(Quinze
heures six minutes)
Le Président (M.
Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission des
relations avec les citoyens ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Immigration et Communautés
culturelles des crédits budgétaires
du portefeuille Immigration,
Diversité et Inclusion pour l'exercice financier 2018‑2019. Une enveloppe
de six heures est allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Alors, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé
par M. Plante (Maskinongé); Mme Sauvé
(Fabre) est remplacée par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger); Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)
est remplacée par M. Polo (Laval-des-Rapides); et Mme Guilbault
(Louis-Hébert) est remplacée par Mme Roy (Montarville).
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis
nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par différents blocs, nous allons vous revenir là-dessus.
Et la mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui
leur est alloué, soit ce soir, vers 22 h 30.
Puisque nous avons débuté
nos travaux avec cinq minutes de retard et qu'une période de trois heures doit
être consacrée à l'étude de ces crédits, y a-t-il consentement pour poursuivre
nos travaux jusqu'à 18 h 5? Ça va? Merci.
Remarques préliminaires
Nous allons débuter
nos remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 17 minutes.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
M. le Président, Mme la secrétaire de la commission, chers collègues de l'Assemblée
nationale, Mme la députée de Marie-Victorin, Mme la
députée de Montarville. Je salue également le personnel qui vous accompagne et vous
appuie dans cet exercice.
C'est avec plaisir
que je suis parmi vous aujourd'hui alors que la Commission des relations avec
les citoyens procède à l'étude des crédits budgétaires 2018‑2019 pour le ministère
de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion. Pour cette occasion, je suis accompagné de membres
de mon cabinet, à ma gauche ma directrice de cabinet, Mme Gabriela
Quiroz, ainsi que l'équipe du ministère, dirigée par le sous-ministre,
M. Bernard Matte.
L'immigration n'est pas un phénomène nouveau, au Québec. Au cours de son
histoire, nous avons connu plusieurs vagues d'immigration. Prenons, par
exemple, le quartier Saint-Michel, que je représente depuis décembre 2013, qui,
depuis les années 50, a reçu plusieurs
vagues d'immigration en provenance notamment d'Italie, dans les
années 50 et 60, d'Haïti, dans les années 60 et 70, et plus
récemment du Maghreb. Aujourd'hui, le quartier Saint-Michel compte des Québécoises
et des Québécois provenant de plus d'une soixantaine de pays. Un riche tissu
entrepreneurial et communautaire incarne cette diversité.
Depuis
mon élection, j'ai eu la chance d'échanger et de travailler avec ces femmes et
ces hommes qui, avec leurs familles,
ont fait le choix du Québec, de sa langue, de sa culture et de ses valeurs démocratiques et qui veulent contribuer activement
et positivement à son avenir. J'ai été nommé ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion par
le premier ministre du Québec il y a un peu plus de six mois, soit le 11 octobre
dernier. Le ministère est passé d'un ministère à vocation sociale à un ministère
à vocation économique. Par ce signal, le
premier ministre envoie un message clair. Pour notre gouvernement,
l'immigration est un des piliers fondamentaux du développement économique du
Québec du XXIe siècle.
Permettez-moi
de faire un retour sur les derniers mois. Rapidement, après ma
nomination, je me suis mis à l'oeuvre en
annonçant la tenue du Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la
discrimination, une tournée d'écoute des
régions du Québec afin d'alimenter les discussions du forum. À cet
effet, j'ai visité une dizaine de régions du Québec, où j'ai rencontré des personnes immigrantes et
celles issues de la diversité, des PME, des grandes entreprises,
des élus municipaux, des organismes communautaires qui jouent un rôle
important dans l'intégration et la francisation des personnes immigrantes.
• (15 h 10) •
À la suite de cette
tournée des régions, un constat est clair : devant la croissance
économique la plus forte des 15 dernières années et un taux de chômage
atteignant son niveau le plus bas en plus de 40 ans, devant les défis démographiques du Québec qui s'accentuent, devant
le fait que plusieurs régions sont aux prises avec un important besoin
de main-d'oeuvre, l'immigration s'avère une des solutions pour soutenir nos
entreprises et assurer le développement économique de nos collectivités.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Depuis 2006, les personnes immigrantes ont pourvu 52 % des emplois
créés au Québec, et, selon les perspectives,
plus de 1,3 million d'emplois seront à pourvoir d'ici 10 ans, dont
environ 80 % à l'extérieur de la
région de Montréal. La participation au marché du travail des personnes
immigrantes est essentielle pour répondre
aux besoins de main-d'oeuvre des régions alors que plus de 20 % de ces
emplois seront comblés par l'immigration.
Le 5 décembre
dernier, nous avons tenu le Forum sur la valorisation de la diversité et la
lutte contre la discrimination, où le
premier ministre du Québec a annoncé une série d'actions concrètes dont
l'objectif est d'arrimer les besoins pressants en main-d'oeuvre et
l'accès à l'emploi des personnes immigrantes, et ce, dans toutes les régions du
Québec, autour de cinq grands axes. Ces
actions furent accompagnées d'un investissement historique de 15 millions
de dollars en faveur de l'établissement en région des personnes immigrantes.
Le
plan économique du Québec de mon collègue le ministre des Finances présenté le
27 mars dernier s'inscrit dans
une continuité d'actions afin de permettre la mise en place des outils
nécessaires afin de favoriser l'intégration des personnes immigrantes et celles issues de la diversité en région. Le
budget de mon collègue met de l'avant les moyens nécessaires pour relever ce nouveau défi québécois du XXIe siècle.
Il s'agit d'un investissement sans précédent. Pour l'année financière
2018‑2019, des crédits de 347,6 millions de dollars sont alloués au MIDI,
alors qu'on note une augmentation de
11 % du budget des dépenses comparativement à l'année antérieure. Par cet
investissement, nous appuyons des initiatives de maillage entre
l'entrepreneuriat issu de l'immigration et les entreprises en région.
L'intervention
du Québec sur la scène internationale est appelée à connaître des changements
significatifs dans la prochaine
année. Un investissement de 11 millions de dollars est prévu pour le
déploiement international du MIDI. Le MIDI
effectue depuis plusieurs années des activités de promotion à l'étranger afin
d'inciter des personnes qui répondent aux besoins du marché du travail à choisir le Québec pour leur projet de
vie. Le MIDI sera déployé dans 15 bureaux de nos représentations à l'étranger. Des agents
d'immigration accompagneront nos entreprises et nos organismes dans des
efforts de recrutement. Nous allons
continuer de les accompagner sur le terrain de façon constante pour trouver les
talents qui correspondent aux besoins
des régions du Québec. L'arrimage des stratégies de prospection, d'attraction
et de rétention visera à mieux
identifier les territoires où nous pourrons attirer et recruter des personnes
dont le profil répond le mieux aux besoins
des entreprises et des secteurs d'activité dans toutes les régions du Québec.
Des investissements de 15 millions de dollars sont prévus à cette fin. Le MIDI consacrera également
5 millions de dollars pour des projets d'arrimage afin de répondre
aux besoins des entreprises en région.
Nous proposons une
révolution en matière d'immigration afin de faciliter le processus. Un nouveau
projet de règlement, publié dans la Gazette
officielle le 28 mars dernier, est présentement en période de
prépublication. Ce règlement vient
remplacer le processus d'immigration économique actuel par un nouveau processus
qui est mené par un système de déclaration
d'intérêt. Concrètement, une fois le projet de règlement adopté, une personne
souhaitant s'établir au Québec à titre
d'immigrant économique devra remplir une déclaration d'intérêt qui comprend ses
compétences. Notre travail sera d'assurer
un maillage entre les compétences des postulants et les besoins des entreprises
du Québec. La déclaration d'intérêt sera
offerte en ligne, et les candidatures répondant aux besoins des entreprises
seront invitées en priorité à présenter une demande d'immigration au Québec. Cette nouvelle procédure aura deux
effets importants : réduire le temps consacré au traitement des
demandes et accélérer l'arrivée des personnes qui ont été sélectionnées.
Un
montant de 10,1 millions de dollars est investi afin de renouveler nos
partenariats avec Montréal International et Québec International. Ce
sont deux partenaires du ministère très engagés dans la promotion à l'étranger
et dans le recrutement d'étudiants
internationaux et de travailleurs temporaires étrangers ainsi que leur
rétention. Leur travail est complémentaire
à celui qu'effectue le ministère et favorisera une augmentation du nombre de
personnes qui sont sélectionnées pour répondre aux besoins des
entreprises québécoises.
L'immigration
humanitaire, un volet de l'action du Québec, a occupé une place importante au
cours de la dernière année, et nous nous attendons à ce qu'il en soit de
même cette année. En 2017, le Québec a pris en charge près de 25 000 demandeurs d'asile, soit un peu
plus de la moitié des demandeurs d'asile qui ont traversé la frontière
canadienne. Nous avons offert et nous
continuerons à offrir des services de première nécessité à ces personnes tout
en respectant notre capacité d'accueil.
Le
21 mars dernier, le gouvernement du Québec a réclamé au gouvernement
fédéral le remboursement de la totalité des sommes encourues pour la prise en charge des demandeurs d'asile pour
l'année financière 2017‑2018. Nous avons aussi demandé l'accélération de la délivrance des permis de travail. Les
demandeurs d'asile peuvent contribuer à combler les besoins des entreprises dans les régions du Québec
et ces personnes sont prêtes à contribuer à l'essor de la société qui
les accueille.
À
la suite de la rencontre du Groupe de travail intergouvernemental spécial
sur la migration irrégulière du 18 avril dernier, nous avons constaté un changement important de l'attitude du gouvernement fédéral à l'égard
des demandes du Québec. Il y a une reconnaissance claire du gouvernement
fédéral du fardeau majeur que le Québec a porté et porte concernant l'arrivée massive de demandeurs d'asile, et d'importants gains ont été obtenus pour le Québec,
et c'est un pas dans la bonne direction.
La
mise en place dès maintenant d'un groupe de travail pour en arriver à une
entente sur le remboursement
des dépenses de 2017 liées aux demandeurs d'asile. Le gouvernement
fédéral accepte la proposition du Québec
de travailler à la mise en place d'un
système de triage à la frontière pour mieux diriger vers d'autres provinces
ceux qui souhaitent s'installer ailleurs qu'au Québec ainsi qu'un triage vers les régions du Québec,
ce qui comprend l'émission de permis de travail plus rapide pour répondre aux besoins de la main-d'oeuvre. 74 millions de dollars de fonds fédéraux iront spécifiquement à la réduction des délais de traitement des demandes d'asile. Le Québec
maintient sa capacité d'accueil à 1 850 places dans les quatre centres d'hébergement temporaire. Nous
continuons de suivre de près la situation et de travailler avec le gouvernement fédéral. Rappelons que c'est
le gouvernement fédéral qui a la responsabilité unique de gérer les frontières canadiennes
et que c'est aussi le gouvernement fédéral qui a la responsabilité unique de
gérer les demandes d'asile.
Les personnes immigrantes, qu'elles
relèvent de l'immigration économique ou humanitaire, peuvent contribuer à l'expansion des entreprises du Québec
et à la prospérité de nos collectivités. Le budget supplémentaire du MIDI consacré à la francisation, à l'inclusion et à la participation
des personnes immigrantes est de 98 millions de dollars pour la
période de 2017‑2018 à 2022‑2023, soit
40 millions de dollars pour des mesures en francisation et
58 millions de dollars pour des mesures en intégration. Nous sommes
dans un contexte favorable pour poursuivre nos actions afin que les personnes immigrantes puissent plus rapidement s'intégrer en
français au marché du travail et participer au développement du Québec. La connaissance du français est incontournable
pour s'intégrer au marché du travail et... et participer, dis-je,
pleinement à la vie collective.
Le
plan économique a annoncé 40 millions de dollars supplémentaires au MIDI
pour les cinq prochaines années afin notamment
de financer les améliorations que nous avons apportées l'an dernier à
l'ensemble de l'offre gouvernementale des
services en francisation. Depuis août 2017, nous avons bonifié l'allocation
accordée aux personnes qui participent aux cours à temps complet du ministère et des commissions scolaires. Nous
avons également ajouté un quatrième cours à temps complet afin que les personnes immigrantes
puissent acquérir une meilleure autonomie en français tout en
bénéficiant d'une aide financière durant toute leur formation. Une bonification
des services destinés à une clientèle peu ou pas alphabétisée est également prévue par le développement d'un
programme-cadre incluant un nouveau cours et des outils pédagogiques pour cette clientèle spécifique. De
plus, des travaux interministériels sont en cours dans le but
d'implanter un guichet unifié d'accès aux
services de francisation qui permettra d'améliorer la coordination
gouvernementale et l'accès aux cours.
L'ensemble
de nos bonifications sont autant de réponses constructives aux recommandations
de la Vérificatrice générale du
Québec. L'intégration en français des personnes immigrantes est au coeur de
l'action gouvernementale en matière
d'immigration. La francisation des personnes immigrantes commence avant même
l'arrivée d'une personne au Québec grâce à des formations en ligne et du
français technique adapté à partir du pays d'origine et tout au long du
processus d'immigration.
Nous
comprenons le rôle essentiel des organismes d'intégration et de francisation. Ainsi,
nous intervenons sur le terrain en
finançant huit projets novateurs menés par nos partenaires communautaires. Les
projets visent à attirer aux cours de
français à temps partiel les personnes qui participent peu ou qui ne sont pas
jointes par les services de francisation sur leur territoire. Le budget
total de ces projets s'élève à 200 000 $ pour l'année 2018‑2019.
Les entreprises des
régions ont des besoins importants en main-d'oeuvre et doivent attirer des
personnes qui possèdent le profil répondant à leurs besoins. Plus que jamais,
l'immigration fait partie des solutions. Des crédits additionnels de 58 millions de dollars sont investis afin de
répondre à ces défis. En plus des sommes de 12 millions de dollars
consacrées à l'entente triennale historique avec la ville de Montréal et les
soutiens financiers au programme Interconnexion,
ces mesures comprennent une révision de l'approche d'intervention en région et
un soutien aux organismes communautaires,
incluant 15 millions de dollars pour le financement des organismes de
régionalisation et 24 millions de dollars pour la bonification du
soutien aux personnes immigrantes et aux organismes d'accueil et d'intégration.
Au
cours de la dernière année, nous avons mis en place des actions avec nos
partenaires régionaux. Nous soutenons les
concertations locales qui veulent mettre en place des actions innovantes pour
attirer et retenir des personnes immigrantes et issues de la diversité
ainsi que pour favoriser l'édification de collectivités davantage accueillantes
et inclusives.
• (15 h 20) •
Le budget de dépenses
du MIDI va permettre au ministère de poursuivre le soutien des mécanismes de
reconnaissance des compétences des personnes immigrantes. Nous avons financé
cinq projets pour faciliter l'accès à l'information
sur la reconnaissance des compétences
et à des formations d'appoint disponibles en ligne ainsi que pour mettre en place une plateforme Web collaborative
permettant la mise en commun des ressources en matière de reconnaissance des
compétences.
Nous
allons également collaborer au programme Un emploi en sol québécois,
initié par la Fédération des
chambres de commerce du Québec, qui permet la rencontre entre les employeurs en
région et des personnes immigrantes arrivées depuis moins de cinq
ans. Cette initiative contribue à combler des besoins de main-d'oeuvre que
peuvent présenter certaines régions.
Le soutien financier
au programme Interconnexion de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
poursuit les mêmes objectifs
dans la région montréalaise. Au cours de l'année qui vient, Interconnexion sera
également implanté à Laval. Le programme
Interconnexion de la CCMM est un bel exemple de réussite. Jusqu'à présent, c'est plus de 5 000 personnes immigrantes qui ont
bénéficié de ce maillage auprès de plus de 1 000 entreprises.
Devant ce succès, le programme Interconnexion sera également implanté à
Laval au cours de l'année qui vient.
Au
Québec, le ministère peut compter sur un réseau de partenaires composé
d'organismes communautaires pour accompagner les personnes immigrantes
nouvellement arrivées dans leurs démarches d'établissement et
d'intégration. Le ministère conclut également des partenariats avec des organismes communautaires
établis dans différentes régions du Québec dans le but d'édifier des collectivités encore
plus accueillantes et inclusives qui misent sur l'immigration et la
diversité pour appuyer leur développement.
En
2018‑2019, l'appui du ministère et ses partenaires
prendra un sens beaucoup plus concret par son déploiement dans les régions du Québec. Les fonctionnaires du ministère
seront présents afin d'accompagner les entreprises, les organismes communautaires,
les municipalités et les MRC, l'objectif étant d'avoir une
véritable coordination, un accompagnement des acteurs du milieu et une approche adaptée aux besoins de chacune des
régions du Québec. Nous pourrons jouer pleinement notre rôle de leader afin que l'immigration temporaire et permanente ainsi que la diversité soient des leviers de
la prospérité et du développement de nos collectivités.
M. le Président, en
terminant, nous mettons en place des mesures concrètes afin de répondre au défi
le plus fondamental pour le développement de l'économie du Québec au cours de XXIe siècle. Notre gouvernement répond non seulement présent mais avec
des solutions modernes et innovantes et qu'on peut ensemble mettre au point des
solutions adaptées plus que jamais aux réalités de nos régions et de nos
milieux. Je vous remercie de votre attention.
Le
Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle à faire ses remarques préliminaires, pour un maximum de
10 minutes.
Mme
Fournier : Merci, mais je vais reporter mes remarques préliminaires, M.
le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de Montarville,
pour un maximum de sept minutes de remarques préliminaires.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy : Merci beaucoup, M. le Président. Moi de même, elles seront très courtes. Je tiens
à saluer le ministre et tous les gens qui l'accompagnent, mais je vais
reporter mon temps sur les blocs subséquents.
Discussion générale
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Nous allons entreprendre nos travaux en cédant la parole à Mme la députée de Marie-Victorin pour une
période de 18 minutes.
Mme
Fournier : Merci, M. le Président. Alors, évidemment, je tiens à
saluer tout le monde qui est présent aujourd'hui, M. le
ministre, les gens qui
l'accompagnent, les députés du côté gouvernemental, ma collègue du deuxième groupe d'opposition et également
tous les fonctionnaires qui sont présents, mon recherchiste également
ici, du côté du Parti québécois.
Je
suis heureuse d'être là parce qu'évidemment
on a beaucoup de questions
à poser dans le cadre de l'étude des crédits
du dossier Immigration. Et d'entrée
de jeu j'irais avec un dossier qui
est éminemment d'actualité, évidemment, celui des demandeurs d'asile.
Alors, ce sera l'occasion d'avoir des réponses, j'en suis certaine, très
concrètes à nos questions, que nous soulevons depuis plusieurs mois maintenant.
Alors,
d'entrée de jeu, je vous demanderais, jusqu'à maintenant,
d'avoir un état de situation des demandeurs
d'asile. En 2018, jusqu'à aujourd'hui, donc 25 avril 2018, combien y a-t-il eu de demandeurs d'asile qui sont venus, donc, des migrants qui sont venus demander
l'asile au Québec, jusqu'à maintenant?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Je n'ai pas les
chiffres en date d'aujourd'hui, là, mais, si on remonte... Moi, les derniers
chiffres que j'avais, en termes de
traversée, là, j'étais à... Ah! J'ai 23 avril. Alors, 23 avril, ça,
c'est le plus récent que j'ai. Je croyais que j'avais juste... seulement
de la semaine dernière. Alors, j'ai
6 797 interceptions quotidiennes depuis le 1er janvier 2018.
Mme
Fournier : Ça, ce sont des demandeurs d'asile, donc, qui franchissent
la frontière de façon irrégulière?
M. Heurtel :
C'est ce que je comprends, oui.
Mme
Fournier : O.K. Avez-vous le chiffre pour les demandeurs d'asile de
façon générale? Parce que ce n'est pas tous les demandeurs d'asile qui
passent par les chemins irréguliers.
M.
Heurtel : Non, vous avez raison, là. Est-ce que j'ai... Moi, ce que je
peux vous donner, ce que je peux vous donner
comme règle, si on se base sur l'année
dernière, c'était à peu près... les demandeurs d'asile irréguliers
représentaient environ 75 % du total. Alors,
vous vous souvenez, on avait presque 25 000 demandes d'asile, total,
pour l'année fiscale, là. Ça, c'est
un chiffre que je crois qu'on a tous, on s'entend tous à donner, près de
25 000. Alors, c'était à peu près 75 %, donc ça tournait autour de 18 000 quelque
chose, encore une fois, là, je tire ça de mémoire, qui étaient des
demandeurs d'asile irréguliers. Alors, se basant là-dessus, on est dans ce
giron-là.
Mais
je veux juste... D'entrée de jeu, là, pour tout le monde, tous les chiffres
qu'on a nous viennent du fédéral, tu sais,
dans le sens qu'on n'a pas, nous, d'autres chiffres que nous, on compile, à
part les chiffres, là... Puis on parlera sans doute des places d'hébergement temporaire, tout ça. Ce qui relève de nos
ministères du gouvernement du Québec, on a nos chiffres. Mais, quand on parle de demandes d'asile, concrètement, ce
sont des chiffres qui viennent du fédéral, là, juste pour établir ça d'emblée, là.
Mme
Fournier : Oui, tout à fait. Mais c'est quand même assez important de
les connaître, évidemment, ces chiffres-là, pour être en mesure de bien saisir
la situation.
Mais
quand même, quand on dit que l'année dernière, sur les 25 000 demandes d'asile qu'il y a eu
au Québec, il y en avait 75 %
qui étaient, donc, par des demandes d'asile... donc, des demandeurs qui avaient
franchi la frontière de façon
irrégulière, si on regarde les trois premiers mois de l'année 2018, il n'y en
avait pratiquement pas eu... de l'année 2017, pardon, les trois premiers mois de l'année
2017, il n'y avait pratiquement pas eu de migrants ou de demandeurs d'asile qui avaient passé par les voies
irrégulières, donc peut-être que même la situation pourrait être plus élevée,
actuellement, que 75 %.
M. Heurtel :
Oui, juste... Je m'excuse, M. le Président, on vient de me passer... Donc,
total du 1er janvier au 9 avril
2018, 7 188, donc, irréguliers plus réguliers. Vous voyez, jusqu'au
23 avril, c'étaient 6 797 interceptions, donc vous voyez
que c'est la grande majorité. Puis ça, on le constate tous, là.
Mme
Fournier : 90 %.
M.
Heurtel : Puis, pour revenir à votre question, là, je n'ai pas les
mêmes dates, là, vous comprenez, là, je ne peux pas avoir les exactes
mêmes dates, mais on avait déjà dépassé, au début du mois, de trois fois plus,
comparativement, sensiblement, aux mêmes
périodes. Du 1er janvier 2017 au 30 avril 2017, de mémoire, c'était
2 023, puis on était déjà à plus
de 6 074 il y a une semaine ou deux. Alors, c'est pour vous dire qu'on est
déjà dans le trois fois plus. Donc, c'est une augmentation marquée.
Mme
Fournier : Oui, tout à fait. Merci pour cette réponse. Pour ce qui
est, maintenant, de la question des permis de travail, je sais qu'encore une fois c'est des chiffres, là, qui vous
viennent du gouvernement fédéral, mais, puisque vous êtes membre du comité Québec-Canada qui s'occupe
de la question, j'imagine que vous avez également la réponse de ce côté-là. Alors, on sait qu'il y a eu, comme
vous l'avez bien dit, environ 25 000 demandeurs d'asile au Québec
pour l'année 2017. Est-ce qu'on connaît,
pour ces 25 000 demandeurs d'asile, combien sur 25 000 ont pu
obtenir un permis de travail?
(Consultation)
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : C'est ça. Oui, M. le Président. Le chiffre que j'ai pour
l'année dernière, là, bien, encore une fois, on parle d'année fiscale, là, c'est à peu près 12 000. Puis je veux
juste préciser, hein : Sur les 25 000, il y a des personnes
qui ne sont pas en âge de travailler, là. Je
veux juste quand même qu'on relativise. Il ne faut pas faire un ratio 12 sur
25, parce qu'il y a des personnes
âgées... Ah! Bon, j'ai le chiffre exact, j'ai... Mais ça, c'est au
24 avril? Alors, au 24 avril, 12 997 permis. Remontant à
quand?
Mme
Fournier : ...ans, pardon?
M. Heurtel :
6 octobre 2017.
Mme Fournier :
Donc, du 6 octobre 2017 jusqu'au 24 avril 2018.
M.
Heurtel : 12 997. Alors, je voulais juste... Une précision. Quand
même, il y a certaines personnes âgées. Disons qu'il y a eu un travail... Puis ça, il faut quand même que je le
reconnaisse. J'ai été très critique par rapport au gouvernement fédéral, mais il faut quand même reconnaître qu'il
y a eu des efforts parce que, si on se souvient, juillet, août, ça
prenait plus de trois mois à émettre un permis de travail, puis là on est aux
alentours de 25 jours. Alors, il y a quand même eu des efforts importants
qui ont été faits au niveau de l'émission des permis de travail.
Mme
Fournier : Donc, vous confirmez que c'est bel et bien la moyenne qui
est de 25 jours et non pas simplement une cible. C'est vraiment
quelque chose qui a été atteint?
• (15 h 30) •
M. Heurtel :
C'est une moyenne... Oui, oui, c'est une moyenne qui a été atteinte, là, on le
voit concrètement. Il y a certains permis
qui prennent plus que 25 jours, là, mais ce qu'on voit, c'est que... on a vu des permis être émis,
là, en 25 jours, on a vu ça.
Mme
Fournier : Bon. Alors, c'est
une amélioration notable, puisqu'on
entendait, il n'y a pas si longtemps, que ça pouvait prendre des mois.
Alors, si...
M.
Heurtel : Oui, oui. Puis c'est d'ailleurs une demande... Puis ça,
là-dessus, je sais que c'est une demande que, tu sais, le Parti québécois a soulevée, la CAQ aussi, puis nous aussi,
là. Tout le monde, je crois, trouvait ça inacceptable, des délais de plus de trois mois. Et ça, c'est une
demande que nous avons faite dès l'automne dernier, puis il y a eu une
réponse quand même rapide.
Pour
nous, on devrait en faire encore plus, je suis sûr qu'on pourra y arriver, mais
déjà il faut dire qu'on est passé de plus de trois mois à 25 jours,
ça fait que c'est déjà un pas dans la bonne direction.
Mme
Fournier : Justement, sur ce dernier point, je pense vous avoir
entendu aussi, à la suite de votre rencontre avec le gouvernement fédéral, dire que vous souhaitiez accélérer encore
davantage les permis de travail parce que, même s'il y a la moyenne de
25 jours, des fois ça peut prendre encore plus de temps.
Est-ce que vous avez
demandé comme nous, on le demande, au Parti québécois, depuis plusieurs mois,
par exemple, que les permis de travail
puissent être octroyés directement au moment où le demandeur d'asile passe son
test de santé et de sécurité? Est-ce que c'est quelque chose qui a été formulé,
du côté de votre gouvernement?
M.
Heurtel : Oui, alors... Puis c'est... En tout cas, je n'irai pas
jusqu'à dire qu'on s'est inspirés du Parti québécois là-dessus, là, je
ne dirai pas qui a parlé de ça au départ...
Mme Fournier : Vous avez le droit,
vous avez le droit.
M.
Heurtel : ...mais je peux vous dire que c'est quelque chose qu'on
proposait et que j'ai proposé même avant Noël. Et, suite à la rencontre
de mercredi... C'est parce que l'idée, c'est qu'en émettant les permis de
travail de façon concomitante, M. le
Président, avec la traversée, ce que ça permettrait, ça permettrait de mettre
en oeuvre un de deux systèmes de
triage qu'on propose. Un des deux systèmes de triage que nous proposons, c'est
que le gouvernement fédéral, en
émettant le permis de travail de façon concomitante à la traversée, là, après
les vérifications de base, là, de sécurité
et de santé et l'émission, là, de numéro de dossier, là, de demandeur d'asile,
bien, qu'il y ait un permis de travail pour
qu'on puisse procéder à un triage. Et les personnes qui auraient des
compétences qui sont requises en région, bien, on pourrait les amener en région. Mais ça voudrait dire aussi un
accompagnement important de la part du gouvernement fédéral pour mettre
en place ce système-là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Fournier : Oui, bien,
concrètement, est-ce que la demande a été de la part... au gouvernement
fédéral? Est-ce qu'il y a eu une date de mise en vigueur qui a été évoquée?
Est-ce que le fédéral est ouvert à agir de la sorte?
M.
Heurtel : Bien, oui, non seulement la demande a été faite, mais elle a été reconnue le soir même de la
rencontre de mercredi dernier. Le ministre
Garneau, qui préside le comité, a... dans les quatre éléments qu'il a énoncés,
qui étaient les conclusions, là, de
la rencontre, c'était notamment le système de triage, la mise en place par le fédéral d'un système de triage avec émission plus rapide
des permis de travail.
Donc, un,
oui, la demande a été faite; deux, la demande a été acquiescée. Alors là, ce
que je comprends, c'est que, depuis
jeudi dernier, le gouvernement
fédéral s'affaire, et ça a été dit
publiquement, là, s'affaire... Les fonctionnaires, je crois, du fédéral ont fait un briefing technique
auprès des médias, vendredi après-midi, pour discuter notamment du fait
qu'ils allaient à travailler sur ce type de triage là.
Est-ce qu'il y a
une date spécifique de livraison des
deux systèmes de triage? Moi, à ma connaissance, je n'en ai pas eu.
Mme
Fournier : Merci. On vous a également entendu parler de votre
directive, là, de limiter à 1 850 places dans les hébergements
d'urgence. C'est même entré en vigueur hier. Par contre, comme je l'évoquais
lors la période des questions aussi, les estimés, ce qu'on pense qui va arriver
cet été, c'est qu'il va y avoir des périodes de pointe où il va y avoir, par exemple, 400, 500 demandeurs
d'asile qui vont franchir la frontière du Québec par jour. Puis, même si
on le coupe, là, de 40 %, admettons
qu'il y a un système de triage, là, qui est mis en vigueur, je ne considère pas
que c'est la bonne solution, moi, je crois qu'il faut agir en amont,
mais, admettons que c'est ça qui est fait puis qu'il y a 40 % des demandeurs d'asile qui sont envoyés en Ontario, il
n'en demeure pas moins que les places vont être remplies extrêmement
rapidement.
Alors,
évidemment, on est aussi d'accord pour dire que le fédéral doit pallier, doit
assumer ses responsabilités, c'est
quelque chose que l'on dit depuis l'été dernier. Mais, concrètement, si le
fédéral n'agit pas, si le fédéral n'ouvre pas des places d'hébergement,
c'est quoi, le plan B de votre gouvernement?
M. Heurtel : Bien, le plan A demeure
que c'est au fédéral... Puis il faut quand même, M. le Président, que j'explique, là, la mécanique du
1 850 places en hébergement temporaire. Nous, au Québec, on a quatre
centres qui sont conçus pour ça, là, qui sont gérés par le ministère de
la Santé. Les quatre centres sont à Montréal. Et il y a, dans ces centres-là,
au total, 1 850 places.
L'année
dernière, quand on s'est rendus à 13 centres, c'était... des centres, là,
on étire la sauce, là, quand on dit que
c'étaient des centres, là, on parle du Stade
olympique, on parle d'hôtels, on
parle de gymnases d'école. Alors, ce n'est pas des centres. Alors, on était devant une situation
humanitaire importante et on a fait ce qu'on a pu avec les ressources qu'on avait. Mais là le fait est que nos ressources, et ça, je l'ai dit plusieurs fois, d'autres
ministres du gouvernement l'ont dit, nos ressources sont à pleine
capacité.
Alors, une
des expressions du fait que nos ressources gouvernementales sont à pleine
capacité, c'est le nombre de places.
Ce n'est pas la seule expression. Le ministre de l'Éducation en a parlé, la
ministre des Services sociaux en a parlé, tu sais, ce n'est pas juste
limité à la question des places en hébergement.
Alors,
pour les 1 850 places, nous, ce qu'on a mis en place, c'est un
système qui fait en sorte que, bon, chaque jour, on sait combien de personnes on a, évidemment, dans nos centres.
On a vu les tendances des journées précédentes, on peut aussi extrapoler
qu'est-ce qui semble s'en venir, mais pas à très long terme, là, peut-être, on
se dit, bien, avec la tendance peut-être
pour les trois, quatre prochains jours.
Alors, chaque jour, des représentants
du ministère de la Santé téléphonent
aux représentants du fédéral à Lacolle et disent : Bon, bien, aujourd'hui,
mettons, là — je parle
hypothétiquement, là — bien,
aujourd'hui, on peut en recevoir 100. Alors là, le fédéral... Parce qu'avant,
le fédéral, il mettait tout le monde dans
des autobus vers Montréal, automatiquement, puis c'était dans des autobus
affrétés par le fédéral. Alors là, ce qu'on dit au fédéral, c'est : C'est bien beau, on est prêts à faire notre
part mais à la hauteur de nos capacités. Alors là, ce qui se passe, c'est qu'à Lacolle, bien, il peut y avoir
100, 200, 300 personnes en attente, et ça va être au fédéral de trouver
ce que vous appelez un plan B, ce n'est pas
à nous. Nous, ce qu'on est prêts à faire, comme gouvernement, puis, les
organismes communautaires, la même chose,
puis, la ville de Montréal, les arrondissements, la même chose, c'est à la
hauteur de nos capacités. On est
prêts à faire notre part mais pas plus. Alors, c'est au fédéral à trouver les
solutions au-delà de nos 1 850 places.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme
Fournier : Je veux bien que c'est la responsabilité du fédéral, mais,
en même temps, si le fédéral n'agit pas,
on ne laissera pas ces gens-là à la rue, il va falloir qu'il puisse y avoir un
plan. Parce que, oui, vous avez eu la rencontre avec le gouvernement Trudeau, mais ce qu'on avait entendu de la part du
ministre Hussen juste avant, c'est qu'il demandait au Québec d'ouvrir de nouveaux centres. Nous, on
est d'accord avec vous, on a une capacité qui est limitée, on n'aura pas
recours, encore une fois, au Stade
olympique, mais la réalité, c'est qu'on a déjà vu que le fédéral, à certains
moments, ne prenait pas ses responsabilités,
puis il semblait y avoir quand même un certain flottement à ce niveau-là de la
part, quand même, des réponses du gouvernement fédéral.
Donc,
on sait qu'il y a des options, des plans qui pourraient être émis par le
gouvernement du Canada. Est-ce que vous,
vous leur avez suggéré certaines solutions? Par exemple, on sait qu'il y a des
bases fédérales qui existent. Par exemple, à Montréal, il y a la base de Longue-Pointe. Est-ce que vous avez
suggéré, par exemple, au gouvernement fédéral d'utiliser cette base-là
peut-être pour fournir de l'hébergement d'urgence aux demandeurs d'asile?
M.
Heurtel : M. le Président, la députée réfère à la réaction du ministre
Hussen avant la rencontre de mercredi, j'apprécierais
qu'elle reconnaisse la réaction du ministre Hussen depuis la rencontre de
mercredi. L'attitude a complètement changé.
Regardez les déclarations tant du ministre Hussen que du ministre Garneau, que
de l'ensemble du gouvernement fédéral; il y a eu un changement.
Premièrement,
il y a eu une reconnaissance explicite que le Québec a fait plus que sa part et
qu'il a porté un lourd fardeau et
continue à porter un lourd fardeau. Il y a une reconnaissance que la limite de
nos capacités est atteinte. Ça, ce n'est pas rien, là, ça, M. le
Président.
Il
y a eu... Puis, outre les deux systèmes de triage, le triage vers les régions
avec des permis de travail, avec les ressources
qui doivent les accompagner, il y a le fait que, si une personne... Puis là on
a vu, jusqu'à 40 % des
personnes qui traversent nous disent, là, de façon quotidienne qu'ils veulent
aller ailleurs, puis il y a peut-être d'autres ressources disponibles ailleurs, à l'extérieur du Québec, M.
le Président. Alors, c'est de dire au fédéral : Bien, triez-les puis
envoyez-les là où il y a des ressources à l'extérieur du Québec, surtout
si c'est leur désir, parce qu'il y a beaucoup de demandeurs d'asile qui ne désirent pas rester au Québec.
Alors, pourquoi les envoyer automatiquement à Montréal alors qu'ils
veulent aller ailleurs qu'au Québec, au Canada?
Mais
l'autre chose, et c'est ça, le noeud du problème, M. le Président, c'est que
c'est le processus de traitement de
demande d'asile qui prend beaucoup trop de temps. Puis là-dessus il y a eu
74 millions de dollars d'investis, puis on dit qu'on doit ramener
ça à 60 jours, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Il reste 1 min 30 s, Mme la députée.
• (15 h 40) •
Mme
Fournier : Écoutez, moi, je reconnais qu'il y a eu un changement de
ton, mais, pour l'hébergement, il n'y a
absolument rien de concret. Le fédéral n'a pas mentionné un seul lieu
d'hébergement qui pourrait être
utilisé pour loger les demandeurs
d'asile, autre que ceux qui avaient été utilisés par le Québec.
Alors, en ce moment, on n'est pas du tout rassurés à ce niveau-là.
On
sait que, même s'il y a des systèmes de triage... Puis d'ailleurs je suis
très mal à l'aise avec l'emploi du mot «triage».
Les demandeurs d'asile, ce n'est pas du bétail qu'on envoie, par exemple, en Ontario. Mais,
en tout cas, cela dit, je pensais qu'il aurait
pu y avoir des engagements plus fermes de la part, justement,
du gouvernement fédéral. Est-ce
que vous avez suggéré des lieux d'hébergement concrets?
Le Président (M.
Picard) : En 30 secondes, M. le ministre.
M. Heurtel :
Premièrement, M. le Président, le terme «triage», c'est un terme qui est
utilisé dans le domaine médical couramment
et parlant d'êtres humains, il n'y a rien de dénigrant, de péjoratif là-dedans. Ça
vient du verbe «trier», qui veut dire...
puis on peut trier des personnes dans des groupes, c'est tout, là. Si la
députée voit quelque chose de péjoratif, qu'elle le garde pour
elle-même.
Premièrement,
le fait est que c'est au fédéral de
trouver des solutions, ce n'est pas... Le gouvernement du Québec veut amener des solutions, mais nous, notre
situation, c'est qu'on est prêts à faire un certain bout de travail, selon la
limite de nos capacités, mais c'est au fédéral, parce qu'il a la compétence en
matière de demande d'asile, il a la compétence en matière de gestion de frontières... Alors, si on est à 25 000,
30 000 par année, bien, c'est au fédéral à trouver les solutions.
Alors,
les pistes de solution que la députée propose, ça peut être des solutions, mais
ce n'est pas à moi puis ce n'est pas
au gouvernement du Québec à faire le travail du gouvernement fédéral. Nous, ce
qu'on dit, c'est qu'on a besoin de trouver
de nouvelles solutions, de nouvelles façons de faire parce que c'est une
nouvelle réalité, là. Ce n'est plus... on n'est plus devant une
situation exceptionnelle. Et, devant ce cas-là, bien, c'est au fédéral à
trouver ses solutions.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Maintenant, du côté de la partie
gouvernementale, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. Alors, c'est à mon tour de vous
saluer, de saluer le ministre, toutes les personnes qui l'accompagnent, les représentants officiels du parti
d'opposition, le deuxième parti d'opposition et mes collègues.
Alors, la ville de Montréal a obtenu, en 2017,
la reconnaissance officielle de son statut de métropole. C'est le 8 décembre 2016 que le gouvernement du Québec
et la ville de Montréal ont signé une entente-cadre qui s'appelle
l'entente-cadre Réflexe Montréal. C'est une
entente-cadre sur les engagements du gouvernement du Québec et de la ville de
Montréal pour la reconnaissance du statut particulier de la métropole.
En vertu de
cette entente-cadre, et en particulier c'est l'article 1.2, le
gouvernement s'est engagé à conclure des ententes sectorielles, entre autres, en matière d'immigration avec la
ville de Montréal. À l'article 1.2.3 de cette entente-cadre, on
retrouve une déclaration que «la ville de Montréal peut contribuer à la pleine
participation des personnes immigrantes
nouvellement arrivées et à la consolidation de relations interculturelles
harmonieuses. [Et] pour ce faire[...], le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion propose à
la ville [...] de faire partie d'un partenariat renouvelé, qui misera
sur son rôle d'acteur clé pour l'édification de collectivités plus inclusives.»
Alors, c'est
un fait, parmi les personnes immigrantes admises de 2006 à 2015, qui étaient
présentes au Québec en janvier 2017,
74 % résidaient dans la région métropolitaine de Montréal. À l'instar de
toutes les grandes métropoles du monde,
Montréal est le principal lieu de destination des immigrants en sol québécois.
Donc, Montréal a un rôle clé à jouer dans l'inclusion des personnes de
toutes origines et pour favoriser leur accès à un emploi.
Moi-même, je suis immigrante, je suis une de ces
33 % de Montréalais issus de l'immigration. On dénombre parmi les
Montréalais plus de 180 pays d'origine et plus de 120 langues
maternelles différentes.
Avant que l'entente Réflexe Montréal parle d'un
partenariat renouvelé, il existait déjà une entente de partenariat entre
le MIDI et la ville de Montréal depuis 1999. La dernière entente, 2017‑2018, en
vertu de ce qu'on appelle le programme Mobilisation-Diversité, assortie d'un
budget de 2 millions de dollars, se terminait le 31 mars 2018.
Le programme Mobilisation-Diversité du MIDI a
été mis sur pied en 2012‑2013 et est destiné à appuyer les efforts d'organismes
ou d'instances territoriales pour édifier des collectivités plus accueillantes
et inclusives et ainsi favoriser la pleine participation, et cela, en français,
des personnes immigrantes et des minorités ethnoculturelles. Le financement de Québec s'élevait à 1 ou
2 millions par année dans le cadre d'ententes d'un an, mais, le
23 mars dernier, le gouvernement
du Québec et la ville de Montréal ont annoncé une nouvelle entente,
24 millions pour financer l'intégration et la francisation des immigrants à Montréal. Chacun, le gouvernement du
Québec et la ville, versera 12 millions de dollars. Ces sommes
seront notamment consacrées à aider les immigrants à intégrer le marché de
l'emploi et à financer les organismes qui travaillent sur le terrain avec les
nouveaux arrivants.
C'est la
ville de Montréal qui va élaborer un plan d'action avec le Bureau
d'intégration des nouveaux arrivants à Montréal, communément appelé le
BINAM. Montréal dit vouloir financer des projets qui aideront les immigrants à améliorer leur employabilité et lever les
barrières à leur intégration. Il est prévu que la ville dépose ce plan d'action
sur les initiatives et projets qui seront
mis en oeuvre et qui devraient permettre la bonification de l'offre de services
aux personnes immigrantes, en particulier
celles nouvellement arrivées. Ça devrait permettre la favorisation de
l'intégration économique des nouveaux
arrivants, ça devrait permettre la promotion des initiatives qui permettent aux
personnes établies dans la métropole de trouver un emploi à la hauteur
de leurs compétences partout au Québec et ça devrait aussi permettre le développement des capacités d'accueil et
d'inclusion des Montréalais et des Montréalaises. Maintenant, les actions
qui vont découler de cette entente sont des actions qui devraient valoriser la
diversité et aussi la francisation des personnes immigrantes dans leur milieu
de vie.
J'ai un
intérêt particulier dans la transparence et dans l'imputabilité, alors moi, je suis contente de voir que,
dans l'entente entre la ville et le gouvernement, on prévoit que la métropole doit transmettre un rapport chaque année
sur les projets financés et les résultats obtenus.
Lors de la conférence de presse, la mairesse de Montréal
a annoncé la création de six territoires d'inclusion prioritaires à Montréal :
Ahuntsic-Cartierville, Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, d'intérêt au ministre, Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension, d'intérêt à ma collègue, Saint-Léonard—Anjou, Saint-Laurent—Pierrefonds-Roxboro
et le territoire que je tiens beaucoup à coeur, Montréal-Nord.
Le Bureau
d'intégration des nouveaux arrivants à Montréal, le BINAM, jouera un rôle actif
dans l'entente avec le MIDI. Le BINAM
a la responsabilité de mobiliser de et concerter l'ensemble des acteurs du
territoire soucieux de l'accueil et
de l'intégration des nouveaux arrivants. Il propose aussi des actions pour
accélérer l'intégration sociale et économique des nouveaux arrivants
afin de faciliter leur contribution positive à la société montréalaise.
Alors, M. le ministre, vous, vous avez qualifié l'entente du 23 mars comme étant
historique. Pourquoi? Et aussi pouvez-vous nous expliquer pourquoi maintenant
le gouvernement adapte son approche vers des initiatives locales?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
• (15 h 50) •
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. J'aimerais prendre l'occasion pour souligner le travail très terrain
et très concret de la députée, qui représente fièrement Montréal-Nord. Et c'est
vraiment là que je commencerais pour répondre aux deux volets de la question, parce que, le
12 millions de dollars qu'on a annoncé, et je crois que la députée l'a dit
dans son préambule, la ville de
Montréal va mettre son 12 millions. Donc, c'est 24 millions de
dollars sur trois ans. On n'a jamais eu, premièrement, d'entente triennale. On a déjà eu du un an, du deux ans,
mais là une entente triennale avec autant d'argent sur
trois ans, c'est déjà historique. Mais, si on va encore plus loin, parce que
notamment on le voit, que ce soit avec l'immigration,
que ce soit l'immigration économique ou l'immigration humanitaire, les
demandeurs d'asile, un quartier comme
Montréal-Nord, qu'elle représente, ou un quartier comme Saint-Michel, que je
représente, il y a énormément de travail
qui se fait, oui, par le gouvernement du Québec mais également par les
arrondissements sur le terrain; oui, par le biais du BINAM, mais les arrondissements eux-mêmes font un travail très
important, un travail de proximité. Et également il y a les organismes communautaires, les organismes communautaires
d'intégration, de francisation, qui font un travail énorme. Là, je veux dire, ce n'est pas juste à
Montréal, là, c'est à travers le Québec. Mais donc, la ville, par le biais
du BINAM, les arrondissements, les organismes communautaires, il y a un travail
important.
Puis j'étais
avec la députée au début de l'année, on a rencontré la mairesse Black et son
équipe, la mairesse de l'arrondissement
à Montréal-Nord, pour justement parler concrètement des enjeux, j'ai fait la
même chose avec la mairesse de
l'arrondissement Saint-Michel, puis l'idée, c'est, avec cette nouvelle entente
que j'ai annoncée avec la mairesse Plante... C'est une entente qui va permettre de développer, oui, des plans, mais
des plans spécifiques, adaptés aux réalités concrètes, terrain que
vivent non seulement la ville, mais les arrondissements, les organismes
communautaires, les partenaires sur le terrain.
Alors, il y a
le financement qui est là. Puis ces plans-là vont être, oui, élaborés par la
ville de concertation avec les arrondissements
mais seront ensuite travaillés avec l'équipe du MIDI. Donc, c'est vraiment un
travail d'équipe, là. Alors, il y a
vraiment quelque chose qui est vraiment adapté. Et on n'aura pas un plan, on
aura plusieurs plans, parce que, comme la députée l'a dit, bien, la
réalité de Roxboro n'est pas nécessairement la même réalité qu'à Montréal-Nord,
qui n'est nécessairement... peut-être un peu semblable mais pas pareille à la
réalité de Saint-Michel.
Alors, on va
avoir, donc, la possibilité puis l'opportunité d'avoir des plans adaptés pour
les différents quartiers de la ville qui sont visés par le nouveau plan.
On va avoir le temps de mettre en oeuvre les ressources parce qu'on va avoir trois ans. On va pouvoir s'ajuster, faire des
projets pilotes. On va pouvoir travailler tant en francisation qu'en
intégration. Et ça, ça va nous permettre,
justement, avec ce trois ans-là, de voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne
moins bien, améliorer, développer des
projets pilotes, travailler avec le BINAM beaucoup plus étroitement. Et, avec
l'argent, aussi, M. le Président, la
marge de manoeuvre que nous permet le nouveau plan économique du Québec, bien
là on va avoir les ressources très concrètes
pour mettre en oeuvre puis vraiment faire un travail beaucoup plus important en
intégration. Puis ça, ça veut dire faire
travailler, s'assurer que tant au niveau des entreprises qu'au niveau
communautaire les ressources soient là pour bien intégrer que ce soient les jeunes, les adultes, les personnes âgées.
C'est également... Ça va nous donner aussi beaucoup plus de ressources
en francisation, mais une francisation adaptée aux réalités terrain.
Donc, tous ces aspects-là font en sorte qu'on a
une nouvelle approche, une approche beaucoup plus terrain, beaucoup plus de proximité qui est la philosophie
du gouvernement par rapport aux municipalités. Mon collègue le ministre des Affaires municipales a développé toute la
question du réflexe Montréal. Puis, on l'a vu, que ce soit avec les
régions, que ce soit avec la capitale
nationale, il y a des approches ciblées, des pouvoirs qui sont remis aux
municipalités. Bien, dans le cas de l'entente historique avec la ville
de Montréal, bien, ce qu'on a là, c'est une illustration très concrète du Réflexe Montréal qui permet donc à la ville de
développer ses plans, d'avoir des plans adaptés aux réalités de certains
arrondissements, d'avoir les ressources
financières et l'accompagnement du ministère. Donc, tant au niveau de
l'approche qu'au niveau des structures de l'entente, c'est véritablement
historique et très concret. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Merci, M. le ministre. Maintenant, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, c'est à vous pour deux
minutes.
Mme de Santis : Pour deux minutes. Est-ce
que je peux le reprendre au prochain?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Oui, on peut...
Mme de Santis : Parfait. Alors, je
vais faire ça.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Maintenant, je
cède la parole à la députée
de Montarville, pour le prochain bloc de la deuxième opposition, pour un
temps de 21 minutes, environ.
Mme Roy : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à nouveau, salutations à tout le monde. Et je veux saluer particulièrement les gens qui travaillent au ministère, au MIDI, parce que je sais que, depuis
une année, vous êtes sous pression. On le sait, on en est tous très
conscients.
D'ailleurs,
l'histoire se répète un peu, M. le
Président, parce qu'à la même période, l'année dernière, je
posais des questions, qui seront
différentes, mais sur le même sujet, puisque dès l'année dernière, les gens qui
sont là peut-être s'en souviendront, je commençais à m'inquiéter sur le
fait qu'il y avait un flux important de personnes qui commençaient à passer par
les bois, par le chemin Roxham pour arriver au Québec.
Et
ce qui m'attriste, c'est que j'avais demandé à l'époque à la ministre,
l'ex-ministre de l'Immigration : Écoutez, est-ce qu'on peut s'assurer que ces gens qui traversent par les bois ne
seront pas privilégiés au détriment de ces réfugiés qu'on attend, qui sont actuellement dans des
camps — rappelez-vous,
il y avait tous ces Syriens que nous attendions — et ne seront pas privilégiés, et qu'on va continuer à traiter les demandes des
Syriens qui sont dans des camps, et également, Mme la ministre, pouvez-vous nous assurer que nous aurons toutes les
ressources nécessaires? Parce que c'étaient les mois de janvier, février, mars. Il y avait déjà
plusieurs centaines de personnes qui étaient entrées de façon irrégulière — mais
moi, je dis «illégale» — par les bois, parce qu'on fait exprès pour
éviter le poste frontalier. Et j'avais dit : Mme la ministre, est-ce qu'on a toutes les ressources? Est-ce qu'on peut
s'assurer que les demandes de ces gens seront traitées? Est-ce qu'on a les ressources? Est-ce qu'on a les
ressources en hébergement? Est-ce qu'on a les ressources en santé? Est-ce
qu'on a les ressources... Parce qu'il y a
plusieurs ministères qui sont impliqués. Et Mme la ministre m'avait dit :
Inquiétez-vous pas, tout est beau,
tout est prêt. Force est de constater que nos inquiétudes se sont concrétisées,
puisqu'on a vu ce qui s'est passé
l'été dernier, cette vague, ce flux, cette arrivée massive, jusqu'à la semaine
dernière, où le ministre, enfin, est sorti avec trois autres de ses collègues pour dire : On n'en peut plus,
nos services sont saturés, il y a beaucoup trop de gens qui nous arrivent, on n'est pas capables de le prendre,
alors que nous posions les mêmes questions, très légitimes, l'année
dernière.
Donc,
il y a une chose qui m'avait interpelée, c'est qu'en demandant à la
ministre : Pouvez-vous nous assurer que les autres catégories d'immigrant ne seront pas affectées, les demandes,
naturellement, des... ce que j'appelle les véritables réfugiés, c'est-à-dire les gens pour lesquels on
sait déjà qu'ils sont des réfugiés puisqu'ils attendent dans des camps,
ils sont sélectionnés, on sait qu'ils sont
réfugiés, on attend qu'ils s'en viennent, et également — je pousse ma réflexion aujourd'hui plus loin — pouvez-vous nous assurer que tous les gens
qui font actuellement des demandes d'immigration via les canaux tout à fait corrects, légaux, avec ses demandes,
avec ses certificats, etc., ne soient pas affectés par ce qui se passe
actuellement... Parce que, comme on
l'a tous vu et on le voit dans les médias, l'afflux de migrants au chemin
Roxham arrive à une vitesse exponentielle,
là, vous l'avez dit vous-même, M. le ministre, et j'étais tout à fait d'accord
avec vous quand vous le disiez, il
faut faire quelque chose. Et cet afflux de migrants... Et je comprends qu'on
est saturés, qu'il y a une capacité d'accueil, mais je me demandais s'il
y a un impact sur l'immigration, sur les réfugiés, sur l'immigration.
Et
j'aimerais attirer l'attention des gens qui nous écoutent et de votre
personnel — mais ça,
vous l'avez, M. le ministre — sur un arrêté ministériel qui a été publié.
C'est important parce que certaines de mes inquiétudes se concrétisent, parce qu'on a des réponses là-dedans, l'arrêté
ministériel, l'arrêté n° A.M. 2018-001 du ministre de l'Immigration,
un arrêté qui est signé en date du
19 mars, qui a été publié dans la Gazette officielle du
28 mars, donc ça n'a même pas un mois, cet arrêté-là. Et on
comprend très bien que, par les pouvoirs qui vous sont consentis, vous pouvez
prendre des décisions relativement à la
réception et traitement des demandes de certificat de sélection pour une
période que vous fixez, que vous pouvez
prendre des décisions notamment qui portent sur le nombre maximum de demandes
que vous entendez recevoir ou sur la suspension ou la réception de
demandes, et vous avez pris des décisions à cet égard.
• (16 heures) •
Et
où c'est intéressant — je regarde mon temps, parce que mon temps
est imparti — c'est
qu'on apprend des choses aussi, puis
je pense que les gens qui nous écoutent vont trouver ça intéressant, on
apprend, dans cet arrêté ministériel, qu'au 1er janvier 2018, pour la catégorie de l'immigration économique,
celle qu'on a bien besoin, il y a 26 600 demandes de certificat de sélection, dont 24 198 demandes présentées par des travailleurs qualifiés, qui étaient toujours en attente de traitement. Donc, on a un
inventaire de 26 000 personnes là. Ça, c'est pour avoir le certificat
de sélection du Québec.
On apprend aussi dans
votre arrêté qu'au 1er janvier dernier il y a près de
56 000 personnes qui sont déjà sélectionnées,
qui sont prêtes, qui sont dans la catégorie de l'immigration économique, qui
sont toujours en attente d'une décision
concernant leur demande de résidence permanente. Donc, ça, ça nous fait
56 000 autres personnes. Il y a donc ces 26 600 demandeurs qui attendent d'être traités, des
demandeurs de certificat de sélection du Québec, et ces 56 000 qui ont le certificat et qui, eux, attendent enfin
d'avoir leur résidence permanente. Ça nous fait beaucoup, beaucoup de
monde, vous en conviendrez.
Et
vous en convenez parce que, dans votre arrêté ministériel, c'est ce dont il est
question. Vous dites : «Vu que cet
inventaire de demandes a pour effet de [...] retarder l'intégration au Québec
des immigrants de cette catégorie.» Et là on parle de la catégorie des immigrants économiques. C'était ma crainte, M. le ministre. M. le Président, c'était ma crainte, l'année dernière, qu'il
y ait une influence, que l'afflux de migrants par le chemin Roxham joue sur
toutes les autres demandes. Ici, on commence à voir l'ampleur de la situation.
Donc,
vous avez pris, M. le ministre, la décision concernant la suspension
temporaire de la réception de certaines demandes de certificat de sélection
présentées par différentes catégories de demandeurs.
Ce
qui est intéressant aussi, c'est qu'on apprend, dans ce document, que la
fameuse loi sur l'immigration qui a été adoptée et sanctionnée le
6 avril 2016, elle n'est toujours pas en
vigueur. D'ailleurs,
votre sous-ministre me l'apprenait... C'est-à-dire, je le
questionnais la semaine dernière là-dessus, M. Matte, et il me disait d'ailleurs
que... Parce que j'ai hâte de
savoir quand les règlements seront en vigueur. Les règlements ne seront pas en
vigueur avant la mi-août, selon votre sous-ministre.
C'est loin, c'est long. Mi-août, là, vous savez comme moi qu'on va être en
élection puis on n'aura pas le temps
de savoir ce qu'il y a là-dedans puis comment peut-on aider les gens, parce que
tout ça n'est pas encore en vigueur.
Donc,
vous travaillez via arrêté ministériel. Vous avez les pouvoirs, donc, de
suspendre ou de modifier le nombre de demandes
que vous allez traiter. Donc, dans cet arrêt ministériel — ça se poursuit — on comprend qu'il y a 26 600 demandeurs
de certificat de sélection qui attendent
d'être traités, qu'il y a 56 000 personnes déjà sélectionnées dans la
catégorie des travailleurs qui, elles, attendent... Bien, la résidence
permanente, ça, je comprends que c'est Ottawa, là, ce n'est pas vous qui
la donnez, la résidence permanente, là. Mais
on poursuit la lecture de cet arrêté. Et vous avez donc décidé de
diminuer la réception du nombre maximal de
demandes de certificat de sélection présentées par les ressortissants étrangers
dans la sous-catégorie de l'immigration économique, travailleurs
qualifiés. Ça, c'est votre décision. Vous diminuez, donc, le nombre de ces
demandes. Et vous avez décidé aussi de suspendre la réception des demandes de
certificat de sélection présentées par les
ressortissants étrangers de la sous-catégorie investisseurs, donc, pour arriver
à un article 1 de cet arrêté ministériel dans lequel vous dites : «Le nombre maximal de demandes de
certificat de sélection présentées par les ressortissants étrangers de la sous-catégorie de l'immigration économique "travailleur
qualifié" sera fixée...» Et
vous la fixez à 5 000, pas plus.
«Les demandes présentées au-delà du plafond indiqué [ci-dessous] seront retournées aux ressortissants étrangers.»
M. le ministre, est-ce que vous pouvez reconnaître minimalement qu'on est en
train de refuser des immigrants économiques,
actuellement, et que c'est votre gouvernement qui le fait parce qu'il y a eu cet afflux qui fait en sorte que ça déborde de partout?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M. Heurtel : Non, M. le Président.
Et voici pourquoi.
Alors, la députée fait un exposé et parle de
différents types d'immigration. La façon dont l'immigration est organisée, au Québec, avec l'entente
Canada-Québec qui a été signée avec le gouvernement
fédéral en 1991, le Québec a des pouvoirs principalement en termes d'immigration dite économique. Et, de ce
côté-là, il y a toute une infrastructure du ministère de l'Immigration québécois qui travaille année après année sur
la sélection des personnes, hommes et femmes, qui désirent venir au Québec par les voies
d'immigration économique. Il y a trois grandes voies : travailleurs
qualifiés, il y a les immigrants
investisseurs, puis il y a les immigrants entrepreneurs. La grande majorité,
dans ce domaine-là d'immigration économique,
M. le Président, c'est les travailleurs qualifiés. Le fait est que le Québec
est très, très, très populaire dans le monde,
il y a beaucoup de gens qui veulent venir au Québec. Et ça, c'est traité par
l'équipe du ministère et, bon, ça, ça a un délai, là, pour les travailleurs qualifiés, d'environ, là, une trentaine
de mois, 32 mois. Ça, ce 32 mois là, il existait avant la vague de 2017, là. Ce n'était pas quelque chose
qui a augmenté, ce n'est pas comme si ça prenait deux mois... Pardon?
Une voix : ...
M. Heurtel :
36 mois, maintenant? Bon. Ah! O.K. Pardon. Alors, on était à 36 mois avant
la vague, et là on est à 32 mois.
Donc, même pendant la vague, on a réussi à réduire les délais de traitement. Il
n'y a pas de lien, M. le Président, entre
les traitements de CSQ, de certificat de sélection du Québec, pour
l'immigration dite économique, là, de travailleurs qualifiés, et l'enjeu des vagues de demandeurs
d'asile, il n'y en a aucun, lien, d'ailleurs, notamment parce que toute
la question des demandeurs d'asile, c'est
traité par l'appareil fédéral, ce n'est pas traité par l'appareil québécois.
Donc, le fait... Alors, il n'y a pas de fonctionnaires du MIDI, donc du
ministère québécois, qui travaillaient sur de l'immigration économique qui, là, ont été obligés de laisser ce
qu'ils faisaient pour traiter des demandes d'asile. Alors, ça, ce n'est
pas...
Il y a un délai
important, puis ça, je vais y arriver, parce que le règlement traite ça, mais
je veux juste bien faire le lien qu'on a accumulé, donc, une banque de
56 000 personnes qui, pour nous, pourraient venir au Québec en vertu
de l'immigration économique, là, les
travailleurs qualifiés, là, principalement, mais qui sont bloqués parce que,
là, il y a un délai de traitement de
résidence permanente. Puis ça, c'est entièrement fédéral. Nous, on a des
assurances... Puis le ministre Hussen
l'a dit récemment, il n'y a aucun lien entre l'appareil fédéral qui gère les
traitements de demande d'asile et l'appareil fédéral qui traite les demandes de résidence permanente. Alors, ça, le
fédéral nous dit que les délais ne sont pas liés par... ne sont pas
affectés par les demandes d'asile.
Bon, pour les
26 000 en attente, bien là, comme je vous dis, là on a un inventaire déjà
à régler, puis le but de mon arrêté ministériel, c'est de dire : Bien là, on ne veut pas
donner de faux espoirs à du monde, là. C'est de dire : Écoutez, on
en a déjà 56 000 qui attendent
des résidences permanentes et on en a 26 000 à traiter. Bien là, on dit
aux gens... Puis là, moi, c'est surtout... L'arrêté ministériel aussi
envoie un message au ministère, envoie un message aussi aux experts en immigration, aux consultants en immigration, dire : Écoutez, là, pour le moment,
au Québec, on va lever le pied, parce qu'on a
une banque assez suffisante à
traiter. Mais d'aucune façon est-ce que ça, ça a un lien avec la vague des
demandeurs d'asile, rien du tout.
L'autre point
que... Non, mais c'est parce que Mme la députée a soulevé, M. le Président,
aussi la question des réfugiés, j'aimerais ça répondre à sa question.
Mme Roy : Allez-y.
M. Heurtel : Non, mais c'est
parce que je vous vois gesticuler...
Mme Roy : Je voulais...
Le Président (M. Picard) :
Allez-y. Allez-y rapidement.
• (16 h 10) •
M. Heurtel :
Non, mais, rapidement, là, c'est parce qu'aussi je veux bien aller vite, là,
mais c'est des... un, c'était long,
puis, deux, il y a beaucoup de points techniques à expliquer, parce que les
réfugiés, c'est différent. Il n'y a pas de vague imprévue de réfugiés, là. Un réfugié, justement, la différence
entre un réfugié et un demandeur d'asile, c'est que, le réfugié, on a
son statut avant que la personne arrive en sol canadien.
Alors,
l'exemple, c'est les Syriens. C'est-à-dire qu'il y a eu une reconnaissance de
la crise humanitaire due à la guerre
civile en Syrie. Le gouvernement fédéral, de concert avec les provinces,
d'ailleurs, là, puis il a travaillé notamment avec le Québec, en est venu à une entente disant : Bon, on va
accueillir x nombre... je ne me souviens plus du nombre exact pour l'ensemble du Canada. Mais nous, en vertu de
l'entente Canada-Québec, on fait une planification aussi au niveau des réfugiés. Même si c'est de compétence
fédérale, il y a une planification pour dire : Bon, bien, voici le nombre
qu'on va prendre. Pour 2017, c'était
9 900, environ. Alors... Mais ça, c'est planifié, c'est prévu. Alors, ça,
ça n'a aucun lien non plus avec les vagues de demandeurs d'asile.
Puis là je
pourrai... Je veux bien aller vite, là, M. le Président, mais c'est parce que,
là, il faudra expliquer aussi comment
nos ressources sont saturées en matière de demandes d'asile. Ce n'est pas au
MIDI que c'est saturé, c'est dans les autres ministères qui s'occupent
des demandeurs d'asile que c'est saturé. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée de Montarville.
Mme
Roy : Oui, merci. Je réfère quand même les gens qui nous
écoutent à cet arrêté parce que justement, dans cet arrêté, on parle des réfugiés. Vous disiez que c'est planifié. Je
suis bien d'accord avec vous. Dans votre plan d'immigration, pour 2018, vous avez planifié de prendre entre
2 600 et 3 000 réfugiés. Vous nous arrivez, dans ce décret, et
vous nous dites : Bien,
finalement, des réfugiés, on va en prendre entre 5 600 et 6 500.
Donc, dans la même année, votre prévision change en l'espace de quelques
mois.
Et, pour
revenir à nos Syriens, peut-on donner l'assurance que les dossiers qui devaient
être traités sont traités et qu'ils sont tous arrivés? Parce qu'il y
avait aussi des familles qui attendaient des gens.
M.
Heurtel : Alors là, encore une fois, M. le Président, quand la députée
parle de traitement de dossiers syriens, je veux juste qu'on comprenne. Le traitement d'un dossier de réfugié se
fait par le gouvernement fédéral, ne se fait pas par le MIDI. Alors, il y a... Quand on parle de
traitement de dossiers, si on parle... Après ça, une fois qu'on a... Puis là,
les chiffres exacts que j'ai, c'étaient
25 000 réfugiés syriens pour le Canada, tu sais, lié à la crise, là,
syrienne en propre, là, en 2016, là, 2017, puis le Québec,
on en a pris 6 500. Le 9 900 dont je parlais, c'est les réfugiés
totaux, peu importe leur origine.
Alors là, le
fédéral octroie le statut de réfugié. Ce n'est pas le gouvernement du Québec qui octroie le statut de réfugié, là. Alors, le traitement de ces
dossiers-là, c'est entièrement fait du côté fédéral. Et le ministre
Hussen, le ministre fédéral de
l'Immigration, a dit qu'il n'y a aucun lien entre traitement de réfugiés,
traitement de résidence permanente et traitement
des demandeurs d'asile. Alors, le fédéral a dit ça, je m'en tiens à ce
qu'il a dit. Pour nous, c'est sur nos ressources, après ça... Et c'est là où on en vient aux ressources.
Alors, c'est sûr que les Syriens ont accès... Et que ce soient les
Syriens, un réfugié, peu importe son origine, après notre planification,
s'installe au Québec, et là nos services... et l'entente Canada-Québec vise les
réfugiés, et là on s'en occupe mais au niveau de nos services, comme la santé,
l'éducation, francisation, ces services-là.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Roy : Oui. Il me reste
très peu de temps. C'est pour ça que je dis beaucoup de choses, parce qu'il y a
beaucoup de choses à traiter.
On apprenait
hier, au bulletin d'information de TVA, oui, notre capacité est atteinte. Il y
a 97 personnes, sur le nombre de
migrants qui ont passé par le chemin Roxham, qu'on n'a pas pu prendre parce que
notre capacité d'accueil était dépassée
dans nos services actuellement à Québec. Donc, ce que je comprends, c'est que
ces 97 personnes là restent sur le bord de la frontière. Qu'est-ce qu'on fait avec? Moi, je crains d'avoir
une répétition de cette apparition de ces tentes-là parce qu'à 97, 100 par jour, au bout d'un mois,
c'est 3 000 personnes. Alors, est-ce qu'on a déjà un plan? Est-ce
qu'on a déjà effectué un tri? À quel moment ça va se faire?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Alors, de la façon que ça fonctionne, c'est que
présentement, à Lacolle, là, puis aux alentours, le fédéral a 300 places à la frontière, avec des
lits, là, puis tout, alors peut accommoder jusqu'à 300 personnes. Nous,
puis je crois que je l'ai expliqué un peu à
la députée de Marie-Victorin, le système, c'est qu'on est en contact quotidien,
constant, là. Alors, nos centres, on a
1 850 places. On dit chaque jour au fédéral... Tu sais, regardez, par
exemple, là, hier, on était à 69 %
de capacité, puis on en a pris, avant-hier, 95... pas on en a pris, il y a eu
95 traversées, alors on calcule... puis, la journée avant, 93. Alors, on voit à peu près où est-ce qu'on est en
termes de nombres. On voit aussi les tendances pour les journées à venir, là, et on fait des estimations, en étant
en contact avec le fédéral, puis là on dit : Bon, bien, écoutez, basé sur
ce qu'on a, on peut en prendre x nombre dans
nos centres à Montréal. Mais le reste, c'est géré par le fédéral dans ces
300 places qu'ils ont à Lacolle.
Et là, au-delà, si... Là, je crois que votre scénario... Vous discutez de
l'hypothèse, si les 300 places sont pleines. C'est au fédéral à le
gérer. Vous comprenez?
Et, oui... La
réponse à l'autre question, M. le Président, que la députée a posée, c'est de
dire : Bien, est-ce que le fédéral travaille sur quelque chose? Ils
nous disent que oui. Ils l'ont dit mercredi soir, et, depuis jeudi... Vendredi,
il y a un briefing des fonctionnaires aux
médias. On travaille notamment sur le triage et sur d'autres solutions. Moi, je
suis en contact quotidien avec le fédéral, là, et on nous dit qu'on travaille
sur des pistes de solution.
Mais
l'important de comprendre, M. le
Président, c'est que ces personnes,
ces demandeurs d'asile, ces personnes qui
traversent sont de responsabilité fédérale. C'est au fédéral à trouver la solution.
Nous, on est prêts à faire notre part mais jusqu'à la hauteur de nos ressources.
Et, en hébergement temporaire, nos ressources, c'est 1 850 places.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste une minute, Mme la députée.
Mme Roy : Merci. Je vais le
reporter.
Le Président (M. Picard) :
O.K. Du côté du bloc gouvernemental, M. le député de Portneuf.
M. Matte
(Portneuf) : Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais profiter
également... J'ai deux chapeaux. Mais
que je préside ce soir, je vais présider, puis aujourd'hui je suis un
intervenant. Mais ça me fait plaisir de participer à cette étude de crédits. Je veux saluer aussi mes
collègues ainsi que vous, M. le ministre, et l'équipe qui vous
accompagne.
Vous le
savez, actuellement, à l'immigration, on change de paradigme. Avant,
l'immigration, c'était perçu comme un
problème, alors qu'on les voyait beaucoup plus comme menaçants, qu'ils venaient
chercher nos emplois, qu'ils venaient prendre nos emplois, alors qu'aujourd'hui c'est
une solution. L'immigration, elle a une connotation économique. Sans eux
autres, là, on aurait vraiment un plus grand problème.
Moi, c'est
malheureux, j'ai eu l'occasion, avec le premier ministre puis avec le ministre
de l'Économie, de visiter mon comté,
on a rencontré des entreprises, unanimement toutes les entreprises me
disent : On a un problème, on est obligés de refuser des contrats, on est obligés d'empêcher la croissance
économique. Pendant ce temps-là, quand je ne peux pas progresser puis je ne peux pas développer mon entreprise,
c'est mes compétiteurs dans d'autres pays, dans d'autres comtés et dans
d'autres provinces qui, actuellement, vont prendre cet espace-là. Je trouve ça
malheureux puis je trouve ça...
Qu'est-ce
qu'on peut faire? On essaie d'être imaginatifs, d'être créatifs. Puis chez nous
les entreprises le sont. En fin de
semaine dernière, il y avait un salon Contact Emploi, qui existe depuis
plusieurs années. On a refusé des entreprises, il y avait 54 entreprises qui sont venues offrir plus de
675 emplois. Avez-vous pensé, le comté de Portneuf, qui est environ
56 000 électeurs, on refuse des
emplois. Puis on est à proximité, on est situés entre Québec et Trois-Rivières.
Je trouve ça malheureux. Puis, je me dis, les entreprises...
Puis, si vous
me permettez, je vais vous faire une suggestion, mais j'aurais plusieurs
questions à vous soumettre. Mais je
le fais parce que mes entrepreneurs, c'est les gens qui nous écoutent puis qui
vont dire... Donc, afin de... Puis je sais
qu'en pédagogie vous êtes fort, M. le ministre, là. J'aimerais ça, là, procéder
à des petites questions pour faire en sorte, là, de répondre aux
attentes.
On a toujours
l'acronyme qui dit CSQ, hein, le certificat de sélection du Québec. Là, les
entrepreneurs nous disent : C'est
quoi, ça? On fait quoi avec ça? Puis, un coup qu'on l'a, qu'est-ce qu'on fait?
Moi, j'aimerais ça, M. le ministre, là, que vous soyez en mesure de répondre pour moi aussi, là, mais pour nos
électeurs, là, je suis certain qu'on nous écoute. Et je vous demande de
me laisser du temps parce que j'ai d'autres questions aussi, hein?
M.
Heurtel : O.K. Alors, on peut-u... M. le Président, je vous
demanderais votre indulgence. On peut-u essayer de planifier, là, le...
On a combien de temps, là?
Le Président (M. Picard) :
Là, il reste 13 minutes au bloc.
M. Heurtel : Le député veut que
j'arrête quand, là?
Le Président (M. Picard) :
Deux minutes?
M. Matte (Portneuf) : Bien, vas-y,
puis je lèverai la main. Oh! Je m'excuse.
Le Président (M. Picard) : M.
le député...
M.
Heurtel : Vous voyez? Et je vous le dis, M. le Président, je me fais
parler de même tout le temps par le député de Portneuf.
M. Matte (Portneuf) : Mais je vous
aime tellement, là.
• (16 h 20) •
M.
Heurtel : Mais, non, blague à part, je crois que le député touche
néanmoins à un point fondamental, c'est que, depuis 40, 50 ans, particulièrement en région, tu sais, à
l'extérieur de Montréal, on parlait très peu d'immigration relié, justement, au développement des entreprises,
l'immigration était toujours un phénomène qui était principalement
concentré à Montréal. Là, on est dans une
situation où partout au Québec, que ce soit Portneuf, la région de la Capitale-Nationale
ou ailleurs, puis, regardez, là, je pourrais
vous montrer les coupures de journaux, je suis sûr, dans votre comté, M. le
Président, vous voyez la même chose, il y a
des pénuries de main-d'oeuvre. Juste dans la région de la Capitale-Nationale,
au moment où on se parle, il y a à
peu près 10 000 postes de disponibles dans plein de secteurs, juste
dans la Capitale-Nationale. Alors, ça, c'est un phénomène nouveau.
Alors là,
beaucoup de PME, beaucoup de petites, moyennes entreprises qui ne sont pas
nécessairement... Tu sais, puis on
sait, là, la directrice de l'entreprise, bien, elle est également en charge des
ressources humaines et de toute autre tâche
connexe, là. Et là, tout à coup, cette personne-là doit devenir une experte en
processus d'immigration. C'est beaucoup demander parce que c'est très complexe, parce que, par exemple, il y a
quatre programmes différents gérés par le gouvernement fédéral pour des travailleurs temporaires. Alors,
ça, par exemple, si une entreprise comme celles que vous connaissez, M.
le député, dit : Bon, bien, j'ai identifié
quelqu'un de l'étranger pour venir travailler, bon, bien, elles pourraient se
prévaloir d'un de ces quatre programmes là, sauf qu'il y a des formalités,
c'est très technique. Des fois, il faut faire des études d'impact sur le marché du travail. Ça prend du
temps, ça prend de l'argent. C'est très complexe au niveau
administratif, pas évident à naviguer.
Alors, il y a tout ça d'un côté. Puis là il y a le côté de l'immigration
économique que j'expliquais tout à l'heure, qui est contrôlé par le
ministère de l'Immigration québécois. Donc, l'immigration économique, en vertu
de l'entente Canada-Québec de 1991, nous
donne justement, pour des travailleurs qualifiés, bon, la possibilité d'obtenir
un certificat de sélection du Québec et de
venir travailler, s'installer au Québec. Alors, comment faire pour naviguer à
travers ça? Pas facile.
Donc,
ça, c'est un nouveau muscle que nos entreprises québécoises doivent développer,
parce que ce n'est pas quelque chose
que les entreprises ont dans leur arsenal. Tu sais, les entreprises, bon, elles
ont développé l'exportation, développé
leurs techniques de marketing, ont développé tout ça, les ressources humaines,
etc., mais là il faut développer cette
nouvelle capacité là, là, d'avoir des personnes qui sont expertes puis qui
comprennent, justement, comment recruter, comment faire de la prospection à l'étranger,
comment ensuite, une fois qu'on a trouvé quelqu'un, l'amener ici selon
le bon programme, de la bonne façon. Un, ça
coûte des sous, ça coûte de l'argent, tout ça. Des fois, les entreprises, je
l'ai vu, se rabattent sur des consultants, puis ce n'est pas toujours, disons,
droit, droit puis ce n'est pas toujours des gens qui comprennent ou qui
connaissent bien ça. Alors, certaines compagnies, moi, me l'ont dit, se font avoir.
Alors,
c'est pour ça que ce qu'on a annoncé, suite au Forum sur la valorisation de la
diversité, c'est un effort majeur de
régionalisation de l'immigration. Puis ça a été vraiment emboîté par le
ministre des Finances dans le budget, où on va investir des dizaines de millions de dollars pour, premièrement,
régionaliser le ministère de l'Immigration... Présentement, le ministère de l'Immigration a son siège à
Montréal. Il y a une antenne à Québec, mais c'est à peu près tout. Alors
là, ce qu'on va faire, on va s'assurer qu'il
y ait des agents du ministère de l'Immigration qui vont avoir comme tâche
première, M. le Président, d'accompagner les entreprises concrètement dans la
prospection, le recrutement, naviguer tant les programmes... puis ce n'est pas juste les programmes québécois, là, les
programmes fédéraux, aider aussi dans, ce que je dirais, aussi le maillage, parce qu'il y a un travail qui doit se faire
aussi avec Emploi-Québec, par exemple, parce qu'Emploi-Québec a des programmes pour accompagner au niveau de
l'intégration de ces immigrants, travailler aussi avec les municipalités et les MRC, parce que nous
finançons les MRC et les municipalités dans l'intégration, travailler
avec les organismes communautaires
d'intégration. On va investir également... Il y a 10 millions de dollars
dans le budget pour accompagner les entreprises spécifiquement dans la
francisation en entreprise.
Alors là, donc, tout
ça, là... Puis ça, je pourrais continuer, là, M. le Président, mais, tout ça,
là, il faut qu'on accompagne les entreprises davantage. Alors, c'est pour ça
qu'il va y avoir des agents. Puis on commence, là, le déploiement, là, dans les prochains mois, le déploiement va se faire. Et
là, justement, les entreprises du député de Portneuf pourront appeler, rencontrer... des gens vont se
déplacer. Il pourra y avoir un diagnostic et un véritable accompagnement
des entreprises, avec des ressources
également pour accompagner les entreprises dans le démarchage, la quête, la
recherche, le recrutement, la prospection et tout ce qu'il faut pour amener ces
gens-là à travailler en entreprise.
Le Président
(M. Picard) : Il vous reste sept minutes, M. le député.
M. Matte
(Portneuf) : Je trouve ça... Je constate que vous maîtrisez la
situation et la problématique, là, qu'on vit en région, là. Puis, si je regarde, là, notre problème, c'est la rétention
des immigrants. On a beau acheter des immeubles, loger, de créer un
genre de microcommunauté pour les garder...
Mais
vous m'avez devancé, parce qu'au mois de décembre dernier il y a eu un forum
sur l'immigration, et de là a dégagé cinq axes, O.K., qu'on devait
travailler, dont un portait justement sur la stratégie d'intervention
territoriale. Vous en avez parlé. Je pense,
ça va être important de faire beaucoup de publicité, informer nos entrepreneurs
pour dire... puis ils n'ont pas
toujours, là... Est-ce que vous avez déjà planifié puis regardé quel serait le
moyen que vous préconisez pour pouvoir informer nos entrepreneurs? Parce
que vous l'avez mentionné, là, tu sais, une petite entreprise avec 20 employés, là, il n'y a pas un directeur ou
une directrice, là, de ressources humaines, puis on ne l'a pas, tu sais...
puis, je le sais, on leur envoie de l'information,
puis ils n'ont pas le temps de lire. Donc, souvent, les propriétaires de PME
sont concierges, secrétaires, entrepreneurs,
comptables, puis tout ça, il ne reste plus de temps. Est-ce qu'il y a une
stratégie, un plan d'action pour pouvoir faire connaître, là, cette mesure-là?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, oui, M. le Président. L'idée, c'est que le
déploiement dans les régions des agents du ministère, ça ne va pas se faire en vase clos, ça va se faire
également en parallèle avec la mise en place de projets pilotes adaptés
aux réalités terrain qu'on... On a déjà
sollicité, on a déjà fait des appels à projets puis on a reçu plusieurs projets
en région, mais on en veut d'autres,
des projets qui vont venir... Par exemple, que ce soit une des MRC du... Dans
Portneuf, par exemple, si je prends
Portneuf, là, il y a plus d'une MRC, je crois, dans Portneuf. Il y a une seule
MRC? Bon. Alors, la MRC, elle peut faire
un projet avec des organismes d'intégration, la chambre de commerce, le
ministère, tu sais, une espèce de projet pilote pour justement mettre les ressources... Parce qu'on a plusieurs
programmes, tu sais, pour les MRC, municipalités. On a Mobilisation-Diversité. Alors, si on prend ce
programme-là, on met de l'argent dans un projet pilote qui rassemble les
forces vives du milieu en matière
d'intégration puis de développement économique, francisation également, donc,
le communautaire, l'économique, le
municipal, le ministère va vous accompagner pour justement... Si vous décidez,
sur le terrain, toutes les forces
vives, là, décidez, sur le terrain : On veut faire une approche ciblée PME
dans Portneuf, bien, on va financer ça puis on va vous accompagner
là-dedans.
Au-delà
de ça, au-delà de ça, on va faire une campagne nationale pour parler aux
régions et expliquer, justement, la nouvelle
approche. Alors, il va y avoir une campagne ciblée régions mais, je dirais,
plus d'ordre national, mais aussi le changement
d'approche, c'est que dans Portneuf on ne va pas faire nécessairement la même
chose qu'on va faire à Laval ou on ne va pas faire nécessairement la
même chose qu'on prévoirait faire en Abitibi-Témiscamingue. On va avoir des approches adaptées, que nous voulons qu'elles
viennent du terrain. Alors, par le développement de projets pilotes par
les principaux acteurs, il peut y avoir
là-dedans, justement, de la promotion, du démarchage, puis ensuite il va y
avoir des agents du ministère, les
agents terrain du ministère qui vont accompagner les entreprises mais aussi
vont accompagner les autres acteurs aussi dans l'intégration.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Portneuf.
M. Matte (Portneuf) : Je vous
remercie. Puis je trouve que vous êtes sensible, là, suite à votre consultation
que vous...
Une
voix : ...
M.
Matte (Portneuf) : ...oui,
où on a été clairs dans nos consultations puis qu'on vous a exprimé ce que...
Ce que je trouve d'intéressant, c'est que ça ne part pas d'en haut vers le bas,
mais ça part du bas vers le haut. C'est ça qui est intéressant. Ce qu'on veut, là...
Tu sais, j'ai toujours dit que plus que la décision se prend près du
milieu, plus qu'on a de chances
qu'elle va répondre au milieu. Et donc je trouve ça intéressant. Puis j'ai hâte que vous veniez dans mon comté, là. On est en
train de planifier ça, là.
Je n'aurai pas l'occasion de faire d'autres interventions, là, parce que je vais présider, mais je vais vous accompagner
jusqu'à 10 h 30, ce soir, là.
J'aimerais ça que vous puissiez, là, lors de votre prochain bloc... que vous
parliez des quatre autres actions,
là, qui ont été... découlé du forum, je sais que vous avez parlé, là, de la
deuxième action, qui est d'accompagner les entreprises, là, mais qu'on
puisse, là, soutenir nos entreprises à faire de la promotion, tout ça. Je vous
remercie.
M. Heurtel :
Parfait. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Marie-Victorin pour une période de 14 min 20 s.
• (16 h 30) •
Mme
Fournier : Merci, M. le Président. Alors, je reviendrai tout de suite sur le sujet sur lequel on s'était
laissés précédemment. Alors, je vais vous
donner une situation, un cas de figure extrêmement plausible, parce
que vous dites que le fédéral va
prendre ses responsabilités, mais moi, je considère que ce serait tout à fait plausible qu'il ne les prenne pas, comme il ne les a pas prises par le passé, notamment
cet été, lorsqu'il a laissé le Québec
se débrouiller avec le nombre de migrants qui était en augmentation, de
demandeurs d'asile. On a dû ouvrir, vous l'avez même dit vous-même, là, 12,
13 centres, ça a donné le Stade olympique. Bref, le gouvernement fédéral,
l'année dernière, s'en est vraiment lavé les mains.
C'est fort possible que cette année, en termes d'hébergement, il ne livre pas
la marchandise. Je comprends que vous
êtes de bonne foi, vous avez des rencontres avec eux, mais concrètement, en ce
moment, on n'a pas d'indice qui nous permette de croire qu'ils vont
pouvoir mettre en place des centres d'hébergement pour les demandeurs d'asile.
Alors,
je vous parle de ce cas de figure auquel je faisais référence. Si, par exemple,
on est le 6 juillet, aujourd'hui, puis
que c'est une des journées où on reçoit le plus de demandeurs d'asile, qu'il y
en a, par exemple, 600 qui se présentent à nos frontières, c'est possible, donc 600 personnes qui arrivent,
alors que, par exemple, nos centres sont déjà remplis à pleine capacité, les 1 850 places sont pleines,
les 300 places, aussi, d'urgence du fédéral sont pleines, qu'est-ce que le
gouvernement du Québec ferait à ce moment-là? Est-ce qu'on laisserait
les gens dans la rue? Est-ce qu'on retournerait les autobus? Est-ce qu'on
ouvrirait des nouveaux centres? Qu'est-ce qui serait fait, concrètement, si on
n'est pas capables de loger ces personnes-là?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : M. le Président, la députée essaie... puis je comprends, à
quelque part, ce qu'elle essaie de faire, mais essaie de remettre ça sur la responsabilité du gouvernement du Québec.
Ça ne l'est pas. Je veux bien qu'elle essaie de faire ça puis de faire en sorte que le gouvernement du
Québec soit en quelque sorte pris au dépourvu, mais justement nos
actions, depuis la semaine dernière, c'est pour s'assurer qu'on ne soit pas
dans une situation catastrophique qui est décrite par la députée.
De
la façon que ça fonctionne, puis je crois que la députée le sait, ça, parce que
dans ses questions précédentes elle
l'a évoqué, la personne qui traverse de façon irrégulière est prise en charge
par le gouvernement fédéral. Ce n'est pas les autorités québécoises,
c'est des agents frontaliers fédéraux. Alors là, après ça, ils sont amenés dans
un centre de traitement fédéral. Là, il y a
un numéro de dossier qui est donné, des vérifications de base au niveau santé,
sécurité qui sont faites. Là, la
personne est encore dans le giron fédéral. Et ce n'est que lorsque cette
personne-là indique, bon, qu'elle n'a
pas de moyens, elle n'a pas de capacités, elle ne sait pas où aller... Bien, on
l'envoie d'abord dans ce centre où il y a 300 places, là, encore
géré par le fédéral. Là, le fédéral...
Et
l'année dernière c'était une situation exceptionnelle. Puis je comprends qu'on
cherche à sauver du temps, je ne réexpliquerai
pas l'année dernière, mais il y a une différence entre l'année dernière puis
cette année, puis, si la députée veut qu'on
en parle, on va en parler, mais il y avait une différence fondamentale du type
de demandes d'asile qu'il y avait, puis qu'est-ce qui s'est passé, et comment ça s'est passé. Alors, on est
devant une nouvelle situation cette année. Et un des aspects de la
nouvelle situation, c'est que nos ressources sont limitées.
Alors,
c'est le fédéral qui met les gens dans des autobus. Et avant, l'année dernière,
le fédéral mettait ça dans des autobus
qui allaient vers Montréal, puis il y avait de la place parce que, oui, on a
ouvert le stade, oui, on a ouvert... on a pris des hôtels, oui, on a ouvert des gymnases, mais là on dit qu'on n'a
plus les capacités, que ce soit en éducation, que ce soit ailleurs. Alors là, nous, on va faire ce
qu'on peut, mais, devant le scénario que décrit la députée, c'est le fédéral
qui va devoir trouver la réponse à ça, pas
le gouvernement du Québec. Et le fédéral a déjà donné des indices. Respectueusement
avec l'interprétation de la députée, il y a
déjà des indices. Je ne vais pas répéter ce qui a été décidé par le fédéral et
le travail qui a été fait, je l'ai
déjà fait, mais, juste l'année dernière, M. le Président, ils ont envoyé des
demandeurs d'asile qui ont traversé au Québec à Cornwall, ils l'ont
fait. Alors, pourquoi ils ne le referaient pas maintenant?
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme Fournier : Oui, tout à
fait. Mais, même si la situation est différente, je veux dire, ça revient un
peu au même, il y a des gens qui
franchissent la frontière, qui veulent venir demander l'asile ici, au Canada,
que ce soit au Québec ou en Ontario.
Il n'en demeure pas moins que le nombre, on le voit, va continuer même
peut-être d'être en augmentation. Et moi, je considère que, le fédéral, il y a des possibilités qu'il puisse
prendre pour acquis que le gouvernement du Québec fasse la même chose que l'an dernier. Alors, je crois que
ce serait important qu'il puisse quand même y avoir un plan B,
parce que, si le fédéral n'agit pas, c'est
quand même chez nous que les demandeurs d'asile sont, c'est nous qui vont
devoir... On ne peut pas simplement laisser des gens à la rue. Donc, il
y a ça.
Mais
maintenant, donc, comme je le disais,
c'est le gouvernement du Québec qui doit éventuellement, là, après qu'il ait passé à travers tout le processus... qui, j'en conviens,
relève de la responsabilité du fédéral et est géré présentement par le fédéral, vous avez évidemment tout à fait raison
là-dessus, mais, quand les demandeurs d'asile, donc, finissent par
passer ce processus, se trouvent, par
exemple, un logement, et que vient le temps, par exemple, quand l'automne
arrive, d'inscrire leurs enfants à
l'école, bien, ce dont on a déjà discuté aussi abondamment, c'est la situation
dans laquelle se trouvent nos écoles
actuellement. Et vous l'avez vous-même répété à plusieurs reprises : Le
nombre de demandeurs d'asile qui sont arrivés
l'an dernier, le nombre d'enfants qui se sont rajoutés sur nos bancs d'école,
ça correspond à cinq nouvelles petites écoles
primaires, là, vous l'avez également dit. Et la semaine dernière on a
conséquemment eu une sortie de la part, là, des gens qui travaillent dans les écoles, à Montréal, dans les commissions
scolaires, comme quoi ils n'étaient juste plus capables d'y arriver; qu'ils avaient non seulement besoin
de places, mais qu'ils avaient besoin de spécialistes aussi qui allaient
aider les enfants, d'abord, évidemment, à
apprendre le français, donc à pouvoir s'intégrer dans nos écoles, mais
également des spécialistes qui
viendraient les aider à une intégration, aussi... un suivi, par exemple,
psychologique, parce qu'on sait que des fois, parmi les demandeurs d'asile, donc, il y a des gens qui viennent
de pays avec des situations très difficiles, des enfants qui ont vécu des traumatismes importants, alors ça
ne se passe pas non plus nécessairement très facilement, l'intégration.
Alors,
est-ce que vous avez déjà planifié les ressources qui seront octroyées de façon
supplémentaire dans nos écoles pour ne pas que les professeurs, là, se
ramassent avec tout ce fardeau-là sur leurs épaules?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le Président, je dois quand même revenir sur l'intervention de la députée.
Le gouvernement fédéral... Je comprends qu'elle émet des réserves sur la
confiance qu'elle a dans les capacités du fédéral de livrer la marchandise. Je
veux quand même dire que le gouvernement fédéral, depuis mercredi dernier, a
réagi en disant... non seulement il
reconnaît l'effort de l'année dernière, reconnaît le fardeau, il reconnaît la
limite de nos capacités. Alors, en reconnaissant
la limite de nos capacités, M. le Président, c'est clair pour nous... Et le
fédéral le dit et le fait, là, depuis la semaine dernière, travaille sur des solutions alternatives. Alors, il
faut quand même donner le temps au temps. Nous autres, on l'a dit
clairement, on est aux limites de nos capacités, on n'ira pas plus loin.
Pour
ce qui est des questions, on l'a dit, puis c'est vrai, je l'ai dit, un exemple,
mais cet exemple-là me vient du ministre
de l'Éducation, Mme la députée, c'est que, là, avec la vague de l'année
dernière, on a eu environ 2 500 enfants d'âge scolaire. Ça, 2 500 enfants de plus,
c'est comme si on ouvrait cinq nouvelles écoles primaires d'un coup puis
qu'elles étaient pleines, là, d'un coup. Le
réseau n'est pas capable d'absorber ça. Et la ministre des Services sociaux,
qui était à la conférence de presse de lundi de la semaine dernière, a
dit la même chose au niveau des ressources, que ce soit en psychosocial, en accompagnement, en santé, etc.
Puis on pourrait parler de la ministre de la Justice, parce qu'il y a de
l'aide juridique. On pourrait parler du ministre de la Famille.
Mais
ce que je vais vous dire, M. le Président, c'est : Respectueusement, pour
aller à fond dans la capacité puis les
questions techniques sur les ressources de ces différents ministères, je vais
référer la députée aux ministres responsables. Nous, ce qu'on fait, c'est un peu... on est une tour de contrôle, là, tu
sais, mais, je veux dire, ce qui regarde la capacité du ministère de l'Éducation... Puis c'est pour ça
qu'il était là, à la conférence de presse de lundi de la semaine dernière,
c'est pour parler de ces capacités-là, et
les autres ministères également. Donc, je vais respectueusement référer la
députée aux ministres responsables des différentes questions qu'elle a
posées.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
• (16 h 40) •
Mme
Fournier : Par contre... Tout à fait, il y a différents ministères qui
sont impliqués, mais le MIDI a quand même
un rôle à jouer, notamment en ce qui a trait aux professeurs de francisation, notamment,
même, pour les enfants qui arrivent
dans nos écoles, alors il faut qu'il puisse y avoir des ressources
supplémentaires. Pas tous, bien sûr, mais il y en a quand même un
certain nombre qui relèvent de votre ministère. Alors, évidemment, ça va prendre
des ressources supplémentaires, mais des
ressources... J'imagine que vous pourrez demander au gouvernement fédéral,
étant donné que les demandeurs d'asile sont de sa responsabilité.
Ça
m'amène, justement, sur le sujet des demandes qui ont été faites à l'endroit du
gouvernement fédéral au mois de mars,
comme vous en avez fait mention. D'ailleurs, comme j'ai eu l'occasion également
de le soulever à quelques reprises, on
était bien heureux de voir que vous demandiez finalement le remboursement, là,
auprès du gouvernement fédéral, comme on
le demandait depuis l'été dernier, du côté du Parti québécois, parce que, vous
le dites aussi à de nombreuses reprises, c'est vraiment la
responsabilité du gouvernement fédéral.
Donc,
on sait que vous leur avez écrit une lettre, à ce moment-là, au mois de mars.
Par la suite, vous avez eu des rencontres.
On a également appris par le biais des médias que le gouvernement fédéral
s'attendait à ce que le gouvernement du
Québec puisse ventiler, là, la demande du 146 millions à savoir, bon,
quelles étaient les réclamations exactes. Donc, est-ce que vous avez aujourd'hui la liste de cette ventilation des sommes, du 146 millions de dollars? Et, si oui,
pouvez-vous la déposer?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, sur le commentaire sur la francisation, de la
députée, c'est la même chose qui s'applique. Oui, c'est vrai, il y a de la francisation qui est faite par le MIDI,
mais il y a aussi de la francisation qui est faite par des commissions scolaires, là. Alors, ce n'est pas
juste le MIDI qui fait ça. Mais, là aussi, nos ressources sont saturées.
Alors, on n'a pas l'intention d'aller plus
loin que ce qu'on fait présentement. Quand on dit que les ressources sont
saturées, c'est dans tous les domaines. Alors, on ne va pas, justement,
pouvoir en faire plus que ce qu'on fait maintenant. Alors, bon, ça, c'est une
chose.
Pour ce qui
est de la facture, la lettre du 21 mars que mon collègue aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et
moi avons envoyée au ministre Hussen, de l'Immigration fédéral, on disait dans
cette lettre-là, M. le Président, qu'on exigeait le remboursement des dépenses totales pour 2017, pour la vague
de 2017. La réponse qu'on a... Mais ce qui est important, c'est que cette lettre-là demandait spécifiquement un
répondant dans l'appareil gouvernemental fédéral pour commencer les
discussions sur le remboursement, et on n'a pas eu ce répondant-là, ce n'est
pas qu'on ne voulait pas envoyer puis
commencer les discussions, M. le Président, on n'a pas eu le répondant avant
21 h 3 le 24, donc la semaine dernière. À 21 h 3, j'ai reçu la lettre, donc, qui dit :
Bon, voici le répondant, puis, bon, on voudrait la ventilation. Alors,
le 25, je suis allé à Ottawa, puis là le
gouvernement fédéral a annoncé publiquement, puis c'est un résultat de la
rencontre, que, là, il allait y avoir un groupe de travail spécifiquement pour
en venir à une entente sur la facture.
Alors, tu
sais, au niveau des faits, là, c'est qu'on n'est pas contre donner la
ventilation, on attendait le nom du répondant,
qu'on a eu à 21 h 3, le soir de la veille de mon voyage à Ottawa.
Alors, évidemment, moi, je ne suis pas arrivé avec toutes les
ventilations, je ne suis pas arrivé avec tous les détails parce que, un, on
compte encore pour l'année financière qui s'est terminée le 31 mars.
Alors, c'est
vraiment ça, la séquence des événements. On a pleinement l'intention de
participer au comité. Je crois qu'il
y a des discussions préliminaires qui ont déjà commencé. Et le ministre Garneau
a été formel, hein, là-dessus, l'objectif du comité de travail sur le remboursement des dépenses de 2017,
l'objectif, c'est d'en venir à une entente avec le Québec. Alors, on a
bon espoir d'avoir une entente avec le fédéral.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée, il reste 1 min 30 s
Mme
Fournier : Est-ce que
vous pouvez le déposer, la ventilation, actuellement? Est-ce que
vous avez fait les calculs déjà?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M. Heurtel : Non, la ventilation n'est pas terminée, je n'ai
pas toutes les... parce que l'année fiscale s'est terminée le 31 mars, alors je n'ai pas encore tous les
totaux, que ce soit d'Éducation, Santé
et Services sociaux, Travail,
Justice, Famille et d'autres organismes gouvernementaux. On est en train de
compiler ça, présentement.
Mme
Fournier : Donc, on va devoir quand même augmenter si on a davantage
de demandeurs d'asile cette année. Vous
dites : On ne peut pas augmenter les ressources, on est à pleine capacité.
Ce qui va arriver, c'est qu'on doit quand même franciser les enfants qui viennent dans nos écoles, alors il va
falloir augmenter les ressources, mais en même temps il va falloir qu'Ottawa assume la facture. Alors,
en ce sens-là, est-ce que vous prévoyez, après avoir payé la facture de
l'an dernier, instaurer un mécanisme de
remboursement récurrent des dépenses, étant donné que la situation des
demandeurs d'asile semble vouloir perdurer dans le temps?
M.
Heurtel : Oui, alors, M. le Président, on a 2017, là, on demande 2017,
on va fonctionner par année fiscale, mais
il est clair que, les dépenses reliées à 2018, on va devoir s'asseoir avec le
fédéral également. Mais c'est une immigration différente, hein, c'est une provenance différente, c'est des causes
différentes. Puis aussi l'affaire, c'est que les dépenses, c'est très difficile à évaluer, parce qu'à date,
sur 2017, on a un très petit nombre de demandes d'asile traitées puis on
est à une ou deux sur 10 d'acceptées. Alors, ça, ça a un impact aussi sur le
calcul des dépenses pour 2018.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Nous retournons
du côté gouvernemental. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer les
collègues, le ministre et les gens qui l'accompagnent, que j'ai eu le
privilège de travailler avec eux dans le passé. Alors, je les salue.
Alors,
écoutez, M. le Président, ça me fait toujours plaisir, participer aux crédits
de l'Immigration parce que c'est un dossier qui me tient à coeur, un
dossier que je suis de très près. Et je comprends que les demandeurs d'asile,
c'est qu'est-ce qu'on voit dans... c'est un enjeu majeur, c'est un enjeu qui est
assez récent et nouveau, mais je peux constater que... Et je sais qu'on a des crédits, on est encore dans les crédits,
ce soir, mais force est de constater que toutes les questions sont sur
les demandeurs d'asile, alors je peux... qui m'amène à la conclusion de dire
que ça va quand même très bien, l'immigration au Québec.
C'est-à-dire, quand on regarde au niveau de la francisation, l'intégration, l'accueil, je pense que le ministère a fait des progrès
significatifs dans tous ces domaines-là et avec les budgets qui l'accompagnent.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais ça parler de deux organismes de mon comté, deux organismes
que j'ai eu la chance de visiter avec
le ministre pas plus tard que le 21 mars dernier, des
organismes vraiment extraordinaires sur le terrain. Et je pense que tous les députés autour de la
table, on peut souligner le travail des organismes communautaires dans
notre comté, parce que, sans eux, je pense
que notre travail serait encore plus difficile, plus compliqué. Et je pense
que, dans un comté comme le mien, qui
est un comté qui est assez diversifié, où j'ai 56 000 électeurs et je dessers
70 000 habitants, sans les
organismes communautaires, je ne pourrais pas faire mon travail correctement
comme députée. Alors, je les salue.
J'ai choisi
deux organismes qui travaillent très fort sur le terrain. Pourquoi ces deux-là?
Parce qu'ils travaillent en concert,
ils travaillent ensemble sur le volet de l'intégration, la francisation. Ils
accompagnent les migrants dès leur arrivée dans le comté jusqu'à se
trouver un emploi et s'intégrer dans le comté.
Alors, j'ai
l'Accueil aux immigrants de l'est de Montréal. Et je salue le directeur
général, qui s'appelle M. Roberto Labarca,
et son conseil d'administration, qui font un travail vraiment extraordinaire.
C'est un organisme qui a été fondé en 1986,
qui voit une croissance dans leur clientèle qui est assez phénoménale. C'est un
organisme qui offre des points de service
dans Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles aussi. Ils oeuvrent
spécifiquement pour les communautés, je vous dirais, dans l'ensemble de l'est de Montréal, pas juste dans mon comté,
et ils travaillent en partenariat et en concertation avec l'ensemble des
intervenants sur le terrain et... Mais ils travaillent en étroite collaboration
avec Horizon Carrière. Horizon Carrière,
c'est tout le volet intégration à l'emploi. Et ils offrent des services
d'accompagnement, eux aussi, mais toujours
axés sur l'emploi et l'intégration, tandis que l'accueil des immigrants, bien,
eux, ils ont une panoplie de services, entre autres la francisation. Et
c'est pour ça qu'on est allé les visiter, M. le Président, et je vais vous
expliquer.
Ils sont
venus me voir pour me dire : Écoutez, Mme Rotiroti, vous savez, vous
portez beaucoup d'attention sur le français.
Vous-même, vous êtes fille d'immigrants, alors, vous comprenez comment que le
français est important quand on parle
de l'intégration. Et eux, ils offrent des cours de francisation et ils ont eu
un... écoute, ils offrent des cours à temps partiel, des cours à temps plein, et les classes sont pleines, alors ils
avaient besoin de ressources. Alors, dès que j'ai parlé au ministre...
Puis je tiens à le remercier parce qu'il m'a accordé... il s'est rendu
disponible tout de suite. On est allés les rencontrer,
il a compris l'enjeu assez rapidement, et on a réussi à trouver une solution
pour eux qui... Dans le fond, c'est une solution pour eux, mais une solution pour nous aussi, comme députés,
parce que, ces gens-là, c'est ça qu'on veut, hein, on veut qu'ils s'épanouissent dans la société, qu'ils
apprennent la langue. Puis, quand tu parles le français, bien, c'est
plus facile de t'intégrer, c'est plus facile de te trouver un emploi.
Alors, je
parle spécifiquement de ces deux organismes-là parce qu'imaginez-vous donc, M.
le Président, qu'ils sont dans la
même bâtisse, en plus. Alors, les migrants, là, ils ont une panoplie de
services, et c'est un service complet de A à Z, qui est assez
extraordinaire.
Alors, je sais que, bien, évidemment, c'est des
partenaires du ministère, évidemment, c'est des... ils sont des partenaires et ils ont du financement sur
plusieurs volets dans différents programmes. Alors, M. le ministre, je ne sais
pas si vous pouvez... Je sais qu'il y a le PRIIME, le PRint, il y a bien des
programmes, mais, quand on parle des acronymes comme ça, les gens qui nous écoutent, ils ne comprennent pas. C'est
quoi, ces programmes-là? Qu'est-ce qu'ils font, ces programmes-là? Combien d'argent qu'il y a
dans ces programmes-là? Et comment que les organismes communautaires qui voudraient
aller chercher l'argent dans ces programmes-là... comment qu'ils s'y prennent?
Alors, je ne sais pas si vous pouvez élaborer un petit peu là-dessus,
s'il vous plaît.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Est-ce qu'il y a lieu de planifier le temps, là? Est-ce que la députée...
Mme
Rotiroti : Je vais
vous arrêter, moi aussi.
M. Heurtel : O.K. C'est ça. Alors,
M. le Président, je vais quand même commencer puis, sans flagornerie, reconnaître l'engagement et le travail de la
députée de Jeanne-Mance—Viger en
immigration. Son implication dans le domaine
de l'immigration remonte à même avant qu'elle soit députée. C'est un domaine
qu'elle connaît très bien, et elle a même
contribué à des efforts de réflexion comme adjointe parlementaire de ma
prédécesseure. Quand même, c'est un travail qu'il faut souligner.
Et, dans
l'est de Montréal, où est le comté de Jeanne-Mance—Viger, bon, bien, on a une situation très
importante. Ce n'est pas juste dans Saint-Michel ou dans Montréal-Nord qu'il y
a des personnes issues de l'immigration, Jeanne-Mance—Viger puis,
bref, l'est de Montréal en général est un bassin majeur. On dit que plus de
70 % de l'immigration se trouve
à Montréal; il y a une grande proportion de cette immigration qui se trouve
dans l'est de Montréal, donc tant dans Bourassa-Sauvé,
que dans Jeanne-Mance—Viger, que
notamment dans Saint-Michel et, évidemment, les autres comtés dans l'est
de Montréal. Donc, il y a un travail de terrain très important.
Il faut dire que, quand je suis allé visiter ces
organismes-là avec la députée, elle a été accueillie comme une «rock star». Et ça montre son engagement sur le
terrain. Puis on a eu une rencontre très productive. C'est que
justement, avec les demandeurs d'asile, avec les réfugiés, avec la venue aussi
constante, normale, régulière d'immigration dite économique, donc le mariage de l'immigration économique et de
l'immigration humanitaire, puis les pressions importantes... Puis, c'est important de le dire, oui, on parle
beaucoup de demandeurs d'asile, puis je comprends qu'on en parle, mais
ce n'est pas juste sur le gouvernement du
Québec qu'il y a une pression, c'est sur nos organismes communautaires. Je
parlais des arrondissements tout à l'heure;
il y a également les organismes communautaires qui jouent un rôle majeur en
intégration, en francisation.
Et ça ouvre
la voie, oui, à quelque chose, puis c'est bien d'avoir cette opportunité, M. le
Président, parce que, par exemple,
pour, justement, l'AIEM, là, l'organisme Accueil aux immigrants de l'est de
Montréal, qui est un des deux
organismes, là, qu'on avait visités, bien, le gouvernement leur octroie 900 000 $
par année. C'est beaucoup d'argent, mais ils font beaucoup de services. Mais, juste
vous dire, voici comment la ventilation de ce 900 000 $ se fait. Ça
se fait en contrats de francisation,
puis là ça rejoint un peu le point que j'avais avec la députée de
Marie-Victorin, tu sais, qui illustre,
justement, que ce n'est pas seulement au MIDI qu'on fait de la francisation,
là, mais on a un exemple, c'est 231 000 $ au niveau des contrats de francisation, il y a le
programme Mobilisation-Diversité où il y a 10 000 $, le programme
Réussir l'intégration, 548 000 $, projets novateurs en francisation,
17 000 $, et le programme Soutien à la mission, 82 000 $.
Alors, tout
ça, c'est quoi? Alors, prenons Mobilisation-Diversité. Alors, le programme
Mobilisation-Diversité est destiné à
appuyer les efforts visant à édifier des collectivités plus accueillantes et
inclusives et ainsi favoriser la pleine participation, en français, des personnes immigrantes et des minorités
ethnoculturelles. Bon, le programme Réussir l'intégration, que tout le monde connaît sous l'abréviation PRint,
alors, ce programme-là est destiné à favoriser la pleine participation, en français, des personnes
immigrantes à la vie collective par un soutien financier aux organismes. Il
vise à accélérer le processus d'intégration
des personnes immigrantes en les soutenant dans leurs démarches d'installation
et d'intégration, de manière qu'elles
puissent devenir des membres actifs de la société québécoise. Il y a le
programme Soutien à la mission.
Alors, ça, ça s'explique par soi-même, c'est littéralement le soutien
opérationnel de ces organismes-là. Il y a le Programme d'intégration linguistique pour les immigrants, le PILI.
Alors, ce programme vise à soutenir la personne immigrante dans sa démarche d'apprentissage du français afin qu'elle
puisse s'intégrer à la société québécoise francophone. Les activités d'enseignement et de soutien à la
francisation permettent de développer les compétences langagières et
offrent l'occasion d'utiliser le français dans des contextes variés et
authentiques.
Alors, ça,
c'est les principaux programmes. Puis là ça fait le tour, justement, de
l'ensemble du type de soutien qu'on a remis, là, à l'organisme qu'on
avait visité, là, avec la députée.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti : Oui, merci,
M. le Président. Alors, effectivement, vous avez bien résumé l'argent qui vient de différentes enveloppes,
différents programmes du ministère, mais ça, c'est pour l'Accueil aux immigrants
de l'est de Montréal. J'ai aussi parlé d'Horizon Carrière. Puis la raison
pourquoi je parle d'Horizon Carrière, à part du fait qu'ils travaillent en étroite collaboration avec
l'accueil des immigrants, c'est qu'Horizon Carrière, eux, ils ont pour mission
tout le volet de l'intégration à l'emploi.
Et mon collègue le député de Portneuf faisait référence, dans son intervention,
qu'en région il y a pénurie de
main-d'oeuvre, que les entreprises, elles cherchent la main-d'oeuvre puis elles
veulent des... elles cherchent la
main-d'oeuvre et que l'immigrant pourrait être la solution à cette pénurie de
main-d'oeuvre. Mais Horizon Carrière,
c'est un organisme qui se trouve dans l'est de Montréal, qui a fait un arrimage...
Parce qu'on parle beaucoup d'arrimage
pénurie de main-d'oeuvre, hein, avec les emplois disponibles. Bien, eux, ils
ont fait cet arrimage-là avec... dans
le secteur de Saint-Jean-de-Richelieu, via l'entreprise Olymel, et ils ont
réussi... Parce qu'eux autres, Horizon Carrière, eux autres, évidemment, ils accueillent les migrants, ils ont leurs
C.V., ils les aident à faire leurs C.V., et tout ça, alors ils savent
quel genre de travail qu'ils pourront faire. Et ils ont fait cet arrimage-là
avec les gens des entreprises, à Saint-Jean-de-Richelieu, et ça a super bien fonctionné.
Alors,
pourquoi je vous mentionne ça? Puis je tiens à souligner le travail de la
directrice, Lina Raffoul, et tout son conseil d'administration, qui... Honnêtement, là, c'est des gens dévoués, M. le Président. Tu sais, nous, on a, oui, à Montréal... puis on parle beaucoup
des régions, de la pénurie, mais on a aussi, nous, chez nous, une pénurie de main-d'oeuvre,
là. Moi, j'ai un parc industriel dans
mon comté, et puis on vit les mêmes enjeux, peut-être pas aussi dramatique
qu'en région, mais on les vit aussi. Mais
qu'un organisme de chez nous, dans l'est de Montréal, décide d'aider, parce
que c'est ça qu'ils ont fait, ils sont venus en soutien puis aider une région
comme Saint-Jean-de-Richelieu, je trouve ça extraordinaire
que ce partenariat puisse se faire. Alors, je tenais vraiment à le souligner
parce que, voyez-vous, quand on travaille
ensemble, M. le Président, tout est possible, hein? On peut s'entraider. Puis
on a des expertises peut-être ailleurs qui peuvent être utiles quelque part, en région, puis vice versa. Alors, je
pense que c'est en se parlant qu'on peut avoir des réussites comme
celle-là.
Alors, encore
une fois, M. le Président, je tiens à remercier le ministre pour sa
disponibilité. Et je voudrais aussi souligner
que, depuis l'arrivée du ministre, je suis très contente qu'on parle de
l'immigration comme un enjeu économique, parce que c'est qu'est-ce que c'est. L'immigration, pour moi, a toujours
été un enjeu économique. Et je pense qu'aujourd'hui, là, on est capables
de constater que le ministre a réussi à intégrer l'immigration comme un levier
de développement économique et pas comme on
a toujours pensé, que ces immigrants-là arrivaient ici pour voler nos jobs.
Écoute, on n'est plus là. Alors,
merci. Je tiens à le remercier. Puis j'espère qu'on va continuer à développer
puis toujours voir l'immigration comme un levier économique important
pour le Québec. Merci.
Le Président (M. Picard) :
Je vous remercie. M. le ministre.
M. Heurtel : Oui. Il me reste
combien de temps, s'il vous plaît, M. le Président?
Le Président (M. Picard) :
Deux minutes.
• (17 heures) •
M. Heurtel :
Bien, rapidement, Horizon Carrière, c'est un travail énorme que cet
organisme-là fait, puis je veux souligner
leur travail, mais les organismes communautaires, que ce soit à Montréal ou en
région, font un travail énorme d'intégration.
C'est pour ça qu'on va venir les appuyer davantage, là. Avec le budget, il y a
des sommes pour, justement, favoriser
l'intégration. Mais aussi, pour les organismes à Montréal, par exemple, parce
qu'il y a un chômage plus élevé chez les
personnes issues de l'immigration que la moyenne, à Montréal, alors, c'est de
faciliter puis d'avoir plus de ressources pour faciliter le maillage. On a plusieurs projets
qu'on va pouvoir financer grâce à ça, mieux accompagner puis aussi faire
en sorte que certains organismes
communautaires pourront travailler pour voir s'il n'y a pas lieu de faire des
maillages avec des entreprises en région ou
des organismes communautaires en région. Alors, Horizon Carrière pourrait
travailler avec un organisme dans le comté
de Portneuf ou un organisme économique... ou un maillage MRC-organisme
économique-organisme d'intégration, pour voir s'il n'y a pas lieu d'offrir des
emplois dans Portneuf à des personnes qui sont à Saint-Léonard, présentement,
puis qui sont au chômage.
Alors, on va
non seulement favoriser le maillage à Montréal, M. le Président, aller
davantage... Parce qu'il y a déjà un
travail qui se fait, mais ce qu'on voit, c'est qu'il y a des silos, hein? Les
entreprises ne savent pas toujours comment trouver les bonnes personnes. Les bonnes personnes ne savent pas
nécessairement comment se rendre aux entreprises qui pourraient utiliser
leurs services, leurs compétences. Les organismes communautaires font leur
part, mais ils avaient des ressources
limitées. Alors là, on amène de l'oxygène pour justement permettre aux
organismes communautaires comme Horizon Carrière de trouver des emplois
aux personnes, favoriser l'intégration de ces personnes-là également, tant à
Montréal que possiblement, également, en région.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Mercier pour les
18 prochaines minutes.
M. Khadir : Merci, M. le Président. À chaque
fois que j'interviens dans des dossiers d'immigration, je le fais toujours en soulignant la mémoire de Gérald Godin,
qui fut un ministre fort remarqué et fort remarquable de l'Immigration. La première fois que j'ai rencontré un ministre
québécois, c'était, d'ailleurs, lui. J'étais jeune étudiant, je ramassais
des signatures pour une pétition sur la situation des droits humains en Iran et
je l'ai rencontré. Et ce qui est encore plus remarquable,
c'est que le modèle d'intégration promu par le défunt Gérald Godin est le
modèle québécois d'interculturalisme, par
opposition à une autre idée. On peut débattre longtemps, je sais que j'ai des
amis ici, alentour de cette grande table, qui sont plutôt favorables au multiculturalisme, mais l'idée de
l'interculturalisme, c'est un type d'intégration qui passe par la déghettoïsation des communautés immigrantes, un
plus grand accent mis sur leur intégration au sein de la société,
alentour d'un socle commun, d'une langue commune, d'un socle commun de droits
et de responsabilités, notamment par la reconnaissance des spécificités
culturelles qui font que le Québec a besoin de protéger sa langue, sa culture
dans le contexte nord-américain.
J'en parle
d'autant plus que je crois... Et là ça n'enlève rien, ça n'enlève absolument
rien aux vertus et aux efforts que font les autres partis, mais Québec
solidaire, dès sa fondation, a épousé corps et âme ce modèle d'intégration interculturelle et l'a incarné à travers, d'abord,
un de ses deux premiers porte-parole, un immigrant né à l'étranger, en l'occurrence moi-même, mais, qui plus est, cinq
des 16 membres du premier comité de coordination de Québec
solidaire... à sa fondation était composé de
personnes issues de l'immigration carrément nées à l'étranger : une
Indienne, une Palestinienne, une Mexicaine, un Iranien puis une
Néo-Brunswickoise... Comment on appelle ça, donc?
Une voix : ...
M. Khadir : Oui, j'ai eu de la difficulté à le
prononcer, excusez-moi. C'était notre présidente, Alexa Conradi. Donc,
c'est en ayant en mémoire Gérald Godin que je pose mes questions au ministre en
titre aujourd'hui.
En avril 2014, quand votre gouvernement est
arrivé au pouvoir, le premier ministre confiait à ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce actuellement, donc... alors
ministre de l'Immigration, le mandat de résoudre des difficultés qui étaient liées à la reconnaissance des diplômes.
Elle a mis sur pied un comité interministériel pour essayer de résoudre
les problèmes de reconnaissance, qui a réuni
les principaux intervenants. Ils ont travaillé, dressé un portrait global pour
voir comment est-ce qu'on peut aider les
personnes immigrantes dans leurs démarches pour obtenir reconnaissance de
leurs diplômes, ils ont procédé à un tableau
qui pourrait être nos considérants, on pourrait dire, bon, considérant ce
qu'ils ont trouvé,
4 000 professionnels formés à l'étranger qui sont en demande de
reconnaissance auprès de 46 ordres professionnels, une moitié
d'entre eux reçoivent une reconnaissance partielle des ordres...
Ah! Vous avez abordé ce sujet plus tôt?
Une voix : ...
M. Khadir : Ah! Parfait, très bien, parce que
je ne voudrais pas répéter des choses que vous avez déjà abordées. Donc, ces professionnels rencontrent, tout le
monde le sait, des embûches majeures, dont des embûches financières,
parce que ça coûte de l'argent tout ce temps-là.
Après trois ans de travail, donc, le comité a
déposé son rapport, en juin. Ça fait un an, on attend toujours une stratégie du MIDI. Est-ce que vous pourriez nous
dire quand est-ce que vous comptez mettre ça en oeuvre réellement? Le dernier budget fédéral prévoit 490 millions
de dollars. À l'époque où le premier ministre actuel... Là, je vous dis ce
qu'il m'a dit, là, et je ne pense pas qu'il
aille le nier. À l'époque où le premier ministre actuel était ministre de la
Santé et que je le questionnais sur
l'intégration des médecins étrangers, il me disait : Amir, va voir le
gouvernement, pose la question, pas à moi,
au Conseil du trésor, parce que les 135 millions de transferts fédéraux
sont alloués à autre chose qu'à l'intégration des immigrants, vont au fonds consolidé du Québec.
J'ai demandé à votre prédécesseur plusieurs fois la ventilation de ces budgets-là. J'aimerais au moins savoir, dans les
490 millions, là, combien vont être consacrés directement à la
reconnaissance des diplômes des...
pas des médecins uniquement, là, ça suffit, les médecins, à la reconnaissance
de tous les professionnels, les 4 000 professionnels? Vous
voyez à quel point, nous, les médecins, on est obsédés par juste les médecins.
Des voix : Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Heurtel : M. le Président,
je dispose de combien de temps, s'il vous plaît?
Le Président (M. Picard) :
Il reste 13 minutes, mais...
M. Heurtel : Ah! 13 minutes.
Non, mais je voulais juste avoir une idée du bloc...
Le Président (M. Picard) :
...mais vous ne disposez pas de 13 minutes.
M. Heurtel : Non, non, je
comprends, mais je voulais avoir une idée du bloc.
Bien, écoutez,
premièrement, je partage la reconnaissance qu'a le député
pour Gérald Godin. D'ailleurs, je dois rappeler que le ministère a son
siège à Montréal et que le nom de l'édifice où le ministère de l'Immigration
siège, à Montréal, c'est l'édifice Gérald-Godin. Et, à chaque fois
que j'entre dans mon bureau, bien, je vois sa photo avant de rentrer dans mon bureau, puis ça me rappelle constamment
la contribution énorme qu'il a faite, justement,
à l'immigration et à la façon
dont on approche l'immigration au Québec.
Je veux rapidement
quand même dire que, pour ce qui est du gouvernement, nous sommes clairement rangés du côté de l'interculturalisme.
Je référerais le député à l'ouvrage de mon collègue le ministre
des Affaires intergouvernementales canadiennes
intitulé Québécois, notre façon d'être Canadiens, où on dit clairement que la position du gouvernement du Québec, par rapport à l'interculturalisme, c'est d'être interculturaliste, alors... et non
pas d'être multiculturaliste. Mais je m'arrête là parce que je veux quand
même répondre aux points spécifiques.
Je réfère quand même le fait que, le lendemain
de ma nomination, donc le 12 octobre, il y a eu un forum, les 46 ordres professionnels, ici, à Québec,
avec... qui était présidé par la ministre
de la Justice, avec moi-même, le
ministre de l'Emploi, la ministre de l'Enseignement supérieur et le ministre
de la Santé, parce qu'on a quand même continué à parler de médecins, mais pas juste des médecins, et on en
est venus quand même à des constats très importants, notamment liés au
fait qu'on est dans une pénurie de main-d'oeuvre. Mais concrètement, là,
l'approche qu'on a prise, dans le budget il
y a la bonification du programme IPOP. Alors, pour sa part, le programme IPOP
vise à faciliter l'obtention, pour une personne
immigrante formée à l'étranger, d'un premier emploi dans sa profession en
aidant financièrement l'employeur qui l'engage.
Alors, ça, c'est un geste majeur. Donc, c'est un programme qui existait déjà.
On met plus d'argent pour justement s'assurer
qu'une personne qui arrive et qui est en processus de reconnaissance de diplôme
va pouvoir travailler dans son domaine. Donc, il va y avoir une
subvention salariale pour, justement, accompagner. Donc, ça, c'est un point.
L'autre chose aussi, c'est que, le processus de reconnaissance
des diplômes, on l'appuie comment? On a Qualification
Montréal qui est un portail où justement... pour tous les ordres
professionnels, le comment mettre en branle un processus de reconnaissance des diplômes. Et ça, Qualification Montréal,
ça existe déjà. On est en train de mettre de l'argent pour s'assurer que Qualification Montréal devienne
Qualification Québec, et là ça va pouvoir s'appliquer pour l'ensemble du Québec, pour qu'une personne qui est à
l'étranger puis qui est en processus pour venir s'installer au Québec, qui
est en processus de migration économique, va pouvoir commencer son processus de
reconnaissance des diplômes...
Une voix :...
• (17 h 10) •
M. Heurtel :
Je n'ai pas compris ce que vous me dites, monsieur. Alors, qui est en processus
de reconnaissance des diplômes, va
pouvoir le commencer alors que cette personne-là est encore à l'étranger.
Alors, Qualification Québec, qu'on est en train de mettre en oeuvre,
existe déjà par le truchement de Qualification Montréal.
L'autre
point, et je vais m'arrêter là, mais quand même on a choisi une approche de
travailler sur des projets pilotes distincts, de façon distincte avec
les ordres professionnels parce que l'approche globale, et je regarde la
députée de Jeanne-Mance—Viger parce que je sais qu'elle a travaillé très
fort là-dessus, elle a contribué énormément à l'approche qu'on a présentement, il y a beaucoup de ces
suggestions qui viennent d'elle, des suggestions qu'on met en oeuvre qui
viennent d'elle, mais c'est... plutôt que
d'avoir une approche, dire... bon, de mettre au pas les 46 ordres avec une
solution mur à mur, c'est de travailler des projets pilotes par ordre
professionnel.
Alors, je
n'irai pas en détail, mais juste vous dire qu'on a déjà des projets pilotes en
place pour alléger et faciliter la
reconnaissance des diplômes avec l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des
comptables professionnels agréés du Québec,
l'Ordre des ingénieurs du Québec, l'Ordre des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec,
l'Ordre des technologues en imagerie médicale, en radio-oncologie et en
électrophysiologie médicale du Québec. Le
Conseil interprofessionnel du Québec réalise présentement une étude sur les
motifs d'abandon des personnes immigrantes dans leur parcours, alors, pour qu'on ait les motifs puis qu'on puisse
mieux y répondre concrètement. Puis évidemment, je reviens,
Qualification Montréal va devenir Qualification Québec.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Mercier.
M. Khadir : Donc, j'ai noté que, dans les
ordres qui ont été mentionnés, l'Ordre des infirmières n'est pas inclus,
l'Ordre des médecins n'est pas inclus — c'est dommage, peut-être quelques
explications là-dessus — dans les projets mis en
place. Et ça, ce n'est pas la faute du ministre, là, je veux juste qu'on sache
où sont les obstacles, qui fait obstacle.
Deuxièmement,
dans les 490 millions, j'aimerais avoir un chiffre. C'est quand même
112 millions de plus que l'année
passée, c'est beaucoup d'argent, presque un demi-milliard de dollars, je sais
que ça ne peut pas être tout consacré à la reconnaissance de diplômes et
l'intégration à l'emploi, mais quels montants vont être consacrés à ça? Par
exemple, est-ce que vous pourriez nous dire si une partie de ce montant-là
pourrait être allouée au microcrédit, l'équivalent du programme fédéral qui a
été... le projet pilote fédéral qui s'est terminé en 2015? Vous savez que le
fédéral continue à réaffecter des sommes,
mais, le Québec étant exclus, à cause de nos ententes sur l'immigration, c'est
à nous de mener ce programme-là, là,
de microcrédit. Ça veut dire quoi? Offrir un soutien financier aux diplômés de
l'étranger qui, pour passer leurs examens, et tout ça, ont besoin d'un
soutien, là, pour tenir le coup. Microcrédit.
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Heurtel :
Bon, microcrédit, écoutez, je suis prêt à le regarder, honnêtement, là, ce
n'est pas quelque chose que je vois d'un mauvais oeil...
Une voix : ...
M. Heurtel : Non, non, mais,
écoutez, c'est quelque chose qu'on est prêts à regarder. On va le regarder.
Autrement, je
peux vous dire, juste pour les médecins puis les infirmières, on a des projets
en branle également, là. J'ai fait
une liste, là, mais elle n'est pas exhaustive, puis on a déjà des projets.
Alors, je veux quand même dire qu'on ne les ignore pas.
Alors, malgré
tous ses efforts, le député de Mercier n'a pas pu s'empêcher de parler de
médecins, mais... Je dis ça avec humour, M. le Président. Le fait est qu'on
travaille déjà sur des projets.
Pour le microcrédit, c'est quelque chose, on va
le regarder.
Sur le
programme IPOP, là, dont je parlais, là, pour l'accompagnement, c'est
18,5 millions de majoration. Alors, on investit davantage dans ce programme-là pour permettre aux personnes...
pour éviter, là, la fameuse histoire, là, qu'on entend toujours, là, genre l'ingénieur qui conduit un taxi, là. Bien, au
lieu qu'il conduise un taxi, il va pouvoir travailler, au moins, dans une firme de génie-conseil pendant que
l'Ordre des ingénieurs travaille avec nous sur le projet pilote pour
faciliter la reconnaissance de son diplôme. Alors, je crois, c'est quelque
chose de fondamental.
Donc, on le
prend des deux côtés. Alors, on bonifie l'argent pour que la personne travaille,
d'un côté, dans son domaine. De l'autre côté, on veut s'assurer que les
ordres développent des projets puis on met les sous pour qu'ils développent des projets concrets pour réduire...
Tu sais, je pourrais vous parler du Barreau du Québec, par exemple,
mais, bon, parce que ça, c'est ma
profession, il y a eu des efforts substantiels qui ont été faits du côté des
avocats pour réduire le délai. Alors, c'est tous, dans ce domaine-là...
Alors, pour le microcrédit, je suis prêt à le
regarder. On pourrait peut-être même s'asseoir puis en discuter.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Mercier.
M. Khadir : J'ai combien
de minutes encore?
Le Président (M. Picard) :
Il vous reste cinq minutes.
M. Khadir : Excellent. Cinq minutes pour parler
d'affaires constitutionnelles puisque parler des médecins, ça fait rire, maintenant, là, c'est rendu une joke,
là. Ça, c'est un message pour mes collègues de la Fédération des
médecins spécialistes et mon collègue de la Santé.
Une voix : ...
M. Khadir : Non, non,
c'est correct.
Une voix : ...
M. Khadir : Bien, voilà,
c'est ça, c'est financé.
Je voudrais
parler au ministre de l'entente Gagnon-Tremblay—McDougall, d'accord? Cette entente a été
signée en 1991, ça suivait l'entente
Cullen-Couture, entente très importante pour le Québec, une des ententes qui
illustrent comment le Québec a
progressé dans sa quête d'autonomie qui doit nous mener un jour à
l'indépendance du Québec. Je ne demande pas, évidemment, l'accord du président pour prononcer ces mots. Nous le
serons un jour, bon, pour le meilleur et pour le pire.
Par contre,
cette entente-là ne touche pas au volet des demandeurs d'asile. Avec l'arrivée
toujours plus nombreuse des
demandeurs d'asile, dans le contexte qu'on connaît, ça crée plusieurs, disons,
sujets controversés sur le plan
politique et social, on en a des exemples
ces temps-ci à la période des
questions. De notre point de vue, à Québec solidaire, nous avons le devoir... c'est un engagement, disons... c'est un engagement
international, ça relève des conventions internationales touchant les religieux... j'ai
dit «les religieux»... les réfugiés et les demandeurs d'asile, nous
devons les accueillir avec dignité,
avec humanisme. Par contre, le fédéral se traîne un peu les pieds dans
l'octroi des permis, toutes sortes de permis, y compris les permis de travail. Évidemment, un jour, le Québec
indépendant va avoir tous les pouvoirs pour gérer les frontières, avoir, disons, les politiques
conséquentes par rapport à nos partenaires internationaux, les budgets
conséquents à même les impôts, à même les impôts qu'on va prélever auprès des
médecins spécialistes, je vous assure. D'accord? Mais, en attendant ce jour de l'indépendance
du Québec, je pense qu'on peut aller obtenir des choses.
Qu'est-ce que
pense le ministre de l'idée de demander à ce que le Québec obtienne, par la
réouverture de l'entente Gagnon-Tremblay—McDougall, la gestion des permis de travail et l'accueil
des demandeurs d'asile? Évidemment, on pourra
en parler plus tard, à qui on envoie la facture une fois qu'on l'a fait. Tant
qu'on est dans la fédération canadienne, il faudra envoyer la facture quelque part, à M. Trudeau, à
M. Trump, je ne sais pas trop. Bref, pour le moment, est-ce qu'on
pourrait négocier au moins pour que vous puissiez accorder les permis de
travail?
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre, deux minutes.
M. Heurtel : Alors, M. le
Président, moi, mon interprétation de l'entente Canada-Québec de 1991,
l'entente Gagnon-Tremblay—McDougall, c'est plutôt une preuve que le
fédéralisme fonctionne et que le fédéralisme asymétrique peut exister, c'est-à-dire que le Québec peut
aller chercher des pouvoirs, des responsabilités et l'argent qui doit
accompagner ces pouvoirs et responsabilités
lorsqu'un gouvernement négocie. Et je rappellerai que c'est un gouvernement
libéral, de Robert Bourassa, qui a négocié cette entente-là, menée, du
côté du Québec, par Mme Gagnon-Tremblay.
Et donc cette
entente-là ne vise pas, en effet, les demandeurs d'asile. L'approche présentement pour... Pour ouvrir une
entente... Puis, cette entente-là, il
y a une clause spécifique qui dit
que, pour la rouvrir, il faut que les deux parties s'entendent à la rouvrir et la renégocier. Nous,
on n'en est pas là parce que, pour nous, c'est une question entièrement fédérale, c'est 100 % fédéral. Ce n'est pas une question de dire : Nous, on veut
gérer les demandeurs d'asile. Les traités internationaux dont on parle,
la convention sur les réfugiés, à laquelle, je crois, fait référence le député
de Mercier, et d'autres obligations,
d'autres conventions et traités internationaux auxquels le député fait
référence, c'est de compétence fédérale. Alors, si les demandeurs
d'asile et la gestion de la frontière, c'est de compétence fédérale, c'est...
Et le noeud
de l'enjeu, pour nous, c'est le délai de traitement des demandes d'asile. Si ça se faisait en 60 jours comme la réglementation fédérale le dit, que ça doit prendre
60 jours, traiter une demande d'asile, bien, on n'en serait pas où on en est présentement. On ne serait pas
en train de parler de facture, on ne serait pas en train de parler de vagues
de 25 000 parce qu'en 60 jours ce serait réglé, surtout qu'on voit...
Les chiffres préliminaires de l'année dernière nous disent clairement que c'est une ou deux demandes sur 10
qui sont acceptées. Alors, le problème fondamental, c'est la durée, qui
prend deux, trois, quatre, cinq ans.
Le Président (M. Picard) :
Je cède maintenant la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
• (17 h 20) •
M. Polo :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Je fais moi-même... Je profite de
l'occasion pour saluer mes collègues
des oppositions, mes collègues de la partie gouvernementale puis également le
ministre et tous les fonctionnaires et employés du ministère de
l'Immigration qui l'accompagnent.
Je vais
aborder avec vous ou à travers vous, M. le Président, là, le sujet de
l'intégration des immigrants et de la diversité
présente à Laval; comme vous le savez, Laval étant la troisième ville en
importance au Québec, mais Laval s'est grandement
transformée au cours des dernières décennies. Et c'est ce qui est encore plus
intéressant sur les enjeux qui sont
de responsabilité du ministre, et c'est important de l'aborder, parce que c'est
à travers ces changements démographiques, ces changements aussi au niveau, là, du tissu social de Laval que nous
voyons que l'action du gouvernement à travers le ministère de l'Immigration est aujourd'hui tout aussi et même plus
importante qu'elle ne l'a jamais été, à ce niveau-là.
Tout d'abord,
il est important de noter, M. le Président, peut-être à votre surprise, parce
qu'on ne vient pas de la même région,
mais à Laval c'est un Lavallois sur quatre, aujourd'hui, qui est d'origines
diverses. Et ce facteur-là ou cette proportion-là
aura tendance à s'accentuer au cours des prochaines années, notamment dû, bien
sûr, à l'afflux d'immigrants au
Québec, mais surtout parce que Laval, à travers ses services, à travers sa
qualité de vie, attire de plus en plus de nouveaux Lavallois et de
nouveaux Québécois, qui décident de s'établir directement à Laval.
Laval a
également, au cours des dernières années, accueilli son lot de réfugiés
syriens, tout près de 1 000 réfugiés syriens, qui ont eu un impact direct à travers une panoplie de services,
que ce soit en services sociaux, que ce soit également en employabilité, en emploi, que ce soit également
au niveau de leur implication dans différents organismes, différentes
organisations qui animent notre communauté à Laval. Et j'en sais quelque chose
parce qu'une partie de ces réfugiés syriens,
M. le Président, sont aussi d'ascendance arménienne, et le centre culturel
arménien ou le centre communautaire arménien
est basé dans ma circonscription, et un nombre important de ces réfugiés, de
ces familles de réfugiés syriens s'impliquent à différents niveaux à
travers ce centre communautaire arménien, et notamment les scouts de cette communauté-là. Et je fais le lien notamment parce
qu'hier ici même, à l'Assemblée, nous soulignions le 103e anniversaire...
ou la commémoration du génocide arménien, notamment.
Donc, tel que
je vous le mentionnais, M. le Président, c'est 25 % de la population
lavalloise, donc un peu plus de 100 000 Lavallois
qui sont d'origines diverses. À travers les années ou à travers les
décennies — comme
vous le savez, Laval existe depuis
plus d'une cinquantaine d'années déjà — il y a eu différentes vagues, un peu comme
l'a expliqué le ministre pour décrire son comté ou sa circonscription.
Nous avons des Lavallois d'origine italienne, grecs, libanais, arméniens qui sont établis à Laval depuis une
vingtaine d'années, sinon plus. Mais, au cours des dernières années, ce
que nous avons pu remarquer, ce que nous
constatons sur le terrain : non seulement l'arrivée de réfugiés syriens,
mais également l'arrivée de nouveaux
Lavallois d'origine soit hispanophone, telle ma famille, mais également des
Lavallois d'origine haïtienne, des
Lavallois d'origine du Maghreb, de l'Afrique du Nord et de plus en plus,
également, du Sud-Est asiatique, notamment un peu plus vers l'ouest de
Laval, également.
Laval
est une région grande, une région qui se distingue par sa croissance
démographique, qui est presque le double de la croissance démographique du Québec, ce qui fait l'envie de
plusieurs régions du Québec; une région prospère, une région dynamique au niveau industriel, au niveau
économique également, mais qui vit également ses soucis, ses défis, ses défis au niveau de l'intégration, ses défis au
niveau de l'employabilité, ses défis au niveau de cette cohésion sociale,
parce que, quand on... Il est important
d'expliquer que, dès qu'on parle d'un afflux important de nouveaux Lavallois,
bien, il faut aussi que cet afflux-là
s'intègre à la société ou à la communauté existante à Laval. Et c'est normal
qu'il y ait un travail à faire afin
de préserver, si on peut dire, cette cohésion, cette harmonie entre tous les
Lavallois. Et donc il y a tout un travail qui est effectué par le
ministère de l'Immigration à travers les organismes partenaires.
Et donc c'est
vers là que je vais diriger tantôt ma question, c'est d'inviter le ministre à
expliquer à tous ceux et celles qui
nous écoutent aujourd'hui un peu de quelle façon, justement, le ministère s'est
associé à différentes organisations à
travers différentes stratégies, notamment un partenariat avec la ville de
Laval, également, afin de toujours tendre vers une meilleure, une plus
grande harmonie, une meilleure intégration de ces nouveaux Lavallois.
J'ai moi-même
une grande partie des résidents de ma circonscription... C'est près d'un
résident sur trois de ma circonscription
qui est d'origines diverses, M. le Président. Et donc tout cela se fait... Et
je pense... Et je vais reprendre les paroles
de ma collègue de Jeanne-Mance—Viger, parce que, quand on parle d'intégration, il faut aussi souligner,
et ce, à grands traits, le changement du narratif, le changement
du discours que le ministre de
l'Immigration a réussi à opérer
au cours des six à neuf derniers mois, en
fait, depuis qu'il est ministre. Je n'ai pas les années d'expérience de ma
collègue de Jeanne-Mance—Viger
ici, à l'Assemblée, mais on se
connaît, elle et moi, depuis tout près d'une douzaine d'années et on a
eu à travailler et à échanger sur ce sujet-là depuis presque une douzaine
d'années, et Dieu sait que ce changement de narratif
fait du bien, fait du bien, parce qu'on parle d'un narratif qui est beaucoup
plus axé sur l'aspect positif, sur un aspect où justement tous les Québécois sont mis à contribution pour le
bien-être du Québec, pour le bien-être de l'économie, pour le bien-être aussi des services qui sont offerts,
qui sont reçus, qui sont bien financés.
Et, dès qu'on parle
d'employabilité, ou d'emploi, ou d'intégration
économique, bien, nécessairement, c'est toujours plus facile... je ne dis pas
que c'est parfait, mais je dis que
c'est toujours plus facile, à ce moment-là, de parler d'une meilleure
intégration des nouveaux Québécois. Et donc, ça, je lève mon chapeau au
ministre.
Et, quand je
le répète dans ma circonscription, quand je le répète dans la région, lorsque
je fais miennes les paroles du ministre, lorsque lui-même dit
qu'aujourd'hui le ministère de l'Immigration est considéré comme un ministère à
caractère économique, bien, les gens de la
Chambre de commerce, ou les gens de Perspective Carrière, ou les gens de
différents organismes sociaux et économiques
de ma région, bien, ils acquiescent de la tête et reconnaissent
qu'aujourd'hui ce ministère n'est plus un
ministère uniquement de soutien, ou d'accompagnement, ou de francisation, ou
etc., que c'est un ministère clé pour, dans certains cas, la survie de
certaines régions puis c'est un ministère clé pour l'essor d'autres régions
également.
Et donc, ça,
je vous lève mon chapeau, M. le ministre, parce que ça fait du bien, ça fait du
bien parce que ça s'insère dans un
narratif qui permet justement un meilleur vivre-ensemble, O.K.? Lorsqu'on parle
de vivre-ensemble, c'est important de
le mentionner, que, dès qu'on explique que, par exemple, plus de 50 % des
emplois qui ont été comblés, au cours de 10, 12 dernières années,
l'ont été par des nouveaux Québécois ou par des Québécois d'origines diverses,
ça fait du bien.
Est-ce que
c'est parfait? Non. La députée de Marie-Victorin et moi avons eu l'occasion, il
y a quelques semaines, de participer
à un forum et une discussion, justement, sur les questions d'employabilité, de
racisme, etc. Non, il y a encore des défis, et je pense avoir été
candide, à ce moment-là, de reconnaître qu'il y avait encore des défis à ce
niveau-là.
Ceci dit, je
pense que le changement opéré par le ministre, lorsqu'il a pris possession de
ce ministère-là, au mois d'octobre dernier, a été important non
seulement au niveau du ministère, mais au niveau du débat ambiant, qui s'était malheureusement égaré, au cours des mois de
l'année 2017, surtout au cours de l'été 2017, que ce soit lorsqu'on
parle de la question des migrants, que ce
soit quand on parle de la question de la feue consultation sur le racisme
systémique, et il était important, à
ce moment-là... Et loin de moi l'idée de lancer des flèches à qui que ce soit.
Le constat est, la réalité est que ces débats,
ces discussions, l'an dernier, malgré le fond de bonne intention, ont peu à peu
dérapé et ont glissé vers un discours ou des discussions qui,
malheureusement, n'aident pas ce meilleur vivre-ensemble qu'on souhaite au
Québec.
Alors, on a
recentré tout ça. Ce que je constate, c'est qu'on a recentré tout ça au niveau
de la contribution, la pleine contribution des Québécois, de tous les
Québécois, incluant les Québécois d'origines diverses. Et ultimement ce que ces nouveaux Québécois, ces nouveaux Lavallois
souhaitent, c'est sentir qu'ils sont tout aussi Québécois, qu'ils font
partie... leur contribution est tout autant
valorisée que celle de celles et ceux qui sont au Québec depuis plus longtemps,
de celles et ceux qui ont construit
le Québec également. Et ultimement on parle de quoi? On parle de ce sentiment
d'appartenance, de cette reconnaissance, de
sentir qu'ils ont leur place et qu'ils construisent le Québec de façon pleine
et entière, autant que ceux et celles qui sont ici les peuples
fondateurs également.
Donc, ma question, M. le ministre, et je ne sais
pas combien de temps il reste, M. le Président...
Le Président (M. Picard) :
Il va rester cinq minutes après votre question.
• (17 h 30) •
M. Polo :
O.K. Ma question, M. le ministre, c'est :
Expliquez-nous un peu de quelle façon, justement... quels sont les partenariats sur le terrain, quels sont les
gestes qui sont posés, les ententes qui ont été signées, là, par votre
ministère auprès de différents organismes à Laval et de quelle façon ça
s'articule sur le terrain et, justement, au bénéfice des nouveaux Lavallois.
Merci.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le
Président. Bon, je sais que, dans des exercices comme ceux-ci, bon, on peut
regarder ça d'un côté cynique, puis les
députés qui représentent la partie gouvernementale peuvent peut-être... bon,
lancent des propos parfois très
gentils. Un, je le prends, je l'accepte. Mais je tiens à prendre ces quelques
minutes pour quand même, moi, à mon
tour, puis sans flagornerie, saluer le député, parce qu'il est l'exemple vivant
du fait que l'immigration fonctionne au
Québec. Le député est un Québécois d'origine colombienne qui est arrivé au
Québec il y a, quoi, une trentaine d'années, à peu près. Pas sûr qu'il connaissait très, très, très bien le français.
Et le voici aujourd'hui député à l'Assemblée nationale, le voici aujourd'hui, maintenant, adjoint
parlementaire du ministre des Finances du Québec, qui, lui-même, a fait un
travail énorme. Il a fait une tournée à travers les régions du Québec en
consultations prébudgétaires. Il contribue à la société québécoise et est
impliqué dans son comté d'une façon remarquable.
Ça
fonctionne, l'immigration, et l'intégration, et la francisation au Québec, et
le député en est une incarnation vivante.
Puis je crois qu'il faut le saluer, d'autant plus qu'il est, à ma connaissance,
sur les 125 députés de la 42e... On est à la 42e ou 41e?
41e législature. Alors, il est le seul député d'origine hispanique et il porte
ça d'une façon très fière, très forte. Mais
également c'est un Québécois à part entière comme tous les Québécois et
Québécoises, peu importe leur origine. Et je tiens à quand même saluer
le travail et le succès de lui et de sa famille parce qu'il a des enfants.
Et
ça fonctionne, l'immigration au Québec. On a tendance ici à mettre la lumière
sur ce qui ne fonctionne pas, puis je
comprends parce qu'il faut trouver des solutions à ce qui ne fonctionne
pas — c'est
notre travail — mais en
même temps prendre quelques minutes pour souligner les réussites. Bien, on en a
une dans la salle aujourd'hui, tout comme on
en a d'autres également dans la pièce. Je regarde la députée de Bourassa-Sauvé
notamment. Je regarde la députée de Jeanne-Mance—Viger. Moi-même, je suis le fils d'un immigrant.
Alors, il y a quelque chose là qui avance. Puis, dans mon équipe, à ma gauche, j'ai une immigrante
également. Et donc c'est de voir qu'au Québec ça peut fonctionner et ça
continue de fonctionner...
Pour
le temps qui me restera, je veux quand même souligner qu'avec le député on est
allés justement à la Chambre de
commerce et d'industrie de Laval, où j'ai rencontré notamment plusieurs
entreprises, des PME, des entreprises. Le maire de Laval, le maire Demers, était présent également. Nous sommes
des partenaires avec la ville de Laval en vertu du programme Mobilisation-Diversité, dont j'ai parlé
et j'ai donné les détails tout à l'heure, à hauteur de 250 000 $. On
travaille également avec la chambre de
commerce très étroitement. On pourra en parler peut-être plus tard, de notre
partenariat avec la chambre de commerce.
Mais
une visite très concrète qu'on a faite, M. le Président, c'est une entreprise
qui s'appelle Utopia Image. Alors, on
a parlé de francisation. Mais, tu sais, l'entreprise a 400 employés au
Québec, et elle engage des personnes provenant de près de 20 pays, et elle investit elle-même
en formation, en francisation et en rétention. Et ça, ça met l'accent... Puis
je sais que le député est particulièrement
préoccupé par les questions économiques. Ça met la lumière sur le rôle
fondamental des entreprises dans l'intégration et la francisation.
Puis
c'est pour ça que, dans le budget, on a des sommes importantes qui visent... Et
ça, c'est une innovation pour le gouvernement
du Québec. On le faisait un peu avant, mais là, en allant de façon manifeste
vers la vocation de développement économique du ministère, c'est
vraiment d'accompagner aussi... pas dénigrer les municipalités puis les
organismes communautaires, mais d'aller aussi
vers les entreprises, qui font un travail énorme dans l'intégration. Tu sais,
par exemple, j'ai des entreprises
comme celles-là, comme Utopia Image, puis il y en a d'autres partout au Québec,
l'intégration, pour eux, ce n'est pas
juste pendant les heures de travail, justement, c'est le soir, les fins de
semaine. Ils s'impliquent dans la vie des personnes issues de
l'immigration. Ils contribuent. Leurs employés, les employés qui sont ici
depuis plus longtemps, contribuent à l'intégration.
Alors,
ça, ça a été une rencontre très importante. Puis après ça on est allés voir Perspective
Carrière, qui est un organisme
extraordinaire, qui, depuis 1994, est un partenaire du MIDI. On travaille main
dans la main avec cet organisme-là qui
offre des ateliers aux personnes immigrantes pour découvrir le monde du travail
québécois. Alors, c'est, véritablement, un exemple très concret. Puis je le sais, que le député appuie cet
organisme-là, connaît très bien les personnes. On a eu la chance d'échanger avec une classe de francisation
de cet organisme-là qui fait un travail remarquable, fait un gros
travail d'arrimage avec les entreprises et
les nouveaux arrivants pour les adapter au marché du travail. Merci, M. le
Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Je retourne du côté de Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Oui, M. le Président. Alors, je vais encore une fois
reprendre où j'en étais juste avant qu'on se quitte, au dernier échange.
Alors, je parlais d'un mécanisme possible, un mécanisme de remboursement
récurrent des dépenses, donc, pour tous les
coûts, là, qui ont trait à la prise en charge des demandeurs d'asile. Le
ministre disait que, bon, là, il
avait envoyé la facture du 146 millions de dollars pour la fin de la
présente année fiscale. Bon, par contre, ça a été envoyé au mois de mars, le 21 mars. Donc,
est-ce que c'était vraiment tous les calculs qui avaient été pris en
compte? Ce serait ma première question.
Et
ma seconde question : Le ministre a laissé sous-entendre que nous allions
voir la fin de la prochaine année fiscale avant de demander les autres sommes au gouvernement du Canada. Alors,
j'aimerais être certaine que c'est bel et bien la façon dont il va procéder, donc, à chaque année,
de refaire une espèce de combat et d'aller demander l'argent au niveau fédéral, ou bien s'il souhaite vraiment qu'on
puisse instaurer, là, un mécanisme de dépenses récurrent, étant donné
que le nombre de demandeurs d'asile, là,
n'est pas prêt de descendre compte tenu des anticipations que l'on attend pour
cet été.
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M.
Heurtel : M. le Président, 146 millions, c'est un estimé que j'ai
donné suite à l'envoi de la lettre du 21 mars. Je n'ai jamais dit que c'était le montant final et je
n'ai jamais précisé le montant final. Alors, j'ai dit, par contre, qu'on
allait comptabiliser
l'ensemble des coûts au 31 mars. Et, dans une question précédente de la
députée, j'ai dit qu'on était encore à
comptabiliser. 146, c'était l'estimé. Je l'ai dit publiquement, là, je ne sais
plus exactement la date, là, mais ce n'est pas loin de la lettre du 21 mars, là. Puis 146,
c'était un estimé d'où est-ce qu'on était rendus dans la comptabilisation des
dépenses.
Là, ce que je veux
juste, rapidement, là, pour être clair, dire, comme j'ai dit tout à l'heure,
tous les autres ministères... Parce que le
gros des dépenses vient des autres ministères, là. Alors, en on est train de comptabiliser ça depuis la fin de l'année financière, du 31 mars.
Puis là on va évidemment travailler ça avec le groupe de travail fédéral.
Pour les années subséquentes, pour, par exemple, 2018, je réfère la députée à
la lettre que j'ai envoyée avec mon collègue des Affaires intergouvernementales
canadiennes le 21 mars. Alors, au bas de la page 2, je cite :
«Le gouvernement du Québec demande de convenir d'un processus de
compensation valable pour les années à venir.»
Donc,
ce que nous allons vouloir discuter également, M. le Président, dans le cadre
des travaux de ce groupe de travail
là qui a été formé suite à notre rencontre à Ottawa la semaine dernière... de
non seulement parler des dépenses qu'on a encourues pour 2017, mais d'avoir un mécanisme pour tenir compte de
nos dépenses pour 2018 et les années à venir, étant donné, comme la députée le dit très bien, et que
c'est une réalité différente que 2017, je tiens à le souligner, on
s'attend à avoir, pendant cette année et
pendant les années à venir, des dizaines de milliers... alors, au moins
25 000, 30 000, et qui sait pour
les années à venir. Je crois que c'est un nouveau paradigme, et on doit avoir
une nouvelle mécanique fédérale de remboursement de nos dépenses.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
• (17 h 40) •
Mme
Fournier : Merci, M. le Président. Ce matin, on avait la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié qui se positionnait sur l'annonce,
encore une fois, du gouvernement fédéral d'investir, là, 74 millions de
dollars pour accélérer les dossiers,
accélérer le traitement des demandes des migrants, donc des demandeurs d'asile.
Évidemment, vous l'avez souligné aussi tout à l'heure, je pense, c'est
une réalité sur laquelle nous nous entendons tous et que ça prend beaucoup trop de temps à traiter. La première
audition des demandeurs d'asile, ça peut prendre 20 mois. En fait, ça
prend un minimum de 20 mois. Et il y a
même des délais de cinq, six ans pour avoir une audition en appel, par exemple,
et il y a même eu des cas, là,
auxquels on peut penser, que ça a pris presque 10 ans avant d'avoir une réponse. Et c'est des cas qui
sont carrément inhumains parce que les gens arrivent ici, ils s'intègrent, ils
apprennent le français, ont même des enfants
ici. Ça fait en sorte qu'au final il
y a des cas de figure comme celui de
la famille Lawrence, à la fin de l'année dernière, qui a dû retourner dans son pays d'origine, alors que c'était
une famille qui était extrêmement bien intégrée au Québec, et tout ça en
raison de la longueur des procédures au niveau du gouvernement fédéral.
Alors,
est-ce que vous avez une idée, dans ce 74 millions là, il y en a
combien qui vont être accordés pour traiter les demandes au Québec? Étant donné qu'on a plus de la moitié des
demandeurs d'asile qui sont au Québec, est-ce qu'on aura plus de la moitié du 74 millions
de dollars fédéral?
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M.
Heurtel : Je veux juste, si
c'est possible... Parce que moi, j'ai vu un article, ce matin, mais c'était
d'un avocat. La députée parle de la commission elle-même qui a commenté
le 74 millions. Si elle peut me le partager avec moi, j'aimerais bien le
voir.
Mme Fournier :
Tout à fait. Je peux...
M. Heurtel :
Non, non, mais c'est juste... Je n'ai pas vu le commentaire de la commission elle-même.
Le
fait est que, pour le 74 millions, nous, on a appris, mercredi soir de la semaine
dernière, là, à la rencontre à Ottawa, que, sur le 173 millions du budget
fédéral, il allait y avoir 74 millions qui allaient aller directement sur la
réduction des délais. Ce qu'on a eu du
ministre Hussen, c'est que la majorité de ce 74 millions là allait aller vers le Québec,
vers les délais au Québec.
Je n'ai pas de chiffre concret à vous donner. Ça, pour ça, je vais vous référer
au ministre Hussen. Mais il y a eu comme une compréhension que, vu qu'on
portait la majorité du fardeau...
Et
je suis d'accord avec vous, la
situation... Puis j'irais même au-delà de ce que la députée a dit, M. le
Président. Le fait que ça prenne quatre,
cinq, six ans pour traiter une demande d'asile, alors que, normalement, selon
les directives et la réglementation
fédérale, c'est supposé de prendre 60 jours, c'est su dans la communauté
internationale. Alors, les gens traversent
de façon irrégulière. Il y a beaucoup de gens qui traversent de façon
irrégulière sachant que ça va prendre trois, quatre, cinq ans. Donc, ils
ont le temps de s'installer.
Et
ça crée des situations horribles comme la famille Lawrence. Et je remercie la
députée de le mentionner, parce que
la famille Lawrence, venant du Sri Lanka, fuyant, en 2012, la guerre civile au
Sri Lanka, est passée par les États-Unis et a traversé au Québec, mais là on avait une jeune femme pleinement
intégrée, qui a appris le français, qui travaillait, qui était acceptée au cégep, je crois, et donc un modèle
d'intégration. Et c'est pour ça que j'ai émis, pour des motifs
humanitaires, parce que dans ce cas-là la
loi québécoise me donnait ce pouvoir-là, un pouvoir discrétionnaire, un
certificat de sélection du Québec
dans l'espoir que le gouvernement fédéral reconnaisse ce certificat et permette
à cette jeune femme et sa famille de rester.
Malheureusement, le gouvernement fédéral n'a pas donné suite à notre demande,
mais on a tout fait pour reconnaître...
Mais
à la base, puis je vois un terrain d'entente ici avec la députée de
Marie-Victorin, il faut absolument une transformation
de fond en comble du système de traitement des demandes d'asile parce que c'est
à la base, à notre avis, de l'enjeu. C'est pour ça qu'on se retrouve
avec des situations qui poussent nos capacités à bout. C'est pour ça.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée.
Mme
Fournier : Le ministre a bien montré aussi, en évoquant le cas de la
famille Lawrence, à quel point on a des
cas comme ça, avec le fédéralisme, auxquels le Québec n'a jamais le dernier
mot. Et moi, je félicite le ministre d'avoir émis le certificat de sélection, mais ce qu'on a vu concrètement, c'est
qu'au final ce n'est pas nous qui avons eu le dernier mot sur la décision, c'est que le fédéral a
révoqué le droit de cette famille pleinement intégrée au Québec de pouvoir
vivre au Québec, de pouvoir continuer à
s'épanouir au Québec. Et ça, c'est complètement déplorable et c'est pour ça
que, nous, évidemment, au Parti
québécois, on croit que le Québec serait beaucoup mieux comme pays indépendant,
libre de toutes ses décisions.
Mais, cela
dit, ce qu'on désire aussi, au Parti québécois, évidemment, on aimerait aussi
pouvoir avoir le contrôle sur nos
propres frontières, pouvoir décider nous-mêmes des ententes internationales que
nous signons. Mais, comme l'a bien dit
tout à l'heure notre collègue de Mercier, le Québec, présentement, est
malheureusement toujours une province au sein de la fédération canadienne, ce qui fait en sorte que, comme vous le
rappelez à de nombreuses reprises ici au cours de nos échanges lors des périodes de questions, c'est le
fédéral qui a l'entièreté des pouvoirs
sur les frontières, sur les ententes internationales.
Mais, quand même, le gouvernement
du Québec, puisque vous croyez, vous,
de votre côté, au fédéralisme coopératif, vous pouvez formuler des demandes au gouvernement fédéral, notamment sur les ententes internationales.
Et vous
comprendrez, donc, que je vous amène sur le terrain de l'entente sur les pays
tiers sûrs, donc, qui lie le Canada avec les États-Unis, et qui est la
raison fondamentale qui empêche les demandeurs d'asile, l'immigrant, de se
présenter directement aux postes frontaliers pour venir demander l'asile ici,
ce qui les force à emprunter des chemins irréguliers
comme le chemin Roxham, qui est le plus facile d'accès, qui est le plus
organisé, où il y a même des réseaux de passeurs qui se sont carrément, là, organisés
depuis les derniers mois, surtout depuis que le chemin est autant connu,
là, au niveau international.
Alors,
d'abord, j'aimerais féliciter le ministre aussi, qui s'est rapproché de notre position qui
était... qui doutait de sa légitimité
il y a quelques mois, mais qui a admis, finalement, que le gouvernement fédéral devait prendre ses responsabilités aussi et régler ça. Alors, j'aimerais maintenant
savoir clairement : Est-ce que cette entente a été mentionnée lors de
votre rencontre avec votre homologue fédéral, oui ou non?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. À mon tour, j'aimerais féliciter la députée, qui, selon les médias, a
corrigé son chef sur son commentaire un peu décevant sur... alors qu'il a dit,
cet après-midi, qu'il voulait construire un mur à la frontière. Alors, je tiens à la remercier d'avoir rectifié le tir parce que
c'est une solution simpliste qui ne s'applique pas. Là, je comprends qu'il s'est repris, et c'est grâce à l'intervention de la députée. On parle plus d'humour, maintenant. Alors, je
tiens à la remercier pour son intervention parce que c'était vraiment une
fâcheuse déclaration à l'origine.
Le fait est...
Sur le fédéralisme, c'est que, comme dans n'importe quel type de
relation, des fois il y a des désaccords. Et le fait que le fédéralisme fonctionne est qu'il y a
plusieurs exemples où le Québec a su avancer et aller chercher gain de cause. J'ai parlé de l'entente Canada-Québec
de 1991, où nous sommes la seule province à avoir une telle entente. Je
peux parler des changements climatiques, la reconnaissance du marché du carbone
québécois, j'en sais quelque chose, alors qu'à l'époque le fédéral hésitait. Alors, un autre exemple de fédéralisme
asymétrique où la distinction québécoise est reconnue. Il y a d'autres exemples. Je ne ferai pas tous les
exemples, mais le fédéralisme fonctionne pour les Québécoises et les
Québécois.
Et là on est
dans une nouvelle réalité, et, devant cette nouvelle réalité, le Québec se
tient debout et dit au fédéral : Un
instant, vous avez un champ de compétence, les demandeurs d'asile. En vertu de
la Constitution, c'est leur champ de compétence.
Ils doivent prendre leurs responsabilités. Alors, c'est ce qu'on a fait. C'est
ce qu'on continue à faire. Puis on avance
dans la bonne direction parce que le fédéral, depuis mercredi dernier,
travaille dans le sens des propositions du Québec.
Bon, ceci
dit, sur la convention sur les pays tiers sûrs, moi, je vais juste reprendre ce
que le whip du gouvernement fédéral,
Pablo Rodriguez, a dit en entrevue le lendemain. Alors, le lendemain de la
rencontre de mercredi dernier, donc le jeudi
suivant, le 19 avril, il dit, parce qu'il se fait poser la question sur la
révision de l'accord sur les pays tiers sûrs : C'est une
possibilité, mais, vous savez, ça se fait à deux. Il y a un dialogue constant
avec les autorités américaines.
Alors,
l'entente sur les pays tiers sûrs, c'est une entente à deux, c'est le Canada et
les États-Unis, et, pour suspendre une
entente, bien, ça doit se faire à deux. Puis il y a un climat actuel... Puis je
crois que la députée en est très consciente, présentement, là, on est en train de négocier une grosse entente avec
les États-Unis, c'est l'ALENA. Et, dans un contexte de renégociation de
l'ALENA, c'est très délicat de commencer à jouer sur un terrain où on connaît
déjà les attitudes du gouvernement fédéral
américain. Alors, dans l'ensemble, là, on voit que le fédéral a répondu, et
c'est au fédéral à répondre sur cette question-là.
Le Président (M. Picard) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de Portneuf.
• (17 h 50) •
M. Matte
(Portneuf) : Je vous remercie, M. le Président. M. le
ministre, lors de vos rencontres à
travers le Québec, vous avez... j'imagine que vous avez sollicité...
vous avez été en mesure de constater qu'il y avait de l'intérêt sur la consultation. J'ai trouvé intéressant que cette
tournée des régions, elle s'est faite avec votre collègue, avec notre
collègue le ministre, là, de la Solidarité
sociale. Alors, au lieu de travailler
en silo, tu sais, vous vous êtes réunis, deux ministères, deux collègues, deux ministres, pour pouvoir travailler
puis répondre davantage, là, aux préoccupations des gens. Ça, je pense qu'il faut vraiment le retenir.
J'imagine qu'à l'intérieur de vos visites dans des régions, que ce soit en Abitibi, ou en
Gaspésie, ou Chaudière-Appalaches, vous étiez en mesure de trouver des
projets intéressants. On le sait,
lorsqu'on est menacés, on dirait que notre créativité se multiplie par 10. Est-ce que vous êtes en mesure de
constater que, dans certaines régions, ils ont fait preuve, là, d'imagination, leurs
regroupements d'organismes, qu'ils ont été en mesure de présenter, là, des projets
qui font qu'on a pu être en mesure de
répondre, là, aux intérêts des entreprises qui sont là? Et ce n'est pas par
hasard que j'ai mentionné l'Abitibi parce qu'on constate qu'ils sont
loin des grands centres, tout ça.
Une voix : ...
M. Matte (Portneuf) : C'est beau,
allez-y.
M. Heurtel : Excusez-moi, M. le
Président. Je m'excuse auprès du député. Je consultais durant la question, ce qui arrive, hein? Pendant la question d'un ou
d'une députée, on consulte. C'est pour ça qu'on a plein de monde
derrière nous, alors, avec nous pour justement trouver les meilleures réponses
possible.
Alors, au
niveau des solutions, nous, notre approche au niveau de cette nouvelle réalité
québécoise qu'est la pénurie de
main-d'oeuvre, là... C'est quelque chose qu'on n'a pas vu dans les 40,
50 dernières années, au Québec, là, dans les régions, de voir, là, de façon systématique... Je
veux dire, en Beauce, là, le taux de chômage, c'est autour de 2 %. Ils
n'ont jamais vu ça. 10 000 jobs, ici, à
Québec, ouvertes dans tous les domaines, on n'a jamais vu ça. À Val-d'Or, le
McDonald's doit fermer certains soirs de la
semaine faute de main-d'oeuvre dans les McDonald's, là, parce qu'il n'y a
personne pour assurer l'ouverture du restaurant.
Puis c'est
dans tous les domaines, là. Je veux dire, à Sherbrooke, il y a une compagnie
qui fait de l'infonuagique, qui
s'appelle Sherweb. En infonuagique, c'est 300 emplois
de disponibles, là, chez les programmeurs. Ah oui! C'est vrai, c'est aussi chez Marie-Victorin. Moi, je suis allé...
C'est vrai. Elle me fait signe, la députée me fait signe, c'est aussi...
Ils ont des bureaux dans le comté de
Marie-Victorin, mais ils ont commencé à Sherbrooke. Puis moi, je suis allé à
Sherbrooke, grande entreprise.
Mais c'est
juste pour illustrer, là... Puis je pourrais, là, prendre tout le temps puis
parler, là, de tout ce qui se passe à
travers le Québec. Puis moi, j'ai fait ma tournée. Je suis allé du
Lac-Saint-Jean jusqu'à Sherbrooke, de Rivière-du-Loup jusqu'en Abitibi, une dizaine de régions. Et notre
approche... Puis j'en ai déjà parlé, mais l'approche, c'est vraiment
d'avoir des solutions qui viennent du
terrain. Moi, je ne veux pas... puis respectueusement pour notre équipe, je ne
veux pas que ça vienne du politique,
tu sais, le ministre qui décide : Bien, vous allez dorénavant, tous, au
Québec, faire comme ceci puis que ça soit tout déterminé d'avance par
des programmes mur à mur du ministère. L'approche qu'on privilégie, M. le
Président, c'est une approche qui vient du terrain.
Alors, ce
qu'on a voulu, c'est développer des projets pilotes. Puis j'en parlais tout à
l'heure, lors de mon échange avec le député de Portneuf, c'est d'avoir,
par exemple... Mais ça peut venir de différentes façons. Si une MRC, ou un regroupement de municipalités, ou une
municipalité, avec, par exemple, un carrefour jeunesse-emploi ou un
organisme d'intégration, tu sais, un Perspective
Carrière comme on a à Laval, veut travailler avec une chambre de commerce,
puis là ils se mettent ensemble pour
décloisonner les actions de tout le monde puis voir à développer vraiment un
plan de match sur comment attirer et
mieux intégrer les travailleurs dans les compétences dont ils ont besoin...
Parce que ce n'est pas tout, là, c'est
identifier de quoi on a besoin, comment aller les chercher. Est-ce qu'on peut
venir en chercher à Montréal? Parce que certaines idées qu'on a eues, c'est de venir faire du recrutement à
Montréal, d'autres idées, c'est peut-être d'aller faire des missions de
prospection dans des pays ciblés où il y a un bassin de talent recherché.
Bref, la
solution doit venir, alors, déjà, avec ce que j'appelle, là, puis excusez-moi,
M. le Président, je vais employer un mot anglais, là... mais des hubs
d'intégration, alors, vraiment, là, ou un carrefour d'intégration où tous les
joueurs viennent ensemble. Alors, déjà, on a fait un premier appel de projets.
On a reçu une cinquantaine de projets de toutes les régions du Québec.
Alors, même dans une même région, par exemple en
Abitibi-Témiscamingue, bien, on a reçu un projet pilote pour Val-d'Or, puis je sais qu'il y a un projet pilote qui s'en vient ou
qui a été déposé pour Rouyn. Alors,
dans une même région, on peut avoir
deux approches différentes. Puis on regarde ça aussi dans toutes les régions du
Québec. Puis j'invite, si ce n'est pas déjà fait, la MRC de Portneuf ou
les forces vives dans Portneuf à faire de même.
Et ce qu'on
veut faire justement, c'est d'accompagner, alors, oui, avec des
ressources financières, mais aussi de l'expertise,
de l'accompagnement à travers tous
les programmes, les nouvelles ressources qui sont dans le budget pour
accompagner tant les entreprises que les organismes d'intégration, que la
francisation, que la personne immigrante elle-même, pour justement avancer et
répondre aux besoins de chacune des communautés individuellement.
Le Président (M. Picard) : M.
le député, allez-y.
M. Matte
(Portneuf) : Oui. Je voudrais revenir au forum que vous avez organisé,
là, suite à la consultation que vous
avez effectuée à travers le Québec dans les différentes régions. Bon, il y a la...
On a parlé, dans mon premier bloc d'intervention,
de la stratégie d'intervention du territoire. Là, j'ai compris que vous voulez
soutenir les organismes, vous voulez soutenir la MRC. Ça s'adresse vraiment
au milieu puis aux organismes.
Mais il y a
aussi un deuxième volet qui a découlé du forum, qui disait : Aider,
accompagner des entreprises. Là, c'est-u
la même chose? C'est-u différent? Est-ce qu'il va y avoir un appel de projets
qui va s'adresser spécifiquement à des
organismes ou cet accord va être chapeauté, là, par rapport à des organismes?
Comme chez nous, là, moi, j'ai Accès Portneuf,
qui sont très actifs. Donc, y a-tu une différence quand vous dites : Une
stratégie pour le territoire et pour les entreprises, ou ça se rejoint,
ou c'est complémentaire?
Le Président (M. Picard) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Je dirais que c'est un peu tout ça, dépendant... Tu sais, ça
dépend beaucoup, M. le Président, de quoi on parle spécifiquement. Tout à l'heure, à la question de la députée de
Jeanne-Mance, j'ai décrit les programmes existants pour des organismes communautaires ou des
organismes d'intégration puis de francisation. Il y a vraiment... Bon, il
y a le PRint, il y a Mobilisation-Diversité,
il y a le PILI, il y a plusieurs... puis il y a le Soutien à la mission. Donc,
il y a divers programmes qui peuvent aider un organisme spécifique. Ça,
ça existe déjà. Puis il y en a certains où on a bonifié les enveloppes pour
justement faire plus grâce au budget de mon collègue le ministre des Finances.
Là,
maintenant, quand je parle de ces fameux hubs, là, d'intégration, c'est
vraiment une initiative spécifiquement conçue
pour répondre à l'enjeu de pénurie de main-d'oeuvre. Et là de dire, bon, dans
une région X, dans une MRC X, prenons Portneuf... Il y a une pénurie de main-d'oeuvre, oui, mais vous
n'avez pas nécessairement besoin de tout type de travailleur et de travailleuse, vous avez peut-être... il y a un tissu...
ça peut être du manufacturier, du service, peu importe, tel type de qualification, tel type de profession
sont requis, peu qualifiés, parce que, par exemple, on a besoin de manoeuvres, on a besoin de journaliers, on a
besoin de gens en entreprise touristique, en restauration, tout comme on
a besoin, comme je le disais, de
programmeurs et d'ingénieurs dans d'autres domaines. Alors, ça va dans... ça
vise toute la gamme. Mais la MRC de
Portneuf n'a peut-être pas besoin de toute la gamme, donc a besoin
spécifiquement d'un tel type. Puis ça
répond à, mettons, un bassin d'entreprises. Par exemple, si, mettons, il y a
plusieurs entreprises dans un même secteur qui recherchent le même type
de travailleur, peut-être qu'on pourrait rassembler les personnes puis, avec
une chambre de commerce, une MRC, on
pourrait accompagner cette vingtaine d'entreprises là, là, puis là je parle
purement hypothétiquement, pour organiser une mission à l'étranger ou à
Montréal pour faire un recrutement dans un domaine bien ciblé.
Alors, c'est
le genre d'idée, mais c'est pour vraiment répondre spécifiquement aux besoins
créés par la pénurie de main-d'oeuvre dans chacune des régions.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Portneuf.
M. Matte (Portneuf) : C'est ma
dernière question, M. le ministre, puis j'espère que ce n'est pas la question
qui tue, O.K.?
M. Heurtel : Habituellement, ça
vient de l'autre bord.
Le Président (M. Picard) : ...M.
le député. Il s'en va, M. le député.
• (18 heures) •
M. Matte
(Portneuf) : Vous avez parlé, lors d'une de vos réponses, en
disant : Bon, nous autres, le Québec, on fait, comme, tu sais, notre CSQ, là, le certificat, là, de sélection du
Québec, puis après on envoie ça au fédéral, à Ottawa, et c'est là que... Ce qu'on reproche puis ce que nos entreprises reprochent, c'est
le délai qui est vraiment produit entre ce qu'on envoie au fédéral puis ça. Puis, tu sais, je veux dire, je vous
l'ai dit, là, je ne veux pas vous mettre mal à l'aise, là, par rapport à
ça, mais je sais que plusieurs entrepreneurs me posent la même question. Puis
habituellement, vous me connaissez, avec la franchise puis... je pose les
questions que les gens veulent savoir.
Alors, je
vous dis : Y a-tu un mécanisme? Êtes-vous en négociation avec le
gouvernement fédéral pour pouvoir accélérer
ce processus, faire en sorte, là, qu'on pourrait gagner du temps? Parce qu'on
nous dit : C'est 18 mois minimum et plus, là. Donc, je pense qu'on a beau, au Québec, avoir plein de
programmes pour pouvoir aider nos entreprises, si on n'est pas capables
d'accélérer ce délai entre le CSQ et le fédéral, je pense que ça ne donne
absolument rien.
Le Président (M. Picard) :
Il reste cinq minutes, M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Alors, la question ne me met pas mal à l'aise parce que
le député de Portneuf met le doigt
sur un enjeu fondamental, c'est que notre système de CSQ, j'en parlais tout à
l'heure, puis ça va me permettre de
compléter également une réponse aux plusieurs éléments qui ont été soulevés
lors du dernier échange avec la députée de Montarville... parce que le délai d'émission de CSQ, là, ça peut être...
bon, c'est passé de 36 à 32 mois, mais 32 mois, c'est long.
C'est très long.
Puis, oui, il
y a eu une loi sur l'immigration qui a été adoptée en 2016, mais elle n'est pas
en vigueur parce qu'il n'y a pas de
règlement. Le règlement... Il y a un projet de règlement qui a été déposé. Nous
l'avons déposé à la fin février, et
là il est en prépublication. Ça veut dire qu'on peut le consulter. Tout le
monde peut le consulter et commenter, envoyer des commentaires, des mémoires, des commentaires pendant 45 jours.
C'est jusqu'au 11 mai qu'on va pouvoir soumettre des commentaires.
Alors,
ce projet de règlement, c'est une véritable révolution en immigration au Québec
parce que, là, on met en place le
système de déclaration d'intérêt, qui va transformer toute la mécanique
d'immigration économique québécoise parce
que, là, maintenant, en ligne, une personne qui désire immigrer au Québec pour
des motifs économiques va devoir remplir
une déclaration d'intérêt. Et, selon la déclaration d'intérêt, on va pouvoir
valider notamment, bon, un, la connaissance
de français, mais également ses compétences. Et là, selon ses compétences, on
va pouvoir, avec la déclaration d'intérêt, commencer un processus de
maillage avec les besoins de nos entreprises à travers le Québec. Et, s'il y a
un maillage possible, bien là on va inviter
la personne à débuter le processus formel d'obtention d'un certificat de
sélection du Québec. Et ça, ça va réduire
les délais, là. À terme, quand le système va être mis en place, on espère avoir
un règlement en vigueur cet été,
bien, ce règlement-là... À terme, là, mettre en oeuvre tout le système, on
espère passer de 32 mois de délai à moins de 12 mois de délai. Alors là, juste là, ça va être quelque
chose, ça va être une révolution, ça va être majeur. Et, en plus de ça, au lieu de
faire passer nécessairement les gens par Montréal quand ils arrivent, on va les
envoyer directement en région parce
qu'ils vont avoir un emploi justement qui va être arrimé à leurs compétences et
une entreprise justement en région qui va vouloir cette personne-là pour
ses compétences.
Du
côté fédéral — je vois
que j'ai une minute environ — du côté fédéral, pour les permis de travail
temporaires, j'ai envoyé une lettre, le 6 décembre dernier, à la ministre
de l'Emploi, Mme Hajdu. Je l'ai rencontrée le 26 janvier à Montréal. On travaille sur la transformation du
système de permis de travailleur temporaire pour qu'il soit mieux adapté
à la réalité de nos entreprises québécoises. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Picard) : Merci. Il reste quelques secondes. Ça va?
M. Matte
(Portneuf) : Ça va.
Le Président
(M. Picard) : Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
18 h 4)
(Reprise à 19 h 31)
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : ...téléphones, s'il vous plaît. Nous allons
reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que
la commission est réunie pour étudier le volet Immigration et communautés.
Puisque
nous débutons avec une minute de retard, nous allons terminer avec une minute...
mais ça me prend le consentement pour pouvoir terminer...
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Oui. O.K. Y a-tu des remplacements à soir? Non?
Alors,
nous sommes maintenant à reconnaître le deuxième groupe de l'opposition
pour un bloc, là, d'échange avec le ministre. J'invite la députée de
Montarville pour un bloc de 22 minutes.
Mme
Roy : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, bonsoir, tout le monde. Écoutez, vous
allez me permettre... Tout à l'heure vous avez tous, M. le ministre et les collègues du gouvernement, vanté le bon travail de vos collègues issus de l'immigration,
alors je vais me permettre de faire la même chose et de vanter l'excellent
travail de mon collègue, M. Sauves, ici, issu de l'immigration également.
Alors, je voulais le souligner parce
qu'il travaille très fort, comme nous tous d'ailleurs ici, comme vous
tous.
Maintenant,
il y a quelque chose qui m'intrigue, et j'aimerais comprendre. On parle
beaucoup d'immigration en région. Et
je me souviens, il y a un petit peu plus de deux ans déjà, enfin, il y a trois
ans, lorsque nous étudiions, il y a trois
ans, le projet de loi n° 77, qui est devenu la nouvelle Loi de
l'immigration, il y avait de ces articles sur l'immigration en région, et j'étais tout à fait d'accord avec
Mme la ministre de l'époque, parce que nous croyons qu'il faut
s'assurer, faire en sorte qu'il y a une
meilleure répartition des nouveaux arrivants au sein de tout le Québec et
particulièrement en région, pour
plusieurs motifs et certains qui vont de soi, entre autres, une plus grande
facilité d'intégration et d'apprentissage de la langue française, parce que les régions sont souvent, aussi,
davantage francophones. Ça aide à l'intégration si tout le monde autour de vous peut vous aider à apprendre
le français et à parler le français. Donc, j'étais tout à fait sur la
même longueur d'onde, de la ministre à
l'époque, il y a déjà trois ans, avec les propositions pour l'immigration en
région. Dans ce projet de loi, il y
avait plusieurs mesures et des projets pilotes, même, pour aider les
entreprises, avec des travailleurs en région,
effectivement. Il y a des besoins de main-d'oeuvre, et nous en sommes tout à
fait conscients, raison de plus pour que ce projet de loi soit mis en
application.
Ce
qui me chicotte, c'est que ce projet de loi, comme vous le mentionnez
d'ailleurs dans votre arrêté et comme on s'en souvient tous, bien, il a été adopté le 6 avril 2016, cette
loi-là n'est toujours pas en vigueur. Donc, ça fait précisément deux ans. 2016, nous sommes en 2018, ça fait
précisément deux ans. Je le disais tout à l'heure, il n'est pas en
vigueur, les règlements ne sont pas
terminés, ne sont pas prêts. Ce sera lourd comme réglementation, hein, on nous
disait 119 articles. J'aimerais
essayer de comprendre pourquoi ça a été si long. Ayant quand même participé à
d'autres lois avec, entre autres, votre
collègue de la Justice, je pense au projet de loi n° 26 — remboursez-nous pour les sommes d'argent
qu'on s'est fait voler avec la
corruption, la collusion — ce projet de loi là, qui était quand même un projet de loi avec
beaucoup d'articles, a été adopté,
mis en application et il fonctionne, et il y a des recouvrements qui sont
faits, et tout ça, là. Alors, pourquoi ce deux ans ou... bien,
finalement, qu'on a perdu dans l'application de cette loi-là, qui n'est
toujours pas appliquée, qui permettrait,
justement, de remplir plusieurs... de répondre à plusieurs problématiques,
entre autres l'immigration en région et aussi le manque de main-d'oeuvre? Et, pour ma part, je crois aussi à une
meilleure intégration des nouveaux arrivants si ça se fait en région, beaucoup moins concentrée à Montréal. Alors, pourquoi ça a
pris tant de temps? Qu'est-ce qui s'est passé à cet égard-là? Parce
qu'on a besoin, on avait besoin d'une nouvelle loi.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, Mme la Présidente. Alors, moi, j'ai été nommé ministre de l'Immigration le 11 octobre 2017. Mon équipe, avec le ministère, on s'est mis au
travail sur un projet de règlement. Le projet
de règlement a été prépublié à la fin du mois de mars et est présentement en
prépublication. Alors, ce n'est pas que je... Juste pour être clair, là, il
est préparé, il est en prépublication, qui
est l'étape normale avant l'adoption d'un projet de règlement, il est dans sa
période de 45 jours, ça doit se
terminer le 11 mai, et, si tout va bien, on va avoir un règlement qui va
mettre en oeuvre, notamment, la
déclaration d'intérêt, qui va réduire de façon importante les délais de
traitement des demandeurs de certificat de sélection du Québec. Alors,
on est en voie d'avoir un règlement pour l'été, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Montarville.
Mme
Roy : Merci, Mme la Présidente. J'aime ça dire ça,
«présidente», ça fait du bien une fois de temps en temps.
Je comprends que vous
êtes arrivé au mois d'octobre, mais le projet de loi — j'aimerais
comprendre la mécanique — il a été adopté en avril 2016. Vous
dites : On a commencé à travailler sur les règlements. J'ose espérer
qu'on avait déjà commencé avant à travailler
sur les règlements. À partir de quand on s'est mis à travailler sur les
règlements? Et pourquoi il y a ce si long délai, de deux ans, avant d'avoir les
règlements?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, Mme la Présidente. Mme la députée, j'aimerais bien
vous aider. Moi, je suis arrivé en octobre 2017. En octobre 2017, on a travaillé sur un projet de règlement avec le
ministère, avec les autres équipes du gouvernement. On avait d'autres marrons dans le feu, on a avancé
ça, le projet de règlement est passé à travers toutes les étapes, il est
présentement en prépublication, et, si tout
va bien, on va avoir un règlement qui va permettre l'entrée en vigueur de
la loi cet été.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Montarville.
Mme
Roy : Oui. Je comprends très bien que vous êtes arrivé en
octobre, mais les gens qui sont avec vous... On a tout le ministère ici. J'aimerais savoir si, à la
suite de l'adoption, en avril 2016, tout de suite le ministère, la ministre,
votre collègue s'est mis à travailler ou les gens du ministère se sont mis à
travailler sur le règlement.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Bien, écoutez, juste pour vous donner un exemple, Mme la
Présidente, mon sous-ministre, lui, est arrivé en juillet 2017. Alors, je comprends qu'on veut revisiter ce qui
s'est passé en 2016. Moi... On est ici pour les crédits de 2018‑2019. Je veux bien qu'on parle de 2017,
mais moi, je ne peux pas revenir et vous parler de ce qui s'est passé
avant octobre 2017. Moi, j'ai mis comme
priorité... parmi plusieurs de nos priorités, c'était l'entrée en vigueur de la
nouvelle loi sur l'Immigration. On a mis en
marche un processus pour finaliser un projet de règlement, il est en
prépublication. Si tout va bien, on va avoir une loi en vigueur et un
règlement adopté cet été.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Montarville.
• (19 h 40) •
Mme
Roy : Oui. Bien, je vous remercie. Je comprends. Et comprenez
bien que je comprends que vous n'étiez pas là, mais j'essaie juste de comprendre d'où vient ce deux ans de carence
ou... si on n'a pas travaillé sur ce règlement. Parce que vous nous dites et vous nous répétez à satiété
qu'on a terriblement besoin de main-d'oeuvre en région et que cette
loi-là, entre autres, permettait des projets
d'immigration en région et de travailleurs, de travailleurs qualifiés en région
avec des projets pilotes bien précis.
Donc, je me demande si on n'a pas perdu deux ans où on a aurait pu déjà mettre
ça en branle et peut-être même répondre à cette pénurie de main-d'oeuvre.
Cela dit, je n'aurai pas la réponse ce soir.
J'aimerais revenir,
naturellement, à la crise à nos frontières, avec les gens qui passent par le
chemin Roxham. L'année dernière, l'été
dernier, à la Coalition avenir Québec, on avait levé le drapeau, on avait émis
des préoccupations et surtout des
demandes, entre autres trois demandes bien précises, le chef de la Coalition
avenir Québec avait fait trois
demandes, entre autres, auprès du premier ministre du Québec, et je vous les
rappelle, vous devez les avoir, sûrement : un, insister auprès du premier ministre du Canada pour qu'il lance un
message fort à l'effet que le Canada ne peut pas recevoir tous les migrants au statut temporaire qui sont installés aux
États-Unis. Deuxièmement, on avait demandé... M. le chef de la deuxième opposition avait exigé des
réponses d'Ottawa quant aux délais prévus pour le traitement de toutes
ces demandes qui nous arrivaient, vous
l'avez dit d'ailleurs vous-même, 25 000 demandes l'année dernière.
Des demandes, également, relativement
aux ressources qui seraient disponibles, par exemple est-ce que le fédéral
allait nous fournir tous ces douaniers
nécessaires, les commissaires pour traiter les demandes à la commission du
statut de réfugié. Et également, la troisième demande que nous avions
faite : si Québec allait entreprendre rapidement — ça,
c'était l'été dernier — des
négociations avec Ottawa pour recevoir,
justement, du gouvernement fédéral la compensation financière équitable à
laquelle il a droit. Comme vous le dites si bien, tout ce qui tient du statut
de réfugié relève d'Ottawa.
Donc,
on vous demandait, l'été dernier : Est-ce que ces demandes-là sont faites?
On ne refera pas l'histoire, mais actuellement,
au moment où on se parle, fort de tout ce que vous savez depuis que vous êtes
arrivé, est-ce que vous avez... est-ce
que, Mme la Présidente, M. le ministre a exigé de son homologue fédéral qu'il
augmente, entre autres, les effectifs à la frontière québécoise? L'avez-vous demandé? Quand? Et vont-ils le
faire? Est-ce qu'il y a une augmentation d'effectifs à cet égard-là?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, Mme la Présidente, je vais reprendre les suites de la rencontre que nous
avons eue à Ottawa mercredi dernier.
D'abord, on a eu une reconnaissance formelle, ça, c'est une chose qu'on n'avait
pas eue auparavant, malgré le travail
continu qui se faisait dans ce dossier-là... on a eu une reconnaissance
formelle de la part du gouvernement fédéral
que le Québec portait le gros du fardeau en matière de demandeurs d'asile
depuis 2017 et qu'il continuait à porter un fardeau important. Il y a eu une reconnaissance également du fédéral
du bien-fondé de notre demande de remboursement des dépenses de 2017, puisqu'il y a eu l'annonce de la création d'un
groupe de travail Québec-Canada pour en venir à une entente sur le remboursement des dépenses que le
Québec a encourues pour 2017. Il y a eu également l'engagement du gouvernement fédéral à travailler sur des
solutions concrètes, notamment deux systèmes de triage, un pour les
demandeurs d'asile qui expriment le souhait
d'aller ailleurs qu'au Québec, à l'intérieur du Canada, et qui pourraient
également être dirigés vers des villes
à l'extérieur du Québec qui auraient des ressources à offrir pour l'effort
qu'il faut faire pour s'occuper des
demandeurs d'asile, un autre système de triage pour voir s'il n'y a pas moyen
d'émettre des permis de travail plus rapidement,
de façon concomitante à la traversée ou à toutes fins pratiques presque
concomitante avec la traversée, pour voir si on ne pourrait pas envoyer certaines personnes qui auraient des
compétences dont on a besoin en région. Et donc le fédéral s'est engagé à travailler là-dessus. Et
finalement 74 millions pour les délais de traitement des demandes
d'asile.
Alors, ça,
c'est quatre engagements. Moi, j'imagine que ça veut dire des ressources
additionnelles. 74 millions pour le
traitement de demandes d'asile, ça, c'est clairement des ressources
additionnelles. Si on va faire du triage, tant pour l'extérieur du Québec et pour aller en région au
Québec, j'imagine que c'est des ressources additionnelles. Donc, le...
Et il y a d'autres solutions, je suis
certain, que le fédéral va développer. Là, on est au début d'un processus, on
est au début d'une démarche. Le fédéral va et doit, parce que c'est sa
compétence, trouver toutes les solutions et mettre les efforts tant financiers
qu'au niveau des ressources humaines pour réaliser ce plan qui va venir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, ce que je comprends, c'est qu'on
ne vous a pas donné de chiffre au
niveau du nombre d'effectifs. Vous vous imaginez qu'il y en aura, mais on ne le
sait pas. On ne le sait pas.
Je vais vous
poser une question bien terre à terre. Vous nous disiez : Notre capacité,
c'est 1 800 quelques. Rendu à tel
pourcentage, les gens, on ne les amène plus à Montréal, ils demeurent là, c'est
la responsabilité du fédéral, «là» étant à notre frontière, au bout du
chemin Roxham, c'est-à-dire au Québec. Vous nous dites qu'il y a des
installations pour 300 personnes.
Question bien terre à terre, là : Ces gens-là, est-ce qu'on a une idée du
temps où ils pourront rester là et où ils vont rester là? Et est-ce qu'on a... La question est très simple. À
l'égard... Il faut en prendre soin. Donc, c'est le Québec qui doit en prendre soin ou c'est Ottawa? Parce que je
comprends que les ressources pour les accueillir sont des ressources d'Ottawa. Vous me dites que c'est leur compétence.
Mais on les loge puis on les nourrit pour le moment. Est-ce que c'est
nous qui payons la facture de ces personnes-là, ces 300 personnes là qui
sont là en attente?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Heurtel : Non, Mme la
Présidente.
Mme Roy : Non? On paie...
Votre réponse?
M. Heurtel : J'ai dit non, Mme
la Présidente.
Mme Roy : Donc, on ne paie pas. Donc, c'est
le fédéral qui paie automatiquement. Mais j'aimerais juste comprendre, parce qu'à partir du moment où ils sont en
territoire québécois... Je comprends qu'ils sont de responsabilité et de
juridiction fédérales, là...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Heurtel :
O.K. Alors, je vais expliquer le processus. La personne traverse la frontière.
Elle est interceptée par les autorités
frontalières fédérales. La personne déclare son intention de demander l'asile
au Canada, elle est amenée à un centre de
traitement fédéral. Ce centre de traitement là, il y a des vérifications de
sécurité, de santé et administratives pour donner un numéro de dossier, là, le numéro qui part le
processus de demande d'asile. Et cette personne-là, bon, justement, là,
j'ai expliqué, là, je peux le réexpliquer,
cette personne-là, si elle n'a pas de ressource, si elle n'a pas de... elle
indique qu'elle n'est pas capable de
se rendre là où elle veut aller ou, tu sais, bon, elle n'est pas organisée, là,
d'une façon ou d'une autre, bien,
avant, elle était automatiquement... l'année dernière, par exemple, elle était
mise dans un autobus affrété par le fédéral, et on la déposait, cette personne-là, à un des centres, et c'était là le
début de l'implication du gouvernement du Québec dans la vie de ce
nouveau demandeur d'asile là. Là, ce qui a changé, c'est que nous, on a encore
des centres, mais on a nos quatre centres. On
ne va pas élargir au Stade olympique puis à des hôtels, puis à des gymnases
d'école. On a nos quatre centres à Montréal. Ça, c'est
1 850 places. Il y a un contact qui se fait de façon quotidienne,
régulière entre les responsables des centres
qui relèvent du ministère de la Santé du Québec et les autorités à Lacolle, et,
dépendant du taux de capacité... Comme là, présentement, le taux de
capacité de nos quatre centres, c'est 69 %. Avant-hier, il y avait 95 personnes qui ont traversé. Alors, selon
ce qui est rentré dans les dernières journées, avec une idée, là, du flot
qu'on pense qui va rentrer dans les journées
à suivre, il y a un nombre qui est déterminé par les autorités du ministère de
la Santé, qui est communiqué au
fédéral. Ils disent : Bon, bien, nous, là, pour aujourd'hui, on peut en
prendre x. Bien, ce qui reste, c'est encore...
c'est toutes des personnes... Les gens à Lacolle sont pris en charge par les
autorités fédérales. Il n'y a pas d'installations
qui sont administrées où on n'est pas... par le gouvernement du Québec, là.
Alors, les 200, 300 places, c'est le fédéral qui les gère, les fournit, les administre pleinement, et c'est
au gouvernement fédéral de gérer s'il y a un surplus. Si ces 300 places sont dépassées, bien, c'est au
fédéral de trouver des solutions alternatives. J'ai expliqué sensiblement
la même chose à la députée de Marie-Victorin plus tôt aujourd'hui.
Mme Roy : Merci, M. le Président. Je trouve
que c'est encore plus clair, ce soir, quand vous l'expliquez comme ça.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci, M. le ministre. Mme de Montarville, c'est à votre tour.
Mme Roy :
Oui, merci. J'entendais les collègues de la partie gouvernementale, tout à
l'heure, dire que ça allait très, très,
très bien au ministère. Je veux bien, mais on a quand même
26 607 demandes de certificats de sélection du Québec qui sont toujours en attente de traitement au
1er janvier de cette année. On parlait des délais d'attente tout à l'heure
de près de trois ans. Alors, si ça va
si bien, comment se fait-il qu'on a toujours 26 600 demandes de
certificats de sélection qui étaient en attente de traitement?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci. M. le ministre.
• (19 h 50) •
M. Heurtel : Bon, je rappelle
qu'au Québec, chaque année, on a une planification du total d'immigrants, d'immigrantes qu'on reçoit. Alors là, avec notre
planification pluriannuelle, on est dans la fourchette de 49 000-53 000.
Ça, c'est une planification qui est rendue
publique chaque année. Puis, dans ça, bien, on détaille ce qu'on est prêts à
recevoir pour, bon, les différentes
catégories d'immigration économique et les différentes catégories d'immigration
humanitaire. Puis là c'est une
planification, ce n'est pas coulé dans le béton, ça peut osciller. C'est pour
ça qu'on n'a pas un chiffre exact, chaque année, en planification. C'est
pour ça qu'on dit : Bien, on vise entre 49 000 et 54 000, bon... 53 000,
pardon. Alors, on part avec ça.
Alors, chaque
année, il y a littéralement des dizaines de milliers de personnes qui font des
demandes au ministère de
l'Immigration du Québec pour venir immigrer au Québec. Il y en a plus que nos
capacités. Nous autres, on a des capacités. On a déjà émis, je l'ai dit tout à
l'heure, 56 000 certificats de sélection qui sont en attente de
résidence permanente. Alors, ce n'est pas
comme si on a des places vides, là.
On atteint notre 49 000, 53 000 chaque année, là. Mais, en plus de ça, on a, en attente de résidence
permanente... Puis ça, c'est le fédéral, la résidence permanente, le statut
de résidence permanente. Bien là, on est en
attente du fédéral, donc, on a quand même 56 000 dossiers traités qui
sont en attente d'une décision de résidence permanente. Là, en plus de
ça, on a 26 000 autres dossiers qui sont en attente de traitement.
Puis ce traitement-là, bien, c'est premier arrivé, premier servi, selon nos
ressources.
Là, ce qu'on
a fait... Puis je sais que c'est une question que la députée de Montarville
avait posée plus tôt. Bien, justement,
le règlement, le projet de règlement auquel je faisais allusion et qui va
permettre l'entrée en vigueur de la Loi sur l'immigration, bien, va transformer tout ce système-là qui prend
présentement 32 mois. Ça en prenait 36; là, ça en prend 32. Mais
là, avec le système de déclaration d'intérêt, dont j'ai parlé tout à l'heure,
on va réduire les délais, là, à moins de
12 mois. Alors, c'est pour ça qu'on a bien hâte de voir notre projet de
règlement se transformer en règlement, on espère, pour cet été.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Oui. Mme la députée de Montarville, il vous reste deux minutes.
Mme Roy :
Oui, parfait. Merci, M. le Président. Je vous parlais tout à l'heure de cet
arrêté ministériel que vous avez émis,
je me demandais : Est-ce que ça arrive souvent que le ministère doit fixer
des limites... des limitations par arrêté ministériel?
M. Heurtel : Oui, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Mme de Montarville.
Mme Roy : Mme de Montarville,
il lui reste à peu près une minute, ça fait qu'elle va le reporter.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Elle va le reporter? C'est
bien. Je vous remercie. Nous allons laisser la parole au groupe... au
gouvernement. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, c'est à vous pour
13 minutes.
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. Alors, je suis bien contente
d'apprendre que finalement tout le monde reconnaît que l'immigration est
un élément important qui soutient la croissance économique.
En l'absence
de l'immigration, la diminution du bassin de main-d'oeuvre potentielle ferait
en sorte que des emplois ne
pourraient pas être comblés. D'après les calculs du ministère des Finances, la
contribution additionnelle à la croissance économique de l'arrivée de 50 000 immigrants au Québec ajoute
environ 2,2 milliards de dollars au PIB réel du Québec. Pour ces raisons, le plan économique du
Québec 2018 prévoit des investissements additionnels de 190 millions
de dollars pour favoriser l'intégration sur le marché du travail des
nouveaux arrivants.
La contribution importante qu'apporte
l'immigration au marché du travail peut être illustrée par l'évolution des emplois comblés par les immigrants. Plus précisément, entre 2006 et 2017,
480 200 emplois ont été créés au Québec dans le groupe d'âge des personnes de 15 ans
et plus. Sur cette période, la population immigrante de 15 ans et plus a
occupé plus de 50 % des emplois créés. Il faut réfléchir.
Maintenant,
j'aimerais qu'on comprenne bien que l'immigration économique est la catégorie
d'immigration la plus importante au
Québec. Elle représente les immigrants sélectionnés pour leurs aptitudes à
répondre aux besoins de main-d'oeuvre, à gérer une entreprise ou à
investir au Québec.
Alors, entre
2011 et 2016, le Québec a accueilli 132 395 immigrants économiques,
soit 61,5 % de l'ensemble des nouveaux
arrivants. Le regroupement familial représentait 24,6 % de l'immigration,
alors que les personnes réfugiées représentaient 12,3 %.
Maintenant,
tout le monde reconnaît que l'économie du Québec tourne à plein régime. En mars
2018, le taux de chômage a été à
5,6 %, mais c'est 2,8 % Chaudière-Appalaches, 4,3 % Montérégie, 4,6 %, Centre-du-Québec, la Capitale-Nationale 4 %, Abitibi-Témiscamingue
3,8 %, et Montréal se situe presque en dernier rang, juste avant la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine. Le taux
de chômage à Montréal,
en mars 2018, était de 7,3 %. C'était moins de 5,5 % pour les
personnes nées au Québec et c'était plus que 8 % pour ceux qui sont des
nouveaux arrivants.
Maintenant,
pourquoi je parle de ces chiffres-là? Moi, je suis la députée de
Bourassa-Sauvé, Montréal-Nord, 95 % de cet
arrondissement. 42 % de la population de Montréal-Nord sont des
immigrants. 67 % sont soit immigrants ou quelqu'un qui a un parent qui est
immigrant.
Je vais vous raconter l'histoire d'une dame qui
est venue me voir dans mon bureau de comté. Elle venait de divorcer. Elle est d'origine maghrébine. Elle est
venue me voir parce qu'elle voulait
me dire qu'elle aime toujours son mari, beaucoup, sauf que les deux sont arrivés en 2006, et lui et elle étaient
des personnes diplômées, s'attendaient à avoir un emploi assez bien, mais ils ont dû recommencer à
zéro, et tous les deux sont retournés à faire des études. Elle a eu
beaucoup de succès et elle est devenue
professeur au cégep Ahuntsic, mais lui n'a jamais pu avoir un emploi permanent,
un emploi à temps plein. Quand elle
m'a raconté ça, je me rappelais un peu quand j'étais petite. Comme je vous ai
dit tout à l'heure, je suis d'origine
italienne. Je ne peux pas imaginer que, dans les années 60, quand on était
des jeunes arrivés au Canada, ce soit
ma mère qui gagne l'argent pour la famille et pas mon papa. Ils l'ont fait
ensemble, les deux ont travaillé, mais c'est lui qui était... qui était «the head of the family». Alors, je peux
comprendre, quand elle me parlait, toute la tension que ça pouvait avoir à l'intérieur d'une famille
maghrébine musulmane. Et elle m'a dit : Je voudrais bien que vous aidiez
mon mari à obtenir un emploi... mon ex-mari.
• (20 heures) •
Ça m'a fait réagir. J'en ai parlé avec mes
collègues. Quand j'ai parlé avec mes collègues... Plusieurs de mes collègues sont dans des régions où il y a un
manque de main-d'oeuvre, une pénurie de main-d'oeuvre. Et le député de Huntingdon a dit : Mais j'ai tellement de
gens dans mon comté qui ont besoin de main-d'oeuvre! Alors, il m'a mis en
contact avec eux, et je les ai invités à mon
comté pour rencontrer les personnes qui habitent Montréal-Nord et qui
avaient un besoin d'emploi. Et ça a très
bien fonctionné, parce que maintenant... après ça, il y a eu des personnes qui
se rendaient au métro de Sauvé, le matin, parce que de là il y avait un
autobus... il y a un autobus qui les amène à Huntingdon et les ramène le soir.
Et ça, ça m'a
donné l'idée d'aller un petit peu plus loin. J'ai le collègue de Mégantic.
Mégantic aussi a beaucoup... a une pénurie de main-d'oeuvre. Et alors il
m'a parlé d'un programme, un programme où des personnes qui font une demande
d'emploi et qui sont choisies pour le projet sont invitées à venir travailler
sur le territoire de la municipalité régionale
du comté de Granit, du lundi au vendredi, pour une période de quatre à huit
semaines, et les coûts de transport et
de logement des travailleurs, durant cette période, cette période d'essai, sont
assumés par les employeurs. Et alors moi, je suis «doubting Thomas». Si je ne vois pas moi-même, je ne le crois pas,
O.K.? C'est comme ça. Alors, je suis allée voir les personnes qui m'ont
aidée à amener les employeurs de l'extérieur à Montréal-Nord. Et en effet je
peux mentionner M. Sari et M. Rzik, ils sont associés avec L'Association
musulmane de Montréal-Nord. Et je leur ai dit : Je vais aller à
Lac-Mégantic pour connaître mieux leur projet, est-ce que vous voulez venir
avec moi? Ils ont dit : Pourquoi? J'ai dit :
Écoutez, moi, je vais y aller; soit vous venez ou soit j'y vais seule. Ils
m'ont dit : Très bien, on va te conduire. Alors, ce n'est pas moi qui ai conduit de Montréal
jusque-là. Et on est allés à Lac-Mégantic. On a rencontré le maire, on a
rencontré le préfet, on a rencontré le
directeur général du CLD. On a rencontré des entreprises, on est allés visiter
des entreprises. On est allés visiter
l'immeuble où les travailleurs sont logés. Et je peux vous dire que les deux
personnes qui m'ont accompagnée et
moi-même, on a été vraiment impressionnées. Je me suis dit : Si j'avais
30 ans, moi, j'aimerais aller à Lac-Mégantic, parce que je voyais
le potentiel.
Et les deux
sont... Tous les trois, on est revenus à Montréal et on a commencé à parler
avec les gens autour de nous du
projet, et on a invité le préfet, les hommes d'affaires et d'autres
représentants de la MRC régionale de comté du Granit de venir se présenter aux gens à Montréal-Nord, ce
qu'ils ont fait. Il y avait une salle pleine, il y avait 150,
200 personnes. Et ils étaient vraiment...
ils étaient bien reçus, les gens étaient excités. Si au moins... Il y a
quelques personnes qui ont accepté l'invitation
d'aller à Lac-Mégantic, mais au minimum ce qu'on a fait, c'est qu'il y a des
gens qui, immédiatement après cette
rencontre, les semaines qui ont suivi, sont allés voir pour eux-mêmes c'est
quoi, Lac-Mégantic, des gens qui n'y sont jamais allés. Ça a fait aussi...
Ça les a aidés à comprendre mieux c'est quoi, le Québec.
Ce qui est important dans tout ça, c'est que les
communautés qui reçoivent des personnes qui viennent de l'extérieur et qui
voudront aller travailler dans les régions comprennent que ce n'est pas
seulement un emploi qu'on recherche. Ça,
c'est le cas si on a 20 ans, 21 ans et on est seul. Mais très souvent
c'est un milieu de vie qu'on recherche.
Dans ma propre
expérience, quand nous sommes arrivés de l'Italie, on est allés à Ville-Émard
parce qu'il y avait l'église San
Giovanni Bosco, et on est allés de Ville-Émard à ville LaSalle parce qu'il y
avait l'église Maria Madre dei Cristiani.
Maintenant, je n'habite plus Ville-Émard ou ville LaSalle, j'habite à
Outremont, mais il a fallu que, quand on est arrivés et tout était
nouveau... qu'on se retrouve un peu dans un milieu un peu connu, un peu
familier.
Donc, si j'ai quelque chose à
souhaiter, c'est qu'on prépare en amont les communautés où on veut recevoir
les gens qui viennent de l'extérieur. C'est
très important, parce qu'il faut que les gens sentent qu'ils font partie d'une
communauté avec laquelle ils se reconnaissent un petit peu, un petit peu.
Alors,
lors du Forum sur la valorisation de la diversité qui s'est déroulé à Québec en
décembre dernier, vous-même, M. le
ministre, et le premier ministre, vous avez annoncé une série de mesures afin
de favoriser l'intégration des immigrants en région. Le budget Leitão a débloqué des fonds sans précédent pour
favoriser cette immigration en région. Est-ce que vous pouvez nous aider à comprendre les mesures
que le gouvernement prend pour encourager les immigrants à s'établir en région
et nous expliquer un peu c'est quoi, le travail qui est fait sur le terrain en
amont pour qu'on comprenne que la gestion... que la diversité doit être gérée
et que ça ne se fait pas automatiquement, cette diversité... inclusion?
Le Président
(M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Maintenant, j'invite M.
le ministre pour vos trois dernières minutes.
M. Heurtel :
Bon. Alors, merci, M. le Président, puis je vais souligner le travail important
de la députée de Bourassa-Sauvé dans ce
travail de, justement, développer des initiatives de la base pour justement
créer ce maillage-là entre les personnes issues de l'immigration qui
cherchent de l'emploi et les entreprises en région qui cherchent des employés. Et c'est sur la base d'expériences comme
celle-là que nous avons commencé à développer des projets pilotes, comme
le projet pilote qu'on fait avec l'organisme, qui est un organisme
communautaire de référence en matière de régionalisation,
qui s'appelle PROMIS. Et l'enjeu, c'est justement celui-là, M. le Président,
c'est de faire en sorte que... Et on
investit 2 millions de dollars sur une durée de 15 mois, là, avec
PROMIS, pour permettre à cet organisme communautaire là de poursuivre ce maillage-là, un peu comme la
députée de Bourassa-Sauvé nous l'a dit, de poursuivre ce maillage et de faire en sorte que concrètement des personnes
issues de l'immigration trouvent des emplois en région, là où on a des besoins.
Alors,
les objectifs, c'est d'accroître le nombre de personnes rejointes et
accompagner vers les régions du Québec. L'organisme fixe un objectif de 500 nouvelles personnes établies en
région, en plus des ententes régulières de régionalisation, et l'atteinte de cet objectif se fait conjointement
avec les organismes de régionalisation déjà financés par le ministère.
Alors... je ne sais pas combien il me reste de temps, là, maintenant, M. le
Président, une seule minute. Bien, l'idée, c'est de permettre, avec des projets pilotes, de permettre aux organismes de
régionalisation de poursuivre leur mission, de leur donner les ressources et de justement avoir une
réponse concrète, qui vient du terrain, sur cet enjeu fondamental là qui
est de mailler les personnes qui cherchent
de l'emploi, mettons, à Montréal, avec les besoins en main-d'oeuvre en
région. Alors, ça, c'est un exemple très concret de notre stratégie, là, de
régionalisation de l'immigration.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie, M. le
ministre. Maintenant, nous sommes rendus au groupe de l'opposition.
J'inviterais la députée de Marie-Victorin pour 16 minutes. À vous la
parole, madame.
Mme Fournier :
Merci, M. le Président. Hier, à la période des questions, j'ai posé une autre
question au ministre, cette fois sur
les tests de francisation en ligne. Je vous dirais, M. le Président, que
j'étais extrêmement surprise de voir à quel point, en fait, le ministre n'a pas du tout répondu à ma question.
Vraiment, je suis revenue avec deux complémentaires, mais jamais je n'ai
pu avoir une réponse de la part du ministre. Je lui soulevais qu'actuellement,
dans les classes de francisation, le plus
grave problème, c'est que les élèves sont mal classés. Alors, on se retrouve
avec des étudiants qui sont dans des classes avancées qui ne comprennent
pas un mot de français, des étudiants qui sont dans des classes de débutants qui sont pourtant fonctionnels, ce qui
fait en sorte qu'il y a un taux de décrochage astronomique. On voit que les efforts pour apprendre le français sont
complètement brisés. Puis les profs le disent, sur le terrain, c'est ça, la plus
grave lacune, actuellement, c'est vraiment au niveau du classement des élèves.
Alors,
ce qu'ils ont dit, c'est qu'il n'y a aucune amélioration depuis plusieurs mois.
Et hier j'ai eu l'impression que le
ministre avait trop honte du bilan pour répondre convenablement à la question.
Alors, j'en profite, ce soir, pour lui retourner
cette question : Pourquoi il ne suspend pas le test en ligne de
francisation, le temps que les corrections soient apportées pour faire en sorte que les étudiants en
francisation soient bien classés et qu'ils puissent donc bien apprendre
le français?
Le Président
(M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. M. le ministre, c'est à
vous.
• (20 h 10) •
M. Heurtel :
Alors, parce que, M. le Président, il n'y a pas de différence significative du
nombre de reclassements avant et après l'implantation du test.
En
début de session, la professeure ou le professeur, à la suite d'observations
factuelles en salle de classe, a la possibilité
d'identifier le ou les élèves à reclasser et fournit des recommandations sur le
niveau de cours que l'élève devrait suivre.
Par la suite, le MIDI analyse la recommandation en lien avec les compétences
langagières contenues dans le dossier de
l'élève et rend une décision. Selon les informations du ministère, aucune
demande de reclassement n'a été
refusée en raison de la passation du test.
Le Président
(M. Matte, Portneuf) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : M. le
Président, je suis désolée, mais,
quand on parle aux enseignants, ce n'est pas du tout la réalité qu'ils nous décrivent. Ce n'est pas du
tout la réalité qui est écrite sur sa fiche en ce moment. Les profs le
disent. Quand ils font des demandes pour
reclasser des étudiants, ça leur est refusé pour des raisons administratives. Comment est-ce que le
ministre peut expliquer ça?
Le Président
(M. Matte, Portneuf) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, le processus de classement des cours de français du
MIDI ne se limite pas à un test. Un
processus rigoureux de classement est mis en place et est continuellement en
amélioration. Le MIDI se base sur la
déclaration du nombre d'années de scolarité des élèves pour les inscrire soit
dans le programme pour personnes scolarisées
ou le programme pour personnes peu scolarisées. Ensuite, une recherche est
faite pour voir si des renseignements sont
disponibles sur le niveau de compétence en français de la personne, par exemple
les cours déjà suivis. Ce n'est
qu'à la suite de ces étapes, si le
classement n'a pu être déterminé, que la clientèle scolarisée, neuf ans et plus
de scolarité, disant connaître le
français, est invitée à passer un test de positionnement en ligne. La clientèle
peu scolarisée disant connaître le français est conviée à une entrevue d'évaluation
avec un évaluateur du MIDI...
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous invite à conclure.
M. Heurtel : Et, je termine là-dessus, tout au long du processus
le MIDI s'assure que le service offert répond aux besoins de la personne.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Oui, M.
le Président. Je sais que le ministre
refuse que les profs puissent prendre la parole dans les médias, qu'il leur empêche de parler de son
cafouillage, mais, en ce moment, là, il est en train, justement,
de réciter sa fiche. Mais est-ce que ça veut dire qu'aux yeux du ministre,
les enseignants, ceux qui sont sur le terrain, mentent? Oui ou non?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
M. Heurtel : Bien, écoutez, moi, ce que j'ai comme information, le test a été présenté à... Parce que la députée parle des
professeurs. Moi, ce que j'ai comme information, c'est que le test a été présenté à la commission pédagogique, donc c'est à des professeurs, puis ça a été
apprécié, le test a été apprécié par la commission pédagogique. Puis
ça, c'est arrivé il y a un mois environ.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Quand on parle
aux enseignants, cette semaine, sur le terrain, ils nous le disent, le plus
grave problème, c'est le classement, c'est les tests qui ne fonctionnent pas. C'est le
fait que, lorsqu'ils demandent à changer les étudiants de groupe selon leur force, ils se voient leur demande refusée
pour des raisons administratives.
Alors, est-ce que le ministre pense que les professeurs ne disent pas la
vérité?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci, madame. M. le ministre.
M.
Heurtel : Sur 630 professeurs, c'est sûr qu'il peut y avoir des
professeurs qui ne sont pas à l'aise ou qui sont déçus de la situation. Comme je l'ai bien dit tout à l'heure, on est en
processus d'amélioration continue, mais, comme je vous dis, il y a un travail qui est fait avec des
professeurs. Et ce qu'on a comme information, c'est, quand même, le test
a été apprécié par cette commission pédagogique.
Mme
Fournier : Donc, il n'y a aucune intention, de votre côté, de
suspendre le test pour vraiment aller faire une vérification auprès des
enseignants?
Le Président (M. Matte, Portneuf) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Bien, l'intention
du ministère, c'est, si on peut trouver une façon d'améliorer
le test — puis
je crois qu'il y a
des pistes d'amélioration et des suggestions qui sont sur la table — on
va les regarder. Puis le ministère est prêt à amener des améliorations au test
s'il y en a qui sont praticables.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Oui, bien, justement,
M. le Président, l'année dernière, lorsqu'on avait posé une question sur le même sujet, les enseignants étaient venus ici, à l'Assemblée nationale, pour justement constater que c'était complètement
déconnecté du terrain, là, ce qui était avancé du côté du ministre, puis
visiblement c'est encore la même chose qui se produit cette année.
Maintenant, quand on regarde les cours en tant
que tels, les cours de français issus du programme Réussir l'intégration, ce qu'on voit, c'est que, malgré
que tout à l'heure le ministre se vantait du nombre de gens qui étaient
inscrits aux cours... c'est qu'il y a
une diminution de 3 000 personnes cette année. Donc,
ça représente 10 % de diminution
des personnes inscrites aux cours de français. Alors, évidemment, on pense que
ça a notamment à voir avec les tests de classement qui ne sont vraiment pas à
jour.
Mais
je me demande quel est le plan du gouvernement pour attirer des élèves en francisation quand on
voit cette baisse, cette baisse
catastrophique, je dirais, parce qu'une diminution de 10 %, ce
n'est vraiment pas rien, alors qu'on sait que la francisation, c'est tellement
un élément important pour intégrer
les nouveaux Québécois à la société. On l'a vu encore cette semaine avec le sondage Léger qui a été
dévoilé, il y a 76 % des Québécois qui croient même que c'est un
enjeu vital pour l'avenir du Québec. Alors, comment vous expliquez cette baisse
vraiment très, très préoccupante?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
M.
Heurtel : Oui. M. le Président, sur le commentaire sur le test qu'a
fait la députée, je veux juste répondre que le Syndicat des professeurs de l'État du Québec a fait part de ces
inquiétudes du personnel enseignant du MIDI à l'égard des résultats
obtenus et du classement des élèves à la suite du test. Le MIDI a rencontré les
représentants du SPEQ et des membres de la
Commission pédagogique nationale afin de leur présenter le mode de
fonctionnement du test. Ceux-ci ont apprécié
son mode de fonctionnement, c'est-à-dire qu'il soit adaptatif. Donc, selon le
nombre de bonnes ou de mauvaises réponses,
le test passe d'un niveau de compétence à un autre et, selon la constance, le
test attribue un niveau de compétence en compréhension orale et un autre
en compréhension écrite.
Pour ce qui
est, maintenant, de la question sur la baisse, je n'irais pas dire
«catastrophique», ça s'explique par la vigueur
du marché du travail et le fait est qu'on a, dans le budget, dans les crédits,
des mesures pour justement inciter les personnes
qui sont occupées à travailler à avoir des cours au travail. On a bonifié les
allocations, des allocations aussi pour se rendre, des allocations, par exemple, pour faire garder les enfants,
pour justement ramener les gens vers les cours de français. Mais le fait est que cette baisse
s'explique par le fait qu'il y a une vigueur puis il y a une baisse du taux de
chômage des personnes issues de l'immigration présentement.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
C'est bien, je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Donc, le syndicat a été rencontré, mais moi, je vous
inviterais, M. le ministre, à peut-être prévoir une rencontre
directement avec eux pour qu'ils vous disent ce qu'ils nous ont dit, de leur
côté, alors qu'ils constatent réellement que
les tests de classement sont à la source aussi du fait qu'il y a moins
d'étudiants qui poursuivent les cours de
francisation, parce que c'est clair que ce n'est pas motivant de poursuivre
dans un cours, par exemple, où notre niveau n'est pas adapté au niveau
du cours en question.
Alors, selon
les cahiers de crédits, on a aussi appris, là, qu'il y avait 92 organismes
qui avaient des ententes avec le MIDI
l'année dernière, contrairement à seulement 84 cette année. Donc, il y a six
organismes en moins. Qu'est-ce qui s'est passé avec ces six organismes?
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Est-ce que vous avez terminé votre question, Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Fournier : Tout à fait.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Elle vous appartient, M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, sur le test, je veux juste rappeler... Parce que la députée continue à
faire des commentaires, alors je me sens l'obligation de répondre que
seulement 30 % passent le test, puis, encore une fois... puis, je l'ai
dit, il n'y a eu aucun changement dans les
demandes de reclassement avant ou après le test. Alors, il doit y avoir... Je
comprends qu'il peut y avoir des façons de
l'améliorer, puis on est prêts à l'améliorer. Puis, s'il y a des bonnes
suggestions, on va les regarder puis
on va essayer toujours de s'améliorer avec le test. Donc, ça veut dire que
70 % des gens n'ont pas besoin de passer le test. Alors, il y a
quand même, là... il ne faut pas non plus penser que ça s'applique à tout le
monde.
Bon, pour la question des organismes, on est en
train de regarder ça, là, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Oui, c'est bien. Mme la députée de Marie-Victorin, si vous voulez...
Mme Fournier : En attendant la
réponse, je vais passer à mon autre question. Donc, à la réponse de ma question n° 27, dans mon cahier de crédits,
j'avais demandé combien... donc où les sommes avaient été dépensées dans
les différents autres ministères, donc les
sommes transférées. Et donc, la réponse qu'on a reçue de la part du MIDI, vous
ne nous avez pas communiqué les prévisions
pour 2018‑2019 comme on l'avait demandé, vous nous avez plutôt
retransmis le tableau que vous nous aviez
donné l'an dernier. Alors, je me demande pourquoi il n'y a pas de transparence,
de votre côté, cette année, pour nous montrer la ventilation des sommes
qui ont été utilisées.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous invite, Mme la députée, à une
prudence dans votre vocabulaire. J'invite M. le ministre à répondre à la
question.
M.
Heurtel : Bien, on me dit que le ministère est à, justement, préciser
les montants, puis c'est dans le prochain mois que les montants pour la
prochaine année... bien, l'année fiscale en cours vont être déterminés.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
C'est bien. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Oui, merci,
M. le Président. Pourtant, on a fait l'étude des crédits à la même période
exactement l'année dernière. Alors,
qu'est-ce qui explique que l'année dernière on a pu l'avoir puis cette année on
n'a pas pu avoir accès à l'information?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Ça vous va?
M. Heurtel :
Un instant, s'il vous plaît, M. le Président.
• (20 h 20) •
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Sinon, on peut passer à une autre
question, pour respecter le temps alloué à l'opposition, puis vous pouvez nous revenir plus tard avec les informations. Ça vous plaît? Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : ...puisse continuer mes questions sans avoir de réponse?
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Alors, ce qu'on va faire, M.
le ministre, on va vous donner le
temps de faire une recherche puis on va procéder à une autre question.
Ça va? Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Très bien. Alors,
je vais maintenant aller sur la fameuse entente Québec-Canada
et les sommes additionnelles qui ont été octroyées cette année au Québec.
Alors,
on sait qu'on a eu un 112 millions
de dollars additionnel pour atteindre 490 millions. À ce moment-là,
nous, au Parti québécois, on a tout de suite
demandé à ce que l'ensemble des sommes, donc le 112 millions de dollars,
puisse être utilisé à 100 % dans la
mission du ministère de l'Immigration, c'est-à-dire pour la francisation et
l'intégration des nouveaux Québécois,
donc, des immigrants. Puis c'est d'ailleurs ce que l'entente prévoit
expressément, mais on sait que le MIDI a une fâcheuse habitude de transférer cet argent-là dans d'autres ministères
au lieu de vraiment l'utiliser à sa mission. Puis, quand on voit, par exemple, qu'il y a 90 % de taux
d'échec en francisation, que la Vérificatrice générale nous parle d'un
véritable fiasco, on croit que c'est
légitime de dire que le 112 millions de dollars aurait été absolument
nécessaire en réinvestissement en
francisation, en intégration, dès cette année, que ça aurait vraiment permis de
donner un coup de barre. Mais là ce qu'on voit, c'est qu'il y a seulement une augmentation de 26 millions.
Donc, on a utilisé seulement 26 millions sur le 112 millions. Où est allé le reste de l'argent au lieu d'être
utilisé dans ce qui est pourtant fondamental en ce moment et le coup de
barre qu'on doit donner au niveau de la francisation, intégration?
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Je vous remercie.
Maintenant, j'invite M. le ministre à répondre. Puis, si vous avez des
informations sur la question précédente...
M. Heurtel : Oui, oui, on s'en vient, là. Je veux dire, là,
l'équipe du ministère travaille sur la question, là, précédente.
Mais,
sur la question actuelle, moi, je n'achète pas, là, la caractérisation que fait
la députée, là. Toutes les sommes que
nous recevons sont investies et... Regardez les crédits, là, on investit dans
la mission. Mais la mission de l'organisme... du MIDI, ce n'est pas... il y a, oui, la francisation, là, mais... je
comprends que, du côté du Parti québécois, il ne faudrait rien faire
d'autre que de la francisation, mais il y a d'autre chose.
Alors
là, on investit... L'année dernière, le budget de 2017‑2018 a ajouté
103 millions en francisation. Là, cette année, on ajoute 98 millions juste dans les crédits du ministère de
l'Immigration, puis ça, ça ne comprend pas, par exemple, le
10 millions qui va au ministère du Travail et de l'Emploi pour de la
francisation en entreprise.
Donc,
moi, si la députée veut, je peux relire ce que je lui ai lu à la période de
questions hier, mais c'est là que va l'argent
en francisation. On avance, on va plus loin. Puis je ne suis pas d'accord avec
le fait qu'on met de côté la francisation.
Au contraire, on investit davantage en francisation pour justement accompagner
notre mission, puis poursuivre la régionalisation, puis accompagner,
puis s'assurer que ça se fasse en français.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Maintenant,
j'invite la députée de Marie-Victorin. Il vous reste une minute.
M. Heurtel :
M. le Président, excusez-moi. Excusez-moi, on a une réponse à la... Avec votre
permission, le sous-ministre pourrait répondre.
Mme
Fournier : Je préférerais qu'il dépose peut-être toutes les réponses
que...
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Mais, pour le bénéfice des gens puis
des téléspectateurs, je pense, c'est plus... c'est intéressant de
l'entendre. C'est vous ou c'est...
M. Heurtel :
Je demanderais que ce soit le sous-ministre, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Est-ce qu'on accepte que le
sous-ministre puisse prendre la parole? Est-ce qu'il y a un
consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Consentement. Veuillez vous identifier et vous nommer, monsieur.
M. Matte (Bernard J.) :
M. le Président, mon nom est Bernard Matte, sous-ministre du ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion.
Les données
concernant le transfert, la provision du transfert, c'est une donnée qui est
stable à chaque année, donc c'est
normal que ce soit le même montant qui est transféré aux différents ministères.
En fonction de l'entente, en fonction des
chiffres de l'entente, c'est 165 millions qui sont transférés, à raison de
78 millions au ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, 75 millions au ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale et 12,2 millions au ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
C'est bien. Je vous remercie.
Mme
Fournier : Merci. Est-ce que je peux seulement vous demander de
déposer l'information ainsi que les autres réponses aux questions que
j'ai posées dans ce bloc?
M. Heurtel : Ce sont des notes, M.
le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
O.K. Donc, c'est... il n'y a pas de consentement. C'est des notes personnelles?
C'est manuscrit?
Mme
Fournier : Dans le fond, dès que le tableau sera prêt, est-ce que ce serait possible de le déposer à la commission?
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Donc, est-ce qu'on... Si le document devient public, puis tout ça,
veuillez les transmettre à la secrétaire de la commission, s'il vous plaît. C'est
ça?
M. Heurtel : Très bien, M. le
Président.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Alors, il vous reste 30 secondes, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Juste demander, justement,
d'avoir le dépôt, là, des réponses aux questions que j'ai soulevées
précédemment.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
C'est beau? Donc, ce sera...
M. Heurtel : Bien, à la question,
là. Il y a eu une question.
Mme
Fournier : J'en ai d'autres,
questions. J'ai posé la question sur les organismes aussi, les six organismes de moins qui ont
des ententes avec le MIDI.
M. Heurtel : Ah! Pardon. C'est vrai.
Les six organismes, on a la réponse, si M. Matte peut répondre.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Allez-y, M. le sous-ministre.
M. Heurtel : On va le prendre sur
notre temps, là, sur le temps de la partie gouvernementale. Allez-y.
M. Matte (Bernard J.) : M. le
Président, il y a effectivement moins d'organismes, mais on a maintenant une entente avec le ministère de l'Éducation pour
s'assurer qu'en commission scolaire il y
ait des formations.
Donc, l'objectif était d'augmenter considérablement notre présence sur le territoire,
et il y a des organismes qui ont accepté de ne plus offrir ce type de
services là ou qui n'avaient pas les moyens de les offrir.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Alors, j'enchaîne avec le
temps qui est prévu pour le gouvernement. J'invite le député de
Laval-des-Rapides. Monsieur, à vous pour 16 minutes.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais commencer, M. le
Président, par demander si le ministre ou le sous-ministre ont besoin de
plus de temps pour terminer leur réponse précédente.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Mais allez-y, vous pouvez toujours
demander. C'est pris sur votre temps, M.
le ministre, à savoir... Est-ce que voulez avoir plus de temps pour pouvoir
répondre aux interrogations ou c'est suffisant?
M.
Heurtel : Moi, je crois que c'est complet. On a répondu, finalement,
aux deux questions qu'il restait à répondre.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Donc, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Tel que ma collègue de
Bourassa-Sauvé l'a si bien dit et de façon très éloquente, les chiffres d'emploi en région sont... Et vous le vivez
vous-même dans votre région, parce que, je pense, le préambule de votre question, un peu plus tôt, était
en lien avec les enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, et donc, nécessairement, les enjeux liés à un faible taux
de chômage, à une grande participation de la force de travail sur le
marché de l'emploi, ce qui n'est pas le cas
nécessairement partout, parce que, tel que ma collègue députée de Bourassa-Sauvé
le mentionnait, Montréal tire peut-être un
peu de la patte relativement aux autres régions. Nous, en ce qui a trait à
Laval, c'est une région où le taux de
chômage a graduellement baissé et s'est amélioré au cours des dernières années.
Ceci dit, il est quand même plus
important que les taux de chômage que ma collègue a mentionnés, que ce soit
Chaudière-Appalaches ou même la région de Québec ou autres.
Donc,
essentiellement, le sujet que je souhaite aborder, c'est les enjeux reliés à
l'intégration au marché du travail, à l'intégration à l'emploi.
Tel que le
ministre l'a mentionné, j'ai moi-même eu l'occasion, il y a deux ou trois mois,
de faire une tournée prébudgétaire
pour le compte du ministre des Finances. Partout où j'ai été, que ce soit en
Gaspésie, au Lac-Saint-Jean, que ce
soit en Abitibi, en Outaouais, même dans l'est de Montréal, avec mes deux
collègues qui sont avec moi ce soir, l'enjeu de pénurie de main-d'oeuvre est un enjeu primordial, est un enjeu
critique, si on peut dire, et de là... et donc l'importance de s'assurer qu'on met sur pied les bonnes mesures
pour justement accompagner la clientèle immigrante, la clientèle de la diversité à s'intégrer non seulement au marché du
travail, mais à pouvoir contribuer à leur pleine mesure, en fonction de
leurs compétences, de leur expérience et de leur formation académique
également, M. le Président.
• (20 h 30) •
Je vais vous partager quelques chiffres au
niveau de la région de Laval qui vont peut-être vous surprendre. Je vous mentionnais un peu plus tôt que c'est un
Lavallois sur quatre qui est d'origine immigrante; en fait, c'est presque
29 % de la population. C'est
117 000 personnes soit immigrantes ou d'origines diverses qui forment
cette clientèle-là ou ce bassin-là au sein de la population de Laval.
Selon les perspectives d'emploi, avec, pour
horizon, l'année 2019, donc d'ici 12 à 18 mois, la région aura un
peu moins de 37 000 postes à
pourvoir, dont un tiers seront issus de la croissance économique et deux tiers
seront issus de la demande de remplacement, dont les départs à la
retraite et j'en passe. Donc, ceci met une pression énorme sur les entreprises. Juste pour vous donner quelques
chiffres, c'est près de 12 000 entreprises, sur le territoire
lavallois, qui forment justement ce tissu économique. Ça met une pression énorme
sur ces entreprises justement à être capables de bien recruter,
d'assurer leur croissance économique en ayant justement la force de travail
nécessaire à ce niveau-là.
Tantôt, M. le Président, la collègue de Marie-Victorin abordait les questions de francisation,
et le ministre répondait que... notamment, faisait allusion à la francisation sur le marché
du travail. J'ai une belle histoire à partager avec le ministre et avec les collègues. C'est que j'ai une
entreprise dans ma circonscription qui est dans le secteur... appelons ça le
secteur manufacturier. C'est une entreprise qui s'occupe de faire le recyclage
de palettes de bois destinées à l'entreposage de différents types de produits. Et l'entrepreneur en question,
M. Raed Bechara, que j'ai rencontré dans un événement à la chambre de commerce de Laval, lui-même, à titre
d'administrateur de la chambre, m'avait approché, il y a
de cela un peu plus de deux ans, pour
me mentionner qu'il était très sensible... Et retournez en arrière. Il y a
deux ans, M. le Président, deux ans, deux ans et demi, trois ans, la question
des réfugiés syriens était une question qui interpellait tout
l'Occident; non seulement ici, le Québec,
mais l'Europe, les États-Unis notamment. Et M. Bechara est lui-même un immigrant
originaire de Syrie qui est arrivé ici à un
jeune âge, donc qui n'est pas né au Québec, a fait des études en génie et a décidé de se
lancer en affaires et a repris cette entreprise-là. Et donc il était lui-même
confronté à un défi de pénurie de main-d'oeuvre. Son entreprise va bien, son démarchage va très bien à l'époque. Et il
m'expliquait que, s'il le pouvait et s'il avait accès à des candidats
intéressants, il pourrait facilement fournir 10 à 12, peut-être même 15
nouveaux emplois, s'il avait accès à une clientèle ou une main-d'oeuvre en
fonction de ses besoins.
Et donc son
idée — c'est
vraiment, à l'origine, son idée — c'était
de réussir à combiner non seulement tout ce travail ou ces gestes de solidarité que le Québec a
démontrés à travers les familles qui ont parrainé les réfugiés syriens
qui sont arrivés au Québec, notamment à Laval... Mais, lui, ce qu'il désirait,
c'était offrir une opportunité d'emploi à ces réfugiés,
une opportunité d'emploi, tout d'abord, mais également une opportunité de
francisation. Puis ce qu'il souhaitait, et c'est là qu'il est venu cogner à ma porte, comme élu, c'est de pouvoir
avoir l'aide et les références nécessaires afin, d'une part, de pouvoir compter sur le soutien ou
l'accompagnement du MIDI, du ministère
de l'Immigration, mais également
d'Emploi-Québec, parce
que ce qu'il souhaitait... et il m'a
fait visiter son entreprise avant qu'on puisse trouver une solution,
c'est qu'il pouvait accommoder, donc, sa salle à dîner, au sein de son
entreprise, en salle de cours.
Et donc,
d'une pierre deux coups, mon équipe et moi, on a fait les démarches nécessaires
et on l'a mis en contact avec les
gens du MIDI, qui l'ont mis en contact avec les gens d'Emploi-Québec, etc. Et la prédécesseure du ministre
de l'Immigration, la députée de Notre-Dame-de-Grâce, est venue
faire un tour à cette entreprise il y
a à peu près un an. Et la belle histoire suite à cette rencontre impromptue,
c'est que M. Bechara a pu recruter 12 réfugiés syriens qui, pour la
plupart, en très grande majorité, sont
encore ses employés. Et non seulement c'est des employés fidèles et ponctuels,
mais c'est également des employés qui, aujourd'hui, à peu près... à
l'époque, c'était à peu près à six ou neuf mois de leur embauche,
pouvaient déjà entretenir une certaine conversation en français grâce aux cours
de français en entreprise.
Donc, je
viens, à travers... Je souhaitais, à travers cet exemple, M. le Président, vous démontrer que les paroles du ministre, sur le concret, sur
le plancher des vaches, dans une circonscription comme la mienne, ont des
impacts, et non seulement un impact
positif, bien sûr, pour l'entrepreneur qui souhaite assurer la croissance de son entreprise,
mais surtout pour ces familles de
réfugiés qui, comme vous le savez, ont fui la guerre, la guerre civile, notamment
en Syrie, mais qui cherchent avant
tout... c'est à retrouver leur dignité. Et le travail représente la base, le
fondement même de cette dignité qu'ils souhaitent retrouver.
Ma collègue vous
mentionnait de quelle façon l'immigration est une décision qui a un impact non seulement
important au niveau du déracinement,
mais aussi met une grande pression sur la relation de couple que peuvent avoir
ces personnes qui
décident d'immigrer. Et, dans ce cas-là... Et surtout ça a un impact encore
plus important auprès des hommes pour
des questions culturelles. Je ne suis pas un sociologue, mais je peux
grandement vous dire que, pour des questions culturelles, l'épanouissement de ces personnes-là passe en grande partie
par leur capacité à fournir les ressources financières pour assurer leur avenir au quotidien. Et donc,
dans le cas de Raed Bechara, dans le cas de l'entreprise I.P.S.
Standard, bien, c'est une belle histoire qui, justement, est due au travail du
MIDI et de Revenu Québec.
Ceci
dit, est-ce qu'il y a encore du travail à faire? Oui, grandement. On pourrait
parler, par exemple, du fait que le taux
de chômage est encore important face aux nouveaux arrivants. Les Québécois qui
ont moins de cinq ans au Québec, face
à la moyenne nationale, oui, il y a encore du travail à faire. Et c'est là où
je tiens à saluer le travail du ministre suite à une tournée qu'il a effectuée à Laval le 17 novembre dernier. Je
dois vous dire que c'est un travail... Et je vais amener le ministre à élaborer un peu plus sur, justement, le
soutien et la coordination que fait le ministère de l'Immigration, notamment
à travers le programme Interconnexion à
Montréal, et qui... J'espère, et je souhaite, et je suis très confiant que ce
même programme verra le jour à Laval au cours de la prochaine année, au cours
des prochains mois.
Vous
savez, l'un des grands défis pour les personnes d'origine immigrante
lorsqu'elles décident de démarrer ou initier
leurs démarches en intégration en emploi, c'est de se constituer un réseau,
c'est de se constituer une liste de contacts, de personnes dans leur domaine d'affaires ou dans leur domaine
professionnel, et ce réseau d'affaires, ce réseau professionnel, ce réseau
personnel, bien, il ne se crée pas en claquant des doigts. Ça prend du temps.
Et donc, à Montréal,
et j'ai moi-même été témoin des bienfaits de ce programme-là, il y a un
programme qui s'appelle Interconnexion
Montréal, qui existe depuis près d'une dizaine d'années, qui, aujourd'hui,
relève... si je ne me trompe pas,
peut-être le ministre pourra me corriger, mais qui, aujourd'hui, relève de la
responsabilité, ou de la coordination, ou
la supervision, si on peut dire, du MIDI, mais qui est, en fait, un programme
qui a été mis sur pied par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui est un programme qui cherche
avant tout à, un, faciliter le maillage, le mentorat, le réseautage, deuxièmement, cherche aussi à
faciliter l'accès à des stages en entreprise — bien souvent, c'est des stages non rémunérés — et, troisièmement... mais cherche aussi à
faciliter ce référencement à travers une première expérience de travail.
Des fois, elle est non rémunérée, mais, à tout le moins, elle permet à toute
personne qui passe à travers ce programme-là
de pouvoir vivre une première expérience dans son domaine professionnel, dans
son domaine d'expérience en question.
J'ai
ici avec moi quelques chiffres, O.K., au sujet du programme Interconnexion à
Montréal. On mentionne que ce
programme-là existe depuis l'an 2010, si je ne me trompe pas. C'est près de
6 000 personnes immigrantes qui ont réussi à tisser des liens avec près de
1 100 entreprises, dans le but de les aider à trouver justement un
stage, une formation d'appoint ou
même un emploi dans leur domaine d'expertise. Et l'objectif de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, c'est de pouvoir accompagner
annuellement plus de 1 000 personnes immigrantes.
Donc,
je salue le travail du ministre parce que, le 17 novembre dernier,
lorsqu'il est passé à Laval, lorsqu'il est venu dans le cadre de sa tournée, il a entendu à Laval les mêmes choses qu'il
a entendues, j'imagine, partout ailleurs au Québec. Et l'une des choses qu'il a entendues, j'ai
moi-même participé à sa rencontre avec... à la rencontre qu'il a faite avec
les entrepreneurs et les membres de la
chambre de commerce, ça a été justement de comment faciliter ce mariage, ce
rapprochement, comment construire ces ponts
entre, justement, ce groupe de gens d'affaires, d'employeurs qui
nécessitent... et qui ont besoin d'accès ou
de soutien afin de trouver la main-d'oeuvre qualifiée. Et, d'autre part, suite
à sa visite et à sa rencontre avec
des candidats qui participent et qui sont accompagnés à travers les services de
l'organisme Perspective Carrière, il
a aussi entendu, à ce moment-là, le besoin et la nécessité, l'intérêt,
l'enthousiasme de ces personnes immigrantes de vouloir s'intégrer, économiquement parlant, mais de façon générale
aussi, au Québec, en français, parce que tous les services sont fournis
en français.
Et donc je dois dire
que j'ai accompagné la chambre de commerce, au cours des dernières années, à
faire leur démarchage auprès du
gouvernement, mais j'invite peut-être le ministre à dire pourquoi il a retenu
cette idée. Pourquoi cette idée-là
s'est retrouvée dans le dernier budget? Et est-ce qu'il pense que c'est une
idée, un modèle, une formule qui peut faire des petits?
• (20 h 40) •
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : M. le ministre, je vous invite à
faire rapidement parce qu'il vous a laissé très peu de temps pour
répondre à sa question. Il vous reste 1 min 30 s.
M. Heurtel :
Oui, pouvez-vous m'en prendre moins que ça? Combien de temps il me reste, M. le
Président?
Le Président
(M. Matte, Portneuf) : Il vous reste 1 min 30 s.
M. Heurtel :
1 min 30 s pour dire que, premièrement, n'eût été du travail du
député et du travail de la Chambre de commerce
et d'industrie de Laval, on n'en serait pas là. Alors, il y a 4 millions
dans le budget sur les cinq prochaines années pour que la Chambre de commerce et d'industrie de Laval mette en place
son propre projet Interconnexion. Mais il faut souligner le travail très important du député, son travail sur le terrain,
qui... puis il a travaillé avec moi et notre équipe pour réussir à
convaincre le ministre des Finances à aller de l'avant.
La raison pour laquelle on fait ça, c'est que ça
marche. Comme je l'ai dit plus tôt, depuis 2011, là, 5 000 personnes
issues de l'immigration ont rencontré
1 000 entreprises. Ça fonctionne puis c'est une solution qui vient du
terrain. C'est une solution qui est
adaptée. Alors là, avec Laval, on veut faire la même chose. Tu sais, c'est du
réseautage, c'est des stages, c'est
du mentorat, c'est des visites en entreprise, c'est des entrevues, tu sais,
c'est très structuré puis ça va permettre à Laval, qui a son propre écosystème, qui a ses propres
besoins en entreprise, qui a plusieurs personnes issues de l'immigration...
Alors, la chambre
de commerce et d'industrie va s'inspirer du modèle de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain mais va l'adapter à
la réalité lavalloise et va pouvoir justement travailler avec les organismes
communautaires présents
sur le terrain et les entreprises sur le terrain et adapter... Mais la raison
pour laquelle ça fonctionne, c'est que c'est des solutions qui viennent de la base, qui viennent des entreprises, qui
viennent des organismes eux-mêmes et sont adaptées à la réalité du terrain. C'est pour ça que ça
fonctionne puis c'est pour ça qu'on veut continuer à l'encourager. Puis, si
Laval fonctionne bien, on pourra peut-être regarder le développement
d'Interconnexion à une échelle encore plus grande.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie, M. le
ministre. Vous avez compris que je vous ai laissé aller, et vous avez
dépassé le temps, mais on va le retirer, là, sur le prochain bloc. Ça va?
M. Heurtel : Ah! Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Maintenant, j'invite la députée de Montarville pour les prochaines
23 minutes. À vous, Mme la députée. J'ai passé proche de faire un lapsus.
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Ma collègue en a parlé tout à l'heure, la
francisation, les cours de français,
le fait que le nombre de personnes inscrites a diminué de façon importante,
10 % au cours de la dernière année. Mais, au-delà de la francisation, parce que je ne veux pas vous faire
répéter, puisque vous avez fait le tour avec ma collègue, il y a un
aspect de la francisation qui nous inquiète grandement, et c'est le taux
d'abandon des cours de francisation.
Les gens
s'inscrivent, les gens commencent et les gens abandonnent. Nous avons obtenu, à
la Coalition avenir Québec, des
chiffres intéressants. On a fait des demandes d'accès à l'information pour
avoir ces chiffres-là, avant les crédits, sur le nombre d'abandons pour les personnes immigrantes dans les cours à
temps complet. Alors, je vais juste parler des cours à temps complet,
mais vous avez tout ça dans vos cahiers.
Donc, les
abandons pour les personnes inscrites à temps complet. Les chiffres démontrent
que, l'année dernière, en 2017, le
taux d'abandon a atteint le seuil de 20 %. C'est le même seuil qu'il y
avait dans les années libérales sous Jean Charest. Donc, ça n'a pas beaucoup changé. Si on regarde les
années 2014‑2015, nombre de personnes qui ont participé aux cours à temps complet, 10 789, nombre d'abandons du cours, 1 888, donc
un taux d'abandon de 17,5 %. En
2015‑2016, 10 936 personnes
inscrites, 1 851 abandons, pour un taux d'abandon de 16,9 %. Et
l'année qui nous concerne, 2016‑2017, il y avait 11 548 participants, nombre d'abandons, 2 321, ce
qui nous donne un taux d'abandon de 20,1 %. Alors, je vous disais
que c'est un taux inquiétant, une augmentation inquiétante.
Donc, malgré
toutes les annonces et les budgets prévus en francisation par le gouvernement
libéral depuis 2014, soit à l'époque
de l'arrivée au pouvoir du premier ministre actuel, le taux d'abandon pour les
cours à temps complet a augmenté de 2,6 % si on compare 2014 à
aujourd'hui. Je rappelle que le gouvernement libéral a injecté au minimum 73 millions en dépenses en 2016‑2017 pour ses
programmes de francisation. Donc, il y a eu beaucoup d'argent d'investi,
73,7 millions, mais le taux d'abandon a augmenté. Il s'élève à 20,1 %
pour l'année 2016‑2017.
Je vous
rappellerai aussi que la Vérificatrice générale, l'automne dernier, vraiment,
elle n'est pas allée avec le dos de
la cuillère. Elle a été directe et cinglante, elle a dit : «Le ministère
n'a pas l'assurance que les ressources consacrées aux services individuels [...] offerts par
l'intermédiaire du programme Réussir l'intégration sont utilisées de façon
efficace, économique et efficiente.»
Alors, on en
a parlé, de ça, la semaine dernière. J'ai eu le plaisir d'échanger avec votre
sous-ministre, M. Matte, que je salue, et M. Matte nous a dit
la semaine dernière que — c'était
mercredi dernier — en
francisation nous élaborons présentement un
processus de suivi des élèves pour prévenir les abandons. Alors, on parle de ce
taux d'abandon de 20 % pour 2016‑2017.
Alors, j'aimerais avoir plus de précisions. Qu'allez-vous faire exactement pour
prévenir les abandons? Comment allez-vous vous y prendre?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre, c'est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Quand même souligner d'entrée de jeu, là, que, de 2006
à 2016, l'utilisation du français au
travail, pour les personnes immigrées, est passée de 65,1 % à 73,3 %.
Donc, il y a eu un progrès au cours de
ces 10 années là, mais il faut faire mieux. Puis, c'est sûr, un taux
d'abandon... Nous, on préfère l'expression «le taux de persévérance».
Mais l'idée, c'est d'améliorer la situation. Alors, comment?
Alors là,
avec le nouveau budget, on veut financer... Là, on a mis 200 000 $
pour financer des projets novateurs pour inciter les clientèles peu
jointes à suivre des cours de français à temps partiel. Donc, c'est de
travailler avec les organismes spécialisés,
encore une fois, une solution terrain. Alors, il y a de l'argent pour
développer des projets pilotes novateurs qui pourront, on l'espère,
faire école et les rejoindre.
Il y a
également la même raison que j'ai donnée tout à l'heure à la députée de
Marie-Victorin. L'explication, là, au
niveau du taux de persévérance, c'est aussi le fait que les personnes vont
travailler. Le fait est que le taux de chômage chez les personnes issues de l'immigration est en baisse parce qu'on a
une économie qui roule à très fort régime. Ce n'est pas parfait encore. On a encore un taux de chômage
qu'on trouve trop élevé, mais il est en baisse. Donc, ça veut dire qu'il
y a plus de personnes issues de l'immigration qui travaillent.
En plus des
cours du MIDI, des services gouvernementaux de francisation sont offerts par le
réseau des commissions scolaires et
par les différents partenaires en milieu de travail. De nombreux services en
formation linguistique sont également offerts par le réseau collégial et
universitaire, par les écoles de langue privées et par les professeurs
particuliers.
Bon, alors,
ce qu'on essaie de voir, c'est... Avec le déploiement des sommes qu'on a
annoncées, là, le 40 millions en
francisation additionnel dans le budget, le 10 millions qui va aller
également à la francisation en entreprise, plus les projets pilotes qu'on veut... les projets
innovateurs, là, pour aller rejoindre les clientèles qui sont difficilement
rejointes, justement,
comme les personnes qui ne vont pas au cours puis elles sont dans le marché du
travail, on pense pouvoir faire des efforts vraiment concrets pour aller
les rejoindre puis les ramener vers les cours de français.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Montarville.
• (20 h 50) •
Mme Roy :
Ça, ça fait partie du processus de suivi des élèves. J'imagine que vous vous
êtes donc fixé, pour l'année en
cours, des objectifs, un taux de... vous voulez appeler ça un taux de
persévérance, donc, en d'autres mots,
diminuer le taux de décrochage. Est-ce que vous vous êtes fixé un objectif?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
Une voix : Bien, ça fait
partie des... En développant le système de relance, on va se fixer un objectif...
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, c'est justement dans le travail, là, les... Dans la
réponse aux recommandations de la
Vérificatrice générale que le sous-ministre Matte a donné à la députée de
Montarville la semaine dernière, justement, un des livrables, c'est de
fixer des objectifs concrets. Ils sont en voie d'être fixés.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Donc, c'est une cible, là. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy : Merci. Donc,
on ne l'a pas toujours, mais ça s'en vient, cette cible-là, incessamment, sous
peu.
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, le ministère travaille présentement... Comme c'est un
des engagements, c'est une des
actions, ça fait partie d'une des actions concrètes, cibler, donner des
objectifs clairs pour diminuer la situation, alors il va y avoir des
objectifs clairs qui vont être déterminés par le ministère.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy : Oui, merci.
Donc, c'est un processus de suivi des élèves pour prévenir les abandons. C'est
effectivement des mesures d'amélioration.
Je me
souviens, les années antérieures, entre autres, il y avait une problématique à
l'égard des femmes. Souvent, les nouveaux
arrivants, les personnes qui ne suivaient pas les cours parce que les cours...
Au Québec, les cours de français, malheureusement,
ne sont pas obligatoires. Nous, nous considérons qu'ils devraient l'être parce
qu'on échappe des gens, entre autres
les femmes. Plusieurs femmes vont être confinées, peut-être, à la maison,
n'auront pas nécessairement toute l'information,
on ne leur transmettra pas toute l'information, ce sont des choses qui
arrivent. Ce sont des gens qui étaient venus
témoigner en commission parlementaire qui nous ont expliqué le processus pour
certaines personnes, entre autres, issues de certaines communautés.
Donc, est-ce qu'on va précisément avoir des actions qui vont être axées pour
aller chercher ces femmes-là, pour leur
dire : Vous avez le droit de suivre des cours, vous avez le droit à sortir
de la maison, c'est payé, vous devez apprendre, ça va vous aider à vous
intégrer?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Très bien. M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, on a annoncé une hausse d'allocation pour participer aux cours. Ça,
c'est, entre autres, une mesure qui
vise les femmes parce que c'est ce qu'on a vu justement. Puis j'apprécie que la
députée soulève la question parce
qu'en effet ce qu'on voit, c'est que les femmes ont plus de difficultés à cause
des responsabilités qu'elles encourent, là, de travailler. Souvent, c'est elles qui s'occupent des enfants, notamment.
Donc, ça devient plus difficile, dans un horaire qui est déjà débordé, d'intégrer en plus de ça un cours de
français. Donc, en ayant des allocations, il y a moins un coût
économique, là, il n'y a pas un choix déchirant entre la job et le cours de
français.
Deuxièmement,
je reviens au projet novateur. Là, ce qu'on veut, c'est travailler avec les
organismes. Il y a plusieurs organismes — moi, j'en ai plusieurs
dans mon comté, peut-être que la députée en a dans le sien — qui,
justement, travaillent sur des solutions.
Ils travaillent déjà sur le terrain. Alors, ce qu'on voudrait, c'est peut-être
prendre des choses qui fonctionnent
déjà, un peu comme on fait dans d'autres... Comme je parlais, en pénurie de
main-d'oeuvre, là, c'est la même
chose. S'il y a des projets pilotes qu'on peut financer pour justement aller
s'adapter, avoir... L'idée, c'est d'avoir... Ça peut être des cohortes plus petites, par exemple, puis là, bien, avoir
des horaires mieux adaptés, ça peut être faire plus ça en milieu de
travail. C'est vraiment des exemples.
Ensuite, on a
comme autre action le Programme d'intégration linguistique qui offre des cours
de français selon différentes
formules, donc, comme je disais, temps complet, temps partiel ou en ligne. Le
Programme d'aide financière pour
l'intégration linguistique des immigrants permet aux personnes immigrantes qui
suivent un cours de français de bénéficier d'une aide financière, ce que je disais, notamment une allocation de
frais de garde et de transport. Alors, tout ça... En plus, des cours pour femmes sont offerts à temps
partiel, dans des organismes communautaires, 12 heures par semaine
pendant 11 semaines.
Alors, déjà
il y a des mesures en place. Alors, je m'excuse, là, mais il y a vraiment des
points... Mais on est d'accord qu'on veut trouver des solutions pour
ramener les femmes qui ont du mal vers les cours de français.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy :
Oui. Et je pousserais un petit peu plus loin toujours à l'égard des femmes qui
peuvent être peut-être plus
vulnérables. Les organismes qui étaient venus nous rencontrer durant l'étude du
projet de loi n° 77 nous avaient dit, entre autres : Souvent, dans certaines communautés, les femmes ne
sont pas informées de leurs droits, hein? Puis au Québec c'est important. Nous sommes égaux, femmes et
hommes, égaux, avec les mêmes droits. Et je me demandais si, à l'égard...
Et à l'époque la ministre disait : Il
faut faire quelque chose pour l'information des femmes. Est-ce qu'il y a
quelque chose qui concrètement a été
fait pour que les femmes soient informées? Parce que, souvent, les demandes d'immigration, ça passe par le papa, le
père de famille, mais, si la personne n'a pas l'intention de communiquer l'information à la conjointe, la conjointe
peut demeurer dans l'ignorance. Alors, c'est à cet égard-là qu'on veut savoir s'il y a quelque chose qui a été fait pour s'assurer que ces femmes-là sont rejointes.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci. M. le ministre.
M. Heurtel : Alors, M. le
Président, il y a la... Le ministère finance des organismes communautaires qui
se spécialisent là-dedans, qui offrent la
session Objectif intégration, conçue notamment pour sensibiliser aux valeurs
communes de la société québécoise,
dont l'égalité entre les femmes et les hommes. Donc, il y a un travail qui se
fait de ce côté-là.
L'autre
chose, je parlerais d'un organisme qui s'appelle Femmes-Relais. Je ne sais pas
si la députée connaît cet organisme-là. Femmes-Relais, c'est un
organisme qui travaille notamment dans ce genre de situation là, qui vise spécifiquement la situation des femmes. Dans
Saint-Michel, il y a des organismes qui visent spécifiquement... qui
vont littéralement... Moi, je travaille... je connais ces organismes-là, j'en
ai visité un. La façon que ça fonctionne, pour l'information, c'est qu'au lieu que ce soit le... qu'on s'attende à ce
que c'est le ministère qui le fait, ce qui arrive, justement, c'est une femme de la communauté, qui est
immigrante, qui va littéralement frapper à la porte d'une autre femme et
qui va... justement pour lui parler du fait
qu'il y a un organisme, il y a des ressources, il y a des mesures pour
l'informer. Alors, ce qu'on veut
faire avec les projets novateurs, c'est aller davantage vers ces organismes-là,
financer davantage puis avoir des solutions très concrètes, terrain.
Alors, comme
je vous dis, nous, on a ça dans Saint-Michel, où on a des organismes qui font
du travail remarquable, justement, où
ce sont des femmes qui ont brisé, là... C'est des situations parfois où il y a
un isolement. Et c'est ces femmes-là
ensuite qui se retournent et qui vont vers d'autres femmes parce que, des fois,
on a vu des situations où il y a des femmes qui, quand elles arrivent, ne connaissent pas la langue, ne connaissent
personne, et s'occupent de la famille à la maison, et ne sortent que peut-être une fois dans la journée
pour aller faire des courses puis revenir... puis c'est sa seule
interaction. Alors, la meilleure façon de
briser cet isolement-là, c'est par une femme de la communauté. Alors, c'est le
genre de travail qu'on veut développer davantage avec les organismes
communautaires.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Merci. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy :
Merci pour cette réponse complète. Je vais revenir, en terminant, avec encore
une fois la situation au chemin Roxham parce que, lorsque vous avez fait
la sortie, les quatre ministres ensemble...
Des voix : ...
Mme Roy : Ça va?
M. Heurtel : Oui, oui. Non,
non, c'est parce qu'on parlait d'un sujet, là, on vient de...
Mme Roy :
O.K., oui. Mais, puisque le temps va se terminer, lorsque vous avez fait votre
annonce, vous avez dit que les
fonctionnaires estimaient qu'il pouvait y avoir jusqu'à 400 personnes par
jour qui se présenteront au bout du chemin. 400 personnes par jour, c'est
2 800 personnes par semaine, c'est 12 000 personnes par
mois. On parle de l'été, juin, juillet,
août, c'est 36 000 personnes pour trois mois. Là, on n'a pas compté
mai puis on n'a pas compté septembre, la belle période. Au total, donc, pour trois mois, 36 000 personnes, et
ce sera peut-être cinq mois d'affluence. On l'ignore, mais on peut s'en
douter.
Vous nous
avez dit, à juste titre, que les places sont saturées, notre capacité d'accueil
est saturée. Vous nous parlez de
1 855 places en centre. C'est notre capacité d'accueil. Et ça, on
s'entend là-dessus. Ottawa, vous nous expliquiez tout à l'heure, peut prendre 300 personnes à la
frontière, 300 personnes dont les fonctionnaires fédéraux s'occupent. Tant
qu'ils ne sont pas sortis de là, ils sont
sous leur juridiction. Donc, 1 850 plus 300. Sur les 36 000 places...
36 000 personnes, pardon, qui pourraient rentrer en trois mois, on
enlève le 1 855, on enlève le 300. Donc, Québec et Ottawa, ça fait
beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde, ça fait peut-être 33 850 personnes
sur trois mois.
Et, vous le
savez, vous avez fait le calcul, vous me voyez venir, mais vous avez fait le
calcul et vos gens ont fait le calcul
sur trois mois, plus de 33 000 personnes. Alors, j'imagine que vous
avez été prévoyants. Vous avez fait le calcul. Est-ce que vous avez obtenu d'Ottawa l'assurance qu'il va limiter à 300
le nombre de personnes qu'il va pouvoir garder à la frontière pour ne
pas qu'on revive un scénario semblable à l'été passé?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
• (21 heures) •
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, je comprends
qu'on travaille sur une base d'une hypothèse,
mais, quand même, le 400, moi, ce que
j'ai dit, puis ce qu'on a toujours dit, c'était la pointe. Bon, l'année
dernière, la pointe a été 250. On n'a pas eu 250 personnes tous les jours, il y a
eu des journées où on a eu 250, c'était le maximum. Alors là, on parle de
la même chose, on parle de 400. Ça fait
qu'il va y avoir beaucoup de monde, là, on s'entend là-dessus. Mais j'inviterais
quand même la députée, là... relativisons
quand même, là, on ne dit pas qu'il va y avoir 400 personnes par jour à
partir demain jusqu'en octobre, là.
Alors,
l'autre chose qu'il faut bien comprendre aussi, c'est que notre
1 850 places, ça roule sur une base continuelle, là. Alors, sur une année, le ministère de la Santé
a dit, basé sur les durées de séjour, là, qui peuvent durer... bon, ça
peut durer une journée comme ça peut durer
quelques semaines, mais, bon, ils ont fait des hypothèses — des hypothèses, je dis bien — mais
ça veut dire que, sur un an, à 1 850 places, on pourrait accueillir
entre 18 870 et 40 885 personnes, sur une année, avec 1 850 places. Parce que la personne qui occupe
la place aujourd'hui, elle va partir peut-être, demain ou dans trois jours, alors sa place va être remplacée
avec quelqu'un d'autre, puis quelqu'un d'autre, puis quelqu'un d'autre. Alors, sur une année, il ne faut pas se limiter
puis juste dire 1 850 places, parce que c'est en continu. La même
chose pour le 300 du fédéral. Le 300, c'est en continu.
L'autre
point que j'inviterais la députée de Montarville à considérer, c'est le fait
que, dans les mêmes échanges, là,
avec les fonctionnaires fédéraux, qu'on a eus, qui ont mené à la projection
possible de 400, des pointes de 400 par jour, il y a eu également le fait que nous, on a des informations qui nous
disent qu'il y a eu certaines journées, là, pendant le congé de Pâques, par exemple, où jusqu'à 40 %
des gens nous disaient que leur destination finale n'était pas le
Québec, qu'ils voulaient aller ailleurs au
Canada qu'au Québec. Alors, de votre chiffre ou de n'importe quel chiffre
d'hypothèse, enlevons 40 %, ou
30 %, ou 20 %, il faut... parce qu'en partant il va y avoir un triage
qui va se faire, du gouvernement fédéral, parce qu'ils ont dit qu'ils voulaient le faire, pour les amener ailleurs, là
où on peut les accueillir ailleurs au Canada. Puis aussi le fédéral est d'accord avec l'idée de faire un
triage pour envoyer en région. Alors, si on a tout ça, puis le fait que c'est
au fédéral de prendre ses responsabilités...
Je comprends que la députée veut revenir sur qu'est-ce qui arrive, si ça
dépasse de 300 à Lacolle, mais c'est la responsabilité du fédéral, c'est au
fédéral d'amener les solutions.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie, M. le
ministre. J'invite Mme la députée de Montarville.
Mme
Roy : Merci. Et je
comprends aussi que vous étirez ça sur une année. Mais, dans les faits, c'est
que le gros du flot sera au cours des
cinq prochains mois, hein, on se comprend là-dessus, et les places
restent fixes à 1 850 et 300.
Alors, ma question était : Est-ce que
vous avez obtenu l'assurance qu'on va limiter ça à 300 pour ensuite... C'était
ma question. Parce que vous échangez
avec l'homologue fédéral. Alors, lui avez-vous demandé de garder ça à 300 pour
que, lorsqu'on arrive là, on puisse
répartir équitablement les gens vers les destinations où ils souhaitent aller,
là? C'était ça, ma question.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : M. le ministre.
M. Heurtel :
O.K. Bien, je croyais qu'il y avait quand même des précisions, là, tu sais,
pour l'échange.
Mme Roy :
Oui, oui, tout à fait.
M.
Heurtel : Je veux bien... Je
comprends, là, ce que la députée veut amener, là, mais, quand même,
je croyais qu'il y avait des faits aussi, là, pour compléter la
réflexion...
Mme Roy :
Oui, pas de problème.
M. Heurtel :
...pour comprendre d'où on vient, là, et où on s'en va.
Pour
le 1 850 places, vous
comprenez, ça, c'est contrôlé par le ministère de la Santé du Québec. Moi, je
ne vais pas parler pour les
300 places du fédéral. La députée me demande de parler pour le
gouvernement fédéral, sur ces 300 places. Je ne vais pas, moi,
dire, bien, qu'est-ce qui va arriver aux 300 places du fédéral.
Nous,
ce qu'on a demandé au fédéral, c'est qu'il gère au-delà de nos
1 850 places puis qu'il gère au-delà de nos capacités, pas juste au niveau des places, au
niveau de l'ensemble des ressources, et c'est au fédéral à apporter des
solutions. On a parlé de pistes de solution
comme le triage. Je ne réexpliquerai pas, là, je crois que je l'ai expliqué
quelques fois, là, les deux formes de triage, mais les autres solutions,
quand... Et, si ça déborde, là, s'il y a des journées, justement, où il y a plus de personnes que ce que nos
1 850 places peuvent prendre puis les 300 places qui sont à
Lacolle, gérées par le fédéral, bien, c'est au fédéral à gérer.
Nous,
ce qu'on dit, c'est les amener ailleurs, dans d'autres villes, ailleurs au
Canada, où il y a des ressources, ça, c'est
une solution, mais c'est au fédéral à apporter des solutions. Puis l'assurance
que j'ai du fédéral, c'est qu'ils travaillent sur ces solutions au
moment où on se parle.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Mme la députée de
Montarville, il vous reste deux minutes.
Mme
Roy : Oui. Le beau de la chose, c'est que nous sommes tout à
fait d'accord à l'effet qu'il faille effectivement répartir et mieux répartir ces demandeurs d'asile
à la grandeur du pays. Là-dessus, on s'entend très bien, M. le ministre.
Par
ailleurs, peut-être juste un petit commentaire. Au fil des derniers mois, on a
fait plusieurs demandes d'accès à l'information
pour savoir combien... parce qu'on avait la responsabilité d'accueillir les
gens et puis de veiller à ce qu'ils aient
un toit, qu'ils soient nourris, etc. Bon, a fini par savoir que c'était
146 millions de dollars que nous avons dépensés pour l'année
dernière. Mais on faisait des demandes d'accès à l'information, et on nous a
répondu, au fil des derniers mois : Vous aurez toutes ces réponses-là à
l'étude des crédits.
Je
suis un petit peu déçue de voir ma collègue de la première opposition demander
si on avait la ventilation du 146 millions,
on nous avait répondu, lorsqu'on avait communiqué avec votre ministère, qu'on
aurait tout ça à l'étude des crédits... un petit peu déçue de voir qu'on
ne l'a pas encore. À quel moment peut-on espérer avoir la ventilation du 146 millions?
Et là, bien, le compteur a recommencé au 1er avril, j'imagine. Donc, à
quel moment aurons-nous la ventilation?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, je l'ai expliqué, je vais le
réexpliquer dans une tentative d'être plus clair. Le 146 millions, c'était un estimé que j'ai
rendu public de façon, là... à la même période que la lettre du 21 mars
parce qu'on demandait, bon : Bien, ça veut dire quoi? C'était un
estimé, à ce moment-là. Ce que nous avons dit, dans la lettre du 21 mars, c'est que le gouvernement du Québec
allait réclamer l'ensemble des dépenses pour l'année 2017.
L'année 2017, vous conviendrez avec
moi, elle s'est terminée le 31 mars, donc après la lettre. Alors, le
146 millions, c'était pour donner une
indication, tant à la députée de Montarville, M. le Président, qu'à... bon, aux
médias, au public, de dire : Bon, bien, regardez, le total des estimés avant la fin de l'année fiscale... Alors,
je ne vais pas jouer sur les estimés, je ne vais quand même pas lancer des estimés sur une année fiscale
qui n'était pas terminée. C'était simplement pour donner un ordre de grandeur, le 146 millions. 146 millions,
ce n'était pas au 31 mars. Comme je l'ai dit, c'était un estimé avant le
31 mars.
J'ai dit
également que, justement, ça va être plus que 146. Parce qu'au 31 mars,
bon, là, toutes les factures rentrent. Là,
ce que j'ai... Comme j'ai dit à la députée de Marie-Victorin, le décompte se
fait encore. Vous pouvez ne pas aimer ça, mais, tous les ministères, que ce soit Éducation, Santé et Services
sociaux — les
deux, parce que c'est deux branches de dépenses — le ministère Travail, Emploi, Famille,
Justice, Immigration, il y a une compilation qui se fait sur des
dépenses. Une fois cette compilation faite,
il va y avoir un montant, le vrai, le réel pour 2017. Ce réel-là va être soumis
à Ottawa et va être l'objet du
travail du comité, alors, le comité qui a été annoncé mercredi dernier. Pour
2018, le compteur est reparti à zéro
le 1er avril 2018, et, comme la lettre du 21 mars le disait
clairement, je l'ai cité plus tôt, on a l'intention de réclamer pour
2018 et les années à venir également, mais on n'aura pas de détails avant la
fin de 2018, là, donc 31 mars 2019 et plus tard.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Maintenant, je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé
pour 16 minutes.
• (21 h 10) •
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. Alors, je vais continuer à parler de
mon comté de Bourassa-Sauvé et Montréal-Nord.
Aujourd'hui,
il y a environ 2 000 personnes qui reçoivent des chèques de bien-être
social qui sont des demandeurs d'asile.
Et je parle de 2 000 personnes pour vous indiquer qu'il y a beaucoup
plus que 2 000 personnes demandeurs d'asile qui sont sur le
territoire de Montréal-Nord — et ça, c'est un nombre
impressionnant — sur
11,1 kilomètres carrés.
En septembre
2017, il y avait 492 élèves, primaire, secondaire, qui faisaient partie de
ce groupe de demandeurs d'asile dans
les écoles de la commission scolaire de Pointe-de-l'Île. De ce nombre, 320
habitaient Montréal-Nord. On ajoute ça
aux 2 000. Il y avait tellement de jeunes qu'il n'y avait plus de classes
d'accueil disponibles, à Montréal-Nord, donc les jeunes ont dû être transportés à Rivière-des-Prairies et ailleurs. Il
faut se rappeler que ces jeunes, cette année, vont fréquenter des écoles primaires et secondaires, et, pour
notre commission scolaire, ces 492 élèves
représentent une nouvelle école.
Le Regroupement des intervenants et intervenantes
d'origine haïtienne de Montréal-Nord, le RIIOH, jouit une expertise. C'est une expertise que le regroupement a acquise avec
l'aide que le regroupement a fournie à un nombre important de personnes qui sont venues à Montréal-Nord suite au séisme
en Haïti en 2010. Et à Montréal-Nord, comme l'a dit le cofondateur du RIIOH, Roger Petit-Frère, le logement est peu
cher, il y a tous les commerces nécessaires, il y a des gens qui parlent le créole et le
français et il y a un fort soutien du milieu.
Alors, face à
l'influx de tellement de personnes d'origine haïtienne qui sont arrivées
l'année dernière, le Regroupement des
intervenants et intervenantes d'origine haïtienne de Montréal-Nord
a réuni nombreuses instances pour répondre
à la situation. On y retrouve notamment la SHAPEM, le ROMEL,
le Centre communautaire
multiethnique, le centre d'action
bénévole, le carrefour jeunesse Bourassa-Sauvé, Impulsion-travail, le centre
Jean-Paul Lemay, la Maison Sam X, Entre-parents, Halte-femmes, et
d'autres.
Alors, le
RIIOH, fort de son expertise accumulée depuis 2010, s'est organisé pour aider
les demandeurs d'asile, qui, en
été 2017, comme j'ai dit tout à l'heure, étaient majoritairement d'origine
haïtienne. Et l'organisme Entre-parents a été désigné la porte d'entrée
du regroupement.
Quand j'ai
compris l'importance de la situation à Montréal-Nord, le nombre de personnes
qui venaient s'installer à Montréal-Nord,
j'ai appelé Isabelle Alexandre, d'Entre-parents, et j'ai demandé d'aller la
voir. Quand je suis allée la voir, il
y avait des personnes qui étaient là pour parler de travail et il y avait une
halte-garderie avec des enfants qui venaient du milieu des demandeurs d'asile. Je me suis assise avec les enfants, et il
y avait une petite fille qui ne pouvait pas arrêter de pleurer. J'ai commencé à jouer avec elle, j'ai
pris mon temps. J'ai pu avoir un sourire, mais elle n'a jamais cessé de
pleurer. Cette petite fille avait besoin
d'une aide que je ne pouvais pas lui donner. Isabelle Alexandre m'a raconté
l'histoire de deux frères qui
parlaient une langue que seulement les deux frères, les deux petits enfants,
pouvaient se comprendre entre eux. Ce n'était pas le créole, ce n'était pas
le français, ce n'était pas une langue connue.
J'ai demandé
à Isabelle d'aller chez Boscoville parce que je n'étais jamais allée à un
centre d'accueil. On est allées à Boscoville.
Suite à ça, j'ai rencontré des représentants du CIUSSS, de la commission
scolaire, j'ai parlé avec les autres organismes
communautaires à Montréal-Nord qui aidaient les demandeurs d'asile. Il faut
comprendre, et je crois que vous pouvez déjà l'imaginer, la situation était déjà
fragile sans la venue des demandeurs d'asile. J'ai assisté à une des
rencontres du regroupement, le
10 novembre, et j'ai eu une attaque de panique. Comment moi, qui est une
avocate qui a pratiqué le droit corporatif, je peux répondre à ce besoin
dans mon comté?
Alors,
qu'est-ce que je fais? Je demande de l'aide, je demande de l'aide et... j'ai
sollicité l'aide de mes collègues. Et, en réponse à ma demande d'aide,
le ministre m'a mis en contact avec une personne dans son cabinet qui m'a aidée
à organiser une rencontre à Montréal-Nord
avec plusieurs représentants de différents ministères. Ça nous a pris deux
semaines pour organiser la rencontre, c'est
allé très vite. La rencontre a eu lieu le 17 novembre 2017, et il y avait
des représentants du MIDI, du
ministère de la Famille, du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, du ministère de la Santé et des Services sociaux, il y avait
le CIUSSS, la commission scolaire, il y avait... En tout, on était
50 personnes.
J'avais
demandé aux organismes communautaires de préparer une fiche, et que chacun
allait avoir trois minutes pour se présenter et pour nous dire qu'est-ce
qui n'allait pas, de quoi ils avaient besoin, et après on allait avoir une discussion avec les représentants des ministères.
On l'a fait et on a été écoutés. Et il y a plusieurs sujets... On a même
un compte rendu de la réunion. Et ce que...
dont les gens ont mentionné, où il y avait le besoin, c'est qu'on avait besoin
des choses les plus élémentaires : l'alimentation, le logement. On avait
besoin aussi de services psychosociaux parce qu'il y avait des problèmes que les personnes qui ont traversé à pied faisaient
face, et ils avaient besoin de cette aide. On nous a dit que, dans les
quatre, cinq mois, jusqu'à novembre, il y avait déjà eu 80 naissances dans
notre CIUSSS. Les demandeurs... 80 femmes demandeurs d'asile ont donné
naissance à 80 enfants dans le territoire.
Suite à cette
rencontre, il y a eu des résultats. D'abord, le BINAM a remis
83 090 $ à Impulsion-travail, dans mon comté, qui accompagne les personnes vers leur insertion
socioprofessionnelle en offrant un service de cinq semaines en recherche d'emploi. Sans cette subvention,
Impulsion-travail n'aurait pas pu fournir des services aux demandeurs
d'asile. Le premier groupe de ce nouveau
projet s'est terminé avec succès. Les 10 participants admis ont complété
le service. De ces participants, sept sont déjà en emploi et deux sont
en francisation.
Coup de pouce
jeunesse de Montréal-Nord a reçu 42 051 $ du BINAM pour bonifier leur
projet J'arrive!. Mis sur pied il y a
huit ans, ce projet répond aux besoins d'intégration et d'inclusion des élèves
nouveaux arrivants qui se joignent aux
classes d'accueil des écoles primaires et secondaires de Montréal-Nord. Ces
classes jouent un rôle crucial, car elles représentent des véritables
lieux d'intégration linguistique, scolaire et sociale.
Aussi, il y a
une bonification des sommes qui ont été remises à Entre-parents et centre
multiethnique de Montréal-Nord pour
trouver des logements pour les demandeurs d'asile. Il y a eu une aide supplémentaire
à Halte-femmes pour un service de
francisation. Présentement, nous travaillons sur des projets plus importants.
On travaille ensemble pour trouver des solutions et de l'aide
additionnelle.
Je voulais
raconter cette histoire pour démontrer que, quand il y a des problèmes, si on
travaille ensemble, on peut trouver
des solutions. Tout est loin d'être parfait, mais ensemble, comme on entend
très souvent, ensemble on peut aller beaucoup plus loin.
Je veux
prendre cet instant pour remercier le ministre pour sa réaction immédiate quand
j'ai demandé de l'aide. Il m'a trouvé
un collaborateur hors pair. Peut-être le ministre pourra nous parler d'autres
projets qui touchent les demandeurs d'asile,
dont il a appuyé, et je pense par exemple à la Concertation haïtienne pour les
migrants 2017, qui regroupe entre autres
le Centre NA Rive, centre d'alphabétisation et d'insertion
sociale, Maison d'Haïti et le Bureau
de la communauté haïtienne de Montréal. M. le ministre.
• (21 h 20) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Alors, M.
le ministre, vous disposez de
trois minutes.
M. Heurtel : Trois minutes. Alors, rapidement,
merci, mais évidemment le crédit revient d'abord à la députée de
Bourassa-Sauvé, qui a sonné la cloche. Et c'est une cloche
importante parce que, oui, en effet, les organismes communautaires font un travail énorme. Et j'ai commencé à
travailler, moi-même, comme député,
dans Saint-Michel, avec la concertation des groupes communautaires
haïtiens dès le mois d'août. On a continué le travail, on a organisé des
rencontres avec notamment le premier
ministre, la ministre de l'Éducation, la ministre de l'Immigration de l'époque,
le ministre de la Santé et des
rencontres plus spécifiques, comme on a eu avec la députée de Bourassa-Sauvé et
les organismes, la députée de Bourassa-Sauvé avec la mairesse de
l'arrondissement et son équipe.
Et on réagit
rapidement, parce qu'un des enjeux, c'est le soutien à la recherche de
logements permanents pour les demandeurs
d'asile. Alors, on a augmenté le financement des organismes communautaires qui
aident les demandeurs d'asile dans
leur recherche de logement. On parle, là, de cibles, là... nombre de ménages
aidés sont passés de 377 à 6 100 personnes, là. Alors, on parle d'une augmentation majeure sur
le terrain. Le financement global est passé de 23 374 $, en
2016‑2017, à 554 372 $ en 2017‑2018. On a signé une entente avec le
Regroupement des organismes du Montréal ethnique pour le logement pour bonifier la banque de logements. Et
également on a augmenté le financement additionnel à 11 organismes
en fonction des résultats transmis au
ministère. Et ça, c'est 500 000 $ additionnels qu'on a mis. Les
11 organismes, là, ça comprend
le Bureau de la communauté
haïtienne de Montréal, le Carrefour
d'aide aux nouveaux arrivants, le Carrefour de liaison et d'aide multiethnique, le Carrefour le Moutier, Centre
communautaire multiethnique de Montréal-Nord, Entre-parents, La Maisonnée, La Maison d'Haïti, ROMEL,
dont j'ai parlé tout à l'heure, l'Accueil aux immigrants de l'est, que
la présidente connaît particulièrement, on
en a parlé tout à l'heure, et ALPA, Accueil liaison pour arrivants. Alors, on
continue à appuyer et à supporter les organismes puis à travailler en concertation
avec eux.
Alors, vous
voyez, Mme la Présidente, qu'on avance. On trouve des solutions très concrètes.
On continue le travail, notamment,
avec la concertation des groupes communautaires haïtiens, les arrondissements,
la ville de Montréal pour trouver des
solutions très, très, très concrètes, bonifier le financement des organismes
communautaires pour la recherche de logement, parce que ça, c'est quelque chose de
fondamental. Et on le fait, là, à travers les organismes parce qu'encore
une fois ils ont une connaissance.
Donc aussi,
là, aujourd'hui, j'espère qu'on a vu, là, pendant les crédits, que, oui, le
ministère fait sa part. Il y a plusieurs autres ministères du
gouvernement du Québec qui font leur part, mais le rôle fondamental des
organismes communautaires, le rôle
fondamental aussi des municipalités et arrondissements, MRC... Puis il y a
également le rôle de la députée et
des députés, on l'a vu, là, des exemples concrets, des députés qui sont une
courroie de transmission, qui nous aident à trouver des solutions
concrètes sur le terrain. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle. Alors, Mme la députée de Marie-Victorin, vous avez un bloc de
16 minutes.
Mme Fournier :
Merci, Mme la Présidente. Je suis préoccupée parce que ce soir on est censés
voter des crédits, puis tantôt j'ai
posé des questions sur des demandes que nous avions faites dans le cadre des
cahiers de crédits, je vous avais demandé, là, la ventilation complète
de l'argent qui avait été octroyé dans le cadre de l'entente Québec-Canada, une
ventilation que nous avons eue l'an dernier,
qui était très claire et qui nous a permis de mieux comprendre comment
l'argent était utilisé, et donc de pouvoir,
évidemment, voter en conséquence... Tantôt, j'ai questionné le ministre à
savoir si nous avions cette ventilation pour cette année, parce que
visiblement ça n'a pas été donné dans les cahiers de crédits. Vous m'avez répondu que ça n'avait pas encore été
ventilé et que c'était sur le point de se faire, ce qui est complètement
illogique, parce qu'on sait que le MIDI va utiliser un montant supplémentaire
de 26 millions de dollars tiré de l'augmentation de 112 millions de dollars de l'enveloppe du
gouvernement fédéral pour, donc, l'entente Québec-Canada, donc
nécessairement ça veut dire que le MIDI sait déjà qu'il va utiliser un
26 millions là-dedans.
Alors là, on
se rend compte qu'il y a comme un 86 millions qu'on ne sait pas où il est.
Tout à l'heure, le sous-ministre nous
a donné des chiffres, là, sur un tableau que vous n'avez pas non plus déposé
parce que c'était juste un tableau écrit, mais vous nous avez donné,
encore une fois, exactement les mêmes chiffres que pour 2017‑2018. Mais on a un
112 millions de dollars supplémentaire
puis on a déjà su que le ministère utilisait un 26 millions pour la
francisation et intégration. Alors, ma question, elle est très
simple : Où est le 426 millions?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Heurtel : Je vais demander au
sous-ministre de répondre, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Est-ce que j'ai le consentement pour que le sous-ministre réponde à votre question, Mme la députée? Alors, je vous
demanderai de vous identifier. Et vous pouvez, par la suite, répondre à la
question.
M. Matte
(Bernard J.) : Mme la
Présidente. Bernard Matte, sous-ministre du ministère de l'Immigration, de
la Diversité et de l'Inclusion. Pour ce qui
est des sommes, le gouvernement du Québec reçoit un montant, plus tard
dans l'année, au niveau du montant annoncé
du transfert, ce qu'on appelle la provision. Donc, pour le moment, on fait...
Dans nos crédits, il y a une somme qui est
quand même prévue, qui est la même somme que l'année précédente.
Essentiellement, là, pour ce qui est de la
répartition des sommes pour la provision vers les autres ministères, c'est
exactement les montants que je vous ai cités tout à l'heure qui vont
être distribués pour 2017‑2018, c'est ça.
Mme
Fournier : Mais comment ça peut être... Là, c'est pour 2017‑2018, mais
là on est en train de voter pour les crédits de 2018‑2019. Et quels
seront les montants, à ce moment-là, qui seront transférés dans les autres
ministères?
M. Matte (Bernard J.) : C'est ça,
c'est le même montant qui va être reporté.
Mme Fournier : Les mêmes montants?
M. Matte (Bernard J.) : Le même
montant.
Mme
Fournier : Mais cette année, pourtant, on a 112 millions
supplémentaire qui nous vient du fédéral. Alors, nous, ce qu'on demandait, c'est que ces 112 millions restent dans
la mission du MIDI, qu'ils restent pour la francisation et
l'intégration, mais ce qu'on avait appris, c'est qu'il y avait seulement
26 millions du 112 millions supplémentaire qui allait rester, là, dans la mission du MIDI, et que
le reste allait être reporté dans d'autres ministères. Nous, c'est ce
qu'on souhaite avoir, la ventilation. Ce
n'est pas logique de penser qu'il va y avoir le même montant que l'année passée
alors qu'on a une augmentation de 112 millions.
M. Matte (Bernard J.) : C'est que,
M. le Président...
Le Président (M. Matte, Portneuf) : ...
M. Matte (Bernard J.) : Oui. M. le Président, O.K., il faut distinguer la
provision de la dépense. La provision, c'est
le montant qui va être distribué au ministère. Ensuite de ça, au moment de la
dépense, il y aura justification de ces sommes-là et, en général, l'ensemble des ministères justifient davantage
de dépenses que les montants de la provision. Alors, c'est pour les fins de reddition de
comptes, strictement au fédéral, que ces sommes-là sont allouées, c'est
l'indication, dire : Bien, par exemple,
le ministère de l'Emploi, Solidarité, il a 75 millions, ça fait cinq ans
que c'est 75 millions, mais la dépense réelle surpasse le niveau de
dépenses octroyé lors de la provision. Donc, c'est une mécanique.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Merci. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Je comprends la mécanique, ce n'est pas le sens de mon
propos. C'est qu'on a 112 millions supplémentaires cette année. Où
sont-ils?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Monsieur.
M. Matte (Bernard
J.) : M. le Président, dans la répartition, ces montants-là, c'est une
provision. Cette provision-là, au moment où
les dépenses... que chacun des ministères va faire état de ses dépenses, elle
va être transférée au fédéral,
l'information va être donnée au gouvernement fédéral, et on va justifier à la
hauteur du montant de la provision complète. Et en général, même, les
ministères dépassent ce montant-là.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : M. le Président, est-ce que le ministère peut s'engager,
dès qu'il a les chiffres, là, exacts, le tableau officiel pour 2018‑2019,
à le déposer à la commission dans les plus brefs délais?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Oui, bien, M. le Président, si vous permettez, moi, ce que
je vois, là, puis ça, c'est... Bien, je ne sais pas si ça a été donné,
cette information-là, lors du passage du ministère à la CAP, mais juste dire...
En 2014‑2015, il y a eu 340,6 millions qui a été reçu de l'Accord
Canada-Québec, puis ce qu'on a dépensé, c'est 344,2 millions. En 2015‑2016, 345 millions reçus. Sur ce
montant-là, là, sur ce qui a été dépensé, on a dépensé, nous,
371,3 millions, donc plus que ce qu'on a reçu. Encore une fois, en
2016‑2017, 378,2 millions contre 456,4 millions.
Le
point, M. le Président, c'est exactement pour illustrer, c'est-à-dire, qu'on
fait une provision au départ, puis, à la fin de chaque année, on dépense
plus que ce qu'on a reçu du fédéral. Puis c'est ce qu'on prévoit faire encore.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
• (21 h 30) •
Mme
Fournier : M. le Président,
ce n'était pas ça, ma question. Je veux avoir la réponse à laquelle... On a
posé la question au ministère : Quelles sont les sommes transférées aux
autres ministères aux fins de l'intégration et de la francisation des personnes immigrantes dans le ministère de l'Éducation,
le ministère du Travail, le ministère de la Santé, comme on avait eu l'année dernière? L'année
dernière, vous nous les avez données, pour 2017‑2018. Cette année, on
vous demande pour 2018‑2019, puis vous nous
redonnez celles de 2017‑2018. Le seul point que je veux, c'est que le
ministère s'engage à les déposer dans un
délai très rapide. Et est-ce que vous pouvez nous dire le délai dans lequel
vous allez les déposer?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Donc, votre question, là, c'était de savoir est-ce
que l'information est disponible présentement?
Mme Fournier :
Puisqu'elle était disponible l'année dernière.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : O.K. M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le Président, M. le Président, on ne veut pas répéter la réponse que le
sous-ministre a donnée. C'est les
mêmes chiffres. Là, au début de l'année, on donne des chiffres, puis ça, c'est
la projection. C'est ce qui a été dit,
à la fin de l'année les ministères dépensent plus, normalement, là, on le voit.
Alors, vu qu'on a plus d'argent, bien, on va dépenser cet argent-là puis peut-être même aller au-delà de ça. Mais les
projections de départ sont les mêmes, c'est ce que le sous-ministre a
dit. On ne peut pas ajouter plus que ça.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
C'est beau. Je veux juste avoir un engagement de votre part, quand le tableau
sera officiel, à le déposer.
M. Heurtel :
Nous avons déjà pris cet engagement-là, M. le Président.
Mme Fournier :
Parfait.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Ça va?
Mme Fournier : Oui.
Le Président (M. Matte,
Portneuf) : Donc, il vous reste huit minutes, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Fournier : Parfait. Alors,
j'ai une question qui sera très brève. Je me demandais si vous disposiez de la
donnée concernant le nombre d'immigrants qui parlent français au point
d'entrée, donc le nombre d'immigrants sélectionnés, là, par le Québec qui
arrivent ici et qui parlent déjà un français fonctionnel.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Je vous remercie, Mme la
députée de Marie-Victorin. Je vais inviter le ministre à prendre... Vous
avez une deuxième question? C'est beau, allez-y.
Mme Fournier : ...pendant que
la recherche...
M. Heurtel :
M. le Président, c'est parce que je ne veux pas perdre le fil, là. Est-ce que
la députée peut reprendre sa question exactement, je veux juste... s'il
vous plaît?
Mme Fournier :
Oui, tout à fait. Est-ce qu'on peut avoir le chiffre du nombre d'immigrants qui
parlent un français fonctionnel au point d'arrivée au Québec?
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Attendez, on va patienter. Sinon, on
pourra suspendre, poser une deuxième question. Souhaitez-vous qu'on
suspende? On ne peut pas?
M. Heurtel :
Mais est-ce que c'est par catégories? C'est parce qu'il y a plusieurs
catégories, là. Alors, je veux juste bien répondre, là. Parce que la
députée sait très bien qu'il y a plusieurs catégories d'immigration, alors...
Mme Fournier : Immigration
économique.
M. Heurtel : Immigration
économique.
Mme Fournier : Oui.
(Consultation)
M. Heurtel :
Alors, la connaissance du français, ce qu'on a comme chiffres pour
l'année 2017, c'est 42 % pour l'ensemble des catégories
d'immigration et 61,5 % des travailleurs qualifiés adultes.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Ça va? Merci. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Merci beaucoup
pour la réponse. Merci.
Maintenant,
on sait que, lors du rapport de la VG, il a été question des organismes en
francisation. Il y avait certains problèmes
qui avaient été relevés. Les organismes mettaient à l'avant-plan, là, qu'ils
n'étaient pas indexés en fonction du nombre réel d'étudiants en
francisation qu'ils recevaient. Est-ce qu'il y a quelque chose qui a été fait à
ce niveau-là pour corriger la situation?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
M. Heurtel : La réponse est
oui, mais on est en train de trouver la réponse exacte.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le sous-ministre, vous voulez prendre la parole?
M. Matte
(Bernard J.) : Oui, pour
apporter des précisions. Le rapport qui a été déposé à la Vérificatrice,
vous avez l'ensemble, dans ce rapport-là,
l'ensemble des mesures qui vont être prises, donc les mesures qui traitent
exactement de la question de l'indexation à cet égard-là.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Est-ce que ça vous convient, Mme la députée de Marie-Victorin, les informations
du sous-ministre?
Mme Fournier : Oui, oui, tout à
fait.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Ça va?
Mme Fournier :
Tout à fait, merci beaucoup. J'ai une question, maintenant, en ce qui concerne
les infirmières françaises que nous
recevons ici, au Québec, en fait, de façon générale, là, sur le processus
d'intégration des diplômés hors Québec,
mais notamment particulièrement dans ce dossier-là parce qu'on sait que c'est
quand même un dossier important, d'autant
plus qu'on a besoin d'un grand nombre d'infirmières au Québec. On l'a vu dans
l'actualité ces derniers temps. Puis évidemment
il y a des gens qui travaillent au sein de nos hôpitaux, qui travaillent à
l'ordre des infirmiers et des
infirmières du Québec,
qui se questionnent beaucoup, par exemple, quant au fait qu'on sélectionne des
infirmiers, des infirmières pour venir
travailler ici, donc à l'étranger, mais qui n'ont pas nécessairement une
connaissance du français avant d'arriver. Ils ont quatre ans pour se mettre au fait du processus, mais on sait très
bien que, pour travailler dans un hôpital, pour travailler auprès des patients québécois, ils doivent avoir
un niveau de connaissance du français qui est minimal. Alors, pourquoi
ce n'est pas une condition au point d'entrée? Pourquoi on n'exige pas la
connaissance du français dès le départ?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le sous-ministre pourrait répondre à la question.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : M. le sous-ministre, c'est à vous.
M. Matte
(Bernard J.) : M. le Président, c'est un fait que, quand il
y a eu une période où on a augmenté
la valeur de la qualification des
professionnels, là, au niveau des diplômes, un petit peu, je dirais, au
détriment, là, toutes proportions gardées,
de la connaissance du français dans le pointage, ça a donné lieu, effectivement, à une arrivée plus importante de gens qui répondaient aux besoins du marché du travail en termes de
qualifications, mais, dans le cas de certains métiers, dont celui
d'infirmière puis, je pense, en général les métiers qui sont liés à des
services aux personnes, il a fallu rééquilibrer,
parce qu'effectivement on avait des
infirmières qualifiées, mais qui n'étaient pas en mesure de donner des soins en français. On a constaté ça avec le réseau
de la santé. Et on a perdu effectivement beaucoup de personnel infirmier
vers l'Ontario. Et là ce qu'on a fait, c'est qu'on a rééquilibré de façon
importante l'importance de la connaissance du français dans la grille de
sélection pour ce type de métier là.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : C'est bien. Je vous remercie. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Donc, maintenant, est-ce que la condition du français est exigée au point
d'entrée?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : M. le sous-ministre, à vous.
M. Matte
(Bernard J.) : Oui. M. le Président, l'importance des points donnés à
la grille pour la connaissance du français
est maintenant revenue, ce qui fait en sorte qu'au niveau de la sélection on va
choisir des gens davantage, dans ces métiers-là,
qui vont connaître le français, c'est sûr que ce n'est pas 100 %, là, mais
principalement c'est des gens qui vont connaître le français.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Merci. Concernant l'accès aux ordres professionnels, on sait que c'est une
question vraiment d'importance, toute la question de la reconnaissance
des diplômes. De ce qu'on a pu constater, il y a trois ententes, maintenant, qui sont en vigueur cette année,
contrairement à cinq l'année dernière. Alors, est-ce que vous pouvez
nous dire quels ordres professionnels n'ont plus d'entente avec vous et
pourquoi?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : C'est bien, je vous remercie. Je cède la parole à...
M. Heurtel :
J'aurais une question. Quand on dit «entente», là, est-ce qu'on réfère aux
projets pilotes? Parce que moi, j'ai
beaucoup plus de projets et d'ententes que trois ou cinq, là. Alors, je veux
juste être clair, là, parce que j'ai fait une liste, tout à l'heure, je ne
sais plus à qui je répondais, là... ah! c'était au député de Mercier, où j'ai
fait une liste de beaucoup plus que
trois, cinq ententes. Je veux juste comprendre, parce qu'on a convenu
d'ententes, de projets spécifiques avec plusieurs ordres professionnels. Est-ce qu'elle veut dire la même chose
quand elle parle d'ententes? Je veux juste être sûr que je trouve la
bonne réponse.
Mme Fournier :
Je ne parlais pas des projets pilotes, vraiment des ententes.
M. Heurtel :
Mais quel genre d'ententes? Honnêtement, là, je veux comprendre. Vous cherchez
quel type d'ententes? Vous faites référence à quelles ententes exactement?
Mme Fournier :
On va vous revenir avec les ententes particulières. Dans le fond, je vais
reporter mon temps sur le reste, puis on va vous trouver la donnée
exacte.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Mais il vous reste encore du temps, là. Êtes-vous
en mesure... Non? Vous le reportez?
• (21 h 40) •
Mme Fournier :
Oui, je vais le reporter à la fin pour revenir là-dessus.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Je vous remercie. Elle
reporte le temps sur son prochain bloc. Ça va?
Maintenant, je cède la parole au député de
Maskinongé. C'est à vous pour 16 minutes.
M. Plante :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, permettez-moi
tout d'abord de saluer mes collègues.
Comme je n'ai pas le don d'ubiquité, j'arrive avec vous. On n'a pas le droit de
dire l'absence de d'autres députés, mais, la mienne, je peux même la
souligner. On l'a déjà fait sur Twitter il y a quelques instants.
Alors,
malheureusement, je n'étais pas avec vous en début de soirée, mais je tenais à
participer à l'étude de ces crédits du ministère de l'Immigration et de
l'Inclusion pour une grande importance, parce que vous savez que, depuis octobre dernier, j'ai le privilège et la chance
d'être l'adjoint parlementaire du premier ministre pour les régions.
Donc, quand on parle de régions, on parle de
développement régional, mais on parle aussi d'occupation du territoire un peu
partout au Québec. Que ce soit dans le Nord, dans le Sud, dans l'Est ou dans
l'Ouest, les régions changent, les régions sont en mouvance, et c'est pour moi
une très grande importance de venir participer à cette partie d'étude de
crédits.
Alors, saluer mes collègues du gouvernement, les
collègues du deuxième groupe d'opposition, la collègue de l'opposition officielle et, bien sûr, le ministre
et toute son équipe. Merci beaucoup de m'accueillir comme ça, comme un cheveu sur la soupe, comme on dirait par chez
nous. Mais, pour vous dire, ça me fait bien plaisir de venir vous
discuter et vous parler, moi aussi,
d'immigration et du besoin essentiel que vivent présentement nos régions pour
leur développement.
Et, je vous
dirai, M. le Président, j'ai le privilège de faire quelques régions, ces
temps-ci, et de me promener, et un seul
et unique sujet revient, ce n'est pas
compliqué, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, la pénurie de main-d'oeuvre qui devient une
entrave claire, nette au développement
économique de nos régions. Et je vais
vous conter un fait vécu. J'ai écouté
ma collègue, tantôt, de Bourassa-Sauvé vous parler de sa circonscription avec coeur et
passion et comment elle vivait et
comment elle était au quotidien
confrontée à des problématiques. Moi, je vais vous en parler d'une qui est
celle des citoyens de la MRC de
Maskinongé, celle de Maskinongé, où présentement, je vous dirais, depuis 2014,
l'économie bat son plein. On crée des
emplois, M. le Président, et le parc industriel régional n'a presque plus de
terrains à vendre, là, je le dis pour
les intéressés, je me fais agent d'immeuble, ce soir, en disant :
Dépêchez-vous parce que les terrains vont manquer. Et, quand on est arrivés, en 2014, je vous dirais, il
y avait deux usines dans le parc, et maintenant les terrains sont tous
vendus, et la construction va bien.
Je vous dirais, M. le Président, j'étais
justement, il y a à peu près deux mois, en train de faire une annonce à Saint-Paulin dans une entreprise de tissus, une
très, très belle entreprise où ils font de la literie d'hôtel, et tout ça, et
on parlait de problèmes de main-d'oeuvre, de
particularités. Et je discutais avec un journaliste de la télévision, qui me
disait : Bien, écoutez, M. le député,
vous parlez de main-d'oeuvre, vous parlez de pénurie, vous parlez d'emplois,
mais là, écoutez, il ne faudrait pas
exagérer. Et je dis au journaliste : Bien, bien honnêtement... Je
dis : Bien, écoutez, M. le journaliste, vous avez juste à aller voir à 4 heures, cet
après-midi, il y aura un changement de «shift», et, je peux même le dire, c'est
chez Aliments Prémont, à
Sainte-Angèle-de-Prémont, il y aura un autobus qui va arriver pour deux choses,
M. le Président, un autobus qui va
arriver pour porter... chercher des gens qui finissent leur quart de travail,
mais qui va arriver plein de gens de
Montréal pour venir travailler chez nous, dans un endroit qui est quand même un
endroit de transformation alimentaire, donc,
et ça, ça se vit au quotidien. Ça se vit aussi chez Abattoir Trahan,
Olymel, maintenant, qui a plusieurs autobus, tous les matins, qui partent de Montréal, je vous
dirais, qui partent dans le coin du comté de M. le ministre et qui viennent
chez nous, à tous les jours, travailler,
donc qui partent aux petites heures du matin pour venir travailler dans notre
circonscription pour gagner leur vie. Et ils le font avec fierté puis avec
détermination, pour nourrir leurs familles.
Alors, je me
suis penché et j'ai questionné, moi, les gens chez nous puis j'ai dit :
Bien, écoutez, avons-nous fait le tour
des gens? Avons-nous regardé s'il y avait encore de la main-d'oeuvre
disponible? Avons-nous... Et la réponse, c'est : Bien, M. le député, on a regardé partout. On a
regardé et embauché toutes les personnes qu'on pouvait embaucher dans la
circonscription et dans la région, à proximité. Et là, présentement, les
entrepreneurs me disent... bien, chez nous, ils ne disent pas «M. le député», c'est parce que, là, je suis obligé de
dire ça, mais chez nous ils disent : Marc, ça n'a pas de bon sens, ça n'a pas de bon sens parce que moi,
j'ai des projets de développement, j'ai des projets qui me tiennent à
coeur et je veux les faire, mais mon problème...
Ce n'est pas une aide gouvernementale pour agrandir que je veux, c'est du
monde pour travailler dans mon usine que je veux, aujourd'hui et demain.
Pourquoi? Parce que ça va maintenir la pérennité, la compétitivité de ces
entreprises-là.
Moi, M. le
Président, comme vous le savez, je suis né, j'ai vécu et je vais sûrement
terminer mes jours dans ma circonscription, j'y crois formellement et
fortement. Et je vais vous dire que c'est quelque chose qui me préoccupe
beaucoup, qui me préoccupe beaucoup, parce que, si on veut travailler sur
l'occupation du territoire, sur la vitalité de nos régions... Vous aussi, je suis sûr, M. le Président, dans Portneuf,
dans le secteur plus rural de Portneuf, on veut maintenir nos écoles en vie, on veut garder des services de
proximité puis on veut ensemble porter nos voix fortes, haut et fort
pour dire, bien, que, les services de
proximité auxquels on a travaillé, on veut les garder. Bien, pour les garder,
ça prend des gens, M. le Président.
On ne maintient pas une école pour deux élèves puis on ne maintient pas un
hôpital pour 10 personnes, on
les maintient parce qu'il y a des gens puis des services à octroyer. Et, vous
savez, de notre côté, on est formellement convaincus... Et je pense qu'on s'est tous présentés pour le bien
commun, parce qu'on croyait, ensemble, au bien commun et aux services de l'État québécois pouvait rendre
à la population du Québec. Alors, M. le Président, quand nous y croyons
comme nous y croyons, fortement, aux services que l'État peut rendre aux
citoyens et au bien commun, nous devons travailler
ensemble à garder nos régions fortes, fières, empreintes de vitalité, mettre
des jeunes dans nos écoles, mettre des gens dans nos écoles.
Alors, M. le
Président, moi, pour vous dire que, chez nous, je suis fier d'avoir un
organisme qui s'appelle le SANA de la
MRC de Maskinongé. Le SANA de la MRC de Maskinongé, c'est le Service d'accueil
des nouveaux arrivants, qui travaille
depuis déjà quelques années à aider aux gens issus de l'immigration, mais pas nécessairement
directement de l'immigration mais même aux gens issus de Montréal qui
viennent vivre en région, à les aider à s'adapter, à les aider à s'adapter aux réalités de la région. Parce que
je dois vous dire que, quand tu arrives à Maskinongé, même si tu es
habitué ou tu es reçu comme Québécois, que
tu es habitué à avoir un transport en commun puis tu attends l'autobus... Moi,
je dois vous
dire, M. le Président, les métros, j'en ai, mais c'est des épiceries, ce n'est
pas du transport en commun, chez nous. J'en
ai deux, mais ce n'est pas la ligne bleue, puis je n'ai pas le REM non plus.
Mais, chère collègue de Jeanne-Mance—Viger, soyez
assurée qu'on développe, nous aussi, un service de transport en commun, mais un
peu différent du vôtre. Et, pour ça, bien,
ça prend des gens pour l'expliquer, pour faire part des besoins, et ça prend
des gens qui sont, oui, sur le terrain, mais qui se réseautent avec les autres organismes, parce que ce n'est
pas simple, M. le Président. Demain matin, on se dira... J'arrive chez vous, puis vous me
dites : Trouve-moi l'épicerie, trouve-moi l'école puis trouve-moi
l'hôpital, je ne suis pas sûr que je vais les trouver dans les meilleurs
délais. Alors, ça prend des gens pour accompagner ces gens-là.
On a une
équipe formidable, celle de Jonner, qui est le directeur général, et Jonner est
un personnage vraiment attachant,
mais surtout très, très travaillant et très, très conscient des besoins de
notre milieu, très conscient de la réalité de la vie en milieu rural et très conscient aussi, étant un nouvel arrivant
lui-même, étant une personne issue de l'immigration, très, très conscient de c'est quoi, quand tu
arrives dans un nouveau milieu puis que tu ne sais pas, que tu es
complètement dans le néant de ce qui se
passe autour de toi. Et cet organisme est présidé par Mme Laurence
Requilé. Alors, Laurence, elle aussi, est issue de l'immigration, est
une personne de nationalité belge qui est chez nous.
Vous dire, M.
le Président, qu'en décembre dernier le ministre est venu tout d'abord faire
une première annonce, une annonce d'un partenariat entre la MRC et le
Service d'accueil des nouveaux arrivants pour mettre en place cette fameuse concertation, parce que c'est important de
se concerter puis de travailler ensemble pour ne pas multiplier les
efforts puis pour ne pas non plus décupler
les actions qui pourraient être faites, quand on peut travailler tous dans le
même sens, parce que nous, là,
ensemble, on y croit beaucoup, et ensemble, parfois, c'est un peu plus long,
mais ça va beaucoup plus loin, c'est beaucoup plus solide que quand tu
travailles seul à toute vitesse.
Vous dire, M.
le Président, ce qu'il est important de continuer, c'est qu'on continue à
travailler. Et j'aimerais citer... On a même nommé un ambassadeur, chez
nous, qui est M. Gopall. M. Gopall s'est installé et travaille
présentement chez Lucyporc, et son épouse travaille chez Chemise Empire à
Louiseville. Leur petite fille est une élève de l'école Yamachiche—Saint-Léon en
troisième année, et leur petit garçon est totalement adorable, M. le Président.
Il nous empêche peut-être parfois de
faire des réunions, parce qu'il déplace un peu d'air, mais il est totalement
adorable! Et on les a nommés comme
famille ambassadrice, justement, de ces jumelages-là. Alors, lui, il va, avec
le SANA à Montréal et dans d'autres régions
où les gens issus de l'immigration arrivent pour faire la promotion de vivre en
région, faire la promotion de c'est quoi,
vivre dans Maskinongé puis, outre les emplois, bien, qu'est-ce qu'il y a dans
Maskinongé. Parce que, moi, je vous dirais,
M. le Président, si on va, à vue d'oeil, sur Google Maps puis on regarde
une usine chez nous, pour quelqu'un qui est habitué dans un grand
centre, pour quelqu'un qui vit dans un grand centre, il va trouver que
l'entourage du parc industriel est un peu
entouré de champs et montagnes. C'est très bucolique, par contre, M. le
Président, je vous dirais. Par contre,
quand tu es habitué d'avoir les services à proximité et que tu peux te déplacer
à pied ou en transport collectif pour aller
travailler, tu peux trouver ça un petit peu préoccupant et même perturbant,
d'arriver puis de dire : Bien, voyons donc, mon milieu de travail, mon lieu de travail est entouré de tournesols,
même si c'est très, très beau. Je vous le jure, c'est très, très beau, du sarrasin aussi, M. le
Président, il ne faudrait pas que je l'oublie. Mais vous dire que le Service d'accueil des nouveaux arrivants travaille en concertation avec la MRC de Maskinongé,
la SADC, la Chambre de commerce et de l'industrie
de la MRC de Maskinongé, le carrefour
jeunesse-emploi, travaillent avec
tous ces gens-là pour faire que nos actions portent fruit, parce qu'aujourd'hui...
Et, je vous
dirais, en octobre dernier... J'avais sorti l'article, vous me permettrez,
on est rendu très numérique, mais en octobre dernier le directeur du
développement économique dans Maskinongé faisait une sortie en disant :
«Il y a 160 emplois à combler,
aujourd'hui, et on a un problème. Il faut les combler.» On a fait et j'ai fait
plusieurs annonces dans des
entreprises de chez nous, des annonces d'aide au développement ou à
l'exportation, que ce soit Groupe Bermex, que ce soit Omnifab à Louiseville, Chemise Empire, je l'ai mentionné
tantôt. Les gens me disent : Bien, c'est merveilleux, on veut exporter, on veut développer. Par contre,
notre production est retardée grandement, et on ne peut pas livrer les commandes qui nous sont données si on ne trouve
pas de main-d'oeuvre, de la main-d'oeuvre qualifiée, de la main-d'oeuvre
compétente, mais de la main-d'oeuvre qui vient nous aider surtout à combler,
justement, cette pénurie-là.
• (21 h 50) •
Vous dire que
je suis aussi, M. le Président, très, très fier, parce que j'ai eu
l'opportunité et la chance, le 20 avril dernier, donc il y a quelques jours à peine, de faire une seconde
annonce de deux programmes, justement, pour le même organisme, parce qu'un coup qu'ils se sont
organisés ils doivent continuer et poursuivre leur travail, M. le Président,
afin que ça fonctionne. Et, moi, je vous
dirais, on a des beaux succès, des beaux succès, en région, des beaux succès
chez nous. Je ne peux pas croire que,
sur 125 députés, je suis le seul que ça fonctionne, puis que ça fonctionne
bien. Je suis convaincu que l'ensemble
de mes collègues, dans toutes les régions du Québec, ont d'autres histoires à
succès, et ont des familles issues de
l'immigration, et des gens à qui ils doivent démontrer que l'immigration, c'est
une réussite, c'est une richesse incroyable pour nos régions, mais c'est
surtout essentiel pour la vitalité et la continuité de nos régions.
Et je vous
dis ça, M. le Président, parce que, trop longtemps, on s'est dit et il a été
véhiculé que l'immigration, c'était
bon pour Montréal ou pour les grands centres, et malheureusement, M. le
Président, vous et moi qui sommes des députés
de régions rurales en payons aujourd'hui les fruits, vous et moi, M. le
Président, qui voulons participer à la vitalité économique du Québec,
qui voulons que nos régions perdurent. Et moi, je rêve que mes enfants et mes
petits-enfants habitent dans Maskinongé,
puissent y travailler et s'y établissent pour le restant de leurs jours, parce
que c'est la plus belle région du Québec, à mes yeux, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Après Portneuf.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Plante :
Bien oui. Vous avez un parti pris, je crois. Mais pour vous dire, M. le
Président, que, cette fierté-là, je l'ai,
mais cette fierté-là, aujourd'hui, si je veux continuer à la garder, j'ai
besoin, et c'est un peu un cri du coeur que je lance au ministre et à son équipe... j'ai besoin qu'on favorise
l'immigration en région, la régionalisation de l'immigration chez nous. Et, pour le temps qu'il reste,
j'aimerais que le ministre nous entretienne sur sa vision de l'immigration en
région, ce que j'appellerais, moi, la
régionalisation de l'immigration pour le bien économique, M. le Président, de
notre province.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie, M. le député de
Maskinongé. Je cède la parole au ministre. Il vous reste trois minutes.
M. Heurtel : Trois minutes? Merci, M. le Président. Écoutez,
la vision que nous avons en matière de régionalisation de l'immigration, qui est un terme que nous
utilisons également, en plus du député de Maskinongé, nous sommes
plusieurs à utiliser l'expression, c'est
pour faire face, justement, à la pénurie de main-d'oeuvre. Écoutez, notre
vision, elle vient d'où? Elle vient
des députés sur le terrain, elle vient des entreprises en région, elle vient
des municipalités, des MRC, des organismes
communautaires comme le SANA, comme la MRC de Maskinongé, que j'ai visitée,
d'ailleurs, avec le député de
Maskinongé. Je suis allé à Louiseville, avant Noël, dans le cadre de ma tournée
régionale. J'ai dit dans mes remarques introductives,
M. le Président, que j'avais fait une tournée dans une dizaine de régions à
travers le Québec, avant Noël, pour échanger
avec les intervenants sur le terrain. Et un des programmes qu'on a développés,
c'est le programme, là, des hubs d'intégration,
c'est-à-dire, pour faire face... Puis j'en ai parlé lorsque vous étiez de
l'autre côté de la table, M. le Président, l'idée, c'était de véritablement trouver des solutions qui émanent des
acteurs sur le terrain, dans les régions. En Mauricie, par exemple, je suis allé à Shawinigan, je suis
allé à Trois-Rivières, je suis allé à Louiseville : des réalités
semblables en termes de... du fait qu'on vit des pénuries de
main-d'oeuvre, mais des solutions différentes provenant d'organismes différents
sur le terrain.
Alors, grâce
au député de Maskinongé... Vous l'avez vue, la passion qu'il a pour son comté,
pour ses concitoyennes et ses
concitoyens. Ces entreprises-là, elles font face à un défi réel de
main-d'oeuvre, et donc le SANA, que j'ai rencontré... J'ai passé un après-midi avec ces femmes et ces
hommes-là. Ils font un travail remarquable, ils sont impliqués, ils
livrent des résultats; la même chose pour la
MRC de Maskinongé, un travail vraiment très concret. Et là ce qu'on a fait,
avec cette nouvelle approche de
régionalisation de l'immigration, c'est de dire : Bon, bien, proposez-nous
des projets concrets. Au lieu, encore
une fois, que ça vienne de nous, que ça vienne du ministère et qu'on a des
programmes mur à mur, on a choisi, on a fait le pari de dire : Non,
non, non, dites-nous ce qui marche le mieux.
Ce qu'on dit,
par exemple : Unissez-vous, ne travaillez pas en silo. Puis je ne dis pas
ça de façon péjorative. C'est que
tout le monde fait tellement son travail, est tellement impliqué que des fois
la concertation ne se fait pas facilement. Alors là, ce qu'on a décidé
de faire, c'est vraiment d'encourager la concertation.
On a financé
50 projets dans les régions du Québec, déjà, là, totalisant
5 millions de dollars, dont le projet de SANA avec la MRC de Maskinongé, pour, justement,
répondre concrètement aux besoins de main-d'oeuvre sur le terrain.
Alors, c'est une illustration, là, concrète
de cette nouvelle approche que le gouvernement a pour répondre à la pénurie de
main-d'oeuvre, et démontre clairement que
l'immigration est une des solutions à apporter à cet enjeu de pénurie de main-d'oeuvre
pour permettre la poursuite de la croissance économique remarquable du Québec,
là, au cours des dernières années.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Très bien, je vous remercie, M.
le ministre. Maintenant, pour le dernier bloc,
j'inviterais la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Parfait. Merci,
M. le Président, pour le...
Des voix : ...
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Pardon?
Mme Fournier : C'est à moi tout
de suite? Ce n'est pas...
M. Heurtel : ...son dernier
six minutes?
Des voix : ...
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Non, il est écoulé.
Mme Fournier : O.K., c'est bon.
C'accord.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Donc, je suis... La représentante, là, de l'opposition officielle...
Mme Fournier : Parfait. Je
pensais que c'était la CAQ. Tu as déjà utilisé tout...
Le Président (M. Matte, Portneuf) : ...c'est
votre dernier bloc, puis il vous reste 18 minutes.
Mme Fournier : Parfait. Je
pensais que c'était la CAQ... Tu as déjà utilisé tout?
Une voix :
...
Mme Fournier : O.K., parfait.
C'est bon. Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Mais est-ce qu'on vous a expliqué que...
Mme Fournier : C'est bon. C'est
bon, parfait.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Le deuxième bloc de l'opposition, ils ont eu des blocs plus longs, mais ils
en ont moins.
Mme Fournier : Parfait. Je comprends.
Pas de problème. C'est ça, je n'avais pas suivi ça. Bon, parfait.
Alors, pour
revenir à la question que je vous avais posée, là, on a discuté avec les gens
du ministère, on parlait bel et bien du programme
d'accès aux ordres professionnels.
M. Heurtel : O.K., parfait. Alors, M. le Président, avec votre
permission, le sous-ministre Matte répondrait à la question, avec consentement.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Si ça va, à vous... M. le sous-ministre.
M. Matte (Bernard J.) : Merci, M.
le Président. Effectivement, là, on cherchait un petit peu desquels il était question. Alors, peut-être faire revenir un petit peu en arrière, parce que c'est là-dessus qu'il y avait eu un peu la
confusion.
Ce programme-là existe depuis 2002, ce qui fait que, depuis 2002, il y a eu une
trentaine d'ententes qui ont été signées
avec des ordres professionnels. Cette année, on a ajouté à ces ententes-là ou
bonifié des ententes déjà
existantes, pour les ententes avec l'Ordre
des architectes du Québec, avec l'Ordre des comptables professionnels
agréés du Québec, avec l'Ordre des
ingénieurs du Québec, avec l'Ordre des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, avec l'Ordre des
technologues en imagerie médicale, en radio-oncologie, en électrophysiologie
médicale du Québec ainsi que deux projets qui ne sont pas avec des
ordres professionnels, mais qui vont avoir une importance, un, avec le Conseil interprofessionnel du Québec, et
l'autre, c'est le projet Qualification Montréal pour devenir Qualification Québec. Mais il y a une trentaine d'ententes qui sont toujours
en vigueur, là, on n'a pas mis fin à des ententes. Ce qu'on a présenté,
c'est les cinq nouvelles, suite aux travaux de la ministre de l'époque.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
C'est bon. Je vous remercie. Maintenant, je cède la parole à la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Merci. Également, sur la question, donc, de l'immigration, toujours, évidemment, au mois de décembre, il y a eu une étude, là, dans Le Devoir qui a paru, en
fait, un reportage qui nous montrait qu'il y avait beaucoup d'immigrants
francophones qui peinent à se trouver du travail parce qu'ils ne parlent pas anglais,
donc des gens qui arrivent ici, au
Québec, qui parlent français, qui sont sélectionnés notamment parce qu'ils
parlent français, mais qui se retrouvent sur le marché du travail et qui finalement n'ont pas accès à des emplois
parce qu'ils n'ont pas parlé... ils ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. Et il y a même des
statistiques, donc, du MIDI qui nous disaient, au printemps 2016, que le
taux de chômage des immigrants francophones
était de 40 % supérieur à celui des nouveaux arrivants anglophones. C'est
une situation qui est évidemment extrêmement préoccupante.
Et c'est
pourquoi notamment ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a déposé un projet de
loi cet automne, donc, qui contient
de multiples mesures, là, pour favoriser l'intégration en emploi des personnes
immigrantes. On a notamment, là, changé quelques dispositions. En fait,
on a proposé des changements à la Charte de la langue française et pour interdire à l'employeur d'exiger, pour l'accès à
un emploi ou à un poste, une connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d'une langue autre que la langue
officielle, en l'occurrence le français, dans le cas du Québec, là, sauf
exception.
Alors, est-ce que vous êtes d'accord, oui ou
non, avec ça?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Ça va? Je vous remercie. M. le ministre, on vous pose la...
M. Heurtel : Excusez-moi, mais
juste d'accord avec quoi, exactement, là? Elle me demande, la députée me
demande si je suis d'accord avec quoi, précisément?
• (22 heures) •
Mme Fournier :
Considérant le taux de chômage qui est beaucoup plus élevé chez les immigrants
francophones par rapport aux nouveaux
arrivants anglophones, est-ce que vous seriez d'accord pour, par exemple, faire
des modifications à la Charte de la
langue française qui interdiraient aux employeurs d'exiger une connaissance de
la langue autre que la langue officielle, sauf dans les cas où c'est
réellement prouvé que la connaissance de la langue autre, en l'occurrence
l'anglais, dans ces cas-ci, est nécessaire?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. M. le ministre.
M. Heurtel : Je vais référer la
députée à la ministre responsable de la Charte de la langue française.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Mme la députée de...
Mme Fournier :
Parfait. Parce que
c'était la députée d'Hochelaga-Maisonneuve qui a déposé le projet de loi n° 998 à
l'automne dernier pour vraiment faciliter l'accès aux personnes immigrantes sur
le marché du travail. Ce projet
de loi contient, évidemment, comme le ministre le sait, on en a parlé
très souvent, de multiples mesures, une vingtaine de propositions, qui visent
aussi à faire en sorte, donc, évidemment, de favoriser l'intégration en emploi.
On
a notamment évoqué la question des C.V. anonymes,
que le ministre, à ce
moment-là, a complètement rejetée du revers de la main, mais ce que nous avons
trouvé, c'est que l'approche du C.V. anonyme a permis aux personnes
ayant un nom jugé discriminant d'avoir 32 % plus de chances d'être convoquées en
entrevue et 36 % plus de chances d'être embauchées, en France,
lorsque ça a été voté. Mais il y a le gouvernement fédéral également qui l'a
fait.
Alors,
nous, ce qu'on propose, c'est de mettre en place des projets pilotes, étant
donné qu'il y a eu des bons résultats ailleurs.
Alors, pourquoi est-ce que le ministre a rejeté cette option du revers de la
main alors que ça pourrait être appliqué chez nous et favoriser la place
des personnes immigrantes sur le marché du travail?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. M. le ministre.
M.
Heurtel : Nous, ce qu'on favorise, puis ce qu'on a dans le budget est
assez clair, M. le Président, on a une série
de mesures — puis, je
veux dire, on ne va pas toutes les lire, là — pour s'assurer, justement, que tant dans la
fonction publique que dans l'ensemble du marché du travail il y ait une plus
grande place qui soit faite puis que, justement, on jumelle, puis on en a
parlé beaucoup, on jumelle les immigrants et les immigrantes aux emplois.
Moi, ma perception,
c'est que les entreprises à travers le Québec recherchent des travailleurs,
acceptent des travailleurs issus de
l'immigration. Puis le budget est rempli de mesures, justement, puis on en a
parlé, pour favoriser le maillage et la régionalisation de l'immigration
pour répondre aux besoins de la pénurie de main-d'oeuvre.
Sur les C.V.
anonymes, là, je n'ai pas de document devant moi, mais il y a des articles
français qui disent que ça a nui — alors c'est loin d'être unanime, là, sur les
C.V. anonymes — qu'en
réalité ça a un effet négatif sur l'emploi des personnes issues de l'immigration et que ça n'apporte pas les résultats
escomptés. Donc, c'est très mitigé. Ce n'est pas la panacée que prétend
le Parti québécois. Alors, devant ces résultats très mitigés...
Puis
la France... Elle semble citer... J'apprécierais qu'elle dépose les documents
français auxquels elle fait référence, parce
que, moi, puis je vais les trouver, là, il y avait des documents français qui
disaient le contraire aussi. Alors, déjà au minimum il n'y a pas 100 % de consensus en France sur l'efficacité
du C.V. anonyme. L'Ontario le fait, on va voir ce que ça donne, mais,
pour nous, ce n'est pas là la solution.
La
solution, c'est ce que nous faisons avec toutes les mesures dont on a parlé ce
soir, puis là je comprends pour le temps,
la députée ne voudra pas que je fasse la liste, mais, ce qu'il y a dans le
budget, là, l'ensemble des mesures sur la régionalisation de l'immigration, les mesures de francisation
additionnelles, le travail avec les entreprises, les organismes communautaires, les MRC et municipalités, on est
véritablement en train de mettre de l'avant une façon de donner plus
d'emploi à nos personnes issues de l'immigration et répondre à la pénurie de
main-d'oeuvre.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Maintenant, j'invite la députée
de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : M. le Président, je dirais quand même que ça ne coûterait
rien d'essayer, étant donné qu'il y a
vraiment des experts qui montrent que ça a eu des effets bénéfiques à
l'extérieur. Mais, bon, c'est le choix du ministre. Nous, pour nous,
c'est clair que c'est des projets pilotes que nous mettrions en place une fois
au gouvernement.
Il
y a une autre question également sur laquelle le gouvernement pourrait avoir un
pouvoir d'action très clair, très direct,
c'est au niveau du secteur public, donc la représentation des Québécois issus
des minorités dans le secteur public. Je sais que c'est un sujet qui préoccupe beaucoup plusieurs, aussi, de nos
collègues. J'ai eu l'occasion de faire un panel avec le député de
Laval-des-Rapides, il y a quelques semaines, qui se disait... Il l'a dit
lui-même tout à l'heure, là, un peu candidement, mais il était déçu du bilan
actuel quant à la place de la diversité dans le secteur public québécois.
Il y a le journaliste
Thomas Gervais, de Radio-Canada, qui, au mois de janvier, nous faisait un bon
état de la situation et qui revient à la
charge périodiquement, mais qui nous donnait les nouveaux chiffres issus du
résultat, là, de son enquête et qui
nous confirmait, par exemple, qu'à la Société des alcools du Québec on ne
compte que 2 % de représentants des
minorités visibles parmi les employés, à Hydro-Québec c'est seulement 4 %
et, dans les ministères provinciaux, on a 7 %. D'ailleurs, je note que, parmi votre équipe ici, au ministère,
donc, de l'Immigration et de la Diversité, il y a une belle représentation diversifiée des Québécois de toutes
origines. Mais visiblement, quand on regarde le 7 %, là, ce n'est
vraiment pas à la hauteur des 13 % des
Québécois qui font partie des minorités visibles. Alors, le gouvernement
devrait avoir comme mandat de donner l'exemple. Ces chiffres-là sont
vraiment déplorables.
Qu'est-ce
qui a été fait dans les dernières années? Pourquoi le gouvernement refuse
d'agir directement pour donner plus de place aux Québécois de toutes
origines dans notre secteur public et ainsi représenter beaucoup plus la réelle
proportion des Québécois issus des différentes minorités?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Je vous remercie. M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, je réfère la députée au budget, ça aurait été intéressant qu'elle le
lise : «Afin de favoriser l'intégration
en emploi des nouveaux arrivants et des minorités visibles et leur permettre
d'acquérir une première expérience de
travail au Québec, le plan économique du Québec de mars 2018 prévoit
14 millions de dollars pour la mise en oeuvre d'un nouveau
programme d'intégration dans la fonction publique.
«Les personnes admissibles
seront notamment celles qui : ont obtenu le statut de résident permanent
depuis moins de cinq ans; font partie de
minorités visibles ou ethniques; répondent aux conditions d'admissibilité de la
classe d'emploi visée; ont moins d'un an
d'expérience de travail dans leur domaine d'expertise au Canada; possèdent une
connaissance du français suffisante pour répondre aux exigences de l'emploi.
«La mesure d'intégration en emploi permettra
l'acquisition d'une expérience de travail considérable pour les participants, pour une période d'un an, dans un
emploi pour lequel ils possèdent les qualifications. Ceux-ci
bénéficieront d'un accompagnement tout au long de l'emploi afin de leur
permettre de développer leurs compétences.
«Au terme de
l'emploi, la mesure permettra la participation à un processus de qualification
réservé, qui peut mener à un emploi permanent ou occasionnel dans la
fonction publique.»
Alors, loin
de refuser, M. le Président, on a des mesures concrètes dans le budget. Puis,
pour ce qui est du reste de la fonction publique et de la SAQ, je réfère
la députée au président du Conseil du trésor parce que c'est lui qui est
responsable de l'embauche dans l'ensemble du gouvernement, puis la SAQ relève
du ministre des Finances.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Oui. Le ministre nous fait une nomenclature de tout ce qui a été fait, mais
pourtant on fait le bilan des
15 dernières années libérales, puis il y a 2 %, 4 %, 7 %,
puis c'est vraiment en deçà des cibles. Est-ce que vous seriez d'accord, comme ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve l'a proposé via son projet de loi, pour élargir la loi
sur l'accès en emploi dans les organismes publics à l'ensemble des organismes
publics? Oui ou non?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
M. le ministre.
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, dans les 15 dernières années, il y a eu 18 ou
19 mois de gouvernement du Parti
québécois, et j'attends encore de voir la myriade d'actions que ce gouvernement
a mises en place pour répondre aux questionnements
de la députée. Je ne les ai pas vues. Moi, je peux parler des... je suis ici
pour parler principalement des crédits 2018‑2019.
Puis, pour répondre spécifiquement, là, je viens de lire une mesure précise,
concrète avec de l'argent pour justement répondre à ça. Alors, on est
engagés avec des mesures concrètes.
La députée de
Marie-Victorin peut-elle me donner la liste des mesures qui ont été prises dans
le cadre des 19 mois du gouvernement du Parti québécois pour
répondre à cet enjeu qui est maintenant si crucial pour le Parti québécois?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
Écoutez, M. le Président, là, on parle de 15 années libérales. Nous, dans
la dernière année, là, seulement dans l'opposition, on a déposé un
projet de loi qui contient 20 mesures très concrètes que le gouvernement pourrait adopter. On lui a tendu la main pour
l'adopter très rapidement, en toute collégialité, et de pouvoir avoir des
mesures extrêmement concrètes pour améliorer
la représentation des personnes de toutes origines dans nos sociétés d'État
mais également sur le marché de l'emploi, de façon, donc, à améliorer, donc, la
lutte contre le racisme et la discrimination.
Mais, si on
retourne aux propositions justement très concrètes qui sont contenues dans
notre projet de loi, on a également
la place de la diversité sur les conseils d'administration des sociétés d'État.
Et, selon nos sources, il y a moins de 1 % sur les C.A., là, des
sociétés d'État qui sont des gens issus de la diversité. Nous, ce qu'on
demande, c'est une personne sur six, donc 1/6. Est-ce que, oui ou non, vous
êtes d'accord avec ça?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Très bien. M. le ministre.
M. Heurtel : Alors, M. le
Président, on finance déjà un projet avec le Regroupement des jeunes chambres
de commerce du Québec pour aller vers une plus grande représentation de la
diversité dans les conseils d'administration de
l'État, de un. De deux, si ce projet de loi là était si fondamental, pourquoi
n'a-t-il pas été présenté alors que le Parti québécois était au pouvoir?
Puis, quand
on lit le projet de loi, là-dedans, là, il y a des mesures concrètes telles que
former des comités et faire des états
généraux. C'est ça, je l'ai lu, le projet de loi. Des mesures concrètes, pour nous, ce n'est pas faire des comités.
Nous, des mesures concrètes, c'est 14 millions pour augmenter la diversité
dans la fonction publique, tel que le dit le budget, M. le Président.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier :
M. le Président, je lui en nomme une panoplie, des actions concrètes, des
mesures concrètes qui sont contenues
dans notre projet de loi pour la diversité au sein des conseils d'administration. Écoutez, c'est quand
même assez simple à faire. On l'a fait dans le cas des femmes, ça fonctionne.
M. Heurtel : ...je vais
répondre à la question. Il y a un projet financé par le MIDI avec le Regroupement
des jeunes chambres de commerce pour exactement
cet objectif-là, favoriser la diversité dans les conseils d'administration.
Mme Fournier : Mais il n'y a
pas de... M. le Président, il n'y a pas de loi...
• (22 h 10) •
Le Président (M. Matte, Portneuf) : Veuillez vous adresser à la présidence, s'il vous plaît. Mme la députée de Marie-Victorin,
le temps est alloué à vous.
Mme Fournier : Oui, tout
à fait. Donc, M. le Président, il n'existe pas de loi qui oblige une certaine présence de la diversité sur les conseils d'administration comme c'est le cas pour les femmes ou comme c'est
le cas pour les jeunes, par exemple.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Votre question est posée?
Mme Fournier :
Oui.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le Président, on a un projet concret. Pourquoi une loi? On est en train de
le faire avec le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec.
Alors,
l'approche est différente. La députée préfère un projet de loi. Nous, on
préfère du concret maintenant, qui est en oeuvre maintenant.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : C'est bien. Je vous remercie. Mme la
députée de Marie-Victorin, il vous reste très peu de temps.
Mme Fournier :
Oui, merci. Combien de temps?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Deux minutes.
Mme Fournier :
Deux minutes. Alors, allons-y sur la condition de première expérience
canadienne de travail. Il y a une
autre mesure extrêmement concrète qui est contenue dans notre projet de loi,
puis c'est d'interdire, comme en Ontario,
donc, cette première expérience canadienne de travail, parce qu'on sait qu'il y
a de nombreux employeurs qui l'exigent.
Et ça, ça empêche de nombreuses personnes immigrantes de pouvoir avoir accès à
un emploi. Alors, est-ce que vous avez évalué cette possibilité? Est-ce
que c'est quelque chose que vous envisagez à court terme?
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : C'est bien. Merci. M. le ministre.
M. Heurtel :
Je ne comprends pas exactement de quoi on parle puis de l'impact, là, par
rapport à ce qu'on fait présentement ici, au Québec.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : O.K. Pouvez-vous préciser?
M. Heurtel :
Je voudrais juste une précision, là, parce que je ne comprends pas la question.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Pouvez-vous préciser, Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Tout à fait. Oui, oui. Bien, c'est très simple, il y a plusieurs employeurs qui
exigent aux personnes qui leur
soumettent une candidature d'avoir une première expérience de travail
canadienne, donc d'avoir déjà travaillé au Canada. Nous, ce qu'on souhaite, c'est évidemment interdire cette
pratique-là, qui est totalement discriminatoire à l'égard des personnes qui viennent d'arriver au Québec.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ça? Est-ce que vous l'avez évalué?
M. Heurtel :
Alors, ce que je peux répondre, c'est que l'immigration économique est
contrôlée par le Québec en vertu de
l'accord Canada-Québec, puis le programme PRIIME sert spécifiquement à financer
la première expérience au Québec.
Alors, quand il y a quelqu'un qui arrive en immigration économique, c'est pour
venir travailler au Québec. Alors, je
ne vois pas le lien, là. Alors, le programme PRIIME fonctionne très bien et
intègre justement la personne en faisant un maillage à l'emploi. Alors,
je ne vois pas, là, la distinction, là, qu'essaie de faire la députée, là, ici.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : Merci. Il vous reste 30 secondes.
Mme
Fournier : Tout à fait, M. le Président. Simplement préciser, il y a
plein d'immigrants qui sont sélectionnés par le Québec au niveau
économique qui arrivent ici et qui ne peuvent pas travailler, qui reçoivent,
par exemple, du chômage parce qu'ils sont
incapables de se trouver un emploi notamment en raison de conditions comme
celles-là, qui permettent... en fait, qui n'empêchent pas, du moins, là,
d'interdire, comme c'est fait en Ontario, que les employeurs puissent exiger
une première expérience de travail canadienne.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : ...conclure votre question. C'est
beau? Le temps étant écoulé... Maintenant, pour le dernier bloc...
Une voix : ...
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : On me demande... Est-ce que, M. le
ministre, vous souhaitez...
Des voix :
...
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Mais c'est le temps, là, que ça va...
je n'ai aucun problème. M. le ministre, est-ce que vous souhaitez...
Des voix :
...
M.
Heurtel : Ah! O.K. Bon, bien, c'est parce que le programme PRIIME...
Je réfère la députée au programme PRIIME.
Le programme PRIIME sert spécifiquement à répondre à cette situation-là parce
que notre immigration, elle vient pour
travailler, nécessairement, pour sa première expérience. Le programme PRIIME
vise justement à s'assurer que les personnes
qui arrivent ont cette première expérience. Alors, le programme PRIIME sert
spécifiquement à ça, à répondre à ça.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie. Bon, maintenant, on
continue sur le temps qui est alloué au gouvernement. Le député de
Maskinongé, je vous dis qu'il vous reste environ 11 minutes.
M.
Plante : Bien, merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, ça adonne
bien, écoutez, j'arrive à point en vous disant que je vais vous parler d'une vision
d'inclusion, de diversité et de richesse des gens un petit peu partout dans les régions du Québec mais dans les entreprises du Québec,
de l'essentialité des gens issus de la diversité pour venir, justement,
contribuer à l'activité économique du Québec, M. le Président.
Vous
dire... Et le ministre a un petit peu effleuré le sujet en répondant à ma
collègue de l'opposition officielle, en parlant des projets du Regroupement des jeunes chambres de commerce du
Québec. Donc, juste rappeler que le regroupement des jeunes chambres du Québec... — il est 10 heures, hein, M. le
Président, vous comprenez — le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec est un regroupement essentiel, et j'ai
été, par le passé, directeur général d'une chambre de commerce, moi aussi, et il regroupe toutes les
jeunes chambres de commerce, mais non seulement les chambres de commerce des différentes régions, mais aussi des
jeunes chambres de commerce ayant des organisations culturelles, dont la
Jeune Chambre de commerce camerounaise du Canada, la Jeune Chambre de commerce
italienne du Canada, l'Aile jeunesse de la
chambre de commerce de la communauté iranienne du Québec, la Jeune Chambre de
commerce haïtienne, le Réseau des
entrepreneurs et professionnels africains, l'Aile jeunesse du Congrès maghrébin
du Québec, l'Association des jeunes professionnels chinois, l'Aile
jeunesse de la Chambre de commerce juive, l'Aile jeunesse de la Chambre de
commerce latino-américaine, la Chambre de commerce roumaine du Québec.
Alors,
vous voyez, M. le Président, que le réseau des jeunes chambres de commerce a
une large expertise, mais surtout regroupe, au sein de ses membres, des
gens issus de la diversité qui contribuent, au quotidien, à la richesse économique du Québec et au développement du
Québec, soit par leurs entreprises, mais aussi par leurs actions au
quotidien. On parlait... et j'écoutais ma
collègue de Marie-Victorin, je crois, nous parler d'intégration et d'emploi.
Écoutez, le ministre parlait
justement d'actions concrètes, d'actions concrètes sur le fait qu'on travaille
présentement déjà des projets pour régler
des situations et... diverses situations, dont le projet qui a été mis sur pied
par le Regroupement des jeunes chambres de commerce.
J'ai
deux questions. Donc, ma première question, bien simple, va demander au
ministre de nous parler un peu plus du
projet du Regroupement des jeunes chambres de commerce, qui a été financé par
son ministère. Donc, on me dit que c'est un montant d'à peu près
400 000 $. Mais j'aimerais l'entendre un petit peu plus sur ce
projet-là.
Le Président (M.
Matte, Portneuf) : On va lui laisser l'occasion de répondre. À vous,
M. le ministre.
• (22 h 20) •
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Projet très intéressant, puis je
suis très fier de voir le MIDI s'impliquer dans ce projet du Regroupement des jeunes chambres de
commerce du Québec, qui vise... là encore, on parle de maillage, mais, cette fois-ci, c'est le maillage d'entrepreneurs
issus de l'immigration et de faire ce maillage-là avec des entreprises
en région qui font face à des défis très importants.
Alors, la question de
la croissance économique... Puis vous le savez, M. le Président, un des grands
enjeux de plusieurs entreprises dans la
région, c'est ce qu'on appelle le repreneuriat, c'est-à-dire qu'on a des
entreprises souvent familiales ou, en
tout cas, une entreprise qui a été montée par une ou quelques personnes, et là
on arrive à un point où soit l'entreprise a besoin d'une injection de
capitaux importante pour passer à la prochaine étape de sa croissance ou, tout simplement, les personnes désirent prendre leur
retraite, les générations prochaines ne sont pas intéressées à
poursuivre le travail nécessairement, alors
on a besoin d'un repreneur, d'une repreneure pour l'entreprise. Alors, dans ce
contexte-là, le Regroupement des
jeunes chambres de commerce du Québec s'est allié au Mouvement Desjardins parce
que... Puis le Mouvement Desjardins,
pour en avoir parlé avec son président, M. Guy Cormier, il dit que ça, là,
l'avenir de nos entreprises en région, c'est un des plus gros défis de
croissance des régions et, par conséquent, un grand défi pour le Mouvement Desjardins même, parce qu'une grande partie de la
clientèle du Mouvement Desjardins dans les régions du Québec, bien, ce sont nos PME et les personnes qui ont un emploi
grâce à ces PME là. Alors, pour maintenir la vitalité, la vigueur de ces
PME, le Mouvement Desjardins s'est allié au
Regroupement des jeunes chambres de commerce. Le MIDI a mis
400 000 $ également dans ce
projet-là. Le Mouvement Desjardins, je crois, aussi a mis la même somme, là,
mais je ne suis pas sûr. Et la marraine du projet, c'est
Mme Danièle Henkel.
Or, ce que le
regroupement fait, c'est que... littéralement, c'est une caravane
d'entrepreneurs issus de l'immigration, et ils vont passer une journée,
en général... Alors, ils sont allés, par exemple, à Rivière-du-Loup, à
Saint-Jérôme, à Sherbrooke,
pour ne donner que ces exemples, et ils vont passer la journée, et c'est
littéralement des ateliers de travail, des
rencontres, pour que ces entrepreneurs rencontrent des entreprises de la
région. Alors, par exemple, moi, je suis allé et j'ai participé à
certaines de ces activités-là à Saint-Jérôme. Je suis allé assister à ça.
Alors, il y avait eu une journée complète
d'échange où les entreprises présentent leur situation. Les entrepreneurs issus
de l'immigration, qui proviennent généralement de Montréal, entendent
cela, et là il y a littéralement, là, un maillage très concret qui se fait.
Moi, là,
quand je suis allé à Saint-Jérôme, un soir, il y avait un événement, donc, de
clôture de la journée de la Chambre
de commerce et d'industrie de Saint-Jérôme, qui avait fait un événement...
c'était un événement dit record. La chambre
de commerce avait dit que c'était un record. Il y avait 125 entreprises de
Saint-Jérôme et de la région, là, qui avaient
participé à la journée et participaient au souper, à la fin. Et chaque table...
à chaque table, c'est-à-dire, c'est une table de huit ou 10, bien, il y avait un ou deux entrepreneurs issus de
l'immigration qui venaient principalement de Montréal. Et donc c'était
le clou de la journée d'échange... poursuivre les échanges.
Alors, le
Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec fait ça, là, dans
plusieurs villes à travers le Québec,
refait l'exercice, et c'est vraiment quelque chose de très intéressant. On est
pas mal certains que ça va mener à des projets.
J'ai moi-même parlé à certains de ces entrepreneurs qui sont intéressés à
peut-être développer des partenariats avec des entreprises en région. Et donc on suit ça de très près pour voir
quels seront les résultats concrets de cette expérience-là et de voir
s'il y a lieu d'accompagner pour des phases subséquentes.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Je vous remercie. M. le député de Maskinongé, il vous reste environ trois à
quatre minutes.
M.
Plante : Oh mon Dieu! M. le Président, vous me coupez du temps à vue
d'oeil. Mais, M. le Président, pour vous
dire que j'ai écouté M. le ministre, la réponse du ministre, et j'irais dans la
même veine en continuant avec un autre projet
qui a été financé par le ministère, soit un projet de la Fédération des
chambres de commerce du Québec, un projet qui vise, M. le Président, un peu comme je vous parlais tantôt, de
l'accompagnement en région, de l'importance d'accompagner les gens à
s'installer, à s'établir.
On sait que
la Fédération des chambres de commerce a présenté un projet, est en
collaboration avec le ministère, justement,
un projet qui vise l'accompagnement mais d'entrepreneurs. Et on sait tous que,
peu importe qu'on soit issu de la diversité ou non, les entreprises, sur
deux ans, il y en a une sur deux qui ferme, au bout de deux ans, parce que soit
la difficulté d'être entrepreneur... Donc,
comment donner un accompagnement clé en main, dans le fond, à ces entrepreneurs issus de la diversité mais aussi les
aider à se créer un réseau et s'intégrer comme il faut, à 100 %, dans
le réseau d'affaires autour?
Et le ministre a eu l'occasion de faire, en
février, une annonce importante avec la Fédération des chambres de commerce, une annonce sur cinq ans, je crois, d'un
investissement de 15 millions, importante, justement, pour
permettre aux entreprises, aux gens entrepreneurs issus de la diversité de
démarrer en affaires mais aussi de maintenir leurs entreprises et de créer un
réseau. Et j'aimerais, sur la fin de cette période de crédits, qu'il nous parle
un petit peu, en quelques minutes, de ce projet.
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous cède la parole, M. le
ministre. Je vous informe que vous pouvez répondre à la question, mais vous devez prendre aussi le temps pour
remercier votre équipe. Il vous reste trois minutes pour faire les deux.
M.
Heurtel : Trois minutes pour faire les deux? Alors, c'est un très beau
projet. Merci, M. le Président. Non, alors 15 millions sur cinq ans, le projet, c'est mon premier emploi en
sol québécois. Alors, c'est l'accompagnement d'immigrants entrepreneurs au cours des deux prochaines années.
On propose l'adhésion pour une année à une chambre de commerce, permettant à un nouvel entrepreneur de présenter
son entreprise, rencontrer des professionnels. Ça, c'est le volet
entrepreneuriat. Il y a également un projet pour accompagner les
travailleurs autonomes, également, à trouver des emplois.
Je pourrais
aller, évidemment, beaucoup plus en détail, mais, vu le temps qu'il me reste,
je veux juste dire qu'on est très contents de ce partenariat avec la
Fédération des chambres de commerce du Québec. Donc, c'est vraiment, des entrepreneurs immigrants, les accompagner et les
intégrer en région. Même chose pour les travailleurs autonomes, maillage
encore. C'est le thème, là, de la soirée et de la journée. C'est comme on fait
avec Québec International, Montréal International, Chambre de commerce et
d'industrie de Laval, Chambre de commerce Montréal métropolitain, les organismes communautaires, les MRC, les
municipalités, c'est financer cette régionalisation de l'immigration pour
faire face à la pénurie de main-d'oeuvre en
finançant des projets concrets avec les personnes sur le terrain qui ont une
expertise.
La Fédération des chambres de commerce du
Québec, bien, c'est un regroupement, là, de gens d'affaires, de chambres de commerce, son nom l'indique. Ils ont
l'expertise sur le terrain, ils ont les besoins sur le terrain et, comme
ça, ils sont les mieux placés pour vraiment répondre aux différents besoins.
Donc, c'est un excellent projet, et nous sommes très fiers de l'appuyer dans le
plan économique du Québec 2018‑2019.
Mes remerciements. Alors, je remercie... Il
me reste combien de temps pour remercier?
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Deux minutes.
M.
Heurtel : Deux grosses minutes. Bien, c'est parce qu'il y a beaucoup
de monde à remercier. Alors, je remercie tous les collègues, tant de l'opposition, leur personnel. Je sais que le
personnel de recherche fait un travail monacal et énorme et donc je les salue. Je salue les
collègues de l'opposition, des deux oppositions et mon collègue de Mercier
pour l'échange puis la
qualité des échanges, donc, je les remercie, mes collègues de la partie
gouvernementale, presque toutes et tous issus de l'immigration. Il y a...
Mais le député de Maskinongé est tellement enraciné dans Louiseville et dans
Maskinongé. C'est impressionnant, communiquer sa passion.
Je vous remercie, M. le Président, notre
président précédent également, pour son travail mais l'ensemble des échanges. Mon équipe, qu'on a vue à la télévision,
là, dépendant des plans de caméras. Mon équipe du cabinet, qui a fait un
travail exceptionnel de préparation, parce que six heures de crédits, ça
requiert des semaines et voire des mois de préparation.
Ma directrice de cabinet, que ça fait maintenant... c'était notre cinquième
étude de crédits que nous faisons, dans
le cadre de ce mandat, ensemble. Alors, je la remercie pour l'ensemble de son
engagement et de me supporter pendant presque cinq ans.
Et évidemment l'équipe du ministère. Vous voyez,
dans les plans télé, là, vous voyez tout le monde qu'il y a derrière, c'est les
professionnels du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion, qui font un travail remarquable,
dans une période où l'immigration est un sujet, je crois, qu'on parle beaucoup
plus que d'habitude, si on regarde,
par exemple, à il y a trois, cinq ou 10 ans. Que ce soit la question
fondamentale de la transformation du ministère en un ministère à vocation économique pour répondre à cette pénurie de
main-d'oeuvre qui est sans précédent, là, dans les quatre dernières décennies au Québec, que ce soit
la question des réfugiés syriens, dont on a parlé, que ce soit la
question, évidemment, des demandeurs d'asile, les défis sont énormes, et c'est
une équipe remarquable que j'ai derrière moi pour répondre présent à la relève
de tous ces défis. Alors, merci, M. le Président.
Adoption
des crédits
Le
Président (M. Matte, Portneuf) : Je vous remercie, M. le ministre.
Alors, le temps alloué à l'étude du volet Immigration et Communautés
culturelles étant écoulé, je soumets le programme Immigration, Diversité et
Inclusion. Est-ce que le programme est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
Très bien. Donc, l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille
Immigration, Diversité et Inclusion pour l'exercice 2018‑2019 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Document
déposé
Le Président (M. Matte, Portneuf) :
En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
C'est à mon
tour de vous remercier. Ça a été un plaisir de présider cette séance ce soir.
Vous nous avez facilité la tâche, je veux remercier le personnel de
soutien, l'adjointe, les pages ici.
Alors, compte
tenu de l'heure, nous ajournons notre séance de travail à vendredi le 27 avril,
à 9 h 30. Bonne fin de soirée pour ce qu'il en reste.
(Fin de la séance à 22 h 29)