(Quatorze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Picard) :
À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Le temps
des fêtes est terminé, nous débutons
nos travaux en 2016. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques dans le cadre du mandat d'initiative concernant les conditions de vie des femmes autochtones
en lien avec les agressions sexuelles et la violence conjugale.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bernier (Montmorency) est remplacé par Mme Tremblay (Chauveau); Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), par
Mme Nichols (Vaudreuil); M. Rochon (Richelieu), par M. Leclair (Beauharnois);
Mme Lavallée (Repentigny), par M. Martel (Nicolet-Bécancour).
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Aujourd'hui, nous recevons des représentants du Secrétariat à
la condition féminine, du Secrétariat
des affaires autochtones et de la Direction des affaires autochtones du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Puisque nous avons débuté nos travaux à
14 h 4, y a-t-il consentement pour qu'on puisse excéder le
17 heures? Donc, consentement.
Dans un
premier temps, je tiens à souhaiter une bonne année 2016 à tous les parlementaires, et tous les invités, et toutes les personnes qui nous
écoutent.
Mme Poirier : M. le Président,
question de procédure.
Le Président (M. Picard) :
Oui, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier : Lors de nos
dernières réunions, nous avions prévu recevoir aussi le fédéral. Qu'en est-il?
Le
Président (M. Picard) : Les représentants du gouvernement
fédéral se sont désistés la semaine dernière. Ils se sont engagés à nous
envoyer des documents. On va en parler tout à l'heure en séance de travail, à
17 heures. Ça va?
Mme Poirier : D'accord.
Merci.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Picard) : Nous cassons la glace avec les
représentants du Secrétariat à la condition féminine. Je vous demanderais de vous présenter. Vous disposez
de 10 minutes pour faire votre présentation, va s'ensuivre des
échanges avec les parlementaires. Allez-y.
Secrétariat à la
condition féminine (SCF)
Mme
Ferembach (Catherine) :
Merci. Alors, bonjour, mesdames messieurs. Peut-être d'entrée de jeu
j'aimerais vous souhaitez une bonne année, parce que semble-t-il que c'est nous
qui cassons la glace en 2016.
Alors, je
suis accompagnée de M. Abdou Baalouch et de M. Sébastien Bédard. Nous
avons préparé un exposé pour vous
présenter le Secrétariat à la condition féminine et les différentes politiques
ou plans d'action sur lesquels nous travaillons.
Bien sûr, dans le cadre de ces présentations, je ferai référence à nos
interventions en matière d'autochtone.
Alors, à l'égard du Secrétariat à la condition
féminine, notre mandat consiste essentiellement à soutenir le développement et
la cohérence des actions gouvernementales pour l'égalité entre les femmes et
les hommes...
Une voix : ...je m'excuse.
• (14 h 10) •
Mme
Ferembach (Catherine) :
Est-ce que c'est... Est-ce que vous voulez que je reprenne? Non? Parfait.
Parce que comme je ne parle pas fort en plus... Faites-moi signe, sinon, comme
ça je vais comprendre.
Alors,
je vous disais que notre travail consiste essentiellement à soutenir et
développer la cohérence des actions gouvernementales
pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour ce faire, nous fournissons,
entre autres, l'expertise professionnelle et le soutien administratif nécessaires à la réalisation du mandat de la ministre. Bon, pour vous
rappeler, le mandat de
la ministre concerne notamment de favoriser la contribution sociale, civique,
économique et professionnelle des femmes au développement du Québec ainsi que de promouvoir les droits des femmes et
l'égalité effective entre les femmes et les hommes.
Aussi, dans le cadre
de notre mandat, nous coordonnons les travaux de réflexion et de consultation
et nous voyons à la concertation
interministérielle pour assurer l'élaboration et la mise en oeuvre des plans d'action ou politiques. Je vous dirais que ce bout de mandat là est un mandat assez important
pour nous, puisque ça nous permet, là, de donner les orientations et les actions que réalise le gouvernement par rapport au sujet qui nous concerne, l'égalité entre les femmes et les hommes. Vous allez voir plus tard que,
naturellement, quand on parle d'égalité entre les femmes et les hommes,
on aborde naturellement aussi les questions de violence, qui est le sujet du
mandat d'aujourd'hui.
Dans
le cadre de nos budgets, nous recevons aussi du financement... Donc, en plus de
travailler avec les différents ministères
et organismes pour élaborer et mettre en oeuvre les politiques et plans
d'action, nous pouvons recevoir aussi du financement pour nous-mêmes réaliser certaines actions qui sont
identifiées, là, dans les plans d'action gouvernementaux ou pour octroyer aussi du financement par biais de
subventions à des organismes qui travaillent sur le terrain. Au cours de
la présentation, je ferai référence à certaines de ces subventions-là.
Alors,
essentiellement, le travail du Secrétariat à la condition féminine, c'est de
travailler avec plusieurs ministères. La
condition des femmes et l'égalité entre les femmes et les hommes touchant plusieurs sphères, vous comprendrez qu'on travaille
avec une multitude de ministères, que ce soit le ministère de la Santé et des
Services sociaux, que ce soit le ministère
de la Justice, que ce soit, bien sûr,
dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, le Secrétariat
aux affaires autochtones. Donc, nous
avons un rôle, je dirais, d'agent de liaison, nous avons un rôle de coordination
et nous travaillons d'une façon horizontale,
comme je viens de le souligner. Peut-être élément aussi à préciser :
depuis 2014, nous sommes rattachés au ministère de la Justice. Donc, ça
vous présente un peu le portrait du Secrétariat à la condition féminine.
Je
vous parlais tantôt des politiques et plans d'action gouvernementaux, qui
représentent, si vous me permettez l'expression, un peu le «core
business» de nos travaux. Nous avons trois plans, essentiellement, sur lesquels
nous travaillons ou politiques que nous
travaillons. Il y a la politique Pour que l'égalité de droit devienne une
égalité de fait, qui est une
politique qui a été lancée en septembre... en décembre 2006, je m'excuse, sur
un horizon de 10 ans, donc elle se rend jusqu'en 2017. Cette
politique comporte plusieurs orientations qui touchent toutes les sphères de la
vie, que ce soient les modèles de
comportement égalitaire, que ça soit l'autonomie économique, que ça soit la
conciliation travail-famille, que ça soit la santé, la sécurité et
l'intégrité — naturellement,
on aborde les questions de violence à cet effet-là — et la participation
des femmes au pouvoir. Peut-être vous mentionner que dans la politique on
souligne : «[Les] inégalités sont
amplifiées pour celles qui font partie de groupes vulnérables comme les femmes
handicapées, autochtones, immigrantes
ou de minorités visibles.» Et on mentionne également que «si elles sont
immigrantes, handicapées, autochtones, issues
des minorités visibles ou itinérantes et dans une situation d'exclusion
sociale, les risques sont encore plus élevés qu'elles subissent des discriminations multiples et qu'elles soient
confrontées à des problèmes persistants d'insertion sur le marché du
travail et de pauvreté». Donc, on voit que, dans la politique en matière
d'égalité entre les femmes et les hommes, la préoccupation à l'égard des
autochtones est présente.
Il
y a eu deux plans d'action gouvernementaux en matière d'égalité entre les
femmes et les hommes, un premier qui couvrait
la période 2007‑2010 et un deuxième, qui a été prolongé pour cette année, qui
couvrait la période 2011‑2015. Dans ces
plans-là, on retrouvait différentes mesures, dont une mesure qui concernait la
signature d'ententes spécifiques avec les communautés crie et inuite.
Plus
particulièrement... Je vous disais qu'on avait essentiellement trois plans
d'action ou politiques sur lesquels on travaille.
Je viens de vous en parler d'une avec l'égalité entre les hommes et les femmes,
on en a deux plus spécifiques qui concernent
les agressions sexuelles et la violence conjugale. Alors, en matière de
violence conjugale, on a d'abord une politique
qui a été adoptée en 1995 qui s'appelle la Politique d'intervention en matière
de violence conjugale — Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale. Là
encore, la prise en compte des réalités particulières, notamment celles des
femmes autochtones sont soulignées dans la politique.
En
2012, il y a eu un plan d'action gouvernemental en matière de violence
conjugale qui a été adopté, c'était
le troisième plan d'action qui a été adopté, et il inclut un volet spécifique — je
l'ai ici — il
inclut un volet spécifique à l'égard des
autochtones. On y retrouve 35 mesures. Je vous rappelle toujours que,
quand on retrouve les plans d'action gouvernementaux, le Secrétariat à
la condition féminine coordonne l'élaboration des travaux, il les coordonne en
collaboration avec les ministères. Donc, les 35 mesures auxquelles je fais
référence ne relèvent pas obligatoirement spécifiquement du secrétariat, elles
peuvent impliquer d'autres ministères.
Il
est peut-être intéressant de nommer que, ce plan d'action là, il y a eu un
volet qui était... C'est l'introduction. Si vous me permettez, je vais le lire, on dit : «Enfin, le volet
autochtone du plan d'action 2012‑2017 prévoit l'ajout du concept familial au terme "conjugal" : les liens qui
existent entre la problématique de la violence conjugale et d'autres formes
de violence vécues au sein des familles autochtones militent effectivement pour
que les mesures touchent également cette
dimension. En effet, la problématique de la violence conjugale en milieu
autochtone dépasse largement les relations entre conjointe et conjoint et nécessite une approche globale visant à
la fois le couple et la famille.» Donc, dans ce plan d'action là, comme vous pouvez le constater, la
violence conjugale, au niveau des autochtones, est élargie au niveau du
concept familial, ce qui recoupe souvent les préoccupations des autochtones à
cet effet-là.
Je vous disais tantôt
qu'il y avait 35 mesures à l'intérieur du plan d'action. Il y en a une,
entre autres, qui est portée par le
Secrétariat à la condition féminine qui a permis un financement qui a été
octroyé à Femmes autochtones du Québec, plusieurs partenariats sont
développés avec Femmes autochtones du Québec en matière de violence. Donc, il y a un financement qui a été octroyé à Femmes
autochtones du Québec pour réaliser une campagne de sensibilisation à la
non-violence auprès des hommes autochtones. Ce plan-là est actuellement en
cours, il se déroule actuellement, donc les 35 mesures sont en cours de
réalisation.
Enfin, vous avez aussi le plan
d'action gouvernemental en matière d'agression sexuelle 2008‑2013, lui aussi a été prolongé
cette année. Ce plan d'action là découle des... L'action gouvernementale en
matière d'agression sexuelle est principalement déclinée par l'adoption
d'orientations gouvernementales en agression sexuelle qui font office... les orientations font office de politique, en fait,
qui ont été adoptées en 2001. Nous avons deux plans d'action qui ont
découlé de ces orientations-là, dont celui
dont je vous parle actuellement, celui de 2008‑2013. Dans ce plan d'action là, il
y a aussi 14 mesures qui concernent spécifiquement les autochtones,
et il y a d'ailleurs un volet spécifique qui a été extrait au niveau du volet autochtone. Là encore, il y a
plusieurs ministères et organismes qui interviennent à différents
niveaux. Et, au niveau du Secrétariat à la
condition féminine, il y a un financement qui a été octroyé à l'organisme
Femmes autochtones — je
vous disais tantôt que nous avons différents
partenariats — pour la
campagne de sensibilisation Ma sexualité, c'est une question
de respect : brisons le silence!, et il y a une campagne qui a été
déployée dans six communautés au Québec, et
des personnes issues des communautés ont été sélectionnées pour suivre une
formation spécifique sur le matériel de sensibilisation. C'est
d'ailleurs le document qu'on a ici qui a été fait avec ce financement-là.
Peut-être
élément pertinent à souligner : Dans le... Parce qu'il y a un bilan qui a
été fait à la fin de cette année, d'accord,
il y a un bilan qui a été fait à la fin de cette année en matière d'agression
sexuelle. Je pense que ça a été soulevé par Femmes autochtones dans plusieurs de ses présentations, les
agressions sexuelles demeurent une notion relativement taboue à l'intérieur des communautés. Donc, ce qui
a été fait grâce à ce plan-là, c'est... je vais reprendre les termes du
plan d'action, qui dit : «...ce plan
[...] a jeté les bases permettant aux communautés autochtones de discuter
[notamment] des problématiques
relatives aux agressions sexuelles.» Alors, on peut dire qu'en quelque sorte il
a jeté les premiers jalons en matière d'agression sexuelle.
Alors,
sous forme de conclusion, je vous rappellerais que le Secrétariat à la condition féminine a donc un rôle de coordination avec les différents ministères sur les sujets le
concernant, naturellement. On travaille en étroite collaboration
avec les ministères et organismes en respectant aussi leurs champs d'expertise
et...
Le Président (M.
Picard) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme Ferembach
(Catherine) : Et, pour conclure, je vous dirais qu'il apparaît clairement
que le Secrétariat à la condition féminine doit se préoccuper de la condition des femmes autochtones dans les
différents plans qu'il travaille actuellement, et, pour ce faire, il
doit poursuivre les relations établies et développer même des partenariats avec
eux.
Le Président (M.
Picard) : Merci beaucoup. Nous allons entreprendre nos échanges
avec M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Bonjour à Mme Ferembach, M. Baalouch
et M. Bédard. Merci pour votre exposé,
il me semble que ça va nous aider, et surtout de regarder vos documents,
de les étudier comme il faut, ça va nous aider dans un de nos grands défis, c'est d'assurer que nos délibérations
risquent d'apporter une valeur ajoutée aux autres délibérations en
place, d'autres plans en place, des gestes sur le plan pancanadien qui vont se
faire. Dans l'optique des problèmes et des
défis énormes où... il me semble que nous avons à nous donner la tâche de circonscrire
notre travail de façon responsable
pour assurer qu'on va apporter, comme je dis, une valeur ajoutée aux efforts
pour confronter ces gros problèmes là, et c'est pourquoi votre exposé,
il me semble, est pertinent.
Vous
parlez de quelque, si j'ai bien suivi, 35 recommandations au sein du plan d'action sur la violence conjugale et
un autre 14 dans le plan d'action sur les agressions
sexuelles qui apportent
spécifiquement aux communautés autochtones. Je me demande si, en nous aidant à nous orienter... Je sais qu'on est...
bon, c'est 2012‑2017, et j'imagine
qu'il n'y a pas d'évaluation formelle en cours actuellement, mais
pouvez-vous élaborer, dans ces deux instances, un petit peu sur les 35
recommandations, les 14 et dans un premier temps nous parler des priorités, si
je peux... et des indications d'un certain succès, jusqu'à date, dans ces deux
séries de mesures là?
Le Président (M.
Picard) : Mme Ferembach.
• (14 h 20) •
Mme Ferembach (Catherine) : On
s'entend qu'il y a deux plans
d'action, un en matière de violence conjugale et un en matière d'agression sexuelle. Remarquez bien,
parfois les victimes peuvent être victimes des deux problématiques, là,
mais... Donc, en matière de violence conjugale, effectivement, il y a
35 mesures qui sont en cours de réalisation actuellement, donc
effectivement il n'y a pas eu de bilan de fait. En matière d'agression
sexuelle, il y a un premier bilan qui a été
fait, même si le plan a été prolongé, le bilan est actuellement disponible. Je
peux peut-être vous nommer certains éléments, là, qui sont faits au
niveau...
Je
m'excuse, je vais peut-être revenir en arrière. Dans les deux plans d'action,
c'est sûr qu'on parle de problèmes de société,
donc tout ce qui peut être la promotion de rapports égalitaires, de dépistage,
de sensibilisation, d'intervention aussi sont présents comme actions. Alors, les plans d'action gouvernementaux,
généralement c'est ça qui arrive, on identifie des grandes orientations,
un peu celles que je viens de vous parler, au niveau des comportements sociaux,
au niveau des modèles égalitaires que l'on
peut développer, qui contribuent à contrer les violences, parce que, quand on
parle d'agression sexuelle et de
violence conjugale, vous le savez, c'est encore le fait de, la majorité du
temps, des femmes et des enfants. Si mes
souvenirs sont bons, on parle à peu près de... 97 % du temps ce sont des
femmes ou des enfants qui sont victimes d'agressions. Donc, dans les deux plans, il y a des grandes orientations
qui sont données, et à travers ces orientations-là il y a des actions concrètes qui sont réalisées par
les ministères. Donc, ce qu'on peut dire, c'est qu'actuellement, au
niveau violence conjugale, les mesures sont
en cours de réalisation. Au niveau d'agression sexuelle, elles sont, pour la
plupart, réalisées, et plusieurs se poursuivent actuellement, étant donné que
la prolongation a été prévue.
Le
Président (M. Picard) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Bon, deux petites questions de suivi. Quand vous avez parlé de la violence
conjugale, il me semble que vous avez dit
que ça n'arrête pas, évidemment, entre les couples, c'est ça, les enfants sont
souvent impliqués, et ça touche la
famille au complet, évidemment. Est-ce qu'on note ça comme circonstance
beaucoup plus marquante dans les communautés autochtones qu'une cible
panquébécoise, ce problème-là, cette problématique-là?
Mme Ferembach (Catherine) : Je voudrais être prudente parce que je n'ai pas
de données scientifiques à vous donner
là-dessus. Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'en termes autochtones,
comme vous l'avez vu dans l'extrait que j'ai lu au niveau du plan d'action, il y a vraiment une volonté... c'est
souvent même quand on discute avec les communautés autochtones, où ils préfèrent qu'on parle de violence
familiale plutôt que de violence conjugale, parce que, pour eux, c'est une problématique plus large. Souvent, on entend
qu'ils font référence au phénomène de la colonisation comme étant un
élément en amont qui a pu avoir un impact au niveau de la société, on entend
ces éléments-là. Ce qu'on entend aussi, comme
je vous disais, c'est que c'est un phénomène plus large, qu'on ne peut pas
limiter au conjoint et à la conjointe.
Aussi,
ce qu'on entend qui est un petit peu différent en termes d'approche en matière
particulièrement d'agression sexuelle
mais de violence conjugale aussi, c'est que les agresseurs font partie de la
solution aussi, donc... Et ça, c'est souvent nommé quand on lit au niveau de la documentation autochtone. Le fait que
les communautés soient petites, que les gens se connaissent entre eux, que parfois même l'intervenant va connaître
l'agresseur ou va connaître l'agressé, tout ça fait en sorte que c'est
difficile de couper ça d'une façon... au couteau.
Donc, c'est, en tout
cas, la réponse que je peux vous formuler pour l'instant.
M.
Birnbaum : ...au moins une des grandes particularités, j'imagine,
c'est l'isolation, le fait que, comme vous dites, des fois l'intervenant ainsi que la victime se connaissent, et
tout ça. Y a-t-il d'autres particularités qui sont reconnues, dans vos
35 et 14 recommandations, que vous aimeriez signaler?
Mme Ferembach
(Catherine) : Bien, écoutez, comme je vous l'ai souligné, je pense
qu'une des... Parce que c'est quelque chose
quand même qu'on perçoit à l'intérieur des différentes politiques et plans
d'action gouvernementaux, à chaque
fois on a pris soin de nommer que les communautés autochtones peuvent
rencontrer des difficultés particulières. Ces difficultés particulières
peuvent être attribuées à certains phénomènes, comme ceux que je viens de
nommer. Les autochtones parlent de
colonisation, on peut parler sans nul doute de communautés, effectivement, où
il y a quand même des problèmes
d'ordre économique, il y a des problèmes d'ordre... sociaux généraux. Donc, on
peut parler de ces éléments-là comme pouvant expliquer la particularité
des communautés autochtones.
M. Birnbaum :
J'aurais une dernière petite question, si je peux, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Oui.
M.
Birnbaum : Merci. Sur le plan financier, je note qu'il y a des projets
que le SCF finance lui-même. Y a-t-il une façon de quantifier le
pourcentage des ressources qui est confié aux communautés autochtones dans vos
recherches et vos actions?
Mme Ferembach
(Catherine) : Le pourcentage qui est...
M.
Birnbaum : ...de votre
budget octroyé à ce genre de projet. Quel pourcentage est alloué aux
communautés autochtones?
Mme Ferembach (Catherine) : On a fait une évaluation sommaire. Il faut
faire attention, je vais peut-être
faire une petite précision : Il peut y
avoir des mesures qui sont inscrites dans le plan d'action gouvernemental
qui peuvent s'adresser aux communautés autochtones mais pas exclusivement aux communautés autochtones. Donc, quand on utilise les chiffres, il faut faire attention que ces chiffres-là ne
soient pas... Si on prend le chiffre au complet, bien on peut fausser le
résultat.
Par
contre, on a fait un petit exercice,
au secrétariat, là, pour voir, au cours des dernières années... Puis je
veux juste rappeler que, là, je vais vous donner des chiffres pour le
secrétariat et qu'il ne faut pas oublier que, les plans d'action gouvernementaux,
comme je l'ai dit tantôt, une grande... Comme tantôt je vous disais, il y a
35 mesures en violence conjugale,
14 mesures en agression sexuelle, puis finalement, le Secrétariat à la
condition féminine, nous avons dans chacun des plans une ou deux mesures
pour lesquelles nous sommes responsables. Quand je dis «mesures», je peux
peut-être préciser, je m'excuse, je peux
avoir un vocabulaire... Pour moi, mesures et actions, c'est la même chose, là,
c'est la même chose. Donc, on a fait
une évaluation puis on a évalué qu'au cours des cinq dernières années c'est à
peu près 650 000 $, pour le
Secrétariat à la condition féminine, que nous avons investi, mais ça, c'est une
infime partie de tous les investissements, parce que la plupart des
actions sont réalisées par le ministère de la Justice, le ministère de la Santé
et des Services sociaux, par le Secrétariat aux affaires autochtones.
Le
Président (M. Picard) : Est-ce qu'il y a d'autres députés de la
partie gouvernementale qui veulent questionner? Mme la députée de
Chauveau.
Mme
Tremblay : J'aimerais en
savoir plus concrètement, moi, j'aime avoir une image plus précise. Vous
avez parlé, dans les mesures... bon, oui, il
y en a qui sont en cours. Vous avez parlé de campagnes de sensibilisation, notamment, si j'ai bien compris, qui
visent les hommes. Concrètement, c'est quoi, exactement? Pouvez-vous nous
parler des mesures concrètes que vous avez mises en place?
Mme Ferembach (Catherine) : En
matière d'agression ou violence conjugale?
Mme Tremblay : Oui, dans les deux.
Mme
Ferembach (Catherine) : Oui.
Peut-être que je peux vous citer... Par exemple, bon, j'en parlais tantôt,
là, au niveau du Secrétariat à la condition féminine, bon, on a octroyé un
financement à Femmes autochtones pour une campagne
de sensibilisation. Le Secrétariat aux affaires autochtones a aussi collaboré
avec la Commission de santé et des services
sociaux... — c'est
pour agression sexuelle, là, que je suis en train de vous donner des
informations — le
Secrétariat aux affaires autochtones a collaboré avec la Commission de la santé
et des services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador pour une
stratégie d'action en milieu autochtone. Il y a aussi eu, par exemple, un financement qui a aussi été accordé à Femmes autochtones en vue de
créer des outils, dont le guide en matière d'agression sexuelle pour
l'intervention auprès de clientèles autochtones qui s'appelle Sortir de
l'ombre, marcher vers la lumière. Ça, c'est le ministère de la Santé et des
Services sociaux qui l'a financé.
Aussi,
peut-être souligner, il y a plusieurs postes de coordonnatrice qui existent au...
qui sont financés à l'intérieur de
Femmes autochtones. Si vous me donnez une minute, je vais chercher mes données. Alors, en fait, il y a quatre postes
qui sont financés à l'intérieur de Femmes autochtones via différents ministères. Alors, vous avez
le ministère de la Santé et
des Services sociaux qui finance une coordonnatrice santé à travers... et ça,
c'était dans le plan d'action en matière d'agression
sexuelle que ça a été annoncé, vous avez aussi une coordonnatrice pour les
maisons d'hébergement qui sont gérées
par Femmes autochtones qui est financée aussi par le ministère de la Santé et
des Services sociaux, vous avez le ministère
de la Justice qui finance aussi une coordonnatrice en justice et sécurité, et
vous avez le Secrétariat à la jeunesse qui finance aussi une
coordonnatrice jeunesse. Alors, souvent, on voit qu'on a des mesures qu'on
rattache à des groupes autochtones pour travailler avec eux.
Vous avez
aussi... En matière d'agression
sexuelle, par exemple, il y a une préoccupation particulière à l'égard
des autochtones, puisqu'il
y a des CAVAC qui ont été développés ou des bureaux de CAVAC, des ressources plus
spécifiques aux autochtones qui ont été développées à l'intérieur de certains
CAVAC pour offrir un service plus à propos.
Mme
Tremblay : Et déjà est-ce
qu'on peut mesurer l'impact de certaines de ces mesures-là? Parce que, là, vous avez dit, concernant la violence conjugale, il y avait
35 mesures en cours, mais qu'on pouvait déjà... il y avait
déjà un premier bilan pour ce qui est des agressions sexuelles. Est-ce
qu'on peut déjà mesurer l'impact, si
c'est efficace, ces mesures-là?
• (14 h 30) •
Mme
Ferembach (Catherine) : À
l'effet de mesurer l'impact, bon, c'est sûr que le plan d'action en matière de violence conjugale est en cours; agression
sexuelle, il y a un bilan qui a été fait. C'est
sûr qu'on constate... Vous savez, les changements sociaux, que ce soit
dans les communautés autochtones ou que ce soit dans n'importe quelle autre
communauté, les changements sociaux n'arrivent pas du jour au lendemain. En
matière d'agression sexuelle, c'est pour ça tantôt que je soulignais qu'on a
soulevé... Femmes autochtones l'a soulevé dans plusieurs de ses mémoires, il y a une forme de tabou qui existe quand on parle
d'agression sexuelle en particulier, alors juste de pouvoir nommer la chose... Parce qu'il faut pouvoir la nommer pour pouvoir intervenir dessus. Alors, le
premier plan d'action, je
pense, on peut le dire... enfin, le
dernier plan d'action, 2008‑2013, a posé ces premiers jalons là de pouvoir nommer
le phénomène des agressions
sexuelles. Est-ce qu'il reste encore des choses à faire? Sans nul doute.
Le Président (M. Picard) : Mme
la députée. C'est beau? Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir? Je cède maintenant la parole à
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour une période de 15 minutes.
Mme Poirier : Merci, M. le
Président. Bien, bonne année à tout le monde, hein, une belle année 2016!
Mme Ferembach,
je suis un peu surprise qu'une commission comme celle à laquelle nous assistons actuellement,
qui est en lien directement avec les forums que l'on a tenus, avec les consultations
qu'on a tenues précédemment, le Secrétariat à la condition féminine n'arrive
pas ici avec au moins un document, un document qui aurait pu au moins résumer ce que fait, finalement, le gouvernement pour les femmes autochtones. Je me serais
attendue à ça, je me serais attendue
à avoir un document qui... parce
que cette commission-là,
elle est suite, justement, à ce plan d'action que doit produire la ministre pour... un plan en matière d'agression sexuelle, entre autres,
pour les femmes autochtones. Je me serais attendue à ce que vous puissiez nous déposer un document qui aurait
permis justement aux membres de la commission qui n'ont pas, justement,
assisté à nos travaux de forum ou nos travaux de la commission... qui aurait au
moins rappelé les 35 mesures au niveau
de la violence conjugale, les 14 mesures au niveau des agressions
sexuelles, au moins pour que la commission
puisse en avoir sous la main, et peut-être, justement, faire la démonstration
que le Secrétariat à la condition féminine est un lieu de convergence
des actions gouvernementales. Je me serais attendue à ça. Je suis un peu déçue,
je vous le dis.
Cependant, on
peut bien se dire qu'il y a 35 mesures au niveau des violences conjugales,
ce n'est pas le premier plan
d'action. Je me serais attendue aussi à des résultats, que vous puissiez nous
donner au moins des résultats quantitatifs à partir des actions
gouvernementales. Est-ce qu'il y a des résultats, finalement? Et c'est la
question que je vous pose. Et on vient d'avoir un bilan sur le plan de l'agression sexuelle, et
vous vous rappellerez, on se l'est déjà dit, il n'y a aucun résultat quantifié dans ce bilan-là. Alors, moi,
je pose la question : Est-ce que les actions gouvernementales sont
évaluées en fonction de ce qu'on veut vraiment avoir comme changements? Et
est-ce que l'on discute — et
ça, ça a été un des principaux propos des
femmes autochtones, tant des élues que du groupe Femmes autochtones du
Québec — est-ce
qu'on évalue avec les groupes autochtones les résultats, en tant que tel, pour
avoir leur opinion à elles? C'est ma question.
Le Président (M. Picard) :
Mme Ferembach.
Mme
Ferembach (Catherine) : Oui.
Alors, je prends note, là, de votre préoccupation, madame. Oui... Je
pense que je vais juste changer mes papiers.
Oui, effectivement, on travaille avec les groupes de femmes qui représentent
les autochtones, on consulte effectivement
les autochtones. Il faut savoir qu'en 2013 et 2014 il y a deux séries de
consultations qui ont été menées auprès de
groupes qui représentent les autochtones ou qui interviennent auprès des
autochtones. Alors, en matière d'agression sexuelle, il y a eu, dans le
cadre des travaux qui doivent mener au prochain plan d'action... et les travaux aussi ici, naturellement, vont fournir de
l'information, nous aider, mais déjà à ce moment-là il y avait eu des
séances de consultation auprès de
représentantes d'organismes autochtones ou allochtones, il y a 22 groupes
qui ont été rencontrés. Les organisations consultées ont formulé
plusieurs recommandations, je vais y venir tantôt.
De manière
générale, les organisations autochtones — et là je parle en matière d'agression
sexuelle — quand
on a fait les consultations, souhaitaient
intégrer la famille dans l'intervention. Alors, on voit qu'au niveau de la
préoccupation, quand tantôt je parlais de
violence conjugale mais de violence familiale aussi, ils veulent intégrer la
famille dans l'intervention de même que l'homme en tant que victime ou
agresseur. Il a également été question de la pertinence de créer un comité de travail regroupant des représentants autochtones
et des représentants gouvernementaux afin d'assurer un suivi
relativement à la problématique des agressions sexuelles. Je rappellerais
aussi, également, la participation, en mars
2015, de Femmes autochtones du Québec aux consultations particulières. Vous en
parliez tantôt, Mme Poirier.
En matière de
consultations en exploitation sexuelle — on
en a peu parlé, mais, quand on parle de violence, je pense qu'on peut évoquer cette situation-là — en
matière d'exploitation sexuelle, il y
a eu une importante consultation
qui a eu lieu en 2013 et 2014, et il y a
22... excusez-moi, il y a 26 organismes qui ont été rencontrés qui
interviennent auprès des communautés autochtones ou qui les
représentent.
Peut-être savoir aussi qu'en matière d'égalité
entre les femmes et les hommes nous avons commencé une consultation, et on
devra naturellement considérer la question autochtone.
Peut-être l'élément qui vous intéressera plus,
ce sont... une synthèse un peu de ce qui a été dit durant ces consultations-là. Alors, lors des consultations
précédemment mentionnées, les préoccupations, défis et obstacles ont été
apportés... rapportés, je m'excuse...
Mme Poirier : Je m'excuse,
Mme Ferembach, je m'excuse.
Mme Ferembach (Catherine) : Oui?
Mme Poirier : Vous me parlez
de consultations, je vous parle de résultats. Est-ce qu'on peut se parler de résultats? La députée... Je m'excuse. Chauveau?
La députée de Chauveau vous a posé exactement la même question,
vous nous parlez de consultations. Quels
sont les résultats? Moi, je vous demande des résultats. Qu'est-ce qui change
depuis qu'on se consulte? Qu'est-ce qui a changé? Est-ce qu'il y a des progrès?
Est-ce qu'il y a des reculs? Quand je vois Val-d'Or, ce qu'on a eu comme situation
à Val-d'Or, je ne vois pas qu'on est dans une situation
positive. Moi, ce que je cherche, c'est des résultats. Est-ce que les
mesures qui ont été mises en place ont donné quelque chose?
Parce que
ce pour quoi on est réunis ici, c'est pour faire un constat, et là, le constat
que vous me dites, je fais le constat qu'on se consulte, mais en général
on se consulte entre nous, en plus. Les femmes autochtones élues nous ont demandé de les inclure dans nos consultations pour
que justement il y ait des changements, qu'il y ait des
résultats. Alors, je me pose la
question : Est-ce qu'on a fait l'erreur, en faisant une commission parlementaire, de se consulter entre nous sur eux et ne
pas avoir de changement probant, en tant que tel?
Alors, c'est
ma question, là, c'est vraiment... Avons-nous fait l'évaluation de ces mesures,
de ces consultations? Quels changements y a-t-il? Parce que, depuis le
début de ces consultations, les groupes qui sont venus ici nous ont rapporté des données effarantes, des données qui
font en sorte de dire que la situation est pire chez eux que partout ailleurs au Québec;
que d'avoir des services, c'est pire. Alors qu'est-ce qu'on a fait comme gouvernement
au cours des 15 dernières années, je
suis même prête à aller aussi loin que ça, mais qu'est-ce qu'on a fait comme gouvernement pour changer la situation, pour améliorer leur situation,
à ces femmes-là, en matière d'agression sexuelle? Est-ce qu'on a essayé des choses, puis ça n'a pas fonctionné? Bien,
disons-nous-le, soyons honnêtes entre nous, parce que les femmes
autochtones élues et le groupe Femmes
autochtones du Québec, les chercheuses nous ont dit qu'il n'y a rien qui a
fonctionné, à date. C'est quoi, votre constat à vous?
Le Président (M. Picard) :
Mme Ferembach.
Mme
Ferembach (Catherine) : Écoutez,
j'essaie de retrouver, par rapport à votre question, puis Mme Thomas aussi se propose de m'accompagner dans la réponse...
j'essaie de retrouver une affirmation
qu'a fait Femmes autochtones dans un mémoire à savoir qu'il y a quand même
des gestes qui ont été posés, c'est ce dont je vous parlais tantôt, avec
les deux plans d'action, particulièrement en matière de violence conjugale et
en matière d'agression sexuelle. Ce que je vous dis, c'est que les 35 mesures... Et vous
avez le bilan qui est disponible actuellement en matière d'agression sexuelle, qui fait
état des investissements et des résultats pour chacune des mesures qui concerne
le volet autochtone, et ces actions-là ont été réalisées. Au niveau de la
violence conjugale... Je m'excuse, j'ai fait l'inversion des chiffres, là,
14 mesures en matière d'agression sexuelle et 35 mesures en violence
conjugale, violence familiale.
Maintenant, vous me demandez les résultats. Ce
que je peux vous dire, et c'est ce que je vous ai dit tantôt, c'est que le constat est qu'on a pu commencer à
parler du sujet en matière d'agression sexuelle dans les communautés
autochtones et que le travail continue, pourra être continué.
Maintenant, je pense que Mme Thomas voulait
aussi intervenir.
• (14 h 40) •
Mme
Poirier : Mais moi,
je me rappelle bien, là, lorsqu'on a commencé les consultations sur le bilan du
plan d'action en matière d'agression
sexuelle, au niveau des résultats, on se rappelle bien, il n'y avait
aucun résultat quantitatif dans ce bilan, aucun résultat quantitatif.
Alors, moi, ce que je vous demande, c'est que, en fonction de vous présenter aujourd'hui
ici, avez-vous poussé votre analyse pour savoir est-ce que ces actions-là ont
mené à quelque chose véritablement?
Est-ce qu'il y a eu des changements, en tant que tel? Ça a touché combien de
personnes? Est-ce qu'il y a eu des changements probants? C'est de ça dont on se
parle aujourd'hui, là.
Mme
Ferembach (Catherine) :
Bien, les changements probants, je
pense que je vous ai répondu entre autres au niveau du plan en matière d'agression sexuelle, qui, lui, est en prolongation
mais pour lequel il y a un bilan. Les actions ont été réalisées. Je vous ai dit... Et là j'essaie...
malheureusement je ne retrouve plus, mais il me semble que Femmes
autochtones a quand même soulevé que c'était un tabou encore, mais qu'on avait
quand même posé des premiers jalons avec le plan en matière d'agression
sexuelle.
Au niveau de
violence conjugale, malheureusement, je ne peux pas vous répondre actuellement,
puisque le plan est en cours de
réalisation, mais ce que je peux vous dire, c'est que les actions sont suivies,
il y a un comité interministériel qui les suit, d'ailleurs qui va se
réunir dans les prochains jours. Donc, les actions sont en cours.
Est-ce qu'il
y a encore des problèmes dans les communautés autochtones? Fort probablement qu'il
n'y aurait pas ce mandat d'initiative s'il n'y en avait plus. Est-ce
qu'il y a des efforts qui ont été consentis pour essayer de trouver des solutions, et ce, en collaboration avec les
communautés autochtones? J'ai souligné à quelques occasions la collaboration
qu'il y avait avec Femmes autochtones. Oui, il y a eu des efforts qui ont été
consentis.
Mme
Poirier : Moi, Mme Ferembach, là, comme députée, là, c'est
l'événement de Val-d'Or qui a mis en lumière, je dirais, nos inactions, finalement, là, et qui a même donné du souffle
à notre propre commission ici. Il a fallu que les femmes de Val-d'Or
elles-mêmes dénoncent.
Vous me dites que c'est de moins en moins tabou.
Est-ce que vous faites un lien au fait que les femmes de Val-d'Or ont peut-être pris la parole à cause des
mesures que nous avons prises? Est-ce que vous pourriez faire ce
lien-là? Est-ce que... Puis on se rappelle
qu'avec les événements de Val-d'Or, qui ont pris des mois, il a fallu qu'ils
soient publicisés dans les médias pour qu'il se passe quelque chose. Ce
n'est pas le bilan du plan d'action qui a fait ça, là.
Donc, ma question, elle est concrète, là, je
n'ai toujours pas ma réponse : Quel bilan quantitatif et qualitatif
faisons-nous des mesures qui ont été prises? Dans le bilan, il n'y en a pas.
Dans le bilan, on rapporte des mesures, on dit :
Telle mesure a été faite, telle mesure a été faite, telle mesure a été faite.
Auprès de combien, l'appréciation, on ne le sait pas. Vous le savez, on en a déjà discuté. Mais, entre le moment où vous
avez déposé le bilan, qui est au mois de décembre 2014, et aujourd'hui, qu'est-ce qui s'est passé?
Quels travaux avez-vous faits pour aller chercher plus d'information,
pour faire en sorte de nous donner aujourd'hui... Je veux dire, depuis un an,
là, on sait que cette commission-là va avoir lieu,
là. Alors, depuis la dernière année, avez-vous travaillé avec les communautés
autochtones pour aller chercher de l'info,
pour connaître l'impact des mesures, des 14 mesures qui sont au bilan,
pour bonifier le bilan? Vous devez présenter un futur plan en matière
d'agression sexuelle. Dans le futur plan, est-ce qu'on va répéter les mêmes
14 mesures parce qu'on n'est pas
capable de quantifier les résultats de ces 14 mesures là? Si on veut
avancer, il faut être capable de chiffrer, d'avoir de la donnée, d'avoir de l'info. Là, ça fait un an que le bilan
est déposé, ça fait depuis, là... le printemps dernier on a posé la question : Avez-vous des données?
Alors, depuis ce temps-là, j'imagine que le secrétariat a dû faire un
travail pour aller chercher de la donnée.
Le Président (M. Picard) :
Mme Ferembach, allez-y.
Mme
Ferembach (Catherine) : Oui.
En termes de données... Il y a plusieurs questions dans ce que vous avez
soulevé. C'était, tantôt, ce qu'on
discutait, à savoir que, oui, il y a des consultations qui ont été... Est-ce
que l'on parle aux groupes autochtones ou aux intervenants qui
travaillent auprès des autochtones? Oui, on le fait. Je vous le soulignais,
qu'il y avait eu des consultations qui avaient eu lieu en 2013 et 2014.
Par ailleurs,
vous posiez la question au niveau des forums en matière d'agression sexuelle.
C'est un des travaux, d'ailleurs,
qu'a faits le Secrétariat à la condition féminine, de travailler à
l'élaboration de ces forums-là, comme vous le savez, produire un cahier
aussi à cet effet-là. Donc, le travail a été fait sur cet aspect-là.
De prendre le pouls au niveau de la situation
autochtone, dans ma compréhension, et peut-être que je fais erreur, c'est un des mandats que s'est donné le mandat
d'initiative, en plus des consultations qu'on avait réalisées par le passé. Donc,
je pense que vous avez plusieurs questions... plusieurs réponses, je m'excuse.
Par ailleurs, vous demandez quel est le portrait au niveau des femmes
autochtones. Oui, on en a un portrait, je peux vous donner différentes
statistiques de l'état de situation, actuellement, des femmes autochtones.
Vous
me demandez si les mesures ont été réalisées. Vous convenez avec moi que les
mesures ont été réalisées. Je vois difficilement où je peux plus vous
répondre là-dessus.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : Merci, M.
le Président. Bien, je veux souhaiter une bonne année à tout le monde. Merci de
m'accueillir en relève comme ça à mes collègues.
Bien,
bonjour, bonjour à vous trois. Moi, ce que je cherche à savoir, je ne suis pas
là pour vous juger ou... mais beaucoup plus pour écouter. Je pense qu'on est dans un
processus où on ne peut pas cibler seulement un organisme pour dire que la situation est un peu déplorable, celle qu'on constate. Moi,
ce que j'aimerais que vous me disiez très franchement, c'est : Est-ce que vous jugez que votre
organisme a les outils nécessaires pour être efficace dans cette problématique-là?
Le Président (M. Picard) :
Mme Ferembach.
Mme Ferembach (Catherine) : Écoutez,
là-dessus, au niveau du Secrétariat à la condition féminine, tantôt, quand je vous ai présenté la mission globale,
c'est sûr que notre mission spécifique n'est pas à l'égard des
autochtones, ça fait partie d'un, effectivement, des enjeux sur lesquels on
travaille. C'est plus le Secrétariat aux affaires autochtones.
En matière de...
Est-ce qu'on a les outils nécessaires? Je
pense que oui, mais ils sont toujours
perfectibles, ces outils-là. Vous
voyez, là, maintenant... Il y a quelques années, je
pense que les bilans, en matière de plans d'action gouvernementaux, n'étaient pas si communs que ça. Maintenant, on fait presque systématiquement des bilans, où on fait état de
qu'est-ce qui est arrivé pour chacune des mesures. Est-ce que l'on doit
améliorer ou continuer à améliorer, par
exemple, l'évaluation? Oui, sans nul doute, il faut continuer à améliorer.
Donc, est-ce
qu'on a les outils? Je veux juste vous rappeler que, le Secrétariat à la condition féminine, notre rôle est de travailler en étroite
collaboration avec les ministères et organismes, donc c'est aussi une question
qui peut être adressée aux ministères
et organismes. Est-ce qu'ils ont l'ensemble des outils nécessaires? Moi, je vous
dirais que oui, dans une certaine mesure, bien que naturellement il y
ait toujours matière à améliorer la situation.
M.
Martel : Je comprends que votre mandat est plus large que
juste la condition des autochtones, mais, moi... C'est un peu le but de
la commission. Je regarde mon comté, il y a deux réserves autochtones, on est
dans le Centre-du-Québec; de connaître vos services, d'avoir affaire à vous, je pense
que ça peut être relativement facile. Mais je pense aux communautés peut-être
un peu plus éloignées. Qu'est-ce que vous avez? Est-ce qu'il y a
des personnes qui sont attitrées dans votre organisation, est-ce qu'il y
a une expertise par rapport à ça dans votre organisation, dire : On a une personne-ressource, on a deux
personnes-ressources, c'est eux qui s'occupent de ces cas-là, ou c'est de façon
plus générale?
Mme
Ferembach (Catherine) : Le
rôle d'un secrétariat, peut-être qu'il
faut s'entendre, on ne donne pas de
service direct à la population.
Donc, comme je vous disais d'entrée
de jeu, là, notre rôle est plus au niveau
de l'élaboration des politiques,
des plans d'action gouvernementaux avec les différents ministères.
Donc, pour
répondre à votre question, non, on n'a pas de personne... C'est-à-dire que je peux avoir, à
l'intérieur de mon équipe, des gens qui travaillent sur le dossier autochtone,
mais des gens qui donnent du service aux autochtones, non, parce que...
M.
Martel : Pas
nécessairement du service.
Mme Ferembach (Catherine) : Pas
nécessairement... O.K., excusez-moi.
M.
Martel : Une
expertise, vous avez cette expertise-là...
Mme Ferembach
(Catherine) : Expertise, oui. Oui.
M.
Martel : ...il y a
des personnes dans votre organisation qui connaissent ces réalités-là.
Mme
Ferembach (Catherine) : Qui
sont dédiées, oui, qui sont dédiées au dossier autochtone. Mais je vous
dirais que, la principale expertise, c'est
avec le Secrétariat aux affaires autochtones qu'on va l'avoir. Plusieurs de nos
comités interministériels sont coprésidés aussi avec le Secrétariat aux
affaires autochtones, donc, quand on a des questions particulières, c'est
naturellement au SAA qu'on s'adresse.
• (14 h 50) •
M.
Martel :
Parce que moi, pour faire avancer le débat, pour faire avancer la réflexion, je
comprends ce que vous dites, mais, je pense, c'est une belle tribune
pour nous mentionner s'il y a des choses que vous souhaiteriez avoir de plus, il y a des mandats que vous voudriez avoir, pour s'assurer que, quand vous venez ici, en commission,
on ne soit pas là pour porter un jugement ou des choses, qu'on soit là beaucoup
plus pour être sécurisés par rapport au mandat que vous remplissez.
Mme
Ferembach (Catherine) :
Écoutez, vous savez, quand on
travaille comme un secrétariat au
niveau horizontal avec une panoplie de ministères, c'est sûr que ça peut
être plus facile à certains moments donnés que d'autres, mais je vous dirais que, non, je pense
qu'au niveau du rôle du secrétariat on a ce qu'il faut pour le faire, là. Puis,
comme je vous disais, particulièrement dans le dossier autochtone, où naturellement on travaille avec une série de ministères
et organisme et aussi avec les
organismes du milieu... On l'a vu tantôt, là, il y a beaucoup
choses, parce que je pense que c'est aussi une attente des communautés autochtones, c'est-à-dire, que l'on travaille avec eux, en
partenariat avec eux. Donc, de développer des actions, ils ont, je pense, certaines attentes à ce que ça se fasse
en collaboration avec eux, qu'on les pense et qu'on les réalise avec
eux. Et là-dessus aussi on a le Secrétariat aux affaires autochtones qui nous
accompagne.
M.
Martel : Il me
reste combien de temps?
Le Président (M. Picard) :
Quatre minutes.
M.
Martel : Quatre
minutes. Qu'est-ce que vous avez comme moyen de communication ou comme moyen d'intervention par rapport aux communautés
qui sont beaucoup plus éloignées? Tu sais, je comprends la dynamique, là, des organisations gouvernementales, souvent
par régions administratives, puis on est capable de se parler. Souvent, on se
partage les mêmes bureaux, puis c'est facile, communiquer entre nous. Mais il y
a une bonne partie de la population autochtone qui vivent à l'extérieur des
grands centres, qui vivent... Comment vous faites pour rejoindre ces gens-là?
Comment vous faites pour faire en sorte que les messages, votre expertise,
votre préoccupation soient reçus là-bas?
Mme Ferembach (Catherine) : Souvent,
ce qu'on va faire, c'est qu'on va passer à travers les organisations nationales comme l'APNQL ou, on en parle
régulièrement, de Femmes autochtones, parce qu'eux, ils ont les liens
avec les communautés plus spécifiques. Je dois dire qu'on a des liens plus
rapprochés avec les Cris et les Inuits, puisqu'on a deux ententes spécifiques
avec eux. Alors là, les liens sont plus directs avec eux.
Une voix : ...
Mme
Ferembach (Catherine) : Bien, dans le cas des ententes spécifiques,
c'est-à-dire qu'on accorde un montant financier. Donc, on va avoir des
échanges, soit par téléphone, là, j'en conviens, par téléphone, par écrit, mais
on va avoir des échanges avec eux pour
savoir comment ça évolue sur le terrain, quelles sont les actions qu'ils sont
en train de réaliser. Donc, c'est le type de lien qu'on peut avoir avec
eux. Puis, comme je vous disais, sinon c'est avec les organisations nationales
comme l'APNQL ou Femmes autochtones, entre autres, là.
M.
Martel : Puis, ces
communications-là, vous les faites avec qui?
Mme
Ferembach (Catherine) : Ça
peut varier, je vous dirais. Ça peut être la présidente, ça peut être aussi
un de mes professionnels qui appelle directement, sur un dossier en
particulier, quelqu'un qui est
responsable du dossier pour discuter avec lui. Ça peut varier beaucoup,
là, selon le besoin qui apparaît, là.
M.
Martel : O.K. Je
n'ai pas d'autre question. Merci.
Le Président (M. Picard) : Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends quelques instants afin de permettre
au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 53)
(Reprise à 14 h 58)
Le
Président (M. Picard) :
Je souhaite la bienvenue au Secrétariat
aux affaires autochtones. Mme la
secrétaire générale associée, je vous invite à vous présenter ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. Vous disposez de 10 minutes, va
s'ensuivre une période d'échange avec les parlementaires. Allez-y.
Secrétariat aux
affaires autochtones (SAA)
Mme Thomas
(Marie-José) : Merci. Alors,
il me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui, et je
vous remercie de l'invitation faite au Secrétariat aux affaires
autochtones de venir s'exprimer devant la commission sur un sujet d'une telle importance. Je tiens aussi à saluer mes collègues
du Secrétariat à la condition
féminine et du ministère de la Santé et des Services sociaux, des collaborateurs privilégiés dans un dossier complexe qui
présente des défis considérables. Je suis accompagnée de Mme Julie
Martel, à ma gauche, qui est, au secrétariat, la professionnelle responsable du
dossier de condition féminine mais aussi de ceux de la santé et des services
sociaux, ainsi que de Mme France Boulé, qui a la responsabilité des mêmes
dossiers mais sur l'aspect plus économique des ententes que nous convenons avec les
parties.
Alors, les
autochtones du Québec se divisent en 11 nations et totalisent
environ 100 000 individus, dont
quelque 12 000 Inuits. Ils composent
environ 1 % de la population du Québec. Ces 11 nations sont réparties
en 55 communautés autochtones.
Quoique peu de données existent à ce sujet, il est généralement admis
qu'environ 25 % des autochtones vivent maintenant à l'extérieur des
réserves. On sait aussi que ce chiffre est vraisemblablement en croissance.
Autre caractéristique
importante : la société autochtone est très jeune. En effet, selon les
plus récentes données de Statistique Canada, publiées en 2011, la moitié
de leurs membres a moins de 30 ans.
• (15 heures) •
Ces derniers temps,
les dossiers sur lesquels cette commission a eu le mandat de se pencher ont
pris, dans l'actualité, une importance
inédite. Des situations intolérables ont été portées à l'attention du grand
public. Ainsi, on peut dire que la
dernière année se caractérise, au Québec, par une prise de conscience
collective des conditions de vie dans lesquelles
se trouve la population autochtone, qu'elle réside sur ou hors communauté, que
l'on pense au rapport sur les travaux de la Commission de vérité et
réconciliation du Canada, qui ont révélé l'ampleur des séquelles subies par les
anciens pensionnaires et des séquelles qui
s'ensuivent, ou au terrible phénomène de la disparition et des assassinats
des femmes et des filles autochtones, dont on a également beaucoup discuté. Quant
à elle, l'émission de Radio-Canada Enquête nous a par
ailleurs montré ces femmes qui ont
courageusement fait face aux caméras pour exprimer des abus révoltants dont elles auraient été victimes; également
une jeune fille, une jeune Innue mineure qui se serait enlevé la vie l'automne dernier à la suite d'un viol. Le rapport
Debout et solidaires qui a été déposé par Femmes autochtones du
Québec sur les femmes et les filles disparues ou assassinées est également
venu, en fin d'année, mettre en lumière la violence endémique faite aux femmes autochtones. En 2015, ces phénomènes ont été
exposés à toute la société québécoise, et nous nous
réjouissons qu'une prise de conscience semble aujourd'hui s'opérer, car, il
faut bien le comprendre, le sort déplorable des autochtones en situation
de vulnérabilité constitue un véritable problème de société. Ce drame relève de
notre responsabilité collective, mais, pour s'y attaquer, il fallait que la situation
soit dénoncée par les victimes.
Depuis
30 ans, c'est-à-dire depuis la création du Secrétariat aux affaires
autochtones, le secrétariat est constamment confronté aux situations difficiles que vivent les autochtones. Parmi
les tâches qui incombent au secrétariat, on notera les suivantes :
travailler avec les organismes autochtones et les conseils de bande afin de
leur faciliter l'accès aux divers programmes
gouvernementaux et, dans certains cas, adapter les activités gouvernementales à
leurs besoins, établir des relations harmonieuses et des partenariats
entre les autochtones et le gouvernement et favoriser le rapprochement entre les autochtones et la population
en général. Le secrétariat doit aussi coordonner toute l'action gouvernementale
en milieu autochtone. Il a pour responsabilité d'assurer la cohérence dans les politiques, les interventions,
les initiatives et les positions des divers ministères et organismes du Québec
engagés dans cette action.
C'est avant tout par
ce rôle de coordonnateur de l'action gouvernementale que le secrétariat
intervient. Le secrétariat siège à chacun des comités interministériels en lien
avec la violence conjugale, les agressions sexuelles, l'exploitation sexuelle
et l'égalité entre les hommes et les femmes, en plus de présider un comité
ayant pour objectif de réaliser la mise en oeuvre du volet autochtone du plan
d'action gouvernemental en matière d'agression sexuelle.
D'autres
initiatives interministérielles touchent également les sujets de la
pauvreté et de l'exclusion sociale, de la jeunesse, de la maltraitance envers les aînés, des dépendances, de
l'itinérance et de l'intimidation. La plupart des stratégies et plans
d'action du gouvernement du Québec contiennent un certain nombre de mesures
spécifiques à la clientèle autochtone. La
plupart de ces mesures visent la mise sur pied de programmes et d'outils
culturellement pertinents pour la clientèle autochtone, la formation
d'intervenants ainsi que la sensibilisation et la prévention.
Le
secrétariat finance également divers projets sur et hors communauté. Par le
biais de son Fonds d'initiatives autochtones et du programme Projets
ponctuels autochtones, il soutient des projets de développement économique, d'infrastructure communautaire et d'action
communautaire dans les communautés autochtones et les villages
nordiques, mais aussi en milieu urbain. Ce
programme comprend un volet spécifique pour encourager les projets de développement
économique portés par des femmes. Le Fonds d'initiatives autochtones permet aussi
au secrétariat de soutenir différents organismes
communautaires autochtones oeuvrant notamment auprès des femmes, c'est le cas de Femmes
autochtones du Québec, de l'Association de
prévention suicide Premières Nations
et Inuits du Québec, du Regroupement
des centres d'amitié autochtones et
de différents centres d'amitié
autochtones du Québec. Le programme Projets ponctuels
autochtones, quant à lui, a permis de financer quelques projets tels que
celui du regroupement des femmes autochtones de la région de l'Abitibi qui vise à trouver des solutions pour
contrer la violence sexuelle dans les communautés, également
un projet de prévention de la
violence et des agressions dans les communautés, des ateliers spirituels en
milieu naturel pour les hommes autochtones
en situation de violence familiale et un rassemblement pour
les proches des femmes autochtones disparues ou assassinées.
Le
secrétariat siège également à la Table de concertation sur les problèmes de
crise sociale dans les communautés des premières nations du Québec.
Cette table est le résultat d'un partenariat entre la Commission de la santé et
des services sociaux des premières nations
du Québec et du Labrador, de Santé Canada,
d'Affaires autochtones et du Nord Canada, du ministère de la Santé et
des Services sociaux, du secrétariat et des communautés des premières nations du Québec. La table de concertation a pour mandat de soutenir les communautés des
premières nations du Québec
qui traversent des périodes de crise sociale.
Bien que les travaux
entourant l'élaboration du plan d'action gouvernemental pour contrer le racisme
et la discrimination ne soient pas terminés, le secrétariat et d'autres acteurs
du gouvernement du Québec sont néanmoins en
action dans la mise en oeuvre de certains des objectifs identifiés lors des consultations. Par exemple, dès le printemps 2016, le secrétariat mettra en place des sessions de formation à
l'intention des employés de l'État de
manière à ce que les services
publics tiennent mieux compte des réalités, notamment culturelles, de la clientèle
autochtone. Le Québec participera également
activement à l'enquête fédérale sur les femmes et les filles autochtones
disparues ou assassinées. Également,
le gouvernement du Québec a accueilli favorablement l'adhésion des
villes de Val-d'Or et de Chibougamau à la Coalition
internationale des villes contre le racisme et l'Organisation des Nations unies
pour l'éducation, la science et la culture,
et ce sont des initiatives que nous encourageons puisqu'il faudrait que plusieurs
villes au Québec qui ont le privilège de voisiner des
autochtones puissent tirer profit de telles initiatives. Ce sont par ces
actions terrain que nous arriverons à faire tomber les préjugés qui sont à la
source du racisme et de la discrimination.
Nous avons également
proposé un financement et donné un financement en Gaspésie au projet Harmonie
qui permet à des élèves du primaire micmacs et québécois de se rencontrer dans
le cadre d'activités sportives, culturelles et
éducatives pour faire mieux connaissance. De même, il supervise, le secrétariat, actuellement la mise en place de tables locales dans certaines régions du Québec
visant à adapter les services du gouvernement du Québec de manière à les rendre culturellement
pertinents pour la clientèle autochtone.
Dans la
dernière année, le secrétariat a mené plusieurs initiatives relativement à la condition féminine autochtone. Sans faire
de compte rendu exhaustif, j'aimerais tout de même vous signaler brièvement les
principales.
Le secrétariat s'implique dans la réflexion pancanadienne à ce sujet, notamment
en participant à la table ronde nationale
sur les femmes et les filles autochtones disparues. À la suite de la
publication des travaux de la Commission de vérité et réconciliation, les ministères et organismes
concernés du gouvernement du Québec sont à préparer les recommandations
du Québec faisant suite à ce rapport et leur mise en oeuvre.
Également, dans la foulée du reportage de
l'émission Enquête portant sur les allégations de sévices physiques et sexuels subis par les femmes autochtones à Val-d'Or,
le secrétariat a posé différentes
actions qui ont déjà été largement médiatisées.
La plus récente, toutefois, qui est moins connue, est la création éminente de
trois tables locales qui seront mises sur
pied dans la ville de La Tuque, Trois-Rivières, Sept-Îles et Maniwaki dans le
but d'optimiser la qualité et l'accessibilité des services du gouvernement du Québec en matière de santé, de services
sociaux et de services sociaux judiciaires. Ces tables, supervisées par
le secrétariat, permettront de réunir les partenariats régionaux et locaux en
vue d'améliorer les collaborations et la complémentarité des services.
Depuis
Val-d'Or, on observe que les questions liées à la violence faite aux femmes ont
trouvé leur chemin jusque dans
l'agenda prioritaire du leadership politique autochtone. En effet, jamais
auparavant les leaders politiques autochtones n'avaient à ce point
sollicité les hautes autorités gouvernementales sur le sujet, d'autres enjeux
liés au territoire, aux ressources
naturelles, aux droits ancestraux et revendications territoriales occupaient
presque toute la place. Certes, ces enjeux
sont de la première importance pour l'avenir des sociétés autochtones, et on en
reconnaîtra toute la légitimité, mais, depuis
Val-d'Or, nous observons que les chefs eux-mêmes portent avec une énergie
inédite les enjeux sociaux de la violence et des abus sexuels. Il faut féliciter ce développement, car la volonté
indéfectible de tous à s'attaquer aux problèmes de la violence dans les communautés constitue une
condition obligée du succès. Peu importent les actions et les initiatives
que les gouvernements pourront mettre en place, c'est avant tout un engagement
vigoureux et soutenu de tous les milieux concernés
qui fera la différence. Parce que, il faut bien le dire, l'essentiel du
problème se trouve dans les réserves. Comme l'écrivait déjà en 2008 Femmes autochtones du Québec dans un rapport
destiné à Mme Yakin Ertürk — j'espère que je dis bien son nom — rapporteur spécial des Nations unies sur la
violence faite aux femmes, les taux de violence conjugale et les
homicides entre conjoints sont particulièrement élevés dans les communautés
autochtones par rapport à ceux constatés dans la population générale. La
gravité et les impacts de cette violence y sont aussi plus marqués.
Le récent
rapport déposé par Femmes autochtones du Québec, intitulé Debout et
solidaires, met aussi en lumière cette prépondérance singulière de
la violence familiale dans les communautés autochtones québécoises. Le rapport explique que cette violence, tellement courante,
serait devenue banalisée, voire normalisée. La violence n'est
certainement pas plus naturelle dans une
famille autochtone que dans une famille allochtone, seulement, comme le
montrent de nombreuses études, l'indigence, la pauvreté, la
surpopulation dans les logements notamment, les problèmes de consommation et le
désoeuvrement sont autant de facteurs de risque. Ils sont des éléments...
Le Président (M. Picard) : En
terminant, s'il vous plaît.
Mme Thomas
(Marie-José) : ... — oui — qui façonnent un milieu propice à la
détresse psychosociale et à la violence. Il faut ajouter à ça les
facteurs historiques.
Alors, je
voudrais, en terminant, souligner le travail de cette commission, cette
commission qui permet de prolonger le
débat sur les problématiques d'agression sexuelle et la violence familiale en
milieu autochtone en plus de sensibiliser la population à la réalité des Premières Nations et des Inuits. Je désire
vous remercier et vous souhaite... et vous propose toute notre
collaboration.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme Thomas. Je cède
maintenant la parole à M. le député d'Ungava, avec le... Ça prend le
consentement. Consentement? Allez-y.
M. Boucher : Merci du consentement
obtenu. Encore une fois... C'est à mon tour de souhaiter bonne année 2016 à
tout le monde et puis démarrer tout ça du bon pied. Bienvenue, Mme Thomas.
Vous avez
parlé, bon, un petit peu, vers la fin de votre exposé, qu'une bonne partie du
problème se trouve au niveau des communautés autochtones, vous parliez,
bon, de pauvreté, désoeuvrement. On sait que Statistique Canada a sorti dernièrement des statistiques qui ne sont pas très
réjouissantes, je ne sais pas si vous avez sous la main quelques
chiffres pour nous qui pourraient traduire un peu l'objet de votre... Moi,
j'aime ça être dans le concret, là, parce que, tu sais, «désoeuvrement», c'est un beau mot, mais en même temps ça veut tout dire
et ne rien dire, là. Bien concrètement, là, de quoi on parle, là, avec
quelques chiffres?
• (15 h 10) •
Mme Thomas (Marie-José) :
Effectivement, ma collègue ici présente va m'assister dans ces réponses, parce que je vous avoue qu'au niveau des pourcentages et des probabilités
ceux qui sont habitués de travailler avec moi savent que je n'ai pas une grosse mémoire de ce côté-là.
Alors, Julie, je ne sais pas si tu maîtrises mieux que moi ces
statistiques, mais on pourrait le faire ensemble. Alors, tu pourrais peut-être
commencer...
Mme
Martel (Julie) : Oui, pas de problème. Bien, en fait, comme disait
tantôt Mme Ferembach, on est sollicités beaucoup dans l'élaboration de plans d'action gouvernementaux,
politiques et tout pour le volet autochtone, donc on est souvent appelés à trouver des statistiques. Donc,
j'en ai une liste ici, je ne sais pas... J'en ai sur la jeunesse, sur
plusieurs choses. Je vais en lire quelques-unes. Vous m'arrêterez quand j'aurai
pris tout le temps, parce que j'en ai plusieurs.
Donc, Mme Thomas le disait dans sa présentation,
les jeunes autochtones représentent à la fois la tranche de population qui
connaît la plus forte croissance démographique et celle qui connaît le plus
haut taux de pauvreté, de chômage et de suicide. En 2011, selon Statistique
Canada, près de 50 % de la population autochtone du Québec avait moins de
29 ans.
La pauvreté
est omniprésente dans les communautés autochtones. Le Centre canadien de
politiques alternatives affirme, par exemple, que le taux moyen de
pauvreté chez les enfants autochtones est de 40 %, comparativement à la moyenne canadienne qui est de 17 %. De
manière générale, la prévalence des différentes problématiques telles la
pauvreté, la violence, l'itinérance et la toxicomanie est plus élevée au sein
des communautés autochtones.
On a la
réalité aussi des autochtones en milieu urbain, donc, qui représentent environ...
entre 37 % et 42 % des autochtones qui vivent sur le
territoire québécois. On a une surreprésentation de la population autochtone en
situation d'itinérance. Alors que les autochtones
représentent 3 % de la population canadienne, ils représentent 10 %
des personnes en situation d'itinérance, c'est... (Interruption) Oups!
Mon Dieu! Pardon.
Ensuite, au niveau du revenu, pour la population
du Québec, la tranche la plus courante de revenu total d'une personne était entre 20 000 $ et
40 000 $ en 2005, ce qui représente environ 31 % de la
population ayant un revenu. Pour la population autochtone, on parle de
30 % ayant un revenu de moins de 10 000 $, 43 % des ménages
du Nunavik qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
En tout cas,
je pourrais continuer comme ça encore longtemps, là, mais c'est des
statistiques qui ne sont pas très...
M. Boucher : Bien, ça démontre un
petit peu, là, le genre de défis qu'on rencontre.
Mme Martel (Julie) : Oui.
M.
Boucher : Vous savez, bon, que cette commission termine ses travaux
aujourd'hui, puis il y a une possibilité... Je devrais dire «cette phase», que mon collègue de D'Arcy-McGee me
souffle à l'oreille. Je ne voudrais pas lancer de fausse rumeur ou
commettre d'impair. Écoutez, bon, la commission sera appelée à regarder
l'opportunité de visiter peut-être certaines communautés puis aller voir sur le
terrain, c'est bien.
Si on parle
des autochtones vivant en milieu urbain, on sait que, bon, à Montréal ou
Québec, dans les grandes villes, particulièrement à Montréal, il y a
beaucoup d'autochtones qui vivent en milieu urbain, qui ont choisi la ville
pour toutes sortes de raisons, question
travail, question qu'ils préfèrent la grande ville à leur communauté d'origine,
mais il y a aussi certaines familles
ou certains groupes ou même individus qui ont choisi de vivre à la ville pour
fuir des problèmes dans leur
communauté, puis vivre à Montréal ou Québec, ce n'est peut-être pas le premier choix;
dans un monde idéal, ils préféreraient habiter dans leur communauté.
Est-ce que
vous avez une idée comment, bon, la commission pourrait joindre ces gens-là
puis... Parce que c'est bien beau, on
peut dire : Bien, on va aller à telle communauté dans le coin de Val-d'Or
ou sur la Côte-Nord, bien cibler qu'est-ce
qui se passe ici, dans une population de peut-être 1 500 personnes,
mais, chez les gens qui sont fondus, je dirais, dans le tissu urbain, qui travaillent, métro, boulot, dodo, 9 à 5 comme
tout le monde... J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le
Président (M. Matte) :
Mme Thomas. Pour le bénéfice de l'enregistrement, je vais vous nommer, là.
Allez-y.
Mme Thomas (Marie-José) :
Excusez-moi, j'ai voulu aller trop vite.
Effectivement,
l'initiative pourrait être saluée de façon favorable. Je vous dirais que j'ai
deux, trois suggestions à me permettre de partager avec vous.
D'abord, vous
le savez, même les dames autochtones qui sont venues d'adresser à vous vous
l'ont exprimé, c'est encore un sujet
qui est très délicat dans les communautés, le dossier de violence ou
d'agression, dans le milieu autochtone, qu'elle soit familiale, qu'elle
soit faite aux femmes, qu'elle soit dirigée vers les enfants. On commence à
peine, en collaboration avec les femmes autochtones, à tirer l'information
qu'on souhaite avoir sur le sujet et sur les moyens pour le contrer.
Je ne saurais trop vous mettre en garde d'avoir l'initiative de déambuler sans préalablement vous assurer que vous serez bien reçus, non pas que vous ne le serez
pas, mais les gens concernés ne sont pas encore tous prêts à en causer,
à en jaser, et vous risqueriez peut-être
d'aller à des endroits où vous auriez peine d'avoir des renseignements. Alors, je vous dirais que, dans un premier temps, il faudrait simplement passer à travers les
réseaux, que ce soit l'APNQL, que ce soient les centres d'amitié, que ce soit Femmes autochtones, pour voir avec elles
où elles vous guideraient dans cette exploration. C'est certainement une initiative qu'on peut saluer, parce qu'il n'y a rien comme savoir ce que le terrain pense pour avoir les réponses appropriées à vos questions,
mais encore faut-il que ce terrain ou cette clientèle soit prête à partager
avec vous ses préoccupations.
D'emblée, je
vous dirais que — et
je me permets de faire un peu de millage sur une question que j'ai
entendue tout à l'heure — ce
n'est pas un mystère si on n'a pas plus ardemment et plus activement initié des
actions pour contrer ces problèmes-là
à travers les années, c'est très inhérent et très lié avec le fait qu'il faut
que les gens victimes — je
le disais dans mon texte tout à l'heure — soient prêts à en
jaser et que les gens qui sont en autorité sur elles dans leurs propres communautés soient prêts également à en jaser. Et
vous le savez, M. le député d'Ungava, chez vous, entre autres, c'est un endroit où ce n'est pas
la richesse qui prévaut, et c'est très difficile d'arriver à faire parler les
gens de sujets tabous. Alors, ce
serait ma meilleure suggestion de démarche que vous pourriez initier pour ne
pas à la fois ne pas avoir vos réponses puis à la fois brusquer les gens
qui ne sont pas prêts à en parler.
M. Boucher : O.K. Votre...
Le Président (M. Matte) : D'autres
questions de la part du gouvernement?
M. Boucher : Oui, c'est ça, j'aurais
peut-être...
Le Président (M. Matte) : Oui, la
députée de Chauveau.
Mme
Tremblay : Vous avez parlé
tout à l'heure qu'il y avait 25 % des autochtones qui vivent à l'extérieur
des réserves. Est-ce que les problèmes sont aussi criants à l'extérieur des
réserves qu'à l'intérieur?
Le Président (M. Matte) : Mme
Thomas.
Mme Thomas
(Marie-José) : Je vous dirais que... Et c'est une appréciation
d'expérience plus que scientifique. Alors,
si vous me demandez des chiffres, je vais avoir besoin de mes collègues,
d'autant que je viens de briser mes lunettes, juste avant de vous parler, alors j'ai de la difficulté à lire les
papiers qu'on me passe. Mais je vous dirais que, par perception, il y a probablement, comme dans n'importe quelle
société, des gens qui sont sortis des réserves et pour lesquels la vie
est bonne, et qui s'accomplissent d'un bon
travail, de revenus, et que ça va très bien. Il y a par contre une fraction de
ces gens-là qui aboutissent dans les
centres urbains parce qu'ils sont trop... pas très bien chez eux ou pas du tout
bien chez eux, et donc, quand ils
arrivent en milieu urbain, c'est un peu ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu à
Val-d'Or, ce n'est pas les gens qui sont les mieux équipés pour faire
face à la vie, aux adaptations que propose la ville.
Alors, je vous dirais qu'il y a certainement un
bon pourcentage, sans pouvoir le quantifier, qui a absolument un grand besoin d'avoir un réseau. Par exemple, comme
à Val-d'Or, le centre d'amitié autochtone, Mme Cloutier qui est
venue vous parler, est très certainement un lieu d'accueil, une espèce de hub
de paix qui accueille ces gens-là. Et je vous dirais que... je ne peux pas le
quantifier en chiffres, peut-être que mes collègues le peuvent, mais je vous
dirais qu'il y a certainement une bonne
fraction des gens autochtones qui se retrouvent en milieu urbain qui sont
malheureusement encore en difficulté et qui doivent... vont avoir besoin
d'assistance pour sortir de cette difficulté et cette adaptation à un autre
milieu.
Mme
Tremblay : Mais, quand on
fait des études, par exemple, sur les statistiques des autochtones hors
réserve et à l'intérieur de la réserve,
est-ce qu'elles se ressemblent, ces statistiques-là, par rapport à la pauvreté,
par rapport à l'âge, par rapport à la violence?
Mme Thomas (Marie-José) : Est-ce
qu'on les a en chiffres? Il faudrait vérifier.
Mme Martel (Julie) : Oui, il
faudrait vérifier, parce que...
Mme Thomas (Marie-José) : ...vérifier
puis vous revenir.
Mme Martel
(Julie) : Mais je sais qu'il
y a le centre d'amitié de Montréal, je crois, qui, en 2008, avait fait
une étude des besoins de la clientèle qu'il recevait. C'est quelque chose qu'on
pourrait transférer...
Mme Thomas (Marie-José) : À la
commission.
Mme Martel (Julie) : ...à la
commission.
Mme Thomas (Marie-José) : Je
pourrais vérifier les chiffres dont je dispose et vous les transmettre.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
• (15 h 20) •
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Je veux revenir au sujet de votre discussion
avec mon collègue le député d'Ungava, très délicat mais très
terre à terre si on est pour agir de façon efficace.
Lorsqu'on
ferait des visites quelconques aux communautés, je comprends, c'est d'une
évidence qu'elles soient prêtes à
nous accueillir, à en parler franchement. L'autre problème, qui est, j'imagine,
assez présent dans les communautés non
autochtones aussi mais peut-être davantage difficile ici, c'est de comprendre
que les hommes risquent... les hommes, souvent
les leaders de ces communautés-là, ça va de soi, ils risquent de trouver ça un
geste menaçant, difficile et non souhaité.
Deux
choses : Je ne sais pas si vous avez une suggestion de comment commencer à
aborder cette problématique-là. Et, deuxièmement, je me demande, y a-t-il un
exemple d'une communauté qui a fait au moins un petit bout de chemin sur
cette dynamique très, très difficile, c'est-à-dire d'inciter la collaboration
des hommes, et des hommes en position de leadership, dans les discussions de
cette grosse problématique là d'agression sexuelle et violence conjugale?
Mme
Thomas (Marie-José) : Je vais commencer, puis tu vas compléter, si tu
veux, parce que tu es très au fait de la situation...
Le Président (M. Picard) :
Mme Martel.
Mme Thomas (Marie-José) :
Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Allez-y, Mme Martel.
Mme Thomas (Marie-José) : Ah! Bien,
vas-y, Julie. C'est toi qui...
Mme Martel
(Julie) : Ah! oui. Bon,
bien, en fait, je n'ai pas vraiment cette information-là. Par contre, je
peux vous dire qu'à Uashat il y a un comité
d'hommes anciennement violents qui se sont regroupés ensemble pour
discuter entre autres, c'est ça, de toute la
question des violences conjugales et de comment ils pourraient sensibiliser les
communautés innues. C'est l'exemple que je
pourrais donner pour le moment. Sinon, il y a des organisations autochtones qui présentent des projets parfois. Comme nous, on vient
d'octroyer une somme de 10 000 $
à la maison Missinak, qui est une maison d'hébergement pour femmes
autochtones, pour faire un travail dans un lieu de ressourcement avec les
hommes violents, pour qu'ils puissent discuter tous ensemble.
Donc, il y a des initiatives comme ça, mais, par
rapport... vraiment au niveau des leaders politiques des communautés, je n'aurais pas d'exemple. Ça ne
signifie pas qu'il n'y en a pas, mais ça n'a pas été porté à notre
attention.
Mme Thomas (Marie-José) : Est-ce que
je peux compléter?
Le Président (M. Picard) :
Oui, oui, allez-y.
Mme Thomas
(Marie-José) : Je peux juste
vous dire que, depuis les événements de Val-d'Or, je le disais dans mon texte, le
leadership autochtone a un nouvel engouement ou une nouvelle préoccupation
exprimée publiquement pour le sujet. Assez récemment, nous avons eu l'occasion
de rencontrer plusieurs des chefs autochtones qui siègent à l'APNQL, et je vous dirais qu'une
bonne majorité d'entre eux signifiaient très clairement qu'ils étaient
prêts à aborder le sujet et à discuter à travers différents axes, là,
que ce soit la relation policiers-autochtones ou même les enjeux.
À quel degré
ils sont rendus? Les exemples qu'on a, ceux que signalait Julie sont probablement les plus probants parmi ceux
que nous connaissons. C'est sûr que, les événements de Val-d'Or,
les chefs au Lac-Simon ont exprimé très clairement, là, leur volonté
que les choses changent. Alors, je pense qu'en y allant par cette voie-là c'est
certainement une voie où il y aurait peut-être plus d'ouverture, à ce moment-ci,
ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas ailleurs.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Un autre chantier...
Et ce n'est pas les obstacles qui manquent dans nos discussions, et
j'aimerais être réconforté d'apprendre qu'il n'y en a pas un autre sur le plan bureaucratique qui s'ajoute. Il me semble que
votre lien, vous en avez parlé un tout petit peu, mais votre lien avec
le Secrétariat à la condition féminine est d'une importance capitale. Pouvez-vous nous parler un petit peu de la qualité de ces échanges? Y
a-t-il des structures en place qui
vous aident à vous imposer quand il y a un projet qui risque d'avoir besoin
d'un volet autochtone? Quand il y a un budget qui se dégage, est-ce que vous
êtes au rendez-vous? Comment ça va sur le plan fonctionnel entre les deux
secrétariats?
Mme Thomas
(Marie-José) : Le
Secrétariat aux affaires autochtones est un tout petit groupe d'individus
dans un noyau, on est une quarantaine de
personnes seulement, mais on bénéficie d'une collaboration très importante à travers les ministères par le biais d'un
coordonnateur autochtone dans chacun des ministères. Ces personnes-là sont les personnes
qui sont en relais avec nous la majorité du temps pour nous initier à ce qui se
passe dans leurs ministères et comment on
peut travailler ensemble. Le Secrétariat à la condition féminine est un exemple
probant de relation proche parce que tout le secteur autochtone, même
s'ils ont une excellente coordonnatrice, est très d'actualité dans la plupart
de leurs plans d'action.
Je vous dirais également que, certainement
depuis les dernières années, la relation... l'intérêt dans le dossier autochtone est très grand, et nous avons beaucoup, beaucoup de collaboration par le secrétaire
général et les secrétaires
généraux associés ou les sous-ministres en titre, il y a beaucoup de dossiers
déjà qui se partagent à ce niveau-là. La collaboration
au niveau gouvernemental ou la cohésion et la cohérence des actions
gouvernementales est de mieux en mieux grâce à ce phénomène-là.
Alors, je pense que le ministre responsable des
Affaires autochtones, quel qu'il soit, est toujours en bon lien avec ses collègues, mais, du côté administratif,
c'est de plus en plus en collégialité qu'on le fait. Alors, on essaie
d'être plus efficaces, partager nos connaissances, partager nos réseaux, puis
on essaie d'être très en amont — je vous dirais que généralement ça
fonctionne très bien — sur
les différentes initiatives et les enjeux que ça comporte, quand il s'agit des
autochtones.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
députés de la partie gouvernementale... Ça va? Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames.
La députée de
Chauveau a énoncé un chiffre de 25 %. Moi, j'aimerais ça qu'on se
comprenne parce que j'ai des sources
complètement différentes qui ne donnent pas du tout le même portrait. Regroupement
des centres autochtones, INRS nous
disent que 60 % des communautés autochtones vivent en milieu urbain. Les
chiffres du secrétariat disent 71 %. Moi, j'aimerais juste savoir
qui dit vrai.
Mme Thomas (Marie-José) : 71 %
de la population vivrait en milieu urbain?
Mme
Poirier : Oui, vous, ce que vous dites, c'est que 71 %
vivent en communauté. Eux disent : 60 % vivent en milieu
urbain. Qui dit vrai?
Mme Thomas (Marie-José) : Je procéderai à une
vérification, si vous le permettez, et je vous reviendrai avec le plus
d'exactitude possible. Cette différence de chiffres m'apparaît énorme, par
ailleurs.
Mme Martel
(Julie) : Peut-être...
Mme Thomas
(Marie-José) : Vas-y.
Le Président (M.
Picard) : Mme Martel.
Mme Martel (Julie) : Peut-être un point aussi qu'il est important de préciser, c'est que
parfois les statistiques sont mélangeantes parce que parfois on évalue
les autochtones qui résident en milieu urbain, parfois on évalue aussi les autochtones qui font des transits en milieu
urbain, donc un étudiant qui va venir faire une session d'études à
Montréal, par exemple, et qui va retourner
sur sa communauté, ou va venir faire un contrat de travail, ou va venir
chercher des soins. Ça fait que parfois tout ça est un peu... Selon l'étude,
ça peut être un peu mélangé, mais...
Mme Poirier : Mais vous comprenez
qu'entre 60 % et 71 %, qui sont des chiffres complètement
contradictoires, les quelques étudiants ne peuvent travestir ces données-là,
là, en tant que tel. Alors, je vous pose la question puis j'aimerais que vous
puissiez donner au secrétariat de la commission les données, parce que, selon...
parce que notre recherchiste ici, à la
commission, nous avait donné les chiffres du secrétariat, mais, quand je vais
sur le site de Regroupement des
centres d'amitié autochtones, on me donne 60 %, et Mme Lévesque, de
l'INRS, qui est venue ici, nous a dit 60 %. Alors, je voudrais
juste qu'on démystifie les chiffres.
Un des propos qu'on nous a tenu beaucoup, c'est sur le
logement, sur le logement, en tant que tel, à l'effet que le logement était un facteur de contribution au
niveau de la violence conjugale et de l'agression. Il y a un portrait qui
est sorti récemment selon une enquête de
Statistique Canada, et, juste pour nos fins à nous, là, dans les
communautés situées au Québec, 34 % des
38 615 logements nécessitent des réparations majeures et 32 % ne sont
pas de taille convenable, ce qui a été d'ailleurs un des propos qu'on a
eus ici. Et au Nunavik, dans le Nord-du-Québec, 39 % des 10 750 habitations ont besoin de
réparations majeures et pas moins de 57 % ne sont pas de taille
suffisante, le surpeuplement est extrême dans 1 150 habitations.
Est-ce que vous corroborez ces chiffres-là?
Mme Thomas (Marie-José) : Je ne peux vous
corroborer des chiffres, je reviendrai avec les chiffres, encore une
fois, mais je peux vous confirmer que c'est un phénomène qui existe, la
désuétude des logements, l'insuffisance des logements.
Et, sans vouloir en faire un débat politique, parce que ce n'est pas mon rôle,
il ne faut pas non plus perdre de vue que le logement, en milieu
autochtone, c'est aussi l'affaire de notre partenaire, le gouvernement fédéral.
Et, dans la foulée des chiffres que je vous confirmerai, je
pourrai aussi vous dire les initiatives très récentes, en fait, qu'on
fait depuis les dernières années et qu'on continue d'accentuer dans les
initiatives qu'on va faire au Nunavik notamment
pour améliorer les conditions de vie, la construction et les alternatives aux
logements déjà existants. Il y a beaucoup d'argent qui va être investi,
et on est déjà en cours de route là-dessus, pour les rénovations.
Mme Poirier :
Dans les propos qui nous ont été tenus concernant le logement, on nous a
dit : On ne nous consulte pas sur le
type de logement et nos besoins. Quand je vois ces données-là sur le surpeuplement
en matière de... et la demande,
finalement, de trois chambres et plus, est-ce que, dans ce que vous nous dites
qui va arriver dans les prochains mois, les prochaines années... est-ce
que ça, ça a été tenu en compte comme étant une priorité? Parce que — et là
je fais un parallèle — les gens du Canada ont daigné nous envoyer
une note, une note qui résume l'argent, et on ne parle pas d'habitation. Alors, pour eux, l'habitation n'est
pas un facteur pour répondre, justement, à tous nos besoins en matière
de contrer la violence conjugale. On ne nous parle que de mesures... de
programmes sociaux.
Pour moi, l'habitation, c'est une mesure concrète pour
répondre à la violence conjugale. Alors, est-ce qu'on va, avec les
nouveaux programmes, travailler avec et répondre à ce besoin de contrer le
surpeuplement?
• (15 h 30) •
Mme Thomas (Marie-José) : Je ne peux pas vous répondre pour mes collègues
du fédéral. Je vais leur laisser le privilège de, j'espère, avoir un
échange avec vous de vive voix.
Je peux
toutefois vous répondre sur ce que le gouvernement
du Québec fait présentement, et particulièrement
les Affaires autochtones, en collaboration avec la Société du Plan Nord, la Société d'habitation. On est en collège actuellement avec les Inuits, parce
que c'est un dossier qui était très prioritaire — et ils le sont tous,
là, mais il fallait commencer à quelque part — et, avec
les Inuits, nous sommes en train de travailler avec eux... Quand je vous
dis : On est en train de travailler sur l'amélioration des
logements déjà existants, également sur les alternatives aux logements déjà
existants, parce qu'il y a des logements
sociaux qui sont en nombre insuffisants, soit, mais qui sont aussi parfois
habités par des gens qui pourraient peut-être aller habiter dans une
autre forme d'habitation. Les nouveaux logements ou les nouvelles formules de logement sont en train d'être
développés avec eux justement pour répondre à ce que vous nous dénoncez,
c'est que, le fait d'avoir trois chambres ou
cinq chambres ou d'être empilés les uns sur les autres de telle manière que ça
devient vite invivable, c'est plus eux que nous qui sont en mesure de nous
dénoncer leurs besoins. Et on essaie d'arrimer exactement ce qu'on peut faire puis comment on peut le faire, parce
qu'il y a plusieurs individus qui ont des positions qui varient. Certains veulent des maisons, d'autres
veulent des trucs qui sont un petit peu plus modestes, d'autres sont
très bien dans les logements tels qu'ils
existent présentement. Alors, on essaie présentement de répondre à cette
problématique-là et de façon très collégiale
avec eux. En fait, les tables se font avec des représentants des Inuits, je
vous dirais, on travaille là-dessus, tout le monde, au quotidien, là,
plusieurs fois par semaine.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Beauharnois.
M. Leclair :
Alors, merci, M. le Président. À mon tour de vous saluer ainsi que le
secrétariat et les collègues et collègues. Et merci aux gens du
Secrétariat des affaires autochtones d'être là aujourd'hui.
Plusieurs
questions. Je voudrais... Juste une petite dernière concernant le logement,
vous m'avez entrouvert une porte.
Vous dites que vous travaillez actuellement avec les gens de diverses
communautés pour regarder exactement leurs besoins. Tout ça sans se soucier ou sans attendre que le fédéral prenne
une position monétaire, vous y allez avec les besoins pour avoir la
réalité du terrain?
Mme Thomas (Marie-José) : Oui, bien
ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit...
M. Leclair : Non, exact,
c'est ma question. Est-ce que vous le faites sans...
Mme Thomas (Marie-José) : Non, mais
je n'essaie pas de vous reprendre malicieusement.
En fait, les
travaux qu'on a initiés sont plus avec les Inuits. Chez les Inuits, le concept
politique les rapproche plus du
Québec que du Canada, au niveau de certaines obligations, et on a déjà initié
depuis plusieurs années d'investir dans le logement du côté des Inuits.
Les Inuits, c'est le Grand Nord québécois, c'est le Grand Nord, je vous dirais,
à l'est.
Les autres
communautés qui sont en communautés autochtones sont, elles, plus visées par la
Loi sur les Indiens, parce qu'elles
ont fait ce choix-là à l'origine de leur constitution, et sont plus... comme
premier répondant, je vous dirais, en matière de logement, doivent
s'adresser au fédéral. C'est une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas
encore complètement dans le circuit. Je ne
vous dirais pas qu'on ne le fera jamais, et ce n'est pas à moi d'en décider,
mais a priori, effectivement, quand des communautés autochtones non
inuites font référence au secrétariat pour avoir l'accès à des logements, a priori on a tendance à les diriger
vers le fédéral, ce qui n'empêche pas qu'il y a certains programmes du
Québec qui ont pu être initié dans des communautés pour favoriser la formation,
par exemple, de la main-d'oeuvre pour construire
des maisons ou les rénover. Alors, c'est plus par ces biais-là qu'on arrive à
s'immiscer dans le dossier logement, mais pas de la façon prioritaire au
fédéral.
M. Leclair : Je comprends.
Merci de la précision.
En entrée de
jeu tantôt, vous disiez, bien, si vous aviez une suggestion, puis je crois que
votre expérience, quand même, à tout le secrétariat, les gens qui vous
entourent, autant que le ministre, là, qui est habitué quand même depuis
quelques années avec les autochtones... vous nous criez un petit peu un petit
cri d'alarme en disant : Faites attention, n'allez pas dans une réserve, n'allez pas les choquer, vous êtes
beaucoup mieux de vous associer à eux, faire certain que la démarche est
en collaboration, en parallèle avec eux. Puis on a cette demande-là des femmes
autochtones, de dire : Est-ce qu'on
peut participer, trouver une manière qu'on soit à la même table pour s'assurer,
pour s'assurer qu'on... si on veut faire quelque chose en amont et en
aval, bien, d'être certain qu'on fasse partie des décisions.
Donc, votre
suggestion est ça ou... bien, est ça... peut-être pas directement comme eux le
précisent ou le demandent, mais vous
nous suggérez, à tous les députés qui sont sur la commission
parlementaire : Bien, on est mieux de s'associer à eux puis de
s'assurer que ces gens-là veulent bien nous recevoir que de tenter de faire une
commission... Parce que le ministre l'a souvent dit lors de d'autres projets de
loi qui ne visent pas le mandat que nous avons ici, il faut leur faire
confiance, il faut les impliquer, il faut les écouter. Ils ne travaillent pas
tout à fait comme nous. On travaille, au gouvernement,
puis on entend souvent... Puis je le disais à mes collègues en commission
parlementaire, ces gens-là sont comme
tannés de nous entendre que nous, on pense qu'ils vont suivre notre moule. Eux veulent bien prendre nos
idées, mais ils vont les mouler à leur
façon. Puis c'est un peu ça qu'on n'est pas habitués à faire, puis on se
dit : Bien, on est législateurs, on donne des sous, comme gouvernement, bien vous allez marcher comme qu'on vous dit, puis c'est peut-être
pour ça qu'on avance très peu avec les autochtones. En tout cas, pour le peu
d'expérience que j'ai comme législateur, j'ai cru bien comprendre ça de tous
les projets de loi qu'on a faits.
Alors, votre
suggestion va dans ce sens-là aussi, il faut s'associer à ces gens-là de près
au lieu de penser que la commission
parlementaire va arriver avec des résultats et on va le leur mettre — excusez l'expression — dans la gorge.
Mme Thomas
(Marie-José) : Effectivement, on s'est bien compris. Ce serait la
façon la plus inélégante et la plus non
productive de procéder. Même s'ils sont dans une situation parfois de pauvreté
extrême, ce n'est pas toujours des gens qui ont des grands diplômes, leurs besoins ne sont
jamais mieux connus que par eux-mêmes, et c'est en leur parlant qu'on va savoir ce dont ils ont besoin, et à quel
rythme ils peuvent intégrer nos propositions, mais surtout nous inciter
à mettre en oeuvre les leurs. Et je pense qu'on ferait pareil, hein?
M. Leclair :
...effectivement.
Mme Thomas
(Marie-José) : Je veux dire, si quelqu'un vous incitait à faire
quelque chose en présumant qu'ils sont plus
forts que vous en compréhension ou en savoir quoi bien faire, vous auriez une
réaction. Là, ils en ont une, puis ils ont la sagesse de l'exprimer.
M.
Leclair : Bien, pour une autre petite question, avec toute
l'expérience que vous avez, qu'on est capables de reconnaître, quelle serait votre suggestion de
cette façon qu'on pourrait intégrer à ce mandat-là que nous nous donnons...
Parce qu'on comprend très bien, là. Même si
on n'a pas fait encore trois, quatre ans sur ce sujet-là, on comprend très
bien que ce n'est pas qu'un seul point, il y
a plein... on parle de logement, on parle d'argent, on parle... Alors, quelle
serait votre suggestion? Comment
qu'on peut les intégrer avec nous pour s'assurer... Parce que, là, on ne pourra
pas aller régler le sort des
autochtones à la grandeur du Québec, on va suivre notre mandat d'initiative,
mais, au moins pour ça, quelle serait votre suggestion suite à... la
manière de les affilier avec nous, là, dans cette commission-là? Est-ce que
vous le voyez... Juste par expérience, là.
Mme
Thomas (Marie-José) : Bien, j'ai un petit peu répondu à... sorti de ma
tête, là, je n'ai pas fait une grande réflexion sur le sujet...
M. Leclair :
Exact. Puis je comprends très bien.
Mme
Thomas (Marie-José) : ...mais je vous dirais que leurs réseaux
organisationnels sont encore les meilleures portes d'entrée, que ce soit l'association des Premières Nations, que ce
soit Femmes autochtones, que ce soient les centres d'amitié. Très clairement, les centres d'amitié,
actuellement, Mme Edith Cloutier, encore une fois, est venue vous en
parler longuement, Viviane Michel est venue aussi vous en parler, ce sont des
femmes de terrain, des femmes qui sont en lien avec leurs citoyennes et leurs
collaboratrices, une plus en milieu urbain, Femmes autochtones est vraiment en communauté. Alors, dépendamment où vous souhaitez
aller, je pense que c'est encore les bonnes portes. Évidemment, le Secrétariat aux affaires autochtones peut toujours
vous accompagner là-dedans, et avec grand plaisir, mais les premières
concernées sont encore les meilleures guides à travers cet exercice. Alors,
selon où vous souhaitez aller, que ce soit en milieu urbain ou en milieu
autochtone, je vous référerais facilement à ces institutions-là pour avoir le
meilleur encadrement possible.
Le Président (M.
Picard) : Merci.
M. Leclair :
Bien, je pense, c'est ce qui conclut. Je vous remercie des commentaires.
Mme Thomas
(Marie-José) : Merci à vous.
Le Président (M.
Picard) : Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Poirier :
...le député de Labelle qui a une question.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Labelle.
M.
Pagé : Bien, en fait, c'est une interrogation. Vous êtes
combien de personnes à travailler au secrétariat? Et il y a combien
d'autochtones qui travaillent au secrétariat?
Mme
Thomas (Marie-José) : On est 43 personnes en capacité ETC,
c'est-à-dire des emplois à temps complet. Malheureusement, pour
l'instant, on a beaucoup de maladies, qui ne sont pas dues au travail... bien
peut-être un peu, mais certainement...
Une voix :
C'est le ministre qui est un tyran!
Mme
Thomas (Marie-José) : ...c'est des maladies plus sérieuses, là, je
vous dirais. Alors, il manque quelques soldats dans mon armée.
En
termes d'autochtonie, là, j'essaie de me référer à mes dossiers de crédits, je
pense que je dois avoir au moins trois autochtones? J'ai trois dans la
tête. Mais je pense que j'ai trois autochtones. En fait, je ne suis pas
vraiment autorisée à vous le dire, mais ma
voisine est une des dignes représentantes de la nation huronne. Et j'ai aussi
une autre jeune femme qui est de
Natashquan, puis j'ai une membre du personnel de soutien, je pense, qui est
aussi Huronne, Mme Picard. Ça fait que je pense que j'en ai trois;
peut-être quatre, mais certainement trois.
M. Pagé : O.K. Trois sur 43.
Mme Thomas (Marie-José) :
Trois sur 43.
M. Pagé :
Honnêtement, je me serais attendu à ce qu'il y ait plus d'autochtones au
secrétariat. C'est un commentaire. Je pense qu'il faudrait peut-être y
penser à l'avenir. Merci.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
• (15 h 40) •
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Bonjour à vous trois. Je n'ai pas une grande expertise
au niveau des affaires autochtones,
mais, dans mon idée, je classerais ça un peu en trois... pas catégories mais
trois réalités avec nuances, là. Il y
a la réalité des réserves situées, je dirais, dans le Québec habité, là, autant
chez nous, Odanak, Wôlinak, que dans la région de Québec, que même en
Abitibi, au Lac-Saint-Jean, il y a une réalité qui n'a, à mon avis,
rien à voir avec les communautés au
nord et à l'est du Québec, et il y a une réalité des personnes autochtones qui vivent
en dehors des réserves. Moi, je me demandais : Comment vous faites
pour adapter votre expertise en fonction de ces réalités-là? Peut-être que vous
en connaissez d'autres, là, mais comment
vous faites pour être pertinents, efficaces en fonction de cette réalité-là? Parce que je
pense que vous allez être d'accord avec moi, on ne peut pas dire : Cette
réalité-là, les trois que j'ai nommées, là, elle est similaire ou elles
sont similaires, il y a beaucoup, beaucoup de choses qui les différencient. Ça
fait que j'aimerais ça savoir qu'est-ce que vous avez comme façon adaptée de
répondre efficacement à ces réalités-là.
Mme Thomas
(Marie-José) : D'abord, nos
interlocuteurs sont souvent organisés soit par des entités comme celles que je nommais tout à l'heure, l'APNQL ou les
centres d'amitié autochtones, les groupes comme ça, Femmes autochtones également,
ou par les conseils de bande et leurs conseils. Alors, le besoin qui est
canalisé vers le gouvernement du Québec au Secrétariat aux affaires autochtones n'arrive pas par le citoyen mais
par leurs organisations ou par leurs institutions politiques, ce qui a
permis au secrétariat de s'organiser en trois groupes. Il y a un groupe qui
s'occupe beaucoup des négociations, bon,
exclusivement des négociations, alors on parle des grands enjeux territoriaux,
revendications territoriales, partage
de redevances, ces enjeux-là qui sont qui sont plus de nature économique
et historique ou politique, et j'ai toute une autre équipe, dont fait
partie Mme Martel, qui, elle, s'occupe des relations avec les autochtones.
Alors, j'ai des gens qui sont très
spécialisés, dont Mme Martel, dans des sujets précis; Mme Martel,
comme je vous le disais tout à
l'heure, s'occupe notamment de tout ce qui a une vocation sociale, santé et
services sociaux. Alors, par ces spécialistes-là, nous arrivons à servir les
différents besoins et particularités des différentes... de la répartition telle
que vous l'avez définie, parce que
c'est la bonne. Et on a une équipe qui est plus spécialisée dans le dossier du financement et des ententes qu'on a à
signer avec eux, alors c'est l'équipe de France, à laquelle participe France.
Et donc, avec cette équipe-là... On n'est pas nombreux, là, je vous dirais, je ne sais pas jusqu'à quel point je
peux l'exprimer, mais, si on était plus, ce serait plus facile, mais c'est en créant des spécialités qu'on
arrive à faire le travail et à respecter les spécificités des gens, qui ne
sont pas tous visés ou intéressés par les mêmes sujets.
Parmi les
distinctions que vous avez soulignées, il
y a les gens nordiques qui, eux, sont
visés par la Convention de la Baie
James, entre autres, qui, elle, dicte déjà un certain mode d'emploi
ou un modus vivendi entre les nations que sont les Cris, les Inuit et les Naskapis et les gouvernements. Alors, ça, ça
cadre dans une autre façon, alors j'ai des gens qui sont plus
spécialisés là-dedans également. Et, dans l'équipe de Julie, il y a les gens
qui font des secteurs spécialisés, puis il y a
des gens qui fréquentent le territoire,
c'est-à-dire qui vont aller auprès des communautés, les visiter, voir un
peu comment ça se passe puis les besoins, et,
en collégialité entre les deux équipes, c'est comme ça qu'on arrive à
supporter et à encadrer les demandes de besoins financiers pour réaliser
certains projets. Alors, ensemble, ils travaillent pour voir comment faire le
montage financier d'un besoin qui est identifié, puis avec la communauté puis
les autochtones on arrive à répondre à leurs besoins.
Je vous dirais, comme j'allais me lancer à le
faire, on serait plus que ce serait
encore mieux, mais c'est ainsi que la structure est coordonnée présentement.
M.
Martel : Je vais y
arriver, à ça. M. le Président, vous me donnez la parole, j'imagine?
Une voix : Oui.
M.
Martel : Un peu dans la même veine, là, vous avez
mentionné tantôt que vous gérez un fonds autonome...
Mme Thomas (Marie-José) :
D'initiatives autochtones.
M.
Martel : ...d'initiatives
autochtones. Justement, dans cette réalité-là, comment faire pour... — vous
en avez mentionné, mais j'aimerais peut-être un peu plus précis — comment
faire en sorte que tel programme que vous financez,
que vous soutenez dans une communauté répond bien... C'est parce que,
dans mon esprit, ça ne peut pas être les mêmes qui sont applicables partout, tu sais, ce n'est pas parce qu'il y a une bonne idée à Odanak qu'elle va
être bonne à Kuujjuaq, là.
Mme Thomas (Marie-José) : Tout à
fait.
M.
Martel : Qu'est-ce
que vous faites pour vous assurer que les programmes que vous soutenez, ils
répondent à la réalité que les gens vivent là-bas?
Mme
Thomas (Marie-José) : En fait, le Fonds d'initiatives autochtones,
également le financement qui appartient aux Projets ponctuels autochtones, ce n'est pas nous. Le gouvernement du
Québec a mis à la disposition des autochtones, par communauté, un
certain montant d'argent au niveau du Fonds d'initiatives autochtones, et ce
n'est pas nous qui décidons comment ça va
être investi. C'est la communauté, par ses chefs et ses conseillers, qui nous
propose des projets, et c'est la
réalisation de ces projets-là qui est financée à même ce fonds qu'ils ont à
disponibilité au sein du Secrétariat aux affaires autochtones.
Ce fonds-là est en révision présentement parce
qu'il arrive à terme, c'est des tranches de cinq ans, là, ça fait plusieurs...
ça fait trois fois, je crois, que c'est renouvelé — c'est ça, trois
fois? — ...
Une voix : Oui.
Mme Thomas
(Marie-José) : ...et on est en train de le réviser parce qu'à la
fin de l'année fiscale 2016, en fait en 2017 plus précisément, on arrive à terme d'un cycle. Et il faut voir
avec eux et regarder comment les choses pourraient encore mieux répondre
à leurs besoins, si tant est que le gouvernement choisissait de reconduire une
semblable disponibilité budgétaire.
Et ce n'est
pas nous... En fait, tout ce qu'on a à faire, c'est un peu une analyse financière
comme vous le feriez... comme un banquier le ferait pour vos propres
projets, sur la base de la réalisation, la capacité budgétaire. Il y a des
partenariats auxquels ils doivent répondre pour le Fonds d'initiatives
autochtones, ce n'est pas à 100 % financé par le gouvernement du Québec.
Alors, c'est un peu l'accompagnement qu'on leur offre, mais ce n'est jamais
imposé, il n'y a jamais
de figure imposée du gouvernement qui dit : Avec cet argent-là,
tu vas faire telle affaire à personne. C'est ce qui donne exactement ce que vous pensez, la mosaïque des besoins.
Quelques-uns ont besoin d'un dépanneur, l'autre d'un aréna, l'autre
d'une amélioration dans telle structure, alors ce n'est jamais exactement la
même chose qu'on fait pour les uns et les autres.
Et je pourrais vous le fournir, mais, si ça vous
intéresse, dans le livre des crédits, vous auriez la ventilation de presque la
totalité, sinon la totalité des projets qu'on finance de cette manière.
Le Président (M. Picard) : M.
le député, je vous cède la parole pour les trois prochaines minutes.
M.
Martel : Ce que je comprends, c'est que l'initiative vient
des milieux. Vous, vous regardez la conformité en fonction des
programmes.
J'ai posé la question tout à l'heure aux intervenants
avant vous, puis le but, ce n'est vraiment pas de poser un jugement sur le gouvernement
actuel ou les précédents, on est dans une phase où on se questionne pour faire
les choses mieux qu'elles sont actuellement. Pour bien répondre à votre mandat, vous avez dit : Si on était plus
de personnes ou... Qu'est-ce qu'il vous manque comme outils pour
dire : On serait... Par rapport à la réalité qu'on connaît, là, notamment
au niveau des femmes autochtones, qu'est-ce qui vous
manquerait comme outils, concrètement, pour dire : On pourrait
donner un coup de barre de plus, là? Le ministre est là, ça va bien.
Mme Thomas
(Marie-José) : Bien, il ne
sera pas surpris de m'entendre. Il doit me sentir réfléchir puis il doit
se demander si je vais oser le dire.
Je vous dirais qu'en termes d'outils c'est toujours...
Comme disait la collègue avant moi, puis c'est vrai, là, Mme Ferembach avait
raison, tout est perfectible, hein?
Il reste un
fait, c'est que, dans le dossier autochtone présentement, il y a de
nouvelles réalités qui sont exprimées, il y a une maturité nouvelle qui
arrive à dénoncer certains problèmes, et, c'est sûr, ça ajoute au mandat. Avec
le petit nombre de gens que nous sommes, et
même en comptant sur les satellites que nous avons dans les ministères,
qui est une personne, en la personne du coordonnateur aux Affaires
autochtones, c'est sûr que de répondre à tous les besoins à la hauteur de ce qui est attendu n'est certainement pas une mission facile. Alors, si vous me disiez : Si j'avais la
chance d'avoir une baguette magique
et de vous donner ce que vous souhaitez, Mme Thomas, je vous dirais :
Évidemment, si je pouvais avoir quelques équipiers de
plus, ça allégerait la tâche de certains puis ça nous rendrait certainement
plus efficaces.
En termes de coffre à outils, par contre, faisant avec les équipes que nous avons actuellement, je pense que, dans le contexte, on ne s'en sort pas
mal.
M.
Martel : Peut-être
juste... Puis est-ce que vous avez la capacité de vous associer aux compétences
que vous souhaitez?
• (15 h 50) •
Mme Thomas
(Marie-José) : Oui. Ça, de
façon générale, je vous dirais que oui. Ça, c'est assez... En fait, de plus en plus on va aller chercher, en
termes de conseils et d'accompagnement, du côté même des autochtones, notamment
dans le dossier qui vous concerne ici. Les
affaires qui sont plus à connotation sociale, c'est sûr que ça prend le milieu
pour nous aider à évoluer. À date, je vous
dirais, dans le contexte où pendant des années c'était moins discuté, c'est
difficile pour moi de vous dire : Ah oui! j'aurais dû avoir telle personne
avec moi, mais, au moment où on se parle, pour moi, on commence à pénétrer ce
milieu-là, chez les autochtones. Et ce que je vous expliquais dans mes notes tout
à l'heure, on est en train de constituer des tables dans les milieux urbains où
on sait qu'il y a plus de fréquentation autochtone à l'extérieur des réserves,
et par les centres d'amitié autochtones on a d'autres tables qui vont essayer
d'assurer un meilleur service ou un meilleur
hyperlien, si je peux dire, ou lien réel entre les besoins autochtones, leurs
réalités culturelles particulières et ce que le gouvernement du Québec
offre comme services à tous les citoyens.
Alors, je vous dirais qu'en termes d'expertise, par ce genre de dynamique là, je pense
qu'on y arrive. Est-ce qu'on pourrait faire mieux? Je pense qu'on
pourrait mieux vous répondre dans un an, là, mais pour l'instant je pense que...
En
tout cas, en l'essayant comme ça, je
n'ai pas de doute, dans le rôle que j'occupe présentement au sein de
l'organisation, qu'on n'est pas en train de
faire correctement les choses. Mais plus on va écouter les autochtones, plus on
va entendre leurs besoins... Parce que
venir chercher un service du côté du gouvernement
du Québec, c'est toujours
une complication, parce qu'ils ne sont pas habitués à avoir... Vous, vous allez
chercher... je donne un exemple qui n'est plus vrai, là, mais vous allez
chercher votre permis de conduire; vous êtes habitué aux institutions, vous
êtes habitué comment ça se passe, puis faire
la ligne, puis attendre, puis arriver avec tels documents. Ce n'est pas vrai de
tout le monde, ce n'est pas vrai de... même tous les citoyens québécois ne sont pas également habiles à faire ces
démarches-là. Bien, les autochtones, en plus, ils ont des particularités
culturellement différentes, auxquelles on veut répondre le plus possible. Puis
là on travaille de mieux en mieux de cette
façon-là, puis c'est pour ça que je vous dis que, dans quelques
mois, je pourrai peut-être vous dire : Ah! telle chose manque à
notre culture gouvernementale.
Mais
c'est collégialement, avec mes collègues des ministères, qu'on va arriver à améliorer nos approches et
nos réponses au milieu autochtone. Et présentement, avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux, on a beaucoup de gens qui collaborent.
Le Président (M. Picard) : Merci, Mme Thomas. Je
vous remercie pour votre apport aux
travaux de la commission.
Je suspends quelques
instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15
h 51)
(Reprise à 15 h 57)
Le Président (M.
Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Direction des affaires
autochtones du ministère de la Santé et des Services sociaux. M. le sous-ministre
adjoint, je vous invite à vous présenter ainsi que les personnes qui vous
accompagnent. Vous disposez de 10 minutes, vont s'ensuivre des échanges
avec les parlementaires. M. Castonguay, la parole est à vous.
Direction des affaires autochtones du ministère
de la Santé et des Services sociaux
M. Castonguay (Luc) : Merci beaucoup, M. le
Président. Bonjour, Mmes et MM. les députés, chers membres de la commission. Mon nom est Luc Castonguay, je suis
sous-ministre adjoint à la planification, à l'évaluation et à la qualité
au ministère de la Santé et des Services sociaux. Je suis accompagné
aujourd'hui de M. Éric Fournier, qui est directeur général adjoint de l'évaluation et de la qualité et directeur par intérim
de la Direction des affaires autochtones, qui relève depuis tout
récemment de ma direction générale, et de Mme Natalie Rosebush, qui
est directrice générale adjointe des services aux aînés à la Direction générale
des services sociaux.
Alors,
d'entrée de jeu, je souhaite remercier la commission de donner l'opportunité au
ministère de la Santé et des Services
sociaux de s'exprimer dans le cadre de ce mandat d'initiative sur les
conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les agressions sexuelles et la violence conjugale. Le
ministère a transmis en toute fin de semaine dernière un mémoire étoffé, et je vais donc essayer de
parcourir rapidement le mémoire et de me concentrer, je dirais, sur
l'information essentielle.
D'entrée de jeu, nous
n'avons pas de portrait, je dirais, exhaustif de l'état de santé et de
bien-être et de ses déterminants pour les
communautés autochtones, conventionnées ou non conventionnées. Vous trouvez
cependant dans le mémoire un portrait...
assez d'études et de différentes sources qui nous donnent suffisamment
d'information et qui nous permettent néanmoins de conclure que les
Inuits et les membres des communautés des premières nations du Québec se caractérisent en général par un état de santé
et de bien-être qui est inférieur à celui de la population au Québec. Il
en va ainsi, donc, des principaux déterminants : revenus, éducation,
logement. Les études que nous compilons arrivent à ces conclusions.
Avant
d'aborder les principales initiatives pour améliorer l'état de santé et de
bien-être des femmes autochtones que le
ministère pilote, je pense qu'il faut rappeler qu'il existe un contexte
particulier qui entoure le financement des services de santé et des services sociaux aux membres des
Premières Nations et aux Inuits. En effet, cette responsabilité
interpelle différents paliers de
gouvernement selon les responsabilités juridictionnelles, la nature des
services offerts et les lieux de résidence de ces clientèles.
• (16 heures) •
Alors, les
communautés conventionnées, qui correspondent en fait, en matière de santé et
de services sociaux, aux Cris, aux Inuits et
aux Naskapis, ont acquis un statut particulier, comme on vous l'a sans doute
mentionné, conféré par la signature de la Convention de la Baie James et du
Nord québécois en 1975 et par la Convention du Nord-Est québécois en 1978. Alors, en vertu de ces conventions, ces trois
communautés dites conventionnées assurent le déploiement, la gestion des services de santé et des services
sociaux sur leurs territoires respectifs et reçoivent un financement
directement du ministère, donc du gouvernement du Québec, pour ce faire.
Les autres
communautés sont sous juridiction de la Loi constitutionnelle de 1867, qui
précise que les Indiens et les terres qui
leur sont consenties relèvent de l'autorité législative exclusive du
gouvernement fédéral. Donc, la prestation de services de santé et de services sociaux qui leur sont dispensés sur
ces terres, ils sont assumés par le gouvernement fédéral.
Malgré
cette distinction, je pense qu'il est important de rappeler que, peu importe
qu'on soit d'une communauté conventionnée
ou non conventionnée, comme pour l'ensemble de la population québécoise, peu
importe le statut ou le lieu de
résidence, les Inuits et les membres des premières nations du Québec
bénéficient des services et de la couverture de services de santé et de services sociaux offerts par le réseau
québécois. Ils sont donc couverts par la Loi sur l'assurance maladie du
Québec et par la Loi sur l'assurance-hospitalisation.
Donc, en
vertu des ententes gouvernementales signées avec les Cris et les Inuits, le
ministère accorde donc un budget de
fonctionnement qui inclut des services de santé non assurés, qui en fait couvre
des transports hospitaliers, des services
dentaires, des services en lien avec la vue et d'autres fournitures médicales.
Un budget est donné spécifiquement pour
le développement des services sur les territoires des communautés cries et
inuites, et un financement est également donné pour les projets de
construction d'infrastructure en santé et ainsi que la construction de
logements pour le personnel. Le ministère accorde aussi un budget de
fonctionnement au CLSC Naskapi pour couvrir les services qu'il dispense à sa
population, les montants sont indiqués dans le mémoire.
Pour ce qui
est des communautés non conventionnées, le ministère travaille en collaboration
avec son réseau, avec les partenaires fédéraux et aussi avec les
communautés pour l'amélioration de l'état de santé et de bien-être de ces
communautés.
Quelques mesures plus particulières que le
ministère pilote. Vous en retrouvez une liste directement liée à la violence
conjugale et aux agressions sexuelles et d'autres mesures aussi à vocation
sociale. Prenons, par exemple, les mesures qui visent les... En matière de
violence conjugale, 12 mesures sont portées par le ministère de la Santé
et des Services sociaux, et ces mesures, mises en oeuvre jusqu'à maintenant par
le ministère, s'adressent aux membres des communautés
et aux intervenants, qu'ils soient du réseau de la santé et des services
sociaux, des organismes communautaires ou
des milieux autochtones directement. Ces initiatives visent à favoriser la
réalisation par le milieu autochtone d'activités de sensibilisation auprès de la population autochtone, à favoriser le
développement des compétences des intervenantes et des intervenants du réseau de la santé et des
services sociaux qui travaillent auprès de ces communautés,
particulièrement pour leur permettre
d'identifier de façon précoce les signes de violence conjugale et de tenir des
stratégies adéquates. Nous soutenons financièrement également
l'organisme Femmes autochtones du Québec pour l'exercice des activités de la
coordonnatrice de la promotion de la non-violence et des maisons d'hébergement
autochtones, et nous encourageons l'intervention
adaptée à la culture autochtone en soutenant financièrement les initiatives
régionales et locales émanant des organismes et des communautés.
Je tiens à
dire, et ça vaut pour les autres mesures, évidemment, toutes les mesures qui
sont visées dans ces plans, qui visent la population du Québec, sont
également accessibles aux populations autochtones.
En matière d'agression sexuelle, le plan
gouvernemental prévoyait 13 mesures qui s'adressent directement aux Inuits
et aux membres des Premières Nations. Ces mesures nous permettent de soutenir
financièrement Femmes autochtones du Québec mais pour l'exercice des activités
de la coordonnatrice santé et services sociaux en matière d'agression sexuelle, cette fois-ci, de développer
des outils de traitement et de prise en charge pour l'intervention
auprès des victimes et des agresseurs sexuels des Premières Nations, de
dispenser des formations sur l'intervention en matière d'agression sexuelle aux professionnels du réseau de la santé et des
services sociaux pour qu'ils soient à même de tenir compte des besoins
des groupes vulnérables et des différentes clientèles.
Un petit mot sur le réseau de maisons d'hébergement
et de transition pour les femmes victimes de violence conjugale. Il existe au Québec
110 maisons d'hébergement qui peuvent accueillir des femmes de tous
horizons, y compris des femmes
autochtones, et cinq maisons d'hébergement situées dans les communautés autochtones et qui
sont, elles, financées par le gouvernement fédéral. Les maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants qui sont financées par le MSSS sont
réparties dans l'ensemble des régions du Québec, et certaines, compte
tenu
de leur situation géographique, reçoivent plus de femmes issues de
communautés autochtones que d'autres. Alors, on retrouve ces maisons à Québec, à Montréal, Roberval, La Tuque, Val-d'Or, Amos, Maniwaki,
Ville-Marie, Forestville, Baie-Comeau, Sept-Îles et Chibougamau. Le ministère soutient également
123 centres de femmes qui, tout comme les maisons d'hébergement
pour les femmes victimes de violence conjugale, ces centres de femmes viennent également
en aide aux femmes autochtones.
Tout
récemment, le ministère a rendu publique une politique
de lutte à l'itinérance qui était accompagnée d'un plan interministériel en itinérance 2015‑2020. Ce plan comporte, lui aussi, des
mesures spécifiques visant les communautés autochtones qui nous
permettent de mettre en place et de reconduire des mesures qui sont adaptées
aux réalités de la population autochtone, d'acquérir de meilleures
connaissances sur l'itinérance chez la population autochtone et de favoriser le
transfert de ces connaissances et d'assurer une meilleure concertation en
matière d'itinérance autochtone.
Un petit mot
sur un projet, qui est le projet Saqijuq, qui vise à diminuer la consommation
d'alcool et de drogues, la consommation abusive d'alcool et de drogues
au Nunavik. C'est un projet qui s'amorce, mais c'est un projet qui est un modèle, je dirais, de concertation fort
intéressant, qui est composé d'abord d'une table pilotée par la ministre
responsable de la Réadaptation, de la
Protection de la jeunesse et de la Santé publique et la présidente du comité
régional de partenariat du Nunavik, donc mettant en lien un ensemble de
ministères et d'intervenants, communautaires et régionaux, pour intervenir de
façon précoce sur les problèmes liés à l'abus de drogues et aux dépendances.
Le Président (M. Picard) : En
terminant, s'il vous plaît.
M.
Castonguay (Luc) : En
terminant, conclure pour vous dire qu'au cours des dernières années il y a donc
un ensemble de mesures et d'initiatives, de politiques, de plans d'action et
d'interventions qui ont été mis en place afin de
contrer la violence conjugale et les agressions sexuelles. Les mesures visent
l'ensemble de la population du Québec mais donc aussi avec des aspects très spécifiques
pour les communautés autochtones. Et il faut retenir, je crois, que ces initiatives ont été réalisées ou sont en cours de
réalisation en concertation avec les partenaires fédéraux mais aussi
avec les partenaires communautaires, mais surtout avec la complicité des
communautés autochtones elles-mêmes.
Le Président (M. Picard) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
• (16 h 10) •
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Merci, M. Castonguay, M. Fournier et Mme Rosebush,
pour votre présentation. Ça nous aide dans nos réflexions
Vous savez
que nous avons la tâche de voir comment on peut bonifier les actions, les
réflexions d'autres instances et comment on peut ajouter une valeur et
une contribution aux grands défis devant nous, c'est-à-dire particulièrement
les problèmes d'agression sexuelle et violence conjugale au sein des
communautés autochtones.
Vous avez
parlé du rôle du ministère en ce qui a trait à tout un réseau de maisons
d'hébergement et de centres de femmes
et vous avez dit qu'ils sont à la disposition de tout le monde, peu importent
leurs origines, et tout ça. Vous allez convenir
avec nous qu'on est en train d'identifier plusieurs difficultés qui sont
particulières et uniques aux communautés autochtones.
Y a-t-il des gestes qui sont entrepris et qui
sont la responsabilité de votre ministère pour assurer une approche taillée aux besoins de ces communautés-là? À titre
d'exemple, y a-t-il des programmes de sensibilisation, des visites ou
des échanges avec les leaders des
communautés autochtones pour assurer que, là où il y a une clientèle importante,
il y a une adaptation aux besoins
particuliers de ces communautés-là dans les programmes dont vous êtes
responsables ou conjointement responsables?
M. Castonguay (Luc) : Je vais
demander à Mme Rosebush, qui est responsable, là, des programmes sociaux au ministère, un peu de faire le... Et j'en ai parlé, il y a
des mesures, évidemment, de formation pour notre personnel sur des aspects spécifiques de ces éléments-là. Je
dirais, c'est un aspect sur lequel on souhaite mettre beaucoup
d'accent, être capable de faire en
sorte que les intervenants du réseau
de la santé et des services sociaux sont à même de bien accueillir les populations autochtones
lorsqu'elles se présentent. Je dirais, on a un intérêt particulier aussi à
assurer les mesures qui nous permettent d'amener l'expertise sur les communautés
elles-mêmes et d'outiller les communautés pour une intervention qui est
adaptée.
Alors, peut-être que Mme Rosebush peut
compléter.
Mme
Rosebush (Natalie) : Effectivement, c'est sûr que d'entrée de
jeu on travaille avec les représentants des différentes organisations des communautés autochtones. Ça, je pense, c'est important
de le mentionner. C'est sûr qu'on a une collaboration étroite, depuis quelques
années, avec Femmes autochtones du Québec. D'ailleurs, on travaille avec elles, il y a eu, je dirais... il y a
un programme de formation qui a été développé et qui a permis, dans le fond, de
former différentes maisons d'hébergement. On
travaille également avec la Commission de santé et services sociaux des
premières nations du Québec et du Labrador,
donc, qui ont une expertise dans les différents secteurs de santé et services
sociaux, mais qu'eux aussi travaillent avec
l'ensemble des communautés. Donc, on a différentes collaborations avec ces
organisations-là et, bien entendu, avec le Regroupement des centres d'amitié
autochtones du Québec aussi.
Donc, on
essaie également, dans ça, d'avoir un rapprochement continu, hein, je dirais
que c'est de l'amélioration continue
et du rapprochement continu entre les établissements du réseau de la santé et
des services sociaux qui desservent, mettons, un territoire donné, et,
lorsqu'il y a des communautés ou des populations autochtones en milieu urbain,
sur leur territoire, bien on veut qu'ils
travaillent en étroite collaboration, donc établir des protocoles d'entente,
comme il y a eu des projets qui ont
été faits qui... Veux veux pas, ça a une incidence aussi sur la question de la
violence, mais, quand on parle, par
exemple, des problématiques de dépendance et de santé mentale, il y a eu des
projets pilotes pour établir des protocoles
d'entente. Et ça fait en sorte que, si on travaille de façon globale,
nécessairement on arrive aussi avec des résultats.
Peut-être mentionner aussi que, si vous
souhaitez approfondir, les collègues sont avec moi, mes collègues gestionnaires. Donc, on a Mario Fréchette, de la
Direction des services sociaux généraux et des activités communautaires,
qui est ici, qui s'occupe également du volet violence conjugale et agression
sexuelle. On a madame... aussi Lynne Duguay,
qui est la directrice des dépendances et de l'itinérance ici, au ministère de
la Santé et des Services sociaux, qui est avec nous, et qui travaille
étroitement en lien avec les problématiques de dépendance et d'itinérance,
hein, c'est tout intimement lié. Et nous avons également Mme Pascale
Lemay, qui est la directrice des jeunes et des familles, qui est aussi responsable des ressources
intermédiaires et ressources de type familial. Donc, si vous souhaitez
approfondir et si c'est permis par M. le président, mes collègues peuvent aussi
apporter des éclairages plus spécifiques, là.
M.
Birnbaum : Bien, M. le Président, il me semble que ce serait
intéressant, surtout en ce qui a trait aux problèmes de violence conjugale, parce qu'on parle d'un plan
d'action qui est en place jusqu'à 2017. Donc, je comprends que les évaluations, et tout ça, vont prendre leur cours,
leur temps, mais j'imagine qu'on est en mesure, de votre perspective
comme membres du ministère, de nous donner
quelques pistes de réflexion sur la qualité et le succès des mesures qui
auraient été identifiées dans ce plan-là.
Alors, si le président est à l'aise, je trouverais ça intéressant d'avoir des élaborations,
surtout en ce qui a trait à la violence conjugale.
Mme
Rosebush (Natalie) : ...plus d'information spécifique sur les
différentes mesures qui sont prévues au plan d'action gouvernemental par rapport à la violence conjugale. Donc, ce
serait M. Mario Fréchette qui pourrait effectivement... si vous le
souhaitez. Sinon, on peut passer au travers des mesures ensemble...
Le Président (M. Picard) :
Si M. Fréchette veut se présenter à la table, il n'y a pas de problème.
M. Fréchette, je vais vous demander de vous identifier avec votre titre.
M.
Fréchette (Mario) : Mario Fréchette, directeur des services sociaux
généraux et des activités communautaires au ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Le Président (M.
Picard) : Allez-y.
M.
Fréchette (Mario) : Bon,
alors, effectivement, mes collègues l'ont bien identifié, par rapport au plan d'action gouvernemental
2012‑2017 en matière de violence conjugale, il faut rappeler que, dans le cadre
de ce plan d'action là, il y a un volet spécifique pour les communautés
autochtones qui a été déployé. C'était à la demande même des communautés
autochtones, qui ont été, je dirais, consultées de façon importante dans le
cadre de l'élaboration de ce plan-là.
Chacune des mesures, somme toute, pour lesquelles le ministère de la Santé et
des Services sociaux est, je dirais, soit
porteur de la mesure ou collaborateur, de toute façon, ont été élaborées sur la
base des recommandations qui ont été émises
par les communautés autochtones elles-mêmes, et ça, je pense que c'est une
condition de base incontournable qu'on s'efforce effectivement de...
Quand on parle de recette gagnante, c'est la base, comme tel, qu'il faut
effectivement... sur laquelle il faut s'appuyer.
Vous
avez parlé, avec raison, de l'importance, je dirais, de l'adaptation des
services, notamment au regard des services qui sont rendus aux femmes et
aux enfants victimes de violence conjugale. Dans un réseau qui est très bien structuré, au Québec, de 110 maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, dans ce contexte-là,
en ce moment, le ministère de la Santé et
des Services sociaux, on est à déployer une formation en violence conjugale
pour l'ensemble des intervenants du réseau, c'est une formation Web dont la...
je dirais, qui va être accessible à partir, on l'espère, du printemps prochain.
Et entre autres
aussi, et c'est identifié dans le mémoire, avec Femmes autochtones du Québec,
ma collègue Natalie le nommait tantôt, on a déployé une formation, avec Femmes
autochtones, qui s'appelle Sortir de l'ombre et marcher vers la lumière,
une formation, donc, qui a été déployée par les communautés autochtones
elles-mêmes et qui ciblait dans un
premier temps les maisons d'hébergement autochtones, qui arrivaient, dans ces
maisons-là, à être confrontées par
des femmes qui avaient subi des agressions sexuelles, et nous avait été porté à
notre attention que les besoins des
intervenantes en maison d'hébergement, en violence conjugale, étaient
importants au regard de cette dynamique-là, de cette problématique-là d'agression sexuelle, donc la formation a été
déployée afin de répondre à ce besoin-là. Et cette semaine, d'ailleurs,
on a d'autres rencontres de prévues avec Femmes autochtones du Québec au
regard, je dirais, de l'élargissement de la diffusion
de cette formation-là, qui a été très porteuse parce qu'elle met en lumière,
entre autres, les origines de la
problématique des agressions sexuelles au regard de l'histoire des communautés
autochtones, et tout ça. Donc, de
concert avec Femmes autochtones du Québec et le Regroupement des centres
d'amitié autochtones, on veut étendre cette formation-là dans les
organismes communautaires qui peuvent être concernés, notamment dans les
communautés où il y a le plus de communautés
autochtones présentes, et aussi auprès des intervenants du réseau de la santé
et des intervenants des centres d'amitié autochtones également.
Donc, en gros... Je
suis allé un petit peu plus loin que vous l'aviez demandé. Ça va?
Le Président (M.
Picard) : Est-ce que, le document que vous avez, on pourrait en
avoir une copie?
M. Fréchette
(Mario) : Pardon?
Le Président (M.
Picard) : Le document que vous utilisez, est-ce qu'on pourrait
en avoir...
M. Fréchette
(Mario) : Ah! bien c'est un extrait du mémoire.
Le Président (M.
Picard) : Ah! O.K. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, la
parole est à vous.
Mme Poirier :
Vous nous citez un guide et une formation. J'ai fait le tour de tout ce qui
existe, Femmes autochtones ne l'a pas sur
son site, CSSSPNQL ne l'a pas sur son site. Est-ce que c'est possible d'en
avoir une copie?
M. Fréchette
(Mario) : Oui. Ça s'appelle Sortir de l'ombre et marcher vers la
lumière.
Le
Président (M. Picard) : Oui. Vous allez en faire parvenir une
copie au secrétariat de la commission, qui va par la suite le distribuer
aux membres. Merci, M. Fréchette. M. le député de Portneuf.
M.
Matte : Merci, M. le Président. Bien, je voudrais également en
profiter pour souhaiter une bonne année à tous mes collègues, là, et
aussi les gens qui sont ici.
M. Castonguay,
lors de votre présentation, vous avez fait la mention qu'il y a
110 maisons pour les femmes autochtones,
j'imagine que c'est financé par le gouvernement provincial. Et à ça s'ajoutent
cinq maisons financées par le gouvernement
fédéral dans le milieu autochtone, et vous avez ajouté aussi qu'il y a
123 centres de femmes autochtones victimes de violence. C'est quoi,
la différence entre une maison et un centre?
M. Castonguay (Luc) : Je vais
demander à Mme Rosebush de vous donner les spécificités...
Le Président (M.
Picard) : Allez-y, Mme Rosebush.
Mme
Rosebush (Natalie) : Alors,
les maisons d'hébergement, en fait, offrent différents services d'accompagnement
auprès des femmes mais offrent de l'hébergement aussi, puis les centres de
femmes, c'est plus des centres de jour, donc il n'y a pas d'hébergement.
M. Matte : O.K. Vous me permettez?
Le Président (M. Picard) :
Allez-y.
M.
Matte : Est-ce qu'ils sont
situés dans les milieux autochtones ou on les retrouve un peu à la grandeur du
Québec?
Mme Rosebush (Natalie) : Les centres
de femmes?
M. Matte : Oui.
• (16 h 20) •
Mme
Rosebush (Natalie) : Les
centres de femmes sont vraiment répartis à la grandeur du territoire québécois.
M. Matte : Est-ce qu'ils sont
réservés spécifiquement pour les femmes autochtones, les centres?
Mme
Rosebush (Natalie) : Il n'y a
pas de centre de femmes réservé spécifiquement pour les femmes
autochtones, mais il y a des centres de femmes qui accueillent des femmes
autochtones.
M.
Matte : O.K. Je
regardais dans le document que vous avez présenté ici, là, je regarde, il y a
le tableau 1 que vous nous
incitez à regarder, dans lequel on dit que, le plan gouvernemental pour 2012‑2017 en matière
de violence conjugale, vous avez
investi, là, en 2013 et en 2014‑2015, des montants de 83 000 $ et
87 000 $, qui ont été réservés particulièrement, là, pour l'engagement
de coordonnateurs. C'est-u bien ça?
Ma question : Est-ce que ces montants
d'argent là, là, le 83 000 $ que je retrouve... Le ministère des
Services sociaux a octroyé plus de
83 000 $ en 2013‑2014 et 87 000 $ en 2014‑2015 pour la mise
en oeuvre de mesures spécifiques pour les Inuits. Pouvez-vous nous dire,
nous résumer c'est quoi, les mesures spécifiques que vous avez instaurées?
Mme
Rosebush (Natalie) : Il est certain que là-dedans il y a le
financement qui est donné à Femmes autochtones du Québec pour le soutien au niveau de la coordonnatrice de la promotion
de la non-violence et des maisons d'hébergement autochtones. Donc, ça,
c'est un 50 000 $ qui... on finance ça depuis 2004 à la hauteur de
50 000 $ pour soutenir les activités en lien avec la promotion de la
non-violence puis des maisons d'hébergement. Et à ça s'ajoutent les autres éléments, puis je pense que vous pouvez, au
tableau 1, là, voir les différents coûts. Donc, on voit que, par exemple,
pour la mesure 1, le ministère a
attribué un financement pour les activités du 40e anniversaire de Femmes
autochtones, donc ça a été, en 2013‑2014,
un montant de 25 000 $ non récurrent, qui vient s'additionner au
50 000 $. Et, bon, il y a les autres mesures qui sont
indiquées, avec un financement selon l'année financière, qui viennent
s'ajouter, là, au 50 000 $, en tant que tel.
Est-ce que vous souhaitez peut-être que
M. Fréchette donne des précisions pour chacun de ces montants-là? Ça va
pour vous?
M. Matte : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée de Chauveau.
Mme
Tremblay : Bonjour à vous
quatre. Ma question s'adresse à M. Fréchette. Tout à l'heure, vous avez
parlé de Sortir de l'ombre et marcher
vers la lumière pour contrer les
agressions sexuelles. Vous avez dit, bon, bien ça mettait en valeur les
origines notamment puis vous avez dit que c'était un projet porteur et que vous
pensiez l'étendre.
Si j'ai bien compris, c'était un projet pilote.
C'est ça?
M. Fréchette (Mario) : Bien, c'était
un financement qui avait été octroyé, au départ, pour produire la formation,
et, dans un premier temps, comme je l'ai spécifié tantôt, la formation a été
produite pour essentiellement l'intervention,
au départ, en maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale,
maison d'hébergement autochtone.
Mme Tremblay : O.K. Donc, c'était
dans l'ensemble des 110 maisons d'hébergement, c'est ça?
M.
Fréchette (Mario) : Non, seulement les maisons d'hébergement pour
femmes autochtones, seulement les sept.
Mme Tremblay : Les sept, O.K., qui
visent les femmes autochtones sur les 110 maisons d'hébergement.
M. Fréchette (Mario) : Oui, tout à
fait.
Mme
Tremblay : Quand vous dites
que c'était un projet porteur, sur quoi vous vous basez pour dire que ça a
porté fruit dans... Est-ce que c'est sur le nombre de femmes, finalement, qui
ont décidé de porter plainte ou...
M.
Fréchette (Mario) : Non, c'est sur, somme toute, ce qu'on nous a
témoigné comme... Je dirais, la plus-value de cette formation-là, c'est qu'elle a été déployée, un, par les
communautés autochtones elles-mêmes et, deux, elle aborde toutes les
dimensions plus historiques liées, entre autres, à la violence dans les
communautés autochtones. Donc, on aborde
notamment les questions liées à la discrimination, liées aux conditions somme
toute socioéconomiques, qui ont été largement documentées et qui
représentent des facteurs importants associés aux problèmes notamment
d'agression ou de violence dans les
communautés autochtones. Et c'est à cet égard-là que, je dirais, quand on veut
favoriser, je dirais, un meilleur accueil dans nos ressources auprès des
femmes autochtones qui sont confrontées à ces problématiques-là, il est
important, comme intervenant ou intervenante, d'avoir et de posséder ce savoir,
je dirais, historique qui met en lumière,
là, à ce moment-là, je dirais, une réalité spécifique au regard de ces
femmes-là, et c'est dans ce sens-là que cette formation-là a été perçue comme étant, je dirais,
structurante, pour nous, et qu'on veut effectivement l'utiliser à plus large
échelle.
Mme Tremblay : On sentait que ça
rendait l'approche plus facile avec les femmes autochtones.
M.
Fréchette (Mario) : Bien, il a été question tantôt ici d'adaptation,
je dirais, à la réalité autochtone, et cette formation-là a été perçue
comme étant facilitante en regard de ce grand objectif d'adaptation.
Mme Tremblay : Merci beaucoup.
Le Président (M. Picard) : Ça
va? M. le député de Portneuf.
M.
Matte : Toujours
dans votre document, vous faites mention que, Saturviit, vous avez
octroyé, là, 150 000 $, O.K.,
je suis à la page 19. J'aimerais ça, là... Vous avez accordé un soutien
financier à Saturviit dans le Programme de soutien aux organismes
communautaires régional pour l'année 2014‑2015, 150 000 $. Et il
servait à quoi? Parce que je ne vois pas la
description, là, qu'est-ce que l'organisation en a fait, du
150 000 $. Je pose la question à M. Castonguay.
M.
Castonguay (Luc) : Je vais
prendre quelques informations parce que je suis responsable du dossier
autochtone depuis quelques mois seulement, alors, vous comprenez, quand vous
allez dans les projets un peu plus spécifiques, j'ai besoin d'aide.
D'abord, je
peux vous dire que ce projet, il provient de l'enveloppe régionale, donc de
l'enveloppe de l'instance régionale inuite, qui nous présente à chaque
année, là, ses projets. Alors, c'est un projet qui est toujours financé, et il comprend, je comprends, les frais administratifs
et les frais salariaux liés à l'opération de l'association des femmes
inuites. Et évidemment les frais sont extrêmement élevés dans le Nord et dans
le Nunavik, là.
M.
Matte : Je m'excuse, mais j'aurais besoin d'un peu plus
d'éclaircissements, là. Quand vous me dites que les frais sont élevés, quels sont les frais? Puis
est-ce qu'on demande aussi une ventilation, là, des montants d'argent, il
sert à quoi exactement, le 150 000 $? J'imagine qu'il doit y avoir
soit une question salariale mais aussi un plan d'action qui dit : Avec ça,
nous allons réaliser tel projet.
Des voix : ...
Le
Président (M. Picard) :
M. Castonguay, si vous préférez, on peut demander à la dame de... C'est comme vous voulez, là, c'est...
M. Castonguay (Luc) : Ah! bien
peut-être, oui. Johanne Rhainds.
Le Président (M. Picard) :
Donc, veuillez vous présenter avec votre titre et...
Mme
Rhainds (Johanne) : Oui,
bonjour. Je suis Johanne Rhainds. Je travaille comme conseillère experte à
la Direction des affaires autochtones et je suis responsable du dossier du
Nunavik.
Alors, pour
répondre à votre question, c'est que chaque année, dans le cadre de la
Convention sur la prestation et le financement des services en santé et services
sociaux du Nunavik, qui se termine le 31 mars 2016 mais qui sera prolongée, la régie régionale de santé et services sociaux présente au ministère de la
Santé un plan d'action dans lequel on retrouve plusieurs mesures
structurantes soit pour déployer des services, consolider des services qui sont
déjà en place ou pour faire face à des
situations de crise, là, qui arrivent, je vais vous donner un exemple, par
exemple... comme l'éclosion de tuberculose. Alors, le ministère approuve
chaque année ce plan d'action là.
En 2014‑2015,
une des mesures qui a été présentée dans le plan d'action de la régie, c'est
évidemment le projet dont monsieur fait mention, qui était Saturviit.
Dans ce plan d'action là, la régie nous demande un montant global, et on fait une reddition de comptes l'année suivante,
c'est-à-dire que, là, pour l'année 2014‑2015, on est à voir avec la
régie la reddition de comptes afin que ce montant-là... puis là c'est un peu
compliqué, mais ce montant-là devient, dans les budgets de la régie régionale,
un budget récurrent de fonctionnement par la suite.
Donc, dans le projet,
comme n'importe quel organisme qui reçoit du Programme de soutien aux
organismes communautaires, puis Mario va faire oui ou non, mais ce montant-là,
c'est un montant total pour assurer la gestion, pour assurer les frais d'une
bâtisse, d'électricité, donc tout ce qui est administratif, de même que
certains services qui seraient donnés, par exemple, aux femmes, aux femmes
inuites dans cette région-là.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce que ça va pour tout le
monde? Je cède maintenant la parole à Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier : Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, je vais vous dire que, M. Castonguay, votre
première affirmation que vous avez faite à l'effet
qu'on n'a pas de portrait de santé exhaustif me surprend beaucoup,
mais, quand je vois... À la
page 6 de votre document — et là
Mme Thomas va écouter, derrière, parce
que ça va l'intéresser — vous, à
la page 6, vous nous dites qu'il y a
67,7 % résidant dans les communautés et 32 %
hors communauté. Troisième donnée dans la même après-midi. Alors, il va peut-être falloir, à un moment donné, qu'on ait les bonnes données à savoir combien sont en communauté, combien ne le sont pas, parce que
vos données ne correspondent pas à ceux de vos collègues du Secrétariat
aux affaires autochtones, ni à ceux des centres d'amitié, et ni avec l'INRS.
Alors là, j'aimerais comprendre.
Mais je vous
reviens sur cette remarque que vous avez faite, vous n'avez pas de portrait
exhaustif en matière de santé
des communautés autochtones. Je veux bien croire pour ceux qui sont en réserve,
donc sous la gouverne du gouvernement
fédéral, ça, je peux le comprendre,
je pourrais peut-être le comprendre, mais il y en a
quand même un grand pourcentage qui sont dans la population urbaine, alors
ceux-là doivent être inclus dans les données statistiques que l'on
a. Alors, ça, c'est mon premier volet, puis
je vais vous poser en rafale quelques questions parce
qu'on n'a pas beaucoup
de temps.
Deuxième
sujet : dans le Plan d'action gouvernemental 2012‑2017
en matière de violence conjugale — et je dois vous remercier pour le tableau que vous nous avez fourni, c'est beaucoup
plus que ce qu'on nous a fourni par le Secrétariat à la condition
féminine — vous
nous parlez de la trousse, l'action 5, là, vous nous parlez de la trousse
d'information qui a été produite par l'INSPQ. Cette trousse-là, qui a été
renouvelée en 2011‑2015, qui est la mesure 14, là, du volet général, donc un 80 000 $, j'ai été voir
qui a produit cette trousse. Depuis le début de nos travaux, on dit : On
doit travailler en collaboration, bon...
Les auteurs et collaborateurs : zéro autochtone, zéro. Vous faites des
remerciements à deux femmes autochtones
sur 30. Personne du Secrétariat des affaires autochtones n'a collaboré à ça, et
une collaboration condition féminine, Secrétariat à la condition
féminine. Vous ne trouvez pas ça étrange qu'on mette autant d'argent dans une trousse destinée aux communautés autochtones, une
trousse d'information sur la violence conjugale, et aucune... il n'y a pas de collaboration directe dans
l'élaboration de cette trousse-là pour eux-mêmes? Moi, là, je suis un peu
renversée, là.
Puis je vous
poserais la question, troisième
volet, la question que mon collègue a posée tout à l'heure : Dans les membres de votre
équipe qui sont aux affaires autochtones, combien d'autochtones il y a
dans votre équipe? Sur combien? C'est quoi, le ratio? En voilà trois en
rafale.
Le Président (M. Picard) :
M. Castonguay.
M.
Castonguay (Luc) : D'abord,
premier volet de la question, les données statistiques, oui, on a des
données de fréquentation de l'ensemble
de la population, mais il
n'y a rien dans nos bases de données
qui nous permet de discriminer les populations autochtones par rapport à
d'autres types de population au-delà de savoir que ce sont des hommes, des femmes ou des éléments de cette nature-là. L'âge
est spécifié, mais la provenance ou, je dirais, l'affiliation autochtone
n'est pas identifiée, là, ne vient pas avec
la carte d'assurance maladie, je vous dirais, et la fréquentation, là, du
réseau. Alors, c'est une donnée de discrimination qu'on n'est pas
capable de faire.
Ceci dit, il y a quand même des enquêtes assez
exhaustives, notamment pour la régie du Nunavik, là, qui sont menées. Il y en a une qui a été menée au début des
années 2010, et cette enquête-là est à rééditer, là, nous sommes à la
faire, et celle-là, elle est vraiment assez
exhaustive et faite par des chercheurs en lien, généralement, avec l'Université
Laval et l'INSPQ.
Mais, le
premier volet, comme je vous dis, malheureusement, on aimerait beaucoup avoir
ce genre d'information, effectivement, mais nous ne l'avons pas.
Pour ce qui concerne...
M. Fournier (Éric) : Est-ce que je
peux rajouter quelque chose...
M. Castonguay (Luc) : Oui.
M.
Fournier (Éric) : Oui. Dans le fond, c'est moi qui ai tenu à mettre,
dans le fond, dans le mémoire cette note-là, puis la raison est un peu ce que vous venez dire. C'est que, lorsqu'on a préparé, nous, le mémoire — puis
moi, je suis un peu comme Luc, je
suis un petit peu nouveau dans le dossier — une
chose qui m'a surpris, justement, c'est qu'on n'avait pas cet ensemble de
données là, il fallait aller les chercher un peu partout dans les rapports,
dans les études qui ont été faites par nos partenaires, puis c'était difficile
de tout regrouper ça ensemble puis de permettre de les comparer, que ce soit
entre les différentes communautés ou par rapport à la population du Québec, ce
n'était pas toujours évident, puis il n'y avait pas toujours non plus des
données historiques.
Puis, comme
vous l'avez dit tantôt, des fois on a trois sources de données qu'on a des
données qui sont différentes. Je suis
économiste de formation, ça fait que moi, quand je vois ça, j'ai tendance à
dire qu'on n'est pas sur des données nécessairement toujours solides.
Puis Luc l'a bien fait
mention aussi, on a des données, effectivement, administratives qu'on a au
niveau du système de santé, où est-ce qu'on
peut avoir des données sur le niveau des hospitalisations, des choses comme ça,
mais, encore une fois, dans le cas des
autochtones... C'est sûr que, si on prend les autochtones du Nunavut, ceux
également, je dirais, naskapis, c'est plus
facile, parce qu'une bonne partie de la population de ces territoires-là, c'est
des autochtones ou des Inuits, mais, dans le reste de la population, ils
sont perdus, ça fait que c'est difficile de les identifier.
Puis je
dirais même que, même dans les communautés conventionnées où est-ce qu'on peut
avoir des données, la comparaison par rapport au reste du Québec n'est
pas toujours évidente, parce que les services ne sont pas non plus exactement les mêmes, hein? Ils n'ont pas
nécessairement des services de deuxième ou de troisième ligne, là, dans
ces communautés-là, ça fait que souvent ils
vont venir consommer soit à Montréal ou dans les autres régions. Ça fait que
ça rend les comparaisons un peu plus difficiles, puis c'est pour ça qu'on a
tenu à mettre ça dans le mémoire.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. Fournier.
M.
Castonguay (Luc) : Alors,
peut-être sur le troisième volet de votre question, et je passerai la parole,
là, pour la trousse, là, à mes collègues, la Direction des affaires
autochtones compte une dizaine de personnes...
M. Fournier (Éric) : Cinq.
M. Castonguay (Luc) : Cinq
personnes? Bon, voyez-vous, ils abolissent...
M. Fournier (Éric) : J'aimerais ça.
M.
Castonguay (Luc) : ...ils
accomplissent tellement de travail que j'ai l'impression qu'ils sont le double
de ce qu'ils sont en réalité. Donc,
cinq personnes mais aucun représentant de communauté autochtone à l'intérieur
de l'équipe; des gens qui... dont,
pour certains, ont travaillé directement dans le milieu pendant quelques
années, mais ce ne se sont pas des gens originaires... ce ne sont pas
des gens de la nation autochtone.
Et je cède la parole peut-être à Mario pour les
détails, là, concernant la trousse.
M.
Fréchette (Mario) : Oui. Bien, je dirais, votre préoccupation est tout
à fait, je dirais, indiquée et pertinente. Je veux seulement rappeler que la trousse, dont le mandat a été confié à
l'Institut national de santé publique et qui est en ligne justement en
ce moment, c'est une trousse dont la finalité est de s'adresser aux médias,
dans un premier temps, donc, pour fournir de l'information mais sur, je dirais,
l'ensemble de la problématique de la violence conjugale, pas essentiellement sur la problématique autochtone en
violence conjugale, à l'intérieur de la trousse média il y a une
section, somme toute, qui concerne la problématique de la violence conjugale
chez les femmes autochtones. Mais nous allons vérifier à savoir si
effectivement, je dirais, les consultations appropriées ont été réalisées
auprès des experts ou des expertes en
violence conjugale chez les autochtones pour s'assurer effectivement que le
contenu reflète, je dirais, le mieux possible la réalité, la réalité
autochtone.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède la parole maintenant à M. le député de Beauharnois.
M. Leclair : Merci, M. le
Président. Alors, merci, messieurs mesdames.
Il y a des
données qui nous ont été données par la Commission de la santé et des services
sociaux des premières nations du Québec et du Labrador, puis ces
statistiques-là datent depuis 2019‑2020. Alors, ma question est à savoir s'il y a des nouvelles données face à ça. Sinon,
est-ce que c'est toujours véridique quand on dit que... lorsqu'on
compare les dépenses gouvernementales par
personne en santé, on dit que la moyenne des gens des Premières Nations,
8 754 $, et pour tout autre citoyen, 18 724 $?
Est-ce que ces données-là sont toujours réelles en 2016? On parle souvent que
l'argent, c'est le nerf de la guerre, mais
là, si, pour un autochtone, on attribue plus ou moins... on va arrondir à
9 000 $, et l'autre, c'est 18 700 $, puis on dit
qu'on a beaucoup de problèmes, que ce soit en santé mentale ou dans les
services sociaux, on peut comprendre, si ces
chiffres-là sont toujours véridiques. Puis ça a-tu été réajusté? Ceci est ma
première question.
Le Président (M. Picard) :
M. Fournier.
M. Fournier
(Éric) : M. le Président,
est-ce qu'il serait possible d'avoir le tableau en question? Parce que je n'ai
pas...
M. Leclair : Oui, oui. Bien,
je vous le laisse.
Le Président (M. Picard) :
Service personnalisé du député de Beauharnois.
M. Leclair : Ah oui! Bien,
écoutez, je suis tellement serviable, en 2016, là, vous ne me reconnaîtrez pas.
Le Président (M. Picard) : Tout
nouveau.
M. Leclair : Tout nouveau,
tout nouveau.
Une
voix : C'est une résolution.
M. Leclair :
Oui, oui. Puis ça, d'habitude, ça dure un mois, M. le Président, ça fait que
dépêchez-vous.
Le
Président (M. Picard) :
Est-ce que vous avez d'autres questions, M. le député de Beauharnois, le temps qu'on fasse la recherche?
Une voix :
...
Le Président (M.
Picard) : Oui, allez-y.
• (16 h 40) •
M. Castonguay
(Luc) : Peut-être qu'on pourrait regarder un peu plus attentivement
ces données-là puis vous retournez un commentaire.
M.
Leclair : Si vous
voulez. Puis de toute façon, dans votre mémoire aussi, si je reviens
juste à la page 27, avant votre conclusion, vous dites, dans votre mémoire,
qu'encore là les sommes transférées... Alors, je suis content que le ministre
soit là, parce qu'il pourra en parler à notre premier ministre. Lorsqu'on parle de péréquation, peut-être
que c'est là que ça se rebalance, là,
mais on saura me le dire. On dit que le Québec investissait, en 2004... à
chaque dollar le Québec investissait
environ 20 %. Aujourd'hui, dans
votre mémoire, là, vous nous dites qu'on investit 60 % de plus pour le
même dollar. Alors, pour ces frais-là, là,
si vous me suivez, c'est à la page 27, là, dans votre dernier paragraphe,
juste avant la conclusion, vous nous expliquez qu'on paie quasiment
40 % de frais de plus, alors que, lorsque je regarde le tableau
pancanadien qu'on nous donne, des investissements... Alors, j'aimerais savoir,
cette réalité-là, là, est-ce qu'on la comprend ou non.
M.
Fournier (Éric) : Bien, premièrement, je dirais, je pense que, votre
première question, il faudrait la poser au gouvernement fédéral, parce
que, si je comprends...
M. Leclair :
Non, mais là c'est à vous que je la pose pour voir si...
M. Fournier
(Éric) : Oui, bien, écoutez, c'est les dépenses du gouvernement
fédéral pour les membres des Premières
Nations, ça fait que, je pense, c'est à eux à expliquer leurs données. On n'a
pas ces données-là, au ministère de la Santé
et des Services sociaux, pour les communautés non conventionnées, ça fait que,
je pense, c'est au gouvernement fédéral qu'il faut poser cette
question-là.
Puis
ce que je comprends, ce que ça montre, c'est que les investissements... ou
plutôt les dépenses seraient plus élevées
au Québec, pour l'ensemble de la population du Québec, si je comprends bien,
là, par rapport aux dépenses qui est fait par le gouvernement fédéral,
mais moi, je ne peux pas dire si c'est vrai ou pas vrai, là, par rapport à ça.
M.
Leclair : ...sur ce tableau-là, mais l'autre question, ça vient
de votre propre mémoire, pour le 1,19 $ versus 1,60 $, là, par
dollar investi.
M. Castonguay (Luc) : En fait, on a repris des informations qui venaient d'une analyse du SAA
en 2003‑2004 et qui présentait ces
données-là, là. On ne les a pas travaillées nous-mêmes, là, on les a
positionnées tout simplement pour...
M.
Fournier (Éric) : Puis je crois aussi, aujourd'hui, aujourd'hui ou en
tout cas dans les autres rencontres, je pense, que vous avez eues avec les gens qui sont passés ici, à la commission,
je pense que c'est une chose qui est sortie, au niveau des gens qui ont
présenté, qu'au cours des dernières années, effectivement, il y a eu, au niveau
fédéral, peut-être une croissance des
dépenses qui est peut-être moins importante que ce qui a été fait au Québec, ce
qui pourrait expliquer les résultats, là, évidemment.
M.
Leclair : O.K., alors... Mais, sans vous tenir rigueur face au
tableau que je vous démontre, par expertise, par expérience, les subventions versées au Québec dans le domaine de la
santé, face aux communautés
autochtones, est-ce que ces
subventions-là ont baissé d'exercice en exercice? De mémoire,
là, sans... Je ne vous demanderai pas le montant, là, mais...
M. Castonguay (Luc) : Bien, écoutez, si on regarde la réalité des groupes
conventionnés, les enveloppes permettent actuellement du développement, qui est convenu déjà dans les ententes depuis quelques
années, et ce développement-là est toujours disponible, les budgets de
construction sont aussi disponibles...
M. Leclair :
Je parle en santé simplement, là.
M. Castonguay
(Luc) : Oui, mais, je veux dire, je vous parle des populations... Vous
avez les chiffres qu'on vous a donnés sur
les Cris et les Inuits. Alors, c'est 150 millions qu'on donne à ces deux
groupes-là pour leurs territoires, plus
un budget d'une quarantaine de millions pour du développement de services et
près de 280 millions chaque pour de la construction. Alors, c'est des enveloppes importantes, là. Si on
regarde per capita qu'est-ce que ça représente, là, c'est quand même
assez élevé.
Alors,
c'est sûr que la situation des conventionnés, elle est convenue, et ces
enveloppes-là n'ont pas diminué depuis les
dernières années, là, elles sont demeurées. Les budgets de développement sont
aussi disponibles et sont convenus, les ententes sont reportées, alors
il n'y a pas rien qui y a touché.
Maintenant, pour les communautés qui ne sont pas
conventionnées, hors des territoires, bien on a beaucoup développé. Puis là, je
vous dirais, on n'est peut-être pas dans le même ordre de grandeur en termes
d'intervention, de financement de la part du
ministère, mais on a développé beaucoup de passerelles entre nos établissements
et les services sur les communautés, où à chaque fois on met des sommes
additionnelles pour être capable de s'assurer qu'il y a un lien le plus fluide possible entre les services
qui sont donnés sur ces communautés-là, sur leur territoire, financés par
le fédéral, et le lien avec le réseau de santé.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : Merci, M.
le Président. Bonjour à vous quatre. Juste en premier, il y a M. Richard
Gray, de l'association des premières nations
Québec et Labrador, qui est venu ici, en commission, et qui disait que, quand
il y a un appel à Info-Suicide, les
gens peuvent prendre l'appel, mais, s'il y a une intervention à faire dans la
réserve, ils ne peuvent pas donner le
service. Est-ce que vous pouvez confirmer cette réalité-là? Si oui, pourquoi?
Puis c'est-u acceptable? C'est-u...
Le Président (M. Picard) :
Mme Rosebush.
Mme
Rosebush (Natalie) : Bien,
en fait, là, peut-être juste pour... puis je vais laisser la parole à
mon collègue, si vous permettez, par
la suite, mais, de façon générale, la façon... pour les lignes qui viennent
soutenir les problématiques sociales, comme par exemple le suicide ou
des choses comme ça, c'est sûr que, lorsqu'il arrive une situation de crise, normalement ça prend des gens qui sont sur le terrain, si je peux dire ainsi, pour
aller donner du soutien, là, tu sais. Donc, ce n'est pas juste, je dirais, un coup de main avec quelqu'un
qui est à l'autre bout du téléphone,
mais ça prend quelqu'un aussi qui, en cas de besoin, puisse aller
rejoindre cette personne-là lorsqu'on est vraiment dans une situation de crise.
Donc, ça, peut-être que M. Gray, qui est de
la CSSSPNQL, faisait référence à ces situations-là où il n'y a pas toujours
cette possibilité-là d'avoir quelqu'un sur le terrain pour venir prêter
main-forte, lorsqu'il y a une situation de crise et, là, que ça ne peut plus
être juste le téléphone.
Mario, je ne sais pas si...
M.
Martel : Peut-être
juste... Il avait donné l'exemple de Wendake.
M. Fréchette (Mario) : De Wendake
ici, à Québec?
Mme Rosebush (Natalie) : Wendake?
M. Fréchette (Mario) : Je dirais
qu'effectivement, bon, au Québec, on a une ligne spécialisée en suicide qui est 1 866 appelle, qui est une ligne
gouvernementale. Le mandat de prendre les appels téléphoniques, en lien avec
cette mission-là de prévention du suicide
qui est très importante, est confié dans plusieurs régions du Québec à des
organismes communautaires qu'on appelle des centres de prévention du suicide,
ce sont nos collègues de la Direction de la santé publique, au ministère de la Santé et des Services sociaux, qui ont la
responsabilité de l'encadrement de ce service-là. L'information que j'ai
puis que je peux partager avec vous, c'est qu'au cours des derniers mois il y a
des standards d'efficacité et de qualité de
services qui ont été élaborés par la direction de la prévention du suicide, et
ces standards-là, entre autres, identifient, je dirais, le caractère
incontournable, comme le disait ma collègue Natalie, de la continuité des services. Alors, ce n'est pas tout de prendre,
effectivement, des appels suicidaires ou de personnes suicidaires au
téléphone, il faut s'assurer, comme
organisme, qu'on est en mesure effectivement d'être en lien avec les
organisations qui peuvent avoir des mandats sur le terrain.
En ce qui
concerne le fait qu'à Wendake, pour la réserve, j'imagine, à Wendake, les
intervenants de crise dûment identifiés
dans la région de Québec pour intervenir sur le terrain ne puissent, j'imagine,
considérant le contexte fédéral, c'est un
peu ça que M. Gray devait identifier... ne puissent intervenir, il faudrait le
vérifier, mais je pense que, considérant ce qu'on a nommé tantôt, ça ne
devrait pas, effectivement, avoir lieu.
M.
Castonguay (Luc) : Je pense
que ce n'est pas le genre de réponse qui doit, effectivement, être donné, là.
Il n'est pas impossible qu'on en retrouve, des cas comme ça, là, mais je ne
crois pas que ce soit la ligne directrice et la directive qui émanent, là, de
l'organisation de systèmes téléphoniques comme ça.
Mme
Rosebush (Natalie) : Il faudrait aller voir effectivement qu'est-ce
qu'on peut faire, là, tu sais, pour rendre ça disponible. Il y a
peut-être des situations où c'est difficile, mais probablement qu'à Wendake ça
devrait être possible.
M.
Martel : Parce que,
M. le Président, ma préoccupation... C'est préoccupant, ça, mais une
préoccupation supérieure, c'est :
Est-ce qu'il y a d'autres similitudes comme ça où on peut donner un service...
Tu sais, je pense entre autres à un
appel 9-1-1. L'ambulance, elle va-tu se rendre dans la communauté? Y a-tu un
frein par rapport aux services que
l'État peut donner à l'intérieur des communautés? Peut-être vous n'avez pas la
réponse, mais moi, quand j'entends ça, quand je constate ça puis la
réponse que vous me donnez, je me dis : Tabarouette! il faut se préoccuper
de ça, là!
M.
Castonguay (Luc) : Mais on entend souvent... on entend parfois de la
part des représentants de communautés que
des individus tombent entre deux chaises. Je pense que l'important,
pour nous, c'est de le savoir et c'est d'être capable, après ça, de faire revaloir nos mécanismes de
discussion et d'échange avec les différents groupes constitués, les
groupes communautaires comme les gens de la commission, et être capable de voir
effectivement où on est tombé entre deux chaises puis est-ce qu'on est capable,
là, de réajuster cette situation-là, parce que la théorie voudrait qu'il n'y ait
pas de différence puis qu'effectivement on fasse les accueils.
Mais aujourd'hui, vous garantir qu'effectivement il n'y
a personne qui tombe entre deux chaises, je ne suis vraiment pas capable de le faire. Mais je pense qu'il est
important, là, d'être capable d'échanger, puis on l'a communiqué
d'ailleurs sur les tables auxquelles on participe, autant avec les gens du
fédéral qu'avec les représentants des communautés, notamment la commission en
santé et services sociaux des premières nations, la CSSSPNQL, le fait que, si
on ne connaît pas ces situations-là, ça va
être difficile de les corriger. Alors, si on peut les corriger, si on peut être
capable d'amener... de savoir où puis
de rappeler aux intervenants les dimensions... Puis je pense que nos programmes
de formation un peu visent aussi à
étendre de façon plus générale ces préoccupations-là puis à faire en sorte que
les intervenants de notre réseau sont habilités le plus possible à
intervenir, et notamment à accueillir les personnes lorsqu'elles se présentent
physiquement, mais autrement au téléphone. Alors, je pense que c'est des
éléments, là, qui nous amènent à régler ce genre de situation là, là.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Martel : Je ne veux
pas partir un débat là-dessus. Je pense que de soulever la question, c'est
pertinent.
Puis tantôt vous avez mentionné qu'il y a cinq
personnes qui sont affectées à ce dossier-là dans le ministère, puis là je me dis : C'est quand même... On a
de la difficulté à s'imaginer comment c'est gros, tout le nombre de
réserves autochtones qu'il y a sur le territoire, la complexité, etc. Je vous
le dis, ça me préoccupe un petit peu.
M.
Castonguay (Luc) : Si vous
me permettez de faire une précision, mon équipe est une équipe de
coordination pour les dossiers autochtones.
Alors, il faut comprendre que, nous, les contenus relatifs aux organismes
communautaires, les contenus relatifs à la santé publique, les contenus
relatifs même à la santé...
M.
Martel : Non, mais
c'est de ça qu'on parlait, de la coordination.
M.
Castonguay (Luc) : ...sont
traités par les autres directions du ministère, les directions respectives,
mais mon équipe, moi, est une équipe
de coordination, je dirais, un peu à l'image du SEAO pour le gouvernement. Mon
groupe, à l'intérieur du ministère, on s'assure le plus possible que les
conventions, les dossiers, les affaires se négocient, les choses avancent.
Mais les
experts en santé publique, les experts en services sociaux du ministère ou les
experts dans d'autres matières sont appelés à s'occuper chacun de leurs
dossiers, lorsqu'il s'agit d'affaires autochtones...
Une voix : ...
M.
Castonguay (Luc) : ...et les
responsabilités des établissements également, effectivement, tu fais bien de
me le rappeler. Alors, nous, on est là pour
mettre de l'huile. Alors, il y a cinq ou six personnes qui sont là pour mettre
de l'huile puis s'assurer que ça
roule le mieux possible au ministère lorsqu'il y a des préoccupations à l'égard
des communautés autochtones.
M.
Martel : Excellent.
Vous avez mentionné tantôt que, par rapport au mandat du ministère à l'égard de
la population autochtone du nord du Québec, vous donnez des services... je ne
me souviens plus de l'expression, là, mais
ce n'est pas des services directs en santé, là, vous donnez des services, par
exemple, de dentiste, la vue ou des choses comme ça. Vous avez parlé d'un programme, vous fournissez des
infrastructures ou... Vous vous rappelez quand vous avez parlé de ça?
M.
Castonguay (Luc) : Oui,
c'est le programme de services non assurés, qu'on appelle les SSNA dans le
langage des initiés.
M.
Martel : Oui, c'est
ça.
M. Castonguay (Luc) : C'est un
programme complémentaire qui est versé dans les enveloppes de la régie
régionale inuite, du Conseil cri et du CLSC Naskapi pour couvrir les frais de
leurs communautés à ces égards-là.
M.
Martel :
Ce que je voudrais savoir, c'est : Qui fait les demandes? Qui fait
l'évaluation des besoins? Quand vous regardez, là, une demande qui est
faite, c'est qui qui a fait cette demande-là? Comment vous faites l'évaluation?
M. Castonguay (Luc) : Il y a toute
une mécanique. Ce n'est pas le ministère qui fait l'évaluation, ce sont les établissements et les agences elles-mêmes, là, qui
font les évaluations, qui gèrent le programme. Pour vous donner un
exemple, là, s'il y a lieu d'avoir un transport avec un rendez-vous médical qui
est donné avec une prescription de médecin, ce n'est pas disponible sur le
territoire, il faut aller à Montréal, bien c'est une demande qui est
remboursable. Alors, cette demande-là, avec les frais, après, elle peut être
remboursée par l'établissement ou par la régie régionale ou le conseil cri, là.
C'est un exemple.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Merci, ça termine la période d'échange. Messieurs dames, je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et je
suspends les travaux quelques
instants afin de permettre aux
membres de la commission de se réunir en séance de travail. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 55)