(Dix
heures deux minutes)
Le Président
(M. Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 77, Loi
sur l'immigration au Québec.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) sera remplacé par
M. Girard (Trois-Rivières); Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger) par
M. Bernier (Montmorency); et Mme Lavallée (Repentigny) par
Mme Roy (Montarville).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Picard) : Merci. Lors de l'ajournement de nos travaux la semaine dernière, nous
en étions rendus à l'étude de l'article 41. Y a-t-il des
interventions? Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Alors, on avait suspendu l'article 26,
et c'était une proposition d'amendement du député de Bourget. Alors, on a procédé à l'amendement, que
je voudrais distribuer. Si le député est d'accord, il pourrait le
proposer.
M. Kotto :
Soyez bien aise.
Le
Président (M. Picard) : Un instant, Mme la ministre.
Avant, nous devons suspendre l'article 41, parce que nous étions à 41. Donc, est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'article 41? Ça va? Merci. Donc, j'aurais
besoin maintenant d'un consentement pour revenir à l'article 26.
Consentement? Ça va. Et, Mme la ministre, vous déposez un amendement à
l'article 26, c'est ça?
Mme Weil :
Oui, mais je voulais voir si — parce que ça vient du député de Bourget,
comme on a fait pour Montarville — le député de Bourget souhaiterait le
proposer.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Bourget.
Une voix :
...
Le Président
(M. Picard) : Je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 4)
(Reprise à 10 h 6)
Le Président
(M. Picard) : Nous reprenons nos travaux, et je cède la
parole à Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Alors, juste pour nous remettre dans le
contexte, c'est qu'il y avait une volonté commune, suite à l'initiative du député de Bourget,
de voir si on pouvait être plus spécifique par rapport à «connaissances linguistiques». Parce que
la langue française, ce sera toujours un critère. Alors, c'était de le nommer dans un
genre de «notamment». Alors, on dit : «tels que la formation,
l'expérience professionnelle».
Mais
la connaissance du français, c'est sûr que ça sera toujours, toujours dans la grille de sélection.
Donc, on ne voyait pas du tout de
risque, au ministère de l'Immigration, de rajouter ça précisément. Et je pense
que ça vient rassurer tout le monde aussi, que ça demeure un élément
très important du processus de sélection.
Le Président
(M. Picard) : Merci. D'autres interventions?
M. Kotto :
Oui, M. le Président.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Effectivement, la remarque initiale portait sur la réserve que nous exprimions
relativement à l'usage du verbe
«pouvoir» : «Cette grille peut comprendre des critères de sélection tels
que la formation, l'expérience professionnelle et les connaissances linguistiques.»
La formulation
inspirait une approche optionnelle, ce qui disparaît dans cette proposition qui
vient davantage préciser l'impératif de la connaissance du français et
nommément le français. C'est un bon compromis, je dirais.
Le Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Roy
(Montarville) :
Oui.
Le Président
(M. Picard) : Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Je salue l'amendement, dans la mesure où, en
remplaçant les termes «peut comprendre» pour «comprendre», c'est
impératif, là. Ce n'est pas qu'une possibilité, mais ce sera là.
Et,
cependant, corrigez-moi, parce qu'on avait eu une petite discussion, il y a
quelques jours, lorsque l'article avait été suspendu. Malgré le fait que le texte soit modifié tel que proposé
par cet amendement, il n'en demeure pas moins que le gouvernement peut
changer, de façon unilatérale, le nombre de points requis dans sa grille sur la
connaissance du français, et ça, par simple décret. C'est comme ça que ça se
fait, t33out simplement?
Mme Weil :
Oui. C'est comme ça que ça a été fait les dernières fois. D'ailleurs, qui a été
augmenté.
Une voix :
...
Mme Weil :
C'est ça. Mais, évidemment, c'est toujours fait avec beaucoup de sensibilité
par rapport à l'objectif de la contribution de l'immigration à la
pérennité du français et de préserver cet acquis mais de le promouvoir aussi.
Mme Roy
(Montarville) :
Et, comme vous le disiez lors de nos échanges précédents... ma question était
la suivante : Avez-vous l'intention de changer ce fameux nombre de points
relativement à l'apprentissage de la langue française? Et vous m'avez dit...
Mme Weil :
Non, pas l'intention de changer le niveau 7.
Mme Roy
(Montarville) :
Parfait. Parce que vous avez eu des pressions à cet effet durant la commission
parlementaire. Enfin, certains suggéraient qu'on devait baisser peut-être le
nombre de points.
• (10 h 10) •
Mme Weil :
Je vous dirais que ça a toujours été... Peut-être pas, non. Honnêtement, c'est
personnel beaucoup. Parce que c'est toujours un défi, hein, la question
de la langue et la question d'intégration en emploi dans la langue française.
Donc, c'est sûr que les gens avec un niveau 7 sont mieux équipés pour
intégrer le marché de l'emploi.
Donc,
il y a deux facteurs importants, oui, donc : la pérennité de la langue
française, préserver une société francophone
et tout, mais là il y a beaucoup d'outils qu'on a à notre disposition. Mais, en
immigration, qu'est-ce qu'on a, nous?
Il y a deux leviers. C'est la sélection de gens de plus en plus francophones.
C'est pour ça que le nombre a augmenté ces
dernières années, mais on a aussi aidé les gens à apprendre le français avant
d'arriver par des cours de français partout dans le monde avec des
alliances françaises. C'est important de le souligner. On donne accès au FEL,
le programme Francisation en ligne, qui fait
en sorte que les gens maîtrisent bien la langue. Donc là, on est rendus à
90 % des requérants principaux
qui parlent français à leur arrivée. Ça a beaucoup augmenté, ces dernières
années. Mais le critère de sélection, la grille, ça aussi, c'est un
autre facteur.
L'autre levier qu'on
a, évidemment, c'est pour tous ceux qui ne sont pas sélectionnés, qui ne sont
pas des travailleurs qualifiés. Mais le
regroupement familial des réfugiés, évidemment, il n'y a pas de sélection.
Donc, c'est de nous assurer de cette
offre diversifiée. C'est tout ça qu'on a mis dans la politique, une
francisation adaptée. Donc, ça, c'est l'autre
levier qu'on a, c'est la francisation, mais de faire une promotion très
dynamique de notre offre, de nous assurer d'ouvrir des classes de
francisation plus rapidement en région.
C'est là où, oui, en
effet, les commentaires... Mais, honnêtement, la politique a été déposée même
avant cette deuxième phase de consultation.
Mais, la première consultation : consensus sur ces questions-là. Alors,
nous, au ministère de l'Immigration,
on regarde un peu l'évolution de l'immigration, des bassins, de l'immigration
qui arrive chez nous, et il faut adapter l'offre. Il y a des gens qui
intègrent aussi plus rapidement le marché du travail, mais ils ont besoin d'un
français plus d'appoint pour concorder avec la profession dans laquelle ils
travaillent.
Alors,
il y a toutes sortes de situations. Donc, je vous dis que c'est les deux
leviers. Donc, c'est pour ça que je vous dis que, non, le niveau 7, c'est quand même... Moi, j'avais
introduit le test linguistique. On n'avait même pas de test avant, la personne faisait une autoévaluation. C'est un
peu ça, là. Alors, là, le test, c'est objectif, et puis ensuite le
gouvernement précédent a augmenté au
niveau 7. Je n'ai pas remarqué beaucoup de commentaires cette fois-ci, par
exemple. Je ne sais pas si vous avez noté ça. Pas trop? Sur cette
question?
Le Président
(M. Picard) : Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Oui. Pour ma part, c'était beaucoup
patronal, où on disait que peut-être que les gens... on devrait être
moins exigeants, parce qu'ils l'apprennent en travaillant, ils l'apprennent
entre eux, ils l'apprennent en parlant entre eux. Il y avait ces sons de cloche
là.
Mais, de
toute façon, vous nous confirmez ce matin que, pour vous, il n'est pas question
qu'on touche au niveau, puis que ça demeure au niveau 7. C'est ce
que vous nous dites. Je vous remercie, Mme la ministre.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à
l'article 26 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Nous revenons sur l'article 26 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 26, tel qu'amendé, est adopté? Adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Nous revenons à l'article 41, s'il y a consentement de tous.
Mme Weil : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
Oui. Mme la ministre, l'article 41.
Mme Weil :
Peut-être, pour qu'on puisse se replonger... Parce qu'on arrive vraiment au
coeur du projet de loi, hein? La série d'articles qui viennent ici, on
est au coeur du système de déclaration d'intérêt. Alors, je pensais que
peut-être ce serait utile de relire l'article 41 et la note qui explique
l'objectif de l'article 41. Donc :
«Dans les cas
prévus par règlement du gouvernement, un ressortissant étranger ne peut
présenter une demande de sélection sans y avoir été invité par le
ministre.
«Celui qui
souhaite être invité à présenter une demande doit déposer, auprès du ministre,
une déclaration d'intérêt à séjourner ou à s'établir au Québec.»
Donc, le
premier alinéa de cet article établit la règle selon laquelle un ressortissant
étranger ne peut, dans certains cas, présenter une demande de sélection
sans y avoir été invité par le ministre. Cet alinéa habilite le gouvernement à
prévoir par règlement les cas où cette règle s'applique.
Le deuxième
alinéa prévoit qu'un ressortissant étranger doit déposer une déclaration
d'intérêt à séjourner ou à s'établir au Québec auprès du ministre s'il
souhaite être invité à présenter une demande.
Alors, il
s'agit ici évidemment du droit nouveau, hein? Donc, on n'a pas de comparaison
avec la loi actuelle. Il y a quand
même des comparaisons avec le projet de loi n° 71. Donc, cette disposition
pose le principe de base du système de la déclaration d'intérêt. Et, afin de pouvoir introduire un modèle de
gestion de la demande basée sur la déclaration d'intérêt, il est proposé d'habiliter le gouvernement à
déterminer des cas pour lesquels un ressortissant étranger ne pourra
présenter une demande de sélection sans avoir préalablement déposé une
déclaration d'intérêt.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 41? Ça va? Donc, s'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 41 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Article 42.
Mme Weil : «Le ministre
dépose dans la banque des déclarations d'intérêt celle du ressortissant
étranger qui satisfait aux conditions de dépôt déterminées par règlement du
ministre.
«Les
conditions de validité d'une déclaration d'intérêt, dont sa durée, ainsi que
les effets de son invalidité sont déterminés par règlement du gouvernement.»
Selon le
premier alinéa de cet article, la déclaration d'intérêt d'un ressortissant étranger qui satisfait aux
conditions de dépôt est déposée dans la
banque des déclarations d'intérêt par le ministre. Cet alinéa habilite le ministre
à déterminer les conditions de dépôt par règlement. Le deuxième alinéa
habilite le gouvernement à édicter un règlement déterminant les conditions de
validité d'une déclaration d'intérêt, dont sa durée, ainsi que les effets de
son invalidité.
Le Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 42?
M. le député de Bourget.
M. Kotto : Oui. M.
le Président, j'avais une question
pour la ministre. Est-ce
qu'elle peut préciser? Parce que, lors des
consultations, l'année dernière, il était question de se référer — toujours relativement à la déclaration
d'intérêt, et on en a également reparlé avec l'article 2 du projet
de loi — aux
besoins du marché en termes de main-d'oeuvre et aux capacités du Québec d'accueillir
et d'intégrer. Je résume un peu.
Est-ce que c'est toujours un lien
qu'on peut faire avec cet article? Est-ce qu'au-delà des règlements qui sont
ou qui seront élaborés à la discrétion de la
ministre, ces choix qu'elle fera ou ces invitations qu'elle lancera seront
toujours en lien avec les besoins
réels et les capacités objectives, même si le terme «objective» n'a pas été
retenu comme amendement à l'article 2? Est-ce que le lien sera
toujours à la base des décisions de la ministre?
Le Président
(M. Picard) : Mme la ministre.
Mme Weil :
M. le Président, j'aimerais préciser que cet enjeu auquel se réfère le député,
on pourra y parler, à l'article 44. Je
pense que ce qui est important d'expliquer, je pense, c'est le graphique. On
pourrait toujours le distribuer. C'est
utile pour bien comprendre le processus de déclaration d'intérêt. On pourrait
faire des copies pour tout le monde? C'est
simple, c'est le visuel de la première étape, c'est-à-dire la validité. Parce
que les gens doivent déposer... c'est très sommaire, c'est leur profil, c'est la déclaration d'intérêt, dans une
banque. Mais il y a des conditions de validité : la personne doit
avoir 18 ans.
Premièrement, on va
déterminer par règlement quels sont les programmes qui exigent ou qui sont
soumis à la déclaration d'intérêt. Pour l'instant, c'est les travailleurs
qualifiés. Est-ce que, dans l'avenir, ça pourrait être d'autres programmes? Donc, le règlement va le déterminer et
tous les éléments de validité de cette déclaration d'intérêt. S'il y a
un élément de validité qui n'est pas présent, la déclaration d'intérêt n'est
pas retenue pour examen.
Donc, on est à cette
étape-ci, la première étape, et, à l'article 44, on sera sur l'enjeu
soulevé par le député, c'est-à-dire les
conditions de dépôt, disons, au guichet emplois d'Emploi-Québec, c'est-à-dire
des candidatures qu'on retient parce
qu'on trouve le profil très intéressant. Mais ça, c'est vraiment la première
étape, dont la durée de validité, qui pourrait être un an. C'est notre vision
des choses. Donc, la personne dépose...
M. Kotto :
C'est bon.
Mme Weil :
Vous comprenez, là?
M. Kotto :
C'est clair pour moi, oui, tout à fait. O.K.
Mme Weil :
Ici, on a arrêté vraiment à l'article, là, ici, 41 essentiellement... peut-être 42.
Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Vous avez répondu en
partie à ma question. À l'alinéa deux de l'article 42 :
«Les conditions de validité d'une déclaration d'intérêt, dont sa durée, ainsi
les effets de son invalidité sont déterminés
par règlement du gouvernement.» Donc, on le dit, c'est du droit nouveau. Ma
question était : Quelle sera cette durée? Vous nous dites :
Bien, on espère un an pour ce qui est de la validité. C'est ce que vous
proposez?
Mme Weil :
Oui, un an.
• (10 h 20) •
Mme Roy
(Montarville) :
Donc, au bout d'un an, la déclaration devient caduque si la personne n'a pas
été sélectionnée, puis devra refaire... Est-ce que la personne est informée ou
le saura qu'au bout d'un an il faut qu'elle recommence, là?
Mme Weil :
Oui.
Mme Roy
(Montarville) :
Parfait. Merci. Ah! bien, attendez. Dans la même veine, juste pour bien
comprendre : actuellement, lorsque des gens sont invités, là, c'est la
façon premier arrivé, premier servi, là. Les demandes restent combien de temps?
Mme Weil : Bien, c'est jusqu'à ce que ça soit traité. C'est
pour ça que ça peut prendre très longtemps, le traitement des dossiers. C'est une durée de... ça peut aller à trois ans avec
l'inventaire qu'on a. C'est pour ça que c'était urgent de passer à ce
nouveau système.
Mme Roy
(Montarville) :
O.K. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Bourget.
M. Kotto : Juste une autre question de précision, M. le Président. À ce stade-ci, il n'y a aucun déboursé de la part du prétendant?
Aucun déboursé financier?
Mme Weil : Une légère tarification pour le traitement, mais qui est concordante avec
le traitement et le temps que ça prend.
M. Kotto : Et, dans
l'hypothèse où la demande n'est pas retenue au bout du cheminement, est-ce que
le prétendant est remboursé?
Mme Weil :
Non, il n'y a pas de remboursement, parce que le traitement en soi a un coût.
Alors, l'État charge ce coût pour refléter le traitement.
M. Kotto :
O.K. Et donc, au bout d'une année, à partir du moment où le prétendant se
réessaie, il faudrait qu'il débourse des sommes supplémentaires
relativement au traitement de son dossier.
Mme Weil : Pour revenir?
M. Kotto : Oui.
Mme Weil :
C'est-à-dire... Une nouvelle fois, oui. Mais c'est sûr que le candidat va
essayer d'examiner pourquoi sa candidature n'a pas été examinée. Il
pourra aller sur le site s'informer sur qu'est-ce qui rendrait sa candidature
plus intéressante pour le gouvernement du
Québec — normalement,
c'est ce qu'ils font — et quelles seraient les formations d'appoint qu'il faudrait
prendre. Ils vont s'informer. Ils ont la capacité d'aller en ligne pour
s'informer de toutes ces choses-là, si c'est
une question de reconnaissance de compétences, par exemple, s'enquérir auprès
de l'ordre professionnel en question
ou un métier réglementé. Au niveau de l'éducation, il y en a qui vont décider
de venir étudier au Québec pour avoir
un diplôme québécois, par exemple, qui va rehausser beaucoup leur candidature
pour l'immigration permanente.
M. Kotto :
O.K. Est-ce qu'il serait de bon ton de prévenir le prétendant qu'il ne serait
probablement pas remboursé dans l'hypothèse où sa déclaration d'intérêt
ne serait pas retenue?
Mme Weil :
Bien, dans les normes, les normes de tous les systèmes d'immigration où il y a
tarification, il n'y a jamais de
remboursement. Donc, ce n'est pas dans les attentes d'un candidat ou d'un
demandeur d'être remboursé. Ils savent qu'ils doivent payer pour ça,
pour ce traitement, que c'est des frais administratifs, essentiellement.
M. Kotto : O.K. Merci.
Le
Président (M. Picard) : D'autres interventions? S'il n'y a
pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 42.
Est-ce que l'article 42 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Article 43.
Mme Weil : M. le
Président, j'ai un amendement à déposer.
(Consultation)
Le Président
(M. Picard) : Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Alors,
l'amendement que je dépose, c'est de remplacer le premier alinéa par le
suivant :
«Le ministre détermine les critères ou les
groupes de critères sur la base desquels il invite des ressortissants étrangers
à présenter une demande de sélection conformément à l'article 10 ainsi que
leur ordre de priorité. Il peut également
effectuer un classement des ressortissants étrangers notamment par
l'application d'un pointage ou selon que les critères ou les groupes de
critères d'invitation soient, ou non, satisfaits par chacun de ceux-ci.»
Alors, je ne sais pas si vous voulez que je lise
l'article en entier avec l'amendement.
Le Président (M. Picard) :
Allez-y, Mme la ministre. Oui, ça serait intéressant.
Mme Weil :
Oui. Alors, le texte modifié serait... Ça, c'est le texte actuel. Le texte
modifié : «Le ministre détermine les
critères ou les groupes de critères sur la base desquels il invite des ressortissants étrangers à présenter
une demande de sélection conformément à l'article 10 ainsi que leur
ordre de priorité. Il peut également effectuer un classement des ressortissants
étrangers notamment par l'application d'un pointage ou selon que les critères
ou les groupes de critères d'invitation soient, ou non, satisfaits par chacun
de ceux-ci.
«La décision
du ministre est valide pendant une période maximale de 24 mois et peut
être modifiée en tout temps au cours
de cette période. Le ministre publie la décision à la Gazette officielle du
Québec et sur tout support qu'il juge approprié. Cette décision
prend effet à la date de sa publication ou à la date ultérieure qui y est
fixée.
«Un critère
d'invitation peut être — oui, c'est important — un
pointage, une condition ou un critère de sélection ou tout autre critère relatif à la capacité d'un
ressortissant étranger à séjourner ou à s'établir au Québec avec succès,
tel un métier, une profession ou une
formation. En outre, un tel critère d'invitation peut notamment être une région
de destination au Québec, un pays ou une région affecté par une crise
humanitaire ou l'existence d'un engagement international.»
Commentaires.
Cet amendement permet au ministre d'établir un
classement des ressortissants étrangers dans la décision ministérielle qui doit être publiée à la Gazette officielle
du Québec. L'article 44 du projet
de loi prévoit déjà que le ministre
puisse établir ce classement, mais il ne prévoit pas que cette décision doive
être publiée à la Gazette officielle du Québec. Ainsi, l'amendement offre une plus grande transparence quant au pouvoir décisionnel du ministre.
L'amendement précise aussi que la décision peut déterminer des groupes de
critères.
Donc, ici,
juste pour expliquer, suite aux discussions qu'on a eues tant en consultation
mais entre nous aussi, cet effort de transparence, donc... Parce
que l'article 44, on le verra tantôt, on ne prévoyait pas de publication
pour le classement. Mais là dans 43, on
vient dire qu'il y aurait une publication à la Gazette officielle. Donc,
ça va s'appliquer à l'article 44. Donc, c'est par souci de
transparence.
Le Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. Commentaires? Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Merci, M. le Président. Je ne suis pas sûre de bien comprendre votre
version modifiée, l'article 43, au deuxième alinéa, quand vous
dites : «La décision du ministre est valide pendant une période maximale de 24 mois...» Juste pour
m'aiguiller, de quelle décision parle-t-elle? Parce qu'il y a bien des
décisions, là, dans le processus
d'immigration. Parce qu'à moins que
je ne m'abuse, dans le premier alinéa, on ne parle pas de décision.
Alors, c'est juste, là, je veux juste savoir
de quel type de décision il s'agit. Donc, il y a une décision qui est valide
pour deux ans.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Écoutez,
je vous reviens dans deux secondes. On n'a pas besoin de suspendre.
(Consultation)
Mme Weil :
Oui, c'est implicite, là, mais c'est des décisions de critères ou groupes de
critères. Bon. Donc, si on regarde le
texte modifié, là, le deuxième paragraphe : «Le ministre publie la
décision à la Gazette...» Donc, c'est par rapport à ces critères
de sélection. Et un critère d'invitation inclut tout ce qui est dans ce
troisième paragraphe, là. Bien, c'est-à-dire...
Non, ça, c'est le texte actuel. C'est le classement, pointage, critères ou
groupe de critères. Donc, c'est ça, la décision dont on parle.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : O.K., donc, si je comprends bien, «décision»
signifie les critères où le choix des critères du ministre est valide
pendant un maximum de 24 mois, c'est ça?
Mme Weil : Oui, c'est
ça.
Mme Roy
(Montarville) : Parce que, moi, «décision», je le voyais en
termes de jugement, là, tu sais, une décision, alors que c'est le fait
de choisir qui est une décision.
Mme Weil : Oui, en
termes de détermination des critères, c'est ça.
Mme Roy
(Montarville) :
O.K.
Le Président (M. Picard) :
D'autres commentaires?
M. Kotto : J'ai une
question pour la ministre, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Bourget.
• (10 h 30) •
M. Kotto :
Est-ce que la ministre envisage une consultation dans la perspective de
l'établissement des critères, une consultation
de la Commission des partenaires du marché du travail, notamment, ou le Conseil
du patronat, qui avait ici exprimé
l'importance que cet état soit modulé en fonction des besoins du marché du travail, ce qui nécessiterait une consultation des employeurs et de leurs associés? Est-ce que
ces consultations préalables seraient faites dans le
dessein d'avoir des éléments de référence tangibles sous les yeux?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme Weil : Tout à
fait. Il y a toujours
des processus de consultation internes au MIDI avec tous les
partenaires, mais il y a
certains privilégiés, évidemment Emploi-Québec, la Commission
des partenaires du marché du travail...
Je ne sais pas s'il y a d'autres organismes qui sont dans la liste de consultation.
Peut-être...
Une voix : ...
Mme Weil : Il y a le Comité des intervenants économiques.
C'est très important, ces consultations,
parce que le MIDI exécute, hein, un
système, mais qui est alimenté par des réalités toujours, toujours changeantes,
notamment le marché du travail, le flux des migrants, la mobilité de la main-d'oeuvre, des
pénuries, etc. C'est tous ces facteurs. Et c'est pour ça qu'on parlait beaucoup de l'importance d'une
flexibilité parce que le système d'immigration ne doit pas être lourd, il
doit être flexible, justement à cause de ces
situations changeantes. Donc, la question est très pertinente, dans le sens
que, oui, évidemment, il faut consulter en tout temps.
M. Kotto :
Et il y avait une demande de la Fédération canadienne des entreprises
indépendantes à l'effet d'intégrer dans les critères des travailleurs
non qualifiés. Est-ce que c'est une proposition que vous avez également
retenue?
Mme Weil : Ça, c'est un
enjeu qui est difficile. D'ailleurs, à la dernière consultation en 2011, on
avait fait la même demande. Parce qu'il y a
des secteurs qui vivent des pénuries. Notre réponse, c'est de ne pas abaisser
le niveau de compétence, de
scolarité, etc., pour les travailleurs qualifiés. C'est par souci de
vulnérabilité, aussi, de ces personnes, si... bon. Mais ça ne veut pas dire que, par des projets pilotes,
lorsque — surtout
en région, c'est là qu'on le voit surtout — il y a des pénuries aiguës, qu'on
voudrait tester certaines idées... Et ces projets pilotes ne sont pas encore
bâtis, hein, ça va vraiment refléter des
acteurs d'une région qui diraient : Nous, bien... On entend beaucoup...
par exemple, en transformation alimentaire,
et peut-être que le Programme des travailleurs étrangers temporaires n'est pas
assez flexible ou autre chose.
Alors là,
moi, dans ma tête, ce que j'imagine, c'est qu'on pourrait dire : Bon, un
projet pilote, mais, dans ce projet pilote, on pourrait accompagner le
projet pilote avec une certaine formation pour les personnes qui arriveraient
pour rehausser leur profil, aussi, pour les
sécuriser aussi, parce que, peut-être, c'est des gens qui voudront rester
éventuellement. Alors, c'est toutes ces
considérations... dans une autre étape, lorsque la loi sera adoptée, ces
réflexions vont débuter au ministère, mais beaucoup avec les différents
milieux. Je pense que vous l'avez vu, la réaction des intervenants était très
positive par rapport à ça. Donc, ça, c'est ma réponse à cette question.
On ne veut
pas fermer la porte entièrement, surtout qu'on a quand même beaucoup de
personne qui nous arrivent quand même
qui ne sont pas sélectionnées. Vous l'avez vu avez l'accueil des réfugiés, il y
a à peu près 6 000 réfugiés de toute nature qui sont, on dit, sélectionnés, mais d'autres qui sont
admis ici, c'est des demandeurs d'asile. Certains ont des compétences particulières et beaucoup de
scolarité. Mais d'autres, non. Donc, il faut s'attarder à intégrer ces
personnes aussi au marché du travail, c'est tout l'équilibre du marché du
travail...
Il y a le projet de loi n° 70 qui regarde
ça, la formation de nos jeunes, pour les attirer vers des secteurs qui
connaissent des raretés, des pénuries. Alors, quand je vous parle d'équilibre,
pensez beaucoup au projet de loi n° 70 actuellement qui met beaucoup
l'accent sur l'adéquation formation, éducation et marché du travail. Et nous,
c'est adéquation sélection, marché du
travail. Alors, les deux projets de loi sont complémentaires dans cette
dimension-là, et tout ça doit se
faire en préservant l'équilibre du marché du travail pour les Québécois aussi,
hein, évidemment. Tu sais, tout ça, c'est pour le Québec qu'on fait ça.
Alors, c'est ma réponse.
M. Kotto : Merci.
Le Président (M. Picard) :
Ça va? Pas d'autres interventions? Donc, je vais mettre aux voix l'amendement à
l'article 43. Est-ce que l'amendement à l'article 43 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Picard) : Adopté. Maintenant, nous revenons
à l'article 43 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions? Puisqu'il n'y a pas d'intervention,
je mets... l'article amendé. L'article 43, tel qu'amendé, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Merci. Article 44.
Mme Weil : M. le
Président, je voudrais déposer un amendement, toujours en couleur.
(Consultation)
Le Président (M. Picard) :
Vous pouvez y aller, Mme la ministre.
Mme Weil : Donc, je vous
lis l'amendement, M. le Président :
Remplacer le premier et le deuxième alinéa par
les suivants :
«Le ministre
invite des ressortissants étrangers à présenter une demande de sélection sur la
base de la décision prise en vertu de l'article 43.
«Le ministre détermine le nombre de
ressortissants étrangers invités selon un critère ou un groupe de critères d'invitation, selon leur ordre de priorité ou
selon un classement, en tenant compte, notamment, de sa capacité de traitement, du plan
annuel d'immigration, de toute
décision prise en vertu des articles 49 et 50, des besoins du marché du travail du Québec ou des
perspectives d'insertion professionnelle.»
Donc, commentaires. Bon. Cet amendement apporte les modifications de concordance nécessaires à la suite de l'amendement proposé à l'article 43. Enfin, il
vient préciser que le nombre de ressortissants étrangers invités est
déterminé en tenant compte des besoins du marché du travail du Québec et des
perspectives d'insertion professionnelle.
Le Président
(M. Picard) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement
à l'article 44?
M. Kotto : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Bourget.
M. Kotto : Je comprends bien
que le projet de loi est restreint aux besoins du marché du travail, à
l'insertion professionnelle, on en a débattu à l'article 1,
relativement à l'amendement que je suggérais alors dans une
perspective de prise de conscience du milieu
dans lequel le nouvel arrivant s'inscrirait société d'accueil à majorité
francophone, etc. Il nous a été rappelé par la ministre que ce n'était
pas l'objet du projet de loi. Ici, on précise les «besoins du marché du travail
[et les] perspectives d'insertion professionnelle».
Est-ce que, dans le concept de perspectives
d'insertion professionnelle, on y comprend également la capacité d'intégration de la personne? Pourquoi je pose la question,
M. le Président? Parce qu'il
y a un défi auquel nous sommes
tous confrontés, c'est celui de la
discrimination à l'emploi. Il y a des employeurs qui sont très réticents à l'effet
d'engager un certain profil de
nouveaux arrivants. Au-delà des critères de compétence et de leurs talents professionnels,
il y a d'autres vecteurs notamment culturels qui ne sont pas toujours
énoncés, mais qui sont pris en considération quand on analyse le rejet
d'une candidature quant à l'embauche dans une quelconque entreprise.
Alors, je
repose la question : Est-ce que, dans le concept de
perspectives d'insertion professionnelle, cet aspect de capacité culturelle
d'intégration est pris en considération?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
• (10 h 40) •
Mme Weil : Oui. Écoutez,
c'est vraiment des critères très objectifs ici. C'est un système de sélection.
La préoccupation que nous avons, le gouvernement, se retrouve beaucoup dans la politique.
Donc, il faut d'une part sélectionner des
gens qui ont tout ce qu'il faut pour bien intégrer le marché du travail, parce que c'est là les obstacles, c'est vraiment le... Les gens qu'on
sélectionne actuellement selon le système qu'on a actuellement, on regarde les perspectives d'insertion, on regarde le marché du travail... L'objectif, c'est au moins 60 % des gens qu'on sélectionne qui
ont un profil qui correspond. Mais,
par ailleurs, il y a des gens avec beaucoup de diplômes très intéressants qui sont
sélectionnés, mais qui n'arrivent pas à intégrer le marché du travail.
Donc, ce système
nous permet d'aller beaucoup plus loin pour nous assurer que les gens ne
soient pas déçus dans le nouveau projet de vie, leur projet de vie
qu'ils ont choisi, c'est-à-dire de venir ici.
L'expression «perspectives d'insertion
professionnelle», c'est quand même assez pointu. Dans une certaine profession, est-ce que la personne aura par exemple... pourra avoir accès à une formation d'appoint dans son domaine? Si c'est impossible parce que ça n'existe pas, bon,
ses perspectives — c'est
un critère très objectif — ne
seront pas bonnes. Alors, la politique
vise à faire deux choses : réformer en profondeur notre façon de
sélectionner avec des critères beaucoup plus pointus, régionalisés, mais aussi de
travailler la participation, la pleine participation pour plusieurs raisons.
Il y a beaucoup de gens qui sont arrivés depuis un certain temps qui souhaitent
s'intégrer, puis c'est des gens très talentueux,
qui ont des compétences et puis on ne veut pas gaspiller leurs talents. Ils
sont déçus. Ils veulent contribuer, et souvent
ce n'est pas à la hauteur de leurs compétences, et tout ça, donc il faut
s'y adresser. Mais il y a aussi des gens qui nous arrivent par ailleurs
par d'autres voies d'immigration, notamment les réfugiés, le regroupement
familial.
Je dirais
aussi que, pour bien regarder comment le Québec réussit à répondre à
ses besoins, il ne faut pas oublier les travailleurs temporaires, d'où
l'importance de réformer le programme de travailleurs étrangers
temporaires — et
les discussions se poursuivent avec le
gouvernement fédéral — mais aussi parce qu'on a cet objectif très important qui
est exprimé dans la politique et dans la
loi, c'est d'amener ces gens-là à choisir l'immigration permanente. Et c'est
par cette voie-là qu'on peut avoir, comment dire, une variété aussi de
personnes. Ils sont choisis peut-être parce qu'ils ont une compétence très, très précise que l'entreprise
cherchait, mais ils peuvent y arriver pour d'autres raisons. Mais c'est
des gens qui sont déjà intégrés. Donc, quand
vous parlez de... ça m'a fait penser à ça, votre question, capacité
d'intégration. C'est la voie temporaire, les
étudiants étrangers, les travailleurs temporaires. C'est peut-être cette
catégorie-là qui a les meilleures
perspectives d'intégration parce qu'ils sont déjà sur la voie de l'intégration.
Alors, ma réponse, il y a plusieurs dimensions à cette réponse qui
tiennent en compte plusieurs articles du projet de loi et la politique aussi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui, merci. Mme la ministre, je lis le texte modifié, l'article 44,
et on ne peut pas le lire sans faire référence non plus aux
articles 49 et 50, qui vont ensemble. Deuxième alinéa de 44 :
«Le ministre détermine le nombre de
ressortissants étrangers invités...»
Alors là, on
parle bien des invitations, des déclarations d'intérêt. On ne parle pas ici
du plan pluriannuel qui s'en vient, là. C'est deux choses.
Mme Weil : Pour
répondre...
Mme Roy
(Montarville) : Oui, allez-y.
Mme Weil :
Oui, alors, c'est la catégorie des travailleurs qualifiés. Mais, dans le plan,
on a des cibles pour chaque catégorie, des cibles pour le regroupement
familial. Évidemment, ça dépend de discussions avec le fédéral. On soumet notre plan au gouvernement fédéral et le gouvernement fédéral respecte notre plan par rapport au regroupement familial. On
évalue notre capacité par rapport aux réfugiés, le nombre, et c'est toujours
des fourchettes. Et les travailleurs qualifiés,
il y a une fourchette aussi pour les travailleurs qualifiés et tout ça doit
respecter le plan, en effet. Mais on est dans la rubrique et le
programme des travailleurs qualifiés.
Mme Roy
(Montarville) :
Et, quand on parle du plan d'immigration, ça comporte le fameux pluriannuel
pour le nombre d'immigrants dont il était question la semaine dernière, là?
Mme Weil : Exactement. Donc, le plan pluriannuel, donc c'est ce
printemps qu'on va regarder un scénario qui sera arrêté, proposé. Et là on écoute, bon, les commentaires de tous et chacun, les experts, les groupes, les partenaires,
bon, pour voir... deux éléments importants :
oui, les seuils, mais aussi la composition. Je ne veux pas prévoir trop, trop,
mais c'est sûr qu'on va regarder des éléments de composition — alors
travailleurs temporaires, étudiants étrangers — qui vont alimenter l'immigration permanente, comme
on avait fait la dernière fois, on avait augmenté le nombre de 50 % à 60 % de personnes qui
auraient un profil qui répondait aux besoins du marché du travail, par exemple.
La composition est importante, hein,
c'est-à-dire... Et donc nous, on va mettre sur la table des orientations sur la
composition, et là les gens auront des commentaires.
Par exemple, on a des
ambitions par rapport au nombre de personnes qui vont provenir de l'immigration
temporaire, et on veut être ambitieux, et on
veut se donner des objectifs aussi de croissance, on veut faire une
promotion dynamique du programme PEQ, le Programme
de l'expérience québécoise pour avoir plus d'étudiants. Donc, ensemble,
on détermine justement cette composition et le volume. Les deux sont
interreliés, le succès de l'un détermine aussi le volume, et c'est toujours sur une période de temps. Ensuite, donc,
dépendamment est-ce que c'est sur trois ans, quatre ans, cinq ans, et
ensuite, une fois que c'est adopté, le plan annuel va refléter justement cette
planification pluriannuelle.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) : Oui, merci, M. le Président. Alors, vous
dites : Il y a deux éléments importants pour notre plan : le seuil et la composition. Vous
dites : On attend aussi du côté fédéral ce qu'ils vont faire. On a déjà vu
des bribes. Du côté fédéral, on veut ouvrir
davantage pour ce qui est de l'humanitaire, alors qu'ici on semble se diriger
plus vers l'économique. Comment est-ce qu'on va arrimer les deux si Ottawa nous
dit : Non, on va plus vers l'humanitaire? Est-ce que Québec a la possibilité de dire : Nous, c'est plus
économique, on n'embarque pas là-dedans? C'est parce qu'il y a comme une
contradiction dans les orientations.
Le Président (M.
Bernier) : Mme la ministre.
Mme Weil :
C'est tellement pertinent, la question. J'étais justement à la rencontre des
ministres de l'Immigration hier à
Ottawa. Alors, les orientations du gouvernement ou le plan qu'ils ont déposé,
c'est 2016. Nous, on l'a déjà adopté, notre
plan 2016, au mois de novembre dernier. Vous vous rappelez? Donc, on a
reconduit essentiellement le plan 2015, qui avait un nombre de réfugiés, puis on a triplé le nombre de réfugiés
syriens dans notre plan. Mais on était dans notre fourchette.
Le Québec soumet son
plan et sa volonté, ses objectifs au gouvernement fédéral dans un premier
temps. Donc, en 2017, on va soumettre notre plan, et le gouvernement fédéral
respecte notre plan. Nous, c'est sûr que les travailleurs
qualifiés et que... Notre objectif, c'est toujours que 70 % de notre
immigration serait des travailleurs économiques qualifiés, là. Bien,
économiques... Moi, je pense, c'est la rubrique plus générale. Quant à moi,
c'est très important qu'on maintienne cette proportion, oui, mais on est
capables de faire de l'humanitaire en même temps, comme on l'a démontré avec le
dossier des réfugiés syriens. Mais, s'il y a bien un consensus au Québec, c'est
cette répartition. Je pense que les gens
sont fiers de cette répartition : 70 %, 20 %, 10 %. Ça nous
permet d'être très équilibrés dans notre immigration. Donc, la réponse,
c'est : Nous, on soumet au gouvernement fédéral, et eux vont respecter.
Une voix :
...
Mme
Weil : Oui, en fait, oui, ça va être au coeur de nos
discussions lors de la consultation, toutes ces questions-là.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci. Revenons aux consultations. Vous dites le printemps — le
printemps, ça commence en fin de
semaine — mais
pouvez-vous nous dire de façon plus précise d'ici quel mois? Est-ce qu'on
peut avoir une idée? Est-ce qu'elles auront
lieu, ces consultations, quand le projet de loi n° 77 sera adopté ou ça
peut se faire de façon parallèle?
Le Président
(M. Bernier) : Est-ce que les feuilles auront eu le temps
de pousser, Mme la ministre?
Mme Weil :
Est-ce qu'on verra des fleurs à ce moment-là? Écoutez, la dernière fois,
c'était au mois de mai, il me semble,
fin mai, puis ensuite... On commence la consultation au printemps, donc avant
la fin de la session, et on va reprendre au mois d'août normalement. Alors, j'imagine que ça va être un peu
semblable, dépendant des travaux parlementaires.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Donc, il y avait deux volets à ma question,
la suite était la suivante : Est-ce que le projet de loi n° 77
doit être adopté pour aller de l'avant ou les deux peuvent se faire de façon
parallèle?
Mme Weil : Il faudrait que ça
soit...
Mme Roy
(Montarville) :
C'est vraiment technique, là, mais je ne le sais, pas, là, c'est pour ça que je
pose la question.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Mme la ministre.
(Consultation)
Mme Weil :
Oui. On est un peu, comment dire, victimes de la congestion parlementaire,
alors... mais il va falloir de toute
façon qu'on procède à une consultation
pour l'année 2017. Ça va très
bien, je pense qu'on peut présumer
que les orientations qu'on a prises vont... on s'en va dans cette orientation.
Donc, non, je
pense que, même si ce n'est pas tout
à fait adopté, là, puis il nous reste
des choses à faire, on ferait la consultation. Parce qu'il faut
planifier, de toute façon, nos seuils et la composition. Mais la vision est
exprimée clairement dans la politique qui a été déposée à l'Assemblée nationale
aussi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci pour la réponse. C'est clair. Article 44, qui se lit de concert avec
49 et 50... J'imagine qu'on va y revenir, à 49, sauf que je veux juste essayer
de comprendre. Dans 49, on nous parle de délai de décision et on dit : «La décision — troisième alinéa de 49 — du ministre peut, si elle l'indique,
s'appliquer aux demandes reçues dans
les trois mois précédant le jour de sa prise d'effet et pour lesquelles il n'a
pas commencé l'examen.» Il y a un petit
bout, là, de rétroactivité, dans les demandes et la décision du ministre, que
je ne comprends pas, puis, je ne sais pas, peut-être préférez-vous qu'on
en parle davantage lorsqu'on sera à 49. Mais j'essaie juste de voir quand on
permet de retourner en arrière, là.
Mme Weil : Oui, il y a
un bout de rétroactivité, mais peut-être que ce serait plus facile d'en parler
lorsqu'on arrive à 49. Il faudrait que je le lise.
Mme Roy
(Montarville) : Je vous soumettais ça, parce qu'ils se
lisent de concert avec 44, il fait référence à 49. Alors, je voulais juste
comprendre. Mais, si la compréhension...
Mme Weil :
Rétrospectivité... Rétrospectivité, hein, c'est bien ça?
Mme Roy
(Montarville) :
Si la question... c'est plus cohérent de le faire à 49, on le fera à 49, là.
Mme Weil : Oui, j'aimerais
mieux le faire à 49. Comme ça, on pourra bien l'expliquer. On le fera à 49 pour
bien l'expliquer...
Des voix : ...
Mme Weil : O.K.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Merci, Mme la ministre. Mme la députée?
Mme Roy
(Montarville) :
C'est tout, merci.
Le
Président (M. Bernier) : C'est tout? Bon, c'est bien. Donc, sur
l'amendement à l'article 44, autres questions, M. le député de
Bourget, Mme la députée? Ça vous va?
M. Kotto : Non, c'est
bon. Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Est-ce que l'amendement à l'article 44 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bernier) : L'article 44 tel qu'amendé, est-ce
qu'il y a d'autres questions? Non? Est-ce que l'article 44, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Bernier) : Adopté. Article 45.
Mme Weil :
«Une décision du ministre prise en vertu des articles 43 ou 44 n'est pas
un règlement au sens de la Loi sur les règlements.»
Cet
article établit que la décision du ministre établissant des critères
d'invitation, prise en vertu de l'article 43, et la décision du
ministre invitant des ressortissants étrangers à présenter une demande de
sélection, prise en vertu de l'article 44,
ne sont pas des règlements au sens de la Loi sur les règlements. Donc, ça veut
dire que les obligations qui sont prévues à la Loi sur les règlements ne
s'appliquent pas.
(Consultation)
Mme Weil :
Est-ce qu'on peut suspendre?
Le Président
(M. Bernier) : Oui, on va suspendre quelques instants afin
d'avoir plus d'informations. Je suspends. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 53)
(Reprise à 10 h 57)
Le
Président (M. Bernier) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Mme la ministre, dans un premier temps, pour vos explications sur l'article 45.
Mme Weil : Bon. Donc, pour relire, bon : «Une décision
du ministre prise en vertu des articles 43 ou 44
n'est pas un règlement au sens de la Loi sur les règlements.» Donc, cet article
établit que la décision du ministre établissant des critères d'invitation pris en vertu de
l'article 43 et la décision du ministre invitant des ressortissants
étrangers à présenter une demande de
sélection, prise en vertu de l'article 44, ne sont pas des règlements au
sens de la Loi sur les règlements. Donc, il n'y a pas de publication ou
de dispense de prépublication, ça ne suit pas toutes les dispositions qu'on
retrouve dans la Loi sur les règlements.
Je
vous donne comme exemple : Examen des projets de règlements, tout projet
de règlement, pour un règlement, doit
être transmis pour examen au ministre de la Justice ou à une personne qu'il
désigne par l'autorité qui veut l'édicter ou dans le cas d'un texte qui doit être soumis pour approbation par celle
qui doit l'approuver. Ensuite, on explique l'examen d'un projet de règlement. Il y a toutes sortes de
règles qui touchent la publication des projets de règlement, la dispense
de prépublication... Alors, toutes ces règles-là ne s'appliquent pas. C'est une
décision qui est prise pour... qui est la loi actuelle, hein, c'est bien...
Une voix :
...
Mme Weil :
...c'est la situation maintenant, c'est la situation qui prévaut actuellement.
Le Président
(M. Bernier) : Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Je comprends ce que
vous dites, sauf que je me demande la pertinence
de dire qu'une décision de la ministre n'est pas un règlement. Un règlement,
c'est un règlement. Une décision, c'est une décision. C'est parce que je
vois que vous avez donné quelques exemples, vous comparez ce que sont les
obligations d'un règlement, sauf qu'en droit je me demandais la pertinence...
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Mme la ministre.
Mme Weil :
Essentiellement, ça reprend exactement la loi actuelle, c'est pour être très
clair, et net, et précis, pour que les gens comprennent la différence entre une
décision et un règlement. Alors, ça fait, je ne sais pas combien d'années que
c'est là, mais...
Des voix :
...
Mme Weil : Depuis 2004? Donc, je pourrais demander aux
juristes pourquoi on l'a rajouté. Est-ce
qu'il y avait des problèmes
d'interprétation par rapport aux décisions? Je vais poser la question à ceux
qui étaient là en 2004...
Le
Président (M. Bernier) : Donc, s'il y a quelqu'un de votre ministère
qui veut prendre la parole, vous pouvez simplement vous identifier...
Mme
Weil : Oui, s'il y a quelqu'un
qui veut prendre... qui serait capable de répondre à la question... En
2004...
Le Président (M.
Bernier) : Sur consentement, bien sûr, des collègues. Est-ce qu'il y a
consentement, oui? Consentement, merci.
Une voix :
...
Mme Weil :
Ah bon! On me confirme qu'en effet il y avait des problèmes d'interprétation par
rapport à la différence entre une décision et un règlement. Donc, c'était pour
amener plus de clarté.
• (11 heures) •
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Mme la députée de Montarville, oui?
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Je vais juste poursuivre. Donc, je comprends que c'est un...
Le Président (M.
Bernier) : Je vais vous revenir, M. le député de Bourget. Je ne
vous oublie pas.
M. Kotto :
Non, non, c'est bon. Je voulais juste préciser...
Le Président
(M. Bernier) : Je veux juste finir avec la députée de Montarville
puis sa question. Allez-y, Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Donc, je comprends
que c'est un article qui est didactique. Alors, tant mieux si ça peut aider le justiciable à comprendre. Cela dit,
c'est un peu ce que je vous disais tout à l'heure quand je disais : Une décision, de quoi
parliez-vous, et que c'était le choix des critères ou le choix d'un groupe de
critères, c'est une décision, alors que je disais que, pour moi, un choix de
critères n'était pas une décision au sens de décision, jugement. Et là on vient
nous dire qu'une décision, ce n'est pas un règlement. Mais ça peut aussi être
une décision, un choix de critères. Et eux, les critères, se retrouvent dans
les règlements.
Alors,
c'est pour ça que je... C'est didactique, mais je... Écoutez, si c'est fait
pour rendre les choses plus claires, je me demande, à cet égard-là, pourquoi n'avons-nous pas, dans... L'article
a déjà été adopté, mais, si on suit cette logique, remplacer le mot «règlement» qui était dans le 43,
je pense... La décision, pardon, remplacer le mot «décision». Parce qu'ici c'est le mot «décision», on dit : Une
décision n'est pas un règlement. Remplacer «la décision» dans
l'article 43 par «le choix des critères
ou d'un groupe de critères déterminés par le ministre et valide pour une
période de 24 mois».
Si
le but, c'est d'être didactique puis d'être plus clair, ça serait plus clair,
parce que «décision» peut avoir plusieurs sens. Alors, vous nous dites
que «décision», ça n'équivaut pas à «règlement»; mais «décision», ça n'équivaut
pas nécessairement à «choix de critères» ou
«groupe de critères»... J'essaie de suivre la logique, là. Si on veut être
didactique, là...
Le Président
(M. Bernier) : Mme la ministre.
Mme Weil :
Je comprends la question. On l'a adopté, hein, quand même?
Mme Roy
(Montarville) : Oui, c'est ça. On l'a adopté, mais c'est
parce que c'est la même suite logique. Si on veut être didactiques pour
bien que le justiciable comprenne qu'une décision ce n'est pas un règlement,
bien, il ne faut pas utiliser le terme «décision» pour englober un paquet de
choses non plus, là.
Le Président
(M. Bernier) : Mme la ministre, allez-y.
Mme Weil :
M. le Président, on retrouve beaucoup le mot «décision». Ça fait partie,
c'est... Une fois que le ministre a
décidé de tous ses critères, ça s'exprime par une décision, un arrêté
ministériel, par exemple. Donc, ça devient une décision.
Je comprends le lien, tout à fait, entre... Dans
ce cas-ci, c'est une décision sur les critères ou groupes de critères, etc.,
donc on aurait pu préciser dans ce sens-là.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui, merci. Et qui eux sont édictés en fonction d'un règlement, c'est les
critères.
Mme Weil :
Je ne comprends pas la référence à un règlement. Ces critères sont décidés.
C'est tout simplement une décision qui détermine ces critères ou groupes
de critères. Il n'y a pas de règlement ici, dans 44.
Mme Roy
(Montarville) :
C'est beau.
Le Président (M. Bernier) : Ça
va? M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Merci, M. le Président. Je saisis bien qu'au sens de la loi sur les règlements
une décision prise par la ministre en vertu
des articles 43 et 44 n'est pas un règlement en question. Est-ce qu'une
telle décision... n'est pas un règlement, on le conçoit, mais est-ce
qu'une telle décision peut inspirer un règlement?
Le Président (M. Bernier) : Mme
la ministre.
Mme Weil : Ça, il
faudrait que je voie dans l'historique de...
Le Président (M. Bernier) : De
la jurisprudence?
Mme Weil :
...de la jurisprudence du ministère de l'Immigration, de la législation du...
Un règlement, ça serait vraiment
quelque chose de plus profond, de plus... qui font partie du système, pour le
fonctionnement du système. Les décisions
se prennent beaucoup... et la raison pour laquelle c'est des décisions, c'est
la rapidité et c'est la nature même de l'immigration qui évolue. Tandis
qu'un règlement, c'est vraiment être capable de mettre sur pied un système qui
est cohérent dans tous ses aspects. Donc, il y a une profondeur à un règlement.
Alors que les décisions viennent adapter de façon... je pense que c'est comme
ça que j'expliquerais, selon les circonstances.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Kotto : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) : Ça
vous va?
M. Kotto : Oui.
Le Président (M. Bernier) :
Est-ce que l'article 45 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté. L'article 46, Mme la ministre.
Mme Weil : Alors, je
dépose un amendement, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Je vais suspendre quelques instants pour
qu'on puisse remettre l'amendement aux députés. Je suspends.
(Suspension de la séance à 11 h 5)
(Reprise à 11 h 6)
Le Président (M. Bernier) :
Nous reprenons nos travaux. Donc, l'amendement étant recevable, donc, sur l'amendement,
Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Alors, l'article 46,
on propose l'amendement :
Remplacer les
mots «que son séjour ou son établissement au Québec constituerait une contribution exceptionnelle à la
prospérité ou au rayonnement de la société québécoise» par «qu'il est en
mesure de contribuer, par son séjour on son établissement, à la
prospérité du Québec».
Cet amendement apporte une modification afin que
l'article 46 concorde avec l'article 25 du projet de loi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto : M. le
Président, c'est... Enfin, je vois la perspective que nous dessine ici la ministre
avec cet amendement. Pour toutes les catégories, il n'est pas aisé
d'anticiper une telle contribution, en l'occurrence la contribution à la prospérité, compte tenu
du fait que certains économistes, en l'occurrence le dernier que nous avons eu
lors des consultations, pour ne pas le
nommer, M. Pierre Fortin, relativisait la contribution à la prospérité en
tant que telle. Les gens qui viennent
peuvent améliorer leur propre sort, mais, quant à faire la démonstration d'une
contribution à la prospérité, il y a des
bémols. Quand on passe à la deuxième, troisième génération, cela peut
évidemment être concevable. Voilà. Donc, c'est juste un commentaire que
je faisais.
Le
Président (M. Bernier) : Je reçois votre commentaire, M. le
député de Bourget. Mme la ministre, réactions ou commentaires ou ça vous
va? Ça va?
Mme Weil : Ça va, oui.
Le
Président (M. Bernier) : Donc, sur l'amendement, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires? Non. Est-ce que l'amendement à l'article 46
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté. Est-ce que l'article 46, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté. Article 47, Mme la ministre.
Mme Weil : Oui, M. le
Président : «47. Le gouvernement détermine, par règlement, les cas pour
lesquels le ministre invite un ressortissant
étranger assujetti à l'article 41 à présenter une demande de sélection
sans que ne lui soient appliqués les critères d'invitation.»
Cet article
habilite le gouvernement à édicter un règlement dans lequel il détermine les
cas où le ministre invite un
ressortissant étranger assujetti à l'obligation de déposer une déclaration
d'intérêt en vertu de l'article 41 à présenter une demande de sélection sans que ne lui soient
appliqués les critères d'invitation. Est-ce que, M. le Président, je
peux...
Le
Président (M. Bernier) :
Je vais juste prendre une parenthèse, Mme la ministre, pour demander le
consentement pour que le député de Maskinongé puisse participer à notre
commission.
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Borduas, excusez, Borduas. Le député de
Borduas. Excusez, je vous ai changé de comté ce matin. Le député de
Borduas. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Plante : ...
Le Président (M. Bernier) :
Quels sont vos motifs?
M. Plante : On va dire oui.
Le Président (M. Bernier) :
O.K.
M. Plante : Ça ne me tentait pas,
là, mais on va accepter.
Le
Président (M. Bernier) : Ça ne va pas bien quand on demande les
motifs, hein? Donc, il y a eu consentement. Oui, monsieur?
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je pense que le député de
Maskinongé avait peur que je lui vole son comté parce que vous me l'avez
attribué.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Plante : Je n'ai aucun
problème.
Le Président (M. Bernier) :
C'est beau. Donc, Mme la ministre, revenons à notre article 47.
• (11 h 10) •
Mme Weil :
Oui. Peut-être pour expliquer aux collègues les situations qui sont rencontrées
de temps en temps, ce serait, par exemple, les aides familiales
résidentes, donc les... c'est bien ça, ce qu'on appelle les AFR, elles sont
bien intégrées, elles apprennent la langue.
On donne accès aux cours de francisation
maintenant, donc on a voulu améliorer leur sort. Et c'est avec le ministère du Travail qu'on a amené ces
amendements, pour leur donner accès aux cours de francisation en 2011. Ça, c'est un exemple. Les diplomates qui
sont ici depuis longtemps, les enfants sont à l'école. Il y en a qui le
demandent aussi. Alors, on ne les soumet pas aux règles de sélection
habituelles.
C'est
exceptionnel dans le sens que ce n'est pas la... mais, quand même, il y a assez
de personnes qui peuvent se retrouver
ici, sur le territoire. Des fois, on a des appels de vos comtés, justement, de
ces cas particuliers où la personne est tellement intégrée ici depuis
toujours — bon,
j'exagère un peu, depuis toujours, depuis plusieurs années — ils
sont intégrés. Et donc on les réfère aux
personnes au ministère de l'Immigration pour regarder le dossier avec cette
perspective.
M. Kotto : ...
Mme Weil : Pardon? Oui.
C'est ça.
Le Président (M. Bernier) : On
en fait même des députés.
Mme Weil :
Oui, oui. Souvent, vous avez justement, hein, des gens qui...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. D'autres commentaires, Mme la ministre?
Mme Weil : Je n'ai pas
d'autre commentaire.
Le Président (M. Bernier) : Ça
vous va, M. le député de Borduas?
M. Jolin-Barrette : Oui, une petite question : Est-ce qu'on a
chiffré environ à combien d'individus ça peut se situer annuellement,
là, grosso modo?
Mme Weil : Un maximum de
300.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. D'autres questions, M. le député?
M. Jolin-Barrette : Non, merci.
Le Président (M. Bernier) : Ça
vous va. M. le député de Bourget?
M. Kotto : C'est beau.
Le Président (M. Bernier) :
C'est beau? Donc, est-ce que l'article 47 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté. Bon, merci. Article 48 maintenant, présentation, explication.
Mme Weil :
Oui. «48. Le ministre peut retirer la déclaration d'intérêt d'un ressortissant
étranger de la banque s'il a des
motifs raisonnables de croire que le séjour ou l'établissement au Québec de
celui-ci serait contraire à l'intérêt public.»
Cet article
donne le pouvoir au ministre de retirer une déclaration d'intérêt de la banque
s'il a des motifs raisonnables de croire que le séjour ou
l'établissement au Québec du ressortissant étranger qui en a fait le dépôt
serait contraire à l'intérêt public.
Bon, on a beaucoup discuté de cet enjeu à
l'article... C'était quel article, ça?
Une voix : ...
Mme Weil : 37, 38, donc la
notion d'intérêt public, les types de situation... Donc, la notion d'intérêt
public, on avait dit : C'est le sens commun qui s'applique, soit l'intérêt
général, l'intérêt commun, la finalité des actions qui intéressent l'ensemble
de la population. J'avais donné comme exemple la promotion du terrorisme, de la
violence ou d'activités criminelles graves.
Le Président (M. Bernier) : Ça
va? M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui. Et, juste pour rappeler un élément de l'échange que nous avions eu sur le
37, 38, ici également on peut
concevoir le fait que la ministre n'a pas à ouvrir quelques possibilités
d'appel que ce soit via un avocat à l'immigration relativement à un tel
profil...
Mme Weil : Non. C'est
ça, c'est une...
M. Kotto : Non? Oui,
O.K.
Mme Weil : D'ailleurs,
si je me souviens bien, c'est dans tous les cas d'intérêt public, ça s'applique
de façon rapide et ponctuelle.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. D'autres questions, M. le député?
M. Kotto : Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Ça vous va, M. le député de Borduas?
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
vraiment un levier qu'on donne au ministre pour agir rapidement en cas de situation
contraire à l'intérêt public.
Mme Weil :
Oui. Puis, je vous dirais, la députée de Montarville, on a eu une bonne
discussion sur cet échange... on a eu
un échange intéressant, elle trouvait la disposition très intéressante. Et on
avait même parlé de mettre ces genres de critères dans une directive
administrative qui se retrouve sur notre site Internet.
M. Jolin-Barrette : Ça va,
merci.
Le Président (M. Bernier) : Ça
vous va? Est-ce que l'article 48 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bernier) : Adopté. Nous allons maintenant
passer à la section III du projet de loi, les décisions du ministre
relatives à la gestion des demandes. L'article 49, Mme la ministre, la
présentation et les explications.
Mme Weil :
Merci, M. le Président. «Le ministre peut prendre une décision relative à la
réception et au traitement des
demandes qui lui sont présentées conformément au chapitre III. Cette
décision est prise en tenant compte, notamment, des orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration,
des besoins et de la capacité d'accueil et d'intégration du Québec ou de
l'intérêt public.
«Une telle
décision peut notamment porter sur le nombre maximum de demandes que le
ministre entend recevoir, la période de réception des demandes, les
conditions et modalités de la suspension de leur réception, l'ordre de
priorité de traitement et la disposition des demandes dont l'examen n'est pas
commencé.
«La décision
du ministre peut, si elle l'indique, s'appliquer aux demandes reçues dans les
trois mois précédant le jour de sa
prise d'effet et pour lesquelles il n'a pas commencé l'examen. Le ministre en
informe alors la personne concernée et, le cas échéant, lui retourne les
sommes qu'elle a payées à titre de droits.»
Alors, note
explicative. Cet article prévoit le pouvoir du ministre
en matière de gestion des demandes. La décision du ministre
peut avoir pour objet la réception et le traitement des demandes d'immigration
permanente et temporaire, des demandes d'engagement à titre de garant ainsi que
des demandes des employeurs qui souhaitent embaucher un ressortissant étranger.
La décision
peut notamment porter sur le volume maximum de demandes qui
seront reçues, la période de réception ou la suspension de réception des
demandes lors de priorités de traitement de celles-ci ou encore la disposition
des demandes qui n'ont pas été examinées. Il est prévu que la décision est
prise en considérant notamment le plan annuel d'immigration, les besoins et la
capacité d'accueil et d'intégration du Québec ou encore l'intérêt public.
L'article
prévoit également que la décision peut s'appliquer aux demandes reçues trois
mois avant la prise d'effet de la décision si leur examen n'a pas
débuté. Dans ce cas, le ministre informe les demandeurs concernés et leur
retourne les droits exigibles.
Alors, ce pouvoir de gestion de la demande
existe déjà dans la loi actuelle pour les demandes d'immigration permanente. Alors, ici, sa portée est élargie dans
le projet de loi pour inclure les demandes d'immigration temporaire, les
demandes d'engagement à titre de garant et les demandes des employeurs qui
souhaitent embaucher un ressortissant étranger.
Elle peut également être prise en tenant compte de l'intérêt public. Alors,
l'idée de cet élargissement, c'est de permettre une gestion efficace de
la demande dans tous les programmes d'immigration, et elle devrait permettre au
ministère de s'aligner avec la pratique du Canada en immigration.
Le gouvernement fédéral possède déjà des
pouvoirs similaires à ce qui est proposé dans le présent article. Par exemple, la réforme du Programme des travailleurs
étrangers temporaires, en 2014, s'est appuyée en grande partie sur le pouvoir de refuser de traiter des demandes d'étude
d'impact sur le marché du travail. Le gouvernement du Québec, ne possédant pas un tel pouvoir, s'est trouvé dans
l'impossibilité de refuser de traiter la demande équivalente des
employeurs au Québec. Afin de pouvoir
s'aligner avec la pratique fédérale, le gouvernement du Québec doit posséder un
plus large pouvoir de gestion de la demande.
Moi, juste
vous dire, j'ai vécu cette expérience, et, donc, on ne pouvait pas arrêter le
traitement des dossiers, les gens
déboursaient, et on expliquait au gouvernement
fédéral, on n'avait pas le pouvoir, en vertu de notre loi, de suspendre ces demandes de travailleurs temporaires, et
on n'a pas pu rembourser, et on savait qu'ils allaient être refusés en
vertu de cette nouvelle loi fédérale, ces changements.
Donc, au-delà
du fond — parce que, sur le fond, je pense que le député de Borduas s'en rappelle, parce qu'on avait adopté une motion unanime
à l'Assemblée nationale de revoir ce programme, c'est toujours un enjeu — donc,
au-delà du fond de la question, il y avait cet aspect-là qui était très
problématique, parce que les gens ont continué à traiter les dossiers, mais on savait qu'ils ne seraient pas acceptés, puis on ne pouvait pas les rembourser.
Alors, on se donne ce pouvoir-là, beaucoup,
ici, pour répondre à des événements,
des décisions qui sont prises par le gouvernement fédéral où le
gouvernement fédéral a vraiment des pouvoirs très étendus par... C'est des
arrêtés ministériels, essentiellement?
Une voix : ...
• (11 h 20) •
Mme Weil :
C'est des instructions, que ça s'appelle, des instructions ministérielles. Et
ils ont adopté ces façons de faire
justement à cause de la nature de l'immigration, qui est un domaine en
changement continuel. Mais le Québec, de par sa loi, qui a eu quelques
modifications au fil des années, n'avait pas cette flexibilité.
Alors, ici, c'est un exemple vraiment très clair
de cette volonté d'être capable de répondre rapidement aux changements que le
gouvernement fédéral apporte.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui, M. le Président. Il y avait
à cet article quelques réticences de l'Association du Barreau canadien, division
Québec, association qui s'oppose
vigoureusement à la rétroactivité des décisions du ministre sur la gestion
des demandes. C'est à l'article 49,
alinéa trois : «...s'appliquer aux demandes reçues dans les trois mois
précédents le jour de sa prise
d'effet et pour lesquelles il n'a pas commencé l'examen.» L'argument qu'ils
mettent de l'avant est à l'effet que «la rétroactivité des décisions du
ministre sur la gestion des demandes ternit l'image du Québec [à]
l'international et auprès de sa clientèle
cible en raison de l'incertitude qui en découle pour un ressortissant étranger
de bonne foi, qui présente une demande sans savoir si les règles en
vertu desquelles il soumet sa demande seront modifiées une fois sa demande déposée. La façon dont une demande sera gérée
devient ainsi imprévisible et aléatoire. Le remboursement des frais de
traitement ne suffit pas à compenser le dommage causé [par] le candidat.»
Alors,
ils suggèrent des mesures transitoires en cas de décision du ministre
relativement à la gestion des demandes. Et aussi, par ailleurs, un autre commentaire que nous avions noté d'un
conseiller en immigration est à l'effet que de faire rétroagir de trois mois précédant la prise d'effet
d'un changement aux règles du jeu inspirait une objection. L'utilisation
du concept de demandes pour lesquelles le
ministre n'a pas commencé l'examen est très problématique, car, disent-ils,
nous n'avons aucun moyen de savoir, après avoir reçu un accusé réception, quand
l'examen du dossier du client a matériellement
débuté. Donc, c'est ce flou et cette incapacité d'appréhender le cheminement du
dossier dans une situation où, de façon impromptue, il y a un changement
de règles...
Donc, je ne sais pas
si la ministre a pris le temps d'évaluer ces commentaires et ces objections, en
somme.
Le Président
(M. Picard) : Mme la ministre.
Mme Weil :
Je pourrai répondre dans un premier temps, mais après ça je demanderai une
petite suspension pour répondre de façon plus précise.
Donc,
à la lumière de ce que je vous ai expliqué, c'est de pouvoir s'ajuster
rapidement au gouvernement fédéral. C'est sûr que les avocats savent
qu'on a été pris dans une situation difficile puis ils savent qu'on doit faire
ça. Et le trois mois, c'est à peu près le
temps que ça nous prend... Mais je vais quand même aller chercher d'autres
explications, la loi actuelle prévoit trois
mois. Mais c'est des décisions qui se prennent rapidement par le gouvernement
fédéral. Ça, c'est un avantage pour les avocats, qu'on mette le trois
mois, parce qu'on permet de reculer en arrière de ceux qui ont été déposés
trois mois avant l'événement ou avant notre décision de refuser. Et donc on
peut rembourser.
Mais je demanderais
peut-être une suspension pour en discuter.
Le Président
(M. Picard) : Je vais suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
11 h 24)
(Reprise à 11 h 29)
Le Président
(M. Picard) : Nous reprenons nos travaux, et je cède la
parole à Mme la ministre.
Mme Weil :
Oui, alors juste pour expliquer peut-être au collègue la situation actuelle. Ce
pouvoir-là existe dans la Loi sur l'immigration au Québec, 3.5, et je vous lis le
paragraphe : «Une décision peut, si elle l'indique, s'appliquer aux demandes de certificat de sélection reçues
dans les trois mois précédant l'entrée en vigueur de la décision et dont
le ministre n'a pas commencé l'examen. Le
ministre en informe alors la personne concernée et, le cas échéant, lui
retourne les sommes reçues à titre de droits.»
La nouveauté ici,
c'est que ça s'applique non seulement à l'immigration permanente, mais à
l'immigration temporaire. Notamment,
l'événement qu'on a subi au mois de juin 2014 avec le gouvernement
fédéral, et c'était surtout la région
de Québec qui avait été vraiment affectée, où ils ont suspendu le Programme des
travailleurs étrangers temporaires. Donc
là, ça nous permet d'agir de façon rapide dans ces deux domaines. Et donc c'est
un pouvoir qui est utile. Et je vous dirais
que le point essentiel de l'AQAADI et de l'ABC, c'était par rapport à
l'application rétroactive des modifications réglementaires. Alors, ça,
c'est plus à l'article 101 qu'on y reviendra.
Mais
c'est un pouvoir essentiel au ministère de l'Immigration, c'est ce qu'on me
confirme. Ils ont besoin de ce pouvoir,
cette agilité. Je pense qu'aussi ma prédécesseure a eu à l'appliquer dans la gestion de la demande, il me semble,
pendant une période en 2013. En tout cas, moi, j'ai eu à l'appliquer en 2012 ou
2011, en tout cas...
• (11 h 30) •
Une voix :
...
Mme Weil :
2011, et c'était justement à cause d'une action du gouvernement fédéral qui a
fait en sorte qu'on a reçu un volume important de demandes, parce que, eux, ils avaient
fermé leur système d'acceptation de candidatures, alors ils sont venus
chez nous. Il a fallu agir rapidement.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Bourget.
M.
Kotto : Oui. M. le Président, la ministre exprime très
clairement, ici, le fait que nous soyons, disons, arrimés, de façon très étroite, à la façon de... ou à la
régulation d'Ottawa... parfois peut nous amener dans des impasses, et
c'en est une, d'impasse. Et nous avons, par
le passé, suggéré de s'émanciper encore plus de la gestion de ces dossiers, au
niveau fédéral, pour nous donner plus de
marge de manoeuvre. Mais nous voyons, à la lumière des commentaires de
l'Association du Barreau canadien, division
Québec, et d'autres intervenants ici, lors des consultations, qu'il y a un
commentaire... et une demande, des doléances très pertinentes... qui
ne peuvent s'appliquer. La demande n'était pas négative...
Quand bien
même, dans la loi actuelle, ce paradigme s'inscrit, si nous avions plus de
marge de manoeuvre, nous aurions évidemment été plus à l'aise quant à la
recevabilité d'une telle proposition de la part de gens de loi — parce
que ce sont des avocats — pour, d'une part, rassurer les personnes qui
projettent de venir vivre ici et, d'autre part, préserver la qualité de notre image à l'international, parce
qu'on est pris avec des adaptations à chaque fois que le fédéral prend
une décision. La ministre a donné l'exemple
de dossiers qui ont été fermés unilatéralement sans que Québec soit
consulté, et il fallait, nous, de ce côté-ci du Québec, suivre et s'adapter.
C'est un handicap. C'est mon commentaire.
Le Président (M. Picard) :
Merci.
Mme Weil : J'aurais un
commentaire.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme Weil :
J'aurais un commentaire. Je pense qu'il faut voir ça plus largement. C'est des
espaces de mobilité, hein, le Canada,
les États-Unis, même l'Europe de l'Ouest, on le voit en immigration humanitaire
aussi, et, de plus en plus, avec un nombre record de gens qui bougent
d'un endroit à l'autre, il faut s'ajuster.
C'est sûr
que, dans l'espace canadien, il y a cette double responsabilité dont, nous, la
sélection des travailleurs qualifiés;
ensuite, il y a l'admission. Et c'est deux systèmes qui se comparent. Il y a
beaucoup d'avantages, énormément d'avantages,
notamment au chapitre de la sécurité, mais je vous dirais que, plus largement,
il y a... J'essaie de voir les exemples...
Des fois, c'est juste notre propre expérience. Ça peut être le Programme des
immigrants investisseurs, par exemple, qui n'existe plus au gouvernement
fédéral, puis on a besoin d'ajuster le tir rapidement, par un phénomène
quelconque, là. Alors, ce n'est pas juste à cause des actions en matière
d'immigration temporaire, hein? Ça a été ça, mon expérience, mais la première
fois qu'on l'a utilisé, donc, c'était en 2010. Oui, c'est rarement
utilisé — ça,
c'est l'autre chose — ce
pouvoir-là, et c'était en 2010 par rapport...
Une voix : ...
Mme Weil : ...pour les
immigrants investisseurs. Donc, c'était vraiment notre propre initiative, là,
on avait besoin de corriger le tir.
Donc, juste pour vous dire que, quelle que soit
la raison, le Québec a besoin d'agir rapidement, et ça peut être des circonstances qui proviennent d'une action du
gouvernement fédéral ou d'une réalité
de mouvement, de demandes chez nous
puis d'être capable de bien gérer. Et, ici, on reconduit, donc, un pouvoir
qu'on avait déjà — on
le maintient — utilisé
rarement quand même, la gestion de la demande, et on va l'étendre aux
immigrants temporaires.
Le Président (M. Picard) :
Merci. D'autres interventions? M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, M.
le Président. J'ai quelques questions. Première question : L'inscription ministérielle
au fédéral, c'est l'équivalent d'un arrêté ministériel au provincial? Un
décret?
Mme Weil : Oui, hein?
(Consultation)
Mme Weil : C'est une décision, ce n'est pas un règlement.
Donc, un arrêté ministériel, c'est la procédure, mais ça reflète une
décision. Alors, c'est une décision, oui.
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
l'équivalent d'un décret.
Mme Weil : D'un décret... Ça, c'est encore la procédure,
mais c'est une décision. C'est ce qu'on m'explique, là. On pourrait
chercher la définition technique. Mais «inscription ministérielle», ça dit bien
ce que ça dit. Donc, c'est le ministre qui décide. Mais quelle est la procédure
qu'ils utilisent, bon, on pourra voir.
M. Jolin-Barrette : ...pour passer à une deuxième question
en attendant. Donc, on comprend que l'article
49, là, vous l'insérez pour faire face à la
pile de dossiers que vous aviez reçus et que vous deviez obligatoirement
traiter. Parce que vous ne pouviez pas dire : On arrête de traiter
les dossiers parce que, bon, le fédéral a suspendu le permis de travail temporaire. Donc, ça vise à vous donner une
certaine flexibilité, à donner une mobilité pour vous assurer de, un,
rembourser les gens lorsqu'ils ont fait leur dépôt de candidature pour venir au
Québec, que ce soit temporairement ou de façon permanente. Et là on se retrouvait dans une situation où vous ne pouviez
pas les rembourser non plus. Donc, concrètement, ce que le gouvernement du Québec a fait avec son
ancienne loi, c'est qu'on a étudié des demandes qu'on savait nulles à la
base, là, qu'on n'allait pas accepter, on a
chargé les candidats immigrants... on les a facturés puis on ne leur a pas
envoyé un chèque de remboursement, sachant qu'à la base ils n'allaient pas être
acceptés. En gros, c'est ça, là.
Mme Weil : Ce n'était pas
l'immigration permanente, par exemple.
M. Jolin-Barrette : C'était
temporaire.
Mme Weil :
C'était temporaire, oui, parce que le pouvoir existe, actuellement, pour
l'immigration permanente. Mais,
justement, c'était cette situation. Mais on l'a étendu parce que, surtout avec
notre nouveau système, la nouvelle vision,
c'est de vraiment favoriser aussi l'immigration temporaire et l'invitation
d'appliquer aux permanents. C'est ce qu'on souhaite faire, d'augmenter. On a beaucoup parlé de ça pendant la
consultation, c'est dans la politique. Mais donc, dans un contexte où on favorise aussi l'arrivée de
travailleurs temporaires, c'est prévoyant aussi, comme article, des
situations qu'on ne pourrait peut-être pas imaginer.
Ça, je vous donne ça comme exemple, un exemple
que j'ai vécu moi-même et que je trouvais... honnêtement, comme ministre,
j'arrivais en poste, c'était en avril 2014, et de ne pas... qu'on
m'explique : On ne peut rien faire, Mme la ministre, parce que notre loi
ne nous permet pas de suspendre l'étude de ces dossiers-là, et on ne peut pas, Mme la ministre, on ne peut pas rembourser, je dois
vous dire que c'était navrant, là. Le mot est faible pour décrire ma réaction. Je trouvais ça... Mais, en effet, il
faut être habilité pour agir dans des situations urgentes de la nature, alors
je suis contente de pouvoir proposer cette disposition.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
pourquoi, à l'époque, est-ce que la ministre n'a pas déposé un projet de loi spécifiquement uniquement sur cet article-là pour
se donner les pouvoirs habilitants? Parce que, j'imagine, sur la scène
internationale, on a l'air un peu fous de ne pas avoir remboursé les individus,
sachant qu'on n'allait pas les accepter de toute façon.
Mme Weil : Écoutez...
M.
Jolin-Barrette : ...je me dis
juste : À l'époque, en juin 2014, on aurait peut-être pu s'assurer, comme
gouvernement, de venir corriger cette lacune-là avant d'avoir la grande réforme
qu'on a aujourd'hui.
Mme Weil :
Oui. Bien, la suspension était très limitée dans le temps. On n'aurait jamais
eu le temps d'adopter une loi. C'était de juin à octobre. Et on connaît
bien le rythme d'adoption de projets de loi.
M.
Jolin-Barrette : Bon, bien,
je ne suis pas d'accord avec vous. Quand ça va bien, parfois, ça peut aller
vite, là.
Mme Weil :
Anciennement, j'étais en mode de les convaincre de ne pas appliquer cette
suspension au Québec; si vous vous rappelez, on était tous un peu
là-dedans aussi.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
• (11 h 40) •
M. Jolin-Barrette : J'ai une autre
question, M. le Président. Donc, on vient dire, au troisième paragraphe : «La décision du ministre peut, si elle
l'indique, s'appliquer aux demandes reçues dans les trois mois précédant le
jour de sa prise d'effet et pour lesquelles il n'a pas commencé l'examen.»
Donc,
concrètement, c'est la demande qui arrive au bureau du ministère
puis qu'on n'a pas encore décachetée ou, si c'est fait par voie
électronique, là, qu'on n'a pas consulté le dossier.
Ma question,
relativement au processus, est en amont : À partir du
moment où le candidat immigrant décide de déposer sa demande, son processus à lui, combien de temps ça prend jusqu'à
partir du moment où il dépose sa demande?
Mme Weil : Pour le
traitement?
M.
Jolin-Barrette : Parce que,
dans le fond, avec la modification législative, la ministre va pouvoir, à partir
du moment où elle prend sa décision,
dire : Bon, finalement, on ne va pas étudier ce genre de demande là, on
va rembourser, donc je peux remonter les trois mois précédents.
Mais par contre,
pour l'immigrant que, lui, a rempli sa demande, son processus pour remplir sa
demande pour être qualifié dans le programme
dans lequel il souhaite appliquer, combien de temps, lui, ça lui prend, de son
côté, dans son pays d'origine,
environ? Parce que, tu sais, il doit aller chercher des relevés, il
doit obtenir les autorisations, il doit se qualifier. Son processus, à cet individu-là, je sais que ça varie en
fonction des différents pays, en fonction de la rapidité aussi de l'obtention des données et des documents,
tout ça, mais est-ce qu'on peut avoir un portrait général d'à partir du
moment où l'immigrant décide... Je ne sais
pas, prenons, on est en France ou dans un pays quelconque, et il dit :
Bon, bien, moi, je décide d'appliquer au Québec. Son processus pour
pouvoir déposer son dossier complet, combien de temps ça lui prend, lui?
Mme
Weil : Bien, il y a
différentes situations. Dépendant du programme, pays d'origine, il y a
des délais, donc... Il y a
l'immigration permanente, immigration temporaire. Donc, dans cette situation... on a cette disposition, actuellement, qui s'applique aux
permanents. Mais ce paragraphe, ça pourrait être dans un cas ou dans l'autre,
et là les délais de traitement sont très, très différents si c'est temporaire
ou si c'est permanent.
Mais il y a aussi le système actuel et le
nouveau système. Le nouveau système, évidemment, ça doit être extrêmement rapide, traitement entre trois mois et six mois. Et actuellement c'est entre un an et quatre ans, je pense bien, un an et quatre ans, pour les travailleurs
qualifiés...
Une voix : ...
Mme Weil : Donc, c'est ça, ça peut être très long. Évidemment,
on s'en va vers un système beaucoup plus rapide. Alors, pour les travailleurs
qualifiés, on parle d'entre trois et six mois.
M. Jolin-Barrette : Parce que mon
inquiétude pour les immigrants est que, dans leurs pays d'origine, ils se disent : Bon, bien, je choisis la destination
Québec, je fais toutes les démarches pour pouvoir immigrer au Québec
de façon permanente ou de façon
temporaire. Et là ça fait, supposons, un an que je fais des démarches, que je
me renseigne, tout ça, et je me
retrouve... je dépose ma candidature et là, trois mois plus tard ou deux mois
plus tard, finalement je me rends compte que le ministère décide de fermer le programme.
Donc, pour cet individu-là, ça pourrait être comme, supposons, un an d'efforts pour finalement
se rendre compte qu'en fonction de ce que le Québec a décidé finalement,
bien, je ne suis plus admissible.
Donc, l'individu perd un an aussi. C'est une question aussi de stabilité,
là, aussi, pour la contrepartie, pour l'immigrant qui souhaite immigrer.
Mme Weil : Je
pense qu'il faut voir la vision de ce
nouveau système qui va faire en sorte qu'on mette beaucoup l'accent sur la célérité. Oui, la flexibilité,
oui, l'arrimage, et tout, mais la célérité, ça, c'est un gros avantage pour tout le monde, mais beaucoup pour nous, évidemment,
mais évidemment pour le candidat à l'immigration. Ils vont savoir rapidement,
même si le profil intéresse le Québec — parce qu'on ne va pas les inviter à déposer une déclaration d'intérêt — et
le traitement sera rapide.
Alors, les gens qui se destinent au Québec,
c'est des gens qui connaissent les autres systèmes d'immigration. Ils vont voir le système québécois
comme un système plus moderne que beaucoup de systèmes, mais qui va ressembler aux autres qui ont ce système de déclaration d'intérêt.
Donc, ils sont bien connaissants de ces facteurs, et ils le vivent aussi
dans d'autres systèmes où les gouvernements, les ministres, les ministères de l'Immigration suspendent justement
le traitement des dossiers. Ça fait partie de la nature même de
l'immigration.
C'est sûr que
ça peut nous surprendre, mais l'immigration, c'est un privilège. C'est perçu
comme un privilège, mais on traite les demandes avec beaucoup d'équité
et de transparence, c'est ça qui est important. Il faut que les candidats aient
toute l'information, on veut s'assurer qu'on... Pourquoi? Parce que c'est un
avantage, pour nous, l'immigration. Mais il y a
des conditions à respecter, et la gestion de tout ça, évidemment,
c'est énormément complexe. Mais ma grande réponse, c'est vraiment la réforme, une
réforme qui va être avantageuse pour tout
le monde, pour nous, mais aussi
pour les candidats, et beaucoup plus de célérité une fois que ce système est
mis en place.
Mais c'est
rarement utilisé, hein, cette disposition-là,
donc on ne prévoit pas... sauf peut-être pour l'extension qu'on voit dans l'immigration temporaire, mais, même là,
on n'aurait pas dû subir ce qu'on a subi. Il y a eu une circonstance de temps qui a fait qu'on a été incapables de
convaincre... on n'a pas été avisés, qui allait contre l'Accord Canada-Québec,
en fait; le gouvernement du Québec doit être consulté sur ces mouvements-là.
M.
Jolin-Barrette : Donc, je
comprends, M. le Président, que la ministre critique son partenaire fédéral
dans le dossier à l'époque...
Mme Weil : À l'époque, oui,
oui, puis ils étaient bien conscients que...
M.
Jolin-Barrette : ...et ça
revient à ce que je disais justement pour l'Accord Canada-Québec, au début de
l'étude de la commission, qu'elle est bien,
l'entente Canada-Québec, mais elle n'est pas constitutionnalisée. Donc, à
partir du moment où un des
partenaires ne la respecte pas, on n'a pas de garantie que cette entente-là
sera respectée. Donc, ce n'est pas une entente administrative codifiée à
l'intérieur de la Constitution. Donc, éventuellement, ça serait intéressant de
le faire; d'ailleurs, nous le proposons, pour...
Mme Weil : Mais, vous
savez...
Le Président (M. Picard) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Weil :
...même lorsque les choses sont constitutionnalisées, les gens se retrouvent
devant les tribunaux, hein?
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
mais...
Mme
Weil : Mais je vous
dirais, plus globalement, l'Accord
Canada-Québec est respecté, on a vraiment
une belle entente avec le gouvernement fédéral, il respecte toujours
notre plan, nos désirs, par proportion... Quand on arrive sur les travailleurs temporaires... parce qu'il y
a un autre ministère
qui est en action, hein, c'est le ministère
de l'Emploi. Évidemment, ce n'est pas
les signataires de l'Accord Canada-Québec, alors il faut toujours rappeler.
Mais je vous dirais que, dans
99,9 % des cas, ça va très bien, c'est juste important que le Québec se
prononce et s'exprime lorsqu'on voit que,
ah, il y a peut-être eu une action qui a été prise qui ne respecte pas
nécessairement la lettre et l'esprit de l'Accord Canada-Québec.
Je
le dis ouvertement parce que je considère cette entente... et cet accord
tellement important que, pour tous ceux qui auront, dans le futur et l'avenir, à gérer cet accord, je pense, c'est
important que, nous tous ici, parlementaires, on prenne pleine conscience de l'importance de cet accord qui
nous dessert très bien, mais ce que ça exige, c'est un respect, de part
et d'autre, de l'esprit et de la lettre de cet accord.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Je suis d'accord avec ce que Mme la ministre vient de nous dire, mais
par contre, lorsqu'un des deux partenaires décide de ne faire qu'à sa
tête, on peut se retrouver sans possibilité, sans moyen. Et la ministre nous disait : Parfois, on se retrouve devant les
tribunaux lorsque c'est constitutionnalisé. Oui, mais, à ce moment-là, on a
une cause d'action à faire valoir devant le
tribunal, puis le tribunal peut trancher en notre faveur. Là, on se retrouve un
peu dans une situation ambiguë où on a une
entente, mais notre partenaire peut la violer, comme le fédéral l'a fait dans
ce dossier-ci.
Donc, moi, j'aimerais
ça voir la ministre de l'Immigration du Québec porter ce dossier et dire :
On devrait constitutionnaliser l'Accord Canada-Québec, on devrait faire une
revendication, que ce soit une revendication du gouvernement du Québec que ça se retrouve dans la Constitution, ça
devrait être un des dossiers du Parti libéral, ça devrait être un dossier nationaliste qui soit défendu par
le Parti libéral parce qu'il en va de la protection de la nation
québécoise. Je pense que c'est fondamental,
on réfère souvent au caractère important de l'Accord Canada-Québec, mais on
voit qu'il y a des lacunes. Donc, la
codification des ententes... Bien, on a eu un exemple très concret, là, en
2014, avec le gouvernement fédéral,
et ça n'a pas respecté l'esprit de la lettre de l'entente. Donc, je pense qu'on
aurait intérêt à travailler ensemble là-dessus parce que ça a vraiment
un caractère identitaire et un caractère national, puis le rôle du
gouvernement, c'est justement ça, de défendre le Québec, de s'assurer que
l'intérêt du Québec est protégé et mis de l'avant.
Mme
Weil : On est très contents avec le fonctionnement de l'Accord
Canada-Québec, M. le Président, mais je pense qu'il faudrait procéder,
donc, à l'adoption de l'article en question.
Le Président (M.
Picard) : À moins qu'il y ait d'autres interventions sur l'article
49?
M.
Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Borduas.
• (11 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Sur la question de la modalité rétroactive, tout à l'heure, M. le Président, la ministre nous a indiqué que ça n'avait pas été utilisé à de
nombreuses reprises pour la question de l'immigration permanente, donc on avait la possibilité, dans l'ancienne loi... bien, la loi actuelle sur l'immigration, à l'article 3.5, de faire ce choix-là, de prendre cette décision-là pour l'immigration permanente. À combien de reprises c'est arrivé, dans le passé, que le ministère de l'Immigration utilise cette
modalité-là, qu'il y ait un changement en fait d'orientation qui soit proposé?
Mme Weil :
On me dit : Jamais.
M.
Jolin-Barrette : Ça n'a jamais été utilisé? O.K. Donc, c'est vraiment un
levier...
Mme Weil :
Au cas où.
M.
Jolin-Barrette : Au cas où. O.K. Ça va.
Le
Président (M. Picard) :
Ça va? Puisqu'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 49, je vais
mettre aux voix l'article 49. Est-ce que l'article 49 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Picard) : Adopté. L'article 50.
Mme Weil :
Oui. M. le Président, j'aimerais déposer un amendement.
(Consultation)
Mme Weil : Alors, l'amendement,
article 50 :
Supprimer «au nombre maximum de déclarations d'intérêt
pouvant être déposées dans la banque et».
Alors, le texte
actuel :
«Le ministre
peut, en outre, prendre une décision relative au nombre maximum de déclarations
d'intérêt pouvant être déposées dans la banque et au nombre maximum de
ressortissants étrangers qu'il invite en vertu de l'article 44. Il peut
également déterminer une période de dépôt ou suspendre le dépôt des
déclarations d'intérêt.»
Alors, le texte modifié se lirait ainsi :
«Le ministre peut, en outre, prendre une
décision relative au nombre maximum de ressortissants étrangers qu'il invite en
vertu de l'article 44. Il peut également déterminer une période de dépôt ou
suspendre le dépôt des déclarations d'intérêt.»
Alors, commentaires. Cet amendement a pour objet de restreindre le pouvoir
discrétionnaire. Il ne pourra limiter le nombre de déclarations d'intérêt
pouvant être déposées dans la banque.
Et c'est suite aux commentaires de l'AQAADI, qui
nous avait fait cette proposition.
Le Président (M. Picard) : Commentaires?
M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. En
lien avec l'article 49 qu'on vient d'adopter : dans le fond, on vient
limiter, à l'article 50, là, la
décision relative quant au nombre maximum de ressortissants en vertu de
l'article 44, mais, par le truchement de 49, on pourrait dire : Bien, écoutez, même si vous avez
déposé des demandes, finalement, on change d'orientation? 5307
Des voix :
...
Mme Weil : 50, c'est par rapport aux déclarations d'intérêt... bien là,
on l'a enlevé, là, relatif, donc... déclaration d'intérêt. Vous parlez
de 49?
M. Jolin-Barrette : ...l'article
qu'on vient d'adopter.
Mme Weil :
Bon, c'est des demandes, c'est toutes sortes de demandes : temporaires,
permanentes, dans différents programmes,
tandis que la déclaration d'intérêt s'applique strictement aux travailleurs
qualifiés, évidemment, qui font des demandes permanentes.
M. Jolin-Barrette : Mais l'article
49 couvre également cette dernière catégorie d'individus qui appliquent.
Mme Weil : Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc, même si on
vient limiter le pouvoir du ministère à l'article 50, l'article 49 permet toujours de faire rétroactivement... bien, en
fait, de prendre une décision pour dire : Bien, finalement, j'ai accepté x
nombre de demandes, mais on change nos
orientations en fonction de la planification pluriannuelle. Et donc là
j'invoque l'article 49, donc je renvoie les dossiers aux individus, je
leur renvoie leur chèque et puis je change mon orientation.
Mme Weil : Je vais prendre
quelques minutes pour être sûre qu'il n'y a pas de contradiction.
Le Président (M. Picard) : Je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
(Reprise à 11 h 56)
Mme Weil : Suite à la demande de l'AQAADI, c'est de ne pas
empêcher le dépôt de déclarations d'intérêt. Donc, on limite la gestion
de la demande aux demandes en bonne et due forme. Donc, la demande, c'est
lorsque le ministre invite la personne qui a
déposé son profil, si vous voulez, puis là on l'invite à présenter une demande
en bonne et due forme. C'est la deuxième étape. Ça, c'est la première
étape qu'on avait circulée avant, là, ça, c'est la période de déclaration d'intérêt, mais après ça la personne est invitée,
suite à son profil qui contient certaines informations sur la
candidature, son âge, son profil, etc. Mais,
ici, on fait bien la distinction, 49, donc c'est la gestion de la demande, ce
n'est pas la gestion des déclarations
d'intérêt, et c'est pour ça qu'on a 50, qui s'en tient juste aux demandes et
non aux déclarations d'intérêt.
Le Président (M. Picard) :
D'autres interventions sur... Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention...
M. Kotto : ...
Le Président (M. Picard) :
Oh! M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui. Non, non — merci,
M. le Président — c'est
juste pour bien préciser. En fait, le fond de l'article est changé. Parce que, dans la première version,
on était dans la première phase : dépôt de déclarations d'intérêt.
Mais, avec l'amendement, on s'inscrit davantage sur le volet invitation.
Le
Président (M. Picard) : Mme la ministre.
Mme Weil :
...maximum de déclarations d'intérêt, oui, en effet.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Non, c'est bon.
Le
Président (M. Picard) : C'est bon. S'il n'y a pas d'autre
intervention, je vais mettre aux voix l'amendement de l'article 50.
Est-ce que l'amendement à l'article 50 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Picard) : Adopté. Sur l'article 50 amendé, est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas d'intervention, je mets aux voix l'article 50 tel
qu'amendé. Et l'article 50, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Picard) : Adopté. Merci beaucoup.
Compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux. Merci et bon appétit.
(Suspension de la séance à
11 h 59)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président
(M. Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
des relations avec les citoyens reprend ses travaux.
Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 77, Loi sur
l'immigration au Québec. Lors de la suspension de nos travaux cet avant-midi, nous étions rendus à l'article 51.
Mme la ministre, la parole est à vous pour la suite des choses.
Mme Weil :
Oui. M. le Président, j'ai un amendement que je souhaiterais déposer. Je vais
lire l'amendement, M. le Président.
L'article 51.
Modifier le deuxième alinéa par le remplacement de «un traitement équitable des
déclarations d'intérêt et des
demandes de toute provenance» par «une diversité de provenance des déclarations
d'intérêt ou des demandes de sélection». Alors, le texte actuel se
lit :
«Une décision du
ministre prise pour des motifs humanitaires ou pour assurer un traitement
équitable des déclarations d'intérêt et des
demandes de toute provenance peut, de plus, s'appliquer à un pays, à une région
ou à un groupe de ceux-ci.»
Le
texte modifié : «Une décision du ministre prise pour des motifs humanitaires
ou pour assurer une diversité de provenance des déclarations d'intérêt
ou des demandes de sélection peut, de plus, s'appliquer à un pays, à une région
ou à un groupe de ceux-ci.»
Commentaires. Cet
amendement a pour objet de remplacer l'expression «traitement équitable» par
«diversité de provenance».
Le
Président (M. Picard) : Merci. Des interventions sur
l'amendement proposé par la ministre? M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bien, juste pour une question de clarification, là. «Traitement
équitable», «diversité de provenance», ce n'est vraiment pas la même chose.
Donc, est-ce qu'on peut avoir davantage d'explications sur l'amendement
proposé?
• (15 h 20) •
Mme Weil :
Tout ça se réfère au débat qu'on a eu, même lors de la consultation, où on
parlait de traitement équitable. L'idée,
c'était vraiment... La question, c'est qu'on puisse nous assurer d'avoir un
jugement. Tout le traitement est
équitable, donc ce n'était pas vraiment une question d'équité. Et, suite à la
consultation pluriannuelle qu'on a faite en 2011, on avait remplacé
cette notion de bassin par la notion de diversité de provenance.
Donc, on ne regarde
pas l'origine d'un pays ou un bassin. L'optique doit être que le gouvernement
ait la responsabilité — ou nous... en tout cas, le ministère de
l'Immigration — de nous
assurer qu'on fasse de la promotion et prospection partout dans le
monde. Et le résultat sera le résultat.
Donc,
c'était pour amener cette correction. Et, lorsqu'on en avait parlé en
commission parlementaire — je pense que c'était
avec l'AQAADI — il y
avait cette question. Et je trouvais que — honnêtement, c'est personnel — ce n'est pas une question de traitement équitable, c'est l'obligation d'un
gouvernement et c'est l'obligation du MIDI de toujours traiter les dossiers avec équité. C'était surtout d'avoir
l'équilibre, de faire en sorte que nous, on soit obligés d'assurer une
diversité de provenance des déclarations d'intérêt. Ce n'est pas parce qu'on a
un préjugé favorable ou défavorable.
Donc,
ce n'est pas comme si, lorsqu'on traite les déclarations d'intérêt, c'est parce
qu'on n'a pas un traitement équitable
et qu'il y aurait trop, par exemple, de déclarations d'intérêt d'un bassin ou
de l'autre. Alors, on a modifié. C'était tout le grand sujet autour de «bassin géographique» qui est dans la
loi... Bien là, qui a été dans la loi... modification en 2004. Et ensuite, dans les orientations, moi, je
suis venue amener une nouvelle orientation sur la diversité des pays de
provenance, mais qui était toujours dans la loi. Si on regarde la Loi sur
l'immigration actuelle, on parle de bassin géographique.
Et ça avait vraiment reçu l'approbation de tout le monde. Il y avait un
consensus qu'il fallait rectifier le tir dans notre langage, à l'époque,
en 2011, et encore une fois lors de la consultation.
M. Jolin-Barrette : C'est plus de la sémantique que du fond. Parce
que, concrètement, on comprend, l'aspect linguistique sur «bassin
géographique», qu'on ne souhaite plus utiliser ce terme-là. Donc, on ne veut...
Mme Weil :
Le député a raison de dire que c'est sémantique, parce que c'est sûr que le
ministère de l'Immigration n'avait jamais l'intention de ne pas traiter
les demandes de façon équitable. C'était leur façon d'assurer qu'on avait
justement de la diversité dans la provenance des demandes. Donc, à cette
époque-là, il y avait des pourcentages par continent,
mais ça avait créé une réaction, en 2011, des gens inquiets surtout. «Est-ce
que vous êtes en train de mettre des quotas
par rapport à certains bassins?» Alors, pour vraiment... Et j'avais dit :
Non, ce n'est pas du tout l'intention. Alors, en cours de route, pendant
la consultation, j'ai pris la décision de changer l'orientation, vraiment en
processus de consultation. J'ai changé l'orientation, et tout le monde était
d'accord avec le changement.
Et c'est
sémantique, oui, mais c'est sémantique... La sémantique est importante dans le
sens que les mots veulent dire
quelque chose. Et, si une bonne part de la population, surtout les gens qui se
sentaient plus visés, ont interprété cette expression comme étant
peut-être discriminatoire, il fallait le corriger.
M. Jolin-Barrette : Bien, je suis d'accord avec la ministre, M. le
Président, que les mots veulent dire quelque chose. Puis c'est pour ça que c'est important de définir aussi parfois
les mots, notamment sur la question de l'interculturalisme. Puis je reviens avec ça. Je pense que ce serait
vraiment bien qu'on puisse le définir ensemble puis qu'on puisse
l'intégrer dans la Loi sur l'immigration.
Ceci étant
dit, je comprends l'objectif de la ministre sur la question du bassin
géographique. Mais, ultimement, au niveau
de la diversité de provenance, on comprend que le pouvoir habilitaire va être
le même pour la ministre, de favoriser les différentes régions du monde,
et qu'elle va conserver une certaine prérogative relativement à la provenance.
Mme Weil :
Prérogative, c'est surtout le résultat d'une promotion active. Alors, le Québec
a quand même — les études
le montrent — plus de
diversité dans ses bassins de provenance. On a des données là-dessus. Je pense
qu'il faut en être fier. Ce n'est pas
le fruit du hasard, c'est parce qu'on est très organisés en matière
d'immigration, parce qu'on est responsables
de la sélection des travailleurs qualifiés. Bien, on vise toujours 70 %.
Est-ce que c'est 70 %, aujourd'hui, la classe économique? Ça flotte autour, mais... en tout cas, c'est toujours
l'objectif. On a parlé un peu de ça ce matin avec votre collègue, en fait. Je pense que c'est elle qui
avait soulevé la question des intentions du gouvernement fédéral et de
nous. Donc, on a une diversité dans nos
bassins de provenance, ce qui est une bonne chose. On va la maintenir, cette
diversité-là.
Et, dans la
politique — j'en
profite — on en
parle aussi, comment on va changer nos façons de faire la prospection et la promotion, d'aller chercher des talents
particuliers, mais de savoir où on peut trouver ces talents particuliers
puis d'aller recruter justement dans ces endroits où on cherche ces
spécialités.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
encore faut-il donner l'heure juste, lorsqu'on va faire de la prospection, et indiquer clairement qu'au Québec ça se passe en
français puis qu'il y a des valeurs inscrites dans la Charte des droits
et libertés de la personne qui doivent être
respectées aussi. En complément, l'État québécois doit offrir aux immigrants,
dans le fond, tout le support nécessaire
pour l'intégration aussi. J'espère que le message qu'on va porter aussi, quand
qu'on va faire la promotion du Québec à l'étranger, ça va être le
suivant aussi.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme Weil :
D'ailleurs, c'est justement une des mesures dans la stratégie d'action,
exactement ce point-là, où on va
faire connaître avant... d'ailleurs, tout ce qu'ils devront faire pour se
préparer... Et se préparer au Québec, ça comprend, oui, les principes, valeurs démocratiques, que ça
se passe en français, que ça exige donc la connaissance du français.
Donc, c'est toute cette information plus des
informations plus techniques justement sur la formation, les besoins du marché
du travail pour que la personne puisse bien se préparer.
Donc, ici, on
voit la concordance entre certaines dispositions qui sont dans ce projet de loi
qui peut paraître un peu aride, mais,
quand on le jumelle à la stratégie d'action, on est capables de trouver des
stratégies d'action qui se réfèrent directement au projet de loi
n° 77.
M. Jolin-Barrette : ...axé
vraiment sur la question de la francisation aussi. Parce qu'on vient juste de
sortir de la période des questions au salon bleu, et puis j'ai entendu les
réponses du premier ministre aux questions de notre formation politique, aux questions du député de L'Assomption, et je peux
dire que les réponses que le premier ministre a données sont parfois
surprenantes.
Mme Weil :
Mais le premier ministre a donné des chiffres qui sont extrêmement importants.
Il faut savoir que... J'en profite pour l'expliquer.
Pour nous, le
nerf de la guerre, si vous voulez, c'est le 70 %, hein? C'est bien
important, c'est ça qu'on contrôle : les travailleurs qualifiés, les gens d'affaires. Donc, c'est là la
sélection de gens qui travaillent... qui parlent français. On a augmenté à 90 % les requérants principaux,
qui maintenant parlent le français par une série de mesures. Donc, ça,
c'est le fruit d'une intention, mais de mesures... Puis c'est le ministère, là.
Honnêtement, là, s'il faut féliciter quelqu'un,
là... C'est sûr qu'il y a eu plusieurs ministres au fil du temps, mais ça prend
de la créativité, ça prend des fonctionnaires qui pensent à tout ça, qui
proposent au ministre différentes mesures. Donc, juste la multiplication des
ententes avec les alliances françaises... On ne peut même pas imaginer le nombre d'alliances françaises maintenant qui
offrent des cours. On est... je pense, c'est 125 ententes avec des
alliances françaises. J'ai appris qu'en
Chine... je pense qu'à l'époque on était, il y a quelques années, trois grandes
villes qui offraient des cours de francisation.
Bon, donc, il y a la francisation, l'accès aux
cours de francisation en ligne, et la suite, c'est le test de français. Il y a tout ce qu'on fait en amont, avant que la
personne arrive, et ensuite tout ce qu'on fait après. Donc d'avoir
augmenté à 90 % le requérant principal.
Maintenant,
il y a l'époux, l'épouse, qui a accès à ces mêmes cours, et il y a aussi les
enfants, les enfants qui sont scolarisés en français.
Pour ce qui
est du regroupement familial, et je l'ai dit lorsque j'ai lancé la
politique : L'important, c'est de faire la promotion, c'est
d'adapter les cours de francisation aux besoins et aux besoins variés des
différents profils.
Alors, on est
vraiment là. La politique l'annonce. Mais il y a des progrès substantiels.
Juste en 20 ans, on a doublé le nombre
de personnes qui parlent français; quand on regarde les statistiques, on a doublé
le nombre de personnes qui parlent français maintenant. Et ça, c'est
toutes catégories. Pourquoi? Parce que le regroupement familial est maintenant
le reflet... au fil du temps, on le voit, de
plus en plus, le regroupement familial, les gens parlent français, parce que
c'est le reflet des gens qu'on a sélectionnés il y a à peu près
20 ans avant. Quand on suit les données, on le voit. Alors, ils sont plus francophones. Et donc il y a
la loi 101 qui joue, il y a beaucoup de choses qui jouent. Donc, il y a
un progrès important dans le temps.
Oui, c'est important.
C'est une pièce maîtresse de la politique. C'est un pilier. C'est un pilier
pour la participation, mais aussi
pour la préservation d'une société francophone en Amérique du Nord. Ça exige
qu'on soit toujours créatifs,
à l'affût, flexibles.
Par exemple, avec les réfugiés syriens, une des choses qu'on a faites — parce que j'étais à une conférence
fédérale-provinciale — c'est
que nous, on a ouvert des cours de francisation rapidement pour répondre...
pour que les réfugiés puissent s'inscrire avec célérité dans les cours. Ils
sont un peu partout au Québec, là, dans 13 villes de destination, pour ceux qui sont pris en charge par l'État,
et ça va très
bien pour l'inscription dans les
cours de francisation. Donc, c'est cette volonté qu'il faut toujours
avoir, et trouver des stratégies adaptées.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, M. le Président. Je souligne les efforts qui sont faits au ministère
de l'Immigration au
niveau de la francisation, mais malheureusement, M. le Président, ça ne va pas assez loin. Et une chance qu'on a la loi 101. Une chance qu'on l'a, parce que
c'est obligatoire, la loi 101. Donc, lorsque les mineurs arrivent au Québec,
ils n'ont pas le choix d'aller à l'école en français. C'est notamment une des
raisons qui assurent la protection de la langue française. Et, on se
souvient, à l'époque où la loi 101 a été adoptée, bien il y a eu plusieurs
débats sur cette question-là, puis les gens n'étaient vraiment
pas convaincus de la nécessité d'imposer l'école en français, notamment pour les immigrants. Et ça s'est révélé, au cours des années, être un outil
formidable pour assurer la protection puis la promotion du français au Québec, au Canada.
Donc, le débat avait été assez houleux. Je n'étais pas présent, mais j'ai vu
des documents d'archives, M. le Président.
Ceci étant dit, aujourd'hui encore la question du français, elle est
préoccupante. Parce que, dans les chiffres que le premier ministre
a cités tout à l'heure, M. le Président, à la période de questions, il faisait notamment
état... dans ses chiffres, il comptabilisait
le fait que les enfants d'immigrants
aillent à l'école française. Donc, il prenait en compte ces statistiques-là. Mais, en présentant les statistiques
de cette façon-là, ça occulte un tout autre volet de la situation du
français chez les immigrants. Donc, les
individus qui immigrent au Québec et qui sont âgés de plus de 18 ans, le
portrait est tout autre, et les taux de francisation sont beaucoup plus
faibles.
Et, lorsqu'on
me dit : Les requérants principaux, dans une plus forte proportion
maintenant, parlent le français... Tant
mieux. Mais il ne faut pas oublier que le requérant principal amène des gens
avec lui, sa famille. Et ça ne veut pas nécessairement dire que les
personnes accompagnant le requérant principal connaissent la langue française.
Et, à ce moment-là, on se retrouve dans une
situation où la famille qui immigre au Québec peut ne jamais mettre les pieds
dans une classe de français aussi. Et c'est
pour ça que nous, nous proposons que l'ensemble des immigrants suivent des
cours de français obligatoires de façon à assurer la francisation
complète.
Et je suis
d'accord avec la ministre lorsqu'elle dit : Il faut diversifier l'offre, il
faut s'assurer d'avoir une offre en français
sur tout le territoire québécois, puis il faut aussi avoir des standards pour
être capable de mesurer la qualité des cours de français qui sont donnés. Et je ne sais pas si la ministre se
souvient, M. le Président, mais, l'an passé, on avait démontré que les cours de français doivent être donnés dans
les 60 jours ouvrables. Et, dans certains cas, les classes ne sont pas
assez remplies pour offrir les cours de
français ou, parfois, c'est assez long. Mais, sur la question du 60 jours
ouvrables, vous savez, avec les fins
de semaine, tout ça, ça nous amène quasiment à 90 jours, donc l'obligation
de l'État d'offrir les cours de
français à l'intérieur du 60 jours, ça peut nous amener à avoir plusieurs
délais et à repousser l'apprentissage du français. Et surtout, à partir
du moment où vous repoussez le moment où vous pouvez suivre un cours de
français, vous vous retrouvez
dans une situation où peut-être que, un coup que ça fait deux mois ou un mois
et demi que vous êtes ici, sur le territoire
québécois, vous avez peut-être trouvé un emploi si vous êtes le conjoint d'un
requérant principal. À ce moment-là peut-être que vous n'irez pas suivre
le cours de français. Donc, je pense que c'est important d'avoir ça en tête aussi.
Donc, juste
au niveau des adultes admis en 2012, donc il y en a 3 700 qui ne connaissaient pas le français,
donc il y en a très peu qui se sont inscrits à un cours de français. Et
surtout, il y a la question, aussi, de l'assiduité au cours de français. Donc, on peut être inscrits, aussi,
et ne pas terminer le cours. Et ça ne veut pas dire, non plus, aussi, que
nos compétences sont évaluées et qu'on réussit à remplir les cours puis à
posséder la langue.
Un autre
élément intéressant, 54 % des gens qui proviennent des regroupements
familiaux ne connaissent pas le français
aussi, donc, d'où l'importance d'assurer, comme mission étatique, des cours de
français obligatoires. Donc, on m'indique
que le taux de décrochage des cours de français est d'environ 15 % aussi.
C'est assez élevé, 15 %, et ça prend une offre adaptée. Mais, comme
gouvernement, comme État, je pense que — un peu à l'image de la
loi 101 — c'est
important de rendre les cours obligatoires
pour s'assurer de la pérennité de la langue française au Québec. Et je
pense que ça irait dans le sens que la
ministre souhaite aller avec la promotion, le progrès, des démarches qui ont
été déjà faites par son ministère. Donc, je pense que c'est important de
vraiment s'y attarder.
Mme Weil : Est-ce qu'on
peut passer à l'adoption de l'article 51, M. le Président?
Le Président (M. Picard) :
Bien, à moins que d'autres députés veuillent intervenir.
Mme Weil :
Parce qu'on n'est pas sur la langue ici, on est vraiment sur modifier le deuxième
alinéa puis le texte qui concerne la diversité de provenance, les
déclarations d'intérêts et des demandes.
Le Président (M. Picard) :
M. le député, sur l'amendement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, M. le Président, on est directement
sur le point soulevé, parce que la question dont on discutait au début, c'était la provenance des déclarations d'intérêt,
et donc la diversité de provenance. Et donc la ministre nous disait : Bon, c'est important, la
connaissance de la langue française, on va notamment chercher près de 90 %
des demandeurs principaux qui parlent le français. Donc, le sujet a été abordé
directement par la ministre.
Mais je pense que c'est important, vraiment, d'y
revenir en lien avec ce que le premier ministre a dit tout à l'heure. Donc, on indique de faux chiffres à la
population. M. le Président, le portrait qui est dressé par le premier
ministre, c'est un portrait qui est embelli, qui est retouché, M. le Président.
On se retrouve dans une situation où le premier ministre ne présente pas la réelle situation aux Québécois. Et je pense
que c'est important, surtout que, dans les documents du ministère, ce
n'est pas les chiffres qui sont présentés. Donc, on essaie d'embellir la
situation.
Mme Weil :
M. le Président, j'aimerais rassurer le député de Borduas. D'ailleurs, ce
matin, c'est la députée de Montarville
qui était là, et, suite à un amendement qu'on a apporté à l'article 26...
Et je vais lui dire l'amendement qui a été apporté. On parlait de la grille de sélection qui «peut comprendre des critères de sélection tels
que la formation, l'expérience professionnelle et les connaissances
linguistiques». On l'a modifié avec le consentement de tous, tous les partis
ici, que «cette grille comprend — donc, ce n'est pas aléatoire, ce n'est
pas optionnel — des
critères de sélection tels que la formation,
l'expérience professionnelle et la connaissance du français». Donc, ça devrait
rassurer le député, ça fait partie... c'était toujours dans les
intentions, donc, c'est pour ça qu'on a modifié l'article 26, qui va tout
à fait dans le sens des propos du député.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, certainement. Écoutez, ça va dans le sens de
mes propos, mais mes propos concernent vraiment la francisation, M. le
Président, et le caractère obligatoire de ces cours de français là. Et ce que
le premier ministre nous disait tout à
l'heure, c'était de dire : Ah! la vie est belle, tout va mieux dans le
meilleur des mondes. Et ce n'est pas
le cas. Puis je pense que c'est important que les Québécois le sachent, que la
situation n'est pas rose. Et on a un grand travail à faire en tant que
société, en tant qu'État pour assurer la pérennité du français et assurer la
francisation des immigrants. Et je pense
que — on l'a
déjà fait dans le cas de la loi 101, donc de rendre l'école obligatoire en
français — on
pourrait rendre les cours de français obligatoires également pour les
immigrants de façon à leur donner tous les outils pour assurer leur
intégration.
Le Président (M. Picard) :
Merci. D'autres interventions?
• (15 h 40) •
Mme Weil :
Je souhaiterais vraiment défendre mon premier ministre, s'il vous plaît, M. le
Président, puis je pense que mes
collègues seraient d'accord avec moi. Il a clairement... Bon, il a voulu — et il l'a bien fait — démontrer les progrès en matière de francisation. Vous avez dit tantôt
que vous n'étiez soit pas né ou que vous ne connaissiez pas la situation
auparavant. Moi, je peux vous confirmer que
les choses à cet égard sont beaucoup
plus... La vitalité de la langue, la volonté, la prise de conscience... Il n'y a pas de comparaison, il n'y a pas de
comparaison avec une autre époque. Et tous ces progrès en matière d'immigration sont là, et le premier ministre a bien
souligné ces progrès. Et je pense que le chiffre, pour moi, qui dit tout... Bon, on a doublé en 20 ans le
nombre de personnes qui parlent français, globalement, mais aussi c'est
le 90 % des requérants. Ça, c'est le reflet exact de la volonté de
sélectionner les gens.
Mais qu'est-ce que le premier ministre a aussi dit? Il a dit qu'il faut aller plus loin, en effet, et il a
mentionné la politique. Il dit : C'est sûr qu'il y a toujours
des progrès, il y a toujours de nouvelles idées, et c'est ce que fait la
politique. Il s'est référé à la politique.
Donc, je ne voudrais pas qu'on laisse l'impression que le premier ministre n'a pas le portrait global
des responsabilités du gouvernement et de la société en
général. Et c'est la responsabilité de tous, hein? Ce n'est pas...
Oui, le gouvernement va faciliter... Nous, au MIDI, notre responsabilité, c'est la francisation des immigrants, mais évidemment
c'est aussi le milieu scolaire, le milieu du travail, d'offrir des cours de
francisation en milieu de travail. Donc, ça prend le concours... Et
c'est de ça que le premier ministre a parlé, il faut aller plus loin... et
souscrit tout à fait évidemment... C'est une
politique gouvernementale que j'ai dévoilée lundi dernier qui appelle
tout le gouvernement d'agir
dans ce sens-là.
Mais
là, ici, dans l'article 51, on n'est pas... Je pense que le député
parle aussi d'en aval, mais, ici, on est en amont. Alors, on parle de traitement équitable des
déclarations d'intérêt, donc on est vraiment dans une autre
dynamique. On pourra en discuter encore lors
des crédits si peut-être le député va se joindre à nous pour l'étude des
crédits. Mais il y a aussi peut-être dans une autre partie de ce projet
de loi... Mais ici, je pense que, pour rester très précise, on est sur les déclarations
d'intérêt de toute provenance.
Le Président
(M. Picard) : D'autres commentaires?
M. Jolin-Barrette : Oui. Je ne sais pas si je vais avoir la chance
d'être présent aux crédits de l'immigration. On verra. Ceci étant dit, la ministre nous dit : Bon, 90 % des requérants
principaux de ceux que l'on sélectionne, donc les travailleurs qualifiés... Si on avait la
possibilité au Québec également d'avoir la juridiction au niveau du
regroupement familial aussi, on serait à
même de réussir à assurer aussi une pleine compétence dans ce domaine-là. Et je
pense que le ministère de
l'Immigration serait capable de faire
le travail, parce qu'il le fait déjà. Donc, j'invite la ministre à y réfléchir
sérieusement.
Et, lorsque le premier
ministre indique que le bilan s'améliore, peut-être s'améliore-t-il, mais on a
encore énormément de chemin à faire, et il y a beaucoup
d'immigrants aussi qui quittent le Québec.
Donc, pourquoi quittent-ils le Québec? Donc 115 000 sur 473 000 entre 2003 et
2012... Peut-être qu'on ne leur offre pas les ressources aussi
pour s'épanouir à l'intérieur de la société québécoise. C'est à réfléchir
aussi.
Mme Weil : Je pense que c'est important que j'amène une
correction. Le regroupement familial, il n'y a pas de test linguistique. C'est une filière humanitaire, c'est
en vertu de conventions internationales auxquelles souscrit
le Québec. C'est de s'assurer que
l'enfant et que les familles puissent se réunir. Ça fait partie du développement du bien-être de la famille et des
enfants. Et, au Canada, c'est la même chose. Les critères linguistiques
sont appliqués aux personnes sélectionnées. Donc, qu'on ait compétence là-dessus... on est tous régis par des conventions
internationales, donc ça ne changerait rien.
L'important,
c'est de faire en sorte qu'on fasse la promotion de la francisation chez les
membres du regroupement familial.
Mais
je vous confirme que l'immigration — ça
s'appelle l'immigration induite — les
données... Puis je pourrais les
amener peut-être à la prochaine séance. L'immigration induite fait en sorte que notre immigration du regroupement familial reflète les immigrants qu'on sélectionne aujourd'hui. Donc, déjà, depuis 20 ans, on remarque que l'immigration
induite est plus francophone qu'elle était
avant à cause des travailleurs qualifiés qu'on sélectionne qui parlent
français ou qui sont francophones aussi beaucoup.
Le Président
(M. Picard) : Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. J'entends la ministre nous dire qu'il faut faire la promotion chez les travailleurs
qualifiés mais également au niveau du regroupement familial, tout le monde, au
niveau de la francisation. Et c'est pour cette raison que des cours de français
obligatoires, ça permettrait d'assurer la pérennité du français.
Mme Weil : Ce n'est pas l'enjeu dans l'article, alors, quand viendra le moment, on
pourra en discuter. Mais, pour l'instant, on est vraiment sur autre
chose.
Le Président
(M. Picard) : D'autres interventions sur l'amendement à
l'article 51? S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais mettre aux...
M. Kotto :
...
Le Président
(M. Picard) : Oui, M. le député de Bourget. Je ne vous
avais pas vu.
M. Kotto :
Une précision, M. le Président. J'ai laissé la conversation aller, mais
cependant j'aimerais obtenir de la ministre une information relative à
un commentaire que j'ai entendu. Pour ce qui concerne les Québécois issus du regroupement familial, est-ce que, dans l'entente
Québec-Canada, il y a une quelconque disposition à l'effet de les
obliger à se franciser quand ils ne parlent pas la langue?
Mme Weil :
Dans les pays de l'OCDE, il y a quelques exceptions qu'on a soulevées il y a
quelques semaines, je pense que c'est le Danemark, et, apparemment, ces
dispositions obligatoires ne sont pas appliquées parce qu'elles sont non applicables. L'obligation fait en sorte de
créer deux classes de citoyens : ceux qui sont des natifs ou des Québécois... Ça serait
comme dire à un anglophone ou un allophone qui ne parle pas français mais qui a
grandi ici : Vous êtes obligé de
prendre un cours de français. Donc, c'est déconseillé fortement. Je pense que
c'est l'OCDE... En tout cas, je...
Une voix :
...
Mme Weil :
...le Conseil de l'Europe qui déconseille. Et vous avez vu, en commission
parlementaire, lorsque la question a
été posée, personne n'a recommandé d'aller dans ce sens-là, pas un chat. Il n'y
avait pas de chat ici, mais pas un
chat, personne, qui a recommandé... Parce que c'est très néfaste, c'est
négatif. Ça lance l'image — et c'est vraiment le Conseil
de l'Europe qui le dit — que les immigrants ne sont pas volontiers, que les immigrants ne
veulent pas s'intégrer. C'est exactement l'argument qu'ils présentent.
Ça vient du Conseil de l'Europe.
Et
nous, au point de vue constitutionnel, c'est sûr qu'il y a un problème. Avec
une charte des droits et libertés, liberté
d'expression... la discrimination, on ne peut pas créer deux classes de citoyens.
L'important... et ça a été la réponse d'un
syndicat, la CSQ, qui a dit : Non, c'est bien mieux — c'est un syndicat, en plus — de procéder par la promotion, l'encouragement, des mesures positives. Donc, ce
n'est vraiment pas bien reçu, je vous dirais, généralement, parmi les experts, mais aussi dans la société en général,
d'obliger. Mais je vous dirais que, juridiquement, il y a un gros
problème — de
créer deux classes de citoyens — en vertu de nos constitutions, la
Constitution canadienne et la Charte des droits et libertés du Québec.
Le Président
(M. Picard) : Allez-y, M. le député.
M. Kotto :
O.K. Je reviens sur l'article, M. le Président. La ministre a déjà fait un
commentaire à cet effet, au moment
même où nous entendions la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse relativement à la recommandation faite par
M. Frémont à l'effet d'amender l'article 51 du projet de loi afin de
rappeler que le pouvoir discrétionnaire du
ministre de prendre des décisions relatives à la gestion des demandes doit être
exercé dans le respect des dispositions
de la charte et en particulier du droit à l'égalité. Mais, si ma mémoire est
bonne, la ministre — elle me
corrigera si je suis dans le champ — avait répondu que le vecteur charte allait
de soi, c'était une évidence que toute loi au Québec considérait ce
vecteur d'emblée, donc qu'il n'était pas nécessaire de... Est-ce qu'elle peut
confirmer?
• (15 h 50) •
Mme Weil :
Mais je pense que c'est important pour la transcription, de toute façon, pour
les gens qui voudront éventuellement
interpréter l'article 51. Comme vous le savez, les juristes vont regarder
les débats qu'on a. Évidemment, le traitement
équitable, de respecter la Charte des droits et libertés, c'est bien important,
mais le principe... Et j'ai consulté nos juristes, qui m'ont confirmé, en effet... toutes nos lois doivent
respecter la Charte des droits et libertés du Québec et la charte canadienne aussi. Donc, les juristes de l'État
vont toujours valider les projets de loi, c'est un incontournable. Donc,
de le dire fait en sorte que... comme s'il y
aurait des lois qui ne respecteraient pas les chartes de droits et libertés.
Et, lorsqu'un ministre présente un
projet de loi, s'il y a une disposition qui va venir enfreindre la charte, on
le signale tout de suite. Je le sais,
j'ai été ministre de la Justice, j'ai vécu ces discussions-là, et donc ça va
être le premier signal qu'on nous donne : Il y a un risque. Souvent, c'est présenté comme un risque, un risque
élevé, un risque moyen, etc. Donc, il faut présumer évidemment que, si
on le dit, c'est qu'on a un doute à ce que ça s'applique de façon automatique
et qu'on n'ait pas fait notre travail sérieusement en amont.
M. Kotto :
O.K., et il nous a été, M. le Président, également mentionné que le deuxième
alinéa de l'article 51 pouvait donner ouverture, sauf motif
humanitaire, à des décisions ministérielles qui, si elles ciblent un pays ou un
groupe de pays, risquent d'introduire une discrimination basée sur l'origine
nationale des nouveaux arrivants, qui prendraient
comme intermédiaire un avocat notamment. Est-ce que le fait, disons, de
souligner cela nourrit les réflexions de la ministre dans sa
considération de l'article 51 ou reconsidération, devrais-je dire?
Mme Weil :
Bien, c'est-à-dire que l'expression «assurer un traitement équitable» avait
cette intention, c'était l'intention de
cette expression. Mais, moi, étant juriste moi-même, les mots ont un sens,
alors c'est comme une présomption que,
des fois, on traite les dossiers de façon non équitable. Mais cette intention
du MIDI, c'était justement de refléter cette obligation, cette volonté qu'on ait beaucoup de diversité dans notre
immigration. Parce que c'est reconnu comme une valeur en soi, de nous assurer d'aller chercher des
talents un peu partout dans le monde, comme le MIDI le faisait de toute
façon. Le gouvernement du Québec a toujours
eu ça comme politique. C'est une politique qui est vraiment intéressante,
parce que ça permet une bonne intégration
aussi. Donc, c'est la même volonté, mais dite de façon pour refléter le débat
qu'on a eu et les mots, les paroles,
les expressions qu'on a utilisées lors de l'orientation et qui corrigent cette
impression qu'il y a des traitements équitables que ferait le MIDI dans
certains cas et des traitements non équitables dans d'autres.
Le Président
(M. Picard) : M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui. J'ai une question philosophique, je dirais, pas juridique, mais le
fondement du droit n'est-il pas philosophique? Voilà. On parlait de traitement
équitable dans la première mouture et on le sort dans la mouture amendée. Ma
question à la ministre : Est-ce qu'il y a quelque chose d'antinomique
entre l'équité et la diversité de provenance des demandes?
Mme Weil : Ce n'est pas contradictoire. C'est juste que le mot
«équitable» n'était pas approprié dans le contexte, parce que c'est toujours équitable, le traitement est
toujours équitable. La volonté était là, mais ce n'était pas la bonne
expression.
M. Kotto : O.K. Merci.
Le Président (M. Picard) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement à l'article 51?
Puisqu'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre l'amendement à l'article 51 aux voix. Est-ce que l'amendement
à l'article 51 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le
Président (M. Picard) : Adopté. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 51, tel qu'amendé? Puisqu'il n'y a pas
d'intervention, je mets l'article amendé aux voix. Est-ce que
l'article 51, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Merci. Article 52, Mme la ministre.
Mme Weil :
Oui. Alors, l'article 52 : «Une décision du ministre prise en vertu
des articles 49 et 50 n'est pas un règlement au sens de la Loi sur
les règlements.»
Cet article
précise qu'une décision relative à la gestion des demandes, des déclarations
d'intérêt ou des invitations ne
constitue pas un règlement au sens de la Loi sur les règlements. Donc, c'est
exactement la discussion qu'on a eue lors de l'adoption de
l'article 45.
Le
Président (M. Picard) : Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 52? Puisqu'il n'y a pas d'intervention, je vais
mettre l'article aux voix. Est-ce que l'article 52 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Article 53.
Mme Weil : Oui. Alors,
ici, on est dans la section IV, Refus d'examen, rejet d'une demande et
invalidité d'une décision :
«Une personne
qui dépose une déclaration d'intérêt ou qui présente une demande au ministre
doit, s'il le requiert, démontrer la véracité des faits contenus dans
ses déclarations.»
Alors, note
explicative. Cet article affirme le principe qu'une personne qui présente une
demande au ministre et qui dépose une déclaration d'intérêt
est tenue, si le ministre le lui demande, de démontrer la véracité des
faits qu'elle déclare. Alors, ça, c'est l'évidence, évidemment, mais il
faut le dire.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 53?
M. le député de Bourget.
M. Kotto : Oui, M.
le Président. À l'article 53, le
Barreau canadien, division Québec, avait émis des
commentaires à l'effet qu'en cas de rejet
d'une demande, et non d'un refus, que les droits applicables soient remboursés
aux ressortissants étrangers. Est-ce que la ministre avait tenu compte
de ce commentaire-là?
Mme Weil : Dans le cas de rejet... Mais vous le voyez ici,
dans cette section? Ici, on est vraiment sur la véracité des faits contenus dans ces déclarations. Il y a peut-être
un autre article qui serait plus... C'étaient par rapport à l'article 53, leurs commentaires?
M. Kotto : Oui.
Mme Weil : Non, il n'y
aurait pas de remboursement. J'essaie de sortir le... C'est le Barreau?
M. Kotto : Parce que
c'est en lien avec...
Mme Weil : Les rejets.
M. Kotto : Oui, c'est
ça.
Mme Weil : Les rejets,
surtout.
(Consultation)
Mme Weil : Bien, en
tout cas, on peut en parler tout de suite, là, bien qu'il n'y a pas de disposition précise ici, à 53...
c'est à 56... En tout cas, il n'y a pas de remboursement, non.
Une voix : ...
Mme
Weil : C'est ça,
c'est toujours cette question de frais d'administration, de... Quand on doit
traiter un dossier, il y a des coûts associés à ça.
M. Kotto : O.K.
Le Président (M. Picard) :
D'autres interventions sur 53?
M. Kotto : ...ça, mais je reviendrai là-dessus,
parce qu'il y avait d'autres commentaires qui s'étalaient
jusqu'au 57.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Puisqu'il n'y a pas d'autre
intervention, je vais mettre l'article 53 aux voix. Est-ce que
l'article 53 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté. Mme la ministre, 54.
Mme Weil :
Oui, l'article 54 : «La personne visée à l'article 53 doit, en
outre, fournir au ministre, au moment, dans le délai et de la façon
qu'il indique, tout renseignement ou document qu'il juge pertinent.»
Alors, note
explicative. Cet article a pour objet de prévoir qu'une personne qui présente
une demande au ministre ou qui dépose
une déclaration d'intérêt est tenue de fournir au ministre au moment, dans le
délai et dans la manière que ce dernier indique tout renseignement ou
document qu'il juge pertinent.
Donc, le
ressortissant étranger doit démontrer la véracité de ses déclarations, et donc
évidemment le ministre peut exiger tout document ou renseignement qu'il
juge pertinent.
C'est dans la loi actuelle, il me semble bien...
(Consultation)
Mme Weil : Oui, alors, c'est
la loi actuelle.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 54?
M. Kotto : ...M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
M. le député de Bourget.
• (16 heures) •
M. Kotto :
C'est certainement la loi actuelle, mais nous avons l'opportunité de la
questionner aussi, enfin, d'en questionner certaines articulations.
Nous avons entendu ici un témoin qui parlait,
enfin, de l'article 54, d'un libellé laconique qui devrait être davantage balisé pour prévoir que le moment sera
opportun, le délai sera raisonnable et la façon gérable pour fournir un document que le ministre — ou la ministre, en l'occurrence — requiert. Parce que, à ses yeux, la
formulation était un peu trop large, quoi. Est-ce qu'on peut envisager
des balises pour indiquer le moment, le délai raisonnable?
Mme Weil :
Écoutez, le délai, dépendant des circonstances ou des conditions, il y a des
règles qui sont connues des demandeurs.
C'est des règles qui sont sur le site Web, hein? Et donc c'est la Loi sur la
justice administrative qui s'applique, mais
l'information est quand même transmise aux personnes. Donc, ça peut être dans
un délai d'un mois ou de 10 jours ou
de 90 jours. Alors, on indique... mais, de le mettre dans la loi, ça serait
beaucoup trop contraignant, mais c'est important que, d'un point de vue
administratif, il y ait justement équité.
M. Kotto :
O.K. Dans la même foulée, l'Association du Barreau canadien, division Québec,
dénonçait le taux élevé de rejets du
ministère, souvent fondés sur des bases aussi frivoles que le tampon d'un
traducteur non traduit sur un document
soumis, ou la non-reconnaissance erronée d'un diplôme étranger. Et il
commentait davantage, disant notamment que
ce qui était préoccupant, c'est le fait que le MIDI ne rembourse pas, alors,
les frais de traitement encaissés, et que le rejet ne donne droit à aucun recours au ressortissant étranger puisque
sa demande n'a en fait jamais été étudiée. Bref, c'est des commentaires subséquents. Ce qu'ils mettent de
l'avant, c'est le fait qu'il y ait beaucoup de rejets, notamment sur des
tampons non traduits ou des documents
soumis, sur des documents soumis, ou la non-reconnaissance erronée d'un
diplôme étranger. Est-ce que ce commentaire a été pris en considération,
relativement à l'article 54?
Mme Weil : 54, par rapport
aux rejets : si la personne n'a pas soumis le document requis, on y
revient aussi; il y a refus, plus tard. Oui, l'article 56, on va y revenir
aussi, mais je veux répondre plus généralement.
Moi, j'étais
très sensible à cette question. Dès que j'ai appris qu'il y avait beaucoup
de rejets, j'ai demandé à ce que le ministère regarde ça attentivement, revoie ses façons de faire. Et donc il y a
un plan d'action qui a été mis en branle pour justement nous assurer qu'il y
ait vraiment équité, que ça soit raisonnable. Et donc les
derniers résultats, moi, ce qu'on me dit...
et puis je pense qu'il y a aussi un dialogue avec les avocats par rapport aux améliorations qu'il fallait apporter. Moi, je voulais que ça soit très ouvert, parce que
les avocats, les consultants, c'est évidemment des gens qui aident des demandeurs d'immigration, ils sont
là pour les appuyer. Donc, c'est des gens avec qui on travaille puis qu'on doit
bien travailler, et leurs commentaires
nous sont très importants. Parce
qu'ils ont le vécu : ils ont le vécu quotidien et c'est les premiers à
voir les problèmes. Alors, moi, j'ai voulu qu'on réponde rapidement à
tout ça.
Alors, pour rassurer le député dans sa question,
c'est une question bien importante et qui a été traitée avec beaucoup de sérieux par le ministère. Je pense que
la révision est complète maintenant, c'est dans les dernières étapes. En
tout cas, il y a eu des changements, des
modifications qui ont été apportés au fur et à mesure. Moi, ce que je
comprends... Parce que, périodiquement, je
demande au ministère où ils en sont rendus avec cette transformation et
meilleure façon de fonctionner, et là
on me dit que les travaux sont complétés et que les résultats sont sentis puis
on a des meilleurs résultats à ce niveau-là, beaucoup, beaucoup moins de
rejets.
Le
Président (M. Picard) :
M. le député, ça va? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article
54? Puisqu'il n'y en a pas, je vais mettre l'article 54 aux voix. Est-ce
que l'article 54 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) : Adopté.
Article 55. Mme la ministre.
Mme Weil : Excusez-moi. Adopté.
Le Président (M. Picard) :
55.
Mme Weil : 55, oui.
Le Président (M. Picard) :
Oui.
Mme Weil : Article 55. «Le ministre peut refuser d'examiner la
demande d'une personne dans les cas suivants :
«1° elle lui a fourni, dans les cinq ans
précédant l'examen de la demande, directement ou indirectement, un
renseignement ou un document faux ou trompeur;
«2° elle a
fait l'objet d'une décision qui a été prise pour un motif d'intérêt public
conformément aux articles 37, 38, 48 ou 63.»
Alors, la note explicative. Cet article octroie
au ministre le pouvoir de refuser d'examiner une demande si la personne a fourni, au cours des cinq ans qui
précèdent l'examen, un renseignement ou un document faux ou trompeur ou si elle
a fait l'objet d'une décision prise par le ministre pour un motif d'intérêt
public.
Une décision
fondée sur un motif d'intérêt public peut être prise pour refuser de consentir
au séjour temporaire d'un ressortissant
étranger, l'article 37; refuser
de sélectionner un ressortissant étranger, article 38; retirer une
déclaration d'intérêt de la banque, article 48; ou refuser la
reconnaissance ou le renouvellement de la reconnaissance d'un consultant en
immigration, article 63.
Alors, le
pouvoir de refuser d'examiner une demande au motif que le ressortissant
étranger a fait l'objet d'une décision basée sur un motif d'intérêt
public, qui est le paragraphe 2°, est un ajout au droit actuel.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 55?
M. Kotto : Oui. Un
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Bourget.
M. Kotto : L'AQAADI fait le
constat à l'effet qu'il y a une contradiction, en matière de refus et de rejet,
au coeur même du projet législatif. D'une part, disent-ils, l'article 55
prévoit des cas de refus «d'une personne dans les cas suivants». Or, l'article 56 du projet de loi
englobe aussi les cas de rejet pour pareilles situations. Est-ce que la
ministre fait la même lecture que...
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme Weil : Il faudrait
peut-être que je regarde, je ne sais pas si les juristes ont le texte. Mais,
ici, on parle vraiment de refus d'examiner le dossier. Il y a
trois étapes, hein? Il y a le refus d'examiner un dossier pour des
raisons d'intérêt public ou parce que
quelqu'un aurait fait quelque chose, hein, aurait
soumis un document faux, trompeur. C'est comme tout de suite le signal
que, non, on ne va même pas accepter ce dossier, de le traiter, quel que
soit... Bon.
Ensuite, il y a
le rejet, c'est-à-dire : on reçoit l'enveloppe — pour l'instant, c'est ça, la demande — et là il manque un document, il manque quelque chose. Ce n'est pas
parce qu'il y a eu fraude dans le passé, il n'y a pas eu... Et donc on
rejette... c'est-à-dire, on ne va pas traiter le dossier parce qu'il manque des
documents. On vous donne quand même 90 jours
pour compléter le dossier. Mais le
rejet, on n'est pas allés sur le fond du dossier, c'est juste que le dossier
manque des documents. Ça, c'est la pratique administrative courante
actuellement, au gouvernement fédéral aussi.
Donc,
il faut faire attention au langage : il y a le refus d'examiner et ensuite
il y a la décision de refus qui vient une fois qu'on a bien examiné le dossier et que la personne ne rencontre pas
les critères. Donc, je ne sais pas si peut-être le vocabulaire crée un peu cette confusion. Alors,
ici, on est vraiment dans les toutes premières étapes. C'est rare quand
même, j'imagine, intérêt public, j'imagine que c'est très, très rare, mais
peut-être des cas où quelqu'un... un document faux, trompeur. Si ça existe,
c'est parce qu'il y a peut-être eu des cas de ce genre dans le passé. Il faut
s'en prémunir.
Une voix :
...
Mme
Weil : Oui, ça existe. On me le confirme. En effet, ça existe. Il y a des cas qu'on a connus
et qu'on a vus.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Picard) : Merci. D'autres interventions, M. le député de Bourget?
M. Kotto :
Non merci, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Ça va?
M. Kotto :
Oui.
Le
Président (M. Picard) :
S'il n'y a pas d'autre intervention concernant l'article
55, je vais mettre l'article
55 aux voix. Est-ce que l'article 55 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Picard) : Adopté. L'article 56, Mme la ministre.
Mme
Weil : Oui. Alors, l'article
56 : «Le ministre peut rejeter la demande d'une personne dans les cas
suivants :
«1° elle ne lui a pas
démontré la véracité de ses déclarations conformément à l'article 53;
«2° elle ne lui a pas
fourni un renseignement ou un document qu'il a exigé conformément à l'article
54;
«3° la demande
contient un renseignement ou un document faux ou trompeur;
«4° elle lui a
fourni, dans les cinq ans précédant l'examen de la demande, directement ou
indirectement, un renseignement ou un document faux ou trompeur;
«5°
elle a fait l'objet d'une décision qui a été prise pour un motif d'intérêt
public conformément aux articles 37, 38, 48 ou 63.»
Cet
article accorde au ministre le pouvoir de rejeter la demande d'une personne
pour l'un des motifs énumérés. Ces
motifs sont soit le défaut de cette personne de démontrer la véracité de ses
déclarations, l'article 53; ou de fournir un renseignement ou document
exigé, article 54; soit la demande comporte un renseignement ou un document
faux ou trompeur; soit cette personne a fourni,
au cours des cinq ans qui précèdent l'examen de la demande, un tel renseignement
ou document; soit cette personne a fait l'objet d'une
décision fondée sur un motif d'intérêt
public prise pour refuser de consentir à son séjour temporaire, article
37; ou à sa sélection, article 38;
pour retirer sa déclaration d'intérêt de la banque, article 48; ou refuser sa reconnaissance ou le
renouvellement de sa reconnaissance à titre de consultant en
immigration, article 63.
Le
pouvoir de rejet existe dans la loi actuelle. Le paragraphe 4° est
nouveau : il permet de rejeter une demande lorsqu'au moment de l'examen le MIDI constate que le ressortissant a
fourni des faux et trompeurs... des faux, trompeurs... documents dans le
passé.
Donc,
ce qu'on m'explique, au ministère de l'Immigration, que c'était un trou, dans
la loi actuelle, ce genre de situation,
donc on vient boucher ce trou-là. Le pouvoir de refuser d'examiner une demande
au motif que le ressortissant étranger a fait l'objet d'une décision
basée sur un motif d'intérêt public est également un ajout au droit actuel.
Donc, 4° et 5°; 5° parce que c'est une nouvelle considération; 4° parce c'était
un trou dans la loi.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 56?
M. Kotto :
Oui, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Il a été réclamé, pendant les auditions lors de la consultation, un droit
d'appel en cas de rejet en vertu de
l'article 56 du projet de loi, considérant que le rejet est aussi, sinon plus,
préjudiciable pour les postulants que le refus lui-même dans le cas du rejet en vertu de l'article 51, alinéa un,
parce que cela entraîne une sanction, une sanction administrative de
cinq ans, et c'est ce qui motivait cette doléance. Le droit d'appel, est-ce que
cela a été envisagé?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Weil : Oui. Alors, le Protecteur du citoyen a mentionné, dans
son rapport, que le MIDI fait de la révision administrative pour les décisions de rejet, et le Protecteur du citoyen
recommande, d'ailleurs, une telle révision. Donc, c'est la pratique
actuellement, une révision administrative.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Bourget.
M. Kotto :
Non, c'est bon.
Le Président (M. Picard) :
C'est bon?
M. Kotto : Oui.
Le Président (M. Picard) :
Est-ce que... Oui, Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : J'aimerais que vous puissiez me dire,
l'article 56, tel qu'il est là, vous pouvez rejeter une demande, mais
vous ne pouvez pas l'annuler.
Mme Weil : Mais, en réalité,
ça revient au même, dans le sens qu'elle n'existe plus pour le MIDI.
Mme Roy
(Montarville) : O.K., je reviendrai tout à l'heure. Parce
que c'est par rapport à lorsque vous prenez une décision favorable. La décision favorable, elle, vous ne pouvez plus
l'annuler. Puis ça, c'est à l'égard... le rejet, c'est à l'égard des demandes que vous faites. Mais la
décision favorable, vous pouvez l'annuler pour un motif à quel moment?
Mme Weil : Il y a un article,
je pense, qui traite de ça.
(Consultation)
Mme Weil : Il y a un article qui touche l'annulation de CSQ si on
apprend par la suite quelque chose, mais c'est un article qui vient plus
tard.
Une voix : 57.
Mme Weil : 57. Ah oui! Donc,
c'est le prochain. Prochain article.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci.
Le
Président (M. Picard) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur 56? Puisqu'il n'y a
pas d'autre intervention, je vais mettre l'article 56 aux voix. Est-ce
que l'article 56 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Picard) :
Adopté. Ici, je reçois un amendement de Mme
la députée de Montarville, qui
veut ajouter un article, l'article 56.1. Nous allons vous le distribuer.
Mme Roy
(Montarville) :
...
Le Président (M. Picard) :
Oui, on le distribue, Mme la députée, là.
Mme Roy
(Montarville) :
Il est déjà distribué?
Le Président (M. Picard) :
Non, nous allons le distribuer.
Mme Roy
(Montarville) :
Parfait. Excusez-moi, je suis un petit peu sourde.
Le Président (M. Picard) :
Donc, Mme la députée, je vous demanderais de le lire et le présenter.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci, M. le Président. Alors, je vous soumets l'amendement
en créant l'article 56.1. C'est pour ça que je vous posais la question
tout à l'heure sur l'annulation.
56.1, que nous demandons :
«Le ministre peut annuler sa décision de
sélection certifiée et prise en application...»
Excusez-moi, je vais recommencer :
«[La] ministre
peut annuler sa décision de sélection certifiée et prise en application de
l'article 21 de la présente loi lorsque :
«a) la demande contenait une information et un document
faux ou trompeur;
«b) la décision a été rendue par erreur;
«c) les conditions requises pour la
certification de la décision cessent d'exister.
«La décision
du ministre prend effet immédiatement. Elle doit être
motivée et transmise par écrit à l'intéressé.»
Ça ressemble à l'ancien article 3.2.2 et, dans
la mesure où ça vous donne les pouvoirs d'annuler, avec des motifs
d'annulation... Parce que vous nous dites : Allez voir à l'article
57, on parle de lorsqu'est annulée, mais on n'a pas de motif.
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) :
Les motifs prévus par règlement, oui, mais on ne les a pas; donc, ici, on vous
permet d'annuler... C'est un peu ce qu'il y avait
actuellement dans l'article 3.2.2, mais ça vous ouvre la porte
à une possibilité que vous n'avez pas, de la façon dont c'est rédigé actuellement.
Mme Weil : Je demanderais une
suspension... bien regarder la situation.
Le Président (M. Picard) : Je
vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M. Picard) :
Donc, nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Montarville, avec le
consentement de tous, vous pouvez retirer votre amendement suite aux
discussions que nous avons eues lors de la suspension.
Par la suite, nous allons suspendre l'étude de l'article 57, parce qu'il va y
avoir une nouvelle rédaction qui va se
faire, et nous allons poursuivre avec 58. Donc, est-ce qu'il y a consentement
pour retirer l'amendement de la députée de Montarville?
Mme Weil : Consentement, oui.
Le Président (M. Picard) : Consentement.
M. Kotto : ...de 56, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
Comment?
M. Kotto : On est passés au
57 ou... Pardon, on en a...
Le Président (M. Picard) : On
n'a pas encore adopté le...
M. Kotto : Le 56, on ne l'a
pas encore adopté.
Le Président
(M. Picard) : On l'a adopté. Parce que
là c'était un nouvel article que nous avions; c'était le 56.
M. Kotto : Ah! c'était un
nouvel article.
Le Président (M. Picard) :
Oui.
M. Kotto : O.K.,
d'accord. Je vois. O.K. C'est beau.
Le Président (M. Picard) :
Oui, Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Pour poursuivre sur la veine, on a eu des discussions hors micro.
J'aimerais remercier la ministre
pour avoir accepté le fait de remettre, dans la loi, ce qui était déjà là
et de ne pas l'enlever pour nous référer
au règlement. Donc, avec cet ajout-là, le justiciable
comprendra quels sont les motifs, pour quelles raisons vous pouvez annuler une décision. On va les nommer et
par la suite il y aura une ouverture
à aller voir dans le règlement pour le reste.
Mais, minimalement, je pense que le citoyen va déjà avoir une petite idée des
motifs pour lesquels vous pouvez annuler une décision en ajoutant ça.
Alors, je voulais vous remercier.
Mme Weil :
Alors, ce qu'on propose, M. le Président, c'est qu'on ramènerait, donc, la
modification, soit pour ce soir ou demain matin, dépendant de la
disponibilité, je pense. Ils vont essayer ce soir, sinon demain.
Le Président (M. Picard) :
Donc là, j'aurais le consentement pour suspendre l'article 57? Ça va pour tout
le monde? Donc, l'article 57 est suspendu. Nous allons poursuivre avec
l'article 58.
Et je vais
demander à M. le député de Montmorency de venir me remplacer quelques instants,
s'il vous plaît. C'est difficilement refusable, lorsque c'est fait comme
ça.
Je cède la parole à Mme la ministre pour
l'article 58.
Mme Weil : Alors, oui, M. le
Président. J'ai un amendement.
(Consultation)
Le
Président (M. Bernier) : On peut suspendre quelques instants
afin de pouvoir distribuer l'amendement et juger de la recevabilité.
(Suspension de la séance à
16 h 27)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M.
Bernier) : Nous reprenons nos travaux. Donc, Mme la ministre,
vous venez de déposer un amendement à l'article 58. Si vous voulez en faire la
présentation, s'il vous plaît.
Mme Weil :
Oui. Alors, M. le Président, je pense, c'est important de souligner, on est maintenant
dans le chapitre VI, Participation à la société québécoise. Alors, l'amendement
qu'on apporte, c'est de remplacer le premier paragraphe... le premier alinéa,
j'imagine... le premier alinéa par le suivant :
«Afin
de favoriser la pleine participation, en français, des personnes immigrantes à
la vie collective, en toute égalité et dans le respect des valeurs
démocratiques, ainsi que l'établissement durable en région, le ministre
élabore, en collaboration avec les autres
ministres concernés, des programmes visant l'accueil, la francisation,
l'intégration de ces personnes et l'établissement de relations
interculturelles harmonieuses.»
Alors : «Afin de favoriser la pleine
participation...» Le texte actuel, c'était : «Afin de favoriser la pleine
participation, en français, des personnes immigrantes dans les sphères
économique, politique, culturelle et sociale de la société québécoise, le ministre élabore, en collaboration
avec les autres ministres concernés, [les] programmes visant l'accueil,
la francisation et l'intégration de ces personnes.
«Dans
[le] cadre, le ministre établit et met en oeuvre, au Québec et à l'étranger,
des services dans les domaines dont il a la responsabilité. Il détermine
les conditions d'admissibilité à ces services.»
Le texte modifié se
lirait ainsi :
«Afin
de favoriser la pleine participation, en français, des personnes immigrantes à
la vie collective, en toute égalité et
dans le respect des valeurs démocratiques, ainsi que l'établissement durable en
région, le ministre élabore, en collaboration avec les autres ministres
concernés, des programmes visant l'accueil, la francisation, l'intégration de
ces personnes et l'établissement de relations interculturelles harmonieuses.
«Dans
ce cadre, le ministre établit et met en oeuvre, au Québec et à l'étranger, des
services dans les domaines dont il a la responsabilité. Il détermine les
conditions d'admissibilité à ces services.»
Alors, commentaires. Cet
amendement apporte les modifications de concordance nécessaires à la suite de l'amendement
adopté à l'article 1.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Bernier) :
Il n'y a pas d'autre commentaire. Donc, sur l'amendement, M. le député de
Bourget.
M. Kotto : Oui,
M. le Président. J'ai un commentaire relativement à l'utilisation des termes
«relations interculturelles», qui, ma
foi, ne sont pas encore définis, notamment dans un énoncé politique. Et, si la
ministre le veut bien, elle pourrait ici nous donner les grandes lignes
de cette conception des relations interculturelles entre qui, quel groupe versus qui ou versus quel groupe, quel autre
groupe. Si elle peut nous apporter un éclairage là-dessus, nous serons
bien comblés.
Le
Président (M. Bernier) : Mme la ministre, pouvez-vous nous
éclairer?
Mme Weil :
Donc, c'est la définition de «relations interculturelles harmonieuses»?
M.
Kotto : Non, non, le concept de «relations interculturelles».
Le
Président (M. Bernier) : Le concept global.
M. Kotto :
Oui, oui.
Mme Weil : Écoutez, je vais peut-être essayer de... pour être plus claire encore. Dans
la politique, où on en parle aussi... Je vais me référer
à la politique. Je vais juste demander qu'on cherche le chapitre avec la définition
et tout.
Le
Président (M. Bernier) : Le temps qu'on puisse chercher ces choses-là, avez-vous d'autres questions,
M. le député de Bourget, ou je
dois...
M. Kotto :
Non, c'est essentiellement celle-là.
Le Président
(M. Bernier) : C'est essentiellement celle-là.
M. Kotto :
Non. J'en avais une autre, mais elle va dans le même sens de la discussion.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, vous êtes prête à répondre à la première, oui? Allez-y, Mme la ministre.
Mme Weil : On
en parle beaucoup, évidemment, dans la politique qui a été dévoilée la semaine
dernière. Donc, l'interculturalisme qui reconnaît donc des relations
interculturelles. C'est toujours l'objectif. Et depuis déjà même la politique qui date de 25 ans, là, depuis ce
temps-là... les notions d'interculturalisme ont commencé à ce moment-là,
mais elles se sont bien définies dans la
pratique, mais aussi dans nos documents, surtout du ministère de l'Immigration,
beaucoup.
D'ailleurs,
M. le Président, vous en connaissez quelque chose, n'est-ce pas? Vous avez
travaillé dans ce domaine aussi.
Le Président
(M. Bernier) : Eh oui! Eh oui!
Mme Weil :
Et, à l'époque, vous étiez au MIDI comme adjoint... Ce n'était pas le MIDI, à
l'époque, mais les parlementaires, on
parlait beaucoup d'interculturalisme. J'ai vu les documents de l'époque, c'est
une notion qu'on voit d'ailleurs dans plusieurs politiques du
gouvernement en matière d'éducation aussi.
Alors :
«L'interculturalisme reconnaît et valorise une conception plurielle et
dynamique de l'identité québécoise, une
langue publique commune, le français, le respect des droits et libertés de la
personne et la lutte contre la discrimination, une éthique du dialogue
et de la médiation ainsi qu'une conception de l'intégration basée sur
l'engagement partagé entre la société et les personnes immigrantes. Il
reconnaît aussi l'importance des rapprochements interculturels et de la pleine
participation des Québécoises et Québécois de toutes origines.»
On parle aussi
beaucoup de vivre-ensemble, que les relations interculturelles et la promotion
de relations interculturelles, la
valorisation de relations interculturelles, dans le sens qu'on l'explique,
permettent un vivre-ensemble dans un
contexte de diversité ethnoculturelle. Mais, à la base de ça, évidemment, oui,
le dialogue, mais aussi la Charte des droits et libertés, le respect de la Charte des droits et libertés et tout ce
que ça comporte est bien central aussi, la langue aussi, la langue
française comme langue commune. C'est des piliers du vivre-ensemble : le
respect de la Charte des droits et libertés,
et la langue publique commune, et évidemment la lutte contre la discrimination
pour que tous puissent participer.
Et donc ça reflétait
beaucoup, beaucoup la consultation qu'on a faite en janvier‑février 2015, où
les gens ont exprimé, oui, une histoire d'interculturalisme et de promotion des
relations interculturelles, mais souhaitaient voir l'affirmation dans une
politique.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto : Oui. M.
le Président, j'ai bien entendu
l'extrait lu par la ministre, et, à l'évidence, il manque encore ce
qu'il manquait lors des consultations il y a un an à peu près.
Et,
de mémoire, je m'accroche aux commentaires de M. Gérard Bouchard et
Mme Aida Kamar. Dans ce paradigme interculturaliste, disent-ils,
chacun à sa manière, il est fondamental de ramener la notion de la majorité accueillante. On parle de tout sauf des Québécois,
ceux qui accueillent, des natifs. Les natifs, ce n'est pas seulement les immigrants il y a
400 ans, c'est aussi ceux d'hier qui accueillent et qui contribuent à
l'architecture de cette société distincte en
Amérique du Nord. Et M. Bouchard a élaboré un concept d'interculturalisme
québécois. Et c'est une approche qui a fait débat en son temps, une
approche qui a d'ailleurs été celle défendue par Robert Bourassa en réponse au multiculturalisme canadien, considérant justement
la fragilité de cette entité québécoise, de cet îlot de francophones en
Amérique du Nord.
Je
vous le rappelle, le multiculturalisme canadien comme approche d'intégration a
nécessité une commission royale d'enquête
en 1964, la Commission Laurendeau-Dunton, et a généré des recommandations à
l'effet de faire la promotion du biculturalisme
et du bilinguisme. Ce ne sont pas ces recommandations qui furent retenues par
feu Pierre Elliott Trudeau. Il a plutôt amené cette dimension
multiculturaliste qui a dilué l'apport de l'un des deux peuples fondateurs du
Canada, c'est-à-dire le Québec, qu'il a dilué, en le ramenant, le Québec, à une
dimension ethnique comme les autres.
Et
l'interculturalisme a été un moindre mal pour se défendre face au concept
multiculturaliste, qui s'impose de fait parce que la loi des lois, la
Charte canadienne, l'a enchâssé, et nous le subissons, le concept. Et le
paradigme, nous le subissons au Québec malgré nous, parce que la Constitution
de 1982, nous ne l'avons pas signée.
Et
l'héritage que nous défendons aujourd'hui nous permet encore de l'affirmer,
compte tenu du fait que ça n'a pas changé depuis 1982. Et il était dans
l'ordre de nos recommandations, après la commission, après les consultations
l'année dernière, d'inviter la ministre à lancer un chantier, à l'instar d'une
politique comme celle qu'elle a déposée la semaine
dernière, de lancer un chantier pour débattre avec ouverture avec des exégètes
en ces matières afin de générer un consensus sur ces termes-là.
Et
je vois ici un raccourci qui peut apparaître, à terme, comme un piège à
homards. Ce n'est pas dû à la volonté de la ministre, mais le fait est qu'on utilise parfois des expressions dont
on ne mesure pas toujours la portée. Donc, elle et nous, on peut,
disons, nous retrouver un matin, soudain, dans ce piège qu'il nous serait
difficile d'expliciter à nos concitoyennes et concitoyens.
Et je réitère ici ce
désir de voir ici, en commission parlementaire, un débat entourant
l'introduction de ce paradigme comme approche en termes d'intégration au
Québec.
• (16 h 40) •
Le Président
(M. Bernier) : Mme la ministre, réactions, commentaires
sur le sujet?
Mme Weil :
Oui. Ici, on parle de relations interculturelles harmonieuses. Le gouvernement
du Parti québécois avait proposé cette même expression il y a juste
quelques mois, il n'y a pas si longtemps.
Non, mais, parce qu'on
parle de relations, il faut faire une distinction. On parle tout simplement de
relations interculturelles, pour nous
assurer justement qu'on ait des programmes qui visent l'accueil, la
francisation, l'intégration des personnes, l'établissement des relations
interculturelles harmonieuses. C'était vraiment la même expression, de
favoriser des relations interculturelles harmonieuses. Il faut faire une
distinction.
Tout ce que
ça veut dire, ça reflète le pluralisme de la société, mais c'est des relations
entre personnes de diverses origines.
Alors, il n'y a pas de différence de vision entre les deux partis, là, si je me
fie à l'expression qui a été utilisée il n'y a pas si longtemps par le
gouvernement du Parti québécois.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui. M. le Président, je me permets de critiquer cet héritage, parce que la
réflexion est avancée depuis. Considérant
le poids démographique et linguistique que nous incarnons en Amérique du Nord,
préciser les choses, c'est toujours mieux que ne pas les préciser ou
garder un flou. «Mal nommer les choses, c'est [contribuer] au malheur du
monde», disait Camus. Je l'aime, celle-là. J'aime souvent la ressortir, parce
qu'elle dit tout.
J'aurais, disons,
par principe de précaution, utilisé le terme de «relation citoyenne». Parce que
la notion d'interculturalisme, M. le
Président, je réitère ce que je disais tout à l'heure, est une notion sur
laquelle le consensus n'est pas
encore établi au Québec, parce que chacun en a une conception particulière,
notamment parce que nous sommes encore, jusqu'à preuve du contraire,
enferrés dans la loi du multiculturalisme canadien, veux veux pas. Il y a une
confusion qui peut s'installer
insidieusement. Et, si d'aventure nous ne prenons pas l'initiative de déposer
un énoncé politique clair en cette
matière et éventuellement une loi, ce qui nécessiterait en amont des débats,
des échanges enrichissants, je pense qu'on
s'expose, à l'avenir, à moult malentendus relativement à ce concept-là. C'est
par principe de précaution, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Weil :
Oui. Alors, on a adopté l'article 1, et c'est vraiment par concordance.
Et, à ce moment-là, il n'y avait pas
de problème du tout avec l'établissement de relations interculturelles
harmonieuses. Donc, on a repris justement le langage de
l'article 1, qui a été adopté par tous par consensus. Donc, c'est vraiment
un article de concordance.
Parce que
c'est une chose de parler d'un modèle, multiculturalisme ou interculturalisme.
Ici, on est en train de parler de
relations interculturelles, une expression qui est utilisée très fréquemment,
qui... D'ailleurs, on le comprend comme des gens qui... où il y a une interaction entre des gens de diverses
origines, ça peut être avec les membres de la société d'accueil. Mais c'est décrit de cette façon. Tous
nos programmes parlent de relations interculturelles. Il n'y a jamais eu
de polémique sur cette expression de relations interculturelles ici, au Québec,
en tout cas. Il y a la Semaine des relations interculturelles
qu'on célèbre, et tout le monde est d'une voix sur l'importance de cette
semaine, mais aussi de l'expression qui
dit ce que ça dit. Parce qu'il y a un héritage, avec cette expression et cette
semaine, qui est très positive, positive. C'est, la Semaine des relations interculturelles, très apprécié. Donc, c'est
devenu, dans notre expérience, quelque chose de bien vécu, hein? Puis on
le maintient.
Mais, comme
je le dis, c'est vraiment un article de concordance. On a déjà adopté l'article 1, qui revient exactement sur les
mêmes principes.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto :
M. le Président, on parle ici d'établissement de relations interculturelles
qu'on veut harmonieuses. On l'utilise,
certes, l'expression, dans des festivals, dans le cadre des festivals, dans le
cadre d'activités culturelles, ci et là. Ça reste néanmoins dans un cadre non normé. Ce n'est pas dans le cadre
d'une loi. Je suis juste très prudent relativement à l'usage de ce
terme, dans cette façon de l'introduire dans l'article.
L'établissement de relations interculturelles
nous relie — et
la ministre en a fait la démonstration tout à l'heure — à un
volet qui reste à définir dans sa politique d'interculturalisme. Et c'est là où
se fonde le débat qui me préoccupe personnellement. Il y a autant d'avis,
autant d'interprétations de ce terme qu'il y a d'individus dans notre Assemblée
nationale, M. le Président. Le concept ne fait pas consensus au plan de sa
lecture idéologique, et je suis très prudent relativement à son usage.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Weil : Bien,
j'aimerais juste rajouter que... Et puis je n'ai pas en tête toutes les
modifications qu'on a discutées ensemble, mais on avait modifié justement... On
avait parlé de société québécoise, on avait parlé de favoriser — si vous
retournez sur l'article 1 puis les amendements qu'on a apportés — «un engagement partagé entre la société québécoise et les personnes immigrantes
[...] et dans le respect des valeurs démocratiques en plus de concourir,
par l'établissement de relations interculturelles harmonieuses...»
Il faudrait
que je trace les modifications, mais toutes ces modifications ont été apportées
suite à des discussions qu'on a eues. Et je pense que c'était le député
de Bourget qui avait amené ça, l'engagement partagé.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Bourget.
M. Kotto : Oui. Je n'ai
pas fait de proposition relativement à l'interculturalisme, ça, je le sais.
Mme Weil :
Non, mais ce que je veux dire, il y a un contexte, hein, un contexte. Et c'est
là que la phrase «relations interculturelles
harmonieuses» se trouve, dans l'amendement qu'on a apporté à l'article 1.
Donc, ça se lit comme un tout, où on parle justement de la société
québécoise.
On
est en immigration ici. Immigration, la société québécoise qui accueille, qui
intègre, bon, selon des valeurs et cet engagement partagé. Donc, le
paragraphe un, on a eu beaucoup de discussions là-dessus et on était tous
satisfaits avec les changements qu'on a apportés. Tout ce qu'on fait ici, dans
cette partie du projet de loi, c'est de faire une concordance pour refléter les
discussions qu'on a eues.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Bourget.
M. Kotto : Oui. M. le Président, si j'insiste, c'est parce que nous
sommes en train d'aborder l'un des deux articles — et
il y en a deux, essentiellement — concernant l'intégration des personnes
immigrantes à la société québécoise, l'article 58 et
l'article 59. Ce sont les seuls articles qui abordent le sujet. C'est
pourquoi je me suis arrêté là, ce n'est pas par désir d'obstiner la ministre.
Mais je le dis encore
une fois : J'ai un souci de précaution relativement à l'introduction de ce
concept ici.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Autres commentaires, Mme la
ministre?
Mme Weil :
Non, ça va, merci.
Le
Président (M. Bernier) : Pas d'autre commentaire. Mme la
députée de Montarville, sur l'amendement déposé.
• (16 h 50) •
Mme Roy
(Montarville) : Oui, merci, M. le Président. Plusieurs
commentaires. Effectivement, c'est un article de concordance avec l'article 1, article 1 dans lequel
j'aimerais beaucoup que l'on voie inscrit «valeurs communes», parce que
c'était effectivement les termes qui étaient employés par le ministère de
l'Immigration au fil des ans, «valeurs communes
québécoises». Donc, c'était le terme adopté, qui était clair aussi, mais il est
devenu «valeurs démocratiques». Dans ma tête, «valeurs communes» sonne
plus près de nous.
Mais,
cela dit, je comprends que cette décision ait été prise, que le terme «valeurs
communes», d'ailleurs, sera modifié
dans à peu près tout ce que le gouvernement, j'imagine, a écrit avec le terme
«valeurs communes». On va effacer «valeurs communes» pour mettre
«valeurs démocratiques», ce que je trouve un peu dommage.
Par
ailleurs, on est en train d'élaborer cette politique d'immigration qui remplace
la vieille politique qui était là depuis
25 ans. C'est le moment de faire un geste très, très fort, très, très significatif pour toute la population québécoise, pour le Québec, pour
la nation.
Et
mon collègue parlait de la notion de la majorité accueillante, et ça, on se le
fait dire, et on se le fait dire par combien?
Et combien d'intervenants également avons-nous entendus nous dire que c'est bien beau
prévoir des choses pour les
immigrants, mais, aussi, la société accueillante, il faut penser à elle, il
faut l'informer, il faut lui fournir une information, minimalement des ressources pour qu'elle comprenne
le grand projet de société d'immigration qui est devant nous. Et je pense qu'il ne faut pas lésiner sur la majorité
accueillante. Elle est extrêmement importante, puisque ça prend deux pour danser. Il faut être deux pour danser le tango.
Alors, on a besoin des deux côtés pour avoir une immigration réussie. Parce
que c'est l'objectif que nous cherchons tous ici, avoir une immigration
réussie.
Et
d'ailleurs mon chef aujourd'hui a proposé au premier ministre, puisqu'on parle
de quelque chose d'extrêmement important,
l'immigration, le plan d'immigration pour les prochaines années au Québec à
compter de 2017, ce fameux plan pluriannuel
qui s'en vient sur le taux d'immigration. François Legault a proposé que
l'adoption du seuil d'immigration — vous étiez là, Mme la ministre, vous l'avez entendu — après discussion, naturellement, après
auditions à la commission des experts...
Ils vont venir nous dire qu'est-ce qui est bon pour le Québec, qu'est-ce qui
est bon pour nous, puis combien de personnes sommes-nous capables de
bien accueillir, et combien de personnes pouvons-nous recevoir chez nous, et surtout quel est le nombre qui nous permettra de
réussir leur intégration. Donc, une fois que tout ça sera fait, qu'on en
sera arrivés à un nombre d'immigration,
François Legault, le chef de la Coalition avenir Québec, a proposé que
l'adoption du seuil d'immigration le soit aux deux tiers de l'Assemblée
nationale. Et ce n'est pas pour rien.
On sait que les
grandes décisions importantes, les grandes nominations importantes se font aux
deux tiers de l'Assemblée nationale. Et,
pour nous, le projet d'immigration, ce n'est pas le projet d'un seul parti
politique, mais c'est plutôt le
projet de vie de toute une société, de la société québécoise. Et ce n'était pas
anodin, le fait de demander ça. Et je pense
que, si le gouvernement acceptait que les seuils, après discussion, naturellement,
après les experts, soient acceptés aux deux
tiers de la Chambre, ça enverrait un signal très, très fort que c'est un projet
de vie, c'est un projet commun de société, de toute la société
québécoise.
Alors,
je vous le soumets, Mme la ministre, parce que, si vous faisiez un amendement à
cet égard, je pense que ce serait une révolution, mais une belle
révolution qui permettrait à toute la population de comprendre que le processus
d'immigration, ce n'est pas juste l'affaire
du Parti libéral, mais c'est l'affaire de tout le monde, de tous les députés,
de tous les citoyens du Québec.
Alors, je vous
soumets ça comme ça, parce qu'on est justement dans cet article qui dit que le
gouvernement, la ministre va préparer des
programmes, des programmes pour «favoriser la pleine participation, en
français, des personnes immigrantes à la vie collective, en toute
égalité, dans le respect des valeurs démocratiques, ainsi que l'établissement durable en région». Et on poursuit l'article
modifié que vous nous avez soumis : «...le ministre élabore, en
collaboration avec les autres ministres concernés, [des programmes,] des
programmes visant l'accueil, la francisation, l'intégration de ces personnes et
l'établissement de relations interculturelles harmonieuses.
«Dans
ce cadre, le ministre établit et met en oeuvre, au Québec et à l'étranger, des
services dans les domaines dont il a la responsabilité. Il détermine les
conditions d'admissibilité à ces services.»
C'est : le ministre, le ministre, le
ministre. Je veux bien, mais ce serait ô combien magnifique si c'était fait de
concert avec tous les parlementaires ou les deux tiers des parlementaires pour
ce qui est du vote sur un nombre déterminé. Ce serait : la société, la
société. «La société québécoise met en place des programmes pour recevoir, pour
accueillir...» Et ce serait un projet de société.
Alors, je
vous soumets ça, Mme la ministre, parce que je sais que vous êtes sensible à
ces questions. Je vous le soumets,
parce que je pense qu'un plan d'immigration, ça dépasse un parti, puis ça
dépasse la politique, puis c'est un plan de vie pour toute une
communauté, puis toute une nation, puis toute une société. Alors, voilà,
c'était mon commentaire.
Le
Président (M. Bernier) : Mme la députée de Montarville, je
n'ai pas voulu vous interrompre, mais votre chef, je sais que vous avez
beaucoup de respect pour lui, mais il est député de L'Assomption.
Mme Roy
(Montarville) :
Qu'est-ce que j'ai dit?
Une voix : François Legault.
Mme Roy
(Montarville) : Oups! Excusez. Excusez-moi. Déformation
professionnelle. Moi, j'appelle les gens par leur nom. Je suis désolée.
Le Président (M. Bernier) :
Il est député de L'Assomption. Je n'ai pas voulu vous interrompre dans votre
présentation, de façon à ne pas vous déranger, mais utilisez le terme «député
de L'Assomption» ou «le chef de la deuxième opposition».
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Parfait, merci.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, Mme la ministre, réactions, commentaires sur le sujet?
Mme Weil : Oui. Alors,
on a eu ce débat avec votre collègue déjà.
Une voix : ...
Mme Weil :
Oui. On a passé beaucoup de temps là-dessus. C'est l'article 5 sur la planification de l'immigration...
le député de Borduas. Donc, il a proposé évidemment
cette même recommandation, mais dans
le cadre de l'article 5,
moi, j'ai bien expliqué qu'il faut faire confiance au processus démocratique de
la consultation, il faut faire confiance au ministère, confiance au
gouvernement que tout ça, ce sera déposé en pleine transparence avec un débat
public.
J'ai aussi
souligné qu'on est la seule société qui agit de la sorte et qui soumet donc un
scénario basé sur des études, basé
sur l'opinion de spécialistes, dans un premier temps, spécialistes du
gouvernement. Il y a plusieurs ministères qui participent à cet exercice. On propose un scénario, et ensuite c'est les
experts en général qui se prononcent, et le gouvernement agit en toute
responsabilité, et ensuite décide de l'orientation.
Donc, déjà,
c'est un exercice qui est unique et qui est soumis, comme je le dis, de façon
très démocratique, très transparente, et ça a toujours été,
semblerait-il. J'ai eu l'occasion de parler avec beaucoup de gens qui ont vécu
cette expérience. C'est vraiment mené de façon très sereine, très sereine.
Et le
gouvernement agit de façon responsable, suite à cette consultation, et il tient
compte de beaucoup de facteurs, hein?
C'est un exercice qui est quand même rigoureux. Pas juste les seuils, ce n'est
pas juste ça qui est important, c'est aussi la composition de l'immigration qu'on veut. Et, dans cette réforme qu'on
amène, il y a beaucoup de stratégies pour varier... bien, qui vont nous amener... Je n'ai pas encore
la formule. Moi, je ne le sais pas encore. On est en train de travailler
tout ça au ministère. Quand on dit qu'on veut rehausser le nombre d'immigrants
temporaires, que ce soient des étudiants étrangers,
des travailleurs temporaires qui sont déjà intégrés, c'est des facteurs
importants, tout ça, dans cette transformation qu'on veut mener. C'est
une réforme en profondeur, ce n'est pas quelque chose qu'on fait du jour au
lendemain, hein? Il faut amener ces réformes
pour nous assurer... justement, l'objectif, c'est une meilleure intégration. Et,
pour agir de la sorte, il faut agir sur beaucoup de leviers en même
temps. Alors, il faut faire ça de façon... Et c'est sûr que nous, on va
présenter le meilleur scénario possible, mais ensuite on se donne cette autre
étape de consultation publique.
Alors, on a
fait ce débat. On a décidé que non, il ne faut pas le soumettre à un vote. Ce
n'est pas un dossier qui devrait être
politisé dans ce sens-là. Il faut tout simplement que le gouvernement mène cet
exercice comme il l'a toujours fait, de façon responsable, et tenir
compte évidemment des points de vue.
Il n'y aura
jamais consensus parfait, de toute façon. Quand le gouvernement agit, ce n'est
pas toujours basé sur un consensus à 100 %. Mais, si on soumet le
scénario à cette consultation publique, c'est parce qu'on veut entendre ce que nos partenaires... le milieu tant économique
que communautaire, universitaire, les chercheurs, on veut les entendre.
Et c'est parlementaire, ce n'est pas une
consultation privée qu'on fait, là, c'est en public. Alors, là aussi, les
parlementaires vont entendre les mêmes choses que nous, on a entendues.
D'ailleurs, ce projet de loi est beaucoup le fruit de ce qu'on a entendu.
Donc, jusqu'à
date, évidemment, chaque étape, beaucoup plus de consultations qu'on voit
normalement. Et je vous dirais que
j'ai beaucoup voulu agir de la sorte parce que l'immigration, je suis d'accord
sur ça, je suis très d'accord avec la députée de
Montarville, l'immigration, c'est l'affaire de tout le monde. C'est l'affaire
de tout le monde, parce que l'immigration a toujours contribué au développement
du Québec, à notre avenir de la façon la plus large et magnifique possible et
va continuer à jouer un rôle important dans notre avenir.
Alors, on procède, à chaque étape, de façon bien
organisée, bien rationnelle, mais calmement et en consultations. Et, cette
année, on aura plusieurs étapes de consultation. Il y a eu la politique, il y a
la consultation en janvier dernier, ensuite consultation sur le projet de loi,
ensuite on aura une autre consultation sur la pluriannuelle. On aura vraiment
bien entendu, je pense, tous ceux qui s'intéressent à la chose.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Ça va, sur l'amendement de Mme la ministre? Si je n'ai pas d'autre
intervention, je vais procéder aux voix pour l'amendement de Mme la ministre.
Est-ce que l'amendement à l'article 58 est adopté?
• (17 heures) •
M. Kotto : Sur division.
Le Président (M. Picard) :
Sur division. Nous revenons à l'article 58 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions? Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. J'aurais un amendement à ajouter sur l'article 58.
Le Président (M. Picard) : Est-ce
que vous avez des copies ou... Est-ce que ça a été...
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) : Ça
a été distribué, qu'on me dit.
Mme Roy (Montarville) : ...
Le Président (M. Picard) :
Merci. Pouvez-vous nous en faire la lecture, Mme la députée, dans un premier
temps?
Mme Roy
(Montarville) :
Alors, c'est un ajout à l'article tel qu'amendé... enfin, à l'amendement ou...
Alors, amendement. Modifier l'article 58 du projet
de loi en ajoutant, après son deuxièmement alinéa, les suivants :
«Dans ce cadre, le ministre met également en
oeuvre un programme de francisation obligatoire pour le ressortissant étranger
appartenant à la catégorie de l'immigration économique et ayant obtenu moins de
douze points dans la Grille de sélection de l'immigration économique pour le
facteur de connaissances linguistiques en français, en application du Règlement
sur la sélection des ressortissants étrangers et du Règlement sur la
pondération applicable à la sélection des ressortissants étrangers.
«Le
ressortissant étranger visé est ainsi admissible à la formation et
l'accompagnement nécessaires à l'obtention d'une attestation de
réussite dans les cinq années suivant son admission au Québec.
«Cette
attestation est délivrée par le ministre au ressortissant étranger lorsque
celui-ci démontre, dans le cadre d'une épreuve, détenir une
compréhension et une production orales et écrites en français d'un niveau
supérieur, déterminé par règlement, à celui déclaré lors de l'admission.»
Alors, je vais faire quelques commentaires? Ou
vous attendez de les...
Le Président (M. Picard) :
Bien, ils ont été distribués.
Mme Roy
(Montarville) :
Elles ont été distribuées? Ces amendements ont été distribués? Parfait. Donc, naturellement... mais je vous l'ai dit d'entrée de jeu, Mme la ministre, pour nous, rendre les cours de français
obligatoires, c'est viscéral, c'est même le
gros bon sens. Les gens qui veulent venir vivre au Québec ne peuvent pas ne pas
l'apprendre. Ça ne peut pas être une option, le français...
naturellement, pour ceux qui ne le comprennent pas. Et c'est pour ça que
nous disons : Pour les immigrants économiques ayant obtenu moins de 12 points. Alors, avec la fameuse grille, là, ça,
c'est-à-dire un niveau 7 à l'oral puis un
niveau 7 à l'écrit... Donc, moins que le niveau 7 à l'oral et moins que le
niveau 7 à l'écrit, ces gens devraient, c'est notre souhait, obligatoirement
suivre le cours.
Mais vous
constaterez que, par ailleurs, il y a une obligation aussi, de la part du gouvernement — de l'État — de
fournir l'accompagnement nécessaire, la formation et l'accompagnement
nécessaires à l'obtention justement d'une attestation de réussite. Et tout ça
dans les cinq ans, parce qu'actuellement c'est pour être cohérent avec ce que
la loi dit actuellement, puisque le cours,
ils peuvent en bénéficier pendant cinq ans depuis leur arrivée. Donc, c'est
pour être cohérent avec ces cinq
années de délai. Bien, par la suite... voilà. C'est la raison pour laquelle on
préconise l'obligation.
Naturellement, on comprend très bien que les
gens qui le parlent et qui ont un niveau 7 et plus n'en ont pas besoin, et c'est toujours dans l'optique d'avoir
une intégration et une immigration réussies. Et les intervenants qui
sont venus nous parler ici nous ont dit, à plusieurs reprises, que la langue
française, c'était la clé de voûte de l'intégration réussie. Alors, on ne peut pas se payer le luxe d'offrir gratuitement
les cours de français mais de façon non obligatoire; alors, ceux qui
veulent ou ceux qui ne veulent pas, ce n'est pas grave.
Alors, nous, on dit qu'au contraire
c'est grave : si vous n'avez pas un niveau 7, eh bien, écoutez, vous
pouvez être ici, mais vous devrez
l'apprendre obligatoirement. Alors, on ne met pas de bâton dans les roues des
gens, au contraire. On veut qu'ils
réussissent. On a pratiquement l'obligation de les faire réussir, en leur
fournissant la formation et l'accompagnement. Parce que
l'accompagnement... la formation, on voit qu'elle est déficiente.
On
a vu, dans les journaux... Là, vous allez me dire : Ce n'était pas de
l'immigration, c'étaient des réfugiés, ce n'étaient pas les immigrants
économiques. Cependant, on a vu que le ministère nous dit qu'au bout de
11 jours les réfugiés syriens ont droit aux cours de francisation, alors
qu'on a vu, dans les journaux, des gens qui attendent depuis janvier, on est
rendus en mars. Alors, ça fait deux mois que ces gens attendent. Ce sont des
réfugiés qui ont vécu des atrocités, qui
sont ici, qui attendent et qui veulent s'intégrer à la société, et ça fait deux
mois qu'ils sont ici et ils n'ont pas accès aux cours de français.
Alors,
c'est important que la société d'accueil que nous sommes leur donne et
rapidement. Et c'est ce que nous voulons, mais, en échange, c'est aussi important...
Et c'est un contrat, là, entre deux parties, entre l'État qui reçoit, entre la nation accueillante et l'immigrant que
nous voulons avoir avec nous et le réfugié que nous voulons protéger et
avoir avec nous. En contrepartie, ces
gens-là, eux, ont l'obligation d'apprendre. On va tout faire pour qu'ils
réussissent, M. le Président.
Alors,
c'est la raison pour laquelle on met cet amendement, Mme la ministre : avoir une francisation obligatoire. Pour nous, c'est important : il n'y a
rien qui justifie qu'elle ne le soit pas. Moi, je ne peux pas comprendre quels
seraient les motifs pour lesquels nous
dirions qu'on ne peut pas rendre obligatoire le cours de français,
surtout que d'autres nations le font,
d'autres pays le font, d'autres pays qui protègent leur langue le font. La
France le fait, l'Allemagne le fait, le Danemark le fait. Ce n'est pas des fous, là, ce n'est pas des fous. Pourquoi? Parce qu'ils savent qu'ils ont une langue qui est différente, ils savent qu'ils ont une langue qu'ils doivent
protéger du bassin anglo-saxon, et peut-être eux, ce sont d'autres bassins aussi, autour d'eux, qui menacent leur langue
propre. Mais nous, on sait très bien qu'on est cet îlot francophone dans une
mer d'Amérique du Nord anglophone, donc on a l'obligation de la protéger et de
demander à nos immigrants de l'apprendre. Et d'obliger à l'apprendre, c'est se
respecter soi-même, en tant que nation, et je crois que c'est la seule façon de
protéger la langue française. Et, lorsque ces gens parleront français, ils
auront réussi leur intégration, ils seront
intégrés... enfin, si le français est la clé de voûte de l'intégration réussie,
c'est la base même. C'est la base même. Essayer de travailler...
J'étais
à Chicoutimi, hier, j'ai parlé à des immigrants, c'était extraordinaire, et
ceux qui réussissent leur intégration étaient francophones. J'ai parlé à
des gens qui arrivaient de la Côte d'Ivoire. Mais, si vous ne parlez pas
français à Chicoutimi ou ailleurs au Québec,
vous aurez beaucoup de difficultés. Et il faut donner les ressources, et ces
gens n'avaient pas les ressources à
Chicoutimi, ce qui est terrible. Et il y a des exemples, justement,
d'immigration en région. Et on me donnait des exemples des Bosniaques,
on me donnait des exemples des Latinos qui ne sont pas restés à Chicoutimi, qui ont quitté pour aller à Montréal : parce
que, de un, là-bas, il y avait peut-être plus de ressources et, comme le
français n'est pas obligatoire et comme, à
Montréal, on peut vivre et travailler dans une autre langue que le français, on
nous l'a dit, ici, qu'on pouvait
vivre en anglais, mais pas nécessairement en français, bien, pour plusieurs
d'entre eux, c'était plus facile d'aller vivre en anglais à Montréal.
Alors, voilà, c'est la raison pour laquelle je soumets cet amendement-là.
Mme Weil :
M. le Président, est-ce que...
Le Président (M.
Picard) : Oui, Mme la ministre.
Mme
Weil : Oui, j'essaie de comprendre... C'est tout simplement...
Bon, tout simplement... Ce que vous proposez, est-ce que vous pourriez le... Essentiellement, vous dites : Un
programme de francisation obligatoire juste pour le... bien, vous ciblez
«le ressortissant étranger appartenant à la catégorie de l'immigration
économique...
Mme Roy
(Montarville) : Le gouvernement.
Mme
Weil : ...et ayant obtenu moins de douze points dans la Grille
de sélection de l'immigration économique».
Mme Roy
(Montarville) :
Pour les connaissances du français.
Mme Weil :
Mais ça devient discriminatoire par rapport aux autres catégories d'immigrants
économiques.
Mme Roy
(Montarville) :
Non, mais on peut rajouter...
Mme Weil :
C'est sûr qu'il y a un problème de discrimination, en vertu de... Nous, on agit
en vertu de nos chartes, hein, pas les règles
en France. Donc, il y a la Charte des droits et libertés de la personne et il y
a la Charte canadienne des droits et libertés.
Mais,
juste pour comprendre votre vision, quelles seraient les conséquences, dans ce cas précis, les
conséquences de quelqu'un qui ne suivrait
pas, donc, le programme de francisation obligatoire? Est-ce que c'est
présélection, après la sélection? C'est à quel moment?
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée de Montarville.
Mme
Roy
(Montarville) : Oui. Ce serait après la sélection,
parce que ces gens-là seraient déjà informés qu'ils devraient suivre le cours.
Mme Weil :
Quelle serait la conséquence s'ils ne prennent pas le cours?
Mme Roy
(Montarville) :
Bien, pas d'attestation.
Mme Weil :
Attestation, non, mais l'attestation, une fois qu'ils ont la sélection...
Mme Roy
(Montarville) :
L'attestation de réussite, comme nous l'écrivons ici, là.
Mme Weil :
Oui, mais ils sont sélectionnés, ils deviennent résidents permanents. Ils ont
tous les droits d'un Québécois, sauf le droit de vote. Ils ont tous les droits.
Donc, comment vous pouvez appliquer... C'est inapplicable, ça, en droit.
• (17 h 10) •
Mme Roy
(Montarville) :
Ce que je vous soumets... Et les légistes pourraient aider à la rédaction.
Ce que je vous soumets, c'est que l'État québécois doit rendre les cours de français
obligatoires.
Mme Weil :
Mais...
Mme Roy
(Montarville) :
Je vais compléter. Vous dites que ça ne répond pas à nos chartes, que c'est
discriminatoire. Il y a des façons de le rédiger, soit. Je vous soumets cependant
qu'il y a toujours la fameuse clause dérogatoire
qu'on peut utiliser. On peut utiliser l'article 52 pour faire
en sorte que ces cours deviennent
obligatoires, malgré le fait que la
façon dont c'est rédigé pourrait nous permettre de croire que c'est
discriminatoire. Et on comprend que là on met la catégorie uniquement d'immigrants économiques parce que c'est 70 % pour lequel on peut faire une
sélection, alors que le 30 % qui
nous vient des réfugiés ou de la réunification familiale, on ne fait pas cette
sélection-là, elle nous vient d'Ottawa. On peut commencer par les gens
que nous choisissons, qui est le plus grand groupe.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme Weil :
Je suis juste sur des principes d'applicabilité, hein? Parce qu'on ne peut pas
faire de lois qui ne sont pas applicables.
Et ce qu'on me dit, je ne connais pas le dossier à fond, mais que, dans les
deux cas de certains pays, le Danemark notamment, l'Allemagne, ces lois
ne sont pas appliquées parce qu'elles sont inapplicables. On ne peut pas faire
des lois qui sont inapplicables, mais on a aussi le problème des chartes.
Mais
j'essaie de comprendre la conséquence. Donc, la personne a son CSQ et ensuite
la résidence permanente, sinon la
personne ne peut pas être ici, au Québec. Ils ont la résidence permanente, avec
tous les droits qui viennent avec la résidence permanente. Parce qu'on
est au Canada, donc la résidence permanente, c'est accordé par le gouvernement
canadien, évidemment qui vient avec tous ses droits. Et moi, je ne comprends
pas quelles seraient les conséquences de quelqu'un qui refuserait.
Maintenant,
je vous dirais que l'attitude des immigrants, c'est tout le contraire :
ils veulent, ils nous demandent... C'est
pour ça que, dans la politique, on fait beaucoup la promotion de la
francisation, on veut adapter. L'immigrant veut s'intégrer, hein, il faut comprendre ça. L'immigrant veut s'intégrer et
l'immigrant veut parler le français. J'en ai rencontré, surtout... évidemment, les réfugiés parce qu'ils
ne sont pas sélectionnés par la langue. La première chose qu'ils me
disent, c'est que : Je me sens
insécure, je veux apprendre la langue. Et on a eu l'occasion d'en parler avec
le député de Borduas, parce qu'il a
posé beaucoup de questions sur la langue, et je lui ai expliqué que, dans la
politique, il y a plusieurs stratégies d'action, de nombreuses qui
visent justement... non seulement en amont, qu'est-ce qu'on fait pour aider les
gens à maîtriser la langue avant qu'ils arrivent, au-delà de la sélection de
francophones, mais des mesures qui font en sorte que 90 %... et c'est vrai, là, dans la catégorie immigrants
travailleurs qualifiés, donc, là où on agit, là où on sélectionne, 90 % maintenant parlent le français, et ce
n'était pas ça il y a 15 ans ni 10 ans. Ça a vraiment augmenté, au fil des
années, par volonté et par préparation; on prépare les gens avant d'arriver.
Mais
là c'est de voir, si la personne refuse, on ne peut pas retirer sa résidence
permanente, donc on ne peut pas proposer
quelque chose qui devient inapplicable. Au-delà du problème de : on ne
peut pas légiférer quand on sait sciemment qu'il y a un risque au niveau des chartes de droits et libertés...
L'État québécois est très sensible à ces questions-là. J'ai été ministre de la Justice : dès qu'on voit qu'il
y a une possibilité... et les risques sont évalués, un risque élevé, un risque
moyen, on ne peut pas avoir deux
catégories... dans ce cas-ci, deux catégories d'immigrants... la manière que
c'est écrit, qu'il y a même d'autres catégories d'immigrants économiques
qui seraient exemptés de ce français obligatoire. Donc, il y a ce problème-là, catégorie d'immigrants et, au-delà de
ça, catégorie de résidents permanents ou des gens qui sont déjà ici, qui
sont citoyens canadiens ou résidents permanents, la loi doit s'appliquer à tous.
C'est pour ça
que, nous, ce qu'on fait pour encourager les gens, c'est des mesures
incitatives. Il n'y a pas un groupe qui
est venu recommander le français obligatoire, parce qu'à chaque fois, au fil
des années, que, si quelqu'un le soulève, tout le monde, les juristes... et tout le monde dit : Non, ce n'est
pas la façon de procéder. Le Conseil d'Europe d'ailleurs, dans une opinion qu'on a, ne recommande pas d'aller
dans ce sens-là, ça lance le message très négatif que les immigrants ne
veulent pas s'intégrer, c'est inapplicable et ça traite les gens de façon
inéquitable.
Mais j'ai expliqué au
député de Borduas, on a cette mesure incitative, qui est vraiment intéressante,
avec une subvention de participation pour le
cours à temps plein. Ça aussi, c'est peut-être une mesure qu'on ne trouve pas ailleurs, hein, qui fonctionne très,
très bien. Alors, ça encourage les gens qui sont... toutes sortes de personnes,
regroupement familial ou autres, et certains réfugiés aussi qui ne peuvent pas
travailler à temps plein, alors là ils participent aux cours à temps plein.
Mais ensuite,
dans ce qu'on propose dans la stratégie d'action, au-delà de...
on a déjà une offre qui est très variée, diversifiée, on veut aller plus loin, parce que
les gens intègrent le marché du travail plus rapidement, mais ils ont besoin d'un français d'appoint plus avancé. Bon. Alors, je
pourrais lire toutes les mesures qu'on a dans la politique, mais l'essentiel, je pense, pour répondre à votre
préoccupation et à votre proposition, c'est : il faut aller de mesures
positives.
Évidemment, on est tout à fait d'accord avec
vous, votre parti, je pense que tous les partis ici, à l'Assemblée nationale, sont d'accord que l'immigration, c'est
vital, oui, pour l'avenir du Québec, mais c'est aussi vital pour la
langue française. Ça, je pense qu'il n'y a
personne qui ne croit pas à ça, et les approches sont différentes. Donc, ici,
il y a des problèmes d'équité,
d'égalité, de discrimination qui sont inhérents à la proposition de rendre la
francisation obligatoire, mais on va mettre tout en branle, comme on l'a
toujours fait.
Ce que j'ai
souligné avec le député de Borduas, c'est sûr que l'innovation, on a amené
beaucoup d'innovation. Et j'ai eu
l'occasion de féliciter le ministère de l'Immigration, parce que, vous savez,
les ministres changent, hein, mais... et c'est sûr que chaque ministre peut y mettre ses recommandations. J'ai eu
l'occasion, moi, d'introduire le test linguistique, en fait. Là, j'ai l'occasion d'amener la
politique, parce que j'y crois tellement, à la promotion, et j'ai pu voir
l'évolution de l'immigration, et je vois
qu'il faut absolument avoir une offre beaucoup plus diversifiée. Mais, au fil
des années, il y a beaucoup de mesures qui ont été amenées par le MIDI,
qui ont donné de très bons résultats. En 20 ans, le nombre de personnes qui parlent français à l'arrivée a
doublé, en partie — on a
parlé de ça tantôt, ici, avec le député de Borduas — c'est ce qu'on appelle l'immigration induite. Donc, c'est la génération qui
suit la génération francophone qui a été sélectionnée, et il y a une évolution vraiment intéressante
quand on regarde ça à long terme. Donc, ça a doublé en 20 ans, le nombre
de personnes qui parlent français, comparé à
il y a 20 ans. Donc, il y a un progrès, c'est sûr, mais nous, on reconnaît
qu'il faut être encore plus proactif et d'avoir une offre qui reflète vraiment
les circonstances actuelles. On l'a fait pour les réfugiés syriens, mais on
veut s'assurer, le français, en milieu de travail notamment, de faire cette
promotion.
Le Président (M. Picard) : Ça
va?
Mme Weil : Ça va, merci.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Merci, M. le Président. Quand vous me disiez quelle serait la suite, c'est
discriminatoire, que préconisez-vous? C'est
sûr que j'avais d'autres amendements pour justement la suite. Cependant,
également, on comprend que le processus...
la personne arrive ici puis elle a le statut de résident permanent, je le
comprends très bien. Et puis, si nous étions
au pouvoir, ce n'est pas comme ça que nous, on procéderait, mais on donnerait
plutôt un certificat d'accompagnement
transitoire. Donc, c'est transitoire, tu réussis et là tu vois ton...
Malheureusement, on n'est pas au
pouvoir, donc on ne peut pas faire ça de cette façon-là, mais je comprends ce
que vous dites. C'est la raison pour laquelle je dis : Bien,
passons par l'article 52 de la clause dérogatoire s'il y a discrimination.
Cela dit,
moi, je vais persister et signer, mais quand
même déposer mon amendement
pour fins d'enregistrement, à l'effet
que, pour nous et... pour nous, c'est important que les gens comprennent que nous souhaitons, que
nous voulons et que nous croyons que, pour protéger la langue française,
il faut que le cours soit obligatoire. Et on s'entend qu'il peut y avoir des
exceptions, puis on s'entend qu'il peut y avoir des cas humanitaires, puis on
s'entend... mais que la règle soit le cours obligatoire.
Et vous nous
disiez, tout à l'heure, qu'on va continuer de travailler de la façon que
nous travaillons, mais moi, je suis
inquiète, dans la mesure où, uniquement pour la francisation, il y a
eu des compressions de 2,2 millions
de dollars en 2014. Alors, je trouve
ça un petit peu... Il y a eu des compressions, des cours qui ont diminué, et je
veux bien, là, mais on ne met pas
toutes les ressources. Et on va voir le budget, je ne sais pas s'il va y avoir
des ressources supplémentaires dans le budget qui s'en vient.
Probablement.
Mais, cela
dit, pour les fins de la transcription puis les gens qui nous écoutent,
comprenez bien que, pour nous, que les nouveaux arrivants, que les
immigrants, que les gens qui veulent venir au Québec, de toutes origines, seront toujours les bienvenus à bras ouverts, mais, pour préserver cette langue
qui est si fragile en territoire nord-américain, le français, ces gens doivent l'apprendre, et, pour nous, ça doit se faire
de façon obligatoire —naturellement, s'ils n'ont pas un seuil suffisamment élevé. Alors, je le
soumets au vote. Je soumets notre amendement au vote.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Picard) :
D'autres commentaires?
M. Kotto : Commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Bourget.
M. Kotto : Je comprends le plaidoyer de ma collègue de la
CAQ et je comprends également les arguments de la ministre, effectivement.
L'enjeu de la langue dans le contexte de l'immigration, une immigration désirée
pour moult raisons, on
évoque, ci et là, les raisons démographiques, les raisons relatives à la
pénurie de la main-d'oeuvre, les raisons qui justifient les efforts du Québec
quant à la négociation des pouvoirs en matière d'immigration avec le gouvernement
fédéral, c'est-à-dire le renforcement
du filet de la langue française au Québec. C'est un enjeu important, il a été
débattu moult fois ici et, à l'évidence, au-delà de la loi 101, qui encadre les
enfants des nouveaux arrivants.
Les avenues qui nous restent ne sont pas légion.
Il y a l'approche de l'obligation avec sanction que nous proposent nos collègues de la CAQ. Il y a
les incitatifs et la sensibilisation, l'avenue préconisée par la ministre.
C'est une avenue qui a été testée par
le passé déjà, mais qui, ma foi, à l'évidence, ne donne pas beaucoup
de résultats, compte tenu du
fait qu'à Montréal... Parce que le problème, si on peut aborder sous cet
angle-là, auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, c'est que Montréal recèle de 80 % à 84 %, 85 % — je parle de la grande région de
Montréal — de
l'immigration. Et Montréal, comme vous le savez, est un bassin démographique où
les francophones deviennent de plus en plus minoritaires. Donc, il n'y a pas un
pouvoir démographique francophone qui puisse influencer, comme on pourrait le vivre en région, l'orientation ou
le penchant pour la langue française. D'où les quêtes multiples de
stratégies pour arriver à faire bouger le
curseur vers cette langue fragile en Amérique du Nord. Obliger avec sanction,
je pense que la Commission des droits de la personne avait évoqué la
disqualification de cette approche. Je le disais, les incitatifs... Évidemment, on peut rétablir un suivi de cours
plus rigoureux à temps plein, avec éventuellement un dédommagement. Mais
ça coûte combien, tout ça... et à budgéter.
À Montréal, M. le Président, vous le savez,
quand on attire des talents pour venir travailler et contribuer au rayonnement
de notre société, on leur promet monts et merveilles, notamment le fait qu'en
venant au Québec ils peuvent travailler en français. Or, force est de constater
que, dans la très grande majorité des cas, on leur demande de maîtriser une seconde langue, en l'occurrence,
l'anglais. Ils sont obligés, pour la plupart d'entre eux, d'apprendre deux
langues. En Ontario, cette obligation ne leur est pas faite. En Ontario, ils
apprennent, ils travaillent en anglais, une seule langue.
Nous vivons
dans une ambiguïté qui nous pèse lourd et cette ambiguïté nous est imposée par plusieurs vecteurs. Mais, après avoir lu et entendu moult pistes de solution, il y en a
une qui est évidente : si, d'aventure, le Québec devenait un pays
souverain, il sera clair, dans l'esprit de ceux qui travaillent au Québec,
ceux qui viennent au Québec, que cette langue est la langue officielle, la langue de communication, la langue de
travail. Mais nous sommes enferrés dans une ambiguïté qui nous piège et
qui piège même nos propres enfants, ces enfants qui sont de plus en plus
attirés par les produits culturels américains.
Ce n'est pas le Canada, le problème. Le Canada
vit ces problèmes d'acculturation également, face à l'offre culturelle
américaine au plan musique, au plan cinéma, au plan littérature. Ce sont de
beaux produits culturels, des produits très séduisants qui canalisent l'intérêt
de nos enfants. On se concentre sur les immigrants aujourd'hui, mais regardons nos enfants, qu'est-ce qu'ils font. Les modèles de référence, les modèles d'identification auxquels
ils se réfèrent, ces enfants, ne sont
pas toujours québécois, ils ne sont même pas canadiens, parce qu'ils ne sont pas attrayants. Donc,
je crois que le problème, il faut le voir au plan global et avoir une approche
collective cohérente.
Nous sommes une nation ayant pour langue
officielle le français, mais nous ne l'assumons pas. Le préambule de la loi 101 le dit très bien, c'est la langue de
communication, la langue de travail, la langue d'enseignement. Mais, au concret, nous ne l'assumons pas toujours, nous ne
le portons pas toujours, cet héritage de Camille Laurin, de Guy Rocher, de René Lévesque, de Robert Bourassa. Nous avons
beaucoup de questionnements, mais je pense qu'aborder le sujet sur un
terrain, disons, moins politisé nous permettrait d'avancer avec beaucoup plus
d'efficacité. On peut être pour ou contre l'indépendance du Québec, mais force
est de constater que le Québec à l'intérieur du Canada reste pris avec une
constitution, il reste pris avec un encadrement, des balises qui l'empêchent
d'être lui-même. C'est ça, la réalité. C'était ça, mon cri du coeur, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Bourget. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Merci, M. le Président. Avec tout le respect que j'ai pour mon collègue de Bourget, je crois que, oui, nous avons des lois, mais nous
avons aussi, au Québec, la possibilité, avec nos chartes, d'utiliser les articles
qui nous permettent de déroger aux chartes quand c'est nécessaire, justement parce
qu'ici on parle d'un projet de société et la société dont il est question,
c'est la société québécoise, la nation québécoise. Et je pense que ça prend du courage pour exiger d'avoir des cours en français,
mais ce serait quelque chose de possible si le gouvernement avait le courage de le faire et non de se réfugier derrière
les chartes en disant qu'on ne peut rien faire. Elle est là, la
différence. Je pense qu'à l'intérieur du
Canada on peut faire des choses, mais encore faut-il avoir le courage de se
lever debout et de les réclamer et d'oser les faire. Petite différence.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Montarville.
Autres commentaires? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervenant, je vais mettre aux voix l'amendement de Mme la
députée de Montarville. Est-ce que cet amendement à l'article 58
est adopté?
Mme Roy (Montarville) :
Adopté.
M. Kotto : Sur division.
Mme Roy
(Montarville) :
Pouvez-vous aller avec le vote par appel... Comment vous dites ça? Par appel...
Le
Président (M. Picard) : Appel nominal.
Mme Roy
(Montarville) :
Appel nominal?
La Secrétaire :
Alors, pour, contre ou abstention. Mme Roy (Montarville)?
Mme Roy
(Montarville) :
Pour.
La Secrétaire :
M. Kotto (Bourget)?
M. Kotto :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Contre.
• (17 h 30) •
La Secrétaire :
M. Girard (Trois-Rivières)?
M. Girard :
Contre.
La Secrétaire :
M. Bernier (Montmorency)?
M. Bernier :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme
Vallières :
Mme Vallières. Contre.
La Secrétaire :
Pardon! Et Mme Tremblay (Chauveau)?
Mme
Tremblay : Contre.
La Secrétaire :
Un pour, six contre, une abstention.
Le Président (M.
Picard) : L'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article
58, tel qu'amendé tout à l'heure, avec l'amendement de Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des interventions? Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Merci, M. le Président. J'ai un nouvel amendement pour l'article 58. Vous
avez des copies, je vais le lire.
Le Président (M.
Picard) : Un instant, Mme la députée, on va le distribuer.
Mme Roy
(Montarville) :
D'accord.
Le Président (M.
Picard) : La parole est à vous, Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Alors, l'amendement proposé se lit comme suit :
Modifier l'article 58
du projet de loi en ajoutant, après son deuxième alinéa, les suivants :
«Dans ce cadre, le ministre
met également en oeuvre un programme d'intégration obligatoire pour tous les
ressortissants étrangers majeurs dans le but de les familiariser aux valeurs
communes et autres caractéristiques socioculturelles héritées de l'histoire du Québec.
«Le
ressortissant étranger visé est ainsi admissible à la formation et
l'accompagnement nécessaires à l'obtention d'une attestation de réussite
dans les trois années suivant son admission au Québec.
«Cette
attestation est délivrée par le ministre au ressortissant étranger lorsque
celui-ci démontre, dans le cadre d'une
épreuve, reconnaître, comprendre et respecter les valeurs fondamentales et
autres caractéristiques socioculturelles du Québec qui lui ont été
enseignées dans le cadre du programme élaboré par le ministre.»
Quelques
commentaires. Naturellement, nous croyons qu'un gouvernement devrait rendre obligatoires les cours de français. Nous croyons également qu'un gouvernement devrait rendre obligatoires ces cours qui
existent actuellement, cours qui s'appellent Objectif intégration et qui
traitent justement de nos valeurs communes ou de nos valeurs démocratiques. L'ancienne appellation, c'était «valeurs communes»; maintenant, c'est
«valeurs démocratiques». Et il faut savoir
que ce n'est pas parce qu'on parle français qu'on connaît nécessairement les
valeurs communes. Donc, c'est la raison pour laquelle nous croyons que tous les adultes devraient prendre ce
cours, puisque les enfants sont initiés à l'école à nos valeurs, à notre
histoire, à notre culture, ça va de soi, et c'est bien qu'il en soit ainsi.
Cependant, le cours, actuellement...
eh bien, il est important de dire qu'il y a 80 % des immigrés qui ne le
suivent pas. Ça ne les intéresse pas. Ou peut-être ne sont-ils pas informés
qu'il y a ce cours, ou peut-être ne les a-t-on pas informés de la pertinence de prendre ce cours pour réussir son
intégration, pour réussir son immigration. Alors, ce fameux cours... Et d'ailleurs c'est un très petit
cours : on parle actuellement de deux modules de trois heures, un
cours de six heures. Il faut dire que ce cours était un peu plus long, mais il
a été réduit au cours des derniers mois.
Donc, c'est
la raison pour laquelle, Mme la ministre, on soumet cet amendement, puisque
nous considérons que et le
français et l'apprentissage de nos valeurs communes — que vous appelez maintenant les valeurs
démocratiques — sont importants
et devraient être appris par tous les adultes. Alors, voilà, je le soumets pour
discussion, mais aussi au vote, également.
Le Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme Weil :
Bien, j'aimerais dire, dans un premier temps, qu'il y a beaucoup, beaucoup de
programmes, Objectif intégration, Premières
démarches d'installation. J'ai même participé à ce cours-là, et on parle
exactement de tous ces éléments, et
c'est un cours qui est vraiment bien fait, bien géré. Il y a aussi la
déclaration des valeurs communes... en fait, c'est ce nom-là.
Je tiens à
souligner — mais la
députée va s'en rendre compte —l'importance de parler de valeurs ou
principes démocratiques. Hein, ce n'est pas
tous qui adhèrent à la démocratie. De remettre l'accent sur les valeurs
démocratiques, c'est très important, alors que valeurs communes peut vouloir
dire beaucoup de choses, tout et rien, et démocratiques et démocratie, on sait
de quoi on parle. Alors, c'est une petite note en bas de page que je fais, là,
sur ça.
Donc, il y a beaucoup de ces cours évidemment,
c'est sûr qu'il y a quand même beaucoup d'immigrants de la France, on verra
bientôt si leur rang, si c'est premier rang ou deuxième rang, c'est sûr qu'ils
intègrent rapidement le marché du travail. Les gens n'ont pas le temps
d'aller... Ils comprennent bien le Québec, il y en a beaucoup qui ont déjà été ici, beaucoup de travailleurs temporaires
qui sont ici, il y a beaucoup de va-et-vient aussi de gens qui
connaissent bien le Québec. Alors, de rendre
un cours obligatoire juste au point de vue nécessité, on n'est pas vraiment
rendus là. Mais on s'assure, je pense qu'il faut faire la promotion de
ces cours-là pour les gens qui peuvent, hein, parce qu'il y a des gens qui
travaillent.
Donc, la
question juridique et légale demeure, dans le sens de rendre un programme
obligatoire. Premièrement, il faut être sensible aux différentes
situations des gens. Et que ce soit regroupement familial... Si c'est les
parents d'un immigrant français,
pensez-y : ils connaissent la langue, ils connaissent les valeurs, ils
connaissent la société québécoise, et, en
même temps, on ne peut pas appliquer une chose à l'un et pas à l'autre. Donc,
les problèmes de chartes sont toujours là, parce qu'ils deviennent
justement des résidents permanents.
Donc, je
voulais quand même souligner que, sur cette question fondamentale, c'est très
important, le gouvernement du Québec
s'assure de faire la promotion de ce cours-là, c'est un très bon cours. Il y a
la déclaration des valeurs communes qu'on
devra modifier suite à la politique et suite au projet de loi. On va modifier
le langage, ce n'est pas encore prêt, mais c'est l'intention du MIDI de procéder à une modification de cette
déclaration. Mais l'essentiel de la déclaration, elle est bonne, on l'a lue ici, tous ensemble, il y a
quelques semaines, donc je voulais quand même faire le commentaire que
je pense qu'on partage tous l'objectif que tout le monde puisse justement
adhérer, partager ces valeurs démocratiques, que les gens puissent avoir une
bonne connaissance de l'histoire du Québec, notre héritage socioculturel.
Et là aussi
pour rassurer les gens : évidemment, je sais qu'au ministère de
l'Immigration ils connaissent... Il y a beaucoup de diversité chez nous.
Je pense qu'on est rendus à 35 % de diversité, au ministère de
l'Immigration. C'est un ministère qui a son bureau à Montréal, mais c'est
intéressant, c'est des gens qui viennent d'un peu partout, mais le premier commentaire qu'ils me font tous, c'est à
quel point ils adorent le Québec et ils ont une compréhension très
rapide... Ils choisissent le Québec. Ils
choisissent le Québec, pourquoi? À cause de la langue. La plupart, c'est la
langue, ou ça peut être d'autres
circonstances, mais, quand ils font le choix, ils font le choix du Québec. Ce
n'est pas un deuxième choix, hein? Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas
rentrés au Canada, c'est vraiment à cause de la langue, la culture ou une
connaissance du Québec qui les attirent.
Ce n'était
pas tant pour moi de dire qu'on veut miser là-dessus, c'est pour ça qu'on mise
sur les étudiants étrangers, les
travailleurs temporaires qui ont choisi d'étudier ici, au Québec, et qui
apprennent le Québec et qui fait partie de notre vision. Donc, de rendre
obligatoires des cours au-delà des chartes de droits et libertés, ça, c'est
vraiment un obstacle important. C'est :
on n'a pas besoin de le rendre obligatoire. On veut le promouvoir, les gens y
adhèrent et, s'il y a des gens qui n'adhèrent pas, ça devient sérieux,
il y a des sons de cloche, là, qui vont se faire entendre dans les différentes
institutions, notamment les écoles, par exemple.
Si on avait
un problème, par exemple, de reconnaissance d'égalité fondamentale entre les
hommes et les femmes, s'il y a des
gens qui ne comprennent pas qu'est-ce que c'est, de la discrimination, etc., on
a des institutions, on a des lois, des
règlements, des chartes pour faire connaître justement, de la façon assez
raide, comment ça fonctionne, ici, dans notre société.
• (17 h 40) •
Ça peut être des valeurs qui ne sont pas
partagées par les natifs non plus, hein? Les comportements qui ne respectent pas les chartes de droits et libertés,
ce n'est pas les immigrants, hein, c'est n'importe qui. Alors, c'est pour
ça qu'on a des institutions et on a des lois
pour faire respecter nos lois et règlements, nos chartes, et tout. Mais les immigrants, évidemment, adhèrent,
choisissent le Québec, et on veut qu'ils comprennent, qu'ils partagent...
Le cours est aussi fait pour leur permettre de
discuter entre eux. Et, moi, le cours où j'ai participé, on a parlé d'égalité entre les hommes et les femmes, et
c'était vraiment intéressant. Tout
de suite, les femmes ont dit :
Bien, moi, je comprends, ici, que les femmes... Et c'était avec beaucoup
d'humour qu'elles le disaient aux autres qui étaient autour de la table, c'était une table ronde et ils s'échangeaient
entre eux. Puis beaucoup d'entre eux venaient d'arriver, il y a
quelques semaines, il y a quelques mois. Mais une chose qui m'a frappée... je
n'étais pas frappée, je n'étais pas surprise,
mais c'était l'ouverture avec laquelle les gens s'exprimaient pour simplement
dire : Ici, on sait comment ça marche, les femmes jouissent d'un
statut d'égalité avec les hommes et que la société québécoise en fait la
promotion.
Donc, je pense
qu'a priori une des raisons pour laquelle il n'y a personne dans les consultations, pas un groupe, pas un
expert, pas un syndicat qui est allé dans le sens de rendre ces choses-là obligatoires, c'est parce que l'expérience
de vie qu'on a tous, c'est que c'est par l'encouragement, par la promotion, par
l'invitation, par des relations interculturelles qui invitent justement cet
engagement de part et d'autre. Alors, nous, on s'ouvre à l'autre et l'autre
s'ouvre aussi à la société québécoise. C'est un engagement partagé, comme la
modification qu'on a apportée, je crois bien, c'était une modification qu'on avait apportée, tous ensemble,
aux premiers articles de ce projet de loi. Mais je réitère que les
obstacles juridiques, constitutionnels sont
évidemment les mêmes que lorsqu'on parle de rendre un cours de langue
obligatoire.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. D'autres
interventions? Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Oui. Merci, M. le Président. Je vous soumets
que ce n'est pas un péché ni une tare que de demander que des cours
soient obligatoires, tout en étant très respectueux à l'égard des gens. Et par
ailleurs on ne demande pas aux immigrants de faire un baccalauréat en sciences
avancées, c'est à peine quelques heures. Alors, il ne faudrait pas voir ça non plus comme une torture qu'on voudrait
infliger aux gens, là. Je pense qu'on parle de cours... sur un total de 24 heures, il y a un module qui porte
sur les valeurs, sur la culture, il dure six heures. Alors, M. le
Président, je comprends que les gens veulent
s'intégrer, travailler, mais, six heures sur trois ans, ce n'est quand même pas
une torture physique, là, ce qu'on soumet.
Alors, moi,
je vais le soumettre... je comprends la position de la ministre, mais moi, je
vais tout de même soumettre cet
amendement-là et le mettre au vote également par appel nominal. Je pense que
c'est une question de respect que les gens
connaissent nos valeurs, nos valeurs démocratiques, si vous voulez les appeler
ainsi, particulièrement l'égalité entre les hommes et les femmes, ce qui est tellement important. Et, quand on
demande à peine quelques heures à quelqu'un, je pense que c'est bien peu
de sacrifices pour réussir une intégration. Alors, je le soumets aux voix.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Il y a une demande de vote par
appel nominal sur l'amendement de Mme la députée de Montarville. Est-ce que, M. le député de Bourget, vous
vouliez intervenir? Il est trop tard, Mme la secrétaire?
M. Kotto : Non, ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Picard) : Ça
va?
M. Kotto : Oui.
Le Président (M. Picard) :
O.K. Donc, nous passons au vote.
La Secrétaire : Pour, contre
ou abstention. Mme Roy (Montarville)?
Mme Roy
(Montarville) :
Pour.
La Secrétaire : M. Kotto
(Bourget)?
M. Kotto : Abstention.
La Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Contre.
La Secrétaire : M. Girard
(Trois-Rivières)?
M. Girard : Contre.
La Secrétaire : M. Bernier
(Montmorency)?
M. Bernier : Contre.
La Secrétaire : Mme Vallières
(Richmond)?
Mme
Vallières :
Contre.
La Secrétaire : Mme Tremblay
(Chauveau)?
Mme Tremblay :
Contre.
La Secrétaire : 1 pour,
5 contre, 1 abstention.
Le Président (M. Picard) :
L'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 58 qui a été amendé. Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Donc, est-ce que
l'article 58, tel qu'amendé, est adopté?
M. Kotto : Sur division.
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté sur division. L'article 59, Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. L'article 59.
«Le ministre peut allouer une aide financière à une personne immigrante qui,
conformément aux conditions déterminées en vertu d'un programme visé au premier
alinéa de l'article 58, a accès à des services d'accueil, de francisation ou
d'intégration.»
Cet article a
pour objet de prévoir le pouvoir du ministre d'octroyer une aide financière à une personne
immigrante qui bénéficie des services d'accueil, de francisation ou
d'intégration, selon les conditions prévues au programme.
Le Président (M. Picard) :
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 59?
(Consultation)
Le Président (M. Picard) : Mme
la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Vous êtes à 59, là? Non, je n'ai pas de remarque sur 59.
(Consultation)
Le Président (M. Picard) :
Comment?
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) : Je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
(Reprise à 17 h 49)
Le Président (M. Picard) :
Nous reprenons nos travaux. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article
59? Puisqu'il ne semble pas y avoir d'intervention, je vais mettre l'article 59
aux voix. Est-ce que l'article 59 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Picard) :
Adopté.
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) : Je
vais suspendre quelques instants. Nous avons un dépôt pour l'article 59.1. On
va prendre le temps de faire des photocopies et le distribuer.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 53)
Le
Président (M. Picard) :
Nous reprenons nos travaux. Et je
cède la parole à Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci, M. le Président. C'est un article de droit nouveau qui s'inspire des
travaux qui sont en cours, actuellement, avec le projet de loi n° 59, et
certains articles... un article nouveau, entre autres, que la ministre a mis
dans ce projet de loi ci pour lui donner plus de pouvoirs lorsqu'on parle
peut-être, entre autres, de terrorisme.
Donc,
je vous fais la lecture : Ajouter, après l'article 59 du projet de loi,
l'article 59.1 suivant :
«Le
ministre peut annuler sa décision de sélection certifiée et prise en
application de l'article 21 de la présente loi lorsque, dans les six années suivant son admission au Québec, un
ressortissant étranger ayant fait l'objet d'une décision du Tribunal des
droits de la personne concluant que celui-ci a diffusé publiquement ou facilité
la diffusion de discours s'exprimant dans un contexte de radicalisation ou
d'endoctrinement pouvant mener à l'extrémisme violent.
«La décision du
ministre d'annuler la certification doit être motivée et transmise par écrit à
l'intéressé, ainsi qu'au ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la
Citoyenneté du Canada.»
Alors, explication.
On est en présence, ici, de quelqu'un qui vit ici, qui est arrivé ici, mais qui
n'a pas encore sa citoyenneté canadienne.
Cependant, cette personne-là a été... le Tribunal des droits de la personne a
reconnu qu'il a tenu de ces fameux propos, de ces fameux discours qu'on
tente d'enrayer, et toujours des discours qui sont faits dans un contexte de
radicalisation ou d'endoctrinement qui mènent à l'extrémisme violent. C'est
encore dans la mouvance du projet de loi n° 59 sur lequel on est en train
de travailler et pour lequel on est toujours à étudier l'article 1.
Donc,
on donne, ici, au ministre un pouvoir de faire en sorte que ces gens, pour
lesquels le Tribunal des droits de la personne aurait rendu une
décision, bien, ces gens, le ministre pourrait annuler leur certification.
Voilà.
Une voix :
À la discrétion du Canada.
Mme
Roy
(Montarville) : Oui. Ainsi qu'au ministère des
Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Naturellement, le Canada a un
petit mot à dire.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la
ministre.
Mme Weil :
Il y a un problème technique : parce que la personne, dans les six années...
C'est un résident permanent, donc l'expulsion relève du gouvernement fédéral.
Une voix :
...
Mme Weil :
Un CSQ? On peut bien annuler le CSQ, mais la personne a la résidence
permanente, peut aller...
Une voix :
...
Mme Weil :
...si le gouvernement canadien a une inquiétude par rapport à la
radicalisation, évidemment, ils ont leurs
propres mesures pour assurer la sécurité nationale. Et ils sont bien sur le
terrain ici, au Québec, pour regarder ces cas-là. Mais, si c'est un
citoyen canadien, ils vont... C'est surtout par le droit criminel et des
actions policières, là, qu'ils vont régler la chose.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Naturellement, il faut discuter avec le Canada.
Mme Weil :
Mais j'essaie de voir si ce que vous vouliez...
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Weil : Oui. Dans la série d'articles, on a lu qu'à 56 on
rejette la demande. Il y a peut-être une toute petite période où...
Est-ce qu'on peut l'évoquer?
Une voix :
Oui.
Mme
Weil : Oui? On émet un CSQ, mais ça peut prendre du temps avant
que la personne reçoive sa résidence permanente.
Il y a quand même cette fenêtre-là, là. Mais, une fois que la personne est
résidente permanente, non, c'est...
Une voix :
...
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée de Montarville.
Mme
Roy
(Montarville) : Oui. Ça pourrait être fait de façon
symbolique, dans la mesure où la décision finale relève du gouvernement canadien, mais je pense qu'on lui enverrait un
message qu'il serait très à même de comprendre aussi et de recevoir.
Mme
Weil : ...légal. On ne pourrait pas, dans une loi, faire ça
ici, une loi québécoise. Et un motif d'intérêt public d'annuler un CSQ pour un motif d'intérêt public...
Et puis la députée de Montarville a déjà recommandé que, dans les
directives administratives, on peut expliquer quels seraient des types de
motifs d'intérêt public. Si on veut lancer un message, il y a quand même cette période CSQ,
avant la résidence permanente, où le CSQ pourrait être annulé. On
n'avait pas discuté de ça tantôt. On pourrait y réfléchir.
Mme Roy (Montarville) : ...
Le Président (M. Picard) :
Oui, Mme la députée de Montarville. Il reste une minute.
Mme Roy
(Montarville) : Oui. Bien, écoutez, je vais le retirer. Dans
la mesure où j'ai beau faire les efforts, faire des efforts, faire des efforts, c'était dans un souci... Mais
effectivement il y a ces directives-là. Je me souviens d'avoir discuté avec vous le fait que, pour des raisons
d'intérêt public, là, et vous aviez énuméré là-dedans le terrorisme
entre autres, vous pouviez agir à certains égards. Alors, je vais le retirer.
Le Président (M. Picard) :
Est-ce qu'il y a consentement pour que Mme la députée de Montarville retire son
amendement?
Mme Weil : Consentement.
Le Président (M. Picard) :
Consentement.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 19 h 36)
Le
Président (M. Matte) :
Bonsoir à tous. La Commission des
relations avec les citoyens reprend
ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils téléphoniques.
Nous poursuivons l'étude du projet de loi n° 77.
Et nous avons ajourné, cet après-midi, à l'article 60. Mme la ministre,
est-ce que vous pouvez lire l'article 60, auquel nous étions rendus? Oui, Mme
la députée de Montarville?
Mme Roy
(Montarville) :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, j'avais fait un amendement à l'article 59.1, dont nous avions discuté. Je l'avais
retiré, compte tenu des explications. Cependant, il avait été convenu également
qu'on puisse ajouter les termes de cet article-là dans un autre article,
l'article 58, qui est toujours suspendu jusqu'à présent... 58...
Des voix : ...
Mme Roy
(Montarville) : Excusez-moi, 57. Il y a un article qui était suspendu, et puis ça a l'air, M. le Président, qu'on pourrait y rajouter le bout d'amendement que
ça me tentait qu'on voie. Alors, en d'autres termes, je souhaitais voir
un amendement pour donner des pouvoirs au ministre, des pouvoirs qui
permettraient d'annuler une décision, d'annuler sa décision de sélection
certifiée avant que la personne obtienne le statut de résident permanent.
Et
donc cette période où il est ici, où il arrive... ou avant qu'il arrive, mais
il arrive, il est ici et il n'est pas encore citoyen... résident permanent, pardon, pour faire en sorte que la
ministre ou le ministre puisse avoir des recours si cette personne-là
est une personne qui est...
Une voix :
...
Mme Roy : ... — oui, je reprends mon amendement, là... enfin, je tente de
résumer — cette
personne-là a fait «l'objet d'une
décision du Tribunal des droits de la personne concluant que celui-ci a diffusé
publiquement ou facilite la diffusion
de discours s'exprimant dans un discours de radicalisation ou d'endoctrinement
pouvant mener à l'extrémisme violent».
Et
ce que je voulais faire, c'est donner des outils au ministre pour faire en
sorte que, s'il y a de ces gens, elle puisse modifier sa décision et annuler sa décision relativement à sa sélection
certifiée. Et la raison pour laquelle on fait ça, c'est que le gouvernement libéral a déposé, au printemps
dernier, tout un vaste plan pour contrer la radicalisation, et je pense
que ça pourrait être un outil, lorsqu'on
sait que ces gens-là... qu'une personne a justement fait l'objet d'une décision
du Tribunal des droits de la personne dans ce sens-là.
Et,
nous en avions discuté avec Mme la ministre, ça donnerait des pouvoirs au
gouvernement. Mais on sait que c'est bien exceptionnel, là. Et on ne
parle pas ici de discours haineux non plus, là. Ce n'est pas le
p.l. n° 59 non plus. Mais c'est
vraiment, lorsqu'il y a des gens qui s'expriment dans un contexte de
radicalisation ou d'endoctrinement pouvant mener à l'extrémisme violent... bien le gouvernement pourrait agir s'il
y avait une décision contre ces gens-là qui serait rendue avant qu'ils
ne soient résidents permanents. Alors, voilà.
Le Président (M. Matte) : O.K. Si vous me permettez, je vais suspendre
momentanément, là, pour faire, là, un ajustement.
Parce que vous me parlez de l'article 59, là. Pour moi, l'article 59
a déjà été adopté. Là, il faudrait revenir sur un article, là, 57, sur
lequel vous voulez faire un sous-amendement. Est-ce qu'on prend...
Mme Roy
(Montarville) : Oui. En fait, j'avais déposé un amendement à
59...
Le Président (M. Matte) : J'aurais besoin du consentement, là, pour
suspendre les travaux. J'ai le consentement.
(Suspension de la séance à
19 h 40)
(Reprise à 19 h 44)
Le Président (M. Matte) : C'est bien. Donc, Mme la ministre, nous sommes à
l'article 60. Je vous invite à faire la lecture de l'article, s'il
vous plaît.
Mme Weil : Oui. Alors, nous voilà au chapitre VII pour
traiter des consultants en immigration. Alors, l'article 60 : «Une personne désirant agir à titre de consultant
en immigration doit, sous réserve du deuxième alinéa de
l'article 61, être reconnue par le ministre.»
Cette
disposition prévoit l'obligation d'obtenir la
reconnaissance du ministre pour agir à titre de consultant en immigration. Cette obligation ne s'applique toutefois pas aux membres ou
catégories de membres d'un ordre professionnel qui sont exemptés par règlement
du gouvernement.
Alors, il faut lire
les deux articles ensemble, 60 et 61. Alors, c'est tout.
Le Président (M. Matte) : C'est bon? Est-ce qu'il y a
des députés qui ont l'intention... Oui, le député de Bourget.
M. Kotto :
Merci, M. le Président. Deux commentaires. Le premier est à l'effet que
l'article présente ce qui nous a été fait
comme commentaire ici. Je ne me souviens plus précisément de la personne, mais
le commentaire était à l'effet que l'article présente un problème de
forme, car il ne contient pratiquement que des pouvoirs d'adoption de
règlements. Et la doléance était à l'effet qu'il soit absolument nécessaire de
prévoir des possibilités de consultation de
ces règlements. C'est des gens, de mémoire, qui travaillaient comme conseils en
immigration. C'est le premier point.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre.
Mme Weil : Pour clarification, la question de dédoublement avec le
fédéral, c'était quoi, le point, exactement?
M. Kotto :
Non, c'est tout. Enfin, le commentaire était à l'effet que cet article et les
subséquents présentaient un problème
de forme, car ils ne contenaient pratiquement que des pouvoirs d'adoption de
règlements. Et la doléance était à l'effet de rendre accessibles ces
règlements pour consultation. Alors, je ne sais pas si...
Mme Weil :
...une suspension, M. le Président.
Le Président
(M. Matte) : Une suspension? J'ai le consentement.
(Suspension de la séance à
19 h 47)
(Reprise à 19 h 48)
Le Président
(M. Matte) : Alors, nous revenons en séance de travail.
Mme Weil : Oui. Essentiellement, ce que l'article 60 fait, c'est qu'il prend essentiellement le principe énoncé à l'article 1 du règlement, mais le règlement est le même règlement. Donc, il y a déjà eu consultation. Le règlement est très connu. On ne change rien au règlement.
D'ailleurs,
j'ai moi-même amené des modifications au règlement.
Donc, on vient tout simplement édicter, comme on le doit. Parce que c'est
un principe, d'ailleurs, qui donne lieu à un règlement, ce pouvoir d'agir et de
reconnaître.
Le Président (M. Matte) : Ça va. Est-ce
qu'il y a des députés qui ont
l'intention de réagir? Le député de Bourget.
M. Kotto :
Donc, si j'entends bien la ministre, la demande à l'effet qu'il y ait possibilité
de consulter ces règlements, elle est pertinente.
Mme Weil : Essentiellement, le règlement...
Ici, on ne parle pas d'un règlement,
le règlement existe déjà.
C'est qu'on a voulu expliquer que la reconnaissance d'un consultant, là, qui doit
être... c'est-à-dire le titre de consultant doit être reconnu par le
ministre et que l'article 1 du règlement était plus d'ordre législatif que
réglementaire.
Donc,
l'article 1 devait se trouver surtout dans la loi. Alors, c'est pour ça
qu'on vient le transposer dans la loi, mais
le règlement et tout ce qu'on a dans le règlement s'applique. Donc, ils
connaissent bien le règlement. S'il y avait éventuellement des modifications, il y a... en prépub. Donc, il y a une
prépublication, de toute façon, pour ce règlement s'il y a des
changements éventuellement.
M. Kotto :
Il y a une prépublication.
Mme Weil :
Oui.
• (19 h 50) •
M. Kotto :
O.K. Donc, je pense que la réponse, elle est là. L'autre commentaire nous
venait de l'Association du Barreau canadien, division Québec, qui croit
évidemment que l'encadrement ferme de la profession sera un bénéfice, mais s'étonne cependant du fait qu'il n'y ait pas
de volet, comment dire, pas de portail de l'avocat sur la plateforme de dépôt en ligne Mon projet Québec.
Je ne sais pas si la ministre a été sensible à cette...
Mme Weil : Oui. D'ailleurs, on a réglé ce dossier pour eux, à leur
satisfaction, justement parce que j'ai été très sensible. J'ai été
sensibilisée à cette problématique, alors on l'a réglée.
M. Kotto :
O.K. Parfait. C'est tout ce que j'avais comme commentaire.
Le Président (M. Matte) : D'autres députés qui ont l'intention de prendre
la parole? Non. Est-ce que l'article 60 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Adopté. Est-ce que l'article 61 est adopté?
Mme Weil :
Oui, en fait, je pourrais bien...
Le Président
(M. Matte) : Tu veux bien? Ah, mais... C'est parce que tu avais
fait la lecture.
M. Kotto :
Il faut le présenter d'abord.
Le Président
(M. Matte) : Je m'excuse. Il y a des gens qui veulent intervenir
sur le 61?
Mme Weil :
Bien, je vais le lire, là. On va commencer par ça.
Mme Roy
(Montarville) :
J'ai tout compris.
Le Président
(M. Matte) : Tu as tout compris?
Mme Roy
(Montarville) :
C'est le sous-ministre qui met de la pression sur vous, j'ai tout compris. Il
m'en a parlé tantôt.
Le Président
(M. Matte) : C'est bon. Mais là c'est parce que...
Mme Weil :
C'est ça, c'est le sous-ministre. Oh là là! Il rougit, là.
Le Président
(M. Matte) : C'est bon. Mme la ministre, si vous voulez lire l'article 61.
Mme Weil :
Oui, l'article 61 : «Le gouvernement peut, par règlement, définir la
notion de consultant en immigration et déterminer des catégories de consultants
en immigration.
«Il peut également
exempter les membres ou une catégorie de membres d'un ordre professionnel de
tout ou partie des dispositions applicables aux consultants en immigration.»
Cette
disposition habilite le gouvernement
à définir par règlement la notion de consultant en immigration et de déterminer des catégories de consultants. Elle
l'habilite également à exempter des membres d'un ordre professionnel de
l'application du règlement en tout ou en partie.
Donc, cette
disposition, en substance, reprend les paragraphes k et p de
l'article 3.3 de la loi actuelle pour les fusionner dans un seul et même article, vu qu'ils sont conceptuellement
rattachés l'un à l'autre. Et actuellement le règlement sur les consultants en immigration, adopté pour la
première fois en 2010 et remplacé en 2015, prévoit qu'un consultant en immigration est une personne physique qui, à titre
onéreux, conseille, assiste ou représente une autre personne
relativement à une demande présentée en vertu de la Loi sur l'immigration au
Québec.
Donc,
on vient reprendre l'article 2, 3 et 4, n'est-ce pas? Ou 2 et 4? Ce n'est
pas qu'on les reprend, on les maintient, mais... C'est ça, 2, 3 et 4 du
règlement, qui ont été adoptés en 2010 et en 2015.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des députés qui ont l'intention de
prendre la parole concernant le 61? Non. Est-ce que l'article 61 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Matte) : Adopté. Alors, j'invite Mme la ministre à
nous lire l'article 62.
Mme Weil : Oui. Puis l'article 62, on est
encore dans cette même logique où il y a, comment dire, un article de la loi, mais avec des
articles du règlement qui concordent avec l'article 62.
Donc : «Le ministre reconnaît une personne à titre de
consultant en immigration ou renouvelle cette reconnaissance si celle
qui en fait la demande satisfait à l'ensemble des conditions déterminées par
règlement.
«Le gouvernement
détermine également les cas où le ministre ne doit pas reconnaître une personne
à titre de consultant en immigration ou renouveler sa reconnaissance.»
Donc, cet article
habilite le gouvernement à déterminer par règlement les conditions de reconnaissance
d'un consultant en immigration ou les
conditions de renouvellement de cette reconnaissance. Lorsque la personne qui présente une demande satisfait à l'ensemble
des conditions, le ministre lui octroie ou renouvelle la reconnaissance.
Également, le second alinéa habilite le gouvernement à déterminer les cas où le
ministre ne doit pas octroyer ou renouveler la reconnaissance.
Donc,
on est dans les articles 5, 6 et 7 du Règlement sur les consultants
en immigration, qui vont demeurer tels quels. Ils vont refléter donc les
pouvoirs qui sont édictés ici.
Le Président (M. Matte) : Est-ce qu'il
y a des interventions sur cet
article? Est-ce que l'article 62 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture
de l'article 63.
Mme Weil : Oui. Alors, l'article 63 :
«Malgré un règlement édicté en vertu de l'article 62, le ministre
peut refuser la demande de reconnaissance à titre de consultant en
immigration ou la demande de renouvellement d'une telle reconnaissance s'il a
des motifs raisonnables de croire que cette reconnaissance serait contraire à
l'intérêt public.»
Cette
disposition autorise le ministre à refuser une demande de reconnaissance ou de renouvellement d'une telle reconnaissance s'il a des
motifs raisonnables de croire que la reconnaissance serait contraire à l'intérêt public. Donc,
c'est un nouvel article. Et, comme on a fait dans l'article 38.1... Oui,
c'est ça. Donc, c'est un nouvel article semblable à d'autres articles qu'on a
vus concernant l'intérêt public.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a des interventions sur cet article?
Donc, est-ce que l'article 63 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre, est-ce que vous voulez lire l'article 64?
Mme Weil :
«La durée de la reconnaissance est prévue par règlement du gouvernement.»
Cette disposition
habilite le gouvernement à fixer par règlement la durée de la reconnaissance.
Et, pour votre information, en vertu de l'article 8 du Règlement sur les
consultants en immigration, la durée est de deux ans.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a des interventions sur cet article?
Est-ce que l'article 64 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Adopté. Mme la ministre, je vous invite à faire la
lecture de l'article 65.
Mme Weil : L'article 65 : «Les obligations que le consultant
en immigration doit respecter et les interdictions qui lui sont
applicables dans l'exercice de ses activités sont déterminées par règlement du
gouvernement.»
Cet article a pour
but d'habiliter le gouvernement à édicter par règlement les obligations et les
interdictions applicables aux consultants en
immigration. Et, pour votre information, aux collègues
et au président, là, on est dans encore le Règlement sur les consultants
en immigration. C'est l'article 16 à 25.
Donc, juste vous
donner un exemple, par exemple, l'article 16 :
«Le consultant en immigration
doit exercer ses activités avec honnêteté, intégrité et objectivité.
«Le
consultant en immigration doit conclure un contrat de service écrit avec la
personne qui recourt à ses services et en remettre un exemplaire lors de
sa signature.»
Donc, c'est des
articles qui sont très, très, très précis dans ce sens-là.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Est-ce que
l'article 65 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Alors, je vous invite, Mme la ministre, à faire la
lecture de l'article 66.
Mme Weil :
Oui. L'article 66 : «Le ministre peut suspendre ou révoquer la
reconnaissance d'un consultant en immigration dans les cas prévus par
règlement du gouvernement ou s'il est d'avis que l'intérêt public l'exige.»
Cet article a pour but d'habiliter le
gouvernement à édicter par règlement les cas pour lesquels le ministre
peut suspendre ou révoquer la reconnaissance d'un consultant. Il autorise
également le ministre à suspendre ou révoquer la reconnaissance pour des motifs
d'intérêt public.
Alors, ici, on
reprend les articles 11, 12, 13 et 14 du présent règlement.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Est-ce que
l'article 66 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture
de l'article 67.
Mme Weil :
Oui. «Le ministre tient à jour un registre des consultants en immigration
reconnus en y indiquant ceux dont la reconnaissance est suspendue ou
révoquée depuis moins de cinq ans.
«Ce registre est
publié sur tout support que le ministre juge approprié.»
Cet
article prévoit la tenue d'un registre des consultants en immigration reconnus
qui indique les consultants dont la
reconnaissance est suspendue ou révoquée depuis moins de cinq ans. Le deuxième
alinéa prévoit que ce registre est publié sur tout support que le
ministre juge approprié.
Alors, ce registre
existe déjà, M. le Président, et se trouve à l'article 15 du Règlement sur
les consultants en immigration.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Est-ce que
l'article 67 est adopté?
• (20 heures) •
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Je vous invite, Mme la ministre, à faire la lecture
de l'article 68.
Mme Weil :
«La section IV du chapitre V s'applique aux demandes présentées au
ministre en vertu du présent chapitre.»
Cet
article a pour but de permettre au ministre d'exercer les pouvoirs relatifs au refus d'examen
et au rejet d'une demande dans le
cadre des demandes de reconnaissance ou de renouvellement présentées par un
consultant en immigration. Donc,
c'est les articles 55 et 56 qu'on a étudiés, je crois bien, aujourd'hui. La journée a été longue, on a fait beaucoup de choses aujourd'hui.
Je pense que c'est 55 et 56?
Une voix :
...
Mme Weil :
C'est bien ça. Juste pour rappeler aux collègues, parce que là... Bon. 55,
c'était :
«Le ministre peut
refuser d'examiner la demande d'une personne dans les cas suivants :
«1° elle lui a
fourni, dans les cinq ans précédant l'examen de la demande, directement ou
indirectement, un renseignement ou un document faux ou trompeur;
«2° elle a fait l'objet d'une décision qui a été
prise pour un motif d'intérêt public conformément aux articles 37,
38, 48 ou 63.»
Aussi, à
l'article 66, on avait :
«Le ministre peut
rejeter la demande d'une personne dans les cas suivants :
«1° elle ne lui a pas
démontré la véracité de ses déclarations conformément à l'article 53;
«2° elle ne lui a pas
fourni un renseignement ou un document qu'il a exigé conformément à
l'article 54;
«3° la demande
contient un renseignement ou un document faux ou trompeur;
«4°elle lui a fourni,
dans les cinq ans précédant l'examen de la demande, directement ou
indirectement, un renseignement ou un document faux ou trompeur;
«5° elle a
fait l'objet d'une décision qui a été prise pour un motif d'intérêt public
conformément aux articles 37, 38, 48 ou 63.»
Donc,
vous voyez, c'est des motifs très sérieux qui s'appliquent donc ici aux
consultants, qui entraînent un rejet ou refus d'examen.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, le député
de Bourget.
M. Kotto :
M. le Président, j'aimerais entendre la ministre sur les objections des
conseillers en immigration, à l'effet que «la juxtaposition du libellé de
l'article 68, qui rend applicable l'article 56 aux demandes
concernant les consultations, et compte tenu du paragraphe 5° de — l'article
suivant — l'article 69,
fasse en sorte qu'un consultant qui, par
exemple, voit sa demande de
renouvellement rejetée pour n'avoir pas fourni un renseignement au moment précis où le ministre — en
l'occurrence la ministre — le
requiert se verra privé d'un droit d'appel au TAQ et n'aura d'autre
recours qu'une demande de contrôle judiciaire en Cour supérieure», ce qui leur
«paraît abusif et s'écarter de la tendance du législateur
québécois, disent-ils, d'assurer une unicité au régime de
droit administratif québécois plutôt que de contraindre l'administré à
s'adresser à une cour dont le juge est nommé par le fédéral».
Mme Weil :
On va suspendre, M. le Président?
Le Président
(M. Matte) : Oui. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
20 h 4)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président
(M. Matte) : ...séance de travail. Mme la ministre.
Mme Weil :
C'est ça. C'est sûr que, pour un refus, il y a un recours au TAQ. Pour les
rejets, il faut aller en révision... contrôle judiciaire, là, à la Cour
supérieure, mais il faut savoir qu'ici il y a aussi l'objectif de protéger les candidats à l'immigration aussi. Donc, eux
aussi doivent aller à la Cour supérieure pour révision judiciaire. Et, quand
on regarde les types de, comment dire...
Une voix :
De fautes.
Mme Weil :
...de fautes, c'est des fautes quand même qui sont du genre, comment dire...
qui sont sérieuses, mais c'est pour protéger
l'intégrité du système aussi, comme je le dis, de protéger le candidat à l'immigration. Je ne sais pas s'il y a
une incidence plus élevée ou ce n'est pas si élevé que ça, je ne sais pas, dans
le type de reproche qu'on peut avoir, des documents faux, trompeurs,
etc. Est-ce que c'est fréquent, ça?
Une
voix : ...
Mme Weil : C'est nouveau pour les consultants, ce
recours-là. Ça va exiger qu'ils soient très,
très assidus et qu'ils fassent
attention par rapport aux informations.
(Consultation)
Le Président (M. Matte) :
M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Donc, leurs objections à la mesure, de ce que j'entends de la ministre, ne sont
pas pertinentes?
Mme Weil :
Dans le sens...
M. Kotto : Du moins, à partir du moment où la loi est
adoptée comme telle, l'article n'aura pas été modifié en lien avec les commentaires
qu'ils ont formulés.
Mme Weil :
Non, c'est ça. C'est-à-dire...
M. Kotto :
Donc...
Mme Weil : Non, non.
Excusez-moi, non, il n'y a pas eu de modification suite à leur intervention.
M. Kotto :
O.K. Mais ils n'ont pas à s'en faire, c'est ce que j'entends de la ministre.
Mme Weil :
Bien, honnêtement, ces personnes qui appliquent... moi, comment dire, j'ai
confiance dans l'évaluation des experts ici, du ministère, que la proposition
est raisonnable.
M. Kotto :
O.K.
Le Président
(M. Matte) : C'est bon?
M. Kotto :
C'est beau.
Le Président
(M. Matte) : Ça va? D'autres interventions sur cet article?
Est-ce que l'article 68 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre, je vous invite à lire
l'article 69.
Mme Weil :
57?
• (20 h 10) •
Une voix :
...
Mme Weil :
69... Ah oui! C'est ça, on était là. Oui.
(Consultation)
Mme Weil : M. le Président, je demanderai la suspension de l'article 69
parce qu'il a un impact sur l'article 57, qu'on a
suspendu. Et donc, il faudrait qu'on les fasse en même temps demain.
Le Président (M. Matte) : Donc, ça va prendre le consentement, à ce
moment-là. Est-ce qu'il y a consentement, hein, pour pouvoir suspendre
l'article 69, pour pouvoir être... Oui?
Mme Weil :
Bien, j'ai une autre proposition, parce qu'il y a quand même une séquence ici,
c'est quand même un article important. On pourrait le regarder le temps
qu'il nous reste. J'essaie de voir, là, parce qu'ensuite on est sur les droits exigibles. On pourrait le regarder, on
pourrait discuter de c'est quoi, la relation avec l'article 57. Comme ça,
demain, quand on amène la modification, tout
le monde va comprendre. Et on est dans la logique de cette section sur les
consultants et les recours qu'ils peuvent avoir, alors...
Le Président (M. Matte) : O.K. Afin de poursuivre la discussion, je
propose, là, de suspendre, là, les travaux, puis on va pouvoir faire un
échange général sur le... Non?
Une voix :
Non, ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Matte) : Ce n'est pas nécessaire, on peut poursuivre en
séance publique? On va poursuivre en séance publique. Mme la ministre,
vos souhaits sont exaucés, donc je vous invite, à ce moment-là, à amorcer les
discussions et les échanges.
Mme Weil :
Donc, on arrive ici au chapitre VIII, un chapitre dont je suis très, très
fière parce que c'est... honnêtement, c'est
moi qui a beaucoup... avec beaucoup de discussions avec les juristes. On a tous
été d'accord. Mais c'est un nouveau
recours, ça, le recours devant le Tribunal administratif du Québec. Et je pense
que ça a été bien reçu aussi par les
gens qui s'intéressent à ces choses-là, notamment les avocats, mais tous ceux
qui sont intéressés par la justice administrative en immigration.
Donc, l'article
69 :
«Une
décision du ministre peut être contestée devant le Tribunal administratif du
Québec dans les 60 jours de la date de sa notification par :
«1°
la personne physique dont la demande d'engagement en faveur d'un ressortissant
étranger a été refusée ou dont l'engagement en faveur d'un ressortissant
étranger a été annulé;
«2°
le ressortissant étranger appartenant à la catégorie de l'immigration
économique dont la demande de sélection à titre permanent a été refusée,
sauf si la décision a été prise en vertu du deuxième alinéa de
l'article 38;
«3° le ressortissant
étranger dont la décision de sélection à titre temporaire ou [...] permanent a
été annulée;
«4°
la personne ou la société qui s'est vue imposer une sanction administrative
pécuniaire prévue par un règlement pris en vertu du paragraphe 3°
de l'article 31 ou des articles 96 et 97;
«5°
la personne dont la reconnaissance à titre de consultant en immigration est
refusée, suspendue, non renouvelée ou révoquée, sauf si la décision a
été prise pour un motif d'intérêt public.»
Donc, notes
explicatives. Cet article accorde un recours, au Tribunal administratif du
Québec, à la personne physique qui se voit refuser une demande d'engagement ou
annuler l'engagement qu'elle a souscrit; au ressortissant étranger de la
catégorie de l'immigration économique qui se voit refuser une demande de
sélection pour un motif autre que l'intérêt public; un ressortissant étranger
dont la décision de sélection, à titre temporaire ou permanent, a été annulée;
à la personne ou société qui fait l'objet d'une sanction administrative
pécuniaire; et au consultant en immigration dont la reconnaissance a, pour un
motif autre que l'intérêt public, été refusée, suspendue, non renouvelée ou
révoquée. Le recours s'exerce dans les 60 jours de la notification de la
décision du ministre.
Donc, il faut savoir
qu'il s'agit du droit nouveau ici, dans une vision de transparence, de justice
administrative, parce qu'il y a la révision, évidemment, administrative des
décisions, hein, actuellement, donc il y a souvent le recours de révision. Mais
ça, c'est un tribunal, évidemment, indépendant, donc je pense que ça vient
renforcer, si on veut, le droit des candidats à l'immigration.
Le Président
(M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions? Le député de
Bourget.
M. Kotto :
Oui, M. le Président. Je vais faire écho ici d'une demande du Protecteur du
citoyen, qui suggère que le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion introduise dans la Loi sur l'immigration un processus formel de
révision administrative comme étape préalable à tout recours au Tribunal
administratif du Québec pour contester un refus, et ce, pour toute catégorie
d'immigration. Le Protecteur du citoyen n'est pas venu, mais il y avait un
dépôt de mémoire, et c'est une recommandation que l'institution nous fait ici.
Est-ce que la ministre est ouverte à cette suggestion?
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre?
Mme Weil :
Je demanderais une suspension pour quelques minutes, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Matte) : On
suspend les travaux.
(Suspension de la séance à 20 h 16)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Matte) : On
revient en séance publique. Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. On me
rappelle un peu les origines de tout ça. La Protectrice du citoyen, bon, la
révision administrative, c'est ce qu'elle
propose, mais les avocats ont toujours plaidé pour une révision administrative
vraiment neutre, distante qui les rassure
beaucoup. D'avoir la révision administrative, il n'y a pas beaucoup de
satisfaction avec cette procédure
dans des cas comme ça, qu'ils considèrent quand même des cas d'importance, plus
sérieux. Et donc nous, on pense qu'il
est préférable d'aller directement au TAQ, c'est bien reçu. La révision
administrative, il y a comme les pairs
qui jugent les pairs, et donc la
distance, la neutralité nécessaire... Ce n'est pas qu'on doute de la sincérité de
ceux qui révisent, mais c'est plus difficile. Mais, quand c'est le TAQ, c'est vraiment
indépendant.
Alors,
c'était bien reçu par les avocats parce
qu'ils préfèrent que ce soit fait de cette façon-là, ils peuvent se sentir rassurés.
Et c'est pour ça que je l'ai amené en fait, parce que je voulais vraiment
une instance indépendante pour faire cette révision des décisions qui
sont prises par le ministère.
• (20 h 20) •
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a des interventions? Le député de Bourget.
M. Kotto : Oui. Je
voulais juste ajouter que «l'AQAADI appuie [cette] recommandation de la
Protectrice du citoyen à [l'effet] que le
ministère introduise [donc] dans la loi un processus formel de révision
administrative comme étape préalable
à tout recours au TAQ pour contester toute décision de refus ou de rejet pour
toutes les catégories d'immigration confondues, se traduisant ainsi par
un véritable accès à la justice qui amènera un avantage économique au
Québec»... disent-ils. Je voulais juste que ce soit dans les galées, c'est un
atout.
Mme Weil :
Juste peut-être... On pourrait, mais, quand j'écoute les arguments, comment
dire... Puis je ne veux pas présumer
de mauvaise foi de personne, c'est-à-dire de ceux qui jugent ces choses-là.
Mais, quand on me dit : Des pairs qui jugent des pairs... Il se
pourrait que la décision prise à l'origine par la ministre était peut-être la
bonne — disons,
le refus — qui serait peut-être renversée, je ne sais
pas, en décision administrative. Et donc là la situation est réglée,
mais peut-être qu'il y avait une bonne raison pour la décision.
Le TAQ... Moi,
quand on dit «le ministre», évidemment on parle du ministère, hein? Le TAQ,
tout de suite, on sent cette... il y a du pour et du contre. Moi, je le
sens tout de suite... O.K., tout de suite, on a une instance indépendante qui
va réviser la décision. Mais on pourrait, c'est ce qu'on dit, on pourrait le
rajouter, c'est la ceinture et les bretelles, mais...
Je sentais
beaucoup d'inquiétude dans un premier temps, mais je pense que, si c'est
utilisé de façon... je pense que tout le monde est responsable, ça
pourrait éviter des recours au TAQ. Je ne pense pas qu'il y aurait tellement de
recours au TAQ. L'idée du recours au TAQ,
c'est vraiment aussi de s'assurer que les décisions administratives qui
sont prises sont prises avec tout le
sérieux... elles le sont de toute façon, mais encore plus sérieusement parce
qu'il y a ce risque d'aller devant le TAQ. Mais on me dit que ce n'est
pas impossible...
(Consultation)
Mme Weil :
Alors, ce qu'on peut faire, c'est de proposer un amendement demain qui irait
dans ce sens-là. On pourrait écouter
aussi la députée, je ne sais pas, de Montarville, si elle est dans le même
sens, puis demain on pourrait présenter l'amendement.
Mme Roy
(Montarville) : Bien, moi, j'avais quelques questions sur
l'article 69. J'aimerais savoir quelle est la différence entre l'article 69 puis
l'article 17 de la loi actuelle, parce qu'il existe déjà, le recours au
TAQ, il existe déjà, ce n'est pas nouveau qu'on puisse y aller.
Mme Weil :
Ce n'est pas simplement pour les demandes d'engagement, les annulations, le
ressortissant dont le certificat de sélection a été annulé. Donc, le
droit nouveau, je vais vous le lire. Les paragraphes 2° et 4° sont de droit
nouveau. Le ministère souhaite cesser de réviser lui-même les décisions de
refus de certificat de sélection pour offrir davantage
à la clientèle, soit la possibilité de se faire entendre dans le cadre d'une
audition devant le Tribunal administratif du Québec. Bien que la très grande majorité des ressortissants étrangers
qui se voient refuser une demande se trouvent à l'étranger, il serait
possible pour un requérant, dans le cadre d'un recours au TAQ, d'être
représenté formellement.
Ainsi,
outre la représentation par avocat, la Loi sur la justice administrative
prévoit que le requérant en immigration peut se faire représenter par un parent ou par un organisme sans but
lucratif voué à la défense ou aux intérêts des immigrants s'il ne peut se présenter lui-même du fait qu'il
ne se trouve pas au Québec. En ce qui concerne le volume de demandes, le
système de déclarations d'intérêt ainsi que le règlement
sur les contingents de courtiers des sociétés de fiducie vont considérablement
réduire le nombre de refus de demandes de CSQ aussi. Donc, ça, c'est positif.
Le Président
(M. Matte) : Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Oui. Alors, si je comprends bien, comme on
avait déjà recours au TAQ, ce n'est pas ça qui est nouveau. Ça, ça continue. Donc, cette portion-là est toujours
là, mais c'est dans certaines circonstances particulières, qui, elles, viennent justement s'amalgamer ou se
juxtaposer à la loi, qui, elle, crée de nouvelles circonstances
également.
Mme Weil :
C'est ça.
Mme Roy
(Montarville) : Donc,
l'idée d'aller devant le TAQ, le Tribunal administratif du Québec, pour
avoir un recours était déjà là, là. Ce n'est pas nouveau?
Mme Weil :
Ça, non, c'était le refus, c'est ça, de certaines demandes.
Mme Roy
(Montarville) : O.K., parfait. Maintenant, il y avait,
en 2014, 1 058 demandes de
révision administratives par année au ministère. Si, en fonction de
cette nouvelle loi, ces demandes-là se ramassent au TAQ, est-ce qu'on est capables de prendre tout ça? Est-ce que la machine
est capable d'absorber toutes ces demandes ou est-ce qu'il ne va pas y
avoir un engorgement?
Mme Weil :
Bien, ce qu'on me répond, c'est un peu, ici, la dernière phrase, c'est-à-dire
dans le système de déclaration d'intérêt en
ce qui concerne le volume de demandes ainsi que le règlement sur les
contingents des courtiers des
sociétés de fiducie. Bon, le nombre de refus de demandes de CSQ va
considérablement être réduit parce qu'il y a une présélection,
essentiellement.
Mme Roy
(Montarville) : Parfait, mais, compte tenu du fait
qu'actuellement, au TAQ, le traitement d'un dossier, c'est 13 mois — puis ça, c'est les dossiers en
immigration — on
rajoute les nouveaux... puis je sais qu'il y a un souci de faire en sorte que le processus soit accéléré avec
les DI. Je veux juste voir comment tout ça va s'arrimer concrètement.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre.
Une voix :
...
Mme Weil :
C'est ça. Essentiellement, il y aura beaucoup moins de cas. C'est ce qu'on
prévoit avec le système des déclarations d'intérêt, beaucoup moins à
cause de cette présélection.
Une voix :
...
Mme Weil :
Oui, les délais qui seront considérablement réduits aussi, beaucoup moins de
refus à cause de la présélection. Donc, il
n'y a pas de recours au TAQ, parce qu'on n'a pas été invités à déposer sa
candidature et ceux qui sont invités à déposer leur candidature... et
aussi, évidemment, avec l'objectif de rehausser de façon importante, au cours des prochaines années, ceux qui proviennent
de la voie temporaire, les étudiants étrangers et les travailleurs
étrangers aussi. Quand on regarde la composition de l'immigration qu'on
souhaite, ça, c'est des candidats qui ne seront pas refusés. Ils ne passent pas de test de français, mais c'est très simple,
il n'y a pas de motif de contestation dans ce cas-là.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci.
Le Président
(M. Matte) : D'autres interventions? Le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui, M. le Président, je voulais également faire part de remarques
supplémentaires de l'Association québécoise
des avocats et avocates en droits de l'immigration, qui nous disent que «le
projet de loi n° 77 ne prévoit pas un droit d'appel devant le TAQ dans l'éventualité où une demande de séjour
ou d'établissement au Québec aurait été refusée par le ministre — la
ministre, en l'occurrence — pour
des motifs raisonnables liés à l'intérêt public».
Car,
«en effet, le libellé actuel de l'article 69, alinéa 3 prévoit que
seul le ressortissant étranger dont la sélection à titre temporaire ou à
titre permanent a été annulée jouit d'un droit d'appel devant le tribunal.
«La
négation d'un droit d'appel dans de telles situations soulève, pour leur part,
des préoccupations majeures.
Ce qu'ils suggèrent,
«afin d'éviter des dérives, les pouvoirs dévolus au ministre de refuser la
présence d'un ressortissant étranger au
Québec sur la base de motifs raisonnables d'intérêt public, devrait
minimalement être rigoureusement encadrés avec des balises suffisamment
sérieuses, y compris une procédure d'appel efficace sur le fond, devant la Cour supérieure, par opposition à
une simple révision en droit administratif ou, à défaut, devant le TAQ afin d'éviter que son application soit susceptible
de mettre en danger nos valeurs démocratiques au nom d'une conception
arbitraire, disent-ils, de ce que doit constituer "l'intérêt
public"».
«De plus, l'AQAADI considère que le
législateur devrait inclure des définitions de ce que signifient un
"refus" et un "rejet"
s'il veut garder cette distinction entre les décisions négatives.» Et il considère par ailleurs que «la
compétence du TAQ devrait être élargie
davantage afin que ce tribunal puisse entendre les demandes de sélection de la
catégorie de l'immigration économique refusées ou rejetées». Il
s'inquiète aussi de «la distinction faite par le ministère au lieu de prévoir
le recours devant le TAQ à toute décision négative».
J'ajouterais
à cela également une doléance de l'Association du Barreau
canadien, division Québec, qui souhaiterait recevoir l'assurance que les
juges du TAQ qui auront à se prononcer en matière d'immigration auront toutes
les connaissances requises dans ce secteur du droit spécifique. Il y a un souci
de ce côté-là également.
• (20 h 30) •
Mme Weil :
Mais essentiellement, M. le Président, concernant la notion d'intérêt public et
recours au TAQ, le corpus législatif
québécois — et on a
déjà eu l'occasion d'en parler — contient plusieurs exemples où l'on spécifie
que le tribunal n'a pas compétence pour juger d'une décision prise pour motif
d'intérêt public. Alors, il y a de nombreux, nombreux
exemples. Mais le recours à la Cour supérieure est toujours, toujours
disponible. Donc, la justice est toujours là si le justiciable se sent
lésé par une décision. Donc, ça, on s'en tient à ça.
Pour
les autres questions, il faudrait vraiment — toutes les autres dimensions, où il faudrait
qu'on y aille un par un puis qu'on
ait des réponses — les juristes,
sur tous les points qui ont été soulevés par l'AQAADI. Alors, on va
suspendre.
Le Président
(M. Matte) : Vous suspendez les travaux?
Mme Weil :
Oui, pour quelques minutes.
Le Président
(M. Matte) : O.K. On suspend les travaux.
(Suspension de la séance à
20 h 32)
(Reprise à 20 h 35)
Le Président (M. Matte) : On
comprend qu'on revient en séance
publique. M. le député de Bourget, avez-vous d'autres interventions?
M. Kotto :
Non. La ministre a répondu aux inquiétudes de l'AQAADI. Je voulais juste
qu'elle inscrive son commentaire relativement aux doléances de l'AQAADI, qui
considérait qu'il fallait éviter des dérives et les pouvoirs absolus du ministre ou de la ministre,
en l'occurrence, à
l'effet de refuser la présence d'un
ressortissant étranger au Québec sur
la base de motifs raisonnables d'intérêt public qui devraient minimalement être
rigoureusement encadrés avec des balises suffisamment sérieuses, y
compris une procédure d'appel efficace sur le fond devant la Cour supérieure,
par opposition à une simple révision en droit administratif ou, à défaut,
devant le TAQ, afin d'éviter que son application soit susceptible de mettre en danger ce qu'il est convenu d'appeler nos
valeurs démocratiques au nom d'une conception arbitraire de ce que doit
constituer l'intérêt public. C'est essentiellement ça, le coeur de...
Le Président
(M. Matte) : Alors, il n'y a pas d'autre intervention. Si j'ai
bien compris, Mme la ministre...
M. Kotto :
J'en ai une autre.
Le Président
(M. Matte) : Oui? Excusez. M. le député de Bourget.
M. Kotto :
Oui. Je l'ai évoqué tout à l'heure en deuxième volet de commentaires. Celui-ci
nous a été énoncé par l'Association
du Barreau canadien, division Québec, qui souhaiterait recevoir, de la part de
la ministre, l'assurance que les juges du TAQ qui auront à se prononcer
en matière d'immigration auront toutes les compétences requises dans ce secteur
de droit spécifique.
Le Président
(M. Matte) : Mme la ministre.
Mme Weil :
Oui, évidemment, ça relève du ministère de la Justice, cette compétence.
Le Président
(M. Matte) : Ça va?
M. Kotto :
Oui, mais je suis persuadé que la ministre veille au grain de ce côté-là aussi.
J'insiste.
Mme Weil :
Toujours intéressée par la justice, ça, c'est sûr.
M. Kotto :
Voilà. O.K. Merci.
Le Président
(M. Matte) : C'est bon? D'autres interventions? Si j'ai bien
compris, Mme la ministre, vous proposez, là, de suspendre l'article 69,
car demain vous allez proposer un amendement. C'est bien ça?
Mme Weil :
C'est bien ça. Je pense que ça reflète la volonté des deux collègues, si je
comprends bien. C'est bien ça? Qu'on ait une procédure de révision
administrative?
M. Kotto : Oui. En fait,
c'est le voeu de la Protectrice du citoyen.
Mme Weil :
Oui, c'est ça. Il reflète donc ce souhait de certains avocats. Alors, on
amènera cette modification demain et cette proposition d'amendement
demain.
Le
Président (M. Matte) :
Donc, je comprends qu'il y a consentement. Mme la ministre, je vous invite à
faire la lecture de l'article 70.
Mme Weil :
Oui, l'article 70. Donc on est dans le chapitre IX. Droits exigibles.
«Les droits à payer pour l'examen d'une demande de sélection à titre
temporaire d'un ressortissant étranger sont de :
«1° 191 $ pour la demande présentée à titre
de travailleur temporaire;
«2°
109 $ pour la demande présentée à titre d'étudiant étranger ou à titre de
personne en séjour temporaire pour traitement médical.»
Cet article
prévoit que les droits exigibles d'un ressortissant étranger pour l'examen de
sa demande de sélection à titre temporaire sont de 191 $ s'il
s'agit d'un travailleur et de 109 $ s'il s'agit d'un étudiant ou d'une
personne qui vient séjourner pour un traitement médical.
Le Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Kotto : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Bourget.
M. Kotto :
Une demande de l'Association du Barreau canadien, division Québec, qui suggère
que la tarification ne soit pas
insérée dans la loi mais bien dans un règlement afin d'en faciliter les
modifications potentielles. Et, en l'espèce, il souligne la désuétude de
certains des tarifs prévus au projet de loi.
Le Président (M. Matte) : Mme
la ministre.
Mme Weil :
Oui, on va prendre quelques minutes. On l'avait déjà discuté, mais je ne me
rappelle plus la raison.
Le Président (M. Matte) : Vous
suspendez, à ce moment-là.
(Suspension de la séance à 20 h 40)
(Reprise à 20 h 44)
Le Président (M. Matte) : Donc,
on revient en séance publique. Mme la ministre.
Mme Weil : Oui. Donc,
c'est un souci de transparence. Donc, un étudiant étranger, un travailleur
temporaire, il connaît exactement
la tarification, qui ne bouge pas sauf indexation. Ça serait très
difficile de changer la tarification. Il faudrait changer la loi, c'est inscrit dans la loi. Donc, il y a
prévisibilité, donc c'est une sorte de stabilité. Alors, il a été jugé
bon de l'inscrire dans la loi.
Le Président (M. Matte) : M. le
député de Bourget.
M. Kotto : Oui. Donc, l'idée, parce qu'il
nous rappelle qu'en l'espèce la désuétude de certains des tarifs prévus au projet
de loi est à considérer... Ça, c'est,
je pense, aussi un commentaire pertinent aussi.
Si d'aventure, je ne sais pas,
moi, dans cinq ans, quatre, cinq ans, on venait à indexer, est-ce que...
Mme Weil : Même s'il le
sera.
M. Kotto : Il le sera,
mais est-ce qu'il sera indexé à même le corps de la loi ou ce sera...
Mme Weil :
L'indexation, ça serait automatique? Automatique, l'indexation, oui. Ce n'est
pas considéré comme une augmentation.
Une voix : ...
Mme Weil : Oui, c'est
selon la Loi sur l'administration financière. Ils sont automatiquement indexés,
oui.
M. Kotto :
Et il est à espérer qu'il n'y aura pas de modification, quels que soient les
changements de gouvernement potentiels.
Mme Weil :
C'est ça. Oui... Non. Je veux dire, un autre gouvernement, si d'aventure ils se
sentent obligés pour une raison quelconque, ils devraient amender la
loi.
41 41 M. Kotto :
Ils vont amender la loi. O.K.
Le Président (M. Matte) : Ça
va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que l'article 70 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Matte) :
Adopté. Maintenant, j'invite Mme la ministre à nous faire la lecture de
l'article 71.
Mme Weil :
Oui. Alors, c'est un article semblable, mais pour d'autres catégories de la
classe économique. Donc : «Les
droits à payer pour l'examen d'une demande de sélection à titre permanent d'un
ressortissant étranger de la catégorie de l'immigration économique sont
de :
«1° 15 000 $ pour la demande présentée
à titre d'investisseur;
«2° 1 034 $ pour la demande présentée
à titre d'entrepreneur ou de travailleur autonome;
«3° 765 $ pour la demande présentée à titre
de travailleur qualifié.»
Cet article prévoit les droits exigibles d'un
ressortissant étranger pour l'examen de sa demande de sélection à titre permanent. Ils sont de 15 000 $
s'il s'agit d'un investisseur; de 1 034 $ s'il s'agit d'un
entrepreneur ou d'un travailleur autonome; et de 765 $ s'il s'agit
d'un travailleur qualifié.
Encore une fois, donc, avec indexation selon la
loi. Donc, les mêmes arguments prévalent dans ce cas-ci : prévisibilité,
stabilité.
Le Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a des interventions? La députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci, M. le Président. Oui, on parle de prévisibilité, je veux bien, mais j'ai
une question à poser à cet égard-là.
L'article 71, paragraphe 1°, pour ce qui est de l'immigrant
investisseur, avant 2013, les droits
à payer étaient de 4 100 $. En 2013‑2014, le PQ a fait passer ça à
10 000 $, et le Parti libéral a fait passer ça, avec le projet
de loi n° 28, par bâillon, à 15 000 $. Donc, il y a eu une
augmentation importante.
Ma question,
c'est que cette différence-là, du 4 100 $ au 15 000 $,
maintenant, là, qui est importante dans une quand même courte période de
temps, court laps d'années, c'est 11 millions... À quoi ça a servi, cette
différence-là? Où est-ce que c'est allé puis ça doit servir à quoi?
Le Président (M. Matte) : Mme
la ministre.
Mme Weil :
D'ailleurs, quand j'écoute la députée, c'est bienvenu, donc, qu'on le fixe,
dans un sens, qu'on le fixe à un
niveau. Donc là, il faut vraiment que je parle aux experts du ministère pour
savoir comment cet argent-là est utilisé. Donc, je demande la
suspension.
Mme Roy
(Montarville) :
Et peut-être, pour poursuivre...
Le Président (M. Matte) : Oui,
allez-y.
Mme Roy
(Montarville) : Parce que cette succession d'augmentations
là... pour quelle raison? Parce que le Parti libéral, avec le p.l. n° 28, l'a grimpé une autre fois. Parce
que vous parliez de stabilité, tout à l'heure, là, et ça semble facile à
se modifier. Parce que le
p.l. n° 28 a modifié ça, et ce n'était pas par la loi... c'est-à-dire
c'était le bâillon, hein, qui l'a fait modifier, là. Ça fait que la
stabilité, on arrive avec un bâillon puis on peut la changer, là.
Le Président (M. Matte) : Je
suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 20 h 49)
(Reprise à 21 h 17)
Le Président
(M. Matte) :
...publiques. Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 72.
Alors, O.K., pour fins d'enregistrement, je vais dire que l'article 71 a été
suspendu avec le consentement, là, du comité. Ça va? Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 72.
Mme Weil : «72. Les droits à payer pour chaque membre de la
famille qui accompagne un ressortissant étranger visé au
paragraphe 2° ou 3° de l'article 71 sont de 164 $.»
Donc,
l'article 71, donc, c'est les ressortissants étrangers
de la catégorie de l'immigration économique, donc, à titre d'investisseur,
entrepreneur ou travailleur autonome, donc c'est les trois catégories...
Une voix : ...
Mme Weil :
Juste 2° et 3°, excusez-moi. Oui, excusez-moi, juste 2° ou 3°, donc, à titre
d'entrepreneur, travailleur autonome.
Donc, il y a une tarification pour chaque membre de la famille qui est fixée à
164 $. Donc, cet article prévoit que chaque membre de la famille
qui accompagne un entrepreneur, un travailleur qualifié ou un travailleur
autonome doit acquitter des droits exigibles de 164 $.
Le Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a des interventions?
Mme Weil : Il s'agit des
montants qui sont actuellement prévus dans le Règlement sur la sélection des
ressortissants étrangers.
Le Président (M. Matte) :
Est-ce que l'article 72 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : O.K.
Alors, Mme la ministre, là, je vous invite à faire la lecture de l'article 73.
Mme Weil : Oui, M. le
Président. Il y a un amendement à l'article 73...
Des voix :
...
Le
Président (M. Matte) : Mme la ministre, qu'est-ce que vous souhaitez? Qu'on suspende ou... Est-ce que vous souhaitez qu'on suspende...
Mme Weil : Non, ça va
aller.
• (21 h 20) •
Le Président (M. Matte) : ...ou
vous allez faire la lecture de l'amendement? Je vous invite à faire la lecture
de l'amendement.
Mme Weil : Oui. Donc, l'amendement :
Insérer, après «garant», «à l'égard d'un
ressortissant étranger de la catégorie du regroupement familial».
Donc, le
texte actuel se lit : «Les
droits à payer pour l'examen d'une demande d'engagement à titre de garant
sont de 272 $ pour le premier ressortissant
étranger et de 109 $ pour chaque autre ressortissant étranger visé par
la demande.»
Alors là, avec le texte modifié, l'article 73
se lit :
«Les droits à payer pour l'examen d'une demande
d'engagement à titre de garant à l'égard d'un ressortissant étranger de la catégorie du regroupement familial sont de 272 $ pour le premier ressortissant étranger et de 109 $ pour chaque autre ressortissant
étranger visé par la demande.»
Donc, cet amendement corrige une erreur
technique dans le projet de loi.
Le
Président (M. Matte) :
C'est bon. Est-ce qu'il y a des interventions? Alors, il n'y a
pas d'intervenant, d'intervention? Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Matte) : Adopté.
Alors, je vous invite, Mme la
ministre, à nous faire la lecture de
l'article 74.
Une voix : ...
Le Président (M. Matte) : Oui,
c'est vrai, vous avez parfaitement raison.
Mme Roy
(Montarville) :
...par comprendre, après trois ans.
Le Président (M. Matte) : Il faut
adopter l'article 73 tel qu'amendé.
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Donc, je vous invite à faire la lecture de l'article 74, Mme la ministre.
Mme Weil : «Les droits à payer pour l'examen d'une demande
d'évaluation des effets de l'offre d'emploi sur le marché du travail au
Québec ou de validation d'une offre d'emploi sont de 191 $.»
Cet
article prévoit que les droits exigibles d'un employeur, pour une demande d'évaluation des effets de son offre d'emploi sur le marché du travail au Québec
ou de validation de son offre d'emploi, sont de 191 $.
Et, là encore, il s'agit du même montant que
ceux actuellement prévus dans le règlement sur la sélection des ressortissants
étrangers.
Le
Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a des interventions sur cet article? Non. Est-ce que
l'article 74 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le
Président (M. Matte) :
Adopté. Alors, je vous invite, Mme la ministre, à nous faire la lecture de
l'article 75.
Mme Weil : «Les droits à
payer pour l'examen d'une demande d'un consultant en immigration sont de :
«1° 1 600 $ pour la reconnaissance à
titre de consultant en immigration; [et]
«2° 1 300 $ pour le renouvellement de
la reconnaissance.»
Cet article
prescrit le montant des droits exigibles d'un consultant en immigration pour
l'examen de sa demande de reconnaissance ainsi de sa demande de
renouvellement de sa reconnaissance.
Le
Président (M. Matte) : Est-ce qu'il y a des interventions sur cet article? Non. Est-ce que
l'article 75 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Adopté.
Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 76.
Mme Weil : «Les droits prévus au présent chapitre sont
payables au moment de la présentation de la demande, à moins qu'un
règlement du ministre pris en vertu de l'article 40 n'en prévoit
autrement.»
Cet article
précise le moment où sont payables les droits exigibles, soit au moment de la
présentation de la demande, sauf s'il en est prévu autrement par un règlement.
Le Président (M. Matte) : Est-ce
qu'il y a des interventions concernant cet article? S'il n'y a aucune
intervention, est-ce que l'article 76 est adopté?
Mme Weil : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Mme
la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 77.
Mme Weil : «Les droits sont indexés et arrondis selon ce qui
est prévu à l'article 83.3 de la Loi sur l'administration
financière [...] et au règlement pris en application de cette loi.
«Le ministre
publie à la Gazette officielle du
Québec le résultat de l'indexation
et en informe le public par tout autre moyen qu'il juge approprié.»
Cet article énonce que les droits exigibles font
l'objet d'une indexation annuelle conformément à la Loi sur l'administration
financière et au règlement pris en vertu de celle-ci. Le résultat de
l'indexation est publié dans la Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a des interventions sur cet article? Oui, députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Une simple question à titre informatif...
pardon, une simple question à titre informatif : «Les droits [...] arrondis»,
vous voulez dire quoi, là? À cause du 0,05 $ ou vraiment... C'est sérieux,
là, qu'est-ce que vous spécifiez, là?
Mme Weil : Oui. Oui, oui.
Mme Roy
(Montarville) :
Ah, je n'avais jamais vu ça. Alors, on est rendus là, à écrire qu'on
arrondit? Oh! parfait. O.K., c'est beau. J'étais juste curieuse.
Mme Weil : Et c'est dans l'article 83.3. Au dollar.
Dans la loi, hein, c'est indiqué comme tel dans l'article 83.3 de
la Loi sur l'administration financière.
Mme Roy
(Montarville) : Et
ça, c'est, j'imagine, le type de disposition
qu'on retrouve depuis qu'on a aboli les cents noirs puis c'est comme ça
un peu partout?
Mme Weil :
Ça fait longtemps qu'on arrondit. C'est un chiffre rond, là, c'est pour éviter
que le client ne paie pas avec un chiffre rond. Mais il me semble que ça
fait longtemps que c'est dans la loi.
Mme Roy
(Montarville) :
O.K. Parfait, je vous remercie.
Le Président
(M. Matte) : D'autres interventions? Sinon, est-ce que
l'article 77 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) :
Alors, Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 78.
Mme Weil : Oui, M. le
Président. Je dépose un amendement.
Le
Président (M. Matte) : Mme
la ministre, dans le temps que la distribution de l'amendement se fait, je
vous invite à le lire.
Mme Weil : Donc, l'amendement :
Remplacer, au premier alinéa, «traitement» par
«l'examen». Donc le texte actuel se lit :
«À
l'exception des droits à payer pour l'examen d'une demande visée aux
articles 70 à 75, le gouvernement peut fixer, par règlement, ceux
relatifs à toute autre demande ou ceux relatifs à toute étape de traitement de
celle-ci.
«Le
gouvernement peut fixer, de la même manière, les droits à payer relativement à
une déclaration d'intérêt ainsi que, pour la délivrance ou la production
de tout document.»
Alors, ça se lit actuellement :
«À
l'exception des droits à payer pour l'examen d'une demande visée aux
articles 70 à 75, le gouvernement peut fixer, par règlement, ceux
relatifs à toute autre demande ou ceux relatifs à toute étape de l'examen de
celle-ci.»
Donc, c'est
un amendement qui corrige une erreur de vocabulaire dans le projet de loi. C'est le plus simple des amendements que je présente dans le
cadre de ce projet de loi.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur cet amendement? Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Donc,
est-ce que l'article 78 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) : Donc,
Mme la ministre, je vous invite à faire la lecture de l'article 79.
Mme Weil : Oui.
Alors :
«Le
gouvernement peut, par règlement, déterminer les cas où un ressortissant
étranger est exempté du paiement des droits exigibles.»
Cet article
énonce le pouvoir réglementaire du
gouvernement de prévoir en faveur des ressortissants étrangers des
exemptions au paiement des droits exigibles.
Peut-être
pour expliquer un peu la situation, cette disposition reprend le droit actuel.
Par exemple, il y a exemption de
droits exigibles pour les membres de la famille lorsqu'il y a ajout d'un
nouveau membre de la famille. À ne pas confondre avec le fait que
certains ressortissants ne sont tout simplement pas tarifés. C'est le cas pour
l'ensemble des ressortissants de la catégorie des personnes en situation
particulière de détresse.
Des voix : ...
Mme Weil :
Un nouveau membre de la famille, c'est une belle nouvelle, ce serait un enfant
qui serait né lors de l'étape du processus. Dans ce sens-là.
Le
Président (M. Matte) :
C'est bien? Est-ce qu'il y a des interventions par rapport à l'article 79?
Non. Est-ce que...
M. Kotto : M. le
Président?
Le Président (M. Matte) : Oui.
Député de Bourget.
M. Kotto : Oui. Serait-il, disons, convenable
de ma part de suggérer à la ministre de nous exposer des cas de figure?
• (21 h 30) •
Mme Weil : D'autres
exemples qu'un bébé qui serait né lors du processus?
M. Kotto : Oui, oui.
Mme Weil : Oui, je pourrai
m'informer.
Une voix : ...
Mme Weil :
Oh! c'est simple, encore, très simple : il n'y en a pas d'autre.
Le Président (M. Matte) : Mme
la ministre.
Mme Weil : Il n'y a pas
d'autre cas de figure.
M. Kotto : Il n'y en a
pas d'autre? O.K.
Mme Weil : Oui, c'est
vraiment ça. Mais il pourrait y avoir deux membres si c'est des jumeaux, hein?
Le Président (M. Matte) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que l'article 79 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Matte) :
Adopté. Alors, je vous remercie de votre excellente collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die. À demain.
(Fin de la séance à 21 h 31)