, c'est
vrai pour tout critère.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
quelqu'un pourrait recevoir une lettre qui dit : Merci de votre demande de
sélection. Ceci dit, la France, par exemple, a dépassé le 30 % cette
année. Conformément à la décision de gestion, nous refusons votre demande de
sélection. Ça, ça se peut, ça, comme lettre de refus?
M. Roberge : Ce n'est pas
moi, ce n'est pas moi qui écris les lettres, mais je ne peux pas imaginer que
ce serait ce libellé-là.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais
ce ne serait pas un motif de refus d'une demande de sélection? Parce qu'auquel
cas, là, oui, je pense qu'il y aurait une violation de la charte de se faire
refuser sur la base de l'origine nationale, et là on aurait un problème.
M. Roberge : Oui, mais là...
M. Roberge : ...c'est
qu'on est ici... Le ministre peut prendre une décision relative à la réception
et au traitement des demandes. Parce qu'on ne la recevrait même pas. On dit...
On en traite...
M. Cliche-Rivard : Bien,
même...
M. Roberge : ...x par
bassin. Je pense que la personne est admise, ou n'est pas admise, ou elle tombe
dans une liste d'attente pour l'année suivante tout simplement.
M. Cliche-Rivard : Bien
ça, ça me... Ça me rassure comme explication, là.
M. Roberge : Voilà.
M. Cliche-Rivard : Donc,
ce que vous me dites, c'est que l'intention, si la personne, justement, est
dûment qualifiée, là, elle répond à tous les critères, normalement, elle serait
sélectionnée. Et puis là, bien, pas de luck, là, elle arrive 1 001. Vous
n'allez pas refuser sa demande, vous allez la garder en banque, puis au 1ᵉʳ janvier,
là, dans l'année suivante du plan, elle aura sa place.
M. Roberge : Il me
semble que c'est de cette manière-là qu'on procède.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Parfait. Non, mais c'est quand même important. Voulez-vous le valider ou c'est
ça?
M. Roberge : On m'a fait
signe. On m'a fait signe que c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Bien, dans cette assurance-là, puis moi, je pense qu'on a établi, là, quand
même, des éléments importants, je ne vois pas rapidement des scénarios où
quelqu'un pourrait être refusé sur la base de son origine nationale. Vous êtes
d'accord avec moi?
M. Roberge : Refusé sur
la base de son origine nationale? Je ne crois pas.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça.
M. Roberge : Bien...
M. Cliche-Rivard : Bien,
avec votre... la lecture que vous me donnez. Je peux laisser la... le tour à
mes collègues, Mme la Présidente, puis je reviendrai, là. S'ils ont des
éclairages à apporter, tant mieux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : C'est des
échanges très intéressants sur des questions qui sont vraiment importantes.
Donc, je pense que ça vaut la peine d'aller au fond des choses. Je note...
J'avais la même question que notre collègue de l'Acadie. Vous lui avez répondu.
Donc, on comprend que vos légistes et vos spécialistes sont passés sur ce
projet de loi là pour s'assurer de sa conformité avec la Charte québécoise des
droits et libertés, qui va s'appliquer de toute façon. Donc, peu importe ce qui
est écrit dans ce projet de loi là, aucune des dispositions ne pourrait être
interprétée ou être mise en œuvre de telle sorte à violer des droits qui sont
protégés par la Charte des droits. Alors, il faut le tenir pour acquis. Je le
tiens pour acquis.
Maintenant, je crois comprendre... Parlons
des... Parlons des vraies choses, là. Je pense que cette disposition-là, elle
vise à éviter des cas qu'on a... qu'on a déjà vus, c'est-à-dire où soudainement
il y a un nombre de demandes très important qui est accepté d'un seul pays ou
d'une seule région. Là, je ne les nommerai pas, mais je redis les... Je repose
un peu les questions, là, mais disons que disons que... Disons qu'on a
75 % des demandes, une année, qui sont qui viennent du San-Deodoros ou de la
Syldavie, est-ce qu'on peut utiliser ce critère-là pour dire : Bien, ce
qu'on veut, c'est assurer une diversité. Puis là, avoir 75 % qui vient du
San-Deodoros ou bien 55 % des demandes qui viennent de la Syldavie, ce
n'est pas une bonne chose pour la diversité. Donc là, forcément, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va dire : Bien là, on ne... Ce critère-là devrait être
appliqué pour dire : Bien, on va réduire, là, pour être capable d'en
accepter ailleurs. Est-ce que c'est ça qu'on veut faire? Puis, et je le dis positivement,
ce qu'on veut, c'est s'assurer d'une diversité, pas que les demandes
proviennent d'un seul pays. Donc, quand même, à la fin, ça a un impact sur le
pays de provenance.
M. Roberge : Bien, je
pense qu'on se rejoint. On veut que les demandes, parce qu'il y a toutes sortes
de programmes, soient davantage, je dirais, fonction de l'intérêt pour les
personnes de venir s'installer au Québec, connaissant notre langue, nos
valeurs, nos institutions puis les opportunités que le Québec offre plutôt que
la capacité d'un éventuel réseau de passeurs qui leur ferait miroiter
l'efficacité d'un certain groupe qui travaillerait à recruter des gens puis à
les charger en fonction de ça. Et eux auraient ciblé un bassin, un groupe ou un
pays comme étant plus facile comme marché pour vendre le Québec moyennant
rémunération. Et c'est le genre de choses qu'on peut voir sur notre radar de
temps en temps. Donc, avec... en disant : Bien, regardez, on va mettre la
barre à 20 %, à 25 %, à 30 %, à 35 % maximum par pays
d'origine, bien, ça vient un peu réguler les choses. Puis en même temps, bien,
ça assure une diversité aussi pour le Québec. C'est une excellente chose.
• (17 h 10) •
M. Paradis : Est-ce que
vous avez analysé l'effet potentiel inverse? C'est-à-dire qu'il y a d'autres
objectifs, hein? On vient de discuter de l'objectif, donc, de la pérennisation
puis de la vitalité du français à titre de langue... seule langue commune de la
nation québécoise. Donc, disons que le gouvernement du Québec veut favoriser
des demandes qui proviennent le plus possible, tiens, de pays francophones,
est-ce que quelqu'un pourrait plaider que, bien là, on n'est pas en train de
favoriser la diversité, une diversité de provenances...
M. Paradis : ...des demandes?
M. Roberge : Bien, on le fait
déjà. Par exemple, maintenant, pour être immigrant permanent au Québec,
immigrant économique, il faut d'abord maîtriser la langue française. C'est un
critère. Avant, ça donnait des points. Maintenant, c'est un critère obligatoire.
Si je ne maîtrise pas la langue française, par exemple, bien, tu ne peux pas
appliquer au PEQ diplômé. Il faut que tu maîtrises la langue française pour
faire le PEQ diplômé. C'est ça qui est ça. Il faut que tu maîtrises la langue
française aussi pour être un immigrant économique. Sauf très rares exceptions,
là, il faut maîtriser la langue française.
Maintenant, il y a plus de 325... entre
320-325 millions de francophones sur la planète. Des pays francophones, là, il
y en a quand même, ou des pays où il y a des francophones. Tous les pays ne
sont pas francophones ayant la langue commune, mais des pays où il y a des
francophones, il y en a beaucoup, là. Il n'y a pas juste France, Belgique,
Suisse, Congo, là, il y en a beaucoup.
M. Paradis : Oui, fort bien,
c'est le principe, mais est-ce que vous vous êtes posé la question du potentiel
effet inverse de celui recherché de cette disposition-là? Est-ce que vous vous
êtes posé la question que ça pourrait être interprété finalement contre d'autres
objectifs du projet de loi?
M. Roberge : Bien, ici, on
est dans des objectifs qui sont généraux, qui sont importants, des choses qu'on
doit prendre en considération, mais après, tu sais, il y a des critères que
l'on place en ordre de prépondérance. Quand on décide que le PEQ diplômé est
exclusif pour des gens qui parlent français, bien, on dit : Il y a un
paquet de choses à considérer, mais ceci est plus important que d'autre chose.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : ...Mme la
Présidente, juste pour conclure, M. le ministre, donc on est d'accord puis
c'est ce qu'on a établi. Vous pourriez mettre une directive en disant : Il
y a un maximum de 30 % pour un pays donné, vous ne dépassez pas ce
30 %-là. Ça, c'est une règle générale puis il n'y a aucun pays qui peut
être visé directement. On est d'accord? On est d'accord.
M. Roberge : Non pas pour un
pays, mais pour les pays.
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
un pays. Ça fait qu'aucun pays ne peut dépasser 30 % point, genre, une
affaire de même. Puis on ne vise pas un pays, on ne vise pas la France, Congo,
«whatever», on ne dit aucun pays sans le nommer. On est d'accord. Et si...
Bien, vous confirmez, oui?
M. Roberge : ...
M. Cliche-Rivard : Ça veut
dire oui, ça?
M. Roberge : Bien, c'est ce
qu'on dit depuis tantôt.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui.
Non, mais je veux juste... c'est parce que je veux juste qu'on mette les points
sur les i, là. Et deuxio, vous dites quelqu'un qui serait le suivant ou le
proche suivant, on déférera sa demande à l'année prochaine plutôt que de la
refuser. On est d'accord.
M. Roberge : C'est ce qu'on
dit.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Bien, dans ce contexte-là, Mme la Présidente, moi, je retire ma proposition
d'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, l'amendement est retiré. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Nous revenons donc à l'article 3 amendé.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 3 amendé? S'il n'y a
pas d'autre intervention, est-ce que la...
M. Cliche-Rivard : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, d'accord.
M. Cliche-Rivard : On ne fait
que commencer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, parfait.
M. Cliche-Rivard : Alors, on
va y aller bout par bout dans ces critères là puis dans ces bassins. Ça fait
que, dans le fond, une décision est prise en tenant compte notamment des
orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration. Donc, une
décision de gestion, m. M. le ministre, si vous pouvez nous vous informer.
C'est le genre de décision que vous avez prise récemment en suspendant, par
exemple, le PEQ diplômé. Ça, c'est une décision de gestion, ça?
M. Roberge : Bien oui, c'est
écrit une décision, ce n'est écrit pas une décision de gestion, il me semble.
Mais, oui.
M. Cliche-Rivard : C'est-tu
une décision de gestion ou c'est une décision... Juste être sûr...
M. Roberge : Bien, dans
l'article, il me semble que c'est écrit : «une décision». Ce n'est pas
grave, c'est juste qu'on est sur les mots.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui,
c'est ça. Non, mais...
M. Roberge : Il est
écrit : «une décision est prise», mais...
M. Cliche-Rivard : Sur la gestion
des demandes, c'est ça globalement, là, l'article 50 et suivants?
M. Roberge : Oui, oui.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Ça fait que vous allez pouvoir émettre, donc, maintenant... Bien, en fait, il y
a deux affaires. Sur les étudiants étrangers, vous ne pourrez pas faire des
décisions de gestion de demandes seul, vous allez devoir le faire avec l'appui
du Conseil des ministres, c'est ça?
M. Roberge : Attendez un peu,
je veux juste être certain pour ne pas vous induire en erreur quand je relis
ici décision... Oui, exactement, parce que c'est ça, exactement, puisqu'on le
dit : «le ministre peut prendre une décision relative à la réception ou un
traitement des demandes présentées conformément au chapitre III, à moins qu'une
telle décision ne concerne les demandes présentées à titre d'étudiants
étrangers, auquel cas elle ne peut être prise que par le gouvernement.» Donc,
la modification, je veux juste préciser que, quand on parle des étudiants
étrangers, c'est maintenant une décision...
M. Roberge : ...gouvernementale.
M. Cliche-Rivard : Et
l'objectif de ça, c'est pour faire suite à... Tantôt, vous parliez des
compétences communes avec vos collègues de l'Enseignement supérieur puis de
l'Éducation, c'est ça, le principe, c'était ça, l'objectif. Puis c'est pour ça
que, spécifiquement, les étudiants étrangers, eux, sont dans une catégorie à
part versus l'immigration permanente.
M. Roberge : Oui, c'est ça,
c'est dans le principe de la loi qu'on étudie en ce moment.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Avant aujourd'hui, vous aviez ce pouvoir-là, déjà, vous seul?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : Oui. Donc,
vous pouviez le faire, décisions de gestion, puis décider : J'arrête
l'émission des CAQ à 100 000 par exemple. Ça, vous pouviez déjà faire ça
tout seul?
M. Roberge : Oui. Oui, oui,
justement, c'est ce que j'ai exprimé depuis le début. Encore aujourd'hui, tant
que la loi n'est pas sanctionnée, on pourrait dire : Bon, bien, regardez,
là, on ne s'entend pas, on n'adopte pas la loi, bon, mais on réduit le nombre
d'étudiants, et ça ne serait pas une décision gouvernementale, je ne serais pas
obligé d'aller voir le ministre de l'Éducation, je ne serais pas obligé d'aller
voir la ministre de l'Enseignement supérieur, je pourrais dire : On passe
de 122 000 à xyz. Puis après ça au plus fort la poche.
M. Cliche-Rivard : Exact.
C'est ça, au statu quo, c'était vous qui décidiez. Là, dans l'éventuelle
adoption du projet de loi, ça va être de concert avec vos collègues compétents
en la matière, là, qui sont directement responsables desdits dossiers. Ça fait
qu'il y a un plus en ce sens où vous ne pouvez pas prendre cette décision-là
seul. On est d'accord. Ensuite, quand ça dit «réfère au chapitre III», le
chapitre III, c'est tout ce qui concerne l'immigration temporaire et
l'immigration permanente, c'est ça? Donc, dans en fond, l'ensemble des
décisions de sélection?
M. Roberge : Je veux juste
être sûr de ne pas vous induire en erreur quand vous...
M. Cliche-Rivard : Sous
réserve des...
M. Roberge : Décisions du
ministre, section III, décisions du ministre relatives à la gestion des
demandes. On n'est pas...
Une voix : ...
M. Roberge : C'est ça. Mais ici,
c'est permanent et temporaire, le chapitre III.
M. Cliche-Rivard : Exact.
Permanent et temporaire, sous réserve des temporaires, qui lui fera l'objet des
deux. Excellent. Dans une décision de gestion...
Une voix : ...
M. Roberge : Les décisions
qui doivent être prises en dyade, là, c'est ce qui touche les étudiants.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
On est d'accord. Le reste, c'est vous, vous conservez la compétence, sur
l'émission du CSQ, par exemple, vous avez la compétence complète pour la
sélection sans en parler à vos collègues. Puis vous pouvez faire une décision
de suspension de réception des demandes du PEQ comme vous venez de le faire,
puis vous allez pouvoir continuer de le faire, ça, ça ne change pas, ça, dans
le permanent, ça ne change pas.
M. Roberge : La loi ne
s'adresse... ne traite pas de ces questions-là.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Une décision de gestion. On parlait hier de la granularité, là, jusqu'à où elle
peut aller dans ce qu'elle établit comme critère? Par exemple, ma question, là,
vous avez suspendu le PEQ diplômé jusqu'à x dates, est ce qu'en fonction des
critères qu'on vient de s'établir là, là, orientations, besoin de favoriser une
diversité de provenances, considérations humanitaires, est-ce que vous pouvez
aller dans le plus fin détail en décisions de gestion? C'est-à-dire décision de
gestion qui suspend le PEQ diplômé universitaire, est-ce que vous pouvez aller
jusque là dans vos décisions de suspension de gestion en identifiant le niveau
d'enseignement par exemple, ou si vous suspendez des programmes?
M. Roberge : Je vais le
vérifier. La nuance demande vérification.
Des voix : ...
M. Roberge : Le détail de
votre... de la réponse à votre question se trouve dans le 52 actuel, parce que,
dans le fond, vous... là, vous ne m'interrogez pas sur le projet de loi, vous
interroger sur la loi actuelle.
M. Cliche-Rivard : Non,
sur... dans le contexte du projet de loi, l'article 50, là, tel qu'on dit,
parce que ça dit : «une décision est prise en tenant compte de.» Ça fait
que vos décisions de gestion sont prises en tenant compte de critères.
M. Roberge : Oui, bien, à
52...
M. Cliche-Rivard : Oui,
allez-y.
M. Roberge : ...on dit :
«Une décision du ministre prise en vertu des articles 50 ou 51, mais on
parle de 50, peut s'appliquer à une catégorie, un programme d'immigration ou un
volet d'un tel programme.» Mais encore faudrait-il que ce soient des volets
distincts, il faudrait voir comment sont conçus chacun des programmes. Donc, il
faut respecter ces critères-là.
M. Cliche-Rivard : Puis
est-ce que, volet distinct, ça peut vouloir dire un niveau d'enseignement
scolaire?
M. Roberge : Est-ce que ça
peut vouloir dire un niveau précis? Est-ce qu'on aurait pu suspendre le PEQ
diplômé, mais, par exemple, juste, admettons, collégial, ou juste formation
professionnelle, ou juste universitaire? Il faudrait juste...
• (17 h 20) •
Une voix : ...
M. Roberge : Oui. Est-ce que
monsieur pourrait répondre?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, allez-y. Allez-y, vous avez déjà donné...
M. Roberge : Merci.
M. Roy (Gabriel) : Merci, Mme
la Présidente. En fait, juste pour bien cadrer, là, l'article qui est étudié en
ce moment, ce ne sont pas des critères, ce sont des objectifs...
M. Roy (Gabriel) : ...généraux,
qui sont énoncés, qui permettent de donner des indications dans la manière dont
le pouvoir discrétionnaire de gestion des membres va devoir être utilisé. Dans
le fond, les... ce que... ce qu'on... ce qui est mentionné comme des critères,
en ce moment, ça va se retrouver à l'article 52, qui va être remplacé par
l'article quatre du projet de loi et qui mentionne que «les distinctions vont
pouvoir être prises en fonction de... les décisions, pardon, vont pouvoir être
prises en fonction de toute distinction jugée utile.» Donc, ce qui est proposé
dans le projet de loi, c'est cette notion de «toute distinction jugée utile.»
Donc, de ce point de vue là, il faut... il faut que l'exemple qui est... qui
est... qui est soumis par M. le ministre, bien, dans la mesure où c'est
considéré comme une distinction utile et que le pouvoir discrétionnaire est
exercé de façon raisonnable, conformément aux objectifs de la loi, ça pourrait
effectivement être un cas de figure.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
toute décision ou tout critère jugé utile, ça peut vouloir dire les niveaux
d'enseignement?
M. Roy (Gabriel) : Bien, en
fait... en fait, effectivement, puisque si on va à l'article 52.1, qui va
être introduit par l'article cinq du projet de loi, là il y a des exemples de
distinctions jugées utiles qui sont donnés, puis dans la liste...
M. Cliche-Rivard : Bien, on
peut deviner que les objectifs de l'article 50 sont corollaires de ce qui
sera jugé utile, d'où ma question à l'article 50, là.
M. Roy (Gabriel) : Oui, oui,
je ne critique pas votre question actuellement. Mais effectivement, je voulais
juste cadrer, là.
M. Cliche-Rivard : C'est
apprécié. Mais donc, oui, une décision de gestion peut viser éventuellement...
pourra viser un niveau d'enseignement précis?
M. Roy (Gabriel) : Oui. Tout
à fait.
M. Cliche-Rivard : Oui. Et,
en ce moment...
Une voix : ...
M. Roy (Gabriel) : Pour les
étudiants, oui, oui. Dans le cadre de... Puis là, votre... Pardon, je vous ai
interrompu.
M. Cliche-Rivard : Allez-y.
M. Roy (Gabriel) : Bien,
votre question est par rapport aux étudiants, là?
M. Cliche-Rivard : Pour
l'instant elle était sur le PEQ Diplômés.
M. Roy (Gabriel) : O.K. Bien,
en fait, pour le PEQ Diplômés, c'est un programme d'immigration économique,
mais «toute distinction jugée utile», même si elle n'est pas énumérée à 52.1,
effectivement, si elle est jugée utile, elle n'a pas besoin d'être énumérée à
52.1.
M. Cliche-Rivard : Donc, si
le ministre décidait de dire par exemple : Moi, dans mon PEQ Diplômés,
annuellement, je vous donne des exemples, les chiffres ont varié à travers les
années, mais disons 8 000, si le ministre décide de dire, dans sa décision
de gestion : Moi, j'en prends 3 000 de PEQ Universitaires, 3 000
de collégial, puis 2 000 du reste, ça fait partie des prérogatives du
ministre d'établir des décisions de gestion par niveau d'enseignement dans le
PEQ Diplômés?
M. Roy (Gabriel) : C'est
effectivement susceptible d'être utilisé. Mais je ne présume absolument de
rien. Mais la loi...
M. Cliche-Rivard : Mais la
loi le permet. La loi va le permettre.
M. Roy (Gabriel) : La loi ne
l'exclura parce que la loi va effectivement parler de la notion de «toute
distinction jugée utile.» Donc, je répète, il faut toujours, évidemment, que
les décisions soient raisonnables, soient motivées, s'inscrivent dans les
objectifs généraux. Et, dans la mesure où, cet exemple-là, ce serait le cas,
bien, je ne vois pas de... quoi que ce soit qui l'en empêcherait.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
la loi l'empêche actuellement?
M. Roy (Gabriel) : Là, je
vais faire preuve de prudence, si vous permettez. Je préfère... Je n'ai pas
fait l'analyse, là, sur le... À brûle-pourpoint, comme ça, je n'ai pas... je
n'ai pas d'avis juridique sur la question.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais
vous présumeriez avec moi que vous ne venez pas apporter cette modification-là
pour rien?
M. Roy (Gabriel) : Bien,
écoutez, le projet de loi propose des ajustements à la portée du pouvoir de
gestion des demandes afin de clarifier sa large portée. Donc je pense que c'est
dans cette perspective-là que les articles sont proposés.
M. Cliche-Rivard : J'apprécie
la réponse. Puis, la prudence, c'est toujours important. Moi, j'essaie
d'établir les modifications de pouvoirs par le projet de loi, quels pouvoirs,
M. le ministre, vous n'aviez pas puis quels vous allez donc avoir. Puisje suis
bien ouvert. Mais je cherche à vraiment bien distinguer ce que 50, 51, 52 vous
ne permettaient pas de faire aujourd'hui puis ce que 50, 51 52 va vous
permettre de faire. Moi, je comprends que vous aviez quand même pas mal de
pouvoirs de gestion, vous l'avez quand même bien démontré avec le PEQ Diplômés,
que vous venez de suspendre. Donc là, je vous pose la même question : Eu
égard au CAQ puis aux étudiants internationaux, qu'est-ce qui vous empêchait de
prendre des décisions de gestion à ce jour dans le cadre des étudiants
internationaux?
M. Roberge : Bien,
justement...
M. Cliche-Rivard : Bien,
expliquez-le.
M. Roberge : ...ce dont on
parle, à l'article 52... ne parle pas en ce moment des...
M. Roberge : ...des étudiants
internationaux. On dit, là, à 52 : «Une décision du ministre prise en
vertu des articles 50 ou 51...
M. Cliche-Rivard : 50, 51.
M. Roberge : ...peut
s'appliquer à une catégorie, un programme d'immigration ou un volet d'un tel
programme.» On n'est pas ici dans des catégories des étudiants internationaux.
M. Cliche-Rivard : Donc, la
loi ne le permet pas. On est d'accord? La loi, aujourd'hui, ne le permet pas.
M. Roberge : La loi,
aujourd'hui, ne permet pas de faire autre chose avec les CAQ que de les
augmenter tous au complet ou de les baisser tous au complet, ne permet pas...
M. Cliche-Rivard : De
distinction.
M. Roberge : ...d'utiliser...
d'y aller par ordre d'enseignement ou par besoin économique, par...
M. Cliche-Rivard : Par
collège.
M. Roberge : ...tout autre
critère.
M. Cliche-Rivard : Par tout
autre critère. Donc là, on est dans le nerf de l'affaire, là. C'est ce
pouvoir-là que vous venez vous ajouter, supplémentaire... de manière
supplémentaire, c'est de descendre dans la... dans la... ou je ne sais pas quel
nom... «granularité»...
M. Roberge : «Granularité».
M. Cliche-Rivard : ...dans la
granularité le plus possible, dans les critères le plus précis possible dans
vos décisions de gestion. C'est ça, la différence?
M. Roberge : Peut-être pas le
plus précis possible, mais avec suffisamment de précision pour prendre de
bonnes décisions, considérant le nombre d'étudiants étrangers sur le
territoire, considérant l'augmentation des dernières années puis tous les
impacts qu'on a vus dernièrement, considérant des exemples qu'on a vus qu'on
voudrait corriger sans pénaliser l'ensemble du réseau.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
donc là, une éventuelle décision de gestion d'immigration temporaire étudiants
pourrait être à l'effet de cesser la réception de demandes d'un collège donné?
Ça, ça pourrait faire l'objet d'une décision de gestion?
M. Roberge : Oui...
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : ...ça pourrait
être une décision de gestion.
M. Cliche-Rivard : Ou un
maximum d'un collège donné, genre : Cette année, collège x, j'émets 500
CAQ, c'est ma décision de gestion.
M. Roberge : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Ou dans le
niveau universitaire globalement, ou dans une région, ou en termes français, on
est d'accord, là, ce sont les critères?
M. Roberge : Bien là, les...
sur le principe, on est d'accord...
M. Cliche-Rivard : Sur le
principe.
M. Roberge : ...puis,
justement, les différents critères, on va les voir tout à l'heure à l'article
5. Mais, sur le principe, on est d'accord.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que vous allez être capable de descendre là davantage en termes de précision et
vous allez aussi être capable de le faire dans le cadre de l'immigration
permanente, même chose, vous allez être capable d'aller plus loin aussi que ce
que vous êtes capable de faire actuellement?
M. Roberge : Mais là,
l'article 5... 4, voilà, c'est ça, l'article 4, on traite de l'immigration
permanente.
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : L'article 5 ne
parle pas... On n'est pas dans l'immigration permanente, parce que l'article 5
modifie le 52.
M. Cliche-Rivard : Bien,
l'article 4 réfère à 50 et 51, puis 50 et 51, on a vu tantôt que ça référait au
chapitre III, puis chapitre III, c'est permanents et temporaires.
M. Roberge : Oui, mais quand
on lit les articles, il faut voir, là, tout ne s'applique pas à tout, là, il
faut y aller article par article, puis on va voir...
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Roberge : ...à quoi
s'applique chacune... chacun des critères, chacune des catégories.
M. Cliche-Rivard : Donc, ce
que vous nous dites, c'est qu'on n'ira pas aussi loin dans le permanent.
C'est-tu ça que je comprends de l'explication?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Roberge : Bien, c'est
autre chose, en fait, c'est complètement autre chose. Je vous ai déjà dit que
pour les permanents, on a déjà pris la décision d'accueillir, dans les
immigrants économiques, pratiquement 100 % d'immigrants qui parlent
français.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Exact.
M. Roberge : Donc, on a
exercé, par exemple, d'utiliser ce...
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait, tout à fait.
M. Roberge : ...critère-là
dans ce cas-ci. Là, on est ailleurs. Quand on parle des étudiants étrangers, on
n'a pas l'habileté...
M. Cliche-Rivard : Exactement.
M. Roberge : ...de prendre
les décisions qu'on veut prendre.
M. Cliche-Rivard : Et là,
vous l'aurez.
M. Roberge : Et là, à
l'article 3, qui modifie 50, on est dans les grands principes, les
considérants, les grandes orientations, le 4 s'en vient dire autre chose puis
le 5 arrive davantage sur les critères qu'on utilise quand on va réellement
aller au cœur des critères pour les CAQ... les étudiants étrangers, les CAQ pour
les étudiants étrangers.
M. Cliche-Rivard : La
distinction entre la réception des demandes puis le traitement des demandes,
c'est quoi, la différence? Parce que là, si le programme est ouvert, vous
recevez les demandes, puis là, après ça, vous pourriez prendre une
décision : Malgré le fait que je l'ai reçue, je ne la traite pas. Ça, vous
avez ce pouvoir-là, à 50, de suspendre le traitement d'une demande?
• (17 h 30) •
M. Roberge : Le ministre peut
prendre une décision relative à la réception ou au traitement des demandes.
Oui, on peut. On pourrait décider d'arrêter de traiter des demandes, faire un
refus de traitement. D'ailleurs, c'est un exemple distinct, mais c'est de dire,
par exemple, quand on a pris une mesure qui s'appliquait... Au mois d'août, on
a pris une mesure sur l'île de Montréal pour dire...
17 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...on va cesser
de traiter les demandes de TET...
M. Cliche-Rivard : Oui, de
CAQ, pour vous.
M. Roberge : ...de
travailleurs étrangers temporaires sur l'île de Montréal, on dit : Là, on
arrête de traiter ces demandes-là pour... excluant des catégories, excluant l'éducation,
excluant la santé, mais ça a été une décision comme ça de refus de traitement,
qu'on arrête.
M. Cliche-Rivard : Puis ça, c'était
une décision de gestion qui touchait les travailleurs étrangers temporaires.
M. Roberge : Oui. C'est l'exemple
que je vous donne.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
n'êtes pas à même de... Puis là vous l'avez fait en... à deux volets : un
volet régional, donc Montréal, puis un volet salaires, c'était hauts salaires,
bas salaires. Là... Puis vous avez fait ça sans modifier le projet de loi ou
sans le projet de loi, en fait. Parce que, là, tantôt, vous me disiez : On
ne peut pas aller si précis que ça pour les temporaires. Finalement, on pouvait
y aller aussi précis que ça pour les temporaires, pour les travailleurs
étrangers.
M. Roberge : Ce que je veux
dire, c'est qu'on peut y aller en ce moment pour plusieurs catégories, mais,
pour les CAQ étudiants étrangers, on n'a pas été capables d'agir quand on a vu
des abus ces dernières années. Puis, quand j'ai questionné le ministère...
Est-ce qu'on est capables de régler ça?, ils nous ont dit : Non, il faut
des modifications législatives.
M. Cliche-Rivard : Mais qu'est-ce
qui vous permettait de le faire... puis je vous pose la question bien ouverte,
qu'est-ce qui vous permettait de le faire pour les travailleurs étrangers puis
qui vous empêche de le faire pour les étudiants dans le libellé actuel de la
loi?
Une voix : ...
M. Roberge : C'est le
troisième paragraphe du 52.
M. Cliche-Rivard : Du 52?
M. Roberge : Oui, qui dit :
«Une décision...» Actuel, là, d'accord, avant modification, le troisième
paragraphe du 52 : «Une décision visant les demandes présentées en vertu
des articles 15 et 29 peut notamment s'appliquer à une région du Québec, à
un secteur d'activité économique, à un métier ou à une profession en tenant
compte des besoins du marché du travail du Québec.»
M. Cliche-Rivard : Puis 15 et
29, c'est les travailleurs, alors que les étudiants, c'est 11, 12, 13. C'est
ça, l'explication?
M. Roberge : Voilà.
M. Cliche-Rivard : Vous n'aviez
pas ce pouvoir-là à 11?
M. Roberge : Ça touche 15
et 29. C'est ça.
Une voix : ...
M. Roberge : Allez-y, mais c'est
ce qu'on vient de dire.
M. Roy (Gabriel) : Oui. Bien,
c'est ça. En fait, c'est... le libellé actuel de l'article 52, à son
premier alinéa, donne une portée générale qui est qu'une décision peut s'appliquer
à une catégorie, programme, volet. Par contre, aux deux alinéas suivants, ils
donnent des exemples spécifiques de décisions qui peuvent être prises avec des
distinctions spécifiques et, selon la proposition du projet de loi qui... Dans
le fond, le projet de loi retire ces deux alinéas-là pour sortir de cette
logique-là, parce que la loi donnant des exemples spécifiques dans certains
cas, ça peut donner une impression que, quand on n'est pas dans ces exemples
spécifiques là, est-ce que c'est possible ou non, ça peut... ce n'est pas jugé
particulièrement... comment dire, ça ne reflète pas de façon adéquate la portée
qui... que... qui devrait être celle du pouvoir de gestion des demandes, cette
rédaction-là qui donne des exemples limitatifs dans certains cas.
Donc, pour être en mesure de sortir de
cette logique-là, le projet de loi propose de formuler... on retire ces
exemples limitatifs puis on donne une règle générale qui est «toute distinction
jugée utile». Comme ça, dans d'autres cas où on veut faire d'autres
distinctions, qui ne sont pas prévues spécifiquement, mais que la loi ne dit
pas que c'est impossible non plus, bien là, on va sortir de : Est-ce que c'est
possible ou non?, puis on va pouvoir tout simplement prendre des décisions
selon «toute distinction jugée utile», puis donc c'est la logique qui est
proposée, là, de... par le projet de loi.
M. Cliche-Rivard : D'entrée
de jeu, vous nous aviez communiqué des décisions de Cour supérieure, là,
jugement sur demande d'injonction provisoire, ordonnance de sauvegarde,
décisions qui ne sont pas allées sur le fond. J'en comprends donc que, pour l'essentiel,
les arguments là-dedans étaient fondés, parce qu'effectivement vous ne pouviez
pas à l'époque prendre l'arrêté ministériel de 2019.
M. Roy (Gabriel) : Bien, comme
vous l'avez dit vous-même, ça n'a pas été tranché sur le fond, mais le critère
de la question sérieuse a effectivement été jugé rempli par le juge. Donc, il y
a un juge qui a considéré que c'était une question sérieuse de savoir si
certaines décisions pouvaient être prises selon certaines distinctions.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Donc... Mais, si vous présentez, M. le ministre, ledit projet de loi, vous êtes
donc d'accord avec l'analyse qu'effectivement il y a un problème, vous étiez
liés juridiquement, là, on est d'accord, sinon vous ne seriez pas ici, là.
M. Roberge : C'est qu'on veut
avoir l'assurance juridique.
M. Cliche-Rivard : Vous
voulez avoir l'assurance juridique.
M. Roberge : On veut... On
veut avoir l'assurance juridique. Ça ne veut pas dire que c'est... qu'on
perdrait à tout coup, mais, quand on veut... quand on prend une décision, quand
on se retourne vers les juristes, on dit : Voici ce que j'aimerais faire,
des fois ils nous disent : Ah! on a une grande confiance, des fois on a
une moyenne confiance, des fois on dit : Bien...
M. Cliche-Rivard : Puis là,
ça, c'était un...
M. Roberge : Mon épouse, qui
est avocate, me dit : Ça se plaide.
M. Cliche-Rivard : Ça se
plaide. Puis là vous...
M. Cliche-Rivard : ...mais
c'est correct, là, on est là pour faire ça. Vous voulez éviter que ça se
plaide, vous voulez vous donner les pleins pouvoirs de le faire. On règle la
question.
M. Roberge : On veut que ce
soit... on veut que ce soit clair.
M. Cliche-Rivard : Donc, le
décret de 2019 est, finalement, invalidé et retiré. Dans l'état du droit, tel
qu'il le sera à l'adoption du projet de loi n° 74, là, il serait valide
juridiquement, le décret.
M. Roberge : Là, il faudrait
que je relise... il faudrait faire une analyse du décret à la lecture de la loi
qui serait adoptée. C'est un peu hasardeux, là, la loi n'est même pas adoptée,
puis on est en train de l'amender en ce moment, là. Mais on aurait le pouvoir
d'agir, à tout le moins. Peut-être qu'il ne serait pas écrit exactement de la
même manière, il serait écrit à la lumière des nouveaux articles que nous
travaillons ensemble...
M. Cliche-Rivard : Bien sûr,
bien sûr.
M. Roberge : ...mais voilà.
M. Cliche-Rivard : À ce
stade-ci, je vais laisser mes collègues, Mme la Présidente... mais j'aurai
d'autres points par la suite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, toujours sur l'article 3, amendé, est-ce que j'ai
d'autres interventions? Allez-y.
Mme Setlakwe : Oui. Donc,
bien, moi, j'apprécie énormément les discussions, les échanges précédents, je
pense que ça... c'est très utile, là, de faire cette analyse entre le régime
actuel et le régime qui est visé par le... le projet de loi n° 74, avec
ses amendements. Moi, j'ai des... quelques questions peut-être plus générales,
puis on s'entend que c'est plus loin, là, à l'article 5, où il y a vraiment des
critères plus spécifiques, notamment sur les programmes.
Mais ici, donc, à l'article... bien, à
l'article 3, qui modifie l'article 50, juste nous expliquer, là, la chaîne
décisionnelle. Puis je comprends qu'on... on a changé le libellé pour prévoir
que... que la décision ne peut être prise que par le gouvernement, puis
qu'on... on a une série de critères qui n'est pas exhaustive, qui doivent
être... qui peuvent être pris en... en compte dans le cadre de la décision. On
parle de besoins économiques et de main-d'œuvre. Juste élaborer sur ce... ce
critère-là. Donnez-nous des exemples, puis comment la chaîne décisionnelle va
s'opérer.
M. Roberge : Bien, ici, on
dit qu'on doit... c'est une décision... être prise «en tenant compte». Ici, on
regarde des choses qui... qui doivent être considérées. Donc, effectivement, je
pense que, quand on parle de formation de main-d'œuvre, on doit tenir compte
des besoins économiques. On ne veut pas former des gens pour les préparer au
chômage, de la même manière quand on dit qu'on crée un programme, par exemple,
de préposé aux bénéficiaires parce qu'on sait qu'il y a une grande pénurie de
main-d'œuvre. C'est un besoin économique aussi, c'est-à-dire qu'on a besoin de
gens pour faire un travail.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous voyez aussi les besoins en... en recherche, là, pour alimenter les
programmes et, éventuellement, compléter les... compléter les cohortes en
recherche, pour pouvoir traiter de... de sujets qui ne sont pas forcément
des... des programmes, des... des sujets qui sont directement reliés à des... à
une pénurie de main-d'œuvre?
M. Roberge : Bien, quand on
dit «notamment», ça veut dire qu'il y a d'autres critères qui peuvent être
considérés.
Mme Setlakwe : Donc, on
comprend qu'actuellement vous ne pouviez pas viser de façon spécifique les
étudiants étrangers autrement que de simplement réduire le nombre de CAQ études
émis, globalement, pour l'ensemble des étudiants étrangers sur le territoire.
C'est bien ça?
M. Roberge : Exact.
Mme Setlakwe : Exact. Est-ce
que... moi, j'ai une question que j'ai depuis longtemps... est-ce que les
institutions sont venues vers vous et vous ont exprimé des préoccupations
qu'ils auraient en lien avec les étudiants étrangers?
M. Roberge : Pas vers moi,
ministre de l'Immigration, mais je sais qu'à l'Enseignement supérieur et à
l'Éducation il y a eu plusieurs discussions ces derniers mois.
Mme Setlakwe : Est-ce qu'ils
ont demandé des réductions?
M. Roberge : Ils ont... Bien,
je ne peux pas vous dire, je n'étais pas présent à ces discussions-là, mais
j'ai eu des conversations, moi, avec mes collègues ministres, qui m'ont dit
qu'ils ont parlé à leurs réseaux puis qu'ils ont des enjeux à régler en regard
des étudiants étrangers. Mais là on est... on est en cours, je dirais, du
ouï-dire, là. Je ne peux pas témoigner d'une conversation à laquelle je n'étais
pas partie.
Mme Setlakwe : O.K., non,
mais vous, vous nous confirmez que le besoin n'a pas été exprimé, envers vous,
de la part du milieu?
• (17 h 40) •
M. Roberge : Ah! il n'y a pas
de directions d'établissement qui ont appelé le ministre de l'Immigration pour
dire : S'il vous plaît, donnez-vous de nouveaux pouvoirs pour régler les
problèmes qui accablent le réseau. Ce n'est pas arrivé à moi, personnellement,
d'autant plus que je n'occupais pas les fonctions que j'occupe aujourd'hui
avant le mois de septembre, et que ce projet de loi là a commencé à être rédigé
avant mon arrivée, puis je...
M. Roberge : ...j'ai regardé
ça, puis on a fait des ajustements ensuite. Mais l'amorce de la rédaction de ce
projet de loi là a été commencée alors que c'était ma prédécesseure qui
occupait cette chaise.
Mme Setlakwe : Et puis vous
ne savez pas s'il y a eu des demandes qui ont été faites du milieu envers votre
prédécesseure au sujet de ces réductions qui seraient souhaitées.
M. Roberge : Honnêtement, le
gouvernement peut voir des problèmes de lui-même et décider de les régler sans
qu'un réseau communique avec lui. Je ne dis pas que le réseau n'a pas
communiqué, mais quand on voit un problème, on veut le régler. Puis c'est comme
le nez au milieu du visage, il y a des problèmes, il y en a plusieurs
témoignages dans les médias.
Mme Setlakwe : Mais certains
seraient venus vers le gouvernement, notamment en consultation, pour venir
dire : Ne réduisez pas le nombre d'étudiants internationaux qui viennent
dans nos institutions. Vous n'êtes d'accord avec ça?
M. Roberge : Ah! bien,
j'étais là. Il y a plusieurs personnes qui ont dit qu'ils aimaient le libre
marché, le libre marché leur sciait bien. En ce moment, je ne pense pas que
c'est l'opinion de tous les Québécois parce qu'en ce moment ils se font dire
par le réseau qu'ils ont besoin davantage d'investissements dans le Plan
québécois des infrastructures. Or, on a fait passer le PQI de
100 milliards à 153 milliards. On se fait dire qu'on manque encore
d'argent, qu'on manque de places. Or, on est passé de
50 000 étudiants étrangers à 122 000 étudiants étrangers
puis on manque encore de places. Mais là c'est sûr qu'on manque de places si on
rajoute 70 000 personnes puis qu'on manque de locaux. Alors, à un
moment donné, il faut regarder ça aussi. La capacité de payer des Québécois
n'est pas infinie. La capacité d'accueil du Québec n'est pas infinie. La
capacité de logement des Québécois n'est pas infinie. Je n'ai pas besoin qu'un
recteur ou un dirigeant d'établissement viennent me dire qu'il y a un problème
à régler pour vouloir le régler.
Mme Setlakwe : Non, ma question,
c'était vraiment : Est-ce qu'on est venu vers vous pour exprimer une
préoccupation, demander de réduire? Là, c'est intéressant quand vous
dites : Il peut y avoir dans certains cas un manque d'espace, un manque de
locaux, mais, du même souffle, on a dit aussi que, pour maintenir certains
programmes, pour assurer que les locaux soient remplis, on a besoin des
étudiants internationaux. Donc, je pense que tout... tu sais, je pense que tout
va être dans le fin détail ici, là, parce que c'est irréconciliable de
dire : On manque de locaux, mais on a aussi besoin des étudiants
internationaux pour remplir les classes. Et aussi, il faut tenir compte du fait
que les étudiants internationaux... vous ne diriez pas qu'ils contribuent au
financement du réseau? Est-ce qu'ils contribuent au financement de nos réseaux?
M. Roberge : À certains
égards.
Mme Setlakwe : Est-ce que le
financement, en vertu de la nouvelle politique de financement, n'est-il pas lié
aux droits de scolarité qui sont versés par les étudiants internationaux?
M. Roberge : Bien, il faut
voir. Je dis : À certains égards. Au collégial, c'est différent d'à
l'université puis, à l'université, il y a beaucoup d'étudiants étrangers qui
viennent suite à des ententes internationales pour lesquelles ils ont des
rabais extraordinaires. Donc, ce n'est pas tous les étudiants étrangers qui
paient le juste prix des études au Québec, les contribuables paient une grande
partie de la facture encore aujourd'hui.
Mme Setlakwe : Quelle
proportion, diriez-vous, des étudiants internationaux sont subventionnés par
l'État versus ceux qui ne le sont pas?
M. Roberge : Je n'ai pas la
réponse ici aujourd'hui.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous avez... C'est ma dernière question. Est-ce que vous avez des études ou des
rapports qui démontrent le pourcentage d'étudiants internationaux qui restent
au Québec après leurs études versus ceux qui repartent?
M. Roberge : Il faudrait
voir. Je pense qu'on a ces... Je ne les ai pas sous la main ici, tout de suite.
On dirait en étude de crédits. On me pose une question très précise, qui est
pertinente, mais pas pertinente nécessairement à l'article ici.
Mme Setlakwe : Bien oui,
pertinente, parce que, là, on parle de temporaires, de permanents, on parle de
protection du français, on parle de...
M. Roberge : Mais je suis
d'accord... Non, mais je suis d'accord, quand j'ai des infos, je les donne,
hein, depuis le début. On ne cache pas les affaires, là. Je suis d'accord pour
trouver cette réponse-là, on va essayer de la trouver. Je ne peux pas vous dire
qu'on va vous la donner dans la prochaine minute, mais on va essayer de trouver
cette information-là pour la partager. Ce n'est pas...
Mme Setlakwe : Oui, je pense
qu'elle est pertinente, qu'on ait...
M. Roberge : Je ne pense pas
que ça change l'adoption ou pas de cet article-là, mais on va la donner de bon
gré.
Mme Setlakwe : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 3 tel qu'amendé? Oui, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Tantôt, on parlait de décision par rapport à la réception et par
rapport au traitement des demandes. Là, je veux juste être certain, parce qu'au
deuxième alinéa, ce qui va être maintenant le deuxième alinéa, si je...
toujours à l'article 3, là, qu'on est en ce moment, qui modifie l'article 50,
il y a un volet qui dit : «la disposition des demandes dont l'examen n'est
pas commencé». Ça fait qu'il semble y avoir, comme, une... puis j'essaie de
bien la comprendre, une distinction avec le traitement...
Une voix : ...des demandes.
M. Cliche-Rivard : Mais là,
il y a une exception, à savoir «la disposition des demandes dont l'examen n'est
pas commencé.» Ce dernier volet là, vous ne semblez pas l'avoir comme pouvoir
dans ce que vous ajoutez au premier point de l'article trois. Donc, il y a
comme trois étapes, réception, traitement et disposition, mais là, dans vos
décisions de gestion, «disposition» n'est pas là. J'essaie juste de bien
comprendre qu'est-ce que ça voulait dire comme distinction.
M. Roberge : Donc, la notion
de... entre réception, traitement et la disposition?
M. Cliche-Rivard : Et
disposition.
M. Roberge : «Une telle
décision peut notamment porter sur le nombre maximal que recevra le ministre,
la période de réception des demandes, les conditions et modalités de suspension
de la réception, l'ordre de priorité de traitement, la suspension du traitement
et la disposition des demandes.» Donc dans quelle mesure on dispose des
demandes?
M. Cliche-Rivard : «Dont
l'examen n'est pas commencé.»
M. Roberge : Oui. Mais je
pense que ça veut dire, en réalité, est-ce qu'on les... est-ce qu'on les refuse
ou si on les garde pour l'année suivante.
M. Cliche-Rivard : Mais ça,
ça veut dire... «dont la disposition des demandes d'examen... dont l'examen
n'est pas commencé», c'est que, si l'examen est commencé, là vous devez le
finir.
M. Roberge : Si l'examen...
Regardez ici, là, quand on dit : L'examen d'une demande est commencé, ça
veut dire qu'on est en train de la traiter. Tu sais, il y a recevoir, traiter
et disposer.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Roberge : Quand vous
dites : Des dispositions... demandes dont l'examen n'est pas commencé,
c'est la disposition demandes. Mais, si vous dites : L'examen est
commencé, bien là, on est dans le traitement des demandes. Elle est traitée, la
demande, si on est en train de l'examiner.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que, dans tous les cas... Bien, il y a une distinction, je comprends, entre la
suspension du traitement, puis là, il y a un autre volet et la disposition des
demandes dont l'examen n'est pas commencé. Ce n'est pas la même chose.
M. Roberge : Non. C'est si la
demande, elle n'est pas... l'examen de la demande n'est pas commencé, hein,
c'est-à-dire que c'est reçu, c'est là, là.
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : Bon. Bien, à ce
moment-là...
M. Cliche-Rivard : Ça, c'est
le traitement... avant le traitement.
M. Roberge : C'est avant le
traitement.
M. Cliche-Rivard : C'est
avant le traitement.
M. Roberge : Le traitement,
là, c'est : j'ouvre l'enveloppe, je sors la feuille, j'analyse.
M. Cliche-Rivard : Bien, ça,
c'est l'examen aussi, ça. C'est la même chose.
M. Roberge : Il n'y a pas...
Écoutez, là, réception, traitement, disposition. On va utiliser trois verbes,
là, O.K., réception, traitement, disposition.
M. Cliche-Rivard : Mais là on
a un autre volet à l'article qui dit «dont l'examen.»
M. Roberge : On est où là?
Excusez-moi, là.
M. Cliche-Rivard : Toujours à
la même place, deuxième alinéa... ou un, deux, troisième. Ça commence par «Une
telle décision peut notamment porter», puis là, à la toute fin, là, ça dit «et
la disposition des demandes dont l'examen n'est pas commencé.»
M. Roberge : L'examen, c'est
le traitement.
M. Cliche-Rivard : L'examen,
c'est le traitement. On s'entend?
M. Roberge : Oui. C'est ce
que je vous dis.
M. Cliche-Rivard : C'est ça?
M. Roberge : Voilà. C'est ce
que je vous dis.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais
là, il y a deux choses, il y a la suspension du traitement et la disposition
des demandes dont l'examen n'est pas commencé. C'est la même chose.
M. Roberge : O.K.
Réception...
M. Cliche-Rivard : Ce que
je... Ce que j'essaie de savoir...
M. Roberge : Oui, c'est ça,
j'essaie de savoir ce que vous voulez savoir.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Ce que je veux savoir, c'est, dans votre décision de gestion, pouvez-vous ou ne
pouvez-vous pas... votre question de gestion a-t-elle effet sur une demande qui
est présentement en examen?
M. Roberge : Une décision
peut notamment, donc pas juste ça, porter sur le nombre maximal de demandes qu'on
reçoit, sur la période des demandes, donc oui, la décision de gestion peut
porter sur tout ça.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
dites : La disposition des demandes dont l'examen n'est pas commencé. Ça
fait qu'a contrario quand qu'elle est commencée vous ne l'avez pas.
M. Roberge : Oui parce
qu'elle est traitée.
M. Cliche-Rivard : Moi, je
pense qu'il y a une distinction entre traitement puis l'examen parce que sinon
le législateur parle pour ne rien dire ici, là.
M. Roberge : On est d'accord?
Je ne pense pas, moi.
Une voix : ...
M. Roberge : Non, non. C'est
ça. C'est juste que ce serait redondant, là, si on disait «la disposition des
demandes dont le traitement n'est pas commencé», là. L'examen puis le
traitement d'une demande, c'est la même chose.
M. Cliche-Rivard : C'est la
même chose. Bon. O.K. Ça fait que, oui, votre décision de gestion pourrait
s'appliquer?
M. Roberge : À tout ça.
M. Cliche-Rivard : À tout ça.
Incluant une demande, là, qui est sur le point d'avoir la signature. Mais ce
n'est pas fini, ce n'est pas fait, là, le «stamp» n'est pas mis. Même si c'est
presque sur le... sur la fin, là, votre décision de gestion va s'appliquer?
M. Roberge : La décision peut
traiter... demandes... tout ce qui est dans la liste, là, demande, réception,
période de réception, conditions et modalités de suspension, ordre de priorité,
traitement, suspension et traitement, disposition des demandes dont l'examen n'est
pas commencé. Tout ça.
M. Cliche-Rivard : Toute la
patente. Parfait. Dernier point, Mme la Présidente. Là, vous intégrez des
volets ou en tout cas il y a les volets de santé et sécurité ou bien-être des
personnes immigrantes dans vos considérants. J'essaie juste de voir...
M. Cliche-Rivard : ...quel
volet, la santé ou susceptibles de compromettre la santé peut jouer dans une
demande de sélection où vous avez finalement... Le Québec n'a pas juridiction
sur l'état de santé, là. C'est un motif d'inadmissibilité du gouvernement
fédéral. Et le Québec ne demande pas d'examen de santé. Ça fait que je...
J'essaie de comprendre. Même chose pour le sécuritaire.
• (17 h 50) •
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : On ne
fait pas encore d'évaluation sécuritaire au niveau du Québec. J'essaie de bien
comprendre c'est quoi les intentions du ministre sur ces deux points-là.
M. Roberge : Bien, j'ai
un exemple ici. Parce qu'ici on ne parle juste des étudiants étrangers, hein,
on s'entend.
M. Cliche-Rivard : On
parle de tout le monde.
M. Roberge : C'est ça,
là. Donc, situation susceptible de compromettre santé, sécurité ou bien-être,
ça concerne les personnes immigrantes, pas seulement les étudiants étrangers.
C'est ce que je viens de dire. Le ministre ou le gouvernement, selon le cas,
pourrait prendre une décision de gestion des demandes, notamment suspendre la
réception et le traitement des demandes afin de tenir compte d'une situation.
Par exemple, situation de traitement de réception des demandes d'IMT, là, d'un
employeur dont les pratiques sont susceptibles de compromettre la sécurité des
travailleurs étrangers temporaires à son emploi. On dirait : Bien là...
M. Cliche-Rivard : Bien
sûr.
M. Roberge : ...tu t'en
vas dans un milieu qui est dangereux pour toi.
M. Cliche-Rivard : Ouais.
M. Roberge : Le
gouvernement ne va pas envoyer quelqu'un dans un endroit où il serait en
danger. Ça fait qu'on suspendrait... On regarderait ça avec cet oeil-là.
M. Cliche-Rivard : Donc,
vous suspendriez le... bien, l'employeur, là, essentiellement, les décisions de
gestion liées à cet employeur.
M. Roberge : Ouais.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça, dans l'IMT. Puis pour santé, avez vous un bel exemple comme ça?
M. Roberge : Bien, en
fait, on le met... Santé et sécurité, là, on les met ensemble? C'est un peu ce
que... bien-être, c'est un peu la même chose.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Mais ce n'est pas un élément de santé comme on le comprend d'une interdiction,
là, de territoire pour santé au Canada, de quelqu'un qui...
M. Roberge : Non, non,
il ne s'agit pas discriminer quelqu'un parce qu'il est malade, là.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça, ce n'est pas... Ce n'est pas ça, l'objectif.
M. Roberge : Non, non,
ce n'est pas ça l'idée, là.
M. Cliche-Rivard : C'est
vraiment... Puis là, on le lie ensemble, là, santé et sécurité ou le bien-être
des personnes immigrantes, c'est toujours lié aux personnes immigrantes? Ce
n'est pas santé toute seule comme la santé publique.
M. Roberge : Non, c'est
ensemble, là.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
M. Roberge : C'est le
vocable. Santé, sécurité, bien-être, c'est comme un seul grand concept, là.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Une voix : ...c'est
susceptible de compromettre...
M. Cliche-Rivard : Susceptible.
Une voix : ...
M. Roberge : Donc, on
parle d'une situation qui serait susceptible de compromettre santé, sécurité,
bien-être.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Il y a un exemple précis où il s'en va travailler dans une zone où personne ne
veut jamais aller parce que c'est plein d'amiante, pour faire un exemple. Puis
là, ils sont incapables de recruter au Québec pour des très bonnes raisons.
Puis là ils ouvrent la porte à l'immigration temporaire. Puis des gens
disent : O.K. Je vais y aller. Mais le ministre pourrait dire :
Écoutez, là, pour protéger votre santé et votre sécurité, on ne le permet pas.
M. Roberge : De toute
façon, la CNESST s'applique à ces gens-là aussi, là.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
M. Roberge : Ils sont
protégés aussi, là.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Un dernier point sur les considérations humanitaires. Là, vous dites que
vous... C'était à 52. Et là vous prenez la décision de le ramener à 50.
Qu'est-ce que... Qu'est ce que ça change de changer les considérations d'ordre
humanitaire de 52 à 50?
M. Roberge : Attendez un
petit peu, je vais essayer de retrouver ça. Est-ce que vous voulez répondre à
cette question, une question technique? Je le suggérerai. Il pourrait répondre.
M. Cliche-Rivard : Avec
plaisir.
M. Roy (Gabriel) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Alors, en fait, c'est comme... Comme je l'indiquais
tantôt, la proposition de supprimer les alinéas deux et trois de
l'article 52, pour revenir à une logique plus générale sur la portée des
décisions de gestion des demandes. En supprimant les alinéas deux et trois,
bien, à l'alinéa deux, on avait cette notion de motif humanitaire. Ce qu'on
s'est dit, c'est quand même on peut quand même le concevoir comme étant une
forme d'objectif général, parce qu'il y a de l'immigration humanitaire quand
même. Donc, on s'est dit, c'est que c'est une bonne idée que le législateur maintienne
cette mention-là, que ça peut être une considération générale dans l'exercice
de ses pouvoirs discrétionnaires d'immigration, la notion humanitaire. Donc, on
l'a reformulé, on l'a remonté plus haut à titre d'objectif général dans le
cadre duquel le pouvoir doit être exercé.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci pour l'explication. C'est tout, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je vais reconnaître le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Le
Commissaire à la langue française, dans son mémoire, dans son intervention, lui
proposait aussi d'inclure dans cet article des facteurs relatifs à la
répartition entre les établissements, les ordres d'enseignement et les régions.
Est-ce que vous avez considéré cette proposition du Commissaire à la langue
française?
M. Roberge : Ça va
davantage être dans les articles suivants qu'on va aller dans ce sens-là.
M. Paradis : Et lui, il
proposait de l'intégrer à l'article 3. Ça, est-ce que vous l'avez considéré?
M. Roberge : Bien, on ne
l'a pas considéré dans l'article...
M. Roberge : ...l'article 3
parce que, dans l'article 5, on y va directement.
M. Paradis : Donc, avec ce
que vous avez...
M. Roberge : C'est ça parce
que... excusez-moi, en complément, merci, c'est parce que c'est le 5 qui parle
exclusivement de la notion d'étudiant étranger. On passe vraiment... Avec les
articles 3, 4 et 5, on passe un peu du général au particulier puis, dans
le 5, on va être sur l'objet qui nous intéresse davantage, là, c'est un projet
de loi sur les étudiants étrangers, et c'est là où on l'a intégré.
M. Paradis : Très bien. Donc,
vous considérez qu'avec ce que vous avez... Puis là vous parlez de
l'article 5 du projet de loi?
M. Roberge : Oui.
M. Paradis : C'est ça, qui
intègre l'article 52.1. C'est bien ça?
M. Roberge : Oui, exactement,
le... bien, on va y arriver, là, mais le 52.1 parle des étudiants étrangers
spécifiquement. Donc, c'est là qu'on met l'ensemble des mesures, tandis que, si
on va à l'article 3, sur lequel on travaille en ce moment, on modifie
l'article... on modifie l'article 50. Là, c'étaient des dispositions
générales qui traitent de plusieurs catégories d'immigration.
M. Paradis : Très bien. Donc,
dans 52.1, tel que proposé par l'article 5...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...l'article 3 amendé, par contre.
M. Paradis : Je comprends,
mais c'est parce que je veux voir, je veux comprendre pourquoi, à l'article 3,
tel que proposé par le Commissaire à la langue française, on n'intègre pas
comme critère de décision sur les demandes à l'article 50. C'est pour ça
qu'il faut aller à l'autre article.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'accord.
M. Paradis : Je comprends que
ce que vous voyez, j'imagine que vous faites référence au paragraphe deux du
deuxième alinéa de l'article 52.1, ce que vous voyez là, vous considérez
que c'est l'équivalent de la proposition du Commissaire à la langue française à
l'article 3, parce que lui disait que, quand on considère les demandes à
l'article 50, on devrait réfléchir aussi à ce critère de répartition entre
les établissements, les ordres d'enseignement et les régions. Je me demande si
c'est exactement la même chose qu'on voit au deuxième paragraphe du deuxième
alinéa de l'article 52.1 et si on ne devrait pas quand même l'inclure à
l'article 3. C'est ça, ma question, en fait.
M. Roberge : O.K. Bien, je
pense qu'on devrait le laisser à l'article 5, donc à 52.1, parce que je
pense que l'intention du commissaire... puis je veux faire attention, il
s'exprime pour lui-même, mais c'était de traiter de la question des étudiants
étrangers. Et c'est ce qu'on va faire un peu plus tard. Donc, je pense qu'on va
atteindre le même objectif.
M. Paradis : Est-ce que, lors
de nos discussions, quand on va être à l'article 5, ce paragraphe deux là,
si on se rend compte qu'il y a peut-être un complément à faire sur l'article 3,
vous allez être ouvert à ce qu'on retouche à l'article 3? Parce que j'ai
l'impression, moi, qu'on pourrait avoir intérêt à le mettre à l'article 3
aussi, ce critère-là, mais je suis ouvert à vous écoutez sur... quand on sera
rendus à l'article 5. Mais est-ce que vous avez une ouverture si on
détermine ensemble qu'on aurait intérêt à l'avoir aussi à l'article 3?
M. Roberge : Bien, je vais
dire oui, mais, si on le détermine ensemble... par consentement, si on se rend
compte, depuis le début on travaille comme ça, il n'y a pas personne qui fait
de la procédurite pour tout bloquer, mais si on se rend compte qu'en cohérence
il faut revenir, on ira. Je ne pense pas que ça va être le cas parce que, comme
je vous dis à 3, on est... on est très général, puis à 4, puis à 5, à 5, on y va
sur les étudiants étrangers, j'en doute, mais on peut toujours... on peut
toujours me convaincre.
M. Paradis : Avec votre très
aimable ouverture, donc, est-ce qu'on retouche peut-être, au besoin? Reportons
la discussion quand on sera à l'article 5. Je suis d'accord.
M. Roberge : Il n'y a pas
d'enjeu.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que je comprends que les discussions sont terminées
sur l'article 3 tel qu'amendé? Si c'est terminé, est-ce que
l'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Alors, sur ce, compte tenu de l'heure, je vous
invite à aller prendre quelques bouffées d'air et un petit repas, je vais
suspendre jusqu'à 19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 30)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux.
Je vous rappelle qu'on poursuit l'étude
détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement
relatif aux étudiants étrangers...
19 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...lors de la suspension, nous venions tout juste d'adopter
l'article 3 tel qu'amendé. Nous en sommes donc rendus à l'article 4,
mais, compte tenu de la façon dont nous avons entamé l'étude des articles, je
me dois de vous demander le consentement pour... comme... compte tenu qu'il
avait été suspendu, de se rendre tout de suite à l'article 4.
Consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Merci. Alors, M. le ministre, vous pouvez
lire l'article 4.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Alors :
4. L'article 52 de cette loi est
remplacé par le suivant :
«52. Une décision prise en vertu de l'article 50
ou 51 peut s'appliquer à une catégorie, à un programme d'immigration ou à un
volet d'un tel programme. Elle peut varier en fonction de toute distinction
jugée utile et prévoir des exceptions. Elle doit préciser les motifs qui la
justifient.
«La décision est prise pour une période
maximale de 24 mois et peut être modifiée en tout temps en cours de sa période.
Elle est publiée à la Gazette officielle du Québec et prend effet à la date de
sa publication ou à la date ultérieure qui est fixée.
«De plus, le ministre publie toute
décision sur le support qu'il juge approprié.»
Donc, c'est un article qui propose de
remplacer l'article 52 de la Loi sur l'immigration au Québec pour apporter
les modifications suivantes : premièrement, le remplacement des
dispositions concernant certaines décisions relatives à la gestion des
demandes, prévues aux deuxième et troisième alinéas de cet article, par une
règle générale applicable à toutes les décisions, selon laquelle elles peuvent
varier en fonction de toute distinction jugée utile et prévoir des exceptions;
deuxièmement, une modification de concordance relative à la publication des
décisions, afin de tenir compte de l'octroi au gouvernement du pouvoir de
prendre des décisions de gestion des demandes présentées à titre d'étudiant
étranger; troisièmement, la reformulation de l'exigence de motivation d'une
décision.
Quand on parle de «toute distinction jugée
utile», bien, ça dit qu'une distinction peut varier en fonction d'une
distinction qu'il juge utile puis prévoir des exceptions. C'est un
élargissement, mais, en même temps, c'est une clarification du pouvoir de
gestion des demandes.
Mme la Présidente, j'ai un amendement à l'article 4.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...regardez, par la magie des ondes, nous avons déjà l'amendement
qui est sur nos écrans. Je vais vous demander de lire l'amendement.
M. Roberge : Voilà. Donc, ça
fait partie des amendements qu'on avait déposés en bloc, là, au début des
travaux de cet après-midi. Donc, article 4 :
Remplacer dans le deuxième alinéa de
l'article 52 de la Loi sur l'immigration au Québec, proposé par l'article 4
du projet de loi, «24» par «48».
Donc, l'objectif ici, c'est un objectif de
prévisibilité, comme ça a été souligné à de nombreuses reprises par les gens
qui sont venus, ils voulaient davantage de prévisibilité. Donc, de prévoir que
la période s'étend sur 48 mois leur permet de savoir que ce n'est pas toujours
à refaire ou que ça peut toujours être refait, nécessairement, aux 24 mois. Je
pense que c'est plus cohérent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a des commentaires sur... on
va commencer, sur l'amendement? Donc, le 48 mois. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'amendement?
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Morin : ...le seul
commentaire, si mon souvenir est bon, M. le ministre, c'est que ça avait été
entre autres souligné par des groupes que la période de 24 mois n'était
peut-être pas assez longue. Donc, c'est pour ça que vous la changez à 48 mois.
Est-ce que je comprends bien le sens de votre amendement?
M. Roberge : Exactement.
C'est des propositions... Je pense qu'il y a plusieurs groupes qui ont fait
cette proposition-là pendant les auditions, puis on en a tenu compte. C'est
pour ça qu'on arrive avec cet amendement-là.
M. Morin : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre... Oui, Mme la députée, allez-y.
Mme Setlakwe : Pourquoi
initialement la période avait été fixée à 24 mois? Et pourquoi, selon
l'amendement, la période est maintenant fixée à 48? Quel est le raisonnement
derrière ces... cette détermination-là ou ces périodes-là?
M. Roberge : 24 mois, c'est
ce qu'il y avait dans la loi actuellement. Donc, c'est l'état de droit actuel.
Les personnes sont venues nous proposer d'étaler ça à 24 mois. Nous, on n'y
voit pas d'enjeu. Eux, ça les sécurise, ça les rassure. On accepte de déposer
l'amendement.
Des voix : ...
M. Roberge : Excusez-moi.
Excusez-moi pour le lapsus. En ce moment... Je vais répéter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Étirer de 24 additionnels, tiens, on va dire ça comme ça.
M. Roberge : Je vais le
faire. Je vais le faire. Je vais le faire. En ce moment, c'est 24 mois. Les
gens nous ont signifié qu'ils souhaiteraient avoir 48 mois plutôt que 24,
question de prévisibilité. Donc, c'est quelque chose qui, pour nous, ne
présentait aucun enjeu. Il y avait des avantages pour les partenaires. Donc, on
acquiesce à la demande.
Mme Setlakwe : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement?
Oui...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien, pas
d'objection, Mme la Présidente. Mais oui, M. le ministre, mais en même temps,
il y a quand même un pouvoir de la modifier en tout temps au cours de cette
période. Ça fait que, je veux dire, prévisibilité, oui, là, mais avec votre
pouvoir absolu de la changer à six, 12, 18, 24 mois, selon votre capacité
de le faire, c'est ce que la loi prévoit, ça fait que je ne dis pas
nécessairement que vous avez tort, mais je dis il y a quand même un gros élément
qui suit qui dit que, malgré la prévisibilité que vous voulez accorder, cette
décision-là peut être modifiée en tout temps, là.
M. Roberge : Je comprends
l'argumentaire du collègue. Néanmoins, quand on le fait, on le pense pour
48 mois, on le conçoit pour 48 mois. Les gens s'attendent à ça. C'est
quand même différent que quand on dit : Ce qu'on dit, c'est valable pour
24 mois. Donc, peu de temps après l'avoir énoncé, déjà on est en réflexion
pour le revoir, pour le changer, est-ce qu'on le maintient ou pas. Donc, voilà,
c'est ce que les gens ont demandé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres commentaires? Oui. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Puis, dans
le fond, comme vous dites, là, c'est un truc maximal. Là, vous avez fait pour
le PEQ, si je ne m'abuse, pour huit mois, là, ou en tout cas quelque huit mois,
donc ça va être applicable au cas par cas. On ne peut pas présumer que vous
prendrez des décisions de gestion pour 48 mois. En fait, ça me semble hasardeux,
voire difficile, de penser que vous pourriez prendre une décision de gestion
qui dure quatre ans, considérant la modification des volumes. J'ai
l'impression, puis je peux me tromper, que vous allez plutôt y aller à coup de
modifications de décisions de gestion en vertu des niveaux puis des volumes que
vous recevez dans une année donnée ou en vertu de l'inventaire, notamment comme
sur la base du PEQ. Vous saviez que vous alliez avoir probablement
15 000 sélections à faire déjà dans le traitement, vous suspendez la
période de réception pour un six, huit mois. Mais je ne vous aurais jamais vu
suspendre le PEQ pour 48 mois par exemple, là. C'est vraiment un maximum
qu'avec égard vous risquez peu d'utiliser, dans le contexte où vous ne pouvez
pas prévoir aujourd'hui pour quatre ans de planification, là.
M. Roberge : Bien, on va
faire dans quelques mois la planification pluriannuelle sur plusieurs années,
on espère justement faire un travail qui est le plus rigoureux possible. On va
faire un travail qui est rigoureux avec un maximum d'informations. On aura plus
d'informations que précédemment. On va toucher le temporaire, on va toucher le
permanent puis on va essayer de donner un maximum de prévisibilité. La loi va
en ce sens-là.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Mais les récentes décisions de gestion du ministère allaient rarement même à
24 mois, là, à ma connaissance.
M. Roberge : C'est qu'en ce
moment on est dans une période charnière. On est sortis la pandémie, il y a eu
des bouleversements économiques, il y a eu, écoutez, l'arrivée massive de
migrants temporaires depuis quelques années, de manière, je vous dirais,
incontrôlée de la part du fédéral, beaucoup de bouleversements, tellement que
la dernière planification pluriannuelle par mes prédécesseurs,
exceptionnellement, sachant qu'on est dans une période transitoire, a
dit : On va le faire sur deux ans, d'habitude, c'est plus que ça, on va le
faire sur deux ans. Donc on anticipait qu'on était dans une période
transitoire. Là, on veut revenir à quelque chose qui est plus sur du long
terme, on annonce nos couleurs.
M. Cliche-Rivard : Puis vous
estimez justement que la planification... meilleure planification temporaire va
vous permettre de facto d'avoir une meilleure planification du permanent?
M. Roberge : Bien, je pense
qu'en ayant plus d'informations, plus d'outils législatifs, une planification
pluriannuelle qui intègre les deux types d'immigration, on devrait être
capables d'avoir une meilleure prévisibilité.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
qu'il y avait eu récemment des décisions de gestion qui allaient jusqu'à
24 mois auprès du MIFI?
M. Roberge : Il faudrait que
je voie, là. Je ne sais pas, «dernièrement, ça veut dire quand, là. Il faudrait
analyser toutes les autres décisions.
M. Cliche-Rivard : Bien,
disons, dans...
M. Roberge : Je ne sais pas.
Dans les derniers mois, les dernières années, je ne peux pas vous dire.
M. Cliche-Rivard : Disons
depuis 2020?
• (19 h 40) •
M. Roberge : Juste dans
l'intervalle pendant qu'on trouve la réponse, en ce moment, c'étaient
24 mois. Comme vous dites, c'est un maximum. Là, à la demande des gens, on
met un maximum de 48 mois, mais on n'y sera pas contraints.
M. Cliche-Rivard : En effet.
M. Roberge : On n'y sera pas
contraints, mais on se... on se donne davantage de latitude pour essayer de
prendre des décisions qui donnent un peu plus...
M. Roberge : ...plus de
visibilité à moyen et long terme. En même temps, s'il est pertinent qu'une
décision se fasse sur 12 mois, on le fera sur 12 mois, mais au moins
on sera capable d'aller plus qu'à 24 mois, tout simplement ici. On ne
refait pas le monde avec cet amendement-là, là.
M. Cliche-Rivard : On est
d'accord là-dessus.
Une voix : ...
M. Roberge : Bon, on me dit
que, sur le regroupement familial, en juin dernier, on a publié une décision
qui était valide 24 mois. C'était le maximum prévu par la loi à ce
moment-là.
M. Cliche-Rivard : Avec le
maximum de réception des demandes jusqu'à un maximum. Oui, c'est ça. Parfait.
Ça fait que, là, eût été un 48 mois là, vous auriez pu décider que c'était plus
qu'il y a 24 mois, par exemple, c'est un exemple où, effectivement, le
24 mois était déjà utilisé. C'est un exemple. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? Si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Nous revenons donc à l'article 4, tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 4? M. le
député d'Acadie? L'Acadie ou d'Acadie?
M. Morin : Oui. Bien, Acadie,
mais ça peut être de l'Acadie, c'est correct.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est beau, c'est comme des Plaines, mais on dit Les
Plaines.
M. Morin : Mais c'est de
l'Acadie à Montréal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est bon. Allez-y.
M. Morin : Ce n'est pas
l'Acadie au Nouveau-Brunswick. Voilà. Donc, merci, Mme la Présidente. Écoutez,
M. le ministre, j'ai... il y a un élément que j'aimerais que vous puissiez
m'expliquer. Dans la loi actuelle, à l'article 52, parce que
l'article 4 de votre projet de loi modifie 52, et, dans la loi actuelle, à
52, on parle des décisions du ministre prises en vertu de 50 ou 51, et le début
de votre article 4 qui modifie l'article 52 est au même effet. Ça
dit : «peut s'appliquer à une catégorie, un programme d'immigration ou un
volet d'un tel programme.» Sauf que, dans la loi actuelle, on dit : «une
décision du ministre prise pour des motifs humanitaires ou pour assurer une
diversité de provenance, des déclarations d'intérêts ou des demandes de
sélection, peut, de plus, s'appliquer à un pays, une région, etc.» Et dans le
projet de loi, cet élément-là, la diversité des provenances ou des demandes de
sélection, vous l'avez mis... vous l'avez modifié par l'article 3 puis vous
l'avez mis dans l'article 50. Est-ce qu'il y a une raison particulière? Ça
ne fonctionnait pas dans 52 de la loi actuelle?
M. Roberge : Je vais laisser
M. Roy répondre.
M. Morin : C'est bien
parfait.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Me Roy.
M. Roberge : Me Roy, merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Roy.
M. Roy (Gabriel) : Merci, Mme
la Présidente. En fait, effectivement, l'idée, c'est que cet élément-là a été
déplacé à l'article 50. L'article 50 énonce les différentes
considérations qui peuvent être prises en compte pour la prise de décisions
pour une décision de gestion des membres. Donc, à 52, ce qui est la
proposition, c'est d'énoncer vraiment juste une règle générale de : quelle
est la portée du pouvoir des décisions de gestion des membres? Donc, on
conserve, là, l'application de catégorie programme ou volet puis on mentionne
que c'est toute distinction jugée utile.
Donc, on a retiré les alinéas deux et
trois, qui étaient des exemples spécifiques, pour s'en tenir à l'énonciation
d'une règle générale d'application, selon toute distinction jugée utile.
Cependant, cet élément-là, de tenir compte d'une diversité de provenance des
déclarations... des demandes de sélection était quand même jugé un élément...
pouvait se comprendre comme une forme d'objectif sous-jacent qui était
pertinent de conserver à l'article où la liste des objectifs sous-jacents est
placée.
M. Morin : D'accord. Est-ce
que... dans la loi actuelle, est-ce que ça a posé des problèmes
d'interprétation ou...
M. Roy (Gabriel) : Cet
élément spécifique là?
M. Morin : Oui, oui, qui est
à 52, mais qui se retrouve maintenant à 50.
M. Roy (Gabriel) : Pas cet
élément-là, non. Non, ça ne posait pas de problème d'interprétation.
M. Morin : O.K. Donc, je
comprends que vous avez préféré l'insérer dans les différents, finalement,
critères qui peuvent être utilisés pour une prise de décision, et c'est la
raison pour laquelle vous l'avez mis à l'article 50.
M. Roy (Gabriel) : Effectivement,
on a préféré vraiment le cadrer comme étant la liste des considérations,
disons, relatives à des objectifs législatifs généraux dans l'exercice d'un
pouvoir discrétionnaire. Donc, c'est une considération qui est... qui va être
cadrée dans ce sens-là.
M. Morin : O.K. Parfait. Je
vous remercie.
M. Roy (Gabriel) : Je vous en
prie.
M. Morin : Merci, maître.
Maintenant, avec l'article 52 tel que prévu au projet de loi...
M. Morin : ...projet de loi,
la décision que vous pouvez prendre, M. le ministre, à 50 ou 51... Puis je
comprends qu'à 50, 51 on est dans le chapitre 5 de la Loi sur
l'immigration. Donc, ça traite de la procédure et de la gestion des demandes en
général pour l'ensemble de la loi et pas uniquement pour les étudiants. Est-ce
que je me trompe?
M. Roberge : Exactement. Ce
sont des dispositions générales. Tantôt on va aller dans le particulier, mais
là on est encore dans les dispositions générales... ne touchent pas seulement
les étudiants étrangers.
M. Morin : D'accord, c'est ma
compréhension. Avec 52, tel que vous voulez le modifier, ça dit que vos... les
décisions que vous pouvez prendre à 50 vont pouvoir s'appliquer à une
catégorie. Donc, une catégorie, ici, c'est une catégorie d'immigrants?
M. Roberge : Oui. C'est ça.
C'est les catégories prévues par la loi, c'est ça.
M. Morin : O.K. Ou à un
programme ou à un volet d'un tel... Donc, ça pourrait être une partie d'un
programme.
M. Roberge : Exactement.
M. Morin : O.K. Et puis là,
après ça, on rajoute : «Elle peut varier en fonction de toute distinction
jugée utile et prévoir des exceptions.» Mais les exceptions... En tout cas,
moi, je ne vois pas qu'elles sont définies. Ça peut être n'importe quoi?
M. Roberge : Mais il peut y
avoir différentes exceptions, effectivement. Puis après ça on dit : «Elle
doit préciser les motifs qui la justifient.» Donc, si on a une distinction
autre, il faudra établir les motifs. Mais l'idée, c'est être capable
justement... d'être capable de faire... de prendre les décisions en fonction du
contexte changeant puis de ne pas essayer de tout prévoir dans la loi, puis
après ça de venir pour agir puis de ne pas pouvoir le faire.
M. Roberge : Je comprends.
Une voix : ...
M. Roberge : Bien, ça va.
C'est correct, on...
M. Morin : O.K., parfait.
J'avais l'impression que vous vouliez rajouter quelque chose, mais je me suis
trompé. Donc, en fait, quand on regarde 50, le ministre peut prendre une
décision en ce qui a trait à la réception et au traitement des demandes, puis,
cette décision-là, vous allez la prendre en tenant compte d'orientations et
d'objectifs à votre plan annuel, des besoins économiques, de la main-d'œuvre,
favoriser une diversité de demandes, considérations humanitaires, toute
situation susceptible de compromettre la santé et le bien-être. On a,
évidemment, rajouté la question de la langue française, la langue commune. Puis
ça, vous pouvez... ça peut s'appliquer à une catégorie, un programme. Ça peut
être selon toute distinction jugée utile. Vous pouvez même prévoir des
exceptions, que vous allez devoir justifier. Donc, au fond, avec ces deux
dispositions là, vous avez le pouvoir absolu de faire tout ce que vous voulez
dans le domaine de l'immigration, là, complètement.
M. Roberge : Bien, je ne
dirais pas «pouvoir absolu», mais ça vient donner de la marge de manœuvre pour
être capable de tenir compte des critères parce que... précédents, là, quand...
Précédemment, on vient dire qu'il faut prendre compte des orientations, du plan
annuel à des besoins de diversité humanitaire, des déconsidérations
humanitaires. On va prendre en compte, très bien. Après, quand on arrive dans
l'article suivant, celui que nous étudions maintenant, bien, on dit :
Bien, il faut être capable de faire varier la décision en fonction de toutes
ces distinctions-là. De prendre en compte les choses, c'est une idée, c'est
bien de tenir compte de quelque chose, mais après ça il faut être capable, dans
la finesse d'une prise de décision... bien, d'être capable d'adapter la
décision en fonction de critères qu'on décide de mettre de l'avant. Sinon, je
veux dire, je prends en compte quelque chose, mais je n'ai pas les moyens d'ajuster
l'action gouvernementale. Donc, l'objectif ici, c'est d'être capable d'ajuster
l'action gouvernementale en tenant compte de tous ces considérants-là. Je l'ai
dit tantôt, hein, le trois, c'est des considérations vraiment plus générales,
le quatre, ça nous donne des moyens d'agir, puis le cinq, on s'en va
directement sur la notion spécifique d'étudiants étrangers puis on tombe dans
des critères. Donc, ici, le 4 nous parait... nous permet d'opérationnaliser
dans l'administration des programmes, dans l'action gouvernementale...
M. Roberge : ...les principes
qu'on a énoncés dans le 3.
• (19 h 50) •
M. Morin : Et qui
s'appliquent à l'ensemble de la gestion de l'immigration au Québec, et pas
uniquement aux étudiants étrangers.
M. Roberge : Exactement.
M. Morin : Donc,
théoriquement, vous pourriez décider que, pour des besoins économiques dans une
région, ils ont besoin de tant de travailleurs étrangers, puis vous avez tous
les pouvoirs pour le faire.
M. Roberge : Je ne sais pas
si on a tous les pouvoirs. Tous les pouvoirs, c'est un peu large, là, mais je
pense qu'on a des pouvoirs nécessaires. Il faut faire attention, là, on
respecte le cadre légal, on respecte les droits de la personne, on respecte la
CNESST. Tu sais, je veux faire attention, là, ce n'est pas... ce n'est pas un
bulldozer, là, qui fait qu'on ne respecte plus rien là. Mais, oui, il y a plus
d'agilité gouvernementale pour être capables de... d'ajuster l'action,
d'ajuster des programmes pour tenir compte des besoins, puis, honnêtement,
c'est ce qu'on souhaite.
M. Morin : Oui, clairement,
hein? Ça, vous l'avez exprimé. Puis... puis je ne vous dis pas que c'est
arbitraire, là, ce n'est pas ça que j'ai dit. C'est parce qu'il y a un...
visiblement, il y a un cadre... il y a un cadre juridique, sauf que ce cadre
juridique là ne semble pas avoir de limites, si ce n'est certaines dispositions
de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Mais... Et puis
les paramètres, les barèmes, les exceptions, vous pouvez les utiliser, il n'y
en a pas de notés, donc celles que vous voulez, vous devez les justifier.
Évidemment, c'est une exception. Donc, ça... comment... puis comment vous allez
déterminer ça? Vous allez être en contact avec les gens sur le terrain? Comment
vous allez faire? Parce qu'encore là, c'est... c'est beau de prendre des
décisions... Par exemple, au niveau des considérations humanitaires. Parce que
là, à 52, vous allez être capables d'appliquer ça à un programme d'immigration.
M. Roberge : Bien sûr.
M. Morin : Vous pourriez
utiliser, quoi, des considérations humanitaires pour augmenter le nombre
d'immigrants dans des situations difficiles qui peuvent arriver sur le sol
québécois, ou l'inverse?
M. Roberge : Bien, il faut
quand même respecter la planification pluriannuelle puis, ensuite, la
planification annuelle, hein? Il y a la planification pluriannuelle, puis,
après ça, à chaque année, on fait des planifications... Il y a quand même un...
un cadre. Donc, quand on dit qu'on a une grande marge de manœuvre, correcte, ne
pas faire n'importe quoi. Mais l'objectif, c'est d'être capables de tenir
compte d'enjeux. Il peut y avoir une crise humanitaire, il peut y avoir...
écoutez, qu'est-ce qu'il peut y avoir... qu'on ne prévoit pas nécessairement
toujours en matière d'immigration. Il pourrait y avoir des... des problèmes où
on... on se rendrait compte que, dans un secteur donné, il y a des travailleurs
étrangers temporaires dont les droits ne sont pas respectés, on pourrait
vouloir agir dans ce domaine-là. Il peut... il peut survenir un paquet de
situations pour lesquelles on veut agir.
M. Morin : Oui, mais
prenons... prenons le cas de figure où vous avez des travailleurs temporaires
dont les droits fondamentaux ne sont pas respectés, ou les droits inhérents
qu'un travailleur doit avoir au Québec parce que la loi s'applique pour tous.
Donc, vous allez faire quoi? Vous allez limiter leur nombre?
M. Roberge : Bien, par
exemple... Excusez moi, là, j'ai... j'ai manqué un petit bout, là. Allez-y.
M. Morin : Oui. Non, non,
mais ce n'est pas grave, je vais recommencer. Parce que vous avez... vous avez
dit, bien, ça pourrait être dans le cas, par exemple, des travailleurs
temporaires dont les droits ne sont pas respectés. Je comprends, mais est-ce
que ça, ça vous permet de modifier, par exemple, leur type de permis, donc d'un
permis fermé à un permis ouvert, pour que le travailleur puisse aller
travailler ailleurs, ou lui donner un autre permis, ou si vous allez limiter le
nombre de travailleurs temporaires? Parce que si c'est les droits des
travailleurs qui ne sont pas respectés, puis que vous limitez le nombre, ça
n'aide pas personne, là, puis il y a d'autres lois, au Québec, pour régler ces
cas-là. Ça fait que j'essaie juste de comprendre.
M. Roberge : Ici, on n'est
pas... on parle de réception des demandes, on n'est pas en train de... ce n'est
pas un pouvoir absolu de refaire tous les programmes ou de faire fi des
programmes existants. On parle de tenir compte d'un paquet de critères dans la
réception des demandes.
M. Morin : Oui, donc la
réception des demandes qui proviennent d'un travailleur étranger, par exemple,
non?
M. Roberge : Oui.
M. Morin : Oui. C'est ça.
M. Roberge : Mais c'est quoi,
votre question?...
M. Morin : Bien, c'est parce
que... Ma question, ma question, c'est que vous dites, par exemple, un
travailleur dont les droits ne seraient pas respectés, vous pourriez utiliser
ça pour corriger la situation.
M. Roberge : Mais on... on
pourrait dire...
M. Morin : ...puis là, moi,
ce que j'essaie de comprendre, c'est ce que vous allez faire.
M. Roberge : Bien, on
pourrait dire, s'il y a une enquête sur un... sur un employeur, ou on pense...
M. Roberge : ...problème pour
les employeurs, bien, on pourrait cesser de traiter les demandes de cet
employeur pour recevoir des travailleurs étrangers temporaires.
M. Morin : O.K.. Puis
présentement, vous n'avez pas d'autre moyen pour garantir ça?
M. Roberge : On vient baliser
ça ici. Est-ce que ça veut dire on... Vous me demandez un exemple, ça pourrait
être utilisé de cette manière-là. Est-ce qu'il y a d'autres moyens de le faire?
C'est possible. Mais là, je vous donne un des exemples d'une latitude.
M. Morin : O.K. Parfait. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il d'autres interventions sur l'article
quatre, tel qu'amendé? M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Juste... On est d'accord, là, vous dites au début «une décision
de gestion peut s'appliquer sur les catégories, les programmes d'immigration et
les volets.» Ça, c'est clair, là. Ensuite, «elle peut varier en fonction de
toute distinction jugée utile», ça, ça vous permet donc de faire toute
distinction à l'intérieur d'une décision de gestion, là. Donc, par exemple, un
volet précis, puis c'est ce qu'on disait tantôt, là, mettons, vous décidez que
vous suspendez les réceptions de PEQ Diplômés universitaires. C'est la ligne,
là, là, «elle peut varier en fonction de toute distinction jugée utile», qui
vous permet de faire ça? C'est cette ligne-là?
M. Roberge : Oui. Ça nous permet
de faire ça.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
O.K. Et cette distinction-là ou «toute distinction jugée utile», dans son
esprit, on s'y réfère quand même, à la liste qu'on a vue tantôt sur la vitalité
du français, sur les besoins de diversité, sur les considérations humanitaires,
sur les orientations. On devine que, si vous avez fait une liste quand même à
50, ce n'est pas exclusif, mais que principalement, vos critères de fonction ou
de variabilité sont... sont là.
M. Roberge : Bien, c'est ça.
Ce qu'on vient de faire à l'article trois, tel qu'il modifiait 50, c'est bien
ça, c'est des considérations générales, les grands principes, puis là, on est
comme en sandwich, là, l'article deux d'une série de trois, puis, à l'article
suivant, on sera davantage un peu plus dans des catégories un peu plus
précises.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
là, ça, ça permettra toute distinction, là, même... même sur l'âge, par
exemple? Vous pourriez décider de faire une décision de gestion, dans le
regroupement familial, que ça s'arrête à 50 ans?
M. Roberge : Bien, je pense
qu'il faut prendre garde. Cependant, j'ai... la Charte des droits continue
s'appliquer dans le respect de toutes les lois, là. On n'arrive pas ici avec
une loi qui fait fi des droits de la personne puis de nos chartes, là, quand
même.
M. Cliche-Rivard : Mais, dans
le respect des chartes, vous pourriez à peu près prendre n'importe quelle
distinction sous argument, à la limite, qui ne serait pas jugé utile. Mais,
«jugé utile», ça veut dire un petit peu tout, là, quand même.
M. Roberge : Bien, quand
même, il faudrait que ce soit jugé utile, il faut être capable de préciser les
motifs qui le justifient, donc publiquement.
M. Cliche-Rivard : Quand
même. Excellent.
M. Roberge : Il faut
respecter nos chartes, évidemment, et les autres lois, là. On précise la charte
mais je pourrais dire d'autres lois, évidemment. On n'est pas... On n'est pas
hors du monde.
M. Cliche-Rivard : Et
préciser les motifs, ça, c'est des motifs qui sont publiés en même temps à même
l'arrêté, là?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : Les gens
ont connaissance des motifs?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : Comme
n'importe quel arrêté, là, «considérant, considérant, considérant, il y prit la
décision suivante.» Puis là, bien, on voit l'application de la nouvelle... du
nouvel article 52. On va pouvoir suivre le raisonnement logique.
M. Roberge : C'est
effectivement la manière de faire, les considérants, les explications, donc les
motifs qui sous-tendent la décision.
M. Cliche-Rivard : Ces
décisions de gestion là sont prises, vous avez dit, là, avec... bien là, quand
c'est vous tout seul, c'est un arrêté?
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : C'est tout
pour 52? C'est tout le monde?
M. Roberge : Voilà. C'est ça.
M. Cliche-Rivard : Mais à...
Mais tantôt, là, vous êtes juste sur les étudiants étrangers, mais là, on est
avec tout le monde, permanents, temporaires?
M. Roberge : Oui, oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ça?
M. Roberge : Oui.
• (20 heures) •
M. Cliche-Rivard : Cette
décision-là, donc, peut être... peut être prise par le ministre seul, sauf si
ça concerne les étudiants étrangers?
M. Roberge : C'est ça. C'est
par arrêté.
M. Cliche-Rivard : Par
arrêté?
M. Roberge : Quand c'est
le... Quand c'est...
M. Cliche-Rivard : Le
ministre seul?
M. Roberge : ...des choses
qui ne touchent... qui ne touchent pas les étudiants étrangers, par décret.
M. Cliche-Rivard : Par
décret?
M. Roberge : Quand ça touche
les étudiants étrangers, en proposition, toujours soutenue par le ministre responsable
du dossier.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
quand ça dit : «De plus, le ministre publie toute décision sur support
qu'il juge approprié», ça, c'est en plus de l'arrêté?...
20 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...ou l'arrêté,
c'est le support jugé approprié?
M. Roberge : Non, je pense
que c'est l'arrêté.
M. Roy (Gabriel) : La
décision, c'est l'arrêté. Donc, c'est l'arrêté qui est publié.
M. Roberge : C'est ça. C'est
l'arrêté qui est publié avec...
M. Cliche-Rivard : L'arrêté
est publié.
M. Roberge : ...comme on l'a
dit avec les considérants, tout ça.
M. Cliche-Rivard : Mais un
arrêté est toujours publié?
M. Roy (Gabriel) : Non.
M. Cliche-Rivard : Non?
M. Roy (Gabriel) : Pas si la
loi ne le prescrit pas spécifiquement. Il faut que l'arrêté soit... Il faut que
la loi prescrive que l'arrêté soit publié pour que ce soit une exigence.
M. Cliche-Rivard : O.K., O.K.
Donc, s'il n'y avait pas cette phrase-là, nécessairement, on ne le saurait
peut-être... bien, on le saurait parce qu'il n'y aurait pas de demande qui
rentre, là, on le saurait invariablement, mais... dans le sens où les demandes
seraient retournées, ce serait un petit peu contre-efficace, mais, s'il n'y
avait pas ce libellé-là ou si ça, ce n'était pas écrit là, on n'aurait pas de
garantie que le ministère publierait les arrêtés?
M. Roy (Gabriel) : Effectivement.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
ça, c'était déjà le cas, de toute façon, ce n'est pas nouveau, ça, le ministère
publie ses arrêtés...
M. Roy (Gabriel) : Oui, cette
règle-là est une reprise de ce qui est dans la loi actuellement.
M. Cliche-Rivard : Bien oui,
puis il faut, là.
M. Roy (Gabriel) : Oui, oui.
M. Cliche-Rivard : Je veux
dire, le monde ne peuvent pas... si tu reçois ta demande, là, elle est
retournée puis tu ne sais pas trop pourquoi, ça n'aurait pas de bon sens. C'est
tout pour moi, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. D'autres interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci. Bien,
j'ai un cas de figure en tête, M. le ministre, vous n'allez peut-être pas l'aimer,
mais je vais vous la poser pareil. Vous avez un secteur économique, et là on
est dans le chapitre où on ne parle pas que des étudiants, on parle des
travailleurs... des immigrants en général, donc travailleurs temporaires, etc.,
différents programmes, et on a rajouté dans les décisions que... les critères
que vous pouvez utiliser notamment la capacité d'accueil, l'intégration, le
français comme langue commune, d'ailleurs j'en suis très fier, mais vous vous
rendez compte que, dans un secteur économique, vous avez un nombre important d'immigrants
qui ne parlent pas français puis, comme par hasard, vous avez des gros délais
en francisation, puis ça coûte cher, puis que vous dites, bien : Woups!
ils ne seront pas capables de parler français, alors, moi, en vertu de 52, je
prends une décision, ils n'ont plus de permis, bonjour. C'est possible. Vous
avez ce pouvoir-là.
M. Roberge : Ce n'est pas un
pouvoir de retirer des permis, c'est le pouvoir de traitement des demandes ici,
là.
M. Morin : O.K. Ça fait que
vous avez quelqu'un qui a permis pour un bout de temps mais qu'il faut qu'il
fasse une nouvelle demande. Ça peut arriver, ça.
M. Roberge : Le traitement...
Le renouvellement d'une demande, juste pour être sûr...
M. Morin : Oui.
M. Roberge : Parce que là, ça
serait le traitement d'une demande qui dirait : Bien, on utilise ce
critère... Juste vérifier si, pour le renouvellement, on pourrait utiliser ce
critère-là, vérifier pour être sûr.
Des voix : ...
M. Morin : Vous allez y
penser, hein?
M. Roberge : On va juste
vérifier.
M. Morin : Parce que ça
pourrait être oui, hein?
M. Roberge : Pardon?
M. Morin : Ça pourrait être
oui, hein, la réponse?
M. Roberge : On veut s'en
assurer...
M. Morin : Oui... Non, je
vous... Bien, je vous comprends, je vous comprends.
M. Roberge : On veut s'assurer
avant de donner cette réponse, parce qu'en ce moment on a déjà annoncé une
politique au Québec que le renouvellement de permis pour les TET, au Québec, se
fait après trois ans seulement si on a une exigence de français qui est
respectée. Là, ce que vous me dites, c'est : Est-ce que je peux... Avec
les libellés qu'on a en ce moment, est-ce que le ministre pourrait utiliser
cette nouvelle marge de manœuvre pour dire, dans un secteur donné ou pour un
renouvellement, avant les trois ans, qui est la politique actuelle... dire qu'on
ne renouvelle le permis ou on ne traite la demande de renouvellement de
permis... de CAQ, en fait, que si la personne parle français, on va le... on va
le vérifier.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous voulez qu'on suspende?
M. Roberge : Suspendre
juste pour être sûr de donner la bonne réponse.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je pense qu'on va suspendre quelques instants.
M. Roberge : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Puis on vous donnera la bonne réponse. Alors, on va
suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 06)
(Reprise à 20 h 13)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, au moment de suspendre, M. le ministre, vous aviez la parole.
M. Roberge : Donc, merci, Mme
la Présidente, merci aux collègues pour sa question. Pour être sûr de donner la
réponse qui est juste, on a vérifié. Donc, la réponse simple, c'est non, ce
n'est pas un article, même modifié comme ça, qui pourrait être utilisé pour
utiliser la maîtrise de la langue comme une condition de sélection ou de
renouvellement de permis, ça ne serait pas approprié. C'est par
l'article 9 de la loi, lequel n'est pas changé par la loi actuelle, qu'on
énonce des conditions de sélection. Ça, ce n'est pas... La réponse simple,
c'est non à votre question.
Une voix : ...
M. Roberge : 9 du règlement.
Excusez-moi, c'est l'article...
M. Morin : Ah! l'article...
O.K. Parce que...
M. Roberge : Excusez-moi.
L'article 9 du règlement, désolé.
Une voix : ...
M. Roberge : Bien voyons.
Bon, à gauche, on dit... la droite, on me dit l'autre. On va repartir. Je vais
aller le voir moi-même.
M. Morin : Le 9 de la loi ou
du règlement?
M. Roberge : Bon.
L'article 9, ça dit : Pour chaque catégorie de la loi,... Ça
dit : «Pour chaque catégorie, le gouvernement peut déterminer, par
règlement, des programmes d'immigration et, pour chacun de ceux-ci, des
conditions ainsi que, le cas échéant, des critères de sélection applicables aux
ressortissants étrangers.» Donc, c'est l'article 9 qui nous permet
d'émettre de telles conditions, dont des conditions d'exigences linguistiques.
Cet article-là n'est pas modifié par la loi que nous travaillons en ce moment
ensemble.
M. Morin : Et c'est l'article 9
de la loi.
M. Roberge : De la loi, oui.
M. Morin : Mais pas du
règlement.
M. Roberge : Non.
M. Morin : O.K., parfait.
Excellent.
M. Roberge : Voilà. Merci.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie.
M. Roberge : Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député de Saint-Henri Sainte-Anne... Saint-Henri
Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Mais vous pourriez prendre une décision de gestion qui dit que vous ne recevez
plus de demande de permis de travail ou de renouvellement à quelqu'un qui n'a
pas démontré un niveau 4 de langue française sur l'échelle.
M. Roberge : Pas via cet
article-là. Êtes-vous sûr? Ce n'est pas via... ce n'est pas via cet article-là.
Ce serait déclaratoire. Si la personne dit : Ah! je déclare maîtriser ou
ne pas maîtriser la langue, je déclare avoir tel niveau ou pas tel niveau de
français, ce n'est pas... ce n'est pas l'outil pour vérifier, ce n'est pas
l'outil approprié pour donner des balises...
M. Cliche-Rivard : ...Dans
le sens où vous pourriez le faire. Puis là la personne pourrait déclarer oui.
Puis à sa demande, ça serait traité pareil selon les critères. C'est ça que
vous voulez dire? On a une décision de gestion. On pourrait émettre... Ça
traduit n'importe quel facteur utile. La langue est certainement un facteur
utile. Ça fait que vous pourriez prendre une décision de gestion basée sur un
niveau de français. Est-ce que la loi le permettrait?
M. Roberge : Ce n'est
pas le bon véhicule parce que c'est une question de... d'équité procédurale
pour être capable de vérifier ce qu'on fait, pour être capable de mesurer ce
qu'on fait. Je ne pense pas que ce soit approprié d'utiliser ça pour atteindre
notre objectif quand on a des articles de loi qui permettent de bien le faire,
comme ce qu'on a fait d'ailleurs pour les travailleurs étrangers temporaires,
où on a énoncé des choses à l'avance avec les mécanismes appropriés.
M. Cliche-Rivard : Plus
simple de fonctionner avec la modification du règlement qui édicte que, oui ou
non, ton permis est renouvelé sur telle preuve de niveau de français ou
d'anglais. Je suis complètement d'accord... de français en fait. Ceci dit, de
la manière que c'est rédigé, puis vous l'avez rédigé de manière assez vaste, ça
ne serait pas impossible. Mais vous dites que ça ne serait pas approprié. Ça,
c'est vous, en votre qualité de vous puis de votre analyse, vos personnels qui
disent ça, là, vous l'avez dit hier, ou quelqu'un qui sera dans notre chaise à
un moment donné, là.
M. Roberge : Bien, c'est
qu'on ne pourrait pas le vérifier. Puis oui, effectivement, les ministres
passent. Puis c'est correct, là, tu sais, mais en même temps, les analyses
juridiques restent. Puis quand on dit «toute distinction jugée utile», après
ça, il faut préciser les motifs et le justifier. Mais quand on précise les
motifs qui justifient, il faut aussi, je dirais, expliquer pourquoi on prend
une décision. Puis il faut être capable de la mettre en œuvre, une décision.
Quand on prend une décision gouvernementale, il faut être capable de la mettre
en œuvre, il faut être capable de l'appliquer puis il faut être capable de la
vérifier.
M. Cliche-Rivard : Mais
essentiellement parlant... Essentiellement parlant des décisions de gestion ne
se feront pas sur la base linguistique. Vous allez plutôt utiliser, si vous
voulez faire, puis vous l'avez fait, sur la base de la loi, l'article 9
pour émettre un critère qui va permettre ou non le renouvellement. C'est ça le
bon chemin. Puis on ne devrait donc d'aucune façon, normalement, s'attendre à
ce qu'une décision de gestion établisse un critère linguistique comme une
balise à la réception d'une demande.
M. Roberge : Puis il y
avait... Si on utilisait cette voie-là, il faudrait qu'il y ait aussi d'autres
mécanismes prévus à côté pour vérifier l'applicabilité de la mesure, vérifier
les niveaux de français. Il faudrait que ça vienne aussi avec d'autres choses.
M. Cliche-Rivard : Ça,
c'est sur la décision, sur l'émission ou non un CAQ. Mais si on ne peut pas se
rendre à la décision parce qu'en amont ne seront pas reçues les demandes pour
lesquelles le demandeur n'a pas prouvé la connaissance d'un niveau 4 de
français, on ne se rend pas à la finalité, là, on ne se rend pas à la décision.
Ce que vous dites, c'est qu'on ne fonctionnera pas comme ça s'il n'y a pas un
corollaire d'exigence de niveau de français par règlement.
M. Roberge : Ce n'est
pas mon...
M. Cliche-Rivard : Ça ne
se fera pas.
M. Roberge : Ce n'est
pas mon intention.
M. Cliche-Rivard : Mais
légalement, ça demeure possible.
M. Roberge : Il serait
possible de lier ces décisions-là à une déclaration.
M. Cliche-Rivard : À une
déclaration. Donc, mettons, dans le formulaire Web, là, où on remplit, là, pour
voir l'admissibilité, on pourrait avoir en ligne : Possédez-vous... ou
avez-vous... ou déclarez-vous avoir le niveau de français numéro 4,
niveau 4? Le demandeur va cocher ou pas cocher. S'il ne coche pas, sa
demande, elle ne sera pas reçue. Ça se pourrait, ça.
M. Roberge : Ça se
pourrait.
M. Cliche-Rivard : Ce
n'est pas votre intention, mais légalement on le permet par la modification.
M. Roberge : Ça se pourrait.
M. Cliche-Rivard : Mais vous,
vous me donnez une l'assurance que vous ne fonctionnerez pas comme ça. Vous
allez modifier le règlement, le cas échéant. Vous l'avez fait.
M. Roberge : Bien, je
vous dis que ce n'est pas le chemin, en tout cas, certainement pas seul. Il
faudrait qu'il y ait d'autres mesures autour.
M. Cliche-Rivard : Puis
les mesures de renouvellement, là, avec le niveau de français, ce n'est pas
entré en vigueur encore, ça.
• (20 h 20) •
M. Roberge : Ce n'est
pas encore entré en vigueur, non.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
qu'on connaît la date d'entrée en vigueur?
M. Roberge : Ça devrait
être...
Une voix : ...
M. Roberge : C'est ça.
Ce n'est pas encore déposé.
M. Cliche-Rivard : Pas
encore.
M. Roberge : On est en
rédaction de ça. Donc, je vais me garder de l'énoncer. L'intention est énoncée.
La rédaction, j'ai vu des textes, mais ce n'est pas déposé encore.
M. Cliche-Rivard : O.K.
En rédaction de la modification réglementaire.
M. Roberge : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : Ça va
être par règlement au sens de l'article 9 qu'on a vu tantôt, là.
M. Roberge : Bien là, je
ne me souviens pas en vertu de quel numéro de l'article, mais on est en train
de rédiger un règlement.
M. Cliche-Rivard : C'est
en vertu de 9?
M. Roberge : Ça va être
en vertu de 9.
M. Cliche-Rivard : Merci...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Alors, est-ce que d'autres interventions sur
l'article 4 tel que modifié? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 4, tel que modifié, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci beaucoup. Alors, je dois demander votre
consentement pour que l'on poursuive avec l'article 5 qui était suspendu.
Consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre. Vous pouvez faire la lecture de
l'article 5.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. On y va donc avec l'article 5. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 52 du suivant : 52.11 Une décision du
Gouvernement concernant les demandes présentées à titre d'étudiants étrangers
est prise sur la recommandation du ministre, après consultation du ministre de
l'Éducation, du Loisir et du Sport et du ministre de l'Enseignement supérieur,
de la Recherche, la Science et de la Technologie selon leurs compétences
respectives. Malgré le premier alinéa, une telle décision doit être prise sur
la recommandation conjointe du ministre et selon leurs compétences respectives
du ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et du ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et la Technologie dans
les cas suivants : elle porte sur la suspension et la réception ou du
traitement de demandes; elle porte sur le nombre maximal de demandes que
recevra le ministre, si ce nombre maximal est fixé en fonction d'une
distinction, notamment d'une région du Québec, d'un ordre d'enseignement, d'un
cycle d'études, de services éducatifs, d'une catégorie d'établissements
d'enseignement, d'un centre de services scolaire, d'un établissement
d'enseignement ou d'un programme d'études, ou si des exceptions sont prévues.
Donc, l'article 52.1 de la Loi sur
l'immigration du Québec, proposé par l'article 5 du projet de loi actuel,
prévoit les cas où les décisions de gestion, les demandes présentées à titre
d'étudiant étranger sont prises sur recommandation du ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, après consultation du
ministre de l'Éducation et du ministre de l'Enseignement supérieur et ceux où
elles doivent être prises sur recommandation conjointe du ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration et, selon leurs
compétences respectives, du ministre de l'Éducation et du ministre de
l'Enseignement supérieur.
Si vous permettez, Mme la Présidente, je
lirais l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. On a un amendement.
M. Roberge : Donc,
l'amendement à l'article 5 qui modifie l'article...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il est là? Oui, vous le voyez, il est devant
vous.
M. Roberge : ...52.1. Insérer,
dans le paragraphe deux du deuxième alinéa de l'article 52 de la Loi sur
l'immigration du Québec, proposé par l'article 5 du projet de loi et après
«d'un ordre d'enseignement», «d'une langue d'enseignement».
Donc, voilà. Donc, ici, on touche spécifiquement
la question des étudiants étrangers. Depuis quelques articles, le 3 et le 4, on
avait des considérations à portée plus large, qui considéraient plusieurs types
de programmes, pas seulement la notion d'étudiants étrangers. Là, bien, on s'en
vient davantage dans le particulier et on y va sur, je vous dirais, des
critères ou des distinctions. Dans ce cas-ci, on parle de distinction puis on
ajoute la notion langue d'enseignement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. On va prendre... je vais prendre les
interventions sur l'amendement. Alors, est ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement? M. le député l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage sur le... en fait, le
critère que vous venez d'ajouter, et pourquoi n'était-il pas là au départ, et
qu'est ce qui a fait que vous avez décidé de l'ajouter?
M. Roberge : Eh bien, c'est,
je vous dirais, parce que la réflexion s'est poursuivie. C'est aussi, après
avoir écouté les commentaires du Commissaire à la langue française, qu'on a
voulu l'écrire de manière explicite dans la liste de distinctions qu'on
retrouve dans le deuxième alinéa. Je pense, c'est important de le mentionner.
Tout à l'heure, plus tôt dans la journée, on a parlé, là, de la difficulté que
vit... ou des difficultés que vit la langue française en ce moment au Québec.
Donc, je pense que considérer les régions, considérer les ordres
d'enseignement, considérer les cycles d'études, c'est important. Et, je pense,
il faut aussi considérer la langue.
M. Morin : O.K. Donc, je
comprends que... évidemment, là, on parle du nombre maximal de demandes que
recevra le ministre. Quand vous parlez du nombre maximal de demandes, c'est le
nombre maximal avant que vous ayez...
M. Morin : ...émis, par
exemple un CAQ, c'est des demandes que vous recevez ou si c'est des permis que
vous émettez?
M. Roberge : Nous, on émet
des CAQ, certificats d'acceptation du Québec.
M. Morin : Ah! c'est ça,
bien, ce que j'ai appelé les CAQ, là, les CAQ, exact.
M. Roberge : Oui, c'est ça,
CAQ, les CAQ, peu importe. Et les permis d'études, c'est le fédéral qui les
donne. Donc, on parle ici...
M. Morin : Oui, à la toute
fin, exact.
M. Roberge : Quand on
parle : nombre maximal de demandes, c'est des demandes de CAQ.
M. Morin : O.K. Donc, c'est
ça. Alors, c'est ça, c'est des demandes de CAQ. O.K. Et donc vous pourriez
décider... parce que, là, avec cette disposition-là, vous allez particulariser.
Donc, vous pourriez décider, par exemple, que, pour tel établissement
d'enseignement universitaire, vous allez mettre un nombre X de CAQ.
M. Roberge : Vous dites
que...
M. Morin : Pour tel type
d'établissement universitaire, vous pourriez émettre un nombre X de CAQ.
M. Roberge : Le gouvernement
pourrait effectivement, bien, c'est ce que dit exactement l'article, on
pourrait tenir compte de différents critères.
M. Morin : Exact.
M. Roberge : On pourrait y
aller en tenant compte des... en fait, c'est ce qu'on vient de lire,
effectivement, on peut tenir compte de l'ordre d'enseignement, on pourrait
tenir compte d'un cycle d'études, etc., puis émettre un nombre maximal de CAQ
en considérant tout ceci, après analyse, de concert avec le ministre
responsable.
M. Morin : Oui, exact. Mais
là vous pourriez viser un établissement d'enseignement, vous pourriez viser un
programme au sein d'un établissement d'enseignement.
M. Roberge : Bien,
effectivement, oui, on dit «d'un établissement» puis, après ça, on dit «d'un
programme études».
M. Morin : C'est ça, ç'est
ça. Donc, théoriquement, vous pourriez dire... puis si c'est adopté...ça risque
d'être adopté, vous pourriez regarder avec... je comprends, avec la ministre de
l'Enseignement supérieur et de dire : Pour telle université, tel
programme, on vous émet tant de CAQ.
M. Roberge : Un nombre
maximal, exactement.
M. Morin : Oui, oui, un
nombre maximal, mais...
M. Roberge : On pourrait
dire : Bien, pour tel programme de telle institution, on pourrait aller...
parce que c'est un pouvoir qui est possible, on pourrait aller dire : Bien
pour tel programme ou pour tel établissement, effectivement, on va émettre, je
ne sais pas, moi, 200 CAQ l'an prochain.
M. Morin : Ou 50.
M. Roberge : Ou 50.
M. Morin : O.K. Et en
rajoutant la langue d'enseignement, vous pourriez évidemment limiter le nombre
de CAQ par université.
M. Roberge : Bien, par...
c'est déjà là en fonction d'un établissement d'enseignement.
M. Morin : C'est ça. Donc,
vous pourriez dire, par exemple à Bishop's : — puis Bishop's
sont venus nous voir en commission parlementaire, puis il y avait déjà des
problèmes — on va vous émettre tant de CAQ
M. Roberge : On pourrait le
faire pour tous les établissements d'enseignement. On pourrait le faire pour
Bishop's, on pourrait le faire pour... mettez ici... c'est comme une dictée
trouée, là, nous pouvons le faire pour établissements désignés.
M. Morin : O.K. Et ça
pourrait même aller pour un... Est-ce que c'est ce que je dois comprendre par
cycle d'études? C'est-à-dire que vous pourriez dire : Pour telle
université, à la maîtrise, on va... par exemple, maîtrise, je ne sais pas, moi,
en sociologie, on va vous en émettre tant?
M. Roberge : Oui, en fait,
c'est ça, il s'agit... sur un nombre de demandes que recevra la ministre, c'est
ça, en fait, c'est ça, on ne les émet pas, on les accepte, peu importe. Voilà.
Puis je pense que ça répond à une des préoccupations de votre collègue, parce
que, plusieurs fois depuis le début de l'étude, elle a dit : Oui, mais là
est-ce que c'est possible de protéger des cycles supérieurs ou est-ce que ça va
être mur à mur? Est-ce que ça va être juste par institution? Bien, ici, on voit
qu'on peut y aller en fonction du cycle d'études.
• (20 h 30) •
Donc, la ministre de l'Enseignement supérieur,
après consultation du réseau, après analyse, pourrait arriver et dire :
Attention à protéger tel ou tel secteur. On a des secteurs de pointe, on a des
cycles d'études particuliers, on a des programmes de maîtrise incroyables. On
veut protéger ci, on veut protéger ça. On n'est plus obligé de faire du mur à
mur, on est capable de traiter de la question de l'explosion du nombre
d'étudiants étrangers à l'échelle du Québec puis d'aller peut-être réduire dans
certains secteurs, tout en protégeant les secteurs qui sont porteurs ou qui
sont cruciaux...
20 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...qui sont
importants.
M. Morin : Puis les secteurs
porteurs et cruciaux, ils sont définis par le gouvernement?
M. Roberge : Ils sont
définis, comme on l'a vu à l'article 1, on l'a fait ensemble... donc, c'est, à
la fin, recommandation conjointe, ministre de l'Immigration, le ministre
responsable, et ça doit être adopté par le gouvernement. Donc, c'est une
décision de l'ensemble du gouvernement. Au bout du compte, ça veut dire, tout
le monde est autour de la table, là, Culture, Environnement, Économie,
évidemment.
M. Morin : C'est... c'est ça,
c'est ce que je dis, le gouvernement, mais pas l'université. Ça fait que l'université
pourrait dire à la ministre : Écoutez, nous, on a développé un secteur de
pointe, on a une bourse de recherche, on veut travailler dans ce secteur-là. La
ministre, après consultation, pourrait dire : Non, non, non, écoutez,
nous, au Québec, on va plutôt prioriser ce secteur-là, donc les CAQ, ils vont
être là-dedans, puis vous, l'université, c'est bien le fun que vous aviez
beau... ce beau programme de recherche, là, mais ça va être pour des étudiants
d'ici, parce que les étudiants étrangers, il n'y en aura pas chez vous. Ça
pourrait arriver.
M. Roberge : Moi, je trouve
normal que les politiques migratoires — parce que, quand on parle d'étudiants
étrangers, on parle de ressortissants étrangers — soient définies par
le gouvernement, en tenant compte de... du critère immigration puis du critère
éducation, enseignement, sciences, recherche. Je trouve normal... Ce que je
trouverais anormal, ce serait que ce soient des établissements, des
institutions qui définissent la politique migratoire du Québec.
M. Morin : Ce qu'on a un peu
maintenant.
M. Roberge : Ce qu'on a un peu
maintenant, parce que, techniquement, la situation actuelle donne au
gouvernement le pouvoir de limiter le nombre total de CAQ émis. Mais, on l'a
vu, ça ne permet pas de protéger des secteurs. Si on veut réduire le nombre d'étudiants
ou si on veut juste contrôler le nombre d'étudiants, ça ne permet pas de
protéger des secteurs. Je pense que la situation actuelle n'est pas une bonne
situation, parce qu'on voit des problèmes puis on ne peut pas les régler. Quand
on voit les problèmes, au moment où on se parle, on ne peut pas les régler. Là,
on vient se donner la capacité de régler les problèmes et de protéger nos
joyaux.
M. Morin : Oui, sauf que, si
je me souviens bien, les recteurs des universités qui sont venus en commission
parlementaire nous ont parlé aussi de leurs joyaux, puis là je pense qu'on n'est
pas dans la même catégorie de joyaux, parce que vous avez les vôtres, vous
venez d'y faire référence, et ils nous ont tous dit : S'il vous plaît, M.
le ministre, ne touchez pas à ça. Mais je comprends que c'est une question de
philosophie et de politique publique gouvernementale. Vous, vous dites :
Non, non, non, moi, le gouvernement, là, il faut qu'on règle ça. Si j'ai bien
compris, les universités nous ont dit : Non, nous, on a des secteurs de
pointe puis, en plus, on a une liberté académique, s'il vous plaît, ne touchez
pas à ça. Et ce que je comprends, c'est que vous avez entendu, mais ça ne
change pas la donne.
M. Roberge : Bien, je pense
qu'on a vu que depuis le début de l'étude du projet de loi, on a intégré
plusieurs des commentaires. J'en ai fait... je les fais... je les ai faits
miens, puis nous les avons faits nôtres, parce que plusieurs amendements qu'on
a déposés résultent de ce que les gens nous ont dit. Mais on ne prend pas
toutes les propositions de toutes les personnes qui viennent en audition. C'est
souvent... D'ailleurs, ils font des demandes qui sont... qui sont
contradictoires.
Mais, écoutez, les Québécois, là, ils
voient ce qui se passe actuellement, voient le nombre très, très, très, très
grand d'étudiants étrangers qui a explosé en 10 ans, voient les enjeux d'étudiants
qui arrivent ici qui, finalement, font des demandes d'asile. On voit des
étudiants qui arrivent ici qui, des fois, ne sont pas capables de payer. On
voit des étudiants, ici, qui ne sont pas capables de se loger. D'autres fois,
ils arrivent et puis ils se logent, évidemment, mais, après, il y a d'autres
Québécois qui, eux, ne sont pas capables de se loger, ou sont capables de se
loger, mais paient un loyer beaucoup plus élevé, parce qu'il y a beaucoup plus
de demandes de logements que d'offres. Et les Québécois s'attendent à ce que le
gouvernement agisse, les protège, tout en prenant garde à un réseau crucial
pour le développement économique du Québec, notre réseau éducation et d'enseignement
supérieur, donc agisse avec doigté. C'est l'objectif du projet de loi de
répondre aux aspirations des Québécois, qui attendent des réponses aux
problèmes... des solutions aux problèmes que je viens...
M. Roberge : ...de nommer. Je
comprends que des institutions disent : Bien, moi, le statu quo, ça me va,
ça va bien, on va se gérer puis voilà. C'est correct, ils ont une vision, ce
sont les experts de leurs institutions, mais nous, on doit avoir une vision
macro. On ne gère pas juste les cégeps ou juste les universités. On gère la
société au complet. Puis on voit la balance des inconvénients. Si on donne tout
à un groupe, bien, il y a des problèmes pour d'autres groupes. Puis c'est pour
ça qu'on doit tenir compte de plusieurs critères.
M. Morin : Moi, je parle
particulièrement des étudiants internationaux au niveau de l'université. Si les
chiffres du Bureau de coopération universitaire ou interuniversitaire sont
bons, en 2024, ce que je comprends, c'est 57 000 étudiants. On n'est
pas à 200 000, là.
M. Roberge : Bien, écoutez,
au moment où on se parle, là, on n'a pas la même vision. Je pense qu'il y a des
problèmes auxquels on doit s'attaquer. Puis, pour s'y attaquer, on doit
considérer ces critères.
M. Morin : Je comprends que
c'est votre position. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bon. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement à l'article cinq? Si je n'ai pas d'autre intervention sur
l'amendement, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. On revient à l'article cinq. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article cinq? Mme la députée. Oui.
Mme Setlakwe : Je pense qu'il
faut... il faut poursuivre la discussion, là. Parce qu'on parle de... Je réagis
à ce que le ministre disait, en dernier : Les Québécois s'attendent à ce
qu'on donne les pouvoirs au gouvernement de régler une problématique. Soit.
Mais là, je pense qu'il est de notre devoir aussi de mentionner qu'avec les
pouvoirs qui sont octroyés en vertu du projet de loi, on peut créer d'autres
problématiques. Puis c'est de notre devoir, comme parlementaires, d'en tenir
compte et de porter la voix. Là, vous dites : Les groupes, on ne peut pas
toujours satisfaire les groupes. Je suis d'accord. Dans tous les projets de loi
sur lesquels j'ai siégé, il y a des... il y a des groupes qui sont venus
s'exprimer. Là, ici, les groupes, ce sont toutes les universités et tous les
cégeps du réseau. Ils parlent d'une seule voix et ils viennent dire :
C'est une atteinte à l'autonomie, à notre autonomie, le gouvernement n'a pas
l'expertise de venir déterminer, cibler les programmes. C'est mentionné dans tous
les mémoires. Donc, il est important qu'on en parle, de cette problématique
potentielle. Si le gouvernement décide de favoriser les programmes en santé ou
en STEM, les sciences, technologies, les mathématiques, au détriment... Et
forcément, si on privilégie un secteur, bien, il y en a un autre où il va y
avoir des coupures. Donc on va laisser de côté les sciences humaines? Tu sais,
c'est ce genre de problématique là qui n'existe pas aujourd'hui. Donc, s'il y a
un problème, encore une fois, je veux... je veux bien, là, que vous tentiez de
le résoudre, mais là, on ouvre une boîte... une autre boîte de problèmes. Puis
ce n'est pas juste, là, la position déraisonnable de... pas de «déraisonnable»,
mais, tu sais, ce n'est pas comme un souhait... c'est quoi le mot? Tu sais,
quelque chose de... quelque chose de banal qui est mis de l'avant, là, comme un
caprice. Ce n'est pas un caprice, là. C'est : attention, c'est notre
autonomie. Puis on va tous collectivement en souffrir si on vient limiter
l'offre de programmes sur tout le territoire du Québec. Donc, c'est une réelle
problématique qui pourrait devenir le problème de tout le monde. Quand vous
parlez de balance des inconvénients, bien, on est justement dans la balance des
inconvénients ici. Qu'est-ce que vous en pensez? Comment vous pouvez les
rassurer?
M. Roberge : Bien, je pense
que la situation actuelle, là, de l'espèce de libre marché a fonctionné pendant
un certain temps, mais là nous a menés à un débordement. Et, quand on parle
d'étudiants étrangers, on parle de ressortissants étrangers, est-ce que c'est
normal, d'après vous, que ce soient les établissements d'enseignement qui
décident du nombre de résidents temporaires sur le territoire?
• (20 h 40) •
Mme Setlakwe : Je trouvais ça
intéressant quand vous avez dit tantôt que ce n'est pas eux à gérer la
politique migratoire au Québec. Je pense que c'est important que le travail se
fasse main dans la main pour être sûrs qu'on ne crée pas un problème pire que
celui bien ciblé qu'on tente de résoudre.
M. Roberge : Mais, en ce
moment, ça ne se passe pas main dans la main, là. La situation actuelle, c'est
que ce sont les établissements qui décident du nombre de résidents temporaires
sur le territoire. Est-ce normal...
Mme Setlakwe : ...ce n'est
pas... ce n'est pas eux qui décident du nombre de résidents temporaires sur le
territoire. Eux, ils ont des programmes, ils ont une mission éducative, ils
doivent offrir des programmes, ils ont des cohortes à former en région, dans
les grands centres, dans les laboratoires de recherche, ils reçoivent des
admissions, ils suivent, en fait, les... l'appel du gouvernement, la politique,
la...
Une voix : ...
Mme Setlakwe : ...le plan
stratégique, merci, du ministère de l'Enseignement supérieur, c'est un
processus qui est en continu, qui se fait sur des années. Ils participent à
cette course mondiale aux talents aussi. On a une baisse démographique.
Honnêtement, là, je n'appelle pas ça gérer la politique migratoire, là,
j'appelle ça remplir leur mission, et ils le font sérieusement, et ils sont
déjà en train de préparer, là, les admissions de l'an prochain, là. Ils ont
déjà... Tu sais, ils sont déjà en train de travailler sur le long terme, puis
ils voient ce projet de loi comme étant une épée de Damoclès, puis ils se
disent : Ah! là, là, ça va venir complètement bousiller nos plans. Mais
ils ne pensent pas juste à eux, ils pensent à la collectivité. Quels programmes
vous allez... Vous allez viser quels programmes? Ils ne le savent pas.
M. Roberge : Attention!
Complètement... Complètement bousiller les plans, là, c'est un peu se faire de
grandes, grandes craintes, là. Au Québec, ça existe, des étudiants québécois,
là, hein, il y a plein d'étudiants québécois dans nos établissements. Nous, on
veut simplement reprendre davantage le contrôle sur notre destin, reprendre
davantage le contrôle sur nos réseaux d'éducation et d'enseignement supérieur.
Et il y en a, des étudiants québécois dans notre réseau. Il y a aussi des
étudiants canadiens dans notre réseau, qui ne sont pas visés par l'article dont
on parle ici. Il ne faut pas penser, là, que ça va bousiller les réseaux.
Mais la situation actuelle, c'est que
c'est beaucoup les établissements qui décident de combien ils ont d'étudiants
étrangers, c'est eux qui décident combien ils en admettent, mais ces étudiants
étrangers... ça veut dire qu'ils décident combien de ressortissants étrangers
arrivent sur le territoire québécois, puis après ça, bien, il y a des enjeux.
Il y a des gens qui arrivent ici comme demandeurs d'asile. Il y a des gens qui
arrivent ici qui n'ont pas les moyens de payer. Il y a des gens qui arrivent
ici, qui sont admis, puis il n'y a personne qui a regardé si on était capables
de les loger. C'est ça, les enjeux en ce moment. Est-ce que c'est normal? Moi,
je pense que la chaîne a débarqué, là. Ça ne marche pas. Il faut trouver une
solution à ça.
Mme Setlakwe : ...de remettre
la chaîne en place puis de ne pas... de ne pas autrement endommager la
bicyclette, donc. Permettez-moi de...
M. Roberge : Mais, si
c'était... si vous étiez à la place du gouvernement, d'après ce que je
comprends, si vous souhaitiez diminuer le nombre de résidents non permanents,
vous abaisseriez tout simplement le niveau puis pas de priorisation
gouvernementale, arrangez-vous, premier arrivé, premier servi? Comment ça
fonctionnerait?
Mme Setlakwe : Oui. On
agirait sur la problématique puis on respecterait l'autonomie. Mais je vous
ramène au...
M. Roberge : Bien, comment ça
arriverait?
Mme Setlakwe : Je vous...
M. Roberge : Comment ça
marcherait concrètement, si vous ne priorisez pas?
Mme Setlakwe : Mais moi, je
vous demande : Vous, qu'est-ce que vous allez prioriser? Quels programmes?
M. Roberge : Mais moi, je
nous donne... moi, je nous donne l'habileté gouvernementale... pas «moi je»,
«nous nous», je vais faire attention, là, ce n'est pas moi, là, c'est nous,
comme gouvernement, on propose de se donner la capacité de prioriser des
critères. Là, on n'est pas en train de dire : Qu'est-ce qu'on priorise?,
on est en train de dire : Veut-on se donner le pouvoir, comme État, de
prioriser? Moi, je dis oui. Dites-vous non?
Mme Setlakwe : Est-ce que
c'est possible qu'à la fin de votre exercice... Parce que vous n'avez pas les
données, vous ne les avez pas fournies, vous dites vous-même que vous devez
aller chercher l'information, c'est un processus de réflexion, de rigueur que
vous allez entamer. Est-ce qu'il se peut, à la fin de cet exercice-là, que vous
réalisiez que les programmes... que les étudiants internationaux sont...
doivent être... on doit... on doit les maintenir, on doit continuer de les
accueillir pour maintenir des programmes autant en région que dans les grands centres?
Est-ce que ça, c'est une possibilité, qu'on ne touche pas, finalement, aux
programmes qui sont actuellement offerts à l'ensemble... dans l'ensemble du
Québec?
M. Roberge : On a quelques
exemples en ce moment où on est pas mal certains d'avoir vu des abus. On va
vouloir faire des vérifications.
Mme Setlakwe : Mais c'est
ça... c'est ça qu'on veut savoir.
M. Roberge : Il y a des abus
à ce moment-ci. Il faut que je fasse attention. Les vérifications sont à faire.
Donc, le statu quo, de dire là : On fait, pour les deux, trois prochaines
années, exactement ce qu'on a fait dans les deux, trois dernières années, non,
bien non, non, il y en a, des problèmes. On va vouloir... On va vouloir les
régler. Après ça, le diagnostic n'est pas complet...
M. Roberge : ...sur l'ensemble
du réseau.
Mme Setlakwe : Est-ce que les
choix au niveau des programmes, vous allez les faire de concert avec les
établissements, pour respecter leur autonomie?
M. Roberge : Comme ministre,
moi, je vais discuter avec mes collègues respectifs, puis je sais qu'eux ont la
connaissance du réseau puis feront les conversations nécessaires avec le
réseau.
Mme Setlakwe : Le réseau de
l'UQ dit qu'«une priorisation des programmes dans les universités fait aussi
craindre une possible désaffection envers les sciences humaines et sociales,
qui revêtent un caractère particulièrement essentiel actuellement, puisqu'elles
permettent d'aiguiser notre compréhension du monde en transformation dans
lequel nous vivons.».
En fait, j'ai... Moi, en tout cas, en
lisant les différents mémoires, je sentais vraiment la crainte puis je sentais
vraiment qu'ils parlaient tous d'une seule voix, puis il y a réellement un
consensus. S'il y a un élément du projet de loi qui pose un problème et pour
lequel les réseaux ont besoin d'être rassurés, c'est au niveau de votre
discrétion, votre... la discrétion que vous... dont vous allez bénéficier
d'aller restreindre le nombre d'étudiants internationaux dans les différents
programmes, autant en région que dans les grands centres, autant dans les
institutions francophones qu'anglophones. C'est rare qu'ils s'entendent tous,
là, sur un élément. Ça fait l'unanimité.
Alors, je suis... ce soir, moi, ce n'est
pas... c'est une préoccupation que je mets de l'avant, mais qui va tous nous
affecter. C'est vraiment dans... C'est une question d'intérêt public, là.
M. Roberge : Qu'est-ce que
vous pensez des... de la présentation que nous a faite la Fédération des
chambres de commerce, quand ils sont venus nous rencontrer?
Mme Setlakwe : Ils ont
demandé... Eux, ils parlaient beaucoup de la planification, si je me rappelle
bien.
M. Roberge : Mais ils ont
appuyé le principe du projet de loi, ils ont appuyé l'article 5, avec ce
principe-là, avec les critères, avec l'idée d'y aller en fonction de ce qu'on
présente en ce moment.
Mme Setlakwe : Oui. Ce que...
M. Roberge : Est-ce que vous
considérez leur avis à eux?
Mme Setlakwe : Bien, bien
sûr...
M. Roberge : Qu'est-ce que
vous pensez d'eux?
Mme Setlakwe : ...parce que
ce que j'ai retenu, c'est qu'ils sont toujours à l'aise avec l'idée d'avoir une
prévisibilité puis d'avoir une planification qui se fait de concert avec le
milieu. Donc, c'est surtout ça que j'ai retenu.
M. Roberge : Oui, mais c'est
plus que ça, là. Ils étaient d'accord avec le principe de... de...
Mme Setlakwe : De réduire?
M. Roberge : ...du contrôle
du nombre d'étudiants, ils étaient d'accord avec le principe de préserver
certains secteurs, de prioriser certains secteurs, de ne pas juste dire :
Bien, on laisse le nombre d'étudiants arriver, puis on verra ce qui arrivera.
Ils sont d'accord avec ce principe-là. Pourquoi vous n'accordez pas beaucoup de
considération à leur avis?
Mme Setlakwe : Bien non, je
leur en accorde, de la considération. Moi, je mets de l'avant le principe
d'autonomie de nos institutions. Puis je vous demande : Parfait, vous
voulez réduire. Dans quels programmes vous comptez imposer des réductions? Puis
vous n'êtes pas capables de nous répondre aujourd'hui.
M. Roberge : Non. La question
aujourd'hui n'est pas de savoir si on réduit dans tel ou tel établissement, ou
de combien, le nombre de CAQ émis, la question est : Est-ce qu'on veut un
État qui est capable d'agir avec agilité, ou pas? Est-ce qu'on veut garder la
situation actuelle, ou pas?
Je ne suis pas... Je ne sais pas, parce
que je pense que vous avez voté en faveur de l'amendement qu'on vient de
déposer. Oui, le dernier amendement, il a bien été adopté. Donc, vous étiez
d'accord pour inscrire le critère de la langue d'enseignement comme un critère
pertinent, vous avez voté en faveur de ça, mais on dirait que vous êtes en
désaccord avec l'article qui permet d'utiliser le critère de la langue
d'enseignement. Moi, j'essaie de vous suivre, là.
Mme Setlakwe : Vous ne me
suivez pas?
M. Roberge : Bien non, parce
que vous étiez d'accord...
Mme Setlakwe : Mais il y a
une liste...
M. Roberge : ...qu'on
considère la langue d'enseignement comme un critère...
Mme Setlakwe : Il y a une
liste non exhaustive...
M. Roberge : ...mais là, vous
ne voulez plus qu'on utilise aucun critère.
Mme Setlakwe : Il y a une
liste non exhaustive de critères, puis là on a ajouté spécifiquement la langue
française. Ce n'est certainement pas moi qui vais vous dire d'enlever le
critère de la langue française, qui de toute façon aurait pu... Ça, ça va de
soi, là, c'est implicite. Puis, si on veut l'indiquer explicitement, ce n'est
certainement pas nous qui allons proposer qu'on ne le fasse pas.
M. Roberge : Donc, les autres
critères, vous n'êtes pas d'accord, mais pour la langue française vous êtes
d'accord. Donc, s'il n'y avait que ce critère-là, seriez-vous d'accord qu'on
décide d'accorder des CAQ à des programmes? Il y a des établissements qui
utilisent comme facteur discriminant la langue française. Vous avez voté en
faveur de ce critère-là. C'est les autres que vous n'aimez pas? Vous voulez
qu'on prenne juste ce critère-là?
• (20 h 50) •
Mme Setlakwe : C'est
l'ensemble des critères. Il y a la discrétion qui est accordée au ministre, en
vertu de cette pièce législative qui est floue, pour laquelle il n'y a pas une
vision claire, pour laquelle on comprend que... En fait, on ne comprend pas
exactement où vous allez aller. Ou ce qu'on comprend, c'est que vous allez
aller à la pêche pour tenter vraiment d'identifier où est la problématique,
parce qu'aujourd'hui vous ne le savez pas exactement, précisément, où est la
problématique, et...
M. Roberge : Mais vous
trouvez... sur la langue, par contre, ça, c'était bon...
M. Roberge : ...ça, cette
problématique-là, vous êtes d'accord?
Mme Setlakwe : Si je suis
d'accord avec... qu'il y a une problématique sur la langue?
M. Roberge : Non. Qu'on
utilise le critère de la langue d'enseignement lorsqu'on émet des CAQ pour des
étudiants étrangers, ça, c'est correct, mais vous ne voulez pas qu'on le
considère par région.
Mme Setlakwe : On n'a pas
encore voté sur l'ensemble des critères. Je trouve ça étrange que vous me
posiez la question, à savoir si je suis à l'aise avec le nouveau... En fait, la
question qui se pose, c'est : Est-ce qu'on est à l'aise avec le nouveau
régime? On est en train d'en discuter. On a voté sur un amendement sur la
langue. On a... On ne s'est pas encore prononcé sur l'ensemble du nouveau
régime, dans son ensemble. On essaie de comprendre les répercussions puis on
met de l'avant les signaux d'alarme qui nous ont été... qui ont été mis de
l'avant.
M. Roberge : Mais là on a eu
un...
Mme Setlakwe : Puis on va
avoir des amendements d'ailleurs. Peut-être que ça va un peu casser... casser
le rythme. Moi, je pense qu'on pose des questions importantes puis on va
demander des amendements pour pouvoir voter... voter sur les amendements.
M. Roberge : Mais est-ce que
vous avez pris connaissance du rapport du Commissaire à la langue française la
semaine dernière?
Mme Setlakwe : Bien sûr. Je
pense que l'ensemble des parlementaires ont pris... ont sûrement pris
connaissance du rapport.
M. Roberge : O.K. Mais c'est
parce qu'il a mentionné vraiment de manière explicite que l'enjeu de la langue
d'enseignement, en enseignement supérieur, c'était un facteur vraiment
aggravant. Quand ce n'est pas le français au Québec, c'est-à-dire quand c'est
en anglais, c'est vraiment de manière systémique, quelque chose qui pose un
réel problème à la survie, à la vitalité de la langue française. Puis tantôt,
on a voté en faveur de la vitalité de la langue française. Bon. Ensuite, il a
proposé des mesures, là, une gradation. On ne s'est pas opposés là-dessus, mais
il a nommé le problème. Il a dit qu'il fallait s'attaquer à ce problème-là du
pourcentage de personnes sur le territoire québécois qui étudient en anglais.
Donc, quand on accueille des gens qui
arrivent ici, il faut qu'on puisse choisir dans quelle langue ils vont
enseigner. Voilà pourquoi nous avons voté en faveur de l'amendement. Voilà,
ensuite, pourquoi il faut avoir cet article-là pour avancer, au moins, dans la
direction - on verra jusqu'où on se rend - mais dans la direction du rapport du
commissaire. Donc, si vous l'avez lu, si vous êtes d'accord, si vous avez voté
pour l'amendement, bien, le pas suivant, c'est d'être d'accord avec l'article
au complet. C'est une séquence, là, parfaite.
Mme Setlakwe : Juste pour
boucler la boucle, vous ne me mettrez pas des mots dans la bouche, je n'ai pas
dit que j'étais d'accord avec tous les éléments du rapport qui a été déposé.
J'en ai pris connaissance. On était d'accord avec l'amendement. Je pense que,
de notre côté, on n'a pas à en dire plus. Moi, je pose des questions pour essayer
de comprendre l'impact du projet de loi, l'impact dans son ensemble sur le
milieu et mettre de l'avant des problématiques potentielles pour que vous, vous
puissiez rassurer les parlementaires et, donc également, effectivement, les
groupes qui nous écoutent. C'est plutôt ça, l'exercice.
La question de l'autonomie a été mise de
l'avant comme étant un problème. Même le critère des régions est mis de l'avant
comme étant potentiellement problématique... l'Université du Québec, qui a une
mission, même si la mission qui a été mise de l'avant ici, à l'Assemblée
nationale, est d'offrir une accessibilité à l'enseignement supérieur aux jeunes
Québécois. Mais, pour ce faire, étant donné la baisse démographique, on compte
sur les étudiants internationaux pour que le réseau d'universités du Québec
remplisse sa mission...
M. Roberge : Mais, je
comprends, on veut faire attention.
Mme Setlakwe : Même au niveau
des régions, ça peut poser un problème à leur mission.
M. Roberge : On veut faire
attention à nos institutions en région, particulièrement, à des programmes en
région qui ne survivent que grâce à l'apport d'étudiants étrangers, d'accord,
donc, on veut prendre garde à ça. Est-ce que la politique du Parti libéral,
c'est d'augmenter le nombre d'étudiants sur le territoire québécois, les
étudiants étrangers? Est-ce que vous voulez augmenter le nombre d'étudiants
étrangers sur le territoire québécois?
Mme Setlakwe : Je pense que
ce qu'on est en train de dire, c'est que les étudiants étrangers sont un atout
crucial, qu'ils constituent une richesse au sens le plus large du terme. Est-ce
qu'il y a eu certains abus, certaines, certaines problématiques ciblées? Oui,
mais ce qu'on met de l'avant, nous, c'est qu'il faut... Il est extrêmement
important de travailler en collaboration avec les réseaux, leur offrir une
prévisibilité, ne pas venir centraliser les pouvoirs auprès du gouvernement, ne
pas s'arroger des pouvoirs qui sont excessifs par rapport à une problématique ciblée
qui puisse exister, ne pas entrer en contradiction avec des plans stratégiques
qui ont été adoptés il y a un an, etc.
C'est simplement ça qu'on est en train
d'essayer toujours de comprendre ou d'en arriver à la conclusion que le projet
de loi est mesuré. Il met de l'avant une proposition mesurée par rapport à la
problématique, et on est...
Mme Setlakwe : ...moi, en ce
qui me concerne, je ne suis pas du tout convaincue qu'on ait ici l'approche
mesurée par rapport à la problématique. Je veux... Pour citer un...
M. Roberge : Bien, nous, on
n'a pas ciblé...
Mme Setlakwe : Oui, allez-y.
Non, non...
M. Roberge : Excusez-moi.
Vous n'avez pas terminé, je vais vous laisser terminer.
Mme Setlakwe : Je vais même citer
un recteur qui est venu nous voir, qui est juriste aussi, qui a dit : On
est en train de donner des pouvoirs pour répondre à une problématique qui
n'existe pas. Ça a été dit en commission. Ce n'est pas la position du Parti
libéral, là, on... Nous, on... Moi, mon travail, c'est de poser les questions
pour être sûrs qu'on a tourné toutes les pierres.
M. Roberge : Mais, au
gouvernement, on n'a pas ciblé en chiffres et en pourcentage, encore, la
réduction, mais il est clair qu'on veut réduire le nombre d'étudiants
étrangers, la posture est claire. Pour le faire... la loi actuelle ne nous
permet pas de le faire. Mais c'est sûr que, si on ne veut pas réduire le nombre
d'étudiants étrangers du tout, c'est différent. Donc, ma question, c'est :
De votre côté, est-ce que vous voulez réduire, maintenir ou augmenter le nombre
d'étudiants étrangers? Nous autres, on veut le réduire. Que voulez-vous faire?
Mme Setlakwe : Je pense qu'on
est à la même place que vous quand on veut avoir une approche mesurée,
raisonnable, ciblée, planifiée, et ne pas nuire en voulant répondre à une
problématique, ne pas nuire à nos institutions, qui font bien les choses. Et
nos amendements vont aller dans ce sens-là, M. le ministre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est-ce que vous répondez? Parce que le député de
l'Acadie a aussi levé la main pour intervenir.
M. Roberge : Je vais le
laisser aller.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y, M. le député.
M. Morin : ...Mme la
Présidente. Alors, pour répondre à votre question, M. le ministre, dans le
mémoire de la Fédération des chambres de commerce du Québec, on souligne... et
permettez-moi de les citer : «Il ne faut pas oublier que les institutions
d'enseignement sont des lieux qui facilitent l'intégration des nouveaux
arrivants et permettent aux résidents québécois de poursuivre leurs études dans
les régions. Considérant l'importance primordiale de ces services en région, la
fédération estime que les décisions sur l'immigration qui pourraient avoir une
incidence majeure sur la vitalité de ces régions et sur la diversification des
cours offerts doivent être précédées d'études d'impacts économiques afin d'en
limiter les conséquences négatives.»
Donc, pour répondre à votre question,
bien, la FCCQ, ce qu'ils disent, ce que moi je comprends de ce qu'ils disent,
c'est qu'il faut de la prévisibilité, puis tout le monde, à peu près, est venu
dire que, dans votre projet de loi, il y a tout sauf ça. Alors, c'est un enjeu
de taille. Il y a même une recommandation dans le mémoire de la FCCQ qui vous
demande carrément de reporter l'entrée en vigueur de votre projet de loi.
Donc, tu sais, vous me posez question
tantôt : Est-ce que vous l'avez lu? Bien, oui, je l'ai lu, mais je ne sais
pas si on lit la même chose. Mais là ça dit : S'il vous plaît, M. le
ministre, là, reportez ça. Faites des consultations puis, après ça, arrivez
avec une planification puis, après ça, on verra. Mais, s'il vous plaît,
reportez. Ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est la FCCQ. Alors, c'est
problématique.
Quand vous dites, M. le ministre, que vous
ne pouvez pas contrôler le nombre de CAQ puis ses universités qui les
contrôlent, je vous ai bien compris. Vous n'avez pas la possibilité
présentement, et c'est ce que vous dites, de réduire spécifiquement, d'une
façon particulière, le nombre de certificats que vous allez émettre dans un
établissement, mais vous avez quand même le pouvoir de décider, présentement,
c'est quoi, le nombre total. Donc, ce n'est pas les universités qui décident
ça, M. le ministre, avec respect, c'est vous. Ce n'est pas les universités qui
sont responsables du flux migratoire au Québec. Le gouvernement a une
responsabilité là-dedans. Puis je vous rappelle les chiffres que je vous soulignais
tout à l'heure, ils sont... Moi, écoutez, ce n'est pas moi, là, le Bureau de
coopération interuniversitaire, mais pour les étudiants internationaux dans les
universités au Québec, là, c'est 57 450. On n'est pas à 200 000, pas
à 300 000, pas à 400 000, pas à 500 000, là. C'est de ça,
présentement, dont on parle.
• (21 heures) •
Alors, moi, ce que je vous dis, c'est que,
ce qu'on a entendu des différents organismes, des universités qui sont venues
nous parler, c'est que, tout dépendant de ce que vous allez faire, ça va avoir
un impact. Ça peut avoir un impact fondamental sur des universités, sur des
programmes, sur de la recherche, qui ont un apport bénéfique pour le Québec et
pour son économie. Vous l'avez souligné vous-même tout à l'heure, M. le ministre...
21 h (version non révisée)
M. Morin : ...puis vous en
êtes conscient, il y a des programmes en région qui présentement fonctionnent
parce qu'il y a un apport d'étudiants étrangers internationaux, pas parce qu'il
n'y a pas de Québécois qui n'y vont pas. Il y en a qui y vont, puis c'est tant
mieux puis c'est ça qu'on veut, mais ils ne sont pas assez nombreux. Donc, moi,
ce que je vous dis, pour répondre à vos interrogations : Bien, écoutez,
prudence, prudence, n'allez pas prendre des décisions qui vont faire en sorte
que, par exemple, des programmes pourraient disparaître en région ou encore
vous pourriez... vous pourriez vous ingérer dans la liberté académique dans le
milieu universitaire, qui, par ailleurs, est protégée par une loi du
gouvernement du Québec. Ça, c'est l'autre élément.
Vous avez souligné des cas d'abus. Bien, s'il
y en a, des cas d'abus, là, s'il vous plaît, réglez-les. Puis, si... Puis, si, M.
le ministre, vous voulez en parler avec nous, on va collaborer avec vous. Parce
que, tu sais, on les a vus, les articles dans les journaux, là. Je ne me
souviens plus du nom du collège, là, je pense qu'il pouvait, je ne sais pas,
avoir 1 400 CAQ, puis ils en ont reçu ou ils en ont demandé 3 800.
Bien, il y a quelque chose qui ne marche pas, là. Dans votre système, dans votre
ministère, il devrait y avoir, à un moment donné, un drapeau jaune ou rouge qui
lève, puis dire : Oh! Oh! Là on a un problème. Ça, là, c'est sûr qu'on n'en
veut pas, de ça, M. le ministre. Voyons donc, on ne veut pas personne au Québec
qui va être capable de mettre en place des mécanismes qui va faire en sorte qu'ils
vont contrecarrer la loi. Ce n'est pas ça qu'on dit, mais ce n'est pas de ça
dont on parle.
Puis, avec votre disposition, vous ouvrez
une possibilité qu'il va y avoir un impact sur nos universités. C'est ça, le
point de ma collègue. Puis, écoutez, la porte-parole en enseignement supérieur,
elle fait son travail avec beaucoup de professionnalisme, beaucoup d'ardeur.
Puis moi, je les ai entendus, les recteurs des universités - je ne suis pas un
recteur de l'université, moi, là, là - qui sont venus vous dire : S'il
vous plaît, s'il vous plaît, faites très, très attention à ça, là, s'il vous
plaît, on n'a pas vraiment besoin de ça, nous, on les contrôle, on n'a pas de
problème, mais on va faire ça, évidemment, dans les normes gouvernementales.
Ça fait que c'est ça... c'est ça, mon
point, M. le ministre. Et moi, je pense qu'avec ce que vous voulez faire avec l'article
cinq, il y a un danger d'abord que vous allez aller vous immiscer dans la
liberté académique, puis qu'en bout de piste ça risque de ne pas être bénéfique
pour les universités et pour le savoir et pour la recherche au Québec. Elle est
là ma crainte. Puis ça, bien, je tenais à la partager avec vous. Ça fait partie
de mon travail comme député de l'opposition.
M. Roberge : Puis c'est très
clair. Mais supposons... Je vais vous donner un cas fictif mais pas si loin de
la réalité, là, parce que j'ai reçu des communications de personnes sonneurs d'alerte.
Admettons que vous êtes au gouvernement, vous êtes tout simplement dans la
position où vous êtes en ce moment, puis vous apprenez que, dans une ou des
institutions, le processus d'admission fait que plusieurs étudiants sont admis
dans des études de niveau supérieur assez élevé, ils se présentent sur le
campus, un niveau de français, on va dire, secondaire trois, pour de l'enseignement
supérieur, là, O.K., de la difficulté à comprendre des consignes de base,
signifie que, bon, ils peuvent bien suivre quelques cours, mais
essentiellement, ils sont venus pour devenir résidents québécois ou ils sont
venus pour accoucher carrément. Vous apprenez ça. Puis c'est des cas qui sont
nombreux dans des institutions reconnues. Et vous n'avez pas le pouvoir en ce moment
de corriger cette situation-là puisque le gouvernement n'a le pouvoir que de
plafonner le nombre de CAQ émis par année. Puis tantôt, j'ai demandé à votre
collègue, là, ce n'est pas clair, on ne sait pas s'il voulait stabiliser,
baisser ou augmenter le nombre d'étudiants étrangers. Nous autres, on veut le
baisser. Admettons que vous voulez même le stabiliser, vous ne voulez pas le
baisser, qu'est-ce que vous proposez pour régler la situation que je vous
nomme, si on n'a pas un projet de loi qui nous permet de faire la distinction
en fonction des établissements, des programmes, des cycles d'études? Comment on
règle cette situation-là, si on ne veut pas pénaliser des secteurs porteurs...
M. Roberge : ...si on ne veut
pas non plus laisser le marché puis dire : Bien, comme je ne veux pas
pénaliser A, je vais laisser ce dérapage continuer, cet accident d'auto au
ralenti continuer. Vous proposez quoi par rapport à ça? Vous apprenez cette
information-là, là, puis vous savez que la loi actuelle ne vous permet pas de
la régler, vous faites quoi?
M. Morin : Bien, écoutez,
moi, je vais... je vais prendre l'exemple que vous venez de donner. O.K.? Vous
avez des étudiants étrangers qui viennent étudier dans des cycles
d'enseignement supérieur mais pour accoucher, c'est ce que vous avez dit, c'est
ce que j'ai compris. Bien, il y a quelque chose qui ne marche pas dans votre
système, M. le ministre, parce qu'à un moment donné, là...
M. Roberge : ...
M. Morin : Bien oui, c'est le
vôtre, c'est vous, le ministre. Dans votre système, dans vos formulaires, là,
j'imagine, je ne peux pas croire que les étudiants ne sont pas obligés de faire
des déclarations de ce qu'ils vont faire, de leur état, de l'argent qu'ils vont
avoir pour payer leurs études, de leur état de santé, je ne peux pas croire là.
Si vous n'avez pas ça, bien là, écoutez, on va faire autre chose. On va arrêter
le projet de loi n° 74, on va s'asseoir, puis on va se parler, puis on va
régler le problème, là. Parce que moi, je prends votre exemple. Puis, si vous
n'êtes pas capables de... d'identifier puis après ça de trouver des étudiants
comme ça qui, évidemment, ont... visiblement, à un moment donné, n'ont pas dit
la vérité puis qu'après ça vous n'êtes pas capables de les prendre puis de
dire : Non, non, ça ne marche pas comme ça, vous allez retourner chez
vous... évidemment, tout dépendant de l'état de santé de la personne, là, ça,
c'est autre chose. Faisons abstraction de ça. Mais ce n'est pas de ça dont on
parle ce soir. Si vous dites : Il y a des cas dans des collèges où il y a
des fraudes, bien, écoutez, M. le ministre, s'il y a des fraudes, bien, faites
des enquêtes de fraude, puis, si c'est des vraies fraudes criminelles, appelez
la police. Mais ce n'est pas de ça dont on parle ce soir, M. le ministre, là.
Alors, moi, je veux bien, là, mais tout
dépendant des problèmes qu'on veut identifier, bien, on va trouver des
solutions, puis je vais répondre à vos questions, puis vous répondez aux
miennes, mais ce n'est pas... Parce que tant qu'à ça, je prends votre exemple,
puis vous dites : O.K. J'ai besoin de ça. Parfait. Alors, vous
décidez : Tel secteur, telle université, études supérieures, ça va être 25
CAQ. Parfait. Alors, vous faites votre tableau, vous avez un nombre de CAQ
total, puis là vous avez trois, quatre étudiants qui arrivent sur les CAQ, puis
ils vous ont donné des faux prétextes, des fraudes puis pas les bonnes raisons.
Ils vont rentrer pareil avec votre nouveau système. Alors, si vous voulez
régler ça, bien là, on est ailleurs.
M. Roberge : Bien, vous
dites : Ce n'est pas de ça... C'est notamment de ça dont on parle,
c'est-à-dire d'une augmentation très, très, très forte du nombre d'étudiants
sur 10 ans, des impacts qu'on voit sur le logement puis du fait qu'il y a des
dérapages que l'on voit, certains sont dans les médias, certains ne sont pas
dans les médias, peut-être iront-ils, peut-être pas, mais il y a... il y a des
enjeux. Nous, on pense qu'il faut réduire le nombre d'étudiants étrangers puis
on pense qu'il faut le faire de manière chirurgicale, en protégeant des
secteurs, en protégeant des domaines puis en consultant le réseau. Puis, s'il y
a réduction, bien, c'est certain que les institutions vont s'ajuster avec...
auront un incitatif de plus, je vous dirais, pour mieux sélectionner les
étudiants qui viennent, j'en suis convaincu.
M. Morin : Écoutez, moi, M.
le ministre, on a eu le privilège d'avoir des consultations particulières. On a
écouté les gens qui sont... qui sont venus. Moi, je le dis à chaque fois, pour
moi, c'est un apport bénéfique, c'est un enrichissement. Je vous l'ai dit tout
à l'heure, moi, je ne suis pas un recteur d'université, mais je les ai écoutés,
puis ils nous ont dit : S'il vous plaît, ne touchez pas à ça, on est capables,
puis ils vous ont... ils vous ont donné des exemples à l'appui, on est capables
de gérer notre immigration.
• (21 h 10) •
Est-ce qu'il y a des endroits où... vous
avez sûrement de l'information que je n'ai pas, où il y aurait des cas d'abus?
Bien, si c'est le cas, parlez-en à votre collègue qui est ministre de
l'Enseignement supérieur puis allez voir ce qui se passe. Mais de là à dire que
vous allez vous donner un processus qui va toucher toutes les universités,
bien, là-dessus, effectivement, on n'a pas la même philosophie, je suis
d'accord, indépendamment... indépendamment du nombre total d'étudiants qu'il va
y avoir à la fin. Puis, moi, ce que je vous dis, c'est qu'on doit considérer
aussi l'ensemble du corpus législatif du Québec, puis on a aussi une loi qui
protège la liberté académique. Donc, il faut conjuguer avec tout ça, M. le
ministre.
M. Roberge : Bien, je
comprends, mais on n'est pas d'accord. Je pense...
M. Roberge : ...on a besoin
du projet de loi pour bien faire.
M. Morin : Ça, on est
d'accord, il faut dire qu'on n'est pas d'accord. Ça, je vous le concède.
M. Roberge : C'est correct,
respectueusement.
M. Morin : ...non,
effectivement, effectivement. Mais, tu sais, moi, je me base sur des
témoignages qu'on a eus. Vous, vous avez une autre approche. Mais ce que je
dis, c'est qu'il faut quand même être prudent dans ce qu'on va faire, parce
qu'il y a plusieurs, plusieurs universités qui nous ont dit, notamment, en
région : On a des programmes qui fonctionnent par l'apport des étudiants
étrangers, et il y a aussi des groupes qui sont venus nous parler des retombées
économiques bénéfiques de la présence des étudiants internationaux. Et, en plus...
Puis là je cite l'UQAM, qui est une université, mais gouvernementale. Et, dans
leur mémoire, on disait...
M. Roberge : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, je pense que, de mon point de vue, après discussion, on est
d'accord de n'être pas d'accord. Je ne sais toujours pas ce que Parti libéral
ferait. Je ne sais pas s'ils sont d'accord avec 102 000 étudiants étrangers sur
le territoire québécois. Le Parti québécois s'est positionné. Nous, on s'est
positionné. Est-ce qu'ils en veulent plus? On a atteint le «climax» - c'est
parfait comme ça- où ils en veulent moins. On ne le sait pas. Si on en veut
moins, selon quels critères? On ne le sait pas.
M. Morin : Là-dessus, je vais
vous dire trois choses, Mme la Présidente. Ce qui est à l'étude ce soir, c'est
votre projet de loi, M. le ministre. En ce qui a trait au Parti libéral, vous
m'avez entendu, j'ai fait une sortie. Ce que je vous ai demandé, c'est un
bureau planifié de l'intégration, un bureau intégré de la planification, un BIP
pour que vous soyez capable... pour que vous soyez capable de planifier. Puis,
après ça, on vous a demandé de tenir compte des travailleurs temporaires, puis
vous allez le faire. Alors, merci, merci. Bon, voilà.
Alors, pour répondre à votre question,
bien, c'est ça qu'on ferait. Mais là on va revenir au projet de loi n° 74,
c'est de ça, dont on parle ce soir, puis là, bien, là-dessus, on est ailleurs.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : J'ai le député de Jean-Talon qui a demandé la parole pour
son intervention. Je reviens à vous après.
M. Paradis : Oui. Il y a des
ententes de mobilité étudiante au niveau universitaire non contingenté,
notamment, avec la France et la Communauté française de Belgique, dont vous
parlez dans votre mémoire. J'aimerais savoir de quelle façon c'est affecté ou
pas par l'article 52.1 et, en fait, le régime général que vous proposez dans ce
nouveau... dans ce projet de loi n° 74.
M. Roberge : Je veux bien
comprendre votre question. De quelle manière les ententes France-Québec
seraient affectées par l'article 5 qu'on étudie en ce moment?
M. Paradis : Oui, parce qu'on
vient d'ajouter, notamment, que la langue d'enseignement serait un des critères
à considérer, là, dans le deuxième paragraphe du deuxième alinéa de l'article
52.1. Je voulais juste voir qu'est-ce que ça veut dire par rapport aux ententes
qu'on a avec la France, avec la Communauté française de Belgique, c'est
affecté, ce n'est pas affecté, c'est indépendant, ce n'est pas indépendant.
M. Roberge : Bien, je ne vois
pas comment ça affecterait nos ententes intergouvernementales. On est heureux
d'avoir ces ententes-à. On est heureux d'accueillir ces étudiants étrangers là.
On est heureux d'accueillir bien des étudiants étrangers, là. Attention, donc,
on continue de croire que c'est une très bonne chose d'avoir des étudiants
étrangers sur le territoire québécois. On veut se donner meilleure manière de
planifier les politiques publiques. J'aime quand mon collègue exprime ça, qu'on
devrait être capables de débattre d'éléments qui touchent l'immigration, qui
touchent les étudiants et l'enseignement supérieur des étudiants étrangers en
débattant tout simplement de politiques publiques. Je pense qu'il a bien raison
de l'exprimer de cette manière-là.
Ensuite, le fait qu'on mette, parmi la
liste des critères, la langue d'enseignement, bien, je pense que ça vient
nommer quelque chose d'important, c'est-à-dire qu'on sait que la langue
d'enseignement, au cycle supérieur, a un rôle important à jouer ensuite sur la
vie professionnelle. Et on veut des étudiants francophones dans nos
établissements d'enseignement supérieur.
M. Paradis : J'en parle à
l'occasion de cet article-là, parce qu'on a parlé justement de la langue
d'enseignement. Mais, de manière globale, dans votre planification, est-ce que
vous envisagez... Est-ce que ce régime qu'on est en train de créer avec le
projet de loi n° 74 s'applique entièrement? Donc, toutes les ententes qu'on a
avec la France...
M. Paradis : ...et la Communauté
française de Belgique entre dans ce régime-là ou il y a... ou il va y avoir un
régime d'exception? Ma question est vraiment générale.
M. Roberge : Non, non,
ce n'est pas un régime d'exception. Ici, on parle de tous les étudiants
étrangers. Il y en a qui sont visés par des ententes internationales, d'autres
pas, mais on parle ici de tous les étudiants étrangers.
M. Paradis : Donc, tout
va passer par le projet de loi no 74.
M. Roberge : Oui.
M. Paradis : Très bien.
M. Roberge : Oui.
M. Paradis : Très bien.
J'aimerais revenir à la question du lien entre l'article 52.1 et
l'article 50, tel qu'on l'a modifié à l'article 3, là. C'était un
petit peu notre discussion de tout à l'heure. Puis je vais... Je vais essayer
de... Suivez-moi, là, je vais essayer d'expliquer, là, d'où vient ma question.
Mais à l'article 50, on parle des décisions du ministre relativement à la
réception et au traitement des demandes présentées conformément au chapitre
trois. Et là on établit des critères au deuxième paragraphe, mais on dit :
Attention, s'il s'agit de décisions qui concernent des demandes présentées à
titre d'étudiants étrangers, là, ça va être des décisions prises par le
gouvernement, allez voir l'article 52.1. Ça va bien jusqu'à maintenant? À
52.1, dans le premier paragraphe, on dit : Si c'est une décision à titre
d'étudiant étranger, elle peut être prise sur la recommandation du ministre,
sauf dans le cas du deuxième paragraphe. Là, ça va être des décisions sur recommandation
conjointe des ministres, du ministre de l'Immigration, mais aussi de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, si elles portent sur, un, la
suspension et la réception du traitement des demandes, ou deux, si elles
portent sur le nombre maximal des demandes que recevra le ministre, et ce
nombre maximal est fixé en fonction d'une distinction, notamment en vertu des
critères qu'on vient de modifier.
Donc, les critères qu'on vient de
modifier, M. le ministre, c'est pour établir, qualifier le type de décision qui
va être prise seulement sur recommandation conjointe des ministres, en
distinction de la décision sur recommandation du ministre seul, qui est au
premier paragraphe. Donc, ici, il y a comme... Hein, il y a un entonnoir. Donc,
j'aimerais savoir.
Première chose. Parce que ma question, Mme
la Présidente, vous allez me demander : Attention, on est sur
l'article 52.1. Mais vous vous souvenez que je disais : Oui, mais là,
52.1, est-ce que c'est vraiment la même chose ou c'est distinct des critères qu'on
établit à l'article 50 tel que modifié par l'article 3? C'est ça, ma
question. D'abord, M. le ministre, est-ce qu'avec vos légistes vous êtes bien
sûr et certain que les critères, au deuxième paragraphe de l'article 50,
s'appliquent à toutes les décisions, et pas seulement celles qui sont prises
par le ministre seul? Donc, quand on parle des décisions prises en vertu de
52.1, est-ce que les critères qu'on a mentionnés au deuxième paragraphe de
l'article 50 s'appliquent aussi à ces décisions-là? Oui ou non?
M. Roberge : Oui, la
réponse est oui. En fait, oui... Bien, c'est juste une distinction entre...
entre ce qu'on a fait à l'article 3, donc dans l'article 50, où on
est davantage dans des... dans des concepts, dans des... dans des
considérations plus générales, tandis qu'à l'article 5 on est davantage
dans des distinctions, dans des critères, là, juste pour qu'on démêle. Mais
oui, je répète que ce qu'on a inscrit au deuxième paragraphe de
l'article 50 s'applique aussi aux étudiants étrangers.
M. Paradis : Oui,
bien... Bien parce que je vois aussi qu'il y a une modification, là. Au
paragraphe 3° de l'article 3, on dit, bon, le remplacement, dans le
troisième alinéa, de la décision du ministre par une décision. Donc, ce qu'on
veut dire, c'est que les critères, là, du deuxième paragraphe, «une décision
est prise en tenant compte notamment des orientations», etc., ça, ça s'applique
à toutes les décisions, qu'elles soient prises par le ministre, qu'elles soient
prises par le gouvernement, qu'elles soient prises par le ministre, par le
gouvernement, sur recommandation du ministre ou sur recommandation conjointe.
Chaque fois qu'il y a une décision, ces critères-là s'appliquent à toutes les
décisions. C'est bien ça?
• (21 h 20) •
M. Roberge : Bien, oui.
En fait, c'est ça. On dit que ces décisions qui sont prises en tenant compte de
toutes ces considérations.
M. Paradis : Très bien.
Les... Maintenant, les critères qu'on ajoute au deuxième paragraphe du deuxième
alinéa de 52.1, c'est le cas, elle porte sur le nombre maximal, etc. Ça, ça
vise uniquement lorsque c'est une recommandation conjointe des trois ministres.
Est-ce qu'on veut aussi que ça s'applique...
M. Paradis : ...quand c'est
une décision sur la recommandation du ministre du paragraphe un ou pas. Parce
que, là, pour l'instant, là, c'est... cette liste de critères là, c'est
uniquement utilisé comme un critère distinctif qui explique quand est-ce qu'une
décision est prise sur recommandation du ministre seul ou sur recommandation
des ministres conjoints. Je me demande si ces critères-là ne devraient pas
s'appliquer aussi quand c'est une décision du ministre seul au premier
paragraphe. Mais là il est uniquement critère distinctif. Est-ce que c'est
voulu comme ça?
M. Roberge : Oui. Ici, on...
quand on entre dans cette section-là, quand on entre dans ces distinctions-là,
ces critères-là, on entre dans quelque chose qui exige, je vous dirais, une
meilleure connaissance des réseaux. Et c'est pourquoi je pense qu'il est
préférable que, dans ces cas-là, on y aille...
M. Paradis : Alors, ma
question...
M. Roberge : ...ça va, ça va,
mais juste qu'on y aille avec... tout le temps en travail d'équipe avec les
ministres responsables.
M. Paradis : Très bien. C'est
le principe de l'entonnoir. Maintenant, quand il ne s'agit pas d'une décision
qui porte sur le nombre maximal de demandes que recevra le ministre, paragraphe
deux du deuxième alinéa, si ce n'est pas cette décision-là, donc c'est une décision....
toutes les décisions qui sont visées par le premier paragraphe, «une décision
du gouvernement concernant les demandes présentées à titre d'étudiant étranger
est prise sur recommandation du ministre», quel critère s'applique quand c'est
le premier paragraphe de 52.1? Ça serait... Est-ce que j'ai raison de dire que
ça serait seulement celles qui sont à l'article 50 tel que modifié par
l'article trois?
M. Roberge : Bien, vous avez
raison de dire que ceci s'applique, mais ici c'est des considérations plus
générales.
M. Paradis : Est-ce qu'on
n'aurait pas voulu ramener une série de critères qui sont mentionnés au
paragraphe deux lorsque c'est le ministre tout seul qui prend une décision,
notamment la langue d'enseignement, notamment... juste pour ce qu'on disait...
M. Roberge : Pour mieux
répondre à votre question, je peux suspendre une minute? Parce que je voudrais
vous donner des exemples, puis là je serais obligé de moins vous écouter pour
écouter mon collègue de droite. Je veux vous écouter attentivement. Ça ne sera
pas long, je vais vous répondre.
M. Paradis : Oui. Allez-y.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 23)
21 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 21 h 32)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous... s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, la parole était à vous, vous aviez une
réponse à formuler.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Mon collègue nous demande d'analyser, à l'article 5, le premier
paragraphe. Comparativement aux autres, le premier paragraphe traite des
décisions du gouvernement qui concernent les étudiants étrangers, mais
gouvernement... décisions gouvernementales qui sont prises sur recommandation
du ministre de l'Immigration après consultation de ses collègues, et non pas
recommandation conjointe, tandis que, plus loin, on parle de recommandation
conjointe. Donc, je voulais clarifier, mais... quelles décisions le ministre
pourrait prendre seul, après consultation. On dit qu'il prend seul, en fait il
soumet au gouvernement, parce que c'est une décision gouvernementale, au bout
du compte. Essentiellement, c'est le nombre maximum de CAQ qui seraient émis.
Ce serait, essentiellement, cette décision-là qui échouerait au ministre de l'Immigration,
après consultation de ses collègues. En fait, ce n'est pas une décision
simplement du ministre, une recommandation du ministre au gouvernement.
Ensuite, mon collègue demandait :
Oui, mais là quels sont ces critères, là, qu'est-ce qui... tu sais? Bien, c'est
là où on peut se référer à l'article 50, parce que l'article 50 est beaucoup
plus général, donc il y a plusieurs considérations. On pourrait penser que le
ministre s'est rendu... Il y a une grande pénurie de main-d'œuvre, il y a un
boom économique extraordinaire, le chômage est à 1,5 %. Je tiens compte
des besoins économiques puis je dis : Bon, bien là, je consulte mes
collègues, je propose au gouvernement de faire augmenter le nombre à 140 000,
exemple très, très fictif, mais, bon, ça pourrait être ça. Donc là, on voit un
exemple de quel type de décision, quel critère utiliser, la mécanique.
Ensuite arrive le deuxième paragraphe, qui
dit : Oui, bon, très bien, mais, ensuite, la fameuse granularité. Là, oui,
c'est correct, il y en a 150 000, mais où vont-ils, ces 150 000 là?
Est-ce qu'on laisse le libre marché? Au plus fort la poche? Nous autres, on dit
non. Après consultation, bien là, on... on arrive à des recommandations d'équipe,
ministre de l'Immigration, recommandations conjointes avec les ministres,
toujours recommandation au gouvernement, et là on y va en tenant compte,
notamment, des critères qui sont un peu plus bas. Voici les distinctions. Je
pense que c'est un peu plus clair.
M. Paradis : Bon, voyons si j'ai
bien compris. L'article 52.1 proposé par l'article 5, il est divisé en deux. La
première partie, c'est le premier paragraphe, ce sont les décisions du
gouvernement concernant les demandes, mais qui sont prises sur la
recommandation du ministre seul, après consultation soit du ministre...
M. Paradis : ...de
l'Éducation, soit du ministre de l'Enseignement supérieur dépendant de qui on
parle, si j'ai bien compris.
La deuxième partie, ce sont les décisions
qui sont prises sur recommandation conjointe du ministre. O.K.? C'est ça, la
différence entre la partie un et la partie deux. Dans la partie deux, c'est
lorsque la décision porte soit sur la suspension de la réception du traitement
de demande ou soit sur le nombre maximal de demandes que recevra le ministre,
auquel cas les critères, auquel cas les critères, c'est si ce nombre maximal
est fixé en fonction d'une distinction, etc. Ça, c'est la deuxième partie.
Donc là, j'aimerais reprendre la question,
compte tenu des explications que vous avez ajoutées. Quelles sont les décisions
qui seraient prises en vertu du paragraphe 1° de l'article 52.1? Quel type
de décision?
M. Roberge : Ça pourrait être
le nombre maximal de CAQ étudiants émis, donc total.
M. Paradis : Total.
M. Roberge : Total, ce qui
est distinct de ce qu'on retrouve plus bas, au deuxième alinéa, le nombre
maximal de demandes que recevra le ministre si ce nombre maximal est fixé en
fonction d'une distinction. Là, en haut, on parle d'un nombre total sans
distinction. Actuellement avant adoption de la loi actuelle, le ministre de
l'Immigration peut fixer tout seul, sans même passer par le gouvernement, sans
consulter personne, ce nombre total. Au moment où on se parle, là, c'est ça,
l'état du droit, le ministre de l'Immigration fixe... peut très bien fixer ça
comme ça, le nombre total. Là, avec la loi, le ministre de l'Immigration serait
obligé de consulter les ministres concernés, porterait une recommandation, ça
deviendrait une décision du gouvernement, mais toujours sur un nombre total,
sans les distinctions qui sont plus bas. Parce que si on applique un nombre
maximal en fonction d'une distinction, bien là, on doit aller sur recommandation
conjointe.
M. Paradis : Donc, si le
nombre maximal est fixé en fonction d'une distinction, c'est sur recommandation
conjointe et si c'est le nombre total, pas de distinction, c'est sur
recommandation du ministre seul. Dans les deux cas, c'est le gouvernement qui
décide.
M. Roberge : Exactement.
M. Paradis : Très bien. Dans
les deux cas, vous confirmez que l'intention du législateur, puis c'est vrai
que le texte peut l'indiquer, mais ça ne m'apparaissait pas sûr, sûr, sûr, mais
vous dites : Dans les deux cas, les critères qui sont fixés par ailleurs
au paragraphe 2° de l'article 50 s'appliquent.
M. Roberge : Je le confirme.
M. Paradis : Très bien,
merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de...
M. Cliche-Rivard : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vous laisse...
M. Cliche-Rivard : ...parce
que le député de Jean-Talon a posé les questions que j'avais l'intention de
poser, donc merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, M. le député de l'Acadie, c'est à vous.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je veux poser une question qui m'a été inspirée par une des
questions du député de Jean-Talon justement, quand le député de Jean-Talon a
fait référence avec des ententes que des universités peuvent avoir notamment
avec la France. Mais moi, ce que je voudrais savoir, M. le ministre, compte
tenu des critères qui sont à l'article 5, donc à 52.1, il y a des instituts
ou des centres de recherche qui ont des ententes avec plusieurs autres centres
de recherche à travers le monde. Ça peut être pour du perfectionnement, ça peut
être pour des équipes conjointes de recherche, ça peut être pour l'obtention
d'un diplôme d'études supérieures. Je vais prendre comme exemple l'ISMER, qui
est l'Institut des sciences de la mer à Rimouski. Ils ont des ententes avec un
grand nombre d'universités à travers le monde. Donc, je comprends que vous
pourriez décider, à 52.1, de recommander au gouvernement, c'est le gouvernement
qui va entériner la décision, qu'ils pourront recevoir un nombre x d'étudiants.
Donc, je comprends que... Comment ça va
s'articuler avec les ententes? Ils vont être obligés de dire à leurs
partenaires, tout dépendant des demandes qu'ils reçoivent : Écoutez, cette
année, ça ne peut pas marcher, on a une entente avec vous, mais,
malheureusement, on avait, je ne sais pas, moi, 100 CAQ avant, là, on en a
50, bien, on va être obligé de vous laisser en plan? Comment ça va s'articuler?
Parce que, les universités, il y en a qui ont des ententes de coopération et
d'études supérieures à travers le monde dans plusieurs pays. Est-ce que c'est
quelque chose dont vous allez tenir compte quand va venir le temps d'évaluer ou
de recommander le nombre de CAQ qui pourraient être finalement décernés?
• (21 h 40) •
M. Roberge : Bien, comme on
vient de le voir, en aucun cas, avec la nouvelle loi, le ministre de
l'Immigration ne peut décider tout seul. C'est toujours des décisions
gouvernementales, puis c'est soit sur recommandation conjointe avec...
M. Roberge : ...avec les
ministres concernés ou soit après consultation des ministres concernés. Donc,
tantôt, des gens disaient : Bien, il faut... ça nous prend des affaires
pour rassurer le réseau. Bien, la situation actuelle, c'est que le ministre de
l'Immigration pourrait dire demain matin : Bon, bien, on passe de
122 000 à 80 000, arrangez-vous avec ça, arrangez-vous avec ça, réseau.
Puis là, bien, les ententes internationales, les inquiétudes que vous avez...
pas mal plus inquiétant, la situation actuelle. Donc là, ce qu'on voit, c'est
qu'obligatoirement, au minimum du minimum du minimum, l'Enseignement supérieur
serait consulté s'il n'y avait qu'un nombre maximal de fixé. Mais on s'entend
que, s'il y avait un nombre maximal de fixé à la baisse, il y aurait aussi
application des autres éléments de l'article dont on parle et donc nombre
maximal de demandes fixé en fonction d'une distinction. Puis là, ce serait
recommandation conjointe. Donc, je pense que pour le réseau, après analyse, en
écoutant ce qu'on dit, ils vont voir que la situation à venir, après sanction
de la loi, est pas mal plus rassurante que la situation actuelle.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée, est-ce que vous avez encore des
interventions?
Mme Setlakwe : Oui, s'il vous
plaît, Mme la Présidente. J'aimerais soumettre un amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
Mme Setlakwe : Article 5.
Il a été envoyé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Il a été envoyé. On va le glisser dans... C'est
celui-là?
Mme Setlakwe : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Je vais vous demander d'en faire la lecture.
Mme Setlakwe : Oui. Donc, on
propose de modifier l'article 52.1, tel que proposé par l'article cinq du
projet de loi, par l'insertion, à la fin de... fin de l'article, de l'alinéa
suivant :
«Le présent article ne s'applique pas aux
établissements d'enseignement de niveau universitaire visés à l'article deux de
la Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire
(chapitre E-14.1) et aux collèges institués conformément à l'article deux
de la Loi sur les collèges d'enseignement général et professionnel
(chapitre C-29).»
Est-ce que vous voulez que je lise
l'article tel que modifié? Donc, il se...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, vos commentaires. On voit l'article, là. Vos
commentaires.
Mme Setlakwe : Non. Je pense
qu'on est rendus aux commentaires. Et c'est assez... c'est assez clair et
explicite, Mme la Présidente. C'est une demande formelle qui a été faite par le
réseau universitaire.
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Oui, et
collégial. Dans leur mémoire, c'est... c'est... c'est mentionné, ça a été
réitéré dans la loi... dans la lettre qui a été transmise, après les
consultations, par le BCI, le Bureau de coopération interuniversitaire, donc,
qui demande expressément d'être... d'être exclu encore une fois pour des
raisons qui ont été mentionnées à plusieurs reprises. Essentiellement, il n'y a
pas de problématique pour eux dans leur réseau respectif, le recrutement se
fait de façon rigoureuse, ciblée, il n'y a aucune perte de contrôle, tout
est... Ils souhaitent que... être autorégulés au niveau des universités
également, ils souhaitent maintenir leur autonomie. Ils veulent être exclus
complètement du projet de loi. Et on pense que c'est ici qu'on... qu'on...
qu'on... qu'est le meilleur endroit, là, le plus opportun pour venir prévoir
cette exclusion.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, Mme la Présidente,
c'est... Là, on le voit, c'est tout à fait cohérent avec les interventions de
la collègue. Elle a exprimé maintes fois qu'elle souhaitait voir, grosso modo,
là, les cégeps, les universités être exclus de la loi actuelle. Donc, je pense,
l'amendement va dans le sens de ce qu'elle a mentionné. Donc, évidemment, je
suis en désaccord, là, je l'ai exprimé à plusieurs reprises, et je pense que ça
desservirait à la fois les cégeps et les universités. Parce que j'ai déjà
exprimé l'intention du gouvernement de réduire le nombre d'étudiants, alors, si
on réduit le nombre d'étudiants puis qu'on exclut de l'application les cégeps
et les universités, ça veut dire qu'on ne peut pas utiliser aucun critère.
C'est... C'est du mur-à-mur. C'est paramétrique. Quant à moi, c'est épeurant.
Mme Setlakwe : Ce serait
épeurant d'exclure les universités et les cégeps alors qu'ils nous disent que
ce n'est pas nécessaire, qu'ils ont une maîtrise de la situation, ils
veulent... ils veulent qu'on respecte leur autonomie? Je cite la fin de la
lettre du BCI, qui a été signée, on se rappelle, là, par Christian Blanchette,
qui est le recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui est le
président du conseil d'administration du BCI, et il a signé pour les chefs...
Mme Setlakwe : ...des
établissements universitaires québécois, il y en a... je pense qu'il y en a
19... 18. Donc, ils sont tous du même avis et ils disent : «Pour toutes
ces raisons...» Donc, je ne pense pas que c'est nécessaire que je vous relise la
lettre du BCI. «Pour toutes ces raisons, nous réitérons notre demande - c'est
leur demande - d'exclure les établissements universitaires québécois du projet
de loi n° 74. D'autres avenues peuvent être envisagées conjointement, dans le
respect de l'autonomie universitaire, pour assurer une stabilisation de
l'immigration étudiante au Québec.»
Et, dans le cas de la Fédération des
cégeps, ils ont la même demande explicite dans leur mémoire très détaillé. Je
vous rappelle que «le réseau des cégeps — je lis leur mémoire — a
connu une croissance raisonnable, contrôlée et éthique de sa population
étudiante internationale». Il y avait des tableaux à l'appui. Le collégial
public, «la courbe d'augmentation de la population étudiante a été en
progression constante, sans être vertigineuse à aucun moment, reflétant une
évolution contrôlée et appuyée par plusieurs mesures incitatives du
gouvernement du Québec». Et puis donc, dans leur mémoire, ils demandent
explicitement d'être exclus également. Donc, c'est leur demande.
M. Roberge : Bien, je
comprends que c'est leur demande dans un monde où on laisse augmenter le nombre
d'étudiants jusqu'à un plateau indéfini, ça semble être la posture du Parti
libéral aussi, mais on n'est pas dans ce monde-là. Je vous le dis, là, il n'y
aura pas d'augmentation. Il risque d'y avoir une baisse. Combien? On va le
définir avec les ministres concernés, avec les pouvoirs de cette loi, pour
aller chercher les informations, prendre la meilleure décision. Sachant cela,
les exclure des mesures qui permettent de le faire avec doigté, ce n'est pas
une bonne décision.
Mme Setlakwe : ...qu'il va y
avoir une diminution, on ne sait toujours pas de combien, mais les diminutions
vont viser les universités et les cégeps publics?
M. Roberge : Il va y avoir
une baisse du nombre d'étudiants étrangers sur le territoire. C'est ce que je
dis pour l'instant.
Mme Setlakwe : O.K. Est-ce
que vous allez faire faire et déposer et divulguer publiquement une analyse
d'impact financier? Parce qu'il va y avoir un impact financier. Tout porte à
croire qu'il y aura un impact financier sur les établissements.
M. Roberge : Je vais laisser
le ministre de l'Éducation et la ministre de l'Enseignement supérieur répondre
à ces questions-là, parce qu'on va prendre en considération tous les impacts,
mais après ça, ça fera partie des analyses. Je vais laisser mes collègues faire
cette partie-là.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous allez les consulter au préalable? Est-ce que vous pensez que ce serait
important qu'on vienne dire spécifiquement qu'on devrait les consulter? Ça,
c'est une autre demande qu'ils ont faite, parce que leurs demandes sont en...
c'est ça, sont multiples, là. Ce qu'ils veulent avant tout, c'est d'être
exclus. Ensuite, il y a les cycles... les cycles supérieurs, second et
troisième cycles. Et ils disent aussi explicitement qu'il devrait y avoir une
procédure obligatoire de consultation préalable.
M. Roberge : Bien, je pense,
c'est une évidence, quand on... quand on dit qu'il y a une recommandation
conjointe des ministres, on sait que les ministres parlent à leurs réseaux en
continu. Je ne pense pas qu'il faut inscrire en toutes lettres un processus de
consultation. J'ai été moi-même ministre de l'Éducation, ministre de
l'Enseignement supérieur. Des conversations avec le réseau, là, c'est en
continu, là. Je veux dire, tu te parles à toutes les semaines, tu te textes à
toutes les semaines, si ce n'est pas à tous les jours. Donc, évidemment que le
réseau sera consulté. Ce n'est pas nécessaire de l'inscrire en toutes lettres
dans la loi.
Mme Setlakwe : Au niveau des
cégeps publics, on les a entendus, là, parler de l'importance, donc, d'offrir
des... une vaste gamme de programmes pour assurer, donc, qu'on puisse offrir
les formations partout au Québec. Vous l'avez dit vous-même, là, c'est... ce
n'est pas seulement bénéfique... Évidemment, on ne pense pas aux étudiants...
nos préoccupations ne sont pas tournées principalement vers les étudiants
internationaux, elles sont portées principalement vers les étudiants québécois,
pour lesquels, dans certains réseaux, il y a une... il y a une baisse
démographique qui est sentie dans nos institutions. Puis on veut que les jeunes
puissent avoir accès à des études dans leurs régions respectives, étant donné
le vieillissement de la population, c'est le futur des services publics, des
soins qu'on est en train d'assurer, et c'est vraiment la mission éducative de
nos cégeps.
• (21 h 50) •
Est-ce qu'au niveau des cégeps vous êtes
capable de dire... Donc là, on comprend que vous ne voulez pas les exclure,
mais j'imagine que vous allez entendre tout l'argumentaire, là, peut-être que
mes collègues sont d'accord avec moi. Mais est-ce qu'au niveau des cégeps vous
êtes capable de dire si les coupures vont avoir lieu dans les régions ou plutôt
dans les grands centres? Est-ce que, par exemple, vous avez en tête un certain
moratoire à Montréal...
M. Roberge : ...je ne
m'embarquerai pas sur les décisions finales, je l'ai dit souvent, les
réflexions vont se faire avec les ministres respectifs. Puis si vous voulez
qu'on considère le critère des régions, bien, il ne faut pas exclure les
réseaux de l'article qu'on étudie. L'article qu'on étudie est la solution au
problème que vous nommez.
Mme Setlakwe : Mais...
O.K. Moi, je croyais que le problème n'était pas... Moi, ce que j'ai entendu
c'est qu'il n'y a pas de problème au niveau universitaire et collégial public.
Donc, j'ai soumis l'amendement dans ce sens-là. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député.
M. Morin : Oui. Merci.
Alors, merci, Mme la Présidente. Alors, écoutez, j'appuie l'amendement qui a
été proposé par ma collègue la députée de Mont-Royal-Outremont pour les raisons
suivantes. Quand on a écouté des groupes en commission parlementaire, Mme la
Présidente, M. le ministre, les universités sont venues nous le dire, sont
venues nous demander carrément qu'elles ne soient pas visées par le projet de
loi no 74. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les différents responsables,
chefs d'universités.
Puis permettez-moi de citer, entre autres,
le mémoire des universités Laval, McGill, Montréal et Sherbrooke. Dans leurs
recommandations, ils l'indiquaient clairement, puis ils sont venus nous le dire
en commission parlementaire, M. le ministre, lors de la conférence, et je cite,
à la page 11 : «Lors de la conférence de presse du 20 août
dernier, le gouvernement du Québec indiquait vouloir s'attaquer aux
établissements irresponsables avec le projet de loi à venir, devenu le projet
de loi no 74. Nous l'encourageons à poursuivre cette voie, mais en
utilisant des pouvoirs dont il dispose déjà pour intervenir dans la sélection
des étudiants internationaux sur la base de critères non académiques. Le
gouvernement prend une direction différente». Vous nous l'avez exprimée, M. le
ministre. Alors, les invités nous disent qu'ils ne sont pas la source des
enjeux soulevés et qu'ils ont répondu à l'appel gouvernemental d'augmenter le
recrutement international au bénéfice du développement, et de la recherche, et
de l'innovation québécoise. C'est ce qu'ils écrivent.
Alors, tout à l'heure, quand vous nous
avez dit que vous étiez en consultation puis que cela allait de soi, bien,
c'est certain. Moi, je suis convaincu que vous allez en parler avec votre
collègue qui est la ministre de l'Enseignement supérieur. Elle a sûrement reçu
copie de ces documents-là puis elle est sûrement en contact régulièrement avec
ces différents chefs d'universités qui expriment leur inquiétude, d'où
l'amendement qui est proposé.
Montréal, Sherbrooke, Laval et McGill nous
disent : «Nous partageons les objectifs du gouvernement de protéger le
français, nous aussi». D'ailleurs, il y a des amendements qui ont été adoptés
en ce sens aujourd'hui. «Sélectionner des étudiants internationaux à partir de
critères rigoureux, mais sévir contre des institutions qui ne respectent pas
les règles». Cependant, ils ajoutent, le gouvernement erre. Le mot est sérieux.
Il est fort. Mais c'est ce qu'ils ont écrit. «Le gouvernement erre en faisant
le choix de pénaliser les universités et en risquant d'affaiblir
considérablement l'attractivité du Québec auprès des étudiants internationaux».
Leurs recommandations, c'est qu'ils ne
soient pas visés et qu'ils ne soient pas assujettis au projet de loi
no 74. Ce qu'ils disent, c'est qu'ils espèrent que ce mémoire saura
sensibiliser les membres de la commission quant aux bénéfices que le
recrutement d'étudiants internationaux apporte à notre société et qu'ils réaffirment
leur volonté de collaborer avec le gouvernement du Québec, avec vous, et
l'ensemble des partenaires pour trouver un juste équilibre entre la nécessité
d'encadrer l'immigration temporaire et la préservation de la mission
fondamentale des universités et de leur autonomie, dont a parlé beaucoup ce
soir. Et ils disent qu'évidemment il faut protéger l'intégrité du réseau, mais
que la solution que vous proposez, selon eux, n'est pas la bonne, M. le
ministre, et je tenais à le rappeler.
Je veux également rappeler à la commission
le mémoire qui a été déposé par le Réseau des universités du Québec. Alors, ça,
c'est l'UQAM, l'UQTR, l'UQAC, l'UQAR, l'UQO, l'UQAT, l'INRS, l'ENAP, l'ÉTS et
TELUQ. L'ENAP, entre autres, c'est particulièrement important parce qu'ils forment
une partie significative des gestionnaires du gouvernement du Québec et ils
nous rappellent... Donc là, vous avez, M. le ministre, les universités Laval,
McGill, Montréal et Sherbrooke, puis vous avez le réseau au complet des
universités du Québec. Et ils nous rappellent d'utiliser le projet de loi, un
levier à utiliser avec précaution. Et on nous dit qu'en enseignement supérieur,
le projet de loi no 74...
M. Morin : ...pourrait
octroyer ou prévoit octroyer des capacités au gouvernement d'agir dans la
répartition des PII, en fonction de paramètres précis, comme les programmes, la
région et l'établissement — et nous en avons parlé beaucoup ce soir,
vous avez répondu à plusieurs de mes questions à ce sujet là — mais
une intervention précise en fonction des paramètres proposés risquerait de
brimer la capacité de gestion des universités et l'autonomie universitaire, au
sens large — et je tiens à le souligner — notamment en ce
qui a trait à la recherche, la création, au développement des programmes, aux
conditions auxquelles les personnes étudiantes doivent répondre pour y avoir
accès.»
On nous dit que les programmes
universitaires et les expertises en recherche se construisent sur 10, 15 ou 20
ans, et que leurs développements se font en mobilisant des personnes étudiantes
québécoises, mais aussi des étudiants étrangers, on dit : «sans lesquels
les axes de développement des universités seraient grandement réduits ou
ralentis», et que ça pourrait même avoir un impact sur leur développement et
sur l'autonomie universitaire qui le permet.
Ils nous rappellent la Loi sur la liberté
académique, adoptée par le gouvernement en 2022, j'y ai fait référence plus
tôt. Et on nous rappelle... parce que c'est de ça dont on parle présentement, à
l'article 5 du projet de loi, et il y a une référence spécifique à l'article 5,
à la page 7 de leur mémoire : «L'article 5 du projet de loi n° 74
fait en sorte que des programmes des champs de recherche pourraient voir leur
développement et leur essor être assujettis aux aléas politiques éventuels, ce
qui contrevient à l'autonomie universitaire et pourrait compromettre des
efforts de plusieurs décennies. Pourtant, c'est cette autonomie qui permet à
chacun des établissements universitaires de mettre en place localement des mesures
adaptées.» Puis là, quand vous regardez la liste des maisons d'enseignement, il
y en a, évidemment, plusieurs qui sont en région. Donc, moi, j'ai aussi une
crainte pour les régions du Québec, pour l'accès aux études universitaires. On
nous dit qu'évidemment elles sont localement adaptées à leur réalité, à la
réalité des régions qu'elles desservent, naturellement.
Donc : «Une répartition par programme
risque de nuire au développement de certaines disciplines tout aussi
importantes, à la réalisation de la mission d'enseignement et de recherche des
universités.» Et on nous rappelle que, si les universités ont un rôle à jouer
afin de répondre aux besoins actuels du Québec, une des forces de
l'enseignement supérieur est de former des personnes étudiantes dans un large
éventail de domaines, dont certains dans des domaines scientifiques encore peu
connus. On cite notamment l'intelligence artificielle.
On nous dit : «En fonction des
différents éléments évoqués dans ce mémoire, donc, l'Université du Québec et
son réseau considèrent que les paramètres proposés dans le projet de loi
n° 74 et une éventuelle réduction des PII — c'est ce que vous
avez évoqué, M. le ministre — pourraient entraîner des conséquences
négatives majeures sur toutes les régions du Québec ainsi que les universités
elles-mêmes.» Et là ce n'est pas moi qui le dis, je prends la peine... je veux
bien... c'est écrit, c'est écrit, noir sur blanc.
Alors, vous comprenez, ce n'est quand même
pas banal. Puis ça, c'est le réseau non seulement des universités du Québec,
mais l'INRS, l'ENAP, l'ETS puis TELUQ qui vous l'écrivent. Alors, j'imagine
qu'ils ont fait des analyses avant de l'écrire, hein, c'est des gens sérieux.
Donc : «Le projet de loi n° 74 et une éventuelle réduction des PII
pourraient entraîner des conséquences négatives majeures sur toutes les régions
du Québec ainsi que sur les universités mêmes. Les établissements
universitaires devraient donc être exclus de l'article 5 du projet de loi»,
d'où l'amendement qui est proposé.
• (22 heures) •
Donc, vous comprenez qu'advenant le
maintien des universités dans l'article 5 celui-ci devrait inclure une garantie
de consultation, qui viserait à définir les paramètres de répartition et
minimiser les répercussions négatives. Ça aussi, ça s'en vient, ma collègue va
vous en parler. Mais si l'amendement est déposé, M. le ministre, c'est parce
que nous avons été interpelés, nous, de l'opposition officielle, par les
universités. En fait, quand on regarde la liste, là, Laval, McGill...
22 h (version non révisée)
M. Morin : ...Montréal,
Sherbrooke, tout le réseau de l'Université du Québec. Puis il y a aussi l'Université
Bishop, qui avait également des craintes dans le même sens. Ils sont venus...
Ils sont venus nous parler de leur situation qui était difficile. L'ETS a même
décidé de produire un mémoire qui est... qui est à part, qui raconte leur
réalité d'une façon spécifique, et qu'ils nous ont demandé : S'il vous
plaît, faites en sorte que ce projet de loi ne soit pas applicable à ces
maisons d'enseignement. Bien, au fond, nous, on écoute et on pense que ce
serait plus dommageable pour le Québec et pour les universités, compte tenu de
ce qu'ils nous disent et des analyses qu'ils ont faites, et que ce serait
préférable de les exclure que de les laisser dans votre projet de loi. Ce qui
explique pourquoi l'amendement a été déposé.
Et je tenais à prendre, Mme la Présidente,
quelques minutes pour être capable d'expliquer aux gens qui nous écoutent... il
y en a peut-être encore à cette heure-ci, peut-être moins qu'en heure de pointe
cet après-midi, mais pour que les gens comprennent évidemment pourquoi cet
amendement-là est déposé, d'où il vient et il s'insère dans quelle démarche
logique de notre part. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement, est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un vote par appel nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
Le Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Abstention.
La Secrétaire : M. Paradis
(Jean-Talon)?
M. Paradis : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'article cinq. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article
cinq, tel qu'amendé?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pardon? Oui. Allez-y.
Mme Setlakwe : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez un autre amendement. On va prendre quelques
secondes pour le, entre guillemets, projeter. Oui. Alors, on le voit maintenant
à l'écran... aux écrans. Je vais vous demander d'en faire la lecture, s'il vous
plaît.
Mme Setlakwe : Pardon? Oui,
je vais en faire la lecture. Donc, on propose de modifier l'article cinq, qui
modifie 52.1 de la Loi sur l'immigration au Québec. Donc, modifier l'article 52.1,
tel que proposé par l'article cinq du projet de loi, par l'insertion, à la fin
de l'article, de l'alinéa suivant :
«Malgré le paragraphe deux, le deuxième et
le troisième cycles ne peuvent être considérés comme une distinction au sens du
présent article.»
Donc, ici, Mme la Présidente, l'intention,
c'est... c'est d'exclure, donc, les étudiants internationaux qui viennent
étudier dans nos deuxième et troisième cycles à la maîtrise et au doctorat.
Sachant qu'on l'a entendu et ça a été documenté, ils représentent une... je ne
voudrais pas dire dans tous les cas mais je dirais une majorité, ils
représentent la majorité de nos laboratoires de recherche, de nos cohortes dans
les deuxième et troisième cycles et, dans certains cas, ça peut aller jusqu'à
60 %, c'est ce qu'on a entendu à l'École polytechnique au niveau de la maîtrise,
et 70 % au niveau du doctorat, et là, ici, on touche à un aspect
fondamental, on parle vraiment de l'innovation, on parle de la capacité du
Québec en recherche et en innovation. Alors, ce qui a été demandé par les
universités, c'est : Si vous n'excluez pas... si vous ne nous excluez pas
complètement, ça, c'est ce qu'on demande, bien, il faudrait à tout le moins ne
pas toucher aux deuxième et troisième cycles. Alors voilà, c'est le... c'est
le... c'est dans ce sens-là qu'on dépose l'amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, deux
commentaires. D'abord...
M. Roberge : ...au deuxième
cycle, il y a plusieurs maîtrises qui sont des cours, il n'y a pas que de la
recherche. Puis ensuite, si vous l'enlevez, ça nous empêche de les préserver.
Vous êtes consciente de ça, chère collègue?
Mme Setlakwe : Oui. Vous
pouvez peut-être l'expliquer. En quoi... Oui, en quoi, donc, vous les... vous
souhaitez les protéger?
M. Roberge : Bien, c'est
parce que si ça fait partie des critères de... des distinctions, donc des
critères, on est capable, comme gouvernement, dans le cadre d'une réduction
d'étudiants étrangers, de préserver certains ordres, de préserver du deuxième
cercle, de préserver du troisième cycle. Si on ne peut plus... nommément, on
peut tout protéger sauf ça, je pense que vous desservez le deuxième, troisième
cycle et les chaires de recherche.
Mme Setlakwe : Bien, ce qu'on
demande, c'est de ne pas limiter.
M. Roberge : Bien, si vous
regardez votre... j'ai l'impression que c'est... il y a un effet pervers.
Mme Setlakwe : La demande qui
a été faite et c'est... bon, peut-être que le libellé n'est pas idéal, mais je
pense que vous comprenez que la demande qui est faite, c'est de ne pas imposer
de plafond, de ne pas limiter, de ne pas réduire le nombre d'étudiants
internationaux au niveau de la maîtrise et du doctorat. Et c'est une demande
qui a été faite par le réseau.
M. Roberge : Bien, je
comprends. Ma collègue a exprimé sa préoccupation. J'ai exprimé que j'étais
très sensible à ça. C'est juste que, là, on étudie article par article, on est
dans le libellé, puis je pense... je sais que, si on adoptait l'amendement
déposé par ma collègue, on empêcherait le gouvernement de préserver les
programmes de maîtrise et de doctorat d'éventuelles baisses. Je pense que c'est
contraire au souhait de ma collègue.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous avez l'intention d'éventuellement baisser le nombre d'étudiants
internationaux dans ces cycles?
M. Roberge : Nous avons
l'intention de pouvoir considérer la notion des cycles d'études. C'est dans la
liste.
Mme Setlakwe : Donc, O.K.,
c'est.... Donc, vous allez le considérer, ça va faire partie des distinctions
qui vont être prises en compte lors d'une prise de décision.
M. Roberge : Je ne peux pas
exclure qu'à tout jamais... renoncer au fait qu'à tout jamais, jamais, d'aucune
manière, ce ne sera possible pour le gouvernement présent et futur de
considérer les cycles supérieurs pour des réductions des augmentations de CAQ.
Mme Setlakwe : Donc, la porte
n'est pas fermée. Donc, vous allez le considérer, et c'est une possibilité
éventuellement de venir réduire le nombre de CAQ qui sont émis à l'endroit...
au bénéfice de ces personnes.
M. Roberge : Bien, on a dit
qu'on voulait... on voulait faire une radiographie complète du réseau.
Mme Setlakwe : Incluant les
deuxième et troisième cycles. Merci, ça répond à ma question.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
M. le député?
M. Morin : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, est-ce que je comprends, M. le ministre, que la
photographie, vous ne l'avez pas déjà faite?
M. Roberge : J'ai déjà
répondu à cette question.
M. Morin : D'accord. Bon, je
vais vous la reposer, parce que je ne me souviens pas de la réponse,
malheureusement. Alors, est-ce que vous l'avez fait ou pas?
M. Roberge : Bien, comme je
l'ai mentionné plusieurs fois, mes collègues sont en train de faire des
vérifications puis la sanction de cette loi-là va leur donner des pouvoirs pour
faire de meilleures vérifications.
M. Morin : Donc, je comprends
que vous ne l'avez pas faite. Parce que si vous dites que vos collègues sont en
train de regarder puis qu'éventuellement, avec la loi, ils vont être capables
de le faire, bien là, vous ne l'avez pas faite, vous ne le savez pas.
M. Roberge : Bien, Mme la
Présidente, vient un moment où moi, ça m'intéresse de discuter, mais ça
m'intéresse moins de répéter. Alors, les questions posées six, sept, huit fois
pour lesquelles j'aurais répondu six, sept, huit fois, je vais toujours le
faire avec respect. Mais j'ai déjà répondu à cette question plusieurs fois.
• (22 h 10) •
M. Morin : D'accord, alors je
note la réponse, Mme la Présidente. Alors, je comprends que le ministre ne l'a
pas fait. Bon, alors, on va attendre, on va voir éventuellement ce qui va se
passer.
Mais écoutez, pour les études de deuxième
et troisième cycles, c'est effectivement une demande qui a été faite par les
universités et ça les inquiète au plus haut point pour toutes les raisons que
je vous ai dites puis toutes les raisons que j'ai énoncées. Puis en fait, ce
n'est pas des raisons à moi, ça ne vient pas de moi personnellement, ça vient
de l'ensemble du réseau, M. le ministre. Et ce qu'on nous dit, c'est que
l'impact pourrait être encore plus dommageable si vous restreignez le nombre
d'étudiants étrangers que vous pouvez admettre au niveau du deuxième et du
troisième cycle, parce que ça aura un impact sur la recherche, ça aura un
impact sur les études supérieures, ça aurait un impact sur le savoir, sur
l'attractivité...
M. Morin : ...du Québec, et
ça, les recteurs des universités nous l'ont toutes dit. Alors, ils nous ont
même souligné que ça avait, en fait, déjà commencé. D'ailleurs, dans les
journaux, dans un article qui a été publié, dans Radio-Canada, par Sébastien
Desrosiers, qui reprenait une entrevue qui a été donnée par M. Cossette,
recteur de l'Université de Sherbrooke, ça a déjà un impact sur nos universités,
et il y a déjà une inquiétude, et ça a déjà un impact sur la recherche puis les
études supérieures.
Alors, écoutez, M. le ministre, vous
comprendrez que moi, comme député de l'opposition, mais aussi comme
législateur, ce volet-là de la recherche, du savoir, du partage, de
l'attractivité du Québec, puis après des retombées économiques, bien, c'est
quelque chose qui, moi, m'interpelle et que je trouve particulièrement,
particulièrement important. On nous a dit, et ça, les universités nous en ont
parlé, mais la Chambre de commerce du Montréal métropolitain nous l'a dit
également : «La réputation du Québec, et plus particulièrement de
Montréal, en tant que destination académique de choix, repose sur la stabilité
des cadres réglementaires et sur des démarches administratives simplifiées,
transparentes - alors, ce n'est pas tout à fait ce qu'on a maintenant. Et un
cadre attractif doit permettre aux étudiants internationaux de s'installer au
Québec, sans obstacles inutile et imprévisible, autrement - et là, on parle particulièrement
de Montréal, pas des régions - Montréal risque de perdre des talents
susceptibles de contribuer à des secteurs stratégiques comme les sciences, la
technologie, l'intelligence artificielle et les sciences de la vie.»
On nous dit bien qu'«une réduction du
nombre d'étudiants internationaux causée par des démarches administratives
dissuasives va non seulement affaiblir la compétitivité des établissements,
mais leur capacité d'innovation». Et vous comprendrez, moi, comme député, quand
je lis ça, bien, évidemment, ça m'interpelle. Puis je pense que c'est
important, c'est important d'en discuter, c'est important de le souligner puis
de le laisser savoir, puis ça m'apparaît fondamental. On nous rappelle qu'à
l'échelle internationale les étudiants qualifiés sont particulièrement
sensibles aux démarches administratives et aux perspectives de transition,
notamment, vers la résidence permanente. Donc, des changements dans les
politiques d'immigration auront un impact. Et, évidemment, on nous dit qu'il faut
continuer d'être capable d'attirer des étudiants internationaux, et là on parle
plus spécifiquement de Montréal, puisqu'il s'agit de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain. On nous souligne que la présence d'un bassin important
d'étudiants internationaux établis à Montréal génère des dépenses
significatives sur le territoire montréalais et que ça représente une injection
d'argent dans l'économie québécoise.
On nous rappelle que, pour 2019-2020, les
dépenses des étudiants provenant de l'extérieur du Québec ont généré 427
millions de dollars de PIB. Ils soutiennent plus de 4 000 emplois en
équivalent temps plein. Je comprends, M. le ministre, que vous voulez contrôler
l'immigration, je le comprends. Vous nous avez dit que vous voulez diminuer le
nombre d'étudiants, bien, évidemment, ça risque d'avoir un impact sur les
retombées ou sur les dépenses, évidemment, puis de l'économie, entre autres,
montréalaise. On rappelle, puis c'est la chambre de commerce qui le dit, ce
n'est pas moi, que ça soutient plus de 4000 emplois en équivalent temps plein,
et que le gouvernement du Québec a aussi perçu 52,5 millions de dollars en
recettes fiscales directes et indirectes.
La contribution des étudiants
internationaux universitaires établie à Montréal est donc essentielle à
l'économie québécoise et ne doit pas être sous-estimée. Je pense que c'est
important de le souligner puis de prendre le temps d'en parler, parce que les
étudiants universitaires internationaux sont aussi un vecteur d'innovation. Et
la Chambre de commerce du Montréal métropolitain nous rappelle que les
étudiants des cycles supérieurs, et c'est ce dont on parle ici, sont
indispensables à la vitalité et au fonctionnement des chaires de recherche, qui
est un moteur d'innovation au Québec. On nous rappelle que c'est trop souvent
sous-estimé, mais que ces chaires produisent des connaissances avancées qui
propulsent le Québec dans des domaines stratégiques. Leur rôle dans le
développement et la...
M. Morin : ...du Québec ne
saurait être ignoré. Ça m'apparaît totalement essentiel et important. On dit
que, parmi les étudiants internationaux inscrits cet automne, 50 % d'entre
eux poursuivre leurs études aux cycles supérieurs. Donc, c'est quand même... ce
n'est pas un nombre total d'étudiants très, très élevé, mais, dans ce nombre
d'étudiants là, ceux qui sont aux cycles supérieurs représentent un pourcentage
élevé. Et, s'ils viennent poursuivre des études supérieures au Québec, c'est
grâce à la qualité de nos centres de recherche, la qualité de nos universités,
ce qui fait que le Québec est attractif au niveau international.
On dit qu'il y a une surreprésentation des
étudiants internationaux au sein des programmes de deuxième et troisième
cycles, et donc ils jouent un rôle essentiel dans le soutien des activités de
recherche et de pointe. Alors, évidemment, si vous venez diminuer leur nombre,
M. le ministre, ça risque d'avoir un impact direct, non seulement, bien sûr,
sur les inscriptions dans les universités, donc sur le financement, en partie,
des universités, mais ça risque aussi d'avoir un impact sur les chaires de
recherche que ces universités-là ont, et ça, on en a déjà parlé pendant le
cadre des travaux de la commission.
On souligne que, selon l'Observatoire des
sciences et des technologies, les universités québécoises comptent plus de
1 500 chaires de recherche couvrant des domaines clés telles
l'intelligence artificielle, la santé, les sciences de l'environnement. Et ça,
M. le ministre, quand on regarde le mémoire qui a été déposé par les
universités de Laval, McGill, Montréal et Sherbrooke, on nous parle aussi de
ces secteurs de pointe. On nous a parlé aussi du développement de
l'intelligence artificielle. Montréal est bien positionnée dans ce domaine de
recherche là, on a des experts qui sont reconnus internationalement. Et donc je
pense qu'il faut faire attention. Il faut être capable de voir, effectivement,
à ne pas nuire à ces chaires de recherche qui rapportent, mais qui font aussi
en sorte que le Québec est bien positionné sur la scène internationale.
Le Québec est maintenant un leader mondial
en intelligence artificielle grâce aux chaires de recherche CIFAR Canada et le
MILA, Institut québécois d'intelligence artificielle. On nous rappelle, et
c'est la Chambre de commerce qui le souligne, que ces chaires ont permis au
Québec d'attirer plus de 1 milliard de dollars d'investissements dans
le secteur de l'intelligence artificielle, entre 2017 et 2021, et de
positionner Montréal comme un pôle mondial de recherche en intelligence artificielle.
Les chaires de recherche universitaires
contribuent aussi directement à la formation de talents hautement qualifiés.
Chaque année, elles forment des centaines d'étudiants aux cycles supérieurs qui
deviennent des chercheurs, des innovateurs, des entrepreneurs au Québec. Des
diplômés de ces programmes de recherche intègrent le marché du travail avec des
compétences avancées répondant au besoin d'une main-d'œuvre spécialisée, dont
le Québec a besoin, M. le ministre. Donc, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain réclamait, recommandait de ne pas appliquer de futurs quotas pour
les étudiants des cycles supérieurs, et l'amendement qui est proposé risque...
en fait, non pas risque, mais donne vie à cette recommandation de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain.
• (22 h 20) •
Donc, encore là, il y a une unanimité qui
se fait, que ce soit au niveau des universités, que ce soit McGill, Laval,
Montréal, Sherbrooke, que ce soit le réseau de l'Université du Québec, que ce
soit la Chambre de Montréal... Montréal métropolitain, tous parlent d'une même
voix et disent, au fond, qu'il est périlleux de s'attaquer et de commencer à
réduire le nombre d'étudiants dans les cycles supérieurs compte tenu de
l'argent qui est disponible dans des chaires de recherche, compte tenu de
l'importance d'attirer ces chercheurs pour permettre à nos universités d'être
des développements des secteurs d'innovation de pointe puis faire fonctionner
le Québec et son économie.
Donc, ça m'apparaissait important, Mme la
Présidente, de prendre quelques minutes pour rappeler ces éléments-là qui nous
ont été divulgués lors des consultations particulières et donc de faire
particulièrement attention, d'être particulièrement sensibles quand on touche
aux études de deuxième et troisième cycles, parce que ça a un impact...
M. Morin : ...direct non
seulement sur la capacité de nos universités d'attirer des chercheurs, mais
aussi de continuer à développer avec des chaires de recherche et en plus de
soutenir l'économie, notamment de Montréal, mais aussi de ses régions. Parce
que je tiens à le rappeler, dans le secteur ou dans la grande famille de
l'Université du Québec, vous avez plusieurs universités qui sont en région, et
ce sont donc un vecteur économique de développement régional qui est important.
Je tiens à le souligner, parmi les universités qui sont venues nous rencontrer,
il y a Laval, donc une université fondamentale dans la capitale nationale du
Québec, qui a des chaires de recherche, des chaires de recherche et qui a
besoin de chercheurs. On est venu nous le dire, la rectrice en a parlé d'une
façon spécifique. Vous avez Sherbrooke, qui est en région et qui aussi est un
pôle attractif, hyper important.
Donc, ce que je souligne, c'est qu'il faut
absolument faire attention. Si on parle d'environ 57 450 étudiants
internationaux dans l'ensemble des établissements universitaires. Et là-dessus,
selon les chiffres du Bureau de coopération interuniversitaire, on ajoute HEC
et Poly Montréal, là, on parle de l'ensemble des universités. Si vous dégagez
de ça les étudiants au deuxième ou troisième cycle, c'est moins, forcément, que
57 450. Si vous les répartissez sur l'ensemble du territoire québécois et
sur l'ensemble des universités, vous n'allez pas arriver, Mme la Présidente,
avec un très gros chiffre.
Donc, quand M. le ministre nous dit qu'il
y a de l'abus, je le crois, mais on nous a tous dit que ce n'était pas à ce
niveau-là du tout. Puis quand on nous dit qu'il faut faire attention à ce
secteur-là parce qu'il génère non seulement de la recherche, mais également des
revenus non seulement pour les universités, mais pour le Québec en entier,
bien, je pense qu'il faut y aller avec modération et avec prudence,
particulièrement dans ce secteur-là.
Et en plus, il y a plusieurs groupes qui
nous ont demandé d'être exclus spécifiquement au niveau du deuxième et du
troisième cycle pour s'assurer que ces instituts-là pourront continuer. Vous
savez, Mme la Présidente, quand on a déposé des motions préliminaires, j'avais
demandé à ce que l'ISMER soit entendu. Ils ne sont pas dans la liste. C'est un
centre de recherche, puis vous vous rappellerez, j'en ai parlé, unique au
Canada français. Il y a un seul centre de recherche en océanographie. Il est au
Québec. Ils ont des étudiants dans des domaines de pointe de recherche. Ils en
ont au deuxième puis au troisième cycle. J'aurais aimé qu'on puisse les
entendre parce que ça nous aurait permis de comprendre et d'appuyer davantage
ce que je suis en train de vous plaider pour s'assurer qu'on ne va pas toucher
au deuxième ou troisième cycle. Malheureusement, ça n'a pas été possible. Mais
c'est un institut spécifique qui reçoit aussi de l'argent dans des chaires de
recherche pour être capable de faire fonctionner notamment les recherches dans
le domaine des sciences de la mer, dans le domaine de la biodiversité puis de
l'impact des changements climatiques, notamment sur le Saint-Laurent. J'en ai
parlé, c'est un institut de pointe.
Donc, autant, autant d'instituts, autant
d'organismes qui sont inquiets. Et M. le ministre nous l'a dit tout à l'heure,
il veut diminuer le nombre. Ça ne va rien faire pour les rassurer. Puis on
parle ici d'étudiants au deuxième et au troisième cycle. Donc, moi, je voulais
prendre quelques minutes ce soir, Mme la Présidente, pour brosser un tableau
complet, pour expliquer pourquoi ma collègue de Mont-Royal-Outremont avait
déposé cet amendement-là. Et j'ai bien compris la réponse de M. le ministre.
Peut-être que la rédaction n'est pas idéale, il y a toujours moyen de la
bonifier, mais je pense que l'intention qui appuie l'amendement qui est proposé
est claire, compte tenu de l'impact de ce que ça peut faire, compte tenu aussi
de ce qu'on nous a dit. Parce que, moi, Mme la Présidente, je me fais la voix
des gens qui sont venus nous parler en commission parlementaire...
M. Morin : ...je ne suis pas
un expert, je ne suis pas un recteur d'université, je n'ai pas à gérer une
université. Mais il arrive souvent, en commission parlementaire, que les groupes
sont divisés ou qu'unanimement ils vont appuyer une recommandation. Là, ici,
c'est l'inverse, unanimement, ils sont contre. Alors, je pense que ça valait la
peine de prendre quelques minutes pour en parler. Et c'est la raison pour
laquelle, Mme la Présidente, je vais appuyer l'amendement qui a été proposé par
ma collègue la députée de Mont-Royal-Outremont. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Oui.
Mme Setlakwe : ...compléter,
Mme la Présidente. Est-ce que le ministre a tenu compte des propos du
Scientifique en chef? Parce que, lui, dans sa lettre ouverte, il a mentionné
spécifiquement l'importance, là, des étudiants internationaux dans les cycles
supérieurs.
M. Roberge : Bien, on sait
très bien que les étudiants internationaux jouent un rôle important au Québec,
je l'ai mentionné souvent, là, dans plusieurs institutions, notamment en
enseignement supérieur.
Mme Setlakwe : Dans les
cycles supérieurs?
M. Roberge : Oui. Dans les
cycles supérieurs de l'enseignement supérieur, effectivement, je l'ai
mentionné.
Mme Setlakwe : Donc vous avez
tenu compte des propos du Scientifique en chef?
M. Roberge : Bien, dans
l'article, tel que rédigé, c'est bien mentionné, qu'on peut tenir compte des
cycles d'études.
Mme Setlakwe : Je comprends.
Donc, ce que vous dites, là... Moi, j'aimerais clarifier. Est-ce que c'est
le... sur la... Il y a la... Il y a la forme puis il y a le fond. Est-ce que,
sur le fond, vous allez... vous souhaitez pouvoir agir sur les cycles
supérieurs? J'ai compris que la réponse était oui. Est-ce que vous le
confirmez?
M. Roberge : J'ai déjà
répondu à cette question.
Mme Setlakwe : C'est ça. O.K.
Donc parfait. Et là, vous, ce que vous nous dites, c'est que : Le libellé
de l'amendement, il n'est vraiment pas idéal parce qu'il fait le contraire de
ce que je souhaite, dans le fond, au fond, que je pense que tout le monde a
compris, que je souhaite qu'on ne touche pas aux cycles supérieurs dans le
cadre de l'exercice. Donc, le libellé ne fonctionne pas dans ce sens-là. Exact?
C'est ce que vous me dites?
M. Roberge : Oui. C'est
particulier, de faire une très longue intervention, sachant que vous allez
probablement voter contre votre amendement.
Mme Setlakwe : Non, non, mais
moi, on peut retravailler...
M. Roberge : Parce que c'est
particulier quand même.
Mme Setlakwe : Mais non, mais
on peut retravailler le libellé. Bien, mon Dieu! C'est un... C'est un... C'est
un amendement pour lequel les explications qu'on a fournies sur le fond sont
complètement alignées sur ce qui nous a été dit. Est-ce que le libellé doit
être revu pour atteindre l'objectif sur le fond, oui, je le comprends. Je
demande simplement, humblement, de... est-ce que... est-ce qu'on... est-ce que,
si on retravaillait le libellé, on en arriverait à la même conclusion de votre
part. Je pense que c'est une... c'est une... c'est une question qui est tout à
fait... tout à fait correcte et légitime.
M. Roberge : Oui, absolument,
c'est une question qui est correcte et légitime. Je l'ai exprimé à plusieurs
reprises, que je voulais qu'on se donne toute la marge de manœuvre possible,
qu'on adopte les articles comme on l'a fait pour être capables d'aller chercher
le maximum d'informations, faire le meilleur... de meilleurs diagnostics, puis
après ça, prendre des... des décisions, pardon, conjointes, des recommandations
conjointes au gouvernement avec les ministres concernés. Mais je ne présumerai
pas des conclusions que nous tirerons des informations que nous n'avons pas
encore. Puis je ne dirai pas ici ou demain, à la même question reposée encore,
que nous allons écarter d'emblée des établissements ou des catégories
d'établissements, là. Quand vous allez me reposer, là, ça va être la même
réponse.
Mme Setlakwe : Très bien.
Est-ce que... J'imagine, là, j'allais juste décortiquer les différents... les
différentes institutions qui ont cosigné la lettre du BCI pour vous
demander : Est-ce que vous avez... J'imagine que la réponse va être non,
mais est-ce que vous avez déterminé qu'il y en avait trop dans...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais devoir vous arrêter.
Mme Setlakwe : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Compte tenu de l'heure, je vais ajourner les travaux, sine
die. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 30)