Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 12 septembre 2023
-
Vol. 47 N° 23
Consultation générale et auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé : La planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante et une minutes)
La Présidente (Mme Caron) : Donc,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance...
La Présidente (Mme Caron) : ...la
Commission des relations avec les citoyens ouverte.
Alors, la commission est réunie pour
procéder à la consultation générale et aux auditions publiques sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2024-2027.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Lecours, Lotbinière-Frontenac, est remplacée par
Mme Bogemans, Iberville; Mme Garceau, Robert-Baldwin, est remplacée
par Mme Lakhoyan Olivier, Chomedey; Mme Prass, D'Arcy-McGee, est
remplacée par M. Derraji, Nelligan; et Mme Massé,
Sainte-Marie-Saint-Jacques, est remplacée par M. Cliche-Rivard,
Saint-Henri-Sainte-Anne.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, avant d'entreprendre notre mandat, je dépose le rapport final du Groupe
d'experts sur l'aide médicale à mourir et le handicap neuromoteur. Une version
précédente de ce rapport avait été rendue publique lors de l'étude détaillée du
projet de loi numéro 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin
de vie et d'autres dispositions législatives.
Alors nous débuterons ce matin par les
remarques préliminaires puis nous entendrons les groupes suivants :
l'Union des municipalités du Québec, Stephane Tajick Consulting et l'Institut
du Québec.
Alors, je souhaite également rappeler au
public qu'il est toujours possible de commenter ce mandat et que la
consultation en ligne sur le cahier de consultation se terminera le
jeudi 28 septembre. Si ce n'est déjà fait, je vous invite à vous
rendre sur notre site web afin de remplir le questionnaire à l'adresse à
assnat.qc.ca/immigration.
Alors, j'invite maintenant, Mme la
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de L'intégration à faire ses
remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de six minutes. La
parole est à vous.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonjour et... bonjour à chacun de vous et
merci beaucoup d'être ici présents pour cette commission parlementaire. Merci à
la députée de La Pinière pour avoir accepté de présider notre rencontre.
La commission parlementaire qu'on amorce
aujourd'hui, bien, vous le savez, a suscité beaucoup de participation. Il y a
eu de très nombreux contributeurs. La dernière fois que cet exercice-là s'est
tenu, c'est-à-dire il y a quatre ans, en 2019, il y avait eu 31 mémoires
qui avaient été déposés. Cette année, on en a reçu 77, donc vraiment un très
bel... une très belle mobilisation a entouré cette commission parlementaire
puisqu'on a eu plus du double de participants.
Aussi, je pense qu'on peut se réjouir que
les contributeurs, les participants à la commission parlementaire proviennent
d'une grande diversité de secteurs, notamment, les villes, les MRC, les
établissements d'enseignement, les associations économiques, associations
juridiques, les entreprises, les organismes communautaires, des professeurs
d'université, des citoyens, également. Je trouve que c'est le parfait mélange
pour faire en sorte d'avoir une réflexion qui soit complète. Ça montre
également à quel point les enjeux d'immigration sont transversaux, également,
et ça montre à quel point le regard qu'on doit porter sur les enjeux en matière
d'immigration doivent tenir compte d'une grande variété de facteurs.
Plus tôt cette année, notre gouvernement a
mis de l'avant une série de mesures qui revoient l'approche du Québec en
matière d'immigration. Ce sont des orientations qui font référence à la
composition de l'immigration et au nombre de personnes immigrantes que le
Québec souhaite accueillir au cours des quatre prochaines années.
Elles font aussi référence au virage
historique que nous avons annoncé en matière du français. Nous agissons pour
assurer la pérennité du français par l'introduction d'exigences en matière de
connaissance du français dans l'ensemble des programmes d'immigration
économique. Pour y parvenir, nous comptons favoriser la sélection de personnes
connaissant le français et la sélection de personnes aptes à exercer, dans un
délai raisonnable, leur profession au Québec.
(Interruption)
Mme Fréchette : Bienvenue
à mes collègues. Nous souhaitons aussi répondre aux enjeux liés à la rareté de
main-d'œuvre en mettant en place un nouveau programme d'immigration des
travailleurs qualifiés couvrant l'ensemble des besoins du marché du travail, un
programme qui sera par ailleurs plus en phase avec les besoins du marché. Il y
aura une meilleure concordance et une plus grande agilité qui sera associée à
ce nouveau programme PSTQ.
Favoriser l'attraction et la rétention
d'étudiants étrangers francophones, c'est également un de nos objectifs, en
facilitant et en accélérant la sélection par le biais du programme de
l'expérience québécoise, le PEQ.
Ces propositions, je pense, démontrent
notre engagement ferme à prendre les actions nécessaires pour favoriser
l'apprentissage du français pour tous les nouveaux arrivants et assurer la...
Mme Fréchette : ...du
français. Une de nos priorités concerne également la régionalisation, un
souhait qui est exprimé depuis longtemps, on le sait, mais pour lequel on a eu
vraiment des avancées intéressantes au cours des dernières années. On travaille
également pour que l'immigration se fasse en région dès l'arrivée au Québec et
non pas dans un second temps, après un passage, par exemple, dans la métropole.
Donc, notre souhait, c'est que cette commission-ci nous amène à entendre des
propositions qui nous permettront de poursuivre sur nos avancées en matière de
régionalisation de l'immigration.
Un des sujets qui retient l'attention,
bien sûr, est celui des scénarios de seuil que nous avons proposés en mai
dernier. Le premier scénario propose une hausse graduelle et modérée des seuils
d'immigration à 60 000 admissions en 2020... d'ici 2027. Ce scénario recommande
également l'admission en continu des personnes sélectionnées dans le cadre du
programme PEQ, volet Diplômés, c'est-à-dire des personnes ayant étudié au
Québec en français dans un des programmes québécois.
Dans le deuxième scénario, on propose de
maintenir le nombre d'admissions au niveau actuel, c'est-à-dire à 50 000
admissions. L'ensemble des réflexions et des documents partagés par les intervenants
lors de cette consultation publique seront analysés et viendront enrichir nos
analyses et nos réflexions. Et finalement, au courant de la session, nous
adopterons les orientations qui permettront de guider nos actions lors des
quatre prochaines années.
Donc un grand exercice qui offrira, je
dirais, par ailleurs, une belle suite aux 15 rencontres régionales que j'ai
tenues au cours des derniers mois et qui m'a permis d'entrer en contact avec un
ensemble d'organisations et d'acteurs, qu'ils soient économiques, qu'ils soient
du domaine du milieu communautaire ou encore du milieu de l'enseignement. Déjà,
cette grande série de rencontres en région m'avait donné l'opportunité d'avoir
un portrait assez complet de la dynamique qui existe en région.
En terminant, bien, je veux remercier
l'ensemble des personnes et des organisations qui s'exprimeront devant cette
commission, de même que celles qui ont déposé un mémoire. La plupart d'entre
elles voulaient intervenir à cette commission. Nous les entendrons toutes.
Donc, tout le monde qui a exprimé ce souhait sera entendu. Leur participation
contribue au développement de la société québécoise, et je les en remercie.
C'est aussi une occasion unique d'avoir une discussion sereine et constructive
sur l'immigration en gardant notre objectif qui est de faire du Québec une
société francophone prospère, diversifiée et accueillante, une société capable
de répondre à ses besoins démographiques, sociaux et économiques. Nous sommes
déterminés à faire de chacun de ces parcours d'immigration un succès. Comme je
dis souvent, les migrations, c'est l'affaire de tous. Alors, voyons y
collectivement. Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
Mme la ministre. Il vous reste 1 min 6 s. Est-ce qu'une autre députée de votre
formation politique veut prendre la parole?
Mme Fréchette : ...sinon, je
vais y aller parce qu'en fait, moi, j'avais calculé 6 min 4 s.
La Présidente (Mme Caron) : Mme
la députée de Laviolette, la parole est à vous.
Mme Tardif : Oui, bonjour.
Bonjour, Mme la Présidente, bonjour, Mme la ministre. Donc, bien heureuse
d'être ici avec mes collègues aujourd'hui. Et je crois qu'il est important de
mentionner aussi que nous voulons de l'immigration en région, non seulement
pour les accueillir, mais les garder parce que nos entreprises, nos
entrepreneurs en ont besoin. Et nous devons les accueillir d'une façon
exemplaire, comme nous l'avons fait depuis que nous sommes en poste. Donc,
merci beaucoup. Merci à tous ceux qui vont être là. Et nous sommes à l'écoute
et nous sommes bien heureux d'être ici.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
Mme la députée de Laviolette Saint-Maurice. Alors j'invite maintenant le porte
parole de l'opposition officielle et député de Nelligan à faire ses remarques préliminaires
pour une durée de trois minutes 36 secondes. La parole est à vous.
• (10 heures) •
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Mes premiers mots en cette commission, c'est la première fois que
je parle après l'incident du séisme au Maroc, vont être à la communauté
marocaine au Québec, aux gens de ma ville natale, Marrakech, aux régions aux
alentours. Nos pensées avec vous. L'ensemble des membres de l'Assemblée
nationale, élus, collègues, vous salue, vous envoie beaucoup d'ondes positives dans
ces moments qui sont extrêmement difficiles. Et je tiens à saluer Mme la
ministre avec qui je me suis entretenu ce week end, aussi votre collègue, la
ministre des Relations... des Relations internationales, Mme Biron. Je tiens à
le mentionner parce que c'est un drame. On découvre chaque jour...
10 h (version non révisée)
M. Derraji : ...d'autres
villages. Hier, en prenant la route, on m'informe qu'ils viennent de découvrir
600 personnes dans un village complètement rasé. Donc, mes sincères
condoléances à l'ensemble des personnes éprouvées par cette tragédie.
Merci Mme la Présidente. Merci Mme la
ministre, chers collègues de la partie gouvernementale, mes collègues de l'opposition,
ma collègue députée de Chomedey. C'est un exercice extrêmement important où
nous sommes invités pour parler de la prochaine planification de l'immigration.
Cet exercice de consultation est important dans la mesure où les Québécois s'attendent
de la classe politique de... qu'on travaille ensemble parce que les enjeux de l'immigration,
que ça soit au niveau de la régionalisation, de la francisation, mais aussi au
niveau de la capacité d'accueil, c'est des... c'est des enjeux extrêmement
importants.
Avant d'aller dans nos... nos demandes où
nos constats, je vais juste revenir sur un fait, le fait que la promesse
caquiste en 2018 d'en prendre moins pour en prendre soin est complètement
dépassée. La CAQ a démontré que les seuils d'immigration où on nous invite
aujourd'hui est un débat qui est dépassé, qui est dépassé parce qu'il y a un
scénario qui est complètement absent du portrait aujourd'hui. Les deux
scénarios que nous avons sur la table, à savoir 50 000 ou 60 000, n'incluent
pas un scénario que je qualifie le grand absent. Le scénario absent, c'est
celui des travailleurs temporaires étrangers.
On parle aujourd'hui de 370 000
travailleurs temporaires étrangers. Vous avez vu comme moi plusieurs
documentaires où on parle de l'esclavagisme moderne. On parle de l'incapacité
de s'inscrire à des cours de francisation. Figurez vous que même un
représentant des Nations unies s'est déplacé au Canada pour faire son constat
et préparer son rapport. Il est même venu à Montréal pour le faire. J'éviterai
de parler des délais interminables, j'éviterai de parler des cours de
francisation, j'éviterai de parler de beaucoup d'autres enjeux au niveau de la régionalisation.
Mais je donne la chance à cette consultation qu'on va avoir un réel débat, un
réel débat, au delà des différences entre notre position et les positions des
autres partis. Mais gardons en tête, aujourd'hui, les Québécois veulent savoir
c'est quoi la capacité d'accueil, comment on va faire pour régionaliser et
comment on va offrir des services de francisation. Merci Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
M. le député de Nelligan. Maintenant, j'invite à prendre la parole le porte
parole du deuxième groupe d'opposition et député de Saint-Henri Sainte-Anne, à
faire ses remarques préliminaires pour une durée d'une minute 12 secondes. La
parole est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci, tout le monde. Merci d'abord aux groupes qui ont contribué au
débat, en fait, par les mémoires. Ma lecture a été assez foisonnante, comme je
devine la vôtre aussi dans les dernières semaines. Cela dit, suivant cette
lecture là et suivant notamment les articles récents du Devoir, je ne peux être
aussi réjoui que la ministre. Au contraire, moi, j'ai noté un plan ou une
proposition d'immigration qui augmente des délais, jusqu'à trois ans d'attente
dans le regroupement familial, 10 ans d'attente dans le refuge, 25 ans, jusqu'à
25 ans d'attente dans la catégorie humanitaire. Je note un plan qui ne tient
pas compte des travailleurs étrangers temporaires sur le territoire. Je note un
plan qui manque de structures ou de mesures structurantes en régionalisation et
je note un plan qui est en marge de l'échec qui nous a été présenté sur la
rentrée scolaire de Francisation Québec pour 2023. Alors dans la foulée, je
demande le consentement de cette commission pour déposer le scénario 3, le
scénario de Québec solidaire sur lequel les groupes vont pouvoir débattre aussi
pour fournir une alternative humaine et crédible aux deux scénarios proposés.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
je vous invite à le déposer au secrétariat.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
donc, M. le député de Saint-Henri Sainte-Anne. J'invite maintenant le député de
Matane-Matapédia à faire ces remarques préliminaires pour une durée d'une
minute 12 secondes. La parole est à vous.
M. Bérubé : Merci Mme la Présidente.
Le Parti québécois est la seule formation politique qui a une position
différente du gouvernement et des deux autres oppositions. Nous maintenons
notre position à l'effet que le seuil d'accueil au Québec est atteint et qu'il
faut diminuer le seuil d'immigration. Nous allons parler des 300 temporaires
qui sont occultés par le gouvernement. On ne veut jamais en parler, on ne veut
pas les comptabiliser. On le fait comme si ça n'existait pas. Pourtant, ces
personnes habitent sur le territoire du Québec, vivent avec nous, ont besoin de
services. Au Parti québécois, on pense que la meilleure façon d'accueillir les
gens qui viennent vivre l'expérience québécoise, c'est de leur assurer qu'ils
ont tout ce qu'il faut pour que ça se passe bien. Et on a vu à la rentrée un
fiasco que celui de Francisation. Québec 30 000 immigrants inscrits, 1500...
M. Bérubé : ...seulement
qui peuvent participer.
Rappelons également que la CAQ au pouvoir
avait promis que c'étaient 40 000 personnes, 40 000 immigrants par
année, le seuil. Ensuite, on a normalisé à 50 000 comme le Parti libéral, et
là, on va augmenter.
Je rappelle également les déclarations du
premier ministre du Québec et je cite : «Si le Québec ne détient pas
davantage de pouvoirs, ce serait la louisianisation. Plus de
50 000 immigrants, c'est suicidaire.» Le premier ministre du Québec a
mis la table.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
M. le député de Matane-Matapédia. Nous allons maintenant débuter les auditions.
Alors je souhaite la bienvenue aux représentantes de l'Union des municipalités
du Québec qui se joignent à nous via visioconférence. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes au total pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à commencer votre exposé.
(Visioconférence)
Mme Dubois (Geneviève) : Bonjour.
Merci beaucoup. Geneviève Dubois. Je suis mairesse de la ville de Nicolet,
préfet de la MRC de Nicolet-Yamaska et aujourd'hui ici en tant que deuxième
vice-présidente de l'Union des municipalités du Québec.
Alors, est-ce que, Anabelle, tu veux te
présenter?
(Visioconférence)
Mme Martini (Anabelle) : Oui.
Bonjour, Anabelle Martini, conseillère aux politiques à l'Union des
municipalités du Québec.
La Présidente (Mme Caron) : Vous
pouvez commencer.
Mme Dubois (Geneviève) : Merci
beaucoup. Donc, Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'intégration, Mme la Présidente de la Commission, Mesdames, Messieurs, membres
de la Commission, donc je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui dans le
cadre de la consultation générale sur la planification de l'immigration au
Québec pour la période 2024-2020. Telle qu'elle s'est présentée, je suis
accompagnée ce matin par Mme Anabelle Martini, qui est conseillère aux
politiques à l'UMQ.
D'abord, j'aimerais rappeler que depuis
maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements de proximité
de toutes les régions du Québec afin de mobiliser l'expertise municipale,
accompagner ses membres dans l'exercice de leurs compétences et valoriser la
démocratie municipale. Nos membres représentent plus de 85 % de la
population et territoires du Québec.
L'UMQ souscrit aux propos de la ministre
voulant que l'immigration soit une responsabilité complexe et une grande
richesse pour le Québec. Qui plus est, l'UMQ considère que l'immigration est
une piste de solution à de nombreux défis tels que le vieillissement de notre
population, l'occupation du territoire ou la pénurie de main-d'oeuvre.
L'Immigration est aussi une opportunité
pour la vitalité et le développement socioéconomique de toutes les régions du
Québec. Pour l'Union, toute stratégie en matière d'immigration demande
l'engagement et la mobilisation sans équivoque de toutes les parties prenantes.
Et les municipalités sont des actrices incontournables, car elles jouent un
rôle majeur, que ce soit en matière d'attraction en offrant des milieux de vie
de qualité, dynamiques et attractifs en matière d'inclusion en créant des
collectivités où il fait bon vivre ensemble, et d'enracinement en favorisant le
sentiment d'appartenance par la qualité de l'accueil réservé et l'éventail de
services proposés. Mais pour que cette stratégie fonctionne, elle doit être pragmatique
et efficiente en mettant en adéquation les programmes d'immigration, les
besoins réels des régions et leur capacité d'accueil au bénéfice des personnes
immigrantes et des collectivités.
Notre présentation se fera donc en deux
temps. Premièrement, je vais vous parler de la nécessaire adéquation des
programmes d'immigration avec les besoins du marché du travail, et ensuite,
j'aborderai la question de la régionalisation de l'immigration.
L'UMQ accueille favorablement les récentes
réformes annoncées des principaux programmes d'immigration au Québec, que ce
soit le programme de l'expertise... De l'expérience québécoise, pardon, le PEQ
et le programme régulier des travailleurs qualifiés, le PRTQ. Ces réformes
simplifient et accélèrent les démarches d'immigration et sont en meilleure
adéquation avec le marché du travail actuel. Les assouplissements au PEQ,
programme très populaire, permettront de maximiser les chances de
l'établissement durable et de l'intégration rapide et réussie au marché du travail
québécois de ses candidates et candidats à l'immigration permanente du Québec.
Quant au PRTQ, la volonté gouvernementale de le remplacer par un programme de
sélection des travailleurs qualité, le PSTQ, et de modifier les exigences du
français et les niveaux de compétences admissibles sont également un pas dans
la bonne direction pour nous.
• (10 h 10) •
Ces nouvelles orientations devraient
permettre une plus grande flexibilité de procédures de sélection et d'obtention
des permis de travail. En effet, la connaissance du français exigée aux
candidates et candidats du PRTQ était jusqu'ici très élevée et n'était pas
nécessairement en adéquation avec les prérequis des types d'emploi en demande.
Pour l'Union, il est primordial de poursuivre les investissements existants et
de bonifier les accents... Les actions visant la reconnaissance des compétences
des personnes immigrantes afin qu'elles puissent s'intégrer rapidement au
marché du travail dans un emploi à la hauteur de leurs compétences.
Parlons maintenant de la régionalisation
de l'immigration. Pour l'UMQ, elle doit être un axe central et prioritaire
des...
Mme Dubois (Geneviève) : ...gouvernementales
en matière d'immigration. Dans un contexte de dynamisme économique, de pénurie
de main-d'œuvre et de démographie vieillissante, la régionalisation de
l'immigration est une question de développement régional, mais aussi de
vitalité socioéconomique, et même parfois de survie. Les données récentes en
cette matière révèlent une augmentation du nombre de résidentes et résidents
permanents s'installant hors de la région métropolitaine de Montréal, et c'est
une excellente nouvelle. Cependant, les orientations de la planification de
l'immigration au Québec pour la période 2024-2027 ne proposent pas la mise sur
pied d'une stratégie concrète de régionalisation de l'immigration.
L'UMQ recommande donc d'élaborer, en
concertation avec les différents acteurs concernés, une stratégie nationale de
régionalisation de l'immigration comportant des objectifs et cibles à atteindre
en fonction des besoins réels des régions et en tenant compte de la capacité
d'accueil et d'inclusion des communautés d'accueil. Cette stratégie devra
prendre en considération un certain nombre de composantes pour s'adapter aux
réalités vécues en région et enraciner les nouvelles et nouveaux arrivants. Par
exemple, la détermination de la capacité d'accueil, qui dépend de plusieurs
facteurs indépendants, est variable d'une région à une autre, d'une
municipalité à une autre. Un modèle unique ne saurait répondre à cet enjeu.
L'union propose donc d'impliquer étroitement le milieu municipal dans la
documentation et l'élaboration de critères de capacité d'accueil afin
d'identifier les éléments pertinents à prioriser au regard de leurs réalités,
besoins et enjeux spécifiques. Elle propose également d'impliquer les autres
ministères concernés dans la co-construction de pistes d'action visant à
favoriser l'établissement durable des personnes immigrantes en région et la
mise en œuvre d'un plan d'action ciblé, adapté et complémentaire aux besoins
spécifiques à chaque région.
Pour l'UMQ, mieux faire connaître les
régions du Québec est une condition gagnante à toute stratégie de
régionalisation. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons lancé en
juin dernier notre campagne Jeter l'ancre au Québec, qui donne la parole
à plusieurs personnes immigrantes installées dans diverses régions du Québec et
qui se veut une vitrine de tout ce que le Québec et ses régions ont à offrir.
Dans cette logique, l'union propose de mettre sur pied un programme pilote
d'immigration régionale sous la forme d'une voie d'accès rapide au PSTQ, par
exemple, orienté sur les besoins en main-d'oeuvre dans les régions afin de
faciliter l'enracinement durable des nouvelles et nouveaux arrivants.
On le constate, les gouvernements de
proximité sont des partenaires essentiels pour favoriser l'accueil,
l'inclusion, mais surtout l'enracinement des personnes immigrantes dans toutes
les régions du Québec. L'existence d'un véritable partenariat entre le milieu
municipal et le gouvernement du Québec est essentielle afin d'agir de manière
concertée dans l'édification des collectivités accueillantes et inclusives.
L'un des axes de ce partenariat réside dans le Programme d'appui aux
collectivités, le PAC, dont les dernières normes courent jusqu'en 2024. L'UMQ
est d'avis que ce programme pourrait bénéficier de certaines améliorations afin
d'être en meilleure adéquation avec les réalités municipales, que ce soit dans
les processus ou les objectifs poursuivis.
Pour cela, l'UMQ propose les
recommandations suivantes : travailler sur un cadre de référence par
taille de municipalités afin de répondre à leurs priorités et besoins dans des
interventions ciblées en s'assurant d'une équité dans son application;
permettre davantage de flexibilité dans l'application du programme, notamment
pour une meilleure adaptation locale; et permettre le financement d'actions de
première ligne, les municipalités étant de plus en plus sollicitées à le faire
par les organismes du Programme d'accompagnement et de soutien à l'intégration,
le PASI, en raison de l'augmentation de la clientèle et de ses besoins
spécifiques; revoir aussi la répartition du financement entre le MIFI et les
municipalités afin de permettre à celles-ci de financer des actions non
permises dans le cadre du PAC, mais jugées prioritaires sur le terrain.
En terminant, une stratégie nationale de
régionalisation supposera des investissements majeurs afin de soutenir
l'accueil et l'enracinement des personnes immigrantes en région. Elle devra
également permettre de renforcer la collaboration avec les divers acteurs
régionaux et communautaires spécialisés dans l'accueil des nouvelles et
nouveaux arrivants. À ce sujet, l'UMQ offre son entière collaboration pour la suite
de vos travaux.
Nous sommes maintenant disponibles pour
répondre à vos questions. Je vous remercie infiniment de votre attention.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup pour votre exposé, Mme Dubois. Alors, juste avant de procéder aux échanges,
je veux dire que, M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne, j'ai bien reçu votre
document et j'en autorise le dépôt. Alors, il est disponible aux membres de la
commission sur Greffier, dans le dossier Documents déposés. Alors, pour...
La Présidente (Mme Caron) : ...procéder
aux échanges. Donc, Mme la ministre, la parole est à vous pour une période 16
minutes 30.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci Mme la mairesse. Merci, Mme Martini.
Nous avons lu... pris connaissance de votre mémoire avec grand intérêt. Nous
étions contents que vous participiez à cette consultation, d'autant que nous
avions fait récemment une annonce ensemble pour un programme de régionalisation
de l'immigration, vous y avez fait référence, là, Jeter l'ancre, donc, c'est
une belle suite.
À la page 10 de votre mémoire, vous
mentionnez la nécessité d'impliquer les municipalités dans la définition de la
capacité d'accueil de chacune des régions, puis on le sait, que cette notion de
capacité d'accueil doit se décliner justement sur le plan régional, voire même
municipal parfois, puisque le logement est un enjeu et qui compose la capacité
d'accueil.
Alors, moi, j'aimerais vous entendre de
manière un peu plus détaillée sur le rôle que vous voyez pour les municipalités
et les régions dans l'élaboration des besoins d'immigration pour les différents
milieux, dans le type d'accompagnement qui peut être offert, tout comme dans
l'identification des besoins, et la réponse à ces besoins-là qui peuvent être
apportés par les acteurs municipaux.
Mme Dubois (Geneviève) : Peut-être
que je laisserais d'abord Anabelle répondre et je pourrai peut-être, Anabelle,
compléter, là, la réponse qu'on a préparée.
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
bien sûr. Dans le fond, ce qu'on souhaite par cette recommandation-là, c'est de
permettre au milieu municipal de pouvoir contribuer activement, avec les
services du ministère en région, à analyser, en fait, déjà, à brosser le
portrait un petit peu de la situation actuelle. Je pense que ce qui est ce
qu'il est nécessaire aussi, c'est pour ça qu'on mentionnait l'importance aussi
d'impliquer les autres ministères, c'est d'avoir un portrait précis sur
certains indicateurs. On parlait du logement, d'avoir les besoins en logement.
Parfois, il peut y avoir des disparités, des discordances entre les besoins qui
sont remontés par les municipalités et d'autres documentations qui sont faites
par d'autres partenaires.
Donc, c'est de mettre tout cela en commun
pour avoir une vision plus claire, en fait, des besoins puis de les arrimer
aussi avec les besoins des milieux socioéconomiques qui... Les entreprises font
souvent état de ces besoins-là aux maires et mairesses et aux membres des
régions. Donc, c'est important que cet arrimage-là soit fait également, et que,
tous ensemble, en fait, ils puissent être déterminés des cibles et des
objectifs à atteindre pour s'assurer que les personnes, qui arriveront dans ces
milieux-là, puissent effectivement avoir un toit, avoir une place en garderie
s'ils arrivent avec des enfants, avoir un emploi, cela va sans dire.
Donc, c'est un ensemble, en fait,
d'indicateurs qu'il faudrait documenter en amont, s'assurer que tout le monde
ait la bonne information et la même information pour pouvoir établir ensuite
des critères, effectivement, en fonction des besoins qui sont spécifiques, là,
à chaque région.
Mme Fréchette : Merci.
Mme Dubois (Geneviève) : Et
je compléterais peut-être, Mme la ministre, si vous me permettez. Anabelle a
parlé de logement, a parlé de services de garde, mais on sait aussi que l'enjeu
de transport est un enjeu, particulièrement pour les régions. Ce qu'on
souhaite, c'est pouvoir accueillir, bien sûr, de l'immigration, mais pouvoir le
faire de façon harmonieuse, que ça atterrisse bien dans nos milieux. Le
transport en est un, la santé aussi. S'assurer que ces gens-là aient accès à
des soins de santé de proximité. Et ce qu'on a observé, en tout cas, dans les
régions, dans ma région dans les dernières années, c'est que, comme on a des
difficultés à répondre à ces besoins-là...
Et plusieurs entreprises ont pris le
leadership, je vous dirais, à travers l'accueil de leurs employés, d'acheter
des édifices pour loger, d'acheter des immeubles pour loger leurs travailleurs,
acheter aussi des camionnettes pour que ces travailleurs-là puissent se
déplacer entre leur lieu de résidence et l'entreprise. Mais, maintenant,
l'immigration en région a changé aussi, de travailleurs, de travailleurs seuls,
on a vu arriver des familles. Donc, les besoins, les enjeux sont un peu
différents pour nous, et on souhaite vouloir collaborer... à l'identification
de notre capacité d'accueil.
• (10 h 20) •
Mme Fréchette : Merci, merci
pour ces précisions. Justement, en termes de capacité à régionaliser
l'immigration, bon, vous savez, il y a... le gouvernement antérieur qui avait
complètement fermé, je parle des libéraux, avait complètement fermé les bureaux
en région, les bureaux du ministère de l'Immigration. On s'est affairé à les
réouvrir, d'une part, et même à accroître, amplifier le nombre de bureaux qu'il
y a en région. On parle maintenant de neuf directions régionales et de 77
antennes régionales, c'est considérable, déployées partout sur le territoire du
Québec.
Il y a également des ententes qui ont été
signées avec des organismes qui accompagnent les personnes immigrantes pour
leur intégration, leur insertion, la connexion aussi avec la société d'accueil.
Et on a un certain nombre de programmes...
Mme Fréchette : ...référence
pour ce qui est de celui que nous avons signé avec vous. Est-ce que ces
démarches vous semblent aider, contribuer à régionaliser l'immigration? Là, je
fais référence à l'ouverture des bureaux du MIFI en région, de même qu'à la
signature, donc, des ententes avec des organismes d'accompagnement et
d'accueil. Est-ce qu'on est plus avancés grâce à ces démarches?
Mme Dubois (Geneviève) : Bien,
moi, je vais me permettre de vous répondre qu'effectivement le retour du MIFI,
entre autres, pour les régions, qui avait perdu ces bureaux-là ou qu'il n'y en
avait pas, est une grande avancée qu'on salue. En fait... Puis les liens sont
excellents avec les organismes communautaires, avec les municipalités aussi. Ce
qu'on vit un peu chez nous, c'est qu'avec le pacte, entre autres, il y a
plusieurs sommes qui ont été distribuées à divers organismes, je pense entre
autres aux carrefours jeunesse-emploi. Nous, on a des organismes communautaires
aussi qui ont eu des sous. La MRC s'occupe aussi de tout ce qui est intégration
des immigrants dans la communauté. Ce qui fait qu'il y a eu beaucoup de
saupoudrage de sous. C'est plus difficile d'avoir des projets très
structurants. Et là, chacun se retrouve à s'occuper de l'immigration ou de la
personne immigrante dans sa mission.
Alors, on a, chez nous, un territoire
largement agricole, donc on a beaucoup de travailleurs temporaires étrangers.
L'UPA prend en charge ces gens-là. On les voit très peu intégrés dans la
communauté. Ils vivent souvent près de leur lieu de travail, travaillent
beaucoup. Donc, ce n'est pas des clientèles qui s'intègrent bien. Le carrefour
jeunesse-emploi s'occupe du 35 ans et moins. Nous, on s'occupe... Alors, ça
fait beaucoup de gens qui s'occupent des personnes immigrantes, mais on n'a pas
de structure pour accueillir ces gens-là, comme un sana, par exemple, chez
nous. Ce qui fait que c'est un peu compliqué de s'assurer que cette
clientèle-là ne tombe pas dans les mailles du filet et que... On n'a pas une
vision globale de l'immigration chez nous. Et, pour nous, malgré que les liens
soient bons et que les sous soient au rendez-vous, c'est cette espèce de
concertation là et de travail là qui est plus difficile chez nous. Je ne sais
pas, Anabelle, si tu souhaitais compléter la réponse.
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
effectivement. Les informations que nos membres nous ont remonté, c'est
qu'effectivement les relations avec les directions régionales sont souvent
très, très bonnes. Puis leur retour en région a été fortement apprécié. À
l'union, ce qui, pour nous, est une condition gagnante de la régionalisation,
c'est de s'assurer qu'il y ait une plus forte proportion de migration primaire,
donc que les gens qui arrivent au Québec s'installent directement en région. On
sait que ça peut se faire, dans un second temps, sous la forme d'une
d'immigration secondaire, mais ça comporte quand même beaucoup d'enjeux. Là de
déraciner à nouveau des personnes qui venaient justement de s'installer dans un
nouveau pays, ou encore, bien, c'est ça, de leur faire quitter des habitudes,
notamment, une proximité avec une communauté qu'on peut plus facilement
retrouver dans un centre urbain qu'en région.
On sent aussi que le taux, ensuite,
d'enracinement de ces personnes-là en région n'est peut-être pas aussi
satisfaisant qu'on le souhaiterait, alors qu'avec une immigration primaire et
la préparation et l'anticipation des milieux par rapport à leur arrivée avec
les services, effectivement, comme l'a mentionné Mme Dubois, adaptée pour
pouvoir les accueillir et les intégrer à la communauté d'accueil, ça nous
semble être une voie... une avenue, en fait, très importante pour s'assurer
que la régionalisation puisse se faire dans de bonnes conditions.
Mme Fréchette : Sur ce
point-là, j'aimerais vous entendre sur la meilleure façon ou les meilleures
façons, parce que j'imagine qu'il n'y a pas une seule baguette magique, que
l'on pourrait faire connaître la réalité des régions à l'international. On a,
comme vous le savez, là, des équipes qui sont redéployées à l'international,
parce que là aussi, le Parti libéral avait plutôt fermé la presque totalité des
équipes du ministère de l'Immigration à l'international. On s'est affairé à le
réouvrir.
Maintenant, on veut mettre, comment dire,
à profit ces équipes à l'international pour faire en sorte de bien faire
connaître la diversité, les opportunités qu'il y a en emploi, la qualité de vie
qu'on retrouve en région. Et de quelle manière est-ce que vous verrez qu'on
puisse atteindre cet objectif-là?
Mme Martini (Anabelle) : Bien,
déjà, comme on l'a mentionné plus tôt dans la présentation de notre campagne,
Jeter l'ancre au Québec, était vraiment orientée dans cette perspective-là. Ce
qu'on voulait, c'était vraiment démontrer aux personnes qui souhaitaient
immigrer au Québec, qui étaient encore à l'étranger, bien que toutes les
régions du Québec avaient quelque chose à leur offrir en fonction,
effectivement, de leurs intérêts puis de leurs attraits. Puis on pense que
c'est de cette façon-là, en fait, qu'on va pouvoir aussi capitaliser sur sur la
régionalisation en faisant, en fait, en sorte que les régions aillent davantage
aux personnes qui souhaitent immigrer au Québec, alors que, pour l'instant, la
relation est plus, comment dire, la personne immigrante doit faire, entre
guillemets, l'effort d'aller faire les recherches, alors que là, nous, ce qu'on
pense qu'il faut que ce soit l'inverse qui se passe pour qu'elle puisse avoir
tout de suite un panorama, en fait, d'opportunités devant elle, peu importe la
région en question, parce que chaque personne a ses propres intérêts...
Mme Martini (Anabelle) : ...propres
choix à faire, là : est-ce qu'elle préfère vivre plus dans la nature, dans
les centres urbains, par exemple? Puis notre campagne est vraiment basée
là-dessus. Pour parler, en fait, des attraits des régions, il faut différents
publics cibles, là. Nous, on avait ciblé justement les jeunes de 35 ans et
moins, les familles et les entrepreneurs pour démontrer que partout au Québec,
partout, de façon inclusive, dans toutes les régions, même celles qui sont un
peu plus éloignées auxquelles peut-être on pensait un peu moins, bien, il y
avait des opportunités à saisir et des possibilités aussi de s'épanouir dans ce
milieu de vie là. Donc, c'est... Puis les Journées Québec, aussi, sont une très
bonne rampe de lancement, là, pour faire justement des régions une vitrine du
Québec. Là, on sait qu'il y a déjà beaucoup de choses qui se font, notamment
avec la présence, là, de la SDED dans le cadre de ces journées-là, qui souvent
invite d'autres régions à se joindre, là. Mais, effectivement, on pense aussi
que les Journées Québec pourraient peut-être bénéficier d'un peu plus, là,
d'impact pour faire connaître les régions à l'international. C'est une porte
d'entrée incroyable, là, quand on sait le nombre de personnes qui se rendent
dans ces journées-là puis le nombre de c.v. déposés et autres. Donc, ça
pourrait aussi être quelque chose à soulever.
Mme Fréchette : Merci, merci
beaucoup. J'enchaînerais maintenant sur la connaissance du français, comme vous
savez qu'en fait on a fait de la langue française un des axes principaux pour
la réforme de notre immigration économique. J'entends souvent que, lorsque les
gens immigrent en région, bien, ça facilite et ça accélère le processus d'apprentissage
du français. On a aussi Francisation Québec, qui est en... instauré, en fait
qui est en voie de développement à grande vitesse depuis le 1ᵉʳ juin dernier
pour faciliter l'accès aux cours de français. Alors, je me demandais comment
vous voyez cette importance qui a été donnée à cette connaissance du fait
français. Est-ce que vous constatez également que le fait d'immigrer en région
contribue à l'accélération de l'apprentissage du français? Est-ce que c'est
quelque chose que vous vérifiez sur le terrain?
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
en effet, c'est un élément que beaucoup de nos membres nous font remonter, là,
que le fait d'immigrer en région accélère l'apprentissage du français de façon
significative, là. On n'a pas, évidemment, de données nécessairement pour...
concrètes, là, pour appuyer... mais c'est effectivement une impression qui est
partagée par de nombreux maires et mairesses, puis, effectivement, c'est
important aussi pour l'union que la francisation fasse partie en fait d'un éventail
aussi de services qu'on offre aux personnes qui souhaitent immigrer au Québec,
de leur offrir la chance de parler français, notamment depuis l'étranger. Ça
rejoint aussi les actions que nous souhaitons faire à l'union, là, de mieux
faire connaître les régions puis tout ce que le Québec a à offrir. Bien, le
français fait partie de ces richesses-là. Donc, nécessairement, de pouvoir
l'offrir à des personnes qui ne sont pas encore là, mais qui souhaitent venir,
c'est aussi une condition gagnante, d'autant que ça... d'autant plus que, si
elles s'installent par la suite en région, elles vont pouvoir poursuivre leur
apprentissage.
Mme Fréchette : Merci. Je
vous amènerais maintenant à la page 11 de votre mémoire. Vous y mentionnez que
le Programme d'appui aux collectivités, donc le PAC, c'est un axe essentiel,
mais qui pourrait être amélioré. Donc, vous proposez que le programme soit plus
flexible dans son application. Alors, quel aspect du programme est-ce que vous
verriez qui pourrait bénéficier d'une plus grande flexibilité, selon vous? Puis
quels seraient les besoins spécifiques auxquels cette plus grande flexibilité
répondrait?
• (10 h 30) •
Mme Martini (Anabelle) : Dans
le fond, ce que nos membres nous font remonter souvent comme retour sur le PAC,
c'est effectivement, notamment au niveau de l'élaboration des plans d'action,
de certaines actions qui sont pertinentes sur le terrain, mais qui ne
correspondent pas nécessairement à des objectifs du... bien, correspondent aux
objectifs du PAC, mais, par exemple, qui touchent peut-être davantage à
d'autres actions que d'autres ministères pourraient avoir à mettre en œuvre,
par exemple des cours de piscine dans les piscines municipales pour les
personnes immigrantes, là. On sait à quel point le sport peut être un vecteur
d'intégration important dans les communautés. Bien, ce n'est pas toujours
possible de pouvoir l'intégrer dans les plans d'action, parce que ça ne répond
pas nécessairement aux missions, aux objectifs que le PAC s'est donnés. C'est
davantage, en fait, de se mettre en adéquation avec les besoins des milieux,
puis également, dans le fond...
Je suis désolée, il y a comme une alarme
qui vient de se mettre en... Je vais laisser peut-être la ministre continuer,
parce que je ne suis plus capable de vous suivre. Je m'excuse, je suis vraiment
désolée.
Mme Fréchette : On va revenir
à vous ultérieurement. Vous nous faites signe quand l'alarme est terminée.
Alors... Bien, Mme la mairesse, là, vous
indiquez que la révision du financement du MIFI permettrait aux municipalités
de financer des actions non permises dans le cadre du PAC, le Programme
d'accueil des communautés, d'accompagnement, mais jugées prioritaires...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Fréchette : ...sur le
terrain. Donc, pourriez-vous détailler, en fait, le type d'activités que vous
aimeriez voir être couvertes par ces ententes et expliquer pourquoi elles sont
prioritaires?
Mme Dubois (Geneviève) : Bien,
en fait... Peut-être... Je ne sais pas si Annabelle est de retour, mais je
pourrais peut-être donner quelques exemples. Entre autres, chez nous, on sait
que les familles qui arrivent, les jeunes s'inscrivent à l'école, apprennent le
français. Mais quand arrive la période estivale, ces jeunes-là ont quand même
besoin de soutien, et, souvent, les familles n'ont pas nécessairement les
revenus pour pouvoir les inscrire, par exemple, aux camps de jour ou dans
certaines activités.
Donc, c'est sûr que la ville offre des
gratuités à ces enfants-là, à ces familles-là, pour s'assurer que les acquis,
que les enfants ont faits pendant l'année scolaire, ne sont pas perdus. Et ce n'est
pas toujours des actions qui sont déjà... soit prévues au plan d'action qu'on a
mis en œuvre, parce que ce plan d'action là, déjà date ou qui... soit pas
permises non plus au remboursement.
Donc, c'est sûr qu'il faut une
bonification. Il faut aussi donner une certaine agilité pour pouvoir se
conformer à notre nouvelle réalité.
Mme Fréchette : Alors, Mme
Martini, est-ce que c'est correct pour vous maintenant de compléter votre
réponse, ou si vous aviez terminé, ou...
Mme Martini (Anabelle) : On
doit évacuer le bâtiment pour des raisons de sécurité, donc je vais devoir me
déconnecter. Je suis vraiment confuse et désolée.
Mme Fréchette : Bon, mauvais
timing.
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
c'est ça, la sonnerie ne fait que sonner, là, ça fait que je m'excuse vraiment,
là, je n'ai d'autre choix que de devoir quitter pour des raisons de sécurité
Mme Fréchette : ...vous devez
quitter, alors je vous remercie toutes les deux, Mme la mairesse, Mme Martini.
La Présidente (Mme Caron) : Oui,
merci. On va passer maintenant à la période d'échanges avec l'opposition
officielle. Donc, je cède la parole au porte-parole de l'opposition officielle
pour 9 minutes 54 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci pour votre mémoire. Excellentes propositions. Je
vais aller directement parce que je n'ai pas beaucoup de temps. Pourquoi vous
proposez aujourd'hui une stratégie de régionalisation de l'immigration?
Mme Dubois (Geneviève) : En
fait, je vais tenter de répondre du mieux que je peux, hein, étant donné que la
partie plus technique qui représente bien l'union n'est plus là, Mme Martini,
mais ce qu'on souhaite, c'est vraiment de... Ça fait longtemps qu'on parle de
régionalisation de l'immigration. On en a parlé tantôt, il y a souvent
différentes actions qui sont menées par différents ministères. Quand on parle d'une
stratégie nationale, c'est qu'on souhaite que tous les ministères qui sont
touchés par l'immigration, et là on parle du ministère du Travail, de l'Habitation,
la Santé, le Transport, on en a parlé tantôt... que tous ces gens-là s'assoient
ensemble pour permettre un meilleur atterrissage de ces gens-là chez nous et
que les municipalités fassent partie aussi de la discussion, et de la
réflexion, et de l'élaboration des objectifs, des cibles, et tout ça. Donc, c'est
dans ce sens-là qu'on parle d'une stratégie de régionalisation.
M. Derraji : Je vous
comprends. Tout à l'heure, vous avez parlé des bureaux. Si je fais l'avocat de
la partie gouvernementale, ils vont vous dire : Bien, on a ouvert des
bureaux que les libéraux, ils ont fermés. C'est ce qu'on dit depuis six ans,
maintenant, que la CAQ est au pouvoir. Pensez-vous que ces bureaux remplissent
vraiment la tâche?
Mme Dubois (Geneviève) : Bien,
je pense que ces bureaux-là sont très utiles pour avoir une connaissance de l'immigration
dans chacune de nos régions. Donc, vraiment, c'est très utile, mais ça ne peut
pas uniquement reposer sur le ministère de l'Immigration. L'intégration et l'enracinement,
surtout, de ces gens-là, c'est une affaire collective et c'est vraiment ce qu'on
revendique à l'UMQ, là.
M. Derraji : ...la stratégie
de régionalisation menée par la CAQ, depuis 2018, a donné des résultats, selon
vous? Dans votre propre région, donnez-nous un cas, et un cas concret.
Mme Dubois (Geneviève) : Je
pourrais... je n'ai pas... Malheureusement, je n'ai pas de chiffre à vous
donner de combien de personnes qui sont émigrées chez nous. Comme je vous dis,
on a un territoire extrêmement agricole, en a beaucoup de travailleurs
temporaires étrangers, mais je n'ai pas de chiffre, je ne peux pas vous dire si
la stratégie a bien fonctionné ou pas, là, malheureusement. Puis, comme je vous
dis, Anabelle aurait peut-être eu une réponse, malheureusement, elle a choisi
de sauver sa vie.
M. Derraji : Non, bien, elle
a raison. Dans certains cas, il faut choisir sauver la vie, vous avez raison.
Parlons de la capacité d'accueil, vous avez parlé beaucoup, beaucoup de la
capacité d'accueil. Vous avez lu le document que le gouvernement nous a envoyé,
a mis à notre disposition. Est-ce que vous avez trouvé une réponse à la
capacité d'accueil réelle ou est-ce qu'aujourd'hui vous dites qu'on aurait dû
travailler sur la capacité d'accueil pour la chiffrer, savoir de quoi on parle?
Mme Dubois (Geneviève) : Bien,
moi, je pense qu'il faut travailler ça ensemble. Oui, il faudra chiffrer, mais
il faudra que les municipalités participent à cet exercice-là. On ne peut pas
avoir... et ça, c'est... on parle... On en parle pour l'immigration, mais on
pourrait en parler pour plusieurs sujets, on ne peut pas descendre un processus
mur à mur ou une formule mur à mur...
Mme Dubois (Geneviève) : ...pour
chacune des régions, chacune a des réalités très différentes et, à travers ces
régions-là, les municipalités ont des particularités aussi très différentes, et
c'est un peu ce qu'on souhaite aujourd'hui, c'est d'être partie prenante de
cette stratégie-là pour la suite des choses, évidemment.
M. Derraji : Je vais poser
une question très directe, parce que c'est des consultations où on essaie quand
même d'avoir des réponses pour les Québécois. Vous avez entendu le premier
ministre à plusieurs reprises parler de la capacité d'accueil. Vous avez même
entendu la déclaration de l'ancien ministre de l'Immigration sur l'intégration
que... sur l'intégration. On parle aussi des mots forts, des propos que parfois
les gens pensent que c'est des propos qui n'ont pas leur place sur le... je
dirais, qui n'ont pas leur place sur l'espace public.
Pensez-vous que des propos tenus par le
premier ministre ou n'importe quel ministre désencouragent les gens à penser
sortir de Montréal?
Mme Dubois (Geneviève) : En
fait, l'UMQ, par rapport aux seuils ou au nombre d'immigrants qu'on pourrait
accompagner, l'UMQ a toujours choisi de ne pas se prononcer sur un chiffre ou
un nombre. Ce qu'on dit, c'est que, nous, notre compétence et notre expertise,
c'est vraiment de s'assurer qu'on fait bien atterrir ces gens-là chez nous, et
c'est vraiment dans cet enjeu-là qu'on veut travailler, là.
M. Derraji : Aujourd'hui,
vous, peu importe le scénario un, 50 000 ou 60 000, vous n'avez pas de
position?
Mme Dubois (Geneviève) : Non,
on n'a... on ne se prononcera pas.
M. Derraji : O.K.
Mme Dubois (Geneviève) : Ce
qu'on souhaite, c'est que ceux qui seront dédiés à nos régions parce qu'on a
souhaité, on en veut de l'immigration, bien, on soit capable de les accueillir,
et il est là, nous, notre bien, notre réel enjeu.
M. Derraji : Excellent. Vous
avez aussi mentionné les travailleurs temporaires étrangers. J'étais dans des
fermes que j'ai visitées l'été. Ce scénario est quasiment absent de la
consultation actuelle. Est-ce que sur cet enjeu, vous allez vous prononcer ou
pas?
Mme Dubois (Geneviève) : On
n'a pas nécessairement...
M. Derraji : Vous êtes dans
une région agricole, donc vous les côtoyez et c'est des gens qui existent. Ils
utilisent les logements, les services publics et l'ensemble des services, et
vous l'avez mentionné : transports, santé, logement.
Mme Dubois (Geneviève) : Oui,
M. Derraji : Vous, vous avez
même dit que des entrepreneurs qui achètent des roulottes ou des maisons pour
les adapter, ce scénario est absent de la consultation actuelle. Pensez-vous
qu'on aurait dû l'inclure?
Mme Dubois (Geneviève) : C'est
vrai qu'on n'a pas... on n'a pas beaucoup parlé de ça, mais c'est vraiment une
réalité, vous avez raison. Par contre, ces travailleurs temporaires étrangers
là, chez nous, sont quand même un peu exclus de ce qu'il se passe. Je vous le
dis ils bien, ils sont logés... ils sont logés par souvent l'employeur. Ils
sont déplacés par l'employeur. Ils vivent souvent sur leur lieu de travail.
Donc, on a peu de contacts avec ces travailleurs-là. Honnêtement, je pense que
c'est une richesse à laquelle on n'a pas accès, si... tu sais, puis que... puis
c'est l'UPA qui s'en occupe, et donc c'est vraiment une chasse gardée, là, de
l'Union des productions... des producteurs agricoles. Mais effectivement, là,
on en a peu parlé dans le mémoire.
M. Derraji : Je parle plutôt
de la consultation. Est-ce qu'aujourd'hui, vu le contexte de votre région qui
ressemble à plusieurs régions, je vous ai parlé de mes rencontres avec... avec
des fermes qu'aujourd'hui, pour les trois prochaines années, on annonce une
consultation qu'on aurait dû prendre le temps de bien analyser l'apport des
travailleurs temporaires étrangers au Québec.
Mme Dubois (Geneviève) : Bien,
je pense que les dernières informations qui sont sorties sur les conditions de
travail entre autres, puis les conditions que ces gens-là vivent, effectivement
je pense qu'on pourrait se prononcer. On pourrait prendre le temps de réfléchir
à l'apport de ces de cette catégorie de travailleurs là, effectivement.
• (10 h 40) •
M. Derraji : Mais on s'entend
que cette catégorie n'est pas présente dans les scénarios que vous avez devant
nous... devant vous, que le ministère de l'Immigration vous présente. Il n'y a
pas ce portrait.
Mme Dubois (Geneviève) : Est-ce
que... Je pense que Anabelle est seulement au téléphone. Je ne sais pas si,
Annabelle, qu'on avait poussé un peu plus loin par rapport aux travailleurs
temporaires étrangers.
Mme Martini (Anabelle) : Oui.
Excusez-moi, je suis en ligne depuis depuis mon téléphone. Donc je m'excuse si
le son, on est... est un peu difficile a de mon côté.
Pour les travailleurs étrangers temporaires,
effectivement, nous n'en faisons pas nécessairement mention dans notre mémoire
pour... pour le moment, oui.
M. Derraji : Ce n'est pas ça
ma question. Ma question est la suivante. Votre réalité est une réalité où il y
a pas mal de travailleurs temporaires étrangers. Vous êtes dans une région
agricole. Le scénario que vous avez devant vous d'ailleurs, vous refusez de se
prononcer sur 50 000 ou 60000. C'est correct, je le comprends. Mais est-ce
que vous pensez qu'on aurait dû, au gouvernement, prendre le temps nécessaire
de prendre en considération le portrait des travailleurs temporaires
étrangers...
M. Derraji : ...au Québec, ils
sont parmi nous. Vous avez vous-même mentionné qu'il y a une pression sur les
logements. J'ai entendu la sortie de... la semaine dernière : Vous avez
des enjeux de l'itinérance. Vous avez des enjeux de logement, des changements
climatiques. Vous demandez une révision du pacte fiscal. Et là, maintenant, il
y a aussi des travailleurs temporaires étrangers que vous vous ramassez à gérer
aussi. Donc, c'est ça, ma question : Est- ce que vous auriez dû le voir,
vous souhaiteriez le voir?
Mme Martini (Anabelle) : Bien,
nous, c'est sûr qu'on ne regarde pas nécessairement... une municipalité ne
regarde pas nécessairement le permis de travail ou la personne qui est présente
au Québec. L'immigrant a une résidence permanente et là, en tant que
travailleur étranger temporaire ou avec un autre permis de travail fédéral de
type PVT ou de jeune professionnel, donc toutes les personnes immigrantes
doivent être prises en compte dans l'élaboration de stratégies qui visent à
leur accueil, à leur enracinement au Québec.
M. Derraji : O.K. Parlons de
la capacité d'accueil, encore une fois. Mme la mairesse, dans votre région,
avez-vous des enjeux de logement?
Mme Dubois (Geneviève) : Absolument,
absolument.
M. Derraji : Le nombre de
logements qui manquent.
Mme Dubois (Geneviève) : Nous,
on n'a pas... on n'a pas évalué le nombre de logements qui manquent, mais on
n'a aucun logement ou pratiquement pas de logements disponibles actuellement.
On travaille avec des promoteurs. On tente aussi de... Nous, un de nos enjeux,
comme bien d'autres municipalités, c'est le logement abordable. Donc, on
travaille, on travaille activement avec des promoteurs à développer, et ça se
passe relativement bien, mais, malheureusement, il y a quand même des délais.
Mais, comme je vous dis, hein, chez nous, en ce qui concerne l'immigration...
M. Derraji : Je vais juste
revenir sur la régionalisation, parce que vous demandez... C'est terminé. O.K.
C'est bon.
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé. Alors, merci. Et je cède maintenant la parole au deuxième groupe
d'opposition pour 3 minutes. 18.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. J'ai lu le mémoire avec grand plaisir.
Je vais me permettre d'abord de souligner... Moi aussi, là, comme vous, j'étais
très heureux du réajustement nécessaire dans le PEQ étudiants... dans le PEQ
diplômés, ce qui va favoriser un meilleur établissement de nos étudiants
internationaux. Cela dit, ça a été annoncé en avril. Mme la ministre, on est en
septembre, il y a des centaines d'étudiants qui attendent. Alors, je vous lance
la question par la bande : Quand, quand entreront en vigueur les réformes
promises pour nos diplômés? Ils attendent. J'ai des dizaines, voire des
centaines de contacts. Les gens me demandent quand. Alors, si vous pouviez
répondre à ça, ça nous serait très apprécié.
Je reviens sur, dans votre mémoire,
l'absence d'une stratégie nationale, de mesures structurantes sur la
régionalisation. Et votre recommandation huit... six, pardon, d'un programme
spécifique dédié à la régionalisation. Nous avons mis au jeu dernièrement le
PEQ Région, le PEQ Régionalisation qui, quand je le lisais... s'oriente
directement dans ce que vous demandez, essentiellement, un programme spécifique
dédié aux régions. On parle d'un programme accéléré de qualification pour
l'obtien du certificat de sélection. Douze mois de travail au lieu de 24, donc
on garde 24 pour Montréal, on laisse 12 mois pour les régions hors de Montréal.
Nos francophones, évidemment, on retire
les frais de traitement, donc une économie qui peut aller jusqu'à 1 500 $
par famille, et on les traite de manière expéditive pour leur donner le CSQ
rapidement, pour que vos travailleurs étrangers puissent rester, qu'ils
puissent continuer rapidement de s'intégrer dans votre communauté. Est-ce que
c'est ce genre de mesure là structurante que vous aviez en tête, dans la
rédaction de vos recommandations?
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
effectivement. Nous, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, à l'UMQ, ce qu'on
pense, c'est que la migration en région doit se faire de façon primaire et,
pour cela, effectivement, de permettre directement, dans les programmes
d'immigration, d'être en adéquation avec les besoins et les réalités des
régions, ça nous paraît être, effectivement, un angle très intéressant pour
mettre en œuvre, de façon concrète, une stratégie de régionalisation. On a vu,
dans d'autres provinces au Canada, que ça a parfois été fait et ça a été fait
toujours avec succès, en concertation avec les milieux, avec certaines municipalités
et régions. Donc, c'est un peu dans cette idée-là qu'on souhaitait proposer ce
programme pilote pour que ce soit testé, d'abord, dans certaines régions, avant
d'être établi de façon plus pérenne à la grandeur du Québec.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Votre première recommandation porte sur la réduction des délais. Le
Devoir nous apprenait qu'on va parler de 10 à 25 ans de délai de traitement
dans certaines catégories d'immigration. Est-ce que vous jugez que c'est humain
et raisonnable d'attendre 10 à 25 ans pour la résidence permanente?
Mme Martini (Anabelle) : Non,
ce sont des délais qui sont effectivement très longs. Mais des données que nous
avions obtenues dans les derniers mois nous laissent à penser qu'effectivement
il y a eu des des...
Mme Martini (Anabelle) : ...
dans le backlog puis qui était du à la pandémie, puis qu'il y a eu quand même
des avancées au niveau de certains délais qui ont été faites, notamment au
niveau de la résidence permanente dans le programme peut-être un peu plus
général, là, donc...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
Mme Martini (Anabelle) : Donc,
c'est ça, il y a peut être encore des efforts à faire. C'est pour cela que
notre recommandation est de poursuivre les efforts.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
c'est terminé. Alors maintenant, je vais céder la parole au député de
Matane-Matapédia pour 3 min 18 s.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Votre réalité ressemble beaucoup à
celle que je vis dans ma circonscription. Vous avez répondu à un collègue tout
à l'heure qui vous posait la question de la capacité d'accueil, d'hébergement.
Alors, si vous n'avez pas d'appartement de disponible, comment on fait de
l'immigration chez vous? Est ce que ça vient de se terminer là?
Mme Dubois (Geneviève) : En
fait, bien sûr que non, on est en train de développer un parc immobilier chez
nous, là. Il y a de la construction qui se fait. Mais comme je vous dis, il
faut prendre en compte plusieurs éléments, dont le logement, dont le transport
aussi. Vous le savez, M. Bérubé, dans votre région, le transport collectif
est... il doit ressembler au nôtre, hein? Ce n'est pas... ça ne passe pas aux
cinq minutes. Donc, on a des enjeux de déplacement, et c'est pour ça qu'on se
dit qu'il faut bien évaluer ça et il faut y aller à géométrie variable en
fonction de chacun de nos... de nos réalités propres. Mais effectivement, là,
ça pose plusieurs défis, même si des besoins en main d'oeuvre sont grands chez
nous aussi, là.
M. Bérubé : On en revient à
la capacité d'accueil, elle peut se définir. Par exemple, lorsqu'on a eu le
débat sur le chemin Roxham, c'est les groupes communautaires de Montréal qui
nous disaient, à nous en tout cas, dites-le qu'on est plein, qu'on a plus de
ressource. Je pense que c'était la façon correcte de dire, si on veut
accueillir correctement les gens. Il faut avoir les structures pour les
accueillir.
Vous avez fait des recommandations, celle
qui est la no8 4, vous dites : Impliquer étroitement le milieu municipal
dans la documentation et l'élaboration de critères de capacité d'accueil. Quels
pourraient être ces critères? J'imagine que vous avez réfléchi à un certain
nombre, mais vous ne les avez pas détaillés.
Mme Dubois (Geneviève) : Est
ce que je te laisse... Annabelle?
Mme Martini (Anabelle) : Oui,
bien sûr. Dans le fond, les critères dont on parle, c'est relié aussi à notre recommandation
subséquente, là, sur le fait de pouvoir avoir, autour de la table, tous les
ministères concernés par l'immigration. En fait, parce que c'est une... c'est
un enjeu qui est transversal, là. On a besoin d'habitations, on a besoin de
transport, on a besoin de services de garde, on a besoin de toute une panoplie
de services. Et des organismes communautaires aussi, comme vous mentionniez,
c'est très important dans l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants au
Québec.
Donc, dans le fond, c'est que chaque
milieu puisse, en fonction des données, d'un portrait qui serait dressé par
toutes les parties prenantes, sur un certain nombre de critères, dont ceux que
j'ai mentionnés, puissent travailler ensemble à établir effectivement des
indicateurs ou en tout cas un tableau de bord de la capacité d'accueil de
chaque milieu pour s'assurer que vraiment les personnes arrivent et elles aient
un logement, elles aient accès à une école, elles aient accès à un service de
garde et à un emploi également. Donc C'est une question d'arrimage en fait,
entre différents différents enjeux, différents dossiers qui, à la fin, en fait,
vont tous bénéficier à la même personne, c'est-à-dire la personne immigrante.
M. Bérubé : D'accord. Si
j'étais sur un autre projet de loi qui siège présentement, on parlerait
beaucoup de données probantes. Si on était capable d'avoir de véritables
chiffres par région : capacité pour les écoles, pour le réseau
communautaire, pour la francisation, évidemment un emploi, sur la capacité à se
former un réseau social, c'est moins quantifiable, mais c'est important, le
financement des groupes qui viennent en aide, il me semble qu'on aurait une
grille...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, six secondes.
M. Bérubé : En conclusion, je
trouve que notre proposition est... va dans le sens de la vôtre et je la trouve
pertinente pour les gens de la commission.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons maintenant suspendre
la séance pour cinq minutes avant de revenir avec le prochain groupe. Merci.
Mme Dubois (Geneviève) : Merci
beaucoup.
Mme Martini (Anabelle) : Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 50
)
(Reprise à 10 h 55)
Mme Lecours (Les Plaines) : Alors,
bonjour tout le monde. On va reprendre la séance, et je souhaite la bienvenue à
M. Stéphane Tajick. Et je vous laisse vous présentez. Vous avez 10 minutes pour
faire votre exposé.
M. Tajick (Stephane) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour à tous, Mme la ministre, très chers députés. Mon nom
est Stéphane Tajick. Je suis le président de la compagnie STC. J'oeuvre
principalement en tant que conseiller auprès de gouvernements à travers le
monde dans le domaine du développement économique et je me spécialise dans la
conception de programmes d'immigration d'affaires, ce qui m'a amené à assister
dans la rédaction de lois, règlements, codes de procédure et produire
énormément de rapports tels que des rapports d'impact économique, des rapports
d'analyses compétitives. J'ai...
M. Tajick (Stephane) : ...aussi
fait plusieurs rapports sur la question de la rétention des immigrants
investisseurs au Québec. J'ai vu que la nouvelle refonte du programme
immigrants investisseurs s'appuyait énormément sur le fait qu'il y a un
problème de rétention des immigrants investisseurs au Québec. La réalité sur ce
sujet, il serait erroné de baser la refonte du programme sur cela. La raison
est très simple. Ça fait plus d'une décennie que le programme a des délais de procédure
qui varient entre sept à 10 ans. Alors, je pense que vous pouvez imaginer que
n'importe quel programme d'immigration qui prend sept à 10 ans de procédure
aurait un taux de présence assez bas. Le principal problème du programme
immigrants investisseurs est le problème des délais de traitement. C'est celui
qu'on doit d'abord régler avant tout.
Et malheureusement, dans cette logique, la
suite a amenée à avoir... à augmenter le niveau de français requis, ça veut
dire imposer un niveau de français qui n'était pas à la base, c'est de niveau 7
et qui se trouve être un des plus hauts pour toutes les catégories
d'immigration. Il manque encore de clarté pour voir si ça va être à
l'admission... à la sélection pour la résidence temporaire ou à l'admission pour
la résidence permanente où le niveau 7 va être imposé, mais je pense que je ne
suis pas le seul qui va vous la... qui va vous... qui vous l'a... qui va vous
le dire. La demande n'existe pas pour un programme immigrants investisseurs
pour des francophones.
La réalité, c'est que si vous êtes
francophone, vous avez un certain calibre professionnel et certains moyens
financiers tant au Québec qu'au Canada, les portes sont grandes ouvertes pour
vous. Si on regarde les 20 dernières années, les gens qui ont appliqué tant au
programme immigrants investisseurs au fédéral qu'au Québec ne connaissaient
soit pas le français, soit pas l'anglais. Et quand ils connaissaient l'anglais,
ils connaissaient très peu l'anglais. Le programme immigrants investisseurs,
encore une fois, tant au fédéral qu'au Québec, était surtout axé sur les gens
qui ne parlaient ni aucune des deux langues officielles convenablement pour
appliquer sur d'autres programmes.
À mon estimé, le programme en tant que
tel, s'il venait à sortir, on le retrouverait peut être avec cinq appliquants,
cinq à 10 appliquants par an au maximum. Mais en réalité, on risque d'en
retrouver avec des zéro parce que, pour que les intermédiaires financiers
ouvrent les lumières, ça leur coûte plusieurs centaines de milliers de dollars.
Alors, je serais très surpris qu'à la fin d'un an, il y ait une quelconque
application pour le programme en tant que tel.
De plus, juste pour préciser que le volet
compétences intermédiaires, le manuel est un niveau 5 de français. Le nouveau volet
d'exception, le talent d'exception ne nécessite aucun niveau de français. Il y
a une certaine logique pour les travailleurs qualifiés qui voudraient venir
travailler au Québec, de savoir parler le français, pour un entrepreneur qui va
entreprendre au Québec, de parler français. Mais pour un investisseur, quand sa
qualité d'investisseur est tout simplement de faire un transfert de fonds au
moment de son application, il n'y a aucune nécessité de français... de parler
le français pour sa qualité d'investisseur.
• (11 heures) •
Alors, cette demande est principalement
basée sur le fait qu'on voudrait qu'il s'intègre mieux au Québec. On prend...
Encore une fois, on se base sur les données de rétention ou de présence plus
précisément, qui sont malheureusement poussées par les importants délais de
traitement dont le programme souffre depuis près d'une décennie, voire plus
d'une décennie pour être exact. Je vous invite d'ailleurs à me poser plus de
questions à ce sujet après, durant la séance questions-réponses. vous donnez un
exemple du programme français pour investisseurs. Le programme français pour
immigrants investisseurs sous le volet Passeport Talents ne nécessite aucune,
aucun niveau de français à la demande de la résidence temporaire et nécessite
un équivalent de niveau 3 pour la résidence permanente. Si vous pensez que
c'est peut être en raison pour faciliter les voisins européens, ce n'est pas le
cas. Les gens de la...
11 h (version non révisée)
M. Tajick (Stephane) : ...la
zone économique européenne n'ont pas besoin d'appliquer pour l'immigration. C'est
principalement... C'est uniquement les pays tiers qui peuvent appliquer pour le
programme immigrants investisseurs français.
Alors, moi, ma suggestion, ça serait, au
lieu d'imposer des restrictions si hautes, qui vont faire que le programme va
tout simplement fermer dans six à un an, c'est de franciser, faciliter la
francisation avec un programme d'accompagnement, qui viendrait prend place dès
leur arrivée au Québec, un programme qui va faciliter l'apprentissage du
français ainsi qu'agrémenter leur arrivée avec un service de conciergerie,
favoriser et accroître leur investissement sur le territoire québécois, parce
que le potentiel est énorme. Leur facilité à favoriser le commerce, l'exportation,
etc. est encore inutilisée et peut représenter un potentiel important pour le
Québec, et, très important, produire des réelles données sur leur présence, et
leur impact, et leur intégration à la société québécoise. Ce qui est magnifique
là-dedans, c'est que ce genre de programme d'accompagnement, qui est, selon
moi, un peu l'avenir dans l'immigration, n'est pas besoin de... peut être payé
par l'immigrant investisseur, financé par... et accompli par les intermédiaires
financiers.
Donnez-moi un petit instant. Ainsi, la
responsabilité pourrait tomber sur les intermédiaires financiers afin qu'ils
améliorent... qu'ils aient un incitatif à améliorer la présence, l'impact des
immigrants investisseurs et leur francisation au Québec, ce qui pourrait mener,
par le gouvernement, d'augmenter les quotas d'admission ou les réduire par
rapport aux résultats prouvés du programme d'accompagnement.
Et, en dernier, je voudrais parler d'un
programme... un problème très important qui s'est envenimé avec le COVID. On
parle du problème de succession entrepreneuriale que... dans lequel souffre le
Canada. Je pense que vous êtes tous très au courant du problème démographique
que l'on connaît avec la génération baby-boomers, le vieillissement de la
population, etc. Bien qu'on amène toujours de la main-d'œuvre immigrante pour
remplacer les travailleurs baby-boomers, on ne le fait quasiment pas pour les
gens d'affaires. On parle de... de milliers d'entreprises au Québec qui vont
être touchées, des hommes d'affaires québécois et québécoises qui atteignent un
certain âge et qui n'ont pas d'acheteurs pour leurs entreprises parce que la
démographie ne le permet tout simplement pas. Les rapports canadiens estiment à
des centaines de milliards, dans les 10 prochaines années, d'argents qui
vont disparaître des poches de ces individus parce que la demande n'est pas là.
Souvent, ça amène à des fermetures d'entreprises, des problèmes financiers,
etc. ou tout simplement des ventes à bas prix. Ce problème est envenimé dans
les régions où il manque d'immigration, et ça, c'est un des gros problèmes qui
peut être uniquement résolu par l'immigration, malheureusement, parce que la
demande n'existe tout simplement pas. Et ceci ne nécessite pas seulement un
programme d'immigration, mais différents paliers de gouvernement qui se mettent
ensemble...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Tajick (Stephane) : Oui,
et qui viendraient créer un réel programme pour résoudre ce problème.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, nous allons procéder à la période d'échanges. Mme la ministre, vous avez
16 minutes, 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci, M. Tajick, pour votre présentation, pour prendre
part également à cette consultation. Je vois que vous avez un profil assez
niché au niveau de vos interventions dans le mémoire, alors je vais vous
questionner surtout, bien, en fait, sur le volet, donc, des gens d'affaires.
Mais, à la base, j'aimerais souligner que, bien, en fait, notre gouvernement, c'est
un gouvernement économique qui croit...
Mme Fréchette : ...En la
nécessité de faire des affaires en français et en la possibilité d'avoir du
succès quand on fait des affaires en français. Et la connaissance du français
est vraiment le fer de lance de toute notre réforme que l'on a déposée au
printemps dernier en matière d'immigration économique, et c'est central à
l'ensemble de notre démarche.
Pourquoi cette orientation vers le fait
français? Bien, c'est parce que le français est une des clés, est un des
ingrédients qui est requis pour un projet d'immigration réussi et complet.
C'est ce qui permet de bien s'intégrer dans la communauté d'accueil qu'est le Québec.
Alors, le programme des investisseurs,
quand on regarde qui y participait, à ce programme des investisseurs, on voyait
qu'il avait très, très peu de personnes qui maîtrisaient le français qui
avaient utilisé le programme des investisseurs. Alors, il était important de
complètement réformer le programme des investisseurs pour faire en sorte que la
maîtrise du français soit une des conditions d'accès à ce programme.
J'entends, en fait, qu'à la page 11,
dans votre mémoire, là, vous affirmez qu'il n'est pas souhaitable d'exiger que
les immigrants investisseurs soient francophones. Est-ce que vous ne pensez pas
que vos recommandations en lien avec le fait français risqueraient d'affaiblir
le français au Québec, dans la métropole en particulier, mais au Québec dans
son ensemble?
M. Tajick (Stephane) : La
raison que, précisément, qu'il est important de ne pas mettre un critère trop
élevé de français, premièrement, c'est parce que la demande n'existe pas pour
ce genre de programme, surtout au coût dans lequel ils sont. Après, pour ce qui
est l'affaiblissement du français, moi, ça fait près de... Plus de 10 ans,
en fait, je recommande un programme d'accompagnement qui... Favoriser la
francisation de ces individus.
Alors, un peu comme le programme de la France,
si on met des critères, à l'entrée, très élevés, on n'a tout simplement pas de
programme. Mais, si on leur permet, de façon temporaire, de rentrer au Québec,
que ça soit avec un niveau zéro ou un niveau un, et leur demander de se
franciser afin de demander la résidence permanente, ceci est raisonnable et
peut créer un programme.
Maintenant, je pense qu'on est tous
d'accord, l'important, quand on parle d'investisseurs, c'est leur impact
économique potentiel qu'il peut y avoir. C'est sûr qu'ils font un
investissement au début, c'est leur première qualité qu'on recherche, mais
c'est accroître leur investissement.
...Vous poser une question : est-ce
que, si je vous donne un profil d'un migrant investisseur, qui, après cinq ans,
a atteint un niveau trois de français, mais a favorisé l'exportation de
technologies québécoises, produits québécois de l'ordre de 20 millions par
année, est-ce que cet individu aurait plus de valeur que s'il a fait juste un
investissement au début, et un niveau sept après cinq ans sans avoir fait
d'investissements supplémentaires au Québec? Alors, il faut faire...
• (11 h 10) •
Mme Fréchette : Oui. Vous
êtes assez drastique dans votre constat à l'effet que la demande n'existerait
pas pour un programme d'investisseurs pour des francophones. La Francophonie,
rappelons-le, la Francophonie, ça réunit 320 millions de locuteurs
francophones, locuteurs du français. Donc, vous ne pensez pas, en fait, qu'il y
ait, parmi ce grand bassin de locuteurs francophones, des personnes qui pourraient
cadrer avec notre besoin d'avoir des investisseurs en français? Poser la
question, de mon côté, c'est y répondre. Avec 320 millions de locuteurs,
je ne peux pas croire qu'il n'y a pas personne qui pourra cadrer dans cette
proposition que l'on met sur la table.
J'aimerais vous entendre sur comment
est-ce qu'on pourrait stimuler cette demande dont vous doutez de la présence.
Est-ce qu'il y aurait des mesures que l'on pourrait établir? Je pense, par
exemple, au Réseau francophone des affaires, un réseau international, est-ce
qu'il pourrait y avoir là des personnes intéressées à participer au programme
investisseurs avec, bien sûr, les critères d'accès en lien avec le français?
Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Tajick (Stephane) : Absolument.
Je pense qu'on pourra attirer des centaines, voire des milliers d'investisseurs
francophones. Mais il ne faut pas oublier que le programme Immigrants
investisseurs, ce n'est pas un programme pour investisseurs...
M. Tajick (Stephane) : ...traditionnel.
Un... des programmes d'immigration pour investisseur traditionnel permettent à
un étranger qui veut investir au Québec, que ce soit sur une entreprise très
librement, sur une propriété, des investissements actifs dans le Québec, par
exemple. Oui, à ce moment-là, ce serait possible s'il y a une grande liberté
d'investissement, oui, absolument. Vous verrez des Français, bien qu'on...
c'est très facile aussi pour eux, juste d'ouvrir une... ouvrir un bureau à
Montréal, s'engager comme directeur. Il y a tellement de possibilités, c'est ça
qui est le problème, le programme de l'immigration a énormément de compétition
dans son... avec son propre système d'immigration. Même au fédéral, avec la
mobilité francophone, il est aussi simple d'être francophone, avoir une offre
emploi pour très rapidement retrouver au Canada. Et pas besoin de passer par la
porte immigrant investisseur qui coûte très cher, on parle de l'équivalent un
demi-million de dollars d'argent comptant qui est donné, qui est versé par l'investisseur.
Alors, il faut comprendre que le programme d'immigration n'est pas un programme
d'immigration pour investisseur traditionnel, c'est quelque chose qu'on a créé,
on a demandé aux investisseurs étrangers qui voulaient venir au Canada de nous donner
des fonds. Alors, c'est vraiment... c'est plus un programme de contribution
économique qu'un programme investisseur, si on devait le «termer» de façon
correcte.
Mme Fréchette : Je vous
amènerais maintenant sur la notion de repreneuriat. Vous l'avez abordée
vous-même en disant... en soulignant qu'il y avait un enjeu important au Québec
en termes de reprise d'entreprises par... suite au départ à la retraite ou à la
volonté de vendre, mais l'enjeu de retraite est quand même très important dans cette
dynamique de repreneuriat. Et de notre côté, on a vu là une opportunité que
l'immigration se mettre au service de cette nécessité que l'on a de trouver des
repreneurs. On a inclus en fait un troisième volet au programme des
entrepreneurs, qui est intitulé donc... qui est consacré au repreneuriat.
Alors, ce que l'on souhaite avec ce volet,
bien, c'est de répondre à l'enjeu de la relève entrepreneuriale puis de
contribuer à assurer la pérennité d'entreprises québécoises, particulièrement
en région, hein, ça vient toucher pas mal de PME en région, cette difficulté à
trouver des repreneurs. Et je souligne qu'en fait, les candidats qui passeront
par ce programme-là devront être accompagnés par des organismes spécialisés en
repreneuriat.
Alors, est-ce que vous pensez que ce
nouveau volet dans le programme des entrepreneurs pourrait répondre aux besoins
que vous avez soulevés?
M. Tajick (Stephane) : Je
vais reposer la question de façon différente. Il y aurait environ
80 000 entreprises au Québec, dans les 10 prochaines années, qui
vont être touchées par ce problème. Le rapport, il fait état de 54 % des
répondants qui éprouvent la difficulté à trouver un acheteur pour l'entreprise.
Est-ce que vous pensez que, tout simplement, juste avec les quotas d'admission,
est-ce qu'on va pouvoir répondre à ce problème pour les 10 prochaines
années? Est-ce qu'on va au moins admettre 10 000 repreneurs, si vous
voulez, par... ou 1 000 par an au moins? Je veux dire, juste pour
atteindre un chiffre supérieur à 50, il faut une grosse machine. Ça veut dire
un gros partenariat avec le secteur privé. Il faut qu'énormément d'argent soit
engendré, d'une certaine façon, pour le secteur privé pour qu'il puisse mettre
ce genre de machine, qui est la grosse machinerie pour être honnête, pour
répondre à cette demande. La demande est énorme et il y a énormément de
problèmes aussi en raison du financement nécessaire pour ce genre de programme.
Toutes les entreprises ne sont pas à 500 000 $, 200 000 $
ou 1 million de dollars, vous avez beaucoup d'entreprises qui vont se
retrouver à 5 millions, 10 millions. Est-ce qu'il y a des services...
Et de plus, pour le financement, l'acheteur doit être capable de financer une
partie, si on veut être capable de trouver vraiment la demande. Est-ce que cette
demande va être uniquement francophone? Alors, il faut trouver... il faut
vraiment cibler l'objectif que l'on veut si on veut régler ce problème. Est-ce
que l'on veut d'abord régler le problème en amenant uniquement des francophones
ou on...
M. Tajick (Stephane) : ...veut
vraiment régler le problème pour les Québécois qui vont se retrouver en
situation où ils ont travaillé toute leur vie, et leurs économies risquent de
soit disparaître ou être réduites. Alors, ça, c'est un choix un peu de
conscience que, j'imagine, votre parti devra faire, parce que la demande est
très importante. Il y aura énormément d'entreprises au Québec qui en auront
besoin, et, comme je vous le dis, si vous pensez... Parce qu'on en a parlé.
Moi, je suis venu en conseiller auprès du ministère il y a près de 10 ans pour
la refonte du programme Immigrants entrepreneurs, et on a discuté. Je suis
venu, on a discuté, on a passé une ou deux journées à discuter comment régler
ce problème. Mais il faut voir que l'échelle sur laquelle ce problème existe
nécessite d'énormes mesures.
Mme Fréchette : Merci. Alors,
pour la suite, je vais passer la parole à l'adjointe gouvernementale et députée
d'Iberville.
Mme Bogemans : En fait, on
est d'accord, nous, on veut les garder longtemps, les nouveaux arrivants,
justement pour pouvoir créer aussi de l'entrepreneuriat puis du
«repreneurship». On sait entre autres qu'avec le programme Investisseurs, dans
le passé, on avait de la difficulté à les retenir à court terme au Québec.
Avez-vous une vision ou des moyens concrets, pour vous, pour les garder
longtemps sur le territoire québécois?
M. Tajick (Stephane) : Je
pense qu'on peut tous imaginer que forcer les gens, ce n'est pas vraiment la
meilleure solution. Moi, j'ai toujours primé l'incitatif, et on est assez
intelligents pour trouver les incitatifs pour le faire, selon moi. C'est un
travail qui ne se fait pas du jour au lendemain, mais l'accompagnement, pour
moi, est la clé non seulement pour l'immigration d'affaires, elle est très importante
pour l'immigration... mais pour l'immigration en général. Ça veut dire : À
quelle rapidité nous allons être capables, dès leur arrivée, à les intégrer
socialement et économiquement à la société québécoise? Et ce programme doit le
faire, programme d'accompagnement, sans nécessairement imposer, mais en
agrémentant et facilitant, et... Oui.
Mme Bogemans : Vous pouvez y
aller. Je suis désolée, je ne voulais pas vous couper.
M. Tajick (Stephane) : Après,
comme je vous ai souligné le problème de rétention, le programme Immigrants
investisseurs souffre depuis presque 15 ans, plus de 15 ans, même, de délais de
traitement ahurissants, et puis beaucoup de choses ont changé entre-temps,
c'est-à-dire, il y avait le programme fédéral. Le programme fédéral a fermé il
y a plus de 10 ans, ce qui a amené à : énormément d'applications qui
devaient se retrouver au fédéral, elles se retrouvent au Québec. Ça a créé un
arriéré important de demandes pour le Québec et qui a fait exploser un peu le
nombre de demandes et l'arriéré de demandes, en fait, jusqu'à que le ministère
crée une espèce de mécanisme pour contrôler le nombre d'applications qu'il
reçoit et qui a... permet, au fur et à mesure, de... avec ce contrôle, de
pouvoir réduire les délais de procédure et l'arriéré. Maintenant, je pense
qu'ils n'ont jamais baissé, en moyenne, en dessous de six à sept ans, et là on
recommence à grimper aux 10 ans.
Donc, selon moi, on ne peut pas parler de
problème de rétention des immigrants investisseurs tant que ce problème de
procédures aussi longues... et je pense que vous pouvez tous, on peut tous se
mettre à la place de personnes qui ont attendu 10 ans avant qu'on puisse leur
dire que vous pouvez venir immigrer au Québec maintenant, surtout des gens avec
un âge moyen de 50 ans où les enfants, qui devaient peut-être avoir 17 à 18 ans
à ce moment-là pour venir étudier à l'université, se retrouvent des fois avec
des familles, le changement de projets, etc. Donc, on n'a aucune idée combien
réellement de ces gens immigrent finalement au Québec, des personnes admises.
• (11 h 20) •
Mme Bogemans : Ce que
j'aimerais savoir, c'est : Concrètement, qu'est-ce que vous proposez en
termes d'accompagnement?
M. Tajick (Stephane) : Ah!
Oui. C'est un programme qui viendrait, déjà à travers les intermédiaires
financiers, débuter et qui mènerait à l'agrémenter... faciliter leur arrivée
dès le départ, favoriser la francisation. Ça veut dire soit offrir des cours de
français, soit les mettre dans des cours de français. C'est un service de
conciergerie. Je pourrais plus vous expliquer... D'ailleurs, c'est un programme
que j'avais bâti dans le temps à...
M. Tajick (Stephane) : ...il y
a près de 10 ans, qui faisait, peut-être, une centaine de pages qui devraient
être quelque part dans les dossiers du ministère. Mais, concrètement, c'est
favoriser l'intégration économique et sociale, leur permettre de connaître le
marché... le marché québécois d'affaires et accélérer leur processus, tout
simplement.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à
votre question, mais c'est sûr, ça peut prendre énormément de temps d'aller
dans les détails.
Mme Bogemans : Combien
reste-t-il de temps?
La Présidente (Mme Caron) : 30
secondes.
Mme Bogemans : Parfait. On
fait déjà un travail avec Accompagnement Québec, avec tous les organismes
également sur le terrain, avec le... avec le PAQ, on est déjà en mouvement puis
on veut continuer de l'être, là, pour les prochains temps, exactement pour
offrir un accompagnement qui répond aux normes des immigrants sur le terrain.
Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
merci. Donc, je cède maintenant la parole à l'opposition officielle pour 9
minutes 54 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Pourquoi vous avez senti le besoin
de venir en commission parlementaire parler des immigrants investisseurs?
M. Tajick (Stephane) : Bien,
premièrement, ça fait... J'essaie de venir à toutes les commissions
parlementaires sur le sujet, c'est la quatrième pour moi. Et puis je pense que
vous pouvez tous sentir que c'est presque honteux, 10 ans d'attente. Moi, j'ai
connu des gens personnellement. Ils sont venus après 12 ans et c'est devenu
presque normal, 12 ans de procédure ou du temps qu'ils font l'application
autant qu'ils arrivent au Québec. J'ai aussi reçu beaucoup de messages au fur
et à mesure des années pour, je ne sais pas pour quelle raison nécessairement
pour moi, par rapport à ce que j'ai écrit jusqu'à maintenant sur les pensions
d'immigrants investisseurs qui se sentent lésés par le gouvernement du Québec.
Alors, on me demande souvent : Est-ce
que vous pouvez faire quelque chose? Ça fait des années, on est un groupe
d'investisseurs qui veulent porter plainte ou qui portent plainte contre le
gouvernement du Québec pour les délais de procédure.
M. Derraji : Donc, l'enjeu
numéro un pour vous, c'est les délais, c'est les délais. Donc, il y a des gens
qui expriment leur intérêt de venir au Québec, mais vous constatez que les
délais sont énormes. Ces délais, selon vous, à quel niveau se manifestent, au
niveau provincial, au niveau fédéral? Et, si c'est au niveau provincial, quelle
est votre proposition pour qu'on accélère les délais?
M. Tajick (Stephane) : Le
problème est uniquement dû aux quotas, soit de sélection ou soit d'admission.
On le sait, le problème, ce n'est pas un problème que ça prend trop de temps à
faire... analyser une demande, c'est que les quotas placés par le gouvernement,
tant à la sélection qu'à l'admission, sont nettement plus bas que le nombre de
demandes, ont été acceptés à la base. Donc, on se retrouve avec un arriéré de
demandes qui fait juste grossir, grossir, grossir. Et ce qui est triste, c'est
que, souvent, on justifie ça par le fait que leur taux de présence est très
bas, alors que c'est un peu l'histoire de l'oeuf et la poule. Leur présence est
si basse à cause des délais, principalement.
M. Derraji : Aujourd'hui,
vous demandez une augmentation du quota du nombre d'immigrants investisseurs.
Est-ce que c'est ça, c'est ça votre demande?
M. Tajick (Stephane) : Ce
serait le minimum.
M. Derraji : J'ai de la
misère à vous entendre. Ça serait quoi?
M. Tajick (Stephane) : Le
minimum, le minimum, ça serait le minimum. Ce serait le minimum humain, disons,
à faire.
M. Derraji : Donc, vous êtes
un consultant, vous travaillez avec ces gens, vous les connaissez très bien.
Vous avez vu qu'il y a une demande énorme, vous avez vu qu'il y a une demande
énorme, mais, malheureusement, le Québec ne fait rien pour ouvrir la porte à
ces immigrants investisseurs. Est-ce que c'est ça, la conclusion de votre
recherche?
M. Tajick (Stephane) : Laissez-moi
juste préciser. Je ne suis pas consultant en immigration, je ne suis pas avocat
en immigration, et je ne travaille pas dans l'immigration du Québec ou du
Canada. Je ne génère aucun revenu de quelque sorte d'immigration au Canada. Je
travaille uniquement avec les gouvernements et, très rarement, avec celui du
Canada. Alors, moi, c'est plus en tant que Québécois, par principe. Je veux
dire, on a pris les sommes...
M. Tajick (Stephane) : ...à la
demande de dossier, mais on attend 10 ans, on leur donne des délais de
traitement de 10 ans avant qu'ils puissent arriver au Canada, alors que les
attentes étaient toujours en dessous de trois ans. Alors, je pense que
n'importe quel... d'entre nous se sentirait lésé, voire fraudé, à ce niveau-là.
M. Derraji : Mais vous dites
«fraudé». Dans quel sens, «fraudé»?
M. Tajick (Stephane) : Dans
le sens que 10 ans de délais de procédures, sept à 10 ans de délais de
procédures, c'est inhumain, surtout que ces individus ont payé, ont fait leur
investissement. Au début, ce n'est pas comme s'ils attendent 10 ans. On leur
dit oui, et, maintenant, faites votre investissement. Ces... ont déjà fait
l'investissement, et on leur donne 10 ans de délais de procédures après ça.
M. Derraji : Sur la place
internationale, est-ce que vous voyez que le Québec est en train de perdre son
attractivité par rapport à ces immigrants investisseurs? Est-ce qu'il y a de la
concurrence avec d'autres pays? Et, après, j'aimerais bien vous entendre sur la
langue française. Vous dites qu'aujourd'hui le Québec rate certains
entrepreneurs ou investisseurs parce qu'il est très exigeant en français?
Est-ce que c'est ce que vous voulez dire?
M. Tajick (Stephane) : Le
niveau 7 de français, au Programme immigrants investisseurs du Québec, fait que
le programme ne va jamais redémarrer, aussi simple que ça.
M. Derraji : Excellent. Donc,
les bases du lancement du nouveau programme, si, selon vous... Parce que vous
travaillez avec des gouvernements. D'ailleurs, je n'ai jamais dit que vous êtes
consultant pour... probablement, consultant avec les gouvernements. Désolé
pour... si vous avez compris le contraire. Le gouvernement s'apprête à le
lancer, mais, selon vous, votre expérience, ce serait un échec, à cause que
c'est niveau 7 en langue française. Est-ce que j'ai bien compris votre analyse?
M. Tajick (Stephane) : C'est
exact.
M. Derraji : O.K. Ma deuxième
question, au niveau de l'attractivité. Mme la ministre, tout à l'heure, a parlé
d'un grand bassin de francophones au niveau du monde. Donc, quand même, si on
cible des entrepreneurs francophones, le programme risque de marcher, mais là
on va tomber dans l'autre problème, qui est le problème des délais. Là,
maintenant, nous sommes en face d'un dilemme. Est-ce que notre future
programmation doit cibler uniquement les entrepreneurs immigrants francophones
ou bien, selon votre logique, aussi, et votre proposition, ouvrir à tout le
monde, peu importe leur niveau de connaissance, parce qu'on a besoin de cet
argent et on a besoin de ces investisseurs?
M. Tajick (Stephane) : Premièrement,
moi, ce que je recommande, c'est quelque chose de rationnel. Ça veut dire,
comme... du moins, historiquement, le programme. Si on regarde les données du
programme, il n'y a pas de demande importante de francophones pour le programme.
Maintenant, le programme est devenu nettement plus cher. Maintenant, la bonne
chose, c'est que les délais de traitement peuvent être réglés par le nouveau
format, où, d'abord, il y a une résidence temporaire, qui peut mener à une
résidence permanente, O.K.
Après, je vous dirais, un peu, la
meilleure chose qu'il y a dans ce programme, en général, le Programme
immigrants investisseurs du Québec, c'est le partenariat avec le secteur privé,
qui sont les intermédiaires financiers, parce que leur capacité à aller
chercher des investisseurs pour le Québec est très importante. Ça veut dire,
si, demain, on voulait ouvrir la manne à 1 000, 2 000, 3 000,
5 000 immigrants investisseurs, ils auraient la capacité de le faire, par
le réseau qu'ils ont établi, et ça, c'est ce qu'il y a de... selon moi, qui est
la plus grande valeur dans le Programme immigrants investisseurs du Québec
présentement.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
merci. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Chomedey. Il reste
1 min 52 s.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour,
M. Tajick. Vous mentionnez qu'un PIIQ — pour que les gens qui nous
écoutent comprennent, Programme immigrants investisseurs du Québec, de quoi
nous parlons, aujourd'hui, avec vous — bien géré devrait représenter
3 milliards par an d'investissements directs pour le gouvernement du
Québec, et presque 10 fois plus en investissements indirects, suite à leur
arrivée. Mais est-ce que c'est possible de nous expliquer d'où viennent ces chiffres-là
afin qu'on puisse mieux comprendre l'effet, sur l'économie québécoise, de ces
investisseurs?...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Lakhoyan Olivier : ...le
trois milliards, est-ce que... est-ce que c'est sur les 10 ans? C'est
depuis que le programme existe? C'est-tu par rang ou c'est-tu...
M. Tajick (Stephane) : C'est
par rang.
Mme Lakhoyan Olivier : ...tout
ce qu'on sait? C'est basé sur quoi?
M. Tajick (Stephane) : D'accord.
Ça prendra peut-être plus de temps à aller en détail, mais juste vous dire,
auparavant, on parlait de presque 2 000 demandes d'investisseurs par
an qui étaient... qui étaient déposées par le Québec... au Québec. On peut
parler presque du double potentiellement, si on le voulait, au niveau des
investissements, de nombre de demandes déposées, c'est-à-dire la capacité,
était là pour augmenter parce que la demande existait. La demande était forte.
Après l'impact économique, c'est basé sur mes propres estimés par rapport à
s'il y a une intégration économique...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Tajick (Stephane) : ...importante,
que ça pourrait générer autant d'investissements supplémentaires pour
l'économie québécoise.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors maintenant, je vais céder la parole au deuxième groupe d'opposition pour
3 min 18 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. Vous avez... Vous avez parlé beaucoup
de l'apport du français. En fait, La Presse nous informe qu'il y
aura de nouvelles règles bientôt sur la francisation des temporaires. Moi, je
vois qu'on passe trois semaines ici à discuter avec des groupes, on avait un
cahier de consultation et on n'est pas au courant de ce qui s'en vient pour la
francisation des temporaires. Je trouve ça dommage parce qu'on avait 80 groupes
qui auraient pu se prononcer sur la question, qui auraient pu projeter et
ajouter au débat. Les groupes auraient pu en parler. Ça me déçoit qu'on
apprenne ça aujourd'hui, le matin de la consultation, qu'il y aura des
nouvelles règles en vigueur dans les prochaines semaines, prochains mois, alors
que finalement, on était tous là, où on sera tous là à parler pendant trois
semaines de d'autres choses.
Monsieur, moi, je ne suis pas d'accord
malheureusement avec vous sur l'importance du français. Je pense que le
français essentiel est primordial dans tous les programmes d'immigration. Je
concède ou je comprends votre vision du programme, mais ce n'est pas celle que
je partage en tout respect. Je peux comprendre votre expertise, mais moi, je
pense que le français doit avoir toujours sa place. Et pour ce et en ce sens,
je suis d'accord avec les orientations de la ministre.
Par contre, là où j'ai un problème, c'est
effectivement comme vous avec les délais de traitement et en fait ce qu'on
appelle plutôt les délais de non-traitement. En fait, on ne traite pas ces
dossiers-là, là. C'est faux de dire que c'est un délai pour traiter, on ne
traite pas. En fait, c'est le temps d'attente que votre dossier doit passer sur
la pile ou dans la bibliothèque, ou dites-le comme vous voulez, avant que
quelqu'un le pige et le traite. C'est ça en fait, c'est un délai de
non-traitement qu'il faut attendre.
Par contre, tous ces gens-là ont reçu un
certificat de sélection du Québec. Ils ont été sélectionnés avec des règles en
vigueur et ils ont eu en bonne et due forme un CSQ émis par le MIFI et on les
fait attendre une dizaine d'années, vous l'avez dit, et je trouve ça
inacceptable et je trouve que ça entache la crédibilité de nos programmes
d'immigration.
Vous avez une expertise à l'international,
vous l'avez dit. Connaissez-vous d'autres pays dans le monde où on attend 10 ans
des fois, même 25 ans, selon ce que Le Devoir nous apprend avant de
devenir résident permanent? Sur la base de votre expertise, là, êtes-vous
capable de soutenir qu'à votre connaissance, le plan caquiste énonce les
programmes d'immigration les plus lents au monde?
M. Tajick (Stephane) : Je ne
pourrais pas parler de tous les programmes. Le seul programme qui a dépassé le
programme Immigrant Investor du Québec était le programme américain EB-5,
sous l'ère Trump, et ça, c'était par rapport à certains pays qui, des fois, se
retrouvaient à devoir attendre 25 à une vingtaine d'années. C'était le cas de
la Chine et de l'Inde à un moment donné, et ça, ça a été résolu quelques années
plus tard. En ce moment, ça fait peut-être un an que c'est supposé être résolu.
M. Cliche-Rivard : Aujourd'hui
applicable à votre connaissance, est-ce qu'il y a d'autres programmes qui
nécessitent 10 ans de délai de non-traitement à votre connaissance?
M. Tajick (Stephane) : Mais
je suis peut être un des seuls qui a connaissance de tous les programmes à
travers le monde. Je fais des rapports, je fais des bases de données là-dessus
de plusieurs centaines de programmes qui existent à travers le monde, et le
Québec est le pire.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Le temps est écoulé. Alors, je vais céder la parole maintenant au député de
Matane-Matapédia aussi pour 3 min 18 s.
M. Bérubé : Merci. Bienvenue
dans cette consultation. Comme il est question du programme d'immigrants
investisseurs, êtes vous d'avis, et c'est souvent partagé, que ce programme,
essentiellement, c'est une façon d'acheter son titre d'immigrant permanent en
fait, parce qu'on ne donne aucune somme d'argent...
M. Bérubé : ...pas besoin de
créer des emplois, pas besoin de contribuer davantage ou d'apprendre la langue.
Est ce que pour vous, ça peut représenter une façon d'acheter ce statut?
M. Tajick (Stephane) : Moi,
je ferais très attention avec ce genre d'étiquette parce qu'elle peut être mise
un peu à toutes les catégories d'immigration différemment. Ça reviendrait à
dire que probablement un réfugié vient faire la quête pour faire ce genre de
choses. C'est très dangereux de mettre ce genre d'étiquettes. Ces gens là
viennent pour investir ou on leur demande d'investir de cette manière.
M. Bérubé : Je veux préciser
que je n'ai jamais parlé de réfugiés. Je parle des immigrants investisseurs,
enjeux sociaux.
M. Tajick (Stephane) : Oui,
oui, je sais, mais...
M. Bérubé : Vous avez choisi
d'aborder ce thème là.
M. Tajick (Stephane) : Oui,
oui, mais vous parliez en gténéral.
M. Bérubé : Je vous ramène
sur la question. Donc, des personnes ont seulement à payer, à ne pas parler la
langue, à ne pas s'engager à créer des emplois, à créer une organisation et,
d'une certaine façon, accèdent à un titre. Vous avez parler tout à l'heure que,
je cite, qu'un immigrant investisseur n'a pas besoin d'être francophone pour
accomplir son rôle au Québec. Vous comprenez que je suis en désaccord avec
vous. Comment peut-on s'intégrer au Québec et vivre en parallèle de cette
société en ne parlant pas français?
M. Tajick (Stephane) : Tout
d'abord, laisse-moi préciser que j'ai parlé de la nature de l'immigrant
investisseur, de sa définition par rapport à ce qui est demandé de lui, qui est
de faire un transfert de fonds. Dans cet exercice, il n'a pas besoin du
français, et c'est tout ce qu'on demande à l'immigrant investisseur.
Deuxièmement, la question du français. La question exactement que vous m'avez
posée, je la reçois depuis quatre ans, chaque fois. Encore une fois, je ne
voudrais pas rentrer sur cette conversation parce que c'est une conversion qui
peut devenir philosophique et prendre énormément de temps. Mais je vous invite,
si vous voulez, à communiquer avec moi et puis ça me ferait grand plaisir à
vous consacrer plus de temps à ce sujet.
M. Bérubé : Je voudrais bien
communiquer avec vous via votre site Internet qui est unilingue anglais. Je
viens de le consulter. Vous parlez que vous travaillez avec des organisations
gouvernementales. Avez vous déjà eu un contrat avec le gouvernement du Québec?
M. Tajick (Stephane) : Contrat?
Non.
M. Bérubé : Non?
M. Tajick (Stephane) : Non.
M. Bérubé : Avec d'autres
États? Est ce que vous êtes mandatés par certains États pour faire des
représentations parfois sur les immigrants investisseurs?
M. Tajick (Stephane) : Vous
pouvez donner plus de précisions par rapport à votre question?
M. Bérubé : Avez vous des
mandats, par exemple, de représentations que vous pouvez exercer auprès de
différentes législations dans le monde? Parce que vous indiquez dans votre
publicité que vous êtes consultant pour des gouvernements? Alors, si ce n'est
pas le gouvernement du Québec, c'en est d'autres?
M. Tajick (Stephane) : Oui.
En fait, je travaille sur des...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En conclusion.
M. Tajick (Stephane) : ...sur
des projets gouvernementauix, soit avec les gouvernements directement, soit à
travers des tierces.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, c'est terminé. Alors, je vous remercie pour votre
présentation. Je suspends la séance quelques minutes pour... avant d'accueillir
le prochain groupe...
(Suspension de la séance à 11 h 39)
(Reprise à 11 h 45)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
nous allons reprendre les travaux avec l'Institut du Québec. Donc, je vous
invite à vous présenter. Vous avez 10 minutes pour faire votre
intervention avant de passer aux échanges.
Mme Braham (Emna) : Bonjour à
tous. Emna Braham. Je suis directrice générale de l'Institut du Québec. Je vais
être accompagnée aujourd'hui par mon collègue.
M. Diallo (Daye) : Bonjour,
tout le monde. Daye Diallo, économiste principal à l'Institut du Québec.
Mme Braham (Emna) : Alors,
L'Institut du Québec, c'est un centre de recherche appliquée qui analyse les
enjeux du Québec avec des lunettes économiques. Donc, au cours des
10 dernières années, on a publié de nombreuses études sur le marché du
travail, sur les finances publiques, sur la formation, sur le développement
économique. Et donc on s'intéresse tout particulièrement aux enjeux de
main-d'oeuvre et aux enjeux d'immigration qui sont à l'intersection...
Mme Braham (Emna) : ...de ces
problématiques-là.
Tout d'abord, on aimerait saluer
l'approche du Québec de soumettre à la consultation publique les enjeux
d'immigration. On se rappelle qu'on est une des seules juridictions, avec le
Canada, de soumettre un débat public... un débat national des seuils
d'immigration. On vous a soumis... On a soumis à la Commission un mémoire qui
regroupe 10 recommandations, mais on voulait des recommandations qui
touchent principalement l'immigration économique et l'intégration au marché du
travail, parce que c'est vraiment là que réside notre expertise, mais on
voulait porter à votre attention ce matin quelques-uns de ces éléments.
D'abord, on suggère de retenir le scénario
d'une augmentation graduelle des seuils, donc, tel que proposé dans
l'orientation 12, d'atteindre 60 000 personnes en 2027 en excluant le
programme d'expérience québécoise, volet diplômés. Cette augmentation nous
paraît adéquate, plus adéquate que le statu quo pour plusieurs raisons.
D'abord, parce qu'il s'agit d'une augmentation relativement modeste qui ne va
pas venir bouleverser l'équilibre démographique ou l'équilibre du marché du
travail québécois. Juste pour illustrer, les nouveaux seuils proposés... avec
les nouveaux seuils proposés, on représente... les nouveaux immigrants
représenteraient à peu près 0,7 % de la population québécoise. Ça reste
faible, et ces seuils sont surtout plus faibles que ce qui a été proposé, par
exemple, dans la dernière planification fédérale. Pour le reste du Canada, on
s'attend à des seuils d'immigration qui vont atteindre 1,4 % de la
population, soit le double de ce que le Québec propose. Ces seuils paraissent
aussi adéquats parce que, quelle que soit la manière dont on le regarde,
l'intégration des immigrants au marché du travail s'est améliorée au cours des
dernières années. Si on regarde, par exemple, les personnes qui sont arrivées il
y a moins de cinq ans, donc ceux qui sont habituellement à la recherche de leur
premier emploi, qui ont historiquement plus de difficultés, on voit que leur
taux de chômage est passé de 13 % en 2016 à 8 % en 2022. Et la
plupart des indicateurs du marché du travail qu'on suit vont dans la même
direction. Avec le vieillissement de la population, avec les bouleversements
qu'on a connus avec la pandémie, on s'attend à ce que le marché du travail
reste serré au Québec. Les prévisionnistes prévoient même qu'avec un
ralentissement économique en 2023-2024, le taux de chômage ne devrait pas
augmenter beaucoup plus que 5 %. C'est un taux qui est faible pour le
Québec.
Donc, dans ce contexte, on pense que le
Québec devrait être en mesure d'intégrer de manière harmonieuse un seuil un peu
plus élevé d'immigrants. Enfin, l'expérience des dernières années a démontré
que de maintenir des seuils, de geler les seuils d'immigration permanente a
mené à des stratégies de contournement en faisant davantage appel à l'immigration
temporaire. Donc, les employeurs qui avaient du mal à recruter, à garder leur
monde, les établissements d'enseignement qui voyaient leurs inscriptions
diminuer se sont tournés en grand nombre vers l'immigration temporaire, alors
que c'est une forme d'immigration qui ne permet pas d'avoir une réflexion,
comme on le fait aujourd'hui, une réflexion stratégique sur notre capacité
d'accueil, sur la capacité de fournir des services en santé, en éducation, en
logement. Elle a aussi mené à des goulots d'étranglement dans l'admission de la
résidence permanente.
Il faudra donc à l'avenir éviter de
réfléchir aux programmes et aux politiques d'immigration en silo. Donc, on voit
des modifications dans les seuils où des conditions d'admission dans un
programme peuvent engendrer des impacts importants ailleurs. Un autre exemple
est celui du regroupement familial. L'orientation 4 propose d'augmenter la
part de l'immigration économique dans l'ensemble de l'immigration. Alors,
comment on le fait? Bien, c'est en augmentant le nombre d'immigrants
économiques tout en maintenant, par exemple, le regroupement familial stable.
Mais on peut s'attendre à ce que ces nouveaux immigrants, bien, certains
d'entre eux, vont vouloir faire venir leurs parents, leurs conjoints, leurs
enfants. Et donc, si on ne veut pas... le risque, c'est de se retrouver dans
quelques années, encore une fois, avec des listes d'attente pour l'accès au
regroupement familial. Ce n'est pas un signal qui est très rassurant pour les
personnes qui veulent venir s'installer de manière permanente au Québec. Donc,
là encore, il y aurait avantage à anticiper et à se prévoir une marge de
manœuvre pour aligner les quotas de regroupement familial avec les objectifs
d'immigration économique. Une des orientations proposées qui va dans le sens de
décloisonner la réflexion sur les programmes et les politiques d'immigration
est celle de la réforme proposée du PEQ, donc le programme d'expérience
québécoise, dont mon collègue Daye va vous parler.
• (11 h 50) •
M. Diallo (Daye) : Merci,
Emna. Donc, nous saluons l'orientation 12 qui propose d'éliminer
l'expérience de travail et de déplafonner le PEQ, volet diplômés, parce que ça
permettra certainement de réduire les goulots d'étranglement, dont on parlait,
et de s'assurer de retenir des candidats de choix pour l'immigration
permanente, donc des candidats qui auront déjà... au Québec... une expérience
québécoise. De plus, cette mesure a pour effet de prendre en considération le
fait que les...
M. Diallo (Daye) : ...dernières
années, on a accueilli un nombre plus important d'étudiants étrangers et que
certains d'entre eux désirent s'installer au Québec, ce n'est pas tout le monde
mais certains d'entre eux. Et là on peut voir aussi les liens que l'on peut
faire entre l'immigration temporaire et l'immigration permanente dans nos
processus de planification.
En revanche, il n'est pas clair pourquoi
la mesure ne s'applique qu'aux diplômés des programmes francophones et non pas
à tous les diplômés qui font la preuve de leur connaissance du français. En
effet, pour l'ensemble des orientations proposées, c'est un test de français
qui établit la connaissance de la langue et l'admissibilité à la résidence
permanente. En revanche, un diplômé d'un programme anglophone, qui a donc
appris le français, n'aura pas d'accès rapide à la résidence permanente et
devra être surtout en compétition avec l'ensemble des candidats étrangers à
l'immigration avec le programme de sélection des travailleurs qualifiés. C'est
l'avenue qu'on leur propose. Il faudra, on pense, clarifier l'objectif de cette
mesure ou bien l'amender.
À défaut de retirer la mesure, nous
proposons une solution de compromis qui pourrait réduire les effets pervers
potentiels des changements à venir au PEQ. Cette solution devrait permettre aux
étudiants étrangers diplômés des programmes anglophones au Québec qui ne se
qualifie pas aux nouvelles règles du PEQ diplômé mais qui ont fait l'effort
d'apprendre le français au cours de leurs études, de pouvoir postuler au PEQ
travailleur dès qu'ils obtiennent un emploi. Autrement dit, il faudrait que ces
étudiants ne soient pas soumis actuellement à la règle du critère d'expérience
de travail de deux ans que ce programme applique. L'objectif de la mesure est
de permettre au Québec de rester compétitif face aux autres provinces. On est
en compétition avec le reste du Canada. Ces provinces proposent aux diplômés en
général des délais moins longs pour s'établir sur leur territoire. C'est
important de rappeler que les étudiants étrangers ont une expérience québécoise,
ils parlent le français et, les études le démontrent, ils s'intègrent plus
rapidement au marché de l'emploi québécois.
Mme Braham (Emna) : L'un des
objectifs annoncés de la de la planification de l'immigration, c'est de pallier
aux pénuries de main-d'œuvre. Et... Mais, pour y parvenir, pour que
l'immigration joue pleinement ce rôle, il y a encore des défis à relever. Il
faut d'abord s'assurer que les immigrants trouvent rapidement un emploi, puis
un emploi qui corresponde à leurs aspirations, à leurs compétences. Pour
trouver un emploi, tous les indicateurs sont au vert : on a une pénurie de
main-d'oeuvre, c'est facile de se retrouver... de se trouver un emploi. Par
contre, en ce qui a trait à la reconnaissance des compétences et des diplômes, il
y a encore de la place à l'amélioration. Il y a près d'un immigrant sur deux,
aujourd'hui encore, qui occupe un emploi pour lequel il est surqualifié. Et
surtout on n'a pas vu d'amélioration au cours des dernières années.
Mais là où le bât blesse, c'est vraiment
pour la reconnaissance des qualifications des métiers réglementés. Parmi les
27 professions qui sont prévues d'être en pénurie de main-d'oeuvre en
2023, il y en a 11 qui sont réglementées par un ordre professionnel. Dans
l'état actuel des choses, c'est un accès qui est très limité pour les
immigrants. Et donc l'immigration ne vient pas combler les pénuries de
main-d'oeuvre qu'on peut avoir dans ces profils-là... pour ces profils-là.
C'est un enjeu qui est très complexe, qui dépasse les responsabilités du MIFI
seul, mais le MIFI pourrait, à titre de coordonnateur du plan interministériel,
jouer un rôle, faciliter la mobilité professionnelle des immigrants qui est
encore un défi à relever.
Un autre défi, c'est celui d'attirer
davantage de nouveaux immigrants à l'extérieur du Grand Montréal, on le sait.
C'est là où le vieillissement de la population se fait davantage sentir. C'est
un défi de taille, il n'y a pas de solution magique, mais il y aurait
certainement avantage à prioriser les efforts là où il y a des gains à faire.
D'abord, une des approches qu'on pense qui est porteuse, c'est de faciliter
l'accès à la résidence permanente des résidents temporaires. Ils sont
légèrement plus nombreux à s'installer à l'extérieur du Grand Montréal que les résidents
permanents. La réforme du PEQ du volet diplômé répond en partie à cet enjeu. On
peut penser également à faciliter celui pour les travailleurs temporaires. On
pourra en parler davantage plus tard.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion. Il vous reste 20 secondes.
Mme Braham (Emna) : Pour
conclure, il va falloir trouver un équilibre entre les objectifs sociaux,
économiques et culturels du Québec. C'est un exercice qui est difficile que
vous avez, mais, dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, dans un contexte
de compétition internationale pour les talents, il faudra aussi rester flexible
et attractif pour attirer les meilleurs talents.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
pour votre exposé. Alors, avant de passer à la période d'échanges, comme nous
avons quelques minutes de retard sur l'horaire, je demande aux membres de la
commission le consentement pour poursuivre les travaux au-delà de l'heure
prévue de quelques minutes.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Caron) : Ça
va. Merci. Alors, sur ce, Mme la ministre, la parole est à vous pour
16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci. Merci,
Mme Braham, M. Diallo. Contente de vous avoir des nôtres pour contribuer à cet
échange important qu'on mène sur la planification de l'immigration. Donc, j'ai
pris...
Mme Fréchette : ...connaissance
de votre rapport avec intérêt. Merci pour les différentes recommandations que
vous mettez de l'avant.
Dans votre troisième recommandation, qui
se trouve à la page 6, là, vous recommandez que le Québec se dote d'une marge
de manœuvre, vous venez d'y faire référence, d'ailleurs, dans votre
intervention, afin de permettre, là, d'accueillir un nombre supplémentaire de
personnes dans la catégorie réunification familiale, en lien avec la hausse de
l'immigration économique à venir.
Donc, bien, en fait, je suis sensible et
j'abonde dans le même sens que vous à l'effet qu'il faille apporter... il
faille permettre aux conjoints et aux enfants de venir, mais j'aimerais apporter
une précision, en fait, qui ne ressort pas de votre mémoire, c'est que les
programmes d'immigration économique tels que le PEQ, le PRTQ et le PSTQ, qui
lui succédera, tout comme les programmes de gens d'affaires, permettent déjà au
requérant principal d'être accompagné par son conjoint et par ses enfants.
Donc, ils sont déjà admis dans la catégorie pour laquelle le demandeur
principal dépose une demande. Alors, je voulais simplement préciser cet
élément-là pour éviter, là, qu'il ait une mauvaise compréhension. Donc, c'est
déjà inclus, je dirais, dans nos démarches.
Alors, dans votre mémoire, au troisième
paragraphe de la page 3, vous parlez, là, de la capacité d'intégration de la
société d'accueil comme étant un élément d'importance, tout comme la pérennité
du français. Alors, moi, j'aimerais vous entendre sur quels facteurs, quels
éléments devraient être pris en compte pour définir la capacité d'accueil.
Mme Braham (Emna) : C'est
clairement un élément qui est multidimensionnel. Le premier, puis celui sur
lequel, nous, on se penche tout particulièrement, c'est celui de l'intégration
au marché de l'emploi. On le sait, trouver un emploi, c'est la première étape
ou l'étape la plus importante pour s'intégrer à une société. Et ce qu'on voit,
c'est que, disons, la tendance à l'intégration au marché du travail pour les
immigrants s'est améliorée au cours des dernières années, et ça s'explique par
plusieurs choses. D'une part, parce qu'il y a eu un resserrement du marché du
travail depuis 2016, donc création d'emplois vigoureuse, vieillissement de la
population, déplacement des travailleurs pendant la pandémie. Tout ça fait que
les opportunités d'emploi sont au rendez-vous.
Mais l'autre chose qui explique aussi
pourquoi les immigrants s'intègrent mieux, c'est aussi parce qu'on fait
davantage appel à cette, un peu, immigration en deux étapes où il y a de plus
en plus de nouveaux résidents permanents qui étaient déjà sur le territoire. En
fait, 28 % des nouveaux résidents permanents, en 2022, avaient déjà eu auparavant
un visa d'études ou de travail au Canada, donc, ce qui fait que leur
intégration est plus harmonieuse, ils ont déjà une expérience québécoise, ils
ont potentiellement un diplôme québécois, ils ont déjà développé un réseau. Et
donc tout ça pour dire que les indicateurs pour l'intégration au marché du
travail s'améliorent de manière importante.
Après, on comprend que ce n'est pas tout
ce qui détermine la capacité d'accueil d'une société. On peut penser
principalement aux enjeux de logement, dont on parle beaucoup, la capacité
d'offrir des services de santé, d'éducation, etc., et, à ce niveau-là, les
données manquent pour nous permettre d'évaluer si... quelle est cette capacité
d'accueil, est-ce qu'elle est atteinte, est-ce qu'elle ne l'est pas. Et donc,
là, il y a vraiment un effort de collecte de données, de mieux... d'avoir
davantage d'information sur les différentes régions. Est-ce qu'on est capable
d'offrir des services suffisants, est-ce qu'il y a des logements en nombre
suffisant, etc.? Il y a vraiment un effort de données à faire à ce niveau-là.
• (12 heures) •
Mme Fréchette : D'accord.
Merci. Je vous amène sur une autre orientation, l'orientation 8, sur la
reconnaissance des compétences, thème que vous avez également abordé dans votre
intervention. Vous observez donc qu'il y a effectivement une amélioration de
l'intégration des personnes immigrantes sur le marché du travail. On s'en
réjouit. Bien sûr, il y a du chemin qui reste à faire, tout n'est pas parfait
encore, mais je pense qu'on est sur la bonne voie.
Bien, vous proposez, de ce côté-là, de
mettre de l'avant des mécanismes pour faciliter la mobilité professionnelle des
personnes immigrantes et pour mettre en place des... la nécessité, en fait, de
mettre en place des mécanismes audacieux pour assurer, là, la reconnaissance
des compétences. Alors, moi, j'aimerais vous entendre sur les éléments plus
concrets de votre proposition, là, quelle mécanique vous avez en tête quand
vous parlez d'une approche audacieuse, et puis quel rôle est-ce que vous
verriez pour le ministère de l'Immigration, Francisation et Intégration.
Mme Braham (Emna) : Alors,
c'est clair que c'est une responsabilité qui est partagée, parce qu'aujourd'hui
ce sont les ordres professionnels, notamment, qui vont déterminer les
modalités, disons, de reconnaissance des compétences des immigrants dans
plusieurs professions au Québec. Et donc c'est un travail de collaboration.
C'est qu'il y a des consultations actuellement sur la réforme qui est en cours,
donc il s'agit d'ouvrir le dialogue avec les ordres professionnels pour trouver
des bonnes pratiques. Mais il faut regarder ce qui se fait ailleurs, également,
dans le reste du Canada. On l'a vu surtout, pendant la pandémie, il y a
plusieurs programmes qui ont été mis en place, par exemple...
12 h (version non révisée)
Mme Braham (Emna) : ...reconnaître
les compétences des travailleurs dans le secteur de la santé, pour s'assurer qu'il
y ait davantage de personnes qui puissent effectuer certains actes médicaux.
Donc, ce serait intéressant de regarder un petit peu ce qui s'est fait à l'extérieur
du Québec à cet égard-là.
En enseignement, on sait qu'il y a eu
davantage de... Il y a eu énormément d'efforts au cours des dernières années
pour accélérer les formations, faciliter l'accès aux professions liées à l'enseignement.
Mais il y a davantage d'efforts qui peuvent être faits. Aux États-Unis, par
exemple, il y a des programmes comme Teach for America qui permettent à des
récents immigrants d'obtenir les crédits nécessaires pour effectuer certaines
tâches dans les établissements d'enseignement.
Donc, il s'agit vraiment de regarder un
petit peu dans des juridictions qui sont similaires aux nôtres dans les autres
provinces canadiennes, aux États-Unis, qu'est-ce qui peut être fait pour
accélérer la reconnaissance des compétences.
Mme Fréchette : Merci. Bien,
sur ce, je vais passer la parole à l'adjointe gouvernementale et députée de
Vimont.
Mme Schmaltz : Merci, merci.
Merci de vous être déplacés. Toujours agréable de pouvoir aussi changer en
présentiel.
En fait, j'aimerais vous amener en page
sept. Vous... En fait, vous proposez de réduire la durée de l'expérience de
travail pour le PEQ travailleur afin de faciliter justement la transition vers
la résidence permanente. J'aimerais vous entendre sur les volets un et deux du
PSTQ, qui ne demandent qu'un an d'expérience de travail en sol québécois pour
24 mois d'expérience.
En sous-question, pour le volet deux, je
voudrais également avoir votre opinion justement sur ce volet qui ouvre la
possibilité à des professions qui ne sont pas admissibles au PEQ expérience,
donc au programme d'Expérience québécois travailleur. J'aimerais connaître, sur
ces deux questions, vos opinions.
M. Diallo (Daye) : Effectivement,
à ce niveau-là, il y a ces deux programmes-là, donc le PEQ travailleur et le
PSTQ. Et ce qu'il faut comprendre, c'est que ces deux programmes là n'ont pas
exactement les mêmes objectifs. Quand on parle du PEQ travailleur, donc c'est
vraiment des gens qui ont de l'expérience au Québec, donc qui sont déjà présents
au Québec, qui seront sélectionnés, tandis qu'avec le PSTQ on met ces gens-là
en concurrence avec l'ensemble des candidats qui pourraient venir de l'étranger.
Et donc, c'est à ce niveau-là, c'est aussi
pour des enjeux de compétitivité. Quand on regarde ce qui se passe dans le
reste du Canada, les programmes qui sont ouverts à des gens qui sont déjà sur
le territoire demandent en général une expérience d'un an. Donc, pour des
raisons de compétitivité pour le Québec, c'est pour ça que l'on propose qu'au
niveau du PEQ travailleur, bien, qu'on ramène ces délais-là à un an pour se
comparer au reste du Canada. Et ensuite, pour le PSTQ, effectivement, l'expérience
de travail demandée est d'un an, ce qui est une très bonne chose, on trouve. Et
c'est très bien que ce PSTQ là soit aussi ouvert à des professions qui n'ont
peut-être pas accès au PEQ travailleur dans les règles actuelles.
Donc, à ce niveau-là, c'est deux
programmes qui sont complémentaires. Et, de la manière dont ils sont faits, ils
permettront d'atteindre des objectifs qui sont différents. Par contre, il
faudrait réduire les délais au niveau du PEQ travailleur pour être compétitif
par rapport au reste du Canada.
Mme Schmaltz : Est-ce que
vous vouliez rajouter? Ah! Non. O.K., parfait. Moi, je n'ai pas d'autre
question.
Mme Fréchette : Bien, vous
parlez de l'importance de régionaliser l'immigration en dehors des grands
centres urbains. Qu'est-ce que vous voyez qu'il serait pertinent, opportun d'utiliser
comme levier pour assurer une plus grande régionalisation de l'immigration?
Mme Braham (Emna) : Oui.
Alors, c'est... la régionalisation de l'immigration, c'est un vaste projet.
Mais ce qu'on voit, c'est qu'il y a peut-être des endroits où il y a davantage
de gains à faire. D'abord, comme je le disais tantôt, en facilitant l'accès à
la résidence permanente des résidents temporaires, ils sont légèrement plus
nombreux à travailler et à étudier à l'extérieur du Grand Montréal, et souvent,
c'est dans... justement, dans les autres grands centres urbains du Québec, à
Québec, à Sherbrooke, et cetera. Donc, on les retrouve dans d'autres centres
urbains du Québec en plus grand nombre que les résidents permanents, et donc de
faciliter leur accès à la résidence permanente, ça pourrait être un des leviers
qui est en train d'être utilisé, mais qui pourrait davantage être utilisé,
surtout avec le PEQ travailleur.
L'autre élément, c'est qu'il y a des
efforts d'attraction, des missions, des... il y a des investissements qui sont
faits pour attirer les immigrants en région. Ce qu'on voit, c'est qu'il y a
peut-être un intérêt à prioriser l'attraction vers les autres grands centres
urbains du Québec plutôt que de couvrir l'ensemble du territoire. Parce qu'on
le voit, si on se compare avec... Si on compare les villes québécoises avec les
autres villes canadiennes de la même taille, on voit que le Québec se distingue
vraiment, il fait vraiment bande à part. Nos grands centres urbains attirent
moins d'immigrants que les autres villes de la même taille à l'extérieur du
Québec. Donc, par exemple, si on regarde Halifax, Halifax attire...
Mme Braham (Emna) : ...il y a
11 % de la population qui est issue de l'immigration, Québec, qui est peu
près de la même taille, c'est 6 %. Et on... Et cette comparaison tient
pour différentes villes canadiennes et québécoises. Donc, il y a certainement
un effort supplémentaire, si on veut prioriser les efforts, aller attirer
davantage de personnes dans les autres grands centres urbains.
Mme Fréchette : Bien,
j'abonde dans le sens que vous amenez, à savoir qu'il faille davantage
régionaliser l'immigration. C'est un effort dans lequel on s'est engagé depuis
plusieurs années avec la réouverture, là, de l'ensemble des bureaux du
ministère de l'Immigration en région, bureaux qui avaient tous été fermés sous
les libéraux. Et on a également développé de nombreuses antennes régionales,
74 antennes régionales, donc toutes les organisations qui sont actives en
matière de régionalisation. Et on a également signé des ententes avec les
centaines d'organisations communautaires, pour l'essentiel, mais également des
villes, des MRC, pour faire en sorte de bien accompagner les personnes
immigrantes et assurer une bonne connexion aussi avec la société d'accueil et
surtout une rétention et un enracinement. C'est vraiment le souhait que l'on a
ultimement, c'est que les gens s'enracinent en région.
Maintenant, un des défis auxquels on fait
face, c'est de faire en sorte que les gens pensent à immigrer en région dès
leur arrivée au Québec. Souvent, on a vu des gens venir s'établir dans le Grand
Montréal, dans un premier temps, pour ensuite réévaluer la chose et s'établir
en région dans un deuxième temps, ce qui est souvent difficile parce que ce
sont des personnes qui, déjà, ont connu un déracinement du simple fait d'avoir
immigré et ensuite doivent se déraciner à nouveau s'ils souhaitent aller en
région. Alors, pour éviter ce double déplacement, on souhaiterait que les gens
aillent directement en région dès leur arrivée.
Mais comment est-ce que vous verriez qu'on
puisse se rapprocher de cet objectif-là, atteindre cet objectif-là? De quelle
manière est-ce que vous verriez qu'on doive s'y prendre pour mieux faire
connaître les régions, leur diversité, le potentiel qu'on y trouve, tant en
matière d'emploi que de qualité de vie? Donc, c'est une question vaste, mais
j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Braham (Emna) : Bien,
c'est sûr que, par rapport aux opportunités d'emploi, il y a tout avantage à
faire valoir les opportunités d'emploi, qui sont très nombreuses, qui se
trouvent dans les différents... surtout dans les autres grands centres urbains
du Québec. Et c'est une information qui aurait tout avantage à être davantage
divulguée. Après, c'est une décision complexe d'où est-ce qu'on s'installe.
Donc, le marché de l'emploi, c'est une chose. La possibilité d'acheter une
maison ou de trouver un logement, la disponibilité des services pour ses
enfants dans les écoles, etc., tout ça va faire partie de l'équation.
Donc, c'est certain que de faire valoir...
d'avoir une meilleure anticipation aussi du nombre de personnes qui vont venir
s'installer dans les différentes régions, ce serait également une façon de
s'assurer d'avoir des services adéquats pour ces nouvelles personnes. Et c'est
pour ça qu'un des éléments qu'on dit, c'est qu'il faut davantage... On a vu, le
nombre d'immigrants temporaires a augmenté de manière importante au cours des
dernières années, un certain nombre d'entre eux vont vouloir rester. C'est important
d'anticiper davantage les flux d'immigration, donc, autant temporaire que
permanente pour s'assurer d'offrir les services adéquats et ensuite le faire
valoir pour attirer davantage de personnes en région.
Mme Fréchette : Et, pour
conclure, il nous reste peu de temps, comment est-ce que vous verriez qu'on
puisse planifier l'immigration temporaire, laquelle découle, en fait, de
l'activité économique, souvent le fruit, donc, d'acteurs privés pour
l'essentiel? Donc, de quelle manière est-ce que vous voyez cette possibilité?
• (12 h 10) •
Mme Braham (Emna) : Bien,
avant de penser à planifier, il faut d'abord mieux anticiper. Donc, il faut...
On a vu les tendances des dernières années, il va falloir voir si elles se
maintiennent et anticiper, finalement, qu'est-ce que ça va donner en termes de
demandes qui vont être déposées pour la résidence permanente, qu'est-ce que ça
veut dire en termes de nouvelles personnes qui sont, effectivement, sur le
territoire, au-delà des seuils d'immigration permanente.
Et il faut aussi avoir peut-être une une
réflexion sur la priorisation pour... Lorsqu'on parle de l'immigration
temporaire, l'objectif n'est pas d'émettre des seuils ou de limiter, mais il y
a des objectifs différents. Qu'on parle des travailleurs temporaires ou des
étudiants étrangers, ça devient... ça vise des objectifs qui sont très vastes
et très divers. Donc, par exemple, si on regarde les étudiants étrangers,
est-ce qu'on peut penser un peu davantage à qu'est-ce qu'on essaie d'atteindre
avec l'attraction d'étudiants étrangers. C'est pour stimuler l'innovation de
nos universités, l'excellence dans nos universités. Dans une deuxième... dans
un deuxième temps, c'est pour attirer des candidats de choix. Mais on aurait
tout avantage à clarifier un peu c'est quoi, nos objectifs en termes
d'attraction d'étudiants étrangers, parce qu'on le voit, ça a un impact direct
sur la composition et le nombre de demandes de résidence permanente qu'on va
recevoir par la suite.
La Présidente (Mme Caron) : Il
reste... Il vous reste 1 min 20 s.
Mme Fréchette : 1 min 20 s.
Alors, j'aimerais vous entendre à nouveau, dans ce cas...
Mme Fréchette : ...sur les
ordres professionnels, parce que j'aimerais que vous nous précisiez un peu le
type de collaboration que vous croyez qu'il est possible d'avoir avec les
ordres professionnels pour faciliter la reconnaissance. Quel serait leur
intérêt ou le levier, dans le fond, à partir duquel on pourrait discuter et
travailler avec les ordres professionnels pour faciliter la suite des choses?
Mme Braham (Emna) : Bien, les
barrières à la mobilité des travailleurs, ce n'est gagnant pour personne
actuellement. Oui, ça permet de limiter l'offre de travail sur certaines
professions et de maintenir, par exemple, un certain... un niveau de salaire
plus élevé, etc., mais on le voit actuellement, avec des pénuries de
main-d'oeuvre, ça veut dire aussi des heures supplémentaires, ça veut dire
aussi de l'épuisement professionnel, ça veut dire de la difficulté à retenir le
personnel. Et donc je pense que là, il doit y avoir une ouverture également à
s'assurer que les travailleurs puissent avoir au moins les conditions gagnantes
pour effectuer leur travail dans les meilleures conditions possibles.
Donc, les pénuries de main-d'oeuvre, ce
n'est pas nécessairement quelque chose qui est gagnant pour qui que ce soit
actuellement.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
Mme Fréchette : ...simplement
pour votre présence et je salue mon ex-collègue, Daye Diallo. Merci de votre
présence d'avoir été parmi nous et pour vos idées également.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, maintenant je vais céder la parole à l'opposition officielle pour
12 minutes 23 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la Présidente.
Merci pour votre mémoire. Merci pour votre présence. Première question. Vous
dites qu'il faut adapter les critères de connaissance du français pour que nous
restions compétitifs à l'international. Pouvez-vous élaborer un peu plus?
Qu'est-ce que vous voulez concrètement par rapport à la langue... à
l'utilisation de la langue française?
Mme Braham (Emna) : Alors, la
principale différence qu'on voit, là, dans la proposition qui est faite
actuellement, c'est de passer, donc, d'un système de pointage, où le français
est un avantage, à un système de critères, où la connaissance du français
devient un critère éliminatoire. Donc, la question aujourd'hui, c'est de se
dire : Bon, on est d'accord que l'objectif, c'est... un des objectifs de
la planification de l'immigration, c'est la pérennité du français. Ensuite, la
question, c'est : Comment est-ce qu'on le fait de la manière la plus
efficace possible? Là, il y a vraiment un équilibre à trouver entre s'assurer
de la connaissance du français, mais aussi s'assurer de la compétitivité du
Québec comme lieu d'accueil.
Donc, actuellement, ce qu'on voit aussi,
c'est que, ce qui est difficile à quantifier, c'est dans quelle mesure est-ce
que le passage de ce système de points à un système de critères va réduire ou
va nous priver, en fait, de bassins de candidats potentiels qui ne
connaîtraient pas le français ou qui n'atteindrait pas les niveaux de français
nécessaires. C'est très difficile pour nous de quantifier ce...
M. Derraji : ...dites
aujourd'hui : Le Québec n'a pas le luxe de se priver de travailleurs qui
ne maîtrisent pas le français. Ça veut dire ils peuvent parler, par exemple,
l'anglais, mais ils se débrouillent en français, mais ils n'ont pas le niveau
pour passer un test du français pour pouvoir continuer à rester au Québec.
Aujourd'hui, pour l'Institut du Québec, vous levez un drapeau qu'on risque de
perdre des talents?
Mme Braham (Emna) : C'est
certain qu'on risque de perdre des talents avec ce critère-là. La question,
c'est quand, combien et où? Dans quel secteur, dans quel domaine est-ce qu'on
risque de perdre des candidats? C'est très difficile à quantifier actuellement.
Ce qu'il va falloir certainement faire, c'est vraiment garder... rester à
l'écoute ou garder le dialogue ouvert avec notamment les employeurs qui vont
voir comment est-ce que ça va évoluer ces choses-là.
Puis l'autre chose qu'on... ce que les
dernières années nous ont appris, c'est que des critères... Lorsqu'on établit
des critères de ce type-là, bien, on vient... bien, les employeurs, les
établissements, etc., on trouve des voies de contournement. Donc, un des
risques ici, c'est que les employeurs ne pouvant faire venir de manière
permanente certains travailleurs vont continuer à avoir recours à l'immigration
temporaire.
M. Derraji : C'est clair.
Merci. Maintenant, je veux vous entendre... j'aimerais vous entendre sur le
programme d'expérience québécoise. Vous avez vu ce que le gouvernement caquiste
a fait avec ce programme, vous avez vu la réforme. Je pense que vous avez vu
l'impact de cette réforme. Pouvez-vous nous parler un peu de l'impact de cette
réforme, qui est encore en vigueur? Avez-vous eu de l'information que la
réforme était mauvaise, il y a eu de l'impact par rapport à la rétention de
l'attractivité? Est-ce que des étudiants ont quitté le Québec? Est-ce que des
travailleurs ont quitté le Québec parce que les règles sont devenues très
complexes?
M. Diallo (Daye) : Ces
dernières années, effectivement, il y a eu quelques réformes, il y a eu
quelques changements au niveau de ce programme d'expérience québécoise. Ce
qu'il faut comprendre, tout d'abord, c'est que les étudiants qui ont... qui
sont diplômés du Québec sont parmi ceux qui réussissent le mieux sur le marché
du travail. Donc, c'est des gens qui sont parmi les... qui se...
M. Diallo (Daye) : ...c'est
des gens qui s'intègrent vraiment bien à l'économie québécoise. Ça, c'est
vraiment la première des choses qu'il faut savoir.
Puis ensuite ce que l'on peut voir, c'est
qu'il y a effectivement des changements qui sont apportés en ce moment pour
faire en sorte de faciliter le passage à la résidence permanente pour ces
gens-là. Donc, à travers le PEQ actuel, l'orientation, c'est de déplafonner, et
nous, on approuve cette réforme-là parce que ça permettra effectivement de voir
les principaux... de régler les principaux problèmes que les réformes du passé
ont créés, par exemple, les goulots d'étranglement, par exemple, le fait de
rajouter des périodes de temps qui ont fait en sorte de rendre ce programme-là
moins attractif. Le fait de les enlever va rendre ce programme-là beaucoup plus
attractif et va permettre au Québec d'être beaucoup plus compétitif par rapport
aux autres provinces.
M. Derraji : ...pensez pas
qu'on a perdu un temps précieux? C'est l'équivalent de trois, quatre ans, même
gouvernement.
M. Diallo (Daye) : Ce qui est
essentiel, c'est qu'on ait compris qu'il faudrait avoir un programme qui soit
beaucoup plus attractif et qu'on est en train, en ce moment, de proposer de
nouvelles orientations qui vont permettre d'aller dans ce sens-là.
M. Derraji : Pour une fois,
on ne va pas blâmer le gouvernement libéral, on va blâmer le gouvernement
caquiste parce que c'est leur effort. C'est un message à part, pas pour vous.
Mme la ministre s'est amusée aujourd'hui à renommer le Parti libéral pas mal de
fois, je m'amuse à nommer le gouvernement caquiste et sa réforme du PEQ.
Regroupement familial. C'est un réel
enjeu. Moi, j'ai parlé avec des Québécois et des Québécoises mariés qui attendent
leurs conjoints. C'est des histoires d'horreur qu'ils partagent sur les réseaux
sociaux. Je n'ai jamais pensé qu'on va commencer à briser des coeurs avec notre
système d'immigration. C'est le cas, maintenant, on brise des coeurs. J'ai vu
la détresse dans le visage de beaucoup de Québécois et Québécoises. Et je tiens
à saluer Québec réunifié, qui font un travail phénoménal pour juste lever le
voile sur cette histoire, parce que ça ne fait pas partie du discours public
encore, mais il existe parmi nous des gens qui attendent leur conjoint à
l'extérieur. Quand vous dites: Il faut accueillir plus de regroupements
familiaux, pensez-vous que, déjà, il faut... c'est enlever toutes les entraves
qui empêchent ces gens d'avoir la personne avec qui ils ont décidé et choisi de
faire leur vie rapidement?
M. Diallo (Daye) : Actuellement,
on voit qu'il y a déjà des enjeux avec ce programme de regroupement familial,
quand on regarde les données, quand on regarde les délais de traitement, mais
ce qu'il faudrait comprendre aussi, c'est que, même si les personnes de la
catégorie économique qui peuvent demander la résidence permanente peuvent avoir
leurs conjoints et leurs enfants sur leur demande de résidence permanente,
c'est que c'est des gens qui, malgré tout, ont aussi des parents. Donc, le
regroupement familial, on le voit, bon an mal an, c'est quelques milliers,
c'est quelques dizaines de milliers de personnes qui arrivent au Québec. Donc,
il ne faudrait pas exclure cela.
Et il est très clair aujourd'hui que, quand
on regarde les orientations qui sont proposées, un mode économiste, toutes
choses étant égales, par ailleurs, c'est que, si on augmente les niveaux
d'immigration économique, on va avoir des niveaux de demandes de regroupement
familial qui sont bien plus importantes, et il faut y penser dès maintenant.
M. Derraji : ...et j'adore
que vous le dites, que vous êtes économiste. Si on veut régionaliser... Moi,
j'ai vécu ça, être éloigné de ta conjointe pendant deux, trois ans. On peut
bien parler de mesures de régionalisation, ça ne marchera pas, parce que ton
conjoint, ta conjointe n'est pas avec toi. Donc, ce que vous dites,
aujourd'hui, au gouvernement, c'est que, oui, attention à la régionalisation,
mais attention aux conjoints, aux conjointes qui attendent encore pour
plusieurs années. Et c'est ce que vous vous dites?
M. Diallo (Daye) : Évitons
aussi de nous créer des problèmes dans quelques années. Parce que, si,
aujourd'hui, il y a un effet au niveau de ce programme de regroupement
familial, on peut s'attendre à ce que toute hausse du niveau d'immigration
économique conduise à une hausse du regroupement familial. Il faudrait éviter
des goulots d'étranglement qui pourraient arriver.
• (12 h 20) •
M. Derraji : C'est un très,
très, très bon point. Très bon point. J'aimerais vous entendre sur les
travailleurs temporaires étrangers. Le gouvernement nous présente deux
scénarios : 50000, statu quo, 60 000, augmentation. Moi, je ramène un
autre scénario, le scénario absent des consultations, scénario de travailleurs
temporaires étrangers, 375 000. Pensez-vous qu'avec ce qu'on voit au Québec,
que, d'un côté, on ouvre pour la résidence permanente, pour les immigrants
permanents, mais, de l'autre côté, il y a du temporaire pas mal... Et vous avez
vu plusieurs rapports, notamment l'arrivée pour la première fois au Québec,
d'un représentant des Nations unies pour faire son enquête. Parce qu'ils l'ont
avisé, il a été avisé des histoires d'horreur par rapport à certains aspects.
Comment vous interprétez cette absence de cette consultation, du portrait de ce
scénario des travailleurs temporaires étrangers?
Mme Braham (Emna) : C'est
certain que ce qu'on reconnaît puis ce qui est clair, c'est qu'on ne peut pas
penser aux programmes d'immigration en silo, immigration permanente d'un côté,
immigration temporaire de l'autre. Les deux sont intrinsèquement liés. Autant
les personnes qui vont venir en tant que temporaires vont avoir un impact sur
le bassin de candidatures qu'on va avoir pour la résidence permanente et le
nombre de candidatures qu'on va recevoir...
Mme Braham (Emna) : ...Et de
la même manière, bien, les politiques qu'on va mettre en place pour l'accès à
la résidence permanente vont susciter des comportements des personnes qui vont
revenir de manière temporaire, est-ce que ça va les attirer pour venir étudier
puis s'installer ou pas, et cetera. Donc, c'est sûr qu'il va falloir penser aux
deux, à ces deux éléments-là en même temps, et répondre aussi à des objectifs
qui sont complètement différents.
Donc, je pense aussi que, dans la
réflexion stratégique, on ne peut pas penser ou on ne peut pas utiliser les
mêmes outils pour réfléchir à l'immigration temporaire que ce qu'on fait pour
l'immigration permanente parce que, les temporaires, même s'il y a un plus
grand nombre d'entre eux qui désirent rester, bien, la grande majorité retourne
quand même dans leur pays, ne vont pas avoir un impact sur la démographie du
Québec, ne vont pas avoir un impact sur le marché du travail à long terme ou
sur le profil linguistique du Québec à long terme. Donc, il faut aussi éviter
de... d'utiliser les mêmes outils, comme les seuils, et cetera, pour réfléchir
à l'immigration temporaire.
M. Derraji : Et justement,
dans votre orientation 9, vous parlez de la capacité d'accueil et
d'intégration des villes. Pourquoi vous avez mis cette orientation?
M. Diallo (Daye) : En fait,
c'est parce qu'en matière de régionalisation de l'immigration, on pense que
d'attirer des immigrants dans des grands centres urbains en général est une
méthode que l'on pourrait utiliser pour avoir une plus grande régionalisation.
Parce que les grands centres urbains, de par les services qu'ils offrent, de
par la possibilité d'avoir un emploi rapidement, sont parfois plus attractifs
pour les immigrants. Mais c'est très important aussi de comprendre est-ce que
ces grands centres urbains là peuvent accueillir des immigrants, est-ce qu'il y
a assez de logements, est-ce qu'il y a assez de services de soins qui sont offerts
aux personnes immigrantes.
Donc, en fait, c'est d'éviter de réfléchir
en silo et vraiment d'avoir une planification de l'immigration qui prend en
considération tous ces enjeux-là. Parce qu'on va bien vouloir avoir des
immigrants, par exemple, à Sherbrooke, s'il n'y a pas assez d'écoles, il y aura
toujours un enjeu.
M. Derraji : ...Vous êtes un
économiste, je ne veux pas dire un «bon» économiste, je ne peux pas vous
qualifier, mais ça se voit, que vous êtes un économiste. Ce que vous êtes en train
de nous dire, c'est que peu importe la planification, si on n'a pas l'heure
juste sur la capacité d'accueil, on passe à côté de quelque chose. Ça, c'est le
point 1.
Point 2, par rapport à la
régionalisation, on ne peut pas la réussir parce qu'il y a un élément clé aussi
qui risque de... d'agir, c'est le regroupement familial. Est-ce que j'ai bien
résumé un peu où vous vous voulez aller avec vos orientations?
M. Diallo (Daye) : Mais les
enjeux de régionalisation ne sont pas totalement à mettre à la même... En
adéquation avec le regroupement familial. C'est sûr que l'un ou l'autre ont un
impact les uns sur les autres. Mais c'est clair qu'aujourd'hui, si on veut
réussir notre politique de régionalisation au Québec, il va falloir que notre
réflexion soit beaucoup plus élargie pour, effectivement, comprendre quels sont
les freins à cette régionalisation-là. Tout à l'heure, on parlait, par exemple,
d'attirer des immigrants de l'étranger directement en région. C'est une très
bonne idée, mais on voit qu'il y a déjà des immigrants qui sont au Québec, et
c'est pour ça que des programmes comme le PEQ étudiant, qui a été déplafonné,
il y a beaucoup plus d'étudiants en général qui s'installent en région, en
moyenne, par rapport aux immigrants permanents. C'est déjà un très bon point
pour permettre à ces gens-là de rester.
Quand on regarde le PEQ Travailleur, c'est
aussi une bonne chose. Et l'une des raisons pour lesquelles, à l'Institut du
Québec, on avait cette recommandation-là, de réduire d'un an le délai pour
pouvoir déposer une demande après son expérience de travail, c'est qu'on se
rend compte aussi que, parfois, il y a des histoires d'horreur où les
travailleurs temporaires ont des permis de travail qui font en sorte que, si on
leur demande un trop long... Une trop longue période d'expérience de travail,
ils sont entre plusieurs situations qui peuvent être dramatiques.
Donc, tout ça, ça permet au Québec d'être
beaucoup plus compétitif...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M. Diallo (Daye) : ...d'attirer
des gens, par exemple, qui sont déjà en région et qui peuvent rester.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, maintenant, la parole au deuxième groupe d'opposition pour quatre
minutes huit secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation.
Je vais commencer par rebondir sur quelque
chose que Mme la ministre a dit, que les demandeurs, dans le regroupement
familial, peuvent appliquer dans l'économique. Ce n'est pas comme ça du tout
que ça fonctionne et ce n'est pas comme ça qu'on va régler notre problème
d'arriérés, là. Ce sont des enfants, ce sont des époux de Québécois, de
résidents permanents, de citoyens qui ne peuvent pas... Qui n'ont pas de
demande économique en cours, là. Je ne parle pas d'ajouter une personne à
charge dans un dossier économique. Ce n'est pas ça qu'on dit. Ce sont des
Canadiens et des Québécois qui marient ou qui ont des enfants à l'étranger
qu'ils font venir comme résidents permanents. Alors, ça n'a rien à voir, de dire
qu'il y a de l'ouverture dans le programme économique. Ces gens-là n'ont pas de
demande économique en traitement.
Moi, je vous parle de gens qui sont
citoyens et des citoyennes du Québec qui veulent faire venir leur mari. C'est
par le programme de la réunification familiale et c'est là-dedans qu'il faut
réduire les délais. Et on ne peut pas dire, ou entre parenthèses, que, par
ailleurs, ils peuvent être ajoutés comme conjoints dans une demande économique.
Il n'y en a pas, de demande économique. Ces gens-là sont résidents ou citoyens
déjà, à la base, et parrainent leur famille. Donc, il faut faire attention à
dire qu'il existe une autre alternative, elle n'existe pas. Leur seul chemin,
c'est le regroupement familial. Et, avec les arriérés qu'on a, on va monter
jusqu'à...
M. Cliche-Rivard : ...trois
ans de séparation familiale. Il y a des gens, et mon collègue l'a dit, il y a
des gens qui ont le cœur brisé, il y a des gens qui sont séparés, puis il va
falloir y répondre.
Pour revenir... Est-ce que vous avez été
surpris qu'il n'y ait aucune étude ou aucun chiffre sur les arriérés par
programme ou presque aucun dans la planification et qu'il n'y ait aucune
estimation prospective, aucune, du nombre de résidents temporaires,
travailleurs ou étrangers, qui vont se qualifier par critère objectif au PSTQ,
et qui vont donc ajouter au backlog, à l'arriéré, qui va faire gonfler
potentiellement les délais de traitement dans les seuils qu'on connaît
aujourd'hui.
Moi, j'ai été absolument choqué de voir
qu'il n'y avait aucune statistique ou presque sur les arriérés et aucune étude
prospective, à savoir si des 375 000 temporaires qui voudront peut-être accéder
à la résidence, où est-ce qu'on va les mettre, est-ce qu'ils veulent accéder,
dans quel programme, puis comment on va traiter ces gens-là dans un seuil
économique de 42 000 places, quand ils sont 375 000.
M. Diallo (Daye) :Par rapport
à ce dernier point-là, c'est pour ça que vous verrez dans notre mémoire, on
propose... une de nos propositions, c'est de faire en sorte de prévoir les
bonnes... le bon nombre de personnes au niveau du MIFI, et même au niveau
d'IRCC, pour pouvoir s'assurer de livrer les futures demandes de résidence
permanente et le certificat de sélection du Québec dans les temps, donc...
Parce que si on s'attend à une augmentation des seuils, on ne voudrait pas que
les délais non plus, si les demandes augmentent, augmentent.
Donc, à ce niveau-là, on a... on propose
cela qui permettrait de régler ce problème-là. Par contre, au niveau des délais
existant déjà des arriérés de délais, nous, on a pu consulter certaines
informations là-dessus qui n'étaient, effectivement, peut-être pas dans le
document de consultation, mais ça existe, et on peut y avoir accès si on veut
consulter ces données-là.
M. Cliche-Rivard : On fait
une planification pluriannuelle et on ne sait pas qu'il y a 30 000, 32 000
personnes qui attendent dans le logement familial. On ne sait pas qu'il y a 12
000 demandeurs humanitaires dans l'humanitaire. On ne sait pas qu'il y a 30 000
réfugiés reconnus. On ne le sait pas du document qui est supposé nous permettre
de faire une planification prospective des seuils, alors qu'on ne sait pas
combien de monde sont sur notre liste d'attente. Puis on ne sait pas combien de
gens vont être intéressés à rejoindre notre liste d'attente.
Donc, moi, je me pose la question bien
fondamentale : Sans connaître nos arriérés et sans connaître le
prospectif de qui va se qualifier, qu'est-ce qu'on planifie? Qu'est-ce que ça
veut dire, ce chiffre-là, finalement? Parce que ce qui va arriver, vous le
savez comme moi, l'année prochaine, il va avoir un rattrapage, parce que le
backlog va être rendu à deux, trois, quatre ans de traitement. Et ce qu'on va
avoir discuté ici, pendant des semaines, avec les groupes, ça ne s'appliquera
plus, parce que, finalement, les délais vont être devenus abusifs, comme on a
connu dans les dernières années avec le programme régulier des travailleurs
qualifiés. On s'en va vers la même chose. Alors, comment peut-on faire une
planification...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M. Cliche-Rivard : ...sans
les chiffres? C'est la question que je pose.
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé. Alors, je vous remercie beaucoup d'avoir contribué à nos travaux. Je
suspends la séance jusqu'à cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 53)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
la Commission des relations avec les citoyens reprend ses travaux. Nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation intitulé : La planification de l'immigration
au Québec pour la période 2024-2027.
Cet après-midi, nous entendrons les
personnes et organismes suivants : la ville de Montréal, le Collectif
régional de développement du Bas-Saint-Laurent, le Centre des travailleurs et
travailleuses immigrants et le Centre local de développement Rouyn-Noranda.
Alors, je souhaite maintenant la bienvenue
à la ville de Montréal. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre
présentation, qui sera suivie, ensuite, d'une période d'échange. Alors, je vous
invite à commencer votre exposé.
Mme Ollivier (Dominique) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à tous et à toutes, MM., Mmes les députés.
On est très heureuses d'être ici, cet après-midi, pour présenter le mémoire de
la ville de Montréal, dans le cadre de la consultation sur la planification de
l'immigration. Je suis Dominique Ollivier, je suis la présidente du comité
exécutif de la ville de Montréal et je suis accompagnée de ma collègue Josefina
Blanco, qui est responsable de la diversité et de l'inclusion sociale au comité
exécutif.
Alors, d'entrée de jeu, on voudrait saluer
la pertinence de cet exercice qu'on fait aujourd'hui, qui permet de réviser à
tous les trois ans les principes et les orientations de la planification de l'immigration
au Québec, et on veut vous remercie de nous avoir invités dans cet exercice, où
on va à la fois vous présenter notre position face aux divers scénarios qui ont
été mis sur la table, mais aussi ça va nous permettre de présenter la réalité
et les besoins de la ville de Montréal.
Bien sûr, Montréal est la métropole
francophone d'Amérique et a toujours été une terre d'accueil et d'ouverture.
On sait que l'immigration est le moteur principal de la croissance
démographique à Montréal depuis plus de 20 ans, et que nous y accueillons la
grande majorité des personnes immigrantes qui choisissent le Québec comme terre
d'accueil. En fait, plus de la moitié des Montréalaises et Montréalais sont
soit elles-mêmes directement... ont elles-mêmes directement immigré ou ont, au
moins, un parent qui est un parent immigrant. Donc, on dit souvent que les gens
arrivent au Québec ou au Canada.
C'est dans la dualité, mais, en réalité,
pour nous, ce qui est clair, c'est qu'ils habitent d'abord dans une rue, dans
un quartier, dans un arrondissement, bref, sur le territoire d'une ville. Et,
en ce sens-là, les défis premiers de l'intégration des nouvelles et des
nouveaux arrivants se jouent donc, avant tout, sur le territoire des villes. À
Montréal, parce que nous sommes la terre d'accueil de la majorité des
immigrants, ça nous fait dire que la réussite des politiques d'immigration et d'intégration
de toute politique d'immigration, d'intégration du gouvernement du Québec va
être intimement liée à la capacité qu'a la ville de Montréal d'accueillir des
nouvelles et des nouveaux citoyens et de leur offrir très rapidement la
possibilité de participer pleinement à la société québécoise.
Donc, pour nous, par conséquent, cet
exercice de consultation, ça doit être à la fois l'occasion pour le
gouvernement du Québec de se fixer des objectifs ambitieux, mais pas que sur la
question des seuils d'immigration, aussi, ça doit être l'occasion de réfléchir
sur des conditions qui permettent d'accueillir dignement vraiment et d'intégrer
adéquatement toutes les personnes nouvelles arrivantes dans notre société. Il y
a un partenariat qui existe entre la ville et...
Mme Ollivier (Dominique) : ...qui,
bien sûr, demande à être bonifiée afin de permettre à la métropole d'avoir une
autonomie d'action et compter sur des ressources financières qui sont
cohérentes avec l'ampleur des responsabilités qui nous sont dévolues comme
terre d'accueil première. On invite donc, dans un premier temps, le
gouvernement à reconnaître et à réaffirmer le leadership de la ville de
Montréal en matière d'accueil et d'intégration des nouveaux arrivants et
surtout de tenir compte des particularités de métropole, qu'on appelle, dans
notre mémoire, l'effet métropole.
Sur la question des seuils d'immigration,
la ville de Montréal recommande au gouvernement d'adapter le scénario
ambitieux, qui vise minimalement l'augmentation graduelle des cibles totales
pour atteindre 60 000 admissions en 2027. Et la raison pour laquelle
on le fait, c'est, bien sûr, en raison de la décroissance démographique du
Québec, les enjeux de pénurie de main-d'œuvre actuelle mais aussi en fonction
de notre capacité d'accueil, qui inclut les raisons humanitaires. Mais on
invite du même souffle le gouvernement du Québec à élargir la vision de
l'immigration qui tend à survaloriser et à prioriser l'immigration économique.
En termes de pourcentage, selon nous, l'immigration économique et celle pour
des motifs humanitaires devraient augmenter... continuer à augmenter de façon
proportionnelle.
De plus, on ajoute qu'aucune cible ne
devrait être fixée dans le cas de la réunification familiale. Et, pour cela, ce
serait bien que le gouvernement du Québec travaille activement avec le
gouvernement fédéral pour faciliter le regroupement et la réunification
familiale, puis surtout pour lever les conditions pour des conjoints et les
enfants. Parce que, selon nous, la réunification familiale est un des facteurs
principaux qui influencent grandement la réussite d'un projet migratoire. On
peut imaginer que des membres d'une même famille qui sont séparés pendant des
années deviennent étrangers les uns aux autres, et tout le trauma qui s'ensuit
fait en sorte que l'intégration à la société d'accueil devient donc beaucoup
plus difficile. Selon nous toujours, tout le monde gagne à réunir rapidement
les familles.
Une autre condition, c'est de
comptabiliser et de rendre plus visibles, de publier le nombre de personnes
accueillies au Québec indépendamment du statut, qu'il soit précaire, qu'il soit
par permanent ou qu'il soit temporaire. Parce qu'en n'ayant pas accès à
l'ensemble des données, ça ne nous permet pas de faire un portrait juste et
complet et ça fausse l'évaluation des besoins réels sur le terrain ainsi que la
capacité de planifier et de déployer des mesures d'accueil et d'intégration qui
seraient suffisantes pour le défi auquel on fait face. Les personnes
nouvellement arrivées, vous vous en doutez, utilisent aussi les services des
municipalités : les parcs, les bibliothèques, les camps de jour, les services
municipaux. Bref, plus le portrait sera juste et détaillé et plus apte, comme
municipalité, on sera à répondre adéquatement aux besoins qui peuvent être
exprimés sur notre territoire.
Pour conclure cette première partie, je
dirais que la ville considère que l'immigration, qui est le principal vecteur
de la croissance démographique, doit aussi contribuer à la vitalité du
français. Et c'est pourquoi on appuie la volonté du gouvernement de favoriser
une sélection de personnes immigrantes qui sont majoritairement francophones et
francotropes, et on ajoute francophiles, et ce, nonobstant leur pays d'origine.
On croit qu'il est indispensable de mettre en place des actions concrètes pour
assurer un rayonnement et une prépondérance du français à Montréal, notamment
en soutenant des initiatives de francisation en milieu de travail, et autres.
Pour la suite, je céderais la parole à ma
collègue, Mme Blanco, qui va poursuivre.
• (16 heures) •
Mme Blanco (Josefina) : Merci
beaucoup, Mme Ollivier. Merci. Bonjour à vous tous et toutes. Avant de débuter,
je tiens à vous partager que moi-même, j'ai passé à travers le parcours
d'immigration. Je suis originaire de l'Argentine. À l'époque où je suis arrivée
au Québec, je venais de l'Espagne. Puis, par ma propre expérience, par ma
propre expérience d'intégration, je vous dis, ça m'a permis de saisir
l'importance que toutes les conditions soient réunies pour favoriser l'accueil
et l'intégration des personnes immigrantes dans notre société, pour moi, dans
ce cas-ci.
Donc, tout d'abord, le gouvernement
devrait assurer l'accès à l'ensemble des services gouvernementaux du Québec aux
personnes immigrantes sans égard à leur statut. Nous pensons aux services en
soins de santé, d'éducation, services de justice, d'aide à l'emploi et services
de garde pour les enfants. La ville de Montréal, d'ailleurs, en 2019, a déployé
la politique d'accès aux services municipaux sans peur, qui permet à des
milliers de personnes à avoir accès aux services et aux programmes de la ville
sans égard à leur statut. C'est un exemple d'une politique concrète qui
pourrait inspirer d'autres villes et ainsi également inspirer le gouvernement
du Québec...
16 h (version non révisée)
Mme Blanco (Josefina) : ...dans
son même ordre d'idées, la ville de Montréal, depuis plusieurs années, est
engagée dans un important chantier visant à lutter contre... la lutte contre le
racisme et la discrimination systémique dans notre métropole. Et sachant que
les personnes nouvellement arrivées sont touchées de façon disproportionnée par
ce fléau, il est essentiel et le gouvernement nous soutient dans cette lutte.
Nous savons également que l'accès au
logement convenable est un acteur majeur d'intégration à la société d'accueil.
Dans son contexte de crise de logement, l'accès au logement sans
discrimination, aux conditions abusives et la connaissance des droits des
locataires demeurent des préoccupations très importantes.
Les personnes immigrantes se trouvent à l'intersection
de plusieurs facteurs de discrimination et doivent pouvoir compter sur un
écosystème et des informations facilement disponibles pour les soutenir dans
leurs démarches de recherche de logement. Le gouvernement devrait favoriser le
développement et l'accès au logement insalubre, adéquat, sécuritaire et
abordable pour toutes les personnes immigrantes.
Ensuite, parlons de l'intégration de l'emploi,
clé essentielle pour une intégration réussie au Québec. Afin de permettre aux
personnes immigrantes de trouver un emploi à la hauteur de leur talent et de
leurs compétences, il faut faciliter la reconnaissance de leurs diplômes et de
leurs compétences acquises.
Enfin, je ne vais pas passer sous silence
le rôle primordial des organismes communautaires qui font partie de l'écosystème
d'accueil, d'intégration des personnes immigrantes. Les travailleuses et les
travailleurs du communautaire sont en première ligne. Elles et ils mettent
leurs énergies pour soutenir les plus vulnérables dans un contexte où les
différentes crises migratoires rendent la situation de plus en plus complexe.
Le financement de ces organismes, notamment à la mission, doit être augmenté et
pérennisé. On ne peut plus continuer à offrir des solutions d'urgence à une situation
qui est permanente. Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Mme
Ollivier.
Mme Ollivier (Dominique) : Oui,
merci. Alors, pour conclure ou pour résumer, je vous dirais que la ville de
Montréal est favorable à un scénario ambitieux dans la mesure où les conditions
de réussite qui vont tenir compte... qui vont prendre en compte les multiples
réalités et vulnérabilités que les personnes immigrantes peuvent... peuvent
expérimenter...
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup. Votre temps est écoulé, alors je vais... je vous remercie pour votre
présentation et je vais céder la parole à la ministre pour 24 min 7 s,
pour les échanges.
Mme Fréchette : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Alors... bien, merci à vous deux. La présidente du comité
exécutif de la Ville de Montréal, Mme Ollivier, merci d'être des nôtres.
Également, Mme Blanco, merci d'être présente, membre du comité exécutif, j'ai
fort apprécié lire votre mémoire. Merci pour participer et contribuer à cet
exercice, à cette discussion collective sur l'immigration pluriannuelle.
Bien sûr, la ville de Montréal est un
partenaire très important, partenaire qui occupe un rôle, une place inégalée au
Québec en termes de pôle principal d'accueil des personnes immigrantes et, bien
sûr, aussi auprès du ministère le MIFI, en tant que partenaire. Donc, un grand
merci pour à la fois votre engagement dans tous ces dossiers d'immigration et
votre leadership. Et on sent bien de la richesse de votre expérience à travers
le mémoire que vous nous avez présenté.
Par rapport au mémoire, je vous
amènerais... en fait, je voudrais simplement souligner à la page 28, là,
dans votre recommandation n° 5, vous abordez la
question de soutenir la lutte contre le racisme et la discrimination. Alors, je
voulais simplement souligner que nous endossant bien sûr entièrement, là, cette
orientation et j'aimerais souligner que, parmi les objectifs spécifiques que l'on
trouve dans le programme d'appui aux collectivités, là, le programme PAC, il y
a cet objectif que de contribuer à la lutte contre le racisme, l'intimidation
et la discrimination pour favoriser un vivre ensemble respectueux, égalitaire
et inclusif. Alors, c'est simplement pour souligner qu'on est en pleine
convergence à ce niveau pour ce qui est des objectifs de lutte contre la
discrimination et l'intimidation.
Un peu plus loin, à la page 31, vous
mentionnez que l'apport des personnes immigrantes à la vitalité du Québec,
bien, elle passe notamment par l'intégration en emploi par l'intégration
économique. C'est sûr que c'est une dimension fort importante, et je pense qu'on
peut se réjouir du fait que le taux d'emploi des personnes immigrantes est allé
en croissance, en évolution positive ces dernières années. Je pense qu'il y a
aussi davantage de personnes immigrantes qui occupent un emploi en lien avec
leurs compétences. Il n'en demeure pas moins qu'il y a encore du travail à
faire, beaucoup de travail à faire, notamment pour la sensibilisation des employeurs
quant à l'intérêt qu'il y a d'embaucher des personnes immigrantes.
Alors, je me demandais de quelle façon la
ville de Montréal prend des mesures, adopte des mesures pour sensibiliser...
Mme Fréchette : ...les
employeurs pour la lutte à la discrimination.
Mme Ollivier (Dominique) : Je
vous dirais, Mme la ministre, avant de céder la parole à Mme Blanco, c'est
clair que, pour nous, on ne peut pas dissocier ce problème qu'on peut... ou
cette disparité qu'on peut constater dans le taux d'emploi des personnes des
minorités visibles, des personnes nées à l'étranger, des personnes immigrantes
du projet que vous mettez sur la table. C'est clair que, si on veut aller
chercher une immigration de plus en plus francophone, beaucoup des bassins de
locuteurs francophones se trouvent dans des pays de l'Afrique de l'Ouest, se
trouvent dans les pays du Maghreb, et ainsi de suite. Donc, la question de la
sensibilisation des employeurs devient importante. Je pense que, Josefina peut
vous parler d'une initiative qu'on met... à Montréal.
Mme Blanco (Josefina) : En
fait, je pourrais parler d'une initiative concrète qui est menée par le BINAM,
le bureau d'intégration des nouveaux arrivants à Montréal. Justement, ce matin,
on lançait la troisième cohorte de Montréal inclusive au travail du PAC, qui
est une initiative, justement, qui vise à sensibiliser les PME pour informer,
attirer, embaucher, retenir et faire en sorte que les gens qui vont embaucher,
issus de la diversité puissent aussi progresser dans leurs entreprises. Des
fois, on se rend compte que c'est une question de les accompagner, de les
outiller, qu'ils puissent comprendre la réalité. Et donc ce projet est très
important, phare, comme je le disais tout à l'heure, on est, ce matin... la
troisième cohorte, avec plusieurs partenaires, avec HEC, avec Service Québec
et, bien sûr, piloté par le BINAM, avec la ville de Montréal.
Mme Fréchette : D'accord.
Merci. Je vous amène à la page suivante, les pages suivantes, pages 32 et 33,
où vous y parlez, en fait, des étudiants étrangers, l'importance, pour la
métropole, bien sûr. Vous souhaitez souligner qu'il y a quand même peut-être
des contrecoups, des désavantages pour la ville de Montréal par rapport à
l'existence des programmes d'exemption des droits de scolarité supplémentaires
offerts à certains étudiants qui fréquentent des établissements d'enseignement
hors de la CMM, bon. On le sait, que c'est un programme qui vise la
régionalisation, en fait, des personnes, des étudiants étrangers qui viennent
au Québec. Alors, j'aimerais ça, vous entendre davantage sur la nature des
contrecoups. Est-ce que, vraiment, ce programme-là a été... a généré un impact
perceptible du côté de la ville de Montréal?
Mme Ollivier (Dominique) : Absolument.
D'abord, je veux réaffirmer le désir de la ville de Montréal de participer à
l'effort de régionalisation, parce qu'on croit qu'on est dans un contexte où la
régionalisation de l'immigration est nécessaire pour répondre à plusieurs
enjeux qu'on vit sur le territoire. Toutefois, on ne peut pas oublier deux
choses, c'est d'abord que Montréal est une ville étudiante et que, parfois, il
y a des domaines de... spécialités qui ne se donnent qu'à Montréal. Alors, on
peut penser notamment au génie aéronautique, par exemple, ou à certains
domaines de pointe comme ça. Donc, c'est sûr que de soustraire les universités
montréalaises de la capacité d'avoir des frais de scolarité qui sont similaires
à ceux des étudiants québécois, c'est sûr que ça gêne l'attractivité de
Montréal et ça risque d'amener la... ça risque de créer un débalancement,
finalement, par rapport aux gens qui vont étudier si, à Montréal, ça coûte des
dizaines de milliers de dollars et que ça coûte des centaines à l'extérieur de Montréal.
Ça, c'est la première chose.
• (16 h 10) •
La deuxième chose qu'il ne faut pas
sous-estimer, c'est l'apport des gens qui viennent étudier en français à
Montréal dans notre équilibre linguistique. J'y reviens tout le temps, hein, si
on ne veut pas constater un certain recul du français à Montréal, il faut qu'on
s'assure que les gens puissent aussi venir étudier en français à Montréal et
maintenir ce fragile équilibre linguistique aussi, sinon, on n'aura que les
étudiants qui fréquentent les universités anglophones. Très bien, qu'il en soit
ainsi, mais, pour l'avenir de Montréal, c'est important qu'on ait des gens qui
parlent français, qui aiment le français, qui veulent l'apprendre.
Mme Fréchette : Merci. En
matière de régionalisation, comment voyez-vous l'idée qu'il puisse y avoir des
programmes, des initiatives et des mesures qui amènent des personnes
immigrantes établies à Montréal en région? Est-ce que c'est quelque chose que
vous pourriez voir d'un oeil positif? Est-ce qu'il y a des précédents déjà qui
ont été mis en place, mis en œuvre ou qui existent même peut-être à l'heure
actuelle? J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Mme Ollivier (Dominique) : Dans
les programmes passés, on sait qu'il y a eu plusieurs organismes montréalais qui
ont contribué à l'effort de régionalisation, soit en amenant des gens faire des
stages à l'extérieur du Québec... En fait, pour nous, l'idée, c'est qu'on a
développé quand même une grande expertise...
Mme Ollivier (Dominique) : ...communauté
accueillante à Montréal. Et on se dit, si on est capable de partager cela avec
d'autres villes du Québec, ça va éviter de refaire certaines erreurs du passé,
parce qu'on sait que les efforts de régionalisation de l'immigration datent
d'une bonne quarantaine d'années, si ce n'est pas plus. Et il faut quelque part
que les gens, quand ils viennent à Montréal, sentent que tout le reste du
Québec, c'est aussi le même territoire, avec les mêmes opportunités ou même des
opportunités meilleures ailleurs.
Donc, en ce sens là, nous comprenons très,
très bien l'enjeu de la régionalisation, et on se dit que mieux on va réussir à
faire la première intégration, où les gens viennent naturellement près de leur
noyau familial, mieux on va réussir à leur faire découvrir le territoire, à
expérimenter d'autres choses, bien, mieux, ensuite, ils vont pouvoir, à l'égard
de tous les autres Québécois, se déplacer à travers l'ensemble du territoire.
Mme Fréchette : Est-ce que
vous avez des exemples concrets de formules de régionalisation de cette
nature-là qui ont été testées?
Mme Ollivier (Dominique) : Bien,
il y a quelques années au ministère de l'Immigration, il y avait notamment le
programme d'échange de jeunes qui avait commencé beaucoup là-dessus, où on
permettait à des jeunes des écoles secondaires et collégiales de faire des
échanges pour mieux connaître le territoire. Ça pourrait être suivi, par
exemple, d'un programme de stage qui leur permet après ça d'aller expérimenter
d'autres endroits dans le territoire. Ça a très bien fonctionné. Il y a
beaucoup d'organismes en immigration à Montréal, qui avaient... qui s'étaient
également jumelés avec des villes de région pour permettre aux gens de
découvrir les opportunités qu'il y avait en région, de se déplacer. C'est les deux
qui me viennent à l'esprit...
Mme Fréchette : Merci. Je
vous amènerais maintenant sur le thème du PTET, PSTQ. À la page 32, en
fait, vous soulignez qu'il est important d'assurer une certaine flexibilité
quant aux exigences, tant dans le programme du PTET que dans le programme du
PSTQ, et en encourageant... en facilitant, là, l'accès à des cours de
francisation durant la période de séjour des travailleurs étrangers
temporaires.
Donc, qu'est-ce que vous suggérez plus
précisément quand vous parlez d'injecter davantage de flexibilité quant aux
exigences requises dans le PTET pour favoriser l'apprentissage du français?
Est-ce que Francisation Québec répond, dans le fond, à vos souhaits de
flexibilité? Parce qu'il y a quand même beaucoup de flexibilité qui est offerte
via les formules d'apprentissage de Francisation Québec, là. On parle de
formules temps plein, temps partiel, virtuel, présentiel, en entreprise, en
amont, depuis le pays de provenance. Bref, on peut opter pour une formule ou
une autre.
Alors, de quelle manière est-ce que vous
verriez qu'il puisse y avoir davantage de flexibilité?
Mme Ollivier (Dominique) : C'est
peut-être vraiment là, la question, c'est la question du continuum. Et
l'expérience, je pense, de Josefina est assez parlante et éloquente à ce
niveau-là.
Mme Blanco (Josefina) : Bien,
c'est clair, j'ai vécu cette expérience en 2011. Donc, l'importance de pouvoir
avoir... bien, l'accès, d'abord. Je n'ai pas pu commencer ma francisation faute
d'avoir une place en garderie pour mes enfants. D'ailleurs, je ne l'ai jamais
eue. J'ai dû aller au privé pour pouvoir débuter ma francisation. Par la suite,
des fois, on s'est trouvés dans les choix de... est-ce que j'ai des
allocations? Non, il y a des listes d'attente. Donc, c'est vraiment
l'accessibilité, l'allocation, la flexibilité, s'assurer que, quand on parle
des femmes ou des hommes, s'il y a des enfants à charge, qu'on puisse avoir des
services de garde accessibles. Et aussi une question qui se pose souvent, une
fois qu'on avance dans ce parcours de francisation et qu'on commence à avoir un
niveau d'indépendance, de compréhension, de maîtrise, les offres d'emploi
arrivent. Et là c'est de dire... on se trouve dans des choix difficiles à faire
parce que c'est une grande pression économique. Mais comment je m'assure que je
vais aller au bout de ma formation? Parce qu'on le sait, maîtriser le français,
c'est tout un art, mais je pense qu'on doit s'assurer qu'on donne toutes les
conditions gagnantes et toute la flexibilité possible pour que cette formation
puisse se poursuivre, notamment en milieu de travail. C'est un... très très
pressant. Je ne peux pas dire que c'est le cas pour tout le monde, mais je
pense que je peux représenter une certaine réalité vécue par d'autres
personnes, par d'autres immigrantes, par d'autres femmes qui arrivent, comme
moi, d'un pays où la langue maternelle n'est pas le français, mais qu'on
démontre qu'on peut l'apprendre puis que, quand on apprend le français, on peut
aussi montrer que ça va au-delà à l'apprentissage d'une langue. C'est vraiment
la rencontre d'une nouvelle culture, que ça finit pour devenir aussi notre
culture.
Mme Ollivier (Dominique) : En
fait, on salue l'intention du gouvernement d'avoir créé Francisation Québec et
d'ouvrir très, très, très largement...
Mme Ollivier (Dominique) : ...des
choses, mais il faut aussi qu'on le regarde, comme l'expliquait Josefina, dans
un continuum qui prend en compte la réalité particulière de l'endroit où les
gens se trouvent, au moment où ils entreprennent leur démarche de translation,
mais ensuite aussi comment on peut les amener jusqu'à un parcours de maîtrise
totale du français, particulièrement dans le nouveau contexte, notamment la loi
n° 96 pour les services et asds8. Donc, comment
est-ce qu'on s'assure que les passerelles sont vraiment là et qu'on peut les
soutenir dans des besoins, certes de francisation, mais aussi dans les besoins
connexes tout au long du parcours?
Mme Fréchette : Merci. Il
nous reste combien de temps?
La Présidente (Mme Caron) : 50 secondes.
Mme Fréchette : Oh!
50 secondes. Rapidement. Est-ce que vous êtes optimiste pour assurer
l'équilibre linguistique à la faveur du français à Montréal et est-ce que
Francisation Québec y contribuera?
Mme Ollivier (Dominique) : Oui.
Oui, nous en sommes convaincus si c'est accessible, si c'est continu, si les
bonnes sommes sont injectées. Il y a beaucoup... Ça promet beaucoup, le fait de
décloisonner justement cette offre de francisation là.
Mme Blanco (Josefina) : Je
voudrais me permettre une remarque pour qu'on soit attentif aussi à des
questions des fractures numériques, pour qu'on s'assure que véritablement tout
le monde ait accès, et c'est un élément, je pense que c'est important de
surveiller et c'est important de les soulever, les normes, aujourd'hui.
Mme Fréchette : Merci à vous
deux.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors maintenant, je vais céder la parole au porte-parole de l'opposition
officielle pour 8 min 28 s.
M. Derraji : Bonjour, à vous
deux, très heureux de vous rencontrer, encore une fois, en commission
parlementaire.
En fait, c'est un bon mémoire bien étoffé,
avec pas mal d'informations et des détails de statistiques. Ce qui m'a
interpellé, c'est la page 28. Vous avez consacré quand même pas mal
d'informations sur le logement, et ma première question, et tout le monde le
sait, à part les dernières années où le gouvernement a nié la crise du
logement, je pense, à travers le Québec, vous, parmi les premières villes, vous
avez dit qu'il y a une crise du logement.
Dans le même mémoire, vous dites qu'il
faut augmenter les seuils d'immigration. Moi, ce que je vois, et probablement
une bonne partie de mes collègues, c'est que les appels qu'on reçoit davantage,
c'est qu'il n'y a plus de logement pour le salaire que certaines personnes
obtiennent pour leur premier contrat quand ils arrivent à Montréal.
Comment concilier tout cela? D'un côté, on
demande des augmentations des seuils, de l'autre côté, il y a une pression sur
le logement énorme.
Mme Ollivier (Dominique) : L'idée
qu'on a dit d'entrée de jeu que, pour nous, ce n'était pas seulement une
question de chiffres, c'était aussi une question de conditions de réussite. Et
clairement, quand on améliore l'accès et Montréal vit et choses, je dirais de
façon plus intense, à cause du nombre qu'on représente, du poids démographique
dans le Québec, on le vit de façon plus intense et je dirais souvent avant les
autres régions du Québec. Mais on se rend compte que, de plus en plus, ça
devient un enjeu à toute l'échelle du Québec et quelles que soient les
catégories d'immigration dont on parle, hein? Certaines régions même disent
qu'ils sont incapables de se développer adéquatement, de recevoir des
travailleurs parce que, justement, il y a plus de logements.
• (16 h 20) •
Donc, pour nous, il faut qu'on regarde cet
accroissement, je dirais graduel, des cibles, dans les trois prochaines années,
en parallèle avec notamment des questions de maintien en logement, que ce soit
de maintenir un parc abordable, que ce soit de faire de nouvelles mises en
chantier, que ce soit également d'amener certains programmes aussi d'accès à la
propriété abordable. Il faut que toutes ces mesures-là se parlent des unes aux
autres pour ait une intégration qui est réussie.
M. Derraji : C'est quoi le
coût moyen pour un logement de trois, quatre et demie à Montréal maintenant?
Mme Ollivier (Dominique) : Deux,
pardon, trois?
M. Derraji : Le prix trois et
demie, quatre et demi.
Mme Ollivier (Dominique) : De
mémoire autour de 900 $. Donc, on est entre 900 $ pour un trois et
demie jusqu'à 1 500 $, 1 600 $ pour un, quatre et demie.
M. Derraji : O.K.
Mme Ollivier (Dominique) : Et
ça dépend, bien sûr, du quartier, parce que vous savez comme moi que les
quartiers de Montréal sont très différents l'un de l'autre.
M. Derraji : Oui, vous avez
raison, vous avez raison.
Dans le cadre de votre planification, et
on s'entend que la plupart des nouveaux arrivants cherchent des appartements à
louer, votre demande, concrètement, maintenant au gouvernement, parce que ce
que vous dites au gouvernement : Aujourd'hui, Montréal et encore, c'est
une ville incontournable au niveau de l'intégration des immigrants. Vous
demandez aussi, dans votre mémoire : Il faut que le gouvernement donne à
Montréal le soutien financier nécessaire pour bien intégrer et accueillir les
immigrants en matière de francisation, de logement...
M. Derraji : ...et de service.
Bon, on va décortiquer une chose à la fois. Francisation, vous être à l'aise
avec Francisation Québec. Maintenant, en termes de logements et services, vous
demandez combien, et concrètement au gouvernement du Québec aujourd'hui, pour
que Montréal continue à jouer son rôle?
Mme Blanco (Josefina) : Alors,
oui, peut être que... D'abord, c'est important de noter que c'est important
qu'on ait un portrait et des données justes. Et ça, il faudrait aussi que,
quand on parle d'immigration, on puisse prendre en considération des personnes
à statut précaire, par exemple, parce que, sinon, on a un portrait inexact de
la réalité des demandeurs, des personnes qui sont avec des demandes de
résidence permanente pour des raisons humanitaires. Il faut qu'on ait des
données, on partage d'information entre villes, entre organismes communautaires
concernés concertés. Il faut que le portrait soit clair et il faut qu'on puisse
les garder, regarder de façon régulière.
M. Derraji : Mme Blanco.
Désolé, Mme Blanco, je vais...
Mme Ollivier (Dominique) : ...
M. Derraji : ...je vais
répéter ma question, je vais répéter ma question. Je n'ai pas beaucoup de
temps, mais je veux vraiment vous entendre par rapport à ça. On le sait tous,
il y a une crise du logement à Montréal. Il n'y a personne qui va dire le
contraire. Je vous ai entendu à plusieurs reprises. J'ai entendu la mairesse le
dire aussi à plusieurs reprises. Maintenant, on est dans une consultation pour
une planification pluriannuelle pour les trois prochaines années. Si,
aujourd'hui, la ville veut jouer son rôle pour continuer à intégrer et être la
métropole accueillante pour les immigrants, vous-mêmes, vous avez dit que ça
prend une mixité, logements abordables, logements de premier recours. Il y a
toute une description, vraiment, très bien détaillée. Mais concrètement,
aujourd'hui, là, vous demandez quoi au gouvernement? Des sous, je l'ai vu, mais
vous chiffrez ça à combien? Parce que nous, on est sur une planification
pluriannuelle.
Nous, c'est ce qui s'en vient. Mais vous,
vous êtes là, première ligne, pour accueillir ces gens. Mais s'il n'y a pas
d'argent sur la table pour construire des logements, bien, comment on va faire
pour intégrer ces gens s'ils n'ont pas de toit?
Mme Ollivier (Dominique) : Non,
M. le député, on sait qu'il y a déjà 24 000 ménages qui sont en attente de
logement à Montréal...
M. Derraji : 24 000.
Mme Ollivier (Dominique) : ...24
000 logements qui sont... pour un logement social, 24 000 familles, ménages qui
sont en attente pour un logement social à Montréal. Une grande partie de
celles-là sont aussi des familles immigrantes, sinon aussi, qui sont logées
dans le privé, dans des conditions qui ne sont pas toujours évidentes.
Donc, pour nous, c'est important qu'il y
ait des nouvelles unités qui soient annoncées de façon régulière, chaque année,
pour pouvoir faire en sorte qu'on puisse, à terme, probablement pas seulement
sur trois ans, mais probablement sur la prochaine décennie, être sûr qu'on peut
accueillir tout le monde. Il y a les programmes de supplément au logement
aussi, qui peuvent être une façon de soutenir les ménages montréalais pour
qu'ils aient accès à la propriété. Mais, pour nous, je vous dirais, au-delà
d'un chiffre précis, c'est sûr qu'on veut avoir notre part des enveloppes qui
sont dédiées à l'habitation de façon générale, et aussi peut-être qu'on
regarde, dans les budgets de l'immigration, notamment, d'entente Canada-Québec
sur l'accueil des immigrants qui, à l'époque, a commencé à 70 millions, qui,
maintenant, est à presque 10 fois plus.
Est-ce qu'il y a moyen de traiter la ville
de Montréal... nous, on aime souvent dire qu'on se sent un peu traité comme un
gros organisme communautaire, parce qu'on a 4 millions dans...
M. Derraji : Là, j'ai
compris.
Mme Ollivier (Dominique) : Est-ce
qu'on peut avoir une partie qui est plus substantielle.
M. Derraji : Là, j'ai
compris, je comprends que j'ai, en face de moi, la présidente... de la ville.
C'est excellent. Vous jonglez très bien avec les fonds et les enveloppes. Le
message que vous envoyez à Mme la ministre, c'est que 70 millions, c'est 100
fois maintenant, vous ne voulez pas que la ville de Montréal soit considérée
comme un organisme communautaire. Donc, les crises que vous vivez, par rapport
au logement ou à autre aspect lié à l'immigration, vous ne voulez pas aller
avec le budget du Québec, mais vous voulez aller avec l'entente Canada-Québec,
et qu'à l'intérieur, vous disent : Bon, j'ai des immigrants qui arrivent à
Montréal. Je veux une augmentation en conséquence de ce que j'ai sur mon
territoire. Est-ce que j'ai bien...
Mme Ollivier (Dominique) : En
fait, ce qu'on dit, c'est que les objectifs du gouvernement du Québec ne
peuvent pas être atteints si Montréal n'est pas partie prenante de la solution.
À partir de là, on a des ententes qui existent, soit Réflexe Montréal, que ce
soit entente Canada-Québec, que ce soit des programmes en lutte à la pauvreté.
On a une concentration de vulnérabilité à Montréal, qui gagnerait à ce qu'on le
regarde non pas en silo, mais de façon globale, en se donnant collectivement,
le gouvernement et la ville de Montréal, des objectifs qui sont des objectifs ambitieux
en termes d'intégration...
La Présidente (Mme Caron) : En
concluant, 10 secondes...
M. Derraji : ...ça passe par
d'autres enveloppes budgétaires.
Mme Ollivier (Dominique) : Ça
passe notamment par des enveloppes budgétaires.
M. Derraji : Dans le cas où
la réponse est non...
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé. Désolée, c'est terminé. Alors, je cède la parole au deuxième groupe
d'opposition pour deux minutes, 50.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup pour votre mémoire puis votre présentation. Je suis content de vous
retrouver. Bien, écoutez, il y a quelques minutes, Le Devoir titrait qu'il y a
300 dossiers de parrainage qui ont été rejetés en raison du délai
d'unifier, en fait, d'émettre des CSQ ou de les envoyer au gouvernement
fédéral. Alors, c'est 300 familles, là, c'est 300 personnes et ça m'a
fait beaucoup réagir cet article-là de penser que, parce que notre ministère
n'envoie pas des CSQ à temps au fédéral, qu'il y a des époux, il y a des
enfants et il y a des conjoints de résidents permanents du Québec qui ont fait
face à un refus. Et je pense qu'en 2023 on devrait pouvoir éviter ça. Il me
semble que ça serait la moindre des choses que nos administrations se parlent
au moins puis qu'on n'ait pas de refus parce qu'un CSQ n'a pas été envoyé.
Je reviens à vous ici. Recommandation 4,
Régularisation de statuts de personnes à statut précaire, délais de CSQ en
refuge. Est-ce que vous sentez que la planification ou ce qui est présenté
répond de quelconque façon à vos inquiétudes sur ces volets-là?
Mme Ollivier (Dominique) : On
comprend que la planification visait... serait l'avenir, hein, puis que toutes
les catégories ne sont pas forcément seulement dans la cour du gouvernement du
Québec.
Ceci dit, ce qu'on invite à faire, c'est
d'avoir une approche globale qui tient compte de l'ensemble des catégories et
quitte à avoir des interventions peut-être plus plus musclées, plus importantes
à certains moments de l'année pour pouvoir s'occuper de, justement, de tout ce
qui est en délai de traitement. Et pour ça, on voudrait que le gouvernement du
Québec travaille avec le gouvernement fédéral pour s'assurer que les objectifs
sont atteints. Josefina? Non, ça va.
Mme Blanco (Josefina) : Bien,
je pense que ça va.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
la Ville de Montréal appuie un éventuel programme de régularisation pour les
gens à statut précaire?
Mme Ollivier (Dominique) : Absolument.
Et on l'a même demandé. On l'a demandé à la fois au gouvernement fédéral ainsi
qu'à la ministre de faire tout ce qu'on pouvait pour faire en sorte que ces
gens qui sont sur notre territoire puissent être traités dignement et que ça
puisse... qu'ils puissent rapidement trouver une certaine stabilité dans...
c'est ça dans un statut qui est moins précaire.
Mme Blanco (Josefina) : Ce
sont des personnes qui sont déjà dans notre ville, dans notre quartier, puis on
a les façons de ne pas les rendre encore plus vulnérables. Donc, c'est...
justement, il faut les sortir de cette vulnérabilité et leur donner accès...
C'est comme ça que j'ai commencé à m'adresser à vous, en disant qu'il faut leur
donner le droit, l'accès à tous les services du gouvernement... logement,
éducation...
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
vous êtes déçu de voir que le document de planification jusqu'en 2027 ne
contient pas de propositions, ou de programmes, ou de seuils...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : ...pour la
régularisation? Est-ce que ça vous déçoit?
La Présidente (Mme Caron) : Il
reste cinq secondes.
Mme Blanco (Josefina) : Pardon?
Mme Ollivier (Dominique) : ...
Mme Blanco (Josefina) : Ah!
Notre position est claire, puis je réitère ce qui a été dit...
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé, madame...
Mme Blanco (Josefina) : ...
La Présidente (Mme Caron) : Désolée,
c'est terminé. Je vous remercie beaucoup, mesdames Ollivier et Blanco, pour
votre participation à nos travaux.
Alors, je suspends la séance pour quelques
minutes pour laisser place au prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 30)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 33)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite la bienvenue au Collectif
régional de développement du Bas-Saint-Laurent et je vous demanderai de vous
présenter par vos noms et de tout de suite commencer votre exposé. Vous avez 10
minutes, avant qu'on procède aux échanges. Merci.
Mme Lavoie (Chantale) : Donc,
bonjour. Je vais débuter. Chantale Lavoie, je suis préfet de la MRC de La
Matapédia, mais aussi vice-présidente du Collectif régional de développement.
Donc, merci beaucoup de nous accueillir.
Mme Lambert (Elsa) : Bonjour.
Elsa Lambert, agente de développement en immigration au Collectif régional de
développement du Bas-Saint-Laurent.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Stéphanie-Jeanne Bouchard, je suis agente de développement volet immigration
pour un centre local de développement de la région de Rivière-du-Loup.
Mme Pinard (Isabelle) : Bonjour.
Je suis Isabelle Pinard, je suis conseillère en développement, promotion et
attractivité à la MRC de La Matapédia.
Mme Lavoie (Chantale) : Donc,
d'entrée de jeu, c'est moi qui va débuter, là, peut-être juste pour vous parler
un petit peu de qu'est-ce que c'est que le collectif régional de développement.
Donc, c'est un regroupement des huit MRC du Bas-Saint-Laurent qui ont décidé,
dans le fond, de se donner une force de concertation et de faire de la
planification régionale aussi. Bref, la mission du collectif, c'est de
promouvoir et de soutenir le développement économique, social, culturel,
environnemental dans tout le Bas-Saint-Laurent. Évidemment, l'immigration est
un dossier régional qui est fort important, et on s'assure aussi de soutenir
les initiatives locales d'accueil et d'enracinement, mais on le fait d'une
façon, justement, pour avoir une régionalisation un peu de toutes ces actions-là,
et on est soutenus financièrement par le PAC, là, justement. Le CRD coordonne
les travaux de la table régionale de concertation en immigration, qui regroupe
les intervenants en immigration des huit MRC, et c'est principalement ces
gens-là qui ont rédigé le mémoire qu'on vous présente aujourd'hui. Et on a
ajouté aussi des représentants COSMOSS, qui est une organisation où les gens
travaillent en intervention plus directe avec les jeunes ou les adolescents
aussi.
Évidemment, le Bas-Saint-Laurent, vous
connaissez sûrement, c'est une vaste région. C'est grand avec une petite
population. Et chez nous, l'immigration, c'est le gage d'un succès dans un
contexte de concertation et de cohérence, mais beaucoup aussi en lien avec les
réalités puis les enjeux qui sont propres à nos régions. Puis, on le sait, les
déplacements, entre autres, et l'accès aux services sont très différents de d'autres
régions plus urbaines. Donc, notre mémoire, vous allez voir aujourd'hui, met l'accent
sur les... ces particularités territoriales là, le désir d'accueil et d'enracinement
des personnes immigrantes dans nos communautés.
Donc, pour faire la présentation vraiment
du document, je vais laisser la parole à Mme Lambert pour qu'elle puisse
justement vous présenter les constats, les recommandations. Évidemment, dans le
Bas-Saint-Laurent, nous sommes convaincus que nous pouvons tous ensemble bâtir
une société inclusive, dynamique et prospère pour toutes les communautés du
Bas-Saint-Laurent, et c'est ce qu'on veut vous présenter aujourd'hui. Donc,
Elsa, je te laisse la parole.
Mme Lambert (Elsa) : Merci, Mme
Lavoie. Bonjour, Mme la ministre, la présidente de la commission, les
commissaires. Ça me fait plaisir de vous présenter les enjeux et
recommandations de l'immigration en région. Je vais le faire avec aussi mes
collègues Stéphanie-Jeanne et...
Mme Lambert (Elsa) : ...et
Isabelle Pinard aussi, qui vont faire une partie de la présentation et répondre
à vos questions.
Donc, dans ce mémoire qu'on a déposé, en
fait, on a développé notre argumentaire sur deux orientations qui ont été
identifiées, là, dans le cahier de consultation de votre ministère, qui sont la
régionalisation de l'immigration et la coordination des services d'accueil et
d'intégration des personnes immigrantes, qui correspondent aux points 9 et 10
des orientations du gouvernement.
D'abord, la régionalisation de
l'immigration. On veut juste rappeler que, dans le dernier plan d'action en
matière de régionalisation, 2022-2023, du gouvernement, on s'est fixé trois
objectifs prioritaires, qui étaient d'encourager les personnes immigrantes à
s'établir en région dès l'étranger, d'améliorer l'attractivité des communautés
régionales et d'améliorer les programmes et les services liés à la régionalisation.
On veut juste spécifier que ces trois objectifs-là sont essentiels à la
régionalisation, on juge que c'est important de les maintenir. Cependant, on a
d'autres éléments que nous jugeons aussi importants pour la régionalisation de
l'immigration.
D'abord, la migration... Je sais qu'on va
en entendre beaucoup parler, mais la migration temporaire joue un rôle de plus
en plus important pour la dynamique régionale, et nous croyons qu'elle devrait
être considérée dans une stratégie de régionalisation. De plus en plus de
candidats à l'immigration optent pour l'obtention de permis d'études ou d'un
permis de travail en raison de la forte concurrence dans le cadre du programme
régulier. Il s'agit également d'une migration primaire. Généralement, il est
plus facile d'intégrer et de retenir des individus déjà présents ici que de
tenter de les inciter à quitter Montréal pour les régions. Cependant, la
transition vers une sélection permanente s'avère souvent ardue en raison des
permis fermés, qui maintiennent les travailleurs isolés, dans la précarité,
avec des difficultés d'accès à la francisation, d'accès à des services
d'accompagnement, d'accès à la santé, à la formation professionnelle et à la
mobilité - il y en a d'autres - puis, nous, on aimerait faciliter l'accès à ces
personnes-là à la sélection permanente et aussi faciliter leurs conditions de
travail, qui sont souvent très, très difficiles.
Ensuite, il est essentiel de prendre en
compte la réunification familiale comme une dimension centrale dans une
stratégie de régionalisation de l'immigration. Il ne s'agit pas seulement, de
notre point de vue, des conjoints et des enfants, mais d'une perspective, là,
plus large de la famille, parce que la famille, c'est un tremplin, un soutien
au quotidien devient un élément crucial à l'enracinement des personnes dans les
régions. C'était le deuxième point.
Troisièmement, évidemment, bien, il faut
continuer à renforcer les communautés en préparant les milieux, en poursuivant
évidemment le financement du Programme d'appui aux collectivités, mais il faut
également renforcer l'écosystème régional en matière d'accueil et
d'intégration, notamment dans le secteur de l'enfance et de la petite enfance,
pour mieux accompagner les familles établies sur le territoire, mais également
de renforcer le réseau communautaire, le réseau de la santé, le milieu
économique, etc. On ne peut pas uniquement s'appuyer sur les agents en
immigration pour assurer l'accompagnement et l'intégration des familles
immigrantes, il faut que l'ensemble de l'écosystème régional s'implique.
L'Union des municipalités du Québec proposait ce matin d'impliquer les autres
ministères, ce qui permettrait de renforcer les compétences et de fournir des
ressources dans l'ensemble de la communauté.
• (16 h 40) •
Nous souhaitons également souligner
l'importance de mieux préparer les candidats à l'immigration en amont avant de
s'établir dans la région en offrant de la formation prédépart individualisée
par les ressources locales pour bien préparer leur arrivée, établir des liens
de confiance.
Enfin, l'accès au logement est également
un frein à la régionalisation. Nous l'avons vu cette année dans notre région,
au Bas-Saint-Laurent, beaucoup d'étudiants n'ont pas pu venir étudier dans
l'une de nos institutions scolaires en raison du manque de logements.
Deuxième orientation sur laquelle nous
nous sommes penchés, c'est : Pour favoriser l'accueil et l'intégration des
personnes immigrantes dans les régions, il faut permettre une plus grande
capacité d'action des services d'accueil et de soutien aux personnes
immigrantes en considérant les particularités régionales, en considérant
l'expertise régionale, en augmentant le financement du PASI, tel qu'on l'avait
espéré, et aussi en facilitant les redditions de comptes. Je vais passer la
parole à ma collègue Stéphanie-Jeanne pour développer l'argumentaire de ce
côté-là. Merci.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Bonjour à vous. C'est certain qu'avec 0,2 % d'immigration au
Bas-Saint-Laurent, le ministère ne peut pas envisager la grandeur et le...
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
...adéquat pour répondre à la demande et de voir concrètement ce que
représente l'immigration pour le Bas-Saint-Laurent.
Par une expérience terrain de plus de
10 ans, je vais vous parler un peu des services spécifiquement pour la
région de Rivière-du-Loup dans laquelle je suis. Depuis le début de l'année, ce
sont plus de 450 personnes, dont 240 nouveaux arrivants qui ont été
rencontrés par deux ressources et demie de notre service, et là, je ne parle
que des clients admissibles, je ne vous parle pas des visiteurs, des demandeurs
d'asile, des questionnements d'employeurs, des réunions de concertation, de
soutien aux établissements et aux organismes. De ces 450 personnes
uniques, la grande majorité ont demandé plusieurs rencontres.
Dans les écoles actuellement, avec qui
l'on tente de travailler en étroite collaboration, à cette rentrée 2023,
ce sont 255 élèves du primaire et du secondaire, ce qui représente
6 % des élèves de la commission scolaire à Rivière-du-Loup spécifiquement,
dont 68 sont allophones et dont les langues maternelles sont l'arabe,
l'espagnol, le tagalog, le créole, etc. Et cela sans avoir accès à des classes
d'accueil ou des formations particulières pour les professionnels qui sont liés
à ces nouvelles arrivées et sans avoir de modalités claires quant à l'accueil
pour ces enfants, pour ces familles issues de l'immigration. Bien sûr, ça
s'affine doucement, mais les ressources sont cruellement lacunaires, les
visions sont peu affirmées, et les gens malheureusement pas assez formés. Cela
sans compter aussi les étudiants des centres de formation professionnelle et
des cégeps qui représentent plus de 200 étudiants internationaux pour la
seule région de Rivière-du-Loup.
Ça fait maintenant 10 ans que je
travaille à ce poste d'agent de développement en immigration. Ce sont des
milliers de vies croisées, et on me fait signe d'arrêter.
La Présidente (Mme Caron) : Il
vous reste 20 secondes.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Parfait. Je vais vous parler des postes au niveau du service de
l'immigration. On est confronté actuellement à des enjeux de santé mentale, de
vulnérabilité sociale, financière, de statut précaire, de précarité exacerbée,
des situations plus lourdes, plus complexes, des incompréhensions culturelles.
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Oui. J'arrête ça.
La Présidente (Mme Caron) : Désolée,
c'est terminé. Alors, je vais... Merci pour la présentation. Je vais céder la
parole à Mme la ministre pour 14 minutes... 14 min 7 s,
pour les échanges.
Mme Fréchette : D'accord,
merci, Mme la présidente. Alors, merci à vous toutes pour ce mémoire, pour
cette présentation, pour prendre part à cet exercice. C'est vraiment très
apprécié.
Comme vous le savez, pour notre
gouvernement, la régionalisation de l'immigration, c'est vraiment une priorité.
C'est une de mes trois priorités, et on veut s'assurer de cheminer, d'avancer
dans cet objectif de régionalisation. Et vous savez qu'on partait de loin parce
que sous le gouvernement antérieur libéral, l'ensemble des bureaux régionaux du
ministère de l'Immigration avaient été fermés. Alors, dans un premier temps, on
s'est assuré d'ouvrir à nouveau l'ensemble de ces bureaux régionaux et même de
consolider encore davantage le déploiement de nos équipes à l'échelle du
territoire du Québec, et on a fait de même à l'international parce qu'encore
là, les équipes, la presque totalité des équipes avait été éliminée par le
gouvernement libéral. Donc, on s'est assuré de remettre en place ces équipes
pour faire en sorte de bien accompagner l'ensemble des intervenants qui
oeuvrent dans le domaine de l'immigration.
Alors, sur ce plan-là, j'aimerais vous
entendre sur l'impact que ça a pu générer pour vous. Et j'entendais que, Mme
Bouchard, vous étiez là depuis 10 ans. Donc j'imagine que vous avez vu une
évolution. Qu'est-ce que ça a généré pour vous l'ouverture de ces bureaux en
termes de régionalisation de l'immigration? Dans quelle mesure est-ce que ces
entités vous soutiennent? Et quand vous parlez d'avoir un continuum
d'activités, dans quelle mesure est-ce que nos équipes à l'international
peuvent vous aider pour faire connaître les opportunités qui s'offrent dans le
Bas-Saint-Laurent pour l'immigration primaire idéalement? Vous y avez fait
référence, donc j'aimerais vous entendre sur ces différentes dimensions.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Elsa, je te laisse commencer.
Mme Lambert (Elsa) : Ah! Oui,
il y a comme plusieurs question, là. Bien, premièrement, les directions
régionales, c'est un excellent service de proximité. C'est une chose qu'il
fallait faire, c'est certain. Et aussi on a de très bons liens avec les
directions régionales. On a des très bons liens avec les conseillers en
immigration, mais il y a peut être un manque de levier pour les directions
régionales. Il y a... ils n'ont pas de pouvoir d'action réel quand on installe
des programmes ou est-ce qu'ils peuvent être totalement en concertation avec
l'ensemble des acteurs sur le territoire. Ça, c'est c'est quelque chose que
peut-être qu'on aimerait, c'est une... peut-être une plus grande liberté
d'action pour les directions...
Mme Lambert (Elsa) : ...régional,
plus de leviers au niveau régional.
Sinon, sur les... Évidemment, on en a
parlé ensemble, puis je pense que je vais vous laisser la parole, les filles,
aussi, c'est qu'évidemment, si on a plus de ressources à l'étranger, à
l'international, bien, ça serait le fun de trouver des moyens où est-ce que les
régions puissent être présentes pour parler des réalités régionales et des
conditions qu'on a à offrir aux personnes... aux candidats à l'immigration.
Mais je ne sais pas si Stéphanie-Jeanne ou Isabelle veulent faire du pouce un
peu là-dessus.
Mme Pinard (Isabelle) : Oui,
si je peux me permettre. Donc, effectivement, les mesures d'attractivité sont
plus difficiles pour nous, d'être visibles, de s'afficher comme région pour des
candidats qui pourraient être intéressés à venir à l'extérieur de la région de
Montréal.
Pour faire aussi du pouce sur les
directions régionales, ce qu'on a constaté aussi, c'est qu'au sein des
expertises qu'on avait déjà localement auprès des employeurs, des entrepreneurs
entre autres... c'est que, malheureusement, oui, on a augmenté le soutien en
leur offrant des... par exemple des conseillers en immigration, des conseillers
pour les aider au recrutement, du moins les orienter, mais ça a créé une
confusion aussi parce qu'on avait déjà des liens avec ces employés... (panne de
son)
Mme Fréchette : On vient de
perdre madame.
La Présidente (Mme Caron) : On
vient de perdre le son. On ne vous entend pas.
Mme Fréchette : Est-ce que,
les autres, on continue à vous entendre? Est-ce que vous pourriez vérifier
votre micro?
La Présidente (Mme Caron) : Est-ce
que...
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Bonjour.
La Présidente (Mme Caron) : Oui.
Alors, vous, on vous entend. Est-ce que vous pouvez reprendre, Mme, pour voir
si le son est revenu pour vous?
Mme Pinard (Isabelle) : Oui.
Est-ce que le son est revenu?
La Présidente (Mme Caron) : Oui.
C'est bien. Merci.
Mme Pinard (Isabelle) : Donc,
je ne sais pas où ça a coupé, mais ce que je disais, c'est qu'avec l'arrivée
des conseillers en immigration, ça a créé une certaine confusion chez la part
de nos entrepreneurs et employeurs qui ne savaient plus nécessairement vers qui
se tourner. On avait déjà souvent, dans les milieux locaux, des liens déjà bien
établis avec les employeurs et on a perdu un peu, là, la ligne un peu, là,
de... avec eux pour savoir justement quels étaient leurs projets. Et on est
souvent maintenant confrontés à des situations où on apprend en cours de
processus qu'il y a un candidat ou une candidate qui arrive et ils arrivent
dans les jours sous peu, alors que, malheureusement, auparavant, on était
peut-être davantage au courant d'avance, là, et on était en mesure de mieux
travailler à préparer aussi les équipes de travail avant l'arrivée des
employeurs et préparer les milieux à ce que les nouvelles arrivées se
fassent... se passent bien pour tout le monde.
Mme Fréchette : Merci.
J'aimerais passer la parole à ma collègue Valérie Schmaltz, adjointe
gouvernementale. Merci.
Mme Schmaltz : Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Allez-y.
Mme Schmaltz : Merci.
Bonjour, mesdames. J'ai l'impression de reconnaître quelques-unes d'entre vous,
lors de la tournée, hein, cet hiver, avec la ministre. Bon, vous dites oui,
alors c'est ça, je ne me suis pas trompée. Alors, j'aimerais revenir à la page
neuf de votre mémoire où vous recommandez de «maintenir et adapter les seuils
de regroupement familial pour un meilleur enracinement des personnes en
région». Est-ce que c'est possible d'élaborer un petit peu sur ce point? Puis,
selon vous, est-ce que nous devrions traiter prioritairement, justement, les
dossiers de regroupement familial de demandeurs dans les régions?
• (16 h 50) •
Mme Lambert (Elsa) : En fait,
je vais répondre à la question. Et d'ailleurs j'écoutais l'Institut de la
statistique du Québec ce matin, qui a aussi également mentionné... a fait des
mises en garde, là, par rapport à ça aussi parce qu'on a une immigration
économique qui augmente puis on remarque dans les statistiques un... comme un
vide, un décalage, en fait, comme plus important que les années antérieures
entre l'immigration économique qu'on veut faire venir et le regroupement
familial. Et, si on augmente l'immigration économique, il faut aussi être
cohérent avec la réunification familiale parce que ça va de soi, c'est
important. Ça fait que ce vide-là, il est là et c'est... on craint qu'il y ait
un grand décalage entre ça et que les personnes qui migrent ici aient de la
difficulté à faire venir leurs familles. Et c'est important pour la
régionalisation de l'immigration. Nous, on y croit, là.
Mme Schmaltz : Absolument.
La Présidente (Mme Caron) : Allez-y,
Mme Bogemans.
Mme Bogemans : Oui, parfait.
J'attendais le micro. Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Pardon,
députée d'Iberville. Désolée. Il reste six minutes 45 à votre formation
politique.
Mme Bogemans : Parfait.
Merci. Tout à l'heure, vous parliez de régionalisation et d'intégration. Vous
voulez de la régionalisation primaire dans vos régions. Est-ce que vous pouvez
nous expliquer un petit peu...
Mme Bogemans : ...quelle
serait votre idée, comment ça se déploierait.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
...peut-être, je vais prendre la parole pour dire que moi, avec cette
expérience, là, de 10 ans, voire 11 ans, parce qu'en 2009-2010,
j'avais aussi fait une année. Et, en 2009, j'ai accueilli une agronome du
Maroc, puis, à ce jour, c'est 14 personnes de sa famille qui sont
maintenant dans la région, qu'au fil des années on a aidé à accueillir et qu'au
fil des années les services de proximité ont fait en sorte qu'on a pu
accueillir non seulement des gens qui travaillent dans plusieurs sphères, mais
qui ont aussi plusieurs enfants qui vont dans nos écoles, et tout ça. Le
service, vraiment, qu'on est en mesure d'aller toucher les gens à l'étranger,
de les préparer d'emblée à venir directement dans la région, je pense que c'est
gage de succès au niveau de la régionalisation. Il ne faudrait pas occulter le
fait que les gens dans une migration primaire pourraient envisager le Québec
dans sa totalité. Souvent, on parle de l'immigration à l'étranger comme
Montréal, et les régions, et le reste du Québec, et on ne parle pas d'un Québec
plein, entier, avec diverses possibilités, selon les envies de chacun, les
désirs de chacun, les motivations de chacun. La migration première,
nécessairement, est systématiquement... se fait souvent vers Montréal, et, dans
un deuxième temps, les gens peuvent envisager la vie en région.
Alors, moi, je pense que de présenter un
Québec fort et fier de tous ses territoires, ça pourrait être d'emblée gagnant
pour une régionalisation à la base.
Mme Bogemans : Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Oui,
la députée de...
Mme Schmaltz : Vimont.
La Présidente (Mme Caron) : Vimont,
oui. Allez-y.
Mme Schmaltz : Vous parlez
d'indice de vitalité économique qui n'est pas suffisamment pris en compte.
J'aimerais vous entendre là-dessus puis aussi d'essayer de comprendre de quelle
façon cet outil pourrait être utilisé par le MIFI ou d'autres acteurs aussi.
Alors, j'aimerais connaître...
Mme Lambert (Elsa) : Oui. Je
peux dire un petit mot là-dessus, mais, en même temps, une région comme le
Bas-Saint-Laurent... Le Québec est diversifié, même une région comme le
Bas-Saint-Laurent est très diversifiée. Il faut comprendre que l'indice de
vitalité économique fonctionne pour des petites MRC comme par exemple La Matanie,
La Matapédia, mais qu'à Rivière-du-Loup c'est différent. On pourrait... Dans
les subventions du MAMH, par exemple, tu sais, ils vont prendre l'indice de
vitalité, des fois, pour répartir certaines données financières, parce que
l'indice de vitalité... ils vont considérer la grandeur du territoire. Puis
nous, on a un problème dans le transport. On n'est pas capable de sortir, par
exemple, des travailleurs temporaires des fermes agricoles pour les amener vers
des activités, ça prend du transport. Peut-être qu'Isabelle, je ne sais pas, tu
peux peut-être faire du pouce là-dessus parce que vous avez des beaux projets,
mais, tu sais, comment c'est difficile à financer.
Mme Pinard (Isabelle) : C'est
effectivement plus difficile lorsqu'on a un grand territoire. Ce n'est pas pris
en compte souvent les dépenses qui sont à assumer. On peut dire : Oui,
mettez en place des activités de sensibilisation, mais on sous estime souvent,
justement, que, lorsqu'il faut organiser une activité, il faut prévoir des
autobus maintenant, ce qui n'était pas nécessairement le cas il y a six ans,
par exemple, lorsqu'on a débuté nos ententes. Mais aujourd'hui c'est
pratiquement obligatoire que chaque fois que j'organise une activité, je dois
prévoir un transport adapté pour aller chercher... m'assurer de couvrir
l'ensemble du territoire.
Donc, c'est un type d'exemples de
dépenses, là, qu'on doit faire maintenant pour s'assurer de la participation
pleine et entière de tous nos nouveaux arrivants sur le territoire.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, la députée de Laviolette-Saint-Maurice, allez-y.
Mme Tardif : ...que ma
collègue n'ait pas terminé. Je vais...
La Présidente (Mme Caron) : La
députée d'Iberville, vous n'avez pas terminé? Alors, allez-y. Il reste deux
minutes, 26.
Mme Bogemans : Parfait. On
parlait d'apprentissage du français en milieu de travail tout à l'heure.
Surtout pour les municipalités les plus éloignées, selon vous, ce serait quoi,
les meilleurs outils à mettre en place pour faciliter ça, puis que ce soit
commode et pour la personne immigrante et pour l'employeur?
La Présidente (Mme Caron) : Est-ce
que quelqu'un veut répondre?
Mme Lavoie (Chantale) : Comme
personne ne se lance... M'entendez-vous?
La Présidente (Mme Caron) : Oui.
Mme Lavoie (Chantale) : O.K.
Bien, je pense que... Par rapport à votre question, moi, ce que je dirais,
c'est que c'est important de continuer de soutenir nos milieux puis de,
justement, préparer nos milieux parce que nos entreprises... ne sont pas toutes
ouvertes à donner des cours de français pendant... Il y a beaucoup
d'entreprises qui ont encore la philosophie... puis là, on parle de petites et
moyennes entreprises. Dans la Matapédia, là des grosses entreprises, il...
Mme Lavoie (Chantale) : ...il
n'y en pas tellement. Ça fait que, quand on travaille avec ces gens-là, c'est
de la plus petite entreprise, souvent, et les entreprises ne sont pas ouvertes
encore suffisamment. Ça fait que les cours, il faut qu'ils soient donnés le
soir, ça fait que ces personnes-là travaillent toute la journée, doivent
travailler le soir... doivent aller à l'école le soir apprendre le français,
quand ils ne doivent pas tout simplement quitter la Matapédia pour aller dans
un... Notre centre de services scolaire, il est beaucoup plus grand, ça fait
que les cours ne se donnent pas nécessairement dans la Matapédia, parce que la
Matanie, il y a plus de personnes immigrantes, entre autres. Ça fait qu'il y a
vraiment le besoin, je pense, que... Dans votre question, ce que je retiens,
c'est qu'il faut continuer de soutenir de façon importante le milieu dont les
entreprises font partie, là.
Mme Bogemans : Parfait. Donc,
les outils technologiques seraient une bonne façon de déployer la francisation
en entreprise en région?
Mme Lavoie (Chantale) : Je
vais laisser plus mes collègues répondre, mais moi, je vous dis ma... En tout
cas, les outils technologiques, c'est un autre élément qu'il nous faut faire
attention, parce qu'ils n'ont pas tous accès à ça non plus, là, je vous dirais,
puis là, ça dépend de quel statut on parle aussi. Ça fait que je vais laisser
mes collègues réagir.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion... 20 secondes, en conclusion.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
La littératie numérique n'est pas acquise de tous les gens qui arrivent ici
sur le territoire, ça, c'est sûr. D'avoir des portails où s'inscrire, où c'est
déjà complexe pour quelqu'un qui parle français, peut devenir assez rébarbatif,
assurément, pour des gens qui n'ont pas accès à des ordinateurs, parfois, ont
peu accès à la littératie numérique aussi.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Merci, c'est terminé. Alors, merci pour cette partie d'échange. Maintenant, je
vais céder la parole au porte-parole de l'opposition officielle pour les
échanges, 8 min 28 s. Alors, Mme la députée de Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour.
Donc, merci beaucoup pour votre mémoire et votre présence, c'était très
intéressant de lire, et je trouvais que d'une région à l'autre, c'est
différent, mais un peu pareil, que ça soit le côté humain, la réunification
familiale. Mais, dans votre cas, vous dites que vous avez 1000 étudiants
internationaux et plus de 900 travailleurs étrangers. Mis à part ça, vous
devriez avoir d'autres immigrants, comme des immigrants qui viennent... Est-ce
qu'ils viennent directement pour vivre là? Ils demandent à être immigrants chez
vous au lieu d'aller à Montréal, par exemple? Est-ce que vous avez des chiffres
concernant les autres situations de l'immigration? Ah! Un de vous quatre, je ne
sais pas.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Les chiffres sont vraiment difficiles à avoir, en fait. Je pense qu'il y a
de ça, aussi. Il y a beaucoup de travail qui se fait avec des gens qui sont à
l'étranger qui ont connu Rivière-du-Loup, le Bas-Saint-Laurent, Rimouski et
compagnie par, oui, des établissements scolaires, mais le bouche-à-oreille
aussi. Donc, je pense que, quand on est en mesure de parler avec des gens qui
sont à l'étranger... Puis chaque jour, on reçoit des demandes, nous. Si on
donne un petit plus au niveau du service, de l'information et tout ça, ces
gens-là sont prêts à venir directement au Bas-Saint-Laurent sans nécessairement
passer, assurément, par les grands centres.
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
vous n'avez pas de chiffres exacts là dessus?
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Malheureusement.
Mme Lakhoyan Olivier : Vous
dites que vous avez besoin des immigrants, il faut faciliter, et tout. Quel
seuil est bon, vu la demande que vous avez dans la région?
• (17 heures) •
Mme Lambert (Elsa) : Bon.
Bien, justement, on a beaucoup de difficulté à avoir un portrait réel de
l'immigration au Bas-Saint-Laurent. Bon. On peut avoir quelques statistiques de
Statistique Canada, on a des chiffres, mais ils ne sont pas... Ce n'est pas
réel, parce qu'on manque beaucoup de données pour... juste pour aller... Tu
sais, on a des travailleurs temporaires qui sont ici depuis 10 ans, on ne
le sait pas, où ils sont, tu sais, on n'a pas... On n'est pas capables d'avoir
de chiffres réels de l'immigration au Bas-Saint-Laurent, avec l'immigration
temporaire, avec l'immigration permanente, et on... donc, à partir de ça, on
n'arrive pas à faire un portrait sur qui qui est là, qui qui vit à nos côtés, qui
qui sont là, tu sais, puis comment ils vivent, tu sais. Si on pouvait avoir un
portrait réel, on serait capables de voir... Ah! bien, notre capacité?
Regardez, on a réussi quand même à accueillir tout ça puis à loger tout ce
monde-là. Mais on n'est pas capables de le dire. C'est que ce n'est que des
estimés, et assez flous, merci. Puis, juste pour l'immigration temporaire, on
arrive, mais, tu sais, je veux dire, c'est un véritable casse-tête d'avoir des
chiffres, là. Je veux dire, on arrive, par les EIMT, d'aller chercher, entre
tel mois et tel mois, sur... les entreprises qui ont fait des... qui ont
demandé des permis de travail, mais on ne sait même pas s'ils sont arrivés sur
le territoire. Il y a des...
17 h (version non révisée)
Mme Lambert (Elsa) : ...postes
comme soudeur, par exemple, où on en a beaucoup sur le territoire, qu'il n'y a
pas besoin d'EIMT, on n'est pas capable. C'est un vrai... c'est cacophonique.
Mais tu sais...
M. Derraji : Je lis entre les
lignes que c'est une vraie inquiétude que vous êtes en train de nous exprimer
en commission par rapport au travail.
Mme Lambert (Elsa) : Une
vraie...
M. Derraji : Une vraie
inquiétude quand vous êtes en train d'exprimer en commission parlementaire
parce que vous savez que, sur la table, on vous a invités pour choisir un des
deux scénarios : statu quo à 50 000 ou à 60 000. Mais votre besoin dans
votre grande région que j'aime beaucoup, il y a aussi les travailleurs
temporaires étrangers. Mais vous-même, vous êtes sur le territoire, vous êtes
en train de nous dire vous n'avez aucune idée, c'est juste des estimés. Donc,
si demain on dit qu'on veut accueillir 1 000, on a une entreprise importante
qui vient dans la région, bien, les services doivent suivre, et notamment pour
le logement. Donc, pensez-vous qu'on en passe à côté de quelque chose au niveau
de cette consultation?
Mme Lambert (Elsa) : Bien,
dans les orientations du gouvernement, il y est clairement mentionné qu'ils
veulent documenter les capacités d'accueil. Alors, nous, notre lecture derrière
ça, c'est d'être capable de nous donner les chiffres pour qu'on puisse faire
des portraits de notre immigration, un réel portrait de notre migration au
Bas-Saint-Laurent avant d'identifier des cibles. Puis là-dedans...
M. Derraji : Donc, vous, vous
êtes un acteur sur le terrain. Aujourd'hui, vous êtes en commission
parlementaire et vous dites que vous n'avez pas le portrait de l'immigration
dans votre région. Vous ne savez même pas s'il y a des gens logés quelque part,
si des travailleurs étrangers... la seule chose, c'est ceux et celles qui
viennent taper votre porte pour demander des services. C'est quand même
inquiétant, non, pour un organisme qui travaille à une immigration qui ne sait
pas le portrait de la région, mais comment, comment pallier à ça? Comment
pallier à ça? Comment on peut vous aider à part demander... à par demander les
ressources? Ça, on va le faire au gouvernement, on va faire le suivi, vous
allez avoir l'argent nécessaire. Le gouvernement est très généreux au niveau de
la régionalisation, ils vont rouvrir des bureaux. Donc, on peut faire le suivi
par rapport à ça. Mais concrètement, ça prend plus que des sous, là.
Mme Lambert (Elsa) : Mais
concrètement, le gouvernement fédéral, il faudrait qu'il nous donne le nombre
de visas qui a été....
M. Derraji : On n'est pas à Ottawa,
on n'est pas à Ottawa, on est à Québec. Qu'est-ce qu'on peut demander au
gouvernement du Québec?
Mme Lambert (Elsa) : Les
filles, je vous laisse...
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Moi qui travaille depuis 10 ans, je l'ai dit tout à l'heure, mais
quand même, si je pouvais travailler 24 heures sur 24, mon cher monsieur,
j'aurais des rendez-vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept. On est
deux personnes et demie. J'ai les agendas surchargés.
M. Derraji : Wow!
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Vous roulez mon agenda dans les 10 dernières années. Jamais de temps
libre. Je prends deux semaines de vacances, j'ai 400 courriels. Hier...
hier, j'ai eu 18 demandes de rendez-vous. On est deux et demi pour servir
cette population-là et on fait des petits miracles au quotidien.
M. Derraji : Oui, bien, je...
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Alors, quand vous parlez de capacité d'accueil...
M. Derraji : Oui, oui, c'est
bon.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
...je dirais juste aussi comment on définit cet accueil-là puis qu'est ce
qu'on veut en faire. D'avoir un discours purement économique, je pense qu'on
passe à côté de la chose, premièrement parce que le discours économique fait en
sorte qu'un employeur m'interpelle et me dit : Ça a bien été avec mes cinq
Philippins, Marocains ou peu importe, j'en ai commandé 30 autres. Moi,
recevoir ce commentaire-là d'un employeur en 2023, je ne l'accepte pas. Donc,
le discours est économique de dire : Capacité d'accueil, on fait venir des
travailleurs, on fait venir des humains qui ont des familles qui, oui, viennent
travailler pour nous. Mais à quand le discours de rayonnement de la diversité, au-delà
du discours de l'immigration? Puis à quand le travail non en silo du ministère
de l'Immigration, mais travaillons en collaboration avec le ministère de la
Culture, du Travail, de l'Immigration et qu'on fasse rayonner ensemble une
diversité. Donc, la capacité d'accueil, elle inclut tout ça, puis elle inclut
ces humains-là qui choisissent nos territoires puis que l'on veut accompagner
pour les aider à s'enraciner.
M. Derraji : Mesdames, c'est
tout à votre honneur. J'adore ce que j'entends, un très beau discours. Et vous
savez, si j'ai à choisir votre région ou à la référer à quelqu'un, je vais être
très honoré de le faire parce que c'est exactement ce qu'on veut. Des messages
de stigmatisation, des mots forts que nous avons tous vécus lors de la dernière
campagne électorale parfois même de la bouche d'un ancien ministre de l'Immigration,
ça n'aide pas à l'intégration, ça n'aide pas la régionalisation. Mais je suis
très rassuré de voir que votre discours est le discours de 2023 je dirais même
avant- gardiste, probablement même un discours du futur qu'on doit tous
adopter.
Je reviens à la question de la
consultation. Si je vous pose la question aujourd'hui, scénario 50 000 ou 60 000,
vous allez me dire quel scénario vous...
M. Derraji : ...préférez et
pourquoi.
La Présidente (Mme Caron) : Rapidement,
il reste 10 secondes.
Mme Lavoie (Chantale) : Honnêtement,
on ne s'est pas posé cette question-là parce que nous, que ce soit 50 ou 60,
notre but à nous, ce n'est pas le chiffre qui est important, pour nous, c'est
comment on va le faire puis pour qui on le fait. Dans le fond, c'est...
Honnêtement, on ne s'est même pas... on ne s'est pas posé cette question-là, je
suis très honnête avec vous. Puis nous, ces gens, ce n'est pas des chiffres,
c'est...
La Présidente (Mme Caron) : C'est
terminé. Merci. Alors, je vais céder la parole au deuxième groupe d'opposition
pour 2 min 50 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. D'abord, merci beaucoup pour votre travail, c'était fascinant à vous
lire et à vous entendre, et merci pour tout ce que vous faites au quotidien
pour ces gens-là que vous accueillez, là. On ne le dit pas assez souvent,
merci, alors je vous envoie mes remerciements.
Je vous ai lu avec attention. Ce que je
constate, c'est que, chez vous, il y a deux catégories de travailleurs, si je
peux me permettre, là, ceux qui auront accès à la résidence et les moins
qualifiés qui n'auront que très peu, voire pas, là, ou difficilement accès à la
résidence, et vous parlez de 80 % des travailleurs chez vous dans votre
document. Vous parlez d'un parcours du combattant, vous parlez du fait qu'il
est bien qu'ils reviennent chez vous travailler, souvent, année après année et,
en réponse à mon collègue, vous avez parlé, des fois, de 10 ans de travail
temporaire sans jamais être capable d'accéder à la résidence permanente. Ça me
préoccupe d'entendre ça, sincèrement.
Je vous pose la question. Est-ce que vous
jugez que c'est normal, en 2023, d'avoir deux classes de travailleurs, là, ceux
qui auront accès à la résidence puis ceux qui n'auront pas accès? Et, dans un
deuxième temps, est-ce qu'il n'est pas le temps d'avoir une voie rapide
régionale qui répond à vos besoins sur le terrain, qui répond à vos
travailleurs sur le terrain pour qu'ils puissent rester avec vous? Ce que moi,
j'appelle un PEQ région, là, est-ce qu'on... ne serait pas le temps d'aller là?
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Ça pourrait être envisagé, assurément. C'est sûr que la refonte du PEQ dans
la nouvelle mouture qui a enlevé la possibilité à des travailleurs de catégorie
que l'on appelait C et D dans le bloc Peu qualifiés fait en sorte que, pour
plusieurs, plusieurs d'entre eux, l'accessibilité à la résidence... à la
sélection du Québec ne sera pas possible.
Puis, d'autre part, quand la sélection est
possible, moi, je connais des gens, on s'inscrit sur Arrima, on est invité dans
le programme Travailleurs réguliers. On est invité par le Québec, on dédouble
sur une autre plateforme, on fait son profil, puis, à la fin, en ayant soumis
de nouveau le profil et payé les frais, on nous refuse parce qu'à la base on
n'a pas de D.E.S.S. équivalent dans son pays d'origine. Et on a fait faire
toute cette démarche-là, à la base, en étant invité par le Québec, mais, à la
base, on savait que ces gens-là seraient refusés. Ça fait que, d'une part, ça,
c'est très crève-cœur pour plusieurs. La méconnaissance des gens qui arrivent
ici qui pensent que, dans deux, trois mois, leurs familles vont être ici,
qu'ils déchantent cruellement. Moi, quand je les rencontre devant moi, quand
j'avais un PEQ, au moins, qui me permettait de dire : Fais tes 12 mois —
voire maintenant 24 mois — puis il y a au moins une option... Là, je ne suis
plus capable de dire ça à personne : Il y a au moins une option. Ça se
peut que vous soyez sélectionné, ça se peut que...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
Ça fait que j'ai des dizaines de travailleurs qui sont complètement
désillusionnés de par ces systèmes-là...
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Mme Bouchard (Stéphanie-Jeanne) :
...qui ne sont pas adéquats pour eux.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
c'est terminé. Alors, merci, député de Saint-Henri Sainte-Anne. Maintenant,
député de Matane-Matapédia pour 2 min 50 s.
• (17 h 10) •
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Mesdames, c'est un plaisir, dans bien des cas, de vous retrouver.
Je reconnais la préfète de la Matapédia, je reconnais, je vais nommer quelques
familiarités, Isabelle, Elsa. Tout le monde, on parle du Bas-Saint-Laurent,
donc trêve de parler de tous les avantages de notre région, on va aller sur
l'essentiel.
Dans votre document, vous faites un
commentaire qui m'a accroché beaucoup. À la page sept de votre mémoire, vous
dites qu'un permis de travail fermé maintient les gens dans la précarité et la
dépendance auprès de l'employeur unique. Ma question : Croyez-vous que ce
type de permis de travail fermé, rattaché à un employeur unique devrait être
remplacé par un permis de travail lié à une région ou à un domaine d'emploi?
Est-ce que ça serait mieux?
Mme Lambert (Elsa) : C'est
une belle alternative. Et je pense qu'il faut y penser, tu sais, il faut voir.
Mais, en fait, nous, c'est sûr que les permis, tels qu'ils sont offerts par...
Bien, c'est le gouvernement canadien qui fait les permis fermés. Tu sais, ça
n'a pas de bon sens, on ne peut pas continuer avec ce type de permis là, aussi,
qui crée un décalage entre les travailleurs d'ici puis les travailleurs
étrangers. Donc, c'est pour ça qu'on demande même dans le mémoire que le
gouvernement du Québec continue à faire des pressions, puisse faire des
pressions auprès du gouvernement fédéral afin d'abolir ce type de permis là et
de...
Mme Lambert (Elsa) : ...réfléchir
à d'autres alternatives.
M. Bérubé : Bien, c'est une
autre démonstration de ce que le premier ministre nous a dit. On doit contrôler
davantage notre immigration pour plein de bonnes raisons, notamment des choses
qui peuvent apparaître aussi simples que ça, le fait que les travailleurs se
trouvent un peu emprisonnés dans une situation, puis on pourrait leur leur
ouvrir des horizons. Ce qui, je pense, serait intéressant. Ça se peut que ça
n'aille pas bien dans un endroit, mais ça pourrait aller mieux à l'autre
endroit, dans la même région. Puis on a des défis importants. Je pense à La
Matapédia qui... la MRC qui, malheureusement, pour l'instant, ça peut changer,
reçoit le moins de citoyens issus de l'immigration. On a un travail à faire,
évidemment.
Quant à la régionalisation de
l'immigration, êtes-vous capable de m'identifier, dans vos différents
secteurs... Elsa, vous êtes à Rimouski, Isabelle et Chantale, vous êtes dans la
Matapédia, j'oublie votre prénom, vous êtes à Rivière-du-Loup, je pense. Est-ce
qu'on a les chiffres du nombre d'immigrants par région? Et ça peut représenter
quel pourcentage? Moi, je n'ai pas ça, mais j'aimerais l'avoir. On n'a pas ça?
Une voix : On n'a pas ça
officiellement.
Mme Lavoie (Chantale) : ...estimé
d'après le travail qu'on fait sur le terrain, on peut estimer, à peu près.
M. Bérubé : Mais c'est
anecdotique, là.
Mme Lavoie (Chantale) : Mais
les chiffres concrets, on n'en a pas. On n'a pas ça.
M. Bérubé : C'est
anecdotique. On connaît un tel qui travaille à telle place...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Bérubé : ...ça manque de
données probantes. Peut-être demander à l'Institut du ministre de l'Éducation
de nous rajouter ça pour être capable de voir qu'est-ce que ça veut dire dans
notre région.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Merci, M. le député.
M. Bérubé : C'est une
suggestion.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, c'est terminé. Je vous remercie beaucoup, mesdames, d'avoir participé à
nos travaux, d'avoir préparé un mémoire, alors je vous souhaite une bonne
journée.
Je suspends les travaux avant de
rencontrer notre prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 13)
(Reprise à 17 h 16)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
bonjour, nous allons reprendre les travaux. Donc, je souhaite la bienvenue au
Centre des travailleurs et travailleuses immigrants qui sont avec nous dans la
salle. Alors, je vous rappelle que vous aurez 10 minutes...
La Présidente (Mme Caron) : ...au
total, pour votre présentation, je vous invite à vous présenter et à commencer.
La parole est à vous.
Mme Medina (Viviana Carol) : Oui,
bonjour à toutes et à tous. Mon nom, c'est Viviana Medina. Moi, je suis
organisatrice communautaire au Centre des travailleurs et travailleuses
immigrants. C'est un centre qu'il a fondé, ça fait à 22 ans et pour la
communauté filipino et la plupart des travailleuses domestiques. C'est au
centre que... dédié à la défense des droits du travail, des droits humains. On
se bat pour la justice, la dignité et le respect des toutes et tous les
travailleurs immigrants, et nous défendons et nous organisons les travailleurs,
travailleuses étrangers temporaires, les secteurs les plus précaires, et on
défend et on organise aussi les travailleurs, travailleuses d'agence de
placement et les travailleurs, travailleuses sans ce statut légal. Je veux
donner la parole à ma collègue Grace. Merci.
Mme Meyanwi Anye (Grace) : Salut!
Salut, tout le monde! Je m'appelle Grace. Je suis arrivée au Canada en 2019
comme travailleur étranger temporaire venant de mon pays, le Cameroun. Avant
d'arriver ici, j'étais à l'école. Je faisais la formation de devenir
infirmière. Mais à cause des crises politiques, j'ai été obligée de me déplacer
parce qu'il n'y avait plus moyen d'étudier. J'ai trouvé l'emploi ici au Canada
et puis je me suis déplacée, je suis venue, mais je suis venue avec un permis
fermé. J'ai commencé à travailler avec ce permis et mon employeur m'a abusée
pendant 14 mois sans arrêt. Il m'a abusée. J'ai même eu l'accident.
Je suis tombée malade. Les conditions de travail n'étaient pas bien. Mais à
cause de la peur et j'ai été obligée de rester là jusqu'à ce que j'ai rencontré
le CTI qui m'a aidée à quitter cet endroit. Mais quand je suis sortie de là,
j'ai eu un permis ouvert pour les personnes vulnérables et je suis retournée
dans le domaine de la santé. J'ai commencé à travailler comme préposée aux
bénéficiaires et là, tout allait bien parce que c'était un permis ouvert. Je
devais renouveler... je devais retourner sous le permis fermé. Mais entre
temps, j'ai composé le test de français trois fois, sans succès. Et parce que
je n'ai pas réussi le test de français, ça a beaucoup retardé ma vie et j'étais
obligée de retourner sur le permis fermé. J'ai commencé à dire à mon employeur
que j'avais besoin de EIMT pour pouvoir faire la demande de permis de travail,
et puis elle m'a demandé beaucoup d'argent. Je me suis sentie obligée de
quitter le Québec parce que le test de français ne me permet pas de m'intégrer
malgré le fait que j'aie servi ou travaillé au Québec en français pendant deux
ans, sans souci. Là, je me suis déplacée. Je suis partie en Alberta. Étant
là-bas, j'étais toujours obligée de chercher un employeur qui va me donner le EIMT
pour le permis fermé. Mais j'ai trouvé un employeur, il a accepté et puis il
m'a dit qu'il va me donner le EIMT. Il m'a donné un document. J'ai utilisé ça
pour faire la demande de mon permis de travail fermé. L'Immigration m'a dit de
rester là-bas jusqu'à ce que j'aie ma réponse. Je suis restée.
• (17 h 20) •
Entre-temps, le cercle d'abus a
recommencé. Mon employeur a commencé à harceler sexuellement,
psychologiquement. Je commençais à midi. Je n'ai pas le droit de sortie parce
que j'étais préposée aux bénéficiaires, mais à domicile, donc je vivais avec
mon employeur. Je suis resté là-bas. Après, j'ai écrit à l'Immigration, j'ai
expliqué tout ce qui se passe. Ils ont appelé la police. La police m'a appelée.
J'ai donné toutes les preuves d'abus que j'avais. Et puis la police m'a juste
dit : Ah! il faut juste oublier, continuer à avancer avec ta vie. Je
n'avais pas de choix, je suis restée jusqu'au 15 août 2022.
L'Immigration m'a répondu en disant que le permis, la demande de permis a été refusée
à cause de manque d'EIMT. Le 16 août, j'ai appelé le bureau d'EIMT pour
demander que... mais pourquoi est-ce que le permis a été refusé? Et puis le
bureau m'a dit parce que mon employeur a fait la demande, mais il n'a pas
inclus mon nom. Et quand j'ai demandé à mon employeur, il m'a dit : Oui,
ma fille a fait ça parce qu'elle voulait se débarrasser de toi. Donc j'ai perdu
encore sept mois de ma vie pour rien. Depuis le 15 août jusqu'à
aujourd'hui, devant vous, je souffre et je ne peux plus...
Mme Meyanwi Anye (Grace) : ...travailler.
J'ai été obligée de réétablir mon statut comme visiteur, chercher un autre
employeur qui va encore me donner mon troisième permis fermé, et je ne sais pas
ce qui va se passer. Le permis fermé a été mon pire cauchemar depuis que je suis
au Canada, même depuis toute ma vie. Le test de français aussi m'a beaucoup,
beaucoup retardé. Je suis incapable de retourner chez nous, voir mes parents.
Je suis coincée, je suis fatiguée moralement. Devant vous, c'est une
infirmière, mais je ne peux pas réaliser mes rêves parce que le test de
français m'empêche, malgré le fait que je suis au Canada, je suis au Québec, je
m'exprime en français, je ne peux pas m'intégrer parce que le Québec estime que
mon niveau de français n'est pas assez. Je ne sais pas pourquoi. Mais, si je
suis devant vous aujourd'hui, c'est pour vous dire que, s'il vous plaît, ce
n'est pas juste moi qui est dans cette situation, il y a beaucoup d'entre nous
qui ne sont pas capables de sortie et de parler. Nous avons vraiment besoin
de... Merci.
Mme Beauvais (Noémie) : Oui,
bonjour. Noémie Beauvais, organisatrice communautaire au Centre des
travailleurs immigrants. Depuis 2008, le Canada et le Québec admettent
annuellement sur leur territoire plus de travailleurs temporaires que de
résidents permanents. Le nombre de permis de travail accordés au Québec a
augmenté de 147 % pour la période de 2015 à 2022. Il n'est plus à
démontrer que les permis de travail fermés liant les travailleurs temporaires à
leurs employeurs accentuent la vulnérabilité des migrants face aux abus. Nous
sommes préoccupés par les orientations proposées par le gouvernement de la CAQ
qui, une fois de plus, discriminent les travailleurs temporaires. Les
statistiques le démontrent, en raison de la non-reconnaissance des compétences
professionnelles, des barrières d'accès à la francisation et des exigences
démesurées en matière de connaissances linguistiques, seul 1,83 % des
travailleurs temporaires présents au Québec ont accès à la résidence
permanente... ont eu accès à la résidence permanente entre 2015 et 2022. Avec
ces orientations, le gouvernement cautionne une vision utilitariste de
l'immigration qui rend les travailleurs et travailleuses jetables après
utilisation, ce qui, d'un point de vue des droits humains, est absolument
inacceptable.
Nous tenons également à dénoncer
l'instrumentalisation de la protection de la langue française comme argument
pour discriminer les travailleurs temporaires qui contribuent à notre société
et notre économie, tout autant que les étudiants étrangers, par exemple. Les
indicateurs sur lesquels s'appuie le supposé diagnostic du déclin du français
sont trompeurs, mais ils ont tout de même été utilisés pour restreindre l'accès
à la résidence permanente d'un bon nombre de personnes, comme le démontre le
témoignage de Grace. Nous croyons que l'ensemble de ces orientations
contribuent à la vulnérabilité et à la discrimination des travailleurs et
travailleuses, ce que nous dénonçons avec vigueur.
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Bonjour.
Mon nom, c'est Manuel Salamanca, organisateur communautaire du Centre de
travailleurs immigrants, immigrantes aussi, et, bon, vous verrez qu'il y a
18 recommandations dans notre document, dans le mémoire, et de la page 24,
dans les plus importants, peut-être regroupés en catégorie, sont les suivantes.
La première : supprimer les éléments discriminatoires des politiques
d'immigration, maintenant, comme on a vu; donner l'accès à la résidence aux
travailleurs de tout type d'emploi, qualifiés ou non; augmenter l'immigration
permanente plutôt que de miser toujours plus sur des travailleurs temporaires
pour combler des besoins; ne pas discriminer les personnes plus âgées, qu'on
trouve que c'est un aspect discriminatoire dans la loi; donner moins de poids
aux connaissances de français, parce que pour la condition de comment la
francisation, ça marche, c'est plus une barrière pour l'accès à la résidence
que vraiment un soutien à la personne pour arriver à la résidence permanente.
Et aussi développer des indicateurs pertinents permettant d'évaluer l'état du
français. On pense qu'il y a une évaluation que ce n'est pas clair... sur ça.
Changer les exams, les tests de français parce que même des personnes qui
viennent des pays francophones... a réussi à avoir le test, a réussi les tests,
donner accès à tous à la francisation et aux indemnisations pour suivre les
cours.
Aussi... on considère que c'est une partie
importante des débats qui doit... que l'Assemblée doit continuer, c'est de
mettre en place un programme de régularisation des personnes sans le statut.
Pourquoi ça? Parce qu'il y en a déjà beaucoup, beaucoup de gens qui habitent à
Québec sans accès à la résidence permanente, et qui sont déjà intégrés, qui
parlent le français, et, O.K., fait des efforts pour parler le français, mais
qui n'ont pas accès.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, il vous reste 15 secondes.
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Oui,
donc, et une autre chose importante : abolir, en collaboration avec le
fédéral, les...
M. Salamanca Cardona (Manuel) : ...permis
de travail fermé, que c'est la grosse source de tous ces problèmes.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, nous allons procéder maintenant aux échanges. Je vais céder la parole à
Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration pour
14 min 7 s
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Eh bien, merci à vous quatre de participer à cet exercice, et
merci, particulièrement, à Grace de nous avoir partagé son témoignage. J'avais
eu l'occasion de vous rencontrer déjà et de prendre connaissance du parcours
qui est le vôtre, lequel m'attriste vraiment, et je pense qu'on doit tout
mettre en œuvre, comme société, pour faire en sorte de faciliter le parcours de
gens vulnérables. Et, à ce titre-là, bien, j'aimerais souligner que c'est une
de nos priorités de faire en sorte de développer des initiatives pour
supporter, accompagner, donner accès aux droits à des personnes vulnérables.
J'en prends pour exemple, par exemple, la collaboration que nous avons avec la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et sécurité du travail. On
s'est assurés de travailler avec eux pour veiller à la protection et au
bien-être, là, des travailleurs étrangers temporaires. C'est une de nos
priorités, au ministère de l'Immigration, et on va s'assurer que cette
priorité-là le demeure et se traduise par des actions.
Il y a plusieurs initiatives, en fait, qui
ont été développées. Notamment, il y a une escouade de prévention, avec la
CNESST, qui a été déployée ces derniers mois, pour faire en sorte de mieux,
notamment, informer les travailleurs étrangers temporaires de leurs droits,
faire en sorte de mieux sensibiliser les exigences qui sont associées aux
employeurs qui recourent à des travailleurs étrangers temporaires. Il est
important de rappeler aux employeurs qu'ils doivent se conformer, et que les
travailleurs étrangers temporaires bénéficient des mêmes droits que les
travailleurs québécois, et qu'en ce sens-là tout abus est complètement
inacceptable. Donc, merci à nouveau d'avoir partagé votre expérience.
En ce qui a trait au permis de travail
fermé, de notre côté, on a entamé des discussions avec le gouvernement fédéral
pour faire en sorte de regarder les alternatives qui existent au permis de
travail fermé. Il existe déjà, actuellement, la possibilité, pour quelqu'un qui
subit un abus, une situation qui viole la loi, d'obtenir un permis de travail
ouvert, pour ce qui est d'un travailleur étranger temporaire ayant un permis de
travail fermé. Mais au-delà de ça, moi, je souhaite que l'on regarde, que l'on
analyse les options qui s'offrent à nous, en collaboration bien sûr avec le
fédéral, pour le permis de travail fermé. Donc, est-ce que ce serait davantage
un permis de travail régional, un permis de travail sectoriel, quelle allure ça
pourrait prendre, à qui ce pourrait... ça pourrait être offert, ce sont des
choses que l'on considère.
• (17 h 30) •
Et je dois dire que votre témoignage,
lorsqu'on s'était rencontrés, a contribué à ma réflexion aussi sur la modulation
des niveaux de connaissance du français. Vous savez qu'on a déployé, c'est ce
printemps dernier, une proposition visant à encadrer, en fait, l'accès à la
résidence permanente pour des travailleurs qualifiés. Et, dans le cadre de
cette proposition, on a modulé les niveaux de connaissance qui seraient requis
pour le français, suivant le niveau de... Le type de qualifications associé aux
professions. Donc, pour des professions plus manuelles, intermédiaires, il y
aura un niveau de connaissance du français requis de cinq, et pour ce qui est
des hautes qualifications, il y aura un niveau de connaissance du français oral
niveau sept, et à l'écrit, au niveau cinq. Donc, c'est notamment votre
témoignage qui m'a amenée à vouloir implanter une modulation comme ça de ces
niveaux de connaissance du français pour faciliter le passage d'un statut
d'immigrant temporaire à un immigrant permanent.
Et en ce sens-là, on a mis de l'avant
également une passerelle nouvelle, à travers les réformes que l'on a proposées
au printemps dernier, une passerelle qui réfère au volet deux, en fait, de
notre programme de sélection des travailleurs qualifiés, qui permettrait à des
gens qui ont un statut temporaire et pour lesquels c'est très difficile à
l'heure actuelle de se qualifier en tant qu'immigrants permanents, eh bien,
cette passerelle permettrait un plus grand passage, faciliterait le passage de
gens ayant un statut temporaire vers un statut d'immigrant permanent. Donc,
voilà, ça fait partie des choses que l'on met de l'avant pour améliorer notre
système.
Et, sur le plan, je dirais, plus de moyen
terme, on a également veillé à financer davantage de la recherche, de la
recherche sur les parcours migratoires. Donc, il y a quelques mois, on a...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Fréchette : ...un soutien
financier à hauteur de 10 millions de dollars pour le Fonds de
recherche du Québec Société et culture, FRQSC, pour faire en sorte de mieux
documenter les différents parcours migratoires qui existent, faire un état de situation
d'un point de vue plus, je vous dirais, scientifique. Donc, ce sont un ensemble
d'initiatives, bref, que nous mettons de l'avant du côté du gouvernement pour
faire en sorte d'améliorer le système.
Sur ce, bien, je vais revenir, mais je
vais, dans un premier temps, passer la parole à ma collègue, la députée d'Iberville
et adjointe gouvernementale.
La Présidente (Mme Caron) : ...
Mme Bogemans : J'avais
quelques questions concernant les parents et les cours de francisation. On sait
qu'avec la gestion du temps familial, la charge mentale qui est associée aussi
avec les jeunes familles, l'accès à la francisation peut être un enjeu.
Récemment, on a mis sur pied des ententes, entre autres avec le ministère de la
Famille, pour pouvoir conduire des nouvelles haltes-garderies pour pouvoir
permettre la francisation de soir et de jour. On veut également que les deux
parents puissent accéder plus facilement, là, à la francisation. Est-ce...
Selon vous, selon les besoins des immigrants, est-ce que c'est quelque chose
qui fait du sens? Est-ce que... Comment est-ce qu'on pourrait complémenter le
tout?
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Oui.
On pense qu'on a besoin d'une approche plus intégrale, parce qu'on parle ici de
barrières à la francisation. Et c'est bien, Mme la ministre, j'ai vu une note
de presse qui dit que vous êtes fière qu'il y a plus d'inscrits maintenant à la
francisation, et c'est ouvert à tous, mais vraiment, il y a encore beaucoup,
beaucoup de barrières, vu la quantité de travailleurs qui ont arrivé, qui sont
temporaires, et avec vulnérabilité, et aussi, il y a des problèmes avec les
employeurs qui les empêchent de faire... la francisation, beaucoup de
problèmes. Tomber dans la... sans papiers et sans permis de travail, c'est un autre
problème pour continuer. Trouver un travail, suivi... La francisation, c'est un
autre problème. Essayer d'avoir un permis de travail ouvert et prouver l'évidence
qu'il y a des abus, c'est un autre problème, qui, aussi, fait la... affecte
tout le processus.
Donc, il y a plein de barrières, même l'accès
à les cours, la distance, et cetera, mais en même temps, il y a une autre
dimension, c'est la continuité des cours. Quand la personne doit suivre jusqu'à
un niveau sept, c'est complètement décourageant, dans ces conditions, de
continuer le processus.
L'image du Québec commence à être changée
à l'extérieur. Il y a plein de travailleurs qui ont retourné très frustrés à
son pays et qui nous dit : les programmes ne marchent pas et qu'ils
commencent à faire des dénonciations dans le pays d'origine. Ça commence à
passer beaucoup. Et l'augmentation des travailleurs temporaires sans
protection, et c'est logique de baser l'immigration sur l'immigration
temporaire, ça ne marche pas. Et on considère que... Parce qu'on... toutes ces
périodes, on a vu que les cas empiraient, et même on a vu qu'il y a un petit
déplacement. Ce n'est pas seulement les traditionnels mal employeurs... mauvais
employeurs, sinon aussi il y a un autre type d'employeur qui fait des autres
types d'abus, qui dépassent un peu, et ça ouvre aussi la possibilité de trafic
humain, de la traite, et cetera.
Donc, on a vu la reporter de... et la
recommandation qu'il a faite, et comment associer le travail, esclavage...
Esclave, à tous ces programmes. Donc, je pense qu'il ne faut pas seulement dire
qu'il faut «abrir» la francisation à tous. Non, Il faut développer une approche
intégrale premièrement avec plus de ressources pour permettre à tous... Et
aussi...
(Interruption)
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Oui.
Mme Beauvais (Noémie) : Je
voudrais peut-être juste ajouter qu'en termes d'horaires c'est extrêmement
compliqué. En particulier quand qu'on pense aux travailleurs agricoles
saisonniers qui travaillent parfois jusqu'à 80 heures par semaine, là,
dans les périodes de rush, des récoltes, et tout ça, c'est impossible de suivre
des cours de français. Et puis, pour nous, il y a clairement une association
qui est faite entre, disons, la volonté de limiter l'accès à la résidence permanente
à ces personnes-là via des critères de français qui sont excessifs. Ça force
les gens à se retrouver constamment dans une position, disons, de migrants en
série, donc ils partent, ils reviennent, ils partent, ils reviennent, ils
partent, ils reviennent, donc, sans jamais avoir accès à la résidence
permanente. Et pour nous, ça, c'est assurément un problème. Donc, au niveau
des horaires, effectivement, c'est un enjeu, particulièrement dans les agricoles,
mais pas seulement, donc il faut réfléchir à ça.
On entendait aussi le précédent groupe qui
nous disait : Bien, l'accès à la francisation en ligne aussi qui n'est pas
toujours évidente. Dépendamment des régions, de l'accès à la connexion, la
littératie numérique, c'est effectivement un enjeu.
Donc, oui, c'est... On est tous d'accord,
tous et toutes...
Mme Beauvais (Noémie) : ...avec
l'idée de bonifier l'offre, mais, au-delà de bonifier l'offre, je crois que,
malgré tout, les exigences demeurent excessives, et, quand qu'on parle d'un
niveau 7, on parle d'un niveau pratiquement universitaire, là, c'est une
conversation fluide en français. Pour des gens qui ne sont pas natifs
francophones, c'est excessivement difficile d'atteindre ce niveau-là, donc
c'est très décourageant. Donc, effectivement, ça donne envie aux gens d'aller
s'installer ailleurs plutôt qu'au Québec.
La Présidente (Mme Caron) : ...3
min 50 s.
Mme Fréchette : Bon, je vous
amènerais sur un autre thème. Vous parlez, dans le mémoire, en page 18, de
la capacité d'accueil du Québec. Vous faites référence au fait qu'il y a une
absence d'indicateur pour mesurer la capacité d'accueil du Québec. Moi,
j'aimerais vous entendre sur les notions que vous incluriez dans cet indicateur
de capacités d'accueil. Qu'est-ce qui vous semblerait être des exemples
pertinents à considérer pour définir la capacité?
Mme Beauvais (Noémie) : J'y
réfléchis, mais je crois que l'ensemble du terme «capacité d'accueil» part avec
un biais négatif à l'égard des migrants. On suppose qu'ils ont besoin d'être
intégrés ou qu'ils ont, disons, des moins à combler, donc il faut combler des
lacunes. Et puis, pour moi, ça, c'est un problème. Donc, évidemment, bon,
l'accès aux services, c'est toujours un enjeu, en particulier le service de
santé. L'accès... Mais, encore une fois, je crois que c'est important de
mentionner que, quand on refuse l'accès aux services aux gens qui ne parlent
pas français six mois après leur arrivée, il y a quelque chose d'un petit peu
aberrant à ce niveau-ci. Quand on parle de capacité d'accueil... Pour moi, en
tout cas, il y a une contradiction entre ces deux orientations-là. On veut les
accueillir, mais, en même temps, on les empêche d'accéder à ces services-là.
Donc, je crois qu'il y a quelque chose à réfléchir au niveau de ces thèmes-là.
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Oui,
aussi il y a plein d'autres indicateurs : la quantité de gens qui ont
commencé une démarche migratoire, par exemple, la quantité de personnes qui
ont, eux, la possibilité d'amener à la famille, l'avancement dans le processus
de francisation. Il y a plein des indicateurs qui peut... se peuvent utiliser,
je pense, pour mesurer de manière plus positive l'intégration et l'accueil. Et
c'est une question technique, mais...
Mme Fréchette : ...amener une
précision simplement pour rectifier à l'effet qu'il n'y a pas de bris de
service, il n'y a pas d'absence d'accès à un service après six mois, si la
personne ne parle pas français. C'est simplement que la communication, après
six mois au Québec, va se faire en français, mais l'accès aux services demeure
présent.
M. Salamanca Cardona (Manuel) : ...a
été très fort, mais sur les... Ce message n'était pas entendu pour plusieurs
fonctionnaires, à notre...
Mme Fréchette : Bien, c'est
important de le rectifier et de...
Mme Beauvais (Noémie) : Et
puis ce n'est pas ce qu'on constate sur le terrain. Ce n'est vraiment pas ce
qu'on constate sur le terrain. Il y a des gens qui se sont fait refuser des
services parce que cette mesure-là n'a pas été bien comprise, je crois, par
l'ensemble des prestataires... En fait, des gens qui donnent les services,
voilà. Donc, il y a plein de gens qui ont eu des bris de service suite à ça.
• (17 h 40) •
M. Salamanca Cardona (Manuel) : Sur
cette question, est-ce qu'il y a une préoccupation, est-ce qu'il y a toujours
un message qui met la responsabilité du déclin du Français sur les travailleurs
migrants? Comme si c'est la source des problèmes. Et quand on en parle avec
tous les travailleurs, tous les travailleurs veulent se franciser, c'est... Le
problème, c'est l'accès, c'est la continuité des cours et le manque de
possibilités. Donc, c'est un scénario qui empêche ça. Et vraiment, il y a un
message, quand on parle des gens, le message qui vient du gouvernement, c'est
que le problème, c'est le migrant, ou l'immigrant. Et ce n'est pas vraiment...
Il n'y a pas aucun immigrant qui ne veut pas apprendre le français.
Mme Fréchette : ...est à
l'effet que les immigrants peuvent constituer une solution à l'enjeu du fait
français. Bien sûr, ce n'est pas le seul... La seule dimension sur laquelle il
nous faut agir. C'est multidimensionnel, la situation du français, ce que ça
requière comme changement à adopter pour relancer l'usage du français. Mais
l'immigration est certainement une des dimensions sur laquelle il nous faut
agir, si on veut changer la donne.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Le temps est écoulé. Alors, je vais maintenant céder la parole au député... À
la députée de Chomedey, à l'opposition officielle. Vous avez huit minutes
28 secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
D'abord, merci beaucoup de participer à cette commission. Vous avez apporté
aujourd'hui un côté humain à l'immigration, vraiment. Et puis, ce qu'on vient
d'entendre là, de Grace, ça me touche profondément. Vous êtes un exemple.
Derrière l'immigration, il y a des êtres humains, et puis c'est ça que...
Mme Lakhoyan Olivier : ...vous
avons démontré. On est en train de parler des chiffres et des besoins puis
d'intégration du français, mais aussi des êtres humains, là, qui veulent vivre,
qui veulent vivre et travailler. Merci, Grace, d'avoir pris le temps de venir.
Je suis sûre que c'était difficile. Nous autres, après une journée de travail,
rendu à la maison pour lire, on est fatigués à apprendre le français. Et elle
parle tellement bien le français. Vous parlez vraiment bien le français, je ne
comprends pas pourquoi vous n'avez pas passé. Ma question à Grace, et vous
peut-être : Est-ce que vous avez connaissance de l'ampleur de ce phénomène
d'esclavage moderne au Québec?
Mme Meyanwi Anye (Grace) : Bon,
l'esclavage moderne, c'est vraiment quelque chose, au Canada, qui est... qui
beaucoup de gens ne savent pas, même ceux qui subissent ne savent pas que ça,
c'est de l'esclavage mais à une manière indirecte, parce que, quand on nous
donne les permis fermés, on essaie de nous... comprendre que : Ah! c'est
pour que tu puisses travailler, tu as les droits, et tout ça, mais ça t'empêche
de faire beaucoup de choses. Ça donne aussi l'opportunité à ton employeur de te
traiter comme il veut, surtout quand les employés sont naïfs et surtout quand
ils viennent d'arriver.
Certains entre nous viennent de pays de
guerre. Moi, par exemple, j'ai fui la guerre dans mon pays avant d'arriver ici.
Étant ici, je vois toujours les vidéos de tout ce qui se passe dans mon pays et
puis je vis dans la peur. Et mon employeur, quand il a vu ça, il sait, il a
décidé de profiter en me disant que tu as un permis fermé, tu ne peux pas
travailler ailleurs, donc tu es obligée de faire ce que je veux. Jusqu'à ce que
j'ai rencontré le CTI, je ne savais pas du tout que je peux... En fait, moi, je
savais que j'étais son esclave. Et, quand on est abusé pendant longtemps, à un
moment donné, on commence même à défendre celui qui nous abuse. Donc, on est...
vient déjà tellement traumatisé qu'on a même peur de quitter celui qui nous
abuse.
Dans le permis, c'est vraiment une...
c'est de l'esclavage total. Parce que, pour moi, ça n'a pas de sens que... Mais
pourquoi fermé avec une personne? C'est quoi, la raison? Parce que, même avant
d'avoir ce permis, on paie l'argent. Étant au Canada, quand tu vas vers un
employeur, tu rédiges des... au travail : Est-ce que tu as un permis?
Non. Tu as besoin de permis? Oui. O.K., tu vas me payer 5 000 $. Ça, c'est
mon cas. C'est ce qui s'est passé avant que... en 2021, et j'ai été obligée de
quitter le Québec pour Calgary. Donc, le permis fait... Ça doit vraiment... On
doit vraiment arrêter ça parce que c'est de l'esclavage, même ceux qui
subissent ça ne connaissent pas.
M. Derraji : Merci pour votre
intervention, très appréciée. Je pense que vous avez tous vu le documentaire
Essentiels. Vous avez vu?
Une voix : On était dedans.
M. Derraji : Malheureusement,
je ne peux pas rire. Vous avez vu Carole?
Mme Medina (Viviana Carol) : Oui,
c'est notre membre, Carole, aussi avec des collègues. Il a été victime de la
même affaire.
M. Derraji : Vous savez,
Carole, Grace, pour moi, c'est l'image humaine. C'est une image qu'on doit
garder tous en tête d'une immigration temporaire, une immigration temporaire
qu'on essaie de toutes les façons de ne pas voir, or qu'elle est là. Vous avez
vu? Je ne sais pas si vous avez rencontré le représentant des Nations unies
lors de sa tournée.
Une voix : ...
M. Derraji : O.K. On est un
pays G7, c'est le Canada. Moi, ça m'attriste de parler de l'esclavagisme
au Québec et au Canada. Est-ce qu'aujourd'hui vous voulez que le ministère de
l'Immigration, vu qu'il y a des cas... On ne peut plus dire que ça n'existe
pas. Aujourd'hui, chers collègues, il est là, posez-lui la question que vous
voulez. Il parle d'un esclavagisme moderne au Québec. Est-ce qu'aujourd'hui
vous formulez une demande officielle à ce que le ministère s'intéresse
davantage à ça, et qu'on arrête de voir les migrations comme problème mais
qu'on s'attarde à régler ces enjeux d'abus? Je ne dis pas que tout le monde
fait des choses pas correctes, il y a la CNESST, il y a beaucoup de choses,
mais, quand je vois aujourd'hui Grace et Carole et le documentaire
Essentiels... mais qu'est-ce qu'on a fait depuis le documentaire Essentiels?
Avez-vous vu des actions du MIFI par rapport à ça? Est-ce qu'aujourd'hui vous
voulez...
M. Derraji : ...d'actions
concrètes? Si oui, lesquelles?
Mme Medina (Viviana Carol) : Abolir
les permis de travail fermés. On veut aussi l'accès à la résidence permanente
pour tous les travailleurs non qualifiés ou à bas salaires, comme les
agricoles, les travailleurs domestiques, et bien sûr le programme de
régularisation inclusive, complète et consécutive. Parce que quand Grace a
changé d'employeur, elle est devenue sans statut. Elle a retournée pour établir
son statut ici. Mais ça, c'est l'exemple précis de comment un travailleur,
travailleuse perd le statut d'immigration. Alors, oui, on priorise beaucoup
l'immigration temporaire, mais pourquoi ne pas régulariser à toutes et tous qui
sont ici déjà, qui vivent la même situation d'exploitation, qui parlent
français déjà et qui sont très bien intégrés? On fait comme s'ils n'existent
pas, mais pendant la pandémie, ce sont eux qui nous ont amenés la nourriture.
M. Derraji : ...avec vous. Je
n'ai pas arrêté de parler des travailleurs temporaires étrangers. J'ai moi-même
déposé un projet de loi au printemps par rapport à ça. Probablement... je me
reconnais dans vos propos parce que j'ai suivi probablement le même parcours.
Je suis venu pour étudier. Je n'avais pas assez de connaissances, même sur le
milieu de travail. Les gens pensent que c'est facile comme prendre le droit de
travail. Je ne suis pas avocat, je ne l'étais pas. Je ne suis pas plaideur.
C'est tellement alarmant, ce qu'on entend, parce que moi, depuis le
documentaire essentiel, ma réflexion a complètement changé. Aujourd'hui, vous
avez devant vous un document qui parle d'une planification pour les trois
prochaines années. On parle de seuils, de scénarios, 50 000 ou
60 000. Vous avez parcouru le document. Est-ce que selon vous, c'est
assez? Est ce qu'aujourd'hui vous dites, après votre passage en commission...
je vois déjà vos visages. Je vais arrêter parce que je veux vous entendre.
Est-ce qu'on ne rate pas quelque chose avec cette commission, s'il vous plaît?
Mme Beauvais (Noémie) : Oui.
Juste avant de répondre à cette question-là, je vais revenir sur le point
précédent. Vous avez demandé combien de cas de trafic humain on a ou de cas
d'esclavage moderne, j'aimerais vraiment spécifier que ce n'est pas un cas...
ce n'est pas des cas isolés. Des cas comme ça, on en a au moins un par semaine,
au CTI, au moins un par semaine. Et puis...
Mme Medina (Viviana Carol) : ...juste
pour donner un exemple de quelqu'un qui a témoigné devant deux reporteurs des
Nations unies, un travailleur qui travaillait 120 heures par semaine,
parfois était payé, parfois non. Il mangeait une seule fois par jour, une
seule. Ça, c'est des exemples qui arrivent, et pas juste des cas isolés comme
ma collègue dit.
Mme Beauvais (Noémie) : Et ce
cas-là a été documenté. Ce cas-là a été documenté. Autre dans... du travail.
Oui, on rate quelque chose sur les débats de chiffres.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Mme Beauvais (Noémie) : J'y
reviendrai à la prochaine question.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
merci le député de Nelligan. Maintenant, député du deuxième groupe
d'opposition, alors député de Saint-Henri Sainte-Anne.
• (17 h 50) •
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup pour votre intervention. Écoutez, vous le savez, je le sais,
l'immigration ce n'est pas des chiffres, hein? L'immigration, c'est des
histoires, l'Immigration c'est des vies et il y a des conséquences au choix
d'un gouvernement directement sur ces vies-là. Et je pense, par exemple, aux
18 000 dossiers effacés par la CAQ en début de mandat. Je pense aussi
à la réforme du PEQ de 2020 qui a complètement charcuté le programme. C'est des
choses qui me choquent et qui continuent de nous choquer puis qui continuent de
choquer les gens qui sont encore impactés par ces décisions-là.
Grace, vous êtes parfaitement francophone,
vous êtes une Québécoise, vous êtes ici chez vous, je vais vous le dire, là, et
je pense qu'on peut tous s'entendre ici là dessus. Je pense qu'il n'y a
personne qui remet ça en question, que votre place, elle est ici puis elle est
avec nous. Ce n'est pas vous qui avez échoué le test, Mme, c'est le test qui
vous a échoué. C'est le test qui n'a pas de bon sens. Et il y a plusieurs
reportages qui l'ont montré ce printemps, mais ça n'a pas changé. Et j'espère
que ça va changer.
On parle de capacité d'accueil, mais
est-ce qu'il ne faut pas aussi parler et évaluer toute l'importance que vous
apportez, votre travail apporte, pas que le travail, on peut parler
linguistique, culturel, et tout ça, mais tout ce que vous nous apportez aussi?
Puis est-ce qu'on ne doit pas aussi se poser la question qu'au final on a
probablement besoin plus de vous que vous, vous avez besoin de nous? Et ça, on
n'en parle pas assez. Et vous avez parlé de votre travail pendant la pandémie.
Vous avez aidé quelqu'un et malheureusement, bon, ça s'est mal passé, mais
qu'est ce qu'on aurait fait sans les Grace de ce monde pendant cette pandémie?
Puis je pense qu'on ne le redit pas assez. Puis je pense qu'on est vite à nous
dire : Notre capacité d'accueil est atteinte, mais...
M. Cliche-Rivard : ...la
question de comment on subirait ou comment on réussirait à vivre sans ces
préposés aux bénéficiaires dans nos hôpitaux, dans nos CHSLD, sans nos
travailleurs agricoles temporaires. Comment se fait-il qu'on n'est pas capable
de pérenniser leur statut? Comment se fait-il qu'il faut qu'ils tombent dans
des situations comme vous? Comment ça se fait qu'on se permet ça en 2023? La
question est rhétorique, mais vous pouvez prendre les dernières secondes pour
répondre.
Mme Beauvais (Noémie) : Je
vais répondre en revenant sur les chiffres, en fait. Pour moi, parler de parler
de seuils d'immigration alors qu'on exclut la... je ne vais même pas dire la
majorité, on exclut l'ensemble des travailleurs étrangers temporaires non
qualifiés, c'est un faux débat, en fait. Qu'on en ait 60 000, qu'on en ait
50 000, la question n'est pas là. La question c'est sur: qui sont ces
gens? Plusieurs d'entre vous l'ont répété, l'immigration, c'est humain, c'est
des visages.
La Présidente (Mme Caron) : En
terminant.
Mme Beauvais (Noémie) : Donc,
voilà. Donc, je...
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup. Alors, maintenant, je vais céder la parole pour
2 min 50 s au député de Matane-Matapédia, troisième groupe
d'opposition.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Tout à l'heure, on a parlé de
permis de travail fermé. C'est revenu comme étant une pratique qui doit cesser,
selon vous, pour être remplacée. J'aimerais que le projet de loi puisse
permettre d'en arriver là. Malheureusement, c'est un autre gouvernement qui
gère ça. Alors, une des conclusions de nos travaux pourrait être en parallèle
de faire une demande formelle, cette fois, écrire, adopter une motion demandant
que ça cesse. Par quoi on remplace ça? Quelle pourrait être la meilleure
formule? Tantôt, on avait évoqué un permis plus régional ou dans un secteur.
Est-ce que c'est une formule que vous trouvez intéressante ou elle est
perfectible, ou vous avez une autre idée de ce qu'on pourrait faire de mieux?
Mme Beauvais (Noémie) : Bien,
d'abord, oui, je comprends que c'est particulièrement le gouvernement fédéral
qui gère ça. Cependant, j'aimerais rappeler que le gouvernement provincial a
aussi la capacité de créer ses propres programmes pilotes, ses propres
programmes en matière d'immigration. Donc, on peut choisir de faire les choses
différemment. On peut choisir de ne pas opter pour des permis fermés qui lient
les gens à leurs employeurs.
Ceci dit, qu'est ce qu'on pourrait faire
de mieux? Pour nous, la question... En fait, pour nous, la réponse à cette
question-là, c'est un permis ouvert point à la ligne, en fait, de laisser les
gens travailler où ils veulent quand ils veulent. Ça va permettre... En fait,
ce que ça va donner comme résultat, c'est que les employeurs n'auront pas le
choix de donner des bonnes conditions de travail pour ne pas que les gens
quittent, ce qui est le cas pour tous les travailleurs et travailleuses locaux.
Vous et moi, si on change de travail demain matin, on peut décider d'aller où
on veut quand on veut. Et puis il n'y a pas de questions sur: Ah, mais comment
ça va fonctionner pour les employeurs? C'est juste la réalité. Donc, il y a
moyen de faire ça aussi.
M. Bérubé : Une personne qui
se retrouve dans une situation vulnérable peut se trouver un autre employeur
qui va la traiter avec respect, donc il y a un autre... il y a un ailleurs,
j'appellerais ça comme ça. Comment on fait ça pour... parce que vous avez aussi
des contacts avec le gouvernement fédéral sur les questions de l'immigration.
Est-ce que vous l'avez abordé? Qu'est-ce qu'on vous dit? Est-ce qu'ils tiennent
à ça, eux, les fédéraux?
Mme Beauvais (Noémie) : Un
peu, la réponse du fédéral, c'est d'ouvrir des programmes pilotes avec les bons
employeurs, d'accélérer le processus d'immigration, d'amener des travailleurs.
Je ne sais pas si vous avez vu, il y a deux, déjà, programmes pilotes pour
accélérer le processus d'amener des travailleurs migrants, bien, c'est l'autre
côté.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
Mme Medina (Viviana Carol) : Mais
la vérité, c'est que l'immigration féférale...
La Présidente (Mme Caron) : Désolée,
c'est terminé. C'est terminé. Alors, merci beaucoup de votre participation, de
votre témoignage très touchant.
Alors, nous allons suspendre la séance
pour quelques minutes et revenir avec le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 18 heures)
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, on va recommencer en écoutant... en recevant, en fait, le Centre local
de développement de Rouyn-Noranda. Alors, vous disposez de 10 minutes au total
pour votre présentation, et je vous demanderais de vous présenter chacun en
commençant, et puis ensuite il y aura les échanges. La parole est à vous.
M. Bibeau (Marc) : Alors,
bonsoir, Mme la Présidente, chers membres de la commission. Mon nom est Marc
Bibeau, je suis président du Centre local de développement Rouyn-Noranda. Je
suis accompagné de Mme Mariève Migneault, directrice générale, et Mme Ann
Gervais, directrice main-d'oeuvre et immigration dans notre organisme. Nous
sommes heureux de pouvoir se faire entendre ce soir dans le cadre, là, de votre
consultation sur l'immigration et faire entendre la voix des régions éloignées
et l'importance que peut représenter l'immigration pour nous.
Alors, je laisse immédiatement la parole à
Mme Gervais, qui va vous expliquer un petit peu notre mémoire.
Mme Gervais (Ann) : Bonsoir.
Dans l'ensemble, moi, je vais commenter les orientations, là, qui font partie
de la consultation sur la planification de l'immigration. Alors, dans
l'ensemble, là, on est en accord avec les orientations, là, on ne peut pas être
contre, là, certaines orientations, mais certaines orientations sont
difficilement adaptables pour les régions éloignées comme la nôtre, comme
l'Abitibi-Témiscamingue, puisqu'elles ont une réalité bien différente. En
exemple, l'orientation 1 et 2, qui est dans la francisation, bien, c'est
impossible d'être en désaccord avec la francisation au Québec, mais il y a des
points à prendre en considération pour notre région, par exemple l'arrivée des
petits groupes d'immigrants, la difficulté de former des groupes en
francisation de niveau adapté et la rentabilité des petits groupes, là, la
rentabilité des...
18 h (version non révisée)
Mme Gervais (Ann) : ...les
organismes qui donnent des cours de francisation. L'Internet haute vitesse n'est
pas encore disponible partout en région, alors il ne faut pas prendre... il ne
faut pas dépendre seulement de la formation en ligne pour la francisation des
travailleurs étrangers, surtout pour les régions avec les villages qui se
trouvent dans notre région.
Un immigrant a beaucoup plus de chances de
réussite de francisation dans les grands centres versus les régions par la
multitude des possibilités en francisation. Sans compter que le fédéral
encourage les francophones à s'installer dans les provinces hors Québec, ce qui
réduit le bassin de francophones pour le Québec.
L'orientation quatre, l'importance de l'immigration
économique, pour nous, ce que nous pensons en ce moment, que, pour le moment,
le maintien du seuil de l'immigration est nécessaire dû à la crise du logement
et le manque de places en garderie. Par contre, il faut prendre en... il faut
prévoir une meilleure répartition des immigrants dans toutes les régions. Nous
sommes conscients du manque criant de main-d'oeuvre, et que le seuil devra être
augmenté dès que la crise du logement sera atténuée. Et, pour ce faire, le
gouvernement devrait s'y engager à développer des stratégies en lien avec la
crise pour permettre l'ultime... ultimement d'augmenter le seuil d'immigration
au Québec.
L'orientation six. On sait déjà que les
délais sont beaucoup trop longs pour l'obtention du CAQ pour les permis d'études,
permis de travail, les CSQ, la résidence permanente, et encore plus pour nous.
Il y a un projet pilote, dans le Nord-du-Québec, où que les travailleurs
peuvent juste faire simplement 2 h de route pour obtenir leur résidence
permanente plus rapidement. Alors, les entreprises vivent cette situation,
présentement. Vu que les délais sont beaucoup trop longs, les gens quittent,
les travailleurs, et même les finissants étudiants quittent la province pour s'en
aller dans le nord de l'Ontario pour obtenir rapidement leur résidence
permanente.
Pour ce qui est de l'orientation 7, Arrima
et Journée Québec sont des moyens mis en place qui répondent davantage aux
villes de l'Axe de Montréal, Drummondville et Québec en lien avec Québec
International, Montréal International et la SDED. Les candidats ont un manque
de connaissances sur les régions, comment peuvent-ils faire pour faire des
déclarations d'intérêts, s'ils ne connaissent pas notre région? Le Mifi... C'est
le Mifi Montréal qui répondent aux besoins du recrutement de... Pour les
Journées Québec, pour les entreprises de la région de l'Abitibi-Témiscamingue,
et pour nous, ce n'est pas normal. Ils ne connaissent pas leurs réalités, ils
ne connaissent pas la réalité de notre région, et on croit qu'ils devraient
être accompagnés par des entreprises ou des organismes de notre région lorsqu'ils
font du recrutement à l'international. Bien sûr, il y a des agents régionaux du
Mifi en... dans l'Abitibi-Témiscamingue, mais dès qu'on parle de recrutement,
les entreprises sont transférées vers les grands centres, vers Montréal, pour
être représentées par les Journées Québec.
Il faut se concentrer sur l'immigration
primaire, c'est la priorité. Il faut faire connaître notre région directement à
partir du pays et ne pas attendre qu'ils s'installent dans une autre région
dans l'espoir qu'ils se délocalisent de nouveau. Ils sont déjà partis, dans
leur pays, ils se sont déjà installés, fait un nouveau réseau, alors, faire 8 h
de route pour venir s'installer chez nous quand ils sont déjà installés à
Montréal, c'est vraiment difficile.
L'orientation huit, la reconnaissance des
compétences est une bonne idée, mais doit pouvoir être faite à partir des
régions le plus possible. Exemple, on a recruté un pharmacien pour venir s'installer
dans un petit centre en Abitibi-Témiscamingue, la personne doit faire de huit
mois à un an d'adaptation, de formation pour faire partie de l'Ordre des
pharmaciens, doit s'installer à Montréal pour faire la formation et s'est fait
recruter par des... par une pharmacie de Montréal, et il ne viendra jamais.
Alors, il faut utiliser davantage nos institutions d'enseignement qu'on a en
région et travailler avec les forces qu'on a en région pour faire adapter les
compétences des travailleurs étrangers.
L'orientation neuf, c'est notre priorité,
pour nous, telle que présentée, ce n'est pas la régionalisation de l'immigration,
l'accueil, l'intégration, l'enracinement, oui, fait partie de la
régionalisation de l'immigration. C'est très important. Il y a déjà plein d'organismes
qui mettent en place des services, qui offrent des services et qui s'occupent
et reçoivent du financement du... Et ça, on ne peut pas le cacher, puis partout
sur le territoire, ils sont très présents. Par contre, pour pouvoir accueillir
et intégrer et enraciner une personne, il faut d'abord la recruter. Et c'est ce
qui est le plus difficile pour notre région. On a plein de services, mais pas
de services de recrutement qui sont implantés en région. Ça fait que, pour
nous, il faut les moyens financiers pour accompagner les entreprises, pour être
capable de les suivre dans leurs démarches de recrutement, faire connaître
notre région à l'international pour encourager la première immigration. Et je
martèle vraiment sur la première immigration, parce qu'on sait que c'est
difficile de délocaliser un immigrant qui est installé ailleurs. Alors, on
martèle sur la première immigration et développer des outils qui répondent à
nos besoins d'attraction et de recrutement. Pour ce faire, le CLD a présenté un
projet pilote régional à la ministre de l'Immigration, Mme Fréchette, en mars
dernier et Mme Migneault vous présentera rapidement ce qu'il en contient...
Mme Migneault (Mariève) : ...donc,
bonjour à tous. Aujourd'hui, en fait, je vais principalement porter votre
attention sur les orientations 4, 7 et 9, donc l'importance de
l'immigration économique, les besoins du marché du travail et la régionalisation.
Je vais également insister sur le fait que, si le gouvernement veut une réelle
régionalisation de l'immigration, il doit développer des stratégies qui vont
répondre aux besoins des régions éloignées, distinctement des grands centres et
des régions périurbaines, donc de ne pas seulement considérer des données qui
excluent la Communauté métropolitaine de Montréal pour énoncer la
régionalisation. Il faut comprendre que des régions éloignées comme la nôtre,
l'Abitibi-Témiscamingue, on a des réalités bien différentes de Québec ou de
Drummondville, il faut qu'on les connaisse pour être en mesure de développer
des outils qui répondent parfaitement à notre marché du travail et à notre
positionnement géographique. Donc, force est de constater qu'au cours des
dernières années, en Abitibi-Témiscamingue, en termes d'outils de recrutement,
ça ne fonctionne pas parfaitement. Ça ne répond pas de manière optimale aux
besoins du marché du travail, aux besoins des entreprises qui contribuent à
l'économie du Québec. Par exemple, ici, en Abitibi-Témiscamingue, on compte
pour environ 2 % de la population, mais on contribue pour 12 % du
PIB. Donc, si le Québec veut continuer de bénéficier de cette contribution puis
peut-être même l'augmenter, il doit prendre les moyens nécessaires. Nos
entreprises font face à un grave enjeu de croissance, elles retardent les
investissements, refusent des contrats par faute de main-d'oeuvre, le manque de
main-d'oeuvre. Donc, les données du plein emploi sont alarmantes. Ils sont
partout, à la grandeur du Québec, mais ici on en... on voit une pression
supplémentaire, notamment de l'industrie minière, mais notamment due à notre
structure économique. On a également un retard endémique en termes de
recrutement international. On a seulement 0,1 % de la population immigrée
qui réside chez nous.
Donc, pourquoi nous aujourd'hui, on peut
affirmer tous ces énoncés-là? C'est que le CLD Rouyn-Noranda, donc le Centre
local de développement que c'est appelé maintenant le CLD, depuis 2017, on
accompagne des entreprises dans le processus de recrutement à l'international.
On le rend, le processus, plus accessible, on le démocratise pour que... le
faire comprendre à un plus grand nombre de PME. Depuis 2021, on a un
département de main-d'oeuvre. Puis, fort de notre expertise, depuis deux ans,
on représente trois autres MRC. En fait, on a des ententes avec trois autres
MRC qui nous permettent de desservir leurs entreprises, et c'est là qu'on voit
qu'il y a vraiment des outils qu'on doit développer. Donc, on a... pour
répondre à ces enjeux-là, on a déposé en mars dernier le projet le... le Centre
d'accompagnement en recrutement de la main-d'œuvre immigrante qui positionne
cinq... l'accompagnement, l'attractivité, le recrutement, la formation et le
référencement. Mais principalement, ça nous permettrait de se distinguer sur
deux axes, donc l'attractivité et le recrutement. Parce que ce n'est pas vrai
que, quand on se présente... Dans le fond, quand on se présente à des journées
Québec, là, avec majoritairement des entreprises de Drummondville, Québec et
Montréal, on ne joue pas à armes égales de par notre positionnement
géographique. Donc, pour ça, même si on a d'excellentes conditions de travail,
c'est pour ça qu'on doit compter sur une diversité d'outils de recrutement
publics pour... qui vont être adaptés à nos entreprises, pas seulement des...
La Présidente (Mme Caron) : Je
vais vous demander de conclure, il vous reste 20 secondes.
Mme Migneault (Mariève) : Parfait,
donc pas tellement des missions... mais spécifiques aux régions éloignées.
C'est pour ça que la région est mobilisée derrière le projet. On a l'ensemble
des MRC, institutions d'enseignement, l'industrie, et cetera. On est la porte
d'entrée avec le réseau... Québec. On est les meilleurs, la meilleure
organisation pour répondre en première ligne. Donc, si le gouvernement veut une
réelle régionalisation...
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Mme Migneault (Mariève) : ...il
doit développer des outils adaptés.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
on va poursuivre avec les échanges. Donc, Mme la ministre de l'Immigration, de
la Francisation et de l'Intégration. Douze minutes 30.
Mme Fréchette : D'accord.
Merci, Mme la Présidente. Alors, merci à vous trois. Il me fait plaisir de vous
revoir à nouveau suite à mon passage en Abitibi-Témiscamingue il y a quelques
mois, pour une belle journée de rencontre régionale pour discuter immigration.
Donc, merci d'avoir pris part à l'exercice, la commission parlementaire sur
la... pluriannuelle, alors ça me fait plaisir de vous entendre à nouveau.
• (18 h 10) •
Dans votre mémoire, en page quatre, vous
décrivez en fait la première immigration, là, comme étant primordiale et vous
venez de nous le réitérer. Et vous semblez déplorer en fait que le MIFI mise
majoritairement sur l'immigration secondaire, sur la deuxième immigration pour
réaliser, là, ses ambitions en matière de régionalisation. Alors, bien,
j'aimerais tout simplement en fait vous réitérer le fait que la première
immigration en région, c'est vraiment notre objectif également. J'en ai fait
une de mes trois priorités. Et pour nous, quand on dit : Régionaliser
l'immigration, c'est idéalement dès la première arrivée au Québec. Et sinon, en
fait, en partance d'un autre centre qu'on imagine soit la métropole ou la
capitale nationale. Mais donc on converge vraiment au niveau des vues quant à
l'importance que doit occuper...
Mme Fréchette : ...La
migration première vers la région.
Moi, j'aimerais vous entendre encore un
peu plus, parce que, bon, je pense que vous aviez encore d'autres éléments à
nous communiquer, là, quant au type d'infrastructure, quant au type de mesures
ou de projets qui permettraient à l'Abitibi-Témiscamingue de recevoir davantage
de personnes immigrantes, et dans quelle mesure avez-vous une capacité à les
accueillir. Parce que vous avez fait référence au fait qu'au niveau du logement
c'était très serré. Donc, est-ce qu'effectivement il y a une capacité pour
l'Abitibi-Témiscamingue à recevoir davantage de personnes immigrantes ou si
vous considérez qu'il faille développer davantage le secteur de l'habitation,
notamment, avant d'envisager davantage de personnes immigrantes?
La Présidente (Mme Caron) : Allez-y,
vous pouvez répondre.
M. Bibeau (Marc) : Mariève.
Mme Migneault (Mariève) : Oui.
En fait, en termes de bonification de coffre à outils, si je peux répondre
d'une part à votre questionnement, c'est sûr que ça prend... tu sais, il y a
les Journées Québec, bien entendu, mais, tu sais, si on pouvait avoir, par
exemple, des Journées Québec régions éloignées pour qu'on puisse se positionner
stratégiquement à armes égales avec d'autres régions éloignées. C'est une
demande qu'on a déjà adressée. Pour l'instant, on n'a pas de réponse favorable.
Arrima Québec joue un rôle, mais comme
Mme Gervais mentionnait, c'est difficile pour un candidat outremer de...
d'inscrire sa désignation d'intérêts pour une raison pour laquelle il n'a
aucune idée d'où elle se situe et quel avantage elle a à lui offrir. Donc, s'il
y avait des bonifications en ce sens qui permettraient de faire connaître les
régions éloignées au préalable auprès de ces candidats-là, pour qui... qu'on
augmente la déclaration d'intérêt. Et ultimement, d'avoir une banque de
candidatures en continu pour des profils qui répondent à nos besoins du marché
du travail, pour des candidats qu'on a rencontrés et qui ont réellement
signifié un intérêt pour la région serait c'est de bon aloi, également.
En termes de capacité d'accueil, de dire
est-ce qu'on a les logements, c'est sûr qu'on a un taux d'inoccupation très,
très, très bas. Par contre, ça devient... Avec la poule ou l'oeuf, tu
sais : est-ce qu'on a besoin de travailleurs pour soutenir notre économie?
Là, à l'heure actuelle, il y a beaucoup d'entreprises qui sont très innovantes,
qui achètent des maisons, qui trouvent des solutions pour faire... Pour loger
dans leurs travailleurs immigrants. Ça peut être des solutions de ce type qu'on
pourrait envisager.
Mme Fréchette : Ce sont
des solutions qui sont utilisées par un certain nombre d'entrepreneurs?
Mme Migneault (Mariève) : Oui,
tout à fait.
Mme Fréchette : D'accord.
Merci. Alors je passerais la parole à ma collègue, donc, Suzanne Blais,
d'Abitibi-Ouest. Je ne pense pas qu'il n'y ait pas besoin de présentation.
Mme Blais : ...très
heureuse de vous voir aujourd'hui. Merci pour la présentation.
Alors, en page six, vous mentionnez que
tous les services, formations et outils pour l'accueil de l'intégration des
personnes immigrantes sont déjà déployés en Abitibi-Témiscamingue et que le
Programme d'appui aux collectivités, le PAC, soutient financièrement presque
toutes les villes de la MRC et organismes d'accueil de la région. Pouvez-vous
décrire les pratiques exemplaires d'accueil, d'intégration et de rétention des
personnes immigrantes qui sont instaurées en Abitibi-Témiscamingue, à
Rouyn-Noranda ou au sein d'entreprises parmi vos partenaires?
Mme Migneault (Mariève) : je
peux commencer, Ann, et puis tu pourras complémenter.
Vous devez être... ne pas être sans
connaître La Grande séduction, en Abitibi-Ouest, qui fait partie d'un modèle
d'exemple d'attraction et d'accueil, où la communauté entière s'est mobilisée
pour accueillir les nouveaux travailleurs, les travailleurs de la santé. À
Rouyn-Noranda, on bénéficie également de la mosaïque, qui permet de soutenir
l'individu, l'immigrant, le travailleur étranger jusqu'aux résidents
permanents.
Par contre, ce qu'on voulait dire avec ce
point-là, puis je pourrai laisser Ann mentionner les autres mesures
exemplaires, les autres éléments exemplaires, là, de l'accueil et
l'intégration, ce qu'on voulait surtout dire par là, c'est qu'il y a beaucoup
d'argent et d'efforts mis sur l'accueil et l'intégration et la rétention de la
main-d'œuvre immigrante, mais peu ou pas dans l'attraction et le recrutement de
cette même main-d'œuvre là, spécifiquement pour les régions éloignées.
Donc, moi, je vais déterminer ici ma
portion de réponse puis je vais laisser Ann continuer.
Mme Gervais (Ann) : Alors,
on se retrouve avec des entreprises qui... Ou des organismes qui sont prêts,
qui sont prêts à accueillir des nouveaux travailleurs, mais on ne peut pas
aller... ou on a très peu de financement pour aller les recruter. Et c'est là
qu'on trouve un peu que c'est... Pas aberrant, mais qu'on trouve que, oui,
c'est vraiment important d'avoir ce financement-là pour l'accueil et
l'intégration, mais on accueille qui, si on ne peut pas aller les recruter? Et
c'est là que c'est...
Mme Gervais (Ann) : ...difficile.
Les Journées Québec le font très bien. Puis, tu sais, on ne dit pas qu'ils ne
font pas des belles activités ou qu'ils font des belles séances de recrutement,
par contre, on croit que les entreprises doivent être accompagnées par des organismes
de la région et, en ce sens, nous, le CLD. Et le CLD fait également beaucoup
pour l'accueil et l'intégration. On le fait moins sur le terrain avec les
travailleurs, par contre, on prépare, on forme les entreprises à bien
accueillir leurs travailleurs. On leur donne les outils nécessaires pour bien
se préparer et préparer leur équipe à faire l'accueil des travailleurs
étrangers. Ça fait que je pense qu'est-ce qu'on offre, nous, dans la région est
également un beau gage de succès.
Mme Migneault (Mariève) : Je
voudrais ajouter un élément aussi. Une entreprise qui se démarque énormément
dans le secteur de Rouyn-Noranda par rapport à l'accueil et l'intégration des
travailleurs étrangers, c'est la compagnie Adria, en fait, qui s'est elle-même
formée, autodidacte, pour aller recruter avant que le CLD devienne de plus en
plus présent en la matière. Donc, elle a dû faire son chemin de croix, si on
veut, pour apprendre le recrutement à l'international, mais ensuite,
l'entreprise a acquéri des maisons pour loger ses travailleurs et a acquéri une
maison qu'elle a dédiée en garderie, qu'elle a pu déposer dans l'appel du
ministre de la Famille, elle a créé une garderie. Donc, ça, on voit que c'est
vraiment un modèle intégré de dire comment je vais faire en sorte de bien
accueillir, intégrer mes travailleurs. Eh bien, elle a pris en charge plusieurs
rendus transversaux au recrutement à l'international. Puis, on le voit, le taux
de rétention est favorable pour cette entreprise.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Pensez-vous
que nos organismes communautaires en région ont un grand rôle à jouer au niveau
de l'immigration, comme le... ces choses-là?
Mme Gervais (Ann) : Bien, ils
sont très présents et, oui, ils ont leur place. Chaque organisme à leur place.
En ce moment, chacun fait leur propre partie. Et justement le PAC, le programme
d'aide aux collectivités, nous aide à le faire, mais la... On a tellement
d'argent qu'on est en train d'empiéter un sur l'autre. On est en train
d'empiéter parce qu'il n'y a pas assez d'immigrants qui arrivent en région. Et
c'est pour ça qu'on croit qu'il doit avoir de l'aide pour l'attractivité et le
recrutement.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Une
autre question. En matière de reconnaissance des compétences, vous mentionnez
que... dans votre mémoire, qu'«il serait pertinent de développer des ententes
avec des ordres professionnels... des institutions d'enseignement de
l'Abitibi-Témiscamingue pour faciliter l'accès à certaines professions.»
Mme Gervais (Ann) : Oui. En
fait, comme je mentionnais l'exemple du pharmacien, on l'a vécu, une entreprise
en Abitibi-Ouest qui voulait recruter un pharmacien, et la personne va passer
un an à Montréal pour faire des mises à niveau ou des mises à jour, et a été
recruté par une entreprise de Montréal, et la pharmacienne arrivait avec sa
famille, bien sûr. Et je crois qu'il y a vraiment quelque chose à faire, des
ententes à faire avec nos institutions, ou encore faire des formations à
distance où il y a... De nos jours, avec toute la technologie qu'on a, je pense
que c'est possible de le faire à distance. Et, pour ce qui est des formations,
oui, il y a des primes ou il y a le CSQ, PEQ qui est intéressant pour le niveau
postsecondaire, mais il faut penser au niveau professionnel également. On a
beaucoup d'entreprises qui ont besoin des gens qui sont de métier, des gens de
métiers spécialisés. Alors, au niveau professionnel, c'est important de
développer également du financement, des projets pilotes, ou quoi que ce soit,
pour les garder en région ou pour les encourager à venir étudier ici dans nos
centres de formation professionnelle, et nos centres de formation donnent des
formations qui répondent aux besoins de nos entreprises.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Et,
selon vous, quel genre de types d'actions, de promotions seraient à prioriser
pour la région?
Mme Migneault (Mariève) : J'ai
manqué... Quel genre d'actions, de promotions...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Oui,
action de promotion serait, selon vous, à prioriser?
• (18 h 20) •
Mme Migneault (Mariève) : On
sait que positionner le Québec, dans son ensemble, à l'international, ça
représente des défis. Parce que parfois les candidats qu'on rencontre veulent
aller au Canada et sans savoir nécessairement où est le Québec. Donc, on sait
que ça représente des défis. Par contre, il faut être en mesure de positionner
nos avantages stratégiques en tant que région. Donc, ça serait, selon nous, une
des actions à prioriser, c'est-à-dire comment on positionne, on arrive à
positionner le Québec dans le Canada, et, une fois qu'on a réussi cet
aspect-là, là, je pense que ça va bien dans toutes les Journées Québec qu'on...
que le MIFI est impliqué. Là, maintenant, comment on fait pour positionner les
régions éloignées dans le Québec auprès des travailleurs étrangers? Ça serait,
selon moi, l'action à prioriser, également de présenter les régions en amont
des nos... des missions, donc de faire en sorte... Là, maintenant, aujourd'hui,
avec les réseaux sociaux, on est capables de positionner des actions de
communication à l'étranger. Si on va en France, bien, on positionne, un mois
avant, la région de l'Abitibi-Témiscamingue sur divers outils de communication
pour faire comprendre...
Mme Migneault (Mariève) : ...quels
sont les avantages structurels de l'Abitibi-Témiscamingue, et pas que du
Québec. C'est là, quand on se perd dans la masse du Québec, c'est là qu'on
n'est peut-être pas en mesure de se positionner stratégiquement.
La Présidente (Mme Caron) : ...Mme
la ministre. Il reste une minute.
Mme Fréchette : Une minute?
Bon, juste assez pour vous demander, justement : Est-ce que les missions
de nature virtuelle sont d'intérêt pour vous? On en a organisé... je crois que
c'est six au cours de la dernière année. Donc, considérant l'éloignement de
l'Abitibi-Témiscamingue, est-ce que, pour vous, ça représente quand même une
opportunité intéressante, ces missions virtuelles?
Mme Gervais (Ann) : Je
peux-tu... Bien, plus ou moins. En fait, ce que les entreprises nous
mentionnent, c'est qu'ils veulent voir... bien, ça peut être intéressant pour
les entreprises qui n'ont pas le temps de se déplacer, mais, beaucoup, ils
veulent sentir, ils veulent voir la personne, ils veulent pouvoir échanger. Les
entrevues à distance, c'est assez difficile. Oui, on donne des outils pour le
faire, mais ça reste que le présentiel, on peut vraiment savoir qui est la
personne ou la connaître davantage. Ça fait que les entreprises sont prêtes à
se déplacer pour aller à des missions. Mais c'est sûr que certains sont prêts
aussi à le faire virtuellement, parce qu'ils n'ont pas le temps, ils n'ont pas
assez d'employés pour pouvoir quitter pendant cinq jours pour aller faire du
recrutement, là.
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
c'est terminé. Alors, maintenant, je vais donner la parole à l'opposition
officielle. Députée de Chomedey, vous avez 9 min 22 s.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Merci beaucoup de nous avoir envoyé vos mémoires, et votre présence, c'est très
apprécié. On entend un autre point de vue sur l'immigration, et, d'après ce que
j'entends, là, ce n'est plus une question 50 000 ou 60 000. C'est la
structure. Il y a beaucoup de choses à voir, d'après ce que j'entends. C'est le
manque de main-d'œuvre, c'est sûr, mais on n'est pas capables, dans votre
région, de retenir les immigrants qui sont là ou les étudiants, parce qu'ils
s'en vont en Ontario, puis c'est plus facile. Donc, le problème, est-ce que
c'est avec le gouvernement du Québec ou Canada, le fait qu'ils doivent aller en
Ontario? Et, je suppose, ils ne reviennent pas? C'est ça, ils ne reviennent
pas? C'est ça?
M. Bibeau (Marc) : Non, ils
ne reviennent pas.
Mme Lakhoyan Olivier : Ils ne
reviennent pas?
Mme Gervais (Ann) : Bien,
certains reviennent, certains reviennent, mais ils reviennent après un an,
après avoir reçu leurs documents, après avoir reçu leurs papiers. Mais c'est
ça, ils quittent. Le problème, ce n'est pas pour tout le monde, là, ce n'est
pas la rétention de tout le monde, mais le problème, d'abord, je crois que
c'est vraiment... tout est dans les délais, tout est dans les délais entre
l'obtention du CSQ et l'obtention de la résidence permanente. Et le six mois de
délai pour l'obtention du CSQ-PEQ, si c'est six mois, bien, c'est six mois de
moins qu'ils ont pour avoir la résidence permanente, ou qu'ils doivent attendre
de plus pour avoir la résidence permanente.
Mme Lakhoyan Olivier : Pour
vous, là, si je vous dirais, l'immigration au Québec, ce qu'on ferait, c'est qu'on
ferait comme un bureau de chômage. Appliquez, voilà, il y a ces emplois-là dans
ces régions-là. Parce que vous parlez de première immigration, vous voulez une
première immigration, donc, de l'extérieur, rentrer direct chez vous. Vous
trouvez que, d'après vous, le pourcentage de les retenir, c'est beaucoup
meilleur. Donc, est-ce qu'on... Le ministère de l'Immigration décide de faire,
bon, bien, j'ai besoin de mécaniciens, comme demandes de carrières qu'on fait
au Québec, là, mais la même chose aux immigrants. Pensez-vous que ça vous
aiderait plus?
Mme Migneault (Mariève) : C'est
sûr que ça pourrait être un outil intéressant. En fait, le problème, c'est
comment, en tant que région éloignée, donc éloignée, pas des régions
périurbaines, on arrive à attirer et recruter des travailleurs, donc comment
qu'ils font pour choisir l'Abitibi-Témiscamingue, et, une fois qu'ils ont fait
ce choix, comment on arrive à les retenir. D'avoir un guichet emploi, ça peut
être pertinent, mais, encore là, est-ce qu'ils vont avoir l'appel de
l'Abitibi-Témiscamingue pour être assez convaincus d'y demeurer, de faire leur
projet de vie avec nous puis de s'enraciner? C'est là qu'il faut comme avoir un
narratif émotionnel pour créer ce sentiment d'appartenance là.
Mme Lakhoyan Olivier : Je
crois que quelqu'un qui vient de l'extérieur, la distance, là, ça ne fait pas
de différence. Ils viennent de la Syrie, du Liban, de l'Arménie, de n'importe
où, là. Déjà, il fait la distance. Pour lui, c'est travailler et recommencer sa
vie, parce que, dans son pays, ça ne va pas bien. Donc, c'est une personne qui
va venir ici travailler.
Donc, moi, d'après ce que je vois ici,
vous dites : Il y a un manque criant...
Mme Lakhoyan Olivier : ...de
la main-d'œuvre, donc, puis vous avez mentionné crise de logement aussi, en
même temps, j'ai entendu ça, je ne me trompe pas, n'est-ce pas?
M. Bibeau (Marc) : Absolument.
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
comment vous allez faire? Disons que le ministère de l'Immigration trouve une façon
d'avoir des immigrants, venir directement chez vous, comment vous allez faire
pour s'occuper des besoins de logement, éducation, tout ça?
Mme Migneault (Mariève) : En
termes d'éducation, ça va très bien, mais est-ce que c'est à nous de les aider,
à nous, MRC, de résoudre la crise du logement? Je pense qu'il faudrait voir le
problème d'un autre axe. C'est sûr qu'actuellement, comme je dis, les
entreprises trouvent des solutions très innovantes, vont s'occuper elles-mêmes
d'acquérir des immobilisations, des logements pour loger leurs entreprises.
Donc là, il faut remettre ce problème-là, il est hors de notre contrôle, pour
soit le remettre dans les mains du gouvernement ou soit le remettre dans les
mains du privé pour qu'eux s'organisent eux-mêmes. Je pense que le gouvernement
a quand même un rôle à jouer pour soutenir des problèmes de logement social,
par exemple, pour permettre de créer plus de logements disponibles pour
l'ensemble de la population, qu'il doit en faire plus pour l'immigration, également.
Mme Lakhoyan Olivier : Vous
parlez de logement... Vous vouliez prendre la parole?
M. Bibeau (Marc) : Bien, si
je peux me permettre, une des solutions qui pourraient être envisagées au
niveau du logement pourrait être la construction de résidences étudiantes dans
nos cégeps et nos universités. Le cégep d'Abitibi-Témiscamingue a présentement
un projet de construction de 200 résidences. Ces 200 résidences là
permettraient probablement de libérer une centaine de loyers à Rouyn-Noranda.
Ça enlèverait de la pression sur le taux de location puis, en même temps, ça
viendrait toucher une partie, une bonne partie clientèle à faibles revenus.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
comme nous avons un peu de retard sur l'horaire demandé, est-ce qu'on a le
consentement pour poursuivre quelques minutes au-delà de l'heure prévue pour
terminer?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Caron) : Ça
va? Merci. Alors, on repart le compteur. Il reste 3min 43 s... 3min, oui, 43 s,
c'est ça.
Mme Lakhoyan Olivier : Pour
moi?
La Présidente (Mme Caron) : Pour
l'opposition officielle, oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Ah!
O.K.
M. Derraji : ...
La Présidente (Mme Caron) : Député
de Nelligan, allez-y.
M. Derraji : Merci pour votre
intervention. J'ai eu l'occasion de visiter le centre et m'entretenir avec des
membres. Continuez votre beau travail, vous avez beaucoup de défis. J'ai même
vu des installations d'entreprises pour accueillir des travailleurs, «fly-in,
fly-out» toujours. Ça n'aide pas la région, malheureusement.
Aujourd'hui, vous avez deux
scénarios : 50 000, 60 000. Je n'ai pas entendu votre position par rapport
au chiffre qui est sur la table. La part des travailleurs temporaires
étrangers... J'en ai vu pas mal dans la région, pouvez-vous nous éclaircir sur
votre vision par rapport au portrait des travailleurs temporaires étrangers
versus les travailleurs permanents?
M. Bibeau (Marc) : Si je peux
m'exprimer sur le... le travailleur temporaire est, tant qu'à moi, seulement
qu'un plasteur, un bandage temporaire. Nous, ce qu'on souhaite ardemment, c'est
d'amener la famille. Si on veut garder nos citoyens ou notre population
immigrante chez nous, ça doit passer par la famille. M.... Par exemple, on
parlait de mécanicien, tantôt, on recrute un mécanicien, bien, il faut qu'il
vienne avec sa famille. Mme est peut-être cuisinière, elle pourrait contribuer,
parce que nos restaurants en souffrent aussi, là, présentement, on a des
restaurants qui sont fermés trois jours par semaine par manque de personnel. Je
vous défie d'aller manger à Rouyn-Noranda un dimanche soir, là. S'ils ont des
jeunes, des enfants à l'adolescence qui peuvent travailler dans nos commerces
de détail, ces enfants-là vont se faire des amis, c'est eux autres qui vont
s'enraciner chez nous et qui vont aider les familles à rester puis à devenir
des bons citoyens que nous souhaitons.
• (18 h 30) •
M. Derraji : Lors de ma
dernière visite, vous m'avez parlé de la direction régionale. Quelle est votre
relation maintenant avec la direction régionale en immigration?
Mme Migneault (Mariève) : Notre
relation, présentement, elle est courtoise. Par contre, comme on a... bien, la
coordonnatrice régionale, où on a une très bonne relation avec Mme Roberge. Au
niveau de la direction...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Migneault (Mariève) : ...territoriale,
depuis le dépôt de notre projet pilote, on est dans une espèce de zone grise,
là, donc il y a des améliorations possibles en termes de collaboration, je
pourrais dire, puisque, là, pendant que notre dépôt... notre projet est à l'analyse...
M. Derraji : Pourquoi une
zone grise? Pourquoi une zone grise?
Mme Migneault (Mariève) : Parce
que, depuis que notre projet est en... on a déposé un projet qui est en
analyse, pardon, la direction régionale souhaite attendre l'issue de l'analyse
avant de... d'avoir des projets de collaboration entre nos instances.
M. Derraji : ...collaboration
est arrêtée parce que c'est... le projet est en analyse? Ce n'est pas bon pour
la région, ça.
Mme Migneault (Mariève) : Non,
c'est sûr que ce n'est pas optimal. Ce n'est pas optimal. Je ne pourrai pas
dire le contraire.
M. Derraji : La ministre vous
entend. La ministre vous entend. Je la vois, je la connais, c'est une femme d'action.
J'en suis sûr et certain, qu'elle va agir.
Continuez votre beau travail. J'ai visité
beaucoup d'entreprises dans la région. On a besoin de... que cette région se
relève. L'industrie minière se porte très bien. On va tout faire pour vous
supporter par rapport à la présence des travailleurs. Merci, hein?
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, maintenant, je vais céder la parole au deuxième groupe d'opposition, M.
le député de Sainte-Marie... Saint-Henri-Sainte-Anne, pour trois minutes huit.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup pour votre présentation. Merci. Mon collègue de Nelligan rappelait qu'il
y a deux scénarios, mais, cher collègue, j'en ai soumis un troisième. Donc, on
est sur trois scénarios, quand même. Donc, voilà. Je vous le dis, on a un
troisième... on a une troisième option.
Vous parliez des délais trop longs, vous
avez dit : Tout est dans les délais, en fait. Et je suis allé voir,
pendant que vous parliez, parce que vous me parlez de l'Ontario, je suis allé
voir le site d'Immigration Canada. On voit très bien, par programme, les délais
de traitement, c'est très intéressant. Et, bon, pour le Québec, dans
Travailleur qualifié, on parle de 17 mois de délai de traitement, sur le site d'IRCC,
auxquels on ajoute le délai du CSQ, vous avez dit six mois, bon, disons...
disons, trois mois, parce que je pense que ça peut aller plus rapidement que
ça, pour un 20 mois, disons, selon les statistiques sur le site Internet. Si je
change de catégorie et je vais donc à Travailleur qualifié fédéral, donc entrée
expresse, donc le programme qui se destine à vos... aux gens qui vont en
Ontario, on tombe à cinq mois, donc quatre fois moins long de l'autre côté de
la frontière. C'est évident, pour les personnes qui sont chez vous, le calcul
se fait. Mais comment c'est possible? Comment ça se fait? Bien, on le sait, c'est
à cause de l'impact des seuils, de la réduction des seuils, des arriérés et du
fait que, bien, les seuils tels qu'ils sont ne répondent pas à la demande puis
à vos besoins, puis on n'est pas compétitifs face au... face au reste du pays,
c'est ça qui se passe.
Alors, moi, je vous propose et je pense qu'il
faut qu'on fasse des mesures pour simplifier, faciliter, accélérer afin que
vous soyez compétitifs. Et donc moi, je mets au jeu un PEQ région, 12 mois de
travail pour se qualifier, pas 24, 12 mois, un PEQ sans frais. Donc, on a des
économies de famille d'autour de 1 500 $ à peu près, pour les CSQ,
avec toute la famille, et on les traite en premier, en priorité, tout de suite,
et donc pas de délai de traitement au-delà de l'Ontario. Moi, je pense que, si
on met ça en place, vous allez être ultracompétitifs, les gens vont vouloir
rester chez vous, les gens vont n'avoir aucun incitatif à aller de l'autre côté
de la frontière. Qu'est-ce que vous en dites?
Mme Migneault (Mariève) : C'est
sûr qu'il faut être compétitif avec... C'est une très belle... très belle
proposition, à chaud, comme ça. Il faut être compétitif avec l'Ontario, oui. On
est à une heure de l'Ontario. Et les projets pilotes dont Mme Gervais faisait
mention, les PPIRN, sont administrés par des organismes de développement
économique comme le nôtre, qui facilitent l'immigration économique directement
en marge avec les besoins des travailleurs. Donc, c'est sûr que, si on vise,
par ailleurs, ce type d'assouplissements, ça peut être bénéfique pour notre
région. Si on vise des familles, M. Bibeau l'a exprimé, c'est encore plus
bénéfique pour notre région parce que ça fait des doubles... doublement de
travailleurs...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
Mme Migneault (Mariève) : ...les
enfants qui s'enracinent. Donc, tout à fait en accord avec des types de
propositions. Il faut innover, il faut voir autrement, il faut changer notre
lorgnette et voir différentes perspectives pour positionner.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup. Alors, je vous remercie d'avoir participé à nos travaux, tous les
trois. Merci pour votre mémoire.
Nous allons maintenant suspendre la
commission jusqu'à 19 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 36)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 16)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens...
La Présidente (Mme Caron) : ...reprend
ses travaux. Donc, nous poursuivons les auditions publiques dans le cadre de la
consultation générale sur le cahier de consultation intitulée La planification
de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027.
Alors, ce soir, nous entendrons les
personnes et les organismes suivants. Tout d'abord, la Ville de Repentigny et
ensuite M. Richard Marcoux. Alors, je vais inviter... donc vous souhaiter la
bienvenue, à la Ville de Repentigny et puis vous demander de vous nommer en
vous rappelant que vous avez 10 minutes au total pour votre présentation
et ensuite, on va poursuivre avec les échanges. Alors, si chacun veut bien se
nommer, s'il vous plaît.
M. Dufour (Nicolas) : Donc,
bonjour, Nicolas Dufour, maire de Repentigny.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui,
bonjour. Jennifer Robillard, conseillère municipale et présidente de la
Commission sur le vivre ensemble et la participation citoyenne.
Mme Descadres (Marie Angeline) : Bonjour,
Marie Angeline Descadres, conseillère stratégique en innovation sociale à la
direction générale.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, vous pouvez commencer.
M. Dufour (Nicolas) : Alors,
merci, chers parlementaires, j'ai envie de commencer en vous disant :
Repentigny existe, les municipalités existent au Québec. Cela signifie que
nous, en tant que municipalité, avons un rôle important à jouer dans
l'intégration des personnes immigrantes sur notre territoire. Repentigny se
distingue par son engagement et son leadership dans le domaine de
l'immigration. Nous avons mis en place des pratiques inspirantes et innovantes,
notamment la mise en œuvre de notre stratégie 2022-2026 pour une ville
inclusive. Cette stratégie comporte des orientations spécifiques liées au vivre
ensemble, à la sécurité civile et au volet socio-économique. Nous croyons
fermement que l'immigration est une opportunité de développement non seulement
sur le plan économique, mais aussi en termes de sécurité et de cohésion
sociale. C'est un investissement vers un développement socio-économique durable
et innovant.
Cependant, nous sommes conscients que nous
faisons face à des défis majeurs en ce qui concerne nos capacités limitées pour
offrir des services de qualité à la population. Repentigny accueille un nombre
significatif d'immigrants, en particulier dans la MRC de l'Assomption, mais nos
ressources sont limitées. En tant que gouvernement de proximité, nous assumons
pleinement notre responsabilité dans l'intégration des personnes immigrantes
sur notre territoire en collaboration avec les acteurs du milieu. La
collectivité, les entreprises et les partenaires communautaires sont également
engagés dans ses efforts d'intégration et de vivre ensemble. Cependant, ils
font face aux mêmes défis que nous, à savoir des moyens très limités.
De plus en plus de personnes immigrantes
choisissent de s'installer à Repentigny, ce qui a entraîné une évolution du
profil démographique de notre ville et de nouveaux besoins. Nous devons
également tenir compte de notre proximité avec la Ville de Montréal, ce qui
rend notre environnement complexe. Nous sommes confrontés à des enjeux
similaires à ceux des grandes villes, mais avec des ressources limitées propres
à une municipalité de taille moyenne, comme tant d'autres au Québec. Notre
vision de l'immigration est celle d'une opportunité de développement à
plusieurs niveaux. Nous croyons que c'est un investissement dans un
développement socio-économique durable et innovant. Nous reconnaissons les
défis auxquels nous sommes confrontés en termes de capacité limitée, mais nous
restons déterminés à travailler en collaboration avec notre communauté, nos
partenaires et les acteurs du milieu pour créer un avenir inclusif et prospère
pour tous les résidents de Repentigny, qu'il soit né ici ou ailleurs.
Mme Robillard (Jennifer) : Je
vais prendre la suite de M. le maire, là, pour vous adresser, en fait, quatre
points qui ressortent du mémoire que nous avons déposé à la Ville de
Repentigny. Donc, on est une ville qui a à cœur l'intégration et l'inclusion
des personnes immigrantes sur notre territoire pour répondre aux besoins
grandissants et complexes dont M. le maire faisait mention, pour continuer le
travail de terrain, le premier palier de gouvernement pour notre population,
nous avons besoin de différents éléments et quatre éléments qu'on souhaite vous
apporter ce soir. Tout d'abord, la création d'une instance de concertation
multisectorielle pour rendre plus agile la gestion des migrations, en incluant
les villes comme parties prenantes. Une ville comme Repentigny, comme M. le
maire l'a mentionné, elle souhaite être à la table de travail, collaborer aux
chantiers en cours et à venir. Ville de la couronne de Montréal, le réflexe
n'est pas toujours de nous inviter à la table, ce que nous souhaitons avoir
pour la suite des choses. La ville a la responsabilité de tout mettre en œuvre
pour offrir des services municipaux de qualité, offrir un cadre de vie propice à
l'épanouissement de sa population. Nous estimons qu'il est primordial de
reconnaître l'apport des municipalités à réaliser les orientations du
gouvernement. Et nous souhaitons donc être un partenaire et un allié de choix
pour le gouvernement dans le cadre du plan d'immigration.
• (19 h 20) •
Un autre point qu'on souhaite amener,
c'est la révision de la répartition des ressources financières pour des
services adaptés aux besoins locaux. Nous travaillons en collaboration étroite
avec nos partenaires. Tous les moyens sont mis en œuvre pour soutenir l'accueil
et l'intégration sur notre territoire. Cependant, force est de constater que la
tâche est grande pour les villes et que notre capacité demeure restreinte. Nous
aimerions donc avoir une...
Mme Robillard (Jennifer) : ...meilleure
répartition des ressources financières et humaines en fonction des besoins
spécifiques de chaque localité.
Un troisième point est le financement
récurrent pour améliorer les services offerts par la ville, notamment la francisation
et l'accès au logement. Nous travaillons à développer, à innover, que ce soit
sur les différentes activités offertes aux personnes immigrantes ou encore le
maintien du vivre ensemble de notre population. Que ce soit la francisation
dans nos bibliothèques ou encore dans nos camps de jour, les événements
rassembleurs autour du vivre ensemble, la lutte au racisme et aux
discriminations, nous avons de nombreuses idées pour faciliter l'intégration
dans notre communauté.
Il y a également une multitude de besoins
lorsqu'on parle des résidents permanents, travailleurs temporaires ou encore
personnes réfugiées. Il faut des ressources financières diversifiées pour
continuer notre travail, former et appuyer nos employés à offrir des services
adaptés à toute notre population.
On attire votre attention en matière
également du financement du logement. Il faut une adéquation entre le plan en
immigration et le logement, entre les besoins des gens qui arrivent, le besoin
des entreprises de croître, d'accueillir de nouveaux travailleurs, avec une
structure capable de les accueillir, et de bien les accueillir, je dirais. Il
faut loger des gens chez nous, dans une ville à 100 % bâtie, ce qui est le
cas de Repentigny. Il faut des programmes de redéveloppement de notre ville, à
la fois en matière d'entrepreneuriat mais également en matière de logement. Une
mixité de logements également, parce que les cibles du gouvernement sont en
grande partie d'attirer des jeunes immigrants de moins de 35 ans. Pour une
municipalité, cela demande un cycle d'accueil, en termes de mixité de
logements, donc on passe d'un plus petit logement avec une famille qui grandit,
avec des retraités, par la suite, et avec un type de services accru, également,
du CPE au démarrage d'entreprise, à la résidence par la suite. Nous avons donc
besoin de ressources pour accueillir adéquatement les citoyens qui arrivent à
Repentigny tout en assurant le maintenir, la cohésion sociale et le vivre
ensemble. Et cela passe par des programmes connus, flexibles et continus.
Finalement, nous souhaitons un financement
récurrent pour développer des projets structurants en matière de diplomatie
municipale et pratiques inclusives. Ça inclut le soutien à nos citoyens
corporatifs pour le recrutement, l'intégration, la rétention de la main-d'œuvre
immigrante, l'enrichissement de l'écosystème scolaire, avec notamment l'accueil
d'étudiants étrangers, et, bien sûr, la mise en place de pratiques inclusives.
M. Dufour (Nicolas) : Donc,
si je peux me permettre de résumer, cher parlementaire, à la fin de la journée,
ce sont les municipalités qui intègrent au quotidien les nouveaux arrivants,
les immigrants. La responsabilité nous incombe. Malheureusement, les limites
financières sont rapidement atteintes et on a besoin d'un support et de l'aide.
Les villes sont prêtes à être des alliées du gouvernement du Québec dans
l'intégration et l'augmentation des seuils d'immigration. Donc, merci à vous
tous.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
pour votre présentation. Alors, la période d'échange va commencer. Je vais
céder la parole à la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration pour une période de 16 min 30 s.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir, M. le Maire, bonsoir, mesdames, il me fait plaisir
de vous revoir. Merci de participer à l'exercice de cette commission
parlementaire.
Vous vous prononcez sur votre réalité à
vous en tant que ville de la couronne. Quand j'ai fait ma série de rencontres
régionales, j'ai réalisé à quel point la dynamique pour les villes qui étaient
dans la couronne métropolitaine pouvait être particulière, pouvait être
singulière. Et là où je croyais qu'il y avait un impact facilitant, quant au
fait d'être proche de Montréal, ce n'était pas nécessairement le cas dans la
réalité des choses, parce que, souvent, Montréal constituait une sorte d'aimant
pour les personnes immigrantes. Alors, c'est une des choses sur lesquelles
j'aimerais vous entendre. Bien, en fait, j'aimerais vous entendre sur les
responsabilités que vous, vous souhaiteriez que les villes puissent assumer
dans l'instance que vous proposez de créer, là, de coordination
multisectorielle. Donc, quel est le rôle que pourraient jouer les villes à
l'intérieur d'une telle instance?
Et puis, j'aimerais vous entendre
également sur, en fait, en quoi la proximité de Montréal influence votre
dynamique sur le plan de l'immigration à Repentigny.
M. Dufour (Nicolas) : Oui. Je
vous remercie beaucoup, Mme la ministre, puis permettez-moi d'entrée de jeu de
vous remercier aussi pour la tournée que vous avez faite et la série de
consultations dans laquelle vous vous êtes lancée, là, on apprécie énormément,
puis je pense que tous ont à y gagner.
Bien, écoutez, pour ce qui est de la
proximité de Montréal, les défis que ça peut nous entraîner, c'est
qu'inévitablement on a, vous me permettrez l'anglicisme, mes plus plates
excuses, je cherche le bon terme français, mais on a un «trickle down» qui
provient de Montréal parce que les nouveaux arrivants vont aller s'établir,
effectivement, où est-ce qu'il y a une masse critique, donc bien souvent à
Montréal, où il y a déjà des concentrations de certaines communautés. Mais, à
un certain moment, ces gens-là, après quelques années, vont avoir le goût de
vivre la vie typique nord...
M. Dufour (Nicolas) : ...en
banlieue vont avoir le goût d'une résidence unifamiliale, vont avoir le goût
d'avoir un milieu intéressant pour élever des enfants, ce qu'une communauté
comme Repentigny a à offrir. Donc, rapidement, on a eu un changement
démographique de par notre très grande proximité avec Montréal. Pour vous
donner un exemple, là, on est rendu à plus de 20 % de notre population à
Repentigny qui est issu de l'immigration. Lorsque j'étais député de Repentigny
de 2008 à 2011, on parlait d'à peine 5 %. Alors, en même pas une quinzaine
d'années, là, il y a eu une explosion démographique, ce qui nous a amené
beaucoup de défis parce que notre communauté n'était pas nécessairement
préparée à accueillir en si peu de temps autant de gens.
Depuis notre arrivée en poste, on a tout
de même pris des actions fortes pour justement donner cette impulsion-là de
vivre ensemble. À titre d'exemple, l'arrivée d'une conseillère Stratégie en
équité, diversité, inclusion, le tout premier programme de ville inclusive, là,
2022-2026. Donc, on a mis rapidement en place des actions comme administration
pour s'assurer de bien intégrer les gens.
Pour donner un exemple, là, nos camps de
jour, on a commencé depuis l'année dernière à ouvrir des camps spécialisés pour
la francisation. On a commencé, on avait 10 jeunes. Cette année, on est
rendu à 20 et on prévoit déjà un 40 et un 50 pour l'année prochaine. Donc, on
le voit, là, que c'est rapidement en explosion.
Donc, c'est sûr que la proximité avec
Montréal nous amène des défis, mais en même temps des opportunités. On parle
beaucoup de régionalisation de l'immigration. Repentigny, je n'ai pas envie de
vous dire qu'on est une région, on comprend qu'il y a une différence avec la
Gaspésie, mais tout de même, on est en dehors du grand centre qu'est Montréal
et on a des défis qui sont propres, mais on est une part de la solution pour la
régionalisation de l'immigration. Mais quand je vous disais que ça nous amenait
des défis, c'est que malheureusement, quand on parle, par exemple à des
instances gouvernementales, quand on parle avec des associations, bien, on va
rapidement... Ah! m'avez-vous perdu?
Mme Fréchette : Oui... ah! là
maintenant, on vous a perdu, oui.
M. Dufour (Nicolas) : Ah! je
pense qu'on m'a perdu.
La Présidente (Mme Caron) : ...10
dernières secondes.
Mme Fréchette : Je crois que
c'est revenu, là.
M. Dufour (Nicolas) : Désolé,
m'avez-vous retrouvé?
Mme Fréchette : Oui.
La Présidente (Mme Caron) : Oui...
C'est fragile.
Mme Fréchette : Peut-être si
vous enlevez la caméra, ça pourrait aider... j'apprécie vous voir, mais... on
vous perd...
M. Dufour (Nicolas) : ...l'important,
c'est le contenu et pas mon visage. Donc, effectivement, notre très grande
proximité avec Montréal. Pour nous, c'est un certain avantage parce qu'on est
une forme de régionalisation de l'immigration. Il faut arrêter de voir la
régionalisation comme étant seulement dans les extrêmes du Québec. On fait
notre part en termes de régionalisation, mais le défi qu'on a avec notre très
grande proximité avec Montréal, c'est que, bien souvent, lorsqu'on va
s'adresser à des organisations, que ce soient les paliers de gouvernement,
d'autres institutions ou quoi que ce soit, on est tellement proches de Montréal
qu'on va parler des défis d'immigration qui sont propres à Montréal, mais nous,
on devient un peu dans une zone de non-droit. On est complètement oublié. On
est l'angle mort, les couronnes et les banlieues, on est l'angle mort de
l'immigration parce qu'on est tellement proche de Montréal que,
malheureusement, des fois, notre voix ne porte pas assez. On va rapidement se
retourner vers le grand centre qu'est la métropole pour prendre leurs doléances
en matière d'immigration, où leurs problématiques ou leurs défis, comme si les
couronnes, autant nord que sud, n'avaient pas des défis qui sont propres. Et on
le voit en termes d'investissements, bien, c'est sûr que les paliers de
gouvernement vont plus rapidement investir où Il y a une masse critique, à
Montréal, que, par exemple, dans des programmes qu'on pourrait très bien offrir
au niveau des banlieues. Donc, c'est là que la proximité avec Montréal, des
fois, autant c'est un avantage, en étant très proche de Montréal, ça nous amène
une certaine... facilement, là, une population immigrante qui peut facilement
venir chez nous et garder un contact de proximité avec Montréal, mais en même
temps, le défi... le problème qu'on a, c'est qu'on est tellement proche qu'on
vient dans un angle mort, là, pour les gouvernements ou les organisations.
• (19 h 30) •
Maintenant, vous me parliez pour le rôle
que pourrait avoir l'instance, un peu dans la même logique, ce qu'on vous
invite, c'est de créer une table où on va être en mesure autant les
municipalités que d'autres acteurs, de se réunir fréquemment et de vous faire
part de nos problématiques et des défis particuliers qu'on vit en matière
d'immigration et d'intégration. Donc, dans le fond, nous, ce qu'on... on vous
propose une table, le modèle peut être celui que vous choisirez, mais l'invitation
qu'on vous fait, c'est inviter les municipalités à être des alliées et à
prendre part de façon beaucoup plus étroite aux discussions en matière
d'immigration...
19 h 30 (version non révisée)
M. Dufour (Nicolas) : ...que,
je le réitère, au quotidien, nous sommes ceux qui accueillons l'immigrant. C'est
avec nous qu'il va payer son premier compte de taxes, c'est avec nous qu'il va
aller la première fois à la bibliothèque. C'est avec nous qu'il va utiliser les
premières fois des installations sportives municipales comme les piscines ou
quoi que ce soit. Et c'est ça, à la fin de la journée, qui fait une bonne
intégration, c'est les outils municipaux, parce qu'on est dans le quotidien de
ces gens-là.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup.
M. Dufour (Nicolas) : ...
Mme Fréchette : Oui, tout à
fait. Merci beaucoup, M. le maire. Et puis, bon, l'audition est parfaite, on
vous a bien entendu jusqu'à la fin.
Je veux maintenant passer la parole à la
députée d'Iberville de Soulanges d'Iberville ou de Soulanges. Iberville?
La Présidente (Mme Caron) : Députée
de Soulanges et...
Mme Fréchette : D'accord.
Soulanges.
La Présidente (Mme Caron) : Députée
de Soulanges, la parole est à vous.
Mme Picard : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. J'ai une question toute simple : Est-ce que vous diriez
que la ville de Repentigny est prête à accueillir plus de personnes immigrantes
sur son territoire?
M. Dufour (Nicolas) : Oui,
certainement. Et puis on le fait déjà, puis on le voit, là, comme je vous le
mentionnais tout à l'heure, entre 2008 et 2022, là, on parle d'une
augmentation, là, de près... de quasiment 17 %, là, de notre part de
population, là, qui est issue de l'immigration. Et, à Repentigny, vous le
savez, on ne se fera pas de cachette, on a eu des défis, en matière d'immigration
et de vivre ensemble, il y a quelques années, mais on a vraiment pris le
taureau par les cornes, dans les deux dernières années, et on a vraiment créé
un sentiment de vivre ensemble très fort à Repentigny, on a mis en place
beaucoup d'actions. Je laisserais, Mme Descadres vous parler des actions plus
spécifiques qu'on a posées, mais, à titre d'exemple, là, on a fait un forum sur
le vivre ensemble. Pas loin de 200 citoyens sont venus, et ça a créé des canaux
de communication et d'échange entre les communautés pour apprendre à se
connaître. Et on est vraiment en train de sentir qu'il y a un sentiment de
vivre ensemble très, très fort qui se crée à Repentigny.
Donc, effectivement, nous, on est toujours
prêts à accueillir des gens, parce qu'on a des besoins en termes de main-d'oeuvre,
on a des besoins... on a des offres aussi, en termes d'éducation, en termes de
qualité de vie. Donc, pour nous, on voit l'immigration comme étant de quoi de
très positif, étant un ajout pour la société québécoise, et on est très
certainement prêts à faire notre part.
Mme Descadres, je ne sais pas si vous
pourriez donner quelques exemples, là, de ce qu'on a entrepris dans...
Mme Descadres (Marie Angeline) : Absolument.
Absolument. Puis, tu sais, je dirais qu'on a dû être très créatifs étant donné
les moyens limités, mais c'est vraiment la force, la mobilisation collective
qui est, je pense, un des principaux vecteurs. Je dirais que, depuis deux ans,
en plus de déployer une stratégie, bon, pour une ville inclusive qui est
transversale, qui implique l'ensemble des secteurs de la ville, on a aussi
vraiment mis le focus, on a mis les bouchées doubles aussi pour renforcer un
sentiment de confiance, un lien de confiance, notamment avec notre service de
police, avec la mise en œuvre d'un plan d'action, bon, pour vraiment se
rapprocher de notre collectivité, de nos communautés. Donc, vraiment, je
dirais, là, à chaque semaine, il y a un pas qui est franchi en ce sens-là.
En plus de ça, la ville est une des
principales parties prenantes dans la mise en place du plan d'action en
immigration de la MRC de l'Assomption. C'est sûr qu'il y a une grande
collaboration qu'on a avec, vraiment, l'ensemble des acteurs locaux en matière
d'immigration, via justement la Table Immigration Intégration, là, qui regroupe
les acteurs locaux en immigration dans la MRC de l'Assomption. Puis, c'est
justement à travers cet espace-là, où est-ce qu'on peut non seulement se
concerter, mais aussi, surtout, collaborer puis vraiment se responsabiliser par
rapport à notre rôle de facilitateur autant auprès des groupes communautaires,
que ce soit de la société civile, des regroupements associatifs ou autres, mais
aussi, puis j'ai envie de dire surtout, auprès de la population.
Puis c'est pour ça que, justement, en
créant un forum annuel justement sur le vivre ensemble, notre cible, c'est :
on veut avoir un dialogue avec notre communauté, avec notre population, de
façon régulière, parce que c'est certain que, si on souhaite, bon, oui, la
diversité, l'inclusion, mais plus spécifiquement l'intégration puis le maintien
des personnes issues de l'immigration sur le territoire de la ville de
Repentigny, bien, ça doit passer, finalement, par un dialogue en continu.
L'autre élément, en fait, qui a été créé
dans les deux dernières années, c'est une nouvelle commission, dans le fond,
dans l'ensemble de nos commissions à Repentigny. On a maintenant une commission
sur le vivre ensemble et la participation citoyenne, où est-ce que, justement,
on fait le suivi des différents dossiers puis des enjeux qui touchent notamment
l'immigration. Puis on a également mis sur pied un comité consultatif citoyen.
Donc, je vous dirais, on a vraiment couvert la chose sous tous ses angles.
Puis, en plus de ça, maintenant, il y a des initiatives qui commencent à sortir
un peu de personnes immigrantes, des différents citoyens...
Mme Descadres (Marie Angeline) : ...puis
aussi, tu sais, je... on fait beaucoup le focus sur les personnes immigrantes,
sur les personnes racisées, mais je vous dirais que l'ensemble de la
collectivité repentinoise aussi est mobilisée vers ça pour pouvoir, justement,
bien soutenir puis accueillir les gens. Ça fait que, bien au-delà de...
justement, le programme de francisation qu'on a mis en place avec l'aide du
programme du français ou d'autres éléments qu'on a développés au fil du temps à
Repentigny, on est quand même en mesure de créer un espace d'accueil intéressant
et, comme le nomme M. Dufour, pour pouvoir accueillir finalement d'autres
personnes, là, sur notre territoire. Je ne sais pas si Mme Robillard voulait
compléter l'information.
Mme Robillard (Jennifer) : Bien,
en fait, pas mal tout a été dit. Le seul point que je voudrais rajouter, c'est
que le désir est fort et grand, mais réitérer qu'on accueille quand même des
gens dans une population déjà établie. Puis la notion du vivre-ensemble est
extrêmement importante puis doit être pensée dans le plan en immigration pour
favoriser une certaine acceptabilité sociale, puis c'est ça, un vivre-ensemble
qui va être harmonieux puis dans la confiance pour tout le monde, là.
Mme Picard : C'est beau de
vous voir, c'est le fun, vous êtes pleins de belles initiatives. Donc, bravo!
Je cède la parole à d'autres collègues, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
Mme la députée d'Iberville, il reste 3 min 50 s.
Mme Bogemans : Parfait. Bien,
je voulais surtout vous féliciter, parce que vous semblez être un milieu qui
travaille en équipe, puis au niveau de la MRC il y a vraiment un bel esprit de
cohésion. Vous êtes dans le positivisme, et ça se dégage, vous avez des belles
initiatives. C'est quand même un défi considérable que vous relevez avec brio,
là, de passer de 5 % d'immigrants en 2011 à 20 % de votre population
aujourd'hui en 2023. Il y a vraiment un travail colossal qui est fait. Puis
vous avez donné plusieurs exemples inspirants, je crois, qui peuvent être
repris aussi dans plusieurs milieux, là, ne serait-ce que le forum, les camps
de jour de francisation offerts par la ville, les activités multiâges aussi que
vous organisez, là. C'est vraiment super, parce que c'est une intégration qui
est transversale, là, au niveau de votre municipalité, finalement, puis on peut
dire, je pense, jusqu'à la grandeur de votre MRC. Ça fait que, vraiment, des
grandes félicitations pour ces efforts-là.
Puis on a parlé beaucoup des exemples qui sont
inspirants, puis je voulais savoir, au niveau... Parce que c'est bien écrit que
pour vous c'est intrinsèque, la réussite du parcours migratoire est associée à
la vitalité économique, puis on a moins parlé de cet aspect-là, surtout des
jeunes immigrants, de comment vous attirez particulièrement les moins de 35 ans
à venir vivre leur début de carrière, finalement, à Repentigny.
M. Dufour (Nicolas) : Bien,
très bon point. Je vous remercie tout d'abord pour les bons mots. Mais,
effectivement, on souhaite devenir un modèle et faire école à travers le
Québec, parce qu'on pense qu'on a un modèle qui, bon, ne se transpose pas
nécessairement de la même façon partout exactement, on ne fait pas du
mur-à-mur, mais certaines idées peuvent inspirer d'autres.
Mais, écoutez, c'est sûr qu'on a des défis
au niveau de la main-d'œuvre, je ne vous ferais pas de cachettes, et ça nous
amène des situations assez particulières. Je vais vous donner un exemple. Pas
plus tard que cet été, les McDonald de Repentigny — qui aurait pensé
ça il y a 15 ans? — mais les McDonald ont été obligés d'aller
chercher des gens aux Philippines, 30 employés aux Philippines pour qu'ils
viennent travailler dans leurs restaurants. Et nous, comme municipalité, on a
rapidement... — parce qu'on est très proches de nos entrepreneurs et
de nos acteurs économiques — on s'est associés avec les McDo pour
faire l'intégration et l'accueil au quotidien des 30 employés, donc s'assurer
que les jeunes aient des places dans nos camps de jour de francisation,
vérifier où ces gens-là vont dormir, est-ce que l'endroit qu'ils ont
sélectionné répond à nos codes d'urbanisme, et quoi que ce soit, l'aménagement
du territoire? Donc, on a vraiment travaillé en étroite collaboration.
• (19 h 40) •
Mais nos entreprises nous ont dit — et
là, je vous donne un exemple, mais on en a plein d'autres sur le territoire qui
commencent à aller dans cette veine-là — les entreprises se sentent
parfois un peu laissées à elles-mêmes dans ce type de démarches là. À titre
d'exemple, le franchisé McDonald n'a pas eu de support de la part du McDonald
Canada, a été laissé à lui-même, a eu très peu... a vraiment fait tout par
lui-même, a eu très peu de facilité, même avec les acteurs de l'immigration au
Québec ou au Canada. Donc, il a vraiment pris ça à charge, et nous, on l'a
vraiment accompagné, là, au niveau de l'intégration au quotidien. Donc, je
pense que les entreprises ont des défis pour réussir à attirer la
main-d'oeuvre...
La Présidente (Mme Caron) : S'il
vous plaît... En conclusion, s'il vous plaît. Il vous reste 15 secondes.
M. Dufour (Nicolas) : Donc,
simplement dire que c'est tout un défi de réussir à attirer la main-d'œuvre,
mais on est très près de notre cible.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup. Alors...
La Présidente (Mme Caron) : ...maintenant,
je vais céder la parole à l'opposition officielle. Alors, Mme la députée de
Chomedey, vous avez 12 min 23 s.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour,
merci d'être venus. Merci pour le mémoire que vous nous avez envoyé. C'est
tellement intéressant de voir une équipe comme ça, motivée, qui veut apporter
du bien à sa population. C'est rafraîchissant, vous écouter, c'est vraiment
bien.
Là, ma question serait : Est-ce que
les immigrants choisissent chez vous? Parce que vous avez dit une augmentation
de 20 %, puis vous êtes très actifs à l'intégration, et tout ça, mais là,
maintenant, j'entends qu'il manque des employés. Donc, McDonald est allé
chercher ailleurs. Donc, est-ce que les immigrants ne viennent pas chez vous
automatiquement? Est-ce que ce sont des travailleurs qu'il vous manque? Est-ce
qu'il y a des immigrants qui viennent, mais que ce n'est pas des travailleurs?
Pouvez-vous élaborer là-dessus, s'il vous plaît? Ce n'est pas clair.
M. Dufour (Nicolas) : Oui. Je
laisserais Mme Descadres, sur cet aspect... mais, juste avant, votre question
est pleinement pertinente, et, je vous dirais, à un moment donné... Oui,
Repentigny attire naturellement, d'une certaine façon, parce que, bien, on
est... au fil des années, il s'est créé une concentration de certaines
communautés, à titre d'exemples, Haïtiens, Marocains, Algériens, Donc, on a des
communautés, là, qui ont découvert la ville de Repentigny, le bouche-à-oreille
a fait le travail.
Mais avant de laisser Marie Angeline
continuer, je veux juste vous mentionner un aspect très important, et c'est le
rôle que les municipalités peuvent jouer dans la diplomatie, énormément, la
diplomatie municipale. Je pense que ça peut devenir, de plus en plus, de quoi
d'intéressant au niveau des villes, et c'est sûr que, si on avait des relations
plus concrètes avec certaines villes et partenaires ailleurs dans le monde, on
pourrait se créer des filières pour de la main-d'oeuvre. Je vais vous donner un
exemple. La ville de Repentigny commence des démarches, et on est très proches
de plusieurs municipalités, au Maroc, et sans tomber, là, dans ces vieux
jumelages, là, où on s'en va au Maroc, là, ou en... À titre d'exemple, à
l'époque, là, on s'en va en France, on prend une photo pour dire qu'on est
jumelés avec telle ville, on est contents, puis, après ça, eux, ils viennent
chez nous, prennent une photo, sont heureux.
Nous, on veut vraiment créer des filières
de travail, où on est capables de travailler avec des municipalités
directement, dans d'autres pays, où on va être en mesure de se créer des
filières. Parce que, de nos entreprises... À titre d'exemple, avec le Maroc,
des entreprises repentignoises commencent à aller s'ouvrir des points de chute
au Maroc, parce qu'ils sont un peu sur le même fuseau horaire, donc l'entreprise
est capable de travailler 24 heures sur 24. Donc, à titre d'exemple, on a une
entreprise en construction qui a trouvé une compagnie d'architectes au Maroc,
et ça permet à la compagnie québécoise d'avoir des gens qui vont travailler
durant les heures où, au Québec, on dort. Et nous, on pense que, si on
intensifie ces relations-là entre les villes, on va se créer des liens de
proximité beaucoup plus forts, et là on pourrait attirer peut-être des nouveaux
marchés de main-d'œuvre.
Mme Descadres (Marie Angeline) : Donc,
si je peux compléter la réponse de M. Dufour, justement, en lien avec la notion
de diplomatie municipale, j'ai envie de vous dire que, oui, il y a des
immigrants d'autres profils qu'économique qui viennent s'installer, notamment
certaines diasporas, qui sont là. Et puis, dans notre réflexion pour avoir une
stratégie en matière, si on veut, de développement international, c'est sûr que
nos réflexions nous amènent vers, justement, ces diasporas-là, dont la
communauté marocaine, dont M. Dufour parlait tout à l'heure. On a aussi une
forte concentration de personnes d'origine haïtienne, qui viennent de l'Algérie
aussi, de la France et du Congo.
Mais ce qu'il faut comprendre aussi, c'est
qu'étant donné que seul un pont sépare Repentigny de Montréal, bien, à partir
du moment qu'on a un accès restreint aux logements sur l'île de Montréal, tu
sais, et qu'il y a déjà eu, j'ai envie de dire, un déplacement de certaines
communautés vers Repentigny qui s'est fait dans les dernières années, bien,
certainement, dans un contexte de réunification familiale, dans un contexte,
simplement, de disponibilité, ce qui s'est produit dans les dernières années,
c'est qu'il y a de plus en plus, aussi, de demandeurs d'asile, de personnes qui
font, justement, leur demande de résidence permanente, et autres, qui sont
venues s'installer à Repentigny. Maintenant, tout ça, ça a créé un écosystème
où est-ce qu'en ce moment, effectivement l'accès au logement est également
limité, maintenant, à Repentigny, comme c'est le cas à d'autres... dans
d'autres...
Mme Lakhoyan Olivier : ...donc
vous avez un problème avec manque de logements aussi, c'est ça?
M. Dufour (Nicolas) : Oui,
oui, totalement. Puis si je peux vous sensibiliser, Repentigny est une des
premières villes au Québec, qui a un problème particulier en matière
d'aménagement du territoire. On est une des rares villes, au Québec, qui est
bâtie à 100 %. Donc, notre communauté est bâtie à 100 %, avec le plan
d'aménagement et de développement, le PMAD de la Communauté métropolitaine de
Montréal. On n'a plus de zone blanche. Donc, notre municipalité est une des
premières au Québec à avoir atteint son plein potentiel, son plein
développement.
Maintenant, on n'est pas fermé à la
densification et rebâtir la ville... sur la ville, mais ça demande beaucoup
plus de doigté. Donc on a vraiment une problématique, là, avec le logement chez
nous qui devient criant. Juste pour vous donner, à titre d'exemple, d'ici 2041,
en termes de population active, donc les 20-64 ans, Repentigny va perdre
1,4 % de sa population à cause des défis de l'incapacité à créer des
nouveaux logements.
Mme Lakhoyan Olivier : Comment
on peut vous aider avec... avec le manque de logements? Qu'est-ce que vous vous
attendez du gouvernement, parce que vous avez atteint?
Mme Robillard (Jennifer) : Oui,
tout à fait. Bien, en fait, un peu comme je le mentionnais dans notre...
d'entrée de jeu, on s'attend à des programmes en continu et flexibles pour
être capables de s'adapter aux besoins en temps réel de la population.
Présentement, c'est un engagement continu des villes et des partenaires, autant
au niveau des entreprises, que des partenaires au niveau de l'accueil des
immigrants. On doit voir venir, mais les projets apparaissent un peu à des moments
qui sont non fixés dans le temps. Le montage de projets est quand même assez
astronomique. Les municipalités, on n'a pas la capacité de bâtir, on doit
s'associer avec les offices d'habitation qui ont leurs limites à eux aussi. On
s'associe avec des partenaires qui ont un besoin de main-d'oeuvre, qui n'ont
pas nécessairement l'expertise immobilière.
Donc, c'est certain qu'on a déjà demandé,
avec des rencontres précédentes au niveau du logement, d'avoir une
prévisibilité dans les programmes et d'avoir un soutien aussi au démarrage de
projets pour qu'on ait les fonds pour les projets initiaux, là, tout
l'avant-projet, là, comme on appelle, pour être capables, de manière
continuelle, en fonction des besoins de la population, de faire lever des
projets.
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
si la question... J'ai demandé ça à un autre groupe aussi. Je pense que, si je
vous demanderais : Est-ce que vous voudriez qu'on dise 50 000 ou 60 000
pour nombre d'immigrants? Ce n'est même pas une question, ça. C'est vraiment la
structure. Vous avez besoin d'autre chose. On n'est même pas là pour dire les
chiffres, parce qu'il y a trop de services manquants. Vous, vous avez toute la
motivation du monde, mais vous avez besoin d'appui pour gérer tout ça.
Donc, s'il y aurait un point important
que, disons, vous n'avez pas... vous ne l'avez pas écrit, qu'est-ce que vous
aimeriez qu'on se rappelle de notre conversation?
M. Dufour (Nicolas) : BIen,
premièrement, c'est très bien résumé, mais je vous dirais qu'effectivement, s'il
y a une chose à laquelle il faut se rappeler à la fin, là, c'est que c'est les
municipalités qui accueillent présentement les immigrants. Mais étant donné que
ça n'a jamais été une responsabilité claire et que c'est une responsabilité,
c'est correct, là, qui incombe au gouvernement du Québec, pour une bonne
portion, le gouvernement du Canada, les municipalités ont été oubliées.
Alors, ce que j'ai envie de vous dire,
c'est : Oubliez-nous pas dans les échanges, dans les discussions.
Consultez-nous. Faisons partie de la solution. On est des alliés et, à la fin
de la journée, c'est nous qui intégrons au quotidien ces gens-là. On a un rôle
à jouer, on a besoin de l'argent qui vient avec, aussi.
Mme Lakhoyan Olivier : Est ce
qu'il me reste du temps?
La Présidente (Mme Caron) : Il
reste trois minutes 30.
• (19 h 50) •
Mme Lakhoyan Olivier : J'ai
tellement de questions, là, je me demande laquelle vous demandez. Dans Les
immigrants que vous recevez chez vous, à Repentigny, est-ce que vous pouvez les
chiffrer, parce que vous dites, il y a des immigrants, mais qui habitent à
Montréal ou à Laval, dans les alentours, qui ont décidé d'aller là. Ils sont
d'une origine autre que québécoise de souche. Donc, ils sont-tu des nouveaux
immigrants ou c'est-tu des immigrants... Est-ce que vous pouvez les chiffrer,
parce que vous parlez des sans-papiers, vous parlez des réfugiés?
Donc, le 20 % que vous parlez, est-ce
qu'on parle des communautés marocaines haïtiennes, tout ça, ou c'est-tu des
nouveaux immigrants? Et quels sont les statuts? C'est quoi...
M. Dufour (Nicolas) : Bonne
question.
Mme Descadres (Marie Angeline) : Oui.
Je vais me permettre un début de réponse puis je vais laisser ensuite mes
collègues compléter au besoin. La donnée qu'on a, en fait, ça... elle est
composée d'environ 16 % de personnes nouvellement arrivantes, donc ça veut
dire des immigrants qui ont été reçus au Canada depuis trois ans et moins.
Puis, ensuite de ça, le reste de la donnée, c'est vraiment les... ça va être par
contre... par exemple les personnes de deuxième génération. Ça fait que ce
qu'on s'aperçoit notamment dans nos écoles, sur notre territoire, c'est qu'on a
des écoles où est-ce que plus de la moitié des élèves sont des élèves
immigrants qui viennent d'être reçus au Canada, par exemple. Tu sais, c'est
pour ça justement qu'on a développé, en partenariat avec le Centre de services
scolaire, notamment, des camps de jour spécialisés pour les enfants qui avaient
un besoin au niveau de la francisation. Ce qu'on est en train de calculer puis
qu'on est en train de se rendre compte, en fait, c'est que... c'est certain
qu'il y a une portion de personnes, entre guillemets, issues de l'immigration,
donc, toutes générations confondues, là, qui vont s'installer à Repentigny,
mais il y a vraiment une grande proportion de nouveaux arrivants, de nouveaux
immigrants. Puis ce qui se produit, c'est que même au niveau de la prestation
des services municipaux, on a besoin de s'ajuster pour pouvoir bien les guider
aussi, tu sais. Je pense, c'est M. Dufour qui amenait l'exemple du compte
de taxes. Bien, une personne qui arrive au Canada, qui n'a aucune idée qu'il
faut payer un compte de taxes, là, bien, il faut vraiment qu'il se fasse
accompagner pour comprendre le pourquoi du comment.
Donc, on est à, en ce moment, outiller,
former nos équipes pour s'assurer de bien guider cette population-là, ces
citoyens-là. Puis il y en a plusieurs d'entre eux qu'en fait ils n'ont pas
l'intention de quitter Repentigny, tu sais. Après coup, ils font vraiment leurs
racines ici, puis ce qui fait en sorte d'augmenter, entre guillemets, le bassin
de la population qui est issue de l'immigration à la ville. C'est certain que,
bon là, on ne parlera pas de quatrième ou de cinquième génération, là, on n'est
pas rendus là. Mais très certainement c'est comme si on a, en ce moment...
c'est comme des plaques tectoniques qui viennent se rejoindre entre les
différentes couches de population, donc les différents statuts migratoires,
mais aussi les différentes identités qui se chevauchent là-dedans.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît. Il reste seulement neuf secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : Est-ce
que le manque de logements... c'est-u à cause des nouveaux arrivants ou c'est-u
tout confondu?
M. Dufour (Nicolas) : Non, il
y a mille et un facteurs.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
M. Dufour (Nicolas) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, maintenant, je vais céder la parole au député de Saint-Henri-Sainte-Anne
pour quatre minutes huit secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. D'ailleurs, merci pour votre mémoire. Merci pour votre présentation.
J'ai été intéressé par la création d'une instance de coordination
multisectorielle. Est-ce que c'est la première fois que vous faites cette
demande-là? Est-ce que c'est une demande que les villes en général font ou
est-ce que c'est particulier à Repentigny? Si vous pouvez m'orienter là-dessus.
M. Dufour (Nicolas) : Oui.
Désolé, là, ça coupait un peu. Malheureusement, vous voyez, quand je parlais de
difficultés et de moyens limités à Repentigny, même le wifi est limité. Vous
m'excuserez.
Mme Robillard (Jennifer) : Je
peux peut-être prendre la relève, M. le maire, puis si ça embarque... Je ne
veux pas prendre des minutes de M. le député. Donc, c'est certain qu'il y a
différentes discussions, puis le sujet peut être amené à différents moments.
Mais c'était quand même assez flagrant pour nous, quand on regardait le plan
d'immigration, la discussion est beaucoup entre le palier fédéral et provincial
dans la réflexion sur la répartition des pouvoirs, la répartition des actions,
les réflexions qui sont faites. Puis nous, c'était quand même assez flagrant en
le lisant qu'ultimement, comme M. le maire l'a mentionné à plusieurs reprises,
les citoyens, bien, les personnes immigrantes atterrissent chez nous dans notre
quotidien, puis on doit s'en occuper. S'ils n'ont pas de logements, bien, c'est
sur nos trottoirs qu'ils se retrouvent. S'ils n'ont pas d'écoles, s'ils n'ont
pas de garderies, bien, c'est notre main-d'œuvre, tu sais, qui ne peut pas
être... rentrer au boulot. Nos employés doivent au quotidien s'en occuper.
Donc, c'est certain que pour nous, c'était
assez flagrant qu'on voulait, et qu'on souhaitait être partie prenante, puis on
avait envie aussi d'être l'écho, finalement. En dehors des grands centres, on
entend souvent parler, tu sais, les pus grandes municipalités... Mais il y a
plein de bonnes choses qui se passent, puis on se disait que c'était important
de le mettre de l'avant aussi dans le cadre d'un... parce qu'on est énormément
de municipalités avec des réalités qui sont différentes. Puis c'est important
que tout le monde soit autour de la table.
M. Dufour (Nicolas) : Désolé...
M. Cliche-Rivard : Oui, c'est
une nouvelle demande. Ce n'est pas une demande historique que vous faites
depuis cinq ans ou 10 ans ou...
M. Dufour (Nicolas) : Exact.
Non.
M. Cliche-Rivard : C'est
quelque chose qui est nouveau.
M. Dufour (Nicolas) : Exact...
M. Cliche-Rivard : Parfait.
M. Dufour (Nicolas) : ...une
nouvelle...
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
ça vous entendre sur le... Qu'est-ce que ça veut dire «plus agile» ou «rendre
plus agile», exactement, là, la gestion de l'immigration au Québec?...
M. Cliche-Rivard : ...comme,
c'est un beau terme, mais, concrètement, je me demande qu'est-ce que ça veut
dire.
M. Dufour (Nicolas) : Le
rendre plus agile, c'est de le coller à la réalité des communautés qui vont
accueillir, parce que, je vous le mentionnais depuis le début, c'est la
municipalité, à la fin de la journée, qui va accueillir cette personne-là, qui
va l'intégrer dans son milieu et qui va s'assurer qu'elle ait une belle
expérience québécoise puis une expérience québécoise unique à chaque communauté
qu'elle va avoir.
Sauf que, si on fait du mur-à-mur et qu'on
se base sur les grands centres, les grandes métropoles comme Montréal, à titre
d'exemple, avec des programmes très normés, des façons de travailler très
normées, bien, c'est là qu'on perd cette agilité-là quand on tombe dans des
plus petites communautés, comme, par exemple, Repentigny. Donc, parfois, on
peut ne pas avoir accès à certains programmes, on peut avoir de la difficulté à
aller chercher du financement pour nos projets. Et le fait de ne pas nous voir
comme un allié fait que c'est aux municipalités qu'incombent les
responsabilités d'être créatives. À titre d'exemple, je vous parlais tout à
l'heure des camps de jour, bien, ça a vraiment été fait à un niveau très local,
municipalité et centre de services scolaire. Donc, quand on parle d'être agile,
bien, en ayant une relation plus étroite avec le gouvernement du Québec sur,
bon, bien, combien d'immigrants en accueille cette année, c'est quoi la
répartition, quelle va être votre réalité, à titre d'exemple, à Repentigny,
bien là, on peut essayer d'être plus agile puis de jouer sur des programmes ou
de jouer sur les niveaux des gens qu'on va accueillir, pour se permettre, là,
d'être plus collé à la réalité plutôt que d'essayer de se faire des grandes
visions sur 10 ans puis, des fois, rater...
M. Cliche-Rivard : En
terminant, est-ce que vous avez quantifié le manque à gagner? Est-ce que vous
réclamez une certaine somme? Vous l'avez chiffré, j'imagine?
M. Dufour (Nicolas) : Non,
malheureusement, n'a pas été chiffré. Dans une première rencontre, on n'a pas
voulu aller jusque-là, mais on voulait au moins partir le débat puis vous
mentionner les défis puis les problématiques. On va... toutefois, on veut
commencer à faire cet exercice-là, justement, de monétisation, si vous me
permettez, de la chose. Dans un premier temps qu'on venait vous rencontrer, on
voulait surtout y aller sur la philosophie générale, mais on est à faire un
exercice, à Repentigny, là, pour quantifier exactement ce que ça pourrait
représenter pour une ville de notre grandeur, ensuite...
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, le temps écoulé.
M. Dufour (Nicolas) : Merci
beaucoup. Merci pour les questions.
La Présidente (Mme Caron) : On
vous remercie beaucoup, M. le maire et mesdames, d'avoir participé à nos
travaux et d'avoir déposé un mémoire. C'est très apprécié.
Alors, nous allons prendre une... nous
allons suspendre pour une petite pause de quelques minutes pour recevoir la
prochaine personne. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 19 h 59)
(Reprise à 20 h 01)
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre les travaux. Je souhaite donc
la bienvenue à M. Richard Marcoux. Alors, M. Marcoux, je vais vous inviter à
vous présenter et à faire votre exposé. Vous avez 10 minutes en tout, et,
ensuite, on procédera aux échanges. La parole est à vous.
M. Marcoux (Richard) : Merci,
Mme la Présidente. Merci, Mme la ministre. Merci aux députés...
20 h (version non révisée)
M. Marcoux (Richard) : ...ici
présent. Je ne m'attendais pas à voir autant de gens. Je suis le dernier à
passer et je vais essayer de vous faire rêver peut-être en sortant un peu du
Québec, de vous faire voyager pour savoir d'où viennent tous ces francophones
que l'on cherche tant.
Donc, mon mémoire que j'ai présenté, je ne
reviendrai pas, là, sur les éléments très, très précis. Je pense que vous avez
eu le temps de le lire. Mon mémoire est composé de trois parties. Une première
qui parle de la reconfiguration de l'espace francophone international, un
deuxième qui se pose des questions sur la place du Québec dans les projets
migratoires de ces jeunes francophones, de ces nouveaux francophones, et la
troisième, bien, c'est deux petites propositions sur lesquelles je pourrais
peut-être m'attarder un peu plus pendant la période de questions concernant le
rapprochement entre l'Afrique subsaharienne et le Québec.
J'étais particulièrement intéressé par le
document de consultation où on dit et je cite : «Le français est la langue
officielle du Québec. Sa connaissance est une condition essentielle à une
intégration réussie et la pleine participation à la vie collective, tout en
étant un facteur de cohésion sociale. De plus, les personnes immigrantes connaissant
le français présentent un plus haut taux de rétention, c'est-à-dire qu'elles
résident toujours au Québec plusieurs années après leur admission.» Donc,
ça me semble assez intéressant de voir qui... comme semble se dégager, du
moins, un consensus autour de cette idée d'essayer d'identifier des des
immigrants qui pourraient... et des gens de passage qui pourraient communiquer,
disons, plus facilement, plus rapidement ici avec la population québécoise.
Nous, on travaille, en fait à l'Observatoire
démographique et statistique de l'espace francophone que je dirige, qui est,
entre autres, appuyé par le gouvernement du Québec depuis une douzaine d'années,
par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie
principalement. On parle d'une définition qui se rapproche du sens commun pour
définir qui est francophone, c'est-à-dire... au groupe des personnes qui
maîtrisent la langue française pour être à même de l'utiliser pour communiquer.
Donc, on n'a pas de définition très, très stricte de qui est francophone. Pour
nous, c'est quelqu'un qui est à même de pouvoir comprendre ce qu'on se dit ici
aujourd'hui. Donc, partant de cette définition-là, on estime en 2023, à partir
de données probantes, qu'il y avait 327 millions de francophones sur la
planète. Donc, c'est quand même un nombre appréciable. Ce nombre-là également
croît de façon importante et croît de façon importante depuis longtemps.
J'ai fait un petit aparté en vous parlant
davantage en fait, de l'histoire de la francophonie et de l'espace francophone.
Dans les années 60, au moment des indépendances des pays colonisés par la
France et la Belgique, on estimait qu'il y avait à peu près peut être, je
dirais, un peu moins de 80 millions de francophones sur la planète, et 90 %
de ces francophones-là était dans les pays du Nord, donc en France, en
Belgique, en Suisse, au Luxembourg, mais également au Canada et au Québec. Il y
a eu une transformation considérable qui s'est fait de l'espace francophone,
qui a conduit en quelque sorte à ce que j'appelle en fait les plaques
tectoniques de la francophonie qui ont bougé et qui a fait en sorte que l'Afrique
est devenue maintenant le pôle central de l'espace francophone international.
Donc, à partir des années 60, des
transformations considérables, une croissance démographique très importante du
continent africain qui se poursuit d'ailleurs et, parallèlement à ça, bien, un
ralentissement très important de la croissance démographique liée à la baisse
de la fécondité et ainsi de suite dans les pays du Nord. Ce qu'on a appelé, là,
de l'hiver démographique pour les pays européens et les pays nord-américains.
Donc, transformation considérable qui fait en sorte en fait que l'Afrique
représente maintenant plus de 50 % de la population francophone de la
planète. O.K.? Ce qui fait en sorte que ça devient maintenant un bassin
particulièrement important de francophones sur la planète. Mais c'est lié
également, non pas uniquement à la croissance démographique, mais également aux
investissements qu'on a faits dans le domaine de l'éducation, dans les pays
africains, notamment, à partir des efforts qui ont été faits par les
gouvernements, mais également par la communauté internationale. Donc, des
investissements importants qui ont conduit justement à cette croissance phénoménale,
là, du nombre de francophones sur le continent africain.
La deuxième partie de mon mémoire, c'est :
Quelle est la place du Québec et du Canada dans les projets migratoires de ces
populations africaines? On a... À mon observatoire, on a mené un certain nombre
d'études, fait une synthèse d'un certain nombre de travaux. La première chose
qu'il faut remarquer, c'est qu'à partir des données d'une enquête on a observé
qu'il y avait vraiment un souhait d'émigration de la part des populations
africaines, mais notamment des jeunes Africains. Et je cite, là, dans mon
mémoire, que 46 % des jeunes de 15-24 ans des pays d'Afrique
souhaitent changer de pays. C'est quand même important. Il faut comprendre que
cette...
M. Marcoux (Richard) : ...immigration-là,
d'abord, se fait à l'intérieur du continent africain, mais se fait également à
l'extérieur. Donc, 46 % des jeunes de 15-24 ans, comparativement à l'Inde,
là, je donne une comparaison... où les jeunes Indiens de 15 à 24 ans souhaitent
sortir de l'Inde seulement dans une proportion de 9 %. Donc, c'est
vraiment... on voit bien qu'il y a un souhait assez important de migrer.
Si le désir de migrer est important,
quelle est la place du Québec dans ces projets migratoires là? Et c'est
effectivement très difficile de trouver des informations là-dessus. On en a
trouvé, il y a une vaste enquête qui a été faite par la maison de sondage
Gallup, qui a permis, en quelque sorte, d'avoir des informations de ce type-là.
On sait que, de plus en plus, maintenant, de jeunes Africains migrent, migrent
un peu à l'étranger et migrent de plus en plus au Québec et au Canada. Donc, on
l'a vu, les données de l'Institut de la statistique du Québec ont montré, en
quelque sorte, une augmentation considérable des migrants africains. Même au
Canada, l'Afrique est devenue le deuxième continent le plus important, en
termes d'immigration internationale, a même dépassé l'Europe. Donc, on le voit
bien, il y a une reconfiguration qui s'opère.
Donc, les projets pour le Québec et le
Canada, que sont-ils? On a... En fait, on s'est inspiré d'une étude menée par
l'OCDE, ce dont je vous parlais tout à l'heure, pour cinq pays d'Afrique qui
nous intéressaient particulièrement : le Bénin, le Burkina, la Côte
d'Ivoire, la République démocratique du Congo et le Cameroun. L'étude de
l'OCDE, lorsqu'on utilise les données, on voit qu'il y a... en fait, en 2010,
il y avait 450 000 personnes qui vivaient dans les pays de l'OCDE provenant de
ces cinq pays d'Afrique francophone. Il y en avait 250 000 qui résidaient en
France, il y en avait 56 000 qui résidaient aux États-Unis, il y en avait
10 000 seulement qui résidaient au Canada, O.K.? En gros, la France accueille
25 fois plus d'immigrants de ces cinq pays-là, francophones d'Afrique, 25 fois plus
que le Québec, et les États-Unis, qui n'ont pas, je dirais... qui ne font pas
partie d'un pays francophone particulièrement, bien, en accueille quand même
six fois plus que le Canada. Donc, on le voit, on ne va pas, en quelque sorte,
tirer notre juste part, je dirais, d'immigrants francophones. Il faut se poser
la question.
Comment faire, en quelque sorte, pour
rapprocher le Québec de l'Afrique subsaharienne? On estime qu'en 2030 on aurait
entre 140 à 200 millions de francophones sur le continent africain, O.K.?
Actuellement, c'est autour d'à peu près, je dirais, 90 millions. On présume, en
fait, qu'il va y avoir une augmentation considérable qui pourrait atteindre
jusqu'à 200 millions de francophones en 2030. 2030, c'est dans sept ans. On
parle d'entre 300 et 500 millions en 2070, donc une croissance démographique
phénoménale, un bassin de francophones particulièrement important sur le
continent africain.
Le Québec n'occupe pas le terrain qu'il
devrait occuper, c'est un peu le message que je veux livrer ici. Maintenant,
comment on peut s'assurer de faire en sorte que le Québec soit peut-être un peu
plus attractif pour des immigrants africains qui souhaiteraient faire un projet
migratoire puis peut-être un projet migratoire dans un pays francophone? Je
vous propose deux propositions, là, très succinctes, que je n'ai pas eu le
temps vraiment de développer, je dois m'arrêter bientôt. D'abord, mettre fin
urgemment aux obstacles pour venir au Québec depuis l'Afrique. Vous le savez,
ça a été largement documenté, pour les étudiants, pour les travailleurs, les
listes d'attente incroyables, mais également... puis je vais vous parler d'un
cas particulier, qui est la mobilité scientifique, parce que, moi, je suis
universitaire, j'organise des activités ici. Ça devient insupportable, les
obstacles qu'on rencontre pour faire en sorte que nos collègues d'Afrique
francophone puisse participer à nos réseaux francophones. On organise une
activité à l'ACFAS, nos collègues de France, de Belgique, de Suisse demandent
une autorisation de voyage électronique, une... O.K., qui coûte 7 €,
10 $, qui se fait en ligne et qui nous permet à ce moment-là de se
présenter à la frontière et de venir participer à nos colloques
scientifiques...
• (20 h 10) •
La Présidente (Mme Caron) : Je
vous invite à conclure.
M. Marcoux (Richard) : Oui,
très bien. Ce n'est plus acceptable, en quelque sorte.
La deuxième proposition que je vous fais,
puis vous me poserez des questions sur la deuxième, qui concerne, en fait,
l'expérience au Québec pour les jeunes d'Afrique. Je pense qu'il y aurait un
potentiel là également qui serait important. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons commencer la période d'échange. Mme la ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, vous avez 16min 30 s.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente...
Mme Fréchette : ...un immense
merci, M. Marcoux. Vraiment, c'est très intéressant. C'est instructif,
éclairant de vous entendre. Puis j'exprime d'emblée le souhait de vous revoir
dans quelques semaines, une fois qu'on aura terminé cette commission
consultative, de telle sorte qu'on puisse poursuivre, en fait, nos échanges.
Et je voudrais profiter de l'occasion pour
vous remercier, pour vous remercier pour vos travaux qui ont été fort utiles au
ministère. On a procédé récemment à la révision du plan de déploiement
international du ministère, et puis je sais qu'on s'est inspiré notamment de
vos travaux, pour ce faire. Et c'est un exercice qui a donné lieu à un
redéploiement des équipes du ministère en Afrique francophone. Alors, ça a
permis, en fait, d'avoir des premières activités dans certains pays de bassin
francophone. Et puis vous dire également qu'on a initié des activités de
recrutement sur le territoire africain francophone, donc une première fort
intéressante pour nous. Alors, merci pour cette contribution et cet apport que
vous avez eu sur le ministère et ses activités.
Vous proposez, dans le mémoire, en fait,
bon, une orientation... Nous proposons, plutôt, dans le mémoire, une
orientation qui vise à encourager l'immigration permanente de personnes jeunes
afin d'essayer de limiter, là, les effets du vieillissement de la population.
Bon, vous semblez être en accord avec cette orientation-là, puisque vous-même
vantez l'immigration jeune en provenance d'Afrique. Alors, en tant que
démographe, moi j'aimerais ça vous entendre sur l'impact qu'aura une
immigration jeune sur la démographie du Québec. Est-ce qu'il y en a un...
impact ou, somme toute, c'est tellement marginal que l'effet va se dissiper? Du
côté des... démographes que j'ai entendus ces derniers mois, j'ai eu
l'impression que l'impact, à leurs yeux, était très marginal. Donc, je suis
intéressée de voir de votre côté, en tant que démographe, comment est-ce que
vous voyez la chose.
M. Marcoux (Richard) : En
fait, il y a une espèce de consensus chez les démographes, et ce, depuis
plusieurs années. Les premiers travaux des Nations unies, là, avaient montré,
en quelque sorte, que l'immigration avait un effet très marginal sur la
structure, par âge, de la population, sur l'âge moyen de la population.
Donc, quand on parle de l'immigration qui
peut compenser le vieillissement, c'est, en partie, possible, mais ce n'est pas
complet. Ce qu'on oublie par ailleurs, c'est que les immigrants qui arrivent
ici ,à partir du moment où on leur fait une place et qui s'installent en
famille, ils ont des enfants et là ils contribuent largement à travers la
deuxième génération, la troisième génération au rajeunissement de la
population. Donc, ça, ça, je pense que la plupart des démographes s'entendent
là-dessus. Il n'y a pas... Ça a un effet considérable.
La raison pour laquelle j'insiste beaucoup
sur les jeunes, je n'ai pas eu le temps de le mentionner tout à l'heure, c'est
quand on parle de la croissance démographique. Bien, en fait, dans mes cours,
je monte tout le temps un peu les pyramides des âges, la pyramide des âges
inversée, en fait, pour le Canada, et la pyramide des âges, vraiment, une
vraie pyramide des âges qu'on a pour les pays africains. C'est justement cette
idée que les jeunes et les jeunes francophones font... portent en quelque
sorte, ont un poids démographique extrêmement important en Afrique. On calcule,
quand on fait nos estimations, que 90 % des jeunes de moins de 30 ans,
francophones, sur la planète, en 2050, seront sur le continent africain.
Donc, c'est sûr que c'est... je veux dire,
à partir du moment où on se tourne du côté de l'Afrique, on se tourne nécessairement
du côté de la jeunesse. Ce qui est intéressant pour nous aussi, c'est que,
justement, quand on parle de programmes d'éducation, de programmes de
formation, bien, les plus jeunes générations en ont profité davantage que les
plus vieilles générations. Les taux de scolarisation sont beaucoup plus élevés,
les taux d'alphabétisation sont plus élevés, même si, par ailleurs, et je tiens
à le préciser dans mon... je le souligne bien dans mon mémoire, l'école, en
Afrique, a des défis considérables, O.K., il faut aussi le reconnaître. L'école
en Afrique, on s'est lancé dans une massification de l'éducation en Afrique et
on a oublié un peu, parfois, la qualité de l'éducation, et ça apparaît
actuellement dans les tests qui sont faits sur les compétences acquises après
un certain nombre d'années. Je ne sais pas si ça répond à votre question, là.
Mme Fréchette : Oui, tout à
fait. Fort intéressant. Bien, pour la suite, je vais passer la parole à ma
collègue députée de Vimont.
La Présidente (Mme Caron) : Allez-y,
députée de Vimont.
Mme Schmaltz : Oui, merci.
Merci, M. Marcoux, d'être là, d'être avec nous ce soir. D'ailleurs, les
chiffres que vous avez amenés tantôt étaient très révélateurs, hein, ça annonce
bien pour la suite des choses, ça peut... si on peut l'exprimer ainsi. En page
trois, vous précisez qu'on devra porter une attention particulière à l'école en
Afrique, dans les années à venir, les soutenir davantage. C'est sûr qu'il y a
un objectif derrière ça, vous en avez un... bien, vous, je veux dire, il y a
une idée derrière tout ça. Et de quelle façon vous voyez maintenant la
contribution du Québec...
M. Marcoux (Richard) : ...en
fait, je pense que la contribution du Québec, elle se fait à travers les
organismes internationaux, notamment l'OIF, l'Organisation internationale de la
Francophonie, qui a maintenant pignon sur rue à Québec, hein, qui est
vraiment... je vais faire un peu la publicité du ministère des Relations
internationales et de la Francophonie, je pense qu'ils ont fait un bon coup en
amenant la représentation de la francophonie ici, à Québec.
Il y a plusieurs programmes qui existent à
l'OIF pour appuyer, justement, la formation, une formation de qualité. Il y a
différents programmes d'appui aux enseignants, offrir du matériel pédagogique,
également, ainsi de suite. Il y a toutes sortes de façons d'intervenir. C'est
sûr que le Québec a peut-être un peu moins de moyens en matière de, je dirais,
d'aide internationale que le Canada peut en avoir, là, c'est comme évident,
mais, en même temps, je pense qu'on a un rôle à jouer à travers les ONG. Il y a
énormément d'ONG québécoises qui sont très actifs dans le domaine de
l'éducation, et je pense qu'il faut, justement, dans des contextes de
solidarité, là, appuyer ces ONG là qui vont mettre de l'avant un certain nombre
d'interventions pour appuyer la qualité de l'éducation dans les pays africains.
Mme Schmaltz : Si je
comprends, ce n'est pas juste un soutien financier.
M. Marcoux (Richard) : Oh
non, non, pas du tout. Je pense que... puis je pense qu'ici aussi on a une
expertise assez intéressante. Vous savez, les cégeps, c'est quelque chose
d'assez unique au monde., ce qu'on a ici, si vous discutez avec les gens du
ministère de l'Éducation, ils vont vous le dire. En fait, c'est vraiment assez
particulier, et je pense qu'on pourrait très bien présenter également ce
modèle-là, qui permet à des jeunes d'être formés au niveau régional, à des
niveaux d'éducation... peut-être pas des niveaux d'éducation très, très élevés,
mais pour les besoins du pays, ça répond tout à fait à des demandes très
importantes. Je pense qu'on a ici une expérience, une expertise.
Moi, je suis beaucoup en contact avec des
gens de la diaspora africaine ici, au Québec, et qui me disent que, vraiment,
le modèle d'éducation qu'on a mis en place au Québec depuis les années 60-70
est assez intéressant. Donc, je veux dire, ce n'est pas... C'est des échanges
de bons procédés, c'est... C'est sûr que, derrière tout ça, par ailleurs, il y
a des besoins financiers, là, on ne se le cachera pas, là, mais je ne crois pas
que le Québec est peut-être prêt à se lancer dans... compte tenu des besoins
immenses, là, que l'Afrique va avoir, là, dans les années à venir.
Mme Schmaltz : Donc, ce
serait... je vais terminer avec ça, ce serait vraiment d'importer, finalement,
le modèle éducationnel qu'on a au Québec?
M. Marcoux (Richard) : Oui,
je n'aime pas tellement le terme «importer». Je pense, en fait, peut-être
montrer ce que ça donne, puis que ça puisse, à ce moment-là, être adapté aux
réalités des pays africains, qui ont des enjeux et des objectifs très
différents, des pays pour lesquels, je ne sais pas, moi, les filières du bois
sont importantes, d'autres, ça va être la... voyons, d'autres secteurs industriels,
là, qui peuvent peut-être être intéressants pour eux. Donc, je pense qu'il faut
vraiment les adapter. L'idée, ce n'est pas d'exporter ce qu'on fait de bien
ici, mais peut-être de le présenter pour voir un peu ce que ça peut... comment
ça peut intéresser les pays là-bas.
Mme Schmaltz : O.K. Je n'ai
pas d'autre question. Je vais laisser ma collègue...
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
députée d'Iberville, il reste huit minutes.
Mme Bogemans : Parfait. Merci
beaucoup. En fait, dans le but d'avoir plus de liens avec les jeunes du
continent africain, vous mettez de l'avant qu'il y aurait une possibilité de
tisser des liens vers des programmes similaires au programme Expérience
internationale Canada. Est-ce que vous pensez que l'Office de la jeunesse des
internationaux du Québec pourrait jouer un rôle?
• (20 h 20) •
M. Marcoux (Richard) : Tout à
fait. En fait, c'est un peu ça l'idée. Je trouve qu'on... En fait, j'ai... on a
fait un contrat, un moment donné, pour Citoyenneté et Immigration Canada, puis
on a épluché tous les programmes qui existaient. Et j'étais étonné de voir
qu'il y avait à peu près une trentaine, une quarantaine de pays pour lesquels
il y a eu des accords qui ont été signés, en Amérique latine, en Asie, en Europe,
évidemment. Il n'y avait aucun pays africain pour lequel il y avait une entente
de signée. C'est incroyable! Ça veut donc dire que les pays francophones,
c'était essentiellement la France, la Belgique et la Suisse, je pense,
peut-être le Luxembourg, également.
Donc, les francophones du reste de la
Francophonie, qui sont beaucoup plus nombreux, en fait... J'aime beaucoup
répéter, parce qu'avec ce qui s'est passé, les coups d'État en Afrique, les
gens me disent : Oui, c'est fini la Francophonie en Afrique... Il y a
actuellement trois fois plus de francophones sur le continent africain qu'en
France. Donc, je veux dire, ce n'est pas... On ne change pas des systèmes
d'éducation comme ça, ainsi de suite. Donc, je pense qu'il y aurait quelque
chose à faire. J'ai comme l'impression que le fédéral n'a pas bougé tellement
là-dedans, puis peut-être que le Québec pourrait...
M. Marcoux (Richard) : ...faire
figure d'initiateur intéressant, là, pour des programmes de ce type-là, qui ne
coûtent pas non plus excessivement chers. Puis on a déjà des acteurs, comme...
vous mentionniez... des organismes jeunesse qui ont une expertise
extraordinaire dans ce domaine-là et qui pourraient très bien jouer un rôle
important.
Mme Bogemans : O.K. Puis,
justement, c'était ça ma sous-question : Quel rôle pourrait jouer...
M. Marcoux (Richard) : Je
pense, c'est de... Tout à l'heure, Mme la ministre parlait qu'il y a des
initiatives qui sont faites sur le continent africain. J'imagine, c'est à
travers les bureaux, les délégations du Québec que... sur le continent
africain. Moi, ça faisait plusieurs années, avec d'autres collègues, Clément
Duhaime et autres, on militait pour qu'il y ait une ouverture de délégations du
Québec sur le continent africain. Ça s'est fait. Ça fait seulement cinq ans,
depuis 2017, je crois, mais je pense que ça offre des possibilités assez
intéressantes. Moi, j'ai plusieurs de mes étudiants qui ont profité des
programmes... pour pouvoir aller sur le continent africain pour faire du
travail de terrain, ainsi de suite. Il y a des échanges qui existent. Puis on a
une structure qui est petite, qui est tout à fait... qui est minuscule par
rapport aux besoins, mais c'est déjà là qu'on peut travailler avec... Il y a un
bureau du Québec à Rabat, un à... une délégation générale du Québec à Dakar, un
bureau du Québec extrêmement dynamique à Abidjan. Donc, moi, je pense qu'on a
des leviers intéressants pour initier des choses. Ça répond à votre question?
Mme Bogemans : Oui.
M. Marcoux (Richard) : Parfait.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Caron) : Il
reste cinq minutes... cinq minutes.
Mme Fréchette : Parfait.
Alors, j'avais une question, moi, concernant le rapport au français des
Franco-Africains. Dans quelle mesure est-ce que c'est leur première langue ou
leur seconde langue? Est-ce que, quand on dit francophone, c'est francophone à
l'occasion, ou francophone au quotidien, ou... J'aimerais avoir votre regard
là-dessus?
M. Marcoux (Richard) : Je
vous remercie de me poser cette question. En fait, il y a vraiment toutes
sortes de réalités. Comme je le dis souvent, l'Afrique est plurielle, et ça
s'entend, c'est-à-dire qu'on entend des accents également fort différents à
Abidjan, à Dakar, à Kigali, à Yaoundé. C'est... Pour la plupart de ces pays, la
langue française est une langue seconde, O.K., c'est la langue qu'on a apprise
après notre langue maternelle. Sauf que, ce qu'on observe de plus en plus, et
ça, on le voit même chez les immigrants ici, au Canada et au Québec, plusieurs
personnes nous déclarent deux langues maternelles. A priori, on se dit :
Bien, qu'est ce que c'est que ça? Comment pouvons-nous avoir deux langues
maternelles? Bien, si vous... Moi j'ai vécu au Mali pendant cinq ans, je suis
souvent sur le terrain. Quand vous êtes dans une concession, dans un ménage, ça
se passe en wolof à Dakar, mais la télévision est allumée, et puis ça se passe
en français. Vous sortez sur la rue à Dakar, toutes les indications sont en
français, tous les panneaux de signalisation sont en français. Le wolof est une
langue très importante au Sénégal. Ce n'est pas le cas de la Côte d'Ivoire. Si
vous allez à Abidjan, à Abidjan, 75 % des gens... On a fait une enquête à
Abidjan avec une firme de sondage, Kantar TNS. 75 % des gens, des
travailleurs à Abidjan déclarent qu'ils travaillent en français, parfois avec
une autre langue, O.K., parfois avec une autre langue, mais ils travaillent
notamment en français.
Donc, je pense qu'on est dans des
contextes de plus en plus plurilingues, et ce n'est pas la francophonie qui est
comme ça. Tous les espaces linguistiques sont comme ça. En Amérique latine, on
découvre soudainement qu'il y a des... qu'il n'y a pas juste l'espagnol, mais
il y a également des langues autochtones, qui sont largement utilisées. En
Inde, vous avez une population qui s'exprime très bien en anglais, mais pour...
La plupart des Indiens ont une langue maternelle qui est autre que l'anglais.
Et justement, lorsqu'on leur demande de remplir... Les immigrants indiens qui
arrivent ici, au Canada, lorsqu'on leur demande : Quelle est votre langue
maternelle? Bien, ils nous répondent bien souvent deux langues, parce que,
justement, ils sont socialisés dans une langue indienne et dans une langue...
et dans la langue anglaise. C'est la même chose également dans plusieurs pays
africains.
Donc l'attachement à la langue française,
pour répondre clairement à votre question, elle est aussi... je dirais, elle
est différente d'un pays à l'autre. Il y a des pays pour lesquels le français
est vraiment très important. Je pense entre autres à la Côte d'Ivoire, le
Bénin, le Cameroun. On voit très bien... Au Cameroun, la langue française est
largement utilisée, au Gabon, au Congo, en RDC. D'autres pays pour lesquels il
y a une langue nationale qui est largement utilisée et qui fait office en
quelque sorte de langue de tous les jours. Je prends le cas du Rwanda, par
exemple. Le Rwanda, depuis les années 60-70, on enseigne... les gens sont
alphabétisés en kinyarwanda, la langue de la population rwandaise, qui est
partagée à 97 % par la population rwandaise. Cette langue-là est vraiment
utilisée. Vous allez à la banque, vous devez signer votre chèque en
kinyarwanda, et ainsi de suite. C'est complètement différent. Et on le voit
très bien aussi, le Rwanda....
M. Marcoux (Richard) : ...ce
n'est pas un pays pour lequel on observe une augmentation très importante des
locuteurs de langue française. Donc, on étudie le Rwanda depuis une quinzaine
d'années maintenant, et puis il n'y a pas d'augmentation importante. Ce qui
n'est pas le cas de la Côte d'Ivoire où, là, on a vraiment une augmentation
très importante.
Mme Fréchette : Quand vous
dites que le français est très important dans certains pays, est-ce à dire que
le cursus primaire, secondaire se fait en français ou c'est bilingue la plupart
du temps?
M. Marcoux (Richard) : Exactement.
Ça se fait en Côte d'Ivoire, au Mali, au Sénégal même. On intègre de plus en
plus maintenant de l'apprentissage dans les langues nationales parce qu'on se
rend compte que ça a un effet très important sur les apprentissages de façon
générale, donc, et ça, ça se fait de plus en plus.
D'ailleurs, l'OIF, l'Organisation
internationale de la Francophonie finance, appuie un programme qui s'appelle...
Ah! excusez-moi, j'ai un blanc, là, qui permet justement aux enfants, en
première année et en deuxième année, d'être formés dans leur langue maternelle
d'abord et, tranquillement, on intègre de l'apprentissage en français, puis par
la suite, tout le cursus se fait en français.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
il reste 20 secondes pour conclure.
Mme Fréchette : Mais écoutez,
c'était fort instructif et éclairant. Vraiment, je vous remercie d'avoir
partagé vos propositions avec nous. Et puis au plaisir de vous revoir
prochainement. Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Alors,
maintenant, l'opposition officielle, donc député de Nelligan,
12 min 23 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, merci pour votre présence. Vous avez dit un rapport,
mais laissez-moi vous dire que votre prestation est aussi très excellente.
Bravo!
Très heureux d'entendre un grand
ambassadeur de l'Afrique. Je peux vous nommer et je partage vraiment ce que la
ministre vient de dire, vous êtes une personne qui a accumulé beaucoup,
beaucoup de connaissances. Moi, je suis quelqu'un qui suit l'Observatoire
francophone de statistique de l'espace francophone. Je vais plus aller avec
vous sur de la géopolitique parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses à
apprendre de ce qui se passe en Afrique maintenant.
Mais avant d'aller dans ce sens, parce que
c'est le défi au Québec. Moi, la raison pour laquelle j'ai choisi le Québec,
c'est pour venir faire un MBA à l'Université de Laval. À l'époque, j'avais deux
choix....
M. Marcoux (Richard) : Université,
hein?
M. Derraji : Oui, et mon
premier diplôme, c'est à Laval, Université Laval, pavillon Parent, proche de
votre pavillon.
M. Marcoux (Richard) : Oui,
des collègues, oui.
M. Derraji : D'ailleurs, dans
votre pavillon, il y a le Collège des administrateurs de sociétés où j'ai fait
ma certification aussi.
J'avais eu deux choix la Suisse ou le
Québec. Mais vous savez, en Afrique, et je seconde tout ce que vous avez dit,
il y a cette volonté d'aller faire la traversée de l'Atlantique parce qu'on
parle français. Et si on parle qu'on doit protéger de la langue française, les
gens en Afrique pensent : En Amérique du Nord, il n'y a personne qui parle
français.
Et mon coup de cœur au début, ça a été
avec une émission de TV5 Monde où j'avais deux animatrices qui parlaient
avec l'accent québécois. Je parlais avec mon père qui me disait, qui insistait
sur l'importance de parler français, et ça commence à un jeune âge, parce qu'au
primaire, oui, il y a la langue maternelle du pays, mais c'est obligatoire de
troisième année primaire, c'est une deuxième langue, rendu au secondaire,
troisième langue, rendu à l'université, quatrième langue. Ça dépend si un
cursus est scientifique, anglais. Sinon, il y a de la langue espagnole,
allemande et, bon, anglaise.
Pourquoi je dis ça? Le Québec, je l'ai
senti parce que j' y suis revenu, j'ai ramené des entrepreneurs, on a une
occasion en or parce que le Québec jouit d'une très bonne réputation, le Canada
aussi, et le fait de parler français. Et c'est là où je voulais voir votre
point de vue par rapport à la mobilité internationale en tant que chercheur
universitaire.
On le sait, on a de très bonnes
universités, dans des villes où la capacité d'accueil, elle est là. Donc, des
campus, des maisons aux alentours, c'est vraiment une belle vie universitaire.
Pensez-vous qu'on en fait assez, un, pour les ramener? Oublions un peu le côté
fédéral parce que c'est vraiment... ça devient gênant de voir le nombre de refus
de visas. Mais juste nous, qu'est ce qu'on peut faire? Bourses de mobilité des
échanges interuniversitaires. Je sais que l'AUF fait un travail exceptionnel
avec son nouveau... avec le président. Qu'est-ce qu'on peut faire davantage
pour avoir cette jeunesse allumée qui fait de la recherche en français et qui
veut venir, qui veut travailler avec nous?
• (20 h 30) •
M. Marcoux (Richard) : Merci,
pour votre intervention, hein? Et je pense que quand vous avez parlé de
TV5 Monde, je pense que TV5 Monde fait énormément pour le Québec. C'est
incroyable!
M. Derraji : Oui, oui.
M. Marcoux (Richard) : Parce
que les gens maintenant ont même l'habitude...
20 h 30 (version non révisée)
M. Marcoux (Richard) : ...de
notre accent, ici, ce qui n'était pas le cas... moi, ça fait longtemps que je
travaille en Afrique, ce qui n'était pas le cas il y a 30 ans. C'est assez
extraordinaire de voir comment la francophonie est devenue plurielle et
comment, même, je vous dirais... J'ai un collègue avec lequel je travaille, qui
est un sociolinguiste d'origine ivoirienne qui travaille sur le français en
Côte d'Ivoire. Il y a maintenant une affirmation du français ivoirien avec
toute sa couleur, avec tous ses accents, ainsi de suite, et c'est vraiment
nouveau. Et c'est un peu l'exemple du Québec, qui a été pris pour affirmer, en
quelque sorte, ce français ivoirien. Donc, je pense que TV5 fait un travail
extraordinaire et puis je pense qu'il faut continuer à les appuyer.
S'agissant de la réputation du Québec et
du Canada, je suis d'accord avec vous. Je crains qu'au cours des dernières
années la réputation du Québec et du Canada ait été un peu un peu noircie à
cause d'un certain nombre d'événements, y compris justement les refus de visas,
ce que je vous racontais tout à l'heure par rapport aux collègues. On organise
un colloque... moi, il y a 15 ans, j'organisais un colloque ici, à l'Université
Laval, les collègues avaient... ils n'avaient pas besoin d'un visa pour
immigrer ici, ils s'en venaient participer à un colloque, seulement. Une simple
autorisation de voyage électronique suffisait, à ce moment-là, les gens
arrivaient comme visiteurs. Maintenant, ce n'est plus possible. Moi, ça... Et
je sais que ça crée énormément d'irritants partout et ça crée une sorte d'apartheid,
parce que l'espace francophone scientifique, auquel je crois énormément, je
pense que cet espace scientifique francophone là, il faut l'affirmer, le Québec
peut y jouer un rôle important. Mais il est certain que, si je ne peux recevoir
dans mon laboratoire que des Français, des Belges et des Suisses, c'est fini.
Donc, je crains, je crains un peu pour la réputation, actuellement.
Et c'est pour cette raison que j'insiste
beaucoup sur l'idée qu'il faut intervenir. Je suis d'accord avec vous, il y a
beaucoup de décisions qui sont prises à Ottawa. Je pense que le Québec doit
peut-être parler plus fort, intervenir davantage de façon à arrêter, parce qu'on
est sur une pente descendante, actuellement, et je crains, je crains que de
plus en plus de gens se désintéressent du Québec à cause de ça, à cause des
problèmes.
M. Derraji : On ne va pas...
on va tout faire pour ne pas perdre cette attractivité. Je veux vous ramener
sur le terrain géopolitique. Vous suivez, j'en suis sûr et certain, ce qui se
passe en Afrique, Burkina Faso, Niger, tout le Sahel. On va descendre un peu
plus en bas. C'est en plein essor économique, et vous voyez que la France est
en train de perdre du terrain. Vous voyez l'arrivée de la Turquie, de la Chine,
de la Russie et d'autres puissances. Ma question, parce que moi, ça a été... j'étais
toujours de cette école, c'est le moment du Québec pour l'Afrique. Pourquoi?
Parce que, quand je parle avec mes amis africains, ils me disent... mais, pour
eux, on est l'équivalent de la France. D'ailleurs, c'est une insulte quand on
dit que, nous, on est des Français. Je ne sais pas si vous l'avez entendu. Moi,
toujours que je dis : Le Québec, c'est français, c'est une insulte. Ce n'est
pas des Français. Je ne veux pas élaborer parce que je ne veux pas être le
méchant, ce soir, mais, pour eux, on est les gentils de l'Amérique du Nord, le
Québec.
Pensez-vous que c'est le moment pour le
Québec de renforcer sa présence? Je sais qu'on a un bureau à Rabat qui couvre
le Maghreb, une délégation au Sénégal. Pensez-vous que s'il y a un plan de
développement par rapport au ministère des Relations internationales d'entrevoir
d'autres possibilités dans l'Afrique subsaharienne... mais aussi de jouer le
rôle du leader au niveau de la Francophonie?
M. Marcoux (Richard) : Tout à
fait. Moi, je crois qu'il y a une place à occuper, assurément. Vous l'avez dit
tout à l'heure, la France n'a pas actuellement une réputation très enviable
dans les rues de Niamey, de Ouagadougou et d'un peu partout, en fait, en
Afrique de l'Ouest même. Je pense qu'il y aurait assurément une place à
occuper, mais c'est sûr que ça demande, par rapport à la question qui était
posée tout à l'heure, ça demande quand même peut-être un peu plus de moyens. Il
faut qu'il y ait un renforcement des équipes sur le terrain, ainsi de suite,
pour assurer, assurer en quelque sorte cette présence-là, qu'il y ait des
échanges et autres, quoi.
Donc, oui, il y a... assurément, sur le plan
géopolitique et stratégique, le Québec pourrait jouer un rôle beaucoup plus
important, puis il y a une occasion en or.
M. Derraji : Corrigez-moi si
je me trompe, parce qu'avec ce qui se passe avec la France la question qui se
pose, c'est que... on le voit dans certains pays...
M. Derraji : ...c'est ce
rejet, en quelque sorte, du français pour aller à l'anglais. Est-ce que c'est
quelque chose que vous avez vu, vous voyez venir dans certains pays en Afrique?
M. Marcoux (Richard) : Moi,
je vous dirais que je ne vois pas la montée de l'anglais en Afrique. Je vois
une critique de la France. Et je fais remarquer à tout le monde d'ailleurs, que
toutes les toutes les manifestations qu'on a vues dans les rues des capitales
africaines, les manifestations pour garder les affiches, tout ça, c'est tout
écrit en français. O.K. Ce n'est pas : Go out, France. Ce n'est pas :
Get out, Yankees, ou quoi que ce soit. C'est à bas la France. O.K. C'est
vraiment... Et je vous dirais même qu'il n'y a pas tellement de fautes
d'orthographe dans ce que je vois dans les affiches, ainsi de suite. Donc, je
suis plutôt... je suis plutôt... Je pense que la langue française va pas assez
à travers cette crise-là, O.K., sur le continent africain, va passer à travers
cette crise-là, mais peut-être pas la France.
M. Derraji : Je pense que je
partage votre conclusion. Revenons au Québec. Est-ce qu'on fait assez pour
retenir nos étudiants? Je ne sais pas si vous êtes familier avec les moyens ou
c'est pendant votre vie universitaire, vous avez un étudiant qui vous a dit que
ça va prendre beaucoup plus de temps pour rester au Québec. Pensez-vous que le
Québec doit faire davantage pour garder ses étudiants qui graduent dans nos
universités et qui sont des diplômés de nos universités?
M. Marcoux (Richard) : On
avait un programme qui fonctionnait très bien, qui a été modifié, je crois que,
maintenant, on revient en arrière. Si je ne me trompe pas, Mme la ministre,
j'ai l'impression qu'on revient au programme PEQ qui était auparavant.
M. Derraji : ...à 100 %
ce qu'il était, le programme parce qu'on ne le sait pas encore.
M. Marcoux (Richard) : Oui.
Moi, en tout cas, je pense qu'effectivement il faut vraiment revenir à ça. C'est
un programme qui fonctionnait très, très bien.
M. Derraji : Est-ce que c'est
une erreur de changer les règles de ce programme?
M. Marcoux (Richard) : Moi,
je crois que ça n'a pas aidé pour la réputation du Québec, assurément.
M. Derraji : Est-ce qu'on
vous a parlé de ça?
M. Marcoux (Richard) : Les
étudiants, je pense que ça a été... En tout cas, ce que j'entends, ça va dans
le bon sens, c'est-à-dire les modifications qui sont en train d'être faites.
J'espère qu'on va aller jusque-là. Et c'est clair, parce que ce que vous dites
là, je l'ai entendu énormément, les étudiants qui souhaitent... qui ont besoin
de plus de temps, qui ont envie d'une expérience québécoise également, ce que
permettait le programme. Et je pense qu'on a là, en fait, les meilleurs
ambassadeurs, en plus, avec les étudiants. Les étudiants, ils ont fait déjà
deux ans, trois ans. Au Québec, ils ont passé trois hivers. Ils comprennent
l'accent québécois maintenant. Ils sont... Ce sont les meilleurs pour s'intégrer,
en fait, au Québec, assurément.
M. Derraji : Oui. Cher
professeur, c'est très agréable d'échanger avec vous. J'ai vraiment aimé
l'échange. Ça nous sort dans notre zone de confort de parler uniquement de
quelques aspects de la consultation. Je pense que les membres de la commission
sont presque tous d'accord, que vous avez fait une très bonne contribution à
nous faire réfléchir sur le fait français, sur la francophonie qui est très
large, et des enjeux que, parfois, on ne voit pas d'une manière, je dirais,
proche de notre quotidien.
Merci pour votre passage, et j'espère
qu'on va garder le contact. Et on va suivre vos publications au niveau de
l'observatoire. Merci beaucoup.
M. Marcoux (Richard) : Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, nous allons maintenant passer au deuxième groupe d'opposition, au député
de Saint-Henri-Sainte-Anne. Vous avez quatre minutes huit secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Le mot de la fin pour ce soir, si je devine bien. Merci pour votre
belle présentation. Fascinant, en fait, la lecture était très intéressante, et
j'ai bien aimé les propositions concrètes, là, l'ouverture ou le développement
de programmes EIC pour les pays africains, notamment, franco-africains, ou tout
le débat sur le visa temporaire, de matières scientifiques ou culturelles ou
autres. On entend toujours ça, notamment au Festival de jazz, mais ailleurs,
qu'il y a plein d'artistes qui ne sont pas capables de venir se produire ici,
alors qu'ils se produisent partout à travers la planète. Puis il n'y a pas de
raison que ces gens-là ne puissent pas venir.
• (20 h 40) •
Alors, cette discrimination-là documentée
par... envers Ottawa... en fait, d'Ottawa envers les Francos-Africains, on la
connaît. Bon, semble-t-il qu'on y travaille, mais le Québec ne peut pas laisser
ça passer. On en est directement les plus impactés ou certainement très
impactés. Pour moi, c'est ma position, plus on sera en contrôle de notre
immigration, et plus on aura nos propres pouvoirs en immigration, le mieux on
pourra abolir ces barrières, puis le mieux, on pourra assurer le fait français
dans notre immigration puis dans qui vient ici. Mais il n'y a pas qu'Ottawa, et
vous l'avez dit, qui a la réputation écorchée, le Québec a, aussi, une réputation
qui est un petit peu plus difficile ces dernières années. Je pense à la réforme
du PEQ, vous en avez parlé...
M. Cliche-Rivard : ...les
propos de l'ancien ministre de l'Immigration de la dernière campagne n'ont pas
vraiment aidé, certains propos du premier ministre, l'Immigration ou... bref,
«il serait suicidaire de», c'est ce qu'on a dit. Ça, ce sont des mots qui ont
résonné au-delà de la frontière, au-delà des frontières. Je peux revenir avec
l'idée des 18 000 dossiers qui touchent 40 000 personnes, notamment beaucoup
d'Afrique francophone. Je les connaissais, à l'époque, pour être très impliqué
sur ces dossiers-là, et ils en parlent encore, et il n'y a jamais eu d'excuses
officielles face au fait qu'on a détruit une quarantaine de milliers de vies,
là-dedans, là.
Alors, ma question pour vous, c'est
qu'est-ce qu'on peut faire à ce stade-ci? Comment on peut réparer cette
réputation? Quelle serait la pierre angulaire de cette réconciliation-là face
aux dernières années qui ont été plus difficiles pour cette réputation du
Québec à l'étranger?
M. Marcoux (Richard) : Je ne
noircirais pas trop, quand même, la réputation du Québec, du Canada, comme vous
le laissez sous-entendre. Je pense qu'on a été un peu irrité, en fait, mais je
pense que c'est encore possible de corriger le tir. Les deux propositions que
je vous fais, ça rentre tout à fait là-dedans. Je crois qu'il faut absolument
trouver une façon de distinguer ce qu'on appelle l'immigration de la mobilité.
Pour moi, c'est important. La migration, c'est vraiment un projet. On s'en
vient ici. Les résidents non permanents ont même eux-mêmes des projets, mais un
visiteur, c'est autre chose.
Moi, je suis étonné de voir que
maintenant, comme Québécois, je peux me balader partout sur la planète et plus
facilement qu'avant. Il y a moins d'obstacles, de visas et autres, comme
Québécois, comme Canadiens, pour me rendre partout, alors qu'ici c'est
l'inverse. Je pense qu'il faut... Puis, bon, il y a le 11 septembre, il y a des
contextes qui font en sorte qu'on en est arrivé à ça., mais il faut,
rapidement... Pour moi, il y a vraiment une urgence là. Je parle de
l'autorisation de voyage électronique. L'autorisation de voyage électronique,
c'est tout simplement une façon de pouvoir se déplacer sans avoir à remplir des
formulaires à n'en plus finir, de montrer qu'on a un compte en banque bien
garni. On n'est pas en train d'immigrer, on est en train de venir participer à
une conférence. Pour moi, si on peut régler ça... On travaille de plus en plus
sur l'idée d'un visa pour se déplacer dans l'espace scientifique francophone.
Je sais que les gens d'affaires également travaillent sur un visa d'affaires
pour permettre aux gens de travailler.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Marcoux (Richard) : Pardon?
La Présidente (Mme Caron) : Il
faudrait conclure.
M. Marcoux (Richard) : O.K.
Parfait. Donc... Mais je crois qu'il faut également travailler autour de la
communauté scientifique, de façon à ce que cette communauté scientifique... Si
on veut faire monde francophone, il faut absolument enlever les barrières qui
sont là. Merci.
La Présidente (Mme Caron) : Merci
beaucoup, M. Marcoux, pour votre présentation, votre mémoire. Ce fut fort
intéressant. Alors je vous remercie, donc, pour cette contribution à nos
travaux.
Et la commission ajourne ses travaux au
mercredi 13 septembre 2023, après les avis touchant les travaux des
commissions. Merci et bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 20 h 45)