Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 12 avril 2024
-
Vol. 47 N° 45
Interpellation de la députée de Robert-Baldwin à la ministre responsable de
la Condition féminine sur le sujet suivant : Débâtir la confiance : les
engagements brisés du gouvernement caquiste envers les femmes
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10 h (version non révisée)
(Dix heures une minute)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour,
tout le monde. Je déclare la séance de la Commission des relations avec les
citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation de la députée de Robert-Baldwin à la ministre responsable de
la Condition féminine sur le sujet suivant : Débâtir la confiance, les
engagements brisés du gouvernement caquiste envers les femmes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la Présidente.
Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval) et M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacé par
Mme Ruba Ghazal (Mercier).
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, le deuxième
groupe d'opposition interviendra lors de la troisième et de la sixième série d'interventions.
Je comprends qu'il y a consentement afin
que les temps de parole qui étaient dévolus à la députée interpellatrice en
ouverture et en conclusion de l'interpellation puissent être exercés par la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Ainsi, comme la séance a débuté à 10 h 01,
y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure du midi,
soit 12 h 01?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. C'est beau. Nous allons maintenant débuter avec les déclarations d'ouverture.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. C'est un honneur de parler, au nom de ma formation, l'opposition
officielle, et de ma collègue la députée de Robert-Baldwin qui est notre porte-parole
en matière de condition féminine.
Depuis bien avant son élection, lors de
toute sa carrière, elle a défendu la cause des femmes avec ardeur. Alors, en
toute humilité, je tâcherai de continuer dans la même veine, alors que je la
remplace aujourd'hui.
Mme la Présidente, c'est regrettable que
nous devions faire cette interpellation sur un dossier aussi bouleversant soit
le manque de place en maison d'hébergement pour les femmes victimes de violence
et de leurs enfants. Ma collègue la députée de Robert-Baldwin a d'ailleurs, à
de nombreuses reprises, porté sa voix, la voix de ces femmes et de leurs
championnes, ces femmes qui tiennent à bout de bras les projets de maisons
malgré le manque de ressources et de financement.
Après de multiples interventions de
regroupement des femmes ainsi que maints communiqués et conférences de presse,
de nombreuses lettres aux ministres responsables, rien n'a changé. Malgré
toutes ces démarches, les féminicides au Québec continuent sans relâche, et,
depuis le début de cette année, on a déjà rapporté cette semaine un sixième
féminicide. Si on continue à ce rythme-là, on risque de dépasser le triste
sommet atteint en 2021.
Ce qui rend particulièrement grave cette
situation, c'est le manque de places dans les maisons d'hébergement de deuxième
étape, lesquelles jouent un rôle vital pour les femmes victimes de violence. Ce
manque a un effet domino qui fait en sorte que les femmes ne peuvent pas
quitter les maisons de première étape et donc ces dernières ne peuvent pas
accepter de nouvelles personnes.
D'ailleurs, cette semaine, un rapport est
sorti avec le titre Le Québec a un taux d'occupation le plus élevé au Canada.
On y apprend qu'en 2022-2023, le taux d'occupation dans les refuges était de
103 %. Lorsqu'on regarde ce chiffre, on comprend pourquoi c'est près de
50 %, Mme la Présidente, 50 % de victimes, femmes victimes qui se
font refuser, ça revient à 17 cas par jour en moyenne. C'est inacceptable.
C'est inhumain.
Il s'agit là d'un pitoyable bulletin en la
matière pour le premier ministre et son gouvernement qui se vantent de faire de
la sécurité des femmes et la lutte contre la violence conjugale sa priorité. C'est
en raison de cette inaction sur cet enjeu primordial que le titre de cette
interpellation est débâtir, débâtir et non rebâtir la confiance, les
engagements brisés du gouvernement caquiste envers les femmes. Ce titre n'est
pas anodin...
Mme McGraw : ...puisqu'il
illustre les échecs du gouvernement de la CAQ. Durant les deux prochaines
heures, je présenterais et je vais dénoncer un enjeu particulier et
criant : le manque de places et de ressources dans les maisons
d'hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale.
Leur situation a fait couler beaucoup
d'encre dans les dernières années, et malheureusement la situation est loin de
s'améliorer. On fait face encore à une situation critique où la majorité des
trentaines... des trentaines de projets de maisons d'hébergement qui sont
attendues depuis longtemps, depuis au moins trois ans, demeure toujours
bloquée, et ce, dû à l'incohérence gouvernementale sérieuse, en plus de
l'entêtement de la ministre de l'Habitation et du manque de leadership de la
ministre de la Condition féminine. Cette lacune est l'une des raisons
principales pour laquelle la Société québécoise de l'habitation est encore en
train d'évaluer des maisons d'hébergement comme du logement social. Il est
inconcevable que le gouvernement ne veille pas reconnaître... ne veuille pas
reconnaître les besoins particuliers de maisons d'hébergement, précisément le
besoin d'espace d'intervention. Ce refus de financement représente un trou de
22 millions de dollars à remonter. Et, lorsqu'on est sur le terrain, ce
qu'on apprend, c'est que, pour sauver ces projets, ce sont les femmes, ce sont
les C.A. qui doivent s'endetter et prendre des marges de crédit à leur nom pour
garder les projets à flot. C'est inacceptable.
En vue de nombreuses sorties sur le sujet,
la question se pose : Combien de fois faut-il expliquer à la ministre de
l'Habitation que les maisons d'hébergement ne sont pas du logement social et
qu'on ne peut pas les évaluer selon les critères de logement social? Une autre
question, peut-être la plus importante, s'impose : Où est la ministre de
la Condition féminine, celle qui a le devoir de porter la voix de ces femmes,
celle qui doit s'assurer que le gouvernement prenne ses responsabilités et
débloque les fonds? Je ne peux pas croire que le premier ministre endosserait
cette approche... ou endosse cette approche.
D'ailleurs, la situation est tellement
problématique que le premier ministre lui-même a dû intervenir auprès de ses
ministres afin qu'ils s'assoient avec les maisons d'hébergement, et ce, en
2021, afin de trouver des solutions au blocage. Mais malheureusement, malgré
cette avancée en 2021, le processus demeure paralysé par des exigences
déraisonnables. Pourtant, on sait que ce n'est pas un nouvel enjeu pour ce
gouvernement. En effet, depuis son premier mandat, maintes stratégies,
annonces, etc., plans, rapports ont été déposés pour les maisons de première et
de deuxième étape. Mais malheureusement, force de contacter... force est de
constater que le bilan de ce gouvernement ne répond pas aux atteintes. Il est
minuit moins une, et il faut débloquer, Mme la Présidente. On parle des vies
des femmes. Ça suffit!
Mme la Présidente, la ministre de la
Condition féminine se doit d'agir auprès de ses collègues au gouvernement afin
de débloquer le financement pour avoir plus de places. On parle de la sécurité
des femmes. C'est un droit fondamental et c'est la responsabilité des
gouvernements et de ce gouvernement pour... de respecter et de promouvoir ces
droits fondamentaux. Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la ministre responsable de la Condition
féminine. Vous disposez également de 10 minutes.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens, en premier lieu, à offrir mes condoléances aux
gens... aux proches de la victime dont ma collègue a fait mention tout à
l'heure. C'est effectivement profondément triste que... chaque fois qu'une
femme est victime de violence, de violence, puis c'est inacceptable, en fait,
dans notre société égalitaire comme celle du Québec, que des femmes subissent
encore de la violence.
Notre gouvernement a fait de la lutte
contre la violence faite aux femmes une priorité nationale. On l'a démontré par
des gestes forts comme les tribunaux spécialisés en matière de violence...
Mme Blanchette Vézina : ...sexuelle,
de violence conjugale, les bracelets antirapprochement, et notre réseau compte
plus d'une centaine de maisons d'hébergement d'urgence partout au Québec. Quand
une femme a besoin d'aide, on ne la laisse pas tomber, Mme la Présidente. On a
mis en place des cellules d'intervention rapide, également, et de l'aide
financière d'urgence pour permettre aux femmes de quitter rapidement des
milieux violents... un milieu violent.
D'entrée de jeu, ça me fait plaisir
aujourd'hui de pouvoir venir débattre avec les collègues d'un sujet qu'on a
tous à cœur de manière transversale, au gouvernement, la cause des femmes. Je
veux remercier les députés qui sont avec nous aujourd'hui, là, de part et
d'autre de la Chambre de se prêter à cet exercice, qui est important...
l'exercice important qu'on est en train de faire. Je pense que les femmes et
les hommes ont à cœur et peuvent être fiers, tous les élus présents ici, de
faire progresser les droits des femmes, de s'assurer aussi bien sûr qu'elles
sont en sécurité et qu'elles soient dûment représentées dans toutes les sphères
de la société.
Avant de nous plonger dans le débat qui
est celui d'aujourd'hui, je pense qu'il est important de se plonger dans ce
qu'on a fait, dans ce qui est... ce qui a été fait dans le passé et ce qu'on a
fait comme gouvernement et de regarder aussi tout le chemin qui a été parcouru
au Québec pour qu'aujourd'hui on puisse se vanter d'être une des sociétés les
plus égalitaires au monde, et je ne suis pas en train d'exagérer, Mme la
Présidente. Les politiques sociales du Québec, elles font l'envie de plusieurs
sociétés dans le monde. Ici, en fait, je ne peux pas passer sous silence, bien
sûr, le réseau de services de garde éducatifs à l'enfance, qui a été créé en
1997. Ça a été un outil d'émancipation pour les Québécoises, ça leur a permis
une présence accrue sur le marché du travail, des femmes comme moi de
38 ans avec deux jeunes enfants qui peuvent, grâce à ces réseaux, grâce à
cette cellule mise en place, occuper le marché du travail, s'accomplir
professionnellement, réduire leur dépendance économique à leur conjoint et
aussi contribuer pleinement à la vie, à la société démocratique et à la société
québécoise. Et bien sûr il n'y a rien de parfait, mais il reste du travail à
accomplir pour compléter le réseau. Il faut continuer à créer plus de places
pour nos tout-petits partout au Québec, et je sais que ma collègue la ministre
de la Famille, Suzanne Roy, travaille... y travaille d'arrache-pied. C'est un
réseau de garderies structurées, subventionnées, bien des femmes partout dans
le monde en rêveraient.
Dans la même lignée, on a le Régime
québécois d'assurance parentale aussi, qui permet d'ailleurs de partager entre
les parents, conjoints hommes et conjoints femmes, suite à une naissance ou à
une adoption. Ça permet aux deux parents de s'impliquer auprès de leurs enfants
dès leur naissance, et cette implication conjointe, bien, permet une
répartition plus égalitaire également des responsabilités parentales même après
la période périnatale. Elle contribue à l'atteinte de l'égalité entre les
femmes et les hommes.
Et l'an passé, en 2023, on a célébré le 50ᵉ...
les 50 ans du Conseil du statut de la femme. La mission de ce conseil,
elle est double : conseiller le gouvernement du Québec sur tous les sujets
liés à l'égalité, au respect des droits et du statut des femmes et aussi
fournir l'information pertinente aux Québécoises et au public. La mise sur pied
dès le début du conseil de son centre de documentation, de la Gazette des
femmes a aussi permis de sensibiliser, d'outiller et d'éduquer les femmes ainsi
que les hommes sur des sujets qui sont parfois tabous. Et depuis donc 50 ans,
le Conseil du statut de la femme a contribué de façon notable à faire avancer
la cause des femmes, mais aussi le Secrétariat à la condition féminine, qui a
été créé en 1979, cette fois, ayant pour but d'orchestrer l'intervention
gouvernementale en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, et ses
responsabilités l'amènent à travailler en collaboration avec l'ensemble des
ministères, organismes publics touchés, avec les groupes de femmes, les
organisations souhaitant apporter leur contribution à l'atteinte de cette
égalité, et concrètement, bon, il élabore les politiques, les plans d'action
gouvernementaux et en assure le suivi. Alors, le secrétariat réalise plusieurs
actions, notamment en matière de sensibilisation, et on est fiers d'avoir
consolidé cette structure au cours des dernières années : elle est passée
de 28 effectifs en 2018 à 42 effectifs en 2024, Mme la Présidente, et
son budget, lui, a aussi pris de l'ampleur en passant de 13 millions...
13,8 millions de dollars en 2018 à 26 millions de dollars
en 2024.
Malgré les avancées des dernières années,
force est de constater qu'il reste bien sûr du travail à faire, et pour preuve
le sujet qui nous réunit aujourd'hui, la violence faite aux femmes. Notre
gouvernement a fait de la lutte, je vous le disais tout à l'heure, la lutte à
la violence... contre la violence faite aux femmes une vraie priorité.
Et puis j'aimerais aujourd'hui vous
ramener rapidement, là, en 2017, vous rappeler qu'on avait traversé une époque
de dénonciation, avec le mouvement MeToo, partout à travers la planète. Au
Québec aussi, ça a mis en lumière que les services offerts par le système de
justice aux personnes victimes ne correspondaient pas à leurs besoins. Alors...
Mme Blanchette Vézina : ...à
la suite de ce mouvement, des dénonciations... violences sexuelles, qui
impliquaient des personnalités publiques notamment, la ministre de l'époque,
Mme Sonia LeBel, a créé, avec les porte-parole en matière de condition
féminine de l'ensemble des partis politiques de l'Assemblée nationale, un
comité transpartisan. Il est alors composé de différents... de différents
partis, mais... Hélène David, notamment, de Christine Labrie, Véronique Hivon
également à l'époque. Ainsi, tous les partis se sont alliés pour trouver des
solutions pour que les... les femmes victimes de violences puissent être mieux
accompagnées. Et ce... ce comité transpartisan réunissait plusieurs groupes
également qui viennent en aide, notamment les centres d'aide et de lutte contre
les agressions à caractère sexuel, les CALACS, le centre de victimes
d'agressions sexuelles de Montréal, le Centre d'aide aux victimes d'actes
criminels, le CAVAC, le directeur des poursuites criminelles et pénales,
également, le service de police, des chercheurs. Tous... Tous ces gens se sont
réunis. Le mandat était clair, il fallait évaluer, à la lumière du parcours
d'une personne victime d'agression sexuelle et de violences conjugales, les
mesures à prendre et étudier celles pouvant être déployées également. Le comité
disposait donc à l'époque d'un an pour s'acquitter de son mandat et proposer
des pistes de solutions à développer pour des mesures qui vont bénéficier...
qui ont bénéficié aux personnes victimes d'agression sexuelle pour leur
redonner confiance dans le système judiciaire et extrajudiciaire.
Et on a eu donc le rapport Rebâtir la
confiance, qui a été déposé en 2020, le fruit de dizaines de réunions de
consultations, notamment auprès des victimes. Il est divisé en
15 chapitres, qui comprend 190 recommandations, qui s'articulent
autour de l'accompagnement des victimes. Et notre gouvernement, on n'a pas
attendu les conclusions du rapport pour renforcir notre intervention, renforcer
notre intervention. En 2020, on a mis en place un plan d'action pour prévenir
les situations de violence conjugale à haut risque de dangerosité et accroître
la sécurité des victimes, des mesures qui ont été mises en place rapidement,
particulièrement lors des situations de risque d'homicide. On parle d'un
montant de 180,5 millions de dollars sur cinq ans qui a été consacré
à ce plan.
On a aussi, en 2021... Quelques mois après
le dépôt du rapport, le gouvernement, on a posé plusieurs gestes majeurs. La
loi sur le divorce, qui a été modifiée pour y inclure la notion de violence
familiale. Le gouvernement aussi, on a continué de renforcer notre intervention
pour contrer la violence en lançant des actions prioritaires pour contrer la
violence conjugale et les féminicides, pour lesquelles on a consacré, Mme la
Présidente, près de 223 millions de dollars. Toujours en 2021, on a
aussi adopté la Loi visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence conjugale. C'est des recommandations phares, bien sûr, du comité d'experts
et du rapport.
Donc, plusieurs actions qu'on a mises en
place, notamment également une stratégie gouvernementale intégrée pour contrer
la violence sexuelle, la violence conjugale et rebâtir la confiance. Cette
stratégie intégrée, c'est la première qui vise à la fois la lutte contre la
violence sexuelle et la violence conjugale en plus d'assurer le suivi de la
mise en œuvre du rapport Rebâtir la confiance, 58 actions puis un
investissement total de 462 millions de dollars sur cinq ans. Et ça,
c'est une réponse directe au rapport Rebâtir la confiance. 18 ministères qui
travaillent et organismes qui y travaillent en matière de prévention, de
sensibilisation, de dépistage, d'intervention, de développement de
connaissances. J'aurai l'occasion, dans les prochaines minutes, prochaines
heures, de pouvoir vous en parler plus en détail. Depuis 2019, je suis fière de
dire qu'on a octroyé plus de 1,1 milliard de dollars pour lutter
contre la violence faite aux femmes.
Alors, jamais, Mme la Présidente, un
gouvernement n'en a fait autant. Il me ferait... Il va me faire plaisir
d'exposer toutes les actions qu'on a posées au cours des dernières années, dans
les prochaines minutes. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous allons maintenant débuter la période d'échanges. Donc, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la parole pour cinq minutes.
• (10 h 20) •
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. On parle du passé, mais aujourd'hui, on veut parler de l'avenir et
surtout du présent, un présent urgent qui presse. Depuis un an... Depuis plus
d'un an, ma collègue, la députée de Robert-Baldwin, elle talonne le
gouvernement sur le sort des places en maison d'hébergement, et c'est ça le
sujet du jour. C'est le sujet du jour parce que ça presse, c'est criant. Or, ce
que nous avons constaté lors de nombreuses allocutions, c'est la grande variété
d'interlocuteurs que nous avons eue. Alors qu'on parle ici d'un sujet complexe
et vital pour la protection des femmes, on pourrait s'attendre à ce que la ministre
de la Condition féminine soit la capitaine du navire afin de s'assurer que le
processus vogue bien entre les différents ministères qui sont impliqués.
Malheureusement, le constat est tout autre. En effet, lorsqu'on parle aux
différents groupes, ce qui ressort, c'est le traitement de leurs demandes en
silos entre les ministères ainsi que l'absence et la... de la collaboration et
des discussions entre ceux-ci. Ce manque de collaboration...
Mme McGraw : ...et de
communication fait tout son sens lorsqu'on regarde la situation spécifique des
maisons d'hébergement. En effet, bien que la ministre de la Condition féminine
soit ultimement la ministre responsable du dossier, c'est sa collègue de
l'Habitation qui doit approuver les projets des nouvelles places et c'est son
collègue des Services sociaux qui est en charge de leur donner le financement
nécessaire pour offrir les services nécessaires à l'atteinte de leur mission.
Cette gestion tripartite devrait normalement se faire sans trop de problèmes puisqu'elle
c'est la ministre de la Condition féminine qui est censée être celle qui pousse
les projets et qui assure qu'ils avancent, mais malheureusement le manque
d'implication de la ministre actuelle fait en sorte que les projets sont
bloqués entre les ministères. Le ministère des Services sociaux accorde des
montants pour des projets qui lui sont soumis, mais les projets bloquent au
ministère de l'Habitation en raison du calcul inadéquat qu'utilise la ministre.
Le résultat est donc que les organismes ont des promesses de budget qui sont
gelées et ne peuvent donc pas offrir leurs services. Pour utiliser une
expression consacrée, la main gauche ne suit pas la main droite. Il aurait
fallu... aura fallu que la... le premier ministre, comme j'ai dit avant, lui-même,
vienne jouer le rôle de la ministre de la Condition féminine et force la
ministre de l'Habitation à chercher activement des voies de passage. Cette
intervention aurait permis un petit pas vers l'avant, mais c'est déjà plus que
ce qui a été fait grâce au ministère de la Condition féminine depuis l'élection
de la CAQ. On ne peut que se demander ce qui serait arrivé si la ministre en
charge du dossier avait été activement impliquée dans ce dossier. Cette
inaction de la ministre était encore plus difficile à expliquer à la lueur de
la déclaration du premier ministre lors du mandat précédent qui disait, et
j'ouvre les guillemets : «On va créer des places qui sont nécessaires pour
accueillir les femmes, et je vous garantis qu'il n'y aura aucun problème de financement».
Il faut croire que le message ne s'est pas rendu à ses ministres. Pardon. Un
instant, Mme la Présidente. Pardon. Il manquait le reste de mon... de mon
texte. Il faut croire que le message ne s'est pas rendu à ses ministres.
Malheureusement, l'inaction de la ministre responsable de la Condition féminine
équivaut à l'abandon des femmes les plus vulnérables. Et je profite de ce
moment pour citer une autre ministre, l'ancien secrétariat de l'État, la
première secrétaire de l'État femme aux États-Unis, Madeleine Albright, qui a
dit, et je cite : «There's a special place in hell for women who don't
help other women». Et je mets l'emphase sur le fait que les femmes qui sont
dans des postes de privilège et de pouvoir ont le devoir d'aider les femmes les
plus vulnérables. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la ministre. Vous avez un temps de parole de
cinq minutes.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. En fait, je tiens à rassurer la collègue, là, c'est
vraiment... c'est un des objectifs de la stratégie, la création d'un comité
interministériel de suivi sur le développement des maisons d'hébergement.
Alors, c'est un comité qui est dédié à ces maisons, au développement de ces
maisons, qui est coordonné par le Secrétariat à la condition féminine qui
intègre, là, la Société d'habitation du Québec, le ministère de la Santé et des
Services sociaux ainsi que le ministère des Finances. En fait, l'objectif,
c'est d'assurer un arrimage pour faciliter le déploiement et le bon déroulement
de ces nouvelles places. Et plusieurs rencontres, des rencontres régulières
aussi ont lieu tous les mois environ pour suivre les enjeux, les enjeux des
groupes... des projets mais des groupes également, là. Donc, plusieurs
rencontres de consultations qui ont été tenues en 2024 avec les regroupements
nationaux des maisons d'hébergement, la SHQ, le ministère de la Santé et des
Services sociaux, le ministère des Finances, le secrétariat, afin de discuter
des normes de programmes en vigueur puis des améliorations possibles. Et cette
action prévoit aussi l'embauche de chargés de projets parce que c'est important
pour développer des projets d'avoir des gens qui ont les compétences de le
faire. Alors, on finance également l'embauche de chargés de projets dans les
regroupements nationaux pour le développement de nouvelles places sur le
terrain. Et les trois projets, donc, ont débuté en 2023...
Mme Blanchette Vézina : ...je
sais que le dossier des maisons d'hébergement interpelle particulièrement ma
collègue. Sachons, là, qu'il y a les maisons d'hébergement d'urgence...
différents types de maisons d'hébergement, là. J'aimerais qu'on puisse en...
approfondir un peu plus pour bien comprendre l'enjeu puis voir les actions
concrètes que notre gouvernement a posées dans les dernières années à travers
la stratégie gouvernementale intégrée pour contrer la violence sexuelle, la
violence conjugale et Rebâtir la confiance. Alors, les maisons d'hébergement
d'urgence, qui, elles, sont de... des séjours pour les femmes et leurs enfants
de quelques jours à trois mois, il y en a 108, Mme la Présidente, au Québec. Il
y a des maisons d'hébergement de deuxième étape également. Ça, c'est des
maisons d'hébergement transitoires qui vont accueillir les femmes, elles, de
trois mois à 24 mois. Donc, l'hébergement dans une maison MH2, appelons-le
comme ça, là, donc transitoire, deuxième étape, elle est offerte à des femmes
aux prises avec des enjeux de sécurité qui sont accrues après leur passage.
Et la stratégie dont je vous parlais tout
à l'heure, elle prévoit le développement de plusieurs projets dont... On s'est
donné des objectifs de déploiement de ces projets. C'était la première fois
qu'un gouvernement prenait un engagement en ce sens, de développer des maisons
d'hébergement de première... d'urgence ou de deuxième étape. Alors, les
objectifs, ils sont de développer, donc, quatre nouvelles maisons MH1,
d'urgence, donc, de 12 places et 30 projets de maisons d'habitation...
d'hébergement, pardon, de deuxième étape. Alors, il y en a neuf, projets, qui
ont ouvert leurs portes en ce moment et 19 projets qui sont en financement pour
le bâti, et dont cinq projets devraient ouvrir d'ici la fin de 2024. Alors, on
a identifié des régions prioritaires et on... bien sûr, le développement se
fait en fonction des projets qui sont proposés par le milieu au programme de la
SHQ, et le... les groupes communautaires, donc le milieu communautaire doit
proposer des projets qui sont viables, et on veut les soutenir. On les
accompagne, je vous disais, avec le comité interministériel, pour trouver des
solutions. La stratégie intégrée, bien, nous donne des objectifs qui sont
clairs.
Rappelons qu'en 2013-2014, avant que le
gouvernement... c'était un gouvernement libéral, le financement des maisons
d'hébergement était de 72 millions de dollars. Dernière année du mandat
des libéraux, il était à 77 millions de dollars, une augmentation de 5
millions. On a fait passer, nous, comme gouvernement, ce financement de 77
millions à 157 millions de dollars en 2024-2025. C'est une hausse de
104 %, Mme la Présidente.
Alors, on agit concrètement, on a des
objectifs clairs et on met le financement nécessaire à la réalisation des
projets.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Lotbinière-Frontenac.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais vous
saluer, vous, ainsi que ma collègue de Roberval, et la ministre qui nous
accompagne, et mes collègues, aussi, de l'opposition en ce vendredi matin. Je
remercie aussi la députée de Robert-Baldwin spécialement pour cette
interpellation qui nous permettra de discuter des femmes au Québec. Et
également je remercie la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour sa présence ce
matin.
Je sais que les sujets de la condition
féminine et le droit des femmes passionnent et touchent particulièrement ma
collègue et je partage ce sentiment-là aussi. Ce sont des sujets importants à
discuter puis à reconnaître. Ayant été moi-même victime de violence conjugale,
les enjeux liés à la condition des femmes me touchent personnellement et m'a
poussée à m'impliquer davantage et à améliorer la vie des Québécoises qui se
retrouvent dans cette situation-là. C'est pour ça que, depuis le début de mon
mandat en tant que députée, j'ai participé à l'élaboration de plusieurs... de
nombreuses réalisations en lien avec la lutte contre les violences conjugales
et sexuelles. J'ai coordonné les travaux en lien avec les maisons d'aide et
d'hébergement d'urgence, ce qui m'a permis d'établir des relations étroites
avec les principaux intervenants du milieu pour bien comprendre les enjeux
auxquels ils font face au quotidien.
• (10 h 30) •
Et je voudrais aussi revenir sur
l'intervention de ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce, au tout début, concernant
les 50 refus par jour. Je ne veux pas du tout minimiser la violence faite aux
femmes au Québec, il y en a beaucoup, beaucoup trop, mais, dans le premier
mandat que j'avais... que j'avais fait, j'avais... j'avais découvert que, bien,
les femmes qui appellent dans les maisons d'hébergement sont comme
comptabilisées...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...à chaque fois comme une nouvelle femme.
Donc, si une femme qui a besoin d'aide appelle dans cinq maisons d'hébergement
pour avoir une place, puis qu'il n'y en a pas, bien, c'est considéré comme cinq
refus. Donc, il faut juste faire attention un petit peu avec les données qui
ont été données tout à l'heure. Il y a beaucoup de maisons d'hébergement qui
sont à pleine capacité, mais en région il y en a qui ne sont pas à pleine
capacité aussi, donc je tenais à faire cette petite mise au point. Également, j'ai
fait... Au cours de mon premier mandat, j'ai fait partie de la commission
spéciale de... de l'exploitation sexuelle des mineurs. Ce sont tous des mandats
qui m'ont donné un grand sentiment de... d'accomplissement en lien avec le
travail que j'ai effectué.
J'ai maintenant le plaisir d'agir en tant
qu'adjointe gouvernementale de la ministre de la Condition féminine depuis
janvier cette année. Mon mandat actuel consiste à mobiliser le secteur privé
pour que des actions concrètes puissent être mises en place dans les milieux de
travail, et pour prévenir les violences sexuelles et conjugales, et accompagner
les victimes. Mme la Présidente, notre gouvernement, sous... sous le
secrétariat de la condition féminine, a lancé une stratégie gouvernementale
intégrée pour contrer la violence sexuelle et la violence conjugale et rebâtir
la confiance en 2022-2027. La stratégie intégrée en violence est le reflet de l'engagement
de notre gouvernement... de non seulement... en renouvelant la stratégie
gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles 2016-2021,
mais aussi en ajoutant des actions complémentaires en matière de violence
conjugale. Il s'agit de deux formes de violence qui sont fréquemment
juxtaposées l'une avec l'autre. La collaboration visant à assurer la réussite
de la stratégie intégrée... de... en violence est possiblement grâce à l'engagement
de 18 ministères et organismes, là, comme ma collègue l'avait souligné
tout à l'heure. Je poursuivrai... Je poursuivrai mon intervention dans les
autres minutes qui me sont accordées. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci. Nous allons maintenant débuter la deuxième série d'interventions. Je
cède la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. J'apprécie la réponse de la ministre, mais elle parle surtout du
passé. Il faut vraiment se concentrer sur le futur et le présent, et c'est un
présent, Mme la Présidente, qui est triste et même tragique. Nous apprenions
mardi le meurtre d'une jeune femme de 27 ans à Candiac, Mme Josiane
Faucher. Malheureusement, ce que nous redoutions lors de cette nouvelle a été
confirmé le lendemain. Elle a été tuée par son conjoint. Cette... tragédie n'est
malheureusement pas un cas isolé. Il s'agit du sixième féminicide à survenir au
Québec depuis le début de l'année. Si nous continuons à ce rythme de presque
deux féminicides par mois, on est à peine en avril, nous nous dirigions vers un
nombre total qui... qui va atteindre ou se rapprocher du sommet en 2021. Alors,
si ça se maintient, c'est clair que le besoin est plus que critique, il est
vraiment criant. Mme la Présidente, en Ontario, ce rythme est presque un
féminicide par semaine, et le gouvernement considère qualifier la situation d'épidémie.
Je sais que le premier ministre, il aime se comparer à... à l'Ontario, mais
dans le cas qui nous concerne, je pense que nous sommes tous et toutes d'accord
pour dire que nous ne voulons pas en arriver là. C'est pourquoi il faut agir
dès maintenant pour enrayer ce fléau afin que jamais nous... nous aussi, nous
ne devions pas parler d'une épidémie de féminicides au Québec. Je sais que la
ministre est d'accord avec moi lorsque je dis que chaque femme qui est tuée, c'est
un féminicide de trop. Je vais d'ailleurs citer le premier ministre qui a dit
le 29 mars 2021 qu'il s'occuperait personnellement du dossier des
féminicides. Et le même jour, il a rajouté en promettant, et encore une fois,
je cite, dans les prochaines semaines, des places pour toutes les femmes qui s'inquiètent
pour leur sécurité physique. Nous sommes, Mme la Présidente, le 12 février
2024, trois ans plus tard, après cet engagement public...
Mme McGraw : ... On pourrait
donc se dire que la situation dans les maisons soit... doit... doit d'être...
doit être améliorée. Or, la réalité, c'est qu'on regarde l'historique des
féminicides depuis cette annonce, et même avant il y a encore plus d'une femme
par mois qui est assassinée pour la simple raison qu'elle est une femme. Il est
inacceptable qu'en tant que société, on reste les broies... les bras croisés
avant un tel ratio et qu'on accepte le statu quo. Il est du devoir des
gouvernements, il est du devoir de ce gouvernement de tout faire pour combattre
ce fléau. Il est temps que la CAQ agisse de façon concrète et urgente de son...
de ce dossier, que la ministre responsable se responsabilise, qu'elle débloque
le financement auprès de ses collègues et qu'on insiste sur l'engagement public
du premier ministre, qui a été pris il y a déjà plus que trois ans. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Je pense que c'est important, d'entrée de jeu, de rappeler
que... je l'ai nommée tout à l'heure, mais c'est inacceptable que, dans une
société comme le Québec, il y ait encore des femmes qui subissent de la
violence, mais on prend ça très au sérieux. Il ne faut quand même pas aller
dire que la violence, c'est une épidémie, parce que la violence, bien, ce n'est
pas une maladie, mais on prend les choses très au sérieux au sein de notre
gouvernement, on a fait réellement de la lutte contre la violence faite aux
femmes une priorité nationale transversale.
Et la collègue mentionnait, là, une
annonce de mon premier ministre qui a été faite lors du mandat précédent, et
depuis cette annonce, bien, c'est 184 places, Mme la Présidente, qui ont
été créées ou consolidées. Ça, c'est depuis le 1ᵉʳ avril, donc, 2021. On agit,
Mme la Présidente, pour créer des places, oui, en hébergement, mais d'autres
façons également. Pour s'assurer que les femmes dénoncent, d'entrée de jeu,
donc on fait de la prévention. On a mis en place aussi des cellules
d'intervention rapide et de l'aide financière d'urgence.
Donc, j'aimerais peut-être commencer par
les cellules d'intervention rapide, qui sont une action aussi qui permet de
s'assurer de déployer rapidement des mécanismes de protection. Donc, c'est créé
et financé depuis 2021, Mme la Présidente. C'est des mécanismes de concertation
entre plusieurs organisations qui permettent d'assurer un filet de sécurité
autour de la femme, de la victime de violence conjugale et autour de son
entourage. Ça, ça permet de mieux détecter les risques et de déployer aussi un
filet de sécurité lorsque le danger devient plus imminent, et ça réunit les
principaux intervenants en matière de violence conjugale. Il peut s'agir, là,
d'organismes communautaires qui oeuvrent auprès des victimes, de services
policiers, de procureurs, également du CIUSSS et des CISSS. Alors, depuis 2023,
c'est... les 17 régions administratives du Québec sont desservies par au
moins une cellule d'intervention rapide. Et donc dans l'urgence, on ne laisse
pas tomber les femmes, c'est ça qu'il faut se rappeler, Mme la Présidente. Et,
par ailleurs, il y a des annonces intéressantes que ma collègue souhaite faire,
là, dans les prochains mois concernant ces cellules. Donc, je vous invite à
suivre l'actualité.
• (10 h 40) •
On est en action également avec l'aide
financière d'urgence. Ça, c'est un autre moyen qu'on a déployé depuis 2021 pour
les victimes de violence sexuelle, de violence conjugale. Ça, ça permet à une
victime d'aller chercher... de se mettre dans un milieu sécuritaire avec
elle-même et avec ses enfants, donc de quitter rapidement un milieu dangereux.
Ça a été élaboré en collaboration avec les organismes qui viennent en aide aux
victimes... aux personnes victimes, et ça contribue à assurer encore une fois
un filet de sécurité autour des victimes et de leurs proches en situation
d'urgence. C'est administré par SOS Violence conjugale, Info-Aide Violence
sexuelle. En fonction bien sûr de la nature de la violence subie, il y a des
intervenants de première ligne, des policiers et notamment les maisons
d'hébergement qui sont là, qui peuvent être contactés, là, 24 heures sur
24, sept jours sur sept. Ça, c'est pour éviter à la personne aussi de devoir
répéter son histoire à plusieurs reprises. Donc, il y a des administrateurs de
l'aide financière d'urgence qui vont communiquer avec les fournisseurs de
services pour répondre aux besoins de la personne victime. Ça peut être des
besoins en transport, des besoins d'hébergement, des frais de subsistance.
Donc, cette aide financière vient couvrir les besoins d'urgence pour s'assurer
que la femme victime et ses proches demeurent en sécurité.
Et donc ça, c'est des actions concrètes
qu'on a posées très rapidement et qui sont toujours en place partout au Québec
pour aider...
Mme Blanchette Vézina : ...en
plus des maisons d'hébergement et des places qui ont été créées.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, Mme
la Présidente. Mme la ministre, merci d'être avec nous ce matin. Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la députée de Mercier, bon matin.
J'aimerais en profiter aussi pour
remercier l'équipe du secrétariat de la condition féminine. On n'a pas
l'occasion de les rencontrer souvent, puis je voudrais les remercier pour leur
excellent travail qu'ils font. Donc, je suis très heureuse d'être... d'être ici
ce matin, à l'invitation de la collègue de Robert-Baldwin, pour parler de la
condition féminine.
J'aurais une salutation particulière à
faire à ma collègue de Lotbinière-Frontenac. Je trouve toujours ça émouvant
quand elle nous partage sa... la réalité qu'elle a vécue. Puis je trouve que
c'est... c'est un beau modèle pour nous. Merci. Merci.
Donc, moi, aujourd'hui, je vais vous
parler de l'implantation au Québec des tribunaux spécialisés. Vous savez, nous,
en septembre 2023, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on a eu la chance d'avoir deux
tribunaux spécialisés, donc un à Alma et un... et un à Chicoutimi. C'est suite
à une adoption, à l'unanimité, d'un projet de loi qui a été déposé par mon
collègue de la Justice en 2021.
Jusqu'à maintenant, là, dans la première
année, il y a 8 000 victimes en violence conjugale et sexuelle qui
ont été soutenues. Donc, le tribunal spécialisé permet à une victime d'être
accompagnée durant tout le processus judiciaire et de ne pas raconter son
histoire plusieurs, plusieurs fois. Donc, du début de la plainte jusqu'à la
Cour de justice, elles sont accompagnées. C'est entre autres aussi grâce à
l'ajout d'une quarantaine de ressources spécialisées au DPCP et au CAVAC que
ces réalisations ont été possibles.
Dans un article de Radio-Canada en mai
dernier, pour souligner justement le premier anniversaire de la mise en œuvre
du tribunal, Mme Sophie Bergeron, coordonnatrice des tribunaux spécialisés pour
les CAVAC, a souligné ceci : «Dans le modèle, on vient de mettre en place
des rencontres systématiques au début du processus pour toutes les personnes
victimes. Elles ont donc l'opportunité de se faire représenter, de se faire
présenter tous les services auxquels elles ont droit et de se faire expliquer
ce qui va... ce qui va se passer par la suite.»
Donc, oui, Mme la Présidente, les maisons
d'hébergement sont importantes, mais il y a aussi tout l'écosystème autour des
maisons d'hébergement. Il faut que les femmes se sentent accompagnées,
écoutées, entendues, et c'est ce qu'on vient faire avec le tribunal spécialisé.
Donc, l'implantation des tribunaux était
une recommandation, encore une fois, du rapport Rebâtir la confiance. Puis je
crois fermement que cette mise en œuvre, c'est une mesure phare de l'objectif
de replacer la personne victime au centre de l'intervention. Les tribunaux, ça
constitue une avancée importante dans la lutte contre la violence aux femmes.
La loi, principalement, elle vise à
rebâtir la confiance des personnes victimes de violence sexuelle ou conjugale
envers le système de justice, mais je dirais plus encore, de toute sa
population, offrir à ces personnes aussi des services psychosociaux et
judiciaires intégrés et adaptés, et ce, dès le premier contact avec les
services policiers. Des projets de tribunal spécialisé sont présentement en
place dans 10 districts judiciaires et seront implantés, à terme, dans 16
sur 36. Et on prévoit la totalité du territoire en 2026. Et, comme je vous
disais, j'ai la chance, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'en avoir deux chez nous.
Donc, les tribunaux spécialisés en
violence, il y a quatre grands volets d'activités : il y a la formation
sur les réalités relatives à la violence sexuelle et aux violences conjugales,
il y a... l'accompagnement des personnes victimes pour mieux adapter à leurs
réalités et à leurs besoins tout au long du parcours judiciaire, il y a la
création aussi d'une division spécialisée en matière de violences sexuelles et
l'aménagement des palais de justice, de sorte que les victimes ne côtoient plus
leur agresseur ou leur présumé agresseur.
Nous sommes le seul endroit au monde à
s'être dotés des bracelets antirapprochement et des tribunaux spécialisés.
Donc, en tant que gouvernement, je pense qu'on est là, on agit. L'objectif est
clair, dans nos actions, c'est de protéger les femmes, encore plus lorsqu'elles
sont en situation de détresse et de vulnérabilité. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous allons débuter la troisième série d'interventions. Je cède maintenant la
parole...
La Présidente (Mme Bogemans) : ...à
la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, merci tout le monde ici d'être présents pour parler
d'un sujet extrêmement important, surtout après le sixième féminicide qu'on a
eu cette semaine. Ça, ça veut dire que, depuis 2024, il y a deux femmes qui...
une femme qui décède à toutes les deux semaines depuis le début de l'année.
Donc, j'ai... Il ne faut absolument pas que ce rythme-là continue. Et je le
sais que tout le monde qui est présent ici, dans cette commission, le
gouvernement, les partis d'opposition sont sensibles à ça. Mais là, l'objectif
ici, c'est de ne pas... ce n'est pas de parler de toutes les mesures qui ont
été mises en place par le gouvernement, par exemple les tribunaux spécialisés,
les bracelets, les... antirapprochement, etc., en ce moment, il y a une
situation urgente et le sujet de cette interpellation-là, c'est les maisons
d'hébergement qui débordent.
Il y a la une de la Presse qui en faisait
mention, les gens qui... des intervenantes, les gens qui travaillent dans ces
maisons, là, en ce moment, elles disent aux femmes : Continuez à nous
appeler, n'arrêtez pas de nous appeler parce qu'il n'y a pas de place, mais
elles crient à l'aide, et cet... ce cri à l'aide là doit être entendu par le
gouvernement en disant : Bien, il n'y a pas de place. C'est-à-dire qu'une
femme, pour qu'elle sorte de chez elle, ça, ça prend beaucoup de courage, ce
n'est pas facile. Il existe par exemple les lignes d'aide... d'aide financière
d'urgence, là, les LAFU dont a parlé la ministre, les cellules d'intervention
rapide, et tout ça.
Mais une fois qu'elles sortent, ce n'est
pas ces mesures-là qui ont été nommées en ce moment qui vont faire que là,
elles vont en trouver, des places dans les maisons d'hébergement. Ça déborde
partout et ce que ça prend comme mesures... puis j'aimerais ça entendre la
ministre là-dessus. Malheureusement, j'aurais aimé ça... je sais qu'on ne peut
pas dire qu'une personne était absente, j'aurais aimé entendre la ministre
Martine Biron répondre à cette question-là, mais je le sais que... peut-être
qu'elle va nous écouter un peu plus tard. Puis j'aimerais entendre la ministre
là-dessus, sur l'ouverture, peut-être l'ouverture de la part du gouvernement
d'avoir une voie rapide pour la construction des maisons d'hébergement.
Moi, quand j'ai interpellé hier, la
ministre Duranceau, ce qu'elle a dit : Ah! Mais on travaille fort pour
avoir plus de logements. Bien oui, c'est parce que l'objectif de la ministre,
c'est de réduire le coût par porte. Donc, quand on est dans une... dans une...
projet d'une maison d'hébergement pour femmes victimes de violence, il y a un
nombre précis de logements, mais on... si on en ajoute une, parce que c'est ce
que la SHQ fait, elle travaille fort, là, pour en ajouter une pour réduire le
coût par porte, bien, à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe? C'est que tous
les autres endroits dans la maison d'hébergement, c'est-à-dire les aires
communes, les cuisines, les aires de jeux pour les enfants, les bureaux
d'intervention, là où les interventions sont très importantes, au
rez-de-chaussée de la maison d'hébergement, bien, c'est-à-dire qu'on est en
train d'amputer ces places-là, il est en train d'y avoir encore moins de place
pour faire ces interventions-là, qui sont extrêmement importantes parce qu'on
ajoute un logement.
Mais une maison d'hébergement, ce n'est
pas plus de logements seulement... on veut avoir des logements, des lieux
sécuritaires, des appartements pour... pour aider ces... donner un lieu sûr à
ces femmes victimes de violence, mais on veut aussi les aider à rebâtir leur
vie, les aider à se reconstruire, les aider, après ça, à... à prendre leur vie
en main. Et c'est ça, le service qui est fondamental. Si on a juste des
appartements, puis que ce service-là n'est pas présent ou ne fonctionne pas, ça
n'aidera pas les femmes qui sont victimes de violence conjugale à pouvoir
sortir du cycle de la violence. Donc, les services doivent... les maisons
d'hébergement doivent être perçus comme un tout, comme les services qui sont
donnés à l'intérieur, il faut pour qu'il y ait de l'espace, comme les appartements
où elles vont habiter de façon temporaire, le temps de reprendre leur vie en
main, d'avoir un lieu sécuritaire. Et c'est ça qui, en ce moment, achoppe,
c'est ça, le problème fondamental.
• (10 h 50) •
Pourquoi? Pourquoi? Parce qu'il n'existe qu'un
seul entonnoir pour que ces projets-là voient le jour, et ça s'appelle le PHAQ.
Et le PHAQ n'est pas adapté, le PHAQ n'est pas adapté pour les maisons
d'hébergement. Donc, moi, je demande... et j'aimerais juste entendre la
ministre, là, il me reste très peu de temps, juste son ouverture. Est-ce que la
ministre... et est-ce que le gouvernement de la CAQ est ouvert à avoir une voie
rapide, donc notamment, par exemple par un décret ou une autre façon, pour que
ces maisons-là, là, les projets qui sont là sur leurs bureaux, soient
construits rapidement? et aussi, la deuxième demande, c'est d'avoir un
programme spécifique pour les maisons d'hébergement qui ne sont pas que de la
brique, mais qui sont aussi des services. Est-ce qu'il y a une ouverture, oui
ou non?
Merci. Je cède maintenant la parole à la
ministre.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Comme je le mentionnais à la collègue libérale, il y a
quelques instants, on a mis en place un comité interministériel. C'était prévu
dans la stratégie intégrée. Donc, ce comité interministériel là...
Mme Blanchette Vézina : ...l'objectif,
c'est justement de proposer puis d'assurer un arrimage pour faciliter le
déploiement des... des... le bon déroulement, là, des nouvelles places en
maison d'hébergement. Alors, on est actifs pour trouver des solutions, trouver
des solutions puis faire que les projets qui sont sur la table puissent être
réalisés.
D'ailleurs, là, il y a eu des rencontres
régulières. Il y a un travail de coordination qui s'est fait dans les dernières
semaines entre le Secrétariat à la condition féminine, la Société d'habitation,
le ministère de la Santé et Services sociaux, l'Alliance des maisons
d'hébergement de 2e étape, le Regroupement des maisons pour femmes victimes
de violence conjugale, la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes
également. Et d'ailleurs, le 28 mars dernier, ces trois groupes ont émis
un communiqué dans lequel on peut lire que les associations de maisons
considèrent avoir été entendues par le ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation et reconnaissent que les maisons d'hébergement ne sont pas du
logement social et nécessitent à ce titre des ajustements, une sortie de crise
se dessine, donc, à court terme.
Alors, je tiens, Mme la Présidente, à vous
mentionner qu'on agit concrètement et qu'on est coordonnés, ministère de la
Santé et Services sociaux, Habitation du Québec, Finances, Secrétariat à la
condition féminine, pour le déploiement et le déroulement de nouvelles places
en maison d'hébergement.
Rappelons également, 184 places qui
ont été créées depuis 2021 pour les maisons d'hébergement d'urgence, les MH1,
et également l'embauche de chargés de projets que nous avons financés pour
aider ces regroupements à ce que les projets puissent se réaliser. Et donc, les
projets, également, on a octroyé à trois maisons qui sont en réalisation dans
la région de Laval et en Outaouais 1,5 million de dollars pour
l'hébergement transitoire.
Alors, vraiment, on est en action, Mme la
Présidente. Et, je vous le rappelle, on est... grâce à la stratégie, à travers
la stratégie, la stratégie, donc, gouvernementale intégrée, qui, elle, se
déploie de 2022 à 2027, on s'est donné des objectifs clairs. C'était la
première fois qu'un gouvernement se donnait des objectifs clairs de
construction de nouvelles places, de nouvelles maisons d'hébergement un et
deux. Et on est en action pour que ces projets voient le jour, pour que les
projets se réalisent. On travaille en collaboration, l'ensemble des ministères
concernés, pour que les projets puissent se réaliser.
Je rappelle également que ces objectifs...
Donc, on a neuf projets qui ont ouvert leurs portes. Il y a 20 projets
pour les maisons d'hébergement de transition dans les MH2... pardon, les
2e étape. Donc, 20 projets qui sont sur la table, cinq qui devraient
voir le jour d'ici la fin de l'année 2024. Et les choses avancent. Donc,
dans les dernières semaines, on a vraiment travaillé... travaillé de manière
concertée pour que, les projets, on nous trouve des solutions, et il y a
toujours des solutions, Mme la Présidente. Alors, on a bon espoir que les
projets vont voir le jour. Et j'espère que les collègues vont voir tout le
progrès qui a été fait aussi dans ces dossiers. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Lotbinière-Frontenac.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...de progrès, bien, moi, dans ma première
intervention, je parlais de la Stratégie intégrée en violence et aussi de
l'engagement des 18 ministères et organismes, puis je n'avais pas terminé.
Donc, on... je voulais parler des 58 actions, dont 18 en violence sexuelle,
agression, exploitation sexuelle, harcèlement, et aussi 24 en violence
conjugale, et 16 dans les deux problématiques à la fois, qui ont été élaborées
pour répondre entièrement ou partiellement à 166 des 190 recommandations
du rapport Rebâtir la confiance à la suite du bilan du comité d'experts sur
l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale.
Je tiens également à souligner que 11 de
ces actions sont dirigées pour répondre aux besoins des femmes et des filles
des Premières Nations et Inuit. L'objectif lors de l'élaboration des mesures et
actions était de faciliter l'intégration et l'unification des services.
Celles-ci seront intégrées aux pratiques courantes des ministères et organismes
participants et seront évolutives dans le temps selon les besoins et la
pertinence de supporter les victimes. Un investissement total de 462,4 millions
sur cinq ans a été accordé pour l'initiative. Grâce à l'accord Québec...
Canada-Québec signé en novembre dernier, il y a 97,3 millions
supplémentaires qui serviront à bonifier le portefeuille dirigé à cette
stratégie du gouvernement.
Mme la Présidente, voici un court bilan
des actions effectuées en date du 23 mars 2023. Il y a quatre actions qui
sont terminées, il y a trois actions...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...intégrées aux pratiques des ministères et
organismes responsables dans le plan... dans un plan ou une stratégie. Il y a
43 actions qui sont en cours et huit sont à venir. Parmi celles qui sont
en cours, les projets pilotes des tribunaux spécialisés dans 16 districts
judiciaires ont été déployés et, d'ici 2026, ils vont être étendus dans
l'ensemble des territoires. Ma collègue a pu en parler tout à l'heure, il y a
91,9 millions sur cinq ans qui a été annoncé dans le présent budget pour
bonifier le portefeuille prévu à cet effet. Le service de consultation juridique
pour les victimes Rebâtir a été implanté et offre quatre heures de consultation
gratuite, peu importe le revenu. Les bracelets antirapprochement ont été
déployés dans l'ensemble du Québec. Mme la Présidente, dans le cadre du
budget 2024-2025, il y a 26,8 millions sur cinq ans supplémentaires
qui ont été accordés pour la lutte contre les violences sexuelles, entre autres
pour rehausser les capacités opérationnelles de la Sûreté du Québec pour la
lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet.
On a aussi... On veut offrir plus de
ressources aux laboratoires de sciences judiciaires et de médecine légale pour
accélérer le traitement des dossiers et identifier rapidement les agresseurs
sexuels grâce à l'analyse d'ADN et aussi accentuer leurs efforts d'analyse dans
les cas d'intoxication involontaires pour optimiser les enquêtes.
Les violences contre les femmes sont
vraiment inacceptables et complètement impensables après toutes les avancées de
notre société pour l'égalité et le droit des femmes. Le nombre croissant de cas
de violence nous inquiète profondément en tant que gouvernement et, bien, on
est engagés pour continuer cette lutte, c'est primordial, Mme la Présidente.
Je vais aussi vous parler des bracelets
antirapprochement. C'est une mesure phare du gouvernement puis c'est un projet
dont je suis vraiment très fière. Et je tiens à souligner leur utilité puis la
réussite de ce projet-là. Cette mesure a été une amélioration importante en
matière de protection des victimes de violence sexuelle et conjugale, et depuis
le début de leur implantation en mai 2022, les bracelets antirapprochement ont
été déployés progressivement et le système a finalement été implanté dans
toutes les régions du Québec en septembre dernier. Je vais continuer lors de ma
prochaine intervention. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous allons maintenant débuter la quatrième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Mme la
Présidente. Il est vrai que le gouvernement met en place certaines mesures, il
est vrai, tout à fait, dont la ligne d'aide financière d'urgence, LAFU. C'est
un numéro de téléphone qui... c'est une ligne qui a mis à la disposition des
intervenants terrain au service des personnes victimes de violences conjugales,
de violences sexuelles, en situation d'urgence. Il y a donc... La mission de
LAFU, c'est de permettre aux personnes victimes de violence conjugale de
combler... et de violences sexuelles de combler certains besoins d'urgence en
assumant certaines dépenses, le gouvernement. Il s'agit de l'une des
recommandations, effectivement, du rapport Rebâtir la confiance, mais,
malheureusement, son application n'est pas ce que le rapport souhaitait avec
cette mesure. Dans les faits, cette ligne permet à des femmes qui sont victimes
de pouvoir se déplacer rapidement vers un lieu sûr ou bien d'obtenir des
services médicaux d'urgence en lien avec la violence subie. Ce sont donc des
frais de subsistance essentiels à court terme, transport, alimentation,
hébergement et autres frais de base. Et là on s'attarde à hébergement,
évidemment. C'est ça, l'enjeu, aujourd'hui, de cette interpellation.
• (11 heures) •
L'instauration de cette mesure par le
gouvernement était basée sur la bonne intention de vouloir permettre aux
personnes victimes, qui n'auraient pas de place dans une maison d'hébergement
ou dans un refuge, d'être placées dans une chambre d'hôtel aux frais du
gouvernement pendant une courte période. Or, dans les faits, sur le terrain, ce
qu'on apprend, c'est qu'on place ces femmes vulnérables, ayant besoin de
soutien et d'accompagnement dans des chambres d'hôtel. Et elles sont isolées,
elles n'ont pas de soutien, elles n'ont pas de services...
11 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...elle se
retrouve sans ressources, sans accompagnement, sans réseau, puisque les
chambres disponibles ne sont pas toujours dans la même région qu'elle habitait.
À l'inverse, parfois, les seules chambres disponibles sont celles à côté de
chez elle. Et on se pose des questions sur la sécurité de la femme qui n'est
pas nécessairement garantie dans cette situation-là. Je n'ai pas de doute que
le gouvernement, que la ministre va me dire que toutes les mesures sont prises
pour assurer la sécurité des femmes et que le programme fonctionne. Or, quand
les organismes en charge des maisons d'hébergement demandent des renseignements
sur les statistiques et le suivi qui est fait par le gouvernement une fois que
les femmes quittent la chambre d'hôtel, de plus... c'est ça, il n'y a rien. Ça
fait qu'il n'y a pas de suivi. On a... On n'a pas accès à ces statistiques-là
pour voir est-ce que le programme fonctionne, est-ce que les femmes sont
vraiment en sécurité, est-ce qu'elles sont soutenues.
De plus, le gouvernement opte pour un
programme qui coûte plus cher aux contribuables. Ça coûte plus cher que ce que
coûterait à l'État une place dans une maison d'hébergement. Et, en plus,
celle-ci laisse encore une fois les femmes sans soutien, sans services, sans
sécurité et ça coûte plus cher aux Québécois. Si on veut parler de sommes, là,
ça, ça coûte plus cher.
Donc, le gouvernement doit comprendre que,
bien que le projet, sur le fond, soit utile, des chambres d'hôtel sans services
et sans sécurité ne peuvent pas remplacer des places en maison d'hébergement.
Ce n'est pas une stratégie. La stratégie d'urgence présentement du
gouvernement, ce n'est ni structurant ni efficace. Ce n'est pas une stratégie.
Le gouvernement ne peut pas continuer de dépendre de chambres d'hôtel pour
régler le problème au lieu de donner des ressources nécessaires à la vraie
solution qui s'impose, c'est les maisons d'hébergement. Et c'est ça, le vrai
filet de sécurité, ce sont les maisons d'hébergement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
En fait, je tiens à peut-être rectifier ce que ma collègue mentionnait, là, par
rapport à certains éléments. Sur l'aide financière d'urgence, là, notamment, le
fait que les femmes qui seraient en hébergement à l'extérieur de maisons d'hébergement
d'urgence n'aient pas de services qui sont offerts, en fait, on a... on a des
services, on finance les maisons d'hébergement pour qu'elles offrent des
services à l'extérieur. Donc, même, c'est... même lorsque ces femmes utilisent
l'aide financière d'urgence, ne sont pas nécessairement en hébergement, elles
ont les services qui sont offerts. Et on les finance. Il y a un financement qui
est reconnu par le gouvernement pour l'offre, cette offre de services par les
maisons d'hébergement. Donc, je pense, c'est important de préciser qu'on prend
au sérieux les besoins, l'ensemble des besoins des femmes qui sont victimes de
violence et qui doivent quitter leur hébergement, leur résidence rapidement. Et
on ne les laisse pas. On ne les laisse pas comme ça, sans soutien. On leur
offre les services qui sont nécessaires à leur condition. Alors, vraiment, on
est en action.
Et l'aide financière d'urgence, depuis
2021 qu'elle a été créée, là, c'est plus de 700 femmes qui ont été aidées
grâce à cette aide financière d'urgence. Ça, c'est important de le nommer. Je
rappelle aux collègues que c'est un ensemble de services, c'est un ensemble d'actions
qu'on met en place qui permettent d'offrir un filet de sécurité. Oui, les
maisons d'hébergement sont importantes. D'ailleurs, on en a neuf qui ont été
livrées depuis... depuis la stratégie intégrée, et donc c'est une offre de
services qui est améliorée. Il y en a d'autres, donc 20 projets, qui
sont... qui ont du financement. Et donc huit de ces projets qui vont ouvrir,
là, précision, là, par rapport à ce que j'ai nommé tout à l'heure, là, c'est
donc huit qui devraient ouvrir d'ici la fin de 2024. Il y a donc la cellule d'intervention
rapide également qui est là pour aider les femmes. Alors, c'est vraiment un
bouquet d'offres. Il y a la ligne d'urgence. On est... On est en action.
Puis rappelons également... je pense que c'est
important de nommer qu'on... qu'on agit aussi sur la prévention en faisant des
campagnes de publicité. Et ça, c'est important. C'est... C'est la source de la
dénonciation, de la reconnaissance de la situation problématique, d'aller
demander de l'aide, donc, de faire ces campagnes de prévention, ces campagnes
de publicité. Depuis 2018, on en a mené de nombreuses, 6 en violences
conjugales, trois en agressions sexuelles, trois en exploitation sexuelle et
une sur les intoxications volontaires...
Mme Blanchette Vézina : ...donc,
vraiment, on prend au sérieux la situation. On veut s'assurer que les femmes
sachent qu'il y a des services pour elles, et qu'elles dénoncent les situations
qu'elles vivent, qu'elles aillent demander de l'aide, et, lorsqu'elles
demandent de l'aide, bien, il y a, comme je vous mentionnais, une offre de
services complète qui permet de les soutenir, qui permet de les soutenir en
hébergement, mais qui permet de les soutenir, également, en services, en aide
financière. Alors, vraiment, on... Puis avec la cellule d'intervention, bien,
on agit pour s'assurer d'identifier, également, les problématiques en amont.
Vraiment, on est en action, Mme la Présidente.
Dans les campagnes de publicité que je
vous nommais, il y a les deux plus récentes, qui s'inscrivent dans la mise en
œuvre de la stratégie intégrée. Il y a la campagne en violence conjugale, qui
s'est échelonnée du 30 janvier au 26 janvier 2023. Elle avait
pour titre : Le contrôle, c'est de la violence conjugale. Pour que ça
arrête, on doit tous intervenir. Donc, elle montrait des stratégies de
contrôle, qui utilisaient, notamment, les textos, les selfies. Il y a la
campagne de sensibilisation aux agressions sexuelles chez les mineurs, qui a
été nommée tout à l'heure aussi, qui s'est déroulée, et visait à sensibiliser
aux conséquences des agressions sexuelles sur les enfants, sur les adolescents.
Et ça, c'est très récent, Mme la Présidente, on parle... elles ont été
diffusées en 2023-2024. Alors, on est vraiment en action.
Il y a aussi des campagnes qui ont visé plus
spécifiquement les hommes, notamment celle intitulée La violence conjugale, ça
s'arrête maintenant, avec le comédien Patrice Robitaille. Et dans le contexte
des actions qui sont annoncées par le ministre de la Sécurité publique sur
l'intoxication volontaire, notre gouvernement a aussi lancé, en juin 2023,
la campagne Droguer pour agresser, c'est criminel. Alors, la campagne visait,
entre autres, à diminuer la banalisation des intoxications. Alors, on fait
également, Mme la Présidente, de la sensibilisation pour identifier les
situations... que les femmes identifient des situations de vulnérabilité, de
violence qu'elles vivent et qu'elles dénoncent.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, Mme
la Présidente. Donc, oui, on a parlé des bracelets antirapprochement, on a
parlé des tribunaux spécialisés, des fonds d'urgence. Il y a une chose qu'on
n'a pas encore abordée, puis je pense que c'est la base, si on veut protéger
les femmes puis changer les habitudes toxiques envers elles, on doit faire de
l'éducation et de la sensibilisation, et, pour ce faire, on doit commencer très
tôt. Vous savez, dans les derniers mois, les dernières années, je dirais, il y
a plusieurs articles de journaux qui font état de la recrudescence des discours
misogynes dans les écoles, et ça, c'est influencé, justement, par nos
influenceurs et nos influenceuses. Donc, c'est des jeunes de 14, 15 ans puis
peut-être, même, souvent, plus en bas âge que ça. Donc, il faut les éduquer, le
plus tôt possible, à l'importance des rapports égalitaires. On ne retournera
pas il y a 100 ans, là, il n'en est pas question. Ce qui est de l'acquis, il
faut travailler et construire à partir de ça. Donc, la lutte aux stéréotypes et
la promotion des rapports égalitaires dès le plus jeune âge, d'après moi, là,
c'est la clé indispensable pour atteindre l'éventuelle égalité homme-femme,
pour ne pas dire, c'est la pierre angulaire de l'égalité, l'éducation et la
sensibilisation.
Il faut déconstruire, dès l'enfance, le
terreau de la violence faite aux femmes. C'est pour cette raison que le
ministère de l'Éducation inclut, notamment, la prévention de la violence
sexuelle et de la violence conjugale dans les contenus obligatoires en matière
d'éducation sexuelle, mais, également, la notion de consentement, qui est très
importante. Les violences dans les relations intimes et les stéréotypes sexuels
de genre sont également abordées. Donc, ces concepts figurent, bien entendu, au
programme du cours de Culture et citoyenneté québécoise, qui entre
officiellement en vigueur en septembre 2024.
• (11 h 10) •
Donc, en plus des programmes dans les
écoles, nos actions se transportent jusque dans les communautés, Mme la
Présidente. Les organismes communautaires sont des acteurs importants, je
dirais même, des acteurs majeurs dans le service de proximité. On en recense
des dizaines, partout au Québec, seulement dans le service aux femmes victimes
de violence. Et j'aimerais prendre une petite minute pour remercier les
organismes qui sont sur le territoire de mon comté, du comté Roberval, et, plus
particulièrement, l'Auberge de l'amitié, de Roberval, et la Maison Halte
Secours, à Dolbeau-Mistassini, qui font vraiment un travail extraordinaire.
Donc, c'est des centaines d'organismes communautaires. Elles encadrent...
Mme Guillemette : ...les
femmes, pas seulement dans la violence conjugale et dans les agressions
sexuelles, mais dans tout... dans plein d'autres aspects de leur vie, donc
immigration, le travail, l'emploi et le logement. Il ne faut pas oublier non
plus le service 2-1-1 qui a mis à leur disposition... C'est une porte
d'entrée pour trouver la bonne ressource. Donc, on finance plusieurs organismes
communautaires, comme l'a dit tout à l'heure la ministre, il ne faut pas
oublier qu'on est passé de 72 millions à 157 millions, ce n'est pas
rien. Donc, dans les dernières années, on a ajouté un 16 millions sur quatre
ans pour rehausser le financement de 47 organismes, dont les centres...
les CALACS, les centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère
sexuel, et 9 millions sur cinq ans pour soutenir des initiatives visant à
sensibiliser les élèves du secondaire à la violence, dont le déploiement du
programme Empreintes, un programme important, donc Empreintes, Agir ensemble
contre les agressions à caractère sexuel.
Donc, ce programme-là, il comprend six
ateliers destinés aux jeunes, mais aussi une formation d'une journée pour le
personnel scolaire, des capsules également pour les parents. Les thématiques
abordées sont les agressions à caractère sexuel, le consentement sexuel, le
dévoilement et le soutien qu'on doit apporter, le pouvoir d'agir des jeunes, la
culture d'hypersexualisation et les stéréotypes et l'exploitation sexuelle.
Donc, jusqu'à maintenant, le programme a permis de joindre 86 000 personnes, des
élèves, 670 000 membres du personnel et 62 000 parents. Vous savez,
on ne se met pas la tête dans le sable, on le sait qu'il y a encore des
problématiques. Notre gouvernement est en action et on n'arrêtera pas tant et
aussi longtemps que ce fléau-là va faire subir à nos femmes, là, au Québec.
Donc, on est en action et on va continuer d'agir.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous allons maintenant débuter la cinquième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Je ne pourrais pas... bien, effectivement, la ministre, elle
parlait justement, et les collègues, des programmes de sensibilisation et
d'information par rapport aux ressources qui sont offertes aux femmes victimes.
Et c'est bien vrai. Et d'ailleurs, ça sort du rapport Rebâtir la confiance,
effectivement, c'est... ça fait partie du titre de l'interpellation
aujourd'hui, on sait très bien que ce rapport a été écrit de façon
transpartisane en regroupant des élus de chaque formation politique avec des
experts de la situation des femmes au Québec. Et ce rapport a donné au gouvernement
un plan à suivre, très clair, très précis, afin de redonner confiance aux
femmes envers les institutions québécoises. Alors, ma collègue, elle a parlé et
les collègues ont parlé, se sont permis de parler des nombreux investissements
du gouvernement en matière et du succès des programmes entamés, et je me dois
de le souligner et de donner raison à la ministre.
En effet, le gouvernement a fait beaucoup
en matière de sensibilisation auprès des Québécoises. Ils ont tellement fait un
bon travail que jamais autant de femmes n'ont fait appel aux services d'aide
aux victimes. Le problème, c'est que, comme dans la plupart de leurs projets,
je suis désolée, Mme la Présidente, la CAQ n'a pas fait l'analyse d'impact. La
CAQ n'a pas pris le temps de considérer les impacts possibles d'une hausse
importante et rapide des demandes sur les services offerts. Alors, non, pas
surprenant que les ressources se sont retrouvées débordées et incapables de
répondre à la demande. Le gouvernement aurait pu et aurait dû facilement
corriger la situation en donnant aux organismes des ressources nécessaires.
Et maintenant, Mme la Présidente, la
situation est grave. On… apprenant... on apprenait d'ailleurs le 2 avril
que l'organisme SOS Violences conjugales a reçu, en 2023-2024, près de
54 000 demandes d'aide. Pour contexte, c'est près du double que le nombre
que recevait le même organisme en 2016-2017. De ce nombre, l'organisme ne
réussit à référer qu'un peu plus de 50 % de celles-ci. C'est donc dire que
c'est près de 50 % des femmes qui font appel à l'aide de SOS conjugal, qui
reçoivent comme réponse qu'elles devront rappeler le lendemain. Imaginez, Mme
la Présidente, l'impact que cela doit avoir pour les femmes qui se font dire...
Mme McGraw : ...meilleure
chance la prochaine fois. Imaginez l'impact sur les... les employés et les
bénévoles qui doivent répondre, impuissants, à des femmes en détresse qui ne
peuvent rien dire, qu'ils ne peuvent rien faire pour elles. J'invite l'ensemble
des parlementaires, en cette Chambre, de s'imaginer ce qu'ils ressentent, ce
qu'ils... ce qu'ils et elles ressentiraient si, un bon matin, une femme en
détresse qui craint pour sa vie vient cogner à sa porte pour demander de l'aide
et la seule réponse qu'on... que vous pouvez lui donner, c'est : Meilleure
chance la prochaine fois, avant de lui fermer la porte au nez. C'est inhumain,
Mme la Présidente. C'est la réalité sur le terrain. Aujourd'hui, en moyenne,
17 fois par jour, une femme en détresse qui craint pour sa vie se fait
dire non, se fait dire... se fait refuser.
Est-ce que la ministre peut joindre sa
voix à la mienne pour s'engager et respecter l'engagement du premier ministre
du 29 mars 2021 et de s'assurer que chaque femme qui a besoin d'aide la
reçoive? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Blanchette Vézina : On
prend très au sérieux la situation, Mme la Présidente. Puis d'ailleurs, depuis
la mention de notre premier ministre, là, à l'effet qu'on voulait soutenir
toutes les femmes qui avaient besoin d'aide, les annonces se sont multipliées,
les services se sont multipliés pour offrir ce soutien aux femmes, oui, en
hébergement, mais, je le rappelle, dans d'autres... à travers d'autres services
comme les cellules d'intervention et l'aide financière d'urgence.
Rappelons qu'en déployant... Je vous le
disais, c'est neuf... neuf projets qui ont été livrés, là. Ça... ça... bon,
c'est des maisons d'hébergement de 2e étape, mais ça, ça permet que celles
qui sont en première étape, celles qui sont en hébergement d'urgence, puissent
avoir de l'hébergement de deuxième étape. Donc, en libérant des places
d'hébergement d'urgence, bien, ça permet que des femmes qui ont besoin
d'hébergement, que... de maisons d'hébergement puissent avoir cet hébergement
d'urgence. Alors, on ne les laisse pas... On ne les laisse pas tomber, Mme la
Présidente. Les projets qui ont été livrés et qui vont se livrer dans les
prochains mois vont permettre aussi de désengorger ce... ces maisons
d'hébergement d'urgence.
En matière de financement, rappelons le
rehaussement important qu'on a fait de plus de 104 % de hausse de
financement pour les organismes, les maisons d'hébergement. Et également on
finance des organismes communautaires pour qu'ils puissent accompagner les
personnes victimes de violence. Je pense à deux annonces importantes qui ont
été faites par notre gouvernement. On parle de 16 millions sur quatre ans
pour rehausser le financement de 47 organismes, dont les centres d'aide et
de lutte contre les agressions à caractère sexuel, les CALACS, afin qu'ils
aient des ressources additionnelles pour réaliser leur mission. On soutient
aussi... 9 millions sur cinq ans pour des initiatives visant à
sensibiliser les élèves du secondaire, ma collègue en a parlé tout à l'heure,
sensibiliser les élèves du secondaire à la violence sexuelle. Un beau
programme, le programme Empreintes – Agir ensemble contre les agressions à
caractère sexuel. Donc, on est en soutien, on est en... on finance les
organismes communautaires à travers différents programmes, différents services.
• (11 h 20) •
Rappelons que c'est... Les situations de
violence, c'est inacceptable dans notre société. Notre gouvernement, on prend
ça très au sérieux. C'est une priorité. Alors, on développe différents outils
pour s'assurer d'agir de manière transversale. Et notre stratégie intégrée,
elle a été faite de manière transpartisane. Il y a des actions qui sont en voie
d'être réalisées, plusieurs sont déjà réalisées également parce qu'on prend
très au sérieux la situation. On veut s'assurer qu'une femme qui a besoin
d'aide puisse avoir l'aide dont elle a besoin avec... financièrement, avec
l'aide financière d'urgence, mais aussi grâce aux services, aux services qui
sont offerts par les maisons d'hébergement et, je rappelle, à l'extérieur, là,
des maisons également, qui est... dont le financement a été reconnu.
C'est important qu'on... Je pense qu'on
peut prendre un moment aussi pour remercier ces femmes puis ces gens qui
travaillent au sein des maisons d'hébergement, au sein des services qui sont
offerts aux femmes. C'est grâce à ces personnes, hommes et femmes, qui
travaillent au sein de ces organismes qu'une victime peut avoir l'aide dont
elle a besoin, que la famille également de cette victime peut avoir l'aide
dont...
Mme Blanchette Vézina : ...elle
a besoin, dont ils ont besoin, alors, je pense, c'est important de les
remercier pour le travail exceptionnel qu'elles font au quotidien pour aider
les victimes, pour prévenir aussi les situations, pour voir venir des
situations, pour leur offrir de l'aide à différentes étapes de leur... de leur
situation. Alors, vraiment, on a un réseau... un réseau de regroupement
d'organismes qui travaillent sur plusieurs sphères de... pour aider les
victimes, et je pense qu'aujourd'hui il est important de les remercier
également pour ce qu'elles font.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de
Lotbinière-Frontenac.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Je suis un peu
surprise de ce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce a affirmé, disant qu'il y
a des victimes qui appelaient pour avoir des services puis qu'on leur disait
que, bien, finalement, on ne peut pas leur donner des services puis de rappeler
plus tard. Nous... Moi, j'ai... j'ai fait personnellement une tournée. J'ai
parlé avec des organismes, des intervenants, j'ai parlé avec SOS Violences
conjugales, puis on nous a répété puis assuré qu'il n'y avait aucune femme qui
était laissée sans services. Il y a des services qui sont offerts en
hébergement, il y a des services aussi qui sont offerts en service externe.
Donc, je suis vraiment surprise. Puis, bien, vous savez, les gens qui
travaillent dans les maisons d'hébergement, c'est des intervenants qui
travaillent très fort, donc je... j'ai de la misère avec ce qui a été affirmé.
Donc, tout à l'heure, dans ma... dans ma
présentation, je parlais des... je parlais des bracelets de rapprochement.
Donc, il y a plusieurs organismes qui ont applaudi cette mesure-là puis...
Donc, c'est une action importante pour assurer la protection des femmes qui ont
subi des expériences traumatisantes et très douloureuses. C'est pour ça qu'on l'a
inscrit en continuité dans notre plan d'action spécifique pour prévenir les
situations de violence conjugale à haut risque de dangerosité et accroître la
sécurité des victimes.
Le bracelet antirapprochement permet aux
forces de l'ordre de faire la surveillance de la personne ou la personne
accusée ou condamnée et de s'assurer que cette personne-là respecte les
conditions qui lui sont imposées. Ça permet de prévenir une nouvelle infraction
et de soutenir aussi l'intervention policière en cas de rapprochement.
Mais, Mme la Présidente, les présidents...
les bracelets antirapprochements, ils ne servent pas seulement à protéger les
victimes contre une potentielle récidive de leur abuseur, mais aussi à leur
donner un sens de sécurité accru, de consolider leur confiance envers la Sûreté
du Québec et notre système de justice. Il est pour nous essentiel que les
personnes victimes se sentent supportées et surtout qu'elles sachent qu'on
veille à leur sécurité.
Il peut être imposé dans trois
contextes... judiciaires, excusez-moi, soit lors d'une remise en liberté
provisoire, soit lors d'une sentence dans la communauté, ou soit en probation
ou en emprisonnement avec sursis, ou soit lors d'une permission de sortie ou
d'une libération conditionnelle octroyée à une personne purgeant une peine
d'emprisonnement de moins de deux ans. Le bracelet antirapprochement est doté
d'une technologie qui comporte deux parties de géolocalisables et c'est... il
est connecté, entre elles, en formant une chaîne de rétroaction pour... Dans un
premier temps la personne accusée ou condamnée, le bracelet électronique est
fixé à la cheville et ne peut pas être retiré. Il est également muni d'un
haut-parleur pouvant recevoir des alertes d'une centrale de surveillance. Et,
dans un deuxième temps, la victime a une application sur son téléphone
intelligent ou un appareil qui lui est prêté qui permet de localiser tous ses
déplacements.
Si la personne qui porte un bracelet
électronique enfreint une condition légale en s'approchant de la victime ou
d'un endroit où elle peut se trouver, par exemple son domicile ou son lieu de
travail, une alerte est envoyée à une centrale de surveillance, et un agent
vérifie sur un écran l'endroit où se trouve chacune des deux personnes et il
peut suivre les déplacements et demander au porteur de bracelet de rebrousser
chemin. Si celui-ci refuse ou continue de s'approcher, bien, l'agent demandera
une intervention de la police pour sécuriser la victime dans les plus brefs
délais...
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
...ceci assure que la victime ne croise pas son abuseur et agit comme une
mesure dissuasive pour les agresseurs qui pourraient avoir des intentions
violentes.
Donc, les victimes se sentent protégées,
et, bien, je pense que c'est une excellente mesure qu'on a pu appliquer. Donc,
ça rassure les victimes, et pour moi, bien, les bracelets de rapprochement,
c'est une grande réussite. Parce que ce n'est pas drôle d'avoir peur tous les
jours, peur de faire face à notre abuseur, peur de se faire violenter à
nouveau, ou pire, se faire tuer. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous allons débuter la sixième série d'interventions. Je cède maintenant la
parole à la députée de Mercier pour cinq minutes.
Mme Ghazal : Merci, merci
beaucoup. Je suis contente de pouvoir faire une autre intervention. Comme là on
n'est pas avec nos familles puis on est ensemble, j'aimerais ça avoir quelques,
peut-être... pas réponses précises, si la ministre ne les a pas, mais peut-être
entendre s'il y a une possibilité d'ouverture ou si elle peut elle-même... si
elle s'engage à faire le message à la ministre de la Condition féminine. Une
des précisions que j'avais, la ministre a dit qu'il y a huit maisons
d'hébergement qui vont voir le jour d'ici la fin de l'année, est-ce que c'est
possible qu'elle les nomme, qu'elle les précise?
Aussi, vous savez, reconnaître un
problème, ça ne veut pas dire que ça vient réduire puis minimiser les efforts
qui ont été faits. Ce n'est pas ça du tout. On reconnaît un problème dont on
parle, ça n'annule pas toutes les choses... belles choses qui ont été faites
puis les avancées. Ça, c'est important, je veux que ça soit bien entendu.
Une autre demande que j'aimerais faire.
Puis, si la ministre peut s'engager à demander... elle ne peut pas, peut-être,
s'engager à dire oui, mais si elle peut demander. Le fait... Quand j'ai posé la
question sur un nouveau programme ou un décret pour que les projets sortent
rapidement, elle a parlé d'un comité. Je ne sais pas combien de fois ce
comité-là s'est réuni. Les trois regroupements de maisons d'hébergement
aimeraient assister à toutes les réunions. Elles ont déjà été invitées une
seule fois, elles aimeraient y assister à d'autres fois. Ce sont des expertes
du terrain. Est-ce que la ministre peut juste me dire oui, elle s'engage à
passer le message? Je le sais que c'est entendu, mais j'aimerais ça l'entendre
aussi le dire.
Puis aussi, dans ce comité-là, il y a
beaucoup de choses qui sont discutées. Est-ce que, dans le fond, ce qui est
discuté, c'est comment faire sortir de terre les maisons d'hébergement dans le
cadre et le tunnel étroit du PHAQ? Le PHAQ, en ce moment, depuis 2021 jusqu'à
date, il n'y a aucun appartement qui est en exploitation, aucun logement social
qui est en exploitation déjà.
Pour les maisons d'hébergement, ce qui est
compliqué, c'est que, premièrement, il n'y a pas assez d'argent, mais aussi les
cadres sont trop rigides. Donc, il faut des décrets. Il y en a déjà eu un pour
une maison d'hébergement à Montréal-Nord et aussi à Shawinigan, et donc ça va
plus vite. Mais ce qu'il faut, là, c'est un programme spécifique pour que,
quand on pose des caméras, pour qu'on... quand on fait des... plus de mesures
de sécurité, des fois, c'est des... c'est clôturé, des fois, c'est des
fenêtres, moi, j'en ai visité aussi, là, des maisons d'hébergement, des
fenêtres beaucoup plus rigides, beaucoup plus sécuritaires qu'une... que dans
un logement ordinaire, bien, tout ça, ça ne rentre pas dans les cadres de... avec
lesquels travaillent les fonctionnaires de la Société de l'habitation. Parce
qu'eux autres, ils font tout leur possible d'être imaginatifs, mais ils ont des
cadres, c'est des fonctionnaires, ils ne peuvent pas en sortir. Ça, ça prend
une action politique. C'est un décret ou une... un programme spécifique. Donc,
j'aimerais ça que, dans ce comité-là, ça soit discuté. Puis, si les
regroupements sont invités, ils vont vous en parler, pourquoi c'est important.
Parce que ça, ça retarde, c'est de la bureaucratie. Le gouvernement aime ça,
réduire de la paperasse, bien, la bureaucratie, bien, le PHAQ, il en produit
beaucoup pour les maisons d'hébergement, donc il faut un programme spécifique.
Puis pour les projets actuels, là, pour que ça aille vite, il faut un décret.
• (11 h 30) •
Puis je veux finir avec ça. Vous savez,
depuis le début que la CAQ a été élue au pouvoir, il n'y a pas eu une seule
ministre de la Condition féminine qui n'avait qu'un seul portefeuille, celui de
la Condition féminine. La ministre précédente, elle avait aussi... elle était
ministre aux Sports, la ministre actuelle, elle a aussi les Relations
internationales. Peut-être qu'elle est quelque part dans le monde, puis c'est
normal, ça fait partie de son travail, mais pour vraiment démontrer que c'est
tellement important... Un peu comme on l'a fait pour le ministère de la Langue
française. C'est la première fois qu'il y a un ministre, oui, il a plusieurs
fonctions, mais il y a aussi un ministre pas juste responsable de la Langue
française, mais c'est un vrai ministère de la Langue française. Ça a été un...
donc un message fort de la part du gouvernement. Nous, pour la langue
française, on veut... on veut vraiment qu'il y ait un ministère avec un budget,
bien, ça serait la même chose qu'il faudrait faire avec la Condition féminine.
D'autant plus que, même si on ne veut pas que la langue meure, évidemment, puis
on y tient, bien, on veut encore moins que les femmes continuent de mourir à
cause de féminicides. Puis je le sais que le gouvernement est sensible à ça,
mais il ne suffit pas juste d'être d'accord avec le principe, il faut aussi
poser des gestes. Et en ce moment, on ne sent pas que la ministre est
totalement libérée, là, de sa charge mentale, de tout ce qu'elle a à faire pour
pouvoir s'occuper de ce problème-là. Une ministre qui serait responsable...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Ghazal : ...premièrement,
c'est un secrétariat. Si elle avait, au moins, une seule responsabilité, ce
serait bien. Mais ce qu'elle ferait, c'est avoir une instance de coordination.
Est-ce que la ministre de l'Habitation est en train de travailler sur un
nouveau programme, des décrets pour que les maisons voient le jour? Est-ce que
le ministre de la Santé et des Services sociaux est en train de s'assurer qu'il
y a suffisamment de financement pour pouvoir assurer les services? En ce moment,
par exemple, les maisons... l'alliance... Maisons d'hébergement de 2e étape,
eux autres, là, tout ce qu'ils reçoivent du ministère, c'est 150 millions,
alors que leurs besoins, pour avoir des intervenantes en grand nombre, en
nombre suffisant face à l'augmentation des demandes, c'est 800 millions,
ou même plus. Donc, ce serait cette ministre-là qui serait libérée, là, puis
qui serait... qui aurait le leadership. Parce que ce leadership, on ne le sent
pas en ce moment.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la ministre de la Condition féminine.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. En réponse à la question de ma collègue concernant les
rencontres, les projets, là, j'ai certaines réponses pour vous, là. Débutons
avec les projets, là, les huit qui sont en voie d'être réalisés d'ici... bien
sûr, il y a toujours des enjeux, parfois, de construction, là, mais, selon les
délais prévus, d'ici la fin de l'année, là. Donc, on parle du projet, dans la
Capitale-Nationale, Inter-Elles, Un Toit Juste pour Elles. Dans la région de
Montréal, Transit 24 et Le Parados... Parado... Parados...
Une voix : ...
Mme Blanchette Vézina : ...Parados,
merci. Également, dans la région de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, le Centre
Louise-Amélie. On a également, dans la région de Chaudière-Appalaches, le
Centre de femmes Le Jardilec, dans la région de Laval, le Bouclier d'Athéna,
et, en Montérégie, Simonne-Monet-Chartrand, Maison Louise Latraverse et Maison
La Source du Richelieu. Alors, ce sont les projets, là, en réponse à votre
question.
Concernant le comité, les rencontres du
comité, là, je tiens à vous rassurer, et confirmer, là, vraiment, la ministre
prend très au sérieux les rencontres, les relations avec les groupes, les
regroupements, les consulte de façon régulière, le secrétariat les consulte de
façon régulière également. Il y a des liens qui sont faits, avec le cabinet,
très réguliers, avec le secrétariat, également, avec le ministère de l'Habitation.
Alors, on les fait participer au dialogue. Et les comités... le comité
interministériel, lui, se réunit, là... il y a eu quatre réunions au niveau
directeur et SMA, une de plus. Il y a eu des rencontres où les regroupements
étaient associés, là. Les rencontres avec les regroupements nationaux, il y en
a eu deux. Des statutaires, aussi, avec la Société d'habitation du Québec et l'alliance,
aux deux semaines. Alors, vraiment, on fait des rencontres régulières et,
lorsque c'est pertinent qu'elles soient présentes, que les regroupements soient
présents, on les intègre à ces rencontres.
Je suis contente aussi que la... notre
collègue soulève l'importance du Secrétariat à la condition féminine dans l'action
gouvernementale, pour s'assurer que la condition féminine soit vraiment
présente dans l'action gouvernementale, et qu'on mette les efforts nécessaires.
Ça me permet de rappeler que, concrètement, on a réalisé plusieurs actions
grâce au secrétariat et on est fiers, aussi, d'avoir consolidé cette structure-là
depuis notre arrivée en poste, là, au cours des dernières années, là. Je tiens
à rappeler que c'est... le secrétariat a passé de 28 effectifs, en 2018, à 42
effectifs, en 2024, et son budget, lui, a pris de l'ampleur, il est passé de
13,8 millions de dollars, Mme la Présidente, en... ça, c'est en
2018... à 26 millions de dollars, en 2024. Donc, très
concrètement, on prend au sérieux... et on... c'est une priorité, pour notre
gouvernement, de s'assurer de l'équité homme-femme, de s'assurer aussi qu'on
fait une priorité... donc, la lutte contre la violence faite aux femmes.
Et on fait une place importante au
Secrétariat à la condition féminine dans la... dans cette lutte et dans cette
priorité qu'on a, gouvernementale. Et on offre les effectifs nécessaires au
secrétariat pour qu'il puisse déployer ses actions, agir, de manière
transversale, pour aider à ce que la stratégie... les stratégies qu'on a mises
en place, dont la stratégie intégrée, qui a été faite de manière
transpartisane... donc, au déploiement de ces actions. Puis je notais, là, tout
à l'heure, là, il y a 166 des recommandations de ce rapport-là qui ont été soit
déployées en partie ou entièrement, sur 190 recommandations. Donc, la
stratégie, elle se déploie de 2022 à 2027, et, en date d'aujourd'hui, on est
déjà rendus à 166 recommandations qui sont soit partiellement ou entièrement
réalisées.
Alors, je pense qu'on peut être fiers du
travail accompli. Il reste du travail à faire, et on fera ce travail-là, on va
continuer le travail avec le Secrétariat à la...
Mme Blanchette Vézina : ...féminine.
La Présidente (Mme Bogemans) : O.K.
En terminant le sixième bloc, je passe la parole à Mme la députée de
Lotbinière-Frontenac.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci. Oui, il y a beaucoup de violence au
Québec, j'en suis consciente, il y a beaucoup de problématiques, mais je suis
quand même très fière de notre gouvernement parce qu'on investit beaucoup en
matière de violence conjugale. On a aussi modifié des lois, on a implanté les
tribunaux spécialisés, on a fait de la sensibilisation, puis mon collègue aussi
à la Justice a déposé le projet de loi n° 56 qui fait
mention de la violence judiciaire. Donc, ça, je pense que ça va être une grande
avancée. J'en ai même vécu, moi aussi, pendant des années, de ça. Donc, je
pense que ça va être très bien pour les femmes qui vivent de la violence
conjugale puis le contrôle de l'ancien conjoint. Ça va aussi aider pour les
enfants. Tu sais, c'est très stressant de vivre des situations comme ça. Donc,
au Québec, on est une société quand même avant-gardiste, même s'il y a de la
violence, même s'il y a des femmes, malheureusement, qui perdent la vie encore
aujourd'hui. Rien n'est parfait puis il reste encore beaucoup à faire.
Puis, bien, j'aimerais vous parler d'une
conférence auquel j'ai assisté en Islande, en novembre dernier, en compagnie,
justement, de la députée de Robert-Baldwin. Et quand on se compare, bien, je
pense qu'on peut être fiers de nos avancées au Québec. J'ai participé à une
conférence, ça s'appelait le Women Political Leaders Global Forum. Ça comprend
différents sous-groupes puis il s'agit d'une organisation indépendante à but
non lucratif qui se veut un réseau global pour les femmes en politique, avec
l'objectif d'augmenter le nombre de femmes en politique et leur influence
aussi. Donc, ils organisent plusieurs activités à travers le monde durant
l'année. Et le forum auquel j'ai assisté regroupe toutes les femmes politiques
de ces sous-groupes-là. Donc, il y avait 500 participantes, des femmes
élues ou occupant des positions de leadership dans 80 pays dans le monde.
Tout au long du forum, il y a eu quatre principaux thèmes ou objectifs à
atteindre qui ont été rappelés par les différentes conférencières, soient la représentation
égale, un salaire égal, mettre fin à la violence genrée puis un congé parental
égal. De nombreuses autres thématiques ont été abordées, dont la place des
femmes dans le processus de paix, le droit à l'avortement, les inégalités
économiques, les féminicides, les femmes dans les postes de pouvoir dans le
système de justice, l'inclusion des femmes dans le domaine de l'intelligence
artificielle et d'autres sujets.
• (11 h 40) •
Les experts invités ont partagé des
constats, des réflexions puis des pistes de solution aussi. Comme, par exemple,
en éducation, ma collègue en a parlé tout à l'heure, plusieurs conférencières
ont rappelé l'importance d'investir davantage dans les systèmes d'éducation de
manière générale. De plus, l'éducation des enfants devrait débuter très tôt car
les stéréotypes genrés se forment avant même l'âge de cinq ans. Donc, la
maternelle, quatre ans, on a voulu investir dans ça, donc je pense qu'on est
sur la bonne voie. La place des femmes en politique, l'index de Reykjavik,
c'est une mesure de perception de la population quant aux femmes occupant des
postes décisionnels, et l'indice en 2023 a été publié après le forum, mais il y
avait des données préliminaires qui ont été présentées. Puis, dans le monde,
selon les études, les jeunes de 18 à 34 ans ont une perception plus
négative des femmes en politique et des femmes leaders que leurs aînés dans la
plupart des pays occidentaux. Donc, c'est très surprenant.
Puis, bien, je sais que le temps file,
mais quand on se compare, on peut être fier de nos avancées parce que, comme je
l'ai dit, on est une société avant-gardiste. On a pu constater aussi pendant la
conférence le recul de la place des femmes sur la planète. Puis ça, c'est...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...on a... Ils ont démontré que c'était
directement lié à la montée de la droite. Les discours misogynes aussi entrent
dans les écoles. Puis il y a certains influenceurs, entre autres, sur les
médias sociaux qui nuisent à la cause des femmes.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Nous sommes maintenant aux dernières interventions de conclusion. Mme la
ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à remercier tous les collègues aujourd'hui qui ont
pris part à l'interpellation. Merci, députée de Mercier. Merci à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce également. Députée de Roberval, merci aussi pour vos
interventions. Député de Lotbinière-Frontenac également, très enrichissant
votre parcours également, qui peut inspirer des femmes à demander de l'aide et
à sortir de situations qui sont... qui sont difficiles.
Alors, on ne dira jamais assez la
condition féminine, la progression de l'égalité, c'est l'affaire de tout le
monde, les hommes comme les femmes, et ça, peu importe notre couleur politique.
On veut poser des gestes concrets, des gestes pour que le Québec continue
d'être la société égalitaire qu'on connaît.
J'aimerais me permettre, en terminant, de
parler de... de prendre le temps de parler des hommes dans la lutte contre la
violence faite aux femmes tout comme dans l'atteinte, bien sûr, de l'égalité.
Les hommes sont des alliés. Ce n'est qu'en les faisait entrer réellement dans
la discussion qu'on va permettre aux femmes de prendre encore davantage leur
place dans certaines sphères de la société. C'est important que les hommes
soient capables d'agir devant un ami qui est violent envers sa conjointe, de le
guider aussi vers le soutien approprié. Il existe aussi des ressources
spécifiques pour les hommes. Alors, demander de l'aide, demander de l'aide, ce
n'est pas un signe de faiblesse. Il est important aussi de mieux faire
connaître, donc, mieux faire connaître les organismes qui peuvent les
accompagner.
Je pense aussi aux hommes, mais aux hommes
victimes. Encore aujourd'hui, il y a un tabou entourant les hommes victimes,
qui sont victimes d'abus. Mais pourtant les conséquences pèsent lourd sur leur
quotidien également, alors, détresse psychologique, violence, difficulté
sociale. Et donc, encore une fois, il y a des ressources qui sont disponibles
pour aider les hommes dans ces situations.
Et j'ajouterai ici également que les
hommes doivent pouvoir faire la place aux femmes, doivent être en mesure de
voir la part que nous avons, qu'elles ont pour les entreprises, pour la
société, ça veut dire leur donner une chance, donner leur chance de leur
attribuer le mérite qui leur revient, de dénoncer aussi les gestes, les paroles
sexistes. Parce que c'est tous ensemble qu'on va parvenir à une réelle égalité
entre les hommes et les femmes qui vont permettre aussi aux femmes de
contribuer à la société à la hauteur de leurs ambitions.
En conclusion, Mme la Présidente, au terme
de l'interpellation, on peut dire que notre gouvernement a agi, et ce, de
manière très proactive dans la lutte contre la violence faite aux femmes.
Rappelons, bon, la stratégie depuis 2022, la stratégie intégrée, qui est notre
véritable compas pour guider nos actions en matière de violence sexuelle et
conjugale dont les femmes sont les principales victimes. Et je l'ai dit et je
vais le redire, là, mais, dès son dévoilement, on a pris... on a mis en place
rapidement des mesures. Et c'est 166 des 190 recommandations, là, qui sont
en voie d'être réalisées puis qui sont réalisées. Plus de 1,1 milliard de
dollars investis en la matière. Mais, cela dit, Mme la Présidente, au-delà des
chiffres, il y a des véritables actions concrètes qui ont un impact sur les
Québécoises, qui témoignent de notre engagement inépuisable à les protéger, à
les soutenir.
Donc, permettez-moi rapidement de revenir
sur les grandes actions de la stratégie intégrée, les tribunaux spécialisés, on
en a parlés, les bracelets anti-rapprochement également, dont mes collègues ont
parlés. On est le seul endroit au monde à s'être doté de ces deux outils phares
pour protéger et accompagner les femmes.
Et nos tribunaux spécialisés, ils servent
d'exemple en Europe. Alors, vraiment, c'est mon collègue, Simon... le ministre
de la Justice, Simon Jolin-Barrette, qui a fait adopter une loi, on vous en a
parlé, qui a permis la création de ces tribunaux et qui vise à rebâtir la
confiance avec les personnes victimes de violences sexuelles, de violence
conjugale envers le système de justice. Ça a aussi pour but d'offrir des
services psychosociaux judiciaires intégrés et adaptés également, et ce, dès
les premiers contacts avec le service de police.
Les bracelets anti-rapprochement, mesures
phares de notre gouvernement qui est... Ces bracelets, ils peuvent être imposés
par les forces de l'ordre... de l'ordre pour augmenter le sentiment de sécurité
de la victime, pour vérifier que les personnes accusées et condamnées
respectent leurs conditions également qui leur sont imposées et prévenir
également de nouvelles infractions. Lors de l'annonce de leur implantation,
l'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants
victimes de violence conjugale y voyait un dispositif....
Mme Blanchette Vézina : ...qui
étoffe l'arsenal de mesures pour endiguer les violences. En date du
28 mars 2024, donc, le dernier 28 mars, 391 bracelets
antirapprochement ont été imposés depuis l'implantation et 225 sont
actuellement en circulation, déployés dans l'ensemble des régions du Québec
depuis septembre 2023. Alors, on a bon espoir que chaque bracelet posé, il ait
un effet suffisamment dissuasif pour nous permettre de sauver la vie des
femmes.
Et, bien sûr, je pense qu'on... il est
important qu'on revienne sur les maisons d'hébergement. La stratégie nous donne
des objectifs clairs. C'est la première fois qu'un gouvernement avait des
objectifs clairs. On s'est donné des objectifs et une vision en la matière. Et
donc, d'ici 2027, on a comme objectif d'en développer quatre, nouvelles maisons
d'hébergement d'urgence, et le financement est confirmé pour trois de ces
maisons. Rappelons que, sous les libéraux, les maisons d'hébergement étaient
sous-financées, qu'on a rehaussé ce financement de 104 %, Mme la
Présidente. Et, pour les maisons d'hébergement de deuxième étape, on a pour
objectif, toujours d'ici 2027, de financer 30 projets. À l'heure actuelle,
là, donc, il y en a neuf qui ont ouvert leurs portes, 20 qui sont en
financement. Et, je le mentionnais, huit, d'ici la fin de l'année, devraient se
réaliser. Les choses avancent donc, Mme la Présidente, puis on ne s'arrêtera...
on ne s'arrêtera pas là.
C'est sous notre gouvernement que sont
nées les cellules d'intervention rapide et l'aide financière d'urgence. Et les
cellules d'intervention rapide, bien, c'est, je le rappelle, des mécanismes qui
permettent d'assurer un filet de sécurité pour la victime de violence et son
entourage, qui est déployé à travers l'ensemble du Québec. L'aide financière
d'urgence aussi, qui est là pour assurer la sécurité, donc, d'offrir du
financement lorsque la sécurité de la victime et de sa famille est compromise.
Donc, plusieurs dépenses qui sont couvertes par cette aide financière
d'urgence, notamment les frais de transport, d'hébergement, les frais de
subsistance des personnes victimes et de leurs personnes à charge. Alors,
vraiment, plus de 700 personnes qui ont demandé de l'aide depuis son
lancement. C'est une bonne nouvelle. Ça veut dire que c'est une mesure qui
fonctionne.
Mais, en plus de toutes les actions qui
découlent du rapport Rebâtir la confiance, dont je vous ai parlé, je ne veux
pas passer sous silence, comme on le disait, l'adoption du projet de loi n° 42
qui vise à prévenir et combattre le harcèlement psychologique, la violence à
caractère sexuel en milieu de travail également. Mon collègue ministre du
Travail, qui a pris très au sérieux le rapport du comité d'experts, et qui
avait donc... qui a donc décidé d'agir. Il n'a pas tardé non plus pour agir
pour protéger les victimes, prévenir aussi les situations de harcèlement.
L'adoption de ce projet-là, c'est une avancée, elle, qui est notable pour la
sécurité et le bien-être des femmes au travail, qui demeure, disons-le, les
principales victimes de harcèlement et de violence à caractère sexuel.
Nous, on agit en prévention, Mme la
Présidente, et notre gouvernement, on a l'intime conviction que, si on veut
éliminer la violence sexuelle, la violence conjugale, il faut faire de la
sensibilisation. C'est pour ça que je vous nommais les six campagnes grand
public qu'on a menées, 29 projets qui sont soutenus pour des
investissements de plus de 4,8 millions de dollars qui est... qui
sont versés à des organismes, des projets qui sont déployés dans
14 régions du Québec ou au plan national, donc des projets de
sensibilisation en matière de violence sexuelle, de violence conjugale ou
touchant les deux thématiques. Il y en a plusieurs qui vivent... qui visent les
jeunes et les personnes qui vivent dans des contextes de vulnérabilité par
rapport à la violence. Parce qu'il faut éduquer aussi nos jeunes le plus tôt possible
à l'importance des rapports égalitaires pour lutter contre les stéréotypes puis
aussi faire la promotion des rapports égalitaires dès le jeune âge. Et ça,
c'est la clé, une clé indispensable pour l'atteinte éventuelle de l'égalité
entre les hommes et les femmes. Alors, c'est, à mon avis, aussi la pierre
angulaire pour déconstruire dès l'enfance le terreau fertile pour... par
rapport à la violence faite aux femmes. Et c'est pour ça que le ministère de
l'Éducation aussi a inclus notamment la prévention de la violence, on vous l'a
nommée aujourd'hui, la prévention de la violence conjugale, la violence
sexuelle dans le contenu obligatoire en matière d'éducation à la sexualité,
mais également les notions comme le consentement, les violences dans les relations
intimes, les stéréotypes, et j'en passe.
• (11 h 50) •
Alors, toutes ces actions ne seraient pas
possibles sans les équipes du Secrétariat à la condition féminine, que je tiens
à remercier également aujourd'hui. Et je rappelle que, depuis notre arrivée, on
a augmenté leurs effectifs, parce qu'on croit en leur travail. On veut... on
voulait aussi se doter d'une véritable structure de coordination et le
secrétariat travaille de manière transversale avec les organismes
gouvernementaux, les ministères, parce qu'on prend très au sérieux le travail
d'éducation et d'atteinte d'équité du droit des femmes. En terminant...
Mme Blanchette Vézina : ...je
pense qu'on est tous d'accord, le droit des femmes, ce n'est pas un acquis, il
faut travailler chaque jour. On le voit, le recul qu'il y a dans d'autres pays
dans le monde, alors il est important de continuer d'agir ensemble pour les
avancées de l'égalité de la condition féminine. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Le mot de la fin appartient à la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour une
période de 10 minutes.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. L'interpellation d'aujourd'hui n'aurait jamais dû avoir lieu. Il
est inconcevable qu'une société, et j'emploie les mots de mes collègues ou
gouvernement, qu'une société égalitaire, avant-gardiste et juste comme la nôtre
en soit rendue à devoir multiplier les moyens afin d'essayer de faire
comprendre à son gouvernement la situation précaire dans laquelle il laisse les
femmes victimes de violence conjugale. Je suis d'accord pour dire que le
Québec, on est... on de quoi d'être fier, au niveau des femmes, et le rôle des
femmes dans notre société.
Et, en tant que mère de trois garçons,
oui, il faut sensibiliser, éduquer la prochaine génération, hommes et femmes,
filles et garçons, mais on a un devoir particulier, nous, les parlementaires,
nous qui occupent des postes de privilège, de pouvoir, de venir aider les
membres et les femmes les plus vulnérables de notre société. Et ça comprend surtout
les femmes qui sont victimes de violence conjugale. Mme la Présidente, ce que
vous avez entendu aujourd'hui, ce n'est pas seulement le cri de cœur du cœur
des organismes en charge des maisons d'hébergement, c'est le cri du coeur des
femmes qui craignent pour leur sécurité, pour leur vie. C'est le cri du cœur de
tous ceux et celles qui sont touchés de près ou de loin par des cas de violence
conjugale et qui demandent à leur gouvernement de les aider, eux et leurs
proches. Et, parmi ses proches, il y a des parents qui ont perdu leur fille, il
y a des enfants qui ont perdu leur maman. Personne ne peut rester indifférent
lorsqu'on regarde le nombre de féminicides. Je pense qu'il est important de
souligner que, plus que des statistiques à glacer le sang, ces féminicides
représentent des femmes qui ont perdu leur vie uniquement en raison de leur
sexe. Nous ne pouvons tolérer que cette tendance continue et j'espère que le
gouvernement sera à l'écoute de nos propositions pour combattre ce fléau.
Il y a présentement sur la table du
gouvernement une trentaine de projets qui lui ont été proposés par les
différents groupes responsables des maisons d'hébergement. À terme, ces projets
rajouteraient des centaines de places dans le réseau. N'oublions pas que le gouvernement
est responsable de cette crise, en raison de son manque de vision et de
planification. Il a décidé d'encourager les femmes à utiliser aussi leurs
ressources disponibles sans s'assurer que les ressources avaient les moyens et
les infrastructures pour les accueillir. Oui, c'est surprenant. On dit que...
la députée se dit surprise, c'est surprenant, mais c'est presque cruel. Bien
que le gouvernement nous ait habitués, je suis désolée, à son manque de
prévision lorsqu'il fait des promesses, dans le cas qui nous concerne
aujourd'hui, cette situation est particulièrement dramatique. C'est la
confiance des femmes victimes envers des ressources qui pourraient leur sauver
la vie qui est mise à risque lorsqu'elles se font dire : Meilleure chance
la prochaine fois.
Mme la Présidente, je tiens à souligner
l'incroyable acte de courage qu'est l'acte, pour une femme victime de violence
conjugale, de faire appel aux services d'une maison d'hébergement. Imaginez
l'impact d'un refus, que ce refus a sur une femme qui craint pour sa sécurité
et même pour sa vie et qui a pris un risque en appelant.
Le gouvernement doit cesser de penser
qu'en utilisant des mesures temporaires, qui'il va régler la situation? J'ai
d'ailleurs souligné plus tôt les lacunes du programme de... Bien qu'une bonne
idée sur papier, ça a été dénaturé par le gouvernement pour devenir la soupape
d'échappement lorsque le réseau ne peut plus accueillir les femmes dans le
besoin. Bien que le programme puisse jouer un rôle utile pour aider les femmes,
il ne peut pas substituer une solution structurante à long terme. Une femme qui
quitte une relation violente doit être accompagnée par des...
Mme McGraw : ...des personnes
formées avant de... afin de naviguer les prochaines étapes critiques de son
parcours. Or, ce service n'offre pas systématiquement, je suis désolée, ça
n'offre pas systématiquement les femmes qui ont recours à la ligne d'aide et,
par conséquent, le risque est élevé qu'elles finissent par retourner dans la
relation violente qu'elles venaient de fuir. Malheureusement, le processus
d'approbation actuel des projets de maison d'hébergement est trop lent, il est
incohérent, et les résultats, c'est que certaines maisons ont l'air de ne pas
voir le jour. Il est incompréhensible qu'afin de recevoir le financement, parce
que les fonds sont là, il faut les débloquer. Le financement du gouvernement
des femmes doivent s'endetter. On demande aux femmes, aux C.A. de s'endetter,
de prendre des marges de crédit pour réaliser les projets. C'est le gouvernement
qui devrait prendre cette responsabilité et non les bénévoles, c'est honteux.
Mme la Présidente, durant les deux
dernières heures, j'ai essayé... j'ai démontré à quel point l'inaction de ce
gouvernement et le manque de leadership de la part de la ministre de la
Condition féminine est la principale raison de la situation dramatique et même
tragique dans laquelle les femmes victimes se trouvent, et ce, après six ans de
la CAQ au pouvoir. Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est que le gouvernement
prenne ses responsabilités, que la ministre de la Condition féminine fasse son
travail et débloque l'ensemble des projets en attente immédiatement pour que
ces maisons voient le jour immédiatement. Si la ministre a besoin d'inspiration
pour jouer son rôle, qu'elle s'inspire des paroles de ma collègue, la députée
de Robert-Baldwin, qui a posé la question ici, en Chambre : Combien vaut
la vie d'une femme?
Mme la Présidente, la situation est plus
que critique, elle est extrêmement grave. Les gens... Les enjeux ne pourraient
pas être plus élevés. On parle, dans certains cas, de vie ou de mort, une
question de vie ou de mort, qui était le cas pour six Québécoises cette année.
Je vais prendre le temps de les nommer : Chloé Lauzon-Rivard, 29 ans;
Narjess Ben Yedder, 32 ans; Lorraine Marsolais, 80 ans, Hayette Bouguellid, 51
ans; Louise Houle,70 ans; et Josiane Faucher, 27 ans. Ce sont les six femmes
qui ont été victimes d'un féminicide au Québec depuis le début de cette année.
• (12 heures) •
Alors, Mme la Présidente, si vous me
permettez, je voudrais terminer mon allocution et céder le reste de mon temps,
une minute, en prenant un moment de silence pour souligner leur mémoire et
celle de toutes les femmes dont la vie a été coupée courte uniquement en raison
de leur sexe. Merci, Mme la Présidente...
12 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance. La commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux jusqu'à mardi 16 avril, 15 h 30, où elle
entreprendra un autre mandat. Bonne journée.
(Fin de la séance à 12 h 02)