(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président
(M. Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les
citoyens ouverte. Je vous souhaite la
bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 77, Loi sur
l'immigration.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Lavallée
(Repentigny) est remplacée par Mme Roy (Montarville).
Le
Président (M. Picard) : Merci. Comme la séance a débuté avec
quelques minutes de retard, j'ai besoin du consentement pour excéder
l'horaire prévu. Consentement? Merci beaucoup.
Auditions (suite)
Nous recevons ce matin les représentants de
Québec international. Je vous invite à vous présenter, et vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé, va s'ensuivre des échanges avec les parlementaires. La parole est à
vous.
Québec International
M. Viel
(Carl) : Alors, merci de l'invitation et de nous accueillir
ce matin. Premièrement, Carl Viel, président-directeur général de Québec International. Et
je vais laisser mes deux consoeurs se présenter brièvement et afin de respecter
notre temps.
Mme Lagacé
(Line) : Line Lagacé. Donc, je suis vice-présidente au niveau de
Québec International. Je chapeaute surtout
tous les enjeux par rapport au soutien à la croissance des entreprises et à
l'investissement étranger. Et, pour votre information, j'ai été quatre
ans présidente de la table de concertation en immigration de la
Capitale-Nationale.
Mme
Chouinard (Marie-Josée) : Bonjour. Mon nom est Marie-Josée Chouinard,
je suis directrice, Attraction de talents.
• (11 h 30) •
M.
Viel (Carl) : Alors, c'est
avec intérêt que nous avons pris connaissance du projet de loi n° 77, Loi
sur l'immigration au Québec. En
préambule, nous tenons à souligner que Québec International est en profond
accord avec la volonté gouvernementale de tendre vers une meilleure adéquation entre les besoins de main-d'oeuvre
et la sélection de ses immigrants. Nous
considérons que le processus de déclaration d'intérêt d'immigrants potentiels
et leur sélection en fonction des
besoins de la main-d'oeuvre au Québec permettront un traitement plus ciblé et plus rapide des demandes d'immigration, le tout
au bénéfice du tissu économique du Québec.
Québec International,
à titre d'agence de développement économique régionale, a pour mission de
contribuer au développement économique de la région métropolitaine de Québec
et à son rayonnement à l'international. Ainsi, nos professionnels travaillent à attirer dans la région talents et
investissements ainsi qu'à développer et exporter le savoir-faire régional. Les mandats de l'agence sont :
attirer des travailleurs qualifiés et entrepreneurs étrangers, attirer des
investissements étrangers, assurer le développement des pôles
d'excellence, soutenir la commercialisation et l'exportation, soutenir l'entrepreneuriat en haute technologie et
l'innovation et promouvoir l'environnement d'affaires concurrentiel de la
région de Québec.
Québec International souhaite apporter son point de vue dans cette consultation, notamment en ce
qui concerne les orientations et actions soumises en
matière d'attraction de travailleurs qualifiés et d'entrepreneurs étrangers. Notre point de vue est axé particulièrement
sur l'immigration économique et sur son impact régional.
Je vais brièvement
donner un peu le portrait de la région de la Capitale-Nationale. Comme vous
le savez, nous avons un taux de chômage, pour l'année qui a terminé, en 2015, de 4,7 %, et la région de la Capitale-Nationale
oscille avec un taux de chômage d'environ 5 % depuis l'année 2008.
Le taux d'emploi était de 89,2 % chez les 25-45 ans. D'ailleurs, selon un sondage mené par Léger pour
le compte de Québec International et des chambres de commerce de Québec et de Lévis, les employeurs de notre région
disent avoir de la difficulté à recruter de la main-d'oeuvre dans une
proportion de 86 %.
En 2015,
Québec International a accompagné plusieurs entreprises dans leur processus de
recrutement à l'étranger et dans la validation de projets d'affaires
d'entrepreneurs internationaux. En 2015, nous avons attiré
177 travailleurs spécialisés, qui ont
permis d'accueillir 450 nouveaux arrivants. Depuis 2008, c'est près de
1 500 travailleurs et plus de 3 400 nouveaux arrivants dans la région,
avec un salaire annuel moyen de 53 858 $, un taux de
rétention de 90 % depuis 2008,
des retombées de 18,9 millions
sur une base annualisée pour l'année 2015. En 2015, nous avons fait 74 consultations individuelles en immigration, 213 interventions en entreprise, avons mis sur pied deux groupes de codéveloppement en mobilité internationale. Et, seulement que pour
l'année 2015, 675 000 visites sur notre site Québec en tête, 17 activités de formation et de sensibilisation et l'implantation de neuf entrepreneurs
dans la région pour des investissements de plus de 2,5 millions.
Les efforts
des régions doivent davantage être axés sur l'ouverture et la préparation de la
société d'accueil, et nous sommes
convaincus que ceci doit passer par la valorisation de l'apport de
l'immigration dans notre communauté et par une meilleure connaissance du parcours de l'immigrant. En conséquence, nous suggérons que, lors de l'établissement des besoins en main-d'oeuvre, le plan d'action régional, les moyens
d'intervention, la promotion de la région ainsi que l'accueil et l'intégration doivent tout d'abord être analysés avec une perspective régionale. Attirer des talents directement de l'international vers les régions grâce à l'emploi est la stratégie la
plus porteuse pour assurer une plus grande régionalisation des
immigrants, mais il faut quand même être en mesure de valoriser les
opportunités d'emploi en région auprès des immigrants installés à Montréal.
À titre de
partenaires du ministère dans plusieurs de ses initiatives, nous souhaitons que
le ministère poursuive son action et
multiplie les initiatives porteuses en maintenant la collaboration existante
entre les partenaires régionaux, nationaux et internationaux.
L'attraction
de talents à l'international passe beaucoup par l'utilisation du permis de travail temporaire afin de répondre aux besoins pressants des employeurs lorsque
le marché du travail local ne permet pas de les combler. Toutefois,
nos expériences en recrutement international
nous amènent à poser l'hypothèse que
les candidats ayant les profils les plus recherchés sur le marché de l'emploi n'entament pas nécessairement de
démarche d'immigration permanente sans avoir l'assurance d'un emploi. Le service aux entreprises doit demeurer une
priorité. En ce sens, Québec International est, pour le ministère, un allié. En conséquence, nous
suggérons que la déclaration d'intérêt devra permettre à un employeur de
demeurer maître d'oeuvre de son processus de
dotation et du choix de son candidat. Il serait souhaitable que l'employeur
puisse bénéficier de la priorité de traitement,
même si l'individu qu'il a ciblé n'est pas dans la banque. Nous proposons
que les candidats retenus par les employeurs
et qui accéderont au CSQ dans le cadre d'un nouveau programme d'immigration puissent se voir délivrer un permis
de travail temporaire en attendant que se finalise le processus de résidence
permanente au fédéral.
Le soutien aux
travailleurs temporaires et à leur famille afin qu'ils puissent avoir accès à
des services d'accompagnement doit
être une priorité du ministère. L'approche prospective des candidats doit être modulée en conséquence, puisqu'on ne
rejoint pas les candidats de niveau professionnel ou technique de la même façon
que les universitaires.
Nous estimons
que la mise en place du PEQ est un avantage concurrentiel pour la province et
permet une rétention accrue des travailleurs stratégiques. En
conséquence, nous suggérons qu'il faut accroître la promotion de la résidence
permanente, et plus particulièrement le Programme de l'expérience québécoise,
auprès des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires.
Le ministère
doit tout mettre en oeuvre pour favoriser l'accession au certificat de sélection du Québec, le CSQ. Dans le
cadre spécifique du PEQ, nous croyons que le seuil de français exigé devrait
être revu.
Nous suggérons
d'inclure deux catégories supplémentaires au PEQ : les travailleurs peu
spécialisés et les entrepreneurs. Nous comprenons que les critères
d'admissibilité peuvent être modulés par ces nouvelles clientèles.
Nous
reconnaissons les efforts du ministère afin de faciliter et d'accélérer la
reconnaissance des compétences et des
acquis et l'accès de certaines professions réglementées. Ceci transparaît et
permet une intégration plus rapide. Il faut poursuivre ces efforts en ce
sens.
Dans la
région de la Capitale-Nationale, un projet pilote a été initialement mis en
place pour l'encadrement des immigrants entrepreneurs et immigrants
investisseurs par Québec International. Ce projet a permis l'implantation de
neuf entreprises, et 15 autres dossiers sont actuellement en processus
d'accompagnement.
Développer une meilleure synergie avec les
chargés de promotion du MIDI, permettant ainsi que les offres d'accompagnement régionales et entrepreneuriat
international puissent être valorisées auprès des entrepreneurs immigrants.
Permettre l'accessibilité au PEQ à
l'entrepreneur immigrant.
L'analyse économique du projet d'affaires de
l'entrepreneur immigrant devrait être réalisée dans la région d'accueil par un
organisme ou une organisation ayant l'expertise locale.
Nous confirmons au ministère notre volonté de
collaborer étroitement dans la mise en place de stratégies valorisant
l'attraction de talents dans notre région. Merci.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. Viel. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Weil :
Oui, bonjour, M. Viel, Mme Chouinard, Mme Lagacé. Bienvenue à
vous tous. Évidemment, vous êtes un
organisme qui est très reconnu, partenaire du MIDI, reconnu aussi pour votre
performance, et je pense que c'est une
occasion pour nous de bien explorer ce nouveau système de déclaration d'intérêt
qui ferait en sorte qu'on sélectionne des personnes plus rapidement, qui
vont répondre à des besoins très précis.
Alors, je
vais commencer peut-être... Vous présentez dans votre mémoire l'outil
interactif de référencement Québec en
tête, qui permet de valoriser les offres d'emploi auprès des candidats
étrangers. Pourriez-vous, dans un premier temps, expliquer rapidement comment ça fonctionne? Et est-ce que vous voyez que
ça pourrait être intégré dans le système de déclaration d'intérêt?
Mme
Chouinard (Marie-Josée) : En fait, c'est une initiative qui est venue
du milieu, donc on s'est assis avec différents
partenaires, la ville de Québec, le ministère de l'Immigration, Emploi-Québec
et les chambres de commerce de Québec
aussi, à l'époque, pour créer un outil de référencement. Le constat était que...
comment on peut valoriser déjà les
atouts régionaux auprès des candidats qui sont à l'étranger, mais surtout de
valoriser des postes et d'amener les gens à pouvoir postuler directement
sur ceux-ci à travers aussi du référencement vers les organismes et acteurs
locaux.
Oui, en fait,
les entreprises sélectionnent, on a un outil de gestion de candidatures à
travers cet outil-là qui permet, pour
les entreprises, sans nécessairement se déplacer à l'étranger, de pouvoir déjà
identifier des candidats potentiels et de
faire des offres d'emploi, souvent par le biais de la visioconférence ils
peuvent faire des entrevues, et suite à quoi, en fait, Québec International
poursuit son accompagnement.
Comment est-ce qu'on peut valoriser cette
approche-là? C'est que, pour nous, c'est un outil régional qui peut être un levier intéressant pour le ministère de
l'Immigration, puisque ça rapproche les régions, finalement, au niveau des
communications.
Mme Weil :
...en effet, d'ailleurs, on cherche des façons de mettre les gens directement
en contact, entre les régions et les candidats. Donc, ça, ce serait une
façon de faire, là, c'est pour ça qu'on trouve l'approche intéressante.
Vous évoquez
aussi dans votre mémoire l'importance de l'accueil, l'intégration, la
sélection, oui, sélection par les régions avec des acteurs qui sont très
dynamiques, et activés, et réseautés dans les régions. Donc, juste voir votre vision des choses et comment vous voyez cette
séquence, si vous pouvez, c'est-à-dire de faire en sorte que le milieu soit
déjà... comme vous le faites, mais qui
serait intégré à notre système, ce nouveau système, donc, mettant l'accent
aussi sur l'accueil, l'intégration.
• (11 h 40) •
Mme Lagacé
(Line) : On a toujours, dans la région de la Capitale-Nationale, mis
de l'avant que d'attirer dans nos
régions, c'est une chose, mais le
vrai travail commence beaucoup lors de l'arrivée, justement, des candidats dans la
région, et on a toujours
mis l'accent sur l'établissement d'un continuum de services régional permettant effectivement une fluidité dans l'intervention. La richesse qu'on a réussi à mettre en
place dans la région par le biais, entre autres, de Québec en tête était la capacité qu'avait la
région de référer très rapidement les candidats et même les entreprises, dans
certains cas, en termes de soutien, aux
organismes adéquats, permettant qu'effectivement ils reçoivent le soutien ou le
service nécessaire, qu'ils ont au moment où est-ce qu'ils en ont besoin.
Donc, on
parle quelquefois du secret de la Capitale-Nationale. J'ai
l'impression que c'est là que ça se situe, la capacité de bien comprendre la chaîne de services et d'être en mesure de
référer le plus rapidement possible aux gens, aux bonnes personnes au
bon moment.
Dans tout le processus
de déclaration d'intérêt revient toute cette dynamique-là. Oui, c'est
important, en amont, de seconder
l'employeur dans la recherche de son candidat. Donc, c'est exactement
la même dynamique qu'on va vivre, en réalité.
À partir du moment où ce choix-là est fait, où l'individu est en processus
d'installation, il faut être en mesure que le continuum de services soit
bien référencé, connu et surtout bien identifié, pour le référencer de façon
adéquate. Donc, je pense que ça rentre totalement en ligne avec le processus
qu'on veut mettre en place, surtout qu'on veut avoir un regard encore plus précis sur les besoins des régions, où
sont les membres par rapport à ça, l'analyse, que les projets, justement, puissent être protégés par les régions elles-mêmes. Et, dans notre cas,
bien c'est ce qu'on maintient comme ligne d'intervention aussi.
Mme Weil : Et j'aimerais vous entendre... Parce que
moi, j'ai eu l'occasion de comprendre comment vous faites votre recrutement, là, puis même des entrevues par
Skype, vous m'avez expliqué tout ça, les bassins où vous allez. Je pense,
ce serait intéressant que vous puissiez
l'expliquer, parce que c'est vraiment les façons modernes de faire, de recruter des
gens qui répondent... Vous êtes déjà là-dedans,
en somme, sauf que le tout va se faire beaucoup plus rapidement dans ce nouveau
système, la personne ne viendra pas... Bien, pour les travailleurs temporaires,
vous le faites, mais on veut les mettre rapidement sur la voie rapide.
Je vois que
vous êtes très en accord pour faire la promotion du Programme d'expérience québécoise.
Je ne sais pas si vous avez compris
qu'on a l'intention de le garder à l'extérieur du système
de déclaration d'intérêt. Tout le monde est favorable à ça à cause des problèmes qu'ils ont
eus au niveau du gouvernement fédéral.
Donc, nous expliquer comment vous faites ce
recrutement, les bassins où vous allez, la question de la langue française, parce que vous en parlez, et comment on pourrait bénéficier des programmes,
qui sont déjà des bons programmes de francisation, dans les écoles, pour ceux qui
seraient ici avec un permis de travail. Donc, tout ça est important dans ce
continuum pour réussir l'immigration.
Mme Lagacé (Line) : Je vais
commencer, Marie-Josée, tu compléteras ma portion.
Effectivement, pour nous, dans la région,
l'identification des bassins a toujours été d'une importance... Il faut comprendre que, dans nos régions, l'employeur lui-même
met les niveaux de français, en fin
de compte, de façon
assez élevée. Ils ont besoin de gens, et l'intégration passe beaucoup
par la capacité de l'individu à pouvoir fonctionner en français également.
Donc, on a toujours axé nos efforts de recrutement sur des bassins
francophones ou à fort potentiel de francophones ou de francophiles.
Ça nous a
amenés, avec les années, bien sûr, de participer de façon très active aux
Journées Québec, donc ça a été... depuis le départ, la région de Québec est un partenaire du MIDI et d'Emploi-Québec au niveau des Journées Québec, mais également
de développer dans notre région des initiatives qui sont sur des territoires,
en fin de compte, autres que le bassin français
ou belge qui sont de façon... un
petit peu plus intensifiées par les
Journées Québec. Donc, on a ouvert le marché de l'Amérique latine en
commençant en premier lieu par le Brésil, où on a ciblé des bassins
francophones et francophiles surtout
dans le secteur des technologies de l'information. Depuis les années... Donc, on en est à notre
quatrième édition, cinquième
édition...
Mme Chouinard
(Marie-Josée) : Cinquième édition.
Mme
Lagacé (Line) : ...cinquième
édition, cette année. On a ouvert, donc, le marché de la Colombie également et
le marché du Mexique, toujours en collaboration avec le bureau du Québec qui est sur le territoire. Donc, notre stratégie de promotion se colle en réalité de façon
intense à la stratégie de promotion du ministère sur ces territoires-là,
donc c'est vraiment en collaboration avec eux. Et la possibilité qu'ils nous ont
offerte, bien sûr, c'est de partager avec la promotion qu'il peut y avoir sur le territoire.
Donc, on se déplace pour des tournées de promotion aussi du MIDI sur le territoire
afin de rejoindre de façon directe les candidats sur place.
Ce qu'on a mis de
nouveau dans ces initiatives-là, c'est vraiment de le faire sous forme
virtuelle, donc ce qui empêche les candidats aussi à avoir à se déplacer dans
les villes centres, mais également nos entreprises d'avoir à se déplacer sur les territoires étrangers. Donc,
tout se fait de façon virtuelle, les entrevues. La sélection est faite,
bien sûr, en amont, on utilise d'ailleurs
notre logiciel de gestion de candidatures pour permettre une plus grande
sélection. Et, comme nous sommes sur des territoires non francophones, l'évaluation
du français, on offre à l'entreprise une évaluation du français en amont, pour
permettre effectivement une facilité pour les entrevues, mais également d'évaluation de la capacité de l'individu avant son entrevue. Lors des
entrevues, on peut jumeler effectivement un interprète, autant pour seconder
l'entreprise que l'individu devant la
caméra, qui quelquefois... ça peut être impressionnant d'avoir à faire une
entrevue dans une seconde langue, ou
une troisième langue, ou une quatrième langue, dans bien des cas. Donc, tout ça
est mis en place, là, pour seconder autant l'individu que l'entreprise
dans ce processus-là.
La
même chose, si vous me permettez, la même chose que l'on fait lorsqu'on se
déplace en région, la promotion des
atouts et du continuum de services régional est extrêmement important pour
nous. Donc, on le fait lorsqu'on se déplace en France ou en Belgique, lors des Journées Québec, mais on le fait
également de façon virtuelle en tenant des activités d'information, des
sessions d'information auxquelles on fait intervenir les intervenants régionaux
pour leur permettre justement d'avoir une
meilleure compréhension de ce qu'ils peuvent attendre lorsqu'ils vont arriver
dans la région d'accueil.
Peux-tu compléter?
Mme
Chouinard (Marie-Josée) : Oui. Bien, en fait, peut-être aussi
mentionner que c'est vrai que le niveau de français exigé est en lien
avec le besoin d'entreprise, et ce qu'on observe, en fait, c'est que le niveau
de français est très élevé dans les postes
de haut niveau, le niveau de français au niveau des professionnels,
quelquefois, peut être exigé au
niveau débutant, ce qui peut arriver. Donc, dans quelques cas, en fait, c'est
très rapide que l'employeur doit, dès l'arrivée du candidat, s'investir
au niveau de la francisation de ces gens, dans l'objectif, d'ailleurs, de
pouvoir basculer vers le Programme d'expérience québécoise.
Mme
Weil : Bien, c'est ça, j'allais vous amener là. De par votre
expérience, donc, c'est des travailleurs temporaires qui arrivent à cause de leurs compétences, avec un
certain français, dans certains cas, ou bien francophones, ou francophiles,
ou avec un niveau suffisant pour le poste que
la personne va occuper, donc, ensuite, rapidement, vous assurez... ou
l'employeur est sensibilisé au fait qu'il devra assurer un parcours de
francisation, c'est ça, pour l'amener...
Quelle
est votre expérience par rapport à la réussite de l'accompagnement, des cours
qui sont donnés? Vous faites un commentaire sur le programme, que les
commissions scolaires, dans les régions, ne sont pas assez connaissantes qu'il y a, hein, le programme de francisation
donné par le ministère de l'Éducation. Pourriez-vous en parler mais aussi
nous dire, de votre expérience, le taux de
réussite, si on veut, que cette personne puisse en fait recevoir un certificat
de sélection du Québec parce que son niveau de français est assez élevé à
la fin de son parcours temporaire?
Mme
Lagacé (Line) : Le regard
qu'on va porter est vraiment un regard sur lequel nous avons la capacité, dans
la région, d'avoir un regard sur ce qui se
passe, par exemple, dans une ville-phare qui est, comme par exemple, la ville de Québec, mais aussi qui peut se passer en région
limitrophe mais un peu plus éloignée aussi.
Notre vision des
choses est que plus le candidat est à un niveau, par exemple, professionnel ou technique, plus il a peut-être de la difficulté, dans les délais impartis, à atteindre le niveau
exigé par le PEQ, en réalité. Et, même si les
efforts sont faits et qu'il a accès, comme par exemple dans la
ville-phare, à des services, par
exemple, des commissions
scolaires pour le programme qui est normé par rapport à la francisation,
le délai imparti fait en sorte que souvent il
n'atteindra pas ce niveau. Il est quand
même limité à quatre ans dans le
processus. Donc, ça, c'est un défi majeur pour l'entreprise. Donc, ça,
c'est le premier commentaire.
Plus
on s'éloigne en région, plus on s'aperçoit que même le référencement au niveau
des commissions scolaires... Plus
on devient une particularité pour la commission
scolaire, plus l'information, ou la disponibilité, ou l'accessibilité
devient un petit peu plus floue, donc ça
augmente, justement, la difficulté pour ces gens-là. Donc, souvent, au lieu de
passer peut-être par les programmes normés, par une méconnaissance, par... ils vont
passer par le privé, avec aussi l'assumation, mais dans un contexte où souvent on est encore dans une clientèle qui
est soit technique soit professionnelle, avec un petit peu moins de temps et
la difficulté d'atteindre le niveau, d'où la suggestion, pour justement les
gens qui sont déjà intégrés ici, qui
participent déjà activement à la vie économique, qui sont peut-être
là depuis deux, trois, quatre ans, de pouvoir
diminuer le taux pour que ces gens-là puissent continuer dans leurs efforts de
francisation et pouvoir bifurquer, bien sûr, sur
la résidence permanente. Donc, c'est beaucoup la vision qu'on en a et les
messages qui nous sont transférés par les entreprises dans ce cas-ci.
• (11 h 50) •
Mme Weil : Et, les entreprises, la personne est capable... De toute façon, pour l'entreprise, la personne satisfait entièrement aux
besoins de l'entreprise, c'est juste que...
Mme Lagacé
(Line) : Oui. Et c'est d'ailleurs
là la crainte de l'entreprise, justement, de perdre cette ressource-là dans laquelle elle a investi depuis deux, ou
trois, ou quatre ans, de le perdre parce
qu'effectivement la personne ne peut pas bifurquer parce qu'elle
n'atteint pas ce niveau-là.
Il faut comprendre que le niveau, lors de la
mise en place, qui est un niveau, je dirais, plus intermédiaire débutant, à passer d'intermédiaire avancé... Ce
qui augmente énormément la pression qui peut être faite sur ces gens-là,
sur la capacité de maîtriser la langue française.
Mme Weil :
Très bien. Donc, c'est depuis 2011 qu'on a ce problème-là, avant ça ils
pouvaient... depuis la première réforme du gouvernement fédéral.
Mme Lagacé
(Line) : Oui. Puis il faut comprendre que le PEQ est vraiment une
valeur ajoutée qu'on reconnaît d'emblée et que l'entreprise reconnaît
d'emblée.
Mme Weil : Ah! oui, oui, oui,
absolument.
Mme Lagacé
(Line) : Donc, c'est vraiment plus une difficulté pour certains
employés de pouvoir bifurquer à cause du niveau de français, dans des
cas bien particuliers.
Mme Weil : Avant ça, ils
pouvaient renouveler puis continuer leur parcours.
Mme Lagacé (Line) : Oui.
Mme Weil :
À la page 18, la reconnaissance des diplômes et l'accessibilité aux
professions réglementées, parce qu'il
reste peu de temps, puis je veux plus vous écouter que m'écouter, pourriez-vous
m'expliquer un peu votre expérience et vos recommandations ici?
Mme Lagacé
(Line) : Bon, c'est sûr qu'on reconnaît, là, depuis des années, les
efforts qui sont faits pour mettre en
place, accélérer les processus aussi de reconnaissance des acquis et des
compétences, de travailler conjointement avec les ordres afin d'accélérer, de rendre accessible en amont aussi. Tout
ça, pour nous, est dans la voie, justement... On aime toujours que les
choses puissent avancer dans ce sens-là, c'est exactement la voie qu'on doit
prendre également.
Ce qu'on
retrouve, par exemple, c'est que l'employeur a également besoin d'être soutenu,
dans ce processus-là d'autonomie, dans la compréhension de l'équivalence de
diplôme, par exemple, de pouvoir avoir accès justement à de l'information un petit peu plus juste par rapport
à l'équivalence. Bon, c'est énormément d'efforts, hein, le fait d'établir
la reconnaissance de compétences, la
reconnaissance d'acquis, c'est une évaluation qui doit être faite, donc demande
temps et énergie. Il faut continuer les efforts dans ce sens-là et de
voir... Et les messages qu'on reçoit de l'entreprise, c'est effectivement aussi
dans cette voie-là.
Mme Weil : Puis c'est
intéressant. Juste vous dire que, pour le délai de traitement, là, pour
l'obtention de l'évaluation comparative, on a réduit le délai de 120 jours
à 35 jours, c'est déjà ça.
Donc, l'idée,
là, ici, c'est vraiment intéressant, parce qu'il y a des systèmes qui, si la
personne, avant de vouloir être
admise dans un pays, n'a pas la reconnaissance totale de ses compétences, ses
acquis, la personne ne rentre pas, et c'est
vraiment... Donc, c'est une option, mais cette voie-là, c'est des gens qui
rentrent de façon temporaire, qui sont déjà dans un domaine de formation qui intéresse le marché du Québec,
d'emploi, donc, de la région, et là l'idée, c'est de jumeler cette personne avec la formation qui va faire en
sorte qu'il va avoir la reconnaissance nécessaire parce qu'il aura un diplôme,
une formation québécoise.
Plus on
regarde ça, plus on voit à quel point le recrutement de candidats d'excellence
qui viendraient avec un permis temporaire
est important mais à quel point le quatre ans aussi devient difficile aussi,
parce que c'est une course, hein, c'est une course contre l'horloge,
hein, c'est ça.
Mme Lagacé (Line) : On a déjà eu une
expérience de corecrutement, par le passé, qui s'est avérée porteuse également, donc une entreprise jumelée à une
institution — c'était
dans le cadre de Journées Québec — qui permettait justement de recruter un candidat mais de lui
permettre de poursuivre certaines formations de mise à niveau, permettant
une accélération, justement, de son
processus de reconnaissances d'acquis, et ça, cette dynamique-là de jumeler ou
de corecrutement a semblé, pour nous,
un avenir porteur. Ça a été un petit peu abandonné, puis, pour l'instant, des
initiatives de commissions scolaires
ou d'institutions, on les cadre moins avec les Journées Québec, mais ce serait
probablement une avenue à regarder de façon un petit peu plus pointue.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Bourget.
M.
Kotto : Merci, M. le Président. Mme Chouinard,
Mme Lagacé, M. Viel, soyez les bienvenus. Merci de contribuer à cet exercice de restauration d'une loi vieille
de 53 ans, hein? C'est ça, hein? Non, moins que ça quand même.
48 ans, oui, c'est ça.
Et j'avais une question d'entrée de jeu, parce que je ne sais plus quel groupe passait ici et
faisait la remarque à l'effet que la
région de la Capitale-Nationale avait de la difficulté à attirer la
diversité, appelons ça comme ça. Est-ce
que vous avez, vous, une idée pour nous éclairer relativement à cette
incapacité d'attraction de la diversité?
Mme Lagacé
(Line) : Moi, je pense
qu'il faut... Oui, on a sûrement des idées, surtout qu'on travaille très, très
fort au niveau de l'attraction et
de la promotion. Il faut comprendre que, dans la région, les efforts datent peut-être
de 2008, par rapport à l'attraction, de façon plus intensive. Actuellement,
on est passé environ d'une population immigrante d'autour de 4 % ou
3,8 %, environ, à environ 6 % actuellement, ce qui représente quand
même très peu en fonction du poids
économique que représente la région de la Capitale-Nationale sur l'ensemble de
la province, donc on a énormément d'efforts encore à mettre et à
déployer pour attirer les gens vers la région de la Capitale-Nationale.
L'enjeu ou le pari que nous avons fait est
d'attirer les gens en fonction de l'emploi et de la disponibilité des
opportunités de carrière, donc pas une promotion à tout vent sur l'ensemble de
la beauté de notre région — et
ça, je pourrais passer des heures à vous en
vanter le mérite — mais
davantage sur les opportunités de carrière. Donc, c'est une promotion, une attraction qui est beaucoup plus
fine, beaucoup plus ciblée, donc nos efforts de prospection et de promotion
sont beaucoup plus analysés en amont, mais
ce qui permet une installation beaucoup plus porteuse et à plus long terme
également. Et ça, bien, je pense que vous
avez la progression qu'on a faite dans la région. Donc, petit pas va loin. Et
donc on fait en sorte que... là, on
essaie d'accélérer ce rythme-là et de faire en sorte que le mouvement qu'on a
créé depuis 2008 s'accélère encore plus. Avec la loi qu'on met en place
actuellement, pour nous, c'est exactement dans la lignée qu'on cherche à faire, c'est-à-dire une meilleure
adéquation, une adéquation entre les besoins de main-d'oeuvre et l'attraction,
la sélection de nos gens. Donc, c'est
exactement dans la lignée qu'on recherche, et je pense que c'est là qu'il faut
conserver les atouts qu'on a déjà mis en place, mais les accentuer pour
l'avenir. Donc, ça passe par cette dimension-là.
M. Kotto :
O.K. En somme, ce que j'entends, c'est, disons, la réalisation, dans un espace
beaucoup plus large actuellement
qu'une petite ville ou un petit quartier, du projet qui est, disons, mis de
l'avant en ce moment, celui de la déclaration
d'intérêt, parce que l'approche de la déclaration d'intérêt va justement cibler
avec beaucoup de finesse l'adéquation entre les besoins de main-d'oeuvre
et la sélection des immigrants.
Et,
considérant, donc, la carence de cette diversité à Québec, cela m'amène...
m'inspire une question : Pensez-vous que l'approche que nous sommes en phase d'adopter, celle de la
déclaration d'intérêt, appliquée au Québec d'un bout à l'autre, si je vous entends bien, ne pourrait pas
entraîner, disons, une carence de la diversité sur l'ensemble du territoire
à un moment donné? Parce que le système dans lequel on vit en ce moment, c'est
le système qui consiste, je résume, à servir le premier arrivé, sans considérer
spécifiquement ses qualités en lien avec le marché du travail comme tel.
Mme Lagacé
(Line) : Le processus de déclaration d'intérêt va plutôt... va venir
appuyer, dans le fond, les objectifs des régions. Plus l'analyse des
besoins de main-d'oeuvre va se rattacher, et qu'on sera en mesure d'avoir un
portrait régional fin des besoins régionaux,
et qu'on mettra ça en application au niveau de la sélection des candidats, plus
ça va répondre adéquatement aux
besoins des régions et plus ces besoins-là vont être comblés par la diversité,
donc, d'être capable d'aller chercher
un bassin potentiel plus large. Et ça, pour nous, c'est extrêmement en lien
avec ce qu'on fait actuellement.
M. Kotto : Oui, mais c'est
ça. On ne se contredit pas, on dit la même chose.
Mme Lagacé (Line) : Non, tout à
fait.
M. Kotto : Vous êtes un
laboratoire vivant de l'approche que nous sommes en train de discuter ici.
Mme Lagacé (Line) : Oui, je pense que
oui. Oui, tout à fait.
• (12 heures) •
M. Kotto :
Non, mais c'est ça, c'est exactement ça. Mais ma crainte, c'est ça, ma crainte est à
l'effet qu'en ciblant avec autant de
finesse l'immigration en lien avec les besoins en main-d'oeuvre au Québec en général on n'en arrive pas à la situation à
laquelle vous vous trouvez aujourd'hui, c'est-à-dire — on en
parlait avec la ministre, d'ailleurs — vous passez d'une catégorie de personnes qui peut-être ont été diplômées en
philosophie mais qui sont exclues parce que ne rentrant pas dans la case des
besoins réels du marché, mais qui cependant pourraient, considérant leur niveau d'études,
s'adapter, ou suivre, ou s'orienter ailleurs
pour finalement postuler, un an ou deux ans plus tard, à un poste
qui est en demande.
Mme Lagacé
(Line) : Notre vision à nous
est vraiment une vision davantage économique, donc
c'est sûr qu'autant la déclaration d'intérêt et la volonté de pouvoir faire une plus grande
adéquation correspond à 100 % aux objectifs de notre organisation.
De manière
plus générale, donc, vous parlez du volet plus de société,
donc l'ouverture sur la diversité et d'avoir dans cette diversité-là des avenues différentes et non pas seulement
celles axées... Nous sommes aussi en accord avec cette vision-là. Les autres énergies, c'est-à-dire l'attraction
d'étudiants étrangers, par exemple, le fait de pouvoir faire en sorte
que l'attraction n'est pas
strictement économique, ce qui est notre cheval de bataille, mais être beaucoup
plus large que ça va, je crois,
aussi amener cette diversité économique, diversité culturelle qui permet d'avoir dans ce
bassin-là des origines
ou des profils qui seraient différents et qui ne seraient pas nécessairement rattachés aux besoins de main-d'oeuvre
analysés ou identifiés de façon économique.
Mais, pour nous,
comme organisation, c'est sûr que c'est notre cheval de bataille, et, pour
nous, ça répond adéquatement, bien sûr, aux objectifs que nous en avons,
du volet économique. Non, mais je comprends que le volet est
beaucoup plus large dans votre question et dans la volonté de la société en
général.
M. Viel (Carl) : Je me permettrais de rajouter juste un exemple. On a vu hier dans les
journaux une activité qui a eu
lieu à Québec, où on a invité... dans les journaux il y a eu
plein de photos, il y a une ouverture qui a été faite aux nouveaux immigrants
qui sont arrivés à Québec, là, les réfugiés, etc., en lien avec le Carnaval. Ça
fait que je pense que ça vient démontrer une
ouverture de la région à voir qu'est-ce qui peut être fait, je ne sais pas si
vous avez vu les photos dans les journaux
hier, mais la volonté, que ce soit de la ville de Québec, d'organiser à tous
les ans une activité pour l'accueil des nouveaux, l'ouverture.
Et
l'autre élément, moi qui est de retour à Québec depuis quelques années, mais on
a aussi la remarque, on voit que...
on l'a dit par les chiffres, il y a une augmentation, et l'ouverture de cette
diversité-là, elle est beaucoup plus omniprésente aujourd'hui qu'il y a x années dans la région. Je
pense qu'il y a une volonté globale, on l'a vu avec le geste qui a été posé
par le Carnaval et la ville hier, là, de
faire cette activité... ou avant-hier, pardon, de faire cette activité-là,
démontre l'ouverture des gens à ce niveau-là.
Et
il faut aussi se rappeler que, lorsqu'on a à attirer des gens, bien il faut
aussi... je vais dire ça comme ça, mais, dans la promotion qu'on fait, on doit aussi leur rappeler qu'il y a
quelques mois dans l'année qui sont un petit peu moins chauds, qu'il y a de la neige. Donc, il faut être
conscient, il faut dire aux gens à quoi ils vont s'attendre ici, alors de voir
justement les gens qui profitent de l'hiver est un bel exemple aussi.
M.
Kotto : Je souris parce que ce que vous venez de dire m'avait
également été conseillé quand... Ce n'était pas évident, ce qui fait que
pendant...
Une voix :
...
M. Kotto :
Oui. Pendant six ans, j'avais hésité. À la veille de l'hiver, je repartais
avant que ça tombe.
Le Président (M.
Picard) : Il vous reste une minute.
M.
Kotto : Voilà, une minute, juste pour vous dire que j'étais
très ouvert et attentif à l'enjeu de la francisation des travailleurs étrangers temporaires et des
difficultés, et les suggestions que vous faites ont du sens, mais maintenant
il va falloir trouver, nous, une avenue qui
nous permette toujours... Pour justifier les raisons pour lesquelles Québec a,
comment dire, juridiction partagée avec le
fédéral sur la question de l'immigration, quand on a été chercher ces pouvoirs
à Ottawa, c'était justement pour renforcer le filet linguistique français au
Québec. Merci.
M. Viel
(Carl) : Merci à vous.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci beaucoup, M. le Président. Mesdames monsieur, merci. Merci pour votre mémoire,
que je lis.
D'abord, je veux vous
féliciter, réussir à attirer, en 2015, 177 travailleurs spécialisés dans
les secteurs des technologies de l'information, du divertissement interactif, du manufacturier, de l'hôtellerie, de la
restauration et du secteur des
finances et des assurances. On sait que c'est que c'est des bons salaires,
c'est des bons emplois. Et, dans cette foulée, ce qui est intéressant, quand on va chercher les travailleurs, on va aussi chercher le conjoint, la conjointe, les enfants. Donc,
vous nous dites : «Ces initiatives
auront permis d'attirer près de 450 nouveaux arrivants», au total, et là
on parlait de 2015. Donc, pour les
efforts qui sont faits par Québec International dans la capitale, chapeau, parce que
c'est du monde actif, c'est du monde
productif, et on bénéficie de leur présence. Et on peut, justement,
vivre ensemble, et ces gens-là s'intègrent.
Je vous amène à la
page 8 de votre mémoire et je vais poursuivre avec la francisation. Il y a
plusieurs choses intéressantes dans votre mémoire. À la page 8, vous nous
dites — et
je suis tout à fait d'accord avec vous : «Le questionnement sur le français est aussi une problématique qui est vécue
autrement dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.
Ici, l'apprentissage du français n'est pas une option, mais [bien] une
nécessité pour l'intégration.» C'est
vrai. C'est vrai ici puis c'est vrai dans toutes les belles villes du Québec
qui sont vraiment, vraiment francophones. Je suis tout à fait d'accord
avec vous, c'est une nécessité à l'intégration.
Cependant, quand on s'en va du côté du travailleur
temporaire, vous nous dites, à la page 16, que vous souhaiteriez que, là, dans le cas du travailleur temporaire,
les exigences de la langue française soient diminuées, revues à la baisse.
J'aimerais que vous me disiez pourquoi puis
les solutions que vous apporteriez ça, compte tenu du fait que, pour moi,
il y a contradiction dans la mesure où, si
le français, pour être ici, c'est une nécessité à l'intégration, bien ce serait
un frein à l'intégration que de
demander que ces travailleurs temporaires là, bien, ils connaissent moins le
français que les autres. Alors, pourquoi? Puis comment faire pour y
remédier?
Mme Lagacé
(Line) : Bien, on l'a un petit peu abordé tout à l'heure, donc, le
fait, dans le fond, qu'un employeur puisse recruter un individu, que le
niveau de français dont il exige soit peut-être de niveau, au départ, débutant,
intermédiaire
débutant, par exemple, cet individu-là puisse intégrer son poste et puisse
travailler de façon adéquate comme travailleur temporaire pendant un an,
deux ans, trois ans.
Quand on
parle, justement, de diminuer le seuil de français, c'est lorsqu'on désirerait
que cet individu-là puisse bifurquer
vers la résidence permanente par le biais du programme expérience Québec, où,
là, à l'intérieur du programme, on
exige un niveau de français beaucoup plus élevé qui est de niveau intermédiaire
avancé. C'est là où ça demeure... où ça devient un frein, parce que
l'employeur se retrouve très rapidement à seconder son employé pour un an, deux
ans, trois ans dans sa francisation, mais il faut comprendre que quelquefois
c'est un employé soit de niveau technique ou professionnel
qui n'est pas d'office, en termes de capacités langagières ou même
d'apprentissage, quelqu'un qui va être en
mesure d'accélérer ce processus-là. Donc, ça se peut qu'après un an, deux ans,
trois ans cette personne-là n'aie pas atteint
le niveau, mais il fonctionne bien dans l'organisation, puis l'employeur, il
veut le garder, il veut s'assurer que cet individu-là dans lequel il croit, dans lequel... Cet individu-là
participe à sa croissance économique, à son positionnement comme
entreprise, il veut le garder, mais malheureusement les délais font en sorte,
parce que, là, on a maximum de quatre ans... font en sorte qu'il ne peut pas
atteindre le niveau espéré.
Ce qu'on dit,
c'est : On devrait, pour ces cas-là, diminuer le niveau de... seuil de
français, parce que c'est quelqu'un qui est intégré, qui fonctionne, qui
continue son apprentissage, mais c'est un peu plus difficile, c'est un peu plus...
Peut-être qu'il est dans une situation où à
la maison, par exemple, sa conjointe ne parle pas français, avec les enfants ça
demeure, par exemple, l'espagnol qui est la
langue dans son milieu, puis que ce n'est que lors de ses cours de francisation
puis au travail qu'il réussit un petit peu à
atteindre... à augmenter ces choses. Ça fait que ce n'est pas des gens qui ne
veulent pas apprendre. C'est des gens
qui sont en processus, mais qui, pour atteindre le niveau exigé, qui est
beaucoup plus élevé que lors de la mise en place du PEQ en 2011, c'est
difficile. Ça fait que ça devient un enjeu majeur.
Ça fait qu'on ne parle pas de diminuer le seuil
de français exigé pour que la personne puisse venir ici. Même l'employeur,
souvent, va exiger un niveau de français pour pouvoir l'embaucher, parce que,
pour lui, puis c'est là où il n'y a pas de
contraire dans ce qu'on a mentionné, c'est que l'employeur, il l'a analysé,
puis il est souvent exigeant dans son
niveau de français lorsqu'il embauche, mais... Le niveau de français
intermédiaire débutant est probablement suffisant pour la vie en communauté, dans son milieu
d'affaires. Il pousse son employé à faire de la francisation, mais c'est
difficile pour son employé d'atteindre... Et c'est là qu'on dit que
c'est peut-être trop exigeant, dans le PEQ, d'avoir le niveau intermédiaire avancé. On pourrait-u diminuer, à la
limite, à un niveau intermédiaire pour permettre justement plus facilement
que cet individu-là puisse passer et que
l'employeur ne perde pas l'employé dans lequel il croit depuis deux ans, trois
ans, quatre ans? Donc, c'est ça.
Mme Roy
(Montarville) :
Je vous remercie pour les précisions. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Donc, Mme Lagacé,
Mme Chouinard et M. Viel, je vous remercie pour vos propos aux
travaux de la commission.
Et je suspends les travaux jusqu'à
13 heures, où la commission se réunira en séance de travail.
(Fin de la séance à 12 h 10)