Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 21 novembre 2024
-
Vol. 47 N° 57
Étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l’encadrement relatif aux étudiants étrangers
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-deux minutes)
La Présidente (Mme Poulet) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant
principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel); Mme Gendron (Châteauguay), par Mme Picard
(Soulanges); Mme Lecours (Les Plaines), par Mme Poulet (Laporte);
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), par M. Morin (Acadie); Mme Prass
(D'Arcy-McGee), par Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont); et M. Bérubé
(Matane-Matapédia), par M. Paradis (Jean-Talon).
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Alors, lors de notre ajournement des travaux hier, nous en étions à l'étude d'une
motion préliminaire présentée par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Je
pense que la députée... de Mont-Royal—Outremontdésire intervenir.
Mme Setlakwe : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, j'aimerais intervenir aujourd'hui en soutien à la motion
de... de mon collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne et je vais prendre la parole
au nom du chef de l'opposition officielle. Donc, je pense que je dispose d'un...
d'une période maximale de 30 minutes?
La Présidente (Mme Poulet) : 30
minutes, oui. Allez-y, on vous écoute.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, bonjour, heureuse de vous retrouver ce matin. Donc,
nous étions à... à discuter de la motion préliminaire déposée par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
qui demande... qui est affichée, d'ailleurs, à l'écran, qui demandait, donc,
que des informations soient... soient fournies afin qu'on puisse tous
travailler avec les données, des bonnes... les bonnes données, et qu'on puisse
avoir un portrait de la situation qui soit adéquat et complet avant d'entreprendre
notre mandat, là, donc, de... de procéder à l'étude détaillée de cet important
projet de loi.
Il y a quatre... les informations
demandées, dans le fond, se déclinent sous quatre... quatre chapitres, si on
veut. Je dirais que... Mais il y a les lettres d'admission, pour lesquelles on
n'a pas... toujours pas d'informations. Je vais y revenir. Pour ce qui est
de... du nombre de Certificats d'acceptation du Québec, là, les CAQ études,
donc, les points 2 et 3, les CAQ études qui sont en vigueur au niveau... par...
par établissement, par niveau d'enseignement, par programme, bon, ce n'est pas
tout à fait complet, là, on a... on a... on a reçu... Puis d'ailleurs le
ministre le mentionnait hier, avant qu'on termine, qu'il avait entre ses mains
des... des données, qui ont été rendues, je pense, publiques. En tout cas,
nous, on les a. Elles ont été déposées pour le bénéfice de la commission... Ah!
c'est pour le bénéfice des... des parlementaires, très bien. On a donc
certaines données sous... sous les mains, mais il faudrait qu'on... qu'on ait
des données plus complètes pour pouvoir, donc, tous partir du... du même point,
de la même prémisse de base...
Comment peut-on légiférer adéquatement
puis s'assurer qu'on dote le gouvernement ou les ministres concernés des bons
pouvoirs, des bons outils, de façon juste, et mesurée, et bien ciblée, afin que...
qu'ils puissent intervenir de façon chirurgicale, là où il y a besoin d'intervenir,
pour, justement, encore une fois, corriger des situations problématiques, où il
y a du recrutement excessif qui se fait? Et c'est rapporté dans les médias,
mais il y a... il y aurait eu, dans le passé, des cas de... de recrutement
excessif auprès de certains établissements, pour certains programmes, et tout
ça. Donc, c'est pour protéger autant... tous les étudiants, les étudiants
internationaux. Il faut s'assurer que ce soient... que ce soient de véritables
programmes qui soient offerts. Il faut... il faut donc avoir une bonne maîtrise
de la... de la situation, une bonne maîtrise du portrait global. Donc, la... la
motion de mon collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne est encore tout à fait
pertinente, et nous, on va l'appuyer.
Donc, les lettres d'admission, on ne les a
pas. Évidemment, on comprend que, dans le processus qui mène à... à l'accueil d'un
étudiant international, ça débute par des échanges avec les établissements d'enseignement,
et ce sont les établissements d'enseignement qui étudient les dossiers de
chaque candidat, et puis il y a un certain...
Mme Setlakwe : ...nombre de
lettres d'admission qui sont émises. C'est d'ailleurs... ça devient une
condition, par la suite, pour l'octroi d'un... d'un CAQ études. On n'a toujours
pas, donc... on n'a aucune idée de... de combien de lettres d'admission sont
émises, annuellement, pour les étudiants internationaux, et ce, par
établissement d'enseignement, par niveau d'enseignement, par programme et par
année. C'est tout à fait pertinent de le demander, là, pour les six dernières
années, pour qu'on puisse voir l'évolution. C'est le... c'est le point de
départ, donc, du processus, l'émission de ces lettres d'admission, et il serait
extrêmement pertinent de savoir... pour pouvoir dresser, donc, brosser un
portrait de la situation et tirer des... des constats au niveau de l'évolution.
Ces lettres émanent d'où, principalement, et pour quels programmes? On comprend
qu'évidemment toutes ces lettres ne donnent pas lieu, finalement, à une
inscription, mais c'est le point de départ, et ça demeure pertinent, et nous
n'avons toujours pas ces informations. Donc, nous, on pense que c'est une
bonne... une bonne idée de les... de les obtenir.
Et on pense aussi, pour ce qui est des
points 2 et 3, le nombre de... de Certificats d'acceptation du Québec émis pour
chaque établissement, par niveau, par programme, pour les six dernières années,
ça demeure extrêmement pertinent de les obtenir. Et ce qu'on a sous les mains
pour... pour des fins de travail, ça ne... c'est utile, mais ce n'est pas... ce
n'est pas suffisamment précis pour qu'on puisse tirer des constats. Et, encore
une fois, le nombre de... de CAQ émis, Certificats d'acceptation du Québec, ça
ne veut pas dire que... que toutes ces personnes-là sont assises dans des
classes au Québec. Donc, on maintient que c'est toujours pertinent.
Et le dernier point, c'est sur celui-là
que je vais insister, c'est le nombre d'inscriptions pour les étudiants
internationaux par établissement d'enseignement, par niveau, par programme. Et
ça, ici, on n'a toujours pas des informations officielles de la part du
gouvernement, et ce serait extrêmement pertinent qu'on les ait. Et d'ailleurs,
là, je me réfère ici, encore une fois, à la lettre qui a été soumise par le
BCI, le Bureau de coopération interuniversitaire. Elle est datée du 12 novembre
dernier, 2024, une lettre adressée à la ministre de l'Enseignement supérieur
ainsi que le ministre de l'Immigration, d'autres ministres du gouvernement sont
en copie, et c'est une lettre, on le rappelle, qui vient s'ajouter aux
différents mémoires qui ont été soumis par les universités. Donc, toutes les
universités parlent d'une seule voix, et, dans cette lettre, le BCI parle des
chiffres et de l'importance de travailler avec les bons chiffres. Ils disent
qu'«il est important de souligner que la population étudiante universitaire
provenant de l'international n'a pas fait l'objet d'une augmentation
extraordinaire de l'ordre de celle qui a été évoquée lors de l'annonce du
projet de loi». Ils parlent donc des données, des données officielles du
fédéral, donc, de personnes titulaires d'un permis d'études. D'ailleurs, ces
informations-là nous ont été partagées.
• (11 h 30) •
Et donc c'est extrêmement important qu'on
puisse travailler avec les bons chiffres. Ce n'est pas juste nous, là, les
oppositions, qui le disons, ce sont aussi les universités. Et ce sur quoi il
faut vraiment insister, c'est l'importance d'obtenir le portrait du nombre de
personnes inscrites. Et je cite encore le BCI : «Il nous importe de
rappeler qu'il est hasardeux de soutenir que le nombre de permis d'études
valide correspond à un nombre de personnes présentes sur le territoire
québécois. Chaque année, au 24 septembre, le BCI procède auprès des
registraires des universités québécoises à une collecte de données qui permet
d'obtenir le portrait du nombre de personnes inscrites aux différents cycles
d'études. Ces données sur les inscriptions, elles sont partagées avec le
ministère de l'Enseignement supérieur, indiquent que c'est plutôt entre 58 049,
ça, c'est à l'automne 2023, et 57 440 à l'automne 2024. C'est plutôt ce
chiffre-là, là, d'étudiants internationaux universitaires que l'on peut compter
sur le territoire, actuellement. Et le BCI insiste, je les cite toujours,
sur : «...l'importance de prendre en compte les données officielles sur
les inscriptions dans le débat actuel, dans un contexte où on justifie la
volonté de limiter la présence des étudiants internationaux au Québec en
soutenant que le nombre actuel exerce une pression sur les services sociaux et
de santé, de même que sur le logement».
Ces informations-là, elles ne nous ont pas
été officiellement partagées encore par le gouvernement, d'où la pertinence de
la motion de mon collègue. Et elles sont pertinentes, donc, pas juste au niveau
universitaire, mais évidemment au niveau collégial aussi. Moi, j'essaie
toujours, là, j'ai... je suis organisée avec un cartable, j'ai un onglet
chiffres, puis j'essaie de réconcilier les chiffres, depuis le début de
l'exercice, puis je n'y arrive pas. J'ai un chiffre pour les...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...en termes d'inscription,
mais ça nous prend les autres données pour qu'on en arrive à un total et pour
qu'on puisse, donc, s'assurer qu'on cible les bonnes... qu'on a des actions
ciblées et, encore une fois, qu'on puisse mettre de l'avant la problématique
réelle s'il y en a une.
Je continue, donc, avec l'énoncé de... sur
les chiffres, là du BCI, parce que je viens de mentionner qu'une des
justifications pour le projet de loi, c'est de venir dire que cette clientèle
internationale ajoute une pression sur les services publics au Québec. Oui, ce
sont des personnes additionnelles qui s'ajoutent à la population québécoise. Ce
qu'on a entendu, moi, je vais le dire dans mes mots puis, après ça, je vais me
fier à la lettre officielle du BCI. Moi, j'ai entendu à maintes reprises, dans
mes rencontres avec les recteurs puis les directeurs d'institutions... bien,
évidemment, je ne veux pas être redondante puis répéter tout ce que j'ai dit,
mais qu'avant tout ces personnes-là apportent énormément au Québec. Oui, ce
sont des personnes qui s'ajoutent sur le territoire, c'est sûr, mais ce qu'on a
entendu, c'est que les... c'est que ce sont des jeunes personnes, souvent,
elles habitent en cohabitation avec d'autres, ils partagent des logements, c'est
des colocataires. Ce sont de jeunes personnes qui n'exercent pas une pression,
ni sur les services de garde... la plupart du temps, ils n'ont pas d'enfants,
ils ne sont... ils sont jeunes, ils sont en bonne santé, ils ne mettent pas de
pression forcément sur nos hôpitaux, nos cliniques. Et d'ailleurs ce qu'on
entend aussi, c'est que les institutions fournissent elles-mêmes, prennent en
charge, donc, les services, certains des services qui sont offerts à ces
étudiants internationaux par le biais de cliniques, etc. Ces étudiants,
souvent, ont des assurances privées. Donc, il faut aussi qu'on soit clair sur
la charge, et donc le fardeau, je fais attention à mes mots, je les pèse, parce
qu'encore une fois c'est beaucoup plus une richesse pour le Québec qu'un fardeau,
mais, si fardeau il y a, il faut qu'on soit clair puis qu'on travaille tous
avec les mêmes données.
Donc je poursuis, le BCI nous dit :
«Les mémoires déposés et les échanges en commission parlementaire ont permis de
rappeler que cette pression est peu ou pas présente dans le milieu
universitaire car les moyens ont été pris par les établissements pour répondre
à la demande. D'autre part, la moyenne d'âge des étudiants fait en sorte que
ces derniers n'imposent pas vraiment une pression sur les services :
74 % des étudiants internationaux inscrits à l'automne 2023 avaient 25 ans
et moins, 88 % avaient 30 ans et moins.» Donc, ce sont des jeunes
personnes. Je continue de les citer : «Comme c'est le cas pour la
population locale du même âge, les étudiants internationaux ne constituent pas
un fardeau pour le système de santé ni pour les services sociaux. À ce sujet,
nos établissements disposent, pour plusieurs d'entre eux, de cliniques et de
services sur leurs campus.» Donc, je me permets de questionner cette
affirmation à l'effet qu'ils imposent un fardeau indu sur les services au
Québec. Moi... il semblerait, moi, à la lumière de ce que j'entends, ce qu'on a
entendu, ce que je lis, qu'il n'y a pas d'impact négatif sur la capacité d'accueil
et donc sur la population québécoise.
Je poursuis sur le chapitre des chiffres,
parce que c'est de ça dont on parle : «En ce qui concerne la croissance de
140 % qui serait survenue dans le nombre total de permis d'études valides
entre 2014 et 2024, le nombre d'étudiants internationaux inscrits dans les
universités québécoises est, pour sa part, passé d'autour de 37 000, à l'automne
2014, à, encore une fois, 57 440 à l'automne 2024. La croissance effective des
inscriptions, le seul vecteur à retenir, en ce qui concerne le BCI, dans cet
exercice d'analyse, a donc été de 55,71 % en 10 ans. La part relative du
réseau universitaire dans la croissance de 140 % du nombre de permis d'études
octroyés est donc assez limitée. Par ailleurs, il est à noter que, pour cette
période de 10 ans, une baisse démographique--aussi, c'est une donnée
extrêmement importante--une baisse démographique des étudiants québécois a été
constatée. Par conséquent, la croissance du nombre total des inscriptions a été
de 3,3 % dans nos établissements, les effectifs étudiants totaux, donc
locaux et internationaux, étant passés de 308 000 à 319 000,
approximativement.» Donc, autrement dit, Mme la Présidente, encore d'autres
éléments qui viennent justifier le fait qu'on doit absolument travailler avec
les bonnes données, les bons chiffres.
Et ce que je retiens de cette...
Mme Setlakwe : ...de la lettre
du BCI, c'est que les étudiants internationaux compensent pour la baisse
démographique, pour le fait qu'il y ait moins d'étudiants québécois. Et je pense
que, pour le BCI, honnêtement, on a été... on a été assez... Bon, je ne veux
pas être redondante, mais on l'a dit et on le redit, c'est important de se fier
à eux. Et moi, je... leur lettre, là, je la prends comme un état de situation,
comme un cri du cœur, là, du milieu universitaire. Ils ont senti le besoin...
en plus de tous les mémoires et toutes les présentations, ils ont senti le
besoin de signer une lettre et même d'ajouter des éléments additionnels qui
n'avaient pas été mis de l'avant en commission.
Je vais me permettre quand même de citer
un dernier extrait, là, quand... «pour ce qui est de la question des demandes
de permis d'études qui seraient prétexte à des demandes d'asile ou formulées
par des personnes n'ayant pas la capacité financière requise, selon le BCI,
donc je les cite, il nous apparaît utile de rappeler que les systèmes actuels
des gouvernements du Québec et du Canada permettent de faire les vérifications
administratives nécessaires avant d'accepter de délivrer un CAQ pour études ou
un permis d'études. Par ailleurs, grâce aux données du système de données sur
l'effectif universitaire, le GDEU, le gouvernement du Québec détient
l'information sur le nombre d'étudiants universitaires inscrits dans les
établissements universitaires québécois qui ont un statut de réfugié. Nous nous
permettons aussi de rappeler que, dans le processus qui mène à la demande
d'admission à l'inscription d'un étudiant international, les universités ont
une responsabilité d'évaluer une demande d'admission sur la base de données de
nature académique». Moi, ce que je... ce que je comprends de tout ça... Et,
encore une fois, je demande au gouvernement de nous démontrer qu'ils n'ont pas
en ce moment les pouvoirs et les outils, mais si je me fie à ce que le BCI nous
dit, il y a des données qui existent. On nous mentionne même le système de
données, il semble... ils disent, ils avancent que le gouvernement détient
l'information. Donc, je pense que la motion est tout à fait pertinente. Si le
gouvernement... en tout cas, je mets ces informations-là ensemble, mais je me
dis : Oui, ça nous les prend absolument pour pouvoir être pertinent dans
notre... dans notre travail.
Et donc permettez-moi de revenir sur les
données qui ont été fournies, sur les tableaux qui ont été fournis par les
universités. La source, encore une fois, c'est le... c'est le BCI. Quand on
regarde, puis c'est important de le faire, quand on regarde le total
d'étudiants universitaires inscrits, des étudiants internationaux inscrits dans
nos universités, il y a des constats importants, là, qu'il faut... il faut...
dont il faut prendre en compte, qu'il faut prendre en compte, l'augmentation,
elle est surtout dans le réseau de l'Université du Québec. Le gouvernement nous
a dit, en déposant le projet de loi, qu'un des critères, c'était... que c'était
la... c'était la protection du français, mais quand on parle d'une
augmentation, mais il faut regarder par établissements puis il va falloir aussi
regarder par programmes. Je vais y revenir. Mais, quand on regarde par
établissements, on l'a ici, on remarque une baisse au niveau de Bishop's et
Concordia, très légère à McGill, mais des hausses, surtout à Sherbrooke et à
l'Université du Québec. Après ça, on décline, là, l'Université du Québec à
Rimouski, Abitibi-Témiscamingue, Outaouais, Trois-Rivières, etc. Donc, encore
une fois, il faut comprendre la problématique pour pouvoir être certain
d'apporter les... d'apporter les bonnes mesures.
• (11 h 40) •
Il faut absolument que le gouvernement et
les universités, là, aient les mêmes chiffres. Donc, on s'attend toujours,
donc, à avoir l'ensemble des chiffres nécessaires pour qu'on puisse s'assurer
qu'on mette... qu'on donne les bons pouvoirs au gouvernement. La baisse, elle
est... elle est assez... elle est assez remarquable, là, à Bishop's et
Concordia. C'est malheureux parce que ce sont des universités qui sont... qui
sont aux prises aujourd'hui avec des difficultés financières. Moi, je... Ils
m'en ont parlé quand je suis allée les rencontrer. Ils sont venus en parler
aussi en commission. Ce n'est pas... ce n'est pas à banaliser. Donc, la hausse
des droits de scolarité a entraîné une baisse des inscriptions. Et, quand on
parle de baisse d'inscriptions, bien, on parle de moins de revenus et on parle
ultimement de moins de revenus à distribuer dans l'ensemble du réseau. Parce
que la politique de financement dépend de ces fonds qui proviennent des
étudiants internationaux...
Mme Setlakwe : ...également,
il y a des documents qui... Dans nos documents de travail, un des tableaux
qu'on a sous la main, c'est le nombre de... et on remercie, là, le ministre de
nous fournir ces documents de travail, on a le nombre de titulaires de permis
d'études. Donc, ça, c'est... l'étape ultime, c'est les permis d'études qui sont
délivrés par le fédéral selon la connaissance du français ou de l'anglais et
selon les 15 principaux pays de naissance. Il est très... très pertinent de
constater que la population, donc, internationale qui parle le français
comme... dont la première langue est le français ou les étudiants
internationaux qui sont bilingues, donc qui connaissent le français, représente
une part significative de nos étudiants internationaux. Encore une fois, ce
sont principalement les étudiants qui proviennent des pays francophones qui...
qui comptent pour la part majeure de l'augmentation de notre population
internationale. Et je vois ici des chiffres intéressants, là. Ce serait, en
2023, 72 % qui connaissent le français, alors, d'où l'importance, encore
une fois... étant donné que c'est un critère qui va être utilisé par le
gouvernement pour venir imposer des plafonds dans le réseau, il faut qu'on
travaille avec les bonnes données, mais moi, à la lumière de ce que je vois, je
constate que c'est surtout une clientèle internationale qui connaît le français
qui est sur notre territoire.
Donc là, si le français... si la
connaissance du français est à la hausse, s'il ne semble pas y avoir de
pression sur les logements et les services sociaux, si les universités nous
donnent des chiffres précis, ils nous disent que ça répond et que ces
étudiants-là sont tout à fait souhaités, surtout... pas «surtout», mais sont
souhaités dans les salles de classe, mais sont absolument essentiels au niveau
des deuxième et troisième cycles, bien, encore une fois, je demeure... je
demeure dans le flou quant à... quant à la problématique qu'on tente... qu'on
tente de résoudre.
Donc, encore une fois, moi, je tente de
remplir... de remplir mon tableau des chiffres, et il nous manque... il nous
manque des informations, Mme la Présidente. 57 000 dans les universités.
Moi, j'avais noté autour de 9 000 dans les cégeps. On se rappelle, là, que
la Fédération des cégeps a déposé un mémoire, ils sont venus en commission, ils
ont dit qu'ils font un recrutement raisonnable, chirurgical, que la présence
des étudiants internationaux est essentielle pour offrir une vaste gamme de
programmes partout dans le réseau et que les chiffres ne sont pas si élevés que
ça, ils sont tout à fait sous contrôle. Alors, il va falloir qu'on nous donne
les chiffres clairs, qu'on ait des chiffres clairs au niveau des établissements
qui posent... qui posent problème, il y en a combien dans les privés
subventionnés, il y en a combien dans les privés. Et, au niveau des programmes,
on n'a vraiment pas des chiffres... on n'a pas pu du tout, nous, décortiquer
les chiffres quant aux différents programmes. Et ça, c'est extrêmement
important parce que la notion de programme, elle est incluse dans la demande,
dans la motion préliminaire fort pertinente de mon collègue de
Saint-Henri-Sainte-Anne, et c'est un critère qui est explicite dans le projet
de loi n° 74, dont on va débuter l'étude détaillée.
À l'article 3, les besoins de
main-d'oeuvre seront un critère que le ministre va considérer, c'est un critère
qui sera mis dans la balance dans l'exercice des pouvoirs. Donc, comment
pourrons-nous... C'est ce qu'il souhaite, le ministre. Son objectif ultime, sa
piste d'atterrissage, il nous l'a dit, il aimerait qu'on soit tous unanimement
en faveur de son projet de loi. Donc, il faut qu'on... il faut, encore une
fois, qu'on comprenne la problématique, s'il y a effectivement lieu de bonifier
les pouvoirs, les outils dont le gouvernement a à sa disposition aujourd'hui.
On a commencé à avoir des discussions avec le ministre, il va falloir qu'il y
en ait d'autres pour qu'on puisse... qu'on puisse être satisfaits, là, qu'il y
a lieu de modifier l'état du droit actuel. Mais, surtout, il faut s'assurer de
travailler avec les bonnes données. Et on ne peut pas donner... signer un
chèque en blanc, là, si on veut, et adhérer à un libellé qui utilise des...
Mme Setlakwe : ...tels les
programmes, sans savoir, bien, où est... quelles sont les données au niveau des
programmes. Si on veut prioriser la présence d'étudiants internationaux dans
des domaines où il y a une pénurie de main-d'œuvre, bien, il faut travailler
avec les bons chiffres, alors. Alors, les chiffres sont élevés dans quels
programmes et dans quelles régions du Québec, dans quelles institutions? Parce qu'après
ça, une fois que le projet de loi est adopté, il y a des pouvoirs
extraordinaires qui sont donnés au gouvernement de venir réduire ces
chiffres-là. On se rappelle l'importance, donc, de pouvoir offrir des
programmes complets, pas aux étudiants internationaux, notre préoccupation,
elle est avant tout aux étudiants québécois, mais il n'y aura pas de
programmes... une vaste gamme de programmes offerts aux étudiants québécois, à
la grandeur de notre territoire, si on ne peut pas former des cohortes complètes.
Donc, on attend toujours ces informations
quant aux programmes, il va falloir qu'on puisse nous dire, au gouvernement,
quels sont les chiffres, quelles sont les données par programme, sinon, comment
peut-on savoir si les étudiants internationaux sont dans des programmes où il y
a une pénurie de main-d'oeuvre? Est-ce qu'ils se retrouvent inscrits dans des
disciplines en pénurie de main-d'œuvre à la hauteur de 90 %, par exemple?
Il faut qu'on nous donne ces chiffres-là. Parce que, si c'est le cas, il
faut... il va falloir qu'on ait des discussions sérieuses. On ne pourra pas
venir couper des dans des programmes, ultimement, c'est la population
québécoise qui va être... qui va être perdante, avec le vieillissement de la
population, avec l'exode des jeunes, avec nos services publics, avec la pénurie
de main-d'oeuvre dans nos services publics. On a mentionné que ces domaines-là,
au niveau des soins de santé, par exemple, partout en région, si on se met à
couper dans des programmes où il y a une présence majoritaire d'étudiants
internationaux, on va avoir un sérieux problème entre les mains.
Les programmes sont importants également
pour avoir... Tu sais, je le mentionnais hier, les universités nous disent
qu'il faut même faire attention à n'utiliser que le critère des besoins de
main-d'oeuvre parce que, si on ne s'en tient qu'à ça, on va faire abstraction
des programmes qui sont mis de l'avant aujourd'hui dans des domaines émergents,
donc, d'où l'importance, encore une fois, d'avoir... de pouvoir brosser un
portrait adéquat, là, de la situation.
• (11 h 50) •
Mme la Présidente, je pense que j'arrive à
la fin de mon intervention. Et, encore une fois, mon collègue de l'Acadie et
moi, nous sommes... nous soutenons tout à fait la démarche de notre collègue.
Et ce qu'on a entre les mains jusqu'à maintenant n'est pas adéquat, ne nous
permet pas, là, d'être bien outillés pour débuter l'étude détaillée de ce
projet de loi extrêmement important. S'il y a des... s'il y a des des
établissements, des ordres d'enseignement où il y a une tendance à la hausse,
ça semble être le cas, puis on ne niera pas les... on ne niera pas les faits,
là, on a des... certains documents de travail qui nous ont été... qui nous ont
été donnés, il y a des tendances qui qui se dessinent, on le voit, il y a des
trajectoires. On voit tout de même que, dans certains collèges où il y avait
une hausse très importante, les chiffres étaient plutôt à la baisse après
l'arrêté ministériel du gouvernement qui a été mis de l'avant à la fin de
l'année 2020.
Alors, encore une fois, il va falloir que
le gouvernement nous démontre que l'état du droit actuel, et à la lumière de
chiffres et de données précises, complètes, il y a une problématique et que les
outils actuels ne permettent pas au gouvernement de répondre à la
problématique. Je vous remercie, Mme la Présidente, c'est complet pour moi.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
ministre, il semblerait que vous avez déjà écoulé votre temps de parole.
Désolée.
M. Roberge : Ah oui? O.K.
La Présidente (Mme Poulet) : Désolée.
M. Cliche-Rivard : Consentement,
s'il veut parler, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Est-ce
qu'il y a un consentement pour que M. le ministre prenne la parole?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Poulet) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je remercie les
collègues. Donc, je remercie la collègue pour sa présentation, ses références
aux données du BCI. On a le plus grand respect pour...
M. Roberge : ...les
partenaires du réseau. On a d'ailleurs plusieurs chiffres aussi qui nous
viennent du réseau, on les a partagés hier pour les gens qui nous écoutent,
puis c'est public, différentes données qui aident, je pense, à faire la part
des choses entre les CAQ, certificats d'acceptation délivrés par le
gouvernement, par année ou en stock, donc le total. Même chose, on a ventilé
plusieurs informations en fonction des pays de provenance des gens, en fonction
de la langue, la langue parlée, on l'a fait aussi en fonction des... les permis
d'études délivrés par le gouvernement fédéral. Donc, je pense que ça éclaire le
débat. Il y a des informations demandées par le collègue dans sa motion qu'on
ne peut pas fournir en ce moment. Et justement il y a des articles de loi que
nous devrions adopter pour obtenir ces informations. Donc, côté partage
d'informations, je suis d'accord avec les collègues. Nous avons, je pense, fait
un exercice de transparence. Maintenant, je ne peux pas voter en faveur de la
motion, parce qu'il faut adopter la loi pour avoir les informations. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) :
Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant la motion du
député de Saint-Henri Sainte-Anne? Je pense que vous aviez également écoulé
votre temps de parole.
M. Cliche-Rivard : ...le
consentement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) :
Pardon?
M. Cliche-Rivard : Je
vais solliciter le consentement, là, pour juste commenter sur ce que le
ministre vient de dire.
La Présidente (Mme Poulet) :
Ça prend un consentement. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix : Il y a
consentement.
La Présidente (Mme Poulet) :
Consentement. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Je veux quand même... justement, là, on le disait hier qu'on
entamait ça en collaboration, donc je remercie le ministre et leurs équipes
pour le partage des chiffres. Et je maintiens ma motion parce que je pense
qu'on a besoin d'avoir ces données-là. Mais quand même, je voulais vous
remercier de la main tendue, de l'offre de documents puis d'information qui
vont nous permettre quand même d'avancer dans nos travaux de manière
intéressante. Puis la collègue de Mont-Royal Outremont vient quand même ajouter
une partie de la réponse de la quatrième... du quatrième point, là, avec le
nombre d'inscriptions, du moins par le BCI pour les universités, ce qui nous
permet quand même de relativiser aussi certains chiffres entre le nombre de
permis d'études émis, par exemple, à l'université, de 68 000 puis le
nombre d'inscriptions à 57 000. Donc, il y a quand même des éléments qu'on
pourrait étudier là-dessus, à savoir quels sont les... puis je sens qu'on va y
venir. Donc, pour moi, on a une partie, il n'y a pas tout, mais quand même je
voulais remercier l'équipe ministérielle pour leur partage d'informations
importantes qui vont permettre d'éclairer nos débats, du moins pas à
100 %, mais à un bon pourcentage. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non? Alors, on va
procéder à la mise aux voix. Est-ce que...
M. Cliche-Rivard : Un
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Poulet) :
Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (d'Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
La Présidente (Mme Poulet) :
Abstention. Alors, la motion est rejetée. Je voudrais savoir s'il y a
d'autres interventions avant qu'on procède à l'étude détaillée. Oui, M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors,
bonjour, Mme la Présidente. Oui, il y a une autre motion préliminaire que
j'aimerais présenter.
La Présidente (Mme Poulet) :
Allez-y, on vous écoute.
M. Morin : Alors, je...
La Présidente (Mme Poulet) :
Juste un petit moment.
M. Morin : Oui.
La Présidente (Mme Poulet) :
Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
(Reprise à 11 h 59)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on reprend nos travaux. M. le député de l'Acadie, vous avez une motion à
déposer.
M. Morin : C'est exact.
Merci, Mme la Présidente. Alors, il s'agit d'une motion préliminaire, et je
peux en faire la lecture. Elle est affichée au tableau. Merci. Donc :
«Conformément à l'article 244 du règlement
de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des relations avec les
citoyens, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant
principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers,
demande au ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
de transmettre avant la prochaine séance des documents se permettant... et
permettant d'apporter un éclairage supplémentaire à la commission dans
l'exécution de son mandat;
«Qu'à cette fin, le ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration dépose toutes les
analyses, notes ministérielles ou documents explicatifs portant sur les impacts
financiers du projet de loi envers les établissements d'enseignement supérieur,
notamment en ce qui a trait à la recherche et l'innovation, ainsi que toutes
les données disponibles relativement aux étudiants internationaux.».
Et je présente... Oui, merci.
La Présidente (Mme Poulet) : ...
• (12 heures) •
M. Morin : Oui, c'est ça, et
je présente cette motion-là à titre, bon, de parlementaire porte-parole de
l'opposition officielle, mais non pas en vertu de la possibilité de parler au
nom du chef de l'opposition officielle. Je le mentionne parce que ma collègue
voudra probablement intervenir, et hier nous avons eu un débat sur le sujet.
Alors, je veux simplement renverser la présomption et indiquer clairement en
vertu de quoi je fais mon intervention présentement. Alors, je vous remercie.
Donc, pourquoi je présente cette motion,
qui est complémentaire à celle qu'a déposée le collègue député de
Saint-Henri-Sainte-Anne? C'est parce qu'au fil du temps et au fil des
consultations particulières, les objectifs poursuivis et les motivations qui
sous-tendent le dépôt du projet de loi, à mon avis, ont changé en cours de
route...
12 h (version non révisée)
M. Morin : ...et mérite d'être
clarifié, puis je vous dis... je vous dis pourquoi. Premièrement, quand on
est... quand on a entendu les groupes, et puis on en a fait... on en a fait
état, ma collègue et moi, la députée de Mont-Royal-Outremont, dans une motion
qui a été présentée hier, la très grande majorité des groupes, qui était
composée notamment des chefs principaux, des recteurs des universités, nous ont
aussi dit : S'il vous plaît, M. le ministre, n'allez pas là, ce n'est pas
une bonne idée et ça va avoir un impact sur le Québec. Il y a eu plein... il y
a eu plein d'articles dans les journaux à cet effet-là.
Et là, à un moment donné, pendant les
discussions, je crois... je crois que M. le ministre, à un moment donné, a fait
allusion au fait que c'était, entre autres, pour régler un problème d'ordre
juridique. Et puis, hier, on a eu un briefing technique, et là... d'ailleurs,
je remercie, je remercie les gens du cabinet et du ministère qui ont participé,
mais là, hier, on a appris que, ben, en fait, c'était à cause d'une action qui
avait été intentée en justice. Et là, évidemment, vous comprendrez, Mme la
Présidente, que moi, quand on me parle de débats ou d'actions judiciaires... on
est allé chercher à gauche puis à droite pour le trouver. C'était difficile.
Alors, hier, pendant la journée, le cabinet de M. le ministre nous l'a partagé,
ou son ministère, et j'apprécie grandement, mais là ce qu'on a appris, c'est qu'au
fond c'était pour répondre à un problème juridique, une action qui était intentée.
Alors, rapidement, je suis allé voir. Puis
c'est pour ça que moi, je voudrais véritablement comprendre qu'est-ce qu'on
essaie de corriger. En tout cas, pour moi comme membre de l'Assemblée
nationale, comme législateurs, pour moi, c'est important, c'est fondamental. Si
je fais quelque chose, je veux savoir qu'est-ce que je fais. Je pourrai être d'accord
ou pas d'accord avec le gouvernement. Habituellement, je ne suis pas d'accord,
mais ça, c'est dans mon rôle de porte-parole de l'opposition officielle, et je
m'assume pleinement, Mme la Présidente, mais, ceci étant, je voudrais au moins
savoir qu'est-ce qu'on essaie de corriger parce que je suis pris dans un
dilemme. Les groupes, qui sont des experts qui viennent nous voir, nous disent :
N'allez pas là. Alors, on les entend, mais, par ailleurs, M. le ministre nous
dit : Écoutez, c'est essentiel, il me faut ces pouvoirs-là. Alors, on
essaie de comprendre qu'est-ce qui ne fonctionne pas.
Et là on nous faisait référence à un débat
judiciaire, sauf que, quand on va voir les documents, bien, on a une demande
introductive d'instance, d'abord, une injonction provisoire. Et ce que je
comprends, c'est qu'une des parties demanderesses était Collège Canada inc.,
personne morale, contre le Procureur général du Québec et le ministère de l'Immigration.
Et là ce que je comprends, également, c'est que le ministère avait pris un
arrêté ministériel pour contrôler certaines catégories, et cet arrêté-là a été
contesté immédiatement. Si j'ai le bon, il s'agirait de l'arrêté no 2021-001,
en date du 15 janvier 2021.
Et là, avec cet arrêté pris en vertu de la
loi, ce que le ministère voulait faire, c'était prendre une décision pour que
soient suspendus la réception et le traitement des demandes de sélection à
titre temporaire présentées dans le cadre du Programme des étudiants étrangers
par des ressortissants étrangers admis dans un établissement d'enseignement qui
figurent dans la liste suivante... Et là il y en avait une, liste, une liste de
collèges. Mais ce qu'on ne sait pas... est-ce que cet arrêté-là était valable
ou pas? On ne le sait pas parce que ce qu'on comprend après... Bon, évidemment,
la demanderesse est d'avis que ce n'était pas bon, ça, c'est sûr, là, puis elle
le conteste, mais il n'y a jamais eu... en tout cas, moi, je n'ai pas été
capable de trouver, de débat sur le fond. Et les jugements qui sont intervenus,
qui ont été prononcés, entre autres, par la Cour supérieure, étaient à l'effet...
entre autres, et là je fais référence à un jugement du 12 janvier 2021 qui,
évidemment, vise Collège Canada, la demanderesse, et le Procureur général du
Québec. Et là ce qu'on dit...
M. Morin : ...prend acte, le
tribunal prend acte de l'engagement de la ministre et ordonne à celle-ci de s'y
conformer et prend acte du fait que l'entente intervenue entre les parties
ayant mené à ce jugement est conclue sous réserve des allégations et autres
demandes formulées par Collège Canada dans sa demande introductive d'instance
en injonction provisoire, ordonnance de sauvegarde, injonction interlocutoire
et pouvoirs en contrôle judiciaire, y compris aux conclusions e et g.».
Quand on va voir dans la demande, on voit
qu'il y a effectivement certains éléments qui étaient demandés. Donc, ordonner
la suspension des effets de l'arrêté et ordonner à la ministre d'annoncer
publiquement dans les 24 heures suivant le jugement par voie de communiqué
officiel publié sur son site. Donc, copie sera transmise au collège. La reprise
de la réception du traitement des amendes. Mais on ne sait pas pourquoi, d'où
ma demande. Parce qu'évidemment si je ne sais pas, s'il y a eu des analyses qui
ont été faites, s'il y a des notes ministérielles qui ont été envoyées à M. le
ministre en disant : Bien, écoutez, avec l'arrêté, il y avait tel ou tel
problème, ou est-ce que c'est parce que l'arrêté avait été mal rédigé? On ne le
sait pas, puis il n'y a pas de jugement au fond. Si on avait une décision au
fond d'un tribunal qui dit : Bien oui, écoutez, ça ne fonctionne pas pour
A, B, C, bien, ça pourrait nous éclairer, parce qu'évidemment, c'est bien
connu, le Parlement bénéficie d'une souveraineté et les tribunaux judiciaires
bénéficient d'une indépendance, c'est fondamental dans notre société. Donc, si
un tribunal rend une décision, bien, évidemment, tout dépendant des
conclusions, le Parlement peut venir modifier, que ce soit par une loi ou
autrement, une telle décision. Mais encore là, faut-il avoir tous les motifs
pour bien comprendre ce qui se passe.
Or, on a appris ça hier et je remercie le
personnel qui travaille au ministère et au bureau du ministre, ils nous l'ont
partagé. Sauf que moi, comme député de l'opposition officielle qui cherche à
comprendre, bien, ça ne m'aide pas beaucoup. Ce que je sais, c'est qu'ils ont
décidé de ne pas aller de l'avant. Et il y a aussi d'autres demandes, une autre
demande qui a été déposée en pourvoi en contrôle judiciaire et en demande
d'ordonnance de sauvegarde. Cette fois-ci, c'était le Cégep de la Gaspésie et
des Îles contre le procureur général. Et je n'ai pas été en mesure non plus de
retrouver une décision au fond. Donc, on n'est pas plus avancés. Mais ce qui
est particulier, c'est que l'arrêté ministériel a été rendu en 2021. La
décision du tribunal dans le dossier de Collège Canada Inc a été rendue le
12 janvier 2021, et dans celle du Cégep de la Gaspésie et des Îles contre
le procureur général du Québec, le 11 janvier. Et là on a 2022, 2023, 2024
et on arrive vers la fin de l'année 2024, et c'est maintenant que le
ministre dépose son projet de loi.
• (12 h 10) •
Alors, qu'est-ce qui était arrivé
entretemps? Est-ce que le gouvernement pouvait s'accommoder de cette
décision-là? Est-ce que le gouvernement pouvait agir si c'était si urgent? Je
m'interroge, mais c'est surprenant de voir, par exemple, que le gouvernement n'ait
pas déposé son projet de loi à la fin de 2022, début 2023. On est à la fin
de 2024. Alors, bien moi, comme parlementaire, j'ai besoin d'être éclairé, et
puis je voudrais voir... je voudrais comprendre, sincèrement, véritablement, au
fond, qu'est ce qu'on cherche à corriger?
L'autre élément, parce qu'évidemment on
nous parle du nombre, on nous parle du nombre qui ne cesse d'augmenter. Bien.
Et là on nous fournit des statistiques sur les étudiants étrangers au Québec.
C'est en lien à une réponse de la motion qui était présentée par le collègue de
Saint-Henri—Sainte-Anne. Puis, encore là, je remercie le ministre, parce
qu'avec son cabinet ils nous ont transmis...
M. Morin : ...documents
rapidement hier, on a pu les regarder. Maintenant, bon, il y a... il manque...
il manque des éléments. Je comprends, pour les gens qui nous écoutent, que,
même si c'est... même si, dans les documents, c'est écrit : Ne pas
diffuser le document de travail, je peux quand même les utiliser. N'est-ce pas,
M. le ministre? Il n'y a pas... il n'y a pas de souci? Je comprends que vous
allez nous envoyer une autre... Il n'y a pas... il n'y a pas d'enjeu, là?
D'accord. Parce qu'évidemment je ne voudrais pas commettre d'impair, mais...
Mais on a reçu ces documents-là. Il manque encore de l'information. Bon, M. le
ministre nous dit que ça s'en vient, et je le remercie.
Mais, encore là, quand on regarde les
chiffres, c'est... c'est loin d'être évident. Parce que, quand on regarde un
tableau du nombre de certificats d'acceptation du Québec qui sont délivrés par
niveau d'études, on se rend compte qu'on arrive à un total de 132 441, sauf que
ça, ça inclut le primaire et le secondaire, le collégial et, évidemment, les
universités. Mais ces chiffres-là ne sont pas astronomiques. Puis, quand on
regarde les universités, par exemple, pour le programme de formation... Parce
que c'est beaucoup les recteurs des universités qui nous ont dit : S'il
vous plaît, n'allez pas là avec votre projet de loi. Et là je comprends qu'on
parle des universités dans leur ensemble, donc pas une en particulier. Pour le
premier cycle, en 2024, on parle de 29 269, au deuxième cycle, 19 287 et, au
troisième cycle, donc au doctorat, 4 208 dans l'ensemble des universités
québécoises.
Le ministre nous dit : J'ai absolument
besoin de ce projet de loi pour être capable d'exercer un certain contrôle,
réduire le nombre. Mais le projet de loi, il va beaucoup plus loin que ça, Mme
la Présidente. Entre autres, quand on regarde les articles 3 et 4, on nous
dit qu'une décision d'avoir un impact sur l'admissibilité d'étudiants étrangers
pourrait être prise en tenant compte, notamment, des orientations, des
objectifs fixés au plan annuel d'immigration, mais des besoins économiques, de
main-d'œuvre, favoriser une diversité de provenance de demandes de sélection,
de considérations humanitaires, situations susceptibles de compromettre la
santé, la sécurité, le bien-être des personnes immigrantes, la capacité
d'accueil et d'intégration du Québec ou même de l'intérêt public. Et évidemment,
à 4 et à 5, on vise aussi l'ensemble des universités. À 5, hein : «Une
décision du gouvernement concernant les demandes présentées à titre d'étudiant
étranger est prise sur recommandation du ministre, après consultation du
ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, du ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, selon leur
compétence respective.»
Mais, malgré le premier alinéa, une telle
décision doit être prise sur la recommandation conjointe du ministre et, selon
leur compétence respective, elle peut porter sur la suspension de la réception
ou du traitement des demandes, elle porte sur le nombre maximal de demandes que
recevra le ministre, si ce maximal, ce nombre-là est fixé en fonction d'une distinction,
notamment d'une région du Québec, d'un ordre d'enseignement, d'un cycle
d'études, de services éducatifs, d'une catégorie d'établissement
d'enseignement, d'un centre de services scolaire.
Et donc, moi, ce que je comprends, c'est
que le ministre, avec la loi, pourrait se donner le pouvoir de dire :
Bien, écoutez, dans... ce sera tel programme, ce sera telle région, ce sera
telle université. Et on a... on a les critères, comme je vous l'ai mentionné, à
l'article 3. Sauf que, si on regarde les étudiants de troisième cycle, là,
pour l'ensemble des universités, puis il y en a plusieurs au Québec, on est
chanceux, c'est 4 208 personnes. On ne parle pas de 200 000, là. C'est
étonnant. Deuxième cycle, c'est 19 287. Bon, évidemment, au premier cycle, il y
en a plus, mais quand même. Il me semble que ce qu'on essaie de corriger... en
tout cas, quand moi, je regarde les études de deuxième cycle et de troisième
cycle, je vois mal comment on puisse parler d'un abus, là. 4 208. Et ça, on
nous parle du nombre de certificats d'acceptation qui sont délivrés...
M. Morin : ...et, à ce que je
comprends, c'est quand un étudiant étranger fait une demande, il... bon, il va
remplir des critères. Il peut faire des demandes dans plusieurs universités.
Puis évidemment, à un moment donné, il y a un certificat qui va lui être
envoyé. Est-ce qu'en bout de piste il va venir dans l'établissement faire son
cours? S'il a fait des demandes dans plusieurs établissements, évidemment, il
va aller juste dans une. Donc, il est possible que même les chiffres que je
vous cite se font... même moins que ça, finalement, les gens qui arrivent sur
le territoire.
Alors, ça m'apparaît être énorme comme
pouvoir pour finalement régler une situation quand je regarde des études de
troisième cycle ou de deuxième cycle, avec un nombre qui est probablement même
en deçà de ce que je viens de vous dire. Et là, après, on regarde... parce que,
dans le tableau qui nous a été donné, on regarde à la page quatre, puis là on
parle des permis d'études qui ont été délivrés. Alors, ça, ma compréhension,
c'est que ça provient de données fédérales, parce qu'une fois que la personne,
l'étudiant étranger a fait une demande, qu'il a obtenu un certificat, en bout
de piste, il correspond à certains critères, le fédéral va lui donner un
permis, puis là, après, il va arriver. Et, quand on regarde à la page quatre du
tableau qui nous a été fourni hier, oui, il y a... il y a des chiffres, il y a
des chiffres, effectivement, il y a des... il y a des gens, mais, encore là,
dans certains cas, il peut y avoir une augmentation, mais dans bien d'autres
cas, c'est souvent une diminution. Alors, ça aussi, c'est un peu... un peu
particulier. Alors, des fois, ça diminue, des fois ça augmente.
Donc, qu'est-ce qu'on essaie de... en
fait, où est véritablement le problème? C'est complexe, ce n'est pas du tout
évident, mais encore, ce n'est pas tout. Dans le projet de loi, il y a
l'article huit qui traite de la Loi sur l'enseignement privé, et on a reçu en
commission parlementaire des représentants qui représentent en fait une
fédération, un ensemble de collèges d'enseignement privés, subventionnés, qui
nous disent : Écoutez, nous, là, les demandes, on les contrôle, on a les
moyens, on respecte la loi.
Et, dans le projet de loi tel qu'il est
écrit, on dit entre autres : Par la suppression de «et sans aller au deçà
de la capacité d'accueil des installations mises à la disposition de
l'établissement» et par l'insertion à la fin «en considérant notamment la
capacité d'accueil des installations mises à la disposition de l'établissement,
ainsi que les besoins relatifs aux services éducatifs ou aux catégories de
services éducatifs». Et, à deux, «le ministre peut déterminer un seuil minimal
d'élèves résidents du Québec au sens des règlements du gouvernement, qui
doivent être admis aux services éducatifs ou aux catégories de services». Un
seuil minimal d'élèves résidents du Québec. Donc, est-ce que... Est-ce que ça
veut dire que, dans le cas des collèges d'enseignement privé, le ministre pourrait
venir réduire le nombre d'étudiants qu'ils peuvent admettre. Peut-être, ça
semble être le cas. Mais, alors là, je me dis : Écoutez, si c'est le
cas... Et ça, on l'a vu, Mme la Présidente, parce qu'il y a eu plusieurs
articles qui ont été publiés dans les journaux, déjà, déjà, les universités au
Québec voient une diminution de leur nombre d'étudiants étrangers. Ça a déjà un
impact financier. Est-ce que la même chose pourrait être vécue par les collèges
d'enseignement privés? Possible.
• (12 h 20) •
Alors, moi, comme parlementaire, bien
évidemment, je cherche, je cherche l'étude d'impact. Parce que le gouvernement
en a fait une. Et, quand on... quand on étudie des projets de loi, le
gouvernement nous fournit, habituellement, ou, enfin, du moins, on le demande,
la partie du mémoire qui a été déposée au Conseil des ministres, mais la partie
qui est accessible au public. Et moi, là-dedans, je cherchais où est l'analyse
d'impact. Est-ce que ça va avoir un impact sur ces établissements? Et quel
sera-t-il? Est-ce que... Est-ce que ça va faire en sorte que, par exemple,
certaines universités vont devoir fermer les programmes? Parce qu'on l'a... Les
recteurs d'université nous l'ont dit...
M. Morin : ...dans plusieurs
centres de recherche, au niveau de... des études supérieures, ils obtiennent
des subventions, souvent des subventions des gouvernements, qu'ils soient du
Québec ou du fédéral. Évidemment, ça sert à faire de la recherche, donc ça leur
permet d'attirer des chercheurs, mais, s'ils n'ont plus de chercheurs ou s'ils
ne sont pas capables d'avoir les chercheurs dont ils souhaitent pour être
capables de réaliser des recherches et donc être capables d'utiliser les
subventions, bien, ils vont finir par les perdre. Donc, l'impact, il est réel,
il est notable, ce n'est pas hypothétique.
Et, à moins que j'aie très mal lu le
document, moi, je n'ai pas vu là-dedans... je n'ai pas vu là-dedans une
évaluation des impacts possibles. Ce qu'on dit, au niveau de l'évaluation
intégrée des incidences, dans le document qui s'intitule Mémoire au Conseil des
ministres, partie accessible au public, on dit : «Le projet de loi vise à
octroyer certains pouvoirs au gouvernement du Québec et non à les déployer de
façon immédiate.» Donc, est-ce qu'il y en a un, problème, ou pas? «Leur
éventuelle mise en œuvre pourrait avoir une incidence positive sur plusieurs
aspects de la société québécoise, notamment réduire la pression sur le logement
et les services publics.»
Moi, je regarde ça, là... puis je ne vous
dis pas, Mme la Présidente, qu'il n'y a pas de pression sur les services
publics puis sur les logements, ce n'est pas ça que je dis, là, ce n'est pas ça
que je dis, mais là c'est parce qu'on parle, dans le projet de loi, d'étudiants
étrangers. Puis, quand, après ça, on regarde les chiffres, et les chiffres,
entre autres, qui nous ont été fournis par les universités, on parle d'un
nombre de 57 400 quelques étudiants. Puis, quand les recteurs sont venus
nous parler... notamment je me souviens très bien du recteur de l'Université du
Québec à Rimouski, qui nous disait : Oui, écoutez, je ne vous dis pas que
c'est facile, là, mais on gère, on a géré. Alors, c'est quoi l'évaluation?
Éventuellement, «pourrait avoir, pourrait avoir une incidence positive». Alors,
il n'y a rien de mesuré, il n'y a rien de concret.
Alors, si, évidemment, on nous avait
dit : Écoutez, oui, oui, on a fait une évaluation puis, écoutez, c'est ça
que ça fait, c'est ça que ça donne, bien, je dirais : Oui, d'accord,
écoutez, il faut faire quelque chose, mais ce n'est pas ça qu'on a du tout, du
tout, du tout. Mais ce qui est intéressant dans l'évaluation intégrée des
incidences, et je suis à la page 12, c'est qu'on nous dit :
«L'annonce publique de la présente proposition législative pourrait être comprise
à l'étranger comme une volonté de fermeture du Québec à l'égard des étudiants
internationaux ou être présentée comme telle par les concurrents internationaux
du Québec sur les marchés des services éducatifs. Le Réseau international du
gouvernement du Québec compte 34 représentations dans 19 pays qui
pourraient être mobilisées.»
Bien, écoutez, là-dessus, là, là, je suis
vraiment d'accord avec le gouvernement, parce que non seulement l'impact
pourrait être compris à l'étranger, ce n'est pas : elle pourrait être.
Aujourd'hui, là, au moment où je vous parle, c'est : elle est comprise,
c'est exactement ça qui arrive. Et d'ailleurs, et d'ailleurs, il y a eu des
articles dans les journaux et des reportages à la télévision qui sont
exactement cet effet-là. C'est déjà fait. Alors, écoutez, j'espère que la
ministre des Relations internationales a un bon plan avec ses
34 représentations, parce qu'il va en falloir... ils vont être obligés de
ramer, de ramer un peu pour changer cette perception-là.
Le seul élément que j'ai trouvé dans le
document au niveau des implications financières et qui s'intitule d'ailleurs
Implications financières : «Des implications financières relatives aux
changements législatifs proposés pourraient varier en fonction des modalités
d'application qui seront décidées ultérieurement par le MIFI, le MESS et le
MEQ. Selon les modalités d'application qui seront décidées, la mise en œuvre du
projet de loi pourrait nécessiter des sommes additionnelles qui ne sont pas
actuellement prévues au cadre financier du gouvernement.» Notre mise à jour
économique aujourd'hui, puis on sait que le gouvernement du Québec,
présentement, je suis très sarcastique, nage dans les surplus, hein? On a des
déficits de milliards et de milliards de dollars.
Alors, si ça peut nécessiter des sommes
additionnelles, je ne sais pas où le gouvernement va les prendre. «Une analyse
détaillée des implications financières et des ressources et des sources de
financement se fera donc au préalable de toute décision relative...
M. Morin : ...à l'application
des nouveaux pouvoirs qui seraient introduits. Vous savez, un des éléments qui
a été exprimé à de multiples reprises, c'est que ce projet de loi là soulève
plus d'incertitude que n'importe quoi d'autre. Bien, je vous dirai, Mme la
Présidente, avec respect, que, quand, moi, je lis le paragraphe neuf,
implications financières, à la page 13, ça soulève beaucoup plus de
questions et beaucoup plus d'incertitude que n'importe quoi d'autre. Écoutez,
les... les changements pourraient varier, les implications financières
pourraient varier en fonction des modalités d'application qui seront décidées
ultérieurement. Ce n'est pas très, très clair, puis ce n'est pas très
rassurant. Moi, si j'étais un étudiant étranger, à moins que je comprenne très
mal le paragraphe neuf, mais moi, si j'étais un étudiant étrangé, je veux dire,
écoutez, c'est... que c'est qu'ils sont en train de faire là.
Puis, vous savez, les étudiants étrangers,
quand ils viennent ici, souvent, ils ont des bourses. C'est des gens
performants. Ils ont aussi souvent de l'argent qu'ils vont venir dépenser,
évidemment, sur le territoire du Québec, mais ils ont de l'argent pour venir.
Sauf que, s'ils ont de l'argent pour venir ici, habituellement, c'est parce
qu'ils ont de l'argent pour aller ailleurs aussi. Et ça, c'est un impact réel
du projet de loi. Or, il n'y a absolument rien dans ce document-là, qui, par
ailleurs, est accessible au public, qui est là pour me rassurer, moi, comme
législateur, comme député.
Donc, c'est la raison pour laquelle, moi,
j'aimerais avoir de la part du gouvernement... Parce que, tu sais, M. le
ministre, vous invitez à la collaboration. J'en suis, mais, encore là, je
voudrais savoir c'est quoi, les véritables impacts financiers du projet de loi.
Parce que, quand je lis ça, là, ça me dit : Ça pourrait varier en fonction
des modalités d'application décidées ultérieurement. Eh! Ce n'est pas très,
très rassurant. Et puis ça a un impact direct sur les établissements
d'enseignement au Québec. Ça peut avoir un impact direct sur les établissements
privés subventionnés.
Alors, vous comprendrez, Mme la
Présidente, que c'est la raison pour laquelle j'ai présenté cette motion. Et je
pense que, pour être en mesure évidemment de bien collaborer avec le ministre,
il faudrait avoir ces documents-là. Quels sont les véritables... Pourquoi...
Après des recours en contrôle judiciaire, pourquoi le gouvernement n'a rien
fait pendant des années? Puis pourquoi, soudainement, on nous arrive avec ça il
y a quelques semaines? Première question. Alors, s'il y a des documents
là-dedans, s'il y a eu des analyses, est-ce qu'on peut les avoir, nous, de
l'opposition officielle? Parce que ça va nous permettre de comprendre.
Par la suite, par la suite, est-ce qu'il y
a des études qui ont été faites? C'est quoi, l'impact? Est-ce qu'on en a parlé?
Parce qu'à lire ce qu'il y a dans le document, c'est loin d'être évident. Et
là, au fond, je reviens à ma question, à mon interrogation du départ, au
fond : Qu'est-ce qu'on essaie de corriger? Parce que je vais vous dire,
honnêtement, j'ai écouté attentivement, je ne suis pas convaincu. Puis je ne
suis surtout pas convaincu que les moyens qui sont mis de l'avant dans le
projet de loi vont répondre à mes questionnements. Donc, pour toutes ces raisons,
Mme la Présidente, j'ai présenté cette motion. J'espère que le gouvernement va
l'accepter pour qu'on soit capables, par la suite, de travailler. Souvent, le
premier ministre nous dit : Donnez-nous des solutions, des options. Bien,
moi, je veux bien, mais, pour faire ça, il faut avoir la documentation, d'où ma
proposition de motion. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion
du... déposée? Oui, Mme la députée de Mont-Royal–Outremont.
Mme Setlakwe : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Donc, à mon tour d'intervenir, là, en soutien à cette motion
déposée par mon collègue député de l'Acadie. Et je prends la parole au nom du
chef de l'opposition officielle, Mme la Présidente. Donc, cette motion est
importante, encore une fois, pour qu'on puisse, comme parlementaires, avoir à
notre disposition toute documentation qui, selon moi, est essentielle pour
qu'on puisse compléter notre mandat avec pertinence, pour qu'on puisse
s'assurer d'agir avec prudence dans ce dossier-là.
Et je rappelle que c'est un dossier qui
est extrêmement important, là, pour tellement... sur tellement de volets, mais
c'est un dossier qui a un volet économique important. On a parlé amplement...
et on a entendu surtout les recteurs d'université venir nous dire à quel point
les étudiants internationaux jouent un rôle crucial dans la capacité du Québec
en matière de recherche et d'innovation. Mais, afin qu'on puisse s'assurer de
prendre les...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...les bonnes
mesures, que le projet de loi soit... n'ait pas un effet... un effet
potentiellement négatif sur, donc, ce potentiel au niveau de la recherche et de
l'innovation. Il va falloir qu'on parte avec les bonnes données.
Et, ici, permettez-moi de me référer à une
lettre, une lettre ouverte extrêmement importante qui a été signée par notre
Scientifique en chef, Rémi Quirion. C'est une lettre qui a apparu, je crois, la
semaine dernière, en tout cas tout récemment, dans Le Devoir. Et M. Quirion,
donc le Scientifique en chef, réitère le rôle crucial que jouent les étudiants
internationaux.
(Interruption)
Mme Setlakwe : À vos
souhaits, M. le ministre. Et il nous parle aussi de ce contexte compétitif, là,
du contexte global dans lequel s'inscrit la présence des étudiants
internationaux. Puis... Et donc il est extrêmement important de se rappeler cet
élément-là.
Aujourd'hui, quand on parle d'étudiants
internationaux, on ne parle pas d'un problème, on parle d'une richesse. Et un
des volets, c'est le volet de la recherche. Quand on parle de recherche et d'innovation,
on parle de positionnement du Québec, donc, pour affronter les défis de société
d'aujourd'hui et de demain. Et on ne peut pas y arriver simplement avec les
étudiants québécois. On sait, les étudiants québécois, ils évoluent dans un
contexte différent qui fait en sorte qu'ils se retrouvent plus rapidement sur
le marché de l'emploi, contrairement à d'autres juridictions, d'autres pays où
les jeunes n'ont pas... n'évoluent pas dans les mêmes conditions, avec une
possibilité d'aller sur le marché du travail aussi aisément, aussi rapidement,
ce qui fait que nous, au Québec, on a moins d'étudiants qui poursuivent... je
ne dis pas qu'il n'y en a pas, mais il y a une proportion moins importante d'étudiants
qui poursuivent leurs études au second et au troisième cycle, ce sont surtout
les... Donc, on dépend beaucoup d'étudiants internationaux pour venir compléter
nos laboratoires de recherche. Et, quand on parle de recherche et d'innovation,
bien, il va falloir qu'on nous donne des chiffres, il va falloir qu'on nous
donne des données parce qu'ici il y a un potentiel de nuire à l'avenir du
Québec et à la capacité du Québec d'innover.
Donc, je me rapporte à la lettre qui a été
signée par M. Quirion. Il dit, et je le cite : «La compétition pour
attirer les meilleurs étudiants étrangers est féroce et planétaire — ce n'est
pas moi qui le dis, là, c'est lui, plusieurs collèges et universités en Europe
et aux États-Unis, et leurs gouvernements, offrent des conditions et des
bourses très alléchantes pour recruter les meilleurs talents. Le Québec et ses
institutions doivent donc se démarquer pour les attirer.»
Je suis certaine que le gouvernement
caquiste comprend cette dynamique, comprend cette dynamique mondiale et
comprend le contexte dans lequel nos institutions universitaires s'inscrivent,
là, dans cette course mondiale aux talents. D'ailleurs, c'est écrit noir sur
blanc dans les différentes stratégies qui sont mises de l'avant par les
ministères concernés. Je poursuis.
Donc, M. Quirion nous dit : «Ce
constat faisait partie des recommandations du rapport du groupe de travail que
j'ai présidé en 2021 sur l'université québécoise du futur, à la demande des
ministres Roberge et McCann.» J'ai prononcé leurs prénoms, parce que je cite
une lettre, j'espère que je ne commets pas d'impair, Mme la Présidente, mais le
ministre de l'Immigration et la ministre de l'Enseignement supérieur qui
étaient là sous la... en 2021. Donc : «Une analyse plus récente du
ministère de l'Enseignement supérieur arrivait à la même conclusion.»
Il serait intéressant, pour le bénéfice
des parlementaires, qu'on puisse avoir accès à ces informations-là, ces
recommandations, ce que le groupe du travail a émis comme rapport. Ce serait...
ce serait bénéfique pour les parlementaires assis autour de la table de pouvoir
bien comprendre quelles sont ces recommandations-là... qu'est-ce... quels
genres de bourses et autres incitatifs sont mis de l'avant pour attirer des étudiants
universitaires et... Moi, je vais plus loin, là. Je pense qu'on a besoin
vraiment de comprendre plus largement quelles sont les chaires de recherche,
quels sont les sujets sur lesquels travaillent les étudiants internationaux
dans nos différentes universités, quels sont... puis je parle à la grandeur du
Québec, là, quels sont ces domaines de pointe pour lesquels il y a des... il y
a des avancées extrêmement importantes qui sont faites. Donc, on a besoin
encore une fois... puis je... ça rejoint une motion préliminaire précédente, au
niveau des...
Mme Setlakwe : ...au niveau
des programmes. Bien, quand on parle de programmes, on parle aussi de
recherche, de chaires de recherche, de projets qui sont souvent faits
d'ailleurs en collaboration avec le milieu des entreprises. On travaille sur
quoi au Québec? On... La recherche dont on parle et qu'on valorise, je sais et
je suis juste certaine que le gouvernement valorise cette recherche-là
également, elle porte sur quoi? Les étudiants internationaux, il y en a combien
dans nos laboratoires de recherche? Ils travaillent sur quoi? Ils oeuvrent sur
quels programmes? Et qu'est-ce que... quels sont ces objectifs du gouvernement?
Et donc ce serait extrêmement pertinent pour être certains qu'on ne vienne pas
nuire d'aucune façon à cet... à ce potentiel énorme que représentent les
étudiants internationaux.
Je poursuis, là. Sa lettre mentionne aussi
que : «D'ailleurs, les programmes de bourses à la maîtrise, au doctorat et
au postdoctorat du Fonds de recherche du Québec sont tous ouverts aux étudiants
étrangers depuis quelques années. Les étudiants internationaux recevant des
bourses d'excellence du Fonds de recherche du Québec représentent environ
30 % des cohortes financées par nos programmes. En 2024-2025, il y aurait
1191 sur un total de 3676 boursiers, une proportion assez stable depuis
2020-2021.».
Tout ça pour dire qu'on a ici un potentiel
énorme, et ce sont les étudiants internationaux qui contribuent à cette
recherche fondamentale. On a besoin de comprendre, nous les parlementaires,
l'ensemble de ces démarches, comprendre les... par université, ce sur quoi ces
étudiants internationaux viennent plancher, et donc tout ce à quoi j'ai fait
référence et ce à quoi le Scientifique en chef fait référence, c'est
extrêmement précieux. Alors, comment pouvons-nous débuter l'étude de ce projet
de loi là si on n'a pas en main toutes ces informations au niveau de la
recherche?
Je reviens donc sur un autre élément de ce
dossier, que j'ai qualifié d'emblée, là, de «dossier économique». Il ne faut
pas sous-estimer l'impact financier que peut avoir ce projet de loi sur nos
universités, et à cet égard-là je pense qu'il est important de faire un lien,
encore une fois - je suis désolée d'être redondante, mais c'est important de le
faire - faire un lien avec la politique de financement... la nouvelle politique
de financement du gouvernement, une initiative qui a été menée par la ministre
de l'Enseignement supérieur. Cette nouvelle mouture a été déposée en juin 2024
et fait un rebrassage des fonds, il n'y a aucun nouvel argent. La politique de
financement... Cette nouvelle politique de financement compte sur les droits de
scolarité qui proviennent des étudiants internationaux pour venir faire un
rééquilibrage dans l'ensemble du réseau.
La raison pour laquelle je fais ce lien,
Mme la Présidente... Il y en a plusieurs raisons. Premièrement, je me rappelle
que, lorsque cette décision a été prise, il y a un an déjà, en octobre 2023,
d'augmenter les droits de scolarité, une des raisons qui avaient été évoquées,
bien, c'était pour justement corriger des inéquités. Mais jamais, à ce
moment-là, est-ce qu'il y avait eu dépôt d'une analyse d'impact, et ça, c'est
le milieu qui l'a dit. Le milieu universitaire est venu dire que, si ça avait
été justifiable, bien, le gouvernement aurait pu produire des chiffres globaux
qui démontraient donc qu'il y avait une inéquité à corriger sur l'ensemble des
revenus des universités et l'impact de ces mesures sur les universités.
• (12 h 40) •
Tu sais, ça démontre que, quand un
gouvernement pose des gestes, adopte des mesures, il faut que ce soit basé sur
des études, il faut que ce soit bien réfléchi, il faut qu'il y ait des analyses
d'impact. Il n'y en avait pas à l'époque, et pourtant cet... cet élément-là de
hausse des droits de scolarité est intrinsèque dans la nouvelle politique de
financement.
Alors, on compte sur les étudiants
internationaux, on dit que c'est important que ces revenus-là continuent puis
soient redistribués dans l'ensemble du réseau, mais avec le projet de loi n° 74
on donne le pouvoir au gouvernement de venir réduire le nombre d'étudiants
internationaux. Donc, il faut vraiment agir avec prudence dans ce dossier-là.
Dans le... Sur le volet de la hausse des droits de scolarité, le gouvernement
n'a jamais produit d'analyse d'impact, n'a pas été capable d'émettre des
chiffres globaux. C'était plutôt parlant. Et d'ailleurs, le gouvernement, quand
il avait adopté ces mesures, ces mesures visaient trois universités :
Bishop's, Concordia et McGill, et là il y a eu...
Mme Setlakwe : ...tout un
tollé. Bishop's s'est venu dire : Mais, écoutez, vous ne pouvez pas faire
ça, on va... vous allez mettre notre survie en péril. Et, quelques semaines
plus tard, le gouvernement a reculé, réalisant qu'effectivement l'Université
Bishop's, donc, qui a fêté ses 180 ans et plus, une institution dont... dont on
est extrêmement fiers, dont... qui fait la fierté de la région de l'Estrie...
que cette institution-là allait fermer, donc. Donc, clairement, il n'y avait
pas eu une analyse d'impact. Si l'analyse... l'analyse d'impact aurait dit,
noir sur blanc, que... qu'il allait y avoir un effet extrêmement négatif sur
Bishop's... C'est uniquement après avoir adopté ces mesures, en réaction au tollé,
en réaction aux... à... aux vives préoccupations ou vives inquiétudes de la
part de Bishop's et, en fait, en fait, de la part de tout le réseau, que le
gouvernement a reculé. Alors, c'est ça qui arrive quand on... on va trop vite,
qu'on ne prend pas le temps de faire les... les analyses, les analyses
d'impact, les évaluations, qu'on peut commettre des erreurs.
Donc, ici, je pense que notre demande est
tout à fait légitime. Nous, on ne veut pas participer... on ne veut pas adhérer
à un projet de loi qui pourrait, potentiellement, nuire encore davantage, là, à
nos institutions, qui se sentent fragilisées. Ça, ils sont venus nous le dire.
Pour ce qui est de Bishop's, c'est important de le mentionner parce que ça
démontre toute l'importance de comprendre l'impact financier potentiel qu'on
est... qu'on est en train de... qu'on pourrait, potentiellement, imposer à nos
institutions.
Je vous rappelle, Mme la Présidente,
que... que, malgré le revirement de l'an dernier, malgré le changement de cap,
là, après l'annonce de la hausse des droits de scolarité, le mal... le mal est
fait. C'est ce que le recteur de Bishop's est venu dire, il me l'a dit à moi
puis il l'a dit en commission. Les inscriptions sont à la baisse. Et
l'institution est prise avec un premier déficit en huit ans. Imaginez-vous, là,
un premier déficit en huit ans, alors qu'ils se demandent comment diminuer
leurs dépenses de 2 millions, c'est environ 3 % de leur budget. Le
recteur mentionne que les coupures vont affecter leur capacité d'offrir le même
niveau d'excellence dans la qualité de l'expérience étudiante. C'est le genre
de cri du cœur qu'on a dans les médias. On parle de recteurs d'institutions
québécoises qui émettent ce cri du cœur.
Alors, quand on parle de plafonner les
étudiants internationaux, il faut agir, Mme la Présidente, avec la plus grande
prudence, parce que, déjà, avec les mesures qui ont été annoncées, et pour
lesquelles le gouvernement a dû reculer, il y a un impact extrêmement négatif
sur nos institutions, comme Bishop's, comme je viens de le mentionner. On se
rappelle, là, les mesures ne s'appliquent pas à Bishop's, et, pourtant, les
inscriptions sont à la baisse, et ils sont en train de couper, ils sont en
train de diminuer leurs dépenses. Ils ont accepté... ça, c'est des données de
novembre 2024, là, de ce mois-ci... Bishop's a dû accepter... a accepté
10 % moins d'étudiants canadiens hors Québec et 43 % moins
d'étudiants internationaux, et tout ça occasionne des coupes budgétaires
significatives, dues à la perte de revenus de ses droits de scolarité et des
changements au niveau de l'immigration. Donc, on a besoin de comprendre, de ne
pas faire... pas commettre les erreurs du passé et de comprendre l'impact...
l'impact potentiel du projet de loi n° 74 sur nos universités, impact financier.
Pour ce qui est de... de Concordia... Je
vous parle de Concordia parce que Concordia s'estime être la grande
perdante — c'est les mots qu'ils ont utilisés — à la suite
du dépôt de... de la nouvelle mouture de la politique de financement, pour laquelle
il n'y a aucun nouvel argent. McGill a été capable de tirer son épingle du jeu,
ils ont été capables, ils ont... ils ont des ressources financières qui leur
ont permis de compenser en émettant des bourses, des Bourses Canada, mais ce...
ce n'est pas une mesure qui est pérenne. Éventuellement, eux aussi vont... vont
souffrir financièrement. Concordia, eux... je vous rappelle des informations
pertinentes, là... les chiffres de novembre 2024, moins 27 % de
nouveaux étudiants du reste du Canada, moins 14 % qui viennent de
l'international. C'est énorme, comme... comme baisse, alors que le gouvernement
se fie ou... ou compte sur cet argent pour venir redistribuer dans l'ensemble
du réseau. C'est une incohérence, Mme la... la Présidente. Concordia est une excellente
université, très réputée dans des domaines nichés. Ils sont venus nous dire à
quel point ils sont inquiets, qu'ils vivent des...
Mme Setlakwe : ...ils sont en
situation de difficulté financière. Ils ont 9 200 étudiants
internationaux, mais les chiffres sont à la baisse. Ils connaissent une baisse
du nombre d'étudiants étrangers, je l'ai mentionné, moins 14 % en 2024. En
plus, des droits... de perdre des droits de scolarité, qui sont redistribués
dans le réseau, et de voir les inscriptions des étudiants étrangers à la
baisse, Concordia rapporte une baisse de 4 % du financement opérationnel.
Donc, c'est un dossier économique. C'est un dossier pour lequel il faut prendre
ces impacts financiers en considération. Une baisse d'effectifs va toucher tout
le réseau. Tout le monde se partagera une plus petite tarte. C'est comme ça que
fonctionne la politique de financement. Puis on se rappelle que les universités
à charte comme Concordia sont exclues de certaines enveloppes de financement
pour le recrutement. Donc, toutes ces mesures, les droits de scolarité, la
nouvelle politique de financement et maintenant la coupure des étudiants
internationaux arrivent au pire moment en période d'inflation, alors que les
dépenses des institutions augmentent. Alors, nous, comme parlementaires, je
pense que c'est tout à fait pertinent qu'on prenne ces données-là en
considération, l'impact financier potentiel du projet de loi n° 74 sur nos
institutions.
Pour ce qui est de McGill... parce
qu'encore une fois la raison pour laquelle je parle des universités
anglophones, mais je peux... il y a un impact sur le reste du réseau, là, tout
ça... tout ça est un écosystème, mais il est important de le faire pour que le
gouvernement comprenne à quel point ces institutions-là se sentent brimées,
sentent qu'on est en train de les affaiblir, qu'il devrait... ça ne devrait pas
du tout être l'intention d'un gouvernement de venir affaiblir ces institutions.
L'objectif de redistribuer, l'objectif d'assurer que tout le réseau soit suffisamment
financé, on n'a absolument rien contre ça, évidemment. Il faut s'assurer que
tout le réseau ait les moyens financiers d'offrir une expérience éducative...
académique de grande qualité à l'ensemble des étudiants québécois, bien
entendu. Mais, quand on met de l'avant des politiques puis qu'on adopte des
projets de loi, puis qu'on constate une incohérence, puis qu'il n'y a pas de
nouvel argent, il est normal pour nous de se demander si le gouvernement a pris
en compte tous ces éléments-là.
Rappelons-nous que McGill, pendant
19 ans d'affilée, est classé numéro un au Canada, toujours dans le
top 30 au monde, la qualité de ses diplômes est reconnue et valorisée
mondialement. Ils ont plus de 10 000 étudiants internationaux. Et la
signature de McGill, c'est ce qu'on m'a dit, ils se distinguent autant en
recherche qu'en éducation. C'est difficile d'exceller dans les deux, Mme la
Présidente, 187 pays sont représentés. C'est un libre-échange de cerveaux.
Moi, je pense que le Québec veut continuer à participer à ce libre-échange de
cerveaux. Comment est-ce qu'on va rassurer McGill qui est vraiment... puis je
me permets de le dire, là, qui fait la fierté du Québec, qui fait la fierté du
Canada, qui fait la fierté de Montréal? Montréal brille comme ville universitaire,
beaucoup en raison de cette réputation mondiale de McGill. Et, quand
Montréal... brille, alors c'est tout le Québec qui brille. Puis, quand on parle
de recherche, il y a de la recherche extrêmement importante qui se fait à
McGill.
• (12 h 50) •
Et ce que j'ai compris, c'est qu'il y a
certains projets de recherche pour lesquels McGill applique, qu'il y a des
chaires de recherche qui sont financées à McGill, mais qui bénéficient à
d'autres universités. Il y a des liens, des collaborations entre nos
universités, Sherbrooke, entre autres. Donc, quand il y a un bon coup à McGill,
c'est tout le réseau qui ressent les effets positifs. Il faut absolument
prendre en compte ces impacts potentiels sur notre... sur notre écosystème, sur
cet îlot d'excellence qu'on a le privilège d'avoir chez nous au Québec.
Donc, encore une fois, et je reviens à la
motion, je me rattache à la motion, on demande au gouvernement de nous fournir
tous les documents, toutes les analyses, toutes les notes ministérielles qui
portent sur les impacts financiers du projet de loi envers les établissements
d'enseignement supérieur. C'est exactement ce dont je vous parle depuis tout à
l'heure, Mme la Présidente.
Je continue. Donc, on peut aussi voir un
volet économique... un autre volet économique, c'est l'impact, j'en ai parlé,
là, à... Puis ça, je prends juste... je prends juste Montréal. Après ça, je
vais parler des régions. À Montréal, on a en consultation Michel Leblanc, de la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui est venu faire un excellent
plaidoyer pour la ville de Montréal. Et il est venu dire de ne pas négliger les
retombées économiques qu'apportent ces étudiants internationaux. Non
seulement...
Mme Setlakwe : ...seulement il
compte des besoins de pénurie de main-d'œuvre parce qu'ils travaillent durant
leurs études, ils contribuent à l'économie, ils contribuent, donc, encore une
fois à la recherche et à l'innovation. C'est un élément économique. Les
retombées économiques sont chiffrées. Est-ce qu'on peut avoir ces documents,
ces études, ces analyses? Est-ce qu'on peut savoir qu'est-ce que ça représente
en termes de retombées économiques, non seulement à Montréal, mais à la
grandeur du Québec, ces étudiants internationaux?
Quand on parle des régions, on a entendu
des directeurs de cégeps et des recteurs d'universités venir dire que leurs
institutions sont des moteurs de développement économique régional. Non
seulement les étudiants internationaux permettent de compléter ou même de
démarrer des cohortes, mais ils constituent des personnes qui viennent
contribuer à l'économie. Quel est l'impact économique dans nos régions? On
assure une vitalité des régions, ça nous prend ces éléments-là. Parce qu'on
sait si on veut pouvoir adhérer à l'intention du gouvernement, adhérer aux
pouvoirs accrus qu'ils nous disent qu'ils ont de besoin pour pouvoir cibler les
établissements où il y a des situations problématiques abusives, bien, il faut
être conscient de... il faut avoir un portrait complet de la part de ces
étudiants internationaux dans toutes les régions du Québec.
Il y a un haut potentiel ici, Mme la
Présidente, moi, je l'ai dit puis je vais le redire, d'autosabotage. On peut
sérieusement nuire à l'avenir du Québec avec ce projet de loi. Il faut vraiment
faire attention aux messages qu'on envoie. Si le message, c'est de corriger
simplement certaines situations, bien, qu'on le dise puis qu'on le redise, mais
je pense que c'est extrêmement important que l'ensemble des parlementaires
protège nos institutions et protège aussi cet accueil qu'offre le Québec. Parce
que je suis convaincu qu'on partage tous ce sentiment de fierté, là, qu'on est
un peuple accueillant, une nation accueillante, que nos institutions sont
ouvertes sur le monde. Et ça, ça doit être dit et redit. Le principe, puis je
moi, je me permets, à chaque fois que j'en ai l'occasion, de le dire : Nos
étudiants internationaux, on les convoite, on les recrute avec expertise, avec
doigté. Ce sont nos institutions qui le font. Et ça, ça doit être le principe
général qui soit toujours mis de l'avant. Et là-dessus, c'est là qu'il y a un
potentiel de haut sabotage. Puis déjà, on a commencé à glisser. On a commencé à
avoir des chiffres à la baisse. On a commencé à voir que, potentiellement, des
gens, des étudiants, des jeunes talents à l'international... face à une
panoplie de choix. Puis je reviens à ce que M. Quirion disait, avec les
bourses qui leur sont offertes, tout le monde leur déroule le tapis rouge, on
ne peut pas se permettre de se priver de ces talents-là.
Et puis je me permets aussi de conclure,
je pense qu'il me reste seulement quelques minutes.
La Présidente (Mme Poulet) :
5 min 45 s.
Mme Setlakwe : Je porte
encore une fois la voix du recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui
porte... qui, je vous le rappelle, est le président du BCI, le Bureau de
coopération interuniversitaire. Et lui, il a dit que couper dans les étudiants
internationaux, ça va avoir un impact financier important. Là, il a mis de
l'avant un pourcentage. Si c'était 30 %... je ne connais pas la cible du
gouvernement, je ne la connais pas, mais si c'était 30 %, on parle, selon
lui, d'un chiffre qui peut aller jusqu'à 150 millions de pertes dans le
réseau. Et ça, ce sont des pertes que vont subir les étudiants, on va
malheureusement devoir, je les cite, là : «Fermer des programmes, offrir
moins de choix de cours aux étudiants, offrir moins de services aux étudiants.
En région, il va y avoir moins de programmes qui relèvent des disciplines en
sciences, technologie, ingénierie et mathématiques», l'acronyme STIM que tout
le monde connaît, des programmes qui sont essentiels dans les régions.
Donc, encore une fois, Mme la Présidente,
l'importance d'avoir le portrait complet des programmes, de la recherche, de
toutes les données disponibles relatives aux étudiants internationaux, à la
grandeur du Québec, afin qu'on puisse tous apprécier de façon adéquate leur
apport, leur contribution. Et j'ai l'impression que, si on avait toutes ces
informations-là sous les yeux, il deviendrait très clair pour tout le monde
que...
Mme Setlakwe : ...il y a
très peu de matière à couper, et on serait... Dans le fond, c'est ce qu'on
cherche à savoir, nous, à l'opposition, où est, encore une fois, pour
simplifier l'énoncé, le ramener à sa plus simple expression, où est le
problème? Quel est le problème? Qu'est-ce qu'on est en train de vouloir
résoudre? Et c'est simple... C'est seulement avec des données qu'on peut...
qu'on peut répondre à cette question-là. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a une autre intervention?
Oui, M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Plusieurs, éléments, je vous le dis, là. Je vais rester bref
dans mon intervention. Quand même, effectivement, il y a des questions
importantes qui se posent sur les impacts financiers pour les universités,
notamment pour les chaires de recherche, pour les projets, pour les programmes.
Quand même, j'aimerais... J'aimerais ça, effectivement, s'il existe de tels
documents, qu'ils soient partagés. Le ministre en a parlé à quelques reprises,
là, il y a des informations qui viendront s'ajouter, probablement suivant
l'adoption, là, dépendamment de la version de l'adoption du projet de loi, avec
des pouvoirs d'aller colliger, d'aller amasser davantage d'information, ce qui
va probablement permettre de mieux définir, de mieux circonscrire, là, les
impacts financiers.
Mais je pense qu'il doit certainement y avoir
une préanalyse ou il doit certainement avoir quelque chose qui a été fait au
niveau soit d'un mémoire, ici, au Conseil des ministres ou d'autres types
d'informations qui permettent d'éclairer les collègues, notamment parce qu'on
est dans un trio ministériel, là, éducation, enseignement supérieur et
immigration, puis je devrais dire aussi probablement finances, là. Je pense
qu'on... il y a des liens directs. La collègue de Mont-Royal-Outremont en
parlait, il y a du potentiel pour... de réduction de budget de manière
importante pour les universités et pour des centres de recherche.
Ce serait important qu'on les... qu'on les
connaisse puis qu'on puisse évaluer l'impact, là, pour nos institutions. Ils
sont venus nous parler, ils sont venus nous parler de fermeture de programmes,
les cégeps aussi en région, les établissements en région, des fermetures de
services, des fermetures de programmes. Bon, on le verra, on l'établira. Ce
n'est pas ici que la planification va se faire. Ceci dit, ce sont des éléments importants.
Donc, j'appuierai, là, l'essence ou le fond en général de ladite motion de mes
collègues. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Roberge : Est-ce
qu'il nous reste le temps, ou je pourrais intervenir en début cet après-midi,
plutôt que de faire 12 secondes et d'être coupé?
La Présidente (Mme Poulet) :
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre jusqu'à 14 heures?
Une voix : Il y a
consentement, Mme la Présidente.
M. Roberge : Merci.
La Présidente (Mme Poulet) :
Parfait. Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à
14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
bonjour à tous. On reprend nos travaux. Alors, avant de suspendre ce matin,
nous en étions à la motion préliminaire déposée par le député de l'Acadie. M.
le ministre, je crois que vous souhaitiez intervenir.
M. Roberge : S'il vous plaît,
oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, sur cette motion, les collègues de l'opposition
officielle ont demandé des informations, ont demandé...
14 h (version non révisée)
M. Roberge : ...des chiffres,
ont demandé des explications. Les gens qui nous écoutent pourraient croire
qu'on n'a pas déjà donné tout ça. Je rappelle que le gouvernement a offert hier
un breffage technique qui est revenu sur les sujets mentionnés par mon
collègue, sur les tentatives précédentes du gouvernement du Québec de bloquer
les abus, les enjeux juridiques, les recours qui ont eu lieu. Tout ça a été
donné, expliqué, les documents ont été transmis.
Pour ce qui est de données, ça a été
mentionné ce matin, on a transmis plusieurs données hier, avec des
informations, des chiffres, des permis d'études, des émissions de CAQ. Mon
collègue tout à l'heure disait : Bien, j'aimerais ça comprendre pourquoi
ce projet de loi là, comment ça se fait. Donc, ce n'est pas clair, l'intention
gouvernementale. Je lui signale que le mémoire au Conseil des ministres est
public, disponible en ligne. Google. Vous pouvez tous, là, aller chercher. On
précise le contexte actuel, la question des étudiants étrangers, où est-ce
qu'on est, le cadre juridique et les pouvoirs du Québec... je suis en train de
le regarder ici, là, le cadre juridique et les pouvoirs du Québec actuels, donc
l'état du droit actuel, qui montrent très bien qu'on ne peut pas agir en ce
moment comme on le voudrait puis qu'on est un peu inféodés au gouvernement
fédéral, lequel peut plus agir sur les étudiants étrangers au Québec que le
gouvernement québécois, qui est un non-sens. Donc, l'analyse est là,
disponible. Mes collègues peuvent la lire.
Ensuite, un peu plus loin, les actions
récentes du gouvernement fédéral, donc, comme quoi, ce n'est pas juste
théorique, là, ça arrive en ce moment, on a une page là-dessus.
Après ça, mon collègue dit : Mais
pourquoi donc? On essaie de comprendre les intentions du gouvernement. Il y a
une section qui s'appelle Raison d'être de l'intervention. Alors, voici la
raison d'être de... pourquoi on agit, qu'est-ce qu'on fait là, on parle de la
venue des étudiants, le contexte avec les autres résidents non permanents. On
donne les chiffres, les statistiques. On explique tout ça sur plusieurs pages.
On parle de ce qui se passe dans les cégeps, dans les universités, mais aussi
en formation professionnelle. On fait les nuances entre ce qui se passe au
privé, au public. Toutes les informations sont disponibles.
Après ça, les objectifs poursuivis. Donc,
plus ça va, plus on va vers le précis. Tout est là. C'est le document du
gouvernement, le document carrément du Conseil des ministres d'aide à la
décision qui a amené à la rédaction du projet de loi.
Ensuite, il y a la proposition clairement
définie.
Et, plus loin, plus loin on a Autres
options. Je vais vous lire l'extrait Autres options. Ça veut dire, si on
n'allait pas faire ça : «Le Québec aurait pu décider de s'en tenir aux
plafonds imposés par le gouvernement fédéral concernant le nombre de demandes
de permis d'études que ce dernier accepte de recevoir annuellement. Cependant,
le gouvernement du Québec souhaite être en mesure d'utiliser tous les pouvoirs
— ceux dont il dispose comme ceux dont il compte se doter — afin que les
décisions en matière de gestion des demandes reflètent adéquatement ses
particularités et ses besoins spécifiques.» Donc, effectivement, il y avait une
autre option qui était de ne rien faire, mais on voit bien que ce n'était pas
avantage.
Une section Évaluation intégrée des
incidences disponible encore sur le web.
Après ça, analyse comparative, et on
précise, ailleurs au Canada, ce qui se... qu'est-ce qui se passe. Je vous lis
un autre extrait : «Les autres provinces et territoires du Canada
établissent leur liste d'établissements désignés selon certains critères
spécifiques qui sont balisés dans un protocole d'entente avec le fédéral.
Contrairement au Québec, ce ne sont donc pas tous les établissements
d'enseignement en exercice qui sont autorisés à accueillir les étudiants
étrangers.» Donc, on voit que le Québec, société distincte, Québec qui a une
entente Québec-Canada depuis 91 pour mieux gérer son immigration puis avoir
plus de pouvoirs que les autres provinces en ce domaine, est en retard. Nous
avons un projet de loi qui nous propose, qui nous permet de rattraper ce
retard. C'est en ligne, c'est là.
Donc, juste dire qu'on va voter en
défaveur de la motion préliminaire. Je comprends les préoccupations des collègues.
Ma prétention, c'est qu'on lui a déjà répondu de plusieurs façons. Il y avait
beaucoup de transparence. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Morin : ...réplique?
La Présidente (Mme Poulet) : Non,
vous avez épuisé votre temps de parole.
M. Morin : ...si j'ai
l'opportunité de faire une autre intervention sur un autre sujet, je pourrais
prendre mon temps de parole sur l'autre sujet pour répondre à M. le ministre?
La Présidente (Mme Poulet) : Bien,
il faudrait rester sur le sujet en particulier.
M. Morin : D'accord. Il n'y a
pas de souci. C'est bon. Excellent.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, on va procéder à la mise aux
voix.
M. Morin : ...par appel
nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui.
Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui. Pour,
contre, abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)...
La Secrétaire : ...Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
La Présidente (Mme Poulet) : Abstention.
Alors, la motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires à
déposer? Est-ce qu'il y a d'autres choses? Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Mme la
Présidente, j'aimerais déposer une motion préliminaire. Elle a été partagée, je
crois, et, quand elle sera affichée à l'écran, je vais la lire. Donc, oui.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait,
la voilà. Alors, allez-y.
M. Morin : Merci. Excellent.
Donc, je fais motion, conformément à l'article 244 du Règlement de
l'Assemblée nationale, afin que la Commission des relations avec les citoyens,
dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers :
«Qu'elle tienne des consultations
particulières et, qu'à cette fin, elle entende la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse.» Voilà.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Alors, vous pouvez exposer votre... la motion pour une période de
30 minutes.
M. Morin : Parfait, je vous
remercie. Et donc, je dépose cette motion en tant que députée de l'Acadie,
porte-parole de l'opposition officielle, pour, bien sûr renverser la
présomption, puis c'est dans les règlements. Voilà.
Alors, je dépose cette motion... pourquoi
je dépose cette motion? Bien, c'est parce que, dans un premier temps, le
président de la Commission des droits de la personne nous a fait parvenir une
lettre, en fait, à M. le ministre, où il demandait plus de temps pour répondre.
Puis je vais vous expliquer pourquoi c'est important de les entendre. Mais
avant, avant, je vais prendre quelques minutes de mon temps pour répondre à M.
le ministre. C'est toujours en lien, bien sûr, avec le projet de loi. Donc,
bien sûr, Mme la Présidente, j'ai lu le mémoire au Conseil des ministres, la
partie qui est publique. C'est certain, on a fait notre travail, on a tous lu
ça. J'ai cité des passages de ce document, mais il n'en demeure pas moins que,
quand on essaie de voir ou de voir l'étude d'impact... puis ça, c'est seulement
la partie accessible au public, donc il y a une partie qui n'est pas accessible
au public, bien, ça ne nous aide pas. Quant aux... Ça aide en partie.
Donc, quant aux procédures judiciaires, je
l'ai dit, je me répète rapidement, il n'y a pas eu de jugement au fond, on ne
sait pas pourquoi le gouvernement a retiré et a acquiescé à la demande des
demandeurs. Donc, moi, j'aurais aimé le savoir. Voilà.
• (14 h 10) •
Alors, on revient à ma motion pour faire
entendre la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Alors, je vous disais qu'en date du 15 novembre 2024, le président de la
commission, Me Philippe-André Tessier, et la vice-présidente responsable
du mandat-charte, Mme Myrlande Pierre, écrivaient à M. Roberge, au
ministre, dis-je, et indiquaient que c'est un projet de loi qui laisse planer
beaucoup d'incertitude sur sa mise en œuvre et qu'évidemment ils auraient aimé
avoir plus de temps pour intervenir davantage. Alors, c'est important, donc, de
les entendre et de leur donner ce temps. Pourquoi? Bien, parce que la
Commission des droits de la personne et de la jeunesse joue au Québec un rôle
essentiel, hyperimportant dans la protection des droits et libertés.
J'aimerais, dans un premier temps, dans
mon intervention, décrire ce qu'ils font, leur rôle. Et j'aimerais rappeler
qu'au Québec nous sommes très privilégiés, nous avons une charte des droits et
libertés de la personne, qui a été adoptée en 1975. C'est une réalisation
libérale sous le gouvernement de M. Robert Bourassa. Elle est entrée en vigueur
plus tard, en 1976, mais elle a été adoptée en 1975. Donc, réalisation
importante qui accorde des droits fondamentaux dans plusieurs sphères aux
Québécois et Québécoises.
À la suite de l'adoption de la charte, il
était important de créer une commission pour s'assurer que si les droits...
M. Morin : ...qui sont énoncés
dans la charte ne sont pas respectés, bien que les citoyens et les citoyennes
qui se sentent lésés puissent avoir des recours. Donc, ils peuvent s'adresser à
la commission. La commission peut faire enquête. Et nous... nous avons
également au Québec un Tribunal des droits de la personne, un tribunal
judiciaire qui permet d'entendre des recours ou des litiges quand les droits
énoncés à la Charte ne sont pas respectés. Donc, c'est fondamental.
Alors, voyez-vous... puis je vais prendre
du temps pour expliquer l'origine et la mission de la commission, parce
qu'après ça les gens qui nous écoutent vont être à même de comprendre pourquoi
c'est important de les entendre. Et on trouve, bien, différents documents qui
expliquent l'origine et la mission de la commission. Alors, elle a été
constituée en 1976 par la Charte des droits et libertés de la personne et, en
1995, le gouvernement l'a fusionnée avec la Commission de la protection des
droits de la jeunesse. C'est pour ça que dorénavant on l'appelle Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse. C'est un organisme
indépendant du gouvernement. Il remplit sa mission au seul bénéfice de la
population et dans l'intérêt public.
Je me permets de le souligner, Mme la
Présidente, parce que, quand le président et la vice-présidente de la
commission prennent la peine d'écrire et de dire : Écoutez, là, un projet
de loi laisse planer beaucoup d'incertitude sur sa mise en œuvre, bien, moi,
comme parlementaire, ça m'interpelle. Je pense qu'ils ont quelque chose à dire,
quelque chose d'important, de significatif pour les droits des Québécois puis
des Québécoises. Et leur mission était importante, mais leur travail est aussi
important ici que leur conseil parce que, dans leur origine, on sait que la
commission est un organisme indépendant du gouvernement, donc un organisme qui
est impartial et qui est là pour interpréter, pour aider le gouvernement dans
sa mission, évidemment, du respect des droits fondamentaux de la personne, mais
elles sont là aussi pour aider les parlementaires. Ce n'est pas tous les
parlementaires qui sont membres du gouvernement, mais, dans l'opposition
officielle, ça devient excessivement important, évidemment, de se fier et
d'écouter un tel organisme pour être capable par la suite de faire des
interventions pertinentes pour le bénéfice de la population. C'est le même
mandat que celui de la commission. Et, quand la commission remplit son mandat,
elle le fait dans l'intérêt du public. Donc, est-ce qu'il y a quelque chose de
plus important, intérêt du public, bénéfice de la population?
Mais ce n'est pas tout, et, dans la
mission de la Commission, on le dit : «Forte de son indépendance et de son
expertise, la mission de la commission est d'assurer la promotion et le respect
des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne»,
qui est un document qui est une supraloi québécoise, et évidemment pour lequel
on est très fiers. Bon, «elle assure également la protection de l'intérêt de
l'enfant et elle veille à l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité en
emploi dans les organismes publics». Et elle a donc des responsabilités, entre
autres, informer le public des droits reconnus par la Charte, la charte
québécoise. Je le mentionnais un peu plus tôt, faire enquête sur des situations
de discrimination et d'exploitation en vertu de la charte sur les atteintes aux
droits des enfants, faire des recommandations au gouvernement du Québec sur la
conformité des lois à la charte et sur toute matière relative aux droits et
libertés de la personne et à la protection de la jeunesse. Et cet élément-là
est particulièrement important, parce que c'est justement ce que la commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse essaie de faire dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 74. Ils essaient de faire des
recommandations.
Et là, dans la lettre succincte qui est
adressée, ce qu'on nous dit, écoutez, un projet de loi qui laisse planer de l'incertitude.
Déjà, les conséquences d'un moratoire. Puis des personnes immigrantes, une
richesse qui participent au développement social et économique du Québec. Donc,
il me semble, et c'est la raison pour laquelle je présente cette motion, il est
plus qu'important...
M. Morin : ...d'abord
pour le gouvernement, mais aussi pour les oppositions, d'être capables de
dialoguer, d'entendre la Commission des droits pour qu'on soit capables d'avoir
évidemment des recommandations qui, éventuellement, pourront nous permettre de
bonifier ce projet de loi déposé par M. le ministre.
Bon, bien sûr, ils favorisent la
recherche. Ils vont même offrir un service-conseil en matière d'accommodements
raisonnables. Ils veillent aux programmes d'accès à l'égalité et ils coopèrent
avec toutes les organisations vouées à la promotion des droits et libertés de
la personne au Québec puis même à l'extérieur du Québec. Donc, quand on parle
d'un organisme qui a une expertise, qui a une compétence particulière pour
traiter de toute la question des droits et libertés, et je me dis, si j'étais
au gouvernement, ce n'est pas mon cas, si j'étais au gouvernement, je me dirais
il me semble que, tu sais, j'aurais comme respect inné pour la Charte
québécoise des droits et libertés puis les droits qui y sont énoncés. Puis, il
me semble que, quand la commission qui a pour mandat de conseiller, parce que
c'est de ça dont on parle, ou de faire des recommandations sur la conformité
des lois à la charte et sur toute matière relative aux droits et libertés de la
personne et à la protection de la jeunesse, il me semble que c'est un organisme
que je voudrais absolument écouter, si j'étais le gouvernement.
C'est une invitation que je fais à M. le
ministre. La commission, évidemment, bien sûr, a des valeurs, respect des
personnes, c'est assez logique, transparence et intégrité parce que... parce
que c'est une commission, justement, qui est indépendante. Et donc, et donc qui
est capable de faire une analyse. D'ailleurs... D'ailleurs, je serais assez curieux
de savoir si le gouvernement a fait une analyse de l'impact de son projet de
loi sur les droits de la personne. On n'en a pas parlé jusqu'à maintenant, mais
il y a peut-être là des pistes de réflexion pour le gouvernement qui pourraient
effectivement nous aider dans le travail qu'on a à faire dans le cadre de ce
projet de loi.
Vous savez, la Commission des droits et
libertés de la personne, c'est un organisme indépendant, mais qui sont
excessivement actifs au Québec. Puis je vais prendre quelques minutes pour...
pour en faire état pour les gens... pour les gens qui nous écoutent, parce que
je... Sincèrement, je tiens, mais comme pour toutes les autres motions, mais je
tiens particulièrement à ce qu'ils puissent venir nous conseiller, à ce qu'on
puisse venir dialoguer avec eux dans le cadre du travail de la commission pour
le projet de loi no 74.
• (14 h 20) •
Et pourquoi j'insiste et je vais
véritablement insister, Mme la Présidente? Pourquoi? Parce qu'à la page 3
du document, il est écrit : «La commission des droits se désole de ne
pouvoir faire, dans les circonstances, une analyse complète du projet de loi et
des conséquences concrètes qu'il pourrait avoir sur les droits et libertés
protégés par la charte, compte tenu des délais impartis». Alors là, le projet
de loi, il n'est pas adopté. On n'a pas commencé l'analyse et l'étude article
par article. On est en commission. Entendre un organisme comme la commission.
On ne parle pas ici, Mme la Présidente, de notre... d'une journée de travail,
on ne parle pas une demi-journée de travail. Vous le savez, avec votre
expérience, quand on entend des groupes, quand on suggère des groupes, bon, ils
viennent, ils ont un temps imparti, on suit la procédure. Donc, on parle de
quoi? Au maximum 1 h 30 min, gros maximum. Est-ce que la
commission, est-ce que le gouvernement peut se priver d'une telle expertise
reconnue nationalement au Québec et même à l'international? Quand un organisme
comme la commission nous dit, écoutez, ils se désolent de ne pouvoir le faire,
mais il y a une incertitude qui plane sur les conséquences concrètes qu'il
pourrait y avoir sur les droits et libertés protégés par la charte. Donc, c'est
assez fondamental.
Puis pourquoi c'est important, puis
pourquoi ils ont une expertise? Bien, c'est parce que, d'abord, ils existent
depuis des années, mais si vous regardez...
M. Morin : ...si vous regardez
le rapport d'activité, moi, le plus récent que j'ai trouvé, c'est 2023-2024,
puis ça permet de comprendre l'expertise énorme qu'ils ont et qu'on reconnaît
dans le domaine des droits de la personne, en 2023-2024,
2 342 plaintes et dénonciations ont été déposées. C'est quand même un
chiffre important. 1 115 dossiers ouverts. Ça ne veut pas dire
nécessairement que la commission va conclure qu'il y a une non-respect des
droits, mais ils ont quand même trouvé que, dans 1 115 situations,
c'était assez important pour ouvrir un dossier. Et ils ont traité 80 %...
82 % des plaintes en moins de 15 mois. Donc, c'est vous dire... c'est
vous dire toute l'expertise qu'ils ont et dont la commission pourrait
bénéficier. Vous avez aussi des dossiers d'ouverts en matière d'exploitation
d'une personne âgée ou handicapée, des dossiers d'ouverts en droit de la
jeunesse puis des dossiers d'ouverts dans le programme d'accès à l'égalité
d'emploi.
Quand je vous parlais de leur expertise,
hein, recherche, 59 projets de loi ont été analysés, plus de
100 recommandations émises dans différentes instances. C'est vous dire, au
fond, le sérieux, l'importance que la commission accorde quand ils ont le temps
de le faire, d'analyser des projets de loi puis de faire des recommandations.
Et ça, je peux vous en parler parce que, dans différentes commissions, ils
sont... ils ont témoigné, ils ont soumis, ils ont soumis des rapports, ils ont
analysé des projets de loi. Bien, ça ne veut pas dire que le législateur est
lié par ce qu'ils font, mais ce serait... ce serait tellement dommage de s'en
priver, alors qu'ils ont... alors qu'ils ont l'expertise. Et ce n'est pas parce
qu'ils n'ont pas d'intérêt, Mme la Présidente. Ils ont pris la peine d'écrire
au ministre, ils ont pris la peine de souligner qu'il y avait une grande
incertitude, puis ils prennent la peine de nous dire qu'ils se désolent de ne
pas être en mesure de faire une analyse complète, alors que, dans d'autres cas,
dans d'autres cas, quand ils ont plus de temps, bien, ils sont capables de le
faire et ils le font.
Je vous parlais de l'importance de
l'expertise et de leur notoriété. Plus de 5 000 mentions de la
commission dans les médias écrits numériques et électroniques. C'est énorme. Et
c'est une institution québécoise dont on est très fiers. Et, quand vous
regardez l'ensemble de leur mandat et les dossiers qui sont ouverts, ça touche
évidemment différents scénarios où des... on allègue que des droits n'ont pas
été... n'ont pas été respectés. Mais ils ont quand même reçu, comme je le
soulignais, du 1ᵉʳ avril 2023 au 31 mars 2024,
8 552 demandes, alors... toujours dans le domaine de la
discrimination, du harcèlement ou de l'exploitation.
Et donc ça leur permet, évidemment, de
développer une expertise qui est unique au Québec. Puis, vu que c'est un
organisme de l'État québécois, bien, il me semble qu'on devrait utiliser leurs
ressources et leur expertise au maximum. Parce qu'évidemment toute personne
peut porter plainte ou même tout groupe de personne peut porter plainte à la
commission. Et ça leur permet, par la suite, de faire leur travail. Et c'est
dans des domaines qui sont excessivement, excessivement vastes, mais vous
comprendrez que, bien souvent, c'est dans des cas où, bien sûr, il y a une
discrimination qui est alléguée, et c'est souvent dans le cas de personnes
vulnérables. C'est la raison pour laquelle... C'est la raison pour laquelle,
dans certains cas, la commission peut agir en faveur d'une victime ou pas, mais
qu'ils essaient, évidemment, de régler le plus rapidement possible leur
dossier. D'ailleurs, à ce niveau-là, ils ont comme objectif de faire connaître
aux parties leurs décisions dans une période maximale de 15 mois suivant
le dépôt d'une plainte, ce qui est quand même excessivement... hein, c'est
quand même rapide.
Beaucoup de dossiers de discrimination, de
harcèlement, d'exploitation, plaintes reçues en 2022...
M. Morin : ...2023,
1 641, puis en 2021-2022, 1 533, mais en 2023-2024, 1 907.
Alors, je ne peux pas vous dire, je ne peux pas vous dire si les dispositions
du projet de loi portent atteinte à la charte ou pas, mais ce que je peux vous
dire cependant, c'est que, compte tenu de leur expertise, ils seraient en
mesure de nous conseiller très adéquatement et de nous aider, ce qui m'apparaît
tout à fait essentiel.
Énormément d'expertise. Et donc ils sont
là pour conseiller le Parlement, entre autres. Et évidemment, dans leur
bilan 2023, la commission nous rappelle, dans son rapport d'activité, tous
les efforts que la commission a déployés pour rendre service, et ce, dans
plusieurs régions du Québec.
Et le volet régional, ici, est important,
et je vais vous expliquer pourquoi. C'est qu'en fait ils ont été à même de
développer cette expertise : aller rejoindre les régions. Et, vous savez,
vous savez comment les régions, c'est important pour nous à l'opposition
officielle, parce que, dans plusieurs régions, il y a véritablement des poumons
économiques pour le Québec. Je vous dis ça parce que quand on a entendu les
différents recteurs des universités, plusieurs venaient de régions, plusieurs
nous ont parlé de l'importance de l'économie dans leur région et de l'apport
économique qu'ils avaient pour la région où ils étaient. Je pense à des
universités. Évidemment, le réseau de l'Université du Québec, c'est une
excellente chose, et très présent en région, permet de faire vivre une vitalité
économique dans plusieurs régions, on n'a qu'à penser à Trois-Rivières, à
Rimouski, en Abitibi-Témiscamingue. Fondamentalement important.
Donc, la commission travaille justement à
rendre ces services accessibles, et ils ont donc des bureaux dans différentes
régions, de Rimouski à Gatineau, et ils ont augmenté la taille de leur équipe,
ce qui est tout à fait à leur honneur. Puis c'est important aussi de rappeler
leurs quatre grands mandats : protéger les personnes contre la
discrimination et le harcèlement dans le cadre de la Charte des droits et
libertés, alors, ça, là, c'est le premier mandat de la commission, ils sont là
pour ça. Alors, vous comprenez. Bon, moi, j'ai en tête les dispositions de la
Charte des droits qui sont accordées aux gens. J'ai en tête, et je viens de
vous le souligner, le premier mandat de la commission. Puis là, dans le
document, dans la lettre que la commission envoie à M. le ministre, on
dit : «Au départ, un projet de loi qui laisse planer beaucoup
d'incertitude sur sa mise en œuvre». Donc, vous comprendrez que ce n'est pas
rassurant pour un député de l'opposition officielle. Puis, là-dedans, on nous
dit, bien, justement, un des enjeux, c'est que la Commission des droits note
que l'admission des étudiantes et étudiants étrangers sera désormais
conditionnelle à l'admission dans un établissement d'enseignement désigné par
le gouvernement, dans une liste qui sera éventuellement rendue publique par
décret. Donc, les critères d'élaboration de cette liste sont inconnus à ce
jour. Donc, vous avez un organisme indépendant du gouvernement, qui a un rôle
clé avec une expertise clé pour protéger les droits puis les personnes au
Québec, on nous dit... ça, c'est leur premier mandat, puis tout ce qui... ce
qu'ils écrivent en premier, c'est : Oh. Écoutez, ça ne regarde pas bien.
Beaucoup, beaucoup d'incertitudes, beaucoup d'incertitudes.
• (14 h 30) •
D'ailleurs, justement, quand on regarde la
partie accessible au public du mémoire du Conseil des ministres, bien, c'est
ça. Il y a une chose où ils ont vraiment raison, hein, je vous le disais un peu
plus tôt : «L'annonce publique de la présente proposition législative
pourrait être comprise à l'étranger comme une volonté de fermeture du Québec».
Ça, là-dessus, je suis d'accord avec le gouvernement. Donc, il y a un enjeu de
taille.
Deuxièmement, hein, la commission, là,
dans son mandat de protection des droits de la jeunesse, intervient pour...
14 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...protéger,
évidemment, les jeunes. Et comme je vous le soulignais, ils agissent également
dans des situations d'exploitation de personnes âgées ou handicapées puis ils
veillent à l'accès à l'égalité en emploi dans les organismes publics. Et la
commission, la commission, elle est prête à collaborer. La commission, elle,
est prête à... D'ailleurs, d'ailleurs, dans leur document, ils disent :
Écoutez, on s'est associé au ministère de la Sécurité publique, à l'École
nationale de police, au Commissaire à la déontologie policière, pour offrir
notamment une formation sur le profilage racial et social aux policiers du
Québec.
Quand je vous parlais de la notoriété de
la Commission, je vous en parlais, au Québec, et je vous en parlais aussi que
leur notoriété dépasse les frontières du Québec, et c'est tout à leur honneur,
on souligne ici, à Genève : «Le Comité des Nations unies pour l'élimination
de la discrimination raciale a reconnu l'expertise de la commission.» Donc, ils
ont une expertise, ils ont une réputation qui dépasse les frontières du Québec
et c'est reconnu, entre autres, par un comité des Nations Unies. Et ils sont
prêts, évidemment, bien sûr, à venir travailler avec le gouvernement. Alors,
pourquoi, dites-moi pourquoi le gouvernement se priverait d'une telle
expertise?
Permettez-moi, permettez-moi, en
terminant, Mme la Présidente, de reprendre quelques éléments de la lettre qui a
été envoyée à M. le ministre. On nous dit : «Le projet de loi prévoit de
plus que toutes les décisions relatives à la gestion des demandes d'immigration,
tous programmes confondus, seront prises en vertu de différents critères dont
la liste n'est pas limitative.» On cite, par exemple, le besoin de favoriser
une diversité de provenances. Ça avait déjà fait l'objet de réserves de la part
de la Commission des droits. Celle-ci soulignait que : «ce critère de
sélection, basé sur un bassin géographique, comme un pays, une région, un
continent, pourrait avoir un effet discriminatoire à l'égard des ressortissants
étrangers sur la base du motif d'origine ethnique ou nationale.» Donc, on dit
bien que ça pourrait avoir un impact.
On parle aussi du nouvel élément
décisionnel qui apparaîtrait désormais à l'article 52 de la Loi sur l'immigration
au Québec, prévoyant que les décisions en question pourraient varier en
fonction de toute distinction jugée utile. Et évidemment, c'est un critère qui
est très large. Et ça, bien, d'ailleurs, on le dit, je le dis depuis le début,
ça va conférer une discrétion considérable au ministre de l'Immigration et au
gouvernement. Et on se rappelle qu'en vertu de l'article 53 de la loi, les
décisions ne seront pas soumises aux exigences de la loi sur les règlements,
donc à une prépublication.
Alors, autant d'éléments qui créent une incertitude,
et puis c'est ce que la... c'est ce que le président de la commission rappelle
à la page 3 de son document : «une grande incertitude plane donc sur
la manière dont le projet de loi sera mis en œuvre.» On dit qu'en plus, en plus
du projet de loi, parce que c'est un tout en immigration, le gouvernement a
récemment annoncé un moratoire sur deux des principales voies d'accès à la
résidence permanente relevant du gouvernement québécois. Et puis ça, on sait, Mme
la Présidente, parce qu'on a entendu des reportages, on a entendu des
témoignages, le gouvernement vient changer les règles dans le milieu d'un
exercice, ce qui fait qu'on a plein de gens au Québec qui sont en train d'étudier,
puis qui, oui, espéraient travailler, puis éventuellement devenir résidents
permanents, puis là ils n'ont aucune idée de ce qui va arriver. Puis ce projet
de loi, le projet de loi n° 74, ne va pas venir
diminuer leur inquiétude. Et on rappelle que ces incertitudes, ces annonces ne
sont pas sans conséquence sur la vie et les droits des personnes touchées.
Puis ça, je veux prendre quelques instants
pour le souligner. Parce que vous savez, ce matin, Mme la Présidente, on
parlait, on parlait de chiffres, on parlait de statistiques, puis je remercie M.
le ministre avec son équipe, parce qu'on nous a divulgué plusieurs chiffres.
Mais c'est parce que, derrière les chiffres, il y a des humains, il y a des
vraies personnes. Et le dossier de l'immigration aussi, c'est un...
M. Morin : ...dossiers où on
parle véritablement, là, de situations avec du vrai monde qui sont affectés,
bien, c'en est un, et ça, je pense que c'est... c'est important. Et la
commission des droits se désole qu'encore une fois cette catégorie de personnes
soit placée devant une telle incertitude, qui met à mal des projets de vie. La
commission nous rappelle aussi que les personnes immigrantes, c'est une
richesse, et ça, je tiens à le souligner puis je vais le répéter, une richesse
qui participe au développement social, culturel, économique et identitaire du
Québec, et ça, la commission l'a toujours rappelé. Évidemment, c'est un élément
important.
Donc, la commission nous dit qu'elle
demeurera vigilante sur la mise en œuvre du projet de loi, mais, évidemment,
quand on parle de mise en œuvre, c'est parce que le projet de loi aura été
adopté. Moi, ce que j'invite M. le ministre à faire, c'est qu'avant que ce soit
adopté... Tout à coup, tout à coup que son projet de loi serait
discriminatoire, ne serait pas conforme à la charte, bien, qu'est-ce qui va
arriver? Il va arriver des plaintes, il va arriver des litiges. Moi, je
voudrais éviter ça, autant que possible, à l'État, aux Québécois puis aux
Québécoises, d'autant plus que ce serait important de les entendre. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
c'est tout le temps qu'on a, M. le député de l'Acadie. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cette motion? Oui, alors, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Je... j'appuie, là, la motion de... du collègue de l'Acadie sur
la présence de la CDPDJ. C'est quand même important et intéressant. En fait,
quand la Commission des droits de la personne et de la jeunesse nous dit
quelque chose, je suis, effectivement, d'accord qu'on devrait avoir un a priori
toujours positif, puis l'étudier le plus sérieusement possible. Je suis assez
convaincu que le gouvernement pense la même chose de la CDPDJ. On les entend,
là, à plusieurs occasions, sur plusieurs différents projets de loi, dans
plusieurs matières, notamment, là, ces temps-ci, en matière de droits de la
jeunesse, fort heureusement.
Donc, je... j'entends ce que le collègue a
réitéré, puis, effectivement, la communication de la CDPDJ est assez limpide,
là, à l'effet qu'ils auraient voulu pouvoir procéder à une analyse plus... plus
détaillée, mais, faute de temps, c'est ce qu'ils sont capables de nous fournir.
Quand même, des éléments importants, puis j'aurais voulu les entendre
là-dessus, puis on aura la chance d'y revenir, M. le ministre, mais sur les
critères d'élaboration de ladite liste, là, sur les établissements désignés,
qui sont, actuellement, inconnus. Eux soumettent, là, un potentiel risque à ce
qu'on ne connaisse pas initialement les facteurs de qualification, puis le
processus, la procédure, puis, notamment, tous les éléments liés à l'équité
procédurale. Mais j'aurais voulu les entendre là-dessus, sur qu'est-ce qui...
qu'est-ce qu'ils ont comme vision, qu'est-ce qu'ils envisagent de manière à ajouter
dans nos débats, dans nos discussions puis dans les idées qu'on pourra formuler
là, ici, notamment de par leur expertise juridique fort pertinente. Ça fait...
un des éléments qui me semble être très important, qui a été soulevé.
Un autre volet, c'est, effectivement, le
contrôle ou, du moins, la recommandation sur le volet discriminatoire ou non,
là, au sens de la charte... des chartes, sur la base de l'origine nationale ou
ethnique. Ça, ça me semble être un élément important, puis on y reviendra, dans
l'étude détaillée, sur cette... cette question-là, là, d'établir des... des...
la possibilité ou la non-possibilité d'établir des... des quotas par... ou
des... ou des plafonds par pays d'origine national, eu égard à la charte, puis
eu égard à ce qui est protégé là-dedans. Le fait que la commission, là, lève un
drapeau rouge me semble un... un indicateur, et j'aurais voulu les entendre
davantage sur leur analyse juridique, là, de comment ça pourrait être
interprété problématiquement. Parce que — le collègue en parlait — si
on adopte une loi qui, de surcroît, est invalidée, alors que, bon, semble-t-il
que l'objectif de cette loi là, partiellement, était de répondre à un recours
qui avait invalidé une loi ou, en tout cas, un décret, il me semble qu'on
tourne un petit peu en rond, là. Donc, ce sera un élément important à discuter.
• (14 h 40) •
Puis j'aurais voulu pouvoir bénéficier de
l'analyse approfondie et détaillée desdits membres de la commission, donc je
pense que ça pourrait être très utile qu'on les entende. Le collègue en
parlait, on parle d'une heure, là, on parle de leur présentation de 10 minutes
plus la période de questions. Je ne pense pas qu'on... versus l'économie du
temps, et d'énergie, et d'argent, que... qui pourrait être sauvée, là, s'il devait
y avoir une contestation constitutionnelle ou une contestation sur la base de
la charte d'unedite disposition, donc, quand même.
Il y a aussi un volet qui est soulevé puis
qui m'a particulièrement fait réfléchir. C'est sur le... l'ajout, là, de...
M. Cliche-Rivard : ...distinction
jugée utile, là, dans le vocable du projet de loi, ça me semble
particulièrement large, et la commission fait bien de le relever, on est
davantage éclairé, puis les justiciables le sont d'autant plus, les citoyens et
les citoyennes, quand les critères sont parfaitement définis et quand on
comprend exactement où est-ce qu'on veut aller, et non pas quand on fournit un
potentiel de soulever toute autre distinction jugée utile, là. Donc, j'aurais
voulu aussi entendre la commission sur son analyse juridique d'un tel critère,
pour nous permettre, peut-être, de circonscrire, ou, en tout cas, du moins,
d'étudier les possibilités qui nous permettraient de circonscrire le terme.
Donc, voilà, pour moi, il y a des éléments
très importants, et je note quand même qu'il ne s'agit pas là d'une demande
d'entendre pendant trois jours de plus 18 intervenants, là, il s'agirait là
d'une demande spécifique : d'entendre un organisme spécialisé en matière
de respect de la charte puis en matière de conseils juridiques, d'intervention
juridique, qui me semble très précis puis très utile pour l'élaboration de nos
travaux. Là, on a pu bénéficier de quelques lignes, quelques analyses
préliminaires, mais il est évident que, si ladite commission ici devait donner
un mandat à la CDPDJ, je suis assez convaincu, puis c'est ce qu'ils nous...
c'est ce qu'ils nous disent enfin de texte, qu'ils seraient assez disponibles,
et ouverts, et capables de venir s'exprimer. Et moi, j'aimerais pouvoir
bénéficier, là, du temps d'échange avec les avocats et les avocates de la
commission pour éclairer les pistes, qui ferait en sorte que ledit projet de
loi, s'il devait être adopté tel quel, survive à une contestation
conditionnelle approfondie.
Donc, voilà, Mme la Présidente, je vais
remettre tout ça entre les mains, évidemment, du pouvoir gouvernemental, qui
décidera s'il appuie ou non la motion, mais je pense qu'on pourrait, mardi
matin ou mardi en début de journée, rapidement, entendre la commission,
rapidement, là. Puis on serait prêts... moi, je serais prêt à adapter ma
disponibilité, là, sur les heures de travaux, évidemment, pour ne pas retarder
l'étude détaillée, pour entendre la commission. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Donc, à mon tour, donc, de joindre ma voix à celle de mes
collègues. Avant tout, mon collègue de l'Acadie, qui a eu... qui, avec raison,
a déposé cette motion préliminaire demandant, donc, d'élargir les consultations
et d'entendre la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, ce qu'on appelle communément la CDPDJ.
Permettez-moi, Mme la Présidente, de m'en
remettre à leur lettre. C'est une lettre extrêmement importante qui a été
communiquée au ministre, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration, le 15 novembre 2024. Donc, suite aux consultations, aux deux
journées de consultations qu'on a tenues en lien avec le projet de loi no 74,
les 5 et 6 novembre dernier, le 15 novembre, le ministre reçoit, donc, cette
lettre de la CDPDJ où... Je vais le dire dans mes mots, puis ensuite je vais...
je vais... je pense que ça vaut la peine de lire le détail, de lire le libellé
de leur lettre. Mais, dans mes mots, pour reprendre ce que mes collègues ont
dit, quand la CDPDJ émet des réserves, émet des inquiétudes. Il est de notre
devoir, comme parlementaires, d'écouter, de lire, d'entendre, de prendre en
considération. Et ça doit être fait, à mon sens, avant qu'on débute l'étude
détaillée du projet de loi. Il y a des articles spécifiques du projet de loi no
74 qui sont mentionnés, qui sont désignés spécifiquement dans la lettre et pour
lesquels la commission a des inquiétudes. Elle considère que le libellé est
trop large, considère que ça peut mener à des... à une... à brimer des droits
et libertés prévus dans nos chartes. Et donc comme parlementaires, il est
extrêmement important de prendre le temps de les entendre et pas simplement
lire leurs propos. Je pense que ce ne serait pas du tout une perte de temps, au
contraire. Et moi aussi, je me rends disponible pour les entendre avant le
début de nos travaux d'étude détaillée.
Également, je mets mon chapeau d'avocate.
D'ailleurs, nous sommes trois avocats, ce côté-ci de la table, puis je sais
qu'il y a d'autres avocats autour de la table. Il est de notre... Il est
d'autant plus important de prendre le temps de prendre en considération les
inquiétudes...
Mme Setlakwe : ...qui
sont mises de l'avant, là, comme parlementaires, on ne veut pas voter sur un
projet de loi qui pourrait éventuellement être jugé discriminatoire et être
jugé non conforme aux principes et aux droits et libertés enchâssés dans nos
chartes. Donc voilà, Mme la Présidente, je vais me permettre d'en lire des
passages, et puis voilà. Puis ensuite je vais avoir l'occasion de vous faire
part d'un témoignage écrit qui m'a été... qui m'a été remis par une étudiante
tunisienne actuellement dans le parcours... de son parcours de maîtrise en
génie industriel à Polytechnique Montréal. Donc, le 15 novembre dernier, dans
cette lettre de la CDPDJ, on nous... on nous mentionne que le projet de loi
laisse planer beaucoup d'incertitudes sur sa mise en œuvre. C'est ainsi que
débute... débute de cette lettre importante de la présidence. Parmi les mesures
proposées, et je les cite, la Commission des droits note que l'admission des
étudiantes et étudiants étrangers sera désormais conditionnelle à l'admission
dans un établissement d'enseignement désigné par le gouvernement dans une liste
qui sera éventuellement rendue publique par décret. Les critères d'élaboration
de cette liste sont également inconnus à ce jour. Le projet de loi prévoit de
plus que toutes les décisions relatives à la gestion des demandes
d'immigration, tous programmes confondus, seront prises en vertu de différents
critères dont la liste n'est pas limitative.
Mon collègue de service interne en a
fait... en a fait mention. On n'a pas, donc, ici, affaire à une liste de
critères connus, exhaustifs. Elle est... Elle n'est pas limitative et... Et le
projet de loi, en ce sens, laisse planer beaucoup d'incertitude. Je reprends le
texte de la lettre. Parmi ceux-ci, notons-le, et j'ouvre la citation, le besoin
de favoriser une diversité de provenances des demandes de sélection, fermez les
guillemets, qui avaient déjà fait l'objet de réserves de la part de la
Commission des droits. Celle-ci soulignait que ce critère de sélection basé sur
un bassin géographique comme un pays, une région ou un continent, pourrait
avoir un effet discriminatoire à l'égard des ressortissants étrangers sur la
base du motif origine ethnique ou nationale, en compromettant leur droit à la
liberté de leur personne sans discrimination et leur droit à l'égalité dans la
conclusion d'un acte juridique ayant pour objet des biens ou des services
ordinairement offerts au public en vertu des articles 1, 10 et 12 de la
charte.
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Oui. Et
permettez-moi, Mme la Présidente, de mentionner, j'aurais dû le faire au début,
c'est mon erreur, que je prends la parole au nom du chef de l'opposition
officielle, là, dans le cadre du débat sur cette motion préliminaire. Je
remercie mon collègue à ma droite de me le rappeler. Mon collègue, merci.
Donc...
La Présidente (Mme Poulet) :
C'est noté. Merci.
• (14 h 50) •
Mme Setlakwe : Oui,
merci. Je reprends donc les propos de la CDPDJ, les inquiétudes qui ont été
mises de l'avant, qui ont été signalées au ministre de l'Immigration. Il nous
mentionne qu'un nouvel élément décisionnel apparaîtrait désormais à
l'article 52 de la Loi sur l'immigration au Québec, prévoyant que les
décisions en question pourraient varier, j'ouvre les guillemets, «en fonction
de toute distinction jugée utile», fermez les guillemets. Ce critère très large
conférerait ici une discrétion considérable au ministre de l'Immigration et au
gouvernement. La commission nous rappelle qu'en vertu de l'article 53 de
la loi, ces décisions ne sont pas des règlements et ne sont donc... ne sont
donc pas soumises aux exigences de la Loi sur les règlements, dont des
exigences de prépublication à la Gazette officielle du Québec permettant aux
personnes et organismes concernés de les commenter avant leur entrée en
vigueur. Au surplus, notons que le projet de loi réitérerait... retirerait, je
m'excuse, l'obligation de prépublication pour les règlements adoptés en vertu
des articles 9 et 10 de la loi. Comme l'a souligné la Commission des
droits à de multiples reprises, la prépublication est une exigence qui est
étroitement liée au droit à l'information consacré à l'article 44 de la
charte.
Et là on arrive à un passage très
important de leur lettre, et je les cite toujours : «Une grande
incertitude... incertitude plane donc sur la manière dont le projet de loi sera
mis en œuvre. La Commission des droits se désole de ne pouvoir faire, dans les
circonstances, une analyse complète du projet de loi et des conséquences
concrètes qu'il pourrait avoir sur les droits et libertés protégés par la
chatte... la charte, compte tenu des délais impartis». Donc, ici, permettez-moi
d'insister, là, sur la pertinence de notre motion qui... Nous, on porte leur
voix...
Mme Setlakwe : ...et on
demande qu'il y ait du temps qui soit... qui leur soit octroyé, du temps, et je
pense qu'il... nous avons le luxe du temps. Nous devons, il est de notre devoir
de prendre le temps de leur permettre de faire une analyse complète et de venir
devant nous, les parlementaires, pour nous faire part de leurs... de leurs
conclusions, de leurs... de leurs... de leurs analyses plus complètes du projet
de loi.
Ensuite, l'autre... l'autre rubrique de
leur lettre, porte sur les conséquences d'un moratoire imprévu sur l'admission
à l'immigration permanente des étudiantes et étudiants diplômés au Québec. Je
l'ai déjà mentionné, Mme la Présidente, que le projet de loi n° 74
s'ajoute à d'autres mesures qui ont été annoncées précédemment et qui viennent
créer un état d'incertitude dans le... dans le monde de l'enseignement
supérieur et auprès des étudiants internationaux. Je me... je me rapporte
encore une fois à la lettre. «Le projet de loi s'est accompagné de l'annonce
d'un moratoire sur deux des principales voies d'accès à la résidence permanente
relevant du gouvernement québécois, en lien direct avec le projet de loi est
ainsi suspendue la réception des demandes de sélection à titre permanent dans
le cadre du volet diplômé du Québec du PEQ du 31 octobre 2024 au
30 juin 2025.» La CDPDJ nous dit : «Cette décision est pour le moins
surprenante dans la mesure où la planification de l'immigration 2024-2025
annonce vouloir, ouvrir les guillemets, admettre en continu les personnes qui
déposent une demande de résidence permanente dans le cadre du volet diplômé du
Québec, fermer les guillemets.».
Le plan stratégique 2023-2027 du
ministère de l'Éducation supérieure est au même effet et affirme... et là on
cite le plan stratégique qui a été maintes fois cité, là, dans le cadre de
l'étude du projet de loi, ce projet... ce plan stratégique mentionne
«qu'attirer davantage d'étudiants internationaux dans les collèges et
universités francophones du Québec est une priorité gouvernementale», fermer
la... fermer les guillemets. Et c'est là où on arrive à l'impact sur les droits
de la personne. La commission nous dit : «Les incertitudes découlant de
cette annonce inattendue ne sont pas sans conséquence sur la vie et les droits
des personnes touchées. En février 2020, au moment de la réforme du PEQ, la
Commission des droits soulevait ainsi que les changements inattendus au
programme avaient suscité une grande inquiétude parmi les étudiantes et
étudiants étrangers qui avaient, jusqu'à cette annonce, des attentes légitimes
à l'effet qu'ils pourraient bénéficier d'une voie d'accès à la résidence
permanente qui corresponde à leur situation.» Elle ajoutait que «l'incertitude
ainsi créée risquait d'affecter l'exercice de plusieurs de leurs droits
garantis par la charte, et notamment leur capacité à faire des choix relevant de
leur sphère d'autonomie personnelle, telle que protégée par leur droit à la
liberté et à la vie privée consacré aux articles un et cinq de la Charte. Les
personnes concernées ayant quitté famille et amis et souvent investi des sommes
considérables sous la promesse d'un accès à la résidence permanente, la
Commission des droits estimait que cela risquait aussi de porter atteinte à
leur droit à la sûreté, protégé par l'article 1 de la charte, lequel
comprend un aspect protégeant contre toute atteinte à l'équilibre psychologique
de la personne».
Je poursuis : «La Commission des
droits se désole qu'encore une fois cette catégorie de personnes soit placée
devant une telle incertitude, mettant à mal des projets de vie au détriment de
leurs droits.» Et je m'arrête ici. Je pense que c'est le moment opportun pour
vous faire part d'une... d'une lettre qui m'a été... qui m'a été remise par une
jeune étudiante tunisienne qui est actuellement à la Polytechnique, une école
qu'on connaît tous, qui est située dans ma circonscription, que j'ai eu le
privilège de visiter à nouveau il y a quelques... dans les derniers... les
dernières semaines. Je ne nommerai pas la jeune étudiante, mais je peux vous
dire que de... pour l'avoir rencontré, son récit est extrêmement touchant et
son inquiétude était palpable. On sentait le stress dans sa voix et elle m'a...
elle m'a donné cette lettre et elle a dit : Si vous êtes... si vous pouvez
prendre quelques instants pour la lire, et pour prendre en considération ce que
je suis en train de vivre, je vous en serais extrêmement reconnaissante. Alors,
je prends mon temps de parole aujourd'hui ou je profite de cet... de ce temps
de parole que j'ai pour vous faire part de ce qu'elle vit, cette jeune
étudiante brillante.
Donc, elle parle de... en objet, de la
suspension du CSQ, le certificat de sélection du Québec, et les conséquences
pour les étudiants internationaux de cycles supérieurs : «Mme, M., je vous
écris pour exprimer les préoccupations de nombreux étudiants internationaux
face aux récentes mesures adoptées par le gouvernement du Québec en matière
d'immigration...
Mme Setlakwe : ...en
particulier la suspension sans préavis annoncée le 31 octobre de la
délivrance des certificats de sélection du Québec, CSQ, pour les diplômes qualifiés
jusqu'au 30 juin 2025. Ces nouvelles mesures s'ajoutent aux exigences
supplémentaires prévues dès le 23 novembre pour l'accès aux CSQ, créant un
climat d'incertitude pour des étudiants déjà bien intégrés au Québec.»
Et là elle se nomme, je vais passer outre
son nom. Elle est étudiante internationale, inscrite en maîtrise en génie
industriel à Polytechnique Montréal. «Mon parcours au Canada a débuté par une
sélection dans le cadre du programme Mitacs Globalink, une initiative
extrêmement compétitive qui m'a permis de venir à Montréal pour un stage de
recherche. Depuis, j'ai poursuivi mes études en maîtrise de recherche et ai été
reconnue pour l'excellence de mon dossier, me classant deuxième au Québec pour
l'obtention de la Bourse de la Francophonie, du Fonds de recherche du Québec.»
C'est une vraie personne, là, qui est visée par cette bourse du Fonds de
recherche du Québec dont on parlait ce matin quand on citait notamment le
scientifique en chef, M. Quirion.
Je poursuis. «J'ai également atteint un
niveau C1 en français, TCF Canada, correspondant au niveau 9 sur
l'échelle québécoise des compétences en français. Le Canada a investi en nous
et nous sommes prêts à rendre cet investissement en contribuant activement à
l'économie et au développement de la société canadienne. Mon projet de
recherche est aligné avec les priorités du Québec en matière de développement
durable, en se concentrant sur la stratégie d'électrification des transports.
Ce projet implique une collaboration étroite avec des PME québécoises,
renforçant notre intégration dans le tissu économique local. Je suis mariée et
mon mari détient la résidence permanente au Québec, ce qui témoigne de notre
engagement à bâtir notre avenir ici en respectant les lois et en contribuant à
l'économie locale.
Les étudiants internationaux des cycles
supérieurs à Polytechnique Montréal, qui représentent environ 65 % des
effectifs à ce niveau, ont consacré de nombreux efforts pour s'intégrer au
Québec souvent en apprenant le français depuis le début. La plupart d'entre
nous se situent dans la tranche d'âge de 26 à 30 ans, avec des conjoints
et des responsabilités familiales croissantes. Nous avons fait le choix de nous
établir au Québec de manière durable, mais l'instabilité législative actuelle compromet
notre capacité à prendre des décisions pour l'avenir. Suite à ces changements
fréquents et soudains, notre santé mentale est affectée car nous nous trouvons
dans l'incapacité de nous projeter sereinement dans un futur proche. Cette
incertitude persistante pèse lourdement sur notre moral, nous laissant dans un
état de constante inquiétude quant à notre avenir ici.
Nous ne sollicitons pas de traitement de
faveur, mais un cadre stable et cohérent qui nous permettrait de poursuivre
sereinement notre engagement envers le Québec, permettant aux étudiants
internationaux qualifiés d'envisager sereinement un avenir au Canada. Nous vous
remercions pour votre attention et restons disponibles pour toute information
complémentaire.».
Moi, j'ai été extrêmement touchée par le
récit de cette jeune étudiante puis je suis persuadée... et d'ailleurs, il y en
avait deux autres qui étaient autour de la table avec nous, mais je suis
persuadée que c'est le récit de plusieurs étudiants internationaux qu'on a le
privilège d'avoir pu recruter, qu'on a le privilège d'avoir ici, sur notre
territoire. Dans son cas, elle va clairement apporter une contribution
significative à nos efforts en transition énergétique. Et puis elle m'a dit
qu'elle avait déjà un emploi assuré, elle se concentre en stratégie, c'est ça,
d'électrification des transports. Je pense que c'est extrêmement pertinent. On
se rappelle qu'à la Polytechnique, au deuxième cycle, c'est soit autour de
60 % d'étudiants internationaux, et quand on est au doctorat, on parle de
70 % d'étudiants internationaux.
• (15 heures) •
Donc, l'ensemble de ces mesures, auquel
s'ajoute le projet de loi n° 74, créent des
inquiétudes bien réelles. Quand la CDPDJ nous parle de de ces projets de vie,
je reviens à leur lettre, qu'elle nous parle de ces personnes qui sont placées
devant une incertitude mettant à mal des projets de vie au détriment de leurs
droits, bien, je pense qu'on a un exemple... je vous ai fait part, Mme la
Présidente, d'un exemple bien vivant, d'une personne qu'on a eu la... que j'ai
eu la chance de rencontrer.
«Soulignons que ces personnes, résidentes
au Québec, intégrées dans nos institutions d'enseignement supérieur, qui
occupent aussi souvent un emploi sur le campus ou à temps partiel à
l'extérieur, ont très largement le français comme langue d'usage.» C'est ce que
je viens de mentionner, là, quand je lisais la lettre de cette jeune femme.
«Comme le soulevaient les électrices et recteurs des principales universités
francophones québécoises...
15 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...québécoise
lors des consultations du 5 novembre dernier. «Les étudiantes et étudiants
internationaux qui reçoivent les établissements d'enseignement supérieur
québécois sont triés sur le volet et soumis à des processus d'évaluation et de
sélection rigoureux. Ils participent à faire du Québec une société d'accueil
capable de rivaliser avec tous les autres pays en termes de recherche et de
techniques de pointe. Ces étudiantes et étudiants contribuent aussi, par leurs
activités de recherche et d'enseignement, à l'exercice de la liberté académique
de leurs établissements, protégés notamment par l'article 3 de la Charte qui
consacre la liberté d'expression. Si les inquiétudes relatives à l'accueil
permanent des personnes étrangères découlent de l'admission sans balise d'un
grand nombre d'étudiantes et d'étudiants étrangers non francophones dans des
établissements privés non subventionnés au cours des dernières années, la
commission des droits estime alors que le projet de loi devrait viser plus
spécifiquement la résolution de ce problème.»
Mme la Présidente, l'exercice qu'on fait
cet après-midi, en d'autres mots, c'est de venir porter la voix, mettre de l'avant
encore une fois ces préoccupations qu'on a entendues maintes et maintes fois
depuis le début des consultations sur ce projet de loi. On a pu l'entendre en
commission, on a pu le lire. J'ai ici avec moi, là, non seulement les mémoires
des groupes qui sont venus en consultations, mais également toute une pochette
remplie de mémoires additionnels qui ont été soumis à la commission. On a tous
suivi la revue de presse, on a tous entendu les préoccupations. Elles se
recoupent, elles se répètent par la voix de nombreux acteurs. Et là, ici, on a
la CDPDJ. Et, comme parlementaires, je pense qu'il n'est pas du tout inutile,
il n'est pas du tout frivole, il n'est pas du tout... pas du tout superflu de
prendre le temps. Et on a mentionné qu'on parle... on parle de quoi, on parle d'une
heure de notre temps, de leur accorder un espace de parole afin qu'ils puissent
compléter leur analyse détaillée et nous en faire part en commission.
Donc, permettez-moi de compléter, donc, le
temps qu'il me reste en parlant du troisième volet, donc, oui, le troisième
volet de la lettre extrêmement pertinente de la CDPDJ, et qui est intitulé Les
personnes immigrantes; une richesse qui participe au développement social,
culturel, économique et identitaire du Québec : «La commission des droits
a toujours veillé, dans ses différents travaux, à souligner l'importance de
reconnaître la participation effective des Québécoises et des Québécois issus
de l'immigration à leur société d'accueil. Or, elle constate que ces personnes
ont été malmenées, ces dernières années, par le discours public sur l'immigration
décuplé par les réseaux sociaux.», etc.
Je pense que ce qu'il faut... ce qu'il
faut retenir aussi, puis ça a été dit et redit, c'est qu'il faut faire
attention au message qu'on envoie. Il faut, oui, s'il y a une problématique
spécifique, qu'elle soit nommée, qu'on ait les chiffres à l'appui, qu'on sache
où se situe la problématique aussi, dans quelles régions, dans quels collèges,
dans quels programmes, dans quels établissements, dans quels ordres d'enseignement,
etc., et qu'on fasse attention au message général qu'on met de l'avant afin de
s'assurer de maintenir notre réputation internationale, de maintenir notre...
bien, la qualité de notre accueil, parce que la nation québécoise, elle est
extrêmement accueillante. Et moi, les personnes à qui je parle, c'est des
étudiants comme l'étudiante dont je vous ai fait mention précédemment, bien,
ils veulent toujours venir. C'est ce qu'on entend, c'est ce qu'on entend quand
on voyage. On parle de nos universités, on parle du Québec, on parle de Montréal.
Puis la beauté de la chose, c'est qu'on est connu et réputé à l'international
pour la qualité de nos institutions. Donc, encore une fois, il faut agir avec
la plus grande... la plus grande prudence, ici, et faire très, très attention
au message qu'on envoie. Parce que, même quand l'intention n'est pas, donc, de
venir nuire à l'ensemble du réseau, mais plutôt de venir répondre à une
situation problématique bien spécifique et identifiée. Parfois, en voulant,
donc, régler un problème, on peut aussi en créer d'autres. Et ce n'est
certainement pas l'intention, notre intention, comme législateurs ici.
Donc, je termine en disant que la
commission des droits soulignait, en 2022, «l'importance pour le gouvernement d'assumer
pleinement ses devoirs et responsabilités en matière d'accueil et d'intégration
afin de permettre la pleine participation et la contribution des personnes
immigrantes, non seulement au fait français, mais aussi au développement
social, économique, culturel et identitaire du Québec. D'ailleurs, les
différents énoncés de politique, les politiques en matière... les...
Mme Setlakwe : ...de
politiques et politiques en matière d'immigration, adoptés au fil des ans, font
de cette participation un des principes fondamentaux du cadre normatif spécifique
du Québec pour l'intégration des personnes immigrantes.
«Seule la réaffirmation de la
responsabilité partagée entre la société d'accueil et les personnes immigrantes
permettra la pleine participation de celle-ci à la prospérité du Québec et au
renforcement de sa cohésion sociale.»
Ils terminent en nous disant : «La
Commission des droits demeurera donc vigilante sur la mise en œuvre du projet
de loi n° 74 et suivra avec intérêt les consultations sur la planification
de l'immigration prévue au printemps prochain.»
Je termine en vous disant... en réitérant,
Mme la Présidente, en appui à notre motion. Ils disent qu'ils vont demeurer
vigilants, qu'ils vont suivre avec intérêt. Nous, on a lu avec intérêt, mais
pourquoi ne pas leur tendre la main et faire plus. Ils disent qu'ils vont...
qu'ils demeurent vigilants, qu'ils sont impliqués, qu'ils sont intéressés et
qu'ils ont des choses à dire. Tout ce qu'on a à faire, c'est leur offrir un
espace, un espace pour le faire, Mme la Présidente. Et, en ce sens-là, je pense
que notre motion est tout à fait pertinente et souhaitable. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Brièvement. On a pris connaissance des commentaires, mais il faut
se souvenir que, lorsqu'on fait des consultations particulières, c'est par
entente avec les leaders. On n'a pas l'intention d'entendre de nouveaux
groupes. Les gens peuvent se faire entendre de plusieurs manières, peuvent
communiquer avec nous, peuvent nous envoyer des mémoires. Donc, juste au cas où
les collègues prévoient déposer d'autres motions préliminaires qui vont nous
demander de faire d'autres auditions particulières, juste pour sauver du temps,
on ne les acceptera pas, juste pour les aider.
La Présidente (Mme Poulet) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Non. Alors, on va procéder à la mise aux
voix. Est-ce que la motion du député de l'Acadie est...
M. Morin : ...Mme la
Présidente, un vote par appel nominal, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Poulet) : Oui.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
La Présidente (Mme Poulet) : Abstention.
Alors, la motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. J'ai une autre motion préliminaire à présenter et elle a été
envoyée, déposée dans le Greffier, si je ne me trompe. Et, lorsqu'elle sera
affichée au tableau, je vais la lire. Pardon?
Une voix : ...
M. Morin : Moi, ce que
j'avais à dire pour la commission, je l'ai dit, c'était très clair. Voilà. Bon,
on l'a. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
oui, allez-y, on vous écoute.
• (15 h 10) •
M. Morin : Oui. Alors,
écoutez, vous avez raison, Mme la Présidente, je vais la lire d'abord. Alors,
député de l'Acadie, en tant que député et porte-parole de l'opposition
officielle en matière de francisation, intégration et immigration, je dépose la
motion préliminaire suivante :
«Conformément à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des
relations avec les citoyens, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de
loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers, tienne des consultations particulières et qu'à cette fin,
elle entende de l'Institut des sciences de la mer de l'Université du Québec à
Rimouski.»
Voilà.
La Présidente (Mme Poulet) : On
vous écoute.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, j'ai bien entendu, M. le ministre. Mais, vous savez, moi,
dans mon travail de porte-parole de l'opposition officielle, je persévère.
Alors, je me dis : Peut-être qu'à un moment donné la réponse de M. le
ministre va changer. On ne peut pas perdre à demander. Le pire qu'il puisse
arriver, c'est que M. le ministre dise non, mais, si on ne demande pas, on ne
l'aura pas. Vous êtes d'accord avec moi? Alors, voilà. Donc, moi, je continue.
Et pourquoi, pourquoi je continue et pourquoi c'est important? Écoutez, depuis
le début, depuis le début...
M. Morin : ...du dépôt de
ce projet de loi et des groupes que nous avons entendus. On a reçu d'autres
mémoires. Ça soulève un intérêt grandissant. Et moi, mon rôle comme
porte-parole de l'opposition officielle, c'est d'exposer au gouvernement toutes
les craintes, incertitudes, impacts que pourrait avoir le projet de loi. Parce
qu'on nous demande, nous parlementaires, de travailler à ce projet de loi là.
Bien, moi, je veux bien. Puis je vais le faire, c'est fascinant, avec mon cœur,
mais je voudrais, par exemple, avoir tous les outils pour le faire
correctement. Et quand on nous dit, quand on nous dit, quand les recteurs
d'université nous disent qu'il va y avoir un impact important, bien, moi, mon
rôle, c'est de démontrer au gouvernement que cet impact-là va se faire sentir
dans différents domaines de l'activité... de l'activité du savoir et de l'enseignement
au Québec.
Pourquoi? Pourquoi une demande en lien
avec l'ISMER? Bien, je vais vous expliquer pourquoi, Mme la Présidente. Il y a
quelques semaines, alors qu'on était évidemment au Parlement, j'ai eu le
privilège de rencontrer un groupe de hauts fonctionnaires, chercheurs,
responsables d'activités portuaires au Québec, dans le cadre de la Semaine
maritime. Et au Québec, on est particulièrement chanceux parce que nous avons
ce grand fleuve qu'est le Saint-Laurent, qui est d'une beauté incroyable. Et à
la fin de la rencontre, il y a un chercheur qui vient me voir, et il me
dit : Écoutez, je suis à l'ISMER et je suis particulièrement inquiet. Ah
bon! J'ai dit : D'accord. Alors je l'écoute et il me dit : Vous
n'avez pas idée de l'impact que ce projet de loi là va avoir sur notre institut
de recherche.
J'avais déjà entendu parler de l'ISMER et
surtout de leur bateau, le Coriolis. Mais quant à leur mission très
particulière, à l'impact, à ce qu'ils faisaient, là, je dois avouer que j'ai
fait quelques recherches et j'ai découvert, et c'est tout à l'honneur, tout à
l'honneur du Québec, ce qu'ils font. Mais là, après ça, la réflexion que je me
suis faite, c'était de dire : Mais par ailleurs, quelle tristesse, si ce
projet de loi a un impact négatif sur un tel lieu d'enseignement et de
recherche que nous avons au Québec.
Alors, dans les minutes qui vont suivre,
je vais prendre le temps d'expliquer au gouvernement l'importance de l'ISMER au
Québec. L'ISMER, en fait, c'est un acronyme. C'est l'Institut des sciences de
la mer de l'Université du Québec à Rimouski. Et écoutez ça, Mme la Présidente,
ce n'est pas banal. Une institution francophone, M. le ministre, est aussi la
ministre de la Francisation, une institution francophone en région, hein,
qu'est ce qu'on peut demander de mieux, vouée à l'avancement des connaissances
multidisciplinaires en océanographie? C'est... C'est unique, unique au Québec,
unique. Et je vais... Et je vais vous dire ce que je vous disais tout à
l'heure. Je ne crois pas, sincèrement, je peux me tromper, mais je ne crois pas
que le fait d'entendre un organisme pendant une heure de temps, alors qu'on a
un projet de loi qui va avoir un impact dévastateur sur nos universités, va
mettre en péril le gouvernement. C'est mon appréciation bien personnelle, mais
néanmoins je vous le soumets avec respect.
Et puis, s'il y en a qui nous écoutent qui
ne connaîtraient pas l'ISMER, bien, sachez que c'est le plus important centre
de recherche universitaire francophone en sciences de la mer au Canada. Donc, on
parle ici pour le Québec d'un institut de pointe en recherche dans le domaine
des sciences de la mer, et en termes de centre de recherche francophone, c'est
le plus important au Canada...
M. Morin : ...je pense qu'on a
toutes les raisons au Québec d'en être fier. L'Institut des sciences de la mer
regroupe une importante masse critique de chercheuses et de chercheurs, ainsi
que d'étudiantes et d'étudiants d'horizons disciplinaires variés. Donc, ça,
c'est littéralement fondamental. Et ces spécialistes se consacrent à la
découverte et à l'avancement des connaissances sur les milieux marins et
côtiers dans une perspective de développement durable.
Présentement, Mme la Présidente, bien, il
n'y a pas si longtemps, la COP s'est terminée au Brésil. On parle constamment
de développement durable, on parle de l'impact des changements climatiques. Et,
croyez-moi, je ne suis pas un expert en océanographie, mais, quand on a la
chance d'aller dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie ou ailleurs, on voit l'impact
des changements climatiques sur les côtes des villages côtiers. Donc, on a ici,
chez nous, au Québec, le plus important centre de recherche en océanographie.
Puis là je ne vous dis pas ça... ce n'est
pas hypothétique, là, ce que je vous dis. Si je n'avais pas rencontré le
chercheur en question, bien évidemment, peut-être que je n'en aurais pas parlé
ou je n'aurais pas été à même de prendre la mesure ou l'impact de la mesure sur
ce que le ministre veut faire avec son projet de loi. Mais on nous dit : Écoutez,
l'impact va être important. Donc, je ne peux pas faire autrement que d'en
parler. C'est un institut qui est rattaché à l'Université du Québec. Alors, ça
fait partie de la grande famille. Mais vous avez là, au sein de l'institut, une
communauté d'experts en biologie, en chimie, en physique et en géologie, donc
autant de disciplines scientifiques qui font en sorte qu'on peut attirer, au
Québec, en région, dans une institution francophone, des étudiants et des
chercheurs. Et, croyez-moi, quand on parle de science, science appliquée, de la
biologie, de la chimie, de la physique et de la géologie, puis ça revient... ça
revient à ce que ma collègue députée de Mont-Royal–Outremont disait un peu plus
tôt aujourd'hui, et elle se basait sur les témoignages et les écrits des
recteurs d'université, dans ces domaines-là, on est en compétition avec le
monde. C'est clair. Biologie, là, la chimie, la physique, que ce soit à
Montréal, à Rimouski, à Toronto, New York, Philadelphie ou Genève, ça se
ressemble pas mal. Ça va être les mêmes principes, les mêmes équations. Donc,
on est en compétition avec le monde.
• (15 h 20) •
Alors, on a déjà... Parfois, c'est ardu,
puis des recteurs d'université nous l'ont dit, c'est difficile d'attirer des
chercheurs et des étudiants, bien, écoutez, n'allons pas poser des gestes qui
vont faire en sorte qu'on va se nuire. Puis là, ici, on a un institut chez nous
qui est très pointu dans les recherches qui le font, mais qui attirent
évidemment des chercheurs dans des secteurs de pointe qui sont hyperimportants
pour la planète. Notamment, on souligne ici que l'Institut s'intéresse au
fonctionnement des écosystèmes marins en regard des changements climatiques à
la portée de l'activité humaine. Il y a-tu quelque chose de plus pertinent,
présentement, que toute la question des changements climatiques? On ne... on
parle de ça à longueur de semaine dans les médias systématiquement.
L'Institut veille également à la
valorisation des bioressources marines, à la géologie marine et aux risques
naturels. Les travaux de recherche, et les professeurs, pour vous donner une
idée de la réputation, ainsi que des étudiants et étudiantes de l'ISMER, sont
menés aux quatre coins du globe, de l'Arctique à l'Afrique, en passant par
l'Argentine. Et ça, c'est chez nous. Donc, l'institut a comme mission de
contribuer à la découverte et à l'avancement des connaissances fondamentales
appliquées à des milieux marins et côtiers. Et ça a un impact important dans le
monde, mais ça a un impact...
M. Morin : ...impact important
aussi au Québec. Tu sais, ce n'est pas... ce n'est pas compliqué. Tout à
l'heure, je vous parlais, je vous parlais du Saint-Laurent avec toutes les
côtes, mais après ça, bien, vous vous rendez dans l'Arctique. Le Québec,
c'est... comme un territoire, c'est vaste, c'est immense. Donc, autant
d'éléments positifs en regard de cet institut de recherche qui est chez nous.
Donc, l'institut est né du département
d'océanographie de l'UQAR à l'époque et de l'INRS océanologie. Et donc ils ont
amorcé leur activité en 1999. Au début, ils avaient 14 professeurs, ils en
ont maintenant 23, et ils ont des chercheurs et 45 professeurs associés.
Donc, un institut de recherche de pointe qui a une vocation très spécifique,
mais dans des secteurs qui sont hyper pertinents pour les défis que nous
rencontrons présentement : je vous parlais des défis climatiques et de
l'impact sur les océans et notre fleuve. Puis quand on regarde la composition
et les étudiants qui y étudient, qui travaillent, qui font de la recherche, on
parle, entre autres, de 100 étudiants aux cycles supérieurs. Donc, quand
on vous dit que c'est difficile de recruter à l'international, quand on vous
dit aussi que les étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs ont un apport
hyper important puis aussi un apport fondamental pour les universités d'ici,
puis pour la recherche, puis pour notre réputation dans le monde, bien, aux
cycles supérieurs, eux, c'est 100 étudiants. Ils ont 589 diplômés. Et
donc ils font la promotion d'une démarche multidisciplinaire au cœur même de
leur mission.
Donc, quand je vous disais tout à l'heure
que leur travail est fondamental, on parle ici, là, de l'utilisation et de
l'exploitation durable du milieu marin, contribuer à la résolution des
problèmes qui en émergent par la recherche fondamentale et appliquée et surtout
par la formation aux cycles supérieurs avec du personnel hautement qualifié.
Rappelez-vous le reportage et l'article auquel je faisais référence un peu plus
tôt et qui parlaient, bien sûr, plus spécifiquement de l'Université du Québec à
Rimouski, mais qui disaient qu'à cause de ce projet de loi là les dommages
avaient déjà commencé à être faits. Alors, imaginez l'impact sur un tel
institut de recherche dans des secteurs excessivement nichés, importants, et
qui contribuent à la réputation du Québec à travers le monde. Et c'est aussi
une des raisons pour laquelle je veux prendre... je veux prendre du temps,
quelques minutes, aujourd'hui, pour vous parler de ça. Quand on parle, et puis,
ça, les recteurs sont venus nous le dire, ils disaient : Écoutez, quand on
a des étudiants qui viennent ici puis qui repartent par la suite, bien, c'est
des ambassadeurs, des ambassadeurs pour le Québec. Alors là, vous avez ici des
programmes hyper spécifiques, hyper nichés. C'est tout à notre honneur. Donc,
ces gens-là qui viennent ici, qui repartent, bien, évidemment, ils vont
forcément être des ambassadeurs pour le Québec. Non seulement ils vont être des
ambassadeurs, mais ils vont permettre au Québec, à l'institut, à ces secteurs
de pointe, de développer des réseaux à travers le monde. Puis après ça, bien,
justement, quand on va à des conférences internationales, que ce soit sur des
changements climatiques, sur l'impact évidemment du milieu marin et les
changements climatiques, mais ça permet de réseauter puis ça permet de
positionner le Québec mieux que n'importe quelle autre nation, puis c'est ça
qu'on veut au Québec avec notre réseau universitaire. Mais évidemment on veut
exceller, c'est hyper, hyper important. Donc, une démarche multidisciplinaire
qui est au cœur de la mission de l'ISMER, et ça, c'est hyper important. Avec
des étudiants, mais évidemment qui viennent de l'étranger et qui viennent
aussi, mais bien sûr du Québec, mais qui sont là pour accroître évidemment la
réputation de l'institut.
Quand je vous disais que ça regroupe
plusieurs chercheurs dans le domaine de la biologie, de la chimie, de la
physique et de la géologie, c'est véritablement un institut unique. C'est sûr
qu'au Québec...
M. Morin : ...ce n'est pas
juste... qui ont de la biologie, de la chimie, ça, c'est clair, là. Ils en ont
dans les grandes universités, ils en ont dans les cégeps, là, ça, c'est
évident. Sauf que ce n'est pas toutes les universités qui ont le privilège
d'être à côté d'une masse d'eau considérable. Rimouski est directement sur le
fleuve... également.
Donc, les chercheurs en biologie, ils
s'intéressent à quoi? Bien, évidemment, à tous les organismes qui vivent dans
les milieux marins : algues, crustacés, mollusques, poissons, mammifères,
donc fondamentalement, importants. Et, en plus, ils sont là pour faire une
évaluation, une étude de l'interaction puis de l'évolution des espèces en
fonction de paramètres physiques, chimiques ou géologiques. Donc, ils étudient,
entre autres, l'influence des perturbations sur la biodiversité. Et je ne suis
pas un chercheur en océanographie, mais, évidemment, ce qui se passe dans le
Saint-Laurent, ça m'intéresse.
Et on le voit, il y a des impacts réels
qu'on n'aurait pas imaginés il y a 20, ou 30, ou 40 ans, mais qui sont là, et
d'ailleurs on l'a vu, et ça a un impact direct sur notre économie. Tu sais,
tout à l'heure, ma collègue députée de Mont-Royal-Outremont parlait de
l'économie, de l'importance de l'économie. Bien, évidemment, au Québec, hein,
de la pêche, c'est superimportant. S'il y a des espèces de poissons qui
disparaissent, qui sont menacées, qui se déplacent parce qu'il y a du
réchauffement des eaux dans le Saint-Laurent, bien, évidemment, évidemment, ça
a un impact sur l'économie. Ils ont aussi une spécialisation en aquaculture, et
c'est ce que je viens de souligner, sur les systèmes d'exploitation
halieutique. Donc, ça, c'est pour la biologie.
La chimie... On parle... on parle de
pollution, souvent. Alors, ils ont des processus et des programmes de recherche
sur les constituants chimiques des eaux océaniques, les effets des contaminants
et leur distribution. Autant de sujets de pointe dont on parle à toutes les
semaines, au Québec, toutes les semaines. En géologie, évidemment, formation
des bassins océaniques et la façon dont les sédiments sont transportés. Et ça
aussi, ça a un impact important, au Québec, on le voit avec les berges. Vous
n'avez qu'à regarder ce qui se passe aux Îles-de-la-Madeleine et vous allez
voir qu'effectivement les courants, les marées, les grandes marées ont un
impact important sur la constitution des îles, tout à fait. Donc, un autre
élément important. Puis évidemment ils ont un secteur de pointe en matière de
recherche, dans le domaine de la physique.
• (15 h 30) •
Variations de température, je vous en
parais un peu plus tôt, phénomène hyperimportant. Évidemment, ça ne paraît pas
beaucoup, un ou deux degrés, mais un ou deux degrés de plus dans l'estuaire du
Saint-Laurent, puis c'est terrible, c'est terrible : formation des vagues,
impacts directs sur les côtes, formation de zones de turbulence, changements
climatiques et mondiaux. On le voit, on le voit, les ouragans, les typhons sont
de plus en plus violents. Ça détruit parfois quasiment des villages, des
villes. Et donc l'impact est majeur, donc c'est superimportant. Nous, on est
chanceux, au Québec, on a un institut avec des chercheurs qui ont et
développent des expertises directement dans ce domaine-là. Alors, ils ont un
encadrement idéal pour les étudiants. Ça leur permet d'accroître leurs
compétences en océanographie, et je le rappelle, c'est une formation qui est
unique au Québec.
Donc, vous voyez, c'est un peu ça,
l'impact du projet de loi. On le disait, la Commission des droits de la personne
en parlait : incertitude. On ne sait pas ce qui va arriver, mais ce qu'on
sait, par exemple, c'est qu'on a des gens excessivement inquiets. Ma collègue
députée de Mont-Royal-Outremont soulignait tantôt et lisait une lettre...
15 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...d'une étudiante.
Je vous disais un peu plus tôt, cet après-midi, qu'en arrière des chiffres il y
a du vrai monde. Dans le domaine de l'immigration, bien, on est à même de
comprendre l'impact. Et donc, évidemment, ça a un impact sur ces étudiants-là.
Vous êtes en train de faire votre doctorat, vous êtes en train de faire votre
maîtrise, puis là, dans le milieu du parcours, le gouvernement du Québec change
des programmes, puis là arrive avec le projet de loi n° 74.
Ça fait quoi? On n'en a aucune idée. Aucune idée. Mais il y a une chose qui est
sûre, par exemple, ils ont un programme de maîtrise en océanographie et ils ont
même un doctorat en océanographie, ce qui est aussi un programme unique, unique
au Québec. Et ils sont en compétition avec le monde. Donc, il faut être
capable... nous, au Québec, il faut être assez stratégiques pour être capable,
évidemment, de concurrencer.
Quand je vous disais un peu plus tôt que,
parmi les lettres qu'on a reçues, parmi la lettre qu'on a reçue de l'ensemble
des chefs et directions recteurs des universités et qu'on avait mis la ministre
des Relations internationales en CC, bien, il y a des raisons pour ça, là. Si
vous regardez l'ISMER, ils ont des ententes de coopération internationale avec
des pays à travers le monde. Donc, ça vous donne une idée du rayonnement de ce
centre puis ça vous donne une idée aussi de l'importance de le soutenir puis
surtout ne pas aller adopter une loi qui va leur nuire. Puis quand je vous
parlais d'ententes de collaboration à travers le monde, puis, tu sais, quand on
vous dit qu'on est en compétition avec le monde, bien là, on en a des exemples
concrets, ce n'est pas juste hypothétique. L'ISMER, ils ont des ententes avec l'Argentine,
l'Algérie, la Belgique, le Bénin, le Brésil, le Cameroun, la Chine, la
Colombie, l'Égypte, l'Espagne, la France, la Guinée, l'Italie, le Japon, le
Liban, Madagascar, le Maroc, Monaco, Niger, Pérou, Philippines, Roumanie,
Sénégal et la Suisse, la Confédération helvétique. Donc, c'est sûr que, forcément,
si vous signez une entente de coopération internationale, bien, c'est parce qu'ils
ont fait une analyse. Évidemment, ils ne font pas ça juste pour le plaisir, là.
Puis ils ont été en mesure de dire : Écoutez, si on a des ententes comme
ça, ça va permettre, bien évidemment, aux chercheurs de l'ISMER d'aller dans
certains pays, mais aussi des étudiants ou des chercheurs de ces pays là, de
venir au Québec. Et quand on vous disait qu'on est en concurrence avec le
monde, bien là on en a un exemple très concret. Ça ne peut pas être plus
concret que ça.
Puis si, au Québec, avec les annonces et
les décisions que le gouvernement a pris dans les derniers mois, bien, on met à
mal ces différentes ententes de coopération là, bien, on va se ramasser, on va
se ramasser éventuellement avec moins de monde. Puis qui dit moins de monde,
bien, dit moins de recherche. Qui dit moins de recherche dit moins de
subventions. Et ça va faire en sorte que ça va appauvrir différentes
institutions, dont une qui est unique au Canada.
Et vous savez, Mme la Présidente, et je le
répète, ce n'est pas un cas hypothétique, ça peut sembler étonnant qu'on parle
d'un institut de recherche qui est un institut de pointe au Québec, mais moi,
ce qu'on m'a dit, c'est que le projet de loi, là, puis les décisions du
gouvernement avaient un impact sur l'institut, que les gens étaient
excessivement inquiets. Et là ça permet... tu sais, ça permet de démontrer ce
que je disais tout à l'heure, ça permet de mettre en perspective ce que nous
disait la Commission des droits de la personne, un projet de loi qui laisse
planer beaucoup d'incertitude sur sa mise en œuvre. Bien, on est exactement au
cœur de ça avec un tel projet de loi. Et là je vous démontre... c'est un
exemple, mais il y en a d'autres instituts de recherche au Québec, mais celui-là,
je trouvais, c'est un bon exemple, parce que c'est francophone, c'est en
région...
M. Morin : ...ça a un
impact important pour l'économie de Rimouski puis du Bas-Saint-Laurent.
Qu'est-ce qu'on veut de plus? Bien, il me semble que la dernière affaire que je
voudrais faire, si j'étais au gouvernement, c'est de semer de l'incertitude
pour que ces gens-là en souffrent, il me semble, il me semble. Alors, c'est
pour cette raison-là que ce... que je soulève... que je soulève toutes ces
questions-là. Et évidemment, un tel centre de recherche, là, ça a besoin
d'argent puis ça a besoin de subventions parce que ça veut se positionner comme
chef de file dans le vaste domaine des sciences de la mer.
Puis ce n'est pas juste au Québec qu'ils
font de la recherche sur les sciences de la mer. Quand je vous disais tout à
l'heure, je faisais abstraction... pas abstraction, mais je faisais référence,
pardon, au navire, le Coriolis, c'est un navire de recherche ultra moderne,
puis ça coûte cher à faire fonctionner. Ils ont une station aquicole, un outil
de recherche de première importance pour les chercheurs. Ça coûte aussi
beaucoup d'argent, ça a besoin de subventions. Laboratoires et équipements
hautement performants, donc, ça leur permet de se positionner comme chef de
file. Accès aux données océanographiques, c'est... Ils rendent ces données-là
accessibles, ce qui est fondamental. Des stations de recherche en acoustique
marine, évidemment, de rang mondial, avec des programmes de recherche.
Donc, est-ce qu'on veut porter atteinte à
cet institut? Qu'est-ce qui va arriver avec l'article 5 du projet de loi?
Bien, justement, c'est ça le problème, on ne le sait pas. Ce qu'on sait... Ce
qu'on sait, parce qu'évidemment le gouvernement a 89 députés, on sait que
ça va être adopté à un moment donné. Ça, c'est clair. Mais il me semble que...
En tout cas, moi, j'ai l'impression d'avoir fait la démonstration qu'on a un
joyau au Québec. On a un institut de recherche qui est exceptionnel. Il me
semble que ce serait important de les entendre, à tout le moins pour qu'on soit
capable d'évaluer quel va être l'impact. Parce qu'il va en avoir un. Il va y en
avoir un. Ça, c'est sûr. Mais je pense que ça éclairerait le gouvernement sur
ce qu'il entend faire avec son projet de loi. Puis ça permettrait aussi de
mieux délimiter des paramètres pour faire en sorte que, comme législateurs, on
puisse agir, mais agir de la bonne façon. Ça m'apparaît essentiel.
Alors, je termine là-dessus. Il
m'apparaissait pertinent et important de référer à cet institut, ne serait-ce
que par respect pour les gens à qui j'ai parlé et qui m'ont fait part de leurs
inquiétudes compte tenu du projet de loi. Et puis ça a été documenté dans les
journaux, puis il y a eu... il y a eu des... Il y a eu un excellent reportage à
Radio-Canada qui traitait plus de l'Université du Québec à Rimouski, pas
spécifiquement les l'ISMER, mais ce n'est pas quelque chose qui est
hypothétique. Alors, c'est la raison, Mme la Présidente, pour laquelle j'ai
présenté cette motion. Et j'espère que le gouvernement va l'accepter. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
• (15 h 40) •
Mme Setlakwe : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je prends la parole. Encore une fois, je prends la
peine de le préciser, au nom du chef de l'opposition officielle, pour appuyer
mon collègue dans le cadre de cette motion préliminaire qui vise l'Institut des
sciences de la mer de l'Université du Québec à Rimouski. Mon collègue le député
de l'Acadie a fait... a porté la voix de cet institut avec brio. Il a fait un
exposé très détaillé des activités importantes qui s'y tiennent, de la
recherche fondamentale qui... qui est menée à cet institut. Et ça démontre, Mme
la Présidente, à quel point il y a de... il y a des programmes et de la
recherche essentielle qui se fait aux quatre coins du Québec. C'est un... C'est
un exemple qui est très pertinent, et je pense qu'il serait important de les
entendre afin qu'on puisse, lors de l'étude détaillée, avoir justement à
l'esprit des cas, des cas spécifiques, des cas précis auxquels on n'aurait pas
forcément pensé si ces gens n'avaient pas contacté mon collègue. Si mon
collègue n'avait pas eu des discussions détaillées avec eux et n'avait pas porté
à l'attention de la commission, donc, l'étendue des activités qui se tiennent à
Rimouski, on aurait peut-être... On n'aurait pas été...
Mme Setlakwe : ...échappé est
un élément important étant donné qu'on n'a pas toujours... on n'a pas entre les
mains, donc, un portrait complet des programmes qui s'offrent partout au
Québec, dans nos différentes institutions. Mais une chose est sûre et l'exemple
de l'Institut des sciences de la mer démontre à quel point on ne peut pas se
priver de type de recherche, tout ce qui concerne la mer concerne les
changements climatiques, concerne l'érosion de nos côtes, les perturbations des
différents écosystèmes. On a besoin d'experts dans ces domaines. On a besoin de
ces experts-là à l'international pour venir assurer, donc, une masse critique.
C'était quelque chose que je lisais dans la documentation, assurer une masse
critique de chercheurs, de chercheuses ainsi que d'étudiants et d'étudiantes
aux cycles supérieurs. Ça permet la construction et l'agrandissement d'un
laboratoire océanographique, construction d'une station agricole, acquisition
d'un premier navire de recherche, etc.
Et donc ces exemples précis, spécifiques
viennent illustrer à quel point il faut agir avec la plus grande prudence et la
plus grande rigueur dans le cadre de l'étude de ce projet de loi qui donne,
encore une fois, des pouvoirs très larges au gouvernement. Et donc, en
coupant... en imposant des plafonds dans certains programmes, dans certains
domaines de recherche, en faisant des choix, en donnant une large discrétion de
choisir, de déterminer et de fixer les programmes qui seront priorisés versus
d'autres qui ne le seront pas, on va potentiellement venir nuire à une activité
somme toute essentielle qui se tient à Rimouski, une région importante du
Québec. Je regarde le ministre qui, sûrement, se dit : On a déjà, on a
déjà l'information. L'Université du Québec à Rimouski est déjà venue, on a le
mémoire, etc. Mais prendre le temps de saisir ce type d'activité qui se
tient... Je ne vous dis pas qu'il faut entendre chaque institut de façon
spécifique, et unique, et particulière, mais d'en avoir quelques-uns qui
viennent nous faire part des activités qui se tiennent dans leur laboratoire de
recherche, me semble tout à fait pertinent pour les travaux de la commission.
Quand on parle de région, je suis certaine que le ministre est aussi sensible
que nous à l'importance de maintenir la vitalité de chacune de nos régions.
Alors, il est quand même normal qu'on se
pose la question : Qu'est-ce qui se fait en région en termes de recherche?
Quelle est l'offre de programmation qui se fait dans chacune des régions afin
de s'assurer qu'on ne vienne pas créer un déséquilibre, créer une
dévitalisation? On le sait déjà que nos régions vivent des enjeux, vivent des
enjeux, vivent des difficultés et il faut s'assurer de leur donner tous les
outils ou de leur permettre de continuer sur ce qui va bien pour assurer la
vitalité de leur région. Ce qui me. Ce qui m'amène à vous rappeler brièvement,
et mon collègue le faisait bien, il faisait bien de le mentionner, il y a eu
des reportages qui ont été faits justement sur ce type de programme. Les
consultations sur le projet de loi n° 74, on ne le dira jamais assez, a fait
couler beaucoup d'encre et a mis en lumière plusieurs, donc, plusieurs éléments
extrêmement instructifs sur la part des étudiants internationaux, non seulement
dans nos dans nos facultés, dans les grands centres, mais partout, partout en
région.
Et puis un article de Radio-Canada qui
parlait spécifiquement de l'Université du Québec à Rimouski, sous la plume...
ou sous le travail de Sébastien Desrosiers, faisait part donc d'instabilités et
de fluctuations importantes qui sont notées, donc, à Rimouski, qui étaient...
dont les chiffres étaient à la hausse. Et puis là, il y a, soudainement, et le
recteur s'inquiète qu'il y a un ralentissement cet automne, que les chiffres
sont à la baisse. Et puis ce qu'il dit, c'est que, donc, ça rend...ça se rend
partout dans le monde que là, à l'heure actuelle, il va y avoir un
resserrement, qu'on va plafonner. Donc, ça crée de l'incertitude chez les
personnes qui souhaitent venir étudier, pour ces personnes-là, ça peut
influencer la décision. Et donc, dans ce sens-là, encore une fois, agissons
avec.
Mme Setlakwe : ...la plus
grande prudence, Mme la Présidente. Et puis intéressons-nous de façon bien
particulière et bien spécifique à ce qui se fait dans nos régions. Ici, on
parle de... de Rimouski. Ça pourrait être... ça pourrait être la Gaspésie, là.
Est-ce qu'on peut donc... et je vais
terminer là-dessus, Mme la Présidente, est-ce qu'on peut, en fait, remettre
entre les mains du gouvernement le... Puis je... je suis certaine que le
ministre va nous offrir une réponse. C'est au gouvernement de nous... de nous rassurer,
qu'il a pris en compte tous ces éléments, qu'il est déjà bien au fait de tous
ces programmes et de... et de toutes ces activités-là, qui se tiennent partout
en région, parce que nous, on attend toujours d'avoir... d'avoir le détail de
ces programmes, de ces... de ces laboratoires de recherche. Alors, quand il
nous dit, Mme la Présidente, que... que la réponse est non, elle a été non pour
nos motions préliminaires précédentes, qu'elle sera j'imagine, non pour
celle-ci... et, il l'a dit, donc, non pour toutes celles qui vont... qui vont
venir, parce que les consultations particulières sont terminées... mais, en
fait, ce n'est pas... ce n'est pas à nous, à l'opposition, qu'il répond en tout
respect. Sa réponse, elle est formulée à l'endroit de ces personnes qui
souhaitent venir se faire entendre.
Tout à l'heure, on parlait de la CDPDJ.
Ils ont mentionné, noir sur blanc, qu'ils souhaitent... qu'ils souhaitent venir
en commission et... et compléter leur analyse. Donc, le ministre répond, il
nous répond, à nous, ses collègues à l'opposition : Je vous le dis tout de
suite la réponse, c'est non, mais la réponse, elle... elle a donc été adressée
à la CDPDJ. Et ici, nous, on porte la voix de... d'une autre... d'une
institution, l'Institut des sciences de la mer, qui a formulé des inquiétudes
très importantes à mon collègue de l'Acadie.
Alors, Mme la Présidente, je demanderais
au ministre de... de nous dire qu'est-ce qu'il entend... quelle est sa réponse
vis-à-vis la demande que nous portons pour eux. C'est... c'est bien... c'est
bien leur demande, c'est bien leur préoccupation, et puis nous, nous sommes...
nous portons leur voix, essentiellement. Donc, voilà, Mme la Présidente, ça
complète mon intervention. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait,
merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non? Non. Alors, je
vais mettre aux voix la motion du député de l'Acadie.
M. Morin : ...un vote dans
appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Mme la Présidente... Mme la secrétaire, pardon.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
La Présidente (Mme Poulet) : Abstention.
Alors, motion rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires à
déposer? Est-ce qu'il y en a d'autres? Oui?
M. Morin : ...Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
allez-y, vous pouvez la présenter. Est-ce qu'elle est sur Greffier?
M. Morin : Mme la secrétaire
va nous dire ça, là, dans quelques instants.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on va l'afficher dans quelques instants. Alors, la voilà. M. le député.
• (15 h 50) •
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, à titre de député de l'Acadie et porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'immigration, francisation, intégration, je
présente la motion préliminaire suivante, ceci pour renverser la présomption,
n'est-ce pas :
«Conformément à l'article 244 du règlement
de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des relations
avec les citoyens, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers,
qu'elle tienne des consultations particulières et qu'à cette fin elle entente
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, ITHQ.»
Voilà. Alors, vous savez, Mme la
Présidente, tout à l'heure, M. le ministre nous disait : Ah! les
consultations particulières sont terminées, mais je respecte, M. le ministre,
c'est sa position. Mais, moi, comme je vous dis comme porte-parole de
l'opposition officielle, pour moi, tant qu'on est en commission, bien, il est
important d'entendre des groupes, compte tenu, évidemment, du projet de loi qui
nous est présenté. Ça dépend toujours des projets de loi. Bon, c'est plutôt
rare que ça arrive, mais...
M. Morin : ...il y a des
projets de loi qui soulèvent moins d'inquiétude. Parfois, on a des groupes qui
vont venir nous soulever des points plus techniques, et on n'est pas sur, comment
dirais-je, des motifs de fond, et donc c'est souvent... ça soulève moins
d'inquiétude de la plupart des groupes. La majorité des groupes, aussi, vont
envoyer un mémoire. Il arrive qu'on en reçoive après la liste des consultations
particulières, alors que les gens vont venir déposer en commission
parlementaire.
Mais, dans ce cas-ci, dans le cas de ce
projet de loi là, moi, ce qui m'a étonné, c'est qu'on en a reçu beaucoup,
beaucoup, dont plusieurs, plusieurs dans le domaine de l'hôtellerie, que ce soit
l'Association Hôtellerie du Québec, que ce soit l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, qui, soit dit en passant, est un institut du
gouvernement du Québec, Alliance de l'industrie touristique du Québec - ça,
c'était dans le même mémoire - l'Association de restauration du Québec, Conseil
québécois des ressources humaines en tourisme et l'Association québécoise de la
formation en restauration, tourisme et hôtellerie.
Alors, on a reçu par la suite ce mémoire,
et, quand on vous parlait de l'importance ou de l'impact que ce projet de loi
là peut avoir sur l'industrie, l'économie, bien là, je pense qu'ici on en a un
bon exemple, non pas d'institut de recherche fondamentale ou de recherche
scientifique, c'était l'objet de la motion précédente, mais dans un secteur où
il y a évidemment des cours, de la formation, des étudiants étrangers et qui,
eux aussi, ont une inquiétude en lien avec le projet de loi, puis je trouvais
ça particulièrement important de prendre quelques instants aujourd'hui, quelques
minutes pour être capable d'exprimer publiquement, parce que les gens nous
regardent, l'incertitude et la crainte de plusieurs de ces organismes-là, et ce
n'est pas banal.
Donc, au fond, l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec s'est associé à d'autres partenaires touristiques pour
présenter un mémoire, pour faire en sorte qu'on prenne en considération leurs
représentations, leur inquiétude, et dans le cadre de ce mémoire-ci on parle
entre autres de l'Alliance de l'industrie touristique du Québec, l'Association
québécoise de la formation en restauration, tourisme et hôtellerie,
l'Association Restauration Québec, le Conseil québécois des ressources humaines
en tourisme et l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, donc des
secteurs qui sont excessivement importants pour le Québec. Puis ces
partenaires-là soulignaient dans leur document, et puis c'est... ça donne... je
pense... ça donne une idée qui est quand même hyperimportante : «Le
tourisme est un secteur économique hyperimportant au Québec.»
Vous savez, dans la motion précédente, je
vous parlais d'un institut de recherche, mais je vous parlais aussi de la
beauté du Saint-Laurent, combien on a de gens qui viennent au Québec pour
admirer le Saint-Laurent, naviguer sur le Saint-Laurent, combien on a d'hôtels
exceptionnels sur les bords du Saint-Laurent. Donc, c'est pour vous dire...
Puis ça, c'est un endroit. Il y en a plein d'autres au Québec qui sont
magnifiques : les Cantons de l'Est, les Laurentides, Lanaudière, la région
de Québec, notre capitale nationale, c'est magnifique. Donc, il faut évidemment
former des gens pour être capables d'accueillir tous ces touristes-là. Et c'est
la raison pour laquelle le tourisme, hein, c'est un secteur économique
important. Au fond, selon ces partenaires-là, ça représente 5 % du PIB,
c'est énorme, et ça se place en quatrième position des secteurs d'exportation
au Québec. En 2023, tourisme au Québec, des recettes de 16,7 milliards, c'est
énorme, dont...
M. Morin : ...dont
4,1 milliards provenaient de touristes internationaux. Donc, c'est pour
vous dire comment, au niveau des touristes internationaux, il y a une injection
d'argent qui est importante dans l'économie québécoise. Puis ça contribue,
évidemment, au financement de projets importants, ça contribue à donner de
l'argent au gouvernement par des taxes, à permettre au gouvernement de rendre
des services publics, construire des infrastructures. En fait, c'est tout ça,
que des gens qui viennent ici... Puis on veut que des gens viennent ici, évidemment,
bien sûr, pour contribuer à l'économie du Québec, mais, pour être capables de
les recevoir d'une façon adéquate, pour qu'après ils veuillent revenir, parce
que c'est ça qu'on souhaite, bien, évidemment, il faut être capable de former
des gens qui vont être des professionnels dans le domaine de l'hôtellerie, dans
le domaine de la restauration puis il faut être capable de continuer, il faut
être capable de continuer. Donc, il faut absolument une main-d'œuvre
suffisante, qualifiée, avec, évidemment, des formations appropriées, mais ça,
dans chaque région du Québec, parce qu'effectivement, et c'est bien qu'il en
soit ainsi, les touristes qui viennent ici ou les Québécois qui se promènent
dans d'autres régions du Québec, que ce soit avec leur famille ou autrement,
bien, il faut évidemment qu'on soit capable de les recevoir puis de le faire...
de le faire adéquatement.
L'industrie, je vous dirais, est
particulièrement inquiète du projet de loi parce que, bien, ils ont souffert
pendant la pandémie. Bon, c'est vrai que la pandémie, ça remonte à quelques
années, mais... oui, ça remonte à quelques années, mais souvent, quand on pose
des questions au gouvernement en période de questions, les ministres nous
disent : Ah! mais il y avait la pandémie. Donc, écoutez, c'est loin, mais
pas si loin, hein? Alors, ça vous donne une idée à l'effet que l'industrie
touristique, particulièrement, a souffert de la pandémie et puis de la pénurie
de main-d'oeuvre qui s'en est suivie, d'ailleurs pénurie de main-d'oeuvre qui
risque de continuer, d'où l'importance, évidemment, d'entre autres
l'immigration.
On nous souligne que le nombre de postes
vacants a diminué. Ça, c'est un phénomène et c'est un secteur... puis c'est une
donnée qui est importante, je tiens à le dire, c'est important, mais ça demeure
quand même élevé. Et donc ce qu'on nous dit, c'est que, pour limiter les effets
de la pénurie de main-d'œuvre, bien, il y a un grand nombre d'entrepreneurs qui
ont fait appel à des travailleurs issus des volets de l'immigration ou encore
qui sont allés chercher des gens à l'étranger pour les former au Québec. Et
donc il faut être capable, évidemment, de continuer d'avoir ces gens-là et de
les former pour avoir une main-d'œuvre qualifiée.
• (16 heures) •
Et ce qui est particulier, ce n'est pas la
première fois qu'on le voit, Mme la Présidente, mais ce qui est particulier
dans ce mémoire-là, c'est que ce que l'Alliance de l'industrie touristique du
Québec, l'ITHQ, le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme,
l'Association Restauration Québec demandent, c'est carrément d'être exemptés
des restrictions à l'égard des étudiants étrangers. Ce n'est pas banal, là.
Parce qu'on a dit : Il y a minimalement un léger déficit de main-d'oeuvre,
identifié même par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Alors,
les chiffres viennent du gouvernement eux-mêmes. Donc, ce qu'ils demandent, là,
c'est qu'ils soient exemptés. Ce n'est pas rien, ce n'est pas rien. Donc, ça...
Je me dis : Si c'est leur demande et qu'ils ont... et qu'ils ont mûri,
qu'ils ont réfléchie, évidemment, en produisant ce mémoire-là, bien, ils
doivent avoir des foutues de bonnes raisons. Et, notamment pour cette
raison-là, bien, ça serait hyperimportant de les entendre, de les écouter,
voire pour être capables de cerner d'une façon plus spécifique quelles sont non
seulement les enjeux, mais quel est le véritable impact des mesures que le
ministre veut adopter dans le projet de loi n° 74 à l'égard de cette
industrie-là qui, en 2023, a quand même généré des recettes de
16,7 milliards.
On demande également de s'assurer que
l'application du projet de loi n'ait pas d'impact sur les programmes d'études
du secteur touristique offert et que la formation demeure accessible et
disponible pour conserver l'attrait et la rétention, éventuellement, des
talents, des talents locaux...
16 h (version non révisée)
M. Morin : ...Alors, ça aussi,
c'est une demande importante. Et finalement, finalement, d'offrir un meilleur
arrimage des besoins de main-d'œuvre qualifiée en concentrant et en structurant
l'offre de formation sur l'ensemble du territoire pour permettre de combler des
écarts de compétences dans certains secteurs qui sont en demande. Alors, vous
voyez, on revient, on revient toujours à la même chose. Et s'il y a un élément
qui est malheureux avec ce projet de loi, c'est l'incertitude que ça crée,
incertitude qui a été soulevée par la Commission des droits de la personne,
incertitude dont a parlé, entre autres, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain. On souhaite un cadre réglementaire prévisible, ce que ne
garantit en rien le projet de loi.
Donc, quand on regarde, par la suite, les
différents organismes qui signent ce mémoire, puis je pense que ça vaut la
peine de prendre quelques minutes pour en parler. L'Alliance de l'industrie
touristique du Québec, là, c'est 12 000 entreprises, probablement
dont plusieurs PME. C'est la volonté du secteur privé associatif de valoriser,
et je cite, «la contribution significative du secteur économique, touristique à
la vitalité des régions, et donc en se faisant le porte-parole de ses membres».
Alors, vous voyez, quand on vous parlait
de l'impact sur le Québec, ce n'est pas uniquement Montréal, ce n'est pas
uniquement la Capitale-Nationale, c'est l'ensemble des régions du Québec.
L'Association québécoise de la formation
en restauration, tourisme et hôtellerie, c'est des établissements d'enseignement
publics ou privés, de niveau secondaire, collégial ou universitaire, qui
offrent au moins un programme conduisant à un diplôme d'études sanctionnées
soit par le ministère de l'Éducation ou de l'Enseignement supérieur du Québec
dans le domaine de l'alimentation, du tourisme, de la restauration ou de l'hôtellerie.
C'est difficile de retrouver dans les chiffres, puis même dans les chiffres que
M. le ministre nous a partagés, ça correspond exactement à combien de
personnes. Ça ne doit pas être des centaines de mille, clairement. Mais il y a
une chose qui est sûre, par exemple, c'est que tous ces établissements-là, d'enseignement
public ou privé qui décernent des diplômes d'enseignement supérieur ou autre,
nous soulignent qu'ils sont inquiets et qui demandent à être exemptés. Donc là,
ça commence à faire pas mal de monde qui demandent une exemption, parce que,
rappelez-vous, quand on a débuté le dépôt des motions préliminaires, j'ai fait
référence à une lettre qui était signée par plusieurs chefs recteurs d'université,
puis ils demandaient évidemment plus de précisions, mais d'être exemptés.
Pensez à l'enseignement collégial. Donc, ça commence à faire énormément de
gens.
Il y a l'association aussi de restauration
Québec. Et, eux, ils ont pour mission de fournir à l'ensemble des
établissements de restauration membres à travers le Québec des services
complets de formation, d'information, d'assurance, de représentation
gouvernementale. Donc, eux, ils ont un rôle de sensibilisation auprès des
intervenants. Et eux aussi sont inquiets.
Vous avez aussi le Conseil québécois des
ressources humaines en tourisme. Et puis ça, c'est important, parce que le
Conseil québécois a quand même un mandat qui est particulier, c'est d'assurer
une surveillance vigilante de l'évolution de la main-d'œuvre en tourisme et
favoriser la concertation des associations de travailleurs et des entreprises.
Donc, un organisme qui est là, qui assure une vigie pour s'assurer que les gens
qui vont œuvrer dans ce domaine-là vont le faire d'une façon adéquate et
professionnelle notamment. Et finalement l'Institut de tourisme et d'hôtellerie
du Québec. Et là, ça, c'est un organisme du gouvernement du Québec. Et on nous
dit que c'est la référence au Canada en matière de formation spécialisée dans
les domaines...
M. Morin : ...domaine du
tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration et de la sommellerie. Ça répond
aux plus hauts standards de l'industrie et c'est la seule école au pays à
offrir des programmes dans les trois ordres d'enseignement professionnel,
technique et universitaire. Donc... et c'est la raison pour laquelle, quand
j'ai lu les différents mémoires, s'il y a une organisation que je trouvais
importante à inviter en commission parlementaire, c'était effectivement l'ITHQ,
parce que l'ITHQ, c'est un véritable ambassadeur du Québec et, au sein de
l'ITHQ, ils forment de véritables professionnels, non seulement de la
restauration et de la sommellerie, mais également de l'hôtellerie. Et ils
attirent parmi leurs étudiants, bien sûr des gens qui sont Québécois et qui
résident déjà au Québec, mais il y a des gens de l'international, et leur rôle
pour former ces gens-là qui, après ça, vont aller travailler dans les hôtels du
Québec ou dans les restaurants, bien, c'est unique. Puis là, bien, ce n'est pas
moi qui le dis, là, c'est eux dans leur mémoire, c'est la référence au Canada.
Donc, est-ce qu'on veut adopter un projet
de loi qui va créer de l'incertitude? Tantôt, là, je parlais de l'ISMER, là, le
seul Institut océanographique francophone au Canada. Là, je vous parle de
l'ITHQ, référence au Canada dans ce domaine-là. Bien, évidemment, si M. le
ministre, avec son projet de loi n° 74, avait dit :
Bon, ça s'applique à telle, ou telle, ou telle maison d'enseignement, mais on
exempte telle, telle, telle, bien là, on aurait peut-être une idée, mais on
n'en a aucune idée. Donc, c'est le problème. Mais l'ITHQ, et c'est ce qu'on
nous dit, hein, installation unique, hôtel-école, restaurant d'application
pédagogique, deux unités de recherche, gastronomique-lab, expéricentre puis un
centre d'expertise et ils offrent des formations aux professionnels, des
services aux entreprises et aux institutions, ainsi que des ateliers au grand
public. Donc, ils offrent des ateliers de cuisine à l'ITHQ puis on nous
souligne également que c'est eux qui collaborent aux ateliers de la SAQ, de la
Société des alcools du Québec. Pour ça, évidemment, ils ont des étudiants qui
viennent de l'étranger. Et pour ça, évidemment, ils ont besoin d'avoir bien sûr
les coudées franches pour être capables de fonctionner puis de livrer et de
former des étudiants. Ça m'apparaît important.
• (16 h 10) •
Comme je vous le soulignais, l'industrie
touristique, c'est 5 % du produit intérieur brut du Québec. Et, selon les
données mêmes du ministère du Tourisme du Québec, donc selon les données
gouvernementales, c'est plus de 62 millions de visiteurs qui ont voyagé au
Québec en 2023. Donc, c'est quand même hyperimportant. Et ces visiteurs-là,
bien, quand on a des gens qui sont formés dans nos écoles, bien, ça permet à
ces gens-là de vivre des expériences puis des découvertes mémorables. Le
tourisme, là, c'est tellement important en termes de revenus que c'est en
quatrième position des secteurs d'exportation au Québec — ce n'est
pas banal — derrière l'aéronautique, l'aluminium puis le minerai de
fer. Donc, ça vous donne une idée. Et on est maintenant capables, au Québec,
d'attirer des visiteurs internationaux grâce à la qualité de nos
établissements. Donc, on ne voudrait quand même pas que ça diminue, c'est
clair. Et on nous dit évidemment que, pour ce faire, il faut absolument
disposer d'une main-d'œuvre suffisante et qualifiée, 69 institutions d'enseignement
public et privé dans cette région administrative. C'est loin d'être banal.
En 2017-2022, on nous souligne, puis je me
permets de citer ces chiffres, pour le niveau collégial seulement, 3 700
étudiants en tourisme qui ont obtenu leur diplôme, surtout des jeunes, mais de
provenances variées. Donc, ce qu'on nous demande, c'est... bien sûr, puis comme
député de l'opposition officielle, je ne peux pas faire autrement, je ne peux
pas être sourd à leurs appels, on nous demande de maintenir des programmes de
formation à tout risque dans des régions et à travers le Québec afin de
soutenir ce secteur et ce développement sur l'ensemble...
M. Morin : ...du territoire,
mais, pour ça, il faut une main-d'œuvre qualifiée. Et, quand je vous disais un
peu plus tôt, Mme la Présidente, qu'un des enjeux que cette industrie-là vit,
c'est la pénurie de main-d'œuvre. Donc, il y a des postes vacants, et ils sont
dans une situation difficile, d'où l'importance de pouvoir éventuellement
accepter des étudiants de l'étranger. On prend la peine de souligner que c'est
très d'actualité, parce que, présentement, le CQRHT évalue le nombre de postes
vacants, dans ce secteur-là, à 18 000, ce qui est quand même énorme, ce qui est
quand même énorme.
Et là j'en arrive, dans les quelques
minutes qu'il me reste, à rappeler les impacts appréhendés du projet de loi n°
74 par ces organismes-là dans le secteur de l'hôtellerie. Ce qu'on nous dit, et
c'est eux qui l'écrivent, ce n'est pas moi, moi, je me fais leur voix :
«Le projet de loi n° 74 - et permettez-moi d'en citer des extraits - s'inscrit
dans le souhait exprimé du gouvernement de ralentir l'arrivée des migrants au
Québec. Les différents programmes d'immigration en place font tous l'objet de
discussions afin de revoir les taux annuels. L'alliance et tous ses
partenaires, dont l'ITHQ, peuvent comprendre que l'augmentation rapide de la
population issue de l'immigration peut causer une pression importante sur des
aspects de la société québécoise. Cependant - et c'est là que ça devient
hyperpertinent - cependant, le gouvernement doit prendre en considération la
réalité et les besoins du secteur touristique en pénurie de main-d'oeuvre. Et,
pour limiter les effets de la pénurie de main-d'œuvre, plusieurs entrepreneurs
font appel à des travailleurs issus du volet de l'immigration. Oui, bien sûr,
il y a des immigrants temporaires, c'est un fait. Mais évidemment, dans ces
écoles-là, il y a aussi des gens qui vont venir étudier de l'étranger.»
On nous rappelle que le projet de loi propose
de donner plus de pouvoirs au gouvernement pour limiter le nombre d'étudiants
étrangers. Évidemment, le gouvernement, dans son projet de loi ne mentionne pas
de maximum, mais il se donne une marge de manœuvre et une discrétion qui est
énorme. Et c'est la raison pour laquelle, et je les cite : «Les
propositions inquiètent l'industrie touristique - donc, ce n'est pas moi qui
l'invente - qui a des défis importants au niveau de la formation en tourisme
pour répondre et permettre d'avoir une main-d'oeuvre qualifiée partout au
Québec.» Et quand ils écrivent qu'ils ont des inquiétudes, bien, rappelez-vous
qu'en termes d'économie, là, 5 % du PIB du Québec. En tout, l'activité
génère 16,7 milliards. C'est énorme pour notre économie.
Alors, ce qu'on nous dit, c'est que le
projet de loi causera... Là on ne dit plus «pourrait causer» ou «pourra
probablement causer», on écrit : «Le projet de loi n° 74 causera une
difficulté supplémentaire pour avoir accès à une main-d'oeuvre qualifiée selon
les normes québécoises, les normes qu'on s'est nous-mêmes données. Et l'absence
de balise, dans les pouvoirs accordés au gouvernement, pourra nuire à la
prévisibilité pour les employeurs touristiques.»
Et là permettez-moi de faire un lien avec
la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et son président que nous
avons écouté. Un des éléments qu'il nous a soulevé et dont l'industrie a
besoin, c'est un cadre réglementaire prévisible. Or, c'est exactement le
contraire ce que va venir faire le projet de loi. Et tous ces organismes
soulignent qu'il y aura un manque de prévisibilité pour les employeurs
touristiques et les maisons d'enseignement, puisque le gouvernement pourra
modifier, évidemment, sans donner de préavis, des seuils d'étudiants
internationaux admissibles. Donc, cette alliance considère que le projet de loi
peut avoir des impacts sur la formation en tourisme, ce dont je viens de
parler, puis les bassins de main-d'oeuvre, donc, autant d'éléments, autant
d'associations, autant de groupes...
M. Morin : ...puis l'ITHQ.
Parce que ça, l'ITHQ, c'est clairement une maison d'enseignement, bien, ce
qu'on vient de nous dire, c'est qu'il n'y aura pas de prévisibilité. Et là il y
a un consensus qui se dégage, Mme la Présidente. Commission des droits de la
personne : beaucoup d'incertitudes sur sa mise en œuvre. Chambre de
commerce du Montréal métropolitain : un cadre réglementaire prévisible,
c'est ce qu'il nous faut, c'est ce qu'on risque de ne pas avoir. La Fédération
des chambres de commerce du Québec qui nous écrit : «L'impact économique
de l'immigration dans les régions.» Et là, on parle aussi du moratoire sur le
PEQ. Donc, autant d'éléments qui créent de l'incertitude, autant d'éléments qui
fait en sorte que ce sera de plus en plus difficile pour ce secteur-là de l'économie,
qui est un secteur excessivement important au Québec.
Au fil des ans, l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, c'est un organisme d'enseignement, de formation, qui,
comme ils le disent eux-mêmes, est assez unique au Canada et qui forme des gens
excessivement professionnels dans le domaine de l'hôtellerie. C'est ce qu'on
veut. Et, à ça, permettez-moi d'ajouter... parce qu'eux non plus, on ne les a
pas entendus, mais c'est dans le même secteur, l'Association de l'hôtellerie du
Québec qui nous disent : Effectivement... qu'il faut absolument,
absolument aligner l'admission des étudiants étrangers aux besoins en
main-d'œuvre des secteurs stratégiques. Et si, s'il y a un secteur stratégique,
notamment, Mme la Présidente, à cause de son importance, c'est ce que je disais
d'emblée, bien, c'est évidemment le secteur du tourisme et de l'hôtellerie.
Donc, il faut être capable d'avoir une prévisibilité. Donc, il faut être
capable de faire en sorte que le gouvernement lance un signal clair, prévisible
avec son projet de loi, mais malheureusement, ce n'est pas ce qui arrive au
quotidien, ce n'est pas ce qu'on vit.
Et je voulais prendre absolument du temps
pour présenter cette motion, pour permettre au gouvernement de bien comprendre
que, oui, il y a le secteur des universités, bien sûr, il y a le secteur des
centres de recherche spécialisés, évidemment, mais ici on parle d'universités,
on parle de collèges d'enseignement supérieur, on parle de cégeps, on parle
d'un institut qui, à moins que je me trompe, l'ITHQ appartient au gouvernement
du Québec. Donc, c'est comme si le gouvernement tirait dans sa propre chaloupe.
Ce n'est pas bon, Mme la Présidente. Et, pour cette raison, je présente la
mémoire... la motion préliminaire, et je demande bien sûr au ministre de
l'accepter et d'entendre l'institut. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Setlakwe : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui,
allez-y, on vous écoute.
• (16 h 20) •
Mme Setlakwe : Oui, merci.
Donc, en... encore une fois, je mentionne que je prends la parole aujourd'hui
pour soutenir la motion de mon collègue au nom du chef de l'opposition
officielle. On se rappellera, Mme la Présidente, que nous avions proposé que
l'ITHQ, donc, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, soit entendu
durant les consultations particulières. Évidemment, on comprend que ce ne sont
pas tous les groupes, là, qui peuvent être entendus, mais nous avions soumis
leur nom. Finalement, ils n'ont pas été retenus dans la liste définitive. Mais
il est important, donc, pour nous, là, de prendre quelques instants cet
après-midi pour porter leurs voix. J'ai l'impression que la motion sera rejetée,
et donc je vais prendre les quelques minutes qui nous restent pour réitérer
leurs inquiétudes et leurs préoccupations, là, en lien avec avec le dépôt du
projet de loi n° 74.
Ils nous disent, donc, que ces maisons
d'enseignement offrant des formations en tourisme, hôtellerie et restauration,
regroupées sous quatre entités, là, mon collègue de l'Acadie en a fait mention,
incluant l'ITHQ, ils sont tous les quatre particulièrement inquiets pour
plusieurs raisons. Je vais les mentionner...
Mme Setlakwe : ...en rafale et
ensuite je vais citer certains extraits que je juge très pertinents de leur
mémoire. Donc : «Premièrement, une pénurie de main-d'œuvre dans le secteur
touristique constatée avant la pandémie est accentuée par la suite... accentuée
par la suite puisque plusieurs ont dû se relocaliser dans d'autres secteurs.»
On le sait, on le vit tous, on est tous des clients, là, de restaurants,
d'hôtels, etc., et on a vu à quel point, après la pandémie, il y a plusieurs
établissements qui ont peiné à remplir toutes les heures d'affaires. Donc c'est
une réalité, là, la pénurie de... il y a une pénurie de main-d'œuvre qui a été
accentuée avec la pandémie. «Deuxièmement, l'industrie a dû embaucher, après la
pandémie, des travailleurs sans formation pour combler la pénurie de
main-d'œuvre, diminuant d'autant la productivité de ce secteur. Troisièmement,
la compétition grandissante dans ce secteur, que ce soit des autres provinces
canadiennes ou d'autres pays investissant énormément d'argent pour garder les
jeunes chez eux. Quatrièmement, la formation des étudiants étrangers est un
gage d'intégration au Québec, puisque ces derniers peuvent également travailler
un maximum de 20 heures pendant leurs études, leur offrant une plus grande
possibilité de demeurer dans la région d'apprentissage et de travailler en
tourisme. Cinquièmement, les institutions touchées sont non seulement
localisées en région, mais également à Montréal et dans sa banlieue sud et
nord. Sixième et dernier, un nombre moindre d'étudiants met également en péril
la permanence d'enseignants spécialisés dans le domaine dans toutes les régions
du Québec.»
Donc, ils avaient souhaité être entendus
en commission parlementaire et n'ont pas pu venir. Ils ont soumis un mémoire
qui... dont certains passages valent la peine, Mme la Présidente, d'être
réitérés, en soutien, donc, à notre motion préliminaire qui demande qu'ils
soient entendus en commission. Présumant de la façon dont va se solder cette
motion préliminaire, je vais donc encore une fois, en profiter cet après-midi
pour mettre de l'avant leurs préoccupations. «Les propositions du projet de loi
no 74 inquiètent donc l'industrie touristique, qui y voit des défis importants
au niveau de la formation en tourisme et de l'accès à une main-d'œuvre qualifiée.
C'est pourquoi il est recommandé au gouvernement d'exempter de restrictions à
l'égard des étudiants étrangers les programmes de formation pour lesquels il y
a minimalement un léger déficit de main-d'oeuvre identifié par le ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale. Deuxièmement, de s'assurer que
l'application du projet de loi n'ait pas d'impact sur les programmes d'études
du secteur touristique offerts et que la formation demeure disponible et
accessible, pour conserver l'attrait et la rétention des talents locaux.
Troisièmement, d'offrir un meilleur arrimage des besoins de main-d'œuvre
qualifiée en concentrant et structurant l'offre de formation sur l'ensemble du
territoire pour permettre de combler les écarts de compétence dans les secteurs
en demande.»
Nul besoin de vous présenter les
signataires du mémoire ni le portrait de l'industrie touristique du Québec,
dont nous connaissons tous l'importance. Toutefois, je pense qu'il est
pertinent de rappeler, donc, l'importance de la formation en tourisme au
Québec, et on aura ça, donc, frais à l'esprit quand on débutera l'étude
détaillée du projet de loi. «Rappelons que le tourisme est avant tout un
secteur qui repose sur le contact humain, où chaque interaction et chaque
rencontre enrichit l'expérience des visiteurs curieux qui découvrent des
cultures, échangent avec les habitants et tissent des liens uniques.
L'industrie touristique est soutenue par un ensemble de travailleurs aux
compétences variées répartis à travers la province pour offrir des aventures
enrichissantes et de qualité. Donc, afin de disposer d'une main-d'oeuvre
suffisante et qualifiée, 69 institutions d'enseignement public et privé,
réparties dans les 17 régions administratives du Québec, offrent des cours, des
formations et des spécialisations au niveau professionnel, collégial et
universitaire, répondant ainsi aux besoins diversifiés du secteur touristique.
Il est essentiel de maintenir des programmes de formation en tourisme dans les
régions et à travers le Québec afin de soutenir le développement de ce secteur
sur l'ensemble du territoire. C'est extrêmement important, Mme la Présidente,
là, on aura ça à l'esprit lorsqu'on étudiera le projet de loi, pour lequel il y
a des impacts appréhendés qui ont été énoncés, donc, par les signataires du
mémoire.
Je note, en particulier, que, selon eux,
le projet de loi no 74... pas selon eux, le projet... ils mentionnent que le
projet de loi no 74 propose de donner plus de pouvoirs au gouvernement pour
limiter le nombre d'étudiants étrangers et ils nous disent : «Même si le
gouvernement ne mentionne pas de maximum dans son projet de loi, ces
propositions inquiètent l'industrie touristique, qui y voit des défis
importants...
Mme Setlakwe : ...au niveau de
la formation en tourisme, non seulement de ces derniers, mais également de
celle de nos étudiants québécois et de la disponibilité d'une main-d'œuvre
compétente et qualifiée partout au Québec. Le projet de loi n° 74 causera une
difficulté supplémentaire pour avoir accès à une main-d'œuvre qualifiée selon
les normes québécoises et nécessaire aux entreprises. L'absence de balises dans
les pouvoirs accordés au gouvernement pourra nuire à la prévisibilité pour les
employeurs touristiques et des maisons d'enseignement, puisque le gouvernement
pourra modifier, sans nécessairement donner de préavis, les seuils d'étudiants
internationaux admissibles.» On est là au cœur de l'enjeu, Mme la Présidente.
Donc : «L'Alliance et ses partenaires
considèrent que le projet de loi n° 74 peut avoir des impacts sur la
formation en tourisme, le bassin de main-d'œuvre.» Tout ça va de soi. Et donc,
à la fin de leur mémoire, ils déclinent leurs recommandations comme suit,
donc : «assouplir des restrictions selon les besoins sectoriels». Ils
recommandent au gouvernement d'offrir de la flexibilité aux secteurs en pénurie
de main-d'œuvre en adaptant ses exigences aux besoins du marché. Tout ça va
devoir être prévu dans le libellé, Mme la Présidente, sinon on va... on va
tous... tous en subir les conséquences dans notre... Québec au premier titre et
son industrie du tourisme. Deuxième recommandation : «Soutenir la
viabilité des programmes. Il est recommandé au gouvernement de s'assurer que
l'application du projet de loi n'ait pas d'impact sur les programmes d'études
du secteur touristique offerts et que la formation demeure disponible et
accessible pour conserver l'attrait et la rétention des talents locaux. Cette
main-d'œuvre participe à la vitalité économique et touristique des grands
centres et des régions et ne doit pas être ciblée dans l'application future du
projet de loi.» Ça pose la question, Mme la Présidente. Où le gouvernement
coupera-t-il? La question demeure entière. Troisième recommandation :
«Offrir de la formation pour répondre au marché... pour répondre aux besoins du
marché.»
Et permettez-moi de terminer en citant
quelques... quelques commentaires qui nous proviennent d'institutions
d'enseignement. Moi, je trouve toujours pertinent, donc, d'entendre des bribes
d'informations ou des citations de gens sur le terrain. Donc : «Pour les
trois programmes, technique de gestion hôtelière, gestion d'un établissement de
restauration et technique de tourisme, la baisse d'étudiants internationaux
occasionnera une baisse de clientèle globale qui pourrait mettre en péril la
survie de certains programmes. Nous pourrions, entre autres, envisager la fin
du programme de gestion d'un établissement de restauration. Nos groupes sont
composés en moyenne à environ 30 % d'élèves internationaux. L'impact est
majeur sur la décision de démarrer un groupe ou non. Ailleurs, on parle du fait
qu'ils représentent deux tiers des programmes.» Tout ça pour dire, Mme la
Présidente, qu'on demande... on demande... on porte leur voix et on demande à
la commission de les entendre, d'entendre l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
de cette intervention.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 30)