(Onze
heures cinquante-sept minutes)
La Présidente
(Mme Massé) : Alors, à l'ordre, tout le monde! On serait prêts à
commencer. Ayant constaté le quorum, je déclare donc la séance de la Commission
des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 11,
Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d'autres
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Lecours
(Les Plaines) est remplacée par Mme Guillemette (Roberval) et Mme Garceau
(Robert-Baldwin) est remplacée par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis).
La Présidente
(Mme Massé) : Merci. Y a-t-il consentement afin de permettre à la
députée de Sherbrooke de participer à la séance?
Des voix : Consentement.
Étude détaillée (suite)
La Présidente
(Mme Massé) : Merci beaucoup.
Alors, lors de notre
ajournement de travaux mardi dernier, nous avons adopté l'article 49.
Je vous rappelle que
l'étude de l'amendement visant à introduire l'article 0.1 ainsi que des
articles 1, 2, 11 et 5 a été suspendue.
Nous en sommes donc,
selon notre plan de travail, au bloc 3. Alors, Mme la ministre, je
vous invite à faire la lecture de l'article 46.
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, alors, l'article 46 se lit ainsi :
46.
L'article 122 du Code civil du Québec est modifié par l'insertion, dans
les premier et deuxième alinéas et après «médecin», de «ou l'infirmier».
Le texte proposé se
lit ainsi :
«122. Le médecin ou
l'infirmier qui constate un décès en dresse le constat.
«Il remet un
exemplaire à celui qui est tenu de déclarer le décès. Un autre exemplaire est
transmis, sans délai, au directeur de l'état civil par le médecin ou
l'infirmier ou par l'entreprise des services funéraires qui prend charge du
corps du défunt, avec la déclaration de décès, à moins que celle-ci ne puisse
être transmise immédiatement.»
L'article 46
du projet de loi prévoit la possibilité pour un infirmier qui constate un décès
d'en dresser le constat.
La Présidente
(Mme Massé) : Alors, Mme la ministre... Est-ce qu'il y a des
questions? Oui, merci.
Mme Caron :
Alors, bien, je comprends que ça, c'est l'article du Code civil qu'on vient
changer, on dit «le médecin ou l'infirmier». Parce que, dans le projet de loi
n° 11, on parlait du professionnel compétent; ici, on parle du médecin ou
de l'infirmier. Alors, est-ce que ça ne risque pas peut-être de causer une
mauvaise compréhension entre les IPS, dont on parlait dans le projet de loi,
puis ici on parle d'infirmier seulement?
• (12 heures) •
Mme Bélanger :
Bien, en fait, je ne crois pas, mais je vais laisser... je vais demander à
un collègue du côté juridique, là, d'intervenir, parce que, dans le fond, pour
ce qui est de l'administration de l'aide médicale à mourir, on parle d'un professionnel compétent, on l'a vu lors
de nos dernières discussions, médecin ou IPS. Ici, on parle vraiment d'autre chose complètement, on parle d'un constat
de décès, décès qui n'est pas seulement en lien avec l'aide médicale à
mourir, mais décès, là, dans toute situation, et c'est au niveau de l'article
du Code civil, en fait, ce que je comprends, là, qu'on est en train de
modifier. Peut-être que je laisserais Me Bérubé ou...
Une voix :
...
Mme Bélanger :
C'est pour tous les infirmiers et infirmières. Donc, on ne parle pas de
professionnel compétent comme dans l'aide médicale à mourir, qui fait référence
spécifiquement aux IPS.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
que vous souhaitez compléter, du côté des... Non, ça va? Donc, il n'y a
pas de... Oui, c'est à vous, madame.
Mme Caron : Alors,
juste pour préciser, ça veut dire que, quand on dit «infirmier», les IPS sont
compris dans les infirmiers, ce sont toutes les catégories d'infirmiers
ou d'infirmières.
Mme Bélanger : Oui.
Mme Caron : O.K. Alors donc,
encore là, juste pour bien comprendre, un infirmier ou une infirmière, peu importe
la catégorie, pourra signer un constat de décès dans toute circonstance, que ce
soit l'aide médicale à mourir dans le projet de... qui est encadrée par le
projet de loi n° 11 ou dans toute autre circonstance,
et c'est prévu dans le Code civil. On veut... autrement dit, c'est qu'on ne
veut pas que le p.l. n° 11 aille à l'encontre du Code
civil, on veut que les infirmiers soient... Est-ce que c'est bien ça?
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre.
Mme Bélanger : Oui, Mme la Présidente.
Peut-être, moi, ce que j'aimerais, là, qu'on ait... que Me Bérubé nous
explique, là, pourquoi on fait référence au Code civil, ici, puis quelle est la
différence, justement, entre le fait de traiter cet article-là en faisant
référence au Code civil — on
comprend que c'est intégré au Code civil — versus le mettre dans le
projet de loi.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
qu'il y a consentement pour que Me Bérubé nous parle?
Une voix : Oui.
La
Présidente (Mme Massé) : Alors, n'oubliez pas de vous présenter, puisque
c'est la première fois aujourd'hui.
M. Bérubé (Mathieu) : Bonjour.
Mathieu Bérubé, avocat au ministère de la Justice, affecté au ministère de la
Santé et des Services sociaux.
La question est très bonne. Effectivement, ici,
on modifie le Code civil pour permettre à toute infirmière autant qu'à tout
médecin de pouvoir dresser le constat de décès une fois que la mort est
constatée. Ça, c'est aux fins, là, du Directeur de l'état civil. Ça va rendre,
effectivement, efficace l'idée que le projet de loi n° 11 vient permettre
également à une infirmière praticienne spécialisée de pouvoir administrer
l'aide médicale à mourir, donc, par la force des choses, de dresser le constat
de décès puis d'indiquer que la personne est décédée en raison de
l'administration d'une substance ou d'un médicament. Donc, ça complète le tout.
Mme Caron : Est-ce que ça veut
dire aussi... On a dit : En toute circonstance et partout, donc autant
dans un CHSLD, dans une RPA, dans un hôpital ou... partout. O.K. Merci.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
qu'il y a d'autres questions? La députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente.
C'est plus un commentaire. Je sais que cet
article-là est très bien accueilli dans le milieu de la santé, ça va permettre
de gagner en efficacité. Mais je vais me permettre un petit commentaire
éditorial, parce que le gouvernement vient de nous soumettre une motion, ce
matin, qui parlait de l'invisibilisation des femmes dans le corpus législatif.
Je voudrais juste porter à votre attention qu'il y a beaucoup, beaucoup
d'occurrences où on invisibilise les femmes dans le corpus législatif actuel.
Je sais qu'il y a un avocat du ministère de la Justice qui est ici en ce
moment, il y en a peut-être même d'autres autour, c'est un enjeu, et j'étais
contente de voir que ça préoccupait le gouvernement ce matin. Donc, j'invite
quand même à ce qu'on se soucie de ça, parce que, si vous lisez ici, vous
verrez que c'est un peu comme s'il n'y avait pas de femmes, alors que, dans un
hôpital, vous savez qu'il y en a beaucoup. C'était un petit commentaire
éditorial.
La Présidente (Mme Massé) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou questions sur l'article 46? Non?
Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Ils viennent de me dire non, ça
fait que... hein?
Alors donc, je mets aux voix l'article 46.
Est-ce que cet article est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Massé) : Merci.
Mme la ministre, je vous invite à nous lire l'article 47.
Mme Bélanger : Alors :
L'article 123 de ce code est modifié :
1° par l'insertion, après «décès par un
médecin», de «ou par un infirmier»;
2° par le remplacement de «le médecin» par
«ceux-ci».
Le texte proposé se lit donc ainsi :
«123. S'il est impossible de faire constater le
décès par un médecin ou par un infirmier dans un délai raisonnable, mais que la
mort est évidente, le constat de décès peut être dressé par deux agents de la
paix, qui sont tenus aux mêmes obligations que ceux-ci.»
L'article 47 du
projet de loi apporte une modification de concordance à l'article 123 du
Code civil du Québec en raison de la modification apportée à l'article 122
de ce code par l'article 46 du projet de loi.
La Présidente (Mme Massé) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires, ou questions, ou amendements? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, juste... c'est
peut-être moins en lien avec la loi, mais question de précision pour cet
article, parce qu'on dit qu'on peut avoir deux agents de la paix qui vont
pouvoir constater le décès et maintenant un infirmier, mais pourquoi pas un
ambulancier, par exemple? Pourquoi que c'est restreint à ces deux ordres?
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre.
Mme Bélanger : C'est une bonne
question. Peux-être qu'il faudrait voir un peu, là, quelle était l'intention,
là, du Code civil en dessous de ça. Moi, je pense que c'est en lien avec
l'accessibilité, puis, par exemple, si on parle de premiers répondants, ils ne
sont peut-être pas toujours présents dans toutes les situations. Pensons, entre
autres, à certaines régions très, très éloignées. Je ne veux pas faire de
figure de cas, là, aujourd'hui, mais il y a certainement une raison pour laquelle deux agents de paix,
ici... bon, hein, tu as les services policiers, par exemple, tout ça,
justement pour s'assurer que le constat de décès puisse être fait, là, en
autant que ça répond à toutes les conditions, bien sûr.
Une voix : ...
Mme Bélanger : Alors, s'il est
possible, Mme Élizabeth Arpin pourrait compléter la réponse.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement. Si vous vouliez vous identifier, ça nous
ferait... permettrait de vous connaître à l'écran.
Mme Arpin (Élizabeth) : Bonjour.
Élizabeth Arpin, directrice nationale des soins et services infirmiers au
ministère de la Santé et des Services sociaux.
Alors, présentement, dans l'état actuel, les
paramédics ou techniciens ambulanciers ne sont pas encadrés professionnellement par un ordre professionnel.
Donc, éventuellement, dans l'avenir, si ça devait être le cas, on
pourrait revoir ces dispositions-là pour voir à les inclure. Mais, pour le
moment, ce n'est pas le cas, alors ça n'a pas été réfléchi en ce sens.
Mme Maccarone : Ça explique.
Merci.
La
Présidente (Mme Massé) : Merci. Mme la députée de D'Arcy-McGee, je pense que vous aviez une question.
Mme Prass : Bien, en fait,
c'était un petit peu en lien avec celle posée par ma collègue. Donc, je laisse
le temps aux autres.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
qu'il y a d'autres gens qui veulent s'exprimer sur l'article 47 ou poser
des questions?
Si tel n'est pas le cas, s'il n'y a plus
d'intervention, je vais donc procéder à la mise aux voix de l'article 47.
Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Massé) : Je
ne l'entends pas fort, là, mais j'ai cru comprendre que c'était adopté. Merci
beaucoup.
Mme la
ministre, nous serions rendus à l'article 58... pas du tout, 51, j'ai
sauté trop vite. Oui, allez-y, Mme la ministre.
• (12 h 10) •
Mme Bélanger : Oui.
Alors donc, à la page 101, donc : L'article 34 de la Loi sur les
coroners (chapitre C-68.01) est remplacé par le suivant — donc :
«34. Le médecin et l'infirmière praticienne
spécialisée qui constatent un décès dont ils ne peuvent établir les causes
probables ou qui leur apparaît être survenu par suite de négligence ou dans des
circonstances obscures ou violentes doivent en aviser immédiatement un coroner
ou un agent de la paix.
«Ils doivent
faire de même lorsqu'ils ne peuvent établir les causes probables d'un décès
constaté par une infirmière ou un infirmier autre qu'une infirmière
praticienne spécialisée ou qu'un tel décès leur apparaît être survenu par suite
de négligence ou dans des circonstances obscures ou violentes.»
Je vais lire le texte proposé, donc :
«34. Le médecin et l'infirmière praticienne
spécialisée qui constatent un décès dont ils ne peuvent établir les causes
probables ou qui leur apparaît être survenu par suite de négligence ou dans des
circonstances obscures ou violentes doivent en aviser immédiatement un coroner
ou un agent de la paix.
«Ils
doivent faire de même lorsqu'ils ne peuvent établir les causes probables d'un
décès constaté par une infirmière ou un
infirmier autre qu'une infirmière praticienne spécialisée ou qu'un tel décès
leur apparaît être survenu par suite de négligence ou dans des
circonstances obscures ou violentes.»
L'article 51 du
projet de loi propose de remplacer l'article 34 de la Loi sur les coroners
afin de prévoir l'obligation, tant d'une infirmière praticienne spécialisée que
d'un médecin qui constatent un décès dont les causes probables ne peuvent être
établies ou qui leur apparaît être survenu par suite de négligence ou dans des
circonstances obscures ou violentes, d'en aviser immédiatement un coroner ou un
agent de la paix.
De
plus, cet article 34 serait modifié pour prévoir la même obligation pour
l'infirmière praticienne spécialisée ou le médecin d'aviser un coroner
ou un agent de la paix lorsqu'ils ne peuvent établir les causes probables d'un
décès constaté par une infirmière ou un infirmier autre qu'une infirmière
praticienne spécialisée ou lorsqu'un tel décès leur apparaît être survenu par suite
de négligence ou dans des circonstances obscures ou violentes.
Ces ajustements sont
nécessaires en raison des modifications proposées au Code civil du Québec
donnant la possibilité à une infirmière ou à un infirmier de dresser le constat
de décès d'une personne.
La Présidente
(Mme Massé) : Merci, Mme la ministre.
Je tiens seulement à
porter à l'attention, pour les gens qui nous suivent avec attention, que, dans
le cahier de député, vous faites référence à l'article 51 du chapitre de
la Loi sur les coroners, et vous avez parlé du C-68.01, alors qu'à l'article
qui est inscrit au projet de loi, c'est bien l'article 51, qui se lit
«l'article 34 de la Loi sur les coroners (chapitre R-0.2)». Je veux
juste que tout le monde soit au fait que c'est... le cahier de député est plus
précis, mais on parle de la même chose. Alors, je pense que Mme Caron...
pardon, Mme la députée de La Pinière, vous avez demandé la parole, et elle
est à vous.
Mme Caron :
Merci, Mme la Présidente. J'ai l'impression qu'on est... c'est
contradictoire, ce libellé, par rapport aux explications qu'on a eues pour
l'article 46, c'est-à-dire qu'on disait... dans l'article 46, pour le
Code civil, on a dit qu'on mettait «le médecin ou l'infirmier» et qu'infirmier,
ça comprenait les IPS et que, peu importe la catégorie d'infirmier, on pouvait
constater le décès. Puis là, ici, on dit que c'est le... c'est la Loi sur les
coroners, on dit «le médecin et l'infirmière praticienne spécialisée qui
constatent un décès», donc c'est comme si les infirmiers ordinaires, entre guillemets, là, en tout respect,
ne pouvaient pas constater le décès. Puis même, je dirais, presque pire
que ça, c'est comme si, lorsque le décès était constaté par une infirmière
praticienne spécialisée, il fallait que ce soit dans des conditions qui
apparaissent en situation de violence ou négligence qu'il faut qu'elle le
signale, mais pas si c'est par une
infirmière ou un infirmier autre qu'une IPS. Donc, d'après moi, il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas, ici.
La Présidente
(Mme Massé) : Mme la ministre, oui.
Mme Bélanger :
Oui, effectivement, je pense qu'il y a une certaine complexité à la
compréhension du texte. Alors, je demanderais, si c'est possible, Mme la
Présidente, que Mme Arpin puisse répondre, puis on pourra y aller après,
là, avec Me Bérubé.
La Présidente
(Mme Massé) : Bien sûr. Est-ce qu'il y a consentement?
Mme Arpin
(Élizabeth) : Bonjour. En fait, ici, on parle spécifiquement de la Loi
sur le coroner, donc des cas de décès dans des circonstances qui peuvent avoir
apparence de violence ou autre. Dans ce cas-ci, le champ d'exercice des
infirmières non-IPS n'a pas les activités réservées nécessaires pour faire
l'évaluation de cas de coroners, seulement
les IPS et les médecins ont ces activités réservées là, alors c'est pourquoi on
vient vraiment différer, là, de
l'article 46. Donc, vous avez raison qu'il y a deux titres qui sont
utilisés, mais c'est volontairement, étant donné la nature de l'acte
réservé additionnel dans un cas de coroner versus autres circonstances de
décès.
Mme Caron :
O.K. Est-ce que ça veut dire que, donc, un infirmier ou une infirmière qui
n'est pas IPS ne peut pas constater le décès s'il y a des doutes?
Mme Arpin
(Élizabeth) : Ils peuvent en faire le constat clinique, donc, il y a
une évidence de décès, mais par contre, pour compléter le constat, ils vont
devoir référer au médecin ou à l'IPS parce qu'il va devoir y avoir des
évaluations additionnelles qui doivent être faites.
Mme Caron :
D'accord. Merci.
La Présidente
(Mme Massé) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
C'était la même question, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Massé) : C'était la même question. Il y a vraiment une
communauté d'esprit. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Ça vous va?
Donc, je vais mettre
aux voix l'article 51. Je le déclare adopté... est-ce qu'il est adopté,
pardon?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Massé) : Adopté. Merci beaucoup.
Alors, j'ai compris que je n'avais pas besoin de
demander le consentement à chaque fois pour que vous puissiez parler, ce qui
nous permet de nous diriger vers l'article 52. Mme la ministre.
Mme Bélanger : Oui. Alors, Mme
la Présidente : L'article 35 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «de cet établissement ou une personne sous son autorité peut prendre les
mesures pour faire établir par un médecin les causes probables de ce décès» par
«ou le directeur des soins infirmiers de cet
établissement ou une personne sous leur autorité respective peut prendre les
mesures pour faire établir les causes probables de ce décès par un
médecin ou par une infirmière praticienne spécialisée, selon le cas»;
2° par le remplacement, dans le deuxième alinéa,
de «ou une personne sous son autorité» par «ou le directeur des soins
infirmiers ou une personne sous leur autorité respective».
Je vais faire la lecture du texte proposé de
façon rapide, parce que vous l'avez sous les yeux :
«35. Lorsqu'un décès survient dans une
installation maintenue par un établissement qui exploite un centre hospitalier, le directeur des services
professionnels ou le directeur des soins infirmiers de cet établissement ou une
personne sous leur autorité respective peut prendre les mesures pour faire
établir les causes probables de ce décès par un médecin ou par une infirmière
praticienne spécialisée, selon le cas.
«Toutefois, si le décès est visé à
l'article 36, le directeur des services professionnels ou le directeur des
soins infirmiers ou une personne sous leur autorité respective doit
préalablement obtenir l'autorisation d'un coroner avant de prendre les mesures
pour faire établir les causes probables du décès.»
Alors,
l'article 52 du projet de loi modifie l'article 35 de la Loi sur les
coroners afin de prévoir que le directeur des services professionnels
d'un établissement qui exploite un centre hospitalier peut prendre les mesures
pour faire établir les causes probables d'un
décès survenu dans une installation maintenue par cet établissement par un
médecin. Il prévoit également que le directeur des soins infirmiers d'un
établissement peut, dans le même cas, prendre les mesures nécessaires pour
faire établir les causes probables d'un décès par une infirmière praticienne
spécialisée.
La Présidente (Mme Massé) : Merci,
Mme la ministre. Oui, la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente.
Pourquoi
qu'on utilise la terminologie «leur autorité respective peut prendre les
mesures» et non «doit prendre les mesures»?
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre.
Mme Bélanger : C'est une bonne
question. Je la référerais à la directrice des soins infirmiers,
Mme Arpin.
La Présidente (Mme Massé) : Oui,
c'est à votre tour.
Mme Arpin (Élizabeth) : ...je
pense que Me Bérubé est plus approprié que moi pour répondre au «peut»
versus le «doit».
La Présidente (Mme Massé) : Il
me semblait, aussi. Alors, Me Bérubé.
M. Bérubé (Mathieu) : Oui. En
fait, ici, c'est simplement de prévoir un pouvoir, là, que le directeur des services
professionnels a de prendre les mesures nécessaires de faire établir les causes
d'un décès. On s'entend que c'est quand on est face à un décès où est-ce que
c'est peut-être plus compliqué, là, de déterminer quelles sont ces causes-là,
donc c'est pour ça que c'est un pouvoir et non une obligation. Quand c'est
clair, je pense qu'il n'a pas à prendre de mesures pour indiquer si c'était le
médecin ou telle IPS. Ça pourrait être fait aussi par une infirmière, là, qui
vient constater simplement le décès et qui dresse le constat.
Mme Maccarone : Ça fait que,
dans le fond, c'est pour donner de la flexibilité.
M. Bérubé (Mathieu) : Oui.
Mme Maccarone : O.K.
Puis, quand on parle d'un centre hospitalier, est-ce que c'est aussi la même
chose pour un CHSLD, RPA, etc.,
quand... La terminologie, est-ce que c'est inclusif? Puis, si ce n'est pas le
cas, est-ce que nous devons apporter des modifications pour s'assurer
qu'on a une compréhension que ça s'applique à toutes les installations?
M. Bérubé (Mathieu) : En fait,
ici, non, ça ne vise pas nécessairement un établissement qui exploite, là, un
centre d'hébergement, là, de soins de longue durée. Toutefois, la majorité des
établissements publics exploitent plus qu'une
mission, donc plus qu'un centre, tu sais, ils vont finir par exploiter,
effectivement, là, des centres d'hébergement de soins de longue durée,
ça fait qu'ultimement l'établissement va rentrer dans l'expression qui est
prévue à 35, c'est-à-dire qu'il exploite, oui, un centre hospitalier, malgré le
fait qu'il exploite d'autres centres aussi, là.
Mme Maccarone : ...RPA, par
exemple, ça fait que...
M. Bérubé
(Mathieu) : Non.
Mme Maccarone : ...pas
nécessairement. Ça fait que qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là?
Mme Bélanger : En fait, si vous
permettez...
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre.
• (12 h 20) •
Mme Bélanger : ...dans ma
compréhension, là, de ce qui est écrit là, un établissement étant actuellement
au Québec, là, les 34 établissements dont on fait référence, c'est-à-dire
les CISSS, les CIUSSS et les 10 établissements non fusionnés, par exemple, le CHUM, le CHU mère-enfant Sainte-Justine,
c'est un établissement en soi, tandis qu'un CIUSSS va comporter beaucoup
de missions, que ce soit un, deux, trois hôpitaux, des CLSC, des CHSLD. Les
RPA, ce sont des ressources privées, donc ce n'est pas considéré comme un
établissement dans le sens de la loi.
Mme Maccarone : Bien,
le questionnement, c'est parce que c'est toujours sous la responsabilité du
ministère.
Une voix : ...
Mme Maccarone : C'est ça, pour
la certification.
Mme Bélanger : C'est ça, oui.
Mme Maccarone : Alors, ça fait
qu'eux, ils ne seront pas assujettis à la même loi, aux mêmes critères?
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre, oui.
Mme Bélanger : Je vais
peut-être me lancer spontanément, là, dans... puis mes collègues des soins
infirmiers ou autres pourront me corriger, mais une... pour revenir sur le
volet des RPA, une RPA, c'est un milieu de vie, en fait, c'est l'appartement de
la personne qui paie un loyer, puis, si on fait référence à un décès qui
surviendrait dans le domicile d'une personne, bien, à ce moment-là, ce n'est
pas le centre... ce n'est pas l'établissement, excusez, qui va aller nécessairement faire le constat de décès,
là. Supposons, une mort subite dans une maison, bien là, en fait, là, il y
a tout un autre processus qui se fait. Ce
n'est pas le CIUSSS d'un territoire qui va aller nécessairement constater le
décès, là, surtout s'il n'y avait pas de
services. Je ne parle pas de quelqu'un qui recevrait des services de soutien de
soins palliatifs, par exemple, là, il est vraiment en service avec
l'établissement, le CIUSSS, mais... Donc, pour moi, une RPA, c'est la même
chose, c'est quelqu'un... c'est : une personne vit... au lieu de vivre
dans son logement ou dans sa maison, elle a son logement en RPA, ça fait que
c'est vraiment une locataire.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Massé) : Ça répond à votre question? Est-ce que... Oui,
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente.
Ici, donc,
quand on parle d'établissement, on parle d'un CISSS ou d'un CIUSSS. Donc,
est-ce que je comprends que cet article-là, ça couvre aussi... par
exemple, s'il y avait un décès dans un centre jeunesse ou un autre endroit qui
n'est pas un hôpital, ce serait couvert?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre, juste répondre pour que les gens qui nous écoutent...
Mme Bélanger : Oui. En fait,
ici, on parle d'établissement, puis établissement dans le sens de ce qu'on sait
depuis les derniers ajustements en lien, notamment, là, avec la loi n° 10, un établissement étant ce qu'on connaît au Québec,
là, les 34 établissements, CIUSSS et établissements non fusionnés.
La Présidente (Mme Massé) : Est-ce
qu'il y a d'autres questions ou commentaires? Ça va?
S'il n'y a plus d'intervention, je vais mettre
aux voix l'article 52. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Massé) : Merci
beaucoup.
Juste avant
de vous donner la parole, Mme la ministre, je voudrais signifier à nos
collègues que les amendements qui
nous ont été fournis par la ministre, désormais le cahier aussi... C'est ça?
Oui? Les commentaires, pardon, fournis par la ministre sont maintenant sur Greffier dans la section Documents
distribués. Alors, je voulais juste informer vos collègues.
Et je vous invite, Mme la ministre, de nous
présenter l'article 53.
Mme Bélanger :
Alors : L'article 36 de cette loi est modifié par l'insertion,
après «un médecin», de «, une infirmière praticienne spécialisée».
Donc, le texte se lit
comme suit :
«36.
À moins qu'elle n'ait des motifs raisonnables de croire qu'un coroner, un
médecin, une infirmière praticienne spécialisée ou un agent de la paix
en a déjà été averti, toute personne doit aviser immédiatement un coroner ou un
agent de la paix d'un décès dont elle a
connaissance lorsqu'il lui apparaît que ce décès est survenu par suite de
négligence ou dans des circonstances obscures ou violentes ou lorsque
l'identité de la personne décédée lui est inconnue.»
L'article 53 du
projet de loi apporte une modification de concordance à l'article 36 de la
Loi sur les coroners afin de refléter les modifications apportées par le projet
de loi à l'article 34 de cette loi.
La Présidente
(Mme Massé) : Merci, Mme la ministre. Questions, commentaires?
Tout va bien?
Donc, puisqu'il n'y a
pas d'intervention, je vais procéder à la mise aux voix. L'article 53
est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Massé) : Est-il adopté? J'ai fait une faute de français, je
m'en excuse.
Nous serions rendus à
l'article 54.
Mme Bélanger :
L'article 46 de la Loi sur la santé publique (chapitre S-2.2) est
modifié :
1° par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «soit dressé au sujet du défunt par un
médecin» par «soit rempli au sujet du défunt par un médecin ou par un infirmier»;
2° par le
remplacement, dans le deuxième alinéa, de «ayant soigné la personne doit
remplir le bulletin de décès. Si tel médecin est inaccessible, le bulletin de
décès peut être rempli par un autre médecin, un infirmier» par «ou le dernier
infirmier ayant soigné la personne doit remplir le bulletin de décès. Si tel
médecin ou tel infirmier est inaccessible, le bulletin de décès peut être
rempli par un autre médecin, un autre infirmier».
Alors, est-ce que
vous souhaitez que je lise le texte proposé au complet?
Une voix :
...
Mme Bélanger :
O.K. «46. Un établissement qui maintient une installation dans laquelle décède
une personne doit prendre les mesures pour qu'un bulletin de décès soit rempli
au sujet du défunt par un médecin ou par un infirmier, aux fins de la présente
loi.
«Lorsqu'une personne
décède ailleurs que dans une installation maintenue par un établissement, le
dernier médecin ou le dernier infirmier ayant soigné la personne doit remplir
le bulletin de décès. Si tel médecin ou tel infirmier est inaccessible, le
bulletin de décès peut être rempli par un autre médecin, un autre
infirmier[...]. Si aucune personne possédant
l'une de ces qualités n'est disponible dans un rayon de 16 km, le bulletin
de décès peut être rempli par deux personnes majeures.
«Dans le cas d'un
décès faisant l'objet d'une investigation et, le cas échéant, d'une enquête en
vertu de la Loi sur les coroners (chapitre C-68.01), le bulletin de décès
doit être fait par le coroner.
«Lors de l'entrée au
Québec du cadavre d'une personne décédée hors du Québec, le bulletin de décès
doit être fait par le directeur des services funéraires de l'entreprise de
services funéraires qui effectue le transport du cadavre, à moins que le cas ne
relève de la compétence du coroner.»
L'article 54
du projet de loi modifie l'article 46 de la Loi sur la santé publique afin
de permettre à un infirmier de remplir le bulletin de décès d'une
personne.
Ces ajustements sont
complémentaires aux modifications proposées au Code civil du Québec donnant la
possibilité à une infirmière ou à un infirmier de dresser le constat de décès
d'une personne.
La Présidente
(Mme Massé) : Merci, Mme la ministre.
Il y a des questions,
donc j'inviterais la députée de... Westmount—Saint-Louis, pardon, à prendre la
parole.
Mme Maccarone : Oui.
C'est un peu en lien avec la question que j'avais auparavant, quand on parle
d'établissement, est-ce qu'on parle toujours, ici... parce qu'on n'est
pas dans la même loi, est-ce qu'on parle d'hôpitaux, CHSLD, RI-RTF? Puis, encore la même question, quand on parle
de RPA... parce que, si on revient, les RPA sont accréditées, alors
est-ce qu'eux sont visés, ici, quand on fait des modifications à cette loi?
La Présidente
(Mme Massé) : Mme la ministre.
Mme Bélanger : Ma compréhension, c'est
que, là, nous sommes vraiment dans la Loi sur la santé publique. Donc,
ma compréhension est qu'un établissement fait encore référence à ce qu'on
connaît, là, de la loi sur... la loi n° 10 notamment, là, qui est venue... qui a été ajoutée à la... après la LSSSS,
donc un établissement, pour moi, étant un établissement... les 34 établissements au Québec. Par contre, quand
on regarde le deuxième paragraphe, c'est là qu'on entre dans «lorsqu'une
personne décède ailleurs que dans une installation maintenue par un établissement».
Tantôt, je faisais... je donnais un exemple
d'une RPA, par exemple, le domicile d'une personne, peu importe, un autre lieu
physique. Alors, moi, je fais vraiment la
référence, mais... la différence. Puis le premier paragraphe, pour moi, c'est
un établissement, donc établissement de santé. Maintenant, peut-être
qu'on pourrait avoir des précisions à ce niveau-là.
La Présidente
(Mme Massé) : Est-ce que maître... Oui, Me Bérubé.
M. Bérubé (Mathieu) : En fait,
juste simplement pour reprendre les propos de Mme la ministre, là, c'est exact, là, c'est vraiment un établissement de
santé et de services sociaux au sens où on l'entend, là, notamment dans
la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, également celle pour les autochtones cris, et puis, comme l'a
bien soulevé Mme la ministre, là, toujours en lisant, évidemment, avec le...
la Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du réseau, là, qui est venue créer les centres
intégrés. Donc, c'est tout ça ensemble, mais, oui, c'est ces établissements-là.
Voilà.
• (12 h 30) •
Mme Maccarone : Une deuxième
question, si vous me permettez, Mme la Présidente, c'est... je veux juste
comprendre la valeur ajoutée, quand on parle de... le deuxième paragraphe, puis
on dit qu'on souhaite que ce soit le médecin ou le dernier infirmier ayant
soigné la personne, c'est cette personne qui doit remplir le bulletin de décès
puis, si cette personne est inaccessible, ça veut dire quoi, «inaccessible»?
Est-ce qu'il y a un délai de 24 heures? Mais c'est quoi, la valeur ajoutée
d'avoir la même personne qui fait ce processus? Vous qui êtes expert, experte,
qui a oeuvré dans le réseau, je veux juste
mieux comprendre pourquoi on met ce type de libellé puis cette contrainte,
dans le fond, que... ou qu'on a besoin d'avoir cette flexibilité. Parce que
moi, j'imagine un médecin dans un corridor qui va constater un décès, puis là
ça se peut qu'il sera en congé pour les deux prochains jours, pourquoi qu'on a
besoin d'avoir lui qui constate le décès en priorité qui viendra à la suite
pour faire le bulletin puis la déclaration?
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la ministre.
Mme Bélanger : Mme
la Présidente, c'est... bon, en fait, c'est un bon commentaire, là, parce que
c'est comme si on voit, dans cet
article-là, un souci de la continuité de soins. Donc, le médecin qui a... qui
traite ou qui soigne la personne, la même chose pour l'infirmière, et
donc la dernière personne ayant donné le soin, c'est quand même un élément important,
là, dernière personne ayant donné un soin à la personne avant qu'elle meure,
donc, mais, si, par ailleurs, cette
personne-là n'est pas disponible, il faut quand même que le processus, là, se
fasse. Et je pense que, dans le fond, la volonté... Ce que je ressens dans cet article-là, c'est que ça soit
vraiment la dernière personne qui... de façon privilégiée, là, soit la personne qui va faire le constat de décès.
Puis, advenant qu'elle ne soit pas disponible, bien là on n'attendra pas
qu'elle soit disponible parce que ça
pourrait prendre beaucoup de temps, dépendamment des situations, à ce
moment-là, c'est... on demande qu'un médecin ou un infirmier puisse le faire,
un autre médecin ou une autre infirmière.
Mme Maccarone : Je comprends la
complexité, évidemment, pour quelqu'un qui n'est pas légiste, c'est parce qu'on
parle beaucoup de «doit» et «peut», puis là on est dans le «doit», puis
auparavant on était dans le «peut», hein, ça fait que, quand on rajoute des
balises, c'est bien, je pense, pour tout le monde aussi qui nous écoute, qu'ils
ont une bonne compréhension du pourquoi. Ça fait que merci.
La Présidente (Mme Massé) : Merci.
Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Une toute petite
technicalité, parce que, tantôt, quand on a regardé... étudié
l'article 51, vous avez fait une précision sur le chapitre de la Loi sur
les coroners, qui semblait être différent dans le cahier, et puis là on
réutilise le même numéro de chapitre qu'à la page 101. Est-ce qu'il faut
le modifier là aussi ou c'est la même... ou s'il est correct ici?
La Présidente (Mme Massé) : Me
Bérubé, vous semblez avoir une opinion sur la question.
M. Bérubé (Mathieu) : Ici, en
fait, la référence alphanumérique, là, le numéro de chapitre qu'on retrouve, le
chapitre S-2.2, c'est le bon, là, c'est bel et bien celui qui est conféré dans
la Loi sur la santé publique, là, tandis que la Loi sur les coroners, la
remarque était à propos... Effectivement, ce qui était prévu au cahier de
commentaires n'était pas le nouveau numéro de chapitre qui a été accordé à
cette loi-là.
Mme Caron : O.K., mais en fait
ce n'est pas ce que... Je parle de l'avant-dernier paragraphe de 46, là, du
texte proposé, à la page 107, on dit : «Dans le cas d'un décès faisant
l'objet d'une investigation et, le cas échéant, d'une enquête en vertu de la
Loi sur les coroners (chapitre C-68.01)...» Puis c'est ça qu'on avait
corrigé à la page 101, parce qu'on
disait : L'article 34 de la Loi sur les coroners, chapitre... À moins
que j'aie mal compris tantôt, là...
M. Bérubé (Mathieu) : Ici, à
l'article 46, c'est le bon chapitre. L'erreur avait été plutôt mentionnée
dans la commande de l'article du projet de
loi qui prévoyait l'ancien numéro de chapitre, qui était R quelque chose, là,
puis, depuis qu'ils ont... Quand la
loi, elle a été révisée récemment, puis ils ont changé le titre de la loi, le
chapitre a changé. C'est ça.
Mme Caron : O.K., en autant que
c'est correct partout, c'est mon seul souci. Merci.
La Présidente (Mme Massé) : Bien,
merci beaucoup, c'est une excellente préoccupation. On va s'assurer que les
bons chiffres soient aux bons endroits.
Mme la députée de Sherbrooke avait levé déjà la
main, et ensuite je reviendrai à vous, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente.
Je ne le sais pas,
peut-être que Mme Arpin pourra m'éclairer sur l'application de tout ça,
parce que, pour le deuxième alinéa, on parle
d'une personne qui «décède ailleurs que dans une installation maintenue par un
établissement». Donc, on postule...
quelqu'un qui décède, par exemple, chez elle ou, bon, ailleurs, j'essaie de
comprendre ça s'applique comment, là,
le dernier médecin ou le dernier infirmier qui a soigné cette personne-là. Si
la personne, ça fait quatre mois qu'elle est allée voir son médecin de
famille, est-ce qu'il faut courir après ce médecin-là parce que c'est lui le
dernier médecin à l'avoir vue? J'essaie de voir c'est appliqué comment, parce
que c'est déjà appliqué pour les médecins, cette disposition-là, ça va l'être
pour les infirmiers.
Mme Arpin (Élizabeth) : ...le
domicile, effectivement, que ce soit un domicile institutionnel, comme une
RPA, une RI, RTF, ou le domicile, là, une maison unifamiliale, par exemple, de
la personne. On va parler davantage des professionnels, par exemple, dans le
cadre des équipes de soins à domicile, donc, des personnes qui seraient suivies
par ces médecins-là. Vous avez raison de mentionner qu'un citoyen qui n'est pas
suivi par un médecin ou une infirmière parce qu'il est en pleine forme et que,
là, soudainement, il y a un décès, bien là cet article-là serait... ne
s'appliquerait pas nécessairement. Bien, dans ces cas-là, ça serait, par
exemple, des... ça serait un décès, là, si je peux m'exprimer... Je ne serai peut-être pas dans le langage du Code civil,
là, mais un décès suspect, là, chez une personne qui n'est pas malade, qu'on n'a... qui n'est pas
suivie par un professionnel, et quoi que ce soit, donc, serait référé, par
exemple, à un cas de coroner pour s'assurer qu'on fait la lumière, là, sur les
circonstances du décès.
Mais
ce qu'on veut dire, ici, dans le paragraphe, «lorsqu'une personne décède
ailleurs que dans une installation», on fait surtout référence,
justement... RPA, RI, RTF, domicile, qui ne sont pas des installations visées
par la loi dans un établissement, mais qui seraient visitées par des
infirmières ou des médecins dans le cadre d'un soin à domicile.
Mme Labrie :
O.K. Donc, on parle... Donc, ce que je cherchais... La ministre avait
répondu en parlant de continuité de soins. Ça répond pour quand on est dans un
établissement. Donc, on est dans cet esprit-là encore de continuité de soins.
Quelqu'un qui n'est pas suivi sur une base régulière, on n'ira pas chercher le
dernier médecin qui l'a vu. O.K.
La Présidente
(Mme Massé) : Merci. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass :
Merci. Quand on dit «si aucune personne possédant l'une [des] qualités
n'est disponible dans un rayon de 16 km, le bulletin de décès peut être
rempli par deux personnes majeures», est-ce que ce n'est pas un petit peu
général, pour dire «deux personnes majeures»? Et, pour revenir sur ce que vous
avez dit tantôt, est-ce que ça ne devrait pas être plutôt la personne ou
personnes, par exemple, qui ont découvert le corps ou ceux qui ont rapporté...
Est-ce que ça peut être, par exemple, un agent de la paix? Est-ce que ça peut
être, dans ce cas-là, un intervenant ambulancier, etc.? Parce que je trouve que
c'est un petit peu flou, «deux personnes majeures».
La Présidente
(Mme Massé) : Mme la ministre.
Mme Bélanger :
Oui. En fait, c'est parce que, là, on est vraiment dans la Loi sur la santé
publique, et j'avoue que cette... On est au deuxième paragraphe?
Mme Prass :
Oui, c'est la fin du deuxième, c'est la dernière phrase.
Mme Bélanger :
Oui. En fait, ça ne fait pas partie des discussions qu'on a eues, là, soit
en consultations particulières ou comme réflexion dans le cadre de la Loi sur
les soins de fin de vie. Je serais embêtée de vous répondre, là, pourquoi on
fait référence à deux personnes majeures versus... Tantôt, on était dans
d'autres choses, on était plus dans le Code civil. Est-ce que vous avez
peut-être une explication? Je laisserais peut-être Me Bérubé...
La Présidente
(Mme Massé) : Oui, Me Bérubé.
M. Bérubé
(Mathieu) : La réflexion, en fait, qui me viendrait à l'esprit en
premier lieu, c'est pour permettre le plus de latitude possible. Puis, comme le
bulletin de décès est souhaité dans tous les cas de décès, il pourrait être
transmis au ministre de la Santé, puis qu'il puisse effectuer ses fonctions en
vertu de la Loi sur la santé publique, bien, de préciser «deux personnes
majeures», en fait, ça pourrait être comme vous l'avez dit, là, soit deux agents
de la paix, ça pourrait être deux personnes qui vivaient dans le même domicile,
des voisins, mais ultimement pour que quelqu'un remplisse le bulletin de décès
et qu'il soit transmis, là, au ministre de la Santé.
Mme Prass :
O.K., donc, c'est une question de...
M. Bérubé
(Mathieu) : Oui.
Mme Prass :
Parfait.
La Présidente (Mme Massé) : Bien.
Est-ce qu'il y a d'autres questions? Ça va?
Donc, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'article 54 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Massé) : Ce
qui termine notre bloc 3.
On est donc en mesure de rentrer dans le bloc 4
et nous allons... Je vous donne le temps de tourner les pages, les gens qui
nous écoutent, tourner les pages de leur projet de loi ou glisser sur leur
ordinateur pour se rendre à l'article 13, que nous allons étudier. Et
donc, Mme la ministre, quand vous serez prête... Moi-même, je vais tourner les
pages. Vous êtes prête? Alors, allons-y pour l'article 13.
• (12 h 40) •
Mme Bélanger : Alors :
Cette loi est modifiée par l'insertion, avant l'article 26, de ce qui
suit :
«1. Demande d'aide médicale à mourir
«25.1. L'obtention de l'aide médicale à mourir
nécessite qu'au préalable une demande à cette fin soit formulée.
«Une demande d'aide médicale à mourir est
appelée "demande contemporaine d'aide médicale à mourir" ou
"demande contemporaine" lorsqu'elle est formulée en vue de
l'administration de cette aide de façon contemporaine à la demande. Elle est
appelée "demande anticipée d'aide médicale à mourir" ou "demande
anticipée" lorsqu'elle est formulée en
prévision de l'inaptitude de la personne à consentir aux soins, en vue d'une
d'une administration ultérieure à la survenance de cette inaptitude.»
Alors, je ne
lirai pas le texte proposé puisque c'est un nouvel article et je viens de le
lire, en fait, intégralement. Alors, il est suggéré...
Ah! il manque un petit mot que je n'ai pas lu,
alors, merci de me le mentionner.
Alors : «2. Dispositions particulières aux
demandes contemporaines d'aide médicale à mourir», donc, fermez le guillemet.
Alors, dans
les commentaires : Il est suggéré d'introduire une sous-section comprenant
l'article 25.1 qui, à titre introductif, a pour but d'annoncer
l'existence dans la loi de deux régimes principaux d'aide médicale à mourir et
de les qualifier.
Deux... Non, excusez. Il est également suggéré
d'introduire une sous-section 2 portant spécifiquement sur les demandes
contemporaines d'aide médicale à mourir, comme on le verra ci-après.
La Présidente (Mme Massé) : Merci,
Mme la ministre.
Donc, est-ce qu'il y a des questions ou des
commentaires sur cette introduction à l'article 13? Ça va? Je vous laisse
le temps parce qu'on a eu à virer, à changer les pages, et tout ça. Je veux
juste être certaine qu'on se suit bien. Ça va bien? C'est parfait.
Donc, puisqu'il n'y a pas d'autre intervention,
je mets aux voix l'article 13. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Massé) : Bien.
Alors, on a déjà fini le bloc 4.
On va aller au bloc... Oh! pardon, Mme la
ministre, vous aviez un...
Mme Bélanger : Oui,
Mme la Présidente. Je demanderais une courte suspension, le temps d'inviter
quelqu'un d'autre à la table. Alors...
La Présidente (Mme Massé) : Bien
sûr. Alors, nous allons suspendre quelques instants. On vous revient.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
(Reprise à 12 h 45)
La Présidente (Mme Massé) : Alors,
nous voilà de retour. Nous sommes donc rendus au bloc 5, à l'étude de
l'article 14, et je demanderais à la ministre de nous lire l'article, s'il
vous plaît.
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, je vais lire l'article ainsi que le commentaire, mais j'aimerais
vous annoncer que je vais aussi avoir un amendement, et donc que je lirai
l'article par la suite.
Alors donc : L'article 26 de cette loi
est modifié :
1° par le remplacement du premier alinéa par les
suivants :
«Pour obtenir l'aide médicale à mourir suivant
une demande contemporaine, une personne doit, en plus de formuler une demande
conforme aux dispositions du présent article, et de l'article 27 le cas
échéant, satisfaire aux conditions suivantes :
«1° elle est majeure et apte à consentir aux
soins, sauf exception relativement à cette aptitude de la personne prévue au
troisième alinéa de l'article 29;
«2° elle est une personne assurée au sens de la
Loi sur l'assurance maladie (chapitre A-29);
«3° elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable ou elle a un handicap neuromoteur grave et incurable;
«4° sa situation médicale se caractérise par un
déclin avancé et irréversible de ses capacités;
5°
elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables
et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu'elle juge
tolérables.
«Pour
l'application du paragraphe 3° du premier alinéa, un trouble mental autre qu'un
trouble neurocognitif n'est pas considéré comme une maladie.»;
2° par le
remplacement, dans le troisième alinéa, de «le médecin traitant de la personne»
par «le professionnel compétent qui traite la personne».
Les commentaires : Le premier alinéa de
l'article 26 proposé reprend pour l'essentiel le premier alinéa actuel de l'article 26 de la loi. Compte tenu de la
décision Truchon rendant inopérant le critère de «fin de vie», vous
pourrez noter que ce critère n'apparaîtra plus au premier alinéa de
l'article 26.
Aussi, le paragraphe 4° du premier alinéa de
l'article 26 de la loi est modifié pour permettre à une personne ayant un handicap neuromoteur grave et incurable
d'obtenir l'aide médicale à mourir si les autres conditions de la loi
sont remplies, et ce paragraphe deviendra le paragraphe 3° du premier alinéa de
l'article 26.
De plus, le deuxième alinéa de l'article 26
proposé apporte une précision importante, soit que, pour l'application du paragraphe 3° du premier alinéa,
un trouble mental autre qu'un trouble neurocognitif n'est pas considéré
comme une maladie.
Enfin, les troisième et quatrième alinéas de
l'article 26 proposé reprennent respectivement les deuxième et troisième
alinéas de l'article 26, actuel avec quelques adaptations techniques.
La Présidente (Mme Massé) : Alors,
ceci est l'article 11... l'article 14, pardon, tel que décrit.
Vous nous
avez annoncé un amendement, d'entrée de jeu. Je sais que... On me signale, du
côté de l'opposition officielle, que...
Écoutez, c'est ma première présidence, alors peut-être que j'ai fait quelque
chose de pas correct, mais, ceci étant dit, l'esprit... Je prendrai votre
amendement, puisqu'il est sur Greffier déjà, et vous l'avez annoncé. Ceci
étant dit, je fais mon apprentissage, Mme la
députée, et, la prochaine fois, je n'agirai pas de la sorte, c'est promis. Mme
la ministre.
• (12 h 50) •
Mme Bélanger : O.K., Mme la
Présidente, merci. Vous allez voir que l'amendement, tout le monde l'a
maintenant, c'est disponible. J'imagine que vous avez ça, là, sur le site...
sur Greffier.
La Présidente (Mme Massé) : Sur
Greffier, oui.
Mme Bélanger : Alors, je vous
invite à le regarder en même temps que moi.
Alors, article 14, article 26 de la Loi
concernant les soins de fin de vie.
Dans le paragraphe 1° de l'article 14 du
projet de loi :
1° remplacer, dans le paragraphe 5° du premier
alinéa de l'article 26 de la Loi concernant les soins de fin de vie
proposé, par «constantes»... remplacer, excusez-moi, «constantes» par
«persistantes»;
2° remplacer le deuxième alinéa de cet article
proposé par les alinéas suivants :
«Pour l'application du paragraphe 2° du premier
alinéa, est assimilée à une personne assurée au sens de la Loi sur l'assurance
maladie une personne dont le coût des services de santé assurés qu'elle reçoit
ou peut recevoir est assumé autrement qu'en application de cette loi du fait de
sa détention au Québec ou du fait qu'elle y réside et qu'elle soit en service
actif dans les Forces armées canadiennes.
«Pour l'application du paragraphe 3° du premier
alinéa, un trouble mental autre qu'un trouble neurocognitif ne peut pas être
une maladie pour laquelle une personne peut formuler une demande.»
Les commentaires : D'abord, l'amendement a
pour but de modifier le paragraphe 5° du premier alinéa de l'article 26 de la
Loi concernant les soins de fin de vie proposé afin de prévoir qu'une personne
doit, pour obtenir l'aide médicale à mourir suivant une demande contemporaine,
éprouver des souffrances physiques ou psychiques persistantes plutôt que
constantes.
De plus, l'amendement a pour but de permettre à
certaines personnes détenues, en service actif dans les Forces armées
canadiennes d'obtenir l'aide médicale à mourir malgré qu'elles ne soient pas
des personnes assurées au sens de la Loi sur l'assurance maladie (chapitre
A-29). Enfin, l'amendement reformule l'exclusion applicable au trouble mental
autre que neurocognitif afin d'éviter une énonciation maladroite et inexacte.
Texte modifié des premier et deuxième alinéas de
l'article 26 :
«26. Pour obtenir l'aide médicale à mourir
suivant une demande contemporaine, une personne doit, en plus de formuler une
demande conforme aux dispositions du présent article, et de l'article 27 le cas
échéant, satisfaire aux conditions suivantes :
«1° elle est majeure et apte à consentir aux
soins, sauf exception relativement à cette aptitude de la personne prévue au
troisième alinéa de l'article 29;
«2° elle est une personne assurée au sens de la
Loi sur l'assurance maladie (chapitre A-29);
«3° elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable ou elle a un handicap neuromoteur grave et incurable;
«4° sa situation médicale se caractérise par un
déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«5° elle éprouve des souffrances physiques ou
psychiques persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans
des conditions qu'elle juge tolérables.
«Pour l'application du paragraphe 2° du premier
alinéa, est assimilée à une personne assurée au sens de la Loi sur l'assurance
maladie une personne dont le coût des services de santé assurés qu'elle reçoit
ou peut recevoir est assumé autrement qu'en application de cette loi du fait de
sa détention au Québec ou du fait qu'elle y réside et qu'elle soit en service
actif dans les Forces armées canadiennes.
«Pour l'application du
paragraphe 3° du premier alinéa, un trouble mental autre qu'un trouble
neurocognitif ne peut pas être une maladie pour laquelle une personne peut
formuler une demande.»
La Présidente (Mme Massé) : Merci,
Mme la ministre.
Donc, nous allons... Je vais prendre s'il y a
des questions ou des commentaires, et ensuite on va commencer cette
discussion-là, puis on verra pour la suite. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente.
Bien, d'emblée, j'ai des questions sur
l'amendement, mais je voulais savoir pourquoi on débute le débat sur ce bloc,
étant donné qu'on parle de handicap neuromoteur grave et incurable et que cet
article, le 14, qui propose des changements à l'article 26... L'article 26 est
référé dans les autres articles que nous allons aborder dans ce bloc, ça fait que j'avoue que... Je veux juste... J'ai un
malaise parce que, même si on dit qu'on va suspendre l'adoption de cet
article, on ne pourra pas voter sur les articles qui suivent parce que les
articles qui suivent réfèrent à l'article 26 de la loi, que nous n'avons pas
adopté et modifié.
Et, juste pour que les gens comprennent bien,
quand nous sommes à l'opposition, nous n'avons que... ça peut être long pour
quelques personnes, mais on a seulement 20 minutes. Ça fait que je ne veux
pas... même si on dit qu'on va suspendre puis revenir, parce qu'après on va
avoir les indications du comité d'experts et le forum, puis là je n'aurai plus
de temps, puis il va falloir que je revienne à la charge avec tous les moyens
disponibles à l'opposition pour revenir, pour continuer le débat. Alors, je
propose que peut-être nous pouvons... nous pourrons aborder un autre bloc pour
avoir une conversation plus fluide. Ça fait que voilà ma proposition, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Massé) : Merci. Je pense que la ministre veut réagir.
J'aimerais entendre les autres un peu là-dessus
pour me faire une tête, mais ça m'apparaît très recevable, votre truc. Mme la Présidente... Mme la ministre, pardon.
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Alors, bien, en fait, c'est un article qui est très complexe. Il y
a beaucoup, beaucoup d'alinéas, bien sûr. Je voulais, d'entrée de jeu, vous
présenter l'amendement parce qu'il y a des choses
qui sont, d'entrée de jeu, je dirais, plus... dans le fond, plus
compréhensibles et peut-être éventuellement plus faciles à faire consensus, là, s'il y a lieu. Je reconnais
tout à fait, cependant, que le troisième alinéa, la personne «atteinte
d'une maladie grave et incurable ou elle a un handicap neuromoteur grave et
incurable», on attend les recommandations du comité d'experts, là, et
éventuellement d'une consultation. On n'est pas là.
L'objectif était vraiment de regarder... Par
exemple, quand on parle des Forces armées canadiennes ou des personnes qui sont
incarcérées, en fait, c'est une modalité, là, parce qu'elles ne sont... ces
personnes-là ne sont pas couvertes par la RAMQ. Puis, dans le projet de loi,
c'est écrit que, une des conditions, il faut être couvert par la RAMQ. Donc, on
se disait... Bien, pour moi, c'était quelque chose qui était quand même assez
facile, là, à discuter aujourd'hui, qu'on
n'avait pas besoin d'avoir, là, toutes les prochaines étapes. La même chose
pour la notion de souffrances constantes versus... non, la notion de
souffrances persistantes au lieu de constantes, O.K.? Alors, il y a une nuance,
là, puis, bon, les groupes nous l'ont mentionné.
Alors, c'est
simplement dans cet esprit-là, c'est qu'on a deux choix : ou on traite de
l'amendement, l'amendement étant spécifiquement sur les éléments que je
viens de vous présenter... J'ai peut-être oublié que...
Une voix : ...
Mme Bélanger : Et le trouble mental, parce que, dans la loi, la
façon dont c'est écrit, c'est que le trouble mental n'est pas une maladie. Donc, on comprend que je
venais, en déposant mon amendement, mentionner que... je terminais la
phrase, dans le fond, qui est déjà écrite dans le projet de loi : Le
trouble mental n'est pas une maladie — attendez, juste me trouver un
petit peu ici, là — pour
laquelle une personne peut formuler une demande, et non pas : Le trouble
mental n'est pas une maladie. Vous comprenez un petit peu la nuance, là. Alors,
c'était simplement ça. Ça fait qu'on a deux choix : ou on travaille sur
l'amendement, puis, de toute façon, on ne pourra pas passer à travers, on
pourra suspendre l'article, ou on n'en parle pas du tout et on passe à autre chose.
La Présidente (Mme Massé) : Mme
la députée, est-ce que vous aviez quelque chose à rajouter là-dessus? Est-ce
qu'il y a d'autres... Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, moi, je n'ai
pas de problème à ce qu'on travaille l'amendement, mais par contre, l'article,
il va falloir le suspendre.
Mme Bélanger : Oui, tout à
fait.
La Présidente (Mme Massé) : Donc,
là-dessus...
Mme Maccarone : Je souligne le
malaise, de ma part, de continuer. Honnêtement, j'entends ce que la collègue
dit, mais, moi, mon souhait, ce serait de suspendre le tout puis recommencer le
débat plus tard. Ça nous donne une occasion de faire une tête sur ce qui est
proposé aussi par la ministre, mais je n'aurais pas de malaise. Présentement, je
n'utiliserai pas plus de mon temps sur cet amendement, mais, si la ministre
souhaite prendre le temps, présentement, pour expliquer
pourquoi «persistantes» et non «constantes»... Puis je pense qu'elle a fait
quand même le lien pour l'autre élément de l'amendement qu'elle a proposé. Je
n'aurais pas de malaise, mais je ne souhaiterais pas continuer le débat
là-dessus présentement.
La Présidente (Mme Massé) : O.K.
Donc, Mme la ministre, il nous reste quelques instants avant la fin de la...
avant l'ajournement de la séance, est-ce que vous voulez poursuivre vos
explications tel que demandé?
• (13 heures) •
Mme Bélanger : Bien, je pense
qu'à la lumière de... Bon, en fait, ce que je peux mentionner, c'est que vous avez les informations, vous allez prendre le temps
de constater le tout. Mais je pense que l'objectif de l'amendement,
c'était vraiment juste d'aller sur des
points qui, pour moi, étaient comme évidents, là, puis on voulait juste
clarifier certains mots ou certaines phrases à l'intérieur de ça, mais
on peut suspendre l'article et reprendre les travaux en lien avec cet article.
La Présidente (Mme Massé) : Écoutez,
oui, madame... Ah! pardon.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Massé) :
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article, vous aviez bien dit?
Mme Bélanger : Là, on parle de
l'article 14 et l'amendement.
La Présidente (Mme Massé) : Et
son amendement? Parfait. Est-ce qu'il y a donc un consentement pour suspendre
l'article 14 et l'amendement? Consentement.
Et voilà ce qui termine notre matinée, le temps
est écoulé. On se retrouve à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise à 14 h 05)
La Présidente (Mme Schmaltz) : La
Commission des relations avec les citoyens reprend donc ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 11, donc, la Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de
vie et d'autres dispositions législatives.
Y a-t-il
consentement afin de permettre à la députée de Sherbrooke de remplacer la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Bélanger : Oui. Mme la
Présidente, j'aimerais, d'entrée de jeu, mentionner qu'en lien avec le
bloc 5 je propose que les articles 15 et 16 soient suspendus. Nous
avons déjà... nous avons déjà suspendu 14, et qu'on puisse, donc,
suspendre les articles 15, 16 et 17.
La
Présidente (Mme Schmaltz) :
Et donc y a-t-il consentement
pour suspendre l'étude des articles 15, 16 et 17?
Des voix : Consentement.
Mme Maccarone : ...dans le
fond, vous ne les avez même pas présentés encore.
Une voix : ...
Mme Maccarone : C'est la même
chose.
Une voix : ...on reporte.
Mme Maccarone : On reporte.
Mme Bélanger : On reporte?
Donc, on reporte.
Mme Maccarone : Voilà. O.K.
Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
nous en sommes au bloc 6, à l'article 18. Je vous propose de procéder
par article introduit, et l'article 18 sera mis aux voix dans son ensemble
à la toute fin.
Mme la ministre, je vous invite à faire la
lecture de l'article 29.1, introduit par l'article 18.
Mme Bélanger :
...je veux quand même mentionner que cet article introduit 19 articles
en soi. Alors, on va prendre le temps de les examiner adéquatement.
Alors, je commence la lecture, donc, pour ce qui
est de l'article 18.
Alors : 18. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 29, de ce qui suit :
«3. Dispositions particulières aux demandes
anticipées d'aide médicale à mourir
«I. Conditions d'obtention de l'aide médicale à
mourir
«29.1. Pour obtenir l'aide médicale à mourir
suivant une demande anticipée, une personne doit, en plus de formuler une demande conforme aux dispositions des
articles 29.2, 29.3 et 29.7 à 29.10, satisfaire aux conditions
suivantes :
«1° au moment où elle formule la demande :
«a) elle est majeure et apte à consentir aux
soins;
«b) elle est une personne assurée au sens de la
Loi sur l'assurance maladie (chapitre A-29);
«c) elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins;
«2° au moment de l'administration de l'aide
médicale à mourir :
«a) elle est inapte à consentir aux soins en
raison de sa maladie;
«b) elle satisfait toujours aux conditions
prévues aux sous-paragraphes b et c du paragraphe 1°;
«c) sa situation médicale se caractérise par un
déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«d) elle paraît objectivement éprouver :
«i. les souffrances qu'elle avait décrites dans
sa demande, et ce, en raison de sa maladie;
«ii. des souffrances physiques ou psychiques
persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables.
«Pour l'application du sous-paragraphe c du
paragraphe 1° du premier alinéa, un trouble mental autre qu'un trouble cognitif
n'est pas considéré comme une maladie.»
«II. Conditions...»
Une voix : ...
Mme Bélanger : Non,
d'accord. Alors, j'arrête là la lecture. Nous allons aller... et je vous amène
tout de suite au commentaire concernant l'article 29.1. Alors, je
vous invite à aller à la page 33.
Donc, je vais
lire le commentaire en lien avec l'article 29.1 : L'article 18
du projet de loi introduit une sous-section 3 comprenant les
articles 29.1 à 29.19 applicables spécifiquement aux demandes anticipées
d'aide médicale à mourir. Ce changement est requis pour tenir compte de la
nouvelle structure proposée pour la loi.
L'article 29.1 proposé est la disposition
qui prévoit les conditions que doit satisfaire une personne pour formuler une
demande anticipée d'aide médicale à mourir et pour obtenir l'aide médicale à
mourir.
C'est aussi l'article 29.1 proposé qui
exclut le trouble mental comme maladie pouvant donner ouverture à la
formulation d'une demande anticipée.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Schmaltz) :
O.K. Est-ce qu'il y a des questions?
Mme Bélanger : Mme
la Présidente, j'aimerais annoncer que je vais avoir un amendement à proposer
éventuellement.
Mme Maccarone : ...son
amendement avant qu'on fasse le débat sur cet article.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Voulez-vous
faire le débat sur cet article? Oui? Est-ce que vous voulez faire la lecture?
Mme Bélanger : Oui, je vais
faire la lecture. En fait, je l'annonçais parce que, si jamais certaines
personnes auraient voulu s'exprimer sur ce que je venais de lire, ça aurait été
possible de le faire. Mais, alors donc, je suis prête, effectivement, pour
l'amendement.
Donc : Article 18, article 29.1
de la Loi concernant les soins de fin de vie.
À l'article 29.1 de la Loi concernant les
soins de fin de vie, proposé par l'article 18 du projet de loi :
1° remplacer
les sous-paragraphes c et d du paragraphe 2° du premier alinéa par les
sous-paragraphes suivants :
«c) elle
présente, de manière récurrente, les manifestations cliniques liées à sa
maladie et qu'elle avait décrites dans sa demande;
«d) sa situation médicale :
«i. se caractérise par un déclin avancé et
irréversible de ses capacités;
«ii. donne lieu à un professionnel compétent de
croire, sur la base des informations dont il dispose et selon le jugement
clinique qu'il exerce, qu'elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques
persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables.»;
2° remplacer le deuxième alinéa par les
suivants :
«Pour l'application du sous-paragraphe b du
paragraphe 1° du premier alinéa, est assimilée à une personne assurée au
sens de la Loi sur l'assurance maladie une personne dont le coût des services
de santé assurés qu'elle reçoit ou peut recevoir est assumé autrement qu'en
application de cette loi du fait de sa détention au Québec ou du fait qu'elle y
réside et qu'elle soit en service actif dans les Forces armées canadiennes.
«Pour l'application du
sous-paragraphe c du paragraphe 1° du premier alinéa, un trouble mental
autre qu'un trouble neurocognitif ne peut pas être une maladie pour laquelle
une personne peut formuler une demande.»
Commentaires : D'abord, l'amendement a pour
but de clarifier les conditions portant sur les souffrances que doit éprouver une personne au moment de
l'administration de l'aide médicale à mourir, pour obtenir l'aide médicale
à mourir suivant une demande anticipée.
Ainsi, une personne qui a formulé une demande anticipée devrait, pour
obtenir l'aide médicale à mourir, présenter de manière récurrente les
manifestations cliniques liées à sa maladie et décrites dans sa demande et sa
situation médicale devrait donner lieu de croire à un professionnel compétent,
sur la base des informations dont il dispose et selon le jugement clinique
qu'il exerce, qu'elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques
persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables.
De plus,
l'amendement a pour but de permettre à certaines personnes détenues ou en
service actif dans les Forces armées canadiennes d'obtenir l'aide
médicale à mourir malgré qu'elles ne soient pas des personnes assurées au sens
de la Loi sur l'assurance maladie (chapitre A-29).
Enfin, l'amendement reformule l'exclusion
applicable au trouble mental autre que neurocognitif afin d'éviter une
énonciation maladroite et inexacte.
Vous avez,
dans vos documents, le texte modifié. Je ne crois pas que j'ai besoin de lire
le texte modifié, vous l'avez. Si vous le souhaitez, je peux le lire,
mais vous l'avez, là. En fait, tout ce que je viens de présenter vient... est
expliqué dans le texte, là, modifié. Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'il y a des interventions, des questions?
Mme Maccarone : ...30 secondes,
Mme la Présidente, juste pour relire une fois, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Schmaltz) : ...un
instant pour vous laisser le temps.
(Suspension de la séance à 14 h 16)
(Reprise à 14 h 20)
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait,
donc, nous allons reprendre.
Je pense que, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
vous aviez une question.
Mme Maccarone : Oui, merci.
Merci pour le temps, c'est grandement apprécié, parce que, là, on rentre
vraiment dans tout ce qui est technique. Et je remercie aussi la ministre de
prendre le temps dans sa lecture. Ça nous aide beaucoup dans la compréhension
puis la suite des travaux, c'est apprécié.
Quand on arrive à le paragraphe où on adresse
qui qui est assuré au sens de la Loi sur l'assurance maladie, je souhaite
savoir, pour que ce soit clair, c'est qui qui sera adressé. C'est
l'avant-dernier paragraphe. Je ne les ai pas tous
comptés, là, mais c'est l'avant-dernier paragraphe dans l'amendement en
question. Je pourrais le lire, c'est : «Pour l'application du
sous-paragraphe b du paragraphe 1° du premier alinéa, est assimilée à une
personne assurée au sens de la Loi sur
l'assurance maladie une personne dont le coût [de ces] services de santé
assurés qu'elle reçoit ou peut recevoir est assumé autrement qu'en
application de cette loi du fait de sa détention au Québec — ça
fait que je comprends ce que la ministre, elle avait proposé dans
l'article 14, que nous avons suspendu — ou du fait qu'elle y réside
et qu'elle soit en service actif dans les Forces armées canadiennes.»
Bien, je veux savoir, d'abord, c'est qui qui est
couvert. Juste pour que ça soit clair, c'est qui qui sera éligible?
Mme Bélanger : Je laisserais la
parole à Mme Geneviève, ici. Juste me rappeler votre nom de famille.
Mme Landry
(Geneviève) :
Landry.
Mme Bélanger : Mme Geneviève
Landry.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
Mme Landry.
Mme Landry
(Geneviève) :
Oui,
bonjour. Merci pour le droit de parole. Geneviève Landry, directrice
générale adjointe de la qualité,
coordination interne et des affaires autochtones au ministère de la Santé et
des Services sociaux.
Cet article vise à couvrir des personnes
résidant sur le territoire québécois, deux types en particulier, qui ne sont
pas assurées par la loi de la Régie de l'assurance maladie, donc qui ne
répondent pas à, quand on regarde nos conditions
d'admissibilité, «elle est une personne assurée au sens de la Loi sur
l'assurance maladie», donc, notre point b du premier paragraphe de l'article 29.1. Ces personnes qui résident
sur le territoire québécois, donc, qui sont en pénitencier fédéral, donc
purgent une sentence de plus de deux ans, ou encore qui sont des militaires sur
des bases militaires, elles ont une couverture
d'assurance santé à l'extérieur de notre système de santé de la Régie de
l'assurance maladie et, pour cette raison,
elles ne rencontrent pas cette condition. Donc, nous sommes dans un principe
administratif qui freine l'accès à un soin pour ces personnes. Donc, ce
sont vraiment ces deux types de personnes que l'on vise.
Par ailleurs, on a fait quand même un 360° pour
s'assurer qu'on n'échappait pas d'autres clientèles, nécessairement. Ce sont des besoins émergents, des demandes émergentes,
d'où le fait d'arriver ici, là, à ce moment-ci, avec ces demandes-là. On a pu conclure que, par exemple, les gens de la
GRC étaient déjà couverts, avaient accès. Les communautés autochtones
sur réserves non conventionnées également avaient accès. Donc, on croit quand
même avoir fait le tour, là, en donnant accès
à ces deux clientèles-là, au sens de la Loi de l'assurance maladie. Est-ce que
ça répond?
Mme Maccarone : J'aurais une
question complémentaire. Est-ce que ça, ça veut dire, d'abord, que les
demandeurs d'asile, eux, n'auront pas accès? Parce qu'en arrivant ici ça peut
prendre du temps avant d'avoir accès au régime, d'avoir cette couverture, ça
fait que ça, ça veut dire, eux, ils seront exclus. Puis, si ma compréhension
est bonne puis la réponse est oui, pourquoi? Puis est-ce qu'on a une flexibilité
pour s'assurer que ces personnes aussi seront couvertes?
Mme Landry
(Geneviève) :
Je prendrai votre question en délibéré pour m'assurer de bien y
répondre parce que je ne gère pas le programme des demandeurs d'asile.
Cependant, effectivement, là, il y a eu des préoccupations à cet égard. Donc,
je la prends en délibéré, et, si vous permettez, on reviendra.
Mme Maccarone : Tout à fait. Je
pense que j'ai des collègues qui ont d'autres questions, Mme la Présidente,
pendant qu'ils sont en train de se parler de plusieurs questions.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
on a une question, donc, de Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. L'amendement
que vous présentez au paragraphe 2°d.ii, on parle de la notion de
souffrance, et ce qu'on a entendu souvent durant les consultations, c'est
justement que c'est une notion qui est très personnelle et qui doit être
décrite par la personne dans sa demande anticipée. Donc là, on change pour dire
«donne lieu [à croire à un professionnel compétent], sur la base des
informations dont il dispose et selon le jugement clinique», etc. Pour la
notion de base des informations dont il dispose, est-ce que vous faites
référence à la définition de souffrance de la personne dans leur demande?
Mme Bélanger : Si on se
souvient, lors des consultations particulières, plusieurs professionnels nous
l'ont dit, ça va être difficile d'évaluer la
souffrance des personnes, et plusieurs nous ont demandé, dans le fond, de
s'assurer que le jugement clinique des professionnels puisse être exercé, et
donc c'est pour ça qu'on retirerait... Là, vous voyez un petit peu, là, le d.ii, c'est biffé en rouge, là, dans les documents
que vous avez, alors... parce que les professionnels nous disent :
Comment on va faire pour évaluer des souffrances physiques ou psychiques
persistantes, insupportables, qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
jugées tolérables?, alors que, là, on est, il faut se souvenir, on est dans la
demande anticipée, alors, comment le professionnel va faire pour évaluer?
Alors, c'est pour ça que, dans le fond, on le
remplace ici, donc, «donne lieu à un professionnel compétent de croire, sur la base des informations dont il
dispose — c'est des observations cliniques — et
selon le jugement clinique qu'il exerce, [que la personne] éprouve des
souffrances», là, vous avez tout le reste du texte.
Peut-être pour compléter ma réponse,
j'inviterais... Nous avons un médecin autour de la table, alors on pourrait
l'inviter à s'exprimer à ce sujet-là, si mes collègues...
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'il y a un consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
il y a... La parole est à vous.
M. Evoy (François) : Bonjour.
Merci beaucoup. François Evoy, je suis neurologue, médecin neurologue au
CHUS-Estrie—CIUSSS
depuis près de 30 ans. Je ne suis pas un expert en maladies
neurodégénératives, en démences. Je suis un neurologue spécialisé, mais pas
dans ce domaine-là, mais je suis très intéressé à l'organisation des soins et à
la qualité des soins depuis des années, et je suis président de l'Association
des neurologues du Québec, actuellement, alors c'est un sujet qui m'intéresse
particulièrement.
Cet article-là est important pour une raison,
c'est qu'il faut voir un peu... Parce qu'écrire une loi, c'est une chose, mais
l'appliquer en est une autre, et ça, on va beaucoup se baser sur le jugement du
personnel soignant. Et ça peut devenir un casse-tête, définitivement, à gérer
parce qu'une fois que la demande est écrite, il va y avoir des décisions
importantes à prendre sur l'avenir du malade, de la personne qui a demandé
l'aide médicale à mourir par demande médicale anticipée. Donc, évidemment, le
but premier, c'est la volonté de l'individu, qui doit être respectée, donc c'est de l'autodétermination. Et
comment on peut juger de l'autodétermination? Bien, ça va être grâce à
sa demande. Donc, il va falloir que la
demande soit assez claire puis fasse part, pour donner des indices aux
médecins, au personnel soignant, de quel moment, que le patient nous
décrive, avant d'arriver dans cet état, qu'est-ce qui pour lui serait jugé
comme une souffrance qui serait inacceptable.
Puis, quand on parle de
souffrance, c'est qu'on a toujours l'impression que c'est une souffrance
physique. On dit «souffrance physique et psychologique», mais le patient qui va
avoir une démence avancée, sa souffrance, on a comme un biais où il faut que la
personne semble souffrante physiquement ou qu'il y ait quelque chose au niveau
du comportement qui soit vraiment... qui paraisse très anormal ou dérangeant,
mais la vérité n'est pas si simple que ça. C'est que, dans un état de démence
avancée, par exemple dans la maladie d'Alzheimer, le malade, à un moment donné,
bon, il passe de l'aptitude à consentir à la non-aptitude à consentir et il
peut devenir extrêmement calme, finalement, donc sa souffrance pourrait ne pas
être apparente, où les gens autour de lui, son entourage, le personnel soignant
pourraient dire : Il m'apparaît tout à fait confortable. Mais, si on se
base sur la demande initiale du patient, c'est là qu'on donne les balises,
c'est que, pour le médecin traitant, qu'est-ce qu'il doit faire, ou pour le
personnel soignant, l'IPS, c'est d'aller
voir la demande et de pouvoir... de voir ce qui est écrit spécifiquement dans
cette demande. Qu'est-ce que le malade souhaitait? C'était quoi, son
but? Et ça peut être aussi simple que : Moi, quand je vais arriver à tel
état, par exemple l'incontinence, ou encore lorsque je ne reconnaîtrai plus mes
proches, donc, des balises qui sont quand même assez claires : Bien, pour
moi, peu importe que j'aie l'air heureux ou pas, pour moi, ça va être une souffrance psychique ou physique qui
m'apparaît inacceptable. Donc, on enlève un aspect de subjectivité qui met
le poids de la décision sur le personnel traitant et sur les proches, parce
qu'il va y avoir le tiers responsable de la famille qui va avoir à gérer ça
aussi émotivement au moment où on va procéder à l'aide médicale à mourir, et ça
amène cet aspect-là de jugement qui va être davantage incarné pour le patient
lui-même. Donc, ça ne sera pas un «une taille pour tous», ça va être «moi, je
veux que ce soit de telle façon». Et je crois que cet amendement-là offre cette
possibilité-là au personnel soignant et aux proches, parce que c'est eux qui,
ultimement, vont avoir à vivre avec la décision de la personne qui devient
inapte.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
• (14 h 30) •
Mme Prass : Bien, juste pour
renchérir un petit peu sur ce que vous avez dit, justement, dans des cas, par
exemple, où une personne qui a une démence et que leur notion de souffrance,
c'est quand ils ne reconnaissent plus la famille, etc., est-ce qu'il ne serait
pas nécessaire au moins de faire une mention de la façon dont la personne, elle
décrit dans sa demande les souffrances? Parce que, sinon, il y a ambiguïté,
ici, qu'un professionnel puisse évaluer qu'une personne a des souffrances, mais
peut-être ce n'est pas le niveau de souffrance à laquelle elle est atteinte
pour avoir l'administration de l'aide médicale à mourir, parce que c'est comme
si on niait, justement, la façon dont la personne a décrit ses souffrances. On
n'a pas... Je comprends que c'est difficile d'évaluer et qu'il faut qu'il y ait
un espace pour les professionnels de pouvoir faire l'évaluation eux-mêmes, mais
de complètement enlever cette notion de leur... de la façon dont eux, ils
décrivent la souffrance, bien, c'est enlever l'importance de ce qu'ils ont mis,
justement, dans leur demande. Donc, je comprends qu'il faut qu'il y ait une
évaluation, mais je pense qu'il faut aussi qu'il y ait un lien avec ce que...
la volonté de la personne dans leur demande.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Bélanger : Je veux être
sûre de bien comprendre. Donc, il y a tout le jugement professionnel, bien sûr,
mais le lien avec la façon dont la personne va inscrire, je dirais, peut-être,
ses volontés puis ce qu'elle interprète pour elle-même, ce qui est jugé une
souffrance physique et psychique au moment où elle est apte à le faire, et il
va falloir qu'elle le décrive. O.K., je suis tout à fait d'accord avec ça.
Cependant, je ne sais pas si ça doit être écrit dans cet article... Ce n'est pas à cet article-là qu'on
pourra traiter de ça, là. Peut-être, de votre côté, là... Parce qu'ici, dans le
fond, on parle davantage des conditions. Attendez un peu, là, que... En fait,
je comprends l'élément que vous amenez, c'est de dire : Bien, étant donné
ça, il faut que la personne ait... puisse exprimer clairement et de façon
formelle et officielle ce qu'elle entend par rapport à ses propres souffrances,
là, anticipées, on va dire ça comme ça. O.K.
Mme Prass : Mais toujours en
comprenant que le professionnel a la latitude...
Mme Bélanger : Tout à fait.
Mme Prass : Exact.
Mme Bélanger : Exactement, oui.
La
Présidente (Mme Schmaltz) :
Il y avait une question... Ah!
une des deux. Mme Westmount—Saint-Louis... bien, Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui, merci de
la précision, Mme la Présidente.
Je veux
revenir sur le d, point ii. On dit «donne lieu [de croire à un
professionnel compétent]». Lors des auditions, on a entendu beaucoup de groupes qui nous ont parlé d'un groupe
interdisciplinaire, puis ça faisait partie aussi de ce que nous avons discuté lors de la commission spéciale.
Alors, je voulais savoir, est-ce que ça, ça sera utilisé, peut-être, plus tard?
Peut-être,
c'est parce qu'on n'est pas dans le bon article, où on introduit la notion de
groupe interdisciplinaire, mais rendu...
Moi, ma compréhension, c'est, au moment où nous allons procéder à mettre en
vigueur la demande anticipée, si on rejoint
tous ces critères puis si ça donne lieu de croire à un groupe
interdisciplinaire de professionnels qui sera peut-être établi, tout dépendamment des expertises requises... Parce
qu'on comprend que des fois ça va être un neurologue, d'autres moments, ça va
être un psychiatre qui va aussi accompagner ou un... je ne sais pas, un autre
spécialiste de la santé. Est-ce que c'est ici que nous devrions aborder cette
précision?
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Bélanger : ...Mme la
Présidente.
Non, parce
que regardez, là, vraiment, l'énoncé de 29.1, on dit que «pour obtenir l'aide
médicale à mourir suivant une demande
anticipée — on
est dans la demande anticipée aussi, je veux juste quand même... juste le
rappeler — une
personne doit, en plus de formuler une demande conforme aux dispositions[...],
satisfaire aux conditions suivantes». Alors là, ce qu'on est en train de
parler, c'est des conditions, on n'est pas en train de parler du comment, O.K.?
Là, on parle des conditions, c'est vraiment ça, c'est de ça dont on parle, elle
doit «satisfaire aux conditions suivantes».
Mme Maccarone : C'est ça, ou
peut-être, je ne vous suis pas, Mme la ministre. C'est parce que, quand on rentre au point ii, on introduit «au moment
de l'administration de l'aide médicale à mourir :», puis là on fait le a,
b, c, d, puis le d, point ii,
c'est pour ça. Je comprends ce que vous êtes en train de dire «au moment
où elle formule», mais là c'est vraiment
dans le point ii, «au moment de l'administration», où je rejoins les
questions de ma collègue de D'Arcy-McGee puis les précisions que nous
avons entendues du Dr Evoy.
Mme Bélanger : Mais on est
toujours, quand même... Excusez-moi.
Une voix : ...
Mme Bélanger : Oui, ça va? On
est toujours, quand même, dans les conditions suivantes, là, «satisfaire aux conditions suivantes : 1° au
moment de formuler la demande», et un deuxième moment, «au moment de
l'administration», là, c'est d'autres
conditions. Mais on est toujours dans le grand titre, là, si on veut, le grand
titre où... en tout cas, «satisfaire aux
conditions suivantes». Là, il y a deux volets, là-dedans : au moment de la
demande puis au moment de l'administration. Je ne sais pas si tout le
monde...
Une voix : ...
Mme Bélanger : Oui. Et à 29.4, à l'article 29.4, plus
loin, c'est vraiment, là, la responsabilité du professionnel. Cet
article-là, là, comme je vous l'ai mentionné tantôt, introduit
19 articles, alors c'est assez complexe, là.
Mais, si je peux me permettre, je pense qu'on
peut passer à travers l'article 29.1. Les questions qu'on a eues sont très pertinentes, assurons-nous que vos
observations, là, se retrouvent dans les prochains articles, là. On va y
aller article par article, là, on va toutes les étudier vraiment à fond. Mais,
pour le moment, là, 29.1, c'est vraiment satisfaire aux conditions. On n'est
pas dans le formulaire, on n'est pas dans le comment, on n'est pas dans
l'équipe interdisciplinaire, on n'est pas là.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'il y a une autre intervention? Est-ce qu'il y a un consentement pour que madame
puisse intervenir? Oui.
Mme Lavoie (Térésa) : Térésa
Lavoie, avocate légiste au ministère de la Justice, affectée au ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Juste pour ramener le contexte de 29.1, quand on
avait travaillé le projet de loi n° 38, la dernière fois, on introduisait
14 ou 15 articles, là on en introduit 19.
Quand on avait discuté le projet de loi
n° 38, il avait été souvent question des deux moments, justement, dans le
cadre de la demande anticipée, soit le moment où la personne formule la demande
et le moment où la personne devient admissible à recevoir l'aide médicale à
mourir. Puis, à l'époque du projet de loi n° 38,
comme il y avait plusieurs articles, puis que les conditions pour la
formulation de la demande apparaissaient au début de la section, puis que les conditions d'administration
apparaissaient plus vers la fin, ça ne nous permettait pas d'avoir une vue
générale sur l'ensemble des conditions
permettant à une personne d'obtenir l'aide médicale à mourir dans le cadre
d'une demande anticipée, donc, l'article 29.1, on l'avait amené en
amendement au p.l. n° 38 pour apporter un article
englobant qui fait l'inventaire ou qui recense toutes les conditions. Après,
les autres articles viennent comme éclater un peu les dispositions ou le
cheminement, le processus qui doit être suivi pour les fins de l'administration
de l'aide médicale à mourir. Le 29.1 fait comme juste rassembler, en quelque
sorte, les éléments les plus cruciaux, les conditions qu'on retrouve après dans
les autres dispositions jusqu'à 29.19.
Mme Maccarone : J'entends, puis
je comprends, puis ce n'est pas une question de désaccord, puis je ne veux pas
perdre trop de temps là-dessus. C'est juste qu'il faut que vous me dites,
d'abord, où on va parler du comité interdisciplinaire,
pour que je vous suive, parce que, même si je reviens au 29.4, je ne vois pas
le comité interdisciplinaire quand on passe à l'acte. Ça fait que ce
serait bien peut-être, pour nous aider à vous suivre, de savoir quand est-ce
que nous allons voir ceci, dans quel article puis s'il y a des amendements
aussi, comme ça nous serons en mesure de vous suivre mieux.
Je comprends, on parle des
conditions pour remplir la demande, puis si on vient à passer à l'acte à
l'intérieur de la demande, pour que ça soit clair pour la personne qui remplit
la demande anticipée, si je vous suis bien, là, je fais une paraphrase dans mes
propres mots à moi. On souhaite au moins un professionnel, mais c'est parce
qu'on ne le décrit pas de cette façon. Peut-être, ce n'est pas moi... Ce n'est
pas clair, parce qu'on parle de seulement un professionnel, le professionnel
compétent, et non le comité. Je ne sais pas.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Allez-y.
• (14 h 40) •
Mme Bélanger : ...Mme la
Présidente, je vais quand même juste rappeler que ce n'est pas le comité qui va
décider de l'acte, hein, c'est le médecin ou l'IPS, puis ils vont se faire valider
par un deuxième intervenant. Le comité a un rôle important, aviseur, au niveau
du plan d'intervention interdisciplinaire. Là, on n'est pas là-dedans.
Mais, pour répondre à votre interrogation, là,
ce que je demanderais peut-être, là, aux gens qui sont avec nous, là, ici, de
ce côté-ci, de prendre en note... Parce que, de ce que je comprends de la
demande, il y a eu une intervention sur le formulaire, c'est ce que je
comprends, puis là on a une deuxième intervention, de votre côté, sur le comité
interdisciplinaire. Est-ce qu'il y a un autre élément? Parce que j'essaie de
ramasser, là, les...
Parce que, là, pendant qu'on va continuer à
examiner article par... De toute façon, nous adopterons cet article-là à la
fin, quand on aura fait tout le tour de cet article-là, vous comprenez? Ça fait
qu'il n'y a pas d'enjeu là, il faut juste s'entendre. Est-ce qu'on comprend les
énoncés qui sont là? Ça soulève des questions. Ces questions-là, on va vous y
répondre, mais moi, je propose qu'on puisse au moins s'assurer sur ce qui est
là, là, est-ce que c'est clair. Mais les enjeux que ça soulève, on va y
revenir, on va les prendre en délibéré.
Mme Maccarone : Dans les
réponses que vous allez nous ramener, je pense que ça va être plus éclairant si
on amène ça à un exemple concret puis qu'on peut dire : Personne A, quand
ils vont poursuivre à faire ceci, voici comment ça va se procéder, comme ça, je
pense que ça va nous amener à avoir une compréhension plus facile. Ça fait que
la personne A, Suzie, va poursuivre avec sa demande, puis voici toutes les
conditions, puis voici comment ça va se manifester pour elle. Je pense que les
gens vont être plus en mesure de comprendre pourquoi que ce n'est pas ici qu'on
traite le groupe interdisciplinaire, là. Bon, puis évidemment ma collègue, elle
a des questions.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Je
pense, il y a une...
Mme Caron : Oui. Bien, pour
faire le tour des questions, c'est la première fois, je pense, dans les
articles, dans les blocs qu'on a vus, qu'on utilise le terme «trouble
neurocognitif». Est-ce qu'il est décrit ailleurs dans les articles qu'on n'a
pas... les articles qu'on n'a pas vus encore?
Mme Bélanger : Oui.
Me Térésa.
Mme Lavoie (Térésa) : En fait,
on a l'alinéa miroir pour les demandes contemporaines, à l'article 26 qui
est introduit par l'article 14 du projet de loi, un mot-à-mot, pareil.
La
Présidente (Mme Schmaltz) :
Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Schmaltz) : Non, l'amendement? L'amendement, oui, c'est bon? O.K. Donc,
l'amendement... Oui?
Mme Bélanger : Mme
la Présidente, on aurait une réponse par rapport aux demandeurs d'asile,
alors... parce que ça fait partie de la question qui est en lien avec
les personnes assurées, là, ou non par la Loi sur l'assurance maladie.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Ah!
d'accord. Bon, est-ce qu'il y a consentement? Oui?
Mme Landry
(Geneviève) :
Merci, Mme la
Présidente. Donc, est-ce que je dois me renommer, ou ça va avec l'intervention
précédente?
La Présidente (Mme Schmaltz) : Non.
Mme Landry
(Geneviève) :
Ça va? Donc, la
réponse est non, ils ne sont pas couverts, là, par cette... ce changement
d'assurance, en fait, par l'assurance maladie, par ce changement.
Mme Maccarone : Puis est-ce
qu'il y a eu une discussion en ce qui concerne l'inclusion pour ces personnes
qui, évidemment, souhaitent faire partie de la fabrique québécoise puis...
Mme Bélanger : Pour les
demandeurs d'asile, là, ils ont accès aux services de santé si leur vie est
menacée, O.K., exemple une personne qui arrive qui est enceinte. Bon, mais là
l'aide médicale à mourir, c'est une autre chose, c'est un
soin ultime. Puis je pense que les... il faut éviter, là, de se retrouver, au
Québec, avec un tourisme médical de demande
d'aide médicale à mourir, aussi, O.K.? Alors, je pense que c'est vraiment
important de refermer à ce niveau-là.
Dans l'expérience que j'ai, et puis à Montréal,
on le sait, qu'il y a quand même beaucoup de demandeurs d'asile, il y avait un établissement qui s'occupait... spécifique au
niveau du réseau de la santé, pour donner des programmes spéciaux, à ma
connaissance, jamais eu de situation où des demandeurs d'asile auraient demandé
l'aide médicale à mourir. Donc, je ne pense pas qu'il y a lieu d'examiner ça de
plus près, là, ça ne fait pas partie... à ma connaissance, on n'a jamais eu une
demande à ce niveau-là.
Maintenant, ça ne veut pas dire... Quelqu'un qui
est demandeur d'asile, qui a des souffrances puis qui a une maladie, bon, etc.,
bien, va être pris en charge par le système de santé, selon les programmes qui
sont prévus, les douleurs seront soulagées, etc., là, mais on n'est pas dans ce
qu'on est en train de discuter aujourd'hui, là.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de la ministre?
Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. L'amendement à l'article 18, 29.1 est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
L'amendement est adopté.
S'il n'y a plus d'intervention, nous allons
procéder à l'article 29... Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui, merci. Oui,
j'ai des interventions à faire sur l'article 29.1 qui ne concernent pas
l'amendement, c'est au niveau des conditions à satisfaire au moment de formuler
la demande. Une des conditions, c'est d'être atteint «d'une maladie grave et
incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins», donc on comprend qu'il
faut déjà avoir un diagnostic. Je ne veux pas jeter un pavé dans la mare, là,
mais je voudrais quand même qu'on discute de cette question-là, parce que ça a
été porté à notre attention que parfois des personnes qui vont avoir un
diagnostic, par exemple, d'alzheimer vont avoir ce diagnostic-là à un moment où
la capacité, l'aptitude à consentir va déjà
être dépassée, et donc la personne a son diagnostic peut-être un peu tard.
J'avoue avoir été assez sensible à ça.
Puis je me questionne aussi s'il n'y a pas une
cohérence à aller chercher avec les autres directives médicales anticipées que
les personnes peuvent faire puis que... Bon, évidemment, elles n'ont pas besoin
de diagnostic pour donner des directives médicales anticipées. Ça fait que je
voudrais quand même avoir la discussion ici avec vous : Pourquoi c'est
obligatoire d'avoir un diagnostic de maladie grave et incurable menant à une
inaptitude à consentir pour formuler une demande anticipée, dans la mesure où,
de toute façon, dans l'application, il faudra qu'elle soit dans cette
situation-là? Mais au moment de formuler la demande, de l'enregistrer pour
l'avenir, pour quelles raisons on exige d'avoir un diagnostic? C'est quoi, les
raisons derrière ça?
La Présidente (Mme Schmaltz) : Vous
pouvez répondre, Mme la ministre, ou... Docteur, oui.
M. Evoy (François) : Oui, je
peux répondre?
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
allez-y, oui.
M. Evoy (François) : Oui, Mme
la Présidente.
Mme la députée, bien, j'ai l'impression que...
Votre remarque est tout à fait pertinente, et on peut vraiment se poser cette
question. Je pense que ça va être un choix comme tous les choix qui ont été
vis-à-vis de l'aide médicale à mourir, pour
l'application, c'est d'essayer de limiter autant que possible, que ce ne soit
pas un soin qui soit conventionnel comme, par exemple, on va avoir dans
les directives médicales anticipées, où on n'a pas besoin d'avoir une maladie
pour dire : Bien, si cela m'arrivait, telle situation, par exemple... j'ai
une démence ou un trouble neurocognitif qui survient, un jour, bien, par
exemple, si ça survient, bien moi, je n'aimerais pas, à tel niveau, qu'on
m'alimente par voie parentérale, par un tube, qu'on m'alimente par un soluté.
Donc là, on est davantage dans le niveau de
soins. Le niveau de soins, c'est quelque chose... tout le monde devrait se
poser cette question-là si on a une maladie grave. L'aide médicale à mourir est
un soin particulier, puis je pense que,
vraiment, il y a eu un choix de société, il y a un choix, au niveau des gens
qui ont réfléchi sur l'aide médicale à mourir,
qu'on devait le garder comme un soin particulier, et, pour cette raison-là, on
veut que le diagnostic soit déjà posé, pour que la réflexion sur la
maladie soit déjà avancée et que la personne qui désire faire ses directives
médicales anticipées pour l'aide médicale à
mourir ait pu en parler avec ses proches et réaliser qu'est-ce que ça
impliquait au juste.
Donc, je pense que c'est un choix politique.
Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait changer un jour? Peut-être, mais je
pense que, pour l'instant, ça demeure un consensus et une recommandation, là,
qui était... bien, avec le comité sur les changements, les modifications sur les
lois de...
Une voix : ...
M. Evoy (François) : ...de fin
de vie, oui, c'est ça, pardon.
• (14 h 50) •
La Présidente (Mme Schmaltz) : Mme
la ministre, je pense, vous voulez rajouter?
Mme Bélanger :
Bien, la question est fort pertinente, mais en même temps il faut se
souvenir qu'on a un devoir de prudence, puis je pense que c'est important de
mettre les balises. Déjà, au Québec, on a fait une réflexion depuis plus de 10 ans concernant mourir dans
la dignité, l'aide médicale à mourir, et je pense que, comme
parlementaires, il faut vraiment, je dirais, encadrer de façon quand même assez
stricte. Et puis ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de place au jugement
clinique, et tout ça, mais il faut faire attention. Puis j'avoue que la
directive médicale anticipée, pour moi, c'est quelque chose qui est différent
que le processus de demande d'aide médicale à mourir.
Puis le meilleur
exemple, puis je ne veux pas, là, prendre trop de temps, mais, pour moi, la
directive médicale anticipée, ce serait : Bien, si un jour je fais un
arrêt cardiaque, et puis que vous me réanimez, puis que ça fait deux mois que
je suis aux soins intensifs, que je fais plusieurs arrêts cardiaques, bien là,
ma demande médicale anticipée, ce
serait : Ne me réanimez pas, ça ne serait pas : Donnez-moi l'aide
médicale à mourir. Voyez-vous la nuance?
Ça fait que... Et là
c'est pour ça que je pense qu'il faut vraiment s'attarder à notre projet qui
est l'aide médicale à mourir. Ça ne veut pas
dire qu'il n'y a pas de lien avec d'autres choses, ceci étant dit, là,
naturellement, mais, pour moi, le
fait de mettre «maladie grave et incurable menant à l'inaptitude», je pense que
ça fait en sorte aussi qu'on va vraiment baliser. On ne veut pas, là,
que ce soit quelque chose qui soit ouvert, là, et offert si facilement que ça,
on parle de la vie des gens. Alors, voilà.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente.
Bien,
si je peux me permettre, je partage ce souhait-là, que ce soit balisé.
Évidemment, il faut être très prudents avec ça, puis je ne propose pas
d'élargir davantage du tout, c'est plutôt... La question, ici, c'est
plus : Qui va pouvoir remplir ce formulaire, finalement, de demande
anticipée d'aide médicale à mourir?
J'avoue être assez
sensible à ce qu'on nous a dit, que parfois le diagnostic venait trop tard pour
être en mesure de le faire. C'est une crainte que beaucoup de gens ont.
Beaucoup de gens ont vu ou accompagné un de leurs proches qui vivait cette situation-là, sont très bien équipés pour
comprendre de quoi il en retourne, puis ils sont terrifiés à l'idée de passer par là eux-mêmes, puis ils
voudraient pouvoir le dire à l'avance, exprimer leur souhait par rapport à
ça.
Je vous soumets
humblement que, là... je ne sais pas, je n'étais pas présente dans tous les
travaux de la commission, peut-être que la députée de Roberval pourrait
m'éclairer sur ce qui a été dit autour de ça pendant les travaux de la commission, mais moi, j'avoue que,
dans la mesure où, là, il n'est pas question d'y avoir accès au sens de
le faire, mais d'avoir accès au formulaire pour dire plus tard ce qui
m'arrivera, je me questionne sur pourquoi l'accès au formulaire doit être aussi restrictif, c'est la question que je pose
en ce moment. Parce qu'évidemment qu'au moment de l'appliquer, cette
condition-là, pour moi, là, elle est essentielle, là, ce n'est pas ça que je
veux soulever ici, mais, quand on me répond : Bien, c'est important que la
personne soit déjà dans cette réflexion-là autour du diagnostic, puis tout ça, évidemment, pour certaines
personnes, la réflexion va s'entamer au moment du diagnostic, pour
d'autres personnes qui ont côtoyé de près certaines maladies, cette
réflexion-là, elle est entamée bien avant, puis le risque de peut-être avoir un
véritable diagnostic un peu tard, il existe.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Donc on est... nous sommes toujours sur
l'article 29.1 proposé par... oui, proposé par l'article 18. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, Dr Evoy.
M. Evoy
(François) : Peut-être, Mme la Présidente, un commentaire. C'est
sûr, c'est une situation qui peut survenir, mais c'est extrêmement rare. La
maladie... la plupart des troubles neurocognitifs évoluent assez lentement,
donc, et le moment où les gens deviennent inaptes à consentir... Les gens
demeurent aptes à consentir pendant une bonne partie de la maladie, là, on
parle... Dans la maladie d'Alzheimer, qui est la maladie la plus fréquente,
même chez quelqu'un qui a un trouble modéré,
donc, qui est très évident dans la vie de tous les jours, les gens vont souvent
être capables... vont être encore aptes à
consentir. À vrai dire, l'aptitude à consentir pour ce genre de soin là va
probablement survenir assez précocement dans
la maladie, j'ai l'impression, où les gens vont avoir eu le temps d'avoir cette
réflexion-là.
Puis c'est un peu, je
pense, ce que la Commission des soins de fin de vie recommandait, c'est que le
diagnostic devait être posé pour que la réflexion sur le sujet puisse se faire,
donne le temps à la personne de vraiment réfléchir
sur ce qu'elle veut vraiment plutôt que, dans une demande anticipée... médicale
anticipée, de dire : Bon, si ça m'arrive, un jour, de façon
hypothétique, je veux que ce soin-là me soit donné. Et, comme le disait
Mme la ministre, bien, on veut que ça demeure un soin d'exception. Alors,
je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de personnes qui soient lésées, en bout de
ligne, par une recommandation telle qu'elle est formulée actuellement.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette :
...ça nous a été apporté aussi en commission spéciale, on en a longuement
discuté, même les gens venaient nous
dire : Bien, moi, si je fais un ACV, je voudrais être en mesure de
demander l'aide médicale à mourir, faire
une demande anticipée. Mais en fait c'est un gros processus, hein, faire...
juste le formulaire, tu sais, ça demande une équipe médicale qui
accompagne ces gens-là, donc on a les directives médicales anticipées qui sont
là.
Et ce qu'on ne
voulait pas faire, non plus, c'est de créer l'illusion qu'on allait avoir accès
à l'aide médicale à mourir, puis, vous
l'avez dit d'emblée, bien, laissons-leur remplir le formulaire, même s'ils ne
rempliront pas les critères finaux.
Donc, on ne voulait pas créer, non plus, l'illusion que les gens pourraient
penser d'y avoir accès et de créer un goulot
d'engorgement aussi, au niveau des professionnels, pour remplir le formulaire,
parce que ce ne sera pas quelque chose d'une demi-heure, une heure,
là, qu'on fera, ce sera un long processus accompagné par des professionnels.
Et il faut que... comme
l'a dit le docteur tout à l'heure, il faut que ça demeure un soin d'exception,
donc c'est pour ça que nous, les membres de la commission spéciale, on
souhaitait ne pas aller là et qu'on a conservé le critère d'avoir déjà un
diagnostic. Puis, comme vous l'avez dit, les gens qui vivent ça de près, de par
de la famille proche, ils ont le temps de penser, puis, quand arrive le moment,
ils sont prêts à rédiger puis ils savent qu'est-ce qu'ils veulent, qu'est-ce qu'ils ne veulent pas ou
qu'est-ce que... Ça fait que, même si le laps de temps est quand même
peut-être plus court un peu pour eux, ils
auront, là, l'opportunité de remplir le formulaire. C'est un peu comme ça qu'on
l'a travaillé.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, merci. Je
suis contente des réponses que j'ai obtenues. Je pense que c'est important de
nommer, ici, les raisons pour lesquelles on prend des décisions comme
celles-là. Donc, je remercie mes collègues pour la réponse.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
D'accord. D'autres interventions sur l'article 29.1? D'accord.
Bon, nous allons procéder à l'article 29.2,
proposé par l'article 18. Mme la ministre, veuillez en faire la
lecture, s'il vous plaît.
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, donc, l'article 29.2, à la page 28, pour mes collègues,
donc, ça se lit ainsi, ça commence par :
«II. Conditions et autres dispositions relatives
à la formulation de la demande anticipée».
Donc : «29.2. La personne doit, de manière
libre et éclairée, formuler pour elle-même la demande anticipée et la consigner
dans le formulaire prescrit par le ministre. Ce formulaire doit être daté et
signé par cette personne.
«Lorsque la
personne qui formule la demande ne peut la consigner dans ce formulaire ou le
dater et le signer parce qu'elle ne
sait pas écrire ou qu'elle en est incapable physiquement, un tiers peut le
faire en présence de cette personne.
«Le tiers ne peut faire partie de l'équipe de
soins responsable de la personne et ne peut être un mineur ou un majeur
inapte.»
Le commentaire est à la page 35 :
L'article 29.2 reprend la règle importante prévue également dans le régime
des demandes contemporaines, eu égard au fait que la personne doit, de manière
libre et éclairée, formuler pour elle-même sa demande. La loi prévoira qu'à
cette fin un formulaire de demande soit élaboré par le ministre.
Cet article permet à une personne qui ne pourrait
rédiger physiquement sa demande anticipée d'avoir recours à un tiers pour ce faire, reprenant ainsi les
dispositions de l'article 27 applicables dans le cadre du régime des
demandes contemporaines.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
Merci. Avons-nous des... Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Encore une
fois, peut-être, ce n'est pas le bon moment, mais là je commence à avoir
beaucoup de questions en ce qui concerne la formule. On a entendu beaucoup de
recommandations en commission, avec les
auditions, puis nous aussi, lors de la commission spéciale. Est-ce que, là, on
parle de... Parce que la personne qui va
remplir le formulaire, est-ce que c'est devant un notaire? Est-ce que c'est
devant un médecin? Comment que ce serait rempli? Là, on introduit la notion du tiers. Est-ce qu'on a une définition
de c'est qui, le tiers? Puis toutes ces questions, ça se peut qu'elles
sont répondues dans d'autres articles, ça fait que, si c'est le cas, juste me
rediriger à la bonne place.
Et peut-être plus précisément pour le 29.2, une
troisième question que j'aurais, c'est... Là, on parle de la formulation, aussi, de la demande, il faut être
apte, puis on parle du tiers de confiance, puis on parle de le dater et
signer. Mais on a aussi entendu plusieurs recommandations, non seulement... en
particulier des professionnels de la santé qui disaient qu'on devrait revoir.
Ça fait que quand est-ce qu'on va introduire la notion de revalider que les
critères qui sont écrits dans la demande anticipée sont toujours en vigueur,
puis, bon... puis qu'il y ait une réflexion de la réalité? Ça fait que ces
trois aspects, pour moi, peut-être, sont manquants un peu.
• (15 heures) •
Mme Bélanger : ...on
est vraiment dans la formulation, mais à 29.8 on est vraiment dans le volet de
l'acte notarié.
Mme Maccarone : Est-ce que
c'est à 29.8 que nous allons aussi adresser le tiers?
Mme Bélanger : Le tiers se
retrouve à un autre article. Si quelqu'un peut m'indiquer... Le tiers de
confiance se retrouve à 29.7, si je ne me trompe pas... 29.6, 29.7 et... O.K.,
donc, ça commence à 29.6. 29.7 aussi, on parle du tiers de confiance... non,
29.6.
Mme Maccarone : 29.6.
Mme Bélanger : 29.6.
Mme Maccarone :
Et, en ce qui concerne la fréquence de révision, est-ce que c'est ici que nous devons
traiter... puis là je présume qu'il y a une
ouverture, ça se peut que vous avez délibéré puis vous avez pris une
décision de ne pas incorporer une révision, puis, si c'est le cas, bien, je
souhaite savoir pourquoi. Mais, s'il y a une ouverture d'incorporer la notion d'une révision, à... quelle fréquence sera
peut-être recommandée? Nous avons plusieurs experts qui nous accompagnent. Je dirais que je suis plutôt favorable à
ceci, tout dépendamment de la façon que nous allons remplir le formulaire,
parce qu'on a aussi entendu qu'on souhaite que le processus soit accessible,
facile. On ne veut pas amener une lourdeur non plus à nos professionnels, on ne
veut pas que ce soit trop coûteux. Mais je peux comprendre aussi... après un
trois ans, ça se peut que les... ce qu'on souhaite a évolué, changé, on parle
quand même d'une fin de vie. Alors, comment
est-ce qu'on voit ça pour s'assurer que la personne concernée est protégée,
mais aussi qu'on fait ça d'une
manière transparente, un accompagnement dans le processus? Ce n'est pas pour
amener une lourdeur, mais c'est quand même un processus qui est sérieux.
Mme Bélanger :
Oui. Mme la Présidente, en fait, là, tout ce qui concerne le volet du
formulaire, la signature du registre va être
traité un peu plus loin. Ça fait que je vous... là, je vous invite, à ce
moment-là, là, à reprendre votre interrogation. On peut le prendre en
note, là. Parce que, dans le fond, votre question vise la révision du
processus. Est-ce qu'il est prévu une révision de la décision, de la... puis à
quelle fréquence, si oui?
Mme Maccarone :
J'aurais une demande de procédure d'abord, juste pour s'assurer qu'on a de
la clarté. Parce que je comprends qu'on n'adopte pas, mais, dans notre
processus dans la commission, quand on mettra fin au débat, habituellement,
même si on n'a pas voté sur l'article parce que c'est un article qui est
volumineux avec plusieurs aspects, on n'a
pas le droit de revenir. Moi, je ne veux pas manquer une opportunité, si ce
n'est pas plus tard, mais
peut-être... c'est ici que nous devons insérer la notion de révision, d'avoir
la permission de revenir. Je comprends, tout se fait avec le
consentement. Je ne veux pas manquer une opportunité parce qu'on a dit :
On clôt le débat, ça fait qu'on ne peut pas revenir pour modifier, si on dit
que, dans le fond, ça devrait être ici qu'on le fait.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : ...on peut revenir dessus.
Mme Maccarone :
Dès qu'on aura un consentement de faire ça, s'il y a lieu, là. Parfait.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
Est-ce qu'on a consentement?
Mme Bélanger :
Ah oui, consentement, tout à fait.
Mme Maccarone :
Parfait. O.K.
Mme Bélanger :
Alors, consentement, oui, oui.
Mme Maccarone :
O.K., parfait.
Mme Bélanger :
En fait, j'ai pris la peine de l'annoncer au début, là, que cet article-là
introduisait 19 autres articles, alors, c'est difficile d'avoir une vue
globale, là, avec plusieurs pages et 19 articles. Mais les questions sont pertinentes, on les retrouve dans plusieurs
articles, là, subséquents, puis sinon, comme je l'ai mentionné, les
questions qui sont posées, on va y revenir pour y répondre.
Là, il y a une
question précise dans votre intervention que je comprends qui est en lien
avec : Est-ce que... Une fois que le formulaire est signé, bon, chez le
notaire, est-ce qu'il y a une fréquence pour le réviser, ou bien c'est bon
après jusqu'à tant qu'on le retire ou qu'on change d'idée?
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Parfait. Avons-nous d'autres interventions sur
l'article 29.2? Non?
Donc,
s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder, donc, à la mise aux
voix de l'amendement. Non?
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Schmaltz) : On passe à 29.3? Parfait, d'accord. Bon, il n'y a pas d'amendement,
c'est bon.
Donc, nous allons
passer à l'article 29.3.
Mme Bélanger :
Alors, l'article 29.3 : «La personne qui formule une demande anticipée
doit être assistée par un professionnel compétent.
«Avec l'aide de ce
professionnel, la personne doit décrire de façon détaillée [...] sa demande les
souffrances physiques ou psychiques qui devront être considérées...»
Non. Excusez, je
reprends :
«Avec l'aide de ce
professionnel, la personne doit décrire de façon détaillée dans sa demande les
souffrances physiques ou psychiques qui devront être considérées, une fois
qu'elle sera devenue inapte à consentir aux soins et qu'un professionnel
compétent constatera qu'elle paraît objectivement éprouver ces souffrances, et
ce, en raison de sa maladie, comme la
manifestation de son consentement à ce que l'aide médicale à mourir lui soit
administrée lorsque toutes les conditions prévues par la présente loi
seront satisfaites.
«Le
professionnel doit s'assurer que les souffrances décrites dans la demande
remplissent les conditions suivantes :
«1° elles sont
médicalement reconnues comme pouvant découler de la maladie dont la personne
est atteinte;
«2° elles sont objectivables pour un
professionnel compétent qui aurait à les constater avant d'administrer l'aide
médicale à mourir.»
Les commentaires, à la
page 35 : L'article 29.3 proposé par l'article 18 du projet
de loi établit l'obligation pour la personne
qui formule une demande anticipée d'être assistée, pour ce faire, par un
médecin ou par une infirmière praticienne spécialisée. C'est aussi cette
disposition qui vient encadrer le contenu à caractère médical qui devra être
énoncé dans la demande anticipée par la personne et avec l'assistance d'un professionnel
compétent.
Et, Mme la Présidente, je voulais juste annoncer
que j'aurai un amendement aussi.
La Présidente (Mme Schmaltz) : D'accord.
Est-ce que vous voulez en faire la lecture?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Schmaltz) : Il
est sur Greffier.
Mme Labrie : En fait, je
voulais poser la question à la ministre. Donc, par «professionnel compétent»,
j'imagine qu'on parle toujours, ici, du médecin et de l'IPS. Bon. Ici, il est
question de formuler la demande, là, pas d'administrer l'aide médicale à
mourir, donc je me demandais : Est-ce que ça a été réfléchi de peut-être
faire en sorte que d'autres professionnels
de l'équipe de soins puissent être cette personne-là qui accompagne la personne
qui formule la demande? Je pense aux travailleurs sociaux, aux
psychologues. Est-ce que ça a été réfléchi?
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
allez-y.
Mme Bélanger : Bien, Mme la Présidente, en fait, ici, on parle
de la responsabilité du... de l'intervention, de l'aide médicale à
mourir comme telle, puis on a convenu que c'était un professionnel compétent,
donc l'infirmière IPS et/ou le médecin.
Dans votre
intervention, dans le fond, c'est : Est-ce que d'autres professionnels
peuvent accompagner la personne, faire
partie d'une équipe plus élargie? Bien sûr, mais ils ne sont pas compris dans
le sens de «professionnels compétents», pas parce qu'ils ne sont pas
compétents, là, mais dans ce que la loi sous-entend, là, ici.
Mme Labrie : En fait, le sens
de ma question, c'était plutôt les personnes qui peuvent accompagner la
personne au moment où elle formule la demande. Là, en ce moment, ce qu'on dit,
c'est : juste un médecin ou une IPS. Je suis en train de vous
demander : Est-ce que ça a été réfléchi de permettre aussi à d'autres
professionnels? Je comprends qu'on ne les inclura pas, pour tout l'ensemble de
la loi, dans la définition de «professionnel compétent». Moi, je ne suis pas en train de vous demander de
leur permettre d'administrer l'aide médicale à mourir, mais, au niveau de les accompagner pour remplir le formulaire, il
me semble probable que ces personnes-là puissent avoir l'expertise, là,
d'accompagner une personne qui veut faire une demande anticipée dans la
rédaction du formulaire. Donc, je vous soumets la question : Est-ce que ça
a été réfléchi de permettre, par exemple, à des psychologues ou des
travailleurs sociaux, au moment du formulaire...
Mme Bélanger : Donc, est-ce
qu'un professionnel pourrait être impliqué, là, au moment de la signature, soit
avec un... de remplir le formulaire soit avec l'IPS ou le médecin? Est-ce qu'un
autre professionnel pourrait...
Des voix : ...
Mme Bélanger : Je ne vois pas
de problème avec ça. Je ne sais pas si c'est nécessaire de l'écrire, c'est ce
que je veux juste mentionner. Mais je vais laisser...
Mme Lavoie (Térésa) : En fait,
l'article 29.3 vient donner l'obligation à un professionnel compétent de
prêter assistance. Donc, c'est l'article qui vient camper le fait que la
personne doit être assistée pour la formulation de sa demande. En ce moment, c'est vrai, c'est un professionnel
compétent, comme on l'a défini dans la Loi concernant les soins de fin
de vie. La personne, elle pourrait être accompagnée de d'autres professionnels
de son choix si elle le souhaite, si elle donne son consentement, il n'y a
rien... la loi ne l'interdit pas, là, il n'y a pas d'empêchement. Si elle
souhaite être accompagnée par un travailleur social, un psychologue, il n'y en
aurait... il n'y aurait pas de problème, si tout le monde est d'accord.
Mme Labrie : Juste pour
m'assurer que je comprends bien votre réponse, dans le fond, quand vous dites qu'elle pourrait être accompagnée aussi, par
exemple, par une travailleuse sociale, est-ce que c'est en plus de la
présence d'un professionnel compétent?
Mme Lavoie (Térésa) : Oui, oui.
Mme Labrie : Donc,
il faut que les deux soient dans la pièce. Tu sais, ça ne pourrait pas être en
remplacement d'un médecin ou d'une IPS...
Mme Lavoie (Térésa) : Non.
• (15 h 10) •
Mme Labrie :
...mais, bon, donc ce serait possible qu'un autre, par exemple un professionnel
plus en santé mentale, puisse être là, mais ça s'ajoute au professionnel
compétent.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
exactement.
Mme Labrie : O.K. Bien, je
comprends la réponse. Donc, ça n'exclut pas leur participation. Je me demande si c'est nécessaire que les deux soient présents,
dans la mesure où peut-être qu'ils peuvent avoir l'expertise suffisante,
là, pour les accompagner, sans qu'un médecin
puis une IPS... ou une IPS soit présente, je vous le soumets, là. C'est sûr
que ça impliquerait une rédaction différente, là, dans la mesure où on ne parle
pas du même geste professionnel quand on parle de professionnel compétent, ici,
là, que pour l'administration, mais je...
Mme Bélanger : Je veux juste
être sûre de bien saisir, là. En fait, qu'est-ce que vous souhaitez? Je veux
juste claire, là. Parce que, là, ici, on parle du professionnel compétent, donc
c'est l'IPS ou le médecin. Et là je comprends votre intervention, mais j'ai
perdu un bout, là, quand vous avez indiqué : Est-ce que c'est nécessaire
qu'on...
Mme Labrie : C'est
parce que la réponse que j'ai obtenue est à l'effet que, oui, un psychologue ou
un travailleur social pourrait être présent. Cependant, comme c'est une
obligation légale qu'il y ait un médecin ou une IPS, ce professionnel-là en
santé mentale peut être présent, mais c'est comme en plus. Moi, je vous dis,
peut-être qu'on pourrait envisager que c'est suffisant en soi, la travailleuse
sociale ou le psychologue, pour aider la personne à remplir le formulaire;
peut-être que vous trouvez que non, aussi. Mais je vous pose la question :
Est-ce que ça doit... On ne parle pas de
l'administration, ici, on parle de remplir le formulaire. Est-ce que ça doit
absolument être un médecin ou une IPS qui se trouve dans la pièce avec
la personne, ou on peut penser aussi à élargir la liste des professionnels qui
peuvent le faire?
Mme Bélanger : Personnellement,
je laisserais ça à «professionnel compétent» parce que, lors des
consultations, vous vous souvenez, il y a des médecins qui nous ont dit qu'ils
pouvaient prendre plusieurs heures à compléter le formulaire. Ça fait que
supposons que quelqu'un décide de compléter son formulaire avec, je ne sais
pas, moi, sa travailleuse sociale, on va dire ça comme ça, qui est compétente,
par ailleurs, bien, le médecin va refaire l'exercice, là. Il faut... Moi, là, ce que je comprends là-dedans, là, c'est que le
médecin ou l'IPS doivent avoir... ne peuvent pas juste faire faire un
formulaire comme ça, là, ils vont être obligés de refaire l'exercice. Moi,
personnellement, je laisserais ça à «personnel compétent».
Par contre, la personne qui s'en va... qui va
pour rédiger son formulaire peut y aller avec un professionnel qu'elle connaît, en qui elle a confiance, aussi qu'elle
connaît depuis longtemps, puis ça pourrait être une autre infirmière,
même, une infirmière clinicienne, pas une IPS, mais une infirmière. Alors...
Mais, dans le sens de ce qui est écrit là,
puis je pense que tantôt vous l'avez mentionné aussi, là, Me Lavoie, dans le
fond, c'est vraiment au moment de... tu sais, pour formuler la demande
anticipée puis de le laisser avec un professionnel compétent, moi... parce
qu'il ne faut pas oublier, là, qu'avec ça il va y avoir beaucoup de formation,
là, alors c'est... Puis, je veux dire... Alors, d'après moi, ce n'est pas tous
les professionnels qui peuvent les... Tous les professionnels peuvent
probablement avoir... aider les personnes, les accompagner, mais je ne suis pas
certaine que... Vous comprenez? Après ça, il va falloir former... Qui on va
former pour ça, là?
Ça fait que je pense qu'il faut vraiment que ça
soit vu comme quelque chose de très spécialisé. Il ne faut pas généraliser ça, là, dans l'ensemble, comme ça, du
réseau. Alors, c'est pour ça que je limiterais ça aux personnes... aux
IPS qui vont administrer l'aide médicale à mourir ainsi qu'aux médecins. Je le
laisserais vraiment très, très circonscrit.
Mme Labrie : O.K. Bien, peut-être
juste pour clore là-dessus, là, parce que je n'en ferai pas une énorme bataille non plus, moi, je ne proposais pas qu'il
y ait un dédoublement, je proposais plutôt que ce soit en remplacement,
là, du médecin, donc...
Mme Bélanger : Oui, c'est ça.
Mme Labrie : ...puis évidemment
que je suis d'accord que ça va prendre une formation spécifique pour le faire. Après cette formation là, on pourrait... en
fait, le critère pourrait être que le professionnel a suivi cette
formation, sans que la liste soit limitative du titre «professionnel», mais
évidemment que cette formation-là, elle m'apparaît nécessaire aussi. Après ça,
si c'est le choix de la ministre de faire en sorte que ce soient seulement les
médecins et les IPS qui la reçoivent, cette formation-là, bon, bien, c'est...
ça, c'est le choix qu'elle fait, là.
Mme Bélanger : O.K. Si vous
permettez, Dr Evoy pourrait...
La Présidente (Mme Schmaltz) :
...
M. Evoy (François) : Bien,
peut-être juste un petit commentaire. C'est sûr que l'aide médicale à mourir
est un soin médical, puis évidemment,
déontologiquement, les médecins et les IPS, qui sont les responsables,
finalement, d'administrer le soin, en bout
de ligne, doivent expliquer au patient, donc obtenir le consentement éclairé,
et évidemment ils doivent aussi juger
de l'aptitude à consentir. Donc, ça demande un niveau, quand même, de formation
professionnelle qui va
être assez élevé, et c'est un peu la responsabilité de... du personnel
compétent... du professionnel compétent, pardon, de remplir le formulaire et qu'il doit y avoir une connaissance de la
clinique aussi, de la maladie, spécifiquement, pour pouvoir faire en sorte que la demande soit
extrêmement précise pour pouvoir respecter les volontés. Donc, c'est
certain que d'élargir ça... Parce que je pense que même pas tous les médecins
et IPS vont se sentir compétents pour le faire, sincèrement. Donc, je pense que ça prend un niveau de compétence assez
important pour éviter les dérives, parce qu'il y a ça aussi, là, comme
problématique, éventuellement. Donc, je suis assez d'accord avec Mme la
ministre à ce sujet-là.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Vous
vouliez intervenir?
Mme Bélanger : Ça va pour moi,
c'est complet.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Ah!
d'accord. Parfait.
Pour votre information, les amendements déposés
sur Greffier ce matin ont été remplacés par les versions avec commentaires.
Donc, de nouveaux amendements ont aussi été versés, alors... pour votre
information.
Est-ce qu'on a d'autres interventions? Oui, Mme
la députée de...
Mme Blais : ...
La Présidente (Mme Schmaltz) : ...Abitibi-Ouest.
Mme Blais : Concernant les
professionnels compétents, est-ce qu'on aurait pu rajouter «médecins et IPS»
pour être plus clair? C'est une question que je me pose.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
Allez-y.
Mme Bélanger : Oui. Bien, en
fait, peut-être que les avocats, là, pourront compléter, mais, quand on parle
de professionnel, ici, compétent, on l'a mentionné lors des articles
antérieurs, «professionnel compétent», ici, fait référence... médecin et IPS, O.K., donc... et ça a été traité dans un
des articles. Ça fait que, donc, maintenant, pour les... tous les
articles que nous étudions, à toutes les fois qu'on voit «professionnel
compétent», ça fait référence à ce qu'on a adopté, là, dans les articles
antérieurs.
Mme Blais : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
que vous voulez lire l'amendement?
Mme Bélanger : Oui, je vais y
aller avec l'amendement.
Donc, amendement à l'article 29... l'article 18,
article 29.3 de la Loi concernant les soins de fin de vie :
À l'article 29.3 de la Loi concernant les
soins de fin de vie, proposé par l'article 18 du projet de loi :
1° remplacer,
dans le deuxième alinéa, «souffrances physiques ou psychiques» et «paraît
objectivement éprouver ces
souffrances, et ce, en raison de sa maladie, comme la manifestation» par,
respectivement, «manifestations cliniques liées à sa maladie» et
«présente ces manifestations, comme l'expression»;
2° dans le troisième alinéa :
a) remplacer, dans ce qui précède le paragraphe
1°, «souffrances» par «manifestations cliniques»;
b) remplacer, dans le paragraphe 1°, «découler
de» par «être liées à»;
c) remplacer, dans le paragraphe 2°,
«objectivables pour» par «observables par».
Commentaires — je
vais lire le commentaire : L'amendement est d'abord un amendement de
concordance avec l'amendement ayant apporté des modifications à
l'article 29.1 de la Loi concernant les soins de fin de vie, proposé par
l'article 18 du projet de loi.
Il a pour but
de préciser qu'une personne qui formule une demande anticipée doit, avec l'aide
d'un professionnel compétent, décrire de façon détaillée les
manifestations cliniques liées à sa maladie. Une fois la personne devenue
inapte et que ces manifestations seront constatées par un professionnel
compétent, elles seront considérées comme l'expression du consentement de la
personne à ce que l'aide médicale à mourir lui soit administrée lorsque toutes
les autres conditions prévues à la loi seront satisfaites.
De plus, l'amendement vise à préciser, au
deuxième alinéa de l'article 29.3 de la Loi concernant les soins de fin de
vie, proposé par l'article 18 du projet de loi, que les manifestations
cliniques détaillées dans la demande anticipée doivent être observables par un
professionnel compétent.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Schmaltz) : D'accord.
Est-ce qu'on a des interventions? On peut suspendre quelques instants. Ah! Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Je
comprends que vous voulez remplacer — excusez-moi — la
notion de «souffrances physiques ou psychiques» par «manifestations
cliniques», mais antérieurement, pour l'article 29.1, on évoque encore la
notion de «souffrances physiques ou
psychiques». Donc, je suggère, pour que ça soit cohérent, que partout où vous
avez «souffrances», ça se remplace plutôt par «manifestations cliniques»,
si c'est ça que vous voulez plutôt évoquer.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Vous voulez suspendre...
Mme Bélanger : On va suspendre,
s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 23)
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
nous reprenons l'étude détaillée. Mme la ministre.
Mme Bélanger : Oui.
Mme la Présidente, je demanderais à Me Lavoie de répondre à l'intervention de
ma collègue.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui.
Alors, si j'ai bien compris votre question, au début, dans le projet de loi tel
que déposé, on évoquait les souffrances décrites dans la demande de la personne
puis on évoquait aussi, pour le moment deux, «les souffrances qui sont jugées
persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans les
conditions jugées tolérables». On a modifié par amendement, tantôt, à 29.1, la
référence à «souffrances décrites dans la demande» pour que ce soit plus fidèle
à la réalité, à ce qui va se passer pour la personne lorsqu'elle va compléter
la demande. Ce qu'elle va décrire, c'est des
manifestations cliniques liées à la maladie qui vont, pour elle, lorsqu'elles
vont apparaître, constituer, je vais dire ça comme ça, le consentement qu'elle
donne pour recevoir l'aide médicale à mourir, éventuellement, lorsque toutes
les autres conditions prévues dans la loi vont être prévues... ou respectées.
Il reste une notion de souffrance, parce qu'en
bout de piste, avant l'administration de l'aide médicale à mourir, il peut y
avoir un délai, là, entre la manifestation clinique de la maladie... entre les
manifestations cliniques de la maladie
qu'elle va avoir identifiées dans sa demande, mais il faut aussi qu'elle
éprouve des souffrances persistantes, insupportables et jugées
intolérables, là, qui ne peuvent pas être apaisées dans des conditions jugées
tolérables. Donc, on a le critère des manifestations cliniques et le critère de
souffrances.
Puis je vous ramènerais à l'article 1 de la loi,
où on parle de l'objet de la loi. L'objet de la loi, c'est de prévoir des soins qui visent notamment à apaiser
des souffrances. Donc, dans le contexte des maladies qui sont
admissibles à l'aide médicale à mourir, il y
a nécessairement une souffrance qu'on veut apaiser. Mais, à l'étape de la
demande, on ne demande pas... on ne demandera pas à la personne de venir
décrire les souffrances qu'elle ne veut pas vivre, mais bien plutôt les manifestations cliniques qui pour elle vont
représenter le consentement à recevoir l'aide médicale à mourir. C'est
pour ça qu'il va demeurer une notion de souffrance dans les articles, parce
qu'on est, à ce moment-là, à l'étape d'avant l'administration
de l'aide médicale à mourir, ce que le médecin doit vérifier ou le
professionnel compétent devra vérifier.
La
Présidente (Mme Schmaltz) :
D'accord. D'autres interventions?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, merci. Je
veux revenir à la pratico-pratique. Là, on parle de... puis c'est dans le texte
modifié, mais c'est aussi dans l'article en
question. Ça fait que, si vous le permettez, c'est «la personne qui formule
une demande anticipée doit être assistée par
un professionnel compétent», je sais qu'on a adressé ça, puis j'avais
demandé comment ça va se produire sur le terrain pour une personne concernée.
Ça fait que je souhaite savoir... Exemple, moi, là, je souhaite faire une
demande anticipée... Puis la raison que je pose cette question, parce... c'est
parce que je suis allée plus loin, puis au 29.8 on dit que ça doit être fait
«par acte notarié en minute ou devant témoins au moyen du formulaire visé» dans
l'article que nous avons déjà discuté... dans le formulaire que nous avons déjà
discuté.
Ça fait que c'est quoi, la pratique? Comment ça
va fonctionner? Permettez-moi d'être un peu mêlée, parce que j'ai l'impression
qu'on le fait avec un professionnel de la santé qui va tout décrire avec moi,
qui va faire toutes les validations, mais maintenant, après qu'on fait ça,
est-ce que ça va être notarié? Ça va être quoi, le processus? Parce que ce
n'est pas clair pour moi. Est-ce qu'on pense que le notaire va suivre? Est-ce
qu'il va être présent à cette réunion, qui peut être très, très longue? C'est
quoi, le processus pour ça?
Mme Bélanger : Peut-être juste
mentionner... Votre interrogation est très pertinente, mais là on est dans le processus, on est dans le cheminement, dans...
Tandis que là, dans... le projet de loi ne décrira pas un processus, va
décrire des articles, O.K.? L'application,
après, ça va être dans des guides cliniques, ça va être dans l'explication
d'une procédure clinique, mais la loi ne décrira pas tout le
processus : Premièrement, vous devez faire telle chose; après ça, vous
allez faire telle affaire; après ça, vous allez là. En tout cas, ce n'est pas
comme ça que je comprends la loi. Je comprends votre interrogation, là, mais ce
n'est pas comme ça que le projet de loi est bâti, là. Ce n'est pas par étapes,
là, de dire : Vous allez faire ci, puis après ça on va aller là. Ce n'est
pas comme ça qu'est bâti le projet de loi. Peut-être, Me Lavoie, là, vous
pouvez donner une explication. Je comprends vos interrogations, là, ce n'est
pas évident de faire une réflexion article par article comme ça, un en arrière
de l'autre, là, je le comprends très bien.
Mais là on était à l'article 29.3, O.K.? Je
voudrais juste qu'on revienne à ça, parce que ça va être très difficile, en termes de méthodologie, là. Mais
l'article 29.3, là, vise vraiment la demande anticipée. Là, on a eu une
question sur la souffrance, on a répondu à ça. Dans le fond, ce qu'on comprend,
tantôt, de l'explication, c'est que c'est difficile de décrire une souffrance
qu'on n'a jamais connue, O.K., donc la personne va décrire des... C'est dans ce
sens-là, là aussi. Ça fait qu'on comprend
que c'est pour ça, là, qui... Mais là, après, pour votre... par rapport à votre
intervention, là, sur le processus, ce n'est pas l'article 29.3, là, qui
peut répondre à ça, là, ça, c'est clair.
Mme Maccarone :
J'aurais besoin d'une clarification. Peut-être, c'est parce que j'ai besoin
de savoir... Sur le terrain, là, une personne qui ferait la demande, je veux
que ça soit clair, est-ce qu'on propose, ici... Parce que, encore une fois, je
ne veux pas manquer une opportunité. Si c'est maintenant que nous devons vider
la question, faisons-le. Est-ce que c'est plus tard? Parce que, comme j'ai dit
que je vois, là, le 29.8, la demande anticipée doit être faite par acte
notarié, mais je comprends aussi, quand on parle de... je vais utiliser le bon
terme, là, nous sommes en train de parler de mettre à l'oeuvre, «right»? On
parle aussi de faire avec le professionnel. Comment ça va fonctionner?
Peut-être, ce n'est pas tout écrit article par article. Ce n'est pas mon
premier rodéo, je sais que des fois c'est mêlant, puis on fait par blocs, ça se
peut que, tu sais, ça va être traité plus tard. Mais, pratico-pratique, pour
une personne qui fait la demande, ça va être quoi? Tu sais, il y a des gens qui
nous écoutent. Puis je commence à être mêlée. Est-ce qu'on fait ça avec un
professionnel? Est-ce qu'on fait ça avec un notaire? Est-ce que c'est parce que
c'est fait ensemble? Ce serait quoi, le processus qui est proposé pour les
conditions?
• (15 h 30) •
Mme Lavoie
(Térésa) : En fait, sur le plan juridique, plus, moi, je peux tenter
de vous donner quelques grandes lignes
d'éclairage. C'est certain que, dans la loi, on a tenté, quand on a rédigé, de
faire une certaine chronologie. C'est sûr qu'une loi, ce n'est pas un
guide ou une ligne du temps, on ne peut pas tout faire ressortir. Ça, c'est...
Mais par contre il y a quand même quelques
éléments clés qui apparaissent dans la loi qu'on... On peut voir le
cheminement, là, une étape vient avant l'autre.
Le premier point de
départ, puis on l'a ciblé à l'article 29.1 tantôt, on l'a soulevé, le
diagnostic est vraiment fondamental pour la formulation de la demande. Ça,
c'est certain que tout ce qui précède le diagnostic, on ne l'a pas, c'est la
personne qui va recevoir les soins dans le cours ordinaire de sa vie qui va un
jour avoir un diagnostic. À ce moment-là, ça va être aussi la responsabilité ou
la possibilité pour le médecin de voir avec elle les traitements qui sont à sa
disponibilité, puis, si l'aide médicale à mourir est un soin qui peut
l'intéresser, le médecin va pouvoir en discuter avec la personne. Évidemment,
dans une... dans leur relation thérapeutique, ils peuvent aborder ces
sujets-là. La loi, ce qu'elle vient faire,
elle vient parler du formulaire, parce que c'est là que les droits commencent à
se cristalliser, de la personne. Donc, les premiers articles, je dirais,
29... permettez-moi de me référer à mes petits papiers pour bien vous orienter, 29.2 vient un peu camper les
obligations liées à la personne, sa capacité, en fait, de formuler la
demande : pas de capacité, pas de possibilité de demande. 29.3, là, c'est
l'étape où on parle de l'assistance nécessaire par un professionnel compétent. C'est la base, s'il n'y a pas de rencontre
médicale avec... bien, ou avec une infirmière praticienne spécialisée
qui donne l'assistance, bien, la demande ne pourra pas voir le jour, autrement
dit. 29.4, on voit les...
Mme Maccarone :
Ce n'est pas pour vous interrompre, je veux juste ajouter une précision,
ici...
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui, allez-y.
Mme Maccarone :
...à 29.3, c'est parce qu'on dit «avec l'aide de ce professionnel, la
personne doit décrire de façon détaillée», peut-être, c'est ici que... qui crée
le manque de compréhension pour moi. Ça fait que ça veut dire, dans mon
cheminement avec l'IPS ou mon neurologue expert qui... C'est rare qu'on a un
médecin qui nous accompagne en commission. Dr Evoy, merci, on est contents de
vous avoir. Ça fait que je vais remplir un formulaire qui va être détaillé, qui
va décrire toutes les souffrances, puis là vous... Ça fait que, là, je suis
bien... là, je suis en train de remplir quelque chose avec le médecin. O.K. Ça
fait que j'ai bien compris.
Mme Lavoie
(Térésa) : En fait, ce que... peut-être un élément que je pourrais
vous ajouter, là, à 29.2, on ne l'a
peut-être pas soulevé tout à l'heure, là, mais on parle bien d'un formulaire
prescrit par le ministre. Donc, il va y avoir une étape qui va être effectuée, du côté gouvernemental, là, si je peux
dire ça comme ça. Le ministre va établir le gabarit pour la demande
anticipée, comme il l'a fait pour la demande contemporaine. Là, la réflexion
autour du contenu du formulaire va être faite, à ce moment-là, de façon
officielle, puis ça va être concrétisé plus tard aussi.
Mme Maccarone :
Une autre question. Comme vous le savez, on avait fait la demande à maintes
reprises de savoir si nous pouvons le voir avant l'adoption de la loi, puis
c'est qui qui sera consulté, comment que nous allons contribuer, parce qu'on
peut imaginer que c'est complexe, mais... Continuez.
Mme Lavoie
(Térésa) : Si vous me le permettez, juste pour continuer, tout à
l'heure, ce que j'essayais de vous mentionner pour les autres articles, c'est
ça, 29.4, 29.5, c'est beaucoup en lien avec le moment où ça se passe entre le
professionnel et la personne. 29.6, on parle du tiers de confiance, parce que
lui aussi, il doit apparaître rapidement s'il est pour être dans le processus
de la demande, pour l'épauler dans son cheminement.
Puis votre question
sur acte notarié, et tout ça, comment ça se passe, qui est présent, ça se passe
à 29.8, où là on vient dire la forme de la demande. Il y a le formulaire, mais
le formulaire peut être complété devant témoins. Puis, à 29.9, on dit que
toutes les personnes qui doivent signer le formulaire, dont les deux témoins,
doivent être présentes lors de la signature
devant le notaire, ça va être une autre façon de procéder, puis, quand on sera
rendus à 29.8, on pourra peut-être élaborer davantage sur comment ça
pourrait se faire, là, avec le... quand il y a un notaire qui est impliqué.
Mme Maccarone :
Ça fait partie des étapes, si on est ici puis on parle de le document qui
sera préparé avec le professionnel identifié, ce document, il y a un registre,
et c'est écrit dans le dossier du patient. Ça, ça réside où? Puis c'est qui qui y a accès? Puis est-ce que je
dois amener ça avec moi à mon notaire? Non, ce n'est pas ça, peut-être
juste les premières questions.
Mme Lavoie
(Térésa) : Dans la chronologie de la loi, on est venu parler de la
forme devant témoins, acte notarié, puis
ensuite on a un autre article où on vient obliger le dépôt de la demande dans
le registre par le professionnel compétent ou par le notaire
instrumentant. Puis, dans le fond, le notaire, on pourra le voir plus tard en
l'exposant davantage, mais ce n'est pas
impossible qu'il soit dans le même bureau que le professionnel compétent au
moment où la demande se fait avec le personnel compétent. Puis parce
qu'on... il y avait d'autres considérations sur la disponibilité de tout un
chacun puis essayer de pas rendre les processus lourds, ça va être aussi
possible de faire ça après avec le notaire instrumentant, puis ça va être avec
le professionnel compétent, mais la personne va pouvoir prendre ce qu'elle aura complété avec son professionnel
compétent, aller faire notarier ou pas, ou prévoir par acte notarié son
formulaire qui va être annexé à l'acte notarié. Donc là, je pourrais dire que
ça se passe en deux temps, mais ça ne demeure pas moins valable, une demande en
bonne et due forme.
Mme Maccarone : Merci. C'est
beaucoup plus clair, puis à moins que je n'avais pas compris en commission parlementaire... aux auditions, moi, j'avais
compris que les professionnels de la santé avaient quand même une
crainte avec toute cette documentation.
Alors, peut-être, Dr Evoy, vous pourriez nous dire comment vous, vous voyez ça,
le registre, puis comment ça va être mis en vigueur, le pratico-pratique
pour vous, parce que, là, on comprend que vous faites partie... une grande
partie de l'étape, avant qu'on procède à le 29.8, parce qu'ici c'est vous, ça
fait que, là, je reviens vraiment à 29.3. Merci beaucoup de me situer, Me
Lavoie, c'est apprécié.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Dr Evoy.
M. Evoy (François) : Mme la
Présidente, bien, à vrai dire, la documentation va être très, très importante.
Vous avez vu, le processus doit être balisé, là, de façon parfaite, et à la
fin, bien, la documentation doit être disponible. Et heureusement on a déjà les
directives médicales anticipées qui sont disponibles, là, sur une base de données, puis maintenant qui est disponible sur le
Dossier santé Québec. Je crois, ce qui est prévu, c'est que les
directives médicales anticipées pour l'aide médicale à mourir soient
disponibles aussi sur les mêmes plateformes. Alors, peu importe où on va
aller... Puis il y avait même la possibilité qu'on puisse rajouter une
petite... un petit collant sur notre permis de conduire ou notre carte
d'assurance maladie, donc, pour faire savoir à tous qu'il y a une demande
d'aide médicale à mourir par directive médicale anticipée pour cet individu,
puis, pour nous, c'est... ça va faciliter vraiment les choses, définitivement,
et pour le patient, évidemment.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Quelque
chose à rajouter? Oui.
Mme Bélanger : Mme Landry
aimerait compléter aussi la réponse.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Allez-y.
Mme Landry
(Geneviève) :
Merci, Mme la Présidente, et merci, Dr Evoy.
En complément, la vision que Dr Evoy vient
de nous présenter, c'est vraiment la vision. Concrètement, une fois le projet
de loi adopté, là, sous la prérogative des parlementaires, le formulaire, d'une
part, sera déposé dans un registre à la RAMQ. C'est le même registre qui
contient actuellement les directives médicales anticipées. Donc, il y a déjà un
endroit prévu pour déposer. Et, dans une vision de long terme, bien,
effectivement, il y a d'autres moyens.
Par ailleurs, le formulaire, quant à son
contenu, évidemment, le but n'est pas, là, de le décrire ou de le prescrire, ici. J'entends bien les préoccupations.
Ce que les professionnels nous rapportaient, c'était un équilibre entre certaines cases, mais en même temps une trame
narrative pour bien reconnaître, justement, les manifestations cliniques
dont on parle. Donc, c'est toute la préoccupation qui habite, actuellement, là,
justement, les réflexions par rapport à un tel formulaire. Donc, effectivement,
on a entendu cet écho-là des professionnels lors des auditions, puis ce sera le
défi, tout comme le premier formulaire qui
existe actuellement pour les demandes contemporaines. Donc, c'était,
bien entendu, cette mixité, cet équilibre dans le formulaire. Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) : D'autres
interventions sur l'amendement?
Donc, s'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
L'amendement à l'article 18, 29.3 est-il adopté?
Des voix : ...
Mme Maccarone : ...les
amendements, oui, excusez-moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Oui,
l'amendement.
Mme Maccarone : Vous avez tout
à fait raison, oui.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
c'est adopté?
Mme Maccarone :
Oui.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
Alors, nous allons passer à l'article 29.4. Mme la ministre.
• (15 h 40) •
Mme Bélanger : Alors,
oui. Donc : «29.4. Le professionnel compétent qui prête assistance à la
personne doit :
«1° être d'avis qu'elle satisfait aux conditions
prévues au paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 29.1 et que
sa demande est faite conformément à l'article 29.2, notamment :
«a) en s'assurant auprès d'elle du caractère
libre de sa demande, en vérifiant entre autres qu'elle ne résulte pas de
pressions extérieures;
«b) en s'assurant auprès d'elle du caractère
éclairé de sa demande, notamment en vérifiant qu'elle a bien compris la nature
de son diagnostic et en l'informant de l'évolution prévisible de la maladie et
du pronostic relatif à celle-ci, des possibilités thérapeutiques envisageables
et de leurs conséquences;
«c) en s'entretenant de sa demande avec des
membres de l'équipe de soins en contact régulier avec elle, le cas échéant;
«d) en s'entretenant de sa demande avec ses
proches, si elle le souhaite;
«2° s'assurer
que la personne a eu l'occasion de s'entretenir de sa demande avec les
personnes qu'elle souhaitait contacter.»
Pour ce qui est du commentaire, donc :
L'article 29.4 proposé par l'article 18 du projet de loi est une
disposition qui encadre, en quelque sorte, la manière dont le professionnel
compétent doit prêter assistance à la personne qui formule une demande
anticipée. Essentiellement, un tel professionnel doit faire des vérifications
quant au caractère libre et éclairé de la demande anticipée de la personne.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
qu'on a des interventions sur l'article 29.4? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Pourquoi
l'utilisation de la terminologie «ses proches»? On a entendu le Barreau qui a
dit : Peut-être, ce serait mieux d'utiliser une terminologie qui est plus
neutre, comme «la personne identifiée». On a eu beaucoup de débats, quand nous
avons entendu les groupes qui sont venus, que ça se peut que ce n'est pas un
proche, nécessairement. Alors, est-ce qu'il y a une ouverture de peut-être
amender cette terminologie pour être plus neutre, pour donner... Parce qu'un
proche, pour moi, en tout cas, ça identifie un membre de la famille, un ami,
mais ça se peut que ce serait autre personne. Pour une personne qui est plutôt
seule, par exemple, on a dit que ça pourrait être identifié comme une personne
qui représente un corps professionnel, un médecin, le travailleur social. Ce
n'est pas nécessairement un proche, mais c'est un professionnel qui fait partie
de ma vie. Ça fait que le Barreau ont recommandé, dans leur mémoire, d'utiliser
plutôt «personne identifiée», ça fait que je soumets que peut-être c'est un
endroit où nous pourrions amender.
Mme Bélanger : Bien, peut-être,
Mme la Présidente, étant donné, là, que ma collègue fait référence à des
commentaires qu'on a entendus, là, de la part du Barreau, je laisserais
répondre, donc, Me Lavoie, là, concernant la notion de proche, qui est, quand
même, pour moi, quand même assez englobante, là, mais je vais laisser Me
Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui.
Juste pour renchérir sur ce que la ministre vient de mentionner, c'est vrai
que, dans certaines lois, on va dire «un proche parent» ou «un allié», ça,
c'est un concept qui serait vraiment précis, là, plus restrictif, je dirais, alors
qu'ici on a utilisé uniquement la notion de proche. Si je ne me trompe pas, je
n'ai pas eu le temps de regarder avant de répondre à votre commentaire, mais on
l'utilise aussi à l'article 26, le proche. Puis le proche, ça peut être le
proche au sens que la personne donne à ce terme-là, ce n'est pas proche... On
ne l'a pas défini, «proche», il est vraiment
interprété largement, là. Donc, ça pourrait être toute personne que la personne
elle-même considère comme étant un proche.
Mme Maccarone : Les membres de
la commission aussi suggèrent de faire ce changement, par contre, de ne pas
utiliser «proche», puis de plutôt, dans...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Merci. Tout le
monde sait de quoi je parle. Eux aussi disent que c'est trop restrictif puis
ils proposent d'utiliser plutôt «personne identifiée». Ça fait que ce n'est pas
juste un groupe. Ça fait que je comprends, peut-être... On n'a pas adopté le
26, ça fait que, peut-être, ce serait un amendement que nous pourrions aborder dans les deux endroits, encore une fois,
pour être plus... bien, pas transparent, mais plus neutre dans la
définition. Parce que, si on ne définit pas «proche», je comprends, mais c'est
peut-être un langage qui est plus inclusif. Voilà.
La Présidente (Mme Schmaltz) : D'autres
interventions?
Mme Maccarone : Si on n'a pas
une réponse, on pourra déposer un amendement. C'est juste qu'avant de créer un
amendement, peut-être... Parce que je sais que Mme la ministre puis l'équipe
sont en train de regarder plusieurs choses. Est-ce que ce serait un élément qui
serait aussi étudié?
Mme Bélanger :
En fait, peut-être, si vous permettez, je pense que, moi, ce que je
demanderais à l'équipe, j'aimerais savoir une définition, tu sais, parce que,
dans le fond, ils nous ont suggéré un autre mot, qui est la «personne
identifiée». Personnellement, moi, je trouve ça plus... «Personne identifiée»,
je trouve que ce n'est pas le même sens que
«proche» pour moi, c'est une personne identifiée. Ça fait que, donc, j'aimerais
ça peut-être, pour qu'on... pour ne
pas allonger nécessairement le débat, là, votre commentaire est pertinent, mais
je pense que, pour nous éclairer, étant donné que c'est le Barreau, on
pourrait reprendre à quel moment ils nous ont dit ça, là, lors des consultations
particulières. Puis moi, j'aimerais avoir la
définition. Bien, je sais, c'est quoi, une personne identifiée, mais la notion
de proche me semble quelque chose de plus englobant. Alors, j'aimerais
peut-être avoir la définition de «proche» puis on pourra le reprendre, à ce
moment-là.
Mme Maccarone : Pendant
que l'équipe est en train de réfléchir, suggestion que ça peut être les deux,
ça peut être «proche et/ou personne identifiée». Ce serait peut-être un
moyen d'adresser la préoccupation.
Mme Bélanger : Oui,
pour le laisser, dans le fond... Parce que, on le sait, on est dans un... on
est dans l'aspect légal.
Mme Maccarone : Oui,
tout à fait. Je ne suis pas contre l'idée de «proche», c'est juste pour
s'assurer qu'il y a quand même une inclusivité. Je serais très à l'aise
d'avoir un amendement qui inclut les deux.
Mme Bélanger : Bien, je pense
que ça, c'est intéressant, là, donc, un amendement indiquant «proche et/ou
personne identifiée», quelque chose comme ça, là, vous verrez dans le...
comment le libeller, mais je pense que, oui, ça donne plus de...
Mme Maccarone : Est-ce
qu'on écrit l'amendement ou est-ce qu'on se fie sur votre équipe? Je vois Me
Bérubé en train de partager son accord en arrière.
Mme Bélanger : Bien, on peut...
Donc, on suspend, on écrit et on vous redonne le tout.
Mme Maccarone : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) :
O.K. Donc, on suspend.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 16 h 06)
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
nous allons poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 11.
Nous avons
reçu, donc, l'amendement, parfait, et, la lecture, je pense que c'est Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci.
Alors, article 18, article 29.4 de la Loi concernant les soins de fin de
vie : Remplacer le sous-paragraphe d du paragraphe 1° de l'article
29.4 de la Loi concernant les soins de fin de vie, proposé par l'article 18 du
projet de loi, par le sous-paragraphe suivant :
«d) si elle le
souhaite, en [entretenant à] sa demande avec ses proches ou avec toute autre
personne qu'elle identifie;».
Alors, le texte modifié de l'article 29.4 se
lira... O.K., il faut que je lise le tout :
«29.4. Le professionnel compétent qui prête
assistance à la personne doit :
«1° être d'avis qu'elle satisfait aux conditions
prévues au paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 29.1 et que sa demande
est faite conformément à l'article 29.2, notamment :
«a) en [assurant] auprès d'elle du caractère
libre de sa demande, en vérifiant entre autres qu'elle ne résulte pas de
pressions extérieures;
«b) en [assurant] auprès d'elle du caractère
éclairé de sa demande, notamment en vérifiant qu'elle a bien compris la nature
de son diagnostic et en l'informant de l'évolution prévisible de la maladie et
du pronostic relatif à celle-ci, des possibilités thérapeutiques envisageables
et de leurs conséquences;
«c) en [entretenant à] sa demande avec des membres
de l'équipe de soins en contact régulier avec elle, le cas échéant;
«d) si elle
le souhaite, en s'entretenant [à] sa demande avec ses proches ou avec toute
autre personne qu'elle identifie;».
La Présidente (Mme Schmaltz) : Interventions?
Mme Maccarone : La seule chose
que je rajouterais, que je remercie Mme la ministre, et son équipe, et surtout
Me Bérubé pour sa belle plume pour la rédaction de cet amendement. Merci.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix. L'amendement à l'article 18, 29.4 est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Donc, l'article... l'amendement à l'article 29.4
est adopté.
Alors, nous allons
passer à l'article 29.5.
Mme Maccarone :
Mme la Présidente, il y avait aussi une autre question qui a été soulevée
lors des auditions par l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes
conjugaux et familiaux du Québec, qui propose de changer le... puis, dans le
fond, on aurait dû peut-être le proposer avant, de changer le «des» pour «les»,
devant «membres de l'équipe de soins». Puis ceux qui ont décrit leur
explication de pourquoi ils souhaitaient avoir cet amendement, l'objectif,
c'est de renforcer la disposition pour assurer la prise en compte de l'opinion
professionnelle des autres membres de l'équipe soignante, dont le travailleur
social, le tout dans le meilleur intérêt de la personne.
• (16 h 10) •
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Mme la ministre.
Mme Bélanger : En fait, j'aimerais
juste, si vous permettez, reprendre, là, parce que je n'ai pas compris
exactement ce qui est demandé.
Mme Maccarone :
Selon l'Ordre des travailleurs sociaux, ils proposent, dans le point c du
29.4, le 1°c, quand on dit «en s'entretenant de sa demande avec des membres de
l'équipe de soins en contact régulier avec elle», eux, ils proposent qu'on utilise «les» au lieu de «des» parce que, selon
eux, ça va s'assurer que l'opinion professionnelle des autres membres de l'équipe soignante, entre
autres, eux, je présume... de s'assurer qu'ils feront partie de la
discussion, ce serait fait dans le meilleur
intérêt de la personne. Ça fait qu'ils souhaitent avoir l'inclusivité, je
pense, des personnes qui pourront s'entretenir.
Mme Bélanger :
En fait, je ne suis pas en faveur de remplacer «des» par «les» parce que,
pour moi, ça inclut, là, l'ensemble des
membres de l'équipe de soins, les travailleurs sociaux, comme les psychologues,
comme d'autres catégories de
professionnels. «En s'entretenant de sa demande avec des membres de l'équipe»
ou «avec les membres», je trouve que,
quand on dit «les membres», ça vient spécifier davantage plus quelque chose,
puis là je pense qu'au contraire il faut
laisser ça assez large, là, au niveau de l'équipe interdisciplinaire. Moi, je
laisserais «avec des membres de l'équipe».
Une voix : ...
Mme Bélanger :
Oui, effectivement, ça pourrait être même avec un autre médecin, par
exemple un médecin spécialiste, etc., là. Ça fait que moi, je laisserais «des
membres», «avec des membres».
Mme Maccarone :
Ça fait que, dans le fond, l'esprit du législateur, ça inclut toutes les
personnes, ça fait que ça ne changerait rien à mettre «les» au lieu de «des».
Mme Bélanger :
Oui, puis ça va dans le sens de l'intention qu'ils avaient, là, dans leur
intervention.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Ça va?
Mme Maccarone :
Oui, merci.
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Est-ce qu'on a d'autres interventions sur
l'article 29.4? Non?
Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à l'article 29.5.
Mme Bélanger :
L'article 29.5 : «Le professionnel compétent qui prête assistance
à la personne doit l'aviser que sa demande
anticipée, formulée dans le respect de la présente loi, ne conduira pas
automatiquement à l'administration de l'aide médicale à mourir. À cette
fin, il doit notamment l'informer de ce qui suit :
«1°
la constatation éventuelle qu'elle paraît objectivement éprouver des
souffrances décrites dans sa demande ne permettra pas à elle seule
l'administration de l'aide médicale à mourir;
«2° cette aide ne
pourra lui être administrée que si deux professionnels compétents sont d'avis
que les deux conditions suivantes sont respectées :
«a) elle paraît
objectivement éprouver des souffrances physiques ou psychiques persistantes,
insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions jugées
tolérables;
«b) elle satisfait à
toutes les autres conditions prévues au paragraphe 2° du premier alinéa de
l'article 29.1;
«3° la possibilité de
retirer ou de modifier sa demande anticipée et les conditions et modalités
applicables à ce retrait ou à cette modification.
«Le
professionnel compétent doit s'assurer de fournir l'information prévue aux
paragraphes 1° à 3° du premier alinéa de manière claire et accessible à
la personne.»
D'accord,
commentaires, donc, je suis à la page 37, pour mes collègues. Alors :
L'article 29.5 a pour objet d'affirmer
clairement que les souffrances décrites par la personne dans sa demande
anticipée n'entraînent pas systématiquement et à
elles seules l'administration de l'aide médicale à mourir et que le retrait et
la modification de sa demande demeurent possibles dans la mesure où elle est
apte à consentir aux soins.
Et je voudrais juste vous informer que j'aurai
un amendement pour cet article 29.5.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Est-ce
que nous avons des interventions?
Mme Maccarone : Habituellement,
ce qu'on fait, c'est qu'on lit un article puis tout de suite on lit
l'amendement pour être en mesure de se saisir de ce qui est souhaité par le
législateur, ça fait que...
La Présidente (Mme Schmaltz) : Mme
la ministre.
Mme Bélanger : Alors donc,
article 18, article 29.5 :
Au premier alinéa de l'article 29.5 de la
Loi concernant les soins de fin de vie proposé par l'article 18 du projet
de loi :
1° remplacer, dans le paragraphe 1°, «paraît
objectivement éprouver les souffrances» par «présente, de manière récurrente,
les manifestations cliniques liées à sa maladie et»;
2° remplacer le sous-paragraphe a du paragraphe
2° par le sous-paragraphe suivant :
«a) sa situation médicale donne lieu de croire,
sur la base des informations dont ces professionnels disposent et selon le
jugement clinique qu'ils exercent, qu'elle éprouve des souffrances physiques ou
psychiques persistantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans
des conditions jugées tolérables;».
Commentaires :
L'amendement en est un de concordance avec l'amendement ayant apporté des
modifications à l'article 29.1 de la Loi concernant les soins de fin de
vie, proposé par l'article 18 du projet de loi. Il ajuste ainsi le contenu
des informations que le professionnel compétent qui prête assistance à la
personne souhaitant formuler une demande anticipée d'aide médicale à mourir
doit lui fournir.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Parfait.
Est-ce qu'on a des interventions sur l'amendement? Nous avons la députée de La
Pinière.
Mme Caron : Je comprends que
c'est... du texte original... bien, amendé, c'est qu'on veut que la personne
soit prévenue qu'elle peut retirer son consentement... bien, sa demande,
qu'elle peut la modifier aussi, sa demande anticipée. Puis, pour faire suite à
ce que ma collègue de Westmount—Saint-Louis
disait un peu plus tôt, c'est que, si on a statué sur une obligation de
renouveler la demande, admettons, aux cinq ans ou aux 10 ans, comme il
avait été proposé par certains, est-ce qu'on ne devrait pas l'indiquer aussi là
pour que la personne sache que ça va être une obligation de renouveler tous les
cinq ans, ou tous les 10 ans, ou quelle que soit la fréquence déterminée?
Parce que, sinon, on pourrait dire qu'elle ne le saura jamais, là, même si
c'est quelque chose qui est traité plus loin.
Mme Bélanger : Bien, c'est une
bonne question, et la question, je vais dire, de la validité de la demande ou
du renouvellement, je ne crois pas que ça a été adressé dans le projet de loi.
Une voix : ...
Mme Bélanger : O.K. Donc, ce
qu'on me dit, c'est que c'était dans le projet de loi n° 38, et que ça
avait été retiré, et que ça n'a pas été adressé, là, dans le projet de loi
actuel. Donc, ce que je comprends, c'est qu'à partir du moment où il y a une
demande qui est faite, anticipée, elle est bonne jusqu'au moment où la personne
décide soit de changer d'avis soit de retirer complètement ou de la modifier
elle-même, et c'est inscrit... Plus tard, on verra que ça va être inscrit dans un registre, là, mais là ça,
c'est une autre étape. Mais il y avait... Donc, on n'a pas prévu qu'il y
ait, par exemple, à toutes les... je ne sais pas, mettons, à tous les cinq ans,
là, l'obligation de remettre à jour.
Je veux quand même juste mentionner que... Bien,
je vais y aller de façon très matérielle, là, bien, il y a des coûts engendrés
à ça parce qu'à chaque fois qu'on repasse, surtout si c'est un document notarié...
L'autre chose, c'est pour ça aussi qu'on
restreint le processus pour que ça soit quelque chose de très accompagné dans
le temps, et tout ça, pour justement... Ce n'est pas qu'une personne ne
peut pas changer d'idée. Oui, elle peut changer d'idée, mais là, à tous les
cinq ans, il faudrait mettre... mettons qu'on dit cinq ans, là, si on mettait
un moment, ça veut dire mettre une procédure de vérification pour s'assurer de
rejoindre les gens aussi. Si les gens ne le font pas spontanément ou ne se
manifestent pas, quelle serait l'obligation du gouvernement, par exemple, de
rejoindre ces personnes-là?
Alors, il y a
beaucoup, beaucoup de questions de faisabilité de ça et de lourdeur
administrative. Ça aussi, c'est des choses que les gens nous ont
mentionnées. Alors donc, il faut, je pense, être très, très prudent. Puis comment
on va faire pour déterminer la durée de la
validité? Ça va-tu être trois ans, cinq ans, en fonction du diagnostic, en
fonction de... Alors, là aussi, on rentre dans un autre élément.
Puis, pour moi, ma plus grande préoccupation par
rapport à ça, c'est vraiment, une fois que la personne a signifié ce
geste-là... Bien, je vais prendre un exemple, ce n'est peut-être pas le bon
exemple, là, mais c'est juste pour essayer de clarifier mon idée, mais
quelqu'un fait un testament, est-ce qu'on va lui dire, à tous les
10 ans : Tu devrais changer ton testament... ou à tous les cinq ans,
ou à tous les 15 ans? On va dire : O.K., elle fait son testament,
après ça la personne, elle a une obligation, ça lui appartient de faire
modifier son testament, dépendamment s'il y a des changements dans sa vie ou
quoi que ce soit.
Alors
là, d'amener cette condition-là, je ne suis pas certaine, comme société,
comment on va être capables d'appliquer ça en termes de responsabilité
gouvernementale, de gérer un processus comme ça.
• (16 h 20) •
Mme Caron : En
fait, si je peux me permettre, c'est que... c'est parce que, si je l'ai
apporté, c'était... parce que je comprends la lourdeur qu'il peut y avoir
autour de recommencer le processus. Est-ce que ça ne pourrait pas être quelque
chose de beaucoup plus léger, entre guillemets, de simplement renouveler...
dire que, oui, on renouvelle la demande? C'est parce que c'était une
recommandation, la recommandation n° 4, de la Fédération des médecins
spécialistes, alors j'imagine qu'ils avaient une bonne raison de le proposer.
Puis on n'en a pas discuté par la suite, mais,
eux, c'est ça, leur recommandation se lisait ainsi : «Insérer au projet de
loi l'obligation pour la personne de mettre à jour périodiquement sa
demande anticipée tant qu'elle demeure apte.»
La Présidente
(Mme Schmaltz) : Me Evoy.
M. Evoy
(François) : Oui, peut-être que ça a été... François Evoy, neurologue.
Bien, j'ai participé
dans la rédaction, puis c'est un peu un angle mort, mais je pense que ce
n'était pas de refaire le processus ou d'avoir des temps... c'est juste que le
patient se sente libre de pouvoir, à n'importe quel moment, finalement, dire
qu'il ne veut plus, tout simplement... qu'il ne désire plus ce soin-là. Mais en
même temps c'est clair que, dans le sens inverse, la lourdeur que ça implique
de faire des réévaluations périodiques, c'est très, très difficile. Puis évidemment plus la maladie avance,
plus l'évaluation est difficile parce que, là, il faut refaire
l'aptitude à consentir de façon détaillée, et donc c'est un petit peu ça qui
est problématique.
Donc, moi, que les
patients... Je pense, l'esprit de la Fédération des médecins spécialistes,
c'est que le patient se sente libre, comme pour n'importe quel soin,
finalement, de décider qu'il ne désirait plus le soin, mais le fait qu'il y ait
un petit quelque chose de contraignant, que ça demande quand même une procédure...
Tu sais, on ne peut pas dire : Je ne veux plus le soin, il faut que la
réflexion en sens inverse se fasse aussi, là. Donc, ça ne doit pas être
automatique, je dirais, là, ça ne doit pas être : Aujourd'hui, je décide
que je ne veux plus l'aide médicale à mourir. Bien, évidemment, il faut
s'assurer que le patient est encore apte à consentir, etc. Donc, s'il veut que
la demande soit caduque, on doit refaire l'évaluation, d'une certaine façon.
Mme Caron :
D'accord, mais là ça veut dire que la personne qui change d'idée... parce
que ça disait bien «jusqu'à tant qu'elle demeure apte». Donc, c'est sûr qu'on
ne dit pas... On ne se met pas dans une situation où la personne... tu sais, on
refait un processus alors que la personne est inapte, de toute façon, à le
faire. Mais ça veut dire que, s'il y a de nouveaux traitements, de nouveaux
médicaments qui peuvent, je ne sais pas, moi, ralentir la maladie ou bien qui
peuvent freiner certains symptômes, qui font en sorte qu'on n'atteint pas
encore... la personne ne pourrait pas dire : Bon, bien là, moi, j'enlève
cette... tu sais, je ne veux pas renouveler ma demande ou...
Mme Bélanger :
Ma compréhension, là, c'est que la personne, en tout temps, peut retirer sa
demande et la modifier, en tout temps, la personne peut le faire. C'est juste
que nous, dans un projet de loi, on indique une fréquence d'obligation de
révision, mais une personne, en tout temps... Puis je pense qu'on le voit à
quelque part, là, il faudrait me rappeler l'article en question, mais en tout
temps...
Puis, je pense,
peut-être, aussi, juste... Je me permets de mentionner que Dr Evoy était
présent lors... vous étiez dans... avec Dr Oliva lors de... lorsqu'on les a
reçus, là, en consultations particulières. Donc, c'était le président de la
Fédération des médecins spécialistes, là, qui a principalement fait
l'intervention, mais je me souviens que vous étiez présent. Puis, je pense,
c'est peut-être intéressant d'en profiter, là, pendant que vous êtes avec nous...
justement, par rapport à ce qui a été mentionné, puis comment on peut,
justement, appliquer ou aller dans le sens de ce qu'ils nous ont mentionné, là.
Je pense, c'est une mise en garde qui est intéressante, mais comment on
pourrait traduire ça, là, pour s'assurer...
parce que, l'objet, là, c'est que la personne, en tout temps, puisse retirer sa
demande ou la modifier, la modifier, parce que... L'exemple de l'alzheimer,
c'est un bon exemple. Quelqu'un a un diagnostic d'alzheimer aujourd'hui, puis
dis-moi quand je vais être rendu là... et on identifie les manifestations
cliniques, mais supposons qu'en cours de route un nouveau médicament arrive, et
qu'on a ce médicament-là, et que, là, oups! je réfléchis ça autrement, là, non,
O.K., ce n'est plus tout à fait ça, bien, en tout temps, la personne peut
retirer sa demande.
Mme Caron :
O.K., bien, je vous rejoins là-dessus. C'est parce que, là, ce que j'ai compris,
c'est qu'il disait qu'on ne pouvait pas changer d'idée comme ça.
M. Evoy
(François) : Non, mais je pense que c'est de la façon dont la loi a
été pensée, par exemple, c'est qu'évidemment, si quelqu'un retire sa demande,
c'est clair qu'il faut refaire une évaluation de l'aptitude à consentir, c'est
tout à fait normal, mais évidemment je pense que, dans l'esprit... Puis c'est
ce que disait la Fédération des médecins
spécialistes, c'est que, oui, quelqu'un peut retirer sa demande à n'importe
quel moment, mais il doit y avoir quand même un processus, parce que le
médecin... On ne peut pas juste recevoir la demande, comme médecin, puis dire : O.K., vous ne désirez plus l'aide
médicale à mourir, donc on va retirer votre demande. Il faut s'assurer que son
désir de retrait est aussi... qu'il a l'aptitude à consentir au moment où il
fait sa demande de retrait. Donc, ça ne peut pas se faire comme ça, il y a une
petite complexité supplémentaire. Ce n'est pas comme refaire son testament
parce que, par définition, quand tu fais ton testament, tu es apte à consentir
à chaque fois.
Mme Caron : Mais
donc ce que vous dites, c'est qu'il faut refaire... il faudra refaire
l'évaluation de son aptitude.
M. Evoy
(François) : Tout à fait, oui.
Mme Caron : Mais, si la
personne est toujours apte, on ne va pas lui mettre des bâtons les roues pour
retirer ou modifier ce qu'elle veut.
M. Evoy (François) : Non, absolument
pas, non, mais, c'est ça, de donner une contrainte où il faut, justement, aux
quatre ans ou à cinq ans, le refaire, si le patient ne le désire pas, je ne
pense pas que ce soit nécessaire. Je pense que c'est à la demande que ça doit
se faire, puis je pense que la Fédération des médecins spécialistes était tout
à fait confortable avec cette situation-là.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Mme
la ministre, rapidement.
Mme Bélanger : La question est
tout à fait pertinente, mais, à 29.11, il est question, justement, là, «une
personne apte à consentir aux soins peut, en tout temps, retirer sa demande»,
puis là il y a d'autres éléments. Quand on sera là, on pourra reprendre la
discussion, là, parce que... sur le comment, etc., là, c'est vraiment bien
indiqué, à ce niveau-là.
La
Présidente (Mme Schmaltz) :
Je sais... Il y a Mme la députée
de D'Arcy-McGee qui voulait intervenir aussi.
Mme Prass : Juste vous
mentionner que, lors des consultations, il y a des groupes qui sont venus, qui
ont parlé de cet élément-là et pour dire... Par exemple, il y a des gens qui
peuvent oublier en cours de route qu'ils ont rempli leur demande. Donc, l'idée
de faire la vérification à des années d'intervalle... Premièrement, tu sais, ça
peut être le médecin, justement, qui était
présent lors de la rédaction de la demande qui peut être celui qui fait le
suivi. Il y a des façons... Je pense qu'il y a des façons d'y penser,
mais c'est tellement primordial, la question de la vie. Donc, ce n'est pas
parce qu'on prend une décision un jour que ça tient toujours. Comme on l'a dit,
on peut le retirer, on peut le modifier, on peut oublier. On peut avoir un
accident en cours de route qui fait en sorte qu'on ne se rappelle pas qu'on l'a
fait. Je pense que c'est juste important qu'il y ait plus d'une fois qu'il faut
faire la vérification.
Mme Bélanger : ...de
l'expérience que j'ai, là, cette décision-là, pour moi, c'est une décision qui
est personnelle. De faire porter la
responsabilité sur un médecin ou une IPS qui peut avoir changé dans sa pratique
en cours de route... Supposons que la personne a eu le formulaire, et
tout ça, avec un médecin traitant et que le médecin traitant s'en va, qui va
faire le suivi? Ça fait que, voyez-vous, on rentre dans une espèce de
logistique, là, qui va être très, très
difficile d'application. Puis je pense que, si on allait de l'avant, il
faudrait vraiment aller consulter les médecins pour déterminer la
fréquence, mais, je ne le sais pas, moi, je veux vous entendre là-dessus, là.
On ouvre une boîte de... Déjà, on ouvre une boîte, de mettre des médecins... à
leur donner l'obligation de faire le suivi de tout, ça va être extrêmement
compliqué.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Il
reste 30 secondes.
Mme Maccarone : La suggestion
que j'avais c'est... Si on a de la difficulté de l'enchâsser dans la loi parce qu'on ne veut pas créer une lourdeur... Puis
l'exemple que la ministre... elle donne un terme de... tu sais, un acte
notarié pour le testament, par exemple, est très bon. Est-ce qu'on ne peut pas
l'incorporer dans le guide, par exemple? Ça fait que ça, ce serait peut-être une pratique que nous pourrons mettre... comme
ça, ce serait plus clair, puis l'ordre va comprendre... ou tous les
professionnels vont pouvoir dire : Bien, ça fait partie d'une pratique que
nous allons mettre à l'oeuvre si ce n'est pas enchâssé dans la loi.
La Présidente (Mme Schmaltz) : Donc,
écoutez, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au
mardi 25 avril 2023, à 18 h 15, où elle entreprendra un
nouveau mandat. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 30)