Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 26 novembre 2024
-
Vol. 47 N° 58
Étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l’encadrement relatif aux étudiants étrangers
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt et une minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 74, c'est-à-dire la Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme McGraw (Notre-Dame... de-Grâce), pardon, est remplacée par
Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont); Mme Prass (D'Arcy-McGee), par M. Morin
(Acadie); et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par M. Paradis
(Jean-Talon).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, lors de l'ajournement de nos
travaux, jeudi dernier, nous en étions à l'étude d'une motion préliminaire
présentée par M. le député de l'Acadie. Dans les temps de parole, je crois, Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce, que vous aviez terminé votre temps... vos
interventions?
Mme Setlakwe : Bonjour, Mme
la Présidente. Moi, c'est Mont-Royal-Outremont.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je m'excuse, voyons.
Mme Setlakwe : Non, non, il n'y
a vraiment pas de souci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je m'excuse.
Mme Setlakwe : Mais oui, par
contre, vous avez raison, j'avais terminé mon intervention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions à ce moment-ci pour la motion? M. le député.
M. Cliche-Rivard : Si je ne m'abuse,
Mme la Présidente, là, on coupait, le ministre réalisait qu'il restait quelques
secondes au chrono puis nous suggérait de faire sa réponse d'entrée de jeu. Je
pense, c'est comme ça qu'on s'était laissés, mais peut-être que ma mémoire n'est
pas parfaite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous n'allez pas m'en vouloir, ce n'est pas moi qui
présidais.
M. Cliche-Rivard : Au
contraire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, M. le ministre...
M. Cliche-Rivard : Je ne
voudrais pas qu'il perde cette chance de pouvoir répondre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est-ce que vous voulez répondre?
M. Roberge : Non, ça va. Je n'ai
pas de commentaire à formuler à ce stade-ci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce que vous voulez utiliser votre temps de
parole?
M. Cliche-Rivard : Non, ça
va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce que j'ai d'autres interventions sur la motion
préliminaire? Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que la motion
préliminaire est adoptée?
Mme Setlakwe : ...s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Un vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
: Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, la motion est rejetée. Alors, est-ce qu'il
y a d'autres motions? Est-ce qu'on passe à l'étude de l'article 1?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Non? Est-ce que vous avez... Est-ce que ça va?
M. Cliche-Rivard : Avant l'article 1,
j'ai un article 0.1 à intégrer, donc je vais vous envoyer l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 0.1. Alors, est-ce qu'il est dans Greffier?
On va suspendre quelques instants, le
temps de recevoir la motion. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 23)
(Reprise à 15 h 31)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, nous avons reçu l'amendement du député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. M. le député, je vais vous demander d'en faire la
lecture.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Juste avant de vous en faire la lecture, là, juste... En vertu
de 245, pour les temps de parole, je voulais juste m'assurer que ce soit
article par article et paragraphe par paragraphe pour l'étude du projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est noté.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
M. Roberge : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Est-ce que vous avez une proposition à faire?
M. Roberge : Bien, article
par article, ça va, là. Paragraphe par paragraphe, ça peut être long.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ils ont le droit d'en faire la demande. Est-ce que c'est
une demande qui est proposée par tout le monde?
Des voix : ...
M. Roberge : O.K., on
enchaîne.
M. Cliche-Rivard : Juste pour
bien comprendre qu'est-ce que... qu'est-ce que... Est-ce que vous tranchez
quelque chose ou? Juste pour être sûr qu'on...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, vous avez le droit. Vous avez le droit d'en faire la
demande.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
O.K. C'est bon, parfait. Merci, Mme la Présidente. Donc, voilà,
article 0.1 qui modifie l'article 5 de la Loi sur l'immigration du
Québec. La proposition va comme suit : Modifier l'article 5 de la Loi
sur l'immigration du Québec par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de
«que le Québec prévoit accueillir et le nombre de décisions de sélection de
personnes immigrantes souhaitant s'établir au Québec à titre permanent qui
peuvent être rendues» par «souhaitant séjourner au Québec à titre temporaire ou
s'y établir à titre permanent que le Québec prévoit accueillir et le nombre de
décisions de sélection qui peuvent être rendues».
Je m'explique. Évidemment, Mme la
Présidente, M. le ministre, on a été heureux d'entendre le ministre à plusieurs
reprises nous parler que l'immigration temporaire ferait maintenant l'objet de
la planification pluriannuelle qui touchait, jusqu'à ce jour, le permanent
seulement. C'est une demande que moi, j'avais formulée depuis un certain temps.
Je sais que la première opposition avait aussi formulé cette demande-là avec
l'ancien critique député de Nelligan. Donc, je réfère notamment, là, au plan
d'immigration 2025, où on dit : «Ces mesures resteront en vigueur au
plus tard jusqu'au 30 juin 2025, soit au moment où les orientations de la
prochaine planification pluriannuelle, incluant l'immigration temporaire,
seront établies.» Donc, le ministre a fait ce pas-là dans sa planification
pluriannuelle... en fait, dans son plan d'immigration 2025.
Il a aussi fait ce poste supplémentaire là
dans le cadre de déclarations aux médias. La Presse du 30 octobre nous
dit : «Désormais, il tiendra compte des immigrants temporaires dans sa
planification de l'immigration.»
Donc : «Autre nouveauté :
désormais, le gouvernement tiendra compte des immigrants temporaires, et pas
seulement des permanents, dans sa planification de l'immigration. Il s'agit
d'une demande répétée de l'opposition à laquelle il était... il résistait
jusqu'ici.» Alors, ce qui est proposé ici, c'est d'intégrer justement.
15 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...le pas
de plus du ministre à même la Loi sur l'immigration du Québec. Je comprends qu'il
a l'intention de le faire de toute façon, ce serait bien, donc, justement qu'on
intègre formellement à la Loi sur l'immigration du Québec exactement les
intentions du ministre. Parce que je pense que c'est une avancée. Je pense que
c'est une bonne chose. On était de cet avis. C'est quelque chose que nous, on
avait demandé, puis je suis content d'entendre le ministre avancer.
Alors, si le ministre va de l'avant,
évidemment, il y aura, M. le ministre, quelques modifications de concordance
avec les articles trois et quatre, là, si vous décidez qu'on va dans ce
sens-là, mais je pense qu'on pourrait justement... C'est ce que vous avez l'intention
de faire de toute façon, là, vous l'avez dit à plusieurs reprises au micro... à
différents micros dans les dernières semaines, donc, dans un geste positif et
constructif, je pense qu'on pourrait améliorer notre Loi sur l'immigration en y
intégrant le volet de la planification temporaire dans la planification
pluriannuelle. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, c'est juste parce qu'à l'écran on voit l'amendement, un peu plus
loin, ça dit : «L'article se dirait donc ainsi.» C'est possible de le
décaler pour qu'on voie ce que ça donnerait? Ça aiderait. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous l'avez sur... Si vous avez vos tablettes aussi vous
pouvez aller sur le Greffier. Mais c'est correct. On a baissé.
M. Roberge : Donc, juste pour
comprendre, ça ferait... ça ferait : «Le ministre, en tenant compte de la
planification pluriannuelle, établit un plan annuel d'immigration qui a pour
objet de préciser les volumes d'immigration projetés. Le plan indique le nombre
planifié ou estimé des ressortissants étrangers souhaitant séjourner au Québec
à titre temporaire ou s'établir à titre permanent que le Québec prévoit accueillir
et le nombre de décisions de sélection qui peuvent être rendues.» Après ça, on
revient au texte d'origine : «La répartition de ces nombres peut être
faite par catégories, par programmes d'immigration pour par volets d'un
programme. Le plan est déposé à l'Assemblée nationale au plus tard le 1er novembre
de chaque année ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours suivants.»
Effectivement, j'ai fait plusieurs
interventions. Donc le gouvernement est favorable au principe. On avait
travaillé quelque chose, un amendement qui irait dans cette direction-là, en
concordance avec ce qui a été dit dans la commission. Si vous le permettez, j'aimerais
juste suspendre pour être certain que, dans le verbatim, dans le libellé, on
est correct, qu'il y a de la concordance. J'ai de l'ouverture à l'amendement de
mon collègue, là, je veux juste être sûr que c'est rédigé en termes corrects,
selon l'équipe de légistes, puis au bon endroit. Mais, si vous permettez, on
suspendrait quelques minutes. Oui?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Et, pour
le délibéré, là, je veux juste vous dire qu'on ferait les propositions de
concordance aussi aux articles trois et quatre qui devraient être modifiés. On
vous les proposera, là, mais l'essence... on voulait être sûrs que cinq
fonctionne avant de déposer les deux autres. Ça fait que, dans la discussion
que vous aurez ensemble, sachez qu'on ferait la même chose pour trois et
quatre.
M. Roberge : O.K. Ça a de l'allure
de faire la modification avant de faire les concordances. On s'entend. Donc, si
vous acceptez, on suspendrait quelques minutes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 58)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, nous en étions à votre
amendement.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Donc, d'abord, je retire mon amendement précédent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement? Consentement. Alors, l'amendement est retiré.
L'amendement 0.1 à l'article 5 est retiré.
M. Cliche-Rivard : Et je
soumets donc un nouveau 0.1. Je vais le lire d'abord, puis je...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Vous avez tous dans Greffier...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
...le texte du nouvel amendement de l'article zéro... introduisant
l'article 0.1 et modifiant l'article 3. Je vous cède la parole.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Donc, 0.1 qui modifie l'article 3 de la Loi sur
l'immigration du Québec :
Ajouter, avant l'article 1 du projet
de loi, le suivant :
«0.1. L'article 3 de la Loi sur
l'immigration au Québec (chapitre I-0.2.1) est modifié par l'insertion,
après "planification pluriannuelle de l'immigration" de
"temporaire et permanente".»
Commentaire, cet amendement a pour objet
de faire porter obligatoirement sur l'immigration temporaire et permanente la
planification pluriannuelle de l'immigration élaborée par le ministre.
Donc, essentiellement, je verse mes
commentaires du précédent échange, là, ou de ce que j'avais présenté tout à
l'heure. Je crois comprendre, puis le ministre le confirmera sur le micro, mais
qu'on a un consentement, là, pour aller intégrer la planification temporaire
dans la planification pluriannuelle, ou du moins le volet temporaire dans la
planification. Comme je disais tantôt, ça fait écho à ce qui est intégré, là,
nouvellement, dans le plan d'immigration 25 et aux déclarations
précédentes du ministre à différents micros, mais bien sûr également à des revendications
quand même de longue date des oppositions, notamment de ma formation politique,
mais aussi de la première opposition. Je dois le réitérer, à savoir que les
temporaires fassent partie de la planification pluriannuelle, et qu'on ait donc
nos cibles de planification temporaire également, et je vois que le ministre
évolue également en ce sens et je l'en remercie.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, Mme la Présidente,
on est d'accord là-dessus, comme... c'est ça, on l'avait déjà exprimé. Il y a
des choses qui sont... qui peuvent être exprimées, qui peuvent être mises en
place des fois par des gouvernements qui ne sont pas nécessairement encadrées
d'un point de vue législatif. Mais je pense que, là, il y a ce qu'on appelle un
«désormais», c'est-à-dire qu'à partir de maintenant il faudra que ce soit
ainsi, les choses ayant changé. Donc, je suis parfaitement d'accord avec mon
collègue, mais aussi ma collègue de l'opposition officielle, je pense. Ça va
être à elle de l'exprime, mais pour le mettre en toutes lettres dans la loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Bien oui, écoutez, nous, c'est sûr qu'on est d'accord avec
ces modifications. Là, on comprend qu'il y a des... Ce qu'on regarde à l'écran
actuellement, ce sont des modifications de concordance. Mais, sur le fond,
d'enchâsser, dans la Loi sur l'immigration, l'obligation de prévoir aussi
l'immigration temporaire dans la planification pluriannuelle, nous, on le dit
depuis longtemps. D'ailleurs, mon collègue le député de Nelligan, qui était le
porte-parole en immigration l'an dernier, a déposé le projet de loi n° 494... 493, le projet de loi n° 493,
le 10 mai 2023. Donc, ça fait un an et demi. On sait que, dans l'espace
public, il le demandait, mais il est allé plus loin, il est il a déposé un
projet de loi en ce sens. Et puis mon collègue du deuxième groupe d'opposition,
le député de Saint-Henri--Sainte-Anne, l'a bien reconnu. Donc, évidemment que
nous sommes... nous sommes d'accord avec... avec l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire, est-ce que
l'amendement introduisant l'article 0.1 pour modifier l'article 3 de
la Loi sur l'immigration du Québec est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Alors, on peut passer à l'article un ou j'ai
d'autres amendements. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Vous devriez avoir mon amendement qui introduirait 0.2.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Puis on va juste lever un petit peu le document pour
celles qui veulent... celles et ceux qui veulent le consulter, et dans Greffier
aussi. Je vais vous en demander d'en faire la... la lecture.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Article 0.2 qui modifie l'article 4 de la Loi sur
l'immigration au Québec.
Insérer, après l'article 0.1 du
projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«L'article 4 de cette loi est modifié
par l'insertion, après "composition de l'immigration", de
"temporaire et permanente".».
Commentaire, cet amendement a pour objet
de faire porter, obligatoirement à la composition de l'immigration temporaire
et permanente, les orientations pluriannuelles en matière d'immigration. Merci,
Mme la Présidente.
Donc, essentiellement, c'est la
modification, là, la même qui va toucher3, 4 et 5, sans grande surprise, là. Il
y a... Je vais proposer un 0.3 dans quelques minutes pour que, comme je le
disais tout à l'heure, l'immigration temporaire soit également incluse dans les
orientations et dans la planification. Donc, je... je fais les mêmes
commentaires qu'au dernier amendement. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas de commentaire, est-ce que l'amendement introduisant
l'article 0.2 modifiant l'article 4de la Loi sur l'immigration au
Québec est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Alors, on va passer. Vous l'avez déjà annoncé que
vous avez un autre amendement. Je vous demande d'en faire la lecture. Il s'agit
de l'article zéro point... l'introduction de l'article 0.3.
M. Cliche-Rivard : Si on peut
baisser un petit peu?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, on peut baisser le document...
16 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...le document. Voilà.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Article 0.3 (article 5 de la Loi sur l'immigration
au Québec)
Insérer, après l'article 0.2 du
projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«0.3 L'article 5 de cette loi est
modifié :
«1° par l'insertion, dans le premier
alinéa et après ‘‘volume d'immigration'' de ‘‘temporaire et permanente'';
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «le nombre de décisions de sélection de personnes immigrantes
souhaitant s'établir au Québec à titre permanent qui peuvent être rendues'' par
‘‘le nombre projeté des décisions de sélection à titre temporaire et à titre
permanent de ressortissants étrangers''.».
Commentaire, cet amendement a pour objet
de rendre obligatoire, dans le plan annuel d'immigration, la précision des
volumes d'immigration temporaire et permanente projetés et l'indication du
nombre projeté des décisions de sélection à titre temporaire et à titre
permanent de ressortissants étrangers.
Même commentaire, Mme la Présidente. Donc
essentiellement, le ministre en parlait, puis je pense que c'est une belle
référence, jusqu'à ce jour, on avait des plans d'immigration permanente.
Maintenant, on aura des plans d'immigration temporaire et permanente. Donc, on
aura de meilleurs outils, meilleure capacité de planifier ce volet-là de l'immigration
également. En remerciant le ministre de son ouverture, ses équipes, évidemment,
et puis les équipes de l'opposition aussi pour leur soutien. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
ce nouvel amendement?
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Allez-y.
Mme Setlakwe : Merci. Donc
là, on regarde le libellé, on propose, et c'est ce qu'il faut faire, de
modifier l'article 5 de la Loi sur l'immigration au Québec. Mais quand on
regarde le libellé qui va remplacer le libellé actuel, ce que l'amendement
prévoit, c'est qu'on va le remplacer par «le nombre projeté de décisions de
sélection à titre temporaire et à titre permanent de ressortissants étranges...
étrangers. On comprend, là, la signification sur le fond, mais je vais avoir
une question pour les légistes. Parce que, dans le projet de loi n° 493,
qui avait été déposé par le député de Nelligan, on disait qu'on allait
remplacer le libellé actuel par «souhaitant séjourner au Québec à titre
temporaire ou s'y établir à titre permanent que le Québec prévoit accueillir et
le nombre de décisions de sélection qui peuvent être rendues». Et ce même
libellé est celui qui avait été repris par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
un petit peu plus tôt cet après-midi, quand il a déposé son... son amendement
qui introduisait un nouvel article au projet de loi n° 74.
Donc, est-ce qu'on peut nous expliquer la différence de libellé, s'il vous
plaît?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Là, on y va avec le nom projeté de décisions de sélection, alors
que vous... Je vois mal la nuance, excusez-moi, là.
Mme Setlakwe : Le libellé est
différent.
M. Roberge : Oui.
Mme Setlakwe : Il faut qu'on
comprenne la nuance, parce que le projet de loi n° 494
avait été quand même révisé par des légistes.
M. Roberge : Oui.
Mme Setlakwe : Et puis le
député de Saint-Henri--Sainte-Anne a repris ce même libellé. Là, on nous... on
nous propose un libellé qui est différent, peut-être que ça veut dire la même
chose, mais je voudrais qu'on nous l'explique.
M. Roberge : O.K. On voit qu'en
fait, un peu comme le collègue de la deuxième opposition dans sa... dans son
amendement initial, il avait repris les termes de la loi tels qu'ils sont. Le
collègue, le leader actuel de l'opposition officielle avait aussi repris les
termes de la loi tels qu'ils sont. Notre amendement vient ajuster les choses
parce que dans la loi, tel qu'il est, on parle du nombre de décisions de
sélection, alors qu'avec le nouveau libellé, on parle de nombre projeté de
décisions de sélection à titre temporaire, à titre permanent, parce que, quand
on a une planification, on est dans des projections. C'est ça, je pense, la
nuance.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Setlakwe : Donc, ici,
bien juste peut-être d'entendre les légistes, mais c'est donc de prévoir... c'est
au gouvernement de prévoir le nombre projeté des décisions et non pas de parler
de, dans le fond, du nombre de... le nombre de personnes souhaitant séjourner
au Québec. Si on peut juste compléter la réponse avec les légistes, moi, ça
va... ça va compléter ma réflexion. Merci.
M. Roberge : Bien, on m'a confirmé
que c'est ça, la nuance. C'est qu'ici on est... Dans le fond, le plan indique
le nombre planifié ou estimé. On est dans des planifications et des estimations
de ressortissants étrangers que le Québec prévoit accueillir. Et le nombre
projeté de sélections à titre temporaire, donc c'est plus cohérent tout
simplement, mais ça ne vient pas changer tout le cœur de la loi. Mais c'est
comme une amélioration, là, dans la formulation.
Mme Setlakwe : Très bien,
merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interrogations...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...interrogations, oui.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, j'aurais quand même... puis on va l'adopter,
évidemment. Mais je voulais vous entendre, tu sais, sur... on en parlait de la
planification pluriannuelle, puis vous en parliez, puis là on l'intègre, donc,
à la loi, puis ça va être, donc, modifié, et tant mieux. Comment vous
l'entrevoyez, en termes de catégorie, vous allez faire une catégorie
d'étudiants, puis on va avoir un plafond? Est-ce que vous pensez le définir par
cycle? C'était quoi, votre vision sur la planification temporaire, PMI, PTET,
étudiants, niveau... Qu'est-ce que vous avez en tête? Parce que, dans le
permanent, tu sais, on a, travailleur qualifié avec sa sous-composante... avec
gens d'affaires, après ça, on a la réunification familiale, après ça, on a
l'immigration humanitaire avec les réfugiés.
Ça fait que je me demandais, est-ce qu'on
va avoir sensiblement une projection avec un tableau qui ressemble à notre
immigration permanente, avec, quand même, un nombre de détails assez
substantiel comme ça, ou vous... plutôt vous donnez un objectif, genre, je
donne un exemple, 100 000, puis que là vous le définissez à peu près? Ça
fait que j'aimerais ça vous entendre sur votre vision de la prochaine
planification, sans chiffre, évidemment. Je ne veux pas avoir vos chiffres,
mais dans la structure, ce que vous pouvez nous donner aujourd'hui.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Je vais être
très, très bref, parce que là on n'est pas dans l'étude du projet de loi, là,
c'est une question sur un sujet connexe, sur la planification à venir. Il y a
la catégorie des permanents, effectivement, il y a plusieurs sous-catégories.
La catégorie des temporaires, il y en a deux, sur lequel Québec a réellement
son mot à dire.
Alors, on va tenir compte de ces deux
catégories-là, mais, pour le reste, on va s'en reparler l'hiver prochain.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
on aura une cible... projection, en fait, pour les étudiants et pour le PTET,
c'est ce que je comprends.
M. Roberge : Là, écoutez,
dans le cadre de l'étude du projet de loi ici, je ne peux pas vous annoncer les
catégories ou sous-catégories, des documents de consultation qui ne sont pas
encore écrits pour l'hiver prochain. Je ne veux pas vous induire en erreur non
plus.
M. Cliche-Rivard : Non, non,
je ne vous demanderais surtout pas d'induire personne en erreur, vous le
soulignez quand même. Puis je pense que... je veux dire, on a compris, là. Vous
avez dit... il y avait deux éléments ou deux catégories temporaires dans
lesquels on a une compétence pour l'instant au Québec. Donc, inévitablement,
puis vous n'êtes pas obligé de le confirmer, moi, j'entends ou je comprends que
ce sera donc probablement ces deux éléments-là et que les discussions
continueront pour ce que vous êtes capables de faire avec le PMI, avec
l'homologue fédéral dans le reste. Mais j'imagine... et là, c'est ce qu'on
verra, y aura-t-il ou n'y aura-t-il pas quand même une intention d'obtenir un
chiffre x dans le reste des temporaires, ça, vous n'êtes pas à même de le dire
aujourd'hui, là. Ça fait qu'en disant : Mettons, je vise telle PMI, je
comprends que ce n'est pas mon rôle constitutionnel ou en tout cas en vertu de
l'accord Canada-Québec, ce n'est pas clair... On n'ira peut-être pas là, ça, on
ne le sait pas encore.
M. Roberge : Je ne peux pas
vous confirmer ça aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'introduction de l'article 0.3? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 0.3, modifiant l'article cinq de la Loi
sur l'immigration au Québec, est adopté?
Une voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci beaucoup. Alors, nous allons passer à
l'article 1. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Mme la
Présidente, nous avons envoyé sur le Greffier, si je ne me trompe pas, une
proposition de remplacement de l'article 1. Donc, j'ai une petite
question, là...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En fait, c'est un amendement que vous déposez, et ça
remplace la totalité de l'article un.
M. Roberge : Exactement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, c'est... vous allez aller dans Greffier et, dans greffier,
c'est la version trois de l'amendement qui a été déposé par M. le ministre.
Voilà. Dans la façon de procéder, habituellement, il faut lire l'article un au
complet...
M. Roberge : ...lise
l'article d'abord. O.K.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Comme... comme c'est un amendement qui modifie, vous allez
l'indiquer par la suite, les modifications que vous apportez à
l'article 1. Mais vous devez lire l'article 1 qui apparaît dans votre
projet de loi.
M. Roberge : Merci, alors,
Mme la Présidente, article 1 : La Loi sur l'immigration du Québec,
chapitre 1-0.2.1, est modifié par l'insertion après l'article 15 du
suivant :
«15.1. À moins que le gouvernement par
règlement n'en dispose autrement à l'égard de certains ressortissants
étrangers, l'admission dans un établissement d'enseignement est désignée...
pardon, dans un établissement d'enseignement désigné est une condition de tout
programme d'immigration dans la catégorie des étudiants étrangers.
«Sont des établissements d'enseignement
désignés :
«1 : les établissements
d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique,
Chapitre 1-13.3;
«2 : des établissements
d'enseignement que désigne le gouvernement sur recommandation conjoint du
ministre et selon leurs compétences respectives du ministre de l'Éducation, du
Loisir et du Sports et du ministre...
M. Roberge : ...et du ministre
de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la
Technologie. Un décret de désignation entre en vigueur à la date de sa
publication à la Gazette officielle du Québec. Le ministre publie la liste des
établissements d'enseignement désignés sur tout support qu'il juge approprié.
Et je vous reviens avec mon amendement
remplaçant cet article-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : D'accord. Il faut retirer l'article à ce moment? Parce que
là il est changé complètement, là.
La Secrétaire : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Donc, je vais vous demander de lire l'amendement.
Puis après ça il va falloir vraiment procéder par retrait et adoption du nouvel
amendement, mais discussion, bien évidemment. Alors, je vais vous demander de
lire l'amendement.
M. Roberge : Voilà.
Donc : Remplacer l'article 15.1 de la Loi sur l'immigration du
Québec, proposé par l'article 1 du projet de loi, par le suivant :
15.1. À moins que le gouvernement, par règlement, n'en dispose autrement à
l'égard de certains ressortissants étrangers, l'admission dans un établissement
d'enseignement désigné pour poursuivre des études reconnues est une condition
de tout programme d'immigration de la catégorie des étudiants étrangers. Sont
des études reconnues : 1 les services d'éducation préscolaire et les
services de l'enseignement primaire, ainsi que les études sanctionnées par un
diplôme, un certificat ou une attestation officielle décernée par le ministre
de l'Éducation, du Loisir et du Sport, ou par une attestation de capacité
délivrée par un centre de services scolaire en vertu de l'article 223 ou
246.1 de la Loi sur l'instruction publique (chapitre I-13.3); 2 les études
sanctionnées par un diplôme ou une autre attestation décernée en application du
règlement sur le régime des études collégiales (chapitre C-29 r4); 3 les
études sanctionnées par un grade, un diplôme, un certificat ou une autre
attestation d'études universitaires décernés par un établissement
d'enseignement de niveau universitaire, une personne morale ou un organisme
visé à l'article 2 de la Loi sur les établissements d'enseignement de
niveau universitaire (chapitre E-14.1); 4 les études que désigne le
gouvernement. Sont les établissements d'enseignement désignés : 1 les
établissements d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur l'instruction
publique (chapitre 1-13.3); 2 les établissements d'enseignement que
désigne le gouvernement. Un décret de désignation est pris sur recommandation
conjointe du ministre et, selon leurs compétences respectives, du ministre de
l'Éducation, du Loisir et du Sport et du ministre de l'Enseignement supérieur,
de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Il entre en vigueur à la
date de sa publication à la Gazette officielle du Québec. Le ministre publie la
liste des établissements d'enseignement désignés et la liste des études
désignées sur tout support qu'il juge approprié.
Cet amendement a pour but d'exiger que les
ressortissants étrangers sélectionnés à titre d'étudiants étrangers soient
admis pour poursuivre des études reconnues dans un établissement d'enseignement
désigné. Sauf exception prévue par règlement du gouvernement, il précise
quelles sont les études reconnues et les modalités relatives à la désignation
par le gouvernement d'autres études reconnues.
Donc, l'objectif, c'est ça, il y a la
question d'établissement désigné. Et, après analyse, parce que je vous disais,
dans le cadre des études, que le ministre de l'Éducation, la ministre de
l'Enseignement supérieur, analysent, regardent la situation actuelle, et on a
constaté qu'il y a quand même, dans certains établissements désignés, des
programmes qui sont non reconnus, qu'on peut parfois appeler des programmes
maison, qui ne sont pas tout le temps des programmes, je dirais, à haute
vallée... à autre valeur, j'ai dit, qui ne sont pas tout le temps je fais attention,
je ne veux pas mettre tout dans un même panier, mais il y a, disons, certains
programmes pour lesquels il serait particulier de faire venir des étudiants
étrangers, bien que ce soit dans un établissement désigné, mais dans un
programme qui ne serait pas reconnu. Donc, c'était une précision qu'on devait
apporter. Puis une fois qu'on met ça, mais il faut définir «étude reconnue», on
s'entend. Donc, voilà le pourquoi de l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je suis prête à prendre des interventions sur
l'amendement. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Mais pour commencer, est-ce qu'on peut nous expliquer
l'intention, ici, derrière cet article qui a été quand même revu de façon... de
façon importante? Le ministre vient d'en faire mention. Mais à première
lecture, il semblerait, dans le fond, qu'on reconduit le régime actuel, là, on
est en train d'énoncer, d'exprimer ceux parmi les étudiants internationaux
qu'on permet de venir ici au Québec. Alors, est-ce qu'effectivement c'est le
régime actuel ou est ce que vous êtes en train déjà de modifier le régime
actuel? Est-ce qu'ici...
Mme Setlakwe : ...ici,
là, on reproduit le régime actuel.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui, mais
ce qu'on précise, c'est que par rapport à la situation actuelle, d'accord, on
ne parle que d'établissements désignés. Et la loi, la nouvelle loi, là, celle
que l'on étudie, pas la loi actuellement en vigueur, mais la loi que nous
étudions nous permettait... Elle nous permet de regarder la pertinence de faire
venir et d'accueillir des étudiants étrangers. Puis on disait : Bien,
c'est pertinent s'ils viennent dans des établissements désignés. Et là on se
rend compte que, dans les établissements désignés, il y a certains programmes
qui ne sont pas reconnus. Donc, on veut avoir un deuxième niveau de précision
pour ne pas autoriser d'emblée toute venue d'étudiants étrangers à des
programmes pas reconnus, pour la simple raison qu'ils sont dans un
établissement désigné. Puis je...
Pour exemple, là, il y a certains
programmes, langue seconde, donc, qui sont... qui ne sont pas des programmes
qui ne sont pas des diplômes d'études collégiaux, ce n'est quand même pas des
attestations d'études collégiales, une formation, disons, minimale en langue
seconde, mais dans un établissement désigné, un établissement, là, à qui on ne
veut pas enlever sa désignation. Et au moment où on se parle, si on ne change
pas la loi, si on n'adopte pas l'amendement que je vous propose, bien, parce
que c'est dans un établissement désigné, il y a des gens qui pourraient venir
ici à titre d'étudiant étranger dans un établissement d'enseignement supérieur,
mais dans un programme qui a très peu de valeur, ou enfin qui a très peu de
valeur d'un point de vue international, je veux me corriger quand même. Disons
que ce serait discutable. Donc, il faut... Il faut... Quand je le disais,
depuis le début, là, on veut une agilité, on veut être précis, on veut agir de
manière localisée, on ne veut pas faire de paramétrique mur-à-mur, mais ce
niveau de précision que je nous propose d'apporter nous permet d'être plus
efficaces.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Setlakwe : Oui.
Merci. Juste pour clarifier. Donc, dans votre exemple, un programme de langue
seconde, un étudiant qui vient d'Europe, qui voudrait venir ici, actuellement,
avant... avant ces changements qu'on met sur... qu'on met en place, la personne
aurait pu avoir un CAQ études?
M. Roberge : La personne
aurait pu avoir un CAQ études puisqu'il s'agit d'un programme, avant
l'amendement que je vous propose, c'est un programme dans un établissement
désigné. L'article 1 du projet de loi, sans l'amendement, ne précisait pas
qu'on devait être dans un programme d'étude reconnu. On disait : Si tu es
dans un établissement désigné, c'est bon. Alors, les gens pourraient venir dans
un établissement désigné, mais suivre un programme non reconnu. Il faut donc
l'amendement que je propose pour être capable de dire : Bien, bien sûr que
vous pouvez venir étudier ici, mais dans un programme reconnu, pas dans un
programme non reconnu. Voilà la nuance que je veux ajouter avec vous.
Mme Setlakwe : Non, non,
je comprends très bien la nuance, donc, entre la version initiale de 15.1 et
celle qu'on a sous les yeux. On voit très bien, donc, cette notion d'étude
reconnue, très bien détaillée alors que, précédemment, dans la version
initiale, on parlait d'établissements d'enseignement désignés. Établissements
d'enseignement désignés, c'est un concept qui existe depuis quand, ça, M. le
ministre?
M. Roberge : C'est déjà
dans la loi, la notion d'établissements désignés.
Mme Setlakwe : Donc, ça
fait un certain temps. Là, on ajoute études reconnues. Mais est-ce que, dans
votre exemple, donc, d'un étudiant international qui vient d'Europe, disons,
qui veut venir étudier dans un programme de langue seconde, ici, vous dites
qu'actuellement il n'y a pas ce critère, donc, d'études reconnues. Il y aurait
eu un CAQ études, puis le fédéral lui aurait donné aussi le permis d'études?
M. Roberge : Bien, moi,
je ne peux pas présumer de toutes les demandes partout, tout le temps, là. Mais
oui, absolument, il n'y a rien qui... Il n'y a rien qui l'empêche. Puis je ne
veux pas juste faire... Je vais faire attention, je ne veux pas dire que tout
programme de langue seconde ne serait pas nécessairement un programme reconnu,
là. Il pourrait avoir des programmes de langue seconde qui seraient des
programmes reconnus. On a simplement trouvé, je vous sers un exemple, que dans
certains cas, il y a des établissements désignés qui ont des programmes de
langues de seconde qui ne sont pas reconnus. Je vais faire attention pour ne
pas que des gens qui nous écoutent pensent que tout à coup, là, on va tout
bloquer dans leur établissement.
En fait, avant le projet de loi que nous
étudions, le gouvernement ne peut que donner des CAQ aussitôt que les gens
s'inscrivent dans un établissement désigné. Au gouvernement, au moment où on se
parle, on ne peut pas utiliser aucun critère. Je n'aime pas le terme
«discriminatoire», mais on va dire des critères discriminants, là. Ça, c'est le
bon terme quand on fait des choix, là. On ne peut utiliser aucun critère
d'élimination...
M. Roberge : ...aucun critère
discriminant pour accorder ou ne pas accorder. C'est tout... c'est justement,
c'est tout l'objectif du projet de loi, c'est d'être capable de dire :
Bien oui, on va accueillir des étudiants internationaux, c'est une richesse
puis c'est très bien, mais pas nécessairement partout, dans tous les
programmes, dans tous les établissements puis sans tenir compte de notre
capacité d'accueil. On va tenir compte de notre capacité d'accueil, on va tenir
compte de nos besoins, on va être capable d'utiliser des critères
discriminants. Dans la première version du projet de loi, on utilisait le
critère discriminant établissement désigné. Je nous propose d'être capable de
dire : Établissement désigné, oui, mais d'ajouter le critère discriminant
dans un programme reconnu.
Mme Setlakwe : O.K. Bon,
bien, parlons-en, là, donc de cette liste d'études reconnues, puis ensuite
d'établissements d'enseignement désignés. Donc, études reconnues, vous vous
référez, dans le fond, au régime... bien, on voit 1, 2, 3, 4, il y a quatre
sous paragraphes. Vous visez le préscolaire, le primaire, le secondaire. Est-ce
que vous visez aussi des D.E.P., des diplômes d'études professionnelles?
M. Roberge : C'est inclus
dans la désignation. Quand on dit les études sanctionnées par un diplôme, donc
quand on dit «diplôme», le diplôme d'études secondaires, D.E.S., diplôme
d'études professionnelles, d'ailleurs, D.E.P., c'est un diplôme aussi. Après
ça, quand on dit «certificat ou une autre attestation officielle émise par le
ministère de l'Éducation, de Loisir et du Sport», bien, il y a toute une
panoplie d'attestations et de certificats au secondaire, on ne s'en doute pas,
là, on pense juste que le D.E.S. puis le D.E.P., bien, il y a aussi des
attestations qui se donnent. Donc, dans le fond, quand il y a une attestation
qui est reconnue, là, par le ministère, ça va.
Mme Setlakwe : O.K. Puis au
collégial, on voit très bien que vous vous référez au règlement sur les RREC,
à, le régime des études collégiales.
M. Roberge : Exactement, dans
le deuxième point... Je ne veux pas vous interrompre. C'était correct?
Mme Setlakwe : Oui.
M. Roberge : O.K., je pensais
que je vous avais coupé. Dans le deuxième, justement...
Mme Setlakwe : Non, non, ma
question, c'est ça. Donc, ça inclut les D.E.C. ou les A.E.C., là, les
attestations d'études collégiales.
M. Roberge : Exactement. Ça
inclut le fameux D.E.C. préuniversitaire deux ans, le D.E.C. technique trois
ans puis les attestations. Quand on dit une attestation, les A.E.C., les
attestations d'études collégiales, le terme attestation décernée en application
du Règlement sur le régime collégial, oui, à ce moment-là, ça compte. Par
contre, il y a ce qu'on appelle parfois des programmes maison dans les
établissements désignés qui ne sont ni des D.E.C. deux ans, ni des D.E.C. trois
ans, ni des attestations. Certaines pourraient être désignées études reconnues,
on n'est pas fermé à ça, mais pas d'emblée tout. Ce serait après analyse parce
qu'on pense qu'il pourrait y avoir ici peut-être des failles à ce moment-ci.
Donc, certains programmes maison pourraient être désignés : oui, ceci est
un programme reconnu, mais pas nécessairement, pas de passe gratuite à ce
sujet. C'est ce qu'on vient préciser.
Mme Setlakwe : J'essaie de
saisir, donc, programme maison... Puis en fait, je vais poser une question. Je
sais qu'on était rendu un peu plus dans des questions spécifiques, mais une
question plus générale qui va nous aider, je pense qu'il va falloir avoir la
discussion dès le début de l'étude du projet de loi, c'est sur l'intention, sur
la problématique que vous tentez de corriger ou sur les situations
problématiques qui existent. On n'a pas... à l'opposition, on n'est pas non
plus insensibles à ça. On a lu comme vous, on sait qu'il y a des augmentations
importantes dans certaines institutions. Donc, je pense qu'avant je vais juste
prendre un peu de recul, puis avant de regarder de façon très spécifique le
libellé de cet article-là, on aimerait ça, donc... en tout cas, moi, j'aimerais
que vous clarifiiez. Selon vous, la problématique, elle est où? Est-ce que
c'est le chiffre total qui, là, est autour de 120 000 étudiants
internationaux ou est-ce que c'est plus spécifique à autre chose? Est-ce qu'on
parle de certains collèges, certains programmes? Elle est où, la problématique,
M. le ministre?
M. Roberge : Bien, en fait,
encore une fois, c'est toutes ces réponses. C'est que, comme il y a certains
programmes, certains abus, puis on en a vu quelques-uns dans les médias
dernièrement, bien, le chiffre est trop élevé. Donc, je pense qu'il y a les
deux. Il y a certains programmes, certaines institutions, je vous dirais, qui
peuvent être victimes de leur succès puis victimes de même de réseaux de
personnes... je ne dirais pas des passeurs, là, mais des gens qui sont des
entremetteurs puis qui amènent des gens de l'étranger à utiliser certains
programmes pour s'acheter une citoyenneté ou un CAQ sur le territoire
québécois. Donc, il y a ce type d'abus. Je fais attention à «abus» parce que...
M. Roberge : ...je ne
veux pas nécessairement dire que ce sont les établissements qui commettent les
abus, mais ils peuvent se faire abuser. D'accord? Ils peuvent... Ils peuvent
être victimes de leur succès à certains égards. Puis je veux faire... mesurer
mes mots, là, je ne lance pas la pierre à nos dirigeants d'établissements d'enseignement
supérieur, mais il y a de ça, il y a des resserrements. Puis quand je parle de
la nécessité de s'assurer que les gens sont dans des études reconnues, dans des
programmes reconnus, bien, c'est à ça que je pense aussi. Et corollaire de ça,
bien, oui, je pense que le nombre est trop élevé à 120 quelques qu'on est...
Notre estimation pour la rentrée actuelle, on n'a peut-être pas les chiffres
finaux parce qu'on est au milieu de la session d'automne, mais on est autour de
122 000.
Une voix : ...
M. Roberge : Oui. On
pense... On pense que c'est trop, effectivement. Ne me demandez pas la
chiffre... le chiffre cible.
Mme Setlakwe : C'était
ma question, oui.
M. Roberge : Je ne l'ai
pas. Bien, vous me l'avez déjà demandé la semaine passée, je ne l'ai pas trouvé
en fin de semaine. Je n'ai pas un chiffre, une cible, je dirais, on passe de
122 à x, ou à y, ou à z. Ce n'est pas ça, l'objectif.
Mme Setlakwe : Vous
avez... Mais O.K. 120 000, c'est trop. Vous voulez réduire ce chiffre-là?
M. Roberge : Ah oui! Je
l'ai dit, je l'ai répété plusieurs fois.
• (16 h 30) •
Mme Setlakwe : Vous
n'êtes pas capable de fixer une cible. Je comprends. Avez-vous une certaine
fourchette, un pourcentage approximatif de réduction que vous souhaiteriez
voir?
M. Roberge : Je n'ai pas
ça en ce moment.
Mme Setlakwe : Non plus.
Est-ce que vous voyez une problématique sur un territoire en particulier,
sur... dans une région? Est-ce qu'il y a des... Est-ce que c'est plutôt en
région, où vous pensez qu'il y en a trop ou dans les grands centres?
M. Roberge : Ce qu'on a
dit, ce que j'ai répété, c'est qu'on veut être absolument certains de protéger
plusieurs programmes qui, en région, survivent grâce à des étudiants étrangers.
Et ce sont des secteurs économiques qui sont importants. Des fois, il y a des
économies qui sont sectorielles, qui dépendent d'une main-d'oeuvre, puis la
main-d'œuvre dépend de la survie du programme. Donc, dans ce sens-là, je vais
vous dire oui. On va faire attention. On ne va pas faire attention à une
région, on va avoir une approche régionalisée des besoins de main-d'oeuvre et,
je dirais, de la valeur ajoutée des programmes. Les cégeps, là, ils sont
branchés directement sur les régions, puis les universités aussi. Ils ne font
pas n'importe quoi, les gens des établissements, là. Donc, on va tenir compte
de ça. On ne veut pas arriver avec du mur-à-mur, avec du paramétrique. Oui, on
va tenir compte de ça, mais je n'ai pas une région ciblée et dire : Cette
région-là, c'est là où on va aller chercher x milliers de personnes.
Mme Setlakwe : O.K.
Est-ce qu'il y a une offre d'enseignement que vous avez dans la mire, où vous
pensez qu'il y en... qu'il y a un nombre trop élevé d'étudiants internationaux?
M. Roberge : Je ne me
promène pas avec un viseur, avec une cible. Je ne suis pas un chasseur, un
chasseur de réseau ou de région.
Mme Setlakwe : Est-ce
que... J'essaie encore de... Je vous suis, là, mais j'essaie de mieux cerner la
problématique et mieux cerner votre champ d'action, là, ce vers quoi vous allez
vous diriger avec ces pouvoirs importants. Est-ce que c'est la problématique
des étudiants qui demandent l'asile une fois qu'ils sont sur notre territoire?
Est-ce que, ça, c'est une problématique importante pour vous?
M. Roberge : Les
problématiques sont nombreuses. Elles ont été mentionnées pendant les auditions
particulières. Parfois on a un nombre tel de personnes et d'étudiants dans des
régions qu'on a de sérieux problèmes de logement. C'est une problématique. Il y
a la problématique d'étudiants qui arrivent et sont incapables de payer leurs
frais de scolarité. C'est dans les médias, je pense, encore hier ou en fin de
semaine. Ça pose des problèmes aussi. Il y a des étudiants qui arrivent, paient
leurs frais de scolarité, mais ils n'ont même pas l'argent pour subsister.
Bien, ils fréquentent les banques alimentaires. Ce n'est pas une situation qui
est souhaitable. Il y a la problématique d'étudiants qui viennent ici... En
fait, je ne sais pas si ce sont des étudiants, mais des gens qui arrivent ici
par la voie des étudiants internationaux, mais leur objectif, c'est de faire
une demande d'asile plutôt que de suivre le protocole. Donc, on a cette
problématique-là aussi. C'est nombreux.
Il y a plusieurs choses. Et c'est pour...
C'est pour ça que, pendant que, nous, on regarde la loi, pour être capables de
faire preuve d'agilité, bien, les deux ministres, Éducation et Enseignement
supérieur, font des analyses avec leur réseau. Le but, ce n'est pas d'aller le
plus vite possible, le plus fort possible. Le but, justement, c'est de faire
les choses correctement. C'est pour ça que je n'arrive pas avec une cible comme
la troisième opposition, le Parti Québécois. Ils n'ont pas fait l'analyse, ils
n'ont pas tout ça. Mais eux autres, ils ont... La loi n'est pas adoptée, là,
mais moi, je passe de 122 000 à 50 000. C'est
70 000 personnes de moins. C'est beaucoup. On ne sait pas quand, on
ne sait pas les dommages que...
16 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...ce n'est pas
notre approche. Donc, voilà. L'approche que j'ai, c'est d'outiller le
gouvernement et les gouvernements qui me suivront pour être capables d'agir
quand ils voient un problème. Au moment où on se parle, lorsque survient un
problème, on le constate et on ne peut pas agir sans punir les bons joueurs,
sans s'attaquer à des programmes qui sont nécessaires pour le Québec. Parce que
le seul pouvoir que j'aurai en ce moment, c'est de réduire le nombre total d'étudiants.
Mais en faisant ça, si je réduisais d'un coup le nombre total d'étudiants, je
pourrais mettre à mal des programmes qui sont cruciaux pour notre économie,
pour nos services publics, pour nos régions. Je ne veux pas faire ça. Donc, je
demande notre collaboration à tous pour être capables d'agir correctement en
répondant aux besoins des Québécois.
Mme Setlakwe : J'ai encore
des questions, Mme la Présidente. Donc, on sait qu'il y a une crise du logement
au Québec puis vous êtes préoccupé que les étudiants internationaux ajoutent
une pression, donc, sur le... sur cette crise du logement. Est-ce que vous avez
des... des données, est-ce que vous avez des données à l'appui de cette
affirmation que les étudiants internationaux ajoutent une pression sur le
logement, ajoutent une pression sur les services publics? Alors qu'on a
entendu, en commission, que ce sont des gens qui vivent très souvent en... en
colocation, ils sont plusieurs dans un même logement. On a entendu que les
institutions gèrent bien la situation, ont des ressources à mettre à la
disposition des étudiants internationaux, que ce sont des jeunes personnes qui
n'ont pas d'enfants, la plupart du temps, ils sont en bonne santé, ils n'ont
pas nécessairement recours fréquemment, là, aux services publics. Vous avez des
données à l'appui?
M. Roberge : Bien, sur les
logements, c'est mathématique. 120 000 personnes. Même à deux par appart,
c'est 60 000 apparts. À trois par appart, c'est 40 000 apparts. C'est
beaucoup de monde.
Mme Setlakwe : On manque de
logements étudiants?
M. Roberge : On manque de
logements, point. Les étudiants ne sont pas tous en résidence. Il y a une
infime minorité d'étudiants qui sont réellement en résidence, là, un logement,
là, spécifique dédié aux étudiants, c'est très, très, très peu. En même temps,
je ne peux pas leur reprocher, là, ils viennent ici, ils veulent se loger. Je
ne veux pas qu'il arrive ce qui est arrivé à Rimouski, des étudiants qui me
disent : J'ai passé la session à l'hôtel. Manifestement, quand on parle de
dépasser notre capacité d'accueil, Mme la Présidente, c'est ça, c'est dépasser
notre capacité d'accueillir les gens dignement, et sans pénaliser les résidents
qui sont déjà sur le territoire québécois. Donc, voilà, on veut répondre à toutes
ces questions-là avec le plus d'agilité possible puis on veut que les étudiants
qui arrivent ici, bien, vivent une belle expérience. On souhaite que plusieurs
s'établissent ici, parlent français, trouvent leur chemin sur le... leur voie
sur le chemin du travail, mais avec aussi des programmes nécessaires, puis des
programmes qui ont une valeur ajoutée.
Et là je reviens à notre étude article par
article, c'est-à-dire la pertinence d'ajouter la notion de... d'études
reconnues. C'est ce que propose l'amendement que je vous ai déposé. Je pense
que c'est une plus-value au projet de loi, parce qu'on se donne une agilité
supplémentaire dans notre grille d'analyse. Parce qu'essentiellement, le projet
de loi, c'est ce qu'il fait, c'est une grille d'analyse qu'utiliseront ensuite
les réseaux, parce que ce n'est pas le ministre de l'Immigration, tout seul,
qui va déterminer les cibles.
Mme Setlakwe : Est-ce que...
Il nous en manque combien, de logements étudiants, au Québec? Vous devez avoir
une vue d'ensemble, là, vous avez dû parler à vos... à vos collègues, là, à l'Habitation
puis à l'Enseignement supérieur. Approximativement, là, il nous en manque
combien, d'unités?
M. Roberge : Il manque... Je
ne peux pas vous dire combien de logements étudiants... En fait, il faudrait...
il faudrait demander à la ministre de l'Habitation le nombre de logements qui
manquent. Parce que, quand on dit des logements étudiants, c'est des logements,
point, là. On sait qu'il y a une pénurie de logements. Les étudiants utilisent
des logements. C'est... c'est rare, là, je l'ai dit tout à l'heure, c'est une
infime minorité d'étudiants qui sont réellement en logements étudiants ou, ce
qu'on appelle, en résidences. La plupart louent des appartements accessibles à
tous, là, et... et on le sait, là. Et non seulement on en manque, mais, en
plus, le fait qu'on en manque fait qu'ils sont plus chers. Don, il y a ça, là,
ça, c'est... c'est mathématique.
Ceci dit, je ne ferai pas peser le poids
de la crise du logement sur les étudiants étrangers, là, attention. Il y a...
ce n'est pas... ce n'est pas à cause des étudiants étrangers qu'on a des
problèmes de logement au Québec. Mais si on ajoute 10 000, 20 000, 30 000
personnes, qui ont besoin de 5 000, 6 000, 7 000, 12 000 logements,
dans une situation qui est déjà difficile, bien, évidemment, c'est comme si la
température est à 98 degrés, on monte de 2 degrés, et ça bouille, ça renverse,
bon. Les 2 degrés n'ont pas fait toute la différence, mais quand tu es déjà au
bord, ça ne prend pas grand-chose pour que ça déborde. Et là ça déborde.
Mme Setlakwe : M. le
ministre, vous avez mentionné...
Mme Setlakwe : ...il y a
quelques instants, là, que le projet de loi va à la fois, si j'ai bien compris,
protéger les institutions qui font bien les choses, le réseau universitaire,
notamment, et en même temps venir corriger de façon ciblée les problématiques.
Moi, ce que j'entends, dans le milieu, là, c'est que les universités puis les
cégeps sont extrêmement inquiets. Ils veulent être exclus du projet de loi
parce qu'ils prétendent que les pouvoirs qui sont octroyés au gouvernement sont
très larges. Il y a un flou aussi. Ils ne savent pas exactement quelle est
votre cible, quels genres de réductions vous allez imposer. Et donc comment
vous les rassurez aujourd'hui? Je suis certaine qu'il y en a plusieurs qui
nous... qui nous écoutent, là, des recteurs, des directeurs un peu partout.
Comment vous allez faire ça, donc protéger ceux qui font bien les choses,
protéger notre recherche, innovation, nos programmes? Puis c'est... ça se
décline, là, protéger, dans le fond, la... les finances de nos institutions,
mais en même temps, vous allez corriger de façon bien ciblée les
problématiques.
• (16 h 40) •
M. Roberge : Bien, avec votre
aide. J'ai besoin... j'ai besoin de tout le monde autour de la table pour qu'on
adopte quelque chose qui est modéré, qui est raisonnable. Moi, j'ai une
approche d'ouverture depuis le début, puis je vais... je vais la conserver. On
voit que ce n'est pas... ce n'est pas dogmatique, c'est bien fait. Puis en
expliquant aussi dans l'article par article les garde-fous qu'il y a dans la
loi, c'est-à-dire que le réseau universitaire n'abdique pas de sa gestion au
ministre de l'Immigration en pensant que, maintenant, c'est un autre ministère
sur lequel ils n'ont pas de prise qui va gérer leur admission. Ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne. Tantôt, on le verra dans les... dans les articles,
que c'est des recommandations qui sont conjointes.
Puis, après ça, le fait qu'on vienne
d'ajouter, il y a quelques minutes, puis je remercie mon collègue pour ça, on a
fait ça ensemble... d'ajouter que la planification pluriannuelle va inclure les
temporaires, bien, ça aussi, c'est quelque chose qui va rassurer, je pense, les
institutions. Ils doivent être satisfaits d'avoir entendu le début de nos
travaux, depuis le début de l'après-midi, parce qu'ils savent qu'ils vont avoir
une vision qui est intégrée. Planification pluriannuelle, ça veut dire
planification, donc prévisibilité. S'il y a un mot que j'ai entendu pendant les
auditions, c'est «prévisibilité». On veut savoir ce qui s'en vient pour deux,
trois, quatre ans. Donc, en disant qu'on intègre tout ça dans la planification,
je pense que c'est quelque chose qui va les rassurer. Et la beauté de la chose,
c'est qu'ils veulent être entendus. La planification inclut des consultations,
donc il y a beaucoup d'éléments rassurants dans tout ça, mais tout ça vient
dans projet de loi. Donc, il fallait étudier le projet de loi pour rassurer les
gens qui s'inquiètent du projet de loi, pour voir qu'on met la planification,
pour voir que c'est un pouvoir qui est partagé, pour voir que, quand on met
planification, on veut dire consultation. Et je pense qu'au fur et à mesure qu'on
va avancer, bien, les gens vont voir que c'est quelque chose qui est mesuré,
qui est modéré, puis ils vont être rassurés, oui, avec votre aide.
Mme Setlakwe : Mais déjà,
dans le libellé de 15.1, on parle de décrets de désignation, autant pour les
études... les études reconnues que pour les établissements d'enseignement
désignés. Et, selon le cas, il va y avoir l'implication du ministre de
l'Immigration et le ministre de l'Éducation ou la ministre de l'Enseignement
supérieur. Mais moi, je peux vous dire, j'ai encore parlé à des gens du milieu
hier. Et puis ils sentent toujours que les préoccupations qu'ils ont... qu'ils
ont mises de l'avant sont toujours pertinentes et vont dans le sens suivant.
Eux, ils disent : Ce n'est pas au ministre de l'Immigration, avec la
ministre de l'Enseignement supérieur, à déterminer uniquement, disons, sur la
base des domaines dans lesquels il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Donc, on
identifie des domaines, on s'assure de former, qu'il y ait des formations pour
combler ces domaines-là. En faisant cet exercice-là, on met complètement de
côté l'importance de prévoir les programmes nécessaires pour les enjeux de
société de demain. Ce que j'ai entendu, spécifiquement, c'est une atteinte à
l'autonomie des institutions... des institutions universitaires. Et puis ce
qu'ils disent, c'est il faut absolument que ce soit eux qui déterminent. Vous
n'avez pas l'expertise, en tout respect, là, il faut que ce soit eux qui
déterminent les programmes qui doivent être offerts aujourd'hui. Ils
disent : Laissez-nous. Comme le premier ministre dit : Il faut... le
premier ministre dit régulièrement : C'est la moyenne au bâton qui
compte...
Mme Setlakwe : ...il dit...
les recteurs disent : Laissez-nous aller au bâton, il faut qu'on s'assure
que toutes les disciplines soient mises de l'avant. Certaines vont réussir,
vont percer, d'autres non, mais il faut les essayer. Puis, si on veut,
aujourd'hui, s'assurer de ne pas échapper le prochain Yoshua Bengio, bien, il
faut laisser l'autonomie universitaire s'exercer pleinement.
Donc, comment est-ce que vous allez
rassurer, aujourd'hui, les recteurs d'université, qui tiennent encore
aujourd'hui ce discours et qui sont inquiets? Ils ne voient pas l'implication
du ministère de l'Économie et de l'Innovation, ici, on ne parle que...
simplement d'Immigration, avec l'Enseignement supérieur, par exemple. Mais on
n'est pas en train de laisser tomber un volet extrêmement important, celui de
l'Économie puis de l'Innovation? C'est documenté, là, ce que je vous dis, c'est
rapporté par le BCI. Vous les rassurez comment aujourd'hui?
M. Roberge : Bien, je les
rassure en montrant, comme je l'ai dit tout à l'heure, que c'est des
recommandations qui sont conjointes, que leur ministre, c'est d'abord et avant
tout la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mais la question que j'ai pour vous,
c'est : Est-ce que vous trouvez normal que le gouvernement ait son mot à
dire sur le nombre d'étudiants étrangers sur le territoire québécois ou vous
pensez que c'est le libre marché seulement, rien que le libre marché des
institutions qui devrait décider combien d'étudiants viennent?
Mme Setlakwe : Non, je trouve
ça intéressant que vous me posiez la question, puis je n'ai pas la tête cachée
dans le sable, je l'ai dit tout à l'heure, je vais le répéter : Je ne dis
pas qu'il ne faut pas qu'il y ait de planification puis de... un certain
contrôle quand il y a des situations problématiques. Ce n'est pas ça que je
dis.
Ce que je dis, c'est qu'il ne faut pas avoir
une pièce législative qui donne des pouvoirs trop larges pour régler une
problématique qui n'existe pas. C'est ça que le milieu nous dit. Au niveau...
Comprenez-vous? Il faut encore une fois revenir à la problématique. Quelle est
la problématique qu'on veut régler? Vous ne mettez pas de l'avant une cible,
une vision, vous n'êtes pas en train de nous dire : Il y a un problème aux
endroits a, b, c, ou dans des collèges x, y, z, ou dans les programmes un,
deux, trois. On ne le sait pas, où vous vous en allez, M. le ministre. Ça fait
que je vous retourne la question.
M. Roberge : Bien, vous me
dites que les problématiques n'existent pas.
Mme Setlakwe : Non, non, je
n'ai pas dit qu'elles n'existaient pas. J'ai dit : Il y a eu, on le sait,
des situations bien ciblées, mais... J'aurais encore plein de questions, là,
mais pourquoi vous ne vous concentrez pas sur le soutien à nos établissements?
Ils l'ont mis de l'avant, dans leur mémoire, là, l'Université du Québec, ils
sont en... Oui, ils reçoivent un haut volume de demandes. Ils sont en train
d'utiliser l'intelligence artificielle, ils sont en train de mettre de l'avant
différentes solutions. Ils ont même... Vous avez parlé d'argent, tout à
l'heure, ils imposent maintenant des dépôts. Pourquoi vous ne travaillez pas
avec eux en soutien?
Encore une fois, je reviens à ma question.
Le projet de loi, selon le milieu, va trop loin, puis on ne comprend pas bien
ce que vous essayez de faire.
M. Roberge : Bien, je pense
que le gouvernement les soutient, les établissements, et un n'empêche pas
l'autre. Ce n'est pas parce qu'on fait un projet de loi pour se donner de
l'agilité gouvernementale qu'on va arrêter de soutenir nos établissements puis
nos dirigeants. Le ministère de l'Enseignement supérieur va continuer de faire
son travail, mais des problématiques, il y en a, on en a vu dans les médias,
des... certaines écoles qui poussent comme des champignons au printemps, pour
des motifs un peu douteux, des enjeux d'étudiants qui viennent ici essentiellement
comme demandeurs d'asile, des enjeux de logement...
Mme Setlakwe : Avez-vous une
liste? Je m'excuse.
M. Roberge : ...des enjeux de
financement, des enjeux d'étudiants qui fréquentent les banques alimentaires.
Il y en a, des enjeux à régler, il y en a, des enjeux à régler. Je pense que
c'est le cas.
Je comprends qu'il y a des institutions
qui ont manifesté des inquiétudes. Bien, avançons dans le projet de loi,
rassurons-les article par article, puis laissons le gouvernement agir ensuite
raisonnablement, avec des consultations, avec les ministres, avec leurs réseaux
respectifs. Puis je pense qu'on a démontré qu'on était des bons partenaires
pour les réseaux de l'éducation et de l'enseignement supérieur.
Mme Setlakwe : Je reviens à
ma question sur les objectifs du ministère de l'Économie et de l'Innovation. Je
vais la formuler différemment. Le libellé de la loi et l'implication du
ministre de l'Immigration conjointement avec, disons, la ministre de
l'Enseignement supérieur ne tient pas compte des grilles de recherche. Pour les
recherches qui vont être financées, on utilise certains critères, ils sont où,
ces critères-là dans le projet de loi? Pour s'assurer que... Vous ne me suivez
pas, avec la recherche...
M. Roberge : Continuez.
Mme Setlakwe : Vous avez lu
récemment aussi, d'ailleurs, une chaire de recherche qui a été renouvelée à
l'Université du Québec à Trois-Rivières, en transition énergétique. Ils ont...
Mme Setlakwe : ...ce
financement-là. Vous savez comment les chaires de recherche sont financées,
quels sont les critères. Et est-ce que les critères vont être pris en
considération dans les décisions qui vont être prises en vertu des pouvoirs qui
sont octroyés dans le projet de loi?
M. Roberge : Oui. Écoutez,
oui, la ministre de l'Enseignement supérieur va tenir compte de tout ça, et je
comprends un petit peu comment ça fonctionne, j'ai été ministre de
l'Enseignement supérieur presque deux ans. Je sais comment fonctionne le réseau
de l'enseignement supérieur. Ce n'est pas moi qui s'en occupe en ce moment,
c'est ma collègue, mais là les Québécois nous regardent. Ils voient les
problèmes que j'ai nommés tout à l'heure, ils s'attendent à ce que les
Québécois les règlent.
Au moment où je vous parle, le seul
pouvoir que j'aurais pour régler des abus serait de dire : Bon, bien,
10 000 étudiants de moins l'an prochain ou 20 000 étudiants de moins l'an
prochain. En espérant que cette baisse draconienne, ce tir à l'aveugle va
atteindre la cible. Je ne pense pas que les Québécois s'attendent à ça. Ils
voient les problèmes, ils s'attendent à ce que le gouvernement les règle. Ils
s'attendent à ce que, pour les régler, ils soient capables d'agir là où il le
faut.
Puis c'est là où je vous demande votre
collaboration. Je comprends qu'il y a des... il y a des établissements qui
manifestent des inquiétudes parce qu'en ce moment, il n'y en a pas, de balises.
Alors, pour eux, une balise, c'est comme un corps étranger, là, ça arrive, mais
c'est nécessaire. On travaille pour tous les Québécois. On protège nos
institutions. Les Québécois s'attendent à une meilleure agilité que ce qu'on a.
Le statu quo n'est pas tenable. On voit les problèmes, on ne peut pas les
régler. Je ne suis pas à l'aise, comme gouvernement, quand je vois des
problèmes, je ne peux pas les régler. Je vous propose des solutions.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...mentionner qu'il vous reste moins de 10 minutes dans
votre temps d'intervention.
Mme Setlakwe : Moins de 10
minutes. Merci. Donc, vous croyez que les institutions ne détiennent pas les
outils adéquats pour corriger les problématiques?
M. Roberge : C'est le
gouvernement, en ce moment, qui n'a pas les outils.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
vous voulez vraiment centraliser toutes ces... tout le processus décisionnel
auprès du gouvernement et en enlever moins... en enlever, des... Vous êtes en
train, dans le fond, de centraliser, là, l'exercice. C'est le gouvernement qui
va s'immiscer dans les affaires des institutions et déterminer quels programmes
vont être privilégiés.
Puis j'attends toujours une réponse aussi,
là, à ma question. Les programmes qui vont être privilégiés, ce seront ceux
pour lesquels il y a... il y a des besoins de main-d'oeuvre, il y a des... il y
a des besoins de main-d'œuvre à combler, ou est-ce que vous allez également
impliquer le volet recherche et innovation? Je ne le vois pas, dans le projet
de loi.
Parce qu'on a les programmes, mais on a
aussi toute la recherche qui fait évoluer les programmes, qui amène de l'eau au
moulin aux programmes. Est-ce que ça, cet élément-là, est pris en compte, selon
vous, dans le projet de loi?
M. Roberge : Oui, il est pris
en compte. Des programmes de recherche, c'est des programmes. Donc, oui, c'est
pris en compte.
Mme Setlakwe : O.K.. Est-ce
que... est-ce que vous voyez qu'il y a un enjeu de brèche dans l'autonomie,
dans l'autonomie universitaire?
M. Roberge : Je ne crois pas.
Je ne crois pas.
Mme Setlakwe : Est-ce
qu'actuellement... est-ce qu'actuellement les... De quelle façon, là...
j'attends toujours des précisions, de quelle façon est-ce que le gouvernement
vient en soutien à nos établissements qui gèrent, donc, un volume élevé au
niveau des demandes d'admission? Par quels programmes, par quelles démarches?
Est-ce que... est-ce que le gouvernement est un soutien à nos institutions,
actuellement?
M. Roberge : Par quels
programmes le gouvernement est en soutien aux institutions?
Mme Setlakwe : Oui, oui.
M. Roberge : Il y a tout un
ministère en soutien.
Mme Setlakwe : Dans leur
gestion, dans leur gestion du volume élevé de demandes d'admission.
M. Roberge : Bien, ce que je
vous dis qu'en ce moment le gouvernement n'a pas l'agilité pour faire ce que
vous dites. C'est pour ça qu'on a une loi.
Mme Setlakwe : Juste avant...
j'ai un amendement que j'aimerais déposer, mais juste avant d'y arriver, là,
j'aimerais juste vous rappeler, là, que l'Université du Québec, dans son
mémoire, est venue parler, là, de leurs efforts, là, pour... justement, pour
venir gérer le nombre élevé de demandes...
Mme Setlakwe : ...je vais y
arriver. Écoutez, je pense que... Oui, je vais revenir à l'extrait du mémoire,
mais j'aimerais déposer un amendement... un sous-amendement, pardon, Mme la
Présidente. Je pense qu'il a été envoyé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il a été envoyé?
Mme Setlakwe : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va l'ajouter. Je vais vous demander d'en faire la
lecture. Vous l'avez tous sur Greffier? Mme la députée.
Mme Setlakwe : O.K. Donc, je
lis mon amendement. À 15.1...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Sous-amendement.
Mme Setlakwe : Sous-amendement,
vous avez raison. Merci, Mme la Présidente. Donc, on propose de modifier
l'amendement proposé à l'article 15.1 tel que proposé par l'article 1
du projet de loi par l'insertion à la fin du premier alinéa de «Malgré ce qui
précède, le gouvernement tient compte de la Loi sur la liberté académique dans
le milieu universitaire (chapitre L-1.2)».
Et l'article, donc, se lirait comme
suit : «À moins que le gouvernement, par règlement, n'en dispose autrement
à l'égard de certains ressortissants étrangers, l'admission dans un
établissement d'enseignement désigné pour poursuivre des études reconnues est
une condition de tout programme d'immigration de la catégorie des étudiants
étrangers.» Je pense que le libellé, entre temps, a changé parce que nous, on
avait la version deux, puis là c'est l'inverse, mais...
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Ah oui? O.K. Et
notre ajout est le suivant : «Malgré ce qui précède, le gouvernement tient
compte de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire
(chapitre L-1.2).
Cette Loi, là, sur la liberté académique
dans le milieu universitaire, Mme la Présidente, elle a été adoptée sous le
gouvernement actuel il y a peu de temps, et, dans les considérants, on rappelle
l'importance donc du plein exercice des libertés académiques que suppose
l'autonomie des établissements d'enseignement supérieur. L'autonomie
universitaire, la liberté académique et universitaire constituent des conditions
essentielles à l'accomplissement de la mission de ces établissements
d'enseignement.
Moi, je mets de l'avant, encore une fois,
que le projet de loi n° 74 constitue une brèche, là, dans l'autonomie
universitaire. Encore une fois, ce sont eux, les experts, ce sont eux qui
savent quels sont les programmes qui doivent être offerts, quels sont les
programmes qu'on doit ouvrir aux étudiants internationaux, quels sont les
programmes de recherche aussi qui doivent être mis de l'avant, parce que ça
forme un tout cohérent, les programmes de formation, la recherche qui se fait,
pour lesquels, on le sait, on dépend énormément d'étudiants internationaux. Ils
sont en majorité, là, dans nos laboratoires de recherche. C'est une lutte,
c'est une lutte féroce, là, pour citer le Scientifique en chef quand il parle
de l'importance de continuer d'attirer ces talents à l'international. Alors, je
soumets qu'il faudrait vraiment respecter l'autonomie universitaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Des commentaires?
M. Roberge : Bien, Mme la
Présidente, je pense que la Loi sur la liberté académique est une loi qui était
très importante, adoptée sous... dans le dernier gouvernement par la ministre
Danielle McCann, que je salue, qui a fait un excellent travail. Il y a eu une
grande consultation. D'ailleurs, c'est Alexandre Cloutier, qui est aujourd'hui
président du réseau UQ, qui avait fait un travail de recherche qui a précédé
puis qui a mis la table pour cette loi-là, je le remercie encore. L'amendement
de la collègue n'apporte rien puisque le projet de loi actuel n'entrave pas la
Loi sur la liberté académique. On n'a pas besoin de mettre dans une loi que les
autres lois s'appliquent, parce que, sinon, la liste va être longue, là. Il y
en a bien, des lois qui s'appliquent, là. On ne va pas dire : Malgré ce
qui précède, puis là on va dire, cette loi-là s'applique, cette loi-là
s'applique, cette loi... toutes les lois s'appliquent. Ça continue de
s'appliquer. Puis il n'y a pas de contradiction entre le projet de loi
n° 74 puis la Loi sur la liberté académique. Donc, j'ai, comme ma
collègue, une grande préoccupation pour la liberté académique, puis on parle de
ce que... je l'ai devant moi, le texte, mais je ne crois pas que l'amendement
soit nécessaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Merci, M. le ministre. Puis vous en parlez, là, tantôt...
M. Cliche-Rivard : ...vous
étiez à chercher des opportunités de rassurer, là, je veux juste être certain
que... Vous étiez, tout à l'heure, à chercher des opportunités de rassurer,
puis vous aviez dit qu'il y a des amendements, peut-être, qui viendront jouer
ce rôle-là. Mais l'inquiétude qui est soulevée par la collègue, je pense, a été
soulevée par plusieurs groupes, recteurs, etc.
Donc, j'aimerais ça vous entendre sur
votre réponse rassurante à ces inquiétudes-là, puis vous donner l'opportunité
justement de répondre de manière positive et rassurante à ce qu'ils ont
soulevé. Parce que vous étiez là avec moi pendant les consultations, vous avez
entendu ce qu'ils ont à dire. C'est quand même des gens avec des statures, avec
des pedigrees puis des fonctions assez importantes. Ils nous ont, parlementaires,
véhiculé des inquiétudes qui, je juge, sont quand même importantes. Ils sont
venus quand même... se sont déplacés en grand nombre pour vous adresser un
message qu'eux, ils étaient inquiets, puis la plupart des mémoires le
soulignent, inquiets, bon, des fois, c'est en termes de recherche, d'autres
fois, c'est en termes de développement de programmes, d'autres fois, c'est en
termes de liberté académique. Ça a eu un certain éventail.
Donc, j'aimerais ça vous céder puis vous
donner l'opportunité de leur répondre directement, parce que je suis certain
qu'il y a des choses que vous avez réfléchi ensemble, collectivement, qui vont
nous permettre d'avancer dans l'étude du projet de loi puis qui vont nous
permettre de les rassurer, donc, je l'espère, en tout cas. Donc, vous avez
certainement quelque chose à leur dire.
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, c'est une très, très bonne question, mais ma collègue l'a posée il
y a 10 minutes...
M. Cliche-Rivard : Mais...
M. Roberge : ...puis j'ai
donné une très, très bonne réponse à cette question-là. Donc là, comme on dit,
il faut refaire jouer le «tape». Mais j'ai mentionné tout à l'heure que le
dernier paragraphe de l'amendement qu'on étudie, là, «un décret de désignation
est pris sur recommandation conjointe du ministre et selon leurs compétences
respectives du ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et du ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie».
Ma collègue, tantôt, s'inquiétait pour la recherche, la science, la
technologie, c'est inclus dedans. Puis les amendements qu'on a faits tout à
l'heure, je pense, sont de nature à rassurer. Voilà, il me semble que tout est
là.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
la réponse, c'est considérant que vous allez faire ça avec votre collègue de
l'Enseignement supérieur et/ou de votre collègue de l'éducation, soyez
rassurés, partenaires. C'est ça, la réponse?
M. Roberge : Bien, c'est la
réponse que j'ai donnée tout à l'heure, en mentionnant aussi le fait que ça va
faire partie de la planification, parce que je pense que la plus grande
inquiétude exprimée par les gens qui sont venus en audition, c'était une
question de prévisibilité. Alors, d'intégrer tout ça dans la planification
pluriannuelle. Pour moi, c'est de la prévisibilité, donc, ça donne quelque
chose qui est rassurant. Puis cette planification-là va être faite après
consultation. C'est aussi ce qui a été exprimé. Donc, on répond à plusieurs des
préoccupations qui ont été exprimées.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
ne dites pas, par exemple, directement, aux dites, par exemple, chaires de
recherche, deuxième, troisième cycle, vous ne leur dites pas :
Aujourd'hui, ne vous en faites pas, je n'irai pas là. Vous neleur dites pas ça.
M. Roberge : Mais, Mme la
Présidente, je pense qu'il y a tout ce qu'il faut dans le projet de loi pour
rassurer tout le monde. Maintenant, les décisions vont être prises avec le
réseau, après consultation des ministres respectifs. Il me semble que tout est
là.
M. Cliche-Rivard : Le
ministre donne sa réponse. C'est sa liberté, donc, de choix. Le projet de loi,
ils l'avaient lu, en amont, M. le ministre, avant de venir aux consultations,
puis ils n'étaient vraisemblablement pas rassurés aux consultations. Ce que
vous dites, c'est essentiellement : C'est ça, pareil. C'est ce que
j'entends, là. Moi, je vous disaisL Y a-tu un pas de plus qui sera franchi, ou
voulez-vous donner des explications additionnelles pour les rassurer? Vous me
dites : Non, c'est ça que j'ai dit, puis c'est le projet de loi qui devait
rassurer. Donc, c'est votre droit, là, puis les conclusions seront tirées, puis
c'est tout, là. Dans le sens, si c'est ça, votre explication, c'est ça, votre
explication, puis ils l'apprendront, mais ils ne sont pas rassurés par votre
explication. Donc, c'est ce que vous dites : I rest my case, c'est ça, mon
pitch.
M. Roberge : Mais tout n'est
pas terminé, on commence... On n'a même pas adopté l'article 1. Et je l'ai
mentionné à plusieurs reprises tout à l'heure, je pense qu'au fur et à mesure
qu'on va avancer, les gens seront davantage rassurés. Si vous me demandez de
rassurer les gens tout de suite, bien, je vais dire : Adoptons le projet
là tout de suite, mais faisons l'exercice comme il faut.
M. Cliche-Rivard : Bien, j'y
reviendrai. Alors, Mme la Présidente... Puis je vais prendre la balle au bond
du ministre, il nous ouvre peut-être une porte vers laquelle on va pouvoir
avancer ensemble...
17 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...donc on
va... on va s'y rendre, là. Je vais m'arrêter là-dessus pour l'instant, mais je
vais revenir, là-dessus, parce que je sens, avec beaucoup de volonté d'être
constructif, là, qu'il y avait une inquiétude, là, qui était bien, bien en
amont, avec la lecture de votre projet de loi, puis là, à ce jour, c'est les
amendements qui vont y répondre, pas ce qui est dans le projet de loi. C'est ce
que je souhaite. Ça fait qu'on verra bien le travail, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Il y a d'autres interventions sur le
sous-amendement? Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Merci.
Bien, écoutez, moi aussi, là, je vais m'y prendre d'une autre façon. En fait,
quand on va poursuivre l'étude du projet de loi, une fois qu'on aura épuisé
notre temps sur l'article 1, j'ai l'impression que ça va devenir encore plus
inquiétant pour le milieu, parce que, là, plus tard, vous allez pouvoir prendre
des décisions sur la base d'une panoplie de sujets, d'ailleurs, qui sont... de
critères, c'est-à-dire, qui ne sont même pas exhaustifs, comme les programmes,
les ordres d'enseignement, les établissements, les régions, etc. Et ce sur quoi
tout le réseau s'entend, c'est au niveau des programmes puis au niveau de l'importance
de préserver l'autonomie des institutions. Là, ici, je vais citer, c'était le
recteur Blanchette, de l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui a signé une
lettre ouverte dans le journal Le Devoir, récemment, et puis on se
souviendra qu'il est maintenant à la tête du BCI, le Bureau de coopération
interuniversitaire, il dit que «l'autonomie universitaire permet aux
établissements de planifier leur développement sur le long terme, parfois sur
plusieurs décennies. Les programmes universitaires et les expertises en
recherche que ces programmes enrichissent se construisent sur 10, 15 ou 20 ans.
Les programmes d'études et les axes de recherche ne peuvent évoluer sans la
contribution de toutes et de tous, y compris les membres de la communauté
internationale. Remettre en question cette autonomie, c'est risquer de
ralentir, voire de freiner le développement de secteurs stratégiques pour l'innovation
et l'économie québécoise». On peut penser à la cybersécurité, on peut penser à
l'intelligence artificielle, on peut penser au quantique, etc.
Je poursuis : «Les décisions des
universités concernant ces développements reposent sur cette autonomie protégée
par la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, adoptée par
le gouvernement actuel.»
Donc, notre proposition d'amendement est
complètement alignée sur ce qui est demandé par le milieu universitaire, M. le
ministre. Et, encore une fois, moi, je vous dis, plus tard, dans l'étude du
projet de loi, on va être encore plus inquiets, alors, je pense que c'est
important. Mais ils sont... leurs inquiétudes portent énormément sur l'article
5 à venir, puis ici, à l'article 1, il y a des décisions qui vont se prendre
par le ministre de l'Immigration et la ministre de l'Enseignement supérieur,
par exemple. Comment vont-ils... Comment pouvez-vous rassurer que ces décisions
vont se prendre en tenant compte aussi des critères et des grilles de critères
et d'analyse qui relèvent du ministère de l'Économie et de l'Innovation?
Comment ça va se faire?
M. Roberge : Bien, ma
collègue semble s'inquiéter que les mots «recherche», «science et technologie»,
dans le titre «ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie» ne soient pas pris en compte, mais ça fait partie
des responsabilités. On dit souvent ministre de l'Enseignement supérieur, là,
mais c'est aussi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie. Tout est là.
Et élément rassurant, parce que mes
collègues semblent inquiets, bien, avec l'amendement que j'ai déposé, je
précise, nous précisons que tous les grades sont des études reconnues. On le
met dans la loi. Voilà quelque chose de rassurant.
Mme Setlakwe : Mais sachant
que votre intention c'est d'abaisser le nombre d'étudiants internationaux...
Puis on dit qu'ils sont critiques au niveau particulièrement des second et
troisième cycles, où la recherche et l'innovation se déploient. Alors, comment
réconcilier les deux? Vous voulez diminuer, vous avez les pouvoirs, vous...
on... Dans le fond, il va falloir se fier aux discussions ici, en commission,
ce soir, alors que le projet de loi va lier les prochains gouvernements aussi.
Il faut vraiment se fier sur votre énoncé ce soir, que vous n'irez pas... que
le projet ne sera pas utilisé à cette fin-là, donc, de réduire les cohortes...
Mme Setlakwe : ...en
recherche. Est-ce que c'est ça, dans le fond, votre position? C'est :
Inquiétez-vous pas, le projet loi ne sera pas utiliser pour réduire les
cohortes au deuxième et troisième cycle? J'essaie de le formuler de différente
façon.
M. Roberge : Non. Bien, ce
n'est pas que j'ai dit, en fait, vous essayé de mettre des mots dans la bouche.
Mme Setlakwe : Parce que le
projet de loi va vous donner les pouvoirs de le faire.
Une voix : ...
M. Roberge : Pardon.
Mme Setlakwe : Oui. Le projet
de loi, soyons clairs, va donner au ministre... va vous donner les pouvoirs de
le faire, d'aller vous immiscer dans les programmes de recherche pour en
déterminer lesquels seront privilégiés, lesquels seront retenus. Parce que, si
vous coupez le nombre d'étudiants étrangers, forcément vous allez affecter la
recherche qui se fait au Québec. Je le simplifie, mais là je pense qu'il faut
le faire parce que...
M. Roberge : ...
Mme Setlakwe : Donc, vous
allez... vous me dites non avec la tête, donc vous ne le ferez pas. Bien que le
projet loi vous permette de le faire, vous ne le ferez pas, vous ne couperez
pas dans les programmes de recherche?
• (17 h 10) •
M. Roberge : O.K. Là, Mme la
Présidente, là, c'est le festival des raccourcis, là. Elle me dit :
Forcément, si on réduit le nombre d'étudiants, obligatoirement, il va avoir
moins d'étudiants au deuxième, troisième cycle. Pas nécessairement. Après, ça,
elle tente de mettre des mots dans la bouche : Donc, vous dites que vous
ne le ferez pas. Ce n'est pas ce que je dis non plus. J'invite ma collègue à un
peu plus de rigueur quand même. Je n'ai dit ni l'un ni l'autre. Ce que je dis,
c'est que ce qui est inquiétant, c'est la situation actuelle. Ça, si j'étais
dirigeant d'enseignement supérieur, que je voyais ce qui se passe en ce moment,
des articles de journaux qui voient qu'il y a des étudiants qui viennent pour
faire des demandes d'asile, qu'il y a des étudiants qui ne sont pas capables de
se loger, qu'il y a des étudiants qui... ils passent des sessions dans les
hôtels, qu'il y a des dérapages, on en voit, et que, donc, les gens demandent
un correctif, avec l'état du droit actuel, on peut s'attendre à ce qu'un
gouvernement réduise le nombre d'étudiants, ce qui est très inquiétant pour
tous directeurs d'établissements d'enseignement supérieur. C'est une dynamique
où un gouvernement est appelé à réduire le nombre d'étudiants sans la loi
actuelle, c'est-à-dire qu'un gouvernement qui est amené à réduire le nombre
d'étudiants sans être capable de protéger des secteurs. Ils ne peuvent même pas
plaider au moment où on se parle, parler à leur ministre d'Enseignement
supérieur, dire : Bien là, si vous réduisez, faites attention à tel secteur,
faites attention à tel cycle, faites attention à telle chaire de recherche. La
ministre de l'Enseignement supérieur dirait : Bien, je ne peux pas, il
faut réduire, puis je ne suis pas capable de vous protéger. Et là, normalement,
le réseau d'enseignement supérieur dirait : Bien là, adoptez une loi qui
nous permet de protéger des secteurs. Et là on dirait : Bien oui. Puis là
ils diraient : Ah! c'est rassurant. Et là ça marcherait. Et là ma collègue
essaie de dire que ce qui est inquiétant, c'est que le gouvernement peut
réduire tout en protégeant des secteurs, peut réduire tout en donnant à la
ministre de l'Enseignement supérieur la capacité de regarder quels sont les
besoins dans le réseau, parler aux gens qui sont directement dans les
établissements, tenir compte de ce qu'ils disent. Ça, c'est inquiétant? Bien
non. Ce qui est inquiétant, c'est le statu quo. C'est ça qui est inquiétant.
Mme Setlakwe : Or, le milieu
universitaire et collégial demande d'être exclu du projet de loi parce qu'eux,
ils disent : Nous, on fait bien les choses, nous, on veut préserver notre
autonomie. Puis ils ne pensent pas juste à leurs intérêts pécuniers à eux, là,
ils pensent à l'avenir du Québec. Ils pensent à l'importance d'être présents
dans toute une gamme de domaines, pas seulement ceux pour lesquels aujourd'hui
il y a des besoins de main-d'oeuvre, mais les domaines qui vont émerger. C'est
le rôle de nos universités de s'assurer qu'on pense aux domaines en émergence
puis qui... qu'on qu'eux puissent, dès maintenant, offrir des programmes, une
panoplie de programmes pour s'assurer que nos étudiants... qu'on forme les
étudiants qui vont être prêts, sur notre territoire, à relever les défis de
demain.
M. Roberge : Bien, je
comprends...
Mme Setlakwe : Vous comprenez?
Vous dites... Vous, vous dites...
M. Roberge : Bien, je sais ce
que c'est...
Mme Setlakwe : Vous, vous
dites : Le statu quo est inquiétant, puis eux disent : Non, non, il
faut garder le statu quo en ce qui nous concerne.
M. Roberge : Je sais que ma
collègue parle de la prospective, d'anticiper ce qui s'en vient. Les
universités, les cégeps, les écoles ont tout le loisir de développer des
programmes en fonction de ça. Il n'y a pas que des étudiants étrangers non
plus, là, sur campus et dans nos établissements. Il ne faut pas penser ça non
plus, là. On fait ça d'abord pour les Québécois, ensuite on accueille les gens
qui arrivent de l'international. Puis toutes ces personnes-là qui sont dans la
prospective, bien, ont... de leur ministre.
Mme Setlakwe : Mais c'est ça,
les ministres... de l'Économie également? Parce qu'on se rappellera que, tout
récemment, la Loi modifiant principalement...
Mme Setlakwe : ...Loi sur le
ministère de l'Économie et de l'Innovation en matière de recherche, le projet
de loi n° 44, qui a été déposé par l'ancien... le ministre... l'ancien ministre
de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, créait les fonds actuels, les
fonds de recherche. Donc, en tout cas, pour moi, les fonds de recherche
relèvent du ministère de l'Économie. Est-ce que je me trompe?
M. Roberge : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, on tourne un peu en rond, là, j'ai répondu à ces
questions-là. Je pense qu'il y a tout ce qu'il faut pour agir avec agilité dans
cet article-là, puis on verra article par article, mais là on parle... on est
loin de l'article 1, là, sur la notion d'études reconnues parce que
l'amendement dont on parle en ce moment, c'est «études reconnues», puis là ma
collègue veut ajouter la notion de liberté académique. Ce que je lui dis, c'est
que les projets de loi... puis le gouvernement doit de toute manière tenir
compte de la loi sur la liberté académique, puis on ne mettra pas par
amendement toutes les lois du monde. De toute façon, elle s'applique, cette
loi. Donc, si on revient au sous-amendement, je pense que ce n'est pas
pertinent de l'accepter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le
sous-amendement?
Mme Setlakwe : Juste une
dernière question, peut-être, avant qu'on passe au vote, là, sur le
sous-amendement. Est-ce que je dois comprendre... peut-être que... je ne veux
pas vous mettre des mots dans la bouche, ce n'est pas mon intention, est-ce que
je dois comprendre que la ministre de l'Enseignement supérieur, parce que là je
me rattache vraiment au premier article, là, va tenir compte des critères ou
des grilles de critères qui sont relatifs à la recherche puis aux fonds de
recherche? Elle va, dans le fond, s'occuper de cet aspect-là quand elle sera
interpelée pour prendre des décisions conjointes avec vous en vertu de
l'article 15.1.
M. Roberge : Bien, je pense
que la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et
de la Technologie va tenir compte de la recherche, de la science et de la
technologie.
Mme Setlakwe : Merci de cette
précision.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le
sous-amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que le
sous-amendement est adopté?
M. Roberge : Rejeté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Rejeté.
Mme Setlakwe : Est-ce qu'on
peut faire un vote par appel nominal, s'il vous plaît, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Le vote est demandé.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, le sous-amendement est rejeté. Nous
revenons donc à l'article 1, l'amendement déposé à l'article 1.
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement? M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, j'aimerais ça qu'on fasse le chemin ensemble,
parce que, tantôt, vous avez dit : Les établissements d'enseignement
désignés, ça existait déjà. Là, juste pour qu'on se comprenne puis qu'on se
dise les affaires comme je les comprends, en fait, on avait les établissements
d'enseignement québécois au règlement, dans les définitions, puis là, avec
l'article 14, on va enlever ça, puis vous intégrez les établissements
d'enseignement désignés, là, ce n'est pas quelque chose qu'on avait déjà ou ma
compréhension est erronée?
M. Roberge : Je veux juste
vérifier pour être sûr de donner la meilleure réponse possible.
Des voix : ...
M. Roberge : C'est ça, on me
précise, puis oui, la notion d'établissement désigné existe.
Une voix : ...
M. Roberge : J'y reviens, là.
Ça existe. Ce qu'on fait avec le projet de loi, puis c'est le début de
l'article 15.1, là : «À moins que le gouvernement, par règlement,
n'en dispose autrement à l'égard de certains ressortissants étrangers,
l'admission dans un établissement d'enseignement désigné pour poursuivre des
études reconnues est une condition de tout programme d'immigration de sa
catégorie des étudiants étrangers» c'est qu'on vient préciser que c'est une
condition d'admission, puis je ne me trompe pas, c'est...
Une voix : ...
M. Roberge : Depuis 2017, on
désigne tous les établissements comme des établissements d'enseignement
désignés, donc...
M. Cliche-Rivard : Ça, c'est
dans la loi?
M. Roberge : Je cherche... Je
cherche l'endroit précis.
Une voix : ...
M. Roberge : C'est dans le
règlement.
M. Cliche-Rivard : C'est dans
le règlement.
M. Roberge : C'est dans le
règlement. C'est pour ça que...
M. Cliche-Rivard : Dans le
règlement sur l'immigration.
M. Roberge : ...probablement
pour ça que vous ne le trouviez pas dans la loi.
M. Cliche-Rivard : Mais, dans
le règlement, on parle d'établissements d'enseignement québécois, puis il y a
les définitions. C'est-tu la même chose que les établissements d'enseignement
désignés?
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : Non? Bien,
c'est ça, le point, c'est ça.
M. Roberge : O.K. Oui. On le
désigne...
M. Cliche-Rivard : Mais la
question juridique est quand même importante.
M. Roberge : Non, mais...
Effectivement. Donc, on...
M. Cliche-Rivard : Oui. Vous
créez donc «établissements d'enseignement désignés»...
M. Cliche-Rivard : ...On
s'entend?
M. Roberge : Je veux
être certain que c'est ça. Au fédéral, le terme existait. Nous, dans le
règlement, ça existait, mais ce n'était pas sous ce vocable-là. Là, on utilise
ce vocable-là. Avant, la notion existait sous un autre vocable dans le
règlement. On utilise le vocable «établissement désigné» dans la loi.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Puis là, «établissement d'enseignement désigné», vous l'avez mentionné, ça
réfère mot pour mot au libellé du fédéral. C'est comme ça qu'eux désignent,
alors que nous au Québec, on désignait «établissement d'enseignement
québécois», puis il y avait une définition au règlement, puis, plus tard dans
le projet de loi, on va voir qu'on va enlever la définition au règlement parce
que vous l'intégrez à 15.1. On est d'accord.
M. Roberge : On le met
dans la loi ici, puis...
M. Cliche-Rivard : À
15.1.
M. Roberge : ...on est
dans le 15.1.
• (17 h 20) •
M. Cliche-Rivard : C'est
ça. Parfait. La liste d'établissements d'enseignement québécois, au règlement,
dans la définition, elle citait six types d'établissements : «1°
établissements d'enseignement au sens de l'article 36 de la Loi sur
l'instruction publique». C'est ce qu'on retrouve... - si on peut descendre un
peu. Mme la Présidente - c'est ce qu'on retrouve ici à 1° ici, les
établissements d'enseignement visés à 36 de la Loi sur l'instruction publique -
on est d'accord? Le premier, c'est le même; «2° les collèges institués
conformément à l'article 2 de la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel» disparaît; «3° un établissement d'enseignement privé
titulaire d'un permis conformément à l'article 10 de la Loi sur
l'enseignement privé», ça disparaît; «4° un établissement d'enseignement tenu
en vertu de la loi par un ministère ou un organisme qui est mandataire de
l'État ou un organisme de formation en art reconnu par le ministère de la
Culture et des Communications» disparaît; «5° le Conservatoire de musique et
d'art dramatique du Québec, institué par la Loi sur le Conservatoire de musique
et d'art dramatique du Québec» disparaît; «6° un établissement, une personne
morale ou un organisme... à l'article 2 de la Loi sur les établissements
d'enseignement de niveau universitaire» disparaît.
Vous le remplacez par : «2° les
établissements d'enseignement que désigne le gouvernement». Donc, on n'est pas
du pareil au même, là, on crée un nouveau régime où... Avant, il y avait des...
par règlement, des établissements d'enseignement québécois prédésignés par le
règlement, et aujourd'hui ou à 15.1, vous dites : Ceux-là visés à 36,
c'est bon, mais tous les autres, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°, vous retirez la
désignation automatique, pour faire un régime — puis c'est correct,
là, je veux juste qu'on comprenne bien les affaires — un régime
d'établissements d'enseignement désignés par le gouvernement. C'est ça, la loi,
là, c'est ça, la modification, là, qui est quand même substantiellement
différente, là. Est-ce qu'on se comprend ou est-ce que j'ai tort?
M. Roberge : Bien, juste
pour comprendre les implications de ce que vous dites puis vérifier dans un
autre article, je suspendrais pour vous donner une bonne réponse.
M. Cliche-Rivard : Oui,
avec plaisir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 29)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. On en était à la réponse de M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Pour les gens qui nous écoutent, quand on suspend comme ça, c'est
pour avoir une bonne réponse à une bonne question. Donc, voilà, la situation
actuelle, c'est qu'il y a... les établissements sont désignés... C'est quoi, le
terme, en ce moment, là? Ce n'est pas «désignés», mais bon, ça revient au même.
M. Cliche-Rivard : ...
M. Roberge : Les établissements
d'enseignement québécois se trouvent à être désignés dans une liste qui est
dans un règlement, en réalité, ils ne sont pas dans la loi. Et là mon collègue
disait : Bien là, ils ne seront plus désignés. Bien oui, ils demeurent...
ils demeurent désignés. C'est que ce qu'on amène, c'est que ce n'est pas un
changement par rapport à la situation, en réalité, actuelle, parce qu'en ce
moment ils sont désignés par règlement et, avec la loi, ils seraient désignés
de la même manière, mais, dans ce cas-ci, par décret, parce qu'on est... dans
cette loi-ci, on y va par décret de désignation, qui viendrait dans la
recommandation conjointe avec les collègues. Et, de toute façon, tant qu'il n'y
a pas un nouveau décret, le précédent règlement s'applique, donc il n'y a pas
une perte pour ces établissements.
• (17 h 30) •
M. Cliche-Rivard : Mais il y
en a qui... puis c'est ce que vous vous donnez, comme pouvoir, si je comprends
bien, il y en a qui vont, inévitablement, un jour, peut-être pas directement
dans l'application, demain matin, de la loi, perdre leur désignation.
M. Roberge : Bien, je ne peux
pas présumer de ça, mais on pourrait dire la même chose avec le règlement
actuel, parce qu'il faut tout le temps regarder la loi qu'on propose, le projet
de loi, versus l'État de droit actuel. Et, en ce moment, les établissements se
trouvent à être désignés par règlement et ils pourraient...
M. Cliche-Rivard : Mais ils
ne sont pas désignés par règlement.
M. Roberge : ...avoir un
nouveau règlement dans lequel certains établissements ne seraient plus. Le
gouvernement peut changer, peut modifier le règlement dans la situation
actuelle. Je veux dire, ce n'est pas dans une loi. De toute façon, les lois
peuvent être changées, mais, en ce moment, les établissements se trouvent à
être désignés via un règlement, lequel pourrait être changé à tout moment par
un gouvernement. Avec la loi, on revient à une situation qui est semblable, sur
recommandation des ministres responsables.
M. Cliche-Rivard : O.K.. Ceci
dit, dans le règlement actuel puis dans l'état de fait actuel, là... Je
comprends qu'un règlement, ça peut être modifié par le gouvernement, il n'y a
pas de débat là-dessus, là. Là, vous ne calquez pas la définition qu'on avait
pour la ramener dans 15.1, vous gardez, finalement, juste les établissements
d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique.
Lui... ils seront automatiquement désignés.
Ça fait que celui-là, le premier, là, des
six, lui, oui, il fait le bond direct dans la loi. Lui, il va être protégé pour
toujours, là, jusqu'à tant qu'on réouvre la loi, entre guillemets, mais c'est
dans la loi, alors, que, pour tous les autres, là, les 2 à 6, là, eux autres
vont faire l'objet d'une désignation individuelle. C'est bien ça, le nouveau
cadre?
M. Roberge : Oui, mais la
raison aussi, c'est que le réseau scolaire préscolaire, primaire, relève
directement du gouvernement... doivent enseigner le cursus du gouvernement, le
Programme d'enseignement de l'école québécoise. Ce sont des diplômes,
d'ailleurs, qui ne relèvent pas des centres de services scolaires, ce sont des
diplômes gouvernementaux.
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : Donc, il y a une
nuance.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et là
les autres vont faire l'objet d'une liste, qui sera la liste québécoise des
établissements d'enseignement désignés, qui sera différente de celle que
produit Immigration Canada ou l'intention, c'est de le calquer tel quel?
M. Roberge : On ne peut
pas... on ne peut pas présumer... de toute façon, je ne parle pas du règlement
du Canada, parlons du règlement actuel du gouvernement du Québec, on ne peut
pas présumer que la liste sera différente à ce moment-ci, puis là, bien, ça va
relever des travaux des ministres.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
il y aura, à terme, une liste d'établissements d'enseignement désignés du
Québec, puis le fédéral fera bien ses affaires avec sa liste d'établissements
désignés du fédéral.
M. Roberge : Exactement.
M. Cliche-Rivard : On aura
deux listes. Puis là, bien, qui est exactement sur la même longueur d'onde, sur
quoi, ça, je veux dire, c'est une autre histoire. On n'a pas besoin d'aller là
aujourd'hui.
M. Roberge : Si ça arrive, ça
ne sera pas la première fois qu'on a des différences avec Ottawa, c'est mon
quotidien.
M. Cliche-Rivard : Ça, j'en
suis. Sur la désignation, par contre, sur le processus de désignation, sur les
critères de désignation, sur les...
17 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...qu'est-ce
qui fait que quelqu'un est désigné ou un groupe... une institution l'est, ou un
autre ne l'est pas? Parce que, là, ça reste quand même sur désignation du
gouvernement, point. Est-ce qu'il y a un règlement qui va venir les définir?
Là, ça ne le prévoit pas.
M. Roberge : Ça va dépendre
des consultations puis des discussions des ministres respectifs, en fait, de la
ministre de l'Enseignement supérieur. Là, en ce moment, on a des critères. Mais
encore une fois, les critères relèvent du règlement. C'est le gouvernement qui
se donne ces critères-là, au moment où on se parle. Le gouvernement se donne
les critères et les suit. Donc, en ce moment, c'est gouvernement qui décide, on
s'entend et on passe d'une situation où le gouvernement décide à une situation
où le gouvernement décide. Donc, il n'y a pas rien... Je sais qu'on aime ça s'inquiéter
un peu, là...
M. Cliche-Rivard : Bien...
mais ce n'est pas tout à fait ça.
M. Roberge : ...mais ce n'est
pas plus inquiétant avec le changement qu'avec le statu quo.
M. Cliche-Rivard : Mais ce n'est
pas tout à fait ça. Parce que, dans... là, c'est correct, là, vous allez vous
établir... bien, c'est correct, c'est une question, là. Vous allez vous
établir un régime désigné, ou institution par institution, vous allez le
désigner, alors que, dans le règlement précédent, un établissement qui répond à
l'article 10 est désigné, un établissement qui répond à tel article est
désigné. Ce n'est pas pareil, là, c'est un régime d'application automatique.
Vous êtes visé par un... un collège institué à l'article deux de la Loi sur les
collèges d'enseignement désignés, alors que, là, vous allez plutôt désigner
individuellement, ce collège-là, oui, celui-là, non, celui-là, oui, celui-là,
non. Ça fait qu'on n'est pas du tout à la même place, dans le même régime, là.
M. Roberge : Mais, en fait,
pas nécessairement parce qu'on pourrait... Dans la liste des établissements
désignés, on pourrait dire : Bien, tous les critères qui répondent à ce
critère... tous les établissements qui répondent à ce critère sont dans la
liste aussi.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que vous pourriez, dans le décret, revenir coller... Vous pourriez revenir à
mettre deux, trois, quatre, cinq, six, qu'on lisait tantôt. Vous pourriez venir
les mettre dans le décret en disant : Ceux-là sont designés.
M. Roberge : C'est possible.
M. Cliche-Rivard : C'est
possible, sauf... puis là, si vous... un jour, vous dites : Oui, celui-là,
on a un problème avec X, un jour, vous pourriez dire : Tous les
établissements visés par l'article deux des collèges d'enseignement général et
professionnel, sauf tel. Je comprends que votre oreille est sollicitée des deux
côtés.
M. Roberge : J'écoute pareil,
effectivement. J'ai fait signe que je voulais vous écouter.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Oui. Oui. C'est correct.
M. Roberge : Donc, oui,
effectivement il pourrait y avoir ça.
M. Cliche-Rivard : Vous vous
donnez donc le...
M. Roberge : On se donne le
pouvoir que tous les établissements du Québec ne sont pas nécessairement
désignés.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Roberge : Je le répète, c'est
la situation actuelle aussi, là.
M. Cliche-Rivard : Oui, mais
qui vous ne le permettait pas, individuellement, de retirer la désignation. Le
règlement... sans modifier le règlement, et le règlement vous ne permettait pas
d'identifier un collège puis de cesser. Vous en avez parlé vous-même sur la
base des recours judiciaires, où vous aviez identifié... pas vous, mais votre
prédécesseur avait identifié des collèges en particulier. Puis l'arrêté
ministériel était contesté sur cette base-là, sur le fait qu'une décision
ministérielle ne pouvait pas retirer à un, deux, trois, quatre, cinq, collège
le droit de le faire. Ça fait que, là, on vient se donner le droit de le faire.
Vous pourriez retirer une désignation.
M. Roberge : Ce sont des... ce
qu'on ne pouvait pas faire, avec... ce qu'on ne peut pas faire, au moment où on
se parle, avec la loi actuelle, c'est attribuer ou ne pas attribuer des CAQ en
fonction des établissements ou des régions ou des autres critères, c'est ça qu'on
ne peut pas faire.
M. Cliche-Rivard : Exact,
mais donc si vous ne les désignez pas, vous ne pouvez pas les donner.
M. Roberge : Mais modifier...
modifier un règlement, on peut faire ça au moment où on se parle, on peut
modifier un règlement.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait, tout à fait. Je pense qu'on dit la même chose sur ce point-là. Mon autre
question, c'est justement, là, les critères ou le processus. Parce qu'il y a
des groupes qui nous ont dit : Qu'est-ce qui arrive si un étudiant international...
le collège perd sa désignation en cours d'études? C'est quoi, les processus de
retrait de désignation?
M. Roberge : C'est une
question intéressante à laquelle on répond plus tard.
M. Cliche-Rivard : O.K., plus
tard.
M. Roberge : On a préparé...
M. Cliche-Rivard : Par des
amendements. Oui, oui. Non, mais c'est pour qu'on…
M. Roberge : Je ne sais pas à
quelle heure, là, mais, je veux dire, plus tard dans l'étude du projet de loi,
mais c'est une très bonne question, effectivement.
M. Cliche-Rivard : Dans le
cadre des amendements que vous... c'est ça.
M. Roberge : Il faut
régler... oui, c'est quelque chose qu'il faut régler. C'est une question à
laquelle il faut répondre suite aux auditions.
M. Cliche-Rivard : Sur ladite
question du droit acquis pendant les études ou sur la question du droit de
répondre ou du critère de retrait de désignation du collège en tant que tel?
M. Roberge : Sur la question
de qu'advient-il...
M. Cliche-Rivard : Pour l'étudiant.
Je comprends
M. Roberge : ...si l'étudiant
est inscrit, il commence et qu'il a arrive un enjeu puis que le gouvernement
considère que...
M. Roberge : ...si tant
que c'est un programme qui n'est plus reconnu ou un établissement qui ne doit
pas être désigné parce qu'il y a toutes sortes d'abus. Bien, il faut que le
gouvernement puisse agir. Puis là il faudrait voir, oui, mais qu'advient-il à
ces étudiants-là? C'est une très bonne question qui a été soulevée, pour
laquelle on aura une réponse plus tard dans le cadre de dépôt d'amendements
qui... Voilà.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Excellent. On y reviendra. C'est très important de le faire, je le pense.
Est-ce que vous avez réfléchi à la procédure de, justement, de désignation, de
retrait de désignation, de suspension? Comment ça va marcher? Là, si vous
identifiez un collège, là, vous vous dites ensemble : Celui-là, là, on a
des enjeux, il y a une enquête. On retire la désignation. C'est quoi leur droit
d'équité procédurale? C'est quoi leur droit d'avoir la preuve, de répondre, de
pouvoir corriger vos, tu sais, répondre à vos inquiétudes? Ça a-tu été réfléchi
dans le processus d'amendement aussi?
M. Roberge : C'est une
question qui est différente. Je n'ai pas d'amendement qui s'en vient à cet
égard-là.
• (17 h 40) •
M. Cliche-Rivard : O.K.
Mais qu'est-ce que vous en pensez? Sinon, là, je vous pose la question quand
même. Là, vous allez désigner et, permettez-moi l'expression, là, dédésigner ou
retirer la désignation. Puis là vous allez... Tu sais, un collège va recevoir
un avis, avis de retrait de désignation, par exemple. J'imagine, je le
souhaite. Or, vous dites non. Ça fait qu'éclairez... Éclairez-moi. Tant mieux.
Moi, j'aurais un consentement, Mme la Présidente. Moi, j'ai consentement.
M. Roberge : Bien, moi,
je vais le préciser, il n'y en aura pas tout le temps, mais pour certaines
questions, oui. Si vous êtes d'accord, Mme la Présidente, j'inviterais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Alors, ça me prend le consentement pour... Vous allez
vous identifier, monsieur.
M. Roy (Gabriel) : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Monsieur...
M. Roy (Gabriel) : Oui,
Mme la Présidente. Gabriel Roy, avocat pour le ministère de l'Immigration.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, il y a consentement?
M. Cliche-Rivard : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Allez-y.
M. Roy (Gabriel) : Oui.
Alors, le processus de désignation est un processus discrétionnaire qui est un
pouvoir du gouvernement. Et c'est un processus qui vise à expliciter une...
l'exigence qui est prévue à l'article 15.1 lui-même, donc, de devoir être
admis dans un établissement d'enseignement désigné. Cette exigence-là va être
reprise dans le Règlement sur l'immigration au Québec à titre de condition de
sélection. Et donc la désignation et le fait d'être désigné ou non correspond à
une façon de compléter la norme législative et réglementaire. Donc, ce n'est
pas un processus de décision à l'égard d'un établissement au sens juridique du
terme, c'est un processus de complétion d'une norme.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Me Roy.
M. Cliche-Rivard : Mais
quand même, un collège ne sera donc pas établissement d'enseignement désigné?
M. Roy (Gabriel) : Je ne
présumerai pas de l'utilisation du pouvoir qui va être faite par le
gouvernement.
M. Cliche-Rivard : Mais
là, je veux dire, c'est la loi avec égards, là, je veux dire. Vous instituez,
sont les établissements d'enseignement désignés, ceux-là. Donc, vous allez
avoir une liste, M. le ministre, d'établissements d'enseignement désignés. Vous
m'avez dit oui tantôt. Il y aura une liste fédérale, une liste provinciale. On
va en avoir, une liste.
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : Bon.
Quelqu'un qui droppe de la liste, là, quelqu'un... Vous avez un problème avec
un collège X. On n'en nommera pas ici. Vous le retirez de la liste. A-t-il, oui
ou non, une capacité de savoir ce qui lui est reproché, de répondre aux
inquiétudes, puis de finalement peut-être revoir son... revoir sa désignation
lui être accordée par la suite? Parce que là, je veux bien, le pouvoir
discrétionnaire du ministre, là. Je comprends ça, là, mais à un moment donné il
faut qu'on soit capable, dans une société démocratique, de faire valoir nos
droits, de répondre puis de... de répondre à la preuve, là.
M. Roberge : Ouais.
Bien, écoutez, on va regarder parce que je pense que c'est exactement la même
chose qu'en ce moment. Parce qu'en ce moment, il y a des établissements qui se
trouvent à être désignés par règlement. Certains ne sont pas des établissements
dans le règlement actuel. Puis là, on propose de remplacer le règlement de la
loi actuelle par le décret de la loi à venir. Vous vous inquiétez d'un
établissement qui pourrait ne pas obtenir... Parce qu'on peut créer un
établissement aussi puis dire : Aie! j'aimerais ça...
M. Cliche-Rivard : Demander
la désignation.
M. Roberge : ...être
désigné ou un établissement qui pourrait ne pas le conserver parce qu'il
pourrait y avoir toutes sortes d'abus. Là, vous dites : Quels sont les
recours pour ça? Bien, écoutez, on va regarder, mais je ne pense pas qu'on a
besoin de créer un mécanisme ici, parce que, là, il y a des recours pour des
gens qui peuvent... qui veulent contester des décisions pour des décrets. Je ne
pense pas qu'il y ait un recours spécifique pour ce décret-là.
M. Cliche-Rivard : Bien,
il y a... Il n'y a pas de recours si la loi ne le permet pas, M. le ministre,
là... Si la loi ne prévoit pas de recours...
M. Cliche-Rivard : ...si c'est
une décision discrétionnaire du ministre de l'Immigration ou un de ses collègues,
il n'y aura pas de recours... il n'y aura pas de recours., là. Donc, moi, ce
que je suggère, comme proposition constructive, c'est au moins leur donner la
chance, en équité, là, de... on les informe des procédures contre eux, on leur
donne la preuve, ils répondent, puis vous rendez votre décision. Puis la
décision, elle, elle sera attaquable ou pas, mais de retirer la désignation
telle quelle, sans préavis, je ne pense pas, de toute façon, que ce soit la
politique du ministère, là, je pense que.... surtout sur quelqu'un qui est déjà
désigné en amont puis qui collabore avec le gouvernement depuis un temps.
Je donne l'exemple, dans les procédures
que vous nous avez transmises, là, des collèges, que je ne nommerai pas non
plus, avaient fait l'objet d'enquêtes, puis, finalement, ces enquêtes-là, sur
réponse, lesdits ministères n'étaient pas allés de l'avant parce que satisfaits
des réponses. Et donc on s'était évité un gros brouhaha de retraits de
désignations par le jeu, là, juridique de : voici ce que je pense qui se
passe chez vous, tu me réponds : Non, ce n'est pas ça qui se passe, ah!
très bien, merci, je suis satisfait des réponses, et on passe à un autre appel.
Moi, ce que je vous demande, puis on n'est
pas obligé de le régler ce soir, mais je pense qu'on aurait avantage à
prévoir... Ça, on appelle ça... bien, je veux dire, moi, c'est ça que je
faisais, là, l'équité procédurale, le droit de savoir ce qui nous est reproché
puis le droit de pouvoir répondre. Donc, s'il y a une ouverture d'équité, tant
mieux. Parce que l'ancien... l'ancien processus, ce qu'il dit, là, c'est qu'il
ne désigne pas individuellement des cégeps ou des universités. Il dit :
Ceux qui sont visés par tel article de la Loi sur l'enseignement privé, par
exemple, sont désignés. Ça dit : «Un établissement d'enseignement privé
titulaire d'un permis, conformément à l'article 10 de la Loi sur l'enseignement
privé, y est désigné.»
M. Roberge : Bien, en ce
moment, le règlement, comme vous dites, y va par catégorie, c'est ça, mais il
serait possible, en ce moment, sans adopter la loi, de changer le règlement...
M. Cliche-Rivard : Bien sûr,
mais...
M. Roberge : ...puis d'y
aller par établissement, auquel cas il n'y aurait pas de recours. Là, on ne
change pas ça, au moment où on se parle, et puis on n'a... on n'est pas dans
une démarche où on veut instituer des recours. Il ne faut pas présumer que le
gouvernement agirait de manière inadéquate, comme en ce moment : vous nous
avez signalé un cas où le gouvernement avait des questions et a communiqué avec
l'établissement, a été rassuré. Il n'a pas changé son règlement, on lui a
enlevé sa désignation. Vraisemblablement, on procéderait de la même manière.
M. Cliche-Rivard : Bien, avec
égards, là, M. le ministre, et vous pouvez toujours dire : Le règlement,
on aurait pu le changer, tu sais, je veux dire, vous ne l'avez pas changé. Vous
ne pouvez pas me répondre : On aurait pu faire ça, on aurait pu faire ça,
comme vous le voulez, là, c'est un état de fait, puis ce règlement-là est là
depuis plusieurs années.
Ça fait que je comprends ce que vous
voulez dire, que, là, vous pourriez, sans passer par la loi, tout remodifier la
définition d'enseignement... d'établissement d'enseignement québécois. C'est
vrai, mais là ce n'est pas ça que vous faites.
Ça fait que moi, je vous pose une question
sur le concret d'aujourd'hui, là. Là, vous allez procéder... sauf exception des
établissements d'enseignement visés à 36 qui sont désignés de facto, vous allez
procéder par désignation individuelle, bon. Correct. Les critères, on ne sait
pas pourquoi, on ne sait pas c'est lesquels. Quand ils vont la perdre, quand
ils peuvent l'acquérir, puis sous quels critères, on ne le sait pas.
Ça fait que moi, j'ai quand même une
certaine inquiétude sur le pouvoir de désignation. Et je vous inviterais... Je
ne suis pas en train de dire que vous allez multiplier des recours, ad vitam
aeternam, là, à prévoir la possibilité, quitte à ce que ce soit par règlement
puis qu'on ajoute ça en disant : Les mécanismes seront prévus par
règlement... mais moi, je trouve que, là, il y a un vide, là. Je trouve qu'il y
a un vide juridique, ici, là, un grand, grand pouvoir de désignation.
M. Roberge : Écoutez, moi, je
suis à l'aise avec le libellé tel qu'il est en ce moment. Je ne pense pas que
c'est quelque chose qui mènerait à des abus. Ceci dit, je vais continuer d'y
réfléchir. On me propose des lectures pendant qu'on discute. Je ne sais pas si
vous avez d'autres questions sur l'amendement actuel. On va voir si on est
capable de répondre, soit en maintenant la décision, en disant : Bien, on
vous entendu, mais on partage vos préoccupations, soit en proposant quelque
chose, mais on continue de travailler, là, des fois, pendant qu'on discute de
d'autres éléments.
M. Cliche-Rivard : Oui. Pour
l'introduction que vous faites, là, d'études... Combien il me reste de temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il vous reste...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...huit minutes, autour «de», là.
M. Cliche-Rivard : Huit,
autour «de»?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On était à 12 tantôt. Huit, peut-être un petit peu moins,
là.
M. Cliche-Rivard : Parfait,
O.K. M. le ministre, là, vous introduisez «les études»... «sont les études
reconnues», et là vous introduisez un petit peu le même concept, mais par
rapport aux études, cette fois-ci. Ça fait que vous allez reconnaître certaines
études, certains programmes, si je comprends bien, à l'intérieur des
établissements. Ça fait qu'on... on commence par désigner un établissement,
puis, par la suite, on va reconnaître des études dans lesdits établissements.
Ça fait que... J'ai bien compris? Ça fait que, si on a, je ne sais pas, moi,
l'UQAM en question, l'UQAM offre je ne sais pas combien de programmes, là, vous
allez les désigner individuellement comme études reconnues ou comme études non
reconnues.
M. Roberge : Bien, là, on y
va par catégories, justement.
M. Cliche-Rivard : Exact.
M. Roberge : Parce que,
depuis tantôt, on parlait de... d'y aller par liste exhaustive. Là, ce serait
très long, la liste exhaustive de tous les programmes de tout le réseau
d'éducation et d'enseignement supérieur québécois, là. Juste dans certaines
universités, des fois, je pense qu'il y a des centaines de programmes.
M. Cliche-Rivard : Exact.
M. Roberge : Donc là, quand
on regarde les... «sont des études reconnues», on y va, là, de manière assez
globale, par ce que j'appellerais les supercatégories. Donc, je pense que c'est
plus clair, de ce côté-là, là, plus facile à...
• (17 h 50) •
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc
là, les baccalauréats...
M. Roberge : Les
baccalauréats...
M. Cliche-Rivard : ...les
maîtrises...
M. Roberge : ...les
maîtrises...
M. Cliche-Rivard : ...les
doctorats, etc.
M. Roberge : ...les
certificats, les D.E.C., les A.E.C., etc.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
est-ce que, là aussi, vous pourriez décider : sauf untel? Est-ce que vous
avez un pouvoir d'exclure...
M. Roberge : Non, ici, il n'y
a pas de pouvoir d'exclusion. Il y a un pouvoir d'ajout, là, il y a... Au
quatrième... quatrième alinéa, là... 1°, 2°, 3°, 4°... Donc, le 1°, le 2°, le
3° sont ce que j'appellerais des supercatégories, qui sont, d'emblée, des
études reconnues, puis, en 4°, ce n'est pas un pouvoir de retrait, mais un
pouvoir d'ajout.
M. Cliche-Rivard : Donc, tel
collège dispense un nouveau D.E.P., de facto, si le collège est désigné, le
programme est désigné, parce que ça donne un D.E.P.
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
Donc là, ça en est, un point, ça, sur l'autonomie universitaire puis des
institutions.
M. Roberge : On a-tu trouvé
quelque chose de rassurant?
M. Cliche-Rivard : Bien,
regarde...
M. Roberge : Je le savais
qu'on en trouverait ensemble à mesure qu'on avancerait.
M. Cliche-Rivard : Du moment
où ils sont désignés... non, mais c'est important de le dire... du moment où
ils sont désignés, pour ce volet-là, vous n'aurez pas, d'aucune façon... pour
dire : Tu sais quoi?... je donne... je dis n'importe quoi là... le
doctorat en... en génie, là, en recherche, etc., de telle université, moi, je
décide que... ou en piano, ou, etc., je ne vais pas là. Vous n'allez jamais là.
Les universités vont désigner les programmes, les cégeps vont désigner leurs
programmes puis, du moment où ils sont... ils donnent accès à un des trois, là,
des régimes reconnus, du moment où ils sont désignés, ils sont clean, ils sont
corrects. On est d'accord?
M. Roberge : Oui, on est
d'accord.
M. Cliche-Rivard : Bon,
parfait. C'est quoi, «études sanctionnées par un grade»?
M. Roberge : C'est ce
qu'on... c'est ce qu'on utilise dans le réseau universitaire.
M. Cliche-Rivard : Mais
«grade, un diplôme, un certificat,»?
M. Roberge : Excusez-moi,
attendez un petit peu. Je veux dire... tatata... bien, c'est ça, ici, c'est bac,
maîtrise, doctorat.
M. Cliche-Rivard : O.K., un
grade, c'est bac, maîtrise, doctorat, D.E.S.S., c'est ça?
M. Roberge : C'est ça que ça
veut dire, oui.
M. Cliche-Rivard : O.K.
«Diplôme»?
M. Roberge : Diplôme d'enseignement...
de deuxième cycle, le D.E.S.S.
M. Cliche-Rivard : Comme un
D.E.S.S.? Parfait.
M. Roberge : Je voulais dire
«D.E.S.S.», mais je veux dire... c'est quoi que ça veut dire, chacun, une
affaire, là... diplôme de second cycle, c'est ça que je cherchais.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
«Certificat», c'est le premier cycle, un an. «Autres attestations d'études
universitaires décernées par l'enseignement», ça, c'est quoi?
M. Roberge : C'est ce qu'on
appelle les microprogrammes...
M. Cliche-Rivard : Les
microprogrammes.
M. Roberge : ...dans le
réseau d'enseignement universitaire.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc
là, quand vous parliez, par exemple, tantôt, des programmes maison, qui, là, ne
se retrouvent pas là, c'est parce qu'eux ils ne donnent pas accès à une
attestation d'études collégiales ou ils ne donnent pas accès à... à rien,
finalement.
M. Roberge : Exactement, qui
ne donnent pas accès à ce qu'il y a dans cette liste. Donc...
M. Cliche-Rivard : Qui sont
des programmes de combien de temps, d'habitude, ça, ces programmes maison là?
M. Roberge : Bien, c'est,
justement, en partie, parce qu'il n'y a pas de tels critères qu'on ne les
sanctionne pas par ce qui est dans cette liste-là.
M. Cliche-Rivard : Je dis ça
parce que le règlement sur l'immigration canadien dispense d'obligation de
détenir un permis d'études en bas de six mois d'études. Ça fait que lesdites
personnes, là, qui viendraient étudier dans... dans un programme maison de
moins de six mois ne seront, malheureusement, pas visées par le projet de loi,
là.
M. Roberge : Bien, là, vous
parlez du programme fédéral? Nous, on parle d'au fédéral.
M. Cliche-Rivard : Bien, ils
n'ont pas besoin de CAQ non plus, là.
M. Roberge : Le... Quand on
donne un CAQ, il n'y aura pas nécessairement un... Oui, je... je comprends
qu'il n'y a pas tellement de... de gain à obtenir un CAQ...
M. Roberge : ...ensuite, tu
ne peux pas avoir ton permis d'étude au fédéral, mais ce sont des régimes
distincts.
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
mais donc ils n'appliqueront pas. Puis là je veux juste être certain, tu sais,
vous dites : On vise notamment les microprogrammes... pas les
microprogrammes, les programmes maison, vous avez dit. Puis ces programmes
maison là, s'ils sont moins de six mois, vous les viserez pas, «anyways», on
est d'accord?
M. Roberge : Mais c'est parce
que là on parle de quelque chose qu'on ne contrôle pas. Est-ce que le fédéral
va changer son critère? On ne le sait pas. Je ne fais pas mon critère. Moi, mon
outil de mesure, ce n'est pas le fédéral : Ce qu'il fait, je le fais, ce
qu'il ne fait pas, je le fais. Là, en ce moment, vous dites, c'est six mois, ça
pourrait changer son affaire. Donc, je ne peux pas me baser là-dessus, puis ce
n'est pas mon intérêt.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais,
ceci dit, notons-le quand même. Je vous invite à le noter dans vos discussions
avec M. Miller, que, si on veut que ça s'applique directement, possiblement,
qu'il faut qu'on ait une discussion sur lesdits programmes qui permettent à un
visiteur d'étudier jusqu'à moins de six mois, jusqu'à six mois, maximum, sans
CAQ puis sans permis d'étude en vertu du règlement canadien au Québec. Ça fait
que je vous sensibilise à ce fait-là.
M. Roberge : Je vous remercie
de votre délicate attention.
M. Cliche-Rivard : La
désignation, M. le ministre, là, des établissements, c'est vous, c'est le
gouvernement, c'est conjointement avec la ministre responsable? Qui a le
pouvoir de désigner?
M. Roberge : C'est le
paragraphe du bas, quand on parle de décret de désignation, après le point 2,
«un décret de désignation est pris sur recommandation conjoint - puis on
revient au paragraphe toujours - du ministre». Dans le fond, c'est tout le
temps conjoint, puis après, bien, ça doit être avalisé par le gouvernement.
Donc, c'est le gouvernement tout entier qui s'en saisit, qui le fait passer ou
qui ne le fait pas passer.
M. Cliche-Rivard : Le volet
du gouvernement, juste pour être sûr, là, je vois bien, sur la désignation
prise, «recommandation conjointe du ministre».
M. Roberge : Décret, mais
c'est parce qu'un décret, c'est un décret qui est gouvernemental, ça doit
passer obligatoirement...
M. Cliche-Rivard : O.K. Par
définition.
M. Roberge : ...ça doit
passer en Conseil des ministres.
M. Cliche-Rivard : Mais
vous... vous le déposez ensemble sur recommandation conjointe.
M. Roberge : Il doit
absolument... C'est ça qu'il y a de particulier. Puis c'est assez rare qu'un
décret ne puisse être déposé que s'il est conjoint. C'est assez particulier et
c'est ce qu'on a mis dans ce projet de loi. Il doit quand même être approuvé
par l'ensemble du Conseil des ministres.
M. Cliche-Rivard : Au début
de 15.1, qu'est -ce que ça veut dire «à moins que le gouvernement, par
règlement, n'en dispose autrement à l'égard de certains ressortissants
étrangers»? C'est quoi, la situation où vous décideriez que quelqu'un peut
étudier sans se conformer au régime de 15.1?
M. Roberge : Attendez un peu,
je vais juste en faire la lecture : «À moins qu'un règlement... que le
gouvernement, par règlement, n'en dispose autrement à l'égard de certains
ressortissants étrangers, l'admission, dans un établissement d'enseignement
désigné, pour poursuivre des études reconnues, est une condition de tout programme
d'immigration.»
C'est, je vous dirais, un pouvoir
d'exception. Excusez-moi, on me dit quelque chose ici.
Une voix : ....
M. Roberge : Oui, peut-être
laisser...
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Roy.
M. Roberge : ...Me Roy, à
répondre en détail ici, ce qu'il y a derrière. Merci.
M. Roy (Gabriel) : Oui,
merci, Mme la Présidente. En fait, cette habilitation-là vise à refléter l'État
actuel du droit à l'article 11 du Règlement sur l'immigration au Québec. Quand
on lit l'article 11, on constate que les conditions de sélection, pour pouvoir
sélectionner un type d'étudiants étrangers, au premier alinéa, exigent d'être
admis dans un établissement d'enseignement. Donc, il y aura une proposition
pour ajuster le premier paragraphe de ce premier alinéa, en conséquence.
Toutefois, le deuxième alinéa de cet article-là contient des cas où, comme pour
certains enfants mineurs, où il n'est pas exigé de démontrer, d'avoir été admis.
Donc, il n'y a pas de lettre d'admission qui est exigée.
Donc là, si on retourne à 15.1, 15.1
dit : «Il faut être admis dans un établissement désigné pour des études
reconnues.» Mais là on ne voulait pas... on ne voulait pas heurter l'état
actuel du programme qui permet d'assouplir cette condition-là et qui fait en
sorte que, dans le fond, tu n'as pas besoin de démontrer d'être admis pour des
enfants mineurs, pour faciliter les démarches d'immigration.
Donc, on voulait s'assurer de maintenir
cette flexibilité-là. Et, pour ce faire, il fallait qu'une habilitation... En
fait... Dans le fond, cette habilitation gouvernementale là est déjà reflétée
dans le règlement. Donc, on voulait juste maintenir le statu quo pour assurer
la flexibilité pour les enfants mineurs.
M. Cliche-Rivard : Excellent...
M. Cliche-Rivard : ...très
clair. Merci. Moi, c'est tout, Mme la Présidente. Je veux peut-être entendre le
ministre sur ma question de tout à l'heure, parce que, sinon, je le formulerais
en amendement pour le processus de...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous désirez répondre ou...
M. Roberge : On peut-tu
répondre au retour?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On peut répondre au retour. Il reste à peine quelques
secondes. Est-ce qu'on suspend tout de suite jusqu'à 19 h?
Alors, compte tenu de l'heure, chers
collègues, nous allons suspendre jusqu'à 19 h.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 heures)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, bonsoir à tous et à toutes. La Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux. Merci. Merci d'être attentifs,
attentives.
Alors, nous poursuivons donc l'étude
détaillée du projet de loi n° 74... pardon, Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Et, avant la suspension de... de cette fin
de journée, je m'en allais dire ce matin, mais ce n'est pas ce matin, nous en
étions à l'étude de l'amendement déposé par M. le ministre, à l'article 1.
Dans les temps de parole, Mme la députée de Mont-Royal Outremont, il vous reste
5 min 20 s. Et M. le député de Saint-Henri Sainte-Anne, 2 min 35 s. Alors, est
ce qu'il y a encore des interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Mais pour
donner suite à nos discussions, juste avant de souper, mon collègue posait la
question par rapport au décret : Si un établissement était en désaccord
avec le décret, est-ce qu'il y a un recours, est-ce qu'il faut prévoir quelque
chose dans la loi? On pourrait voir quelque chose dans la loi. C'est un pouvoir
qui est particulier, le décret. Mais il y a toujours le recours qui s'appelle
le pourvoi en contrôle judiciaire, qui peut être exercé si quelqu'un est en
désaccord avec un décret. Mais il faut comprendre que, si le gouvernement
allait dans cette direction là, bien, il faut être capable de justifier auprès
de la population aussi, là. Puis donc ce n'est pas quelque chose qui serait fait
évidemment à la légère, il y aurait des échanges, des tentatives de... d'invitation,
en fait, à l'établissement à se conformer. Puis s'il y avait vraiment un
problème, il pourrait y avoir un décret. Et donc le recours, c'est pourvoi en
contrôle judiciaire. Et c'est... ce n'est pas quelque chose qu'on a l'intention,
disons, de modifier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Puis vous avez raison, M. le ministre, là, le recours en... le pourvoi en
contrôle judiciaire existe, puis ça, c'est un peu la... la décision... en fait,
d'attaquer la décision finale après le retrait de désignation.
Ça fait que, moi, Mme la Présidente, là,
on est à finaliser un amendement. Je vais vous demander une courte suspension
pour le soumettre. Ce que je veux éviter, c'est qu'on se rende là. Ça fait que
je vais vous proposer quelque chose d'ici une minute ou deux. Vous le
regarderez, comme vous le faites toujours, en toute ouverture, puis je vous
laisserai commenter aussitôt.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, je vais suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 19 h 02)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 09)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, au moment de la suspension, M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, vous vouliez déposer un sous-amendement. Je vais vous
inviter à en faire la lecture. Il est dans Greffier.
M. Cliche-Rivard : Oui. C'est
un petit peu gros. Si on pouvait reculer un petit peu...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un petit peu gros, on va juste réduire le point. Ça, c'est
bon pour moi, par exemple.
M. Cliche-Rivard : Article 1,
Mme la Présidente, vise à modifier l'article 15.1 de la Loi sur l'immigration
au Québec tel qu'amendé ou tel qu'il sera amendé, là. Ajouter, à l'article 15.1
de la Loi sur l'immigration au Québec, modifié par l'amendement à l'article 1
du projet de loi, après le paragraphe 2 du troisième alinéa... suivant :
• (19 h 10) •
«Le ministre prévoit par règlement le
processus de désignation, ses critères ainsi que la procédure de retrait de
désignation, le cas échéant.»
Grosso modo, c'est pour faire écho aux
discussions qu'on avait tout à l'heure. Je comprends que M. le ministre ne
voulait pas nécessairement aller tout de suite dans l'élaboration de tous les
critères de l'élaboration de la procédure, de l'élaboration du retrait de
désignation. Donc, le compromis ouvert que j'avais, c'est qu'on réfère ça à un
éventuel règlement ou qu'on... défaire éventuellement au règlement en étant
assez ouvert dans la... dans le libellé, mais moi, je verrais positivement qu'on
encadre cet élément-là, ne serait-ce que pour dire comment ça fonctionne,
comment on désigne, comment on retire la désignation pour qu'il y ait un petit
peu plus... je parlais tantôt, là, d'équité procédurale dans le processus.
Donc, éventuellement, la procédure, on ne la définira pas ici. Je laisserai la
discrétion, évidemment, au ministère par règlement de le définir, mais on
viendrait là créer le pouvoir habilitant, là ou dans la loi, pour faire cedit
processus-là.
J'ai ça en tête notamment sur la base des
recours qui nous ont été déposés, là, puis des exemples de pourvoi, justement
en contrôle judiciaire, qui ont été déposés contre les arrêtés ministériels...
l'arrêté ministériel en 2019. Si on avait eu ledit processus, peut-être qu'on
aurait évité l'usage du temps de la cour puis qu'on aurait évité de se
retrouver à devoir étirer le... l'arrêté, finalement. Donc, c'est dans une
logique de ne pas solliciter les tribunaux si ce n'est pas nécessaire puis de
prévoir un mécanisme utile pour tout le monde, où les différents intervenants,
le ministère y compris, pourraient se faire représentation. Donc, le ministère
informerait un collège désigné qu'il est à risque de voir sa désignation lui
être retirée, le collège répond, et le ministère prend sa décision, puis
décision, si elle est maintenue, qui ferait l'objet du pourvoi en contrôle
judiciaire, ce que le ministère parlait... ce que le ministre parlait tout à l'heure.
Alors, c'est... c'est une proposition qui,
je pense, ne lie pas les mains du ministre pour l'instant mais permettrait
éventuellement d'aller baliser le nouveau processus de désignation qu'on ajoute
à la Loi sur l'immigration du Québec aujourd'hui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. On va donc entamer la période de discussion. Est-ce
qu'il y a des interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, ce
que je vois, c'est que mon collègue veut prévoir une espèce d'habilitation
réglementaire pour encadrer le processus de décret. On peut trouver des
exemples, là, peut-être, là, mais ce n'est pas d'usage d'encadrer par règlement
le processus d'émission des décrets. De manière intrinsèque, un décret a sa
manière de fonctionner, c'est-à-dire le gouvernement réfléchit, travaille,
consulte ses réseaux, ça passe en conseil des ministres. C'est comme ça que ça
fonctionne. Puis les... c'est sûr qu'une fois qu'on passe un décret, en
démocratie, avec les oppositions, avec les médias, avec la transparence qu'on
a, de toute façon, le gouvernement doit pouvoir le justifier ensuite, et je
vous dirais que c'est un peu ça, le contre-pouvoir puis l'élément de
transparence, c'est le fait que les choses sont publiques puis qu'ici... de
toute façon, on toucherait quelque chose qui est du domaine public et je ne
pense pas que ça soit nécessaire d'encadrer par règlement le processus, comme
mon collègue le suggère ou le propose.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends votre élément sur le décret, M. le ministre. Moi, je vous parle en
amont du décret, là. Avant que vous prenez le décret, qui va désigner,
essentiellement, c'est dans le décret que vous allez désigner un nombre de
collèges, avant ça, il existerait une procédure dans... par règlement. Donc, je
ne veux pas baliser ou encadrer ledit décret, ledit décret a...
M. Cliche-Rivard : ...de
manière autonome, mais le processus qui mène à la désignation d'un collège dans
le décret, lui, on peut très bien le baliser, tout comme le retrait par un
nouveau décret pourrait l'être, également.
Donc, je veux dire, avec tout le respect,
là, que je comprends la différence entre le décret, le règlement à la loi, je
suis membre du Barreau, là, puis faites bien de le dire, c'est correct, là,
moi, je n'ai pas d'objection là-dessus, mais là ce que je vous demande, c'est
en amont de ça : Avant de décret, comment on se rend là? Puis, si jamais
vous deviez faire un autre décret qui retirerait, par exemple, une désignation
à un collège, avant de se rendre là aussi on pourrait baliser par règlement.
Ça, on pourrait le faire. Ça fait que moi, c'est l'ouverture que je pense qui
pourrait être intéressante, puis, je pense, qui pourrait être intéressante dans
le contexte des procédures que vous nous avez déposées, là, en 2019, qui... Si
cedit processus là, on le miroite, là, vers l'avenir, peut-être qu'on pourrait
éviter un autre recours judiciaire où un collège, en amont, aurait eu ce
va-et-vient là avec vous et donc n'aurait pas besoin de saisir les tribunaux
avec injonction interlocutoire et/ou contestation d'arrêté ministériel.
Donc, c'est... Pour moi, je pense qu'on
est gagnant-gagnant. Si, de toute façon, le ministère s'estime... que les
motifs qui menaient au retrait de désignation sont légitimes, bien, ça va être
la fin de l'histoire, de toute façon. Je pense qu'en amont on pourrait éviter
des retraits de désignation qui font beaucoup d'incertitude pour certains
étudiants, étudiantes de certains collèges, puis on pourrait éviter d'utiliser
les processus judiciaires quand ce n'est pas nécessaire. C'est mon offre, ma
proposition constructive, à vous d'en disposer, évidemment, là.
M. Roberge : Bien, merci,
mais le fait qu'il y aurait des critères par règlement ne protège pas un
gouvernement contre une contestation d'une décision. Je ne pense pas que... je
ne pense pas qu'il y a un lien entre ça puis que... si on allait de l'avant
avec la proposition du collègue, je ne pense pas que ça empêcherait d'éventuels
mécontents puis d'éventuels recours.
M. Cliche-Rivard : Non, mais
ça pourrait empêcher une situation où vous vous estimerez, finalement,
satisfait des réponses, et il n'y aurait pas de retrait de désignation et, de
facto, il n'y aurait pas de recours judiciaire.
Et, quand on lit les procédures que vous
nous avez déposées, il y a notamment ça, là, par des collèges qui faisaient
l'objet d'enquêtes, qui ont répondu et qui n'ont, finalement, pas perdu leur
permis. C'est à ces exemples-là que je fais référence là-dedans.
Évidemment, que tout le monde va pouvoir
les contester, c'est leur droit, si vous décidez, finalement, de maintenir la
contestation, mais ce que j'offre, c'est plutôt une étape en avant, là, en
amont, appelons-là de... pas de médiation parce que ce n'est pas le bon mot,
mais une étape d'équité procédurale qui ferait en sorte qu'il y a un tango, là,
où je vous dis ce que j'ai contre vous, vous répondez, puis je m'estime
satisfait ou non. Puis, si jamais je m'estime toujours satisfait, que les
motifs sont justifiés pour retirer la désignation, bien là, vous la perdez,
«that's it». C'est là où je vois qu'on pourrait peut-être se sauver des recours
qui, finalement, ne seraient peut-être pas avisés, dans certains cas. Mais il
va y en avoir qui vont l'être, avisés, puis vous allez gagner en cour, le cas
échéant, puis le cégep ou l'université ou «whatever» subira les conséquences de
leurs échecs puis de leurs bris, tant pis pour eux, si c'est ça, la situation.
Mais, en amont, si on prévoyait un processus administratif qui éviterait de
saisir les tribunaux, je soumets avec grand respect qu'on serait peut-être tous
gagnants.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
comprends qu'on pourrait tout baliser ça par règlement, mais ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas de règlement qu'il n'y aurait pas ce tango-là dont vous parlez,
c'est-à-dire un avis, une consultation, une enquête avant, par exemple, un
décret de retrait de désignation ou juste quelqu'un qui demande une
désignation.
Évidemment, si vous demandez une
désignation pour un établissement, pour votre établissement, évidemment, qu'il
va y avoir vérification, analyse, etc. Ils ne pourront pas juste... avoir juste
une réponse positive ou négative. De toute manière, il faut qu'il y ait
analyse. Je ne pense pas que l'amendement, et donc un alourdissement de la
procédure par règlement, nous prémunit contre les éventuels problèmes.
M. Cliche-Rivard : Je vais
conclure, là-dessus, Mme la Présidente. J'entends que le ministre dit que ça
pourrait... ça pourrait ou ça pourra avoir lieu, là, l'espèce de tango. Donc,
je veux dire, aussi bien l'édicter, aussi bien l'ajouter, puis tant mieux.
Alors, je pense qu'on se rejoint sur ledit mécanisme, vous l'avez dit, et ça me
surprendrait qu'on ne fonctionnera pas par avis...
M. Cliche-Rivard : ...tu
sais, vous l'avez quand même désigné, vous l'avez quand même dit, que ça
risquait de fonctionner comme ça. Et moi, loin de moi la volonté d'alourdir, c'est
pour ça que j'ai prévu que, finalement, vous le désigneriez par votre... ledit
règlement, là. Parce que, là, je vous... je veux dire, il aurait pu avoir la
possibilité où on aurait défini des critères, une procédure, etc. Je pense
qu'on aurait tous perdu notre temps, puis ce n'est pas là que je veux aller.
Mais, si vous dites : C'est de même qu'on fonctionnera probablement, bien,
ajoutons-le. Ça ne vous engage peut-être pas à grand-chose puis ça peut
rassurer du monde qui nous dise que des balises seraient peut-être nécessaires
et utiles pour les rassurer, là.
M. Roberge : Oui, mais
on est d'accord d'être pas d'accord sur la nécessité de tout prévoir la
recette. Il arrive toutes sortes de situations différentes, et après, si on y
allait avec la proposition du collègue, peu importe la situation, il faudrait
tout le temps suivre la même grille, puis moi, je vois là une perte d'agilité.
• (19 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le sous-amendement?
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui.
Bien, moi, j'allais dans le même sens que mon collègue. Je pense que c'est une
proposition qui est constructive. Puis je vois aussi, moi, l'absence de
processus de consultations, d'échanges, appelez-le comme vous voulez, de
consultations obligatoires et structurées comme étant problématiques. Et vous
dites de facto : C'est ce qui va arriver, mais il me semble qu'on devrait
prévoir l'obligation d'avoir ce processus préétabli. Ça pourrait non seulement
rassurer le milieu, mais également, comme mon collègue le disait à juste titre,
éviter qu'il y ait des contestations judiciaires.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Alors, on
me répète un peu les mêmes arguments, là. Je ne pense pas que ce soit
nécessaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Setlakwe : Je ne
veux pas être... je ne veux pas être redondante. Moi, je pense que ce serait...
ce serait opportun. Ça a été... ça a été dit et redit en consultations. Le
milieu sent qu'il y a un flou autour du déploiement de ce projet de loi là puis
des pouvoirs qui y sont prévus, notamment le pouvoir de procéder par décret
pour... Là, ici, on est dans cet exemple précis de désignation. Je pense, ce
serait tout à fait opportun de l'ajouter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur le
sous-amendement? Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que le
sous-amendement est adopté?
M. Cliche-Rivard : Je
vous demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Un vote par appel nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention.
M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Contre.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons donc à l'amendement, à
l'article 1 tel que déposé par le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Setlakwe : Oui, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Setlakwe : J'aimerais
qu'on clarifie. Au niveau des établissements d'enseignement désignés, donc,
ceux qui sont d'office, on comprend que ce sont... Bien qu'ils sont de deux
ordres. Le premier, c'est les établissements d'enseignement visés à
l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique et, deuxièmement, bon,
bien, ceux qui seront désignés par le gouvernement. Mais comment se fait-il...
Ou comment expliquez-vous, M. le ministre, que les universités et les cégeps du
réseau public ne soient pas d'office désignés comme étant les établissements
désignés?
M. Roberge : Bien, on
revient à la discussion qu'on a eue tout à l'heure avec le collègue. On refait
exactement, dans cette loi-ci, ce qu'on a dans la loi précédente. Dans la loi
actuelle, les établissements dont ma collègue parle ne sont pas désignés dans
la loi, ils sont désignés par règlement. On propose tout simplement de procéder
de la même manière. Dans ce cas-ci, c'est décret, mais plus... c'est miroir qui
est semblable.
Mme Setlakwe : Mais on
ne veut pas refaire la discussion qu'on a eue par rapport au règlement, mais il
me semble que ce serait minimalement avisé de désigner d'office, d'emblée, par
un alinéa additionnel, les universités, le réseau universitaire, puis les
cégeps, le réseau des cégeps publics. Vous ne croyez pas?
M. Roberge : Bien, je ne
pense pas qu'il est nécessaire de changer ce qui fonctionne en ce moment, là,
parce que, pour moi, par règlement, c'est semblable. À ce que je sache, là,
dans l'espace public, avant le dépôt de ce projet de loi là, personne ne se
plaignait du fait que, par exemple, les universités ou les cégeps n'étaient pas
désignés de par la loi, actuellement, mais bien par règlement. Personne ne
voyait un problème à ça. Je ne vois pas pourquoi ça deviendrait un problème. Et
là, il faudrait...
M. Roberge : ...mettre dans la
loi.
Mme Setlakwe : O.K. Mais
pourquoi donc vous spécifier les établissements d'enseignement visés à
l'article 36? Pourquoi faire cet énoncé explicite?
M. Roberge : Bien, c'est la
même question que tout à l'heure. On est dans un réseau qui est complètement
différent, qui est un réseau pleinement gouvernemental, pour lequel c'est
complètement intégré au gouvernement et aux ministères, et on doit enseigner
les programmes du ministère, c'est différent.
Mme Setlakwe : J'aurais une
dernière question avant de soumettre un amendement. Puis là, c'est vraiment
technique dans le libellé, là, puis c'est peut-être les légistes qui vont
pouvoir m'expliquer, mais le décret de désignation est pris sur... selon le
libellé actuel, là, sur recommandation conjointe du ministre, le ministre étant
le ministre de l'Éducation, et selon leurs compétences respectives, du ministre
de l'Éducation. Il me semble, c'est «ou du ministre de l'Enseignement
supérieur». Pourquoi c'est «et»? Parce que moi... la façon dont je le lis, puis
c'est peut-être moi qui ne le lis pas correctement, c'est que ça prend, selon
le cas, une recommandation conjointe de deux ministres, mais, dans tous les
cas, le ministre de l'Immigration et un de... ce n'est pas les deux, là,
c'est... il n'y a pas... il n'y a jamais une recommandation conjointe des
trois, il me semble, c'est le ministre de l'Immigration et le ministre de
l'Éducation ou le ministre de l'Immigration et le ministre de l'Enseignement
supérieur.
M. Roberge : Oui, bien, en
fait, là, on est dans une question de fonctionnement, on est d'accord,
c'est-à-dire qu'il doit y avoir toujours le ministre de l'Immigration
accompagné du ministre responsable du dossier, donc ce serait ministre de
l'Immigration, ministre de l'Éducation, ou alors ministre de l'Immigration,
ministre de l'Enseignement supérieur. Et, de la manière dont c'est écrit, puis
c'est comme ça des fois pour les projets de loi, là, ce n'est pas écrit comme
un communiqué de presse, disons, là, donc, il... c'est écrit à la manière des
juristes, là, mais c'est ce que ça veut dire. Le décret de désignation est pris
sur recommandation conjointe du ministre, et... et là, l'important, le «ou», c'est
selon leurs compétences, c'est... ce «ou» là pour dire que c'est soit Éducation
qui est conjoint, soit Enseignement supérieur qui est conjoint, ce «ou» là,
c'est à... selon leurs compétences, c'est là qu'on veut dire que c'est un ou
bien l'autre, selon la compétence de l'un ou bien selon la compétence de
l'autre. Bien, j'avoue qu'à la lecture, ce n'est pas si évident, là, mais c'est
ce que ça veut dire. On s'entend sur le fond.
Mme Setlakwe : Merci. Non,
vous l'avez bien expliqué, je pense, la... Mais, en tout cas, moi, j'aurais vu
un «ou», mais je pense qu'effectivement l'explication que vous fournissez... en
tout cas, ça vient confirmer que ce n'est pas les deux, c'est un ou l'autre.
M. Roberge : Bien, on me
précise qu'on comprend la même chose. Si on l'écrivait différemment, ça
pourrait être un ou l'autre, c'est-à-dire que ça pourrait être... si on le
reformulait, des fois on pourrait peut-être amener un problème, c'est-à-dire
que ce serait soit le ministre de... soit tout le temps deux, ou bien des fois
juste Immigration. On ne veut pas que ce soit des fois juste Immigration, on
veut que ce soit tout le temps en dyade. Voilà.
Mme Setlakwe : D'accord.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur...
Mme Setlakwe : ...déposer un
sous-amendement, Mme la Présidente, je crois qu'il a été envoyé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, je pense qu'il est prêt. Nous l'avons dans
le Greffier. Donnez-nous quelques instants. Et je vais vous demander d'en faire
la lecture.
Mme Setlakwe : Oui. Donc, on
modifierait le quatrième alinéa de l'amendement à l'article 15.1, tel que
proposé par l'article 1 du projet de loi, par :
1 : la suppression des mots «sur
recommandation conjointe du ministre et»;
Le remplacement après «respectives» du mot
«du»... par les mots «par le»;
Et le... et troisièmement, le remplacement
après «Sport» du mot «et du» par les mots «ou par le».
Et l'article modifié se lirait comme suit,
je pense, ça va être plus facile de suivre : «Un décret de désignation est pris
selon leurs compétences respectives par le ministre de l'Éducation, du Loisir
et du Sport ou par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de
la Science et de la technologie. Il entre en vigueur à la date de sa
publication à la Gazette officielle du Québec.»
Bon, ici, on reprend une demande qui a été
faite par le milieu qui s'inquiète de la participation dans tous les cas du
ministre de l'Immigration, alors qu'on veut laisser le... toute l'autonomie et
toute la prérogative aux ministères concernés, que ce soit Éducation ou
Enseignement supérieur, de déterminer quelles sont les études reconnues, quels
sont les établissements qui devraient être désignés...
Mme Setlakwe : ...c'est
vraiment là où se trouve l'expertise. Et de... qu'il y ait toujours cette
implication obligatoire de l'Immigration, ça pourrait venir brimer les réseaux
dans leur détermination de ce que ça leur prend, comme programmes, comme offre
de formation pour être en mesure de remplir leurs missions éducatives.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Pour
compréhension, l'objectif de votre amendement, c'est de dire que c'est...
Mme Setlakwe : Vous sortir du
portrait.
M. Roberge : C'est très
personnel. Je suis presque... je suis presque blessé, c'est de sortir le
ministre, pas Jean-François, là, mais le ministre, on sait bien qu'on est
remplaçables, chacun d'entre nous, il va y avoir quelqu'un d'autre dans nos
chaises, là, mais le ministre de l'Immigration de l'équation. C'est votre
prérogative.
• (19 h 30) •
Je pense que c'est important d'être
cohérent avec ce qu'on a voté tout à l'heure. On a voté tout à l'heure que la
planification dans le cadre de cette loi-là, la planification des temporaires
devait se faire. Pourquoi on parle, dans cette loi-là, de la planification des
temporaires? C'est parce qu'on reconnaît tout le monde autour de la table, que
les étudiants étrangers font partie des temporaires et que, quand on parle des
étudiants étrangers, on parle à la fois d'enseignement, et d'éducation, et
d'immigration. C'est pour ça qu'on l'inclut dans notre planification pluriannuelle.
Donc, c'est comme ça que ça doit être fait.
Et il y a aussi un vice de procédure, je
dirais, dans l'amendement, parce que de la manière dont il est écrit, le décret
de désignation est pris, selon leurs compétences respectives, par le ministre.
Un décret n'est pas pris par un ministre, il est pris par le gouvernement. En
aucun cas un ministre ne peut prendre un décret. Il est pris sur
recommandation. C'est le gouvernement qui doit décréter. Techniquement, vous
pourriez le remodifier pour qu'il soit adoptable.
Mme Setlakwe : ...raison,
mais ça ne changerait rien, je pense, dans les circonstances.
M. Roberge : Dans la forme
actuelle, il n'est pas adoptable, mais restons sur le fond, je ne veux pas être
trop... tatilloneux là-dessus, parce que, même si vous le reformuliez, on ne
s'entend pas sur le fond. Je pense que c'est important de travailler,
justement, en duo, puis de considérer toujours à la fois l'Éducation ou
l'Enseignement supérieur et l'Immigration. C'est ça, le principe.
Mme Setlakwe : Bon. J'accepte
complètement votre réponse, là, sur la forme, je le... je comprends
l'explication, mais même si on changeait le libellé, en fait, ce que vous
répondez, c'est : Non, non, le ministre de l'Immigration doit être
impliqué, on est dans la planification, mais nous, ce qu'on répond à ça, c'est
qu'on est plutôt ici dans la désignation, qu'on est vraiment dans ce qui touche
le réseau, les réseaux concernés.
Puis, si on reprend une recommandation qui
a été formulée par différents groupes, là, je pense notamment à la Fédération
étudiante collégiale du Québec, je pense aussi à la Fédération des cégeps, qui
s'inquiètent d'une ingérence dans leur autonomie puis qui demandaient
spécifiquement qu'il y ait des modifications qui soient faites à l'égard des
aspects... mon Dieu!, décisionnels dans le projet de loi, au niveau des
décisions, et que, donc, «toute décision liée à la gestion des demandes prise
en vertu de la Loi sur l'immigration concernant les étudiantes et les étudiants
internationaux soit prise en consultation avec les ministères sectoriels
concernés et les établissements d'enseignement publics concernés ou les
organisations qui les représentent». Donc, ils demandaient, à cet effet, qu'«un
processus de consultation obligatoire et structuré soit mis en place».
On tourne toujours autour, ici, là, de
l'autonomie des réseaux, et donc je portais leur voix quand je... sur le fond,
quand je présente cet amendement-là. Je ne sais pas comment vous pouvez
autrement les rassurer que tout ça va se faire de concert avec eux, en les
consultant, en ne brimant pas leur autonomie.
Je ne veux pas tout répéter ce qui a été
dit précédemment, mais, selon moi, la préoccupation demeure, puis plus on va
avancer dans le projet de loi... à moins qu'il y ait des amendements, là, ça va
nous faire plaisir d'en discuter, mais la question de l'autonomie est loin
d'être évacuée, selon moi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, je
suis content... je comprends par... votre préoccupation. Si on corrigeait,
disons, le libellé, là, il reste que, sur recommandation d'un ou de l'autre des
ministres, il y aurait un décret qui serait pris par le gouvernement. Là, on
évacuerait le ministre de l'Immigration de l'équation d'une politique
migratoire, mais il reste que ce serait pris par le gouvernement quand même. Il
y a plein d'autres ministres qui peuvent s'exprimer, autour de la table, et ils
auraient, par la voix de leur ministre, évidemment, leur perspective entendue,
mais il reste qu'on passerait à côté de l'esprit du projet de loi de le...
M. Roberge : ...toujours en
dyade. Donc, pour cette raison, je ne vais pas aller dans le sens de la
proposition de ma collègue. Je la comprends, là, je comprends que c'est... ça
part d'une bonne intention, mais fondamentalement, des fois, on est d'accord de
n'être pas d'accord. Là, c'est le cas.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je pense que le député de Saint-Henri-Sainte-Anne a
une intervention.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Je vais être bref aussi. Je comprends l'intention de ma
collègue, là, beaucoup de respect pour son amendement, mais je pense
personnellement que le ministre de l'Immigration a un rôle à jouer là-dedans.
On est notamment dans la loi sur l'immigration. Donc, je pense que ça demeure
utile, à mon avis. Je comprends que ça va être fait en tandem, là, avec le
ministre concerné, puis ensuite le gouvernement adoptera le décret. Donc, pour
moi, je pense que le ministre de l'Immigration a sa place. Donc, je voterai
contre.
Mme Setlakwe : ...si vous me
permettez.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Setlakwe : Non,
j'entends, on va... Je veux juste clarifier qu'il y a plusieurs principes,
questions qui ont été posés dans l'objectif de rassurer le réseau, et on va
revenir à la charge, là, pour proposer des amendements. Est-ce que celui-ci
était parfait? Peut-être pas. Mais, sur le fond, sur l'importance d'impliquer
les réseaux concernés et de préserver leur autonomie, je maintiens, sur le
principe, que c'est quelque chose qui va devoir être discuté davantage. Puis là
j'entendais le ministre tout à l'heure, juste pour répondre à ce qui mettait de
l'avant... Oui, la recommandation conjointe obligatoire doit venir de deux
ministères, de deux ministres, puis vous dites : Tous les autres autour de
la table auront leur mot à dire, notamment en économie et innovation, on
l'espère.
M. Roberge : Bien, quand on
dit : Tous les autres, c'est tous les autres.
Mme Setlakwe : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le
sous-amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que le
sous-amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, il est rejeté. Nous allons donc poursuivre nos
discussions sur l'amendement à l'article 1. Est-ce que j'ai d'autres
interventions sur l'amendement déposé à l'article 1? S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article... non, est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Roberge : Non, rejeté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, je suis dans l'article 1. Je suis dans l'article 1,
l'amendement que vous avez déposé, M. le ministre. Alors, est-ce que...
M. Roberge : Excusez-moi,
mais cet amendement-là, on ne l'a pas traité?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il est rejeté. On vient de le rejeter.
M. Roberge : Ah! c'est allé
trop vite. Je suis désolé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Soyez à mon écoute.
M. Roberge : C'est allé trop
vite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, nous en sommes à l'article 1 que...
l'amendement que vous avez déposé. Est-ce que l'amendement à l'article 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Alors, est-ce que l'article 1, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons passer à l'article 2. M. le ministre, je
vais vous demander de faire la lecture de l'article 2.
M. Roberge : Oui. C'est un
article qui va faire plaisir à ma collègue, ça dit qu'il faut supprimer le mot
«ministre». C'était sa proposition précédente. En tout respect. Juste parce
qu'on travaille avec quand même bonne humeur. Donc...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...sourire de temps à autre, hein?
M. Roberge : Bien oui.
Article 2 : L'intitulé de la section trois du chapitre cinq de cette
loi est modifié par la suppression de «du ministre».
Donc, l'article propose de supprimer la
référence au ministre dans l'intitulé de la section trois du chapitre cinq de
la Loi sur l'immigration du Québec en concordance avec l'octroi au gouvernement
du pouvoir de prendre les décisions de gestion des demandes présentées à titre
d'étudiant étranger proposé par l'article 3 du projet de loi. Donc, on
vient retirer seulement deux mots, mais c'est de la concordance avec le fait
que maintenant c'est un pouvoir qui ira par décret du gouvernement, et donc ce
n'est pas seulement le ministre.
Est-ce qu'on a... Attendez un peu. Je veux
juste retrouver, pour lire l'article tel que modifié pour que ça soit plus
clair.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...de la section.
M. Roberge : Oui, mais
l'intitulé... C'est parce que... C'est parce qu'on... j'aime ça dire ce que ça
donne une fois l'amendement fait.
M. Cliche-Rivard : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Exactement.
M. Roberge : C'est ça. Merci.
M. Cliche-Rivard : Tout
simplement.
M. Roberge : Au lieu d'avoir
«décision du ministre», ça devient «décision relative à la gestion des
demandes», parce que, «du ministre», quand on est dans une loi sur
l'immigration, par défaut c'est le ministre de l'Immigration. Donc, quand on
retire «du ministre», ça devient la décision gouvernementale. Donc, voilà
l'esprit de l'article.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce que j'ai des interventions sur
l'article 2? Alors, si je n'ai pas d'intervention, est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci. Nous allons passer à l'article 3. M. le
ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente...
19 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...Oui, je
demanderais à vous et aux collègues de surseoir à quelques articles, parce qu'il
y a plusieurs articles sur lesquels on est en train de préparer des
amendements. S'ils étaient déjà prêts, on vous les déposerait en bloc. Ça a été
une demande d'ailleurs, puis... c'est d'usage, là. En tout cas, quand moi, je
travaille de les déposer en bloc quand ils sont prêts, en bloc. Il y en a
plusieurs qui sont en ultime révision. J'espère vraiment, je le souhaite de
tout cœur, être capable de vous les déposer demain au début des travaux, pour
tous ceux qui seront prêts, il y en aura quelques-uns. Donc, si mes collègues
sont d'accord, on irait faire l'article 7 et puis après ça 10, 11, 12, 13
parce que...
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, vous demandez la suspension de l'article 3, 4,
5, 6.
M. Roberge : 5 et 6, oui, si
mes collègues sont d'accord, parce que, pour l'instant, le 3, 4, 5 et 6 sont
des articles pour lesquels on travaille des amendements. Puis, si je vous
disais : On est à une semaine d'être prêts, ça ne serait pas sérieux, là,
mais probablement qu'on est à 24 heures ou un peu moins d'être prêts,
sinon, bien, on risque de débattre un peu pour rien puisqu'on arriverait avec
quelque chose, avec des explications. Puis, c'est ça, très, très, très souvent,
ça va dans le sens aussi de ce que les gens ont exprimé lors des auditions
particulières aussi parce que c'est important ce que des gens expriment. Il y a
peut-être des éléments qui seront de nature, justement, à rassurer à la fois
les collègues et les partenaires. Je ne peux pas en présumer tout de suite
parce qu'on étudie ça. Donc, voilà ma proposition.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, j'ai besoin du consentement pour suspendre l'article 3,
4, 5, 6. Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement.
M. Cliche-Rivard : Mais avec
mention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Avec mention?
M. Cliche-Rivard : Bon. Moi,
je suis ouvert. Je veux juste être clair que si je sens qu'en avançant il y a
des éléments qui ne me permettent pas d'avancer dans mes questions parce qu'il
y a des articles qui sont suspendus, je vais le signaler puis je ne voudrais
pas qu'on ferme les articles pour qu'on les adopte. Donc, je vais vouloir me...
ne peux pas me... ne pas être forclos de revenir sur des éléments par la suite.
Deuxièmement, demain, puis j'apprécie l'offre du ministre de déposer en bloc, s'il
est capable de le faire, ce que j'apprécierais, à ce moment-là, c'est qu'on
puisse suspendre quand on les aura puis... à moins... dépendamment quelle heure
on les a, là, mais de pouvoir les étudier, nous aussi, en bloc, parce qu'ils
sont tellement interreliés que je ne voudrais pas, par exemple, qu'on les
reçoive un après l'autre, puis que je ne puisse pas me prononcer sur 50, 51, 52 ensembles.
Ça fait que, moi, je suis très ouvert à ce qu'on fonctionne comme ça, mais je ne
veux pas non plus me retrouver piégé un petit peu plus tard, où mes questions
sont mal alignées suivant les nouveaux amendements. C'est juste ça que je
voulais dire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Mais depuis le
début, là, il n'y a pas personne qui essaie de bloquer personne. On va essayer
de déposer... dès que c'est prêt, pour vrai, on va... on va déposer, là. On ne
retardera rien. Ensuite, effectivement, là, on va essayer d'avancer. Je vous ai
dit... je vous ai demandé de suspendre, s'il vous plaît, 3, 4, 5, 6. Puis après
ça est-ce qu'on pourrait étudier 7? Peut-être 8 et 9 parce que je vous ai dit
que je préférerais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, on va commencer par suspendre 3, 4, 5, 6.
M. Roberge : D'accord. 3, 4,
5, 6. Puis effectivement, si, quand on étudie quelque chose, vous dites :
Cet article-là est relié, vraiment, par un cordon ombilical à un article
suspendu, bien, on pourrait le suspendre aussi puis continuer. L'idée... l'idée...
M. Cliche-Rivard : ...
M. Roberge : Bien, c'est ça.
Ce que je dis, c'est que je comprends pourquoi. Essayons d'avancer pour les
choses pour lesquelles on est capables d'avancer.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui.
M. Roberge : Si vous êtes d'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je comprends qu'il y a consentement.
Mme Setlakwe : Juste ajouter.
Moi aussi, je consens, avec les mêmes réserves que mon collègue de Saint-Henri
Sainte-Anne. Juste noter que... Mais deux choses. Que ce sont des articles qui
sont... c'est le cœur du projet de loi, ce sont des articles importants. Puis c'est
certain qu'on ne voudrait pas insister pour avoir des discussions sur un
libellé qui a évolué. Donc, évidemment, on va consentir à les suspendre puis à
continuer les discussions, mais ce sont des articles qui sont cruciaux. Donc,
on va... on veut bien, là, continuer les discussions sur la suite, mais si on
réalise que, finalement, il nous manque...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Avec mention ou avec note.
Mme Setlakwe : ...des
éléments, bien, on va le signaler. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, il y a consentement avec notes. D'accord. Alors, M.
le ministre, donc nous allons passer à l'article 7, 3, 4, 5, 6 étant
suspendus.
M. Roberge : Merci bien.
Donc, le 7 : L'article 104 de cette loi est modifié : 1 par l'insertion,
dans le premier alinéa et après «des articles», de «9, 10 et 2, par la
suppression dans le deuxième alinéa de 9 , 10 et».
Donc, dans le fond, on déplace les
chiffres...
M. Roberge : ...9, 10, on les
insère dans le premier alinéa et on les enlève dans le second alinéa. Qu'est-ce
que ça donne, tout ça, ce déplacement? J'y vais avec les commentaires.
Cet article propose donc d'ajouter des
exemptions à la Loi sur les règlements à celles déjà prévues par la Loi sur
l'immigration au Québec. Les exemptions proposées concernent le pouvoir
réglementaire du gouvernement de déterminer des programmes d'immigration
temporaire, incluant leurs conditions de sélection, et d'établir des exemptions
à l'obligation de présenter une demande dans le cadre de tels programmes. Ces
exemptions soustraient au gouvernement l'obligation de publication du règlement
à titre de projet et au délai d'entrée en vigueur de 15 jours suivant la date
de publication à la Gazette officielle du Québec à l'égard des
règlements pris en vertu de ces pouvoirs.
L'objectif de ça, c'est, encore et
toujours, de... de l'agilité. Et le fait que, de plus en plus, on voit le
gouvernement fédéral, puis j'en avais parlé dans les remarques préliminaires
puis dans les discussions, agir sur les étudiants étrangers. Auparavant, là, si
vous reculez de quelques années, bien, le gouvernement fédéral, côté nombre et
côté secteurs, n'agissait pas, il ne faisait que délivrer ou ne pas délivrer
des permis d'études. Là, il arrive avec des critères de plus en plus de manière
interventionniste, et, lorsqu'il arrive il faut être capables de réagir plus
rapidement. Donc, voilà l'intention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Je... je pense que c'est important, le besoin d'agilité, mais
c'est important aussi, le besoin de... de consulter puis de faire valoir des
commentaires. Et là la... la soustraction à l'obligation de prépublication va
rendre ça d'autant plus compliqué, là. Et je fais miens les commentaires,
notamment, du Commissaire à la langue française, qui en parle dans... dans son
mémoire. L'Association des avocats en immigration en parle, Bishop's, Concordia
en parlent. Il y a... il y a plusieurs groupes qui sont venus nous dire qu'il
serait mieux de nous garder la possibilité, comme avant, de... de fonctionner.
Je me demande qu'est-ce que vous avez à leur répondre. C'est quand même des...
notamment le Commissaire à la langue française, là, des joueurs importants.
J'imagine que vous avez étudié leur demande de... de prévoir que ça reste tel
quel pour 9 et 10?
M. Roberge : Bien, en ce
moment, on a ce... on a ce pouvoir-là pour les permanents...
M. Cliche-Rivard : Oui, le
PEQ.
M. Roberge : ...et là on ne
l'aurait pas pour les temporaires, pour les étudiants. Alors, malheureusement,
là, comme je dis, ça a bougé, puis il a fallu... il faut être capables de
s'adapter plus rapidement.
L'exemption de l'obligation de
consultation ne veut pas dire qu'elle sera toujours activée. On peut très bien
utiliser la procédure régulière tout le temps, mais quand arrive une situation
d'exception, tu utilises l'exemption, et sachant que ce n'est pas obligatoire,
que ce n'est pas... Il n'y a plus de période de consultation, c'est juste un
pouvoir de l'utiliser. Un gouvernement qui choisirait de l'utiliser devrait le
justifier aussi, là, parce que c'est tout à fait permis de suivre la procédure
normale puis de prendre les délais normaux. Donc, dans ces cas-là, un
gouvernement qui ne le ferait pas aurait à répondre de ce choix-là aussi. Donc,
je pense qu'il y a quand même, je vous dirais, ce... cet élément-là, là. Il
n'est pas interdit, là, de suivre la procédure régulière. La procédure
régulière demeure celle qui est utilisée de... de manière normale et
habituelle.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
ce sera utilisé par parcimonie, là, comme vous le dites, quand ce sera
nécessaire. Là, vous expliquez, ce pouvoir là, on l'avait déjà pour les
permanents. Notamment, quand vous modifiez le PEQ, là, il peut donc être
d'application immédiate, là, sans devoir de prépublication, là, les nouveaux
critères de... du PEQ. C'est ça que je comprends bien? Vous me dites :
pour le permanent, là.
M. Roberge : Oui, exactement.
M. Cliche-Rivard : C'est ça?
O.K. Ça fait que soit vous le faites en consultant, comme vous pouvez le faire,
soit vous dites : J'utilise 104 pour déroger au... à l'obligation de
prépublication. C'est l'un ou l'autre, mais vous avez le pouvoir de le faire
directement. Mais ça, vous ne l'avez pas dans le temporaire. C'est ça que j'ai
bien compris?
M. Roberge : Exactement.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et le
9 que vous ramenez en haut, là, ça va vous l'accorder en exemption, le 9,
qui... 9, c'est : «Pour chaque catégorie, le gouvernement peut déterminer,
par règlement, des programmes d'immigration et, pour chacun de ceux-ci, des
conditions ainsi... le cas échéant, des critères de sélection applicables au
ressortissant étranger.» Et là on fait référence aux catégories qui sont les
catégories d'immigration permanente ou d'immigration temporaire, à 9?
M. Roberge : Attendez un peu,
je vais...
M. Roberge : ...regarder le 9,
pour être sûr.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Une voix : Pardon?
M. Roberge : On me dit que
c'est les deux, mais je veux juste le vérifier pour être sûr.
M. Cliche-Rivard : C'est les
deux, c'est ça, hein?
M. Roberge : Pour toutes les
catégories.
M. Cliche-Rivard : À toutes
les catégories. Ça fait que là, vous allez donc pouvoir, sans utiliser le
mécanisme de prépublication et consultation, modifier toutes les catégories.
C'est ça, la modification, finalement?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : O.K. Mais
là c'était juste pour bien comprendre, là. Tantôt, vous disiez que vous l'avez
déjà. Par contre, vous l'aviez déjà pour le permanent, en...
M. Roberge : Oui, mais, c'est
ça, là, je veux valider...
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
justement.
M. Roberge : ...je veux
valider. On dirait qu'on me dit deux choses différentes à côté là. Donnez-moi
30 secondes.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Merci.
• (19 h 50) •
M. Roberge : C'est parce que,
des fois, il y a plusieurs articles qui visent la même chose. Oui, le
gouvernement avait déjà le pouvoir de le faire pour les permanents. Là, on
ajoute le pouvoir de le faire aussi pour les temporaires. Mais il y avait
d'autres articles qui nous donnaient le pouvoir de le faire pour les
permanents. Vous savez, il y a, des fois, un article qui concerne un seul
domaine, puis un... d'autres articles qui concernent les deux. Donc là, voilà
la réponse.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 7? Si
je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté sur division. Alors, M. le ministre, on va passer à
l'article 8.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Et là je... je reviens à une deuxième étape, comme on avait dit
tout à l'heure. Donc, pour la même raison, je suspendrais 8 et 9, exactement
comme je l'avais mentionné tout à l'heure, et je serais prêt à aller à 10.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre les
articles 8 et 9?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. On va donc passer...
M. Cliche-Rivard : Avec les
mêmes réserves, là.
Mme Setlakwe : Avec les mêmes
réserves, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Avec les mêmes réserves, avec les mêmes notes. Donc, nous
allons passer à l'article 10. M. le ministre, je vais vous inviter à en faire
la lecture.
M. Roberge : Merci bien.
Article 10, Loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. L'article,
donc, 10 :
L'article 2 de la Loi sur le ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport (chapitre M-15) est modifié par l'ajout, à
la fin, du paragraphe suivant :
«8° proposer des mesures afin de
soutenir la prise de décision relative à la gestion des demandes de sélection à
titre d'étudiant étranger en vertu de la Loi sur l'immigration du Québec
(chapitre I-2.1), en tenant compte de la réalité propre au réseau de
l'éducation et des orientations et des objectifs définis en vertu de cette loi
et recueillir les renseignements nécessaires à cette fin, notamment ceux
permettant de documenter l'admission et l'inscription des étudiants étrangers.»
Donc, c'est un article qui octroie au
ministre de l'Éducation des fonctions relatives à la prise de décision de
gestion des demandes présentées à titre d'étudiant étranger pour... celle de
proposer des mesures afin de soutenir la prise de décision et celle de
recueillir des renseignements nécessaires à la prise de décision. Les fonctions
sont octroyées en concordance avec l'exigence que le ministre de l'Éducation
recommande conjointement avec le ministre de l'Immigration et, le cas échéant,
la ministre de l'Enseignement supérieur, la prise de décision.
Donc, parfois, c'est arrivé, dans les
consultations, que les gens nous disent... Enfin, c'est arrivé, je ne me
souviens plus si c'est arrivé ici, mais c'est arrivé avec nos consultations
qu'on a faites en rédaction des projets de loi. On rencontre des partenaires
aussi pas seulement en commission, on les rencontre lors des séances de travail
privées, directement, moi même, le cabinet. Puis c'est arrivé que les gens nous
disent : Oui, mais il... il nous manque du détail, il nous manque des
informations, il nous manque des nombres, combien d'étudiants étrangers... on
sait le nombre d'étudiants, mais combien d'étudiants étrangers, dans quels
programmes, dans quelles régions, etc. Donc, l'idée c'est d'avoir les infos
pour prendre les meilleures décisions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 10?
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui, merci,
Mme la Présidente. Donc là, ici, ce qu'on doit comprendre... Puis je comprends
que c'est rattaché à... aux... à l'article qu'on a... bien, qu'on a... qu'on a
adopté, le seul article qu'on a adopté ce qu'on a adopté. Donc, pour que le
ministre de l'Éducation puisse remplir son rôle et formuler une recommandation,
avec le ministre de l'Immigration, dans certains cas, ce que vous expliquiez,
c'est qu'il n'aura pas forcément accès à toute l'information qui lui est
nécessaire pour formuler une recommandation, et c'est... c'est donc... il faut
absolument ajouter ce paragraphe-là pour lui permettre, c'est ça, de proposer
des mesures. Avez-vous des exemples?
M. Roberge : Bien, pour avoir
été ministre de l'Éducation pendant quatre ans, je peux vous dire que la...
M. Roberge : ...collecte
d'informations par le ministère est parfois complexe. Des fois, le pouvoir du
ministre ou de son ministère, c'est tout simplement, pratiquement, de faire des
sondages à l'intérieur du réseau. C'est immense, hein, c'est
1 200 000 élèves, quelque chose comme ça, c'est immense, juste
l'éducation, je ne parle pas d'enseignement supérieur, 69 centres de services
scolaires, trois centres de services scolaires distincts, etc. Des fois, c'est
une espèce de sondage, ça s'appelle le Collecte-Info, ce n'est pas tout le
monde qui participe, puis c'est difficile d'avoir toute l'information. Donc là,
on vient donner au pouvoir... au ministre et au ministère de recueillir un peu
de... ça s'appelle de la granularité, c'est le nouveau terme que j'ai appris
dernièrement, là, dans les informations, particulièrement par rapport aux
étudiants étrangers. Puis là on pense à des cohortes, on pense à savoir, dans
tel centre de formation, dans telle région... On discute avec la ministre de
l'Emploi, on se rend compte qu'il y a d'importants besoins de main-d'oeuvre.
Vous avez combien d'étudiants en formation professionnelle dans tel secteur? Oui,
très bien. Combien de ces étudiants sont des étudiants étrangers? Est-ce que
c'est les étudiants étrangers qui gardent ce programme vivant? Est-ce que...
etc. Donc, c'est des informations qu'on a en ce moment, mais en partie.
Et le ministre de l'Éducation m'a
signifié, puis je l'ai très bien compris, quand on travaillait pour rédiger ce
projet de loi là : C'est pour prendre les meilleures décisions, j'ai
besoin d'un petit peu plus d'information. Parfois il les a, parfois il en
manque. Ça, ça va nous aider.
Mme Setlakwe : Merci. Non, je
pense que, sur le fond, sur la nécessité d'avoir accès aux renseignements pour
pouvoir prendre des décisions, formuler des recommandations, on n'est pas
contre, mais comment est-ce qu'on concilie ça? Puis c'est peut-être moi, là,
qui n'a pas l'information complète, mais j'ai siégé momentanément sur le projet
de loi... je crois que c'était le no 23, puis il me semblait qu'on avait mis de
l'avant un nouveau système pour, justement, partager des renseignements en matière
de... en éducation, justement pour que l'information remonte plus aisément au
ministre de l'Éducation. Ça, ce n'est pas déjà... donc ce n'est pas déjà
couvert par ce projet de loi là?
M. Roberge : Je vous dirais
que l'écho qu'on a reçu du ministère de... pas de l'Immigration, de l'Éducation
et du ministre de l'Éducation, c'est qu'il avait encore certaines difficultés à
obtenir certaines données, là. Je ne peux pas vous donner tout le détail de
quels sont les nouveaux pouvoirs qu'ils ont eus, mais semble-t-il qu'ils en ont
encore pour être capable de prendre les décisions dont on parle en ce moment.
Le projet de loi sur lequel vous avez travaillé a sans doute amélioré la
situation, mais je pense qu'à ce moment-là vous ne saviez pas, évidemment,
qu'un projet de loi qui se pose spécifiquement des questions sur les étudiants
étrangers allait venir. Donc, on me dit qu'il faut améliorer cette collecte
d'information, encore.
Mme Setlakwe : Merci, mais
j'aurais une autre question. Là, je me réfère aux discussions qu'on avait la
semaine dernière, quand on a déposé les motions préliminaires puis qu'on
souhaitait obtenir plus d'informations, plus de données. Vous nous en aviez
fourni, là, je pense que, maintenant, elles sont publiques. Est-ce que vous
avez des informations à nous fournir? Là, on comprend que le... tu sais,
additionnelles ou en supplément à ce que vous nous avez fourni la semaine
dernière, pour qu'on puisse avoir les données de base, le nombre d'étudiants
internationaux qui relèvent, dans le fond, des ordres d'enseignement ou qui
relèvent du ministre de... du ministère de l'Éducation? Parce que ça, ça
n'avait pas été fourni. Vous n'avez vraiment pas de données, actuellement, sur
le nombre, où sont-ils... où sont-ils, quelle est la répartition, etc.?
M. Roberge : Bien, parmi les
informations qui vous ont été transmises, je pense qu'on a de grandes
catégories, là, je pense qu'on parle, à certains égards... Là, je n'ai pas
devant moi le document que vous avez, je peux le retrouver, il n'est pas loin.
Mme Setlakwe : On l'avait,
primaire, c'est vrai, on avait le nombre de CAQ études délivrés par niveau
d'études, O.K., au primaire, mais c'est tout ce qu'on a. Donc, c'est comme
général, au niveau de ce niveau d'études. On a le nombre de CAQ études, mais on
n'a pas... on n'a pas de granularité.
M. Roberge : Ah bien... ou,
en tout cas, on en veut plus. Je ne prétends pas avoir en mes mains et vous
avoir donné, entre vos mains, 100 % de toutes les informations dont le ministère
de l'Éducation dispose, mais l'idée c'est d'avoir... d'être capables de poser
des questions qui ne se posaient pas avant. Maintenant qu'on veut se doter de
nouveaux outils, de nouveaux pouvoirs, d'une vision différente, avec une
intention différente, bien, ça se peut que la question qu'on posait il y a deux
mois est différente de la question qu'on va poser dans deux mois, parce qu'on a
une...
M. Roberge : ...qui est
différente. On veut poser des questions davantage sur la place des étudiants
étrangers dans les différents programmes. On pourrait avoir une meilleure
identification des tendances, des fois, qui pourraient être problématiques. On
pourrait poser des questions, pas juste sur le nombre d'étudiants, mais poser
des questions sur leurs pratiques d'admission, sur leurs pratiques de
recrutement dans les centres de formation : Est-ce que vous avez fait des
campagnes de recrutement? Est-ce que vous recrutez à l'étranger? Quel est votre
taux de recrutement? Quel est votre taux de succès? Des questions différentes
qu'on ne se posait pas, je dis «on», le gouvernement, peut-être, avant, puis de
regarder : Est-ce que vous avez... ce qu'on dit, des désistements?
Excusez-moi le terme, des fois, les gens appellent ça des «no show». Vous avez
accepté des étudiants en formation professionnelle dans tel centre, ils ne sont
pas arrivés. Combien? De quels pays de provenance? Peut-être que ça pourrait
voir aussi, est-ce que les gens de tel ou tel pays s'inscrivent mais ne
viennent pas? C'est des questions pour lesquelles, en ce moment, le ministre de
l'Éducation peine à avoir de l'information. Puis, pourtant, c'est une
information importante pour prendre des décisions par la suite.
• (20 heures) •
Mme Setlakwe : Je ne suis pas
en désaccord qu'on puisse... qu'ils puissent avoir accès à cette
information-là, mais ce soir, là, pour les fins de notre discussion, ce soir,
puis pour le bénéfice de la commission, vous n'avez pas un... aussi
approximatif soit-il, une idée, là. Est-ce qu'il y a une problématique au
niveau du primaire, du secondaire, et elle est de quel ordre, si on... Toujours
dans l'optique d'essayer de cerner la problématique aujourd'hui, est-ce que
vous pensez qu'il y a un enjeu à ce niveau là et de quelle nature est-il?
M. Roberge : Bien, je sais
qu'il y a une problématique dans certaines écoles, certaines écoles privées de
formation professionnelle. J'avais donné quelques chiffres à cet égard-là au
moment du dépôt du projet de loi. Pour le reste, je ne veux pas présumer qu'il
y a des abus ailleurs, mais je ne veux pas non plus présumer qu'il n'y en a
pas. Je pense que le ministre a déjà commencé, le ministre de l'Éducation. Il
récolte en ce moment des informations, mais avec le dépôt du projet de loi et
l'adoption du projet de loi, il va être capable d'avoir davantage
d'informations, donc de prendre ensuite de meilleures décisions.
J'en aurais une dernière, Mme la
Présidente. Donc, on comprend qu'il y a des problématiques, peut-être,
possiblement, dans certains établissements, pour certaines formations
professionnelles, mais vous souhaitez avoir les pouvoirs, en tout cas, ou
certainement avoir accès aux informations pour pouvoir prendre les bonnes...
les bonnes mesures.
Vous avez donc... Est-ce que vous diriez
aujourd'hui que les établissements qui relèvent du ministère de l'Éducation,
donc, ils n'ont pas les outils et vous ne souhaitez pas que ce soit eux, à
l'interne, qui prennent les mesures appropriées? Vous ne voulez pas les
soutenir dans leur démarche pour, justement, mieux encadrer eux-mêmes la...
M. Roberge : Bien, c'est ce
que je fais en ce moment en travaillant avec vous à un projet de loi qui va les
soutenir et leur permettre d'avoir de meilleures informations.
Mme Setlakwe : Mais vous
voulez que le ministère ait plus d'informations pour pouvoir poser des gestes
et imposer des plafonds dans le réseau. Moi, la question, c'est : Est-ce
que vous sentez que le réseau... vous sentez, donc, que le réseau ne peut pas
s'autoréguler lui-même, qu'il doit... qu'on doit absolument donner les pouvoirs
au ministère de faire une intervention?
M. Roberge : Bien, je pense
que, quand on parle d'étudiants étrangers, ça relève de l'éducation. Quand on
parle d'étudiants, là, en primaire, secondaire, formation professionnelle, ça
relève, évidemment, c'est le réseau de l'éducation, mais on parle quand même
aussi d'une politique migratoire. On parle de gens qui sont des étrangers qui
viennent sur le territoire québécois, donc je pense qu'on doit le faire ensemble.
Je pense que d'ailleurs on travaille ensemble. On a corédigé un projet de loi.
C'est le début de quelque chose, quand même.
Puis, dans le cadre d'un projet de loi du
ministre de l'Immigration, bien, je donne un coup de main à mon collègue, puis
à l'équipe, à son équipe. Donc, il me semble qu'on travaille comme ça.
Et c'est normal. C'est normal que le
gouvernement du Québec, par la voix de ses ministres concernés, sache ce qui se
passe dans son réseau puis, après ça, ait les meilleures politiques migratoires
possibles pour que ça se passe le mieux possible.
Mme Setlakwe : Mais je note
quand même qu'on mentionne qu'il doit... on doit tenir compte de la réalité
propre au réseau et des orientations et des objectifs définis en vertu de cette
loi, bien, la Loi sur l'immigration. Moi, ça me va pour l'instant, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça vous va. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 10? Oui, allez-y.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Il y a deux volets, deux pouvoirs ici, M. le ministre, proposer
des mesures afin de soutenir la prise de décisions relatives à la gestion, ça,
c'est un, puis l'autre, c'est recueillir les informations... les renseignements
nécessaires à cette fin...
20 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...Si
je comprends bien, donc, il y a comme deux volets. C'est le premier volet que
je ne suis pas sûr de tout à fait comprendre ce que ça veut dire proposer des
mesures afin de soutenir la prise de décisions relatives à la gestion. Un
exemple, par exemple, ça veut dire quoi?
M. Roberge : Attendez un
peu, juste pour bien comprendre. Idéalement, si on arrive à l'alinéa huit...
M. Cliche-Rivard : Oui.
Bien oui, bien oui, bien sûr.
M. Roberge : ...juste lire
un peu les alinéas précédents de la Loi sur l'instruction publique. Je la
charge devant moi. Donc on est... on est l'article 2. Oui, mon... Me Roy,
c'est bien ça, Me Roy se propose d'amener une réponse. Je pense que ça
serait pertinent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, Me Roy, allez-y.
M. Cliche-Rivard : Consentement,
oui.
M. Roy (Gabriel) : Oui.
Excusez-moi. Merci, Mme la Présidente. En fait, ça réfère... Il est proposé des
mesures pour la prise de décision de gestion des membres. Ça réfère au fait que
le projet de loi propose, à l'article 5, qui introduit l'article 52.1
à la Loi sur l'immigration au Québec, que les décisions de gestion des demandes
présentées à titre d'étudiants étrangers soient prises par décret du gouvernement
sur recommandation du ministre de l'Immigration et, selon leurs compétences, du
ministre de l'Éducation et du ministre de l'Enseignement supérieur. Donc, l'idée,
c'est de donner une fonction relative à cette fonction-là, de recommander la
prise de décision de gestion des demandes. Donc, effectivement, vous avez
raison, il y a deux... deux éléments. Il y a ce rôle-là, cette fonction qui est
ajoutée et la fonction de recueillir des renseignements qui est ajoutée pour
permettre de rendre en fait nécessaire, du point de vue des établissements, de
recueillir les renseignements. Parce qu'effectivement il y a déjà un travail
législatif qui a été fait auparavant, mais la nécessité de collecter certains
renseignements du point de vue de l'établissement lui-même doit être un critère
légal. Donc, en donnant cette fonction-là au ministre de recueillir des
renseignements, on rend ça nécessaire pour les établissements de les lui
fournir. Et donc ça vient pallier à sa nécessité de, bien justement, d'avoir le
critère de nécessité.
M. Cliche-Rivard : Bon.
Parfait. Merci. Sur ce volet-là, de recueillir les renseignements, pas d'enjeu.
Pour moi, c'est limpide. Bon, l'autre volet, vous l'avez mentionné, on réfère à
l'article 5 qu'on a suspendu. Donc, Mme la Présidente, je vais quand même
demander à ce qu'on ne vote pas l'adoption de l'article, mais on peut en
discuter quand même. Vous y avez vous-mêmes fait référence quand on parlait des
décisions de gestion, là, à l'article 5, qu'on modifie, qu'on a suspendu. Donc,
attendons avant de l'adopter.
Ceci dit, ma question était là. Qu'est-ce
qu'on veut dire exactement par «le ministre donc de l'Éducation propose des
mesures afin de soutenir la prise de décision»? C'est ça que j'ai de la misère
à comprendre concrètement, là. C'est quoi, ça, sa job de proposer des mesures
afin de soutenir la prise de décisions relatives à la gestion. Un exemple, par
exemple, qu'est-ce qu'il propose comme mesures, le ministre?
M. Roberge : Je suis
allé voir, là, pour être sûr, là. On dit «dans les domaines de sa compétence»,
les fonctions du ministre, on parle ici du ministre de l'Éducation, consistent
particulièrement à... Puis on ajoute «proposer des mesures afin de soutenir la
prise de décisions relatives à la gestion des demandes de sélection à titre d'étudiants
étrangers». Donc, ça veut dire que le ministre de l'Immigration de... de l'Éducation
pourrait proposer aux centres de services scolaires, aux centres de formation
professionnelle, des mesures pour qu'ils prennent les bonnes décisions lors d'admission
d'étudiants étrangers pour les soutenir là-dedans. Il s'agit de soutenir les
centres de services scolaires, soutenir les centres de formation
professionnelle dans leurs mécanismes d'admission d'étudiants étrangers, de
gestion des sélections, exactement, donc, ils sont là, parce que le ministre
ayant requis des formations, ayant une vision du système plus grande, puisse
proposer des mesures pour soutenir... Dans le fond, c'est... On permet au
ministre de soutenir son réseau. C'est ça, l'objectif.
M. Cliche-Rivard : Mais
là, 8, là, juste être sûr de bien comprendre, «de soutenir la prise de
décisions relatives à la gestion des demandes de sélection», ça, ce n'est pas
par rapport à l'admission dans ces centres, là. Ça, c'est par rapport à 50.
M. Roberge : Ah! non, c'est
vrai. Non. Merci, c'est vrai. Vous avez raison.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça. Bon. Parfait. Ça fait que, là, je veux juste comprendre le rôle du ministre
dans cette affaire-là. Parce que pour moi, je vais être bien transparent, là,
la phrase, telle quel, pour moi, ce n'est pas clair...
M. Cliche-Rivard : ...qu'est-ce
que c'est. Je veux clairement comprendre c'est quoi qu'il va faire, le ministre
de l'Éducation. «Recueillir des renseignements», c'est beau, là, c'est limpide,
mais «proposer des mesures afin de soutenir la prise de décision relative à la
gestion des demandes», j'avoue que c'est abstrait, là. Ça fait que je prendrais
un exemple, s'il vous plaît.
M. Roberge : Bon, le ministre
de l'Immigration... de l'Éducation pourrait proposer des mesures, par exemple
il pourrait proposer une répartition d'un nombre maximal de demandes à recevoir
selon une distinction. Il pourrait dire : Bien, je propose qu'on fasse un...
qu'on reçoive un nombre maximal de demandes en fonction des régions. Il
pourrait dire : Je propose qu'on reçoive un nombre maximal de demandes en
fonction des établissements. Il pourrait proposer de suspendre la réception de
certaines demandes.
• (20 h 10) •
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
il peut proposer des... il peut faire des propositions de décisions relatives à
la gestion simplement dit. Il peut proposer : Suspends telle affaire.
M. Roberge : Mais toujours en
tenant compte de la réalité propre de son réseau.
M. Cliche-Rivard : Oui,
toujours. Puis lui est responsable, donc, vous l'avez dit, jusqu'à formation
professionnelle, centres de service scolaires, puis ça s'arrête...
M. Roberge : On a
préscolaire, primaire, secondaire, formation professionnelle, formation
générale aux adultes.
M. Cliche-Rivard : Formation
générale aux adultes.
M. Roberge : FP-FGA, en
jargon, c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui.
Puis là il va rester, donc, collégial, universitaire, qu'on va faire tantôt.
M. Roberge : Ce sont les
articles suivants.
M. Cliche-Rivard : Qu'on va
faire tantôt, oui. O.K. Donc, il propose des mesures pour soutenir la prise de
décision relative... Essentiellement, il propose... Essentiellement, il vous
conseille, là, dans la prise de décision de gestion des sélections.
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
essentiellement. Parfait. Puis là c'est intéressant que là est mentionné
admission puis inscription, puis on en parlait dans les motions préliminaires,
quand je vous demandais, là, un, deux, trois, quatre, nombre d'admissions,
nombre de CAQ, nombre de permis d'études puis nombre d'inscriptions, vous
m'aviez répondu : Le deux... Les deux du milieu, je l'ai, là, CAQ, permis
d'études, on l'a, mais un et quatre, on ne l'a pas. Et là, avec ça, on va aller
chercher les deux autres, là, le nombre d'inscriptions puis le nombre
d'admissions.
M. Roberge : On va avoir
beaucoup plus d'informations.
M. Cliche-Rivard : Et c'est
sur la base de ces informations-là que vous allez être à même d'établir une
planification pluriannuelle sur la base des chiffres d'inscriptions,
finalement.
M. Roberge : Bien, tous les
chiffres sont bons. Quand on veut prendre des décisions, tous les chiffres sont
bons. La connaissance du réseau est la meilleure conseillère.
M. Cliche-Rivard : Parce
qu'on... puis là on y reviendra quand on reviendra aux décisions de gestion,
mais il y a une espèce de débat entre le nombre d'étudiants étrangers avec des
permis valides puis le nombre d'inscrits. On en a parlé, là, puis on continuera
d'en reparler. Là on... puis là on plaide : C'est-tu 123 000,
finalement? C'est-tu 100 000? C'est-tu... C'est-tu 85 000? Il y a
quand même un débat à savoir... entre le nombre d'inscrits puis le nombre de
permis délivrés, qui va vous permettre, vous, de faire une réelle projection
puis une réelle planification sur la base des inscrits, j'imagine.
M. Roberge : Il y a quand
même des réponses à ces questions-là dans les documents que je vous ai partagés
la semaine dernière, où vous avez certains documents où on parle de permis
d'études émis par le fédéral, il y a d'autres... on voit les chiffres des CAQ,
et donc on voit quand même les écarts entre un et l'autre, mais on a... on a
des chiffres quand même pertinents puis on est capables de comparer d'une page
à l'autre, là...
M. Cliche-Rivard : On voit
qu'il y a à peu près 50 %...
M. Roberge : ...pour avoir
les chiffres, là. Ça dépend des ordres, mais oui, ça peut être... ça peut aller
jusque-là.
M. Cliche-Rivard : Ça peut
aller jusque-là, des fois 40 %, des fois 50 %. Mais il nous manque le
dernier volet, puis c'est ce que des fois les universités nous disent, c'est
qu'il y a effectivement un permis d'études d'émis, mais «no show», comme vous
dites, il ne se pointe pas ou il ne fait pas l'inscription. Puis ça, on en
reviendra sur la discussion de gestion, mais c'est sûr que, s'il y a une
université qui se retrouve préjudiciée à 150 étudiants qui ne se pointent pas,
d'un pays donné, puis que là, eux, leur nombre d'inscriptions est limité, il va
falloir qu'on ait un mécanisme, mais on en reparlera à gestion à l'article 5,
selon ce que vous avez prévu comme amendement.
M. Roberge : C'est des
incitatifs, peut-être, pour les institutions. En ayant plus d'informations, on
pourrait recruter peut-être différemment, obtenir meilleure garantie. On peut
regarder en fonction des pays de provenance ou des établissements de
provenance, lesquels arrivent et finalement demandent l'asile puis ne veulent
pas étudier, lesquels arrivent puis ça fonctionne très bien, lesquels arrivent,
n'ont pas les moyens, quels mécanismes, etc. On voit qu'on... C'est comme si on
soulève le couvercle puis on découvre des surprises, des belles surprises puis
des moins belles. Donc, il y a beaucoup de questions à se poser, là... pour ça
qu'on a besoin de toute l'information puis qu'on a besoin d'agilité ensuite
pour ne pas faire du mur-à-mur puis d'être capables d'agir en fonction des
informations qu'on récolte...
M. Cliche-Rivard : ...Parfait.
Merci, M. le ministre, de vos réponses. Puis, Mme la Présidente, je n'ai pas
d'autre question pour l'instant, mais, comme j'ai dit, je vais demander à ce
qu'on suspende avant de l'adopter.
M. Roberge : Mais je
voudrais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre, allez-y.
Des voix : ...
M. Roberge : Je ne pense pas
que ça nous empêcherait de l'adopter, mais, si vous avez un malaise, on avait
fait ce pacte-là. On pourrait adopter plus tard 5, quand on reviendra, si ça
change la donne, on débattra, de toute façon, il vous reste du temps d'après ce
que je comprends, en masse. Puis si ça ne change pas la donne, bien, on
l'adoptera rapidement, mais, au moins, on a quand même creusé la chose.
Respectons notre pacte.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Ça va?
Alors, nous allons suspendre l'article 10, c'est ce que je comprends, les
discussions étant pas mal bien entamées, mais on le suspend. Alors, M. le
ministre, nous allons passer à l'article 11.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 2 du
suivant : 2.1 Le ministre peut, par règlement, déterminer les
renseignements que les organismes visés à l'article 6 doivent recueillir
et lui communiquer, aux fins de l'exercice de ses fonctions prévues au
paragraphe 8 de l'article 2. Ce règlement peut déterminer les
modalités de communication de tels renseignements.
Donc, l'article 2.1 de la Loi sur le
ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, proposé par l'article 11
du projet de loi, octroie au ministre de l'Éducation le pouvoir réglementaire
de déterminer les renseignements qui doivent être recueillis et lui être
communiqué aux fins de l'exercice de ses fonctions relatives à la prise de
décision de gestion des demandes présentées à titre d'étudiants étrangers
proposé à l'article 10 du projet de loi. Donc, certains enseignements sont
déjà détenus par le ministère, mais il s'avère nécessaire d'obtenir des
renseignements qui sont supplémentaires. Puis donc le ministre pourrait les
déterminer. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions à
l'article 11?
Mme Setlakwe : Oui, s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Setlakwe : Juste nous
expliquer. Je crois que, ça, c'est... ça vient compléter l'article précédent
qu'on a... dont on vient de discuter. J'essaie de comprendre qu'est-ce que ça
ajoute de plus quand on parle déjà, à l'article précédent, de recueillir des
renseignements, ou c'est... là, c'est plus spécifique qu'il peut, par
règlement, prévoir spécifiquement les renseignements qui lui sont nécessaires.
Des voix : ...
M. Roberge : Donc, ici, c'est
une disposition légale qui permet à l'établissement d'aller recueillir les
renseignements, parce que le ministre peut demander des choses, mais
l'établissement peut dire : Bien, toi, tu me les demandes, mais moi, je
n'ai pas le droit de demander tel ou tel type de règlement. Donc là, on vient habiliter
l'établissement à aller chercher les règlements. Tantôt, on donnait le droit au
ministre de les donner. Là, on donne le droit à l'établissement d'aller le
chercher, si je vulgarise.
Des voix : ...
M. Roberge : Oui, c'est ça.
Puis après ça, évidemment, l'établissement ne peut pas dire :Je ne l'ai
pas. Mais là il peut... peut-être s'il ne l'a pas, il peut aller chercher,
parce que, maintenant, il a la... cette capacité d'aller chercher des choses.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
tous les acteurs sont attachés légalement par cette obligation de fournir ou
d'aller chercher. Puis je pense qu'avec les deux articles mis ensemble, ça...
M. Roberge : Les deux forment
un tout, d'une certaine manière. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à
l'article 11? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci. M. le ministre, l'article 12.
M. Roberge : Merci bien.
Donc, 12 : L'article 4 de la Loi sur le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie
(chapitre M15.1.0.1) est modifié par l'insertion, après le paragraphe 8
du premier alinéa, le paragraphe suivant : 8.1 Proposer des mesures afin
de soutenir la prise de décisions relatives à la gestion des demandes de
sélection à titre d'étudiants étrangers en vertu de la Loi sur l'immigration du
Québec (Chapitre 1...
M. Roberge : ...(chapitre
I-0.2.1) en tenant compte de la réalité propre au domaine de l'enseignement
supérieur et des orientations et objectifs définis en vertu de cette loi, et
recueillir les renseignements nécessaires à cette fin, notamment ceux
permettant de documenter l'admission et l'inscription des étudiants étrangers.»
Donc, on voit que c'est... que ça
ressemble beaucoup au 10. On a fait 10,11 et 12, là. Cette fois-ci, c'est pas
mal le 10, mais appliqué à l'enseignement supérieur. C'est un actif... un
article qui octroie au ministre de l'Enseignement supérieur des fonctions
relatives à la prise de décision de gestion des demandes présentées à titre
d'étudiant étranger, celle de proposer des mesures afin de soutenir la prise
d'une telle décision, comme on a vu tout à l'heure, et celle de recueillir des
renseignements nécessaires à cette fin comme on a vu, tout à l'heure, pour
l'Éducation. Les fonctions sont octroyées en concordance avec l'exigence que le
ministre de l'Enseignement supérieur recommande, conjointement avec le ministre
de l'Immigration et de la Francisation, Intégration et, le cas échéant, le
ministre de l'Éducation, la prise de décision. Voilà. Donc, un petit peu
copié-collé à ce qu'on a fait pour le réseau de l'éducation tout à l'heure.
• (20 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 12?
Mme Setlakwe : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui, et le
libellé est exactement pareil comme celui de l'article 10, vous l'avez
dit, mais c'est encore une fois pour permettre à la ministre ou au ministre de
l'Enseignement supérieur d'avoir toutes les informations en main pour pouvoir
exercer son... sa responsabilité de formuler une recommandation. Et pourquoi on
se limite à l'article 5 dans le commentaire? Donc, je comprends que
l'article 5, on ne l'a pas encore étudié, mais l'article 1, on l'a
étudié, qui a été adopté. Donc, la... ça s'applique, mais c'est juste un
commentaire. Je comprends, là. Mais il n'y aurait pas aussi besoin d'aller
proposer des mesures ou recueillir des renseignements pour les fins d'exercer
ses pouvoirs en vertu de l'article 1 qui est 15.1 finalement? 1 introduit
15.1, puis 5 parle de 52.1. En tout cas, juste... juste... juste revenir sur
cet article-là qu'on... On ajoute des fonctions, on ajoute des pouvoirs à
l'article 4 de la Loi sur l'Enseignement supérieur pour permettre au ministre
d'exercer quel rôle exactement en vertu de la Loi sur l'immigration? Ceux en
vertu de l'article 5 seulement ou ceux en vertu de l'article... ceux en
vertu de l'article 1 également?
M. Roberge : Bien, merci.
Très bonne question. Pour l'article 15.1 qu'on a vu tantôt dans notre
article 1...
Mme Setlakwe : Oui.
M. Roberge : ...les
ministres ont déjà des informations à cet égard-là.
Mme Setlakwe : Pour désigner
des établissements ou des études reconnus, effectivement.
M. Roberge : C'est ça, pour
désigner des établissements ou des programmes reconnus. Ce n'est pas quelque
chose pour lequel ils n'ont pas d'information par rapport à d'autres décisions
pour lesquelles ils ont besoin d'avoir de nouvelles habiletés pour prendre
des... avoir les infos et donc prendre les décisions.
Mme Setlakwe : Puis là, ici,
donc on parle de pouvoir de venir formuler des recommandations par rapport à
d'autres critères qui vont être utilisées pour plafonner certains programmes,
certaines régions, certains établissements, certains ordres d'enseignement en
vertu de l'article 5 qu'on n'a pas encore étudié...
M. Roberge : C'est ça. Je
propose que, si on a des questions sur celui-là, allons-y, mais on va étudier cinq,
puis on reviendrait ici. Mais dans le fond, voilà, c'est ça, c'est pour avoir
toute l'information, pour prendre les décisions en vertu de l'article 5 où
là on est capable d'arriver... on arrive au coeur du projet de loi, là. Ça fait
que la prise de décision découle de la cueillette d'informations.
Mme Setlakwe : Là, je
comprends. Je n'ai rien contre le principe.
M. Roberge : Non, non, je
sais bien.
Mme Setlakwe : Mais là on
parle d'un ministère qui n'a pas les informations. Je comprends que le 5 va
être modifié, là, mais c'est un ministère qui aujourd'hui n'a pas suffisamment
de renseignements en main pour formuler des recommandations ou être capable de
prendre des décisions en fonction de distinctions au niveau des régions, des
ordres d'enseignement, des cycles, des services, des catégories, des
programmes. Cette... ces informations-là ne circulent vraiment pas adéquatement
aujourd'hui.
M. Roberge : Manifestement,
la ministre de l'Enseignement supérieur et son équipe considèrent qu'ils n'ont
pas toute l'information. Encore une fois, on ne navigue pas à l'aveugle, ils
ont un paquet d'informations, mais pas nécessairement nécessairement d'un point
de vue de la granularité. Quand on regarde les programmes en fonction de la
présence des étudiants étrangers, par ce qu'ils peuvent très bien savoir il y
a... il y a combien de programmes, il y a...
M. Roberge : ...combien de
programmes, il y a combien d'étudiants, est-ce que... même, les étudiants, quel
est le taux de diplomation, quelle est la durée des études, ils peuvent savoir
tout ça. Mais peut-être qu'ils ne savent pas exactement dans chaque programme,
par contre, il y a combien d'étudiants étrangers ou il y a combien d'étudiants
non québécois. Et ont-ils été recrutés par des agences? Ont-ils été recrutés
par leurs missions à eux? Ces étudiants-là, de manière très précise, je ne
parle pas des Québécois, mais les étudiants étrangers, réussissent-ils autant
que les autres? Ces étudiants étrangers diplômés de tel secteur, de tel
certificat s'établissent-ils au Québec ou repartent-ils?
C'est des questions pour lesquelles on n'a
pas nécessairement toutes les réponses, parce qu'on ne se posait pas toujours
toutes ces questions, puisqu'on n'avait pas les leviers pour utiliser ces
informations-là ensuite pour prendre des décisions. Et là, le fait qu'on creuse
ceci, le fait qu'on veuille prendre de nouvelles décisions nous amène à vouloir
des informations qui sont plus fines. Je ne prétends pas qu'il n'y a aucune
information au ministère de l'Enseignement supérieur, mais comprenez qu'on veut
des informations qui sont différentes.
Mme Setlakwe : Merci. Encore
une fois, je pense qu'on va vouloir suspendre l'adoption, parce que c'est relié
à l'article 5. Mais, sur le fond, sur... d'octroyer des pouvoirs pour aller
chercher des informations pour prendre des décisions, on ne peut pas être
contre ça.
Mais je vous repose la question... La même
question que j'ai posée tout à l'heure par rapport au réseau de l'éducation, je
vous la pose pour l'enseignement supérieur. Donc, ce soir, pour les fins de la
commission... Parce que vous m'avez mentionné tout à l'heure, pour l'éducation,
que possiblement c'était au niveau peut-être des formations professionnelles.
Vous n'êtes pas lié à ce que vous avez dit, vous avez dit :
Potentiellement que c'est à ce niveau-là des formations professionnelles qu'il
y aurait des gestes à poser. Au niveau de l'enseignement supérieur, vous avez
déposé un projet de loi, là, vous dites qu'il y a trop d'étudiants
internationaux. Avez-vous une idée ce soir du portrait, là, dans les grandes
lignes, où est-ce qu'il y en a trop, où est-ce que vous pensez qu'il y aurait
lieu d'imposer des plafonds?
M. Roberge : Mais on est en
train de faire le travail avec les informations qu'on a, puis le travail sera
mieux fait quand la loi sera sanctionnée puis qu'on aura davantage de pouvoirs
pour aller chercher les informations.
C'est l'oeuf ou la poule, là. Si on n'a
pas le p.l. adopté, on n'a pas la capacité d'aller chercher toutes les
informations, et donc d'avoir tout le portrait et donc, là, prendre les bonnes
décisions. Donc, là, si vous me demandez ce soir quel est le portrait exact,
quelle décision allez-vous prendre, moi, je dis : Allons chercher toutes
les informations. On sait qu'on ne sait pas tout.
Mme Setlakwe : Oui, je
comprends. Mais à quel niveau est-ce que des problématiques ont déjà été
identifiées? Parce que je suis certaine que... Puis la ministre le dit souvent,
elle collabore bien avec son réseau, elle est en contact régulier. Il y a
forcément des échanges sur une base, j'imagine, quasi quotidienne, oui, et tout
à fait... oui, tout à fait volontaire, et ça doit se faire de façon fluide, là,
sur une base quotidienne. Mais où est-ce qu'on sent... Parce que là, ici, on
sent le besoin de venir ajouter des pouvoirs dans la loi, hein, la loi qui...
la Loi sur le ministère de l'Enseignement supérieur, on sent le besoin
d'ajouter des pouvoirs, d'ajouter aux fonctions du ministre cette... ce
paragraphe 8.1°.
Donc, elles sont où, les lacunes? Vous
devez avoir une idée. Ou elles sont... Elles sont où, les situations où
l'information ne circule pas normalement, selon vous, actuellement?
M. Roberge : On revient à une
réponse que je vous ai dite souvent, mais je la... je vais donner des réponses
que j'ai déjà données, comme quoi, quand on passe de 50 000 étudiants
étrangers à plus de 120 000 en 10 ans, c'est une augmentation de
140 %, il faut se poser des questions, il faut se poser des questions :
Pourquoi? Comment? Combien? Dans quels programmes? Est-ce une utilisation
optimale? Est-ce que ces personnes-là restent chez nous? Oui? Dans quelles
régions? Ils parlent quelle langue? Alors, bon, il faut se poser des questions.
Ensuite, on voit... n'importe qui qui lit
le journal voit qu'il y a beaucoup d'étudiants qui arrivent ici qui... c'est
des «no show», ils ne se présentent pas. Puis ce n'est pas juste dans les
écoles secondaires, là, ce n'est pas ça, là, c'est dans... dans nos cégeps, dans
nos universités. On voit des gens qui arrivent ici qui finalement font des
demandes d'asile. On voit des... des écoles dont le nombre... en privé, là,
dont le nombre a explosé. ...
M. Roberge : ...ici, on a
des exemples de choses qui nous amènent à nous poser des questions. Le jugement
n'est pas rendu, là. On va se poser des questions. Puis comme ministre de
l'Immigration, j'ai aussi la responsabilité de la francisation et de
l'intégration. Moi, j'ai le souci aussi de prendre soin du monde qui arrive
ici. Quand, comme État, comme nation, on dit à des gens : Bien, venez ici,
venez étudier chez nous, bien, moi, comme ministre de l'Immigration, il faut
que je sois sûr qu'on est prêts à les accueillir comme il faut, qu'ils vont
être capables de réussir leur projet, qu'ils vont avoir un appartement, qu'ils
vont être capables de payer les frais de scolarité, qu'ils vont être capables
de manger. Ça fait partie de mes préoccupations, tout ça.
Et manifestement, là, on fait juste
regarder des revues de presse, il y a des choses qui ne marchent pas, là. Puis
ça dépasse, là, il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Donc, on se donne
les pouvoirs de recueillir de l'information. Puis après ça on va prendre les
meilleures décisions. Prendre soin des gens puis s'assurer qu'on a atteint nos
objectifs, c'est ça, le cœur du projet. Donc, est-ce que je vous... Est-ce que
je vais dire tout de suite un chiffre, combien d'étudiants de moins on veut?
Non. Combien de pourcentage on veut de moins? Non, ce n'est pas ça, là. Ce
n'est pas mon... Ce n'est pas ça qui me motive quand je me lève le matin. Ce
n'est pas ça.
• (20 h 30) •
Mme Setlakwe : C'est
juste difficile de... Encore une fois, je ne remets pas en question la
nécessité qu'il y ait un partage d'informations pour pouvoir prendre des bonnes
décisions. Mais il n'en demeure pas moins qu'il y a des affirmations qui ont
été faites comme quoi il y a beaucoup puis que les chiffres sont excessivement
élevés. Et la ministre, dans un échange la semaine dernière, en période de
questions, elle a dit qu'il y avait un rattrapage à faire, la ministre de
l'Enseignement supérieur, il y avait un rattrapage à faire. Il est fait
maintenant. Le rattrapage, particulièrement en région, il est fait. Il est
accompli. Là, on ne peut pas laisser les choses hors de contrôle. Il faut
limiter. Elle doit bien avoir une idée d'où elle a l'intention de... d'agir au
sein du réseau qu'elle... qu'elle chapeaute. Je vous repose la question. Je
comprends que vous n'avez pas toutes les informations...
M. Roberge : Mais c'est
quoi, votre question? Je ne comprends pas votre question. C'est quoi, votre
question?
Mme Setlakwe : ...mais
c'est ce que vous dites. Écoutez, on lit des choses dans les journaux. Et je
n'ai pas toutes... On lit des choses dans les journaux. Vous devez bien avoir
des informations. Le ministère doit bien avoir des informations plus précises,
là. Il doit bien avoir un état de situation. Ce n'est pas juste en lisant les
journaux que le ministère apprend qu'il y a trop d'étudiants internationaux à
un endroit.
M. Roberge : Bien non,
parce qu'on voit le nombre d'étudiants. On revient en... On revient à ce que
j'ai dit en début d'intervention, le nombre de CAQ émis augmente beaucoup. Le
nombre d'étudiants sur le territoire québécois augmente beaucoup, beaucoup,
beaucoup. Donc, vous dites : Est-ce qu'on a des chiffres? Oui, on a ces
chiffres-là. On les voit et on sait qu'on a un problème de logement, je l'ai
mentionné tantôt. Je ne dis pas que c'est juste des étudiants internationaux
qui causent la crise, là, juste au cas qu'on fasse un clip en prenant juste ça,
là. Ce n'est pas ça que je dis, mais il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
résidents non permanents, d'immigrants temporaires sur le territoire québécois.
Il y en a plus que notre capacité d'accueil. Puis quand on passe de 50 000
à 120 000 étudiants étrangers, bien, ça participe au surnombre.
Voilà.
Mme Setlakwe : Comment
qu'on réconcilie les objectifs? Bien, ce que vous venez de dire, il y en a trop,
il faut contrôler, on a le projet de loi, on a besoin d'information, avec les
objectifs du plan stratégique? Il a quand même été adopté, là, le plan du
ministère de l'Enseignement supérieur, en 2023. Donc, déjà, après un an, il
faut fermer le robinet? Ça va trop vite, il y en a trop? On dit spécifiquement,
noir sur blanc, explicitement, qu'il faut internationaliser l'enseignement
supérieur. C'est un objectif, là, pour qu'on puisse participer pleinement dans
la course mondiale aux talents. L'objectif est là, il a été mis de l'avant. Ça
fait que je pense qu'il y a d'autres, aussi, d'autres plans stratégiques de
d'autres ministères qui vont dans le même sens, au niveau de la langue
française aussi. Donc, est-ce qu'après un an, il faut réajuster le plan stratégique?
M. Roberge : Bien, on
travaille à trois ministres ce projet de loi et ce principe-là. Donc, on n'a
pas dit : On ne veut plus d'étudiants étrangers sur le territoire
québécois. Ce n'est pas ça qu'on a dit, là. On n'a pas dit : Ah! c'est fini,
là, on n'en veut plus, là.
Mme Setlakwe : Il y en a
trop.
M. Roberge : Ce n'est
pas ça qu'on dit du tout, du tout. Il y en a trop. Et vous avez dit... Vous
avez parlé de la langue française, mais c'est un enjeu, c'est un enjeu. Mais il
y a beaucoup...
Mme Setlakwe : Mais
pourtant, les augmentations...
M. Roberge : ...beaucoup.
Mme Setlakwe : Je ne
veux pas vous interrompre.
M. Roberge : Non, non,
ça va aller.
Mme Setlakwe : Mais les augmentations...
20 h 30 (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...sont surtout
auprès d'étudiants internationaux francophones, donc recrutés dans des pays
francophones.
M. Roberge : Dans les
dernières années, oui. Mais, quand on regarde, là, les courbes, quand on
regarde les travaux du commissaire à la langue française puis quand on regarde
tous les chiffres de l'Office québécois de la langue française, quand on
regarde les données de Statistique Canada et des recensements, là, on voit que
c'est à partir de 2000, de 2001 à 2021 qu'on a un enjeu très important pour la
langue française. Entre 1901 puis 2001, grosso modo, là, les données, les
chiffres de la langue française se sont maintenus avec des fluctuations. Mais,
1901 à 2001, là, la santé de la langue française maintenue, 2001 à 2021,
important déclin. Alors, si on me dit : Oui, mais dans les quatre
dernières années, ça n'a pas tellement changé, moi, je regarde sur 20 ans,
on a des enjeux de langue française au Québec depuis une vingtaine d'années. Ce
qui fonctionnait entre 1901 et 2001 ne fonctionne plus entre 2001 puis 2021.
Donc, il ne faut pas juste regarder ce qui s'est passé dans les trois, quatre
dernières années, il faut regarder ce qui s'est passé au moins dans les 20 dernières
années.
Mme Setlakwe : Je me permets
de... J'ai encore du temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, oui, oui. C'est parce que 1901. Allez-y.
Mme Setlakwe : Donc, on
entend que la langue, c'est un critère qui va être regardé, qui va être
considéré dans les prises de décision en vertu du projet de loi?
M. Roberge : Bien, on ne peut
pas faire le tour de ce que ce critère-là, ça a été une recommandation du
commissaire à la langue française lorsqu'il est venu en discuter. On verra, si
ça fait l'objet d'un amendement ou pas, mais je pense qu'on doit à tout le
moins l'avoir à l'esprit. On ne peut pas se questionner sur des questions
migratoires... puis quand on parle d'étudiants étrangers, on parle de questions
migratoires, ce sont des gens qui arrivent ici, sur le territoire québécois, on
ne peut pas considérer les questions migratoires sans considérer la langue
française. Ce serait complètement irresponsable dans le cadre du déclin de la
langue au Québec en ce moment. On ne peut pas faire ça.
Mme Setlakwe : Je reviens sur
le... tout à l'heure, je le cherchais, là, mais je pense que ça s'inscrit bien
dans notre discussion, le mémoire de l'Université du Québec. On avait Alexandre
Cloutier qui était ici, là, qui nous a fait un témoignage. Il était accompagné
de deux recteurs de son réseau. Dans leur mémoire, ils parlent d'un rattrapage,
qu'il y avait des... dans le fond, que la croissance de l'effectif international
était tout à fait souhaitée et souhaitable, puis au fil des ans, il y a eu une
croissance importante des demandes... des demandes d'admission, effectivement,
venant de l'international. Puis là, ils nous donnent des chiffres : entre
2013, 2018, croissance de 103 %, c'est beaucoup, en 2023, le nombre de
demandes a atteint un sommet, presque 100 000 demandes ont été
traitées par les établissements, soit une augmentation de 269 % par
rapport à 2018. Et il met de l'avant effectivement que le recrutement va bien,
qu'il y a des agences internationales qui sont mises à contribution et que donc
il y a énormément... donc, les universités du Québec font maintenant bonne
figure à travers le monde. Ils sont... Il y a... Il y a... Il n'y a aucun... Il
n'y a plus d'enjeux de recrutement.
Au contraire, il y a un important volume
de dossiers qui doit être traité et ça peut s'accompagner de fraudes
documentaires à l'admission. Ça ajoute un stress réel sur les équipes du... Il
met vraiment de l'avant, là, les problématiques que vivent le réseau de l'Université
du Québec dans le quotidien. Ils nous disent qu'ils développent une importante
expertise pour optimiser le traitement des demandes, identifier les meilleures
candidatures, rejeter les dossiers frauduleux. Tout ça est mis de l'avant. Mais
je ne veux pas vous lire tout ça. Il y a des technologies qui sont mises de l'avant.
L'intelligence artificielle participe au processus. Il y avait un groupe de
travail qui était... qui a été mis sur pied. Ils sont en collaboration, incluant
avec le ministère de... votre ministère. Certains établissements du réseau l'UQ
sont donc confrontés à une quantité de demandes d'admission volumineuse. Ils
ont demandé des dépôts. En tout cas, il y a toutes sortes de mesures qui sont
mises en place à l'interne. Et ce qu'ils disent, et c'est ce qui... c'est, je
pense, qu'est-ce qu'il faut retenir, ça vaut la peine de le réitérer ce soir :
«Que les établissements de l'UQ sont donc déjà actifs et prêts à collaborer
avec le gouvernement afin de mettre en place des mécanismes pour faire face aux
défis associés à la sélection, à l'accueil et à l'intégration des personnes
étudiantes internationales sur leur campus. Mais compte tenu de l'apport
significatif de ces personnes étudiantes, il serait présentement préférable de
concentrer les énergies sur la résolution des difficultés...
Mme Setlakwe : ...pédagogique
d'accueil et d'intégration dans les établissements universitaires, plutôt que
sur une répartition selon les paramètres du projet de loi n° 74 ou, pire,
sur une réduction du nombre de personnes étudiantes internationales.» Le réseau
UQ ne veut pas que vous diminuiez, que vous imposiez des plafonds, que vous
réduisiez le nombre de... de personnes étudiantes internationales, ils l'ont
dit clairement.
«Par ailleurs, il importe de rappeler que
le nombre total d'inscriptions dans les universités au Québec est
essentiellement demeuré stable entre 2014 et 2024. La croissance de l'effectif
étudiant total n'a, dans les faits, été que d'environ 3 % au cours de la
période de 10 ans, 308 000 à 318 000.» Et là c'est important de... de
noter la... la suite. «En effet, la conjoncture démographique a entraîné une
baisse du nombre de personnes étudiantes québécoises inscrites.» Tu sais, c'est
à ne pas négliger aussi, là, il y a... les étudiants internationaux compensent
pour la baisse démographique, donc la baisse du nombre de personnes étudiantes
québécoises inscrites. «Cela relativise l'idée selon laquelle la présence des
personnes étudiantes internationales met actuellement une pression
supplémentaire sur le marché du logement et les services à la population.»
• (20 h 40) •
En tout cas, le reste du... du mémoire, on
pourra y revenir, parce que, quand on va parler de l'article 5, on va revenir
sur l'autonomie. Mais le sens de leur propos c'est : ne touchez pas au
nombre, ne réduisez pas, aidez-nous à gérer tout ça, mais ça se passe bien, on
les voulait, on les souhaitait, ils sont là, ils viennent de pays francophones,
ça va bien, ils compensent pour la baisse démographique. On connaît la mission
de l'UQ, là, d'offrir une accessibilité aux études supérieures à la grandeur du
Québec, je n'ai pas besoin de... vous le savez.
Donc, j'essaie, encore une fois, de cerner
la problématique. Ce n'est peut-être pas au niveau universitaire. On dirait que
vous... vous ne le dites pas. Tu sais, on essaie de... de comprendre où... où
est la problématique dans le réseau de l'enseignement supérieur, puis c'est...
c'est encore flou. Puis il y a des objectifs... non, mais il y a des objectifs,
dans le plan stratégique... Honnêtement... Je vous vois sourire et rire, mais
on... on n'en a pas, de réponse claire. Puis les institutions sont inquiètes
puis disent : Ne réduisez pas. La question demeure entière, c'est :
Où est le problème?
M. Roberge : Bien, c'est tout
simplement que vous...
Mme Setlakwe : Où est le
problème?
M. Roberge : ...n'acceptez
pas la... la réponse donnée à votre question, maintes fois posée, mais c'est
correct. J'ai répondu plusieurs fois à cette question. Mais je reviens à
l'article qu'on étudie en ce moment. La question, c'est : Est-ce qu'on
veut recueillir davantage d'informations pour prendre de meilleures décisions?
C'est ça, l'article 12, là, c'est là qu'on est, là, là. C'est oui.
Mme Setlakwe : Oui, pour que
la ministre de l'Enseignement supérieur prenne des bonnes décisions dans le
cadre de son rôle dans le projet de loi n° 74, c'est ça, mais qui vise à
encadrer, qui vise à réduire, qui vise à plafonner, et là elle est obligée...
elle est obligée de prévoir... ou on doit prévoir des pouvoirs additionnels
dans sa loi pour qu'elle puisse aller chercher l'information. Je comprends
qu'elle ne l'a pas toute, mais ma question s'inscrit bien dans la discussion.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas lui donner le pouvoir d'aller chercher des
informations, mais on demande quand même, ce soir, sur la base des informations
que... que vous détenez... Vous avez dû en discuter, vous ne pouvez pas juste
vous baser sur des articles de journaux, jamais je ne croirai.
M. Roberge : Bien, si vous
êtes ministre de l'Enseignement supérieur, puis vous avez ce pouvoir-là, puis
vous recevez de l'information, vous voyez qu'il y a un problème, vous n'allez
pas dire : Aïe! j'aurais aimé mieux... bien mieux ne pas le savoir. Vous
allez dire : Aïe! une chance que j'apprends qu'il y a un enjeu à tel
endroit ou avec tel programme. Puis, après ça, vous allez dire : Bien, une
chance que j'ai le pouvoir d'agir. C'est ça qu'on fait en... ce soir, on met la
table pour que de meilleures décisions soient prises, avec de meilleures
informations.
Mme Setlakwe : C'est correct.
La demeure... la question demeure, puis je pense qu'on va... à un moment donné
il faut arrêter de... de débattre. Mais la question demeure. La ministre ne...
n'est pas venue en commission. On a demandé qu'elle vienne, en période de
questions. Elle n'a pas... elle a réitéré son appui, effectivement, à la
démarche du gouvernement, elle dit que c'est excessif à certains endroits, le
rattrapage a été complété en région, et donc, oui, ça nous prend absolument ce
projet de loi là pour venir contrôler l'augmentation excessive. Alors que ça
semble incompatible avec son plan stratégique. Donc... donc, c'est que dans le
futur qu'on va... on va... on va savoir où... où il faut couper parce qu'il y
en a... il y en a trop...
M. Roberge : Elle a aussi
besoin d'informations pour savoir, pour apprendre, dans certains cas,
peut-être, qu'il y a des programmes dans lesquels on voudrait davantage d'étudiants
internationaux. Ça se peut que dans...
M. Roberge : ...on voit des
abus, qu'on voit des problèmes, qu'on voit une aberration, qu'on veuille la
corriger, mais ça se peut aussi qu'on se rende compte qu'il y a des secteurs,
qu'il y a des régions, qu'il y a des programmes pour lesquels on voudrait
davantage d'étudiants internationaux, mais en ce moment, on ne le sait pas.
Mme Setlakwe : ...mais là ça
va être...
M. Roberge : On ne le sait
pas.
Mme Setlakwe : ...à le faire,
ils disent qu'ils ont tout, tout ce dont ils ont besoin pour leur recrutement,
pour aller combler leurs cohortes, pour aller...
M. Roberge : Mais en ce
moment... Vous avez fait le saut, ça va. Mais en ce moment, avec la loi
actuelle, sans l'adoption du projet de loi, oui, les universités et les
établissements ont beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autonomie, j'en conviens,
mais le gouvernement qui voit ce chiffre d'étudiants internationaux augmenter
pourrait dire : Bon, bien, on met le couvercle, on réduit. Dans la loi
actuelle, peut-être que ce n'est pas souhaitable. Peut-être que si on met le
couvercle en ce moment on va empêcher la croissance de certains secteurs, de
certains programmes qui ont besoin d'être en progression. Il faut les informations
il faut l'agilité.
Mme Setlakwe : C'est beau
pour l'instant. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je pense avoir d'autres interventions du député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci. Merci,
Mme la Présidente. Alors, bonsoir. Je voudrais juste continuer sur
l'intervention de ma collègue la députée de Mont-Royal-Outremont, parce que...
puis je vous écoute, M. le ministre, mais admettons que, pour reprendre ce que
vous disiez, vous constatez que, dans une université, il n'y en a peut-être pas
assez d'étudiants étrangers, c'est-à-dire que vous ou la ministre de
l'Enseignement supérieur, vous pourriez augmenter le nombre puis dire à
l'université : Bien, cette année, ce n'est pas tant que vous allez prendre,
c'est tant de plus parce que nous, on estime qu'il y a un besoin dans ce
domaine-là?
M. Roberge : Bien, ce n'est
pas le gouvernement qui fait les admissions, mais il pourrait donner davantage
de CAQ. Mais ce n'est pas le gouvernement qui dit à l'université : Tu vas
admettre 50 étudiants de plus, là, attention.
M. Morin : Oui. Bien, en
fait, c'est un peu ma compréhension puis je vous ai peut-être mal compris tout
à l'heure, mais j'avais l'impression que vous donniez aussi comme exemple que, peut-être,
dans certains programmes, il n'y en a pas assez. Parce que, tu sais, souvent on
dit : Bon, il y en a trop, mais, tout à coup, dans un programme, il n'y en
a pas assez. Est-ce que ça veut dire que vous allez recueillir des données qui
feraient en sorte que, pour soutenir, justement, la prise de décision dans
certains secteurs ou dans certaines universités, vous pourriez dire : On
va émettre plus de certificats?
M. Roberge : Ça se pourrait.
On pourrait constater que, dans une région donnée, pour soutenir un
développement particulier, un développement industriel ou parce que des
universités nous disent : Écoutez, voici un secteur de recherche de pointe
qu'on veut creuser, puis les universités, dans leur écosystème propre, ont
leurs perspectives, ont leurs perspectives de recherche, ont leur chaire,
voient des choses avec leur expertise puis ils peuvent dire, ils peuvent dire à
leur ministre : Écoutez, dans ce secteur, là, qui est porteur ou pour
lequel on développe une expertise en particulier, on voudrait recueillir
davantage d'étudiants, on a des Québécois, mais on a davantage... on a besoin
d'étudiants non québécois. On pourrait dire : Bien, d'accord, voilà, vous
allez pouvoir en recevoir davantage. Puis, en ce moment, le drame, c'est qu'on
a on ne peut pas faire ça. C'est comme s'il n'y avait pas de tour de contrôle
en ce moment. Ça fait qu'il y a des avions qui se posent, des avions qui
décollent puis on souhaite qu'il n'y ait pas trop d'accidents, mais il n'y a
pas de tour de contrôle en ce moment.
M. Morin : Sauf qu'en ce
moment, si ma compréhension est bonne, si une université développe un secteur
de pointe ou une université ou une autonomie, elle peut évaluer que, dans son
secteur de pointe, pour le faire fonctionner, va avoir besoin de tant
d'admissions. Certains pourront provenir de l'étranger, mais pas nécessairement
uniquement de l'étranger puis ils fonctionnent comme ça. Est-ce que ça pose un
problème présentement pour le gouvernement qu'une université fonctionne de
cette façon-là?
M. Roberge : Bien, en ce
moment, on voit les nombres augmenter de manière très importante depuis une
dizaine d'années. Puis, comme je l'ai expliqué tout à l'heure, on voit qu'il y
a des étudiants qui arrivent, qui ne paient pas leurs frais...
M. Roberge : ...des étudiants
qui arrivent qui ne sont pas capables d'accéder à un logement parce qu'ils
arrivent dans une région puis il n'y a pas de tour de contrôle encore. Oui,
oui, c'est correct, l'institution veut accepter des étudiants. Elle, sa job,
c'est ça, accepter des étudiants, puis les former, puis ci, puis ça. Mais y
a-tu des logements pour ce monde-là? Puis, si on en fait venir puis on utilise
103 % des logements, ça va avoir quel impact sur la hausse des loyers? Il
n'y a pas toutes ces préoccupations-là au moment où on se parle. Donc, il y en
a, des enjeux.
Le libre marché, là, c'est bien beau, là,
mais il faut quand même de temps en temps éviter les dérapages, comme les
étudiants qui arrivent qui n'ont jamais l'intention d'étudier, qui deviennent
demandeurs d'asile, les étudiants qui arrivent qui n'ont même pas les moyens de
payer leurs frais, les étudiants qui arrivent, qui paient leurs frais mais qui
ne mangent pas, pas bien, bien mieux, et autres dérapages actuels. Ça, c'est...
Ça, c'est l'état des lieux actuel.
• (20 h 50) •
Puis on est passés de 50 000 à
120 000, puis là combien? 125 000? 130 000? 140 000?
Jusqu'où? Puis après ça, les gens nous disent : Bien, on a besoin
d'investissements, là, il faut agrandir nos universités, il faut agrandir nos
cégeps absolument. On a demande de PQI, hein... On est rendus à
153 milliards dans le PQI. On est arrivés il y a six ans :
100 milliards. Maintenant : 153 milliards. Il faut agrandir les
cégeps, il faut agrandir les universités, très bien, mais, à un moment donné,
notre capacité de loger n'est pas infinie. Notre capacité de payer pour
agrandir des établissements pour des gens qui ne sont peut-être pas tous des
Québécois n'est pas infinie non plus.
Donc, oui à l'arrivée d'étudiants
étrangers, mais à condition qu'on est capables de les accueillir correctement,
parce que, comme ministre de l'Immigration, je l'ai dit tout à l'heure, j'ai
cette préoccupation-là, là, moi, là, d'accueillir les gens comme il faut, de ne
pas briser ce contrat-là. Ils arrivent ici, eux autres, là, ils veulent réussir
leurs projets d'études, ils veulent aussi se loger dignement, manger
correctement, etc. Donc, il faut...
La notion de capacité d'accueil, ce n'est
pas une notion égoïste dans le sens de : Ne viens pas nous voler nos
ressources. On n'est pas comme ça au gouvernement. Il n'y a personne ici,
autour de la table, qui est comme ça. Tout le monde est ouvert, là. On n'a pas
ça, au Parlement, des personnes qui pensent de cette manière-là. Mais la capacité
d'accueil, c'est la capacité de prendre soin du monde aussi, puis on ne peut
pas la dépasser puis penser qu'il n'y a aucune conséquence. Il y en a, des
conséquences. Donc, c'est pour ça que le statu quo n'est pas tenable, puis
on...
Donc, il y a des problèmes, que nous
voulons régler avec doigté. Voilà pourquoi il y a, dans la loi, des articles
qui nous permettent d'aller requérir l'information. Puis là c'est l'article que
nous étudions. Je vous pose la question : Voulez-vous que nous allions
recueillir plus d'informations?
M. Morin : En fait, j'ai
écouté attentivement votre réponse, puis, quand vous dites qu'il y a un enjeu
avec des étudiants étrangers qui arrivent et qui n'ont pas nécessairement les
moyens pour payer, effectivement, je le reconnais, c'est un enjeu, mais
avez-vous besoin de ce projet de loi là pour vérifier ça? Il me semble qu'il y
aurait d'autres moyens. Parce qu'on revient à ce qu'on disait dès le départ, on
n'a pas entendu beaucoup de groupes, lors des consultations particulières, puis
particulièrement de la part des universités, qui disaient : Votre projet
de loi, ça faisait tellement longtemps qu'on le voulait. C'est plutôt
l'inverse.
Alors, moi, j'essaie de comprendre où est
l'enjeu, puis je vous écoute attentivement, puis je peux comprendre que ça, ça
pose un enjeu. Si un étudiant arrive ici puis qu'il n'a pas nécessairement les
moyens de payer ses études, bien, c'est problématique. D'ailleurs, quand les
étudiants d'ici vont étudier à l'étranger, c'est des choses qu'ils vérifient.
Mais avez-vous besoin de ce projet de loi là pour faire ça? Vous n'avez pas
d'autres mécanismes à votre portée pour vérifier ça quand un étudiant étranger
arrive?
M. Roberge : Je pense que les
exemples que je vous donne sont des exemples qui démontrent que le
laisser-aller actuel n'est pas la solution, parce qu'en ce moment, comme notre
seul pouvoir, c'est de limiter le nombre total, on n'est pas capables de le
limiter en protégeant des secteurs puis... des secteurs qui sont porteurs,
bien, le choix des dernières années, ça a été de ne pas limiter, de laisser
monter le chiffre, 50 000, 55 000, 60 000, 70 000,
80 000, 100 000, 110 000, 120 000, 122 000, de ne pas
appliquer ce plafond-là de peur de nuire, mais, à un moment donné, ne pas appliquer
de plafond, ça nuit. On est rendus là. Voilà.
M. Morin : Mais êtes-vous
d'accord avec moi que le fait que vous puissiez appliquer un...
M. Morin : ...plafonds, ou que
vous ayez des plafonds, des plafonds que je qualifierais de modulaires. Ça
contrôle le nombre, ça n'a rien à voir avec le fait, pour reprendre l'exemple
que vous donniez tout à l'heure, d'un étudiant qui a les moyens ou pas de payer
ses études, là, puis qui arrive ici puis qui est coincé, là. Ça, c'est deux,
deux domaines complètement séparés. C'est pour ça que j'ai un peu de difficulté
à comprendre quand vous dites : Oui, on veut contrôler le nombre, je
comprends. Mais ce que vous me donnez comme exemple, ce n'est pas quelque chose
qui est en lien avec le nombre. Vous pouvez diminuer le nombre puis vous
ramasser avec des étudiants qui n'auront pas les moyens de payer, puis ils vont
arriver ici pareil, là. Ça fait que qu'est-ce que vous allez faire pour ces
gens-là?
M. Roberge : Quand il y a une
pression et une fuite en avant sur la croissance, passer de 50 000 à
120 000 en 10 ans, là, c'est quelque chose de très particulier. Il y
a comme une pression au recrutement qui amène des... Tu vas trop vite, tu
dérapes. Grosso modo, là, il faut, à un moment donné, il faut réduire la
vitesse pour contrôler. Là, on était allé trop vite, on a pris le clos un petit
peu, avec des exemples que je vous ai donnés. Je pense qu'il faut reprendre le
contrôle. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 12? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 12?
M. Cliche-Rivard : Oui. On
avait dit qu'on suspendait aussi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Est-ce qu'on suspend ou vous voulez terminer?
Mme Setlakwe : Non, non, je
veux compléter peut-être avec ce qui vient juste d'être dit, s'il me reste
encore du temps.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, allez-y.
Mme Setlakwe : Je pense que
c'est important de revenir sur la réponse du ministre. Quand on va trop vite,
il y a des erreurs qui se produisent puis il y a des situations problématiques
qui émanent de ça. Donc, vous... Dans le fond, je vous donne quasiment
l'opportunité de reprendre, recadrer un peu ce que vous avez dit. Vous
pouvez... Est-ce que vous croyez vraiment que le recrutement au sein de nos
institutions universitaires et collégiales a été précipité, trop rapide? Moi,
ce que j'ai entendu, c'était plutôt que c'était tout à fait rigoureux et même
chirurgical, et qu'on fait bien les choses auprès d'un au sein de nos
institutions, et on a réussi à s'inscrire sur la scène internationale, et on a
maintenant... on est maintenant haut dans les palmarès. Moi, je n'ai pas du
tout compris. Puis peut-être on a deux compréhensions complètement différentes
de la situation. Mais vous avez dit : On est allé trop vite. Donc, les
institutions sont allées trop vite et ont fait les choses avec un manque de
rigueur. Je ne pense pas que c'est le fond de votre pensée, M. le ministre.
M. Roberge : Non, je ne
dirais pas que nos établissements ont manqué de rigueur. Non, non, je ne dis
pas que les gens ont été mal intentionnés, qu'ils ont été malhabiles, je
constate ce que tout le monde constate : 50 000 à 120 000 en
10 ans, c'est une croissance très, très forte. Je dis qu'il faut creuser.
J'ai répété plusieurs fois les exemples que tous connaissent qui démontrent
qu'on peut bien faire de l'aveuglement volontaire, là, il y a des problèmes, il
y a des symptômes, occupons-nous-en.
Mme Setlakwe : En tout cas,
en temps et lieu, on verra à ce qu'on se prononce tous ici, à savoir est-ce
qu'on exclut les universités et le réseau des... public des cégeps, parce que,
moi, je n'ai aucunement entendu qu'il y avait un problème à ce niveau-là. Puis,
au contraire, là, ce qu'on est en train de dire, c'est qu'en voulant donner des
pouvoirs pour corriger les situations... Mais mon collègue habilement mentionné
que, même si on vient exercer les pouvoirs qui sont mentionnés ici, les
problématiques du genre : étudiants arrivent ici et n'ont pas suffisamment
de ressources financières pour subvenir à leurs besoins, payer leurs études,
etc., ne seront même pas réglées. Mais en voulant donc corriger ces situations,
on risque de brimer l'ensemble de l'écosystème qui réussit très bien dans le
recrutement international. Donc, peut-être que, Mme la Présidente, ce n'est pas
ici qu'on va continuer le débat de fond, à savoir est-ce que la ministre de l'Enseignement
supérieur devrait avoir des pouvoirs d'aller chercher de l'information pour lui
permettre de prendre ses décisions en vertu du projet de loi. C'est... Selon
moi, c'est accessoire à tout le reste qui reste à débattre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 12? Oui?
M. Morin : ...Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il reste à peu près 1 min 5 s.
M. Morin : Oui, bien, c'est ça,
à peu près, là. Parce que M. le ministre parlait de bien accueillir les gens,
il a fait référence à la crise du logement. Il y a des régions au Québec où,
effectivement, il y a un taux d'inoccupation qui est très élevé, par exemple
Rimouski, puis ils ont une université...
M. Morin : ...ils ont une
université. Mais le problème du logement à Rimouski, ça remonte à bien, bien,
bien des années, là. Ça a toujours été un problème. Mais est-ce que ça voudrait
dire que si, M. le ministre, vous obtenez des statistiques à l'effet qu'il n'y
a pas de capacité de logement, vous allez dire à l'université, vous
n'accepterez pas d'étudiants étrangers? Est-ce que ça peut se rendre jusque-là?
Parce que vous avez fait référence à la crise du logement, est-ce que vous
allez dire une université : Non, là, vous n'en prenez pas de l'étranger?
Soit dit en passant, à Rimouski, le problème de logement, ce n'est pas juste
les gens de l'étranger parce qu'ils ont des étudiants de Matane, de
Sainte-Anne-des-Monts, de Gaspé, de Percé, de Sainte-Angèle et j'en passe.
Mont-Joli, bien, ça, ils peuvent le faire en auto aller-retour. Alors, est-ce
que vous allez dire : Vous ne prenez plus d'étudiants parce qu'ils ne
pourront pas se loger?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Écoutez, sur cette question, et compte tenu de l'heure, je
suspends les travaux sine die. Non pas je suspends, j'ajourne, mais ça va être
un long, long ajournement. Alors, j'ajourne les travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 21 heures
)