(Dix
heures cinq minutes)
Le
Président (M. Picard) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 115, Loi
visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre
personne majeure en situation de vulnérabilité.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine) remplace Mme Vallières (Richmond) et M. Paradis (Lévis) remplace Mme D'Amours
(Mirabel).
Document déposé
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Avant de poursuivre l'étude
détaillée, je dépose un document
reçu de la part de l'Association du Québec pour l'intégration
sociale, dans lequel cette dernière émet des commentaires sur le projet de loi présentement à l'étude. Ces commentaires s'ajoutent au mémoire de cette association déposé lors des consultations particulières.
Je crois que vous avez obtenu copie, tous les membres. Ça va? Moi, je le
dépose.
Étude détaillée (suite)
Au moment d'ajourner
nos travaux, le 23 février dernier, nous en étions à l'étude d'un amendement
déposé à l'article 2 par M.
le député de Rimouski.
M. le député, dans le but de
remettre la commission en contexte, pourriez-vous, s'il vous plaît,
expliquer votre amendement?
M. LeBel :
Oui. Bonjour, tout le monde. Bon retour.
Oui, bien, je ne sais
pas trop, peut-être qu'on peut le lire ou... Comment vous voyez ça?
Le Président (M.
Picard) : Allez-y.
M.
LeBel : O.K. L'idée de base,
c'est de... On était à discuter de la définition de la maltraitance, qui, on s'entend, peut être
très large, qui peut avoir plusieurs aspects. La proposition d'amendement que j'amenais, c'était pour qu'on essaie de n'échapper aucun style de maltraitance,
qu'on... Et, pour ça, je me suis
référé à la définition de la maltraitance qui est faite par la chaire sur la maltraitance
de l'Université Laval.
L'article
que je veux modifier se lisait comme suit, c'est l'article 2, paragraphe 2°, qui dit que la maltraitance est
«un geste singulier ou répétitif ou un
défaut d'action appropriée qui se produit dans une relation où il devrait y
avoir de la confiance et qui cause du tort ou de la détresse à une
personne».
J'ajoutais
«notamment» — c'est
important de mentionner le «notamment»; que la maltraitance, en a, ça pourrait
être de la maltraitance psychologique, qui
est «gestes, paroles ou attitudes qui constituent une atteinte au bien-être ou
à l'intégrité psychologique de la personne;
«b)
"maltraitance physique" : [qui est] gestes ou action
inappropriés, ou absence d'action appropriée, qui portent atteinte au
bien-être ou à l'intégrité physique de la personne;
«c)
"maltraitance sexuelle" : gestes, actions, paroles ou attitudes
à connotation sexuelle non consentis, qui portent atteinte au bien-être,
à l'intégrité ou à l'identité sexuelle de la personne;
«d)
"maltraitance financière" : obtention ou utilisation frauduleuse,
illégale, non autorisée ou malhonnête des biens ou des documents légaux
de la personne, absence d'information ou mésinformation financière ou légale;
«e) "violence
des droits" : toute atteinte aux droits et libertés individuels et
sociaux de la personne — là,
on comprend bien que c'est assez large;
«f)
"maltraitance organisationnelle" : toute situation préjudiciable
créée ou tolérée par les procédures d'organisations (privées, publiques
ou communautaires) responsables d'offrir des soins ou des services de tous
types, qui compromet l'exercice des droits et libertés des personnes;
«g)
"âgisme" : discrimination en raison de l'âge, par des attitudes
hostiles ou négatives, des gestes préjudiciables ou de l'exclusion
sociale.»
C'est
la définition de la maltraitance qui est faite par la chaire. Et, je me
souviens, la ministre nous disait, bon, bien : C'est précis. Dans quelques années, comme on a trouvé des
nouvelles planètes, on pourrait trouver des nouvelles formes de maltraitance. Ça fait que c'est pour ça
que j'ai écrit «notamment». Ça nous ouvre à... ça nous permet de s'ouvrir
éventuellement à d'autres discussions.
Pour
moi, c'est important de rajouter ça, parce que ce qu'on est en train de faire
là est important, ce qu'on discute sur
le projet de loi, c'est important. On veut que les aînés du Québec soient
protégés, puis les personnes vulnérables aussi, on oublie souvent de dire les personnes vulnérables, mais c'est eux
autres aussi, qu'ils soient protégés, qu'il n'y ait pas rien de maltraitance, qu'on fasse... qu'on les
traite bien, qu'il y ait de la bientraitance. Et puis on veut lutter contre ce
qui pourrait être jugé comme de la maltraitance.
En même temps, on pense... On va discuter plus
tard, là, de est-ce qu'on est obligé de signaler la maltraitance puis comment
on veut être sûr qu'on n'échappe personne. Dans ce sens-là, c'est important
qu'on définisse très bien qu'est-ce qu'on entend par des gestes de
maltraitance.
• (10 h 10) •
Depuis un an,
j'ai rencontré beaucoup de monde. Puis, entre autres, si je parle de
maltraitance sexuelle, j'ai rencontré beaucoup
de groupes de LBGT qui m'ont fait part de cas assez touchants de personnes
homosexuelles qui, dans des centres d'hébergement
ou... Tu sais, on a... pas les
idéologies, je cherche le mot, mais... on a évolué un peu, mais souvent il y a encore
beaucoup de rejet. Et il y a des rejets qui font
mal, puis c'est de la maltraitance. Puis eux autres, ils m'ont parlé de beaucoup
de cas où c'est très clair. Ça fait que, pour moi, préciser ce genre de maltraitance
là, c'est important.
Et je reviens
aussi... Bien, les autres, violation des droits, rappeler que les aînés
puis les personnes vulnérables, ce sont
des personnes à part entière, qui ont des droits, et, parce qu'ils sont vulnérables ou
vieillissants, qu'on ne peut pas rejeter ou mettre en... ne pas
respecter les droits de ces personnes-là.
Et il y a la
maltraitance organisationnelle, qui est une maltraitance qui existe et que je
veux m'assurer, moi, dans ce projet
de loi qui veut lutter contre la maltraitance, qu'on prenne part, qu'on accepte
puis qu'on se dise comment ce projet
de loi là, ces interventions qu'on va faire, va faire en sorte qu'il y aura
moins de maltraitance organisationnelle. Puis là je ne l'ai pas inventée, là, ce n'est pas moi qui l'ai inventée.
Puis je l'ai appris, je l'ai appris dans nos travaux en rencontrant les
groupes, j'ai appris que ça existait.
Ça me rappelle, il y a plusieurs années, quand
j'étais directeur de cabinet au ministère de la Famille et de la Condition
féminine. J'avais appris c'était quoi, l'analyse différenciée selon les sexes.
Mme
Charbonneau : ...le
mal de dos.
M.
LeBel : Je n'avais pas de mal de dos, là. J'avais appris la... Puis
j'avais bien appris, puis maintenant je le sais, c'est quoi, puis je suis capable de le défendre. Bien, c'est la même
chose pour la maltraitance organisationnelle. On l'a appris, on nous l'a expliqué. Et, pour moi, il
existe, au Québec, de la maltraitance organisationnelle, institutionnelle, ça
existe, et il faut la dénoncer puis il faut protéger nos aînés et
personnes vulnérables contre cette maltraitance-là.
Cette semaine, deux cas est arrivé au public
dans... Oui, oui, j'y vais, là. La ministre dit : Ne va pas là, mais j'y
vais pareil. Tu sais, le couple, deux aînés séparés dans deux CHSLD, un couple
de 60 ans...
Une voix : ...
M.
LeBel : Les deux, deux cas. Les aînés, un couple aîné, la dame souffre
d'alzheimer, a besoin de son chum proche d'elle, et là le système fait en sorte qu'ils vont être divisés dans
deux CHSLD. Puis en plus le monsieur a un problème de dos, probablement comme moi, puis là il est
obligé... il ne peut pas se déplacer facilement, il va aller voir sa femme
une fois, peut-être, par semaine. Et, elle,
c'est tout... Elle se rappelle de
lui. C'est lui, son chum, puis elle se rappelle de lui, puis là, quand il est là, elle est mieux. Quand il
n'est pas là, les médecins le disent, la dame, entre guillemets, elle
dépérit. Elle dit... Elle s'ennuie, elle se laisse aller.
Ça n'a pas de
sens, ce genre de... Pour moi, c'est le système qui fait ça, probablement. Puis je ne sais pas qui est responsable de la décision, puis
je ne veux pas faire de la politique partisane, dire que c'est le ministre de
la Santé absolument, mais ça arrive, et ça
ne peut pas... on ne peut pas accepter ça. Puis il va y avoir de plus en plus
de cas comme ça dans l'avenir. Et là
on regarde ça aller puis on dit : Bon, on va trouver une solution, on va
patcher. Mais, ce couple-là, comment
les enfants de ce couple-là peuvent intervenir pour empêcher que ça arrive, des
cas de maltraitance comme ça?
La liqueur,
la ministre dit : Ne va pas sur la liqueur, mais moi, je ne sais pas,
mais, quand... si je suis chez nous, puis quelqu'un débarque, là, chez
nous puis dit : Tu n'as pas le droit de prendre telle affaire... C'est un
milieu de vie, tu sais, on dit que les
CHSLD, c'est des milieux de vie. Tu n'as pas le droit de prendre telle chose.
Bien oui, mais je suis autonome, j'ai
le droit de prendre telle affaire. Mais là, non, c'est le système qui t'empêche
de faire ça parce qu'il y a un besoin
d'équité entre les différents CHSLD. Puis là, pour être sûr, là, d'analyser ton
besoin, là, pour ton verre de liqueur, on
va créer un comité de neuf spécialistes qui vont se réunir, puis ils vont
déposer un rapport, puis on prendra les mesures qui s'imposent au moment
opportun.
Vraiment, là,
juste pour un geste facile, de dire : Regarde, on va leur donner leur
verre de liqueur, là... Tu sais, il
me semble qu'à l'âge qu'ils ont puis à ce qu'ils ont fait dans notre société
puis... Voyons donc! C'est quoi, cette histoire de fou là? Comment ça se
fait que ça arrive au Québec, ce genre d'affaire là?
Puis, regarde,
quand je dis que c'est de la maltraitance, j'ai entendu des médias dire :
Ah! il pousse fort la maltraitance.
Non, je ne pousse pas fort. Non, je ne pousse pas fort, parce qu'il va y avoir
de plus en plus de cas comme ça, et,
si le système n'est pas capable de s'ajuster, si le système dit : Non, tu
ne l'auras pas, ton verre de Coke, non, tu ne l'auras pas parce que c'est... pour moi, là, c'est toucher le droit de
la personne autonome. Ce n'est pas parce que tu es vieillissant puis que
tu es en CHSLD que tu n'as plus le choix de prendre tes décisions puis que tu
n'as plus... Tu es autonome, et le système
doit s'ajuster. Et ça, pour moi, c'est une façon de... Pour ces personnes-là, à
mon avis, ce n'est pas bien les traiter.
C'est deux cas qui arrivent. Et là les
gens sont débordés, et là c'est le comité d'usagers, dans un autre CHSLD,
qui démissionnent en bloc parce qu'ils ne savent pas comment intervenir.
Pour
moi, ce qu'on est en train de faire là, sur la loi sur la maltraitance, on
ferait une erreur en se disant que la maltraitance,
ce n'est que des interventions physiques sur quelqu'un, ou c'est voler de
l'argent à la personne, ou... c'est tout
le temps des faits interpersonnels. Il y a ça, il y a ça qu'il faut absolument
lutter contre, mais il y a aussi une autre sorte de maltraitance, c'est
la façon que la société québécoise s'occupe des aînés puis des personnes
vulnérables.
Et,
moi, à mon avis, on a intérêt, en tout début d'étude, de bien définir c'est
quoi, la maltraitance, bien la définir, s'assurer que dans le reste du projet de loi, quand on se sera bien
entendus sur la maltraitance puis qu'on n'aura échappé rien, bien, on pourra mieux faire les amendements
qu'il faut, et éventuellement aussi permettre aux initiatives qu'on va mettre en place de bien couvrir l'ensemble de ce
que c'est, la maltraitance. Et c'est pour ça que j'ai amené cet amendement-là.
Je
sais que, pour le gouvernement... Puis je vais essayer de faire attention parce
que, quand on parle de maltraitance organisationnelle,
on peut venir rapidement sur le palier politique, puis on nous amène souvent
là-dessus, de dire : Bon, si tu
parles de la maltraitance institutionnelle ou organisationnelle, c'est sûr que
tu vises le gouvernement, qui ne fait pas sa job, et tout ça. Je vais essayer de ne pas embarquer là-dedans. Moi,
ce que je dis, c'est que le système, des fois, il est fait d'une façon que les décisions sont imbéciles,
les décisions sont inhumaines, et ça n'a pas de sens. Ça fait qu'il faut
trouver une façon, dans notre projet de loi...
Puis ça, ça s'appelle de la maltraitance institutionnelle. Ça fait qu'il faut
trouver une façon de le dire et de le corriger, avec des outils qu'il
faudra mettre en place. Merci.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le député. M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Bonjour à tous. On reprend, on a du pain sur la
planche. Puis encore une fois, je me
permets de le redire, hein, c'est dans un objectif commun de faire en sorte que
nos aînés soient sécurisés, les aînés
soient sécurisés, que leur milieu de vie soit ce à quoi ils s'attendent. Puis
c'est vrai que les décisions des derniers jours et les événements des derniers jours nous obligent à réfléchir à
ça. Est-ce que, maintenant, l'endroit où les aînés se retrouvent, nos aînés se retrouvent, en fin de
parcours, c'est l'équivalent, en tout cas le plus possible, de ce qu'aura été
leur vie avant? C'est ça, un milieu de vie,
c'est pouvoir se permettre ce qu'on se permettait avant, puis malheureusement
on est en train de se rendre compte que
l'uniformisation, puis que tout le monde doit se lever à la même heure, tout le
monde doit, à la limite, être de la
même couleur puis manger la même chose, beurrer ses toasts de la même façon, ce
n'est pas le milieu de vie que souhaitent les aînés.
Et,
encore là, quand on parle de CHSLD, M. le Président, je pense que c'est
important de le dire, hein, ce sont parmi
les gens les plus vulnérables. En CHSLD, là, c'est parce que tu as un besoin de
soins supplémentaires, alors tu as besoin
d'être accompagné, et les petits plaisirs de la vie, bien, ils ne sont pas si
nombreux que ça, il faut les préserver dans la mesure du possible. Ce n'est pas pour rien non plus, ce n'est pas
pour rien que la Coalition avenir Québec a demandé, demande et continue à exiger — et le fera — de faire en sorte qu'on puisse augmenter le
budget alloué à l'achat d'aliments pour
nos aînés, pour faire en sorte qu'on puisse faire, et je le répète... Puis
c'est assez drôle, hein, on a toujours la tendance à dire : Faire mieux avec moins. Moi,
j'aimerais qu'on fasse mieux avec plus. Alors, donnons-en plus. Choisissons nos
combats, mais travaillons pour les aînés. Ça
fait partie de ça, parce qu'il y a aussi ces règles-là. On a commencé par
parler de saines habitudes de vie,
puis là, à un moment donné, dans le dossier qui nous occupe, et dont le
collègue a parlé il y a quelques
instants, là, on a commencé à parler d'équité, puis ensuite on a amené la
question du budget, là, tu sais, ça coûte cher, un verre de bulles, là, un verre de boisson gazeuse. Bref, ce
n'est pas notre débat d'aujourd'hui comme tel, mais ça fait partie de
nos préoccupations communes.
• (10 h 20) •
Et
je reviens à l'amendement du collègue. Quand on a laissé, c'était assez
complexe. Ce n'est pas rien, parce qu'on est en train de bâtir quelque chose, puis c'est attendu depuis
longtemps. Faut-il que je rappelle qu'en 2013 il y avait un projet de loi, puis là on est en 2017 puis on est
en train de travailler sur ce projet de loi là. Et ce projet de loi là, ça va
être ce qui va marquer les prochaines
années, on n'a pas le droit de se tromper. Et je comprends la volonté de mon
collègue de Rimouski d'énumérer ce
qu'est la maltraitance. Et je me rappelle du débat, précédemment, où les gens,
les spécialistes du gouvernement...
Parce qu'on est tous là pour travailler à avancer, personne ne veut se mettre
des bâtons dans les roues pour se
mettre des bâtons dans les roues, là. Je sais que la ministre et son équipe
souhaitent aussi qu'on avance, puis qu'on ait les meilleures définitions possible, puis qu'on ratisse le plus
large possible mais en ayant une possibilité puis des leviers nous permettant aussi de contrer cette
maltraitance, que l'on ne souhaite pas. Alors là, le collègue a commencé à
énumérer la maltraitance
psychologique, physique, sexuelle, financière, violation des droits — ah! violation des droits — maltraitance organisationnelle, âgisme, etc., faisant partie de cette longue liste,
pour qu'on n'oublie rien. Et je me rappelle aussi du débat, à travers
les spécialistes qui entourent la ministre, de quelqu'un qui dit : Oui,
mais là on peut être limitatif. Le problème,
en droit, là, c'est que, là, à ce moment-là, si on fait une énumération, on
pourrait dire : Bien, ça, ce n'est pas dans lui, ce n'est pas dans
lui, ce n'est pas dans lui. C'est quelque chose pareil, mais, vu qu'il n'est
pas nulle part, on n'aboutira pas, puis ça peut causer des problèmes et des
difficultés d'application.
Et
c'est là qu'est arrivé le «notamment». On s'est dit : Comment on fait
ça, là? Si on ne veut pas être exclusifs, mettons un «notamment». Donc,
ça, mais autre chose aussi.
Alors,
je n'ai pas les connaissances, assurément, de certains membres de l'équipe de
la ministre, mais je suis aussi allé voir la définition juridique de «notamment», en tout cas,
j'ai essayé de me faire une tête là-dessus,
et puis on dit que ce n'est peut-être
pas nécessaire, le «notamment», puis, oui, il peut y avoir des problématiques
au «notamment». Cependant, on dit que
le «notamment» a probablement sa place... En fait, il n'a pas sa place «lorsque
l'état de droit se suffit à lui-même et
que ces précisions sont superfétatoires». Je trouve ça le fun, ça,
«superfétatoire». J'utilise rarement ça dans une discussion, mais je pense que je vais commencer à le placer de
temps en temps, ça donne une belle image. Ça veut dire que c'est inutile.
Dans
ce cas-ci, je continue à penser que c'est loin d'être inutile, le «notamment»,
pour nous permettre d'avoir une
vision plus large et non exclusive. Puis je suis obligé aussi de me questionner
sur le fait que plus on sera précis, plus cette maltraitance que l'on dénonce sera bien définie, mieux on
atteindra nos objectifs. Mais là on est dans des termes, là, on est dans... Je sais que c'est la volonté de
tous, c'est de faire en sorte qu'on n'échappe rien, je suis tout à fait
d'accord avec ça. Si on est dans un
processus qui fait qu'on risque d'échapper quelque chose, on va continuer à en
jaser... Il me semble que non, de la façon dont c'est fait là.
On va écouter probablement la ministre, M. le
Président, qui nous dira ce qu'elle en pense encore, ça fait deux semaines, là, qu'on a laissé ça puis qu'on
cogite un peu là-dessus, mais le but, l'exercice final, c'est de ne rien
laisser échapper, dans un dossier
aussi important que la maltraitance. Vous comprendrez que c'est pour ça qu'on
souhaite que les dénonciations soient
obligatoires, on y reviendra aussi plus tard. Dans le dossier qui nous occupe,
bref, la définition, telle que proposée
par le collègue, ce «notamment» me permettant à moi de croire... avec les
connaissances que j'ai dans le domaine
du droit puis les quelques recherches que j'ai faites, me donne à penser que
l'objectif que l'on a ici, il est correct. Et, en ce sens-là, je pense que, en tout cas, une chose est
certaine : plus on sera précis dans la définition de ce qu'est la
maltraitance, mieux on cernera le problème.
Et la
prémisse de base du collègue, c'est aussi la chaire de recherche, qui est chère
à la ministre; qui, dans son propre
exposé, nous signifie l'importance de bien définir, d'ailleurs ce qui a été
repris par de nombreux groupes qui sont venus nous voir en disant : On aimerait ça que la définition soit
plus précise que ça. C'est ce qu'on tente de faire dans un objectif
constructif.
Alors, moi,
je continue à penser que... loin d'être réglé, en tout cas, je pense que cette
notion de «notamment», cette notion d'énumération ajoute à la précision
du projet de loi sur lequel on est en train de travailler.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues. C'est bon de se retrouver
puis de replonger dans nos dossiers comme ça, de façon plus pointue
puisque, probablement comme vous, et vous l'avez dit, depuis deux semaines on est un peu en relâche... mais pas
en relâche de travail, hein, on a consulté les gens alentour de nous,
et, probablement comme vous, moi, j'ai été
sollicitée par des gens qui voulaient me rencontrer puis me parler du projet de
loi puis de leurs inquiétudes face à les envergures ou la volonté qu'on
voulait lui donner.
Je suis
heureuse d'entendre mon collègue de Rimouski parler de la problématique qu'on a
en ce moment dans nos CHSLD comme
dans nos résidences privées, comme publiques, sur le regard qu'on porte sur les
goûts et les orientations des gens.
Revenons sur le principe des gens LGBT ou même sur l'homosexualité. On a une
nouvelle génération d'aînés qui
rentre dans nos centres, hein, qui rentre un peu partout, et le jugement se
porte de différentes façons. Donc, ceux qui assument, avec raison, hein, leur homosexualité ne sont pas reçus comme
on pourrait le croire dans nos centres, et il faut être très vigilant. On appelle ça de l'homophobie.
On n'appelle pas ça de la maltraitance, mais on appelle ça de l'homophobie,
puis il faut la regarder avec attention,
parce que le gouvernement du Québec, depuis plusieurs années, tous
gouvernements confondus, s'est attardé à cette volonté-là d'être libre
du regard et des goûts qu'on a dans la vie.
Ce qui
m'amène un peu au principe de maltraitance et du petit plaisir, parce que, oui,
je suis restée vraiment surprise de
voir qu'on appelait ça de la maltraitance. Je pense que le jugement de nos
institutions pour porter le bien-être des aînés en disant : Bien, ça, ce n'est pas bon pour la santé, puis ça,
c'est bon pour la santé, il pourrait être critiqué, mais il ne faut pas faire du mot «maltraitance» tous les maux ou
tous les mauvais jugements qui se portent. Je pense que c'est excessivement
dur, déjà, de vouloir patauger dans le principe de la maltraitance, de vouloir
la nommer, de pouvoir la proscrire. Il ne faut pas tout mettre dans ce bain-là,
on va automatiquement, nous-mêmes, se piéger avec le principe.
Donc, oui,
j'ai réagi, tantôt, quand mon collègue a dit : Oui, je vais en parler, de
la liqueur, même si ça ne vous ne dit
pas, Mme la ministre. Je vous le dis, M. le Président, je vais être vigilante
sur le principe de la maltraitance pour ne pas qu'on y mêle tout. J'ai eu le privilège, pendant deux ans, de
faire le tour du Québec pour parler de mourir dans la dignité, et il a
fallu être chien de garde de ne pas tout mettre dans le melting-pot de mourir
dans la dignité. On a tout entendu. Il faut
être vigilants, comme législateurs, pour ne pas tout mélanger les choses, parce
que les gens qui nous écoutent puis
les gens qui ont des attentes sont vraiment très, très à l'écoute et veulent
s'assurer qu'on ne va pas voyager dans toutes les sphères du quotidien
des aînés pour parler de maltraitance.
Revenons sur
l'amendement de mon collègue, sur le principe du «notamment». Je maintiens la
position qui dit : De trop vouloir expliquer, ça devient compliqué.
Je vous explique, M. le Président.
Dans une loi,
on met les grandes lignes d'une volonté gouvernementale. Quand on y va dans le
détail, c'est parce qu'on est sûrs que ce détail-là sera fermé pour les
années à venir.
Mon collègue
en faisait part, mon collègue de Rimouski, et mon collègue de Lévis, du fait
que je reviens toujours sur le même
principe de défense, c'est-à-dire : De trop vouloir définir quelque chose,
on va se piéger nous-mêmes. On a regardé
plusieurs lois pour voir comment on pouvait mieux détailler les choses, et à
chaque fois que le détail est trop précis on revient à un principe qui dit qu'à chaque fois qu'on veut modifier
quelque chose il faut revenir en comité législatif, suspendre les
choses, revoir la loi, ouvrir la boîte et renommer les choses.
En laissant
le mot «maltraitance» tel qu'il est, on fait en sorte que les gens vont se
référer aux documents qui sont écrits.
Je vous en nomme un, puisqu'il est écrit depuis 2016, puis mon collègue, sans
le vouloir ou sans le savoir, y fait référence,
c'est le Guide de référence pour contrer la maltraitance envers les personnes
aînées. Et, dans celui-ci, on parle de différentes choses, mais on parle des définitions de maltraitance.
Elles sont déjà définies, elles sont déjà là. De les mettre dans la loi viendrait la fermer sur un principe
même, un principe qui veut qu'à chaque fois qu'il va falloir trouver une
nouvelle maltraitance...
Puis
je vous en donne une qui est à l'aube d'être définie, elle n'est pas encore
vraiment catégorisée, mais prenons la cybermaltraitance. En ce moment,
on appelle ça de la fraude. On sait qu'on a des aînés qui sont fraudés par le
biais d'Internet, on sait qu'il y a des gens
qui sont arnaqués dans le quotidien, là. Il faut être très, très vigilant. Il y
a des cours qui se donnent par
l'ensemble de nos partenaires, que ce soit la FADOQ, l'AQDR, que ce soit le
gouvernement lui-même, il y a des
cours qui se donnent dans nos résidences pour s'assurer que nos aînés qui vont
sur Internet ne se font pas arnaquer. Mais
bientôt, je ne peux pas donner de date puis je ne peux pas vous dire à quel
moment, mais bientôt on va pouvoir appeler ça de la cybermaltraitance. En ce moment, on ne peut pas le faire, il
n'y a pas d'étude, il n'y a pas rien de rattaché avec une définition très
précise. Mais, de ce fait, de vouloir se fermer sur les sept qui sont énumérées
en ce moment fait en sorte qu'on
pourrait nous-mêmes poser un geste au fait que, dans deux ans, on va se
retrouver dans cette pièce encore en train de refaire les définitions.
Gardons la
loi dans sa largeur, dans son ouverture en disant le mot «maltraitance» et
faisons en sorte que, dans l'ensemble
des documents qui vont suivre, qui vont informer, qui vont être plus clairs,
qui vont être plus précis pour les familles,
on puisse énumérer... à chaque fois qu'il y en aura une qui va surgir, on
pourra l'ajouter avec beaucoup plus de facilité, ce seront des documents
de travail.
Mais, si je
suis une famille puis je me questionne sur le principe de la maltraitance, puis
que je fais référence à une loi pour
pouvoir trouver mes définitions, je pense que je me trompe. Il faut s'assurer
que, dans l'ensemble des documents qui
vont suivre, il y aura des définitions, il y aura des belles façons d'assurer à
nos familles dans un langage clair qu'est-ce que la maltraitance. Et gardons cette loi sous son legs législatif le
plus ouvert possible pour s'assurer qu'on puisse à chaque fois faire référence à cette loi avec le mot
«maltraitance» mais avec des définitions qui seront dans d'autres documents.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Picard) : Merci.
M. le député de Rimouski. Il vous reste 9 min 50 s.
M. LeBel : Je ne prendrai pas tout
ça.
La ministre dit : L'homophobie, ce n'est pas de la maltraitance. L'homophobie
amène à de la maltraitance. Il y a des
gens qui sont rejetés parce qu'ils sont homosexuels, puis ils sont bousculés,
ils sont... on leur enlève des droits, on les traite de toutes sortes de noms, tout ça. Et c'est ça qui est écrit dans
la définition de la maltraitance sexuelle : «...attitudes à connotation sexuelle non consentis, qui portent
atteinte au bien-être, à l'intégrité», des gestes, des actions, des paroles.
L'homophobie, pour moi, si ce n'est pas de la maltraitance, l'homophobie amène
à la maltraitance, et je trouve qu'il y a un lien à faire.
Les sept
façons de définir la maltraitance, pensez-vous que la chaire de recherche n'ont
pas eu cette réflexion-là, de
dire : Si on arrête ça à sept, c'est-u correct ou... Parce que, là, tout le monde va travailler là-dessus. Le gouvernement
va intégrer ça dans ses guides
d'intervention, tout le monde va travailler là-dessus. Si on
arrête ça à sept, est-ce qu'on a couvert pas mal l'ensemble? Est-ce
qu'on n'est pas en train de se barrer les pieds pour...
Mme
Charbonneau : ...chercher.
Ce n'est pas une loi, c'est une chaire de recherche.
M.
LeBel : Les sept façons de
traiter la maltraitance, la chaire de recherche l'a étudié comme il faut et,
avant d'arriver à ça, a étudié la
question, et je pense que ces sept façons de voir la maltraitance couvrent pas
mal l'entièreté de ce qu'on pourrait
penser, de maltraitance. Quand on parle de violation des droits, là, c'est
assez large, là. Moi, je pense que, cette réflexion, la chaire de recherche l'a faite aussi. Et, si les gens l'ont
récupérée dans les différents guides, c'est que cette définition-là,
détaillée en sept points, venait couvrir l'ensemble de ce que pourrait être la
maltraitance.
Moi, ce que je pense,
derrière ça... Puis la majorité libérale va battre l'amendement,
je le sais, là, c'est comme ça que ça
fonctionne. Mais ce qu'il y a derrière ça puis ce que je veux essayer de passer
comme message, c'est que... Et c'est vrai qu'il peut y avoir de la
maltraitance faite par de la famille, ou par des intervenants, ou par des
voisins, bon, et c'est vrai qu'il y a cette maltraitance-là qu'on peut...
qu'il faut dénoncer puis qu'il faut corriger à chaque fois, puis ça, le projet de loi semble bien installé pour faire ça,
tu sais, il va y avoir des outils qu'on va mettre en place, des concertations
locales avec les policiers, avec... il y
aura des politiques mises en place. Ça, on est capables de faire ça. Mais la
question de fond : Comment on
traite les aînés au Québec? Quelle sorte de... Comment on peut arriver à des
décisions aussi inhumaines comme on a
vu cette semaine, qui est des décisions pas d'un individu, pas du personnel,
pas de la famille, pas... mais c'est
des décisions administratives, qu'on dit : Non, on arrête ça, non, on
divise le couple? Ça, là, comment on
fait? On n'en parle pas là-dedans, on n'en parle pas dans votre projet de loi.
Ce n'est pas les policiers qui vont arrêter ça, ce n'est pas... Et
c'est, pour moi, de la maltraitance.
Ça fait que
c'est ça que j'essaie de vouloir témoigner, de dire : On est en train de
faire un projet de loi qui va lutter contre
la maltraitance aux personnes, bien correct, il faut le faire, puis comme mon
collègue de Lévis puis la ministre aussi veulent la même chose, on ne veut laisser passer personne, on ne veut
laisser... on ne veut pas qu'un aîné ou une personne vulnérable ait à subir de la maltraitance quand il
n'est pas capable de se défendre ou... ça, tout le monde est là-dessus, mais il faut quand même se poser la question,
comme société, comment ça se fait qu'on arrive à des situations comme on a vu cette semaine puis comment... Puis il va y
en avoir de plus en plus, on est une société qui vieillit, il va y en avoir de
plus en plus. Moi, j'aurais apprécié que ce projet de loi là puisse répondre à
ce genre de situation, et je ne suis pas sûr qu'on va y répondre parce que, le projet de loi, si on pense... si on
laisse imaginer aux gens que ce projet de loi là va venir corriger la maltraitance administrative,
institutionnelle, organisationnelle, c'est faux, il n'y arrivera pas. Puis
pourtant c'est une maltraitance qui
est identifiée par la chaire de recherche. Mais je ne pense pas qu'on n'y
arrive parce qu'on n'est même pas
capable, au début, de le mentionner. Puis je comprends que c'est gros, mais il
me semble qu'on a un devoir ici de le dire, et je voulais le dire.
Pour
moi, on aura éventuellement — le plus tôt sera le mieux — un grand débat à avoir sur le vieillissement
de la population au Québec, la façon
qu'on travaille avec nos aînés, le droit de nos aînés. Puis là je ne parle pas
juste des aînés en CHSLD, je parle
des aînés travailleurs, je parle des aînés qui sont impliqués dans plein de groupes, qui défendent des
droits. Je pense qu'on est rendus là. Ça ne se peut pas qu'on tolère à chaque
semaine qu'il arrive quelque chose.
La ministre,
à un moment donné, elle m'avait dit : C'est le jour de la marmotte, le
député de Rimouski m'arrive toujours
avec des affaires, à chaque... Mais
là il ne faudrait pas que le jour de la marmotte arrive trop souvent. À un moment donné, il va falloir qu'on se
réveille.
Ça fait
que c'est un peu ça que j'essaie d'amener, la proposition d'amendement était à cet effet. Je verrai pour la suite. Merci.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Oui. Je
compléterai, sans... Dans le projet
de loi, on parle de maltraitance. Et
là je prends le texte proposé par le gouvernement :
«2°
"maltraitance" : un geste singulier ou répétitif ou un défaut
d'action appropriée qui se produit dans une relation où il devrait y
avoir de la confiance et qui cause du tort ou de la détresse à une personne.»
Je lis ça, je vois la proposition d'aller plus
loin, de faire en sorte qu'on puisse se donner aussi des balises bien précises. Vous savez, la grande qualité d'une loi,
dans ma tête à moi, d'un projet qui devient éventuellement loi, c'est sa clarté.
Pour appliquer une loi, là, il faut qu'elle soit la plus claire possible. Et,
oui, je peux comprendre qu'on prend des termes larges pour éviter que...
puis il va y avoir des nouvelles formes éventuelles de maltraitance qui, un
jour, apparaîtront. Je pense que, dans cette
définition élargie là plus spécifique, avec le «notamment», etc., on
rejoignait bien cet objectif de clarification.
La ministre
dit, il y a deux instants : Vous savez, le problème
qu'on a, à travers une chose, un truc comme ça, c'est que dans deux ans on va peut-être
être obligés de se rasseoir, puis rouvrir, puis... Oui. Bien oui. Et elle l'a
dit à juste titre, mourir dans la
dignité, aide médicale à mourir, ça a été un travail exceptionnel. Mais
savez-vous quoi? On va réouvrir ça, là. La volonté commune qu'on a, tous
partis confondus, c'est de faire en sorte qu'on puisse maintenant se poser des questions
en fonction d'autres pathologies, d'autres problématiques qui, dans la première
mouture, n'ont pas été traitées parce
qu'on n'était pas rendus là, mais là
on va assurément, probablement le faire. En tout cas, c'est mon souhait
le plus cher, qu'on puisse se
réasseoir dans un mandat d'initiative pour réétudier toute cette volonté, maintenant,
parce qu'on est prêts à en discuter, de voir si on ne peut pas
aller plus loin. Bien oui, on se rassoit. En tout cas, on l'espère. Puis
on verra, on ne sait pas, on ne peut
pas présumer de ce que ça donnera, puis ce serait très malsain de le faire parce que
la volonté, c'est d'écouter, puis ensuite d'échanger et d'avancer.
Alors, là est aussi l'objectif.
Moi, j'ai
cette même crainte puis en même temps cette même volonté qu'a la ministre,
c'est-à-dire de faire en sorte qu'on ne puisse pas échapper quelque chose que l'on
dénonce, j'ai aussi cette volonté-là. Dans ma tête, à tort ou à raison,
j'ai comme l'impression que d'être très clair sur ce qu'est la maltraitance, eu
égard aux recherches faites puis poussées de
la chaire de recherche, qui n'a pas, un jour, du jour au lendemain dit :
On ne mettra pas ça, parce que ce serait peut-être mieux d'être plus
large, tu sais, ils ont quand même pensé à ça, avec, bien sûr, dans la tête la
possibilité qu'un jour on devra
ajouter d'autres formes de... mais, avec ce «notamment» là, avec cette
énumération-là, avec cette clarification-là, à tort ou à raison, moi, je pense qu'on est en train de donner un
message clair et de signifier ce que c'est et ce que l'on ne permettra
plus.
Alors, M. le Président, manifestement, bon, le gouvernement...
la ministre semble, c'est clair, là, préférer sa définition, en tout cas ce qu'elle nous propose. Moi, je continue à
penser que ce que l'on propose, également, ne va pas à l'encontre de l'objectif commun que l'on a mais vient clarifier les choses.
Tant mieux que ce soit ainsi. Une loi, dans ma tête à moi, ça doit être
ça également.
Et je
rappelle seulement un élément, c'est que le travail qu'on fait ici,
là, c'est une opportunité. Il faut aller le plus loin possible, il faut être le plus clair possible. Quand bien même un
jour on devra revoir également... On devra le revoir parce que,
la ministre l'a dit, M.
le Président, il y a
deux instants, ceux et celles qui aujourd'hui utilisent les résidences, les CHSLD ne sont pas ceux de demain. Ceux de
demain ne seront pas moins exigeants. La vie continue à bouger, les besoins seront différents, puis on aura toujours
à intervenir. Alors, donnons-nous l'opportunité de bien clarifier les choses
et de faire en sorte qu'on ait cette volonté-là de continuer à faire avancer
les choses.
Alors, je
terminerai là-dessus. Et puis évidemment, le poids du nombre, je suis obligé de me rendre à
l'argument de mon collègue; le poids
du nombre, quand on est dans un travail comme celui-ci, bien, au bout du
compte, il fait son oeuvre. Mais je
pense que c'est important qu'on manifeste quand même notre volonté et le
pourquoi des modifications que l'on propose également.
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
• (10 h 40) •
Mme
Charbonneau : Merci,
M. le Président. Je vais rectifier le tir. Ce n'est pas ma définition, hein,
c'est la définition de l'Organisation mondiale de la santé, 2002. J'aimerais ça que ce soit ma définition, je
me trouverais très, très bonne, là, mais ce n'est pas la mienne. Donc, soyez
assuré, M. le Président, qu'on ne prend pas la définition de la ministre
dans les documents.
Et je reviens
à un argument. Puis je le sais, que mes collègues sont de bonne volonté, là, et
de bonne foi, je n'ai aucun doute là-dessus.
Puis il va arriver à quelques reprises, dans un projet de loi, que, d'un côté
comme de l'autre de la table, on ne
s'entende pas sur certains principes de base, mais ce n'est jamais sans oublier
la bonne volonté qu'on a de faire avancer le projet. Donc, on peut revenir au
principe du nombre, mon collègue de Rimouski l'a dit, mais je n'arrêterai pas une discussion pour le principe du nombre, je
veux vraiment qu'on fasse la meilleure loi possible. Je ne
m'appuie pas sur un principe de parti, je m'appuie sur des principes de
base, sur l'écriture des législateurs d'un projet de loi.
Je vous en
donne un peu d'argumentaire parce que je
pense que c'est important
qu'on puisse se le rappeler, mais, dans
Éléments des légistes — Comment
rédiger la loi et les règlements, il y a
des règles très précises à lesquelles on nous demande d'adhérer quand on écrit une loi, puis je vous en donne une.
Dans la sous-section I, Généraliser le plus possible, voici ce qu'on nous dit en une phrase : «Les
concepts devront être aussi généraux que le permet la réalité qu'ils servent
à représenter, car il en résultera une
meilleure compréhension du message à communiquer.» On n'invente pas les règles
ici, là. On dit : Plus on est général,
plus on y va largement, mieux on s'assure qu'un projet de loi fasse ce qu'il a
à faire.
Ce n'est pas de l'entêtement, c'est une volonté
d'écrire le meilleur document, qui va parler à ceux qui vont l'interpréter, parce que, M. le Président, vous le savez, une loi, ce n'est pas écrit pour les familles, c'est
écrit pour ceux qui vont les
interpréter. Mais il faut quand
même que les familles s'y retrouvent.
Et, de ce fait, il y a plein de documents qui ont été écrits, on n'est pas au
premier document.
Puis mon
collègue de Rimouski disait, tu sais : Il va-tu se passer des
choses à chaque semaine? Bien, je
pense que maintenant
nos aînés dénoncent. Maintenant, on a des aînés, puis je vais le dire parce que
ça me fait un peu sourire quand je le
dis... Parce qu'on choisit d'avoir
des aînés autonomes et de les nommer autonomes quand ça nous tente, hein, parce
que d'autres fois ils ne sont pas assez
autonomes pour dénoncer eux-mêmes ce qui se passe, puis des fois ils sont assez
autonomes pour prendre des décisions
autrement. Moi, je vous dirais que, les aînés du Québec, ceux qu'on a en ce
moment, il y a deux générations. Il y
a ceux qui ont 80 et plus, qui sont probablement notre clientèle en CHLSD,
comme disait mon collègue, hein,
c'est la dernière résidence, c'est des gens qui ont besoin de services
24 heures, donc, qui sont en CHSLD, et on a les aînés qui nous arrivent... Puis là je vous fais un petit
clin d'oeil, M. le Président, là, mais on fait partie d'une catégorie d'aînés, nous, hein? On dit, à la FADOQ,
qu'à 50 ans on arrive à être membre de la FADOQ. La FADOQ, c'est quand même... il y a le mot «aîné» dans le mot
FADOQ, là, oublions-le pas. Mais disons qu'à 65 ans... reprenons le
principe qui veut qu'on prend sa
retraite à 65, qu'à 65 on est un aîné. Bien, M. le Président, vous en
connaissez autant que moi, des gens
de 65 ans qui sont autonomes, qui ont toute leur tête puis qui sont
capables de prendre des décisions, qui sont capables d'avancer dans la
vie, mais qui sont maintenant au courant de leurs droits et savent comment
aller chercher l'information, ils ont des organisations alentour d'eux pour
leur donner.
On en a fait,
des choses, au gouvernement du Québec. D'ailleurs, le guide de référence en
fait part. On a le PAM qui fait des gestes au quotidien pour s'assurer qu'on a
de l'information, on a VVE, on a une ligne Aide Abus Aînés. On a fait des bandes-annonces depuis des années, mon
collègue de Rimouski le sait, son gouvernement, quand eux étaient au gouvernement, ont aussi pris part à cette
volonté-là d'informer les aînés sur le principe de la maltraitance et de leurs
droits. On n'est pas à côté de la
plaque. On veut faire un projet de loi qui annonce le plus largement possible
la possibilité d'aller chercher de l'information sur la maltraitance.
Quand mes collègues me parlent de la chaire de
recherche, oui, elle a définitivement donné cette définition. A-t-elle fini son travail? Marie Beaulieu serait
debout ici en train de vous dire : Non, je continue puis je vais aller
encore plus loin, parce qu'il faut
faire en sorte qu'à chaque fois qu'on dénote quelque chose qui peut faire en
sorte qu'on ne fait pas un bon
traitement aux gens qui sont en attente de services, en attente de relations
humaines, en attente de soins... Bien, ils
sont en droit de les recevoir. Et, de ce fait, chaque fois qu'on est capable de
trouver une maltraitance, on lui donne une description, on essaie de la
traiter puis on essaie de faire autrement.
Ce projet de loi là s'annonce, contrairement à tous les autres projets de loi à travers le Canada,
à l'ensemble des aînés du Québec; pas juste ceux qui sont en CHSLD, pas juste ceux
en résidence, mais à l'ensemble des aînés du Québec. Et, de ce fait, il faut qu'il soit le plus
clair possible, le plus large possible et qu'il fasse dans la meilleure façon
référence à des documents où on peut aller chercher le pointu du pointu
et où on peut modifier dans le quotidien.
Je n'ai pas
peur qu'on rouvre la loi l'année prochaine, je n'ai pas peur qu'on la rouvre
dans deux ans, mais je veux qu'à
chaque fois qu'on s'arrête pour l'ouvrir on le fasse pour les bonnes raisons,
pas juste pour y rajouter du texte parce qu'on a décidé d'aller dans le pointu. Pour cette raison, M. le
Président, je voterai contre l'amendement de mon collègue, qui veut qu'on fasse des «notamment» avec des
définitions précises qui vont venir mélanger les cartes plutôt qu'éclairer
les gens qui vont faire des réflexions ou
qui vont donner les définitions sur le projet de loi, donc les législateurs,
mais qu'on devra — et à ça je suis sûre qu'il sera un complice,
là — on devra
faire en sorte que l'ensemble de nos documents qui sont accessibles aux familles du Québec, qu'on
soit jeune ou jeune depuis plus longtemps, donnent des explications sur
l'ensemble des formes de maltraitance qu'on a au Québec.
Le Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Regardez, moi, en parlant d'information, juste un clin d'oeil
à la ministre, les carrefours d'information des aînés, dans la Gaspésie puis dans le Bas-du-Fleuve, sont en demande.
C'est des groupes qui sont importants, qui donnent de l'information aux aînés, liés avec les centres
d'action bénévole, et ils sont... avec la fin des CRE, des structures
régionales de financement, ils
tombent dans la trappe, dans le Bas-du-Fleuve puis en Gaspésie, oui. Ça fait
que, là, il faudra trouver une façon de les aider, si on veut informer
les aînés de mon coin de pays, et je compte sur vous.
Moi,
là, dans le fond, quand je vois... je ne suis pas capable. Quand j'entends, le
couple en question, là, j'imagine que
c'est mes grands-parents, je ne suis pas capable, le couple qui a été séparé
parce que la dame était alzheimer. Quand j'entends, les gens disent... Puis je suis allé à plusieurs conférences,
là. Tu sais, un aîné en CHSLD qui est un peu trop malcommode, là, qui a travaillé toute sa vie, le
monsieur, puis qui veut bouger, mais qui est trop malcommode, on lui envoie une pilule ou deux pour l'assommer, pour
qu'il soit... Ça, moi, je ne suis pas capable. Ce n'est pas de ma faute,
je ne suis pas capable,
ça. Le petit verre de liqueur, là, ça a bien l'air anodin, mais je ne suis pas
capable. Puis je ne suis pas capable,
en plus, de comprendre... de voir la situation, de dire qu'on va mettre un
comité d'experts en éthique. Voyons donc,
tu sais, ça n'a pas de sens! Je ne suis pas capable quand j'entends des gens
qui disent : Les personnes aînées, le matin, on leur lave le bas du corps, puis l'après-midi il
y en a un autre qui arrive, un autre intervenant qu'elle ne connaît pas, la
personne, là, qui arrive, il lave le haut du
corps, puis c'est comme ça à chaque jour. Tu sais, c'est quoi? La couche est
pleine, on laisse ça plein parce qu'il faut
qu'ils dorment leur nuit. Ou encore c'est l'heure d'aller manger, on va manger.
Puis, si tu n'as pas mangé en six minutes,
on t'enlève ton assiette devant toi puis on tire ça aux poubelles parce que,
là, il faut que tu ailles, parce que
je n'ai pas le temps de m'occuper de toi. Tu sais, je ne le sais pas, mais moi,
je ne suis pas capable. Puis je sais que, tout le monde ici, là, je ne
suis pas le seul, là, on est tous pareils.
Puis les gens de mon
âge, là...
Une voix :
...
M.
LeBel : Non, mais je le sais, que ce n'est pas là, mais c'est de la...
Ce n'est peut-être pas là, mais ça aurait dû être là, parce que, pour
moi, ce n'est pas une façon de traiter nos aînés.
Puis
ceux de mon âge, là, puis on se le dit, tout le monde le dit, c'est le «running
gag», là : Moi, je ne veux pas me
rendre en CHSLD, je ne veux pas arriver là, tu sais. Puis il y en a qui
disent : Regarde, moi, tant qu'à mourir, je veux mourir avant d'arriver là, tu sais, parce que...
Là, on laisse ça aller, comme, on prend un verre de vin, on lunche, là, sur
l'heure du dîner, du souper, puis on se
dit : Aïe! non, moi, je ne veux pas finir là, c'est sûr, puis ça roule, on...
Voyons donc! Il faut aller plus loin
que ça. C'est quoi, cette affaire-là? Il faut se poser des questions, comme
société, puis c'est ça que j'essaie
de... Puis, pour moi, ce n'est pas bien traiter, puis, quand on parle de
maltraitance, on devrait parler de ça. Mais
là je comprends la ministre, on n'est pas là, mais il va falloir trouver une
façon d'être là un jour, parce qu'il va y en avoir de plus en plus, de
cas comme ça, puis on ne peut pas laisser ça faire.
Ça
fait que je ne sais pas comment défendre... Les gens, l'autre jour, sur
lesquels le gouvernement a voulu couper le crédit d'impôt aux aînés, en
dedans de 24 heures on a eu une pétition qui a roulé, qui a été signée,
quasiment 30 000 signatures, là, je
ne me souviens plus trop exactement. Les aînés sont capables de se mobiliser. À
un moment donné, je pense que, là, ils vont finir par être rendus là.
Puis,
votre projet de loi, on va bien le travailler, mais il ne répondra pas aux cas
que je viens de dire. Ce projet de loi
là, il ne viendra pas assurer à ces
aînés-là que je viens de nommer, là... assurer une mieux-traitance, une
bientraitance à ces aînés-là. Votre
projet de loi... Pour moi, ces aînés-là ne sont pas bien traités, puis le
projet de loi ne viendra pas corriger cette
situation-là. Ça fait qu'on va trouver une façon autre pour corriger cette
situation-là, parce qu'on ne peut pas accepter ça, comme société.
• (10 h 50) •
Le Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Autres interventions?
Ça va?
Donc,
s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais procéder à la mise aux voix. Je
vais faire la lecture de l'amendement du
député de Rimouski : Article 2 : Modifier l'article 2 du
projet de loi par l'ajout, à la fin du paragraphe 2°, de ce qui
suit :
«notamment :
«a)
"maltraitance psychologique"...»
Une voix :
...
Le Président (M.
Picard) : Non, mais je fais la lecture avant. Oui, oui.
«a)
"maltraitance psychologique" : gestes, paroles ou attitudes qui
constituent une atteinte au bien-être ou à l'intégrité psychologique de la
personne;
«b)
"maltraitance physique" : gestes ou actions inappropriés, ou
absence d'action appropriée, qui portent atteinte au bien-être ou à
l'intégrité physique de la personne;
«c)
"maltraitance sexuelle" : gestes, actions, paroles ou attitudes
à connotation sexuelle non consentis, qui portent atteinte au bien-être,
à l'intégrité ou à l'identité sexuelle de la personne;
«d)
"maltraitance financière" : obtention ou utilisation
frauduleuse, illégale, non autorisée ou malhonnête des biens ou des
documents légaux de la personne, absence d'information ou mésinformation
financière ou légale;
«e) "violation
des droits" : toute atteinte aux droits et libertés individuels et
sociaux de la personne;
«f)
"maltraitance organisationnelle" : toute situation préjudiciable
créée ou tolérée par les procédures d'organisations (privées, publiques
ou communautaires) responsables d'offrir des soins ou des services de tous
types, qui compromet l'exercice des droits et libertés des personnes;
«g)
"âgisme" : discrimination en raison de l'âge, par des attitudes
hostiles ou négatives, des gestes préjudiciables ou de l'exclusion
sociale.»
Le vote nominal? Nous
allons procéder. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. LeBel (Rimouski)?
M. LeBel :
Pour.
La Secrétaire :
M. Paradis (Lévis)?
M. Paradis (Lévis) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Tremblay (Chauveau)?
Mme Tremblay : Contre.
La Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
M. Matte : Contre.
La Secrétaire : Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)?
Mme
Rotiroti : Contre.
La Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
La Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire :
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière)?
Le Président (M. Picard) :
Abstention.
La Secrétaire : C'est rejeté.
Le
Président (M. Picard) : L'amendement est rejeté. Nous revenons
à l'article 2. Commentaires? Si je n'ai pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 2.
Des voix : ...
Le Président (M. Picard) :
Oh! Attendez un peu.
Mme
Charbonneau :
...parce qu'il a dit 2. M. le Président, j'aurais un amendement pour
l'article 2, alinéa 3°, s'il vous
plaît, pour pouvoir garder la cohérence, oui, pour garder... Effectivement, M.
le député de Rimouski me fait un sourire, mais je veux garder... Oui, allez-y, M. le Président. Mais je veux
rester cohérente. Moi, je veux garder ma cohérence avec vous, M. le
député de Rimouski.
Le Président (M. Picard) : ...l'amendement.
Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Alors, dans la volonté de garder la cohérence avec les propos que je tiens
depuis le début sur le principe du
«notamment», puisque dans le projet de loi initial il y avait effectivement un «notamment»,
qui pouvait devenir limitatif, alors
je ferais l'amendement de retirer le principe de «notamment» dans le
paragraphe 3° de l'article 2. Est-ce que je dois vous le lire,
M. le Président?
Le Président (M. Picard) :
Oui, ce serait bien, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Alors, la modification viendrait à l'article 2, paragraphe 3°, qui
dit :
«3°
"personne en situation de vulnérabilité" : une personne majeure
dont la capacité de demander ou d'obtenir de l'aide est limitée
temporairement ou de façon permanente...»
Et là la
phrase s'arrêterait à ce moment-là, puisqu'on enlèverait le... c'est ça,
«notamment d'une contrainte, d'une maladie,
d'une blessure ou d'un handicap, lesquels peuvent être...» On ne fait que
remplacer par «d'une contrainte». Donc, on laisse le principe de
contrainte ouvert comme on le fait pour le principe de maltraitance.
Est-ce que l'explication vous va, M. le
Président?
Le Président (M. Picard) :
Avec la lecture, oui, ça va. Ça va. M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Oui, je comprends,
là, je veux rien que ce soit clair, parce qu'à un moment donné ça s'est
un peu perdu, là. Je comprends que, dans l'alinéa 3°, en fait, tout ce qui
est maladie, blessure, handicap, «lesquels peuvent être d'ordre physique,
cognitif ou psychologique» est sauté, on finit par «d'une contrainte».
Mme
Charbonneau : On garde «d'ordre physique, cognitif ou
psychologique», puisque ce sont des mots qui sont définis de façon très claire, mais on enlève «d'une maladie, d'une
blessure ou d'un handicap, lesquels peuvent être...», puisque, dans ce «notamment» là, on vient limiter
les explications un peu comme je vous le disais pour le principe de la
maltraitance.
Donc, reprenons-le ensemble, là :
«3°
"personne en situation de vulnérabilité" : une personne majeure
dont la capacité de demander ou d'obtenir de l'aide est limitée temporairement ou de façon permanente, en raison
d'une contrainte d'ordre physique, cognitif ou psychologique.» On enlève
le principe du : Notamment d'une maladie, blabla.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Rimouski.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
j'aurais une question pour éclairer nos lanternes. Ça a été écrit... ce projet
de loi là a été écrit par des spécialistes.
Le gouvernement, vous avez une équipe extraordinaire, là, puis je présume que,
quand ils font quelque chose, ils le font
pour que ça fonctionne. Je ne veux rien que comprendre — ce ne sera peut-être pas bien, bien long : Comment se fait-il que,
là, quand on écrit le projet de loi, on trouve que «notamment» a sa place puis
on nous le présente comme ça, là, puis ça
tient la route, parce qu'on l'écrit, on ne l'écrit pas pour les yeux de
personne, puis là, soudainement, là,
on se rend compte que le «notamment», à cause de notre discussion, ça n'avait
pas lieu d'être? Donc, est-ce que je
comprends que, dans sa première mouture, l'équipe extraexpérimentée, avec tout
le respect que j'ai pour elle, avait
erré dans sa première mouture? Bien, je veux le savoir parce que vous me dites
que ça... Je vois la ministre qui
réagit puis elle fait signe que... C'est parce que ça fait deux heures qu'on
parle de ça. Elle nous dit : «Notamment», ce n'est pas bon, c'est exclusif, ça ne nous permet pas de... mais,
quand elle nous présente le projet de loi... Là, elle vient de le changer, là, mais il y a un «notamment». Je
ne veux rien que comprendre qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, pour les légistes, «notamment» était bon, puis
ensuite il ne l'est plus, c'est rien que ça que je veux savoir, sans lever les
yeux au ciel.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Rimouski, avant, avait demandé la parole.
M.
LeBel : Bien, le député de Lévis a à peu près la même question que
moi. J'ai l'impression que, si je n'avais pas fait le débat sur le «notamment» à mon amendement, le «notamment»
serait resté là. C'est comme si, comme on dit chez nous, j'avais levé un
lapin ou un lièvre, là, je ne sais pas trop quoi.
Mais, bon, là
on enlève «notamment». Effectivement, il me semble que, quand les gens ont
écrit «notamment d'une contrainte,
d'une maladie, d'une blessure ou d'un handicap», ils devaient... ils ne l'ont
pas écrit pour rien. Là, on l'enlève. Je
ne comprends pas, je ne m'explique... Pourquoi on l'avait écrit à l'époque? Un
peu la question du député de Lévis, dans le fond. Pourquoi on l'a
inscrit? J'ai vraiment l'impression...
Puis tantôt,
quand j'ai dit : Ils vont enlever le «notamment», j'ai fait une blague,
là, je pensais que c'était une blague. Mais
non, c'est bien ça. J'ai l'impression que, si je n'avais pas fait le débat,
tantôt, sur le «notamment», le «notamment» serait encore là, là.
Je trouve ça
un peu particulier. Je ne comprends pas pourquoi qu'on l'enlève là,
actuellement. Si on l'avait mis là, il y avait sûrement une raison.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, on va corriger le tir sur une chose. Quand le député de Lévis
dit que je fais des signes puis que
je m'agite, il faudrait que je le fasse pour qu'il puisse le dire. Si je lève
les yeux, c'est une chose, mais, si
je ne bouge pas, puis qu'il dit à l'ensemble de ses auditeurs : Mesdames
et messieurs, la ministre bouge... Je trouve ça très amusant.
Ceci dit, la
qualité de la personne qui est devant vous, c'est la volonté de la cohérence.
Et, de ce fait, bien, oui, quand le
projet de loi a été écrit, il a été écrit avec des législateurs, une équipe,
puis je n'essaierai pas de trouver une faute aux gens qui l'ont écrit. Je vous dirais juste que, quand ils l'ont
écrit, ils l'ont écrit de la façon qu'il avait été proposé. Par contre, à la lecture de la ministre, à dire que le
«notamment» venait fermer la parenthèse plutôt que de la garder ouverte,
je veux garder cette cohérence-là. Et, de ce
fait, je ne peux pas annoncer à mes collègues que je ne ferai pas une chose
quand je fais son contraire dans l'alinéa qui suit. Donc, c'est dans ce
même principe là.
Mais je vous
le dis, M. le Président, si mes collègues trouvent que l'amendement est
irrecevable, il n'y a pas de souci,
je ne le soumettrai pas. Mais je ne voudrais pas proposer à mes collègues une
législation à laquelle je les restreins à certaines choses, puis que je me permets à moi toutes les largesses
parce que ça a été écrit ainsi. J'ai enlevé le «notamment» pour garder
la cohérence des propos que je tiens depuis deux heures. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Picard) : Pour ce qui est de la recevabilité,
j'ai accepté l'amendement. Donc, maintenant, la parole à M. le député de
Rimouski.
• (11 heures) •
M.
LeBel : Parce que, quand... Si je reviens au texte initial, on
dit : «...notamment d'une contrainte, d'une maladie, d'une blessure ou d'un handicap...» Ça fait que
«contrainte», pour les juristes qui ont écrit, «contrainte», ce n'était assez
clair, il fallait rajouter «maladie,
blessure ou handicap», puis ils mettaient «maladie, blessure ou handicap» sur
le même pied que «contrainte».
Là, on dit : «Contrainte», dans
le fond, ça couvre «maladie», ça couvre «blessure», ça couvre «handicap». Une
contrainte, c'est une contrainte... ça peut être physique, cognitif ou
psychologique.
Encore
là, quand les gens ont écrit puis qu'ils ont cru bon de dire, préciser qu'il y
a contrainte, il y a aussi maladie, il
y a aussi blessure, il y a aussi handicap, ils avaient une raison de le faire.
Moi, je trouvais que le paragraphe 3° de l'article 2 était assez clair comme ça puis... «...notamment
d'une contrainte, d'une maladie, d'une blessure ou d'un handicap, lesquels
peuvent être d'ordre physique, cognitif ou
psychologique», c'est très clair, ça dit ce que ça a à dire. Je ne vois pas
pourquoi...
Puis,
le «notamment», moi, je n'ai rien contre le «notamment». J'ai essayé de le
proposer tantôt, puis la ministre n'a
pas voulu. Ça fait que, moi, le «notamment», qu'il soit là, ça nous donne de la
marge de manoeuvre. Je n'ai aucun problème de vivre avec le «notamment».
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, je comprends le principe de la cohérence que la
ministre nous présente, je comprends,
là, elle a dit : C'est parce que je vous le fais enlever, puis je ne vois
pas pourquoi je me le permettrais. En tout cas, c'est ce que je comprends, là.
Mais, au-delà de ça, je reviens à la notion de tout à l'heure, là, nous, le
«notamment» puis la nomenclature dans l'amendement qui a été rejeté. Là,
c'est fini, il n'existe plus, mais ça avait sa raison d'être. Il y avait une notion de clarté, on l'a dit, tu
sais, ça clarifie davantage. Puis, en tout cas, l'objectif d'une loi, une de
ses qualités, c'est d'être le plus
claire possible, puis, dans le 3°, là, moi, je pense que cette nomenclature-là,
qui est à l'image un peu de ce que
l'on proposait mais... cette nomenclature-là clarifie bien des affaires, tu
sais, tu dis : Regarde, c'est ça, ça, ça. Tu sais, je veux dire, dans une recette, là, tu vas mettre tel
ingrédient, tel ingrédient, tel ingrédient, si tu veux que ça donne un
résultat. Je peux bien dire : Mets les ingrédients que tu voudras, mais,
si je les énumère, tu as peut-être des chances de mieux la réussir. Bien là, on
l'a.
Puis
il y a le «notamment». Je l'ai dit tantôt, là, j'ai utilisé des termes qui sont
juridiques, qui sont le fun à utiliser, je ne pourrais probablement même pas vous le répéter, là, perfitatawow,
je ne sais pas trop quoi, là, je vais le retrouver... La ministre me le souffle, c'est bien, merci.
Alors, moi, je ne suis pas contre du tout. Tu sais, je veux dire, je comprends...
C'est
parce que moi, tu sais, j'ai dit, il y a deux instants, là : Vous avez une
équipe solide. Je le crois, là, ce n'est pas des blagues, vous avez une équipe solide, là. Puis, ceux qui sont
autour de vous, ce n'est pas la première fois qu'on leur parle. Dans d'autres projets de loi
concernant la santé, ils sont là aussi puis ils viennent aussi nous parler, ça
fait que c'est bien correct. Alors,
moi, je lève mon chapeau devant leurs connaissances. Puis ce qui me surprend,
simplement, c'est que, là, le
«notamment» a sa place, tantôt ça ne fait pas sens parce que ça va tout
dérégler la machine. Là, il est là. S'il est là, il y est pour quelque
chose. Il y a une énumération, ça clarifie, ça doit servir à quelque chose
aussi.
Alors,
ce qui est seulement... ce qui nous fait simplement sourire, je présume, en
tout cas moi puis peut-être un peu
mon collègue, c'est qu'on a un peu là tout le débat qu'on a fait précédemment.
Mais, je veux dire, au-delà de ça, je dirai comme mon collègue de
Rimouski, moi, je n'ai rien contre le «notamment» là-dessus, là.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, je vais retirer mon amendement.
Le Président (M.
Picard) : Ça prend le consentement pour retirer l'amendement.
M. Paradis
(Lévis) : Consentement.
M. LeBel :
...notamment à la suite des choses.
Le Président (M.
Picard) : Consentement. Donc, l'amendement de Mme la ministre
est retiré.
Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 2? Interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, je vais mettre l'article 2 aux voix. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Picard) : Adopté. Article 3. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : L'article 3, M. le Président. Moi, je
l'ai d'écrit, c'est la même chose ici? Oui, c'est ça. Je vais le prendre
directement de la loi, je vais me sentir plus à l'aise.
«L'établissement
doit adopter une politique de lutte contre la maltraitance envers les personnes
en situation de vulnérabilité qui
reçoivent des services de santé et des services sociaux, que ces services
soient rendus dans une installation maintenue par l'établissement ou à
domicile;
«Cette
politique a notamment pour objet d'établir des mesures visant à prévenir la
maltraitance envers ces personnes, à lutter
contre celle-ci et à soutenir les personnes dans toute démarche entreprise afin
de mettre [...] à cette maltraitance, que celle-ci soit le fait d'une
personne oeuvrant pour l'établissement ou de toute autre personne;
«La mise en oeuvre de
la politique est sous la responsabilité du président-directeur général ou du
directeur général de l'établissement, selon le cas, ou de la personne qu'il
désigne.
«La politique doit
notamment indiquer les éléments suivants :
«1° la personne
responsable de sa mise en oeuvre et les coordonnées pour la joindre;
«2°
les mesures mises en place pour prévenir la maltraitance des personnes en
situation de vulnérabilité qui reçoivent des
services de santé et des services sociaux, telles des activités de
sensibilisation, d'information ou de formation;
«3°
les modalités applicables pour qu'une telle personne qui croit être victime de
maltraitance puisse formuler une
plainte au commissaire local aux plaintes et [de] la qualité des services nommé
en vertu de l'article 30 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux;
«4°
les modalités applicables pour que toute autre personne, y compris une personne
qui [oeuvre] pour l'établissement, puisse
signaler au commissaire local aux plaintes et à la qualité des services un cas
de maltraitance dont serait victime une personne en situation de
vulnérabilité qui reçoit des services de santé et des services sociaux;
«5°
les mesures de soutien disponibles pour aider une personne à formuler une
plainte ou à effectuer un signalement;
«6°
les mesures mises en place par le commissaire local aux plaintes et à la
qualité des services pour assurer la confidentialité
des renseignements permettant d'identifier toute personne qui effectue le
signalement d'un cas de maltraitance;
«7°
les sanctions, notamment les sanctions disciplinaires, qui pourraient, le cas
échéant, être appliquées devant un constat de maltraitance;
«8° le suivi qui doit
être donné à toute plainte ou [...] tout signalement.»
Le
Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. Pour les gens qui nous écoutent, Mme la ministre, je vous écoutais
religieusement, et au paragraphe 4°
vous avez dit : «...les modalités applicables pour que toute autre personne,
y compris une personne qui oeuvre», et c'est
«qui n'oeuvre pas». Donc, je tiens à le préciser pour les gens qui nous
écoutent.
Mme
Charbonneau :
Vous avez raison de me corriger, M. le Président. Vous avez bien fait.
Le Président (M. Picard) :
Interventions? Monsieur... Vous avez des amendements, Mme la ministre?
Mme
Charbonneau : ...amendements, M. le Président. Mais, si mes
collègues veulent faire un retour général, puis après ça on va y aller... Parce qu'on avait dit qu'on y allait, M.
le Président, bloc par bloc pour être sûrs qu'on traitait l'ensemble de
l'article au complet.
M. Paradis (Lévis) : Là, M. le Président, je ne sais pas si... Oui, j'ai une question de
clarification, là, mais, je veux dire, si l'amendement fait en sorte
qu'on modifie des choses dedans, là, ce serait peut-être... Tu sais, ça ne
donne pas grand-chose de faire expliquer à la ministre quelque chose qui va
être modifié.
Le
Président (M. Picard) : O.K. Allons-y avec les amendements
déposés par Mme la ministre. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Est-ce que les amendements ont été distribués? Vous les
avez, M. le Président?
Le Président (M.
Picard) : Oui.
Mme
Charbonneau : D'accord. Donc, à l'article 3 :
Modifier l'article 3 du projet de loi, au premier paragraphe, par le
remplacement du troisième alinéa par le suivant :
«Le
président-directeur général ou le directeur général de l'établissement, selon
le cas, ou la personne qu'il désigne voit à la mise en oeuvre de la
politique et à son application.»
Je
m'arrête à celui-là puisque probablement qu'on va faire l'autre... C'est un
amendement complet, là, mais on a dit qu'on le traitait partiellement.
Mais je vais le lire au complet, puis après ça on va y revenir.
Donc, dans le
quatrième alinéa :
a)
par la suppression, dans le paragraphe 3°, de «nommé en vertu de
l'article 30 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux»; et
b) par l'ajout, à la
fin du paragraphe 8°, de «ainsi que le délai dans lequel il doit être
réalisé».
Finalement,
troisièmement, par l'ajout, à la fin, de... de l'alinéa suivant — je
m'excuse, M. le Président :
«Le
délai de traitement de toute plainte ou de tout signalement concernant un cas
de maltraitance doit être modulé selon la gravité de la situation.»
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Je vais suspendre les travaux quelques instants, s'il
vous plaît.
(Suspension de la séance à
11 h 10)
(Reprise à 11 h 15)
Le Président (M. Picard) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président. Nous voici à l'explication de l'amendement déposé.
Dans le fond, quand on reprend le principe de l'amendement, c'est de pouvoir
donner un peu plus de mordant, hein,
dans l'alinéa qu'on corrige en premier, qui dit : «Le président-directeur général ou le directeur général de l'établissement,
selon le cas, ou la personne qu'il désigne
voit à la mise en oeuvre de la politique et à son application», puisque, dans la première écriture, le directeur
général ne faisait que désigner quelqu'un pour la mettre en place, mais il n'y
avait pas vraiment de responsable de l'application. Cette fois-ci,
avec la volonté de l'amendement, on nomme le directeur général ou le directeur général de l'établissement responsable de son application. Donc, ce n'est
pas juste une politique qu'on va
mettre en place comme ça, il y aura une imputabilité à la responsabilité de cette mise en
application de la politique.
Le troisième alinéa,
celui où on enlève...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau :
Oui, oui. Tout à fait, tout à fait.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : J'aimerais juste qu'elle me... Parce que la mise en oeuvre de
la politique est sous la responsabilité du président-directeur général ou du directeur général de l'établissement, selon le cas, ou de la personne
qu'il désigne...
Mme
Charbonneau :
C'est ça. Puis là... Je m'excuse, M. le Président.
M. LeBel :
Non, allez-y, allez-y, allez-y.
Mme
Charbonneau : Il ne
faisait que désigner une personne pour la mettre en place. Mais là on
dit : Non seulement
il va désigner une personne pour mettre
en place la politique,
mais il va s'assurer de son application. Donc, on donne la responsabilité au directeur
général pas juste de déléguer quelque chose, mais de s'assurer que le travail soit fait et que le suivi soit
fait auprès de son application.
Il y avait
une espèce de petit manque, là, puis on s'est dit : Qui va être
responsable après? Là, on a décidé qu'on mettait quelqu'un, en
application, et on donnait, en vertu du principe de la loi, une responsabilité.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Rimouski.
M. LeBel : Moi, je pense que c'est une bonne idée. Est-ce qu'on ne pourrait pas
adopter point par point... ou il faut adopter en bloc à la fin?
Mme
Charbonneau :
...adopter en bloc, mais on peut en parler point par point, si vous avez le
goût, tu sais.
M. LeBel :
C'est beau. Bien, moi, je n'ai pas d'autre question là-dessus.
Le Président (M.
Picard) : C'est correct? On poursuit, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Alors, la deuxième suggestion était dans le quatrième alinéa, où on dit... on
enlèverait le principe de «nommé en
vertu de l'article 30 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux». On me dit que c'est un allègement, puisqu'on le dit au
préalable, que le commissaire aux plaintes et à la qualité des services est
nommé à l'article qu'on
nomme, donc on n'a pas besoin de revenir sur le principe. On vient simplifier
la phrase, qui ne fait que nommer la
personne, plutôt que de nommer encore une fois le fait qu'il
est nommé en vertu de l'article 30. C'était tout simplement pour un allègement, ce n'est pas plus compliqué
que ça.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Rimouski.
M. LeBel :
Je ne sais pas, peut-être... Le député de Lévis, oui.
M. Paradis
(Lévis) : Oui, bien, M. le Président, si je peux prendre la balle au
bond...
M. LeBel :
Oui, allez-y.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Écoutez, de
toute façon, c'est... Parce qu'en
fait, dans l'amendement proposé par la ministre, M. le Président, on parle du premier, deuxième, troisième... des paragraphes 3° et
8°. Moi, celui sur lequel je me pose une
question, c'est pour une clarification. Et là je prends le 4°, et ça se retrouve aussi dans le
6°. Dans le 4° du projet de loi, dans l'article de base, on dit : «...les
modalités applicables pour que toute autre personne, y compris une personne qui
n'oeuvre pas pour l'établissement, puisse
signaler au commissaire local aux plaintes et à la qualité des services un cas
de maltraitance...» Puis on retrouve
également la notion de commissaire local aux plaintes en 6°. Je demande
simplement, M. le Président, à la ministre...
Pendant
les auditions, plusieurs personnes ont questionné le couloir qu'on devrait
utiliser pour essayer d'avoir celui
qui semble être le plus efficace, et je me rappelle, puis on était tous là, là,
qu'il y a des gens qui disaient : Bien, ce n'est peut-être pas tant le commissaire aux plaintes. De un, pour
certains, ils disaient : Il faudrait déjà indiquer qu'il va avoir les ressources nécessaires pour le faire,
parce que plusieurs nous ont dit que c'était déjà très encombré. Puis, pour
d'autres, on nous a dit : Ça devrait
peut-être passer plus par le Protecteur du citoyen, en fonction des pouvoirs
qu'il a, exécutoires ou de
recommandation, bon, etc., on se rappellera les débats. Ça s'est échangé pas
mal puis ça a discuté pas mal là-dessus.
Est-ce que je
comprends que, pour la ministre, M. le Président, le couloir, donc, choisi,
nonobstant ce que les gens ont émis
comme réserves, est celui du commissaire aux plaintes, donc que cette... en
tout cas, cette intention-là qu'ont exprimée
des gens de peut-être choisir un autre parcours a été écartée? Alors, on prend
pour acquis que le couloir sera le commissaire
aux plaintes? Parce que, si on adopte ça là, je présume qu'on ne reviendra pas
sur qui va traiter ensuite, là, on le fait là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
• (11 h 20) •
Mme
Charbonneau :
M. le Président, effectivement, le couloir resterait le même. Par contre, pour
rassurer mon collègue...
Effectivement, hein, on a entendu les gens se
questionner sur le pouvoir du commissaire aux plaintes et le couloir, hein, il faut le dire, c'est les deux
endroits où les gens nous ont questionnés. On a aussi reçu le Regroupement, hein,
des commissaires aux plaintes, qui nous ont rassurés sur cette volonté-là
d'aller plus loin puis d'avoir une autonomie non écrite mais très
annoncée à l'intérieur des institutions.
Je me suis
fait encore plus plaisir, puis je le dis à mes collègues, puisque, pas la
semaine passée mais la semaine auparavant, j'ai fait une rencontre avec les gens,
commissaires aux plaintes, pour aller encore plus loin dans le questionnement, et ils m'ont non seulement assurée du couloir, le couloir était le bon, ils
sont revenus sur le principe qui dit, quand
ils ne sont pas le bon couloir : Voici comment on dirige les gens. Et je
leur ai aussi demandé de bien regarder, de leur côté, ce que mon collègue a déjà annoncé, c'est-à-dire, s'il manque quelque chose, si ça prend
plus de gens alentour d'eux ou plus
d'outils, qu'ils devaient lever la main puis nous le dire pour qu'on puisse les
attribuer puisque, le ministre
de la Santé, c'est déjà annoncé, et, de ce fait, le suivi sera fait.
Alors, pour
pouvoir garder ce principe-là du commissaire aux plaintes et de la qualité des
services, le couloir est resté le même aux principes de loi déposés.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Je comprends ce que la ministre nous dit. Je comprends aussi quand elle dit
que le ministre de la Santé a déjà indiqué vouloir investir en ressources puis en
moyens pour faire en sorte que tout se passe bien. Puis d'ailleurs ça
a été, vous l'avez dit, la ministre l'a dit, M. le Président... ça a été une préoccupation
majeure qui a été exprimée. Ça prend
du monde pour être capable de faire... Puis là ce n'est pas seulement
le regroupement des commissaires, c'est aussi les représentants des comités des usagers qui ont dit :
Encore faut-il qu'on ait les ressources nécessaires, parce
qu'en certains endroits au Québec, bien, il
y a des dossiers qui s'accumulent, puis on a de la difficulté à le traiter,
nous disaient-ils.
Est-ce que la
ministre peut s'engager au micro, là, qu'elle va donner, qu'elle va accorder
les ressources suffisantes au
commissaire pour faire son travail et appliquer la loi? C'est drôle de demander
ça, mais en même temps c'est parce que je
ne voudrais pas qu'on se retrouve, parce que les situations sont problématiques...
soudainement qu'on met en place quelque
chose qu'on ne traitera pas parce qu'on n'aura pas les ressources suffisantes.
Est-ce que la ministre nous dit... Au-delà du ministre de la Santé,
est-ce qu'elle s'engage à donner les ressources qui lui seront demandées par
les commissaires pour appliquer la loi correctement et faire son travail
correctement?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, mon collègue le sait très bien, un engagement fait en sorte
que, si ce n'est pas moi qui ai le
portefeuille pour le faire, même si je m'y engage formellement, ça ne changera
pas grand-chose. Mais mon collègue de
la Santé l'a fait formellement non seulement devant l'ensemble des gens qui
étaient devant nous, mais c'étaient quand même des journalistes,
c'étaient des gens des médias, et à l'Assemblée nationale. Donc, de ce fait, je
prends l'engagement très au sérieux, de mon collègue, sur le principe qui veut
que non seulement le commissaire aux plaintes
va traiter d'une plainte d'un résident ou d'une personne qui subit ou qui croit
subir de la maltraitance, mais il va aussi
prendre les signalements. Les signalements, ça se fait par quelqu'un d'autre,
ça ne se fait pas nécessairement par la personne elle-même. Donc, de ce fait, je vous le dis, je m'engage à
faire le suivi très proche auprès de mon collègue pour m'assurer que les
ressources sont en place pour pouvoir répondre à l'ensemble des demandes.
Et vous le voyez dans... — je
vais l'appeler l'article 8, mais la dame à côté de moi va me dire que
c'est l'alinéa 8° — la correction qu'on y apporte, puisque, là,
on vient encore plus mettre le doigt sur comment on veut que les choses
soient traitées, parce qu'on veut s'assurer qu'ils puissent répondre à toutes
les demandes.
Puis
je vais en profiter, M. le Président, pour rassurer aussi mon collègue, parce
que moi, j'ai posé la question — vous l'auriez posée, j'en suis
certaine — sur le
principe de l'autonomie. Vous vous souvenez, ils nous avaient dit : Il y a des gens qui ont un arrêt d'agir
automatiquement quand il se passe quelque chose. On a parlé du Protecteur
du citoyen, on a parlé
de différents intervenants. Que ce soient les policiers ou d'autres, il y a un
arrêt d'agir qui peut être fait
automatiquement. On semblait avoir un doute sur l'arrêt d'agir d'un commissaire
aux plaintes, et, en discutant avec eux,
ils m'ont clairement spécifié qu'à un coup de téléphone il y a un arrêt d'agir
qui se fait tout de suite. L'administration avec qui ils travaillent ne prend
jamais à la légère un coup de téléphone du commissaire aux plaintes, tout se
fait avec urgence et exactitude. Donc,
là-dessus, j'ai été suffisamment rassurée pour les garder en lien avec le
principe des plaintes et du signalement.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Vous savez, quand on est aîné... Je ne suis pas encore trop,
trop, trop aîné, là, mais je m'en viens bien. Mais, quand tu parles à des aînés, puis tu parles de politique, et puis
là tu parles de promesses de politiciens qui disent qu'ils vont mettre de l'argent, les aînés, ils en
ont vu d'autres, puis des fois ils disent : Ah! on en a vu d'autres passer,
puis ce n'est pas... Puis je ne remets pas
en doute la parole du ministre de la Santé, mais, tant que le cash n'est pas
là, tu sais, ce n'est pas sûr que...
En tout cas. Les commissaires aux plaintes, les gens qui étaient...
Me Ménard, tout le monde qui sont
venus ont plaidé pour rajouter des ressources en disant qu'avec ce qu'on leur
propose, si on veut mettre en place des politiques, des vraies politiques puis, dans chaque établissement,
qu'elles soient bien tenues, puis que les gens puissent avoir accès facile puis avoir... il faut que les
commissaires aux plaintes soient mieux équipés. Bon, là, tout ce qu'on a,
c'est une promesse du ministre de la Santé. Mais on verra ce que ça donne.
L'autonomie,
les gens, tu sais, je reviens... puis ça, je ne veux pas en faire une marotte,
là, mais, quand je parlais de
maltraitance institutionnelle, tu sais, faire une plainte au commissaire aux
plaintes, qui relève de l'institution, une plainte sur une maltraitance que l'institution pourrait
faire, plusieurs ont amené le fait que le commissaire aux plaintes pourrait
être des fois pas très indépendant, là, tu
sais. Quand ses patrons, c'est l'institution, puis la plainte est sur ses
patrons, le commissaire pourrait être
porté à défendre son patron au lieu de défendre vraiment la plainte. Moi, je
pense que, quand on faisait un lien
avec l'article 30 de la loi sur les services sociaux, bien, c'est aussi...
le lien avec cette loi-là, c'est le lien hiérarchique du commissaire qui est comme confirmé. Ça fait que, ça, on
n'a pas touché à ça, on a gardé le commissaire. Actuellement, ça avait été aussi un peu dénoncé dans plusieurs... sur le
fait que le commissaire aurait pu relever d'autre chose que
l'institution, aurait pu relever du Protecteur du citoyen.
Je
trouve ça plate, des fois, l'opposition, parce qu'on peut... tu sais, on n'a
pas toute l'équipe pour nous amener à
nous préparer des amendements. Puis, tu sais, Louis, il travaille très fort,
mais il a trois ou quatre commissions à faire en même temps. Je me demandais si j'avais son jumeau à côté de moi ou si
c'était lui, tantôt, mais... C'est un peu compliqué. Mais il me semble
qu'on... Je trouve ça dommage, là, on aurait pu essayer de... J'aurais aimé
réussir à amener un amendement qui puisse faire en sorte que le commissaire
relève du Protecteur du citoyen, pour assurer une certaine autonomie, une certaine indépendance. Bon, je n'ai
pas le temps et je n'ai pas ce qu'il faut pour faire ça, mais je trouve
ça dommage, en tout cas, je le dis, là.
L'autre
question, c'est : Où se placent, là-dedans, les comités d'usagers puis les
centres d'aide, d'accès aux plaintes, là, les CAAP? Là-dedans, c'est une
question, là, que plusieurs me posent, là, récemment, c'est : Est-ce
qu'ils sont reconnus? Comment ça
fonctionne? Et comment fonctionne... Juste, peut-être... Je sais que ce n'est
peut-être pas la place pour le demander,
mais là on vient d'identifier le commissaire aux plaintes. Juste pour que la
ministre nous dise un peu son idée par rapport au rôle que ces deux
organismes-là vont jouer dans le futur, dans sa politique.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Je vais me permettre
de taquiner mon collègue parce que je trouve que ça va bien, puis, quand ça va bien, bien, des fois, on peut se
permettre de taquiner. Mais je peux comprendre qu'il a une inquiétude puis qu'il dise qu'il a toujours
une inquiétude par rapport à : Tant que le cash n'est pas là... Si j'étais
du PQ, moi aussi, je serais inquiète,
parce qu'on a vu des temps où les crédits étaient écrits, mais le cash n'était
pas là. Mais, bon, c'était ma
taquinerie de ce matin, M. le Président, je vais me limiter dans mes
taquineries. Mais je suis particulièrement en forme, donc ça peut être
dangereux.
Je
vais répondre en deux temps. Quand on a rencontré les gens, les commissaires
aux plaintes, je leur ai parlé de leur
autonomie, parce que ça aurait pu être eux-mêmes qui le demandent, hein, et
c'est eux autres qui pourraient nous dire
que de relever de l'administration, ça devient une contrainte, puis qu'ils ne
peuvent pas faire leur travail. Et au contraire ils ont une explication fort intéressante, en disant : Si on fait
partie de la structure, on peut la juger, on peut la critiquer; si on est à
l'extérieur de la structure, on devient comme quelqu'un d'autre, une autre
entité, ça devient plus difficile. Donc, eux trouvaient que de relever de l'administration ne changeait rien dans
leur autonomie, ça venait même leur donner un plus dans le principe de pouvoir
échanger puis pouvoir corriger le tir, des actions à poser. Donc, là-dessus, je
veux rassurer, même si des fois la parole
de la ministre ne peut pas toujours rassurer les collègues. C'est le lot d'être
au pouvoir, M. le député de Rimouski.
Ce qu'il en est pour les CAAP, et pour les comités
des usagers, et pour les représentants des différents principes — je
pense à M. Brunet — il n'y a rien qui change dans leur statut. On veut qu'ils gardent leur place et
qu'ils la prennent encore mieux pour
pouvoir échanger avec le commissaire aux plaintes, mais on ne change rien dans
leur statut et dans leurs obligations.
• (11 h 30) •
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Oui, M.
le Président. Mme la ministre, vous comprendrez... Puis on parlait de cash, il y a deux
instants, là, mais, moi, ce que j'ai entendu, et je note votre réponse, l'engagement de votre gouvernement concernant les ressources... Puis d'ailleurs, bien, je vous le donne en primeur, j'aurai
assurément l'occasion de vous requestionner aux crédits budgétaires, et à ce moment-là il y aura peut-être des chiffres plus précis sur les ressources qui
seront allouées. En tout cas, vous aurez une question à ce chapitre-là,
mais je vous le dis d'avance.
Mme
Charbonneau : ...savoir
c'est quoi, par contre. C'est là, notre difficulté, c'est qu'en ce
moment on ne sait pas comment ça va
répondre sur le terrain. On souhaite que ça réponde fort, je pense que c'est ça
qu'on souhaite, que les gens dénoncent puis que... mais on ne sait pas à
quoi ça va ressembler.
Donc,
même eux nous disaient, en rencontre : Bien, écoutez, Mme la ministre, on ne peut pas vous dire ce qu'on va avoir besoin, puisqu'on ne sait pas à quoi ça va ressembler, mais sachez
que, quand on va avoir un aperçu, on va être au rendez-vous pour vous dire ce
qu'on a besoin. Et vice versa. Je me suis engagée auprès d'eux pour dire :
Je vais avoir énormément d'écoute puis je vais vous appuyer auprès de
mon collègue.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, je comprends aussi la réponse de la ministre,
puis en même temps, bien, moi,
ce que j'ai compris de plusieurs personnes qui nous ont rencontrés, qui sont
venues ici, et comme d'autres sur le terrain, à plusieurs endroits ils
sont déjà débordés, ils manquent déjà de ressources. Alors, il y a peut-être
besoin d'un ajout supplémentaire là avant
même qu'on puisse aller plus loin avec ce qui, en principe, devrait apporter davantage
de travail, au bénéfice des aînés, bien sûr, parce que c'est leur
protection et leur sécurité que l'on souhaite, de un.
De deux, je m'en vais
plus loin puis j'ouvre la porte, là, à ce moment-ci, parce que, dans son amendement,
la ministre nous parle de l'ajout... le troisième alinéa, par l'ajout, à la
fin, de l'alinéa suivant :
«Le
délai de traitement de toute plainte ou de tout signalement concernant un cas
de maltraitance doit être modulé selon la...»
Une voix :
...
M. Paradis
(Lévis) : Ah! O.K., on ne peut pas... Vous voulez qu'on parle... O.K.,
parfait, j'en parlerai dans trois secondes.
Mme
Charbonneau : Non,
mais c'est ce que Harold nous a demandé. Je m'excuse, je ne veux pas... M. le député de Rimouski.
Le Président (M.
Picard) : Vous êtes à quel endroit, M. le député de Lévis?
M. Paradis (Lévis) : J'étais dans le même amendement, M. le
Président, sauf que j'étais dans la proposition du troisième, là. Je suis dans la même chose, là.
Mais, si on me dit
que je ne peux pas en parler là, je n'en parlerai pas là, M. le Président. Je
ne sais pas, là...
Le Président (M.
Picard) : J'avais compris qu'on parlait de façon générale sur l'amendement.
M. Paradis
(Lévis) : Bien, il me semble que oui, mais, en tout cas, bref...
Une voix :
...
Le Président (M.
Picard) : Point par point? Allez-y point par point.
M. Paradis
(Lévis) : Alors, allons-y.
Une voix :
Mais, s'il n'y a pas de question sur ce point-là, on...
Le
Président (M. Picard) :
C'est ça, on ne va pas... Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le
point que nous traitons actuellement?
Mme
Charbonneau : Dans le fond, M. le Président, juste pour être précise, en ce moment on parle de retirer, dans le
quatrième alinéa, le principe qui dit «nommé en vertu de l'article 30 de
la Loi sur les services de santé et les services sociaux», on est exactement à ce moment précis là. Mais on va venir par la
suite, M. le Président, à ce que mon
collègue de Lévis veut parler.
Le Président (M.
Picard) : Oui, M. le député...
M. LeBel :
...conclure là-dessus, dans le fond, ce que vous dites, on enlève ça parce que
c'est implicite.
Mme
Charbonneau : Oui, puis parce qu'on le dit auparavant. Donc,
on fait juste ne pas se répéter, c'est tout. Ce n'est pas...
M. LeBel : O.K., c'est beau, on...
Le Président (M. Picard) : On
continue.
M. Paradis
(Lévis) : Bon, est-ce que...
M. le Président, je m'excuse, est-ce que la ministre est tenue de lire l'autre
petit alinéa? On peut y aller comme ça?
Le Président (M. Picard) :
Non, on peut y aller, là, c'est ouvert.
M. Paradis
(Lévis) : Alors, je
comprends qu'on est en... là, il faut qu'on jase du... Bien, allons-y, à
l'ajout, à la fin du
paragraphe 8°, de «ainsi que le délai dans lequel il doit être réalisé».
On est rendus là, là. Puis ensuite, là, je suis obligé de le lire, puis c'est la même affaire, là, dans
le 3°, là, je sais que... parce que les deux sont liés : «Le délai de
traitement de toute plainte [...] concernant un cas de maltraitance doit
être modulé...»
C'est
important qu'il y ait un principe, effectivement, de délai, dans un dossier
comme celui-là, mais je m'étonne qu'on
n'ait pas de cible, il n'y a pas de... Est-ce que la ministre, M. le Président,
n'a pas pensé à... Parce que le délai de traitement de toute plainte en fonction... modulé selon la gravité de la
situation, là, tu sais, c'est pas mal large, là. Je veux dire, quelque chose qui n'est pas trop... Gravité
de la situation, deux ans, ça pourrait être correct, tu sais, puis bien grave
c'est 10 jours, mais on ne le sait pas,
il n'y a pas de cible. Dans la majorité des lois qui touchent le système de
santé, il y a des cibles, on
dit : Quand c'est grave, là, c'est 30 jours, puis, quand c'est moins
vulnérable, c'est 90 jours, mais on se donne des cibles minimales pour obliger une action. Parce que, là, j'ai comme
l'impression que, le délai de traitement, en fonction de la gravité, on n'a rien, là, tu sais, ça peut
être n'importe quoi, puis ça va être bon dans la mesure où ça ne dépasse pas
l'entendement, là. Est-ce que la ministre a pensé à quelque chose pour préciser
davantage sa pensée?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Revenons au
principe de cet article-là, qui dit et qui commence... Vous savez, avant de commencer à énumérer les
volontés, ça dit : «La politique doit notamment indiquer les éléments suivants...»
Quand on a rencontré les différents intervenants,
ils nous ont spécifié que chaque région peut être différente. Chaque endroit, que je sois de Montréal
ou que je sois d'ailleurs, il peut y avoir des différences dans la culture
de la place, dans les habitudes de
vie. Donc, ils nous ont demandé de laisser un espace pour pouvoir personnaliser
la politique à chaque institution.
Quand on a
rencontré aussi les commissaires aux plaintes, ils nous ont dit : Quand on
a une plainte de maltraitance,
elle est traitée dans les premières
24 heures. Mais, si, et je vais reprendre quelques exemples... Si
on a une problématique de quelqu'un
qui dit : Ma mère subit de la maltraitance parce
que ses chocolats disparaissent, ça
fait partie de son plaisir, on sent
qu'on vient priver l'aînée, puis il y a en partie du vol là-dedans, ça se
règle, un coup de téléphone. Les commissaires aux plaintes disaient : Un coup de téléphone, les choses sont
réglées. Ce n'est pas une grande problématique, mais ça se règle quand même assez simplement. Quand le cas est plus complexe, quand on a une
dénonciation qui vient avec une maltraitance plus complexe, il y a nécessairement
des actions qui sont prises plus rapidement.
Est-ce que
nous allons suggérer à chacune de nos institutions des gradations? Nous croyons
qu'elles peuvent le faire, puisqu'on parle ici d'une politique que
chacune des institutions vont se donner.
Donc, est-ce que, dans une institution privée pour personnes semi-autonomes, c'est la
même gradation que dans un CHSLD? Je ne pourrais vous dire, M. le député
de Lévis. Mais une chose que je peux vous assurer, c'est qu'au moment de rédiger une politique pour une
institution l'ensemble des acteurs principaux seront assis à cette table pour
la rédiger, et, de ce fait, la gradation sera mise à l'intérieur de leur
politique.
Alors, je
suis capable d'imaginer qu'à certains endroits la gradation sera différente,
dépendamment de ce que le comité qui va y participer va en décider.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
je comprends, encore une fois, j'entends ce que la ministre me dit, cette
latitude qu'on souhaite donner également aux
organisations pour faire en sorte qu'on puisse comprendre aussi la réalité
régionale, je comprends, là, ou urbaine, ou,
bon... peu importe. Je suis quand même un peu inquiet, et puis il faut que je
le dise, parce que la ministre
dit : La réalité de chaque établissement dans son environnement fera en
sorte que la gradation va peut-être être différente, le délai va
peut-être être différent.
Donc là, moi,
ce que je comprends, là, c'est qu'à Montréal, par exemple, on pourrait avoir un
délai de traitement dans un cas x,
puis, pour le même cas x, au Saguenay, on va avoir un autre délai de
traitement, qui risque d'être plus long. Ça m'inquiète, là. C'est seulement que ça m'inquiète d'avoir deux poids,
deux mesures dans des événements aussi majeurs et importants que
ceux-là, nonobstant, là, que ce soit un cas de maltraitance physique, là, qui
demande à agir dans les 10 minutes
suivantes ou bien un cas de maltraitance psychologique qui suppose une enquête
plus longue, je n'ai pas de trouble
avec ça, là. Là, le traitement, à un moment donné, quand on part l'enquête,
c'est sûr qu'à un moment donné il y a des choses qui peuvent aboutir, des choses qui
peuvent moins aboutir. Mais je m'inquiète seulement de me dire que, dans
différentes régions du Québec, il n'y aura
même pas de... une balise, aussi large soit-elle, pour faire en sorte qu'il n'y
ait pas de débordement puis de dérapage.
Puis là je ne remets
pas en question la bonne volonté de chacune des organisations puis de ceux et
celles qui traitent, là, ils veulent faire
ça le plus vite possible. Mais, pour mille et une raisons, parce qu'on aura
choisi des gradations différentes, parce qu'à un moment donné...
Puis
je vais même plus loin que ça, là. Tu sais, le fait qu'on n'ait pas de cibles
précises tout en permettant aux organisations
d'agir dans celles-ci pourrait nous donner la situation que, par exemple, puis
je vous laisse... puis, si l'exemple n'est
pas bon, la ministre le dira, M. le Président, mais parce qu'on n'aurait
peut-être pas les ressources nécessaires, on n'est pas en mesure de traiter dans le... tu sais, puis là on se
dit : En fait, ce n'est pas tant la gradation, c'est parce que, là,
on n'a pas les ressources pour le traiter,
mais ce n'est pas grave, on s'est donné du temps, mais à Montréal on va aller
plus vite parce qu'on a plus... Je ne voudrais pas ça, là.
C'est
rien que l'inquiétude de voir qu'à travers le Québec on aura des façons de
procéder qui vont être différentes, alors que les aînés, nonobstant où
ils restent, c'est tous des aînés, puis, s'ils vivent de la maltraitance, ils
vivent de la maltraitance. Qu'elle soit à
Montréal, qu'elle soit au Saguenay, qu'elle soit à Québec, qu'elle soit à
Trois-Rivières, c'est la même affaire, tu sais. Alors, c'est rien que
ça. Je m'inquiète qu'on n'ait pas trouvé un moyen puis j'aimerais qu'on réfléchisse à un moyen nous permettant d'établir
un minimum pour que les aînés qui nous écoutent puis ceux qui devront appliquer soient aussi... se disent :
Regarde, là, il faut que ça se fasse, là, il y a une cible à atteindre, puis,
si on ne l'atteint pas, bien, on sera montrés du doigt puis on
s'expliquera. Mais j'aime moins cette notion de définition de règles établies
par les établissements qui ferait qu'on aurait des façons d'agir différentes
d'un endroit à l'autre.
• (11 h 40) •
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Bon, très rapidement, moi, je fais suite à ce que le député
de Lévis vient de dire. Le Protecteur du citoyen vient de dénoncer, en Gaspésie, le fait que des personnes en CHSLD ont
eu un bain, un bain par année. Est-ce que c'est plus acceptable en
Gaspésie qu'ailleurs?
Ça
fait que la gravité, ça se pose, la question, par rapport aux régions. Est-ce
que le fait qu'on arrive dans des régions où les distances sont plus longues on peut accepter certaines façons de
donner des services aux aînés? Je ne pense pas. Les aînés, qu'ils soient
dans chacune des régions du Québec, ont droit au même traitement.
Ça
fait que la question de moduler selon la gravité, je trouve ça un peu...
effectivement, je trouve ça inquiétant, et je pense qu'il faudrait que la ministre nous explique un peu comment
elle voit l'application de tout ça. Moi, le traitement des plaintes puis
les signalements, ça doit être en lien directement avec la définition de la
maltraitance. Puis, la définition de la
maltraitance, je l'aurais voulue plus claire, mais elle est là pareil. Il y a
une maltraitance, il y a une action à faire.
Et la question de la gravité puis de laisser le soin à chacun de juger eux
autres mêmes de la gravité, je ne sais pas, là, comment ça pourrait être
fait.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, je vous disais, avant de
commencer la session, que j'avais une oreille de bouchée, mais j'en ai
une de très ouverte, donc on est pas pire.
Je
crois que mes collègues font quand même un bon point en disant : Il faut
s'assurer d'une forme de clarté. Par contre,
je maintiens toujours le principe de l'ouverture par rapport à pouvoir être le
plus large possible dans le principe législatif.
Donc,
on m'assure... J'ai deux formes d'assurance. Peut-être que ça ne va pas vous
rassurer, messieurs, mais je travaille
là-dessus, là. La première, les commissaires aux plaintes et aux signalements
m'ont dit qu'à l'intérieur de 24 heures une plainte de maltraitance était faite, quel que soit l'endroit au
Québec, c'est ce qu'on m'a assuré. La deuxième : Sans l'écrire dans la loi, je vous dirais qu'on va
soumettre une politique-cadre, qui n'est pas écrite encore, là, mais on
m'assure que, dans la
politique-cadre, on pourrait donner une gradation de gestes à laquelle on peut
répondre, dans le même souci que vous avez.
Je
crois qu'il n'y a personne... il n'y a pas un commissaire aux plaintes qui ne
veut pas traiter rapidement de quelque chose. Puis, quand vous soulevez la
problématique, mon collègue de Rimouski, quand vous soulevez une problématique
qui est dénoncée par le Protecteur du
citoyen, je pense que c'est important de se dire : Il y a quelque chose à
regarder là. Par contre, quand le
commissaire aux plaintes reçoit ou recevra formellement une plainte ou un
signalement, moi, j'ai une garantie
de ces gens-là, pas du gouvernement, pas des administrateurs, j'ai une garantie
de ces gens-là, dans leur professionnalisme, que c'est traité à
l'intérieur de 24 heures.
Quand
on a parlé d'une gradation ou quand on a parlé de rapidité de gestes, comprenez
bien que, dans cette volonté de dire...
bien, c'est clair que, si c'est un problème qu'on voit et que la personne est
capable de l'identifier rapidement, on peut le régler rapidement, et
c'est la volonté du commissaire aux plaintes. Par contre, si c'est une suspicion,
bien, ça demande une forme de petite
enquête, puis ils le font le plus rapidement possible. C'est pour ça que, quand
on dit... un principe de gradation
puis une volonté de laisser à chaque établissement le droit de se donner pas un
jugement, mais un regard sur la façon
de traiter la plainte à l'intérieur de ça, bien là il y a peut-être une façon
de leur laisser cette latitude-là. Mais
il y aura une politique-cadre d'écrite qui va être soumise pour être capable de
venir influencer toutes les politiques qui seront adoptées et écrites
parmi les différents établissements du Québec.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Lévis.
M.
Paradis (Lévis) : Merci, M.
le Président. Je comprends qu'à un moment donné, à travers la loi, là, on ne
puisse pas non plus... La volonté de la ministre, là, je pense, c'est
assez clair, établir des gradations, puis, bon, à un moment donné, il y a un processus d'application. La
ministre nous rassure, en tout cas tente de nous rassurer en disant : Il
va y avoir une politique-cadre, là,
c'est sûr que c'est important qu'on intervienne. Je comprends aussi puis je
peux faire confiance aux commissaires
aux plaintes qui disent : Rapidement... C'est bien sûr, là, on est bien
tous conscients de ça, là. Quelqu'un qui
vit un phénomène de maltraitance majeur, tu sais, on parle de 24 heures,
mais ce sera 15 minutes. Puis, tu sais, la volonté de ceux qui
interviennent et le savent, là, tu sais, je veux dire, je suis d'accord
là-dessus.
Sauf qu'il ne
serait pas intéressant, M. le Président, parce que, là, c'est une loi, là,
d'écrire quelque part que... bon,
d'établir ou d'écrire que les établissements devront aussi... devront tenir compte d'une politique-cadre qui sera déposée? C'est parce que sinon c'est... Oui, mais, la
ministre me dit, c'est la politique. Oui, mais là c'est parce qu'elle veut...
Ce que je comprends, là, à moins que
je comprenne tout croche, là, il n'y a pas de cible, puis, les délais, on
laisse le soin de les déterminer à
ceux qui établiront leur politique en fonction d'une gradation qu'ils
décideront, en fonction de l'endroit où ils sont, parce que les réalités sont différentes pour les uns et pour les
autres. Ça, on peut bien se le dire, là, mais, dans les faits, ça donne
quoi, là? Dans les faits, c'est quoi, là?
Je sais qu'on
est souvent dans des politiques qui touchent le monde de la santé, puis il y a
des cibles à atteindre. Il y a des
réalités, là, régionales partout à travers le Québec, mais il y a des cibles.
Pour une opération d'envergure, là, on va avoir... tu sais, il faut que tu ailles... tu as 90 jours, 30
jours, 60 jours, tu sais, on se donne des cibles, il y a des situations qui peuvent faire en sorte qu'on ne les atteigne
pas, on en sait quelque chose, là, ou encore, pour le moins, c'est un guide
pratique, puis les gens prendront leur
réalité régionale pour faire en sorte qu'on l'atteigne le plus vite possible.
Mais il y a quand même un truc.
Alors là, la
ministre me dit : Ce n'est pas... Je comprends, ce n'est pas par voie réglementaire
qu'elle va établir des cibles à
atteindre dont devront tenir compte les établissements, elle parle d'une
politique-cadre, mais là-dedans il n'y a rien qui précise ça, là, puis c'est une loi. Bien, moi, je regarde la
loi puis je me dis : C'est à moi à établir ça, tu sais, je n'ai pas de... On ne me dit pas qu'il va falloir que je
réfère à quelque chose qui a été pensé et réfléchi, qui sera un cadre de
réflexion sur lequel je devrai baser ma
gradation de... Est-ce qu'on ne perd pas une opportunité d'écrire quelque chose
de plus précis pour que les gens sachent,
malgré tous les souhaits qu'ils ont de vouloir bien faire, qu'ils sachent qu'il
va falloir qu'on agisse, puis que le
gouvernement va proposer quelque chose pour établir ces gravités-là puis ces
délais-là?
Je m'étonne
qu'on laisse ça large comme ça. J'ai peur qu'il y ait de l'interprétation,
qu'on dise : Bien oui, mais, regarde,
moi, je suis ta loi; mon délai à moi, ça va être tant parce que ma réalité,
c'est ça. Puis je continue à dire que ça me fatigue un peu. Est-ce qu'il
y a moyen de penser à quelque chose, ou absolument pas, ou, pour la ministre,
ça semble suffisamment clair? Moi, je sais
que, quand je lis ça, j'ai peur de l'interprétation que ça puisse permettre à
travers le Québec.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, dans le fond, l'article 3, c'est la volonté de mettre en
place une politique. Dans
l'article 3, on donne les grands principes de cette politique. La
politique doit avoir une personne responsable de sa mise en oeuvre et les coordonnées de cette
personne. À 2°, c'est la mise en place. À 3°, c'est les modalités
d'application. Et, oui, à 8°, c'est
cette volonté-là de dire : Bien, on va le modifier un peu pour que ça
devienne une politique avec une forme de gradation, puis on le laisse
ouvert.
La politique, on va par contre — je
vais essayer de m'exprimer clairement — soumettre à chaque endroit
une politique type qui va leur donner les
grandes lignes qu'ils pourraient prendre pour eux. Donc, on ne veut pas leur dicter quoi faire, mais on veut leur donner
une politique type qui pourrait leur donner les grandes lignes de ce qu'ils
pourraient prendre comme gradation — puis je reprends les propos de mon
collègue — si
jamais la gradation n'est pas assez énumérée pour eux ou leur est
inconnue.
Mais je vous
rappelle, M. le Président, que la personne qui sera en titre de cette
politique, c'est quand même le directeur
général de l'établissement ou le directeur général en règle. De ce fait, je
crois personnellement, puis je suis sûre que mes collègues en sont aussi assurés, que ce sont des personnes qui
vont vouloir que ça fonctionne puis que les plaintes soient traitées
rapidement. Sinon, je vous rassure, là, le commissaire aux plaintes fait aussi
partie des gens qui vont regarder cette
politique puis la mettre en place, vont être capables de dire : Voici ce
qui pourrait être une gradation logique et plausible dans le principe où, à Montréal, j'ai un plus grand nombre
de gens que dans un endroit en région où c'est plus petit, où, là, mon
accessibilité puis ma réponse aux plaintes peut être plus rapide.
Donc, j'ai
une assurance des gens qui vont traiter des choses, mais j'ai aussi... Et je
sais que mes collègues, pour l'instant,
ne se plaisent pas à l'entendre, parce que c'est leur rôle de garder un doute
sur la parole de la ministre, là, mais, je vous le dis, on va leur soumettre
une politique type qui va donner une gradation claire et qu'ils pourront, s'ils
le veulent bien, se l'approprier pour mettre dans leur propre politique.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Rimouski.
• (11 h 50) •
M.
LeBel : Notre rôle, ce n'est pas de garder un doute sur la parole du
ministre. Notre rôle, c'est de poser des questions puis essayer de mieux
comprendre puis d'améliorer le projet de loi avec les ressources qu'on a.
Mais, moi, juste rajouter à la complexité que le
député de Lévis a amenée, je comprends, dans un cas où, un établissement privé, le président-directeur
général, le directeur général de l'établissement met en place une politique, c'est privé, dans un... il fait sa politique,
il la dépose. Ça fait que, là... Puis chacun, ils pourront adopter la politique type ou pas, ils
pourront la nuancer ou faire ce qu'ils veulent avec la politique type que le
gouvernement va refiler à chacun des... Et là le commissaire aux plaintes, dans sa
gradation, il faudrait qu'il prenne compte de la politique de tel
établissement, qui n'est peut-être
pas comme celle de l'autre, puis de l'autre, puis de l'autre, et là il faudra
qu'il trouve : Est-ce que ça répond?
Est-ce que le signalement contrevient à la politique de tel, qui n'est pas
comme celle de l'autre, l'autre établissement qui est à côté ou... Ça
fait que ça peut... ça rajoute à la complexité du travail du commissaire aux
plaintes.
Je me demandais, dans ce cas-là, est-ce qu'un
établissement privé ou un autre, là, qui dépose, qui fait sa... le président-directeur général établit sa politique...
Puis je trouve ça intéressant, l'amendement que vous avez amené, là, il est responsable. Je trouve ça... Ça, c'est bien.
La personne présente sa... fait sa politique, est-ce que le commissaire aux
plaintes a un oeil sur... pourrait
conseiller ou est-ce que le commissaire aux plaintes pourrait donner son point
de vue sur la politique, dire : Ça ne va pas assez loin, ce n'est
pas assez fort, sur chacune des politiques, au moins, pour s'assurer qu'il y
ait un impact?
Tu sais, si
je pose la question, c'est qu'à un moment donné on peut se ramasser avec
différentes politiques puis pas de la
même force, puis, le commissaire aux plaintes, il faut qu'il s'adapte à chacune
des politiques. C'est un peu... Puis
là, en plus, on rajoute la gradation, puis région, puis petit, pas petit. Je
trouve que ça peut devenir compliqué. Puis je rajoute qu'ils manquent de
ressources.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Juste pour nous assurer qu'on regarde les choses un peu
de la même façon, rappelons-nous quelques établissements, juste pour
nous donner une idée, là, parce que, vous avez raison, le commissaire aux plaintes traite de toutes les plaintes
qu'il reçoit, mais il y a des CLSC, il y a des centres hospitaliers, il y a
des centres de protection de l'enfance et de la jeunesse qui peuvent recevoir
des plaintes pour le protecteur... pour le commissaire
aux plaintes, les CHSLD, les centres de réadaptation, les résidences privées,
semi-privées, autonomes, le commissaire
aux plaintes reçoit tout. Et vous avez raison de dire : Est-ce qu'il doit
s'adapter à chacune de ces politiques? La
réponse, c'est non, le commissaire aux plaintes traite sa plainte. Mais il fait
partie de la politique, donc les gens devront prendre conscience du rôle
qu'il occupe et comment il occupe ce rôle.
Donc, dans la
politique, je vous dirais que le commissaire aux plaintes est venu nous
dire : On aimerait ça être connus
plus, parce qu'on ne se sert pas suffisamment de nous quand il se passe quelque
chose. Donc là, on aura l'obligation de
reconnaître non seulement qui il est, le rôle qu'il a, mais comment il peut
agir. Donc, chaque politique va reconnaître cet aspect-là. C'est pour ça
qu'on le nomme, nous, déjà d'avance dans le principe même de la politique qu'on
voit ici énumérée, en disant : On devra
prendre en compte son rôle, on devra prendre en compte son opinion. Et, s'il y
a lieu, si le commissaire aux
plaintes dénonce un aspect d'une politique qui va à l'encontre de la
bientraitance de quelqu'un, ce sera pris en compte, parce qu'il va faire
affaire directement avec le directeur général de l'établissement.
Et je reviens
à la charge parce qu'on est restés tous très à l'écoute quand ils nous ont dit...
quand certaines personnes nous ont
dit : Oui, mais leur autonomie est où s'ils sont nommés par... et les gens
nous ont confirmé ici et privément que le
commissaire aux plaintes n'est pas nommé par le D.G., il est nommé par un
comité et, de ce fait, ne se rapporte pas au D.G. Le D.G. doit avoir une
complicité avec le commissaire aux plaintes pour être capable de mettre en
branle rapidement et concrètement les
recommandations du commissaire aux plaintes. C'est pour ça que, quand ils nous
affirment que l'arrêt d'agir se fait
rapidement, le commissaire aux plaintes nous a dit : Un coup de téléphone,
j'appelle une personne, l'arrêt
d'agir se fait, et, de ce fait, je connais mon niveau d'autonomie puis
d'implication à l'intérieur de l'établissement.
Donc, vous
avez raison de dire : Va-t-il falloir qu'il s'adapte?, mais moi, je pense
que c'est la politique qui va s'adapter
au rôle, puisque dans notre volonté, du projet de loi, on dit qu'on doit
prendre en compte le commissaire aux plaintes, le rôle qu'il a et le
rôle qu'il joue. Mais on s'est dit : Puisque celui-ci n'a pas l'obligation
d'une gradation, pourquoi ne dirions-nous
pas... pourquoi on ne dirait pas aux gens de regarder le principe d'une
gradation? Et c'est pour ça qu'on vous apportait l'amendement pour
pouvoir le faire à l'intérieur du projet de loi.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Deux choses, M. le Président. Et puis tout ce qu'on fait aujourd'hui, hein, je veux dire, oui, on parle, on parle beaucoup, mais, je pense,
ça a sa raison d'être parce que, les explications de tout ça, je pense
que ça... Oui, il y a
un bon climat. Ça ne mènera pas où on veut tout le temps, mais la volonté est celle-là. Puis c'est ça, en fait, c'est à
ça que ça sert, cet exercice-là.
Deux
éléments. Et je reviens sur... D'abord, je
comprends, là, que les commissaires
aux plaintes disent à la ministre,
M. le Président : Vous savez, notre autonomie, là, elle est garantie,
je n'ai pas à douter de ce qu'ils nous disent, là, mais il y a des groupes qui, eux, ne sont pas certains
de ça. Et gardons rien que... Tu sais, il faut rien que garder l'oeil ouvert,
tu sais, je veux dire. Du cash, c'est du
cash. Puis une volonté, c'est une volonté. Puis... Tu sais, à un moment donné, si des gens disent : Écoutez,
nous autres, on s'inquiète de... on aurait tort de ne pas aussi le prendre en
considération. Alors, je ne mets pas
en doute personne, la ministre semble très rassurée. Moi, je me dis, il y a quand même
des gens qui ont exprimé des craintes, ayons-le en mémoire.
La ministre,
tout à l'heure, M. le
Président, parlait de... bon,
réexplique que la gradation peut être
différente en fonction des endroits,
prend l'exemple de Montréal puis d'un petit village, par exemple, qui... Bon,
elle dit : Il y a un plus grand bassin, plus de dossiers, puis ça
peut supposer que... dans un petit village, moins, donc faisons une logique mathématique. Moi, la réponse n'est pas vraiment
là, dans ma tête à moi. S'il y a un plus grand bassin à Montréal, bien, qu'on mette plus de ressources pour être en mesure
de traiter tout de suite, tu sais, pas : Regardez, là, nous autres, ça va
être plus long parce qu'on reçoit 800 dossiers, puis dans un village ça va
être moins long parce qu'on en reçoit 35.
Ça fait que, là, soyons bien clairs
dans ce qu'on dit également, parce que, dans cet exemple-là, je pense que la
façon de faire, c'est dire : Non, dans
un endroit par rapport à un autre, ce ne sera pas plus long en fonction notamment
du nombre de demandes parce qu'on y
donnera les ressources nécessaires. Je pense d'ailleurs que la ministre, M. le
Président, s'est engagée à ça par le
biais du ministre de la Santé, on en a parlé tout à l'heure. Alors, ayons ça
aussi en tête. Plus il y a de demandes, plus on devra mettre les
ressources nécessaires pour que les choses avancent rapidement. On parle de maltraitance, là, on ne parle pas d'un flat sur
une voiture, là, hein? Un flat sur une voiture peut rester de même huit jours,
on s'en fout, là, mais, je veux dire, on parle de maltraitance, on parle
d'humains, alors soyons là-dessus.
Puis
je reviens sur la politique, je l'appellerai la politique cible, là. Je ne sais
pas, tu sais, c'est parce que ce n'est pas
un cadre réglementaire, c'est une proposition, puis là la ministre me dit, dont
pourront s'inspirer les établissements. Alors là, je vous dis, j'irais
encore un petit peu plus loin que ça. Je reviens encore... Puis la ministre,
elle connaît ces dossiers-là aussi parce
qu'elle les traite, parce que c'est son environnement aussi. Dans le domaine de
la santé, il y a des listes
d'attente, puis, dans certains cas, elles sont accompagnées de cibles
ministérielles précises pour faire en sorte qu'à un moment donné on ne perde pas le contrôle, il y en a des précises.
Puis là, les organisations, ce n'est pas : Vous pouvez vous en inspirer, c'est précis, c'est ça. Puis il
va y avoir des contraintes à droite, à gauche qui font qu'à un moment donné
on l'atteint ou on ne l'atteint pas, mais il
y a des cibles précises. Et, dans le cas qui nous occupe, moi, je pense — puis ce n'est pas comme ça que ça doit s'appeler, là, je l'appelle de même, la
politique cible, là, bon, ce qui pourrait être proposé par le gouvernement — qu'on ne doit pas dire aux gens : Vous
devez vous en inspirer, mais elle doit inclure des cibles pour mesurer l'efficacité puis la performance
très précises, puis ils ne peuvent pas rien que s'en inspirer, devront
tenir compte des cibles exprimées par le gouvernement dans les délais de
traitement.
Et
je pense que la volonté qu'on a, puis la ministre me répondra, là, peut-être
que ce n'est pas faisable, ce n'est peut-être
pas son intention... Je comprends l'autonomie des régions dans la façon de
traiter, la volonté de traiter pour tout le monde le plus rapidement possible, mais qu'on ait un cadre puis qu'on
exige que l'établissement n'aille pas en deçà des délais, ou du cadre,
ou de ce qui est prévu par le gouvernement fait en sorte qu'on puisse atteindre
nos objectifs.
Au
surplus, quand on parle de cibles en santé notamment, et là je prends l'exemple
des chirurgies, la cible, là, pour
arriver à traiter les gens dans un laps de temps considéré comme correct, pas
rien qu'idéal mais correct, la cible est pareille partout, parce qu'une opération à une hanche, là, ou bien un
problème de santé, qu'il soit à Rimouski, chez mon collègue, qu'il soit dans Chaudière-Appalaches,
chez moi, ou chez Mme la ministre, c'est la même problématique.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Lévis, je dois vous interrompre.
M. Paradis
(Lévis) : Oui, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Compte tenu de l'heure, je dois suspendre.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, regardez, je me plie à vos décisions sans problème.
Le Président (M.
Picard) : La commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30, où vous pourrez continuer, M. le député de Lévis.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 19 h 34)
Le
Président (M. Matte) : Je
vous rappelle à l'ordre, s'il vous
plaît. La Commission des relations avec les citoyens reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre leurs téléphones.
Et
nous poursuivons les travaux du projet
de loi, détaillé, n° 115, loi qui vise à contrer la maltraitance envers les
aînés et toute personne majeure en situation de vulnérabilité.
Lors
de la suspension des travaux, ce midi, nous étions à l'étude à
l'article 3. La parole était au député de Lévis. Donc, si on veut
poursuivre dans la continuité, je vous laisserais la parole, au député de Lévis.
C'est à vous.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Bienvenue. Je suis content de vous
revoir à nouveau.
Écoutez,
on était en discussion. Puis encore
une fois, je le précise, je pense
qu'à chaque fois c'est bien de le faire. Lorsqu'on décide communément d'échanger des points de vue, c'est toujours avec cette vision de se doter d'un projet de loi solide, ayant du mordant, de la portée et qui nous permette d'avancer,
et de sécuriser, et de protéger. On a tous cet objectif-là, faut-il encore le rappeler. Mais je pense
que c'est bien que les gens le sachent à nouveau. Alors, c'est dans le
but de progresser. Et en ce sens-là je vais reprendre un petit peu où j'ai
laissé, et parce que je sais que la ministre, M. le Président, aussi réfléchit
puis, bon, avec son équipe, travaille à tenter de voir jusqu'où on peut aller.
Et
la problématique que j'avais, et je la repositionne, c'était cette notion, me
semble-t-il, en tout cas, de laisser une grande liberté, tant mieux, on fait confiance, tant mieux,
mais sur la gradation, la gravité versus des délais à être décidés. Je
pense, sans refaire l'explication au
complet, c'était assez clair, mais l'objectif était de dire : Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour qu'il
y ait... et je ne veux pas
l'utiliser, ce n'est pas le mot, une contrainte, mais quelque part qu'on puisse avoir des résultats en fonction d'un objectif
général qui est bien balisé?
Et la ministre
disait... elle m'expliquait, M. le Président, nous expliquait qu'elle entend, à
travers ça, proposer une politique...
ce n'est peut-être pas le mot parfait, politique cible ou peu importe, en tout
cas, permettant aux gens d'avoir un cadre de référence, mais en même temps ce n'est
pas ça non plus, parce que, si je comprends la ministre, elle pourra me le réexpliquer, mais... c'est un élément
crucial et très important, en même temps ce n'est pas non plus... c'est une
espèce de document de consultation
qui laisserait toute liberté aux établissements sur la mise en place ou, en
tout cas, la gradation puis les délais requis lors d'interventions, de
signalements, bon, etc.
Moi, je me préoccupe
de ça parce qu'on a aussi... et la ministre a servi un exemple de bassin de
population, Montréal, où il y a des délais
qui peuvent être plus longs parce qu'il y a beaucoup de monde puis dans une
région rurale où ça peut être moins
long parce qu'il y a moins de monde. Puis à ce chapitre-là on a eu un échange
sur les ressources nécessaires qui
étaient... la situation ou la solution pour faire en sorte qu'il y ait une
espèce d'uniformité dans le traitement. Bref, quelqu'un qui vit de la maltraitance dans un petit village de la
Beauce, dans ma tête à moi, c'est aussi important que ce soit traité rapidement puis avec un cadre
que celui qui le vit dans une mégaville comme Montréal. Et la ministre disait : Oui, je comprends. Alors, je me
disais : Est-ce qu'on peut, à travers un amendement ou des précisions,
indiquer que ces délais-là, cette gradation-là devront être mis en place
en fonction de ce que le gouvernement...
Le Président (M.
Matte) : Je vous invite à conclure, M. le député.
M. Paradis
(Lévis) : Ah! mon temps est terminé, M. le Président?
Le Président (M.
Matte) : Oui.
M. Paradis
(Lévis) : Bon, alors, je conclus : Est-ce que la ministre a une
réponse à cette question? Sinon, je proposerai un amendement pour qu'on
continue à parler.
Le
Président (M. Matte) : C'est bien. Est-ce qu'il y a d'autres personnes
qui veulent intervenir sur cet amendement?
Mme
Charbonneau : Bien, il semblerait, M. le Président, que mon
collègue veut que je réponde à une question, ça fait que je vais
intervenir, si vous me le permettez.
Le Président (M.
Matte) : Je vous permets, Mme la ministre.
• (19 h 40) •
Mme
Charbonneau : Je veux juste vous dire, M. le Président, que
je suis quand même heureuse d'être assise ici, malgré la tempête, puis que ce matin il y avait beaucoup de
convivialité. Je vous le dis parce que des fois ça peut vous guider dans
le principe des échanges. Ça fait que je vous le dis comme ça.
Pour
la réponse à mon collègue, je nous ramène aux rencontres qu'on a faites avec
les gens. Quand les gens sont venus nous rencontrer, en commission
particulière, ils nous ont dit : Vous savez, ce qu'on aimerait surtout de
vous, Mme la ministre, et gens de la législation, c'est d'avoir des paramètres,
des grandes lignes. Par contre, on ne veut pas quelque chose de préétabli parce qu'on veut être capables de l'adapter à
ce que nous sommes dans chacun de nos milieux.
Et
c'est dans cette perspective-là que l'amendement à l'alinéa 8° est arrivé,
en se disant : Bien, oui, les paramètres généraux, mais donnons-leur des responsabilités par rapport à ces
paramètres-là. Puis je reviens à l'amendement, qui dit : «Le délai de traitement de toute plainte ou de
tout signalement concernant [une situation] de maltraitance doit être modulé
selon la gravité [des situations]», parce
qu'au départ, hein, ce n'est pas ça qui était écrit. Au départ, on disait juste
que, dans le principe d'une
politique, il devait y avoir le suivi qui doit être donné à toute plainte ou
tout signalement. Mais, à partir du
moment où l'analyse s'est faite, de notre côté, de dire, bon, ils nous ont
dit : Oui, de la latitude, mais donnez-nous certains aspects, on s'est dit : Bien, on va mettre dans l'alinéa
8° quelque chose d'assez clair, qui dit : Ça prend une structure, puis, oui, on va leur donner une politique type
qui va donner des paramètres, puis qui vont les guider, et qui pourront être un outil de travail. Mais, s'ils veulent se donner
un outil de travail qui ressemble plus à ce qu'on va appeler leur réalité,
soit par la taille, soit par le nombre de résidents... Parce qu'on peut parler d'un CHSLD
très grand comme on peut parler de
chambres en service dans une résidence qui répondent au CHSLD, mais qui ne sont
pas nécessairement un CHSLD, c'est des chambres en... on va appeler ça en location, pour les propos
d'aujourd'hui, là, mais c'est un prêt de service que la santé fait. Bien, il faut être capable de
s'adapter à chacun d'eux, puis la politique doit répondre à chacun des environnements.
Donc,
je ne sais pas si ça répond à mon collègue, mais la volonté, c'est vraiment
de faire en sorte que non seulement
on leur donne une ligne de conduite par rapport à ce qu'on s'attend d'avoir dans leur politique, mais on va aussi
leur donner un outil d'une politique
type qui va leur donner clairement à quoi ça pourrait ressembler, mais toujours
avec la latitude, en disant : Vous pouvez l'adapter à ce que ça
peut ressembler chez vous.
Puis
je nous ramène toujours au premier, hein, le premier alinéa, qui dit que
la responsabilité sera à une personne très précise, puis on va avoir ses coordonnées,
mais il y a aussi le directeur
général ou la direction générale de l'établissement.
Donc,
notre volonté, ce n'est pas d'en échapper, mais c'est de pouvoir permettre une
politique qui ressemble au milieu,
avec l'ensemble des propos qui sont énumérés ici, dans l'article 3, qui
dit : Voici les paramètres qu'on veut voir dans votre politique.
Maintenant, on va
vous donner une politique. Vous pouvez la copier. Vous pouvez la moduler, mais
vous ne pouvez pas changer les paramètres qui sont dans l'article 3.
Le Président (M.
Matte) : Est-ce que ça a répondu à votre interrogation, M. le député
de Lévis?
M. Paradis
(Lévis) : Bien, précisément, M. le Président, je veux seulement comprendre... Parce que vous avez dit, là que le temps qui m'était donné était
complet. Ça veut dire que... Est-ce que je peux continuer la discussion ou je
n'ai plus de temps? Si
je n'ai plus de temps, je vais proposer quelque chose pour forcer un retour du
chronomètre, là. Je ne sais pas comment ça marche.
Le
Président (M. Matte) : Vous
n'avez plus de temps. C'est parce que j'ai compris que la ministre,
elle vous a interrogé dans le sens... Elle vous a dit : Est-ce que
ça a répondu à vos interrogations? C'était tout simplement...
M. Paradis (Lévis) : Non, non, je sais, mais... Non, mais c'est parce que,
M. le Président, je
comprends, puis, je veux dire, regarde, ça va bien. Puis je sais
qu'il y a un protocole autour de ça, là, c'est bien correct, puis vous avez un
travail à faire. Je ne veux rien que comprendre,
là, quand... C'est parce que, non, j'ai encore des questionnements. Moi, je
veux qu'on avance, je veux... À ce que la ministre
me dit, M. le Président, j'ai envie de lui poser des questions. Si je
n'ai pas la possibilité de le faire,
je vais proposer un amendement pour être en mesure d'avoir du temps pour pouvoir
discuter.
Le
Président (M. Matte) : Votre
temps, on vous a précisé que le temps qui était alloué était de
20 minutes, dans leur cas, puis
qu'il a été utilisé, O.K.? Donc là, j'ai demandé, à ce moment-là : Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui ont à intervenir?, et
la ministre, elle s'est prévalue de son droit.
M. Paradis
(Lévis) : Alors, je vais déposer un sous-amendement, M. le Président.
Je vais demander si c'est possible de suspendre quelques instants, histoire de faire
en sorte qu'on le présente correctement. Et puis on va faire le sous-amendement,
en repartant le chrono là-dessus.
Le Président (M.
Matte) : O.K., oui, je vais suspendre les travaux. On suspend les
travaux.
(Suspension de la séance à
19 h 43)
(Reprise à 19 h 49)
Le
Président (M. Matte) : Donc,
on a repris les travaux. Est-ce que, Mme la
ministre, vous acceptez que le député de Lévis puisse déposer un sous-amendement
sur votre temps, compte tenu qu'il était écoulé?
Mme
Charbonneau : Oui,
M. le Président, je suis d'accord à ce que mon collègue de Lévis
puisse déposer un sous-amendement sur mon temps.
Le Président (M.
Matte) : Député de Lévis, on vous écoute.
M. Paradis (Lévis) : Est-ce que, M. le
Président, à ce moment-ci, je le
dépose et je le distribue... ou je n'en fais que la lecture?
Le
Président (M. Matte) : Vous
le déposez pour qu'on puisse le regarder puis vous en faites une lecture par la
suite.
M. Paradis
(Lévis) : Alors, je le distribue, M. le Président, et j'en fais la
lecture, pour faire en sorte que tout fonctionne selon les règles.
Le Président (M.
Matte) : Mais, si on veut accélérer, est-ce que vous acceptez que le député
de Lévis puisse amorcer sa lecture, en attendant? M. le député de Lévis, je
vous invite à faire la lecture de votre amendement.
• (19 h 50) •
M. Paradis (Lévis) : Alors, M. le Président, sous-amendement à l'article 3 : Modifier l'article 3 du projet de loi par l'ajout, à la fin du paragraphe 8°, après les mots «ainsi que le délai dans lequel
il doit être réalisé», de l'alinéa suivant :
«Par
règlement, le gouvernement établit des cibles ministérielles du traitement
des plaintes par le commissaire local
aux plaintes, et ce, afin d'en
mesurer l'efficacité et la performance. Ces cibles doivent notamment établir un
délai du traitement des plaintes.»
Vous
verrez donc que la version proposée se lirait comme suit, au terme de
l'exercice, si on arrive à un consensus, donc :
«8°
le suivi qui doit être donné à toute plainte ou [...] tout signalement, ainsi
que le délai dans lequel il doit être réalisé.
Par règlement, le gouvernement établit des cibles ministérielles du traitement
des plaintes par le commissaire local aux plaintes, et ce, afin d'en
mesurer l'efficacité et la performance. Ces cibles doivent notamment établir un
délai du traitement des plaintes.»
M.
le Président, j'explique grosso modo puis je reviens à peu près à la
discussion, puis, ne serait-ce que de bien comprendre les volontés des uns et des autres... Je continue à penser
que, oui, les établissements doivent avoir une grande latitude, doivent avoir un grand niveau de
responsabilité. Je réitère la crainte de faire en sorte que globalement on
puisse décider et adopter d'agir
d'une façon par rapport à une autre d'un endroit à l'autre. Je pense que le
gouvernement est en mesure, dans un
dossier aussi important que ça, d'établir des cibles, des cibles qui devront
être prises en compte, pour éviter, à
un moment donné, que, dans un événement malheureux, il puisse y avoir des
délais qui pourraient être questionnables, mais, par le biais du fait
qu'ils aient été adoptés par l'établissement, on ne puisse pas avoir regard
puis on laisse la pleine liberté.
Au
surplus, je pense que ces cibles-là nous permettraient, comme dans plusieurs
lois, d'avoir aussi des objectifs de
performance et de mesurer ce que ça aura donné, d'avoir des indicateurs nous
permettant de voir le temps que ça aura pris pour faire des traitements en fonction des délais, pour aussi juger
de l'efficacité de ce qu'on a mis en place et d'établir qu'on agisse le
plus rapidement possible pour des aînés qui en auraient besoin.
Alors, ma
volonté, par le biais de ce texte-là, maintenant soumis à mes collègues, est de
faire en sorte qu'on puisse se doter d'outils permettant au projet de
loi, devenant loi, d'être le plus efficace possible.
Le Président
(M. Matte) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a des gens qui
veulent intervenir sur le sous-amendement du député de Lévis? Mme la
ministre.
Mme
Charbonneau : M.
le Président, je vais prendre le temps d'intervenir puis je vais essayer d'être
le plus claire possible.
La volonté
qu'on a puis celle qu'on nous a demandé d'avoir, c'est d'avoir un guide de
réflexion, je le dis comme ça, là, mais une espèce de guide qui disait
c'étaient quoi, les attentes. Puis, dans le deuxième aspect, c'était la volonté
de laisser, oui, la latitude pour que
chaque milieu puisse se reconnaître dans les règlements qu'il se donnait. Je le
dis comme ça parce que, quand
j'utilise la phrase qui dit : Tous les milieux ne sont pas les mêmes et
veulent avoir une réglementation qui
leur ressemble, je sais que je peux sembler inquiétante dans mes propos, parce
qu'on pourrait penser que tous les cas ne sont pas pareils, mais un cas de
maltraitance physique, c'est pareil partout, c'est un cas de maltraitance
physique. Et je n'ai pas besoin de
lui donner un délai, je sais par la voix des gens qu'on a rencontrés qu'il n'y
en a pas, de délai. C'est tout de suite, maintenant que c'est traité.
Maintenant,
dans les différents aspects, on se souviendra qu'il y a une plainte puis il y a
un signalement. Dans les deux, il n'y
a pas la même forme de délai. Ce que mon collègue de Lévis me demande de faire,
c'est une forme de mur-à-mur et une
gestion de cibles à partir du ministère. Ce qu'on fait avec le projet de loi,
c'est qu'on donne une responsabilité aux directeurs généraux des
établissements ou la personne qu'ils consignent à ça, mais, en bout de ligne,
c'est toujours le directeur général qui va
avoir des comptes à rendre au ministère de la Santé et devra établir comment
les choses se sont passées.
Jusqu'ici, M.
le Président, on n'est pas arrivé... Du moins, prenons un cas médiatisé, là,
parce que je pense qu'on en a suffisamment parlé ce matin, reparlons de ce
couple qui a passé dans les journaux pour dire... les enfants dénonçaient
le fait que les parents n'étaient pas
ensemble. Je peux vous dire ce soir que ce cas-là est réglé. Pourquoi? Pas
parce qu'ils sont passés par les
médias, mais parce qu'ils sont passés par l'ensemble des chemins qu'ils
devaient prendre pour aller chercher
l'aide qu'ils avaient besoin d'avoir pour que le père et la mère soient réunis
dans le même établissement. Ce ne sont
pas des décisions administratives sèches et rudes qui ont fait que les parents
n'étaient pas ensemble, c'était le besoin de services qui faisait que les parents n'étaient pas ensemble. Le
dossier a été réglé à l'intérieur de pratiquement 48 heures.
Je ne vous le
dis pas pour le rendre moins intéressant ou plus intéressant, je vous le dis
parce qu'il a été traité dans des
délais qu'on pourrait appeler raisonnables. Oui, la famille s'est inquiétée,
oui, les enfants ont posé des questions, mais je pense que ça a été bien
fait par les gens qui ont traité ce dossier-là.
En voulant
faire du mur-à-mur, on peut aussi se
buter à des gens qui vont dire : Ce n'était pas dans les délais qu'on
m'avait demandé de faire, donc je ne l'ai
pas fait dans les délais prescrits, ou : Je l'ai fait dans les délais
prescrits, puis la famille n'est pas
contente. Ce qu'on veut surtout, puis
on est tous dans cette vertu-là, là, ce qu'on veut surtout, c'est avoir un projet de loi qui répond aux uns comme
aux autres, c'est-à-dire à ceux qui ont un signalement à faire, à ceux qui
ont une plainte à faire puis à ceux qui ont
à le traiter. Et, de ce fait, la politique type va venir donner des paramètres
clairs mais ne viendra pas dicter en mur-à-mur comment il faut faire les
choses.
Donc, moi, j'ai un profond malaise avec le principe de
cibles, pas parce que j'y vois quelque
chose de négatif dans certains milieux, mais, dans celui où on est présentement, de vouloir mettre des cibles par le ministère dans des dossiers
qui seront traités sur le principe de la maltraitance, je pense que c'est de
vouloir cibler la mauvaise chose.
Maintenant,
je suis prête à entendre mon collègue de Rimouski, mais, je vous le
dis, M. le Président, j'ai un profond malaise à vouloir dicter les choses quand les gens nous ont dit, dans
les milieux : Donnez-nous des exemples, donnez-nous un aspect type, mais laissez-nous donner la saveur
locale de notre milieu parce que tous les milieux ne sont pas les mêmes. Puis je nous rappelle, M. le Président, là, que, malgré le fait que tous les milieux ne sont pas les mêmes,
dans l'ensemble des alinéas de 1° à 8°, on
donne précisément ce que le gouvernement s'attend de
chaque milieu, qu'il doit mettre en place dans sa politique. On ne leur dit pas comment l'écrire, on ne leur
dit pas quoi écrire, mais on leur dit : Voici l'objectif premier de votre politique. Puis savez-vous quoi? Votre D.G. sera redevable.
Si ce n'est pas fait comme du monde, on va le savoir. Puis le nom de la personne en titre de cette politique-là
sera écrit, avec ses coordonnées, pour qu'on puisse la rejoindre s'il
y a une problématique. Je pense qu'on
a cerné pas mal l'ensemble de la volonté. Mais on s'est engagés aussi,
par le biais de l'amendement que je remettais plus tôt, à donner... à dire aux
gens qu'ils doivent établir un état de la gravité des situations puis les
traiter dans des délais prescrits.
Donc, je
comprends l'inquiétude, je vois la bonne volonté, je n'y vois pas de mauvaise
volonté de mon collègue, mais je ne
pourrais accepter cet amendement-là, parce
que je ne répondrais pas à ce que les
gens nous ont demandé de faire en leur laissant la latitude d'agir pour
que le milieu prenne une politique qui leur ressemble et non une politique ministérielle
qui va faire en sorte que tout le monde va manger la même affaire en même temps.
Le Président (M. Matte) : Merci,
madame. J'invite le député de Rimouski.
M. LeBel : Comme à la cafétéria ici,
au parlement, où on mange tous la même chose en même temps. Non?
Mme
Charbonneau : On ne mange pas tous la même chose, on mange
des... on fait des choix.
M. LeBel :
Il y a des changements, des fois.
Moi,
je ne sais pas, là... Je trouve intéressant l'amendement du collègue de Lévis,
mais je ne suis pas certain qu'il va
là. Ma question, c'est qu'à l'article 3 on parle de la politique
de lutte contre la maltraitance que l'établissement doit se
doter puis des responsabilités de l'établissement. À 8°, on dit que, dans cette politique-là,
il y a un suivi qui doit être donné
à toutes les plaintes, c'est dans la politique. Moi, j'aime bien de rajouter «ainsi que le délai
dans lequel il doit être réalisé». Ça, je
pense, c'est intéressant. Mais, tout ce qui est du reste, là on n'est plus dans
la politique, parce
que, là, c'est un mandat que
le gouvernement donne aux commissaires.
Mais,
je trouve ça bon pareil, mais ça devrait venir plus à l'article 30,
là, qui donne plus le... qui explique le mandat du commissaire puis qui explique un peu ses responsabilités que le gouvernement lui donne. Que le gouvernement, là, dit qu'il va donner des cibles puis qu'il veut que...
qu'il serre la vis un peu comme le député
de Lévis propose, moi, je pense
que ce serait là.
Mais,
pour ce qui est d'actuellement, là,
je ne sais pas, c'est une question que je pose. Mais j'aime bien, là, le délai
dans lequel il doit être donné.
Le Président (M.
Matte) : Merci, M. le député. J'invite le député de Lévis.
• (20 heures) •
M. Paradis (Lévis) : Oui. M. le Président, il fait tempête dehors; ça ne nous empêche pas de
nous entendre puis de voir le
bien-fondé. Et, la façon de procéder,
je n'ai aucun problème. Moi, ce que je ne veux rien que... qu'on comprenne,
à travers ça... Puis je sais que, quelque part, la ministre, M. le
Président, elle dit des choses, je
suis d'accord; puis je dis des choses, puis elle est d'accord.
Il suffit d'arrimer nos pensées, puis ce n'est pas si compliqué que ça.
Je vous dirais, rien
qu'en réponse à mon collègue, dans le dossier qui nous occupe, puis pour faire
suite à un exemple de la ministre,
M. le Président, ce que je veux éviter ou ce que je souhaiterais
qu'on évite par le biais du dépôt d'un
amendement comme celui-là, peu importe où on le placera,
c'est de faire en sorte que, pour une même action ou un même geste de maltraitance, on puisse, par exemple, dans une région donnée, à Montréal, avoir un délai de traitement, du début du processus d'enquête jusqu'à
son règlement... que ça prenne trois semaines à une place puis
quatre mois et demi à une autre parce
qu'on aura la liberté puis on n'aura pas la contrainte d'avoir des cibles à
atteindre. Je veux qu'on puisse... Parce que, si ça arrive, je veux dire, on traite la maltraitance différemment
d'un endroit à l'autre. Ce n'est pas l'objectif de personne.
Alors,
oui, ce n'est peut-être pas la bonne place, mais je pense que quelque
part il va falloir qu'on se donne aussi cette... Le mot n'est pas bon, là, j'ai rien qu'en tête «contrainte». Ce
n'est pas une contrainte, c'est de faire en sorte que ceux pour qui on fait le projet, puis la loi éventuellement, puissent être assurés qu'on ait un levier. Si on se rend compte que
quelque part, pour un même cas, ça a pris
quatre fois plus de temps, il va falloir qu'on soit capable de dire : Ça
ne marche pas. Puis il va falloir
qu'on ait des cibles, puis des indicateurs pour nous permettre de dire :
Regardez, là, globalement, parce
qu'on a des cas de maltraitance puis on sait vers quoi on s'en va, on a voulu
en faire des paramètres très, très précis à un moment donné; dans tel cas, ça
ne devrait pas prendre plus de temps que ça, puis ce n'est pas correct que ça...
Et
tant mieux, dans le cas qui nous occupe, en ce qui concerne le couple
séparé, j'applaudis ça, mais c'est ça qu'il faut faire. Ça s'est traité en 24 heures? Tant mieux. Ce que je ne
voudrais pas, c'est que ça se règle en 24 heures parce que ça se produit à un endroit puis ça se traite
en cinq semaines à un autre. Ça fait que, qu'on se le dise, qu'un cas comme
celui-là, aussi complexe soit-il, il peut se traiter rapidement. Alors,
donnons-nous des objectifs de performance.
Alors,
mettons-le où on veut, mais je pense que, finalement, l'objectif est le
même. Et, en ce sens-là, bien, je n'ai pas de problème à ce qu'on en
reparle plus tard dans le projet de loi.
Le
Président (M. Matte) : Je comprends qu'on est tous animés du même objectif, c'est de faire en sorte que ce projet de loi là soit le meilleur possible
pour les gens, puis qu'on est à la recherche d'une solution possible. Ce que je
comprends, c'est que... Le député de Lévis, vous avez présenté un sous-amendement, hein? Ça voulait dire... Est-ce que vous acceptez
de le retirer, mais qu'il soit reporté ultérieurement, dans une autre
discussion?
Une voix :
...
Le
Président (M. Matte) : Oui.
Donc, est-ce que... J'ai compris que le député de Lévis
accepte de... Le député de Lévis,
j'ai bien compris que vous acceptez de retirer votre sous-amendement?
Une voix :
...
Le Président (M.
Matte) : Oui, on va suspendre.
(Suspension de la séance à
20 h 2)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M.
Matte) : ...de Lévis, vous retirez votre sous-amendement?
M. Paradis (Lévis) : Oui.
Le Président (M.
Matte) : Ça prend un consentement, à ce moment-là. Il y a consentement
pour retirer ça?
Donc, qui veut intervenir?
Mme
Charbonneau : Si
on revient à l'amendement?
Le Président (M. Matte) : Oui.
Mme
Charbonneau : Je
pense qu'on peut voter, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : Donc,
il n'y a plus personne qui veut intervenir? Est-ce que l'amendement
qui a été déposé est accepté?
Une voix : Accepté.
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté,
oui. Est-ce que l'article 3 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : ...
Le Président (M. Matte) : Pardon?
M.
LeBel : ...en discuter
encore un peu, là, de celui-là, là? On a adopté l'amendement,
mais on n'a pas adopté l'article
au complet encore.
Le Président (M. Matte) : Non, mais
on était rendus là.
M. LeBel : O.K. Bien, c'est ça,
j'aurais une question.
Le Président (M. Matte) : Oui.
Soulevez la question, M. le député de Rimouski.
M. LeBel : La question qui tue, là, peut-être,
je ne sais pas. Le 3.4° : «...les modalités applicables pour que toute autre personne, y compris [les personnes qui
n'oeuvrent] pas pour l'établissement, puisse signaler au commissaire
local aux plaintes et à la qualité des services un cas de maltraitance dont
serait victime une personne en situation de vulnérabilité qui reçoit des
services de santé et des services sociaux.» Ça, dans le fond, c'est que, dans
la politique que le directeur qui est responsable va mettre en place, il va
dire : Si vous portez plainte, là, ça va être ça, le circuit.
C'est ça que ça veut dire, ça, les modalités applicables?
Mme
Charbonneau : C'est
ça, bien, ça va
être le cheminement. Ça peut être : Vous remplissez un formulaire. Ça peut être : Vous appelez à tel numéro. Ça va
être les modalités qui vont être appliquées pour qu'on puisse prendre contact
et vous assurer... Parce qu'on le disait, hein, la plainte, c'est la
personne qui subit. Le signalement, c'est quelqu'un dans l'environnement de la personne qui peut
dire : Moi, je crois que cette personne-ci subit de la maltraitance, et
voici ce que je veux dénoncer. Il faut être capable de lui donner, à
cette personne-là aussi, le cheminement qu'il faut qu'elle prenne.
M.
LeBel : Parce que la
question, dans le fond, c'est les modalités applicables pour qu'une personne
puisse signaler au commissaire,
puisse signaler. Et là on tombe dans le débat. Si c'est un signalement
obligatoire, ce n'est pas... Tu sais, j'essaie de voir comment... sur ce
débat-là du signalement obligatoire ou pas.
Mme
Charbonneau :
Mais je vous dirais que, le débat sur le signalement obligatoire, on n'est pas
rendus là encore, puisque le
signalement, c'est quelqu'un, en ce moment... en ce moment, en ce moment, c'est
quelqu'un qui croit percevoir quelque
chose puis qui le signale aux services de la santé par le biais du commissaire
aux plaintes et de la qualité des services.
Donc, votre
mère est en CHSLD, vous allez la visiter. Vous avez un doute, mais vous ne
voulez pas l'inquiéter, parce que...
Vous avez un doute, mais vous ne voulez pas l'inquiéter, elle, ça pourrait
déstabiliser son quotidien, puis des choses
comme ça. Donc, vous voulez signaler. Vous ne pouvez pas faire une plainte,
parce que vous n'êtes pas la personne qui subissez le traumatisme, vous
pensez que votre mère le subit. Alors, vous allez avoir un cheminement qui est
tout à fait particulier à la personne qui lève la main.
Mais prenons
le cas de quelqu'un qui est à l'extérieur de l'établissement, mais qui reçoit
des services en santé. Votre mère est
chez elle, elle reçoit la visite d'une infirmière ou d'un infirmier, vous avez
un doute sur quelque chose. Bien, il faut que vous soyez capable de
faire un signalement.
Nous, ce
qu'on dit, c'est qu'il faut donner l'ensemble du chemin à suivre à chacune des
personnes qui lèvent la main pour
faire un signalement, puisqu'en ce moment les personnes qui font... ce n'est
pas des signalements qu'ils font, c'est
les personnes qui font des plaintes. Donc, il faut s'assurer qu'on donne le
chemin pour faire les choses correctement.
M.
LeBel : ...dans le fond, si on arrive plus tard, je ne sais pas où,
là, mais... On fera le débat sur le signalement obligatoire ou pas. Si on arrive avec une décision d'un signalement
obligatoire, c'est sûr que ça va venir changer cet article-là par
concordance.
Mme
Charbonneau :
Bien, à partir du moment où on va changer des choses, vous avez compris, puis
vous en avez assez fait, monsieur mon
collègue de Rimouski, on fait tout par concordance à la fin, hein, on va
dire : Bien, on va faire les
choses par concordance, ou on corrige par concordance parce que... Mais en ce
moment, dans l'article que vous citez, c'est marqué «puisse signaler» et
non «doit signaler».
Le Président (M. Matte) : Ça va, M.
le député de Rimouski?
M. LeBel : ...c'est clair.
Le Président (M. Matte) : C'est bon?
M.
LeBel : Moi, si le débat ne se fait pas là... C'est sûr que, si on le
fait plus tard, là, je ne sais pas exactement où, qu'on arrive à une façon
autre ou à une obligation partielle, ou je ne sais pas trop comment, de
signaler... c'est sûr que ça vient
changer les politiques que les établissements vont faire puis ça vient changer
ce paragraphe-là, qu'il faudra probablement revenir dessus, mais...
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Comprenons bien
les choses. Là, je pense, c'est... Finalement, cet article-là nous indique
ce que la politique doit indiquer, mais la politique, elle est à bâtir par les
établissements, donc on ne sait pas ce qu'il va
y avoir dedans. Il y a des objectifs, mais, tu sais, je veux dire... Oui, mais
on n'a pas... Il y a des objectifs, ils sont ceux-là, les modalités applicables, bon, les mesures mises
en place, qui sera la personne responsable, on parlait de délai il y a un
instant, etc., mais tout est à... Tu sais,
les établissements, la ministre nous disait, M. le Président, on veut leur
laisser la plus grande liberté
possible parce qu'ils ont des réalités qui ne sont pas toutes pareilles. Donc,
je comprends le questionnement de mon
collègue, parce qu'il dit : Les modalités applicables, ça veut dire quoi?,
mais on ne les a pas, tu sais, je veux dire, c'est quand ils vont
établir leur politique qu'ils vont déterminer les modalités applicables, en
fonction de chacun des établissements, qui
va se saisir de sa politique par obligation. Alors, je comprends très bien.
Alors, je pense que c'est pour ça qu'à un moment donné on est comme un
peu...
Mais je
comprends également... Oui, on va avoir à discuter de cette dénonciation
obligatoire. Et je comprends fort bien qu'à partir du moment où on fera ce
débat-là puis qu'on arrivera à un résultat, bien, la politique va être
obligatoirement collée à la décision qu'on aura prise. Et, en ce
sens-là, bien, je dis ça seulement pour qu'on s'éclaire mutuellement.
Le Président (M. Matte) : C'est
beau. Ça va? Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Juste pour revenir sur... Parce que mon collègue de Lévis a raison. Puis en
même temps, rappelons-nous, il y a la
politique type. Tu sais, quand vous dites : Oui, mais, là, c'est juste des
grandes lignes, il y aura quand même une politique type qui va venir
guider. Mais elle sera calquée nécessairement sur ce qui sera adopté au moment
où on va adopter le projet de loi. Donc, oui, ça va ressembler à ce qu'on leur
demande de faire.
• (20 h 10) •
Le Président (M. Matte) : Ça va? Est-ce
qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir?
Je soumets au
vote, à ce moment-là... Là, ce que j'ai compris, c'est que l'amendement avait été adopté. Vous avez
demandé du temps pour pouvoir rediscuter, et je suis rendu... Est-ce que
l'article 3 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Matte) : Adopté. Donc, nous sommes rendus à
l'article 4. J'invite la ministre, à ce moment-là, à nous faire la
lecture de l'article 4.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, sur mon cahier à moi, de travail, c'est
marqué «remplacement». Donc, vous
avez compris que j'aurai un amendement qui va venir remplacer l'article 4
tel qu'il est écrit présentement. Si vous le désirez, je peux vous lire ce qui est écrit... ou on peut déposer, si ce
n'est pas déjà fait, l'amendement qui va venir corriger l'article 4
pour le rendre plus cohérent avec la volonté que nous avions.
Le
Président (M. Matte) : Je vais accepter que l'amendement soit déposé,
puis après je vais vous inviter à en faire la lecture.
Compte tenu que l'amendement est déposé, je vous
invite, Mme la ministre, à nous faire la lecture.
Mme
Charbonneau : Alors, M.
le Président, je vais me permettre de
vous lire l'article original, puis après ça je vous lis l'amendement.
Alors, dans l'article
original, il était inscrit : «La politique doit prévoir les adaptations
nécessaires, le cas échéant, à son
application par une ressource intermédiaire ou une ressource de type familial
ou par une résidence privée pour aînés visées par la Loi sur les services
de santé et [...] services sociaux.»
Celle-ci... L'article 4
complet serait remplacé par l'amendement déposé, c'est-à-dire :
«4. La politique doit
prévoir les adaptations nécessaires, le cas échéant, à son application[...] :
«1°
une ressource intermédiaire et une ressource de type familial visées par la Loi
sur les services de santé et les services sociaux et tout autre
organisme, société ou personne auquel l'établissement recourt pour la
prestation de ses services, notamment par
entente visée à l'article 108 ou 108.1 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux ou à
l'article 124 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
pour les autochtones [et] cris — j'ai rajouté le "et", mais
c'est "cris";
«2°
une résidence privée pour aînés — visée par l'article 346.0.1 de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux.»
Dans
le fond, M. le Président, cet amendement obligera les établissements à prévoir
les aménagements nécessaires pour que
la politique de lutte contre la maltraitance s'applique, en plus de ce qui
était prévu... ou ce qui était déjà prévu dans le projet de loi tel que
déposé aux organismes, sociétés et personnes qui donnent des services aux
usagers à ces établissements, comme c'est déjà le cas dans le régime d'examen
des plaintes.
Le Président (M.
Matte) : Oui. Un instant, je pense qu'ils sont en train de corriger...
Mme
Charbonneau : Je
m'excuse, M. le Président, on vient
de me dire que j'avais une feuille qui était erronée.
Le Président (M.
Matte) : C'est ça. Ça répond...
Mme
Charbonneau :
Alors, ça répond à votre questionnement, hein?
Le Président (M.
Matte) : Permettez-moi de vérifier avec le député de Lévis si c'était
la même chose.
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : ...la même chose. Alors, je reviens à ma
lecture, M. le Président, puis je reprends l'article 4,
paragraphe 2°, qui dit :
«2° une résidence
privée pour aînés.»
Il
y a moins de mots dans cette phrase-là qu'il y en avait dans l'autre. Mais
j'avais mes documents de la dernière fois,
et, depuis ce temps-là, on a modifié des amendements pour être un peu plus
clairs dans les choses qu'on fait. Alors, M. le Président...
Par
contre, le commentaire revient à la même chose, ça ne change pas le
commentaire. Le commentaire reste le même.
Le Président (M.
Matte) : O.K. Maintenant, je mets à l'étude cet amendement-là.
Une voix :
...
Le Président (M.
Matte) : Pardon?
M. LeBel :
...à l'étude, oui, c'est vrai. Et c'est pourquoi? Pourquoi ces changements-là?
Mme
Charbonneau : Pourquoi on a enlevé la phrase qui était là
auparavant, que je vous ai lue? Ne bougez pas que je la retrouve, ma
phrase.
(Consultation)
Mme
Charbonneau :
Alors, on me rappelle, M. le
Président, qu'il y a
un amendement qui avait été demandé à l'article 2 pour faire la définition d'une résidence privée
pour aînés, c'était le député de Lévis qui l'avait
demandé, on l'avait accordé, ce qui fait qu'on n'était pas obligés de
l'inscrire de la même façon, à ce moment-ci, à l'alinéa 2° de l'article 4.
C'est, dans le fond, encore une fois, un principe d'alléger puis de rester
cohérent avec les choses qu'on a écrites au préalable. Puisque le député
de Lévis l'avait amené en amendement, on l'a corrigé à ce moment-ci.
Le Président (M.
Matte) : Oui?
M.
LeBel : Mais, le paragraphe 1°, pourquoi, tu sais, on semble vouloir rajouter
«tout autre organisme, société
ou personne auquel l'établissement recourt»? C'est quoi, l'objectif, là...
Le Président (M.
Matte) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Dans le fond, c'est pour s'assurer qu'on touche l'ensemble
des résidences reconnues par le ministère de la Santé. Souvenez-vous, dans le
premier, on ne parle pas des résidences qui sont sous la juridiction de l'article 124,
donc les services sociaux pour les
autochtones cris. Alors là, on a ajouté en premier alinéa l'ensemble des ressources de type services
puis, dans le deuxième alinéa, les résidences privées pour aînés, puisqu'on
veut toucher à l'ensemble des institutions qui peuvent recevoir des services en
santé.
Le Président (M.
Matte) : Oui, M. le député de Rimouski.
M. LeBel :
Bon, O.K. Dans l'original, là, c'est : «La politique doit prévoir les
adaptations nécessaires, le cas échéant, à
son application par une ressource intermédiaire ou une ressource de type
familial...» Ça fait que, là, on dit la même chose, visées par la loi.
«Et
tout autre organisme, société ou personne auquel l'établissement recourt pour
la prestation de ses services». De
qui on parle quand on parle d'organismes, sociétés ou personnes auxquels
l'établissement a recours? On parle de...
Mme
Charbonneau : Je voulais juste être sûre que c'était
exactement ça, mais on vise particulièrement... bien, pas particulièrement, mais les entreprises
d'économie sociale avec qui on a des services, des échanges. On ne veut pas
rien échapper, donc on essaie de l'écrire
pour s'assurer qu'on touche à l'ensemble des gens qui offrent des services à
nos aînés, qui passent par le biais du réseau de la santé.
Donc,
dans ça, puis je sais que vous les connaissez bien, c'est pour ça que
j'attendais de m'assurer que c'était ça, mais il y a différents
organismes, et dont les organismes d'économie sociale. Donc, on veut juste...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : Oui, c'est ça. On veut juste s'assurer...
Parce que, dans la première explication, vous avez compris qu'on le
faisait en un bloc et on ne donnait pas l'ensemble des gens. Et, dans cette
volonté, quand on dit : «...société ou
personne auquel l'établissement recourt pour la prestation de ses services»,
souvenons-nous que, dans les services
qu'on offre à nos aînés qui sont en résidence ou qui sont chez eux, il y a
aussi les gens des économies sociales qui
donnent des services. Donc, on voulait vraiment couvrir l'ensemble du spectre
des services qu'ils pouvaient recevoir. C'est pour ça qu'on les a faits
en deux blocs très spécifiques.
Le
Président (M. Matte) : M. le député de Rimouski, ça va? M. le député
de Lévis? Donc, si je comprends bien, est-ce que l'amendement déposé est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Adopté. Est-ce que l'article 4 amendé est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Matte) : Adopté. C'est bien. Nous sommes rendus à l'article 5.
Section II, article 5. Oui?
M. Paradis
(Lévis) : J'aurais un amendement à déposer en 4.1. On va faire le
dépôt, je le lirai par la suite.
Une voix :
...
Le Président (M.
Matte) : Oui, on va suspendre, là, le temps que...
(Suspension de la séance à
20 h 19)
(Reprise à 20 h 21)
Le
Président (M. Matte) : Le
député de Lévis, vous avez déposé l'amendement de l'article 4.1. Je vous invite à le lire.
M. Paradis (Lévis) : Oui, M. le Président. C'est un... Bien, tous les moments sont importants,
c'en est un. On le dépose à ce moment-ci. Article 4.1. J'en fais la
lecture : Insérer, après l'article 4 du projet de loi, l'article
suivant :
«4.1. Tout
professionnel ou membre du personnel d'un établissement qui a un motif
raisonnable de croire qu'il y a maltraitance
envers une personne vulnérable qui y est hébergée [et] qui y reçoit des soins,
des services de santé ou des services
sociaux est tenu de signaler sans délai la situation à la personne responsable
de protéger les personnes vulnérables
contre la maltraitance. Cette obligation de signalement s'impose même à ceux
liés par le secret professionnel, sauf à l'avocat.
«La
personne responsable de protéger les personnes vulnérables doit formuler une
plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lorsqu'un signalement concerne de la discrimination, du
harcèlement ou de l'exploitation au
sens de la Charte des droits et
libertés de la personne (chapitre
C-12) envers une personne vulnérable.
«Malgré la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (chapitre A-2.1) et la Loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé (chapitre
P-39.1), nul ne peut divulguer ou être contraint
de divulguer l'identité de la personne qui a fait un signalement en vertu de la
présente loi.
«Une personne ne peut
être poursuivie en justice pour des actes accomplis de bonne foi.
«Il
est interdit à un employeur ou à son agent de congédier, de suspendre, de
déplacer ou de mettre à la retraite un
salarié, d'exercer à son endroit des mesures discriminatoires ou des
représailles ou de lui imposer toute autre sanction pour le motif qu'il
a accompli.
«L'établissement doit transmettre au ministre, au plus tard le
1er avril de chaque année, un rapport qui fait mention de la nature des signalements et des plaintes qui
ont été portés à sa connaissance et des interventions qui ont été faites,
sans divulguer l'identité de la personne qui a fait un signalement ou une
plainte.»
Alors, vous avez
compris, M. le Président, que, dans ce dossier-ci, on aborde la question de la
dénonciation obligatoire. Et ce que vous avez en main présentement, c'est en quelque
sorte ce que l'on retrouvait dans le projet de loi n° 399 déposé
par l'ex-ministre des Aînés, Marguerite Blais. Vous retrouverez dans cette
façon de faire et ce texte l'ensemble
des articles 8 à 13 du projet de loi n° 399. En
fait, c'est nominément ce qui apparaissait dans le projet de loi qui avait été présenté pour enrayer la maltraitance des personnes vulnérables hébergées dans les réseaux de la
santé et des services sociaux. Alors, c'est carrément de 8 à 13, faisant
en sorte que tous les éléments y soient.
La
base de ça est simple, puis la discussion de ça est importante. Nous avons, je
le rappelle, je l'ai déjà dit... nous avons
une opportunité en or de créer, de faire quelque chose, de provoquer des
changements et surtout de travailler pour les aînés, de les protéger, de faire en sorte que leur environnement
soit plus sécuritaire, dans le contexte des travaux que nous avons présentement. Plusieurs nous ont dit en
audition, lors de la présentation de mémoire, souhaiter qu'il y ait un principe, un article sur la dénonciation
obligatoire. Et, quand je dis plusieurs, bien, c'est plusieurs centaines de
milliers par la voix de leurs
porte-parole. C'est important d'en tenir compte parce que c'est aussi la voix
de la population et c'est aussi et surtout la voix des aînés.
Je pourrais passer en
revue l'ensemble des propos qui ont été tenus par des organisations qui
soutiennent les aînés, qui travaillent à
leur mieux-être, mais je n'en prendrai que deux, la FADOQ qui nous dit dans ses
recommandations, noir sur
blanc : «Rétablir dans le projet de loi n° 115 l'article 8 du
projet de loi n° 399, qui prévoyait l'obligation du témoin d'un acte de maltraitance à en faire la
déclaration.» Ce n'est pas anodin, M. le Président. Je vous rappellerai que la
FADOQ représente des centaines de
milliers de personnes. La FADOQ est venue parler au nom de ceux et celles
qu'elle représente. Les aînés du
Québec savaient et savent la position de la Fédération de l'âge d'or du Québec.
Et je n'en prendrai qu'un autre, et
il pourrait y en avoir davantage, notamment le mémoire déposé par le Conseil
pour la protection des malades sur le
projet de loi n° 115, qui de la même façon demandait que le projet
de loi que l'on étudie présentement ait «plus de mordant», allant
plus loin en amenant aussi son lot de dispositions
pénales pour ceux et celles qui ne répondraient pas à l'obligation de
dénoncer.
Je
ne parle que de ces deux organismes parce que l'ensemble de ceux et celles qui
représentent les aînés ont porté ce discours-là. Il n'y a pas unanimité,
là, tous ceux qui se sont présentés devant la commission n'ont pas tous tenu ce
discours, mais ceux et celles qui parlent au
nom des aînés du Québec nous ont dit clairement : Saisissons le moment,
l'instant important pour se doter
d'un outil supplémentaire pour que plus jamais, au grand jamais nous n'ayons à
vivre et à assister à des moments malheureux, dérangeants pour
l'ensemble du Québec.
S'ajoute
à ça, et je le dirai tout simplement, le maire de Montréal, qui lui-même a dit,
et je prendrai ses mots, mais c'est
ce qu'il a dit... Denis Coderre a dit : Il faut avoir le courage d'aller
aussi loin que ça. Et lui aussi abondait dans le sens de la dénonciation
obligatoire.
M. le Président, on
ne peut pas se permettre, aujourd'hui, d'avancer et d'adopter une loi qui
pourrait encore permettre d'échapper des cas
que l'on voudrait ne plus voir exister. On a maintenant la possibilité de faire
en sorte de dire à tous ceux et
celles qui constatent une situation de maltraitance... de leur dire : Vous
devez, ce sera obligatoire, dénoncer, pour
la protection de nos aînés, pour faire en sorte que pareille situation ne se
reproduise plus, pour qu'on puisse ensuite passer par le chemin dont on parle, le meilleur chemin, pour arriver à la finalité, au traitement et à la finalité de
la situation qui aura été mise
en lumière.
Cette
obligation, c'est le mordant de la loi. Au-delà de faire en
sorte de reconnaître la capacité, puis l'intensité, puis la volonté des organisations de faire en
sorte que nos aînés soient accompagnés...
C'est parfait. Ce qu'il y a à travers tout
ça puis ce dont on jase depuis déjà quelques heures, puis on n'a pas complété,
ça va dans ce sens-là, qu'on permette aux
établissements de se doter de politiques, qu'ils puissent avoir aussi une
liberté d'action en fonction de leur milieu. Ça va, ça se discute, ça se travaille. Ça peut se bonifier, mais ça se
travaille. Mais l'obligation de dénoncer, c'est l'essence même, c'est l'essence même de ce que l'on
souhaite. On veut enrayer, on veut contrer, on veut faire que la maltraitance
ne soit plus là. Il ne faut pas permettre à
quelqu'un d'être témoin de quelque chose, d'avoir peut-être une facilité dans
le cheminement, mais de passer outre, pour mille et une raisons.
Je
pense qu'à cette étape-ci on doit pousser plus loin. Là, je vous présente ce
qui a déjà été reconnu, en tout cas discuté, présenté. Est-ce que ça prend des
balises? Est-ce qu'il faudra, dans notre discussion, faire en sorte que le
gouvernement puisse établir ceux pour qui s'adresse cette dénonciation
obligatoire? Je n'en suis pas là. Pour l'instant, ce que je dis, c'est que c'est le moment de faire
en sorte que l'on puisse avancer avec conviction et éviter qu'ensemble
on puisse se dire plus tard : Ça aurait
été peut-être bien utile, parce que malheureusement on est encore soumis... on
nous présente des cas qui nous font frissonner et des dossiers qui nous
font frissonner.
Alors,
M. le Président, c'est l'essence même de cette présentation d'amendement, sur
lequel on avait déjà commencé à discuter et sur lequel on discutera, je
présume, encore pour quelques minutes.
• (20 h 30) •
Le
Président (M. Matte) : Merci, monsieur... Je mets à l'étude
l'amendement qui a été déposé par le député de Lévis. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, je vais commencer par
dire : Soyons prudents. Je vais le dire comme ça pour commencer, en disant : Quand on dit
qu'il y a des gens qui parlent au nom des aînés du Québec, soyons prudents.
Dans les gens
qu'on a reçus, rappelons-nous, puis peut-être que mon collègue trouve que ces
gens-là ne représentent pas grand monde, mais le Conseil
interprofessionnel du Québec, la fédération... ou Confédération des syndicats nationaux, la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse. C'est sûr que peut-être qu'il pense que
Me Ménard ne représente pas grand monde, puis le Regroupement des
commissaires aux plaintes non plus, puis l'Ordre
des comptables professionnels agréés non plus, puis la centrale syndicale du
Québec non plus. Mais revenons à la
base même des gens qu'on a reçus. Puis moi, je comprends que mon collègue veut
faire un point d'honneur en parlant de
la FADOQ, je le comprends. Par contre, dans les groupes qu'on a reçus,
25 % s'est dit pour l'obligation. Puis, oui, on peut diviser ça
comme vous le voulez, mais je ne fais que citer ce que j'ai devant moi. Puis
vous avez probablement facilement fait le
même calcul, sauf que vous, vous avez voulu annoncer qu'il y a des gens qui
représentent plus les aînés que d'autres.
Moi, je vais
revenir à une base bien simple. Disons-nous que les aînés représentent les
aînés, puis qu'ils ont le droit à une
voix puis ils ont le droit à un chapitre, puis qu'aujourd'hui, là, j'ai entendu
mes collègues me parler d'autonomie puis
de décisions face à cette autonomie-là, puis qu'ils ont droit, nos aînés, de
prendre des décisions autonomes par rapport à leur quotidien, à leurs petits plaisirs, et là, tout d'un coup, ils sont
autonomes puis ils ont le droit de décider. Savez-vous quoi? Ils ont le droit de décider puis ils ont le
droit à une autonomie, mais il ne faut pas que cette autonomie-là soit biaisée
à partir du moment où on se dit : Ils ne pourront pas se prononcer, ils ne
pourront pas savoir.
Alors, j'ai
un peu de difficultés, puis je vais la garder, cette difficulté-là, M. le
Président, parce que, pour moi, un aîné,
ce n'est pas un état de faiblesse. Un aîné, c'est un âge où l'on arrive, un peu
comme quand on arrive à l'adolescence. On appelle ça l'adolescence. Ça
n'enlève pas le sens de la personne, ça n'enlève pas le niveau d'intelligence
qu'il peut y avoir, mais ça nous donne un
sens de vers quel âge il devrait à peu près avoir, à l'adolescence. Un aîné,
c'est la même chose. Ce n'est pas
quelqu'un qui a perdu la tête parce qu'il est rendu à un certain âge, ce n'est
pas quelqu'un qui n'est pas capable
de s'avancer. C'est quelqu'un qui peut, comme un adolescent, comme un enfant,
être dans un état de vulnérabilité,
mais ce n'est pas quelqu'un qui n'a plus de moyen du tout pour s'avancer et
dénoncer des choses. Donc, quand on dit : L'obligation, nonobstant
l'aîné en titre, j'ai de la difficulté avec ça.
Par contre, dans l'amendement de mon collègue,
il y a des articles... Et d'ailleurs les derniers chapitres, là, se rapportent à nos articles de loi à nous, le 11, le
12, l'article 11, l'article 12. Le 15, 14, d'ailleurs, est rattaché
au dernier alinéa de mon collègue,
là. Donc, je ne suis pas contre l'ensemble de son amendement, c'est juste que
ce n'est pas à la bonne place dans
les débats qu'on a en ce moment, ça devrait être plus loin. Mais, si j'avais
voulu faire un copier-coller d'un
projet de loi déposé en 2013, ça aurait été superfacile. On a décidé d'aller
plus loin. On a décidé de l'étudier d'une façon où on pouvait faire en sorte que le filet de sécurité qu'on a en
ce moment sur l'ensemble des mesures qu'on a puis comment on peut les améliorer, c'est ce qu'on
choisirait de faire. Et savez-vous quoi? La ministre qui est devant vous
a fait le choix de dire qu'un aîné a sa voix et il peut la porter.
Par contre, puis j'ouvre une parenthèse qui va
peut-être lui faire plaisir, mais qui ne va pas le contenter, c'est évident, mais, M. le Président, pour les gens qui
sont dans la plus grande vulnérabilité, je ne suis pas fermée, mais ce ne
sera pas à l'article 4, ça va être plus loin.
Mais, ceci dit, ce n'est pas vrai que ma
voisine, qui est considérée comme une aînée, qui est à la retraite, qui habite au quatrième étage du même condo où
j'habite, qui les monte à pied comme moi parce qu'il n'y a pas d'ascenseur,
s'il lui arrive quelque chose, elle n'est
pas capable de le dire. Il y a peut-être des moments où elle ne voudra pas le
dire parce qu'elle va juger que, pour elle, ce n'est pas de la
maltraitance, si, dans sa famille, il arrive quelque chose, puis elle ne veut pas le dire tout de suite parce
qu'elle pense qu'elle peut le régler, mais, la journée qu'elle va le dire, tous
les outils seront en place pour
pouvoir l'aider à s'en sortir puis finir cette histoire-là de façon
respectable. Elle n'est pas obligée de vivre la situation de façon
contraire à sa propre volonté parce qu'on aura mis des contraintes en
disant : Vous avez l'obligation de dénoncer, nonobstant la volonté de
l'aîné et de son environnement.
Le Président (M. Matte) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Ce qu'on est en train de dire là, là, ce n'est pas d'enlever quelque
droit que ce soit aux aînés, là. C'est un
faux débat, ça, l'autonomie, là, puis dire : Vous savez, un tel peut
décider que... Je parle de
maltraitance, je parle de gestes suffisamment importants pour qu'on décide
d'aller de l'avant avec un projet de loi. Si ce n'est pas important, faisons-le pas, là, on va rentrer chez nous,
puis il n'y en aura pas, de problème. Si on considère qu'il ne faut pas aller plus loin, là, qu'on ne
peut rien que clarifier des chemins et des actions, faisons-le, mais ne passons pas des heures et des heures à se doter d'un outil
qui ne nous donne pas la possibilité de faire
en sorte qu'on évite ce que
tous, on redoute.
C'est ça, le projet de loi. C'était ça, en 2013, la volonté. On était prêts, à ce moment-là, à dire : On va faire quelque
chose de plus. On est en 2017.
Que la ministre
dise qu'un aîné pourrait décider de ne pas porter plainte, bien que quelqu'un
considère qu'il y a un acte de maltraitance, regarde, ça, pas
sûr de son raisonnement. Moi, quelqu'un qui est maltraité, il est maltraité, là,
tu sais, je veux dire. À la base, là, c'est
la protection de l'aîné, c'est le but qui est visé. Il n'est pas question
d'enlever le pouvoir décisionnel.
Si la ministre entend puis me dit qu'à travers
notre discussion des paramètres peuvent être mis en place pour justement faire
en sorte que, si quelqu'un voit, il ne se taise pas... C'est ça, l'histoire. Si
quelqu'un voit, il n'a pas le loisir de se taire.
Puis moi, je fais confiance à l'organisation. À partir du moment où il y a
une dénonciation, attention, là, on l'a déjà dit, on l'a dit lors de la présentation des mémoires, la cavalerie
ne descend pas, là, pour mettre des menottes à tout le monde, là. On a un système puis on a des
organisations nous permettant de juger de la pertinence d'une dénonciation,
où ça doit mener. Il y a des gens qui sont
entendus. C'est des gens intelligents, des gens pleins d'expérience qui ont
aussi la volonté de protéger.
Alors,
s'il faut établir des paramètres, peut-être; s'il faut établir des balises,
peut-être. Mais l'objectif fondamental, c'est de faire en sorte qu'un aîné puisse sortir d'une situation de
maltraitance et que, si j'en suis témoin... Quand bien même l'aînée dont on parle demeure au quatrième étage,
qu'elle va faire son épicerie, quand bien même, si je suis témoin de
quelque chose, j'ai l'obligation, au nom du respect que j'ai pour cette aînée,
de dénoncer. Ensuite, les professionnels, auxquels
on fait confiance, vont cheminer. Puis, dans cette dénonciation-là, qui
obligera un traitement, il y aura des actions qui seront prises, et on jugera de la pertinence. C'est ça, l'objectif.
C'est ça, le chemin. C'est ça qu'il fait, le commissaire aux plaintes, quand il reçoit un signalement ou
une plainte, c'est d'analyser tout ce qui aura été mis à son attention, porté à
son attention pour arriver à un aboutissement et à la finalité du traitement.
Ce
que je dis simplement, c'est qu'on a, à ce moment-ci la possibilité, de faire
en sorte que des aînés qui subissent de la maltraitance soient protégés de
façon supplémentaire, sans nier la vision qu'ils ont de leur quotidien. Et, par
mesure de protection, je m'excuse, mais, si quelqu'un s'en prend à qui que ce
soit ici ce soir, je m'obligerai à intervenir s'il y a une action physique
faite à son encontre. Je veux dire, le but de l'exercice, c'est de faire en sorte
qu'on puisse protéger ces gens-là puis faire confiance au système qu'on
met en place.
Moi,
je pense qu'on risque d'échapper encore des cas de maltraitance puis je ne veux
plus qu'on en échappe. Ça suffit. On
est rendus à ce moment-là. Les gens nous le disent... Puis là on ne fera pas de
chicane de chiffres. Je dis simplement
que des organisations qui parlent aussi pour les aînés n'ont sûrement pas
l'impression, lorsqu'ils demandent d'ajouter ce levier-là
supplémentaire, qui n'est pas léger... ils n'ont certainement pas dans leur
proposition l'idée de diminuer l'autonomie
de ceux de qui ils parlent, on est bien loin de ça. On ne veut rien qu'avoir
une façon de ne plus rien échapper,
de faire en sorte que quelqu'un qui est témoin ne puisse plus se taire, au
profit de ceux et celles que l'on souhaite protéger, avec un système qui va nous permettre de nous rendre jusqu'au
bout et de juger de la pertinence de, mais surtout de ne pas en échapper. Alors, je continue à penser
qu'au-delà de ce que dit la ministre il y a moyen de faire en sorte qu'on
puisse se doter d'outils qui sont plus mordants que ceux que l'on présente
actuellement.
Le Président (M.
Matte) : Merci. J'invite le député de Rimouski.
• (20 h 40) •
M.
LeBel : Oui, merci, M. le Président. Moi, l'amendement, je ne
m'attendais pas à quelque chose... il y a beaucoup de choses, puis je trouve qu'il y a beaucoup
d'éléments là-dedans qui se retrouvent ailleurs de toute façon. Moi, je pense
que l'essentiel que le député de Lévis veut
nous amener à prendre conscience, bon, c'est le fait de n'échapper personne
puis s'assurer que, quand il y a un cas de
maltraitance, bien, il y ait un signalement, qu'on ne se pose pas la question,
qu'on signale, tu sais. Pour moi, la
partie de son amendement qui touche
ça, c'est le premier paragraphe, sans la dernière ligne, peut-être,
c'est quand il dit : «Tout professionnel ou membre du personnel d'un établissement qui a un motif raisonnable de
croire qu'il y a maltraitance envers une personne vulnérable qui y
est hébergée ou qui y reçoit des soins, des services de santé ou des services sociaux est tenu de
signaler sans délai la situation à la personne responsable de protéger les
personnes vulnérables contre la
maltraitance.» Pour moi, c'est ça, l'essentiel de son discours. Le reste, on
peut peut-être le rattacher ailleurs. C'est ça,
l'essentiel.
Moi,
j'aimerais ça en discuter, je... On a discuté, on a... et moi, je me disais...
Je ne sais pas si un juriste peut me répondre
ou... la différence entre... «Qui a un motif raisonnable» et la formule «hors de tout
doute raisonnable», c'est quoi, la
différence entre les deux? Moi, je vous le dis, là, c'est parce que
moi, j'étais à l'aise avec cette phrase-là mais avec la formule «hors de tout doute raisonnable». Mais, personnellement, là, il me semble, qu'il y ait un motif raisonnable ou hors de tout
doute raisonnable, ça peut se ressembler. Mais on me dit qu'au niveau... ce
n'est pas la même chose, au niveau juridique ou... Je ne sais pas si quelqu'un
peut m'expliquer.
Le
Président (M. Matte) :
Est-ce que vous acceptez que ce soit un juriste qui réponde à la question
ou vous êtes...
Mme
Charbonneau : Mais
je pourrais donner la réponse, parce
que j'ai le privilège d'en avoir une
assise juste à mes côtés qui m'a soufflé la réponse. Mais, si mon
collègue aime mieux l'entendre...
Dans le fond, c'est le niveau de preuve que la personne a. C'est ce qui fait la
différence entre une ou l'autre des déclarations, c'est le niveau de
preuve que la personne a. C'est l'explication que je viens de recevoir.
Le Président (M.
Matte) : C'est bon.
Une voix :
...
Le Président (M.
Matte) : Oui, vous acceptez?
Mme
Charbonneau :
Ça va me faire plaisir, M. le Président.
Le Président (M.
Matte) : Il y a un consentement pour que... Vous vous nommez, madame?
Mme
Boily-Dupuis (Lydia) : Lydia Boily-Dupuis, donc, légiste à la
Direction des affaires juridiques pour le ministère
de la Santé. C'est le niveau, en fait, là, de détail avec lequel la personne,
là, va avoir, dans le fond, à jongler, là,
c'est le niveau de connaissance pour l'amener à faire son signalement. Donc,
dans un cas, la personne va avoir, on va dire... des doutes vont suffire, tandis que, dans un autre cas, le
niveau de détail ou de conviction devra être plus substantiel, là, pour
aller de l'avant avec son signalement.
Le Président (M.
Matte) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : «Qui a un motif raisonnable», ça veut dire qu'il regarde ça
puis il dit : Il y a un motif raisonnable; moi, je ne peux pas laisser passer. «Hors de tout doute raisonnable»,
c'est que je regarde ça puis il n'y a pas de doute, là, c'est... Ça fait
que «hors de tout doute», c'est plus élevé.
Mme
Boily-Dupuis (Lydia) : Oui, c'est ça. «Hors de tout doute
raisonnable», le niveau va être effectivement, là, plus élevé en termes
de conviction.
Le Président (M.
Matte) : Oui, continuez, je vais donner la parole au député de Lévis
par la suite.
M.
LeBel : Ce que vous me dites, c'est... La phrase qui se lit :
«Tout professionnel ou un membre du personnel de l'établissement qui a
un motif raisonnable», c'est moins fort que si je disais «hors de tout doute
raisonnable».
Mme
Charbonneau : Bien, je me permettrais de vous dire, ce n'est
pas moins fort, mais le niveau de divulgation peut être différent. Si j'ai un doute, je peux le divulguer, je peux,
mais j'ai un doute parce que j'ai vu quelque chose puis je ne suis pas
sûre.
Reprenons
l'exemple, là, de l'infirmier qui passe puis qui voit le petit-fils fouiller
dans la sacoche d'une dame en CHSLD
puis... L'infirmier, il a un doute. Il ne sait pas si le jeune avait le droit
ou pas le droit, il a juste un doute parce qu'il a vu que, pendant que la dame dormait, le jeune a fouillé dans la
bourse de la dame. S'il a l'obligation de, bien, il va revenir sur ses pas, il va s'assurer que... ça ne
finira plus, là. Donc, le doute, c'est suffisamment pour poser le questionnement,
tandis que «hors de tout doute raisonnable», bien, il faut absolument que la
personne ait un ensemble d'éléments qui l'amènent à porter plainte.
Le Président (M.
Matte) : J'invite le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : On veut bien comprendre. J'ajoute au bénéfice de mon collègue que ma
compréhension à moi puis ce que
madame nous dit, c'est assez clair. Le motif raisonnable, dans ma tête à moi,
oblige le signalement parce que, dans l'exemple de la ministre,
quelqu'un aurait vu fouiller puis il considère avoir un motif raisonnable. Le
«hors de tout doute», il va venir dans
l'enquête qui va suivre. Ça fait qu'au terme de l'exercice, là, je veux dire,
il y a quelqu'un qui va juger de la
pertinence, là, je le rappelle, je m'excuse, il y a un processus, là. Si je
signale une situation, si je dénonce
une situation, je veux dire, qui... on l'a dit, là, ça s'en va
à un commissaire, ça s'en va à des gens qui vont juger de la situation.
Alors,
«motif raisonnable», c'est lorsqu'on se dit : Non, regarde, il y a de quoi
qui se passe là. Le «hors de tout doute», bien, c'est l'aboutissement
total au terme de l'exercice.
Le Président (M.
Matte) : Ça va? Oui, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je ne suis pas sur le questionnement
de mon collègue, je vais revenir sur
des affirmations. Mon collègue a dit : On peut aller plus loin, on peut
faire plus. S'il a vraiment pris le texte de l'ancien projet de loi, il se doit, je pense, s'il est honnête, de dire qu'on va plus loin puis on fait plus. Dans l'ancien
projet de loi, il y avait deux choses; on en a beaucoup plus.
D'ailleurs,
je me permettrais, à ce moment-ci, de nous rappeler qu'on ne touche plus juste les
aînés qui sont en services puis en
institution, on touche à tous les aînés du Québec. Et, quand il dit... Puis je
l'entends, là, parce que c'est une
question que je me suis posée longuement. Quand il dit : On se doit de
dénoncer, puis le «doit» devrait être dit, je m'excuse, là, mais tout le monde a l'obligation de dénoncer. Tout le
monde l'a, cette obligation-là morale. M. le Président, vous traversez la rue, vous voyez un événement,
que ce soit un aîné ou pas, si l'événement est criminel, vous vous devez
de le dénoncer. Si vous ne le faites pas,
c'est votre choix, vous allez vivre avec votre conscience, mais tout le monde a
l'obligation.
Donc,
il est faux d'affirmer que tout passe sous le tapis parce qu'il n'y a pas un
«doit» d'écrit dans un projet de loi. Mais en même temps ce «doit» là ne
doit pas priver un aîné de son autonomie et de son autodétermination.
Je vais maintenir
cette volonté-là parce que les aînés du Québec méritent qu'on les traite comme
des adultes autonomes et indépendants. Puis,
je vous le dis, je ne pensais pas que le mot «indépendant» viendrait de la
bouche de la fille de ce côté-ci de la table, parce qu'il pourrait être
dit de mon collègue de Rimouski, mais la volonté qu'on a, au gouvernement, en ce moment, c'est de dire :
La clientèle aînée, c'est une clientèle reconnue, elle est reconnue parce
qu'elle est arrivée à un moment de sa
vie où on dit : C'est un aîné, mais elle ne perd pas toutes ses capacités
parce que c'est un aîné. Par contre,
il y a des gens qui sont en situation de vulnérabilité qui sont peut-être un
petit peu plus proches d'une volonté qu'on a.
Mais, dans
notre volonté puis dans la politique qu'on met en place, on va quand même vers
les caméras, on va quand même vers les ententes socios, on va vers la levée du
secret professionnel. Et je vous le rappelle, là, parce que les gens nous ont interpelés
là-dessus, ils ont dit : La possibilité de levée du secret professionnel
en condition de toute bonne foi,
c'est une bonne chose parce que, si vous nous obligez à dénoncer, la relation
qu'on aura, nous, les professionnels avec nos aînés, elle va changer, ils ne nous feront plus confiance, ils ne
nous feront plus de confidences. Pourquoi? Parce qu'ils vont se dire : À la moindre confidence, le
professionnel va se revirer de bord puis il va avoir l'obligation... Parce
qu'il n'y a pas un professionnel au
Québec qui veut avoir sur la conscience le fait qu'on peut le taxer d'avoir
oublié, de n'avoir pas dit, de ne pas
avoir divulgué parce que dans une loi c'est écrit qu'il a l'obligation. Il faut
que l'aîné ait cette relation-là avec
son professionnel jusqu'au moment où le professionnel juge de bonne foi que
l'aîné ou la personne avec qui il est est
en situation de vulnérabilité et ça répond à certains critères des
maltraitances nommées, dont les sept qu'on a nommées, parce que pour
l'instant on n'en a que sept, parce qu'éventuellement je crois qu'on va en
avoir plus.
Mais il faut
être capable de se dire que l'obligation de dénoncer, là, elle est dans chacun
d'entre nous. Ce n'est pas quelque
chose qui n'appartient pas puis... ce n'est pas quelque chose que je devrais
être obligée d'écrire. Elle appartient moralement à chacun d'entre nous.
Maintenant,
si je l'écris, je viens brimer une relation professionnelle et je viens
d'imposer en plus de mettre en place
un processus, je vous dirais, malsain dans nos établissements. Je dois aussi
mettre en place un processus de punition, ma mère, elle disait ça : Je vais te mettre en punition, de volonté
de sanction qui fait en sorte que je vais avoir plus une politique qui va gérer des contraventions pour ce
qu'on n'a pas dit, plutôt que des actions pour ce que j'ai dit. Alors, il faut
être capable de maintenir cette latitude-là.
Et, comme je
vous disais un peu plus tôt, je ne suis pas fermée à entendre pour les gens qui
sont en très grande vulnérabilité,
mais, pour l'instant, les aînés du Québec ne sont pas des gens dénudés de sens.
Je vous le dis parce qu'en 2013 le PQ
n'a pas dit : Non, on n'en veut pas. Le PQ a dit : On va prendre le
projet de loi puis on va le faire étudier par la chaire de recherche parce que c'est important pour nous de savoir la
bonne chose. Puis la recommandation de la chaire de recherche, c'est aussi de ne pas aller dans ce sens-là parce que ça
va poser des contraintes plus que des ajustements corrects pour les aînés. On ne veut pas des gens
qui vont donner des contraventions pour ne pas avoir divulgué, on veut
des gens qui ont la liberté de le faire pour venir aider nos aînés à sortir de
certaines situations.
• (20 h 50) •
Le Président (M. Matte) : Merci.
J'invite le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Ce n'est pas... Il
n'est pas de question ici d'honnêteté, de pas honnêteté. Tout le monde est
honnête, là, je veux dire. L'honnêteté de dire, tu sais, puis... Bon. Puis le
député doit bien se rendre compte, M. le Président,
me dit-on, là, que, dans le projet de loi, il y a des choses... Ce que j'ai
dit, si la ministre a la volonté d'écouter correctement, là, elle va se rendre que ce que j'ai dit depuis le début,
c'est exactement ça, j'ai dit : Il y a des choses dedans sur lesquelles on avance, puis il y a des choses
qu'on a ajoutées. Je veux dire, je l'ai dit tellement clairement, là, que je
peux bien le répéter, on peut prendre
10 minutes, là, puis la ministre va se rendre compte que je suis bien
conscient qu'on ajoute des choses. Ça
fait qu'on repassera, là, tu sais, l'honnêteté puis... Non, non, attention. Ce
que l'on propose là, c'est d'aller plus loin.
Puis, quand
la ministre nous dit : Si vous ne dénoncez pas, parce que vous avez
l'obligation morale de le faire, vous
vivrez avec, non, parce que le but de l'exercice, ce n'est pas que vous viviez
avec le fait que vous n'ayez pas dénoncé quelque chose que vous auriez dû dénoncer moralement, c'est que, parce
que vous ne l'avez pas fait, il y a quelqu'un qui va avoir subi un cas de maltraitance. Que vous ayez
la morale lâche puis élastique, que ça vous permette de ne pas dénoncer
parce que vous n'avez pas l'obligation de le faire, puis qu'on dit : Vous
vivrez avec chez vous, là, en vous disant : Mon Dieu! j'aurais peut-être dont dû, bien, pendant que vous
dites : J'aurais peut-être donc dû, il y a quelqu'un qui a vécu
quelque chose.
Ce qu'on est
en train de se dire, c'est : Faisons en sorte qu'on puisse véritablement
protéger, dire aux gens : Non, tu vois de quoi, tu le dis, parce qu'on est
rendus là, parce que la société est rendue là, parce qu'on peut se doter d'un
outil supplémentaire, parce que ça se
fait aussi ailleurs, parce qu'on peut le bonifier, on peut le transformer, on
peut le baliser potentiellement. Mais
attention quand on dit : Moralement, vous devez le faire. Si vous ne le faites
pas, bien, tant pis pour vous, vous
vivrez avec en arrivant chez vous, peut-être que vous allez mal digérer, que
vous auriez dû, là, mais... Pendant ce temps-là, il y a quelqu'un avec
lequel on n'est pas intervenu.
Puis, moi,
des gens qui vivent des situations à travers lesquelles on n'intervient pas
puis on se permet de se fermer les yeux, même si moralement on aura un
poids sur la conscience, il faut aller plus loin que ça. Il faut faire
confiance à ce qu'on a comme institutions,
comme organisations, pour ceux qui feront les enquêtes par la suite. Il faut
faire confiance à ce qu'on se donne
aussi comme lois. Puis la ministre dit : On a d'autre chose. Bien sûr
qu'on a... j'espère qu'on a d'autre chose, parce que, si on n'a pas d'autre
chose, on a trois articles, puis demain matin c'est fini, là, on va avoir le
temps de finir à 9 h 30.
Mais il y a autre chose. Ça fait qu'on va continuer, parce que la volonté,
c'est de faire aussi en sorte qu'on ait des outils autour, qu'on ait de
l'accompagnement, tout ça, ça fait partie de...
Ça fait qu'on
est tous bien honnêtes ici, là, puis on veut tous bien avancer aussi, sauf
qu'on a l'opportunité de se doter d'un outil supplémentaire. Oui, ce
n'est peut-être pas facile. Oui, ça demande peut-être des ajustements. Oui, ça demande peut-être des dispositions pour faire en
sorte que quelqu'un qui ne le fait pas devra avoir des conséquences de
ne pas l'avoir fait, bien oui, mais on est là pour ça.
Puis, en
2013, je m'excuse, là, il y avait des gens qui étaient là, qui ont réfléchi
aussi, à un moment donné, à ces articles-là,
là. Tu sais, ils ne sont pas... Bien, j'imagine que, depuis 2013 à maintenant,
là, tous ceux qui se sont penchés sur
ce dossier-là savaient que la notion d'autonomie existait, là. Puis il y a des
gens qui étaient là, il y a des gens qui sont encore avec nous puis qui étaient de la partie à ce moment-là. On ne
reculera quand bien même pas, il faut se donner la chance d'avancer. On
ne fera pas deux pas en avant puis trois en arrière.
Alors,
si on est rien qu'ici pour bonifier des choses, puis replacer des cheminements,
puis éclairer les gens sur... ça fait
partie de, mais on peut aller plus loin. Et moi, je pense qu'on a ce devoir-là.
Moi, dans ma tête, on l'a. Ça ne veut pas
dire qu'on est de la même opinion. Ça se peut que nos idées se confrontent puis
ça se peut qu'on ne soit pas d'accord, puis
c'est correct, c'est l'exercice qui veut ça. C'est ça, la démocratie. C'est ça,
la volonté qu'on a de faire en sorte de se doter d'outils qui ne sont pas là présentement puis d'avoir le courage
de le faire. Et moi, je pense que c'est le moment de l'avoir. Ceci dit,
M. le Président, bien, je...
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Rimouski.
M.
LeBel : Regardez, moi, là,
je reviens à ce que je disais tantôt. Moi, je suis plutôt d'accord avec les
premières lignes, mais je pense que
l'essentiel est qu'il n'y ait pas de signalement pour rien, tu sais, que... Tu
sais, il ne faut rien échapper, mais en même temps il ne faut pas qu'il
y ait des signalements à tort et à travers, tu sais, il faut que...
Et c'est pour
ça que j'accroche sur «qui a un motif raisonnable», puis c'est pour ça que je
posais la question : C'est quoi,
la différence entre «qui a un motif raisonnable» et «hors de tout doute raisonnable»?
Moi, «qui a un motif raisonnable»... Puis
je le dis, là, moi, je suis plutôt d'accord avec l'amendement, sauf les
dernières... Moi, je garderais les cinq premières phrases. Je pense que c'est ça, l'essentiel. Mais,
si on dit que la personne doit signaler, est tenue de signaler, il faut être
bien sûr qu'il n'y aura rien de superficiel.
Ça fait que,
moi, qu'il y ait «un motif raisonnable», c'est quoi, «un motif raisonnable»? Je
trouvais que la formule «hors de tout
doute» était plus... elle venait chercher... tu n'as pas de doute, là, c'en
est, et là tu y vas. «Qui a un motif», ça peut... Puis tu as vu qu'il y a maltraitance, tu n'as pas... tu n'as
aucun doute, là, c'est clair, c'est ça, tu signales. Un motif, je ne sais pas trop ça va être quoi, un motif.
C'est-u quelque chose que tu as entendu ou... Je ne sais pas trop. Et là tu
peux avoir... Je ne sais pas si le
député de Lévis comprend ce que je veux dire, là. C'est pour ça, j'essaie de
trouver une solution.
Pour moi, si
quelqu'un tombe dans la rue, c'est clair qu'il faut que tu ailles aider, la loi
le dit, il faut que tu portes secours. Pour moi, c'est un peu la même chose,
là, tu sais. Si tu n'as aucun doute qu'il y a un cas de maltraitance, que
la loi t'oblige à signaler, moi, je... c'est une volonté du législateur. Moi,
je trouve que ça a du sens.
J'aimerais ça avoir, si possible... qu'on
suspende. J'aimerais ça pouvoir en discuter un peu, voir c'est quoi...
Le Président (M. Matte) : Si c'est
la volonté des intervenants.
Je suspends les travaux pour quelques minutes
afin qu'on puisse, là, essayer de tenter d'éclaircir ça. Ça va?
(Suspension de la séance à 20 h 56)
(Reprise à 21 h 7)
Le
Président (M. Matte) : ...lecture
du sous-amendement tel qu'il nous est présenté actuellement. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Ça fait qu'on est
revenus. Oui, c'est un peu comme j'expliquais tantôt. Moi, je veux dire, au
début de nos travaux, j'étais à
l'écoute, là, par rapport à tout le débat, sur le fait de... le signalement
obligatoire, là, tu sais. Au début,
je me disais : Signalement obligatoire, ça veut-u dire que, si tu ne
signales pas, tu as des pénalités ou si... bon, c'était un peu... Mais là je sens que la volonté du député de
Lévis, ce que j'ai entendu aussi des groupes, ce n'est pas ça, dans le fond, c'est d'avoir une déclaration qui ressemble à celle qui fait en sorte qu'on est obligé d'aider quelqu'un
qui est en difficulté, tu sais, qui...
Tu es dans le chemin, quelqu'un est en difficulté, est en danger, tu as une obligation
d'intervenir. C'est un peu le même
sens qu'on veut amener, c'est que, si tu trouves des cas de maltraitance, tu es
obligé d'intervenir.
Ça fait que l'amendement que j'amène, c'est un sous-amendement sous
l'amendement du député de
Lévis, c'est... Bien, j'ai
l'impression que toute la mécanique qui est là-dedans, je vais dire comme le
député disait ce matin, c'est superfétatoire,
on peut le retrouver plus tard, mais l'essentiel est dans le premier paragraphe.
Moi, je suis plus à l'aise avec
l'idée que, si tu n'as aucun doute, tu n'as aucun doute, hors de tout doute
raisonnable qu'il y a de la maltraitance,
bien, tu es obligé de signaler, tu dois, tu
es tenu de signaler le cas de maltraitance. Ça fait que l'amendement va dans ce
sens-là, c'est retirer la mécanique qu'on pourra retrouver plus tard.
Je pourrais
le lire, là. Sous-amendement à l'article 4.1 : Modifier l'amendement à l'article 4.1
par le retrait des cinq derniers
alinéas puis par le remplacement des mots «a un motif raisonnable de croire», au
premier alinéa, par les mots suivants : «Est témoin ou a
connaissance, hors de tout doute raisonnable, qu'il y a maltraitance envers une
personne vulnérable». C'est le
changement.
Et je pense
que, par ça, on arrive à l'objectif aussi du député
de Lévis et de ce que les groupes
sont venus nous dire, plusieurs
groupes sont venus nous dire. Et, la chaire de recherche, si je me souviens
bien, on a posé des questions...
(Interruption)
M.
LeBel : ...n'est pas d'accord!
Mais, la chaire de recherche, je me souviens, on avait posé des questions,
et, les filles qui étaient là, madame...
Une voix : Beaulieu.
M.
LeBel : ...Beaulieu, ce
n'était pas catégorique, ce n'était pas de dire : Non, non, on n'en veut
pas, on n'en veut pas. Si c'est bien
inscrit dans la loi, si la volonté est bien inscrite, je n'ai pas l'impression...
Je n'ai pas senti qu'ils étaient contre épouvantablement. Au contraire,
ils pensent que... il y avait une volonté là.
Ça fait que je propose cet amendement-là, qui,
je pense, pourrait rallier tout le monde, à mon avis.
Le Président (M. Matte) : C'est
bien. Donc, je mets à l'étude le sous-amendement. Mme la ministre.
• (21 h 10) •
Mme
Charbonneau : J'entends la bonne volonté de mon collègue puis
je pense qu'il dépose en toute bonne foi. Amusons-nous un peu avec les
mots parce que c'est exactement ce que vous faites.
Par contre,
vous maintenez un principe auquel je n'adhère pas, c'est l'obligation. Je crois... et je suis sincère quand je le dis, je n'essaie pas de patiner, là, je vous le dis, là :
Quand il n'y aura aucun doute, je pense que personne ne va pas dénoncer. La personne qui n'aura aucun doute va
dénoncer. Celle qu'on veut aller chercher, celle à qui on veut donner
des outils à travers le projet de loi pour pouvoir le faire, c'est celle qui pourrait avoir des doutes, celle
qui voudrait faire un signalement.
Je pense que
la chaire de recherche nous a dit : On comprend la volonté de vouloir mettre en place l'obligation, mais on oublie l'autodétermination. On comprend la
volonté de... Là, c'est l'électricité qui va nous lâcher! Il y a
le vent, après ça il y a
l'électricité. Bon, il y a des génératrices, qu'on m'a déjà dit, ici, qui
pouvaient nous soutenir encore un bout. Mais la levée du secret
professionnel fait en sorte qu'on met en place un processus qui vient donner
des outils à notre professionnel. Et je vous
le dis et je le dis en toute sincérité, là, je ne sais plus comment le dire, parce que
je ne veux pas qu'on pense que je
suis de mauvaise foi, mais un professionnel qui n'a plus de doute va mettre en
place le processus. En ce moment, là, ça arrive. Ça arrive sous une forme différente,
mais ça arrive, un professionnel qui n'a aucun doute de ce qui se passe le fait. Ce qu'on veut faire, c'est
aller chercher un processus qui fait en sorte que l'ensemble des gens,
l'ensemble de la population va se servir des outils qu'on a.
Moi, je
comprends la volonté de trouver un juste milieu. Moi, je ne crois pas que le
juste milieu, il est là. Je pense qu'il est peut-être à un endroit où on
va parler d'une forme de vulnérabilité, puis ce n'est pas tout de suite. Mais, pour l'instant, ce
qu'on a devant nous, c'est une obligation qui va se présenter à tout le monde et qui fait en sorte, malheureusement...
qui
oublie l'autodétermination de nos aînés. Puis je ne serais pas portée à le
répéter comme ça à tout vent — parce que le vent est fort aujourd'hui! — mais
la volonté qu'on a, c'est de pouvoir permettre aux aînés du Québec
de maintenir leur autodétermination,
de respecter cette volonté-là puis de mettre
en place les outils pour les aider,
et pas juste les aînés, aider les
professionnels, les gens qui sont aux services de santé et des services sociaux,
aider les gens qui sont dans les organismes communautaires, aider la sécurité publique par le biais du comité
sociojudiciaire. Je pense que le projet
de loi sera perfectible dans
l'ensemble de ses articles mais devra maintenir le principe de
l'autodétermination d'un aîné au Québec.
Mais je vous
le répète, M. le Président, si quelqu'un n'a aucun doute raisonnable, il n'y en a pas, de doute, là, parce
que,
pour toutes sortes de raisons, il est capable de faire la preuve de ce qu'il
avance, il a tous les outils, dans cette loi, telle qu'elle est écrite, sans même les autres amendements
qu'on va apporter, pour dénoncer, maintenir la sécurité de la relation entre l'aîné et le professionnel et faire
en sorte qu'on le sort d'une situation misérable. Il y en a peut-être
encore, des situations de
maltraitance. Ce qu'on cherche à faire, c'est de donner tous les outils
possibles. Et les cinq outils précis dans le projet de loi fait en sorte
qu'on répond à cette demande-là.
Le Président (M. Matte) : D'autres
intervenants? Le député de Rimouski.
M.
LeBel : Pour moi, là, c'est
assez clair, là, on dit que quelqu'un qui est témoin ou a connaissance hors de tout
doute raisonnable est tenu de signaler. Ça fait
que je ne vois pas qu'est-ce qui...
Tu sais, là, j'ai essayé de sortir tout ce qui pouvait être des ouï-dire, des affaires que j'ai entendues ou que je
n'ai pas vues mais quelqu'un m'a dit qu'il s'est passé, on enlève tout ça pour être sûr que, quand tu signales, bien, tu
as été témoin ou tu as eu connaissance puis hors de tout doute. Il me semble que c'est «basic», là.
Puis tu dis : Quand tu es témoin puis tu as connaissance hors de tout
doute, tu es tenu de signaler. Je ne
vois pas trop de gros problème là, là, puis il me semble que c'est ça que le
projet de loi veut faire.
Là, on a tout
enlevé la partie définition de la maltraitance, on ne veut pas trop en dire.
Là, on va dire : Oui, on va signaler,
mais on ne veut pas trop en dire. Tu sais, le projet de loi, il faut qu'il ait
quand même du mordant, là, à quelque part,
il faut quand même qu'il donne... qu'il dise ce qu'il veut faire. Puis ce qu'il
veut faire, c'est qu'il n'y ait plus, de maltraitance, puis, quand il y a un cas de maltraitance, qu'on le
signale puis qu'on agisse. Ça fait que c'est un peu ça que la proposition amène, puis se sortir des ouï-dire,
puis se sortir de ce qu'on a entendu dire ou je ne sais pas trop quoi... ou
des vents mauvais, je ne sais pas. Mais il faut être capable de signaler.
Ça fait que, moi, je pense, l'amendement, le sous-amendement vient mettre un peu
plus de mordant à la loi, là. Il ne
faut pas qu'on sorte d'ici avec une loi qui ne mord pas, là, qui n'amène rien
de plus, là, il me semble. En tout cas.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Là, on fait du... on est sur la route, là, c'est
ce qu'on fait, là, dans... pas là, on
va l'être tantôt, mais l'important, c'est la destination. La destination, dans ma
tête à moi, c'est de faire en sorte
qu'on se donne un outil supplémentaire. Ça passe, dans ma vision des choses,
par la dénonciation obligatoire.
Alors, ce que
le collègue député de Rimouski propose de modifier, on est là, il y a un objectif
à atteindre. Dans ma tête à moi, il
est assez clair puis il est assez bien exprimé. Je sais que la ministre,
M. le Président... en
tout cas, j'ai le sentiment, je sais, parce que
je ne peux pas vraiment savoir, tout peut changer tout le temps, mais j'ai l'impression que, son point
de vue, elle y tient. Moi, j'ai ma
vision des choses, puis on va continuer à jaser. C'est ce qu'il y a de beau
dans ce qu'on fait présentement.
Je prends son
raisonnement à l'envers. Tout à
l'heure, honnêtement, là, quand on dit : Vous êtes témoin, moralement vous devriez, on ne dira pas que vous êtes obligé,
vous vivrez avec si vous ne le faites pas, moi, j'ai bien de la misère avec
ça, bien de la misère avec ça. La ministre,
M. le Président, nous dit : Quand quelqu'un, un
professionnel, il n'a pas de doute,
il va le faire. La ministre a un bon coeur, puis, oui, dans le meilleur des
mondes, tout le monde est gentil puis tout le monde dénonce, puis tout le monde fait en sorte que tout le monde soit protégé. Mais l'affaire bien plate, là,
c'est que, pour les enfants comme
pour les aînés, comme pour les femmes, les hommes puis tout le monde, pour les humains, là, il y
en a toujours qui ne font pas ce qu'on pense qu'ils devraient
faire, puis ça prend des règles. C'est plate, là. On a forcé les gens à s'attacher, à un moment donné, dans leurs voitures, là, puis bien des gens disaient : Ah! pourquoi
il a fallu qu'on s'oblige? Tu sais,
puis, oui, il y a des règles de circulation, si tu dépasses... On pourrait dire
aux gens, là : Ne roulez pas vite,
là, parce que c'est dangereux. Non, on dit : Si tu dépasses tant, il y a
de quoi, il y a des conséquences, tu sais. Ça fait qu'il y en a toujours
qui ne feront pas ce que l'on souhaiterait qu'ils fassent.
Alors là, on
dit... Puis le raisonnement à l'envers, c'est que, pas de problème, si, pour la
ministre, M. le
Président, tous ceux qui n'ont pas de doute vont dénoncer,
mettons-la, l'obligation, ça ne changera strictement rien. Ça ne changera
strictement rien parce qu'ils vont dénoncer de toute façon. Si je prends son
raisonnement à l'envers, là, puis c'est très logique,
ce que je dis, là, raisonnement à l'envers — c'est très logique — à partir du moment où tu as une règle puis tout le monde la respecte, bien, regarde,
elle est là, mais, je veux dire, les gens n'ont pas besoin de... ils la
respectent.
Mais on n'a
pas de garantie de faire en sorte que tous ceux qui interagissent avec nos aînés
aient ce réflexe-là qu'il serait normal de dénoncer. Je continue à
penser qu'il faut aller jusque-là, je continue à penser qu'en 2017 il faut
aller jusque-là. Et la proposition de mon collègue, c'est de faire
en sorte que cette dénonciation-là
soit encore plus sérieuse si pour
d'aucuns on croit qu'on pourrait avoir des motifs utiles de dénoncer, qu'il
puisse y avoir des guerres de, là. Moi aussi, je fais confiance au genre humain, ça fait que moi, je n'ai pas cette
vision-là, mais certains le pensent, alors allons là, tu sais.
Puis, je vais
vous dire, plus que ça, M. le
Président, au bout de l'exercice,
parce que la ministre va certainement
dire quelque chose, moi, j'ai même... j'ai
d'autres possibilités, là. La ministre, tout à
l'heure, a ouvert une porte, je
devance, là, elle a ouvert une porte
en disant : Oui, mais là pas tout
le monde, tu sais, peut-être
certains, pas tout le monde. Regarde, on continue à jaser, puis, je vais vous dire, je vais y aller, dans
cette voie-là. Puis on essaie d'établir puis de mettre en place des règles, des paramètres, etc. Je vous dis qu'aujourd'hui,
à travers ceux et celles qui nous parlent, ma perception, la mienne, c'est qu'on se doit d'avoir un projet de loi qui deviendra une loi, qu'on attend depuis longtemps,
puis qui nous permettra ensuite de
dire : On a fait, puis on a doté, puis on a placé tout ce qu'il fallait
pour qu'ensemble on n'ait pas à se rappeler d'une manière
ou d'une autre des événements malheureux qu'on aurait pu éviter.
Alors, en ce
sens-là, je comprends l'intention de mon collègue. Je continue à demander à la
ministre de réfléchir à tout ça.
Le Président (M. Matte) : Merci.
D'autres intervenants? Mme la ministre.
• (21 h 20) •
Mme
Charbonneau : M.
le Président, on avait un doute un peu sur les législations qui nous
appartiennent. L'article 2 de la charte québécoise des droits et de...
Une voix : Des libertés.
Mme
Charbonneau :
...des libertés — mon
Dieu! elle écrit comme un médecin! — l'article 2 dit, puis j'espère
que ça va rassurer mon collègue : «Tout être humain dont la vie est en
péril a le droit au secours.
«Toute
personne doit porter secours à celui dont la vie est en péril, personnellement
ou en obtenant du secours, en lui
apportant l'aide physique nécessaire et immédiate, à moins d'un risque pour
elle ou pour les tiers ou d'un autre motif raisonnable.» Nous avons la
prétention de croire que la charte couvre la partie de l'obligation.
Tantôt, quand
j'ai dit... Puis je le sais, que ça... À chaque fois que mon collègue le
répète, là, j'essaie de respirer un peu, parce que je ne veux pas qu'on
arrive au moment où on se moque un de l'autre, on n'est pas là pour ça, mais, quand j'ai dit : Tout le monde a l'obligation
de porter secours puis après ça doit vivre avec ce qu'il a vu ou vécu, ce
n'était pas pour dénigrer les faits,
ce n'était pas pour enlever la possibilité de poser des gestes, c'était pour
dire qu'on a tous une conscience,
puis il faut vivre avec. Je ne veux pas dire que je ne veux pas mettre quelque
chose parce que je ne veux pas jouer
dans la conscience des gens. Non. Je ne veux pas jouer dans l'autodétermination
des gens, puis je ne veux pas que personne n'ait de doute pour ne pas
dénoncer.
Alors, je ne
veux pas mettre une obligation de... un doute obligatoire, tu sais, sans même
s'interroger, en se disant : Je
l'ai vu, l'oeil au beurre noir; je le sais, que je vais le dénoncer. Je pense
que ça, ça arrive. Mais il faut se laisser cette latitude-là où on dit : J'ai un doute qu'il pourrait y avoir un geste
de fraude qui se pose envers cet aîné-là, je vais aller voir les règles puis je vais faire en sorte que je
vais dénoncer. Puis, dans ma dénonciation, que je ferai de bonne foi, la loi
prévoit que je serai protégé. Puis, si j'ai un doute puis je pense que j'ai
besoin d'en savoir plus, la loi m'assure une réglementation pour poser une
caméra pour venir appuyer mes dires. Puis, si ce n'est pas dans une institution
puis je ne peux pas poser une caméra, mais j'ai besoin d'aide, la loi me
procure un comité sociojudiciaire sur lequel je peux m'appuyer puis qui va accompagner mon aîné à sortir de son histoire.
Mais j'aurai toujours la latitude de dire : Je n'ai pas suffisamment de doutes, ou : J'en assez.
Ça sera mon jugement qui fera en sorte que je pourrai dénoncer, si je le veux.
Et par une loi et par des outils j'aurai de quoi faire ma plainte dans une
conformité qui fait que mon aîné va avoir un soutien et une aide.
Je comprends mon collègue
quand il dit : On se doit de, mais, à chaque fois qu'on doit, à chaque
fois qu'on impose, on enlève une
autodétermination à l'aîné que je n'accepterai pas. Je le dis dans ces mots
simples là parce que j'en rencontre
comme lui, comme mes deux collègues, je les rencontre dans mon quotidien, les
aînés. Ils m'interpellent via mon
Facebook, ils m'interpellent via le téléphone, des courriels et des rencontres
avec des gens. Et, à chaque fois que je
rencontre des aînés, je vous dirais qu'à la limite ils me servent un
avertissement puis ils me disent : N'essayez pas, là, vous, le gouvernement, de mener ma vie, là, je
suis capable de mener mes affaires. Puis, si vous voulez m'aider, bien, donnez-moi des outils pour gérer mes affaires,
mais ne venez pas gérer mes affaires. Et, quand je le dis comme ça, je ne leur donne pas un rôle d'autorité, je dis
juste : Ils ont une autodétermination qu'on se doit de respecter.
L'obligation qu'on a, par contre, c'est de mettre en place un processus juste,
clair et aidant qui fait en sorte que, si on a besoin d'un outil pour
aller plus loin dans l'intervention qu'on a à faire, on peut le faire.
Et on peut
penser que... Les infirmiers sont venus nous dire qu'ils ne voulaient pas qu'on
divulgue obligatoirement parce que,
parce que. Ce n'est pas parce qu'ils sont syndiqués qu'ils sont venus nous dire
ça, c'est parce que, dans leur quotidien
puis dans leurs relations qu'ils ont avec différentes personnes, ils ne veulent
pas avoir cette relation-là de toujours avoir le doute de l'obligation de la divulgation, ils veulent avoir cette
relation-là où ils se disent : Je peux peut-être l'interroger, mon aîné, puis peut-être qu'il va me
dire que je suis dans le champ, mais je peux lui en parler parce que j'ai
ce privilège-là de la relation
professionnelle. Puis, si je sens qu'il est en train de s'enliser dans une
histoire sans fond puis qu'il ne veut
pas d'aide parce qu'il est honteux, bien, je vais faire en sorte que je vais
lui apporter de l'aide avec ce que je sais
puis comment je peux le faire avec les outils qu'on m'offre, puis je serai
protégé dans ma divulgation parce qu'elle est faite de bonne foi, et mon
aîné sera accompagné de façon professionnelle.
À partir du moment où je compare ma relation
d'aide avec une contravention de char, M. le Président, c'est exactement
là que je ne veux pas aller. Je ne veux pas que la divulgation soit compromise
par une volonté de sanction. Je ne
veux pas faire des sanctions, je veux mettre tous les outils en place pour
faire en sorte qu'au gouvernement du
Québec on protège les aînés puis qu'on donne les outils à l'ensemble de
la société pour aider à les protéger.
Je comprends ce que mon collègue veut faire, je ne suis pas dénudée de sens, puis je pense
que tout le monde se pose
la question entre le «doit» et le «peut». Cette fois-ci,
c'est dans le «peut» qu'on trouve la solution parce que c'est là que l'ensemble des professionnels et de M., Mme Tout-le-monde
vont trouver leur solution, et non dans le compromis qui dit, si tu es un professionnel, et je te pose le
«doit»... tu sais, je dis que tu dois faire quelque chose, je viens de
compromettre la relation entre la personne et le service rendu.
On a l'obligation de mettre en place un processus d'aide, pas un processus de punition. On se
doit de mettre en place un
processus qui fait que tous les outils sont en place. Je ne
le sais plus, comment le dire. Puis je le sais, qu'à chaque fois que je l'explique à ma façon mon collègue
va me l'expliquer à la sienne. Puis, honnêtement, M. le
Président, là, on a peut-être chacun raison, mais l'obligation qu'on a, c'est de faire une loi claire, précise, qui met en place des
outils, puis le «doit» vient démolir tous les arguments sur juste le
«peut».
Le Président (M. Matte) : Oui, M. le
député de Rimouski.
M.
LeBel : Bon, ce que vous
avez cité au début, là, la charte, là on parle de vie ou de mort, on parle de quelqu'un qui est en train de mourir sur le
bord du chemin. Là, on ne parle pas de la même affaire, là.
Mme
Charbonneau : ...plus
de doute à ce moment-là, M. le député.
M.
LeBel : Non, non, mais là on
ne parle pas de la même chose. Là, là-dedans, tout ce que je dis, là, puis c'est pour ça qu'il ne faut pas trop... C'est ça,
tout ce que je dis, c'est que «quelqu'un est témoin ou a connaissance hors de
tout doute raisonnable», il est témoin et connaissance hors de tout doute, il
est tenu de signaler. Je ne vois pas de gros problème
là-dedans. Tu sais, tu es témoin, tu as vu, tu as connaissance, puis c'est hors de tout doute. Là, là, qu'est-ce c'est que tu fais? Tu signales. Écrire ça, je ne vois
pas trop de gros problème là.
Puis, pour le
reste, la protection de la personne aînée, la protection de la personne qui a
signalé, il y a plein de choses
dans votre projet de loi qu'on pourra attacher pour assurer de protéger tout le monde, mais qu'on signale ça, qu'on dise
ça en début de projet de loi parce
que c'est ça qu'on veut, on ne
veut pas échapper personne, on ne veut pas qu'il y ait un cas de maltraitance qui passe. Qu'on dise ça,
qu'on déclare ça, que tu es témoin ou tu as connaissance hors de tout doute raisonnable — tu sais, ce n'est quand même pas rien, là — tu
as vu, tu as connaissance hors de tout doute, bien, tu es tenu de signaler. Le reste, là, la
mécanique, comment on va faire pour protéger cette personne-là, comment qu'on
va faire pour respecter l'autonomie de la
personne aînée, il y a plein de choses dans le projet de loi qu'on peut amender ou
améliorer pour s'assurer qu'on protège tout ce monde-là, mais, voyons donc, un projet de loi qui parle de la maltraitance, si on
n'est pas capable de dire ça, affirmer ça, que tu es témoin ou tu as connaissance hors de tout doute... que tu dois signaler, il y a quand même un
problème, là.
Un député
ici, pour les anciens, disait qu'il y
avait un malaise dans le problème. Là, je pense qu'il y en a un gros, un gros malaise dans le problème.
Il me semble qu'on est capables... Tu sais,
j'essaie de... J'ai compris... Au début, on se disait : Ça peut être
compliqué si tu ne signales pas, que tu sois... Tu sais, j'ai eu plein de questionnements,
moi aussi. Je l'ai fait, là, mon cheminement là-dedans. Mais là tout ce que je
sens qui est par cet... par mon sous-amendement, c'est qu'on fait juste affirmer, on affirme que, si tu es témoin ou tu as
connaissance hors de tout doute qu'il y a un geste de maltraitance, tu es tenu de signaler. Il
me semble qu'on vient de s'assurer que rien ne va passer puis qu'on ne dérapera
pas sur des mauvais signalements.
Moi, je pense qu'on vient, là, de trouver une solution. C'est parce que
c'est le gros morceau, hein? Puis moi, le sous-amendement,
je pense que c'est une voie de sortie. Sinon, on va arriver avec d'autres, là,
on va revenir à l'amendement, on va revenir avec des sous-amendements. On n'est pas sortis de l'auberge! Puis, je pense,
c'est ça qu'on... on devrait profiter de ce que je
propose. Merci.
Le Président (M. Matte) : Je
remercie le député de Rimouski.
Compte tenu de l'heure, je dois ajourner les
travaux sine die. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 21 h 29)