(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 101, Loi visant à
renforcer la lutte contre la maltraitance envers les aînés et toute autre
personne majeure en situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la
qualité des services de santé et des services sociaux.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par
Mme Guillemette (Roberval); M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par Mme Grondin
(Argenteuil); Mme Labrie (Sherbrooke) est remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage); et Mme Perry Mélançon
(Gaspé) est remplacée par Mme Richard (Duplessis).
Mémoire déposé
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Avant de débuter, je dépose le
mémoire de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux
et familiaux du Québec, reçu depuis la fin des consultations particulières.
Remarques préliminaires
Nous débuterons avec les remarques préliminaires.
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, vous disposez de
20 minutes.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Merci, Mme la
Présidente. Je vous souhaite une belle commission. J'aimerais saluer mes
collègues de l'opposition, mes collègues du gouvernement, les juristes, Me
Thérésa Lavoie et Me Sokun Cheang,
Mme Natalie Rosebush, qui est sous-ministre adjointe à la direction des
aînés et des proches aidants, son équipe, Nathalie Tremblay, Vincent
Defoy, Fabienne Thibault, Marie-France Hallée, les membres de mon cabinet,
Pascale Fréchette, la directrice, et Annie Lemieux, ma conseillère principale.
Permettez-moi d'abord de remercier toutes les
personnes et organismes qui ont présenté des mémoires en lien avec ce projet de loi, avec qui nous avons
échangé lors des consultations particulières. La qualité de leurs
réflexions et recommandations sont très pertinentes et donnent un éclairage à
la poursuite des travaux en cours.
J'aimerais aussi remercier toutes les personnes
qui ont travaillé de près ou de loin à ce projet de loi. Le travail était
colossal, humainement sensible. Ce travail a été réalisé, Mme la Présidente, en
pleine pandémie. Le consensus est clair, il faut aller plus loin, et c'est ce
que nous faisons et que nous ferons à l'avenir.
Afin d'améliorer l'efficacité de nos travaux,
les amendements proposés ont tous été déposés. Comme le dictent les règlements,
nous pourrons les étudier un par un au moment opportun. Vous pouvez constater l'orientation
souhaitée et la hauteur de notre implication dans l'amélioration de la lutte à
la maltraitance envers les aînés et les adultes en situation de vulnérabilité.
Je suis donc très fière et enthousiaste de passer à l'étape de l'étude article
par article de ce projet de loi.
Permettez-moi, d'entrée de jeu, de faire un
retour très rapide et non exhaustif sur l'origine de ce projet de loi ainsi que
sur ses fondements. Lors de la consultation publique sur les conditions de vie
des aînés que j'ai menée en 2007, j'exprimais le souhait d'une prise de
conscience collective sur l'importance de donner aux aînés la chance de rester
actifs et de prendre toute la place qui leur revient. J'exprimais également le
souhait que toutes les Québécoises et que tous les Québécois se sentent concernés
quant à l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées et de faire
en sorte qu'elles reçoivent toute la reconnaissance à laquelle elles ont droit.
Lors de cette consultation, celle de 2007, nous nommions, pour l'une des
premières fois, le fait de prévenir les abus et la maltraitance, sujet encore
tabou à l'époque. Bien du chemin a été parcouru depuis le premier plan
d'action.
Notre projet de loi se veut encore plus
coercitif envers les actes de maltraitance, notamment par des sanctions et la
possibilité de tutelle des installations. Il se veut pédagogique avec la notion
de bientraitance et de surveillance des instances avec les commissaires aux
plaintes et à la qualité des services. Le déploiement des différentes mesures
qu'ont prises des premiers plans d'action et celui qui sera publié en 2022 a
permis de renforcer la cohérence et la complémentarité des actions menées par
les partenaires venant de différents milieux sans négliger l'amélioration des connaissances sur le phénomène de la maltraitance.
Notre gouvernement réitère son engagement à répondre aux préoccupations de la population en continuant à lutter
contre la maltraitance, en encourageant les comportements bien traitants afin
de consolider les bases d'une société plus juste, inclusive, saine et
sécuritaire.
Bien qu'une première loi ait été sanctionnée en
2017, elle manque de mordant, comme vous m'avez entendue le dire à quelques
occasions. C'est pourquoi un travail d'analyse a été réalisé depuis
l'hiver 2019 afin de la bonifier dans le but de protéger davantage les
personnes plus vulnérables de notre société tout en préservant l'équilibre
entre l'autonomie de la personne et son besoin de protection. Pour ce faire,
chaque élément de la loi actuelle a été révisé pour en mesurer les enjeux et
impacts et les améliorations à y apporter. Le projet de loi prévoit
diverses modifications permettant d'abord une meilleure compréhension de son
application par l'engagement du gestionnaire à prendre les moyens nécessaires
pour mettre fin à tout cas de maltraitance, les modalités applicables pour que toute personne en situation de
vulnérabilité qui ne reçoit pas les services de santé et des services sociaux
puisse formuler une plainte ou un signalement, l'approbation des politiques de
lutte contre la maltraitance des établissements approuvés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, l'obligation des ressources intermédiaires
et de type familial et des résidences privées pour aînés d'afficher la politique
à la vue du public.
Le projet de loi vise également un meilleur
repérage des situations de maltraitance par la possibilité de signaler une situation
de maltraitance en dehors du réseau de la santé et des services sociaux aux
intervenants désignés pour des processus d'interventions concertés par
l'institution d'une porte d'entrée unique, le centre de référence et
d'assistance, pour faciliter le repérage et la référence des situations de
maltraitance vers les acteurs appropriés;
l'élargissement du signalement obligatoire à tout usager qui est pris en charge
par une ressource intermédiaire ou
une ressource de type familial, à tout résident d'une résidence privée pour
aînés, à toute personne dont l'inaptitude à prendre soin d'elle-même ou à administrer ses biens a été constatée par
une évaluation médicale, mais qui ne bénéficie pas d'une mesure de
protection.
Le projet de loi cible une meilleure compréhension de la maltraitance en précisant la définition de maltraitance et en
définissant la notion de prestataire de services de santé et de services
sociaux.
Enfin, le projet de loi apporte une vigilance
accrue quant à la qualité des services offerts en bonifiant les mécanismes
d'assurance qualité déjà en place dans les milieux de vie par l'administration
provisoire des RI-RTF non visés par la Loi sur la représentation des ressources
de type familial et de certaines ressources intermédiaires et sur le régime de
négociation d'une entente collective les concernant, l'administration
provisoire des résidences privées pour
aînés, l'optimisation de la reddition
de comptes des commissaires locaux
aux plaintes et à la qualité des services, la possibilité de donner des
amendes dans le cas où une personne visée par l'obligation de signaler
contrevient à sa responsabilité, une personne menace, ou intimide, ou tente d'exercer ou exerce
des représailles en lien avec le signalement d'une situation de
maltraitance, ou lorsqu'une personne entrave de quelque façon que ce soit
l'exercice des fonctions d'un inspecteur ou d'un enquêteur, ou lorsqu'il y a commission
d'un acte de maltraitance, et l'ajout de pouvoirs d'inspection et d'enquête, notamment
en résidence privée pour aînés.
Par ce projet de loi, Mme la Présidente, nous
souhaitons atteindre l'objectif qui est d'enrayer davantage la maltraitance. Comme vous le savez, la dernière
année a démontré toute l'importance de resserrer le filet de sécurité
autour des personnes majeures en situation de vulnérabilité, je dirais même au
cours des 20 derniers mois, notamment celles résidant dans les milieux de
vie pour aînés. Par l'entremise de leviers et de précisions supplémentaires,
nous désirons rencontrer cet objectif. Je compte sur mes collègues des
oppositions, comme ils s'y sont engagés, à travailler ce projet de loi dans
l'intérêt commun. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés et les proches aidants
et députée de Fabre à faire ses remarques préliminaires.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, à mon tour de saluer la ministre, de saluer les collègues
et de l'équipe gouvernementale et des oppositions. Je vais souligner aussi et
saluer la présence de ma recherchiste, Mme Thivierge et Mme Mélissa
Huot-Gallien, qui sont avec moi, de l'équipe du leader.
Alors, écoutez, d'entrée de jeu, je veux vous
dire que, si j'ai à qualifier un peu mon état d'esprit alors qu'on débute cette
étude détaillée, cette loi sur la maltraitance des aînés, vous aurez compris
depuis le début, Mme la Présidente... et je réitère ma volonté à faire un pas, à
vouloir faire en sorte qu'on travaille dans l'intention et la vertu de toujours
faire mieux, de travailler de façon collaborative, constructive, de faire tous
les efforts, comme nous l'avons fait depuis le début avec les consultations
particulières.
D'ailleurs, je tiens à souligner vraiment
l'éclairage extraordinaire des groupes qui sont venus avec une réflexion en
profondeur, qui ont permis de se positionner et toujours de ramener la situation
de l'aîné au coeur de leur réflexion. Mais, en même temps, je vous dirais qu'ils nous ont ouvert aussi des débats qui ne sont
pas, à mon avis, résolus, parce
qu'ils ont des positions qui sont souvent, sans dire en contradiction, mais quand
même des positions bien affirmées d'un côté
ou de l'autre du débat. Alors, je
pense qu'il faudra prendre le temps de poursuivre ces réflexions qu'ils nous ont amenées et portées. Et moi, je
m'engage vraiment à porter leur voix, et leurs commentaires, et leurs
réflexions.
Mais mon état d'esprit, Mme la Présidente, ce
matin, puis il y a deux mots qui me viennent en tête, là, le premier, c'est
«ordinaire», puis l'autre, c'est «inadmissible». Le mot «ordinaire», là, j'ai
entendu la ministre qui nous a parlé de sa volonté de collaborer. Et, pour
avoir travaillé avec elle sur d'autres projets de loi, elle sait que je suis
dans cette intention, moi aussi, et je viens de la nommer. Mais la
collaboration, ça va dans les deux sens, Mme la présidence.
Honnêtement,
là, on a un projet de loi qui a été déposé au mois de juin et on reçoit, ce
matin, tous ces amendements-là. Il y a 17 amendements pour
32 articles. C'est la moitié des articles qui sont touchés. C'est... Il
n'y a pas de mot pour dire à quel point,
dans un esprit d'ouverture, de collaboration, nous outiller tous ensemble à
travailler à bonifier le projet de loi, c'est quand même inadmissible. Et on va
porter attention, on va les lire, les amendements, mais, clairement, comment se
fait-il que la moitié des articles du projet de loi déposé début juin, le
9 juin, comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu ces modifications, pour la
plupart, déjà, déjà dans la loi qui a été déposée? Donc, ça, je trouve ça
excessivement ordinaire, surtout si on veut s'inscrire dans un mode de
collaboration.
Deuxième aspect sur
mon état d'esprit de l'ordinaire, je vais évidemment montrer le cahier de
commentaires. Ça, Mme la Présidente, le
cahier pour l'étude détaillée, c'est notre outil à nous, parlementaires. Puis
j'explique bien, là, pour les gens
qui nous écoutent. Cet outil-là, c'est le détail des projets de loi qui sont
déjà en application, les articles qui vont être modifiés et les explications
de la ministre. Ça, c'est l'outil qu'on a pour travailler ensemble en mode
collaboration. Et habituellement le minimum, c'est de le recevoir au moins un
jour d'avance. On l'a reçu ce matin, passé 8 heures.
Donc, moi, je veux
bien, là, être dans cet état d'esprit puis, pour les aînés, je vais continuer à
être dans cet état d'esprit de
collaboration, mais disons que le départ, là, c'est plutôt ordinaire. Et, quand
on a cet outil-là puis qu'on fait le
travail avec cet outil-là reçu d'avance, bien, on est en train de travailler un
projet de loi qui va changer le quotidien des aînés. Alors donc, ce
n'est pas anodin, c'est notre outil principal. Donc, ça, c'est mon premier état
d'esprit.
Le deuxième, et là je
vais me garder un petit moment de respiration pour être capable de parler de
mon état d'esprit inadmissible, écoutez, la ministre a eu deux engagements.
Elle a dit : Je vais rouvrir la loi, avoir plus de mordant. Les deux
engagements que je prends comme ministre responsable des Aînés, premièrement,
c'est des sanctions pénales pour les auteurs de la maltraitance. Ce n'était pas
dans le projet de loi déposé au 9 juin. C'étaient des sanctions pénales
qui étaient plus en lien aux personnes qui pouvaient freiner le signalement.
Donc, on était dans un impact plus indirect,
et non pas envers directement les auteurs de la maltraitance. Là, ce que je lis
rapidement, mais je vais le faire, de prendre le temps de lire les
amendements, clairement, il y aura des modifications par rapport à ça. Premier
engagement. Parfait.
Deuxième engagement,
la maltraitance organisationnelle. La maltraitance organisationnelle, là, c'est
ce qui s'est vécu de façon exacerbée durant la première vague dans les CHSLD.
C'est des milliers de familles qui pleurent encore leurs aînés qui sont morts
dans des conditions de déshydratation, de manque de soins parce qu'il y a un
manque de planification, manque d'équipements. Tout ça, on l'a lu et relu, et,
à chaque fois, ça nous déchire encore le
coeur. La ministre s'était engagée à mettre dans la définition qu'elle rouvrait
l'aspect de la maltraitance organisationnelle. Or, non seulement ce
n'était pas dans la loi déposée au 9 juin, mais ça ne fait pas partie des
amendements qui sont déposés ce matin. La majorité des groupes sont venus dire à
quel point c'était essentiel, les chaires de recherche. La FADOQ, ça fait deux
fois qu'ils le demandent. Ils l'ont fait dans le projet de loi n° 52,
ils le redemandent encore. Des groupes sont venus dire à quel point ils ne
peuvent pas accepter que la maltraitance organisationnelle ne soit pas là,
entre autres pour tout ce qui s'est passé durant la pandémie.
Moi, là, je pense, ce
matin, là, à tous ces aînés. Je pense au CHSLD de Sainte-Dorothée, entre
autres, dans mon comté. Je pense à toutes ces familles qui ont vécu le drame
avec les aînés qui sont décédés, et le rendez-vous obligatoire d'une ministre
responsable des Aînés de prendre acte de ce qui s'est passé durant cette
première vague, de prendre acte de tout ce que les groupes sont venus dire, et même,
même, les acteurs du réseau de la santé, les commissaires aux plaintes sont
venus nous le dire, il faut que ce soit là. Et là ce matin, là, ce matin,
l'engagement de la ministre, les groupes qui sont venus le dire, tout ce qui se
fait en termes d'enquêtes et de rapports qui sont en train de s'écrire par la
coroner, par la Protectrice du citoyen, sur ce qui s'est passé durant la
première vague, tout ça fait en sorte que c'était un rendez-vous obligatoire
pour la ministre, et ce n'est pas là.
Alors,
je ne sais pas si je suis dans la rage ou dans l'émotion, je vous dirais pas
mal dans les deux ce matin, là, parce que
ça ne se peut pas que la ministre mette de côté complètement toute cette
situation de maltraitance organisationnelle.
Alors, moi, ce matin,
là, dans cette remarque, là, puis avant même qu'on adresse... puis je voudrais
qu'on prenne le temps d'analyser le projet de loi vraiment article par article,
là, puis de façon très précise, mais, clairement, j'implore la ministre. Là,
elle a un dernier rendez-vous, là, parce que les premiers, elle les a manqués,
elle n'a pas tenu sa promesse jusqu'à
aujourd'hui de l'inclure dans le projet de loi, la maltraitance
organisationnelle, elle n'a pas été à l'écoute
des groupes et elle a complètement oublié toutes ces familles qui ont perdu un
être cher et la crise humanitaire qu'on a vécue dans les CHSLD.
Alors, c'est un cri
du coeur, Mme la Présidente, que je lance ce matin à la ministre, là. Elle a un
dernier rendez-vous avant qu'on étudie cet article-là en étude détaillée. S'il
vous plaît, Mme la ministre, déposez un autre amendement. Il faut que la
maltraitance organisationnelle soit au rendez-vous, parce qu'elle a demandé que
ça soit fait, parce qu'elle avait une promesse envers les Québécois, envers les
familles, parce que les groupes l'ont dit. Et on ne peut pas mettre dans le
coin d'une pièce les 6 000 familles qui ont perdu un être cher.
Alors, j'implore la ministre ce matin dans mes remarques. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole
du deuxième groupe d'opposition pour les aînés et député de Jean-Lesage à faire
ses remarques préliminaires.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Pouvez-vous me rappeler pour combien de temps?
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : 20
minutes.
M. Zanetti :
20 minutes? Ah oui! C'est vrai. O.K. Bon, je ne prendrai pas tout ça.
Je trouve ce projet de loi vraiment important
puis je suis content de pouvoir être ici pour y participer. C'est extrêmement
important, parce que la maltraitance des aînés, c'est horrible. C'est quelque
chose qui... qui est un mal qui va, disons, j'espère que non, mais
potentiellement être appelé à grandir dans la prochaine décennie quand on
regarde les projections démographiques puis la situation où on va être rendu
dans 10 ans. Alors, je suis content qu'on prenne le temps de réfléchir à
ces questions-là maintenant. C'est extrêmement important. Évidemment, il y avait
déjà une loi. On a réalisé que ça se passait quand même, la maltraitance, donc
là on vient bonifier les choses. Je trouve que c'est une excellente chose.
En écoutant les groupes venir puis en lisant les
mémoires des gens qui sont venus commenter le projet de loi qui était déposé
par la ministre, il y a quelque chose qui, pour moi, est ressorti, bien,
plusieurs choses, puis on aura le temps d'en jaser en détail, là, mais la chose
la plus importante qui est ressortie, c'est l'enjeu de la maltraitance organisationnelle.
Presque tout le monde en a parlé, et c'est ce qui a, disons, créé le plus
scandale aussi dans le cadre de la pandémie, la crise de la COVID-19,
le tristement célèbre CHSLD Herron. Ce qu'on a vu, c'est que de la
maltraitance, en fait, elle était souvent plus vaste et généralisée que
simplement celle causée par des individus qui abusent d'une personne de façon
volontaire
Tu sais, on a
vu qu'il y a des gens qui payaient 10 000 $ par mois puis,
finalement, qui étaient laissés à eux-mêmes en déshydratation, à mourir
seuls, puis ce n'est pas parce que les gens qui les soignaient n'étaient pas de
bonne volonté, ce n'est pas parce qu'eux autres ils leur voulaient du mal, ce
n'est pas parce qu'ils profitaient de cette situation-là, c'est juste qu'ils
n'étaient pas... non, pas assez nombreux, il n'y avait pas de services,
l'organisation ne fournissait pas les moyens pour qu'on traite ces gens-là
dignement. Je parle, là, des personnes aînées qui étaient hébergées là, puis
même le personnel non plus n'était pas traité dignement. Et cette affaire-là,
c'est difficile de mettre le doigt sur le responsable, c'est plus difficile que
quand c'est simplement quelqu'un qui est un escroc puis qui abuse des personnes
aînées en leur volant de l'argent ou en faisant toutes sortes d'autres
affaires.
Donc... Et c'est pour ça que c'est important
qu'on en parle aussi, qu'on en parle, mais qu'on le mette justement dans la loi
pour faire en sorte que ça ne puisse plus se passer. Moi, je veux vivre dans un
Québec où ça ne se peut pas, on ne peut jamais arriver à une situation à
nouveau comme Herron. Ça ne se peut pas, ce n'est pas possible. Ce qui est fou
là-dedans, c'est qu'Herron, en plus, je veux dire, ce n'est pas... peu importe
le prix qu'on paie, être maltraité, c'est être maltraité, mais ça rajoute de
l'absurdité, le fait que ces gens-là payaient 10 000 $ par mois. Tu
fais : Mais, ma parole, 10 000 $, c'est comme
120 000 $ par année. Je me dis, c'est tellement... tu sais, c'est
comme si, même, alors que tout le monde devrait être traité également... mais
même la grande richesse des gens qui étaient là, parce que, pour payer
120 000 $ pour un hébergement, il faut être très, très riche, là,
même la grande richesse ne les a pas protégés contre ça. Tu sais, il y a...
c'est un défaut du système. C'est un défaut du système, et il faut le réparer
absolument, parce que, sinon, ça va nous éclater au visage complètement. Alors,
bien, évidemment, on aura l'occasion d'en discuter.
Je passe aussi très rapidement dans le projet de
loi étant donné l'ordre des articles. Et j'espère qu'il y aura une ouverture
ici pour justement profiter de l'occasion de ce projet de loi là, qui est
peut-être le dernier de la législature concernant les aînés, parce que, bon, ça
prend quand même du temps, un projet de loi, puis la fin approche, là... Alors,
j'espère qu'on va saisir cette occasion qui est peut-être la dernière pour
aborder ce thème-là, important. Et c'est en ce sens-là que je vais... que
j'espère pouvoir contribuer du mieux que je peux à l'étude de ce projet de loi.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. J'invite maintenant la porte-parole du troisième groupe d'opposition pour les aînés, et les proches aidants, et en matière de maintien à domicile et députée
de Duplessis à faire ses remarques préliminaires. La parole est à vous.
Mme Lorraine Richard
Mme
Richard : Merci. Oups! Est-ce qu'on peut changer de micro? Je veux me rapprocher ici. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, moi
aussi, c'est dans un esprit de collaboration que j'entame l'étude article par article
de ce projet de loi extrêmement important.
On l'a dit, hein, une société, en 2021, qui
tolère la maltraitance, c'est inacceptable. Ça a été dénoncé, là, à maintes reprises,
là. Tous les cas de maltraitance, on est horrifiés. Quand on voit ça, souvent
assis dans le confort de notre salon, aux
nouvelles, là, ça passe : Il s'est passé telle ou telle chose dans les
CHSLD, dans les RPA, on est horrifiés, on est horrifiés sur le moment.
Nous, au Québec... survient chez nous, puis, si ça touche notre région, bien,
ça nous atteint encore plus, hein?
Comme faisait référence la députée de Fabre, il
y a beaucoup de choses qui, souvent... qui se passent dans ces grandes régions. Moi, je viens d'un coin de
pays où, heureusement, heureusement, sûrement qu'il y a de la
maltraitance, mais peut-être pas à si grande échelle, des gestes des fois
horribles. J'ai de la difficulté à croire que, même si, trop souvent, je dis
que, dans le système de santé, c'est la loi de l'omerta, j'ai de la difficulté
à croire que, dans les petits milieux comme les miens, ça pourrait se produire,
parce que le monde se connaît, le monde le dénoncerait, une personne, là, qu'on
retrouvait avec des bleus, hein, on l'a couchée le soir, puis on reprend notre
chiffre le lendemain matin, puis elle aurait des bleus partout, là, les filles
que... ou les filles ou les personnes qui... parce que, des fois, c'étaient des
messieurs aussi qui sont préposés ou infirmiers qui auraient fait les chiffres
auparavant, on leur aurait demandé des explications.
Mais c'est quand même
particulier, Mme la Présidente, qu'on se retrouve encore aujourd'hui à étudier
un projet de loi pour contrer la maltraitance au Québec après toutes ces
années, parce que ça fait des années qu'on en entend parler. Ce qui est
particulier également, c'est d'avoir entendu la ministre des Aînés, dès la
première journée des consultations, dire : Oui, je vais arriver avec des
amendements. Elle l'a dit à maintes reprises, presque à chaque fois, qu'il y avait... en tout cas, soit dit en
passant, on n'a pas eu tant de personnes que ça qui sont venues en
consultations particulières, puis je tiens à les remercier. Je tiens à
remercier sincèrement les personnes qui sont venues. En tout cas, ça a été
assez limité comme groupes, là, qui ont pu faire part des consultations.
Très, très, très stupéfaite d'entendre la
ministre dire que... bon, des fois tu peux dire : Bon, oui, je vais
arriver avec un amendement ou, ah! cette partie-là, je ne l'avais pas vue.
Savez-vous, ça mérite qu'on s'y attarde un peu plus. Mais, non, je ne sais pas,
là. Je n'ai pas calculé, là, combien qu'on va en avoir, mais ça a l'air qu'on
va avoir une liasse d'amendements
déposés par la ministre. Semble-t-il qu'on va en avoir beaucoup. Normalement,
ce travail-là est fait en amont. On peut s'ajuster, mais la plupart du
temps on fait un travail un amont quand même considérable, là, avant d'arriver
à étudier le projet de loi article par article.
Tout comme ma collègue de Fabre, bien, écoutez,
moi aussi, là, j'ai su ça, là, dernière minute. On fait notre travail dans les meilleures conditions possibles
avec la meilleure collaboration possible, mais, vous savez, la meilleure
collaboration possible, là, ça me fait rappeler un petit peu, Mme la Présidente,
vous savez, quand vous êtes bien fâchée, là, vous allez au super marché, c'est
long... ou je vais vous donner un meilleur exemple : le système de santé.
Hein, vous attendez à l'urgence, là, puis c'est urgent. Mais parce que la
fille, elle vous a mal... elle a mal fait le triage ou, en tout cas, elle ne
vous a pas classé prioritaire, puis vous attendez, un moment donné, il y a une
expression qui dit : Vous pétez les
plombs. Avez-vous remarqué que`, depuis un bout de temps, là, il y a des
petits... il y a des pamphlets un petit
peu partout, le respect... j'en suis, là, mais c'est parce qu'aujourd'hui on aurait comme plus le droit de s'indigner puis plus le droit,
là, de se fâcher quand quelque chose ne va pas. Si on le fait, bien, on a pété
les plombs, puis on n'est pas de bonne foi, puis on n'est pas collaborateur,
puis etc.
Moi, je vous le dis, je vais collaborer. Est-ce
que ça va m'empêcher d'être fâchée? Non. Est-ce que ça va m'empêcher, de temps
en temps, de péter les plombs? Probablement pas. Probablement parce que je suis
trop sanguine ou peut-être que je prends cette cause-là trop à coeur. Je ne le
sais pas. Je ne m'analyserai pas ce matin. Je vais laisser les autres
m'analyser. Sûrement qu'ils ont beaucoup de qualificatifs à mon endroit. Puis
c'est peut-être mieux que je commence ce matin sans tous les savoir. Mais on
fait dur. On fait dur au Québec en mautadit.
• (12 heures) •
Herron, là, puis j'en ai parlé souvent, hein, ça
me met dans tous mes états. Il y aurait eu, je vais l'exprimer ainsi, un
massacre d'animaux, puis je pense qu'il y aurait eu plus de révolte puis de
tout ce que vous voulez de la protection des animaux qui aurait été un peu
partout. Comment on peut qualifier tous ces décès dans des conditions
épouvantables? On ne peut pas dire «massacre»? On ne peut pas dire qu'on les a
laissés à eux-mêmes? On ne peut pas dire que c'était de la maltraitance? Pour
moi, à un moment donné, Mme la Présidente, ça va être rendu qu'on ne pourra
même pas en parler. On ne pourra même pas en parler, de ce qui est arrivé. Il y
a tellement de personnes présentement qui ne veulent pas être responsables de
ce qui est arrivé au Québec, avec des milliers de morts, qui font tout pour
qu'on l'oublie.
Savez-vous ce qui m'a fâchée encore plus? C'est
quand j'ai entendu le premier ministre... Soit dit en passant, j'ai beaucoup
d'estime pour lui, là. Puis, quand je l'ai entendu, là, dans son discours,
parler de la pandémie puis de se vanter de qu'est-ce que le gouvernement avait
fait, puis il avait été partout, puis la formation des préposés, etc., il a
oublié un mautadit de beau passage, hein, dans son allocution : aucun mot,
aucune mention sur les milliers de morts au Québec pendant la pandémie, surtout
nos aînés. Je me suis dit : Il va se rattraper à un moment donné dans son
discours. Ça ne se peut pas, là. Zéro, zéro. On veut oublier ça. Moi, je vais
vous dire une chose, Mme la Présidente, je ne pense pas que les familles, les
familles — puis
souvent moi, je suis sûre qu'ils ont appris peut-être des fois des jours ou des
heures plus tard, là, après le décès, là, hein, qu'il y avait un des leurs qui
était décédé dans des conditions épouvantables — je ne pense pas qu'ils
oublient, moi. Je ne pense pas qu'ils oublient.
Moi, comme députée, j'ai accepté ce dossier des
aînés. Puis je ne suis pas meilleure qu'un autre, en passant, puis je pense...
j'ai toujours pensé, puis je m'inclus, que les 125 personnes que nous
sommes, on a tous à coeur de changer les choses. Puis, pour le mandat qui m'a
été confié, je vais essayer d'être cette voix-là. Ça se peut que je pète les
plombs, ça se peut que je dise des choses qui ne sont pas plaisantes à
entendre. Je vais continuer de le faire. Savez-vous pourquoi, Mme la
Présidente? Je fais de l'insomnie, beaucoup, mais, quand je me couche le soir,
je ne me dis pas : J'aurais donc dû, mautadit que j'aurais dû le dire!
Comment ça se fait qu'ils ne l'ont pas dit, eux autres? Pourtant, ils sont tous
au courant de ce qui se passe. Tu sais, au moins, je l'ai dit. Ça a-tu changé
quelque chose? Rien du tout. Tu t'es fait passer pour une qui passe son temps à
chialer, qui pète les plombs, qui dit : Blablabla. Ça ne me fait rien,
moi, ça ne me dérange pas du tout, du tout, du tout, pas du tout. Je ne prétends
pas être la meilleure puis je ne prétends
pas tout savoir. Mais moi, je l'ai regardé de loin, ce qui se passait ailleurs,
au fin fond de la Côte-Nord,
presque au bout de la 138, pendant la pandémie.
Mais, tu
sais, il y a du monde, des équipes. Comment ça se fait qu'il n'y a personne...
Ils le savent bien, là. Il y a une gastro, il y a une gastro sur un
étage, un étage, là, soit en médecine, en chirurgie ou en soins de longue
durée, là, tu te dis tous : On va mettre les mesures demain matin, là. Il
ne faut pas que ça se propage, là, hein, sinon ils vont tous avoir les
symptômes puis ils vont tous être atteints de la gastro. Non, on a envoyé des
personnes âgées — bien,
en tout cas au début, bien, tu te dis... bien, tu peux peut-être bien ne pas
tout savoir, malgré que ça se savait pas mal, là — dans les hôpitaux.
Après, les hôpitaux, ils sont devenus, là, débordés. Aïe! C'est comme si on se
réveillait qu'au Québec
les hôpitaux étaient débordés. Houhou! Ça fait longtemps qu'ils sont débordés.
Bien là, après, on a dit : Bien, on ne peut pas les garder ici, on va les
retourner. Pourtant, on savait que c'était contagieux, hein... pas
contagieux, c'est qu'on pouvait se contaminer facilement, c'est-à-dire, hein?
La preuve, c'était que le Québec était sur pause, tout était arrêté. Vous ne
sortiez pas de la maison et... hein, des mesures extrêmes. Mais on les a
ressortis, on les a retournés dans les CHSLD avec déjà du personnel
insuffisant, on n'a pas pensé d'en rajouter, ça... pas pensé à ça. Des masques,
il en manque; pas pensé à ça. Ils n'ont pas assez de jaquettes, il n'y a pas
assez de ci; pas pensé à ça. Ils font des heures supplémentaires, ils sont
brûlés, puis eux autres aussi vont être contaminés; pas pensé à ça. Il y a des
morts, ils ne savent plus où les placer, il y a des morgues improvisées; pas
pensé à ça. C'est grave en maudit! C'est grave en maudit!
Là, après, on
parle de maltraitance organisationnelle. Eh! que j'aime-tu ce mot-là,
«organisationnel»! «Organisationnel», c'est une organisation où est-ce
qu'il n'y a à peu près pas personne... N'essayez pas de trouver un responsable
dans une organisation, surtout en santé et en services sociaux. Mais, à un
moment donné, c'était Où est Charlie?, hein. Vous souvenez-vous de ça, Mme
la Présidente, Où est Charlie? Moi, je dirais : Où sont les boss?
Où sont les responsables? Ils sont où? Il n'y en a pas, ils n'existent pas. Il
n'y en avait pas. Il n'y en avait pas. Ou il y en avait peut-être qui aimaient
mieux protéger leur carrière que de s'occuper sur ce qui se passait vraiment.
Puis après, la meilleure défense... Il y a un dicton, hein, qui dit : Diviser
pour mieux régner, en politique, puis moi, je pense qu'il y en a un autre : Tout le temps mettre sur la
faute des autres, ça fait que, comme ça, il n'y a jamais personne de
responsable. L'autre, il n'est plus en fonctions, ça fait que tu as beau à dire
que c'était lui, il n'est plus là, puis nous autres, on est là, mais,
malheureusement, ce n'est pas de notre faute, c'est la faute de l'autre. Ça
fait qu'en fin de compte c'est comme dans l'organisation, hein. Même en
politique, il n'y a jamais personne de responsable, hein?
Mais de la maltraitance organisationnelle, il y
en a eu, il y en a. Nous, notre travail avec le projet de loi, c'est de faire
en sorte qu'il y en ait le moins possible. Est-ce qu'on peut l'éliminer
totalement, là? Je ne pense pas. Ça va être ça, notre travail, de mettre en
oeuvre des mesures, des moyens pour faire en sorte de... l'éliminer? Je ne
crois pas. De la diminuer? Je pense que oui. De faire en sorte d'envoyer un
message fort : que la maltraitance envers les aînés, mais pas juste envers
les aînés, là, envers toutes les personnes vulnérables, c'est inacceptable, et,
comme société, on ne le tolérera pas. On est-tu capables de faire ça? Moi, je
pense que oui, on est capables de faire ça. Comment? En disant : Bien là,
demain matin, là, c'est parce que, là, tu ne représentes pas la Coalition
avenir Québec, tu ne représentes pas le Parti libéral, tu ne représentes pas
QS, puis je ne représente pas le PQ. On pourrait-tu, pour une fois, se dire
qu'on représente les aînés? On pourrait-tu, pour une fois, se dire qu'on est
payés pour défendre du monde qui n'a pas de
voix, entre autres, parmi toutes les fonctions qu'on a comme députés? On
pourrait-tu se dire ça? Puis on pourrait-tu se dire aussi : Ça, je
ne le sais pas? On pourrait-tu se dire, Mme la Présidente, que le gouvernement,
lui, il en a, du monde qui est supposé savoir? Puis on pourrait-tu se dire
qu'il en a, lui, du monde puis des ressources à sa disposition qui pourraient
nous aider?
Je vais le faire avec la meilleure
collaboration. Je suis sûre d'une chose, par contre, je suis sûre de ne pas me
tromper, je ne pense pas qu'on va réussir beaucoup. Savez-vous pourquoi? Parce
que ça, ça ne vient pas de moi, ça, ça ne vient pas de toi, puis là tu ne leur
donnes pas — parce
que, dans mon temps, c'était un peu ça, je ne sais pas si c'est encore ça,
là — le
trophée, pas vrai qu'il va partir avec le projet de loi puis : Non, non,
non, puis ça, ce n'est pas correct, puis ça, ce n'est pas ci. On va trouver
mille et une raisons.
Quand sont arrivés les milliers de morts, là,
qu'on veut oublier ou qu'on veut faire oublier, là, hein, nous autres, on s'est
regardés puis on... Qu'est-ce qu'on ferait? Puis qu'est-ce... Puis moi, j'étais
revenue dans le dossier, ça ne faisait pas longtemps. Je me suis dis : Mon
collègue Harold LeBel, il a parlé d'un protecteur des aînés. Bon, bien,
regarde-le, quoi. J'ai dit : Mais, sais-tu, ce n'est pas si fou que ça,
cette idée-là, pas si fou que ça. Je l'ai amenée en consultations, puis il y a
des gens qui ont dit : Oui, mais vous voulez une structure de plus,
quelqu'un de plus. Non, non, non. Aïe! Moi, les structures de plus, là, les
structurites aiguës, là, puis les paliers à ne plus finir que tu opères, hein,
tu... La chaîne de commandement, là, elle est longue en mautadit, puis là, même
quand tu atteins le sommet, pas sûr que ça change. Pas tout à fait ça, le
Protecteur du citoyen... des aînés. J'ai dit... Ah! non, je suis tout le temps
mêlée, je le mêle très souvent. Parce qu'il y a un protecteur des citoyens,
mais il protège tout le monde, puis, en réalité, il est tellement pris, lui
aussi, avec la machine, la machine, elle ne bouge pas. Ça fait que c'est
difficile. Je me suis dit : Le protecteur des aînés, sa cause à lui, là,
uniquement, ça va être de s'occuper des aînés.
• (12 h 10) •
Si on avait eu le protecteur des aînés, pas, là...
mais on ne parle pas de quelqu'un, là, que tu vas lui donner un poste de
protecteur des aînés, un petit bureau dans le fond puis avec deux,
trois personnes à... tu pourras en... Embauche deux, trois personnes,
là, puis fais-nous un beau travail puis un petit rapport une fois par année,
bien correct, tu as créé le poste, trime-toi. Non, non, non! Moi, je ne le vois
pas comme ça. Protecteur des aînés : pouvoir. Pouvoir, entre autres,
d'avoir le cellulaire de la ministre, hein, puis de lui parler. Si on l'avait
eu durant la pandémie, peut-être qu'il
aurait appelé puis il aurait dit : Est-ce que je peux parler à la ministre
des Aînés? Mme la ministre — parce
que peut-être que votre monde, il ne vous l'a pas dit, là — savez-vous
ce qui se passe à telle place, là? Peut-être qu'il faudrait envoyer l'armée,
Mme la ministre. Mme la ministre, ça, ça... il y a des gens, là, pas sûr,
c'est-tu de la maltraitance, ça, qu'ils n'ont pas mangé pendant trois,
quatre jours? C'est-tu de la maltraitance qu'ils n'ont pas été lavés puis
ils sont restés dans leurs excréments? Peut-être qu'il faudrait quelque chose.
Peut-être, si on en avait eu un qui avait fait ça... Peut-être, si on en avait
eu un, que le monde aurait eu accès aussi à cette personne-là, là. Je ne veux
pas quelqu'un, moi, qui soit, hein, dans sa tour d'ivoire. Peut-être qu'il
aurait pu être appelé aussi par des familles qui ne savaient plus à quel saint
se vouer.
Aïe! Moi, Mme la Présidente, là, ce n'était pas
mon papa, c'était mon beau-papa, que j'aime bien. Ça ne fait pas longtemps, là,
printemps, il est allé à l'hôpital à Sept-Îles. En passant, il ne savait même
pas s'il était à l'urgence, où est-ce qu'il était, là.
C'est toute une histoire, hein, vous savez. Vous ne pouvez pas ouvrir les
portes comme ça. Puis mon conjoint, lui, il était plus inquiet puis il
disait : Aïe! Ça n'a pas de maudit bon sens! On n'est pas capable d'aller
de l'autre côté. Papa, qu'est-ce qui se passe? J'étais dehors — je ne
fume plus, en passant, mais je fumais à cette époque-là — j'étais
en train de fumer. J'ai dit : Sais-tu quoi? Tu imagines-tu les personnes,
là, qui avaient leur papa, ou leur maman, ou le grand-papa en dedans, là, dans
le CHSLD, ou peu importe, puis ils ne pouvaient pas aller le voir, puis ils
savaient qu'il était sur ses fins dernières, puis ils ne savaient pas dans
quelles conditions il était? Bien, tout ce qu'ils entendaient le soir à la TV,
c'était : On n'a pas le temps de leur donner à manger, on n'a pas le temps
de... Ça devait être épouvantable en mautadit!
Tout ça pour vous dire qu'au Québec on a failli
à la tâche. Je n'inclus pas juste la ministre, là. Je veux bien, qu'elle est importante,
là. Pas juste elle, je nous inclus. Nous avons failli à la tâche de protéger
nos aînés, comme on avait failli à la tâche de protéger nos enfants, puis, à la
commission Laurent, il a fallu qu'il y ait une fillette qui décède. Là, on n'a
pas juste eu un aîné qui est décédé, on en a eu des milliers. Puis on veut
changer les choses? Il ne reste pas grand temps avant l'élection.
Je nous souhaite, je nous souhaite, pour les
aînés que nous devons représenter parmi cette population, de bien faire les
choses. Puis, si je m'enflamme, ce n'est pas parce que je suis fâchée puis que
je suis fâchée après des personnes personnellement, c'est parce que je suis
fâchée puis je suis horrifiée que cette situation perdure et perdure après les
gouvernements qui se succèdent. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres membres qui souhaitent faire des
remarques préliminaires? Donc, s'il n'y a pas de motion préliminaire...
Mme Sauvé : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Mme Sauvé : Excusez-moi. C'est parce
qu'avec l'écran, c'est un petit peu difficile de vous faire signe. Je m'en
excuse. Alors, j'aimerais déposer une motion préliminaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
D'accord. Je vais vous demander de la transmettre au secrétariat, et je
suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 20)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Alors, ayant constaté la recevabilité — je vais le dire très
lentement — de
la motion préliminaire, j'invite maintenant la députée de Fabre, qui a déposé
cette motion, de nous parler de cette motion, de nous... Vous avez
30 minutes, Mme la députée.
Motion proposant d'entendre le Protecteur du citoyen et la
Coroner en chef
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Là, je vous vois très bien, c'est excellent. Alors, parfait. Donc, je ne sais pas si je dois la lire ou bien...
Parfait. Alors, la motion préliminaire qui a été déposée. Conformément à
l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion
afin :
«Que la Commission des relations avec les
citoyens tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n°101,
Loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance envers les
aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité ainsi que
la surveillance de la qualité des services de santé et des services sociaux,
des consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende dès que
possible le Protecteur du citoyen ainsi que la Coroner en chef, [Me] Pascale
Descary.»
Alors, écoutez, c'est tellement important et
pertinent, Mme la Présidente, de déposer cette motion. Quand on sait... qu'on
sait maintenant, ce matin, que la maltraitance organisationnelle ne fait pas
partie des amendements et ne faisait pas partie du projet de loi déposé le
9 juin, c'est d'autant plus essentiel d'entendre ces acteurs clés qui,
eux, ont cru à l'importance de faire la lumière, une lumière, un éclairage
essentiel au nom de toutes ces victimes de la première vague dans les CHSLD.
Alors, je
sais que la ministre va sûrement nous dire qu'en ce qui a trait à la Protectrice du citoyen, qui a déposé son mémoire et qui devait venir en consultation, elle a décliné. Elle est
bien sûr la Protectrice du citoyen dans le grand, grand travail immense qu'elle fait dans la rédaction de
son rapport final sur cette enquête de la première vague. Alors,
clairement, elle s'est désistée dans la
disponibilité qui était la sienne, mais je souhaite qu'avec la présentation de
son rapport final sur ce qui s'est
passé durant la première vague on puisse réitérer une invitation à l'entendre,
à entendre ce qu'elle a à nous dire, l'éclairage qu'elle a à nous faire,
et faire en sorte qu'on puisse vraiment avoir des réponses, avoir certainement
un peu plus d'information sur le cauchemar, sur la crise humanitaire qui s'est
vécue durant la première vague.
Alors,
ça, c'est pour ce qui a trait à la Protectrice
du citoyen, qui, toujours, toujours,
en commission parlementaire, vient nous nommer la réalité des faits, la
réalité liée aux témoignages qu'elle reçoit dans l'analyse neutre et entière pour protéger les citoyens. Alors, elle le fait
avec tout le professionnalisme, et la détermination, et l'engagement
qu'on lui connaît. Alors, ce serait vraiment, dans notre motion préliminaire,
le premier souhait, que nous voudrions l'entendre, particulièrement sur ce
rapport final qu'elle doit soumettre très, très bientôt.
Pour ce qui est de la Coroner en chef, nous
avons demandé... dans la liste des groupes à entendre, nous avons souhaité que
la Coroner en chef, Me Pascale Descary, soit entendue. Or, on nous a refusé ce
privilège à l'ensemble des parlementaires de la commission. Et, clairement,
voilà une autre intention de faire la lumière sur ce qui s'est passé, parce qu'encore une fois, Mme la
Présidente, on ne peut pas mettre de côté — et ma collègue de Duplessis l'a bien
nommé, le collègue de Jean-Lesage également — ce qui s'est passé dans la...
durant la première vague, et ce projet de loi, c'est l'occasion, avec la
reconnaissance de la maltraitance organisationnelle, c'est l'occasion
incontournable de le faire, et ça ne se fait pas.
Alors,
Me Pascale Déry... On a vu bien sûr l'ensemble des réflexions, des travaux
qui sont en cours. D'ailleurs, il y a sept enquêtes, là, par
rapport à des établissements, des CHSLD, et aussi RPA qui sont dans le mandat
qu'elle est en train de faire cheminer. Alors, évidemment, pas besoin de vous
dire... Et on a lu, encore une fois, les scènes d'horreur du CHSLD Herron et,
clairement, le CHSLD aussi à Terrebonne, des Moulins, la RPA Manoir Liverpool, évidemment,
le CHSLD René-Lévesque, Laflèche à Shawinigan, Sainte-Dorothée, qui, je le
rappelle... qui, je le rappelle, là, le
CHSLD de Sainte-Dorothée, c'est un établissement public, et il a été l'établissement le plus contaminé au Québec durant la première vague. Il a été
contaminé à 100 %. Alors donc, clairement, il va y avoir enquête aussi sur
le CHSLD de Sainte-Dorothée et celui de René-Lévesque.
Alors, d'ailleurs, une des coroners de l'équipe
de la Coroner en chef, Me Géhane Kamel, lorsqu'il y a eu, bien sûr, des
éléments de l'enquête sur le CHSLD Herron dans le journal Métro, elle a
dit ceci, puis je vous dirais, Mme la Présidente, que les mots, le message
qu'elle envoie, je pense qu'on ne peut pas ajouter grand-chose par rapport à ce
qu'on souhaite comme message entendu aujourd'hui, elle dit ceci : «Si
j'étais une des familles touchées par cette tragédie, j'aurais l'impression de partir
avec tellement de questions et c'est le contraire qu'on veut faire. Il faut
arriver à élucider un minimum pour eux.»
Alors, il faut que les réponses arrivent. Il
faut qu'on soit capable de se dire, quand on lit les témoignages et qu'on relit
les témoignages des familles, du personnel de la santé, les préposés aux
bénéficiaires, les infirmières, les infirmières auxiliaires qui ont été sur les
lieux, qui ont été sur les lieux durant la première vague... Ils nous disent le
manque d'équipement, ils nous parlent des équipes qui n'étaient pas au
rendez-vous, la désorganisation, et faut-il encore le dire à quel point l'angle
mort — et
là je reprends... je sais que ma collègue de Duplessis va acquiescer à cette
expression, qui est terrible — de la pandémie, les CHSLD pour nos
aînés... Alors, clairement, clairement, ils sont venus nous dire des choses
complètement épouvantables.
Je reprends d'ailleurs quelques extraits qu'on a
pu lire durant la première vague dans le Journal de Montréal.
Donc, il y avait Michèle Charpentier, professeure en travail social à
l'Université du Québec, qui disait : «C'est clair qu'il y a des décès
collatéraux dans la crise de la [COVID]. [Des] personnes [...] qui meurent de
déshydratation, de manque de soins, de manque d'attention et de réconfort de
leurs proches.»
Deux enseignantes et futures préposées aux
bénéficiaires, dans leur premier quart de travail, elles ont dit ceci :
«On a commencé à faire l'évaluation des plaies et on s'est rendu compte que
plusieurs baignaient dans leurs culottes souillées. [...]on a commencé à
changer des culottes d'incontinence en même temps que les pansements. Ça
faisait longtemps. Le contenu avait commencé à sécher et coller sur la peau
[des] résidents.»
Désorganisation des soins, «organisationnel». Il
me semble que, quand on lit tout ça puis qu'on continue... Et j'en aurais
d'autres à vous lire. Mais, quand on lit ça et quand on sent la volonté de la
Coroner en chef à aller au bout de cette
saga, de ce drame pour faire la
lumière, pour avoir des réponses pour
les familles, quand on voit la détermination de la Protectrice du citoyen à faire un rapport d'étape, à faire un
rapport final, à y travailler avec acharnement pour qu'on ait une
lumière, comment se fait-il que le gouvernement du Québec n'est pas capable de
reconnaître la maltraitance organisationnelle dans son projet de loi? Alors, il
faut entendre, il faut entendre, et la Coroner en chef et la Protectrice du
citoyen, nous nommer ce qu'on doit absolument entendre.
Alors, moi,
je vous dirais que ce qu'on lit et ce qu'on continue de lire, puis, encore là,
le manque d'équipement, la planification... Et aussi le fait que le plan
de pandémie, là, on l'a lu, on le sait, l'élément, le manquement fondamental, c'était tellement lié à
l'organisation : les CHSLD n'étaient pas dans le plan de pandémie, ils
n'étaient pas là. Quand je disais tantôt l'angle mort, les CHSLD n'y
étaient pas. Et on savait, dès le début de la première vague, que les aînés en
CHSLD étaient les plus vulnérables, qu'ils seraient les plus fragiles à être
infectés, à avoir des risques et à décéder. On le savait, et le plan de
pandémie ignorait cet angle mort que sont les CHSLD. Si ce n'est pas lié à
l'organisation, je me demande ce que c'est.
• (12 h 30) •
Alors, dans
l'esprit où ce matin on se trouve, là, dans ce constat incroyable d'échec du
gouvernement à vouloir reconnaître... je pense qu'on n'a pas le choix,
il faut absolument, absolument entendre la Coroner en chef, que le gouvernement n'a pas voulu entendre, puis
réinviter la protectrice, avec sa présentation de notre rapport final. J'ai
imploré tantôt la ministre de ne pas manquer
le dernier rendez-vous, de déposer un amendement avant qu'on arrive à la
définition de la maltraitance pour inclure la maltraitance organisationnelle.
Alors, il faut que l'éclairage... Pour encore une fois la convaincre que c'est absolument important, bien,
il nous faudra entendre et la Coroner
en chef et la Protectrice du
citoyen.
Tantôt, la collègue
de Duplessis parlait d'un élément qui lui tient à coeur, et je trouvais
important de le ramener, la protectrice ou
le protecteur des aînés. Bien, on aurait peut-être l'occasion, si on avait la
Protectrice du citoyen, de lui poser la question. Alors donc, non seulement elle nous
présenterait ce qu'elle a vu, les témoignages, les constats, les
recommandations qu'elle a à faire, mais aussi de réfléchir avec nous à des
solutions que, clairement, on ne peut pas trouver dans le projet de loi autour
de la maltraitance organisationnelle.
Vous savez, Mme la
Présidente, il y a eu des rendez-vous manqués. Celui-là, il est majeur, la
maltraitance organisationnelle. Mais quand on parle de maltraitance, quand on
veut trouver le remède à aller plus loin puis à contrer la maltraitance parce
qu'on se préoccupe des aînés, clairement, il faut s'assurer qu'on ait tout le
portrait. Et ça, c'est une grande, grande, immense part du portrait, là, qu'on
met de côté ce matin, ce qui s'est passé durant la première vague. Mais
l'ensemble de ce qui s'est passé durant la première vague, les CHLSD, il y a
des gens qu'il faut entendre, et c'est ma motion. Mais il y a des éléments de
portrait aussi qui nous manquent, et je l'ai nommé et je vais le renommer
encore une fois.
On a demandé combien
de fois au gouvernement de faire toute la lumière sur la situation de la
première vague avec une demande pour l'enquête indépendante, une enquête
publique indépendante? À chaque fois, Mme la Présidente, on nous a dit :
Non, non et non. On a donné un mandat à la Commissaire à la santé et services
sociaux. On ne remet absolument pas en question la compétence de la
commissaire, c'est très clair, mais on questionne son mandat restreint, par
exemple, son mandat restreint de regarder la crise, la première vague dans les
CHLSD, dans la lunette unique du réseau de la santé, alors donc, dans le réseau
de la santé. Puis elle devait fournir son rapport au 1er septembre, cette
Commissaire à la santé, sur la première vague, puis finalement on va avoir le
rapport final plusieurs mois plus tard entre le cadeau de Noël puis la dinde du
jour de l'An, le 30 décembre. Ça aura pris des mois de plus.
Alors, nous, on l'a
questionnée. On a dit : Ça prend une enquête publique indépendante. Et le
rapport qu'elle va émettre, la commissaire, le mandat qui lui est confié, il
lui est confié par son patron, le ministre de la Santé. Et l'éclairage, là,
c'est comme si on éclaire avec une lampe de poche juste un petit coin de la
pièce, puis regardons juste le réseau de la santé, ce qui n'a pas marché, mais
oublions les décisions de la Santé publique, oublions les décisions politiques,
juste cette partie-là. On n'est pas en train de faire le plein éclairage.
Donc, premier élément
du portrait majeur, majeur, la chaîne de commandement. Comment se sont prises
les décisions? Pourquoi on a empêché les proches aidants d'aller dignement
accompagner les aînés? Je n'ai pas toujours pas de réponse, Mme la Présidente.
Et ça, ça, la Protectrice du citoyen, la Coroner en chef nous donneraient des
réponses si on avait la possibilité, le privilège. Il faut leur parler, il faut
les écouter.
L'autre élément,
l'autre élément du portrait qu'on n'a pas eu, il devait y avoir une enquête,
une enquête sur la maltraitance dans les CHSLD, la ministre, avec l'Institut de
la statistique du Québec. Et là la ministre, quand j'avais posé la question de
l'étude des crédits, j'en ai reparlé dans les consultations, la réponse
était : Oui, mais c'était la pandémie. Moi, j'ai ramené les faits, et
Mme Beaulieu, de la Chaire de recherche sur la maltraitance qui a été mise
en place par la ministre, Mme Beaulieu, elle disait : Oui, on n'a pas
pu mener, on n'a pas pu commencer cette enquête sur la maltraitance dans les
CHSLD parce qu'il y a eu la pandémie, et là j'ai ramené les faits. J'ai
dit : Moi, je l'ai vu le contrat, j'ai vu l'entente signée, et il y aurait
dû y avoir un premier bilan de prétest bien des mois avant le début de la
pandémie, mais ça n'a jamais commencé.
Il y a une autre
enquête qui a eu lieu, qui a été livrée, celle sur la maltraitance pour les
aînés à domicile, mais celle sur la
maltraitance, maltraitance organisationnelle, on s'entend, dans les CHSLD, je
ne sais pas si ça a commencé depuis,
mais, en tout cas, on n'a rien vu dans les travaux, et ça n'avais pas commencé,
et le premier bilan avant la pandémie n'a jamais été livré.
Une autre... Nous, on
veut que toute la pièce soit éclairée, on veut que la maltraitance
organisationnelle soit au coeur de ce projet
de loi. Tout le monde le dit, les aînés son encore au coeur... la famille des
aînés qu'ils ont perdus sont encore en deuil, sont encore en pleurs
parce que les aînés sont morts dans la souffrance et seuls au monde.
Alors, le but de
notre première, de notre motion préliminaire, là, Mme la Présidente, il faut
éclairer toute la pièce, il faut donner tout
l'éclairage de cette maltraitance qui a eu lieu, parce que les aînés ne sont
pas morts, durant la première vague, seulement de la COVID, ils sont
morts de déshydratation, de manque de soins, de désorganisation des services,
de manque de planification, et ça, c'est lié à l'organisation.
Alors, le contrat,
là, le fameux contrat de l'enquête, le portrait qui n'a pas démarré, là, qui
aurait dû démarrer, puis avec un premier
bilan, c'est notre gouvernement qui l'avait signé. La ministre, il fallait
qu'elle reprenne ça puis qu'elle la parte, cette enquête-là. C'est
drôle, l'autre enquête, elle a été faite, elle a été complétée et livrée, mais
pas celle-là.
Moi, là, à un moment
donné, là, puis je ne prêterai pas d'intentions, mais je vais quand même me
permettre d'être dans mon émotion de rage
puis de dire : À quel point il faut rater des rendez-vous, puis oublier,
ce matin encore, la maltraitance organisationnelle, et combien de
rendez-vous on doit manquer pour se dire que c'est acceptable? Ça ne l'est pas,
ça ne l'est pas. Au Québec, on ne peut pas accepter. Et, à chaque fois qu'il y
a une enquête qui n'a pas lieu, à chaque fois qu'il y a un Protecteur du
citoyen qu'on ne réinvite pas, à chaque fois qu'il y a une Coroner en chef
qu'on n'invite pas, il y a un choix politique qui est en train de se faire, et
les familles du Québec ont droit à avoir le plein éclairage et que la
maltraitance organisationnelle soit dans le projet de loi. C'est ce qu'on
demande ce matin. Mme la Présidente, est-ce qu'on peut entendre... inviter et
entendre ce qu'ont à nous dire la Coroner en chef et la Protectrice du citoyen
avec son dernier rapport final, venir nous présenter leur éclairage de la pièce
et de la crise humanitaire de la première vague? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je vais céder la parole
à Mme la ministre pour 30 minutes.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Oui. Bien, merci,
Mme la Présidente. Tout d'abord, j'aurais voulu répondre suite à nos réflexions
préliminaires. Quand la députée de Fabre parlait d'ordinaire, j'aimerais
prendre la défense des juristes. Les
juristes, au ministère de la Santé et
des Services sociaux, ont travaillé
sur les décrets, ont travaillé sur la pandémie, ils ont travaillé...
C'est le troisième projet de loi juste pour la ministre responsable des Aînés
et des Proches aidants. Ces gens-là travaillent le soir, les fins de semaine, tout
le temps. Alors, oui, je la comprends, peut-être qu'on aurait pu le déposer
plus tôt, mais, tu sais, on travaille avec des humains, hein, au ministère de
la Santé et des Services sociaux, puis ça fait 20 mois qu'on est en
pandémie. Alors... Mais on les a déposés aujourd'hui, et je réalise que la députée
de Fabre a quand même pris connaissance de certains amendements.
Maintenant, je veux la rassurer par rapport à la
maltraitance organisationnelle. On aura la chance d'en parler pendant la
commission, l'étude détaillée article par article. On s'y est penchés beaucoup
puis on a fait un choix qui va plus loin que
de nommer comme telle la maltraitance organisationnelle. D'ailleurs,
c'est dans l'article 15, où on rouvre l'article 33.1
de la loi de la santé et des services sociaux, où on met, entre autres, des termes
beaucoup plus précis que de parler de l'organisation, mais c'est qui, l'organisation. C'est un concept... Je me suis rendu compte, en
parlant avec les juristes, que
c'était un concept flou, qu'on pouvait aller un peu plus pointu, ce qui
nous permettrait de circonscrire, puis
je demanderai ultérieurement à Me
Térésa Lavoie de nous expliquer en quoi c'est plus pointu quand on va
parler de pratiques et de procédures. Quand on parle de pratiques et de
procédures, on nomme qu'il y a des situations qui ne fonctionnent pas et on est
beaucoup plus capables de circonscrire la situation.
La députée de Duplessis... puis là je vais
prendre pour le premier ministre du Québec parce que j'ai aussi écouté son discours inaugural. Non seulement
a-t-il parlé des personnes décédées dans les CHSLD, Mme la Présidente, mais il a dit qu'il y avait des personnes qui
étaient décédées... manque de soins. Il l'a dit clairement pendant le
discours inaugural. Ça fait qu'on peut aller relire les notes, mais il en a
parlé.
• (12 h 40) •
Nous sommes tous concernés par ce qui s'est
passé dans nos CHSLD, dans nos RPA, dans nos milieux de vie, mais aujourd'hui
on est ici pour étudier un projet de loi. Ce n'est pas une loi sur la pandémie.
Il y a actuellement des enquêtes, il y a l'enquête du coroner, il y a aussi la
commissaire aux plaintes et à la... pas la commissaire aux plaintes, mais la
Commissaire à la santé et au bien-être, il y a le Protecteur du citoyen qui
fait une enquête. Ça fait que ça, ça concerne la pandémie comme telle, puis il
faut les laisser faire leur travail.
Nous, on étudie une loi qui concerne la
maltraitance. On va beaucoup plus loin que la loi précédente. Ça a évolué. Il y
aura des... Les P.D.G. et les gestionnaires seront davantage imputables par
rapport à la maltraitance qui se passe suite aux procédures et aux pratiques
dans nos établissements, parce qu'on n'en veut plus, de ça, ce qu'on appelle la
maltraitance organisationnelle. Comme si une organisation se levait le matin...
même si j'épousais cette terminologie-là à une époque, comme si on se
réveillait le matin puis que l'organisation décidait de maltraiter quelqu'un.
S'il y a de la négligence, c'est parce qu'il y a des pratiques puis il y a des
procédures qui sont mal faites, et on doit s'attaquer au coeur de cela.
Maintenant, concernant la proposition de la
motion, vous savez, il y a eu 62 groupes potentiels. Et puis la façon dont ça fonctionne, Mme la Présidente, c'est que les partis proposent d'entendre certains groupes, et les
leaders, après ça, se réunissent et
choisissent. C'est comme ça que ça fonctionne. Et là il est resté une heure à
notre commission particulière puis il n'y a personne qui a voulu combler
l'heure. Il restait une heure, on ne l'a pas comblée.
Le Protecteur du citoyen a transmis un mémoire.
Le Protecteur du citoyen a décliné notre invitation. Le Protecteur du citoyen
s'est déjà prononcé dans une commission parlementaire en disant qu'il était le
protecteur des aînés. On n'est pas obligé de l'entendre pour qu'il vienne nous
redire qu'il était le protecteur des aînés, il nous l'a déjà dit dans une commission
parlementaire.
Alors, je crois qu'on a reçu assez de groupes.
Et je tiens à réaffirmer que ce n'est pas une étude, ce n'est pas un projet de
loi sur la pandémie, c'est un projet de loi qui va toucher à la maltraitance
d'aînés et de personnes vulnérables, et non seulement les aînés, mais des
personnes majeures en situation de vulnérabilité. Alors, je propose qu'on passe
au vote par rapport à cette motion.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Je vais quand même demander s'il y a d'autres
interventions. D'accord, Mme la députée, vous avez 30 minutes.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Donc, comme je n'aime pas laisser des choses, je ne dirai pas
fausses, incorrectes être dites, je fais attention à mes mots, je vais
corriger. Moi, j'ai très bien... je vais commencer puis après je vais sur la motion de la députée de Fabre.
Quand j'ai fait mon intervention, tantôt, puis que j'ai dit que ça m'avait
déçu... puis pas, en passant, pas que je ne le crois pas humain, le premier
ministre, mais reste que c'est son gouvernement qui était là pendant la pandémie, là. C'est la Coalition avenir Québec qui était au pouvoir, là, pas le Parti québécois, là, bon. Puis j'ai été étonnée parce qu'il a quand même une bonne équipe
autour de lui, de coms. D'ailleurs, ils sont tellement bons en coms, la
plupart, c'est des anciens du PQ. Ça fait que c'est pour ça qu'ils sont bons,
hein? Soit dit en passant, il faut faire un peu d'humour de temps en temps, malgré
la situation qui est assez importante.
Quand j'ai dit que le premier ministre n'avait
pas fait référence, dans son discours, aux milliers de morts, parce que moi, je
l'ai bien écouté, là, le discours du premier ministre, puis ça m'a surprise
parce qu'au niveau des coms il aurait été capable de
trouver une phrase puis dire, hein : Il y a eu des morts, c'est
malheureux, etc. Il y a toute une équipe qui travaille aux coms avec lui.
Je vais vous lire, Mme la Présidente, ce qu'il a
dit parce que je n'aime pas me faire accuser, là, de dire des affaires qui
n'ont pas de bon sens puis qui sont fausses. Ça, ça m'horripile en mautadit. Ça
fait que je fais la lecture.
«Ce qui a peut-être frappé le plus l'imagination
des Québécois, dans les 20 derniers mois, ce sont, d'un côté, les ratés
et, de l'autre côté, les réussites du système de santé.
«D'abord, le système a montré ses limites,
d'abord dans les CHSLD. Le manque de personnel a amené des situations
inhumaines où [les] personnes âgées vulnérables ont manqué de soins, ont été
laissées à elles-mêmes dans les pires conditions. À un moment donné, il nous
manquait environ 10 000 préposés.
«On a vu aussi que nos systèmes d'information
étaient dépassés. Il y avait aussi des CHSLD qui n'avaient pas de responsable des équipements de protection.
Il y avait même des CHSLD où il n'y avait pas de patron sur place.
«Pour combler le manque de personnel, on a
inventé le système Je contribue, et la réponse des Québécois a été
extraordinaire. Tout le monde a travaillé ensemble, en cherchant des solutions
plutôt que des problèmes. On a obtenu un
succès incroyable. Il y a des dizaines de milliers de Québécois qui sont venus
nous [aider]», et etc., là. C'est à peu près la seule place où il parle
des aînés, les CHSLD, les infirmières, préposées, le mandat, il a mis la
formation, etc. Il y a juste un aparté, là. C'est important de rectifier les
faits. Ça me met en mautadit.
On va revenir. On va revenir. La motion déposée
par la députée de Fabre, qu'est-ce qu'elle demande, en réalité, la députée de Fabre? Elle demande qu'on entende la Coroner en
chef, là, Me Pascale Descary, puis la Protectrice du citoyen parce qu'on
n'a pas pu les entendre, on n'a pas pu les entendre en consultations
particulières, bon.
Soit dit en passant, là, ne prenez pas
30 minutes, là. On sait que ça va être refusé. Je vous l'ai dit, hein, dès
le début. On sait comment ça marche. J'ai écouté la réponse de la ministre.
Vous savez, j'ai dit souvent : La pandémie
a le dos large. La pandémie avait le dos large pour dire que, si le système de
santé, il faisait pitié puis qu'il était à terre, c'était à cause de la
pandémie. C'est à cause de la pandémie que les infirmières n'en peuvent plus.
Bien, voyons donc! Elles n'en pouvaient plus bien avant la pandémie. Ça les a
juste mises un petit peu plus à terre. C'est à cause de la pandémie qu'on n'a
pas pu faire telle chose. Bien là, c'est à cause de la pandémie, là. C'est à
cause de la pandémie, là, si la ministre, elle n'a pas été capable de nous
déposer les amendements à temps. Puis il y a eu du...
Moi, je n'ai jamais dit que le personnel ne
travaillait pas, là, jamais dit que les conseillers juridiques puis... qui
entourent la ministre ne travaillaient pas puis que son équipe ne travaille
pas. Je connais des personnes dans son équipe, puis ils travaillent puis ils
travaillent bien. Je ne veux pas nommer leurs noms, là. Elle sait de qui je
parle, la ministre. Ils sont exceptionnels, puis c'est assez rare dans les
cabinets, c'est assez rare. Elle n'en a pas une dizaine, là, elle en a deux.
Bon, donner à César ce qui est à César. Ils répondent. Ils n'ont pas de
pouvoir, mais ils répondent au moins. Elle n'en a pas, de pouvoir. Ça, on le
sait.
Là, après, je me suis dit : Bon, on ne va
pas les entendre. O.K. Elle admet, par contre, que n'ayant pas... en tout cas,
admet... Des fois, je ne sais même plus ce qu'on a le droit de dire depuis que
la Coalition est rendue au gouvernement, là.
Même en Chambre, c'est difficile, là. Bon, je vais le dire comme je le pense.
Elle admet que, s'il y avait eu un peu plus de temps, peut-être que,
bon, on aurait reçu les amendements avant, puis tout ça. Puis elle admet aussi
que c'est un peu par rapport à ça, là, qu'on n'a pas pu avoir une véritable
enquête, là, sur la maltraitance, là, dans les CHSLD, puis tout ça. Il y aurait dû avoir une enquête, mais... en tout
cas, encore la pandémie. Ils n'ont pas eu le temps.
Là, j'écoutais ça, je me suis dit : Maudit,
ce n'est pas le bout du bon sens! On fait un projet de loi pour contrer la maltraitance. Bon, là, on ne s'entend
pas. On va-tu mettre maltraitance organisationnelle? Pas
organisationnelle? Hein, bon, on peut en
débattre longtemps, là. Mais, dans les faits, là, dans les faits, ce que je
comprends, là, parce que moi... vous allez trouver, Mme la Présidente...
moi, je n'ai pas eu tout le temps puis je n'ai pas toutes les ressources. On ne
les a pas toutes, les ressources au Parti québécois. Mais, malgré le peu de
ressources qu'on a, là, on fait un mautadit de bon travail.
La députée de Fabre, elle y a consacré du temps.
Un petit peu plus de budgets, il y a une équipe un petit peu plus costaude que
le Parti québécois. Ça fait que... Mais là ce que j'apprends, ce qu'elle me
dit, c'est, tu sais... oui, qu'est-ce que
c'est, ça? Ils n'ont pas fait l'étude sur la maltraitance dans les CHSLD, puis
là on va débattre d'un projet de loi sur
la maltraitance sans savoir vraiment ce qui s'est passé. C'est-tu moi qui n'est
pas bien, là? Moi, je trouve qu'il y a quelque chose qui n'a pas de
foutu bon sens, là. Ça fait que je me suis dit : O.K., Lorraine, comprends
pourquoi c'est ainsi, parce qu'il ne reste pas beaucoup de temps, parce qu'il
faut faire quelque chose ou il faut faire semblant de faire quelque chose pour
montrer qu'on s'en occupe, de la maltraitance. Ça fait que, même si on n'a pas
eu le temps de tout faire encore à cause de la pandémie, parce qu'elle a le dos
large, on va lui mettre ça sur le dos, pas eu le temps de déposer les
amendements, pas eu le temps de... Puis là c'est encore la faute de tout le
monde, hein, parce que, là... pas vrai, là.
Mme la Présidente, vous savez aussi bien comme
moi comment ça marche, là, quand on veut entendre du monde en consultation.
Oui, les leaders se parlent. À un moment donné, il y en a qui met son pied à
terre, c'est le leader du gouvernement, puis
il dit : C'est bien de valeur, tu ne l'auras pas, ton groupe. Toi, tu me
donnes-tu celui-là? Tu ne me donnes pas celui-là? Non. Puis ultimement
c'est eux qui décident, ceux qui sont au gouvernement. Ça fait qu'on n'a pas pu
entendre tout le monde. Puis après ça, bien, malheureusement... mais on n'a pas
l'enquête. Puis nous autres, on va travailler dans ces conditions-là.
• (12 h 50) •
Je vais dire aux gens qui nous écoutent :
Je ne sais pas, là, un sérieux problème. Il y a un sérieux problème. Est-ce
que... On l'a demandé, en passant. Le Parti québécois, on a été les premiers à
dire : Ça prend une enquête publique pour savoir ce
qui s'est passé là, là. Est-ce que... parce qu'on ne veut pas dire que c'était
de la maltraitance. Ça se pourrait-tu, Mme la Présidente, qu'on ne veut pas
parler de maltraitance organisationnelle parce qu'on ne veut pas dire que les
organisations, pire que des CHSLD publics, on pourrait peut-être se faire dire
par quelqu'un qui examinerait trop ça, la situation, de près : Bien oui,
c'était de la maltraitance, là, les avoir laissés dans les excréments trop
longtemps? Oui, ça s'appelle de la maltraitance quand la personne, elle avait
soif. Il n'y a pas de personnel suffisant. Madame avait beau sonner, sonner,
sonner, là, il n'y a pas de réponse. Ça pourrait-tu être ça? Est-ce que ça
pourrait être ça? On ne veut pas savoir parce qu'on a peur de savoir la vérité?
Mais, comme c'est de l'organisationnel, il n'y
aura pas personne de responsable. Puis, comme la ministre, elle ne peut pas
être partout puis que la pandémie a le dos large, on est capable de se trouver
une ligne de com. Ça ne sera pas la faute de personne, là. Personne qui va
accuser la ministre, là. Personne qui va accuser le premier ministre. Puis moi
non plus, je ne suis pas là à matin pour les accuser, là. Prêtez-moi pas
d'intentions, attendez que j'aie fini ma phrase. Mais il n'y a jamais personne
de responsable puis il n'y a jamais personne de responsable. C'est ça, le
Québec. Puis on veut tellement, tellement effacer ça, effacer ça, effacer ce
qui s'est passé de notre mémoire collective que l'enquête, on ne l'a pas voulue
publique. Puis, en passant, là, je n'ai pas tout lu, là. Je ne vous ferai pas à croire que je sais tout, là, pas vrai, puis que
j'ai le temps de tout faire, pas vrai, mais, à un moment donné, j'ai écouté
ça, il y a eu une audition, puis ça
disait : Oui, bien là la commissaire constate qu'il manquait de personnel,
elle constate... Je me disais :
Coudon... Puis ça, je vous le dis, là, j'ai beaucoup de respect pour les personnes,
là, mais je ne m'empêcherai pas de dire ce que je pense par rapport à
une situation. Bien important, ce que je dis ici, là, ça n'a rien à voir avec
les personnes, mais je vais dire ce que j'ai à dire. Puis j'étais toute seule
puis j'écoutais ça, je me suis dit : Aïe! Ce n'est pas des maudites
farces, là! Je m'excuse de dire «maudit», j'aurais le goût des fois de dire
autre chose. Ce n'est pas des maudites farces, on va prendre... on va avoir une
commission qui va écouter du monde, qui va entendre des familles aller dire
qu'il n'a pas pu voir personne mourir, puis qu'il n'y a pas rien eu, puis ce n'est
pas de la maltraitance. On ne sait pas ce
que c'est que c'est. Regarde, on ne veut pas nommer de nom puis on ne veut pas
nommer rien. Puis ça, on va dire : C'est parce qu'il manquait
d'équipement, le personnel était brûlé. Le personnel brûlé, ça fait longtemps
qu'il est brûlé. Manque de personnel, ça fait longtemps qu'on le sait.
En temps de pandémie, il aurait dû y avoir
quelqu'un, quelqu'un, hein, qui est aux commandes. On veut gérer, on veut être
aux commandes. Il aurait dû y avoir quelqu'un vraiment aux commandes puis
dire : Vous savez, on a déjà le personnel, là, on devrait peut-être en
envoyer, on n'en a pas. Bien, à un moment donné, on a fait affaire avec qui?
Avec l'armée. On a fait affaire avec l'armée. On aurait peut-être dû l'appeler
plus tôt, là, peut-être qu'on aurait évité des morts, parce qu'il y a des
morts.
En passant, là, ils ne sont pas tous morts du
COVID, hein? Ça que je vous dis, le COVID a le dos large en mautadit. COVID
empêche ci, COVID empêche ça, pandémie a empêché ci, pandémie... Écoute, je
veux bien, là, Mme la Présidente, qu'on est en pandémie, là, je veux bien. On
ne peut pas tout mettre sur le dos de la pandémie, là. Oui, la pandémie n'a
fait qu'accroître, oui, la pandémie n'a fait que nous montrer davantage le peu
de soin que nos personnes âgées avaient. Oui, la pandémie, ce qu'elle a fait,
c'est qu'elle nous a montré au téléjournal, assis confortablement, pour la
plupart d'entre nous, dans nos salons, ce qui se passait dans des RPA. Ce
qu'elle a mis encore en lumière, bien, c'est qu'il y a des personnes qui sont
décédées à cause de tout ça. Oui, ils ont pogné la COVID, bien oui, ils l'ont
attrapée. C'est vrai qu'on n'aurait pas pu tous les sauver.
Vous savez, on a réussi, hein, au Québec, à
faire quelque chose de magnifique, ça s'appelle mourir dans la dignité. On avait tous de quoi être fiers. Bien
là, je crois qu'on devrait tous avoir honte, parce que toutes ces
personnes-là, là, elles ne sont pas mortes dans la dignité, loin de là, loin de
là, loin de là.
Bah! Je ne prendrai pas tout le temps, là, je
vous l'ai dit, mais moi, je trouve... puis je n'y ai pas pensé, je vous l'avoue.
Je n'y ai pas pensé puis je vous l'ai dit, je n'ai pas toutes les compétences,
là, pour savoir tout ce qui se passe, là. Ça veut-tu dire que je dis n'importe
quoi, ça? Non, je ne pense pas. Ça veut dire que je questionne. Ça veut dire
que, souvent, que je mets le doigt sur le bobo que personne ne veut voir, hein,
pour l'effacer jusqu'à tant qu'il devienne une plaie béante. C'est comme quand
on ne voulait pas voir ce qui se passait dans les CHSLD puis qu'ils sont morts.
À tous les jours, il y en avait de plus en plus, là. Puis c'est vrai qu'on a
une petite équipe qui font des merveilles au Parti québécois, mais on n'a pas
tous les moyens qu'ils ont. C'est ça la game. Mais, quand que j'ai vu ça, puis,
en même temps, là, tu sais...
Tu sais, la députée de Fabre, la députée
libérale va avoir une motion puis elle va avoir des choses à dire. Oui,
rapportez-moi ça. Puis on fait ça, là, comme ça, là. Ce n'est pas parler, là.
Je n'ai pas passé des heures, moi. Je n'ai pas
une dizaine de personnes en arrière de moi, là, pour dire : Oui, qu'est-ce qu'elle a dit? Cet article-là, ça, ça
vaut-tu ça? Quel impact que ça a?
Es-tu sûr que je peux répondre ça? Oui, puis toi, la conseillère puis mon autre
conseillère... Je n'ai pas ça, moi,
là, là. Je n'ai pas ça. J'ai juste ça ici. J'essaie d'avoir du bon jugement.
Quand je l'ai lu, j'ai dit : Hein, c'est vrai, comment ça se fait qu'ils n'ont pas eu... Ils
n'ont pas accepté de l'écouter, mais ils n'accepteront encore bien moins
sa motion. Après, quand elle a parlé d'une enquête... Bien, ça fait quelques
fois que j'entends parler d'une enquête de la maltraitance
dans les CHSLD puis même maltraitance organisationnelle. Je me disais : Où
est-ce qu'ils vont avec tout ça, là, hein? Parce que... il l'a
dit : On est écoeuré de tous les mots, là, hein, maltraitance,
maltraitance tout court...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis désolée, on doit terminer.
Mme Richard : Bien, on va
revenir, Mme la Présidente, sûrement. Ce n'est pas fini.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Mme Richard :
Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Votre attention, s'il vous plaît! La Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 101, Loi visant à renforcer la
lutte contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure
en situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité des
services de santé et des services sociaux.
Lors de la suspension
de nos travaux, cet avant-midi, nous en étions rendus à l'étude de la motion
proposée par la députée de Fabre, et Mme la députée de Duplessis avait la
parole. Donc, je lui redonne la parole pour 14 min 55 s. À vous
la parole, madame.
Mme Richard :
Merci, Mme la Présidente. Comme vous l'avez dit quand on a suspendu nos
travaux, écoutez, je pense que la députée de
Fabre avait plaidé en faveur de sa motion. Par la suite, bon, la ministre des
Aînés a donné sa position. Bon, c'est sûr qu'on s'y attendait, là. Ces
personnes-là ne seront pas entendues. Bon, je trouve juste ça dommage, je
trouve juste ça dommage, puis je ne prendrai pas tout mon temps.
Vous savez, ce que je
constate, là, peut-être que je suis dans l'erreur, là, mais je pense qu'on
n'était pas prêts, on n'était pas prêts, au niveau du gouvernement, à déposer ce
projet de loi sur la maltraitance, projet de loi n° 101. Bien, on le fait
malgré tout parce qu'on a évoqué la pandémie, hein, à bien des égards, je vous
l'ai dit. Je vous ai dit qu'elle avait le dos large, ça fait qu'il faut bien
faire quelque chose, hein? Il faut bien montrer qu'on fait quelque chose pour
s'occuper de nos aînés. Ça fait qu'on a déposé quand même le projet de loi
n° 101 sans qu'on ait une étude, je l'ai
dit encore ce matin, je le redis, sans qu'on ait eu une étude vraiment sur ce
qui se passait au niveau de la
maltraitance, une sorte d'enquête sur ce qui se passait, d'avoir le portrait
réel sur ce qui se passait dans les CHSLD publics.
Bon,
on peut l'appeler à savoir ce qui se passait au niveau de la maltraitance
organisationnelle, donnons-lui bien le nom qu'on voudra... je pense
qu'on n'a pas le portrait réel. Puis moi, je dis tout le temps : Pour
savoir où on va, il faut savoir d'où on vient. Bien, pour corriger une
situation, il faut être à même de bien la comprendre puis avoir tous les outils
en main. Puis je ne pense pas qu'on les ait en ce moment. Mais je vais faire le
travail en commission parlementaire, faire en sorte qu'on puisse, malgré tout,
avoir le meilleur projet de loi dans les circonstances. Je pense qu'on aurait
été capables de faire beaucoup plus.
Puis, vous savez,
dans mon intervention de ce matin puis dans celle que je vous fais maintenant,
je vais quand même redire quelque chose. On débute, là, on est au tout début,
là, pas encore commencé bien, bien à être dans le coeur de l'action puis à
vraiment regarder article par article. Je vais faire une prédiction puis, je
vais vous dire, j'espère que je vais me tromper. Je souhaite me tromper. Puis
des fois, quand je fais des erreurs puis que les gens me le disent, je l'admets.
Je dirais : C'est vrai, je suis allée trop loin, j'ai fait une erreur. Je
souhaite me tromper, mais je fais la prédiction qu'à la fin du processus on
n'aura probablement pas le projet de loi, ce à quoi les aînés devraient
s'attendre pour qu'on puisse les protéger, ce à quoi, nous, profondément au
fond de nous-mêmes, au-delà de tout, les juristes, les conseillers, les... Tu
ne peux pas aller là, tu ne peux pas faire ci, ça, tu fais ça, ça fait ça, ça,
ça, là. Hein, on entend ça constamment : On ne peut pas, il ne faut pas,
là. Hein, moi, je dis tout le temps : À un moment donné, il se passe de
quoi, puis on dit : La tour «shake». À Québec, quand la tour «shake», là,
c'est parce que c'est spécial en maudit, puis il ne faut pas la faire «shaker»
trop, la tour, parce qu'à un moment donné elle va tomber. Mais je fais la
prédiction suivante, c'est qu'on ne sera pas satisfaits parce qu'on n'aura pas
le projet de loi qu'on aurait pu avoir si on laissait tomber certaines
barrières. Si on laissait tomber : Ah! c'est moi qui gagne, pas toi qui
gagnes. Moi, je l'ai, toi, tu ne l'as pas. Toi, tu sais plus que moi. Moi, je
sais moins que toi, là. Si on laissait tomber tout ça, là, puis qu'on était
capable de dire : Ça prend un projet de loi qui a du mordant, ça prend des
mesures coercitives, puis, des fois, admettre, admettre des erreurs puis, des
fois, admettre : Bien, peut-être que... non, c'est vrai, ça, on ne l'avait
pas, peut-être que ça, si on l'avait fait, on aurait pris une décision autre.
Mais je vais travailler
en collaboration avec mes collègues, comme je l'ai toujours fait. Mais, par le
passé, moi, j'en ai fait, des projets de loi, peut-être pas aussi sensibles que
celui-là, parce que quand on parle des aînés, quand on parle de conditions de
vie, quand on parle questions, on est rendus à faire un projet de loi pour la
maltraitance, là, envers nos aînés, c'est parce qu'ils en subissent, mais j'en
ai fait pas mal, puis je pense que, souvent, on a amené des amendements qui ont
fait la différence, puis, des fois, j'ai souvent plaidé, ça fait la différence.
Des fois, ça n'a pas changé les choses, puis ça, ça fait partie, hein, ça fait
partie de notre travail, des fois, d'emmener des idées, puis ce n'est pas parce
qu'on a raison qu'on gagne, puis ce n'est pas parce qu'on n'a pas raison. Des
fois, des fois, même, on n'a pas raison puis on gagne. C'est un petit peu fou,
mais le monde de la politique, c'est un petit peu ça aussi, hein?
Ça
fait que je vais terminer là-dessus puis je ne prendrai pas tout mon temps. Je
ne suis pas ici pour faire du temps, moi. Je dis ce que j'ai à dire. Un coup je
l'ai dit, c'est fini. Ça fait que, voilà, on va procéder au vote, à moins qu'il
y en ait d'autres qui vont intervenir. On va dire ce qu'on a à dire, mais ça ne
changera rien. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
personnes qui voudraient intervenir sur la motion de la députée de Fabre?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : C'est une intervention, un bloc, ça fait que, donc, je ne
peux pas vous redonner la parole à ceux qui ont déjà parlé.
Est-ce qu'il y a des députés qui voudraient
prendre la parole, qui n'ont pas pris la parole encore qui voudraient prendre
la parole? S'il n'y a pas personne qui veut
prendre la parole, nous allons passer aux voix sur cette motion. Oui, Mme la
députée?
Mme Sauvé :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais demander le vote nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire :
Oui. Alors, pour, contre, abstention. Mme Sauvé (Fabre)?
Mme Sauvé :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Blais (Prévost)?
Mme Blais
(Prévost) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Abstention. Donc, c'est rejeté.
Nous
avons... Nous allons passer... Bien, j'ai une autre question : Est-ce
qu'il y a d'autres motions préliminaires pour notre étude? Oui, Mme la
députée de Fabre.
Mme Sauvé :
Merci, Mme la Présidente. Oui, j'aimerais déposer une deuxième motion
préliminaire.
La Présidente (Mme
D'Amours) : J'aimerais, s'il vous plaît, qu'elle soit déposée au
secrétariat afin qu'on puisse la déposer sur le Greffier.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 09)
(Reprise à 14 h 13)
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
nous reprenons nos travaux. Et je demande à la députée de Fabre de bien vouloir
nous lire sa motion préliminaire.
Motion proposant d'entendre le Comité des usagers de
la Montagne
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
Alors, conformément à l'article 244 du Règlement
de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des relations avec les
citoyens tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 101, Loi visant à renforcer la lutte contre la
maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de
vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité des services de santé et
des services sociaux, des consultations particulières et qu'à cette fin,
elle entende dès que possible le Comité des usagers de la Montagne (le CIUSSS
du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal).»
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je vous rappelle que des motions préliminaires, chaque porte-parole a 30 minutes, ainsi que la ministre, et tout membre de la
commission a 10 minutes, s'ils veulent bien
parler sur cette motion. Donc, je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Fabre pour 30 minutes.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. D'entrée de jeu, je veux vous signifier que le dépôt de cette
motion préliminaire, c'est à la demande de ma collègue de Westmount—Saint-Louis
qui est non seulement responsable des personnes handicapées sur le spectre de
l'autisme, et qui a cette grande sensibilité à ce que la voix de ces personnes
puisse être entendue.
Alors, clairement, on le sait, le projet de loi,
bien sûr, s'adresse aux aînés, mais aussi aux personnes vivant avec un
handicap. Nous avons entendu 16 groupes. Il y a eu des mémoires de
déposés. Ils ont déposé un mémoire, ils ont souhaité être présents aux
consultations, ça a été refusé, et clairement ils portent la voix des personnes
vivant avec un handicap dans leur position, dans leur réflexion.
Sur les 16 groupes qu'on a reçus, puis
c'est très peu, hein, pour parler de la maltraitance, Mme la Présidente,
16 groupes, parce que, lors du projet de loi, qui est devenu loi, n° 115 avec le précédent gouvernement, il y avait eu
32 groupes qui avaient été entendus. Donc, c'est déjà très peu. Mais, en
plus, pour nous parler de la réalité des personnes vivant avec un handicap, il n'y a qu'un seul
groupe qui a pu se faire entendre en consultations
particulières, et c'est la confédération des organismes pour les personnes
handicapées du Québec. Alors donc, c'est pour entendre davantage leurs voix dans une représentativité qui, je pense, mérite
d'être entendue. On souhaiterait vraiment demander que le comité des
usagers de la Montagne puisse être entendu et qu'il puisse faire valoir la voix
de ces personnes.
Maintenant, ceci étant dit, Mme la Présidente,
je me permettrai de rectifier les faits qui ont été... Vous savez, les faits sont têtus, hein? C'est ça l'expression
au Québec. Alors, la ministre, tantôt, a évoqué le fait que,
quand j'ai fait la première motion,
elle a dit, à peu près, là, comme suit, alors j'espère que les mots que je vais
répéter, c'est dans l'esprit de ce
quelle a dit. Mais j'ai bien entendu qu'elle a dit : Il y a une plage
horaire qui s'est dégagée, et, à ce moment-là, l'opposition aurait pu
demander que puissent être présents les premiers groupes qu'on a demandés lors
de la première motion. Je veux rectifier les faits. La négociation entre le
leader du gouvernement et les leaders s'était terminée au moment où il y a eu la plage horaire qui s'est libérée, et
donc, pour nous, il n'y avait pas de possibilité, d'espace pour suggérer,
proposer un groupe pour combler cette plage horaire laissée vacante alors que
la négo était terminée. Donc, je veux juste préciser ça, parce que ce sont les
faits.
Or, ce groupe et d'autres avaient manifesté leur
désir de non pas seulement déposer un mémoire, mais de venir en présence. Et eux ont, bien sûr, fait valoir qu'ils porteraient
la voix des personnes vivant avec un handicap. Alors donc, ce n'était
pas à nous de revenir et de suggérer. Bien sûr, c'était la prérogative du gouvernement,
sachant bien que des groupes voulaient être présents. Il y avait une plage
horaire qui était disponible. Et donc, la négociation étant terminée, donc,
dans cet esprit-là, la rectification des faits, de façon très correcte, je
souhaite le faire en tout respect, mais il n'en reste pas mois qu'il me semble
que, dans l'esprit de cette loi qui vise à entendre, c'est très peu d'avoir
entendu un seul groupe, un seul groupe nous parler des personnes vivant avec un
handicap. Alors, je trouve que notre mérite serait collectivement à cette
commission d'entendre ce partenaire, qui est le Comité des usagers de la
Montagne. Voilà, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y
a-t-il d'autres interventions? Mme la ministre.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Oui.
Alors, c'est vrai qu'on a entendu moins de groupes au niveau des personnes majeures en situation de vulnérabilité. Et
tout le temps de la commission particulière, tout le temps de nos
rencontres, il fallait toujours que je revienne avec ce questionnement qu'on ne
parlait que de personnes aînées et qu'on oubliait les personnes majeures en situation
de vulnérabilité. Je crois... je ne sais pas combien de fois je l'ai mentionné
et, en plus, Mme la Présidente, je vous réitère que, lorsqu'on mentionne que ça a été refusé, c'est qu'on
fait de la politique ici, et les
gens savent comment ça fonctionne, il y a des négociations qui se font avec
les leaders de chaque parti et il y a des choix qui se font, et ces choix-là, bien, écoutez, ils se sont faits préalablement. Après ça, on vit avec les conséquences des choix.
Mais l'important, c'est de prendre en
considération les personnes qui vivent en situation de handicap dans ce projet
de loi et qu'on cesse de ne penser que la maltraitance touche les personnes
âgées, mais qu'elle touche aussi les personnes vulnérables, les personnes en situation
de vulnérabilité, les personnes en situation de handicap, et, dans ce projet de
loi, on va prendre en considération ces facteurs-là.
La députée de Westmount est très sensible, et je
peux la comprendre, là, elle a des enfants qui vivent avec le spectre de l'autisme, puis nous avons aussi une
députée de notre côté, la députée de Soulanges, qui est venue en
politique parce qu'elle voulait améliorer
les conditions de vie des parents puis des enfants qui sont lourdement
handicapés. Alors, on ne peut pas, dans cette salle, faire fi des
personnes en situation de handicap et de cette forme de maltraitance.
Maintenant, j'aimerais, si vous le permettez,
mentionner à la députée de Duplessis que, par rapport au projet de loi sur la maltraitance, elle trouve qu'on a
déposé un projet de loi peut-être trop tardivement. Mais, le 25 avril
2021, elle dit que «ça fait des années que
nous entendons des histoires d'horreur, que nous savons que les aînés vivent de
la maltraitance en hébergement. Après
plus de deux ans en poste, le gouvernement de la CAQ nous apprend que la ministre va attendre à l'automne pour déposer
son projet de loi. Avec un sujet aussi important, pourtant, il
y a vraiment urgence d'agir.» Mais c'est parce que je vous ai écoutée, Mme
la députée. On a donc déposé le projet au printemps, et là nous sommes rendus,
à l'automne, article par article pour le faire avancer.
Mais, si vous le permettez, j'aimerais beaucoup
que la députée de Soulanges s'exprime par rapport à cette question des parents qui vivent avec des enfants
lourdement handicapés ou des adultes, parce
que, là, ça va
toucher les adultes majeurs, les majeurs qui vivent en situation de
handicap. J'aimerais ça qu'elle puisse nous donner son point de vue, si vous le
permettez, et je partage mon temps.
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Mais je rappelle à tout le monde ici que les porte-parole ont
30 minutes sur une motion préliminaire, et... de tous les partis, et ainsi
que la ministre. Et tous les membres de cette commission peuvent aussi avoir un
10 minutes, mais c'est sur la motion préliminaire qu'on est en train de discuter. Alors, si vous avez terminé,
vous ne pourrez pas revenir, parce
que c'est un bloc de 30 minutes.
Vous...
Mme Blais (Prévost) : Mme la
Présidente, je ne vais pas revenir et je vais m'inscrire en faux concernant
cette motion.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Y a-t-il des interventions? Je vais céder la parole à la
députée de Duplessis pour un temps de 30 minutes.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bon, on va commencer avec les propos de la ministre, qui dit que je
l'ai interpellée en Chambre le 24 avril dernier puis lui demander, bon,
qu'elle fasse quelque chose. C'est sûr, après deux ans en poste, je pense qu'il
était temps, il était temps qu'elle fasse quelque chose.
Quand j'ai dit, ce matin, que le projet de
loi... mais, écoutez, si elle l'a fait après la pandémie, moi, je ne sais pas
quand est-ce qu'elle a commencé à travailler dessus, là. Moi, je vous fais
juste vous dire que je trouve qu'il est mal ficelé, je trouve qu'on n'était pas
prêts, je trouve qu'on n'a pas assez entendu de monde en consultation. C'est ce
que j'ai dit, puis je vais maintenir mes propos.
Bon, on va revenir maintenant aux arguments
qu'ils ont plaidé en faveur... qu'on aurait dû écouter le Comité des usagers de
la Montagne du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal par ma collègue
députée de Fabre. C'est vrai, puis ça, je vais donner un bon point à la
ministre là-dessus, c'est vrai qu'elle a fait mention à plusieurs reprises que
le projet de loi ne s'adressait pas juste aux aînés, mais aux personnes qui
étaient en situation de vulnérabilité. C'est
vrai qu'on a tendance, Mme la Présidente, à parler beaucoup des aînés, puis
j'en suis, bon, peut-être parce qu'on m'a donné ce dossier-là particulièrement. Hein, vous savez comment ça
fonctionne dans les différents partis. Bon, vous êtes responsable d'un
dossier, mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas conscients qu'il existe aussi
de la maltraitance chez des personnes vulnérables, entre autres chez les
personnes vivant avec un handicap. Mais, comme la ministre l'a mentionné elle-même à plusieurs reprises, quand on a
entendu les gens en consultation, elle a été obligée quasiment de nous... un peu un rappel à l'ordre,
hein, de nous dire pas juste pour les aînés. Bien, elle avait tout le loisir de dire à son leader... parce que, souvent,
je vous le dis : Ce n'est pas la faute de un, c'est la faute de l'autre.
Puis on dit que c'est les leaders qui décident entre eux qui c'est qui
va être entendu, qui c'est qui ne sera pas entendu, mais, pour ne pas que ça prête à confusion, justement, parce que
c'est vrai, en toute honnêteté, c'est vrai qu'il peut prêter à confusion, le projet de loi, on a tendance à
dire : Bien là, c'est juste la maltraitance chez les aînés, puis ce n'est
pas le cas.
Bien, ce
n'est pas moi qui l'ai rédigé, le projet de loi, Mme la Présidente, là. Ce
n'est pas moi qui en ai eu l'idée,
là. Ce n'est pas moi qui est ministre des Aînés, là. Moi, je fais juste
rappeler certains faits, des fois, puis je fais juste l'interpeller en Chambre pour qu'il y ait quelque chose qui
se passe au niveau des aînés, puis dire : Bien, je pense que vous n'êtes pas sur les bons picots, hein, comme
on dit. Puis on pourrait en jaser longtemps ici, là, mais on n'est pas
là pour ça, on est là pour parler du projet de loi.
Mais c'est elle qui le faisait avec son équipe.
C'est elle, la ministre, qui est leader. C'est elle qui est responsable, même si, aujourd'hui, qu'on
dit : Il n'y a plus personne d'imputable, il n'y a plus personne de
responsable, là. Vous savez, moi, je n'étais pas ici,
mais je me suis fait raconter qu'il y a des ministres péquistes, là, qui ont
démissionné pour bien des petites affaires, puis après, bien, quand les
libéraux sont arrivés, il faut bien que j'en parle un petit peu, bien, il ne se
passait rien, personne ne démissionnait, personne n'était imputable, puis on
aurait dit que ça a pris cette tendance-là. Bon.
Ceci étant, quand vous êtes ministre, vous avez
des responsabilités, vous êtes ministre, un ministère... puis là, entre autres,
bien là, ici, c'est la ministre des Aînés. Mais, dans son projet de loi, il me
semble, écoutez, si je suis dans l'erreur,
bien, elle va sûrement trouver une autre occasion, quand elle va avoir la
parole, de me le dire, mais il me semble que j'aurais dit à mon équipe
et à ceux qui étaient du côté juridique : Bien, voyez-vous, là, c'est
parce que maltraitance au Québec, ça suffit, là, puis c'est vrai, les aînés...
les aînés, parce qu'on a entendu souvent... par rapport à ça aussi, on a
entendu souvent des histoires d'horreur, hein? À la télévision, c'est beaucoup
les aînés qui étaient concernés puis le système public. Mais je m'excuse, ma
gang, là, mais c'est parce que ça concerne aussi les personnes vulnérables,
entre autres les personnes qui vivent aussi avec un handicap. Je leur aurais
dit : Bien, c'est parce qu'il faut qu'on les entende, ces personnes-là,
deux fois plutôt qu'une, justement, parce qu'on a tous tendance ici... c'est
malheureux, mais ils vont en profiter, là, si on le bonifie, le projet de loi.
Toute la société au complet va profiter de la bonification si on réussit à le
faire. Mais il me semble que j'aurais dit : Je veux les entendre davantage.
C'est une idée comme ça puis c'est vrai, à un moment donné, quand on dit à un
groupe, là : Bon, écoutez, on n'en entendra pas d'autres, hein, parce
qu'ici il ne faut jamais changer les règles quand elles sont établies, puis, un
coup que la commission a commencé... Bien, voyons donc! C'est sûr qu'on ne peut
plus entendre de groupe, ça a été décidé, c'est ainsi. C'est fou un petit peu
parce que c'est comme dire : On prend cette direction-là, là, on sait
qu'elle n'est pas bonne, bien, je vais la prendre pareil, on va la prendre
pareil.
Puis pourtant la ministre, savez-vous quoi, Mme
la Présidente? Elle fait partie d'un gouvernement, elle fait partie d'une
nouvelle formation politique. Anciennement, elle était chez les libéraux, maintenant,
elle est rendue à la Coalition avenir Québec avec le même ministère. Elle est
rendue dans un gouvernement qui est un jeune parti. La Coalition avenir Québec,
là, c'est n'est pas vieux, ce n'est pas un vieux parti, qu'il disait qui était
là pour changer les choses, faire autrement. Ce n'est pas juste là qu'on le
voit, là. Ils ont bien des occasions de changer les choses puis de faire
autrement puis ils ne changent pas les choses puis ils ne font pas autrement.
Puis, comme je vous l'ai dit, on s'en reparlera
à la fin de la commission si on va avoir vraiment réussi à changer avec ce
projet de loi là. Mais désolée pour ma collègue députée de Fabre, désolée pour
le Comité des usagers de la Montagne qui n'a pas été entendu puis il ne sera
pas entendu. Puis, même'il y en avait eu d'autres, ils n'ont pas été entendus
puis ils ne seront pas entendus parce que c'est ainsi que ça a été décidé. Ça
fait que, quand bien même que je plaiderais pendant une demi-heure, ils ne
seront pas plus entendus, hein, parce que les règles sont ainsi, les choix ont
été faits de cette façon, puis ça ne changera pas.
Mais, encore une fois, je l'ai dit à quelques
reprises, hein, qu'il y avait eu des occasions ratées de la part de la
ministre, mais, cette fois-ci, c'est une occasion ratée de la part de la
ministre d'avoir entendu plus qu'un groupe, plus qu'un groupe venir nous
sensibiliser davantage à la situation des personnes vulnérables, avec la
situation des personnes vivant avec un handicap, que la maltraitance, ça les
touche aussi. Voilà, Mme la Présidente, c'est désolant, mais c'est ainsi.
• (14 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de
Soulanges, vous avez un bloc de 10 minutes.
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Bien sûr,
j'aimerais réagir. La ministre m'a interpellée tantôt. Je pense que, tout au
long des consultations particulières, on a entendu plusieurs groupes, dont la
COPHAN, le curateur et l'Office des personnes handicapées
du Québec. Donc, tout au long de l'étude détaillée, moi, je vais rester avec vous aussi pour porter la voix des personnes
handicapées. Je pense qu'article par
article je vais être là pour eux puis je vais toujours penser à eux. Et je
crois qu'ils le savent très bien, les
organismes. J'ai des bons contacts avec eux aussi. Donc, je suis ici pour
porter leur voix.
Et, en terminant, je voulais aussi rappeler que
Mme la ministre a remis un amendement aussi, là, pour changer le titre du
projet de loi pour qu'il soit plus inclusif, donc je voudrais le porter à votre
attention, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer aux voix cette motion. Oui, Mme la députée
de Fabre.
Mme Sauvé : Je vais demander un
vote par appel nominal, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Présidente (Mme D'Amours) :
D'accord, merci. Donc, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Sauvé (Fabre)?
Mme Sauvé : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Blais (Prévost)?
Mme Blais (Prévost) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard : Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Abstention. Donc, c'est rejeté. Nous passons maintenant à l'étude détaillée du
projet de loi... Est-ce qu'il y a d'autres motions? Pardon, il faut que je pose
la question. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires?
Étude détaillée
S'il n'y a pas d'autre motion préliminaire, nous
passons maintenant à l'étude détaillée du projet de loi. Avant de débuter
l'étude de l'article 1 du projet de loi, est-ce qu'il y a des
interventions? Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Conformément à l'article 245 de notre règlement, nous
demandons à ce que le projet de loi soit étudié article par article, alinéa par
alinéa, paragraphe par paragraphe.
La Présidente (Mme D'Amours) : Très
bien, merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Mme Blais (Prévost) : Oui,
j'aimerais déposer un amendement pour l'article 0.1.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que vous l'avez déposé au Greffier? Si c'est déjà déposé, alors vous
pouvez en faire la lecture, Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Blais (Prévost) : À
l'article 0.1. Premièrement, le projet de loi n° 101,
c'est la Loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance
envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité
ainsi que la surveillance de la qualité des services de santé et des services
sociaux. L'amendement, le titre de Loi visant à lutter contre la
maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de
vulnérabilité :
Insérer, avant l'article 1 du projet de
loi, le suivant :
«0.1. Le titre de la Loi visant à lutter contre
la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation
de vulnérabilité est remplacé par le suivant :
«Loi visant à lutter contre la maltraitance
envers les aînés en situation de vulnérabilité et les autres personnes majeures
dans une telle situation.»
Cet
amendement vise à modifier le titre de la loi afin d'apporter une clarification
quant à sa portée, c'est-à-dire que les mesures qui y sont prévues s'appliquent
autant aux aînés en situation de vulnérabilité qu'aux autres personnes majeures
en situation de vulnérabilité. Il répond ainsi aux différents commentaires
reçus à cet effet.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé? Mme
la députée de Fabre.
Mme Sauvé :
Écoutez, je l'ai lu, et relu, et relu parce que je voulais être certaine de
bien comprendre. Alors, mes premières interventions vont peut-être... de
demander à la ministre de nous clarifier certains aspects, parce qu'il me
semble que ce n'est certainement pas anodin, cet amendement-là, mais vraiment
pas.
Je répète, là, le début de la loi... du titre de
la loi actuelle puis je vais le comparer à nouveau avec ce qui nous est
proposé. Donc, le projet de loi tel qu'il a été déposé au mois juin : Loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance envers les aînés — tous
les aînés — et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité ainsi que
la surveillance... et la suite. Donc, clairement, là... Puis je sais que
l'intention de la ministre, en redéposant un projet de loi, c'était d'aller un
pas en avant, de faire en sorte qu'on protégeait encore davantage, pour
reprendre ses expressions, avec plus de mordant les aînés et contrer
davantage la maltraitance. À chaque fois, c'était une intention de protéger
davantage tous les aînés. C'était le titre, c'était l'intention, c'étaient les
propos, c'étaient les interventions de la ministre à chaque fois.
Et là
l'amendement déposé ce matin, là,
bien, si je le lis bien, ça vient complètement changer la donne, Mme la Présidente. Là, on est en train de dire : Ce ne sont
plus tous les aînés qu'on va protéger avec cette loi-là. Le changement de titre, ce n'est pas un jeu de mots,
là : Loi visant à lutter
contre la maltraitance envers les aînés — mais
certains aînés — en situation de vulnérabilité et les autres personnes majeures dans une
telle situation. Alors, écoutez, pour moi, là, c'est un
recul. C'est quand même assez considérable, là.
Alors,
moi, là, je prends des grands-parents, des aînés qui sont dans une résidence,
une RPA qui sont autonomes et puis qui font... qui ont un quotidien en pleine autonomie et capables
d'autodétermination, et là ils vivent de la maltraitance financière, ils
sont victimes de fraude. La loi, avec ce nouveau titre, ne les protège plus, ne
les couvre plus? Alors, pour moi, là, c'est vraiment... On recule par rapport à
la loi actuelle, là, on recule par rapport à la loi n° 115.
Alors, ma première intervention,
parce que je vais avoir beaucoup de questions là-dessus, mais est-ce que j'ai bien compris, Mme la Présidente? On est-tu en
train de prendre un recul sérieux à ne plus protéger tous les aînés du
Québec?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) :
Bien, on a entendu plusieurs groupes, dont le Curateur public. D'ailleurs, il y
a une nouvelle loi, avec le Curateur public, de parler d'autodétermination des
personnes qui sont en pleine autonomie.
Ce projet de loi, Mme la
Présidente, ne vise pas seulement les CHSLD, il couvre beaucoup plus
large : les ressources intermédiaires, les ressources de type familial,
les résidences privées pour aînés où on retrouve des personnes autonomes. Et le
Curateur public, entre autres, est venu nous dire : Faites attention, vous
ne pouvez pas faire un signalement sur une personne sans son consentement quand
elle est autonome. Et c'est la raison de ça. Ce projet de loi vise les
personnes en situation de vulnérabilité.
Et, si vous le permettez,
j'aimerais que notre juriste, Me Lavoie, puisse donner plus d'informations à la
députée de Fabre.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce que j'ai le consentement pour que Me Lavoie nous
parle? Alors, vous avez la parole, maître.
Mme Lavoie (Térésa) :
Oui. Alors, Térésa Lavoie, du ministère de la Justice, affectée au ministère de
la Santé et des Services sociaux. En fait,
l'objectif de l'amendement, c'est vraiment une clarification, là. L'objet de la
loi, la portée de la loi, a toujours été de
viser les aînés en situation
de vulnérabilité et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité. Après des discussions avec le ministère puis
des gens de terrain, on comprenait qu'il y avait une ambiguïté, justement, par rapport à l'objet de la loi. Et la
correction ou la modification, justement, vise à venir clarifier cet
élément-là.
D'ailleurs, je pourrais vous
référer, là, au préambule de la Loi visant à lutter contre la maltraitance, le
troisième considérant, où on mentionne : «Considérant que le Québec
est l'une des sociétés où le vieillissement de la population est le plus marqué
dans le monde et que certains aînés sont des personnes en situation de
vulnérabilité.»
Donc, la définition de «personne en situation de
vulnérabilité», elle, dans la loi, elle ne sera pas modifiée, là. Elle va avoir
encore une portée générale. Mais l'intention, le projet de loi, son objet a
toujours été de viser les aînés en situation de vulnérabilité et les autres
personnes majeures en situation de vulnérabilité.
Là, le but de l'amendement, c'est vraiment de
clarifier cette espèce d'ambiguïté là qui avait été posée sur le terrain, puis voilà pourquoi l'amendement est
présenté aujourd'hui, là, pour clarifier le titre. Puis on va apporter un
autre amendement aussi à l'objet de la loi pour venir également, là, clarifier
cela. Donc, c'est ça. C'est sûr que... Voilà, c'est ça, l'explication.
• (14 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Me Lavoie. Donc...
Mme Blais (Prévost) : Oui.
Bien, c'était vraiment, Mme la Présidente, pour répondre vraiment au Curateur
public pour s'arrimer avec sa loi, toute la question de l'autodétermination de
la personne autonome, parce que c'est ça, autonome, qui est capable de prendre
ses décisions. Et je me souviens d'avoir dit en commission parlementaire :
Bien, est-ce que c'est, par exemple, une personne qui est plus âgée, qui est
autonome, puis son petit-fils lui demande beaucoup de sous? Elle le sait qu'il
lui demande beaucoup d'argent, mais elle le fait parce qu'elle aime son
petit-fils. C'est pour elle. Elle ne veut pas dénoncer cette situation. Puis ça
arrive.
Alors, pour
ne pas s'immiscer dans la vie des personnes qui sont entièrement autonomes, on
a voulu vraiment faire cette distinction, mais c'est sûr que le projet
de loi s'adresse à toute personne majeure en situation de
vulnérabilité.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de
Fabre.
Mme Sauvé : Écoutez, j'ai l'impression que, dans cette commission, je vais avoir à
travailler très fort pour ramener les faits. Alors, je vais le faire encore une
fois, là. Ce que le Curateur public a dit clairement quand il a parlé d'autodétermination, ça ne concernait que la
dénonciation obligatoire, pas
l'ensemble de la protection que la nouvelle loi doit apporter à
l'ensemble des aînés.
Donc, il faut faire bien attention, là. Puis
j'espère que je n'aurai pas toujours à rectifier les faits de cette façon-là. C'est
des débats excessivement sensibles, et je suis la première à respecter... à
vouloir qu'on respecte la dignité des personnes aînées qui sont autonomes, qui
sont capables d'autodétermination, mais, ces personnes-là, on doit préserver leur accès à une pleine protection
avec une nouvelle loi qui est déposée. Et je veux bien, là, puis
j'entends les propos et l'argumentaire qui vient dire qu'on clarifie. Je
m'excuse, mais, dans les mots, là, dans le libellé... puis j'entends l'argumentaire juridique, mais,
clairement, avant, c'était la Loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance
envers les aînés, tous les aînés. Je veux dire, il n'y a pas sujet à
interprétation là-dessus, c'est «envers les aînés». Et là on précise «et toute autre personne».
Alors, moi, je reviens à mon
grand-papa, dans sa RPA, qui est capable d'autodétermination et qui ne fera
peut-être pas l'objet du signalement obligatoire, mais il a droit à toute la
protection d'une nouvelle loi lorsqu'il vit de la fraude, de la maltraitance
sous toutes les formes qu'il peut y avoir. Et je ne suis absolument pas
convaincue, à entendre les arguments, avec ce nouveau titre qu'on est en train
de préciser... qu'on est en train d'exclure des aînés autonomes qui pourraient
être protégés avec ce nouveau projet de loi. Moi, là, on va me donner d'autres arguments
de plus, Mme la Présidente, parce que ce n'est pas vrai que je vais accepter ça
ici, être assise puis penser qu'on est en train d'exclure un grand nombre
d'aînés qui méritent d'être protégés.
Signalement obligatoire, c'est une
chose. Le Curateur public a été très éloquent à faire la précision de se dire : On favorise l'autodétermination quand
il s'agit du signalement obligatoire. Attention! Respect aux aînés. Les
aînés peuvent prendre des décisions. On respecte ça. Mais c'était dans le cadre
de l'aspect précis signalement obligatoire. Mais il n'a jamais, jamais fait son
plaidoyer en parlant que ces aînés ne devaient pas être protégés par une
nouvelle loi. Moi, je vous le dis, là, il va falloir qu'on me donne d'autres
arguments. Ça ne passe pas.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) :
Mme la Présidente, c'était déjà le cas dans la loi actuelle. Il faut lire «les
aînés en situation de vulnérabilité». La loi
touchait les CHSLD, les aînés en situation de vulnérabilité. Puis
«autodétermination», je vais vous lire la définition. C'est : «[L'action]
de décider par soi-même, pour soi-même.
«Cette valeur reflète l'importance
des droits des usagers dans le choix des soins et des services, ainsi que le
devoir d'obtenir leur consentement dans toutes les étapes de gestion de situations
de maltraitance en dehors des situations qui satisfont aux conditions de
signalement obligatoire ou de divulgation d'information. Il est essentiel d'impliquer les usagers dans le processus de
prévention et de résolution des situations de maltraitance en vue de développer ou
d'améliorer leur capacité à prendre des décisions.»
L'autodétermination
est centrale. C'est un principe à retenir puis ça vise à développer ou à
renforcer l'autonomie décisionnelle de ces personnes.
Moi, Mme la Présidente, là, je suis une aînée.
Je suis une aînée, j'ai 71 ans, je vais avoir 72 ans et je suis capable de prendre les décisions par moi-même. Si
je me sens maltraitée, je serai capable de le dire. Je ne me sens pas comme une personne âgée en situation
de vulnérabilité. Alors, je veux simplement dire à la députée de Fabre
que la loi qui existe actuellement visait les aînés en situation de vulnérabilité. Alors, ce n'est pas un recul, c'est même une
précision.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Duplessis.
Mme Richard : Mme la Présidente,
bon, ce ne sera pas nouveau, là, mais je suis en total désaccord avec la ministre.
Moi, là, je n'aime pas ça du tout, là, quand elle dit : Ça n'a pas de
logique. Bon, je suis une aînée, je suis complètement autonome, je suis capable
de me défendre. Bien, si c'est ça, on ne ferait pas des lois pour protéger les
femmes qui subissent de la violence conjugale. Elles sont autonomes, elles sont
capables de se défendre. Voyons donc! Aïe! Ça n'a pas de bon sens, là. Ça n'a
pas de bon sens.
Pourquoi on fait des lois pour protéger des
personnes? Il y a bien des personnes qui seraient capables de se défendre. On
fait des lois quand même pour les protéger. Et de venir enlever... Il n'y a
jamais rien d'anodin dans un projet de loi, hein? Ça fait bien longtemps, en
passant, que je n'en ai pas fait, là. J'étais sur la commission Laurent puis,
précédemment, j'étais présidente de la commission, ça fait que je n'étais pas
sur les projets de loi. Mais je sais... Par
contre, je sais ceci, que chaque mot est extrêmement important, «peut»
ou «avait», et, des fois, juste des petits mots comme ça font toute la
différence. Puis ça ne marche pas, là, ça ne marche pas, parce qu'on est une
personne autonome, qu'on n'a pas besoin d'être protégé.
Je viens de
vous donner la comparaison avec une femme qui subit de la violence conjugale.
Elle est autonome, elle est capable
de parler, pourquoi est-ce qu'elle ne va pas se défendre? On fait des lois, on
renforce notre système judiciaire, on le rend accessible pour qu'il
puisse avoir les moyens de dénoncer que ce soit facilitant, puis là on va faire
des lois pour protéger nos aînés, là, on parle des aînés, c'est les personnes
vulnérables. Puis là, on va dire, on va protéger nos aînés, là, on va spécifier
dans la loi, on va juste protéger nos aînés qui sont en situation de vulnérabilité.
Je vous l'ai dit, je ne
suis pas une experte, je suis moins habilitée avec le projet de loi que je l'ai
déjà été. Mais par contre moi, je me souviens, c'est pas mal ça, ma mémoire est
encore assez bonne, là, je me souviens d'avoir entendu, je ne sais si c'est
l'Ordre des comptables qui sont venus sur... on a précisément, là, deux
personnes qui sont venues dire : Oui, mais nous, là, des fois, on se rend
compte qu'il y a des aînés qui peuvent, hein, être abusés d'une certaine façon,
ça s'appelle la maltraitance financière. Des fois, oui, ils peuvent bien
décider de donner pas mal d'argent à leur petit-fils ou à leurs proches, peu
importe, d'autres fois, ils le font sous la contrainte. Puis nous, des fois, on voit des histoires comme ça, on
a même parlé de la maltraitance financière, que ça existait. Savez-vous
quoi? On aimerait être capable de faire lever le secret professionnel, parce qu'il
y a un code de déontologie, un code de leur déontologie ne leur permet pas,
hein... d'une ligne abus, ou je ne sais pas trop, il y a tellement de lignes maintenant.
Un endroit où est-ce qu'on pourrait dire : On pense que cette personne-là,
là, il se fait de la maltraitance financière, il y a de l'abus. Puis là on
vient donner une comparaison complètement qui va à l'encontre de ce que c'est
qu'on a entendu. Là... Puis on commence, là, on commence, premier article.
Écoutez, la situation, là, elle ne mérite pas que je «rise» de la situation
parce que c'est horrible, là, mais c'est un ridicule consommé en mautadit, là.
On commence, on commence, là.
• (14 h 50) •
Tout ce qu'on a dit avant, là, pour les gens qui
nous écoutent, on a plaidé, là, là on est au coeur du projet de loi, parce que
ça, là, c'est encore un projet, puis, quand on va l'avoir étudié article par
article, qu'on va l'avoir voté, puis probablement que tout ce qu'on va amener
comme opposition ne fonctionnera pas, parce qu'on ne fait pas la majorité, va
être refusé, à moins que ce soit extrêmement pertinent, là il va nous
l'accorder, c'est avec ça, là, que les gens... on va avoir cette loi-là, qui
vont vivre puis qui vont essayer de les faire vivre. Ça fait qu'on commence
avec le titre puis, déjà, on veut le changer. J'ai beaucoup de respect, vous
savez, Mme la Présidente, pour les juristes. Je peux vous dire que j'en ai
connu quelques-uns dans ma vie. Ça fait pas mal d'années que je suis ici. Puis
c'est arrivé, oui, c'est arrivé qu'on leur fasse prendre la parole, souvent
même dire : Expliquez-nous-les... Malgré vos compétences, qu'on ne met pas
en doute, là, malgré votre bonne foi, là, ce n'est pas ça, pas du tout, qu'on
veut que ça reflète, le projet de loi. Puis c'est arrivé à maintes reprises.
Je vais écouter la ministre, mais elle va avoir
besoin d'avoir des arguments plus solides que dire : Ils sont autonomes
puis ils sont capables de dénoncer, là. Moi, ça, là, si c'est l'argument qu'on
nous donne pour changer le titre, puis ajouter les aînés en situation de
vulnérabilité, là, vous avez bien entendu... une personne qui nous écoutent un
jeudi après-midi, 2 h 55, là, pour changer le titre, là, la ministre,
sa raison, c'est que, quand on est une personne autonome, on n'a pas besoin
bien, bien d'être protégée. Il faut être vulnérable.
Moi, je pense que beaucoup de personnes, surtout
les aînés, qui ont besoin d'être protégées, peut-être encore bien plus quand
ils sont en situation de vulnérabilité... si on veut aller loin, là, ma
collègue a donné, puis la ministre aussi, puis les faits qui peuvent arriver,
entre autres, qu'une personne délie les cordons de la bourse sous de la pression ou, écoutez, juste avec des bonnes
intentions, mais j'ai entendu ça, moi, j'ai entendu ça que, des fois, il y
avait des personnes qui étaient
proches puis qui trouvaient que ça s'apparentait pas mal à de la maltraitance
financière. Ça fait que, tu sais,
oui, ils sont autonomes, mais il existe quand même de la pression, puis ce
n'est peut-être pas sain, ce qui se passe.
Bien là, non, vous êtes autonome, pas besoin.
Vous ne cadrez pas dans notre loi, là, pour vous protéger. C'est un peu ça le message que ça envoie, là. Mais je
vais aimer, Mme la Présidente, qu'on m'explique davantage, là, ou que la
ministre le dise très clairement... je ne pense pas, là, même si ça ne plaît
pas souvent, ça déplaît plus qu'autrement, là. Je n'ai jamais aimé les choses,
moi, qui ne sont pas très, très, très claires, parce qu'après on vit avec pour
très, très, très longtemps.
Puis, en politique, politique, pas tous les
politiciens, pas tous les partis, mais, des fois, on a tendance à ça, hein? Le
politique, c'est pour ça aussi que plus personne ne nous croit, hein? Elle dit
le contraire de ce que c'est réellement. Bien là, moi, je vais demander à la
ministre qu'elle soit très, très claire, très, très claire. Moi, je n'ai pas de
problème à ce que la juriste intervienne des fois, là, pour complément
d'information puis qu'elle nous donne plus d'explications, là. C'est la ministre,
là, c'est elle qui chapeaute le projet de loi. Moi, je lui demande, là, qu'elle
me dise sincèrement, là, si elle croit
que, parce qu'une personne est
autonome, une personne aînée, là, on parle des personnes aînées, on est
là-dessus, là, on va peut-être trouver d'autre chose tantôt, là, qu'une
personne aînée autonome, à 90 ans, à 72 ans, peu importe, peu importe
l'âge, autonome, n'a pas besoin d'être protégée. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
tout d'abord, le Curateur public a été assez clair quand il est venu en
commission parlementaire. Je ne le sais pas pourquoi, personne n'a soulevé le
fait qu'il a parlé d'autodétermination. Et là je vais vous lire un extrait du
mémoire de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse : «La commission accueille favorablement ce projet de loi. Elle
salue tout particulièrement le fait que celui-ci valoriserait le respect de l'autonomie de la personne en situation de
vulnérabilité. Pensons par exemple aux dispositions qui prévoient que le
suivi donné à toute plainte ou signalement devrait privilégier l'implication de
la personne victime de maltraitance à
chacune des étapes, et aux articles qui préciseraient que dès que le
déclenchement d'un processus d'intervention concerté est envisagé, la
personne en situation de vulnérabilité doit être informée des actions qui
pourraient être entreprises, de l'appui dont elle pourrait bénéficier et des
suites à entrevoir. Toutes ces mesures contribueraient, de l'avis de la
commission, à favoriser l'atteinte d'un équilibre entre le droit de la personne
en situation de vulnérabilité d'être protégée contre toute forme d'exploitation
et le respect du droit à la liberté, du droit à la sauvegarde de la dignité et
du droit à l'information.»
À
l'article 2, à l'alinéa quatre, on dit : «"[Une] personne en
situation de vulnérabilité" : une personne majeure dont la capacité
de demander ou d'obtenir de l'aide est limitée temporairement ou de façon
permanente, en raison notamment d'une
contrainte, d'une maladie, d'une blessure ou d'un handicap, lesquels peuvent
être d'ordre physique, cognitif ou psychologique...» Si une personne
agit sous la contrainte, elle est vulnérable. Mais une personne qui est victime, qui se sent victime de maltraitance,
autonome, a tous les leviers, dans cette loi-là, pour être en mesure
d'agir.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard :
Écoutez, je ne sais pas si on va s'en sortir, là, mais je pense que plus on
avance, plus ça ne marche pas, là. Je ne
pensais jamais entendre ça aujourd'hui, en tout cas, je ne pensais jamais
entendre ce que j'entends, là. Je veux bien, moi, que la ministre, elle
se réfère à ce qu'elle a entendu, on le fait souvent, nous autres aussi, là. Tu
sais, on a entendu telle chose, là, puis...
J'ai bien du respect pour certaines organisations. Mais, de ce que je
comprends, moi, là, écoutez, l'autonomie des personnes âgées, là, je trouve ça
merveilleux. Ils sont autonomes, ils peuvent choisir ou ils peuvent dire :
Non, non, ça ne marche pas, là, je m'excuse, hein? Ils peuvent même dire :
Tes rôties, à matin, sont pas mal froides, hein? Ça fait plusieurs fois que je
sonne, puis je... tu sais, tu n'es pas venu. Ils peuvent dire ça aussi. Ils ont
le droit au respect, à la dignité. Ils ont le droit de faire des choix, malgré
qu'on ne leur en offre pas beaucoup, hein? Rendu à un certain âge, dépendant de
votre condition, là...
Vous savez...
personnes âgées, là, je ne suis pas gériatre, hein, c'est que c'est complexe,
un peu. Vous pouvez être autonome, faire vos choix. Par contre, vous pouvez
avoir perdu de l'autonomie au niveau physique, hein, vous pouvez avoir de la
difficulté à vous déplacer, tout ça. On peut parler de situations de
vulnérabilité. Vous pouvez être vulnérable. On pourrait élaborer longtemps, là.
Vous pouvez demander des experts, même, qu'ils viennent nous éclairer ici, là.
Être vulnérable, être vulnérable... Est-ce que je suis vulnérable si je subis
l'intimidation? Est-ce que je suis vulnérable si je subis des menaces? Est-ce
que je ne deviens pas vulnérable, est-ce que je ne deviens pas affaiblie de par ma condition? Est-ce que je ne
deviens pas une personne... Je suis autonome, mais est-ce que je ne
deviens pas une personne en dépression? Hein? On pourrait en jaser longtemps,
là. Si on va sur ce terrain-là, moi, je vais demander des experts à l'autre
bout, là, parce que, là, on s'embarque sur un terrain extrêmement glissant, là,
très glissant.
• (15 heures) •
Moi, ce que je
comprends, Mme la Présidente, là, qu'une personne âgée qui a sa pleine... on va
se dire ses pleines capacités au plan physique, intellectuel, qui est
complètement autonome, là, elle veut être capable de faire des choix puis elle
ne veut pas que les autres lui donnent le... lui disent : Tu vas faire tel
choix pour moi, je suis capable, je m'assume, là. Voyons donc! Hein? Je pense
que, nous autres, là, Mme la Présidente, en tout cas, je vais parler pour moi,
ma génération, je pense qu'on va être encore un petit peu plus difficiles que
nos aînés qui sont hébergés, hein? On ne s'en laissera pas imposer facilement.
On aime ça, c'est comme ça que ça marche, puis ça, on veut ça puis on veut ça.
Mais là, si je comprends que, pour nos aînés, on ne peut pas avoir une loi qui
les protège contre la maltraitance parce qu'ils sont autonomes, ça fait qu'ils
n'ont pas besoin... il faut... on ne peut pas, là... En réalité, c'est ça que
ça dit, là. Comme on ne veut pas les inclure, on dit : Bien, c'est les
aînés, mais les aînés vulnérables. Vous autres, là, que vous soyez un aîné soit
autonome, vous êtes dans une résidence privée pour aînés, comme mon collègue
disait ce matin, hein, vous payez des fois le très fort prix.
Je vais donner un
exemple : très fort prix, vous n'avez pas de famille, vous n'avez plus de
place où aller parce que la petite RPA que vous avez, là, avant, là, vous étiez
logé là, elle a fermé ses portes à la dernière minute. Ça fait que vous avez tout
décaissé ce que vous aviez, là, en banque, là, vous avez dit : Moi, je
vais me payer, je vais me payer, là, la meilleure. Ça vous coûte cher, très
cher. Vous êtes là. Vous savez que vous n'avez même plus d'autres places, là,
pour aller. Savez-vous quoi? Vous subissez une sorte de maltraitance en cette
résidence. Elle peut s'exercer sur bien des formes, la maltraitance, puis tout
le monde, on le sait ici, là. Bien, parce que je suis autonome puis que j'ai
les moyens de payer, je suis autonome financièrement puis je suis capable de...
écoutez, de me défendre, puis tout, mais, mais qu'il y ait une situation, là,
tu sais, parce que je ne suis pas considérée comme une personne vulnérable,
bien là, si on s'embarque dans ça, là, savez-vous quoi, ce que je vais dire à
la ministre? Bien, je vais dire : On devrait fermer les livres, Mme la
ministre. On va refermer les livres, là, puis on va commencer une consultation, là, parce que moi, je vais avoir
besoin de savoir où est-ce qu'on s'en va, là. Bien, moi, je décroche, là.
Je n'ai pas commencé puis je décroche, là,
je vous le dis, là, puis je ne fais pas de la frime, je décroche puis pas à peu près,
là.
Si je suis la même
logique, là, puis dites-moi-le si je suis dans le champ, on voit aux nouvelles
une madame, elle est autonome, elle est
belle, elle paraît bien, elle a deux enfants, elle a subi de la violence physique. On en a entendu, là, Mme
la Présidente, des personnes qui n'étaient pas vulnérables bien, bien, là,
hein, dans toutes... dans toutes les catégories de notre société, on peut faire
ça par catégorie dans toutes les sphères de notre société, des personnes
connues du public, des personnes avec des moyens. Ce n'est pas tout le temps,
là, du monde qui est pauvre, là, qui subit
de la maltraitance, là, puis ce n'est pas tout le temps, là, la femme, là, qui
est malprise, là, puis qu'elle n'a même pas un secondaire I, là,
qui subit de la violence physique, là. Bien, parce qu'elle est autonome, on
n'aurait pas mis les filets qu'on a mis de sécurité pour ces personnes-là.
Bien, bien, bien, expliquez-moi quelqu'un, là. Aïe! Oupelaïe!
Moi, je pense que je
ne ferai pas longtemps dans cette commission-là. Ça n'a pas de maudit bon sens!
Je ne comprends plus, je ne comprends plus puis je suis sérieuse, là. Au
pire-aller, là, au pire-aller, il y avait des choses qui n'allaient pas bien dans le projet de loi, là,
mais là en commençant. Puis là c'est parce qu'on a entendu ça, puis là ça
ne peut pas, là, par rapport à telle... puis
là c'est l'autodétermination puis... Aïe! on va-tu s'en sortir à un moment
donné, là? Je veux bien, là, moi,
qu'il y ait des règles à suivre puis je veux bien, là, qu'il y ait des gens qui
nous en disent, des affaires, puis qu'au niveau juridique on ne peut pas
faire n'importe quoi, là, puis qu'on ne peut pas placer n'importe quoi dans un
texte de loi.
Écoutez-moi bien, là,
puis, si je n'ai pas raison, là, dites-moi-le. Dites-le-moi, Mme la Présidente,
si je n'ai pas raison. La ministre, elle a travaillé un projet de loi. Elle a
dit qu'elle n'avait pas eu le temps de tout faire comme elle aurait voulu à
cause de la pandémie. En tout cas, c'est ça, je pense que j'ai bien entendu. On
pourra ressortir les extraits. D'ailleurs, je l'ai déjà fait à l'occasion avec
la ministre, je lui ai sorti un verbatim pour lui dire ce qu'elle avait dit
dans une situation. Je suis capable de le faire encore. Elle n'a pas eu trop de
temps, mais elle a fait de son mieux. Comment ça fait de temps que ce titre-là,
il existe, là? Combien ça fait de temps que ce titre-là, il existe, là? Ce
n'est pas sorti d'à matin, là, hein? La preuve, c'est que, souvent... même
avant il était sous une autre forme, le projet de loi, qu'on met nos initiales,
na, na, na, à la fin pour dire : Ah! il est fini, il est adopté, on le garde
en souvenir. Puis là, tout d'un coup, on est rendus, là, on va changer le
titre, mais pas pour l'améliorer, là, pour le diminuer. Bien, moi, je pense que
je n'ai plus rien à dire, là, regarde. Je me demande comment on va se sortir de
ce projet de loi là. Je me le demande. Je ne comprends plus, je ne comprends
plus du tout, du tout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, voulez-vous intervenir?
Mme Blais (Prévost) : Oui. Bien,
c'est parce qu'on a écouté la Commission des droits de la personne, des droits de la jeunesse, le Curateur public. Puis la
lutte à la maltraitance envers les personnes en situation de
vulnérabilité, dont plusieurs sont des
aînés, plusieurs sont des aînés, est au coeur des préoccupations du Curateur
public, et, dans son mémoire, il
mentionne : «...qui a pour effet de priver les personnes qui sont visées
de leur autonomie et du droit à [leur autodétermination] sur leur propre
personne, va à l'encontre des principes mis de l'avant par la Loi visant à
mieux protéger les personnes en situation de vulnérabilité qui a
été sanctionnée en juin 2020.»
Quand on fait des modifications,
quand on apporte des amendements, c'est parce qu'on a écouté, en général, des personnes qui sont venues, des organismes,
ici, en commission. Et si, Mme la Présidente, les personnes acceptent,
j'aimerais céder la parole à M. Vincent Defoy, qui est le directeur
du bureau des aînés et des proches aidants, qui va peut-être pouvoir éclairer
davantage ce qu'on entend ici par ce changement et la vulnérabilité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que j'ai... Oui, parfait. Monsieur, à vous la parole.
M. Defoy (Vincent) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. En fait, là, le...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.,
pouvez-vous vous présenter, s'il vous plaît?
M. Defoy
(Vincent) : Oui.
Vincent Defoy, directeur des services aux aînés, aux proches aidants et des services offerts en ressources intermédiaires et de type
familial au ministère de la Santé et des Services sociaux.
En fait, là, la clarification qu'on souhaite
apporter, là, vient préciser un concept qui a toujours existé. La présente loi
a toujours concerné les aînés en situation de vulnérabilité ainsi que les personnes
majeures en situation de vulnérabilité.
Plusieurs aînés peuvent présenter une situation qui les amène vers la vulnérabilité, puis je
pourrais donner quelques exemples, une contrainte. Donc, si on parle de
violence, c'est une contrainte, donc ça devient une personne qui est situation
de vulnérabilité qui est liée par la présente loi, une maladie, une blessure,
qu'elle soit temporaire ou permanente, un handicap qui soit physique,
psychologique, cognitif. Donc, ça vise déjà plusieurs aînés qui pourraient être
concernés par la présente loi.
Plusieurs
groupes sont venus nous dire, effectivement, qu'il fallait faire attention avec l'équilibre
entre besoin de protection et autodétermination. Les aînés qui sont
autonomes, qui ne présentent pas de contrainte, de maladie, de blessure et de
handicap, les dispositions de la présente loi nécessitent d'obtenir leur consentement
pour respecter leur autodétermination. Mais, je tiens à le préciser, la
personne en situation de vulnérabilité, ça inclut plusieurs des exemples
que j'ai entendus jusqu'à maintenant, notamment liés à la contrainte, là, qui pourrait être liée
à une situation de violence, par exemple. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Oui, M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Juste pour bien
comprendre, dans le fond, ce que... je vais essayer de reformuler dans mes mots
ce que vous venez de dire pour voir si j'ai bien compris. Vous me le direz, là.
Essentiellement, changer le titre de cette
façon-là, ça n'exclut personne de la protection sur la maltraitance. La
différence est que, si l'aîné est considéré comme vulnérable, disons que la loi et... disons, l'État peut aller
voler à son secours sans nécessairement son consentement dans la mesure où il ne
peut pas le donner. Sauf que, si la personne, elle n'est pas considérée comme
vulnérable, elle peut quand même
être protégée de la maltraitance selon la loi, mais il faut qu'elle y consente.
C'est la seule différence. O.K. Je comprends bien.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, la réponse.
Mme Blais
(Prévost) : Oui. Puis la raison pour laquelle on nous a mis en garde,
c'est à cause de l'élargissement de la loi. C'est parce que cette loi-là va
viser maintenant des personnes partout, des personnes âgées et des personnes
majeures en situation de vulnérabilité, pas seulement dans les CHSLD. On va
dans les RPA, là. Ça fait que... puis les
RPA, on le sait qu'il y a des personnes qui choisissent de quitter leur foyer,
qu'ils sont en pleine forme, qu'ils signent un bail, puis qui vont là,
puis qui ont des loisirs, des activités. Puis ce n'est pas toutes des personnes
en situation de vulnérabilité dans les résidences pour
aînées. On a des personnes, là, c'est leur foyer, c'est leur domicile, c'est
leur choix. Alors, c'est la raison pour laquelle le Curateur, entre autres, la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse nous a mis en
garde d'obtenir le consentement avant de faire un signalement obligatoire et
que la personne serait... sans son consentement, on aurait fait un signalement.
Alors, c'est la raison pour laquelle on vient spécifier, mais ça touche encore
plus large que la loi précédente.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Fabre.
Mme Sauvé :
Oui, puis ça ne sera pas la dernière, j'ai l'impression... parce que je n'en
reviens pas non plus. Comme ma collègue de Duplessis, moi, je suis en bas de ma
chaise, là, mais... parce que les explications ne suffisent vraiment pas.
Alors là, encore une
fois, encore une fois, je vais être obligée de rectifier les faits. Là, est-ce
que la loi, c'est seulement la notion du signalement obligatoire? Il y a plein
d'éléments, dans ce projet de loi là, qui veulent assurer une protection aux aînés. Alors, quand la ministre
nomme le Curateur public, la Commission des droits de la personne et de
la jeunesse, les chaires de recherche, oui, qui sont venus parler de l'autodétermination,
mais c'était dans le cadre précis du signalement obligatoire. Alors, ça, là, ce
sont les faits.
Je prendre le mémoire
du Curateur public à la page 11, et, quand il parle d'autodétermination,
puis on y est tous, là, on est sensibles à
ça, mais c'est dans le cadre de la section du mémoire qui parle de
l'élargissement de l'obligation de signaler des cas de maltraitance.
Oui, ça, c'est un débat qu'on devrait avoir, mais ce n'est pas l'entièreté de
la loi. Les mesures de protection, l'intervention, le PIC, tout ça, c'est un
ensemble d'outils de protection pour l'ensemble des aînés. Premier fait,
premier correctif, première rectification sur la base du mémoire.
Et ce que les autres
groupes et la commission sont venus nous dire, oui, quand on est... si le voeu
de la loi, c'est... si l'intention, c'est
d'élargir le signalement obligatoire aux personnes qui ne sont plus juste dans
les CHSLD comme la loi actuelle, puis on élargit aux RPA, ils nous ont
dit : Attention! Dans le cas du signalement obligatoire que vous voulez
élargir, considérez l'autodétermination. C'est ça, c'est ça, le contexte, le
signalement obligatoire élargi aux personnes aptes en résidence et dans
d'autres milieux de vie qui sont autonomes. Et là ces acteurs-là sont venus
nous dire : Holà! Attention! Puis on a entendu ça, puis il faut
l'entendre, mais ce n'est pas pour l'entièreté de la loi. C'est un débat
important, mais ce n'est pas l'entièreté de la protection qu'on doit assurer à
l'ensemble des aînés.
Et, quand on dit que
la loi actuelle... puis que, là, maintenant, avec le nouveau titre, ça va même
en ajouter, puis on précise, je m'excuse,
mais on ne précise pas, on exclut. Et le titre de la loi n° 115, c'est la
Loi visant à lutter contre la
maltraitance envers les aînés, envers l'ensemble des aînés. Et moi, je reprends
mon grand-papa de 99 ans... ou 95 ans, qui est quand même
autonome malgré son âge, puis qui est dans une RPA, puis qui est victime de
maltraitance. On comprend son autodétermination, mais, avec ce nouveau libellé
qui est seulement pour les aînés en vulnérabilité, il n'est pas vulnérable, là,
il est en santé, il est actif, et tout ça, il est autonome, mais il vit de la
maltraitance, la loi ne le protégera pas avec l'ensemble des mesures de
protection.
Alors, moi, là,
honnêtement, là, je trouve ça épouvantable. C'est de l'exclusion, ce n'est pas
de la précision. Et là je veux amener un aspect juridique à ça, parce que, là,
j'ai ramené des faits, j'ai ramené le débat, circonscrire le débat, puis ce
n'est pas l'entièreté de la loi, parce que moi, je ne sais pas si j'ai mal lu
la nouvelle loi, là, mais la loi, la nouvelle loi, la loi n° 101,
ce n'est pas juste le signalement obligatoire, là, ce n'est pas ça qui va
protéger, ce n'est pas la... C'est une
mesure importante, mais ce n'est pas l'ensemble des propositions de protection
aux aînés. Alors là, il ne faut surtout pas mêler les choses, là. Et,
oui, les groupes sont venus nous dire : Attention à nos aînés, à la
dignité de nos aînés qui sont autonomes, qui sont aptes, qui sont capables de
cette autodétermination.
Alors là, je vais y
aller avec un aspect juridique, puis ce n'est pas une mince affaire, là, ce
n'est vraiment pas une mince affaire, parce qu'il y a une jurisprudence
parlementaire qui existe. Nous, on est des législateurs ici, on est des élus,
hein, puis on veut contribuer, et là on a un rôle, nous. C'est nous qui
travaillons à élaborer les projets de loi avec, bien sûr... et, en tout respect
pour l'équipe des juristes, en tout respect, mais un ne peut pas se substituer
à l'autre, Mme la Présidente, et il y a de la jurisprudence qui existe
là-dessus. Donc, on ne peut pas, même si on a une explication des juristes,
même si on a une interprétation juridique sur le préambule du projet de loi,
parce qu'on est dans le titre, ça ne peut pas se suppléer à l'intention du
législateur. Et, dans la jurisprudence parlementaire, jamais, jamais un
législateur ne peut restreindre, dans son intention, la portée d'un projet de
loi, et là on vient faire ça, là.
Là, là, il y a eu le
principe, on a fait le débat, on a été en Chambre, on a tous dit : Ce
n'est peut-être pas les mesures qu'on aurait souhaitées, on entend les
engagements de la ministre, mais on appuie, on va plus loin puis on comprend
que ça s'adresse... c'est la Loi visant à renforcer la lutte
contre la maltraitance envers les aînés, puis, oui, il y aura l'élargissement
du signalement, il y aura des sanctions, tout ça, tout ça, tout ça. Mais, à
chaque fois puis avant même que la ministre dépose son projet de loi, ça a
toujours été pour la protection des aînés. C'est ça, la loi actuelle.
Ça fait
que des précisions après qu'on ait parlé de tous les aînés, je veux bien,
parfait, puis on en reparlera parce qu'on n'a pas encore réglé la définition de
la vulnérabilité. Mais, une fois qu'on a protégé tous les aînés, qu'on porte
une attention particulière pour ceux qui sont dans une vulnérabilité, qu'on
vienne délimiter le signalement obligatoire, parfait, qu'on favorise
l'autodétermination. Mais l'ancrage, c'est la protection totale et entière de
tous les aînés du Québec. Qu'ils soient en CHSLD, qu'ils soient en RPA, qu'ils
soient à la maison, dans un OBNL d'habitation, peu importe, il faut qu'on
protège, avec cette nouvelle loi, l'ensemble des aînés, là. Ça ne se peut pas qu'on
n'est pas en train de faire ça puis ça ne se peut pas que, malgré
l'interprétation juridique qu'on nous donne, qu'on soit en train, comme
législateurs, d'accepter qu'on réduise la portée d'une loi. Ça ne se peut pas,
là.
Ça fait que moi, je... écoutez, je
vais arrêter là, là. Je vais un peu me calmer, mais je... Puis vous savez quoi,
Mme la Présidente? Quand je dis ça, là, je ne pense même pas au processus, aux
procédures, puis, oui, j'ai tellement à coeur le travail
qu'on fait autour de cette table, là, vraiment, là. Mais, la semaine passée,
j'étais en activité avec des aînés autonomes, autonomes dans un OBNL
d'habitation, puis on jasait, puis il y avait là-dedans un membre du comité
exécutif du Comité des usagers pour la région de Laval, puis j'ai jasé avec
eux, puis j'ai parlé de la maltraitance,
puis tout ça, puis je n'ai pas été dans les détails, je voulais avoir leur
pouls, puis tout ça, puis les premières choses qu'ils m'ont dites,
c'est : Aïe! Que c'est compliqué! Puis aïe! Que les aînés ont peur! Ils
ont tellement peur de dénoncer, ils ont
tellement peur des représailles. Puis là on est en train de parler d'aînés, là,
qui sont aptes, autonomes, qui vont être capables d'autodéterminer, de
prendre des décisions, mais ils ont besoin de protection. Ils ont besoin
de protection. Que ce soit de la
maltraitance physique, financière, peu importe, psychologique, ils ont besoin
de protection, ces aînés-là qui ne sont pas dans une institution, qui ne
sont pas dans un CHSLD, mais qui ont besoin, comme tous les aînés du Québec qui
peuvent être dans une situation de maltraitance...
Il faut qu'aujourd'hui il y ait une ministre
responsable des Aînés. Tantôt, là, je l'ai entendue dire, puis c'est correct, elle a dit : Moi, je suis à l'écoute
des... C'est des êtres humains, les juristes, puis j'ai le plus grand respect
pour les juristes. On n'en est absolument pas là. Mais elle est ministre
responsable des Aînés, elle est ministre responsable de tous les aînés du
Québec, puis, aujourd'hui, elle a le pouvoir de déposer un projet de loi, puis
elle en train de changer la portée de la protection qu'on offre à tous les
aînés du Québec. Et, moi, ça ne passe pas et, au niveau de la jurisprudence, ça
ne passe pas.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la ministre.
• (15 h 20) •
Mme Blais (Prévost) : Oui. Je me
pose la question, Mme la Présidente : Quelle est la raison pour laquelle,
lorsque la première loi a été déposée, le gouvernement de l'époque n'a pas
pensé à toucher à tous les aînés? Pourquoi on
n'a pas mis «maltraitance organisationnelle»? Moi, j'ai la réponse, je le sais
que le ministre de l'époque, il ne voulait pas mettre ça, et je sais
qu'on ne voulait étendre. Je suis très, très consciente de ça.
Oui, je suis ministre responsable des Aînés, de
tous les aînés, mais ce qu'on est en train de dire, le titre, Loi
visant à renforcer la lutte contre la maltraitance envers les aînés et toute
autre personne majeure en situation de vulnérabilité, c'était implicite qu'on parlait
des aînés en situation de vulnérabilité. C'était implicite. Et nous avons mis en place plusieurs, plusieurs, plusieurs
actions. Il y a une ligne ligne
aide info abus aînés. Il y a des coordonnateurs à la maltraitance. Il y
a plein d'actions qui ont été mises en place pour aider l'ensemble des aînés du
Québec par rapport à la maltraitance.
Mais, dans ce cas-ci, on
s'est dit, après avoir entendu... On ne peut pas remettre en question Curateur
public, on ne peut pas remettre en question le Protecteur du citoyen puis la
Commission des droits de la personne et de la jeunesse quand elle vient nous
dire de faire attention aux personnes qui sont autonomes.
Puis, quand la députée dit : Je vais
remettre les faits à la bonne place, on venait de le dire, on venait de le souligner que c'était dans le cadre du
signalement. On ne voudrait pas qu'une personne... On ne voudrait pas qu'il y ait un signalement, comme à une certaine époque, alors que
la personne ne se sent pas visée. C'est important aussi de faire attention à
ça. On pourrait vivre des situations malheureuses par rapport à cette situation.
Alors, les juristes ont pensé que la meilleure situation
était de l'ajouter implicitement, la loi qui vise... Loi visant à
lutter contre la maltraitance envers les aînés en situation de vulnérabilité et
les autres personnes majeures dans une telle situation, ce qui était
sensiblement la même chose puisque c'était envers les aînés et toute autre
personne majeure en situation de vulnérabilité. Je ne comprends pas pourquoi
qu'il y a tout un débat par rapport ça. On
vise le mieux pour tout le monde. Et la députée de Duplessis a dit quelque
chose de très bien en ouverture, elle a dit : Si on laissait de
côté notre partisanerie puis si on se mettait à travailler pour améliorer la
loi et pour faire en sorte qu'elle puisse vraiment couvrir l'ensemble, bien, je
suis d'accord avec ça, c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui, pour essayer de
voir.
Puis, vous savez, les amendements,
Mme la Présidente, on peut les déposer à la dernière minute, là. On a tous fait
de la politique. On le sait que les amendements peuvent arriver, là, en plein
sur le parquet. On les a déposés ce matin. Ils étaient là. Est-ce qu'on aurait
dû le faire la semaine dernière? Ils n'étaient pas totalement prêts. Je pense
que tout le monde, ici, sait comment ça fonctionne puis que ça ne se fait du
jour au lendemain, puis il faut passer au conseil
ministériel, au Comité de
législation, au Conseil des ministres. Tu sais, c'est tout ça aussi la lourdeur
d'une loi.
Mais l'important, ce n'est pas le mécanisme, là,
c'est comment nous autres, ensemble, les législateurs, on va arriver à faire en
sorte que le titre reflète ce que non seulement les aînés, là, je tiens à le
dire... c'est les personnes qui vivent en
situation de handicap aussi, les personnes majeures vulnérables auxquelles on
pense peu souvent dans le projet, on va y penser davantage. Et voilà.
Moi, je ne comprends pas pourquoi on explose par
rapport à ça. Je ne sais pas si madame... Me Térésa Lavoie aimerait
repréciser quelque chose par rapport à la vulnérabilité quand on dit... quand
la députée de Fabre dit que le concept de vulnérabilité, il va falloir qu'on en
parle, mais on vient de le dire, c'était quoi, le concept de vulnérabilité. C'est une personne majeure dont
la capacité de demander ou d'obtenir de l'aide est limitée
temporairement ou de façon permanente en raison notamment d'une contrainte,
d'une maladie, d'une blessure ou d'un handicap, lesquels peuvent être d'ordre
physique, cognitif ou psychologique.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Térésa) : Bien, en fait, je
pourrais juste confirmer et re-reconfirmer, là, avec toute la
neutralité, l'objectivité puis l'impartialité que je dois avoir dans l'exercice
de mes fonctions, que l'amendement était vraiment un amendement technique qui visait à refléter ce qui était
l'objet avant parce qu'il y avait une ambiguïté sur le terrain. Donc,
l'objectif, c'était vraiment un objectif de précision. Ça ne vise pas à changer
la portée, l'étendue du contenu de la loi. Je pourrais simplement ajouter ça
comme élément.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Blais (Prévost) : Peut-être
ajouter, Mme la Présidente. Tu sais, il ne faut pas penser que tous les aînés
sont vulnérables. Il ne faut pas penser ça. Il ne faut pas faire de l'âgisme
non plus. Tu sais, je me souviens déjà, dans une consultation publique, qu'on
m'avait demandé de faire une DPJ des aînés. Bien non, les aînés ne veulent pas
ça, là. Demandez aux membres de la FADOQ, là. Ils ne veulent pas une DPJ des
aînés, là. Alors, moi, je pense qu'il faut faire attention aussi à faire de
l'âgisme avec des personnes qui vieillissent parce qu'on vieillit en meilleure
santé, on vieillit aussi... on est plus en
forme. Alors, ça fait en sorte qu'il
y a différentes générations de personnes
âgées, là. Tu sais, c'est quoi, une personne âgée? Est-ce que c'est
65 ans, 55 ans... 50 ans pour la FADOQ? Est-ce que c'est
85 ans? Est-ce que c'est 90 ans? C'est là où la vulnérabilité
s'installe que la personne a besoin le plus de protection.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, «personne vulnérable», je pense qu'on s'entend tous sur ce
que peut être une personne vulnérable. Ainsi, quand on est en étude du projet
de loi article par article, on fait de la législation, on devient des
législateurs, puis particulièrement au salon rouge.
À une question de mon collègue le député de
Québec solidaire, je pense que c'est le comté de Jean-Lesage, la ministre a
dit : Ça n'exclut pas personne. Soit, soit que ça n'exclut pas personne.
Ça n'aurait pas exclu personne puis ça aurait inclus toutes les personnes
aînées si on n'avait pas insisté pour corriger le titre en y apportant «les aînés en situation de vulnérabilité».
Quand on fait de la législation puis
quand on est ministre, puis qu'on est porteur d'un dossier, puis qu'on assure,
au sein de son ministère, un certain leadership, puis qu'on dit : Moi, je
suis venu en politique pour changer les choses, là, moi, je pense encore, je
pense encore... ou j'aime encore à penser qu'on est capables de le faire.
Mme la Présidente, moi, j'ai fait plus de projets
de loi, là, le projet de loi sur les mines, là, questions de redevances de ci,
de ça, là, puis on était avec des géants du monde minier, puis chaque mot est
important. Moi, j'ai vu un ministre, une
soirée, il a dit : On brake, je demande une pause. Il a fait réveiller
quelqu'un qui dormait chez lui. Il l'a fait venir en commission
parlementaire. On a attendu 1 h 30. Il était loin, il avait dû se
prendre un taxi. Vous avez bien raison, ça, on va changer ça, ça n'a pas de bon
sens. Comment ça s'appelle, ça? Il y a un langage plus vulgaire pour le dire. Moi, je vais le dire plus poliment,
ça s'appelle quelqu'un qui a du leadership, qui s'assume, puis qui vient
en politique pour changer les choses, puis qui ne se fie pas juste à la
machine, même si la machine a la meilleure volonté possible.
Qu'est-ce que ça change? Là, ça fait un petit
bout qu'on est là-dessus. Il est 3 h 30, hein? Là, on nous a
expliqué, on ne nous pas convaincu, là, mais on a essayé de nous expliquer, là,
pourquoi on l'avait changé puis qu'on avait ajouté «en situation de
vulnérabilité». Qu'est-ce que ça changerait? Qu'est-ce que ça... Moi, je pense
que ça changerait bien des choses, là, si on revenait au titre initial. Mais,
pour la ministre, pour la ministre, qu'est-ce que ça changerait de rester le titre comme il était en englobant tous les
aînés? Ça ne fait pas en sorte qu'on va les infantiliser, là. Moi aussi, je suis une aînée, hein, en passant,
là, bientôt. On est pas mal ici, autour de la table, qui l'est ou qui va le
devenir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
vous reste une minute, madame.
Mme Richard : Ça ne nous infantilise
pas, là, ça n'infantiliserait pas les aînés, puis je sais qu'il faut être
prudent puis il faut faire attention. Puis là, déjà, la ministre commence par
affaiblir son projet de loi. C'est ce que je trouve. C'est ce que je trouve.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
• (15 h 30) •
Mme Blais (Prévost) : Oui, Mme la
Présidente. Peut-être pour dire que, dans la politique de lutte contre la maltraitance, c'est écrit, à la section I, chapitre II :
«L'établissement doit adopter une politique de lutte contre la
maltraitance envers les personnes en situation de vulnérabilité qui reçoivent
des services de santé et des services sociaux, que ces services soient rendus
dans une installation maintenue par l'établissement ou à domicile.»
Ça fait que, ça, c'est dans la politique. Tu
sais, je veux juste rectifier que ce n'est pas d'hier qu'on vise la
vulnérabilité des personnes. Ce n'est pas d'hier, là. C'était dans la loi
précédente, et c'est dans notre loi actuelle, mais on a modifié le titre pour
le spécifier davantage, justement en suivant les conseils du Curateur public,
de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et
d'autres intervenants qui sont venus ici, en commission parlementaire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Je regardais pour voir s'il y avait quelqu'un d'autre qui... Écoutez,
je vais relire encore et encore, parce que la ministre vient de nommer la
politique, mais une loi, c'est plus fort qu'une
politique. Alors, la loi actuelle, la loi n° 115, je
vais relire le titre, elle l'a lu, mais c'est clairement la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les
aînés, tous les aînés, et là je vais reprendre encore le changement
qu'elle propose avec son amendement, Loi visant à lutter contre
la maltraitance envers les aînés en situation de vulnérabilité. Les
explications qu'on a eues, c'est vrai, ça vient préciser, mais la précision
vient exclure. C'est ça, la réalité que j'essaie de faire comprendre, qui est
tellement claire et qui est attachée aux mots. Donc, en précisant de quels
aînés il s'agit, on exclut tous les autres. C'est ça, la réalité.
Et tantôt, là, je veux être dans
un ton très correct, mais la ministre a dit : Il ne faudrait pas faire de
la partisanerie, il ne faudrait pas faire de
l'âgisme. D'abord, la partisanerie, je m'excuse, là, mais, quand on songe à
changer un titre de projet de loi pour exclure des aînés, je ne suis pas en
train de faire de la partisanerie, je suis en train de penser à mes aînés de
mon comté puis aux aînés qui vont être exclus parce qu'on change le titre.
C'est à ça que je pense, je ne suis pas en train de faire de la partisanerie.
Deuxièmement, au niveau de
l'âgisme, justement, je n'arrête pas de dire depuis tantôt : Il y a plein
d'aînés qui sont autonomes, qui ne sont pas vulnérables et qui méritent une
protection, la protection que tous les aînés, qu'ils soient vulnérables ou pas,
ils ont droit à cette protection que la loi doit leur assurer. Je n'arrête pas
de dire ça. Au contraire, je suis très loin de dire qu'on est dans l'âgisme. Je
suis en train de dire : Faisons en sorte que tous les aînés, quels qu'ils soient, comme la loi n° 115 le
dit avec son titre... Puis, oui, il y a des précisions, oui, il y a des
mesures, oui, il y a une politique,
mais la loi couvrait tous les aînés, et le signalement obligatoire touchait les
personnes qui étaient dans les CHSLD, donc les personnes vulnérables, et
là, clairement, le projet de loi visait à élargir. Et là, on se ramène
et, en se ramenant, bien, on exclut.
Alors, est-ce qu'on peut se dire, quand on lit le libellé très clair de la proposition de l'amendement, Loi
visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés en situation de
vulnérabilité : Il y a une précision qui exclut? C'est aussi limpide que
ça. Alors, quand on me répond, qu'on dit : Bien, finalement, la loi
n° 115, c'était ça, et monsieur nous a dit tantôt : Bien, finalement,
quand on regarde sur le terrain, ça nous a amenés à changer puis à préciser,
donc à préciser pour exclure, moi, j'aimerais ça savoir qui a été consulté pour
justifier ce changement-là. Et là, Mme la Présidente, en tout respect, en tout
respect, là, j'ai lu tantôt, là, l'extrait du mémoire, là, du Curateur public,
là, j'ai expliqué le contexte, j'ai resitué le débat, que l'autodétermination,
c'était dans l'esprit du débat très précis de l'obligation, du signalement
obligatoire, et non pas de l'ensemble des mesures de protection. Alors là, s'il
vous plaît, ne disons pas... j'espère ne pas
entendre que le Curateur public, la Commission des droits de la personne, c'est
eux qui ont été... parce que leurs propos précis, dans leurs mémoires,
ce n'était clairement pas pour l'entièreté de la loi, mais pour le signalement
obligatoire. Alors, qui a été consulté?
Et, en terminant, Mme la Présidente, après la
réponse que j'aurai, clairement, j'aurai le souhait de déposer un sous-amendement,
à moins que la ministre décide de retirer son amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Blais (Prévost) :
Excusez-moi, Mme la Présidente, là, dans la loi n° 115, la Loi visant à
lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure
en situation de vulnérabilité, dans un considérant, c'était que «la
maltraitance est inacceptable et que l'État estime qu'il est essentiel
d'intervenir pour renforcer les mesures existantes afin de lutter contre la
maltraitance envers ces personnes, dans le respect de leur intérêt et de leur autonomie». Et qui sont ces personnes? On dit que
le Québec est l'une des sociétés où le vieillissement de la population
est le plus marqué dans le monde et que certains aînés, je répète, certains
aînés sont des personnes en situation de vulnérabilité. Voilà ce que la loi
n° 115 visait. Tu sais, on dit qu'on enlève un mot. On n'enlève pas un
mot, on vient préciser. Ce qui était là, de toute façon, c'était «les [personnes
aînées] et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité». Ça veut
dire : envers les aînés vulnérables et toute autre personne âgée de... majeure,
là, qui ont de la vulnérabilité. C'est ça,
la loi, c'est ça, la loi n° 115.
Alors, il n'y a pas d'esclandre, là. On n'enlève rien. Au contraire, on
vient ajouter pour protéger davantage. Mais, dans la loi n° 115, c'était
ça. Je ne l'invente pas, là, la loi, elle a été adoptée puis sanctionnée.
La
Présidente (Mme D'Amours) : D'autres interventions? Donc, s'il n'y a
pas d'autre... Oui, Mme la députée de Fabre.
Mme
Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Tel que je l'ai mentionné, je souhaiterais déposer un sous-amendement,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Alors, le temps que ce sous-amendement
soit dirigé au Greffier, je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 55)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Je demanderais à la députée de Fabre de nous lire son
sous-amendement, s'il vous plaît.
Mme Sauvé :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors donc :
À l'article 0.1, modifier l'amendement
proposé introduisant l'article 0.1 du projet de loi par l'ajout dans le
deuxième alinéa, après les mots «les aînés», des mots «,incluant ceux» et par
le remplacement du mot «et» par les mots «ainsi que».
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il des interventions sur le sous-amendement
de la députée de Fabre? Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Alors, clairement,
vous aurez compris, Mme la Présidente, que le sous-amendement que l'on propose,
c'est de nous ramener à l'inclusion de tous les aînés, tout en précisant bien
sûr ceux qui sont vulnérables. Alors donc, on se ramène à l'inclusion de tous.
Je rappelle encore une fois — tantôt, je l'ai nommé — on a
fait ce changement-là par rapport au titre initial. J'ai longuement, longuement
argumenté, parce qu'on est en train d'exclure des
aînés avec ce qui était proposé. Moi, clairement, là, je suis très ouverte. Si
la ministre dit : On retire notre amendement, je vais retirer mon
sous-amendement, puis on garde le titre initial. Mais, sinon, je dépose ce
sous-amendement-là pour se ramener, oui, à la notion de la précision, mais de
s'assurer qu'on s'adresse à nouveau à tous les aînés.
Tantôt, j'avais commencé à poser une
question : Quels sont les partenaires qui ont été consultés? Parce qu'on
nous a dit clairement que les changements qui avaient été apportés, c'étaient
par rapport à ce qui avait été entendu sur le terrain. Alors, j'ai bien
précisé, là, qu'il ne faut pas qu'on se ramène encore une fois à tous les
groupes, les chaires de recherche, le curateur, la Commission des droits de la
personne, qui ont parlé d'autodétermination dans le contexte du signalement
obligatoire. Alors donc, moi, je voulais savoir... je voulais poser la question
à la ministre : Quels ont été les groupes qui, pour la portée entière de
la loi, ont précisé des choses, qui ont influencé, qui ont amené des éléments
qui ont fait changer, finalement, le titre du projet de loi, qui ont incité la
ministre à faire la proposition de changer le titre du projet de loi? Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Blais
(Prévost) : Oui. Mme la Présidente, j'aimerais vous lire un extrait, puis après ça, si la commission
le permet, j'aimerais que Me Cheang puisse se prononcer.
Alors, lors d'une commission pour la loi
n° 115, l'ex-ministre des Aînés mentionnait : «...il y a des adultes
qui sont en situation de vulnérabilité, qui ont toute leur tête, qui ont toute
leur façon de faire, puis qui ne veulent surtout pas... Puis j'ai même un
collègue ici, là, qui a dit : Moi, je ne veux surtout pas que quelqu'un se
prononce à ma place, là, je suis capable.»
Et, de ce fait, bien, on garde les hôpitaux à
l'extérieur du principe. Par contre, on va un peu plus loin que les gens
auraient cru qu'on voulait aller, parce que le curateur nous a signifié qu'il y
avait une importance à porter aux gens qui étaient sous curatelle. Ce que je
veux dire, c'est que, même dans la loi n° 115, la ministre, à l'époque,
visait les personnes aînées en situation de vulnérabilité, et c'est ce que la loi
n° 115, la loi actuelle, balise. Et le titre, je répète, là, c'est les
aînés et toute autre personne, ça veut dire les aînés qui sont vulnérables, et
j'ai mentionné qu'il ne faut pas faire de l'âgisme.
Je vais m'arrêter là, et, si on le permet, Me
Sokun Cheang pourra exprimer davantage les raisons pour lesquelles on modifie
le titre de la loi ou on précise le titre de la loi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce que j'ai le consentement pour que Me Sokun Cheang puisse prendre
la parole? J'ai le consentement. Maître, à vous la parole. Veuillez vous
présenter, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
M. Cheang (Sokun C.) :
Oui, bonjour. Sokun Cheang, avocat au ministère de la Justice et qui travaille
à la DAJ du ministère de la Santé et des Services sociaux. Donc, pour répondre
à la demande de la ministre — est-ce que vous m'entendez bien? — j'aimerais
seulement réitérer ce que ma collègue Me Lavoie vous a déjà fait part, que cet amendement
vise seulement à clarifier le titre de la loi en lien... par rapport à son
application de la Loi visant à lutter contre la maltraitance
envers les aînés, qui est en vigueur actuellement.
Donc, comme vous en a fait part Mme
la ministre, nous sommes reliés à la transcription de l'étude détaillée, puis
il était clair qu'on visait les personnes aînées en situation de vulnérabilité.
C'est dans ce sens-là que les mesures prévues
dans la loi en vigueur actuelle, c'est les mesures qui visent les personnes en
situation de vulnérabilité. Il n'y a aucune mesure qui vise une
personne... juste une personne aînée. Parce que, vous savez, une personne
aînée, c'est une personne adulte comme vous
et comme moi. Donc, si elle n'est pas en situation de vulnérabilité, donc il
n'y a pas de mesures qui sont prévues
dans la loi actuelle qui vont, à ce moment-là, le protéger. Encore plus, il a
les mêmes mesures de protection comme
vous et comme moi en tant que personne qui est apte, qui est... comme vous le
dites, l'application du principe d'autodétermination.
Donc, vous allez voir, par rapport à la
politique qui est mise en place, c'est indiqué clairement à l'article 3 actuel de la loi, on vise une politique qui vise à
protéger les personnes majeures en situation de vulnérabilité. On n'est
pas venu dire : Les personnes aînées. Non, ça comprend les personnes
aînées qui sont en situation de vulnérabilité. Une personne aînée qui n'est pas en situation de vulnérabilité n'a pas
besoin de protection. On n'a pas prévu cette protection-là parce que
cette personne-là est apte. Elle est capable de se protéger, d'invoquer des
mesures pour se protéger comme vous et comme moi. La même chose par rapport au
signalement. Ça aussi, c'est une mesure qui est prévue dans la loi. Et la même
chose par rapport à l'entente-cadre. Et l'entente-cadre, si on pourrait vous en
faire part, l'objet de l'entente-cadre, c'est précisé
spécifiquement, c'est les personnes en situation de vulnérabilité. On n'est pas
venu mettre «aînée et toute autre personne
en situation de vulnérabilité.» C'est à cause de ça qu'on est venu clarifier le
titre, pour vraiment correspondre à ce qui se fait sur le terrain, pour ne pas qu'il
y ait encore cette ambiguïté-là, et faire ressortir aussi le principe
d'autodétermination. Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Écoutez, honnêtement,
là, je... malheureusement, je suis obligée de dire, encore une fois, que je
vais rectifier les faits. Le passage qu'a lu la ministre, Mme la Présidente,
c'était lié à l'obligation de dénoncer. Alors, je n'arrête pas de dire, puis je
comprends, là, on veut préciser... C'est ça l'intention de la modification du
titre du projet de loi, mais la précision
exclue. Alors, chose certaine, c'est que, si l'intention, c'était de clarifier,
on est bien loin du compte, là. En tout cas, s'il y a quelque chose qui
est clair, c'est qu'on est toujours en train d'exclure des aînés.
Et là la ministre nous a parlé de la politique
tantôt. La loi est plus forte qu'une politique. Elle nous amène un extrait lorsqu'il y a eu la loi n° 115, c'était pour le signalement, l'obligation de dénoncer pour les
personnes vulnérables, mais je veux
qu'on protège tous les aînés, vulnérables ou pas, avec cette loi-là, puis, oui,
une spécification, une priorité à ces personnes
qui sont vulnérables. Mais tous les aînés aptes, autonomes, méritent une
protection, et la portée de la loi doit être claire pour protéger tous
les aînés. Est-ce que je vais être obligée de relire encore une fois le titre
de la loi n° 115?
Alors, on
avait là un titre qui convenait, Mme la Présidente, qui couvrait l'ensemble des
aînés. Puis, évidemment, on nommait la notion de vulnérabilité,
évidemment, on parlait de ces personnes-là. J'essaie de comprendre,
honnêtement, là, j'essaie de comprendre. Je n'ai pas eu de réponse à ma
question : Quels ont été les partenaires qui ont fait faire ce virage-là?
La seule explication que je me donne, Mme la Présidente, c'est que, clairement,
la ministre, encore une fois, s'est engagée, avec ce dépôt de projet de loi là,
en disant : On va y aller vers le signalement obligatoire, et là elle voulait l'élargir aux personnes qui étaient
effectivement autonomes, capables d'autodétermination, et, parce qu'il y a eu des groupes, dont la
Commission des droits de la personne, dont le Curateur public, dont des
chaires de recherche qui ont dit : Holà! Attention, les personnes
autonomes et aptes, signalement obligatoire, ça ne marche pas.
Alors, moi, je suis en train de me dire :
Finalement, si elle change le titre de loi, c'est pour que le signalement
obligatoire dans lequel elle s'est engagée puisse tenir la route, au risque
d'exclure des aînés du Québec. Aïe! J'ai de la misère avec ça, Mme la
Présidente, vous n'avez même pas idée. J'ai vraiment de la misère avec ça.
Alors, moi, je maintiens, évidemment, ce
sous-amendement-là, qui, je pense, est dans le respect de tous les aînés qui
méritent protection, tout en assurant un focus, une priorité sur les aînés
vulnérables. Il faut qu'on protège tous les aînés. Et, parce qu'il y a eu un
virage dans la portée de la loi, le titre, ce n'est pas juste des mots, je l'ai
dit, c'est la portée de loi, moi, j'ai une
question très précise à la ministre. Elle a déposé son mémoire au Conseil des
ministres. Il y a une portion qui est publique. J'ai lu ce mémoire, la portion
publique, je l'ai lu attentivement. À quelle page, quel paragraphe, elle a
nommé ce changement de la portée du projet de loi n° 101?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Mme la
Présidente, j'aimerais ça si la députée de Fabre pouvait m'expliquer où, dans
la loi n° 115, on protège tous les aînés autonomes.
J'aimerais ça que... j'aimerais ça, l'apprendre. Où, dans la loi existante, on
protège toutes ces personnes-là?
La Présidente (Mme D'Amours) : Y
a-t-il des interventions? Il n'y a pas d'intervention? Donc, on va passer aux
voix le sous-amendement de la députée de... Pardon, oui,
Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci. Bien, une
courte intervention, une très courte intervention. Mais bon, c'est sûr que je
suis d'accord avec l'amendement proposé par la députée de Fabre. Et je
dis : Et pourquoi ne pas protéger tous les aînés? Pourquoi pas? Je peux
bien être un aîné, puis ne pas être vulnérable, puis j'ai besoin quand même de
protection. J'ai besoin d'être protégé contre la maltraitance, parce que, des
fois, ce n'est pas si clair que ça que c'est de la maltraitance. On l'a dit. On
l'a dit, là, c'est très subtil de la façon dont ça peut s'exercer, hein? Puis
on a bien des formes de maltraitance. Moi, j'ai été étonnée, là, de considérer
que, bon... peut-être de la fraude ou de l'abus de... que ça existait de la maltraitance financière. J'ai écouté
attentivement, je me suis dit : Ce n'est pas juste la maltraitance
physique, là. Qu'est-ce que... j'essaie de comprendre. Moi, je me dis :
Plus on ratisse large souvent, plus on va... on dit souvent, là, je ne sais pas
si j'ai la bonne expression, là, hein, on met les bretelles et la ceinture pour
être sûrs, mais plus on a d'outils ou on a de choses en place pour justement
protéger nos aînés, entre autres, là, parce qu'on... les histoires d'horreur
qu'on a entendues, là, oui, souvent, c'étaient des aînés qui étaient en CHSLD
puis qui étaient en situation de
vulnérabilité pour x raison, là, mais on s'est rendu compte que ça pouvait
exister aussi, de la maltraitance, qu'elle soit organisationnelle ou
autre, envers des aînés puis que, des fois, ils n'ont pas beaucoup de moyens.
Ils peuvent vivre de l'isolement. Ils
peuvent bien ne pas être capables de dénoncer eux-mêmes, là, même si tu es
autonome, là, on ne peut pas dire que tu as tous les moyens mis à la
disposition.
Nous autres, la plupart ici, là, on est des
élus, là, puis le personnel qui nous accompagne, c'est parce qu'ils nous accompagnent parce qu'ils ont des
compétences, puis, hein, ils sont capables de se revirer de bord, normalement.
Ce n'est pas tout le monde qui est comme ça,
là. Puis même, souvent, là, vous dites que je fais le parallèle souvent avec
les femmes, là, mais, souvent, moi, je... Écoutez, j'ai entendu des histoires,
là, des histoires véridiques, là, des femmes avocates, même des femmes
médecins, là. Ce qu'elles subissaient à la maison, là, tu ne le sais pas, là.
Ce n'est pas écrit dans leur visage, puis tu ne dirais
pas que c'est vrai. Elles le subissent, ne dénoncent pas. On fait des lois, on
fait des lois pour essayer de les protéger puis on essaie d'en mettre plus que
moins.
Ça fait que, là, moi, j'essaie de comprendre,
j'essaie juste de comprendre puis je dis juste à la ministre, là, puis je... Encore
une fois, là, il va falloir faire attention, là, parce qu'on ne sait jamais
comment ça peut être interprété, là, je ne mets pas en doute la compétence de
quiconque ici, hein? Je pourrais en dire longtemps, moi, sur des directeurs des
CISSS. Je ne mets pas nécessairement le... des fois, leurs compétences
professionnelles en doute. Je pourrais mettre en compétence... Par exemple, je
pourrais mettre en doute leur jugement, je pourrais mettre en doute les
conseils qu'ils donnent.
• (16 h 10) •
Ils font un travail, les juristes. Tu leur
donnes un cadre puis, dans tous les professionnels, tu leur donnes un cadre,
ils vont travailler. Quand tu es ministre ou bien quand c'est peut-être toi qui
assumes le leadership, là, puis que tu veux changer les choses, là, tu
dis : Organisez-vous, là. Ça se fait, ça. Ça se fait. Et, si ça ne se fait
pas, on va tous s'en aller chez nous, là. Pourquoi
est-ce qu'on aurait besoin d'un gouvernement? Lance ça à
trois, quatre fonctionnaires puis dis-leur de... Faites fonctionner l'État,
vous autres. On est capables.
Puis je ne vois pas quel serait le préjudice, ce
qu'on pourrait causer à des aînés en enlevant le mot qu'on va... Parce que c'est
ça que ça veut dire, là. La maltraitance, là, nous autres, on s'en occupe. Ça
ne les exclut pas, mais on ne veut pas les... ça n'exclut pas qu'on pourrait
dénoncer. C'est ça, là. Mais on n'est pas capable de dire juste «les aînés», il
faut associer le mot «aînés en situation de vulnérabilité». Vous savez que je
vais le creuser, là, parce qu'on avait défini... Je vais le creuser, là, je
vais le creuser, certain. C'est-tu parce qu'on a peur des poursuites? Pourquoi,
là? C'est-tu parce qu'il y a autre chose qui s'en vient, bien, un petit peu
plus loin dans... Il n'y a jamais rien, là, dans un projet de loi qui est
anodin. Ça, Mme la Présidente, j'ai appris ça au cours de mes années ici. J'ai
appris que chaque virgule, chaque mot, il a une portée, puis ce n'est pas
anodin.
Mais le pour et le contre, là, c'est-tu si
dommageable que ça d'englober, comme on veut... on va le dire pour que le commun des mortels nous comprenne, là,
juste parler des aînés, qu'on les englobe au niveau de la maltraitance?
On enlève «aînés en situation de vulnérabilité». En pesant le pour et le
contre, là, c'est-tu si dommageable que ça d'enlever «aînés en situation de vulnérabilité»
puis de... parce qu'on veut vraiment assurer une protection des aînés? Je ne pense, moi, que j'infantilise les aînés. Je
ne pense pas que je leur enlève de l'autonomie. Je pense au contraire
que le gouvernement, comme législateur, puis on enverrait un signal
que... maltraitance, ça suffit, puis que c'est tolérance zéro.
Vous savez, Mme la Présidente, ça a changé,
hein, au fil du temps. On a fait des lois, là. Quand je suis arrivée ici, moi, on appelait... des fumoirs,
qu'on appelait. On pouvait fumer sur les étages. On ne fume plus sur les
étages. On fumait à la porte 6, il y avait certaines ministres puis
certains ministres aussi qui n'aimaient pas l'odeur de la cigarette, ça les
dérangeait. On a enlevé tout ça. On a fait des lois pour ça, hein? On a fait
des lois pour l'alcool au volant. Il a
laissé sa marque. Après, il y a eu tous ces femmicides, hein, qui ont eu lieu
du Québec et qui nous ont tous, pas juste en tant que femmes, là, en
tant que personnes... qui ont dit : Où est-ce qu'est rendue la société? On
fait des lois. On envoie des signaux, on
organise les règlements, mais c'est fou, hein, on dirait qu'à chaque fois que
ça arrive avec les années c'est
compliqué. C'est compliqué. On ne fait pas le virage pour telle raison. On les
envoie dans les foyers, on n'appelle plus ça des foyers, c'est des RI,
des RPA, des résidences de type familial, et, écoutez, là, pouf! on en passe.
À un moment donné, c'est conventionné, pas
conventionné. C'est des soins à domicile, c'est pas de soins à domicile, c'est si le CISSS a de l'argent, puis
s'il ne veut pas t'en donner, puis si le SAPA veut bien, dans son
budget, t'en donner un petit peu dans ton coin de pays, là, ça dépend, parce
que c'est géré de façon tous azimuts d'un bout à l'autre. Puis après dans la
galerie, là, on a dit : Il faut qu'on s'occupe des aînés puis qu'on les a
à coeur. Puis là on parle, là, d'un projet
de loi, là, je veux bien croire, là, c'est important, j'en suis, il est très
important, comme je vous l'ai dit, là, je ne crois pas que ça va changer
demain matin, là. Moi, je pense qu'il y a aussi une culture... on ne veut pas
parler beaucoup du mot «organisationnelle», hein? Je pense qu'il y a une
culture organisationnelle qui devrait être changée. Il devrait avoir du monde
qui sont imputables, puis qui sont redevables, puis que sur lesquels on aurait
un petit peu plus de contrôle.
Aujourd'hui, on dirait qu'on banalise tout.
Puis, quand on arrive à faire un... Parce que moi, j'ai appris ça, hein, je suis désolée, hein, j'avais fait une
erreur, je m'en excuse, je ne sais pas si elle s'en avait aperçu, pour moi,
elle ne s'en est pas aperçue, parce qu'elle
me l'aurait dit. J'avais fait une erreur quand j'ai parlé du projet de loi sur
la maltraitance qui avait déjà eu lieu. Je pensais que c'était la
ministre actuelle. Ce n'était pas elle. Désolée.
Là, je me suis dit : Ah! on a déjà fait un projet
de loi sur la maltraitance. Ça n'a pas changé les choses. On dit qu'on n'apprend jamais de nos erreurs. Bon, O.K., la
nouvelle ministre, elle a décidé, là, qu'elle en faisait un autre,
bon, peut-être pour l'améliorer, y donner un petit peu plus de mordant. Puis là
ça va faire deux heures, là, qu'on fait juste du blablabla parce qu'on essaie de
comprendre, on essaie de dire, là, comment ce que c'est... comment est-ce qu'on
peut sortir, là, du titre, là.
En passant,
là, on n'a pas le droit de souligner l'absence d'un député, je vais vous
souligner ma propre absence. Je ne serai pas là mardi prochain. Je suis
désolée. J'ai des raisons personnelles, mais après je me dis : Ça vaut-tu
la peine que je vienne ici, moi? Je suis en
train de me poser ça comme question, moi. Ça veut dire quoi, là? Ça ne donne
rien, elle ne le changera pas, là. Les juristes vont lui dire qu'elle ne peut
pas changer ça, là. Il était comme ça avant, on a été en commission
parlementaire avec ce titre-là, bien là ça ne marche plus. Je n'ai pas encore,
puis je suis très honnête, je n'ai pas
encore tout saisi les incidences que peut avoir ce changement. Je vais vous
dire une affaire, Mme la
Présidente, je suis assez intelligente, par contre, j'en ai assez vu pour
savoir que ça en a.
Puis je vais essayer de le découvrir. Mais il y
a notre petite équipe, puis peut-être à parler avec des collègues, parce que je
suis convaincue que ce n'est pas anodin. Ce n'est pas anodin. Non, non, ce
n'est pas vrai qu'on arrive la première journée, là, puis
qu'on dit : On change le titre, là. Ça fait qu'on ne le changera pas. On
verra à étudier les autres articles plus loin, si incidence il y a ou si
incidence il n'y a pas.
S'il n'y en a pas, je dirai que j'ai pris un
petit peu trop de temps de... du temps qui nous est dévolu pour ne parler que du titre, je l'admettrai, mais je suis
sûre qu'on va découvrir que ce n'est pas anodin. Puis j'ai quand même des connaissances un peu ici et
là, des connaissances de personnes. Je vais le vérifier, moi, avec quelques
personnes, des avocats, des juristes. Vous
savez, on peut prendre 10 juristes puis dire : Ça ne va pas, vous
allez avoir 10 idées différentes, là, surtout, surtout quand vous êtes titulaire d'un ministère,
que vous êtes ministre puis vous décidez que vous allez laisser
votre marque, avant la prochaine élection, avec un projet de loi. Parce que,
là, j'espère que je ne commets pas d'erreur, je pense que c'est le seul dans la
législation de la pandémie. Ça se peut-tu? Je fais-tu une erreur? Je ne suis
pas sûre.
Une voix : ...
Mme Richard : Ah! il y en a
d'autres, bon. Bien, en tout cas, disons que c'est dans les derniers, le temps
que nous restons... le temps qui nous reste. Il me semble que, je ne sais pas,
moi, tu te réunis avec ton équipe puis tu te dis : Voici. Ils ont bien
beau à essayer de te convaincre que c'est ça qu'il faut faire, là, puis je suis
convaincue que la ministre, en toute bonne foi, en a posé des questions, ça, je
suis sûre de ça, mais moi, j'aurais demandé... après avoir vu qu'est-ce que ça
donnait comme réaction, j'aurais...
On peut suspendre cinq minutes, là, pour
rédiger un autre amendement puis un sous-amendement sur un coin de table, là.
En passant, je l'ai déjà fait, puis ils ont passé mes amendements sur un coin
de table. Ça fait que je ne dois pas être si pire que ça, mais je pense que,
là, j'aurais dit : Je vais me rasseoir avec mon équipe encore un petit peu
plus de temps. Coudon, là, les amis, pourquoi vous ne voulez pas... de rester
le titre comme il était? Ça serait-tu vraiment si pire que ça? Je pense que je
l'aurais fait.
Ça fait que ça va être ma dernière intervention
pour aujourd'hui. Je sens qu'on va avoir, là, des heures, et des heures, et des
heures de travail dans ce projet de loi là, là, si c'est parti comme on est
partis. Parce que savez-vous ce qui m'inquiète? C'est que ce qu'on dit ici
aujourd'hui, là, dans un an, dans deux ans, dans trois ans,
ça va être oublié, hein? Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
10 minutes.
• (16 h 20) •
Mme Richard : Je vais juste terminer
là-dessus. Vous savez, quand l'ancien ministre libéral a fait sa réforme en
santé, là, j'étais ici, au rouge, puis je lui en ai dit des affaires, pas mal.
Puis après, je le croisais dans le corridor, puis
il me tutoyait puis il me disait : Tu vas voir, chez vous, ça va donner du
bon, ça va être merveilleux, merveilleux. Je m'obstinais avec lui, moi,
sur des articles, pas mal. Je lui disais : Tu ne peux pas centraliser chez
nous, là. Tu pensais à monter des toits, puis tout ça, je devais même avoir une
acception, moi, comme les Îles-de-la-Madeleine. Il y a tellement eu de pression
politique qu'on ne l'a pas eu.
Je vous en parle aujourd'hui. C'est rendu où,
ça? Tout le monde s'en fout. Ils ne se souviennent pas du tout ce que la
députée de Duplessis a dit à cette époque. Ils ne se souviennent pas du tout
des plaidoyers qui ont été faits par les maires de l'époque. On est pognés avec
un CISSS d'un bout à l'autre. Puis, en passant, la responsable du SAPA,
savez-vous quoi? Elle est à Fermont. Elle ne sait même pas ce qui se passe
ailleurs puis elle dirige à partir de là. Parce que quoi? Bien, on l'a passé,
le projet de loi. Puis ce que le ministre de l'époque, il a dit puis qu'il a
essayé de me convaincre, là... parti,
oublié. Qu'est-ce qui a resté de ça, Mme
la Présidente? Ce que ses conseillers...
Mais lui, il voulait, là. Lui, il
faut lui donner ça, par exemple. Ce n'était pas dans le bon sens, hein? Lui,
c'était : J'y vais, quitte à tout brasser.
La cage, il la brassait. Il l'a assez brassée qu'il l'a toute cassée. On a un système
de santé à terre, bon. Mais on est pognés avec en mautadit, hein? Tous
partis confondus, il n'y a plus personne qui veut toucher à la réforme de
santé.
Je sais que ce n'est pas comparable, le projet
de loi sur la maltraitance envers les aînés, de ce que je vous dis, là. Je suis
assez intelligente pour savoir ça. Ce que je veux vous dire, par exemple, c'est
que ça, là, un coup que ça va être adopté, là, je ne pense pas que, dans six
mois ou que dans un an, puis même après les élections, peut-être même avec une
nouvelle ministre, je ne sais pas ses intentions, de la Santé, qu'on va revenir
avec un projet de loi pour la maltraitance envers les aînés. Je ne crois pas à
ça, là, pas du tout.
Ça fait que, comme je vous ai dit ce matin,
j'aurai dit ce que j'avais à dire, puis on va faire avec. Mais moi, là, j'ai
entendu la ministre, j'ai entendu les personnes qui l'accompagnent, puis ça ne
m'a pas convaincue qu'on n'était pas capables... Puis on aurait parti sur une
bonne base, parce que, déjà là, là, on n'est pas dans le meilleur climat,
disons, même s'il n'y a pas des attaques personnelles, ça ne commence pas très
bien l'étude de projet de loi. Ça fait qu'en tout cas, à la veille de finir,
moi, je me réunirais avec mon équipe puis j'essayerais... Aïe! C'est de valeur,
je vais être obligée de tout passer ça à la déchiqueteuse, moi. Une chance que
je n'ai pas mis trop de notes personnelles là-dessus, le titre n'est plus bon.
Le titre n'est plus bon.
Désolée, Mme la
ministre, mais... Écoutez, je vous ai dit, hein, je suis capable de donner à
César ce qui est à César. Je vous ai dit que vous aviez du personnel qui était
compétent, en tout cas, ils répondent, puis ils font leur possible. La machine
ne suit pas. Ça, c'est une autre histoire. Bien là, moi, je suis déçue, là, des
personnes qui vous ont conseillé de changer
de titre, très déçue. Puis, je vous le dis, je m'assoirais avec eux en fin de
semaine autour d'un bon café puis je leur dirais bien amicalement :
Les ti-amis, là, parce que je veux bien croire que vous avez des études
universitaires, je veux bien croire que vous êtes juristes, je veux bien croire
qu'on fait de la législation, là, mais, quand on l'avait mis, ce titre-là, il y
a-tu quelqu'un parmi vous autres qui m'avez dit : Mme la ministre, c'est
parce que, là, il n'est pas correct, votre titre, là? Il aurait fallu qu'après
«aînés», là, qu'on ait «aînés en situation de vulnérabilité». Comment
ça se fait que vous ne l'avez pas vu? Trop de travail, trop occupés, ta, ta,
ta, na, na, na, télétravail, pas souvent là, je ne sais pas, moi, les raisons,
là. Je ne le sais pas, les raisons. Puis prenez-le pas personnel, là, ceux qui
sont autour de la ministre, là, mais c'est parce que, là, là, il y a un sérieux
problème. Moi, là, si j'étais la ministre, là, je serais furieuse. Je
dirais : Vous m'avez fait imprimer ça, là, puis là, si je me base sur
mes... parce que je me base sur vos conseils, là. C'est à force de me
conseiller que vous me dites qu'il faut changer. Bien, on profiterait du break
de la fin de semaine pour avoir une bonne réunion, Mme la Présidente. Terminé.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé :
Écoutez, dans ces dernières minutes de la journée, j'en aurais long à dire,
mais, évidemment, on va se limiter, mais, clairement, je vais répéter encore le
titre de la loi n° 115 parce que c'est la Loi visant
à lutter contre la maltraitance envers les aînés et c'était le titre de la loi n° 101 aussi au départ. Alors, moi, je n'ai pas eu beaucoup de réponses, et, clairement, là,
l'argument de la précision, comme la collègue de Duplessis, ça ne me
rassure, mais pas du tout. Et la précision, encore une fois, amène l'exclusion
de tellement d'aînés, puis ça m'amène dans une émotion incroyable, Mme la
Présidente, de penser que, pour trouver une façon de faire passer le
signalement obligatoire, la ministre a
choisi d'exclure des aînés du Québec. J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de
misère avec ça.
Et on a entendu les
explications juridiques. Ce n'est pas une question de précision de loi, c'est
une question d'exclusion d'aînés. Ce n'est pas un enjeu de légistes, c'est une
décision politique et c'est la décision de la ministre responsable des Aînés,
aujourd'hui, de clairement changer le titre du projet de loi et d'exclure des
aînés du Québec.
Comment se fait-il,
Mme la Présidente, que le titre fonctionnait? Le titre initial, il fonctionnait
quand elle est passée au Conseil des ministres. Pourquoi il fonctionnait quand
elle est passée devant les comités ministériels? Pourquoi il fonctionnait
encore quand elle est passée devant le comité de législation? Et pourquoi là,
tout d'un coup, il ne fonctionne plus? Et tantôt j'ai posé une question :
Où, dans le mémoire qu'elle a déposé au Conseil des ministres pour présenter
son projet de loi, où on retrouvait ce changement de cap qui exclut les aînés?
Je n'ai pas eu de réponse. Je vais vous la donner parce que j'ai lu toute la
portion publique du document et ce n'est pas là.
Alors, c'est la
décision de la ministre, aujourd'hui, responsable des Aînés puis c'est avec une
grande tristesse que je le dis : Je ne
peux pas croire qu'on va changer le titre de ce projet de loi et d'exclure des
aînés aptes, autonomes, à qui on doit toute la dignité, et leur enlever
la totale protection dont ils ont droit avec le projet de loi qui est déposé.
Moi, je vous dirais
clairement, Mme la Présidente : Je souhaite, je souhaite vraiment que la
ministre puisse réfléchir aux arguments qu'on a donnés. Je souhaite clairement,
encore une fois, je réitère ma volonté et je lui demande qu'elle puisse retirer
son amendement. C'est clair que, si elle retire son amendement, je retirerai
mon sous-amendement. Mais, s'il vous plaît,
encore une fois... Ça fait deux fois, là, aujourd'hui, là, que j'implore la
ministre par rapport aux aînés...
inclure tous les aînés puis respecter sa parole d'engagement. Ce matin, c'était
la maltraitance organisationnelle. On en parlera dans la suite des
choses.
Mais là, clairement,
j'implore la ministre de ramener le titre initial et de faire en sorte qu'elle
suspende, qu'elle retire son amendement, et je retirerai mon sous-amendement,
bien entendu. Alors, c'est ma volonté pour les aînés qui sont exclus. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Blais
(Prévost) : Oui. Rapidement...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Seulement une minute, Mme la ministre.
Mme Blais
(Prévost) : Seulement une
minute? Bien, à dire que c'est moi qui a présenté le projet de loi n° 399 avant l'adoption de la loi n° 115, et Marie Beaulieu, chercheuse, m'avait mise en garde par rapport à toucher aux personnes à
domicile parce que les personnes étaient autonomes. Ça m'est aussi
revenu, cette chose-là. Et la notion de confiance, c'est une personne autonome, apte, qui ne vit pas
une situation de vulnérabilité, est en droit d'avoir confiance
et de choisir les actions. Briser
cette confiance, c'est contraire aux principes des sciences sociales. Et je
viens préciser ce que vous n'aviez pas précisé dans la loi. Et c'est
seulement un amendement technique. Ça ne touche pas au fond des choses de la
loi.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Bien, il reste très peu de temps, Mme députée de Fabre, une
minute.
Mme Sauvé :
Écoutez, je ne pense pas que Marie Beaulieu aurait souhaité qu'on exclue les
aînés et je ne crois pas que c'est une question... C'est assez épouvantable que
ça vient me chercher quand on dit que c'est une question technique. On change
le titre du projet de loi, qu'on exclut des aînés, et on retiendra, en
conclusion, de la bouche de la ministre que c'est une question technique?
Moi, je vais finir là-dessus,
là, parce que je suis sans mot, Mme la Présidente. Je n'ai rien d'autre à
ajouter.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il est 16 h 30. Je vous remercie pour votre
collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses
travaux, mardi le 26 octobre 2021 à 9 h 45. Merci, tout le
monde.
(Fin de la séance à 16 h 30)