(Onze heures neuf minutes)
Le
Président (M. Picard) : À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Famille des crédits budgétaires
du portefeuille Famille pour
l'exercice financier 2018‑2019.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Plante (Maskinongé); Mme Sauvé
(Fabre) est remplacée par M. Morin (Côte-du-Sud); Mme Fournier
(Marie-Victorin) est remplacée par M. Turcotte (Saint-Jean).
Famille
Discussion générale (suite)
Le
Président (M. Picard) : Merci. Jusqu'à maintenant, nous
avons effectué trois des cinq heures allouées pour l'étude de ces crédits. Je vous rappelle qu'il a
été convenu de procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'environ 20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix
de ces crédits sera effectuée ce midi.
Puisque nous
avons débuté avec quelques minutes de retard, j'aurais besoin d'un consentement
pour qu'on puisse terminer à 13 h 5, parce qu'il y a eu des
discussions. Consentement?
Une voix : Consentement.
Le
Président (M. Picard) : Consentement. Je suis maintenant
prêt à reconnaître le premier intervenant, M. le député de Gouin,
pour une intervention de 15 minutes. La parole est à vous, M. le député.
• (11 h 10) •
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Salutations
au ministre, à son équipe, aux collègues parlementaires
qui sont également avec nous cet avant-midi.
Je vais aller
droit au but. Je n'ai pas énormément de temps, mais j'aimerais commencer par parler
d'une promesse électorale qui a été
faite par le Parti libéral du Québec, en 2014, qui promettait l'indexation des
frais de garde. C'était la promesse.
Et, comme ça arrive malheureusement trop souvent dans notre démocratie, une
fois au pouvoir, ce n'est pas ça qui s'est produit. La promesse a été
rompue.
Et, en fait,
si déjà c'était, à notre avis, une promesse qui n'était pas intéressante, celle
d'indexer les frais de garde, ça a
été pire, la décision qui a été prise. La décision a été de moduler les frais
de garde en fonction des revenus. C'était une attaque frontale au principe de l'universalité des services publics,
un principe qui est au coeur de ce qu'on appelle le modèle québécois.
À chaque fois
que j'ai l'occasion de le faire, j'en profite pour le faire, dire que c'est, à
notre avis, une des pires sinon la
pire décision du gouvernement actuel, parce qu'elle a eu non seulement un
impact monétaire sur beaucoup de familles, mais elle a eu, plus encore, un impact symbolique. Parce qu'en
s'attaquant de front comme ça, en mettant fin au principe d'universalité, on venait vraiment s'attaquer à
l'esprit même du modèle québécois. C'est d'autant plus dommage comme
décision que le modèle des CPE est salué, a été salué partout à travers le
monde comme un modèle de réussite.
Comme parti
féministe, Québec solidaire trouve énormément de vertus dans ce modèle-là.
L'impact, disons, la mise sur pied de
ce réseau-là a eu des impacts importants sur les femmes du Québec. Ça leur a
permis d'entrer massivement sur le marché du travail, ou, en tout cas,
d'accélérer leur entrée sur le marché du travail, et une des raisons, ce n'est
pas seulement l'existence du modèle, mais
l'existence d'un modèle très abordable et universel. Et c'est à ça qu'on s'est
attaqué quand on a indexé les frais de garde, au niveau des CPE, durant le
présent mandat.
Il y a eu des
timides réinvestissements dans le réseau des CPE, en parallèle, très timides.
Mais, pendant ce temps-là, on était en quatrième vitesse en ce qui a
trait au financement des garderies privées. Dans le dernier budget, c'est 159 millions en hausse des frais admissibles
au crédit d'impôt pour frais de garde d'enfant. Bref, c'est, encore une
fois, un pas dans la même direction, un pas
dans la direction de favoriser un modèle, celui des garderies privées. Et ça se
fait au détriment des CPE.
Je sais que le ministre va me parler du choix
des parents. Moi, j'aimerais plutôt qu'il me parle du choix de la qualité. J'aimerais qu'il me dise qu'est-ce qu'il
trouve de si exceptionnel dans le réseau des garderies privées, qu'est-ce
qu'il y a de si fantastique dans ce réseau
qui justifie de le favoriser autant, de l'encourager autant, hein, au détriment
du réseau des CPE. Pourtant, toutes
les études l'ont montré, démontré, redémontré, re-redémontré : la qualité,
elle est avant tout dans les CPE, c'est là que les services ont le plus
de qualité. Il y a un consensus là-dessus au Québec et à l'international.
Ma
question pour le ministre, c'est donc : Qu'est-ce qu'il y a de si
fantastique dans les garderies privées pour que ça se qualifie comme
étant la priorité du ministre en matière de développement des services de garde
au Québec?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Tout
d'abord, toute la question de la tarification des services subventionnés, ça ne remet pas en cause l'attachement que l'on
a aux CPE et ce modèle-là qui est offert aux parents du Québec. Pourquoi
que les tarifs ont été revus? C'est pour assurer justement la pérennité de ce
réseau-là.
Je veux
rappeler au député de Gouin que toutes les sommes, toute la contribution
parentale additionnelle qui est prélevée
est réinvestie dans les services subventionnés. Alors, ça ne va pas dans le fonds consolidé du gouvernement, mais
vraiment dans le fonds de développement des services à la petite enfance.
Maintenant,
on a voulu également épargner les familles qui sont les moins fortunées de
notre société. Je pense qu'il faut le
rappeler également, M. le Président, il y a encore 34 % des familles qui
ne paient que le tarif de base, et il y a 60 % des familles qui
paient moins de 9 $, qui était la proposition du gouvernement qui nous a
précédé.
Alors, aussi,
l'autre élément qu'il faut comprendre, M. le Président, dans la décision qui a
été prise concernant la tarification
des services subventionnés, c'est qu'on a voulu ramener la contribution du
parent équivalente à ce qu'elle était en
1997, lorsque le réseau a été créé. Le
5 $, ça représentait quoi?
C'était 20 % du coût réel. Alors, maintenant, même avec la modulation, la contribution du parent
représente 20 % du coût réel d'une place subventionnée. C'est toujours le
cas aujourd'hui. Il faut également rappeler,
M. le Président, que, pour le deuxième enfant, la contribution additionnelle
est réduite de 50 %, et, pour le troisième enfant, il n'y a pas de
contribution additionnelle.
Je veux
également rappeler au député de Gouin que, oui, il y a des investissements
supplémentaires à chaque année pour
les services de garde subventionnés encore. Les crédits réguliers augmentent de
4,2 % pour l'année en cours, dont la grande majorité de ces sommes-là vont pour les CPE. Et, lorsqu'il parle
du 159 millions, c'est le coût du crédit d'impôt sur cinq ans, mais ce n'est pas pour financer les
services privés, parce que ça va au parent, hein, c'est le parent qui reçoit
le crédit d'impôt. Il n'y a pas de
subvention directe aux garderies non subventionnées, M. le Président. Je pense
qu'il faut dire les choses telles
qu'elles sont ici. Bien évidemment, cet argent-là permet aux parents d'utiliser
ces services-là, mais il n'y a aucune subvention directe aux garderies
privées non subventionnées.
Et, lorsque
le député de Gouin dit que j'ai une préférence pour les garderies privées non
subventionnées, c'est totalement
faux, M. le Président. On continue de développer l'ensemble du réseau.
Aujourd'hui, il y a 78 % des places régies qui sont des places subventionnées, M. le Président, je pense
qu'il faut le rappeler. Et j'ai annoncé un appel de projets au début du mois de mars, M. le Président :
2 000 places, 2 000 nouvelles places dans des endroits qui sont en
déficit de places sur le territoire du Québec. Ce sont toutes des places
subventionnées, dont 85 % sont en CPE.
Alors, je
vois mal comment on peut m'accuser de préférer un modèle à un autre. Moi, je crois, M. le Président, qu'on doit
développer l'ensemble du réseau : les CPE, les garderies privées subventionnées,
non subventionnées et le milieu familial également pour,
oui, offrir une liberté de choix aux parents du Québec.
Le Président (M. Picard) : Merci.
M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : On pourrait
avoir un débat technique sur : Est-ce
que le crédit d'impôt, c'est une
subvention? Dans mon livre à moi, c'est une subvention
indirecte. Mais, quand de l'argent public vient rembourser des frais de
garde, c'est une manière indirecte de financer lesdits services de garde. Pourquoi?
Parce que, si ces coûts-là n'étaient pas remboursés,
beaucoup moins de parents iraient. Donc, le ministre
pourrait me dire : Ah! techniquement, c'est un crédit d'impôt,
ce n'est pas une subvention. Certes. Dans les faits, ça a exactement le même effet qu'une subvention :
on rend un service privé plus
accessible qu'il ne le serait s'il n'y a pas de crédit d'impôt. Ça, on peut
être pour, on peut être contre, mais c'est
un choix politique, et c'est un choix politique qui traduit une orientation
idéologique, l'orientation qui veut qu'il faut encourager les gens à
aller dans des garderies privées. Ces mêmes sommes là, on pourrait les investir
ailleurs, et elles n'auraient pas l'effet de
faire grandir le réseau des garderies privées, elles pourraient avoir l'effet
de développer des places dans les
garderies subventionnées. Donc, subventions, pas subventions, techniquement,
l'effet est le même; pragmatiquement, l'effet
est le même, c'est une forme détournée de subvention pour permettre le
développement et la création des garderies privées.
Le ministre peut dire que c'est une bonne chose, que c'est
une bonne idée. C'est son choix, c'est sa politique. Mais qu'on ne nous dise pas que ce n'est pas un choix politique
et que c'est seulement un appui à certains choix des parents. C'est un choix politique, c'est une orientation idéologique. Et ce que je demande au ministre, c'est : Qu'est-ce qu'il y a dans le réseau des
garderies privées qui justifie ce choix d'en encourager le développement via le
crédit d'impôt?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, je
pense, le député de Gouin a dit plusieurs choses, là, M. le Président. Il
faut faire la différence entre une place subventionnée
puis une place non subventionnée, là.
Il y a une différence fondamentale,
ce n'est pas juste une question d'argent.
Lorsqu'il y a une place subventionnée, le titulaire du
permis, c'est lui qui a le privilège, alors
que le parent qui reçoit le crédit
d'impôt, il envoie son enfant où il
veut. Alors, ça, c'est une différence fondamentale. Alors, il
n'y a pas de financement garanti pour
les garderies privées non subventionnées. Alors, ce n'est pas une
subvention, M. le Président, là. Je pense qu'il faut dire les choses
correctement.
• (11 h 20) •
Et
non, justement, par la décision que nous avons prise dans le
dernier budget, ce n'est pas de favoriser et d'orienter les parents vers les garderies privées non subventionnées.
Ce qu'on a souhaité faire, c'est justement d'atteindre la neutralité du coût net pour le parent, qu'il ne prenne pas sa
décision sur la base d'une considération financière. Ça a
été clairement exprimé dans les
documents budgétaires, M. le
Président, et c'est pour justement
laisser une liberté de choix aux parents. Moi, je ne suis pas là pour juger les services de garde, je ne suis pas
là pour juger les parents non plus. Et, lorsqu'un parent fait le choix
d'un service de garde, c'est parce
qu'il y a une relation de confiance
entre les personnes qui sont responsables. Parce que vous savez quoi, M. le Président? Le parent va confier ce qu'il a de plus précieux au monde à ces personnes-là, c'est-à-dire son enfant. Alors, on n'est pas là
pour juger les parents du Québec. Moi, j'ai confiance dans le jugement
des parents, et on doit justement leur
laisser un éventail de choix. Et il y en a plusieurs, parents, qui nous
écrivent, qui nous interpellent, qui
souhaitent justement qu'on puisse leur laisser ce choix-là. Il y en a qui ne
jurent que par les CPE, c'est bien
correct. Il y en a qui veulent envoyer leurs enfants dans des garderies privées
non subventionnées, c'est bien correct. Il y en a qui veulent l'envoyer en milieu familial, c'est bien correct,
ou dans une garderie privée subventionnée, c'est bien correct également.
On n'est pas là pour les juger, M. le Président, on est là pour les
accompagner.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Je considère, pour ma part, que, oui, un des rôles de
l'État, du gouvernement, peut être de juger
que certains services sont préférables à d'autres, et il y a des choix
budgétaires qui peuvent découler de ce jugement politique, que certains
services sont préférables à d'autres, en vue de l'atteinte du bien commun,
terme à la mode ces temps-ci. Mais je vais m'arrêter ici parce que le temps file.
J'aimerais questionner le ministre sur un enjeu
beaucoup plus spécifique, parce que, dans ma circonscription, comme dans plusieurs autres circonscriptions à
Montréal, il y a plusieurs CPE qui sont dans l'incertitude en ce qui a
trait à leurs locaux. Mais ce n'est pas sans
savoir que la CSDM a décidé de se départir d'immeubles excédentaires dans
lesquels sont logés, en tout cas à Montréal,
six CPE. Dans d'autres cas, la CSDM parle d'augmentations de loyer. Parfois, il
y a un flou artistique sur est-ce qu'il
y aura renouvellement du bail ou non. Je suis conscient que la CSDM n'est pas
sous l'autorité du ministre, mais les
CPE, par contre, eux, sont sous sa responsabilité. Donc, moi, je reçois, à
toutes les semaines, des appels de CPE inquiets. C'est le cas dans, je
suis certain, beaucoup d'autres bureaux de député.
J'aimerais
savoir qu'est-ce que le ministre a fait ou va faire pour rassurer ces CPE-là.
Parce que, dans des comtés comme le
mien, des immeubles, des locaux disponibles pour accueillir, avec des loyers
modiques, des CPE, ça ne court pas
les rues. Alors, il y a des réelles inquiétudes qu'il y a des places qui soient
perdues. J'aimerais savoir qu'est-ce que le ministre va faire, parce
que, là, il y a un vrai problème, et ça va... et on parle de quelques mois, là.
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, c'est une très bonne question, puis, oui, c'est
un enjeu important. Et puis d'ailleurs on
est tout à fait au travail sur cette question-là. Le ministère travaille avec
la commission scolaire de Montréal, avec les CPE également. Et, comme le dit le député de Gouin, il y a plusieurs
dimensions. Il n'y a pas une solution unique, parce qu'il n'y a une problématique unique. Alors, on
travaille avec chacun des CPE pour avoir une solution qui va
correspondre aux besoins réels du CPE, M. le Président.
Et déjà on a
augmenté le maximum admissible pour les frais de location. Ça a pu augmenter,
dans certains cas, la location, en
fait, le montant admissible pour payer un loyer, de 28 % pour certains CPE
à Montréal. Donc, ça a permis de régler certains cas.
Et, pour
d'autres cas, bien, il y a des évaluations qui sont faites. Est-ce que le CPE
va devoir déménager? Est-ce qu'il va pouvoir devenir propriétaire? Alors,
il y a du travail qui est fait de ce côté-là.
Mais ce que
je veux dire au député de Gouin, c'est qu'on est très conscients de cet
enjeu-là. Il n'y a pas d'enfant qui
va se retrouver dehors non plus. Et, si jamais un CPE devait être évincé ou que
le propriétaire ne renouvelait pas le bail
non plus, alors ces CPE là sont admissibles à notre Programme de financement
des infrastructures et seront accompagnés, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Député de Gouin, il vous reste cinq minutes.
M.
Nadeau-Dubois : Donc, je comprends... Oui, je comprends que c'est
envisagé, par exemple, d'accompagner des CPE locataires pour leur
permettre d'acquérir des bâtiments?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin (Sherbrooke) :
Tout dépendamment des circonstances, tout dépendamment des cas. Pour
certains, oui, c'est envisagé, M. le Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Nadeau-Dubois : Selon les
informations que j'ai, l'année de référence qui est utilisée pour l'octroi du
financement, c'est 2014, pour ce qui a trait, là, aux prix des loyers. Le
ministre sait comme moi qu'il n'y a pas de réglementation,
malheureusement, sur les baux commerciaux au Québec. Est-ce que le ministre a
envisagé d'utiliser 2018 comme année de référence,
parce qu'entre 2014 et 2018, dans des quartiers centraux de Montréal, là, c'est
le jour et la nuit, le prix des loyers. Donc, est-ce que le ministre est prêt à
nous dire : Oui, on va utiliser 2018 comme année de référence, parce que
2014, dans des quartiers comme Rosemont—La Petite-Patrie, le marché
immobilier a changé? En quatre ans, les loyers ne sont plus du tout les mêmes,
ça crée un manque à gagner auprès des CPE.
Le Président (M. Picard) : En
15 secondes, M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, tout simplement, 15 secondes pour dire
qu'effectivement c'est une chose qui est présentement analysée par le
ministère et qui pourrait être, le cas échéant, envisagée, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Maintenant, du côté de la partie
gouvernementale, je reconnais Mme la députée de Richmond.
Mme
Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à l'ensemble des collègues, M. le ministre, ainsi
que votre équipe.
On était ensemble
la semaine dernière aussi pour, évidemment, l'étude
des crédits budgétaires
en matière de famille. On a parlé de plusieurs sujets, tous aussi
passionnants les uns que les autres et pour lesquels on a eu des échanges
vraiment très intéressants.
On a parlé, entre autres, vous vous souviendrez, de notre cadre financier stable, qui nous
permet, justement, d'exposer, lors de ces crédits budgétaires, non seulement un bilan exemplaire des dernières années, mais
une vision également globale et cohérente des actions à venir. On a parlé d'augmentation des places dans les services de garde, on a parlé d'équilibre
dans l'octroi de ces places-là. On a parlé
de liberté de choix des parents, on a parlé de respect de choix des parents. On
a parlé de l'aptitude et le développement de davantage de flexibilité par le ministère
de la Famille au fil des derniers
mois et des dernières années. J'ai eu
l'opportunité de saluer également la possibilité d'accroître le nombre d'enfants qui allaient
pouvoir recevoir les suppléments pour les
enfants handicapés qui nécessitent des soins exceptionnels et cet appel que
vous avez fait aussi pour que l'on
continue à travailler en ce sens encore. On a parlé de guichet unique pour faciliter la vie des parents, faciliter aussi les comités en place dans chacun de nos territoires.
On a parlé de meilleure adéquation entre l'offre et la demande, toujours encore dans le but de faciliter la vie des
familles, la vie de nos parents. Chaque place à la bonne place, les gens qui étaient ici se souviendront également
que j'ai exposé cette vision aussi, parce
que c'est aussi une question
d'équilibre. On est un gouvernement équilibré
puis on voulait également, justement, faire en sorte que, dans chacun de nos
territoires, il y ait cet équilibre nécessaire aussi, donc, dans nos services
de garde.
Et il y avait un dossier... et je me souviendrai
d'une journée particulière où le ministre de la Famille a été assermenté, où le premier ministre a fait une
allocution en mentionnant quels allaient être les objectifs, entre autres,
du ministre, du nouveau ministre de la
Famille. Et alors je lui ai laissé quelques heures, en fait, pour pouvoir
savourer son bonheur avant d'arriver
avec ma liste. Et on a eu la chance d'échanger à plusieurs reprises par la
suite, mais il y avait un dossier en
particulier. Et, comme députée, j'ai toujours agi et j'ai une philosophie très,
très générale dans l'ensemble des dossiers,
et c'est la philosophie du gros bon sens et, quand je décide de mener quelque
chose, je crois fermement qu'il y a toujours une voie de passage et une
possibilité de solution à trouver, et c'est en ce sens-là que j'avais
interpelé, M. le Président, mon collègue ministre.
On a, sur le
territoire de la ville de Sherbrooke, que l'on partage comme députés, donc le
comté de Richmond, je le rappelle
pour les gens qui nous écoutent, est maintenant constitué à 50 % de la
ville de Sherbrooke, avec l'arrondissement de Rock Forest—Saint-Élie—Deauville, et Bromptonville également,
j'imagine, bientôt aussi. Et on est dans une portion de la ville de Sherbrooke où on a même, comme
gouvernement, dans les trois dernières années, accordé de nombreux
agrandissements d'écoles, où on a accordé, ne serait-ce que dans le seul
arrondissement que je représente, justement, trois
nouvelles écoles, dont une qui est à se construire en ce moment. Et — une première au Québec, d'ailleurs — on a pu obtenir de faire agrandir cette école-là, qui
devait être de 14 classes... donc, avant même qu'elle soit construite, on
a obtenu, du ministère de
l'Éducation, l'approbation d'un agrandissement à 21 classes, avant même la
construction. C'est donc dire qu'il y a une explosion démographique
extraordinaire. On en est bien contents.
Mais,
par contre, ces enfants, lorsqu'ils naissent, n'arrivent pas directement à la
maternelle. Donc, il y a la petite enfance qu'il faut couvrir également. Et on s'est retrouvés rapidement
en déficit de places sur le territoire de cette portion de Sherbrooke, donc toujours Rock Forest—Saint-Élie—Deauville. Situation particulière dans une
autre portion de la ville, il y a des places, par contre, qui n'avaient pas été prises et qui
avaient été gardées, mais pas développées encore dans un appel de projets subséquent. Donc, toujours dans
le gros bon sens, et je comprends tellement les intervenants sur le
terrain, en fait, autant le CPE Jardin d'amis ou encore les entrepreneurs de Acier Orford, qui ont dit : Bien là, écoutez, c'est facile, ils ne les ont pas pris, là, donnez-nous-les, on les
développe, puis ça finit. Bon.
Donc,
c'est toujours avec cette pensée, qui est si simple à la
base, qu'on a travaillé et on a eu une collaboration extraordinaire de la part du ministère de la Famille. Est-ce que ça a été long?
Oui, ça a été long. Est-ce qu'on aurait voulu que ça aille
beaucoup plus vite? Assurément qu'on aurait voulu que ça aille beaucoup plus
vite.
• (11 h 30) •
Par contre, le travail qui a été
fait en amont avant d'en arriver au projet, dont je veux exposer et faire état
aux collègues également, avant d'en venir à
ma question, c'est que tout ce qui avait été essayé auparavant par les
fonctionnaires du ministère de la Famille
avec les gens sur notre territoire a fait en sorte de démontrer, justement, un, qu'on n'était pas
capable de le passer dans ce qu'on était
capable de faire habituellement, deux, que le besoin était réel, trois, qu'il
fallait, donc, trouver une solution. Et c'est là où j'ai interpelé mon
collègue.
Alors,
après quatre ans... En fait, j'ai été mise au courant, moi, du dossier il y a
peut-être deux ans, mais ça faisait, au total, quatre ans d'attente pour cette
entreprise, qui, lors de la construction, M. le Président, de son tout nouveau
siège social, avait pris l'initiative de
dire : On va construire, nous, un endroit où on va pouvoir faire garder
nos enfants à l'intérieur de notre
établissement. Au fur et à mesure de leurs démarches, finissent par entrer en
contact avec différents intervenants et disent : Bien, nous, ce qu'on aimerait... la philosophie, finalement,
de nos employés et nous... ce qu'on aimerait, c'est avoir un CPE. Donc, on respecte les normes, on va de
l'avant avec tout ça. Le CPE est prêt. Et là ils demandent un permis.
Pas de permis. Non, évidemment, ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne. Alors, on se heurte au système. Et c'est là
qu'ont commencé lesdits travaux, justement, avec le ministère de la Famille.
Ceci dit,
oui, une entreprise a bâti des installations pour garder des enfants dans son
établissement. Ce n'est pas dit
nécessairement que toute entreprise qui va décider, là, de mettre des
installations pour pouvoir accueillir des enfants dans ses murs va nécessairement, donc, se voir
accréditée, obtenir des places. Je vous parlais d'un déficit flagrant de
places pour... de création de places, en
fait, dans l'arrondissement, dans cette portion de Sherbrooke. Mais ce sur quoi
je veux axer vraiment l'intervention,
c'est, un, ce besoin de flexibilité non seulement au ministère de la Famille,
mais aussi dans l'ensemble des
ministères de notre gouvernement. Et je salue le fait que, de plus en plus, on
soit capable justement de travailler
de concert à trouver des solutions. Et celle que l'on a trouvée m'amène
directement sur un sujet qui me tient tellement
à coeur. C'est la conciliation famille-travail-études. J'ajoute toujours à ça,
moi, en plus, vie personnelle à tout ça.
Et donc mon
collègue, M. le Président, vient visiter cette entreprise. On expose les faits,
et c'est à ce moment-là que le tout a
été pris en main pour que l'on puisse non seulement, dans l'ensemble du Québec,
devancer quelques places, mais également
faire en sorte que l'on développe des places pour que chaque place soit à la
bonne place, justement, permettre à des
milieux qui n'avaient pas utilisé leur permis, pour dire : Bien, on va en
remettre. On aura un certain avantage à le faire également, mais ça
permettra à d'autres de développer.
Donc, voilà,
pour moi, c'est quoi, justement, la politique du gros bon sens. Et qu'est-ce
que ça fait? Ça fait que chez Acier Orford, à Deauville, très
exactement, où, encore, il n'y avait aucun CPE, on verra arriver, d'ici
quelques semaines, 21 nouveaux tout-petits,
qui seront là et qui permettront non seulement aux parents qui travaillent chez
Acier Orford, mais aussi aux gens de cet
arrondissement d'accéder au CPE qui est dans cette entreprise. C'est une
première de la ville de Sherbrooke. Je pense que c'est un modèle à
regarder davantage. On cherche, comme vous le savez, comme gouvernement aussi,
à investir le plus possible, directement pour les services aux enfants, le
moins possible dans les immobilisations,
pour qu'on soit capable d'en faire le plus possible, justement. Et je trouve là
une façon extraordinaire et une mesure concrète, justement, quand on
parle de conciliation famille-travail.
Dans les
dossiers jeunesse, je le sais depuis quelques années, on travaille fortement,
de façon transversale, à gérer cette
pyramide inversée de la démographie, qui fait en sorte qu'il y a de moins en
moins de jeunes actifs. On a besoin de main-d'oeuvre
qualifiée. Le milieu du travail recherche ces jeunes actifs également, et les
entreprises auront besoin d'user aussi de créativité pour attirer les
gens chez eux.
Et c'est un
défi commun, la conciliation travail-famille. Ce n'est pas récent qu'on en parle,
sauf que je pense qu'on est vraiment,
là, devant le mur qui nous oblige à y travailler plus ardemment. Et je reviens
donc quand le premier ministre parlait
à son nouveau ministre, lui dire : Là, on ne va pas faire des rapports ou
écrire des trucs pour dire qu'est-ce qu'on pense et qu'est-ce qu'on voit, on veut des actions concrètes. Donc,
l'exemple que j'ai donné, d'Acier Orford, c'est un exemple totalement
concret. On se retrouve devant une situation où on est en action. On arrive
avec des résultats.
Comme je le disais, ça interpelle tellement
d'acteurs que ce concept de conciliation travail-famille-études-vie personnelle du ministère de la Famille touche
non seulement les jeunes familles, il faut
se le dire, mais plusieurs... ça touche vraiment tout le monde : les entreprises, les organisations, les municipalités, des gens de tous âges également.
Et on veut, comme gouvernement, je le disais dans mes dernières interventions la semaine dernière, vraiment
donner aux familles les moyens de
leurs ambitions, ça en fait partie quand on parle de conciliation travail-famille. Et donc, pour appuyer dans ces efforts-là, il y a plusieurs
actions autres que cet exemple très concret d'Acier Orford, qui sont faites par
le gouvernement du Québec, je pense, par exemple, au Comité
ministériel sur la conciliation
travail-famille. Même si
ce n'est pas quelque chose qui est clairement établi... mais nos
nombreuses discussions en caucus...
Donc, oui,
les ministres, mais également les députés qui arrivons avec chacune de nos
réalités de nos comtés, de nos territoires... La place que l'on peut prendre comme député, à l'intérieur de notre aile parlementaire, pour discuter de ces enjeux aussi... ont eu une place vraiment
très importante. Il y
a eu d'autres actions. J'aimerais,
pour les gens qui suivent nos travaux,
peut-être avoir d'autres exemples concrets de ce qu'on
fait, de ce qui s'en vient. C'est, oui, au ministère de la Famille, mais il
y a évidemment la conciliation travail-famille... touche beaucoup d'autres ministères aussi... et comment tout ça se rejoint
ensemble pour un travail le plus efficace possible.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le ministre, vous avez 1 min 20 s.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Oh là là! Alors, on va
essayer d'y aller rondement, M. le
Président. Effectivement, c'est une
priorité pour notre gouvernement, la conciliation
famille-travail-études. Oui, il y a
le comité qui a été mis en place. Et la députée de Richmond, elle a tout
à fait raison de dire que ce que le premier ministre a demandé, ce n'est pas
une réflexion, un plan d'action, mais vraiment des actions concrètes au quotidien. Alors,
aussitôt qu'il y a quelque
chose de prêt, on peut l'annoncer. Et
c'est un travail de concertation avec
d'autres ministres qui sont des membres permanents de ce comité-là que je préside, et dont la ministre du
Travail et la vice-présidente, mais on reçoit également d'autres
collègues qui viennent nous parler des
initiatives qui sont faites ou possibles dans leurs ministères respectifs. Et
c'est de ce comité-là qu'a découlé le
dépôt du projet de loi qui est venu moderniser les normes du travail. Alors,
ça, c'est très concret en termes de conciliation famille-travail-études.
Même chose pour le dépôt du projet de loi qui est
venu amener plus de flexibilité au Régime québécois d'assurance parentale, ça aussi, c'est une action très
concrète qui va faire une grande différence, M. le Président, dans la vie des
jeunes parents. C'est directement des travaux
de ce comité-là que découle notre engagement, dans le dernier budget,
d'investir dans la conciliation
famille-travail-études, notamment pour des services de garde lors de la relâche
scolaire ou de la relâche estivale, qu'on va mettre sur place... sur pied,
pardon, également.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre.
M. Fortin (Sherbrooke) : Ah bien,
voilà!
Le Président (M. Picard) : Je
cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean pour une période de
12 min 36 s.
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. J'aimerais
questionner le ministre sur le supplément pour enfant handicapé nécessitant
des soins exceptionnels. Il y a eu une bataille de Parents jusqu'au bout! pendant
un certain nombre de temps, un certain
nombre d'années. Ils se sont rendus même jusque sur des plateaux d'émissions de télévision.
Le chef de l'opposition officielle avait appuyé leur bataille, avait
travaillé pour faire reconnaître les besoins de ces parents. Et le gouvernement a entendu le message de ces parents
et a mis en place, bon, le supplément que j'ai mentionné précédemment. Donc, félicitations! Les parents étaient contents.
Puis ça a créé beaucoup d'espoir, ce qui fait en sorte qu'il y a
beaucoup de parents qui ont demandé ce supplément-là, ce qui est normal, il y a
un programme qui est mis en place par le gouvernement, les gens souhaitent s'en
prévaloir.
Donc, il y a,
en date du... il y a eu un communiqué, d'ailleurs, qui a été publié par le
ministre, la première journée de l'étude
des crédits, comme par hasard, sûrement parce que le ministre voulait préciser
un certain nombre d'éléments pour simplifier,
faciliter nos échanges ici, à l'étude des crédits. Donc, en date du 27 avril,
on voit qu'il y a 1 833 familles qui ont pu se prévaloir de ce supplément. Dans les cahiers des crédits de
Retraite Québec, il y en avait 1 806 en date du 8 avril. Donc, entre le 8 avril et le 27 avril, il y a à
peu près une trentaine, un peu moins, là, de personnes... de familles qui
ont pu se prévaloir de plus. Mais c'est bien pour les 1 833 familles, mais
c'est compliqué, c'est long, et c'est trop souvent non, la réponse.
Donc, le
ministre nous dit, dans son
communiqué, qu'il va revoir le programme pour qu'environ 5 % des familles qui, à l'heure
actuelle, se font refuser le programme pourraient avoir le programme. 5 %
de 1 833 familles, ça donne 92
familles. Donc, on parle de 92 familles; dans les articles, là, dans les
médias, on parlait à peu près d'une centaine de familles. Comment le ministre peut dire ou écrire, là, dans son communiqué, que
c'est environ 5 %? C'est parce qu'il a déjà en
tête une approximation de critères qui pourraient être simplifiés ou améliorés
pour permettre à plus de familles. Donc, cette évaluation de 5 % là, elle est basée sur quoi? Parce
qu'on s'entend que ce n'est quand
même pas beaucoup,
M. le Président, 5 %, quand on
parle d'à peu près une centaine de familles sur 2 081 familles
qui se sont vu refuser ce supplément.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Effectivement, c'est un programme très important
qui a été mis en place par notre gouvernement pour venir en aide à des familles qui sont à bout de souffle, qui
vivent avec un enfant qui est
lourdement handicapé. Je pense que ce programme-là a fait une différence dans la vie de
nombreuses familles. On parle, oui, de 1 833 enfants qui sont
acceptés en date d'aujourd'hui. Le député de Saint-Jean dit que ce n'est pas beaucoup,
mais c'est quand même 46 % des demandes qui ont été acceptées,
alors c'est au-delà de ce qui avait été estimé au départ.
Et il faut le
dire, comment les critères sont déterminés, ils sont déterminés par des professionnels
de la santé. Les dossiers sont
évalués également par des professionnels de la santé. Et, je tiens à le rappeler ici,
ce n'est pas une enveloppe fermée, alors tous les enfants qui sont
admissibles, qui rencontrent les critères vont recevoir le supplément pour
enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels.
Maintenant, ça
fait deux ans que le programme est en place. Effectivement, vendredi passé,
j'ai annoncé quatre mesures, parce
que, toute chose étant perfectible, je pense qu'il y a lieu, des fois, de
revoir certaines mesures, certains programmes.
Et, lorsqu'on parle... Il fait référence, là, le député de Saint-Jean, à la
première mesure. Ce sont des enfants qu'on
estime vraiment être à proximité, être tout, tout près d'obtenir le SEHNSE qui
n'y ont pas été admissibles, alors c'est pourquoi qu'on estime qu'ils sont environ à 5 %. Mais, ceci étant
dit, la modification ou la revue du programme pourrait faire en sorte que de nouveaux parents déposent
également des demandes, alors il n'est pas impossible que ce nombre-là
augmente. Alors, c'est comme ça que l'estimé a été fait.
Il y a du
travail encore qui se fait, du côté de Retraite Québec et du ministère des
Finances au moment où on se parle, et
le programme devrait être revu d'ici le mois de juin, donc d'ici le mois
prochain, je pense, ça amènera beaucoup de bonnes nouvelles pour
certains parents.
Et, pour ce
qui est des autres, parce qu'il y a d'autres enfants qui ne seront toujours pas
admissibles au SEHNSE, M. le
Président, et ça, c'est la deuxième mesure que j'ai annoncée vendredi passé,
c'est que j'ai mandaté Retraite Québec de faire l'évaluation également de ces dossiers-là, évaluation de leurs
besoins, voir qu'est-ce qui est déjà en place au niveau des différents
ministères pour offrir des services à ces enfants-là, qu'est-ce qu'il se fait
ailleurs, et de nous faire des recommandations
d'ici les fêtes, d'ici la fin de l'automne. Alors, tout à fait conscient
également qu'il y a eu des attentes, qu'il
y a des besoins du côté de ces parents-là, de ces familles-là, alors justement
on va voir s'il y a lieu d'apporter des modifications au programme et on va attendre avec
beaucoup d'intérêt les recommandations de Retraite Québec, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci, M. le Président. On a vu un certain nombre de familles qui, bon, nous
ont tous appelés, dans les bureaux de
circonscription, pour avoir de l'aide, notamment lorsqu'ils avaient des refus
ou quand c'était long, les délais. Même,
des familles ont dû le sortir dans les médias, là, on a des articles, des
revues de presse, on pourrait en citer, mais... C'est quand même triste que, pour ces familles, ils sont obligés de
faire une bataille pour avoir une aide, un supplément qui a été annoncé.
Je comprends
ce que le ministre dit, je trouve que c'est une bonne nouvelle, là, de sa part
de nous dire qu'il souhaite améliorer
le programme, mais il y a quand même... et j'entends le ministre tenter de
répondre à certaines questions que j'ai posées par le passé, bon, avec l'enveloppe fermée, puis dire que les
critères, c'est des spécialistes, puis tout ça. Je comprends tout ça. Mais il y a quand même des critères qui
sont aberrants, là, hein, où qu'on ne tient pas compte de la situation
des familles. Le programme est basé sur une
personne, sur un enfant. Mais la famille qui a deux enfants, trois enfants
lourdement handicapés, peut-être
qu'individuellement les enfants ne répondent pas aux critères du programme,
mais la lourdeur de la situation
familiale devrait commander une telle aide. Des enfants qui ne peuvent... se
font même expulser de l'école parce qu'ils
sont trop lourdement handicapés, parce que l'école n'a pas les services pour
répondre à ces enfants-là, puis les parents sont obligés de faire l'école à la maison... et qui ne se voient pas
acceptés dans le programme. C'est tous des cas des gens qu'on a entendus
dans les médias puis des gens qui nous ont contactés.
Donc, oui, je
comprends, le 5 % est pour des familles qui sont à la limite
de, mais je crois qu'il y a quand même des
situations... Si le ministère de l'Éducation ou une commission scolaire ne peut
même pas offrir des services dans des écoles
pour ces enfants-là, je crois que, d'emblée, ils devraient être éligibles au
programme. C'est très compliqué, c'est très
long pour des familles qui ont déjà besoin d'air davantage, parce que ce
programme-là est pour ça, pour leur donner davantage d'air et du souffle. Bien, ces familles-là se voient être
obligées de remplir de la paperasse, aller se battre, aller chez leur médecin, avoir l'évaluation de ci, de
ça, avoir des diagnostics, ça prend du temps, etc. Donc, le ministre,
j'aimerais qu'il souhaite aussi, dans sa
réflexion, là, de revoir le programme, avoir cette situation-là, d'avoir un
portrait global de la famille dans
son environnement, avec le milieu de l'éducation, avec les CPE, etc., pour voir
que ces parents-là ne soient pas mis
de côté par des critères qui sont des fois trop rigides et pas assez flexibles
pour répondre aux réels besoins des parents.
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bien, je veux
rassurer le député de Saint-Jean, là,
je partage tout à fait son souhait. Et, lorsque je dis qu'on... j'ai mandaté
Retraite Québec justement de faire l'analyse du programme pour les enfants qui ne sont pas admissibles au SEHNSE...
C'est ce que les gens qui vont faire des consultations vont entendre, parce que c'est ce que j'entends
également. Moi aussi, j'en ai rencontré plusieurs, parents. Ça fait
partie des commentaires qui sont formulés, alors ça fera partie des choses qui
seront prises en considération.
Et, lorsque
le député de Saint-Jean dit : Bien, des fois, il y a beaucoup de paperasse
à remplir, c'est un processus qui est
long, il y a deux autres mesures également que j'ai annoncées vendredi pour
répondre à ces commentaires-là également qui m'ont été formulés par les parents. Il y aura une consultation
auprès d'une cinquantaine de parents dès le mois de juin justement sur la question du processus, de
l'accompagnement qu'on peut offrir aux parents pour justement remplir
les documents, voir comment on doit répondre
aux questions, également sur la manière dont on communique avec ces
parents-là. Donc, ça fait partie de la
consultation qui aura lieu auprès d'une cinquantaine de parents choisis par
l'Office des personnes handicapées au mois de juin.
Et, lorsqu'on
parle de paperasse, bien, il y a les enfants également qui arrivent à 18 ans et
qui sortent du SEHNSE, qui sont
admissibles au programme de la solidarité sociale. Et, encore là, pour les
parents, bien, il y a un processus à refaire, puis, oui, à encore remplir des documents, et je comprends que c'est
difficile pour ces parents-là, parce que c'est très émotif aussi. Il y en a beaucoup qui m'ont dit :
Bien, regardez, M. Fortin, c'est une prise de conscience, à quel point notre
enfant a des limitations. C'est douloureux
de faire cet exercice-là. Pourtant, le gouvernement a déjà toutes les
informations, comment ça se fait que
ce n'est pas acheminé au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale?
Alors, c'est pourquoi également on a
mandaté Retraite Québec et Emploi et Solidarité sociale d'établir une
passerelle pour faciliter la vie de ces parents-là, qu'ils n'aient pas justement à refaire tout ce
processus-là. On souhaite vraiment leur simplifier la vie, parce que, oui,
c'est une démarche qui peut être lourde et douloureuse pour ces parents-là, M.
le Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. Bon, le ministre a parlé, là, pour les 18 ans. Je vais essayer
d'y revenir brièvement, mais j'aimerais
quand même qu'il prenne un engagement de trouver une solution, là, pour les
enfants qui ne peuvent même pas se rendre à l'école, là, puis qui ne
sont pas admis au programme.
Mais,
pour les personnes de 18 ans et plus, l'enjeu, c'est que le ministre nous
dit... puis, bon, la ministre déléguée aux
Services sociaux nous a dit la même chose... pour les gens qui font la bataille
de Parents pour toujours... Parents pour toujours, c'est la suite de Parents jusqu'au bout! Parents pour
toujours, ce qu'ils demandent, c'est une aide pour les parents d'enfants de 18 ans et plus qui sont lourdement
handicapés, donc, qui rejoint un peu ce programme-là. Le problème de ce que le ministre vient de mentionner, M. le
Président, c'est que c'est l'aide sociale. Mais l'aide sociale, ça, c'est pour
la personne qui est handicapée.
Mais l'enjeu, c'est que, pour les parents de ces enfants-là de 18 ans et plus,
ils continuent à avoir des dépenses
ou à consacrer du temps pour s'occuper de leur enfant, même s'il a 18 ans et
plus. Des congés au travail, des fois
adapter le domicile, etc. Je comprends qu'il y a des subventions pour ça, mais
ça ne couvre pas tous les frais. Le véhicule,
la gardienne... Ça peut être quand même compliqué parce que, même si l'enfant a
18 ans et plus, il faut qu'il continue quand même à avoir quelqu'un
quand les parents doivent s'absenter de la maison, etc.
Donc, le supplément
est basé pour l'enfant, mais c'est le parent qui l'a pour défrayer des coûts,
etc. Mais là, à 18 ans, c'est l'aide
sociale, donc c'est la personne qui obtient l'argent, mais que, là, les parents
doivent compléter, compter les
factures de shampoing, puis de ci, puis de ça, puis séparer, puis au prorata,
par nombre de... quelle proportion qui a été prise par les parents
versus l'enfant, pour que ça puisse être compté dans leur chèque d'aide
sociale. Ça devient très compliqué pour les parents.
Donc,
le 18 ans, moi, je crois que le ministre
ouvre la porte, c'est bien, mais on n'est pas dans la bonne direction. Oui, pour la personne, pour l'aide sociale, c'est
bien, là, la transmission de l'information, mais il faut avoir quelque chose aussi pour les parents de ces enfants de 18 ans et plus qui continuent
de s'occuper de leur enfant, sinon ça coûte plus cher au gouvernement
quand les enfants sont placés en ressources intermédiaires ou autres.
• (11 h 50) •
Le
Président (M. Picard) :
En 15 secondes, M. le ministre, vous continuerez sur votre temps, le temps de la
partie gouvernementale, là.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Très
bien. Bien, tout simplement pour dire : Je le sais, qu'il a eu des
échanges avec ma collègue la ministre
déléguée aux Services sociaux, et elle a dit qu'elle analysait cette
situation-là, qu'elle entend également les parents de Parents pour
toujours, de son côté.
Moi,
je veux juste réitérer, M. le Président, que le SEHNSE est sous ma
responsabilité. On parle des enfants, ici donc des enfants de moins de 18 ans. Il y a des enfants qui sont non
admissibles, alors, moi, je m'intéresse beaucoup à leur situation, voir comment on peut améliorer les
services qui leur sont offerts, comment on peut faciliter justement le transfert du côté de l'âge adulte. Mais, en même
temps, il y a des travaux qui se font du côté du ministère de la Santé
et des Services sociaux. Je peux vous dire,
j'en ai parlé encore hier soir avec la collègue, elle est très sensible à cette
question-là, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Maintenant, du côté de la partie
gouvernementale, M. le député de Maskinongé.
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, permettez-moi, tout
d'abord, de saluer d'abord le ministre, son équipe aussi. Une salutation
particulière à la sous-ministre, Mme Roy, j'ai eu le privilège de travailler de
près avec Mme Roy dans une ancienne
fonction, alors ça me fait plaisir de la voir parmi nous aujourd'hui. Saluer
aussi mes collègues du gouvernement, de l'opposition officielle et
deuxième groupe d'opposition ainsi que les députés indépendants.
Bonjour,
ça fait plaisir d'être avec vous pour discuter, je vous dirais, de l'avenir du
Québec, de la famille, mais surtout
des enfants, je vous dirais. Et, vous l'avez bien dit, je suis en remplacement,
je ne viens pas souvent vous voir à cette commission-là, donc c'est toujours amusant, surtout pour une période
importante comme l'étude des crédits. Vous dire, et plusieurs le savent, que, malheureusement, je n'ai
pas le privilège et la chance d'avoir des enfants, mais des enfants...
et on aurait bien aimé, ma conjointe et moi, mais malheureusement l'avenir en a
décidé autrement.
Mais
on a le privilège d'avoir une magnifique filleule, et je veux la saluer
aujourd'hui. Elle s'appelle Léonie, alors bonjour Léonie. Et sa mère m'a écrit tantôt pour me dire qu'elle me
regardait, alors, il faut que je lui dise bonjour. Pour moi, ils cherchaient quelque chose pour sieste qui
fonctionnait, alors ils ont décidé de nous écouter. Je ne le sais pas, mais
j'ai trouvé ça charmant, quand même.
Alors,
vous dire à quel point c'est important, c'est important, nos enfants, oui,
parce que c'est l'avenir, c'est surtout important parce que c'est la société de demain... Et, souvent, pour
avoir une société de demain à l'image de l'ensemble des Québécoises et des Québécois, bien, il faut agir
dès maintenant, dès aujourd'hui, parce que c'est important, c'est
essentiel. Et c'est d'ailleurs pour ça que
le gouvernement a déposé justement la stratégie relative aux 0-8 ans, donc Tout
pour nos enfants, une magnifique
stratégie qui a été déposée à l'hiver, bien, le 16 janvier, je m'en allais dire
à l'hiver dernier, mais c'est le 16
janvier. Donc, cette stratégie-là nous permet... et met plusieurs, plusieurs
actions pour justement agir rapidement dans la vie de nos enfants.
Pourquoi
agir rapidement, M. le Président? Je me suis dit la même chose que vous. Je me
suis : Bien, voyons, agir tôt,
pourquoi? Mais pourquoi, c'est simple, parce que c'est dès le plus bas âge
qu'on peut simplement marquer les pas, faire les fondations les plus solides pour notre avenir. Et ça, M. le
Président, ça me parle beaucoup parce que c'est quelque chose qui, à chaque jour, revient à la raison pour
laquelle je me suis engagé en politique et que je sais que le ministre s'est
engagé en politique. Comment on peut
travailler aujourd'hui pour mettre des fondations solides pour nos enfants, nos
petits-enfants, pour la génération de demain? Comment, aujourd'hui, on
peut travailler ensemble et faire que la société de demain, M. le Président, soit encore meilleure, plus
juste, plus équitable pour les jeunes? Comment on peut donner... et je
regarde la députée de Joliette, qui est ma
bonne amie, bon, je tiens à le dire, qui me fait des sourires comme ça, parce
que je sais qu'elle pense comme moi,
qu'on veut tous travailler, notre engagement politique est clair, on s'engage
pour le bien commun.
Une voix :
...
M.
Plante : Pas sur tout. Sur ce sujet, je suis convaincu, Mme la députée
de Joliette. Mais je suis convaincu de votre engagement puis de votre volonté d'engagement pour travailler au bien
commun, au développement de la société pour nos enfants et les
générations futures.
Vous
savez, M. le Président, dans la stratégie, que j'ai eu plaisir à lire, il y a
cinq grands objectifs. Le premier, c'est
favoriser l'égalité des chances pour l'ensemble des enfants du Québec.
Favoriser l'égalité des chances, c'est un bien grand mot, et ça veut dire plusieurs choses, et ce n'est pas vide de
sens, M. le Président. Si on regarde, favoriser l'égalité des chances, dans les sous-thèmes, il y a : «Les parents
sont soutenus par divers organismes qui [multiplient les services pour]
accompagner dans le développement de [leurs enfants] et le préparer à son
entrée à l'école.
«Plus de ressources financières et humaines
[seront] disponibles dans les services éducatifs pour dépister et accompagner
les enfants qui vivent [avec] des difficultés particulières.
«Des classes
de maternelle quatre ans à temps plein [seront] ouvertes à travers [tout] le
Québec [surtout] dans des milieux défavorisés.» Et on l'a bien expliqué,
même, ce matin, c'est ressorti à la période de questions.
«Près de 8
000 ressources spécialisées supplémentaires [pour appuyer] les écoles primaires
[dans] l'ensemble des régions [du Québec].
«Les besoins de base des enfants [seront]
comblés :
«Un
petit-déjeuner[...] — très
important, M. le Président, de donner un déjeuner aux enfants le matin pour
qu'ils peuvent apprendre;
«[Et dépister] les troubles [...] grâce à [des
examens offerts] aux élèves du préscolaire directement à l'école.»
Vous dire, M. le Président, on parle maintenant
du premier objectif. L'autre objectif, il y a : «Assurer aux enfants 0-8 ans des transitions harmonieuses
entre les milieux éducatifs» et, bien sûr, le milieu scolaire. Vous dire,
M. le Président, que c'est important. Et je tiens à saluer, parce que c'est l'anniversaire
de ma... À l'époque, ça s'appelait la Garderie
Gribouillis, maintenant c'est Les Services de garde Gribouillis. Mais je suis
le deuxième bébé de Gribouillis. Donc,
il fête son 35e anniversaire cette année. Je n'ai pas rentré à zéro an, ça
fait que... Je suis un petit peu plus âgé que 35 ans... mais qui fête son 35e anniversaire cette année et
qui offre un service extraordinaire, je vous dirais, pour les gens du secteur de Louiseville et des environs de la MRC
Maskinongé, parce que c'est aussi le bureau coordonnateur pour les
milieux familiaux. Et je tiens à les saluer tous aussi.
Un autre
objectif, M. le Président : «Soutenir les pratiques éducatives et
pédagogiques de qualité.» Autre objectif : «Permettre à tous les enfants d'acquérir des compétences essentielles en
lecture, en écriture [...] en mathématiques à la fin de la deuxième année du primaire» et «accompagner
les parents et favoriser la mobilisation et la concertation des
[différents] acteurs».
M. le
Président, je vous dirais que cette stratégie-là vient non seulement à point,
mais vient dresser justement les bases
pour une vision concrète et complète d'un système éducatif au complet. Donc, on
prend de zéro, l'âge de naissance de l'enfant, à huit ans, ses premières
années du primaire.
Je vais vous
dire, M. le Président, et c'est prouvé, que nos apprentissages qu'on fait en
bas âge perdurent, mais non seulement
perdurent, mais influencent comment, le reste de notre vie, on va apprendre ou
interagir, soit au niveau de la littératie,
mais aussi au niveau des mathématiques. Si on a des bases solides, des bases
fortes, bien, M. le Président, ça transparaît
tout au long de notre vie, tout au long de notre parcours d'apprentissage.
C'est prouvé même dans l'apprentissage des
différentes langues. Si tu l'apprends en très, très, très bas âge, c'est
beaucoup plus facile pour toi de perfectionner une langue seconde ou
etc.
Donc, M. le
Président, je vous dirais que cette stratégie-là vient surtout cibler à la
bonne âge, puis justement cibler et démontrer la volonté de notre
gouvernement d'être justement plus proactif et d'investir de plus en plus pour
les générations de demain, pour les générations futures.
Vous dire, M.
le Président, qu'à travers le document je regardais... Et je ne vous parlerai
pas des montants investis, ma
question va s'aligner surtout sur les changements concrets, mais sur les
objectifs au ministre dans quelque temps. Mais je regardais aussi toute la vision du
travailler-ensemble, travailler-ensemble du CPE, des services de garde
éducatifs aussi, travailler-ensemble,
le milieu scolaire, mais aussi la communauté, M. le Président. Moi, je vais
vous dire... Et il y avait un dicton,
je crois que c'est africain, qui disait : Ça prend un village pour élever
un enfant. Et ce dicton-là, bien, moi, je vous dis qu'on l'adapte, avec cette stratégie-là, à la vision Québec 2.0,
à une vision d'avenir qui met justement toute la communauté autour et toute la société autour de l'éducation de nos
enfants. Et ça, M. le Président, je vous dirais, c'est un peu essentiel, parce que le «ensemble», il est bon
en économie, il est bon en développement régional, il est bon aussi en éducation, et surtout auprès de nos enfants. Parce
que, si on travaille ensemble, qu'on équipe mieux les parents, qu'on permet aux parents, justement, de faire un suivi,
et dans différents milieux... Pourquoi cibler d'ailleurs? On disait,
tantôt, les maternelles... dans les milieux
plus défavorisés, mais parce que ces enfants-là en ont un plus grand besoin.
Mais il ne faut pas non plus faire du
mur-à-mur, mais il faut se dire que nos services de garde font... services de
garde et les CPE offrent des services,
je vous dirais, remarquables. Et tous les enfants, je vous dirais, M. le
Président, ont la chance, au Québec, d'avoir le choix de... les parents ont le choix pour leurs enfants, et on garantit,
je vous dirais, la qualité des services. Et le gouvernement vient, par
la stratégie, justement, édifier et donner plus d'impact aux enfants, aux
0-8 ans.
Alors, je
vais avoir une première question, mais je vais revenir après, par la suite,
s'il reste du temps, mais première question
au ministre, c'est : Que vont permettre les mesures pour les sorties
éducatives, au niveau des enfants qui sont plus défavorisés... mais quelle est votre vision, vous, à travers cette
stratégie-là, pour nous enfants, et surtout qu'est-ce que ça va changer, concrètement, dans leur quotidien?
Demain matin, la stratégie fonctionne, est en route, qu'est-ce que ça change dans le quotidien de ma petite Léonie, mais
aussi de vos enfants ou des enfants de ma collègue de Richmond à côté? Qu'est-ce que ça change dans le quotidien et
surtout qu'est-ce que ça va donner de plus pour l'avenir du Québec, M.
le Président?
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Il reste quatre minutes, M. le ministre.
• (12 heures) •
M.
Fortin (Sherbrooke) : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Tout
d'abord, le député de Maskinongé a raison
de dire que, dans nos services de garde éducatifs, il y a des services
remarquables à travers le Québec, que ce soit en CPE, en milieu
familial, en garderie privée subventionnée ou non subventionnée. Partout, il y
a des programmes éducatifs. Là, avec le
projet de loi n° 143, le programme sera obligatoire, le programme du
ministère, mais il y avait déjà l'obligation
d'avoir un programme éducatif. Il y aura également le dossier de l'enfant, ça
fait partie d'une autre obligation du
projet de loi n° 143, qui est également accolée à la stratégie 0-8, tout
ça dans le but de favoriser une transition scolaire.
Mais pourquoi
je vous dis ça, M. le Président? Parce que je ne veux pas qu'on laisse
entendre, au Québec, qu'il n'y a pas
de mécanisme d'agir tôt et de détecter tôt pour les enfants qui ne vont pas
dans les maternelles quatre ans. Moi, j'ai
été abasourdi, ce matin, à la période de questions, d'entendre encore le chef
de la CAQ... de dire qu'il n'y a rien qui se fait pour les enfants qui sont ailleurs que dans les maternelles quatre
ans. J'ai trouvé ça assez méprisant, je dois dire, là, pour les éducatrices qui travaillent très fort
dans tous les services de garde au Québec. Ce n'est pas du gardiennage qui
est fait, M. le Président, on accompagne les
enfants, on n'est pas dans la scolarisation précoce, mais il y a là des
actions qui sont posées à tous les jours
pour le développement des enfants. Alors, non, les gens qui sont dans les CPE
puis dans les garderies, ils ne font
pas que moucher des nez puis monter des fermetures éclair de leurs journées, il
y a de réels services éducatifs qui
sont donnés à nos enfants, qui nous permettent d'agir tôt, de détecter tôt,
également, de s'assurer que tous nos
enfants ont une égalité des chances également de réussir dans la vie et qu'ils
vont avoir une transition scolaire qui sera à la hauteur des attentes
qu'on peut avoir, comme collectivité, à l'endroit de nos enfants. Alors, je
pense que ça, c'est important de le réitérer.
Et elle est où, la vision du gouvernement?
C'était un peu la question du député de Maskinongé. Bien, c'est... justement, on souhaite l'égalité des chances pour
tous nos enfants, qu'ils puissent réussir dans la vie, qu'ils puissent avoir
une transition scolaire harmonieuse.
Et, lorsqu'on
parle de détecter tôt, également, c'est agir tôt, alors il y a un partenariat qui
se développe présentement avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux pour que, justement, il puisse y
avoir un arrimage entre ce qui est vu et détecté dans nos services de
garde et les services qui sont offerts par le ministère de la Santé et des
Services sociaux.
On souhaite
également que nos enfants soient dans un environnement qui soit favorable à
leurs apprentissages. Alors, oui, il
y a la qualité des installations, mais il y a également, disons, tous les
prérequis dont nos enfants ont besoin également pour pouvoir apprendre,
pour pouvoir évoluer. Le député de Maskinongé parlait des petits-déjeuners,
c'est important que nos enfants aient le
ventre plein lorsqu'ils arrivent dans nos services de garde, ce n'est pas
toujours le cas de tous nos enfants,
alors il y a des projets pilotes justement pour favoriser les petits-déjeuners
dans les services de garde. Il y a
également toute une démarche visant à sensibiliser les parents à l'importance
des examens de la vue, parce qu'on le sait,
lorsque, plus tard, ils seront en classe, ils auront besoin de bien voir ce
qu'il se passe au tableau pour pouvoir apprendre, et malheureusement il
y a encore trop peu d'enfants au Québec qui bénéficient de cet examen de la vue
là qui est si important pour l'apprentissage de nos enfants. Alors, ça fait
partie des objectifs que nous avons.
Évidemment, il y a toutes sortes de mesures que
nous avons annoncées depuis le dévoilement de la Stratégie 0-8 ans, au mois de janvier. Il y a d'autres
annonces qui sont à venir, mais l'objectif que nous poursuivons, c'est
toujours l'égalité des chances et, oui, d'agir tôt pour nos enfants au Québec,
M. le Président.
Le Président (M. Picard) : Il
reste 20 secondes.
M.
Plante : Je vais simplement remercier le ministre et je vais lui
demander de garder sa même fougue et sa même conviction tout le long de son parcours politique, parce que, je vais
vous avouer, c'est inspirant. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Je vais aller maintenant du côté
du deuxième groupe d'opposition. J'aurais besoin d'un consentement pour permettre à Mme la députée de
Saint-Hyacinthe de participer à nos travaux. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Picard) :
Consentement. Mme la députée. Le groupe a 17 minutes.
Mme Soucy : Parfait. Merci, M. le
Président. Bonjour. Bonjour, M. le ministre, bonjour à toute l'équipe.
En 2005, le
gouvernement organisait un grand recensement et reconnaissait les haltes-garderies
en leur accordant un soutien
financier. La halte-garderie de la Maison de la famille des Maskoutains, on ne
sait pas pour quelle raison, mais elle
est passée sous le radar à cette époque. Dans ce dossier, j'ai reçu une correspondance de votre directrice de
cabinet datée du 24 avril dernier, où vous
nous confirmiez qu'un rehaussement du financement des haltes-garderies communautaires est prévu. Merci pour l'information. Sauf que rien ne m'indique que la halte-garderie de la Maison de la
famille ne passerait pas encore sous le radar.
Sachant que, depuis 13 ans, aucune nouvelle
halte-garderie n'a été reconnue dans le programme et que le financement accordé est historique depuis 2005 et n'a pas été revu en considérant
les besoins des communautés, en tout respect pour vous, M. le
ministre, la correspondance reçue ne
répond pas à ma demande et ne répond pas non plus aux inquiétudes du
prestataire de services qu'est la Maison de la famille des Maskoutains.
Alors,
pouvez-vous m'assurer, M. le ministre, que des dispositions
seront prises par votre ministère pour reconnaître la halte-garderie la Maison de la famille des Maskoutains, qui essaie
de se faire reconnaître depuis maintenant 13 ans?
Le Président (M. Picard) : M. le ministre. Oup!
Mme Soucy :
...je vais vous la poser tout de suite, comme ça, vous... Et, également, pour l'ensemble
de ma circonscription, il y a seulement une halte-garderie qui est reconnue et qui reçoit
6 580 $, alors que, dans la circonscription de Drummond—Bois-Francs, qui est comparable à tous points
de vue à la mienne, on reçoit
107 140 $. Évidemment, je ne
veux pas... la comparaison est là pareil, je ne veux pas en enlever à Drummond—Bois-Francs, mais je veux que Saint-Hyacinthe en ait autant, ou, du moins, qu'on rehausse le financement. Alors, pouvez-vous, M. le
ministre, m'expliquer aussi
cet écart qui existe depuis plusieurs années? Merci.
Le Président (M. Picard) : Merci.
M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, j'étais
un peu inquiet pour son collègue de Drummond—Bois-Francs, alors, tout d'un coup, M. le
Président. Tout d'abord, je n'ai pas, évidemment, les données des deux
haltes-garderies devant moi. Mais la
méthode de financement des haltes-garderies communautaires, elle est la même à
travers le Québec, c'est en fonction du nombre d'heures offertes. Alors, il y a cette échelle et le financement
vient en fonction du nombre d'heures, en fonction des services qui sont offerts finalement à la
population. Alors, probablement que le financement entre les deux haltes-garderies
s'explique de cette manière-là.
Pour revenir
à la première question de la députée de Saint-Hyacinthe, effectivement, dans le
cadre justement de la stratégie 0-8,
on a dit qu'il y aura des investissements importants pour les organismes
communautaires famille, dont les haltes-garderies
également. Vous savez que mon prédécesseur, il y a deux ans, maintenant, avait
annoncé 10 millions de dollars
supplémentaires par année, dont un million par année pour les haltes-garderies
communautaires, qui jouent un rôle important à travers le Québec. C'est
non seulement le cas dans le comté de la députée de Saint-Hyacinthe, mais c'est
également le cas chez nous, à Sherbrooke.
Et ça fait
partie... aussi pour répondre à une demande historique, je dirais, de
l'Association des haltes-garderies, qui demandait à ce que le
financement soit rehaussé, au niveau du Québec, à 5 millions de dollars et
que ce million-là additionnel, ça nous
permette d'atteindre les 5 millions. Et la demande qui nous est faite,
c'est de pouvoir pérenniser ces sommes-là. Alors, il y aura une annonce
qui sera faite éventuellement, très prochainement, pour les organismes
communautaires, les haltes-garderies. Je pense qu'il y aura de bonnes
nouvelles.
Pour ce qui est de la façon dont ces sommes-là
seront redistribuées, donc, elle pose la question pour sa halte-garderie dans son comté, il y aura des
discussions, parce qu'il y a une table des partenaires qui existe. Alors, on
travaille avec la fédération des organismes
communautaires du Québec et avec L'Association
des haltes-garderies communautaires du
Québec. Je les ai rencontrés,
d'ailleurs, cette association-là, à mon bureau de comté, il y a quelques
semaines à peine, il y a 25 haltes-garderies qui sont dans la même situation
que celle de la députée de Saint-Hyacinthe, et, déjà, de leur côté, il y
a une réflexion à faire, une recommandation que, peut-être, il faudrait élargir
le nombre de haltes-garderies qui sont soutenues plutôt que d'envoyer l'argent
uniquement aux haltes-garderies qui sont déjà soutenues.
Alors, il y
aura des discussions encore avec nos partenaires à la table des partenaires.
Mais, je pense, par rapport à ce que
j'ai entendu jusqu'à aujourd'hui, M. le Président, il y a lieu d'être optimiste
pour la halte-garderie de la députée de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Picard) :
Merci.
Mme Soucy : Merci beaucoup, M. le
ministre.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée de Louis-Hébert.
• (12 h 10) •
Mme
Guilbault : Oui, merci, Président. Alors, rappel salutations à tout le
monde, toujours un plaisir d'être ici avec vous, souvent les mêmes
visages, donc un plaisir d'autant plus grand.
Je vais y
aller, moi, avec un sujet qui
concerne toujours le fameux projet de loi n° 143. Il y a, récemment,
le guide qui a été publié, le guide
avec des règles plus précises, ou, en
tout cas, des modalités, des
indications plus précises à l'endroit des prestataires en vue de se
conformer aux nouvelles exigences, notamment, qui ont été introduites. Les
trois, là, le RCR et compagnie.
Et, dans ce
guide-là se trouve aussi un encadré qui dit, puis là je vais y aller rapidement :
«Est-ce permis d'employer des personnes qui fournissent [des] services de
garde pour ou avec moi? Non. Vous devez fournir vous-même les services de garde...» Et là on dit donc que la personne ne
peut pas être remplacée pendant sa prestation de services de garde. Et
moi, j'ai des personnes déjà qui m'ont écrit
aussi à ce sujet-là, sur cette question-là de se faire... la nécessité de se
faire remplacer de manière ponctuelle, exceptionnelle ou urgente quand
on est un prestataire de services de garde en milieu familial non régis.
Par exemple,
si son enfant a une urgence, est transporté à l'hôpital, son mari... elle-même
a un malaise ou autre situation, là,
comme je disais, exceptionnelle et urgente... Et là je le présente sous forme
peut-être de... pour ouvrir une réflexion
sur cette question-là, parce qu'évidemment on ne souhaite pas que la personne
puisse sous-traiter son service de garde, qu'elle puisse se faire
remplacer par n'importe qui, qui ne remplirait pas les exigences avec
lesquelles on était nous-mêmes d'accord et avec lesquelles tout le monde était
d'accord ici aussi.
Mais j'aimerais savoir comment le ministre
conçoit la réaction ou la solution que devrait mettre en place une prestataire dans une telle situation, encore une
fois, exceptionnelle, urgente, où elle doit se faire remplacer, ou, en
tout cas, elle doit quitter son domicile et
pour laquelle... comme je disais, déjà, des prestataires m'ont écrit, moi, et
peut-être à d'autres en faisant valoir cette inquiétude légitime, à
savoir : Qu'est-ce que je peux faire en pareille situation?
Et qu'est-ce qui est prévu — peut-être, aussi y aller dans une même
question — qu'est-ce
qui est prévu actuellement pour, par exemple, les RSG en cas d'absence
soudaine ou d'empêchement soudain?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, pour répondre très rapidement à la deuxième
question, pour les RSG, il y a un mécanisme pour prévoir des
remplaçantes occasionnelles. Alors, ça, c'est déjà prévu.
Maintenant,
pour ce qui est des prestataires, bien, ça demeure une exception qu'on a prévue
dans la loi pour les personnes physiques qui agissent à leur propre
compte, M. le Président. Alors, il y a des conditions qui sont à remplir maintenant, et on a rehaussé ces exigences-là dans
le cadre du projet de loi n° 143. La députée de Louis-Hébert
parlait des trois conditions; je pense qu'il
faut parler également de l'avis qui doit être remis aux parents, qui se
retrouve justement dans le guide dans
lequel elle fait référence. Mais évidemment... et on a eu ces discussions-là
également lors de l'étude détaillée, si
ma mémoire est bonne, mais il n'est pas question qu'on puisse prévoir un
mécanisme de remplacement pour justement une des personnes qui agissent de manière exceptionnelle en vertu de la
loi, M. le Président. C'est un privilège qui est donné à une personne physique. Et donc la solution pour
ces personnes-là, pour ces familles-là, c'est peut-être d'avoir
justement une entente avec d'autres
prestataires pour qu'ils puissent prendre en charge certains enfants de manière
temporaire. Mais il n'y a pas de
mécanisme qui est prévu, parce qu'encore une fois, M. le Président, c'est une
exception que l'on permet en vertu de la loi.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée.
Mme
Guilbault : Oui, merci. Bien, je veux peut-être juste signaler au
ministre qu'une prestataire qui voudrait avoir une telle entente avec
une autre prestataire et qu'ils sont déjà toutes deux à six enfants, qui est le
maximum permis maintenant avec le ratio, ne
pourra pas, là, comme ça, en pleine journée, transférer les enfants, à toutes
fins pratiques, chez la deuxième
prestataire ou, sinon, l'autre va se trouver en situation de garde illégale. Ça
fait qu'on parle, comme je disais, de situations soudaines, exceptionnelles,
urgentes.
Évidemment,
il y a toujours la possibilité d'appeler les parents pour qu'ils viennent
chercher leurs enfants, mais, encore
là, il y a un certain délai qui est à prévoir. Donc, je voulais simplement
sensibiliser le ministre à cette question-là, comme je disais, qui m'a
été envoyée par des personnes directement concernées par la mesure en question.
Je vais
passer tout de suite à un autre sujet, parce qu'évidemment le temps file. Je
voudrais parler de la pénurie de main-d'oeuvre
dans le... cette profession bien spéciale qu'est éducatrice en service de
garde. Ce ne sera pas une surprise pour
personne, j'imagine, de m'entendre parler de ça, parce que, si vous parlez,
comme moi, à plusieurs professionnels du milieu, et là je parle du milieu, là, dans son ensemble, donc autant
dans les CPE, les garderies subventionnées, les garderies non subventionnées, c'est un problème qui est
criant. Et je pense qu'il l'est encore plus dans la région de Québec.
Donc, c'est peut-être pour ça que j'en
entends, moi, particulièrement, beaucoup parler. Mais, quel que soit le type de
service de garde qu'offrent les personnes avec qui je parle — les
directrices — le
problème est partout.
Donc,
j'aimerais savoir... Puis d'ailleurs j'ai, dans mon comté, moi, le CNDF, Campus
Notre-Dame-de-Foy, qui offre la
technique en service de garde, et je sais que le notre d'inscriptions a
dramatiquement diminué. Des fois, c'est à peine s'ils sont capables d'offrir le programme tellement il n'y a pas
beaucoup de filles — je dis
«de filles», parce qu'essentiellement c'est des filles, là — pour
démarrer des cohortes.
Alors donc, j'aimerais savoir : Est-ce
que... bien, je présume que le ministre est conscient du problème, mais, comme c'est un problème qui est devenu justement
tellement criant, on peut penser que ça fait déjà quelques années quand même que la pénurie est annoncée ou, en tout cas,
qu'on sent qu'il y a peut-être une diminution du nombre d'inscriptions,
du nombre de personnes qualifiées qui sortent de ces programmes versus la
demande.
Alors,
j'aimerais savoir : Que pense le ministre de cette situation et surtout
quelles sont les actions qui sont mises en place très concrètement pour
essayer de pallier ce problème-là? Comme je disais, il est déjà très, très
criant, alors, au minimum, ça prend trois
ans pour faire une technique. Alors, est-ce qu'il a pensé à des façons de
stimuler l'intérêt pour la profession?
Je vais appeler ça une profession. Est-ce qu'il a pensé à des moyens d'attirer
les filles et de retenir les filles dans les programmes, parce que, des fois, des gens s'inscrivent et quittent.
Et peut-être est-ce qu'il a pensé à des avenues de stimuler la valorisation, la profession... la
reconnaissance de cette profession-là? Quels sont les moyens qu'il compte
mettre en place pour répondre à ce
problème-là, qui est très grave? Puis, je le répète, dans la région de Québec,
là, c'est alarmant.
Puis
j'ajouterais que ces filles-là... Encore une fois, d'habitude, c'est beaucoup
des filles qui font ce métier-là. C'est donc une clientèle qui est spécifiquement, je dirais... qui
spécifiquement a le profil de pouvoir probablement être enceinte, à un moment ou un autre, dans les années qui suivent
la sortie des études. Et on sait que ces femmes-là, au moment où elles apprennent qu'elles sont enceintes, tombent en
retrait préventif, donc doivent quitter leur emploi temporairement, donc
le temps de la grossesse, ensuite le temps évidemment du congé de maternité,
des fois ont d'autres enfants, et tout ça.
Donc, en
mettant tout ça ensemble, ça rend la pénurie extrêmement criante et le problème
extrêmement embêtant pour les
gestionnaires des divers services de garde. Je ne rappellerai pas ma question
au ministre, je pense qu'il a dû la retenir. Donc, je vais maintenant
lui céder la parole.
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Effectivement, c'est
un problème qui est important, dont
on est conscients. D'ailleurs, on en avait parlé beaucoup lors des consultations
particulières sur le projet de loi n° 143. Ces consultations-là ont eu lieu en parallèle des
négociations que nous avions envers les éducatrices qui sont dans les
centres de la petite enfance, et, trois
semaines après mon arrivée comme ministre de la Famille, on a eu une entente de
principe avec la CSN, par la suite avec la
CSQ, la FTQ justement pour reconnaître l'apport important de ces femmes-là...
parce que la députée de Louis-Hébert
a tout à fait raison, ce sont, en grande majorité, des femmes qui oeuvrent dans
nos services de garde éducatifs...
alors, pour justement reconnaître leur apport, reconnaître leur contribution à
l'avancement du Québec et au développement de nos enfants.
Ceci étant
dit, il y a les questions d'ordre monétaire, mais il n'y a pas seulement les
questions d'argent non plus, je pense
que le problème est plus complexe que ça. Parce que, oui, il y a un problème de
pénurie de main-d'oeuvre, qui n'est pas
propre au secteur des services de garde, mais qui est bientôt généralisé dans
l'ensemble des secteurs d'activité économiques au Québec, alors il y a lieu d'approfondir cette réflexion-là, d'aller
plus loin dans nos actions. J'ai rencontré très récemment l'AQCPE. La rencontre a essentiellement porté sur
ce sujet-là. Et on a convenu, avec les différentes associations, de
mettre en place une table de travail ou un comité de travail pour voir
justement comment on peut attirer davantage de main-d'oeuvre et la retenir également, de stimuler l'inscription dans les
programmes de formation, parce qu'effectivement on constate qu'il y a une baisse présentement, mais
comme, encore une fois, dans plusieurs autres programmes qui sont offerts...
Alors, je peux vous dire qu'on est très, très
sensibles à cette question-là, M. le Président, et nous serons à la recherche de solutions. Mais, en même temps, pour
répondre au défi que nous avons en termes de main-d'oeuvre à travers le Québec, dans tous les secteurs, bien, il faut
également pouvoir miser sur l'immigration. Alors, en ce sens-là, je lance
un appel à la deuxième opposition.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée, il reste 2 min 30 s.
• (12 h 20) •
Mme Guilbault : Merci. Bon, j'aurais
un complément à apporter, mais je vais changer de sujet tout de suite. Malheureusement, on est pressés par le temps. Je
voudrais aborder la question des inspecteurs au ministère de la Famille.
Je vois, dans le cahier, qu'en 2017‑2018 il
y avait 34 inspecteurs, alors que, l'année précédente, on avait
40 inspecteurs. Alors, ma question
très simple, là, alors qu'on a adopté un projet de loi qui va dans le sens de
prioriser la réussite éducative, la qualité
éducative, et tout ça, je trouve un petit peu paradoxal qu'on ait diminué le
nombre d'inspecteurs au ministère pour aller
s'assurer justement de cette qualité-là au sein des divers services. Alors,
qu'est-ce que le ministre a à nous apporter comme réponse à cette
question?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, on a tous les inspecteurs nécessaires pour
répondre aux besoins et aux demandes, tous
les délais sont toujours respectés. Comme, par exemple, lorsqu'il y a une
plainte pour garde illégale, le ministère a 45 jours pour faire les vérifications nécessaires, le ministère fait toujours
les vérifications d'usage dans les délais qui sont prescrits, M. le Président. Et le nombre d'inspections également
varie en fonction, oui, des plaintes
qui sont reçues, mais du nombre de
permis qui sont renouvelés, du nombre de permis qui sont également modifiés,
et, encore là, dans tous les cas, M. le Président, nous avons tout le
personnel nécessaire pour nous accomplir de notre tâche avec diligence.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste une minute, Mme la députée.
Mme Guilbault : Bon. Très
rapidement, la contribution réduite qu'on demande aux parents dans les places subventionnées a été... si on part, disons, de
l'arrivée du présent gouvernement en 2014, est passée de 7,30 $, à
7,55 $, à 7,75 $, à 8,05 $
pour l'année actuelle. On constate donc que le taux de croissance n'est pas
basé sur l'inflation, mais plutôt sur
le taux de croissance, essentiellement, des dépenses liées à l'exploitation ou
au programme. Alors, j'aimerais savoir si le ministre a des prévisions budgétaires sur les montants qu'on anticipe
pour les prochaines années, les montants de ladite contribution.
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, tel qu'il était prévu, M. le Président, les
tarifs sont indexés à chaque 1er janvier en fonction du coût de la vie, et c'est ce qui détermine la contribution du
parent, et vient s'ajouter à ça, bien évidemment, la contribution additionnelle. Je sais que la
deuxième opposition a voté en faveur de la motion d'abolir cette contribution
additionnelle là. Alors, il faudrait également que la CAQ nous
réponde comment elle va le financer, le manque à gagner de 161 millions
de dollars par année pour les services subventionnés au Québec, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Nous allons du côté de la partie gouvernementale. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le Président.
M. le ministre, les membres de votre cabinet et du ministère qui vous entourent, collègues du côté ministériel et des formations de l'opposition, nous avons beaucoup parlé, et à juste titre, de l'intervention précoce,
et ça me ferait plaisir de continuer à en parler, au sujet spécifique de la
pédiatrie sociale et des centres de
pédiatrie sociale en communauté dont le Québec s'illustre en suivant
l'exemple fondateur, en quelque part, de ce concept, le Dr Gilles Julien et sa fondation. Je crois que, M. le Président, on va tous convenir de l'importance capitale d'assurer que les enfants du Québec, et surtout les enfants
les plus vulnérables, n'ont pas à s'inquiéter s'ils vont avoir l'opportunité
égale et équitable à
contribuer à la société. Qu'est-ce
qu'il y a de plus triste que de
constater qu'un enfant, presque dès la naissance, à cause de sa situation
socioéconomique, peut-être les problèmes d'un parent ou un autre, soit privé de
la possibilité d'atteindre son plein potentiel? Donc, il est de mise de mettre
la grande emphase sur l'intervention pour que chaque enfant du Québec ait la
même opportunité de s'épanouir.
Quand on
parle du Dr Julien, voilà l'exemple, comme je dis... pas l'exemple, c'est
l'individu qui a, en quelque part, créé
ce concept-là, qui est pédiatre de 40 ans d'expérience et dont son modèle, son
cheminement a été alimenté par ses réflexions, son écoute, son
expérience à travers le monde. Le Dr Julien a passé plusieurs années aux îles
Comores, en Afrique. Il s'est immiscé et
immersé, en quelque part, dans la culture et les traditions autochtones
inuites quand il était responsable de
la santé communautaire en Nunavik. Suite à ça, il y avait ses cliniques à Côte-des-Neiges, à Gatineau, où il y a eu la naissance de ses premières cliniques,
tout cela pour noter qu'il nous a
montré la voie vers des interventions ciblées qui risquent de faire en
sorte qu'on est tous sur le même pied, et je crois que le ministre et notre gouvernement
ont été à l'écoute.
Pour qu'on
soit clair... et j'ai trouvé ça très intéressant de chercher une définition offerte par le Dr
Julien lui-même, et je trouve ses mots à la fois touchants et importants, parce qu'ils sont très humains. En
parlant de ce que c'est, la pédiatrie sociale,
le Dr Julien a dit qu'«on s'apprivoise, on se reconnaît puis on partage des
jouets, des paroles et des émotions. On se comprend, on se découvre et
on passe à l'action ensemble. Voilà le sens de la pédiatrie sociale en
communauté, une méthode qui est une science,
mais également un art : l'art de l'écoute, de l'échange humain et de [...]
consolation», concept assez humaniste, on n'a pas besoin d'avoir fait
les mêmes études que le Dr Julien pour comprendre la signification de ces
mots-là.
Donc, nous
avons compris qu'il fallait prendre acte de ça, et, M. le Président, le
ministre, lors de son annonce, le 5 avril,
l'a fait, en déclarant qu'on était pour financer de façon supplémentaire de
23 millions de dollars la Fondation du Dr Julien en pédiatrie sociale. Ces sommes s'ajoutaient aux autres
sommes pour porter, au total, quelque 45 millions de dollars à cette priorité, avec un financement
annuel accordé à l'ensemble des CPSC certifiés par la fondation, qui
passeraient de 5 à 7 millions de dollars, et ce, jusqu'en 2022‑2023.
On parle déjà
de quelque 10 000 enfants qui sont maintenant à pied égal. Je vous invite,
comme je dis, de vous rappeler qu'on parle
d'un enfant à la fois, qui est dorénavant apte à contribuer à 100 %,
malgré peut-être les obstacles devant
lui, compte tenu tout simplement de... ça change d'être né dans une famille ou
une autre. Bon. Et, comme je dis, ce financement
va se répartir comme ainsi : 2 millions en 2019‑2020; 7 millions
pour chacune des années couvrant la période 2020 jusqu'à 2023, et ça va s'ajouter à celui de 22 millions
octroyés dans le cas du budget de 2015‑2016, ce qui prend fin 2019‑2020. Bon. Alors, il me semble qu'on parle
d'une priorité et quelque chose qui est complémentaire, tous les autres
gestes qu'on fait comme société, comme gouvernement, en ce qui a trait à la
famille.
Donc, M. le
Président, j'aimerais inviter le ministre à nous parler de la signification de
nos gestes dans ce domaine-là, de répondre aux possibles questions,
est-ce que ça se limite au territoire de Montréal, nos interventions là-dessus,
et de nous parler de l'impact global de ces gestes et comment on compte
poursuivre et évaluer nos efforts à ce sujet.
Le Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Je cède la parole à M. le ministre.
• (12 h 30) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. J'apprécie beaucoup la question
du député de D'Arcy-McGee sur la Fondation du Dr Julien, que, oui, j'ai
eu la chance de rencontrer très dernièrement. On a fait l'annonce ensemble
au début du mois d'avril. C'est vraiment
un homme exceptionnel avec un parcours exceptionnel et, je dirais, avec une vision exceptionnelle également. Et souvent on
pense à la pédiatrie, on fait un lien avec les soins de santé, mais la pédiatrie sociale, c'est beaucoup plus que ça.
Oui, il y a les soins de santé, de services sociaux pour les enfants qui
sont dans les quartiers les plus défavorisés
du Québec et qui ont besoin justement de services de qualité et de cet accès à
ces services de qualité là. Mais, également,
c'est de s'assurer, la pédiatrie sociale, que les droits de ces enfants-là sont
respectés, qu'ils sont dans un environnement
qui est favorable à leur développement et surtout que leur voix, elle est
entendue. Alors, ça, je pense que
c'est très important pour le développement de nos enfants, que leur opinion,
elle est prise en considération.
On
m'expliquait un petit peu le type d'intervention qu'on faisait là-bas... le
cercle, le cercle de l'enfant, lorsqu'il y a un conflit parfois entre les parents, en ce qui concerne, des fois, la
garde des enfants, on essaie de rassembler tout le monde et on écoute aussi ce qu'un enfant a à dire, et on
essaie de trouver une piste de solution. Et ça fonctionne : dans bien
des cas, il y a de belles avancées, de beaux résultats qui émanent des centres
de pédiatrie sociale en communauté.
Alors, ces
services-là s'adressent aux enfants, comme je l'ai dit un petit peu plus tôt, qui sont les plus vulnérables de notre société, dans
des quartiers qui sont défavorisés, et, non, M. le Président, ça ne se limite
pas seulement à l'île de Montréal ou au quartier Hochelaga-Maisonneuve. Oui,
c'est là qu'on a fait l'annonce, mais il faut comprendre qu'au moment où on se parle il y a en a 30, centres de
pédiatrie sociale, à travers le Québec. Il y en aura sept qui seront ouverts cette année, donc sept de plus qui vont venir
s'ajouter un petit peu partout, dont un dans ma région, dans l'Estrie, à
Magog, parce que, dans nos régions également, il y a des milieux
défavorisés. Et, malgré ce qu'on peut penser de ma région ou des Cantons-de-l'Est... parce
que souvent les touristes
viennent, ils viennent sur le lac Memphrémagog, voient qu'il y a beaucoup de
maisons de prestige, bien, ça envoie un peu une fausse image de ce qu'est notre
région, parce que même le centre-ville
de Sherbrooke, c'est méconnu, mais est un des milieux urbains les plus
défavorisés au Canada. Alors, il y a des besoins également un peu partout, et ces enfants-là, peu importe où ils
se trouvent sur le territoire du Québec, ont droit à ces services de qualité. Et, oui, des fois, parfois,
c'est un petit peu plus coûteux, parce que les ressources sont les mêmes,
puis le bassin d'enfants traités ou suivis
est plus restreint, mais ces enfants-là ont quand même le droit d'avoir des
services de qualité. Alors, on ne
peut pas se permettre, je pense, comme collectivité, des laisser derrière nous,
des laisser de côté. Alors, il faut pouvoir répondre à ce besoin-là.
Alors,
oui, il y a des sommes qui sont investies, mais ce qu'il est intéressant
également de rappeler, c'est que ça se fait
de manière, je dirais, paritaire entre la fondation et le gouvernement. Alors,
pour chaque dollar que le gouvernement investit, la fondation investit
également un dollar. Et alors il y a beaucoup de philanthropie qui se fait du
côté de la Fondation du Dr Julien. Moi,
j'encourage vraiment les gens à appuyer cette fondation-là, les entreprises à
appuyer également la fondation, qui a
une mission qui est vraiment très importante pour l'avenir de nos enfants. Et,
encore une fois, il faut le rappeler,
parce que c'est des questions... La question que le député de D'Arcy-McGee a
soulevée m'a été également soulevée en
me disant : Oui, mais est-ce que c'est juste pour Montréal? Alors, non, je
tiens à le rappeler ici, c'est pour les enfants qui sont sur l'ensemble
du territoire québécois, M. le Président.
Alors, ça
fait partie des initiatives que l'on fait, que l'on soutient comme
gouvernement. Il y avait 23 millions dans le dernier budget pour la Fondation du Dr Julien. C'est venu s'ajouter
aux 22 millions que nous avons investis dans le budget 2015‑2016. Alors, il y a quand même des
sommes considérables. Et on parlait des centres de pédiatrie sociale en
communauté, je disais qu'il va y en avoir 37 au terme de cette année. Il y
avait un objectif d'en avoir 42 pour 2020, mais,
avec les sommes que nous investissons au cours des prochaines années,
visiblement, nous allons largement même dépasser cet objectif-là. Alors,
ça fait partie des gestes que nous posons pour soutenir les enfants les plus
vulnérables de notre société.
Mais, si le
député de D'Arcy-McGee me le permet, il y avait un autre élément très important
dans notre budget qui s'adresse
également aux enfants défavorisés, c'est de leur permettre l'accès aux services
de garde subventionnés de manière gratuite,
cinq jours par semaine. Alors, ça aussi, je pense que c'est une réalisation qui
est très importante, parce que, depuis 1997, les parents qui sont à
l'aide de dernier recours, dans des programmes de réinsertion en emploi,
devaient payer deux journées et demie par
semaine, mais c'était un frein ou une limitation pour inscrire certains enfants
dans les services de garde, parce
qu'il restait quand même deux journées et demie par semaine à payer, et, pour
certaines familles, elles n'avaient pas
nécessairement les moyens de pouvoir s'offrir ça, alors qu'on sait que ces enfants-là
ont besoin des services de garde éducatifs. On parlait tantôt d'agir
tôt, de détecter tôt, alors, c'est une bonne façon de pouvoir le faire.
Et on pense
qu'avec la mesure que nous avons mise en place et qui découle du plan de lutte
à la pauvreté, que nous avons
devancée grâce aux sommes du dernier budget, non seulement nous allons pouvoir
maintenir ces 11 000 enfants là
qui sont déjà dans les services de garde, mais on a également l'espoir de
pouvoir doubler ce nombre-là et d'augmenter le nombre d'enfants dont les parents sont exclus de la contribution de base
à 22 000 enfants. Alors, je pense que c'est un bel accès que
nous offrons et un bel avenir également que nous offrons à ces enfants-là, M.
le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 30 secondes, M. le député.
M. Birnbaum : Bon, l'ajouter au
prochain...
Le Président (M. Picard) :
Parfait.
M. Birnbaum : Merci.
Le
Président (M. Picard) : Donc, nous allons du côté de
l'opposition officielle pour les 13 prochaines minutes. Mme la députée
de Joliette.
Mme
Hivon : Oui, merci
beaucoup, M. le Président, heureuse de vous retrouver. Juste peut-être une
petite remarque, le ministre parlait, tout à
l'heure, des maternelles quatre ans, je dois vous dire que, de notre côté
aussi, on se pose beaucoup de
questions comment cet engagement-là va pouvoir être concrétisé, parce que,
voyez-vous, en ce moment, si on se fie au dernier communiqué du ministre
de l'Éducation, il y aurait 2 500 enfants qui fréquentent la maternelle quatre ans. Au Québec, il y a
91 000 enfants qui ont quatre ans. Alors, on peut s'imaginer, si on veut
rendre accessible la maternelle quatre ans à tous les enfants de quatre
ans d'un coup, ce que ça va représenter en termes d'infrastructures scolaires et d'investissements. Puis la deuxième opposition, par ailleurs, veut baisser la taxe scolaire de 1,3 milliard. Donc, je me demande comment on va pouvoir concrétiser ça, mais j'imagine que ce
sera à suivre dans les prochaines semaines.
Moi, je
voulais revenir sur la question des services de garde, donc, en milieu familial
ou en installation, mais pour les
enfants d'âge scolaire. Donc, justement, c'est quelque chose qui a été abordé
par ma collègue de la deuxième opposition la semaine dernière. J'aimerais y revenir, d'abord pour dire que je me
suis impliquée dans ce dossier-là très certainement parce que c'est un enjeu dans ma circonscription,
à Notre-Dame-des-Prairies, qui touche des centaines d'enfants et de familles, et jamais pour pouvoir être dans
l'illégalité, au contraire, toujours pour faire en sorte que ces endroits-là
obtiennent leur permis et puissent justement agir correctement. Et d'ailleurs
il y avait une volonté des responsables d'obtenir leurs permis.
Et j'avais
aussi suggéré au ministre, oui, pour que tout ce qui se passait ne désorganise
pas à la fois l'école... Parce que,
pour vous situer, il y a des enfants qui sont en garde, d'âge scolaire, donc,
dans des milieux familiaux. En général, ce n'est pas des maisons qui
sont utilisées par les parents comme tels, ce n'est pas leur maison, c'est plus
comme une installation si vous voulez, mais
gérée par des parents extérieurs au service de garde à l'école. Et donc il y
avait un problème, effectivement, qui
n'a jamais été nié par les personnes concernées, mais de transférer des
centaines d'enfants en cours d'année,
évidemment, dans le service de garde de l'école alors qu'il n'y avait pas les
locaux et donc ça faisait que tous les espaces devaient être pris,
c'était une complexité.
Ça
fait que tout ça pour dire que j'avais exploré avec les collègues de voir s'ils
pouvaient, donc, se rapporter comme une
extension du service de garde de l'école, question que l'année se termine et
question, surtout, que le règlement soit modifié. Parce que tous ces services-là veulent
être conformes, évidemment, et moi, je juge urgent qu'ils soient
conformes et donc que ces permis-là puissent être obtenus.
Et
ce que je voulais mettre en lumière, le ministre le sait, mais c'est que cette
réalité-là a fait ressortir, en fait, qu'on a beau vouloir que ces endroits-là obtiennent des permis... et le
ministre a donné l'avis, à la lumière des discussions avec son ministère, que tous ces services-là pour des
enfants d'âge scolaire à l'extérieur des services de garde à l'école sont
assujettis à la loi sur les services de garde, donc, à toutes les mêmes
exigences que les 0-5 ans.
Évidemment,
dès lors, il y a un problème, parce que les 0-5 ans, ça demande toutes sortes
d'infrastructures parce qu'ils sont
là toute la journée, parce qu'ils demandent une supervision accrue, parce que,
par exemple, il faut des matelas de sol pour qu'ils puissent dormir.
Donc,
évidemment, on comprend que ce n'est pas du tout la même réalité que quand vous
accueillez des enfants d'âge scolaire
qui sont chez vous quelques heures par jour et qui ne sont pas dans une réalité
éducative au même titre que de services
de garde éducatifs puisqu'ils vont déjà à l'école. Donc, déjà, il y a un
problème là, mais plus grave. En fouillant le dossier, bien sûr, on s'est rendu compte que, même s'ils voulaient se
conformer et qu'ils sont assujettis à la loi, il y a une impossibilité pratique de le faire parce qu'il n'y
a jamais d'appel de projets pour des places en installation ou dans ces
milieux-là pour des enfants d'âge scolaire. Tous les appels de projets sont
pour des places 0-5 ans.
Alors,
j'aimerais que le ministre m'explique comment ces services-là peuvent être
assujettis quand, dans les faits, c'est impossible pour eux de se
conformer, parce qu'il n'y a pas d'appel de projets qui concernent des places pour
les enfants d'âge scolaire.
Et,
deuxièmement, je veux savoir si c'est son intention de modifier le règlement
pour qu'il soit adapté à la réalité des services de garde pour des
enfants d'âge scolaire.
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
• (12 h 40) •
M.
Fortin (Sherbrooke) : M. le Président, on a eu abondamment l'occasion de discuter de ce sujet-là, qui
est un sujet important, qui, je sais, a beaucoup occupé la députée de Joliette,
qui m'a beaucoup occupé également. Alors,
à la lumière de l'avis que nous avions, c'était très clair que ces services-là
étaient sous la responsabilité de la loi
sur les services éducatifs à l'enfance, pour lesquels les règles sont les mêmes
pour tous les services, et qui détermine son champ d'application en disant
que ce sont tous les enfants d'âge primaire qui ont droit à des services de
qualité, donc jusqu'à 12 ans, donc on y inclut, là, les enfants d'âge
scolaire.
Puis
c'est bien évident, M. le Président, que, pour un service qui décide d'offrir
des services qui sont dédiés
aux enfants d'âge scolaire, les besoins en termes d'infrastructures ne sont pas les mêmes
que pour les enfants d'âge préscolaire. Maintenant, la loi ne fait pas la distinction entre les deux, parce
qu'on se dit : Bon, bien, c'est difficile de déterminer si la personne qui est titulaire du permis ne déciderait
pas, du jour au lendemain, d'offrir également des services à des enfants
qui sont d'âge préscolaire.
Maintenant,
lorsque la députée de Joliette dit : Est-ce qu'on est ouverts à revoir les
règles, à revoir la réglementation et le système? Moi, j'ai dit que
j'étais toujours ouvert à cette discussion-là, qu'on est toujours ouverts à
moderniser nos pratiques.
Maintenant,
il va y avoir des règles quand même. Alors, quelles devraient être les règles?
Parce qu'on l'a vu, là, il y a eu
différentes situations dans sa circonscription. Elle a raison de dire que, dans
une maison, il y avait un service qui n'était
pas habité par la personne responsable, mais c'était quand même dans un
quartier résidentiel, où il y avait 30 enfants dans la maison, ce qui est quand même beaucoup, M.
le Président. Alors, quelles devraient être les règles, d'une part? Comment les permis pourraient être attribués,
d'autre part? Ça, c'est l'autre question. Quel nombre de permis? Alors,
il faut déterminer quels sont les besoins à travers le Québec.
Et,
pour l'instant, ce que j'expliquais à la députée de Louis-Hébert vendredi
passé, c'est que, malgré l'appel public que j'ai lancé, malgré des contacts que nous avons avec quelques
commissions scolaires, ça ne nous apparaît pas comme étant un service qui est très répandu sur
l'ensemble du territoire du Québec, là. Lorsque les commissions scolaires
ont connaissance de services de dîneurs ou
d'encadrement après les heures de classe, ça se fait souvent en nombre très
restreint, donc moins de six enfants, ce qui est tout à fait conforme à
l'esprit de la loi.
Alors,
lorsqu'on parle de mettre en place tout un système d'encadrement, de permis et
de réglementation, bien, il y a des
coûts là qui y sont associés également pour contribuables, et il faut voir dans
quelle mesure ces services-là ou... le besoin
est présent sur l'ensemble du territoire québécois. Puis, au moment où on se
parle, on n'est pas en mesure d'indiquer qu'il y a un besoin qui est
vraiment criant sur l'ensemble du territoire du Québec, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
Mme
Hivon :
Bien, la difficulté, bien sûr, M. le Président, c'est que ces services-là qui…
en tout cas, selon plusieurs personnes
qui me parlent dans la foulée de ce qu'on a vécu dans la circonscription, ils
existent un peu partout. Mais bien sûr que les gens ne lèvent pas la
main, parce que souvent il y a une difficulté parce qu'ils ne peuvent pas se
conformer à l'ensemble des exigences de la
loi, parce que la loi et le règlement ne sont pas adoptés à la réalité
d'enfants d'âge scolaire versus d'enfants de 0-5 ans. Alors, je
pense que ça, c'est un des enjeux.
Mais
est-ce que le ministre me confirme que, même si les propriétaires actuels de
ces endroits-là font une demande de
permis, ce qu'ils ont amorcé comme démarche, ils ne pourront pas obtenir de
permis, puisqu'il n'y a carrément aucune place qui est octroyée par des
appels de projets pour des enfants d'âge scolaire?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Bien, M. le Président, dans le cadre de ce type
d'installations là, il y aurait une demande de garderie privée non subventionnée, hein, dans le système dans lequel
on est présentement, et pour lesquelles il n'y a pas d'appel de projets, mais pour lesquelles les comités consultatifs
régionaux se rassemblent deux fois par année pour évaluer les projets qui sont soumis. Alors, une
installation de ce type-là pourrait aujourd'hui soumettre une demande de
permis pour une garderie privée non
subventionnée, et le comité consultatif régional devrait l'évaluer en fonction
de sa qualité, de sa pertinence et de
sa faisabilité. Alors, je ne peux pas présumer de quelle serait la décision du
comité consultatif. Mais, évidemment,
ces comités consultatifs là ont une vision des choses qui est plutôt
conventionnelle pour des services qui sont
conventionnels. Ça, je pense qu'il faut également le reconnaître. Mais, encore
là, il n'est pas interdit de penser, M. le Président, que les comités consultatifs pourraient émettre un avis
favorable, une recommandation favorable au ministre pour l'émission d'un
permis, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme
Hivon :
Merci. Moi, j'ai deux demandes au ministre. Je pense que ce n'est pas du tout
le même univers quand on est avec des enfants d'âge scolaire que d'âge
0-5 ans. Donc, c'est sûr que ce n'est pas la même réalité. On veut la sécurité, on veut l'encadrement, évidemment qu'on
veut tout ça. Mais ce n'est pas la même réalité, ça n'a pas une fonction
éducative comme les services de garde
éducatifs, ça n'a pas une fonction où l'encadrement, le ratio doit
nécessairement être le même. Donc, ce n'est pas la même réalité.
Alors, moi,
je demande deux choses au ministre, c'est de s'y pencher de manière urgente,
parce que ce que ça, ça a mis en
lumière, au-delà de ma circonscription, et tout ça, c'est que c'est impossible
d'avoir des services de garde scolaires à l'extérieur des murs d'une école. Et moi, je trouve que les services
de garde éducatifs en milieu scolaire
sont très bien. Mais je
comprends tout à fait qu'il y
a d'autres réalités et je voulais
juste porter ça à l'attention du ministre,
à savoir, s'il nous dit qu'ils sont
assujettis, mais que, dans les faits, ils ne peuvent pas obtenir de permis, il
y a un sérieux problème. Et je pense
qu'il doit modifier évidemment sa loi et son règlement pour que, s'ils sont
assujettis à la loi et au règlement, ils puissent s'y conformer, parce
qu'en ce moment c'est impossible.
Alors,
l'autre sujet que je voulais aborder, en terminant, je voulais revenir sur la
question des inspecteurs, moi aussi.
Parce que je veux juste porter à l'attention du ministre que... Nous, on est
remontés jusqu'à 2014‑2015. Il y en avait 44, inspecteurs. 2017‑2018, il y en a 34. Donc, ça a baissé de
23 %, le nombre d'inspecteurs. Pendant ce temps-là, il y a eu 32 000 places de plus, donc 10 % de
places de plus. Alors, comment on peut faire autant d'inspections pour la
qualité des services de garde en ayant
baissé de 23 % quand les places ont augmenté de 10 %? Est-ce que le
ministre peut nous dire le nombre de plaintes qui donnent lieu à une
inspection?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, tout d'abord, par rapport à la demande de la
députée de Joliette, je trouve ça quand même un peu contradictoire parce qu'en même temps on nous demande de
faire des travaux pour qu'on puisse créer un système de permis pour ces services de garde là, qui seront visiblement
des services de garde privés, parce que les publics sont déjà en milieu scolaire. Alors, ça, c'est la
demande de la députée de Joliette. Puis, de l'autre côté, bien, leur
conseiller pour l'enfance, Camil Bouchard,
dit qu'on devrait progressivement retirer les permis pour les garderies
privées. Alors, elle nous demande de
faire des travaux, puis, de l'autre côté, ils nous disent qu'il faut retirer ce
type de permis là. Je pense que ça prendrait un petit peu de cohérence
de ce côté-là.
Pour ce qui est de la question des inspecteurs,
M. le Président, comme je l'ai expliqué tantôt à la députée de Louis-Hébert, on a toutes les ressources
nécessaires pour répondre aux besoins, pour faire les enquêtes nécessaires. Il
y a certains postes d'inspecteurs qui ont
été transformés en postes d'enquêteurs, ce qui explique également les
différences dans les statistiques. Et il y a
des postes présentement qui sont ouverts et qui seront comblés par le
ministère, pour lesquels on n'anticipe pas de difficultés de
recrutement, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 15 secondes.
Mme
Hivon : Oh! est-ce
que le ministre peut juste me dire le pourcentage de plaintes qui font l'objet
d'une inspection? À la suite de plaintes, il y en a combien qui donnent lieu à
une inspection?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Pour toutes les plaintes, M. le Président, il y a un
suivi qui est effectué par le ministère. Et je devrais également ajouter
que, dans 94 % des cas, ces plaintes-là se règlent suite à l'intervention
du ministère, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Nous allons du côté de la partie gouvernementale. Mme la députée de
Richmond.
Mme
Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre, de l'ensemble de ces
réponses. Il y a un sujet dont il a
été question dans l'actualité il y a quelques semaines de ça à peine, un sujet
qui m'interpelle particulièrement, qui
concerne la famille, un sujet qui a été une motivation, à la base, pour ma
présence et le fait d'avoir pris cette décision de faire le saut en politique. Mais, en même temps,
paradoxalement, quand même, le même sujet qui fait en sorte qu'aujourd'hui
j'ai pris la décision de ne pas me représenter à la prochaine campagne
électorale pour le 1er octobre prochain.
On parle du
ministère de la Famille. Il est question de conciliation travail-famille. On
est au coeur même de ces décisions à
prendre pour l'ensemble des familles du Québec. Et on est placés, justement,
dans cette position où on doit également
faire des choix pour notre propre famille, à l'occasion. Il y a eu un topo très
éclairant, très touchant, en même temps,
qui a été fait par Radio-Canada Estrie sur le congé de paternité que le
ministre de la Famille n'avait pu prendre du tout, malgré le fait que
l'on paie ses cotisations au RQAP en tant que député.
J'aimerais
profiter de cette étude des crédits... Je sors un peu... On reste dans le
sujet. Je suis consciente que j'en sors un peu. Ce seront mes derniers crédits budgétaires en matière de
famille, et on laisse tous un peu, à quelque part, un certain legs quand on décide de vivre la politique, et que
ce soit la place des femmes en politique, que ce soit la place des
régions. Mais la place des jeunes en
politique aussi m'interpelle tellement. Et je voudrais qu'on puisse échanger
tellement davantage entre collègues, entre parlementaires, sur
différents sujets. Je pense que ça nous amènerait tellement à aller beaucoup
plus loin comme parlementaires.
• (12 h 50) •
Il y a une
chose dont il est question... en fait, que vous avez mentionnée, c'était la
nécessaire modernisation... Je ne cite
pas, là, mais ce que moi, j'en ai retenu, c'est la nécessaire modernisation de
l'Assemblée nationale, de certaines règles, en fait. Je pense évidemment que, oui, on est rendus là. La société
évolue, la pensée évolue, et il faut que le parlementarisme évolue également au même rythme que la société, et
sinon même être un exemple, devenir un modèle sur ce qu'on est capable
de faire et de démontrer la faisabilité. Pour ça, il faut travailler davantage
ensemble.
Et, quand on
parle de moderniser, ça s'est déjà fait auparavant. Il y a plusieurs années, il
y a des règles, à l'Assemblée nationale,
qui ont été modifiées pour faciliter les choses. Et je parle avec un double
chapeau en même temps : j'ai été fille de député et j'ai connu. Donc, ce que nos enfants vivent aujourd'hui, je
sais ce que c'est. Et j'ai connu ce Parlement qui a été capable de
s'adapter et de modifier certaines règles sur les heures où on siège, les
semaines où on doit être présents à Québec, et tout ça. Au fil du temps que la
société s'adaptait, notre Assemblée nationale s'est adaptée également.
Je sais à
quel point... Ceci étant, on est loin de faire pitié, hein? Tu sais, je veux
dire, ce n'est pas un discours de victime
que j'ai, loin de là. Il faut faire attention. On demeure aussi des modèles
extraordinaires pour nos enfants. Ils apprennent des choses qu'ils ne
verraient pas autrement non plus. Ça amène des expériences extraordinaires.
Mais je pense
qu'on a cette opportunité justement d'avoir un jeune père de famille ministre
de la Famille pour ouvrir les portes
toutes grandes à ce qu'on puisse avancer encore davantage, oui, pour le congé
parental, mais, oui, sur la modernisation
des façons de faire aussi à l'Assemblée nationale, qui va toucher finalement
non seulement les jeunes parents, mais aussi probablement l'attractivité
et la qualité du travail que l'on peut faire comme parlementaires également.
Donc, c'est
beaucoup de choses en même temps, puis c'est, en même temps, tellement une
question de représentativité. Si des
jeunes femmes comme moi ou des jeunes hommes comme d'autres finissent par
dire : Je vais attendre plus loin dans mon cheminement
professionnel, je vais attendre que mes enfants soient plus vieux, qu'est-ce
qu'il en sera de notre représentativité et
de notre tranche d'âge également qui est superimportante, je le mentionnais
dans une autre intervention tout à
l'heure, où on devient la partie de la population active la plus importante,
qui va soutenir énormément de programmes, qui va soutenir énormément de gens bientôt également, et qui, en plus, a
la pression de dire : On prépare aussi le meilleur futur possible
pour ceux qui nous suivent par la suite pour qu'ils aient peut-être un petit
peu moins cette pression-là?
Donc, est-ce qu'au-delà du congé parental...
est-ce que le ministre de la Famille, de par l'expérience qu'il a, a d'autres idées, ou quelle serait la voie ou
l'avenue à utiliser pour justement venir discuter davantage de ces dossiers-là?
J'ai, de façon personnelle, en 2015, déposé,
auprès de cette même commission où on siège aujourd'hui, un mandat
d'initiative sur la place des femmes en
politique pour regarder justement qu'est-ce qu'on pourrait faire concrètement,
non pas juste penser à l'objectif
ultime d'arriver à la parité en un seul souhait, mais qu'est-ce qu'on est
capable de faire vraiment pour ajouter
des marches ou du pavé à cette route qui parfois semble difficile, mais pour
qu'au moins on s'en rapproche le plus rapidement possible, et surtout en
action.
Donc, dans la même foulée, justement, pour la
conciliation travail-famille des parlementaires, est-ce qu'il y a d'autres items, d'autres idées auxquelles vous
pensez ou quelle serait justement la locomotive nécessaire pour dire :
On va travailler sur ces sujets-là?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, moi aussi,
je vais un peu déroger, comme l'a
fait la députée de Richmond. Je veux davantage m'exprimer à titre de député de
Sherbrooke, à titre de ministre de la Famille,
parce que je souhaite vraiment respecter l'indépendance de l'Assemblée
nationale, le principe de la séparation des pouvoirs. Et ce n'est pas le gouvernement qui, je pense, doit intervenir
dans les affaires internes de l'Assemblée nationale, mais, ici, on est
tous députés également.
Alors,
effectivement... et je pense qu'il y a plus que le RQAP, et, dans l'entrevue,
j'avais abordé d'autres sujets, mais,
évidemment, c'est celui-là qui a davantage retenu l'attention. Je pense, ce
serait, déjà là, un bon départ qu'on puisse, à tout le moins, étudier cette question-là, que les élus de l'Assemblée
nationale soient admissibles au Régime québécois d'assurance parentale,
il faut encore le rappeler, parce qu'on paie notre cotisation.
Dans
l'entrevue, également, j'ai parlé de la présence ou plutôt présentement de
l'absence d'un service de garde ici,
au parlement, et je pense que, ça aussi, on ne fait pas figure d'exemple en
termes de conciliation famille-travail. Qu'en 2018 il n'y ait pas de
service de garde à l'Assemblée nationale du Québec, pour moi, il y a là un
manque qui est très important. Et évidemment peut-être que le service
de garde serait davantage
utile pour des députés de la région de Québec. Moi, mes enfants sont à Sherbrooke, parce que,
bon, il y a l'école, également, mais il
y a peut-être des députés...
comme m'avait suggéré Jean Lapierre de le
faire, de dire : Bien, Luc, tu es élu, tu devrais déménager ta famille à Québec.
Bien, on a des obligations également en circonscription. Parce qu'il m'avait
dit : Moi, si c'était à refaire, j'aurais déménagé ma famille à Ottawa, parce que les collègues qui ont survécu — dont
M. Charest — dont la vie familiale a survécu à la
vie politique, c'est parce qu'ils ont
déménagé leurs enfants dans la capitale. On a réussi à s'arranger autrement, ma
famille va très bien aussi, soit dit en
passant, M. le Président, mais je pense qu'il y a ici un... qu'il n'y ait pas
de service de garde dans l'Assemblée
nationale, c'est vraiment une lacune majeure, non seulement pour les élus, mais
également pour le personnel, pour le personnel politique, le personnel
de l'Assemblée nationale.
L'autre
élément que j'avais abordé dans l'entrevue, qui n'a pas été retenu après le
montage, c'est la question du fonctionnement
du Parlement. Là aussi, je pense qu'on est au siècle dernier. Avec les
nouvelles technologies, de pouvoir faire
des commissions parlementaires à distance, par la visioconférence, entre
autres. Peut-être qu'on aurait pu faire notre étude de crédits chacun dans notre bureau de circonscription puis
s'échanger les questions via une visioconférence, peut-être que ce sera possible éventuellement. Et encore, on
le voit, comment on fonctionne, ici, notamment par le vote par appel nominal. On doit être en Chambre pour pouvoir
s'exprimer sur un projet de loi, sur une motion, alors qu'il y aurait
tellement d'autres façons de pouvoir le
faire, et ça nous oblige à être présents ici pour s'exprimer au nom de nos
citoyens. On peut le faire de toutes
sortes de façons, on peut prendre la parole, faire un discours, mais le moment
du vote, il est assez solennel, et c'est
là qu'on représente également vraiment les gens qu'on représente. Et, même si
tu as suivi un débat pendant 30 heures, si tu n'es pas au salon bleu pour pouvoir voter, c'est comme si ta voix
ne comptait pas, si la voix de tes citoyens ne comptait pas. Puis, moi, ça, je pense que c'est un gros
problème, qu'on en soit là encore en 2018, alors qu'il y aurait façon de
faire, je pense, autrement, notamment, que
soit par le vote électronique ou quoi que ce soit. Alors, je pense que la
grande embûche, elle est encore là.
Et moi, je
suis un jeune père, il y a des jeunes mères qui sont ici, on souhaite rajeunir
le visage de la politique, et, lorsqu'on
approche de jeunes parents, bien, c'est le fait justement de concilier la vie à
Québec et la vie en famille qui est problématique.
Et le fait qu'ici il y ait peu de flexibilité dans le fonctionnement de
l'institution, bien, ça nous cause, je pense, un problème pour rajeunir,
pour renouveler la classe politique au Québec, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée de Richmond, il reste quatre minutes.
Mme
Vallières :
Merci. Puis ce qu'il est important de mentionner, également, M. le Président,
je pense que c'est que chaque député
et chaque circonscription sont aussi très différents les uns des autres, et on
a un peu, dans les 125
circonscriptions, chacun notre réalité aussi, de par la situation géographique,
notre situation familiale personnelle également,
d'où l'intérêt, selon moi — et c'est de ma voix très, très personnelle que je le fais — que les gens s'assoient davantage
ensemble, les parlementaires, présents, passés et futurs, ceux qui seront là,
pour parler davantage de cette préoccupation,
justement, avant que ce tissu de représentation peut-être ne s'effrite
davantage, et où on pense, à ce moment-là,
à vraiment être en action. Alors, on le sait, maintenant, on a, chacun de nos
côtés, une panoplie d'idées, probablement qui nous auraient... ou qui nous faciliteraient la vie personnellement
aussi, et peut-être que les gens à côté de nous vivent ces situations
aussi puis se disent : Ah! oui, c'est vrai, moi aussi, finalement. Donc,
il y a ça.
Alors, si
j'ai un souhait très, très personnel, c'est que ce soit le Bureau de
l'Assemblée nationale ou l'Assemblée nationale
dans son grand ensemble... prenne le leadership, justement, et puisse regarder
ce dossier de façon très objective, ce pourrait être vraiment très bien
aussi.
Ceci étant, puisque, je crois, M. le Président,
qu'il reste très peu de temps...
Le Président (M. Picard) :
2 min 30 s.
• (13 heures) •
Mme
Vallières :
Excellent. Je voudrais noter la participation de nos familles. On est ici pour
le faire aussi, dans cette vie
politique que l'on mène, je pense que tout le monde également sera d'accord
avec moi, c'est un choix pas toujours personnel
mais surtout familial, alors que Roséliane et Clémence m'ont accompagnée dans
cette aventure pendant les six
dernières années. Mon collègue député de Sherbrooke, qui les a connues
également depuis toutes petites... et donc je voulais saluer cette
participation justement... et de m'avoir permis de vivre cette aventure.
Et que je continuerai aussi, c'est ce que je
voulais mentionner, également, que je tends la main au député de Sherbrooke, comme à l'Assemblée nationale, pour
pouvoir peut-être donner de ces idées, mais il faudrait justement que
l'on puisse inscrire tout ça dans un agenda intéressant. Et, pour le ministre
de la Famille, également, je sais que tout ça est scindé en deux et qu'il faut respecter chacune des juridictions. Mais reste que, dans une politique de la famille
quelconque, quand on pense aux travailleurs,
etc., il y a les travailleurs de la politique
aussi, et j'inclus toujours là-dedans,
quand je parle de nous, je parle
également de l'ensemble de nos employés, qui, souvent, vivent des situations
similaires aussi. Alors, voilà. C'est ce que je voulais ajouter. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 1 min 20 s pour le groupe parlementaire. M. le
ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, peut-être tout simplement, M. le Président, pour
dire que je partage le souhait de la députée
de Richmond que soit l'Assemblée nationale ou le Bureau de l'Assemblée
nationale se penche sur ces enjeux-là, qu'on puisse justement
favoriser... être un exemple en termes de conciliation famille-travail.
Et, pour les
dernières secondes qu'il reste, M. le Président, je veux tout simplement
remercier mon équipe, mon cabinet,
évidemment les gens de la fonction publique qui m'ont accompagné au cours de
ces cinq heures d'études de crédits. Merci infiniment pour tout le travail accompli.
Les gens du Curateur public, de Retraite Québec également, qui ont été présents. Et remercier l'ensemble des
parlementaires pour les échanges que nous avons eus, qui, je pense, se sont
faits dans le respect et ont été très
productifs. M. le Président, vous remercier, le député de Portneuf, qui a
présidé nos travaux vendredi dernier et également le secrétariat de la
commission. Merci, M. le Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Le temps alloué à l'étude du crédit Famille, les crédits
budgétaires du portefeuille Famille étant
presque écoulés, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des
crédits.
Le programme 1, intitulé Planification,
recherche et administration, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division. Le programme 2, intitulé Mesures d'aide à la famille, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division. Le programme 3, intitulé Services de garde, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division. Le programme 5, intitulé Curateur public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
L'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille
Famille pour l'exercice financier 2018‑2019 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignement de l'opposition ainsi que la réponse... il y avait
une demande de Mme la députée de Louis-Hébert concernant la ventilation des
plaintes visant les garderies subventionnées et non subventionnées.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où
elle entreprendra l'étude des crédits
budgétaires du volet Condition féminine du portefeuille Éducation et
Enseignement supérieur. Merci et bon appétit.
(Fin de la séance à 13 h 3)655