(Dix
heures quarante-deux minutes)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations...
Une voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Ah! d'accord. Je vous ai oublié.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens...
La
commission est réunie afin de procéder à des auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières sur
le projet de loi n° 101, loi visant à renforcer la lutte contre les maltraitances envers les
aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la
qualité des services de santé et de services sociaux.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Labrie
(Sherbrooke) est remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage) et
Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Richard (Duplessis).
Remarques préliminaires
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Ce matin, nous allons débuter par les remarques
préliminaires, puis nous entendrons les groupes suivants : le Regroupement
des commissaires aux plaintes et à la qualité du Québec et l'Ordre des
comptables professionnels agréés du Québec.
La
durée des remarques préliminaires pour le gouvernement, six minutes,
l'opposition officielle, quatre minutes, le deuxième groupe
d'opposition, une minute, le troisième groupe d'opposition, une minute.
Je cède maintenant la
parole à la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants pour ses
remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de six minutes.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Merci, Mme la Présidente. Merci de nous accueillir dans
cette commission. J'aimerais saluer
non seulement les collègues de l'aile parlementaire du gouvernement, mais les
personnes qui sont ici présentes, le Parti
libéral, le Parti québécois et, ultérieurement, le parti de Québec solidaire. J'aimerais
aussi saluer M. le secrétaire général de la commission ainsi que les
techniciens et toutes les personnes qui ont travaillé très fort au gouvernement
pour présenter cette nouvelle mouture de loi.
Je serai brève parce
que je veux laisser du temps précieux à mes collègues. La loi en vigueur a
besoin de plus de mordant, de leviers et de précisions afin de rencontrer
l'objectif qui est d'enrayer davantage la maltraitance. La dernière année a démontré toute l'importance de
resserrer le filet de sécurité autour des personnes majeures en
situation de vulnérabilité, notamment celles résidant dans les milieux de vie
pour aînés.
Chaque élément de la loi actuelle a été révisé
pour en mesurer les enjeux et impacts et les améliorations à y apporter.
Engagement du gestionnaire à prendre les
moyens nécessaires pour mettre fin à tout cas de maltraitance,
aménagements significatifs pour que toute
personne en situation de vulnérabilité qui ne reçoit pas des services de santé
et de services sociaux puisse formuler une plainte ou un signalement,
c'est nouveau.
Politique des établissements
approuvés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, il y a des changements : obligation des ressources
intermédiaires et de type familial et des résidences pour aînés d'afficher la
politique à la vue du public, c'est nouveau, en précisant les instances
responsables d'intervenir et de couvrir l'ensemble des situations potentielles
de maltraitance à l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux et
hors réseau; préciser les rôles de chacun,
comme le dit l'adage, lorsque tout le monde s'occupe de tout, personne ne
s'occupe de rien.
Possibilité de
signaler une situation de maltraitance en dehors du réseau aux intervenants
désignés par des processus d'intervention concertés.
Ententes-cadres
nationales pour lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre
personne en situation de vulnérabilité, c'est nouveau. Actuellement,
lorsque la victime n'est pas connue, personne ne s'en occupe.
Institution d'un centre de
référence et d'assistance pour faciliter le repérage et la référence des situations
de maltraitance vers les acteurs appropriés, c'est nouveau.
Signalement obligatoire élargi à tout usager qui
est pris en charge par une RIRTF, tout résidant d'une résidence privée pour
aîné, toute personne dont l'inaptitude à prendre soin d'elle-même ou
administrer ses biens a été constatée par une évaluation médicale, mais qui ne
bénéficie pas d'une mesure de protection.
Pour une meilleure application de la loi,
précision de la définition de maltraitance, incluant les types de maltraitance;
définition de prestataire de services de santé et de services sociaux;
signalement obligatoire lorsqu'il y a maltraitance, et non seulement lors de
risques sérieux.
Pour bonifier les mécanismes d'assurance qualité
déjà en place dans les milieux de vie : mise en place de nouveaux leviers
d'intervention.
Administration provisoire des RIRTF non visées
par la loi sur la représentation des ressources de type familial et de certaines ressources intermédiaires et sur le régime de négociation d'une entente collective les concertant; administration provisoire des
RPA; reddition de comptes des commissaires locaux aux plaintes et à la
qualité des services optimisés; des amendes possibles dans le cas où une
personne visée par l'obligation de signaler contrevient à sa responsabilité si une personne menace, ou intimide, ou tente d'exercer, ou exerce
des représailles en lien avec le signalement
d'une situation de maltraitance ou lorsqu'une personne entrave de quelque façon que ce soit l'exercice des fonctions d'un inspecteur ou d'un enquêteur ou lorsqu'il
y a commission d'un acte de maltraitance; ajout de pouvoir d'inspection et
d'enquête, notamment en RPA.
L'intention de la présente loi est de lancer un
message clair en voulant qu'aucune situation de maltraitance ne peut être
tolérée. L'ajout de sanctions pénales vient soutenir cette intention. D'ailleurs,
je vous avise que nous travaillons actuellement des amendements concernant, entre
autres, les sanctions. Le travail est ardu. Et nous serons fiers de vous les
déposer prochainement, dès que le travail sera complété.
Le projet de loi vise les aînés en situation de
vulnérabilité ainsi que les personnes majeures en situation de vulnérabilité, qui sont victimes de maltraitance,
et ce, tant dans le réseau qu'à l'extérieur du réseau. D'autre part, il
vise à assurer la qualité des différents milieux de vie, l'instauration du
réflexe de bienveillance. Le projet de loi prévoit la possibilité de signaler
une situation de maltraitance en dehors du réseau de la santé, nommément, pour
les personnes majeures en situation de vulnérabilité, à domicile, qui ne
reçoivent aucun service du réseau.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui
viendront témoigner au cours des trois prochains jours et je tiens à vous dire que nous serons en mode écoute pour
faire en sorte que le projet de loi soit bonifié. Parce qu'une commission parlementaire c'est fait pour écouter des
groupes qui vont nous suggérer des idées qui vont apporter, comme on dit, de
l'eau au moulin pour en faire une belle loi.
Et ce qui est fantastique dans une commission
comme celle qui porte sur la maltraitance, je pense que tous les partis sont d'accord pour faire en sorte
d'éviter le plus possible de maltraitance envers nos personnes vulnérables
et nos aînés en situation de vulnérabilité. Merci, Mme la Présidence.
• (10 h 50) •
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la ministre. J'invite
maintenant la porte-parole de l'opposition officielle et députée de
Fabre à faire ses remarques préliminaires pour une durée maximale de
quatre minutes.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, je vous salue. Je veux saluer bien sûr la ministre. Bon
retour à la ministre. Je veux saluer l'ensemble des collègues et toutes les
équipes. Et j'ai le privilège d'être accompagnée par Mme Thivierge avec
moi.
Écoutez, d'entrée de jeu, je veux rassurer la
ministre pour lui dire très simplement que, dans l'intention, dans la volonté
et la vertu de vouloir toujours aller plus loin pour contrer la maltraitance
envers les aînés, nous serons au rendez-vous dans un appui, dans une collaboration
et une volonté très constructive de proposer des éléments qui, on l'espère,
pourront bonifier, tous ensemble, le projet de loi.
Mme la Présidente, ça ne m'empêchera pas
cependant de poser des questions et bien sûr d'être à l'écoute de tous les groupes qui vont venir nous éclairer tout
au long de ces consultions, bien que j'aurais souhaité qu'il y ait plus
de groupes lors du projet de loi qui est
devenu loi n° 115. Il y avait 32 groupes. On aura l'occasion
d'entendre 16 groupes cette fois-ci.
J'aurai des grandes questions et la première est
la suivante : Alors que le projet de loi n° 101 est en fait un remède, si on veut, hein, une prescription d'un
remède pour contrer la maltraitance, est-ce qu'il n'y aurait pas eu lieu
d'avoir le plein diagnostic, c'est-à-dire le portrait complet et exhaustif de
la situation de la maltraitance au Québec? Je pense très sincèrement qu'il y a
eu des rendez-vous manqués. Souvenons-nous, à ces nombreuses occasions, nous
avons demandé, nous, à l'opposition
officielle, d'avoir une enquête
publique indépendante pour faire la lumière sur ce qui s'est passé
durant la première vague dans les CHSLD. Souvenons-nous aussi que j'avais posé
des questions en étude de crédits sur une enquête
avec l'Institut de la statistique sur
la maltraitance dans les CHSLD, et il n'y avait rien qui était amorcé à
ce moment-là.
Chose
certaine, c'est que coroners, ordre des infirmières, Protectrice du citoyen,
eux pensent très honnêtement et travaillent très fort à aller chercher
toute la lumière, tous les faits pour avoir le portrait le plus complet
possible de ce qui s'est passé durant ces
premières vagues de la pandémie. Alors, j'aurais souhaité très simplement et
très honnêtement qu'avant d'émettre
un diagnostic... avant d'émettre un remède, on ait le diagnostic complet. Donc,
ma première question fondamentale tout au long de ces travaux, ce sera
de savoir pourquoi la ministre n'a pas été vers ce portrait.
Deuxième grande question,
depuis des mois, la ministre nous dit que, pour déposer ce projet de loi, il
faut plus de mordant, elle l'a encore dit tantôt. Et elle a pris deux
engagements très, très affirmés.
Premièrement, qu'il y ait des sanctions pénales
envers les auteurs de la maltraitance. Or, ce n'est pas dans le projet de loi.
Tantôt, elle a mentionné qu'il y aurait des amendements, et je souhaiterais
bien sûr qu'elle puisse les déposer le plus
rapidement possible, en espérant qu'elle se rapproche de son engagement parce
que présentement, dans la loi, il n'y a pas cette sanction pénale
directement aux auteurs de la maltraitance. Et ça fait bien longtemps qu'elle
veut ça, avant même son retour en politique.
Deuxième élément d'engagement, il faut qu'il y
ait la maltraitance organisationnelle incluse dans la définition. Encore là, ce
n'est pas le cas. Nous, on avait fait des choix différents, que je prendrai le
temps de justifier. On avait été vers une définition plus large de la
maltraitance en lien avec l'OMS. Elle a fait un autre choix. Elle s'est
engagée, et ce n'est pas... ce n'est clairement pas dans le projet de loi.
Alors, écoutez, un portrait incomplet, des
engagements qu'elle a pris qui ne se retrouvent pas à la première mouture du projet de loi. Donc, bien des
questions, mais entre-temps on écoute les groupes qui viennent nous apporter
tout leur éclairage, qui seront bénéfiques
pour la suite de nos travaux. Je vous remercie beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole du troisième groupe d'opposition et députée de
Duplessis à faire ses remarques préliminaires pour un maximum d'une
minute.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Salutations à la ministre, ainsi qu'aux collègues, et toutes les
personnes qui nous accompagnent aujourd'hui. C'est les débuts. C'est le début
du projet de loi n° 101, projet de loi n° 101,
qui vise à contrer la maltraitance envers nos personnes âgées, envers des
personnes aussi en situation de vulnérabilité.
Moi aussi, à la lecture du projet de loi,
j'aurais aimé le trouver plus costaud. J'aurais aimé le trouver plus mordant.
J'aurais aimé aussi qu'on s'attaque au problème au tout début. Pour être
capable de contrer la maltraitance, il faut être capable d'en connaître les
causes et trouver aussi de la formation par rapport à ceux aussi qui donnent
des soins, que ce soit en CHSLD ou autre.
Comme je n'ai pas beaucoup de temps, Mme la ministre, écoutez,
je m'engage à faire tout en mon possible pour être capable, avec le peu
de temps que nous disposons, comme troisième groupe d'opposition, à bonifier le
projet de loi. Moi aussi, je vais arriver avec des amendements. Mais, tout
d'abord, écouter les personnes qui vont venir nous parler, au cours des
prochains jours, avec une grande attention. Merci.
Auditions
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Donc, je souhaite maintenant la bienvenue au Regroupement des commissaires
aux plaintes et à la qualité du Québec, Mme Maude Laliberté, présidente,
et Mme Sophie Brisson, commissaire aux plaintes et à la qualité des
services, CIUSSS de l'Estrie.
Alors, je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite, donc, à vous présenter,
chacune, et à profiter de votre exposé. La parole est à vous.
Regroupement des commissaires aux plaintes et à la qualité
du Québec
Mme Laliberté (Maude) : Mme la
Présidente, d'abord, je tiens à vous remercier, en mon nom personnel, mais
aussi au nom de tous les membres du regroupement, pour cette belle opportunité
d'échange avec les membres de la commission parlementaire. Je m'appelle Maude Laliberté, je suis présidente
du Regroupement des commissaires aux plaintes et à la qualité des services du Québec. Je suis aussi commissaire au CIUSSS Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal.
Le regroupement, pour vous situer un peu, c'est une association, mais c'est aussi
une communauté de pratique qui regroupe les commissaires, les commissaires adjoints, les professionnels qui travaillent
dans les 34 commissariats des CISSS, des CIUSSS et des
établissements non fusionnés du Québec. Ma collègue.
Mme Brisson (Sophie) : Je suis
Sophie Brisson. J'ai dirigé les travaux du regroupement sur la maltraitance et
je suis également, comme vous l'avez mentionné, la commissaire aux plaintes et
à la qualité des services du CIUSSS de l'Estrie, CHUS.
Mme Laliberté (Maude) :
D'entrée de jeu, je tiens à dire que le regroupement se positionne de façon
favorable au projet de loi n° 101. Non seulement les
commissaires adhèrent à l'objectif de protection des citoyens vulnérables, mais
ils espèrent pouvoir contribuer au développement d'une culture qui est axée sur
la bientraitance pour prévenir la maltraitance.
D'abord, je vais vous présenter brièvement le
rôle des commissaires aux plaintes pour que vous puissiez mieux comprendre notre perspective. Le régime
d'examen des plaintes est en place depuis 30 ans, puis les
commissaires aux plaintes sont requis dans tous les établissements publics,
maintenant, également, les établissements privés, puis ils relèvent directement
du C.A. de l'établissement, et non de la direction d'établissement, pour
préserver leur indépendance.
Quel est notre mandat
principal? Bien, vous ne serez pas très surpris, c'est le traitement des
plaintes. Donc, les commissaires aux
plaintes font l'examen des situations d'insatisfaction et beaucoup d'examens.
En 2019, c'est plus de 26 000 dossiers qui ont été traités par
les 34 commissariats aux plaintes du Québec.
Les commissaires ont aussi le mandat de recevoir
puis de traiter les signalements de maltraitance. La loi qui vise à contrer la maltraitance a permis de
publiciser les mécanismes de signalement qui font en sorte que les
commissaires sont devenus des acteurs de première ligne dans la lutte à la
maltraitance. L'an dernier, les commissaires aux plaintes ont reçu
2 000 signalements de maltraitance, dont la moitié ont entraîné des
mesures correctives. Ça fait en sorte que les commissaires aux plaintes sont
des témoins privilégiés à la fois des insatisfactions des citoyens, mais
également de la manière dont sont gérées les situations de maltraitance par les
établissements.
Le dépôt du projet de loi, ça nous a permis de
prendre un temps d'arrêt, de réfléchir à la meilleure façon de bonifier ce
projet de loi pour protéger les citoyens vulnérables partout au Québec. Pour
respecter le temps à Louise, je vais me concentrer seulement sur certaines de nos
recommandations.
Nos premières recommandations visent à clarifier
le mandat qui est confié au commissaire aux plaintes. Le projet de loi indique que le commissaire aux
plaintes est responsable du traitement des signalements de maltraitance.
Le regroupement vient recommander de préciser ce qui est sous-entendu par
«traitement». Je vous explique pourquoi.
Quand il y a une situation de maltraitance
alléguée est signalée, la première étape, c'est de déterminer s'il y a
réellement maltraitance. L'équipe clinique fait la vérification des faits,
c'est-à-dire colliger et analyser les données qui
sont pertinentes. Si la situation de maltraitance est avérée, l'équipe clinique
déploie un plan d'action pour faire cesser la maltraitance. Le rôle du
commissaire aux plaintes, ici, c'est de faire une vigie ou une surveillance
pour s'assurer que la gestion de la situation de maltraitance par
l'établissement est conforme aux procédures applicables. Il ne revient pas au
commissaire aux plaintes de faire la vérification des faits ou d'appliquer le
plan d'action. Ce rôle-là revient aux équipes cliniques qui ont la compétence
pour le faire.
Imaginez une situation où un fils serait
suspecté de maltraitance envers sa mère par une infirmière du soutien à
domicile. Le fils crie après sa mère, endommage le logement, lui demande
souvent de l'argent devant l'infirmière. On
a vu des situations semblables où le professionnel qui fait le signalement au
commissaire aux plaintes pense que son travail est terminé. Le rôle du
commissaire aux plaintes, ce n'est pas d'investiguer, contacter la mère, le
propriétaire, la banque. Ce rôle-là, il appartient à l'équipe clinique, puis
ici ça serait l'équipe du soutien à domicile.
• (11 heures) •
Ensuite, le
projet de loi exige que le commissaire aux plaintes avise directement le
ministre quand il a des motifs de croire à l'existence d'une situation
susceptible de compromettre santé ou bien-être d'usagers. Le regroupement comprend tout à fait les intentions de la
ministre, soit d'être interpelée pour être un levier pour faire cesser les
situations de maltraitance, particulièrement dans les situations de
maltraitance organisationnelle. Par contre, le regroupement trouve cet article questionnable
pour deux raisons.
Premièrement, le chemin qui est le plus
efficace, ça demeure le canal de communication qui est habituel. Le Commissaire
aux plaintes se réfère déjà au conseil d'administration quand il juge opportun
de le faire. Dans notre exemple, si l'équipe
clinique néglige, par exemple, d'élaborer un plan d'action, le commissaire
va d'abord se référer au gestionnaire d'un niveau
supérieur, et il pourrait saisir le C.A. si la gestion de la situation n'est
pas appropriée. La responsabilité de saisir le ministre devrait, donc, revenir
au conseil d'administration.
Deuxièmement, le regroupement juge que le
critère de situation susceptible de compromettre la santé ou le bien-être est beaucoup
trop flou. Présentement, ça correspond à toutes les situations traitées par les
commissaires aux plaintes. Si on ne donne
pas plus de précisions, ça implique, donc, 2 000 signalements que le ministre
recevra. Il serait inondé sans
pouvoir discerner les situations qui nécessitent une intervention de la part du ministère.
Dans l'exemple plus tôt, par exemple, il ne serait pas aidant que le ministre
soit informé qu'une dame est victime de maltraitance à domicile.
Maintenant,
je l'ai évoqué, le régime d'examen des plaintes existe depuis 30 ans. Vous
allez peut-être être surpris de l'apprendre, mais on n'a
pas de cadre de référence. Pourtant, les 34 commissaires aux plaintes font
face à une complexité législative qui est vraiment surprenante quand on doit
appliquer la procédure d'examen des plaintes. Je vous donne un exemple. En plus de recevoir les signalements de
maltraitance, les commissaires aux plaintes reçoivent les signalements
d'agression entre deux usagers. Puis ça, c'est conformément aux lignes
directrices de déclaration d'accidents et incidents depuis avril. Une agression
entre deux usagers, ce n'est pas nécessairement une situation de maltraitance si on regarde la définition légale de
la maltraitance. Par contre, rien ne vient baliser la différence dans
nos procédures, dans notre gestion administrative. Ça, c'est laissé à la
discrétion de chaque commissaire aux plaintes.
Dans ce
contexte-là, le regroupement considérerait utile que les commissaires puissent
s'appuyer sur des balises avec l'ensemble des normes applicables. Puis
l'avantage d'un cadre de référence, c'est aussi que ça nous laisse toute la
souplesse qui est nécessaire pour nous adapter à la singularité de chaque
situation de maltraitance. Ça nous permet de garder notre indépendance. Il n'y
a pas non plus de balise pour les établissements au niveau du budget alloué aux
commissaires aux plaintes. Sans ces balises-là, bien, les commissaires aux
plaintes doivent essayer de négocier et convaincre
avec leur P.D.G. et leur C.A. Ce n'est pas un contexte facile, alors qu'on
rivalise avec l'ensemble des secteurs administratifs et cliniques,
particulièrement alors que la nature de notre travail, c'est de faire des
recommandations à l'établissement.
Dans les cinq
dernières années, on a remarqué une hausse moyenne du volume de dossiers de
51 % dans les CISSS et les CIUSSS. Non seulement le volume est plus
important, mais la complexité des dossiers est beaucoup plus grande. Malheureusement, les budgets n'ont pas été ajustés de la
même façon. On a vu une augmentation moyenne de seulement 16 % du
personnel dans nos bureaux. Ça, ça pourrait conduire à une détérioration du
régime d'examen des plaintes : moins de temps pour faire de la médiation,
moins de temps pour faire de la promotion, pour parler aux plaignants,
des délais qui s'allongent. Puis, en bout de ligne, bien, c'est la confiance
des citoyens envers le régime d'examen des plaintes qui pourrait être
compromise.
Le
regroupement a soumis ce mémoire vraiment dans un esprit collaboratif. On a
souhaité mettre en évidence certains constats des commissaires aux
plaintes dans le but de contribuer à l'effort déployé par la commission pour
bonifier le projet de loi n° 101. L'objectif de tous les acteurs est le
même, c'est la protection des personnes en situation
de vulnérabilité. Merci, Mme la Présidente. Merci aux membres de la commission.
Et puis j'invite, membres de la commission, parlementaires, groupes
parlementaires à contacter le regroupement ou encore les commissaires de vos
circonscriptions si vous avez des questions.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Blais
(Prévost) : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à préciser que mes
collègues vont poser également des questions. Alors, je vais me
restreindre peut-être à une ou deux questions. Je voudrais aussi vraiment
rassurer ma collègue du Parti libéral du Québec, nous allons déposer d'autres
amendements, et, entre autres, je l'ai mentionné, là, sanctions pénales autres
que celles qu'on a actuellement. Mais on travaille là-dessus.
Alors,
Mme Laliberté, Mme Brisson, merci. C'est vous qui avez cassé... brisé
la glace aujourd'hui. Pour moi, c'est extrêmement important et, je pense, pour
le réseau de la santé et des services sociaux, l'équipe de Nathalie Rosebush,
qui est la sous-ministre adjointe à la Direction des aînés et des proches
aidants, et toute son équipe, les commissaires aux plaintes et à la qualité des
services. Vous savez qu'on a un commissaire-conseil. Comment pourrais-je
améliorer votre travail? J'ai comme l'impression que vous sentez que votre...
la définition de votre rôle est floue. Le fait que vous n'ayez pas de cadre de
référence depuis 30 ans, là, je veux dire, il me semble qu'il y a quelque chose d'anormal, hein? Je me trompe
peut-être, mais il me semble que c'est quelque chose que vous aimeriez.
Je me rends compte que de devoir rendre... dire au ministre les cas de
maltraitance, ce n'est pas à vous à faire ça, mais ce serait plutôt au conseil d'administration. J'aimerais que vous alliez
un peu plus loin puis me dire aussi : Est-ce que les conseils
d'administration sont assez équipés pour être en mesure aussi de rendre des
comptes? Qu'est-ce qu'on peut faire pour
améliorer votre travail, mieux le définir, le circonscrire? Est-ce que
ça prend aussi... On s'est engagé à faire une campagne de publicité, là, pour mieux faire connaître le rôle des
commissaires aux plaintes. Alors, je vous laisse la parole.
Mme Laliberté (Maude) : Merci beaucoup. Mme la Présidente, vous me
permettez de répondre à la question?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Allez-y. ...la parole...
Mme Laliberté (Maude) : Merci. Je pense c'est une question très
pertinente, très large, mais très intéressante. C'est sûr que la posture
des commissaires aux plaintes, c'est une posture qui est difficile. On est
indépendant, on est impartial, ça fait que ça nous met un peu en retrait ce qui
est la force des commissaires aux plaintes, mais en même temps qui peut devenir
la faiblesse des commissaires aux plaintes, parce que c'est important d'avoir
des bons liens de collaboration, d'avoir des bons canaux de communication.
Pour répondre
directement à votre question, oui, je pense que les C.A. sont équipés pour
faire cette reddition de comptes là au ministre via les comités de vigilance et
de qualité. Donc, chaque conseil d'administration a des comités de vigilance et
de qualité qui analysent et qui reçoivent les recommandations des commissaires
aux plaintes. Les commissaires aux plaintes
sont très actifs sur ces comités-là, sont très diligents, transmettent les
recommandations. Ça fait que c'est vraiment la boucle de recommandations qu'il
faut s'assurer d'harmoniser partout au Québec pour qu'on ferme les boucles de
recommandations, pour qu'il y ait un suivi diligent qui est fait sur chacune de
nos recommandations. Puis le cas échéant, si
le C.A. juge approprié, en effet, je pense qu'il y a des situations qui
méritent d'être portées à l'attention du ministre, puis particulièrement dans
des situations de maltraitance qui ont été mises en évidence pendant la
première vague de la pandémie.
Oui, un cadre de
référence. Un cadre de référence qui vient cartographier l'ensemble des cadres
législatifs, des normes, des obligations pour venir un peu harmoniser puis
diminuer l'obligation d'interprétation. Ça, je pense que ça serait important puis aidant. En même temps, une des forces des
commissaires, c'est d'être capable de s'adapter à chaque situation. Ça fait qu'il ne faut pas que le
cadre de référence vienne nous contraindre, nous limiter dans nos
actions, parce que ça fait vraiment partie de nos forces à l'ensemble de
commissaires aux plaintes, là, de pouvoir déployer plein de moyens pour être
capable d'arriver à l'objectif dans un cas donné. Ça fait que je pense ça
résume bien. Je vais passer la parole à ma collègue, si elle avait quelque
chose à ajouter.
Mme Brisson
(Sophie) : Bien, simplement ajouter que la loi prévoit que le
commissaire aux plaintes est d'office membre
du comité de vigilance, donc il participe aux rencontres, à toutes les
rencontres du comité de vigilance puis, usuellement, il va développer un
lien particulier avec le président de ce comité-là, qui lui permettrait même,
en dehors des rencontres, de le solliciter.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je donne la parole maintenant à la députée... Mme
la députée de Soulanges, s'il vous plaît.
• (11 h 10) •
Mme Picard :
Merci beaucoup. Merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui. Dans votre mémoire,
vous parlez, à la recommandation 8, que vous suggérez — je ne
l'ai pas sous les yeux — d'avoir
une meilleure reddition de
comptes. Est-ce que
vous pouvez clarifier un petit peu votre position? Et puis j'aimerais savoir
votre... comment vous la voyez, en fait, cette reddition de comptes là.
Un ajout de paperasse supplémentaire, je ne pense pas que les gens
apprécieraient. Donc, j'aimerais avoir votre vision sur celle-ci.
Mme Laliberté
(Maude) : Merci beaucoup. Mme la Présidente, vous me permettez de
répondre à la députée de Soulanges?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Bien sûr, allez-y, Mme Laliberté.
Mme Laliberté
(Maude) : Merci. Bien, en effet, d'abord, je dois dire, l'aspect reddition
de comptes, nous, on le reçoit d'un oeil très favorable. Les commissaires aux
plaintes voient une partie de leur rôle comme étant de faire une reddition de
comptes qui est pertinente, aidante pour notre établissement, pour le ministère.
Ça permet d'avoir un portrait d'une situation puis ça fait partie de notre
mandat de le faire. Ça fait qu'on ne le voit pas comme une contrainte supplémentaire.
Notre
recommandation n° 8, ce qu'on propose, par contre,
c'est d'élargir l'obligation de reddition
de comptes à d'autres acteurs importants.
Des signalements de maltraitance, on n'est pas les acteurs uniques, il y a
des signalements qui vont se faire à
d'autres instances, si quelqu'un va au processus d'intervention concertée, bon,
et puis ces données-là ne seront pas disponibles pour le commissaire aux
plaintes. Puis ça permet quand même d'éclairer la situation de la maltraitance
au Québec, d'avoir un portrait qui est beaucoup plus complet puis général.
Nous, les
signalements qui nous sont transmis, ce sont uniquement les signalements obligatoires.
Ça fait que les signalements non obligatoires, ça ne veut pas dire que l'établissement
ne va pas prendre action pour faire cesser la maltraitance, mais nous, on ne
pourra pas attester de ces situations-là. C'est pour ça qu'on proposait que
tous les acteurs visés par le projet de loi aient aussi une obligation de reddition
de comptes, idéalement publique, pour qu'on puisse avoir accès à ces données-là.
Je ne sais pas si ma collègue souhaitait ajouter quelque chose.
Mme Brisson
(Sophie) : Non, ça va.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. Félicitations, mesdames. Lorsqu'une
plainte est portée, moi, je voudrais savoir quel est l'échéancier pour agir,
pour aller faire des actions, la première des choses. Et souvent on entend
parler que les familles n'osent pas porter de plainte parce qu'ils ont peur des
représailles. Alors, quel message que vous auriez à livrer aujourd'hui pour ces
familles-là?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Laliberté.
Mme Laliberté
(Maude) : Merci beaucoup pour la question, Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
En fait, votre question amène une réponse qui est peut-être un peu plus
complexe. Ça dépend si on reçoit une plainte ou un signalement, puis la
distinction, c'est que la plainte va être faite par l'usager ou le représentant
légal de l'usager alors que le signalement
de maltraitance peut nous être fait par n'importe quel acteur, un professionnel
de la santé, et autres.
Pour une plainte,
notre délai légal, c'est 45 jours pour répondre à la situation. Nos
actions sont beaucoup plus rapides, mais, pour finir notre examen, faire nos
conclusions, c'est 45 jours.
Dans les situations
de maltraitance, on est très, très rapide et interventionnistes. Tous les
commissaires aux plaintes sont très préoccupés par ces situations-là :
24-48 heures, les commissaires aux plaintes sont impliqués. Ça ne veut pas
dire que la situation est résolue, mais ça veut dire qu'on fait un suivi avec
l'établissement. On s'assure que les filets de sécurité sont mis en place, que
l'usager est en sécurité. Ça fait que, ça, c'est quelque chose qui est fait
vraiment très rapidement par les commissaires aux plaintes au Québec.
Maintenant, pour ce
qui est des représailles, je comprends. Je comprends la peur, l'inquiétude des
familles par rapport à la représaille, surtout quand les gens qui ont commis la
maltraitance sont des acteurs qui sont présents dans les milieux de vie, là. La
maltraitance, c'est des situations très complexes. Souvent, ce n'est pas
malintentionné non plus, puis avec les gestes de maltraitance, il y a aussi des
gestes bienfaisants pour l'usager, là. Ça fait qu'on est dans des postures
difficiles. Je dirais d'abord que la loi empêche toute forme de représailles
suite au processus de plainte. Ça fait que ça, c'est un argument plus légal.
Puis après, nous, on est très actif, conscient, très réactif quand on se fait signaler des situations
de maltraitance, ça fait qu'on va
intervenir rapidement pour s'assurer, encore une fois, du bien-être des
usagers. C'est vraiment ce qu'on a à coeur.
Ça fait que plus il y
a de signalements... Puis les signalements, c'est positif, là. Un signalement,
ça veut juste dire qu'on surveille une situation. Moi, j'encourage les usagers,
les familles, les professionnels à venir vers nous. On est là, comme chef
d'orchestre, pour les aider, les guider, les suivre là-dedans pour s'assurer
que les meilleures mesures puis les mesures les plus diligentes, les plus
proportionnées sont mises en place rapidement.
Est-ce que ma
collègue voulait ajouter...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Brisson.
Mme Brisson (Sophie) : Oui.
J'ajouterais que c'est le rôle du commissaire aussi de rassurer les gens qui nous interpellent par rapport à ces éléments-là, de
les informer par rapport aux protections que la loi offre à cet égard-là. Ça fait que ça
fait partie de notre travail, bref, de les rassurer, mais on peut comprendre le
vécu de ces gens-là, malheureusement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Blais
(Prévost) : Oui. Deux éléments. Premièrement, on est en train de
travailler sur un cadre de référence, là. On est en train d'y
travailler, alors ça devrait arriver prochainement.
Écoutez, une question qui m'est... Je suis
perplexe par rapport à ça. Pourquoi vous ne recevez que les plaintes des
signalements obligatoires?
Vous n'avez pas...
Mme Laliberté (Maude) : Bien,
parce que sinon...
Mme Blais (Prévost) : Je pense
que vous... Vous ne recevez pas les autres plaintes?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Maude) : Oui. Je
m'excuse, Mme la Présidente, si vous me permettez de clarifier. La façon dont
la loi visant à contrer la maltraitance est faite, c'est que les signalements
doivent être signalés de façon obligatoire aux commissaires aux plaintes.
Présentement, c'est : si la personne est en CHSLD ou si elle a un régime de protection, votre projet de loi vient élargir
ces situations-là. Les personnes qui sont dans un autre milieu, disons
quelqu'un à domicile qui vit une situation de maltraitance et qui ne consent
pas à ce que la situation soit rapportée aux commissaires aux plaintes, la
situation ne sera pas rapportée aux commissaires aux plaintes.
Donc, les
signalements qu'on reçoit, c'est vraiment les signalements qui sont
obligatoires, d'où nos recommandations de venir élargir un petit peu,
encore plus, parce que vous aviez déjà élargi le bassin des signalements
obligatoires en ajoutant RI-RTF, une évaluation d'inaptitude par un médecin. On
vient élargir encore un petit peu plus, dans nos propositions, pour s'assurer
que le plus de signalements possible viennent vers les commissaires aux
plaintes.
Mme Blais
(Prévost) : Écoutez, on prend votre recommandation avec beaucoup,
beaucoup, beaucoup d'intérêt. On y travaille très fort aussi, ça fait
que, merci.
Mme Laliberté (Maude) :
Merveilleux.
Mme Blais (Prévost) : Et je
crois que j'ai une collègue qui voudrait poser une question.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Oui. Je vais maintenant céder la parole à
Mme la députée de Bellechasse, en vous rappelant qu'il reste trois
minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, je salue tous les collègues qui sont ici. Je remercie... Je
vous remercie de votre présence et je vous remercie de votre mémoire. Et, lorsque
vous nous avez parlé tout à l'heure, vous avez fait mention, puis c'est là où
je voudrais vous amener pour une question, vous avez fait mention du rôle du
commissaire dans la chaîne de communication des situations problématiques en
nous soulevant la boucle des recommandations et le souhait que la boucle des
communications passe par les gestionnaires du conseil d'administration, en l'occurrence le comité de vigilance. J'aimerais un petit peu vous entendre
davantage développer, parce que vous avez... Je veux vous entendre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Maude) : Alors, Mme
la Présidente, je peux répondre à la députée de Bellechasse?
Une voix : ...
• (11 h 20) •
Mme Laliberté (Maude) : Merci.
En fait, c'est... si on regarde la structure actuelle, les commissaires aux
plaintes qui sont un membre du CVQ, là, qui est le comité de vigilance, vont
présenter les recommandations. Le comité de vigilance a comme mandat de principalement
agir sur les recommandations des commissaires aux plaintes, s'assurer qu'ils
vont être mis en place par l'établissement, et puis, quand il y a des enjeux,
c'est vraiment à eux de travailler avec l'établissement pour dénouer les obstacles. Parce
qu'on s'entend que le système de santé est complexe. Ça ne repose
pas juste sur la bonne ou la mauvaise volonté des gestionnaires, là, il y a
des obstacles organisationnels, il
y a des multiples directions cliniques, ça fait que les recommandations qui
viennent toucher, par exemple, deux ou trois directions
cliniques, c'est plus complexe à mettre de l'avant. O.K. Le
rôle du CVQ, qui est le comité de vigilance, c'est vraiment
d'accompagner l'établissement, de regarder le plan d'action, de faire un
suivi de ces échéanciers-là. Si eux voient qu'il y a des problèmes dans
la mise en place des recommandations, c'est leur rôle d'informer le conseil d'administration. Ça fait
que la boucle qui nous semble intéressante et pertinente à clarifier,
c'est : quand nous, on fait une recommandation, l'établissement
nous répond; si c'est difficile à mettre en place, il y a des obstacles, on va
vers le comité de vigilance; et le comité de vigilance,
s'il voit également qu'il y a un enjeu qui est très problématique, va le
rapporter au C.A. On voit qu'il y a quand même des risques de glissement dans
cette chaîne-là, qui pourrait être mieux huilée, mais...
La
Présidente (Mme D'Amours) :
...je dois mettre fin à votre réponse et passer au parti de l'opposition
officielle. Mme la députée de Fabre, en vous rappelant que vous avez
11 minutes pour votre échange avec nos invitées.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Mme Laliberté, Mme Brisson, un plaisir de vous entendre. J'ai
tellement aimé votre mémoire, très concis et avec la priorité de ce qui est
concret, alors, pour les aînés, donc j'ai beaucoup apprécié.
Dans un premier temps, je vais me permettre
juste une petite parenthèse. Je veux remercier la ministre, qui va déposer ses amendements tel que demandé. Mais
j'aurais souhaité que les groupes puissent s'en saisir aussi puisqu'il
s'agira des modifications au niveau des sanctions.
Mais je
reviens à vous, mesdames. Clairement, j'ai été avec beaucoup d'enthousiasme à
lire cette importance que vous
attribuez à inclure la maltraitance organisationnelle qui n'est pas dans le projet de loi et qui fait partie des réalités.
D'ailleurs, quand je regarde un peu de la revue
de presse, en Estrie, d'ailleurs, c'était clairement nommé que la moitié des
cas de maltraitance dans les dernières années, c'était souvent de la
maltraitance organisationnelle. D'ailleurs,
ça a été dit dans le rapport, la maltraitance organisationnelle est de loin le
type de maltraitance le plus répandu. Alors, merci pour cet aspect très
important qui est pourtant absent et qui faisait partie des engagements.
Est-ce que, dans une première question, est-ce
que vous n'auriez pas souhaité qu'on ait plus de données? Êtes-vous...
Pensez-vous que vous avez toutes les données, tout le portrait en lien entre
autres avec la maltraitance organisationnelle ou vous auriez bénéficié
d'enquêtes? Entre autres, il y a une enquête qui devait avoir lieu avec
l'Institut de la statistique dans les CHSLD qui n'est pas terminée. Est-ce que
le portrait est complet pour vous ou il manque des données, des faits pour
avoir le plein éclairage?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Laliberté.
Mme Laliberté
(Maude) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, en réponse à Mme la députée de Fabre, je
pense que oui, avoir un portrait plus complet serait intéressant,
définitivement. Mais les enjeux se situent à différents niveaux. Nous, on est à
un niveau très méso, donc on est dans l'opérationnel, je dirais. Ça fait qu'on
s'assure concrètement que, quand il y a une situation de maltraitance qui nous
est rapportée, que la maltraitance est bien gérée puis qu'on fait cesser la
maltraitance.
Dans ce
contexte-là, évidemment, d'avoir des données plus macros, plus concrètes sur
les meilleures normes de pratique, évidemment que ça serait aidant puis
utile. Mais ça ne limite pas notre capacité à travailler pour le moment.
Pour ce qui est de pourquoi on a mis cette
recommandation-là dans notre mémoire, pourquoi elle était importante, bien, c'est qu'on a constaté, surtout
pendant la pandémie, que le nombre de dossiers de maltraitance organisationnelle augmentait beaucoup. C'était un contexte très propice à nous signaler
des situations de maltraitance organisationnelle.
Si on prend un pas de recul, bon, bien, la
maltraitance organisationnelle, c'est quand l'établissement crée ou tolère une situation qui devient préjudiciable
pour les usagers ou un groupe d'usagers. C'est sûr que c'est
confrontant, ces situations de maltraitance
organisationnelle. Ça va prendre beaucoup de doigté, pour les commissaires,
pour être capable de gérer les
situations de façon appropriée, de proposer des mesures, des plans d'action,
d'aider l'établissement à s'engager vers des changements de culture.
Donc, pour
répondre... Là, je m'étends un peu, là, mais pour répondre, oui, je pense que
c'est important d'avoir des données plus larges. Ceci étant dit,
actuellement, on en a suffisamment pour être capable de travailler
efficacement.
Je ne sais pas si Mme Brisson voulait
compléter.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Brisson.
Mme Brisson
(Sophie) : Bien, peut-être
l'importance aussi de continuer à faire de la recherche. Il y a beaucoup
de chercheurs qui s'intéressent à la
maltraitance, là. Je pense à, par exemple, à Marie Beaulieu, de la Chaire de
recherche de la maltraitance à l'Université de Sherbrooke, qui, justement,
récemment... Le rapport est encore sous presse, là, mais, dans la recherche
qu'elle faisait, démontrait l'importance puis l'appréciation du rôle du
commissaire, qui avait fait la différence dans des situations de maltraitance
psychologique et financière. Donc, c'était un projet de recherche avec des
usagers, des proches d'usagers qui avaient vécu des situations de maltraitance.
Ça fait que, bref, l'importance aussi de continuer à faire des recherches.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée.
Mme Sauvé : Merci, Mme la Présidente. Le premier élément de
surprise aussi que j'ai vu dans votre mémoire, c'est toute la
clarification de votre rôle. Parce que je me dis, si... Puis là je me mets à la
place de l'aîné. C'est déjà complexe pour l'aîné et sa famille, alors imaginer
que vous, vous êtes obligés, dans un mémoire, face à un projet de loi où,
clairement, des pouvoirs ou des mandats qu'on vous donne, c'est hors de votre
mandat... vous avez besoin de lever la main et de dire : Écoutez, nous, on
n'ira pas dans la vérification des faits, on n'ira pas dans le plan d'action,
c'est l'équipe clinique... Merci de l'avoir clarifié.
Est-ce que vous ne trouvez
pas ça un peu inquiétant que vous ayez besoin d'écrire qu'il faut se ramener au
rôle que vous avez, alors que vous êtes les
premières lignes, là, au niveau des plaintes? Est-ce que ce n'est pas un
peu inquiétant, ce glissement-là?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Maude) : Merci,
donc, Mme la députée de Fabre. Est-ce que c'est inquiétant? Bien, oui et non.
On est peu de commissaires. On est 34, dans des systèmes qui sont gros, qui
sont complexes. C'est sûr que, d'avoir plus de temps et de personnel, on
pourrait faire plus de promotion de notre rôle, de notre mandat, clarifier tout
ça avec les usagers, avec les établissements, pour que les gens comprennent
mieux notre rôle. C'est sûr que, si on prend
un pas de recul, cette promotion-là, elle est importante et nécessaire
pour que les gens nous fassent confiance, qu'ils sachent qu'ils peuvent
venir vers nous, qu'ils comprennent notre mandat, qu'est-ce qu'on fait,
qu'est-ce qu'on ne fera pas. Ça, ça serait très important.
Un des rôles qu'on a, que je n'ai pas mentionné,
c'est de faire des assistances. Des assistances, c'est qu'on explique aux gens
qui viennent vers nous ce qu'on fait, ce qu'on ne fait pas, c'est quoi, notre
mandat, qu'est-ce que... comment ça va se passer, le processus de plainte.
Donc, le processus d'assistance, pour informer les gens de leurs droits, du
parcours, c'est une action qui est faite, mais au niveau très individuel. Ça
fait que les gens qui viennent vers nous vont avoir de l'information.
Et, oui, on devrait faire plus de promotion.
C'est attendu. On fait des efforts en ce sens-là, mais évidemment on aurait
besoin de support pour mieux diffuser notre rôle. Je ne sais pas si
Mme Brisson voulait ajouter...
Mme Brisson (Sophie) :
J'ajouterais que notre 10e recommandation, si vous la lisez bien, là, on
parle d'octroyer aux établissements et aux commissaires, parce qu'effectivement
le développement des compétences est hyperimportant. Ce sont eux qui sont sur
le terrain, puis c'est des compétences uniques qui sont difficiles à avoir, ça
se développe avec le temps, puis ils font face à des situations hypercomplexes
qui durent parfois depuis plusieurs années. Donc, le développement des
compétences est important aussi, là, c'est important d'investir là-dedans.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme Sauvé : Merci. Merci pour
vos réponses très éclairantes. Mais je demeure un petit peu inquiète, parce que, clairement, vous l'avez nommé, le
développement des compétences, il faut rester dans notre mandat. Il y a
beaucoup d'acteurs qui travaillent ensemble, et c'est tant mieux, mais, en même
temps, il faut que chacun joue son rôle et soit dans son expertise propre.
Parce que, sinon, est-ce qu'on est en train d'interpréter une situation qui n'a
pas lieu d'être ou, enfin, de ne pas poser les bons gestes? Alors, ça, ça me
préoccupe.
J'aimerais vous entendre, vous n'en avez pas
parlé, le principe de proportionnalité. Parce qu'encore là, clarification des
définitions exige, quand on parle de situation susceptible de compromettre la
santé ou le bien-être, ça peut être très large. Qu'est-ce qui est fréquent?
Qu'est-ce qui est urgent? Alors, je veux vous entendre parce que, je pense,
c'est important pour les aînés de savoir que c'est quelque chose que vous
souhaitez mettre de l'avant.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Mme Laliberté, en vous rappelant
qu'il vous reste deux minutes et demie.
• (11 h 30) •
Mme Laliberté (Maude) :
D'accord. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, en réponse à Mme la députée
de Fabre, pour nous, la proportionnalité, c'est : Plus une situation est
grave, plus elle est fréquente, plus elle devrait avoir des actions qui sont
rapides, diligentes de la part de l'établissement. Je vous dirais que ce critère
de proportionnalité là, évidemment, repose sur le jugement critique de la
commissaire aux plaintes, qui connaît l'établissement, qui connaît la situation
et puis qui va être capable de pondérer : Bon, bien, est-ce qu'ici c'est
très, très grave puis ça nécessite une
action très rapide puis il faut rapidement escalader la situation ou si c'est
une situation qu'on est capable de travailler lentement, au long cours,
pour renforcer la collaboration avec un établissement? Ça fait que c'est cette
nuance-là qu'on souhaitait apporter. Est-ce que Mme Brisson voulait
compléter?
Mme Brisson (Sophie) : Ça va.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
Mme la députée, 1 min 30 s.
Mme Sauvé : Rapidement. Merci.
Je vais y aller directement, presque, avec la question. Vous avez parlé du
nombre de plaintes qui a augmenté, vous avez parlé, bien sûr, de l'augmentation
probable liée à la situation de la pandémie. Est-ce que c'est le seul facteur,
comment vous l'expliquez entièrement, cette hausse? Est-ce que c'est des bonnes
nouvelles dans un sens où on n'en veut pas, de hausse, mais les gens
comprennent qu'il faut dénoncer... c'est quoi, quel est... quels sont les
facteurs qui ont amené cette augmentation? Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Laliberté, une minute.
Mme Laliberté
(Maude) : D'accord. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, en
réponse à la députée de Fabre, l'augmentation, elle est vue dans nos bureaux,
mais elle est vue dans tous les départements qui gèrent des plaintes. Je pense que c'est un facteur très
social, les baby-boomers qui commencent à accéder de plus en plus au
réseau, sont plus éduqués, sont plus au courant de leurs droits, connaissent
mieux le système. Puis les gens qui connaissent mieux le système savent plus ce
qui est acceptable ou non puis ce qui mériterait une forme d'amélioration, ils
vont avoir plus tendance à venir chercher
nos services. Pour moi, c'est une excellente nouvelle. Quand on a des plaintes
sur une situation, on est capable de faire facilement de la reddition de
comptes à l'établissement, de recommander des façons de peaufiner les
pratiques, d'améliorer, d'ajuster les pratiques. Ça fait que c'est quelque
chose qui est très bénéfique pour les établissements, pour le système de santé.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme Laliberté. Nous passons maintenant au bloc
d'échanges du troisième groupe d'opposition,
et je cède la parole à Mme la députée de Duplessis, en lui rappelant qu'elle a
2 min 45 s.
Mme Richard :
Deux?
La Présidente (Mme
D'Amours) : 2 min 45 s.
Mme Richard : Merci, Mme la Présidente. Merci, mesdames. On a vu que, dans la chaîne
de commandement, ce n'est pas tout à
fait clair, les responsabilités de chaque personne, et la question de
l'imputabilité également est complètement absente. Si vous aviez un
endroit dans la chaîne de commandement, où ce serait vraiment important de
clarifier les responsabilités avec la notion d'imputabilité, à quel endroit ce
serait, C.A., CISSS, la P.D.G.? Là, on sent... moi, en tout cas, je n'ai pas
retrouvé personne de vraiment responsable.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Laliberté.
Mme Laliberté
(Maude) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, en réponse à Mme la
députée de Duplessis, je pense que le projet de loi cible bien les P.D.G. Je
pense que les P.D.G. doivent être des acteurs qui sont imputables. C'est eux
qui sont vraiment les chefs d'orchestre de l'ensemble des directions cliniques
et puis qui ont une vue d'ensemble sur les pratiques dans leurs établissements.
Les CISSS et CIUSSS ont aussi une responsabilité populationnelle qui est de plus en plus grande. Ça fait qu'à cet
égard-là, moi, je pense que les P.D.G., définitivement, sont des acteurs
qui doivent être au courant des situations. Sinon, les C.A. qui sont nommés par
le ministère demeurent des acteurs qui doivent être imputables également comme
ils représentent la boucle externe, là, ils représentent le public, ils
représentent le ministère. Donc, moi, je pense que le C.A. et le P.D.G.
devraient être imputables. Mme Brisson, est-ce que...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Richard :
Merci. Avec toute la question d'imputabilité, on dit souvent que ces
personnes-là, même aujourd'hui, sans cette loi-là, devraient être imputables,
selon moi, les P.D.G., de ce qu'il se passe vraiment sur le
terrain. Qu'est-ce qu'on pourrait rajouter, justement, au présent projet de loi
pour qu'il devienne une loi, pour, justement, que les P.D.G. assument complètement cette responsabilité qu'ils ont via l'imputabilité? Parce qu'aujourd'hui
on a beau parler d'imputabilité, en bout de piste, il n'y a jamais personne
d'imputable, il n'y a jamais personne de responsable.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme Laliberté, en 30 secondes.
Mme Laliberté (Maude) : Oh! c'est une question complexe pour
30 secondes. Alors, merci, Mme
la Présidente, merci, Mme la députée de Duplessis. Je n'ai pas de
réponse concrète, rapide pour vous, sur la façon d'augmenter l'imputabilité,
moi, je pense qu'il y a une forme d'imputabilité aussi via nos rapports annuels.
Les commissaires aux plaintes font des rapports annuels qui sont publics, les recommandations
qu'on a faites au C.A. sont disponibles au ministère, sont disponibles au grand public, aux
journalistes. Je pense qu'il y a une forme d'imputabilité qui vient de ce
reflet...
Mme Richard :
Si je pouvais juste vous interrompre, on n'a pas beaucoup de temps. Si vous
aviez vraiment la réponse, vous me l'enverrez, personnellement.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie. C'est terminé. Merci infiniment. Donc,
je vous remercie, Mme Laliberté et Mme Brisson, pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 36)
(Reprise à 11 h 45)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la
bienvenue à l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à la période d'échange entre les membres de la commission. Je
vous invite, donc, à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est
à vous.
Ordre des comptables
professionnels agréés
du Québec (Ordre des CPA du Québec)
Mme Mottard (Geneviève) :
Bonjour. Bonjour à tous. Mon nom est Geneviève Mottard, je suis présidente et
cheffe de la direction de l'Ordre des CPA du Québec, et je suis accompagnée de
Me Chantal Roy, qui est avocate chez nous et directrice à la législation et la
réglementation.
Alors, Mme la Présidente, Mme la ministre,
membres de la commission, bonjour. C'est avec grand plaisir qu'on est avec vous
aujourd'hui, et je vous remercie sincèrement de nous avoir invités aux
consultations particulières du projet de loi n° 101.
Ce projet de loi était vraiment très attendu par
l'ensemble des personnes qui ont, comme nous, ici, à l'ordre, très à coeur la
maltraitance financière et matérielle des personnes vulnérables. Ce type de
maltraitance, comme vous le savez, préoccupe la profession comptable depuis
très longtemps, et on a été impliqués jusqu'en 2017, lorsque la première
mouture du projet de loi avait été présentée.
Vous savez, les CPA ont des relations de
confiance, entre eux et leurs clients, et ça place, donc, les CPA parmi les
personnes les mieux placées pour informer leurs clients, pour les sensibiliser
à des enjeux de maltraitance, mais aussi pour être des sentinelles
extraordinaires et aller détecter des situations de maltraitance financière et matérielle. Alors, c'est certain que l'ordre
accueille très, très favorablement les avancées que vous avez proposées
dans ce projet de loi là. Tout d'abord, parce que le projet de loi vise
clairement à prévenir toutes sommes de maltraitance et nommément la
maltraitance financière et matérielle. Et il y a là, à notre avis, une excellente
nouvelle.
Je vous dirais, aussi, l'élargissement du nombre
d'organismes et d'intervenants désignés pour recevoir un signalement permettra de ne plus limiter aux seuls
commissaires aux plaintes des établissements de santé et aux corps
policiers le signalement des situations de maltraitance, favorisant ainsi, à
notre avis, des interventions beaucoup mieux adaptées aux cas de maltraitance
financière et matérielle.
Je vous dirais, toutefois, malgré l'intention
manifeste de renforcer la lutte contre la maltraitance financière et matérielle, la loi reste principalement axée sur
les bénéficiaires des services de santé et de services sociaux et
s'articule surtout autour de la maltraitance physique et psychologique, qui est
peut-être une notion mal adaptée à la maltraitance financière et matérielle.
En matière de lutte contre la maltraitance
financière et matérielle, le projet de loi est, donc, à notre avis, une oeuvre
inachevée et pourrait être bonifié, et c'est dans cette optique-là qu'on vient
vous rencontrer aujourd'hui.
Alors, comme je vous disais tout à l'heure, en
2017, l'ordre a participé aux consultations particulières sur la Loi sur la maltraitance. Le projet de loi avait
été adopté sans intégrer certaines de nos recommandations qui voulaient
contribuer à la prévention de la maltraitance, et c'est, donc, en cohérence
avec ces interventions du passé, dans un esprit
constructif, qu'on vient vous proposer aujourd'hui des solutions concrètes et
adaptées à ce type de maltraitance.
Ces propositions sont complémentaires, j'espère
que vous le considérerez aussi, les unes des autres et viennent vraiment axer une sorte de filet de sécurité, je vous dirais,
de sécurité et de bienveillance autour des personnes qui sont
vulnérables pour être en mesure de détecter et d'intervenir rapidement lorsque
celles-ci sont victimes de maltraitance financière.
Je me permets tout d'abord et d'emblée de vous
rappeler que le secret professionnel au Québec bénéficie d'un statut quasi
constitutionnel. Il est enchâssé dans la Charte des droits et libertés de la
personne. Et vous savez comme moi que le secret professionnel est vraiment au
centre du système professionnel québécois. La relation entre un professionnel
et son client, elle est très particulière. Vous savez qu'il s'agit d'une
relation où la qualité des services rendus repose sur un lien de confiance
établi entre son client et le professionnel.
Mais, toutefois, comme vous allez le constater
et comme on va vous le témoigner, nous sommes d'avis que le secret professionnel,
à l'instar de tout droit fondamental, n'est pas absolu. Comme l'indique la Cour
suprême, il est essentiel que toute intervention législative portant atteinte
au secret professionnel soit précédée d'un examen scrupuleux mettant en balance
les droits et les valeurs qui sont en jeu, qu'il porte atteinte de façon à ce
qu'il n'y ait pas d'autre possibilité ou pas
d'autre issue, pas d'autre moyen de protéger le citoyen et que cette atteinte
soit minimale par rapport aux objectifs qui soient visés.
• (11 h 50) •
Alors, dans cette optique-là, vous comprendrez
que l'ordre est d'avis que la protection d'une personne vulnérable victime de
maltraitance constitue assurément une question d'ordre public justifiant
complètement une levée du secret professionnel, qu'elle soit encadrée,
circonscrite, et que cette maltraitance-là soit tant physique, psychologique,
sexuelle, matérielle ou financière. Dans ce contexte-là, alors, nous sommes
favorables à la levée du secret
professionnel, même pour l'avocat et le notaire, afin d'autoriser le
signalement de situations de maltraitance envers les personnes
vulnérables dont l'inaptitude n'a pas été constatée, que ces personnes soient
jugées... soit hébergées en établissements publics ou privés, ou qu'elles
soient encore, comme plusieurs de nos aînés, d'ailleurs, à domicile.
Nous recommandons aussi que l'article 60.4 du
Code des professions soit modifié de façon à prévoir clairement la possibilité,
encore une fois, pour tout professionnel de lever le secret professionnel afin
de signaler une situation de maltraitance visant un client en situation de vulnérabilité
lorsque le professionnel estime que la capacité de son client à consentir à la
levée est altérée par sa situation.
En ce qui a trait à l'obligation faite au professionnel de signaler une situation de maltraitance vécue par un client inapte prévue à l'article 21 de la loi,
nous sommes d'avis, encore une fois, que tous les professionnels, y compris les
avocats et les notaires, devraient être assujettis à cette obligation. Il est tout
à fait injustifié, à notre avis, que la société québécoise permette à certains professionnels
de premier plan vis-à-vis la maltraitance qu'ils puissent fermer les yeux et de ne pas dénoncer une situation d'abus dont un
client est victime lorsque ce client lui-même n'est pas en mesure de sonner sa
propre alarme.
Les signalements de situations de maltraitance
envers les personnes vulnérables, mais non inaptes, hébergées dans le réseau de
la santé et des services sociaux commande également, à notre avis, une approche
cohérente qui s'appuie sur l'exercice du
jugement professionnel. Ces situations devraient, à notre avis, être également
couvertes par l'autorisation de lever le secret professionnel pour signaler une situation
de maltraitance qui pourrait se retrouver, selon nos recommandations,
à l'article 60.4 du Code des professions, tel que je l'ai mentionné
précédemment.
Notre mémoire reprend également une recommandation
que nous avons formulée à plusieurs reprises et qui vise à prévenir la maltraitance financière et matérielle. Vous savez, les CPA, et
j'espère que c'est votre cas, ont souvent des relations de très longue
date avec leurs clients, qui s'échelonnent sur plusieurs années. Ils peuvent
être ainsi les premiers à déceler qu'un client
a soudainement de la difficulté à comprendre ses affaires, comprendre sa
comptabilité ou sa fiscalité, et qu'il devient pour lui difficile de gérer ses
propres finances. Or, présentement, le secret professionnel ne permet pas au
CPA de communiquer avec un membre de la famille ou avec le Curateur public pour
cette situation ni, évidemment, demander au directeur d'établissement où il
exerce, parce qu'il n'exerce pas en établissement, d'enclencher le processus d'évaluation
prévu au Code civil. Nous recommandons, donc, de modifier en ce sens le Code
des professions afin d'autoriser tous les professionnels à lever le secret professionnel
pour signaler l'inaptitude soupçonnée de leurs clients.
Les propositions présentées aujourd'hui
concernant la levée du secret professionnel, dans les circonstances, n'ont rien
de révolutionnaire. On s'est appuyé sur des cas types de déontologie, par
exemple, publiés par l'American Bar Association et la fédération de l'ordre des
juristes, et elles sont déjà en application dans plusieurs provinces
canadiennes et aux États-Unis, et vous les retrouvez à l'annexe I de notre
mémoire. À notre avis, donc, chers membres de la commission, il est plus temps
que le Québec se mette au diapason de ses voisins et adopte vraiment les meilleures pratiques sur cette question et
qu'on mette le Québec au diapason, donc, et qu'il serve comme exemple,
comme il le fait souvent.
Par ailleurs, comme je l'ai dit plus tôt, en citant la Cour suprême, il importe de s'assurer que la levée
du secret professionnel soit nécessaire à l'atteinte des objectifs
recherchés par la loi, l'autorisant à bien être encadré. C'est pourquoi nous
recommandons que le Code des professions soit amendé pour permettre aux ordres
professionnels de prévoir, à même leur code
de déontologie, des critères et un cheminement critique dont leurs membres
devraient tenir compte avant de se prévaloir des dispositions de la loi
pour lever le secret.
Cela dit, en ne visant que les prestataires du
service de santé, les professionnels encadrés par le Code des professions,
l'article 21 proposé omet, à notre avis, des joueurs de premier plan. On
parle ici des planificateurs financiers, des
conseillers financiers, des employés d'institution financière et l'AMF sont en
effet régulièrement témoins de situation de maltraitance et, à notre
avis, doivent faire partie de la solution.
Nous proposons qu'ils soient couverts par le
projet de loi que tous les professionnels et tous les acteurs du système
financier aient l'obligation de signaler des situations de maltraitance envers
les personnes inaptes.
Nous proposons également...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, madame...
Mme Mottard (Geneviève) : Oups!
Pardon.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme Mottard. Nous sommes maintenant prêts à commencer la période
d'échange, et je vais donner la parole à Mme la ministre, toujours pour
16 min 30 s
Mme Blais (Prévost) : Merci,
Mme la Présidente. Mmes Mottard et... Mme Roy, merci. C'est un mémoire
exemple touffu, c'est un mémoire très intéressant. Tout d'abord, avec... il va
y avoir des intervenants, on élargit, là, avec
le processus d'intervention concerné, là, le Curateur public, la Commissaire
des droits de la personne et des droits de la jeunesse, l'Autorité des
marchés financiers. Alors, ça, c'est là.
Et vous posez une question aussi par rapport au
centre d'assistance, qu'il soit doté des ressources nécessaires pour traiter
les signalements. Alors, je veux vous rassurer, parce qu'il y aura un budget,
justement, pour que le centre d'assistance puisse fonctionner.
Venons maintenant à la levée du secret
professionnel. On a reçu deux mémoires ici, entre autres, du Barreau du
Québec et de la Chambre des notaires qui ne veulent pas lever le secret
professionnel. Alors, on est face à un dilemme.
Vous faites quoi, vous, face à ce dilemme-là, alors que le Barreau du Québec
puis la Chambre des notaires veulent absolument conserver ces
prérogatives de secret professionnel?
Mme Mottard (Geneviève) : Oui,
je comprends votre dilemme très bien, avec tout le respect que j'aie pour mes collègues au Barreau et à la Chambre des
notaires, effectivement, on ne partage pas le même point de vue là-dessus.
Nous, notre point de vue est vraiment donné
du point de vue du client, c'est-à-dire, ici, on ne parle pas d'une
personne qui serait un criminel ou accusée d'un crime, on parle d'un client qui
est victime, qui est vulnérable et qui est victime de maltraitance. Alors, dans
ces cas-là, nous, on est d'avis que c'est une question d'ordre public, que ça
peut porter un préjudice très important à la victime et donc que, pour ces
raisons, ça justifie une levée du secret professionnel. On parle ici de protéger le public. C'est la
mission de l'ordre. Donc, c'est dans cette optique qu'on vous fait le commentaire.
Je ne sais pas, Chantal, si tu voudrais rajouter quelque chose...
Mme Roy
(Chantal) : Je peux peut-être ajouter, quand on cite les codes de déontologie
types des fédérations de juristes du Canada, c'est des barreaux des autres
provinces où les avocats sont assujettis au même cadre qui a été fixé par la Cour
suprême sur le secret professionnel et qui, eux, considèrent que, lorsqu'un
client d'un avocat ou d'un autre professionnel est inapte ou a de la difficulté
à donner un consentement éclairé à la levée du secret professionnel à cause de sa situation de vulnérabilité, à cause d'un handicap, il a la possibilité, même s'il est
avocat, même s'il est tenu au secret professionnel,
de présumer que, pour protéger son client, il peut passer outre à la levée du
secret professionnel parce que son client n'est peut-être pas en mesure
de consentir, de donner un consentement éclairé à la levée du secret professionnel.
Donc, c'est quelque chose qui, selon moi, passerait le test des tribunaux si on
insérait ça dans une disposition législative même pour le secret professionnel
des avocats et des notaires.
Mme Blais
(Prévost) : Peut-être...
Mme Roy (Chantal) : Et j'ai de la misère à voir comment ils peuvent
être contre la levée du secret professionnel quand il s'agit de la protection
de leurs clients.
Mme Blais
(Prévost) : C'est toujours à savoir c'est quoi, la limite, là, entre
la protection du client... Est-ce que la vie de la personne est en danger?
C'est toujours cette limite-là, qui n'est pas si simple. Avant de poser...
Avant de passer la parole à mes collègues, j'aimerais quand même obtenir de
vous... Bon, s'il y a un statu quo, c'est-à-dire qu'on reste comme on est là,
comment vous, là, à l'Ordre des CPA, vous pourriez faire plus et vous sentir davantage
interpelés dans cette nouvelle mouture de la loi pour contrer la maltraitance
envers les personnes majeures en situation de vulnérabilité et les personnes aînées?
• (12 heures) •
Mme Mottard
(Geneviève) : Bien, je vous dirais, de plusieurs façons. Vous savez
qu'on est à la table de concertation, hein, depuis 2017, là, de tous les
acteurs du système financier. Donc, on veut faire partie de la solution. Ça
peut passer par plusieurs moyens chez nous, je vous dirais, de la sensibilisation
auprès de nos membres de ces questions-là, de la formation auprès nos membres
de ces questions-là, de les éduquer sur le projet de loi maintenant, parce
qu'il y a une nouvelle mouture, il y a un élargissement, alors ils auront des responsabilités.
Alors, c'est certain qu'on se fera un devoir
de les informer. On va faire tout ce qu'on peut, je vous dirais, dans la mesure
où, comme je vous disais tantôt, le projet de loi a été rédigé avec une optique, ce n'est pas péjorative, je reconnais
totalement le problème, mais avec une péjorative qui est plus santé, qui est plus services sociaux, qui est plus CHSLD, qui, bon, avec certaines notions peut-être
mal adaptées à notre réalité. Mais, ceci étant dit, vous allez pouvoir compter
sur nous pour nous inscrire le plus possible, là, que ce soit, je vous disais,
formation, sensibilisation, éducation et rajouter à la table. Puis Chantal, peut-être,
je te demanderais d'ajouter.
Mme Roy
(Chantal) : Bon, on travaille actuellement à l'élaboration d'une
formation avec le CREGÉS, là, qui... de la Ligne Abus Aînés, qui est
commanditée par le ministère de... anciennement le ministère de la Famille. On
est ravis de pouvoir alléger cette formation-là. Ça va être plus facile
d'expliquer à nos membres quand est-ce qu'ils ont une obligation de signalement
en vertu de la nouvelle mouture qui est proposée dans le projet de loi parce
que ça va être clair que, là, dès qu'ils voient une situation de maltraitance
financière, ils peuvent le signaler sans avoir à faire un exercice pour essayer
de comprendre si leur client en subit un préjudice physique ou psychologique.
Par contre, l'article 21
y demeure limité, il vise certaines personnes vulnérables, la plupart des
clients de CPA, ils sont encore aptes, mais il peut y en avoir qui sont comme
en processus d'avoir des atteintes cognitives, mais étant encore à la maison.
La plupart du temps, ils ne sont pas en hébergement, et là ils se retrouvent
avec l'article 60.4 du Code des professions qui est leur seule façon pour
eux de lever le secret professionnel, puis il faut encore qu'ils fassent
l'exercice de savoir s'il y a un risque de blessure grave ou qui inclut un
préjudice physique et psychologique. Donc, il va falloir, dans leur formation,
qu'on leur donne des outils pour essayer d'évaluer ça, mais c'est loin d'être
évident. Ça serait beaucoup plus clair si on visait clairement toute forme de
maltraitance.
Mme
Blais (Prévost) : Vous savez qu'une commission parlementaire permet
aux législateurs de pouvoir bonifier le
projet de loi — c'est le
deuxième groupe que j'entends, vous êtes le deuxième groupe — d'élargir, hein, que le spectre soit
plus grand que juste le réseau de la santé, là. Déjà, auparavant, c'était les
CHSLD, on élargit aux RPA, RI et RTF, mais on
a beaucoup d'idées pour améliorer la situation. Ce sera regardé article par
article, et avec des amendements.
Alors, je ne sais pas
si j'ai un collègue qui veut une question.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, Mme la ministre, nous avons la députée de Soulanges
qui aimerait poser une question à nos invitées. À vous la parole.
Mme Picard :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup pour votre
présence, ici, aujourd'hui. Je ne veux pas faire lever votre secret
professionnel, mais j'aimerais avoir peut-être un exemple concret ou des
exemples concrets, sur le terrain, d'une situation qui vous est apparue
peut-être injuste ou que vous aimeriez que le projet de loi ait une solution
pour.
Mme Mottard
(Geneviève) : Bien, je peux vous donner un exemple. En fait, il est
personnel, là. Moi, j'ai eu ma belle-mère qui a été victime de maltraitance
financière, et j'ai... elle est chanceuse de m'avoir puis d'avoir mon mari, là,
qui a pu aller régler la situation.
Mais je vais prendre des
situations qui sont souvent signalées à l'ordre. Souvent, on a des CPA qui
travaillent avec des personnes âgées, hein, vous savez, tout le monde doit
faire son rapport d'impôt chaque année, tout le monde doit gérer un peu ses
finances. Et on a souvent des appels de CPA qui constatent, je vais dire, des
anomalies, par exemple, dans les comptes de banque de peut-être certains de
leurs clients plus vieux. Et là la personne dit : Ah, oui, bien, c'est mon
petit-fils, il a besoin de sous pour ça, il a besoin de sous pour ça. Puis là,
soudainement, les sommes deviennent de plus en plus importantes. Et là le CPA
soupçonne, là, qu'il y a maltraitance, mais la personne elle n'est pas inapte,
elle n'est pas hébergée, elle est chez elle, elle est encore, bon,
cognitivement quand même pas pire, là, je vais dire, pour prendre une
expression simple. Mais le CPA commence à trouver que, le petit fils, il prend
souvent des sous dans le compte de banque, puis il se paye des dépenses peut-être
qui ne sont pas justifiées. Et c'est là toute la difficulté où, présentement,
dans la mouture actuelle, le CPA ne pourrait pas lever son secret à moins qu'il
juge que la personne, donc, qui n'est pas inapte, qui est chez elle, qui n'est
pas hébergée, va subir une blessure psychologique ou physique grave.
Donc, vous comprenez que cette notion-là n'est
totalement pas adaptée à la situation, et c'est ça qu'on essaie de venir
corriger. C'est de permettre aux CPA de dire : Je pense qu'il y a... j'ai
des signes, là, qu'il y a peut-être maltraitance. Mon client ne s'en rend
peut-être pas tout à fait compte. Il n'est peut-être pas aussi au diapason de
ce que peut-être le petit-fils dépense. Et là le client nous appelle et nous
dit à l'ordre : Qu'est-ce que je fais? Et là c'est là où il faut qu'on les
réfère à l'article du code qui fait encore une fois référence à des notions de
blessures physiques et psychologiques.
Alors, c'est la notion qui est mal adaptée d'où
la proposition qu'on faisait de modifier le code pour permettre à cette
personne-là d'appeler un membre de la famille, peut-être pas le petit-fils,
mais, bon, peut-être quelqu'un d'autre, le Curateur public, d'avoir un autre
intervenant, là, pour que soit adressée la problématique avant que le petit-fils
ne vide le compte de banque. Donc, des appels comme ça on en a régulièrement
parce que les CPA aident les personnes âgées, souvent qui est une génération
généralement bien nantie, à gérer leurs affaires, et ça pourrait être des
extraordinaires sentinelles si on leur donne les moyens. Chantal.
Mme Roy (Chantal) : L'exemple
était excellent, là. C'est effectivement le genre d'appels qu'on reçoit, puis
le spectre... tu sais, les clients, de juger s'ils sont en mesure de consentir
ou pas. Là, le client que tu as donné dans ton exemple, il y en a où est-ce que
le CPA soupçonne qu'il y a atteintes cognitives quand même assez avancées puis
qu'il est... mais il n'y a pas eu d'évaluation psychosociale pour le constater,
il n'est pas encore représenté et il se trouve vraiment dans une situation
très, très, très malaisante.
Mme Mottard (Geneviève) :
Vulnérable... et vulnérable. Il est très vulnérable.
Mme Roy (Chantal) : Le client
est vulnérable, et le CPA ne peut pas lever son secret professionnel, et ce qu'on
demande, ce n'est pas d'en faire une obligation, c'est de permettre au
professionnel de juger de la situation, de se rendre compte, d'être en mesure
d'évaluer la capacité à consentir. Tu sais, cette personne-là peut être
totalement apte et vouloir vraiment aider son petit-fils, et on n'a pas à
passer au-delà, briser... la rupture de confiance... le lien de confiance entre
le CPA et son client, puis signaler la situation. Il faut être capable de juger
de la situation. Et nous, ce qu'on demande, c'est que ce soit une autorisation
encadrée par les ordres professionnels qui pourraient, dans les codes de
déontologie, donner des critères, des balises, des éléments à prendre en
considération pour juger si la situation commande de passer outre au secret
professionnel et de signaler la situation à quelqu'un, donc en tenant compte de la gravité du préjudice, de la capacité
du client à consentir selon le professionnel, donc des critères comme
ça, d'essayer... de demander au professionnel d'essayer, avant d'amener son
client à consentir, à aller chercher de l'aide plutôt que de passer par-dessus
son consentement d'emblée. Mais, ultimement, lorsqu'il estime que la situation
le justifie, il serait autorisé à lever le secret professionnel pour sonner
l'alarme quelque part.
Mme Picard : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous revenons à Mme la ministre, en vous rappelant qu'il vous reste
quatre minutes.
Mme Blais (Prévost) : Oui. Une
petite question : Comment qu'on pourrait mettre ça en place dans le
respect de l'autonomie de chaque personne de
décider pour elle-même? Parce que c'est ça aussi l'autonomie de la personne,
là.
Mme Mottard (Geneviève) : Oui.
Chantal, veux-tu? On a réfléchi à cette question-là, Mme la ministre.
Mme Roy (Chantal) : Mais c'est en voulant respecter, justement, la
relation de confiance entre le professionnel et le client, on propose
une mesure qui respecte en même temps aussi l'autonomie de la personne. Ce qu'on propose, c'est une autorisation de lever le
secret professionnel, mais qui soit balisée en tenant compte de certains
critères. C'est uniquement lorsque c'est le client vulnérable du professionnel
qu'on peut lever le secret professionnel et uniquement lorsque le professionnel
estime que son client... que la situation de vulnérabilité de son client
affecte sa capacité à consentir, à donner un consentement éclairé à la levée du
secret professionnel. Et on propose que les autres professionnels puissent, dans
leur code de déontologie pour chaque profession,
baliser les critères dont les professionnels pourraient tenir compte pour juger si la situation justifie la levée du
secret professionnel. Est-ce qu'il y a un préjudice suffisamment
grave? Est-ce que j'estime que mon client n'est pas vraiment capable de juger
de la situation puis que, s'il était capable, il voudrait que je sonne l'alarme
puis que je lève mon secret professionnel? Bien, dans ce cas-là, j'estime que
c'est justifié et je peux le faire. Donc, ce serait aux ordres professionnels
d'encadrer leurs membres sur ces critères-là.
Mme Blais
(Prévost) : Écoutez, l'une des maltraitances les plus courantes, c'est
vraiment la maltraitance financière.
Une voix :
Absolument.
• (12 h 10) •
Mme Blais
(Prévost) : Et, quand on avait déposé le premier plan d'action pour
contrer la maltraitance envers les personnes aînées, on avait, en même temps,
doté la CDPDJ, là, d'une unité, je dirais, spécialisée en maltraitance, et la
majorité des plaintes que la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse... les plaintes que la commission reçoit sont majoritairement
des plaintes au niveau de la maltraitance financière. Alors, ça, c'est un des
aspects, là, qui est très, très important.
Maintenant, est-ce
que vous vous êtes assis avec vos collègues du Barreau et de la Chambre des
notaires pour discuter de ce dont vous nous parlez aujourd'hui?
La Présidente (Mme
D'Amours) : En une minute, Mme Mottard.
Mme Mottard (Geneviève) :
Oui. On discute souvent avec le Barreau et les notaires. Je vous dirais, on a
un profond respect, chacune une pour l'autre. Je veux dire on est trois femmes
dans ce cas-ci, mais on a simplement des points de vue différents puis on vous
a exposé pourquoi on avait des points de vue différents. Moi, je me réfère
toujours à la notion qu'on essaie de protéger un client, un client qui est
victime de maltraitance, eh bien que j'aie, encore une fois, beaucoup de
respect pour mes collègues, je ne partage pas le point de vue qu'elles
devraient être prémunies de ne pas lever leur secret.
Mme Blais
(Prévost) : Est-ce que j'ai une collègue qui veut...
La Présidente (Mme
D'Amours) : 30 secondes.
Mme Blais
(Prévost) : Est-ce que c'est vers la fin, là? On est rendu vers la
fin?
La Présidente (Mme
D'Amours) : C'est 30 secondes, madame.
Mme Blais
(Prévost) : 30 secondes. Bien, si je comprends bien, vous
aimeriez que le projet de loi couvre aussi les personnes qui ne sont pas en
tutelle, les personnes en situation de vulnérabilité ou les personnes âgées qui
vivent à domicile qui peuvent être victimes de maltraitance financière ou autre
pour permettre, justement, à votre ordre de pouvoir mieux signaler ces cas de
maltraitance financière.
Mme Mottard
(Geneviève) : Absolument. Absolument. Elles sont souvent clients.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci beaucoup.
Mme Blais
(Prévost) : Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous allons maintenant commencer la période d'échange avec
le parti de l'opposition officielle avec la
députée de Fabre, en vous rappelant que votre échange est d'une durée de
11 minutes.
Mme Sauvé :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mesdames, un plaisir de vous entendre,
Mme Mottard, Mme Roy. J'ai lu avec beaucoup d'attention votre
mémoire, et, clairement, nous sommes tous dans l'intention de protéger ces
aînés. Vous le voyez sur le terrain à quel point la maltraitance financière est
importante. En même temps et au fil de votre
propos, vous avez nuancé certaines positions que vous avez. La ministre a
mentionné aussi la position de la
chambre des notaires et du Barreau du Québec, et j'abonde dans un peu ce débat
qu'elle amène aussi qui est clairement sur la table.
Le Barreau du Québec
a mis en place un outil, Info-Déonto, qui permet, justement, d'informer dans
quelle situation on devrait lever le secret professionnel. Est-ce que vous ne
croyez pas, justement, que, plutôt que d'aller vers la levée automatique du secret professionnel, il n'y a pas un
accompagnement de l'aîné lorsque vous avez soupçon de maltraitance?
Est-ce qu'il n'y a pas formation aussi que vous pourriez avoir pour être
capable d'intervenir de la meilleure de
façon? Parce que ce n'est pas parce qu'il y a transaction qu'il y a...
transaction questionnable ou douteuse dont vous êtes témoins, qu'il y a
forcément maltraitance. Vous l'avez dit dans votre mémoire, vous n'êtes pas des
travailleurs sociaux, mais vous avez cette pleine compétence que vous avez.
Alors, je veux un peu
vous entendre là-dessus. Est-ce qu'il n'y a pas un entre-deux de se dire :
Avec de la formation, de la sensibilisation,
sans lever nécessairement le secret professionnel, on a des outils, on a de la
formation et on accompagne l'aîné lorsqu'on soupçonne qu'il peut y avoir une
maltraitance?
Mme Mottard
(Geneviève) : Merci pour votre question. Je ferais la distinction
entre la chose suivante, lorsque la personne est jugée inapte, c'est-à-dire que
la personne a subi, là, une évaluation et la personne, au sens de la loi, est jugée inapte, là, nous, on est d'avis
qu'il doit y avoir obligation de dénoncer et de lever le secret
professionnel. Ça, c'est présentement l'article 21.
Lorsque la
personne est apte et qu'elle est comme ma dame de tantôt, là, qui est à la
maison, qui est à domicile, ici, on
ne veut pas demander une obligation, on veut demander la possibilité,
l'autorisation de lever le secret si les circonstances le permettent, et
on ferait ça par l'article 60.4 du code.
Alors, je veux juste être certaine qu'il y a
distinction qui est faite entre entre l'obligation lorsque la personne est
inapte et qu'il y a l'autorisation de lever le secret lorsque la personne est
apte, donc pas jugée inapte, et qu'elle est, par exemple, à domicile. Donc,
cette distinction-là est importante à faire, et on l'a mis dans notre mémoire.
Pour répondre à votre question : Est-ce
qu'il y a un entre-deux? Certainement. Comme je vous disais tantôt, on peut
faire de la formation, on peut faire continuer d'être à la table de
conciliation, de concertation des acteurs financiers, on peut avoir une ligne,
comme on a présentement, où les CPA appellent pour nous demander conseil. C'est
sûr que, si vous me demandez : Est-ce que ça, c'est idéal?, bien, la
réponse, c'est non, parce que le projet de loi a été vraiment ficelé avec des
notions de blessures graves, d'atteinte psychologique importante. C'est des
notions qui sont mal adaptées, là, à la pratique du CPA. Alors, oui,
certainement, on est capable, bien sûr, puis on va le faire avec plaisir de travailler
dans le cadre de la loi si elle n'est pas modifiée, mais ce n'est pas idéal
pour permettre aux CPA de jouer pleinement leur rôle à l'intérieur des balises
qui sont présentement dans le projet de loi parce qu'elles sont mal adaptées à
des notions de... des notions de maltraitance financière et matérielle.
Chantal, avec son oeil de juriste, va
certification bonifier ma réponse.
Mme Roy (Chantal) : Mais c'est
effectivement très bien dit, c'est un... on ne veut pas d'un automatisme, justement, on a... L'automatisme, le signalement
obligatoire, il peut se justifier quand vraiment la personne est
déclarée inapte et qu'elle n'est pas capable
de consentir à la levée du secret professionnel et que souvent la personne qui
la maltraite, c'est son représentant légal, là. On ne peut pas aller
chercher le consentement. Donc là, je crois qu'il devrait y avoir un
automatisme, un signalement obligatoire.
Pour toutes les autres situations où la personne
n'est pas reconnue inapte, on considère que c'est un processus qui doit se faire, une évaluation en fonction... avec le
jugement du professionnel, d'essayer d'abord d'accompagner la personne
pour l'amener à aller chercher de l'aide, à lui faire réaliser la situation, à
aller chercher de l'aide.
Quand ça, ça ne fonctionne pas, le professionnel
doit évaluer est-ce qu'elle ne va pas chercher de l'aide parce qu'elle n'est
pas en mesure de comprendre l'ampleur de ce qui lui arrive et les conséquences
qu'elle peut en subir. Et peut-être qu'à ce moment-là, si la situation est
grave, je devrais lever mon secret professionnel. Et on pense que le CPA puis les notaires et les avocats, il y a une
limite, à un moment donné, à ce qu'ils peuvent faire pour accompagner
leurs clients. C'est le travail souvent d'un travailleur social d'aller juger
de la situation et de dire : Est-ce que vraiment, même si la personne qui la maltraite, c'est quelqu'un dont elle dépend,
avec qui elle a une relation affective importante, est-ce qu'il y a une intervention qu'on peut faire
quand même pour la protéger sans briser ce lien-là? Ça, un travailleur
social, il est équipé pour faire ça. Les avocats, les notaires puis les CPA, je
regrette, mais ils voudraient pouvoir signaler
à quelqu'un d'autre qui va prendre ça en charge, qui va intervenir avec tout le
doigté que requiert la situation. Alors,
nous, ce qu'on propose, c'est ça, c'est que les ordres professionnels puissent encadrer l'exercice de ce
cheminement critique, de ce jugement par le
professionnel pour d'abord essayer d'inciter son client à aller chercher de
l'aide. Si ça, ça ne marche pas,
évaluer la situation puis, dans les cas où c'est nécessaire, signaler la situation à, justement, la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse qu'on signalait tout à l'heure qui a de l'expertise
en la matière, en matière d'exploitation financière, puis que, si elle a les ressources
appropriées, va pouvoir faire un processus d'intervention concertée en impliquant peut-être le Curateur public et des professionnels
qualifiés pour faire l'intervention qui est adaptée. C'est ça, notre
proposition.
Mme Sauvé : Combien de temps me
reste-t-il?
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
vous reste 4 min 20 s, Mme la députée.
• (12 h 20) •
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, au fil des réponses que vous donnez, vous amenez des nouveaux éclairages, des nuances, et c'est très
pertinent. C'est un fin équilibre, je le dirais comme ça, de... parce
qu'on veut tous protéger les aînés. En même
temps, comme l'a dit la ministre, les personnes aptes, elles ont cette
autonomie et elles peuvent faire le choix.
Donc, avec, évidemment, la notion des patrimoines, et tout ça, elles peuvent
faire le choix de vouloir faire une transaction, donc avec quelqu'un de
leur famille, sans que ce soit pour autant de la maltraitance. Donc, la ligne
est très mince, hein, entre le respect de l'autonomie de l'aîné apte et ce que
vous jugez comme transaction questionnable. Est-ce qu'on est dans l'évaluation
d'une situation de maltraitance? Et c'est un peu pour ça que je pose mes
questions.
Donc, je voulais voir avec vous clairement
comment est-ce que... Il y a la personne inapte, vous en avez parlé, il y a la personne apte, autonome, mais
vous jugez d'une situation, mais il y a la personne apte qui devient
inapte. Tantôt, je pense que je vous ai
entendu dire que la levée du secret professionnel pourrait vous permettre de
contribuer à l'évaluation de l'inaptitude. Je vous avoue que j'ai un petit peu
de misère avec ça parce que, d'évaluer l'inaptitude d'une personne, c'est tout
un processus médical, social, et tout ça. Alors, je voulais juste que vous me
précisiez ça, là, l'évaluation de l'inaptitude.
Mme Mottard
(Geneviève) : Oui. Bien, je vous dirais, ça serait dans une situation
où vous avez un CPA qui a une relation longue date avec son client, hein?
Depuis un certain nombre d'années, il l'aide à gérer ses affaires, il fait sa
déclaration d'impôt, bon, il a une compréhension de la situation financière de
la personne et soudainement se met à détecter, je vais dire, des choses qui
sont inhabituelles. Alors, vous reprenez mon exemple de tantôt, jamais la
personne dans le passé n'a fait plusieurs chèques à son petit-fils, un mois,
deux mois. Alors, on parle ici vraiment, là, de chimio où le CPA va se
dire : Voici quelque chose qui est inhabituel dans la situation de mon
client, voici quelque chose qui est
peut-être inquiétant. Et là, le CPA, bon, peut poser des questions : Ah,
j'ai remarqué que... Et c'est là que vous avez tout à fait raison, là,
c'est là où la ligne est très mince, mais on parle... Nous, on est d'avis que
nos CPA, parce qu'ils ont souvent des relations de longue date avec
leurs clients, parce qu'ils comprennent intimement leurs affaires
pourraient détecter ces situations-là et faire valoir peut-être à la
personne : Bien, ah! c'est bien, tu lui as fait un cadeau, à ton
petit-fils, ce mois-ci, le mois prochain, le mois prochain. Et là la personne,
le petit-fils, la personne qui est une aînée, bon, très vulnérable et peut-être
dépendante de cette personne-là et trouve que son petit-fils a toutes les
raisons du monde de se faire signer des chèques, là.
Alors, ce qu'on aimerait faire, c'est pouvoir, à
ce moment-là, se prévaloir de pouvoir avoir l'autorisation de lever le secret pour donner à un travailleur
social ou au Curateur public des signes avant-curseurs de peut-être qu'il y
a maltraitance. Et peut-être que ces personnes-là diront : Bien, la
personne, elle est encore apte puis elle ne rencontre pas la qualification
d'être inapte. Mais, présentement, on n'a même pas cette possibilité-là de
lever l'alarme et de le faire valoir à quelqu'un qui aurait, lui, les compétences
pour potentiellement juger la personne qu'elle est encore apte ou qu'elle est
inapte. Chantal.
Mme Roy (Chantal) : Mais, en
fait, je pense que la proposition, c'est même en dehors d'un cas de
maltraitance. Lorsque le CPA se rend compte que son client ne comprend plus ses
finances, ne se retrouve plus dans ses finances, ça va être le premier,
souvent, à se rendre compte de ça, là, on a des régimes de protection au majeur
qui sont là pour protéger les gens contre
eux-mêmes et contre la possibilité que des tiers viennent finalement
prendre... poser des gestes à l'égard de
leurs finances parce qu'ils ne comprennent plus véritablement ce qu'ils font,
et c'est là qu'on veut pouvoir sonner l'alarme pour qu'il y ait
simplement un membre de la famille, ou pouvoir signaler au Curateur public, si
on n'a aucun contact avec les membres de la famille, mais que quelqu'un puisse
dire...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment, madame. Je suis désolée. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange avec le troisième groupe d'opposition, avec Mme la députée de
Duplessis, en vous rappelant que vous avez 2 min 45 s.
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup, mesdames. C'est fort intéressant. Écoutez, c'est un
gros problème, hein, qu'on a comme société, puis vous l'exprimez très, très
bien. Comme je n'ai pas beaucoup de temps, j'aurais énormément de questions à
vous poser. Vous savez, vous avez pris connaissance du projet de loi. Si on
pouvait lever, pour vous, le fameux secret professionnel... Parce que moi, je
dis : Ça peut commencer souvent par une maltraitance financière qui
devient, dans bien des cas, malheureusement, une maltraitance psychologique
puis qui peut arriver à des maltraitances physiques. À la lecture du projet de
loi, si on enlevait, pour vous, le secret professionnel, puis que vous pouviez
référer vos clients, vos clientes, à quel organisme vous le feriez?
Mme Mottard (Geneviève) : Ah!
c'est une bonne question, je vais peut-être laisser Chantal répondre à cette
question-là, mais c'est sûr que ça serait idéal pour nous.
Mme Roy (Chantal) : Nous, c'est
ce qu'on avait demandé dans le cadre du projet de loi n° 115,
qu'on a réitéré dans le cadre du projet de loi n° 18,
c'était idéalement d'avoir comme un guichet unique pour recevoir ces
signalements-là puis de savoir qu'il y a vraiment un organisme qui coordonne
tout ça.
Mme Richard : Comme ça, qu'est-ce
qui vous vient à l'esprit? Quel nom, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps,
quel nom vous vient à l'esprit à la lecture du projet de loi?
Mme Roy (Chantal) : Bien, tu
sais, au départ, on avait proposé, dans le projet de loi n° 115,
le Protecteur du citoyen, mais je pense que la Commission des droits de la personne est quand
même bien outillée. Tu sais, on est
quand même très content d'avoir la Commission des droits de la personne puis le
Curateur public comme interlocuteurs à qui on peut... puis d'avoir le centre de
référence qui va aider nos membres à se guider dans ça, là.
Mme Richard : Conviendriez-vous avec moi que, pour, justement,
le citoyen ou la citoyenne, il peut s'y perdre, hein, entre le Protecteur du citoyen, Commissaire aux plaintes, etc., dans toute... moi,
je dis dans la chaîne de commandements, j'appelle ça comme ça, là, c'est
très difficile pour s'y retrouver pour la personne qui est victime de
maltraitance sous quelque forme que ce soit?
Mme Mottard (Geneviève) : C'est
sûr, de là notre proposition que ce soit un guichet unique à l'origine. À
défaut, le Protecteur du citoyen ou la Commission des droits de la personne
pourrait être un bon plan b.
Mme Richard : Merci beaucoup,
mesdames, merci. C'était fort éclairant. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Alors, je vous remercie pour votre contribution aux
travaux de la commission. Merci, mesdames.
Et avant de suspendre, avec l'autorisation de la
ministre du côté gouvernemental, mes collègues, et les collègues aussi des oppositions, j'aimerais vous partager une réflexion.
Et pourquoi je veux vous la partager
aujourd'hui? C'est que c'est très
symbolique. Vous savez qu'il y a eu... il y a un an précisément aujourd'hui que
nous avons perdu une dame dans notre système de santé, qui s'appelle
Mme Echaquan, et, à partir du moment où il y a eu ce drame que nous vivons
au Québec, que nous avons vécu au Québec, il y a eu de la formation obligatoire
dans les hôpitaux, dans les services de santé. Alors, je voulais vous partager
ma réflexion. Je ne voulais pas prendre de votre temps pour la période de
questions et je veux vous rassurer, là, je veux tenir mon rôle de présidente et
aussi avoir mon devoir de neutralité, mais je tenais absolument à vous partager
ma réflexion, non pas sur seulement les autochtones, les aînés que, vous savez,
on n'a pas à répéter ce qu'on doit faire, pour garder... pour avoir une
sensibilité sur la culture.
Mais j'aimerais aussi que vous ayez en tête,
durant le projet de loi, le groupe LGBTQ2+, parce que, pendant leur vie, toute
leur vie, la plupart ou certaines personnes, ils ont dû s'expatrier pour leur
santé, pour ne pas être rejetés de leur famille, ils ont dû mettre un mur entre
leur vie professionnelle et leur vie personnelle, ils ont dû cacher leur
orientation au propriétaire parfois parce que, sinon, ils se faisaient refuser
un logement ou se faire sortir de leur logement, puis, malheureusement, même en
2021, il y a encore des préjugés. Alors, ma réflexion, je vous la
partage, je crois que vous devriez regarder — puis là je vous parle à la commission,
à tous partis confondus — pendant
vos travaux, vos questions, j'aimerais que vous ayez en tête peut-être à une
formation obligatoire, comme on a fait pour les autochtones, de regarder si
c'était dans vos priorités, parce que, dans les deux cas, là, ça peut se faire
dans un projet de loi comme celui-ci. Parce que vivre dans la peur toute sa
vie, c'est inacceptable, et je pense qu'on a une opportunité, une belle
opportunité pour avoir cette réflexion-là pendant vos travaux, nos travaux.
Alors, je voulais vous partager ma réflexion.
Alors, c'est à vous de juger si vous trouvez important ce sujet-là et de voir,
dans l'application du projet de loi, s'il y aurait une possibilité. Donc, merci
beaucoup.
Il est maintenant temps de suspendre nos
travaux, et nous allons revenir après les affaires courantes. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens reprend
ses travaux. Nous poursuivons les auditons publiques dans le cadre des
consultations particulières sur les travaux... sur le projet de loi, pardon, n° 101, Loi visant à renforcer la lutte
contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en
situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité des services
de santé et des services sociaux.
Cet après-midi, nous entendrons Proche aidance
Québec, l'Association des comités de résidents officielle du Québec, la
Conférence des tables régionales de concertation des aînés du Québec et la
Confédération des organismes des personnes handicapées du Québec.
Alors, je vous souhaite la bienvenue. Je
souhaite la bienvenue aux représentants de Proche aidance Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite, donc, à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est
à vous pour une période de 10 minutes.
Proche aidance Québec
Mme Perroux (Mélanie) :
Bonjour. Merci beaucoup de nous laisser cette opportunité de participer aux
travaux de la commission, surtout sur un projet de loi aussi important, dans le
cadre de la maltraitance. Donc, nous sommes Proche aidance Québec, regroupement
d'organismes engagés pour les personnes proches aidantes. Je suis Mélanie
Perroux, la directrice générale, et je suis accompagnée de France Boisclair, la
présidente.
Tout d'abord, nous pouvons dire que nous sommes
enthousiastes que cette loi soit révisée. Elle permet effectivement de se
concentrer sur la personne maltraitée et sur son accompagnement dans tout ce
processus-là. Elle a aussi plus de mordant et elle clarifie certains processus.
Avec les expériences vécues lors de la COVID-19, nous ne pouvons être que
positifs face au fait que la loi s'applique dorénavant à plus de prestataires
de services.
Même si, à la lecture de la loi, il nous reste
quelques questionnements, que vous pourrez retrouver dans notre mémoire,
aujourd'hui, nous allons principalement intervenir selon notre expertise, donc,
à savoir comment mieux intégrer les personnes proches aidantes dans l'esprit de
la loi n° 56. Et je cède la parole à France.
• (15 h 30) •
Mme Boisclair (France) : Oui.
Donc, dernièrement, dans les trois dernières années, on a fait une
recherche-action sur la maltraitance auprès des proches aidants. Donc, ça a été
vraiment soulevé, comme quoi, aussi, il y avait de la maltraitance auprès des
gens proches aidants. Et les personnes proches aidantes ont aussi reconnu, dans
les outils qu'on a faits avec ce projet qui
a été fait en collaboration avec Mme Beaulieu et Mme Éthier, se
reconnaissaient dans les situations qu'on a mises en place dans les outils pour
les intervenants. Donc, pour nous, ça prouve que les proches aidants remarquent
et peuvent sentir qu'il y a de la proche aidance vis-à-vis eux. Donc, on trouve
que ça serait un bon moment aussi de rallier la loi n° 56, qui veut que, justement, tous les proches aidants soient
maintenant inclus dans les lois, dans les programmes qui vont découler du
gouvernement. Donc, ça serait une bonne occasion d'inclure aussi les proches aidants dans le projet de la loi n° 101, pour que la loi puisse, en fin de compte, se lire... que ce
soit une loi visant la lutte contre la maltraitance des aînés, des personnes
majeures en vulnérabilité et les proches aidants.
Parce qu'aussi, dans la loi n° 56, il y a un volet où les proches aidants
recevront aussi des services du système de santé. Donc, ils seraient
aussi inclus pour, justement, la surveillance au niveau des services qu'ils
recevraient.
Mme Perroux (Mélanie) : Il
existe aussi une autre raison pour laquelle on pense que les personnes proches
aidantes sont concernées par ce projet de loi. Souvent, en fait, elles
accompagnent ou même elles portent plainte elles-mêmes au nom de la personne
aînée ou au nom de la personne majeure en situation de vulnérabilité. Donc,
elles font partie de tout le processus, elles suivent comment ça se met en
place et même souvent elles sont garantes que le suivi se... procède bien,
traduisent les informations qui sont transmises à la personne qui est
maltraitée.
Actuellement, avec le projet de loi, il n'y a
pas d'obligation en tant que personne proche aidante d'être informée, d'être...
d'être soutenue dans le cadre de cet accompagnement-là, alors que de notre
expérience, on voit que ces plaintes, elles ont un impact majeur sur les
personnes proches aidantes et sur la famille, que ce soit parce qu'elles portent
plainte, ou elles accompagnent une personne auprès du réseau de la santé, ou
d'autres organisations, ou surtout auprès de leur propre famille, ce qui fait
que les personnes proches aidantes, elles ont une crainte de vivre des
représailles à leurs endroits, soit par les institutions, à travers les
professionnels, ou leur entourage et leur famille. Et elles ont une réticence à
aller porter plainte, d'autant plus qu'elles connaissent très peu les
mécanismes et les processus. Donc, pour elles, c'est tout un apprentissage
qu'elles font, souvent parfois de manière trop seule.
C'est pourquoi notre recommandation, dans le
fond, c'est que, dans les articles qui parlent de favoriser l'implication de la
personne maltraitée, de lui demander son consentement, dans le fait d'avoir le
droit de ne pas vivre des représailles, dans le fait de réduire les impacts que
la plainte peut avoir sur la personne maltraitée, dans l'obligation de
transmission d'informations relatives au processus de plainte, aux conséquences
que ça peut avoir et les services qui peuvent les soutenir, nous, on vous
recommande, dans le fond, d'ajouter que toutes ces actions-là, elles
s'appliquent aussi aux personnes proches aidantes qui seraient accompagnatrices
ou qui seraient la personne qui signale un problème de maltraitance envers une
personne aînée ou une personne en situation de handicap.
Mme Boisclair
(France) : Par contre, nous
avons aussi des questionnements qui restent vis-à-vis la loi n° 101. Au niveau des représailles, oui, on a vu dans la loi 101
qu'on parle d'enquêteurs, mais qui va s'assurer qu'il n'y a pas de représailles
par la suite. Parce que c'est surtout ça, la crainte. Est-ce qu'il va y avoir
des suivis faits sur les plaintes qui vont être déposées?
Par la suite, d'autres questionnements qu'on a,
c'est : Est-ce que la loi touche vraiment tous les gens qui donnent des
services? Récemment, avec les mesures vaccinales, on a vu que
l'article 108 de la Loi sur la santé et services sociaux pour les
organismes communautaires amenait qu'on était assujettis aux mesures
vaccinales. Donc, est-ce que les gens qui
ont des ententes de... les organismes communautaires qui ont des ententes de
service du même genre sont aussi assujettis à ce niveau-là? Est-ce que
les gens qui font du chèque emploi-service, c'est un programme qui vient du
ministère Santé et Services sociaux, ça touche énormément les personnes
vulnérables, les personnes aînées, et de plus en plus, donc est-ce que ces
gens-là sont aussi dans la mire de la loi n° 101?
Et ensuite, vous avez aussi les... Voyons, je
sais que j'en ai un autre. Bon, ça y est, j'ai un blanc. Donc, pour nous, cette
loi-là nous amène vraiment de se questionner sur... à savoir est-ce que tous
les gens qui sont en contact avec ces gens-là et qui sont en lien avec des
sommes qui descendent du ministère Santé et Services sociaux vont aussi être... peuvent aussi être touchés par la
loi n° 101. Donc, ça va être aussi à clarifier, ces contextes-là pour
qu'on puisse, justement, mieux accompagner et soutenir les gens pour
qu'ils puissent, justement, aller jusqu'au bout du processus. Parce que,
souvent, ils vont des fois commencer le processus, mais ils n'iront pas
jusqu'au bout, de plainte.
Et, et, et...
• (15 h 40) •
Mme Perroux (Mélanie) : Donc,
pour terminer, c'est seulement pour dire que, vraiment, on pense que cette loi,
ce projet de loi, c'est une occasion unique de mettre les valeurs de la loi
n° 56 en pratique pour que les personnes proches aidantes soient intégrées
le plus possible dans toutes les lois ou les règlements qui peuvent les
concerner mais aussi qu'elles soient traitées avec bienveillance, comme le
recommande cette loi n° 56, qui est si importance à nos yeux. Merci
beaucoup.
Mme Boisclair (France) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. Mme la
ministre, vous avez la parole. Et je vous indique que votre groupe a
16 min 30 s.
Mme Blais (Prévost) :
Mme Perroux, Mme Boisclair, merci beaucoup pour votre présence, vous
apportez un éclairage autre, différent.
Mais en même
temps, écoutez, d'après ce que je comprends, ce n'est pas parce qu'on a une loi
sur les personnes proches aidantes, une politique, un plan d'action qui
sera déposé à l'automne qu'on ne pourrait pas vous inclure dans le projet de
loi sur la maltraitance, même si ce projet-là vise les personnes en situation
de vulnérabilité, là. On se comprend, là, on
fixe vraiment les personnes en situation de vulnérabilité. Alors, j'aimerais
que vous puissiez peut-être aller un peu plus loin
par rapport au fait où vous aimeriez que les proches aidants soient reconnus
dans cette loi-là, d'autant plus que, dans la loi sur les personnes proches
aidantes, on demande à tous les ministères, lorsqu'ils déposent de nouvelles
lois, de tenir compte des personnes proches aidantes.
Alors, j'aimerais que vous alliez plus loin, et
comment les personnes proches aidantes... comment on pourra les accompagner par
rapport à cette loi-là, qu'est-ce qu'on pourrait faire de différent, comment on
pourrait mieux accompagner les personnes proches aidantes qui ont peur,
parfois, de représailles aussi. Parce que c'est vrai, c'est un phénomène qui
est peut-être connu par vous, mais peut-être un peu moins, les personnes
proches aidantes qui sont maltraitées à cause de leur situation. Alors, c'est
important, ce que vous venez nous dire. Je vous écoute.
Mme Perroux (Mélanie) : Mme la
députée de Prévost, on est contentes de vous voir à votre
poste. Effectivement, cette loi-là, elle s'applique aux personnes en situation
de vulnérabilité. Puis on s'est posé la question de : Est-ce qu'on peut
considérer qu'une personne proche aidante est vulnérable?, ce qui s'avère ne
pas être possible, déjà, parce qu'il y a beaucoup de personnes proches aidantes
qui, du coup, diraient : Bien là, moi, je ne suis pas... vulnérabilité, ça
fait que je ne suis pas proche aidante. Puis ce n'est pas ça qu'on veut, vous
le savez autant que moi à quel point c'est important qu'elles
s'autoreconnaissent.
Puis l'autre chose, c'est qu'on ne veut pas
faire d'angélisme non plus. Il y a des personnes proches aidantes qui sont
extrêmement bienveillantes et qui, du coup, ont un facteur de risque de vivre
de la maltraitance, puis il y a des personnes proches aidantes qui, elles, sont
maltraitantes, on le sait aussi, ça fait qu'on ne peut pas les mettre sur le
même niveau. Pour ça que nous, on recommande, plutôt que de changer la définition
de ce qu'est une personne vulnérable, bien, d'inclure les personnes proches
aidantes dans la loi.
Et une des raisons pour lesquelles on le fait,
c'est que, par exemple, nous, on a vu des personnes proches aidantes dans les
lieux d'hébergement qui commençaient un peu à vouloir nommer des choses
qu'elles voyaient ou qu'elles entendaient qui ne leur semblaient pas normales
et qui, à cause de ça, à cause de ce rôle-là, se sont vu purement et simplement refuser l'accès de ces
lieux-là, se sont vues être menacées que la personne qui a été hébergée,
on allait rompre son bail, par exemple, quand c'était dans des RPA.
Donc,
c'est... Des fois aussi, elles sont... elles veulent qu'il y ait des soins de
qualité, elles veulent accompagner leurs proches et, quand elles font
une demande, elles reçoivent des critiques, elles reçoivent des jugements,
elles se font même parfois mal parler. Et, quand c'est comme ça aujourd'hui
elles ne sont pas protégées. Elles ne peuvent pas aller voir un commissaire aux plaintes en disant : Moi, en tant que
personne proche aidante, j'ai vécu ça. Elles peuvent seulement le faire
si la personne qu'elles aident, qu'elles hébergent, a vécu ça. Donc, il y a
vraiment aujourd'hui un petit trou, là, dans ce qu'on voit. La loi n° 56 parle de bienveillance puis elle va mettre en place
des actions pour sensibiliser, mais nous, on pense qu'il y a aussi besoin de
processus de recours que ces personnes proches aidantes là qui vivent aussi de
maltraitance, des fois, à la maison, entre les différents membres de la
famille, qu'elles sachent les moyens qu'elles ont, les recours qu'elles ont
dans ces contextes-là de situation de maltraitance.
Mme Blais (Prévost) : Peut-être,
avant de céder la parole à mes collègues, au point 22...
l'article 22.2, on parle, justement, de rupture du bail, l'interdiction ou
la restriction de visites à l'usager ou au résident. Donc, il y a quand même,
là, de ce que vous venez de dire, des éléments qui sont nommés dans le projet
de loi.
Est-ce que j'ai un collègue actuellement qui
veut poser des questions, parce que moi, je peux y aller en rafale avec vous,
là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. J'aurais aussi une de vos collègues qui veut prendre la
parole. Mme la députée de Soulanges, à vous la parole.
Mme Picard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup pour votre apport à la commission,
aujourd'hui, encore une fois.
Vous l'avez
mentionné, là, vous venez juste de mentionner l'importance de l'accompagnement
des personnes proches aidantes dans
leur processus de plaintes. J'aimerais savoir, selon vous, quel
organisme... qui serait le mieux placé, dans le système actuel, pour offrir un soutien aux personnes
proches aidantes lorsqu'elles subissent de la maltraitance.
Mme Boisclair (France) : Pour
le moment, c'est sûr que les CAAP sont les plus interpelés, parce qu'on
s'entend que ça touche souvent le système de santé. Donc, souvent, les CAAP
sont beaucoup plus interpelés de ce côté-là.
Donc, ça serait vraiment de pouvoir élargir peut-être leur champ
d'expertise pour pouvoir mieux accompagner, justement, les gens dans... Tu sais, c'est parce qu'aussi le proche aidant va vivre
différentes étapes, donc ça
l'éviterait de changer aussi des fois d'organismes, parce que l'organisme peut
mieux, justement, avoir une vue d'ensemble de toutes les problématiques qu'une
personne peut avoir en se promenant entre des lieux d'hébergement, le système
hospitalier, les CHSLD.
Donc, si on regroupe ça dans un même organisme
qu'il peut, justement, naviguer à travers les différentes structures du système
de santé, ça serait déjà beaucoup. Parce que, sinon, on se retrouve à s'en
aller dans différents organismes pour chercher des informations, qui, des fois,
vont être à la pièce. Donc, pour nous, ça serait vraiment les CAAP,
là, qui seraient les mieux outillés.
Mme Perroux
(Mélanie) : Ça, ça serait dans le cas de la maltraitance
institutionnelle. Après, il y a toutes sortes de formes de maltraitance que les
personnes proches aidantes peuvent vivre, entre autres, au centre de leur famille, de leur
entourage. Là, c'est sûr qu'il y a des organismes communautaires qui leur offrent des services, qui, eux... Nous, on les
sensibilise à ça. Ils sont en train de développer des projets, justement, pour accompagner
les proches aidants, mais il y a encore
beaucoup de travail à faire, entre autres, au niveau juridique. On pense à ça.
Moi, j'ai beaucoup d'exemples de proches aidants qui se sont retrouvés
avec un procès par un frère, une soeur parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de
la manière dont les choses avaient été gérées pour leur père ou pour leur mère,
et ça devient très, très dispendieux, très, très difficile aussi
psychologiquement. Et de l'aspect légal, bien, des organismes communautaires,
nous, ce n'est pas notre mandat. Ça fait qu'il y a effectivement un besoin là
aussi, là.
Mme Picard :
Ah! allez-y.
Mme Boisclair
(France) : Mais, si je peux rajouter, au niveau des fraudes
financières aussi, ça reste aussi un domaine où il y a beaucoup de
problématiques au niveau familial. Donc, c'est complexe de savoir un organisme
en particulier parce qu'aussi ce qu'on se rend compte, nous, en parlant avec
nos organismes, c'est que c'est à géométrie variable dans les régions. Il y a
des régions qui sont bien équipées, il y a des régions que le tout reste à
faire. Ça fait que c'est très inégal à travers la province, les services que
les gens peuvent recevoir dans les différentes régions.
Mme Picard :
Merci. C'est exactement là où je voulais poser ma deuxième question, en fait,
sur la maltraitance financière. L'organisme précédent, je ne le sais pas si
vous les avez entendus, c'était l'ordre des comptables agréés du Québec et puis
ils nous ont souligné que ça serait peut-être une bonne idée d'enlever... de
lever le secret professionnel. Je ne sais
pas si vous avez une opinion à propos de ça, mais j'aimerais savoir si vous en
avez une.
Mme Boisclair
(France) : Je te laisse y aller, Mélanie.
Mme Perroux
(Mélanie) : C'est difficile, dans les cas familiaux, de savoir qui a
raison, qui a tort, et effectivement les comptables sont souvent peut-être plus
informés, ou en tout cas, ont vu des dynamiques se construire, ou savent un peu
qu'est-ce qu'il y a. Donc, je pense que, dans le cadre où il y a un procès à ce
niveau-là, ça peut valoir la peine
qu'effectivement il y ait une ouverture du secret professionnel pour faire
l'éclairage sur la situation, d'autant plus que ce qu'on voit dans les
situations comme ça, au niveau familial, c'est, des fois, ce n'est pas tout blanc ou tout noir, c'est difficile, des fois,
c'est juste des personnes qui n'ont pas une bonne littératie financière, qui
ont mal compris des choses. Ça fait que d'avoir un peu une autre perspective,
ça pourrait effectivement permettre de mieux comprendre la situation puis d'y
faire face.
Mme Picard :
Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) :
Oui. Il y aura une porte d'entrée. D'ailleurs, ma collègue de Maurice-Richard
posait la question cet avant-midi, à savoir quel serait le meilleur organisme
pour recevoir les plaintes, tu sais, le meilleur organisme dans la porte d'entrée. On est en train, dans cette loi-là,
d'instaurer le centre d'assistance, justement, où il y aura des
personnes qui pourront, par la suite, diriger les personnes selon la forme de
maltraitance. Comment voyez-vous une personne qui signalerait une maltraitance
que vit une personne proche aidante? Parce qu'on parle de signalement aussi par
rapport à ça, là. Les signalements sont importants. Alors, vous voyez ça
comment? Comment on pourrait organiser le signalement par rapport aux personnes
proches aidantes qui sont en situation de vulnérabilité parce qu'elles se sentent, justement, entre guillemets,
maltraitées? Elles le sont psychologiquement, financièrement, peut-être.
Mme Boisclair
(France) : Mais c'est sûr que c'est une collaboration à avoir avec les
CISSS et les CIUSSS pour pouvoir, premièrement, avoir un dossier qui soit
ouvert pour le proche aidant qui est maltraité, pour qu'il puisse, justement,
avoir des services. Je vous dirais qu'on le vit, nous, parce que c'est sûr que,
dans des cas de proche aidant et d'aidé où l'aidé était déjà violent envers le
proche aidant, ce n'est pas parce qu'il devient proche aidant que ça arrête, ça
continue, et là souvent ça s'accentue. Donc, il faut, justement, accompagner le
proche aidant, à l'amener à vouloir porter plainte, et ça, ce n'est pas une
mince affaire, là. Donc, il faut vraiment travailler en collaboration avec les
intervenants des CISSS et des CIUSSS pour que cette personne-là soit prise en
charge par le système de santé parce que
souvent ça va dépasser nos mandats au niveau des organismes parce que ça amène
souvent un historique qui était là, puis souvent ce n'était pas connu.
La proche aidance a fait sortir la problématique. Donc, il faut... ça prend un
accompagnement soutenu. Je vous dirais que, de ce côté-là, les organismes de
proche aidance font un bon travail pour, justement, essayer d'amener les
personnes à, premièrement, se retirer de leur rôle de proche aidant. Des fois, c'est le meilleur conseil qu'on peut leur
donner, mais il faut y travailler. Donc, les organismes de proches
aidants ont un mandat à faire dans ces situations-là.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je cède maintenant la parole à Mme la députée
d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Bonjour, mesdames. Merci pour la présentation de
votre mémoire. Vous invoquez que la violation des droits est une forme
de maltraitance que subissent très souvent les personnes proches aidantes et
qui malheureusement ne se retrouve pas dans la définition actuelle. Pouvez-vous
nous en donner des exemples concrets, s'il vous plaît?
Mme Perroux
(Mélanie) : Bien sûr.
Alors, par exemple, le droit de choisir l'ampleur de son engagement envers la personne qu'on aide, très souvent, en tant que personnes proches aidantes, bien, si on est là, le jour d'un
diagnostic, alors, automatiquement, on est
considéré comme la personne proche aidante. Si la personne aidée refuse que des
soins soient donnés par un étranger à la famille, alors, automatiquement, on va
dire : Bien, la personne proche aidante, bon...
c'est à toi de le faire, c'est ton rôle. On ne va pas lui poser la
question : Est-ce qu'elle veut, est-ce qu'elle ne veut pas? Le fait
aussi que, bien, ça paraît normal que la personne proche aidante, elle paie les
services qui sont retardés ou qui ne sont pas donnés au bon moment. Donc, il y
a beaucoup de situations. Les personnes proches aidantes, elles n'ont pas vraiment leur mot à dire, elles n'ont
pas vraiment de pouvoir sur la situation. Et puis c'est sûr que la loi n° 56, elle vient reconnaître le fait qu'elles ont ce
droit-là. Maintenant, une fois qu'il est reconnu, comment on fait pour
s'assurer qu'il est réellement mis en pratique sur le terrain? Et c'est là que
nous, on voit que le projet de loi n° 101 peut répondre à ça.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la ministre, il vous reste 2 min 20 s.
Mme Blais
(Prévost) : Si vous aviez à
modifier certaines choses, un de vos désirs qui serait le plus important
par rapport à cette loi et qui touche les personnes proches aidantes, ce serait
quoi? Un élément, là, que vous aimeriez vraiment voir dans le projet de loi,
qui ferait une différence dans la vie de personnes proches aidantes, parce que
le projet de loi s'adresse aux personnes vulnérables, là, j'imagine, les
personnes proches aidantes sont en situation de vulnérabilité, ce serait quoi?
Mme Perroux (Mélanie) : Pour
moi, ce serait vraiment que ce soit la loi pour lutter contre la maltraitance
envers les aînés, les personnes majeures en situation de vulnérabilité et les
personnes proches aidantes, pour qu'elles puissent vraiment ne plus vivre ce
qu'elles vivent régulièrement, parce qu'on les regarde mal, parce qu'on ne les
prend pas en considération, parce qu'elles ont... des fois, elles ont des refus
de service pour elles-mêmes parce que, bon,
pour toutes sortes de raisons, et c'est... de les mettre, de changer, de les ajouter
dans cette loi, ça leur donnerait un levier à elles, individuellement,
pour pouvoir, justement, faire valoir le droit qu'elles ont d'être traitées
différemment.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
quelques secondes.
Mme Blais (Prévost) : Bien, en
quelques secondes, je tiens à vous remercier. J'avais l'impression que la loi sur la proche aidance avait déjà
fait une avancée considérable, et vous êtes ici en train de nous dire qu'on
devrait aller encore plus loin par rapport aux personnes proches
aidantes et qu'on devrait les inclure dans la loi de la maltraitance. C'est une
réflexion, une réflexion qu'on pourrait avoir ensemble, que nous aurons de
notre côté, au gouvernement, cette possibilité-là, parce que ça change
plusieurs choses. Mais c'est pour ça, une commission parlementaire, pour venir
nous apporter des idées nouvelles et nous faire avancer dans nos propres idées
en tant que législateurs. Alors, merci beaucoup. Merci de vous occuper des
personnes proches aidantes, parce qu'on a besoin d'organismes tels que les
organismes que vous regroupez et qui font vraiment avancer la cause. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup.
Des voix : Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Nous allons maintenant commencer la période d'échange avec l'opposition
officielle. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Fabre pour
11 minutes.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Alors, quel plaisir, Mmes Perroux et Boisclair, de vous revoir
à nouveau. C'est toujours un plaisir de réfléchir avec vous pour les personnes
proches aidantes. Je veux d'abord vous féliciter pour cette recherche-action
que vous avez menée avec les chercheurs Mme Beaulieu et Mme Éthier.
Et il en ressort un élément qui nous a été nommé ce matin avec un autre groupe,
qu'il faut absolument nommer, l'absence de la maltraitance organisationnelle
dans le projet de loi n° 101.
Clairement, vous l'avez nommée dans votre
recherche... dans votre mémoire, et, quand je lis, dans votre mémoire, la
définition qui émerge de votre recherche-action, je lis ceci : «L'exercice
du rôle de proche aidant comporte un risque de maltraitance. La maltraitance
envers une personne proche aidante peut se manifester par une attitude, ou un geste singulier ou répétitif, ou
une absence d'action appropriée, intentionnelle ou non, provenant, entre
autres, des institutions.»
Quand je lis ça, je ne peux pas m'empêcher de me
poser la question suivante : Quand les proches aidants se sont fait montrer la porte fermée, lors de la
première vague, durant la pandémie, sans comprendre les raisons, c'était
une absence d'action et qui n'était pas vraiment justifiée, est-ce que ce
n'était pas là de la maltraitance organisationnelle?
Mme Boisclair (France) : C'est
probablement... Les proches aidants, pour certains, oui, ils l'ont vécu probablement de cette manière-là. Ça a eu des
répercussions sur certains aidés qui étaient dans les CHSLD, dans les...
ou dans les RPA, mais on est dans... on était dans une problématique singulière
qui était l'inconnu était plus gros que nature. Donc, on
avait aussi à faire face à des choses qu'on ne connaissait pas, qu'on ne savait
pas comment naviguer à l'intérieur. Déjà, présentement, on est complètement ailleurs avec la vaccination, et tout ça. Donc, je peux comprendre la
sécurité que le gouvernement a voulu mettre de l'avant, mais c'est sûr que je
vous dirais que, jusqu'à un certain point, c'est du cas par cas, de savoir
comment chaque personne peut se ressentir.
Mme Sauvé : Je vais continuer.
Je ne sais pas si Mme Perroux voulait aussi répondre, Mme la Présidente.
Je reviens encore sur la maltraitance organisationnelle, parce que vous en parlez dans votre mémoire.
Et indépendamment de la réponse que vous venez de me donner, vous savez,
nous, le précédent gouvernement, on avait fait ce choix avec la Loi n° 115, d'y aller vers une définition large de la
maltraitance dans son ensemble inspirée sur la définition de l'OMS pour inclure
toutes les réalités de la définition de la maltraitance. Cette fois-ci, la ministre
s'est engagée à ouvrir la définition puis à citer les différents volets de la
maltraitance en disant : Il faut inclure la maltraitance organisationnelle.
Or, elle n'y est pas. Elle n'y est pas dans le projet de loi n° 101.
Alors, malgré la définition liée à la première vague que vous donnez, c'est du
cas par cas, il y a eu quand même un état de situation, et vous tenez mordicus à ce que ce soit inclus. Alors, quelles
sont les raisons pour lesquelles c'est important de mettre la
maltraitance organisationnelle dans le projet de loi n° 101?
• (16 heures) •
Mme Perroux (Mélanie) : Vous
vous rappelez, pendant la loi n° 56, on a eu tout un
exercice sur comment on définit les
personnes proches aidantes. Puis
nous, on avait fait aussi cet exercice-là de notre côté. Puis ce qu'on se
rend compte, c'est qu'une définition d'une
loi, ça voyage loin. On ne peut pas juste se dire : Bien là, on définit
quelque chose puis dans le plan
d'action on va être plus précis sur certains éléments ou quoi parce qu'on le
voit dans les conférences, dans les outils de sensibilisation, c'est
vraiment la définition de la loi qui est utilisée.
Ça fait que, pour nous, l'idée aujourd'hui
d'amener ce point-là, c'est de dire : La définition actuelle, elle est
quand même large. On peut se reconnaître dedans, mais le fait de ne pas nommer
certaines choses, ça empêche certaines personnes de reconnaître qu'eux aussi
peuvent contribuer d'une manière ou d'une autre, d'une manière où, en étant... en étant dans une structure à cette
maltraitance-là. Et c'est là où nous, on dit : Ça vaudrait la peine de
faire le même exercice que pour la loi n° 56,
de bien définir cette maltraitance, de bien définir qu'est-ce qu'en tant que
société on reconnaît comme maltraitance, pour être sûr que tout le monde voit
la même chose.
Par rapport à ce qu'il s'est passé pendant la
pandémie, c'est que, dans la maltraitance organisationnelle, elle
était là avant la pandémie. Nous, on a des exemples de proches aidants qui nous
parlaient de maltraitance, bien avant ça, et donc c'est pour ça qu'on pense que
c'est nécessaire. La pandémie, elle a été un moment particulier, la première
vague. Ce qu'on dit c'est qu'aujourd'hui on a appris de ce moment-là et ce
que... on ne veut plus jamais ça, on ne veut plus que les proches aidants
soient éloignés de leurs proches, parce qu'on sait comment... maintenant, on le
sait comment on peut faire en sorte de continuer à avoir les proches aidants dans
ces lieux d'hébergement.
Reste que la maltraitance
organisationnelle, elle est aussi quand, en soins à domicile, on n'offre pas de
service, quand on est en attente pour une place d'hébergement pour une personne
ayant une déficience intellectuelle depuis plusieurs mois. Donc, elle n'est pas
juste liée à la pandémie. Et c'est pour ça que, selon nous, il faut vraiment en parler. Comme toutes les autres formes de
maltraitance, comme toutes les autres provenances de maltraitance, je
pense que, plus on a une définition qui nomme les choses et plus on a de
probabilité que les gens se sentent concernés par cette situation-là.
Mme Sauvé : Merci beaucoup. Merci aussi d'avoir fait le lien entre la loi
n° 56 et la loi n° 101. Je pense que citait un rendez-vous que vous
deviez nommer, alors merci de le faire. Écoutez, quand vous parliez, tantôt,
des personnes vulnérables, la ministre en a parlé aussi, dans le fond, ce que
vous nous amenez comme éclairage, aujourd'hui,
et c'est très apprécié, la vulnérabilité des personnes proches aidantes, vous
avez plusieurs exemples dans votre mémoire. Est-ce que je comprends,
avec les exemples que vous donnez, que ce qui touche peut-être davantage les
personnes proches aidantes, dans la peur des représailles, c'est toute la
situation de maltraitance financière, la sensibilité
dans les familles, entre autres, que vous nommez? On l'a entendu ce matin,
donc, le proche aidant qui veut dénoncer une situation financière, mais
qui, peut-être, va être ostracisé par la famille, vous l'avez nommé, il y a des
exemples comme ça. Est-ce que c'est la
maltraitance financière qui vous inquiète davantage? Première question.
Puis, deuxième question : Est-ce que, de façon plus large, vous avez des
données sur la maltraitance, au-delà des exemples qualitatifs, des données sur
la maltraitance auprès des proches aidants?
Mme Perroux
(Mélanie) : La maltraitance financière, dans le cadre de la famille,
c'est sûr qu'elle est présente, soit de manière très
officielle, soit c'est plus en sous-jacent, entre autres, des personnes proches
aidantes qui se font dire : Bien, toi,
tu as vécu avec maman, dans sa maison, pendant 10 ans, pour prendre soin
d'elle, ça fait que c'est normal qu'on t'enlève le coût du loyer que tu
n'as pas payé sur ton héritage. Ça fait qu'il y a toute une question où toi, tu
acceptes d'être proche aidante parce que tu veux plus d'héritage. Ça fait que,
oui, bien sûr, qu'il y a cette question de finance
là. Ce n'est jamais... mais, en même temps, ce n'est jamais ni blanc ni noir,
il y a toujours d'autres composantes, d'autres dynamiques qui se sont
installées, il y a des rapports de genres, il y a des rapports d'aîné versus le
benjamin. C'est très compliqué, la
maltraitance familiale. Je
pense qu'il y a une question
qui fait que ça ressort beaucoup, c'est que c'est moins tabou pour une
personne proche aidante de nommer ça que de nommer un autre type de maltraitance
qu'elle pourrait vivre dans le cadre de sa famille. C'est un peu plus reconnu.
Et elle voit peut-être un peu plus aussi quels leviers elle pourrait avoir pour
y mettre fin.
Il y avait un autre bout à la question...
Mme Sauvé :
Les données. Avez-vous des données?
Mme Perroux (Mélanie) : Ah! les
données. Quand on a fait la recherche-action avec Sophie Éthier et Marie
Beaulieu, elles sont allées regarder qu'est-ce qui existait ailleurs dans le
monde, puis, aujourd'hui, le problème, c'est comme il n'y a pas... On revient à
la notion de définition. Comme il n'y a pas de définition de ce que c'est que
la maltraitance envers les personnes proches aidantes, il n'y a pas de donnée.
Ça va de 5 % à 81 %. Dépendamment de quel type de maltraitance on
parle, on est complètement dans des données différentes.
Ça fait qu'aujourd'hui on n'en a pas, et, oui,
un jour, il faudrait que ça soit le cas. Il faudrait qu'on sache qui sont les personnes proches aidantes qui sont
maltraitées, dans quel contexte et comment. Ce qu'on a vu avec la
recherche, par contre, c'est qu'on a eu plus que 280 proches aidants qui
ont participé, et, alors qu'il y en a qui pensaient qu'ils venaient parler de
la maltraitance que la personne aidée vivait, ils se sont rendu compte qu'en
fait eux-mêmes vivaient de la maltraitance. Donc, tous, tous, tous, alors qu'on
ne leur demandait pas : Il faut que vous viviez de la maltraitance pour venir en parler, tous ont
réalisé ça. Ça fait que ça touche beaucoup plus de monde que ce qu'on
pense.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée, il vous reste 1 min 30 s.
Mme Sauvé : Rapidement, alors.
J'aurais bien des questions, mais on va faire vite.
Tantôt, il a été question des CAAP. C'est
toujours la question, pour faire simple, pour les acteurs, pour les proches aidants, pour les aînés, à qui on
s'adresse, qui est le premier recours. Est-ce que vous avez nommé dans
votre mémoire... Est-ce qu'on ne pourrait pas inclure... élargir aussi aux OBNL
d'habitation... Est-ce qu'on ne pourrait pas inclure
des organismes communautaires? Donc, j'aimerais ça rapidement que vous nous en
parliez un petit peu, la volonté de mettre des acteurs de premier plan
dans le projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
une minute, mesdames.
Mme Perroux (Mélanie) : Dans le
mémoire, on ne suggère pas forcément d'inclure ces acteurs-là dans les processus
de plaintes. On suggère que, par
contre, ils soient assujettis à la
loi. C'est-à-dire que... Puis nous, on représente des organismes communautaires. Il y
en a peut-être qui sont
maltraitants envers les proches aidants, ça fait que la personne proche
aidante, qu'elle sache vers qui se tourner quand un organisme communautaire,
quand une EESAD, quand un OBNL d'habitation est maltraitante envers la personne
aînée, la personne vulnérable ou la proche aidante, bien, que ça soit clair
qu'elle aussi, elle doit suivre le projet de loi n° 101.
Mme Boisclair
(France) : ...et que les
organismes sur le terrain soient au courant de toute la même
information, parce que, là, présentement, ce qu'on se rend compte, c'est...
même nous, quand on a nos rencontres au niveau de nos différents organismes en
région, il y en a qui ne connaissent pas du tout le processus d'intervention
concertée, tandis que, dans d'autres régions, on sait très bien ce que c'est,
puis on sait qui qui sont là.
Mme Sauvé : Merci, mesdames.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment, merci. Nous allons maintenant commencer la période d'échange, et
je... c'est au tour de Mme la députée de Duplessis, pour
2 min 45 s.
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup pour la présentation de votre
mémoire. Ce n'est pas simple, hein, et tout ce que vous faites. Moi, je tiens à
vous féliciter pour tout le travail. Mais, souvent, vous êtes victimes... les
proches aidants sont souvent, des fois, victimes de maltraitance, puis souvent,
c'est à eux que vient la responsabilité première, souvent, de dénoncer la
maltraitance que ceux qu'ils supportent au quotidien, des fois, peuvent subir.
Je vais faire un petit peu du pouce sur ce que
ma collègue la députée de Fabre vous demandait, parce que, bon, vous n'avez pas nécessairement de registre,
et vous ne tenez pas nécessairement tout ça à jour. Mais de par votre
expérience, de par votre vécu, est-ce que vous diriez que les proches aidants
sont plus sujets à maltraitance quand ils dénoncent
ou est-ce qu'ils subissent eux autres mêmes de la part de famille ou de la part
de différentes institutions parce qu'on
peut être une proche aidante de différentes façons? C'est à quel niveau que
vous trouvez que les proches aidantes subissent la maltraitance même si
elle est mal définie, là... pour vous, ce qu'elle représente.
Mme Perroux (Mélanie) : C'est
dur de dire, parce qu'il y a... la plupart, ils préfèrent ne pas signaler, ne
pas porter plainte, surtout dans les petits milieux comme vous disiez dans le
mémoire. Si on parle d'un établissement où il
y a 450 résidents, ça va être plus difficile de savoir que c'est
Mme Tremblay qui était insatisfaite au nom de sa mère, mais, si on parle d'une petite résidence au niveau
familial aussi, bien là, ils sont six, hein? Ça fait que six, sept, c'est
plus difficile dans ces moments-là. Pareil
dans la famille quand il y a une divulgation de plainte dans la famille, ça
touche un nombre de personnes très
faible, ça fait qu'on a beau garantir l'anonymat, on peut faire des
recoupements assez vite là.
Mme Richard : D'accord. On n'a pas beaucoup de temps, mais il y a quelque chose qui
m'a particulièrement intéressée parce
que moi, je trouve que la chaîne de commandement... Moi, personnellement, je
m'y perds, présentement dans le
projet de loi puis j'ai vu que vous avez dit, dans votre mémoire, vous le
dites, hein, il y a beaucoup de... écoute, ligne d'aide pour les aînés, les abus, etc. Il
faut éviter les dédoublements. Et c'est ça, ma crainte, si des gens tels que
vous et moi qui discutons du projet de loi, des fois, on a de la misère à s'y
retrouver dans toutes les belles mesures qu'on retrouve en place... Si vous
aviez quelque chose à ajouter, là, pour vraiment faciliter, puis qu'il y ait
une imputabilité, quels organismes, là, devraient vraiment être imputable
auprès du gouvernement? Il y a certains endroits, je sais que la ministre a
dit : Ça pourrait être le P.D.G. d'un CIUSSS ou autre. C'est marqué dans
le projet de loi, hein?
La Présidente (Mme
D'Amours) : En 15 secondes.
Mme Richard :
On n'a pas de temps. On ne peut pas élaborer...
Mme Perroux
(Mélanie) : La question, ce n'est peut-être pas tant à quel organisme
que comment faire pour que ces organismes se parlent.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci infiniment. Je vous remercie pour votre contribution
aux travaux, Mmes Boisclair et Perroux.
Je suspends les
travaux quelques instants afin d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 09)
(Reprise à 16 h 20)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue à
l'Association de comités de résidents officielle du Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous
précéderons à la période d'échange entre les membres de la commission. Je vous
invite, donc, à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à
vous, chers invités.
Association des comités de
résidents officielle du Québec (ACROQ)
M. Charbonneau (Raoul) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour
l'invitation. Donc, je me présente, Raoul Charbonneau, président
fondateur de l'Association de comités de résidents officielle du Québec, ACROQ.
Je suis accompagné de M. François Dumulon, représentant des membres,
comité de l'ACROQ.
Nous tenons à souligner
le courage du gouvernement à déposer un projet de loi visant à libérer la
société québécoise de la maltraitance envers l'ensemble des personnes
vulnérables. Notre association est un organisme à but non lucratif fondé l'an
dernier, en août, et nous exerçons nos activités sur l'ensemble du territoire
québécois.
Nous représentons
exclusivement les résidents vivant en résidence privée pour aînés, leurs
proches aidants et leurs comités consultatifs. Nous comptons 283 membres
répartis dans 100 résidences privées pour aînés. Notre particularité est
d'impliquer nos proches aidants dans notre structure de services. Nos
principaux objectifs visent à transformer la
vie en RPA en une étape de vie dynamique et heureuse et d'allonger le maintien
à domicile, de défendre et de promouvoir les droits des résidents vivant
en RPA, de même que leurs proches aidants.
Étant aux premières
loges et près de ses membres, l'ACROQ s'avère la tribune où convergent de
nombreux témoignages d'aînés et de proches aidants dénonçant des situations de
maltraitance. Il existe actuellement, dans quelques
RPA, des comités consultatifs de résidents qui collaborent avec des
gestionnaires dans la détection et la résolution de situations
problématiques. Ces comités, créés sur une base volontaire, sont présents à
l'ACROQ sous l'appellation de membres comités.
Les
aînés qui vivent en RPA font régulièrement face à des situations de
maltraitance, qu'elles soient financières, psychologiques ou physiques, ces situations n'ont assurément pas leur place
dans une résidence pour personnes âgées.
Voici
un exemple d'un cas de maltraitance physique. Une dame ayant fait une chute en
soirée dans son appartement appelle à l'aide avec son système de
clochette, donc des cordelettes fixes. Dû à une absence de personnel, ce n'est
que le lendemain matin, vers les neuf heures, qu'un préposé se présente
pour lui venir en aide. L'annexe I de notre mémoire vous donne plusieurs autres
cas de maltraitance. Notre association commence à peine à être connue et reconnue
par le gouvernement et par la population.
La
COVID-19 n'a pas facilité la diffusion de notre existence. Nous devons déployer
encore plus d'effort pour se faire connaître de tous les résidents des
RPA du Québec.
Le titre du projet de
loi est évocateur quant à l'importance accordée à l'intention gouvernementale
de mettre en place des mécanismes de surveillance de la qualité des services
offerts dans les RPA. Nous croyons important de souligner que nos
préoccupations en lien avec la maltraitance dans les RPA est actuelle tout
comme le sont les situations vécues au
quotidien par les résidents. Cela nous amène à nous interroger sur l'échéancier
de la mise en oeuvre du projet de loi. Les situations de maltraitance
risquent de perdurer, ce qui nous apparaît inquiétant. Il est, donc, nécessaire
d'agir maintenant sur une solution pouvant être mise en place par décret.
Voici
la solution proposée par l'ACROQ. Pour obtenir ou maintenir une certification,
une RPA devra obligatoirement permettre la mise en place d'un comité
consultatif formé de résidents et de proches aidants dont les membres sont nommés par les usagers. La mise en
place d'un tel comité pourrait immédiatement favoriser, à l'interne, le
règlement de situations problématiques avant leur aggravation, atténuer la peur
de représailles présente chez les aînés aux prises avec une problématique
qu'ils n'osent dénoncer, favoriser un dialogue harmonieux entre les
gestionnaires d'une
RPA et leurs résidents. Le comité devient un véritable partenaire créateur de
bien-être. La présence d'un comité consultatif
officiel au sein de chacune des RPA s'avère l'alternative la plus simple et la
plus économique tout en étant la plus efficace pour lutter contre la
maltraitance.
Les liens
d'appartenance entre les comités consultatifs et l'ACROQ facilitent la
circulation de l'information au niveau national. L'ACROQ peut aussi assumer le rôle
d'agent facilitateur afin d'informer, de conseiller, de guider, de rassurer et d'encourager les représentants des comités
consultatifs et les résidents eux-mêmes de même que les proches aidants
lorsqu'ils sont aux prises avec des situations particulières.
En conclusion,
l'ACROQ se réjouit du projet de loi n° 101 visant à renforcer la lutte
contre la maltraitance. Nous y voyons
l'opportunité d'y inclure, pour les RPA, l'obligation de mettre en place et de
soutenir un comité consultatif de résidents et des proches aidants dans
chacune d'elle. Par leur présence 24 heures sur 24 et avec le soutien de l'ACROQ, ces comités seront la clé de voûte d'une
lutte efficace à la maltraitance sous toutes ses formes dans ces milieux
de vie. Cette solution viendra combler le
vide actuel observé dans plusieurs situations de maltraitance que les
résidents et même les proches aidants n'osent dénoncer par peur de
représailles. Le comité consultatif pourra assurer l'anonymat nécessaire pour réduire cette crainte. Un dialogue
avec les gestionnaires et les propriétaires de RPA permettra d'éliminer
la très grande majorité des problèmes signalés plutôt que de les voir se
développer en véritable maltraitance.
Nous croyons à notre
solution. L'ACROQ espère poursuivre son action en collaboration étroite avec
tous les acteurs impliqués dans ce monde particulier que sont les RPA. Merci
pour votre écoute.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous pour un
échange de 16 min 30 s.
• (16 h 30) •
Mme Blais
(Prévost) : Merci beaucoup, MM. Charbonneau et Dumulon, d'être
présents. Ma première question, c'est :
Quel a été l'élément déclencheur pour qu'en 2020 vous ayez envie de démarrer
une telle association, qui vise particulièrement les RPA et de miser sur
les comités des résidents et d'inclure des personnes proches aidantes?
M. Charbonneau (Raoul) : Mme la Présidente, Mme la ministre, ce qui
m'a incité à fonder cette association, c'est le constat de réaliser qu'aucune association ne représentait de façon exclusive
les résidents de RPA. Il y a, bien sûr, certaines associations qui
représentent les aînées en général, mais aucune de façon spécifique les aînés
vivant en RPA. D'un autre côté, vous avez
les propriétaires de RPA qui ont leur regroupement et qui sont très présents
auprès du ministère, alors que nous, nous n'avions pratiquement personne
pour nous représenter. C'est ce qui m'a motivé à fonder l'ACROQ.
Mme Blais
(Prévost) : Écoutez, personnellement, je ne vous connais pas beaucoup,
mais je sais qu'Annick Lemieux, qui travaille avec nous et qui est notre
conseillère principale, est souvent en communication avec vous. Et je suis
d'accord avec les comités des résidents depuis de nombreuses années, et on
pourrait exploiter la possibilité, on va présenter une nouvelle mouture de la
certification, mais il faut voir avec les juristes, la possibilité de l'inclure
dans la certification. Je crois sincèrement qu'un comité de résidents — et,
d'après ce que je comprends, vous voulez inclure les personnes proches aidantes — peuvent
aider à contrer la maltraitance. On le sait que, dans des résidences, je me
souviens, je suis entrée dans une résidence, il y avait à peu près 90 %
des personnes dans la résidence qui m'attendaient
à la porte pour me dire que la nourriture était infecte, alors qu'on me disait
que c'était faux. Mais il y avait 90 % des personnes aînées qui me
disaient que c'était infect, puis là on me disait : Aujourd'hui, on va
bien manger parce que vous êtes présente.
Alors, des fois, c'est difficile de s'interposer avec le propriétaire quand on
est seulement une personne. Et est-ce que vous voyez déjà des
améliorations dans les résidences où il y a un comité de résidents et de
personnes proches aidantes?
M. Charbonneau
(Raoul) : Je vais demander à M. Dumulon de répondre.
M. Dumulon (François) : Bien, effectivement, nous, dans ma résidence à
Rouyn-Noranda, c'est une résidence de
plus de 200 résidents, et nous avons formé notre comité de résidents au
tout début de l'ouverture, ça fait, donc, sept ans que nous fonctionnons avec
ce comité-là. Et je pense qu'on a pu voir, l'élément maltraitance, chez nous,
ça n'existe pas. On a vraiment une structure
qui nous permet, par exemple, avec 10 délégués, là, on appelle ça des
délégués d'étage chez nous. Alors, ces délégués d'étage là ont une
préoccupation assez importante concernant la maltraitance. Ça fait que tout ça
pour vous dire que, finalement, le comité a un bienfait important sur notre
clientèle, parce que, lorsqu'ils ont à se présenter, par exemple, auprès du
propriétaire, bien, on peut les accompagner...
Mme Blais
(Prévost) : Par exemple, vous réglez des... Excusez-moi de vous couper
la parole. Vous réglez des frictions. Et, s'il y avait des augmentations au niveau
des loyers qui sont excessives, vous
seriez en mesure d'intervenir
au nom de l'ensemble des résidents.
M. Dumulon
(François) : C'est ça qu'on fait. Puis, même, je peux même vous dire, aujourd'hui
même, mon établissement ici, on est au tribunal du logement pour revendiquer
des services non reçus. Et, dans un recours collectif, il y a plus de
125 résidents qui ont signé une formule complémentaire à la mienne pour la
réclamation.
Mme Blais
(Prévost) : Peut-être, en terminant, là, parce que les questions me
brûlent les lèvres, est-ce que vous faites souvent affaire avec les commissaires
aux plaintes et à la qualité des services des CISSS et des CIUSSS par rapport
au signalement de certaines maltraitances?
M. Dumulon
(François) : Très peu. On est allés à une couple... à quelques
reprises, il y avait certains petits conflits, puis on voulait avoir plus d'explications,
et puis on est allés au commissaire aux plaintes. Mais l'élément qui est
important que je voudrais vous signaler, c'est que l'AQDR de notre région offre
une belle formation pour les proches aidants puis pour les résidents... Alors,
nous, on s'est obligés, dans notre résidence, à suivre cette formation-là. C'est une petite formation
d'une heure, une heure et demie. Et puis, à chaque fois qu'il y a
un nouveau résident qui arrive, on
fait des petites cohortes puis on leur donne cette formation-là.
Et on a demandé aussi à notre propriétaire, par la voix de notre
direction générale, que les employés aussi suivent cette formation-là. C'est
une belle petite formation qui... pour déceler des problèmes de maltraitance
dans la maison.
Mme Blais (Prévost) : Vous avez
un propriétaire ouvert, ouvert d'esprit.
M. Dumulon (François) : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je vais céder la parole maintenant à la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci,
Mme la Présidente. Merci,
M. Charbonneau et M. Dumulon, d'être là cet après-midi. J'ai quelques questions. Vous avez mentionné avoir
283 membres dans 100 résidences. Est-ce qu'on doit
comprendre qu'il y a des membres dans les 100 résidences?
M. Charbonneau (Raoul) : Exact.
Mme Lachance : Oui. Et puis,
parmi ces 100 résidences-là, est-ce que vous savez combien de résidences
ont déjà des comités consultatifs?
M. Charbonneau
(Raoul) : Nous avons sur nos
283 membres environ 10 ou 11 comités membres. Donc, il y a certains comités qui ne sont pas vraiment
des comités consultatifs, c'est plutôt des comités loisirs. Il y a même un comité que c'est le beau-frère du propriétaire qui
est président du comité depuis nombreuses années, et il mène le comité
d'une main de maître. Donc, ce n'est pas tout à fait le comité qu'on veut
mettre sur pied.
Mme Lachance : O.K. Mais ces
comités-là, actuellement, vous êtes en contact avec eux. Est-ce que vous voyez
aussi des échanges positifs qui font en sorte que leur rôle fait une
différence?
M. Charbonneau (Raoul) : Bien,
moi, je peux vous dire de façon... Chez nous, là, aux Terrasses de la Fonderie,
de Drummondville, le comité de résidents fait la différence, parce qu'il y a vraiment
une collaboration avec les propriétaires et le comité pour favoriser le bien-être
de nos résidents, et, lorsqu'il y a un petit problème... Tantôt, Mme la
ministre référait à la qualité de la nourriture. Bien, ça nous arrive par
exemple d'avoir, à un moment donné, une
soupe qui est un peu trop salée, mais on va en parler, puis ça va se régler.
Donc, c'est vraiment... Le comité va permettre de résoudre des petits
problèmes avant qu'ils deviennent trop grands, et, en plus, c'est que, le
comité étant très proactif, on développe un milieu de vie qui est beaucoup plus
agréable grâce à la complicité de nos propriétaires.
Mme Lachance :
Parmi les 10... la dizaine de comités que vous connaissez, vous avez,
j'imagine, des contacts avec eux.
Dans ce sens-là, je vous dirais, vous souhaitez davantage contribuer de manière
proactive, on le voit bien, au p.l. n° 101. Est-ce que vous pourriez avoir une contribution plus large? Quelle
pourrait être votre contribution au projet de loi?
M. Charbonneau (Raoul) : Bien,
nous, disons, en étant présents 24 heures sur 24, là, avec les comités
consultatifs, c'est vraiment l'outil par excellence pour éliminer la
maltraitance. Il y a un aspect important dans la vie en RPA, c'est que, si tu n'es pas satisfait, tu te tais, parce qu'il y a
des représailles. Et, d'ailleurs, la Protectrice du citoyen, dans son
rapport de juin 2016, soulignait, justement, l'aspect négatif, là, de... que
les gens ont des craintes de représailles, donc qu'ils vont plutôt se taire,
subir plutôt que d'essayer d'améliorer la situation.
Mme Lachance : Mme la
Présidente, est-ce qu'il me reste encore du temps pour une petite, petite
dernière?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Dernière question?
Mme Lachance : Oui. Dans le
fond, vous avez parlé plusieurs fois de la peur de représailles et vous pensez que le comité consultatif des résidents en fait
sera le bon véhicule pour dénouer cet enjeu de peur de représailles.
Mais ne croyez-vous pas que, justement, le commissaire aux plaintes, par sa
neutralité puis son indépendance, permettrait, justement, une bonne action à ce
niveau-là?
M. Charbonneau (Raoul) : Je
pense que nous pouvons avoir une action complémentaire. Donc, au niveau à la base, le comité consultatif pourrait recevoir
et aider les gens qui ont des plaintes à formuler, et ensuite les
accompagner vers le commissaire aux plaintes si la plainte se développe. Or,
nous, notre objectif, c'est de faire en sorte que la plainte ne se développe
pas, donc que la situation s'élimine d'elle-même suite à l'intervention du
comité.
Mme Lachance :
...messieurs.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je cède maintenant...
Mme Lachance :
Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...la parole à la ministre. Mme la ministre.
Mme Blais
(Prévost) : Je voyais mes collègues du Parti québécois, du Parti
libéral opiner quand vous avez parlé de représailles, parce que ce n'est pas...
ce n'est pas d'aujourd'hui, là, qu'on parle de cette peur des personnes qui
vivent souvent en résidence privée pour aînés, de dénoncer, la peur de perdre
son logement, surtout dans les petits milieux où il n'y a pas vraiment d'autre
place pour aller vivre, là. Tu sais, il y a une résidence puis on ne sait pas
trop où. Alors, moi, je crois sincèrement qu'un comité de résidents peut
vraiment... Et la raison pour laquelle il n'y en a pas partout, j'imagine,
c'est parce qu'il doit y avoir des propriétaires réticents à la mise en place
d'un comité de résidents, parce que le comité va revendiquer, va faire une
forme de politique, va demander. Mais je crois que ça peut vraiment aider à la
qualité de vie des personnes aînées.
Et vous, vous êtes
autonome, mais, des fois, en résidence privée pour aînés, il y a des personnes
qui perdent de leur autonomie et qui
deviennent moins autonomes qui devraient peut-être se retrouver ailleurs et qui
sont toujours dans une résidence privée pour personnes autonomes. Vous
pouvez parler, vous, mais il y en a qui peuvent moins parler. Vous le voyez,
ça? Vous le sentez? Vous le...
M. Charbonneau
(Raoul) : Oui, absolument. Mme la ministre, si vous me permettez,
c'est que, justement, notre association, ce
qu'elle a de particulier, c'est qu'elle implique les proches aidants dans notre
structure de service.
Mme Blais
(Prévost) : ...
M. Charbonneau
(Raoul) : Le proche aidant... Pardon?
Mme Blais
(Prévost) : Comment vous le faites? Comment vous... Comment les
proches aidants font-ils partie de votre structure?
M. Charbonneau
(Raoul) : Bien, ils peuvent devenir membres de l'association en tant
que proches aidants. Donc, on a aussi, au niveau de notre conseil
d'administration, des espaces réservés aux proches aidants. Et, lorsque le
résident diminue au point de vue de sa capacité, bien, son proche aidant est là
pour le représenter. Et c'est surtout ces gens-là qui ont besoin
d'accompagnement, qui ont besoin d'enrichir leur milieu de vie. Donc, nous, les
proches aidants, c'est extrêmement précieux. Et on les implique, là, dans la
solution.
Mme Blais
(Prévost) : Combien de minutes il me reste, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
D'Amours) : 3 min 30 s.
Mme Blais
(Prévost) : Est-ce que j'ai un collègue qui veut poser des questions?
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, j'avais une collègue qui voulait poser une question. Donc, je vais
céder la parole à la députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, messieurs.
Merci beaucoup pour votre présence, aujourd'hui, ici. J'aimerais avoir
vos impressions sur le centre d'assistance et de référence concernant la
maltraitance. Donc, vous semblez favorables à un centre d'assistance. Je
voulais savoir est-ce que vous pensez que ça va aider concrètement sur le
terrain. Est-ce que vous voyez des choses à ajouter à ce centre d'assistance et
référence? Est-ce que vous allez référer vos gens à ce centre d'assistance ou
est-ce que vous allez vous-mêmes vous y référer?
M. Charbonneau
(Raoul) : Donc, si... c'est sûr que l'ensemble des outils pour contrer
la maltraitance, tous les acteurs sont importants comme tels, et ce centre
d'assistance va aussi être important. Mais, comme je le disais, c'est que la
présence d'un comité consultatif va surtout servir à annuler une maltraitance
potentielle à sa base, à son origine. Et, à ce moment-là, le milieu n'aura pas
besoin de référer à plus haut pour... parce qu'il n'y en aura plus, de
maltraitance comme telle. Et les cas de maltraitance qui vont se développer,
mais, à ce moment-là, les autres acteurs de cette lutte à la maltraitance vont
pouvoir intervenir en collaboration avec notre association et nos comités.
Mme Picard :
Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre, il vous reste 1 min 40 s.
Mme Blais (Prévost) : Oui,
peut-être pour... vous avez parlé d'échéancier, là, et peut-être votre
inquiétude, c'est la mise en place de cette loi n° 101.
Pour commencer, il y a déjà la loi n° 115, là,
qui couvre une partie, là, des personnes en situation
maltraitance, les personnes vulnérables et les aînés en situation... personnes
vulnérables en situation de maltraitance,
mais, aussitôt que la loi est adoptée, qu'il y a une sanction, après ça, on
peut mettre en place, au fur et à mesure, les différents éléments qui
sont nouveaux à l'intérieur de la loi, comme le centre d'assistance et de
référence. Ça va peut-être prendre un peu plus de temps pour avoir les bonnes personnes,
etc., mais ça va se faire automatiquement. Il ne faut pas s'inquiéter. Mais déjà
on est protégés par une loi qui existait, et on va continuer de se protéger à
ce niveau-là.
Je veux vous féliciter. Bravo! Je suis contente
de votre venue sur la scène publique pour la protection de nos personnes qui
vivent dans les résidences privées pour aînées. On a besoin de personnes comme
vous. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup...
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y pour quelques secondes, 20 secondes. M. Charbonneau, allez-y.
M. Charbonneau (Raoul) : Oui.
Je voudrais remercier Mme la ministre pour son courage à nous mettre un tel projet
de loi et à nous impliquer dans la solution. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Donc, nous sommes maintenant à la période d'échange avec le parti de l'opposition
officielle. Et je vais céder la parole à la députée de Fabre pour une période
de 11 minutes.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Messieurs, c'est un plaisir de vous avoir avec nous, d'apprendre à vous connaître davantage et aussi de
permettre d'offrir une voix de plus pour ces aînés qui sont en RPA.
Donc, bravo pour vos initiatives et merci de participer à nos travaux.
On a nommé
tantôt, puis c'est un peu un élément qui est au coeur de tout le reste, c'est
la peur des représailles, la peur au
ventre des ces aînés qui ne veulent pas dénoncer. Vous avez une approche très
unique quand vous dites que, dans le fond, vous aplanissez les
frictions, hein, avant même que se développe la situation. Vous arrivez un peu
presque à faire de la médiation pour essayer
de régler la situation avant qu'elle n'explose et qu'elle s'empire.
Parfois, c'est un détail, parfois,
c'est, bon, un repas qui n'est pas acceptable, mais parfois c'est une dynamique
familiale, c'est plus complexe.
Donc, ma question
va dans le sens de comment vous arrivez à traiter de cette situation-là en toute confidentialité? Parce que là il y a des éléments qui
peuvent être liés à la dynamique familiale. Donc, je me préoccupe de la
confidentialité de la démarche. Avec vous, comment ça se passe dans votre organisation?
M. Charbonneau (Raoul) :
M. Dumulon.
M. Dumulon (François) : Bien, finalement,
qu'est-ce que... Chez nous, comment on fonctionne un peu avec ça, c'est... à
l'arrivé d'un nouveau résident, je pense que ça commence lorsque le nouveau
résident nous est signalé qu'il s'en vient chez nous. Alors, on a une
complicité avec la direction pour pouvoir bien l'accueillir. L'accueil, nous
autres, il est très, très important. Ce qu'on fait, premièrement, on le réfère
à notre délégué d'étage. Par exemple, si cette personne-là était au huitième
étage, bien, notre délégué d'étage, lui, les premiers moments que ce
résident-là ou que cette résidente-là arrive chez nous, bien, on l'accueille et
puis on va luncher avec lui, on va l'informer de comprendre les services qui sont dans la maison, et on l'informe aussi
que, s'il y a des problématiques de maltraitance, bien, qu'on est là
pour l'aider. Alors, on est là 24 heures par jour, comme cette personne-là,
donc on a un lien. On essaie de créer, au
tout début, un lien de confiance avec ces personnes-là parce qu'on est sur le
même étage, et puis on se voit
fréquemment, donc ça donne une relation. Il faut établir absolument
une bonne relation avec les nouveaux résidents et les informer de leurs
droits et de notre volonté de les appuyer s'il y a un problème. Donc, tout de
suite, là, là, ça cadre bien la démarche.
Mme Sauvé : Je continuerais toujours
sur la peur des représailles. Comment vous y arrivez? Quand vous sentez, vous observez une situation,
vous avez développé un bon lien de confiance, hein, avec les nouveaux
résidents, et vous continuez à dialoguer avec eux, vous leur laissez savoir
qu'ils ont un recours, ils peuvent vous parler, mais vous observez qu'il y a
une situation qui est en train de se passer, mais ils ne veulent pas dénoncer,
ils ne veulent pas signaler parce qu'ils ont peur, c'est quoi, votre approche à
ce moment-là?
M. Dumulon (François) : Bon.
Alors, cette approche-là, je veux dire, je l'ai vécue à quelques reprises, et
puis avec cette personne-là, on enclenche une démarche, et puis ça peut même
conduire à une plainte écrite. Je veux dire, à ce moment-là, une plainte écrite
versus notre direction. Et puis la direction, on peut, tout en demandant la
confidentialité à la personne, on peut agir auprès de la direction puis
dire : Bien, dans telle situation, comment on peut s'entendre? On peut se
corriger de la situation dorénavant. Alors, à date, je veux dire, bien sûr, ça
fait juste sept ans qu'on fonctionne avec ce comité-là, mais on a eu de bonnes
réussites. Je veux dire, il y a même, là, des cas qui ont été vraiment aplanis,
et puis... la résidente a été satisfaite de la conclusion.
• (16 h 50) •
Mme Sauvé : Bravo. J'ai une
dernière question par rapport à votre mémoire. Dans votre annexe, vous
nommez... puis j'aime toujours ça voir des exemples concrets, parce qu'évidemment
on peut parler de structures, on peut parler de
processus, mais, sur le terrain, comment ça se passe? Alors, vous avez donné plusieurs
exemples, la maltraitance psychologique, la
maltraitance physique, et il y a deux exemples qui m'ont un peu interpelé, maltraitance
psychologique, manque flagrant de suivi de la part du CISSS et du CIUSSS à la
suite de recommandations émanant d'une
évaluation. La RPA récidive, sans conséquence, le résident perd confiance au
système. Ça, c'est au niveau de la maltraitance
psychologique. Et physique, processus d'évaluation de soins non conforme au
règlement sur la certification. Mis au courant, le CISSS n'a effectué
aucune vérification et n'a pas assuré de suivi. Ça arrive souvent, ça? Vous avez
été témoin de ça de façon importante?
M. Charbonneau (Raoul) : Bien,
ce sont nos membres qui nous ont rapporté ces deux cas. Et c'est vraiment des cas vérifiés. Donc, ça arrive. Puis comme
c'était reporté, l'usager perd confiance au système, parce qu'il fait
l'effort de divulguer une situation, puis ça
n'aboutit pas, finalement, parce qu'il y a une récidive et puis il faut qu'il
recommence, là. Donc, disons que le système n'est pas tout à fait parfait, là,
actuellement. On va essayer d'aller vers la perfection, mais on ne l'atteindra
pas, mais on peut peut-être favoriser de s'approcher de la perfection.
Mme Sauvé : Merci. Combien de
temps...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Sauvé : Cinq minutes.
Moi, j'aurais terminé avec mes questions, je céderais mon temps de parole à ma
collègue de la troisième opposition.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que j'ai le consentement pour laisser le temps de parole à la députée de
Duplessis?
Des voix : Consentement.
La Présidente
(Mme D'Amours) : D'accord. Merci. Donc, nous sommes... Maintenant, je
vais regarder le temps qu'il nous
reste pour la députée de Duplessis. Donc, les échanges vont pouvoir être de...
pardon? Environ sept minutes. J'aurai le temps précis tout à l'heure.
Donc, Mme la députée de Duplessis, votre période d'échange commence.
Mme Richard : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup, messieurs, de votre présence, et de tous les propos que vous avez tenus. Et j'ai vu
que la ministre était très, très, très à l'écoute de vos propos. Vous
savez, je dis tout le temps que les solutions, elles doivent venir du terrain.
Vous êtes des personnes qui concrètement êtes sur le terrain au quotidien. Et
moi, je trouve que c'est une merveilleuse idée que vous amenez à la ministre de
rendre obligatoire le fait qu'il y ait un
comité des usagers dans les RPA avant qu'ils obtiennent une certification. Dans
le réseau public, on retrouve des
comités d'usagers, qui ont même leur mot à dire sur un conseil d'administration.
Moi, j'aimerais vous entendre à ce niveau-là.
Moi, j'irais plus loin. Puis je sais qu'on a
quand même une pétition, hein, qui va faire partie, demain, des discussions, voir si le gouvernement va y donner suite ou pas. Le conseil d'administration des RPA, moi, je verrais bien aussi, parce
que, là, je crois que, souvent, on parle des petites RPA, mais il y en a des très,
très grosses, où le comité d'usagers, moi,
je l'appelle comité d'usagers, aurait des membres. J'ai vu que, monsieur, il y
en avait sur chaque étage, mais ça
pourrait, tout dépendant de la grosseur de la résidence, s'adapter. Mettons, un
comité d'usager de six personnes, dans
ces six personnes, deux personnes pourraient participer aux réunions du comité
exécutif du conseil
d'administration pour être capable, justement, d'emmener à la haute direction.
Parce que, vous l'avez dit, hein, soit les personnes dénoncent des situations de maltraitance, maltraitance sous quelque forme qu'elle s'exerce, mais ils sont fatigués,
parce que, souvent, ça ne donne plus rien, ils n'ont plus confiance au système,
là. Et c'est là qu'on est rendu. Il faut redonner confiance à ces gens-là puis
qu'il y ait des moyens qui soient efficaces mis à leur disposition pour la
dénoncer et aussi la corriger. Vous avez un rôle important, vous agissez aussi
en amont, hein, vous êtes un peu négociateurs. Je trouve que le modèle est fabuleux et devrait être examiné de près, être
mis à grande échelle. Mais vraiment, pour agir, moi, je pense que vous devriez
avoir une présence au conseil d'administration des RPA.
M. Charbonneau (Raoul) :
Maintenant, si vous me permettez, les RPA, c'est un milieu privé, et donc il y
a de toutes sortes de RPA. Il y a des grands groupes, comme, par exemple, le
Groupe Maurice, qui appartient à une compagnie
américaine, et leur conseil
d'administration, il est loin de
l'usager. Et soyez certaine, Mme la
députée, qu'en ayant un comité
consultatif dans chacune des RPA capable d'agir sur place, c'est déjà beaucoup,
beaucoup, comme tel. Donc, ça va permettre vraiment d'aplanir des situations
qui peuvent se développer. Et je ne sens pas vraiment le besoin d'aller jusqu'au conseil d'administration, moi, qu'importe le groupement ou le propriétaire
d'un RPA. Parce qu'ils vont faire ce qu'ils veulent, là, tu sais. Et on
a effectivement des propriétaires de RPA qui ne veulent absolument rien savoir d'un comité consultatif. Ça, il faut le
savoir, là, il y en a qui ne veulent rien savoir de notre présence, et peut-être
parce que la RPA profite un peu trop.
Mme Richard :
Comment vous expliquez ça, que des propriétaires de RPA — vous
le dites, vous-même, là — ils
ne veulent rien savoir de votre présence? Et vous êtes là pour représenter,
justement, la clientèle qu'ils doivent desservir et qu'ils doivent, justement,
protéger contre toute forme de maltraitance, cesdits propriétaires, puis donner des soins
adéquats. Et déjà vous sentez — vous le savez, là, de par votre expérience,
votre vécu — une
résistance. Mais comment vous expliquez ça,
et comment la ministre peut faire en sorte, justement, que vous soyez plus
inclus, là, dans les RPA, là, de
jouer votre véritable rôle, puis que ça fasse des petits, là, dans les
différentes régions du Québec?
M. Charbonneau
(Raoul) : Voyez-vous, selon mon expérience, il y a au moins deux
sortes de RPA. Il y a des RPA qui veulent
notre bien-être et qui vont collaborer avec des comités qui
assurent le bien-être. Il y a d'autres RPA qui veulent notre bien. Et,
comme le disaient des célèbres... je me souviens... quel groupe exactement,
«ils vont l'avoir». C'est ces gens-là qui ne sont pas ouverts à avoir une collaboration.
Mme Richard :
...
M. Charbonneau
(Raoul) : La présence d'un groupe consultatif va les empêcher
d'ambitionner, hein?
Mme Richard :
Comment on fait, indépendamment du groupe pour lequel vous prônez, et que je
suis tout à fait d'accord, comment on peut faire, justement, dans ces grosses
RPA, il y en a des bonnes, il y en a des moins bonnes, mais qui ont juste
l'appât du gain... S'ils ont juste l'appât du gain en tête, là, je veux dire,
quand bien même il y aurait 50 plaintes de maltraitance, c'est l'appât
du gain, là, ils ne vont pas apporter les correctifs. Comment, comme société,
on peut s'assurer que les aînés qui sont dans ces dites résidences où c'est
juste l'appât du gain, on peut protéger des aînés vulnérables pour que ça ne
soit pas juste l'appât du gain, que ces propriétaires-là aient à coeur, là, de
dénoncer de la maltraitance et de la corriger? Puis souvent ça vient du
personnel ou autres.
M. Charbonneau
(Raoul) : Bien, c'est sûr que le fait d'associer la certification à la
présence d'un comité consultatif va régler le problème. Si tu n'en veux pas, de
comité consultatif, bien, tu n'as pas de certification. Et, si tu n'as pas de
certification, tu n'auras pas de clientèle. Donc, c'est sûr que c'est un gros
morceau, là, pour notre société. Il y a des changements de mentalité à
apporter. Il va y avoir de la résistance, je m'y attends. Mais imaginez que,
dans toutes les RPA du Québec, vous avez un comité consultatif qui aide à
aplanir les problèmes. Bien, on va offrir à nos aînés un milieu de vie
agréable, tout simplement.
• (17 heures) •
Mme Richard :
...plus en sécurité, hein? Ils vont sentir qu'il y a quelqu'un qui est là pour
être leur voix souvent qu'eux n'ont plus, là. Si un tel comité, bon, existait
un peu partout, quelle est l'instance... Bon, on a parlé beaucoup de la
commissaire aux plaintes. On parle, bon... bien, bien des instances, là. Des
fois, on disait, on en perd notre latin, moi, je dis mon cayen, même à savoir à
qui s'adresser, si ça existait un peu partout au Québec, quelle serait, selon
vous, pour dénoncer et changer les façons de faire, quel serait l'interlocuteur
privilégié, là, selon vous, pour dire : Moi, j'ai dénoncé mais ça, je suis
sûr que ça va changer, là, ça va faire quelque chose, ça ne sera pas rien que
des plaintes pour des plaintes, là, qui ne donnent jamais rien en bout de
piste?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Votre réponse en 20 secondes, M. Charbonneau.
M. Charbonneau
(Raoul) : Bien, c'est sûr... Oui. C'est sûr qu'un comité consultatif
peut, à ce moment-là, s'adresser à un palier supérieur, comme le CISSS ou le
CIUSSS, le commissaire aux plaintes de sa région, point. Donc, suivre le
dossier.
La
Présidente (Mme D'Amours) : MM. Charbonneau et Dumulon, je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 01)
(Reprise à 17 h 18)
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...travaux. Je souhaite la bienvenue à la Conférence des
tables régionales de concertation des aînés
du Québec et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous indique,
donc... je vous invite, donc, pardon,
à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous. On n'a pas
de son. Attendez, Mme DuBois, on n'a pas de son avec... ça s'en
vient. Alors, vous pouvez reprendre, Mme DuBois.
Conférence des tables
régionales de concertation
des aînés du Québec (CTRCAQ)
Mme Bolduc-DuBois
(Nicole) : Nicole Bolduc-DuBois. Je suis la présidente de la
Conférence des tables régionales de
concertation des aînés du Québec. La Conférence des tables régionales de
concertation des aînés du Québec s'est faite un devoir de répondre à
l'invitation de déposer un mémoire dans le cadre des auditions publiques sur le
projet de loi n° 101. Ce mémoire a pour objectif d'actualiser les
préoccupations de la conférence à l'égard de la maltraitance dont vivent
certains aînés, mais également soulever certains enjeux relevés dans le projet
de loi n° 101.
La conférence est issue
des tables régionales de concertation des aînés du Québec. On compte
18 tables régionales de concertation des aînés réparties dans l'ensemble
des régions administratives du Québec, incluant le Nunavik. Chacune d'elles regroupe des représentants de l'ensemble des
associations des personnes aînées de sa région administrative, ainsi que
tout autre groupe ou organisme du réseau de la santé et des services sociaux et
du monde municipal préoccupés par les conditions de vie des personnes aînées.
Les principaux mandats de ces tables sont de se concerter relativement aux enjeux qui touchent particulièrement les
aînés sur le plan régional, d'animer le milieu des aînés afin de les
aider à jouer leur rôle de citoyens à part entière et d'acteurs dynamiques dans
le développement de leur région ainsi que de transmettre de l'information.
À
l'automne 2004, les représentants des tables régionales des aînés se sont
donné comme outil d'harmonisation une Conférence des tables régionales
de concertation des aînés. Notre mission, c'est de regrouper, soutenir,
mobiliser les tables régionales de concertation et les représenter auprès des
diverses instances relativement aux grands enjeux qui touchent les personnes
aînées du Québec.
• (17 h 20) •
On a cinq mandats.
Le premier mandat : Contribuer à la prise
de décisions sur le plan national en ce qui concerne l'amélioration des
conditions de vie des aînés en représentant les tables régionales auprès des
différentes instances nationales.
Notre mandat 2 : Soutenir les tables
régionales dans le développement de leurs activités de concertation.
Mandat 3 : Agir comme relayeur
d'information et interlocuteur principal auprès des tables régionales.
Mandat 4 : Transmettre à la ministre
des avis susceptibles de favoriser le vieillissement actif des aînés.
Le mandat 5 : Valoriser la contribution
des aînés et leur apport à la société québécoise de même que susciter la
participation de la population à la promotion des aspects positifs du
vieillissement.
Ce mémoire est en partie constitué d'une
synthèse d'un précédent mémoire déposé en février 2021 dans le cadre de
l'élaboration du troisième Plan d'action gouvernemental pour contrer la
maltraitance envers les personnes aînées
pour la période 2022‑2027, qui
avait été rédigé en tenant compte de l'avis des membres, soit les tables
régionales de concertation. Par le dépôt de ce mémoire, la conférence réitère
sa collaboration avec le gouvernement dans la démarche de lutte contre la
maltraitance envers les aînés.
Désirant renforcer la loi actuelle sanctionnée
en 2017, la Loi visant à renforcer la lutte contre la
maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de
vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité des services de santé et des services sociaux, le projet de loi n° 101 suggère plusieurs
bonifications. À la lumière de notre lecture
du projet de loi n° 101, la conférence aimerait soulever quelques enjeux,
considérant que ces éléments pourraient avoir une incidence sur la
qualité des soins et services des personnes aînées, mais également sur leur
sécurité.
Nous sommes en accord avec le fait de bonifier
les définitions de la notion de maltraitance pour qu'elles soient plus claires
et y inclure les situations potentielles de maltraitance. Pour la reddition de
comptes, accroître la reddition de comptes attendue de la part du commissaire
local aux plaintes et à la qualité des services afin d'obtenir un portrait plus
détaillé des situations de maltraitance. La conférence tient à réitérer son
accord avec la mesure visant à bonifier le rôle du commissaire local aux plaintes
et à la qualité des services. La... excusez-moi. La proposition d'utiliser des
ressources déjà présentes dans le but de ne pas ajouter une structure
additionnelle est tout à fait juste.
La conférence constate que le projet de loi
n° 101 souhaiterait modifier l'article 14 du projet de loi
n° 115 en exigeant le commissaire local aux plaintes et à la qualité des
services de concilier dans son bilan annuel des activités le nombre de plaintes
et de signalements qui sont en cours d'examen ou en traitement, ainsi que faire
état du nombre d'interventions effectuées de sa propre initiative. Le bilan du
commissaire doit également, selon l'amendement du projet 101, contenir une
section traitant de la nature des principales recommandations qu'il a formulées
concernant les cas de maltraitance.
Or, la
conférence souhaite soulever le fait que les données colligées relativement aux
plaintes, aux signalements et aux
interventions sont exclusivement de nature quantitative, alors qu'il est exigé
au commissaire de détailler qualitativement, dans son bilan annuel, les
principales recommandations émises à l'établissement faisant l'objet de plaintes et de signalements. Dès lors, la
conférence se questionne si ce processus saura réellement répondre à
l'objectif du gouvernement d'optimiser la
reddition de comptes attendue du commissaire local aux plaintes et à la qualité
des services compte tenu de l'objectif d'obtenir un portrait plus
détaillé des situations de maltraitance. Si l'on souhaite avoir des réponses
adaptées et efficaces pour contrer la maltraitance, il est crucial de détailler
chacune des plaintes et des signalements
pour mieux en saisir le contexte, plutôt que de documenter uniquement les situations de maltraitance
sous un angle quantitatif. Il serait,
d'ailleurs, intéressant de rendre publics les moyens utilisés pour régler ces
situations lorsqu'il y a eu
publication du signalement, la création d'un centre d'assistance et de
référence concernant les cas de maltraitance jouant le rôle de porte
d'entrée pour toute personne concernée par une situation de maltraitance.
Faisant écho aux recommandations émises par la
conférence lors de son audition aux consultations particulières sur le projet
de loi n° 115 en 2017, la création d'un centre d'assistance et de
référence en matière de maltraitance est accueillie très favorablement au sein
de la conférence.
À ce propos, il convient de rappeler que, dans
l'éventualité que le centre d'assistance prenne la forme d'un numéro de
téléphone, il est nécessaire que les services demeurent accessibles pour les
aînés vivant avec certaines incapacités,
notamment la surdité. Qui plus est, dans le cas où la ministre confierait à une
organisation... l'administration du centre d'assistance et de référence
à un organisme, il est crucial que le financement du gouvernement soit à la
hauteur des objectifs visés car la mise en oeuvre de cette mesure nécessitera
des ressources humaines et financières importantes.
Je laisse la parole à M. Gignac.
M. Gignac
(Bertrand) : Alors, bonjour.
Bertrand Gignac, je suis directeur de la conférence des tables
régionales.
Donc, la quatrième recommandation où le
questionnement est lié à la confidentialité : protection contre des
mesures de représailles et immunité de poursuite.
La conférence tient à souligner la pertinence
d'avoir défini, à l'article 22.2, les mesures de représailles dont les
aînés peuvent être l'objet. En effet, le déplacement d'un usager ou d'un
résident, la rupture de bail de même que la restriction voire l'interdiction de
visite demeurent des formes connues de représailles. Toutefois, la conférence
établit qu'il serait pertinent d'inclure dans cette catégorie la diminution de
la qualité et du respect des besoins en ce qui a trait aux soins et services.
Cet ajout permettrait de porter une plus grande
attention à la maltraitance organisationnelle et ainsi poser des actions
concrètes quant à la surmédicalisation, aux besoins en lien avec l'hygiène, aux
aides aux déplacements et au temps requis pour prendre les repas, etc.
La cinquième recommandation : inspections
et enquêtes. Il est rassurant et pertinent de constater que le projet de loi n° 101 fait mention, à
l'article 22.4, que le ou la ministre peut autoriser toute personne à agir
comme inspecteur pour vérifier l'application de la présente loi et que
l'inspecteur, dans l'exercice de ses fonctions, peut pénétrer à toute heure
raisonnable dans tout lieu où une politique de lutte contre la maltraitance est
appliquée.
La conférence se questionne toutefois sur le
terme «à toute heure raisonnable». À notre avis, l'utilisation de cette
expression induit la possibilité que les visites se réalisent uniquement durant
les heures usuelles de travail, soit le
jour, alors que plusieurs situations de maltraitance peuvent avoir lieu à
d'autres moments de la journée. À cet effet, les membres de la
conférence recommandent que le vocable «à toute heure raisonnable» soit abrogé
de l'article 22.4.
Par la suite, pour ce qui est de la prochaine recommandation, maltraitance financière, on dit : Lors de l'audition de la conférence,
en 2017, dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 115, il avait été porté à l'attention de la commission que le projet ne comportait aucune mesure pour
contrer les abus financiers envers les aînés. À ce propos, la conférence tient à saluer la proposition du projet de loi n° 101 de mettre sur pied un processus d'intervention concerté permettant à toute personne en situation
de vulnérabilité de formuler une plainte ou d'effectuer un
signalement à des intervenants désignés par
certains organismes, notamment le Curateur
public ainsi que l'Autorité des marchés financiers.
Bien que la conférence appuie favorablement
cette démarche, elle espère que des interventions concrètes soient déployées
pour contrer les différents types d'abus financiers. Certains auteurs
soulignent que la maltraitance financière se manifeste sous différentes formes,
notamment le vol, ou le vol d'identité, le détournement de fonds, l'abus de pouvoir sur le plan financier, la
signature de documents falsifiés, l'escroquerie au moyen du téléphone,
d'Internet, ou par le porte-à-porte, ainsi que par l'appropriation de montants
d'argent ou de biens.
Alors, considérant les différentes formes que
peut prendre la maltraitance financière, il va sans dire que les moyens pour la
contrer doivent être multiples, et impliquer non seulement la personne aînée,
mais également le milieu familial, la collectivité, et susciter la
communication entre ces systèmes. Préconiser une approche individuelle pour
contrer la maltraitance financière serait d'occulter la dimension systémique,
qui est une pièce maîtresse de la réponse à la lutte contre la maltraitance.
Alors, en conclusion, la Conférence des tables
régionales de concertation des aînés du Québec fait de la lutte à la
maltraitance une de ses priorités, poursuivant l'objectif de permettre aux
personnes aînées de vivre en toute dignité au sein d'une communauté engagée et
sécuritaire. La maltraitance à l'égard des aînés...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup, M. Gignac.
M. Gignac (Bertrand) : On a
terminé, de toute façon.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous pour 16 m 30 s.
Mme Blais (Prévost) : Je suis
très, très, très contente de vous voir tous les deux, ici, aujourd'hui pour
cette commission parlementaire. Vous allez me permettre une forme d'intimité
avec vous, Mme Bolduc-DuBois. Merci, M. Gignac. Je vous regardais
puis je pensais quand j'ai commencé à faire de la politique en 2007. On est
rendus en 2021. On se connaît depuis ce temps-là et on vieillit ensemble puis
on se retrouve encore dans des commissions parlementaires. Il y a un petit
quelque chose de magique par rapport à ça.
J'ai souvent dit aussi que les tables de concertation
des aînés étaient les yeux et les oreilles, finalement, du ministre. Puis je
vous remercie pour ce mémoire qui vise, évidemment, à le bonifier.
Ma première
question, c'est que vous dites, à quelque part dans le mémoire, que vous êtes
contre le signalement obligatoire. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
pourquoi?
• (17 h 30) •
M. Gignac (Bertrand) : Bien,
écoutez, on fait référence surtout à la concertation des tables régionales.
Donc, la majorité des tables s'y opposaient. Pour quelle raison? C'est
difficile à dire, mais une majorité des tables allaient dans ce sens-là suite à
une consultation avec leurs membres, les organismes membres, etc. Donc, on a tout
simplement relevé, je dirais, leur interrogation, leur interrogation à ce
sujet-là.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : Ce
n'est pas... Je ne crois pas que c'est un refus complet ou vraiment refuser cet article-là, mais je pense
que les gens, la plupart, comme on le dit, c'est les tables régionales de
concertation. Alors, c'est difficile aussi d'établir un consensus où tout le
monde est d'accord. Et on s'est rendu compte que le questionnement était beaucoup plus important, le questionnement et les
réticences, beaucoup plus importants que la réponse exacte qu'on aurait aimé
vous donner. Certainement, on aurait aimé avoir une position claire, mais,
comme on est une table de concertation, on respecte le choix de nos tables et
des organismes qui font partie des tables.
Mme Blais (Prévost) : Oui, puis...
Mais, si on veut aller plus loin dans... si on veut ajouter à la loi n° 115, il faut... On ne
peut pas régresser, là. S'il y avait le signalement obligatoire pour les CHSLD,
là, on ne peut pas régresser par rapport à ça, là.
M. Gignac (Bertrand) : Non, on
ne peut pas régresser. C'est que... Je pense que, bon, il y avait des tables où
les gens disaient : Bien, après consultations, on a peur de représailles,
quand les gens vont... tu sais, quand il y a des signalements, tout ça. Je
pense qu'il y a une crainte. Il y a une crainte à ce niveau-là. C'est ça qui
ressortait.
Alors, c'est pour ça qu'on dit : On n'est
pas contre, mais il y a une crainte. C'est ça.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
C'est surtout les craintes, oui, c'est ça. C'est la crainte des représailles.
M. Gignac (Bertrand) : De
représailles. C'est ça.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Puis il y a quand même, dans certains milieux... il y a des milieux où ça
serait facile, il n'y aurait aucun problème...
M. Gignac (Bertrand) : C'est
ça.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
...mais on sait qu'il y a certains milieux où c'est plus difficile, et les
gens... C'est peut-être ces gens-là qui font qu'on se garde une certaine
réserve sur la dénonciation obligatoire.
Mme Blais (Prévost) : Depuis le
début de ces consultations, c'est toujours une question, comme si on marchait sur une ligne très, très fragile, comme
sur des oeufs, où la question des représailles est toujours extrêmement
présente dans à peu près toutes les situations. Vous avez mentionné
l'importance de ne pas occulter la dimension systémique,
de ne pas travailler seulement dans une approche individuelle. Est-ce que vous
pouvez donner un exemple de ce que vous entendez par cette affirmation?
M. Gignac (Bertrand) : Bien,
on, si vous me permettez...
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Oui, allez-y.
M. Gignac (Bertrand) : ...bien,
on... avec... comment je pourrais dire, donc... on trouve ça très important. Depuis un certain temps, on parle de plus en plus
des proches aidants, bon, vous avez... il y a un projet de loi, là,
auquel on a fait une présentation, à
l'automne. Et les proches aidants, les familles font partie de la solution,
hein, donc, autant les proches que les personnes concernées, que les
gens du milieu. Quand on parle de systémique, c'est tout ça, je pense, qu'il
faut voir comme un ensemble et non pas y aller de façon individuelle, parce que
chacun a sa responsabilité dans ça. C'est dans ce sens-là qu'on a présenté, là.
Mme Blais (Prévost) : Avant de
céder la parole à mes collègues, qui ont plusieurs questions à poser, seulement
vous dire que l'article 22.2, quand vous parlez de soins et de services,
d'aller un peu plus loin, on travaille actuellement, je l'ai mentionné en
ouverture, sur certains amendements qui seront déposés ultérieurement. Ça ne se
fait pas comme ça quand on travaille sur des amendements, mais on va certainement
arriver avec d'autres solutions par rapport à ces besoins-là qui sont énumérés
non seulement par vous, mais par d'autres groupes aussi. Si j'ai le temps, tout
à l'heure, je reviendrai, mais, pour l'instant, je cède la parole à mes
collègues.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Bonjour à vous deux et merci pour la présentation de ce beau mémoire. Alors,
vous demandez que le bilan du commissaire local aux plaintes prenne la peine de
détailler les signalements reçus et la méthode de résolution des situations. Ne
craignez-vous pas que cette information puisse amener une violation à la
confidentialité auprès de certains usagers?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : On
s'est questionné un peu là-dessus. Mais on trouve important d'aller plus loin
que simplement dire : On a eu tant de cas de signalements, tant de cas de
signalements. Et la nature des cas, souvent, c'est flou. Alors, nous autres, on
pense qu'on devrait aller plus loin et qu'il faudrait aussi avoir la dimension
qualitative. M. Gignac.
M. Gignac
(Bertrand) : Oui, tout à fait, et puis de connaître davantage, là,
chacune de ces problématiques-là. Puis, je pense, à la lumière, là, des
concertations qu'on a faites, les gens étaient d'accord pour dire que ça peut
aider dans la
résolution de problème à d'autres endroits. Mais ce que vous soulevez,
effectivement, effectivement, il faut le tenir en compte, là. Donc,
est-ce que c'est du cas par cas? Est-ce qu'à chaque occasion il faut
absolument, absolument toujours nommer? Mais je pense que l'idée, c'est de
retenir que les pistes de solution envisagées quand se présente un problème
peuvent servir à régler des problèmes ailleurs. C'est dans ce sens-là.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Ma
deuxième question : Est-ce que les tables régionales sont présentes
partout au niveau du Québec? Et quelles sont les plaintes les plus relevées?
M. Gignac (Bertrand) : Écoutez,
il y a beaucoup de... Allez-y, parce que je parle beaucoup.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Non, c'est correct. Les tables régionales sont présentes dans tout le Québec,
même au Nunavik, ce qui fait qu'on est 18 tables. Et les plaintes les plus
relevées, bien, je pense que c'est les mêmes plaintes
que... Parce qu'à nos tables, c'est des organismes, c'est aussi des
organismes... il y a des proches
aidants, il y a des CIUSSS. Ça dépend, chaque table est constituée d'une
façon différente, chaque table est selon la région. Donc, c'est certain que
vous allez avoir des enjeux qui vont être différents d'une région à l'autre et
c'est ce qu'il arrive, c'est... l'ensemble
des plaintes se regroupe, évidemment, mais elles sont aussi variées que les
régions et les territoires de chaque région. Vous avez des régions avez
de très grands territoires, donc qui touchent énormément de... ils ont des
particularités très différentes. Si vous prenez le Nunavik, évidemment que les
plaintes vont être différentes. Si vous avez le Nord-du-Québec, c'est un peu la
même chose. Puis il y a des régions qui chevauchent aussi les grandes régions
urbaines et rurales. Alors, c'est la différence, c'est ce qu'il se passe.
M. Gignac (Bertrand) : Il y a
des particularités spécifiques d'une région à l'autre. Dans ce que je nommais
tout à l'heure, quand on parlait d'escroquerie, de vol, etc., ou le
porte-à-porte, le porte-à-porte au Nunavik, je ne pense pas qu'il cause de
problème autant qu'à Montréal, par exemple. Moi, je ne dis pas qu'à Montréal,
ça se passe, là, ou à Québec ou dans les grands centres, disons.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci beaucoup.
M. Gignac (Bertrand) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Oui. Écoutez,
vous existez depuis longtemps. La maltraitance, ce n'est pas d'hier qu'on en
parle. Vous avez mentionné une fois de plus la maltraitance financière. Les
groupes parlent beaucoup de maltraitance financière. C'est la maltraitance qui
vous apparaît la plus prioritaire, la plus importante. Et, comme le dit parfois
ma collègue de Maurice-Richard, elle pose la
question : Pour vous, quel serait l'organisme, la porte d'entrée, par exemple? Est-ce que c'est le centre
d'assistance et de référence qu'on veut mettre en place qui serait
vraiment une porte d'entrée pour être en mesure d'aller vers les autres
organismes pour qu'ils puissent traiter les dossiers ou si c'est comme la
CDPDJ, qui, actuellement, a aussi une unité en maltraitance et qui traite
surtout des dossiers qui touchent à la maltraitance financière?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : Je
pense qu'un guichet unique, c'est toujours bon, parce que, quand on multiplie
les interventions ou les... pas les organismes, mais les... — vous
venez de le dire, mais c'est parce que j'ai perdu
le mot, je m'excuse — mais, si
on multiplie les interventions... si tout le monde est la même place avec un
centre de référence, bien, je pense que ça
va être beaucoup plus facile de faire... de diriger les plaintes et de traiter
ces plaintes-là que si trop d'organismes sont touchés par... si on
sépare les finances quelque part, la maltraitance physique quelque part, tandis
que, si on a un centre complet, bien, je pense que ce serait important.
Mme Blais (Prévost) : Vous
devez être satisfaits que ce projet de loi touche les RPA, les RI, les RTF. On
a eu, tout à l'heure, un organisme qui est
venu qui nous a parlé de mettre en place des comités consultatifs de
résidents, et que ça devienne une forme d'obligation dans les RPA pour être en
mesure de prendre en amont les problèmes de maltraitance des gens qui vivent
dans la résidence avant que ça dégénère en maltraitance comme telle.
M. Gignac (Bertrand) : Vous
savez, Mme la ministre, là, tout le travail qui a été fait par les tables, là,
dans chacune des régions pendant la pandémie où on a soulevé les enjeux de
toutes sortes. Cette préoccupation-là était au coeur, là, des... au coeur des préoccupations, on retrouvait
l'importance, là, de se préoccuper des RPA. Donc... et ça, c'est dans toutes les régions, c'est dans toutes les
régions. Et les enjeux qui ont été soulevés dans les rencontres de
concertation spéciale qui ont été faites avec plusieurs partenaires dans
chacune des régions mettent le logement, l'habitation au premier plan, donc,
incluant les RPA. Voilà. Ça fait que c'est très important pour l'ensemble des
tables.
Mme Blais (Prévost) : Merci
beaucoup.
M. Gignac (Bertrand) : Merci.
• (17 h 40) •
Mme Blais (Prévost) :
Je cède la parole à une collègue.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de
Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci d'être là. Je voudrais un petit peu revenir, parce
qu'on est ici pour traiter de la maltraitance, mais on se rend compte qu'on
parle beaucoup des représailles. Est-ce que vous
auriez, puis vous l'avez abordé un petit peu tout à l'heure, mais est-ce que
vous auriez des recommandations à faire au niveau un peu de la boucle de
communication qui pourrait désamorcer ces situations-là, selon votre
expérience?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : Je
pense que l'important, c'est de créer un climat de confiance à l'intérieur de
chaque établissement. Je pense qu'aussi d'avoir une autorité à qui tu peux
parler directement. Je pense que l'importance, c'est d'avoir une référence dans
l'établissement même parce que quand l'autorité est trop loin, bien, le climat
de confiance est difficile à établir. Et c'est important. Aussi la... bien là,
on vit une situation tellement difficile, mais la stabilité du personnel, le
lien entre tous les intervenants aussi. Ne pas créer des cloisons entre la direction, l'infirmière, l'infirmière auxiliaire,
la préposée. Vraiment un travail multidisciplinaire, c'est important, de
façon à créer un... afin que chacun se sente
concerné par cette maltraitance-là ou ce besoin d'empêcher cette maltraitance-là, qu'elle soit à tous les niveaux, hein? On a parlé de la maltraitance
financière, mais la maltraitance financière, elle prend tellement de visages, maintenant, avec Internet,
avec la sollicitation, avec l'intervention de tout
le monde, ça fait que je pense que c'est important, c'est ce climat de
confiance là, je pense que c'est important de créer dans chaque établissement.
M. Gignac (Bertrand) : Et, si
vous me permettez, je pense que c'est important aussi, dans chacun des établissements,
de sensibiliser les utilisateurs de services à l'idée que c'est important de
nommer les choses. Donc, ça, il y a une
sensibilisation à faire auprès d'eux quand même aussi pour les mettre en
confiance, comme disait Mme Bolduc-DuBois. Voilà.
Mme Lachance : Mme la
Présidente, est-ce qu'il me reste une petite minute?
La Présidente (Mme D'Amours) : 2 min
50 s.
Mme Lachance : Deux minutes,
excellent.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y.
Mme Lachance : Donc, vous avez... si
j'ai bien compris, et n'hésitez pas à me recadrer si je n'ai pas compris, vous
avez parlé d'une autorité sur place et d'inciter les gens à nommer les choses.
Mais cette autorité-là, vous la voyez comment? Comment ça s'intègre
actuellement à l'organisation?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Bien, dans le sens d'avoir des directions dans chaque établissement. C'est ce
sens-là que je veux dire. Quand personne ne peut prendre de décision sur place,
évidemment ça dégénère, et plus personne ne dit... On entend souvent... en tout
cas, moi, pour avoir travaillé dans le milieu pendant des années, je ne sais
pas à qui m'adresser, à qui il faut que je parle. Puis pour avoir travaillé
très longtemps et avant aussi, avant bien des changements, je peux vous dire
que c'était... avant, on avait quand même... on savait à qui s'adresser, on
avait une référence, on avait un canal. Mais, maintenant, c'est ce canal-là qui
est comme perdu un peu. Alors, c'est dans ce sens-là quand je vous parle
d'avoir une autorité sur place.
Mme Lachance : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, il vous reste 1 min 30 s.
Mme Blais (Prévost) : Bien,
peut-être, premièrement, je veux m'excuser, là, j'ai appelé la députée de Maurice-Richard. J'ai fait un lapsus avec son nom de famille.
C'est la députée de Duplessis. Alors, toutes mes excuses. Ça fait deux fois que je la nomme députée de Maurice-Richard alors que la députée de Maurice-Richard est dans un autre parti.
Mais, écoutez, si vous aviez une mesure que vous
privilégiez, que vous aimeriez privilégier dans cette loi, ce serait laquelle?
Laquelle vous apparaît la plus importante?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
C'est difficile, votre question. C'est presque une question piège. Elles sont
toutes importantes. Elles sont toutes importantes, privilégiées. Je pense que
déjà l'ensemble du projet est... touche à plusieurs, plusieurs facettes, et
moi, je pense peut-être la financière à tous les points de vue parce que la
maltraitance financière apporte la maltraitance physique, apporte du manque de
confiance, apporte de l'isolement. Ça fait que quelqu'un qui a de la... qui
subit de la maltraitance financière semble change du tout au tout, hein?
Ça fait que... parce que c'est un contrôle par une
autre personne, peu importe laquelle. Ça fait que je pense que, si on
réussissait à établir des règles pas mal... vraiment définies pour contrer
cette maltraitance-là, je pense que moi... d'après moi, c'est une des
priorités, mais ce n'est pas la seule priorité.
Mme Blais
(Prévost) : Mme Bolduc-DuBois, seulement vous dire en terminant
que vous avez tout à fait raison par rapport au lieu de référence.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, madame...
Mme Blais (Prévost) : Il faut
trouver une façon pour les gens... puissent adresser la question.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, c'est terminé. Je suis désolée. C'est ce qui met fin au premier bloc
d'échange. Nous allons procéder maintenant à la période d'échange avec la députée
de Fabre pour une période de 11 minutes. La parole est à vous, Mme la
députée.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, un plaisir de vous entendre et de vous avoir avec nous, M. Gignac, Mme Bolduc-DuBois.
Merci pour votre mémoire, pour votre réflexion. Je vais me
permettre un petit élan de
chauvinisme. Moi, qui connais bien ma table régionale à Laval, je sais à quel
point ils font un travail formidable. Alors, je fais un petit clin
d'oeil.
Écoutez, j'ai bien des questions. Vous avez
parlé, entre autres, beaucoup de l'aspect d'avoir des données qualitatives, que les commissaires aux plaintes locaux puissent non
seulement nous donner des chiffres,
mais puissent qualifier le contexte des plaintes, et tout ça. Quand j'ai
fait les remarques ce matin, les remarques préliminaires, je disais à quel
point on n'avait pas le portrait complet de la maltraitance au Québec, qu'il
nous manquait des données. J'aimerais ça que vous me disiez, là, qu'est-ce que
ça nous prendrait comme données qualitatives pour être capables de mieux saisir
ce que sont les situations de la maltraitance.
M. Gignac (Bertrand) : Bien, je
pense qu'on pourrait prendre facilement des exemples qui proviennent de toutes
sortes de problèmes, mais le fait de connaître la situation, de connaître des
cas précis, et, j'ai envie de dire, surtout les pistes de solution, les
solutions qui sont apportées pour contrer cette maltraitance-là, c'est de ça
qu'on doit se servir. Si on a seulement des chiffres où on dit : Il y a eu
une augmentation de x %, il y a eu une diminution, il me semble que ça sert beaucoup moins. Oui, on va être heureux qu'il y
ait moins de maltraitance, qu'il y ait moins de cas de maltraitance,
mais c'est quoi exactement, ces cas-là, et surtout qu'est-ce qu'on en a fait?
Comment on a réglé? Quel chemin on a pris? Qui est intervenu? Qui sont les
acteurs qui ont contribué à régler le problème et à s'assurer surtout que ça ne
se reproduise pas?
Alors, en ayant des données qualitatives, on
pense que ça peut aider non seulement la région, appelons-le comme ça, où ça
s'est produit, mais les autres régions aussi, dans ce sens-là.
Mme Sauvé : Mme la Présidente,
enfin, vous savez, on a demandé beaucoup à... d'avoir une enquête publique
indépendante sur ce qu'il s'est passé durant la première vague. C'est le genre d'information
qu'on aurait eu, très certainement... à pouvoir comprendre les solutions qui ont été mises en place ou qui
auraient dû être mises en place. Donc, je pense que ça va dans ce
sens-là.
Parlant de données, je vais me permettre juste
un petit commentaire à la ministre, Mme la Présidente. Parlant de données, elle
nous parle, depuis tantôt et depuis ce matin, de plus en plus des amendements
qu'elle va déposer. Alors, j'ai bien, bien hâte. Le suspense est sur la table,
et j'ai bien hâte de voir ces amendements. Donc, j'espère qu'on pourra les voir
très rapidement, et je pense que les groupes aussi auraient aimé voir ces amendements.
Ceci étant dit, je veux vous parler... Bien sûr,
vous avez parlé du centre d'assistance dans votre mémoire, vous y êtes
favorables. Je voulais avoir un peu votre impression, votre perception. Qu'est-ce
qui différencie vraiment la ligne Aide Abus Aînés qui existe et le centre
d'assistance, là? Comment on différencie les deux, d'après ce que vous en
comprenez et d'après l'information que vous avez?
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Bien, je pense que la ligne Abus Aînés, on pense plus à de la dénonciation,
tandis qu'un centre d'assistance, déjà, le terme est beaucoup moins... les gens
se sentent beaucoup moins impliqués. Il me semble que le centre d'assistance,
ils vont penser à aller chercher de l'information, ils vont peut-être avoir
plus tendance à téléphoner, à s'adresser à un centre d'assistance qu'à
téléphoner à une ligne Abus Aînés, parce qu'une ligne Abus Aînés, on a vraiment
l'impression que c'est une ligne simplement pour dénoncer, et les gens ont...
Je sais qu'elle est très occupée, elle est très, très, très sollicitée, cette
ligne-là, quand même, mais, moi, il me semble qu'un centre d'assistance, c'est
un terme beaucoup plus facile d'accès pour les gens.
Mme Sauvé : Je comprends bien.
M. Gignac (Bertrand) : Oui. Et
puis, dans le mémoire, si vous avez remarqué, on disait aussi que, oui, une
ligne d'assistance ou au téléphone, c'est bien, mais en personne, c'est mieux.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : En
personne, c'est mieux, oui. C'est ça.
M. Gignac (Bertrand) : Ou c'est
un complément à.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Oui.
M. Gignac
(Bertrand) : Pour avoir oeuvré longtemps en prévention du suicide, là,
ça fait toute la différence d'être en face à face avec la personne pour mieux
l'accompagner.
• (17 h 50) •
Mme Bolduc-DuBois
(Nicole) : Parce que, même un centre d'assistance, on a l'impression
qu'on peut aller à ce centre-là, on peut se
présenter à ce centre-là et on sent qu'on va être écouté, tandis qu'une ligne
Abus Aînés, c'est une ligne. Alors...
Et beaucoup... Ça peut être pour certains aînés, c'est de même pour
n'importe qui, je pense, plus difficile de se décider à appeler une
ligne Abus Aînés qu'aller à un centre d'assistance ou s'adresser à un centre
d'assistance.
Mme Sauvé :
Je voulais voir un peu, vous qui êtes en lien, bien sûr, avec vos membres, les
tables régionales de toutes les régions du Québec. Je sais qu'elles ont
travaillé très fort durant cette pandémie. Je sais, entre autres, bon, évidemment, leur rôle aviseur, leur pouvoir de recommandation, leur rôle de consultation aussi, donc ils ont... les tables ont
un rôle très large. Je voulais voir : Est-ce que vous avez des échos
comment ça se passe par rapport un peu à l'évaluation qu'ils peuvent faire de
la situation de la maltraitance dans leurs régions, le lien qu'ils ont avec les
CISSS et les CIUSSS? Est-ce qu'il y a un dialogue qui est établi? Est-ce que...
Comment ça se passe?
Mme Bolduc-DuBois
(Nicole) : La plupart des tables sont membres des comités de
maltraitance qui existent dans les régions, dans tous les CIUSSS. On a aussi
certaines tables, comme nous, on... la plupart des tables aussi ont le
coordonnateur maltraitance qui vient aux réunions, qui vient à nos conseils d'administration.
Moi, je peux parler de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Évidemment, il ne vient pas à toutes les fois, mais, quand il y a
besoin de... si on a vraiment quelque chose, dès qu'il sort une nouvelle
politique ou n'importe quoi, il vient la présenter au conseil d'administration
et les liens... notre coordonnateur fait partie aussi de la table régionale de
maltraitance. Moi, ma région, je peux parler de ma région, mais la plupart des
régions aussi ont des liens très, très, très directs avec... sont très
impliquées dans les dossiers de maltraitance.
M. Gignac
(Bertrand) : Je peux vous
donner l'exemple de... je reviens la semaine dernière de Lebel-sur-Quévillon,
où on a fait une rencontre de concertation spéciale avec tous les acteurs liés
de près ou de loin, là, à la cause des
aînés, et la personne qui était là comme coordonnatrice maltraitance a joué un
rôle premier, là, dans la recherche de
solutions, dans l'identification d'enjeux, tout ça. Donc, ils sont très
impliqués et très proches des tables partout au Québec.
Mme Sauvé :
Je vous pose la question parce qu'avec le pouvoir de consultation, l'expertise
aussi de recommandation qu'ont les tables, chacune d'entre elles, à défaut
d'avoir toutes les données et tout le portrait, je peux très bien imaginer le
CISSS ou le CIUSSS qui travaille en partenariat avec la table et qui peut
regarder des mandats de consultation, d'aller chercher plus d'information, et
tout ça, ils sont vraiment, la ministre le disait plus tôt, ils sont les yeux sur
le terrain. Alors, clairement, c'est... je pense que c'est un élément, en tout
cas, puis je ne le vois pas, là, je... On parle beaucoup dans la loi et on veut
toujours tous, autour de cette table, on veut améliorer la situation et contrer
plus la maltraitance des aînés, mais, si on se revient au terrain, clairement
ces liens-là de partenariat tricotés serrés, ils ne font pas partie du projet
de loi, mais je pense que ça peut être des clés, des solutions et des pratiques
gagnantes. Vous en pensez quoi?
Mme Bolduc-DuBois
(Nicole) : Bien, je peux vous dire aussi... bien, on fait partie de
ces comités-là, mais je ne peux pas dire
qu'on a des commandes du côté du CIUSSS pour des consultations puis des
sondages. Les commandes nous viennent quand on fait des consultations,
quand on fait des recherches. C'est sur des sondages. C'est surtout quand
des... Ça nous vient, ces demandes-là nous viennent du Secrétariat aux aînés
par la ministre ou par le biais du Secrétariat aux aînés.
Mais on ne peut pas
dire qu'on a un retour très fort du côté du CIUSSS pour nous solliciter puis
nous... Je peux vous dire... Là, maintenant, je peux vous dire que la... Je
vous dis que ça va très bien. On est sur les comités de maltraitance, mais il a
fallu faire notre place. Ce n'est pas automatique... Ce n'est pas un
automatisme pour les responsables du CIUSSS de faire appel à nous. Et ils ne
nous considèrent pas comme le lien direct non plus. On ne peut pas dire que
c'est vraiment le lien direct. C'est ça peut-être... Peut-être qu'on ne l'a pas
écrit, mais ce serait un des... l'une des pistes de solution, inciter... Ça a
déjà existé, demander au CIUSSS de nous... d'intervenir, de nous solliciter
plus souvent, parce qu'on est là pour ça. Puis la concertation, ça nous
connaît.
Mme Sauvé :
Je savais que vous seriez d'accord... Je me doutais. Combien de temps?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il vous reste deux minutes, Mme la députée.
Mme Sauvé :
Alors, je fais rapidement. Je vais revenir sur votre mémoire. À la page 7,
vous parlez... Il faut se préoccuper de la diminution de la qualité des soins,
la réponse aux besoins, les soins et services. Et vous invoquez l'importance
d'inclure dans ce projet de loi la maltraitance organisationnelle. Vous n'êtes
pas les premiers à nous en parler clairement. Alors, je voulais vous entendre
pourquoi à ce point important. Qu'est-ce que vous constatez? Qu'est-ce que vos
membres vous disent?
M. Gignac (Bertrand) : Bien, la
maltraitance organisationnelle...
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
réponse en 20 secondes.
M. Gignac
(Bertrand) : C'est venu de plusieurs tables...
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : De
plusieurs tables.
M. Gignac (Bertrand) : ...où on
avait cette préoccupation-là. Donc, on a parlé, depuis le début de concertation, on a parlé, depuis le début, de
l'importance d'impliquer les familles. Donc, on le voit comme un
système. Donc, il y a du travail à faire au niveau du système pour contrer la
maltraitance. Donc, dans ce sens-là, si le système ne va pas bien, on pourra
parler peut-être de maltraitance organisationnelle, mais il faudrait... Je
pense qu'on n'a pas le temps d'en parler plus longtemps, mais...
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
Puis peut-être aussi quand on parle de maltraitance organisationnelle, c'est peut-être ce que je vous parlais tantôt, du manque
d'autorité, là, de canal qu'il nous manque pour, justement, pour que le
lien de confiance se crée. À ce moment-là on pourrait peut-être vraiment
contrer cette maltraitance organisationnelle.
Mme Sauvé : Merci à vous deux.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous allons maintenant commencer la période d'échange avec la députée de
Duplessis. Et je vous rappelle que vous avez 2 min 45 s.
Mme Richard : Merci. Merci
beaucoup pour la présentation de votre mémoire. Il y a quelque chose sur lequel
j'ai sursauté, puis j'aimerais avoir une précision de votre part. Quand vous
dites qu'il y a une différence dans la maltraitance d'une région à l'autre,
qu'on soit à Kuujjuaq... Donc, je comprends comme ça qu'on soit à Kuujjuaq, ou
en Basse-Côte, ou à Montréal, est-ce que c'est dans ce qui est subi comme maltraitance
auprès des aînés ou dans le traitement qu'on en fait quand il y a dénonciation?
Je voulais juste une précision.
M. Gignac (Bertrand) : Ah! mais
c'est parce que c'est moi qui les nommais tout à l'heure, l'exemple que je donnais, c'est, au Nunavik, dans les villages,
c'est tellement tissé serré que je disais que l'escroquerie par
porte à porte, tout le monde se connaît. Donc, on ne verra pas ça comme
on le verrait dans les grands centres où les gens ne se connaissent pas. C'est
dans ce sens-là que je l'ai amené comme exemple.
Mme Richard : Mais vous
convenez avec moi que la maltraitance, peu importe où elle se produit au Québec,
ça reste de la maltraitance, peu importe le geste, là, peu importe...
M. Gignac (Bertrand) : Tout à
fait, tout à fait. On est à la même place.
Mme Richard : D'accord.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : On
voulait dire que les formes de maltraitance sont différentes peut-être d'une
région à l'autre...
M. Gignac (Bertrand) : ...mais
pas moins importantes.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) :
...mais pas moins importantes.
Mme Richard : Parfait. Merci.
Je vais refaire encore quand même du pouce là-dessus, parce que, vous savez, je
viens d'une région qu'on dit éloignée des grands centres, je vais prendre
l'exemple en Basse-Côte-Nord, je vais prendre l'exemple sur ma région, la Basse-Côte-Nord
n'a pas nécessairement les mêmes services, les mêmes accès facilitants qu'on pourrait trouver, exemple, je vais appeler ça ma
plus grande ville dans mon comté, à Sept-Îles,
où, directement, la P.D.G., le Commissaire aux plaintes est sur place, elle a beaucoup
d'organismes. Donc, est-ce vous diriez qu'il y a des régions au Québec, où il y
a des endroits... parce qu'avec la grosseur des CIUSSS maintenant, tu sais,
c'est énorme, hein, on n'a plus de direction dite... oui, régionale, mais pas,
des fois, dans les centres à proximité des citoyens, des grosses institutions,
je vais appeler ça comme ça pour ne pas dire autre chose.
La proximité fait en sorte, peut-être que c'est
plus difficile, dans ces milieux dits éloignés, justement de dénoncer puis
d'avoir l'aide aussi pour accompagner les personnes qui dénoncent, on l'a vu
avec les proches aidants, ce n'est pas toujours facile quand on dénonce. Une
question de proximité... parce que vous disiez, même la ligne d'assistance, les gens ont l'impression de juste
parler à quelqu'un au téléphone, tandis que le centre d'assistance, ça
leur donne comme l'idée qu'ils peuvent aller dans un centre, il va avoir une
personne là, physiquement, qui va être capable de les écouter, de les entendre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
réponse, en 30 secondes.
M. Gignac
(Bertrand) : On vous a
perdus un peu, l'image a figé, mais... bien, effectivement, ce serait
intéressant de fouiller, de fouiller pour répondre à ces questions-là, mais ce
qu'on sait, d'après les démarches de concertation qui ont eu lieu partout, y
compris dans votre région, avec Mme Anctil, qui est notre présidente... et
la maltraitance, là, on la
voit partout, on la voit partout. Donc, il y a du chemin à faire même si
on est dans les grands centres, même si on est en région éloignée des grands
centres, il y a du travail à faire de toute façon. Mais, pour répondre de façon...
il faudrait faire une enquête sociologique pour avoir les vraies réponses, là.
Mme Bolduc-DuBois (Nicole) : Et
ce n'est pas...
La Présidente (Mme D'Amours) : Et
c'est ce qui met fin, je suis désolée, gardienne du temps, c'est ce qui met fin
à nos échanges. Alors, Mme Bolduc-DuBois et M. Gignac, je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 10)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue à la Confédération des
organismes de personnes handicapées du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite, donc, à vous
présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous pour
10 minutes.
Confédération des organismes de personnes
handicapées du Québec (COPHAN)
Mme Vézina
(Véronique) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour et merci de nous accueillir à cette commission aujourd'hui.
Mon nom est Véronique Vézina, je suis présidente du conseil d'administration de
la COPHAN et je suis accompagnée de la directrice des dossiers en santé et
services sociaux, Mme Nathalie Boëls.
Peut-être, en préambule, là, vous présenter,
très rapidement, la COPHAN. La COPHAN est un organisme de défenses des droits et de promotion des intérêts
des personnes qui vivent des situations de handicap et de leurs proches. On
regroupe plus d'une trentaine d'organismes, là, provinciaux et régionaux de
personnes ayant différents types de limitations,
et on couvre l'ensemble du territoire québécois, mais aussi l'ensemble des
types de limitations ou de handicaps qu'il peut y avoir au Québec.
Dans le cadre de la consultation actuelle, on
veut d'abord porter à votre attention différents principes, différents éléments
qui devraient être pris de façon transversale dans la révision de la Loi sur la
maltraitance. D'abord, la loi actuelle, avec son titre ou de la façon dont elle
est intitulée, laisse peu entrevoir la place que peuvent avoir les personnes en
situation de handicap dans le dossier de la maltraitance. Donc, pour nous,
c'est important qu'on intègre la notion de capacitisme dans la loi comme une
forme de maltraitance, le capacitisme étant une forme de discrimination qui peut
être similaire au sexisme ou à l'âgisme, mais qui est faite à l'égard des
personnes handicapées, qui démontre une façon qui est moins digne de les
traiter et de les respecter, et de les rendre aptes, dans le fond, à contribuer
à la société.
Quand je disais que les personnes sont
invisibles dans la loi, mais de ne pas les nommer clairement, autant dans le titre, dans le préambule, dans les outils
qui vont découler de la loi, c'est faire du capacitisme. Ce n'est pas toujours
fait de façon consciente, des fois, on le fait de façon inconsciente. Donc, ce
serait important, dans cette révision-ci, qu'on donne une place et une
visibilité aux personnes en situation de handicap qui sont, et vous pouvez le
voir dans les dernières statistiques de l'OPHQ, même si elles datent, elles
proviennent de 2014, que le niveau de maltraitance à l'égard des personnes
handicapées est beaucoup plus élevé qu'à l'égard des personnes sans incapacité,
et qu'avec l'âge, bien sûr, cette forme de maltraitance là augmente.
L'autre élément qui est important à prendre en
considération si on veut rendre visibles les personnes en situation de
handicap, c'est ce que nous, on appelle l'analyse différenciée selon les
capacités, qu'on peut assimiler à l'analyse différenciée selon les sexes, donc
dans... selon le genre, plutôt, je m'excuse. Et, dans la loi, surtout dans les redditions de comptes qu'on va faire de la loi, dans les services qui
vont être mis en place, dans les structures qui vont accompagner la loi,
que ce soit les politiques ou les services qui vont être rendus, les enquêtes,
les études qu'on va faire, il faut s'assurer de faire une analyse selon les
capacités, que la maltraitance qui existe à l'égard des personnes handicapées
soit rendue visible, et qu'elle ne soit pas assimilée à l'ensemble des données,
mais qu'on lui donne une place à travers les données qui vont être récoltées,
mais aussi à travers les redditions de comptes qui vont être faites.
Un autre
élément qui est important à prendre en compte dans le projet de loi, puis on le voit à quelques endroits, c'est toute la question de ne
pas juste pouvoir faire quelque chose, mais le devoir de rendre accessible,
accessibles d'abord les politiques qui vont découler de la loi, les services, les
plans d'action qui vont découler de la loi, de rendre aussi accessibles
le centre d'assistance et de référence qui va découler de la loi, le cadre
d'application, les interventions qui vont
être faites pour intervenir auprès des personnes qui sont victimes de
maltraitance. Donc, c'est important
qu'on s'assure de l'accessibilité, tant de l'information, des lieux, de la
formation et des services qui vont être développés.
Et, dernier élément avant de laisser la parole à
ma collègue, on ne doit pas uniquement parler des quatre types de maltraitance
qui sont cités dans la loi, mais, comme il y a été prévu dans la consultation
qu'il y a eu sur le plan
d'action sur la maltraitance en février, mars dernier, il faut aussi commencer
à parler de maltraitance organisationnelle parce qu'il s'en fait beaucoup
à l'égard des personnes handicapées, que ce soit par la façon dont on développe
les programmes qui empêchent notamment, parfois, des personnes âgées ou des personnes
qui sont exclues du marché du travail d'avoir accès à des services, des personnes
qui n'ont pas accès à des services pour demeurer dans leur milieu de vie ou qui sont dans des listes d'attente où il y a
des évaluations des besoins qui ne sont pas faits. Bien, ça,
pour nous, c'est de la maltraitance organisationnelle et il faut que
cette maltraitance-là soit aussi rendue visible et définie dans la loi. Je te
laisse poursuivre, Nathalie.
Mme Boëls (Nathalie) : Merci. Donc, pour
renchérir sur ce que la présidente du conseil d'administration de la COPHAN
vous disait afin de rendre visible la maltraitance faite envers les personnes
en situation de handicap, on trouvait que le nom de la loi ainsi que le nom de
tous les documents qui découlent de la loi devraient être plus, généralement... dire, en situation de vulnérabilité, mettre de côté... pas mettre
autant d'évidence sur les personnes aînées. Puis
là je ne veux pas faire de l'âgisme, c'est juste de donner une place égale en
fait. La maltraitance vise les personnes en situation de vulnérabilité,
quelle que soit la raison pour laquelle elles sont vulnérables.
Et puis on souhaiterait rajouter des
considérants pour donner plus de place et d'évidence, effectivement, aux personnes
en situation de handicap et au capacitisme, comme disait Mme Vézina
tantôt. Donc, on aurait par exemple rebaptisé la loi : loi
visant à renforcer la lutte contre la maltraitance envers toutes les personnes
majeures en situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité
des services de santé et des services sociaux.
Le premier considérant qu'on préciserait
dirait : Considérant que de nombreuses personnes peuvent être victimes de
maltraitance, particulièrement les personnes en situation de vulnérabilité,
c'est-à-dire... puis là on aurait une
définition plus large... bien, plus large, qui dirait, c'est-à-dire, par exemple, une personne majeure
dont la capacité de demander ou
d'obtenir de l'aide est limitée temporairement ou d'une façon permanente en
raison, notamment, d'une contrainte, d'une
maladie, d'une blessure ou d'un handicap, et qu'elles peuvent être d'ordre
physique, cognitif ou psychologique.
Un troisième considérant aussi qui donnerait de
la place, justement, au capacitisme, qui dirait : Considérant que la
maltraitance peut être psychologique, physique, sexuelle, matérielle,
financière ou organisationnelle, et qu'elle peut aussi prendre la forme de
l'âgisme, du capacitisme ou de la violation des droits.
Donc, ça, c'est pour le préambule et les
considérants de la loi. Considérant... excusez-nous, excusez-moi, par rapport
aux prestataires de services, dans les définitions à l'article 2,
paragraphe 5°, où on parle de... où on définit la personne oeuvrant pour l'établissement, on salue l'ajout des résidences
privées pour aînés, de ressources intermédiaires, de ressources
familiales. Mais on voudrait s'assurer... Oui?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant . Il vous reste une minute.
Mme Boëls (Nathalie) : On voudrait aussi
s'assurer que les services de soutien à domicile soient présents et soient
visibles, donc s'assurer qu'on mentionne aussi les EESAD, les entreprises
d'économie sociale en soutien à domicile et les employés du chèque
emploi-service qui donnent des services de soutien à domicile. Il faudrait
absolument qu'ils soient inclus dans la loi. Donc, on inclurait ça dans
l'article 3, de préciser les EESAD et les employés du chèque
emploi-services. Donc, d'élargir la portée de la loi au chèque emploi-service,
ça, je l'ai dit. Mais ça serait vraiment important, parce que le lieu de
domicile est un lieu, je ne dirais pas privilégié, mais plus à risque de maltraitance. Et puis on veut aussi...
on aurait aussi des commentaires par rapport à l'exercice... à
l'expertise des évaluateurs des situations de maltraitance. Il faut absolument
qu'ils aient l'expertise pour évaluer la situation de maltraitance au regard
des personnes en situation de handicap.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
madame.
• (18 h 20) •
Mme Boëls (Nathalie) : Ça fait le tour.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vous remercie pour votre exposé. Je suis la gardienne du temps. Donc,
nous devons débuter nos échanges. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange avec Mme la ministre pour une période de 16 min 30 s.
Mme Blais
(Prévost) : Mme Vézina, Mme Boëls, merci beaucoup d'être
présentes. J'accueille très favorablement vos commentaires. Écoutez, on
a commencé ce matin en commission parlementaire et effectivement on ne parle
que de personnes âgées, alors que, dans la loi, il est question de personnes en
situation de vulnérabilité dont les personnes qui vivent en situation de
handicap. Moi, je suis d'avis, je ne sais pas comment on va pouvoir le mettre,
mais je suis d'avis qu'on puisse nommer davantage les personnes en situation de
handicap.
Dans certains mémoires qui n'ont pas été encore
exposés ici, en commission, on parle de mentionner déficience physique,
déficience intellectuelle, spectre de l'autisme, des personnes et groupes qui
vont se retrouver dans les maisons alternatives ou qui existent parce qu'on dit
que, si on ne nomme pas, c'est difficile. Ça fait que, comme aujourd'hui on n'a
parlé que de personnes âgées, je vous comprends très bien, très, très, très
bien. On va essayer, avec nos avocats, de voir comment on pourrait élargir, le
prévoir, le sentir.
J'aimerais ça vous entendre parler sur le
capacitisme. Vous avez mentionné «capacité» tout à l'heure. On le sait, que
c'est une discrimination. Je voudrais que vous puissiez m'en parler, parce que
vous aimeriez que ce soit nommé dans la loi.
Mme Vézina
(Véronique) : Quand on parle de capacitisme, on voit déjà... Puis on
va vous déposer un mémoire, là, dans les prochains jours, qui va expliciter un
petit peu différents éléments qu'on vous parle aujourd'hui. Quand on parle de
capacitisme, on parle vraiment d'absence de préoccupation, de prise en compte
des besoins qui vivent avec des situations de handicap. Je le disais tout à
l'heure, on l'associe à l'âgisme, au sexisme qu'on reconnaît maintenant dans
plusieurs lois et dans plusieurs situations. Mais, au niveau des personnes
handicapées, on a encore l'impression qu'on n'est pas des personnes qui
méritent d'avoir la même place et qu'on est apte à contribuer à la société. Et
cette loi-là doit permettre de reconnaître cette forme de discrimination là,
qui, dans certaines situations, mène à de la maltraitance.
Je vais prendre un exemple que vous devez bien
connaître, Mme Blais, juste pour la situation des personnes
malentendantes. Une personne malentendante qui est aussi âgée et qui n'a pas
accès à deux appareils auditifs, on lui en donne un, mais elle doit se procurer
le deuxième. Bien, ça, pour nous, c'est une forme de capacitisme, on ne permet
pas... et, en même temps, de maltraitance organisationnelle, parce qu'on ne
permet pas à la personne d'avoir accès à l'ensemble des aides qui pourraient
lui permettre d'avoir le plus d'autonomie possible. C'est quelque chose qui est
réel, qu'on octroie à d'autres personnes parce qu'elles sont plus jeunes, et
c'est des éléments qui font, dans leur vie... Par exemple, une personne âgée
qui aurait juste un appareil auditif va être victime de plus de maltraitance
parce qu'elle n'entend pas ce qu'il se passe autour d'elle. On lui cache de
l'information. On la juge non autonome pour faire des choses.
Donc, c'est important pour nous. Puis là je
donne cet exemple-là. Je pourrais en donner plein d'autres. Mais c'est
important de reconnaître le capacitisme et de surtout reconnaître qu'il faut
donner les moyens à toute personne en situation de handicap d'avoir tous les
éléments qui vont lui éviter de tomber dans des situations de vulnérabilité qui
pourraient mener à la maltraitance.
Mme Blais (Prévost) :
J'aimerais vous mentionner qu'à l'article 33.1, on parle aussi... Tu sais, on
parlait de maltraitance organisationnelle. On parle de situations susceptibles
de compromettre la santé ou le bien-être d'un usager ou d'un groupe d'usager,
donc ce n'est pas comme si on le ne nommait pas du tout. Mais une commission
parlementaire, c'est fait pour améliorer les lois. Moi, je vous entends
aujourd'hui, puis vous avez parlé des personnes sourdes ou malentendantes. Vous
m'avez touchée en plein coeur, là. Vous le savez, que je milite, depuis des
années, pour... dans ce domaine-là. Mais je ne vais pas prendre tout le temps,
parce que je sais que j'ai une collègue, là, de... ma collègue qui voudrait
vous poser des questions, qui a un enfant qui est en situation de handicap, qui
a fait beaucoup évoluer le gouvernement par rapport à la reconnaissance des
personnes en situation de handicap.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Soulanges.
Mme Picard : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Marguerite. Bonjour, mesdames. Bonjour, Mme Vézina.
Bien sûr que vous savez, bon, Mme Blais l'a dit un petit peu tantôt, j'ai
une petite fille qui a une déficience intellectuelle profonde. Bon, là, elle
est mineure, donc la loi ne la concerne pas. Donc, elle n'est pas majeure, mais
la plus grande inquiétude des parents, souvent, c'est : Qu'est-ce qu'il va
arriver à mon enfant quand je ne serai plus là?
Et puis j'aimerais vous poser la question :
Si le projet de loi actuel, que nous étudions aujourd'hui... selon vous, est-ce qu'il est plus sécurisant pour les
personnes qui sont en situation de handicap, qui n'ont pas de voix, qui
n'ont pas de proche aidant qui veille sur eux constamment, là, dans les CHSLD,
RPA et toutes les autres organisations? Est-ce que vous croyez que c'est un
grand pas? Est-ce que, pour vous, c'est sécurisant?
Mme Vézina
(Véronique) : Je vous dirais
qu'on est capable de distinguer... bien, pas de distinguer, de percevoir
une amélioration dans la loi, si on compare à celle qui est actuellement en
vigueur, mais on a encore de la difficulté à voir comment on va assurer ou
éviter à des personnes qui sont en situation de handicap les suivis nécessaires
et l'accompagnement nécessaire pour ne pas qu'elles se retrouvent dans des
situations de maltraitance.
Je vais prendre juste l'exemple du...
d'application pour... sur un processus d'intervention, par exemple. D'abord, il
faut avoir des gens qui sont formés sur le terrain pour être capables de
détecter la maltraitance qu'il peut y avoir, mais il faut aussi avoir des gens
qui sont en mesure d'adapter leur intervention pour agir sur la maltraitance
qui est vécue par les gens mais aussi pour s'assurer de les sortir rapidement
de la maltraitance.
On parle beaucoup de maltraitance et on implique
beaucoup les intervenants puis les acteurs du réseau de la santé et des
services sociaux, mais, pour une personne qui est en situation de handicap, il
y a beaucoup d'autres acteurs qui gravitent autour et qui ne sont pas impliqués
dans l'application de la loi sur la maltraitance. On parle des transporteurs,
on parle des services d'urgence, les services de police... (panne de son)
...surtout de bien prévenir la maltraitance qu'il peut y avoir auprès des
personnes. Puis c'est ça qu'on aurait aimé voir dans la loi, l'implication
d'interventions particulières de gens qui sont dédiés, qui connaissent bien les
personnes, que ce soit dans le cadre d'application, dans les règles, dans les
politiques qui vont être mises en place.
On n'intervient pas... on ne peut pas intervenir
auprès de l'ensemble des personnes handicapées de la même façon qu'on va
intervenir auprès de la population. Il faut s'assurer d'impliquer l'ensemble
des acteurs qui gravitent autour des personnes. Parce que, s'il y a juste les
intervenants du réseau de la santé, c'est malheureux, mais il y a un champ, ou
une expertise, ou parfois des secteurs d'activité où il peut y avoir de la
maltraitance qu'on rend invisible ou qu'on n'implique pas dans la démarche.
• (18 h 30) •
Mme Picard :
Plus tôt, je ne sais pas si vous l'avez vu, il y avait les CPA, l'ordre des
comptables agréés qui nous ont parlé qu'ils aimeraient qu'on fasse une levée du
secret professionnel, surtout dans le cas de la maltraitance financière qui
pourrait être subie par les personnes vulnérables. Est-ce que vous avez une
certaine opinion pour les personnes qui ont une situation de handicap par
rapport à ça? Est-ce que vous, vous aimeriez qu'il y ait cette levée-là du
secret professionnel?
Mme Vézina (Véronique) : Je ne
l'appliquerais pas juste aux situations financières. Je pense qu'il faut lever
le secret professionnel. Puis il faut savoir que, parmi les gens qui
interviennent auprès des personnes... Mme Boëls parlait tantôt des travailleurs
du chèque emploi-service, par exemple, qui peuvent être, elles aussi... je ne
veux pas les considérer comme toutes des sources potentielles de maltraitance,
mais qui pourraient être des individus qui profitent de certaines situations.
Et ces gens-là, si on ne les nomme pas, si on ne les identifie pas lorsqu'ils
font de la maltraitance, bien, c'est malheureux, mais ils vont continuer à le
faire ailleurs... parce qu'elles ne sont pas appliquées dans un réseau, elles
ne sont pas employées d'une organisation. Donc, il n'y a pas de moyen
d'intervenir pour l'empêcher de continuer à agir auprès d'autres personnes.
Donc, pour nous, c'est important de les nommer, de les identifier. Que ce soit
pour des raisons de maltraitance financière, ou sexuelle, ou autre, je pense
qu'il faut qu'on les nomme, qu'on les rende visibles, puis qu'on dénonce ces
gens-là, puis qu'on les dénonce publiquement, et non pas juste qu'on mentionne
que, bon, il y a tant de cas, qu'il y a eu telle situation dans telle région, par
exemple, mais qu'on sache exactement.
C'est malheureux, mais je dirais qu'à quelque
part on puisse leur permettre un processus, peut-être, pour éviter de
recommencer. Mais, en même temps, qu'on les identifie comme des personnes qui
sont à risque pour d'autres. Parce que, souvent, ces personnes-là commencent à
faire de la maltraitance chez un ou chez une... chez un individu, mais elles
peuvent multiplier. Puis, tant et aussi longtemps qu'on ne sera pas en mesure
d'identifier la personne, bien, elle va continuer à le faire.
Mme Picard : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je reviens à madame... Est-ce que vous avez une intervention
à faire? Donc, je donne la parole à la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : ...temps qu'il
me reste?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Cinq minutes pour votre groupe.
Mme Lachance : Mme la ministre,
est-ce que vous êtes à l'aise ou vous aviez besoin de ce temps de parole?
Mme Blais (Prévost) : ...Mme la
Présidente.
Mme Lachance : Merci, Mme la
ministre. Merci d'être là, merci de prendre le temps. Et j'ai deux questions.
La première : Vous avez nommé des situations problématiques avec les évaluateurs.
Est-ce que vous pourriez développer davantage, exprimer puis expliquer ce que
vous vouliez dire puis comment ça se représente?
Mme Vézina (Véronique) : Ce
qu'on pouvait lire, dans le projet de loi, actuellement, c'est que les gens qui
sont impliqués dans l'évaluation, dans les cadres d'application qui vont mener
à une évaluation ou en application de certaines règles dans des situations de
maltraitance, c'est beaucoup des gens qui travaillent actuellement en
gérontologie et qui n'ont pas une, je dirais, une connaissance aussi fine que
les gens qui travaillent avec les personnes qui ont une déficience, peu importe
le type de déficience, et qui n'auront pas les connaissances sur les processus
d'intervention, sur les formes que peuvent prendre la maltraitance aussi, parce
que la maltraitance ne se fait pas nécessairement de la même façon auprès de
certaines personnes handicapées et ils n'ont pas non plus la connaissance dans
l'application et dans la façon d'intervenir auprès des personnes et d'adapter
leur façon d'intervenir. Donc, c'est important que, oui, il y a des experts au
niveau de la gérontologie, il y a des experts en maltraitance, mais il y a
aussi des experts auprès des personnes qui ont une déficience qui auraient une
expertise à apporter pour améliorer ou bonifier les démarches et les
applications, les interventions qui pourraient... auprès des personnes qui sont
en situation de handicap.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
vous mentionnez des choses extrêmement pertinentes, entre autres, on va mettre
en place le centre d'assistance et de référence. Il n'est pas encore né ce
centre-là, alors, on devrait faire une large place, il faudrait qu'il y ait des
acteurs qui y sont au fait, qui connaissent le vécu des personnes en situation
de handicap pour être capable, là, vous
parliez de gérontologie, pour être capable là aussi de pouvoir agir par rapport
aux personnes en situation de vulnérabilité qui vivent avec des handicaps. Il
faudrait aussi davantage nommer dans le cadre
de référence, dans les politiques, donc, de cette manière, je pense que vous
pourriez davantage prendre votre
place, puis on pourrait davantage vous reconnaître parce qu'il y aurait des
acteurs à l'intérieur même de nos pratiques.
Est-ce que vous pensez que
le centre d'assistance et de référence, c'est quelque chose qui vous parle par
rapport à faire en sorte qu'on puisse mieux surveiller la surveillance envers
les personnes en situation de handicap et la contrer?
Mme Vézina (Véronique) : Bien,
pour nous, c'est un outil qui va devenir essentiel pour, justement, soutenir
les personnes qui peuvent présumer être victimes de maltraitance ou être
victimes de maltraitance, pour avoir des références, pour les assister dans
certaines démarches ou les orienter vers certains acteurs qui pourraient les
assister. Donc, pour nous, c'est important qu'il y ait des acteurs qui soient
en mesure d'intervenir spécifiquement auprès des personnes qui ont un handicap.
C'est important qu'il y ait des informations aussi qui soient disponibles qui
soient accessibles, que les gens puissent communiquer facilement avec ce centre
d'assistance là, puis je pense que la grande... qui est intéressant, puis une
des avancées de la politique, c'est que, maintenant, on parle d'un centre
d'assistance et de référence en maltraitance, alors que ce qu'on avait
actuellement c'était des lignes Abus Aînés ou des services d'accompagnement qui
étaient beaucoup associés aux aînés, et là, bien, la loi vient donner un centre
d'assistance qui concerne la maltraitance, et non pas une catégorie d'individus
qui sont victimes de maltraitance. Ça fait que, oui, c'est un outil
intéressant, c'est un outil qui permet d'élargir la vision qu'on peut avoir de
la maltraitance et de qui... à qui peut s'appliquer la maltraitance, mais il
faut s'assurer qu'on a les bons acteurs qui sont en mesure de bien intervenir
auprès des personnes, qu'on a des outils s'il y a des lieux... qu'on ait des
lieux accessibles pour que les personnes puissent accéder aussi aux services.
Mme Blais (Prévost) : D'accord
avec vous. On est d'accord avec vous. C'est terminé?
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
il vous reste 20 secondes.
Mme Blais (Prévost) : Bien,
20 secondes pour vous dire que plusieurs groupes ont parlé aussi du chèque
emploi-service, des gens qui donnent des soins à domicile. Je retiens ça
également. Alors, je tiens à vous remercier, là, bel éclairage aujourd'hui, ça
termine bien ma journée. Continuez d'oeuvrer à défendre les personnes en
situation de handicap.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Ceci met fin au premier bloc d'échange. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange avec Mme la députée de Fabre, pour une période de
11 minutes.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci beaucoup
pour votre présence à vous deux et cet éclairage que vous nous amenez.
Il était grand temps de vous entendre, bien qu'on ait été attentifs à tous les
groupes, mais cette réalité-là des personnes vivant avec un handicap et la
situation de maltraitance qui les touche, bien sûr, c'était excessivement plus
que pertinent, votre présentation d'aujourd'hui et sachez que je pense qu'on a
tous été très attentifs à ce que vous avez dit.
J'aimerais pouvoir penser, parce que j'ai pris beaucoup
de notes et j'ai été attentive, mais j'aimerais pouvoir penser que je vais pouvoir vous lire aussi. Alors, j'ose me permettre de
vous faire une petite demande particulièrement en lien avec vos
considérants et les propositions que vous faites, très concrètes, j'aimerais
penser que je pourrai bientôt lire vos propositions et l'ensemble de votre
présentation.
Je veux vous dire aussi que, quand vous
amenez... je suis un peu, depuis ce matin, à la recherche, à travers les
différentes présentations qu'on a, je suis un peu à la recherche de données et
d'informations qui vont compléter le portrait de la maltraitance au Québec, et
donc en ce qui vous concerne, les personnes vivant avec un handicap, est-ce que
vous avez accès à des données, est-ce que vous avez accès à des éléments de
portrait qui pourraient continuer de... Parce que vous avez bien nommé cette
intention d'être plus visible. Alors, moi, je m'excuse, je vous donne beaucoup de devoirs, là, en cette fin de journée,
je m'en excuse. Mais ce serait utile de pouvoir avoir accès à des
données que vous avez pour qualifier la réalité spécifique des personnes vivant
avec un handicap et qui sont malheureusement victimes de la maltraitance. Je ne
le sais pas, je veux vous permettre de répondre peut-être d'abord à ça, si vous
avez de l'information que vous pourrez nous soumettre dans un premier temps.
• (18 h 40) •
Mme Vézina (Véronique) : Bien,
d'abord, le mémoire est quasiment prêt, là, il nous restait quelques éléments à
fignoler, donc il va vous être déposé soit demain ou après-demain, au plus
tard.
Pour ce qui
est des données sur la... vous ne nous donnez pas des gros devoirs, hein,
l'OPHQ a déjà fait les devoirs pour nous. Je le
mentionnais tout à l'heure, l'OPHQ a produit, en 2014, un rapport. Le rapport
date, mais c'est les dernières données qui existent au Québec sur la
maltraitance à l'égard de l'ensemble des personnes qui vivent avec des
incapacités, que ce soient des enfants ou des personnes majeures. Donc, on a...
il y a vraiment un portrait qui a été
dressé. On pourra accompagner cette enquête-là avec notre mémoire. Et je crois,
là, tu me corrigeras, Nathalie, mais
je crois qu'elle est aussi déjà en référence dans le mémoire. Donc, c'est vraiment
les dernières données qui existent.
Puis tantôt,
quand je parlais d'analyse différentiée selon les capacités, c'est que, depuis,
il y a d'autres données sur la maltraitance qui ont été récoltées, mais
malheureusement, ces données-là ne nous donnent pas une vision de la maltraitance qui est faite à l'égard des personnes
en situation de handicap. Donc, pour nous, la nécessité d'appliquer une analyse différentiée selon les capacités dans tous
les dossiers de maltraitance pour qu'on puisse voir, oui, la
maltraitance qui est faite à l'égard des aînés ou à l'égard d'autres clientèles
en situation de vulnérabilité, mais aussi celle à l'égard des personnes en
situation de handicap.
Mme Sauvé :
Merci beaucoup. Donc, je vais vous lire très attentivement, merci.
Tantôt, précédemment, il y avait, toujours dans
ma volonté d'avoir de l'information, il y a le portrait et il y a aussi la
documentation continue de la situation. Et le groupe précédent nous nommait
leur volonté d'avoir des informations, entre autres, venant des commissaires
locaux aux plaintes, d'avoir une information plus qualitative que quantitative.
Et là, quand on parle des personnes vivant avec un handicap qui ont une
situation particulière et bien sûr de
pouvoir le documenter, est-ce que c'est un souhait de votre côté de pouvoir
aussi aller un peu plus loin que le tableau des chiffres et les nombres
et de pouvoir un peu y aller avec des données qualifiantes et qualitatives par
rapport à ce qui est vécu et ce que les commissaires aux plaintes ont à dire
sur la situation des personnes, là, avec un handicap?
Mme Vézina (Véronique) : Bien,
il faut toujours faire attention au type de données qu'on transmet, pour
s'assurer qu'il n'y ait pas de bris de confidentialité non plus. Donc, c'est
certain que, dans la reddition de comptes des commissaires aux plaintes, il
serait intéressant de voir les catégories de personnes vulnérables qui sont
victimes de maltraitance, incluant les
personnes en situation de handicap. Il serait aussi intéressant de voir la forme de maltraitance que peuvent subir ces
personnes-là, mais je ne crois pas qu'on peut aller beaucoup plus loin, surtout
dans des régions qui sont peut-être un peu plus petites avec moins de population.
Il ne faut pas qu'en bout de ligne on soit capable de dire : Ah! bien, ça,
c'est madame ou monsieur X qui a été victime de maltraitance. Ça fait que, oui,
il faut voir le type de maltraitance qui est fait à l'égard de différentes
catégories de personnes, mais il ne faut pas non plus être en mesure d'en
arriver à identifier la personne qui a été la victime.
Mme Sauvé : On est bien d'accord,
j'allais dans ce sens-là. Je ne voulais pas entrer dans la zone des renseignements
personnels, bien évidemment. Tantôt vous avez dit, avec beaucoup d'affirmation,
et c'était très bien de le faire ainsi, de
s'assurer qu'avec la loi qui est sur la table, de pouvoir rendre accessible
l'information sur les processus, sur, évidemment, les structures
nouvellement mises en place. Est-ce que je dois comprendre qu'avec ce propos,
vous étiez aussi en train de dire qu'il faut que ça s'améliore, parce que, présentement,
nonobstant la loi qui est sur la table et ce
qui en découlera, mais l'information, elle n'est pas si accessible que ça?
L'information actuelle sur les processus, qui joue
tel rôle, à qui on se réfère, est-ce
que l'information manque? Est-ce que,
pas seulement l'accès aux services et pas seulement les situations que vous avez notées, mais est-ce que
l'information est suffisamment... est-ce
que c'est clair, le rôle de chacun, dans toute cette démarche et ce processus
d'intervention auprès des personnes qui vivent avec un handicap?
Mme Vézina
(Véronique) : Si je parle en
tant que personne qui vit une situation de handicap et des situations de
handicap, je vous dirais que le processus est très méconnu. Les gens ne savent
pas à qui s'adresser. Les gens ont parfois même
de la difficulté à identifier qu'elles vivent de la maltraitance. Juste la
reconnaissance de la maltraitance, les outils qui existent ne sont pas
connus, ne sont pas accessibles. Donc, il y a cette difficulté-là qui existe,
une difficulté à connaître les ressources puis à s'adresser, parce qu'il peut y
avoir différents endroits où on s'adresse, mais on ne s'adresse pas à chacun
des endroits nécessairement pour les mêmes raisons. Les gens ne connaissent pas
le rôle de la commissaire aux plaintes dans les dossiers de maltraitance. Puis,
on le voit, malgré des efforts qu'il y a eu de la part des commissariats aux
plaintes et la qualité des services de faire la promotion de cette habileté-là
qu'elles avaient à agir sur la maltraitance et à intervenir, il y a encore très
peu de situations qui sont portées à leur attention. Bon, on a vu des petites
évolutions au cours des années, mais sont très minimes et très peu de cas sont
encore référés.
Donc, il y a un travail à faire sur la
reconnaissance de la maltraitance, mais aussi sur les processus et les
ressources qui existent pour soutenir et accompagner les personnes. Puis je
vous dirais que, même au niveau des intervenants dans les différents réseaux,
la détection de la maltraitance et les ressources ou les références à faire
n'est pas toujours très bien connue non plus.
Mme Sauvé : Merci. Je vais y
aller d'un commentaire et d'une dernière question. Merci d'avoir porté à notre
attention la réalité du chèque emploi-service, parce que vous êtes les premiers
qui l'amené, puis effectivement il y a une réalité sur laquelle on doit se pencher,
il y a très peu d'analyse par rapport à ça, donc je pense que ça doit faire
partie des points qu'on regarde, et aussi d'avoir nommé... Parce que, plus on
est de témoins possibles ou potentiels de la maltraitance, mieux on se porte et
mieux on protège nos aînés.
Alors, quand vous avez nommé les EESAD qui sont
à travers le Québec et qui entrent dans les maisons, clairement, vous avez
nommé un élément, je pense, qui est très important pour le rôle qu'ils jouent
de pouvoir... D'ailleurs, je dois vous dire, pour parler beaucoup avec les
EESAD, entre autres, de ma région, à travers la pandémie, quand ils ont eu
l'occasion de réouvrir les portes des maisons après un certain temps où les
aînés étaient confinés, clairement, il y a
eu des situations de maltraitance, de la perte d'autonomie, dont ils ont été
témoins. Alors, je pense que ça peut-être les premiers acteurs, des
acteurs de première ligne qui s'ajoutent aux autres et qui mériteraient qu'on
leur adresse une reconnaissance.
Je voudrais vous poser comme dernière question,
vous avez été très sensibles puis j'y suis aussi avec vous, la compétence des
évaluateurs, il y a une collègue qui a posé une question là-dessus, vous
vouliez en parler, il faut absolument qu'il y ait cette compétence des
évaluateurs pour la situation de la maltraitance chez les personnes vivant avec
un handicap, est-ce que vous n'avez pas peur qu'avec le centre d'assistance...
est-ce qu'on va retrouver cette même compétence-là pour être capable
d'accompagner, d'évaluer la situation? Est-ce qu'on n'est pas dans un grand,
grand défi de rechercher de compétences pour répondre aux besoins que vous
nommez?
La Présidente (Mme D'Amours) : ...en
50 secondes.
Mme Vézina
(Véronique) : C'est sûr que ça va demander des ressources, ça va demander
de l'expertise, mais, peu importe à quel niveau va s'appliquer
l'accompagnement, l'assistance, l'évaluation, l'application des mesures, des
politiques, la mise en oeuvre d'un plan d'action, il faut qu'à chaque... dans
chacune de ces instances-là, ou de ces
services-là, ou de ces lieux-là, on retrouve une expertise qui est en lien avec
les personnes qui ont un handicap ou qu'on soit en mesure... si ce n'est
pas à chaque lieu, qu'à partir du moment où on s'adresse à un ou à l'autre des
services qu'on soit en mesure de les diriger vers des gens qui auront
l'expertise pour répondre à leurs questions ou pour les accompagner dans leurs
démarches. Des acteurs, il y en a bien sûr au ministère de la Santé, dans
d'autres ministères. Il y en a aussi dans le milieu communautaire. Il y a des
formations qui peuvent être données. Il y a de l'accompagnement qui peut être
fait dans le milieu.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Sur ces paroles, ceci met fin au deuxième bloc
d'échange. Nous terminons avec la période d'échange avec Mme la députée de Duplessis,
vous rappelant à vous et à nos invitées... d'une durée de
2 min 45 s.
Mme Richard : Merci, merci
beaucoup, mesdames, pour votre présentation. Quand j'ai fait la lecture du
présent projet de loi, qui devra devenir une loi, ce qui m'a frappée aussi,
autant pour les personnes qui vivent avec un handicap que pour les clientèles
aînées, c'est que, vraiment, les personnes qui sont à domicile, qui ont besoin,
que ce soit des EESAD ou qui font affaire avec le chèque emploi-service, ont
des personnes qui vont souvent leur donner des soins et des services, c'est de
voir qu'on... en tout cas, on n'en parlait pas, moi, je ne les retrouvais pas
dans le projet de loi, et qu'il n'y avait pas non plus la formation pour ces
personnes-là, là. Parce que vous avez dit tantôt : Vous savez, de la maltraitance, il en existe, puis à un moment donné même la personne qui fait subir de la maltraitance, elle va continuer puis continuer, là. Est-ce que
vous ne pensez pas que, tout d'abord, aussi, on devrait commencer par offrir de
la formation aux personnes qui offrent des services à toute personne qui est
dans une situation de vulnérabilité?
• (18 h 50) •
Mme Vézina
(Véronique) : Bien, il y a
de la formation qui doit être donnée, bien
sûr, à tout type d'intervenant
ou de personne qui agit ou qui offre des services auprès des personnes. Il y a
de la formation qui doit être donnée et expliquée aussi aux personnes. Je vais
prendre un exemple tout simple d'une personne qui aurait, par exemple, une
déficience intellectuelle légère et qui pourrait être abusée par un proche avec
qui elle demeure, de façon financière, par exemple, puis, à chaque semaine,
elle lui dit : Bien, aujourd'hui, vu que je te loge, je te nourris, tu
dois me donner — je
donne des chiffres fictifs — un
10 $ pour la journée, bon. Mais cette personne-là n'a pas l'impression
qu'on abuse d'elle, elle a l'impression que c'est un dû qu'elle a. Donc,
comment on peut éduquer la personne à comprendre la maltraitance? Puis là j'ai
donné un exemple qui était quand même assez simple. Comment on peut s'assurer
que l'ensemble des acteurs qui agissent, et vous l'avez nommé, il y a les
intervenants du réseau, il y a les intervenants des entreprises d'économie
sociale, des agences privées, des travailleurs du chèque emploi-service,
comment on peut s'assurer que ces gens-là sont aussi en mesure de détecter la
maltraitance, mais aussi, parfois, de rendre visibles des situations puis, des fois,
elles font inconsciemment, et qui peuvent être de la maltraitance auprès des
gens. Ce n'est pas toujours volontaire, des fois on fait des choses
inconsciemment, puis la personne, elle peut le vivre comme une forme de
maltraitance. Donc, il faut aussi qu'elle soit en mesure de voir ces
aspects-là.
La
Présidente (Mme D'Amours) : ...c'est ce qui met fin à notre dernier
bloc d'échange. Donc, Mme Vézina, Mme Boëls, je vous remercie
pour votre contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au
mercredi 29 septembre à 8 h 15, où elle entreprendra un autre
mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 52)