Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mercredi 25 mai 2022
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Vol. 46 N° 38
Étude détaillée du projet de loi n° 32, Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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D'Amours, Sylvie
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Melançon, Isabelle
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Zanetti, Sol
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Perry Mélançon, Méganne
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McCann, Danielle
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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Melançon, Isabelle
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Perry Mélançon, Méganne
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D'Amours, Sylvie
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Melançon, Isabelle
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McCann, Danielle
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Foster, Émilie
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Blais, Suzanne
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Chassin, Youri
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Émond, Jean-Bernard
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Lecours, Isabelle
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Picard, Marilyne
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Zanetti, Sol
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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Melançon, Isabelle
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D'Amours, Sylvie
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Zanetti, Sol
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McCann, Danielle
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Melançon, Isabelle
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D'Amours, Sylvie
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Zanetti, Sol
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Melançon, Isabelle
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McCann, Danielle
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Foster, Émilie
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Picard, Marilyne
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Chassin, Youri
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Lecours, Isabelle
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Émond, Jean-Bernard
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Blais, Suzanne
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D'Amours, Sylvie
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Melançon, Isabelle
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McCann, Danielle
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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Melançon, Isabelle
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Melançon, Isabelle
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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Foster, Émilie
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Picard, Marilyne
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Chassin, Youri
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Lecours, Isabelle
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Émond, Jean-Bernard
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D'Amours, Sylvie
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McCann, Danielle
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Melançon, Isabelle
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Foster, Émilie
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Picard, Marilyne
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Chassin, Youri
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Lecours, Isabelle
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
attention, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 32, Loi sur la
liberté académique dans le milieu universitaire.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré);
Mme Lachance (Bellechasse), par M. Chassin (Saint-Jérôme); M. Lévesque
(Chapleau), par M. Émond (Richelieu); M. Poulin (Beauce-Sud), par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), par Mme Mélançon
(Verdun); Mme Labrie (Sherbrooke), par M. Zanetti (Jean Lesage); et
M. Bérubé (Matane-Matapédia), par Mme Perry Melançon (Gaspé).
Mémoires déposés
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Avant de débuter, je dépose les mémoires du Centre juridique pour les libertés
constitutionnelles ainsi que de la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, qui ont été reçus depuis la fin des consultations
particulières.
Remarques préliminaires
Nous débutons avec les remarques
préliminaires.
Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur, vous disposez de 20 minutes, à vous la parole.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente.
Alors, je veux saluer tous mes collègues,
notamment la députée d'Abitibi-Ouest, également la députée de Soulanges et la députée
de Lotbinière-Frontenac. Et je veux saluer <également...
>
11 h 30 (version révisée)
<17887
Mme McCann :
...également la députée de Soulanges et la députée de
Lotbinière-Frontenac. Et je veux saluer >également mes collègues de l'opposition :
la députée de Verdun — bonjour — le député de Jean-Lesage — bonjour — et
la députée de Gaspé.
Alors, Mme la Présidente, moi, c'est avec
grand plaisir et avec beaucoup de fierté que je prends la parole aujourd'hui
pour commencer l'étude détaillée du projet de loi n° 32 sur la liberté
académique dans le milieu universitaire.
Alors, beaucoup de choses ont été dites
sur la liberté académique dans nos universités au cours des dernières années.
Plusieurs événements, aussi, nous ont démontré qu'elle n'est pas aussi acquise
qu'on serait tenté de le croire. Pour cette raison, on a créé la Commission scientifique
et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans
le milieu universitaire, qui a été présidée par M. Alexandre Cloutier, qui
est venu confirmer ces enjeux et qui nous a proposé le meilleur véhicule pour
mettre fin à l'autocensure dans les salles de classe et afin de protéger la
liberté académique.
Alors, notre gouvernement a décidé de
donner suite, en avril dernier, à l'ensemble des recommandations de la
commission Cloutier ainsi qu'à certains de ses avis par le biais du projet de
loi que nous étudions aujourd'hui. Dans les deux dernières semaines, avec les
consultations particulières et la lecture des différents mémoires transmis à la
commission, j'ai pris connaissance des points de vue des différents
intervenants. De très bonnes idées en sont ressorties, et je suis très ouverte
à améliorer le projet de loi. J'ai même eu une rencontre très constructive avec
mes collègues de l'opposition.
Je souhaite que ce projet de loi chemine
et soit adopté d'ici la fin de la session, car il est fondamental afin que nos
établissements universitaires redeviennent et demeurent des lieux de débat. C'est
pourquoi, Mme la Présidente, je dépose dès maintenant des amendements au projet
de loi et qui nous rapprocheront encore plus du rapport de la commission
Cloutier.
Nous allons d'abord reprendre la
définition de la liberté académique telle que proposée par la commission
Cloutier. Nous allons ajouter le concept de discussion dans les activités
reliées au droit à la liberté académique universitaire. Toujours en cohérence
avec le rapport de la commission Cloutier, nous proposons de remplacer les
conseils par des comités représentatifs de la communauté de l'établissement et
de retirer l'obligation que la politique détermine des sanctions. Les amendements
viendront aussi clarifier que les étudiants pourront, eux aussi, porter plainte
auprès des comités sur la liberté académique. Enfin, pour nous assurer que la
loi soit convenablement appliquée, nous avons remplacé l'article 6 par le
libellé qui se trouve dans la Loi visant à prévenir et à combattre les
violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur.
Ensemble, en tant que parlementaires, nous
avons les clés pour faire avancer un projet visionnaire, un projet qui permettra
de protéger la liberté académique universitaire à la fois pour le bien de la
communauté étudiante et des bénéficiaires de cette liberté ainsi que pour notre
bien collectif. Alors, je vous remercie à l'avance pour votre collaboration,
vos idées et vos suggestions. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre.
J'invite maintenant la députée de Verdun à
nous faire ses remarques préliminaires.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Heureuse de vous retrouver. On a travaillé
ensemble, puis vous savez la façon dont je tente de travailler, c'est toujours
d'être vraiment en collégialité. Et je pense que le mot, aujourd'hui, est plus
que choisi puisqu'il y a des gens, d'ailleurs, qui nous demandent d'ajouter
certains termes, mais j'y reviendrai.
Alors, permettez-moi d'abord de saluer la
ministre, les gens, bien sûr, qui l'accompagnent, la banquette ministérielle, considérez-vous
salués toutes et tous. Je veux saluer, bien sûr, aussi les collègues des
différentes oppositions.
Comme vous le savez, Mme la Présidente, et
je sais que vous m'avez entendue, puisque vous étiez au salon bleu lorsque j'ai
fait l'intervention, hier, pour le principe, je suis là à pied levé, je
remplace la députée de Marguerite-Bourgeoys. La députée de Marguerite-Bourgeoys
a eu l'immense privilège d'être ministre de l'Enseignement supérieur, elle
connaît très, très bien le milieu universitaire, et je trouve un peu dommage,
malheureusement, que le leader du gouvernement n'ait pas voulu attendre le <retour...
Mme Melançon :
...malheureusement,
que le leader du gouvernement n'ait pas voulu attendre le >retour de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, qui, pour des raisons tout à fait humaines,
est absente. Et je vais le répéter, je pense à elle très, très fort, et je sais
que l'ensemble du caucus libéral pense à elle très, très fort dans les moments
difficiles qu'elle traverse, actuellement.
Alors, je serai là, je vais tenter de
faire vraiment de mon mieux sur le sujet. J'ai eu le grand privilège d'être la
directrice de cabinet de la députée de Marguerite-Bourgeoys dans une autre vie
et lorsqu'elle était, notamment, à l'Enseignement supérieur, donc je vais faire
de mon mieux pour travailler, avec le peu de temps qui m'a été donné, bien sûr,
pour étudier, mais j'ai fait mes lectures, je vous rassure et je rassure ceux
et celles qui nous écoutent.
Je trouve intéressant d'avoir entendu la
ministre, devant son ouverture qu'elle nous a... qu'elle vient de nous
témoigner, parce que c'est vrai que c'est un projet de loi qui est important, c'est
vrai qu'on va devoir se mettre au travail, et je vois l'ouverture de la
ministre. Je sais qu'il y a eu des rencontres, d'ailleurs, avec la députée de
Marguerite-Bourgeoys sur ce projet de loi là. Et, quand même, il y a beaucoup
de travail à faire, parce qu'entre ce que vous... ce qui a été déposé par la
ministre et par ses équipes dans le projet de loi n° 32
et ce vers quoi nous allons nous diriger, je pense qu'il y aura quand même deux
mondes, parce qu'on va se le dire, lorsque le projet de loi a été déposé, il a
fait unanimité contre lui parce qu'il y avait des manquements importants. Et
hier j'entendais la collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré lors des six minutes
d'intervention qu'elle a faites sur le principe de ce projet de loi là, et on
n'a pas parlé des problématiques qui arrivaient avec le projet de loi. J'en ai
fait mention, moi, hier, au salon bleu, et je voudrais quand même réitérer ici,
auprès de la ministre, qu'il y a cinq points qui causent problème, selon nous,
à ce moment-ci, à la lecture de ce que nous avons vu, bien sûr, dans les
nombreux mémoires, mais aussi avec ce que nous avons entendu et les échanges
qui ont eu lieu, bien sûr, entre la députée de Marguerite-Bourgeoys et les
différents groupes universitaires.
Alors, j'étais heureuse d'entendre la
ministre dire qu'on va revenir avec la définition de la liberté académique,
notamment, telle qu'énoncée, là, par l'UNESCO, dans lequel... qui faisait
consensus dans le rapport Cloutier, de retirer l'article 6 du projet de
loi, justement, pour... qui permet à la ministre de s'ingérer dans le
fonctionnement des universités — je pense qu'on ne doit pas aller là — s'assurer
que les universités doivent prendre fait et cause pour leurs employés — ça,
c'est important aussi — lorsqu'ils sont impliqués dans des litiges
concernant l'exercice de leur liberté académique ou leurs recherches, s'assurer
que la liberté académique universitaire... des membres de la communauté aient
le pouvoir de critiquer leur institution et que cette liberté-là va primer sur
le devoir de loyauté — je pense qu'on doit le revoir, on l'a entendu
beaucoup lors des consultations, et ça revient dans les mémoires que j'ai eu
l'occasion de lire — et finalement baliser plus clairement mandats, pouvoirs,
composition du comité institutionnel sur la liberté académique universitaire
souhaitée par la ministre. Alors, ça, c'est cinq points sur lesquels on devra
travailler.
J'entends aussi que la ministre aura des
amendements, j'imagine que vous allez déposer le tout rapidement. Et, si, Mme
la Présidente, vous le permettez, je ferais déjà une demande, parce que moi, je
vais vouloir prendre le temps de lire les amendements. C'est la pièce
maîtresse, dans le fond, qu'on va revoir, selon ce que la ministre nous
évoquait tout à l'heure. Donc, je prendrai le temps de bien faire le projet et
l'étude de ce projet de loi là, parce que, bien, on veut que la loi puisse
traverser le temps, on veut bien faire les choses, ici. Je pense que
peut-être... Je ne sais pas, là, qui avait rédigé, mais je pense qu'on avait
peut-être loupé quelques conclusions du rapport Cloutier, alors j'espère qu'on
sera capables de reprendre le tout dans les amendements qui seront préparés.
Mais je tiens à le rappeler, bien qu'il
soit très imparfait — bien, on va l'améliorer, là, tout le monde
ensemble, au travail — je pense qu'il est possible quand même de
faire oeuvre utile avec cette pièce législative qui est <devant nous...
Mme Melançon :
...
possible quand même de faire oeuvre utile avec cette pièce législative qui est >devant
nous, je pense qu'on peut améliorer les choses. Il y a une grande partie qui va
dépendre, bien sûr, de la volonté de la ministre, mais j'ai saisi rapidement
cette volonté-là de la part de la ministre de l'Enseignement supérieur. Donc,
elle pourra compter, bien sûr, sur ma collaboration pour améliorer le tout.
J'aurai des questions, bien entendu. Ce n'est pas une question de faire du
temps, Mme la Présidente, mais c'est de bien étudier le projet de loi.
Et en terminant, Mme la Présidente, parce
que ça l'exige, comme dans toute étude de projet de loi, mais tel que le
prévoit l'article 245 et conformément à notre jurisprudence pour cette
étude détaillée, je demande donc à ce que les articles de ce projet de loi
soient étudiés alinéa par alinéa, paragraphe par paragraphe, et à ce que chacun
des articles qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans la loi existante soit
étudiés séparément, là ou c'est applicable.
Alors, voilà, Mme la Présidente, je vais
m'arrêter ici parce que j'ai vraiment hâte qu'on puisse entrer dans le vif du
sujet. Sachez que, j'imagine que vous vous en doutez, mais je serai quand même
aussi en lien avec la députée de Marguerite-Bourgeoys. Alors, à certains
moments, je vais demander peut-être de bien vérifier le tout, parce que, comme
je le dis, je fais ça à pied levé, au meilleur de ma connaissance et avec...
bien, c'est ça, avec le travail que vous me connaissez. Donc, on va être
rigoureux, tout le monde ensemble, et on se souhaite une bonne étude de ce
projet de loi. Voilà. Merci.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée.
J'invite maintenant le député de
Jean-Lesage à faire ses remarques préliminaires. M. le député, la parole est à
vous.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : J'ai
combien de temps, hein?
La Présidente (Mme D'Amours) : 20 minutes.
M. Zanetti : 20 minutes,
O.K. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Je suis très content de pouvoir participer
à l'étude de ce projet de loi sur la liberté académique, un sujet extrêmement
important. Quand le début de cette saga a commencé au Québec, la saga qui a
mené à la création du comité piloté par M. Cloutier, depuis le début, à
Québec solidaire, on soulignait le fait que ce qui est probablement la plus
grande menace envers la liberté académique, c'est la question de l'ingérence ou
les pressions, l'influence du privé, de certains intérêts privés par rapport au
milieu universitaire, au milieu de la recherche, entre autres, au niveau aussi
de la parole des enseignants, là.
Quand on a vu, dans le cas de la saga du
projet Laurentia — qui n'a, par chance, pas eu lieu — à
Québec, on voyait que les liens entre l'Université Laval comme partenaire dans
le projet Laurentia avec le port mettaient mal à l'aise beaucoup de
professeurs, beaucoup de membres de la communauté universitaire, qui
disaient : On sent qu'on ne peut pas rien dire par rapport à ça parce que
c'est un partenaire financier important du port, ça compromettrait peut-être
des liens qui permettent des projets de recherche, etc.
Alors, c'est quelque chose qui, pour nous,
a été vraiment sous-médiatisé dans le débat public autour de la liberté
académique, cet enjeu-là, et, bien, évidemment, dans ce projet de loi là, je
vais essayer de faire des propositions pour, peut-être, qu'on aille dans ce
sens, qu'on ait quelque chose qui vienne protéger les professeurs, entre
autres, de ces influences-là qui peuvent nuire à la liberté académique.
Sinon, bon, évidemment, sans répéter les
choses qu'ont dites... ma collègue... puis vous avez annoncé, déjà, que vous
alliez avoir des amendements importants par rapport au projet de loi que vous
avez déposé, on va les analyser, évidemment, avec beaucoup d'intérêt, puis on
verra. Je pense que c'est important, dans ce cas-ci, que ça réponde aux
attentes puis aux critiques aussi de la communauté universitaire au sens large,
parce que c'est elle qui va vivre avec ça.
Et voilà. Donc, je vous remercie beaucoup
et j'ai bien hâte de voir vos amendements et qu'on travaille là-dessus tous
ensemble.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député.
Je vous annonce que les amendements... le
document, en bloc, de tous les amendements a été déposé sur Greffier et qu'ils
sont recevables. Donc, vous pouvez en prendre note.
Maintenant, je vais céder la parole à la
députée de Gaspé pour ses remarques préliminaires pour une durée de
20 minutes, si vous le désirez. Allez-y.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente.
Donc, à mon tour de saluer Mme la
ministre, l'ensemble des membres de votre équipe, les collègues, aussi, de la
banquette du gouvernement et ceux de l'opposition. Je ne vais pas m'étendre non
plus. Il y a tout un contexte qui nous a amenés à se pencher sur cette
question-là de comment valoriser le principe de liberté académique, comment
s'assurer d'avoir un milieu qui est sécuritaire autant pour les professeurs, le
personnel enseignant, mais également aussi pour la communauté étudiante, qu'il
ne faut pas <oublier...
Mme Perry Mélançon :
...également
aussi pour la communauté étudiante, qu'il ne faut pas >oublier, je
pense, dans ce projet de loi là aussi. Donc, il fallait également tout penser
la question des mécanismes de sanction, est-ce qu'on doit sanctionner ou pas, il
y a des groupes, aussi, qui ont d'autres... une autre vision de la chose, et
s'il fallait aller jusqu'à adopter un projet de loi. Donc, les travaux de la
commission Cloutier nous ont quand même beaucoup éclairés, et je les remercie
pour ce travail-là.
Et, quand la ministre disait qu'elle avait
repris l'ensemble des recommandations ou, en tout cas, que ça reflétait bien
les travaux, bien, c'est assez particulier d'avoir entendu un tout autre
discours des groupes qui, finalement, disaient : Wo! Là, il y a des grands
drapeaux rouges, là, qui se sont installés dans les... en consultation publique,
parce qu'on... en tout cas, dans les définitions, notamment, et dans différents
articles qui étaient soit trop restrictifs ou pas assez, bien, il y avait ces
détails-là qui venaient un peu tout changer, finalement, le principe dans...
lequel on veut se doter dans le projet de loi, le principe de liberté
académique.
Donc, je suis quand même aussi rassurée de
voir qu'il y a un travail qui a été fait, l'ouverture de la ministre, également,
à modifier avec certains amendements. Là, j'ai entendu la question de la
définition qui va se coller à celle de l'UNESCO de 1997 ou, du moins, du
rapport Cloutier, qui reprend sensiblement les mêmes termes, et qu'on puisse
finalement s'assurer aussi... puis ça, ce sera le travail qu'on va devoir faire
ensemble, c'est de s'assurer, finalement, que la supériorité de la liberté
académique, finalement, prévaut sur le reste, donc, notamment sur le devoir de
loyauté envers son institution. Donc, ça, on va s'assurer de tout lire ça
correctement. Mais évidemment qu'on est d'accord avec la question de légiférer
sur cette importante question.
Et on aurait souhaité aussi pouvoir
entendre un petit peu plus les groupes sur la question de l'étendre au réseau
collégial. Est-ce qu'on doit le faire en prévention ou est-ce qu'il y a
vraiment déjà des situations de cette envergure-là auprès du réseau collégial?
Certains ont dit que oui, mais qu'il fallait peut-être s'engager dans d'autres
études, d'autres travaux pour s'assurer, là, que ce soit fait correctement.
Alors, on aura des questions à ce sujet-là, à savoir quels sont les engagements
ou jusqu'où on est en mesure d'aller, du côté du gouvernement. Mais je pense
que, oui, on devrait avoir toujours en tête aussi que ça devrait être appliqué
pour l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur, parce que personne
n'est à l'abri, finalement, de ce type de situation là.
Et donc ce sera tout pour les remarques
préliminaires, et je souhaite une bonne étude détaillée à tous. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée.
Y a-t-il d'autres membres de la commission
qui veulent faire des interventions, remarques préliminaires ?
Donc, avant de débuter l'étude article par
article, je dois vous demander si vous... Est-ce qu'il y a une motion
préliminaire ?
Étude détaillée
S'il n'y a pas de motion préliminaire, je
suis maintenant prête à prendre considération l'article 1 du projet de
loi. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente. Alors, je débute avec les considérants...
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
c'est l'article 1.
Mme McCann : C'est
l'article 1?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien, je vous recommande, et c'est sur la suggestion du secrétariat, de finir
avec les considérants, parce qu'il se peut que, durant le projet de loi, il y
ait des changements, et ça découle du projet de loi. Donc, les considérants
devraient être pris en considération et votés à la fin du projet de loi. C'est
une recommandation. Donc, vous avez le loisir de commencer par vos
considérants, mais sinon...
Une voix : Par consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...par consentement, sinon on irait à l'article 1.
Mme McCann : Très bien,
Mme la Présidente, je vais commencer avec l'article 1.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
merci. Monsieur... Mme la députée de Verdun, ensuite M. le député de
Jean-Lesage.
Mme Melançon : Bien,
tout simplement, avant même d'amorcer, si vous permettez, Mme la Présidente, je
demanderais une suspension pour qu'on puisse prendre connaissance, justement,
de ce qui a été déposé, parce qu'on me dit qu'il y a quand même pas mal de
documents. J'aimerais bien qu'on puisse prendre le temps de faire une lecture
avant d'amorcer, même, l'article par article, ce qui va nous permettre... on va
gagner du temps aussi comme ça en le faisant, si vous le permettez.
La Présidente (Mme D'Amours) : Si
vous me le permettez, l'amendement commence seulement à l'article 3. Ça fait
qu'on pourrait faire article 1, article 2 et, à votre demande, à
l'article 3, on pourrait suspendre pour que vous puissiez prendre le temps
de prendre... — voyons! — connaissance des amendements que
la ministre <a déposés en bloc.
Mme Melançon :
En
tout respect, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...amendements que la ministre >a déposés en bloc.
• (11 h 50) •
Mme Melançon : En tout
respect, Mme la Présidente, comme ce projet de loi là, c'est un bloc, c'est un
tout, moi, je veux voir quand même à l'article 3, parce qu'il y a des
choses qui déterminent aussi, qui reviennent sur les différents articles
préalables. Donc, moi, j'aimerais bien qu'on puisse prendre le temps... on a,
là, le temps, puis tout le monde veut mettre l'épaule à la roue, mais, si on
pouvait déjà commencer à regarder, parce que moi, j'ai aussi des modifications
que je veux amener, donc selon ce qui va se retrouver à l'article 3... tout
est dans tout, et il y a des choses qui sont déterminées à l'article 3,
certainement, dans les liasses d'amendements qui ont été déposées. Mais je pose
la question, là, puis je pense que tout le monde est rivé sur l'ordinateur à
vouloir faire un peu de lecture. J'aurais beaucoup aimé qu'on puisse avoir tout
ça préalablement, mais là ça vient d'être déposé.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : C'était le
même commentaire, la même demande, que je voulais faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Je
serais aussi d'accord avec cette proposition, parce que des fois, juste le
Greffier, quand on est tous dessus en même temps, là, il y a une certaine
longueur, donc ça va nous aider.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'accord,
je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 51)
12 h (version révisée)
(Reprise à 12 h 10)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux.
Avant de débuter, permettez-moi de saluer
deux personnes qui sont dans la salle, c'est deux personnes qui travaillent
dans les bureaux de comté, Danik et Lucie, qui accompagnent leur député, le
député de Saint-Jérôme. Ils n'ont pas souvent la chance d'être ici, à Québec,
avec nous, parce qu'ils ont un travail colossal dans leurs comtés respectifs,
tous ces employés de bureau, mais je tiens à les saluer, saluer parce que,
s'ils sont ici, c'est parce que, quand ils vont retourner au bureau, ils vont
avoir <beaucoup…
La Présidente (Mme D'Amours) :
...tous ces employés de bureau, mais je tiens à les saluer, saluer
parce que, s'ils sont ici, c'est parce que, quand ils vont retourner au bureau,
ils vont avoir >beaucoup de travail à récupérer. Mais merci de votre
visite, c'est toujours très agréable de vous rencontrer.
Donc, pendant la pause, après discussion
avec la ministre, nous allons prendre... nous allons débuter par le préambule,
parce qu'il y a un amendement au préambule, donc nous allons le travailler. Mme
la ministre va le lire au complet, ensuite nous allons le travailler paragraphe
par paragraphe, comme la députée de Verdun nous a… nous en a fait la demande.
Donc, nous allons travailler, à ce moment-là.
Ça fait que, donc, la lecture... Et ça me
prend le consentement pour débuter par le préambule. Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, Mme la ministre, je vous invite à lire le préambule tout au complet, ensuite
de nous déposer votre amendement du préambule, et ensuite nous pourrons
travailler paragraphe par paragraphe.
Mme McCann : Bien, je
vous remercie, Mme la Présidente, et je vais donc débuter la lecture du
préambule :
«Considérant que la production et la
transmission de connaissances par des activités de recherche, de création et
d'enseignement et par des services à la collectivité sont au centre de la
mission des établissements d'enseignement de niveau universitaire;
«Considérant qu'il est primordial que ces
établissements d'enseignement offrent une formation de qualité aux membres de
leur communauté étudiante dans un environnement propice à l'apprentissage, à la
discussion et aux débats;
«Considérant que la Recommandation
concernant la condition du personnel enseignant de l'enseignement supérieur de
l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture
(UNESCO) de 1997 reconnaît que le plein exercice des libertés académiques
suppose l'autonomie des établissements d'enseignement supérieur;
«Considérant qu'il découle de cette recommandation
que l'autonomie et la liberté académique constituent des conditions
essentielles à l'accomplissement de la mission de ces établissements
d'enseignement;
«Considérant qu'il y a lieu de veiller à
ce que ces établissements d'enseignement puissent accomplir leur mission sans
contrainte doctrinale, idéologique ou morale;
«Le Parlement du Québec décrète ce qui
suit :».
Alors, Mme la Présidente, j'ai un
amendement au préambule à vous présenter.
La Présidente (Mme D'Amours) : Si
vous voulez bien nous en faire la lecture, s'il vous plaît.
Mme McCann : Merci.
Alors : Remplacer, dans le quatrième alinéa du préambule, «qu'il découle
de cette recommandation que l'autonomie et la liberté académique» par «que
l'autonomie universitaire et la liberté académique universitaire».
Alors, cet amendement, Mme la Présidente, vient
préciser, d'abord, que l'autonomie et la liberté académique visées par l'alinéa
ne visent que les établissements d'enseignement universitaire. Et il ajoute
également un énoncé clair sur l'autonomie universitaire. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre.
Maintenant, nous allons débuter avec le
premier paragraphe du préambule.
Une voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pardon? On est sur l'amendement, c'est vrai, je m'excuse. Nous allons commencer
par l'amendement.
Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement que la ministre vient de déposer? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente. Bien, heureuse, tout de même, de voir apparaître cet amendement.
Cependant, comme nous sommes dans le préambule… Et là comprenez qu'avec les
papiers puis avec les différentes dispositions, là, on était prêts à attaquer
l'article 1 ensemble, mais, comme on revient au préambule, à la volonté de
la ministre, je tiens tout de même à simplement souligner qu'il n'y a pas de
caractère prescriptif dans un préambule, alors j'imagine... puis là vous
comprenez que je n'ai pas étudié tous les amendements, là, on a lu rapidement,
et je n'ai rien vu qui apparaît dans les articles à ce sujet, parce que, comme
ce n'est pas prescriptif, et je crois avoir lu à quelques reprises qu'il
fallait le mettre à quelque part dans des articles pour que ce soit beaucoup
plus costaud, est-ce que la ministre est ouverte à aller avec... dans un
article ou uniquement dans le préambule avec ce qu'elle apporte, à ce
moment-ci?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme
la Présidente, je pense que le considérant effectivement, même s'il n'a pas la…
le pouvoir prescriptif, a le mérite de vraiment camper l'autonomie <universitaire...
Mme McCann :
...le
pouvoir prescriptif, a le mérite de vraiment camper l'autonomie >universitaire
qui est prévue, évidemment, dans la constitution des universités. Il faut
comprendre aussi que le projet de loi que nous étudions aujourd'hui, ce n'est
pas son objectif, là, de statuer sur l'autonomie des universités. Évidemment,
c'est une question très large, une question qui aurait beaucoup de
répercussions si on le mettait dans un article de la loi, mais il demeure que
le fait qu'on le mette dans un considérant vient dire : Bien, écoutez, ça…
l'autonomie universitaire doit être considérée. Et évidemment c'est déjà prévu
dans la constitution même des établissements universitaires.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'entends
la ministre nous dire que, dans le fond, l'autonomie universitaire, ce n'est
pas le but, actuellement, de ce projet de loi ci. Cependant, il y a quand même
une intrusion dans le projet de loi, tel que déposé par la ministre, qui donne
des pouvoirs à la ministre de pouvoir entrer à l'intérieur de l'autonomie
universitaire, et je pense que c'est de là où vient certains… certaines
inquiétudes à la lecture de ce que j'ai fait.
Alors, moi, ce que je demande à la
ministre, pour pouvoir, justement, enlever toute crainte de la part de ceux et
de celles qui doivent être à l'écoute, actuellement… De pouvoir parler
d'autonomie universitaire, je comprends que ce n'est pas le but de ce projet de
loi là, mais c'est quand même la ministre elle-même qui fait une incursion à
l'intérieur de l'autonomie des universités, donc je pense qu'on pourra
peut-être éclaircir.
Je l'annonce, là, j'aurai un amendement à
amener dans les articles subséquents. Donc, on ira... on va y aller dans
l'ordre, Mme la Présidente, soyez-en assurée. Cependant, à l'intérieur du
préambule tel que… tel qu'inscrit, c'est bien, mais je tiens quand même à
rappeler que ce n'est pas prescriptif et qu'il y a des gens... ils sont assez
nombreux à l'avoir indiqué, à m'avoir aussi envoyé certaines informations en ce
sens-là. Donc, je voulais simplement mesurer avec la ministre où elle en était,
justement, sur ce côté prescriptif là de l'autonomie universitaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement de la… Oui, Mme la députée de
Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Oui,
merci. En fait, je comprends l'idée qu'on est vraiment… la loi l'indique, là,
le nom de la loi, c'est sur la liberté académique dans le milieu universitaire,
mais là qu'on vienne le préciser dans le préambule, alors que, pour moi, ce
sont quand même des conditions essentielles dans les milieux… dans les
établissements, de tout… de tout le milieu de l'enseignement supérieur.
J'aimerais comprendre pourquoi on vient
spécifier, ici, que c'est vraiment l'autonomie universitaire et la liberté
académique universitaire, alors que ça demeure des principes qu'on veut voir et
qu'on veut valoriser, même si on ne le mentionne pas dans la loi, ici. Pour
moi, quand je dis que ce serait important qu'on fasse l'exercice aussi auprès
des établissements du réseau collégial, bien, je pense que, là, pour moi, c'est
difficile de comprendre la nécessité de venir le préciser dans le préambule,
comme ça n'a pas d'effet comme tel, là, sur l'application des articles qui vont
suivre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien,
écoutez, je pense que le point, aussi, qu'on fait sur l'autonomie universitaire
est très, très important. Effectivement, ça vient renforcer aussi le titre,
hein, du projet de loi, qui parle bien, là, du volet universitaire, mais
j'entends, Mme la Présidente, ma collègue qui a soulevé quand même quelquefois
des préoccupations à d'autres niveaux, pour d'autres niveaux de l'enseignement
supérieur, notamment, par exemple, le collégial. Et là-dessus je dois dire
qu'on a reçu un mémoire de la Fédération des cégeps, et ce qu'on nous dit, puis
je suis assez d'accord, c'est qu'on ne souhaite pas que ce projet de loi
s'applique aux cégeps pour le moment... enfin, ne s'applique pas, on souhaite
qu'il ne s'applique pas. De toute façon, la commission Cloutier, les travaux
que nous avons faits, c'est vraiment dans le cadre des universités. Alors, s'il
fallait qu'on pense à appliquer le principe de la liberté académique aux
cégeps, il faudrait faire des travaux probablement similaires à ce qu'on a fait
pour les universités. Alors, c'est la réponse, Mme la Présidente, que je ferais
à ma collègue députée de Gaspé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Mme la députée de Gaspé.
• (12 h 20) •
Mme Perry Mélançon : Bien,
pour avoir participé aux mêmes consultations avec, justement, la Fédération des
cégeps, ce <que j'entendais, c'est que, pour eux, c'était...
Mme Perry Mélançon :
...justement,
la Fédération des cégeps, ce >que j'entendais, c'est que, pour eux,
c'était peut-être risqué de reprendre les recommandations d'un rapport qui, justement,
étudiait le volet universitaire et de l'appliquer directement pour... mais je
n'ai pas entendu aucun groupe nous dire que le principe d'autonomie puis de
liberté académique ne devrait pas être appliqué ou... Je suis dans, vraiment,
le principe. Le concept de liberté académique, pour moi, doit aussi être
valorisé au sein de tous les... dans tous les milieux d'établissements
d'enseignement, que ce soit au réseau collégial et universitaire, donc je
trouvais ça bien qu'on le voie, justement, comme étant un considérant pour
l'ensemble du milieu de l'enseignement supérieur, mais que ça n'avait pas
nécessairement d'impact sur la loi qu'on… sur laquelle on est vraiment en train
d'accentuer les... qui s'applique, finalement, dans le milieu universitaire seulement.
Donc, je ne sais pas si vous me suivez, là, mais je voulais juste faire la
remarque que, pour moi, c'était quand même bien qu'on puisse retrouver les
principes larges, sans qu'on parle nécessairement du milieu universitaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente.
Simplement, je revenais au mémoire de
Louis-Philippe Lampron, qui, quand même, nous amène des commentaires plutôt
intéressants lorsqu'il parle de la protection des deux volets de la liberté
académique, et il fait même des propositions à l'intérieur de son mémoire,
justement, dans le considérant dans lequel vous amenez, justement, des
modifications, Mme la ministre. Et j'aimerais savoir si la ministre est
d'accord et qu'est-ce qu'elle répond à Louis-Philippe Lampron lorsqu'il,
justement, soulève un désir ou, en tout cas, une importance à protéger les deux
volets de la liberté académique.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la
Présidente, je vais demander juste une petite suspension, là, parce que je n'ai
pas la proposition de M. Lampron à la main et je voudrais répondre à la
question de ma collègue correctement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 25)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Peut-être que ma collègue souhaiterait le
lire pour que ce soit clair pour tout le monde — oui, je vois qu'elle
acquiesce à ça — et qu'on puisse être, tout le <monde…
Mme McCann :
...pour
que ce soit clair pour tout le monde — oui, je vois qu'elle acquiesce
à ça — et qu'on puisse être, tout le >monde, sur la même page.
Donc, je vais l'écouter puis je vais donner ma réponse tout de suite après, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vais
quand même démarrer un peu plus bas, là, donc : «Au contraire, la
référence faite à la recommandation de 1997 de l'UNESCO, troisième considérant,
est limitée par une mention faite à la seule autonomie des établissements
universitaires. Si l'intention du gouvernement est effectivement de renforcer
la protection de la liberté académique en droit québécois, la première chose à
faire est donc de modifier les considérants du projet de loi de manière à
affirmer, avant même le premier article de la loi, que l'intention du
législateur est bien de protéger les deux volets de cette liberté fondamentale;».
Alors, la proposition de M. Lampron
est la suivante, et je vais aller au considérant déjà... au troisième considérant,
où il y avait des modifications :
«Considérant que la recommandation
concernant la condition du personnel enseignant de l'enseignement supérieur de
l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)
de 1997 reconnaît que le plein exercice des libertés académiques suppose
l'autonomie des établissements d'enseignement supérieur et celle, individuelle,
des membres de ces établissements d'enseignement qui contribuent à leur mission
d'intérêt public par le biais de la recherche ou de l'enseignement;».
Et au quatrième considérant :
«Considérant qu'il découle de cette recommandation que les volets
institutionnels et individuels de la liberté académique constituent des
conditions essentielles à l'accomplissement de la mission de ces établissements
d'enseignement;».
Et finalement, au cinquième considérant :
«Considérant qu'il y a lieu de veiller à ce que les établissements
d'enseignement et les membres de leur communauté d'enseignement et de recherche
puissent accomplir leur mission sans contrainte doctrinale, idéologique ou
morale;».
Alors, il y a là... si vous me permettez,
Mme la Présidente, il y a là quelque chose de très important, c'est de pouvoir,
bien sûr, protéger, lorsqu'on parle des deux volets, on parle de
l'institutionnel et de l'individuel ici, chose qu'on ne retrace pas
nécessairement dans les considérants tels que rédigés et tels que présentés
dans l'amendement de la ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Alors, Mme
la Présidente, après avoir pris connaissance, effectivement, de la suggestion
de M. Lampron, je pense que la suggestion que vous avez faite est très
sage, de revenir aux considérants à la fin, parce que la réponse que je ferais
là-dessus, c'est qu'à l'article 3 nous abordons cette question de façon
très, très claire, et c'est ce que je souhaiterais, Mme la Présidente, c'est
qu'on puisse revenir, comme vous l'aviez suggéré, aux considérants à la fin,
après avoir étudié, entre autres, l'article 3, qui, à mon avis, répond aux
préoccupations de ma collègue.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Mme la
Présidente, vous êtes tellement de bon conseil. Vous voyez, on revient à votre
proposition de départ. On sent, ici, l'expérience aussi. Mais je le dis avec un
sourire, parce que, tout à l'heure, j'étais quand même de votre avis, là, que c'est…
Je pense qu'il était sage d'y aller comme ça. J'étais prête à attaquer
l'article 1 déjà. Donc, je serai toujours prête, Mme la ministre, soyez…
soyez-en assurée, mais c'est pour ça aussi que tout est dans tout.
Tout à l'heure, là, c'est un peu ce que je
tentais d'exprimer, parce qu'il y a 11 articles, simplement, hein, à ce
projet de loi, ce n'est pas hypervolumineux, mais ô combien important, et le
poids des mots, à ce moment-ci, va prendre vraiment toute la place. Donc, je
suis d'accord. La ministre peut compter sur mon consentement pour que nous
puissions revenir à l'article 1, à ce moment-là. Et on pourra aborder
chacun des articles pour, par la suite, revenir au préambule, chose qu'habituellement...
c'est vrai, là, on essaie d'y aller comme ça, et, comme ça, s'il y a des
oublis, bien, on est capables aussi, plutôt que de le laisser ouvert, d'y aller
dans l'ordre. Alors, voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé?
Mme Melançon : Mais on
va suspendre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
• (12 h 30) •
Mme Melançon : Si je
comprends bien, nous allons suspendre. On reviendra plus tard, de toute façon,
donc, parfait, parce que, oui, j'aurai <d'autres modifications, mais on y
reviendra...
>
12 h 30 (version révisée)
<16779
Mme Melançon :
...parfait, parce que, oui, j'aurai >d'autres modifications,
mais on y reviendra en temps et lieu.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...étant
donné que je vous ai donné la parole à vous, je vais être équitable envers tout
le monde, et c'est pour ça que je pose la question : Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement que la ministre a déposé?
S'il n'y a pas d'autre intervention, avec
votre consentement, nous allons suspendre l'amendement. Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Consentement. Merci.
Nous revenons maintenant à l'amendement...
au préambule, avec l'amendement suspendu. Est-ce qu'il y a des interventions à
l'amendement? Je sais qu'il y a eu une demande de la députée de Verdun de faire
paragraphe par paragraphe, mais est-ce qu'il y a des interventions au premier
paragraphe? Il n'y en a pas? Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Mais je
comprends bien qu'on suspend vraiment tout, à ce moment-ci? Même si je n'ai pas
de commentaire là, on va pouvoir y revenir? Parce que, là, on nous demande de
suspendre. Je fais juste revenir...
La Présidente (Mme D'Amours) : L'amendement.
Mme Melançon : Oui, oui,
tout à fait, mais ce n'est pas que l'amendement. Si je comprends bien, on
suspend le préambule pour s'en aller à l'article 1 et on va revenir au
préambule à la toute fin.
La Présidente (Mme D'Amours) : Moi,
j'ai besoin d'avoir le consentement de tout le monde, parce qu'au début c'est
ce que j'avais proposé. À la demande de la ministre, j'ai fait ce que Mme la
ministre me demandait, elle avait le loisir de faire cette démarche. Alors,
moi, je veux bien continuer à travailler de cette façon dont la ministre le
demande... Est-ce que, Mme la ministre, vous voulez toujours continuer à
travailler sur les... le préambule, avec chacun des paragraphes considérants,
et qu'on suspende à la toute fin? C'est ce que... Est-ce que c'est votre
volonté?
Mme McCann : Écoutez, Mme
la Présidente, ce que je comprends, c'est que ce qu'a soulevé ma collègue
touchait l'amendement, c'est bien ça?
Mme Melançon : Bien, c'est
l'amendement, mais c'est aussi plus large. C'est pour ça que je disais que la
présidente avait eu un très bon commentaire au départ, parce que, si on suspend
l'amendement pour pouvoir, peut-être, revenir plus tard, mais qu'on continue à
étudier le préambule, là, on va s'y perdre. Moi, ce que je propose, dans le
fond... puis je le fais gentiment, là, mais je pense qu'on devrait suspendre le
préambule complètement, commencer à l'article 1, puis on reviendra à la toute
fin, d'autant plus que vous dites qu'on va pouvoir étudier à l'article 3
puis... Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
Mme la ministre, quel est votre souhait?
Mme McCann : Oui, alors,
Mme la Présidente... Et je reconnais que c'est une situation qui... le fait qu'on
a commencé avec les considérants, c'était par rapport, évidemment, à l'amendement
sur... qui parlait d'autonomie universitaire, mais il y a d'autres éléments qu'apporte
la députée de Verdun, et évidemment je vous soumettrais qu'effectivement on
pourrait revenir à l'ensemble du préambule à la fin de l'étude des articles.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Ceci étant...
Mme McCann : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
il faut s'entendre sur la méthode de travail. Et, si tout le monde est d'accord,
nous allons, avec le consentement, suspendre le préambule, avec un amendement
suspendu.
Donc, nous allons maintenant procéder à l'article
1. Donc, Mme la ministre, je vous invite à nous faire la lecture de l'article
1, s'il vous plaît.
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente.
Alors : «La présente loi a pour objet
de reconnaître, de promouvoir et de protéger la liberté académique
universitaire afin de soutenir la mission des établissements d'enseignement de
niveau universitaire, laquelle comprend la production et la transmission de
connaissances par des activités de recherche, de création et d'enseignement et
par des services à la collectivité.»
Alors, l'article 1 du projet de loi
prévoit qu'il a pour objet de reconnaître, promouvoir, protéger la liberté
académique universitaire afin de soutenir la mission des établissements d'enseignement
au niveau universitaire. Il précise également que cette mission comprend
notamment la production et la transmission de connaissances par des activités
de recherche, de création et d'enseignement et par des services à la collectivité.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien,
vous voyez, je vous avais dit que j'étais prête à attaquer le premier article.
Je vous demanderais une courte suspension, parce que j'ai un amendement, à ce
moment-ci, à apporter pour l'article 1, donc, courte suspension pour qu'on
puisse déposer le tout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait,
merci.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 12 h 46)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Maintenant, Mme la députée de Verdun, si vous voulez
bien nous faire la lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente.
Alors : L'article 1 du projet de loi
est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«La liberté académique s'exerce au sein
d'établissements universitaires autonomes en ce qui concerne les modalités de
la poursuite de leur mission fondamentale du maintien, de la transmission et de
la création du savoir.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
est-ce que vous pouvez nous lire aussi les commentaires, s'il vous plaît?
Mme Melançon : Bien sûr.
Alors, l'article, tel qu'amendé, se lirait ainsi :
«1. La présente loi a pour objet de
reconnaître, de promouvoir et de protéger la liberté académique universitaire
afin de soutenir la mission des établissements d'enseignement de niveau
universitaire, laquelle comprend la production et la transmission de
connaissances par des activités de recherche, de création et d'enseignement et
par des services à la collectivité.
«La liberté académique s'exerce au sein
d'établissements universitaires autonomes en ce qui concerne les modalités de
la poursuite de leur mission fondamentale du maintien, de la transmission et de
la création du savoir.»
À ce moment-ci, dans le fond, Mme la
Présidente, si vous me permettez, comme il a été question à plusieurs reprises,
lors des consultations particulières, de l'idée de venir renforcer l'autonomie
des universités... ça a été abordé par Louis-Philippe Lampron, ça a été aussi
abordé par l'Université de Montréal, et à ce moment-ci, là, je... comme je le
mentionnais tout à l'heure, là, avec l'Université de Montréal, je pense que
c'était excessivement clair, ce qu'on veut, c'est sortir du caractère
prescriptif, qu'on reverra dans le préambule, à la toute fin de l'étude que
nous faisons actuellement, et d'arriver et de camper rapidement, dès le premier
article, l'intention de cette... de l'autonomie des établissements
universitaires, parce que, dans le fond, c'est au coeur même de l'idée de
liberté académique, hein, on veut que, justement, les établissements
universitaires soient autonomes pour assurer la liberté académique.
Alors, pour moi, c'est important de
renforcer, dès l'article 1, l'idée et le principe de l'autonomie des
universités. Et je comprends que la ministre, tout à l'heure, m'ait dit :
Bien oui, mais le côté prescriptif, tout ça, peut-être qu'on pourra le voir
plus tard, vers l'article 3, mais je pense que de le camper dès l'article 1,
ça met la table pour la suite des choses, et c'est d'ailleurs ce que nous
proposait Louis-Philippe Lampron, et c'était aussi une des volontés de
l'Université de Montréal. Et loin de la ministre, j'en suis persuadée, de
vouloir retirer de l'autonomie aux universités, là, je ne crois pas que c'était
la volonté. Cependant, ça crée quand même... et ça a suscité un peu
d'inquiétude à l'intérieur des différentes institutions universitaires de
savoir que la ministre pouvait venir faire certaines intrusions, quoiqu'on va
retirer le tout. Mais je pense que de le camper, ce n'est pas une mauvaise
chose, à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Mme la ministre.
• (12 h 50) •
Mme McCann : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, je veux juste être sûre, là, qu'on s'est bien compris. On
ne revient pas sur la question de l'autonomie universitaire à l'article 3, je
faisais mention, plutôt, sur la question institutionnel versus individuel,
alors je veux juste clarifier ça.
Et je réitère, encore une fois, que
l'autonomie universitaire, ce n'est pas l'objet de cette loi, que nous
travaillons ensemble, et que cette autonomie universitaire, elle est reconnue
dans les chartes et les lois constitutives des universités. Alors, évidemment,
on a voulu quand même le mentionner clairement dans le préambule et on y
reviendra certainement à la fin de l'étude article par article, mais <effectivement...
Mme McCann :
...évidemment,
on a voulu quand même le mentionner clairement dans le préambule et on y
reviendra certainement à la fin de l'étude article par article, mais >effectivement
le mentionner clairement dans le considérant est très clair, au niveau de
l'autonomie universitaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions sur l'amendement de la... Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Oui, bien
sûr. Bien, je vais quand même rappeler à la ministre que de le faire à
l'intérieur du préambule, alors que ce n'est pas prescriptif, et de ne pas
vouloir l'intégrer à l'article 1, dès le départ, alors que l'on parle de
liberté académique... Et le fondement de la liberté académique repose,
notamment — pas uniquement, mais notamment — sur,
justement, l'autonomie des établissements universitaires, alors je comprends
mal qu'on ne souhaite pas venir simplement l'introduire à ce moment-ci, où on
vient bien camper... Puis j'entends la ministre dire que ça se retrouve
ailleurs. Bien entendu, mais je pense qu'à ce moment-ci, pour déterminer...
Parce que c'est quand même le gouvernement qui décide d'aller avec un projet de
loi pour pouvoir attaquer, justement, certaines problématiques qui ont été
soulevées, avec... tout à fait, avec justesse, là, qu'on parle de l'Université
d'Ottawa ou ici, au Québec, où il y a eu, disons-le, là, certaines frictions,
certaines problématiques, puis là le gouvernement de la CAQ a souhaité venir
encadrer le tout avec un projet de loi. Ça, c'est un choix que le gouvernement
fait. Avec ce choix-là, moi, je pense que, comme c'est sur la liberté...
Et, lorsqu'on veut parler d'autonomie, je
pense qu'on peut et je pense qu'on doit, surtout... parce qu'on pourrait avoir
un grand débat sur le «doit» ou sur le «peut», mais je pense que l'on doit, à
ce moment-ci, venir quand même bien camper l'idée de l'autonomie, justement,
d'établissements universitaires, parce que c'est la définition même, c'est de
là où s'amorce la liberté académique. Alors, je ne vois pas comment est-ce
qu'on peut vouloir contourner le concept d'autonomie des universités alors
qu'on va entrer dans le vif du sujet, en parlant des libertés académiques.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Oui, Mme la ministre.
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente. Simplement dire qu'en fait, pour renforcer le point que ce n'est
pas l'objet de cette loi, que, finalement, si on voudrait faire une
modification législative qui touche... si on voulait, oui, faire une
modification législative, le bon véhicule serait, par exemple, la loi sur les
établissements de niveau universitaire, ce serait... Alors, c'est ce que je
voulais ajouter, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je
comprends quand même mal la réticence, à ce moment-ci, de la ministre, à
l'article n° 1, de vouloir... de ne pas vouloir
camper, justement, cette définition d'autonomie universitaire dès l'article 1.
Je pense qu'il serait sage de le faire. On le fait, mais dans le préambule, qui
n'est pas prescriptif, alors je trouve qu'on essaie... en tout cas, on est sur
la ligne. On danse ou on ne danse pas, là, à un moment donné, on veut y aller
ou on ne veut pas y aller. Là, je comprends mal la réticence, à ce moment-ci,
de la ministre de ne pas vouloir nécessairement venir asseoir l'autonomie des
universités rapidement dans le projet de loi. Je comprends que ça peut se
retrouver ailleurs, je comprends que ce n'est pas ce à quoi le projet de loi
est destiné ou déterminé, mais je veux quand même rappeler, ici, à la ministre
et aux gens qui nous écoutent, actuellement, que l'autonomie des établissements
universitaires, c'est vraiment le départ, l'amorce, je vous dirais, de la
liberté académique, du concept même de liberté académique.
Alors, je ne comprends pas la réticence, là.
Je ne pense pas que ce soit de la mauvaise volonté de la part de la ministre,
mais, quand même, je ne comprends pas cette réticence-là. Et je tiens à le
rappeler, là, ça a été apporté à quelques reprises dans les différents mémoires
que j'ai eu l'occasion de lire et de relire dans les dernières heures.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre aux voix l'amendement de <l'article 1...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Merci. D'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre aux voix l'amendement de >l'article 1. Est-ce que l'amendement
est adopté ou... Oui, bien, un instant. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vous
demanderais un appel par...nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...M.
le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme McCann (Sanguinet)?
Mme McCann : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
Le Secrétaire
:
M. Chassin (Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Abstention.
Le Secrétaire
: ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté.
Nous revenons à l'article 1. Est-ce
qu'il y a des interventions à l'article 1? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Moi, j'aimerais
simplement savoir ce que pense la ministre, dans le fond, lorsque
Louis-Philippe Lampron nous mentionne, justement, que «si les considérants de
la première mouture du projet de loi n° 32 offrent
une place importante au volet institutionnel de la liberté académique, il nous
semble que l'autonomie des universités n'avait pas été assez clairement établie
dans aucune des dispositions de ce projet de loi».
La proposition de Louis-Philippe Lampron,
à ce moment-ci, en page 9 de son mémoire... Donc, je vous indique assez
facilement où aller chercher. Je vais vous lire la proposition de la présente
modification de l'article 1 du projet de loi n° 32 :
«La présente loi a pour objet de connaître, de promouvoir et de protéger la
liberté académique universitaire afin de soutenir la capacité — et
non la mission — des établissements d'enseignement de niveau
universitaire de mener à bien leur mission d'intérêt public en toute autonomie
et dans le respect de la liberté académique individuelle des personnes qui en
sont titulaires. La mission de ces établissements comprend notamment la
production et la transmission de connaissances par des activités de recherche,
de création et d'enseignement ainsi que par des services à la collectivité.»
Ce que j'aimerais connaître de la
ministre, c'est est-ce qu'il y a une ouverture à aller peut-être plus dans ce
sens, dans cette proposition de Louis-Philippe Lampron.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme
la Présidente, je vais réitérer que je pense qu'une partie des... de ce que
soulève M. Lampron, on y répond à l'article 3, Mme la Présidente. Alors,
toute la question de l'individuel, on y répond à l'article 3.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien,
simplement parce que... Je suis d'accord, à la toute fin, là, lorsqu'on parle
de la liberté académique individuelle, on va y revenir à l'article 3.
Cependant, là où, pour moi, il y a quand même quelque chose d'intéressant, c'est
«en toute autonomie et dans le respect». Donc, moi, c'est sur l'autonomie où j'aimerais
entendre la ministre, peut-être, nous donner un peu plus de détails. Comment
est-ce qu'elle, comme ministre de l'Enseignement supérieur... L'autonomie, là,
des universités, comment est-ce que ça se décline, selon elle?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme
la Présidente, encore une fois, je pense que notre énoncé, que nous avons bien
campé, là, dans l'amendement qu'on apporte au préambule, fait foi de la
reconnaissance de l'autonomie universitaire, et, pour nous, à ce moment-ci, ça
répond vraiment à cette préoccupation.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie.
Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 03)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Votre attention, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens
reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 32, Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire.
Lors de la suspension de nos travaux cet
avant-midi, nous étions rendus à l'étude de l'article 1, et donc madame...
je pense qu'on était rendus à Mme la ministre sur les... ou Mme la députée de
Verdun. Je ne veux pas enlever le droit de parole. C'était à la ministre. Donc,
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme McCann : Oui, je...
Merci, Mme la Présidente. Rebonjour.
Alors, je pense que la question de la
députée de Verdun portait sur l'autonomie universitaire, hein, la déclinaison
de l'autonomie universitaire. Là, évidemment, je vais me baser pratiquement sur
une déclinaison qui est faite par l'UNESCO, hein, en fait, qui... la liberté
universitaire... l'autonomie, excusez-moi, universitaire se décline, évidemment,
avec l'autonomie, par exemple, au niveau des activités académiques. Je pense
que ça, c'est reconnu, que les universités ont énormément de latitude pour
concevoir, créer, choisir des programmes d'études, des programmes académiques.
C'est vraiment un élément majeur de l'autonomie universitaire. Et moi, comme ministre
de l'Enseignement supérieur, je dois vous dire que c'est un principe, une
réalité que j'ai reconnue dès le départ, et qui est reconnue, d'ailleurs, dans
le milieu, complètement, et qui est historique. Il y a aussi une autonomie au
niveau des règles de fonctionnement, hein? Au niveau des universités, il y a
une énorme latitude. Donc, ce sont des éléments très importants de l'autonomie
universitaire. Bon, c'est sûr qu'il faut que les... la gestion, par exemple,
d'une université tienne compte également des fonds publics, hein, de... parce
qu'on finance les universités, mais ceci étant dit, comme élément <fondamental...
Mme McCann :
…la
gestion, par exemple, d'une université tienne compte également des fonds
publics, hein, de... parce qu'on finance les universités, mais ceci étant dit,
comme élément >fondamental de l'autonomie universitaire, ce sont
certainement le choix de leurs activités académiques et leurs règles de
fonctionnement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'entends,
j'entends la ministre, et je vois déjà que le vocabulaire a changé, parce que
vous avez parlé vous-même de création, de créer, des noms et des mots que
plusieurs souhaitaient voir intégrés, d'ailleurs, dans le projet de loi n° 32,
alors c'est très bien.
Moi, c'est surtout sur l'importance du
concept qui venait en droite ligne, dans le fond, avec, bien sûr, la liberté
académique. À partir du moment où, bon, on retrouve notamment, là, dans les
considérants, dans le préambule, je ne ferai pas une bataille, je ne ferai pas
une bataille, mais, quand même, pour moi, le concept était plus qu'important,
parce qu'avec la rédaction du projet de loi, avec les imperfections qui avaient
été notées, je pense que certaines institutions universitaires avaient des
craintes qu'on puisse aller jouer, justement, dans leur autonomie, et je crois
que, par le retrait, justement, des articles qui créaient, justement,
l'inquiétude, bien, je pense que c'est apaisé. Mais je voulais quand même vous
entendre puis je voulais quand même entendre la ministre, parce que, pour moi,
c'est plus qu'important de savoir où on se situe dans ce concept.
Alors, je comprends. Je pense que
Louis-Philippe Lampron avait quand même bien déterminé l'idée de pouvoir rendre
le tout, dans le fond, prescriptif, là. Moi, c'était surtout sur le prescriptif
où j'étais, mais je vois que l'appétit n'est pas là, donc je ne ferai pas un
amendement pour être battue, je le dis immédiatement, mais on pourra reparler
tout à l'heure, comme on l'avait dit, de la liberté individuelle. On en parlera
à l'article 3 un peu plus tard. À ce moment-ci, je m'arrête là, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 1?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 1. Est-ce que l'article 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Merci.
Mme la ministre, l'article 2, s'il
vous plaît.
Mme McCann : Oui. Excusez-moi,
Mme la Présidente, j'y viens. Oui.
Alors, l'article 2 : «La
présente loi s'applique aux établissements d'enseignement suivants :
«1° les établissements d'enseignement
visés aux paragraphes 1° à 12° de l'article 1 de la Loi sur les
établissements d'enseignement de niveau universitaire; et
«2° les personnes morales ou organismes
qui, en vertu d'une loi, sont autorisés à décerner des grades, des diplômes,
des certificats ou autres attestations d'études universitaires et qui offrent
un programme d'enseignement de niveau universitaire, aux fins de ces
programmes.»
Alors, l'article 2, Mme la Présidente,
l'article 2 du projet de loi prévoit qu'il s'applique aux établissements
d'enseignement visés aux paragraphes 1° à 12° de l'article 1 de la Loi sur
les établissements d'enseignement de niveau universitaire de même qu'aux personnes
morales ou organismes qui, en vertu d'une loi, sont autorisés à décerner des
grades, des diplômes, des certificats ou autres attestations d'études
universitaires et qui offrent un programme d'enseignement de niveau
universitaire, aux fins de ces programmes.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2? Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Bien,
c'est surtout une question, parce que, selon les commissions et selon les
définitions... plusieurs ministères ont revu les définitions de «personnes
morales». À ce moment-ci, lorsqu'on parle de «personnes morales», est-ce que la
ministre peut me donner des exemples?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
• (15 h 10) •
Mme McCann : «...personnes
morales[...] — bien, c'est une bonne question, Mme la Présidente — en
vertu d'une loi, sont autorisés à décerner des grades...» Ce que je peux dire à
ma collègue, et je ne sais pas si ça va répondre à sa question, mais je pense
que le paragraphe 2° vise notamment, là... en fait, actuellement — pas
notamment, actuellement — l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec, l'ITHQ, le Conservatoire de musique et d'art <dramatique du
Québec...
Mme McCann :
...notamment,
là... en fait, actuellement, pas «notamment», actuellement,
l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie du Québec, l'ITHQ, le
Conservatoire de
musique et d'art >dramatique du Québec, et ces deux institutions sont
visées seulement pour les activités de niveau universitaire. Alors, je pense
qu'au paragraphe 2°, c'est effectivement les établissements qui sont visés par
cet énoncé.
Mme Melançon : Donc, il
n'y aurait que l'ITHQ et le conservatoire?
Mme McCann : À ce
moment-ci, actuellement, oui.
Mme Melançon : Oui.
Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre aux voix l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Merci.
L'article 3, Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Donc, l'article 3 : «Le droit à
la liberté académique universitaire est le droit de toute personne d'exercer
librement et sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale une activité par
laquelle elle contribue, dans son domaine d'activité, à l'accomplissement de la
mission d'un établissement d'enseignement.
«Ce droit comprend la liberté :
«1° d'enseigner;
«2° de faire de la recherche et d'en
diffuser les résultats;
«3° de critiquer la société, des
institutions, des doctrines, des dogmes et des opinions;
«4° de participer librement aux activités
d'organisations professionnelles ou d'organisations universitaires.
«Il doit s'exercer en conformité avec les
normes d'éthique et de rigueur scientifique généralement reconnues par le
milieu universitaire et en tenant compte des droits des autres membres de la
communauté universitaire.»
Alors, Mme la Présidente, l'article 3
du projet de loi définit le droit à la liberté académique universitaire comme
étant le droit de toute personne d'exercer librement et sans contrainte doctrinale,
idéologique ou morale une activité par laquelle elle contribue, dans son
domaine d'activité, à l'accomplissement de la mission d'un établissement
d'enseignement. Ce droit comprend notamment la liberté d'enseigner, de faire de
la recherche et d'en diffuser les résultats, de critiquer la société, des
institutions, des doctrines, des dogmes et des opinions et de participer
librement aux activités d'organisations professionnelles ou d'organisations
universitaires.
Cet article précise également que le droit
à la liberté académique universitaire doit s'exercer en conformité avec les
normes d'éthique et de rigueur scientifique généralement reconnues par le
milieu universitaire et en tenant compte des droits des autres membres de la
communauté universitaire.
Et, Mme la Présidente, je dépose
immédiatement un amendement, dont je fais la lecture.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
s'il vous plaît.
Mme McCann : Très bien.
Alors, à l'article 3 du projet de loi :
1° supprimer, dans le premier alinéa, «, dans
son domaine d'activité,»;
2° remplacer le deuxième alinéa par le
suivant :
«Ce droit comprend la liberté :
«1° d'enseignement et de discussion;
«2° de recherche, de création et de
publication;
«3° d'exprimer son opinion sur la société et
sur une institution, y compris l'établissement duquel il relève, ainsi que sur
toute doctrine, dogme ou opinion;
«4° de participer librement aux activités
d'organisations professionnelles ou d'organisations académiques.»
Alors, Mme la Présidente, cet amendement
vise à préciser que la participation à des activités de création et de
discussion est comprise dans le droit à la liberté académique universitaire.
L'amendement vise également à préciser le
droit du bénéficiaire de cette liberté d'exprimer son opinion sur
l'établissement duquel il relève.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires? Oui, Mme la députée de Verdun, s'il vous
plaît.
Mme Melançon : À ce
moment-ci, j'aimerais amender l'amendement de la ministre pour voir quelques
ajouts. Si vous nous donnez quelques instants, je vais pouvoir déposer. On est
à finaliser le tout, là, on était déjà au travail et on va vous déposer le tout
dans quelques secondes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et nous étions rendus à la députée de Verdun, qui nous a
proposé un sous-amendement. Alors, est-ce que vous voulez bien nous faire la
lecture de votre sous-amendement, s'il vous plaît?
Mme Melançon : Avec
plaisir, Mme la Présidente.
Alors : L'amendement proposé à
l'article 3 est modifié par l'ajout, à la fin, du paragraphe suivant :
3° ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
«Si un bénéficiaire de la liberté
académique universitaire est poursuivi en justice par un tiers pour un acte
qu'il a posé ou omis de poser dans l'exercice de cette liberté, l'établissement
d'enseignement supérieur auquel cette personne est rattachée prend fait et
cause pour ce bénéficiaire, sauf si ce dernier a commis une faute lourde.»
Commentaires, Mme la Présidente, alors :
L'article, tel qu'amendé, là, se lirait ainsi — puis, si vous me
permettez, dans le fond, on ajoute un paragraphe à la toute fin, que je peux
relire pour vous, bien sûr :
«Si un bénéficiaire de la liberté
académique universitaire est poursuivi en justice par un tiers pour un acte
qu'il a posé ou omis de poser dans l'exercice de cette liberté, l'établissement
d'enseignement supérieur auquel cette personne est rattachée prend fait et
cause pour ce bénéficiaire, sauf si ce dernier a commis une faute lourde.»
Je tiens à rappeler, Mme la Présidente, la
nécessité d'ajouter, à ce moment-ci, un paragraphe comme celui-là. C'est, bien
sûr, pour se rappeler tout le débat, quand même, vu... on l'a vu naître, là,
sous nos yeux avec <l'affaire Maillé, notamment...
>
15 h 30 (version révisée)
<16779
Mme Melançon :
...paragraphe comme celui-là, c'est, bien sûr, pour se rappeler tout
le débat, quand même, vu... on l'a vu naître, là, sous nos yeux, avec >l'affaire
Maillé, notamment, ainsi qu'avec l'affaire du lieutenant Duval, où, dans ces
deux cas très précis là, les universités n'avaient pas pris fait et cause pour
la chercheure, dans le cas de l'affaire Maillé, et, dans l'affaire du lieutenant
Duval, donc là, on était avec un professeur. Mais je pense qu'il est nécessaire
qu'on puisse ajouter, à ce moment-ci, à l'article 3, ce paragraphe, que
nous n'avons pas sorti d'un chapeau, je tiens à le mentionner quand même, là,
parce qu'on est allés se coller sur l'article 32 de la Loi sur la fonction
publique. Donc, il n'y a pas... on n'a rien inventé, à ce moment-ci. On a
vraiment voulu faire les choses dans l'ordre, et j'espère qu'on aura un peu d'ouverture,
du côté de la ministre, pour l'ajouter, puisque c'est quelque chose qui est
revenu souvent.
Et, comme nous sommes à traiter du projet
de loi n° 32, donc, la Loi sur la liberté académique dans le milieu
universitaire, à ce moment-ci, je crois qu'il est précieux que nous puissions
dire à ceux et à celles qui travaillent dans nos universités, dans nos
établissements que ce droit-là pourra, bien sûr, être protégé, qu'ils ont des
droits, qu'il est possible pour les universités, bien sûr, de venir appuyer
ceux qui y travaillent. Et, je tiens quand même à le mentionner, là, il y a eu
des échanges qui ont eu lieu avec le BCI, notamment, et je crois que les
universités ont toutes compris, les dirigeants ont bien compris qu'ils ont un
devoir, bien sûr, pour appliquer cette liberté académique là et pour venir
appuyer ceux et celles... que ce soit un chargé de cours, que ce soit un chercheur
ou que ce soit un professeur, ceux et celles qui y travaillent. Alors, voilà, c'est
la raison pour laquelle je dépose, ici, un sous-amendement à l'amendement amené
par la ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Bien, moi,
je tiens à dire que je suis d'accord avec cet amendement-là. C'est un
amendement que je voulais proposer aussi plus loin, mais, si la place convient
ici, moi, je suis bien d'accord, là. Effectivement, c'est important.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la ministre.
Mme McCann : Bon, merci,
Mme la Présidente. Bien oui, mais... excusez-moi, mon timing n'est pas bon.
Alors, bien, écoutez, j'ai écouté avec beaucoup d'attention ma collègue, et
puis... députée de Verdun et mon collègue député de Jean-Lesage, et je pense qu'il
faut se replacer dans le contexte, parce que, si cette loi est adoptée, c'est
sûr que ça va renforcer de façon majeure tout ce qui tourne autour de la
liberté académique universitaire. Je dis ça parce que les recteurs... en fait,
les représentants des recteurs et des rectrices, le BCI est venu nous voir et
nous a dit qu'ils le font déjà. Mais ma collègue a raison de soulever l'affaire
Maillé. Bon, il y a aussi l'affaire Duval, mais on va parler, évidemment, du
Québec, mais remarquez que ça peut nous influencer aussi, ce qui se passe
ailleurs, et je le crois vraiment beaucoup. Il demeure qu'avec cette loi, si
nous l'adoptons, on vient renforcer la liberté académique universitaire. Il y a
des obligations, et les universités nous disent, par la voix du BCI, qu'ils le
font déjà. Donc, avec une loi qui vient enchâsser la liberté académique
universitaire, on peut penser qu'ils vont certainement respecter leurs
obligations.
Et l'autre argument, Mme la Présidente...
Et j'ajoute — excusez-moi — avant
d'aller à un autre argument, qu'il y a un comité d'éthique, par exemple, dans
chaque université qui peut se pencher sur ces questions. Il y a aussi les
conventions collectives. Bon, je sais que ce n'est peut-être pas parfait, mais
il y a plusieurs conventions collectives qui le prévoient, et ce qui... parce
qu'on s'est beaucoup penchés sur cette question-là. Moi, je veux dire à mes
collègues, là, que cette question de prendre fait et cause, là, on ne l'a pas
évacuée, là, d'un revers de la main, du tout, du tout, du tout. On a passé
beaucoup de temps à la discuter, à l'explorer, voir les tenants et les
aboutissants, et ce que je vous amène aujourd'hui, c'est le fruit de beaucoup
de discussions, ça a été un enjeu, là, effectivement.
Et l'autre... la crainte qu'on a, c'est
que de mettre une telle clause dans la loi pourrait porter atteinte à
l'autonomie des <universités...
Mme McCann :
...de
beaucoup de discussions, ça a été un enjeu, là, effectivement.
Et l'autre... la crainte qu'on a, c'est
que de mettre une telle clause dans la loi pourrait porter atteinte à
l'autonomie des >universités. Alors, voyez-vous, là, je pense qu'on est
dans un équilibre entre l'autonomie universitaire et le projet de loi, là, de...
sur la liberté académique universitaire, puis il faut vraiment faire attention.
Alors, nous, on pense que ce qu'on a mis dans notre amendement, qui n'inclut
pas de prendre fait et cause, étant donné qu'on dit bien qu'il y a les droits,
hein, des bénéficiaires, de la liberté académique universitaire, qui sont
clairement exprimés, ça donne... il y a une obligation, du côté des
universités, de respecter cette loi-là, si elle est adoptée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci.
Bien, j'entends la ministre. Je ne serai pas tout à fait d'accord avec elle,
pour quelques raisons. Je vais d'abord vous dire, je suis quand même surprise
que la ministre nous dise que le BCI a dit qu'il prenait fait et cause puis que
c'est déjà fait, puis, comme ils nous l'ont dit, tu sais, on va prendre leur
parole. C'est bien, là, je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre leur parole,
mais en même temps le BCI est aussi venu nous dire qu'il respectait la liberté académique,
et pourtant le gouvernement décide d'y aller avec un projet de loi. Donc, je
pense qu'il faut rester prudents. Et on l'a vu, là, prendre fait et cause, ce
n'est pas fait de façon égale dans toutes les institutions.
Je crois que, majoritairement... parce
que, sinon, on aurait probablement plus de cas, aussi, à soumettre à la
ministre ce matin... cet après-midi — on est un peu mêlés dans le
temps, je suis désolée. Cependant, pour moi, ce qui est important, c'est qu'on
puisse l'asseoir pour pouvoir s'assurer que ça devienne exécutoire partout, je
dirais ça ainsi, peu importe qui se retrouve à la tête d'une université, peu
importe... Parce qu'on le sait, là, il y a des changements, à la tête des
universités, qui s'opèrent et qui vont continuer de s'opérer, la vie est ainsi
faite, on vieillit tous, et je crois très sincèrement qu'arriver ici pour
encadrer ce droit pour les chercheurs, pour les chargés de cours, pour les
professeurs... je pense que ça vient sécuriser, il y a une zone de sécurité
intéressante.
J'entendais la ministre, tout à l'heure,
parler, bien, des conventions collectives. Là non plus, ce n'est pas égal, on
va se le dire. Donc, je ne pense pas qu'il n'y ait personne, du côté des
recteurs, qui pourrait se voir... être contre, justement, un paragraphe comme
celui-là, là, au contraire, je pense que ça va venir donner une équité un peu
partout dans le réseau et, comme je le dis, je pense que c'est un principe très
important si on veut continuer de parler de liberté académique pour ceux et
celles qui enseignent dans les classes de nos universités.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres... Oui, M. le député de Jean-Lesage, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Oui, bien,
j'aimerais savoir... La ministre disait que faire un tel amendement, ça
pourrait porter atteinte à l'autonomie des universités, mais j'aimerais qu'elle
nous explique cet argument, parce que je ne suis pas sûr de le saisir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
• (15 h 40) •
Mme McCann : Bien,
écoutez, c'est parce que... puis je vais faire juste un petit préambule, là, à
ma réponse, parce qu'on cite l'affaire Maillé. Il faut dire que l'affaire
Maillé, l'université a pris fait et cause, mais a pris du temps...
Une voix : ...
Mme McCann : ...oui, a
pris du temps pour le faire. Et je vais vous répondre, je veux juste revenir
sur le contexte, là. Si on adopte la loi dont on parle aujourd'hui, le contexte
ne sera plus tout à fait le même et il va être de beaucoup renforcé. On parle,
à d'autres articles, des activités de sensibilisation, des outils qu'on va se
donner, pédagogiques. Alors, tout le monde va être sensibilisé si cette loi est
adoptée, et il y aura même un responsable... un comité, si on est tous d'accord
là-dessus.
Alors, par rapport à l'autonomie, c'est
que, ces situations-là, mon collègue va être d'accord pour dire qu'elles sont
complexes, et je pense que c'est du cas par cas, et il faut laisser à chaque
université la latitude de bien juger du... de la situation, qui est
particulière pour... chaque cas est <particulier...
Mme McCann :
...et
il faut laisser à chaque université la latitude de bien juger du... de la
situation, qui est particulière pour... chaque cas est >particulier. Et
on va en parler davantage, probablement, dans d'autres articles, là, le
processus, là, mais c'est du cas par cas. On ne peut pas affirmer, par exemple,
un processus uniforme pour l'ensemble de ces cas-là. Mon collègue est un
pédagogue aussi, Mme la Présidente, je pense qu'il comprend... j'espère, en
tout cas, que je m'exprime assez clairement, qu'il comprend ce que je dis, que,
ces situations-là, il y a de multiples dimensions. Parfois, on en entend
parler, mais on n'a pas toute l'information, et les universités ont une responsabilité
de tenir compte de toute l'information dans le contexte où on aurait, si on
l'adopte, une loi forte, au Québec, qui protège les bénéficiaires de la liberté
académique universitaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : J'illustrerais
la raison de mon inquiétude en prenant un cas concret, là, parce que... Si on
regarde ce qui s'est passé dans le projet Laurentia, à Québec, avec
l'Université Laval, qui est un partenaire de recherche du projet Laurentia,
entre autres, de la... parce qu'elle était liée à la zone d'innovation Littoral
Est, qui s'appelle maintenant la zone InnoVitam, bon, un chercheur, un membre
de la communauté universitaire qui se dit : Bien, si je dis quelque chose
contre ce projet-là, les grosses compagnies qui ont intérêt à ce que ça se
réalise pourraient me faire une poursuite-bâillon, comme ça arrive, puis là,
s'ils sont un partenaire financier de mon université, est-ce que mon université
va prendre fait et cause en ma faveur?, s'il n'y a rien dans la loi qui oblige
l'université à faire ça, bien, la liberté universitaire, elle est sacrifiée,
parce que la personne va dire : Oui, est-ce que je suis prêt à aller
prendre ce risque-là d'aller avoir une poursuite-bâillon?
Ça fait que je comprends l'idée de... tu
sais, l'établissement, l'université doit avoir une marge de manoeuvre, prendre
compte des faits. Puis d'ailleurs je pense que l'amendement parle de faute
grave, là, sauf s'il y a... Tu sais, l'amendement met une voie de sortie, là, à
l'université, pour dire : Oui, là, on ne prendra pas fait et cause pour
quelqu'un qui dérape, là, mais, règle générale, on va prendre fait et cause
pour le membre de la communauté universitaire, puis ça, je pense que, si on ne
fait pas ça, il y a une grosse partie de la liberté académique qu'on met en
péril, puis on ne le saura peut-être jamais, parce qu'il y a juste du monde qui
vont se censurer, qui ne prendront pas le risque de faire des choses qui
pourraient choquer. Puis le cas, justement, de Laurentia-Université Laval me
semble parlant, parce qu'il y avait un intérêt financier : l'université,
peut-être parce que sous-financée d'un point de vue de la recherche, était
comme entre quelqu'un qui est un partenaire financier puis quelqu'un qui le
critique puis qui devrait avoir une liberté académique protégée.
Ça fait qu'il faut voir... Je trouve que
cet article-là est important parce qu'il vient protéger la liberté académique,
justement, puis, si on ne le met pas, je ne vois pas qu'est-ce qui va protéger
les professeurs ou les autres membres de la communauté contre les poursuites-bâillons.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, c'est
une question complexe. Et je fais juste remarquer à mon collègue que,
d'ailleurs, la commission Cloutier n'en a pas fait une recommandation, elle en
a fait un avis, et il y a une distinction. Je pense qu'il y a des répercussions
légales importantes à mettre ce libellé dans le projet de loi ou dans la loi,
donc c'est pour ça qu'on... Je reviens au fait que... et là je ne veux pas
devancer, Mme la Présidente, mais, à l'article 4, on va discuter de
mesures qui vont être prises à l'intérieur des établissements, des mesures de
sensibilisation, des outils pédagogiques, un comité... enfin, encore une fois,
j'espère, Mme la Présidente, que je ne devance pas trop, là, mais un
responsable ou une responsable, et je pense que, là, le contexte va être
d'autant plus renforcé, et, découlant de ça, les obligations des universités.
Tout le monde va être conscientisé à cette obligation de protéger la liberté
académique et universitaire à tous les niveaux.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, je
n'ai pas réentendu la ministre après mon petit plaidoyer tout court et tout
gentil. Cependant, lorsque la ministre le mentionne, et avec justesse, que,
dans le rapport Cloutier, il y avait un avis, l'avis n° 4, j'aimerais
quand même qu'on puisse le lire, pour la bonne connaissance de l'ensemble de la
commission, parce qu'avant de voter j'aimerais bien que tout le monde puisse
bien saisir <l'importance...
Mme Melançon :
...la
bonne connaissance de l'ensemble de la commission, parce qu'avant de voter
j'aimerais bien que tout le monde puisse bien saisir >l'importance de
tout ça, là : «Les établissements devraient défendre et protéger la
liberté universitaire contre toute pression qui viserait à en limiter
l'exercice ou la portée, qu'elles proviennent de l'intérieur ou de l'extérieur
de l'établissement. Cela implique que lorsqu'un bénéficiaire de la liberté
universitaire est directement concerné par des procédures judiciaires en raison
de l'exercice de cette liberté, les établissements universitaires doivent
prendre fait et cause pour le ou la membre de leur communauté.» On le fait
avec... on le fait avec nos fonctionnaires, c'est dans la Loi sur la fonction
publique, là. On le fait avec nos fonctionnaires, c'est écrit. J'imagine qu'on
peut le faire pour nos professeurs, nos chargés de cours, nos chercheurs.
Et c'est bien, là, qu'on puisse avoir un
projet de loi qui va venir renforcir, dans le fond, la liberté académique, j'en
suis. Cependant, je pense qu'on doit faire un pas de plus. Et, tout à l'heure,
j'entendais la ministre me dire, dans le fond, que, sur la liberté, le BCI est
venu dire : Bien, on le fait déjà, puis ils nous ont aussi dit qu'ils
faisaient la liberté académique. On est dans un projet de loi où on vient
encadrer la liberté académique. Je pense qu'on peut en faire tout autant pour
ceux et celles qui réfléchissent au quotidien, qui font de la recherche au
quotidien. Et, si on laisse un flou comme ça, c'est qu'on vient donner un
pouvoir inégal entre ceux qui font de la gestion et ceux qui pratiquent la
liberté académique, justement, dans leurs classes. Et je suis d'accord avec mon
collègue lorsqu'il mentionne : Qui voudra, à un moment donné, dire :
Bien, je prends le risque financier, personnel, sans savoir si mon université
va venir m'appuyer lorsque je tente d'enseigner, je tente de réfléchir?
On parlait de création, tout à l'heure. On
est vraiment dans des concepts comme ceux-là, difficiles à définir de façon
toujours claire et précise. Cependant, je pense qu'à un moment donné il faut,
bien sûr, qu'on puisse appuyer ceux et celles qui décident de prendre cet
engagement-là, et c'est pour ça que j'amenais ce sous-amendement, à ce
moment-ci. Et je crois... je crois que... parce que, dans l'exemple le plus
québécois, vous avez raison, Mme la ministre, de mentionner que l'université,
finalement, est venue appuyer la chercheure, cependant ça a pris un certain
temps, et elle s'est... bien, il y a des gens qui ont mis en cause ses
capacités de faire de la recherche, et ça, moi, je trouve que, si on ne veut
pas tomber, justement, dans l'autocensure... parce que c'est ça aussi, le
danger pour la suite des choses, si les professeurs, si les chargés de cours
décident de ne pas vouloir rien bousculer, bien, j'ai peur qu'on tombe dans
l'autocensure, puis qu'on devienne... Bien, il ne faut pas que ce soient des
robots. Ce n'est pas à ça qu'ils servent, nos chercheurs, ce n'est pas à ça que
cherchent... ce n'est pas à ça que servent nos professeurs ou nos chargés de
cours.
Alors, voilà, je pense que c'est pour venir
équilibrer aussi, parce que, d'un côté, si vous me dites que le BCI vous a dit
qu'il n'y en avait pas, de problème, on entend aussi autre chose. Je pense que
c'est sur le fait que ce n'est pas de façon nécessairement égale partout sur le
territoire. Donc, ma... la raison pour laquelle j'insiste un peu, c'est surtout
pour dire : Bien, est-ce qu'on est capables d'assurer partout sur le
territoire québécois que tout chercheur, où qu'il soit, là, dans n'importe
quelle institution, bien, puisse avoir cette même protection? Peu importe,
aussi, la convention collective, disons-le, parce que ce n'est pas égal
partout, ça non plus, et pour éviter de tomber dans l'autocensure, et pour
aussi éviter de démontrer à ceux et à celles qui suivent nos travaux qu'on aura
eu l'oreille seulement que du BCI et peut-être pas du corps professoral. Je
pense que ça vient asseoir un principe qui est important puis je pense que tout
le monde, ici, est prêt à défendre, dans le fond, le principe d'équité, à ce
moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la ministre.
• (15 h 50) •
Mme McCann : Merci. Bien,
encore une fois, j'écoute attentivement les arguments de ma collègue, puis on a
été très attentifs, très à l'écoute, là, des syndicats représentant les <professeurs...
Mme McCann :
...Bien,
encore une fois, j'écoute attentivement les arguments de ma collègue, puis on a
été très attentifs, très à l'écoute, là, des syndicats représentant les >professeurs,
les enseignants, les chargés de cours, très, très attentifs à ce qu'ils nous
ont apporté. Le BCI, je pense que l'intervention que j'ai faite par rapport à
leur position sur prendre fait et cause... c'est leur ouverture. Je ne pense
pas qu'ils disaient que c'était parfait là, mais leur ouverture. Si la loi est
adoptée, ça vient changer beaucoup de choses, ça vient renforcer beaucoup de
choses.
Mais l'autre élément que j'aimerais
apporter, c'est le contexte, encore une fois, mais d'un autre angle. Quand ma
collègue parle de la Loi sur la fonction publique, il faut dire que le
gouvernement, c'est l'employeur des fonctionnaires. Au niveau des bénéficiaires
de la liberté académique universitaire, l'employeur, c'est l'université, alors
le gouvernement est à un autre niveau. Donc, c'est là... c'est pour ça... on
parle de l'autonomie des établissements, qui, évidemment, négocient des
conventions collectives avec leurs employés, mais qui ont aussi une autonomie
au niveau de leur fonctionnement.
Mais, encore une fois, Mme la Présidente,
je termine en disant que, si la loi est adoptée, ça va changer... en fait, ça
va renforcer de façon notoire tout ce qui tourne autour de la liberté
académique universitaire, et on va en parler à l'article 4, une mesure
concrète, là, de l'article 4 qui va faire en sorte que les participants, la
communauté universitaire... va définir beaucoup de choses à l'intérieur de tout
ce qui tourne autour de la liberté académique universitaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien,
j'entends la ministre, mais je ne suis malheureusement pas rassurée. Et,
lorsque je l'entends faire, dans le fond, le rapprochement avec l'exemple que
je lui ai donné pour les fonctionnaires, je suis d'accord, là, mais au moment
où on veut assurer... Puis là, de toute façon, ce n'est pas le gouvernement, là,
c'est les législateurs, donc ce n'est pas le gouvernement qui vient encadrer,
là, ce sera vraiment du côté législatif. Ce n'est pas uniquement la banquette
ministérielle, je vais le dire comme ça, là, qui viendra encadrer, c'est nous,
à titre de législateurs.
Mais je saisis simplement mal pourquoi,
alors qu'on l'a entendu pas mal qu'on doit quand même protéger ceux et celles
qui sont les premiers, là, à pouvoir appliquer, justement, cette liberté
académique et se sentir, justement, libres de le faire... Je le redis, là, je ne
ferai pas un combat de tous les instants, mais ça me préoccupe quand même de
voir cette fermeture-là, alors qu'on a entendu plusieurs groupes, là, venir
venir en parler, là, que je pense au FQPPU ou que je pense encore à la
commission Cloutier, qui en fait un avis, parce que ça a été rapporté à
plusieurs reprises, et, voilà, je pensais que c'était le moment approprié pour
pouvoir apporter ce paragraphe-ci, qui vient... bien, qui vient rendre encore
plus fort... Parce que je pense que la ministre a la volonté de vouloir avoir
un projet de loi qui va venir, une fois pour toutes, donner un corps, dans le
fond, à la réflexion de la liberté académique, ce avec quoi je suis d'accord.
Où je suis surprise, c'est de savoir qu'on le fait parce qu'on a entendu une partie,
mais on ne veut pas donner tout l'équilibre. C'est là où je trouve qu'il y a un
déséquilibre, à ce moment-ci, si on y va ainsi.
Puis j'ai lu quand même... je suis allée
voir pour l'article 4, je comprends, je comprends ce vers quoi la ministre... vers
quoi elle veut m'amener. Cependant, je pense qu'il faut, à un moment donné,
venir asseoir certains principes, et celui-là est complètement... selon moi,
est complètement absent, et a été demandé, pas uniquement par les syndicats, je
tiens quand même à le rappeler, là, ici, pas uniquement par les syndicats, et
je pense qu'on devrait faire un peu de travail pour ceux et celles qui sont sur
la première ligne, je dirais ça ainsi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Moi,
j'ai l'impression <que les vertus, mettons...
Mme Melançon :
...sont
sur la première ligne, je dirais ça ainsi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti :
Oui.
Moi, j'ai l'impression >que les vertus, mettons, de ce projet de loi là...
puis que ça va avoir l'impact de le faire sur la liberté universitaire, je ne
pense pas que ça va influencer beaucoup des grosses compagnies susceptibles de
faire des poursuites-bâillons envers des professeurs ou des chercheurs, hein, tu
sais, je ne pense pas que ça va faire ça. Eux autres, si en plus ils savent que
les professeurs ne sont pas protégés puis qu'en plus ils savent qu'en
subventionnant des universités, bien, ils se donnent encore plus de chances que,
si jamais... de museler, en fait, les professeurs, parce qu'ils savent qu'il va
y avoir des répercussions s'ils les critiquent, parce que tu ne mords pas la
main qui te nourrit, bien, si on ne fait pas ça, ils vont continuer à le faire.
Et j'aimerais savoir quel est l'argument,
disons, juridique, là, que vous avez évoqué tantôt, qui vous... qui fait que
vous dites : C'est complexe, juridiquement, de faire ça, donc on ne le
fait pas. J'aimerais ça plus comprendre la raison pour laquelle ça poserait
problème, selon vous, d'y aller avec une clause comme ça, qui oblige
l'université à prendre fait et cause pour ses membres en cas de
poursuite-bâillon.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
écoutez, je pourrais, Mme la Présidente, peut-être donner la parole à un
juriste, là, qui est avec nous, Me Hébert, pour expliquer davantage, d'un point
de vue juridique, là, cet élément-là, pour que ce soit vraiment entendu d'un
point de vue juridique.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que j'ai le consentement pour que Me Hébert puisse prendre parole? Consentement?
Donc, Me Hébert, si vous voulez bien vous...
bien, vous présenter, votre titre, et ensuite nous... prendre la parole.
M. Hébert (Martin) : Martin
Hébert, je suis avocat au ministère de la Justice.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Hébert (Martin) : Bien,
en fait, l'obligation... la protection est déjà prévue. L'obligation est prévue
à 1453 du Code civil, où on dit que le commettant est tenu de réparer le
préjudice causé par la faute de ses préposés. C'est un petit peu différent de
l'obligation de prendre fait et cause, où, dans le cas de l'obligation de
prendre fait et cause, c'est l'établissement qui a une obligation envers son
employé de le défendre, alors qu'à 1453 c'est mieux que ça, on a un recours
direct envers l'établissement, on n'est pas obligés de... Quant à moi, la
protection existe déjà.
À savoir si... Certainement que, dans la
proposition de sous-amendement, moi, ça me soulève des questions d'ordre
juridique, là... Je serais plutôt porté à me poser des questions sur le libellé,
de qu'est-ce que ça implique, c'est quoi, là, qui a été envisagé, parce que ce
n'est quand même pas anodin de prévoir ces... une obligation aussi lourde que
ça envers un établissement d'enseignement. Alors, je pense que le choix a été
de s'en remettre au droit commun pour régler ces choses-là. D'ailleurs, il y a
comme beaucoup de jurisprudence, beaucoup de doctrines qui sont déjà... qui
encadrent bien, quand même, là, cette responsabilité-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Alors,
ce que je comprends, c'est que vous dites : Il y a déjà une protection
encore mieux que ça, pas besoin d'en rajouter une autre. Pourriez-vous nous
l'expliquer, mais en version «pour les nuls», là? Qu'est-ce qui protège plus...
Non, mais, je veux dire, vraiment simplifier, comme quelqu'un qui n'a aucune
notion de droit.
La Présidente (Mme D'Amours) : Me
Hébert.
M. Hébert (Martin) : Bien,
je ne saurais pas trop quoi répondre. Je vous dirais que 1463 est suffisant.
Rendu là, ça devient une question d'opportunité. Moi, j'ai... Je ne suis pas
député, je ne suis pas... Moi, ce que je vous dis, c'est qu'en droit ça existe
déjà. Le choix a été de ne pas l'élargir ou de ne pas aller en dehors de ces
sentiers-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Monsieur....
M. Zanetti : ...clarifier
ma question. Dans le fond, l'article que vous citez, qu'est-ce qu'il dit,
exactement, puis qu'est-ce qu'il a comme conséquences concrètes là, en prenant
pour acquis qu'on ne le connaît pas?
La Présidente (Mme D'Amours) : Me
Hébert.
M. Hébert (Martin) : Bien,
je vous dirais que... Bien, moi, je... C'est un peu particulier, parce qu'on
discute de votre... du sous-amendement de la députée. Moi, j'aurais plutôt envie
de poser des questions sur le sous-amendement pour pouvoir bien conseiller ma
ministre, là. Ça fait que je ne sais pas si...
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
en fait, monsieur.... Me Hébert, il faudrait comprendre... il faudrait
répondre à la question du député de Jean-Lesage à savoir si, avec l'article que
vous mentionnez dans la loi existante, dans la loi...
M. Hébert
(Martin) :C'est le Code civil.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
...le Code civil, quelles sont les... La question du député <de Jean-Lesage...
>
16 h (version révisée)
<15399
La
Présidente (Mme D'Amours) :
...la question du député >de
Jean-Lesage... et, tu sais, est-ce que... de quelle façon la personne, à l'université,
peut se sentir en sécurité avec cet article-là de la loi. Puis après ça, bon,
on pourra demander à la députée de Verdun de répondre à vos questions pour
avoir une meilleure idée.
M. Hébert (Martin) : Encore
là, ça reviendrait un peu à une... je ramène ça un peu à une question d'opportunité,
dans la mesure où beaucoup de gens se contentent de la protection qui est
prévue à 1463. Maintenant, si on veut apporter quelque chose de plus, je pense
que ça ne m'appartient pas de décider ça, je vais laisser cette commission en
débattre.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : ...là, je n'essaie
pas de vous «squeezer», là, c'est vraiment qu'est-ce que... C'est quoi, la
protection à 1463? Qu'est-ce qu'elle dit, la... Qu'est-ce qu'elle fait?
Mettons, 1463, qu'est-ce que ça a comme effet concret? Quelle protection ça
offre, finalement?Parce que, dans le fond, si on remarque que ça offre
effectivement une protection plus grande que ce qui est proposé par l'amendement,
bien, ça va être satisfaisant, là. C'est juste qu'on ne le connaît pas, 1453...
bien, en tout cas...
Une voix : 1463.
M. Zanetti : 1463. Bon,
vous voyez, hein, je ne suis même pas capable de retenir le chiffre.
M. Hébert (Martin) : ...moi,
je pense que la façon qu'il est rédigé, il est très parlant. On dit, à 1463 :
«Le commettant est tenu de réparer le préjudice causé par la faute de ses
préposés — dans ce cas-ci, le commettant, c'est l'établissement, et
les préposés, ce sera sans doute, là, les employés qui seront des enseignants — dans
l'exécution de leurs fonctions...» Alors, c'est une obligation de... En fait,
même, c'est plus qu'une obligation de prendre fait et cause, c'est que, si vous
êtes un établissement d'enseignement, puis votre employé me cause un préjudice,
bien, je peux aller vous poursuivre directement, alors que, dans une situation
normale, je devrais poursuivre l'employé, puis l'employé, lui, pourrait,
disons, se retourner contre vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...voyons.
Pardon.Député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Je
comprends. J'ai l'impression, mais vous me corrigerez, là, que ça n'offre pas
la même protection que l'amendement qui est proposé. Parce que, dans le fond,
ici, ce que ça dit, c'est : le commettant — donc, mettons, l'université — doit
réparer les torts faits par un de ses employés, si on traduit, là. Ça fait que
ça, c'est, mettons : l'employé fait une faute qui fait des torts à quelqu'un,
cette personne-là poursuit. Mais mettons que, le préposé, ce n'est pas des
torts qu'il a faits à quelqu'un, mettons que le préposé, il a critiqué une
grosse compagnie minière ou il a critiqué un GAFAM, mettons, tu sais, il a
critiqué Google et Amazon parce qu'ils ont un projet dans sa communauté, bien
là, la poursuite-bâillon, dans le fond, c'est : la grosse compagnie vient
poursuivre, pas parce que le préposé... parce qu'il a fait des torts à quelqu'un,
juste parce qu'il a exercé sa liberté universitaire, puis moi, je veux que,
dans cette situation-là, l'université assure qu'elle le défend.
Mais je pense, en tout respect, là, que
1463, ça ne fait pas vraiment ça. Parce que, dans 1463, ça serait comme si
Amazon disait : Je poursuis l'université parce qu'un de ses professeurs m'a
causé un tort financier parce qu'il m'a critiqué, mettons qu'on fait les choses
vraiment de façon hypercaricaturale et grossière, là, mais ça ne serait pas ça,
ça serait plutôt : Amazon poursuit tel prof parce qu'il lui a fait de la
diffamation, mais là ce n'est peut-être pas vrai, il a juste dit des affaires
vraies, mais là, ah! les tribunaux en décideront, puis la personne a besoin de
protection juridique.
La Présidente (Mme D'Amours) : Me
Hébert.
M. Hébert (Martin) : Merci.
Je pense que... dans la disposition qui est proposée, je ne suis pas certain
que ça couvre le cas d'espèce que vous venez de me décrire, alors, dans la
mesure où il y a déjà une protection qui est prévue au Code de procédure civile
concernant les poursuites-bâillons, soit aux articles 51 à 53. C'est ce
qui permet à un tribunal d'intervenir très rapidement quand, sommairement, une
personne prétend, est capable de démontrer que... Peut-être que ça serait plus
simple que je vous dise l'article. La protection est prévue à 51, mais ça va
plus loin que ça, c'est que «si une partie établit sommairement que la demande
en justice ou l'acte de procédure peut constituer un abus, il revient à la
partie qui l'introduit — cette poursuite-là, c'est elle qui a le
fardeau de preuve — de démontrer que son geste n'est pas exercé de
manière excessive ou déraisonnable». Ça fait qu'il y a comme un renversement du
fardeau de la preuve qui s'opère. Ça fait que, pour les poursuites-bâillons, c'est
l'article 51 à 53 du Code de procédure civile qui s'applique. On n'est pas
dans... je pense qu'on n'est pas dans... exactement à la même place, là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, vous avez terminé?
M. Zanetti : Eh bien,
moi, oui. Je vais <laisser la place...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...M. le député, vous avez terminé?
M. Zanetti :
Eh
bien, moi, oui. Je vais >laisser la place.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui? Parfait. Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, il
y a beaucoup d'informations, là, qui entrent dans nos oreilles, puis le
légiste, c'est vous, là, donc je vais quand même... Mais, sur le Code civil, à
l'article 1463, qui date de 1991, dans l'affaire Maillé, ça existait, puis
pourtant on a eu un cas. Et c'est là où je trouve qu'il y a un flou. Il y a eu
un cas. Dans le Code civil, on avait quand même l'article, puis malheureusement
ça a créé une onde de choc. C'est là où je dis : Il y a quand même un
manquement. Si vous me dites : Bien, ça existe déjà, bien, moi, je vais
vous répondre : Bien, clairement, ça n'a pas fonctionné parce qu'on a eu
un cas au Québec. Et je tiens quand même à rappeler que la Loi sur la fonction
publique, qui, elle, date de 1983... donc, on est venus renforcer puis on est
venu ajouter dans le Code civil. Puis, même avec le Code civil, je trouve qu'on
n'arrive pas à nos fins, puisqu'on a eu l'exemple dont on parle depuis tout à
l'heure.
Alors, selon moi... Et là c'est vous le
légiste, là, s'il y a des problèmes avec la formulation qu'on a faite, moi, je
suis prête à dire : Bien, on va suspendre puis on peut peut-être
s'entendre, si la ministre est d'accord, avec le principe qui vient derrière
ça. Moi, je veux pouvoir voir apparaître dans le projet de loi l'équilibre de
tout ça. Est-ce qu'on doit reprendre? Est-ce qu'on doit moduler autrement? Moi,
je suis bien prête à en discuter avec la ministre. Mais clairement la réponse
qui m'est faite... puis ce n'est pas contre vous, maître, loin de là, mais,
quand même, si on me dit : Non, mais faites-vous-en pas, il y a déjà une
protection, bien, la protection, là, elle n'est pas parfaite, parce qu'on a eu
un cas et, clairement, on a une chercheure qui, malheureusement... avec du
temps, elle a eu gain de cause, mais tout de même, à ce moment-ci, je pense
que, si on est là pour venir encadrer, justement, la liberté académique, bien,
faisons-le pour ceux et pour celles qui l'exercent.
Et en fait et cause, là, si je regarde le
portrait que vous venez de dresser devant nous, bien, j'ai quand même un
immense doute. Et je suis d'accord avec le député de Jean-Lesage, lorsqu'il
dit : Je ne vois pas la même protection. Ce n'est pas... On voit la même
chose. Je pense que c'est difficile à nommer, parce que ça peut être complexe,
puis on pourrait arriver avec des exemples plus farfelus à chaque fois, mais je
pense qu'on doit quand même nommer quelque chose dans le projet de loi pour
être équitables, pour pouvoir démontrer qu'il y a eu... Puis, s'il faut qu'on
aille chercher quelque chose qui est déjà existant puis le ramener, je pense
que ça pourrait convenir. Mais force est de constater que le Code civil, avec
l'article 1463, n'a pas répondu à nos craintes, et, si on me dit que c'est
ça, la protection, bien, clairement, il y a une problématique avec la
protection, à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
interventions? Mme la ministre.
Mme McCann : Oui. Je
demanderais une suspension pour quelques minutes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 09)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente
(Mme D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Mme la
ministre.
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente.
Moi, je veux dire aux collègues de
l'opposition que je m'attendais à ce qu'on ait des discussions sur ce point-là,
c'est clair, et on en a eu beaucoup, je l'ai dit d'entrée de jeu, au sein du
ministère, avec nos Affaires juridiques, vous avez entendu notre juriste
là-dessus. Et évidemment je reviens avec l'argument que le gouvernement n'est
pas l'employeur des bénéficiaires de la liberté académique, contrairement à la
Loi sur la fonction publique. Ce n'est pas le même cadre, et on veut vraiment
faire attention de respecter l'autonomie des universités.
La question de la complexité aussi. Bon, les
conventions collectives, ça se négocie avec l'université. Il y a des éléments
là-dedans qui touchent à toute la question de prendre fait et cause. Et, là
aussi, ça se discute à l'intérieur des universités, je pense qu'il faut
respecter ça.
La complexité aussi, par exemple, des
contrats des chercheurs, chaque situation est différente, et on doit être
extrêmement prudents, comme législateurs, par rapport à cette question-là. Et
je réitère qu'on a eu vraiment... Ce n'est pas vraiment le point sur lequel on
a le plus discuté, au sein du ministère, avec nos Affaires juridiques aussi,
parce qu'on savait que c'est très sensible, mais on va créer un déséquilibre si
on le met dans la loi, dans le sens que j'explique, que je tente d'expliquer,
là, à mes collègues et à ceux qui nous écoutent, évidemment.
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, je
suis déçue, je vais le dire comme ça, là, je suis déçue, parce que, lorsqu'on
me parle de la convention collective, justement, moi, je l'amenais, justement,
pour qu'il y ait une certaine équité. Alors là, la réponse vient me dire :
Oui, mais là ça va dépendre quand même de chacune des conventions <collectives
pour...
Mme Melançon :
...réponse
vient me dire : Oui, mais là ça va dépendre quand même de chacune des
conventions >collectives pour... il faut rester prudents. Bien, devant
cette prudence à sens unique, je dirais ça ainsi, je trouve qu'on est en train
de tourner un peu autour du pot.
D'ailleurs, dans la Loi sur les
infrastructures, là, la loi qui encadre la SQI, si on va à l'article 79,
qui a été apporté en 2013, on lit ceci : «Si un membre du personnel de la
société est poursuivi en justice par un tiers pour un acte qu'il a posé ou omis
de poser dans l'exercice de ses fonctions, la société prend fait et cause pour
lui, sauf si celui-ci a commis une faute lourde.» Si on l'a amené, en plus, en
2013, c'est probablement parce qu'il y avait un problème aussi ailleurs.
Pourquoi est-ce qu'on est capables de l'amener dans la loi de la SQI, mais
qu'on n'est pas capables de l'amener dans une loi où on va parler de liberté
académique, sous prétexte... sous prétexte que, dans le Code civil, il y a
l'article 1463? L'article 1463, de 1991, était existant, mais on l'a
mis quand même dans une loi pour la SQI.
C'est là où moi, je n'adhère pas, je vais
dire ça comme ça, dans le fond, à ce que vous me servez aujourd'hui. Moi, je
trouve qu'on manque une occasion, justement, de venir encadrer, de mettre,
comme législateurs, notre pouvoir, parce que c'est un pouvoir de législation
que nous avons ici, où on pourrait justement venir bonifier le tout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions?
Mme McCann : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, Mme la ministre.
Mme McCann : Mme la
Présidente, simplement dire que la SQI, c'est aussi un organisme gouvernemental,
c'est le gouvernement qui régit. Donc, je reviens toujours à mon point que, le
gouvernement, il y a une autre étape, là. L'université est l'employeur des
bénéficiaires de la liberté académique universitaire. Ce n'est pas le même
contexte, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Bien, moi
aussi, j'exprime ma déception, mais en même temps je ne l'exprimerai pas tout
de suite parce que d'un coup que ce que je dise là change la donne. Ça se peut,
hein? Je choisis l'espoir.
Vous savez, ici, les députés, on a un
privilège parlementaire qui fait que, quand on dit des affaires au salon bleu,
là, bien, si on se fait poursuivre, l'Assemblée nous défend. Et, s'il n'y avait
pas ça, il y a bien des affaires qu'on ne dirait pas, qu'on ne se sentirait pas
la liberté de dire. Et, moi, ce que je vois ici, là, dans l'amendement qui est
proposé, c'est justement l'équivalent... un peu quelque chose qui ressemble à
ça pour la communauté universitaire, c'est-à-dire, quand, dans l'exercice de
vos fonctions, vous critiquez du monde, vous dites des choses... Évidemment, il
faut que ce soit vrai, là, tu sais, il faut que ce soit appuyé, puis tout ça,
là, leur réputation puis leur emploi en dépendent, de leur rigueur, de leur
crédibilité, mais, quand tout ça est là, si jamais quelqu'un essaie de vous
poursuivre, on va vous défendre. Bien, ça, ça, c'est un vrai signal.
Quand il y a eu, dans les médias,
l'expression de la communauté universitaire de l'Université Laval, là, du fait
qu'ils n'étaient pas à l'aise par rapport à ce qui se passait avec Laurentia,
n'étaient pas à l'aise de critiquer le projet parce que le port de Québec
finançait l'université ou, en tout cas, des recherches, bien, ce qu'ils
disaient, essentiellement, c'est : Il y a un problème dans la situation
actuelle, les gens ne se sentent pas libres. Donc, peut-être qu'il n'y a pas
beaucoup de poursuites-bâillons parce que, justement, le monde, en amont, ils
se censurent. Alors, moi, je trouve que ce serait plate qu'il n'y ait rien dans
le projet de loi pour ça, qui est une menace extrêmement grande, qui est une
menace énorme, qui est probablement la pire menace à la liberté académique
qu'on vit puis que la communauté universitaire vit en ce moment.
Alors, on pourrait peut-être, là, si vous
voulez suspendre, réaménager, faire un amendement qui correspondrait davantage
au paramètre légal du reste de l'ensemble de la loi, mais l'important, ce
serait qu'on atteigne l'objectif, c'est-à-dire que les gens se sentent
protégés, sentent qu'ils peuvent faire presque comme un député au salon bleu,
là, puis dire toutes sortes de choses et que... qui sont vraies, évidemment,
mais qu'ils vont être protégés puis que les gens ne les poursuivront pas, ils
ne pourront pas être poursuivis pour ça, ou ils vont peut-être être poursuivis,
mais ils vont être défendus.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
• (16 h 20) •
Mme McCann : Bien, il
faut se rappeler qu'il y a des règles d'éthique, de déontologie, aussi, qui
régissent les bénéficiaires de la liberté académique, là, qui... hein, je veux
dire, on n'est pas dans un vacuum, là. Mais moi, je pense que, comme l'esprit,
hein, de la commission Cloutier, les universités, avec... si le projet de loi <est
adopté, auront...
Mme McCann :
...commission
Cloutier, les universités, avec... si le projet de loi >est adopté,
auront à réfléchir à cette question-là. Ils auront une politique, si le projet
de loi est adopté, et ça pourrait être à l'intérieur de cette politique que
seraient discutées ces questions pour vraiment définir dans chaque université
le cadre, encore une fois, employeurs et bénéficiaires de la liberté
académique.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun, il vous reste 59 secondes.
Mme Melançon : Je vais
donc faire très vite. Est-ce que la ministre est prête à continuer à y
réfléchir, ou si j'ai une porte complètement fermée devant moi?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Malheureusement,
je pense que ce que j'ai répondu... Enfin, malheureusement ou, en fait,
réalistement, je devrais dire, ce que j'ai répondu, c'est à peu près... après
moult discussions, c'est à peu près ce que je peux répondre à mes collègues,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bon,
bien, donc, je comprends que la majorité de la banquette ministérielle va voter
contre ce sous-amendement. Je trouve ça dommage, on avait là une occasion de le
faire. Et, si on l'a fait avec la SQI, si on l'a fait avec plusieurs autres, je
trouve dommage qu'on ne puisse pas le faire pour le cadre universitaire. Que
voulez-vous, c'est ainsi. Mais je vais... à ce moment-ci, alors, je vais
demander le vote.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce que... Avant de demander le vote par appel nominal, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'autre sous-amendement, M.
le secrétaire, si vous voulez bien passer au vote nominal, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire : Mme McCann
(Sanguinet)?
Mme McCann : Contre.
Le Secrétaire : Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :Contre.
Le Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
Le Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
Le Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Contre.
Le Secrétaire : M. Zanetti
(Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Pour.
Le Secrétaire : Et Mme
D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons à l'amendement de la
ministre. Est-ce qu'il y a... Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vais
vous demander une courte suspension, j'ai un amendement à l'amendement de la
ministre, encore une fois, donc un sous-amendement, à proposer à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je vais demander à la députée de Verdun de nous lire
son sous-amendement, s'il vous plaît.
Mme Melançon : Merci, Mme
la Présidente.
Alors, à l'article 3 : L'amendement
proposé à l'article 3 est modifié par l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant :
3° ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
«Le droit à la liberté académique
universitaire a préséance sur la notion de devoir de loyauté.»
Alors, en commentaire, Mme la Présidente,
à la toute fin, on vient simplement ajouter «le droit à la liberté académique
universitaire a préséance sur la notion de devoir de loyauté», comme on l'a
entendu passablement lors des consultations sur le dossier et comme je l'ai lu,
parce que je n'étais pas aux consultations, donc je n'ai pas pu entendre, mais
j'ai lu à plusieurs reprises cette demande qui est importante.
Et je tiens à le rappeler, là, il y a la
FREUQ, là, CSQ, justement, qui, dans son mémoire, en page 3… permettez-moi
de citer, si vous me donnez l'occasion, Mme la Présidente, donc : «Dans l'article 3
du projet de loi, qui énonce que le droit à la liberté académique comprend le
droit de critiquer la société, des institutions, des doctrines, des dogmes et
des opinions, plusieurs ont soulevé le fait que la formulation de cet
alinéa...» Donc, on parle de l'article 3 avant amendement de la ministre.
J'ai levé les yeux pour regarder la ministre, et lui faire mon plus beau des
sourires, et j'ai perdu ma ligne. Alors : «...plusieurs ont soulevé le
fait que la formulation de cet alinéa portait à confusion par sa forme et qu'elle
manquait aussi de précision, plus particulièrement quant au volet portant sur
la critique des institutions.»
Alors, si on va plus loin, là :
«Soyons clairs, sauf situé à l'intérieur de certains barèmes légaux bien précis
normalement définis par la jurisprudence, le devoir de loyauté ne devrait en
aucun cas avoir préséance sur le droit à la liberté académique dans une
institution universitaire, et ce, même si l'exercice de ce droit va à l'encontre
du devoir de loyauté. L'inverse irait tout simplement à l'encontre de la nature
même de ce qu'est une université.»
Alors, je pense qu'ici on doit venir
asseoir tout de même... parce que la loyauté, comme vous le savez sûrement, Mme
la Présidente, je pense que… bien sûr que c'est important, mais on doit
toujours pouvoir parler des libertés académiques dans tout ça. Et, si on
revient, donc, à mon amendement, ce qu'on veut, c'est vraiment que la liberté académique
universitaire puisse avoir préséance sur ce devoir de loyauté qui est encadré
dans différentes lois. Et donc j'ai donné, ici, la FREUQ-CSQ en exemple, il y a
le FQPPU, aussi, qui en a parlé, on l'a entendu à plusieurs endroits.
Et hier, pour ceux qui étaient au salon
bleu et qui ont peut-être entendu un excellent discours de ma part — vous
voyez, on le fait avec humour, on est capables de travailler avec de l'humour — je
rappelais que le Bureau de coopération interuniversitaire, qui est, donc, formé
par les recteurs des universités, reconnaît le droit à la critique de l'institution
et n'a pas évoqué d'objection à ce que ce soit précisé dans le projet de loi.
Donc, le BCI est déjà ouvert à cette possibilité. Je pense que c'est bien de
venir asseoir le tout et de faire justement... bien, de faire le point sur un
concept qui est ô combien important pour la Loi sur la liberté académique. On
le dit dans le titre, donc je pense que de donner préséance à ce droit, c'est
très important.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Mme la ministre.
• (16 h 40) •
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Bien, je pense que, d'autant plus... La
députée de Verdun mentionne le BCI, puis effectivement l'amendement que nous présentons
aujourd'hui, on dit bien : Le bénéficiaire de la liberté universitaire…
académique universitaire a le droit d'exprimer... la liberté d'exprimer son
opinion sur la <société...
Mme McCann :
...sur
la >société et sur une institution, y compris l'établissement duquel il
relève. Effectivement, le BCI est à l'aise avec ce qui est, disons, le principe
que nous invoquons dans l'amendement que nous présentons. Le BCI est très clair…
a été très clair là-dessus.
Quant à l'amendement… ou le
sous-amendement présenté par la députée de Verdun, bien là, vraiment, c'est une
question d'équilibre. Et, encore une fois, comme je le disais précédemment, ce
sont des situations complexes qui doivent être évaluées, analysées au cas par
cas. Alors, il y a le Code civil, évidemment, avec l'obligation de loyauté. Il
y aurait la loi, si nous l'adoptons, sur la liberté académique universitaire.
Donc, il va falloir considérer ces deux éléments lors d'analyse de situations,
mais il demeure, Mme la Présidente, que, si nous adoptons cette loi au Québec,
c'est évident que la liberté académique universitaire va être considérée dans
toutes ces situations-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien,
j'en pense que ce que dit la ministre, je suis d'accord avec elle, à
l'article 3, avec l'amendement, mais il n'y a rien qui empêche, avec
l'amendement qui est déposé par la ministre, actuellement… et qui rend
impossible d'évoquer la préséance de ce droit.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Et je pense
que la difficulté, c'est, encore une fois, que chacune de ces situations est
unique et que le législateur doit l'analyser avec les lunettes de la loi, si
elle est adoptée, sur la liberté académique universitaire et avec le Code civil
et juger de la situation. Donc, par principe, on a deux lois dont le
législateur doit tenir compte, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, je
trouve ça chouette que la ministre parle, à ce moment-ci, d'équilibre parce que,
depuis tout à l'heure, c'est ce que j'essaie d'amener dans mes sous-amendements,
qui sont rejetés à chaque fois et pour lesquels la banquette ministérielle vote
contre. Je pense que, justement, cet équilibre-là ne peut pas être pris à
variation... à géométrie variable, en tout cas. Je pense qu'ici, de pouvoir… Et,
je le répète, là, ce n'est pas une demande que je fais, c'est une demande qui a
été faite par plusieurs. Et d'ailleurs le FQPPU, lui, disait, en pages 16
et 17 de son mémoire, là — je ne veux pas faire d'erreur :
«C'est pourquoi la FQPPU a proposé à la commission Cloutier qu'une protection
adéquate de la liberté académique doit comprendre l'obligation des
établissements d'enseignement...»
Là, c'était de prendre fait et cause pour
les professeurs, et on arrivait plus loin, justement, avec la proposition de la
FREUQ, et c'est pour ça qu'on appuyait ces deux demandes, prendre fait et cause
dans l'équilibre, et, à ce moment-ci, lorsqu'on parle de la loyauté, en tout
cas, de ce devoir de loyauté, d'arriver, là aussi, avec l'équilibre. Je pense
que c'est le député de Jean-Lesage, tout à l'heure, qui disait : Tu ne
dois pas mordre la main qui te nourrit. Bien, je pense que, là, justement, on
doit pouvoir remettre en cause, parfois… Puis on me glissait à l'oreille
l'exemple de la nutritionniste qui était allée critiquer ce qu'on servait dans
la cafétéria de son université en disant : Bien, si on veut être en droite
ligne de pensée, puis d'enseigner quelque chose, puis vouloir le mettre en
pratique, encore faut-il que l'employeur, à ce moment-ci, puisse prendre ses
responsabilités.
Alors, pour moi, c'est pour ça que j'avais
annoncé, hier, que, du côté du Parti libéral du Québec, on appuyait la demande
faite par la FREUQ-CSQ et par les différents autres intervenants qui sont venus
nous voir à cet effet. Je pense qu'on a besoin d'équilibre et je ne crois pas,
je ne crois pas, que l'amendement de la ministre rend impossible, justement,
d'évoquer, à ce moment-ci, donc, préséance d'un versus l'autre. Je pense que,
justement, si on veut <parler d'équilibre...
Mme Melançon :
...si
on veut >parler d'équilibre… Et elle me... La ministre me met des mots
dans la bouche, qui me conviennent tout à fait, parce que je pense qu'ici on a
besoin d'équilibre et je ne crois pas que, tel que rédigé — et c'est
la même chose pour prendre fait et cause — qu'à ce moment-ci on soit
dans l'équilibre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Mme la
Présidente, je vais vous demander une suspension de quelques minutes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
17 h (version révisée)
(Reprise à 17 h 08)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Écoutez, alors, je pense que mes collègues
voient à quel point on prend soin de faire toutes les vérifications quand il y
a un sous-amendement, là, qui nous est proposé. Puis on sait que la question
est importante et effectivement on doit dire, après les vérifications, qu'on
maintient l'amendement, Mme la Présidente, que nous avons présenté. C'est une
question, encore une fois, d'équilibre. Peut-être qu'on n'est pas tout à fait d'accord,
ma collègue et moi, sur ce qu'on comprend de l'équilibre, là, dans le cadre...
et je le respecte, ça aussi, beaucoup, mais effectivement on sait qu'avec l'amendement
qu'on présente, en y ajoutant, là… incluant l'établissement, je veux avoir la
bonne formulation, y compris… duquel il relève, on vient renforcer cette notion
de liberté académique universitaire, la possibilité pour le bénéficiaire de la
liberté académique de critiquer son propre établissement. Alors, je dois dire
que nous allons maintenir, Mme la Présidente, l'amendement que nous avons
déposé, voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Eh bien,
j'ai deux questions, dans le fond. Est-ce que ce sont les légistes, à ce
moment-ci, qui nous disent que c'est impossible de le faire ou si c'est une volonté
ministérielle qui nous empêche de le faire?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
• (17 h 10) •
Mme McCann : Je pense qu'il
y a une implication, dans le sous-amendement qui est présenté par ma collègue,
qui… un déséquilibre. De donner la préséance à la liberté académique versus le
devoir de loyauté peut créer un déséquilibre dans l'interprétation de ce
sous-amendement, et c'est ce qui nous préoccupe, et on ne voudrait pas créer ce
déséquilibre. On pourrait faire une <autre proposition, Mme la
Présidente...
Mme McCann :
...faire
une >autre proposition, Mme la Présidente, pour renforcer la position… On
pourrait ajouter... On pourrait modifier notre amendement pour ajouter quelque
chose qui parle de la censure institutionnelle. On pourrait, à ce moment-là,
parler de... dans la… si vous me le permettez, Mme la Présidente, parler d'un
nouvel amendement qu'on pourrait... ou modifier notre amendement qui a été
déposé, mais je vais attendre. Mais ce que je vais dire à ma collègue pour être
claire, c'est qu'on pourrait ajouter une mention qui fait allusion clairement à
la censure institutionnelle.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : On est
fait pour s'entendre, Mme la ministre, et il y a quelque chose là qui me… qui commence
à... mais, vous comprenez, parce que, pour l'équilibre... et je pense que vous
avez bien saisi ce que je tentais d'apporter, parce que, moi, ce que j'ai
besoin d'avoir comme garantie, c'est que, si un professeur venait à critiquer
son université, est-ce qu'on est capables de me donner en garantie qu'il ne
sera pas remis à l'ordre par l'université? Tel qu'écrit, là, je ne l'ai pas,
cette garantie-là. Moi, je veux avoir quelque chose, un supplément, un
supplément pour me permettre, justement, de dire : Bien oui, là il y aura
l'équilibre.
Et je vais le dire une fois, puis je ne le
répéterai pas à chaque fois que je vais déposer des amendements ou des
sous-amendements, et je le dis avec toute la transparence que les collègues me
connaissent, là, moi, je suis accompagnée d'un homme formidable, aujourd'hui,
qui s'appelle Dave McMahon, et cet homme formidable, c'est mon sous-ministre,
c'est mon légiste, c'est mon recherchiste, c'est mon... bien, la partie droite
et gauche de mon cerveau, souvent en même temps. Vous, vous avez une armée de
spécialistes avec vous, vous avez des juristes, vous avez les sous-ministres,
vous avez le ministère au complet, puis vous avez, en plus, accès à chacun des
ministères. Moi, là, tout ce monde-là, il se retrouve ici, à ma gauche, et...
J'aime ça quand tu rougis comme ça, Dave, ça te va à merveille. J'aime le
rouge, je pense que les gens le savent.
Cela étant dit, je le fais avec le
sourire, mais ce que je veux surtout souligner à la ministre, c'est… s'il y a
un amendement qu'on doit réécrire pour pouvoir rendre le tout… Moi, là, très,
très, très ouverte, là, je ne suis pas pointilleuse, moi, c'est sur le
résultat, c'est là-dessus où on doit, bien sûr, travailler tout le monde
ensemble. Alors, si la ministre a un sous-amendement à son amendement à
déposer, je vais recevoir le tout avec beaucoup, beaucoup de plaisir, sans quoi
on pourra le regarder. On peut même faire une petite suspension si on veut
tenter de s'entendre sur quelque chose pour gagner en efficacité et en temps,
et ça me fera plaisir. Et je ne sais pas si la ministre peut elle-même
sous-amender son amendement, là, c'est… Donc, je serais même prête à déposer
son sous-amendement, si besoin s'en fait sentir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, en
fait, je vais rendre ça plus simple. Je vais retirer mon amendement et je vais
en déposer un, nouvel amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mais
nous sommes toujours sur le sous-amendement de la députée de Verdun. Alors,
est-ce qu'il y a des interventions sur le sous-amendement, encore une fois?
Oui?
Mme Melançon : Bien, Mme
la Présidente, je pourrais même retirer, à la lumière de ce que vient de dire
la ministre, mon sous-amendement pour pouvoir permettre à la ministre d'arriver
avec son nouvel amendement, et on pourra en discuter par la suite.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien
sûr, vous avez commencé en disant votre phrase... vous avez commencé votre
phrase en disant «je pourrais». Est-ce que c'est votre volonté?
Mme Melançon : Alors, je
voudrais.
La Présidente (Mme D'Amours) : J'ai
besoin du consentement pour retirer le sous-amendement de la députée de Verdun.
Est-ce qu'il y a consentement? Consentement. Merci.
Donc, nous revenons à l'amendement de la
ministre, et, Mme la ministre...
Mme McCann : Oui, je le
retire, Mme la Présidente, et je vais déposer un nouvel amendement. Je me
tourne vers mon équipe pour voir s'il est prêt. Ce ne sera pas long.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je vais commencer en demandant le consentement pour retirer l'amendement de la
ministre. Merci, consentement.
Et je vais suspendre les travaux afin que
l'équipe ministérielle... l'équipe, pardon, de la ministre puisse nous
soumettre un nouvel amendement.
Donc, je suspends les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à
17 h 27)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Et, Mme la ministre, vous avez déposé un
nouvel amendement, et nous aimerions que vous nous en fassiez la lecture, s'il
vous plaît.
Mme McCann : Merci, Mme
la Présidente.
Alors, voici : «3. Le droit à la
liberté académique universitaire est le droit de toute personne d'exercer
librement et sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale, telle la
censure institutionnelle, une activité par laquelle elle contribue à l'accomplissement
de la mission d'un établissement d'enseignement.
«Ce droit comprend la liberté :
«1° d'enseignement et de discussion;
«2° de recherche, de création et de
publication;
«3° d'exprimer son opinion sur la société
et sur une institution, y compris l'établissement duquel il relève, ainsi que
sur toute doctrine, dogme ou opinion;
«4° de participer librement aux activités
d'organisations professionnelles ou d'organisations académiques.
«Il doit s'exercer en conformité avec...»
«Il doit s'exercer — pardon — en
conformité avec les normes d'éthique et de rigueur scientifique généralement
reconnues par le milieu universitaire et en tenant compte des droits des autres
membres de la communauté universitaire.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement de la ministre? Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci.
Alors, comme je le disais juste avant cette courte suspension, on sent bien, là…
dans l'équilibre, on y est, puis je pense qu'on a quelque chose… J'aimerais
simplement entendre de la ministre à quoi elle relie la censure
institutionnelle, à ce moment-ci. Est-ce que c'est la contrainte qui est
doctrinale, idéologique ou morale?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui. Alors,
Mme la Présidente, il faut relier «telle la censure institutionnelle» à la
contrainte. Alors, on parle de : «sans contrainte», «telle la censure
institutionnelle».
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, amené
comme ceci, je pense qu'il est clair que le législateur… À ce moment-ci, on
donne une direction, parce que, quand il y a plusieurs... quand il y a
plusieurs adjectifs comme ceux-ci… mais je veux juste pouvoir m'assurer qu'on
va le relier… donc, sans contrainte aucune, donc, «telle la censure
institutionnelle». Donc, c'est bien ce que je comprends. Alors, moi, pour cette
première partie, je crois qu'on commence à toucher à l'équilibre, là, et je
remercie vraiment la ministre de son ouverture, à ce moment-ci.
Est-ce que, Mme la Présidente, on peut
continuer avec ce que comporte et comprend le droit de la liberté… À ce
moment-ci, est-ce qu'on peut continuer, dans l'amendement… parce qu'on ne l'a
pas regardé du tout, là, depuis... bien, depuis tout à l'heure… depuis une
partie de l'après-midi, du moins, on a travaillé…
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mais
on est toujours sur l'amendement, ça fait que, si vous avez <des commentaires…
>
17 h 30 (version révisée)
<15399
La
Présidente (Mme D'Amours) :
...si vous avez >des
commentaires à formuler, c'est le moment.
Mme Melançon : Extraordinaire.
Alors, j'aimerais simplement savoir... Parce qu'il y a quand même du travail
dans la définition, je dirais ça, ici. On est allés rechercher ce que la
commission Cloutier avait déposé, qui faisait consensus, et ce sur quoi nous
nous étions éloignés pour des raisons, bien, qui appartiennent au ministère,
bien entendu. Est-ce que c'est les quatre points? Parce que, là, je n'ai pas
fait un copier-coller, là, mais est-ce que c'est intégral à ce que les gens de
la commission Cloutier avaient déposé?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui, c'est
intégral, Mme la Présidente, on a simplement déplacé, tel que je l'ai
expliqué... en fait, tel que je souhaite l'expliquer à ma collègue, la question
de la censure, qui était à un autre endroit dans la définition de la commission
Cloutier, on a préféré le mettre dans le premier libellé de cet article pour
que ce soit plus global.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je
sais... lors de... puis je suis allée le rechercher, là, tout à l'heure, à l'intérieur
du mémoire de M. Lampron, M. Lampron avait fait aussi une addition au
5°, là, «de participer sans contrainte au fonctionnement de l'université, dans
le cadre de sa gestion collégiale». J'aimerais simplement... J'imagine que, du
côté de la ministre, on s'est penchés sur la possibilité, peut-être, d'ajouter
ce 5°, comme le proposait M. Lampron. J'aimerais simplement entendre la
ministre, à savoir pourquoi est-ce qu'on n'a pas retenu ce cinquièmement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, là aussi,
je pense que ça fait appel à l'autonomie des universités. Et je suis tout à
fait en accord avec cette gestion collégiale qui existe dans nos universités,
mais, comme j'expliquais tout à l'heure, l'autonomie des universités leur donne
toute la latitude par rapport à cette question de gestion.
Mais je comprends que ça a été amené par
des partenaires, parce qu'effectivement, dans le milieu universitaire, il y a
beaucoup de collégialité, mais je pense qu'il faut laisser à chaque université
la latitude sur cette question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, j'entends
la ministre et je la remercie, justement, pour cette réponse-là. Je vais le
dire, souvent les gens pensent qu'on est uniquement là pour se critiquer
mutuellement, là, au salon bleu, à la période des questions. Il y a autre chose
dans notre projet de vie lorsqu'on fait de la législation. Et je tiens à
remercier la ministre d'avoir entendu, dans le fond, ce que les gens
demandaient. Que ce soit de la partie syndicale, la partie patronale, je pense
aux recteurs, notamment, que ce soit pour les professeurs, les chargés de
cours, bref... les étudiants, il ne faut pas les oublier, je pense que la
ministre a fait le bon choix que d'avoir accepté, dans le fond, les critiques
qui sont venues avec le dépôt du projet de loi, mais d'avoir fait le travail
pour revenir là où il y avait un consensus complet. Je tiens à la féliciter
pour cette ouverture-là.
Je sais qu'il y avait eu des échanges avec
la députée de Marguerite-Bourgeoys, d'ailleurs, à ce sujet, et je vois que ça
reflète exactement les discussions que vous aviez eues. Je n'ai pas tout, tout,
tout le résumé, mais, quand même, je tiens à mentionner que ça va vraiment en
droite ligne avec les discussions qui avaient eu lieu et avec aussi les
attentes des gens qui sont venus nous parler lors de la commission
parlementaire.
Alors, pour moi, tel que rédigé, avec le
droit qui comprend la liberté d'enseigner et de discussion, de recherche, de
création — hein, le mot «création» est réapparu — et de
publication, d'exprimer son opinion sur la société, sur une institution, y
compris l'établissement duquel il relève, ainsi que toute doctrine, dogme ou
opinion, et, quatrièmement, de participer librement aux activités d'organisations
professionnelles ou d'organisations académiques, pour moi, on revient en droite
ligne avec ce que les différents groupes nous avaient demandé, et, tel qu'amendé,
avec l'ajout, bien sûr, de la censure institutionnelle, en ajout au début de <cet...
Mme Melançon :
...l'ajout,
bien sûr, de la censure institutionnelle, en ajout au début de >cet article-là,
je suis ravie de voir qu'on a pu bien écouter, mais de bien entendre aussi — parce
qu'il y a une différence entre les deux — et d'avoir été capable de
remettre sur papier le tout, pour moi, c'est tout à fait convenable, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de l'article 3?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je
serais prêt à mettre aux voix l'amendement. Oui, Mme la députée.
Mme Melançon : Je vais
vous demander un vote par appel nominal, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Merci.
M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme McCann (Sanguinet)?
Mme McCann : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
: M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Pour.
Le Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Melançon
(Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire
: Et Mme
d'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, l'amendement, il est adopté.
Nous revenons à l'article 3 tel qu'amendé.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 3 tel qu'amendé?
Nous serions prêts à le mettre aux voix.
Donc, est-ce que l'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Melançon : Je vais
vous demander un vote par appel nominal cette fois-ci aussi, s'il vous plaît,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
M. le secrétaire, vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme McCann (Sanguinet)?
Mme McCann : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
: M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Une voix : ...
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Pour.
Le Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Melançon
(Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire
: Et Mme
D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, l'article 3, tel qu'amendé, est
adopté.
Maintenant, nous sommes à l'article 4. Mme
la ministre, si vous voulez bien nous en faire la lecture, s'il vous plaît.
Mme McCann : Certainement.
Merci, Mme la Présidente.
Alors, article 4 : «Tout
établissement d'enseignement doit adopter, après consultation des membres de la
communauté universitaire, une politique portant exclusivement sur la liberté
académique universitaire.
«Cette politique doit notamment
prévoir :
«1° la constitution et la composition d'un
conseil ayant pour principales fonctions de surveiller la mise en oeuvre de la
politique, d'examiner les plaintes portant sur une atteinte au droit à la
liberté académique universitaire et, le cas échéant, de formuler des
recommandations concernant ces plaintes ou sur toute autre question relative à
la liberté académique universitaire;
«2° les règles de fonctionnement du
conseil visé au paragraphe 1°, notamment celles concernant les modalités
applicables au traitement des plaintes;
«3° les mesures et les sanctions
applicables en cas d'atteinte au droit à la liberté académique universitaire;
«4° la mise en place de mesures de
sensibilisation et d'information auprès de la communauté universitaire,
notamment celles visant à améliorer la reconnaissance et la protection de la
liberté académique universitaire;
«5° la mise en place d'outils pédagogiques
et de ressources pour assurer la promotion et le respect de la liberté
académique universitaire, dont un service-conseil.
«La politique ne peut avoir pour effet
d'empêcher que des idées et des sujets qui sont susceptibles de choquer soient
abordés à l'occasion d'une activité qui contribue à la mission universitaire ni
d'obliger qu'une telle activité soit précédée d'un avertissement lorsqu'elle
comporte un tel contenu.
«L'établissement doit transmettre sa
politique au ministre dans les 15 jours de son adoption et de toute
modification apportée à celle-ci.
«La politique est publiée sur le site
Internet de l'établissement.»
Et j'ai un amendement, Mme la Présidente.
Oh! excusez-moi, j'ai un commentaire.
Excusez-moi. Alors, l'article 4 du projet de loi oblige tout établissement
d'enseignement à adopter une politique portant exclusivement sur la liberté
académique universitaire et précise les principaux éléments que doit prévoir
cette politique, notamment la constitution et la composition d'un conseil ayant
pour principale fonction de surveiller la mise en oeuvre de la politique,
d'examiner les plaintes portant sur une atteinte au droit à la liberté
académique universitaire et, le cas échéant, de formuler des recommandations
concernant ces plaintes ou sur toute autre question relative à la liberté
académique universitaire.
Cet article précise également que la
politique ne peut avoir pour effet d'empêcher que des idées et des sujets qui
sont susceptibles de choquer soient abordés à l'occasion d'une activité académique
ni d'obliger qu'une telle activité soit précédée d'un avertissement lorsqu'elle
comporte un tel contenu.
Enfin, cet article prévoit que
l'établissement doit transmettre sa politique au ministre et la publier sur son
<site Internet.
Et je fais lecture, Mme la
Présidente...
Mme McCann :
...sur
son >site Internet.
Et je fais lecture, Mme la Présidente, de
l'amendement :
Au deuxième alinéa de l'article 4 du
projet de loi :
1° dans le paragraphe 1° :
a) remplacer «conseil» par «comité
représentatif de la communauté de l'établissement»;
b) supprimer «une atteinte au droit à»;
2° remplacer, dans le paragraphe 2°,
«conseil» par «comité»; et
3° supprimer, dans le paragraphe 3°, «et
les sanctions».
Cet amendement vise à remplacer le conseil
par un comité représentatif de la communauté de l'établissement et à supprimer
l'obligation que la politique détermine des sanctions en cas d'atteinte au
droit à la liberté académique universitaire. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vais
vous demander une courte suspension, Mme la Présidente, puisque j'ai un
sous-amendement à proposer, à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 17 h 56)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Mme la députée de Verdun, vous avez déposé
un sous-amendement. Est-ce que vous pourriez nous en faire la lecture, s'il
vous plaît?
Mme Melançon : Avec
plaisir, Mme la Présidente.
Alors, à l'article 4 : L'amendement
proposé à l'article 4 est modifié par l'ajout, après les mots «comité
représentatif de la communauté de l'établissement» des mots «, incluant
des étudiants, des dirigeants et des membres du personnel,».
Donc, pour ce qui est du commentaire :
«4. Tout établissement d'enseignement doit
adopter, après consultation des membres de la communauté universitaire, une politique
portant exclusivement sur la liberté académique universitaire.
«Cette politique doit notamment prévoir :
«1° la constitution et la composition
d'un comité représentatif de la communauté de l'établissement, incluant des
étudiants, des dirigeants et des membres du personnel, ayant pour principales
fonctions de surveiller la mise en oeuvre de la politique, d'examiner les
plaintes portant sur une atteinte au droit à la liberté académique
universitaire et, le cas échéant, de formuler des recommandations concernant
ces plaintes ou sur toute autre question relative à la liberté académique
universitaire;».
Vous comprendrez, Mme la Présidente, à ce
moment-ci, ce que nous souhaitions apporter ou aborder, à ce moment-ci, c'est
vraiment de pouvoir définir qui sont... qui est la communauté de
l'établissement. Et, dans le fond, on a fait un copier-coller, encore une fois,
ici, d'une loi déjà existante — et d'ailleurs c'est la FECQ qui nous
le rappelait dans ses dispositions — donc, c'est la Loi visant à
prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les
établissements d'enseignement supérieur, à l'égard du comité qui traite de la
politique à ce sujet. Donc, c'est un copier-coller au septième article, dans le
fond : «L'établissement d'enseignement forme un comité permanent composé
notamment d'étudiants, de dirigeants et de membres du personnel afin
d'élaborer, de réviser et d'assurer le suivi de la politique.» Alors, on a fait
un copier-coller, ici, pour pouvoir définir.
Souvent, malheureusement, dans nos lois,
comme ça, on évite de nommer, et, à un moment donné, il faut que les
responsabilités soient dûment inscrites, soit dûment comprises. Et, si on veut
faire partie d'une communauté, encore faut-il nommer le tout. Alors, c'est la
raison pour laquelle j'ai décidé de reprendre, à ce moment-ci, exactement ce
qui se retrouve dans la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à
caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur, qui existe
déjà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions sur le sous-amendement? Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Bien, j'entends ma collègue. Je pense
qu'on a quand même le même objectif, hein? Je pense que, là-dessus, on ne peut
pas le nier, là. Et c'est pour ça que l'amendement qu'on présente aujourd'hui,
Mme la Présidente, de parler non pas d'un conseil, mais d'un comité, ce qui a
été une demande de plusieurs groupes, un comité représentatif de la communauté
de l'établissement, «représentatif» a tout son sens. Alors, on le sait tous,
là, les personnes qui représentent la communauté universitaire, et donc ce
comité-là doit en être représentatif. Et on a choisi de ne pas nommer quelque
catégorie que ce soit pour, justement, laisser la latitude aux universités.
C'est toujours l'équilibre avec l'autonomie universitaire, pour nous, c'est
très important.
Mais, encore une fois, sur l'esprit, la
volonté du législateur, je pense qu'il faut comprendre que le mot «représentatif»
a tout son sens.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Oui, Mme la députée de Verdun.
• (18 heures) •
Mme Melançon : Bien, très
honnêtement, je... puis on ne s'entendra clairement pas là-dessus <parce
que...
>
18 h (version révisée)
<16779
Mme Melançon :
...bien, très honnêtement, je... puis on ne s'entendra clairement
pas là-dessus >parce que je ne pense pas que la Loi visant à prévenir et
à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement
supérieur venait à l'encontre du principe d'autonomie, et pourtant, là, c'est
nommé. Je pense que c'est bien que nous puissions nommer sans oublier de
partenaires pour éviter, justement, qu'il puisse y avoir, bien, des oublis, des
exclusions. Je pense qu'en le nommant… et c'est une volonté du législateur et
non pas de l'Exécutif, à ce moment-là, mais plutôt des législateurs, de vouloir
nommer qui sont représentatifs dans une communauté universitaire, comme ça a
déjà été fait… Je ne demande pas une nouveauté. Je ne suis pas dans du droit
nouveau, là, loin de là. Je pense que, comme c'est déjà... ça apparaît déjà, je
pense qu'il est assez simple, à ce moment-ci, de les nommer.
Puis, si la ministre souhaite aller avec
encore plus de prudence, on pourrait même y aller avec un «notamment, les
étudiants, les dirigeants et les membres du personnel». Il y a une ouverture,
bien sûr, de ma part, je l'ai déjà dit à micro ouvert. Si, dans… à l'intérieur
de ce que nous proposons, on peut s'entendre pour aller dans une direction, je
démontre beaucoup, beaucoup d'ouverture, mais je pense qu'à ce moment-ci il est
clairement et facilement possible de venir l'ajouter. Comme je le répète, on
est loin d'être dans du droit nouveau puisque ça se retrouve déjà dans une loi
du ministère de l'Enseignement supérieur.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires? Mme la ministre, oui.
Mme McCann : Oui. J'entends,
encore une fois, ma collègue. Je pense que je veux aussi expliquer comment on
veut ne pas oublier des groupes aussi, c'est notre préoccupation, mais j'entends
et je vais vous demander une suspension de quelques minutes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise à 18 h 10)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, merci,
Mme la Présidente.
Alors, après discussion, je dois dire que
je comprends la... je pense comprendre l'objectif du sous-amendement de ma
collègue. Et, juste <avant...
Mme McCann :
...juste
>avant qu'on prenne... qu'on suspende les travaux, ma collègue
mentionnait qu'elle pourrait modifier son sous-amendement par «notamment», ce qui…
ce qu'on serait très à l'aise. Je vais dire, toutefois, que... Je vais quand
même dire que l'amendement qu'on a présenté en disant «un comité», en écrivant
«un comité représentatif de la communauté de l'établissement», pour nous, dans
l'esprit du législateur, c'est clair que ça inclut tous les éléments nommés
dans le sous-amendement. Alors, c'est une forme, peut-être, d'une certaine
redondance, je vais le dire comme ça, et je voudrais avoir l'opinion de ma
collègue sur mon commentaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, je
vais commencer en remerciant, donc, la ministre de son ouverture. Pour moi, ce
n'est pas redondant, et je vais simplement expliquer… Comme c'est une demande
qui vient, notamment, des étudiants, donc, «notamment», il est là… des
étudiants, je pense qu'il est important qu'on puisse bel et bien l'inscrire à
ce moment-ci avec… plutôt qu'«incluant», je suis bien prête à changer pour un
«notamment», mais, qu'on puisse nommer les choses, je trouve ça intéressant.
Et, comme je le dis, dans le fond, ce
n'est pas du droit nouveau puisqu'on le retrouve déjà dans une autre loi. Et le
vrai droit nouveau, dans le fond, il vient à l'intérieur de l'article 4
lui-même, parce que, lorsqu'on cherche un comité représentatif, ça n'existe pas
nulle part. On a fait des petites recherches, là, avec Légis Québec, là, et on
ne le trouvait pas. Donc, pour moi, de pouvoir nommer avec un «notamment»,
bien, déjà, ça nous indique que ce comité représentatif là… Je pense qu'on va
un petit peu plus loin et je pense que ça envoie un signal, tout simplement. Ce
n'est pas que j'ai des doutes contre quelque groupe que ce soit, mais je pense
que cette volonté-là du législateur doit se retrouver… Et, si la ministre
accepte cette proposition-là, on va y aller avec un simple changement de mots,
à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
ce que j'entends, c'est que vous retirez ce sous-amendement et vous allez en
redéposer en mettant le mot «notamment».
Mme Melançon : On ne
peut rien vous cacher, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, j'ai besoin du consentement pour retirer le sous-amendement de la députée
de Verdun.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
D'accord, merci.
Et je suspends les travaux quelques
minutes afin que l'on puisse déposer... que vous puissiez déposer votre
sous-amendement corrigé. Merci.
Je suspends quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 14)
(Reprise à 18 h 20)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux.
Avec l'accord des collègues, je vous
demanderais de lire la phrase avec laquelle il y a un changement à votre sous-amendement.
Mme Melançon : Bien sûr,
Mme la Présidente.
Alors : L'amendement proposé à l'article
4 <est…
Mme Melançon :
...proposé
à l'article 4 >est modifié par l'ajout, après les mots «comité
représentatif de la communauté de l'établissement», des mots «, formé notamment
d'étudiants, de dirigeants et de membres du personnel,».
Donc, c'est fidèle à la discussion que
nous avons eue à micro ouvert il y a quelques instants à peine, et je pense que
ça reflète exactement la volonté et l'objectif qui est commun, je suis d'accord
avec la ministre, à ce moment-ci, de pouvoir permettre au comité représentatif
de la communauté de l'établissement, là... bien, de le nommer ainsi, comme ça
tout le monde sera rassuré, et en même temps ça démontre bien tout l'esprit de
communauté qui va pouvoir se retrouver à l'intérieur de ce comité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions sur le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'intervention, je vais
mettre aux voix le sous-amendement. Est-ce que le sous-amendement est adopté?
Oui, Mme la députée.
Mme Melançon : J'aimerais
bien obtenir un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Donc, M. le secrétaire, vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire
: Mme McCann
(Sanguinet)?
Mme McCann : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
: M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Pour.
Le Secrétaire
: Et Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, le sous-amendement de la députée de
Verdun est adopté.
Nous revenons à l'amendement tel
qu'amendé. Donc, est-ce qu'il y a des interventions ? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, mais,
vous allez voir, je vais aller en rafale, je vais dire ça comme ça, là, pour
que nous puissions, bien sûr, avancer. C'est des questions tout simplement pour
la bonne compréhension et pour voir, en même temps, ce que la ministre souhaite
de ce comité représentatif. Alors, avec la constitution et la composition du
comité, j'imagine que, ce comité-là, vous le souhaitez permanent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Effectivement,
oui.
Mme Melançon : Parfait,
parce qu'on ne retrouve pas le côté permanent du comité comme ça, mais
j'imagine que, dans un article... et là je ne suis pas légiste, alors je
regarde les légistes, là, mais j'imagine qu'on n'est pas obligés de l'indiquer
si c'est permanent, puisque c'est la volonté de la ministre. Je pose vraiment la question,
à ce moment-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, oui.
Mme McCann : Je pense
que c'est assez… Pour moi, à moins que les légistes aient d'autres opinions
là-dessus, mais c'est quand même assez clair que c'est une loi qui, si elle est
adoptée, doit être respectée. Cette loi prévoit une politique qui prévoit un
comité. Voilà, alors, pour moi, c'est assez clair.
Mme Melançon : Parfait,
extra. Mais c'est pour ça... Vous voyez, je ne suis pas là à vouloir vous
déposer quelque sous-amendement, là, à ce moment-ci, ce n'est pas là, mais je
voulais surtout bien comprendre si, dans la tête, ici, de la ministre, là, elle
voyait, bien sûr, un comité... et, si on n'est pas obligés de l'ajouter, c'est
bien ainsi. Et je sais que, la plupart du temps, les légistes ne veulent pas
qu'on utilise des mots superflus de façon trop répétée. Nous, les politiciens,
on parle beaucoup, et c'est pour ça que, parfois, on veut ajouter des mots, mais,
une fois que c'est... la compréhension est la même pour tout le monde de part
et d'autre, je pense que ça devient bien clair.
Je lis, à la fin de l'article 4, que «l'établissement
doit transmettre sa politique au ministre dans les 15 jours de son
adoption». Moi, ce que j'ai comme question, à ce moment-ci, c'est : Pour
la mise en place de cette politique-là, est-ce que la ministre a… Dans le fond,
dans le temps, là, est-ce qu'elle prévoit quelque chose?
La Présidente (Mme D'Amours) : Avant
de répondre, Mme la députée, nous sommes à l'amendement tel qu'amendé. Là, vous
posez une question sur l'article 4.
Mme Melançon : Ah! je
suis rendue dans l'article.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Est-ce que vous voulez que l'on termine avec l'amendement tel qu'amendé ? Est-ce que vous avez
d'autres commentaires?
Mme Melançon : Bien,
écoutez, comme on le disait, puis je pense que ça va rondement, là, je ne suis
pas à vouloir faire du temps ou quoi que ce soit, mais, comme tout était dans
tout, c'était plus en ce sens-là... Donc, vous, dans le fond, Mme la
Présidente, ce que vous me ramenez, c'est aller au paragraphe 1°, si j'ai... c'est
bien ça?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
fait, c'est l'amendement, tel qu'amendé, que la ministre a déposé. Donc, si
vous avez des commentaires… Sinon, on passerait au vote de l'amendement tel
qu'amendé et on reviendrait à l'article 4 tel qu'amendé. Ma <question,
c'est…
La Présidente (Mme D'Amours) :
...ma >question, c'est : Est-ce que… Si on revient à
l'amendement tel qu'amendé, est-ce que vous avez des commentaires?
Mme Melançon : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
allez-y.
Mme Melançon : Merci
beaucoup. Alors, j'ai bien compris qu'on a enlevé l'idée de conseil tel qu'il
était demandé et qu'on est revenus à un comité représentatif. Ça, ça me
convient.
Au troisième alinéa, donc, «les mesures», et
là on a retiré «et les sanctions». Est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui, Mme la
Présidente. Je pense que c'est parce qu'il y avait une sensibilité par rapport à
ce mot. Et nous, on considère que «les mesures», c'est très inclusif. Et,
encore une fois, c'est toujours le principe de la latitude, la latitude qui est
donnée aux universités de décider, parce qu'on le sait aussi, dans le
processus, là, puis je le rappelle rapidement, ces plaintes-là vont être
traitées dans les départements, là, au premier chef. C'est vraiment... Le
comité va être en dernier recours. Et on parle de mesures, mais une mesure,
encore une fois, c'est très inclusif, et donc ça peut être des sanctions, mais
ça peut être d'autres mesures aussi. Donc, on veut laisser toute la latitude
aux universités.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci.
Alors, ce que je comprends, c'est qu'on a mis «mesures» parce que ça peut
inclure des sanctions, donc, c'est ce que je comprends de la ministre. Et,
lorsqu'on parle de sanctions, est-ce qu'il y a de la jurisprudence ou… qui
s'est faite soit ici ou encore ailleurs sur la planète? Parce qu'on ne sera pas
uniques dans le processus qu'on est en train de regarder, là. Qu'est-ce qu'on
pense comme sanctions…
Est-ce qu'on peut me nommer des sanctions qui peuvent être des exemples assez
concrets?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, je
pense que… et on va voir avec nos juristes, mais je pense qu'on est assez
uniques, au Québec.
Une voix : …
Mme McCann : Non, on est
assez uniques en général. En fait, on fait quelque chose, avec ce projet de loi,
au Québec, qui est unique. On a regardé un peu partout à travers le monde
occidental, on va le dire, qu'est-ce qui se passait, et, au niveau de lois sur
la liberté académique universitaire, on sait qu'en Angleterre, actuellement, on
prépare un projet de loi, mais, sur l'application de sanctions dans le cadre
d'une loi — je vais me tourner vers mes juristes — je ne
crois pas qu'il y a beaucoup d'éléments qui pourraient nous éclairer. Alors, Mme
la Présidente…
La Présidente (Mme D'Amours) : Me
Hébert qui prend la parole…
M. Hébert (Martin) : Encore
une fois, j'imagine qu'il y a une certaine latitude quant au choix des mesures
qui pourraient être prises, les sanctions… comme ça, peut-être un blâme, mais
je ne pense pas que ça serait l'emprisonnement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Et là je
vais juste continuer, c'est parce que je... c'est important, là, à ce
moment-ci. Alors, si on y va, par exemple, et là je ne veux pas... je ne veux
pas qu'on puisse nommer… mais, si on y allait par un blâme, c'est un blâme qui
serait... c'est le comité représentatif qui déposerait un blâme? C'est pour ça…
d'où ma question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la
Présidente, c'est important de préciser que ce comité va faire des
recommandations, hein, va faire des recommandations à des instances
universitaires, alors d'autres instances vont prendre des mesures, à ce
moment-là. Ce sont des recommandations que feront... que va faire ce comité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Et les
autres instances... est-ce qu'on peut me nommer quelles sont les autres
instances à qui on va faire ces recommandations?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Par
exemple, un comité sur le harcèlement, ça pourrait être un exemple, ça pourrait
être des recommandations à un département. Ça pourrait être aussi ce type de
processus qui pourrait être utilisé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Compte tenu de l'heure, chers collègues, je vous remercie de votre
collaboration, et je suspends les travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 30)