(Douze
heures)
La Présidente (Mme
D'Amours) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Lutte contre le racisme des crédits
budgétaires du portefeuille Environnement et lutte contre les changements
climatiques pour l'exercice financier 2021‑2022. Une enveloppe de
60 minutes a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) sera remplacée par M. Lévesque
(Chapleau); Mme Dansereau
(Verchères), par Mme Guillemette (Roberval); et Mme Dorion
(Taschereau), par M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Lutte contre le racisme
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Pour l'étude de ce volet, nous allons procéder aux
échanges entre les groupes d'opposition et le ministre par blocs d'environ 10 à
20 minutes, pour permettre à chaque groupe d'écouler graduellement son temps de
parole. Le temps d'échange inclut les questions et les réponses.
Discussion générale
Je suis maintenant
prête à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour
le premier bloc d'échange. Je vous rappelle que la longueur des réponses doit
être proportionnelle à celle des questions, dans la mesure du possible. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis,
la parole est à vous.
Mme Maccarone :
Merci beaucoup, Mme la Présidente, et bienvenue. Enchantée d'être avec vous,
chers collègues. Alors, je veux débuter tout de suite en parlant un peu du
nouveau rôle du ministère. Alors, félicitations au ministre pour la nomination!
D'emblée, j'aimerais savoir combien de temps... parce que vous êtes ministre,
quand même, de deux ministères,
maintenant, combien de temps est accordé au dossier de racisme en comparaison
avec le dossier de l'environnement?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Mes salutations, également. Merci aux gens qui nous
accompagnent et merci à la collègue pour ses bons mots mais également la
question, c'est une question qui est très, très pertinente.
C'est certain que,
lorsqu'on reçoit un nouveau mandat, les premiers temps sont très grandement
accaparés par ce nouveau mandat là. Beaucoup
de rencontres — on en a
plus de 50 à notre actif, en quelques semaines, uniquement — donc
c'est un rattrapage, hein? On doit, en quelque sorte, établir les premiers
contacts, rapidement, mais je vous dirais que cette première phase là, elle est
en grande partie complétée. Donc, on vient rétablir l'équilibre entre la
responsabilité à l'égard de l'environnement et celle à l'égard de ce
dossier-là.
Tout en rappelant,
par contre, qu'il y a des équipes qui m'entourent. Même, au niveau
parlementaire, pour l'Environnement, j'ai mon collègue de Sainte-Rose, pour la
Lutte au racisme, j'ai mon collègue... non, en fait, Environnement, c'est
Bourget, et Racisme, c'est Sainte-Rose, en plus du collègue ministre
responsable des Affaires autochtones. Donc, si j'étais seul dans ces
dossiers-là, je serais fort inquiet, mais je suis bien entouré. Ça, c'est sans
compter les équipes de fonctionnaires et le cabinet. Donc, il y a une belle
répartition parce que les deux dossiers sont importants, et on ne peut pas se
permettre d'en sacrifier un au profit de l'autre.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Ça
fait que la question,
c'est que je ne vous demande pas de nous donner à la minute près, mais à
peu près, est-ce que c'est 50-50, 60-40, 30-70, à peu près, les répartitions du
temps?
M. Charette :
Les premières semaines, c'était davantage la lutte au racisme, pour justement
permettre ce rattrapage-là, mais je vous dirais, là, maintenant, ça
s'équilibre. Mais quand je suis, par exemple, à l'Environnement, les collègues qui s'occupent avec moi du dossier racisme
continuent de s'y pencher à temps complet. Donc, il n'y a pas de perte,
là, d'un côté comme de l'autre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je vous rappelle que, pendant que l'on pose une question
ou une réponse, on peut enlever notre
masque, mais, en tout temps, nous devons conserver notre masque. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Alors, pour l'établir... ses nouvelles
fonctions, puis le secrétariat, où est-ce
qu'on en est? Est-ce qu'il y a
un sous-ministre nommé? Combien d'employés ont été nommés? Est-ce qu'il y a des
nouveaux employés? Est-ce que c'est des transferts des employés entre ministères?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Ça va très bien, et on est très encouragés. Le sous-ministre adjoint, en
quelque sorte, disons qu'on parle du ministère
du Conseil exécutif, donc, on parle
davantage de secrétaire associé au MCE. Donc, oui, j'ai le privilège, là, d'être très bien entouré à ce
niveau-là. C'est une nomination qui s'est faite, d'ailleurs, très, très
rapidement, dans la foulée non seulement du dépôt du plan d'action en
décembre mais aussi après la nomination du député de Sainte-Rose et moi. Au niveau du bureau de coordination, on commence
aussi à bien garnir les rangs. On a deux personnes qui nous accompagnent
également cet après-midi. Un affichage devrait se compléter dans les prochaines
semaines, donc on sera doté d'une équipe en
bonne et due forme au niveau de la fonction publique, totalement dédiée au
dossier. Ça, c'est sans compter un ajout tout aussi précieux au niveau
du cabinet qui se charge de coordonner les travaux.
Donc, tant au volet
politique qu'au volet fonction publique, on est en train, là, de constituer
cette équipe-là. Et ça nous a permis, déjà,
là, d'entamer, je le mentionnais tout à l'heure, plusieurs rencontres, autant
avec les organismes eux-mêmes qu'avec les collègues ministres, qu'avec
les ministères concernés. Donc, on peut déjà se déclarer, là, pleinement fonctionnels.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone :
Alors, si je comprends bien, ce n'est pas un secrétariat, c'est un bureau de
coordination.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Oui, effectivement. Un petit peu à l'image de celui de la lutte à l'homophobie,
c'est une formule qui peut s'apparenter.
On a jonglé avec l'idée d'avoir un secrétariat, pour se rendre compte qu'il y avait
bien peu de différences entre les deux formules, mais on voulait surtout
une entité qui soit capable de faire le travail de coordination entre les différents ministères, parce que les
actions... oui, j'ai un rôle de coordination, mais, dans bien des cas, les
actions elles-mêmes sont posées dans les ministères.
Donc, on a retenu la formule administrative
la plus adaptée pour faire le suivi entre les différents ministères concernés
jusqu'à maintenant. Encore hier, de belles rencontres avec les directions des
corps policiers du Québec, donc, c'est là où ce rôle de coordination là
devient très important pour la suite des choses.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone :
Merci. Sauf qu'on constate que la différence entre un secrétariat puis un
bureau de coordination, c'est très différent au niveau du budget, au niveau
d'employés. Il y a même le secrétariat pour les anglophones des employés. Vous avez évoqué le secrétariat pour la lutte
contre l'homophobie, etc. Il y a des employés... alors est-ce qu'il y a quand même des employés qui sont dédiés au bureau
de coordination puis est-ce qu'il y a un budget alloué à ce bureau de
coordination? Je suis étonnée, j'avais l'impression que c'était vraiment un
secrétariat. Comme secrétariat, nous avons quand même des mesures pour agir,
c'est différent.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
...contredire la collègue, on a repris la même formule, par exemple, que le
Bureau de lutte à l'homophobie. Et, oui, il y a des employés qui sont
totalement dédiés, des fonctionnaires, des professionnels au sein de la fonction publique qui sont entièrement
dédiés à ce bureau de coordination là. Oui, conséquemment, il y a des budgets
pour se permettre de l'opérer. Donc, dans les faits, bureau de coordination
versus secrétariat, il n'y a pas beaucoup, beaucoup de différences.
Nous, ce que l'on
souhaitait, c'était l'agilité nécessaire pour permettre les ministères
concernés, par une mesure en particulier, de se voir coordonnés dans l'ensemble
de l'appareil de la fonction publique. Et les premières semaines laissent
entendre que c'est la bonne formule qui a été retenue. Parce qu'on pourra
peut-être, si vous le souhaitez, parler des actions un petit peu plus tard,
mais, pour chacune des actions, on a déjà des avancées concrètes avec, dans
certains cas, des annonces de confirmées. Donc, le but, c'est de coordonner,
et, jusqu'à maintenant, là, ça semble être la meilleure avenue, là, celle qui a
été retenue.
Mme Maccarone :
Question très rapide : Combien d'employés?
M. Charette :
Actuellement, et à tout moment, là, les collègues peuvent me corriger, il y en
a trois de confirmés, mais, comme je vous disais, il y a des affichages
de postes qui seront complétés dans les prochaines semaines. Donc, c'est une
équipe, là, qui va quand même passablement grandir, là, au cours des prochaines
semaines.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Je vous rappelle, s'il vous plaît, que,
lorsque vous n'avez pas la parole, vous devez garder votre masque en tout
temps. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
• (12 h 10) •
Mme Maccarone : Juste parce que — merci — quand
on parle du secrétariat pour la communauté d'expression anglaise, il y a
quand même 12 employés. Alors, est-ce qu'on vise à engager plus de
personnel pour rejoindre les besoins sur le terrain, des citoyens?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Il faut distinguer les mandats de chacun des secrétariats ou des bureaux de
coordination. Nous, c'est une coordination à l'intérieur des ministères. Donc,
on va... essentiellement, là, on peut penser monter à cinq, six, sept personnes, ultimement, mais le travail se fait dans les
ministères. Donc, les gens qui vont se joindre au bureau de coordination
ont tous leur répondant dans les ministères. Cependant, ces répondants-là ne
sont pas comptabilisés dans les rangs du bureau de coordination, et c'est la
même chose au niveau des cabinets, ma collègue au cabinet a son répondant dans chacun des ministères.
Là aussi, ce ne sont pas des gens qui sont considérés comme étant de notre
cabinet, mais qui sont dédiés à la tâche,
donc le nombre de personnes, il faut faire attention, là, comment on le
calcule.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone :
Ça fait qu'en parlant d'un bureau de coordination, parce que... c'est plus pour
faire la surveillance de vos collègues
qui sont ministres. Et, dans leurs ministères, ça va être la
responsabilité de qui de mettre en
oeuvre les actions, les 25 actions, recommandations soit du groupe
contre le racisme ou votre document Tolérance zéro? Parce que c'est clair, quand on parle d'un bureau
de coordination, vous dites que c'est pour faire la surveillance, alors
le ministre ou le ministère ne serait pas responsable, dans le fond, de ces
actions.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Là aussi je suis peut-être moins d'accord avec la formulation retenue. On n'a
pas un rôle de surveillance, on travaille avec les ministères concernés pour
que ces actions-là puissent être mises en place, mais qui sera ultimement responsable au niveau des recommandations qui concernent les Premières
Nations, les communautés inuites? Clairement, il y a une imputabilité qui
va revenir à notre collègue responsable de ce dossier-là comme ministre.
Pour les autres recommandations, c'est moi, et, si on veut une appréciation globale
de l'évolution de la réalisation du plan d'action, c'est moi.
Donc, on a créé, avec
la responsabilité, une obligation de résultat, une obligation d'imputabilité,
et c'est ce qui nous fait dire, avec fierté, je pense : C'est la première
fois, au Québec, qu'on a un ministre responsable de ce dossier-là, c'est la première fois que, lorsqu'il y a des enjeux
afférents à la lutte au racisme, que l'on sait à qui s'adresser. Donc,
en termes d'imputabilité, je suis la personne imputable, là, de la mise en place
de ce plan d'action là.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone :
La mise en place du plan d'action, mais sans aucune autorité sur les autres
ministères, parce que, si on a des actions qu'on veut mettre vers l'avant dans
le ministère de l'Éducation, de l'Immigration ou Sécurité publique, dans le
fond, c'est les autres ministères qui sont responsables. Alors, j'ai
l'impression que c'est un bureau de
coordination avec des... qui va gérer les responsabilités des autres, alors il
n'y a aucune autorité à l'intérieur du bureau de coordination.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette : Là aussi, malheureusement, je ne suis pas
d'accord avec l'affirmation de la collègue. Au moment même où ma nomination
était confirmée, le premier ministre a été très clair, ce n'est pas un
«pick-and-choose», là, on a 25 actions, et les 25 devront être
mises en place. Donc, ce n'est pas dans l'optique d'en réaliser quelques-unes
sur les 25, les 25 doivent être réalisées. Donc, moi, j'ai l'imputabilité, j'ai
le mandat de coordonner, j'ai le mandat de m'assurer que tout avance, mais ce
message-là, qu'a prononcé et qu'a envoyé le premier ministre, tous les
collègues ministres l'ont entendu.
Donc, on a
trois actions, par exemple, qui touchent la Sécurité publique, je les
travaille avec la vice-première ministre, ministre responsable, mais elle sait
tout comme moi qu'on doit livrer ces trois actions-là, comme celles qui concernent l'éducation devront toutes être
réalisées. Donc, ce n'est pas de la surveillance, ce n'est pas... c'est un
travail, c'est un engagement du gouvernement.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Ça fait que, si on parle du plan d'action, est-ce
que le ministre s'engage à déposer l'échéancier par rapport à toutes les
actions, d'abord, qu'on puisse tous le voir?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Charette :
Oui. Bien, en fait, et c'est ce que l'on répète à tous les groupes que l'on
rencontre, et je ne les compte plus, mais on excède les 50 rencontres, là,
en quelques semaines, et là, c'est autant organismes, associations, collègues ministres, ministères, cabinet, enfin,
on excède assurément le 50... et c'est ce qu'on se dit à chacune des
fois : On veut être en mesure de présenter l'avancée de ces
mesures-là.
Dans certains cas,
des actions pourront se faire très rapidement, dans d'autres cas, lorsqu'on
parle, par exemple, de modifier le cursus scolaire, modifier des cours, que ce
soit au primaire, au secondaire, naturellement, il y a une formation des maîtres, il y a une implantation qui ne peut pas
se faire du jour au lendemain, mais, pour chacune des actions, on veut,
dans les prochaines semaines, pouvoir dire où on en est.
Et déjà, je vous
confirme que, pour les 24 actions, parce que la première a été réalisée
avec ma nomination... je peux vous dire
qu'on progresse très bien dans chacune de ces 24 actions là. Et elle est
nécessaire, cette reddition de comptes
là, pour que les gens puissent se convaincre que l'on avance, parce que le
dossier, là, est d'une grande importance.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Maccarone :
Sauf qu'on n'a toujours pas d'échéancier. J'entends le ministre, puis, avec beaucoup
de respect, on attend à avoir... on n'a pas d'indicateur, on n'a pas
d'échéancier, on ne sait pas comment ça va s'établir sur le terrain, comment qu'on
va mesurer le succès. Alors, c'est quelque chose qui est manquant.
Puis, si je veux
aller juste un petit peu plus loin, quand on parle du budget, le budget qui a
été déposé, la seule mention pour le
racisme, c'était le 25 millions pour Sécurité publique. Alors, je pense que les gens sur le terrain, ils pensent qu'il y a un manque de
sérieux à l'intérieur de la façon que le plan d'action sera mis en valeur.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette : C'est facile, malheureusement, là, de
corriger les propos de la collègue. Au
niveau des échéanciers, on
s'est engagé, là, vraisemblablement avant la fin de la session, de démontrer,
sur les 24 actions, là où on en est pour chacune
d'entre elles. Naturellement, on ne peut pas le faire à chaque 24 heures.
À chaque jour, on a des rencontres sur
cet échéancier-là, mais on va pouvoir très aisément démontrer que l'on avance
pour chacune des recommandations.
Au niveau
du budget, là aussi, j'invite la collègue à la prudence. Dans le budget, on a essentiellement 300 millions de dollars pour mettre en place, là, certaines
des mesures du plan d'action, mais, comme je le mentionnais tout à l'heure,
les ministères sont tributaires de la mise en place. Donc, à partir du moment où on a comme action, par exemple, travailler
sur la réforme du cours d'histoire, ce n'est pas une mesure qui nécessite des
crédits avec la mention «lutte au racisme», mais c'est une mesure qui fait
partie du plan d'action et qui va illustrer à quel point le Québec est
diversifié et comment, justement, dès les cours primaires et secondaires, on
doit faire état de cette diversité-là, mais ça ne nécessite pas des crédits
pour autant.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone :
Le ministre me demande de faire attention à mes propos. Je veux être très, très
claire : Quelles sont les cibles? Est-ce que le ministre s'engage à
déposer les cibles, les indicateurs, pour que ça soit précis, pour savoir
comment qu'on va mesurer le succès? Les cibles, point : Oui ou non?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette : En fait, je
pense que ça a été dit à plusieurs
reprises, le peux le répéter volontiers, les 24 actions doivent être 100 % réalisées. C'est ça, la cible. Pour chacune des actions, on ne
veut pas se contenter de demi-mesures. Dans certains cas, il y a des
actions qu'on pourra très rapidement dire : C'est coché, c'est fait. La
nomination d'un ministre responsable, c'est coché, c'est réalisé à 100 %,
mais, dans les autres cas, c'est des mesures qui vont avoir des sous-mesures,
donc on pourra dire : On a avancé, on a réalisé tel, tel, tel élément de
cette mesure-là, mais il nous reste tel, tel
élément à couvrir. Mais au final c'est mentionné : d'ici cinq ans,
100 % des mesures devront être réalisées, mais, encore là, avec des
mesures qui bien, bien rapidement, pourront progresser, là, de façon significative.
Mme Maccarone :
C'est d'ici cinq ans, et non d'ici la fin du mandat.
M. Charette :
En fait, il y a des mesures qui sont plus longues. Hier, on était avec les
directions des corps policiers, il y a beaucoup d'attentes par rapport à la
sécurité publique, par rapport au travail policier, on parle de formation des
étudiants. Déjà, il y a une annonce qui a été faite par notre collègue à
l'Enseignement supérieur : la formation des futurs policiers, policières a
été bonifiée. Ça, c'est l'intention qui est manifestée, mais naturellement il
faut laisser le temps d'implanter la mesure.
Donc,
on aura avancé dans l'ensemble des mesures, mais elles ne seront pas 100 %
réalisées en 2022 — 2022,
c'est à peine dans un an, moins d'un an, en fait — mais totalement
réalisées, d'ici cinq ans, et, en très grande partie, avancées, là, dès les
prochains mois.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Il vous reste 1 min 14 s, pour le
premier bloc. Mme la députée.
Mme Maccarone :
Oh mon Dieu! Ça va vite. Est-ce que, bon... Bien, je vais dire que ça va être
très difficile de mettre en oeuvre les cibles puis les actions sans budget. Ce
qu'on a constaté avec le dépôt du budget, c'est qu'il n'y a vraiment rien à l'intérieur du budget pour venir en aide aux
groupes qui demandent d'avoir des subventions pour les actions contre le
racisme et la discrimination.
Si on fait notre lecture, on a les
25 millions qui sont consacrés à la réforme sur la police, on a... Le
ministre a dit qu'on a 241 millions
pour l'intégration des immigrants et l'emploi, sauf qu'on doit dire qu'il y a
des difficultés avec ces montants, parce que comment ce montant en
immigration va aider les personnes racisées de deuxième, troisième génération,
qui font partie des enfants de la loi 101, qui parlent le français, ils
sont même francophones? Combien? On n'a rien vu dans le budget par rapport au
groupe d'action, pour l'éducation, pour la CDPDJ, pour le ministère de
l'Emploi, Travail, Solidarité sociale. Alors, il y a des demandes.
• (12 h 20) •
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci infiniment. Je cède maintenant la
parole au député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Chers collègues.
Donc, vous avez une tâche assez considérable à
faire. Vous avez un plan d'action, vous avez une feuille de route, là. Écoutez, je vais aller directement avec
quelques éléments qui me paraissent plus atteignables dans l'immédiat, là.
On en parle beaucoup, de ce temps-ci, là, il y a une crise du logement, là. Il
y a une action, là, qui est prévue dans le plan
d'action du Groupe d'action contre le racisme : améliorer les conditions
de logement des autochtones, là. Et donc le groupe d'action a été... le rapport du groupe d'action a été publié
avant la publication de l'annonce du budget. Il y avait là une
chance, là, d'annoncer concrètement du logement pour les populations autochtones
hors réserve. Il n'y en a eu que 500,
nouveaux logements qui ont été annoncés, là. Combien, parmi ces 500 logements,
là, sont dédiés aux populations autochtones hors réserve?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : Je vais vous
inviter, que ce soit vous ou votre collègue, à adresser la question ultimement
à soit mon collègue responsable des Affaires autochtones, sinon, à ma collègue
responsable de l'Habitation. Mais c'est un
bel exemple, vous parlez du dépôt du plan d'action, en décembre dernier, et du
budget qui, lui, a été déposé en mars, mais,
si on regarde ce qui a été déposé dans la mise à jour économique, si on regarde
ce qui a été présenté à l'automne, tout le concept de sécurisation
culturelle pour les autochtones, on parle de dizaines de millions de dollars
qui ne sont pas non plus inclus dans le
budget qui a été présenté en mars dernier. Donc, il faut faire attention
comment le calcul se fait.
Mais, pour le volet, en termes de nombre
d'appartements et de logements, je vous inviterais à la poser, la question, à ma collègue aux Affaires municipales
et responsable de l'Habitation et à mon collègue ministre responsable
des Affaires autochtones. Comme je le mentionnais tout à l'heure, moi, j'ai un
rôle de coordination d'ensemble, mais les actions qui vont toucher les
autochtones, les Premières Nations, les communautés inuites, ça demeure le
ministre responsable du dossier, là, qui pourra assurer le suivi et répondre
avec plus d'acuité, là, à ce type de question là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Fontecilla :
Je peux rassurer M. le ministre, sûrement, que je vais poser la question à la
ministre de l'Habitation, là, mais donc vous n'êtes pas en mesure de me
dire. Malgré l'annonce de l'amélioration des conditions de logement des
autochtones, vous n'êtes pas en mesure de nous dire combien de logements ont
été prévus dans le dernier budget pour les populations des autochtones hors
réserve. Mais, au moins, pourriez-vous nous dire si... quel suivi entendez-vous
faire sur cette question-là, puisque ça figure sur la feuille de route dont
vous êtes responsable?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : Merci de la
question. Ça me permet de rappeler un petit peu ce que je mentionnais tout à l'heure : un rôle de coordination qui me
revient, mais il faut que la démarche soit bien saisie de la population et des
groupes concernés. C'est la raison
pour laquelle on veut faire une reddition de comptes, là, régulière. On regarde
actuellement comment la présenter, tableau de bord, site Internet. Bref,
il y a différentes idées qui nous viennent en tête.
Mais, prochainement, à cette question-là, le
public en général pourra savoir où on est rendu pour couvrir justement la
réalisation de l'action. Au fil des années, il y a malheureusement eu de très
nombreuses études, que ce soit la question du logement chez les autochtones,
que ce soit la lutte au racisme en
général, des études et des recommandations, on en a malheureusement beaucoup qui se sont accumulées au fil de temps, mais jamais
on n'avait de personne responsable et imputable de la mise en place de
ces mesures-là.
Et c'est là
qu'on a innové et changé, avec la confirmation de la nomination,
là, de mon collègue de Sainte-Rose et moi, pour que, dorénavant, chacune des
recommandations, actions puisse, auprès des groupes concernés, évoluer,
et que ces groupes-là se convainquent que le
gouvernement est en marche et qu'on ne veut pas laisser ces
situations-là perdurer.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Fontecilla : Je vous avoue que j'ai de la difficulté
à comprendre certains termes. Vous parlez d'imputabilité qui vous revient, et, en même temps, je vous pose
une question précise, et vous la renvoyez à quelqu'un d'autre, à un autre ministre, là. Elle est où, l'imputabilité, là-dedans?
Mais ce n'est pas principalement ma question, c'est surtout : Est-ce que
vous entendez coordonner — parce
que c'est le terme que vous utilisez — coordonner avec la ministre
de l'Habitation la mise en place d'un programme
de construction de logements pour les populations autochtones
hors réserve?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : En fait, je vais quand
même répondre au premier volet, là, de la question du collègue, elle est où, l'imputabilité? C'est dans la livraison du plan d'action. Donc, dans quelques semaines, dans quelques mois, si une action, par
exemple, n'évoluait pas suffisamment rapidement, je serai celui, avec l'équipe qui m'entoure, qui
interpellera le collègue ou le ministère concerné, mais la réalisation
des actions se vit dans les ministères.
Donc, moi,
dans quelques mois, lorsqu'on fera un premier bilan, je serai avec mes
collègues, celui qui le présentera, mais chaque ministère a une responsabilité.
Et ça vient expliquer la répartition des budgets, ça vient expliquer la répartition des effectifs, ça vient expliquer les
rôles de chacun dans les différents cabinets, mais, comme je le mentionnais à
notre collègue de l'opposition officielle, le mandat que j'ai eu du premier
ministre, ce n'est pas de piger dans les recommandations,
dans les actions du plan d'action, c'est de toutes les réaliser. Donc, je vais
m'assurer, avec les collègues concernés, là, que l'on progresse
rondement et de façon affirmée pour chacune des actions en question.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Fontecilla : Et ma préoccupation
principale : allez-vous coordonner avec la ministre de l'Habitation un programme
de construction de logement social pour les populations autochtones?
Comment vous allez livrer, là, cette attente-là?
M. Charette : En fait, pour ce
qui est de l'échéancier, comme je vous mentionnais, je ne suis pas en mesure de le livrer, mais, pour chacune des actions...
là, je pense, vous faites référence davantage, là, à l'action 25, notamment,
pour les résidences autochtones, pour les étudiants autochtones, donc, oui, on
devra progresser et livrer pour cette action-là aussi.
La responsabilité première va être répartie
entre le MAMH et le SAA, pour ce qui est de la préparation, pour ce qui est de
la mise en place du programme. Et moi, je devrai m'assurer que ce programme-là
ou que ces mesures-là voient le jour dans l'échéancier, là, que l'on s'est
donné.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Fontecilla : Vous avez... Il
y a eu une annonce de 5 millions pour réformer le modèle policier. C'est
très ambitieux, 5 millions, seulement 5 millions pour réformer le
modèle policier. Il y a deux annonces qui ont été faites, donc, d'ajout d'enveloppe de 45 heures,
là. Un bloc qui existe déjà, de formation pour les policiers, concernant la question de l'intervention auprès des communautés
culturelles, ethniques, autochtones, et la mise en place de quatre projets pilotes
de caméras corporelles, qui porte évidemment sur la grande question du profilage racial. Tout d'abord, j'aimerais savoir si ces 5 millions alloués correspondent seulement
à ces deux items-là ou il y a d'autres éléments, là, compris dans le 5 millions.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre. En vous rappelant qu'il reste 1 min 40 s.
M. Charette : Je suis content,
là, de l'énumération, là, du collègue, parce que, vous voyez, en quelques
semaines à peine, là, il y a quand même plusieurs mesures qui ont avancé à ce
niveau-là. Le 5 millions ne couvre pas tout
ça. La Sûreté du Québec, avec l'annonce faite avant-hier, a des budgets
pour réaliser son projet pilote. Au
niveau des patrouilles mixtes, il y a un budget. Bref, le
5 millions ne couvre pas tout, mais, déjà, l'énumération faite par le collègue démontre à quel point, en quelques
semaines, on a bougé, sur la formation. C'est un nouveau bloc de 45 heures
qui sera mis en place, les caméras corporelles, les patrouilles mixtes.
Hier, je le mentionnais, on était avec les
principaux directeurs et directrices des corps de police du Québec, et eux ont
clairement le même calendrier et le même agenda que nous, c'est-à-dire livrer
ces actions-là. Donc, c'est un milieu qui est très mobilisé et qui fait partie
de la solution. Certains présentent les policiers comme faisant partie du
problème. Moi, je n'ai pas du tout cette perception-là, ils font partie de la
solution et ils veulent jouer un rôle dans cette
lutte aux préjugés, dans cette lutte au racisme, et ils auront les moyens
nécessaires pour y parvenir. Mais déjà, en quelques semaines, on a fait des avancées majeures, là, par rapport à la
livraison du plan d'action, sur les trois actions qui concernent tout
particulièrement le travail policier.
La Présidente (Mme D'Amours) :
18 secondes, M. le député.
M. Fontecilla : Est-ce que vous
croyez, M. le ministre, que, pour contrer le profilage racial... qu'une
solution technologique peut régler le profilage racial des services policiers
envers les minorités racisées?
La Présidente (Mme D'Amours) : Cinq
secondes.
• (12 h 30) •
M. Charette : On parle de dispositions techniques. Il y
a peut-être les caméras corporelles, on en parle à travers...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
M. Charette :
On y reviendra.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vais maintenant céder la parole à la députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous. Bonjour, M. le
ministre. C'est... Bien, en fait, j'aimerais
revenir un peu sur... Peut-être que vous avez des informations à l'égard des
discussions qui ont mené à ce plan
d'action là, même si vous n'étiez pas nécessairement, là, directement lié à ce moment-là. Parce qu'il
y a quand même des
propositions que nous avons faites, le Parti québécois, à certains de vos collègues,
là. On a été écartés du comité comme tel, mais on a pu quand même proposer quelques
alternatifs que je ne retrouve pas nécessairement, là, dans le plan comme tel.
Alors, je voudrais peut-être vous entendre sur ces propositions-là, là, qui
nous paraissent vraiment importantes pour régler des problèmes, notamment en ce
qui concerne la discrimination à l'embauche, etc.
Donc, vous n'êtes pas
sans savoir, j'imagine, M. le ministre, qu'il y a encore certains employeurs
qui demandent une exigence de première
expérience de travail au Canada qui peut vraiment être un frein, là, pour plusieurs qui se
cherchent un emploi. Alors, est-ce que, pour vous, l'interdiction d'une telle
exigence pourrait s'appliquer comme ça se fait déjà, là, en Ontario?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
Merci pour la question. Comme je le mentionnais tout à l'heure, les
25 actions vont se dédoubler ou vont se diviser en différentes sous-actions.
Donc, pour tout ce qui concerne l'aide à l'emploi, s'assurer qu'on ait une
fonction publique plus représentative, qu'on ait des conseils d'administration
des sociétés d'État plus représentatifs, on a l'idée générale à travers
l'action, mais il y a plusieurs mesures qui vont venir les appuyer. Mon
collègue au Travail a annoncé 5 millions, il y a quelques jours, quelques
jours à peine, sur aider à la reconnaissance des acquis pour faire en sorte
qu'ils n'aient plus à démontrer ce parcours-là réalisé à l'étranger dans
certains cas, et, là aussi, c'est une innovation, c'est un 5 millions qui
a été salué, bien que la couverture médiatique pour ce genre de mesures là
n'est pas toujours extraordinaire, mais, pour les candidats issus de
l'immigration, souvent, ça représente des sommes très, très importantes que de
faire reconnaître leur diplôme. Et là ils auront un budget pour y parvenir.
Mme Perry
Mélançon : Mme la Présidente, ce n'est pas le sujet de la question
exactement, là. Ce qui est... Je comprends, la discrimination à l'embauche,
c'est un sujet assez général, mais j'aimerais savoir si le ministre qui lutte,
là, contre le racisme, qui a cette responsabilité-là, il militerait en faveur
de l'interdiction de l'exigence. Alors, vraiment, qu'est-ce que vous avez...
votre opinion sur le sujet.
Et aussi, bien, je
vais en profiter pour ajouter à ça aussi la question des C.V. anonymes, parce
qu'on sait que plusieurs ne se rendent même pas à l'entretien avec la direction
des ressources humaines parce que le nom fait souvent
que, dans le tri des C.V., on écarte plusieurs personnes de cette façon-là. Donc, c'est très
dommage. Et plusieurs sont d'avis que ça peut réellement
aussi améliorer, là, l'intégration à l'emploi. Alors, peut-être, sur ces deux
sujets-là, nous dire comment, vous, vous...
M. Charette :
Effectivement, les C.V. anonymes, c'est quelque chose qui a été regardé, qui a
été analysé par le groupe d'action. Ce n'est pas une mesure, par contre, qui a
été intégrée comme telle dans le plan d'action parce qu'on peut y voir certains
avantages, mais on peut y voir aussi certains inconvénients. Si l'individu ou
la candidate qui postule ne mentionne pas son nom, mais que l'on voit, par
contre, qu'elle a étudié essentiellement... que ce soit en Afrique, en Europe,
en Asie, donc, sans avoir le nom, on a quand même une idée du profil. Donc, ce
n'est pas une solution, là, qui est gagnante à tout point de vue.
Ce qu'il faut
faire... je ne voulais pas détourner la question en disant ça tout à l'heure,
mais il faut réellement maximiser la
reconnaissance des acquis à l'étranger. Pour faire une différence, il faut, à
travers différents programmes, le PEQ, encourager notamment les
étudiants étrangers à non seulement poursuivre leurs études au Québec, mais
faire en sorte que, par la suite, ils souhaitent s'établir au Québec.
Donc, il y a
plusieurs mesures qui tantôt sont au Travail. Le 5 millions, c'est mon
collègue au Travail qui l'a annoncé, mais, au niveau du MIFI, on parle de
sommes considérables, là, pour appuyer, justement, les candidatures issues de l'immigration. Et sans compter... je ne
veux pas tout accaparer le temps de parole, mais un comité qui a été mis
sur pied par ma collègue, justement,
responsable de l'Immigration qui inclut quelques ministères pour reconnaissance,
oui, des diplômes, mais favoriser, justement, une meilleure représentation dans
la fonction publique et autres. Donc, on veut que le baromètre change, là,
sur...
Mme Perry
Mélançon : Alors, si on veut promouvoir les expériences à l'étranger,
j'imagine qu'on serait d'accord aussi pour interdire qu'un employeur demande
une première exigence au Canada. Ça va de soi.
M. Charette :
En fait, c'est...
Mme Perry Mélançon :
Sommes-nous favorables on non, M. le ministre?
M. Charette : Bien, c'est difficile d'y aller de concepts comme
ça parce que, dans certains cas, il peut y avoir des
facettes favorables et des facettes défavorables aussi. Donc, ce n'est pas uniquement
le principe que l'on veut arrêter, c'est réellement mettre tous les moyens à la
disposition des candidats et candidates pour un emploi, de faire reconnaître
leur potentiel.
Et tout à l'heure on
parlait de budget. Dans les 200 quelques millions confirmés dans le
dernier budget, l'essentiel des mesures vise
à couvrir, justement, ces aspects-là de pleine reconnaissance, là, du potentiel des candidats, là, issus de l'immigration.
Mme Perry
Mélançon : Bien, en fait, comme vous m'amenez sur le sujet de la reconnaissance
des acquis, est-ce que vous pouvez me... nous confirmer combien
d'ententes bilatérales que le gouvernement Legault est en train, finalement, là, de... qui est en processus de renégociation? Ça pourrait peut-être nous amener sur des pistes intéressantes.
M. Charette :
C'est une bonne question. Naturellement, le dossier ou le pays avec lequel ces
ententes-là sont les plus développées, c'est
la France, mais on a aussi, avec d'autres pays européens, africains, commencé
des processus de reconnaissance. Donc, je ne peux pas vous dire le
nombre de pays parce que, dans certains cas, c'est par rapport à un programme
en particulier, dans certains cas, c'est par rapport à une université en
particulier, sinon à un centre de formation. Donc, ce n'est pas tant par pays
que par type de formation, en quelque sorte. Mais, oui, il y a un effort considérable qui est mis à ce niveau-là, et c'est
ma collègue, là, aux Relations internationales, qui porte deux chapeaux, hein,
il ne faut pas l'oublier, donc, elle y travaille autant à travers son chapeau à
l'Immigration qu'à travers son chapeau de ministre responsable des
Relations internationales.
Mais les exemples, notamment
avec France, Maroc, qui ont été établis...
Mme Perry
Mélançon : C'est déjà commencé? Les ententes sont...
M. Charette :
Oui, tout à fait, tout à fait. Ça démontre à quel point c'est prometteur comme
avenue.
Mme Perry
Mélançon : Il me reste encore un peu de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il vous reste 2 min 40 s, Mme la députée.
Mme Perry
Mélançon : O.K. Je
vais aller plus rapidement. Donc, rapidement, M. le ministre, vous avez
parlé des programmes d'embauches des minorités visibles dans les
organismes d'État, qu'on doit faire, vraiment, des efforts considérables pour
améliorer leur intégration, qu'ils soient en plus grand nombre, là, dans nos
sociétés d'État et les organismes. Alors, jusqu'à où on serait prêts à aller
pour que, par exemple, les sociétés d'État atteignent leurs objectifs? Est-ce
qu'on serait prêts à mettre des incitatifs, mais aussi des, tu sais, des bonus,
malus, là, c'est-à-dire qu'il pourrait y avoir des conditions à respecter, là?
M. Charette :
En fait, au cours des dernières semaines, il y a eu des rencontres autant avec
le Conseil du trésor qu'avec le Secrétariat aux emplois supérieurs, et on a
réellement ces objectifs-là en tête. On veut, ultimement, avoir une
représentativité de la population québécoise autant sur nos conseils
d'administration de société d'État que dans la fonction publique. Donc, en
termes de pourcentage, on veut parvenir à des pourcentages équivalents.
Donc, oui, il y a des
stratégies. Le Conseil du trésor, les Emplois supérieurs sont à élaborer un
plan d'action précis à ce niveau-là. Et malheureusement, au fil des ans, la
volonté était là sur papier, mais les résultats tardaient à se confirmer, et c'est là qu'on leur a dit :
Plan d'action, en général, cinq ans, mais, dans ces domaines-là en particulier,
on ne veut pas attendre cinq ans avant d'avoir des résultats tangibles.
Mme Perry
Mélançon : Est-ce qu'on souhaiterait, par exemple, que l'octroi de
bonis aux P.D.G. de sociétés puisse être conditionnel à l'atteinte des
objectifs? Est-ce qu'on peut aller jusque-là?
M. Charette :
Bien, en fait, au niveau des ministères, il y a une certaine latitude. On ne
parle pas forcément de bonis salariaux parce qu'au niveau des ministères il n'y
a pas de bonis salariaux qui sont donnés pour ce genre d'initiative là, pas
plus que pour les autres initiatives, d'ailleurs, mais c'est une...
• (12 h 40) •
Mme Perry
Mélançon : ...d'État, ce matin, la SAAQ, on voyait encore qu'il y
avait des bonis, là, d'octroyés. Alors, on peut parler des sociétés
d'État.
M. Charette :
Oui. En fait, je parlais des ministères comme tels, mais, au niveau des sociétés
d'État, c'est davantage au niveau de leur direction, au niveau de leur conseil
d'administration. Donc, ce n'est pas toujours des gens ou des postes qui sont
rémunérés, mais il faut valoriser ça. Et surtout il faut répéter à chacune des
fois... il y a quelques semaines, on annonçait, à la tête de la SAAQ, une très
belle nomination au niveau de la présidence. L'ancien
chef wendat est là, parce que je veux nommer son nom... les gens soufflent,
mais, avec les masques, je ne vois pas les... bref, Konrad Sioui, voilà.
C'est le nom que je cherchais. J'essayais de lire sur les lèvres...
La Présidente
(Mme D'Amours) : ...M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Je prends la balle au bond. Pendant que nous parlions
de s'assurer qu'on a la représentation des minorités visibles au sein de la
majorité des conseils d'administration, les sociétés d'État, je rappelle au
ministre que c'était dit qu'un projet de modernisation de la Loi de la
gouvernance des sociétés d'État était annoncé dans le plan budgétaire. Alors,
j'aimerais savoir si le ministre s'engage que, lors du dépôt du projet de loi,
qu'on va exiger au moins un membre issu d'une minorité visible qui soit un
représentant au sein de ces sociétés...
M. Charette : En fait, ce sont
des... Le projet de loi en question, qui est piloté par notre collègue au
Trésor, a passablement cheminé, là, depuis le dépôt du projet de loi. Et malheureusement
l'ambition de la collègue, elle est très, très peu élevée. On ne veut pas se
limiter forcément à une seule personne. On en veut minimalement une, mais on
doit avoir, au final, des conseils d'administration qui soient les plus représentatifs
possible. Donc, c'est beaucoup à travers non pas le projet de loi que ce
volet-là est couvert, mais par rapport à la latitude des Emplois supérieurs. Et
la consigne a été très claire, on n'attendra pas cinq ans pour avoir des
résultats à ce niveau-là.
Et déjà, au cours des dernières semaines... et
je m'en veux d'avoir eu un blanc de mémoire pour le nom de Konrad Sioui, mais
ce que j'allais mentionner à la collègue de la troisième opposition, c'est que,
ces gens-là, il ne faudra jamais les présenter comme étant celles et ceux qui
cochent une case, ils y sont, d'abord et avant tout, pour leurs compétences.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
ça, la question. Vraiment, là, je comprends que peut-être je n'ai pas assez...
assez ambitieuse dans la demande, au moins, une personne. Je veux savoir si le
ministre s'engage qu'au sein du dépôt du projet de loi, qu'on aura un minimum
d'une personne. Que ce soit deux, trois, quatre, cinq, tant mieux, c'est
parfait, mais est-ce que le ministre s'engage qu'à l'intérieur du projet de loi,
ça va être exigé qu'on a des membres issus des minorités qui font partie des
conseils d'administration des sociétés d'État?
M. Charette : Il faudrait juste me préciser à quel projet de loi la collègue fait référence, parce que la collègue du Conseil du
trésor...
Mme Maccarone : La
modernisation de la Loi de la gouvernance des sociétés d'État.
M. Charette : Ça, c'est un projet
de loi qui a été adopté ou qui...
Des voix : ...
M. Charette : D'accord. Donc,
je confondais, là. Il y a un projet de loi, actuellement, à travers un omnibus,
là, qui est présenté par le collègue aux Finances. Donc, moi, je peux vous
assurer qu'au niveau législatif on ne veut pas attendre l'adoption d'une loi.
On veut que la consigne soit donnée, elle a déjà été donnée, d'atteindre des
cibles plus élevées.
Et c'est là où je faisais référence à la
collègue du Conseil du trésor, à travers un projet de loi qui a été adopté, là, il y a quelques jours à peine, où là on veut,
pas tant dans le projet de loi mais que... dans la réglementation puis dans
le cadre qui va en découler, arriver avec un plan d'action, et des cibles
représentatives, et pas dans cinq ans. C'est là où je disais qu'on n'a pas
de raison d'attendre cinq ans avant d'avoir des résultats clairs, là, sur
ces objectifs-là.
Mme Maccarone : Ça fait que,
moi, ce que j'entends, c'est un refus de l'inscrire à l'intérieur de la loi.
M. Charette : Non. Bien, en
fait, je connais l'opposition officielle dans ses tactiques. Ce n'est pas...
Mme Maccarone : Aucune
tactique, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
s'adresse à la présidence. La parole est au ministre.
M. Charette : Oui. Ne me faites
pas dire que c'est un refus, je dis que l'avenue qui est proposée n'est pas la plus efficace pour autant. À partir du moment où
on peut bouger avant l'adoption d'un projet de loi, à partir du moment
où le Conseil du trésor travaille à l'élaboration d'un plan d'action qui va
être mis en place avant même l'adoption d'une loi et de la réglementation qui
va en découler, je dis juste qu'on n'attend pas une loi pour avoir des
résultats concrets, là, à ce niveau-là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je ne demande pas au ministre d'attendre, là. Je
pense que, oui, c'est important d'agir rapidement. C'est juste
qu'évidemment on attend à avoir des actions concrètes, comme si...
Mettons, on va parler un peu de cibler les
données par rapport à la COVID et les communautés minoritaires qui... minorités
visibles qui ont été visées, en particulier. On sait qu'on a des données qui
démontrent que la pandémie de COVID a affecté disproportionnellement les
personnes qui font face à des obstacles à avoir accès aux soins santé, sociaux,
tels des facteurs... dû aux facteurs, mettons, de la pauvreté, l'exclusion
économique, racisme systémique, évidemment. Alors, je
suis persuadée que le ministre doit être préoccupé par ceci. Alors... Puis on a
entendu le CDPDJ qui a dit que ça va être important de cibler ces données.
Alors, ce que je veux savoir, c'est : Est-ce
que le ministre va s'engager en ce sens, d'avoir ces données? Comme ça, nous pouvons attaquer le problème puis
venir en aide à ces communautés qui sont particulièrement visées.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : Juste compléter
la réponse précédente, là. Lorsqu'il y a un projet de loi, ou lorsqu'il y a une
loi qui est déposée ou qui est présentée,
elle peut déjà prévoir une politique, et cette politique-là
nous permet déjà d'établir cette volonté avec des objectifs précis. Et c'est là où j'insiste : ce n'est
pas un refus de ma part, je ne voudrais que l'opposition officielle
conclue ou laisse entendre qu'il y a un refus de ma part, je dis que c'est la
politique que l'on travaille actuellement et qui va permettre d'atteindre ces
objectifs-là.
Pour le deuxième volet ou la deuxième question,
oui, on se rend compte que les quartiers plus défavorisés sont davantage
vulnérables face à la COVID, mais ces quartiers défavorisés là n'ont pas une
composition qui est forcément homogène.
Donc, l'avenue qui a été retenue par la Santé publique, à travers tous les
experts qui s'y trouvent, c'est de cibler non pas les gens issus d'une
minorité en particulier, mais des quartiers qui sont plus vulnérables pour que
ces quartiers-là puissent être appuyés de façon particulière.
Un exemple bien précis, ça a été médiatisé,
d'ailleurs, dans le nord-est de la ville de Montréal, ces derniers jours, on a
fait plusieurs campagnes dans plusieurs langues avec des haut-parleurs mobiles
pour cibler les différentes communautés. Mais on ne commencera pas à cibler,
par exemple, est-ce que la personne est d'origine...
Mme Maccarone : ...question.
La
Présidente (Mme D'Amours) : M. le ministre. Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Ce n'est pas la
question, avec beaucoup de respect. C'est... On demande de colliger les
données. C'est ça, la question. Est-ce que le ministre a fait des démarches
pour colliger les données ou est-ce qu'il s'engager à en faire?
M. Charette : J'y répondais.
Nous, on s'engage à cibler les populations qui sont les plus vulnérables, et
les données existent déjà. Cependant, ce ne sont pas des données sur, par
exemple, la couleur de la peau, ou l'origine ethnique, ou autre, c'est par
rapport à des quartiers qui sont plus vulnérables.
Et, lorsqu'on
identifie un secteur qui est plus vulnérable, ça ne veut pas dire que la
population y est homogène. C'est là où il faut multiplier les approches
avec des systèmes d'interprétation, que ce soit en créole, que ce soit en
arabe, que ce soit dans différentes langues. Donc, il faut cibler l'approche
par rapport à la vulnérabilité d'un secteur. Mais, là aussi, c'est un piège de
dire : Il faut faire une approche uniquement pour que ce soient les Noirs,
que ce soit uniquement pour les personnes d'origine latine, que ce soit
uniquement... Donc, on cible davantage les quartiers, là, qui sont vulnérables.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Aucun piège,
Mme la Présidente. C'est vraiment... En anglais, on dit «if I
can measure it, I can manage it». Alors, d'où l'importance d'avoir les
données ciblées, d'où l'importance d'avoir les données qui sont colligées pour
être en mesure de venir en aide et de savoir c'est quoi, les vraies
problématiques dont les communautés font face pour établir est-ce qu'il faut
changer un peu le plan d'action ou les mesures qui seront mises vers l'avant.
C'est ça qui est très important puis c'est ça qui a été demandé par le CDPDJ.
Je ne sais pas si le ministre a lu la lettre qui
a été envoyée par le CDPDJ, qui a été envoyée le 4 juin 2020 à la ministre, à
cette époque, de la Santé et Services sociaux. Ils demandent spécifiquement la
collecte de données désagrégées visant à lutter contre les impacts discriminatoires.
Alors, c'est pour ça que je veux savoir si le ministre a pris des actions à cet
égard, concrètement, qu'est-ce qui a été fait, pas : Je sais qu'est-ce qui
se passe. Qu'est-ce que le ministre a fait à cet égard?
M. Charette : ...déjà vous
mentionner qu'il y a une rencontre avec les gens la Commission des droits de la
personne, un échange qui a été d'ailleurs très, très constructif, des échanges,
oui, avec les collègues de la Santé. Et ce qu'on nous dit du côté du ministère
de la Santé et des Services sociaux, la meilleure approche, c'est de viser les
secteurs qui sont reconnus comme étant plus vulnérables. Donc, ce n'est pas en
lien avec une couleur de peau, ce n'est pas en lien avec une origine,
forcément, mais ce sont des secteurs qui sont plus vulnérables. Et, si on se...
si on devait réaliser que ce secteur-là comporte, par exemple, beaucoup de gens
d'origine haïtienne, c'est là où on va offrir les services en créole. Si on
constate... Donc, c'est identifier les poches de vulnérabilité et s'adapter en
conséquence, ce que la Santé publique fait de façon admirable.
Et c'est là où je vous donnais l'exemple, là,
qui s'est vécu, il y a quelques jours à peine, avec des approches très, très ciblées par rapport aux communautés
présentes dans ce secteur-là pour s'assurer qu'elles aient l'information
par rapport au mérite de la vaccination et les encourager à se faire vacciner.
• (12 h 50) •
Mme Maccarone :
C'est qu'évidemment... Merci, Mme la Présidente. Évidemment, le CDPDJ, eux-mêmes,
ils ont dit qu'ils sont insatisfaits de la
collecte de données déjà faite par Santé publique. C'est pour ça qu'ils
demandent d'aller plus loin. Puis,
honnêtement, je trouve très dommage de voir qu'on ne reconnaît même pas les
besoins de colliger les données
nécessaires. J'entends tout ce que le ministre, il dit, puis, avec beaucoup de
respect, c'était ça, la question. Oui,
est-ce qu'on va colliger? Non, on ne va pas rejoindre les demandes de la CDPDJ.
Parce que, sinon, c'est clair, c'est un refus d'aller vers l'avant avec
la demande qui a été faite pour venir en aide à ces communautés qui sont
ciblées.
Alors, on va peut-être changer de sujet parce
qu'il me reste très peu de temps.
M. Charette : ...est trop
forte, vous allez me permettre de répondre. On ne refuse pas...
Mme Maccarone : Mais, Mme la
Présidente, c'est moi qui a la parole.
La
Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! C'est moi qui donne la parole, puis, à l'avenir,
j'aimerais que, tous les deux, vous vous adressiez à la présidence, s'il vous
plaît. Alors, on va laisser terminer
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, et vous aurez le loisir, M. le
ministre, de répondre après. Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. La question que je voulais poser par la suite, c'est... je veux
revenir un peu à qu'est-ce qui est arrivé, le racisme systémique à l'Hôpital
Saint-Eustache. Lors de la période des questions,
on a posé des questions. Et on sait, encore une fois, la CDPDJ, eux, ils ont
agi. Puis le ministre a dit : Bien là, on attend une enquête.
Est-ce qu'on a le résultat de cette enquête?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : D'abord, répondre
à l'affirmation de la collègue, là, qui disait qu'on refusait de s'adapter par
rapport à une communication qui date de presque un an de la Commission des
droits de la personne, et c'est là où j'invite la collègue à la prudence. Les
dossiers évoluent. On parle d'une communication qui a maintenant près d'une
année. Il y a beaucoup, beaucoup de mises à jour qui ont été faites par la
Santé publique, avec des approches très ciblées depuis cette communication-là.
Donc, conclure que l'on ne donne pas suite à une recommandation de la
Commission des droits de la personne, ce sont des raccourcis, là, qui sont
certainement questionnables.
Pour ce qui est de ce qui s'est produit à
l'Hôpital de Saint-Eustache, là aussi, malheureusement, la collègue a sauté un
petit peu rapidement au niveau des conclusions. J'ai, à l'instant où la
nouvelle a été publiée, j'ai condamné le geste. À la période de questions qui a
suivi, j'ai dit à la collègue : Attendons d'avoir tous les faits en cause.
Moi, j'ai pris soin de prendre contact par la suite et à quelques occasions à
l'hôpital, je ne sais pas si la collègue l'a fait de son côté, mais, oui, il y a eu une enquête, oui, il y a eu une
conclusion à cette enquête-là et, oui, il y a eu des sanctions de
faites. Mais, a priori, la conclusion de l'enquête, c'est que c'était
discriminatoire comme exigence, mais ce n'était pas du tout un geste à connotation raciste, c'était une exigence
clinique. D'ailleurs, il y a plusieurs médecins spécialistes qui ont pu
expliquer le contexte depuis. Mais, malgré tout, le geste était condamnable. Il
n'était pas fait de la bonne façon, et la personne a été sanctionnée en bonne
et due forme, là, par le CISSS des Laurentides.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste pour
revenir, la CDPDJ, ils ont passé en Commission des institutions hier, puis on leur a posé la même question, puis eux, ils
s'attendent qu'il y a des chiffres qui vont être ciblés. Ça fait que je ne comprends
pas la réponse du ministre. Ils demandent toujours de colliger les données.
Mais pour revenir à la malheureuse situation du
racisme systémique à l'Hôpital de Saint-Eustache, avec beaucoup de respect, un
peu de sérieux, Mme la Présidente. Quand on dit qu'on veut engager uniquement
une femme blanche seulement, doit être une femme blanche, devrait avoir la peau
blanche, des sanctions, oui, mais il faut aussi
reconnaître que c'est quand même du racisme systémique. Il y a 10 messages. Ça
a été signé par quatre employés différents,
puis avec beaucoup d'empathie que j'ai pour le patient qui avait peut-être des besoins qu'il avait manifesté. On sait
qu'aujourd'hui, ce n'est pas cette personne qui devrait prendre la décision.
C'était passé par plusieurs autres personnes qui ont pris des décisions pour
dire que c'était O.K. de faire la publication d'une telle annonce pour
embaucher un employé. C'est du racisme systémique parce que c'était partout,
c'est plusieurs personnes.
Alors, je trouve ça étonnant que, même un mois
plus tard, le ministre ne reconnaît toujours pas que c'est du racisme
systémique à l'intérieur d'un réseau public de la santé.
M. Charette : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Charette : Déjà, on ne
reconnaît pas le concept de racisme systémique et on ne fera pas le débat. Et,
si la collègue veut le faire, je vais le faire volontiers, et je ne pense pas
que ça soit, au final, à son avantage.
Mais, dans le cas de l'Hôpital de Saint-Eustache,
il y avait des besoins cliniques. On parle d'une personne qui était désinhibée,
qui avait de forts problèmes cognitifs. Je ne sais pas si elle a parlé à la
famille, ce que j'ai pu faire de mon côté, famille qui se retrouvait extrêmement
désolée par les comportements de l'homme en question, mais
on ne pouvait pas le tenir responsable, il n'a même pas conscience de sa propre
existence, d'où des précautions cliniques. Mais là où l'hôpital et le personnel
a manqué, c'est de faire en sorte qu'au sein même du personnel présent on
puisse faire les appariements nécessaires.
Je ne sais pas si la collègue
a déjà travaillé en milieu hospitalier. Je l'ai fait pendant la première vague,
notamment, et j'avais le souvenir d'une dame qui, elle, c'était une question linguistique.
Elle était aussi en perte cognitive, et l'exigence, c'était que l'on trouve
uniquement des gens qui puissent...
Mme Maccarone :
...
M. Charette :
La collègue a pris le temps de parler, je veux prendre le temps à mon tour d'y
répondre. Mais il faut comprendre un contexte clinique. Mais le geste a été
condamné et le geste a été puni parce que l'hôpital n'a pas retenu la bonne
approche. Et il y a une formation qui a été donnée ensuite par le personnel
pour s'assurer que ça ne se reproduise plus.
Mais, oui, il y a des
contraintes cliniques, souvent pour la protection même du personnel qui se
retrouve sur les étages des hôpitaux.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Mais le ministre démontre qu'il ne comprend pas du tout l'enjeu. Je ne parle
pas de la langue, je parle de la base de race, la discrimination basée sur la
race. Ça s'appelle du racisme, puis c'est ça qui est arrivé à l'hôpital, c'est
ça, l'enjeu. Comme j'ai dit, ça n'a pas rapport avec le patient, ça a rapport
avec les actions des employés. C'est ça, l'enjeu.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
La conclusion de la collègue est très, très forte. Trois questions à son
endroit : Est-ce qu'elle a communiqué avec les gens du CISSS pour savoir
ce qui s'est passé?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée de Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Avec beaucoup de respect, M. le ministre, c'est vos crédits, ce n'est pas les
miens. C'est vos actions qui comptent, pas les miennes. C'est vous qui êtes responsable,
et pas moi.
M. Charette :
Enfin, si elle l'avait fait, elle l'aurait dit avec grand plaisir, et c'est ça,
le danger de sauter aux conclusions
lorsqu'on ne détient pas toutes les informations nécessaires. Et moi, dès la
première période de questions, la question m'a été présentée. J'ai
invité la collègue à la plus grande prudence tout en disant clairement que
j'avais eu un haut-le-coeur, littéralement,
en lisant la nouvelle, que le geste était condamnable. Mais manifestement le
contexte, elle ne le connaît pas,
elle n'a pas pris la peine de communiquer avec l'établissement pour voir ce
qu'il entendait faire, elle n'a pas lu le rapport qui en a découlé, et
manifestement elle n'a pas été informée non plus de la sanction très, très
sévère qui a été imposée à la personne en faute. Donc, attention à ne pas
sauter aux conclusions lorsqu'on n'a pas toutes les informations.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Une conclusion dont je peux faire faire preuve, Mme la Présidente, c'est
que c'est la responsabilité toujours des autres et ce n'est pas la responsabilité
du ministre.
Alors, on va parler
des actions concrètes qu'attend la communauté, par exemple, le racisme
asiatique, parce qu'on sait qu'il y a quand
même beaucoup de personnes issues de la communauté asiatique qui sont
harcelées, qui sont ciblées par les insultes. Alors, que compte faire le
ministre pour venir en aide? Quelles actions, concrètement, est-ce que le ministre va mettre en place pour venir en
aide à cette communauté qui est particulièrement visée lors de la pandémie?
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
M. Charette :
...à l'écoute, les accompagner dans leurs démarches. C'était d'ailleurs une
manifestation à leurs côtés. Je n'ai pas vu la collègue à ce moment-là.
D'ailleurs, je pense que son parti n'était pas du tout représenté. Donc, il
faut d'abord les écouter, il faut d'abord les orienter vers les bons services,
il faut sensibiliser les forces policières. Et ce sont toutes des démarches que
nous avons faites.
Et d'ailleurs, encore
récemment, il y a deux semaines, je pense, une dame a été dans le métro de
Montréal, d'origine asiatique, prise à partie par des propos certainement
racistes, dégradants, condamnables. Le service de police de Montréal a donné
suite. On a fait un appel à tous pour identifier la personne responsable de ça,
parce que c'est une personne qui avait été filmée de surcroît, et la personne a
été arrêtée par la suite. Donc, il faut s'assurer que les gestes soient
condamnés et que les communautés aient les outils à leur disposition.
• (13 heures) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Mme la députée de Saint-Louis... Westmount—Saint-Louis,
pour 40 secondes.
Mme Maccarone :
Merci. Je ne demande pas au ministre de faire des manifestations, je demande
des actions concrètes. Ce n'est pas en participant à des manifestations
qu'on va agir à faire des changements ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, on a des propositions qui sont concrètes.
On peut identifier et coordonner avec des différents paliers de sécurité
publique. On peut mettre en place les pistes de prévention et lutter contre ces
actes racistes. On peut créer une unité dédiée à la lutte contre le racisme
envers les Québécois d'origine asiatique. On peut s'engager à collecter les
données et les rapports d'incidents racistes envers les Québécois d'origine
asiatique.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
Mme Maccarone :
Il y a plein d'actions qu'on peut faire. Je n'entends aucune action concrète.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 29 avril 2021, à 14
heures, où elle entreprendra l'étude du volet Jeunesse des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif. Merci à tous.
(Fin de la séance à 13 h 01)