(Quinze
heures quarante minutes)
Le Président (M.
Matte) : Après avoir constaté le quorum...
Des voix :
...
Le
Président (M. Matte) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs cellulaires.
La
commission se réunit afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi
n° 115, Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés
et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Melançon (Verdun) est
remplacée par M. Hardy (Saint-François) et Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée
par M. Paradis (Lévis).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Matte) : C'est beau. Au moment d'ajourner nos travaux le
6 avril dernier, nous étions à l'étude de l'article 30 du projet de loi, et les discussions portaient sur un
amendement du député de Rimouski. Est-ce qu'il y avait d'autres
intervenants, d'autres interventions concernant l'amendement? M. le député de
Rimouski.
M. LeBel :
Pour partir, il faudrait revenir avec l'amendement, là...
Des voix :
...
Le Président (M.
Matte) : C'est vous qui l'aviez déposé.
M. LeBel :
Oui, je le sais. On essaie de s'organiser. Donnez-moi deux petites secondes.
Le Président (M.
Matte) : C'est sûr que le 6 avril, ça fait un petit bout de temps, là,
mais...
M. LeBel :
J'aimerais faire un changement à l'amendement que j'avais déposé. J'essaie de
voir comment...
Le
Président (M. Matte) : Donc, s'il y a un changement à l'amendement, ça
veut dire que vous voulez le retirer pour
en faire un autre. Est-ce qu'il y a une acceptation, là, qu'il puisse le
retirer pour déposer un nouvel amendement? Ou, sinon, on va le mettre au
vote, là.
Mme
Charbonneau : Si mon collègue décide de retirer son
amendement, je vous dirais qu'on a un amendement à proposer aussi. Je ne
sais pas si, pendant qu'on faisait jasette avant le... Mais, s'il le retire, je
pourrais déposer mon amendement, puis ça pourrait arranger tout le monde. Avec
consentement, naturellement, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : Oui. Donc, le député de Rimouski, il y a un
consentement pour retirer son amendement, donc, puis il n'avait pas le droit de faire un autre amendement sur son
amendement. Je suis rendu à vous, Mme la ministre. Est-ce que vous avez
un amendement à déposer?
Mme
Charbonneau : M. le Président, je vous déposerais un
amendement pour l'article 30. J'imagine qu'on va prendre le temps de le
distribuer. Alors, j'en ferai lecture, M. le Président?
Le Président (M.
Matte) : Oui.
Mme
Charbonneau : Alors, à l'article 30, et j'imagine que mon
collègue va être peut-être un peu plus satisfait... Modifier l'article 30 du projet de loi par le
remplacement, dans l'alinéa qu'il introduit, de «le cas échéant, de diriger les
personnes formulant un signalement vers une
autre instance appropriée» par «lorsque le signalement doit être traité par
une autre instance, de diriger les personnes formulant ce signalement vers
celle-ci».
Dans le fond, M. le Président, on se souviendra que mon collègue de
Rimouski avait une difficulté par rapport à l'obligation de signaler, mais qui donnait la direction, et on a formulé
la correction ou l'amendement, si vous voulez bien, dans cette
perspective-là.
Le
Président (M. Matte) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des
intervenants, des interventions par rapport à l'amendement déposé par
Mme la ministre? M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Effectivement, je pense que ça répond au questionnement qu'on
avait. Puis on a pris le temps de discuter avec le Protecteur du citoyen aussi pour... C'est pour ça qu'on voulait
amener un amendement, puis je pense que ça vient répondre aux
préoccupations qu'on avait. On serait plutôt d'accord.
Le
Président (M. Matte) : C'est beau. S'il n'y a pas d'autre intervenant,
à ce moment-là est-ce que l'amendement déposé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Matte) : Adopté. Nous sommes toujours à l'article 30,
oui. Est-ce qu'il y a d'autres amendements ou d'autres projets
concernant l'article 30?
Mme
Charbonneau :
C'est beau. Ça va bien, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : Ça va bien? O.K. Donc, l'article 30, vous me
rappellerez... Et les amendements de l'article 30 ont été adoptés, donc
est-ce que l'article 30 amendé est adopté?
Mme
Charbonneau : Oui,
adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Donc, nous sommes rendus, à ce moment-là, sur l'article 31, et il y a un
amendement qui est déposé... Excusez...
M. Paradis (Lévis) : M. le Président...
Le Président (M. Matte) : Oui.
M. Paradis
(Lévis) : ...je pensais, là,
puis qu'on s'en parle, mais que la ministre avait mentionné le fait qu'après
le 30 elle souhaitait entamer l'étude du
18.1, 18.2, qui nous ont déjà été présentés, avant d'aller au 31. C'est ce que
j'avais compris.
Le
Président (M. Matte) : Il y a deux façons de faire, M. le député de
Lévis. Soit qu'on procède tous les
autres articles puis, avant d'adopter, je mettrais à l'étude l'article 18.1,
18.2... Je pense que, tu sais, ça serait peut-être plus facile,
on va tous les adopter, mais, avant d'adopter le projet de loi, je vais revenir
à l'article 18.1, 18.2.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, c'est une possibilité, sauf que, écoutez, honnêtement, là, pour les articles restants, je m'inquiète, à tort ou à raison, du fait que
ce dont on parlera pourrait avoir une incidence sur le 18. Donc, si on adopte quelque
chose avant que le 18 soit fait... Parce que
la séquence voudrait que le 18 soit fait, là. Rendu au 31, là, il y a un
trou, là, puis c'est le 18.1. Et, si on le fait là, bien, on reprend à 30, puis
tout est fait, là, on suit la logique. En tout cas, c'est ce qui avait été convenu. Moi, je préférerais — vous
demanderez aux collègues — qu'on
entame le 18.1 maintenant.
Le Président (M. Matte) : Oui. Est-ce
qu'il y a des gens qui veulent intervenir sur ma proposition?
Mme Tremblay : M. le Président, est-ce
qu'il y a vraiment un lien entre l'article 18 et les 31 et 32?
Mme
Charbonneau : C'est ce que j'allais proposer, M. le Président, puisque 31, c'est sur les caméras. Et l'article 32,
si je le regarde rapidement, là, c'est sur les services sociaux pour les
autochtones. Donc, on pourrait faire 31, 32, je pense que ça va aller
rapide. Puis, après ça, on va revenir à 18.1, puis là on va reprendre ça...
Le Président (M. Matte) : Ça va?
Mme
Charbonneau : Ça
vous va?
Le
Président (M. Matte) :
Disons que je comprends que nous sommes rendus à l'amendement sur l'article 31.
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Oui. À l'article 31, M.
le Président, l'article 505 de
cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de ce qui suit :
«30°
déterminer les modalités d'utilisation des mécanismes de surveillance, tels des
caméras ou tout autre moyen technologique,
dans les installations maintenues par un établissement, dans les ressources
intermédiaires et les ressources de
type familial, dans les résidences privées pour aînés ou dans tout autre lieu
en lien avec la prestation des services de santé et des services sociaux
qu'il détermine;
«Un règlement
prévu au paragraphe 30° qui édicte des mesures principalement applicables
aux aînés est pris sur recommandation conjointe du ministre de la Santé
et des Services sociaux et du ministre responsable des Aînés.»
Vous avez
compris, M. le Président, qu'on est rendus à l'article
qui traite de l'utilisation des caméras, qui est une des cinq mesures, dans le fond, qu'on a dans
notre projet de loi. J'aurai un amendement à vous proposer, M. le Président, qui est une légère modification. Je vais m'assurer que vous
l'ayez, oui.
Le Président (M. Matte) : ...un amendement
sur le 31. O.K.
Mme
Charbonneau : Vous
l'avez déjà dans vos mains, M. le Président?
Le Président (M. Matte) : Oui, je
l'ai déjà.
Mme
Charbonneau :
Alors, je peux le lire tout de suite si vous l'avez dans vos mains.
Le Président (M. Matte) : C'est
beau. C'est bien ça.
Mme
Charbonneau : Est-ce
que mes collègues l'ont aussi? J'imagine que oui.
Le Président (M. Matte) : Oui. Elle
a été déposée.
Mme
Charbonneau :
Parfait. Alors, je vous ferai lecture tout de suite de l'amendement :
Modifier l'article 31 du projet
de loi par l'insertion, dans le paragraphe 30 qu'il introduit et après
«modalités d'utilisation», de «par un usager ou son représentant visé à
l'article 12».
Le Président (M. Matte) : Merci, Mme
la ministre. Est-ce qu'il y a des intervenants en rapport à l'article sur
l'article 31? Sinon, est-ce que l'amendement sur l'article 31 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Est-ce que
l'article 31 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Je vous
remercie.
Mme
Charbonneau : M.
le Président, mon collègue de Lévis avait levé le petit doigt.
Le Président (M. Matte) : Oh! je
m'excuse.
Mme
Charbonneau : On
se voit moins bien au salon rouge, hein, c'est plus difficile.
Le Président (M. Matte) : Pourtant,
c'est une belle couleur.
Mme
Charbonneau : Oui.
Le Président (M. Matte) : Je
m'excuse, est-ce que le député de Lévis...
M. Paradis
(Lévis) : Oui. Mais ce n'est
pas, M. le Président, tant sur l'amendement, qui est assez clair en soi.
Cependant, pour fins d'information, je sais que la ministre trouve important
qu'on doit aller dans ce dossier-là assez rapidement
pas pour faire en sorte qu'on tourne les coins ronds, mais parce que c'est
important que tout soit clair. Dans l'amendement,
on parle, évidemment, de règlement à être déterminé, à être fait, à être
déposé. J'aimerais simplement savoir l'intention
de la ministre. Ça fait longtemps qu'on parle de caméras, là. On en a fait des
questions au salon bleu, c'est pour ça que
la ministre dit oui, puis elle l'a dit à quelques reprises, d'ailleurs. Et que
les gens le sachent, elle l'a dit... Vous savez, les aînés, actuellement, peuvent installer des
caméras, mais ce serait bien qu'on ait des balises pour éviter quelque dérapage
que ce soit, peu importe la forme que ça pourrait prendre.
Est-ce que la
ministre entend agir assez rapidement? Est-ce qu'on peut penser qu'elle
s'engage moralement à faire en sorte
que ce règlement-là puisse être présenté avant la fin de l'été, qu'on aille de
façon assez rapide pour ne pas traîner les choses dans ce dossier-là?
• (15 h 50) •
Le Président (M. Matte) : O.K. Par
rapport à la question, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, j'entends la question et je
suis heureuse d'y répondre, puisque, dès le départ, vous vous souvenez, M. le Président, on a déposé,
hein, les orientations. Et, de ce fait, c'est pour ça qu'on a fait le comité des 30, pour s'assurer que les gens pouvaient nous donner les grandes lignes qui
pourraient faire en sorte que le règlement... Alors,
la réponse à ça, c'est oui. Le plus vite on adopte cette politique — puis
je pense qu'on se l'est toujours dit — le plus
vite on peut mettre les choses en place dans chacune de nos institutions, et,
de ce fait, bien, le règlement se doit d'être rapidement mis en place.
Le Président (M. Matte) : Oui, M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
est-ce que je dois comprendre — puis c'est une bonne nouvelle, là — que déjà
on a commencé à travailler sur le règlement ou c'est à faire? Est-ce qu'on a
commencé à penser des choses et à écrire des choses?
Le Président (M. Matte) : Oui.
Mme
Charbonneau :
Alors, la réponse est : On a commencé à travailler parce qu'on avait
établi le comité des 30, qui ont fait des règles. Mais, puisqu'il faut
s'attarder énormément à 18.1, ça s'est arrêté à partir de là pour pouvoir se
concentrer sur cette volonté de mettre des amendements en place pour pouvoir
satisfaire le regard qu'on porte sur la protection
de nos aînés. Par contre, on m'informe avec justesse qu'habituellement c'est un
minimum de six mois pour mettre en place. Mais soyez assurés que je vais suivre
le dossier de très, très près pour nous assurer que tout le monde reçoit
le règlement le plus rapidement possible.
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, parce que je...
Le Président (M. Matte) : Oui, M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : ...pour m'informer
moi-même, là. On me dit : Habituellement, c'est un six mois. Je veux
bien comprendre pourquoi six mois, c'est une règle, c'est parce que c'est long,
c'est tout pareil, c'est...
Mme
Charbonneau :
C'est plus la prépublication puis toutes les règles gouvernementales, là, qui
font que c'est ce temps-là. En même
temps, je vous dirai que probablement qu'à son écriture on veut vraiment
s'assurer que tout le monde est capable de mettre en application ce
qu'on va écrire, là.
Le Président
(M. Matte) : Donc, je comprends qu'à ce moment-là les réponses de la
ministre vous satisfont. Donc, je
reprends, là, l'amendement de l'article 31 est adopté, l'article 31 amendé est
adopté aussi. Alors, nous sommes rendus à l'article 32. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : À
l'article 32, M. le Président, je vous avise d'emblée que j'aurai un 32.1, mais
je vais commencer par le 32. Donc, l'article
32 :
L'article 7 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux pour les autochtones cris (chapitre S-5) est
modifié:
1° par le
remplacement, dans le deuxième alinéa, de «danger imminent de mort ou de
blessures graves menace les
bénéficiaires, une autre personne ou un groupe de personnes identifiable»...
c'est remplacé par «risque sérieux de mort ou de blessures graves menace les bénéficiaires, une autre personne ou
un groupe de personnes identifiable et que la nature de la menace
inspire un sentiment d'urgence»;
2° par l'ajout, après le deuxième alinéa, de
l'alinéa suivant:
«Pour l'application
du deuxième alinéa, on entend par "blessures graves" toute blessure
physique ou psychologique qui nuit d'une manière importante à
l'intégrité physique, à la santé ou au bien-être d'une personne ou d'un groupe
de personnes identifiable.»
Le Président (M. Matte) : Ça va?
Mme
Charbonneau : Ça va, M. le
Président. Vous avez compris qu'on
fait de la concordance avec les autres mesures
qu'on a prises au préalable, avant, puis là on l'applique aux... parce que les
autochtones ont des règles, quelquefois, qui
sont différentes et des lois qui leur appartiennent qui sont aussi différentes.
Donc, on fait juste de la concordance avec les autres lois qui touchent
plus la communauté autochtone et les Cris.
Le
Président (M. Matte) : Donc,
je comprends qu'à ce moment-là l'amendement va être déposé pour ajouter à 32.1?
Mme
Charbonneau : Il
faut commencer par régler celui-là.
Le
Président (M. Matte) : Oui.
Donc, est-ce qu'il y a des intervenants par rapport à l'article 32? Donc, l'article 32 est adopté?
Il est adopté.
Maintenant, vous nous avez déposé un amendement
pour ajouter et 32.1.
Mme
Charbonneau : Un article supplémentaire, M. le Président, article 32.1. Donc, à l'article 32.1, l'article 18
de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Le conseil
régional est également responsable du traitement des signalements
effectués dans le cadre de la politique
de lutte contre la maltraitance adoptée en vertu de la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute
autre personne majeure en situation
de vulnérabilité — naturellement, on indique qu'il va falloir indiquer l'année et le numéro du chapitre de cette loi, je ferme la parenthèse — et, [le cas échéant], de diriger les
personnes formulant [un] signalement vers [une autre instance
appropriée]», puisque vous avez compris, monsieur...
Une voix : ...
Mme
Charbonneau : Ah! alors, je reformule la fin de mon... Je
n'avais pas le bon. Je m'excuse, M.
le Président, ça arrive,
des fois. Et je vais reprendre tout de suite après la parenthèse qu'il faut
mettre l'année et le numéro du chapitre. La phrase change à «et, lorsque le signalement doit être traité par une autre
instance, de diriger les personnes formulant le signalement vers celle-ci», pour être ajusté à celui qu'on a fait au
préalable, là. C'est le même texte, là, qu'on vient d'ajuster pour
s'assurer que les gens seront bien dirigés.
Le
Président (M. Matte) : Ça
va? Oui, est-ce qu'il y a des intervenants, des questions
concernant l'amendement? Donc,
est-ce que l'amendement à 32.1, qui ajoute un article, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Merci. Mme la ministre, nous sommes rendus à l'article 33.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, si je ne me trompe pas, il me semble qu'on avait dit que
c'était après 32... Mais, si vous me dites que je peux faire 33, je vais
y aller avec plaisir. Je m'en allais...
Le Président (M. Matte) : Il y a
juste... oui.
Mme
Charbonneau : ... je
me dirigeais vers 18.
Le Président (M. Matte) :
Effectivement, pour éviter, là, tout imbroglio, on peut revenir à 18.1, c'est
ça.
Mme
Charbonneau :
On avait dit que c'était pour être ça, puisque 33 risque d'avoir peut-être un
impact si jamais on change les choses.
Le Président (M. Matte) : C'est en
plein ça. Donc, on constate que le député de Lévis surveille vraiment le
déroulement.
M. Paradis (Lévis) : Je suis très
attentif, M. le Président, pour que les choses aillent bien.
Le
Président (M. Matte) : Est-ce que, tout le monde, vous l'avez ou vous
souhaitez des photocopies? 18.1, est-ce que tout le monde...
Mme
Charbonneau :
18.1 avait été distribué, M. le Président, j'espère. Si vous ne l'avez pas, on
peut prendre quelques instants pour vous le redistribuer.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y en a qui en ont besoin? Non?
Mme
Charbonneau : Non.
Le Président (M. Matte) : Il
semblerait que tout le monde l'a.
Mme
Charbonneau :
Est-ce que vous le trouvez, vous, M. le Président? Vous l'avez?
Le Président (M. Matte) : Oui.
Mme
Charbonneau :
Alors, je fais lecture de 18.1. 18.1 fait partie du chapitre III.1,
l'obligation de signaler certains cas de maltraitance.
Alors :
«Tout prestataire de services de santé et de services sociaux ou tout
professionnel au sens du Code des professions
(chapitre C-26) qui a un motif raisonnable de croire qu'une personne est
victime d'un geste singulier ou répétitif ou d'un défaut d'action appropriée qui porte atteinte de façon sérieuse
à son intégrité physique ou psychologique est tenu de signaler sans
délai ce cas pour les personnes majeures suivantes :
«1° toute
personne hébergée dans une installation maintenue par un établissement qui
exploite un centre d'hébergement et de soins de longue durée au sens de
la Loi sur les services de santé et les services sociaux;
«2°
toute personne en tutelle ou en curatelle ou à l'égard de laquelle un mandat de
protection a été homologué.
«Le
signalement est effectué auprès du commissaire local aux plaintes et à la
qualité des services d'un établissement si cette personne y reçoit des services ou, dans les autres cas, à un
corps de police, pour qu'il soit traité conformément aux chapitres II ou
III, selon le cas.
«Le présent
article s'applique même aux personnes liées par le secret professionnel, sauf
[les avocats et les notaires] qui, dans l'exercice de leur profession,
reçoivent des informations concernant un tel cas.»
Le
Président (M. Matte) : Très bien. Donc, je soumets à l'étude
l'amendement de 18.1. Est-ce qu'il y a des gens qui veulent intervenir?
M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, je sens comme une pression, mais je l'accepte.
Mme
Charbonneau : Un
regard.
M. Paradis
(Lévis) : Non, non, je
l'accepte. Et, d'ailleurs, ça va bien, c'est une commission, on avance, puis on
discute, puis on comprend surtout. Puis je
pense que ça a tout son sens, M. le Président, parce que, dans ce contexte-là,
à cette étape-ci, bien, il y a aussi
des gens qui se questionnent, puis c'est un élément important du projet de loi,
et c'est bien qu'on ait le temps de le faire et qu'on se prononce. Et,
d'ailleurs, ce sera sans surprise que j'aurai probablement des sous-amendements
à présenter en cours de route.
Cependant,
j'en profite, et je pense que la ministre le permettra, M. le Président, et le
collègue de Rimouski aussi... en tout
cas, qu'on prenne quand même le temps que les gens comprennent bien la portée
de ceci. Il y a des questions qui nous
arrivent fréquemment, et des gens nous disent : Ouais, O.K., vous
travaillez sur un projet de loi... Et puis on parle, évidemment, de prestataires en fonction des
établissements du réseau de la santé, et des gens disent — et c'est légitime qu'ils se questionnent : Si une infirmière
est appelée, par exemple, à donner des soins dans la résidence d'un aîné hors
établissement, alors elle est prestataire de
services, mais en dehors des établissements. Les gens disent : Est-ce
qu'il faut comprendre qu'en ce sens-là il n'y aura pas d'obligation de
dénoncer?
Parce que ce
dont on parle ne tient compte que des établissements du réseau. De toute façon,
on va y revenir dans quelques
instants, mais je pense que ça vaudrait peut-être la peine, si la ministre le
veut bien, M. le Président, d'être clair là-dessus pour répondre à ceux et celles qui se questionnent là-dessus.
Puis c'était important de le faire, je pense, alors, par déviation, je
pose la question au nom de bien des gens à la ministre.
• (16 heures) •
Le Président (M. Matte) : C'est
beau. Mme la ministre.
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président. Alors, la réponse à ça, elle se situe à deux niveaux,
et je vous explique. La première, dans le
premièrement, il y avait les gens en CHSLD. Vous avez compris ça. Puis, si vous
dites qu'on parle aux gens, on va appeler les choses comme elles sont,
donc on parle des gens en CHSLD.
Par contre,
si je vous amène au deuxième, donc celui qui dit «toute personne en tutelle ou
en curatelle ou à l'égard de laquelle un mandat de protection est
homologué», vous avez compris que la plupart de notre clientèle n'est pas nécessairement en CHSLD, il y a de la clientèle
qui est sous tutelle ou curatelle partout. Elle peut être chez elle, elle peut
être en résidence, elle peut être partout au
Québec. Donc, cette personne-là, les gens qui la fréquentent auront
l'obligation de divulguer, de
dénoncer la situation si, je vous rappelle, tutelle, curatelle ou à l'égard de
laquelle un mandat de protection a été homologué.
M. Paradis (Lévis) : Alors, M.
le Président, on comprend donc... et c'est très clair, mais on comprend que la personne qui est à la maison et qui reçoit des
services de soins à domicile parce que son état se détériore, mais elle est
encore dans la catégorie lui permettant de demeurer à la maison, bien, on
revient à ce dont on s'est parlé précédemment dans nos autres rencontres, du fait que des gens qui pourraient être
témoins de quelqu'un ont la possibilité de dénoncer. Encore faut-il — et on se le disait, là — que les numéros pour rejoindre les gens
appropriés soient clairs et puis qu'on
fasse de l'information à ce
chapitre-là. Mais que les gens comprennent bien que, si on reçoit des services
par des gens en économie sociale, une infirmière, une infirmière
auxiliaire, un préposé qui va aider, dans ce cas-ci il n'y a pas obligation,
à moins que la personne soit sous mandat de protection ou sous tutelle. On a
bien résumé, on se comprend bien, M. le Président?
Le Président (M. Matte) : C'est
clair, là. C'est clair pour tout le monde, oui.
M. Paradis (Lévis) : Revenons maintenant,
ceci étant dit, à l'article en tant que tel. D'abord, je prendrai le premier paragraphe, le 18.1, avant le premier, c'est-à-dire dans son premier énoncé, à 18.1,
alors que vous dites que... «est victime
d'un geste singulier ou répétitif ou d'un défaut d'action appropriée qui porte
atteinte de façon sérieuse à son intégrité physique ou psychologique est
tenu de signaler sans délai ce cas pour les personnes majeures suivantes».
Je vais
peut-être être un peu tannant sur les mots, là, mais c'est parce que
l'entourage de la ministre nous a aussi exprimé le fait que des mots, en justice, c'est important. On a eu un
grand débat sur du «notamment», là, on part de là. Écoutez, moi, honnêtement, dans des textes de loi, pour
aussi avoir parlé à des gens qui sont du monde juridique, habituellement c'est «doit». Puis ça, c'est de la
dénonciation. Alors, quand on dit «à son intégrité physique ou psychologique
doit signaler sans délai ce cas de maltraitance», très honnêtement, peut-être
qu'on me dira que ça ne change pas grand-chose. Mais, si on me dit à moi : Tu es
tenu de prendre une médication, c'est quelque chose, je suis tenu, oui, c'est
correct. Mais, quand je dois, il y a comme
un élément supplémentaire en termes... qui nous permet de croire qu'il y a
quelque chose de plus significatif,
là. Alors, est-ce que la ministre, à ce chapitre-là... Je peux déposer un
sous-amendement, mais est-ce qu'on
consent... Je pense ça va sur la pertinence des termes, je pense que ça serait
plus approprié d'avoir «doit». Alors, je peux le faire par le dépôt d'un
sous-amendement si vous jugez la façon de faire appropriée.
Le Président (M. Matte) : Bien,
il y a une question qui est soulevée, si...
Mme Charbonneau :
Je pense qu'avant de déposer l'amendement, si je peux avoir l'opportunité,
peut-être, de signifier... Parce que
je peux comprendre quand mon collègue me dit, M. le Président, que ce serait
mieux que ce soit «doit», que «est
tenu», qui est pour nous... puis je me suis assurée légalement, là, qu'il est
un synonyme, là, «Doit» et «est tenu de», ça veut dire la même chose.
Par contre,
ce que mon collègue dit, c'est que, sur le terrain, il faut que ça soit bien
compris, hein, puis il ne faut pas qu'on
pense qu'on pourrait peut-être, mais qu'on doit le faire. Puis on m'assure que,
dans la communication, les gens vont
très bien comprendre que c'est le «doit». Donc, ce que mon collègue m'a dit,
c'est qu'il apprécierait qu'on puisse modifier, puis, plutôt que dire
«est tenu de signaler», il serait écrit «doit signaler».
Le Président (M. Matte) : Vous
avez très bien compris.
Mme Charbonneau :
Pour l'instant, pour nous, ce n'est pas une grande menace, c'est un synonyme,
ça revient à la même chose. Mais, si, à ce moment-ci, je peux faire
plaisir à mon collègue, je pourrais...
M. Paradis (Lévis) :
...toujours plaisir à son collègue.
Mme Charbonneau :
Ça ne me dérange pas trop, mais ça ne change rien au fond.
Le Président (M. Matte) : C'est ça.
Mais là je sens...
M. Paradis (Lévis) : ...pour que ça
suive sa...
M. LeBel : M. le Président,
j'aimerais ça qu'ils se fassent plaisir, mais là...
Le Président (M. Matte) : C'est justement,
je suis là pour éviter, là, la jalousie.
Mme
Charbonneau :
...faire plaisir aussi.
Le
Président (M. Matte) : On
comprend, là, l'orientation de la ministre, qu'elle est favorable à répondre, là, au député
de Lévis, mais le député de Rimouski veut intervenir. C'est à vous.
M.
LeBel : Vous êtes bien fin, M. le Président. Tu sais, cet amendement est important, là, c'est un peu le coeur de nos débats depuis
le... C'est ce qui fait... Quand on a accueilli des gens en commission parlementaire, on a beaucoup
parlé de l'idée du signalement obligatoire. Moi, comme j'ai
dit, j'ai beaucoup évolué là-dessus, j'ai pris le temps d'écouter, voir un peu... Moi, ce qui m'embêtait dans le
signalement obligatoire, c'était est-ce qu'on peut signaler au nom de personnes
qui sont autonomes. Puis je me dis :
Une façon de faire de la maltraitance, c'est d'infantiliser les personnes. Ça
fait que je trouvais qu'on n'était
pas conséquents si on disait : Regarde, automatiquement, tu es aîné, tu
n'es pas capable de te défendre tout
seul, tu n'es pas capable de décider toi-même. Ça fait que, ça, je trouvais que
ce n'était pas la... on ne devait pas aller là-dedans.
Mais j'ai
compris, en discutant avec les collègues puis aussi en écoutant, qu'il y avait
peut-être moyen de trouver la voie de
passage. On avait déposé un amendement, qui avait été rejeté. La ministre a
pris un peu de temps, on a suspendu la commission une semaine ou deux,
prendre le temps de regarder. Je pense que les choses doivent bien se faire
dans ce domaine-là. L'amendement qui est là,
en grande partie, me convient. On vient comme, dans le fond... Si j'essaie de
résumer, on vient dire : Le
signalement obligatoire, oui, mais on identifie exactement au nom de qui, qui
on vise, les personnes en CHSLD, les gens qui sont sous tutelle ou des
mandats, et tout ça. C'est assez correct, à mon avis.
Où je me pose
certaines questions, par exemple — puis un peu comme mon collègue de Lévis le
faisait — c'est
quand on dit qui peut signaler, qui doit
signaler ou est tenu de signaler, je ne sais pas trop. Là, on dit que c'est des
prestataires de services de santé, de
services sociaux ou des professionnels au sens du Code des professions. Moi, je
me dis, là-dedans, est-ce que ce n'est pas trop limitatif? Est-ce qu'on
ne vient pas, entre autres... Je pense aux préposés, qui ne sont pas reconnus par le code, à mon avis. C'est des
prestataires de services, vous allez me dire. O.K. Je voudrais avoir des
clarifications là-dessus pour être sûr qu'on n'oublie pas personne et
que ça soit clair, là, qui peut signaler ou qui doit signaler.
Et, comme
disait aussi mon collègue de Lévis, «est tenu de signaler sans délai», on a
avantage de mettre quelque chose de
plus clair parce que je comprends que, par l'amendement, on va vers le
signalement obligatoire, mais on n'y colle pas des sanctions. Ça fait que, si tu ne colles pas de sanctions, puis
tes mots sont mollasses, tu sais, là ça vient comme détruire un peu ce qu'on voulait faire par
l'amendement. Ça fait que déjà que pas de sanctions, ça vient comme... Puis
je peux comprendre la difficulté d'amener
des sanctions, là, mais, déjà qu'il n'y ait pas de sanctions, ça vient dire que
ce n'est pas
trop grave de ne pas signaler. Puis, si, en plus, on dit qu'il est tenu, bien,
à mon avis, ce n'est pas assez solide, ce n'est pas assez clair comme
volonté qu'on veut faire ici.
Parce
que je vous rappelle qu'au début de toute discussion là-dessus, puis ce que les
gens m'ont convaincu, c'est toujours
l'idée qu'on a — puis
tout le monde ici partage la même affaire — c'est qu'on ne doit pas laisser passer rien.
On ne peut pas laisser passer aucun cas de
maltraitance, et la volonté qu'on a tout le monde en adoptant le projet de loi éventuellement, c'est que le message doit être
clair à tout le monde dans le réseau, à tous les gens, que c'est fini le temps
où on ferme les yeux, on doit signaler. Ça
fait que, pour ça, on a avantage à bien travailler cet amendement-là pour que
ça soit clair puis que les mots doivent être bien choisis.
Le Président (M.
Matte) : Merci. Donc, si je reviens, hein...
M. LeBel :
...
Mme
Charbonneau :
...je voulais te répondre, mais...
Le
Président (M. Matte) : Donc, compte tenu que le député de Lévis veut faire
un sous-amendement à l'amendement qui
était déposé pour indiquer «doit» au lieu de «est tenu», O.K., parce que,
madame, vous ne pouvez pas déposer
déjà un sous-amendement, vous avez déjà un amendement, je vous invite, à ce
moment-là, à déposer le sous-amendement, qui devra dire «doit» au lieu
de «est tenu». C'est clair? Ça va? C'est bien.
• (16 h 10) •
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président. Alors donc, je dépose un sous-amendement à
l'article 18.1.
Remplacer,
dans le premier alinéa... Est-ce qu'on l'a distribué? Je m'excuse, M.
le Président, on va le distribuer
à ce moment-ci, on l'a ici en main. Je vais attendre que les gens l'aient en
main.
Mme
Charbonneau : M. le Président, pendant que mon collègue distribue — distribuez — j'aimerais ça pouvoir répondre à mon
collègue de Rimouski parce qu'il a posé deux questions importantes, puis on a
tout de suite passé à l'amendement. Ça fait
que, pendant qu'on fait les photocopies, si vous me permettez, je pourrais
offrir une partie de réponse à mon collègue.
Le Président (M.
Matte) : C'est parce que, là, si on veut arriver... parce que, là...
Mme
Charbonneau :
...
Le Président (M.
Matte) : Donc là, là, vous voudriez que je suspende les travaux puis...
Mme
Charbonneau :
Non, non, mais là...
Le Président (M.
Matte) : Non, ce n'est pas ça.
Mme
Charbonneau :
...
Le
Président (M. Matte) : O.K. Mais on va y revenir, là. C'est parce que
je voudrais, là, vraiment, clarifier la discussion pour... On va adopter
le sous-amendement, puis, tantôt, vous allez avoir l'occasion de le faire. Ça
va?
Mme
Charbonneau :
...
Le Président (M.
Matte) : C'est bien. C'est beau, ça va. Mais, en attendant que la
distribution se fasse...
Mme
Charbonneau :
...consentement...
Le
Président (M. Matte) : Mais
non. Mais là c'est moi qui préside, là. Donc, à ce moment-là, je vais
dire : On va régler ce sous-amendement-là puis, après, on va
revenir à l'autre.
Bon. Alors, nous
avons tous le... je vous invite à le lire, M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Donc, le sous-amendement, article 18.1 :
Remplacer, dans le premier alinéa de
l'article 18.1 du projet de loi n° 115 — on n'a plus «loi», là, il y a une petite
coquille là — les mots
«est tenu» par le mot «doit».
Le
Président (M. Matte) : Est-ce que, l'amendement déposé par le député
de Lévis, il y a des intervenants, des questions? Oui, député de
Rimouski.
M.
LeBel : Moi, je vais dans le même sens. Il y avait peut-être des
synonymes que j'aurais pu voir, là, «a l'obligation de» ou... mais,
effectivement, «doit», c'est assez clair et ça répond à ma préoccupation que
j'avais tantôt.
Mme
Charbonneau : M.
le Président, si vous permettez...
Le
Président (M. Matte) : Oui.
Mme
Charbonneau : ...par contre, puis si mon collègue le permet,
on va rajouter le «de» parce que «est tenu de» doit être tiré, pas juste «est tenu», parce que, sinon, ça fait «doit
de». Donc, on enlève le «est tenu de» dans le sous-amendement puis,
après ça, on met le mot «doit».
Le Président (M.
Matte) : Est-ce que le sous-amendement déposé par le député de Lévis
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Matte) : Là, Mme la ministre, je vous permets de
répondre aux interrogations du député de Rimouski.
Mme
Charbonneau : C'est gentil, M. le Président. J'espère que le
collègue se souvient de sa question. Mais voici, je vais lui rafraîchir, quels sont les gens qui ont été visés par
l'obligation de dénoncer? Je vous les nomme rapidement. Dans le cadre professionnel, donc les comptables,
les travailleurs sociaux, les médecins, les infirmières, les psychologues,
dentistes, hygiénistes dentaires — d'ailleurs, chers collègues, aujourd'hui,
c'est la journée des hygiénistes dentaires — l'orthophoniste, l'audiologiste, le
psychothérapeute, l'ergothérapeute, l'inhalothérapeute, le diététiste et les
employés non régis par un ordre
professionnel — et c'est
là où on rejoint ce que mon collègue disait comme souci — les préposés
aux bénéficiaires et l'employé d'une instance bancaire. Donc, ce sont deux
strates qu'on rajoute qui ne sont pas régies
par un ordre professionnel, mais qui auront l'obligation de dénoncer à partir
du moment où on les nomme comme je viens de le faire.
Maintenant,
mon collègue a aussi dit une autre chose très importante. Puis je pense qu'on
va commencer à en parler tout de suite, mais je prends la balle au bond,
même s'il a fallu que j'attende qu'il distribue, mais ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de sanctions, M. le président, il
y en a, des sanctions. Il y en a plusieurs, d'ailleurs. Il y a des sanctions
sur différents aspects, mais il y a des sanctions pénales, criminelles et
administratives. Et, de ce fait, bien, quand on dit... Parce que, dans la loi
n° 115, il n'y a pas de sanctions d'écrites, c'est un peu erroné. Il n'y
en a pas d'écrites dans le projet de loi,
mais de dire qu'il n'y a pas de sanctions, c'est faux, puisqu'il y en a, des
sanctions. Chacune des facettes de ces sanctions est là, puis la
dernière, la plus grave, c'est la condamnation en vertu du Code criminel.
Donc,
quand on dit qu'il n'y en a pas, puis qu'il n'y a pas d'amende, bien, il y en
a. La seule difficulté qu'on a puis celle à laquelle je vais faire... j'annonce
déjà mes couleurs — puis mes
collègues le savent, hein, je vais faire de l'obstruction pour avoir des obligations de sanction dans le
projet de loi — c'est
celle où on y accroche un aspect monétaire. Parce qu'on la compare à d'autres lois en disant : Bien,
il faudrait qu'il y ait un aspect monétaire. De ce fait, je crois que les
sanctions administratives, pénales et criminelles qu'on a, existantes en ce
moment, peuvent bien servir le projet de loi n° 115.
Le Président (M.
Matte) : Merci.
Mme
Charbonneau :
Ça répond à la question que mon collègue avait.
Le Président (M.
Matte) : M. le député de Rimouski, est-ce que ça a répondu à vos
questions?
M. LeBel :
Non, mais ce n'est pas grave.
Le Président (M.
Matte) : Allez-y.
M.
LeBel : Non, non, non, ça a répondu un peu, mais les deux choses, je
reviens... Je vais y aller pour les sanctions tantôt, là. Dans le projet
de loi, à la page 6 du projet de loi, là, l'article... chapitre I, 2.4°, tu
sais, on a la définition des personnes
oeuvrant pour l'établissement : «Un médecin, un dentiste, une sage-femme, un
membre du personnel, résident...» Pourquoi on ne prend pas cette même définition-là pour
définir qui... Il me semble que ça couvrait pas mal tout le monde, là, même les bénévoles puis
les autres personnes physiques. Je trouvais que c'était plus clair puis c'est exactement
ce qu'il y a dans le projet de loi. Ça, c'est la première chose.
Puis
l'autre chose, sur les sanctions, je comprends qu'il y a des sanctions administratives
et pénales qui existent déjà, là. Dans le document que vous nous avez
transmis l'autre jour, c'était assez clair, là, on voyait les sanctions, mais
c'est des sanctions qui existent déjà. Ce
que j'ai voulu dire, c'est que «doit»... Maintenant, ça va être «doit
signaler», il y a... C'est quoi, la sanction de quelqu'un qui ne signale
pas, qui voit quelque chose?
Puis j'explique
encore que, l'autre jour, j'ai... La maltraitance, là, il y a sept façons de
voir la maltraitance, sept façons de voir la
maltraitance, et, là-dedans, il y a des choses plutôt... c'est psychologique,
il y a des... ce n'est pas toujours facile, là, à définir, la maltraitance. Ça fait
qu'on aurait intérêt, quand la personne... Si la personne voit la
maltraitance puis doit... Selon ce qu'on va dire, elle doit signaler. Si
la personne ne signale pas, vous n'avez pas de sanctions qui sont prévues là, c'est des sanctions normales et des
sanctions qui existaient avant, mais il n'y a pas de nouvelles sanctions qui s'ajoutent à... Mais quelqu'un qui
ne signale pas, qui dit : Moi, j'ai vu... On a mal parlé à la personne, tu
sais, on a dit des mots qui n'ont pas
de sens, puis, à mon avis, ça a intimidé la personne, tu sais, puis la personne
ne signale pas, ne signale pas cette
affaire-là, il pourrait y avoir des sanctions contre cette personne-là? Ça veut
dire qu'un de ses collègues de la
personne pourrait dire : Regarde, je l'ai vu faire, il est passé, il a vu
que la dame était intimidée, mais la personne, le préposé ne l'a pas
signalé, il devrait y avoir des sanctions.
Le Président (M.
Matte) : Bon, il y a deux questions, Mme la ministre. La première
question.
Mme
Charbonneau : La première question, c'est que, dans la
définition, à l'article 2.4°, je ne pourrais pas avoir mes comptables, ils sont... Par contre,
ils sont dans ceux que je vous ai nommés dans le «doit», dans les
professionnels. Donc, on ne les met pas dans 2.4° parce que ça ne
définit pas la même sorte de personnes, mais, dans le principe de l'obligation de dénoncer, le comptable est là. Donc, c'est
juste que, si je prends la même définition, je nous joue un tour en même
temps, là. Donc, dans ce principe-là, c'est pour ça que la définition n'est pas
la même.
Maintenant,
dans la grosse partie de votre question en disant : Si quelqu'un ne dénonce pas,
bien, il n'y a pas de sanctions,
bien, non. Vous savez qu'en vertu du code professionnel il y a des sanctions qui sont
données si les gens ne répondent pas
à leur propre code professionnel. Il y a des amendes qui peuvent être données
entre 1 500 $ puis 20 000 $. Il y en a qui vont de 3 000 $ à 40 000 $ en cas de
récidive. Il y a de la radiation temporaire ou permanente, la révocation
du permis.
Après ça, si
je m'en vais aux prestataires de soins, bien, en vertu du Code du travail et
des conventions collectives, bien, il
y a des mesures disciplinaires applicables allant de l'avertissement ou de la
lettre au dossier de l'employé jusqu'à la
suspension avec ou sans solde et même au congédiement. En vertu du
Code criminel, j'ai des peines d'emprisonnement au
niveau des prestataires.
Au niveau des
professionnels, en vertu du Code
criminel, j'ai, encore là, une peine
d'emprisonnement. «Toute autre
personne», hein — parce
qu'on peut parler aussi de toute autre personne — bien, là aussi, j'ai des réprimandes puis des choses qui peuvent être mises en place. Donc,
quand on dit : Il n'y a pas de conséquences si on ne donne pas l'information, si on ne le fait pas, on pourrait prendre un cas
aussi actuel que celui où notre collègue de Lévis est allé en Beauce. Bien, avoir eu déjà l'application du 115, on aurait déjà des sanctions qui seraient appliquées à même l'établissement parce qu'on serait capables de dire que c'était une information qui aurait dû sortir puis qui a sorti, mais qu'on n'a rien fait.
Donc, on a déjà des choses qu'on pourrait
faire, mais que chaque établissement n'a pas sa politique, ce qu'on va exiger avec le 115. Chaque établissement n'a pas la même
relation avec la maltraitance, et ce qu'on fait avec le projet de loi n° 115, c'est
qu'on vient mettre des balises, des façons de faire puis une sécurité pour tous
les aînés du Québec qui sont en institution.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Matte) : Donc, M.
le député de Rimouski, par rapport à votre première question, ça a été répondu,
puis la deuxième question aussi. Maintenant, je vais céder la parole au député
de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, je vais faire aussi du chemin là-dessus. Puis, d'ailleurs, ça ne surprendra pas la ministre, puis on aura à se parler beaucoup d'éléments concernant
ce 18 là, mais je reviens sur les sanctions, c'est important.
D'ailleurs, j'aurai l'occasion d'y revenir aussi plus tard, et vous verrez. Cependant,
quand la ministre dit qu'actuellement il y en a, des sanctions, notamment, en
vertu du Code des professions, les sanctions, réprimandes, amendes, etc., c'est ces sanctions prévues en
fonction d'un acte de maltraitance posé. Quelqu'un qui maltraite, là, il y a
des sanctions potentielles. On ne pouvait pas déjà prévoir faire des sanctions
sur la non-dénonciation, la dénonciation obligatoire
n'existait pas. Ça fait que, là, ça ne se peut pas ça, ce soit là en fonction
d'une dénonciation obligatoire, on est ailleurs
là, on ouvre quelque chose de nouveau. Alors, en ce sens-là, oui, moi, je
partage les craintes de mon collègue.
On est en
train de bâtir quelque chose, un projet de loi. On veut que ça devienne une
loi, on a tous le même objectif. Écoutez, je n'invente rien, en 2013, il
y a eu un projet de loi qui a été présenté, le 399 — tout le monde le
connaît maintenant — qui prévoyait des dispositions pénales pour
quelqu'un qui ne se pliait pas à la loi et fermait les yeux. Quand c'est écrit dans la loi, là, ça a une valeur. Je
veux bien comprendre, là, que le code... Puis, encore là, je le rappelle là, ce
qui est prévu là, existant déjà, ne pouvait
pas avoir été mis là en fonction d'une dénonciation obligatoire, ça n'existait
pas. Ça n'existait pas, on est en train de
le mettre, là. Alors, je pense que le projet de loi puis la loi qu'on souhaite
voir adopter devraient quand même prévoir des dispositions pénales.
Et moi,
personnellement, là, ce qu'il y a là, ce qui était déjà là, ça ne me rassure
pas totalement. On a la possibilité d'inscrire
dans une loi, pour créer quelque chose de nouveau, cette force-là, puis ça
avait déjà été prévu, puis c'est écrit, là, tellement... Puis j'en ai pour ceux qui ont songé à ça, là, qui sont des
gens qu'on connaît tous. Je pense à l'ex-bâtonnier du Québec, Gilles Ouimet. Je pense à la ministre
de la Justice actuelle, qui était aussi partie prenante, à l'ex-ministre des
Aînés également. Puis il y en avait, des
trucs, là. Tu sais, ceux qui ne signalent pas commettent une infraction passible
d'une amende de 200 000 $ pour une
première... en cas de récidive, d'une amende de 500 $ à 2 500 $.
Ça s'appliquait, là, ce n'était pas
si compliqué que ça, c'était là. Ils l'ont prévu, là, ils ont certainement
pondu ça en disant : On va le mettre, mais c'est sûr que ça ne marchera jamais. Alors, oui, j'exprime encore
des craintes, puis oui, je fais suite au discours de mon collègue, mais oui, je reviendrai là-dessus
également dans un article probablement à être déposé... c'est-à-dire un
sous-amendement.
Vous savez,
M. le Président, les sanctions pénales, là, ça a aussi un effet dissuasif.
C'est puissant, ça envoie aussi un
message, puis c'est ça qu'on veut faire ensemble, là. La ministre le dit
souvent, là, il faut que les gens comprennent, que ce soit clair, que ce soit soit tellement précis, que ce soit
tellement clair, là, qu'on ne laisse plus rien passer. Et, en ce sens-là, je continue à penser que ce projet de loi
serait bonifié si on y allait de dispositions pénales, comme on l'a déjà
prévu, il y a de cela quelques années.
Le Président (M. Matte) : Merci. Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, le projet de loi n° 115 prévoit des choses qu'on n'a
jamais vues dans le projet de loi
n° 399. Le projet de loi n° 399, il nous a donné l'opportunité
d'éveiller au sens d'une loi sur la maltraitance. Mais, sérieusement, là, le projet de loi
n° 99 ne prévoyait pas le comité sociojudiciaire, il ne prévoyait pas de
traiter les gens à la maison, il ne
traitait que des gens en institution. Le projet de loi n° 115 parle de
tous les aînés du Québec. On ne voyait
pas là le principe des caméras. On ne voyait pas là la levée du secret
professionnel. Je crois que, dans le principe d'ouvrir et d'avoir de l'ouverture envers ce que la CAQ demande, ça a
été de trouver le moins lourd, le plus sécuritaire puis le plus avantageux pour les aînés qui sont
soit en CHSLD ou couverts par la curatelle. Le 399, M. le Président, là, il ne
couvrait que les aînés en institution. Quelqu'un qui était en curatelle chez lui, bien, il n'était
pas couvert pantoute. Donc, on va beaucoup plus loin.
Maintenant,
entre avoir une amende de 2 000 $,
M. le Président, puis perdre votre job, je pense que la conséquence peut être différente. Alors, quand on me
dit : On ne pouvait pas prévoir de pénalité, il n'y en avait pas, bien, il
y en a, il y en a, des pénalités,
parce que nos gens, là, nos professionnels sont gérés par des codes de
profession, ils sont gérés par des principes
de travail. Ils ont des conventions collectives, il y a des règles qui sont
déjà en place. Honnêtement, M. le Président, entre dire à quelqu'un : Tu ne l'as pas dit, ça fait que je vais te
faire une contravention de 30 000 $... Ou si je lui dis : Tu
ne l'as pas dit, donc tu vas perdre ta job
puis tu ne pourras plus jamais travailler auprès des aînés, je pense que la
deuxième phrase, elle frappe puis elle motive un peu plus que la
première.
L'objectif
qu'on a avec le projet de loi n° 115, c'est de renforcer ce qu'on a déjà,
mettre en application tout ce qu'on veut faire pour protéger tous les
aînés du Québec. Puis, encore là, je vous le dis, M. le Président, parce qu'il
va falloir se le répéter, tous les aînés du
Québec, en se disant : Bien, ceux qui sont capables de parler, ceux qui
sont ont toute leur autonomie, ceux qui sont capables de s'avancer,
laissons-les avoir leur autodétermination.
Maintenant,
j'ai compris, avec les intervenants qu'on a eus, avec les différentes
interventions de mes collègues, que
les gens qui sont vraiment vulnérables, ceux qui n'auront pas l'opportunité,
peut-être, de lever la main pour dire qu'il se passe quelque chose, bien, eux,
on doit les entourer de gens qui ont l'obligation. Mais, dans cette
obligation-là, est-ce qu'il y a des conséquences s'ils ne le font pas?
Bien, la réponse, c'est oui.
Puis oui, mon
collègue de Rimouski l'a dit, la semaine passée, quand on a fermé les caméras,
j'ai équipé mes collègues de documents parce
que je pense que c'est important qu'on puisse avancer avec diligence sur le
projet de loi, puis c'est pour ça que je me suis avancée puis j'ai fait
confiance. Puis, dans cette perspective-là, c'est sûr que ce qui est
écrit dans mon petit carré, là, ce n'est pas l'ensemble de l'oeuvre, mais n'oublions
jamais qu'avoir une révocation de permis,
avoir un congédiement, avoir des conséquences aussi lourdes que celles-là, on
ne peut pas passer à côté de ça en disant : Ce n'est rien, il faut
mettre une amende de 20 000 $, c'est beaucoup plus important.
Oui,
mon ex-collègue M. Ouimet et Mme Blais avaient travaillé sur un projet de loi
qui convenait sur deux aspects. Il
fallait dénoncer, sinon on avait des conséquences. Il y avait un autre aspect
qui est déjà englobé dans notre projet de loi. Le choix que nous avons fait avec le 115, c'est de faire une loi forte,
applicable et faisant en sorte que, la journée qu'elle va être adoptée,
quelques heures plus tard, on est capables de la mettre en application en
allant chercher les ressources qu'on
a déjà et en ajoutant des règles qui font en sorte que tous les aînés du
Québec, à partir du moment où elle sera adoptée, auront une protection
supérieure et seront en sécurité.
Le Président (M.
Matte) : Merci, madame. Le député de Lévis, vous avez soulevé l'interrogation
à savoir... Maintenant, la ministre a répondu. Est-ce que vous aviez d'autres
interventions à faire par rapport...
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, oui. Puis là je voudrais bien qu'on se comprenne, là,
on travaille pour la même chose. Parce
que, quand la ministre dit : Le 399 fait quelque chose, nous autres on
fait plus, bien, j'espère, là, il faut qu'on
fasse plus, puis il va falloir qu'on fasse toujours plus. Puis je ne veux pas
opposer deux projets de loi, là. Je n'oppose pas en disant : Bien,
oui, nous on s'occupe d'aînés vulnérables à tel endroit, tel endroit. De toute
façon, ça aussi, on va y revenir dans un
instant parce que ça aussi, il y a des questionnements. Cependant, je continue
à penser que les sanctions pénales
ont un effet dissuasif, que la loi peut se permettre d'avoir ces sanctions-là
applicables. Ça n'invalide pas les sanctions administratives prévues en
fonction des ordres, là, ce n'est pas un efface l'autre, là.
Dans
la loi, on peut prévoir ça. Ça a été pensé, puis je pense qu'un effet dissuasif
qui est là également, c'est un effet puissant. Vous savez, M. le
Président, je vais prendre un exemple. Puis je ne veux pas que ça soit boiteux,
mais, quand on parle de sanctions
administratives, dans un cas récent qui aura à cheminer davantage, ça fait que
je n'entrerai pas dans tous les
détails... Parce que, là, quand la ministre parle de potentielles sanctions en
vertu du Code criminel, dans un dossier récent, c'est là-dedans aussi. Là, je
parle du dossier Beauceville, on est tous au courant. Je ne révèle rien
puis je ne divulgue rien, sauf que, dans ce
cas-là, ce qui s'est passé, là, c'était deux fois congédiement ou la retraite,
tu sais, excuse, là, tu sais, mais,
voyez-vous... et c'est en se sens-là que je continue à dire que oui, ça ne sera
peut-être pas nécessairement facile,
mais on peut se permettre d'aller dans en ce sens-là, et je vais continuer à
plaider pour le fait qu'on ait dans une loi qui a du mordant, des dispositions pénales qui ont aussi un effet
dissuasif sans invalider les sanctions administratives prévues par les
autres instances.
Le
Président (M. Matte) : Merci. Je voudrais quand même donner l'occasion
au député de Rimouski d'intervenir.
• (16 h 30) •
M.
LeBel : Oui. Moi, l'objectif que j'ai, là, c'est que ça soit clair
pour le monde, là, parce que je continue à dire que la maltraitance, ça a plusieurs visages, ça a plusieurs façons
d'être interprété. Les sept façons de voir la maltraitance, c'est sûr
que, là-dedans, dépendamment de la personne qui donne le service ou qui voit
quelque chose, c'est dans son interprétation,
puis, s'il y a des nuances, c'est très difficile. Ça fait que, si la personne
sait qu'elle doit signaler sans délai, il faut qu'elle sache exactement
que, si elle ne le fait pas, c'est quoi, là... Il faut que ça soit clair dans
le projet de loi.
Je regarde un
bénévole qui... C'est un prestataire de services, un bénévole? Bien, un
bénévole qui vient au CHSLD... Puis,
dans votre définition, là, que j'avais en 4°, que je disais tantôt, les bénévoles étaient là-dedans, là. Un
stagiaire, un bénévole,
bien, ça peut être des gens qui... Bien, la question, j'aimerais ça avoir la
réponse là-dessus. Est-ce qu'un bénévole, un stagiaire, c'est un
prestataire de services?
Mme
Charbonneau :
Bien, il faut faire attention, il ne faut pas mettre «stagiaire» et «bénévole»
dans la même colonne parce qu'un
bénévole, c'est quelqu'un qui peut venir soutenir quelqu'un, c'est quelqu'un
qui peut être un proche aidant auprès
d'un membre de sa famille, tandis qu'un stagiaire, si c'est un stagiaire qui
est en prestation de services en santé
ou des choses comme ça, c'est deux personnes différentes, là. Donc, je
comprends votre souci en disant : Bien, mon bénévole, lui, il se retrouve où? Le bénévole, il n'a pas
l'obligation... Il a l'obligation morale, hein, on va le dire comme ça.
Il est obligé de le faire, mais je ne le mets pas dans le projet de loi,
puisque, lui, je l'incite.
Mais je
reviens à votre phrase, parce que c'est important de se le rappeler, on dit,
hein, on le dit dans notre 18.1, «qui
a un motif raisonnable de croire qu'une personne est victime d'un geste
singulier répétitif ou d'un défaut d'action appropriée qui porte atteinte de façon sérieuse à son intégrité physique
ou psychologique». Donc, on dit à tout le monde, là, que ça, c'est la
partie importante.
Par contre,
revenons sur le principe de... Attends, je vais vous expliquer, parce qu'on...
Il faut regarder sa politique dans
son entier, là. On a dit dès le départ — puis vous vous souvenez parce qu'on l'a fait
ensemble — on a
parlé d'une politique qui serait mise
en place dans chacune des institutions, qu'il y aurait certaines obligations
officielles pour tout le monde puis
qu'il pourrait l'adapter à son milieu aussi en rajoutant des choses. Donc,
chaque institution aura sa politique. Dans
celle-ci, là... Parce que, là, à Beauceville, là, pour la nommer, là, parce
que, moi, je vais la nommer, à Beauceville, il n'y en avait pas, une politique sur la maltraitance que tous les
employés connaissaient puis tous les bénévoles connaissaient. Dans cette politique, il y a des conséquences.
Puis en plus, une fois par année, plus que ça, il y a une reddition de comptes
du D.G. face au ministre de la Santé, et ce
D.G. là aurait pu perdre son emploi parce que la conséquence de ne pas bien
faire l'application de sa politique,
c'est ça. Ce n'est pas une amende, ce n'est pas une tape sur les doigts,
c'est : Tu perds ta job.
De ce fait,
je pense que c'est clair qu'il faut regarder ensemble la politique, hein, il
faut se dire, O.K., c'est quoi, les
cinq points. Dans les cinq points, il y a la politique locale qui sera
appliquée dans chacune de nos instances, et il faut que chacun s'y reconnaisse. Maintenant, mon
bénévole, là, je vais être obligée de le titrer. Si c'est un bénévole qui vient
faire de la lecture, si c'est un bénévole qui vient juste porter des effets
personnels, parce que c'est sa mère qui est en CHSLD puis c'est lui qui décide de faire son lavage pour toutes sortes
de raisons, le bénévole n'est pas inclus dans le principe de l'obligation parce que c'est un bénévole. Mais
le prestataire de services, le stagiaire, bien, lui, il pourrait s'y retrouver
parce qu'il va être reconnu sur le plancher
comme un employé. Il ne sera pas juste reconnu comme un stagiaire, il va donner
des services. Donc, c'est pour ça que je dis
que je ne peux pas les mettre dans la même colonne, puis je ne peux pas obliger
un. Par contre, je peux obliger l'autre.
Le Président (M. Matte) : Ça va?
Donc, M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Donc, M. le Président, je reviens à ma définition que je
disais tantôt. En tout début du projet de loi, quand vous définissez qui
sont les personnes oeuvrant pour l'établissement, bien, il y a un médecin, un
dentiste, une sage-femme, un membre du
personnel, un résident en médecine, un stagiaire, un bénévole ainsi que toute
personne physique qui fournit directement des services à une personne
pour le compte de l'établissement. Je comprends que ça, c'est la définition générale qui est sur la base du projet
de loi. Mais, quand on arrive au signalement obligatoire, vous sortez quelques
personnes là-dedans puis vous en entrez d'autres, entre autres votre comptable.
Mme
Charbonneau :
Oui. Entre autres, mon comptable parce qu'on s'en va dans le Code des
professions. Parce que mon aîné peut faire affaire avec d'autres
personnes que les personnes en place dans le CHSLD.
M.
LeBel : ...mon histoire, là, c'est que, quand je pose cette
question-là, c'est pour dire qu'on a intérêt à être très clair. Parce que, quand on dit qu'il y a des
sanctions, puis on dit que, si vous ne le faites pas, il y a des sanctions,
puis vous nous dites que les sanctions administratives, pénales et
criminelles sont suffisantes, moi, je veux juste... Je ne suis pas pour les sanctions en fou, là, j'essaie...
mais j'ai l'impression que tu travailles dans un CHSLD, tu as intérêt de
savoir c'est quoi, là, au bout de la ligne,
là, tu sais, puis tu as intérêt dans... Juste au niveau du climat de travail,
là, tu peux te faire dénoncer par ton collègue pour une affaire, puis,
tu sais, ça peut tout... Ça fait qu'il faut que ça soit clair.
Dans les
sanctions administratives, pénales et criminelles existantes, c'est en vertu de
la loi sur les services de santé, en
vertu du Code des professions, qui est en train d'être modifié, ce qu'on... il
y a le projet de loi n° 98. Tu as en vertu du Code du travail, des conventions, en vertu de la charte des
droits. Est-ce que tout ça, là, ça vient... Entre autres, un préposé ou, je ne sais pas, moi, un concierge,
il va où là-dedans, il est en... Tu sais, les sanctions, il va falloir qu'elles
soient en vertu d'une de ces choses-là que
je viens de nommer. Puis, là-dedans, on couvre tout le monde, on couvre
vraiment toutes les personnes qui oeuvrent dans un CHSLD ou qui oeuvrent
auprès des aînés?
Mme
Charbonneau :
Bien, dans un principe d'un CHSLD, rappelons-nous que les uns sont couverts par
un syndicat, les autres, par un ordre professionnel, et les autres, on appelle
ça «toute autre personne», là. Il y a le code professionnel, le prestataire de soins puis les gens qui sont syndiqués.
Donc, dans le principe des sanctions, chacun des gens qui est alentour
de l'aîné, sauf le bénévole, est couvert par une instance qui le représente.
Et puis, dans
notre volonté... vous vous souvenez, au point 3°, où on a parlé de la
politique, 3.7° dit : «Les sanctions, notamment les sanctions disciplinaires, qui pourraient, le cas échéant,
être appliquées devant un constat de maltraitance»... devra être inscrit dans la politique. Donc, quand
on parle de est-ce qu'ils vont le savoir, est-ce qu'ils vont être conscients
de ce qui arrive s'ils
ne le font pas, bien, dans chacune des politiques, l'ensemble des employés ou
des gens qui sont alentour des aînés
en CHSLD seront expliqués à même la politique qui va être applicable dans
chacun des établissements. Donc, l'information
sera donnée aux gens pour qu'ils sachent qu'est-ce qui arrive s'ils ne
divulguent pas. La procédure sera donnée aux gens pour savoir que, si tu veux divulguer, si tu as un doute, là,
voici le chemin à prendre. On a aussi parlé de donner l'information aux
familles parce qu'on pense que les familles devraient être dans le coup, eux
autres aussi.
Et,
nécessairement, vous avez compris qu'une copie de la politique va aller aux
bénévoles. Par contre, rappelons-nous qu'un
bénévole peut avoir un rôle différent à l'intérieur d'un établissement. Donc,
soyons vigilants sur la façon qu'on regarde
les gens qui font du bénévolat, puis disons-le à eux : Si vous avez un
doute, voici le chemin à suivre. Mais vous n'aurez pas de pénalité puis vous n'êtes pas dans l'obligation parce que
vous êtes un bénévole. Je ne veux pas, par l'implication ou la volonté de poser une loi sur la maltraitance, que
nos CHSLD, nos maisons de soins palliatifs, tous ces endroits-là se vident de bénévoles parce que les
gens vont dire : Bien là, tu sais, si j'ai des doutes ou... Alors, les
bénévoles ne sont pas couverts. Par
contre, toutes les autres personnes autour de mon aîné sont couvertes par un
principe disciplinaire.
Le Président (M.
Matte) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Conclusion, la ministre nous dit que les gens doivent signaler
sans délai, que, s'ils ne le font pas, ils font face à des sanctions qui sont
déjà existantes. Pourquoi qu'on n'intègre pas ça dans l'amendement? Pourquoi
qu'on ne le dit pas que, si tu ne signales pas, tu... je ne sais pas c'est
quoi, le mot, mais tu fais face à des sanctions qui sont déjà prévues en vertu de la loi sur les services
sociaux, en vertu du Code des professions, du Code du travail, de la charte des
droits? Pourquoi que ce n'est pas inscrit
dans ça? Pourquoi qu'on ne l'inscrit pas là pour que ce soit clair pour tout le
monde?
Le Président (M.
Matte) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Je comprends ce que mon collègue me demande
puis, dans le fond, je comprends, dans la volonté de la bonne foi, de dire : Plus on va nommer les choses,
plus ça devrait être clair. Par contre, souvenons-nous que le principe de la
politique, qui sera locale, à chacun des endroits, va contenir cette
information-là. La loi ne l'évacue pas. La loi doit-elle le contenir? Moi, j'ai encore un collègue qui se lève
en Chambre, de la deuxième opposition, avec une feuille longue de même
d'un trajet d'un projet ou d'une volonté dans le système de la santé qui nomme
26 affaires. Je ne nomme pas le collègue
parce que je ne me souviens plus de sa circonscription, mais je le vois encore,
là, se lever avec sa grande pancarte
puis dire... Ce n'est pas vous, mon collègue de Lévis, mais de dire :
Voici le chemin à parcourir si jamais je dois faire telle affaire. C'est
effrayant, la procédurite, c'est effrayant, ce qu'il faut faire.
Ce
qu'on cherche à faire ici, là, c'est une loi qui va être applicable rapidement,
avec ce qu'on a sur le terrain puis avec des obligations qui vont venir dans
chacune des instances. Donc, quand vous me dites : Pourquoi on ne l'écrit
pas?, bien, parce que, un, on ne veut pas
alourdir. Deux, on a dit que, dans chacun des endroits, ils vont pouvoir
modeler leur politique à leur regard, dans les régions comme dans les
villes, parce que ce n'est pas la même chose. Et, n'en ont pas, de professionnels qui passent, d'une certaine façon, bien,
peut-être qu'ils ne seront pas obligés de les écrire. Mais je pense que chacun des professionnels ou des prestataires de soins qui est alentour de nos
aînés dans nos instances connaît très
bien la conséquence à partir du
moment où il y aura une politique dans chacune de nos institutions pour lui dire : Si tu ne le fais pas, il peut arriver ça.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Matte) : Merci. M. le député de Lévis, est-ce que vous...
M.
Paradis (Lévis) : Bien, je
ne sais pas si le collègue de Rimouski avait autre chose à ajouter. Parce que, sinon,
je vais bifurquer sur autre chose également...
Le Président (M.
Matte) : Je suis prêt à...
M.
Paradis (Lévis) : Oui, M. le Président. Merci de me redonner la parole. Je comprends ce que la ministre
nous dit. J'ai encore ma vision, elle
la connaît. Alors, en ce sens-là, c'est sûr qu'on ne se rejoindra probablement pas sur les intentions que nous aurions, elle comme ministre,
moi comme député, mais c'est comme ça.
Dans
l'article 18.1, M.
le Président, j'aimerais que la ministre
éclaircisse quelque chose parce
qu'à la toute fin de l'article on
dit : «Le présent article s'applique même aux personnes liées par le
secret professionnel — Dieu sait que c'est important, le secret professionnel, on
en a parlé beaucoup — sauf
à l'avocat et au notaire qui, dans l'exercice de leur profession, reçoivent des informations concernant un tel cas.»
J'aimerais qu'on nous explique pourquoi l'avocat et le notaire sont
exclus de cette procédure.
Le Président (M. Matte) :
Donc, Mme la ministre.
M. Paradis
(Lévis) : Je peux répéter, M. le Président, si vous voulez.
Mme
Charbonneau :
Merci.
M.
Paradis (Lévis) : Je
comprends. Non, il n'y a aucun problème, hein? On échange l'information, c'est correct.
Mme
Charbonneau : Non,
non, non, je m'excuse, je m'excuse, je l'ai, je l'ai. Je l'avais dit la dernière fois, mais je le répète, on exclut avocats et notaires parce qu'ils
peuvent recevoir des cas. Donc, pour garder le principe du secret professionnel de leur côté, dans la plupart des
cas, hein, c'est une réplique qu'il y
a dans la plupart des endroits où on
demande de l'information puis la levée du secret professionnel, les avocats et les notaires sont
levés de ça. Ça ne les empêche pas de... s'ils voient une situation, qu'ils peuvent le
faire. Mais de les mettre dans le principe de l'obligation les met en
porte-à-faux avec des dossiers qu'ils
pourraient, par la suite, recevoir comme clients ou comme défendeurs. Donc,
ils sont toujours protégés
dans le principe de la divulgation, puis ce sont toujours les deux ordres
professionnels, notaires et avocats.
Le Président (M. Matte) : Oui, M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Je ne sais pas si
la ministre, M. le
Président, allait ajouter quelque chose. Je pense qu'il y a même un jugement qui... Donc, je pense que c'est
important, il faut le dire, parce
qu'il y a des gens qui pourraient
dire : Bien, voyons donc, je
veux dire, les avocats puis les notaires, ça, c'est un lien tellement
étroit. Mais c'est pour fins de compréhension
pour tout le monde, là, pour ne pas qu'on ait l'impression qu'on
échappe tous quelque chose quelque
part, là.
Mme
Charbonneau : Oui. Si vous le permettez, M. le Président, et puisque, la dernière
fois, ça a été bien fait... Sauf que, là, je ne dirai pas «la jolie jeune
fille» parce que, la
dernière fois, mes collègues d'en
face, les gars, m'ont dit que moi, j'avais le droit de dire ça, «la
jolie jeune fille», mais eux ne pouvaient pas le faire. Donc, je vais juste
dire : M. le Président, si vous le permettez, je demanderais à maître, à
côté de moi, de pouvoir expliquer de
façon plus légale le principe
de notaires et avocats.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a un consentement pour permettre...
Une voix : Consentement.
Le Président (M. Matte) : Vous
voulez vous nommer, s'il vous plaît?
Mme
Boily-Dupuis (Lydia) : Oui,
bonjour. Lydia Boily-Dupuis, affaires juridiques, Santé et Services sociaux
et Famille. En fait, c'est dans le jugement de la Cour suprême Smith c. Jones
où, dans le fond, on est venu élever, là, le principe
du devoir et de l'accomplissement... c'est
ça, du devoir des avocats et des
notaires à la cause de leur client, on a élevé ça au rang d'un principe
de justice fondamentale, puis ce principe-là est... Donc, ce serait contraire à
la charte canadienne, aux articles
7 et 8, là, dans le fond, de les forcer à procéder à une dénonciation parce qu'ils doivent, donc... leur dévouement premier doit être à la cause
de leur client.
M. Paradis
(Lévis) : Je comprends.
Puis, vous savez, souvent, M. le
Président, que les gens comprennent.
Puis je pense qu'on est tous
conscients, on peut aussi poser des questions, sachant un peu où on s'en va,
mais pour le bénéfice de bien comprendre, pour que tout soit clair. J'ai, cependant, et l'experte en matière
juridique en conviendra... on sait que, dans ce dossier-là, l'ordre des comptables, lui, conteste
l'interprétation de ce jugement-là également. Vous savez que ce n'est
pas...
Mme
Charbonneau :
...c'est ça, ça leur appartient.
M. Paradis
(Lévis) : Ça va pour moi.
Alors, M. le Président, bon, est-ce qu'il y a quelque chose à... Non, M. le Président, j'ai un sous-amendement parce que ça va
demander... Je ne sais pas, on a des notions de temps, on se l'est déjà fait expliquer, puis le temps file rapidement.
J'ai un sous-amendement qui va nous permettre de faire un petit bout de chemin
concernant un autre élément important,
c'est-à-dire l'alinéa n° 1 du 18.1. Vous permettez donc de le distribuer
et de le déposer?
Le
Président (M. Matte) : Je m'excuse, monsieur, mais il y a un vote. On
va suspendre puis on va revenir à ce moment-là.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise à 17 h 23)
Le
Président (M. Matte) :
Alors, la commission reprend l'étude article par article.
J'aimerais rappeler aux membres
de la commission que tout député a 20 minutes par sous-amendement ou amendement.
Donc, avant le vote, nous étions avec le député
de Lévis, qui avait un sous-amendement.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, alors, je pense qu'il a été distribué. Vous me corrigerez si je
me trompe, est-ce qu'il a été distribué?
Le Président (M. Matte) : Oui, il a
été distribué.
M.
Paradis (Lévis) : Il a été
distribué. Sous-amendement, donc, et j'en fais la lecture. Article
18.1. Remplacer le premier alinéa de l'article 18.1 du projet de loi
n° 115 par le suivant :
«1° — dans le premier alinéa — toute personne hébergée dans une
installation maintenue par un établissement qui exploite un centre d'hébergement et de soins de longue durée ou dans
un hôpital au sens de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.»
M. le Président, vous me permettrez d'aller un
petit peu plus loin.
Le Président (M. Matte) : Oui.
M. Paradis (Lévis) : Faut-il que je
le répète encore, on est à l'étape, puis on est en train de mettre en place quelque chose de nouveau, puis l'objectif final,
c'est la protection de nos aînés, bien sûr, les plus vulnérables, personnes
majeures vulnérables, aînés vulnérables. Et
je vais permettre à la ministre de nous réexpliquer, mais... D'ailleurs, dans
le premier alinéa, «toute personne hébergée dans une installation
maintenue — ça,
c'est le texte de l'amendement de la ministre — par un établissement qui exploite un centre
d'hébergement et de soins de longue durée au sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux», ce
que je comprends, là, c'est que, là, on va protéger les personnes vulnérables,
personnes majeures vulnérables et les aînés
vulnérables en CHSLD. C'est ça, essentiellement, que ça veut dire, l'article
de la ministre. Pourquoi n'a-t-elle pas...
Et je lui pose la question, puis on me dira que c'est peut-être un argument
juridique, mais «toute personne
hébergée dans un CHSLD au sens de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux», je veux rien que
comprendre pourquoi on a cette gymnastique-là de dire «dans une installation
maintenue par un établissement qui exploite un centre d'hébergement»,
etc. Alors, si c'est...
Le Président (M. Matte) : Mme la
ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, je vais limiter ma réponse à : C'est comme ça que la structure est faite. C'est comme ça qu'on
les nomme dans la loi de la LSSSS, donc, dans le fond, on reprend les mêmes
termes.
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, dans le sous-amendement proposé, il faut savoir qu'actuellement, au moment où
on se parle, là, il y a 574 adultes hébergés dans un hôpital
en attente d'une place en CHSLD. Ce sont des aînés vulnérables, ce sont des personnes majeures
vulnérables, il y en a 574. Et on le sait, souvent le centre hospitalier est la
voie de transition pour obtenir une
place en CHSLD. Parce que des gens attendent pour des places en CHSLD. De la
façon dont on travaille, ceux que
l'on souhaite protéger dans l'amendement de la ministre, on oublie ces gens-là.
Alors, ces gens-là passeront, pour certains, plusieurs semaines en centre
hospitalier.
Alors, je
comprends que, s'il arrivait une situation de maltraitance, qu'un prestataire
de soins, par exemple, soit impliqué dans un processus qu'on ne veut pas
voir être reproduit, que, dans ce cas-là, personne n'est tenu, personne n'est obligé de dénoncer parce que l'hôpital ne
fait pas partie des endroits où on oblige la dénonciation. Et, en ce sens-là,
je pense que, dans ce contexte-là, on est en
train d'oublier et de passer à côté de la protection de gens qui, manifestement,
ne sont pas en CHSLD seulement parce qu'on
est en attente de places. La vulnérabilité, elle est là. Je ne comprends pas
qu'on puisse oublier ces gens-là et ne pas
inclure également les hôpitaux dans l'amendement de la ministre, et c'est pour
ça que je soumets ce sous-amendement.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir? Mme la ministre.
Mme Charbonneau :
M. le Président, je serai contre cet amendement pas parce que ce n'est pas
déposé... Puis je vais répéter la phrase
parce que je pense qu'elle est sensée, ce n'est pas parce que ce n'est pas de
bonne foi que mon collègue le dépose,
mais un hôpital, malgré tout l'argument qu'il a fait, ce n'est pas un milieu de
vie. Et vous comprendrez, M. le
Président, quand on vise les CHSLD, on rappelle aussi aux gens que quelqu'un
qui est hébergé en CHSLD est en milieu
de vie. C'est chez lui jusqu'à tant qu'il n'y habite plus. Quelqu'un qui est à
l'hôpital, qui est en attente, il faut aussi se rappeler, hein, qu'il n'est pas laissé pour compte, qu'on ne le protégera
pas, qu'il ne sera pas entouré d'une protection ou d'une politique. Il faut juste se rappeler qu'il n'est pas dans un
milieu de vie, il est dans un endroit qui, malheureusement, est l'endroit d'attente pour aller en milieu de
vie. Par contre, rappelons-nous, si c'est quelqu'un qui est sous curatelle ou
sous tutelle, bien là c'est quelqu'un qui
est protégé par la voie obligatoire. Par contre, il n'est pas en milieu de vie.
De ce fait, je persiste et je signe, les gens de l'article 18.1,
picot 1°, paragraphe 1°, c'est les gens en CHSLD.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
en tout cas, on n'en fera pas un long débat, mais, le jour où — et je ne le souhaite pas — il se
passe quelque chose quelque part, dans un centre hospitalier, à l'endroit d'un
des 574 aînés vulnérables, personnes
vulnérables qui sont en attente d'une place en CHSLD, M. le Président, je dois
vous dire que l'argument du fait que
le centre hospitalier ne soit pas le milieu de vie de celui qu'on souhaite
protéger, je ne suis pas sûr que ça va passer. C'est la décision de la
ministre, c'est sa vision, je continue à penser qu'on a là des adultes
vulnérables, des aînés vulnérables en attente de, et ils auraient droit
à toute la protection et au principe de dénonciation obligatoire que l'on
maintient pour les CHSLD.
Le Président (M. Matte) : Oui,
M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Bien, moi, je ne voulais pas comme intervenir, mais, quand la
ministre dit que c'est un milieu de vie, les CHSLD, je ne suis pas certain que c'est vraiment un milieu de vie.
Je ne sais pas si vous avez vu les articles récemment, la journaliste va rencontrer quelqu'un en CHSLD,
discute avec, et la direction du CHSLD dit qu'il y a eu un call du CISSS
pour dire que les journalistes n'ont pas le
droit de rentrer dans les chambres et a expulsé la journaliste. Il me semble
que, quand tu es dans un milieu de
vie, tu as le droit d'accueillir qui tu veux dans ta chambre, puis... Ça fait
que ce n'est pas... Et, dans bien des cas, en CHSLD ou dans un hôpital en
attente d'une place, c'est le même personnel, presque, autour de la
personne ou c'est... Moi, je trouve, souvent c'est similaire comme conditions
de vie.
Mais je comprends la ministre, par exemple... le
fait de dire : On va viser les CHSLD. Je me poserais des questions sur les RI, par exemple. Peut-être que ça pourrait être ajouté. Mais je comprends,
là, que, par rapport à l'hôpital, c'est un milieu différent. Je suis contre l'idée quand... Bien, ça me
fait réagir quand elle parle de CHSLD comme milieux de vie, mais je
comprends sa position par rapport à l'hôpital, je serai contre aussi l'amendement.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Matte) : Vous allez
être contre l'amendement. Mme la ministre, vous voulez réagir?
Mme
Charbonneau : Oui, M.
le Président. Je veux nous rappeler
les 75 % qui sont venus nous dire : Soyons vigilants, soyons prudents
si vous décidez d'ouvrir à la dénonciation. Dans l'ensemble des groupes qu'on a reçus, 75 % des
groupes nous ont dit : On a un malaise avec ça. C'est ce qui a porté à ma
réflexion quand on a décidé de faire les amendements pour parler des gens qui
auraient l'obligation.
Maintenant,
quand je suis en CHSLD, j'habite là. Je peux même payer un loyer, M. le Président, là, c'est chez nous. Et je comprends l'inquiétude de mon collègue
de Rimouski quand il dit : Bien, si c'est chez eux,
pourquoi ils ont des restrictions? Je
vous entends quand vous le dites, puis il
y a des questions à poser par rapport à ça. Mais rappelons-nous que,
si j'habite à quelque part, si je paie un loyer, c'est chez moi, c'est mon
milieu de vie. Si je suis à l'hôpital, je ne paie pas de loyer, je suis en attente d'un service. Puis mon collègue
de Lévis a raison, quelquefois, de nous le soulever, il y a des
endroits où il faut avoir plus de place pour notre monde. Mais la volonté qu'on
a en ce moment dans un projet
de loi aussi important
que le n° 115, c'est de bien nommer les endroits et de bien
appliquer la volonté qu'on a parce qu'il ne faudrait pas que, par une fausse route ou par une bonne foi, on pose un
geste qui vient faire des contraintes à nos aînés.
Maintenant,
je comprends qu'il dit les aînés en attente de, mais il y a
aussi des aînés dans nos hôpitaux,
hein, il y a des adultes qui sont en situation de vulnérabilité, qui ont
toute leur tête, qui ont toute leur façon de faire, puis qui ne veulent surtout pas... Puis j'ai même un collègue
ici, là, qui a dit : Moi, je ne veux surtout pas que quelqu'un se prononce
à ma place, là, je suis capable. Et, de ce
fait, bien, on garde les hôpitaux à l'extérieur du principe. Par contre, on va
un peu plus loin que les gens
auraient cru qu'on voulait aller parce que le curateur nous a signifié qu'il y
avait une importance à porter aux
gens qui étaient sous curatelle. Et, de ce fait, bien, on a ouvert là aussi. On
ne s'est pas limités au principe des CHSLD, mais on est allés même au
principe des gens qui étaient sous curatelle et sous tutelle.
Et, je vous le dis, M. le Président, là,
25 % des gens nous ont dit : Savez-vous quoi? Il y a quelque chose
qui m'intéresse dans l'obligation. Mais
75 % des gens qui sont venus nous voir sont venus nous dire : Ce
n'est pas nécessaire, on pense qu'on
peut faire avec une... pas une obligation, mais avec une politique qui vient
traiter le principe de la maltraitance.
Et je vais
aller un pas plus loin parce que ça fait un petit bout qu'on ne se l'est pas
rappelé, là. Puis mon collègue de Lévis, il aime ça nous rappeler des choses.
Bien, je vais le faire, moi aussi. Il y a quand même une chercheure qui nous a dit : Vous savez, chers députés, que, quand
on met une obligation avec ou sans conséquences, quand on met une obligation, il y a toujours le principe du doute.
Et, si la personne croit que son doute n'est pas assez fort pour partir toute
la machine, que ça part à partir du
moment où il va donner un signalement, bien, il va s'abstenir de le faire. Puis
je vous le dis, là, ce n'est pas le Parti libéral du Québec qui a commandé
cette étude-là, c'est le Parti québécois qui a dit, par le biais du ministre en titre de ce moment-là, M. Hébert,
qui a dit : Ça nous prend plus que juste que le 399, il faut aller plus
loin. Puis il a commandé cette
étude-là, et l'étude a répondu : Sur 150 groupes, il y en a un qui a
dit l'obligation. Tous les autres ont
dit : Ne touchez pas à l'obligation. Parce que les aînés du Québec, là,
ceux qui sont partout au Québec, ne sont pas tous des gens vulnérables. Il y en a qui sont en situation de
vulnérabilité, mais ça n'enlève rien à ce qu'ils ont comme tête puis
comme décisions à prendre.
Donc,
j'entends mon collègue qui dit : Les hôpitaux, il me semble que les
hôpitaux... Non, les hôpitaux, ce n'est pas un lieu d'hébergement, c'est un
lieu de soins. Et c'est malheureux que je le rappelle, mais, vous savez, le
pourcentage des aînés maltraités, ce
n'est pas par des gens qui donnent des services, c'est par les gens qui sont
proches d'eux, c'est par les gens
avec qui ils ont un lien de confiance, et, souvent, ils ne divulguent pas, nos
aînés, parce qu'ils ne veulent pas briser
le lien familial, briser le lien d'amitié, briser la visite qui vient les voir.
Donc, il faut être prudent dans ce qu'on fait, on avance à petits pas, mais le geste qu'on pose avec le 115, avec
l'amendement ou l'article 18.1 vient baliser correctement le principe
de l'obligation.
Le
Président (M. Matte) :
Merci, madame. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants, d'autres interventions? M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : J'entends la
ministre, j'entends son explication, c'est un peu étonnant aussi. Remarquez
que la ministre... Parce qu'à travers les
chiffres dont elle nous parle, bien, il
y en a d'autres aussi, hein, la forte
majorité de ceux et celles qui travaillent pour la défense et
la protection de nos aînés qui ont réclamé cette obligation de dénonciation.
Il ne faut pas quand même
pas l'oublier. Je pense que c'est important, c'est une volonté populaire clairement
exprimée.
Et ce qui est
étonnant dans ce que la ministre me dit... Et, ceci dit, que la ministre ait
avancé dans ce processus-là cette
intention-là, bien, je m'en réjouis, on a fait un pas, là. Je l'ai dit, on a
fait un pas, on avance, et je salue la ministre, qui a réfléchi puis qui a dit : Oui, O.K. Je pense
qu'on ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Pour moi, ce n'est pas suffisant, je pense qu'il y a
des endroits où les gens n'auront pas droit à cette obligation-là, qui devient
une mesure de protection.
D'ailleurs,
dans le principe d'autodétermination, je veux seulement dire à la
ministre... Puis je ne veux pas en faire un débat de deux heures, mais la ministre, par sa décision, suppose,
exprime que tous les aînés en CHSLD, les personnes majeures vulnérables sont en situation
de vulnérabilité complète. Il peut y avoir des gens en CHSLD,
là... Puis là je rejoins l'autodétermination
de la ministre, là, en CHSLD, là, il
y a des gens qui ont toute leur tête,
il y a des gens qui prennent leurs
décisions, puis il y a des gens qui, aussi, connaissent le principe
d'autodétermination, et j'en suis. Mais là on décide que, là, ça ne
compte plus. Alors, dans les hôpitaux, non, mais là, dans les CHSLD, qu'on ait
toute sa tête ou pas, la dénonciation est
obligatoire. C'est un peu étonnant, je vous dirai comme argument ou j'ai mal
saisi. Puis ça se peut aussi, hein,
je veux dire, il n'y a pas de problème, on est en train de se parler puis
tenter de comprendre. Alors, je trouve ça quand même un peu étonnant, le
discours de la ministre, son argumentaire en fonction de sa position, de ce
qu'elle me dit.
Le Président (M.
Matte) : Je vous le rappelle, il est toujours dans son 20 minutes. Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, on va revenir sur des éléments de base, de base, parce que
j'entends mon collègue, là, puis ce qui a fait que la ministre a penché vers
une obligation, c'est parce que je suis allée plus loin avec les témoignages qu'on a eus. Et, dans le principe des
CHSLD, les gens qui y sont, là, il y
a un principe qui s'appelle le SMAF,
je vous l'explique. En cours, là, dans votre
vie d'adulte, vous avez des capacités, dans le SMAF, là, de 0 à 14. Quand vous
arrivez à 10, vous commencez à avoir besoin
de plus de six heures de services en santé pour vous habiller, pour vous
nourrir, pour vous laver. Il y a
une limite, les gens en CHSLD sont de 10 à 14. Ça s'appelle le Système
de mesure de l'autonomie fonctionnelle.
Par contre,
où vous avez raison — et
c'est là où moi, j'ai eu un déchirement personnel avant d'écrire cet amendement-là...
ou avant de le demander — c'est
qu'il y a 10 %
de la clientèle en CHSLD qui a toute sa tête, sauf qu'ils ont une
maladie dégénérative qui fait qu'ils ont besoin d'un service 24 heures. On a eu
un témoignage concret d'une personne qui est
venue avec M. Brunet qui a toute sa tête, qui est même capable de dire qu'il a
le goût de prendre un verre de vin un
samedi soir, mais, pour toutes sortes de raisons physiques, il est en CHSLD,
puis mon collègue le ministre de la Santé
s'est même avancé pour dire qu'il est en train de regarder comment on peut
faire mieux pour s'assurer qu'en CHSLD on n'ait personne de catégorie en
bas de 10 qui y soit.
Un
coup que j'ai dit ça, quand vous me dites : Ça se peut qu'il y ait du
monde... ça fait que je ne comprends pas la logique, bien, je vais vous l'expliquer, la logique. On est allé avec la
majorité... de l'endroit où la majorité des gens sont, sous le principe du SMAF, entre 10 et 14. Et, de
ce fait, bien, on est capables d'assurer, dans un établissement où les gens
sont reconnus comme chez eux, dans leur
milieu de vie, une protection ultime, ce qui n'empêche pas quelqu'un qui a
toute sa tête de lever la main puis
dire : Je vis de la maltraitance. Comme, malgré tout le discours qu'on
tient, si je suis à l'hôpital, si je suis chez moi, je peux encore lever ma
main puis dire : Je pense que je vis de la maltraitance ou je pense que
mon voisin en vit. Ce n'est pas parce que je ne l'oblige pas que je ne demande
pas aux gens de la dénoncer.
• (17 h 40) •
Ce
qu'on fait, par contre, c'est qu'on dit : À un endroit précis, là, dans un
établissement précis qui s'appelle un CHSLD,
là on l'oblige. Par contre, si mon voisin reçoit des services, puis que,
d'après moi, il se vit quelque chose, puis, bon, on va voir s'il est sous curatelle ou sous tutelle, puis là on
découvre que oui, effectivement, cette personne-là... bien là, celle-là,
on va être obligé de dénoncer.
Soyons
vigilants avec ce qu'on fait avec une obligation. Ce n'est quand même pas
n'importe quoi, puis il ne faut pas
oublier l'aîné là-dedans puis la personne en arrière de ça. Donc, M. le
Président, malgré toute ma bonne volonté, là, je vous le dis, un CHSLD, c'est un milieu de vie, ce n'est pas un hôpital.
Je reçois des soins, oui, mais j'y vis 24 heures sur 24, puis je peux vivre là jusqu'à la fin. Dans un
hôpital, ce n'est pas la même chose. Puis, si je suis sur curatelle ou sur
tutelle, il y a une protection
supplémentaire, puis je vous le dis, là, M. le Président, sur curatelle et sur
tutelle, il y a du monde qui ont
toute leur tête. Il y a des gens qui sont dans des principes de maladies qui
sont différentes, mais qui ont toute leur tête. On va choisir de les protéger pareil parce qu'on ne fera pas de section.
Mais soyons prudents quand, un moment donné, ça nous adonne ou qu'ils sont
assez vulnérables pour obliger puis, dans un autre moment donné, ça nous adonne
moins parce qu'on veut mettre en contradiction la ministre.
Le
Président (M. Matte) : Merci, Mme la ministre. S'il
n'y a pas d'autre intervenant, je
vais mettre aux voix l'amendement.
M. Paradis
(Lévis) : Par vote nominal, M. le Président.
Le Président (M.
Matte) : Par vote nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Alors, M. Paradis (Lévis)?
M. Paradis
(Lévis) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Tremblay (Chauveau)?
Mme Tremblay : Contre.
La Secrétaire : Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)?
Mme
Rotiroti : Contre.
La Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire : M. LeBel
(Rimouski)?
M. LeBel : Contre.
La Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
Le Président (M. Matte) : Je
m'abstiens. Donc, l'amendement a été rejeté. Oui, M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Là, j'aurais un
sous-amendement à déposer.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'on peut le...
M. Paradis (Lévis) : Le distribuer?
Le Président (M. Matte) : Il est
déposé? Est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Paradis (Lévis) : Je vais vous le
donner.
Le Président (M. Matte) :
Pouvez-vous en faire la lecture dans le temps qu'on va en faire des
photocopies?
M. Paradis
(Lévis) : Aucun problème, M. le Président. Sous-amendement, article 18.1. Remplacer le premier alinéa de l'article
18.1 du projet de loi n° 115 par le suivant :
«1° toute
personne hébergée dans une installation maintenue par un établissement qui exploite un centre d'hébergement
et de soins de longue durée ou une ressource intermédiaire et de type familial
au sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.»
Le
Président (M. Matte) : C'est
bien. Est-ce que, M. le député de Lévis, vous voulez... On va patienter, ce ne
sera pas long que...
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Reprise à 17 h 44)
M. Paradis
(Lévis) : J'ai fait la
lecture, j'y vais de mon explication. Et que la ministre se rassure,
l'exercice, ce n'est pas de faire du
temps, là, je n'en aurai pas 22 000 comme ça, là, je veux dire, on jase,
là. On est en train de mettre quelque chose en place, je pense qu'il
faut prendre le temps également de voir ce qu'on peut bonifier ou pas. Et, en ce sens-là, ce sous-amendement-là parle de
18 201 personnes qui sont en résidence intermédiaire présentement. Il y en a 18 201.
Il y en a 19 010 qui sont en ressource de type
familial. L'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec
a présenté devant nous un mémoire où elle réclame également dans ses
établissements la dénonciation obligatoire. C'est l'Association des ressources
intermédiaires.
Je ne serai
pas très, très longtemps, je rappellerai seulement au souvenir
des membres de la commission un événement
triste d'octobre 2015 dans Charlevoix. Vous vous en rappelez, arrestation de quatre
individus en lien avec la maltraitance de personnes en perte d'autonomie complète ou
souffrant de déficience intellectuelle sévère dans deux résidences privées d'hébergement de la région de Charlevoix.
C'était des ressources intermédiaires, des gens — et je le rappelle — en perte
d'autonomie complète ou souffrant de déficience intellectuelle, ce qui a fait
réagir à ce moment-là parce qu'on ne
peut pas ne pas se trouver touché par un
événement aussi dramatique que celui-là. Je me rappelle, d'ailleurs, des propos
du ministre de la Santé, qui disait :
«Ce genre de situation ne peut plus être toléré[...]. [...]ce qui est pire que
pire, c'est que des gens le fassent et que d'autres en position
d'autorité ne le dénoncent pas. On est dans la banale bienséance.»
En
octobre 2015, là, on s'est tous révoltés à voir le récit de ce qui s'était
passé. Bien, moi, mon inquiétude aujourd'hui, M. le Président, au nom de ceux et celles qui souhaitent vraiment qu'on
fasse en sorte que nos aînés soient mieux protégés et qu'on ait un outil supplémentaire... Bien que le
projet de loi n° 115 puisse disposer de façons de faire qui vont au-delà de ce qui avait déjà été
pensé avant, je n'en ai pas, de problème, plus on va se donner des outils, plus
je serai content. Mais, dans ce
dossier-ci, il est légitime de se questionner sur les 18 000 personnes qui
sont en RI, les 19 000 personnes qui sont en RT, résidences de type familial ou résidences intermédiaires, parce
que le passé nous apprend et nous révèle qu'il y en a eu, des cas.
Puis, si 2015
était 2017, là, dans trois semaines d'ici, après les dispositions dont on parle
maintenant, on aurait été soumis à des cas de maltraitance puis on
serait tous révoltés en disant : Comment ça que, là, il n'y avait pas une obligation pour protéger ces adultes-là, ces
personnes majeures vulnérables qui le sont, en perte d'autonomie complète
ou souffrant de déficience intellectuelle? Moi, ce que je veux, là, ce n'est
pas piéger personne puis ce n'est pas juger personne
dans sa vision de. Il y a ici des visions qui ne sont pas au même endroit, mais
on avance, on réfléchit puis on tente
de bonifier. Ma tâche, c'est celle-là. Puis, au nom de ces gens-là qui,
eux-mêmes, dans leur organisation, disent : Aïe! Nous autres, là, je pense qu'on devrait être touchés par ça, quand
je vois qu'on ne l'est pas, bien, je me questionne. Et, en ce sens-là, sur la base de cet
argumentaire, j'ai pas mal l'impression de ce que je vais avoir comme réponse,
puis c'est correct, je veux dire, il
y a des positions qui ont déjà été mises sur la table, mais on ne peut pas
taire une volonté exprimée de
protéger des gens qui, manifestement, sont vulnérables de la façon dont on en
parle, reflétant les événements d'octobre 2015, qu'on ne souhaite pas
voir se reproduire nulle part.
Le Président (M. Matte) : Merci. M.
le député de Rimouski.
M.
LeBel : Tantôt, la ministre, sur l'amendement de mon collègue, je
comprenais l'argument, là, de l'hôpital, puis c'est pour ça, là, même si je savais que, dans les hôpitaux, il y a
des gens en attente, des aînés, entre autres qui sont vulnérables puis qu'il fait les protéger, mais je
pense qu'il y a d'autre chose là pour les protéger où on... Mais là, dans
ce cas-là, je suis plutôt sensible à
l'amendement du collègue parce que... Puis on sait que, dans les ressources intermédiaires — puis
je le vois beaucoup dans ma région — pour déloader, comme on dit,
les CHSLD, on envoie le monde en ressources
intermédiaires, beaucoup d'aînés en ressources intermédiaires, qui seront comme
un genre de voie de passage au CHSLD.
Puis, dans les ressources intermédiaires, même selon l'aveu de l'association
qui est venue ici, il y a un roulement de personnel effrayant, là. Tu sais, ils
sont moins payés que dans le réseau, puis ça fait qu'il y a un roulement
de personnel. Puis c'est du personnel qui
prend soin des aînés. Des aînés puis d'autres personnes aussi, parce qu'il n'y
a pas juste des aînés, il y a aussi
des gens vulnérables. Comme dans les CHSLD, il n'y a pas juste des aînés, il y
a d'autre monde, on a... Ça fait que c'est un peu la même chose.
Moi, je
trouve que là-dessus, par exemple, dans les ressources intermédiaires, qui sont
devenues au fil des ans des antichambres
des CHSLD, là-dessus, on ne peut pas... Puis on parle de gens qui sont là, qui
demeurent là, là, et c'est un peu ça,
ce qu'elle disait la ministre tantôt, là, dans les RI, c'est des gens qui
demeurent là. Ce n'est pas un passage à l'hôpital, ils demeurent là. Ça fait que ça correspond, je
pense, aux arguments que la ministre disait tantôt, et c'est pour ça qu'à mon
avis on devrait... Là-dessus, je vais voter
pour l'amendement parce que j'ai l'impression que les ressources
intermédiaires, c'est comme
l'antichambre des CHSLD, c'est à peu près le même réseau, et les aînés qui sont
là font face à d'autres défis, entre autres le roulement de personnel.
Moi, je pense qu'on devrait, là-dessus, les intégrer par l'amendement.
Le Président (M. Matte) : Merci.
D'autres intervenants? Mme la ministre.
• (17 h 50) •
Mme
Charbonneau :
M. le Président, si vous me permettez, je vais... Quand vous dites :
D'autres intervenants, je me dis tout le temps : Est-ce qu'il faut
que je lève ma main? Mais je vais intervenir, M. le Président.
Je vais vous
dire, on a dû s'y pencher, on a dû y réfléchir, hein? Quand on a dit : On
va penser aux CHSLD puis... et notre
façon de pouvoir l'adresser a été de dire : On va couvrir les gens qui
sont sur curatelle et sur tutelle. Pourquoi? Bien, parce que, dans nos RI puis dans nos RTF, là, en milieu familial
et en ressources intermédiaires, il n'y a pas que des aînés. Mon collègue de Rimouski le disait,
puis c'est pareil comme les CHSLD,
bien, je suis obligée de dire non parce
que,
dans les CHSLD, il n'y a que 10... je dis «il n'y a que», puis déjà
c'est trop, là, mais il n'y a que 10 %
de la clientèle qui n'est pas des
aînés en situation de vulnérabilité. Dans nos ressources familiales et nos
milieux intermédiaires, il y a plus que ça. Donc, l'angle qui a été
pris, c'est différent.
Par contre — puis je vous le dis parce
qu'on est obligés d'y revenir un peu — on a adopté 18.2, hein?
Des voix : ...
Mme
Charbonneau :
Pas encore. Alors, dans 18.2, il y a une possibilité de revenir puis de se
parler par voie de règlement parce
qu'on s'est dit : Il ne faudrait pas rouvrir la loi à chaque fois parce qu'on
va se taper des heures avant de poser
un geste. Et là, par voie de règlement, on pourrait appliquer à l'égard
d'autres personnes recevant des services de santé et des services
sociaux...
J'entends
déjà l'écho de la voix de mon collègue de Lévis, qui dit : Je ne veux pas
faire du temps, mais je pourrais encore changer trois mots puis déposer
un autre amendement. Parce que, M. le Président, on en convient, les deux amendements qu'on vient de voir, c'est rajouter un
établissement ou rajouter un mot. On pourrait, tout simplement, dire :
On n'en parle pas parce que c'est juste rajouter des mots, ça ne change pas la
vertu puis... Mais je ne veux pas en arriver
là, je veux être capable de dire : Faisons-nous confiance. Disons-nous
que, dans 18.1, malgré l'engagement que mon collègue a pris dans les médias, là... Parce que je le sais, qu'il a
une job à faire, là, je ne suis pas folle à temps plein, là, des fois, à temps partiel, mais pas à temps plein.
Je le sais, qu'il a une plus-value à faire valoir, puis je comprends que sa
plus-value, elle est importante, puis que les gens l'écoutent, puis qu'il veut
vraiment faire des pas de ce côté-là. Mais, en même temps, le projet de loi qu'on fait là est
hyperimportant. Il est important parce qu'il va avoir un impact dans le quotidien de nos aînés au Québec. On peut prendre
les petits pas, mais on n'a pas à courir puis à faire en sorte que, demain
matin, on va avoir des obligations qui vont
dépasser l'entendement qu'on avait dans la protection qu'on veut mettre auprès
de nos aînés.
Alors, je
maintiens ma position, 18.1 a été écrit avec beaucoup... On a été très
consciencieux, très minutieux dans les
mots qu'on a choisis, dans les gens qu'on a choisi de protéger par obligation
et on s'est dit : Ça ne sera sûrement pas assez. Alors, donnons-nous un espace légal dans le projet de loi si
jamais on a à revenir parce que la vie change, parce que, les aînés, il y en a plus, parce qu'il faut
aller plus loin, parce que... Alors, 18.2 a été écrit dans cette
perspective-là.
Mais, M. le
Président, si jamais l'amendement est rejeté puis qu'on revient en changeant
juste le nom d'une autre institution
puis en la rajoutant, sachez qu'on n'est pas obligés d'accepter les amendements
qui ressemblent à ça parce que ça ne change rien au 18.1, ça fait juste
rajouter un mot. Puis un amendement, c'est plus qu'un mot.
Le
Président (M. Matte) : Mais, si jamais, comme vous le mentionnez,
qu'il y a des amendements, vous soumettrez si c'est recevable ou pas
parce que la réglementation vous permet de faire.
M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Je m'excuse, M. le
Président, ce n'est pas un mot, là, c'est 37 000 personnes. C'est ça,
c'est rien que ça.
Ceci dit, M. le Président...
Une voix : ...
M. Paradis (Lévis) : Non, non, mais
il y a du monde, là. M. le Président, la ministre a songé puis s'est dit :
Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Puis là elle
prévoit, là, puis c'est rien que... Écoutez, deux façons de voir les choses,
hein? On peut prendre une décision maintenant puis dire... Parce que je
suppose qu'éventuellement il est possible que, par règlement, on décide d'inclure des établissements, par exemple,
ressources intermédiaires, alors on se dit : Regarde, là, on va se donner la porte, ça se peut qu'on le fasse.
Bien là on le fait, le projet de loi. On est en train d'avancer dedans, là, tu
sais. Alors, qu'est-ce qui fait qu'on ne pourrait pas prendre la décision
maintenant? Pourquoi reporter à plus tard un problème
qui est suffisamment sérieux pour que la ministre, et son équipe, puis nous
autres aussi, là, on se questionne, toujours
avec le même objectif. On a le même objectif. Mais, dans ce cas-ci, il y a des
exemples concrets. Alors, c'est quoi?
Ça veut dire que, là, on va se laisser un règlement, donc on se laisse une
porte ouverte, puis on réagira au lendemain d'un cas qu'on ne souhaite
pas voir arriver qui pourrait peut-être arriver? Bien non, là on est, là, là.
Alors, la
question, elle est très, très simple. Puis ce n'est pas une question d'ajouter
des mots, puis tout ça, c'est de penser
à ceux pour qui on travaille présentement, pourquoi reporter à plus tard un
problème réel puis ne pas faire en sorte qu'aujourd'hui on dise :
Oui, on va les protéger là aussi?
Le Président (M. Matte) : Merci. M.
le député de Rimouski.
M.
LeBel : En tout cas, rapidement. Moi, je pense qu'il ne faut pas
porter des intentions à personne. Moi, chacun a son positionnement par rapport à ce projet de loi là. Le gouvernement
a un objectif, puis il y aura un objectif aussi de communication à la fin du... de l'adoption. Nous autres, les députés d'opposition, on a des questionnements.
Moi, je ne pense pas que c'est des
mots pour des mots, puis ça vaut la peine qu'on en discute. Je l'ai dit, ce
point-là, c'est le gros point depuis
le début. Puis le collègue de Lévis, quand il emmène ressources intermédiaires,
là, je le dis, moi, je trouve ça
intéressant parce que je le vois sur le terrain, il y a de plus en plus de gens
qui passent par les ressources intermédiaires, qui deviennent un peu l'antichambre des CHSLD, comme je disais. Puis,
dans les ressources intermédiaires, je ne suis pas sûr que les services sont... à cause du roulement de personnel
qu'ils ont des difficultés souvent à livrer des services. Et, par eux-mêmes, ils l'ont expliqué qu'ils
étaient prêts au signalement obligatoire dans leur réseau. Moi, ce n'est pas
un mot pour un mot, mais la majorité peut
décider, c'est comme ça que ça fonctionne ici, autour de la table. Mais il y a
là des aînés, et je rappellerai à la
ministre que, son projet de loi, on parle d'aînés et de personnes vulnérables.
Ça fait que c'est tout ce monde-là
qu'on veut viser, et, dans des ressources intermédiaires, on a des aînés et on
a des personnes en situation de vulnérabilité.
Le Président (M. Matte) : Merci. Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, trois choses. La première, 75 % des gens nous ont
dit : Attention! Je n'ai pas
chiffré «non» parce que, si je vous disais «non» à 75 %, je vous
dirais : Il y a des gens qui ont mesuré leurs paroles puis qui nous
ont dit : Attention!
Deuxièmement,
n'oublions pas qu'on a des gens qui ont toute leur tête, puis qui sont capables
de faire les choses, puis qui ont dit : Arrêtez de nous imposer vos
visions puis vos façons de faire.
La troisième,
c'est qu'on pourra dire ce qu'on veut, là, on peut débattre tant qu'on veut,
là, tout le monde est protégé avec le
115, tout le monde. Il n'y a personne qui est laissé pour compte. Et on peut
jouer sur les mots tant qu'on veut, là, mais tout le monde est protégé. Ce n'est pas vrai que ce projet de loi,
il est fait comme le 399, que pour une partie. Non, non, non, il est fait pour tout le monde. Et, avec
le 18.1 — puis le
18.2 si on y arrive — on
s'assure tout le monde. Donc, si mes collègues veulent encore en
discuter, il n'y a pas de souci, mais, dans la volonté que nous avons dans le
projet de loi
n° 115, on protège tous les aînés du Québec. Puis on pourra le débattre de
toutes les façons possibles, là, je vais maintenir la ligne qui dit qu'on protège tout le monde. Dans ce
principe-là, tout le monde aura droit, dans les cinq grands principes du projet de loi n° 115, d'avoir
une protection, je vous dirais, à la limite, mur à mur parce que même la
personne aînée qui habite seule chez
elle a la possibilité d'aller trouver des ressources par le comité
sociojudiciaire, un comité qui est mis en place dans chaque milieu.
On veut
étirer à plus loin et quoi encore, tu sais? Jusqu'à temps que, là, plus
personne n'a de l'autodétermination, puis,
qu'on ait 55, 60 ou 70 ans, tout d'un coup, parce que je suis considéré dans la
strate d'âge qui s'appelle aînés, je ne suis plus capable, je ne peux pas, il va falloir que quelqu'un le fasse
à ma place, ou bien le dénonce, ou bien le décrie. Dans la volonté qu'on a dans le projet de loi
n° 115, le 18.1 vient couvrir les gens que, nous croyons, sont dans des situations
de très grande vulnérabilité. Puis le projet
de loi ne dit pas «très grande vulnérabilité», là, il dit juste «aînés ou toute
personne adulte en situation de
vulnérabilité». Parce que les grands, grands vulnérables, là, ils sont protégés
par d'autres règles. Mais là on a
décidé d'y aller, puis on a dit CHSLD, puis curatelle, puis tutelle. Donc,
c'est dans ce principe-là que je vais maintenir la ligne du 18.1.
Le
Président (M. Matte) : Merci. Maintenant, compte tenu de l'heure,
alors, je dois suspendre les travaux, qui seront repris à
19 h 30. Je vous souhaite un bon appétit.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 19 h 29)
Le
Président (M. Matte) : À
l'ordre, s'il vous plaît. La Commission
des relations avec les citoyens
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs cellulaires.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 115, Loi visant à lutter contre la maltraitance envers
les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.
Lors de la suspension
de nos travaux, les discussions portaient sur un sous-amendement proposé par le
député de Lévis
concernant un amendement de Mme la ministre. Donc, à ce moment-là, M. le député de Lévis, est-ce
que vous avez des commentaires
à formuler par rapport à votre sous-amendement?
• (19 h 30) •
M. Paradis
(Lévis) : Oui, M. le Président. Alors, merci. Je ne sais pas si 7 h 30... permet à la ministre
de nous faire une surprise puis d'accepter
nos sous-amendements l'un après l'autre. Je m'amuse, je souris, puis
on a du plaisir, du plaisir, et il
est 19 h 30 quand même. Alors, M.
le Président, de fait, ce sous-amendement demandait à la ministre... puis exposait ma vision des choses concernant à
la protection à donner aux aînés dans des ressources
aussi importantes que les ressources
intermédiaires. Je pense qu'on n'a pas besoin de refaire le débat pendant un
grand bout de temps, on a amplement discuté du sujet.
Alors, je
dirai cependant, M. le
Président — et je tiens à le dire également,
je l'ai répété à plusieurs reprises, je le fais encore — la
volonté commune qu'on a, c'est de faire
en sorte que les aînés du Québec
puissent être protégés, qu'on lutte
contre la maltraitance, mais qu'on ne revoie pas d'images déstabilisantes comme
ce qu'on a trop souvent vu, que les aînés, à tous les chapitres, financière,
psychologique, physique, n'aient pas à subir quelque acte de maltraitance que ce soit.
Et je pense que la notion de dénonciation obligatoire
était, est et demeure quelque chose de souhaitable. Je comprends la position de
la ministre, c'est pour ça que je dis que je ne referai pas 20 minutes là-dessus.
Cependant, j'aurais souhaité, au nom de ceux
et celles qui nous ont parlé, au nom de ceux et celles que j'ai rencontrés...
Et là on peut opposer des chiffres
sur qui a dit quoi puis combien étaient-ils, mais je continue à penser que
cette dénonciation obligatoire, bien
loin de mettre au placard l'autodétermination de nos aînés, permettait de se
doter d'un outil supplémentaire. Alors, oui, je souhaiterais cette ouverture-là. Pas seulement
pour les CHSLD, je la souhaitais pour les hôpitaux. On a disposé de l'amendement. Je la souhaite pour les RI, résidences
intermédiaires, résidences de type familial. On va avoir à voter dans quelques instants. Je la souhaiterais pour
les résidences privées également parce
qu'il y a eu des actes de
maltraitance dans des résidences privées, oui, M. le Président.
Puis ce n'est pas une job, puis ce n'est pas un
travail, comme l'a dit tout à l'heure, de faire en sorte qu'on se raccroche à un discours, c'est parce que
c'est ce que je ressens. C'est ce que je ressens à travers les témoignages qui
me parviennent à travers ce qui nous
a été dit, à travers les souhaits qui ont été exprimés. Puis ce qu'on m'exprime
à moi, c'est peut-être
différent de ce qu'on exprime à la ministre, mais moi, pour moi, c'est une notion extrêmement importante. Alors, c'est pour ça que je ne continuerai pas, puis c'est
pour ça que je ne déposerai pas un autre amendement pour dire que je le
veux dans les résidences privées, puis je le veux ailleurs
également, parce
qu'on va tenir le même discours. Puis,
à un moment donné, là, c'est impossible, là. On a beau vouloir être
constructif, il n'y a pas d'arrimage possible. Mais, quand je parle, je parle au nom de ceux et celles
qui me témoignent des situations. Puis ce n'est pas et surtout pas le fait
de changer un mot dans un amendement
pour faire du temps puis gaspiller de la salive, c'est parce qu'à chaque mot sont rattachés des aînés vulnérables du Québec, peu
importe l'installation, peu importe l'établissement, peu importe où ils se
trouvent.
Alors, oui,
je l'aurais souhaité, mais je sais pertinemment — et je m'en doute bien — qu'on ne pourra pas aller plus loin puis que, si je dépose un autre
amendement sur les résidences privées, la ministre va également me donner ses
arguments, qui sont semblables à ceux
qu'elle a déjà exprimés. Mais cette volonté-là, je l'ai quand même en moi.
Alors, à partir de de moment-ci, mes
arguments ont été donnés. À vous, M. le Président, de poursuivre concernant le
sous-amendement.
M. Matte : Je
vous remercie, M. le député de Lévis. J'invite le député de Rimouski à prendre
la parole.
M.
LeBel : Merci. Alors, très rapidement. Moi, je pense qu'on a bien
travaillé depuis le début, on a essayé d'amener des amendements, mais je ferais quand même attention de dire qu'il faut
jouer la règle, là. On amène les amendements, il y a des arguments, il y a un vote, mais il ne faudrait pas, même si les
amendements sont battus, dire que le projet de loi ne protège pas les aînés, je veux dire. Pour moi, ce
projet de loi là, les amendements... Comme celui-là sur les RI, j'aurais
apprécié. J'ai l'impression qu'il va être
battu, mais j'aurais apprécié. Mais ça n'enlève pas le fait que le projet de
loi, quand même, c'est une avancée,
tu sais, on fait un bout, là, pour protéger les aînés. Je veux juste, dans nos
discours, qu'on ne laisse pas entendre qu'il n'y a plus rien dans le projet de
loi. Ça fait qu'il faut faire attention à ça aussi. Mais, dans ma tête, le projet de loi ne va pas assez loin. Mais il ne faut
pas comme tout jeter, là, il faut quand même garder un... je veux garder
un discours positif, il y a là-dedans une
volonté, tout le monde, de protéger les aînés, et il faut le dire aussi. Malgré
qu'on n'aura pas gagné tous nos points, là, il faut quand même le dire.
Le Président (M. Matte) :
Merci, M. le député de Rimouski. Mme la ministre.
Mme Charbonneau :
Je vais faire un court commentaire, M. le Président, pour juste nous rappeler
aussi... Puis c'est un argument que je n'ai pas utilisé, mais que je
veux qu'on garde en tête, c'est qu'il faut garder ce projet de loi protégé de tout ce qui peut être amené en cour qui
ferait en sorte que les gens pourraient dénoncer sous le principe de la Charte canadienne des droits et libertés. Et je
veux vraiment faire comprendre à mes collègues qu'il n'y a pas nécessairement
de l'entêtement, mais il y a une volonté d'avoir un projet de loi qui peut
fonctionner partout au Québec et qui peut s'appliquer partout.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Maintenant, je mettrais
aux voix le sous-amendement du député de Lévis par rapport à
l'amendement de la ministre.
M. Paradis (Lévis) : Par vote
nominal, M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Vote
nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Alors,
M. Paradis (Lévis)?
M. Paradis (Lévis) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme Charbonneau :
Contre.
La Secrétaire : Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)?
Mme Rotiroti :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
La Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire : M. LeBel
(Rimouski)?
M. LeBel : Pour.
La Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
Le Président (M. Matte) : Je
m'abstiens.
La Secrétaire : Rejeté.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Rimouski.
M. LeBel : J'amènerais un
amendement, moi aussi, de mon côté.
Le Président (M. Matte) : ...en
avoir une copie?
M. LeBel :
Oui. Là, je ne pourrai plus la lire, par exemple.
Le
Président (M. Matte) : Allez chercher une photocopie, puis il va
la lire pendant ce temps-là. Est-ce que vous voulez prendre une
photocopie?
M. LeBel : Bien, je vais vous la
lire, puis on pourra prendre une photocopie après.
Le Président (M. Matte) : C'est
beau.
M.
LeBel : C'est modifier l'article 18.1... modifier l'amendement.
C'est un sous-amendement en introduisant à l'article 18.1
par :
1° le remplacement, au premier alinéa du mot
«ou» par «,»;
2°
l'insertion, au premier alinéa, des mots «ou toute personne oeuvrant pour
l'établissement» après les mots «Code des professions
(Chapitre C-26)».
Dans le fond, pour... Je peux l'expliquer?
Le Président (M. Matte) : Oui,
vous pouvez l'expliquer.
M.
LeBel : Dans le fond, j'essaie de sauver le comptable de la ministre,
garder le comptable, là, mais d'intégrer la définition du personnel qu'il y a à l'article au tout début de son
projet de loi, à l'article au tout début où on définit les... 2.4°, où
on définit qui oeuvre dans l'établissement. C'est là-dedans, le concierge, les
bénévoles et tous les gens, les intervenants qui sont là, qui ont accès aux
gens et... parce que c'est des... parce que, là, on...
Le Président (M. Matte) :
...les photocopies, là.
Mme Charbonneau :
Je vais attendre la feuille pour...
Le Président (M. Matte) : Oui.
M. LeBel : ...à travers la table,
là, mais si...
Le Président (M. Matte) : ...
M. LeBel : Non, je comprends. Mais,
si c'est juste les bénévoles qui font un problème là-dedans, on pourra peut-être l'enlever. Mais, vous comprenez, c'est
qu'en début du projet de loi vous expliquez très bien qui oeuvre dans les
établissements. C'est des gens qui côtoient
les résidents à la journée longue. C'est des gens qui sont là et qui, il me
semble, devraient être couverts par la loi, par la protection qu'on veut
donner.
(Consultation)
M. LeBel : ...
Le Président (M. Matte) : Oui.
M.
LeBel : C'est «tout prestataire de services de santé et de services
sociaux ou tout professionnel». J'enlève le «ou», je mets une virgule. Ça fait «et des services sociaux, tout
professionnel au sens du Code des professions». Et là je rajoute l'autre
élément.
Le Président (M. Matte) : C'est
beau.
M. LeBel : Ça va?
Le Président (M. Matte) : Ça
va. O.K. C'est clair.
Mme Charbonneau :
M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Oui.
Mme Charbonneau :
Mon collègue a fait l'explication de la forme de l'amendement, j'aimerais ça
avoir l'explication du fond.
M. LeBel : C'est que...
• (19 h 40) •
Le Président (M. Matte) : Oui,
allez-y, monsieur.
M. LeBel : Oui, merci.
Bien, on en a parlé un peu tantôt en après-midi, je vous demandais pourquoi,
dans ceux qu'on vise là-dedans...
Parce qu'on dit «tout prestataire des services de santé et services sociaux ou
tout professionnel au sens du code».
J'expliquais ce matin, pourquoi on ne revient pas à l'article du début du
projet de loi, 2.4°, où on explique
bien qui oeuvre pour l'établissement, on explique qui rôde dans la place, tu sais, qui est là, qui travaille
auprès des... Je trouvais que c'était clair, là.
Et
là la ministre me disait : C'est bien, mais il manque des
gens là-dedans. Entre autres, bon, le comptable n'est pas là-dedans
puis... Ça fait que j'ai bien compris. Ça fait que, dans le fond, ce que je
dis, je garde l'élément que la ministre avait, mais je viens ajouter une affirmation qui est d'elle-même parce que c'est
dans son début de projet de loi. Ça
fait que, je me dis, on parle des établissements, on parle des gens qui travaillent
auprès des aînés. Au 2.4°, c'est quand même assez bien défini, pourquoi
on n'arrive pas à cette définition-là.
Le Président (M.
Matte) : C'est bien. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, mon inquiétude, c'est...
Peut-être qu'elle va sembler étrange, un peu, à mon collègue, mais, vous savez, le 18.1, il est écrit
pour les gens hébergés, mais les gens aussi en curatelle. Je nous rappelle
que les gens sous curatelle... Je peux dire
sous tutelle, curatelle, puis je peux faire tout le bataclan, mais je vais le
garder à curatelle. Les gens qui sont sous curatelle sont quelquefois chez eux,
quelquefois en résidence. Ils peuvent être partout, ils ne sont pas
nécessairement en CHSLD. C'est mon premier point.
Mon deuxième point,
c'est : Vous savez, on a un privilège extraordinaire dans des endroits
comme les CHSLD où on a des proches aidants qui viennent à tous les jours. Plus
souvent qu'autrement, c'est un membre de la famille, hein, c'est quelqu'un qui
est rattaché à quelqu'un qui est en CHSLD, mais on a aussi des comités qui font
des activités sociales. Moi, j'en ai
quelques-uns que je finance par le SAD de notre bureau de comté. Vous savez,
ils nous sollicitent, là, parce qu'ils veulent faire des parties de cartes, ils
veulent faire une cabane à sucre. Et souvent c'est des enfants — je
dis des enfants, mais ils ont notre âge — qui sont là parce que leurs
parents ont passé par ce CHSLD-là.
Je
pense à Fernand-Larocque, chez nous, là, qui est un CHSLD, puis le comité des
gens qui font des activités les résidents
n'ont plus nécessairement un parent dans la place, mais ils sont bénévoles
parce que c'est un dévouement qu'ils ont
puis un attachement auprès de la... non seulement de la résidence, mais des
gens qui sont à l'intérieur de la résidence. Ce sont des bénévoles.
Je
comprends l'intention de dire : Si vous êtes dans l'établissement, vous
êtes à risque d'être vu comme quelqu'un qui pourrait poser un geste. Je comprends. Mais, si on taxe nos
bénévoles sous une certaine forme dès le départ parce qu'ils donnent du temps
en CHSLD, ma première inquiétude, c'est de les perdre. Ma deuxième, c'est
comment je fais pour mieux couvrir...
Parce qu'eux, ils ne sont pas syndiqués, ce n'est pas un code professionnel,
c'est des bénévoles. Donc, je ne peux
pas appliquer une sanction de la même façon que je l'appliquerais, à part de
dire : Tu ne peux plus faire de bénévolat chez nous parce qu'on pense
que... Donc, le principe de bénévolat... Puis je comprends, quand mon collègue, il dit que je prends la même
définition... vous avez compris qu'à 2.4° on vise des objets de définition un
peu plus larges pour être capable de
cibler certains groupes de gens. Alors, je comprends l'amendement, mais je
reste un peu perplexe puis je ne suis pas très à l'aise avec le principe
d'inclure les bénévoles dans le principe même.
Je
vais ajouter à ce principe-là. Vous savez, on a des gens qui sont dans nos
CHSLD qui fournissent des services, mais
ils ne sont jamais en contact avec les résidents, entre autres la buanderie,
les gens qui sont à l'intérieur de la cuisine. Il y a des gens qui seraient
ciblés, mais qui n'ont jamais vraiment de contacts. Donc, l'emphase de 18.1,
c'était de garder l'emphase sur les gens qui sont en lien direct avec le
prestataire de services.
Alors,
je comprends l'intention, mais, en même temps, j'espère d'arriver à bien
expliquer la prudence qu'on avait quand on a dit le «doit» doit
s'appliquer à des gens très précisément. Et vous avez compris aussi que, dans
le «doit», il n'y a pas la famille. Et
60 % et plus des cas de maltraitance, c'est les gens de la famille. Par
contre, là, on a des gens qui peuvent
dénoncer puis dire : On a été voir Mme Tremblay, puis, après que son fils
soit passé, on a vu des changements dans son comportement, il y a un
traumatisme, il y a un effet, il faut le dénoncer.
Donc,
le 18.1, c'est vraiment pour couvrir ceux qui offrent les services, ceux qui
sont en lien direct et qui, par conséquent,
ne dénonçant pas, auraient une conséquence formelle. Mais il y a des gens qu'on
ne peut pas, malgré toutes les bonnes
intentions qu'on a, couvrir parce que ce n'est pas des gens qui sont soit en
contact ou qui bénéficient du même regard quand on parle des bénévoles
ou des membres de la famille.
Le Président (M.
Matte) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Encore rapidement. Je ne ferai pas un long débat, là, mais les
bénévoles, dans plusieurs autres secteurs, vont travailler dans un milieu, beaucoup, où il y a des codes d'éthique,
il y a des engagements qu'on doit prendre. Entre autres, dans le hockey
mineur, dans plein d'affaires, les bénévoles, ils ont aussi des devoirs, hein,
même quand tu es bénévole. Mais je ne sais
pas, moi, le concierge, l'agent de sécurité, il y a quand même contact avec ces
gens-là? Ils sont-u reconnus dans votre définition?
Mme
Charbonneau :
Bien, le concierge est syndiqué.
M. LeBel :
Mais c'est-u un prestataire de services de santé et de services sociaux?
Mme
Charbonneau :
Ce n'est pas un prestataire, non. Mais, s'il est dans l'édifice, il est sous le
joug du directeur général. Ce n'est
pas écrit «concierge». Vous avez raison, M. le recherchiste, ce n'est pas écrit
«concierge», mais c'est un prestataire de services à l'intérieur du bâtiment qui est reconnu
comme quelqu'un qui est syndiqué. Il ne donne pas les services et des
soins, mais, à partir du moment où tu nettoies la chambre, tu offres un service
au prestataire.
M.
LeBel : Question : Le concierge, l'agent de sécurité, le veilleur
de nuit, c'est-u... Dans «tout prestataire de services de santé et de services sociaux ou tout professionnel au sens
du Code des professions qui a un motif», est-ce que, dans ces deux lignes-là, là, «prestataire de
services de santé et de services sociaux ou professionnel dans le sens du Code
des professions»... est-ce que mon veilleur de nuit, mon agent de sécurité ou
mon concierge est là-dedans?
Des voix :
...
Mme
Charbonneau :
Il faut que la reconnaissance qu'on fasse de la personne soit en services
sociaux, soit en services et en lien
de soins à la personne. Donc, le surveillant de la porte en bas qui garde, non.
Par contre, rappelons-nous que, sur
le plancher, ce n'est pas des gardiens de sécurité, là, c'est des infirmiers, c'est
des... Ce n'est pas la même chose. Mais
vous avez raison de dire : S'il y a lieu d'avoir un gardien à la porte en
bas, ce qu'on n'a pas parce qu'on a une sonnette, puis la porte est barrée, de ce fait, bien, il
n'est pas en lien direct et en service de traitement auprès de la personne.
Vous avez raison.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Rimouski.
M.
LeBel : ...pour moi, c'était ça, l'idée de l'amendement, c'est de
m'assurer que tous ces gens-là qui ont affaire... quand même, qui auront des contacts avec les
résidents, qui peuvent entrer dans les chambres quand ils veulent, ils peuvent...
Je voulais m'assurer que tout ce monde-là
était compris dans les gens qu'on visait en termes de prestataires de services,
même si ce n'est pas des prestataires de services de santé. C'était ça, mon
objectif, c'est tout.
Le
Président (M. Matte) : Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre aux voix le sous-amendement du député de Rimouski par...
Est-ce que c'est nominal?
M. LeBel : Oui, oui. Oui, on est
rendus là.
Le Président (M. Matte) : Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Oui, alors,
M. LeBel (Rimouski)?
M. LeBel : Pour.
La Secrétaire : Mme
Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau :
Contre.
La Secrétaire : Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)?
Mme
Rotiroti : Contre.
La Secrétaire : Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
La Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire : M. Paradis
(Lévis)?
M. Paradis (Lévis) : Pour.
La Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
Le
Président (M. Matte) : Je
m'abstiens. Donc, le sous-amendement est rejeté. S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous sommes rendus à l'amendement de la ministre, qui était à
18.1. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement? S'il n'y a
pas d'intervention, je vais mettre aux voix l'amendement à 18.1.
Une voix : Vote nominal.
Le Président (M. Matte) : Mme la
secrétaire.
La
Secrétaire : Oui. Alors, Mme Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)?
Mme
Rotiroti :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard :
Pour.
La Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
La Secrétaire :
M. LeBel (Rimouski)?
M. LeBel :
Pour.
La Secrétaire :
M. Paradis (Lévis)?
M. Paradis
(Lévis) : Pour ce que vous savez, contre.
La Secrétaire :
M. Matte (Portneuf)?
Le Président (M.
Matte) : Je m'abstiens.
La Secrétaire :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Donc, l'article 18.1 est adopté. Si je comprends...
Mme
Charbonneau :
18.2... M. le Président.
Le Président (M.
Matte) : Oui. C'est ça, oui. Je vous laisse la parole, Mme la
ministre.
• (19 h 50) •
Mme
Charbonneau :
Ça va. Alors, 18.2 : Insérer, après l'article 18.1 au projet de loi, le
suivant :
«Le
gouvernement peut, par règlement, déterminer que l'obligation de signalement
prévue à l'article 18.1 s'applique à l'égard d'autres personnes recevant
des services de santé et des services sociaux.»
M.
le Président, pour la même raison où on a débattu des explications au début du
projet de loi, on s'est dit qu'il fallait
garder le plus large possible le projet de loi. On en a parlé quand on voulait
définir la maltraitance en se disant : Bien, si jamais il y en a d'autres qui se rajoutent, il faut se garder cette plage horaire là ou cette façon de faire là
dans la même perspective. Puis, pour
garder la cohérence, on s'est dit : Bien, gardons-nous dans le projet de loi un article qui rouvre
la possibilité, s'il y a lieu, un jour, de revenir sur le sujet, cette
possibilité-là avec 18.2. Ce n'est pas plus compliqué que ça, mais, en même temps, ça nous garde
cette parenthèse qui fait qu'éventuellement, tous gouvernements confondus, s'il y a des
amendements qui veulent être apportés ou s'il y a des modifications, 18.2 garde
cette possibilité-là.
Le Président (M.
Matte) : C'est bien. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député
de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, j'aurais un sous-amendement à déposer.
Le Président (M.
Matte) : Est-ce que vous pouvez en faire la lecture?
M. Paradis (Lévis) : Oui. Article 18.2, sous-amendement. Donc, insérer l'alinéa suivant après le premier
alinéa de l'article 18.2 du projet de loi n° 115 :
«Par
règlement, le gouvernement détermine les dispositions pénales prévues
pour une personne qui enfreindrait l'obligation
de dénoncer la maltraitance envers les aînés ou toute autre personne majeure en
situation de vulnérabilité.»
Le Président (M.
Matte) : Est-ce que vous voulez nous l'expliquer?
M. Paradis
(Lévis) : Avec grand plaisir, M. le Président. Je suis tenace, c'est
une qualité...
Une voix :
...
M. Paradis (Lévis) : Vous dites
quoi? Je m'excuse, M. le Président...
Une voix :
...
M. Paradis
(Lévis) : Tenace, têtu. M. le Président, honnêtement... Et là on a fait ce débat-là, je le sais. Puis
c'est un peu drôle, hein, ce projet de loi là, très honnêtement, là, on a fait bien des débats à l'envers et à
l'endroit, deux pas avant puis deux
pas plus tard, là. Alors, on a comme l'impression, un petit peu, de se répéter. Mais, suivant la
même logique, M. le Président, la ministre nous explique depuis un bout de temps, puis elle
le fait dans l'amendement dont on disposera plus tard par règlement, on se donne l'opportunité de faire en sorte qu'on puisse étendre, donc, cette obligation-là à d'autres
personnes... Donc, on prend dans d'autres établissements potentiels. Bien, je
fais la même chose.
La ministre
nous a expliqué de long en large la possibilité de contraintes et de sanctions
administratives émanant de
différentes organisations, que ce soient les syndicats, des ordres
professionnels. Moi, je me dis : Donnons-nous cette chance-là. Alors, soyons souples et
permettons-nous de nous rendre compte si, effectivement, l'objectif que
l'on poursuit est atteint.
Donnons-nous la possibilité de voir et de constater si, effectivement, dans le pire des hasards, quelqu'un pourrait décider de fermer les yeux et de ne pas répondre à
l'obligation qui lui est faite dans un CHSLD de dénoncer un
acte de maltraitance duquel elle aurait été témoin. Alors, permettons-nous,
par règlement, d'établir et de mettre en place des dispositions pénales qui
permettront d'atteindre l'effet que j'y vois, c'est-à-dire cet effet dissuasif
là, cette conséquence à ne pas
respecter la loi. Parce qu'il reste une chose, les conséquences doivent être
claires. S'il n'y en a pas, il y aura toujours
quelqu'un qui aura cette morale élastique, malheureusement — je
ne le souhaite pas, ça peut arriver — en
disant : Ça va faire quoi? Et là
on va se fier sur des organisations, avec tout le respect qu'on leur doit, qui
décideront, elles, des sanctions potentielles à prendre. Le gouvernement
va décider comment le faire.
Ce que je dis
aujourd'hui, c'est que le gouvernement doit mettre des dispositions pénales, mais il va décider par règlement comment. Alors, on
s'ouvre une porte pour se permettre, encore
une fois, de ne pas se dire plus
tard : Ça aurait peut-être eu du bon sens. Parce que je le répète, M. le Président, oui, on a un projet de loi qui ajoutera des dispositions faisant en sorte qu'on puisse communément protéger mieux les aînés du Québec.
Oui, c'est une avancée. Oui, il y a des choses là-dedans qui n'existaient pas, tant mieux. Mais saisissons
l'opportunité qui nous est donnée d'aller au maximum de ce qu'on peut faire. Ça ne sera pas le temps
dans trois semaines. Ça ne sera pas le temps dans trois mois. Ça ne sera
pas le temps dans six mois. Alors, à défaut
de le faire de la façon dont j'imagine être la meilleure, faisons-le de cette
façon-ci. Que le gouvernement se donne cette possibilité, et il décidera par règlement
quelle pourraient être, quelles devraient être les dispositions pénales au-delà de la latitude qu'on laisse aux organisations pour des sanctions administratives
ou autres.
Le Président (M. Matte) : Bien.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le
Président, si vous me le permettez,
je vais laisser maître, à côté de moi, vous répondre de façon légale. Parce que ce que mon collègue me
demande de faire par la disposition, je ne peux pas le faire, même si je voudrais.
Puis je ne veux pas, mais je ne peux pas le faire.
Le
Président (M. Matte) : Est-ce qu'il y a consentement? Oui,
consentement. Voulez-vous vous nommer, s'il vous plaît.
Mme
Boily-Dupuis (Lydia) : Oui, Lydia Boily-Dupuis, affaires juridiques,
Santé et Services sociaux et Famille. Effectivement,
ce sous-amendement-là ne serait pas légal parce que... Dans le fond, je
pourrais faire une image, là, la loi doit
contenir ses propres dispositions pénales. Et, par règlement, si on veut
prévoir une habilitation où il va y avoir des dispositions pénales, il faut que les éléments auxquels on contrevient,
et donc qui sont assortis de pénal, soient contenus dans le règlement. Et, même si on l'écrivait comme
ça, puis on s'imagine, là, que c'était possible, puis ça nous était permis, là, dans notre régime actuel de droit, de le
faire, là on se trouverait devant... Comment dire? Ça serait un peu incomplet
ou, si on veut, un peu illogique parce que,
là, cette habilitation-là permettrait de mettre du pénal pour quelqu'un qui
contrevient à l'obligation de
dénoncer de la maltraitance, mais, pour d'autres éléments de la loi auxquels on
contrevient, on ne serait pas habilités à le faire. Donc, il y comme
deux éléments, là.
Mais ce qui
est sûr, c'est que les propres dispositions pénales... quand on contrevient à
une loi, c'est dans la loi, puis on
peut prévoir qu'un règlement qui permet ou ne permet pas certaines actions soit
assorti de dispositions pénales, mais il faut qu'à ce moment-là
l'obligation soit contenue dans le règlement lui-même.
Le Président (M. Matte) : C'est bon.
Je vous remercie. Oui, M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
je comprends. Puis c'est bien qu'on ait des gens qui puissent nous éclairer
avec les notions juridiques et la
faisabilité de ce qu'on propose. La volonté que j'avais à travers ce
sous-amendement, c'est, encore une
fois, d'avoir la plus grande souplesse possible. À défaut de pouvoir y aller parce
que ça ne se tient pas comme ça,
bien, j'ai toujours le loisir de déposer un sous-amendement tiré de la loi
n° 399. Non, je ne le ferai pas, mais reste que je demeure convaincu, M. le Président, que, dans une loi comme
celle-ci — puis on
en a débattu — une
disposition pénale... Et je le disais
dans notre premier... là, c'est un élément de souplesse. Je me suis dit :
Il y a peut-être moyen de faire autrement sans faire en sorte que la ministre
se sente contrainte d'agir au-delà de ce qu'elle souhaite. Alors, je me suis dit : Le règlement nous permet bien des
choses, comme on le verra dans celui qui suit, mais je reste convaincu que les
dispositions pénales ont leur place dans un
projet de loi comme celui-là parce qu'à toute non-action il doit y avoir des
conséquences. C'est comme ça partout, c'est
ma vision à moi. Mais je comprends fort bien, alors, à ce moment-là, s'il
n'est pas applicable, on le retire, ou on en dispose, ou on votera malgré tout?
C'est vous qui avez la...
Le
Président (M. Matte) : Oui. Mais le député de Rimouski m'a demandé la
parole, je vais...
M. Paradis
(Lévis) : Oui, d'accord. Et comment donc...
Le Président (M.
Matte) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Merci, M. le député de Lévis. Merci, M. le Président. Moi, je
pense, l'initiative du député est louable parce que je continue à penser que le problème dans le «doit dénoncer»,
c'est qu'on dit : Oui, il y aura des sanctions si vous ne le faites pas, mais ce n'est pas clair
nulle part ça va être quoi, les sanctions. C'est les sanctions qui sont déjà
là, mais ce n'est pas clair, et j'ai
l'impression pas que... Moi, l'idée ce n'est pas de sanctionner, tu sais,
obligatoirement puis avoir des
conséquences, là, comme... mais c'est pour les travailleurs, qu'ils sachent
exactement, mieux à quoi s'attendre. Et je trouvais que la volonté du député de
Lévis, en amenant ça, c'était intéressant. Je ne vois pas comment d'autre
on pourrait le faire, là.
La
ministre nous dit : Les gens vont devoir signaler, puis, s'ils ne le font
pas, bien, il y a des choses qui existent, puis ils devront avoir les conséquences en... Mais ce n'est pas clair
dans le projet de loi, et ça peut créer des problèmes, à mon avis. Ça fait que je voulais juste souligner
que je trouvais l'idée bonne, mais, si ce n'est pas applicable, ce n'est
pas applicable.
Le Président (M.
Matte) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, rapidement, je vous dirais
que malgré tout, pour un projet de loi, on sait que le citoyen qui va le lire
ne verra pas les sanctions. Mais sachez que tous les travailleurs qui sont au
service, tous les professionnels
connaissent les sanctions et les connaîtront encore mieux à partir du moment où
chaque institution aura sa politique pour rappeler aux gens les
conséquences des gestes qu'ils vont porter ou qu'ils ne porteront pas.
• (20 heures) •
Le
Président (M. Matte) : C'est bien. Merci. Pour répondre à
l'interrogation du député de Lévis, ce que je comprends, c'est ultra vires, son sous-amendement. Donc, s'il
y a un consentement, il pourra le retirer. Ça va? Donc, est-ce qu'il y a
consentement pour que le député de
Lévis puisse retirer son sous-amendement? Ça va, il y a consentement? C'est bien. Donc, on retire
le sous-amendement.
Nous
sommes à 18.2, et, Mme la ministre, votre amendement, est-ce
que vous avez des commentaires à
ajouter?
Mme
Charbonneau :
Rien à ajouter, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : C'est
bien. Est-ce qu'il y a des interventions par rapport à l'amendement de 18.2? S'il n'y a pas d'intervenant, je
vais le soumettre aux voix. Est-ce que... vote nominal?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Adopté. Alors, si je comprends bien, à ce moment-là...
Pardon?
Une voix :
...
Le Président (M.
Matte) : Ça va? Nous allons continuer à l'article 33.
Mme
Charbonneau :
Je m'y rends, M. le Président, le plus rapidement possible.
M. le Président, article 33 : Chaque établissement doit adopter sa
politique... Ne bougez pas, je me reprends, je bougeais des papiers. Chaque établissement doit adopter
sa politique de lutte contre la
maltraitance visée à l'article 3 au plus
tard — et
on dit ici entre parenthèses — (indiquer
ici la date qui suit de 18 mois celle de la sanction du projet de loi).
Naturellement, M. le
Président, vous avez compris qu'on parle du «au plus tard» pour s'assurer que
tous nos établissements, d'ici 18 mois, auraient une politique
adoptée. On donne du temps aussi pour s'assurer que non seulement les gens de l'établissement pourront la faire, mais pourront consulter leur
comité d'usagers et tout ce qui va avec une politique sur la
maltraitance pour chacun des établissements.
Le Président (M.
Matte) : Bien. Est-ce qu'il y a des interventions? Est-ce que l'article
33 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Adopté. Article 34. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, si vous me permettez, j'aurai un article à ajouter à 33.1.
Le Président (M.
Matte) : 33.1, est-ce que vous pouvez nous faire la lecture?
Mme
Charbonneau : Avec plaisir, M. le Président, puisque,
depuis le début, moi, je n'avais pas ce droit-là. Ça fait que, là, je vais le prendre avec
plaisir pendant qu'on vous passe l'article 33.1 :
Malgré
l'article 7, la première révision de la politique de lutte contre la
maltraitance envers les personnes en situation de vulnérabilité qui reçoivent des services de
santé et des services sociaux doit être réalisée au plus tard — et
puis, encore une fois, on indique
entre parenthèses — (indiquer
ici la date qui suit de trois ans la première date de sanction de la
présente loi).
Vous vous souvenez, M. le Président, on en avait
parlé ensemble, on avait dit à tous les cinq ans. Puis, après ça, on a
dit : Bien non, on va revenir un
peu plus tôt la première fois puis, après ça, on va revenir... Là, j'ai mes collègues d'en
face qui me signifient des choses, mais ils n'ont pas eu la bonne copie, je
crois.
Le
Président (M. Matte) : C'est
bien. Vous pouvez poursuivre, Mme la
ministre, nous avons la bonne copie,
là.
Mme
Charbonneau : Vous
avez la bonne copie maintenant. Donc, vous avez compris que cet amendement
a été convenu avec l'opposition lors de l'article 7. Vous vous souvenez, quand on l'a fait, on a
dit : On va le reporter à 33, puis là, bien, ça faisait un 33.1. Alors, c'est exactement l'amendement qui a été porté à 7 qu'on rapporte, par voie de cohérence, à 33.1.
Le Président (M.
Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Alors, je vais mettre aux
voix, à ce moment-là, l'article 33.1, qui ajoute un nouvel article.
Est-ce que 33.1 est adopté? Adopté. Mme la
ministre, je vous invite à l'article
34.
Mme
Charbonneau :
Alors, à 34, M. le Président : Le ministre responsable des Aînés est responsable
de l'application de la présente loi,
à l'exception du chapitre II et de l'article 33 dont l'application relève du
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Alors,
M. le Président, cet article prévoit que deux ministres sont responsables de
l'application de la loi : la ministre responsable
des Aînés — dans ce cas-ci, je dis «la ministre», mais on
écrit toujours «le ministre» — et le ministre de la Santé et des
Services sociaux, qui est responsable des articles 3, 15 et 33.
Le
Président (M. Matte) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions?
Est-ce que l'article 34 est adopté? Adopté. Mme la ministre, je vous
invite à l'article 35.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, c'est presque, pour moi, un moment historique. J'espère qu'on
va le savourer, malgré que la phrase est
très courte. Mais c'est le dernier article du projet de loi n° 115, un projet de loi qui a tant
d'importance et qui a fait couler beaucoup d'encre, mais qui va changer la vie
des aînés du Québec :
L'article 35 :
La présente loi entre en vigueur le... Et, ici, on indique la date de la
sanction de la présente loi.
Une voix :
Nous avons un amendement.
Le
Président (M. Matte) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions,
à ce moment-là? L'article 35, adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, on retourne au préambule,
qu'on me disait. C'est ce que vous allez faire, c'est vous...
Le
Président (M. Matte) : Mme la ministre, est-ce que vous voudrez nous
faire la lecture du préambule du projet de loi?
Mme
Charbonneau : Oui. Ne bougez pas, j'enlève toutes mes
feuilles. Mon préambule, c'est mon considérant. Alors, préambule, M. le
Président :
«Considérant
que le bien-être des aînés et le respect de leurs droits fondamentaux sont des
préoccupations de la société québécoise;
«Considérant
que, malgré les mesures législatives et administratives existantes visant à
lutter contre la maltraitance, des personnes en sont encore victimes,
notamment des personnes en situation de vulnérabilité;
«Considérant
que le Québec est l'une des sociétés où le vieillissement de la population est
le plus marqué dans le monde et que certains aînés sont des personnes en
situation de vulnérabilité;
«Considérant
que la maltraitance est inacceptable et que l'État estime qu'il est essentiel
d'intervenir pour renforcer les
mesures existantes afin de lutter contre la maltraitance envers ces personnes,
dans le respect de leur intérêt et de leur autonomie;
«Le Parlement du
Québec décrète ce qui suit:».
Le Président (M.
Matte) : À ce moment-là, est-ce que le préambule du projet de loi est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Est-ce que les
intitulés des chapitres et des sections du projet de loi sont adoptés?
Mme
Charbonneau :
...M. le Président, c'est moi qui le dis.
Attendez, attendez, j'ai le goût de veiller avec
vous autres, là.
Le Président (M.
Matte) : Voulez-vous nous faire la lecture, Mme la ministre?
Mme
Charbonneau : Mes collègues, M. le Président, me taquinent
et me font signe que non. Alors, on aimerait remplacer l'intitulé de la
section IV du chapitre II par le suivant :
«Section IV. Application de la politique par
d'autres intervenants.»
Le
Président (M. Matte) : C'est
bien. Est-ce qu'il y a des intervenants par rapport à l'amendement? Sinon, je vais procéder aux voix. Est-ce
que l'amendement... Oui.
M.
LeBel : Ça semble assez
clair, là, mais qu'est-ce qui vous
est arrivé? Vous vous êtes levée à matin, vous avez dit qu'il fallait
changer ou...
Mme
Charbonneau :
J'avais le goût...
M.
LeBel : Vous avez bien le droit, là, je ne m'obstine pas, mais... Je
vous comprends, je vois bien un peu le lien, mais, si vous voulez...
Mme
Charbonneau :
Ça fait suite aux modifications qu'on a apportées à l'article 8 au niveau de la
loi. Ça vient porter concordance et cohérence, là, par rapport aux
modifications qu'on a faites au préalable.
Le Président (M. Matte) : Il y a
d'autres amendements?
Mme
Charbonneau : Oui.
Ça vous va?
Le Président (M. Matte) : Ça va.
Est-ce que l'amendement déposé par la ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
Mme
Charbonneau :
J'ai un autre amendement, M. le Président, pour remplacer l'intitulé du chapitre
III qui serait remplacé par :
«Chapitre III. Entente-cadre nationale pour
lutter contre la maltraitance.»
Cet amendement est un amendement de concordance
nécessaire à la suite des modifications apportées au chapitre III. C'est toujours dans le principe de la concordance, là,
pour aider mon collègue à comprendre que je ne me suis juste pas levée à
matin avec un esprit de contradiction.
M. LeBel : Convergence, vous avez
dit?
Mme
Charbonneau :
Concordance. Non, la convergence, c'est ce que vous faites avec Québec
solidaire. Ce n'est pas nous autres, ça.
Le Président (M. Matte) : Pour moi,
c'est un lapsus, ça, M. le député de Rimouski.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Mme la ministre, pas d'autres amendements? Est-ce que le titre du projet de loi
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Je propose
que la commission recommande la renumérotation du projet de loi amendé. Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Je propose que la commission adopte une motion
d'ajustement des références. Cette motion est-elle adoptée?
• (20 h 10) •
Des voix : Adopté.
Remarques finales
Le
Président (M. Matte) : Nous sommes maintenant rendus à l'étape des
remarques finales. Je cède la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Bien, l'exercice, maintenant, touche à sa fin.
Oui, soyons positifs dans la mesure où on a maintenant, en tout cas, un projet
de loi finalisé, adopté par le biais de ses amendements et de sous-amendements qui permettra d'aller plus loin concernant la lutte contre la maltraitance. L'objectif final, c'est de faire en sorte, je le répète encore une fois, qu'on n'ait plus à vivre des
épisodes malheureux, dérangeants,
déstabilisants où des aînés, quels qu'ils soient ou qu'elles soient,
aient à vivre des conséquences de gestes tragiques, malheureux.
On l'a dit à maintes
reprises également, c'est extrêmement large. La maltraitance, malheureusement,
dans ses formes, elle est évolutive. On l'a abordé, ça aussi, M. le Président,
on a dit : Ça peut être psychologique, ça peut être physique. Un jour, ce
sera informatique. Alors, il faut se donner des outils, il faut aller le plus
loin possible.
Il
y a quatre ans de cela, en 2013, déjà on avait un projet de loi qui expliquait
de façon très claire qu'au Québec c'était
non à la maltraitance. Alors, je suis obligé de dire que, dans ce projet de
loi, il y a des éléments qui, à mon avis et de l'avis de plusieurs personnes, auraient pu être repris dans
celui-ci, faisant en sorte qu'il n'y ait plus d'échappatoire possible.
Alors,
je vous dirai, M. le Président, que je suis mitigé. Je suis content. Je suis
content pour les aînés. Je suis content qu'on fasse un pas en avant. Je suis content qu'on avance davantage,
j'aurais aimé que ce soit plus encore. On a fait un bond, j'aurais aimé qu'on bondisse plus loin.
J'aurais aimé que cette notion de dénonciation obligatoire s'étende à l'ensemble des établissements où nos aînés
vulnérables se retrouvent ou se retrouveront avec la ferme conviction que
l'objectif était de les protéger davantage,
de nous protéger davantage. Parce que ce qu'on est en train de faire là, là, ce
n'est pas seulement pour ceux et celles qui,
actuellement, sont dans les établissements, c'est pour nous. C'est quelque
part in memoriam pour ma mère décédée. C'est
quelque part pour quelqu'un qui nous écoute et nous regarde, qui, demain,
aura peut-être à dire à son père, sa mère ou
un conjoint, parce qu'il y a aussi ça : Dorénavant, ta vie se fera
ailleurs, dans un établissement où
ton milieu de vie devrait ressembler à ce qu'a été ta vie tout au long du
parcours. Mais sache une chose, papa,
maman, conjoint, frère, soeur qui, maintenant, voit son chemin modifié, on a
fait quelque chose pour que ton demain soit meilleur, pour que tu dormes
mieux, pour que tu ne craignes plus.
Alors,
mitigé, parce que, quelque part, on a fait quelque chose ensemble, puis, somme
toute, dans une certaine harmonie.
Déçu, parce que, manifestement, je pense qu'on aurait pu saisir une opportunité
qui se présentait là, là, comme une
fenêtre, comme un décollage. C'est là que ça se passe parce que la couche
nuageuse va peut-être faire en sorte qu'on ne puisse plus, demain, aller de l'avant. Bien, restons extrêmement
attentifs, M. le Président. Oui, j'aurais aimé davantage. Oui, je vais continuer à réclamer davantage. On va
faire avec ce qu'on a puis on aura fait du chemin aussi, mais restons extrêmement vigilants, que ceux qui nous écoutent
et nous regardent, que nous, autour de ces tables-là, que nos aînés, que les aînés que l'on rencontre régulièrement
dans des activités... Et la ministre en a fait mention à plusieurs reprises,
puis c'est mon cas, puis j'ai plaisir à y
être. Alors, que les aînés sachent qu'on aura travaillé le plus possible pour
avancer. On n'est pas tous au même endroit. On va tous dans la même
direction, mais on n'est pas tous au même endroit.
Alors, soyons
vigilants puis espérons — puis
c'est un souhait sincère — que
ce projet de loi là, dans ses limitations et
dans son ouverture, ne laissera pas un aîné vulnérable ou une personne majeure
vulnérable, à un autre endroit que
ceux mentionnés, subir des actions qui pourraient nous être rapportées. Alors,
j'en appelle au bon sens des citoyens et
des citoyennes, on a cette obligation morale de dénoncer. Je pense que
l'obligation de le faire est un plus. On l'a en partie, la ministre a ouvert
sa vision. Puis, au départ, bien, je sais qu'elle a dû travailler là-dessus,
puis ça n'a pas été facile, on a
retardé ensemble pour continuer à avancer davantage. Mais que les gens
sachent qu'à défaut de l'avoir partout nous avons cette responsabilité-là de citoyen, au nom de la dignité de ceux qui nous ont tout
laissé, d'être vigilants pour assurer leur sécurité.
Alors,
mitigé, mais, somme toute, content. Déçu de ne pas avoir atteint l'objectif
au même rythme, mais il n'est pas dit
qu'on n'aura pas l'occasion, cependant, de se repencher sur cette notion, qui est
mouvante et évolutive, pour aller encore plus loin. Je pense que le Québec,
à travers nos voix, doit se distinguer, les aînés doivent être rassurés. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Merci, M.
le député de Lévis. Je
cède maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle, le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Moi, en politique,
il y a des bouts... Ce n'est pas toujours le fun, le Parlement, des bouts, là. Mais le travail qu'on a fait là, ça
me réconcilie parce que la manière qu'on... tu sais, on fait ça correctement,
on se parle, on essaie d'amener des
amendements, puis, bon, dans le fond, on a le même objectif, tout le monde.
Puis chacun a ses opinions, chacun
essaie de faire sa marque, tu sais. Comme opposition, on voulait aussi faire
notre marque dans ce projet de loi là.
La
ministre, pour elle... Puis, pour avoir déjà travaillé pour des ministres puis
avoir fait la job de chef de cabinet ou de... tu sais, je le sais, ce que
c'est, c'est des beaux moments quand tu proposes un projet de loi, puis tu le
montres, puis tu as... c'est un beau feeling. Puis j'en profite pour féliciter tout
le monde, les gens qui sont autour de vous, qui ont travaillé avec vous, les gens du ministère, tout
le monde, avec nous autres aussi, là, nos conseillers autour. Je pense, ils
nous ont aidés. Je remercie la
ministre pour son écoute, le député de Lévis aussi pour ses interventions, puis
ses commentaires, puis ses témoignages qui... C'est un dossier qui lui
tient à coeur aussi.
Moi, je parle
beaucoup aux aînés dans mon coin, je travaille avec eux autres aussi. C'est un
dossier qu'on m'a donné plus récemment.
J'essaie d'écouter, j'ai beaucoup appris en écoutant les... pas les
auditions — je suis
rendu avec La
Voix, moi, là — c'est les consultations. J'ai beaucoup aimé
entendre ce que... Il y a des choses qui m'ont fait frissonner, tu sais, il y a des affaires qu'on...
On apprend beaucoup, on est chanceux de vivre ces choses-là. Bon, bref, je
pense qu'on a, chacun, réussi à donner notre
couleur à ce projet de loi là, à l'objectif qui est poursuivi. Je relisais
tantôt les considérants, c'est effectivement pour ça qu'on fait ça,
comme vous avez lu tantôt.
Ce que je
dirais, par exemple, puis sans remettre en question l'avancée que ce projet de
loi a, je dois quand même pouvoir
dire que, pour moi, ce projet de loi là ne viendra pas régler le problème complet
de la maltraitance au Québec. Je lisais, l'autre jour, l'éditorial de
Brigitte Breton dans Le Soleil, c'est vrai, quand on dit qu'on veut
lutter contre la maltraitance puis, la même
semaine, on va former les travailleurs en CHSLD en cinq semaines plutôt que 25
semaines, je ne suis pas sûr qu'on
lutte pour la bientraitance quand on fait ça, quand... Le CHSLD à Rimouski, on
sortait récemment que les
travailleurs sont tellement débordés qu'ils n'ont pas le temps de livrer les
collations, puis souvent, comme ils ne veulent
pas se faire chicaner, ils jettent les collations. Ça, pour moi, ce n'est pas
de la bientraitance, puis on ne peut pas se fermer les yeux là-dedans, puis ce que le projet de loi amène ne
viendra pas régler ces situations-là. On a un gros, gros défi au Québec, comment on pourra mieux intervenir
puis améliorer les conditions de vie de nos aînés. De nos aînés, mais c'est nous autres, ça va être nous autres, les
aînés, demain matin, qui vont être dans ces situations-là. Ça fait que tout le
monde, on devrait pouvoir trouver une façon de réfléchir à ça.
• (20 h 20) •
Puis les
aînés, ce n'est pas que des aînés vulnérables. La ministre l'a dit souvent,
mais c'est effectivement ça. Mais il y
a de plus en plus d'aînés au Québec, il va y en avoir de plus en plus, c'est
une population vieillissante. Et actuellement, dans le domaine de la santé, mais dans d'autres domaines aussi du
travail, il y a des aînés qui travaillent de plus en plus vieux puis qui
ne sont pas protégés comme les plus jeunes. Il y a des aînés qui vivent en
milieu rural qui n'ont pas les mêmes services puis qui ne peuvent pas vivre
chez eux. Sur la Côte-Nord et Bas-Saint-Laurent, on apprenait que la pauvreté chez les aînés, c'est un phénomène
assez exponentiel, là, il y a des aînés qui n'ont pas les revenus pour vivre
en résidence, et ils doivent choisir des résidences qui ne correspondent pas à
leur problématique.
Ça fait qu'il y a pauvreté chez les aînés,
travail prolongé chez des aînés, des conditions de vie qui ne sont pas toujours
difficiles, mais qui sont souvent difficiles. Ça fait que moi, je pense
qu'il y a une grande réflexion à avoir sur les conditions de vie des aînés au Québec.
Ce projet de loi là va venir protéger plusieurs aînés. Ça, il faut le dire. Mais, contre le désengagement de l'État envers les aînés, le
projet de loi ne viendra pas protéger ce désengagement-là. Et ça, je me dis
qu'on doit quand même avoir une réflexion
là-dessus. Et, comme député sensible à ça, je vais continuer à le dire à ma
façon, sans être obligé de pousser la faute
sur un puis l'autre, mais être capable de dire ce que je vois, et les
situations, et les réalités. À partir
de là, bien, chacun, comme député, comme élu, on a une job à faire puis on va
essayer de la faire le mieux possible pour représenter notre monde,
entre autres les aînés et les personnes vulnérables.
Ça fait que merci, tout le monde. Puis ça a été
une bonne commission, puis on se revoit bientôt.
Le
Président (M. Matte) : Merci, M. le député de Rimouski. S'il n'y a pas
d'autre intervention, je céderais la parole à la ministre.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je vais commencer par les remerciements avant de vous
faire mon dernier plaidoyer. Je
remercie mes collègues parce qu'effectivement travailler en commission
parlementaire puis avoir le plaisir
de le faire, ça ne dépend pas juste d'une personne, ça dépend de la volonté
qu'on a, chacun de notre côté de la table,
de se dire : On peut se parler puis on est capables d'avancer des choses.
Donc, je vous remercie de cette convivialité que vous m'avez permise parce que j'y crois infiniment, qu'on est
capables de parler autrement que de se taper dessus. Et ça, je pense que
j'ai le privilège, M. le Président, d'avoir deux collègues de l'opposition qui
sont dans la même philosophie. Donc, à vous, je dis merci.
À vos recherchistes,
je vous dis bravo! Vous nous avez challengés, comme on dit, mais vous avez
aussi travaillé avec nous. Donc, ça,
c'est tout à votre honneur aussi. Puis je pense que vous travaillez bien avec
vos... je ne dirai pas vos patrons,
je vais dire vos collègues parce que vous êtes tellement proches, quand on est
en commission, que souvent c'est un
collègue. Puis, en plus, on se souviendra de la première journée de travail du
jeune homme qui faisait en sorte qu'il a un peu appris avec nous.
Prenons ça sur nous, il a un peu appris avec nous.
Nécessairement, mes collègues de travail aussi,
hein? La députée de Jeanne-Mance—Viger
et la députée de Charlevoix. On avait la
députée de Chauveau, qui était avec nous, puis le député de D'Arcy-McGee qui
sont venus avec nous puis qui ont
été... Ça ne paraît pas, le travail des députés, quand... On pense tout le
temps qu'ils sont tranquilles et silencieux, mais souvent ils passent
des papiers, ils nous guident un peu.
À la fois,
vous aussi, M. le Président, puisque vous êtes, à la base, un collègue de
travail, mais vous avez présidé cette commission tout en la présidant
avec le député de... Aidez-moi.
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
C'est ça, Chutes-de-la-Chaudière, qui est le collègue de mon collègue qui le
fait aussi, qui l'a bien fait.
Mais la
performance ne peut être livrée sans les gens qui vous accompagnent ou qui nous
accompagnent. Donc, je suis obligée
de prendre au moins le temps de dire à ma gang proche de cabinet, madame ma
chef de cabinet, ma gang en arrière,
mais surtout la gang du ministère et ma sous-ministre, Mme Bérubé, le
sous-ministre adjoint, M. Barrette, les gens de la législation qui sont venus nous
accompagner puis qui ont fait en sorte qu'on était compétents dans les réponses
qu'on voulait donner...
Mais je vais
surtout m'attarder au fait que le projet de loi n° 115, mon collègue le
disait, ce n'est pas le 399, c'est plus
que ça. C'est plus que ça parce qu'on a osé dire, annoncer et avancer des
propositions. Puis on les a questionnées, ces propositions-là. On s'est assurés qu'on pouvait avoir un regard plus
objectif. Mais, quand on dit : La possibilité de lever le secret
professionnel, là, ça a l'air de juste une phrase comme ça, là, mais
assoyez-vous avec un professionnel puis
dites-lui que vous lui donnez l'objectif et la permission de lever son secret professionnel, vous allez le voir
sourciller rapidement parce
qu'il y a tout le lien de confiance entre le professionnel et la personne. Et ça, on leur dit : Il y a
cette possibilité-là. Non
seulement il y a
cette possibilité-là, mais, si vous vous avancez, il n'y aura
pas de répercussions. Si c'est fait en toute bonne foi, qui que vous
soyez alentour de l'aîné, si vous faites un signalement ou si vous faites une dénonciation, bien, savez-vous quoi? On va vous
couvrir parce qu'on pense que ce que
vous faites, c'est un geste noble et qui doit être fait.
Mon collègue
le disait — de
Lévis — ça se
doit d'être fait, mais il faut mettre alentour de cette volonté-là tous les outils possibles. Et, quand on a un doute qui
va aussi loin que de douter même de la parole de la personne qui dénonce, bien, savez-vous quoi, M. le Président? On peut
mettre une caméra. Ce n'est quand même pas rien, là. On le disait, on pouvait les mettre, les caméras avant, mais il y
avait toute cette espèce de côté nébuleux là où on ne savait pas si, puis
comment, puis il fallait-u cacher la caméra
dans le nombril d'un toutou sur une tablette pour être sûr que personne ne la
débranche. Eh bien, non, là, il va y avoir
des règlements clairs qui vont faire en sorte que les aînés du Québec ou tous
ceux qui peuvent avoir un doute, qui
sont proches de cet aîné-là peuvent poser une caméra, puis utiliser
judicieusement les images qui seront
prises, puis ils feront en sorte que ça sera un beau moment pour pouvoir
défendre. On a vu des cas se régler, entre
autres dans l'Outaouais, je vous le rappelle, où, là, on a su que c'était la
personne de la chambre d'à côté qui posait des gestes, donc quelqu'un qui était confus, mais que la famille était
portée à vouloir accuser plein de gens parce qu'ils pensaient que
c'étaient plein d'autres personnes. Donc, la caméra va venir jouer un rôle
important.
L'obligation
d'avoir une politique dans chacun de nos établissements avec quelqu'un
responsable. Tu ne l'appliques pas,
ta politique? Tu ne dénonces pas? Tu ne poses pas les gestes? Bien, sais-tu
quoi? Il y a des conséquences à ça, puis tu peux perdre ta job, puis le ministre de la Santé peut te l'enlever,
cet emploi-là, si tu ne rends pas compte des gestes qui se passent dans
ton établissement.
Et, nécessairement, je ne pourrai jamais vous
vanter assez l'expérience qu'on a faite à Trois-Rivières pendant deux ans, qui fait que maintenant, dans chacun des
milieux du Québec, il y a un comité qui va se réunir et qui va accompagner un aîné qui se sent laissé pour compte
dans une situation en pensant qu'il ne peut pas s'en sortir. Il sera accompagné par les bons professionnels, de la
bonne façon, pour arriver à des fins d'histoires correctes, plaisantes, qui
finissent peut-être même bien dans un milieu
familial comme dans un milieu de vie, qui fait en sorte que, tout à coup,
les intervenants alentour de cette personne-là vont venir l'accompagner.
Alors, est-ce
que 115 est moins fort? Non. 115 est plus fort. Et il n'est pas qu'une ou deux
mesures, il en va de cinq mesures...
et, maintenant, je suis obligée de dire six. Je suis obligée de dire six parce
qu'on a on s'est donné cette volonté-là
de dire : En CHSLD ou sous curatelle, les gens auront une protection
supplémentaire, une obligation cette fois-ci.
Mais, M. le
Président, des fois, quand on a le crachoir, il faut l'utiliser judicieusement.
Mon collègue de Lévis disait :
On a l'obligation morale. Eh bien, M. le Président, si j'avais la chance
d'avoir un micro qui rentrait dans toutes les maisons du Québec, je leur
dirais : Vous n'avez pas juste l'obligation morale de dénoncer, vous avez
l'obligation morale de visiter, d'écouter,
de parler, d'aller voir votre monde. Les aînés du Québec, là, ce n'est pas des
intrus, ce n'est pas du monde
d'ailleurs. D'ailleurs, moi, je ne dis pas «nos aînés», je dis «les aînés».
C'est des personnes, M. le Président, puis
ces gens-là, là, ont le droit au respect. Mais ils ont le droit aussi à de la
visite, ils ont le droit d'être entendus. On parle de la caméra pour surveiller leur environnement,
on ne serait pas obligés d'en parler s'ils avaient des gens qui s'occupaient
d'eux dans leurs familles.
Ce n'est pas
tout de vouloir les protéger, il faut aussi dire à la société : C'est des
gens qui ont des choses à raconter, qui
ont des histoires à nous dire, qui ont des souvenirs à dire, et ils ont le
droit d'avoir cette visite-là. Je dis : Ils ont le droit parce qu'on est tous occupés. On a tous du temps à
faire autre chose, on a des commissions, des enfants, on a ci, on a ça. Mais, si on se donnait cette obligation-là, ça
serait la seule obligation que je nous donnerais. Vous avez un parent, bien, en
premier, vous êtes un maudit chanceux parce
qu'il y a du monde qui n'en ont plus. Donc, ils n'en font plus, de visites.
Puis, je vous le dis, M. le Président,
parler à une pierre tombale, ça peut être soulageant, mais il n'y a rien d'intéressant
là-dedans.
• (20 h 30) •
D'être
capable d'aller parler à son parent encore, d'être capable de raconter à son
jeune en disant : Viens voir, elle
va te raconter des choses, il y a quelque chose là d'intéressant. Vous êtes
grand-parent, vous, M. le Président. Je le suis, moi aussi, et le plaisir qu'on a à pouvoir parler à nos petits-enfants,
c'est un moment précieux. Bien, imaginez, quand votre petit-enfant, là, aura peut-être 34 ans. Faites le calcul, vous
allez voir. Peut-être que vous serez dans un moment où vous allez être plus
tranquille, ça ne vous rendra pas moins intéressant. Ça ne fera pas en sorte
que vos histoires seront moins
drôles, M. le Président, et vous aurez droit à la même visite que vous
faites en ce moment à d'autres personnes.
Alors, si on
a une volonté au Québec de dire qu'on veut traiter nos aînés mieux — puis
je reprends le mot de mon collègue de Rimouski, c'est un mot qui va prendre de l'importance — si
on veut mettre en application la bientraitance, il faut les écouter, il faut aller les voir, il faut
échanger avec eux, il faut annoncer un peu notre volonté de dire : La
bientraitance, c'est aussi juste être avec eux. Et ça, c'est une obligation
qu'on a chacun de notre côté. On ne le dira jamais assez, le respect des aînés, ça ne passe pas juste
par l'obligation de dénoncer, ça passe aussi par cette relation-là qu'on
devrait avoir avec les gens qui sont soit en CHSLD, en résidence ou même
chez eux.
Mais, ceci dit, je vous
dirais que c'est mon plaidoyer à moi, puisque la seule chose que les aînés me
disent quand je les rencontre en CHSLD,
c'est : Je n'ai pas de visite. Je suis tout seul, je suis tanné d'être
tout seul. C'est plate, la TV. On a cette obligation-là, M. le
Président. Par contre, cette fois-ci, on aura l'opportunité de parler en
Chambre de jusqu'où on veut aller pour
protéger les aînés puis comment on veut le faire. Puis le projet de loi
n° 115 annonce le respect de
l'autonomie, la volonté de protéger les gens et ce juste milieu qu'on s'est
donné, nous, pour aller un pas plus loin pour protéger les aînés au Québec. Je suis fière de ce qu'on a fait. Et, s'il
ne reste que ça de nous trois, ce sera un projet de loi bien construit
qui va faire avancer le Québec. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie, Mme la ministre. Votre message de la
fin m'a touché beaucoup, profondément.
Vous avez raison d'être fière de votre projet de loi, et j'espère que votre
message sera entendu par tous ceux qui nous écoutent présentement.
Je voudrais
vous remercier tous de nous avoir facilité la tâche, à Stéphanie et à moi,
parce que c'était notre baptême, c'est la première fois qu'on terminait
l'étude détaillée d'un projet de loi. Alors donc, on vous remercie.
Alors, la commission ayant accompli son mandat,
j'ajourne les travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 33)