Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 28 septembre 2023
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Vol. 47 N° 31
Consultation générale et auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé : La planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-cinq minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2024-2027.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) est remplacée par Mme Bogemans
(Iberville); Mme Garceau (Robert-Baldwin), par M. Derraji (Nelligan); Mme Prass
(D'Arcy-McGee), par Mme Lakoyam-Olivier (Chomedey); et...
La Secrétaire : ...Sainte-Marie-Saint-Jacques
par M. Cliche-Rivard, Saint-Henri-Sainte-Anne.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mmes et MM. les élus. Bienvenue. Nous
entendrons donc ce matin les groupes suivants : la Commission des
partenaires du marché du travail, qui sont déjà avec nous, ainsi que Mirabaud
Canada. Alors, mesdames et messieurs de la Commission des partenaires du marché
du travail, je vous remercie d'être avec nous. Je vous souhaite la bienvenue.
Vous allez avoir une opportunité de présenter les grandes lignes de votre
mémoire, vos recommandations pour une période de 10 minutes. Mais je vais
également vous demander de vous présenter pour le bénéfice des partenaires.
Ensuite, on va procéder une période d'échanges. Alors, le temps est vous.
M. Lortie (Jean) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je suis Jean Lortie, le président de la Commission
des partenaires du marché du travail. Je suis accompagné avec la directrice du
secrétariat de la Commission des partenaires du marché du travail,
Mme Julie Poirier, ainsi que Mme Iryna Golovan et M. François
Bédard, conseillers à la commission. Nous sommes des représentantes et
représentants de la commission ce matin à la commission parlementaire.
Alors, merci de nous recevoir. C'est un
privilège pour la Commission des partenaires du marché du travail d'être
présente à ces consultations publiques sur les seuils d'immigration au Québec.
Peut-être, d'entrée de jeu, je veux souligner l'importance de ces
consultations. On les voit, elles font l'actualité depuis quelques semaines, et
c'est important puisque c'est un enjeu de société, mais également un enjeu pour
le marché du travail.
Alors, la Commission des partenaires du
marché du travail, c'est une organisation publique qui existe depuis
25 ans au Québec. Unique modèle au Canada, ça n'existe pas, ce forum
paritaire où vous retrouvez les grandes associations d'employeurs du Québec,
les grandes associations de la main-d'oeuvre, les organisations syndicales, les
trois ordres d'enseignement du Québec ainsi que le monde communautaire. Donc un
forum qui ne vote pas. Toutes les décisions sont prises par consensus. Donc, le
mémoire que la commission vous présente a fait l'objet d'un large, très large
consensus entre tous les partenaires patronaux, syndicaux, communautaires et de
l'enseignement, et a été adopté le 8 août dernier par la séance de la
commission. Nous l'avons soumis. Nous avons également soumis un PowerPoint pour
les membres de la commission pour bien présenter les recommandations sur les
différentes orientations.
Évidemment, la commission représente aussi
plus de 1 000 personnes qui irriguent le réseau partenarial au
Québec, que ce soit dans des comités sectoriels de main-d'œuvre directement
dans les secteurs d'activité économique québécoise, que ce soit des conseils régionaux
des partenaires ou, bien sûr, les comités consultatifs pour les clientèles
dites éloignées du marché du travail. Donc, véritablement, on est un modèle de
concertation ou de partenariat, et qui fonctionne par voie de consensus, ce qui
fait que le mémoire que l'on présente ce matin a fait l'objet de longs débats
au sein de la commission. Mais, bien sûr, ce qu'on vous présente fait l'objet
d'un consensus.
Bien sûr, les partenaires avaient le
droit, et ils l'ont fait dans plusieurs cas, de présenter leurs propres
propositions. Mais aucun n'a fait des propositions sous celles que la
Commission vous dépose ce matin. Évidemment, je ne vous présenterai chacune des
orientations des 12 qui ont contenues. Je vais d'abord faire plus une
présentation générale, comme vous l'avez souligné, Mme la Présidente.
Pour les enjeux, évidemment, les enjeux de
régionalisation notamment, la commission est très préoccupée que le Québec se
dote d'une mission holistique de comment s'assurer une bonne régionalisation de
l'immigration, c'est-à-dire que ce n'est pas nécessairement acquis de
travailler en transversal, les gouvernements, les ministères, les organismes
publics pour des questions de logement, des questions d'accès aux services de
garde, l'accès à des trottoirs, des rues, des maisons, l'accès à des épiceries,
l'accès à des services pour les populations qu'on souhaite installer en région
et pour assurer une vitalité des territoires du Québec.
Et on travaille très fort, la commission,
pour être capable de développer des propositions à cet effet là. Et je pense
que les recommandations de régionalisation sont importantes, celles qui sont
contenues dans les orientations présentées par la... le ministère, le MIFI. Et
je... Je salue par ailleurs la qualité des orientations qui ont permis effectivement
de dégager le consensus au sein de la commission.
• (11 h 40) •
Souligner également que les enjeux de
francisation sont importants pour les partenaires. Le meilleur outil
d'intégration dans la société, mais également au marché du travail dans les
entreprises pour les collègues qui y travaillent avec... qui vont côtoyer des
personnes immigrantes, évidemment, la commission souhaite être consultée sur
les enjeux de francisation puisque, dans les entreprises, on peut apporter une
contribution significative à l'amélioration de l'implantation des programmes de
francisation au sein des entreprises québécoises et bien sûr, dans la société.
Donc, nous saluons les orientations concernant les questions de francisation.
Bien sûr, on veut s'assurer d'un équilibre
entre les enjeux d'accueil des clientèles économiques et des clientèles à titre
humanitaire, et je pense qu'on est capable, à travers les propositions qui sont
mises au jeu, de le faire. Et pour nous, à la commission, on est en faveur des
recommandations concernant les clientèles. On souhaiterait que les délais pour
obtenir le certificat de sélection du Québec pour les travailleurs ou pour les
étudiants soient accélérés, permettant une meilleure intégration plus rapide au
marché du travail pour les...
M. Lortie (Jean) : ...qui
souhaite s'installer au Québec. De façon générale, toutes les propositions sur
l'emploi, l'intégration au marché du travail font l'objet de consensus, à la
commission, on les a adoptées, à la commission, et on en a fait part dans notre
mémoire.
Je dirais que, de façon générale, et, bien
sûr, on aura l'occasion d'échanger, la vision de l'immigration au Québec,
évidemment, dans la perspective que la commission doit le traiter, enjeux
marché du travail, concertation, développement des compétences, on doit
s'assurer que les personnes immigrantes qui arrivent au Québec puissent
reconnaître leurs compétences, reconnaître leur diplomation, reconnaître les
acquis qu'ils ont obtenus à l'extérieur du Québec, être capables de les intégrer
rapidement au marché du travail québécois, être capables d'avoir des seuils.
Nous sommes d'accord avec le scénario numéro un, à 60000, ça a fait l'objet
d'un consensus, mais nous souhaitons que soient exclus les étudiants et, bien
sûr, les travailleurs du programme, pour donner davantage, disons, de
flexibilité au marché du travail.
Le Québec connaît une triple crise de
transition, transition verte, transition technologique et transition
démographique, et les enjeux qui sont soulevés dans la planification
pluriannuelle sont, pour la commission, essentiels pour être capable de faire
face aux défis des 20 prochaines années auxquels le Québec va vivre, en termes
d'enjeux démographiques, au niveau des cinq prochaines années, au niveau des
enjeux technologiques, et au niveau des 10 prochaines années, au niveau des
enjeux climatiques et de transition verte.
Bien, évidemment, l'immigration est un
facteur clé pour le développement économique du Québec, la vitalité des
communautés au Québec, un développement de l'économie québécoise et réduction
des problèmes, des enjeux liés aux pénurie et rareté de main-d'œuvre. On vit
donc des enjeux de taille, et les 12 recommandations qui ont été soumises par
Mme Fréchette, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'intégration, sont importantes. Elles sont de qualité et, pour les partenaires
de la commission, elles ont permis de dégager un consensus, je dirais,
historique, à la commission, sur ces propositions-là, et fait en sorte que nous
soyons part, partie prenante, compte tenu de notre représentation, compte tenu
du mandat de la commission, qui est de conseiller le gouvernement du Québec et
les organismes publics sur les enjeux du marché du travail, sur les enjeux de
la concertation, sur les enjeux de développement des compétences de la
main-d'œuvre québécoise. Tous les éléments sont contenus.
Peut-être, le seul bémol, c'est la
question de favoriser une immigration jeune. Pour la commission, ce n'est pas
un enjeu majeur, puisqu'on pense que toutes les clientèles, quel que soit leur
âge, peuvent contribuer au développement économique du Québec. Donc, pour nous,
c'est peut-être le seul bémol qu'on a eu de façon importante.
Alors, voilà. Donc, pour la Commission des
partenaires du marché du travail, d'être entendu ce matin à la Commission des
relations avec les citoyens vous permet de véhiculer le message par les
partenaires, par les gens du monde du travail, du monde de l'employeur, des
ordres d'enseignement et du monde communautaire. Alors, voilà, Mme la Présidente,
je terminerais ma présentation, probablement dans plus court que prévu, mais ça
nous permettra d'avoir des échanges plus riches avec les membres de la
députation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup, M. Lortie, pour cette présentation,
présentation qui est disponible sur Greffier, si vous voulez l'obtenir.
Alors, on va entamer la période d'échange
avec les partenaires. Nous allons donc... débuter avec les députés de la
banquette gouvernementale, mais d'abord, avec la ministre, pour une période de
12min 45s.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci, M. le Président, merci à vous tous.
On est ravis de pouvoir échanger avec vous aujourd'hui. Le CPMT est un
partenaire important du MIFI, et vous avez bien sûr une contribution
essentielle à la nature... à toutes les discussions sur les politiques
d'immigration. Donc, merci pour votre mémoire et votre présentation ce matin
sur l'ensemble des idées que vous avez exposées.
Je commencerais en soulignant qu'au cours
des dernières semaines, on a eu l'occasion de parler à plusieurs occasions des
enjeux qui peuvent être liés à l'octroi de permis de travail dits fermés, en
soulignant que, dans certaines situations, il y avait une vulnérabilité qui
surgissait en lien avec ces permis de travail. Alors, je souhaite, en fait,
vous remercier d'avoir accepté de prendre le mandat que nous vous avons proposé
en lien avec la documentation des impacts de ce permis de travail fermé sur les
travailleurs, de même que l'identification de voies de solutions alternatives.
Donc, j'aimerais avoir... profiter de
cette rencontre de ce matin pour avoir votre écho sur la nature de ce mandat.
Comment est-ce que vous percevez la réalisation de ce mandat et est-ce que vous
avez déjà commencé, par exemple, à penser aussi à la méthode que vous allez
adopter pour... je sais que c'est tout frais, là, mais pour la réalisation du
mandat, donc...
Mme Fréchette : ...mais pour
la réalisation du mandat. Donc, je vous laisse la parole.
M. Lortie (Jean) : Merci, Mme
la ministre. Alors, on est en action depuis lundi, et dès l'instant... Ou
mardi. Dès l'instant que nous avons reçu la correspondance de votre ministère,
les équipes de la commission sont déjà déployées à bâtir d'abord un calendrier.
D'abord, on va bien cerner le mandat, puisque c'est un mandat à la commission.
Vous savez que la commission, son mandat est sur les enjeux... marché du
travail, développement des compétences de la main-d'œuvre et recommander au
gouvernement des propositions. Donc, on accueille très bien votre demande que
la commission y réfléchisse, parce que vous avez le forum idéal pour faire
cette discussion-là. Et bien sûr, comme je le mentionnais en entrée de jeu,
c'est par consensus que les décisions se prennent à la commission, ce qui
ajoute une valeur ajoutée extraordinaire, parce qu'évidemment on peut porter un
message beaucoup plus fort au Québec que simplement lever la main droite et voter
pour ou contre une proposition.
Alors donc, dès le mois d'octobre, bien,
on a créé un espace important au sein de la commission qui s'appelle le Groupe
de travail en immigration, parce que les enjeux sont importants pour les
partenaires, notamment sur le marché du travail, et on a donc créé ce
printemps... la commission a créé un forum uniquement consacré aux enjeux de
l'immigration. Il est convoqué pour le 25 octobre. Nous déposons une
proposition, ce que j'appelle, moi, déjà une feuille de route pour le mandat du
MIFI, et l'assemblée délibérante de la commission est convoquée pour le 2
novembre, et nous allons déposer cette feuille de route là et la faire adopter
pour, évidemment, développer le mandat.
Vous avez souhaité que ce mandat-là se
termine au plus tard le 31 mars 2024. Ça sera le calendrier maximal pour nos
travaux, et nous déploierons nos ressources cet automne. Un, compréhension du
mandat : Faire le portrait de chacun des partenaires autour de la table,
des enjeux qu'ils identifient, des conséquences, les difficultés par secteur,
par région. Donc, on va dresser un inventaire important de cette question-là
pour être capables par la suite, avec des experts extérieurs... mettre au jeu
des propositions qui feront l'objet de discussions au sein des instances de la
commission pour évidemment faire un débat politique au sein de l'assemblée
délibérante, qui est l'équivalent d'un C.A. de la commission et qui fera en
sorte de recommander au gouvernement du Québec des propositions.
Alors, pour la commission, c'est un mandat
important, parce qu'on en parle depuis de nombreuses années, de cet enjeu-là,
contrats fermés, contrats ouverts, mais aussi plus largement des questions
évidemment des seuils d'immigration, des questions aussi de juridiction provinciale,
fédérale, et parce que le marché du travail est tellement tendu actuellement au
Québec que la question de l'immigration est devenue un incontournable.
Donc, oui, effectivement, on est au
travail, la commission est au travail depuis quelques jours, et on va vous
faire une proposition, à ce moment-là, à partir du 2 novembre, après notre
assemblée délibérante.
Mme Fréchette : Bien, merci.
Bien, je suis ravie d'entendre que vous êtes déjà à l'oeuvre après si peu de
jours suite à l'annonce, puis je pense qu'effectivement... Bien, d'une part, je
salue également la création du comité, du forum que vous avez mis sur pied en
matière d'immigration. Je pense que ça vient à point et que ce sera l'instance
idéale pour concentrer, là, les discussions autour de ce mandat, puis je suis
ravie que vous acceptiez et que vous soyez déjà en action, parce que,
considérant que vous adoptez les mesures sur la base d'un consensus, je pense
que ça va donner beaucoup de force à vos propositions dans le cadre de ce débat,
qui est très délicat mais essentiel. Donc, grand merci pour ça. Hâte de voir la
suite.
Je vous amènerais maintenant sur, bien, la
connaissance du français. Dans le cadre de votre mémoire, à propos de
l'orientation 1, là, vous exprimez être en accord avec une augmentation de la
proportion des adultes qui connaissent le français, mais pas au détriment des
talents, tel que vous le soulignez. Donc, en page 9, là, vous mentionnez qu'il
est essentiel, là, d'avoir un équilibre entre les besoins du marché puis de
rester compétitifs, là, parce qu'on le sait que c'est à l'international, et
l'attraction de talents est très importante. Comme vous savez, là, dans le
cadre de notre réforme des programmes d'immigration économique, on a mis de
l'avant le PSPQ, programme dans lequel on module la connaissance du français
suivant le type de profession dont il est question. Donc, pour des professions
avec des compétences intermédiaires et manuelles, on a mis le seuil de
connaissance du français à l'oral au niveau 5, alors que dans d'autres
catégories il est au niveau 7, et on n'a pas inclus non plus d'exigences en
matière de connaissance du français à l'écrit. Alors, je me demandais si, pour
vous, cette modulation des niveaux de connaissance du français est une approche
que vous valorisez, une approche adéquate pour tenir compte des enjeux que vous
avez soulevés, là, en matière d'attraction.
• (11 h 50) •
M. Lortie (Jean) : En fait,
un des enjeux... Le signal fort qu'on voulait envoyer à travers les travaux de
la commission parlementaire, c'est de faire attention, parce que... Je donne un
exemple très, très, très concret, l'enjeu de l'intelligence artificielle. On va
développer au Québec une expertise, on va devoir faire appel à des talents
internationaux à travers nos centres de recherche. Ça devient un enjeu à
l'ordre du jour, disons, de l'ensemble des acteurs socioéconomiques, la
question de l'intelligence artificielle. On va devoir faire venir des talents
de l'extérieur du Québec qui malheureusement ne maîtrisent pas le français. Ce
qu'on vous envoie comme signal, c'est : Soyons prudents, ménageons un
espace pour...
M. Lortie (Jean) : ...ménageons
un espace pour faire en sorte qu'on puisse les accueillir et s'assurer qu'ils
puissent évidemment vivre au Québec et leur donner la chance d'avoir accès à la
francisation, donc s'assurer que, soit à travers les centres de recherche, les
universités, tout ça, on puisse s'assurer qu'on les échappera pas et que, s'ils
souhaitent rester au Québec, bien, on les a bien encadrés. Pour nous, un des
enjeux importants, c'est la question de bien s'assurer qu'il y a un arrimage
entre les propositions de francisation, que ça ne se fasse pas dans les milieux
de travail ou dans les milieux de recherche ou ailleurs, et faire en sorte qu'à
travers ça ces gens-là puissent apprendre un français de qualité à l'oral et,
s'ils le souhaitent, demeurer au Québec. Donc, c'est un signal qu'on dit :
Il ne faut pas négliger les talents parce que, dans les secteurs d'activité
économique, on voit avec la filière de la batterie verte aussi, on va peut-être
faire appel à des talents de l'extérieur. Bien, ayons en tête de bien préciser
et soyons vigilants pour ne pas échapper si, par exemple... ce que vous
mentionnez un peu plus tôt ne fait pas le travail, bien, on ait en tête, est ce
qu'il y a effort supplémentaire à donner? Donc, c'était la recommandation qu'on
souhaitait de vous mettre en alerte sur cette question là.
Mme Fréchette : D'accord.
Bien, merci, je vous entends. Justement, parlant de francisation, vous
recommandez, là à la page 10 dans votre mémoire que le MIFI consulte la
CPMT dans sa mise en œuvre des services d'apprentissage du français au sein des
entreprises. Donc, ça, c'est une dimension, là, fort importante pour nous, de
Francisation Québec, l'apprentissage en milieu de travail. Alors, comment
est-ce que vous voyez que la CPMT puisse collaborer avec le MIFI pour cette
dimension de la francisation en entreprise?
M. Lortie (Jean) : J'avais
oublié de mentionner un peu plus tôt, quand je parlais des partenaires, autour
de la table, il y a certain nombre de ministères qui siègent à la commission,
dont le MIFI, le ministère de l'Emploi, bien sûr, le ministère de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur, le ministère de l'Habitation et des Affaires
municipales et, bien sûr, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie. Et donc le MIFI siège à la table, formellement à la commission,
participe à nos travaux dans les groupes de travail, notamment le nouveau.
Je vous dirais que la question de la
francisation en entreprise, les partenaires ont beaucoup d'expérience, soit les
partenaires patronaux, syndicaux. Ça fait au moins 30 ans qu'au Québec on
fait de la formation en francisation en entreprise, on connaît les obstacles,
on connaît les succès et chaque partenaire autour de la table connaît des vécus
qui peuvent transmettre au MIFI pour comment mieux assouplir cette
proposition-là de francisation. Et le souhait des partenaires, c'est de
dire : Faites part... on va vous faire part de ce qu'on a vécu, ce qu'on
vit encore actuellement. Parce que la commission finance des projets de
francisation en milieu de travail. Moins que plus tôt, parce que Francisation
Québec est arrivé... mais on a un vécu, on a une expérience, on a un
savoir-faire, un savoir sur comment en entreprise, au Québec... Je parle des
petites et moyennes entreprises qui ont des obstacles d'accueil de cours de
français. Parce que, souvent, il n'y a pas de direction des ressources
humaines, la direction des opérations fait à peu près tout, donc comment on
module les programmes de francisation à grandes entreprises qui bénéficient de
ressources... en ressources humaines qui... des facilités, des accès à des
salles. Moi, je viens de l'hôtellerie. Le premier projet au Québec, de
francisation, s'est fait en hôtellerie au début des années 90. C'est
facile, dans un hôtel, vous avez des salles de réunion, vous pouvez offrir du
café, des biscuits. On avait... c'est ça. Mais dans une usine, un abattoir,
dans une usine de textile, avoir des locaux, ça peut poser un enjeu.
Donc, on a tout ce savoir-là, nos
partenaires autour de la table. Alors, on disait : Travaillons ensemble
pour être capable de développer les meilleurs programmes qui assurent le
succès. Et c'est par l'entreprise, par le travail qu'on intègre les gens et on
leur donne un sentiment d'appartenance extraordinaire et de confiance en
eux-mêmes parce qu'ils apprennent, ils découvrent. Vous n'avez qu'à décider.
Et votre collègue, Mme Champagne Jourdain, l'a vécu en visitant l'usine
Peerless dans l'est de Montréal, l'usine de textile. C'est formidable, les
cours de français, ce qu'ils ont donné, l'intégration. Et les gens, on les
retient dans les milieux de travail par cette proposition là de francisation. Bien,
ça fait des gens qui sont heureux de travailler dans des milieux de travail
québécois.
Mme Fréchette : Bien, merci.
Merci de votre proposition de collaboration. Je comprends que vous avez une
longue expertise, alors on va faire en sorte d'aller tirer tout le potentiel
qu'on peut tirer d'une collaboration entre nous pour s'assurer que la
francisation en entreprise roule à bonne vitesse et se déploie dans l'ensemble
des secteurs économiques.
Je vous amènerais maintenant sur le thème
de la reconnaissance des compétences, à la page 15. Vous dites être en
accord, là, avec notre proposition de bonifier les actions pour la
reconnaissance des compétences. On sait que c'est un élément qui est fort
important, là, dans le continuum de l'intégration des personnes immigrantes
dans le marché de l'emploi. Vous proposez de travailler sur l'établissement
d'un cadre de compétences qui sera inscrit comme une action dans le cadre des
travaux du rapport quinquennal sur la Loi favorisant le développement et la
reconnaissance des compétences. J'aimerais ça vous entendre un peu plus sur le
concret de la chose, là. À quoi ça correspond?
M. Lortie (Jean) : Bien, vous
savez que le socle au Québec de tout le développement des compétences et de la
formation continue, c'est la loi du développement et la reconnaissance des
compétences...
M. Lortie (Jean) : ...avait
adopté, il y a 25 ans, par le gouvernement du Québec, qui a donné lieu à
la création de la Commission des partenaires. Et on l'appelle souvent la loi du
1 %, en fait, c'est... le 1 %, la taxe sur la formation, c'est un des
devis de cette loi-là. Cette loi-là, à tous les cinq ans, à l'Assemblée
nationale, exige un rapport quinquennal, à tous les cinq ans, d'évaluation de
cette loi-là, développement et reconnaissance des compétences. Et, pas plus
tard qu'hier la présidente de l'Assemblée nationale a formellement déposé le
rapport quinquennal 2018-2023.
Et on a soumis au Conseil des ministres,
au printemps dernier, une proposition d'un rapport quinquennal 2018-2023
et qui contient 36 recommandations, dont trois mesures phares qui sont
colossales. C'est-à-dire, qu'au Québec on développe une politique de formation
continue, donc les gens qui sont au travail, pas de formation initiale, bien
sûr, mais de formation continue pour qu'on s'adapte à tout ce qui s'en vient
dans les trois transitions que je mentionnais un peu plus tôt, deuxième
élément, c'est de développer au Québec un cadre national de reconnaissance des
compétences, c'est-à-dire d'avoir un langage commun, reconnaître les
compétences de l'extérieur, les gens qui viennent de l'extérieur, reconnaître,
par des différents leviers, reconnaître au Québec les compétences acquises par
les travailleurs, et le troisième élément, c'est de développer un carnet de
reconnaissance des compétences. Donc, les travailleuses et travailleurs
québécois et leurs entreprises auraient la capacité...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. Lortie. Le temps est terminé pour
la partie gouvernementale. On a eu des bonnes réponses. Je vais tout de même me
tourner, pour la suite des travaux, du côté de l'opposition officielle, avec
une période de 12 minutes... non, de neuf minutes 34. Et c'est la députée
de... le Député de Nelligan. Le temps est à vous.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, avocates. Très heureux d'échanger avec une commission
que je connais très bien, une commission qui joue un rôle extrêmement
important. Et je vous souhaite du grand succès.
Ma première question. Parce que j'étais là
en 2019 aussi, dans votre mémoire, en 2019, la CPMT demandait la publication
d'un tableau de bord gouvernemental en immigration. C'était la demande. J'ai lu
votre mémoire de cette année, malheureusement, cette recommandation n'en fait
plus partie. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi? Est-ce que c'est
un changement de position à l'intérieur de la CPMT? Pourquoi la demande d'un
tableau de bord en immigration ne figure plus?
M. Lortie (Jean) : oui.
Bien, écoutez, d'abord, je vous salue, ancien membre de la Commission des
partenaires du marché du travail. Alors, c'est un plaisir de vous revoir à
nouveau.
M. Derraji : Moi aussi.
M. Lortie (Jean) : Oui,
le tableau de bord. Dans les recommandations, effectivement, le travail s'est
fait. C'est-à-dire qu'à l'époque la Commission a formé un groupe de travail,
qui n'était pas institutionnel comme maintenant, sur lequel on a demandé de
travailler sur le tableau de bord avec le MIFI. On a constaté qu'on avait
besoin de données granulaires. Il y a une partie du tableau de bord qui a été
défaite... Qui a été faite, pardon, qui a été déposée, débattue au sein de la
commission à travers ses instances, notamment, l'été 2022.
Le constat qu'on a fait, c'est que c'est
une opération qui doit être constamment mise à jour. On a un enjeu de bases de
données. Je vous donne un exemple très, très, très concret. Vous avez un enjeu
de transport public dans la région de l'Estrie, à Sherbrooke, vous allez avoir
les données du transport public dans la Ville de Sherbrooke. Mais le transport
public à Coaticook, où on a une usine qui accueille des travailleurs étrangers
temporaires, bien, on n'a pas ces données-là.
Alors, on a convenu, avec le ministère, la
Commission a convenu de constamment mettre à jour ce tableau de bord là, de
l'améliorer. Et on est en opération depuis donc août 2022 à... Et c'est pour ça
que vous ne la retrouvez pas, M. le député, dans les recommandations cette
année.
M. Derraji : Oui. Mais
est-ce qu'il est public, ce... Votre tableau de bord, est ce qu'il est...
Est-ce que c'est un tableau de bord interne ou un tableau de bord que vous
faites avec les partenaires autour de la table?
M. Lortie (Jean) : C'est
un tableau de bord qu'on fait avec les partenaires, autour de la table, qui
sont mis à contribution, les 18 autour de la table, et aussi les professionnels
qui accompagnent les partenaires. Ils... C'est eux qui ont le mandat de creuser
ce tableau de bord là.
• (12 heures) •
M. Derraji : O.K. Vous
avez vu que depuis le mois de mai, notre formation politique a déposé un projet
de loi sur les travailleurs temporaires étrangers pour les inclure dans la
nouvelle planification. Au niveau de la CPMT, est-ce que vous supportez le
rapatriement de la gestion du programme des travailleurs temporaires étrangers
par le Québec?
M. Lortie (Jean) : La
Commission a pris plusieurs positions à ce niveau-là, d'avoir une vision. Je
vous dirais que le mandat... Excusez-moi, je vais...
(Interruption) Le mandat de la commission,
évidemment, on a réfléchi beaucoup à cette question-là, qu'on rapatrie au
Québec l'ensemble du mandat de PTET. Parce qu'effectivement il y a conflit de
juridictions, complications, bureaucratisation des processus. L'idéal serait
d'avoir un seul guichet... pas automatique, un seul guichet qui permettrait,
bien sûr, à un seul levier de gouvernement de pouvoir gérer de façon holistique
l'ensemble de l'oeuvre. Et d'ailleurs, le mandat que la Commission vient
d'avoir du gouvernement du Québec nous permet de penser qu'il y a un enjeu à ce
niveau-là, d'avoir...
M. Derraji : Donc,
autour de la table, l'ensemble des partenaires supporte le rapatriement de la
gestion du PTET par le Québec?
M. Lortie (Jean) : À
certaines conditions, bien sûr, parce qu'évidemment il ne faut pas négliger
l'angle...
12 h (version non révisée)
M. Lortie (Jean) : ...il ne
faut pas négliger l'angle des conditions de travail et de l'avoir dans notre
angle...
M. Derraji : C'est très
clair.
M. Lortie (Jean) : ...pour le
rapatriement.
M. Derraji : C'est très
clair.
M. Lortie (Jean) : Alors donc,
effectivement.
M. Derraji : C'est très
clair. Merci beaucoup. Je veux vous ramener sur la francisation en milieu de
travail. Je pense que je vais vous nommer l'entreprise, vous allez comprendre
de quoi je parle. Désolé si je suis dans le détail, parce qu'il y a tellement
de choses avec la CPMT, vous avez raison. J'ai siégé quatre ans, mais je veux
vraiment saisir l'opportunité que vous êtes les experts dans le domaine.
L'année dernière, il y avait un petit
scandale sur les vêtements Peerless - je ne sais pas si ça vous dit quelque
chose - qui avaient connu des difficultés afin de financer la poursuite de son
programme de francisation en milieu de travail suite à des changements de
critères de programme. Je pense que c'est la mauvaise chose à faire, c'est qu'en
cours de route on change des programmes. Ça n'aide pas la francisation en
milieu de travail.
Maintenant, est-ce que les programmes de
financement de telles initiatives couvrent encore 100 % des dépenses,
notamment quand on parle des salaires des travailleurs? Autour de la table, on
parle beaucoup de la francisation, on veut franciser dans les milieux de
travail. Mais est-ce que le financement de telles initiatives peut couvrir
100 % des dépenses? Et j'insiste sur une chose très importante, le salaire
des travailleurs, et j'aimerais bien savoir : Le budget de ces programmes,
est-ce qu'il a diminué, est-ce qu'il a augmenté ou est-ce qu'il est le même?
M. Lortie (Jean) : Alors, je
vous rappelle que, depuis la création de Francisation Québec, la commission a
gardé un certain nombre de programmes sur la francisation, mais beaucoup moins
importants qu'à l'époque. Donc, quand les demandes arrivent, on les dirige
beaucoup plus vers Francisation Québec, parce que c'est l'objectif de l'organisation,
qui a été créée le 1er juin dernier. Donc, on n'a gardé qu'un seul programme,
où on a bien sûr réglé le problème de Peerless, l'exemple que vous donnez, M.
Derraji. On a réglé le problème, parce qu'il y avait eu de la friture sur la ligne,
disons une mauvaise coordination à ce côté-là. Alors, on a réglé le problème
pour permettre la continuation des programmes. Et là, évidemment, on va s'ajuster
avec la nouvelle organisation, Francisation Québec, pour s'assurer qu'on n'en
échappe pas quand il y a des projets, et c'est pour ça qu'on demandait d'être
consultés sur l'implantation dans les entreprises justement sur les niveaux de
salaire, sur les niveaux de remboursement des frais d'organisation, sur la
façon de donner les cours, la formation qui est donnée, les formateurs, les
formatrices. Tout ça, en étant consultés, en participant en parallèle avec
Francisation Québec, on va s'éviter des situations que vous avez mentionnées un
peu plus tôt.
M. Derraji : Comme vous le
savez, nous sommes en contact aussi avec beaucoup de partenaires, surtout des
entreprises, des entrepreneurs. Corrigez-moi si je me trompe. On me dit - parce
que c'est très bien qu'on l'entende en commission - on me dit que les
directions régionales de Services Québec coupent les pourcentages de couverture
de salaire. Vous savez très bien que, si on veut vraiment aller de l'avant, si
c'est vrai, ce que j'ai reçu, ça serait très problématique, continuer à
convaincre des entreprises à faire de la francisation en milieu de travail.
Est-ce que c'est de l'information que vous pouvez nous partager ou si vous l'avez?
M. Lortie (Jean) : Bien,
écoutez, ça, les directions que vous mentionnez, les directions, c'est...
Évidemment, à chaque année, on doit adopter, les services publics d'emploi, la
Commission, en compagnie avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, doit adopter les critères des politiques, services publics d'emploi à
travers... déployés à travers le Québec, les 17 régions administratives, et ça
percole dans chacune des régions, et les régions, en fonction des critères que
les partenaires régionaux ont identifiés, adaptent les programmes de formation
qu'ils ont régionalement. Donc, il peut y avoir des variations selon les
régions du Québec, mais c'est en fonction des priorités que les partenaires
régionaux ont données. Ça donne l'indication qu'il peut y avoir de la friture
sur la ligne, comme je disais un peu plus tôt, mais en fait, c'est que les 17
conseils régionaux des partenaires adoptent chaque année leur plan stratégique
et, évidemment, adaptent aussi en fonction de leurs besoins.
M. Derraji : Oui. Oui, on s'entend
qu'il y a 17 régions, et ils adoptent... Mais, si déjà on leur donne un budget
moindre, on s'entend que la suite... il n'y aura pas beaucoup de partenaires
qui vont appliquer, et des coupures suivront, y compris dans les salaires.
Ma question est très, très, très simple :
Est-ce que vous pouvez juste me confirmer aujourd'hui qu'on couvre toujours
100 % des dépenses, notamment les salaires des travailleurs? C'est la
question que je...
M. Lortie (Jean) : Ça, je ne
vous répondrai pas, parce que je ne veux pas faire de bêtise. Comme la
commission n'administre pas au quotidien les programmes, on va vous répondre
formellement, là, pour que vous ayez une bonne réponse, parce qu'évidemment les
équipes du secteur de l'emploi du ministère ont ces données-là. Je vais faire
mes vérifications pour être certain, pour ne pas vous induire en erreur, M. le
député.
M. Derraji : Non, non, non, c'est
excellent, merci beaucoup. Maintenant, ce qui me ramène aux autres milieux de
travail. Est-ce que, selon vous, il y a d'autres milieux de travail qui se sont
prévalus de ces mêmes programmes pour faire de la francisation depuis?
M. Lortie (Jean) : Bien, ça
aussi, je vais vous donner les informations pertinentes à cet égard-là. On
pourra vous donner la liste, là, des entreprises, selon ce qu'on peut donner...
rendre public, bien sûr, mais on va vous donner cette information-là, les
autres secteurs d'activité économique, en agroalimentaire, le tourisme, etc.
M. Derraji : C'est excellent.
Mais, du moment que je vous ai en face, si on peut... la commission formule...
ou fasse le suivi par rapport à ces dépôts de documents, je vous formulerais
carrément une demande...
M. Derraji : ...dépôt de
document, je vous formulerais carrément une demande. Le portrait de la
francisation en entreprise dans les milieux de travail dans toutes les régions
du Québec, les deux dernières années, s'il vous plaît.
M. Lortie (Jean) : C'est pris
en bonne note, M. le député.
M. Derraji : Je formule la
demande à Mme la Présidente, si c'est possible. C'est bon? C'est noté par
rapport à la demande, francisation dans les régions en entreprise? Les budgets
des deux dernières années, si c'est possible aussi, et surtout si on continue
de couvrir les salaires et les 100 % de dépenses en francisation en milieu
de travail.
Par rapport à ce que vous avez vu sur le
nombre de travailleurs temporaires étrangers, vous avez vu le nombre qui
explose, vous avez vu qu'il y a deux, trois ans, le ministère de l'Emploi a
baissé les critères pour accueillir plus de travailleurs temporaires étrangers.
C'est quoi, la lecture de la CPMT de l'évolution du nombre des travailleurs
temporaires étrangers au Québec?
M. Lortie (Jean) : Évidemment,
je le disais plus tôt, on est dans un contexte de trois crises de
transition : verte, technologique et démographique. La question
démographique au Québec est majeure. Les départs à la retraite sont massifs. On
a à combler plus de 1,6 million de postes d'ici quelques années. Ce que ça
illustre, ce volume important de travailleurs étrangers temporaires, M. le
député, c'est que l'économie québécoise a besoin de main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. Lortie, le temps imparti à l'opposition est terminé. On
va tout de même poursuivre, avec le député de la deuxième opposition, pour 3min
11s.
Par contre, juste avant de passer le micro
au député, lorsque vous aurez de l'information, vous écrivez... sur les
documents qui ont été demandés, vous écrivez à la commission pour le dépôt.
M. Lortie (Jean) : Bien noté,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, on termine avec le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, et le temps : 3min 11s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre excellent travail, votre présentation. J'avais une
petite question. Vous faites des recommandations sur le délai de traitement,
notamment, vous dites neuf mois dans le PEQ et trois mois dans le programme de sélection
de travailleurs qualifiés. Je voulais savoir comment vous êtes arrivés à ces
chiffres-là, ou à ces données-là, ou à ces mois-là, en fait. Comment vous êtes
arrivés à ce calcul?
M. Lortie (Jean) : En fait,
c'est... c'est le débat des partenaires... C'est les délais trop longs, qui
faisaient en sorte que, quand on garantissait un emploi à quelqu'un qui
rentrait, et le fait qu'on n'était pas capable de l'accueillir dans les délais
prescrits, bien, on perdait des travailleuses et travailleurs compétents qui
pouvaient... Alors donc, c'est le compromis politique qui a été déterminé par
les partenaires, le neuf mois et le trois mois, pour essayer de faire en sorte
qu'on assure une plus grande fluidité d'intégration dans les milieux de
travail.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Vous recommandez aussi, puis j'aimerais ça, vous entendre, d'étudier ou de
considérer le PEQ travailleur hors seuil, comme le PEQ étudiant. Pouvez-vous
nous dire qu'est-ce qui justifie cette recommandation?
M. Lortie (Jean) : C'est
qu'on a soumis à la commission le scénario un, 60 000 personnes, balance
humanitaire et économique. En fait, c'est... pour l'exclure, parce qu'on pense
qu'on a besoin de main-d'oeuvre au Québec. L'enjeu, comme votre député
collègue, le soulignait, il y a un enjeu au Québec, il manque de monde.
L'économie est en croissance depuis plusieurs années. Les pénuries, on a vu les
publications, là, les postes vacants. Même si tous les chômeurs et chômeuses au
Québec travaillaient, il n'y a pas assez de monde. Et il ferait en sorte que
les partenaires se disaient : Il faut qu'on soit capable d'exclure ce
nombre-là pour garder cette fluidité-là dans le marché du travail et éviter des
fermetures d'entreprises parce qu'ils ne seraient pas capables de répondre à leurs
besoins de main-d'oeuvre actuelle, qui sont déjà très criants.
M. Cliche-Rivard : Donc, la
logique, c'est que, comme le PEQ diplômé, ces gens-là sont déjà des
contributeurs, sont déjà, bon, probablement en emploi, francisés, et que donc
l'intégration est réussie. Donc, considérant ces éléments-là, on devrait les
traiter hors seuil, c'est à peu près ça? Excellent.
Vous avez des recommandations en
régionalisation aussi, j'ai compris, vous souhaitez que les CSQ soient émis
sans délai ou de manière accélérée en région, c'est bien ça?
• (12 h 10) •
M. Lortie (Jean) : En fait,
c'est le signal qu'on veut envoyer. C'est que, oui, il faut faire un effort
considérable pour régionaliser l'immigration au Québec. L'enjeu, évidemment,
c'est la capacité des régions d'accueillir, on le voit, et du logement, mais,
également, c'est tous les services. Et je peux donner l'exemple, on n'aura
malheureusement pas le temps de le faire, mais je peux vous donner des
exemples, comme à Chibougamau, les enjeux d'intégration, parce qu'il manque de
services publics, il manque de main-d'œuvre.
Écoutez, et il faut qu'on soit capable, au
Québec, de donner un signal fort que, quand on accueille des gens, on les
dirige vers les régions du Québec, on soit capable de les accueillir dans les
régions, parce que c'est la vitalité des communautés régionales au Québec qui
est en jeu. Alors, c'est pour ça qu'on souhaite qu'on travaille mieux sur cette
question-là, et beaucoup plus en transversal entre les différents ministères et
organismes publics, et des communautés, bien sûr.
M. Cliche-Rivard : Donc, je
comprends que, selon vous, il y a des mesures structurantes qui doivent être
mises de l'avant, je veux dire, il y a des mesures... On a besoin d'aller de
l'avant sur la régionalisation, les propositions telles quelles, telles que
formulées, ne répondent pas tout à fait à ça pour l'instant, là.
M. Lortie (Jean) : Il faut
aller plus loin parce que, l'enjeu, c'est d'être capable d'accueillir dans les
régions et ne pas laisser en plan ces gens-là. On leur a fait des promesses de
les accueillir au Québec, alors il faut livrer le contrat social. C'est de bien
les assurer qu'ils auront des services publics, éducation, épicerie, hôpitaux,
etc. C'est notre devoir. On a une responsabilité, et c'est le signal fort que
les partenaires vous envoient.
M. Cliche-Rivard : Un immense
merci...
M. Cliche-Rivard : ...pour
votre travail. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, mesdames et messieurs de la Commission des
partenaires du marché du travail, ça a été un plaisir de vous recevoir
aujourd'hui. Alors, je vous souhaite une bonne fin de journée, merci pour
l'apport à nos travaux pour la commission.
Et je suspends quelques instants, le temps
de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
(Reprise à 12 h 13)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission des relations
reprend ses travaux. Nous en sommes donc à la présentation du groupe Mirabaud
Canada, que j'ai devant moi, M. Alex Côté, gestionnaire de portefeuille
associé, ainsi que M. Samuel Tessier, gestionnaire de portefeuille associé
également. Bienvenue à la Commission des relations avec les citoyens. Vous
allez donc bénéficier d'une période de 10 minutes pour votre présentation, et
nous allons, par la suite, échanger avec les partenaires. Alors, le temps est à
vous.
M. Côté (Alex) : Merci,
bonjour, Mme la Présidente. Mme la ministre, chers membres de la commission,
c'est un plaisir d'être ici avec vous aujourd'hui. J'aimerais présenter mon
collègue ici, à ma gauche, Samuel Tessier, et moi-même aussi, Alex Côté,
également gestionnaire de portefeuille associé auprès de Mirabaud Canada.
Mirabaud, en fait, est un groupe bancaire
financier international basé à Genève, fondé en 1819. Il s'est développé, au
fil du temps, pour constituer le troisième groupe bancaire privé genevois.
Mirabaud est membre de l'Organisme canadien de réglementation des investissements
et du Fonds canadien de protection des épargnants. Donc, de 2013 à 2019, nous
avons eu le privilège exceptionnel de promouvoir, à travers le monde, les
raisons sur lesquelles les investisseurs étrangers devraient investir au
Québec, le choisir pour vivre et investir. Notre expérience à l'international,
combinée à notre expérience en gestion de portefeuille, nous a permis de bien
comprendre les objectifs et les préoccupations des individus aisés, provenant
des quatre coins de la planète. Inutile de dire qu'après un moratoire de quatre
ans, nous sommes très soulagés de voir que le gouvernement du Québec confirme
qu'un programme comme celui-ci a sa place parmi son offre de programmes
d'immigration économique.
La réforme proposée au début du mois de
juin dernier est reçue, selon nous, avec un sentiment un peu mi-figue,
mi-raisin dans l'industrie et dans les parties prenantes, puisque nous croyons
que nous devrions être plus ambitieux avec nos objectifs des seuils d'admission
projetés en 2024-2027. Les objectifs et les prévisions indiquent aux parties
prenantes que le gouvernement a pratiquement abandonné la catégorie des gens
d'affaires, dans son ensemble. À partir de 2025, selon le tableau I, Admissions
projetées, juste ici, selon le scénario 1, la catégorie des gens d'affaires, là
où environ 95 % du volume provenait du programme des investisseurs,
représente, désormais, 0,8 % de l'apport total des immigrants au Québec,
diminuant à 0,75 % en 2027. Historiquement, cette catégorie représentait
entre 7 % et 11 % de la composition de l'immigration totale. Cette
forte baisse dans les cibles du gouvernement du Québec représente le plus
faible pourcentage d'entrepreneurs et d'investisseurs depuis la signature de
l'accord Gagnon-Tremblay-McDougall en 1991.
En tant que nation distincte, détenant des
pouvoirs uniques en matière d'immigration économique, nous avons la
responsabilité d'adopter une vision à long terme et, surtout, d'afficher une
ambition accrue. Notre objectif ne devrait pas se limiter à attirer les gens
d'affaires, mais également à devenir une destination incontournable, au Canada
et à l'international, pour les investisseurs issus de la francophonie.
Examinons la genèse du programme
investisseurs. En fait, le programme émane du fait que la grille de sélection
qui régit les...
M. Côté (Alex) : ...immigration
au Canada et au Québec a un parti pris pour les jeunes travailleurs ayant des
capacités linguistiques dans les deux langues officielles ayant étudié au
Canada. Le programme a été créé pour donner un chemin aux candidats de la
catégorie des gens d'affaires en mettant l'accent sur la capacité et leur
contribution financière ainsi que leur expérience en gestion. Cela signifie
qu'une personne immigrante pouvait être allophone, avoir 50 ans, 55 ans,
mais avoir toujours une voie vers la résidence permanente avec la famille
admissible. La famille pouvait par la suite s'intégrer à la société québécoise
et apprendre la langue commune étant donné les mécanismes de protection que
nous avons en place pour le français. Aux décisions ambitieuses du gouvernement
à l'époque, dans le cadre du programme, celui-ci accordait au secteur privé,
aux intermédiaires financiers un rôle important en tant que grossiste du
programme à travers la planète. Un partenariat public privé efficace a permis
de mettre à l'avant-scène les courtiers en valeurs mobilières avec des sièges
au Québec et les sociétés en fiducie avec des sièges au Québec.
D'ailleurs, je crois que notre société
aurait tout à gagner à impliquer les parties prenantes dans les futures
révisions et améliorations du programme. Dans cette perspective, l'introduction
d'un test oral standardisé de français de niveau intermédiaire avancé pour le
requérant principal marque un changement fondamental dans la population potentielle
admissible à ce processus-là et à ce prix là. Un changement aussi majeur
affectant les fondements mêmes de la création du programme doit nous inciter à
réfléchir de manière pragmatique aux façons de maintenir et accroître l'attrait
du programme, tout en renforçant sa compétitivité parmi l'offre de programmes
d'immigration économique disponibles au Québec, au Canada et à travers le monde
entier. N'oublions pas que 27 autres pays offrent des programmes
d'immigration par investissement, par exemple la Nouvelle-Zélande, le
Royaume-Uni, les États-Unis, pour en nommer quelques-uns. Nous estimons
qu'établir une cible aussi modeste pour la catégorie entière, telle que les
gens d'affaires, revient pratiquement à abandonner ce profil d'immigrants. À
Long terme, c'est une erreur majeure car cela empêche le Québec de maximiser
les avantages sociaux, culturels et économiques associés à la migration de
personnes fortunées.
M. Tessier (Samuel) : La
diversification d'un portefeuille est la clé pour optimiser le rendement d'un
portefeuille pour un certain niveau de risque. Nous utilisons aujourd'hui ce
concept fondamental émanant du domaine financier pour l'appliquer à
l'immigration. Une forte dépendance à l'égard des travailleurs qualifiés
pourrait créer une situation dans laquelle les politiques d'immigration sont
uniquement motivées par les besoins à court terme du marché du travail. Cela
peut entraîner des fluctuations des niveaux d'immigration en fonction des
cycles économiques qui ne correspondent pas nécessairement aux objectifs
économiques et démographiques à long terme du Québec. L'économie québécoise
subira inévitablement les contrecoups des politiques monétaires restrictives
actuellement en vigueur au Canada. C'est précisément dans ce contexte
économique qu'un panier diversifié de profils d'immigrants est pertinent.
Lors d'une contraction économique, le
Québec bénéficiera des gens d'affaires via leur esprit entrepreneurial, leurs
dépenses discrétionnaires via les taxes à la consommation et ainsi que leur résilience
financière. Il y a une valeur nette élevée, personnelle, supérieure à la
moyenne nationale. Stimuler la catégorie des gens d'affaires en général, et les
investisseurs en particulier, peut contribuer à stimuler l'innovation et la
création d'emplois dans la province.
Après avoir examiné le programme
d'immigration destiné aux investisseurs au sein de la fédération canadienne et
à travers le monde, nous en venons à la conclusion que le programme
investisseur revisité par le gouvernement au pouvoir ne semble pas réellement
compétitif et propose surtout une volonté mitigée du gouvernement d'attirer les
gens d'affaires francophones au Québec. Comme vous le savez, depuis 1991, le
Québec possède des pouvoirs distincts en matière d'immigration. Aujourd'hui,
ses pouvoirs font rougir plusieurs autres provinces qui aimeraient sélectionner
leurs immigrants économiques. Avec un tel pouvoir, nous avons le devoir envers
notre société de repousser les limites et d'innover dans nos programmes
destinés aux investisseurs. Le Québec possède tous les outils et les mécanismes
dont nous avons besoin pour accroître notre attractivité.
• (12 h 20) •
Avec des seuils projetés dans cette
catégorie de seulement 450 personnes, soit environ une centaine de
familles, nous croyons qu'il serait préférable d'être plus audacieux envers ce
profil qui est mondialement convoité. Les recommandations que nous avons
formulées dans notre mémoire visent à soutenir le gouvernement dans
l'assouplissement de certaines de ces conditions. Ce sont des propositions
simples à mettre en œuvre qui pourraient permettre de doubler, voire tripler
l'objectif annuel pour cette catégorie, tout en maintenant la priorité du
gouvernement en matière d'immigration économique francophone. On peut se poser
la question : Y a-t-il trop d'investisseurs francophones au Québec? À
partir de notre mémoire, voici trois exemples d'assouplissement que nous
proposons : Assouplir le niveau de français à un niveau 5;
sélectionner les candidats dont le conjoint a atteint un niveau oral sur
l'échelle québécoise des compétences en français; éliminer la partie non
remboursable de l'investissement de la donation du gouvernement du Québec
lorsque le candidat maîtrise le français.
Nous saluons la décision du gouvernement
d'accorder un permis de travail ouvert aux investisseurs ayant obtenu un
certificat de sélection...
M. Tessier (Samuel) : ...du
Québec. Cependant, nous estimons que le gouvernement devrait encourager les
investisseurs à choisir le Québec, plutôt que d'ajouter des conditions
supplémentaires de présence physique obligatoire, qui auront pour effet
d'alourdir le programme et de prolonger les délais totaux vers l'obtention de
la résidence permanente. En ce mois de septembre 2023, les délais de traitement
actuels pour cette catégorie, soit les gens d'affaires sélectionnés par le
Québec, s'élèvent à une période de 62 mois, délais débutant après
l'obtention d'un certificat de sélection. Cette attente représente un délai
trois fois et demie plus élevé que ceux projetés dans la catégorie des
travailleurs qualifiés choisis par le Québec. Nous croyons que les délais sont
un enjeu majeur pour l'attractivité des gens d'affaires au Québec.
Par conséquent, il est impératif que le
gouvernement mette en place des mécanismes de surveillance et d'alignement
entre les objectifs de sélection et d'admission. En maintenant des seuils
d'admission aussi bas, nous forçons délibérément des familles, préalablement
sélectionnées par le ministère, à attendre. Il est légitime de remettre en
question la pertinence même de ces seuils d'admission, étant donné les
compétences du Québec en matière de sélection à l'immigration. Ne serait-il pas
dans l'intérêt de toutes les parties concernées que les candidats sélectionnés
par le Québec bénéficient d'un délai d'admission, au fédéral, le plus court
possible, peut-être par le biais d'un processus d'admission en continu?
Actuellement, plus de
10 000 personnes ayant rempli les conditions du gouvernement,
réaliser leur investissement, détiennent un certificat de sélection dans la
catégorie des gens d'affaires, mais les seuils totaux d'admission projetés pour
la catégorie, entre 2024 et 2027, ne s'élèvent qu'à 2 650. Nous sommes
préoccupés de voir continuer la tradition des délais excessifs auprès des investisseurs
internationaux, nuisant à la réputation et à l'attractivité des investisseurs
internationaux au Québec.
En conclusion, au nom de notre équipe, je
tiens à vous remercier pour la gratitude et l'opportunité de présenter ce
mémoire important devant vous, aujourd'hui, et restons à votre disposition pour
répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. Alors, ça met la
table pour les discussions avec les parlementaires. Alors, je vais commencer du
côté du gouvernement avec une période de 12 min 45 s Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci, messieurs. Merci à vous deux de
prendre part à cet exercice démocratique, de venir nous partager votre vision,
particulièrement pour ce qui a trait, là, aux immigrants investisseurs. Je
commencerai en vous remerciant en fait de votre appui dans le cadre de votre
mémoire, là, où vous affirmez que le Québec devrait être la destination de choix
sans équivoque pour les francophones s'expatriant à travers le monde. Alors, on
a des vues convergentes. Effectivement, on croit que notre caractère
francophone peut constituer un point d'attraction important pour les personnes
immigrantes, particulièrement les investisseurs.
Parce que vous savez, en fait, la
connaissance, la maîtrise du français, c'est quand même une clé, un facteur de
réussite de tout processus d'immigration pour quelqu'un qui vient s'établir au
Québec. Alors, c'est important pour nous de refléter l'importance qu'occupe la
langue française dans le cadre des processus d'immigration, incluant ceux qui
concernent les investisseurs. C'est bénéfique d'une part pour l'économie, mais
c'est bénéfique aussi pour la langue française puis le développement du Québec
dans son ensemble. Et malheureusement, bien, le programme des investisseurs qui
existait avait pour effet de perpétuer la perception qu'on pouvait immigrer au
Québec en tant qu'investisseur sans avoir à connaître le français, sans avoir à
maîtriser la langue commune. Et ça a généré, bon, l'arrivée de plusieurs
personnes dont un très faible pourcentage maîtrisait le français dans le cadre
du programme des investisseurs. Il y avait aussi, même en parallèle, une très
faible proportion de gens investisseurs qui s'établissaient au Québec.
Donc, on a voulu vraiment réformer les
programmes pour faire en sorte que le français soit au cœur des exigences que
l'on allait mettre en place et qu'il y a un réel projet d'établissement au
Québec également qui accompagne la démarche des personnes immigrantes à titre
d'investisseur. Et puis maintenant, ce qui est intéressant, c'est qu'avec
Francisation Québec on a la possibilité de franciser les gens en amont avant
même qu'ils n'arrivent au Québec. Donc, ça, ça ouvre aussi des perspectives
intéressantes où les gens, alors qu'ils se préparent à immigrer, peuvent
commencer à prendre des cours de français via Francisation Québec. Donc, ça,
c'est un outil important dont on dispose et qu'on voudra explorer, exploiter
avec son... jusqu'à son plein potentiel.
Aux pages 10 et 11 de votre mémoire,
là, vous faites mention des avantages qu'il y aurait pour le Québec à avoir des
investisseurs, entrepreneurs et étrangers, et je me demandais ce que vous
pensiez en fait du volet qu'on a développé dans notre réforme des programmes
économiques, le volet, en fait, qui concerne le repreneuriat. Donc, on veut que
l'immigration soit un des...
Mme Fréchette : ...des canaux
qui puissent être utilisés pour assurer la reprise d'entreprises québécoises.
On sait qu'il y a un très grand nombre d'entre elles qui vont avoir besoin de
relève, et, bon, si c'est possible, d'aller chercher des gens depuis l'étranger
pour contribuer à la relève de ces... au repreneuriat de ces entreprises, des
PME souvent, j'aimerais savoir si ce que l'on a formulé comme proposition, ça
vous semble aller dans le bon sens.
M. Côté (Alex) : Que j'avais
à faire, en fait, c'est que nous, on aime appliquer des concepts de finance à
des programmes d'immigration économique comme celui-ci. Et donc c'est important
d'avoir une offre de programmes d'entrepreneurs, une offre de programmes
investisseurs compétitifs. Donc, évidemment, les profils de gens comme pour la
finance, il y a des gens qui ont une capacité à prendre du risque plus élevé
que d'autres personnes et il y a d'autres gens aussi qui ont une capacité
financière à être capables de prendre plus de risques vis-à-vis d'autres
individus. Donc, on croit qu'un programme de repreneuriat, ça fait du sens.
Mais il faut garder en tête, il y a des gens qu'un... ce certain niveau de
risque là de reprendre une entreprise, de faire un investissement où le capital
et complètement à risque, ce n'est pas fait pour tout le monde. Donc, en fait,
nous, on est plus sur une approche que, la balance dans l'offre d'immigration,
il faut prendre en considération qu'un investissement passif, comme l'achat
d'un bon du Trésor IQ Immigrants Investisseurs, peut plaire à beaucoup de gens.
Il y a aussi beaucoup de candidats qu'on rencontre que, dans le passé, eux,
déjà, le périple vers le Québec, c'est un grand saut, déjà qu'il va avoir un
coût d'établissement, bien sûr, acheter une maison, la meubler, envoyer les
enfants dans un nouveau cadre. C'est sûr que se lancer en même temps dans une
aventure entrepreneuriale, ce n'est pas pour tout le monde.
M. Tessier (Samuel) : Puis,
si je peux complémenter avec ça, bien, en fait, on adresse aussi sur les
délais. Justement, là, il y a une position à prendre, parce que d'orchestrer
ces transactions corporatives là de rachats d'entreprises avec des délais de
62 mois, bien, évidemment, c'est très risqué pour le candidat de se voir
refuser à la fin à l'admission et, également, bien, ça peut le contraindre dans
son investissement. Donc, on invite le gouvernement à réfléchir, là, aux délais
qui vont évidemment poser des défis, là, dans ces dossiers-là.
Mme Fréchette : Et on s'est
assurés, également, de veiller à ce qu'il y ait des experts en la matière qui
accompagnent les investisseurs immigrants de telle sorte qu'il puisse y avoir,
justement, une bonne expertise qui soit mise à profit, à contribution pour la
réalisation du projet. Qu'est-ce que vous verriez, vous, comme réseau à
approcher pour faire connaître nos mesures en lien avec l'immigration
d'investisseurs, d'entrepreneurs? Il existe des réseaux d'affaires à l'échelle
internationale. Donc, est-ce qu'il y en a parmi lesquels vous êtes déjà actifs?
Est-ce que vous en connaissez que vous voudriez mettre à profit? Si vous étiez
à notre place, là, qu'est-ce que vous auriez comme approche pour sensibiliser
les gens à l'existence de ce programme-là? Puis qui vous approcheriez?
M. Tessier (Samuel) : Je
pense que, dans le passé, en fait, depuis 1986, la création du programme
investisseur, il y a eu un partenariat public-privé entre les banques et les
intermédiaires, les fiducies canadiennes et québécoises, ayant maintenant un
siège au Québec, étant obligatoire, là, pour faire partie des intermédiaires.
Donc, c'est des groupes financiers internationaux qui ont des places d'affaires
dans différents pays, qui sont d'excellents ambassadeurs pour le Québec, faire
la promotion de ces investisseurs, qui sont souvent leurs clients, et donc,
étant des organismes réglementés au Québec par les marchés financiers,
également, assure une conformité des dossiers et assure un suivi, là, adéquat
des dossiers, et donc peuvent être sanctionnés, étant, évidemment, des
entreprises ayant siégé au Québec, donc plus facilement contrôlables pour le
gouvernement. Donc, c'est un excellent réseau de distribution qu'on pense qui
devrait être exploité davantage.
• (12 h 30) •
M. Côté (Alex) : C'est sûr
que, pendant la période de quatre ans, il y a eu un moratoire pour le programme
et le réseau de distribution. Donc, les détaillants qui sont des consultants
réglementaires en immigration au Québec, des avocats ou des notaires qui
oeuvrent à titre onéreux, c'est sûr que l'immigration pour les entrepreneurs durant
cette période-là, c'est des programmes qui ont enlevé, en fait, du menu. Donc,
concrètement, les gens se font proposer différentes destinations dans une
approche-conseil d'où ils devraient aller, c'est où qu'ils vont faire le saut
pour s'établir. Et, pendant les quatre dernières années, ça a été enlevé, en
fait, de l'offre du réseau de détaillants. Donc, il faut recommencer à en
parler. Nous, on croit fortement aux partenariats public-privé, on croit que
cela a très bien fonctionné pour distribuer le programme. Mon commentaire
personnel, ce serait de... voilà, de refaire des brochures pour parler de ces
différents programmes là, voilà, le matériel qui existe en ce moment est très
ancien, je pense que ça date de 2009, donc, ça serait des choses à revoir, et
parler aussi au bureau du Québec qu'on a à Rabat ou à l'étranger, dans
différentes places. On a rencontré, justement, un des individus au mois de mai,
là, et, tu sais, c'est sûr que le personnel local devrait...
12 h 30 (version non révisée)
M. Côté (Alex) : ...comprendre
ces programmes-là est capable d'en parler et ensuite prendre action et référer
les gens aux prestataires qui vont être capables de les aider à entamer leurs
démarches.
Mme Fréchette : Merci
pour vos propositions. Je partagerai la parole avec des collègues. Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, la... c'est pour la
députée d'Iberville. Merci. Alors, pour une période de 4 min 35 s
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Moi, je voulais parler un petit peu de la réalité
de la rétention et de l'intégration de la catégorie des gens d'affaires
particulièrement. On sait que c'est souvent là qu'on a eu des défis dans le
passé. Selon vous, comment on pourrait mieux structurer le tout?
M. Côté (Alex) : Bien,
selon moi, en fait, en imposant un test de langue... de langue standardisé pour
le français de niveau intermédiaire avancé, on vient prendre soin de la
rétention. Parce que si on le voit dans les données du ministère, on voit que
les gens qui maîtrisent le français à l'oral ont vraiment une forte rétention
au Québec. Donc, selon moi, il y aurait eu plein de façons d'assurer la
rétention des gens d'affaires de différentes façons. En demandant un test de
français afin d'obtenir un CSQ et le droit de résidence, selon moi, va régler
en grande partie la... voilà, les problèmes de rétention.
Mme Bogemans : Avez-vous
été témoin ou avez-vous assisté certaines personnes qui sont déjà ici dans
cette catégorie-là, qui avaient besoin de plus d'aide ou de mesures
structurantes?
M. Tessier (Samuel) : Tout
à fait. On a accompagné plus de 150 familles, là, dans cette catégorie-là
à s'établir au Québec, en majorité francophone, mais également beaucoup d'allophones
qui ont... qui appris le français eux-mêmes, leur conjoint, conjointe et leurs
enfants, là, dans des établissements scolaires au Québec. Donc, tous ces gens-là
ont appris le français. Et puis peut-être je compléterais, là, la réponse de
mon collègue en disant que, bien, en fait, il peut y avoir deux volets dans ces
programmes-là, donc deux volets, tant un volet francophone, donc avec des
conditions attractives pour les francophones et également un volet de
francisation où c'est des gens qui vont venir se franciser au Québec, donc qui
sont conscients de la notion de l'apprentissage du français et s'engagent à
apprendre le français, là, sur une certaine période de temps. Donc, voilà.
Mme Bogemans : Super! Au-delà
du français, pour bien démarrer la vie ici, il y a quand même justement toute l'inscription
à l'école. La reconnaissance de certains acquis doit être moins le cas des
entrepreneurs, mais quand même, faire sa place, aller chercher les bons permis,
tu sais, se retrouver aussi dans tout ça, est-ce que vous trouvez que les gens
sont bien outillés à leur arrivée ici?
M. Côté (Alex) : Effectivement,
on parle des candidats qui ont une valeur nette deux fois supérieure de la
moyenne des Québécois. Et donc, bon, je suis... Ils sont bien conseillés, avec
un bon entourage de professionnels qui sont capables de les aider, et, selon
moi, c'est des gens qui sont prêts à payer pour ces services-là. Donc, je ne
pense pas que c'est un enjeu. On parle plus d'une qualité de candidats et d'une
quantité. Et donc, je... Voilà, je n'ai pas... Je n'ai pas de commentaires
contre ça.
Mme Bogemans : Avez-vous
certaines mesures qui pourraient favoriser la régionalisation de ces gens d'affaires
là?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
en fait, historiquement les capitaux générés par le bon du Trésor allaient en
région. Donc, avec un volume d'environ 2 000 dossiers par année, là,
ces investissements-là allaient dans des PME, huit fois sur 10, manufacturières
en région. Donc, on considère que c'est un programme qui était excellent en
termes de retombées économiques. Après, bien, c'est des gens d'affaires qui ont
un certain style de vie, qui bougent beaucoup plus que la moyenne, qui ont des
entreprises à gérer dans différents pays. Donc c'est difficile de les attacher,
de les ancrer à un seul endroit. Cependant, dans beaucoup de cas, leurs
familles, elles, sont établies au Québec. Et donc l'applicant principal, bien,
peut... peut être plus mobile, mais la famille, voilà, est assujettie à la loi 101,
évidemment, et vont souvent dans des écoles en français.
M. Côté (Alex) : En
fait, le financement de l'immigration et l'intégration en emploi, donc les
effets économiques structurants du programme supportent l'immigration et l'intégration
en contexte de rareté de main-d'œuvre et redistribuent les surplus de
tarification des immigrants envers d'autres programmes immigrants économiques.
Donc, on a le programme immigrant investisseur aide à l'entreprise qui est une
solution de financement d'Investissement Québec. Eux déploient les fonds à des
PME. Et on a aussi le programme PRIIME qui aide l'intégration dans le marché du
travail pour des minorités. Et donc, voilà, les revenus d'intérêts générés par
ces bons du Trésor là financent ces programmes-là. Donc, voilà, c'est une... c'est
une façon d'utiliser des candidats qui sont fortunés, qui sont aisés pour
ensuite financer d'autres programmes avec l'argent qui est généré, voilà, des
investissements.
Mme Bogemans : Parfait.
Tantôt, justement, on parlait de repreneuriat. C'est... Vous le ramenez sur le
sujet. Ça, c'est une mesure concrète. Mais avez-vous d'autres mesures qui
pourraient favoriser les gens qui sont ici à faire du repreneuriat en
entreprise?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
je pense que, dans beaucoup de cas, notamment sur le programme investisseur,
les gens veulent une certaine assurance tranquillité d'esprit dans le cadre de
leur immigration. C'est un grand choix, de se relocaliser, là, toute la
famille, dans une nouvelle géographie d'adoption. Et donc ils ne veulent pas
nécessairement attacher un projet commercial à leur projet d'immigration.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...beaucoup. C'est ce qui met fin à la première partie
d'échanges. Je me tourne du côté de l'opposition pour neuf minutes
34 secondes. Le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci. Bonjour à
vous deux. On s'est vus en 2019. Quelques années plus tard, juste avant de
commencer, je sais que vous avez beaucoup, beaucoup parlé des incidences du
changement... En fait, il y a le PEQ, mais il y avait vous aussi, ce que vous
représentez. Parlez-nous, en termes économiques, les pertes de ce programme?
Parce que je suis très familier avec les programmes que vous avez dit, c'est
des entrepreneurs qui mettaient de l'argent, et l'argent généré
qu'Investissement Québec prend finance l'innovation dans les PME et finance
aussi des stages rémunérés pour des gens qui viennent au Québec, notamment un
programme que le gouvernement libéral a lancé, pour permettre à des jeunes de
commencer leur travail leur intégration au marché de travail. Donc, juste, si
vous voulez... si vous avez une idée sur ce que le Québec a perdu les quatre
dernières années ou les cinq dernières années.
M. Côté (Alex) : Oui, c'est
difficile à chiffrer. Évidemment, on n'a pas une analyse qui a été faite à ce
niveau-là. On le sait, on l'a cité dans notre mémoire, Aviseo Conseil a
présenté, là, une analyse d'impact économique du programme investisseur pour
2009 à 2019, qui présentait, en fait, environ 1 milliard de dollars de
rendements générés pour les prêts immigrants investisseurs, qui reflétait
environ 1,5 milliard de retombées économiques et 17 000 emplois
qui ont été supportés ou créés.
M. Derraji : 1 milliard,
c'est sur combien de... sur combien, la période?
M. Côté (Alex) : Sur
10 ans, de 2009 à 2019. Et donc... Donc, en fait, ce programme-là, disons,
les pertes qui ont été faites, ça générait environ 45 millions de
dollars de contributions financières non remboursables pour des PME, à
80 % dans le secteur manufacturier, à 86 % à l'extérieur de la grande
région métropolitaine de Montréal. Et donc ça aidait des PME dans des projets
de modernisation ou d'expansion de leurs procédés. Donc, à
45 millions de dollars, c'est presque 400 à 500 PME,
dépendamment, là, du projet et du montant qui était octroyé par Investissement
Québec. Et ça, c'est par année.
M. Derraji : O.K. J'ai cru
comprendre, en lisant votre mémoire, que les objectifs de seuil d'admission
pour les gens d'affaires proposés pour la période 2024, donc celle que
nous sommes en train d'étudier, sont insuffisants. Vous venez de parler des
pertes économiques, et tout. Comment cela pourrait affecter le Québec à long
terme?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
en fait, c'est des... c'est différents programmes qui vont perdre leur
financement par... voilà, par la perte de ces investisseurs-là. Puis également,
bien, il y a des retombées, il y a différentes analyses, dont Aviseo, qui ont
fait des analyses sur l'impact économique de ces personnes au Québec par la
suite. Donc, ce n'est pas seulement leur investissement, évidemment, il y a une
retombée économique, là, directement du bon du Trésor au moment de leur arrivée
au Québec, l'obtention du CSQ, mais également c'est des familles qui ont des
valeurs nettes supérieures à la moyenne nationale qui vont s'installer au
Québec et donc contribuer à l'économie québécoise de différentes façons. Et, si
je rebondis sur la question précédente, bien, c'est des gens, donc, qui vont
pouvoir acheter des entreprises, en effet, et réaliser des investissements
consistants au Québec. Cependant, ils n'ont pas nécessairement désiré, là,
attacher leurs investissements à leur projet commercial.
M. Côté (Alex) : Et les
délais, donc, avec 400... Pour revenir sur la question sur les seuils
d'admission, on croit qu'on... il y a un inventaire d'environ 10 000 d'ici
2024, 10 000 personnes, qui... c'est l'arriéré qui a été créé étant donné
qu'on a trop sélectionné et on n'a pas admis assez des gens d'affaires. Et
donc, si on regarde avec un seuil de 450 personnes, on a
10 000 personnes qui attendent, voilà, ça ne prend pas là... voilà,
on a fait les calculs, on parle de 20 ans de temps d'attente si c'est ça,
les seuils qui sont devant nous.
• (12 h 40) •
M. Derraji : 20 ans.
M. Côté (Alex) : Bien, si...
Je crois, selon les informations qu'on a, on a un article d'avril 2023 qui
parle d'environ 12 000 personnes qui attendent. Si on regarde les
seuils de cette année, les seuils de l'année prochaine... Peut-être que 450 en
admission, c'est seulement le nouveau programme, et on ne comptabilise pas
l'arriéré de 10 000 personnes qu'on a, mais on s'attend...
M. Derraji : Mais, sérieux,
sérieux, parce qu'on commence à voir des chiffres de 20, 25 ans, ça dépend
de la catégorie, mais, excusez-moi, c'est au-delà des autres catégories, je ne
fais pas, maintenant, de différence, mais je ne connais aucun entrepreneur ou
un investisseur sérieux qui va attendre 20 ans avant de venir. Déjà que
vous l'avez dit très bien dans votre présentation, écoutez, là, les gens, ils
vont ailleurs. Donc, si la volonté, c'est aller vraiment voir
l'entrepreneuriat, voir des entrepreneurs qui viennent investir chez nous et
utiliser les leviers économiques qu'on a... Parce que le Québec est une société
distincte, on est maître de l'immigration économique. J'ai de la misère à voir
vraiment...
M. Derraji : ...si on est en
train de tout mettre pour carrément fermer le programme. Parce que, quand tu
vas me dire 20 ans, c'est une manière polie de me dire : Bien, tu
sais quoi, là? Cherche ailleurs.
M. Côté (Alex) : Donc, en
fait, c'est dommage parce qu'effectivement, autre que le prix du programme, les
délais, c'est l'autre grand enjeu des programmes comme ça. Comme vous l'avez
dit, les gens d'affaires, les investisseurs s'attendent à un traitement quand
même, disons, comparable mais, idéalement, plus rapide que d'autres programmes.
Et donc l'attractivité du programme est affectée, dans la nouvelle mouture, est
affectée par le prix, selon nous, et aussi les délais. Donc, il faut... Voilà,
il faut traiter l'arriéré dans les meilleurs délais qui est là et s'assurer,
là, de... les nouvelles personnes qui vont embarquer dans le programme qui vont
rentrer dans les orientations du gouvernement en s'exprimant en français, en
maîtrisant le français à l'oral vont être capables de se faire traiter d'une
façon raisonnable.
M. Derraji : Sentez-vous bien
à l'aise de répondre. Pourquoi, selon vous, on continue à ne pas assouplir les
règles pour les entrepreneurs? Avez-vous en tête une raison que le programme
fonctionnait?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
il semble que ça fonctionnait, mais les orientations, là, au niveau de la
rétention et de la francisation de ces catégories-là, elles semblaient être la
préoccupation qui a fait mettre un frein au programme. Aujourd'hui, en revenant
avec une nouvelle mouture, qui est peut-être mieux alignée avec la vision du
gouvernement de l'immigration francophone, on reste sur le point que
l'attractivité... le problème majeur de l'attractivité seront les délais. Donc,
on peut être très sélectif et mettre la barre très haute à ces gens d'affaires
là. Cependant, si on est compétitif au niveau des délais, on pense qu'on peut
rester attractif, là, pour...
M. Derraji : Donc, si j'ai
bien compris, il n'y a pas d'enjeu au niveau de la francisation, donc on peut
choisir en fonction de ce qu'on veut. On n'a pas parlé de la remboursabilité,
de la «donatation»... de la donation, désolé, «donatation», de la donation.
J'aimerais bien qu'on se parle. Donc, le vrai problème, encore une fois, c'est
les délais qui permettent... qui ne permettront pas à ces gens de venir assez
rapidement ou bien carrément lâcher prise par la suite.
M. Côté (Alex) : Exactement.
Donc, les consultants réglementaires en immigration, les avocats, les
intermédiaires financiers vont partager le fait que, écoutez, il y a un arriéré
de 10 000 personnes, quand vous parlez à vos clients. Voilà, ça va être des
délais qui vont être très longs. Et c'est quelque chose à partager aux clients.
Évidemment, les clients veulent savoir c'est comment que le processus
fonctionne, combien que ça va me coûter, combien de temps, ça fait partie...
C'est essentiel dans leur processus décisionnel.
M. Derraji : À l'époque,
quand vous étiez là en 2019, l'ancien ministre de l'Immigration parlait juste
d'une certaine clientèle, et le programme avait beaucoup, beaucoup de messages
très négatifs. Écoutez, les gens achetaient leur résidence, venaient au Québec
juste pour avoir les papiers qui étaient par la suite. Vous répondez quoi
aujourd'hui à ces gens qui disaient ça en 2019?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
la rétention qu'on voit chez les francophones est élevée, je pense que c'est
des gens qui peuvent contribuer, ils peuvent faire le choix de s'établir au
Québec, en effet, et contribuer. Certains vont quitter, comme dans d'autres
catégories, vont va venir et rebrousser chemin, mais la majeure partie de ces
gens-là vont contribuer au Québec et s'établir à long terme, eux et ainsi que
la deuxième génération, donc leurs enfants, et qu'ils seront tous des
contributeurs francophones fortunés, souvent hautement scolarisés au Québec.
M. Côté (Alex) : Et, en fait,
moi, ma réponse, c'est qu'il y aurait plusieurs mécanismes pour assurer la
rétention. En comprenant que le fondement du programme était pour les
allophones quand il a été créé en 1986, il y aurait eu beaucoup de mécanismes à
mettre en place pour assurer une rétention et ne pas avoir les gens qui...
voilà, qui faisaient de la fausse représentation, qui quittaient vers d'autres
provinces. Ceci étant dit, les gens attendaient quand même 5 à 6 ans pour
leur résidence permanente, donc c'est... voilà. Ça aussi, ça fait partie de
l'enjeu de la rétention, les gens attendaient très longtemps pour leur droit de
résidence. Les choses changent en 5 à 6 ans.
M. Derraji : Donc, au-delà de
la langue, de la donation, des critères, si on ne baisse pas les délais de la
résidence permanente, on n'arriverait pas à garder ces entrepreneurs au Québec,
même s'ils souhaitent acheter une entreprise ou devenir actionnaire minoritaire
ou majoritaire dans une entreprise, peu importe laquelle on... peu importe
l'entreprise en région?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
on ne voit pas la direction de revenir vers les 2 000 familles qu'on avait
dans le passé. Cependant, en mettant des conditions attractives pour les
francophones, voire potentiellement enlever la fameuse donation, réduire le
montant d'investissement et réduire les délais va faciliter l'accueil de
francophones et donc mousser ce programme-là auprès d'une communauté
francophone afin d'arriver avec quelques centaines de candidats annuellement.
M. Derraji : On parle de
combien à peu près? Vous autres, vos projections.
M. Côté (Alex) : Bien, selon
moi, si on suit les recommandations... en fait, il y a potentiellement d'autres
à regarder, mais on pourrait espérer à 300 familles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé.
M. Derraji : Merci à vous
deux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Cette portion est terminée. Merci beaucoup. Avant de passer
la parole au député de Saint-Henri Sainte-Anne, je voulais juste mentionner aux
parlementaires s'ils... la présentation qu'ils ont faite, elle est disponible
sur Greffier. Alors, M. le député...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...vous avez une période de 3 min 11 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Je vais continuer dans la même direction, là, juste pour que ce soit
très clair pour tout le monde. On a consulté le document de consultation, en
fait, c'est le seul qui avait des chiffres sur les arriérés dans votre
catégorie, c'étaient les gens d'affaires, on dit : «Ce nombre est passé de
19 500 personnes au début 2020 à 15 400 en fin 2022.
Ensuite, si on regarde le plan d'immigration 2023, on avait jusqu'à 1 500 admissions
pour 2023. Et si on regarde le plan de 2024, 1 300. Bon. Ça veut dire que,
quand on arrive en 2025, là c'est si aucun nouveau CSQ n'est émis, si le
programme reste fermé, là, grosso modo, ça fait 12 600 à peu près
dossiers. Et si on divise par 450 dossiers par année, ça fait 28 ans,
28 ans de délais de traitement. Et ça, c'est si le programme reste fermé,
parce que si on ouvre puis que ce chiffre-là monte à 15 000, bien, on va
être rendus à 35 ans. Je sais qu'IRCC sur son site Web parle de
62 mois de délais. On comprend que ce ne sera pas 62 mois de délais,
là, on comprend que ça va être probablement beaucoup plus que ça.
À mon avis, c'est absolument inacceptable
qu'on ait des programmes d'immigration qui durent des décennies. Des décennies
d'attente, ça ne se peut pas. Et je me demande et je vous demande : Est-ce
que ça, ça a un impact sur la réputation du Québec à l'international, d'offrir
des programmes d'immigration qui durent 30 ans?
M. Tessier (Samuel) : C'est
certain que ces délais-là qu'on constate à l'admission partent suivant donc la
sélection de ces candidats-là, donc leur investissement. Donc, ils ont réalisé
le dépôt auprès du bon du Trésor de 1,2 million de dollars. Et
ensuite le Québec les fait attendre, en effet, là, plus de cinq ans, voire
plus. Donc, en effet, c'est un problème, là, pour la réputation du Québec à
l'international de récupérer les sommes de ces gens-là, de prendre un
engagement social et ensuite de les faire attendre pendant une décennie. Tout à
fait.
M. Côté (Alex) : Et
j'aimerais juste complémenter que, si on mise sur la pérennité et la vitalité
du français en utilisant l'immigration, bien, évidemment, on ne recommande pas
de garder la suspension de la période de récession de demande pour la
sous-catégorie investisseurs. Ceci étant dit, il faut prendre action sur les
admissions et augmenter ces seuils-là.
M. Cliche-Rivard : Parce que
c'est ça, même si on l'ouvre, puis que vous dites à vos clients que ça va
prendre 30 ans, je veux dire, on peut bien l'ouvrir, le programme, il
n'est pas ouvert pour vrai si on dit que ça va prendre 30 ans, il est
faussement ouvert, quoi.
M. Tessier (Samuel) : Ça
s'applique également aux autres catégories. Donc, on parlait du problème des
repreneurs, bien, si ce défi-là n'est pas adressé, les repreneurs vont avoir
beaucoup de défis à obtenir une carte de résidence permanente, même s'ils
achètent une entreprise consistante au Québec.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que repreneurs, entrepreneurs, travailleurs autonomes, investisseurs, tout ce
monde-là est dans le même bateau, là.
Donc, on définit des programmes, on fait
les modifications réglementaires, il va y avoir des équipes, ou il y a des
équipes qui ont travaillé là-dessus, il y a une gazette officielle, on débat de
ça, il y a des guides pour un programme d'une personne qui va arriver dans
30 ans dans ce nouveau programme-là.
M. Côté (Alex) : En fait,
quand on a lu le cahier de consultation, on se disait : Peut-être qu'il y
avait une erreur ou peut-être qu'on ne les comptabilisait pas.
M. Cliche-Rivard : On s'est
dit la même chose dans les autres catégories.
M. Côté (Alex) : Il y a
peut-être quelque chose, mais il faut l'adresser. Dans notre mémoire, on a une
recommandation d'augmenter les seuils d'admission pour clairer l'arriéré qui
est dans le programme.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. Tessier, M. Côté pour l'apport
à nos travaux. Il me reste à vous souhaiter une bonne fin de journée. Et je
suspends les travaux de la commission jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît. La Commission des relations
avec les citoyens reprend donc ses travaux. Nous poursuivons les études
publiques... les audiences publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation intitulée La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2024-2027. Cet après-midi, nous entendrons donc les
personnes et les organisations suivantes, Mme Amélie Huot-Orellana qui est
devant moi, ainsi qu'Amnistie internationale Canada francophone, et nous allons
terminer par Me Maxime Lapointe. Alors Amilie, si vous me permettez votre
prénom, Amilie, bienvenue à la commission. Alors vous allez disposer d'une
période de 10 minutes pour présenter ce que vous avez en tête par rapport au
cahier de consultation. Et nous allons poursuivre avec des discussions qui vont
se faire avec les parlementaires. Alors, le temps est à vous à l'instant.
(Visioconférence)
Mme Huot-Orellana (Amélie) :
Parfait. Merci beaucoup de m'avoir invité, chers membres de la commission
et de l'Assemblée nationale. Et donc, comme dit précédemment, je m'appelle
Amélie Huot-Orellana. J'ai 23 ans, j'étudie en génie civil. Je suis la fille d'une
immigrante latino-américaine, du Honduras plus spécifiquement, et je suis aussi
polyglotte. Donc je m'adresse à vous en tant que simple citoyenne. Je suis
interpellée par certains des changements qui apparaissent dans le nouveau
cahier de la planification. Et donc je voudrais plus spécifiquement parler de
mes craintes par rapport à l'orientation no 1. Et ensuite je vais vous
donner en vrac certains petits éléments qui apparaissent, bien, des idées qui
apparaissent partout dans le cahier de consultation que je supporte.
Donc, par rapport à l'orientation no 1,
donc, c'est celle par rapport à... le rehaussement des niveaux de personnes qui
parlent déjà français en arrivant au Québec pendant l'immigration économique.
Donc, ce que je voyais, c'est que de 2013 à 2022, on avait 66.9 % des
immigrants économiques qui déclaraient connaître le français. On veut monter ce
niveau en 2027 à 79 %... jusqu'à 77 %, 79 %. Mais ça implique
que 96 % des requérants principaux parleraient déjà français en arrivant
ici.
Mais mes craintes sont surtout par rapport
au niveau de français exigé. J'en ai... De ce que je vois, ça varie grandement
dépendant du programme, mais ça varie entre le niveau 5 et le niveau 7,
ce qui est très élevé. Je dis ça en me basant sur ma propre expérience en tant
que personne qui a appris des langues et avec... dans des contextes scolaires
surtout. Donc, au secondaire, j'avais des cours d'espagnol obligatoires. Tout
le monde, tout le monde dans ma cohorte, c'était une école de filles, donc je
vais parler au féminin, on a toutes suivi cinq années de cours d'espagnol avec
des professeurs compétents. Mais on avait des évaluations récurrentes écrites,
orales. Et malgré tout, après cinq ans d'apprentissage régulier, la majorité
des filles ont passé un examen de niveau... La... C'était un examen de niveau B1,
donc la certification officielle espagnole de niveau B1 qui correspond au
niveau 6 dans la classification québécoise. Donc ce n'est pas assez pour
certains programmes, déjà, d'immigration économique. Donc, c'est ça.
Pour moi, c'est... Donc, c'est très élevé
quand même. Cinq ans c'est beaucoup de travail. Et si ce n'est pas assez pour
venir ici, c'est quand même... Je trouve que c'est... Je trouve que c'est un
niveau élevé essentiellement. Ensuite aussi, j'ai suivi des cours d'allemand. J'ai
suivi cinq cours... cinq sessions de cours au cégep. Et à la fin de ces cinq
cours, si j'avais un niveau 4 ou un niveau 5, c'était déjà beaucoup.
Je n'ai pas suivi de... Je n'ai pas fait d'examen officiel. Donc, je ne sais
pas exactement à quel niveau j'étais, mais ça fait trois ans que j'ai arrêté,
et mon niveau a beaucoup diminué depuis, de même que pour mes collègues qui ont
appris l'espagnol au secondaire et qui maintenant, six ans après, leur niveau d'espagnol
n'est vraiment pas là où il était quand elles ont terminé.
Donc, ce que je trouve, en fait, c'est que
c'est qu'il faudrait avoir plus de flexibilité dans cette orientation pour les
gens qui apprendraient mieux le français en arrivant ici et pour lesquels cinq
ans de cours, bon, cinq ans ou plusieurs années de cours de français à l'étranger
ne sont pas nécessairement une possibilité. Ça prend du temps, ça prend la
dédication et c'est... C'est ça. Je trouve que ça serait peut être mieux d'avoir...
par exemple, de demander un niveau plus bas quand ils appliquent pour venir ici
et qu'ensuite, en arrivant ici, ils puissent suivre des cours... suivre des
cours intensifs ou des... ou avoir, en tout cas, plus de flexibilité pour mieux
approfondir leur français en arrivant ici.
Et une autre idée que j'aurais pour que ça
soit plus...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...facile
pour ces gens-là d'apprendre le français même s'ils n'ont pas nécessairement le
temps, les moyens ou toute la dédication pour le faire à l'étranger, ça serait
déjà d'ouvrir la plateforme Francisation Québec à n'importe qui. De ce que j'ai
vu, pour les cours en autoformation en ligne, c'est seulement pour les gens qui
sont déjà sélectionnés par le gouvernement du Québec qui peuvent suivre des
cours là-dessus, mais on a besoin de bonnes plateformes d'apprentissage de
langue pour des gens qui sont dédiés à apprendre. J'ai essayé d'apprendre
d'autres langues sur des applications, ce n'est généralement pas une très bonne
expérience. Donc, si cette plateforme-là pouvait être ouverte à plus de
personnes, je pense que ça serait plus... ça limiterait moins notre bassin
potentiel de personnes qui seraient... francophones qui pourraient venir ici,
qui auraient le niveau requis. Donc, ça, c'était pour la première orientation.
Ensuite, d'autres idées un peu plus en
vrac, par rapport au programme des diplômés du Québec. J'étudie à Polytechnique
présentement, j'ai énormément d'amis qui sont des étudiants étrangers qui
viennent d'Afrique principalement. Ceux-ci sont arrivés ici pour étudier. Ils
n'avaient pas... la majorité n'avait pas la volonté d'immigrer par la suite,
mais, après quelques années ici, il y en a plusieurs qui hésitent. Donc, en
tant que Québécoise, je pense que ça serait bien qu'on leur... qu'ils puissent
facilement venir ici, si ça leur tente, et de rester ici. C'est en effet un
très bon bassin potentiel d'immigrants. Ils savent comment ça fonctionne ici,
ils connaissent déjà le français, ils ont développé un attachement envers le
territoire, envers notre culture. Donc, je pense que faire descendre des
barrières administratives pour qu'ils puissent appliquer ici et rester à vivre
ici, je pense que c'est bien.
Et enfin, par rapport à la reconnaissance
des diplômes, bien, je pense qu'on devrait effectivement... bien, qu'on devrait
vraiment simplifier la vie aux gens qui arrivent ici avec des diplômes de
l'étranger pour qu'ils se fassent reconnaître. En 2020, j'avais travaillé avec
la Croix-Rouge comme aide de service dans un CHSLD. Dans mon équipe, on avait
trois médecins africains qui, en arrivant ici, n'avaient aucune reconnaissance,
ils devaient faire leurs études en médecine à partir de zéro pour travailler
ici comme docteurs. Donc, j'ai trouvé ça assez absurde. Donc, si on peut avoir
plus de reconnaissance des diplômes pour les immigrants qui arrivent ici avec
tout un bagage éducatif, culturel et qui pourraient travailler déjà dans le
domaine dans lequel ils ont toute cette expérience-là, je pense que ça serait
bien pour le Québec en général.
Donc, en résumé, je vous ai exprimé mes
craintes par rapport à l'orientation 1, qui, je trouve, est vraiment trop
limitant pour les gens qui veulent apprendre le français, qu'ils auraient
besoin d'avoir un niveau très élevé pour pouvoir appliquer selon ces
programmes. J'ai exprimé mon support au programme des diplômés du Québec pour
qu'il soit... ça soit plus facile, en fait, pour les gens intéressés, et, pour
la reconnaissance des diplômes, qu'elle soit facilitée également.
Et je voulais juste conclure mon temps de
parole en disant que la valeur des immigrants économiques, c'est beaucoup plus
que juste les bénéfices qu'ils peuvent apporter à leurs futurs employeurs. Ils
viennent avec des bagages d'expérience, des bagages d'éducation, des savoirs
techniques, des savoir-être aussi, qui sont différents de ceux qu'on a au
Québec, de ce qui est enseigné au Québec. Et donc, pour moi, plus ces gens-là
viennent de partout dans le monde, plus ils ont une diversité d'expériences, et
mieux c'est pour le Québec en tant que tel. Donc, je pense qu'on ne devrait pas
limiter notre bassin d'immigration ainsi à juste des personnes qui proviennent
déjà de pays francophones, là, et qu'on puisse faire que des gens de partout
puissent venir ici, apprendre le français, avant, après, mais que ça... qu'ils
ne soient pas exclus de facto parce qu'ils n'ont pas réussi à atteindre un
niveau assez élevé au moment d'appliquer pour l'immigration au Québec. Donc, ça
va être tout. Merci beaucoup.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Amélie. Je veux juste me permettre de
souligner votre courage d'être devant nous aujourd'hui, hein, c'est quand même
important, un jeune âge, votre engagement aussi, d'être une femme qui prend cet
engagement-là devant nous, aujourd'hui, qui se présente avec ses opinions.
Alors, on va commencer la période d'échanges. Chaque formation a un temps de
parole limité, alors je fais un petit peu la gardienne du temps, mais on va
commencer avec la ministre pour une période de 16... et toute la banquette aussi
gouvernementale pour une période de 16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup, Mme Huot-Orellana. C'est un grand
plaisir de vous recevoir ici. Et merci beaucoup de votre engagement, votre...
Mme Fréchette : ...l'engagement
citoyen dans le cadre de cette commission parlementaire. (s'exprime en
espagnol).
Mme Huot-Orellana (Amélie) : «Gracias».
Mme Fréchette : Vraiment.
Alors, pour nous, c'est important de vous entendre et vous avez une perspective
intéressante, marquée par votre... à la fois votre vécu mais aussi votre cercle
d'amis, à ce que j'en comprends. Alors, bien, permettez-moi, d'une part,
d'expliquer un peu la trame dans laquelle on s'est engagé comme gouvernement,
c'est qu'il y a eu les principaux indicateurs linguistiques de l'utilisation du
français qui ont reflété, l'an passé, une baisse de l'usage du français. Alors,
il y avait nécessité d'adopter des initiatives, des mesures pour faire en sorte
de stopper le déclin du français à travers différentes manières, différentes
mesures, et l'immigration se trouve à être une des mesures que l'on utilise
pour faire en sorte de stopper le déclin du français et, idéalement, de
relancer l'usage du français sur la base des principaux indicateurs
linguistiques. Donc, de là cette volonté d'arriver avec une réforme faisant en
sorte d'imposer des exigences des connaissances du français pour notre
immigration économique.
Maintenant, ça ne veut pas dire qu'on va
s'en remettre qu'à des pays francophones pour, par exemple, le recrutement des
personnes immigrantes. Nous, on y va avec une approche où on va mettre une
attention plus marquée sur les pays de la francophonie et les pays
francotropes. Donc, l'Amérique latine va continuer d'être un bassin de
recrutement important, l'ensemble des pays hispanophones, lusophones vont être
des bassins importants. Donc, c'est sûr que l'Amérique latine, comme on dit,
est sur notre radar. Et on ne veut pas, en fait, éliminer quelques pays que ce
soit dans le cadre de nos missions, nos actions de recrutement, mais c'est sûr
que la connaissance du français va être une exigence plus importante. Et, pour
ça, bien, en fait, on a Francisation Québec, qu'on a mis sur pied depuis le
1er juin dernier et qui offre vraiment une gamme hypervariée de formules
d'apprentissage, que ce soit à temps plein, à temps partiel, de jour, de soir,
en présentiel, en virtuel, en amont, dans... depuis le pays d'origine ou en
entreprise si les gens sont déjà arrivés au Québec. Et la formule en amont,
c'est quelque chose qu'on veut, encore là, valoriser davantage, exploiter
davantage pour faire en sorte de préparer les gens alors même qu'ils sont
encore dans leur pays d'origine à connaître et à maîtriser le français. Donc,
voilà, pour nous, il n'y a pas de mise à l'écart de quelques pays que ce soit.
C'est sûr qu'il y a des régions qui vont être plus prisées, là, pour les
missions de recrutement, mais c'est beaucoup l'Amérique latine et les pays de
la Francophonie.
Par rapport à la francisation, donc...
Bien, en fait, je voulais savoir comment est-ce que vous verriez qu'on puisse
rejoindre, mieux rejoindre des étudiants étrangers pour bien faire connaître ce
qu'offre Francisation Québec. Parce que c'est un bassin de personnes qui sont
ici à titre temporaire, mais dont une grande part voudra devenir permanente. Et
nous, on... bien, en fait, on voit positivement l'idée que des étudiants qui
gradue d'institutions québécoises puissent devenir des résidents permanents.
Donc, c'est sûr que c'est un public qui est important pour nous. Alors, comment
vous verriez qu'on puisse les rejoindre, s'adresser à eux, capter leur
attention et les engager, si c'est requis, dans un processus de francisation?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Là,
vous parlez des étudiants qui sont déjà ici, au Québec, ou à potentiellement
des gens dans les... à l'étranger?
Mme Fréchette : Ça peut être
les deux, parce qu'en amont on doit faire aussi connaître nos programmes, nos
établissements d'enseignement. Puis également ceux qui sont ici, bien, s'ils
ont la volonté de rester à titre permanent, bien, on veut aussi pouvoir
connecter avec eux. Donc, je dirais que ma question, effectivement, s'applique
aux deux dimensions.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Là,
par rapport à ceux qui sont déjà ici, bien, ce que je vois, c'est qu'il n'y a
pas tant besoin de publicité, en tout cas, pour mes amis, tu sais, c'était
juste des sujets de conversation qu'on avait de comment et, finalement, est-ce
que tu veux rester ici ou quoi? Et là je voyais qu'ils hésitaient, mais ça,
c'était juste le Québec en tant que tel, là. Genre : Je suis fière d'être
Québécoise et ça me réchauffe le cœur, là, quand je vois comment est-ce qu'ils
se sentent ici. Donc, là-dessus, je sais... peut-être des kiosques dans les
universités ou dans d'autres établissements, mais je ne peux pas... Ce n'est
pas vraiment là-dedans que j'ai plus des idées, c'est plus par rapport aux gens
qui viennent de l'étranger. Moi, je peux dire...
Mme Fréchette : Donc, est-ce
que... pardon, est-ce que ce sont des gens qui maîtrisent déjà le français ou,
au niveau de la francisation, il n'y a pas de...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : C'est
déjà fait. Ils parlent déjà français, c'est ça, mes amis se sont... ils
étudient à la Polytechnique et se sont des... ils viennent d'Afrique
francophone en majorité, donc. C'est... Pour le côté francisation, je n'ai pas
vraiment d'expérience là-dedans. Mais, par rapport aux étudiants étrangers, tu
sais, je peux dire que moi, j'ai été courtisé par l'Allemagne. Ces
50 cours que j'ai suivis, c'était parce que mon cégep avait un partenariat
avec le... non, ce n'était pas avec le Goethe-Institut, c'était avec une
autre... PASCH...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...que
ça s'appelle, c'était un regroupement d'écoles Schuller pour le... les
étudiants pour le futur, là, essentiellement, que... C'est un programme
allemand. Et donc ils ont des partenariats avec plusieurs écoles de langues à
plusieurs endroits dans le monde. Et j'ai eu, en fait, deux voyages gratuits
payés par l'Allemagne, un de trois semaines en Allemagne où j'ai eu... suivi
des cours d'allemand sur place, et un d'une semaine aux États-Unis où c'était
avec des gens de... qui faisaient partie de ces écoles partenaires là au
Canada, aux États-Unis et au Mexique surtout, alors que, quand j'étais en
Allemagne, c'était aussi tous des étudiants de ce... c'est des étudiants qui
venaient de partout dans le monde. Nous, on était 11 pays, il y en avait
d'Inde... en Europe, d'Amérique... non, on était les seules Américaines,
c'était juste moi et deux autres collègues de mon cégep, mais c'était vraiment
du monde de partout, là, Mozambique.
Et là, dans ces programmes-là, on a visité
des écoles en Allemagne, parce que, là-bas aussi, l'université est gratuite
pour les gens qui arrivent de peu importe où ils viennent tant qu'ils ont un
niveau d'allemand suffisant. Donc, on s'est vraiment fait courtiser là-dessus.
Et les plateformes aussi d'apprentissage de l'allemand, il y en a qui sont des
très bonnes en ligne. Comme là je suis en train de penser à la plateforme de
Deutsche Welle, qui est un peu l'équivalent de France 5, de ce que je
comprends, c'est une plateforme de médias internationaux allemands, et ils ont
une très bonne plateforme d'apprentissage de cours de l'allemand avec des
vidéos filmées de manière professionnelle, puis des questions, et tout ça. Je
les ai réutilisées dans des cours d'allemand à Polytechnique que j'ai suivi
l'année dernière. Et quand...
Et souvent, ces plateformes-là, il n'y en
a pas... elles doivent exister, mais elles ne sont pas si publicisées. J'ai
essayé, il y a quelques années, d'apprendre le russe sur Duolingo. Ce n'était
pas le fun, ils ont changé leur formule, il fallait payer, c'était... Alors
donc, d'avoir une plateforme gratuite, fiable, qui est comme un «one-stop
shop»... bien, je ne suis pas bien de parler en anglais ici, mais qui est comme
une destination universelle pour du monde qui serait intéressé à parler
français, là, je pense que c'est quand même très bien. Si vous pouvez aussi un
peu vendre cette plateforme-là a des cours... des profs de français partout
dans le monde aussi pour qu'ils sachent qu'ils peuvent utiliser ça comme
référence pour leurs étudiants qui suivent des cours de français à l'école, par
exemple, là, je pense que ça serait bien, là, et que ça pourrait rester dans
leur tête, là, ces étudiants... bien, ces étudiants francophiles, qu'ils
auraient suivi des cours de français, 10 ans plus tard... ils sont
comme : ah! peut-être que je vais «brush up»... peut-être que je vais un
petit peu revoir mon français avant d'arriver avant quoi que ce soit, que
finalement ils sont intéressés parce qu'il y aurait... je ne sais pas, sur la
plateforme, il y aurait des liens pour être : Intéressé à émigrer au Québec?,
pesez sur le bouton et... Voilà, ça pourrait être en soi un outil publicitaire
si c'est vraiment universel. Vous pouvez être une application, par exemple,
aussi, là, pour que les gens puissent jouer là-dessus dans le métro, je pense
que ça serait bien.
Mme Fréchette : Bien,
Francisation Québec, en fait, est accessible sur pas mal de plateformes, là,
dont les cellulaires, puis on s'est assuré de rendre ça le plus simple
possible. Peut-être qu'on pourrait ajouter un bouton : Je voudrais immigrer
au Québec.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Bien,
c'est ça. Mais, quand j'ai regardé, je ne sais pas si c'était vraiment le même
site, mais ce que je voyais, c'est qu'il y avait comme trois modes différents
pour se connecter, qui étaient... comme un, est-ce que je l'ai encore sur mon
ordinateur, là, qui avait... pour les... C'est ça, pour les cours de français
en ligne pour les personnes immigrantes vivant au Québec, pour les personnes
sélectionnées pour immigrer au Québec et pour les personnes canadiennes de
naissance. Mais là je penserais que ça serait peut-être bien d'élargir ça à
vraiment n'importe qui qui veut juste apprendre le français, là, comme ça tu
aurais une plateforme fiable, et tu n'as pas besoin d'être sélectionné pour le
Québec pour t'y connecter.
• (14 h 20) •
Mme Fréchette : Non, bien,
effectivement, c'est ouvert à toute personne, bon, suivant certains critères,
mais qui est domiciliée au Québec, là, des allophones, des anglophones, des
autochtones. Donc, à partir du moment où on est domicilié au Québec et puis
qu'on n'est pas francophone, eh bien, on a... je dirais, grosso modo, ça se
trouve être le public. Donc... Et puis plusieurs d'entre elles, ces
personnes-là, ont accès à des allocations financières également pour suivre les
cours. Donc, ça, c'est une formule intéressante. Mais je vais m'arrêter ici
parce que j'aimerais passer la parole à des collègues. Merci encore d'avoir
participé, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, on va poursuivre la
discussion avec la députée de Châteauguay. Il reste sept minutes.
Mme Gendron : Bonjour, Mme
Huot-Orellana. Ça va bien?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui,
ça va bien. Vous?
Mme Gendron : Oui, très bien.
Merci d'être avec nous aujourd'hui. Félicitations pour votre parcours. Je sens
une femme déterminée, hein, derrière tout votre cheminement. En fait, ce que
j'aurais voulu savoir, vous nous avez commenté un peu votre parcours, est-ce
qu'il y a des parcours de gens autour de vous, hispanophones, que vous
connaissez, qui auraient eu une facilité ou qui auraient bien intégrés,
justement, le Québec en francisation?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Bien,
pour ça, c'est vraiment ma famille que je connais très bien là-dessus, là, mais
eux, c'est...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...je
n'en ai pas vraiment parlé dans ma présentation parce qu'ils sont arrivés tous
comme réfugiés ici. Et donc quand ils sont arrivés, ils n'avaient pas... Ils ne
parlaient pas français, ils n'avaient jamais pensé à apprendre le français
avant. Ils arrivent ici et c'est comme, boum! si tu ne parles pas français,
bien, tu es mort, essentiellement, là.
Donc, ils sont arrivés et ils ont suivi
des cours intensifs. Dans le cas de ma mère et ma tante, les deux sont arrivées
en même temps et elles avaient, tu sais, il y a 30 ans maintenant, à peu
près qu'elles sont arrivées. Et leur frère était déjà ici. Il était marié à une
Québécoise. Et elle a trouvé la manière de les inscrire à un cours de français
pour... ouvert à tous, là. Il y avait... Il y avait des Québécois dans le
groupe. Donc, ce que je comprends, c'était un cours d'alphabétisation plus
qu'autre chose de français. Et en trois mois, elles avaient quand même déjà
augmenté de niveau de manière faramineuse, là. Elles ne parlaient pas très
bien, mais elles comprenaient puis elles pouvaient... Elles ont pu trouver des
emplois avec cette expérience là.
Et c'est pour ça aussi que, tu sais, c'est
vraiment le pouvoir de l'immersion, ça, je trouve. C'est que tu te retrouves
dans une situation où tu dois penser, parler, comprendre une langue d'un coup
comme ça. Et c'est vraiment la manière la plus efficace d'apprendre une langue.
Mon oncle, lui, il est arrivé ici. Il n'avait pas suivi des cours quand il est
arrivé au début, mais quand même juste par exposition et on se débrouillant, il
y a quand même appris à comprendre le français à peu près en quatre mois, là.
Parler, ça lui a pris plus de temps. Et c'est ça, c'est vraiment juste de ne
pas sous-estimer le pouvoir de l'immersion, d'arriver quelque part et de devoir
apprendre, de devoir parler cette langue-là en tout temps. Quand même, au
Canada, on a déjà les programmes export aussi. J'ai un de mes amis qui a suivi
le programme export en anglais, c'est un Québécois qui est allé le faire en
anglais, et ça augmente vraiment les niveaux des personnes qui participaient à
ces... qui participent à ces programmes-là. Donc...
Mme Gendron : Félicitations
pour votre... pour la famille, mais on en conviendra que ce n'est pas aussi
rapide pour certaines autres personnes.
Mme Huot-Orellana (Amélie) :
Oui, c'est certain.
Mme Gendron : Et par
contre vous parlez beaucoup d'immersion. Autre que... Est-ce qu'on parle
d'immersion en milieu de travail, immersion au niveau familial ou des
connaissances? Qu'est ce qui, pour vous, a vraiment contribué auprès de votre
famille à justement que la connaissance du français soit aussi rapide?
L'immersion? À quel niveau?
Mme Huot-Orellana (Amélie) :
C'est le fruit, vraiment, de l'immersion culturelle. C'est que tu arrives
ici et, si tu veux comprendre dans quel monde est ce que tu habites maintenant,
il faut que tu parles la langue, là, c'est essentiel. Et elles n'avaient pas
aussi beaucoup de connaissance de l'anglais. Donc, ça aussi, je pense que ç'a
fait qu'elles ont vraiment mis toute leur énergie sur le français dès qu'elles
sont arrivées. Mais oui, c'était ça, ce n'était pas au niveau professionnel en
tout cas, je peux vous dire.
Mme Gendron : Parfait.
Je constate que vous avez beaucoup d'amis. Justement, que je voudrais savoir
si, point de vue rétrospection par rapport à des collègues à vous, des
étudiants qui sont étrangers, de quelle... C'est quoi la rétrospection? Ces
gens-là, avez-vous vu des gens justement bien s'intégrer, qu'ils soient
francophones ou non? Pouvez vous me parler un peu de leur expérience, là, des
gens qui... à qui vous discutez, là?
Mme Huot-Orellana (Amélie) :
Dans le cas d'une... J'ai une de mes amies, notamment, qu'elle, elle porte
un foulard. Elle est arrivée ici et elle trouve qu'il n'y a plus d'acceptation
ici quand elle le... quand elle le porte que dans son pays d'origine où est-ce
qu'elle peut se retrouver à, tu sais... se fait interpeller sur pourquoi est-ce
que tu le portes et tout ça, alors qu'ici ça ne lui est jamais arrivé. Donc ça,
c'est quelque chose que comme si je... Ici, j'ai plus de... Ici, je me sens
plus à l'aise de pratiquer ma religion ici que dans mon pays. Ça joue un peu
dans... Ça joue un peu, mais sinon, dans les autres, c'est vraiment un plus par
rapport à... le milieu en général. Mais je ne sais plus, je n'arrive pas... Je
lui ai moins posé de questions là-dessus, là. Ce que je sais, c'est qu'il
hésitait.
Mme Gendron : O.K.
Concrètement, est-ce qu'il y a quelque chose que vous pensez que le ministère
peut faire pour mieux intégrer justement ces étudiants étrangers là? Est-ce
qu'il y a des actions, d'après vous, là, qui pourraient être faites?
Mme Huot-Orellana (Amélie) :
Ce que je remarque quand même, c'est que souvent il y a comme... il n'y a
pas tant de connaissances sur l'histoire du Québec. Tu l'apprends un peu au fur
et à mesure, mais il y a certains éléments que comme on a... que je leur
explique qu'il semble sont assez... font partie de comme... que ça explique, en
fait, comment est-ce que le Québec est devenu le Québec, mais qu'ils ne vont
pas savoir nécessairement. Donc je ne sais pas si... En tout cas, à
Polytechnique, il n'y a pas tant d'activités... Comme il y a certaines activités
pour les étudiants qui arrivent ici, il y a certains comités qui vont faire des
voyages, par exemple, mais je vois moins... moins de programmes qui servent
vraiment plus à comprendre le Québec, comprendre les valeurs sans
nécessairement...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...déjà
sans nécessairement avoir des amis québécois qui pourraient te l'expliquer à un
moment donné au dîner. Donc, ça, je pense que ça pourrait peut-être être des
actions du ministère, tu sais, d'essayer de donner cette éducation-là que oui,
si tu parles français, tu ne vas pas quand même... tu ne vas pas connaître
l'histoire du Québec, donc peut-être valoriser.
Mme Gendron : Il nous reste
seulement qu'une minute, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier que vous
voudriez partager qu'on n'a pas entendu? Sinon, j'ai une question pour vous
aussi.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui,
poser la question.
Mme Gendron : Vous avez
mentionné être en accord pour admettre hors des cibles les personnes qui
proviennent du PEQ diplômés, pouvez-vous m'expliquer un petit peu pourquoi
c'est une avenue à privilégier.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Par
rapport aux cibles, ça, je n'ai vraiment pas très beaucoup d'opinion là-dessus,
genre, je vous laisse faire votre job sur les cibles, mais par rapport à
pourquoi c'est à privilégier, pour les diplômés du Québec, ça, c'est... ils ont
déjà... ils arrivent ici, ils savent déjà comment ça fonctionne,
essentiellement, là. Au moment de leur admission, ils connaissent le Québec, et
je ne pense pas qu'ils vont être tant tentés non plus à déménager ailleurs du
Québec quand ils sont arrivés ici, qu'ils ont développé un certain attachement
pour l'endroit où ils habitent. Donc, je pense que pour au niveau de la
rétention, c'est un avantage. Puis sinon, au niveau de l'intégration, ils sont
déjà pratiquement intégrés. Donc, ça aussi...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous arrêter là, Amélie. Merci beaucoup. Alors, on
a terminé la première partie de discussion avec la banquette gouvernementale,
on va continuer avec l'opposition officielle qui, elle, bénéficie de
12 min 23 s, avec la députée de Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, si je peux... vous me permettez de vous appeler
Amélie?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Je
suis Sona. Enchanté. Je ne me sens pas immigrante, mais quand il y a des
questions d'immigrants, mais là, tout d'un coup, l'immigrant en moi sort. C'est
vraiment très bien de voir une jeune être intéressée par cette consultation et
demander d'être présente. Vraiment, c'est un bon exemple de notre démocratie.
On veut voir les jeunes, plus de jeunes impliqués comme vous. Je comprends,
vous êtes occupée avec vos études, et tout ça, mais prendre le temps de nous
écrire, c'est vraiment exemplaire. Je vous félicite. On a besoin plus de jeunes
comme vous. Vous, vous êtes les adultes d'aujourd'hui et de demain. Donc,
bravo, bravo pour votre présence.
En vous écoutant... D'abord, j'ai une fille
de votre âge, elle est en neurosciences, et puis ça me rappelle mes années
universitaires lorsque j'étais à votre âge, et moi aussi, j'ai fait mon bac en
science politique; mineur, j'ai fait des langues parce que je parlais déjà cinq
langues. Je me suis dit... tout le monde disait : Ah, tu es bonne, vas-y,
vas-y dans les langues. Donc, j'ai fait l'allemand au cégep Bois de Boulogne
puis j'ai continué russe, espagnol. Je voulais apprendre plusieurs langues. Et
puis j'ai fait un an chacun, j'ai appris à lire, je ne comprenais rien, mais je
lisais très bien, et puis c'était très, très lourd, très difficile, apprendre
d'une nouvelle langue quand tu n'es pas dans son pays.
• (14 h 30) •
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Que ce
soit russe, allemand, espagnol, si tu ne parles pas tous les jours, ça ne
rentre pas dans la tête, et puis c'est parce qu'on travaille, on a nos
activités, on a nos études. Donc, vous avez démontré ça au début que... J'ai
bien aimé votre exemple que : J'ai étudié tant, et ce niveau sept est trop
fort pour admission. D'après vous, est-ce que vous croyez qu'abaisser le
niveau... pensez-vous que nous devrions baisser ces critères? Si oui, à
combien? Ou bien le retirer complètement?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Je
trouve que le retirer complètement, c'est quand même très fort, parce qu'on
parle quand même des immigrants économiques et donc ce n'est pas un... ce n'est
pas comme des réfugiés qui arrivent ici et qui doivent apprendre la langue et
qui... ils ont le temps de planifier leur arrivée au Québec. Donc, pour ça,
d'avoir quand même un certain niveau avant d'arriver, je trouve que c'est quand
même un bon critère...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...surtout
que c'est... donc, c'est soit qu'on la baisse quand même... Je suis vraiment
plus familière avec le système européen, puis donc un A2, ça te permet déjà
quand même d'avoir des interactions quotidiennes avec des gens que tu ne
connais pas beaucoup. Tu ne peux pas vraiment avoir beaucoup développé des
amitiés à ce niveau-là, mais, à partir de là, si tu arrives avec ce niveau et
que tu dois être... plus tu interagis, plus tu lis des affaires pendant que tu
es dans le pays en question, ça va améliorer ton niveau de... ton niveau.
Donc, moi, instinctivement, ça serait ça
que j'aurais fixé comme niveau, mais je comprends que... je comprends la
volonté du gouvernement de vouloir arrêter de... d'arrêter le déclin du
français. Donc, c'est pour ça que, moi, dans ma tête, plus un niveau comme un
niveau A2 avec, ensuite, des cours intensifs en arrivant ici ou peut-être des
examens périodiques pour s'assurer que le requérant améliore son niveau en
arrivant, je pense que ça pourrait être un bon compromis. Ça serait ça, je
pense. Mais, pour l'enlever complètement aux critères, je trouve que c'est
quand même très fort.
Mme Lakhoyan Olivier : Pour
la francisation des immigrants, ici, mis à part les cours qui se donnent dans
des écoles... J'ai plusieurs immigrants qui m'en parlent, des cours, et tout
ça, et ils veulent apprendre, ils sont fiers. Puis, quand ils réussissent puis
là ils commencent juste à parler en français avec moi juste pour pratiqué,
donc, je sais comment ils sont fiers. Mais ceux qui n'ont pas le temps, les
heures des écoles ou... des fois, bien, ils sont occupés, il y a des enfants
aussi, donc, des fois, il faut qu'ils arrêtent puis continuer plus tard. Donc,
qu'est-ce que vous en dites pour les cours de francisation du genre... Des
fois, en industrie, il y a des formations où tu commences, puis qu'il y a une
ligne qui suit, puis tu peux retourner, puis tu peux arrêter, quand tu reviens,
bien, tu peux continuer, quelque chose plus flexible. Est-ce que vous pensez
que ça serait aidant avoir un système de francisation plus flexible?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui,
définitivement. Ça, bien, c'est ça, là, c'est... Aussi, je ne sais pas si c'était
vraiment exactement le but, mais comme il y avait des... il y a des cours qui
sont offerts en entreprise. Ça, je pense quand même que c'est une très bonne
idée, là, de faire ça sur les heures de travail si la compagnie peut. Ça permet
aussi d'apprendre le vocabulaire technique que ces gens-là n'ont pas
nécessairement en arrivant ici. Moi, en tout cas, mon vocabulaire technique en
espagnol, il est extrêmement limité, mais... Oui, mais donc en général plus de
flexibilité, tant que ça permette à plus de personnes d'apprendre à bien parler
français, je suis pour, là.
Mme Lakhoyan Olivier : Si je
comprends bien, vous êtes à cette école, ça fait quelques années. Est-ce que
vous... La réforme du PEQ, lorsqu'il y a eu... est-ce que vous avez vu une
chute, une différence? Est-ce que... Je sais que c'est vos amis, mais je ne
sais pas si vous avez vu un changement. Avez-vous remarqué un changement?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Pas
particulièrement. Ce n'est pas des sujets que j'abordais non plus. Moi, je suis
en... j'entre en quatrième année. Ma première année, je l'ai fait à distance,
je ne me suis pas fait d'amis, donc toutes mes amitiés, c'est à partir d'il y a
trois ans, puis je n'avais pas vraiment l'intimité pour leur parler de ça,
jusqu'à plus ou... jusqu'au courant des derniers mois. Donc, non, je ne sais
pas c'est quoi, les impacts que ça aurait eu sur eux.
Mme Lakhoyan Olivier : Je
comprends. En demandant la question, je me demandais. D'après vos expériences,
les cours d'allemand, tout ce que vous nous avez raconté, qu'est-ce qui se fait
en Allemagne pour amener des gens qui étudient l'allemand dans le monde à leur
pays, j'ai trouvé ça intéressant. On a appris quelque chose de nouveau qui
pourrait peut-être nous aider en tant que gouvernement, peut-être prendre des
étapes à ce... de ce genre-là pour amener les gens qui apprennent le français
dans le monde entier. Donc, ça ferait plus de francophones. Mais c'était
vraiment une bonne idée, j'ai trouvé ça sympa de la part des Allemands d'apporter
ça. Est-ce que...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : C'est
vraiment une très bonne expérience, oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Oui,
bonne idée, d'ailleurs. Est-ce que c'est parce que les cours que vous
preniez... est-ce que c'était par rapport à l'université? Comment ils vous ont
trouvés?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : C'était
vraiment par rapport à l'école. On était... j'étudiais au Collège international
des Marcellines. Ça a fermé depuis ce... en 2020, en fait...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : ...ça
a fermé en 2020, en fait, 2020-2021, mais c'était une école qui faisait partie
de ce réseau-là. Le réseau s'appelle Pasch, et c'est un programme affilié au
Goethe-Institut, là. Et donc on était une seule école qui participait là-dedans
à Montréal à l'époque, et donc il fallait qu'ils trouvent des gens qui
parlaient déjà allemand pour aller dans le programme. Mais, moi, j'avais déjà
connu la professeure d'allemand de l'école, et il y avait une place de plus
cette année-là, donc je suis allée à cause de ça. Elle me connaissait déjà
avant, et j'avais appliqué pour les... Je n'étais pas encore officiellement
entrée, je commençais, là, en septembre, mais ils avaient plus de places que
d'étudiants qui pouvaient à ce moment-là, et donc j'ai pris... c'est pour ça
qu'on m'a sélectionnée. Mais je ne peux pas vous dire pourquoi est-ce que mon
école, spécifiquement, faisait partie de ce partenariat et pas une autre.
Mme Lakhoyan Olivier : Au
début de votre présentation, vous nous avez parlé de vos amis qui sont venus
étudier et retournés à leur pays. Est-ce qu'ils sont retournés parce qu'ils
voulaient retourner ou parce qu'ils ne pouvaient pas rester ici?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Ah
non! Ils ne sont pas retournés encore, ils sont encore en règle, ils sont
encore aux études. C'est ça, mes amis sont tous aux études avec moi. Donc, je
ne sais pas qu'est-ce qui va leur arriver à la fin, là, je ne sais pas c'est...
lesquels vont décider d'essayer de rester ici, lesquels vont revenir dans leur
pays, parce que c'était leur plan original, ils ne voulaient pas... ils
venaient ici en études à l'étranger, et pas pour emménager. Donc, ça, je ne
sais pas, là, ce n'est pas encore arrivé, là.
Mme Lakhoyan Olivier : C'est
intéressant. Donc, ce sont des étudiants qu'on devrait approcher peut-être avec
un pamphlet en disant : Voulez-vous rester, peut-être? Ce serait une bonne
idée?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Mais
c'est ça. S'il y a une simplification au programme, là, je pense que,
peut-être, donner ça aux finissants dans les écoles, dans les universités puis
dans les cégeps, là, ça pourrait être intéressant de.... au moins qu'ils
sachent ça serait quoi, les étapes à faire s'ils veulent rester au Québec.
Mme Lakhoyan Olivier : Tantôt,
lorsque vous parlez de francisation et immigration, comment trouver... comment
les gens peuvent trouver, donc, d'après ce que j'ai compris, peut-être que vous
aimeriez... vous serez d'accord afin que le ministère trouve une façon de faire
des annonces sur leurs pages d'immigration ou bien des pamphlets afin d'aider
les gens à trouver les informations, que ça soit pour les cours de
francisation, comment faire les étapes pour arriver à avoir les droits, là.
Qu'en pensez-vous, de ça? C'est ça que j'ai compris, hein?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui.
Bien, c'est ça, c'est de la communication, là. Mais oui, ça, je pense que... je
ne pense pas que tout le monde connaît vraiment ce parcours-là et toutes les...
tout ce que ça implique. Donc, plus il y a de communication, plus il y a de
vulgarisation sur c'est quoi, le parcours à suivre, je pense que c'est bien,
là.
Mme Lakhoyan Olivier : Qu'est-ce
que vous pensez... le fait que le gouvernement a évalué le déclin du français
sur la langue parlée à la maison?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Ça,
bien, je n'ai pas regardé en détail c'était quoi, les analyses derrière et qui
ont permis d'arriver à cette conclusion. Mais ce que... je ne vais pas... Je ne
suis vraiment pas une experte là-dedans. Donc...
Mme Lakhoyan Olivier : Est-ce
que vous croyez qu'on devrait prendre la langue parlée à la maison, la langue
maternelle comme une raison de dire qu'il y a un déclin en français?
• (14 h 40) •
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Mais
je... Ça dépend de quelle est l'autre langue qui est parlée, tu sais. Par
exemple, moi, je parle le français à la maison, mais ma mère, probablement que
dans ce genre de questionnaire, elle dirait qu'elle parle plus l'espagnol à la
maison. Mais c'est parce qu'elle me parle en espagnol, je lui réponds en
français. Donc...
Mme Lakhoyan Olivier : Est-ce
que vous trouvez que, si votre maman parle l'espagnol à la maison, elle ne
parlerait pas français à l'extérieur?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Non,
elle parle français à l'extérieur, définitivement. Mais je pense que ça dépend,
tu sais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous arrêter.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Cette portion des échanges est terminée. Mais il en reste
une dernière avec le député de la deuxième opposition, député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, et il a une période de 4 min 8 s
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Très intéressant comme témoignage, merci beaucoup de participer à
l'exercice. Vous avez dit beaucoup de choses très intéressantes. Vous avez
parlé de votre famille, qui est arrivée ici comme réfugiée il y a une trentaine
d'années. Je trouvais ça très intéressant. Vous dites que, bon, de réaliser
qu'aujourd'hui on a devant nous une citoyenne québécoise qui étudie à
Polytechnique, qui parle parfaitement français, qui nous fait une présentation
ici aux élus à l'Assemblée nationale... Donc, je suis certain que la famille
n'avait pas ça en tête nécessairement il y a 30 ans quand ils ont demandé
l'asile au Canada, et je suis certain qu'aujourd'hui...
M. Cliche-Rivard : ...au
Canada et je suis certain qu'aujourd'hui ils sont excessivement fiers de voir
le chemin parcouru pour eux et pour vous. Donc, quand on parle des demandeurs
d'asile ces jours-ci, on entend souvent un discours négatif. Malheureusement,
on entend toujours des commentaires stigmatisants. Mais je pense qu'on devrait
aussi penser aux histoires comme la vôtre, hein? Je pense que vous êtes un bel
exemple de réussite. Je me demandais qu'est-ce que vous en pensiez.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Mais...
le sens que moi, dans le cas, je suis vraiment une deuxième génération, là, je
suis née ici, mon père est Québécois de souche, là. Puis, comme, c'est vrai
que, quand tu arrives ici, c'est difficile, c'est des années qui sont très
difficiles pour les personnes qui arrivent ici. Moi, dans le cas de ma mère, tu
sais, c'était... elle est passée par plusieurs emplois qui n'étaient pas
vraiment... qui ne correspondaient pas au niveau d'éducation qu'elle avait
avant, ça a été... ça été une partie... ça a été difficile, en fait. Puis ça,
on n'en parle pas si souvent que ça puis... mais... oui, c'est...
M. Cliche-Rivard : Mais,
30 ans plus tard, là, ça fait des enfants, vous dites, de...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : 30 ans
plus tard, elle est complètement... être intégrée. Elle est supercontente
d'être Québécoise, elle ne veut pas être... Elle est tellement contente d'être
arrivée ici, c'est... Elle est superfière de ses enfants. Son fils, il joue au
hockey de manière semi-pro, moi... bien, pas... en tout cas, je ne sais pas, il
est de niveau élevé en hockey, en tout cas, moi, je vais avoir mon diplôme
universitaire. Donc, c'est vrai, peut-être que ce n'est pas... Je n'ai pas
l'impression que je fais partie d'une démographie dont on parle très souvent,
là. Tu sais, des enfants de personnes qui sont arrivées ici, on en... ça, on
n'en parle... On n'y pense pas vraiment à qu'est-ce qui arriverait, justement,
aux enfants des réfugiés qui... ça arrive présentement, ou qu'est-ce qui arrive
aux... qu'est-ce qui leur arrive après plusieurs années arrivés ici. Donc, on
se concentre...
M. Cliche-Rivard : Mais on
peut penser...
Mme Huot-Orellana (Amélie) : C'est
ça, on se concentre plus sur le début de leur parcours. Donc, c'est...
M. Cliche-Rivard : Mais on
peut penser qu'avec un bon accompagnement, des histoires de réussites comme la
vôtre, on va en compter par centaines, par milliers.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui,
je suis sûre qu'on peut en trouver, là. Ça, c'est juste qu'on n'en parle pas
souvent, mais je suis sûre qu'il en existe plein partout, là, tu sais, on
est... oui.
M. Cliche-Rivard : Donc, s'il
y a quelque chose qu'on doit tenir en compte aujourd'hui, le parcours,
l'arrivée, l'intégration jusqu'à la réussite, c'est quelque chose qu'il faut
qu'on remette un petit peu plus dans l'univers médiatique, vous pensez?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Je
pense que ça pourrait donner un meilleur portrait de la situation, là, ça
permettrait d'avoir un portrait plus représentatif de tout ce qui est impliqué,
de tout le cycle de vie d'un immigrant, mettons. Voilà.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Et vous dites, là, que votre mère, elle a donc appris le français parfaitement.
Vous vous souvenez ou vous savez, vous avez déjà discuté avec elle de combien
de temps ça lui a pris pour arriver à cette maîtrise-là de la langue?
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Bien,
c'est ça, la maîtrise, ça a pris du temps quand même, c'est... Être capable de
comprendre et de comprendre ce qui se passait autour d'elle, ça, ça n'a pas
pris si longtemps que ça, mais ensuite de pouvoir parler, d'avoir un accent qui
était plus... qui devenait plus compréhensible pour d'autres personnes, ça a
pris plus, ça a pris quelques années, mais je ne peux pas... Ce que je sais,
c'est que c'est ça, pour les cours formels de français, elle en a eu, elle a eu
trois mois, après ça elle a travaillé dans une famille pendant un moment pour
pouvoir parler français avec leurs enfants et apprendre le français à travers
eux, ensuite elle est allée travailler dans... elle a suivi des cours de
secrétariat aussi en français, et, pendant ce temps-là, elle devait vraiment
travailler sur son dictionnaire pendant des... pour vraiment améliorer son
français dans un cours de secrétariat, où qu'elle a besoin d'écrire. Donc,
c'est ça. Mais c'est un parcours qui a duré quelques années, mais je ne peux
pas vous dire exactement combien de temps.
M. Cliche-Rivard : Bien,
merci beaucoup. Vous la saluerez pour nous.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui met fin à cette
audition. Merci encore d'être venue à notre rencontre et je vous souhaite une
bonne fin de journée puis surtout beaucoup de succès dans vos études comme
dirait mes parents.
Mme Huot-Orellana (Amélie) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je suspends quelques instants, le temps de recevoir le
prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 47)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend donc ses travaux. Nous recevons donc le groupe qui
s'appelle Amnistie internationale Canada francophone. Mesdames, bienvenues. Mme
France-Isabelle Langlois, directrice générale, ainsi que Mme Marisa Berry
Méndez. Alors, mesdames, bienvenues. Vous allez disposer d'une période de
10 minutes pour votre exposé. Puis ensuite, on va pouvoir échanger avec
les parlementaires. Alors, le temps débute pour vous.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Merci.
Mme la Présidente, Mme la ministre, mesdames et messieurs membres de la
Commission des relations avec les citoyens et membres du Parlement du Québec,
merci d'avoir accepté, donc, Amnistie internationale Canada francophone à
propos de la planification de l'immigration au Québec.
Peut-être certaines personnes d'entre vous
vous demandez-vous pourquoi Amnistie internationale intervient sur les
questions de migration au Québec. Parce qu'Amnistie est la plus grande et
importante organisation internationale non gouvernementale de défense des
droits humains au monde et que l'immigration est un enjeu de droit humain
mondial constituant l'une des principales sources de violation de droits
humains actuellement. L'immigration, qui s'amplifie partout à travers le monde,
pousse les personnes sur des routes de plus en plus dangereuses provoquant de
plus en plus de morts, de souffrances et de drames humains indicibles. Dès le
départ, les raisons qui poussent les personnes à immigrer sont souvent le
résultat de graves violations de droits humains. Tout le long de leur parcours,
ces personnes verront leurs droits bafoués, niés, y compris leurs droits à la
vie, à la santé, à la sécurité, à la dignité. Pour les personnes arrivant à
destination, leur parcours du combattant pour faire reconnaître et respecter
leurs droits à titre de personne humaine à part entière n'est pas terminé pour
autant et, dans bien des cas, peut perdurer des années, voire ne jamais prendre
fin.
C'est le cas dans tous les pays dits
démocratiques se qualifiant d'États de droit, notamment de l'hémisphère nord,
et le Québec ne fait malheureusement pas exception, notamment en ce qui
concerne les travailleuses et les travailleurs temporaires, ainsi que les
personnes demandeuses d'asile. Bien que, dans le mémoire que nous vous avons
soumis, nous avons émis nos commentaires et recommandations sur d'autres
éléments du cahier de consultation, nous souhaitons ici concentrer notre
intervention sur ces deux catégories de personnes migrantes qui comptent parmi
les plus vulnérables non seulement au Québec, mais partout à travers le monde.
Le Québec a longtemps été une terre d'accueil où une personne migrante pouvait
raisonnablement s'attendre à obtenir la résidence permanente puis la
citoyenneté. Cependant, depuis deux décennies, l'approche du Québec a
considérablement évolué et a pris un virage inquiétant vers l'immigration
temporaire, une tendance qui s'accélère depuis 2018.
• (14 h 50) •
Le virage vers l'immigration temporaire et
la multiplication de statuts migratoires qui en découle contribuent à créer un
système migratoire dans lequel les droits et les avantages reconnus aux
personnes migrantes varient grandement d'un statut à l'autre. La précarité
accrue pour beaucoup de ces personnes favorise une société... une société,
pardon, stratifiée à deux vitesses où nous refusons la jouissance des droits
humains à une portion croissante de la population sur notre territoire. Or,
faut-il le rappeler, les droits humains sont universels, inaliénables et
indivisibles. En outre, les États...
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...ont
l'obligation de s'assurer que toute personne se trouvant sur son territoire
jouisse de l'ensemble de ses droits, peu importe son statut. Le gouvernement du
Québec doit donc orienter sa vision, ses politiques migratoires vers
l'immigration permanente, répondant aux besoins de la société québécoise en
accueillant les personnes migrantes de façon permanente, peu importe le niveau
de spécialisation des postes qu'ils et elles occuperont. L'exclusion systématique
des personnes migrantes occupant des emplois peu qualifiés de la résidence
permanente est un réel enjeu de droits humains. Cette exclusion enracine une
société où une portion de la population n'a pas accès à tous ses droits et est
vulnérable à l'exploitation en raison de son statut précaire.
De fait, le gouvernement du Québec a
promis, dans sa campagne électorale, de limiter l'immigration permanente. Or,
pour tenir sa promesse et, en même temps, répondre aux demandes des employeurs
québécois, le gouvernement a donc fait appel à un nombre accru de travailleurs
et travailleuses étrangers, étrangères temporaires dans des postes dits peu
qualifiés, lesquels sont exclus de l'actuelle proposition de planification.
Ainsi, le nombre de personnes sous permis fermé a triplé entre 2017 et 2022,
passant de 13 000 à plus de 38 000. Ces personnes sont très
vulnérables aux violations des droits humains.
De plus, les contraintes des programmes
d'immigration temporaire contribuent à la croissance d'une population de
personnes sans statut légal. Alors qu'une personne migrante peut très
facilement perdre son statut, les possibilités de le rétablir sont extrêmement
limitées. La perte de statut empêche ces personnes de jouir pleinement de leurs
droits humains, notamment parce qu'elles n'ont pas accès aux protections ou aux
services sociaux. Le cadre légal et administratif dans lequel évoluent les
travailleuses et les travailleurs temporaires, notamment sous permis fermé, les
places dans une situation de vulnérabilité et d'exploitation structurelle.
C'est ce cadre qui favorise les abus et mauvais traitements, voire la violation
grave de leurs droits : droits au libre choix de son travail, à des
conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le
chômage sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal,
droit à la santé, à la sécurité, au logement, à la vie familiale, à la dignité.
Vous n'êtes pas sans savoir que le
Rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d'esclavage
a explicitement dit s'inquiéter du système de permis fermé, invoquant une forme
d'esclavage moderne. La précarité et la temporalité des statuts migratoires au
Québec contribuent au développement d'une population de personnes migrantes sans
statut. Or, si elles ne font pas partie des projections et de la planification
pour l'immigration du Québec, la présence de cette population n'en est pas
moins une réalité, tout autant que l'est l'obligation du Québec de protéger
leurs droits humains.
Que ce soit pour fuir la guerre, la
persécution, la violence ou encore les graves violations de droits humains,
voire les changements climatiques, des millions de personnes sont déracinées
chaque année, en particulier en Afrique, en Asie, dans les Amériques, dans les
Caraïbes. Ces migrations et déplacements forcés sont en constante progression.
En 2022, plus de 108 millions de personnes ont été déplacées, selon le
Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Si le nombre de
personnes demandeuses d'asile à emprunter le chemin Roxham a connu une
augmentation importante en 2022, ces migrations ne sont pas une vague
migratoire, comme le laissent entendre certains décideurs politiques, mais au
contraire ne représentent qu'une goutte dans l'océan des migrations mondiales.
Lorsqu'il planifie ses politiques migratoires et en accord avec
l'orientation 11 pour l'engagement humanitaire du cahier de consultation
pour les présentes consultations, le Québec devrait garder cette réalité
mondiale en tête et être conscient de sa responsabilité humanitaire.
La notion de capacité d'accueil que l'on
retrouve dans les discours de certains élus dernièrement est utilisée afin
d'induire dans les esprits qu'il y aurait une limite objective au nombre de
personnes demandeuses d'asile pouvant être accueillies adéquatement au Québec.
Le discours entourant cette notion vaseuse laisse entendre que la société
québécoise serait près d'avoir atteint cette capacité. En réalité, la capacité
d'accueil est une question de volonté politique. Les dirigeants et dirigeantes
politiques devraient porter attention à leurs déclarations publiques afin de
s'assurer de ne pas encourager la discrimination, voire la haine, avec de tels
concepts. Les élus ont beaucoup invoqué la capacité d'accueil du Québec
concernant les personnes demandeuses...
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...d'asile
arrivant via le chemin Roxham, environ 40 000 personnes en 2022. Cependant, il
n'y a eu aucun débat, aucune inquiétude lorsque nous avons accepté 800 000 demandes
d'asile d'Ukrainiens et d'Ukrainiennes du Canada cette même année. Comment cela
se fait-il?
Lorsqu'on porte attention à la provenance,
la culture, la religion et la couleur de la peau de ces deux groupes
distinctifs, nous avons toutes les raisons de grandement nous inquiéter sur la
tangente que semble de plus en plus emprunter non seulement le gouvernement du
Québec, mais également certains partis d'opposition.
Depuis 2018, le gouvernement du Québec
bloque l'accès des familles demandeuses d'asile aux services de garde
subventionnés et aux versements anticipés du crédit d'impôt pour frais de
garde. Cette décision nuit au développement de l'enfant et empêche souvent les
femmes demandeuses d'asile de s'intégrer au marché du travail, ce qui bafoue leurs
droits économiques et sociaux, leur droit à l'égalité, portant préjudice à leur
droit au travail. Cette exclusion empêche également les personnes demandeuses
d'asile de se franciser.
Amnistie Canada francophone fait partie du Comité
d'accès garderie remettant en cause la constitutionnalité de cette décision, de
cette exclusion. Nous enjoignons le gouvernement du Québec tout autant que les
partis d'opposition à adopter une approche plus inclusive et solidaire à
l'égard de l'accueil des personnes migrantes, une approche qui aurait quelque
chose comme un aura de grande humanité. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. On va donc entamer
la période d'échange avec les parlementaires. On va commencer par la banquette
gouvernementale avec la ministre pour une période de 16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci, Merci,
Mme la Présidente. Bien, merci à vous deux de contribuer à cet exercice
démocratique, cette commission parlementaire sur un thème de grande importance.
Alors, bien, vous avez abordé le thème de la vulnérabilité, là, des
travailleurs étrangers temporaires, je débuterais en soulignant que vous avez
probablement remarqué, là, qu'on a donné un mandat à la Commission des partenaires
du marché du travail pour davantage documenter ce phénomène et également
identifier des solutions, des voies de solution, des alternatives qui
pourraient y avoir un permis de travail dit fermé. Et voilà. Donc, c'est un
travail qui va être remanié au cours des prochains mois et qu'il nous faudra
discuter par la suite avec le gouvernement fédéral pour voir à établir une
suite, une suite des choses.
Dans votre mémoire, vous référez, puis
vous y avez référé également dans votre présentation, là, au droit à la santé,
en page 11. Vous soulignez en fait le délai de carence auquel les
travailleurs étrangers temporaires doivent faire face avant d'obtenir la
couverture de la RAMQ. Mais, en fait, depuis septembre 2022, le fédéral a mis
en place des nouvelles mesures faisant en sorte que les employeurs ont
maintenant l'obligation de fournir gratuitement aux travailleurs étrangers
temporaires une couverture médicale jusqu'à ce qu'ils puissent bénéficier de la
RAMQ, donc c'est qui viendrait couvrir la période de délais de carence. Alors,
est-ce qu'on doit comprendre, de votre avis, que les mesures mises en place par
le fédéral n'ont pas donné les suites escomptées, ne sont pas adéquates? Quelle
est votre lecture sur cette dimension-là?
• (15 heures) •
Mme Berry Méndez (Marisa) : Merci,
merci pour cette information. Ce que je dirais, en fait, les dernières deux
semaines, j'ai rencontré plusieurs travailleurs immigrants dans les programmes
avec le permis fermé, à peu près 40 personnes qui ont été victimes de violations
de droits humains, et il y en a un grand nombre dans le Programme des
travailleurs étrangers temporaires ainsi que le Programme des travailleurs
agricoles saisonniers qu'ils ne savent même pas s'ils ont de la couverture ou
peut-être l'employeur leur a dit qu'ils en ont, mais ne leur a jamais donné une
carte ou un numéro d'assurance maladie. Au-delà, il y a beaucoup de personnes
qui ont demandé à l'employeur de leur amener chez le médecin ou chez l'hôpital
pour parler d'une blessure subie à cause du travail ou bien un accident, et
l'employeur a refusé. Ça, c'était vraiment une histoire répétée à maintes
reprises. Et après il y a des personnes qui craignent à parler à leur employeur
s'ils ont maladie, accident ou blessure parce qu'ils craignent, évidemment,
être renvoyés dans leur pays.
Donc, je dirais que, même avec... et c'est
quelque chose qu'on a suivi à travers les années, même avec les changements en
politique par rapport à la couverture, etc., on voit toujours que c'est
vraiment une lacune systémique en lien, nous croyons, avec le permis fermé et
la peur que ça engendre chez les travailleurs d'être renvoyés chez eux.
Mme Fréchette : Est-ce que
vous avez eu l'occasion d'en parler avec l'IRCC? Est-ce qu'ils vous ont
donné...
Mme Berry Méndez (Marisa) : Pas
encore.
Mme Fréchette : Non?
Mme Berry Méndez (Marisa) : Pas
encore.
Mme Fréchette : D'accord...
15 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...j'en prends
note, donc on pourra discuter de la chose. Et le MIFI, bien, en fait,
coordonne, depuis novembre 2022, donc une table de coordination
interministérielle sur les travailleurs étrangers temporaires. C'est une sorte
de forum, là, gouvernemental de concertation, de réflexion, d'échange, là, pour
arriver avec des positions qui s'arriment. Et c'est sûr que la jouissance, là,
par les travailleurs étrangers temporaires de leurs droits fait partie de la
mission de ce comité de travail sur les travailleurs étrangers. Comment est-ce
que, selon vous, on devrait aborder les dossiers des travailleurs étrangers
temporaires pour s'adresser aux problèmes les plus cruciaux d'un point de vue
interne interministériel, là? Par quel bout prendriez-vous ce défi, ce mandat?
Mme Berry Méndez (Marisa) : O.K.
Je pense qu'il y a... Pour nous, c'est vraiment... ce sont des enjeux
systémiques. Puis on l'a vu dans les dernières années, que les changements — comment
est-ce qu'on dit, comme, incrémentaux, si ça se dit je m'excuse, je suis
toujours en cours de francisation — ne portent pas assez de fruits.
Ce sont des choses... Je prends l'exemple du permis de travail ouvert pour les
travailleurs et travailleuses vulnérables. Ce sont des choses qui, oui, ont un
impact à court terme, par exemple le permis ouvert, les travailleurs et
travailleuses peuvent, s'ils en prennent connaissance, il y en a beaucoup qui l'ignorent,
mais ils peuvent sortir de la situation d'abus. Mais, par la suite, après un
an, ils doivent ou retourner avec un employeur avec un permis de travail fermé
ou ils perdent leur statut, tout simplement. Puis il n'y a aucun mécanisme d'accès
à la justice ou bien contestation... bien, moi je l'ai dit, il n'y a aucune
conséquence pour l'employeur abusif qui est déclenché par la soumission d'une
demande pour le permis ouvert. Donc, je pense que les réponses... les
solutions, vraiment, sont systémiques, à ce moment-là. Le permis de travail
fermé ne doit pas exister. Ça a toujours été une aberration en lien avec...
concernant les droits humains. C'est juste une porte d'entrée, comme le
rapporteur spécial a dit, à des situations de violation de droits humains, donc
ils devraient avoir des permis de travail ouverts.
Autrement, comme ma collègue, Mme Langlois,
l'a souligné, il faut vraiment avoir une approche à l'immigration permanente
plutôt que temporaire. On voit, comme elle l'a souligné, le fait que les
personnes qui viennent pour combler des postes essentiels à des postes peu
qualifiés, mais qui sont tellement nécessaires puis qu'il y a beaucoup de
pénurie de main-d'œuvre, puis on fait rentrer plein de monde, le fait que ces
gens-là ne soient pas admissibles pour immigrer, je pense qu'aujourd'hui c'est
un non-sens. Et aussi le fait qu'ils sont inadmissibles et que le nombre de ces
personnes-là qui sont présentes sur le territoire ne fait qu'augmenter, ça mène
à... ça exacerbe la situation de violation de droits humains de ces personnes-là.
Donc, que ces personnes-là soient... ce n'est pas que tout le monde voudrait
bien, mais les personnes qui veulent s'installer de façon permanente, ils
devraient avoir des voies pour ça. La discrimination selon le poste qui va être
occupé dans les systèmes, dans les programmes d'immigration permanente, je pense
que c'est quelque chose à remettre en question totalement.
Et, à court terme, je pense que pour les
personnes qui ont perdu leur statut en raison, par exemple, de fuir un emploi
abusif ou d'autres questions en lien avec l'immigration temporaire, on devrait
prévoir un programme de régularisation des statuts. À court terme, c'est
vraiment la façon efficace de protéger les droits humains de ces personnes-là,
de leur octroyer un statut.
Mme Fréchette : Sur la
possibilité pour des travailleurs étrangers temporaires avec des qualifications
plus manuelles, d'accéder à la résidence permanente, mais j'imagine que vous
avez vu, là, le volet II du programme de sélection des travailleurs
qualifiés. Donc, c'est la création d'une nouvelle passerelle pour des personnes
ayant des compétences manuelles ou intermédiaires pour pouvoir accéder à la
résidence permanente qu'on a mise en place, parce qu'on voulait justement
ratisser plus large en termes de professions pour lesquelles il était possible
d'atteindre la résidence permanente, dans la mesure où il y a une certaine
connaissance du français, là. On l'a modulé aussi selon le niveau d'emploi.
Donc, ça, pour nous, c'était un pas important à faire qui, je crois,
converge...
Mme Fréchette : ...avec ce que
vous apportez comme proposition, comme vision.
Je vous amènerais sur... à la
page 20, sur le concept de capacité d'accueil, parce que, bien, vous dites
que le concept de capacité d'accueil, là, ça alimente un débat qui est fondé
sur la peur et la venue des personnes immigrantes. Puis, en même temps, à la
page suivante, page 21, vous demandez que le gouvernement ait une approche
expansive et investisse dans la construction de nouveaux logements et accroisse
la capacité des services sociaux pour accueillir les personnes immigrantes.
Donc là, j'aimerais mieux comprendre, là, votre position, là, parce que vous
dites qu'on ne doit pas se référer au concept de capacité d'accueil en même
temps que vous nous proposez d'investir dans le développement d'une capacité
d'accueil. Alors, comment est-ce que vous vous positionnez?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Vous
trouvez ça contradictoire.
Mme Fréchette : Bien, oui,
parce qu'en fait vous reconnaissez que c'est important d'avoir une capacité
d'accueil alors que vous nous dites, en même temps, qu'il ne faut pas se
référer à ça parce que ça contribue à alimenter un discours négatif.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Bien,
d'abord, oui, il faut faire attention au discours, c'est une réelle
préoccupation. On l'entend ici, on l'entend à travers le Canada, on l'entend
partout à travers le monde, c'est un discours qui est en croissance. On prend
les personnes migrantes comme boucs émissaires, et il y a vraiment une montée
de la haine, et on vous appelle à faire vraiment attention à ça. Les personnes
qui sont arrivées via le chemin Roxane ont été dépeintes, y compris par des
personnes ici, dans cette enceinte, comme des personnes qui nous envahissaient,
des personnes qui constituaient une menace. Et ça, c'est très dangereux. Les
personnes d'asile...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je veux juste vous demander, par exemple, on ne doit pas
prêter des intentions. Alors, ça, ça s'apparente à prêter des intentions. Je
fais juste vous demander de faire attention à vos propos, s'il vous plaît.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Je
ne prête pas des intentions à Mme la ministre à qui je réponds en ce moment, je
parle de personnes qui ont vraiment dit des choses. C'est parce que ces
choses-là, elles ont été dites. Cela étant dit, c'est un discours qui a lieu,
et je pense que c'est la responsabilité des personnes élues, quelles qu'elles
soient, peu importe le parti auquel ces personnes appartiennent, de faire
attention à ça.
Il y a de plus en plus de personnes qui
sont des demandeuses d'asile. C'est des personnes qui craignent pour leur vie
et qui sont prêtes à tout pour atteindre un avenir meilleur. Et on doit faire
preuve d'humanité et on doit les accueillir. C'est une obligation
internationale, c'est une obligation que le Québec peut assumer. Si des pays
comme... Ça n'a rien à voir avec ce que le Liban, ou la Turquie, ou l'Ouganda
reçoit de personnes déplacées, ça n'a rien à voir. On a les capacités. C'est
une question de volonté politique, c'est une question d'y mettre les moyens.
Donc, il faut mettre les moyens. Et de compter le nombre de personnes d'asile
qu'on est prêt à accepter... Qu'est-ce qu'il arrive aux autres? On les condamne
à mort?
Mme Fréchette : ...que le
Québec a largement assumé ses responsabilités en termes d'accueil et
d'accompagnement des personnes demandeuses d'asile, particulièrement au cours
de la dernière année et demie, franchement, on s'est démarqué, là. À l'échelle
du Canada, on a accueilli 99 % des demandeurs d'asile entrés de manière
irrégulière durant l'année 2022. Alors, si on n'a pas fait notre part, je
pense qu'on a assumé nos responsabilités d'une manière exemplaire. Mais, en
même temps, il y a une notion d'avoir les ressources disponibles qui soient
accessibles pour ces gens-là, parce qu'on veut que, justement, ils soient
accueillis d'une manière digne et acceptable. Donc, il faut aussi que des
ressources soient disponibles pour ces personnes-là. Si on ne tient pas compte
de cette dimension-là, bien, on peut se retrouver dans, franchement, des
objectifs en termes d'accueil qui puissent être déconnectés d'une réalité. Il
nous faut une part de pragmatisme, là, pour bien accueillir ces gens-là. Sinon,
si on fait que juste ouvrir sans limites, il viendra un moment où les
ressources ne seront plus disponibles.
• (15 h 10) •
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...je
vous entends bien, j'entends bien votre discours. Et c'est... En fait, on a une
position tout à fait contraire. En tant qu'organisation de défense des droits humains,
on ne peut pas souscrire à cette vision-là en ce qui concerne les personnes
demandeuses d'asile à travers le monde. On pense que tous les pays de
l'hémisphère nord, y compris le Canada, y compris le Québec, peuvent faire
beaucoup mieux. Vous n'êtes pas sans savoir que nous contestons... nous avons
contesté devant les tribunaux l'entente sur les tiers pays sûrs. Malgré le
dernier jugement, on va continuer à contester l'entente sur les tiers pays sûrs
avec les États-Unis. Et on trouve ça malheureux que le Québec ait demandé de
fermer le chemin Roxham, ce qui n'a pas, par ailleurs, mis fin au nombre de
personnes demandeuses d'asile qui arrivent. On a beaucoup parlé des demandes...
des demandeuses d'asile, des personnes demandeuses...
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...d'asile
qui arrivent dans les aéroports, mais il y a aussi beaucoup de demandes d'asile
qui se font dans les villes. Et ces personnes-là, elles ne sont pas arrivées en
avion, elles sont arrivées en quelque part. Ça veut dire qu'elles empruntent
des chemins qui sont de plus en plus dangereux. C'est une question d'humanité.
Mme Fréchette : Qu'en termes
d'accueil des personnes demandeuses d'asile, je pense qu'on a eu une approche
exemplaire, la TCRI, d'ailleurs, a vanté notre approche en matière d'accueil et
d'accompagnement des personnes demandeuses d'asile. On va continuer à honorer
aussi nos engagements, parce qu'ils continuent à avoir des demandeurs d'asile
qui arrivent. Donc, bien, à ce stade-ci, Mme la Présidente, je vais céder la
parole à des collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, je vais laisser le micro à
la députée de Vimont, et il reste deux minutes 35 secondes.
Mme Schmaltz : O.K. Parfait.
Merci, mesdames, de votre présence. Écoutez, je vais aller rapidement avec les
exigences en matière de français, que vous jugez comme une façon d'exclure,
peut-être, alors qu'au contraire nous, on a une vision différente, c'est-à-dire
amener les gens à se franciser permet justement une meilleure inclusion au sein
de la société québécoise, qui parle justement le français. On a quand même mis
en place plusieurs éléments, plusieurs outils. Je pense que vous êtes au
courant, on a eu des réformes aussi. Puis quelle est un petit peu votre
position à travers ça? Je ne suis pas certaine de saisir votre enjeu là-dessus.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Notre
position, c'est : il ne s'agit pas d'exclure les personnes qui ne parlent
pas encore français, c'est de favoriser la francisation de ces personnes-là et
de mettre les moyens pour favoriser la francisation. Et...
Mme Schmaltz : ...qu'on le...
qu'on... On a des programmes, on a des modes, que ça soit en entreprise...
qu'on est en train de développer pour franciser justement les gens en
entreprise. On a aussi toute l'offre de cours qu'on propose en présentiel. Que
ce soit de soir, de jour, il y a quand même... On essaie d'avoir une offre de
flexibilité intéressante, là.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Je
suis certaine qu'il y a d'autres organisations qui sont venues parler de ces
enjeux-là. Il y a des enjeux. Les efforts...
Une voix : ...
Mme Langlois (France-Isabelle) : Oui,
bien, on... et avec certaines réserves et certaines critiques. Cela étant dit,
ce qui est fait est bien, ce n'est pas assez, ce n'est pas assez... ce n'est
pas suffisant et ce n'est pas flexible, il y a quand même une notion
d'exclusion. Si on en revient aux travailleurs et aux travailleuses
temporaires, puis des fois ils sont ici depuis des années sans avoir pu
retourner voir leurs familles, qui font des huit, 10 h, 12 h de
travail par jour, ça devient un peu difficile de prendre des cours de français
à 10 h le soir quand on habite à Cowansville. Je viens de cette région-là.
On rencontre ces personnes-là. C'est difficile. Et donc ces personnes-là sont
systématiquement exclues. On a rencontré des personnes qui avaient fait une
fois, deux fois, trois fois le test et qui sont toujours exclues.
Mme Schmaltz : Il reste
combien de temps?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Neuf secondes.
Mme Schmaltz : Neuf secondes.
Je voulais juste finir, rapidement. Tantôt vous avez... au début de votre
présentation, vous avez dit que la capacité d'accueil est une volonté politique.
Moi, je me permets juste de vous dire que, pour nous...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé.
Mme Schmaltz : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé pour cette portion-là. Merci beaucoup. Alors,
on poursuit avec l'opposition officielle, 12 minutes 23 secondes,
avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Bien, merci pour votre présence. Lors de
votre... Au début, vous avez dit que, bien, il y a une volonté derrière limiter
l'immigration permanente et ouvrir la porte au temporaire. Pouvez-vous
élaborer?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Bien,
le fait d'avoir une immigration temporaire, ça favorise des statuts à deux
vitesses ou à trois vitesses. Et donc ce qu'on demande, c'est les mêmes règles
du jeu pour tout le monde et que les personnes qui sont ici avec un statut
temporaire, si elles veulent être immigrées de façon permanente, qu'elles
puissent y avoir accès de la même manière, aussi facilement que les autres
catégories de personnes migrantes, d'autant si ces personnes sont ici, sur le
territoire, et contribuent à l'économie, à la force de travail du Québec depuis
des mois, voire des années.
M. Derraji : Je veux juste revenir
sur cette voie que vous voyez, que vous suivez, les dernières années.
Pensez-vous qu'on fait fausse route avec une immigration temporaire versus...
M. Derraji : ...le permanent,
c'est du jamais vu, les chiffres. En fait, j'ai déposé un projet de loi, au
mois de mai, pour inclure les temporaires dans la planification pluriannuelle.
Je ne sais pas si vous l'avez vu, sinon on peut vous l'envoyer. Je m'inquiète,
je m'inquiète pour plusieurs... pour, en fait, je dirais, plusieurs aspects :
la précarité. C'est la première fois, au Canada, qu'un rapporteur des Nations
unies parcourir le Canada, notamment le Québec. Moi, j'ai rencontré des
travailleurs temporaires étrangers. On en a vu dans plusieurs secteurs, pas
uniquement... Parce qu'on a tendance à parler juste du secteur agricole ou les
saisonniers. Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, il faut le dire, il
faut nommer les choses. Et c'est ça, le rôle d'une commission, nommer des
choses. Même que, parfois, c'est difficile, il faut accepter, il faut nommer
les choses, les accepter pour trouver des solutions. En tant qu'organisation
que vous défendez... je dirais, si je peux qualifier l'injustice, pensez-vous
que cette voie d'emprunter le temporaire est à l'image du Canada et du Québec
aussi?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Je
pense que et le Canada et le Québec peuvent faire mieux selon la capacité. Et
je suis certaine que, chez la majorité des personnes, notamment ici, il y a
cette volonté de faire mieux. Et c'est ce à quoi on appelle.
M. Derraji : Vous avez parlé
beaucoup du discours politique et vous avez vu que, même en 2018, il y avait un
fameux slogan En prendre moins pour en prendre soin. C'est ce qui a été utilisé
par le premier ministre. À l'époque, il y avait une baisse du nombre de
permanents, mais on voit, cinq ans, à l'aube de la sixième année, d'une sixième
année, que, le permanent, on varie de 10 000, là, maintenant, on nous
demande 60 000 comme scénario, mais c'est une explosion du temporaire.
Après cinq ans ou six ans, est-ce que, vraiment, on prend moins, on prend soin
de ces immigrants?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Le
métier d'Amnistie internationale... la mission d'Amnistie internationale, c'est
d'alerter, c'est de critiquer. Donc, on est ici pour alerter, pour critiquer ce
qui va moins bien. On n'est pas en train de dire que le Québec est le pire
élève au monde, mais il y a vraiment matière à amélioration. Et ce qui nous
inquiète... Parce qu'on fait preuve de beaucoup de sensibilité et d'humanité,
c'est à la base de notre mission, n'est-ce pas, et on est en première ligne et
on les rencontre non seulement ici et ailleurs. On parle d'êtres humains ici,
et on parle de réalités humaines, on parle de drames humains, on parle de vies
humaines. Et je pense qu'ici comme ailleurs dans le monde on est en train de
perdre nos repères en matière d'humanité, d'humanitaire et de droit. On remet
de plus en plus en question les droits pas seulement pour les personnes
migrantes, mais on remet de plus en plus en question les droits comme si
c'était quelque chose qui était discutable.
M. Derraji : ...de droits, et
j'espère que c'est quelque chose que vous suivez, réunification familiale, il y
a beaucoup de groupes qui sont venus, probablement 30 000 familles,
30 000 personnes qui attendent des délais de 24 mois, des
familles séparées. Il y avait même un cas d'avortement parce que les deux
n'arrivaient pas à se rejoindre. C'est du jamais vu. À l'extérieur du Québec,
c'est du 12 mois. Avez-vous des exemples à nous partager où votre
organisation a été interpelée?
• (15 h 20) •
Mme Berry Méndez (Marisa) : Nous,
on n'a pas d'exemple précis. C'est sûr qu'on a suivi les témoignages malheureux
de ces personnes-là et on se désole de cette situation. Le droit à la vie
familiale, c'est un droit humain. C'est sûr qu'on souligne ce droit-là dans le
cas du programme des travailleurs étrangers temporaires, où toutes les
personnes qui occupent des postes dits peu qualifiés sont séparées de leur
famille. En particulier les personnes, les travailleurs et travailleuses
agricoles n'ont aucun, aucun moyen de se réunir. Donc, c'est sûr qu'on trouve
ça une situation vraiment désolante, puis il faut y consacrer les moyens
nécessaires pour améliorer cette situation.
M. Derraji : Je veux juste
vous rappeler que la convention internationale relative aux droits de l'enfant
stipule que toute demande faite par un enfant à ses parents en vue d'entrer
dans un État...
M. Derraji : ...de le
quitter aux fins de réunification familiale, est considéré par les États
parties dans un esprit positif, avec humanité et diligence. Article 10, je
rappelle la Déclaration universelle des droits de l'homme stipule en son
article 16 que la famille est l'élément naturel et fondamental de la
société et a droit à la protection de l'État. Est-ce qu'on s'éloigne de la
protection de l'État? C'est le rôle de l'État aussi de...
Mme Langlois
(France-Isabelle) : L'État, c'est... Les États ont l'obligation de
veiller à la protection de l'ensemble des droits humains pour toute personne,
peu importe son statut, qui se trouve sur son territoire, sans... sans
inclusion, sans distinction.
M. Derraji : Oui.
J'aimerais bien, vous... Je ne pense pas que vous avez eu l'occasion de parler
de la capacité d'accueil. Et je veux juste vous donner une perspective.
Aujourd'hui même, un article qui parle d'une infirmière venant du Maroc, elle
veut faire sa vie, elle accepte de venir travailler à Montréal avec le salaire
qu'on lui a offert. Il n'y a pas de logement, ça coûte cher, 1 500 $,
1 700 $. Je ne veux pas faire l'avocat de qui que ce soit. Je veux...
Quand on parle de dignité, parce que, moi, je reçois ces appels, des gens qui
viennent à Montréal et qui me disent : Si on m'a dit qu'il y a une crise
de logement, je ne vais pas venir. Donc, oui à la dignité, mais aussi à la
dignité de ceux et celles qu'on ramène dans un contexte de crise de logement.
Je veux vraiment vous entendre et le fond de votre pensée sur la capacité
d'accueil. Je ne veux pas faire un débat politique de limité ou illimité, mais
il y a des cas réels. Il y a des cas où, dans des régions, la famille est
obligée de quitter. J'ai des cas où le conjoint accepte de rester pour son
travail. C'est le requérant principal. Faute de garderie, la femme, sa femme
quitte avec les enfants. On vit d'autres crises au Québec aussi, crise du
logement, garderies, services de santé. Donc, on parle de dignité, aussi
d'offrir des conditions idéales pour bien accueillir ces personnes. Donc, vu ce
contexte. Pensez-vous que cette capacité d'accueil doit être aussi interprétée
avec d'autres facteurs qu'on doit prendre en considération en tant qu'élus?
Mme Langlois
(France-Isabelle) : Si d'autres facteurs doivent être pris en compte,
qui sont... Ces autres facteurs que vous nommez, là, si on parle du logement,
c'est aussi un droit fondamental pour tout le monde. Donc, ce n'est pas juste
les personnes immigrantes, ici, qui sont touchées par cette violation de
droits, le fait de ne pas pouvoir se loger dignement. Encore une fois, c'est
l'obligation de l'État. C'est le rôle de l'État de trouver les solutions pour
s'assurer que les personnes sur son territoire aient un toit convenable. Je ne
doute pas de la complexité de la situation, mais il n'y a aucune raison qui
justifie de nier ou de bafouer les droits d'une personne ou de mettre en
équilibre ces droits.
M. Derraji : Je ne parle
pas de bafouer. Désolé si je vous ai interrompu. Je ne parle pas de bafouer,
mais, à certains moments, c'est légitime de se poser la question. C'est
légitime de dire : On a des droits, d'être une société accueillante et je
crois que nous sommes une société accueillante, que ce soit pour les demandeurs
d'asile, les réfugiés et il y a d'autres catégories. Mais à un certain moment,
on frappe un mur qu'il n'y a pas assez de logements, il n'y a pas assez de
garderies. Comment atteindre cet équilibre? Parce qu'on ne veut pas que, dans
l'esprit collectif, on défonce les portes pour l'accueil, et je dis bien entre
guillemets, parce qu'on ne les défonce pas, on doit être accueillant, mais de
l'autre côté, il y a des crises qu'il ne faut pas allumer ni alimenter.
Mme Langlois
(France-Isabelle) : Se poser la question pour trouver des solutions,
ça va. Se poser la question pour dire : Voici, nous avons trouvé une
raison pour ne pas accueillir des personnes demandeuses d'asile, c'est une
autre histoire. Alors, il faut... Il faut trouver les moyens de loger les... Je
comprends la complexité, mais moi, ce n'est pas mon rôle de vous dire comment
vous devez faire ou comment les divers paliers de gouvernement doivent faire.
Mais on doit assurer des logements dignes à tout le monde. Tout le monde doit
avoir un toit sur la tête.
M. Derraji : Et on
manque des logements à Montréal, criant. Moi, quand je vois des itinérants...
Mme Langlois
(France-Isabelle) : Mais, c'est inacceptable. Comment ça se fait qu'on
soit rendu là?
M. Derraji : Je suis
d'accord avec vous, très d'accord avec vous, mais à un certain moment...
Mme Langlois
(France-Isabelle) : Ce n'est pas normal qu'au Québec il n'y ait pas de
logements pour...
M. Derraji : Mais je
suis d'accord. Je suis d'accord avec vous, pas uniquement à Montréal, un peu
partout, mais c'est là où, je vous le dis, j'arrive juste à ce qu'on travaille
tous ensemble, que la capacité d'accueil, c'est quelque chose qu'on doit
travailler, soit avec une volonté politique, la déterminer, travailler à la
bonifier parce qu'on a d'autres enjeux, le vieillissement. On a d'autres enjeux
qu'on n'arrive pas à trouver du monde pour travailler, mais c'est dans les deux
sens.
Mme Langlois
(France-Isabelle) : Tout ce que vous évoquez, c'est tout à fait juste.
Je comprends. Je comprends votre... d'où vous venez, là...
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...mais
ce n'est pas comme si c'était nouveau tout ça, c'était annoncé depuis des
décennies qu'on s'en allait dans ces situations-là. Le Québec est un État
riche, plein de ressources, de personnes hyper compétentes dans tous les
domaines, et donc c'est aux décideurs et aux décideuses de prendre les mesures,
les bonnes décisions pour assurer que tout le monde puisse vivre dignement ici.
M. Derraji : Mais à un
certain moment, il ne faut pas, en tant que société, de se poser la question
c'est quoi l'urgence? Bâtir du logement, ramener du monde pour la construction,
pas de problème, on peut bâtir, mais surtout pour la priorité, ce dont je vois,
c'est la dignité, peu importe la dignité de cette personne ou de son statut.
Moi, aujourd'hui, quand je vois une infirmière quitter un pays Tiers-Monde où
il y a un besoin en soins de santé, venir ici et ne pas lui trouver un
logement, c'est aussi une perte pour son pays. On le voit en Afrique
francophone, il y a beaucoup de gens qui quittent. Comment il est, le système
de santé, dans ces pays francophones? Ils ont besoin de ce...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Le temps est terminé. On
finit cette rencontre avec le député de Saint-Henri Sainte-Anne pour une
période de 4 min 8 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation et votre mémoire. D'abord, je souligne
le travail d'Amnistie internationale ici et un peu partout à travers le monde,
c'est un travail incommensurable que vous faites, c'est un travail énorme et
qui assure la dignité, la liberté et la sécurité de plein de gens, ou du moins
qui dénonce plusieurs violations. Alors, merci pour ce que vous faites. Ce
n'est pas une mince chose d'avoir Amnistie devant nous qui dépose un rapport
qui souligne des violations de droits de la personne causées au Québec, quand
même, c'est grave, là. L'ONU nous dit la même chose dernièrement, dans le
rapport, que les conditions de travail... des permis de travail fermés sont
propices à l'esclavagisme moderne, c'est quand même quelque chose de très
grave. Et aujourd'hui, vous venez dénoncer ça, vous venez nous informer de ça.
Et devant ce que vous dites, devant les
informations que vous nous apportez, devant les drapeaux rouges que vous levez,
j'entends des débats, j'entends... on réfute ce qu'Amnistie internationale dit
quand même, ça me surprend. Honnêtement, ça me surprend, ça m'effraie même un
peu, pour être franc, je suis surpris, là. Amnistie, c'est un peu notre
conscience à nous tous. Quand Amnistie dépose un rapport, quand vous êtes là,
habituellement, c'est parce qu'il y a un problème. Et je pense que c'est un
problème qu'il faut plutôt attaquer que de réfuter.
J'aimerais ça vous amener sur les
garderies subventionnées. Si j'ai bien compris, il y a eu un jugement de Cour
supérieure qui donnait accès aux garderies subventionnées aux femmes, aux mères
demandeurs d'asile et le gouvernement à la place a décidé de dépenser des
dizaines de milliers de dollars de fonds publics pour renverser cette
décision-là devant la Cour d'appel, c'est bien ça?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Hum
hum.
M. Cliche-Rivard : Et là où
est-ce qu'on en est?
Mme Langlois (France-Isabelle) : C'est
bloqué.
M. Cliche-Rivard : C'est
bloqué.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Pour
l'instant, c'est toujours bloqué.
M. Cliche-Rivard : Donc,
malgré une victoire en Cour supérieure, ce n'est toujours pas accordé parce
qu'il y a des procédures d'appel.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Exact.
M. Cliche-Rivard : Donc,
pendant ce temps-là, il y a des femmes, des mères qui restent probablement à la
maison au lieu d'aller travailler, au lieu d'aller contribuer à nos systèmes de
santé, comme on a vu pendant la pandémie par exemple, parce qu'une décision en
appel de ne pas leur donner accès aux services de garde.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Oui.
Et il y a des enfants aussi qui n'ont pas accès à ces services de garde là, qui
sont des services qui permettent une meilleure intégration non seulement des
enfants, mais de l'ensemble de la famille, et une francisation plus rapide
également.
• (15 h 30) •
M. Cliche-Rivard : Quand
même. Je questionne les priorités. Je pense qu'on aurait tous et toutes mieux à
faire que de dépenser des millions... pas des millions, pardon, mais des
milliers en fonds publics là-dessus.
J'aimerais vous entendre aussi sur la
régularisation des statuts. Vous en avez parlé. Pour vous, c'est quelque chose
qui est fondamental, c'est quelque chose qui est urgent, qui est important?
Mme Langlois (France-Isabelle) : Oui,
c'est quelque chose qu'on revendique, c'est quelque chose qui est en discussion
avec le gouvernement fédéral. Notre posture est la suivante : Il vaut
mieux des personnes en situation régulière non seulement pour leurs droits,
mais aussi pour la société tout entière. Lorsque les personnes sont
régularisées, on les connaît, on sait où elles sont, qui elles sont, où elles
sont, dans quel état elles sont, quel travail elles font. Elles sont moins
soumises à l'exploitation également.
M. Cliche-Rivard : Il y a
même un enjeu d'économie formelle aussi. Il y a même un enjeu de régulariser,
je veux dire, leurs paiements même, si on veut dire d'impôts, là, je veux dire,
jusque-là, jusqu'à la perception, alors que, sinon, c'est des gens qui
travaillent irrégulièrement, je veux dire, il y a même des gains économiques,
là.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Oui.
M. Cliche-Rivard : Il y en a.
Mme Langlois (France-Isabelle) : Oui,
peut-être. Ce n'est pas mon...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Langlois (France-Isabelle) : ...je
ne suis pas là, mais peut-être. Mais c'est surtout une question de dignité. Et
il y a plusieurs bienfaits pour la société. Pensons à une situation de
pandémie. Il vaut mieux avoir des personnes en situation régulière, même en
attente de statut, mais régulière que des personnes ayant un statut irrégulier,
mais qui se cachent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui met fin à cette
audition. Mesdames, au nom des parlementaires, je vous remercie de l'apport à nos
travaux. Je vous souhaite une bonne fin de journée et je suspends les travaux
pour quelques instants, le temps de recevoir notre dernier intervenant.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 15 h 37)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux.
Nous recevons donc comme dernier
intervenant Me Maxime Lapointe. Bonjour, M. Lapointe, Me Lapointe. Vous avez...
donc, bénéficier d'une période de 10 minutes pour votre exposé, et, comme
pour tout le monde, nous allons en terminer avec une période de discussion avec
les parlementaires. Alors, le temps est à vous.
M. Lapointe (Maxime) : Merci
beaucoup. Mme la Présidente, Mme la ministre, chers parlementaires, bonjour.
Premièrement, Mme la ministre, merci de tenir la présente consultation
publique. Mieux vaut tard que jamais.
Journaliste, Alexandre Duval, pour
Radio-Canada, reportait, en mai 2022, que le gouvernement reportait la
consultation publique qui aurait dû se tenir à ce moment, aux termes de la
planification en 2020-2022. À l'époque, je commentais dans les médias à l'effet
que le gouvernement ne voulait surtout ne pas entendre parler d'immigration en
période préélectorale question de ne pas perdre le contrôle du message.
Ainsi, le plan d'immigration pour
l'année 2023 s'est avéré être un copier-coller du plan 2022. En mai
2023, la ministre nous présentait donc un projet de réforme faisant table rase
des grilles de pointage pour la sélection des travailleurs qualifiés et créant
quatre volets de sélection de travailleurs qualifiés, et ce, avant d'avoir
consulté les professionnels en immigration, les divers groupes ayant présenté
des mémoires dans les dernières semaines. Deux scénarios concernant les seuils
d'immigration sont sur la table, on le sait tous. Le temps nous dira si
certaines suggestions des intervenants faites lors de cette consultation
générale selon... seront, pardon, retenues ou si tout était joué d'avance.
Dans les derniers mois, j'ai décidé
d'écrire mon premier livre sur l'immigration au Québec, fort de mes 13 ans
de pratique dans le domaine, qui s'appelle Pour une immigration plus
transparente. Donc, le livre vient recenser l'actualité de l'immigration des
cinq dernières années dans 53 chapitres et 12 recommandations pour le
gouvernement, que je viens vous présenter ici.
Donc, l'objectif de mon intervention
aujourd'hui, c'est de vous présenter mes recommandations. Juste avant, j'aimerais
aborder quatre points principaux rapidement. Donc, premièrement, l'état de la
situation. Donc, l'état de l'écosystème de l'immigration, depuis l'arrivée au
pouvoir de la CAQ, est grandement affecté, voire en danger à la suite de
plusieurs politiques et réformes peu réfléchies qui ont débuté par la
diminution des seuils d'immigration de 20 % en 2019. Le gouvernement du
Canada... Le dialogue avec le gouvernement du Canada est difficile, ce qui
complique le processus général d'une demande d'immigration qui doit passer par
les deux paliers de gouvernements, soit provincial et, ensuite, le fédéral,
quand le fédéral n'est pas la première étape du processus, on pense entre
autres aux demandes de parrainage. La souveraineté du Québec en immigration est
plus petite qu'on ne peut le penser.
Pour le ressortissant étranger souhaitant
s'établir au Québec, c'est un chemin de croix que de naviguer dans un
labyrinthe administratif du MIFI. Pour les représentants autorisés, tels que
les avocats et les consultants en immigration, il devient de plus en plus ardu
non seulement de communiquer avec l'administration gouvernementale, mais aussi
de comprendre les orientations ministérielles, surtout dans un contexte de
transformation numérique douloureux, autant au provincial qu'au fédéral.
Pendant ce temps, le Canada augmente, lui, ses seuils d'immigration avec une
politique plus inclusive, plus souple, on baisse aussi les frais
gouvernementaux, de sorte qu'il y a de plus en plus de gens qui choisissent de
vivre en français à l'extérieur du Québec.
• (15 h 40) •
Deuxièmement, manque de transparence.
Donc, le manque de transparence, que je fais état dans mon livre, se retrouve
dans les éléments suivants : premièrement, dans les programmes
d'immigration et les processus pour les ressortissants étrangers voulant
immigrer au Québec et au Canada; dans la vision du gouvernement provincial sur
les orientations de la province en matière des cibles d'immigration et, plus
largement, par rapport à l'évolution... démographique, pardon, et politique du
Québec dans les décennies à venir; troisièmement, il manque de transparence
dans le dialogue Québec-Canada sur le partage des pouvoirs en immigration et la
possible récupération de certains pouvoirs par le Québec; quatrièmement, dans
la consultation des divers intervenants impliqués dans des dossiers
d'immigration.
Je constate, malheureusement, que
l'ensemble des partis politiques du Québec s'acharnent à quantifier le seuil
adéquat d'immigration par une guerre de chiffres aucunement réfléchie. Les
positions vont dans tous les sens, de 35 000 à 80 000 nouveaux arrivants
par année, selon le parti. Malheureusement, aucun d'entre eux ne tient compte
des inventaires de dossiers par catégorie, de sorte que les politiciens n'ont
aucune idée de l'encombrement réel de la machine administrative au MIFI autant
qu'à l'IRCC en immigration temporaire que permanent. On l'a vu dans l'actualité
hier, les chiffres semblent sortir.
Bon, le projet de réforme de 2023. Dans ce
contexte, la réforme annoncée par la ministre Mme Fréchette en mai 2023 et le
projet de...
M. Lapointe (Maxime) : ...Règlement
sur l'immigration au Québec font fausse route en créant des nouveaux programmes
de sélection permanente sans pour autant ventiler le nombre de certificats de
sélection du Québec à émettre dans chacun des quatre volets et surtout sans
tenir compte des arriérés au niveau des inventaires de dossiers en attente soit
de sélection par le Québec ou d'admission par le Canada par rapport aux cibles
annuelles fixées.
Par exemple, avec une cible d'admission de
450 personnes dans la catégorie des gens d'affaires à partir de 2024, il
est clair que le gouvernement n'a aucunement tenu compte de l'inventaire des
dossiers de la catégorie, dont les arriérés sont destinés à au moins 10 000
demandes individuelles à ce jour, hein, il y avait 19 000 demandes en début de
2022 avec des seuils à l'admission de 4 000 à 4 300 par année, 2022-2023. Donc,
on a 10 000 personnes dans la machine et 450 places à la sortie.
Quant à la réouverture du programme des
investisseurs et du Programme des entrepreneurs, nous saluons l'idée d'une
sélection en deux étapes afin de favoriser la rétention des ressortissants
étrangers au Québec. Un programme de repreneuriat est également porteur, à mon
avis.
Saluons également l'idée de sélectionner
en continu les ressortissants étrangers déposant une demande dans le programme
Expérience québécoise dans le volet Diplômé du Québec.
En effet, sélectionner en continu des
ressortissants étrangers francophones et présents sur le territoire viendra
assurément décongestionner les inventaires de dossiers dans la catégorie des
travailleurs qualifiés et, plus généralement, dans toute l'immigration
économique puisque les seuils annuels d'immigration ne s'appliqueront plus à
ces requérants. Par contre, nous sommes d'avis que c'est le volet Travailleur
étranger temporaire du PEQ qui aurait dû bénéficier de cette largesse et non le
volet Diplômé du Québec.
D'ailleurs, exiger une expérience de
travail de la part des étudiants étrangers souhaitant déposer une demande dans
le PEQ est un pas dans la bonne direction, lors de la réforme du PEQ de juillet
2020, pour éviter de sélectionner des étudiants diplômés chômeurs. Nous
invitons le gouvernement à revoir cet assouplissement en maintenant l'exigence
d'emploi pour le PEQ Diplômé du Québec et en intégrant le PEQ Travailleur à
l'exclusion des seuils annuels. Il est également recommandé de réduire
l'expérience de travail de 24 mois à 12 mois pour les travailleurs
étrangers temporaires, tel qu'avant la réforme de juillet 2020. Finalement, il
est suggéré de remettre toutes les professions de la classification nationale
des professions à cette nouvelle mouture du PEQ, afin d'inclure le plus de
candidats possibles qui sont tentés de quitter pour d'autres provinces
canadiennes où les conditions, autant l'immigration temporaire que permanente,
ne sont plus favorables que celles du Québec.
Quant à la sélection des travailleurs
qualifiés via PRTQ, ou le futur PSTQ, nous nous questionnons sur la survie ou
non des programmes pilotes créés après la réforme du PEQ de juillet 2020 et sur
la validation d'une offre d'emploi permanent, qui servait essentiellement à
donner plus de points aux ressortissants étrangers dans le cadre d'une demande
dans le PRTQ. Comme la ministre envisage un nouveau programme de sélection sans
grille de pointage, nous aimerions avoir plus de détails sur l'utilité et la pertinence
d'une telle demande de validation d'une offre d'emploi permanent... permanent,
pardon, afin de bien conseiller nos clients.
Quatrièmement, relations avec le
gouvernement fédéral. Finalement, nous saluons les initiatives... l'initiative,
pardon, de la ministre souhaitant diminuer les délais de traitement des
demandes d'immigration déposées à l'IRCC, notamment dans la catégorie des
parrainages privés, tel que relayé par les médias en mai 2023. Par contre, nous
sommes d'avis que cet exercice doit être fait dans toutes les catégories
d'immigration, notamment dans la catégorie du regroupement familial, où
plusieurs articles des médias ont coulé l'information à l'effet que plus de
36 000 demandes sont toujours en attente de finalisation par Immigration Canada.
Avec un seuil à l'admission de 10 200 à 10 600 demandes individuelles par
année, il faudra donc plus de deux ans pour décongestionner l'inventaire actuel
de demandes.
À mon avis, le gouvernement devrait songer
à créer une année zéro en matière de seuils d'immigration afin d'éliminer
complètement les inventaires de dossiers avant de tenter toute réforme à la loi
ou au Règlement sur l'immigration au Québec. On pourrait penser à une
année 2024.1 pour vider les inventaires et une année 2024.2 selon le
scénario choisi.
Maintenant, on va aborder les
12 recommandations de mon livre. La première, créer une commission de
révision permanente des programmes d'immigration pour s'assurer de l'efficacité
et de la compétitivité de ceux-ci. On veut éviter les programmes vides, Mme la
ministre. On l'a vu, les programmes pilotes du MIFI sont en échec. Le Devoir a
rapporté des statistiques ridicules au nombre de personnes qui ont appliqué. Et
le PEQ est très peu populaire parce qu'il y a beaucoup de gens qui attendent de
rencontrer les conditions pour déposer une demande. Donc, les programmes,
actuellement, ne fonctionnent pas.
Deuxièmement, recenser officiellement les
immigrants temporaires au Québec et dénombrer la proportion de ceux-ci qui
souhaitent éventuellement demander et obtenir la sélection permanente par le
Québec, afin de mieux établir les cibles de sélection et d'admission pour la
période 2024-2027. On l'a vu hier dans l'actualité, avec plus de 471 000
résidents non permanents au Québec pour des seuils annuels de 50 000 nouveaux
arrivants. La demande semble dépasser fortement, là. Plusieurs titulaires,
hein, du programme Mobilité internationale, je pense au PVT entre autres, les
permis de travail de deux ans, ne se qualifient plus au PEQ que depuis la dernière
réforme de juillet 2020. On va en reparler.
Troisièmement, rendre public le nombre
total de personnes ayant une demande de déclaration d'intérêt active dans
Arrima et le nombre de demandes de validation d'offres d'emplois permanents...
M. Lapointe (Maxime) : ...et
du MIFI afin de connaître, avec précision, le nombre de personnes intéressées à
émigrer au Québec, qu'elles soient présentes au Québec ou hors du Québec. On a
vu, dans les premières semaines du lancement d'Arrima, il y avait plus de 115 000
personnes qui ont déclaré leur intérêt à immigrer au Québec. Et on le voit sur
les forums, les délais de traitement, pour le PRTQ, pour les demandes déposées
à l'extérieur du Québec, semblent très rapides. Les gens sont invités, exemple,
en janvier, ils déposent le dossier en mars, CSQ en avril, résidence permanente
en mai, approuvée en juillet,tandis qu'il y a des gens, au Québec, sur le
territoire, qui attendent de cumuler leurs deux ans d'expérience pour demander
la sélection permanente. Donc, ça semble un peu rapide à l'extérieur du Canada.
C'est à considérer, là, dans mes recommandations. Le nombre d'offres d'emploi à
valider, j'aimerais le savoir, j'ai l'impression qu'il y en a beaucoup plus que
le nombre de CSQ qu'on peut donner dans la catégorie des travailleurs
qualifiés.
Quatre, rétablir la condition d'emploi, au
Québec, de 12 mois dans le PEQ et un programme unique pour les étudiants
étrangers, les travailleurs étrangers temporaires, augmenter les seuils de ce
programme dans la catégorie de travailleurs qualifiés au maximum de la capacité
de sélection du Québec pour adosser les seuils totaux...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Lapointe, je dois, malheureusement, vous arrêter parce
que votre 10 minutes vient de se terminer. Par contre, on va commencer
l'échange avec les parlementaires de sorte que vous pourrez répondre aux
questions.
M. Lapointe (Maxime) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je commence avec l'aile gouvernementale pour une
période de 16 minutes 30 secondes. Mme la ministre, le micro est à vous.
Mme Fréchette : Bien, merci,
Mme la Présidente. Comme c'est notre dernier intervenant, je me permets de
remercier toutes les formations politiques autour de la table. Je trouve qu'on
en a eu un trois semaines de commission parlementaire riche, constructive, et,
vraiment, ça a permis d'avoir des débats intéressants, diversifiés, qui ont
couvert un ensemble de dimensions assez complet. Donc, vraiment, un grand
merci. Grand merci à vous tous. Un grand merci également au ministère, aux gens
du MIFI. Karine Dumont, sous-ministre adjointe, vraiment, un grand merci, qui a
orchestré beaucoup de cette commission également, également, Ramon Diaz,
Catherine Ouellette. Donc, à vous tous ou toutes, et à tous les autres de
l'équipe, un immense merci pour tout ce travail qui a été accompli en un temps
record. Et merci également au sous-ministre, M. Dagenais.
Alors, à partir de là, bien, M.... Me
Lapointe, je commencerais, en fait, par apporter une précision sur un des
points que vous avez abordés au début, quant au fait qu'on ait prolongé d'une
année notre planification de l'immigration pluriannuelle. C'était
essentiellement par respect du processus électoral, parce que, s'il était
advenu qu'on adopte une planification de l'immigration pluriannuelle, alors que
survenait, quelques semaines plus tard, quelques jours plus tard, une élection,
dont il fallait attendre le résultat, ça aurait été d'engager le prochain
gouvernement. Et c'est par respect du processus électoral qu'il y a eu décision
de prolonger, donc, d'une année la planification annuelle qu'il y avait eu
l'année précédente, et de façon à permettre, dans le fond, que le nouveau
Parlement se penche sur le processus que l'on tient en ce moment pour définir
la planification pluriannuelle de l'immigration. Donc, il y avait vraiment
cette volonté-là qui nous guidait tout au long de ce processus.
• (15 h 50) •
En page quatre, je vous amènerais, dans
votre mémoire, dans la partie trois, vous remettez, en fait, en question l'idée
d'admettre en continu les personnes admissibles au PEQ diplômé. En même temps,
pour nous, les étudiants internationaux, bien, c'est un bassin de compétences,
de personnes qui ont franchement tous les atouts que l'on souhaite avoir dans
une personne qui veut s'établir au Québec à long terme, à savoir que, bien, ils
ont un diplôme d'un établissement d'enseignement, en l'occurrence en français.
Ils ont donc une maîtrise de la langue française. Ils sont déjà ici. Ils ont
commencé leur intégration au Québec. Ils sont, pour la plupart, jeunes. Donc,
voilà. Ce sont tous des atouts qui nous semblent pertinents d'avoir chez une
personne immigrante. Alors, je voulais vous entendre, là, sur pourquoi vous ne
considérez pas que ce sont des candidats idéaux, là, pour l'immigration
permanente au Québec.
M. Lapointe (Maxime) : Moi,
je vous dirais, premièrement, pourquoi vous avez enlevé l'admissibilité au
Programme expérience québécoise pour ces mêmes étudiants là en 2020, si les
programmes marchaient aussi bien que vous l'entendez, là. Donc là, on semble
vouloir un peu réparer à des erreurs qui sont liées, dans le fond, à la baisse
des seuils d'immigration de 20 % comme idée électorale en 2018. Quand un
gouvernement de la CAQ a dit : Nous, on veut baisser l'immigration des
niveaux de 20 %, de 50 000 à 40 000, hein, il fallait couper quelque part
parce que le gouvernement, l'ancien gouvernement avait...
M. Lapointe (Maxime) : ...Sélectionner
plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il y avait des gens qui se
qualifiaient au PEQ et, du jour au lendemain, ils ne se qualifiaient plus.
Donc, dans ce sens-là, oui, admettre en continu, exclure des seuils
d'immigration. Moi, j'ai recommandé ça au gouvernement, justement, en 2017 ou
en 2018, donc exclure les candidats francophones. Moi, ce que je dis dans les
médias, des gens, des francophones qui travaillent depuis un an et qui parlent
français, moi, je les prends tous, là. Donc, c'est bon de remettre un peu ça.
Par contre, ça va être quoi, le seuil
d'immigration à la sélection puis à l'admission, tu sais? Il y a combien
d'étudiants étrangers qui vont se qualifier dans le programme Expérience
québécoise, si on a une clause grand-père? Exemple, pour un diplôme de moins de
36 mois, je pense que vous allez sursauter, là, il y a peut-être plus 30
00, 40 000 personnes qui veulent se qualifier dans le programme. Et, avec les
seuils, ça va être compliqué.
Troisièmement, je dirais : pourquoi
on serait plus souple que le reste du Canada, qui demande, dans le fond, une
expérience académique et de travail pour le programme de résidence permanente
des travailleurs qualifiés? Si moi, je vais étudier aux États-Unis, est-ce que
je deviens américain pour autant? Non. Donc, moi, ce que je dis, les étudiants
étrangers ont accès à un permis de travail postdiplôme de deux, trois ans,
souvent la même durée de leurs études, maximum, trois ans, ça part de huit
mois, bref, ils ont généralement le temps d'aller cumuler une expérience de travail.
Moi, mon risque pour le Québec, c'est d'éviter de sélectionner des immigrants
Chômeurs.
Mme Fréchette : O.K. Donc,
c'est le taux de chômage qui est votre guide, dans cette réflexion?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
moi, je pense que le programme des travailleurs étrangers temporaires, le volet
Travailleurs étrangers temporaires du PEQ est grandement oublié. Moi, ce que je
dis c'est : faites un seul programme, 12 mois de travail, un niveau
de français, toutes les professions. Moi, ce que je dis dans les médias, des
gens qui parlent français, travaillent depuis 12 mois, moi, je les prends
tous. Allons accoter les seuils du fédéral, on peut aller chercher 23 %,
22.3 % de l'immigration canadienne, on peut monter même de 5 % pour
des considérations démographiques en vertu de l'accord Canada-Québec.
D'ailleurs, c'est ma
recommandation 7, là. Ouvrez donc l'accord Canada-Québec.
L'article 33 permet, dans un délai de six mois, de demander au
gouvernement fédéral de rouvrir l'accord, donc peut-être interpeler le ministre
fédéral et de... Faites vos demandes pour aller récupérer des pouvoirs de
sélection. C'est la bonne manière de faire, à mon avis, là.
Mme Fréchette : O.K. vous
dites en page quatre de votre mémoire, là, que le gouvernement devrait songer à
créer une année zéro en matière de seuils d'immigration pour éliminer
complètement tous les inventaires et avant de tenter, là, toute réforme de la
loi ou des règlements de l'immigration. Donc, vous ne pensez pas qu'il est
important de réformer nos programmes d'immigration économique de manière à
favoriser la maîtrise, à exiger la maîtrise du français?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
vous avez déjà sélectionné ces gens-là, donc c'est des gens qui sont dans la
file d'attente vers le fédéral. Le Québec a donné un certificat de sélection du
Québec. Donc, si vous, dans votre projet, le gouvernement du Québec vous dit
oui, il n'y a pas de raison que le fédéral vous dise oui dans plusieurs années
pour une raison de quotas d'immigration, là. On le voit dans la catégorie...
Les parrainages, c'est carrément ça, là, il y a 36 000 demandes, le
seuil à la sortie, c'est 10 000. Et les gens ont déjà un certificat de
sélection du Québec. Donc, il y a des attentes raisonnables, de la part des
immigrants, qui ne sont pas rencontrées. Donc, vous les avez déjà sélectionnés,
donc videz donc un peu tous les inventaires, après, vous repartirez. Si le bon
seuil, c'est 35 000, comme dit le Parti québécois, ou 80 000, comme
dit Québec solidaire, ou peu importe, OK, mais là, on ne peut pas... On a une
machine qui est engorgée autant au stade de la sélection par le MIFI que par
l'admission par le fédéral.
Et les journalistes mettent beaucoup de
pression au gouvernement là-dessus. Vous l'avez vu dans Le Devoir au printemps,
le fédéral l'a dit, les délais de traitement dans la catégorie des parrainages
sont causés par les faibles seuils d'immigration du Québec. Donc, la solution
est entre vos mains, Mme la ministre. Augmentez les seuils temporairement,
expliquez à la population que, oui, on a sélectionné peut-être un petit peu
trop de monde par rapport à notre capacité d'admission, mais repartons à zéro,
là, pour avoir une meilleure adéquation entre la sélection et l'admission.
Puis C'est un peu le souhait du ministre
Simon Jolin-Barrette, en 2019, quand il a été élu. Mais en coupant
l'immigration de 20 %, tout ce qu'on a fait, c'est, on a retardé les gens,
dans le processus, de 20 %.
Mme Fréchette : Je vais céder
la parole à des collègues, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, je reconnais la
députée de Vimont. Il vous reste huit minutes 56 s.
Mme Schmaltz : Parfait.
Merci, Mme la ministre... «Mme la ministre», Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pas encore.
Mme Schmaltz : Bonjour, M....
Me Lapointe.
M. Lapointe (Maxime) : Bonjour.
Mme Schmaltz : Dans votre
mémoire, vous ne vous êtes pas exprimés sur plusieurs des orientations que nous
avons proposées. J'aimerais quand même vous entendre sur ce que nous proposons
par rapport à notre volonté d'assurer quand même une immigration d'enracinement
durable et puis une intégration aussi réussie en français. J'aimerais un petit
peu connaître votre idée un petit peu là-dessus.
M. Lapointe (Maxime) : Oui.
En vertu de l'accord Canada-Québec, le Québec a le pouvoir de créer des
catégories au sein de l'immigration économique. Il y aurait moyen facilement de
créer un programme de l'excellence francophone, appelez-le comme vous voulez,
qui demanderait, exemple, un niveau C2 en français, qui est le niveau le
plus élevé...
M. Lapointe (Maxime) : ...une
expérience de travail, exemple, de 12 mois, débloquer des certificats de
sélection du Québec. Allons sélectionner des francophones, ne faisons-les pas
attendre sur les lignes de côté. On le voit, exemple, vous l'avez vu dans
l'actualité en janvier, les immigrants parfaits, un couple de France, ils
étaient donc parfaits. Ils ont essayé de renouveler un permis de vacances
travail, un permis de 24 mois qui ne se renouvelle pas. Donc, ils ont fait
une demande, elle a été refusée, et là, bon, les commentateurs politiques
disaient qu'ils étaient donc parfaits, mais ils n'étaient pas parfaits. Ils ont
essayé de renouveler un permis de travail qui ne se renouvelait pas, mais si on
avait le programme Expérience québécoise comme il était avant juillet 2020,
12 mois de travail, un niveau de français, à l'intérieur d'un permis qui
est délivré par le fédéral, dans le programme Expérience internationale Canada,
à l'intérieur d'un permis de deux ans, on peut travailler pendant 12 mois,
démontrer un niveau de français et demander le certificat de sélection du
Québec et d'être dispensé d'EIMT, hein, pour le deuxième permis. Donc, il y a
de la latitude à avoir, mais c'est quand même pointu, là, les dispenses d'EIMT,
programme mobilité internationale qui est un programme fédéral.
J'écoutais entre autres, pendant les
consultations publiques, les Îles-de-la-Madeleine. Le groupe qui sont venus
ici, bien, ils aimeraient ça avoir un permis de travail régional. Moi, je
trouve l'idée superbonne, mais ce n'est pas simple au niveau juridique,
politique. Comment on va attacher ça? Il faudrait premièrement, quoi, se sortir
du programme des travailleurs étrangers temporaires, qui est un programme
fédéral. Moi, je n'ai rien contre. Deuxièmement, quoi? Peut-être créer une
dispense d'EIMT dans le programme Mobilité internationale avec une lettre
d'entrée hâtive qui serait émise par les Îles-de-la-Madeleine qui dit :
Nous, on a recensé, on voudrait... on a besoin de 500 soudeurs. Donc,
nous, on veut... On va émettre une lettre d'entrée hâtive et une offre d'emploi
du portail des... déjà là, on a perdu tout l'auditoire, mais il y a moyen
d'arriver à nos fins.
Premièrement, comme je vous dis, un,
sélectionnons des francophones, on a la prérogative en vertu de... Allons-y!
Deuxièmement, ne laissons pas les gens attendre sur les lignes de côté. On l'a
vu, l'année dernière, il y a 4,4 % des migrations totales canadiennes qui
est francophone, maintenant, hors Québec, c'est 16 000 personnes qui ont
choisi de ne pas vivre au Québec. Si on avait des programmes performants,
exemple, 12 mois de travail, un niveau de français, probablement que ces gens-là
seraient restés ici.
Mme Schmaltz : O.K.,
peut-être, là, que je n'ai pas saisi tantôt, peut-être fatiguée ou peut-être
que ça n'imprime plus, là, rendu à cette heure-là. Mais vous avez parlé tantôt
de seuil, d'augmenter le seuil. Vous avez dit : La personne, elle parle
français, on le prend, on les prend, on peut augmenter de 23 %, 25 %,
là, le... le niveau que le Canada recommande. De l'autre côté, vous dites qu'on
ne devrait pas présenter des seuils ou des scénarios. Je ne comprends pas, en
fait, je ne comprends pas votre idée là-dessus de... parce qu'avec la ministre,
on a fait cet hiver une tournée des régions, hein, on a entendu les
préoccupations, que ça soit les entreprises, hein, peu importe. On a rencontré
quand même beaucoup d'acteurs, là, des régions. Et il y a quand même des enjeux
qui sont liés à leur région, en lien peut-être avec l'immigration. On parle,
bon, certaines infrastructures, et tout ça, de logements. Si on accueille de
cette façon en disant la personne parle français, on l'accueille. Je ne vous
comprends pas de dire qu'on peut atteindre un niveau, un seuil d'immigration.
C'est quoi, c'est 100 000? C'est... Qu'est-ce que vous voyez là-dedans?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est ça. C'est pour ça que ma recommandation deux, si je vous y ramène, c'est
de recenser officiellement les immigrants temporaires au Québec. Il y en a
combien, là, des travailleurs étrangers, des conjointes, des permis d'études,
des permis post diplômes, et voir dans ceux-là, il y en a combien qui
éventuellement vont... veulent s'établir au Québec de manière permanente et qui
ont l'intention de demander la résidence permanente. Et, à partir de ce
chiffre-là, on pourra regarder, c'est quoi, le bon seuil d'immigration. On a la
capacité juridique, hein, en vertu de l'accord Canada-Québec, d'aller
sélectionner 22,3 % de l'immigration canadienne. Peut-être un petit peu
moins avec, bon, l'économique. On peut monter de 5 %. Le fédéral veut
500 000 nouveaux arrivants, donc on... on a la capacité. Mais j'ai l'impression
que le gouvernement ne sait pas qui veut immigrer au Québec. Donc, moi, ce que
je dis, c'est compter les gens qui ont une déclaration d'intérêts dans la
plateforme Arrima. Vous devez avoir une idée. Alors, il y a 300 000 personnes qui
aimeraient immigrer au Québec, autant à l'intérieur, à l'extérieur du Canada.
Puis deuxièmement, bien, les gens qui sont avec un permis temporaire... il y en
a qui... Mme la ministre le disait au printemps, il y en a qui ne veulent pas
l'immigration permanente, il y en a qui viennent travailler, ils veulent
repartir. Moi, dans mon bureau, 100 % de mes clients veulent l'immigration
permanente au plus vite. Donc, ça prend un programme facilitant.
• (16 heures) •
Donc, moi, ce que je dis, le programme
Expérience québécoise, avant juillet 2020, à mon avis, il fonctionnait bien.
C'est juste que, là, on avait une consigne politique de couper l'immigration de
20 %. Donc, il a fallu s'y prendre... on a vu les 18 000 dossiers
dans le programme régulier de travailleurs qualifiés qui ont été détruits par
le gouvernement. Donc, c'était une des manières d'arriver pour dire à la
population : Bien, vous... On a rempli notre engagement électoral, mais il
y avait peut-être 150 000 personnes qui attendent la sélection par le
Québec...
Mme Schmaltz : Là, on est
dans les suppositions, hein?
M. Lapointe (Maxime) : Bien
non, dans le plein d'immigration du Québec, vous les avez...
Mme Schmaltz : Non, mais
tantôt vous dites : On était peut-être à 150 000, on...
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est pour ça...
16 h (version non révisée)
M. Lapointe (Maxime) : ...moi,
je vous demande de les compter.
Mme Schmaltz : Je vais vous
ramener, si vous le voulez bien, à la question de notre programme de
francisation, hein, qui a été mis sur pied au mois de juin, Francisation
Québec. Est-ce que vous pensez que Francisation Québec peut contribuer de façon
importante à la francisation?
M. Lapointe (Maxime) : Écoutez,
on ne va pas défaire ce qui a été fait, là, vous avez lancé la plateforme, puis
c'est tout à votre honneur. Moi, je suis pour la protection du français, la
défense. Moi, je dis : Les immigrants francophones, on les prend tous. On
en a déjà parlé. On sort d'une pandémie, là, il y a eu trois ans de
télétravail, de rencontres sur Zoom, Teams, j'ai l'impression que le
gouvernement serait capable de donner une formation en ligne que les gens
pourraient suivre à leur vitesse chez eux, au lieu de leur faire des rencontres
en présentiel sur les heures de travail.
Mme Schmaltz : Vous parlez de
Francisation Québec?
M. Lapointe (Maxime) : Oui.
Mme Schmaltz : Bien, on l'offre.
On a une offre de services qui permet justement aux immigrants de pouvoir
suivre des cours en ligne, que ça soit de jours, que soit de soirs. On a cette
offre de service, elle n'est pas juste présentielle, au même titre qu'on
travaille aussi pour la francisation en entreprise. Donc, on a quand même
des... on a mis de l'avant, là, quand même, plusieurs éléments pour favoriser
la francisation.
M. Lapointe (Maxime) : En entreprise,
bon, l'Association des restaurateurs vous le disait, hein, nous, on paie les
travailleurs 40 heures, ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas
apprendre le français en travaillant. Ça reste un enjeu au niveau des
entreprises, mais je pense qu'on peut responsabiliser un peu les immigrants en
leur faisant apprendre le français à la maison puis on peut aussi avoir une
meilleure sélection temporaire, permanente, évidemment, francophone, là. Mme la
ministre le disait, il y a plus de 300 millions de francophones sur la
planète qui veulent peut-être immigrer au Québec. Donc, il y a moyen de mieux
cibler. Moi, ce que je dis... exemple, nous, on recrute des travailleurs de
France, donc on aimerait ça qu'ils puissent avoir accès à la résidence
permanente, idéalement plus rapidement que dans une autre province.
Mme Schmaltz : Mais qu'est-ce
que vous pensez de Francisation Québec? Tantôt, vous sembliez...
M. Lapointe (Maxime) : Je
vais laisser le temps agir un peu, là, tu sais. Premièrement...
Mme Schmaltz : Est-ce que
vous l'avez vue, notre plateforme?
M. Lapointe (Maxime) : Je l'ai
feuilletée un peu sur Internet, comme tout le monde, mais, tu sais, évidemment,
je n'y ai pas accès puis je n'en ai pas besoin dans mes services, là. Mais, par
contre, j'ai l'impression que, bon... dans les premières semaines, il y a eu
des cafouillages informatiques, évidemment, les sites gouvernementaux se font
pirater.
Mme Schmaltz : Non, il n'y a
pas eu de cafouillage. Sur la plateforme Francisation Québec, il n'y a pas eu
de cafouillage informatique.
M. Lapointe (Maxime) : Je ne
sais pas, c'était dans Le Devoir, là, mais bon.
Mme Schmaltz : Mais, en tout
cas...
M. Lapointe (Maxime) : Mais,
oui, oui, c'est une belle initiative, évidemment, de franciser les immigrants.
Moi, je pense qu'il y a moyen de mieux sélectionner des francophones, mais
surtout, les immigrants non permanents vont baisser si on augmente les seuils à
l'immigration permanente, les gens vont passer avec un statut permanent. Donc,
les chiffres alarmants des derniers jours, de 471 000, vont finir par s'estomper
si on a une plus grande sélection.
Mme Schmaltz : Est-ce qu'on a
encore un peu de temps?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il reste sept secondes.
Mme Schmaltz : Bien, je vais
vous souhaiter une bonne fin de journée. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, c'est ce qui termine cette première partie des
discussions. Je me tourne du côté de l'opposition officielle pour 12 min 23 s
avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, merci, M. Lapointe, pour le livre. J'avais hâte
de l'avoir. Vous me le ramenez en plus en commission parlementaire avec une
belle signature. Donc, je vais le lire et je vais vous revenir, aucun problème.
Merci pour votre contribution, aussi, dans le débat public. Je sais que vous
êtes très actif les derniers mois, mais aussi les dernières années.
Je vais juste revenir au temporaire.
Aujourd'hui, on a la confirmation officielle. Je ne pense pas qu'on doit encore
commencer à faire des tables et des discussions pour le nombre. L'immigration
temporaire a explosé dans la dernière année, notamment au Québec. Le nombre de
résidents non permanents s'étant installés dans la Belle Province dépasse
maintenant les 470 000 personnes, alors qu'on estimait jusqu'à tout
récemment qu'il haussait autour de 300 000 personnes. Vous êtes en
commission parlementaire où on nous invite à deux scénarios, 50 000 ou 60 000.
Vous-même, dans votre mémoire, vous dites : «Il faut recenser
officiellement les immigrants temporaires au Québec et dénombrer la proportion
de ceux-ci qui souhaitent éventuellement demander à obtenir la sélection
permanente par le Québec». Vous dites, un peu plus tard aussi dans votre
intervention, que c'est une perte de contrôle. Pensez-vous que le Québec, qui
avait toujours l'habitude d'avoir un certain nombre d'immigrants depuis
plusieurs années, est en contrôle de la situation des immigrants, avec toutes
les catégories que vous connaissez?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
premièrement, je suis un peu surpris, là, du débat, la tournure que ça prend.
Parce que, d'un côté, on a le gouvernement qui subventionne des organismes pour
faire de l'attraction de talents, autant des travailleurs à l'étranger dans le
cadre de missions de recrutement international ou d'étudiants étrangers avec
les établissements d'enseignement du Québec. Donc, on booste l'afflux de
résidents non permanents, donc des travailleurs ou des étudiants, mais, de l'autre
côté...
M. Lapointe (Maxime) : ...on
se surprend qu'il y ait des travailleurs et des étudiants étrangers qui
viennent au Québec. Quand les taux de refus de permis d'études pour les
étudiants francophones sont trop élevés, les gens se plaignent. Quand il y a
trop d'étudiants, il y en a d'autres qui se plaignent. Donc, ça vient difficile
un peu de suivre, là. D'une main, on finance... Le gouvernement subventionne
pour de l'attraction de talents, il y a des bureaux aussi à l'international.
Donc, moi, je n'ai pas la recommandation là-dessus. Est-ce qu'on devrait cesser
de financer les organismes qui font du recrutement international
temporairement? Je ne pense pas que je vais me faire d'amis si je recommande
ça, là.
M. Derraji : Bien, je ne
pense pas que vous cherchez des amis depuis longtemps, vous dites ce que vous
pensez par rapport à l'immigration. Vous avez le droit à vos idées, comme nous
tous, nous avons notre point de vue par rapport à l'immigration. Mais j'essaie
juste de comprendre jusqu'à quel point vous voulez aller. Parce que, la même
question que Mme la ministre, vous nous suggérer une année zéro. Ça veut dire
zéro toutes les... On arrête.
M. Lapointe (Maxime) : Non,
on vide.
M. Derraji : Oui, oui, mais,
si on vide, il faut... il ne pourra pas y avoir d'autres entrants. Ça veut
dire, il ne faut pas accepter d'immigrants permanents, les...
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
il y aura l'année 2024.2, mais... Est-ce que tout le monde comprend dans
la salle, la sélection puis l'admission, là?
M. Derraji : Prenez le temps.
Non, tout le monde comprend. Écoute, tous les collègues comprennent comment ça
marche, les stades d'immigration, j'en suis sûr et certain. À leur place, je
vais dire la même chose, désolé, je vais parler en votre nom, on est à la
troisième semaine, et vous êtes la dernière rencontre, j'en suis sûr, et
d'ailleurs ma collègue a fait la tournée du Québec, tout le monde comprend le
système d'immigration. Je reviens à la l'arrêt. Moi, ça m'a interpellé, là.
Vous nous suggérez année zéro et année 1 de 2024, mais comment, juste
concrètement, pour vider? Parce qu'il y a beaucoup d'inventaires. Et j'aimerais
bien vous poser aussi d'autres questions sur l'inventaire, mais comment?
Concrètement, qu'est-ce que vous nous suggérez?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est le Québec, dans son plan d'immigration, en 2024... va dire :
L'admission, on va augmenter les seuils dans... Exemple, on augmenterait la
catégorie du regroupement familial, on augmenterait le seuil à 36 000. Comme
ça, le... le fédéral... il faut comprendre ce bout-là. Le Québec, dû au
fédéral, traite x mille personnes par catégorie par année. Si le fédéral a
terminé les dossiers du Québec au mois d'avril, les fonctionnaires fédéraux
arrêtent et ça va l'année prochaine. Donc, si on dit au fédéral : Bien,
traitez donc 36 000 dossiers dans la catégorie du regroupement familial,
question qu'à la fin de l'année, exemple, 2024.1, bien, il n'y aura aucun
arriéré. Mais là, après ça, on va pouvoir recommencer à avoir une sélection.
Les gens vous l'ont dit, je pense, pendant les trois semaines, là, justement,
dans la catégorie du regroupement familial, c'est difficile à budgéter il y a combien
de gens ils vont vouloir se marier à l'étranger.
M. Derraji : Oui, mais vous
le savez et vous êtes un expert, les 36 000, si on les rajoute, ça se rajoute
au seuil de 60 000. C'est dans les seuils.
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
c'est dans les seuils dans la catégorie du regroupement familial qui a 10 000.
Donc, il y a...
M. Derraji : Oui, donc vous
nous suggérez que, pour une année...
M. Lapointe (Maxime) : Vidons
les inventaires.
M. Derraji : Ah! O.K., O.K.
M. Lapointe (Maxime) : Tu
sais, les gens ont déjà été sélectionnés par le Québec. Donc, le Québec dit
oui. Donc, si le Québec dit oui, on s'attend à ce que le gouvernement fédéral
termine le dossier rapidement, pas pour... je veux dire, on l'a entendu encore
ce midi, là, des 25 ans de délais de traitement, bon, pour les gens d'affaires.
Donc, vidons les inventaires avant de considérer d'en prendre d'autres. Puis,
après ça, c'est-u 50 000 ou pas? Moi, je salue le fait de sélectionner en
continu les immigrants dans le programme Expérience québécoise, je suggère de
l'élargir aux travailleurs étrangers temporaires. Beaucoup de gens qui
m'appellent au bureau, dire : Ah! mon permis de travail termine dans deux
mois, l'employeur ne veut pas me faire une évaluation d'impact sur le marché du
travail, j'ai 18 mois de travail, je ne me qualifie pas au programme Expérience
québécoise, j'ai une déclaration d'intérêt, je n'ai pas été pigé, qu'est-ce que
je fais? Ce n'est pas facile de répondre.
• (16 h 10) •
M. Derraji : Non, vous avez
raison. Je suis proche de beaucoup de travailleurs étrangers temporaires. C'est
l'horreur, naviguer dans le système. Je vous salue parce que, s'ils ont les
moyens de faire affaire avec un bureau d'avocats, tant mieux, mais il y en a
pas mal qui n'ont même pas les moyens. Parce que ce n'est pas tout le monde qui
est à l'aise, qui comprend les rouages. C'est très complexe naviguer par la
suite, une fois on vient avec un permis fermé. Et ça, j'aimerais bien vous
entendre. Qu'est-ce que vous en pensez, des permis fermés?
M. Lapointe (Maxime) : J'entends
les recommandations déjà qui suggèrent d'avoir des permis de travail ouverts
pour tout le monde. Évidemment, je ne suis pas contre, là. C'est difficile de
voir dans la réalité comment ça va se présenter, là, dans... On est dans un
programme des travailleurs étrangers temporaires, donc, qui lui facture à
Services Canada des frais de 1 000 $ par travailleur, et on est dans une
demande de sélection temporaire pour travail, qui lui charge 432 $ par travailleur
et qui donne un permis fermé. Donc, actuellement, on en est là. Est-ce qu'on
veut faire table rase des programmes de travailleurs étrangers temporaires ou
le programme Mobilité internationale, qui est un programme ultimement géré par
le fédéral?
M. Derraji : Et ça, ça, ça,
je vous ai déjà entendu, le PMI, le Québec ne le contrôle pas, les gens
viennent. Et parlons de français. Le niveau pour accéder, il est plus bas que
les autres programmes.
M. Lapointe (Maxime) : Là-dessus,
je vous ai entendu, vos commentaires mais je n'étais pas sûr que je comprenais
bien. Nous, exemple, on utilise le programme Mobilité... On l'utilise beaucoup
en...
M. Lapointe (Maxime) : ...émis
quand le MIFI a enlevé de la liste des professions éligibles au traitement
simplifié les professions de la restauration. Donc là, on tombait à traitement
régulier avec un affichage, les délais devenaient serrés. Programme régulier,
c'était sept mois de traitement, l'EIMT, donc, nous, on a basculé beaucoup dans
le programme mobilité. On recrute des Français en France, donc, et là-dessus,
le niveau de français, j'ai de la misère à vous suivre.
M. Derraji : Oui. Le
programme, il est beaucoup plus rapide, ça, c'est... il est pas mal utilisé
aussi à l'international, mais regardez juste les critères par rapport aux
autres programmes au Québec, vous allez voir la différence, en termes de
langue. Mais il y a beaucoup de Français qui l'utilisent, c'est comme les PVT
aussi, c'est des gens qui viennent en permis visite-travail, c'est l'entente
Québec...
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est un beau moyen de régler la pénurie de main-d'oeuvre, là, si le fédéral
augmentait les quotas dans le PVT, bon, le programme Expérience internationale
Canada, exemple, tu sais. Le quota est illimité, en Australie, c'est peut-être
7000 personnes, en France, 10 000 personnes en Irlande. Si on mettait le quota
illimité, exemple, en France, les gens de France pourraient arriver au Canada,
arriver avec leur C.V. en main propre, aller chez l'employeur, dire :
Bonjour, je cherche du travail, j'ai un permis ouvert. On pourrait rétablir un
peu le rapport de force.
M. Derraji : Oui. Une autre
proposition, c'est la première fois que je la vois, vous dites : «Il faut
réouvrir l'accord Canada-Québec dans un délai... je vais terminer, dans un
délai de six mois, via le truchement de l'article 33, afin de renégocier les
pouvoirs et obligations du Québec et du Canada en matière d'immigration.» Je ne
suis pas un expert, mais on m'a dit que même le fédéral aimerait, parce que
c'est dans l'intérêt du fédéral, renégocier, mais... pas sûr, si le Québec
réouvre, gagnera quelque chose. C'est quoi votre interprétation?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est drôle, j'en parle justement dans mon livre, il y a deux anciens ministres
de l'Immigration qui m'ont dit sensiblement ce que vous me dites : On
reçoit tellement d'argent du fédéral qu'on a peur de perdre au change si on
rouvre l'accord. Mais hier je parlais un confrère qui me disait : Ne
recommande pas de rouvrir l'accord, là, parce que, généralement, quand on
rouvre un traité, on perd. J'ai de la misère à comprendre cette mentalité-là,
donc.
M. Derraji : Ce n'est pas
grave. On jase, là, on jase. Qu'est-ce que vous nous proposez? On va gagner
quoi?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
on va gagner qu'on va avoir une liste d'épicerie des choses qu'on... Parce que,
quand le premier ministre dit : Je veux rapatrier tous les pouvoirs en
immigration, ça veut dire quoi? Donner des passeports, donner des visas? Donc,
on ne le sait pas. Donc, en six mois, on a le temps de dire à l'honorable M.
Miller, ministre de l'Immigration, dire : Écoute, dans six mois, on veut
qu'il y ait une rencontre Québec-Canada en matière d'immigration, voici ce
qu'on a l'intention de vous demander, et là le Québec pourra faire ses
recommandations.
M. Derraji : O.K. Vous êtes
pour le rapatriement du Programme des travailleurs temporaires étrangers?
M. Lapointe (Maxime) : Bien
oui. Je trouve que c'est un non-sens, là, d'envoyer des 1 000 $ à Services
Canada. Ce n'est pas à Service Canada à déterminer s'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre au Québec, là, là-dessus, je suis d'accord, là.
M. Derraji : Question de
coûts. Vous êtes un avocat, les frais que les gens qui paient pour accéder à
l'immigration au Québec, versus les autres provinces, trouvez-vous que c'est...
M. Lapointe (Maxime) : Temporaires
ou permanents?
M. Derraji : Allez-y avec
permanents.
M. Lapointe (Maxime) : Bon,
bien, permanents... c'est sûr qu'il y a un frais pour la sélection permanente
du Québec pour un travailleur qualifié, exemple, c'est 869$, puis il y a un
prêt à payer au fédéral aussi, c'est de 1325$ pour la résidence permanente.
Donc, oui, il y a dédoublement, évidemment. Autant temporaire, bien oui,
assurément, il y a un certificat, l'acceptation du Québec à aller chercher au
Québec, donc ça rajoute une étape, ça rajoute un frais gouvernemental, des
honoraires. Oui.
M. Derraji : Je vais vous
remercier, et continuez à prendre la parole sur la place publique, parce que le
plus qu'on parle, le plus que ça va être plus facile, expliquer à tout le monde
c'est quoi, la différence entre un seuil et les temporaire. Moi, je pense que
c'est très important. Merci pour votre présence en commission.
Je vais quand même prendre les minutes qui
me restent, premièrement, pour vous remercier, Mme la Présidente, je sais que
vous étiez très patiente avec moi, où... J'ai fait deux erreurs que je ne vais
plus refaire. Je commence à interpeller un collègue à chaque fois. Je remercie
le secrétariat de la commission pour ce travail énorme qui a été fait, recevoir
autant de rapports, essayer de calibrer avec tout le monde l'agenda. Bravo, et
je vous remercie!
Je vais prendre le temps aussi de
remercier Mme la ministre. Je la seconde, c'était un débat important,
intéressant, avec une pluralité de voix. Je peux dire qu'on est d'accord sur
des points, on n'est pas d'accord sur d'autres points, ce qui est normal dans
une démocratie, mais je tiens à saluer votre ouverture, la flexibilité de votre
équipe aussi à avoir un temps... avec tout ce qu'on vit avec le début de la
session parlementaire.
Je vais prendre le temps aussi de
remercier l'ensemble des fonctionnaires au ministère de l'Immigration, qui font
un travail exceptionnel. Continuez votre travail, parce que le Québec a besoin
de vous. Et je veux remercier mes collègues, chanceuses, vous avez fait la
tournée du Québec pour voir... ça se voit dans vos interventions, ma collègue
qui a fait la tournée avec Mme la ministre pour les régions.
Merci à tous mes collègues de la partie
gouvernementale de poser des questions, de contribuer, de ramener la
sensibilité régionale. C'est très, très...
M. Derraji : ...apprécié,
parce qu'au bout de la ligne on le fait pour le Québec. Je vais terminer par
mon collègue que j'ai interpelé pas une fois, pas deux, j'ai failli avoir une
punition pour le troisième, ça a été la dernière. Donc, merci à mon collègue,
je ne veux pas le nommer, maître, je vais le dire, député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Et je tiens aussi à remercier mon recherchiste, qui a
fait un travail exceptionnel depuis le début, à toutes les équipes qui nous ont
aidés. Donc, merci encore une fois. Et souhaitons que le plan qui sera dévoilé
reflétera les préoccupations des Québécoises et des Québécois. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Votre temps est écoulé, il a même dépassé un peu. On
termine avec le député de Saint-Henri-Sainte-Anne, du deuxième groupe
d'opposition, pour quatre minutes huit secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. J'envoie mes remerciements également, mais, comme j'ai très peu de
temps, vous me permettrez d'être un petit peu plus bref que le député de
Nelligan. Donc, merci à tout le monde autour de la table. Merci beaucoup.
Maître Lapointe, PEQ unique, 12 mois, hors
seuil, toutes les CNP, ça fait combien de monde par année, ça?
M. Lapointe (Maxime) : On va
le savoir quand on va avoir créé l'inventaire de demandes, voir si... par la
déclaration d'intérêt, exemple, si on créait une case à cocher : déclarer
votre intérêt de participer dans le nouveau PEQ unique, 12 mois, tous les
volets, on aura le chiffre.
M. Cliche-Rivard : Avez-vous
une idée, sur la base des dernières années, si on avait fait ça?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
il y a tellement eu d'années où est-ce que les étudiants étrangers n'avaient
pas accès, les travailleurs étrangers aussi. Il y a beaucoup... Moi, j'en ai
qui sont sur les lignes de côté depuis plusieurs années, là, exemple, la
profession, exemple, de conducteur de camion, là, dans le programme Expérience
québécoise, le volet travailleur, on travaille encore avec les CNP de 2016,
vous savez, zéro, ABCD, tandis que le fédéral, lui, depuis l'année dernière,
est rendu avec le FEER, hein, formation, expérience, éducation, responsabilité,
un, deux, trois, quatre, cinq. Conducteur de camion se trouve, finalement, CNP
C, donc il ne se qualifie pas au PEQ, et FEER 3. Donc...
M. Cliche-Rivard : Mais,
avant la réforme du PEQ de 2020, on qualifiait dans le PEQ étudiant, vous
souvenez-vous les chiffres?
M. Lapointe (Maxime) : C'est
quoi, les 8 000, peut-être.
M. Cliche-Rivard : 8 000.
Puis dans le travailleur.
M. Lapointe (Maxime) : C'est
peut-être 5 000.
M. Cliche-Rivard : 5 000.
M. Lapointe (Maxime) : Mais,
tu sais, c'est en forte croissance aussi, là.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Bon, ça se peut qu'on arrive donc à une trentaine de 1 000 dans ce que
vous proposez. C'est possible?
M. Lapointe (Maxime) : Au
minimum.
M. Cliche-Rivard : Au
minimum.
M. Lapointe (Maxime) : Mais,
comme je vous dis, là-dessus, je pense, l'exercice est louable pour le
gouvernement de compter les gens qui aimeraient s'installer de manière
permanente au Québec.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. Vous parlez des inventaires puis de l'année zéro. J'ai fait des
petits calculs, parce que, là, on commence à avoir l'ensemble des arriérés par
programme à peu près, là, je ne pense pas qu'il en manque bien, bien.
36 000 d'arriérés dans la réunification familiale, 12 000 dans le
programme humanitaire, 30 000 le programme refuge, 12 000 en gens
d'affaires à peu près, et moi, j'ai comme 15 000 dans l'économique, plus
quelques milliers dans les autres programmes humanitaires. On arrive à peu près
110 000 d'arriérés. Ça a du sens?
M. Lapointe (Maxime) : Est-ce
que vous me dites, c'est bon? Généralement, quand les journalistes demandent
les statistiques du Québec et celles du Canada, les chiffres ne concordent pas,
là, mais donc, je pense, ça fait partie...
M. Cliche-Rivard : Mais donc
on a à peu près deux ans de seuil...
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
d'année zéro.
M. Cliche-Rivard : ...en
backlog en arriérés à peu près.
M. Lapointe (Maxime) : C'est
fort possible.
M. Cliche-Rivard : Qu'est-ce
que ça dit, ça, sur notre gestion de l'admission à ce jour?
M. Lapointe (Maxime) : C'était
généralement incompris, hein? On était toujours : est-ce qu'on en prend
50 000? C'est-tu trop? Dans les médias, c'est beaucoup resté à ça pendant
plusieurs années. Pendant que c'était le gouvernement libéral, ça montait
tranquillement. La CAQ s'est fait élire en baissant l'immigration. Donc, on le
voit, dans les plans d'immigration... moi, je regarde deux documents le plan
d'immigration, les seuils à la sélection, à l'admission, je regarde le rapport
de gestion, la ligne, le coût de revient. Je regarde beaucoup le prix que ça
coûte au gouvernement de traiter un dossier versus les frais qu'on charge. Je
regarde ces deux choses-là. Donc là, on l'a vu, à partir de 2020, bon, il y a
eu la COVID, il y a eu un rééquilibrage aussi en 2021, tout ça.
• (16 h 20) •
Mais c'est... le point, on va mettre le
doigt dessus ensemble, si vous voulez, le gouvernement a reçu, donc a encaissé
des frais de traitement, a accepté de traiter beaucoup trop de dossiers par
rapport à sa capacité de donner des CSQ puis de faire l'admission par le
fédéral. Et c'est ce qui crée un goulot d'étranglement.
M. Cliche-Rivard : Parce que,
là, dans les faits, ce 110 000 là, disons, c'est du monde qui ont appliqué dans
les deux dernières années, là, en moyenne, les délais de traitement commencent
à augmenter un petit peu plus, mais, en moyenne, les dossiers sont déposés fin
2020, ceux qui sont en traitement en ce moment dans l'ensemble des catégories.
M. Lapointe (Maxime) : Dans
quelle catégorie?
M. Cliche-Rivard : Bien, dans
l'ensemble, là, en moyenne. Peut-être que l'économique va plus vite, mais dans
les autres...
M. Lapointe (Maxime) : Ce qui
est surprenant, ces temps-ci, je vais le dire, là, vous en parliez dans une
plénière avec l'association des avocats, l'année dernière, les délais de
traitement au fédéral dans la catégorie des travailleurs qualifiés sont très
rapides. Mes dossiers de France ont été approuvés, mes derniers, là, en un
mois, deux mois, un, je pense, ça a pris peut-être trois semaines, et vous
disiez que le but du fédéral, c'était de faire baisser la moyenne globale des
délais de traitement en ayant des délais très courts pour les derniers rentrés.
Ce bout-là, je ne le sais pas, mais je vois que, pour les travailleurs
qualifiés, au Québec, on nous demande souvent des talons de paie en couleurs
pour démontrer le travail. Des fois, on les a soumis, des fois non. Donc, la
sélection, c'est trois à six mois par le Québec mais l'admission par le fédéral
pour les travailleurs qualifiés va très vite. Donc, des fois, il faut le dire,
hein, quand ça va bien aussi.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Me Lapointe. Excellent bouquin. J'invite les collègues à lire
l'oeuvre de Me Lapointe.
M. Lapointe (Maxime) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, effectivement, le temps vient de s'écouler. Nous...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...nous venons de recevoir aussi une demande de séance de
travail que nous allons évidemment considérer concernant le mandat que nous
venons de terminer. Et c'est en vertu de l'article 176 du règlement, nous
allons planifier une séance de travail dans les meilleurs délais. Et ça vient
évidemment du député de Matane-Matapédia. Merci beaucoup.
Je voulais également à mon tour vous
remercier tous et toutes pour le bon déroulement de cette commission qui était
quand même particulière. C'est un mandat particulier que nous avions. Merci
pour le respect des discussions aussi. Merci pour votre écoute, c'est essentiel
en commission parlementaire. Merci aussi à tout le personnel de la commission
ainsi qu'aussi au personnel technique.
Alors, sur ce, je vais terminer en
déposant les mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus.
C'est important, bien évidemment.
Et, ayant accompli son mandat, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 22)