(Neuf
heures cinquante-neuf minutes)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens
ouverte.
La commission est
réunie afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 1,
Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin
d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance et de compléter son développement.
Je souligne que cette
séance se déroulera à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me
trouve, et dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
• (10 heures) •
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Lévesque (Chapleau) est
remplacé par M. Thouin (Rousseau); Mme Picard (Soulanges) est
remplacée par M. Bachand (Richmond); M. Poulin (Beauce-Sud) est
remplacé par M. Lefebvre (Arthabaska); et M. Bérubé
(Matane-Matapédia) est remplacé par Mme Hivon (Joliette).
Mémoires
déposés
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Avant de débuter, je dépose les mémoires reçus
depuis la fin des consultations particulières des groupes suivants : le
Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région 03 et la
Fédération des chambres de commerce du Québec.
Remarques
préliminaires
Nous débutons avec
les remarques préliminaires. M. le ministre de la Famille, vous disposez de
20 minutes.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente, mais je serai beaucoup plus bref que ça.
D'abord, je veux vous saluer tous et toutes. Ça fait bien plaisir de vous
revoir, donc, particulièrement, bien sûr, la députée de Joliette, la députée de Sherbrooke et la députée de Westmount—Saint-Louis. D'ailleurs, on se croirait revenu en début de mandat, pratiquement, lorsqu'on a étudié le projet
de loi du curateur, parce que la députée de Westmount—Saint-Louis
est revenue dans ses anciennes fonctions. Donc, ça me fait, comme je le disais,
bien plaisir de voir, d'entamer ce projet de loi là.
En même temps, on
voit bien qu'on n'est plus non plus au début du mandat parce que le projet de
loi que j'ai déposé témoigne de tout le travail qui a été fait, notamment en
collaboration avec les gens sur le terrain, les gens de notre réseau.
Et d'ailleurs ce
projet de loi là, il est attendu avec impatience par les gens dans le réseau.
On a consulté, vous vous en rappellerez, le printemps dernier, consultations
qui ont été larges, autant au niveau des partenaires que des citoyens, et des
citoyennes aussi, qui avaient quelque chose à dire sur nos intentions, qui
avaient des idées et des suggestions également. Et, parce qu'on a écouté tout
ce monde là, bien, on arrive aujourd'hui avec cette étude détaillée et on vise, avec le projet de loi n° 1,
je vous le rappelle, à changer beaucoup de choses, notamment rapatrier
la gestion du guichet unique à l'intérieur
du gouvernement, resserrer les critères des politiques d'admission dans les
services de garde éducatifs à l'enfance qui
sont subventionnés par le gouvernement, alléger le quotidien des responsables
de services de garde en milieu familial, ça, c'était bien important pour
nous, encore plus important, bien sûr, pour elles, et, par le fait même,
harmoniser l'action des bureaux coordonnateurs.
Une
mesure à laquelle je tiens beaucoup, et je pense que c'est partagé par les
collègues, intégrer les personnes qui offrent de la garde non reconnue à
l'intérieur de notre réseau, donc, pour qu'ils puissent toujours offrir ce
service-là, mais qu'ils le fassent
dorénavant avec un permis, avec les mêmes standards de qualité et de sécurité
que les responsables de services de garde en milieu familial.
Prioriser l'accès aux
enfants qui vivent dans un contexte socioéconomique précaire. Donc, ça, dans
les grands chantiers pour les familles que j'ai déposés, ça relève de
l'objectif de remettre les enfants qui vivent dans ces contextes-là au coeur de
la vie du réseau, au coeur de nos priorités dans le réseau. Parce qu'on le
sait, et je ne repartirai pas là-dessus, mais, à travers les années, je pense
que cet objectif-là, il s'est perdu, Mme la Présidente, et qu'on doit y remédier. Parce qu'à la base, et
j'entends encore Mme Marois, dans les derniers jours, à l'occasion du
25e, souligner à quel point c'était
important, notamment pour aider les familles qui vivent dans les contextes
socioéconomiques précaires, bien, puisque cet objectif-là, je pense, avec les
années, a été perdu de vue, c'est important de le remettre au centre de notre
action.
Accélérer, bien sûr, le
développement du réseau. On a besoin d'aller plus vite. Ça, je pense que les
collègues en face sont d'accord avec moi quand je dis ça, même qu'ils
souhaiteraient qu'on aille encore plus vite que ce qu'on fait actuellement. Et
moi, je partage cet objectif-là. Par contre, pour y arriver, comme je le disais
il y a déjà plusieurs mois, il faut changer des éléments de la loi pour nous
permettre d'y arriver.
On souhaite élargir l'accès aux haltes-garderies
communautaires aussi. Quand on parle de garde atypique, les haltes-garderies, à
mon sens, font partie de la solution. Et actuellement les critères pour les
fréquenter sont très restrictifs. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup en
adoptant ce projet de loi et en faisant en sorte que, maintenant, les parents
auraient davantage d'options quand vient le temps de choisir un type de garde
pour leur enfant.
Renforcer la santé et la sécurité dans le réseau,
bien sûr. Répondre aux besoins spécifiques des communautés autochtones, ça, c'est important. D'ailleurs, ça a
été très, très bien accueilli par les communautés autochtones, qui y
voient là, bien sûr, un geste d'ouverture,
de respect. Et loin de moi l'idée de leur mettre des mots dans la bouche, mais
c'est ce qu'on a compris de nos échanges avec elles, ces communautés. On
veut vraiment changer de paradigme et s'assurer qu'ils puissent offrir des
services qui répondent notamment à leurs besoins, bien sûr, mais qui respectent
aussi leurs coutumes, leur culture. Donc, c'est important, quand on dit qu'on
va compléter le réseau, on ne va pas seulement le compléter pour les gens qui habitent dans les grandes villes ou qui
habitent partout au Québec, hors des communautés, on va aussi le
compléter pour les gens qui habitent dans les communautés autochtones, donc
pour les Premières Nations.
Revoir le fonctionnement des comités
consultatifs sur l'offre, c'est un sujet dont on m'a beaucoup parlé, pour ne
pas dire énormément parlé, depuis que je suis arrivé en poste. Et je pense que
ça avait été rendu nécessaire par des erreurs qui ont été commises dans le
passé, par des situations où la ligne rouge a été franchie. Par contre, je
pense qu'on est maintenant rendu ailleurs et je pense que, comme ministère, le ministère
de la Famille a toutes les compétences
requises pour être capable d'analyser les projets et de faire des
recommandations. Donc, ça nous permettra aussi de gagner du temps.
Et finalement lever la limite du nombre
d'installations par permis de CPE pour desservir les plus petites communautés,
donc, ça, c'est important pour moi. On a beaucoup entendu ça, notamment dans
l'Est du Québec, où les gens nous ont dit : Bien, nous, là, on a besoin de
plus de CPE, mais pas nécessairement de gros CPE, mais on a une limite
d'installations et on aimerait que vous leviez cette limite-là, et, bien
honnêtement, je trouve que ça a beaucoup de sens. Donc, on souhaite y accéder,
et c'est pour ça que ça se retrouve dans le projet de loi qu'on commence à
étudier article par article aujourd'hui. Donc, vous voyez, la liste de sujets,
elle est importante.
En même temps, j'ai envie de dire que ce n'est
pas un projet de loi qui, à mon sens, doit faire polémique. Je pense que c'est
un projet de loi qui est rassembleur. Je pense que c'est un projet de loi qui
repose d'abord et avant tout sur la consultation qu'on a faite aussi avec les
gens du réseau. Donc, on n'arrive pas ici avec un projet de loi bulldozer où on
n'aurait consulté personne. C'est le fruit non seulement de ma propre
réflexion, comme ministre, depuis le début du mandat, mais aussi, je le disais
puis je vais le répéter, de consultations avec nos partenaires du terrain.
Donc, ce qui est là-dedans nous a, dans la plupart des cas, été demandé par des
gens du réseau. Donc, c'est la raison pour laquelle je pense qu'on aura tout
intérêt à collaborer ensemble. Et c'est pour l'adoption du projet de loi et
c'est vraiment l'état d'esprit dans lequel je suis aujourd'hui, au début de
cette étude-là.
Je le disais, on se retrouve un peu. On a étudié
le projet de loi du Curateur public ensemble. Je veux vous dire que moi, j'ai
la même ouverture et je suis bien ouvert aux commentaires parce que le projet
de loi, je suis certain qu'il n'est pas parfait. La preuve, c'est que j'aurai
déjà des amendements à déposer parce qu'au cours des consultations
particulières il y a des points très intéressants qui ont été soulevés par les
gens qui sont venus nous voir. Donc, même si on a consulté et même si on a une
bonne idée, évidemment, d'où on va, on peut encore améliorer le projet de loi.
Donc, on le fera à l'aide d'amendements que j'aurai l'occasion de déposer.
Donc, je vais m'arrêter ici en vous disant
qu'encore une fois je suis bien content de pouvoir commencer cette étude-là
avec vous. J'espère qu'on y arrivera ensemble rapidement parce que c'est
attendu par les gens du réseau. Et donc je m'arrête pour qu'on puisse garder un
maximum de temps, justement, pour l'étude, afin qu'on puisse la commencer le
plus rapidement possible. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle en matière de famille et députée de Westmount—Saint-Louis à nous faire ses
remarques préliminaires.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bon matin à vous. Bon matin, chers membres de la commission,
à M. le ministre et ainsi que son équipe. Un plaisir de travailler avec vous en
ce qui concerne l'étude détaillée du projet de loi n° 1. Bon matin aussi à
mes collègues. C'est un plaisir pour moi, comme le ministre l'a dit, de
retrouver mes fonctions en matière de la famille. C'est un dossier dans lequel
que je suis très passionnée. C'est un dossier que je pense qu'on va pouvoir
collaborer et travailler ensemble. C'est un dossier, dans le passé, où j'ai eu
beaucoup de plaisir à travailler en collaboration avec tous les élus de
l'Assemblée nationale.
Sauf que je dois constater, Mme la Présidente,
qu'il n'y a pas beaucoup de changements depuis mon départ. Ça fait à peu près
18 mois depuis que mon collègue le député de Lafontaine avait pris en main
le dossier de la famille pour ma formation politique, et c'est triste de le
dire, mais la situation a quand même empiré depuis ce temps-là. Quand j'ai
quitté, il y avait 46 000 places d'enfants sur la liste d'attente et,
aux dernières nouvelles, il y a maintenant 51 000 places. Il y a
beaucoup de milieux familiaux qui ferment. Il y a des garderies privées qui
ferment. On a des CPE qui sont en rupture de services. C'est du jamais vu dans
l'histoire des CPE.
J'avais demandé avant mon
départ, quand j'avais le dossier de la famille, j'avais demandé au ministre de penser à donner une prime COVID
aux éducatrices. Ça aussi, ça ne s'est jamais... vu la lumière. Ce n'est jamais
trop tard, mais les éducatrices n'ont jamais vu ces primes. En février
2019, le ministre avait fait une annonce de 13 500 places qui étaient pour ouvrir rapidement, subito presto,
puis, en date du 31 décembre 2021, il a livré seulement
4 086 places. Ça, c'est en trois
ans. Ça fait que ce n'est pas à vitesse grand V, Mme la Présidente, c'est
30 % de moins de ce qui était promis.
• (10 h 10) •
Et on a beaucoup jasé de la maternelle quatre
ans. Les collègues vont s'en souvenir, on a entendu le ministre dire que
l'implémentation de la maternelle quatre ans, bien, ça va libérer des places.
Ça, ça va sauver le réseau de services de garde avec toutes les places dont
nous avons besoin de libérées, entre autres 50 000 places dans le
réseau des CPE, comme le gouvernement de la
CAQ s'est promis en 2018. Mais évidemment ce n'est pas le cas. Il y a
encore de plus en plus d'espaces, comme je l'ai mentionné tantôt, qui sont
manquants dans le réseau.
Je veux souligner le travail de mon collègue le
député de LaFontaine, Mme la Présidente. Pendant 18 mois, il a pris en charge le dossier de la famille. Il a
fait ça avec coeur, il a fait ça avec rigueur, il a fait ça avec beaucoup de
passion. Il a parlé au nom des familles qui vivent des véritables crises, Mme
la Présidente, comme vous pouvez imaginer.
Je sais que vous êtes grand-mère. Imaginez si
vos enfants ou les enfants de vos enfants, vos petits-enfants, n'ont pas de
place en service de garde. C'est très difficile sur la vie familiale. Ça
augmente le stress. Ça peut «appauvrisser» une famille, surtout les femmes qui ne
peuvent pas aller au travail, quelqu'un doit rester à la maison. On veut avoir la parité aussi dans notre société,
mais ça reste que c'est quand même plutôt la charge de nos femmes dans notre société, qui m'amène à saluer le travail de
Ma Place au travail, un mouvement citoyen qui s'est formé pour dénoncer
cette situation. Je sais qu'ils travaillent très, très fort sur le terrain non
seulement pour amener de la visibilité à la cause,
mais aussi pour changer la situation. C'est important de jaser de ça et parce
qu'on veut changer. Je sais que tout le monde a la volonté de vouloir
changer, et de créer les places, et de s'assurer qu'il y a une place pour tout
le monde.
Je salue
aussi le travail de mon collègue le député de LaFontaine parce qu'il a déposé
son projet de loi n° 897, loi modifiant la loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfant afin de garantir le droit de recevoir des services
de garde. Et pourquoi ce projet de loi me semble très important, Mme la
Présidente, qu'il a déposé ça lors de la dernière session? C'est parce qu'on
parle d'un accès universel. Un accès universel, c'est ça qu'on souhaite. C'est
ça qu'on veut pour notre société, comme on a dans le réseau de l'éducation. Ce
n'est pas vrai que, si votre enfant est en deuxième année, troisième année,
quatrième année, qu'on va vous dire : Woups! Il n'y a pas de place pour
vous, il faut garder votre enfant à la maison. Peu importe c'est quoi, le
besoin de votre enfant, on a une place pour vous dans le réseau de l'éducation.
Alors, on espère avoir le même réseau dans le réseau des services de garde
éducatifs. C'est ça qu'on veut pour nos tout-petits. On ne veut pas que la
porte soit claquée dans la face de nos parents quand ils vont trouver une
place, ils espèrent trouver une place.
Puis, dans le
projet de loi, projet de loi n° 1, c'est très évident, il y a seulement
deux articles. On dit que c'est un projet
de loi léger, je comprends. Mais ce n'est vraiment pas un projet de loi léger
parce qu'il y a seulement deux articles. Quand on parle du poids en ce
qui concerne... Excusez-moi. Quand je parle du projet de loi de mon collègue,
il a seulement deux articles qu'on peut rajouter à l'intérieur du projet de loi
n° 1 pour s'assurer que chaque enfant de la province du Québec aura une
place, puis ça, c'est très important.
Je ne peux pas vous dire le nombre d'histoires
que j'ai entendues, Mme la Présidente, des familles qui m'ont contactée, c'est crève-coeur : Mon enfant n'a
toujours pas de place. Mon enfant a été expulsé parce que mon enfant est
handicapé, parce que mon enfant a des difficultés ou il n'y a pas de place dans
mon quartier. Il n'y a pas de place subventionnée
dans mon quartier. C'est très, très, très difficile. C'est comme le droit à
l'éducation. C'est très important.
Puis, dans le projet de loi, ça ne s'approche
même pas à un véritable droit. Ce n'est pas ça qu'on retrouve dans le projet de
loi n° 1. Ce serait un endroit où j'espère qu'on va pouvoir jaser, où on va
avoir beaucoup de débats, parce que ça nous tient vraiment à coeur, pour le Parti
libéral du Québec, de s'assurer qu'il y aura une place garantie pour tous les
enfants dans notre province dans le réseau des services de garde.
Le ministre a fait référence que ça fait deux
ans depuis qu'il avait parlé de déposer son projet de loi, puis là, évidemment,
on se retrouve en fin de mandat où on va étudier un projet de loi qu'évidemment
on aurait espéré... aurait été déposé ça fait longtemps parce qu'on veut faire
ça comme il faut. C'est vrai, c'est une réforme. C'est une réforme qui est très
importante. J'ai l'impression qu'on a très peu de temps de jaser d'un projet de
loi qu'on veut faire comme il faut. Alors, je pense, de dire qu'on va aller
peut-être à une grande vitesse, ce n'est pas la façon de travailler en ce qui
concerne un changement de réforme qui va avoir un impact majeur potentiellement
sur plusieurs familles. Alors, on espère qu'on va prendre le temps qu'il nous
faut pour faire les choses comme il faut. «We're going to take
the time to do it right.»
C'est vrai qu'il y a des
éléments qui sont intéressants dans le projet de loi, tels que la mention de
donner peut-être une priorité aux enfants qui se retrouvent en situation
précaire socioéconomique, que je salue. Je trouve que c'est une très bonne idée.
Alors, en espérant qu'on va pouvoir l'élaborer, mais ça ne sera pas une
surprise pour le ministre, ma déception qu'il n'y a pas une mention pour les
enfants handicapés dans le projet de loi n° 1. Le mot
«handicapé» n'apparaît pas du tout. Puis je
dis que ce n'est pas une surprise parce que, vous aussi vous savez, Mme
la Présidente, j'ai déposé un mandat d'initiative en ce qui concerne
l'accessibilité du réseau des services de garde pour les enfants handicapés
autistes. Ça fait partie d'un mandat que j'ai déposé le 10 mai. Ça fait
que ça fait neuf mois, 10 mois que j'ai déposé ceci. Pourquoi? Parce que,
même quand il y a des enfants qui développent des liens avec leur CISSS local,
avec le CLSC, qui reçoit des subventions, un 25 000 $ parce qu'ils
ont été chanceux d'avoir accès à la mesure exceptionnelle pour subventionner
les besoins de leur enfant dans leur service de garde éducatif dans leur
quartier, ça reste qu'ils sont toujours refusés de place. C'est une tristesse
profonde.
Alors, j'ai soulevé ceci
aussi, mon mandat d'initiative, que... comme j'ai dit, oui, ça a été refusé,
mais j'ai aussi soulevé ceci en crédits budgétaires l'année passée. Puis j'ai
posé la question à M. le ministre, qui m'a dit : Ça va être adressé dans le projet de loi que je vais
déposer. Alors, j'ai dit : O.K., je vais être patiente, ça fait juste cinq
mandats d'initiative que je dépose qui sont toujours refusés, alors j'ai
développé une patience, mais je m'attendais vraiment que ceci serait réglé.
Alors, c'est une déception pour moi. J'espère que, ça, c'est quelque chose qui
aura une ouverture de la part de... le ministre et ainsi que son équipe, des
amendements en ce qui concerne une éligibilité puis un accès pour ces enfants
et leurs familles. Puis, c'est clair, je vais amener des propositions pour
bonifier le projet de loi n° 1 en ce qui concerne
cette absence de droits.
Je sais que le ministre, aussi, a dit qu'il
voulait travailler ensemble, en collaboration. Je constate, moi aussi. Il a
parlé des amendements. Ce serait souhaitable si le ministre accepte de déposer
peut-être ses amendements d'avance, comme ça les collègues de l'opposition, on
va pouvoir les étudier pour accélérer le processus en étude détaillée ensemble.
Je pense que ça serait une façon dont nous pouvons collaborer. C'est la façon
que nous avons travaillé ensemble pour le projet de loi n° 18,
la réforme du Curateur public, puis ça a quand même bien été. Alors, en
espérant qu'on va pouvoir travailler de cette façon. Mon but, c'est de bonifier
ce projet de loi et de travailler en collaboration. Mais, comme j'ai dit, on
avait... le ministre avait quand même deux ans pour déposer son projet de loi, alors en espérant que les oppositions, eux aussi,
vont avoir le temps qu'il nous faut pour travailler. C'est un processus
qui est rigoureux, c'est un projet de loi qui est très important, attendu,
alors j'espère qu'il y aura aussi de l'ouverture de la part de la banquette
gouvernementale.
Le ministre a aussi mentionné les modifications
dans le projet de loi en ce qui concerne les communautés autochtones. Je
constate, oui, c'est un bon changement. Puis on a entendu, en commission
parlementaire, les auditions, que c'est
bienvenu par ces communautés. Mais je veux aussi souligner qu'il y a aussi un
manque de places, ils ont aussi
soulevé qu'il y a un manque de places pour eux, alors c'est quelque chose aussi
dont nous devons s'attaquer, trouver des solutions.
Puis je reviens un peu dans ce que nous avons
entendu, lors des auditions parlementaires, en ce qui concerne le projet de loi
n° 1. J'espère aussi qu'on va prendre beaucoup de
considération en ce qui concerne la présentation que nous avons eue de la
Vérificatrice générale et le mémoire qu'elle avait déposé. Elle avait évoqué
aussi plusieurs bémols. Oui, je pense que le
projet de loi rejoint les demandes que la vérificatrice avait faites dans le
passé afin qu'on adresse, à quelque
part, certaines de ces préoccupations, mais pas tout, comme l'accessibilité.
C'est quelque chose qu'elle avait soulevé. C'est qui qui va siéger sur
les comités? Ça, c'est très important en ce qui concerne les consultations sur
le terrain, c'est qui qui va avoir le droit.
• (10 h 20) •
Moi, j'ai des questions en ce qui concerne c'est
qui qui va avoir la voix finale, le pouvoir décisionnel. Par exemple, si un enfant handicapé qui serait expulsé
ou qu'on dit qu'il n'y a pas de place, est-ce que ce dossier va se
retrouver sur le bureau du ministre? Moi, je
suis d'avis... je pense que ça va être important, en espérant que ce dossier
prend de l'ampleur.
La Fédération québécoise de l'autisme, eux
aussi, ils avaient fait des propositions que je trouve saines et justes en ce
qui concerne cette population d'enfants qui sont vulnérables, par exemple
d'extensionner le temps qu'ils vont pouvoir rester dans le réseau de services
de garde éducatifs au lieu qu'ils doivent quitter à cinq ans, mais la
possibilité de rester jusqu'à six ans, étant donné que... maternelle, que
ce soit maternelle quatre ans ou maternelle à cinq ans. Ce n'est pas
une obligation, c'est un choix des parents. C'est devenu notre habitude
d'envoyer nos enfants en maternelle. C'est une bonne chose, on veut que nos
enfants soient scolarisés, mais souvent la transition du réseau de services de
garde au réseau de l'éducation pour les enfants ayant des besoins particuliers,
ça peut être plutôt difficile. Et souvent ils ne sont pas prêts, ils ne sont
pas plus prêts pour la maternelle quatre ans qu'ils le sont pour la maternelle à cinq ans. Alors, j'espère qu'on
va avoir une flexibilité. J'ai trouvé cette recommandation très
intéressante en ce qui concerne une transition pour ces enfants.
Puis de parler d'Agir tôt aussi, étant donné
qu'il y a tellement un manque d'espace dans le réseau, j'ai peur aussi. Parce
qu'on parle d'Agir tôt et de dire : C'est formidable, c'est une bonne
idée, tout le monde veut agir tôt pour venir aider les enfants qui se
retrouvent en situation de précarité, vulnérabilité, que ce soit dans leur
situation socioéconomique ou qu'il soit un enfant à besoins particuliers,
handicap, autiste ou autre, mais ça reste que, s'il n'y a pas de place dans le
réseau, on n'a pas de moyen d'agir tôt pour venir aider et de mettre ce
programme en vigueur.
Alors, on a entendu, depuis les deux dernières
années, beaucoup d'annonces. On ouvre des places, on ouvre des places, on ouvre
des places, mais ouvrir des places, si on n'a pas d'éducatrices, on n'a pas
d'enfants qui vont occuper ces places, ça fait que ça fait que c'est des
annonces, mais des annonces où on rouvre des places qui ne sont pas comblées.
Alors, la liste agrandit. Ça fait que j'espère que le ministre, aussi, aura une
ouverture de partager aussi son plan d'attaque pour s'assurer que ces places
vont être comblées, parce que, comme j'ai dit, depuis mon retour à prendre en
charge le dossier de la famille, ça a juste augmenté, mais augmenté de façon
exponentielle en ce qui concerne le nombre de places qui sont souhaitées sur le
terrain. Alors...
Puis là on parle du milieu familial, qui a quand
même aussi triplé en termes de nombre de places disponibles inoccupées. C'est
préoccupant. C'est préoccupant. Puis il faut vraiment faire quelque chose à
l'intérieur de ce projet de loi pour s'assurer que nous allons attaquer ce
problème, parce qu'il y a des enfants qui sont en attente, il y a des familles
qui sont en attente. Il y a des éducatrices qui disent que, tu sais, c'est à
eux aussi de changer ceci.
Juste cet été, depuis... Juste depuis cet été,
il y a 850 places de nouveau qui sont inoccupées. Alors, on ne voit pas
une amélioration, on voit une décroissance. Ça fait que ça, c'est quelque chose
que j'espère qu'on va pouvoir travailler là-dessus. C'est un échec puis c'est
un échec où malheureusement c'est les enfants... c'est les enfants qui sont les
récipiendaires de ceci, ainsi que leurs familles.
Alors,
je me joins ma voix aux familles, aux parents ainsi qu'aux éducatrices qui
disent qu'il faut prendre en charge le dossier pour changer les choses pour le
mieux. Je suis solidaire avec eux. Je partage leurs inquiétudes, et sache que nous sommes ici pour vouloir travailler
ensemble pour essayer de régler le problème en équipe. Et je me porte vraiment... une ouverture, Mme la Présidente, de
vouloir travailler en équipe et d'aider le ministre dans ses travaux
ainsi que de travailler en équipe avec mes
collègues. Ça fait que merci, Mme la Présidente. Au plaisir de débuter avec
l'article 1.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition... et porte-parole, oui, de la famille, pardon,
et députée de Sherbrooke à faire ses remarques préliminaires, s'il vous plaît.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. Ça me fait aussi très, très plaisir de retrouver mes
collègues sur ce dossier-là. J'avais hâte
qu'on étudie le projet de loi. Ça fait quand même plusieurs années qu'on
l'attend, ce projet de loi là. On
l'espérait... On l'espérait à l'automne 2020, je pense, puis on a fini par
le recevoir beaucoup plus tard que prévu.
Il y a des éléments
intéressants dans le projet de loi, mais j'ai quand même plusieurs
préoccupations, notamment le fait que le projet de loi ne reconnaît pas le
droit à une place en service de garde éducatif à l'enfance, pas au sens où les
parents le souhaiteraient, du moins. En ce moment, moi, ce que je constate,
c'est que les familles s'attendent à ce qu'on reconnaisse ce droit-là,
prenaient même pour acquis que c'était déjà un droit et sont choquées de
constater que ce n'est pas le cas, malheureusement.
La notion de choix
aussi est retirée du projet de loi, alors que c'est très important pour les
parents de pouvoir confier leur enfant dans un milieu qu'ils ont choisi, qui
correspond à leurs valeurs et qui correspond à l'emplacement géographique
souhaité, au tarif souhaité. Donc, ça, c'est une notion qui va être très
importante pour moi qu'on réintroduise.
Puis, en ce moment, c'est clair qu'on est assez loin d'avoir cette capacité-là,
de choisir un milieu éducatif pour les enfants, au contraire.
J'ai également
certaines craintes par rapport au projet de loi, le fait qu'en ce moment il n'y
a pas beaucoup de balises pour s'assurer que
la création de nouvelles places va se faire en CPE. Il y a une ouverture très
grande faite au développement de places au privé, et ça m'inquiète parce
que, pour moi, ce n'est pas adéquat d'offrir des services à des enfants, qui sont des personnes vulnérables,
dans des entreprises à but lucratif. Comme ce ne l'est pas pour les
aînés, ce ne l'est pas non plus pour les enfants, pour moi, de miser sur ce type
de réseau là pour offrir des services. Donc, je veux m'assurer qu'on met en
place toutes les balises nécessaires pour que la création de places se fasse en
CPE.
J'ai aussi une
crainte par rapport à la fermeture de milieux familiaux non reconnus. Moi, je
la partage, la volonté du ministre que les milieux familiaux soient tous régis
par le ministère de la Famille, mais je crains que ce ne soit pas possible, en
ce moment, de rallier toutes ces personnes-là pour qu'elles rejoignent le
réseau. Je ne pense pas qu'on a réuni les conditions pour éviter que ces
personnes-là décident de fermer leur milieu. Donc, je pense qu'il va falloir
travailler encore pour mettre en place ces conditions-là, s'assurer qu'on
puisse avoir 100 % des milieux familiaux qui sont régis, mais le faire
d'une manière qui va éviter des fermetures. Ça, c'est une crainte importante
que j'ai en ce moment.
J'ai aussi des
craintes pour la qualité des services. Il va falloir qu'on parle du ratio
bâtisse. Ça, c'est important pour moi. On sait que ça s'est dégradé dans les
dernières années, notamment en raison des coupures qui ont eu lieu pendant plusieurs années consécutives. Il y a une diminution
inquiétante du ratio d'éducatrices qui sont formées. Je sais qu'il y a des moyens qui sont pris pour
améliorer ça, mais, pour s'assurer qu'on améliore le plus possible la
qualité des services puis qu'on n'offre pas juste des services sécuritaires,
mais aussi un environnement éducatif adéquat, il va falloir parler du ratio.
Puis finalement moi,
j'accueille positivement le ministre quand il nous dit qu'il est très ouvert.
J'ai un très bon souvenir de l'étude du
projet de loi sur le Curateur public. J'espère qu'il va être ouvert pour vrai.
J'entends qu'il y a déjà plusieurs amendements de préparés. Je l'inviterais,
comme ma collègue, à les déposer maintenant. Je pense qu'on pourrait gagner
beaucoup de temps. Je le sais, qu'il y a plusieurs dispositions dans la loi qui
vont aider le ministre à créer des places.
J'ai aussi hâte qu'on puisse créer pour vrai des places. Ça ne s'est pas
beaucoup fait depuis trois ans. Donc, moi, j'aimerais vraiment qu'il
nous dépose les... du moins, tous les amendements qui sont déjà prêts. Le plus
vite il les dépose, le plus vite on va pouvoir commencer à les étudier, puis on
va... on risque de gagner beaucoup de temps ensemble, là. Puis je pense qu'on
partage tous la volonté de créer des places, mais on veut le faire comme il le faut. Mais... Donc, on veut prendre le temps
nécessaire pour étudier le projet de loi. Mais, s'il nous arrive toujours à
la dernière minute avec des nouveaux
amendements, ça va être plus difficile. Donc, je l'invite à nous les montrer.
Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole
du troisième groupe d'opposition pour la famille et députée de Joliette à faire
ses remarques préliminaires. La parole est à vous.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de vous saluer tous et
toutes, M. le ministre, toute son équipe qui l'accompagne aujourd'hui, les
collègues de la partie ministérielle et mes collègues des oppositions, avec qui
on est bien habitués de travailler.
Donc, je pense qu'il y a quelque chose de très
clair qui nous unit aujourd'hui, c'est notre passion pour le dossier de la famille, pour l'enjeu du
développement de nos tout-petits, et de la conciliation famille-travail, et de
la place des femmes sur le marché du travail, et
des pères aussi, bien sûr, des parents du Québec. Donc, ce sont trois grands
piliers de la Loi sur les services de garde éducatifs, trois grandes raisons
pour lesquelles il faut se battre aujourd'hui, encore et toujours, pour avoir
un réseau solide, un réseau résilient, surtout un réseau accessible à tous ceux
et celles qui ont besoin d'une place pour leurs enfants, ce qui n'est
malheureusement pas du tout le cas à l'heure actuelle. Donc, oui, ça fait des
années que cette accessibilité-là se dégrade à cause de décisions malheureuses
qui ont été prises ou d'absence de décisions ou d'actions.
Donc, vous le savez, on l'a vu au cours des
derniers jours, on célèbre, ces jours-ci, le 25e anniversaire de la
politique familiale du Parti québécois, qui a mis sur pied le réseau de garde
éducatif à l'enfance, notamment avec les CPE, avec des places abordables,
subventionnées, de qualité. Donc, je pense que c'est le temps, en voyant les
effets vraiment délétères de ne pas s'occuper de cet enjeu-là fondamental pour
toutes les raisons que je viens d'énumérer, de
vraiment prendre le taureau par les cornes et de prendre l'occasion de ce
projet de loi pour vraiment donner le coup de barre qui s'impose.
• (10 h 30) •
Et, pour nous, c'est simple, il y a trois grands
principes qui doivent nous guider. C'est bien sûr l'accessibilité, donc que toutes
les places qui sont requises soient disponibles. L'universalité, donc que ce
soit accessible à tarif réduit pour tous ceux et celles qui ont besoin d'une
place, qu'on n'ait pas deux, trois puis quatre catégories avec des crédits
d'impôt que l'on bonifie, qui changent au fil du temps, qui ont des effets
pervers parce qu'après les propriétaires augmentent les tarifs, on pourra y
revenir, bien sûr, donc vraiment une universalité et la qualité. Donc, ce n'est
pas vrai qu'on veut une place de moindre qualité, tous les parents et tous les
enfants, surtout, du Québec méritent une place A1 de la plus grande
qualité. Et on sait qu'étude après étude la plus grande qualité ressort des
centres de la petite enfance. Ce n'est pas pour dire qu'il n'y a pas de qualité
ailleurs, ce n'est pas pour dire que dans les garderies privées, il n'y a
jamais de qualité. C'est juste qu'au global, quand on regarde tout ça, oui,
pour toutes sortes de raisons, dont même les propriétaires de garderies privées
qui sont venus lors des auditions ont parlé, il y a donc cette plus grande
qualité, et ils l'expliquent notamment par la difficulté de retenir et de
recruter des éducatrices formées qui vont d'abord et avant tout dans les CPE.
Bien sûr, le milieu familial a sa place. C'est
un milieu qui est porté par des femmes en très grande majorité, quelques
hommes, et on les salue, d'ailleurs. On a vu un reportage, en fin de semaine,
sur la place des hommes comme éducateurs en milieu de garde à la petite
enfance. Et donc ce sont beaucoup, beaucoup de femmes qui portent à bout de bras ce réseau de milieu familial, mais
il faut les soutenir mieux. Et pourquoi ce réseau-là doit être maintenu?
C'est parce qu'il répond à toutes sortes de besoins dans des petits milieux,
notamment, aussi pour des parents qui font des choix, par exemple, que leur
fratrie soit ensemble, ne soit pas... donc soit dans le même groupe. Donc, il y
a toutes sortes de raisons qui font en sorte que c'est un milieu pour lequel il
faut donner beaucoup d'attention.
Mais, compte tenu des grands principes qu'on a,
compte tenu des effets pervers qu'on a vus aussi de cette espèce de
développement tous azimuts qui s'est fait de garderies privées à but lucratif,
sans plan de match, sans harmonie, on voit aujourd'hui où ça nous mène. Ça nous
mène, et les propriétaires de garderies nous l'ont dit, à un paradoxe
incroyable. Alors qu'il y a tellement de parents qui cherchent une place, il y
a des milliers de places libres, notamment on pense à Montréal et dans la
couronne, dans ces garderies privées à but lucratif, parce que les parents
n'arrivent pas à payer ces places-là, et eux n'arrivent pas à offrir tout ce
qu'ils devraient offrir par faute de personnel, par faute d'être capable de
recruter adéquatement, et il y en a même plusieurs qui ferment.
Alors, je
pense que ça doit nous amener à une réflexion globale. Et le ministre ne sera
pas surpris que je ramène cette idée à laquelle on croit beaucoup, on
pense qu'on est vraiment rendu à faire le virage 100 % CPE, et là on a l'occasion de le faire. Le ministre le dit :
Il veut créer 37 000 places, bien, il faut se donner les moyens de
bien les créer, de donner le coup de
barre pour que notre réseau, il soit stable, il soit de qualité et qu'il
réponde à tous les besoins qui sont exprimés
autant par les parents, on l'a vu beaucoup dans le mouvement Ma Place au
travail, que je salue, qu'aussi par les éducatrices, et les gens qui
oeuvrent dans ce milieu-là, et les experts de la petite enfance, qui nous
disent que c'est là qu'on voit la qualité, mais
c'est aussi par la cohabitation qu'on voit la difficulté d'en arriver à une
offre solide, pérenne.
Et je donne l'exemple du crédit d'impôt. Lors de
la dernière mise à jour économique, le gouvernement a décidé d'augmenter le
crédit d'impôt en disant : Bien, on va réduire l'écart entre ceux qui ont
la chance d'avoir une place subventionnée ou une place en CPE et les autres qui
doivent se rabattre sur une place à 45 $, 50 $, 60 $, 70 $,
des fois 80 $ par jour, on va augmenter le crédit d'impôt. Bien, l'effet,
il a été immédiat, puis vous pouvez le demander aux parents sur le terrain,
moi, j'ai plein de témoignages, les tarifs ont augmenté de manière à peu près
corollaire. Ce qui fait que ce n'est pas dans les poches des parents que
l'argent va, parce que les propriétaires de garderies privées, ils nous l'ont
dit, ils ont de la difficulté à recruter, ils ont de la difficulté avec la
pénurie de main-d'oeuvre que l'on sait qui est énorme. Le gouvernement veut
recruter 18 000 éducatrices dans les trois prochaines années, ce
n'est pas rien. Donc, évidemment, ils s'en ressentent, mais ils le disent
qu'ils ont énormément de difficultés. Donc, qu'est-ce qui se passe? Dès qu'il y
a un petit peu d'air qui est donné, ils le reprennent pour pouvoir, donc,
hausser leurs tarifs. Je ne pense pas que c'est comme ça qu'on va réussir à
s'en sortir. Et là on a une occasion extraordinaire de donner ce coup de barre
là.
Puis malheureusement
on a des inquiétudes importantes parce que, plutôt que d'aller dans cette
direction-là, le ministre a même laissé tomber l'objectif qui avait toujours
été là, pour la création de nouvelles places en installation, d'en avoir au
moins 85 % en CPE, en disant qu'on allait créer les places, et vous vous
rappellerez de cette phrase du premier ministre, «au plus sacrant», au premier
qui va arriver. Et, selon les derniers chiffres qu'on a, il y a d'ailleurs à
peine plus de la moitié des places, autour de 55 %, 60 % des places
qui seraient créées en CPE par rapport à la balance qui seraient, en ce moment
dans les nouvelles places qui ont été annoncées, créées dans des garderies privées. Donc, j'espère qu'on va avoir les
chiffres à jour et j'espère que ça a remonté pour la proportion des CPE. Mais
ça n'a aucun sens, alors qu'il y avait, même sous les libéraux, cette norme-là,
et puis on sait que ce n'étaient pas les plus grands amis des CPE et qu'ils
avaient quand même un bon penchant, pendant plusieurs années, pour les
garderies privées, il y avait cette règle-là du 85-15 pour les places
subventionnées. Et là on est en train de s'en éloigner. Et je ne pense pas que
c'est un gage de qualité, et d'accessibilité, et d'universalité si on est en
train, là, de continuer à multiplier ces différents milieux.
Le
ministre va me dire : Bien, c'est des places subventionnées. Oui, c'est
peut-être des places subventionnées, on espère, oui, un milieu 100 % subventionné, mais il faut donner le
coup de barre aussi pour 100 % CPE. On le sait, étude après étude, c'est là que les parents veulent
avoir une place en priorité, évidemment, en collaboration avec le milieu
familial.
Donc, c'est un
plaidoyer que je fais au ministre. Je pense qu'avec tout l'argent qui est
investi dans les crédits d'impôt, si on l'investissait pour créer les places en
CPE et pour convertir les places de garderies privées en places en CPE, ce
serait vraiment la voie de l'avenir. Et je pense que, 25 ans après avoir
lancé le réseau, c'est le temps vraiment de prendre ce virage 100 % CPE.
Et j'ai été frappée
d'entendre les regroupements de garderies privées nous dire à quel point
eux-mêmes souhaitaient la conversion des places. On nous a même dit qu'ils
évaluaient à, à peu près, 30 % de ceux qui seraient prêts demain matin à
se convertir en CPE. Et je pense que c'est tout à fait faisable. On a réfléchi
à tout un plan là-dessus. Oui, il y a certains investissements à faire, mais,
si on rapatrie le crédit d'impôt, qui représente énormément d'argent au Québec,
bien, on serait capable de faire ce virage-là en se donnant une période pour y
arriver. Et moi, j'espère que ce projet de loi là va aussi être une occasion de
se donner des objectifs et de se donner des échéanciers clairs pour arriver au
virage qui doit être fait et que l'on souhaite tous au Québec.
Il y a des éléments
très positifs dans le projet de loi, notamment la volonté de ramener dans le
giron, donc, les garderies en milieu familial non reconnues, donc les PNR,
connues dans le jargon. Je suis heureuse de ce changement de cap du
gouvernement. Lorsqu'on avait étudié le projet de loi n° 143 avec le
ministre de la Famille, Luc Fortin, à l'époque, il y avait une grande
opposition de la Coalition avenir Québec pour aller dans cette voie-là. Je suis
heureuse, je sais que le ministre, ça fait des années qu'il croit à cette
nécessité-là de s'assurer de la plus grande qualité possible. Encore une fois,
il y en a beaucoup qui sont de bonne qualité, mais vous allez convenir avec
moi, Mme la Présidente, qu'à l'heure où on exige des permis pour à peu près tout,
pour avoir un chenil, pour pouvoir exploiter toute activité, ce n'est pas
normal qu'il n'y ait pas d'exigence de permis et de réel encadrement pour
pouvoir faire de la garde éducative d'enfants. Alors, ça, c'est vraiment un
changement de cap que l'on salue.
Même chose, on est
heureux de voir qu'il y a une volonté de prioriser l'intégration d'enfants qui
proviennent de milieux socioéconomiques précaires. Il va y avoir énormément de
questions une fois le principe établi, ceci dit, pour savoir comment on va y arriver, parce que le diable va être dans
les détails de savoir comment tout ça va s'articuler.
On
aurait aimé, comme la députée de Westmount—Saint-Louis, voir dans le projet de loi un engagement ferme pour l'intégration des enfants à besoins particuliers.
Le ministre le sait, on le sait tous, on a beaucoup de témoignages,
c'est un enjeu énorme. Et, avec la pénurie
de places à l'heure actuelle, c'est un enjeu qui est décuplé, parce que ces
parents-là se retrouvent plus souvent
qu'autrement sur la touche, alors que ce sont parmi les parents qui ont le plus
besoin d'avoir des places au quotidien, autant pour que leur enfant ait
le meilleur départ possible qu'autant pour qu'ils puissent avoir une véritable
conciliation famille-travail dont ils ont bien besoin. Donc, ça, on espère voir
des avancées avec des amendements du ministre.
• (10 h 40) •
Et pour...
Évidemment, il y a beaucoup d'autres, beaucoup d'autres enjeux, mais, pour le
guichet unique, on va aussi vouloir que le fonctionnement soit bien clair parce
qu'à la lumière du projet de loi il y a beaucoup de zones d'ombre. Donc, si on
fait le ménage, puis je pense que c'est une bonne idée de vraiment clarifier
tout ça, bien, il va falloir s'assurer que le fonctionnement soit limpide pour
tous et toutes.
Et, vraiment, notre
objectif, c'est que ce projet de loi là nous amène à en ressortir satisfaits,
qu'on va vraiment passer de l'étape d'un enfant une place en théorie à un
enfant une place dans la pratique, et ça, ça veut dire, oui, de consacrer ce droit-là, à avoir une place, dans la loi. Donc, je
pense qu'il va falloir y donner toute notre attention. Et le ministre et
mes collègues peuvent être assurés que ma collaboration, elle est acquise.
L'objectif, c'est vraiment d'en ressortir avec le meilleur projet de loi. On va
tous avoir nos batailles à mener. Je suis convaincue que le ministre va avoir
de l'ouverture et de l'écoute. S'il est dans le même état d'esprit que pour le
projet de loi sur le Curateur public, je pense que ça va être de bon augure.
Et
donc je nous souhaite qu'on soit ouverts, les uns les autres, pour vraiment le
faire avancer le mieux possible, parce
qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent, il y a beaucoup de gens, beaucoup
de parents, beaucoup de gens du milieu,
d'éducatrices, de responsables de services de garde en milieu familial et
d'experts qui ont beaucoup d'attentes par rapport à ce projet de loi là.
Donc, j'espère qu'on va être à la hauteur de leurs attentes. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres membres qui
souhaitent faire des remarques préliminaires? Donc, avant de débuter l'étude
article par article, est-ce qu'il y a une motion... est-ce qu'il y a des
motions préliminaires?
Étude détaillée
Donc, je prends en considération
l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, juste pour confirmer, j'ai... je l'annonçais tantôt...
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...un instant, M. le ministre. Je suis désolée, je ne vous
avais pas vue. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je n'ai pas de motion préliminaire, mais avant qu'on passe à l'article 1, j'ai quand même une intervention
à faire. On a eu des demandes, notamment de l'AQCPE, pour modifier le
titre de la loi. Puis je ne parle pas du titre du projet de loi, mais je parle
du titre de la Loi sur les services de garde éducatifs
à l'enfance, pour retirer la mention «de garde», pour parler plutôt de services
éducatifs à l'enfance. J'ai posé la question, puis on m'a indiqué que,
si on veut faire ce changement-là, il faut le faire... il faut le faire à ce
moment-ci, puisque ce n'est pas le titre du projet de loi qu'on vient modifier,
c'est le titre de la loi actuelle. Donc, je fais l'intervention à ce moment-ci
pour qu'on en discute avec le ministre, de ce changement qui indiquerait quand
même un changement de paradigme intéressant en termes de valorisation de la
profession des éducatrices.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que vous déposez...
Mme Labrie : Je peux déposer un
amendement. J'en ai un de prêt. Je ne sais pas si le ministre en avait un lui-même par rapport à ça. Si on m'invite à
déposer mon amendement, je vais le faire. Je souhaiterais l'entendre
d'abord.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous invite à le faire, si vous avez un amendement... un amendement au titre,
je vous invite à le faire.
Mme Labrie : À ce moment-ci, je vous
demanderais de suspendre, le temps qu'on vous l'envoie.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. On suspend nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 54)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Donc, je vais demander à la députée de Sherbrooke de
lire son amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais le lire puis je vais l'expliquer ensuite. Donc : Dans
le titre de la loi, retirer les mots «de garde».
Le titre de la loi se lirait donc ainsi :
Loi sur les services éducatifs à l'enfance.
Je pense que tout le monde a entendu parler de
l'enjeu dans les dernières années, les éducatrices sont tannées de se faire
appeler des gardiennes. Elles ne sont pas des gardiennes. Elles appliquent un
programme éducatif. Malheureusement, il y a encore beaucoup de gens qui ont
l'idée préconçue que ce sont des gardiennes. On a même entendu le premier
ministre lui-même dire «techniciennes de garde» pour parler de ces femmes-là.
Ça a été très insultant pour elles. Je pense que c'est un message important à
envoyer ici aujourd'hui que de changer le titre de la loi. C'est sûr que c'est
symbolique, ça n'a aucune implication financière, ça vient simplement envoyer
le message à tout le monde que, non, on ne parle pas de services de garde, on
parle de services éducatifs. C'est ça qui se passe dans ces endroits-là, c'est
de l'éducation à l'enfance. Je pense que c'est très, très important pour
reconnaître la nature du travail des personnes qui travaillent dans les
services éducatifs. Et c'est un message important à envoyer, qui donnerait le
ton, je pense, sur la réforme qui est en cours en ce moment. Donc, j'invite le
ministre à l'appuyer.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé? M. le
ministre.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je ne suis pas surpris, là, parce que je m'attendais un peu à ça.
Puis je dois dire que je ne suis pas... Peut-être pour qu'on établisse bien les
bases de la discussion, là, je ne suis pas philosophiquement contre ça, je vous
avoue que, dans le meilleur des mondes, c'est quelque chose que j'aurais aussi
souhaité, quelque chose que j'ai envisagé, quelque chose qu'on a regardé.
Par contre, à certains moments, on doit aussi
faire des choix puis faire la balance des inconvénients. Donc,
philosophiquement, moi, je suis d'accord que c'est intéressant. Par contre,
quand on regarde techniquement ce que ça engage comme travail et comme
modifications en termes de... oui, d'heures travaillées, mais aussi en termes
de cohérence de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance avec la Loi
sur l'instruction publique, par exemple, le défi, il est assez gigantesque.
Pour vous
donner une idée, dans la Loi sur l'instruction publique et les règlements qui
en découlent, on retrouve une centaine de fois la mention de services
éducatifs. Donc, comment est-ce qu'on fait la distinction entre ce qui est
scolaire et ce qui est offert dans notre réseau, si on le nomme de la même
façon? Donc là, il y a un premier défi.
On rajoute à ça que, dans notre propre loi et
dans nos règlements, évidemment, le mot «garde» est présent à de nombreuses
reprises. Si on regarde la partie de... cette partie-là du défi, c'est
102 fois dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance qu'on
utilise le mot «garde». Si on parle des règlements qui découlent de la loi,
131, 131 occurrences. Donc, ça veut dire réécrire la Loi, là, sur les services
de garde éducatifs à l'enfance pratiquement d'un bout à
l'autre. Et ça veut par ailleurs, je le disais, ça veut par ailleurs dire aussi
que, dans la Loi sur l'instruction publique, bien là il y a des incohérences,
et ça amène juridiquement des défis qui sont importants.
Donc, je le répète, sur le fond, je ne suis pas
opposé à ça pour le symbole que ça donne, mais, en même temps, je pense qu'il faut aussi choisir nos batailles puis que la
valorisation, moi, je la vois très, très possible de d'autres façons,
notamment ce qu'on a fait en augmentant le salaire des éducatrices de façon
importante. Parce que c'est vrai que ce ne sont pas des gardiennes, et ce n'est
pas comme ça qu'on les appelle actuellement, ce sont des éducatrices.
Et moi, je pense que nos services de garde
éducatifs à l'enfance, le mot «éducatifs» est important. D'ailleurs, quand il
n'est pas mentionné, dès lors qu'on parle de nos services de garde éducatifs à
l'enfance, ou qu'il n'est pas écrit, je le souligne toujours. Et là,
d'ailleurs, je le vois, là, «Loi modifiant la Loi sur les services de garde»,
je vois ça au tableau, là, puis là ça me fatigue depuis tantôt. C'est un mot
parfois qui est oublié. Moi, à chaque fois que je peux le faire, je demande
qu'on le rajoute. Donc là, j'imagine qu'on va le rajouter.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Westmount.
Mme Maccarone : Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Saint-Louis, Saint-Louis. Pardon.
Mme Maccarone : Oui, très important,
le Saint-Louis, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
vous avez raison, tout à fait raison.
Mme Maccarone : Je trouve
l'amendement très intéressant, puis j'entends les propos de le ministre, puis
je veux juste partager avec lui parce que ça se peut qu'il n'est pas au
courant, mais, quand nous avons tous siégé au projet de loi n° 40, qui a
été la réforme de la gouvernance au sein de nos commissions scolaires... sont
maintenant devenues des centres de services
scolaires, c'était quand même un changement assez important, merci beaucoup! On
a eu quand même des batailles là-dessus
parce que, pour les mêmes raisons que le ministre, il dit qu'il y a des
inquiétudes, il y a plusieurs places où ça
va changer, il y a plusieurs lois qui sont interpelées avec un tel changement,
mais le ministre de l'Éducation a quand même réussi à faire ce
changement. Ça fait qu'au lieu d'avoir des commissions scolaires à travers la
province du Québec, nous avons maintenant des centres de services scolaires,
qui a engendré pas mal de changements, Mme la Présidente, auprès de plusieurs
lois, en plus de rajouter la complication que, dans le réseau anglophone, il y
a aussi encore des commissions scolaires.
Ça fait que je pense qu'on sait comment le faire,
ça prend une volonté de vouloir le faire, puis moi, je pense que c'est... le
moment est arrivé. On avait aussi préparé un amendement pour faire exactement
la même chose parce que c'est le temps de le faire, je pense, Mme la
Présidente. Comme ma collègue a mentionné, oui, c'est la valorisation, mais
c'est aussi... on est rendus à ce moment-là, c'est le temps de le faire.
J'entends que le ministre dit qu'il n'est pas
opposé, mais, quand on parle de pratico-pratique, ça peut être compliqué. Moi,
je veux juste partager qu'on sait que ça peut se faire, on l'a fait ailleurs
pour autre projet de loi pendant cette... pendant nos quatre ans dont nous
avons face à nous. Alors, c'est possible, c'est possible, puis je sais qu'on
pourra le faire si on aura une volonté de tout le monde autour de la table.
Ça fait que moi, j'appuie très fortement ce
changement non seulement parce que je pense que c'est le temps de changer les
mots, «words matter», au-delà de ça, ce n'est plus un réseau de services de
garde, c'est des services éducatifs. Le réseau a évolué, alors c'est temps que
nous, nous évoluons avec eux, et de changer les noms, ça va de main en main
avec ceci. Merci.
• (11 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, bien, à mon
tour, Mme la Présidente, d'appuyer cet amendement qui a, d'ailleurs, été
demandé, là, par plusieurs groupes qui sont venus nous voir. Je pense notamment
à Valorisons ma profession. Je pense à l'AQCPE. Je pense qu'il y a plusieurs
groupes qui appuient cette demande-là. Et je comprends ce que le ministre nous
dit, mais je veux lui amener une nuance. On parle vraiment de services
éducatifs à l'enfance, alors que, pour le reste du réseau de l'éducation, je ne
pense pas qu'il y a les mots accolés à l'enfance. C'est vraiment le critère
distinctif, là. On parle toujours, à l'heure actuelle, de services de garde
éducatifs à l'enfance, mais on voudrait faire la transition à services
éducatifs à l'enfance.
Donc, je
pense qu'on est capables d'éviter la confusion à laquelle il fait référence en
voyant très bien qu'il y a une distinction entre ce qui se fait, là,
dans tout le réseau scolaire quand on parle de services éducatifs versus
services éducatifs à l'enfance. Et je pense que c'est un message très, très
important à envoyer, qu'on est passés d'une logique de garderies et de gardiennes à vraiment une logique d'éducatrices, de
personnes formées, qualifiées, qui ont vraiment... pour les gens qui s'intéressent un peu au
curriculum, là, qui ont vraiment une formation extrêmement poussée en
petite enfance. Et, aussi, les services que
l'on veut donner, l'accompagnement que l'on veut donner, la stimulation, le
programme éducatif que l'on veut donner aux tout-petits, c'est vraiment ce qui
a pris le dessus.
Et d'ailleurs, lorsqu'on a fait le projet de loi
n° 143, il y a quelques années, il y avait vraiment l'accent mis sur le programme éducatif. Vous savez maintenant
que les éducatrices doivent s'occuper du dossier de l'enfant justement
pour noter tout ce qui a trait avec les progrès, l'évolution en lien avec le
programme éducatif. On veut aller vers quelque chose qui
est très fort de ce point de vue là. Alors, je pense que ce serait juste la
logique, là, la plus simple et la plus
grande cohérence, là, d'enlever les mots «de garde» pour vraiment passer à «les
services éducatifs à l'enfance».
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je rajouterais
à tous ces arguments... Mme la Présidente, M. le ministre va s'en souvenir,
avec le projet de loi n° 18, on a quand même fait beaucoup de changements,
même le titre du projet de loi, ce n'était pas, au début, «Curateur public»,
parce qu'on pensait d'avoir un autre titre qui était très, très, très long, une
personne responsable des... directeur responsable des personnes en situation de
vulnérabilité, c'est ça qui était proposé, puis, dans le fond, on a fait un...
Ça fait qu'on sait que c'est possible parce que
c'était voulu de la part du gouvernement de faire un changement qui était très
technique dans le titre en ce qui concerne la fonction du Curateur public. Dans
le fond, on a gardé ça tel quel, mais ça a engendré je ne sais pas combien
d'amendements, 67, 81, plusieurs, on le sait, parce que, souvent, c'était juste
le ministre et moi, face en face, pour jaser de ça, puis il y avait une
ouverture, dans le fond, de garder les choses telles quelles, mais, quand même,
il y avait aussi une volonté du gouvernement de vouloir changer le titre pour
être une réflexion de la réalité sur le terrain.
Alors, juste pour voir qu'il y a quand même des
précédents en ce qui concerne ce type d'amendement qui, je pense, est très bien
reçu sur le terrain, et aussi, comme j'ai dit, tout est possible, Mme la
Présidente, mais ça prend une volonté de dire : On va vouloir le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Moi, j'entends bien la position philosophique du ministre, là. Je
ne la nie pas du tout, mais je pense qu'on a besoin de donner le temps quand
même pour que l'ensemble du Québec reconnaisse qu'il n'est pas question de
gardiennes ou de garde pour ces services-là. Je pense qu'on doit faire ça. Ce n'est
pas le nombre de modifications de concordance qui devrait nous freiner. Moi, je
suis disposée à adopter tous les amendements de concordance qui viendront avec
cette modification-là. Ça va me faire plaisir qu'on prenne ces quelques
minutes-là pour envoyer un message clair à tout le monde, pas juste aux
éducatrices, mais à tout le monde, de ce qui se passe réellement dans ces
services-là et que ce sont des services éducatifs. Nulle part dans la Loi sur
l'instruction publique il n'y a une mention des services éducatifs à l'enfance.
Donc, il n'y a aucune confusion possible. Quand
on parle de services éducatifs à l'enfance, c'est les services éducatifs à
l'enfance. Il y a des mentions de services éducatifs, mais jamais à l'enfance.
Ça, on ne retrouve pas ça dans la Loi sur l'instruction publique. On peut
parler d'à l'élève ou complémentaires, mais jamais «services éducatifs à
l'enfance». Ce n'est pas une mention qui existe dans la Loi sur l'instruction
publique. Donc, je pense que ça ne devrait pas nous freiner du tout. Si le
ministre craint que la notion d'enfant soit trop floue, on peut toujours
inscrire «services éducatifs à la petite enfance». Moi, j'ai toute l'ouverture
qu'il faudra pour qu'on trouve un arrangement, mais je pense qu'il faut retirer
la mention «de garde» du titre de la loi. On est rendus là au Québec depuis
longtemps, d'ailleurs. Ça fait très longtemps que ce n'est pas ça, la réalité
de ces milieux-là. Donc, c'est le temps de mettre à jour la loi, là, puis on
est ici pour ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement de
l'article 0.1 est... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste pour ajouter à
la réflexion du ministre, là, quand on était ensemble pour le projet de loi
pour le Curateur public, là, c'était... on a modifié 57 règlements. Là,
cette fois-ci, c'est juste une loi, là, ce n'est pas beaucoup, ça fait que...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Lacombe : ...intervenir. Bien,
encore une fois, là, c'est... Là, je trouve ça dommage qu'on... je suis certain
que les collègues vont dire la même chose, mais qu'on parte ça sur, entre
guillemets, un désaccord, là, ce matin. Mais, sur le fond, je veux juste
répéter, je ne suis pas contre le principe, mais, à un certain moment, il a
fallu faire des choix. J'ai dû faire des choix, parce qu'évidemment, quand on a
10 priorités, on n'a pas de priorité. Et, pour moi, la valorisation, ça
passe beaucoup par, notamment, l'augmentation de la rémunération des
éducatrices, qu'on a faite, ça passe par le programme éducatif, qu'on continue
de bonifier, ça passe par l'amélioration de la qualité, ça passe par des campagnes
de publicité aussi pour valoriser.
Donc, moi, je suis un grand défenseur de ça,
puis je serai toujours un allié des éducatrices pour valoriser la profession,
mais il reste que ça demande un travail de cohérence qui, jusqu'à maintenant,
n'a pas été fait avec la Loi sur l'instruction publique, notamment. Donc, c'est
les avis qu'on a, qui sont à l'effet que ça demanderait... Il y aurait des
zones de chevauchement qui demanderaient un travail qui est important. Est-ce
que ça veut dire qu'on met une croix là-dessus pour toujours? Pas du tout, ce
n'est pas une opposition de principe que j'émets ici, c'est plus que le projet
de loi qui nous occupe est important. Il faut avancer, il faut y aller, je
pense, rapidement parce que la priorité, c'est de créer des places le plus vite
possible... places de qualité le plus vite possible pour les parents. C'est la
raison pour laquelle on n'a pas intégré ça au projet de loi.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, moi, ce que
j'entends du ministre, c'est qu'ils l'ont considéré. Quand ils ont vu que des
groupes demandaient ça, ils y ont réfléchi puis ils se sont dit : Non, on
laisse délibérément la mention «de garde» parce qu'on trouve que c'est un peu
trop de trouble. Est-ce que c'est ça que j'ai compris? Parce que, dans le fond,
il dit qu'il a réfléchi à la...
M. Lacombe : Je l'ai expliqué. Moi,
je ne le dirais pas comme ça, là, mais je comprends que vous, vous l'expliquiez
comme ça. Moi, je ne le présenterais pas comme ça.
Mme Labrie : Mais vous l'avez
considéré. Vous n'êtes pas surpris de cette demande-là ce matin. Vous l'aviez
vu venir.
M. Lacombe : Bien, je vous le dis
moi-même, là. Donc, je ne ma cache pas, là.
Mme Labrie : Vous y avez réfléchi
puis vous avez dit non.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...la
parole à la députée. Après ça, on prendra les commentaires de M. le ministre.
Mme la députée, veuillez continuer, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Moi, c'est juste que
j'ai de la difficulté à comprendre l'argument parce que je ne vois pas quel est
l'impact négatif sur le gouvernement de faire ce choix-là. Il n'y a aucun coût.
Il n'y a aucun coût, c'est à coût complètement nul, là. C'est un changement
qui, pour le gouvernement, n'est qu'un changement symbolique, sur papier, là,
mais ça fait une différence monumentale pour les milliers de personnes qui
travaillent dans ce réseau-là, qui ne demandent que ça, d'avoir cette
reconnaissance symbolique. Ça a une valeur immense pour eux, pour elles. C'est
vraiment une valeur considérable. Le salaire, c'est important, puis il y a eu
des augmentations salariales importantes, mais la charge symbolique du mot
«garde», c'est important pour elles aussi, c'est vraiment significatif.
Je pense qu'on serait fous de se priver de faire
un changement qui est, somme toute, symbolique, là, qui ne représente aucune
dépense gouvernementale, pour aller envoyer un message limpide à tout le monde
que ce ne sont pas des gardiennes. Je ne comprends pas pourquoi on se priverait
de ça. Ça me semble éminemment simple. Il n'y a aucun endroit dans la Loi sur
l'instruction publique où on retrouve une mention de services éducatifs à
l'enfance. Cette mention n'existe pas dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, le problème technique que le ministre nous nomme, il n'existe pas. La
mention complète, elle n'est pas là, dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, je ne peux pas voir... À part de vouloir rester dans un paradigme de
l'ancien temps où on parlait de gardiennes puis de garderies, je ne comprends
pas pourquoi on est attachés à garder la mention «de garde» dans le titre de la
loi.
• (11 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, je vais le répéter,
là, sur le principe, je ne suis pas contre, mais, à un moment donné, vous êtes
les premiers... les premières... vous êtes des collègues féminines, c'est ça,
vous êtes les premières à nous demander d'aller rapidement. Vous êtes les
premières à me dire encore ce matin : On ne va pas assez vite, il faut
créer des places plus rapidement. Et vous voulez qu'on soit proactifs, qu'on
avance. Je respecte l'avis de la députée de Sherbrooke qui nous dit :
C'est facile à faire, c'est juste un bout de papier, puis faisons ça, puis ce
n'est pas de trouble. Ce n'est pas un avis qui est partagé par les juristes de
l'État, qui nous disent que ça demande une refonte complète de la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance et que ça amène des enjeux de cohérence
qui sont importants. Qu'est-ce qu'on fait
avec les enjeux de garde illégale? On ne dira pas que les gens offrent des
services éducatifs illégaux. Il y a
certains cas où on ne parle pas de garde éducative. Il y a certains cas où on
parle de garde tout simplement dans la loi.
Donc, on a
besoin d'avoir une distinction. Si on n'a pas ça, ça demande une refonte de la
loi. C'est effectivement beaucoup de travail. C'est un défi. Là, je vois
la députée de Sherbrooke qui n'a pas l'air convaincue, mais moi, je pense que
les parents s'attendent à ce qu'on avance. Les éducatrices s'attendent à ce
qu'on valorise leur profession, puis je pense qu'on l'a fait comme il n'y a pas
beaucoup de gouvernements qui l'ont fait au cours des dernières années,
notamment en mettant beaucoup d'argent sur la table pour améliorer leurs
conditions de travail. Donc, ça, je pense
que ça parle bien plus que d'enlever le mot «garde» dans la loi. Maintenant,
est-ce que je fais une croix là-dessus pour l'avenir? Si j'ai la chance
d'être à nouveau ministre de la Famille dans les prochains mois ou dans
l'avenir, non. Moi, je pense qu'on pourra se poser cette question-là, mais là
ça ne fait pas partie du projet de loi que je présente pour des raisons qui ont
été pesées et soupesées.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : D'abord, une petite
remarque préliminaire juste sur... parce que c'est un discours qu'on entend
souvent du gouvernement, là, il faut se dépêcher. On a déposé un projet de loi,
ça fait que, là, tout le monde l'attend, donc il faut aller vite, puis tout ça.
Je veux juste dire que ça fait des années qu'on l'attend. Ça fait des années
qu'on espère le développement de places. Et donc, quand on arrive à étudier un
projet de loi, moi, ce n'est pas les arguments qui
m'ébranlent, de dire : Là, il faut aller vite, vite, vite parce que tout
le monde l'attend, quand ça fait des années qu'on attend le projet de loi en
lui-même.
Donc, je pense qu'il faut prendre le temps qu'il
faut lorsqu'on est rendus à faire le projet de loi. Je ne dis pas que le
ministre veut le botcher, en bon français, mais je pense juste que c'est
important de s'entendre ici qu'une fois qu'on a le projet de loi devant nous
puis qu'on ne refera pas cet exercice-là à chaque année, avec tout ce que ça
comporte d'amener un projet de loi, de le déposer, toutes les étapes du projet
de loi, donc, il faut saisir le moment pour bien faire le travail, et, si ça
veut dire un petit peu plus de temps en étude détaillée, je pense qu'il faut faire
ça. C'est notre devoir, c'est notre travail de faire les choses correctement.
Donc, je ne voudrais juste pas qu'on nous dise :
Là, il faut aller vite, vite, vite, puis là vous retardez le processus, quand
il n'y a aucun objectif de retarder pour retarder le processus.
Assurément, on veut tout ce que ça avance puis que ça marche bien, mais il faut
bien faire les choses.
Puis là je
pense que c'est vraiment un débat important qui nous a été soulevé, qui est
soulevé depuis des années, de dire : Là, on est rendus à l'étape de
ne plus parler de services de garde. Et puis, moi, la proposition que je ferais
au ministre, c'est : Changeons le
titre. Puis je comprends tout ce qu'il dit, mais ma collègue de Westmount—Saint-Louis le disait très bien, là, quand
on a fait la réforme des commissions scolaires pour les centres de services
scolaires, là, ça impliquait, là, toute la papeterie, les nominations, les
plaques, les... Je veux dire, c'était un changement énorme. Là, il n'y a rien
qui s'appelle, dans le langage, puis sur les écriteaux, puis dans la...
«services de garde éducatifs à l'enfance». Je veux dire, c'est un nom qu'on a
donné à la loi puis qui se retrouve dans la loi, mais après on a les CPE, on a
les garderies, on a les milieux familiaux.
Donc, moi, ce que je proposerais au ministre,
c'est qu'on s'entende pour changer le titre. Puis, quand on va être dans le
détail du projet de loi, à chaque élément, oui, peut-être... Ça ne veut pas
dire que, parce qu'on change le titre, le
mot «garde» est proscrit quand on dit que c'est de la garde illégale, parce
qu'on se comprend que, là, c'est une autre
réalité. Il faudrait l'analyser à chaque élément, mais je ne pense pas que ça
veut dire que, là, on va complètement désorganiser la loi. Minimalement,
là, je lui demanderais de considérer ce changement de titre parce que c'est ce
qu'on a en pleine face tout le temps, c'est ce qui donne un peu l'impulsion,
parce que c'est le titre de la loi, et, si on veut passer à un autre état
d'esprit, bien, je pense que ce serait vraiment le signal à envoyer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : On jase, là, Mme
la Présidente. On a des arguments, là. Le ministre a soulevé un argument
où il a dit qu'il ne veut pas faire le changement parce que sans... à cause des
services de garde illégaux, mais ils ne font pas partie de ce projet de loi,
ils sont illégaux. Alors, je ne pense pas que c'est un argument qui tient la
route en ce qui concerne la raison pour ne pas aller vers l'avant pour faire ce
changement.
Je veux rajouter aussi quelques points que,
peut-être... va aider le ministre dans sa réflexion en ce qui concerne le propos d'enlever le mot «garde». On
est en pénurie de personnel, recrutement, 18 000 éducatrices et
éducateurs dont nous avons besoin, mais il y a un stigma derrière le mot
«garde», «garderie», puis, si on veut recruter encore plus davantage des hommes
à cette noble profession, et autres personnes à trouver un emploi au sein des
services éducatifs, bien, ça va être important aussi. C'est non seulement
valoriser le réseau actuel sur la place, mais aussi ça fonctionne pour le
recrutement, parce que, comme j'ai dit d'emblée, «words matter», puis ça change
aussi la donne. Si des gens voient «services
éducatifs» en comparaison avec «services éducatifs à la garde», «garderie»,
bien, peut-être, c'est un empêchement.
Ça fait que c'est aussi une façon de travailler
le recrutement, parce que, c'est sûr, la perception sur le terrain va changer
et, c'est sûr, ça va peut-être être plus attrayant pour des gens, des
professionnels qui seront peut-être moins intéressés si on parle de garderies.
Alors, c'est peut-être quelque chose à prendre en considération. Quand on dit
que ce n'est pas possible, peut-être c'est une bonne raison de dire : Oui,
c'est possible.
Le ministre a aussi parlé... il a dit qu'il y
avait des avis. Alors, j'invite le ministre à déposer ces avis. Comme ça,
peut-être, tout le monde autour de la table, tous les parlementaires vont
pouvoir prendre en considération la lecture des avis qu'il a reçus en ce qui
concerne la recommandation que le ministre a eue des légistes de ne pas
poursuivre un tel changement, parce qu'il dit qu'il avait consulté. Et, à la
limite, on peut suspendre l'amendement, prendre en considération les avis et
reprendre après. Comme ça, tout le monde va réfléchir avec toutes les mêmes
informations que le ministre a eues.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres...
Oui, M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, d'abord, je ne
veux pas m'éterniser là-dessus, là, mais d'abord pour dire... Je veux juste
préciser parce que, là, je ne veux pas qu'on parle de ça comme... Je ne dis pas
nécessairement qu'on a des avis écrits, là. Ce que je vous dis, là... En tout
cas, je n'ai pas envie de jouer dans ce film-là. Ce que je vous dis, je vous ai
parlé de l'avis des juristes de l'État. Donc, ça, c'est une chose. Je ne suis
pas en train de vous dire qu'on a ou pas des avis. Je suis en train de dire
qu'on a eu cette discussion-là, et qu'il y avait des enjeux soulevés. On a la
chance d'avoir un représentant ici avec nous qui pourrait très bien répondre à
vos questions si vous le souhaitez, mais, moi, pour l'instant, comme je le
mentionnais, il n'est pas de mon intention de mettre ça...
Et je veux juste revenir sur ce que la députée
de Joliette disait tantôt. Je suis d'accord avec elle, là. Ce n'est pas parce
qu'on dépose un projet de loi que, vite, vite, vite, il faut l'adopter. Ce
n'était pas le sens de mon propos. Ce que je dis, c'est que, dans la
préparation du projet de loi, qui est déjà déposé depuis un bon moment, depuis
le mois d'octobre, il faut faire des choix, parce que, si on veut régler tous
les problèmes du monde dans un projet de loi, on ne le
déposera jamais, le projet de loi en question. Donc, à un moment donné, il faut
faire des choix, et il y a eu un choix de ma part qui a été fait, c'est-à-dire
de me concentrer sur des éléments qui, à mon sens, étaient plus urgents. Ça
donne quand même un projet de loi qui est costaud, sur lequel on a beaucoup
travaillé, sur lequel on a consulté et, bien, en fait, pour lequel on a tenu
des consultations, ce qui nous a menés à déposer ce qu'on a déposé.
Donc, maintenant que c'est déposé, oui,
effectivement, on peut prendre le temps d'en débattre de façon correcte, de le faire correctement, mais il reste
que moi, j'ai fait un choix, ça a été de ne pas l'intégrer parce que ça
aurait voulu dire plus de travail. Et, à un
moment donné, comme je le disais, il faut prioriser, parce que les parents
attendent, et moi, je voulais déposer ce projet de loi là le plus le plus rapidement
possible. Donc, très clairement, je veux vous indiquer
qu'à ce moment-ci il n'est pas dans mon intention d'intégrer ça au projet de
loi même si, philosophiquement, je ne suis pas fermé à cette idée-là
pour l'avenir.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
• (11 h 20) •
Mme Labrie : Je veux juste dire à
quel point je trouve ça désolant que ce soit ça, l'argument du ministre, tu
sais, le fait que ça représente plus de travail, parce qu'ici, à l'Assemblée
nationale, dans le passé, puis je n'étais pas là à ce moment-là, mais il y a de
mes collègues qui y étaient, là, la loi n° 143, tu
sais, à ce moment-là, bon, les gens avaient jugé que ça valait la peine
d'ajouter un dossier éducatif de l'enfant, par exemple. Même si ça représentait
considérablement plus de travail, pour les éducatrices, de faire ça, on avait
jugé que ça valait la peine quand même. Bien là, moi, j'entends aujourd'hui un
ministre qui dit : Bien, ça, tu sais, c'est trop de travail pour mon équipe,
ça fait qu'on ne pourra pas le faire. Moi, je trouve ça désolant. Je trouve
juste ça désolant. Puis je pense que ça serait une reconnaissance de ce qu'on
leur demande, de jouer un rôle éducatif auprès des enfants. Dans le passé, on a
pris des décisions ici, à l'Assemblée nationale, pour ajouter à leurs
responsabilités en tant que personnes qui sont responsables de l'éducation de
ces enfants-là. Je pense que ça serait juste cohérent de le reconnaître
formellement, puis c'est juste un symbole, là, mais c'est une charge symbolique
très importante.
Donc, moi, je
vais arrêter ici mes représentations. S'il y en a qui souhaitent le suspendre
parce que le ministre... parce qu'ils ont de l'espoir que le ministre
change d'idée, bien sûr, ça va me faire plaisir qu'on le suspende puis qu'on y
revienne, mais je ne sens pas d'ouverture là-dessus. Donc, pour ma part, je
m'arrête ici.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Le ministre a
gentiment offert à nous d'entendre peut-être le légiste pour expliquer un peu
les arguments. Moi, je suis très ouverte à ça. Si l'offre est toujours là,
j'aimerais entendre l'avis, si c'est possible, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme D'Amours) : Bien sûr.
Est-ce que, monsieur, vous allez vous présenter, s'il vous plaît? Et
j'ai besoin du consentement pour que monsieur puisse prendre la parole. Est-ce
que j'ai le consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, monsieur, présentez-vous, s'il vous plaît.
M. Lavigne (Marc) : Bonjour, Marc
Lavigne, de la Direction des affaires juridiques du ministère de la Famille, du
ministère des Relations internationales, et je représente le ministère de la Justice.
Bon, le changement proposé est un changement
beaucoup plus que... c'est un changement profond de la loi. La loi est basée
sur la garde. La plupart des articles importants de la loi parlent de la garde
des enfants. De fait, même une des créatures qui est titulaire de permis est
une garderie. Le règlement est basé sur la garde des enfants, en particulier le
Règlement sur la contribution réduite, qui prévoit des heures de garde des
enfants. Même, dans le concept même de la cohérence de la loi, tout ça est basé
sur la garde. Changer ça pour amener un autre terme, qui pourrait être
«services éducatifs», ça sous-entend d'être capable d'adapter cette nouvelle
définition à ce que vise à peu près 90 % de la loi. Ça demande des
amendements beaucoup plus profonds que changer seulement un nom, c'est vraiment...
La base même de la loi, c'est sur la garde des enfants.
Et puis il y a une certaine logique qui guide ce
qui s'est fait dans la loi, et cette logique-là sous-entend aussi que c'est
comme notre logique. C'est-à-dire que, quand on parlait tantôt de la Loi sur
l'instruction publique, bon, il n'y a peut-être pas une occurrence parfaite,
mais ça va nous obliger à vérifier les occurrences non seulement dans la Loi
sur l'instruction publique, mais dans tout le corpus législatif, parce que...
pour vérifier jusqu'à quel point on est capables de spécifier, pour les
services dont on veut avoir juridiction, que, pour ces services-là, là, voilà
comment ce qu'on va inventer une nouvelle définition. Et ça m'étonnerait qu'on
puisse arriver avec une définition de services de... de services éducatifs sans
avoir à compléter avec quelque chose, ne serait-ce que pour distinguer, à
l'intérieur même de notre loi, certains paramètres qui y sont définis. Ce n'est
pas un changement facile, et sans parler aussi du reste du corpus législatif,
parce qu'il y a d'autres lois qui font référence à des garderies. Il y a
d'autres lois qui font référence à des services de garde. Il y a des crédits
d'impôt. On peut imaginer une foule de lois que je ne connais pas toutes, et ça
va demander une recherche, une adaptation et de maintenir une logique qui est
la logique qui est derrière la loi. C'est ce que j'ai à dire.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Oui, la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Évidemment, qu'est-ce
que je propose, c'est un changement de paradigme. Donc, j'entends bien que,
oui, c'est ça que je veux, c'est ça que je propose, c'est ça que d'autres
groupes nous ont proposé, de changer de paradigme, de changer... d'abandonner
complètement le paradigme dans lequel il était question de garde pour passer à
un paradigme dans lequel il est question de services éducatifs. C'est de ça
dont on parle. Moi, je pense qu'on doit le faire. Je vois bien que ça représente
du travail. Je pense qu'on doit faire ce travail. Ici, on ne le fait pas.
Je souhaite, sincèrement, bonne chance au
ministre pour recruter les milliers de personnes que ça va prendre dans son réseau, puis je lui souhaite pour vrai,
sincèrement, bonne chance, parce que j'en ai plein, des amis qui n'ont
rien que ça, des enfants, en ce moment, puis qu'ils en attendent une, place.
Donc, je le souhaite pour vrai, bonne chance, mais je pense que ça va être
difficile si on reste dans un paradigme où on décide consciemment de continuer
de parler de garde pour ce qui se passe dans ces milieux-là où on cherche
désespérément à recruter en ce moment, parce que ça n'a jamais été valorisé, la
garde. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va réussir à valoriser la garde. L'éducation
est valorisée, malheureusement pas assez, là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette, est-ce que vous aviez levé la main?
Mme Hivon : Bien, c'est un peu dans
le même sens, c'est-à-dire que je pense que peut-être qu'on ne s'entend pas sur
les objectifs qu'on veut atteindre avec le projet de loi. En partie, on
s'entend, mais je pense qu'il y a une volonté de la part de certaines
personnes, dont moi, dont mes collègues... En tout cas, je ne peux pas parler
pour tout le monde, mais ce que ma collègue de Sherbrooke venait de dire, c'est
de vraiment réfléchir sur l'impulsion qu'on veut donner puis l'avenir qu'on
veut vraiment donner, au-delà de l'idée de créer des places puis de faire des
changements au guichet unique, puis qui sont des choses importantes, là, tout
le monde convient de tout ça, mais je pense qu'il y a une volonté aussi d'aller
plus loin. Puis, moi, c'est dans cette volonté-là que s'inscrit, par exemple,
ma proposition de dire : L'avenir ne passe pas par le développement de
places en garderie.
Puis je pense que le nom en lui-même nous fait
résonner. J'entends très bien les explications du légiste qui, lui, évidemment, se pose ses réflexions dans le
cadre actuel où les orientations politiques qui lui sont données, là, ça
va de soi, donc, mais, justement, je pense que ça doit nous amener à se
dire : Bien, on est probablement rendus à passer à l'étape de n'avoir que
des services éducatifs, et donc d'avoir un plan de conversion des garderies
vers les CPE. On pourra en rediscuter, là. Je ne veux pas, au moment du titre,
faire tout de débat-là, mais ce que je veux dire, c'est que, oui, c'est un
changement plus profond qui est demandé, puis je pense que c'est le moment de
le faire. Pourquoi? Parce que le ministre lui-même dit : Je vais créer
37 000 places. Donc, on n'a pas vu ça depuis le lancement du réseau
puis les années qui ont suivi le lancement du réseau, où on le développait, on
le développait.
Donc, c'est un moment charnière pour la suite
des choses. Si on se dit collectivement : On veut compléter le réseau,
garantir une place à tous les enfants, bien, c'est le temps de se dire :
On prend les bonnes orientations. Puis, selon moi, les bonnes orientations,
c'est des services éducatifs de qualité dans les meilleurs endroits pour donner
ces services-là. Donc, oui, ça veut dire un changement un peu plus profond que
je pense qu'on est tout à fait capables de faire ici, là, sans être en train de
dire qu'on va en avoir pour des mois et des mois, là. Je pense que c'est une
question de volonté puis qu'on est capables d'y arriver avec une période
transitoire. Donc, c'était juste pour souligner ça. C'est certain que ça veut
dire plus que juste changer un titre, mais je pense que c'est ça, la volonté
aussi qu'on devrait se donner.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci beaucoup pour
les précisions. Ça m'a amené à la réflexion de : quand quelqu'un dépose un projet de loi, peu importe c'est qui,
c'est courant qu'il va y avoir des impacts sur d'autres lois, n'est-ce
pas?
M. Lavigne
(Marc) : Bien, habituellement, ils sont prévus dans le
projet de loi lui-même, ce qu'on appelle des dispositions modificatives.
Dans le cas qui nous intéresse ici, là, on n'est pas là-dedans, là, on est très
loin de cela, là.
Mme Maccarone : Dans le fond, ça
aurait pu être prévu. Je comprends que la charge de travail est très
importante. On parle de peut-être combien d'heures de travail si on avait un
estimé de faire ceci?
M. Lavigne
(Marc) : Bien, je pense
qu'on se retrouverait devant une refonte complète de la loi et de ses
règlements.
Mme Maccarone : Bien, un peu comme
on a fait avec le projet de loi n° 40, un peu comme on a fait avec le
projet de loi n° 18, parce qu'il y avait 57 règlements et plusieurs
lois qui ont été modifiées juste à changer «commissions scolaires» pour
«centres de services scolaires».
M. Lavigne (Marc) : Mais est-ce que
ça a été fait par amendement ou ça a été fait dans le coeur même de la loi qui
refondait la loi?
Mme Maccarone : Dans la loi.
• (11 h 30) •
M. Lavigne
(Marc) : Oui. Alors, ici, on est par amendement. On n'est pas dans le
coeur même de la loi telle qu'elle a été formulée. C'est une grande
distinction, je pense, qu'il faut apporter. Et, deuxièmement, comme je vous le
dis, c'est toute la structure de la loi, c'est sa base même qui est chambardée.
Mme Maccarone : ...puis je comprends
que ça peut être complexe, sauf que je pense qu'on a les moyens de trouver les
bons termes. Je vous ai entendu quand on a dit : Si on parle d'heure de
garde, mais on peut dire heures de service. Tu sais, même le conseil québécois
a changé leur nom pour conseil québécois pour services éducatifs à l'enfance.
Tu sais, je... Il y a vraiment une tendance, un changement sur le terrain. J'ai
aussi entendu le ministre dire que... tu sais, c'est peut-être dans le futur,
mais le moment est là. Ce n'est pas chaque fois qu'on trouve des projets de loi
ou qu'on change des traits de projets de loi. Ce n'est pas un projet de
loi-cadre, c'est un projet de loi fondamental qui va avoir un gros changement,
puis un gros impact sur le réseau. Ça fait que, si ce n'est pas maintenant, ça
va être quand? Tu sais, on peut s'attendre que ça va être pas avant un autre
10 ans, 15 ans, 20 ans. Je pense qu'on a les moyens de trouver
les bons termes puis les bons mots pour les modifier, et, oui, peut-être ça va
se faire par amendement. Mais moi, j'entends souvent, on a jasé de ça beaucoup,
moi et M. le ministre, lors du projet de loi n° 18, tout est possible avec
le consentement. Alors je pense qu'on a des moyens de trouver des solutions
pour faire ceci, parce que c'est fondamental, parce qu'on n'aura pas une autre
opportunité ou occasion de le faire.
Ça fait que je ne sais pas si... puis le
ministre dit qu'il n'y avait pas un avis formel écrit qui a été déposé, alors
ça veut dire que c'est plutôt un choix.
M. Lacombe : Bien, moi, je l'ai dit
clairement, là.
Mme Maccarone : Puis là je rejoins
ma voix à ma collègue, de dire : C'est désolant, parce que c'est le moment
de le faire. Puis, moi, ce que j'ai connu de notre travail ensemble,
c'est : Tout est possible aussi. On a fait plein de changements pour le
curateur public. C'était vraiment une réforme importante. Ça fait que je pense
que c'est le moment de le faire, parce qu'on n'aura vraiment pas une autre
occasion de faire. Mais c'est vraiment un choix qu'on fait maintenant.
C'est complexe, tout à fait. Je comprends qu'il
y a une complexité, mais je pense qu'il y a aussi possibilité de le faire. Ça fait qu'il faudra... même, comme on
l'a déjà dit, on peut suspendre l'amendement pendant que les légistes
travaillent en arrière-plan sur des amendements à retravailler au sein du
projet de loi. On parle de plusieurs termes, mais on ne parle pas de
changements, nécessairement, une réforme totale. On ne dit pas que c'est... on
enlève le mot «garde», puis là tout le monde
va tomber à terre. On change «garde» pour «services», on change «garde» pour
«éducatifs». Ça fait que je pense qu'on a les moyens de trouver un juste
milieu.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, moi, j'entends,
là, mais j'ai déjà fait les commentaires que je devais faire, ajoutez à ça ceux
de monsieur... de Me Lavigne. Je pense que notre position est assez claire,
mais je suis persuadé qu'on saura faire d'autres avancées ensemble sur d'autres
amendements.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions?
Mme Maccarone : Nous sommes prêts à
écrire tous les amendements, Mme la Présidente, s'il faut. Pour partager le
travail, on va scinder le travail en deux, M. le ministre. On est prêts à
prêter main forte. Vous avez... il y a trois collègues ici qui veulent mettre
la main à la pâte. C'est ça, mettre la main à la pâte, parce qu'on veut
travailler en collaboration, parce que c'est important. Pour vrai, on n'aura
pas une autre occasion de le faire. Ça fait que c'est vraiment prendre la main
tendue, M. le ministre. Travaillez avec nous pour faire ce changement, pour
valoriser le réseau. C'est le moment de le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais vous demander si
l'amendement à l'article 0.1 est adopté.
M. Lacombe : Bien, nous, on est
contre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vote
par appel nominal? Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire : M. Lacombe
(Papineau)?
M. Lacombe : Contre.
Le
Secrétaire : Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
M.
Bachand :
Contre.
Le Secrétaire :
Dans la salle Lafontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme
Lachance : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount-Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. Nous poursuivons nos travaux, et je
prends en considération l'article 1. Donc, M. le ministre.
M. Lacombe : Merci,
Mme la Présidente. Donc :
L'article 1 de
la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance est modifié :
1° par le
remplacement, dans le premier alinéa de «fournis par les prestataires de
services de garde qui sont visés» par «destinés aux enfants avant leur
admission à l'école»;
2° par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant :
«Elle a également
pour objet de favoriser le développement harmonieux d'une offre de services de
garde éducatifs à l'enfance qui soit pérenne et qui tienne compte des besoins
des parents afin de faciliter la conciliation de leurs responsabilités
parentales et professionnelles.»
Mais j'ai un
amendement, Mme la Présidente, comme je vous l'ai indiqué un peu plus tôt.
Est-ce que j'y vais avec l'amendement?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce que tout le monde a reçu l'amendement? Donc, je
vais déposer l'amendement sur Greffier. Je suspends les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
11 h 36)
(Reprise à 11 h 40)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Alors, M. le ministre, si vous
voulez bien faire la lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
M. Lacombe : Oui,
donc, remplacer le deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance proposée par le paragraphe 2° de
l'article 1 du projet de loi par le suivant :
«Elle a également
pour objet de favoriser le développement harmonieux d'une offre de services de
garde éducatifs à l'enfance qui soit pérenne
et qui tienne compte des besoins des parents afin de faciliter la conciliation
de leurs responsabilités parentales avec leurs responsabilités
professionnelles ou étudiantes, ainsi que leur droit de choisir le prestataire
de services de garde.»
Donc, c'est un
amendement qui introduit le concept de conciliation des responsabilités parentales
avec les responsabilités étudiantes. Et
c'est un amendement qui a aussi pour effet de maintenir, c'est ce que je vous
disais tantôt, de maintenir à l'article 1 de
la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance l'énoncé du droit des
parents de choisir le prestataire de service
de garde, comme il est formulé actuellement. Donc, pendant les consultations
particulières, on a bien entendu que, malgré que ce droit-là restait dans la
loi, mais qu'il était déplacé à d'autres articles, il y a des intervenants qui
souhaitaient qu'on le maintienne à l'article 1, et on a trouvé que ça
avait servi, effectivement, bien du bon sens. Donc, on le réintroduit par le
fait même.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Y a-t-il... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Oui, je vais juste dire, je salue cet amendement. Probablement, on avait tous
préparé un amendement pour rectifier le tir pour ceci. Je pense que ça va être
très bien reçu sur le terrain. J'avais des inquiétudes profondes pour, entre autres, les parents avec des enfants handicapés.
Souvent, c'est dur de trouver une place puis ça fait que ça prend une certaine flexibilité dans le réseau.
Dans mon comté de Westmount—Saint-Louis, parce que ça comprend le centre-ville
de Montréal, il y a plusieurs parents qui se déplacent, puis ils amènent leur
enfant à leur emploi. Ça fait que ce n'est
pas le service éducatif de leur quartier. Alors, il y avait beaucoup
d'inquiétudes sur le terrain que cette possibilité puis cette flexibilité auraient été enlevées. Ça fait
que je trouve que c'est un amendement qui est très favorable, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui, juste pour faire remarquer au ministre que, si on veut donner la pleine
portée à cet amendement-là pour avoir le droit de choisir, puisqu'on parle
vraiment de droit, ça veut dire que, normalement, il y a assez de place dans le
service, le type de service que l'on veut pour pouvoir y avoir accès. Et donc
je fais juste ramener le fait que beaucoup, beaucoup de parents souhaitent
avoir une place en CPE. Et là, ici, on vient parler du droit de choisir le prestataire de service de leur choix, là. Je ne sais
pas si c'est comme ça que c'est dit, parce qu'il y a «choix» puis
«choisir», là, mais, en tout cas... Donc, je veux juste porter à l'attention du
ministre que, pour que ce droit-là soit réel et effectif, ça veut dire qu'on va
créer assez de places dans le réseau qui est le réseau privilégié sondage après
sondage, le numéro... le choix que souhaiteraient beaucoup, beaucoup de
parents, qui est le CPE. Donc, je voulais
juste porter ça à l'attention du ministre parce qu'à partir du moment où l'on
parle du droit de choisir, bien, ça veut dire que le choix, il est réel.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Mme Hivon :
...juste parce que je pense qu'après il va falloir être conséquent dans le
projet de loi.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Mme la députée de
Sherbrooke?
Mme Labrie :
Merci. Je suis très, très contente que le ministre ramène la notion de choix.
J'aimerais ça qu'il nous explique ce que ça veut dire pour lui, le
développement harmonieux.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Lacombe :
C'est une excellente question. C'est ce qui a fait défaut dans le réseau, je
dirais, peut-être dans les... à une certaine époque, qui a fait que le
développement, plutôt que d'être harmonieux, s'est fait de façon désordonnée.
Je pense que, depuis déjà plusieurs années, pas depuis notre élection, mais ça
s'est entamé avant, je pense qu'il y a un revirement, là, il y a un
réalignement du développement harmonieux. Mais, pour nous, ça veut dire de ne pas mettre... Vous savez, moi, je suis très
d'accord avec le fait qu'habituellement la concurrence, ça fait en sorte
qu'on obtient de meilleurs services. Parce que, quand on veut que les gens
viennent chez nous, on se force pour offrir un service qui est meilleur que
chez le voisin. Donc, je pense qu'habituellement dans les entreprises la
concurrence fait... a son effet, qui est positif.
Par contre, dans les
services de garde éducatifs à l'enfance, le but n'est pas de permettre aux
services de garde d'y aller et de pouvoir
s'installer partout, mais c'est aussi de s'assurer que le développement est
harmonieux, donc de ne pas permettre,
par exemple, à des garderies ou à des CPE de s'installer dans des quartiers où
l'offre répond déjà à la demande.
Parce que qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là? Bien, on entraîne du mouvement
de personnel, on entraîne du mouvement
chez les enfants, ça les déstabilise, ce n'est pas bon pour leur stabilité,
donc, évidemment. Donc, le développement harmonieux, c'est de s'assurer qu'on développe aux bons endroits et
qu'on est capable de s'assurer que le réseau atteint un équilibre sans pour autant leur permettre de se
développer partout et que, finalement, on connaisse ce qu'on a connu à
Montréal, par exemple, où, là, on a un surplus de places actuellement. Donc, on
a plus de places que ça nous prendrait à Montréal, mais on manque de places subventionnées dans bien des
quartiers où, notamment, on en aurait le plus besoin, où il y a le plus
d'enfants défavorisés. Bon, ça, à mon sens, ce n'est pas un développement qui
est harmonieux. Il faut viser le contraire.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, c'est éclairant. Quand le ministre parle d'un équilibre, puis il fait
notamment mention de la question de la proportion de places qui sont
subventionnées ou pas, il se situe où, l'équilibre, pour lui, dans la
proportion de places subventionnées?
M. Lacombe :
C'est une bonne question. Historiquement, on a eu... et c'est intéressant, la
discussion qu'a apportée la députée de Joliette tantôt. Je ne veux pas lui
mettre de mots dans la bouche, mais j'ai compris qu'elle sous-entendait qu'on
retirait quelque chose dans nos façons de faire ou qu'on... c'est-à-dire, la
cible de 85 % en CPE, 15 % en garderies privées, qui était une règle
non écrite, qui a toujours été un objectif, qui a rarement été atteint, je veux dire, si on sortait le résultat des appels de
projets des 20 dernières années, ça a été très, très rarement atteint.
Mais je pense que c'est toujours du cas par
cas. Mais vous me posez la question sur la proportion de CPE qu'il devrait y
avoir dans le réseau comparativement au privé. Est-ce que c'est ça, la
question?
Mme
Labrie : Bien, c'est juste
qu'il a dit que, pour lui, il y avait une notion d'atteindre l'équilibre.
«Harmonieux», ça voulait dire atteindre l'équilibre, mais encore? Il est où,
cet équilibre? Comment on mesure qu'on l'a atteint?
M. Lacombe : Bien, il faut que
chaque enfant ait une place. Ça, c'est clair.
Mme Labrie : O.K., mais, quand il
parlait de l'équilibre au niveau de l'offre de places selon les tarifs,
l'équilibre, il est où par rapport à ça? Parce que, si chaque enfant a une
place, ils peuvent avoir des places à 70 $ par jour. Est-ce qu'on a
atteint un équilibre?
M. Lacombe : Tout à fait. Bien, je
pense que, si l'esprit de ce développement harmonieux avait été respecté, je dirais, dans les 20 dernières années, on
n'en serait pas arrivé à ce qu'on connaît actuellement à Montréal. Donc,
c'est ça, pour moi, l'équilibre, c'est ça,
pour moi, un développement harmonieux, c'est de s'assurer que, quand on
développe, bien, on n'y va pas tout dans le
privé non subventionné ou tout dans le subventionné, c'est important d'avoir un
certain équilibre. Nous, comme gouvernement, on priorise puis on privilégie les
places qui sont subventionnées à 8,70 $. Par contre, il y a certains
secteurs, notamment, je le disais, du Québec, notamment à Montréal, où ça n'a
pas été le cas, donc ça n'a pas été harmonieux, et il n'y a pas d'équilibre.
Mme Labrie : Moi, je reconnais que
n'était pas harmonieux puis qu'il n'y avait pas d'équilibre avant, mais je veux
juste savoir comment le ministre va faire pour mesurer qu'il a atteint un développement
harmonieux. Donc, c'est quoi sa cible à lui? Est-ce que c'est un certain
pourcentage de places qui sont en CPE ou subventionnées, par exemple? Je veux savoir. Je veux qu'on se donne
les outils, de mesurer si ça marche, là, de favoriser un développement
harmonieux.
M. Lacombe : Le développement
harmonieux, si on prend ça, parce que, là, on peut partir puis, après ça, dire
que ça, et ci, et ça font partie d'un développement harmonieux, mais, à mon
sens, ce qui est là, et il faudrait voir, je ne sais pas l'intention du
législateur à ce moment-là, lorsque ça a été introduit dans la loi, mais, à mon
sens, la façon dont je l'interprète, c'est de nous assurer que lorsqu'on
développe des places, d'abord, il faut viser qu'il y a un équilibre et il faut
s'assurer qu'on le fasse partout au Québec, pas seulement en priorisant
certaines régions, et que, lorsqu'on le fait, bien, on s'assure qu'on n'y aille
pas, par exemple, tout dans le non subventionné, comme ça a été le cas à
Montréal, mais qu'on y arrive avec un développement qui est harmonieux, donc
qui répond aux besoins des parents, et qu'il n'y ait pas une situation, qu'il
n'y ait pas une région du Québec, par exemple, qui se retrouve... ou un
quartier qui se retrouve sciemment, parce que le gouvernement n'a pas agi, dans
un débalancement où des parents n'auraient pas accès à des places
subventionnées parce qu'il n'y en a pas eu de créées dans ce secteur-là.
Mme Labrie : Je vais essayer d'être
plus explicite avec ma question, parce que le ministre, tu sais, j'aimerais ça
qu'il me donne un chiffre.
M. Lacombe : Soyez plus précise.
Mme
Labrie : Bien oui, je vais
essayer d'être plus précise. À partir de quel pourcentage de places
subventionnées ou un CPE le ministre va-t-il considérer qu'il a réussi à
atteindre un développement harmonieux?
M. Lacombe : Bien, je pense que ça
ne se calcule pas comme ça. Je pense que... je veux dire, il n'y a pas de notion
de pourcentage qui est accolée à ça, parce qu'un développement harmonieux,
c'est plus qu'un pourcentage de places subventionnées. Mais vous connaissez mon
avis là dessus, là, je veux dire, si vous faites la revue de presse, vous savez
que moi, je suis entièrement pour un réseau qui, à terme, sera subventionné
dans son entièreté.
Mme Labrie : On vise un réseau
subventionné à 100 %.
M. Lacombe : Bien, je l'ai déjà dit
publiquement, donc ce n'est pas une nouvelle.
Mme
Labrie : Est ce qu'on peut
inscrire dans la loi plus de détails, par exemple une phrase ou un
paragraphe supplémentaire qui viendrait
expliquer quelle est, justement, l'intention du ministre, ce qu'il entend par
«développement harmonieux d'une offre de services de garde», par exemple, pour
nommer que l'offre doit correspondre à la demande sur chaque territoire et
nommer la question de l'équilibre dans l'offre de places subventionnées ou en
CPE?
• (11 h 50) •
M. Lacombe : C'est
une bonne question. Il faudrait voir si c'est l'endroit qui est approprié dans
la loi, parce qu'évidemment la loi comporte
beaucoup d'articles. Il y a des endroits où on parle plus explicitement du
développement du réseau. Donc, il faudrait
voir si c'est à cet endroit-là que c'est le plus approprié. Pour ces
questions-là, qui sont davantage d'ordre juridique, je m'appuie
évidemment beaucoup sur le travail des légistes, qui sont des juristes de
l'État. Donc, si la députée de Sherbrooke
souhaite qu'on le précise, on peut regarder ce qui est possible. Mais, tu sais,
ce que je veux dire, l'intention, elle est là, elle est claire, un
développement harmonieux, puis je pense que le meilleur exemple, c'est pour
éviter ce qu'on a connu à Montréal.
Mme Labrie : Mais je vais être... je
vais me permettre de dire, puisqu'il me le demande, le ministre, je pense que,
comme législateurs, on doit absolument inscrire ici ce qu'on entend par
«développement harmonieux», parce qu'il y a d'autres gouvernements avant, par
exemple, qui ont considéré que le développement harmonieux, c'était de laisser
des garderies privées ouvrir n'importe où, puis, eux autres, c'était adéquat.
Alors, vous...
M. Lacombe : Je ne sais pas si
c'était dans la loi à ce moment-là, c'est ça qu'il faudrait voir. On pourrait
vous revenir, peut-être.
Mme Labrie : Bien, moi, je
pense que l'intention du législateur, on doit l'écrire. On est ici en train
d'écrire cette loi-là. Donc, si on inscrit qu'on veut favoriser le
développement harmonieux, on doit écrire ce qu'on entend par là. C'est quoi une offre de services qui va
répondre aux besoins des parents, je pense qu'il faut écrire ça. Parce que,
sinon, il y a des gouvernements qui vont se succéder, et qui ne vont pas avoir
la même interprétation de ce que veut dire un développement harmonieux, puis
qu'ils pourraient développer le réseau de manière complètement différente.
M. Lacombe : Mais ce que je
veux dire, là, je ne suis pas contre, là, mais ce que je veux dire, c'est que le
développement harmonieux est déjà dans la loi. Donc, ça a déjà été introduit
par un autre gouvernement dans la loi. Et là vous me posez une bonne question.
Il faudrait voir c'était à quel moment, et à ce moment-là, lorsque ça a été
introduit, là, j'imagine bien qu'il y a eu cet exercice qu'on est en train de
faire et que l'intention du législateur, à ce moment-là, est indiquée. On le
souhaite. Mais, si, maintenant, on fait des modifications à ça, ce n'était pas
mon objectif, vous voyez, il n'y a rien à cet effet là, moi, je pense que ça
parle de soi-même. Si, effectivement, on amène des modifications, là, bien sûr
que notre intention à nous sera là. Mais nous, on n'amenait pas de modification
à la notion de développement harmonieux. Donc, il faudrait voir. C'est une
bonne question. On pourrait essayer peut-être de fouiller dans les archives
pour voir à quel moment, puis peut-être y revenir plus tard, mais voir à quel
moment ça a été introduit, pour quelles raisons, puis le législateur, à ce
moment-là, avait quelle intention.
Mme Labrie : Parfait. Bien,
donc, moi, je comprends que c'est une notion qui est déjà dans la loi depuis un
moment, et puis on a vu ce que ça a donné concrètement. Donc, je pense qu'on...
M. Lacombe : Mais on ne sait
pas à quel moment c'est intervenu.
Mme Labrie : Non, on ne sait
pas à quel moment, mais on a vu, là, bon, le résultat de la manière dont le
développement des places s'est fait dans le passé.
M. Lacombe : Si c'est dans 143
que ça a été introduit, ceci explique cela, parce que le développement
anarchique s'est fait sous les gouvernements précédents. 143 est venu, à mon
sens, régler. Ce n'était pas dans 143?
Mme Hivon : ...sous les
gouvernements précédents.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...un
temps de pause pour la technique, pour la prise de son, s'il vous plaît. Donc, prendre un certain temps, même si je
vous ne nomme pas, mais de prendre un temps pour que la technique puisse
changer de micro. Je vous demande votre collaboration, s'il vous plaît. Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, simplement,
je pense que mon message était clair, là. Pour prévenir qu'il y ait un
développement qui ne corresponde pas à notre intention aujourd'hui, je pense
qu'on doit rajouter une phrase ou deux, si nécessaire, pour indiquer clairement
le type de développement attendu, par exemple, en termes d'offre et de demande
sur les différents territoires. Moi, c'est les deux notions que le ministre m'a
nommées. Pour répondre à ma question, là, l'endroit où on développe des places
puis le tarif. Donc, je pense qu'on doit être plus clair là-dessus.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre, une intervention?
M. Lacombe : Bien, en fait, je
voudrais juste comprendre la proposition de la députée de Sherbrooke. Est-ce
qu'elle nous propose un amendement? Est-ce que...
Mme Labrie : Mais moi, je peux
te proposer un amendement, mais, si je le fais, je vais proposer ma définition
de ce qui serait un développement harmonieux. Ça se peut que ça ne soit pas
celle du ministre. Donc, je lui proposerais de nous soumettre la sienne. Mais,
s'il n'est pas prêt à le faire, on peut suspendre. Je vais rédiger la mienne, mais ça se
pourrait que ça ressemble à 100 % de développement en CPE. Donc, j'ai
compris que ce n'est pas ça que le ministre voulait faire. Donc, si on
veut l'adopter, cet amendement-là, je l'inviterais à le rédiger lui-même.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Est-ce qu'on peut
suspendre? Je vais voir si on peut donner plus d'information à la députée de
Sherbrooke sur ce sujet-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien
sûr. Nous suspendons nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
(Reprise à 12 h 06)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous
plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Après vérification, le terme «harmonieux» est présent dans la loi
depuis 2005, ce qui confirme mes craintes qu'il ne soit pas suffisant en soi,
là, pour s'assurer que le développement corresponde à ce qu'on souhaite. Parce
qu'on a vu que le développement des places s'est articulé de plusieurs manières
complètement différentes les unes des autres depuis 2005 et que ce n'était pas
toujours harmonieux, selon ma définition personnelle ni celle du ministre
actuel, je pense, puisqu'il l'a mentionné lui-même.
Moi, je pense que, tel quel, ce n'est pas
suffisant pour s'assurer qu'à long terme on ait le type de développement qu'on
veut. Le ministre semble rassuré qu'ailleurs dans la loi il y a des articles
qui vont venir le baliser. Je pense qu'on va s'assurer que ces articles-là
soient efficaces, ailleurs dans la loi, pour qu'on atteigne notre objectif.
Parce que, sans ces articles-là, moi, je crains que la simple formulation qu'on
a sous les yeux en ce moment ne nous permette pas d'assurer un développement
harmonieux. Et on va prendre toutes les dispositions, aux autres articles, là,
pour pouvoir sécuriser un développement équilibré.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Mme la
Présidente, je veux juste passer un commentaire sur ce que le ministre a dit en
ce qui concerne le développement anarchique, dans les années passées, et aussi
parler un peu du réseau privé.
Je comprends qu'on a une volonté de vouloir
développer dans le réseau subventionné, dans les CPE, puis c'est très
important, puis je constate. Mais il ne faut jamais oublier que, si on a un
réseau de CPE actuellement en place, qui a été mis en place par
Mme Marois, c'était fait parce qu'on a fait de la conversion du réseau
privé qui existait. C'est l'«inception» actuelle du réseau de centres de petite
enfance. Alors, je ne veux jamais oublier qu'ils ont quand même prêté main
forte, ils ont un rôle à jouer au sein de ceci.
J'ai l'impression qu'on est en train de dire
qu'on a adapté puis on a ouvert des garderies partout, pêle-mêle, anarchiques.
C'est le mot que le ministre a utilisé. Tu sais, je ne veux pas jouer ce jeu,
Mme la Présidente, mais, si on va attaquer les gouvernements précédents pour
leur façon de faire, c'était quand même sous le gouvernement libéral qu'il y
avait 13 000 places qui ont été ouvertes, avec la comparaison, sur
trois ans, de 4 000 places. Alors, tu sais, c'est quand même une comparaison à faire. Et autant de garderies
qui ont été développées, qui sont questionnables, parce que, question de
l'emplacement, les gens ont... Dans leur propre rapport, c'est écrit.
Aussi, je veux passer une mention que, oui, tu
sais, le réseau, tout ce que les... pour les familles, c'est très important.
Puis, oui, il y a les trois piliers, Mme la Présidente. Oui, les services
éducatifs, c'est le pilier numéro un. Mais
c'était quand même sous un gouvernement libéral qu'on a mis en place le Régime
québécois de l'assurance parentale, qui est très important et
nécessaire. Les allocations familiales pour tous, c'est un gouvernement libéral
qui a fait une négociation avec le fédéral.
Puis c'est des programmes qui ont été bonifiés par le gouvernement actuellement
en place.
Alors, je veux juste m'assurer que ce n'est pas
comme ça que nous allons jouer. Moi, je veux travailler de bonne foi pour le
projet de loi, mais je ne veux plus entendre des mots comme «anarchist». Ce
n'est pas la façon que je veux travailler ensemble avec...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Anarchiste.
Excusez-moi avec la prononciation, Mme la Présidente. Je veux m'assurer qu'on a
un bon dialogue puis un bon échange pour s'assurer qu'on peut travailler en
collaboration pour bonifier le projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? M. le ministre.
M. Lacombe :
Bien là... puis, encore là, je ne veux pas qu'on se lance dans un grand débat,
mais là, là, je bats en retraite, là, devant la députée de Westmount—Saint-Louis
qui semble vouloir, là, tu sais, défendre l'héritage libéral en matière de
services aux familles. Moi, je n'ai jamais dit, je ne suis pas en train de dire
que le Parti libéral est un pas bon puis qu'il n'a jamais
rien fait de correct, là. C'est vrai que le Régime québécois d'assurance
parentale, qui avait été proposé dans le livre blanc de Pauline Marois, Lucien
Bouchard par la suite, a été... je comprends tout ça, là. Moi, j'ai seulement
répondu à une question à l'effet qu'effectivement à Montréal il y a eu un
développement qui a été anarchique, là. Tu sais, je veux dire, je ne veux pas
qu'on...
Et les garderies
privées elles-mêmes... Et je ne suis pas en train d'attaquer les garderies
privées. Aujourd'hui, les garderies privées elles-mêmes, les garderies privées
non subventionnées, elles-mêmes, nous disent qu'à Montréal elles sont trop
nombreuses parce que tout le monde a pu avoir des permis. Parlons avec
l'Association des garderies non subventionnées en installation, avec la
coalition des garderies non subventionnées du Québec, ils vont tous vous le dire, là, il y a trop de garderies à Montréal,
elles veulent toutes être subventionnées, ou à peu près, puis elles
veulent qu'on réduise le nombre. C'est parce que le développement, à Montréal
principalement, n'a pas été harmonieux. Puis ce n'est pas une insulte, là,
quand je vous parle d'anarchique, la.
• (12 h 10) •
Mme Maccarone :
Anarchie, là, c'est une insulte.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée, on va laisser M. le député... M. le
ministre terminer.
M. Lacombe :
«Se dit d'un état de désordre et de trouble résultant de l'absence d'autorité
politique; qui échappe à toute direction ou
organisation, qui n'obéit à aucune règle.» Moi, je prendrais le premier, la
première définition, donc, qui... «Se dit d'un état de désordre et de
trouble...» Il y a eu un désordre, là. Moi, je ne suis pas en train de faire le
procès du Parti libéral, là. J'ai répondu à une question. Quand on me demande
c'est quoi, un développement harmonieux, je dis : C'est le contraire de ce
qui s'est fait à Montréal. Là, si on veut nommer puis commencer à parler de... Moi, je n'étais pas là-dedans, là, je
n'attaque personne, je réponds à des questions de l'opposition puis je vais le
faire à chaque fois qu'on va me poser la question, là.
Moi, je pense
qu'on... effectivement, il ne faut pas qu'on se lance dans une guerre, là. Le
Parti libéral a fait plein de belles choses pour les familles, là, c'est vrai.
Mais il y a eu une période où... et je n'ai même pas nommé le Parti libéral,
là, mais il y a eu une période à Montréal où le développement n'était pas
harmonieux, où il était anarchique. Là, je peux arrêter d'utiliser ce mot-là si
vous souhaitez, là, moi, je ne veux pas de chicane, là, mais il reste que le
développement n'était pas harmonieux. Je vais dire ça comme ça.
Et là je pense qu'on
a l'opportunité, là, entre autres avec ce projet de loi là, mais je l'ai dit,
je pense qu'assez rapidement... Puis d'ailleurs le Parti libéral a fait des
bonnes choses, là, avec le projet de loi n° 143. Moi, j'ai souvent dit :
Luc Fortin, Sébastien Proulx, je pense, ça a été de bons ministres de la
Famille, là. Mais là il y a des choses qu'il faut corriger, puis moi, je pense
qu'on peut les corriger ensemble.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
...d'anarchiste de savoir qu'il y a 18 000 places en milieu familial
qui restent vides. Mon Dieu! C'est anarchiste, Mme la Présidente, c'est du
jamais vu puis c'est en explosion. Je ne veux pas jouer ce jeu-là non plus,
mais, oui, les mots sont importants. Alors, tu sais, je demande de la prudence,
Mme la Présidente, pour s'assurer que le ton, ça reste cordial. On est passés
de 8 000 places à 26 000 places. Ce n'est pas le jeu que je
veux jouer non plus, je veux parler du projet de loi, mais, oui, en effet,
je... «I take issue.» «Anarchie», ce n'est pas des mots parlementaires qu'on
devrait avoir ici pour avoir des débats. «Harmonieux», vas-y, c'est beau, on va
avoir des échanges, mais pas comme ça.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous invite à la prudence, s'il vous plaît. Je pense
que vous vous entendez sur le terme, mais qu'il y a des gens qui l'interprètent
peut-être différemment. Ça fait que je vous invite à la prudence. Et, si on
indique encore ce mot-là, si on le dit encore, bien, il faudrait garder en tête
de la façon dont vous l'avez exprimé, M. le ministre. Oui, Mme la députée de
Joliette.
M. Lacombe :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Après la députée de Joliette, s'il vous plaît, M. le
ministre.
Mme Hivon :
...des CPE a été créé à partir de garderies communautaires sans but lucratif et
d'agences de services de garde à domicile. C'était juste pour être fidèle à
l'histoire des CPE.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le ministre.
M. Lacombe :
Et je tiens à dire, puisque les débats sont consignés, que c'est maintenant
faux... ou, en fait, je pense que je ne peux pas dire ça, c'est maintenant
inexact de dire que le nombre de places inoccupées en milieu familial gonfle à
vue d'oeil et que c'est incontrôlable. Parce que, grâce aux mesures qu'on a
mises en place, pour la première fois depuis bien des années, on a réussi à
stabiliser la situation au cours du dernier trimestre. Ce n'était pas arrivé
depuis des années. Donc, nos mesures ont un effet, et je suis certain qu'on
arrivera avec d'autres mesures, ensemble, qui vont continuer d'avoir des effets
bénéfiques.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui, Mme
la députée de Sherbrooke
Mme Labrie :
Je suis ravie d'entendre ce que je viens d'entendre. Mais est-ce que le
ministre peut nous donner des détails sur... Il parle de l'offre en milieu
familial, donc le nombre de permis non utilisés est en chute libre? C'est bien
ce que j'ai compris. Est-ce qu'il peut me donner des chiffres?
M. Lacombe : Oui, c'est ça...
La Présidente (Mme D'Amours) : On
est sur l'amendement. La discussion est sur l'amendement. Vous aurez le loisir
de poser la question, probablement, au salon bleu, ma chère députée de
Sherbrooke. Donc, je vous rappelle que nous sommes à l'amendement du ministre,
qui a été déposé pour l'article 1. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement à l'article 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. À la salle, de l'autre côté, est-ce que c'est adopté? Je n'entends pas
de... Je n'ai pas de son.
Une voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous revenons à l'article 1 tel qu'amendé. Est-ce que j'ai des
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
Mme
Maccarone : ...Mme la Présidente, ça va me prendre des
précisions dans les commentaires pour lesquels on fait le changement.
Puis ça dit : «Le paragraphe 1° vient préciser que la LSGEE vise désormais
les services de garde éducatifs destinés aux enfants avant leur admission à
l'école.» Est-ce que le ministre peut expliquer ce commentaire, cette précision?
M. Lacombe : Bien, c'est qu'on se
trouvait dans des situations où la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance était appliquée dans des milieux, disons, de garde pour les enfants
d'âge scolaire, dans des résidences à proximité d'écoles, par exemple. Donc,
une dame ou un homme — merci — qui,
par exemple, accueille des enfants chez lui,
des enfants de 10 ans, de 11 ans, par exemple, ou de huit, neuf ans à
la maison pour l'heure du dîner, et les enfants retournent ensuite à l'école, ces enfants-là étaient... ce service-là
était soumis à la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, et, bien, ça nous a été, à juste titre,
souligné comme étant une incohérence qui persistait avec les années.
Parce qu'évidemment on n'avait pas les mêmes enjeux, puis, à notre sens, un
enfant de huit, neuf ans qui va dîner chez une voisine de l'école, on n'a pas à
l'encadrer de la même façon que le service qu'on donne à un enfant de deux,
trois, quatre, cinq ans dans un service de
garde éducatif à l'enfance. Donc, ça, c'est, je dirais, la principale raison
pour laquelle on fait... on propose cette modification-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Maccarone : Ah! je n'avais pas
terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pardon?
Mme Maccarone : Je n'avais pas
terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ah!
désolée. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est juste que je
ne comprends pas quand on dit «admission à l'école». Quand on parle d'admission de l'école, est-ce qu'on parle de
préscolaire? Est-ce qu'on parle de maternelle quatre ans? Est-ce qu'il y
a un âge en particulier? C'est ça qui n'est
pas clair pour moi. Parce qu'il peut y avoir un impact assez majeur, surtout
si on parle de c'est quand les enfants doivent commencer l'école, parce que
maternelles quatre ans et cinq ans, ce n'est pas obligatoire. Alors, est-ce que ça, ça fait partie de l'admission à
l'école? Comment est-ce que ça figure à l'intérieur de ceci? École à
domicile, scolarisation à la maison, par exemple, ça fonctionne de quelle
façon? C'est ça qui n'est vraiment pas clair pour moi.
M. Lacombe : Je comprends. Bien, si
je peux amener la précision, c'est dès lors que l'enfant est inscrit et fréquente l'école, là. Donc, si c'est la
maternelle quatre ans, c'est la maternelle quatre ans, si c'est la maternelle
cinq ans, c'est la maternelle cinq
ans, qui ne sont effectivement pas obligatoires. Donc, si les enfants n'y vont
pas, évidemment, ils continuent et
ils auront accès aux services de garde éducatifs à l'enfance. Et la
fréquentation scolaire devient obligatoire à partir de la sixième année,
c'est-à-dire dès la première année, mais la sixième année de vie, là, grosso
modo, si on résume. Et c'est à partir de ce
moment-là que la portée de notre loi s'arrête... s'arrêterait. Je vais le
mettre au conditionnel.
Mme Maccarone : La raison pour cette
question puis la précision, Mme la Présidente et M. le ministre, c'est parce
que vous avez entendu, dans mes remarques préliminaires, j'ai la préoccupation
en ce qui concerne les enfants à besoins particuliers. Je
veux m'assurer que, s'il y avait un amendement à apporter, puis je suis
persuadée que le ministre serait ouvert à ceci, est-ce que ça serait le moment
de le déposer en ce qui concerne une éligibilité pour les enfants handicapés de
rester en service de garde... excusez-moi, services éducatifs — c'est
un changement de culture, hein, Mme la Présidente, je dis encore «commissions
scolaires» — mais
de services éducatifs?
Je veux juste m'assurer que celle-ci ne
représente pas un frein pour eux. Si jamais on veut faire le débat plus tard,
si ce n'est pas le moment, de s'assurer qu'on peut au moins avoir le débat
qu'eux, si les familles, les éducateurs et l'école... Parce que ça va prendre
vraiment toute l'équipe autour de cet enfant-là pour prendre la décision que
c'est pour le bien-être de cet enfant, bientôt élève... reste dans les services
éducatifs avant de faire le transfert. Je veux juste m'assurer que ceci, ça ne
représente pas un frein. Si ce n'est pas le moment, c'est correct. Vous me
direz c'est quand, le moment d'avoir ce débat, mais, si c'est le moment... Je
ne veux pas manquer ma «shot», c'est juste ça, parce que c'est un enjeu qui est
primordial et vraiment important pour ces familles.
• (12 h 20) •
M. Lacombe : Est-ce qu'on peut
suspendre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
M. Lacombe : Je voudrais juste
donner la bonne information à la députée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise à 12 h 30)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, mais, compte tenu de l'heure, je vais suspendre les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 36)
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
attention, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens
reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde
éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
Je vous
rappelle que cette séance se déroulera à la fois dans la salle Joseph...
Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve,
et dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Je souhaite donc la bienvenue aux
collègues qui se trouvent dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Lors de la
suspension de nos travaux, cet avant-midi, nous étions rendus à l'étude de
l'article 1 tel qu'amendé. Donc, M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bien, peut-être juste pour revenir, là, si ma mémoire est bonne, on
était... on avait suspendu parce qu'on se demandait à quel moment ce serait le
plus opportun... La députée de Westmount—Saint-Louis nous demandait ça, à
quel moment ce serait plus opportun de parler du type de service ou de la
possibilité pour des enfants qui vivent avec un handicap d'obtenir des
services. À notre sens, à mon sens, ce serait peut-être plus judicieux à
l'article 2, qui est l'article juste après, où on place vraiment l'enfant
au coeur de l'article puis où on explique de quelle façon il peut recevoir les
services, alors que l'article 1 est plus général. On avait la discussion
sur autre chose tantôt, sur le développement harmonieux. Encore une fois, c'est
un article qui est plus général. Mais, si la collègue a une proposition, moi,
je suis ouvert à l'entendre. Sinon, je pense qu'on pourrait avoir cette
discussion-là de façon plus efficace, j'oserais dire, à l'article 2.
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Je remercie le ministre et son équipe pour... d'avoir fait
de la recherche pendant qu'on était en
pause. Je suis toujours préoccupée, par contre. Je comprends... Puis, oui, on a
peut-être un projet d'amendement pour
avoir un débat ici, en commission, mais j'ai toujours des questions, parce que,
si on dit que ça précise que la loi vise désormais des services de garde destinés aux enfants avant leur
admission à l'école, est-ce que ça veut dire, potentiellement, dans le
futur, si jamais... Puis je ne dis pas que c'est le cas aujourd'hui, mettons,
dans quatre ans, c'est la volonté du gouvernement
de dire que, maintenant, la maternelle 5 ans va devenir obligatoire, et
aussi ça se peut que la maternelle 4 ans,
ce serait obligatoire, parce que, maintenant, il y a eu une «implementation»
partout dans la province, ça fait que chaque école aura une maternelle
4 ans, est-ce que ça, ça veut dire, maintenant, que ça rouvre la
possibilité à avoir cette obligation? Puis, si c'est le
cas, bien là on est en train de dire qu'un accès pour un enfant qui aimerait
peut-être rester dans les services éducatifs à l'enfance jusqu'à six ans,
bien, il ne serait plus éligible si ça reste tel quel.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
• (15 h 40) •
M. Lacombe :
Je comprends la question de la députée de Westmount—Saint-Louis, mais, en même temps,
j'aurais envie de répondre que, si tel était le cas, si un gouvernement, qui ne
sera pas le nôtre, décidait, dans un futur rapproché ou lointain, de décréter
que la maternelle 5 ans ou la maternelle 4 ans devenait obligatoire,
bien, ce ne serait pas notre loi qui serait le problème. En fait, le problème
partirait de cette obligation-là, et, que les enfants aient accès ou pas à
notre réseau, ils seraient obligés de fréquenter la maternelle si un éventuel
gouvernement décidait ça. Donc, je pense que, si un gouvernement décide de
faire ça un jour, ce sera son droit, ce n'est pas notre intention à nous, bien,
à ce moment-là, peu importe ce que dit notre loi, les enfants vont être
obligés, dans le cas que présente la députée de Westmount—Saint-Louis,
de fréquenter la maternelle 4 ou 5 ans. Donc, je pense que ça démontre,
là, qu'on ne ferait que s'ajuster, là, nous, à ce qu'un éventuel, encore une
fois, gouvernement, là... parce que, nous, ce n'est pas du tout notre
intention.
Mme Maccarone :
Encore une fois, dans l'hypothèse... J'entends le ministre, mais, si, mettons,
je dis : Regarde, il y a beaucoup de
places qui sont disponibles, ce serait une façon de combler les places qui sont
disponibles dans les services éducatifs à l'enfance, parce que, là, on va
dire : Bien, ces enfants-là, au lieu de dire qu'il n'y a pas de place pour
eux, on va les transférer dans le réseau scolaire, est-ce que ça, aussi, ce
serait une possibilité future? Parce que c'est comme si on déplace d'une place
à l'autre. C'était parmi les arguments quand on faisait le débat sur le projet
de loi n° 40. Entre autres, on disait : Est-ce que c'est parce qu'on
utilise le réseau de l'éducation pour combler
le manque d'espace dans le réseau de services de garde, à l'époque, parce qu'on
disait : Bien, au lieu de mettre les places dans les CPE, bien, on va mettre les places dans le réseau de
l'éducation. Ça fait que ça créé la même préoccupation que j'aurais
parce que, comme je dis, si on parle des enfants qui sont vulnérables... Puis
la maternelle 4 ans a sa place. Nous, on n'a jamais dit que ce n'était pas
bon. On a juste dit : Au lieu de faire ça partout, on peut-tu faire ça un
peu sur mesure, où on a des besoins? Mais, regarde, c'est fait. La loi est
adoptée. On va vivre avec, mais est-ce qu'on ne devrait pas se préoccuper un
peu de ceci? Parce que ça reste que ce n'est pas adapté pour tout le monde.
Je vous donne un
autre exemple. Ça, c'est une question que j'aurais pendant ma réflexion, quand
on parle de ça, si, mettons, je suis maman... Je vais donner l'exemple... mon...
ma vie. Moi, là, quand mon fils avait cinq ans, il n'était pas près
d'embarquer dans le réseau scolaire, mais il y avait une pause entre... puis il
était à un CPE. On a tout essayé, là, tu sais, on a tout essayé, le réseau, le
milieu familial, privé subventionné, privé, CPE. Puis là il a quitté le réseau
des CPE parce qu'il n'y a plus de place pour lui. Il avait cinq ans, mais
il n'était pas prêt à commencer l'école. Ça fait que moi, j'étais prise pendant
un an... bien, prise, j'avais mon enfant pendant un an puis j'ai dû trouver des
moyens pour lui offrir des services que je faisais chez moi, mais je ne l'ai
pas inscrit à l'école. Puis ça, là, ça,
c'est tout un casse-tête parce que, là, tu te sens, comme parent... c'est un
échec : Écoute, est-ce que je suis en train de mettre mon enfant dans une situation de
vulnérabilité? Vous savez, vos enfants sont petits... Est-ce qu'il va être le
plus gros quand il va rentrer un an plus tard, tu sais, est-ce qu'il... On est
en train de le mettre dans une situation où ça va paraître qu'il est le plus grand, le plus âgé, puis ce n'est pas ça
qu'on veut. On ne veut pas souligner qu'on a un enfant avec des besoins.
On veut qu'il s'assimile dans la classe.
Ça fait que c'est un
réfléchissez-y-bien, puis c'était une décision qui était hyperdifficile, mais
on l'a faite, puis, heureusement, c'était à son bénéfice, mais il a commencé
dans la maternelle quand il avait six ans. Mais, pendant cette époque-là,
je n'avais pas d'aide, tu sais, de cinq à six ans. Si, mettons, j'avais
dit : Regarde, j'aurais voulu, puis je
veux, pour les parents, aujourd'hui, d'avoir la possibilité de... regarde, j'ai
quitté, mais là je veux changer mon idée,
je veux retourner dans le réseau des services de garde ou dans les services
éducatifs parce que c'est trop difficile, j'ai essayé quelque chose,
mais je ne suis pas équipée... Puis moi, j'avais de la chance. J'avais de la
chance. J'avais le pouvoir de le faire. Je paie toujours pour cette décision, mais
c'était la meilleure chose à faire. Mais ce n'est pas tout le monde qui sont
dans une position... Puis ils n'ont même pas ce choix.
Alors, est-ce qu'on
devrait se préoccuper de ça aussi ici? La préoccupation que j'ai, c'est que,
quand ils vont commencer, bien là ils ne pourront plus revenir parce qu'on met
quand même des limites, parce que tout est basé sur quand ils vont commencer à
recevoir ces services. Alors, je suis préoccupée. Je suis préoccupée puis je
veux... Tu sais, j'aimerais voir de la souplesse.
Est-ce que ça veut dire qu'on rajoute un alinéa pour adresser ceci? Est-ce
qu'il y a une précision... Puis je suis prête à faire aussi le débat
dans l'article 2, mais, avant de poursuivre avec l'adoption de cet article...
C'est basé sur l'admission à l'école puis...
M. Lacombe :
...obligation de fréquentation, là. Il y a une nuance, c'est-à-dire, la
maternelle 4 ans et 5 ans ne sont pas obligatoires. Donc, si vos
enfants n'y vont pas, ils peuvent...
Mme
Maccarone : Mais, si, mettons, je décide de commencer l'école, puis là
ce n'était pas le milieu qui était la meilleure chose pour mon enfant...
M. Lacombe : Oui, vous pouvez retourner à la garderie ou au CPE
tant qu'il n'y a pas d'obligation de fréquentation scolaire.
Mme Maccarone : Ah! mais ce n'est
pas ma lecture, de la façon que c'est écrit actuellement.
M.
Lacombe : Bien, si l'enfant n'est pas inscrit à l'école... Bien, dès
lors... Évacuons tout de suite quelque chose.
Quand il y a l'obligation de fréquenter l'école, bien là, pour nous, c'est ça,
là, c'est une évidence que, de toute façon...
Une voix : ...
M. Lacombe :
Oui, je garde mon masque. Dès qu'il y a l'obligation de fréquentation scolaire,
pour nous, c'est une évidence, le parent est... a une obligation de faire en
sorte que son enfant fréquente l'école. Donc, il n'y a plus de nécessité
d'avoir accès aux services de garde éducatifs à l'enfance. Par contre, si on
parle d'un enfant qui a quatre ans, qui
a cinq ans, donc, les parents se demandent, maternelle 4 ans ou
5 ans, c'est à leur choix. S'ils décident de les inscrire et que
l'enfant fréquente... Évidemment, il n'y a pas de dédoublement de services.
Donc, l'enfant a déjà un service. On ne l'offrira pas en service de garde
éducatif.
Par contre, s'il n'y
va pas, et là il y a peut-être une nuance, à savoir si l'enfant commence
l'année en maternelle et souhaite ensuite revenir, par exemple, parce que les
parents trouvent que ce n'est pas approprié pour lui, il faudrait faire la...
il faudrait vérifier si, juridiquement, il y a une contrainte, mais moi, je
vous le dis tout de suite, l'intention, ce
n'est pas ça. Je veux dire, le parent peut très bien changer d'idée, à mon
sens, puis décider de retourner en
service de garde. C'est la beauté de la chose, c'est qu'à l'avenir il y aura
suffisamment de places pour tout le monde. Donc là, ce ne sera pas
encore le même casse-tête qu'on vit actuellement parce que, là, si un parent
change d'idée, bonne chance pour trouver une place parce qu'il en manque, mais,
dès lors qu'on aura suffisamment de places pour tout le monde, je ne pense pas
qu'on aura ce problème-là.
Mme
Maccarone : J'entends que ce n'est pas l'intention, mais j'avoue que
j'aimerais voir quelque chose à l'intérieur de l'article... On a une
proposition d'amendement. Ça fait que, Mme la Présidente, avec votre
permission, on vous l'enverrait, puis peut-être juste un 30 secondes de
pause jusqu'à tant que les gens... prendre conscience.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, Mme la députée.
Je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
15 h 46)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, si vous voulez bien lire votre
amendement, s'il vous plaît.
Mme Maccarone :
Un amendement à l'article 1 : Le paragraphe 1° de
l'article 1 du projet de loi est modifié... le remplacement de
l'«admission à l'école» par «obligation de fréquentation scolaire».
Alors, ça lira :
«La présente loi a pour objet de promouvoir la qualité des services de garde
éducatifs destinés aux enfants [par] obligation de fréquentation scolaire en
vue d'assurer la santé, la sécurité, le développement, la réussite éducative...»
Ça fait qu'en lien
avec les arguments que j'avais eus auparavant, avant le dépôt de cet
amendement, Mme la Présidente, je pense que ce serait une façon de rejoindre
aussi les besoins... Ça donne la flexibilité aux parents d'avoir un choix, de
dire que, si, mettons, j'ai choisi le réseau scolaire puis je réalise que ce
n'était pas le bon réseau pour mon enfant, ils n'ont pas les spécialistes, on a
de la difficulté, mon enfant ne s'intègre pas, mon enfant n'était pas prêt, les
spécialistes ont dit que ce n'était peut-être pas une bonne affaire, on a
essayé quand même, mais là je veux retourner dans le réseau de services
éducatifs, bien, ça donnerait cette possibilité. Au lieu de dire que... lié à
l'admission à l'école, parce que, quand l'admission à l'école est faite, bien,
c'est fait, là, ceci, ça donnerait quand même obligation de fréquentation
scolaire.
Puis, on le sait,
c'est à six ans, ça, c'est l'obligation, parce que la maternelle n'est pas
obligatoire. C'est un choix qu'on fait, mais c'est un choix qu'on fait... C'est
naturel d'envoyer nos enfants à la maternelle à cinq ans, mais ça reste que
c'est toujours un choix. Puis, pour les parents avec des enfants handicapés ou
ayant des besoins particuliers, c'est une souplesse qui est vraiment
nécessaire, parce qu'il y a plein de choses à faire, il y a plein de choix à
faire. Surtout quand on parle d'agir tôt, on a vraiment besoin d'avoir cette
flexibilité, puis je pense que de l'enchâsser dans la loi, là, ça devient plus
clair. Puis là les parents vont comprendre aussi, sur le terrain, qu'on a la
possibilité de faire plusieurs choses, puis j'ai vraiment le choix de dire
qu'est-ce qui est la meilleure chose pour mon enfant
puis j'ai aussi le droit de faire une erreur, parce que, quand ils sont petits,
il y a plein d'enfants qui sont aussi non verbal. On ne sait pas tout à fait comment ça peut fonctionner. Alors,
je pense que c'est juste d'avoir une telle flexibilité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention... M. le ministre,
avez-vous une intervention sur l'amendement?
M. Lacombe : Oui, j'ai une intervention, je veux juste dire... je demande à la
députée de Westmount—Saint-Louis : Est-ce que, donc, ça
veut dire que, dans votre esprit, ce que vous souhaitez, c'est que des enfants
qui fréquentent la maternelle 4 ans et qui
fréquentent la maternelle 5 ans, donc, dont les parents n'ont pas changé
d'idée, là, mais qui fréquentent actuellement, puissent aussi avoir accès à une
place subventionnée par l'État? Donc, ils reçoivent un service en double,
c'est-à-dire une place à la maternelle et une place dans un CPE.
Mme Maccarone :
Non, ce n'est pas le but. Évidemment, on ne veut pas... Comme vous avez dit,
justement, auparavant, ce n'est pas une question d'avoir accès aux deux réseaux
en même temps, mais avoir la possibilité de dire que j'ai le choix entre l'un
ou l'autre ou bien, là, j'ai fait une erreur. On a tous droit à une erreur.
Comme je dis, ça... Souvent, quand ils sont petits, on ne sait pas si on prend
la bonne décision. Ça fait que c'est bien de savoir qu'on va pouvoir peut-être
retourner sur nos pas pour dire : Ah! non, non, ça, là, ça n'a pas
fonctionné pour moi, j'ai essayé pendant deux mois, je sais qu'il y a une place
pour moi, qui m'attend dans le service éducatif de mon quartier, est-ce que je
peux retourner prendre possession de cette place malgré que, regarde, je viens
de faire l'admission à l'école? Ça fait que, là, c'est une différence, au lieu
de dire «l'admission à l'école»... mais plutôt liée à l'âge, parce que,
mettons, si on regarde dans la Loi sur l'instruction publique, c'est ça qui est
écrit, c'est ça, le libellé.
M. Lacombe :
Bien, je veux juste vous resouligner... Je ne sais pas si vous avez lu
l'article 2 et ce qu'on propose, là, mais c'est exactement de ce type
d'information là dont on traite. Là, si on veut absolument faire une
modification à l'article 1, je veux juste vous souligner que peut-être que
la façon dont vous le proposez, c'est comme si vous dites : Bien là, il
faut prévoir cette petite entrée là, mais, pour y arriver, on ouvre la porte
grande comme ça. Je ne suis pas certain que c'est... Moi, je vous proposerais peut-être
une autre alternative. Là, il faudrait vérifier, mais, plutôt que de parler
d'admission à l'école, on pourrait parler non pas d'obligation de fréquentation
scolaire, mais de fréquentation scolaire, donc, dès que l'enfant fréquente la
maternelle 4 ans ou la maternelle 5 ans. Évidemment, il n'y a pas de
dédoublement de services, mais, si le parent décide que l'enfant ne fréquente
plus, bien là il n'y a plus de
fréquentation, donc, parce que sinon la porte, elle est grande ouverte à ce
qu'il y ait des dédoublements de services.
Mme
Maccarone : Je comprends, peut-être, qu'on ne veut pas avoir la porte
grandement ouverte, mais là c'est parce que c'est fermé. Moi, ce que je
demande, c'est d'avoir une ouverture.
M. Lacombe :
Oui, c'est ce que je propose, oui, plutôt que de parler d'obligation de
fréquentation scolaire, on pourrait... peut-être, là, je vais vérifier, mais on
pourrait peut-être parler de fréquentation scolaire, parce que l'obligation de
fréquentation scolaire arrive plus tard, tandis que la fréquentation scolaire,
elle peut arriver dès quatre ans, à la maternelle 4 ans, ou à cinq ans, à
la maternelle 5 ans, plus généralement. Ça fait que, là, je pense qu'on
atteindrait le but que vous vous êtes fixé sans pour autant ouvrir la porte à
des dédoublements de services.
Mme
Maccarone : ...ça arrime bien avec la Loi sur l'instruction publique
si on met le libellé de cette façon? Je vois le légiste qui fait... Il n'est
peut-être pas certain.
M. Lacombe :
Bien, c'est pour ça, mais, si vous trouvez que ça a du sens, je vais regarder
avec mon équipe pour voir la possibilité.
Mme
Maccarone : Oui, il me semble, oui, c'est intéressant. Je pense, le
but, c'est d'avoir de la souplesse. C'est ça qu'on veut. Ça fait que, si on
peut trouver un moyen pour donner cette souplesse aux parents, je pense que ce
serait bienvenu.
M. Lacombe :
Parfait.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
qui est proposé par la députée de Westmount—Saint-Louis ou si la députée veut
retirer son amendement? Donc, j'ai besoin de...
Mme
Maccarone : ...Mme la Présidente, excusez-moi, pardon? Ah! bien, je
vais retirer mon amendement, puis on va... Oui, on va retirer l'amendement,
mais on peut attendre le ministre. Je ne sais pas si...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, j'ai besoin du consentement pour le retrait de
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis. Est-ce que j'ai le
consentement pour retirer l'amendement?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais... Pardon? Oui, dans l'autre salle,
effectivement. Dans l'autre salle, est-ce
que j'ai le consentement pour le retrait de l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
M. Lacombe : Consentement.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais...
Une
voix : ...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 59)
(Reprise à 16 h 22)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Nous avions terminé, tout à
l'heure, avec l'amendement qui avait été retiré, l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis.
Donc, nous revenons à l'article 1 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions pour l'article 1 tel
qu'amendé? Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Une question générale. Tout à l'heure, le ministre, avant la pause du dîner, le
ministre nous a expliqué qu'on avait
reformulé, en parlant d'enfants, «destinés aux enfants avant leur admission à
l'école» pour vraiment exclure les autres types de services de garde qui
sont davantage des services de garde, comme, par exemple, sur l'heure du dîner, les services qu'on appelle
communément les services de dîneurs, où il y a des personnes qui
reçoivent des enfants à proximité de l'école pour venir dîner ou après l'école.
Et donc je veux juste
savoir, quand le ministre nous a dit, tout à l'heure, ça excluait désormais...
la loi sortait de son giron ce type de service
là où on parle d'enfants d'âge scolaire, qu'est-ce qui régit maintenant ce type
de service là qui existe, c'est-à-dire des gens qui reçoivent chez eux
des enfants, plusieurs enfants à la fois, là, pour dîner ou après l'école,
d'âge scolaire.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Lacombe :
Bien, d'abord, il faut dire que c'est très rare, parce que la presque totalité
des écoles au Québec ont des services de garde, même si ce n'est pas le cas
dans toutes les écoles, bien, en tout cas, selon les données qu'on a, qui ont
été déposées par le conseil supérieur, je pense, dans un document il y a deux
ou trois ans. On pourrait retrouver les chiffres, peut-être, là, mais, en tout
cas, la grande majorité, je vais dire ça, des écoles ont un service de garde,
donc ça ne s'applique pas véritablement à elles. Là où, effectivement, il y a
ces situations-là qui se produisent, c'est quand il n'y a pas service de garde
à l'école, et là il y a des gens autour de l'école qui peuvent s'arranger pour
pouvoir offrir un service.
Par contre, moi, je
suis d'avis que, lorsqu'on atteint un certain âge, et je pense qu'il y a
beaucoup de gens qui vont consentir le fait qu'un enfant de quatre ans n'a pas
besoin du même encadrement qu'un enfant de neuf ans, par exemple, et que,
lorsque notre enfant a neuf ans et atteint un niveau de maturité qui est
beaucoup plus important, et on est capable de savoir si ça se passe bien ou si
ça ne se passe pas bien lorsqu'il est, par exemple, sur l'heure du dîner, avec une
dame ou un homme qui offre ce service-là à proximité de l'école...
Donc, effectivement,
le choix qu'on a fait, ce que je propose, c'est que, dorénavant, notre loi ne
s'applique plus à ces gens-là et que le
parent exerce son jugement, à savoir est-ce
que ce service-là me convient ou pas.
Bien sûr, ce serait toujours
impossible pour les gens qui offrent ces services-là de, par exemple,
dire : Bien, moi, j'accueille 15 enfants à dîner à la maison,
parce que, là, ça ne respecte pas, de toute façon, les autres réglementations,
là. On ne peut pas non plus faire n'importe quoi.
Mais nous, on est
d'avis que notre cadre légal, notre cadre réglementaire est très mal adapté
pour encadrer ces services-là. Et souvent ce que ça faisait en sorte, c'est
qu'on devait aller fermer des services : évacuation... avis de
non-conformité, évacuation ensuite, et là les parents se retrouvaient démunis.
Alors que moi, à chaque fois, je me disais :
Ça n'a aucun bon sens qu'on fasse ça, là. Je veux dire, les parents sont des
adultes, les enfants sont plus vieux, il
y a trois, quatre enfants qui se regroupent pour aller dîner chez une voisine,
je pense qu'il y a quand même une limite, à mon sens, à ce que l'État
devrait surveiller.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme
Hivon :
Moi, j'ai vraiment été confrontée à cette réalité-là parce que, dans ma circonscription,
il y en avait plusieurs. Donc, dans des petits milieux, il y a comme des
traditions où il y a des personnes qui font ça depuis des années puis il y a
des parents qui préfèrent ça, par exemple, que leurs enfants restent à l'école
ou tout ça, donc. Et effectivement c'était l'application de la loi, donc il y
avait des enjeux.
Mais là, quand le
ministre dit : On ne pourra pas se retrouver avec 10 ou 15 enfants,
en vertu de quoi? Parce qu'avant... C'est-à-dire que ces situations-là
existaient il y a quelques années, et c'est pourquoi le ministère intervenait
parfois, parce qu'il disait : Là, vous ne respectez pas du tout les
ratios. Et donc, en vertu de quoi le ministre nous dit qu'il ne pourrait pas y
avoir 10, ou 12, ou 15 enfants pour dîner chez une personne qui a son
conjoint qui est là aussi, puis ils organisent les enfants d'âge scolaire ou
après l'école, si... En fait, moi, de ce que je comprends, c'est que, si ça
sort du giron de cette loi-là, il n'y a plus rien qui s'applique. Ou est-ce
qu'il y a une autre législation qui s'applique pour s'assurer de ça? Si oui,
laquelle?
M. Lacombe : Bien, il y a... Bien,
d'abord, je veux juste réitérer le fait que je pense qu'on s'entend sur le fait
que c'était mal adapté, là, que c'est mal... c'est encore en vigueur, que c'est
mal adapté, c'est pour ça qu'on veut le changer. Et je
dirais même que lorsqu'il y avait un nombre raisonnable et conforme d'enfants
sur place, souvent, lorsqu'on était appelé à la suite d'une plainte, on se
trouvait quand même à devoir fermer le service parce qu'on avait des exigences
envers eux qui n'étaient pas du tout adaptées. Donc, même si le nombre
d'enfants, par exemple, même si on parlait seulement de deux ou trois enfants,
le cadre légal réglementaire n'était tellement pas adapté qu'on leur demandait,
là... la mémoire me fait défaut, mais d'avoir, je pense, là, une couchette,
d'avoir un programme éducatif. Écoutez, là, c'est des gens qui accueillent des
enfants pour dîner, des enfants d'âge scolaire. Ça fait que, même quand le
nombre d'enfants était correct, là, on avait des enjeux avec l'application de
la loi, donc il fallait faire fermer pratiquement tous les endroits où on
allait lorsqu'on recevait une plainte.
Maintenant, est-ce que ça veut dire que ça
n'arrivera pas? Bien là, non, là, ce n'est pas ce que je dis, là, parce
qu'évidemment tout le monde doit respecter la loi, mais il y en a qui ne la
respectent pas. Donc là, avant, effectivement, c'était le ministère de la
Famille qui était chargé de débarquer puis de faire fermer. Mais, je vous le dis, même s'il y avait un nombre correct
d'enfants, il fallait quand même faire fermer parce que la loi, elle n'est pas
adaptée, souvent. Et là il y a quand même d'autres lois qui peuvent
s'appliquer, je pense au code du bâtiment, je pense aux règlements municipaux.
Donc, c'est sûr que, si la personne accueille, je ne sais pas, 15 enfants,
mais ce n'est pas sécuritaire, là, donc, en matière... je ne voudrais pas vous
dire n'importe quoi, mais, par exemple, en matière de sécurité incendie, ça ne
passe pas la barre, donc, s'il y a une plainte, les autorités municipales
débarquent, moi, je pense que ça se solderait par une fermeture, de toute
façon.
Mme Hivon : Bien, Mme la Présidente,
je pense, c'est important qu'on vide cette question-là, là, parce que c'est un
changement important. Moi, je suis assez d'avis que ce n'était pas adapté, mais
je ne suis pas certaine que je suis confiante que c'est une bonne idée de
dire : Ça va être maintenant laissé aux bons soins des autres lois, parce que le code du bâtiment, c'est une chose, mais
d'avoir quelqu'un qui est capable de superviser pour dîner
10 enfants... Donc, j'aimerais juste ça qu'on me précise...
M. Lacombe : ...neuf étant le
maximum permis par le code du bâtiment.
Mme Hivon : D'avoir neuf personnes?
M.
Lacombe : Comme pour nos
milieux familiaux, c'est la raison... Souvent, les RSG nous disent :
Pourquoi est-ce que je ne peux pas accueillir plus que neuf enfants? C'est
une... c'est quelque chose qui dépasse le ministère de la Famille pour des
raisons de sécurité.
• (16 h 30) •
Mme Hivon : Donc, le plafond de
neuf, c'est le code du bâtiment qui prévoit ça, que, pour avoir une activité
chez soi... Je suis juste curieuse de connaître la règle, là, je ne la connais
pas.
M. Lacombe : Bien, je m'étais fait
sortir ça, là, je pourrais effectivement peut-être vous... on pourrait vous le
donner, là.
Mme Hivon : Je veux juste expliquer
pourquoi je pose ces questions-là. C'est parce que c'est des cas très réels.
Donc, si, soudainement, il y avait des milieux de garde de dîneurs, qu'on
appelle, avec 10, 12, 14 enfants, c'est quoi, les moyens pour ceux qui
estiment que ça n'a pas de sens ou ce n'est pas sécuritaire? Donc, comment on
encadre ça, là, puisqu'il n'y aura pas de permis, si je comprends bien, là? On
se sort de ce giron-là, donc le ministère de la Famille ne s'occupe plus de ça,
donc quelles sont les instances qui s'occupent de ça quand il y aurait un
accroc ou quelque chose qui n'a pas de sens en termes de sécurité? Parce que
c'est comme si on passait d'un extrême à l'autre. Du moins, c'est ma
perception, là. Là, c'étaient toutes les règles qui pouvaient s'appliquer, puis
là on passerait à aucune règle en termes de supervision ou de garde.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Bien, en tout cas, je
pense qu'à la base l'idée, c'est que le réseau scolaire offre de plus en plus
ce service-là, là. Je pense que ça rendrait un... ça donnerait un bon coup de
main aux parents.
Mais ensuite, je veux dire, dépassons nos
activités au ministère de la Famille, là. Il y a plusieurs autres domaines où
vous ne pouvez pas offrir des services commerciaux à 15 personnes en même
temps, par exemple, dans votre logis. Si vous le faites, bien là il y a une
plainte. La municipalité va débarquer, et là moi, je ne suis pas un expert de
ce domaine-là, ou le service de sécurité incendie va dire : Ce n'est pas
acceptable, vous ne pouvez pas faire ça, ça va prendre des issues de secours,
vous dépassez le nombre de gens permis pour ce type d'activité là. Et là il y a
des recours de cette façon-là.
Moi, je pense que... si on revient à la base,
est-ce que le ministère de la Famille... est-ce que le ministère de la Famille
doit, avec sa loi, encadrer ce type de service là? Moi, je pense que non, parce
que la clientèle sur qui on doit se concentrer, c'est les 0-5 ans, donc
les enfants d'âge préscolaire qui fréquentent nos installations ou nos milieux
familiaux. Quand on parle d'enfants qui ont neuf, 10, parfois 11, 12 ans
puis qui fréquentent le domicile d'une dame le midi pour être supervisés, il
n'y a rien d'éducatif là-dedans, on parle seulement de supervision, on parle de
garde vraiment au sens propre. Moi, je pense que le ministère de la Famille ne
devrait pas être impliqué là-dedans. Je pense que c'est d'abord et avant tout
une question de responsabilité du parent.
Mme Hivon : O.K.
Mais, je veux juste dire, c'est beau de dire neuf, 10 ans, là, ça commence
à 5 ans, ça fait qu'il y en a de cinq ans, six ans, sept ans. Il y en a
des petits aussi. Moi, tout ce que je demande, c'est... Je veux dire, si vous
avez fait ce choix-là — je
ne suis pas sur l'opportunité de choix, je suis sur la mécanique, maintenant,
qui va s'appliquer — de
sortir ça du giron de votre loi, vous avez dû vous poser la question :
Bien, O.K. c'est quoi maintenant, le cadre réglementaire?
Donc là, moi, tout ce que je demande, c'est
qu'on me dise : Voici, c'est le code du bâtiment, c'est tels règlements
municipaux. Je veux dire, on va discuter encore, je pense, l'article 1 et
2, là. On peut le suspendre le temps...
Juste me dire c'est quoi, le cadre, pour savoir qui est-ce qui va venir un peu
régir le fait qu'on ne peut pas avoir plus que neuf enfants ou on ne
peut pas... c'est ça.
M. Lacombe : Bien, je vous ai
répondu, là, je vous ai répondu généralement. Mais là, si vous voulez les
numéros d'articles, là, puis tout ça, là, évidemment, là, je n'ai pas ça sous
la main. Il faudrait vérifier.
Mme Hivon : Donc, la réponse du
ministre, c'est que c'est le code du bâtiment parce qu'on ne peut pas avoir
plus que neuf personnes dans une maison ou un logement. Et donc c'est ça qui
fait office de réglementation. Donc, si quelqu'un s'inquiétait parce qu'il a
commencé à un service de dîneurs, il y avait cinq enfants, puis deux semaines,
trois semaines après, ils sont rendus 12, le parent qui se pose la
question, il ferait référence à quoi, mettons, pour pouvoir faire une plainte?
C'est ça qui m'intéresse.
M. Lacombe : Bien, au-delà de
neuf enfants, comme je vous dis, il y a des obligations, là. Donc, ça,
c'est à ça que vous faites référence, s'il y a un trop grand nombre d'enfants
qui sont présents, par exemple, sur place?
Mme
Hivon : Oui. Bien, juste connaître c'est quoi, le cadre
pour ce type d'exploitation là. Parce que je comprends que le ministre me dit : Ça... C'est très rare.
Puis moi, je pensais ça parce que je pensais que les parents,
généralement, leur enfant restait à l'école. J'ai découvert que c'était toute
une réalité. Puis, quand il y a eu une espèce de levée de boucliers, le ministre n'était pas en poste, là,
c'était le ministre Luc Fortin, mais on s'est rendu compte que ça
existait un peu partout au Québec et beaucoup dans les petits milieux. Donc,
c'est pour ça que je pose la question, là. Moi, j'en ai chez nous puis je sais
qu'ils vont me poser la question. Donc, je veux être capable de répondre
adéquatement.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Bien oui, je comprends,
mais c'est vraiment une question de Régie du bâtiment du Québec.
Mais là j'essaie de trouver la réponse très
exacte à ce que la députée de Joliette nous demande, là : Qui, exactement,
débarque? Je vais... On va avoir ça dans un instant.
Mais, pendant que les gens font la... Parce que,
concrètement, ce que vous voulez savoir, là, c'est : vous, là, vous habitez
sur une rue, votre voisine accueille des enfants le midi, vous voyez ça rentrer
à la pelletée, là. Vous voyez 15 enfants, c'est le gros party, vous
trouvez que ce n'est pas sécuritaire. Vous dites : Eh! il y a de quoi qui
ne marche pas. Qui vous appelez? Puis quelle norme s'applique à ce moment-là?
Mme Hivon : Exactement.
M. Lacombe : Qui débarque pour faire
l'inspection?
Mme Hivon : Exactement la question.
M. Lacombe : Ça, on va vous chercher
ça.
Mme Hivon : Parfait.
M. Lacombe : Pendant qu'on cherche,
ce que je peux vous dire, c'est que, dès qu'il y a plus de neuf enfants,
effectivement, là, ça ne devient plus acceptable au sein de la Régie du
bâtiment du Québec parce que, là, il y a des... Et ça, c'est ce qu'on a creusé,
là. Il y a toute une série d'obligations supplémentaires qui s'appliquent.
Par exemple, vous devez avoir une séparation,
ils appellent ça «entre les suites», séparation du plancher situé au-dessus du
sous-sol, protection du sol par gicleurs, classification des usages, séparation
pour un corridor commun, la distance de parcours aux... en tout cas, c'est des
trucs techniques.
Et ça, c'est intéressant parce que ça me fait
faire un lien, puis il y a peut-être des gens qui nous écoutent, avec la fameuse
question des RSG, je le disais tantôt, qui nous disent : Mais, quand j'ai
une assistante, pourquoi est-ce que je ne peux pas accueillir 12 enfants?
J'ai de la place chez nous. Bien, c'est à cause de ça. Parce que, sinon, vous
pouvez être sûrs qu'on aurait ouvert les vannes, là, tu sais, on créerait plus
de places. Donc, il y a cet enjeu-là.
Est-ce qu'on a la réponse?
Mme Hivon : Mais moi, je veux
juste dire que ça ne me dérange pas qu'on suspende, qu'on continue à débattre
puis qu'on y revienne, là. Je ne veux pas retarder pour cet enjeu-là. Je pense
juste que c'était important d'avoir l'information.
M. Lacombe :
Mais c'est juste que je pense que c'était peut-être le dernier point de
l'article 1. À moins que... Je ne sais pas, là.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
J'avais une intervention qui m'était demandée, là, de la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, c'était
simplement pour renchérir sur ce qu'a dit ma collègue, là. Effectivement, il y
a certaines régions, dans les milieux un peu moins denses, où c'est très, très
commun, là, comme service. Puis, moi, ça m'a été rapporté souvent. Entre
autres, au Bas-Saint-Laurent, les familles ont été désoeuvrées quand elles
n'ont plus eu le droit d'avoir accès à ce service-là parce que ça fermait.
Donc, ils espéraient vraiment ce changement-là.
Mais j'ai de la misère à... Moi, je n'avais
jamais entendu parler ce dont le ministre nous parle, là, qu'au-delà de
neuf enfants, en fonction du code du bâtiment, il y aurait quelque chose
là. Je serais contente... J'aimerais ça, savoir
c'est quoi, les paramètres, là. Est-ce que c'est... Dans quel contexte qu'on ne
peut pas avoir plus que neuf enfants dans un bâtiment? C'est quand on
demande une rémunération pour en prendre... pour que les enfants soient là
ou...
Moi, je vais vous dire, j'ai déjà eu plus que
neuf enfants dans ma maison pour une fête d'amis, là, ça, je suis sûre que
c'est arrivé plusieurs fois. Ça fait que j'essaie de comprendre c'est quoi, les
paramètres exacts auxquels le ministre fait référence. Est-ce qu'il y a un
nombre d'heures par jour? Est-ce que c'est quand c'est en échange de rémunération de services? Il me semble... Elles
sont où, les balises par rapport à ça, là? Je pense qu'on a besoin de
savoir.
M. Lacombe : ...une loi qui
relève du ministre de la Famille, là. Je ne la connais pas par coeur. Mais,
encore une fois, si... Moi, je veux que ça fonctionne bien. Ça fait que, si
vous voulez cette information-là, on peut vous la trouver. Ça fait qu'on
pourrait suspendre, Mme la Présidente, si vous voulez.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je...
Mme Hivon : ...l'article 1?
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre...
Mme Hivon : Suspendre tout
court? O.K.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 43)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Donc, nous étions à l'article 1 tel
qu'amendé. Est-ce que j'ai eu... M. le ministre, est-ce que vous avez eu la
réponse pour Mmes les députées?
M. Lacombe : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Juste à titre de précision, là, quand on parle du... on fait référence à neuf enfants et qu'au-delà de neuf
enfants il y a des dispositions qui changent, on parle du Code de
construction, à l'article 1.0.4, pour référence des collègues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article... Oui,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Sur le même
sujet, je voudrais savoir si le ministre peut préciser si toutes les
installations temporaires qui sont... elles ont été ouvertes pour venir
répondre aux besoins. Est-ce qu'eux aussi sont assujettis au code du bâtiment? Parce
que... Est-ce que c'est des installations qui doivent respecter les mêmes
règles spécifiques parce qu'elles sont temporaires puis...
M. Lacombe : Tout à fait. Tout
à fait. Oui, oui. Puis on ne fait pas de compromis sur la santé et la qualité.
Parfois, c'est des aménagements qu'on doit faire sur nos normes à nous,
habituelles, qui sont, par exemple, la proximité des toilettes, mais on parle
de... on parle de trucs qui sont vraiment accessoires puis qui, dans la balance
des inconvénients, sont acceptables pour les parents. Moi, j'en ai visité, là,
puis c'est... je pense que tout le monde qui attend une place serait très
heureux que leurs enfants fréquentent ça, là. Ça, c'est de beaux endroits qui
sont sécuritaires. Donc, réponse courte, oui.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'est-ce que c'est toutes les exigences ou est-ce qu'il y a un autre
regroupement des exigences? Comme, par exemple, le nombre de gicleurs, le
nombre d'inspecteurs, est-ce que...
M. Lacombe : Non, non. Mais on ne peut pas soustraire à ça,
nous, là. On ne peut pas soustraire à ces normes-là qui sont, j'ai envie de dire, universelles, là. Mais,
je veux dire, nous, on doit s'y soumettre, là, comme tous... comme tous les
autres.
Mme Maccarone :
Ça fait que, même s'ils sont assujettis à des règles du code du bâtiment, ça
veut dire que le ministère de la Famille fait quand même des inspections pour
s'assurer qu'il rejoint ces exigences.
M. Lacombe : Bien, quand on parle de CPE, de garderies, de
milieux familiaux, oui, tout à fait, il y a des inspections.
Mme Maccarone :
Et dans le temporaire aussi?
M. Lacombe :
Oui, effectivement, là. On s'assure que les installations temporaires, avant
qu'elles soient ouvertes puis qu'elles bénéficient d'un financement de l'État,
on s'assure qu'elles respectent les normes de sécurité qui sont... qui sont
édictées par le ministère puis évidemment toutes les autres normes, là, qui
s'appliquent à tout le monde pour les bâtiments.
Mme Maccarone :
Ça fait que c'est qui qui fait cette vérification pour s'assurer qu'ils suivent
les règlements dans les installations temporaires?
M. Lacombe :
Là, on s'éloigne pas mal de l'article. Là, on est rendus dans les installations
temporaires, là. Je ne sais pas trop...
Une voix :
...
M. Lacombe :
Oui, c'est ça, parce qu'on en parle dans le projet de loi aussi plus tard, là.
Mme Maccarone :
Bien, c'est parce qu'on est sur le neuf enfants et plus, là. C'est juste je voulais
avoir la clarté juste pour mieux comprendre c'est qui qui va faire cette
vérification.
M. Lacombe :
Oui. Bien, tu sais, moi, je suis bien ouvert à répondre à vos questions, mais
là c'est parce que, là, on ouvre vraiment, comme ça, sur un sujet qui n'est pas
lié, là. Moi, j'attendrais pour discuter de ça dans... On va être obligés de le
faire, de toute façon, parce qu'on a un article qui traite des installations
temporaires. Mais, tu sais, on a les mêmes normes, là, pour toutes nos
installations, là. On ne nivelle pas par le bas. On fait preuve de flexibilité
pour les installations temporaires, mais pas au détriment, là, de
réglementation comme le code.
La Présidente (Mme
D'Amours) : D'autres interventions? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci. Je suis dans l'article auquel on nous a référé du Code de construction.
Il est question, dans cet article-là, d'une garderie qui n'héberge ou n'accepte
pas plus de neuf personnes. Moi, je ne fais pas le lien entre une garderie puis
un service de dîneurs où les enfants vont manger, là. Tu sais, je ne pense pas
qu'ils se sentiraient concernés par un alinéa comme ça, là. C'est sûr que ces
gens-là ne considèrent pas que c'est une garderie, là, le service qu'ils
offrent. Ça fait que je fais juste nommer que...
Moi, je pense que ces
services doivent pouvoir opérer, puis que c'était problématique que la loi
telle que... en vigueur en ce moment les empêche d'opérer, mais je ne pense pas
que cet article-là, auquel on nous réfère, constitue un encadrement pour ces
milieux-là. Je fais juste le nommer.
M. Lacombe :
...légalement sont tenus à ça, donc...
Mme Labrie :
Une garderie?
M. Lacombe :
Bien, au sens de la Régie du bâtiment, ce qu'on me dit, c'est que la Régie du
bâtiment, dès lors qu'il y a des gens qui gardent des enfants, c'est une
garderie. Donc là, eux, ça... pour eux, ça, ça s'applique à ces endroits-là. Et
là, après ça, si les gens qui offrent ces services-là ne sont pas au courant,
bien là... Moi, je ne suis pas juriste, mais les juristes disent : Nul
n'est censé ignorer la loi. Donc là, c'est à eux aussi de savoir que,
lorsqu'ils offrent un service comme ça, ils doivent se conformer aux règlements
qui sont en vigueur.
Mme Labrie :
O.K. Et à quel endroit, par exemple... Parce que même quelqu'un de bonne foi,
là, qui va voir ça puis qui lit toute la liste... parce que c'est quand même
une longue liste. Comment ils vont faire pour savoir qu'ils doivent se
considérer comme une garderie?
M. Lacombe :
Bien, en tout cas, là, on est dans l'hypothétique, mais, moi, comme... disons,
comme moi et vous, parce que je sais qu'on est deux citoyens aux pratiques
exemplaires, là, si on avait cette idée de se lancer dans ce type de service
là, moi, je pense que notre réflexe naturel, ce serait d'abord d'appeler notre
municipalité pour savoir si on a le droit de faire ça. Et je pense qu'à ce
moment-là, bien, la municipalité est en mesure de nous expliquer la marche à
suivre puis de nous donner... de nous donner les dispositions qui s'appliquent,
de nous référer, évidemment, j'imagine bien, aux articles qu'on devra
respecter, à la réglementation municipale d'abord et avant tout, là. Mais, dès
qu'on accueille plus de neuf enfants, il y a ces normes-là qui s'appliquent.
Donc, c'est la raison pour laquelle, dans les
milieux familiaux, on ne va pas à plus que neuf. Parce que, si on pouvait, là,
on le ferait quand il y a une assistante.
Mme Labrie :
Mais vous pourriez modifier le code du bâtiment, mais...
M. Lacombe :
Bien, en même temps, est-ce qu'on veut niveler la sécurité par le bas? C'est...
Tu sais, la régie nous dit : Pour des enjeux de sécurité, nous,
on juge qu'à partir de neuf enfants, lorsqu'il y en a plus de neuf, un dixième, bien là, pour des questions de sécurité,
pour que tout le monde soit en sécurité, il faut faire des aménagements
importants dans la résidence parce que ça devient comme du commercial, dans un
certain... ça devient beaucoup plus imposant.
Donc là, évidemment,
nous, on ne nivellera pas par le bas pour la question de la sécurité des
enfants, mais, si on pouvait le faire parce que ça respectait les normes de
la... le code, on le ferait, là, c'est sûr, mais on ne peut pas.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Donc, nul n'est censé ignorer la loi, mais ça ne fait quand même pas en
sorte qu'on ne voit jamais de campagnes
d'information puis, je veux dire, quand on a fait la réforme du Curateur public... Donc, moi, je fais juste
vous dire que je pense que ce ne serait pas une mauvaise idée, puisque c'est
quand même un changement, que vous avisiez juste les municipalités de ce
changement-là. Parce que moi, je dois vous dire, là, j'ai été dans une saga de
ce type de dossier là et je n'ai jamais, avec les municipalités concernées,
entendu parler de l'application du code du bâtiment ni des fonctionnaires du ministère
de la Famille. Probablement que, depuis, ça a été une révolution, puis tout a
changé. Puis je ne les blâme pas, parce que la loi s'appliquait, donc ils
avaient juste à appliquer la loi. Mais ce que je veux dire, c'est que, puisque
la loi ne s'appliquera plus puis que c'est seul le code du bâtiment, moi, je
vous invite juste à sensibiliser les municipalités à cette réalité-là, parce
que je suis... je suis loin d'être convaincue que les gens pensent qu'il y a
des... il y a des restrictions par rapport à ça.
M. Lacombe :
...ceci dit, le curateur, ça, c'est à plus grande échelle. Là, je comprends
que, vous, dans votre circonscription, il y en avait peut-être plusieurs, mais,
tu sais, à l'échelle du Québec, j'avais les données, là, c'est très, très peu,
là. Donc, je suis assez d'accord avec vous qu'une campagne grand public...
Mme Hivon :
Je ne suis pas en train de parler d'un... non.
M. Lacombe :
Vous ne l'avez pas dit comme ça. C'est ça. Je pense que ce n'est pas
nécessaire. Mais...
Mme
Hivon :
Je dis juste d'aviser les unions municipales. Je pense que ce serait une bonne
chose.
M. Lacombe :
Bien, je trouve que c'est une bonne suggestion.
Mme Hivon :
Merci de m'encourager.
M. Lacombe : C'est déjà... Je viens de recevoir un message, ça
a déjà été noté par les personnes concernées au ministère.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 1 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder aux voix de cet article-là, n° 1, tel
qu'amendé. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. Dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Nous passons maintenant...
L'article 1, tel qu'amendé, est adopté.
Nous allons passer à
l'article 2. M. le ministre, l'article 2.
M. Lacombe :
Et, Mme la Présidente, à contrecoeur, à mon corps défendant, je vais vous
demander de défendre... de suspendre parce qu'on est en... on est en train de
terminer la rédaction de l'amendement dont on a discuté un petit peu plus tôt.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
16 h 53)
(Reprise à 16 h 55)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Nous sommes maintenant rendus à
l'article 2. Donc, M. le ministre, si vous pouvez nous en faire la
lecture, s'il vous plaît.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc,
l'article 2 de cette loi est remplacé par les suivants :
«2. Tout enfant a le droit de recevoir des
services de garde éducatifs personnalisés de qualité de la naissance jusqu'à
son admission à l'éducation préscolaire ou à l'enseignement primaire ou, à
défaut, jusqu'au premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire, au
sens de la Loi sur l'instruction publique (chapitre I-13.3), suivant celle où
il a atteint l'âge de 6 ans.
«Ce droit s'exerce en tenant compte de la
disponibilité, de l'organisation et des ressources des prestataires de services
de garde. Il s'exerce également dans le respect des règles prévues par la
présente loi relatives à l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance,
dont l'obligation pour ces prestataires de combler leur offre de services en
recourant exclusivement aux inscriptions portées au guichet unique d'accès aux
services de garde éducatifs à l'enfance, et des règles relatives aux
subventions, notamment celles portant sur la répartition des places dont les
services de garde sont subventionnés.
«La mise en oeuvre de ce droit est renforcée par
l'obligation faite au ministre de prendre les moyens visés à
l'article 93.0.3 pour que l'offre de services de garde éducatifs à
l'enfance sur chaque territoire réponde à la demande de tels services.
«2.1. Les prestataires de services de garde
éducatifs à l'enfance qui concourent à l'atteinte des objectifs de la présente
loi sont les centres de la petite enfance, les garderies et les personnes
reconnues à titre de responsable d'un service de garde en milieu familial, avec
le soutien, dans le cas de ces dernières, des bureaux coordonnateurs de la
garde en milieu familial dont la loi permet l'agrément.
«2.2. Un prestataire de services de garde visé
par la présente loi ne peut recevoir que les seuls enfants visés au premier
alinéa de l'article 2.»
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce qu'il y a...
M. Lacombe : Et donc, et donc, et
donc je dois vous dire que cet article du projet de loi, pardon, Mme la
Présidente, propose de remplacer l'article 2 de la Loi sur les services de
garde éducatifs par les articles 2, 2.1 et 2.2. Il doit se lire avec
l'article 3 du projet de loi, qui abroge l'article 4 de la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance, dont le contenu est repris en
partie à l'article 2. Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'aurais un
amendement, Mme la Présidente, qui est déjà déposé dans le Greffier pour les
collègues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que vous en avez pris connaissance, de l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
Donc, est-ce que vous pouvez en faire la lecture? C'est sur le Greffier. Donc,
si vous voulez en faire la lecture, s'il vous plaît.
• (17 heures) •
Mme Maccarone : Article 2.
Article 2 du projet de loi est modifié par la suppression du deuxième
alinéa de l'article 2 qu'il introduit.
Je m'explique, Mme la Présidente. Vous le savez,
je l'ai évoqué dans mes remarques préliminaires, mon collègue de LaFontaine
avait déposé un projet de loi, le 897, en ce qui concerne de garantir le droit
de recevoir des services de garde ou des
services éducatifs. La façon que l'article est écrit dans le projet de loi
n° 1... Puis c'est vrai ce qu'elle
dit, la députée de Joliette, on a du stock dans cet article pour jaser. Je
pense qu'on a plein, plein, plein de questions entre nous, mais je ne
voulais pas manquer une opportunité, évidemment, de parler d'une accessibilité
universelle.
Je pense, ce qui est bien dans le projet de loi
qui a été déposé par mon collègue le député de LaFontaine, qui a oeuvré très
fort et vraiment travaillé très fort, main en main avec beaucoup de partenaires
sur le terrain pour parler de cet accès
universel... Puis évidemment ça ne fait pas partie de l'article tel que c'est
rédigé. Si on reste avec le libellé, actuellement, ça veut dire que
c'est toujours «si». Vous avez un accès, oui, vous avez le droit, mais c'est
toujours si nous avons de l'espace, si nous avons la disponibilité des
ressources. Si, si, si, c'est toujours lié à des contraintes.
Moi, ce que
je propose puis ce qu'on propose dans ma formation politique, puis,
probablement, je suis persuadée que les gens vont être d'accord avec
ceci, c'est que tout le monde devrait avoir accès à des réseaux de services éducatifs. Ça devrait être un droit. On l'a déjà
dit, on a donné l'exemple avec les réseaux scolaires, ce n'est pas parce
qu'on est en deuxième année, puis on cogne à la porte, puis qu'on dit : Bien,
il n'y a pas de place pour vous dans notre école,
ça fait qu'il faut... attendez après une place, il faut aller dans le privé, il
faut aller quelque part, ce n'est pas vrai, on va vous faire une place. C'est un droit. C'est
l'article 1 de la Loi sur l'instruction
publique. Ça fait que ce que je
propose, c'est d'avoir les mêmes droits
écrits dans la loi. C'est une obligation de fournir une place, c'est une
obligation de donner une place, avoir un accès universel. J'ai déjà
partagé plein d'histoires des enfants, des familles avec un enfant handicapé ou
ayant des besoins particuliers qui ont été refusés à une place malgré le fait
qu'ils ont eu accès à des subventions, des mesures exceptionnelles, qui est
quand même... exige beaucoup de travail de la part du parent et le réseau, de
venir aider et accompagner cet enfant. Mais, malgré tout ça, souvent, ils sont
face à des portes fermées. C'est une tristesse pour ces familles.
On sait que c'est important d'agir tôt. Nous
savons qu'il y a des compétences dans les réseaux actuels. Puis plusieurs
personnes, quand ils sont venus témoigner, plusieurs experts, les éducatrices,
les gens sur le terrain, ils ont témoigné de cette
tristesse aussi de dire : Ils veulent, ils veulent, ils veulent,
donnez-nous les moyens de le faire. Mais la
meilleure façon de le faire aussi, c'est de l'enchâsser dans la loi, que ça
devienne une exigence, une obligation de législateur de s'assurer qu'un
accès universel existe pour tous les enfants du Québec. Ça va être très
important pour s'assurer qu'il n'y aura plus
de portes fermées pour les enfants à besoins particuliers, pour s'assurer que
tout le monde peut envoyer, si c'est
leur choix d'envoyer leur enfant. L'obligation reste d'avoir une place,
l'obligation reste d'accepter un
enfant, l'obligation n'est pas que le parent décide absolument... tu n'as pas
le choix, il faut que tu envoies ton enfant. C'est ton choix de faire
ceci, mais qu'on sait qu'il y aura une place, comme on a dans le réseau
scolaire. Ça fait que ce serait vraiment une chance égale pour tous les
enfants.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M.
Lacombe : Bien, oui, Mme la Présidente, je vais en faire un.
Mais, sur cette question-là, on va certainement être d'accord d'avoir un
désaccord, comme le veut l'expression. Parce qu'on a déjà discuté de ça de long
et en large, les gens connaissent mon avis sur cette question-là.
La comparaison avec le réseau de l'éducation,
elle ne tient pas la route. Le réseau de l'éducation, ce n'est pas le réseau
des services de garde éducatifs à l'enfance. Pourquoi est-ce qu'on veut faire
exactement ce qui se fait, alors que l'ADN de notre réseau est différent? Il ne
faut pas faire du mur-à-mur, il ne faut pas dire : Ce qui se fait
ailleurs, automatiquement, c'est ce que ça nous prend ici, dans notre réseau,
pour arriver au même objectif. Moi, je pense qu'il y a façon, il y a moyen
d'arriver à cet objectif que le droit des enfants d'avoir une place soit protégé,
sans pour autant dire : Il faut imiter le réseau de l'éducation. Le réseau
de l'éducation, c'est un réseau, je le répète, je persiste et je signe... c'est un réseau qui est public, c'est
un réseau qui est géré directement par l'État. Les services de garde éducatifs
à l'enfance ne le sont pas. Ce sont des
OBNL, les CPE ou... Ce sont des OBNL, les CPE, des entreprises, les
garderies, ou des travailleuses autonomes,
les RSG. Donc, on ne peut pas, je le répète, calquer nos façons de faire sur le
réseau de l'éducation.
Moi, je pense qu'il y a une solution qui
respecte mieux l'ADN de notre réseau, et c'est celle que je propose dans le
projet de loi. Parce que, sinon, je reviens encore à cet exemple-là, qu'est-ce
qu'on fait... Et ça, personne n'y a répondu, personne n'a répondu à ça. Je me
rappelle, en consultations particulières, on me disait : Bien, je ne le
sais pas, je ne le sais pas. Vous trouverez une solution, mais nous, on ne le
sait pas. Puis je parlais à des gens qui connaissent le réseau, là. Qu'est-ce qu'on
fait si, par exemple, des entreprises décident de fermer, des travailleuses autonomes décident de passer à autre chose?
Qu'est-ce qu'on fait, dans un secteur, là... dans le secteur de Saint-Louis,
disons, qui est le secteur le plus défavorisé de la circonscription de ma
collègue ici, là, s'il y a cinq milieux familiaux qui décident de fermer?
Qu'est-ce qu'on fait pour faire respecter ce droit-là d'avoir une place? On ne
peut pas leur en donner une demain matin, ces milieux familiaux là ferment.
Ce qu'ils nous disent, c'est : Le
gouvernement doit avoir une obligation identique à celle du réseau de
l'éducation, l'État doit garantir cette place-là. Mais là c'est offert par des
travailleuses autonomes. Qu'est-ce qu'on fait? Moi, je veux une réponse à ça, là.
Qu'est-ce qu'on fait si ces travailleuses autonomes là décident de fermer leurs
portes? On ne peut pas les forcer à... On ne peut pas les forcer. Et là je me
rappelle, à un moment, la députée de Sherbrooke m'avait dit : Bien, il
faut les inciter à rester là. D'accord, oui, c'est correct, là, on le fait, on
a bonifié leur salaire de 30 %, ça a été hyper bien accueilli. On commence
à stabiliser la situation. Mais qu'est-ce qu'on fait si ça arrive? Si on se
donne... nous, là, comme législateurs, on donne à l'État cette obligation-là,
alors qu'on est différents du réseau de l'éducation, qu'est-ce qu'on fait quand
il y aura des fermetures? Parce qu'il y en aura, là.
Moi, je pense que ce que ça prend, c'est un
article qui est puissant dans la loi, qui vient dire que le gouvernement doit
s'assurer... en fait, le gouvernement a une obligation de moyens, là, et on
doit s'assurer que, lorsqu'il y a un déficit de places dans un territoire, de
lancer un appel de projets pour combler ces places-là. Et ça, ça ne s'est jamais
fait, même en 1997. Donc, c'est un pas important qu'on franchit, parce que le
droit, il existe déjà, le droit, il est déjà dans la loi.
Le problème, ce n'est pas droit ou pas droit. Le
problème, ce sont les ressources, parce que les ressources n'ont jamais été
mises à la disposition du réseau pour qu'il puisse se compléter de bord en
bord. Et, nous, ce qu'on vient dire, c'est : On s'oblige à vous les
donner, ces ressources-là et ces places-là à développer. Donc, ce droit-là, qui
existe déjà dans la loi, bien, va prendre toute sa force et va vivre enfin, une
fois pour toutes, pour vrai, véritablement. Donc, cessons d'essayer de faire
comme dans le monde de l'éducation, alors que notre réseau, son ADN, c'est
d'être un réseau communautaire, donc géré par la communauté. Préservons ça. Et,
si on veut le préserver, bien, il faut accepter qu'on ne peut pas faire la même
chose que dans le réseau de l'éducation.
Donc, la solution qu'on propose, moi, je pense
qu'elle atteint le même objectif, elle respecte l'ADN de notre réseau, et ça va
nous éviter d'avoir à ouvrir des places supplémentaires dans des CPE qui vont
peut-être être vides ou... donc, gaspillage d'argent, ou qui vont se remplir au
détriment des milieux familiaux qui vont fermer, donc on va venir fermer des
milieux familiaux en faisant ça. Et moi, je ne pense pas que c'est la meilleure
utilisation des ressources de l'État. Je pense qu'il y a d'autres moyens.
Et je vous amène même, là... Ça me passionne,
là, ce sujet-là, parce que moi, je ne peux pas croire... Puis là j'ai hâte
d'entendre la députée de Joliette là-dessus, parce que moi, quand j'en parlais
avec Mme Marois, j'avais un autre son de cloche, et j'ai hâte d'entendre,
là, ce que le PQ en pense, parce qu'il faut protéger ce modèle-là. Mais je vous
donne l'exemple de la loi sur la santé et services sociaux,
article 5 : «Toute personne a le droit de recevoir...» Tout le monde,
ici, va convenir qu'au Québec on a le droit de recevoir des services en santé.
Bon, article 5 : «Toute personne a le droit de recevoir des services
de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à la fois scientifique,
humain et social, avec continuité et de façon personnalisée et sécuritaire.»
Article 13 : «Le droit aux services de santé et
aux services sociaux et le droit de choisir le professionnel et l'établissement
prévus aux articles 5 et 6, s'exercent en tenant compte des dispositions
législatives et réglementaires relatives à l'organisation et au fonctionnement
de l'établissement ainsi que des ressources humaines, matérielles et
financières dont il dispose.»
Je veux dire, ce n'est pas... on n'est pas en
train de vous dire n'importe quoi, là. Ce qu'on vous dit, c'est que le droit,
là, comme le droit de recevoir des soins, là, qui est solide, on en a tous
convenu, là, il existe déjà dans notre loi. Il faut juste que les ressources,
dont il est aussi question dans notre loi, soient au rendez-vous. Et ce que je
propose, c'est de s'obliger, comme État, à mettre ces ressources-là sur la
table avec l'article 93.0.3.
Donc là, je ne peux pas être plus clair que ça.
On en a déjà beaucoup parlé. Moi, voici mon avis. Ça a été pesé, soupesé. Je tiens à ce qu'on préserve le
caractère communautaire de nos services de garde éducatifs à l'enfance.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Merci. Quelques
points. C'est vrai, bon, c'est peut-être notre choix, tout à fait, c'est
notre choix de choisir l'hôpital, mais on
n'a pas le choix que d'offrir des services. C'est très important. Puis je
comprends que c'est géré par OBNL, je
comprends ça, mais ils sont financés par des fonds publics, il y a quand même
une responsabilité à quelque part.
Je veux qu'on se mette dans les souliers des
parents qui font face à des portes fermées. Puis ça arrive aussi dans le réseau
de l'éducation, pour faire la comparaison, j'ai des témoignages à la tonne. On
sait qu'actuellement ce qui est chiffré, chiffré, puis ce n'est même pas
complet, il y a 1 500 élèves qui sont non scolarisés, qui sont
renvoyés à la maison faute de services. Mais ça reste que c'est leur droit,
puis ils ont quand même une loi derrière eux où ils peuvent faire recours.
Actuellement, ce n'est pas le cas.
Je comprends que c'est une réforme, je comprends
que ça va... Je n'ai pas une baguette magique puis je n'ai pas la réponse magique. Je suis très pour une
réforme, un changement de pratiques, de revoir qu'est-ce qui a
fonctionné dans le passé et qu'est-ce qui
n'a pas fonctionné, qu'est-ce qu'on peut faire pour s'améliorer. Puis je veux
faire ça d'une façon transpartisane,
parce que c'est pour le bien-être de nos enfants, puis je suis très contente
qu'on va pouvoir jaser de ça.
Non, je n'ai pas toutes les réponses, mais je
veux que les parents ont des droits, quand même. Parce que, franchement, quand
on se fait dire : Non, il n'y a pas de place, ils ne savent pas quoi
faire. Ils viennent nous voir dans nos bureaux de comté, ils écrivent des
lettres, ils vont au Protecteur du citoyen, ils vont au CDPDJ, mais ça ne rouvre pas plus de places. De savoir que c'est
quand même mon droit, là, j'ai quelque chose de substantiel, que je vais
pouvoir dire : Je sais que c'est mon droit, non seulement mon choix, mais
c'est aussi mon droit. Ça se peut que... je comprends,
on est en plein milieu d'une transition puis, oui, on est en pénurie de places,
oui, on est en pénurie de personnel puis
on a des gros défis devant nous, puis il va falloir qu'on travaille là-dessus.
Puis ce n'est pas un reproche, c'est un fait.
Ça fait que qu'est-ce qu'on va faire pour
attaquer ça? Oui, mais que les parents ont des droits, ça, là, ça, c'est
fondamental, c'est important. Parce qu'au lieu de juste faire face à des portes
fermées pour dire : Bien là, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas
quoi faire, je ne sais pas quoi faire, puis que quelqu'un dit : Bien, dans
le fond, c'est comme ça que ça fonctionne, il faut attendre, il n'y a pas de
place, malgré que vous avez reçu le 25 000, malgré que votre enfant est en
grand besoin, mais vous n'avez pas le droit, moi, ce que je veux changer, c'est
que... de dire que, peu importe la
situation, peu importe ce qui est offert, peu importe l'organisation et des
ressources, c'est votre droit, c'est votre droit. Mais, non, ce n'est
pas ce qui est écrit. Ce qui est écrit, c'est beaucoup de si, si, si. C'est ça,
c'est toutes des contraintes.
• (17 h 10) •
M. Lacombe : ...sur la santé, puis
pourtant on convient tous qu'on a le droit, au Québec, de recevoir des soins de
santé, là.
Mme Maccarone : On a le droit, oui,
c'est ça puis c'est ça, exactement. Mais je peux choisir mon hôpital, mais ils n'ont pas le choix que de me fournir des
services. Moi, ce que je pense, c'est qu'on va avoir plein de personnes
qui vont faire face à des portes fermées.
M.
Lacombe : Mais lisez
l'article 13 : «...exercent en tenant compte des dispositions
législatives et réglementaires relatives à l'organisation et au
fonctionnement de l'établissement ainsi que des ressources humaines, [des
ressources] matérielles [des ressources] financières dont il dispose.» Je veux
dire...
Mme Maccarone : Mais ils sont
obligés de donner des soins.
M. Lacombe : Mais, nous, là, c'est
écrit, c'est le — on
est où, là, un, deux, trois, quatre, cinq — c'est le cinquième mot de cet
article-là, «droit» : «Tout enfant a le droit de recevoir des services...»
Le droit, là, il existe déjà, mais c'est sûr qu'il est encadré. Les limitations
qu'on amène, qui sont sensiblement les mêmes, qui ressemblent beaucoup à celles
qui sont dans la loi sur la santé et les services sociaux, c'est parce que ça
se peut qu'il y ait des milieux familiaux, dans votre circonscription, qui
ferment puis ça se peut qu'on ait besoin de revirer de bord puis qu'au
jour 1 où l'enfant n'a pas de services ça se peut qu'on ne soit pas
capables de lui en donner un. C'est normal, puis,
ça, il faut accepter ça. C'est le prix, c'est le prix à payer pour conserver le
caractère communautaire, notamment, de nos CPE et la présence des
travailleuses autonomes que sont nos RSG.
Parce que, je vous
pose la question, là, puis je l'ai posée aux intervenants qui sont venus me
voir, personne ne me répond, qu'est-ce qu'on
fait si l'État a l'obligation de fournir un service et qu'il n'y a aucune
nuance, obligation ferme, sans nuance, sans
flexibilité, qu'est-ce qu'on fait du moment où des milieux familiaux, chez
vous, ferment leurs portes? On ne peut pas les empêcher. Qu'est-ce qu'on fait?
Mme
Maccarone : Même s'ils ferment leurs portes, mon point, c'est qu'ils
devront toujours à avoir le droit. Ce n'est pas ça qui est écrit dans cet
article. C'est toujours en tenant compte de tous les critères. Dans le réseau
de santé... Je comprends la comparaison, mais, dans le réseau de santé, ils
vont... doivent fournir le service. Ce n'est pas la même chose. Ici, on dit
que, s'il n'y a pas de service, bien, il n'y a pas de service, ce n'est pas
votre droit d'en avoir. C'est de la façon dont c'est écrit. Puis c'est
intéressant...
M. Lacombe :
Bien là, on ne le lit pas de la même façon, là. C'est écrit : «Tout enfant
a le droit de recevoir des services de garde...»
Mme
Maccarone : C'est intéressant. Puis je vous entends, là, c'est parce
que moi aussi, j'étais ici pour les commissions parlementaires, l'AQCPE ont dit
qu'ils sont en accord, Ma Place au travail est en accord, la CSN est d'accord, la Coalition des parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec, plusieurs groupes sont en accord. Alors, parce
que c'est une nouvelle expression pour moi, on va mettre la main à la pâte, on
peut tous travailler ensemble, il me semble, pour trouver une solution.
Et,
comme j'ai dit, je ne veux pas vous mettre dans le coin, là, pour régler le
problème de même. Je comprends, même dans le réseau scolaire, il y a
plein d'enfants qui ne sont pas scolarisés. Mais au moins ils savent, comme
parents et aussi les enfants, que c'est leur droit. Ça fait qu'ils ont quelque
chose d'ancré où ils peuvent dire : Oui, mais moi, là, je peux lever ma
main, je peux faire quelque chose pour tout... pour dire : Vous avez le
droit... C'est mon droit, il faut que vous me trouviez une place quelque part ou,
au moins, je peux avoir une intervention avec le ministère. Au moins j'ai
quelque chose qui indique que c'est fondamental, c'est un droit.
Mais actuellement ce
n'est pas ça qui est écrit. Ici, c'est écrit : Oui, vous avez le droit,
tout le monde a le droit, mais sauf s'il y a de la place, sauf si on a les
ressources, sauf si... Il y a tous les critères. Je ne veux pas tout lire
l'article, là, mais ce n'est pas clair, pour eux, ce n'est pas un droit, ce
n'est pas un accès universel, c'est un accès seulement si on rejoint les
critères.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Lacombe :
Vous avez le droit de recevoir des soins de santé. Est-ce qu'au Québec... Je
veux juste qu'on parte de la bonne base. Est-ce qu'au Québec vous êtes d'accord
avec moi pour dire que ce droit-là de recevoir des soins de santé, il est
solide, là, c'est une valeur québécoise, quelque chose dont on est fiers? Je ne
dis pas que le système de santé, évidemment,
est parfait, là, ça, on va en convenir, mais c'est quelque chose dont on est
fiers. Il n'y a personne qui remet en question en disant que ce n'est
pas un vrai droit, là. C'est inscrit à la loi. Est-ce qu'on convient de ça? Là,
je vois les gens qui hochent de la tête. Bon, on convient de ça.
Est-ce que vous
pouvez vous présenter à l'hôpital en disant... vous rentrez à l'hôpital, là,
vous dites : Moi, là, depuis ce matin, là, mon médecin me dit que je dois
me faire remplacer la hanche, bien là vous me remplacez ma hanche aujourd'hui,
j'en ai besoin maintenant, mon médecin me dit que j'en ai besoin maintenant? Évidemment,
l'hôpital va vous dire : Bien,
d'accord, effectivement, vous avez le droit de vous faire remplacer la hanche,
on va vous remplacer la hanche, mais là on ne peut pas vous le faire
tout de suite, on va vous faire ça dans quatre semaines parce que, là, en ce
moment, ce n'est pas possible, l'organisation de nos ressources humaines,
financières, matérielles ne nous permet pas de le faire tout de suite, mais on
va vous le faire dans quatre semaines.
C'est la même chose,
c'est la même chose dans notre loi. On dit aux parents : Vous avez le
droit d'avoir une place. Vous vous inscrivez, vous venez de déménager, là, vous
avez le droit d'avoir une place, mais là comprenez que notre réseau a une
particularité, là, donnez-nous le temps, on va vous en fournir une.
Mme
Maccarone : ...votre exemple, excusez-moi, la différence, c'est
qu'entre temps, oui, ils n'ont pas de place pour changer, pour faire une
chirurgie, parce que ma hanche a besoin d'être remplacée, mais ils vont quand même fournir des soins. J'aurai quand même accès à
un médecin, une infirmière, des médicaments, je ne sais pas, il y a
quelqu'un qui va me piquer, entre-temps, avec un Synvisc, quelque chose comme
ça, pour protéger ma hanche jusqu'à tant que je peux être cédulée pour avoir la
chirurgie. J'ai quand même accès à des soins, «anyway». C'est ça.
M. Lacombe :
Mais on n'a pas besoin de changer...
Mme
Maccarone : Ça fait qu'on ne peut pas faire cette comparaison.
M. Lacombe :
Bien là... Aïe! Là, c'est intéressant, ce que vous dites. Ce que vous dites...
Mme
Maccarone : Go! C'est intéressant. J'aime ça.
M. Lacombe :
Non, mais vous dites...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...prenez le temps d'écouter puis ensuite répondre. C'est toujours pour la
technique, là, qui...
M. Lacombe :
Ça reste une discussion, là.
Mme Maccarone : Oui. Désolée, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...qui vous suit...
M. Lacombe : Difficilement.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
...avec grande assiduité, mais donnez-leur la chance, s'il vous plaît. M.
le ministre.
M. Lacombe : Toutes nos sympathies à
nos collègues qui sont au son. La loi sur la santé et les services sociaux, je
trouve, c'est le meilleur exemple. Vous voyez, là, comment elle est faite, puis
vous dites : Bien oui, mais, entre-temps, il y a quand même un accompagnement,
et tout ça, donc on n'a pas besoin de changer notre loi. C'est ce que vous me
dites, là, implicitement, on n'a pas besoin de changer notre loi pour être
capables d'offrir encore un meilleur service aux parents. On est capables,
comme dans le réseau de la santé, d'offrir des trucs qui peuvent être
temporaires. Le droit, là, d'avoir une place, il est déjà là, il est organisé
de la même façon. Notre Loi sur les services de garde, elle découle de la même
souche que la loi sur la santé et les services sociaux. Donc, on ne peut pas
dire que ce droit-là, il n'existe pas, c'est factuellement inexact. Il est là.
Le problème,
ce n'est pas le droit, ce sont les ressources. C'est que, là, en ce moment,
l'État faillit à ce droit-là qu'il a
donné aux parents parce qu'on n'a pas les ressources suffisantes, puis le
réseau n'a pas été assez développé dans les dernières années. Je ne dis
rien de plus. Mais, dès qu'on aura créé suffisamment de places... Et là, nous,
c'est un geste fort, là, aucun gouvernement n'a fait ça avant, d'inscrire dans
la loi qu'on a une obligation de créer des places. Dès qu'on aura fait ça, les
parents n'auront plus à attendre des années à avoir une place. S'il y a des
fermetures de services... L'exemple que vous
dites, en attendant de se faire remplacer la hanche dans le réseau de la santé,
oui, il y a de l'attente, mais on a un accompagnement, bien, nous aussi,
au ministère, on accompagne les parents qui ont un problème avec des places. Quand, par exemple, il y a une garderie qui
ferme, on les accompagne, on les aide à se replacer, on le fait déjà. Ce
droit-là, il existe.
Moi, je pense
qu'on doit plutôt se réjouir de cette avancée-là. C'est la première fois qu'un
gouvernement dit : On se donne
une obligation. Parce que ça ne coûte pas trop cher, la petite enfance, c'est
un investissement, on s'oblige dans la
loi. Ça, ça n'existe dans presque aucune loi, là, en tout cas, que je sache,
là. Nous, on le fait en petite enfance, parce qu'on vient mettre un cadenas, puis ce droit-là, on veut
véritablement, je veux véritablement qu'il existe pour vrai, qu'il soit
protégé.
Mais je refuse de faire comme dans le milieu de
l'éducation, parce que ça voudrait dire, pour respecter notre obligation, de
créer toujours un peu plus de CPE ou de garderies dans chaque quartier, puis on
va faire fermer des milieux familiaux pour rien. Les milieux familiaux sont là.
Moi, je pense qu'il faut les laisser opérer. Il ne faut pas créer des
installations dans les quartiers où il y a suffisamment de places, au cas où
des RSG ferment, là. Parce que, la journée où elles vont fermer puis qu'on a
l'obligation que vous proposez, on est dans le trouble, on va se faire
poursuivre par le parent qui dit : Bien, moi, j'ai le droit d'avoir une
place, puis il n'y a aucune nuance, là, j'ai le droit d'avoir une place. Demain
matin, elle perd sa place, le gouvernement n'est pas capable de lui en donner
une, la semaine même, bureau d'avocats, on poursuit le gouvernement. Puis ils
vont avoir raison, parce qu'il n'y a aucune nuance dans la loi.
Là, ce qu'on dit, c'est... il y a quand même
quelques nuances, là, il y a quand même quelques nuances : Ça se peut que vous soyez obligés d'attendre, comme dans
le réseau de la santé, mais vous avez un droit, puis on va s'arranger
pour que vous le respectiez... pour qu'il soit respecté.
• (17 h 20) •
Mme Maccarone : Moi, ce que
j'entends, c'est qu'on ne veut pas le faire, on ne veut pas enchâsser ça dans la loi parce qu'on veut éviter des poursuites. Pas
certaine. Puis, tu sais, quand même, quand on dit que... oui, il y a une
obligation, mais il n'y a pas une obligation de résultat. Puis je constate, si
on lit uniquement le premier paragraphe, c'est
ça que ça lit : Tout le monde devrait avoir accès. Mais, dans le deuxième
paragraphe, ce n'est pas ça qui est écrit, on donne quand même une porte
de sortie.
Pour revenir à la comparaison dans le réseau de
santé, la différence, c'est qu'il y a une obligation de fournir un service. Ce n'est pas parce que je n'ai pas le
service actuel que j'ai besoin pour le moment, mais j'ai une obligation,
ils ont une obligation de fournir un service par la suite. Ce n'est pas le cas
actuellement, ce n'est pas enchâssé dans la loi,
c'est seulement si les critères sont en place, c'est seulement si «all the
planets are aligned» puis tout est là, parce que...
M. Lacombe : ...sont presque mot à
mot identiques, là.
Mme Maccarone : Je ne parle pas
uniquement d'une fermeture d'une garderie, je parle aussi de, souvent, les
enfants qui sont oubliés parce qu'eux ils ont des besoins compliqués puis ils
font face à des portes fermées. Ces parents n'ont pas de droit de recours.
C'est ça que je veux changer. C'est très important pour eux. Oui, pour tous les
autres parents, évidemment, quand il y a un milieu familial qui ferme, on sait,
on a 18 000 places disponibles non comblées,
on sait qu'on a un besoin, on sait qu'il faut ouvrir des places rapidement. On
comprend ça. Comme je vous dis, je ne pense pas qu'on... je n'exige pas
qu'on ait une baguette magique, mais je pense que ça devrait être un droit pour
ces parents de dire : C'est mon droit d'avoir accès.
Je comprends, peut-être,
je n'ai pas une place, comme j'ai dit, dans le réseau scolaire, il y en a plein
qui ont le droit à la scolarisation. C'est
ça, l'article 1. Mais ça reste qu'il y en a plusieurs qui n'ont pas accès
à leur école. Mais, entre-temps, ils savent que c'est leur droit, ça
fait qu'il y a un mi-chemin qui est fait, il y a un accompagnement qui est
totalement différent. Mais, pour le moment, peut-être, quand il y a eu une
fermeture d'un CPE, ou quelque chose, mais ça reste que ce n'est pas la même
chose pour les parents qui se retrouvent seuls parce que le... décide que, non,
cet enfant-là, on n'a pas ce qu'il nous faut, on n'a pas le nécessaire pour
offrir le soin, on a fait tout ce qu'on pouvait. On comprend que c'est notre
obligation, mais je n'ai pas les ressources, je ne peux pas le faire. Ça fait
que moi, là, je me fie sur le paragraphe deux. Alors, je suis désolé, monsieur,
madame, mais votre enfant, il va falloir que vous alliez cogner sur une autre
porte. On fait quoi avec ces parents?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Faisons un pas de
recul, là. J'ai deux questions pour vous. La première, c'est : Qu'est-ce
qu'on fait avec cette volonté qu'on a et qu'on partage de laisser le libre
choix aux parents? Dans le milieu scolaire, on
ne donne pas le choix aux parents. Parce qu'à un moment donné il faut organiser
les services. Puis là à l'impossible nul n'est tenu. Dans le réseau
scolaire, on dit aux parents : Vous êtes dans votre quartier, voici où
vous allez. Parce que, nous, là, comme État,
vous comprenez, il faut qu'on gère le développement du réseau scolaire.
Qu'est-ce qu'on fait...
Mme Maccarone : ...depuis le projet
de loi n° 40, les parents ont droit à avoir un projet plus large de
territoire. Ça fait qu'ils peuvent cogner aux portes. S'il y a une place...
M. Lacombe : Oui, bien, je le
connais aussi, là, mais c'est ça...
Mme Maccarone : Mais, s'il y a une
place, il faut qu'il accepte. C'est ça, le projet de loi n° 40.
M. Lacombe : Mais qu'est-ce qu'on
fait, nous, avec ce... C'est beaucoup plus répandu dans le réseau scolaire, là. Qu'est-ce qu'on fait avec ce
désir-là qu'on a de laisser les parents choisir leur prestataire près de leur
lieu de travail, sur la route, près de leur
lieu de résidence? Comment on fait pour protéger ça, si on y va avec votre
proposition?
Mme Maccarone : Pour moi, ça peut
être deux choses distinctes. Moi, je parle de leur droit d'avoir une place, un
accès universel.
M. Lacombe : Bien, il faut le
planifier, ce droit-là, là.
Mme Maccarone : Tout à fait, tout à
fait. Mais il faut quand même leur donner le droit. Il faut quand même dire...
Il faut oser espérer, rêver que les parents devront avoir un droit qui protège
eux et leur enfant, de dire : Votre enfant, là, c'est clair, c'est
certain, c'est un accès universel. Ça envoie un message très fort, au lieu de
dire : Bien là, j'ai peur que je vais avoir des poursuites. Ce n'est pas
ça, là.
On devrait dire qu'il y a une place pour tout le
monde. On travaille sur le réseau pour s'assurer qu'il y a une place. Mais un
accès universel, ça, là, ça, c'est un message fort. Ça, c'est important. Ça dit
que : Bienvenue à tout le monde, pas : Quand on a une place, quand on
a une ressource. Au moins, le réseau de l'éducation, ce n'est pas parfait, il y
a plein d'enfants qui sont non scolarisés, qui sont face à des difficultés,
mais ils savent que c'est leur droit, ça fait qu'ils savent qu'ils ont un
recours. Il y a quand même quelque chose, du concret, de béton derrière ça.
Mais ce n'est pas le cas, maintenant, ça fait qu'ils se sentent délaissés.
Ça fait que je pense que d'ancrer quelque chose,
vraiment, dans la loi, qui dise que c'est votre... Voyons! Je comprends,
mais... Le paragraphe deux... Paragraphe un, oui : «Tout enfant a le droit
de recevoir des services [mais] ce droit
s'exerce en tenant compte de la disponibilité, de l'organisation [...] des
ressources des prestataires de services de garde.» Ça fait que ça, ça
veut dire que, si je n'ai pas une éducatrice spécialisée, si je n'ai pas... si
je n'ai pas quelque chose adapté dans mon milieu pour accueillir ton enfant,
bien, c'est sûr, c'est un non, mais je ne vous réfère pas nécessairement
ailleurs. Votre enfant n'a pas le droit. C'est que je ne veux pas, je ne peux
pas puis je ne m'engage pas nécessairement à trouver le moyen pour recevoir
votre enfant non plus. Mais là, si c'est un droit, c'est totalement différent,
ce n'est pas la même chose.
Je m'excuse,
je prends beaucoup de temps, Mme la Présidente. Je ne vois pas les collègues,
mais je vais peut-être...
M. Lacombe : Si je peux...
La Présidente (Mme D'Amours) : Un
instant. Vous prenez le temps que vous avez droit. Si vous... Il y a... Vos collègues veulent intervenir, ça fait que, si
vous me dites que vous voulez revenir, il n'y a aucun problème. Je
céderais la parole à vos collègues, mais pour...
M. Lacombe : ...
La
Présidente (Mme D'Amours) : Oui, toujours. Mais, avant de céder la parole à la
députée de Joliette, M. le ministre, si vous voulez intervenir.
M. Lacombe : Je
pense qu'il faut être conséquent, là, par exemple. Puis on peut débattre, on
peut débattre, mais vous nous dites : La loi sur la santé, c'est correct,
on vit bien avec ça, le droit existe pour vrai, on est satisfait de ce
droit-là. Et là vous nous dites : Ce n'est pas écrit de la même façon dans
la Loi sur les services de garde, ce n'est pas pareil, vous mettez plein de
limitations.
Bien, moi, je suis désolé, là, mais allez la
lire, là, parce que c'est la même affaire. Article 5 de la Loi sur les
services de santé et services sociaux : «Toute personne a le droit de
recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à
la fois scientifique, humain et social, avec continuité et de façon
personnalisée et sécuritaire.» L'équivalent, dans notre loi : «Tout enfant
a le droit de recevoir des services de garde éducatifs [personnalités] de qualité de la naissance jusqu'à son admission à
l'éducation préscolaire ou à l'enseignement primaire», etc. On est dans
les mêmes eaux, là, on s'entend, c'est pratiquement, là, la même affaire.
Évidemment, on parle de santé, on parle de services de garde, il y a des
différences, mais l'esprit est le même.
L'article 13 de la loi sur la santé : «Le
droit aux services de santé et aux services sociaux et le droit de choisir le professionnel — et le
droit de choisir le professionnel [de] l'établissement — donc, il y en a deux — prévus
à 5 et 6, s'exercent en tenant compte
des dispositions législatives et réglementaires relatives à l'organisation — organisation — et
au fonctionnement — fonctionnement — de
l'établissement ainsi que des ressources humaines, matérielles et
financières dont il dispose.» Nous, qu'est
ce qu'on dit : «Ce droit s'exerce en tenant compte de la disponibilité, de
l'organisation et des ressources des
prestataires de services de garde. Il s'exerce également dans le respect des
règles prévues par la présente...»
On est au même endroit, là. On énonce un droit
en santé, on énonce un droit en petite enfance. En santé, on dit : Mais ce
droit-là est quand même encadré par ceci, je viens de vous en faire la liste.
Et on dit, dans le même, même esprit, là, on pourrait juste changer des mots,
là, ou à peu près, on dit exactement la même chose dans notre réseau. Ça fait
que pourquoi est-ce qu'en santé on dit : Oui, oui, ce droit-là existe,
puis, quand ça arrive en petite enfance, on
dit : Ah! non non, là, on ne peut pas faire ça, vous ne pouvez pas limiter
le droit? On le fait en santé, c'est normal. Vous avez besoin de vous
faire remplacer la hanche, on ne peut pas faire ça demain matin, mais vous avez
le droit, on va le faire, laissez-nous le temps de nous organiser. C'est
exactement la même affaire en petite enfance.
Ça fait que moi, je... Faites la comparaison,
là, sortez l'article, les deux, superposez ça, là, c'est le petit frère puis la
petite soeur, là, c'est presque pareil. Donc, tu sais, on ne peut pas... vous
ne pouvez pas nous dire qu'en santé ce droit-là existe puis qu'en petite
enfance il n'existe pas, il y a les mêmes limitations sur l'organisation des
ressources.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Joliette, voulez-vous intervenir?
Mme Hivon : J'ai juste une question
préliminaire. Quand le ministre dit : On ne peut pas parce qu'on ne peut pas
garantir s'il y a des fermetures de milieux familiaux, puis tout ça, donc, on
ne peut pas donner... faire exercer ce droit-là rapidement, c'est quoi,
pour lui, son échéancier, de dire : Éventuellement, le droit va pouvoir
s'exercer, mais pas nécessairement immédiatement? Donc, c'est quoi, dans son
esprit? C'est six mois? C'est un an? C'est un an et demi? Parce que souvent,
quand il accepte des nouveaux projets, entre le moment où il les accepte et le
moment où ils se concrétisent, il y a une longue période. Donc, tantôt, quand
il nous a dit : On ne peut pas, à cause de l'organisation actuelle des services, garantir ce droit-là à une
place, il faut se donner le temps de se retourner de bord, s'il y a un
milieu familial qui ferme, par exemple, c'est quoi, pour lui, à peu près,
l'échéancier qui serait applicable?
• (17 h 30) •
M.
Lacombe : ...je ne peux pas
répondre à ça. Mais le fait est que, si, comme État, on se donne une
obligation et qu'on dépend d'entreprises... En éducation, on se donne ce
droit-là, mais on contrôle à 100 %. En santé, on se donne ce droit-là,
mais, vous avez vu, on limite. L'enjeu, dans notre réseau, c'est qu'on repose
sur des entreprises, des travailleurs autonomes puis des OBNL. Donc, du moment
où il n'y a aucune nuance, aucune limitation pour encadrer ça, bien, la journée où est-ce qu'un parent perd sa place en
milieu familial parce que la RSG décide qu'elle est tannée puis qu'elle
ferme ses portes, bien, le lendemain matin, le parent peut poursuivre le
gouvernement du Québec, parce que le gouvernement lui dit : Tu as le
droit, je te garantis le droit d'avoir une place, alors qu'on ne contrôle pas
les fermetures de RSG.
Donc, il faut se donner une latitude qui nous
permet de se revirer de bord. Et cette latitude-là, elle existe déjà dans la
loi, comme dans la loi sur la santé, c'est de dire : Bien, vous avez le
droit, mais là c'est sûr que ça s'exerce comme en santé, en tenant compte de
nos ressources, là, ça fait que vous allez en avoir une, place; donnez-nous le
temps de vous en donner une. Là, combien de temps, exactement, bien là c'est
comme en santé, là, tu sais.
Mme Hivon : Mais je pense que c'est
important que le ministre donne les réponses les plus claires possible, parce
qu'il y a des dizaines de milliers de parents, en ce moment, qui n'ont pas de
place puis qui se disent : Là, on a l'occasion de vraiment clarifier les
choses. Moi, je suis d'accord que le fait que le mot «droit» apparaisse, c'est
déjà quelque chose, mais après, quand le ministre dit : Bien là, tout ça
est hypothétique, je ne peux pas dire combien de temps ça prendrait, comment on accompagnerait les parents qui n'ont pas
de place, alors qu'il y a des parents, en ce moment, que ça fait deux ans qu'ils n'ont pas de place, trois ans qu'ils
n'ont pas de place puis qui se disent : Oui, mais là que c'est qu'il y a là-dedans pour moi si on me dit qu'il y
a un droit, mais après, selon toute l'organisation et les limites... Ça
fait que je veux juste amener le ministre à
réfléchir que... Je ne pense pas que dit comme ça, interprété comme ça, ça va
rassurer le terrain, parce qu'il y aurait
une hécatombe, il y aurait plein de fermetures, on ne sait pas ce que l'avenir nous
réserve, et les parents se
retrouveraient gros Jean comme devant à ne pas plus pouvoir exercer leur droit.
Donc, c'est un peu un droit qui peut rester factice. Je ne dis pas que
c'est ça, l'intention du ministre, je fais juste dire dans les effets d'application.
Je veux pousser le
raisonnement plus loin. Je veux juste qu'on ait la discussion, parce que c'est
un enjeu vraiment fondamental. Le ministre dit : Ce n'est pas comme dans
le réseau de l'éducation, on voit les distinctions. Moi, j'ai une suggestion
pour lui. Je pense que, si toutes les nouvelles places se développaient en CPE
avec la cohabitation avec le milieu familial puis que, tranquillement, on
convertissait toutes les places en garderies privées, on se simplifierait aussi
grandement la vie pour gérer le développement de notre réseau. Puis il y a
plein d'autres raisons, on pourrait y revenir, mais je fais juste lui soumettre
ça en passant à nouveau. On pourrait... Quand il y a des nouvelles écoles qui
se construisent, là, on n'est pas accotés, là, tout le temps, à une place près.
On pourrait toujours se donner une marge de manoeuvre.
Quand on décide que, dans une région donnée, il
faut qu'il y ait tant de places développées, bien, on pourrait se dire : On se prévoit toujours une
contingence pour avoir un quelque pour cent de plus, pas qu'on les occupe
à court terme, mais on se donne de
l'espace. Quand on donne un CPE, bien, on va s'assurer qu'il y aurait
potentiellement de la place pour
x enfants de plus, si on devait y arriver, pour avoir un local de plus,
par exemple. Je pense que ce serait une bonne manière d'envisager les
choses pour ne pas être toujours accoté à dire : Woups! Il y a une
fermeture imprévue soit d'une garderie privée soit d'un milieu familial, puis
là on est accoté, puis là il faut partir la machine de : O.K., nos besoins
ne sont pas les mêmes, il faut...
Ça fait que je pense qu'il y en a, des manières,
puis l'AQCPE le disait aussi, je pense qu'il y en a, des manières de prévoir
avec un pourcentage de contingence quand on accepte des projets. Et ce n'est
pas ça qui va faire fermer d'autres milieux. Tout ce que ça va faire, c'est
que, s'il y a quelque chose qui survient, des fermetures qui surviennent, des
places en nombre important qui disparaissent, bien, on va savoir qu'on est
capable, qu'on a l'espace, qu'on a les places qui sont octroyées de plus pour
pouvoir répondre à ces besoins-là.
Ça fait que moi, je ne suis pas tant, là, pour
cette discussion préliminaire là sur le détail du libellé le meilleur, mais je
suis plus dans la réalité des choses. Pourquoi on exclut ça, que, quand on
donne des projets, on prévoit une contingence pour avoir justement de l'espace
au fil du temps s'il devait y avoir des fermetures?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Lacombe : Bien, tu sais, je vais
vous dire, là, si c'était possible, je serais le premier à le faire.
Pensez-vous que je n'ai pas demandé ça, là? C'est... Je ne veux tellement pas
qu'on répète les erreurs du passé que je veux m'assurer, là, je vous le dis
bien franchement, qu'il y ait le plus de verrous puis de cadenas possible dans
cette loi-là pour ne pas qu'il y ait un gouvernement, à l'avenir, qui vienne
nous dire que ça coûte trop cher développer le réseau.
Mais je tiens très fermement, et je vous le dis
honnêtement, là, à préserver ce réseau-là, là. Puis vous avez votre lot de
critiques à mon endroit, mais ce réseau-là, là, j'en suis à la tête depuis
trois ans et demi, là, maintenant, là, je le connais, là, je ne suis pas
parfait, là, mais je le connais bien, puis il y a énormément de défis avec ce
que vous proposez, des défis qu'on a regardés, dont on a pesé les pour, les
contre.
Le réseau, là, oui, le gouvernement, maintenant,
se donne le pouvoir de construire, comme filet de sécurité, dans le projet de
loi, mais il reste que le réseau est développé par les gestionnaires. En ce
moment, là, c'est un bon exemple, ils en ont plein les bras. On ne peut pas
toujours leur dicter le rythme. Parfois, moi, je veux quelque chose, les gestionnaires... Parfois les gestionnaires
veulent quelque chose, puis là, oui, des fois, c'est nous autres qui met les
freins.
Mais vous comprenez ce que je veux dire? On ne
peut pas se donner une obligation et s'en remettre à des prestataires privés.
Vous dites : Bien, il faudrait peut-être avoir une contingence,
c'est-à-dire, vous voulez dire des places vacantes au cas où. Là, on fait quoi?
On y va à 110 % au cas où? Mais ces places-là, en même temps, moi, je vous
prédis, là, ce qui va arriver, là, il y a beaucoup de parents qui ont un milieu
familial actuellement qui se disent : Mais,
s'il y avait une place en CPE, je la prendrais. Ça fait que, là, qu'est-ce
qu'on fait? On laisse des places vacantes en CPE alors qu'il y a des
parents qui disent : Bien, voyons, vous avez des places disponibles? La
vérité, c'est que ça va faire fermer des milieux familiaux. Moi, je ne pense
pas que c'est une bonne idée. Je pense que ces services-là sont là, je pense
qu'il faut les laisser opérer.
Mme Hivon : Bien, en même temps,
c'est vraiment un débat de fond qu'on a puis, je pense, c'est important de
l'avoir. En même temps, dans la loi, le ministre dit : Le parent a le
droit à la place de son choix. Puis là, en même temps, il nous dit : Mais
là, s'il y a un petit peu plus d'espace dans les CPE, il va y avoir moins de
gens dans les milieux familiaux. Bien, moi, je dis : Ce n'est pas ça, le
but, mais, à moyen terme, si c'est ça où il y a le plus d'intérêt... Puis, on
le voit, il y a toutes sortes de raisons qui font que les milieux familiaux ont
des défis. Ça dépend des milieux. Il y a des endroits où les gens demandent des
places en milieux familiaux puis il y a des endroits où ils demandent plus des
places en CPE. Mais à un moment donné il faut être conscient de ça aussi puis
arriver effectivement au bon équilibre. Puis, quand on parle d'un développement
harmonieux, là, bien, c'est ça. Puis, en ce moment, ce n'est pas ça, le
problème qu'on a. Il y a des milliers de places en milieu familial qui sont
vacantes puis qu'on n'est pas capable d'offrir faute d'éducatrices. Ça fait
qu'on n'est pas dans ce problème-là en ce moment.
Ça fait que j'ai juste envie de dire au
ministre : C'est quoi, l'enjeu de dire : On va s'en donner une, marge
de manoeuvre? Pas pour dire : On vous les offre. L'idée, là, ce n'est pas
de les offrir demain matin, c'est de dire, justement : S'il y a des
problèmes qui surviennent, parce qu'il y en a, des fermetures supplémentaires,
on va l'avoir, la marge de manoeuvre. Au même titre où, quand on construit une
école, on ne l'accote pas, là, sur les besoins, là, en 2022, on va avoir des salles de plus, en va avoir des salles de classe
potentielles s'il y a une croissance démographique.
Donc, je comprends que le ministre dit :
C'est des partenaires qui développent. Je suis tout à fait d'accord. Mais c'est
le ministre qui donne les O.K. C'est le ministre qui dit O.K. pour tel projet.
Donc, il peut tout à fait dire : On va se prévoir
une contingence, pas pour la remplir demain matin, mais, justement, si on a un
coup dur dans une région, on va être capable
de rebondir. C'est juste que, sinon, je me demande vraiment comment ce droit-là
va pouvoir s'exercer concrètement. Le
ministre nous dit : J'inscris un droit dans la loi, ensuite, évidemment,
j'ai toutes les nuances qui viennent
en tenant compte de la disponibilité. Tu sais, je comprends son parallèle avec
la loi sur la santé, il est évident.
M. Lacombe : ...un bon parallèle.
Mme Hivon : Non, mais il est évident. Quand on lit ça, on se
dit : O.K., il est allé s'inspirer de la loi sur la santé. Mais je
pense que le point de ma collègue de Westmount—Saint-Louis, il est bon aussi.
M. Lacombe : Je ne l'ai pas changé,
c'était déjà dans la loi, je n'ai rien touché, tu sais...
Mme Hivon : Oui, oui, mais je fais
juste dire qu'on n'est pas face à la même réalité, parce qu'il y en a un, c'est tout ou rien. En santé, ça va pouvoir
être... On ne te laissera pas crever dans ta souffrance, là, on va
t'accompagner un minimum en attendant ta chirurgie puis on va essayer... Si tu
n'as pas de médecin, au moins, tu espères pouvoir aller au sans rendez-vous.
Là, en matière de services de garde éducatifs, c'est vraiment tout ou rien.
M. Lacombe : Non, non, je ne suis
pas d'accord, parce que...
Mme Hivon : Bien, c'est ce que je
veux entendre. C'est quoi, les garanties que le ministre donne aux parents qui
nous écoutent?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
Ministre, je trouve la discussion très, très intéressante. On passe par un
grand, grand détour pour arriver.
Mme Hivon : Moi, je ne pense pas que
c'est un détour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
non, mais je pense qu'on passe par un grand détour pour arriver à l'amendement. Donc, j'aimerais qu'on revienne à
l'amendement proposé pour qu'on puisse discuter. Parce que c'est très, très intéressant, mais j'ai l'impression qu'on va
avoir cette discussion-là aussi un peu plus tard avec l'autre
amendement.
• (17 h 40) •
M. Lacombe : Bien, je vais y aller
rapidement, là. Le problème qu'on a dans notre réseau, ce n'est pas un problème
de droit, c'est un problème de ressources. Si on a suffisamment de ressources,
tous les parents vont avoir une place. Le
droit, vous le dites, Mme la députée de Joliette, il est déjà dans la loi. Si
on a assez de ressources, il n'y en aura plus, de problème. Là, on
développe 37 000 places et on met dans la loi, pour la première fois
de l'histoire du réseau, un article qui
dit : Cher gouvernement, s'il y a des parents qui cherchent une place,
vous êtes obligé d'en créer. Ça fait qu'on se donne cette obligation-là.
Moi, j'appelle ça, là, l'étape du jardinage. Quand le réseau va être complété, là, on va jardiner. On va faire, là, des
aménagements à gauche, à droite, pour... aux endroits où il manque quelques
dizaines, peut-être quelques centaines de places dans les pires cas, on va
faire ce jardinage-là et, oui, on va les accompagner.
Vous dites : Bien, en santé, on les
accompagne, en petite enfance, c'est tout ou rien. Je ne suis pas d'accord.
Aujourd'hui, là, à l'heure où on se parle, quand il y a une garderie non
subventionnée qui ferme, par exemple, on ne laisse pas les parents sur le
trottoir. Le ministère est à pied d'oeuvre avec nos directions régionales pour
essayer de replacer ces parents-là avec les milieux familiaux, avec les CPE
existants. On fait notre gros possible pour éviter que les parents se
retrouvent tout seuls. Donc, cet accompagnement-là, on le fait déjà dans un
contexte où il y a plus de 50 000 noms sur la liste d'attente. Donc,
imaginez, quand nos 37 000 vont être complétées et que, là, le robinet ne
se fermera plus jamais, qu'il va toujours y avoir un aménagement, là, puis un
entretien du réseau à chaque année pour nous assurer qu'on n'ait plus jamais le
choc qu'on a connu dans les dernières années, il n'y en aura plus, d'attente
interminable d'années. Puis là, quand il y aura des fermetures, on va être
capable d'accompagner les parents. Mais je vous prédis, là, que ça va arriver
qu'on ne soit pas capable d'en replacer le lendemain matin puis la semaine
d'après. Puis il y en a pour qui, comme dans le réseau de la santé quand on
veut se faire changer une hanche... que ça prenne un petit peu plus de temps,
parce qu'on ne peut pas faire de miracles. Puis nous-mêmes, là, on ne peut
pas... on ne prendra pas... on ne nationalisera pas ça puis on ne le fera pas
nous-mêmes de bord en bord. Puis on ne veut pas enlever le choix au parent de
choisir où il veut aller. Il n'y a pas d'obligation de fréquentation, donc on
ne peut pas prévoir de la même façon, il faut y aller avec le guichet unique.
La demande qu'on a, c'est beaucoup plus complexe.
Donc, moi, je pense que le problème, c'est un
problème de ressources. 37 000 places complétées, entretien régulier
du réseau, après, pour être sûr de ne jamais avoir un grand manque de places,
qu'on ait toujours le bon nombre de places. S'il y a des fermetures, comme on
le fait déjà actuellement, ce n'est pas un voeu pieux, on le fait déjà dans un
contexte de pénurie de places, on les aide à se replacer. Moi, je pense que ça,
là, comme en santé, ça va constituer un vrai droit. Il existe dans la loi, ce
droit-là, il faut juste se donner les ressources pour que ça arrive.
Puis là on ne peut pas être plus sérieux que ça,
là, je veux dire, même le PQ ne l'a pas fait. Probablement que, s'il avait eu
l'idée, il l'aurait fait, tu sais. Mais là moi, je trouve que c'est une
excellente initiative de mettre ça dans la loi puis de se donner cette
obligation-là. Il n'y en aura plus, de problème de ressources à l'avenir. Et,
d'ici quelques années, bien, ce droit-là va vivre pleinement. On va avoir
protégé l'indépendance des services de garde, leur caractère communautaire. On
ne sera pas partis en guerre avec les entreprises. On va avoir permis aux
parents de continuer à
choisir leurs prestataires où ils veulent sur le territoire. On n'aura pas
instauré d'obligation de fréquentation. Tout le monde va avoir une
place, puis, quand il y aura des fermetures, on sera capable d'aiguiller le
monde avec une flexibilité, certains délais acceptables pour ne pas se faire
poursuivre le lendemain matin parce qu'il n'y a aucune nuance dans la loi.
Tu sais, je ne peux pas être plus clair que ça,
là, tu sais, c'est ça, l'objectif. Puis moi, je pense, là, après avoir reviré
ça de tous bords tous côtés, là, pendant des mois, puis vous avez trouvé ça
trop long, mais c'est parce que, tu sais, je pensais à tout ça, là, puis on
travaillait sur du concret, il y a... Moi, je ne vois pas de meilleure solution
dans la balance des inconvénients, même que je trouve que c'est une solution
qui n'a pas d'inconvénient à la fin.
Mme Hivon : Bien, je dirais juste au
ministre que l'inconvénient, c'est l'espèce de flottement puis l'absence de
garantie, dans le fond. Puis moi, je pense, je soumets ça, là, je ne
m'improvise pas l'experte qui a eu tous les avis des fonctionnaires autour de
moi, mais j'aimerais juste ça comprendre pourquoi c'est impensable de se donner
un petit peu de latitude puis de marge de manoeuvre. Parce qu'exemple il y
aurait... Parce que le ministre, là, il veut garder des garderies privées. Moi,
je ferais une conversion, je ferais un mégaprogramme de conversion pour en
discuter. Mais qu'importe qu'on soit dans un mégaprogramme de conversion ou
non, mettons, à court terme, là, il y en aurait encore, des places en garderie
privée, puis là il y aurait vraiment un gros enjeu... Puis plusieurs garderies
privées ferment à Montréal, puis des milieux familiaux ferment. Bien, pourquoi
on ne se donne pas les moyens de se dire :
On a une petite marge de manoeuvre pour accueillir... Je pense que c'est juste
ça que je veux comprendre, pourquoi c'est
impensable, ça, de se donner une marge de manoeuvre? Peut-être que le
ministre... Tantôt, il m'a dit : Bien, c'est parce que tout le monde viendrait combler les
places tout de suite. Moi, je dis : Elles ne sont pas offertes, ces
places-là, elles existent en cas d'urgence, de problème, justement, pour
venir dépanner.
Donc, on est capable aujourd'hui, quand on débat
de tout ça, de dire aux parents : Aïe! Le ministre parle de verrous puis
d'éléments supplémentaires pour se contraindre. Je pense, c'est ça, l'objectif,
c'est que cette loi-là, elle contraigne le gouvernement, bien, les
gouvernements qui vont suivre, pour ne pas vivre toutes sortes de choses qui
pourraient être désagréables. Donc, je pense que c'est ça, l'intérêt. Puis
pourquoi cette option-là, c'est impossible? C'est sûr que c'est une question de
ressources, à un moment donné, c'est une question de dire : Bien, ça va
coûter un petit peu plus cher, ça, c'est sûr. Mais je rappelle au ministre
qu'un CPE complet coûte le même prix qu'une maternelle quatre ans, puis on n'a
pas lésiné pour les maternelles quatre ans. Donc...
M. Lacombe : ...pour les CPE non
plus, là.
Mme Hivon : Bien, on a hâte de voir
ça, là. Il y a plein de belles promesses, mais...
M. Lacombe : Mais l'argent est là.
Mme Hivon : Oui, sur plusieurs
années. Donc, je veux juste savoir pourquoi on ne se donne pas cette
flexibilité-là, pourquoi c'est impossible de faire ça.
M. Lacombe : Tu sais, honnêtement,
là, par contre, je veux juste mentionner que l'argent est là, tu sais, on n'a
pas lésiné. On a dit combien ça coûte, on le fait. Puis c'est un plan, là, qui
frôle le 6 milliards de dollars sur les cinq
prochaines années. Ça fait que je pense que c'est très ambitieux. Puis je
comprends, là, les maternelles quatre
ans, puis je sais que vous n'étiez pas d'accord avec ça, mais, tu sais, je
pense qu'on prouve hors de tout doute, là, qu'on met ce qu'il faut aussi en
petite enfance puis on se donne une obligation dans la loi.
Mais, pour revenir à nos moutons, ce n'est pas
que je suis contre, là, cette idée-là de se donner une marge de manoeuvre, on
se la donne déjà, cette marge de manoeuvre-là, parce qu'on développe à
105 % maintenant. Avant, on était pas
mal en dessous. Là, nous, là, moi, ce que j'ai dit, c'est : Allons-y à
105 %. Comme ça, on se donne une marge de manoeuvre pour éviter,
là, les... Quand on dit : Non, non, tout le monde devrait avoir une place,
on est à 100 %, ça n'arrive jamais, il
y a toujours une famille qui va dire : Bien, moi, je n'en ai pas, de
place. Puis là, tu sais, évidemment, ça donne... On veut que tout le
monde en trouve une. Ça fait que, oui, on est déjà dans une planification à
105 %.
Mais je
reviens à ça, légalement parlant, si on fait ce qui est proposé par la députée
de Westmount—Saint-Louis, puis qui a été proposé par le député de LaFontaine avant, le... il
peut arriver toutes sortes de choses, là. Mais, s'il n'y a pas de
nuance, malgré toutes nos bonnes intentions, vous êtes avocate de formation,
vous-même, la loi dit ça, bien, on se fait poursuivre. Il n'y a pas de nuance,
le parent, il n'y a pas de doute possible, le gouvernement vous dit : Vous
avez le droit d'avoir une place, s'engage à faire ça, il n'y a aucun
astérisque, bien, ça se peut, là, qu'on se fasse... Puis on ne peut pas
s'exposer à ça alors que tout ça repose sur des prestataires qui sont privés,
des OBNL, des travailleuses autonomes puis des entreprises.
Mais
qu'est-ce qu'on peut faire, je le répète, j'avais dit que je ne m'étendrais
pas, mais c'est plus fort que moi,
là, je fais moi-même du temps, mais qu'est-ce qu'on fait en contrepartie, on
planifie ça à 105 %. On dit : Tous les enfants vont avoir une place, on en fait 37 000 actuellement. On
dit : Après ça, on va se forcer à maintenir l'équilibre dans le réseau
pour ne jamais subir les chocs qu'on a vécus en termes de manque de place puis
que, là, il y a un gros rattrapage à faire.
Ça fait que, tu sais, ce droit-là, là, quand
vous dites : Bien, le parent, il n'a pas d'assurance, bien, je suis désolé, mais il en a plus que jamais, là. Puis je
le dis humblement, ça a l'air vantard, puis je ne veux pas... mais il n'y
a pas un gouvernement qui est allé plus loin dans l'assurance qu'il donnait aux
parents, même en 1997. Là, ce qu'on dit, là, c'est qu'on va s'assurer, dans la
loi, d'être obligé de maintenir l'équilibre.
Mme Hivon : Je
veux juste revenir à un petit point, parce que c'est toujours : même le
Parti québécois, même en 1997. On était dans deux univers, là, je veux juste
qu'on s'entende sur... O.K., merci. Ça fait qu'on partait le réseau, hein, puis
je pense que c'est assez incroyable, ce qui a été fait.
M. Lacombe : ...
Mme Hivon : Oui, c'est bon. J'ai été
très heureuse de lire ces entrevues-là, ça fait que je vais les ressortir, s'il
le faut, des fois, mais je veux juste qu'on s'entende qu'on n'est pas à la même
place, on ne pouvait pas, du jour au lendemain, partir de zéro à 100 %,
puis je pense qu'on...
M. Lacombe : ...pu le faire en 2012,
mais en tout cas.
Mme Hivon : On a été là un an et
demi, puis on en a fait pas mal. Donc, voilà, ça fait que c'est juste ça. J'entends que le ministre dit 105 %. Moi, je
pense qu'on devrait se donner une marge de manoeuvre un peu plus
importante.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Ça fait que, là, on ne
pourra pas discuter? Le ministre a fini de...
M. Lacombe : Bien là, je peux me
répéter, là, mais, là, j'ai l'impression d'avoir tout dit.
Mme Labrie : Bien, en tout cas, je
trouve le parallèle avec le réseau de la santé intéressant, parce qu'on discute
beaucoup de la capacité hospitalière ces temps-ci, puis on a vu à quel point le
Québec avait une capacité hospitalière beaucoup plus faible que d'autres États,
et c'est ça qui nous nuit dans l'offre de services actuellement. Donc, on a
beau avoir créé le droit, la réalité, c'est qu'on n'a pas une capacité hospitalière
qui nous permet de répondre à cet engagement de l'État là. C'est de ça dont
parle ma collègue quand elle dit : On devrait développer une capacité de
répondre à la demande plus grande que la demande parce qu'il peut advenir des
situations où on a besoin de plus de places. Ça fait que tant mieux si c'est
105 %. Moi, je ne sais pas sur quelle base vous avez choisi 105 %
plutôt que tel autre pourcentage, j'imagine vous avez documenté la question
pour être certain que c'était une marge de manoeuvre suffisante.
J'ai trouvé ça intéressant d'entendre le
ministre, c'est un bel exposé, sur à quel point ça nous précarise, pour offrir
ces services-là, de miser sur le privé. C'est intéressant, parce qu'on va se le
dire, là, des CPE qui ferment, qui décident de fermer, là, moi, je n'ai pas vu
ça souvent. Les seules fois où j'ai entendu parler d'une situation comme
celle-là, c'est quand, par exemple, il y avait une hausse de loyer tellement
importante pour un CPE, puis la subvention ne suivait pas, donc là il y avait
un risque de fermeture. On a entendu parler de situations comme celles-là à
Montréal, entre autres, parce que les loyers commerciaux, ça augmente autant
que les loyers pour les logements. Donc,
moi, j'ai entendu parler de situations comme celles-là, mais on s'entend que
c'est quand même... le gouvernement peut quand même choisir d'éviter une
telle fermeture, là. Je n'ai jamais vu une situation où, par choix, sans qu'il
y ait de circonstances comme celles-là, un
CPE décide de juste tirer la plug puis fermer l'organisme. Ça, je n'ai jamais
vu ça.
• (17 h 50) •
M. Lacombe : Ça n'arrive pas. Ça
n'arrive pas.
Mme Labrie : Ça n'arrive pas, bon,
le ministre me le confirme. Ce qui risque de fermer, c'est deux choses, c'est
les milieux familiaux, je vais y revenir, puis les garderies privées.
M. Lacombe : Non subventionnées.
Mme
Labrie : Non subventionnées. Bien, les subventionnées
peuvent décider de fermer aussi si ça leur adonne, là.
M. Lacombe : Dans les CPE, ça n'arrive
pas.
Mme Labrie : Ça n'arrive pas, tant
mieux. Moi, ce que ça me dit, c'est on devrait cesser complètement de miser sur
ce type de milieu là pour développer le réseau, puis on devrait viser à les
convertir tous le plus rapidement possible, parce que, sinon, on se précarise.
Donc, moi, je reviens sur les propos de ma collègue. C'est quelque chose qu'on
a demandé souvent aussi, là, qu'il y ait une conversion rapide. Là-dessus le ministre
nous a dit que... bien, en tout cas, moi, il m'a déjà dit qu'il ne voulait pas
convertir n'importe quel type de milieu, que c'était important d'assurer la
qualité. Puis je suis très d'accord avec ça. Je pense que la grosse majorité,
si ce n'est pas la quasi-totalité, des garderies privées en ce moment répondent
aux règles qu'on exige d'elles. J'espère que c'est exceptionnel qu'elles n'y
répondent pas. Donc, je m'attendrais à ce qu'on puisse quand même faire une
conversion massive de places puis s'assurer qu'on en fait des CPE. Ça, c'est la
meilleure manière de s'assurer qu'on est capable d'offrir le service puis de
répondre à la demande.
Parce que le ministre l'a dit lui-même, là, puis
il était très éloquent, là : Comme État, on ne peut pas respecter ce
droit-là. Puis lui, il nous dit qu'il l'inscrit, le droit, il est convaincu de
ça, mais il nous dit en même temps : Mais on ne peut pas le respecter si
on est à la merci d'entreprises privées qui ferment. Bon, réglons ça.
M. Lacombe :
Bien, le privé, j'inclus les CPE là-dedans, parce que c'est du privé, un OBNL.
Mme Labrie : Mais ils ne ferment
pas, le ministre vient de me confirmer que ça ne ferme pas, un CPE.
M. Lacombe : Les GS non plus. Ce qui
ferme, effectivement, vous avez raison, c'est les garderies non subventionnées
puis les milieux familiaux, qui sont pourtant subventionnés.
Mme Labrie : Les milieux familiaux,
c'est une deuxième chose. Moi, j'ai trouvé ça particulier, ce que le ministre a
répondu à ma collègue tantôt. On dirait qu'il met les freins sur le
développement de places en CPE pour préserver des places en milieu familial.
Moi, la situation de laquelle je suis au courant, là, à propos des milieux
familiaux en ce moment, c'est que bon nombre d'entre eux ont une liste
d'attente, là, tu sais, facilement plusieurs dizaines, si ce n'est pas une
centaine de noms de gens qui les appellent. Ils reçoivent des appels tous les
jours pour avoir une place en milieu familial, là. Ces gens-là ne sont pas au
bord de la fermeture. S'ils décident de fermer, ça leur appartient, mais ils ne
ferment pas parce qu'ils manquent de demandes. Ça, moi, ça, je n'ai pas vu ça.
L'autre chose, c'est, si les gens veulent un
autre type de milieu, s'ils sont dans un milieu familial puis ils veulent un
CPE, là, la loi prévoit le choix des parents. Le ministre l'a ramenée, cette
notion-là, c'était très important, il l'a ramenée. C'est une bonne chose, mais
ça veut dire qu'il faut répondre à cette demande-là. On ne va quand même pas se
limiter de répondre au choix des parents qui nous disent : Moi, c'est une
place en CPE que je veux, sous prétexte qu'il quitterait sa place dans un
milieu familial, sinon, on ne respecte pas le choix du parent. Si on veut
respecter pour vrai le choix du parent, il faut savoir combien de parents
veulent une place en CPE puis développer le nombre de places conséquent. Moi,
je ne veux surtout pas qu'on s'empêche de développer des places en CPE sous
prétexte qu'il ne faudrait pas faire fermer des milieux familiaux. Ceux qui
sont là, là, ils ne sont pas à risque de fermeture en ce moment, à part, là, si
la personne elle-même décide de le faire, mais c'est...
M. Lacombe : Il faut replacer
juste... Faisons une nuance, là. C'est vrai qu'actuellement, vous avez raison, là, les milieux familiaux ont beaucoup de gens qui
sont inscrits sur la liste d'attente, parce qu'il manque
37 000 places. Mais disons, là, faisons un bond en avant avec notre
Grand chantier pour les familles, projetons-nous dans... Non, mais je suis fier
de ça, là, moi, c'est... Ça vous fatigue, là, mais moi, je trouve que c'est un
bond incroyable pour le réseau, là. Puis je suis sûr que dans 10 ans,
quand on va aller prendre un café, vous allez être d'accord. Mais il reste que,
si on fait un bond dans quatre ans, là, puis qu'on se dit : Ça va bien sur
le terrain, les gens ont bien répondu, le développement s'est passé comme prévu,
on arrive, on a fini ces 37 000 là en... tu sais, on a continué à faire l'aménagement, puis, tu sais, de lancer des petits
appels de projets au besoin, puis tout ça, bien, quand on va arriver à
un équilibre partout, là, les milieux familiaux n'en auront plus, de liste
d'attente, parce que tout le monde va avoir une place. Il y en aura toujours
une normale de roulement, là, tu sais, d'enfants de deux, trois, quatre mois.
Moi, ce que je comprends, c'est que vous nous
dites : Même quand il y aura un équilibre partout au Québec, accélérons le développement des CPE en bâtissant
des CPE dans les quartiers où la préférence des parents, c'est un CPE,
puis faisons fermer les milieux familiaux qui sont là, autour, parce qu'ils
vont se vider puis ils vont remplir le CPE.
Mme Labrie : Bien, moi, ce que je
dis, c'est : Soyons cohérents avec ce qui est inscrit dans la loi.
M. Lacombe : Oui, je comprends, mais
ça se traduit par l'exemple que je viens de vous donner. Mais ça, je comprends,
là, vous dites : La préférence du parent, c'est ça, ça fait que
construisons le CPE, même si les parents ont déjà une place subventionnée
autour, en milieu familial. Moi, je pense qu'il n'y a rien qui presse. Bien
non, je ne vais pas dire ça. Je pense que ce qui est le plus pressant, c'est
que tous les parents aient une place puis qu'on fasse de la conversion dans le
privé non subventionné en privé subventionné, parce que, vous avez raison,
c'est plus stable pour les enfants, pour les éducatrices, les éducatrices sont
mieux rémunérées, le programme éducatif est mieux, bien, en fait, la qualité
générale est mieux. Les GNS, c'est ce qu'elles souhaitent. Je ne suis pas en
train de dire que c'est des pas bonnes puis que c'est de leur faute. Il manque
de ressources. Elles-mêmes nous disent qu'elles veulent être subventionnées.
Moi, je pense que ça, c'est les priorités.
Puis, honnêtement, moi, je pense que tout ça,
avec le temps, va s'équilibrer, là. Tu sais, quand je regarde ça, là, je me
dis : Dans quatre, cinq ans, tout ça va être complété, puis il y aura de
l'attrition dans les milieux familiaux, puis là ce sera à nous, effectivement,
de regarder, bien, à ce moment-là, c'est quoi, le portrait, c'est quoi, la
préférence des parents. Les milieux familiaux qui sont là, là, est-ce qu'ils
sont remplis de parents qui sont contents que leur enfant aille là ou la
préférence, c'est un CPE? Puis à ce moment-là, bien, tu sais, le gouvernement
qui sera là prendra sa décision. Est-ce qu'on continue de développer des CPE
pour répondre à la préférence des parents ou on se dit : Bien là, c'est
assez, tout le monde a sa place? Je ne sais pas qui va être là, puis ça sera un
choix qui lui appartiendra. Mais, je pense, la priorité à court terme, là,
c'est de construire les CPE et les garderies que ça nous prend au plus sacrant,
ça, c'est la commande que j'ai reçue, en respectant, bien sûr, toutes les
règles puis la qualité, en priorisant la qualité des projets. Je ne sais pas si
ça répond à votre question, mais...
Mme Labrie : Mais, moi, ce que je me
demande, c'est comment le ministre compte faire pour respecter le choix des parents, comment il va s'informer du
choix des parents pour être certain de développer en cohérence avec ça.
M. Lacombe : Ça, c'était dans
l'article 1, là, il aurait fallu faire ce débat-là dans l'article 1.
Mme Labrie : Bien,
on l'a fait puis on...
La Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît! Je vous rappelle, chers collègues, que nous sommes sur l'amendement
de la députée Westmount—Saint-Louis.
Donc, continuons notre belle discussion sur l'amendement.
Mme Labrie : Bien, pour moi, le
lien, il est vraiment explicite, là, on est sur la question de respecter le
droit des parents, puis le droit de choisir, donc c'est le droit de choisir,
là, c'est ça qu'on veut. C'est un peu pour ça que, tout à l'heure à
l'article 1, j'en ai parlé, de ça, au ministre, là. Je lui ai dit :
Comment on va faire pour s'assurer de ça? Est-ce qu'on devrait mettre les
moyens qu'on va prendre ici, les objectifs qu'on vise? Puis il m'a dit :
Non, non, on va faire ça ailleurs, on va le faire dans les autres articles.
J'ai dit : O.K.
M. Lacombe : Oui. Moi, je pense
qu'avec le temps on va atteindre cet objectif-là. D'abord, il est dans la loi,
je le réintègre, donc je pense que je démontre que moi, je suis de bonne foi
là-dedans. Je pense qu'on a encore beaucoup de travail à faire. Puis je pense
que, dès le moment où tous les enfants auront une place, bien là,
effectivement, quel sera le portrait de la situation à ce moment-là? Est-ce
qu'on aura réussi? Moi, je pense que oui puis je le souhaite. Est-ce qu'on aura
réussi à régler la crise en milieu familial? Est-ce que la préférence des
parents va avoir évolué? Est-ce que les parents qui cherchent actuellement une
place en CPE vont migrer vers le CPE, laissant des places vacantes, dans les
milieux familiaux, qui vont être occupées par des gens qui vont être contents
d'être dans... Tu sais, ça, on ne peut pas le savoir. Je pense que, quand le
développement sera fini puis qu'on sera à la phase, là, de dire :
Maintenant, on fait de l'entretien dans le réseau, parce qu'on est obligé de le
faire, quand on adoptera le projet de loi, s'il est adopté, bien, moi, je pense
qu'à ce moment-là on se posera cette question-là. Mais moi, je suis ouvert. Puis il y a une question de ressources aussi. Je
pense qu'il faut aussi laisser la latitude au gouvernement, à ce
moment-là, de se poser la question : Est-ce qu'on investit là, est-ce
qu'on investit en santé, est-ce qu'on investit en éducation? Moi, je pense
qu'avec ce qu'on se donne on va faire un méchant bon pas de géant, là.
Mme
Labrie : Donc, le ministre, lui, il est convaincu que...
Parce qu'avec ce qu'on se donne, tu sais, je vais... Ce qu'on se donne
en ce moment, par exemple, là, je vais parler du rythme de conversion qu'on
connaît actuellement, je vais dire qu'il est lent. Moi, je le trouve lent.
C'est toujours, à ce jour, quoi, 3 500 places, là, le projet de
conversion du ministre, pas plus que ça. Est-ce qu'avec les moyens qu'il se
donne en ce moment, parce que c'est de ça dont il est question, là, je
reviens... On est sur l'amendement, là, l'amendement vise à enlever les si, les
si, là, concernant les moyens, là, pour respecter le droit des gens. Les moyens,
là, c'est ça, c'est convertir 3 500 places privées en ce moment, alors que ces places-là, en ce moment, on
le sait qu'elles sont superprécaires. Ces garderies-là peuvent décider
de fermer demain matin si ce n'est pas assez
rentable à leur goût. Ils en ont le droit, comme n'importe quel
entrepreneur.
Est-ce que le ministre, lui, il est convaincu
qu'avec les moyens qui sont pris actuellement, dont ça, là, le rythme de
conversion de places, on est capable de répondre au droit des parents avant
2024? C'est ça, le moment, l'échéance que le ministre a déjà nommée pour
répondre aux besoins de toutes les places?
M. Lacombe : Moi, je pense que, là,
pour vrai, je pense qu'on est vraiment rendus ailleurs, là, mais...
Mme
Labrie : Bien, on est sur la... l'organisation des
ressources des prestataires de services de garde, ça tient compte de la disponibilité. On veut laisser cette
disposition-là, puis, en même temps, par ailleurs, on sait que les
moyens pris pour offrir des places qui ne sont pas à risque de fermeture sont
limités.
• (18 heures) •
M.
Lacombe : Mais la conversion, là, moi, encore une fois, je
persiste et signe, on est le premier gouvernement à faire ça. Tous les
autres ont dit non, sauf en 1997, parce qu'il y a eu de la conversion au
départ, départ du réseau. D'ailleurs, c'est
pour ça qu'il y avait autant de places créées, parce que ce n'étaient pas
toutes des nouvelles places, c'étaient beaucoup de conversions. Ça fait
que moi aussi, je pourrais faire des additions comme ça, puis ça me donnerait
des plus gros chiffres, mais, bref, on est le premier gouvernement depuis ce
temps-là à faire de la conversion. Je veux dire,
ça parle, quand même. On a bonifié le crédit d'impôt de façon temporaire aussi
parce qu'on souhaite que les parents, les garderies non subventionnées
puissent en bénéficier. Puis notre projet, ce n'est pas un projet pilote au
sens de la loi, mais, disons, c'est une première phase expérimentale, je vais
dire ça, de 3 500 places, va se terminer, là, dans les prochaines
semaines, et, à ce moment-là, on en fera le bilan.
Moi, je pense qu'il faut bien faire les choses.
Puis, oui, les parents attendent, oui, les parents trouvent ça long, mais nous, on l'a posé, le geste. Puis, en
attendant, on ne reste pas les bras croisés, on a bonifié le crédit
d'impôt d'un quart de milliards de dollars par année; c'est énorme, là. Bon, tu
sais, on ne peut pas se faire dire qu'on ne fait rien, c'est énormément
d'argent public pour une bonne cause. Ça fait que le projet pilote va se
terminer. On fera l'analyse. Puis je ne peux pas être plus... On ne peut pas
avoir un geste qui est plus engagé que ça, là, c'est écrit noir sur blanc que, par
la suite, on va continuer de faire le... Mais évidemment on va se donner, à ce
moment-là, quand le projet pilote va se
terminer, on va se donner un plan de match qui va être plus précis, en fonction
de ce qu'on va avoir comme conclusion.
Puis on est en train, en ce moment, de travailler avec les associations de
garderies privées, dans un comité, pour voir comment on peut faire ça de
la meilleure façon. Puis, pour le choix du parent, là, puis sa préférence, n'oublions pas qu'on veut rapatrier aussi le guichet
unique, et ça, ça va nous aider. On va pouvoir faire des aménagements,
des modifications, l'améliorer pour être capables de comprendre encore plus les
préférences des parents puis avoir toutes ces données-là directement au
gouvernement, sans avoir à passer par un OBNL.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Donc, le ministre a l'intention d'utiliser le guichet unique pour documenter
les préférences des parents et développer le réseau à partir de ces préférences-là?
M. Lacombe :
Je pense que c'est tout à fait un objectif qui est présent à l'heure actuelle,
oui.
Mme Labrie :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui, deux dernières questions. Une dernière question,
c'est... Je voudrais savoir... La députée a mentionné... S'il y avait un
échéancier... Si, mettons, on parlait de... à la fin, quand le réseau est
complété, que ce paragraphe n'existe plus, est-ce que ça, c'est une option?
Mettons, on dit, dans cinq ans... après cinq ans, le droit universel, un accès
universel, c'est possible, puis là on n'aura plus le «si, si, si»...
M. Lacombe :
En fait, peut-être que la députée de Joliette pourrait mieux le préciser, mais
je ne pense pas que c'est ce à quoi elle faisait référence. Moi, ce n'est pas
comme ça que je l'ai compris. Ce que... Ce à quoi... Ma compréhension, ce à
quoi elle faisait référence, c'est, quand un enfant perd sa place, si vous avez
une obligation de le replacer, combien de temps vous vous donnez pour le
replacer. Est-ce que ça vous prend deux semaines? Est-ce ça vous prend trois
semaines? Est-ce que ça vous prend un mois, deux mois? Je ne pense pas qu'elle
parlait d'à partir de combien de temps... d'aujourd'hui on se donne pour que ce
plein droit là embarque puis qu'il y ait tout le temps zéro délai avant
d'obtenir une place, là.
Mme
Maccarone : Elle parlait de... La députée de Sherbrooke, elle avait
dit : S'il y avait un échéancier... Moi,
ça amène la question : Si, mettons, on dit : Il y a un échéancier de
cinq ans pour compléter le réseau, vous avez dit que le temps que c'est complété, quatre ans, ça fait qu'on peut-tu rêver
puis penser... de dire : Bien, après quatre ans, bien, cet alinéa
dans l'article 2 ne sera plus en vigueur?
M. Lacombe :
Bien, non, au même titre que la loi sur la santé a encore cet article-là, parce
que, même quand on aura suffisamment de places pour tout le monde, je reviens à
ce que je disais, ça n'empêche pas des fermetures inopinées puis ça n'empêche
pas le fait qu'on s'expose à des poursuites, alors qu'on aura besoin d'un
certain délai, parfois, pour replacer des enfants. Puis là c'est ce que ça dit,
cet alinéa, c'est que ça dit : Vous avez un droit, mais là... En d'autres
mots, ça dit : Vous avez un droit, mais, tu sais, laissez-nous le temps,
là, de vous replacer.
Mais
ce à quoi on peut rêver, c'est quand les 37 000 places vont être
complétées. Ça, c'est en date d'aujourd'hui. Et, quand on aura cet
aménagement-là en continu du réseau qui va être en cours, bien, moi, je pense
qu'on peut rêver à une situation où, quand les parents s'inscrivent au guichet
unique à la naissance de leur enfant ou pendant la grossesse, bien, ça nous
donne déjà plusieurs mois pour prévoir ça, puis qu'à la fin il n'y ait pas
vraiment d'attente pour les parents ou qu'il y en ait peut-être une, mais
seulement de quelques semaines, là, tu sais, dans le pire des cas.
Mme Maccarone : C'est juste que, dans le grand chantier, c'est écrit, comme le ministre
a dit, qu'en 2024‑2025, bien, là, le réseau sera complet, voilà.
M. Lacombe : C'est-tu
mon grand chantier, ça, notre grand chantier...
Mme
Maccarone : Ça fait que ce serait...
M. Lacombe :
Des fois, j'ai l'impression que personne ne le lit.
Mme
Maccarone : On étudie tout, on étudie tout.
M. Lacombe :
Mais là je vois que vous l'avez annoté, puis il y a des post-it.
Mme
Maccarone : C'est important, c'est important. Ça fait que, si on dit,
mettons, pourquoi pas... Pourquoi pas que
l'alinéa ne sera plus en vigueur, d'abord, en 2025? Parce que le ministre est
convaincu, il se pète les bretelles, c'est ça... C'est ça, il se pète
les bretelles pour dire que, tu sais, voici mon grand chantier, je vous le
confirme, 2024‑2025, le réseau sera complet. Bien, pourquoi pas, d'abord, en 2024‑2025,
bien, cet alinéa-là ne sera plus en vigueur, et ça veut dire qu'on pourra avoir
un accès universel?
M. Lacombe :
Bien, j'ai déjà répondu. Là, je me répète, j'ai déjà répondu, c'est parce que,
s'il y a des prestataires qui décident de fermer même un coup que le réseau est
complété, il faut les replacer, ces enfants-là. Si on n'est pas capables de les
replacer le lendemain matin, on se fait poursuivre.
Mme Maccarone : Ce n'est pas du
jardinage, ça?
M. Lacombe :
Oui, tout à fait, c'est ça, on sera capables de le faire en temps très court,
mais ce que vous proposez, c'est qu'il n'y a même pas de période de temps,
c'est de dire : Les parents ont le droit, puis, si, demain matin, ils n'ont pas de place, ils peuvent
poursuivre. Puis ils vont gagner, parce que vous avez cette responsabilité-là...
vous aviez cette responsabilité-là de leur garantir une place. Nous, ce qu'on
dit, c'est que ça peut arriver que des milieux ferment puis ça peut arriver qu'il
y en ait qui ne lèvent pas la main, puis qu'on soit obligés, nous, de prendre la relève, comme État, parce qu'on veut se donner
ce droit-là, là, dans le projet de loi. Ça, ça va prendre un peu plus de
temps qu'habituellement parce qu'on arrive comme filet de sécurité, nous,
après.
Donc, dans certains cas, les parents, c'est sûr,
là, ça va continuer d'arriver dans une moindre mesure qu'ils soient obligés d'attendre un peu. Puis on ne peut
pas s'exposer, comme État, à des poursuites alors que ce n'est pas notre
décision, puis c'est des entreprises, des
OBNL ou des travailleuses autonomes, qui décident de mettre fin à leurs
activités, mais on peut faire tout le reste, par exemple.
Mme Maccarone : Ça fait que c'est
quoi, le recours? Moi, les parents qui me contactent parce qu'ils sont en
larmes : Je n'ai pas de place, la porte est fermée, il n'y a aucune place
pour mon enfant, mon enfant a besoin de rentrer dans le réseau parce qu'il a
des besoins particuliers... Le gouvernement parle d'agir tôt. C'est quoi, le
recours pour ces parents? Malgré qu'ils ont eu accès à des mesures
exceptionnelles, les subventions, ils ont une entente, mais la porte est
toujours fermée, puis ils n'ont pas droit...
M. Lacombe : Parce qu'il manque de
places.
Mme Maccarone : Non, pas parce qu'il
manque de places, parce qu'il y a un refus. Ce n'est pas la même chose. C'est
quoi, le recours? Est-ce que ça va être enchâssé quelque part dans la loi, de
dire : Bien, ici, on rajoute-tu un amendement pour dire que ça, là, il
faut que ça soit approuvé par le ministre?
M. Lacombe : Bien là, ça, c'est une
bonne question, mais là je pense que ce serait un peu particulier qu'un membre du conseil exécutif vous donne des conseils
juridiques, alors qu'il n'est pas avocat puis qu'il n'a pas le droit de
le faire, sur comment poursuivre le gouvernement du Québec. Ça fait que je vais
me garder une petite gêne, mais...
Mme Maccarone : Ce n'est pas ça, la
question, c'est plus que c'est quoi, le recours pour ses parents? On participe
aussi... Le projet de loi n° 9, on parle des recours,
tu sais, pour les élèves. C'est quoi, les recours? Il y a des parents qui vont
se dire... Mais c'est quoi, le recours pour ces parents? Je n'ai pas accès à un
service...
M. Lacombe : Bien, je pense qu'on va
y arriver plus loin. Je pense qu'on va y arriver plus loin, là, aux enfants qui
ont des besoins particuliers. Je compte sur vous, je pense, pour qu'on en
parle. Ça me fera plaisir, mais là moi, honnêtement, j'ai vraiment fait le
tour, en plus qu'on en a parlé pendant des mois avant, là. Entre autres, au
salon bleu, dans les articles, je me suis bien expliqué. Je pense, j'ai fait le
tour.
Mme Maccarone : C'est quel article,
en passant, que nous allons jaser de ce recours pour ces parents des enfants
avec des besoins particuliers?
M. Lacombe : Non, mais je pense que
vous vous allez... Vous m'avez déjà dit que c'était dans votre intérêt.
Mme Maccarone : ...vous avez dit
qu'on va jaser de ça plus tard parce qu'il y avait un article qui...
M. Lacombe : Oui. Bien, moi, je
compte sur vous pour qu'on en parle plus tard parce que, je pense, c'est dans
votre intérêt.
Mme Maccarone : Ah! on va jaser de
ça tout le long de l'étude détaillée, c'est sûr, mais c'est une vraie question
parce que c'est des vraies situations. Un peu comme la députée de Joliette,
elle a parlé des neuf places puis le service de garde, mettons, à midi,
c'est des vraies situations. Moi, je fais face à des vraies situations. Je
reçois ces plaintes partout dans la province, malgré qu'il y aura...
M. Lacombe : ...on aura des
propositions à vous faire. Je comprends que c'est un enjeu, là, les enfants qui
ont des besoins particuliers, parce que, là,
on est dans une niche, là. On parle d'enfants qui ont des besoins
particuliers. On a regardé ça. Ça fait
partie du travail qu'on est en train de faire à la suite des consultations
particulières. Je pense qu'il y a des façons... Encore une fois, on a ce
défi de dire : Ce n'est pas l'État qui opère les services de garde même si
on les finance. Donc, on a des défis, mais on
a aussi des moyens d'agir. Ça fait que, vous allez voir, on aura des
propositions pour vous.
• (18 h 10) •
Mme Maccarone : Parce que, selon
moi, c'est le moment de jaser de ça deux minutes. On a deux minutes... de jaser
de ça, c'est le moment de le faire, parce que c'est... Pour moi, c'est ça, un
accès universel. Comme j'avais mentionné
d'emblée, c'est important que, les parents, ils savent qu'il y a une loi
derrière eux pour s'assurer qu'il y aura une place pour leurs enfants malgré que peut-être ça va prendre du
temps, malgré que, peut-être, il faut travailler dans le réseau. C'est
pour ça que je pense que ce serait peut-être intéressant de dire que, quand le
réseau sera développé, bien là ça va être un accès
universel. Les parents des enfants avec des besoins particuliers ou tous les
parents qui sont en attente d'une place se lamentent de ça, mais ils trouvent
des moyens. Ce n'est pas toujours des moyens qu'on aime, ce n'est pas toujours
des moyens qui sont faciles, mais ils trouvent des moyens. Puis je suis
persuadée que tout le monde sur le terrain essaie aussi de trouver des moyens.
Alors, je vois mal pourquoi on ne pourra pas
dire qu'un accès universel, un droit sera enchâssé dans la loi. Puis, écoute,
la même chose... On fait le parallèle avec la loi sur la santé et services
sociaux. On fait le parallèle aussi avec la Loi sur l'instruction publique. Ça
reste que, malgré qu'il y a beaucoup d'élèves qui ne sont pas scolarisés, le
gouvernement a aussi fait le choix dans le passé... je ne sais pas quelle
année, je ne suis pas légiste, là, quand cette loi a été mise en vigueur, mais
ils se sont mis... exposés à peut-être des recours légals parce qu'ils ont dit
que c'est si important que ça qu'on devrait mettre ça comme une loi. Je vous
entends qu'on n'est peut-être pas prêts pour ça. Pourquoi pas dans cinq ans?
Pourquoi pas en 2024 ou 2025? Ça envoie un message très fort sur le terrain
qu'on vous a entendu. Puis je pense que c'est important qu'on ait ce débat,
c'est le moment. Oui, c'est vrai, je veux parler des enfants à besoins
particuliers à travers le projet de loi, les collègues me connaissent, c'est un
enjeu qui est très important pour moi, mais pas juste pour eux, pour tous les
enfants qui se cherchent une place. C'est le moment de dire que vous devriez
avoir un accès universel, puis, oui, on peut mettre un échéancier. C'est
peut-être une option.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis désolée, Mme la députée, votre temps étant écoulé. M. le ministre,
désirez-vous intervenir sur ça? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer aux voix cet
amendement. Est-ce que cet...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. M. le secrétaire, on demande un vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Lacombe
(Papineau)?
M. Lacombe : Contre.
Le Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
Le Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
M. Bachand :
Contre.
Le Secrétaire : Dans la salle
La Fontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme Hivon : Pour.
Le Secrétaire : Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 2.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
J'aurais un amendement à déposer, Mme la Présidente. Il est déjà prêt.
La Présidente (Mme D'Amours) : L'amendement... pardon, un amendement à déposer.
Est-ce que l'amendement est déposé sur Greffier? Non.
Donc, nous allons
suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
18 h 13)
(Reprise à 18 h 22)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Donc, Mme la députée de
Sherbrooke, si vous voulez bien lire votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Avec
plaisir, Mme la Présidente. Donc, dans le troisième alinéa de l'article 2,
introduit par l'article 2 du projet de loi, ajouter le mot «subventionnés»
après «garde éducatifs à l'enfance».
L'alinéa se lira
comme suit : «La mise en oeuvre de ce droit est renforcée par l'obligation
faite au ministre de prendre les moyens visés à l'article 93.0.3 pour que
l'offre des services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés sur chaque
territoire réponde à la demande de tels services.»
C'est-à-dire que, si,
par exemple, sur un territoire donné, la demande de places subventionnées
correspond à 97 % de la demande ou 60 % de la demande, peu importe,
le ministre a la responsabilité de s'assurer que l'offre correspond à la
demande de places subventionnées. Ça fait que, s'il y a de la demande pour un
certain nombre de places subventionnées, il doit y répondre.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Lacombe : Ce
qu'on propose à 93.0.1.3, c'est que, dès qu'il y a un déséquilibre entre
l'offre et la demande, on lance un appel de projets pour des places
subventionnées. Donc, c'est déjà indiqué clairement que, lorsqu'il y aura un besoin de places, on va créer
ces places-là, qui seront des places subventionnées. Ce que la députée
de Sherbrooke nous propose avec cet amendement-là, c'est de dire : Bien
là, il faut que... il faut, par exemple, que, dès qu'on adopte ça sur
l'ensemble du territoire, les services de garde... Essentiellement, là, ce
n'est pas dit comme ça, mais on sous-entend que tous les services de garde
devraient être subventionnés parce que les parents, c'est ce qu'ils souhaitent, puis je comprends ça. Évidemment,
c'est ce que je vise aussi, sauf qu'on n'a pas le même moyen d'y
arriver. Moi, je pense que la nouvelle création de places doit toujours se
faire en subventionnées. C'est ce qu'on se donne comme obligation là-dedans.
Mais je pense que, pour les GNS, les garderies non subventionnées qui existent
déjà, ce qu'il faut, c'est non pas lancer un appel de projets pour créer des
nouveaux CPE ou des nouvelles garderies, mais c'est de convertir celles qui
existent déjà, et on a l'intention de le faire quand le projet pilote va être
terminé, mais là il est trop tôt pour se positionner là-dessus.
Mme Labrie : Bien
sûr, Mme la Présidente, l'article vise à ce que l'offre de places subventionnées
réponde à la demande. On peut tout à fait procéder par conversion pour
s'assurer que ça y réponde. Moi, je ne pense pas que ce qui est écrit à
l'article 93.0.3 nous permette de répondre à cette préoccupation-là que
j'ai. Si le ministre est convaincu que ça y répond déjà, alors, tant mieux, on
peut juste l'inscrire une deuxième fois puis mettre la ceinture et les
bretelles, comme il l'a dit plus tôt à propos d'un autre sujet, et puis le
réinscrire à l'article 2, mais moi, je pense que ce qui est écrit plus
loin dans la loi ne répond pas à ma demande. Donc, je voudrais qu'on l'inscrive
ici pour s'assurer vraiment qu'on...
Puis, oui, je pense
qu'il y a une très forte majorité, si ce n'est pas la quasi-totalité, des
parents qui s'attendent à une place subventionnée. Il y a une iniquité
importante de tarifs en ce moment. Les gens ne comprennent pas pourquoi il y a
une iniquité importante de tarifs. Ils paient les mêmes taxes et impôts. Ils
s'attendent à avoir accès à des services à un coût subventionné. Donc, je pense
qu'on doit viser ça. Ça voudra dire, sur certains territoires, de faire de la
conversion pour s'assurer de répondre à ça, puis c'est précisément ce que vise
l'amendement.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Lacombe : ...Mme
la Présidente, mais ça s'impliquerait de dire que, dès qu'on adopte ça, il faut
tout de suite commencer la conversion. Et moi, je vous dis qu'à l'heure où on
se parle, même si, à l'intérieur du grand chantier,
l'orientation est claire, là, puis qu'on s'est donné des balises, puis je l'ai
déjà dit publiquement, donc, il n'y a pas de cachette, on n'est pas prêts à aller là pour l'instant. Donc, les
nouvelles places, oui, subventionnées, quand il en manque dans un
territoire, on continue la conversion en parallèle, mais je ne pense pas que,
pour l'instant, on doit dire : Il faut absolument que tous les
territoires, là... qu'on se base exclusivement sur la préférence des parents
tout de suite, parce qu'on n'est pas prêts à faire ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
est-ce que vous avez terminé? Non? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Je ne pense pas qu'en ce moment le ministre a la
capacité de savoir c'est quoi très exactement, la demande de services
des parents. Donc, moi, je ne pense pas que ça l'oblige à, demain matin,
répondre à cette demande-là. À ma connaissance, elle n'est pas documentée
officiellement, là, la demande du type de service souhaité par... à moins
qu'elle le soit?
M. Lacombe : ...guichet unique, ils
peuvent inscrire leurs préférences, là, c'est-à-dire un service de garde
subventionné ou pas. Moi, je pense que, très rapidement, on aura au... Bien,
très rapidement, en tout cas, on va faire les travaux nécessaires, mais, à
terme, on aura toutes ces données-là, et qu'en ce moment je ne sais pas si
c'est une donnée qu'on... parce qu'on l'a aussi par sondages, là, qui sont
faits dans nos enquêtes sur le réseau, entre autres, par l'ISQ, mais je ne sais
pas si c'est des données qu'on pourrait extraire.
Mais l'effet de ce que propose la députée de
Sherbrooke, c'est de dire : Il faudrait se lancer dans une grande
entreprise de conversion tout de suite. Je vois la députée dire oui. J'ai le
même objectif à terme, mais on n'est pas prêts pour l'instant. Et moi, je ne
donnerai pas mon accord à convertir des garderies pour lesquelles on n'a pas
fini les travaux d'analyse, là. Je pense que ce ne serait pas judicieux. Il
faut s'assurer que ce qu'on convertit, d'abord, on en a besoin... bien,
d'abord, que le propriétaire veuille, là, deuxièmement, qu'on en a besoin, il
ne faut pas que ce soit dans une zone en
surplus, puis, troisièmement, qu'elle soit de qualité. Le projet pilote n'est
pas fini. On n'a pas encore terminé
nos discussions avec les associations nationales. Il est trop tôt pour se
donner cette obligation-là. Est-ce que ça pourrait arriver un jour? Peut-être. Je pense que ça serait une
excellente nouvelle, mais là, définitivement, il est trop tôt.
Mme Labrie : Mais je ne comprends
pas pourquoi le ministre a besoin de son projet pilote, parce que, techniquement, il y a déjà des inspections qui ont
lieu dans ces milieux-là. On est déjà supposés savoir s'ils répondent ou
pas aux critères de qualité. Donc, en quoi le projet pilote du ministre, de
conversion de places, là, pour quelques milliers de places, en ce moment, est
nécessaire pour savoir si les autres milieux qui lèvent la main vigoureusement
en disant : Je veux me faire convertir aussi... On sait déjà s'ils
respectent les normes de qualité ou pas, non?
M. Lacombe : Bien, en partie, mais
pas en totalité. C'est à dire, il y a certains éléments qui sont obligatoires,
mais il n'y a rien dans la loi qui vous oblige à être meilleur que le voisin.
Donc, je m'explique. Il y a des éléments de santé et sécurité qui doivent être
respectés, bien sûr. Il y a des inspections en ce sens-là. Il y a l'obligation
d'avoir un programme éducatif, par exemple, bien sûr qu'on vérifie ça. Mais ce
qu'on fait, par exemple, avec la mesure d'évaluation de la qualité... Il n'y a
pas de sanctions, là, qui sont attribuables à ça. Il y a des évaluations qui
sont faites sur la relation entre le personnel éducateur et les enfants, les
parents, les interactions, la qualité du service qui est donné, et ça, ce n'est
pas inspecté, c'est évalué par une entreprise privée qu'on a mandatée, avec un
cadre scientifique qui a été élaboré avec des partenaires universitaires,
mais... et nous, on reçoit ces données-là.
D'ailleurs, dans un autre article, on en
traitera, parce que je pense que... En tout cas, je ne veux pas trop m'avancer,
mais je pense qu'il y a des modifications à faire à ce niveau-là pour être
encore plus proactifs, mais il faut s'assurer que, si on convertit cette
garderie-là et qu'on lui donne des places subventionnées, ce qui représente
beaucoup d'argent public à chaque année, bien, il y ait un niveau minimum de
qualité, là, qui soit atteint. Et, si on le faisait à grande échelle sans ces
critères-là, sans avoir fait le bilan de notre projet pilote, sans avoir fait les
négociations nécessaires avec les associations nationales de garderies, moi, je
pense qu'on se tromperait puis qu'on ferait éventuellement la première page du Journal
de Montréal — on
salue nos amis journalistes — avec raison, parce qu'on aurait fait des...
on aurait converti des garderies qui n'ont aucun bon sens.
Mme Labrie : Personne ne veut qu'on
convertisse des garderies qui n'ont aucun bon sens. Je pense qu'il en... bon,
on en a vu dans le passé, il en existe, mais il y en a peu, là. Moi, je pense
qu'on peut tout à fait établir un seuil de qualité que le ministre pourra identifier
lui-même puis dire que les garderies privées qui ont fait une évaluation de
qualité qui dépasse ce seuil-là et qui souhaitent être converties puissent être
sur une «fast track» pour se faire
convertir. C'est au ministre de déterminer quel est le seuil acceptable pour
lui au niveau de l'évaluation de la qualité, puis ensuite il y en a qui
vont lever la main pour procéder très rapidement puis qui ont déjà fait leurs
preuves, là.
• (18 h 30) •
M. Lacombe : Moi, je pense qu'à
terme... Ce n'est pas une nouvelle, là, je pense qu'à terme on doit tendre vers
un réseau qui sera 100 % subventionné, où... en fait, je précise, où
100 % des garderies qui voudront être subventionnées pourront l'être,
puisqu'on ne veut pas subventionner des gens de force, mais... puis on a posé
des gestes en ce sens-là. Donc, ce n'est pas des voeux pieux. Comme je le
disais... premier gouvernement depuis très, très.... depuis le début, en fait,
à avoir accepté de faire de la conversion, parce que je pense qu'on était
rendus là. On a bonifié le crédit d'impôt à hauteur d'un quart de milliard de
dollars par année pour les aider à traverser cette période de transition, mais
là il faut prendre le temps de bien faire les choses. Donc, moi, je ne suis pas
prêt à adopter ça aujourd'hui, là. On n'est pas prêts à ce que... On n'est pas
prêts à gérer les suites de ce que ça implique tout de suite. Je pense que,
dans le futur, si on se reparlait dans 10 ans, je pense que ça tomberait
sous le sens probablement, cet article-là, puis que ce sera probablement ça qui
existera de toute façon. Mais là il est trop tôt, à mon sens.
Mme Labrie : Au sens des
parents qui paient en ce moment beaucoup plus cher que le tarif subventionné,
c'est en ce moment que ça fait sens, ce n'est pas dans 10 ans. C'est en ce
moment que des parents paient 4 000 $, 5 000 $,
6 000 $, jusqu'à 7 000 $ de plus par année pour une place
pour leur enfant, qui est non subventionnée, alors qu'ils n'ont pas choisi ça,
là. Ils ont juste pris la seule place disponible, là, le ministre le sait très
bien.
M. Lacombe :
Moi, moi, je suis d'accord avec ça, là. Mais je pense que c'est même vous puis
quelques groupes qui nous disaient que... En tout cas, je ne veux pas vous
mettre de... mais en consultations particulières, moi, je me suis fait
dire : Vous n'auriez même pas dû bonifier le crédit d'impôt. Je me
rappelle...
Mme Labrie : Tout à fait. Moi,
j'ai dit qu'on aurait... Il faut que ce soit très, très temporaire ou, en tout
cas, le temps de procéder à la conversion. Mais la solution, ce n'est pas le
crédit d'impôt. Les parents l'ont dit, les garderies l'ont dit, ce crédit
d'impôt là, là, ça ne convient pas aux gens là. Ce qui est demandé, c'est la
conversion. C'est vrai que c'est ça que j'ai demandé, c'est aussi ce que les
parents ont demandé, c'est aussi ce que les garderies privées ont demandé. Puis
là les parents...
M. Lacombe : Je suis d'accord.
C'est pour ça que j'en ai même parlé avant vous, là. Tu sais, c'est moi le
premier qui en a parlé puis qui a posé des gestes.
Mme Labrie : ...Les parents,
ils ont reçu ce crédit d'impôt là puis ils ont reçu une hausse de tarifs à peu
près en même temps, dans les semaines qui ont suivi.
M. Lacombe : Donc, une chance
qu'on a augmenté le crédit.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pour
monsieur de la technique, chacun votre tour, s'il vous plaît. Donc, Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien. Donc, moi, l'amendement que je propose,
c'est pour répondre à l'iniquité importante entre les parents en ce
moment. C'est pour ça que je le propose. Si le ministre pense que de l'écrire
comme ça, ça l'engagerait dès l'adoption de la loi, parce qu'on s'entend qu'il
y a quand même une couple de semaines devant nous avant l'adoption de la loi, on
peut tout à fait mettre une disposition pour dire que ça entrerait en vigueur à
tel moment par exemple. Moi, je suis très ouverte à ça.
Mais je pense qu'il faut prévoir qu'à terme, là,
la façon dont le développement du réseau va se faire, c'est pour répondre sur
chacun des territoires à la demande de places subventionnées. Après, que des
gens ouvrent des garderies privées non subventionnées où ça leur tente, ça leur
appartient, c'est à eux d'évaluer s'il y a de la demande ou pas pour ça dans ce
territoire-là. Mais on a la responsabilité, je pense, là, comme législateurs,
de s'assurer que, sur chaque territoire, ce qu'on va développer, ça répond à la
demande de places subventionnées.
M. Lacombe : Je comprends la
proposition de la députée de Sherbrooke. Et je comprends aussi qu'elle ne fait
pas de distinction entre les garderies privées subventionnées et les CPE. Donc,
il n'y a pas de priorité, dans ce qu'elle nous propose, qui est accordée aux
CPE. C'est de dire : Peu importe si la place, elle est au privé
subventionné ou en CPE, l'important, c'est une place à 8,70 $.
Mme Labrie : Le ministre sait
que moi, je privilégierais les CPE puis que, quand je parle de conversion, je
privilégierais la conversion en CPE, mais la façon dont je l'écris ici,
effectivement, ça permettrait que ce soient des garderies privées
subventionnées. Ce n'est pas mon mode de développement préféré, mais je connais
le ministre puis je sais quelles sont ses limites, donc je le propose de cette
manière-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Bien, en fait,
je pense que le ministre pourrait tout à fait se commettre parce qu'il le dit
publiquement. Et je l'ai relu en fin de semaine, il l'a dit dans Le Devoir,
il me semble, dans son entrevue. Tellement que je suis allée fouiller dans mes
choses parce qu'il a dit : Moi, ce que je veux, c'est un réseau 100 %
subventionné. Mais on ne peut pas dire ça publiquement puis, après, ne pas
prendre les moyens d'y arriver quand on fait une réforme de sa loi.
Donc, je suis tout à fait consciente qu'il ne
peut pas y arriver demain matin puis que tout se convertisse par magie, mais je
pense que la manière d'y arriver, c'est de le dire clairement dans la loi et de
mettre une clause transitoire pour dire que ça va entrer en vigueur, exemple,
dans trois ans. Ça donne une marge de manoeuvre. L'intention est claire, on
sait où on s'en va. Puis ensuite, quand le ministre, il dit ça, ce n'est pas
des mots en l'air.
Donc, moi, je puis lui donner le bénéfice du
doute, s'il nous dit ça. Sauf qu'il nous répète ça, mais il ne prend pas les moyens pour y arriver. Donc, c'est normal
qu'on va remettre en question l'intensité de sa volonté parce que, dans la loi, le privé commercial non subventionné reste
totalement un joueur. Il n'y a rien qui change la donne par rapport à
ça.
Puis son projet
pilote, c'est 3 500 places, alors qu'il en existe
66 000 places en garderies non subventionnées, ce qui est vraiment
épouvantable dans le développement du réseau, là, c'est... Je pense qu'on va
s'entendre là-dessus, là, c'est une erreur
monstrueuse qui a été faite. Puis là on est pris avec ça. Mais, justement, il
faut donner le coup de barre avec le
projet de loi qu'on a là, parce que, si on ne le fait pas maintenant, on
repousse le problème. Et malheureusement, dans la hausse du crédit
d'impôt qui a été annoncée en novembre, il n'a pas été accolé, le mot
«temporaire». Et je l'avais dit au ministre. On était en pleine consultation,
puis j'avais dit : J'espère qu'au minimum ça va être clair que c'est
temporaire, le temps de vraiment convertir ce message qui est diffusé
publiquement, en réalité. Or, ce n'est pas ça. Dans la loi, on n'a pas un
engagement ferme pour s'en aller vers le 100 % subventionné. Puis en plus
il n'y a pas eu de discours sur le fait que la hausse du
crédit d'impôt, elle était temporaire. Donc, ce que ça fait, c'est que ça
cristallise au lieu de mener vers une disparition puis une diminution des
garderies privées non subventionnées, ça cristallise leur place. Ça fait en
sorte qu'on leur donne un coup de pouce. Ça fait en sorte qu'elles augmentent
leurs tarifs aux parents. Donc, il n'y a pas plus d'argent dans les poches des
parents. Vous en êtes très conscient, de cet effet pervers là. Donc, moi, je me
dis : Si le ministre, il est sérieux dans son intention, bien, il faut que
ça apparaisse dans la loi. Donc, c'est vraiment le plaidoyer que je lui fais.
Puis on vient de
faire la loi sur les tribunaux spécialisés, on a pris plein d'engagements puis
on a mis une clause qui nous donne tant de temps avant, par exemple, que le
tribunal spécialisé soit déployé dans l'ensemble du Québec, qui permet donc d'essayer les projets pilotes. On a tous mis de
l'eau dans notre vin pour dire : O.K., peut-être que ça ne peut pas
être mis partout en place en même temps. Donc, je pense que ce serait vraiment
une marche à suivre intéressante de la part du ministre. Ça concrétiserait le
fait qu'il nous dit que son intention, c'est d'aller vers le 100 % subventionné,
puis on ne pourrait plus remettre ça en cause parce que ça serait inscrit noir
sur blanc puis ça lui donnerait une période de temps pour y arriver. Donc, moi,
c'est la proposition que je fais au ministre.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le ministre.
M. Lacombe :
Bien, j'entends bien la proposition, mais je suis obligé de vous dire
qu'aujourd'hui, à l'heure où on se parle, il est trop tôt pour moi pour aller
de l'avant avec un amendement comme celui-là. Les choses peuvent changer
rapidement. On a un projet pilote qui est en cours, mais je vous dis qu'à
l'heure où on se parle il est trop tôt.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Mais alors, je ne veux pas être plate, mais je pense que le ministre ne peut
plus dire publiquement que c'est son objectif, parce qu'il ne se donne pas
d'échéancier, il ne se donne pas de marche à suivre. Pour avoir un objectif de
100 % places subventionnées, il y en a 66 000 en même temps, si on ne
se donne pas d'intentions aujourd'hui, je ne vois pas sur quelles bases le
ministre peut dire qu'il tend vers ça, là.
M. Lacombe :
Bien, tu sais, un instant, là! On a posé des gestes, là, des gestes qui sont
concrets. On a... on l'a fait. Il n'y a pas un gouvernement qui voulait le
faire avant, on l'a fait. On est en train de dire : On veut le faire
correctement. On va analyser ce que ça donne. C'est en en train de se terminer,
là. Je veux dire, on ne peut pas être plus clair que ça. Et j'ai énoncé ça non
seulement publiquement, mais j'ai aussi inscrit ça dans Le Grand chantier
pour les familles, qui est officiellement adopté par le Conseil des
ministres du gouvernement du Québec, là. Donc, je pense que ça témoigne d'une
volonté. Est-ce que, là, il faut absolument que ce soit inscrit tout de suite
dans...
La députée de
Joliette nous dit : Il faut absolument mettre ça dans la loi tout de
suite, parce que, sinon, vous n'êtes pas crédible quand vous promettez ça. Moi,
je sais que la députée de Joliette n'aime pas ça quand je fais ça, mais je
reviens aux balbutiements du réseau. L'objectif, c'était de donner une place à
chaque enfant, tout ça, mais ça n'a pas été écrit dans la loi comme ça au
départ, là. Il y avait un énoncé, dire : On veut que chaque enfant ait une
place. On va commencer. J'écoutais encore une entrevue récemment où
Mme Marois disait : Bien, à ce moment-là, les besoins étaient évalués
à tant d'enfants qui avaient besoin d'une place, donc on crée ça. Ça n'a jamais
été écrit dans la loi : On va donner tout le temps des places suffisantes
à chaque enfant puis... Ça n'a jamais été mis là. Puis est-ce que quelqu'un
remet en sérieux le doute de cette démarche-là? Non.
Tu sais, ça fait que
moi, je fais un peu le parallèle, là : Est-ce qu'on est obligé,
aujourd'hui, de mettre ça dans la loi, sinon on se fait dire qu'on n'est pas
sérieux? Non, moi, je pense qu'on peut voir ce que ça va donner, ce qu'on est
en train de faire. On a mis de l'argent, des centaines de millions, puis on va
continuer sur ce chemin-là. On s'est engagé non seulement moi, publiquement,
mais le gouvernement s'est commis. Donc, moi, je pense qu'on fait la bonne
chose puis qu'au contraire on est sérieux. On veut le faire de la bonne façon.
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Bon, moi, je pense effectivement que le ministre reconnaît que ça doit frôler
presque 100 %, là, la proportion de
parents, de familles qui demandent une place subventionnée. Il l'a dit
lui-même. Je ne lui mets pas des mots dans la bouche. Il nous dit que
son intention, c'est de développer un réseau 100 % subventionné. Il l'a
nommé à plusieurs reprises, par ailleurs.
Là, il ne veut pas l'écrire dans la loi. Je pense que ça fait en sorte que
c'est de la fausse représentation
tout ce qu'il a dit par rapport à ça. Tu sais, à un moment donné, il faut être
conséquent, là. J'essaie de...
M. Lacombe :
...
Mme Labrie :
Bien, je vais juste terminer mon point, là. Je relis...
M. Lacombe :
...vous me prêtez des intentions.
Mme Labrie :
Bien, effectivement, je... en fait, ce que je constate, c'est que l'intention
nommée...
M. Lacombe : Vous n'avez pas le
droit. Je veux dire, vous êtes... Non, mais vous êtes leader de votre groupe
parlementaire, là, vous... tu sais, vous me prêtez des intentions. Je pense...
Mme Labrie :
Je constate que l'intention nommée publiquement par le ministre ne se
matérialise pas dans la loi. Je le constate, c'est un fait. Bon, là, en ce
moment, il me dit qu'il ne peut pas adopter mon amendement parce que ça le
mettrait dans une position où il ne peut pas répondre à ça, là, en ce moment,
là, c'est trop vite, puis il ne peut pas y répondre. Si on lit comme il faut,
là, on parle... on fait référence, à cet alinéa-là, à l'article 93.0.3. On
va le relire tranquillement ensemble : «La mise en oeuvre de ce droit est
renforcée par l'obligation faite au ministre de prendre les moyens visés à
l'article 93.0.3 pour que l'offre de services, blablabla, corresponde à
ceci, O.K.? 93.0.3, ce que ça dit, là, c'est : Quand le ministre constate
que la projection qu'il fait de l'offre de service sur un territoire ne répond
pas à la demande, il faut qu'il lance, dans les six mois après ça, une
invitation pour finir par y répondre conformément à ce que c'est, la demande.
Ce que ça veut dire, c'est que, même si la loi était adoptée demain matin avec
la proposition que je fais là, tout ce que ça fait, c'est que, si, cette
semaine, le ministre constate qu'il n'y a pas une
adéquation parfaite entre le nombre de places subventionnées demandées puis le
nombre de places subventionnées offertes, il a six mois pour lancer une
invitation pour finir par y répondre. C'est ça que ça dit. Bien, moi, c'est ça
que je comprends, il est écrit ça ici : «...lorsqu'à l'issue du
processus[...], il constate que la projection qu'il fait de l'offre de [...]
services sur un territoire donné ne répond pas à la demande, le ministre lance,
dans les six mois de ce constat, une invitation conformément à
l'article 93.0.1.» Ça ne veut pas dire qu'il est obligé d'y répondre le
jour même. Ça veut dire qu'il est obligé de se mettre en démarches pour finir
par le faire.
M. Lacombe : La projection inclut
les places non subventionnées. Ça fait que, si vous les excluez, comme vous le
faites avec votre amendement, ça veut dire qu'on doit faire abstraction de ces
66 000 places là dans le réseau, et donc demain matin, dans les six
mois, lancer un nouvel appel de projets pour créer, par exemple,
66 000 nouvelles places ou, en tout cas, il faudrait faire le calcul,
donc faire fermer ceux qui existent là ou lancer tout de suite la conversion
dans les six mois.
Mme Labrie : Ou convertir. Ça peut
être lancer un appel pour convertir.
M. Lacombe : Et moi, je dis :
On n'est pas prêts, là, à l'heure où on se parle, à faire ça.
Mme Labrie : Donc, le ministre me
dit qu'il n'est pas prêt, d'ici six mois, à lancer des appels de projets pour
convertir plusieurs dizaines de milliers de places. Parce qu'on ne parle pas de
cette semaine. Ça lui laisserait six mois pour lancer un appel de projets.
M. Lacombe : Je pense que c'est bien
compréhensible, parce que le projet pilote n'est même pas fini à l'heure où on
se parle. Ça fait qu'on peut gérer à la petite semaine en se disant : Bien
oui, on est capable de faire ça, on checkera ça après, ou on peut se
dire : Non, non, c'est des centaines de millions de dollars d'argent
public durement gagné par les contribuables, ce n'est pas vrai qu'on va faire
ça à la va-comme-je-te-pousse, puis on va analyser les projets. Mais même avant
ça, on va s'assurer d'avoir la meilleure démarche pour y arriver.
Ça fait que moi, je vous dis, dans six mois,
lancer... en plus de ça, six mois, c'est quand, ça? C'est en pleines élections,
je ne sais pas trop, là, tu sais. Oubliez ça, là, ça ne marche pas, on ne peut
pas faire ça, on n'est pas prêts. On n'est pas prêts à faire ça. Si, là,
j'avais juste des visées électorales, puis tout ça, peut-être bien que je vous
dirais : Ah! bien oui, c'est une bonne idée. Mais, sur le fond, là, ce
n'est pas une bonne gestion de fonds publics. On n'est pas prêts à faire ça.
Puis moi, je ne vivrai pas avec la conversion de garderies qui n'auraient
jamais dû être converties juste pour accepter un amendement aujourd'hui, là, je
ne peux pas faire ça
Ce que je fais, par contre, c'est d'avoir mis
sur pied le premier programme de conversion depuis 25 ans dans le réseau,
à part au début, là, au début, début, c'est d'avoir bonifié de crédit d'impôt
d'un quart de milliard pour être capable de se rendre à notre engagement qu'on
a pris de poursuivre ça après le projet pilote quand on aura les bonnes bases
pour le faire. Mais là ce n'est pas vrai qu'aujourd'hui on va se commettre en
disant que, dans six mois, il faut tout convertir ça. On n'est pas prêts à
faire ça.
Mme Labrie : O.K., donc, je veux
juste confirmer que je ne modifie pas les propos du ministre, là. Est ce que ma
compréhension est exacte, que c'est impossible que, d'ici la fin du présent
mandat de la CAQ, il y ait davantage de conversions de places que les
3 500 déjà annoncées ni même un appel de projets pour convertir davantage
de places? C'est impossible qu'il y ait ça d'ici la fin du mandat, c'est ce que
le ministre nous dit en ce moment? Donc, tous les parents, en ce moment...
M. Lacombe : Non, ce n'est pas ce
que je vous dis. Vous m'avez dit : C'est impossible de lancer un appel de
projets pour convertir 66 000 places. Je vous ai dit : Oui,
c'est impossible. On ne fera pas ça. Moi, là, «over my dead body». On ne fera
pas ça. C'est une très mauvaise décision, si on faisait ça, parce que ça veut
dire le faire en n'ayant pas les bonnes données. Vous passez vos grandes
journées, avec raison, à dire : Il faut écouter les experts, il faut se
baser sur des recommandations. Là, vous nous dites : Non, non, allez-y,
allez-y, go, go go! Au diable la qualité! Au diable les normes! Pitchez-vous,
faites ça. Ce n'est pas la première fois que vous me dites ça. On n'est pas
d'accord.
Moi, je pense qu'il faut laisser le temps à ce
projet-là de se terminer, en faire l'évaluation, continuer de travailler avec la... puis la Coalition des
garderies privées non subventionnées, avec qui on n'est pas en train de
travailler à l'heure où on se parle. Puis à la fin, quand on aura les résultats
de tout ça, on aura un plan de match. Mais, avant ça, il n'en est pas question.
Moi, je ne signerai jamais pour ça, parce que ce n'est pas vrai qu'on va
convertir des garderies.
Les GNS eux-mêmes nous disent : Attention, il faut faire attention, vous
ne pouvez pas convertir n'importe quoi,
il faut être rigoureux, on va vous aider. Là, écoutez, écoutez-moi bien, là, on
ne se lancera pas là-dedans tête baissée, les yeux fermés, là. Oubliez
ça, ça n'arrivera pas. En tout cas, pas tant que je serai ministre.
Mme Labrie : O.K. Donc, juste pour
être claire, là, il n'y a personne ici, surtout pas moi, mais personne d'autre
autour de la table, qui a dit au diable la qualité, on converti n'importe quoi.
M. Lacombe : Si on fait ça dans six
mois, c'est ce qui arrive.
Mme Labrie : On a même nommé, j'ai
même nommé explicitement tantôt qu'on pourrait établir un seuil, que le ministre pourrait choisir, d'évaluation de
la qualité à partir duquel on pourrait traiter les demandes pour se
convertir, j'ai même nommé ça tout à l'heure. Donc, il est vraiment question de
convertir des places de qualité, là, c'est de ça dont on parle.
M. Lacombe : En six mois, c'est
impossible.
Mme Labrie : Le ministre dit, en ce
moment, aux parents qui se plaignent, avec raison, je pense, depuis plusieurs
années qu'ils paient un tarif inéquitable dans une garderie privée, il est en
train de dire aux parents : Attendez-vous pas à ça, là, d'ici la fin de
notre mandat, il n'y aura pas de places de plus qui vont être converties, on ne
touchera pas à ça.
M. Lacombe : Bien, vous, là, je vous
demanderais : Qu'est-ce que vous allez faire? Parce qu'on connaît le plan
de match du Parti libéral, qui a présenté sa plateforme famille déjà avant
l'élection, je trouve ça intéressant puis je trouve que c'est une très bonne
idée, là, en tout cas. On connaît l'engagement du Parti québécois, qui, lui,
est à 100 % CPE. Moi, je laisse les gens juger. On peut être d'accord ou
pas d'accord, ça c'est... Mais moi, je ne connais pas votre engagement à vous,
là. Tu sais, d'ailleurs, on ne sait pas ce que vous voulez faire. Ça fait que,
tu sais, moi, je vous pose aussi la question, là, tu sais, si on joue à visière
levée : Quel est votre engagement? Moi, je vous dis le mien, je connais
celui du Parti libéral, celui du PQ. Le seul dont on ne connaît pas, c'est
celui de Québec solidaire.
M. Lacombe : Pourtant je pense être
assez claire. Nous, ce qu'on ferait, c'est de la conversion de places de
garderies privées en CPE, on inviterait tous ceux qui souhaitent le faire à
soumettre leur dossier puis on choisirait en fonction de la qualité.
Évidemment, j'ai nommé...
M. Lacombe : Mais là ce n'est pas ce
que vous proposez. Vous dites : Peu importe, CPE ou garderies. C'est ça.
En tout cas, moi, je trouve que ce n'est pas sérieux, là.
Mme Labrie : Ça, c'est une
proposition de compromis face à un gouvernement de la CAQ qui ne semble pas
vouloir miser sur le développement de CPE pour le développement du réseau. On
est dans une...
M. Lacombe : En tout cas, ce n'est
pas ce que les CPE trouvent depuis qu'on a été élu, mais ça, c'est un autre
débat. Mais moi, je vous dis, je ne suis pas d'accord avec vous. Je ne suis pas
en train de vous dire qu'on ne fera rien pour les garderies privées d'ici la
fin de leur mandat, je suis en train de vous dire, on sortira le verbatim, vous
m'avez dit que vous voulez qu'on lance dans les six mois un appel de projets
pour convertir l'ensemble du réseau, je vous dis : Ça n'arrivera pas,
oubliez ça.
Mme Labrie : C'est bel et bien ce
que j'avais compris.
M. Lacombe : Donc, on n'est pas
d'accord parce qu'on veut faire les choses de la bonne façon. Ça fait que, là,
si vous sortez ce clip-là, prenez-le au complet, parce qu'on est averti, gardez
le «timecode». Mais ce n'est pas vrai qu'on va faire ça à la va-comme-je-te-pousse.
Le projet pilote n'est pas fini. Les garderies privées elles-mêmes nous
disent : Il faut faire ça vite, mais, en même temps, il ne faut pas
convertir n'importe quoi, il faut faire ça, c'est des fonds publics, il faut
faire ça de façon rigoureuse. Comment on fait, là, avant même que le projet
pilote soit terminé puis avant même d'avoir fini le travail avec les
associations nationales qui les représentent, comment on fait pour arriver avec
le meilleur programme pour être capable de faire ça à grande échelle? On
court-circuite tout ça, on dit au diable le processus puis on en repart, là,
avec quoi, là? Parce que, là, dans six mois, go, là, il faut que, dans six
mois, ça soit parti. Tu sais, la démarche sur laquelle nous, on se base, elle est
plus rigoureuse que ça... faire des analyses de qualité avec la mesure
d'évaluation de la qualité, là, on a embauché une firme. Moi, je pense qu'il
faut aller plus vite. On est en train de poser des gestes pour ça, mais c'est
rigoureux, là, ça ne se fait pas sur une napkin, ça demande, là... c'est un
cadre qui est universitaire, tu sais, qui a été élaboré par des chercheurs. Il
faut prendre le temps de bien faire les choses, puis ce n'est pas vrai qu'on
peut tout faire ça en six mois. Je peux faire des avancées, mais on ne peut pas
tout faire ça pour avant les élections. Oubliez ça, ça ne peut pas arriver.
• (18 h 50) •
Mme Labrie : Bien, il y a prendre le
temps puis prendre le temps, là, Mme la Présidente, parce que ça fait quand
même trois ans qu'ils sont là, déjà. La question de l'iniquité de tarifs, ils
la connaissaient avant même de former le gouvernement,
là. D'ailleurs, ça fait partie des raisons pour lesquelles... je veux dire, ça
l'aurait été nommé, c'est dans les premiers mois de leur mandat qu'ils ont fait
le retour au tarif unique, si je ne me trompe pas. C'était quand même assez
rapidement au début du mandat de la CAQ. Dès ce moment-là, il y a eu une
avalanche de messages de parents qui nous pointaient du doigt qu'il y avait une
iniquité importante de tarifs que ça créait entre les parents qui avaient accès
à une place subventionnée puis les autres, qui n'avaient pas accès, pas par
choix, parce qu'ils ont choisi telle garderie privée qui leur plaisait
davantage pour toutes sortes de raisons, juste parce qu'ils ont pris celle qui
leur adonnait, des fois, au-delà de leur capacité de payer. Ça fait que ce
n'est pas un problème qui est émergeant, là, c'est un problème qui est connu
depuis longtemps.
Ça fait que moi, je comprends que le ministre
veut prendre son temps. J'ai l'impression qu'ils ont pris leur temps pas mal avant de commencer à étudier la
question, parce que c'est long. Ça fait que moi, je fais juste être un
peu stupéfaite qu'on se fasse dire
aujourd'hui : On n'avancera pas là-dessus d'ici la fin du mandat, on ne va
pas le faire. Bien...
M. Lacombe : ...je comprends que
vous faites de la politique en déformant mes propos, mais ce n'est pas ça que
j'ai dit.
Mme Labrie : Bien, j'essaie de ne
pas trop déformer les propos, mais le ministre nous dit : Il n'y en aura
pas, d'appel de projets pour plus de conversions avant la fin du mandat. Moi,
c'est ça que j'ai compris.
M. Lacombe : Je n'ai pas dit ça non
plus. Vous me demandez de faire 66 000 places dans les six prochains
mois, je vous ai dit : Ça n'arrivera pas. Je me limite à dire ça.
Mme Labrie : J'aimerais que le
ministre me retrouve le moment où j'ai demandé de faire 66 000 places
avant la fin du mandat. On peut penser suspendre s'il faut, mais je n'ai jamais
dit ça.
M. Lacombe : Bon, on peut... en tout
cas, on est d'accord d'être en désaccord.
Mme Labrie : O.K..
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Je cède maintenant la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Pour rajouter de
l'huile sur le feu, mais je pense que c'est... je trouve l'amendement intéressant. Puis j'entends les propos de la
collègue, puis j'entends les propos de M. le ministre, puis j'entends
l'engagement de faire la conversion.
Mais, pour revenir sur la grande fierté du
ministre, dans son document, ce n'est pas écrit.
Une voix : ...
Mme
Maccarone :
Le Grand
chantier, merci beaucoup. Ce n'est pas écrit en noir et blanc dans Le
Grand chantier, cet engagement. Si on regarde la
page 28, c'est écrit ce que le ministre a dit, qu'«au terme de ces deux
premières phases de conversion, qui ont valeur de test, le ministère réalisera
une évaluation qui lui fournira les informations nécessaires pour planifier les
étapes suivantes du processus de conversion [de] places non subventionnées».
Mais ce n'est pas un engagement de dire que oui, c'est sûr, comme la collègue a
dit, comme l'amendement est écrit, que les places subventionnées, c'est ça
qu'on veut faire, c'est ça l'engagement, on veut faire de la conversion. Ça
fait que ce n'est pas un engagement, mais je comprends que c'était adopté par
le conseil des ministres, mais ce n'est pas un engagement de faire ceci. C'est
dit qu'on va voir, on va voir. Puis j'entends les préoccupations du ministre.
On ne peut pas juste convertir n'importe quoi, mais à moins qu'il y ait quelque
chose que je ne comprends pas, les... tout le réseau en entier sont assujettis
aux mêmes lois, aux mêmes règlements, aux mêmes critères. Alors, d'entendre les
bémols, oui, on ne devrait pas juste convertir n'importe quoi, mais, s'ils sont
assujettis tous aux mêmes lois puis mêmes règlements, mêmes critères, et on
peut faire des évaluations, bien, pourquoi ne pas prendre un engagement de faire
ceci? Parce que ce n'est pas écrit en noir et blanc dans Le Grand chantier.
M. Lacombe : Tu sais, je vais rester
prudent pour ne pas partir une chicane, là, mais vous m'ouvrez une porte de
grange, là. Il y a des permis qui ont été donnés à Montréal à des garderies qui
n'auraient jamais dû recevoir de permis. Une fois qu'elles ont leur permis puis
qu'elles respectent les critères minimaux qui sont édictés dans la loi, on
n'ira pas leur enlever leur permis, mais c'est des garderies qui, au niveau de
la qualité, n'offrent pas les meilleurs services. Et là j'entends votre
prochaine question, je vais vous laisser la poser, je ne volerai pas le punch,
mais il reste que la garderie respecte la loi, mais ce qu'on constate de plus
en plus, elle respecte la loi, mais ce qu'on constate de plus en plus dans les
évaluations qu'on fait, c'est qu'il y a des disparités dans la qualité parce
qu'il y a des établissements qui ont reçu des permis alors que, disons, les
gens qui les donnaient étaient peut être moins... il fallait que ça se fasse
vite puis... En tout cas, je vais arrêter là, là, mais, tu sais, surtout à
Montréal.
Ça fait que l'idée, c'est de dire, dans un
secteur, je ne sais pas le vôtre, là, par coeur, mais, si un surplus de
place... parce qu'à Montréal, j'allais le dire tantôt, il y a trop de places,
mais il n'y a pas assez de places subventionnées. Ça fait que, si, dans votre
secteur, il y a trop de places, puis on dit : On fait de la conversion, laquelle on convertit? Entre la garderie A ou la
garderie B, ils sont face à face à une intersection de votre
circonscription, on a juste besoin d'une des deux. Je
vous le demande, là : Laquelle on convertit? Si c'est facile, là, on...
hein? Non, mais on ne convertira pas les
deux si on n'a pas besoin des deux. Il y a trop de places. Il y a des secteurs
de Montréal où il y a trop de places. Les garderies sont à moitié vides.
Puis elles nous disent, là : Arrêtez, vous pouvez plus en ouvrir. Puis là on n'en ouvre plus, nous, évidemment, depuis
longtemps, là, mais elles disent : Là, là, on a de la misère à survivre,
on n'a même pas assez de clientèle. Ça fait que laquelle on convertit entre les
deux, si on a juste besoin d'une? Je veux dire, tu sais, on ne fait pas ça sur le coin d'une table, là. Moi, c'est ça que
j'essaie de vous... C'est ça que j'essaie vous dire.
Mme Maccarone : Le point est lié à
l'engagement puis je comprends le désir de vouloir l'enchâsser dans la loi, parce que ce n'est pas un engagement qui est
écrit en noir et blanc ailleurs. S'il y a des garderies qui ne
respectent pas les normes, on a des inspecteurs, envoie les inspecteurs, ferme
le service en question.
M. Lacombe : Non, mais elles les
respectent. Elles les respectent. Elles les respectent.
Mme Maccarone : Je pense qu'on peut
agir avec du gros bon sens, ce n'est pas de ça que je parle. Pour moi, c'est
une question d'engagement. Je trouve intéressant l'amendement parce qu'on n'a
pas un engagement formel écrit nulle part.
On vous entend, puis... mais il n'y a rien d'écrit nulle part pour dire que,
oui, c'est ça qu'on veut faire, puis, tu sais, on a tous vu toutes les
publicités, il y a les annonces : S'il vous plaît, tu sais, prenez mon
enfant. J'ai un enfant presque à vendre
parce que je cherche une place subventionnée, parce que je suis à bout. Mais,
comme je dis, je vous réfère à la page 28 du Grand chantier.
Ce n'est pas écrit que ça fait partie de la priorité, ce n'est pas un
engagement. Je comprends que ça a été adopté, mais ce n'est pas ça qui est
écrit. 28. Vous avez un document tout écrit. C'est ça.
M.
Lacombe : Bien, ce qu'on
dit, c'est : «...réalisera une évaluation qui lui fournira les
informations nécessaires pour planifier les étapes suivantes du
processus de conversion...» Ça fait qu'on dit : Quand on va avoir les
résultats, on va planifier la suite. Je pense que ce qu'on dit, c'est qu'on va
y aller, mais il faut qu'on ait les résultats pour planifier. Bon, on fait quoi
en vertu des résultats?
Mme Maccarone : Mais ce n'est pas
écrit en noir et blanc que... Le but... Ce n'est pas écrit en noir et blanc que
le but, c'est de faire la conversion. Ce n'est pas écrit en noir et blanc que
ce qu'on veut, c'est prioriser. Ça, ce qui est écrit, c'est qu'on va évaluer
mais pas nécessairement poursuivre. Ça fait que je comprends très bien le désir
d'avoir cet amendement, parce que, là, c'est vraiment noir et blanc, c'est
écrit, c'est ancré, c'est dans la loi.
M. Lacombe : Je comprends, mais il
est juste trop tôt, à l'heure où on se parle, pour inclure ça. Mais je
comprends l'objectif aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
• (19 heures) •
Mme Hivon : Oui. Je veux juste
compléter mon argumentaire. Je trouve que le ministre, il fait vraiment le bon
diagnostic, puis je suis vraiment contente de l'entendre, dans le sens où
lui-même reconnaît qu'il y a des problèmes de qualité et d'égalité dans la
qualité avec les garderies privées non subventionnées, tellement qu'il nous
dit : Je ne peux pas tout convertir, parce qu'il y en a dont la qualité
doit nécessairement être bien évaluée avant que je puisse m'engager, mais ça,
là, il faut prendre ça de l'autre bord puis se dire : Qu'est-ce que ça
veut dire en ce moment sur l'état de notre réseau? C'est un signal assez
alarmant. Puis je sais que le ministre, il le reconnaît, parce que ça ne s'est
pas développé comment ça aurait dû être développé si on avait été particulièrement
épris de qualité dans notre réseau. Mais on ne peut pas juste prendre
l'affirmation quand elle fait notre affaire pour dire : Bien là, il faut être prudent puis il faut convertir ça de
manière responsable, puis tout ça, mais ensuite ne pas prendre
l'engagement de le faire au final.
Donc, moi, je pense que la voie de passage qui
refléterait l'endroit où on veut tous être, je pense, le ministre et nous,
c'est de dire : On va se donner du temps pour y arriver, mais on se le
donne, l'objectif d'y arriver, puis on l'écrit dans la loi. Et moi, je suis
prête à ce qu'on mette un délai. Nous, quand on l'a proposé, notre plan, là, on
s'est donné cinq ans. Je pense que c'est très responsable. Mais, pour commencer
à le faire, le travail, il faut se le donner, l'objectif, puis il faut se
donner l'échéancier. Puis pourquoi c'est le bon moment de faire ça? C'est parce
qu'on est à une croisée des chemins, puis là le ministre nous dit : J'ai
mon plan puis je veux développer les places, puis les garderies privées — on
n'entendait pas ça, là, il y a 10 ans — viennent nous dire : On veut être converties,
ça ne marche pas, le modèle. Donc, il y a un momentum incroyable pour
dire : C'est là qu'on doit forcer le jeu puis qu'on doit se donner
l'objectif d'y arriver, à un réseau où la part belle ne sera pas faite aux
garderies privées et, oui, où les places vont être subventionnées, puis on
n'ira pas à renchérir avec toujours plus de crédits d'impôt, puis qui vont
avoir des effets pervers, puis qui vont faire en sorte que les garderies
privées vont pouvoir continuer à survivre parce qu'elles vont augmenter leurs
tarifs, mais les parents vont continuer à être victimes d'une iniquité. Donc,
je le sais, que le ministre, il le sait, ça.
Ça fait que je veux
juste comprendre, parce que juste la bonification du crédit d'impôt, c'est
200 millions. Je pense que le crédit d'impôt, il pourra me le confirmer,
là, mais, au complet, c'est autour de 1 milliard, quelque chose comme ça, 800 millions, 1 milliard. Je
ne sais pas s'il peut nous donner le chiffre, mais, bref, imaginez si cet
argent-là, on l'investissait dans la
qualité, on l'investissait en se disant : On se le donne, le programme
pour y arriver, à de la qualité égale partout. Ça, c'est un legs
extraordinaire. Puis je ne dis pas que le ministre, il ne veut pas le faire,
mais il ne se donne pas les moyens d'y arriver, alors
qu'on est dans une étape cruciale où le momentum est là, où ils sont venus nous
demander ça. Ce n'est pas des farces, eux-mêmes nous ont dit... On leur a demandé :
Pourquoi, dans les études, vous ne ressortez pas avec la même qualité? Parce
qu'on n'est pas capables de donner le même... les mêmes salaires, on n'est pas
capables d'attirer autant les éducatrices, puis, dans un contexte de pénurie,
c'est impossible d'y arriver. Puis par où passe la qualité? Évidemment par la
formation puis la qualification des éducatrices.
Donc, il est là, le
momentum. Ça fait que, oui, je plaide fort pour le ministre. Puis, je veux
dire, il peut prendre tout notre plan, puis
je vais être tellement heureuse, là. Puis on va passer à un autre appel. Puis
on va s'engager, puis je vais dire : Wow! C'est super, le ministre,
il n'a pas juste des intentions, il l'inscrit dans sa loi. Puis il me semble
que, si on se donne une période pour y arriver, c'est tout à fait faisable. Ça
permet les négociations, ça permet les évaluations,
ça permet la transition. Puis ce serait vraiment, là, une universalité, une
accessibilité puis une qualité uniformes.
Ça fait que je
m'explique juste mal, si le ministre fait les constats qu'il nous dit qu'il
fait... Puis j'aimerais ça qu'il me confirme le chiffre, là, de ce que ça
représente, le crédit d'impôt... Qu'il dise : Bien oui, on va le mettre,
l'argent, à la bonne place, puis l'argent, il ne sera pas mis à maintenir un
service de qualité variable que lui-même reconnaît, il va être mis pour
développer un service de super qualité et en plus accessible et subventionné où
les parents feront les frais de garderies à 45 $, à 55 $, à
75 $, avec des fluctuations de crédits d'impôt.
Donc, le momentum, il
est là. Ça fait que j'aimerais ça que le ministre, il se dise : Crime! On
va le faire, le coup de barre, puis on va se donner une période. On peut le
faire avec les articles transitoires. On peut tout à fait le faire. Puis après
on a le plan puis on suit le plan. On les a, là. Ils nous l'ont dit noir... Ils
nous l'ont dit dans le micro qu'ils étaient ouverts à la conversion.
Donc, donnons-nous
les moyens d'y arriver puis de se dire : Aujourd'hui, c'est pas juste des
voeux pieux, là, ça va être inscrit noir sur blanc dans le projet de loi, puis
on le prend. Parce que, quand le ministre dit : On est parti puis on a
fait de la conversion, oui, mais nous, on n'a jamais fait de développement de
garderies non subventionnées, là. Il n'y en avait pas. Celles qui existaient...
Il n'y avait pas de crédit d'impôt, là. Ça fait que les quelques rares qui
existaient, c'étaient comme des écoles privées non subventionnées, là, qui ont
la liberté d'exister mais qui chargent des prix... Je veux dire, ce n'était pas
quelque chose qui existait. C'est arrivé après, parce qu'il y en a qui ont
décidé de développer ça comme modèle, puis ils ont donné des crédits d'impôt.
Donc, à un moment donné, il faut se dire : O.K., là, on vient à l'esprit
vraiment du départ. Puis c'est un réseau 100 % accessible, avec le même
niveau de qualité puis 100 % subventionné.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons procéder aux voix. Donc, est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix :
....
La Présidente (Mme
D'Amours) : Pardon?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Rejeté?
Une voix :
...
La Présidente (Mme D'Amours) : On demande le vote par appel nominal. Donc, M. le
secrétaire, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lacombe (Papineau)?
M. Lacombe :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
M. Bachand :
Contre.
Le Secrétaire :
Dans la salle La Fontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme Hivon :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous revenons à
l'article 2. Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai un amendement à déposer, Mme
la Présidente. Je ne sais pas si c'est
déjà sur le Greffier.
La Présidente (Mme
D'Amours) : C'est déjà sur le Greffier. Vous en avez tous pris
connaissance? Donc, je vous invite, Mme la députée, à lire votre amendement.
Mme Maccarone :
Si vous permettez, Mme la Présidente, mon ordinateur est en train de me dire
que Pulse Secure fait quelque chose. Ça fait que, si je peux avoir une copie de
ça à lire, il me fera plaisir de faire ceci. Mais malheureusement...
Une voix :
...
Mme Maccarone :
Oh mon Dieu! On peut-tu mettre ça plus gros? Wow! Merci. Article 2.
Article 2 de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance.
Insérer, à la fin du
premier alinéa de l'article 2 de la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance, proposé par l'article 2 du projet de loi, la phrase
suivante : «Un enfant qui cesse de fréquenter l'école après y avoir été
admis a également le droit de recevoir des services de garde éducatifs jusqu'au
premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a atteint
l'âge de 6 ans.»
Vous vous souvenez,
Mme la Présidente, ça fait partie du débat puis de la discussion que nous avons
eus lors de l'article 1 où j'avais fait des interventions en ce qui
concerne l'accessibilité entre les deux réseaux pour les enfants ayant un
besoin particulier, les enfants autistes, les enfants handicapés, que souvent
ils sont pris entre les deux réseaux. Ça fait partie aussi des recommandations
que nous avons entendues en commission parlementaire avec les auditions de la
Fédération québécoise de l'autisme, qui ont fait la recommandation qu'on
devrait donner la possibilité aux enfants ayant un besoin d'avoir le choix de
rester dans le réseau de services éducatifs, si c'est pour le bien être de
leurs enfants, avant de faire la transition dans le réseau scolaire.
Et aussi cet
amendement que... je remercie le ministre et son équipe de nous avoir aidés
avec la rédaction, c'est toujours bien d'être accompagnés par des légistes
expérimentés. Ça donne aussi de la flexibilité aux enfants puis à leur famille
si jamais... on a tous le droit à l'erreur, et souvent c'est des enfants qui ne
peuvent pas s'exprimer, puis c'est tôt, on ne sait pas toujours leurs besoins,
puis on pense que ce serait la bonne affaire de faire la transition du réseau
de services éducatifs au réseau scolaire, puis, dans plusieurs de cas, ce n'est
pas la bonne affaire. Alors, cet amendement donnerait la possibilité de la
flexibilité à ces familles.
Ça ne ferme pas la
porte. Ça veut dire qu'on met l'enfant en premier, ça fait qu'on ferait le
choix qui est le mieux pour eux, tout dépendamment de leurs besoins, et aussi
ça s'assure qu'il n'y aura pas de dédoublement. Ça fait que ça ne veut pas dire
qu'on aurait un accès au réseau de services éducatifs, réseau de services de
garde, ainsi que les réseaux scolaires, je comprends très bien la volonté. Ce
n'est pas ça qu'on veut aussi partager avec les gens qui nous entendent, c'est
vraiment de donner un choix et de s'assurer le bien-être de l'enfant en
question. Ça fait que je suis très contente de pouvoir déposer cet amendement.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement
déposé? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder aux voix de cet
amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. Donc nous revenons à l'article 2 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Question. Puis là je sais déjà que le ministre va faire référence à la loi sur
la santé et services sociaux, mais, quand on revient au tout début de
l'article 2, on dit : «Tout enfant a le droit de recevoir des services de garde éducatifs personnalisés de
qualité de la naissance jusqu'à son admission à l'éducation
préscolaire...» Je sais que c'est copie
conforme de la loi sur la santé et de services sociaux, parce que c'est écrit
de la même façon, merci de faire la référence, ça m'a donné l'occasion
d'aller lire la loi en question, mais c'est totalement différent quand on fait
la comparaison entre un réseau et l'autre. Évidemment, nos besoins vont être
vraiment différents, entre vous et moi, c'est tout à fait normal.
Mais c'est
quoi, votre lecture? Pouvez-vous expliquer qu'est-ce que ça veut dire,
«services de garde éducatifs personnalisés» dans le réseau? Parce que ce
n'est pas la même chose comme les réseaux de santé et de services sociaux, là, on parle du réseau de services
éducatifs à la petite enfance. Alors qu'est ce que ça veut dire,
«personnalisés», en ce qui concerne cet article?
• (19 h 10) •
M. Lacombe : Bien, d'abord, là, ce
n'est pas nous qui introduit ça, ce n'est pas moi qui l'a introduit, c'est déjà
prévu dans la loi, mais donc... c'est quelqu'un d'autre que moi, à une autre
époque, qui l'a ajouté. Mais je pense que ce qui est important, c'est que les
services qui sont offerts dans notre réseau le soient justement au cas par cas
pour chacun des enfants. Donc, il y a des portraits de l'enfant, notamment, qui
sont réalisés. Il y a des plans d'intervention pour les enfants qui en ont
besoin.
Donc, évidemment, l'idée, ce n'est pas de mettre
tout le monde dans le même panier, c'est aussi de comprendre qu'il y a des
enfants qui ont des besoins particuliers puis que c'est important qu'on
s'attarde à chacun des enfants. D'ailleurs,
les étudiantes en éducation à l'enfance l'apprennent, c'est un des fondements
de leur travail, que chaque enfant
est unique. Il y en a six, un de ces fondements-là, c'est ça. Donc, c'est à la
base des services qu'on offre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas...
Mme Hivon : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y, Mme la députée de...
Mme Hivon : Donc, on a fini 2, on
passe à 2.1, c'est ça? Je veux juste savoir si on les fait...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout ensemble, Mme la députée.
Mme Hivon : Oui. Parfait. O.K. Donc,
le ministre ne sera pas surpris, étant cohérente avec le plan que nous avons déposé pour 100 % CPE, j'aurai un
amendement au 2.1. Et je pense qu'on serait capable d'adopter cet
amendement et d'éventuellement mettre une clause transitoire pour nous
permettre d'arriver à cet objectif-là. Donc, je pense qu'on va vous envoyer...
ça s'en vient. Donc, l'amendement va vous être soumis dans les prochaines
secondes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 11)
(Reprise à 19 h 14)
La Présidente
(Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la députée de Joliette, pour une minute.
Mme Hivon : Oui, je vais juste avoir
le temps de lire l'amendement. Donc, l'amendement à l'article 2 se lit
comme suit :
L'article 2 du projet de loi est modifié
par la suppression des mots «, les garderies» après «enfance» de
l'article 2.1 qu'il introduit.»
Donc, l'idée derrière cet amendement-là, qui,
évidemment, requerrait une clause de mise en vigueur pour se donner une période
de transition, donc, à la fin du projet de loi, que je pourrai présenter si cet
amendement-là est adopté, ça vise à vraiment
indiquer que les prestataires de services de garde éducatifs à l'enfance qui
concourent à l'atteinte des objectifs de la présente loi sont les
centres de la petite enfance et les personnes reconnues à titre de responsable
des services de garde en milieu familial, avec, bien sûr, le soutien des
bureaux coordonnateurs. L'objectif, il est clair, c'est donc de se fier sur ces
deux types de prestataires de services pour s'éloigner des garderies privées.
Mais je comprends que je pourrai y revenir,
compte tenu de l'heure, demain.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment. Donc, je vous remercie pour votre collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 15)