(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Picard) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle d'éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Famille et lutte contre
l'intimidation
La commission est réunie afin de procéder à l'étude
du volet Famille et lutte contre l'intimidation des crédits budgétaires du
portefeuille Famille pour l'exercice financier 2015‑2016.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M. Bourgeois
(Abitibi-Est); Mme Montpetit
(Crémazie), par Mme Nichols (Vaudreuil); et Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), par
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé).
Le
Président (M. Picard) : Merci. Puisque nous avons débuté nos
travaux à 10 h 7 et qu'une période de deux heures doit être consacrée à l'étude de ce programme ce matin, y
a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure
prévue, soit jusqu'à 12 h 7? Merci beaucoup. Nous allons... Bien,
vous devez dire oui.
Remarques préliminaires
Nous allons
débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une
discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions
et réponses. La mise aux voix des crédits sera effectuée à la fin du
temps qui est alloué à l'étude de ce volet.
Nous débutons avec les remarques préliminaires.
Mme la ministre, vous disposez de 17 minutes.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Et, maintenant que vous avez fait savoir votre
autorité, je vais maintenir mon 17 minutes dans la plus grande discipline.
Chers
collègues, M. le Président et votre équipe, chers collègues de l'opposition
mais aussi chers collègues de ce
côté-ci de la Chambre, bonjour. Permettez-moi, M. le Président, de présenter
les gens qui m'accompagnent. Donc, je fais
toujours la même blague : À ma gauche, pesant... Non. Alors, à ma gauche,
ma sous-ministre en titre, Mme Bérubé, qui est accompagnée par son équipe de sous-ministres, donc Mme Chantal
Castonguay, qui s'occupe des opérations régionales; Mme Brigitte Thériault, aux politiques;
M. Jacques Robert, aux services de garde éducatifs; et M. Stéphane
Armanda, à l'administration. Je
souligne également la présence des membres de mon cabinet. Donc, à ma droite,
pesant... ma chef de cabinet,
Mme Florence Thivierge, qui est accompagnée de l'ensemble de mon équipe de
cabinet. Je salue également mes collègues
de l'opposition ainsi que les personnes qui les accompagnent, puisque ce sont
des personnes riches et qui aident à la recherche. Donc, bonjour à tout
le monde.
• (10 h 10) •
D'emblée, M.
le Président, comme la semaine passée, quand on a fait les crédits des Aînés
ensemble, j'offre une entière collaboration et avec mon équipe pour
répondre avec transparence à l'ensemble des questions qui nous seront posées par rapport aux crédits. M. le Président,
c'est un rendez-vous annuel important que l'étude des crédits budgétaires
du gouvernement, c'est un moment où la démocratie s'exprime, où le gouvernement et son administration publique font une reddition de comptes des actions posées pour les
citoyens. Pour moi, c'est l'occasion de présenter des mesures annoncées
pour la nouvelle année financière en faveur des familles du Québec.
Je vous dirai
d'entrée de jeu que je suis fière des avancées que nous avons connues en 2014‑2015
pour favoriser le développement des
enfants et l'épanouissement des familles. Avec le nouveau budget 2015‑2016, le
gouvernement est venu confirmer la pérennité des mesures de la politique
familiale québécoise. Ce budget vient apporter un soutien financier additionnel
à certaines mesures importantes pour les familles et les enfants du Québec tout
en permettant l'atteinte de l'équilibre
budgétaire. Il s'agit d'un tour de force que de conjuguer l'équilibre
budgétaire et les services aux familles.
Nous avons réussi là où certains gouvernements ont échoué en coupant
massivement dans les services publics. Au
fil des ans, le gouvernement du Québec a développé une politique familiale basée sur
les valeurs fondamentales que sont
l'égalité des chances pour tous les enfants, l'égalité entre les hommes et les
femmes, la solidarité intergénérationnelle et le respect de la diversité des réalités familiales et des parcours de
vie. Les gestes posés depuis notre arrivée au gouvernement démontrent plus
que jamais notre désir de consolider notre politique familiale. Ces
gestes mettent en lumière l'engagement du gouvernement
envers le développement des enfants et le mieux-être des familles du Québec.
Notre politique familiale se situe parmi les meilleures politiques
familiales des pays développés, et, comme société, nous devons en
être fiers.
Notre politique familiale est généreuse. Ainsi,
cette année, les familles québécoises bénéficieront encore d'un soutien financier de près de 8 milliards de dollars. Les familles québécoises peuvent bénéficier
de mesures d'aide financière importantes, dont le Soutien aux enfants et
le crédit d'impôt remboursable pour les services de garde.
De plus, le
Régime québécois d'assurance
parentale facilite la vie de beaucoup
de jeunes couples qui décident de
fonder une famille. Ce régime souple et généreux se compare avantageusement à
ce qui se fait ailleurs au Canada et
dans le monde en matière de congés
parentaux. Je ne peux passer sous silence que notre gouvernement a annoncé son
intention de conserver intégralement le
Programme de soutien aux enfants et du Régime québécois d'assurance parentale.
Enfin, parce que le gouvernement croit que
les enfants du Québec ont droit à l'égalité des chances, il a suscité et
soutenu le déploiement, sur tout son
territoire, d'un vaste réseau de services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés
constitué de centres de la petite
enfance, de garderies et de services de garde en milieu familial. C'est
d'ailleurs avec fierté que je souligne
que nous avons livré, cette année et à cette date bien précise... puisqu'il
faut se rappeler, M. le Président, qu'établir des CPE, ouvrir des
places, ça a toujours certains délais, mais on est à plus de
5 484 places à contribution réduite, du jamais-vu en une décennie.
Toutes ces places ont d'ailleurs été livrées en installation, c'est-à-dire soit
en centre de la petite enfance soit en
garderie subventionnée, et ce, tel que les parents l'avaient souhaité dans le
cadre de l'enquête sur l'utilisation, les besoins et les préférences des
parents en matière de services de garde réalisée il y a quelques années.
Et, M. le
Président, ce n'est pas écrit sur ma feuille, mais je me permets de le dire,
nous avons quand même livré les
places qui avaient été octroyées par les gouvernements précédents et ceux
d'avant. Donc, les places octroyées ne sont pas des places voulues par
la ministre en titre mais octroyées par les ministres précédents.
Quotidiennement,
ce sont 17 000 services de garde qui veillent au bien-être des
enfants en leur permettant de se développer tant sur les plans affectif,
social, cognitif et langagier que moteur et physique. Ils jouent un rôle
essentiel d'abord parce qu'ils
offrent des services éducatifs de qualité et sont des lieux d'accueil pour ces
enfants et aussi parce qu'ils
constituent des mesures de conciliation travail-famille pour les parents et
l'égalité des chances, notamment pour les enfants issus de milieux
défavorisés et les enfants handicapés.
M. le
Président, le réseau des services de garde est l'une des mesures-phares de la
politique familiale du Québec, nous
entendons donc poursuivre nos efforts pour répondre aux besoins des parents en
matière de services de garde dans le
cadre de cette politique. C'est pourquoi notre gouvernement s'est engagé à
maintenir le programme de services de garde subventionnés et à poursuivre la création de nouvelles places à
contribution réduite à un rythme soutenu mais qui respecte la capacité
de payer des Québécois. Notre gouvernement s'est engagé à concrétiser
10 300 nouvelles places d'ici le 31 mars 2016, dont plus de la moitié
de ces places ont déjà été réalisées.
Avec le
budget 2015‑2016, les services de garde recevront d'ailleurs 89 millions
de dollars de plus cette année.
Cette hausse s'explique par la création des
places additionnelles, par l'instauration du nouveau Fonds des services de garde éducatifs à l'enfance et
par l'indexation de la contribution parentale.
M. le Président, en novembre dernier, le
gouvernement a annoncé son intention de procéder à la révision du programme des services de garde éducatifs à
l'enfance subventionnés. Après plus de 15 ans, le programme des services
de garde se devrait d'être révisé en
profondeur. Nous souhaitons mettre en place les mesures nécessaires à une
gestion optimale de ce programme, si
cher aux yeux des Québécois, pour assurer la pérennité, la qualité,
l'accessibilité et l'équité des services de garde offerts aux familles
du Québec.
Ainsi, des
modifications ont été apportées à la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance afin de revoir les règles déterminant la contribution exigée
d'un parent dont l'enfant bénéficie d'un service de garde fourni par un prestataire de services de garde subventionnés.
Ces nouvelles règles sont effectives depuis le 22 avril 2015. La contribution
parentale est maintenant composée de la
contribution de base de 7,30 $ par jour, par enfant, à laquelle s'ajoute
maintenant une contribution
additionnelle modelée selon le revenu familial. La contribution de base et la
contribution additionnelle seront
indexées annuellement à compter du 1er janvier 2016 pour qu'elles reflètent
davantage les coûts du programme. 30 %
des familles ne subiront pas de hausse, puisqu'elles ont un revenu de moins de
50 000 $. Les familles ayant un revenu entre 50 000 $ et 75 000 $ paieront un tarif de
8 $ par jour. Près de 60 % des familles paieront un tarif de moins de
9 $ par jour, M. le Président.
La contribution de l'ensemble des parents, en 2015‑2016, passera de 19,7 %
du total des coûts des services de garde subventionnés, le même
pourcentage qu'en 1997. Aussi, afin d'atténuer l'effet auprès des familles nombreuses, aucune contribution additionnelle ne
sera demandée à partir du troisième enfant d'une même famille fréquentant
au cours d'une même année un service de garde subventionné.
M. le
Président, les sommes de la contribution additionnelle versée par les parents
serviront exclusivement au financement des services de garde éducatifs
via la création du Fonds des services de garde éducatifs à l'enfance. Son objectif premier est d'assurer la pérennité des
services de garde éducatifs subventionnés qui sont offerts aux familles du
Québec aujourd'hui et demain. Nous venons
consolider l'existence de services dont bénéficient plus de
227 000 jeunes Québécois.
M. le
Président, le gouvernement a à coeur d'assurer un accès équitable à des
services de garde de qualité à un coût
respectueux de la capacité de payer de chaque famille. Nous voulons maintenir
le programme des services de garde subventionnés, qui a un impact
important dans la société québécoise. Les sommes additionnelles injectées par
le programme cette année le prouvent une fois de plus. Pour assurer la
pérennité du programme des services de garde, l'optimisation
du service demeure aussi essentielle. Nous avons commencé cet exercice avec nos
partenaires en 2014‑2015 et nous
continuerons notre travail en ce sens au cours des prochains mois. Je souhaite
un réseau de services de garde fort, de qualité qui s'adapte aux
réalités des familles d'aujourd'hui et non plus que les familles s'adaptent au
réseau.
La
lutte contre l'intimidation — M. le Président, vous le savez, c'est un
dossier qui m'est cher — est l'une des priorités
de notre gouvernement. Tel qu'annoncé par le premier ministre, le Forum sur la
lutte contre l'intimidation a eu lieu
le 2 octobre dernier à Québec — j'étais d'ailleurs très bien accompagnée par
mes collègues le député de Terrebonne et la députée de Repentigny.
L'objectif du forum était de mobiliser les différents acteurs concernés par la
lutte contre l'intimidation au Québec et de
dégager des pistes d'action en vue d'élaborer un plan d'action concerté en
matière de lutte contre
l'intimidation. Il a été l'occasion d'aborder l'intimidation à tous les âges,
des tout-petits aux aînés, dans le monde réel et dans le monde virtuel.
• (10 h 20) •
Attendu pour
l'automne 2015, le plan d'action proposera des solutions souples et adaptées
aux différents milieux et à toute la
population. À cette fin, dans le budget 2015‑2016, des sommes additionnelles
seront consenties sur trois ans, soit
4,4 millions de dollars : 400 000 $ pour l'année 2015‑2016,
1,5 million pour 2016‑2017 et 2,5 millions pour 2017‑2018.
La responsabilité de la ministre de la Famille ne se tient pas que sur deux
dossiers, un troisième s'y rajoute : soutenir la Fondation du
Dr Julien par le biais de la pédiatrie sociale. La pédiatrie sociale en communauté
est une intervention multidisciplinaire
auprès des enfants vulnérables et de leurs familles afin de prévenir les
difficultés qu'ils peuvent vivre et assurer leur plein développement.
Par l'instauration d'un partenariat avec la Fondation du Dr Julien, des
services de pédiatrie sociale en communauté
seront offerts à 20 000 enfants
vulnérables au Québec d'ici 2020. Pour ce faire, la fondation prévoit étendre le réseau à 42 centres
répartis sur l'ensemble du territoire québécois. Ainsi, le budget 2015‑2016
prévoit une première contribution financière de 22 millions de
dollars pour les cinq prochaines années.
Le Curateur
public veille à la protection des personnes inaptes. Il fait aussi partie de la
responsabilité que nous détenons, au ministère de la Famille. Le Curateur
public s'assure que les décisions sont prises dans l'intérêt de la personne
représentée et le respect de ses droits et pour la sauvegarde de son autonomie.
Le Curateur public représente 13 000 personnes
inaptes placées sous régime public. Le Curateur public veille au meilleur
intérêt des personnes représentées et s'assure qu'elles ne subissent
aucun préjudice.
M. le
Président, les municipalités jouent un rôle important auprès des familles,
elles sont de précieux partenaires de
la politique familiale québécoise. Par le programme de soutien financier aux
politiques familiales municipales, nous appuyons les municipalités et les MRC dans l'élaboration et la mise à
jour de leurs politiques familiales. La mise en oeuvre d'une politique
familiale municipale favorise l'adaptation des services à la réalité des
familles du Québec pour ainsi mieux répondre
à leurs besoins. Dans le cadre de l'appel de projets 2014‑2015, le ministère a
reçu 56 projets dans le but de
soutenir l'élaboration, la mise en oeuvre et la mise à jour d'une politique
familiale municipale, pour un montant total de 924 000 $. À ce jour, 722 municipalités, 32 MRC
s'étaient dotées d'une telle politique ou étaient en voie de le faire. Actuellement, c'est 87 % de la population
québécoise qui habite dans une municipalité ou une MRC engagées dans ce programme. Je vous rappelle, M. le Président, que,
la semaine passée, je vous disais que 85 % des citoyens étaient couverts
par le principe MADA. Eh bien, Municipalité
amie des aînés, municipalité aussi avec politique familiale, on s'assure d'un
service aux citoyens le plus proche
possible. Les organismes communautaires Famille et les haltes-garderies
communautaires sont aussi des
partenaires importants du ministère en matière de soutien aux familles. Les
organismes communautaires Famille et
les haltes-garderies communautaires font un travail considérable auprès des
parents et des enfants du Québec.
M. le
Président, le budget 2015‑2016 permettra d'assurer la pérennité des mesures de
la politique familiale du Québec. Le
réseau des services de garde est l'une des mesures-phares que nous devons
préserver. Aussi, la révision des programmes des services de garde
assurera la pérennité de ce précieux programme pour les générations à venir. Le
budget 2015‑2016 apportera aussi un soutien
financier additionnel pour les familles et les enfants du Québec tout en
assurant l'atteinte de l'équilibre budgétaire.
M. le Président, je nous souhaite un six heures
productif.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Traversy, porte-parole de
l'opposition officielle.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président, de toujours faire
ma publicité. Si je suis réélu, ça va être grâce à vous, encore une fois. Et je tiens tout d'abord à
souligner la présence, bon, de la ministre évidemment, de ma collègue de Repentigny, saluer également les collègues du
gouvernement qui sont toujours présents pour ce genre de discussion. Jonathan, Florence et Mme Bérubé, merci
beaucoup d'être là avec l'ensemble de vos collègues et partenaires de
différents milieux pour répondre à nos questions.
Alors, il est
évident que la ministre de la Famille a tracé un portrait plutôt rose de la
situation, là, qui se déroule présentement
au niveau des familles du Québec. Laissez-moi vous donner l'envers de la
médaille, M. le Président, pour ce
qui s'y déroule. Selon nous, l'opposition officielle, nous voyons un
gouvernement, depuis plusieurs années déjà, là, qui travaille à développer un réseau et depuis un an, avec l'arrivée de
ce nouveau gouvernement, on voit le relâchement, on voit le retard qui se fait dans la création de places, des places qui
sont attendues par les jeunes familles et les jeunes parents du Québec
depuis de nombreuses années.
À pareille
date l'année dernière, nous avions un premier ministre qui dans cette salle
même nous faisait un discours inaugural
rempli d'émotions, rempli d'exaltation, avec des belles promesses, avec des
belles phrases toujours aussi inspirées, là, par Saint-Exupéry et d'autres grands penseurs de ce monde. Je vous rappellerais que le premier ministre, à pareille date l'année
dernière, nous disait que la famille était extrêmement importante,
qu'aucun enfant ne serait laissé derrière et que ça serait une de ses
priorités pour le Québec.
Or,
qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui? Aujourd'hui, lorsqu'on regarde l'état de la situation, on constate, tout d'abord, des bris de
promesses faites en campagne
électorale par le gouvernement en place. On voit également le retard qui a été pris au
niveau des places, qui sont reportées
maintenant, M. le
Président, jusqu'en
2020‑2021, des places qui auraient dû être
disponibles pour 2016 à l'origine, donc on parle de plusieurs années de retard
qui feront en sorte que toute une génération
d'enfants ne pourront peut-être pas avoir accès à des places à contribution
réduite. On parle évidemment de coupures dans le milieu familial,
autant chez les organismes communautaires qu'au niveau des allocations qui sont
données pour les services aux enfants. On
parle de hausses de tarifs qui ont donné lieu à des mobilisations générales au cours des derniers mois. Vous avez vu les acteurs
de la société civile se mobiliser et se regrouper pour venir défendre une politique familiale, une politique familiale qui est
basée sur des piliers forts, des piliers qui se sont fortifiés au cours
des années, soit la qualité, l'universalité et l'accessibilité.
Or, ce qu'on
constate du gouvernement actuel, M.
le Président, et c'est ce que nous
allons tenter de vous démontrer aujourd'hui, c'est que la qualité va en
diminuant dans nos services de garde à l'heure actuelle non pas parce que les services qui sont actuellement offerts ne sont
pas bien encadrés, mais parce qu'il y a une prolifération de garderies privées non subventionnées qui ne sont
pas balisées par le gouvernement à l'heure où on se parle et qui livrent des
services où le nombre de plaintes sur
la qualité est assez faramineux, contrairement
aux autres modèles de garderie subventionnée de l'État québécois, que ce soit le milieu familial subventionné, que ce
soient les garderies privées subventionnées ou encore les centres de la petite enfance. On voit que la
qualité, dans certains milieux de garderie... sont beaucoup plus, comment
je pourrais dire, dénoncés, et on voit
plutôt la ministre essayer d'encourager ce genre de prolifération de garderies
privées non balisées, non encadrées
pour les enfants du Québec. Au niveau de l'universalité, on voit également
qu'elle est brisée, parce qu'on a
l'imposition d'une nouvelle taxe famille, M. le Président, où les gens de la
classe moyenne devront payer une première fois l'imposition normale des
revenus au Québec de par leur salaire familial mais une deuxième fois maintenant pour les tarifs en garderie. On voit
également que l'accessibilité est limitée, étant donné le retard des places
jusqu'en 2020-2021, comme on l'a dit.
La ministre
nous parle d'un portrait rose. Or, on constate que, dans le budget cette année,
c'est une coupure de 4,6 % qui
est faite, encore une fois, dans le ministère de la Famille, une coupure qui va
engendrer donc, nécessairement, des
choix difficiles ou en tout cas, du moins, une réorganisation, et on va tenter
de comprendre au niveau, là, des chiffres qui nous ont été donnés quels seront les avantages pour les jeunes
familles du Québec, puisqu'elles devront payer plus cher et qu'à
première vue il semble qu'elles auront moins de services.
Alors, M. le Président, je vais me garder du
temps pour poser des questions. Je tenais donc à vous réitérer la vigilance de l'opposition officielle d'être une
opposition constructive et une opposition intraitable sur certains enjeux,
notamment les services aux enfants. C'est ce que nous discuterons au cours des
prochaines heures.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Terrebonne.
Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Repentigny. Vous
avez un maximum de sept minutes pour vos remarques préliminaires.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Je serai brève.
Donc, je vais saluer M. le président, saluer la ministre, saluer le député
de l'opposition officielle et saluer tout le personnel politique,
les sous-ministres et les représentants du ministère qui sont ici. Et je vais contribuer au travail, à cette journée que je veux claire au niveau des réponses, donc je vais limiter mon intervention ici.
Discussion générale
Le
Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Nous allons entreprendre notre période
d'échange. Donc, je cède maintenant la parole à M. le député de Terrebonne
pour une période de 20 minutes.
• (10 h 30) •
M. Traversy : Merci beaucoup,
M. le Président. Ce fut bref mais intense.
J'aimerais tout d'abord discuter avec la ministre de
la Famille concernant cette nouvelle
taxe imposée et modulée selon les
revenus qui a été officialisée par notre Assemblée nationale il y a quelques
jours par le moyen d'un projet de
loi bâillon sur la question dans le cadre d'un projet de loi mammouth de plus
de 150 pages.
M. le
Président, vous comprendrez que les familles du Québec qui ont fait leurs
rapports d'impôt — ils ont
jusqu'à demain pour le faire,
d'ailleurs, si ce n'est pas encore fait — veulent pouvoir être capables de prévoir
quel genre de dépenses ils auront à
leurs budgets pour la garde de leurs enfants dans nos services de garde au
Québec. Présentement, on sent, là, que
c'est un peu compliqué : il y a un méli-mélo de tarifs, les gens ne savent
pas trop à combien s'attendre. On a sorti des calculettes ou des calculatrices pour essayer d'y voir un peu plus clair. La ministre parle d'exemples mais
parle d'un exemple qui peut porter à
confusion. Lorsqu'on parle, exemple, de familles qui gagnent 50 000 $ de revenu familial, on
peut effectivement avoir une somme de tarifs de garderie pour leurs enfants,
mais, lorsque les deux parents gagnent 50 000 $,
bien là c'est différent, et là il faut y aller selon le portrait de la classe
moyenne. Deux parents qui gagnent 50 000 $, M. le Président, vont devoir payer, là, plus de
1 000 $ nets par année pour leurs enfants au cours de la prochaine
année, ce qui n'est quand même pas
négligeable, ce qui n'est quand même pas banal pour une famille qui souhaite
justement se voir dégager des marges
de manoeuvre plutôt que s'en voir imposer davantage. Donc, on trouve que c'est
déstabilisant, c'est stressant, et on
voudrait donc bien comprendre avec la ministre de quelle façon va fonctionner,
justement, là, ce calcul concernant la modulation des tarifs en
garderie.
On
pourrait commencer par des exemples, là, qui nous ont été soumis par des
parents du Québec qu'on a dans nos
circonscriptions, M. le Président, là, avec qui on parle à chaque semaine. On
voulait voir, au niveau des parents divorcés et en couple avec des nouveaux conjoints ou des nouvelles conjointes,
comment pourrait s'arrimer la tarification du revenu. On veut savoir, autrement dit, est-ce que le parent
qui gagne le moins dans le couple doit être celui qui a tout avantage à signer une entente de service pour diminuer, dans
le fond, sa tarification en service de garde, là, pour ses enfants ou si
c'est la moyenne des deux parents qui est
calculée. On aimerait voir avec la ministre de la Famille, dans le cas de
familles reconstituées, comment on doit s'attendre à calculer les tarifs
en garderie pour les enfants.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. J'avais un doute qu'on irait rapidement dans le coeur
du sujet puis je pense que c'est
important de rassurer les parents du Québec. On pourrait s'amuser à faire peur,
puis, oui, peut-être que je le vois
rose, mais je le vois surtout dans le quotidien du travail que je fais, la
réalité, comment on s'organise dans le quotidien
pour aider nos familles, pour mettre en place des meilleures places. Et,
heureusement pour nous, les places qu'on a développées, on avait l'argent pour les faire, ce qu'on ne peut pas dire
dans chacun des partis, puisqu'on a annoncé des places et on n'avait pas nécessairement les crédits pour le faire. Un
coup que j'ai dit ça, je ne reviendrai pas sur le budget qui n'avait pas de crédit, ça ne me donne
absolument rien, puis j'aimerais ça qu'on soit dans un mode constructif plutôt
que dans un mode qui ne l'est pas.
Et, dans la
volonté qu'on a de développer les places, et je vous en informe, M. le
Président, parce que peut-être que
les parents ne le savent pas, mais on développe encore des places qui ont été
attribuées en 2008. C'est facile d'offrir des places, de donner des places, mais il faut qu'à partir de ce
moment-là l'ensemble du système se mette en branle, trouver les terrains, faire les plans, et ça ne se fait
pas en se disant : Je te donne des places, puis sois prêt dans six mois, à
moins que ce soient des installations
déjà toutes faites, et ça, on a pas mal réglé cet aspect-là par rapport au
développement des places. Donc, je reviens un peu là-dessus parce que je
pense que c'est important de bien le comprendre.
Maintenant,
effectivement, une nouvelle tarification. Pourquoi? Pour pouvoir permettre aux
familles du Québec de bénéficier le
plus longtemps possible d'un système qu'on veut garder. Je nous rappelle aussi,
avec, je vous dirais, même une petite
pointe, parce qu'on va jouer à ça toute la journée, que le Parti québécois
avait annoncé un 9 $ par famille. Eh bien, pour nous, une famille
qui gagne moins de 50 000 $ après déductions, bien, sa contribution
nette sera de 6,09 $.
Rappelons-nous,
parce qu'il faut vraiment le faire, cet exercice-là, qu'avant, quand on payait
juste 7,30 $, que personne
d'autre ne contribuait, qu'on avait juste une facture de 7,30 $, le parent
n'avait pas accès au retour d'impôt fédéral. En ce moment, nos familles auront droit à un retour d'impôt de
l'ensemble des gouvernements auxquels elles sont rattachées, donc fédéral et provincial. Alors, une famille qui
gagne 50 000 $ par année... Et là on parle, M. le député de
Terrebonne... ou M. le Président, de
familles vraiment qu'il faut favoriser. Il faut permettre à ces femmes d'aller
sur le marché du travail, il faut
permettre à ces jeunes familles, qui commencent et qui ont le goût de
contribuer, d'avoir des places. Eh bien, M. le député, pour ces familles, c'est 6,02 $ par jour, pas 7,30 $,
pas 9 $, 6,02 $. Je pense qu'il faut revenir aussi à cette base-là
où on veut une société qui partage cette responsabilité de s'occuper des
enfants du Québec. Donc, oui, oui, rendue à 200 000 $
par année, ma facture sera différente. De combien je paierai par jour pour un
service pour un enfant si j'ai un revenu
familial de 200 000 $? 15,66 $. Bien, j'ai des parents qui m'ont dit : Mme la ministre, ça serait 20 $ que je paierais pareil, parce que je reçois un service de qualité et j'apprécie le
fait que je peux avoir la tête tranquille,
rentrer au travail puis ne pas avoir de souci.
Donc, la
volonté du gouvernement du Québec mettre en place une contribution parentale
qui arrive à un moment où nos familles
ont un revenu plus substantiel — ils ne sont pas riches à
200 000 $, on en convient, là — mais ça permet à chacun de contribuer à sa façon pour avoir des
services importants et dans son quotidien. Maintenant, comment on fait quand on est divorcé, quand on est séparé, quand
on joue d'une différente façon dans cette société? Parce que j'ai eu des
enfants et j'apprécie énormément, M. le Président, que mon collègue ne me fasse
pas l'exemple de : le A plus B qui a eu un enfant avec C puis que c'est D qui paie. Ça a été assez complexe au
moment où j'ai entendu son collègue en parler, donc je suis heureuse de
voir qu'il me donne un cas vraiment concret.
Nous avons
mis déjà en branle tout un processus de communication avec nos parents. Je vous
le montre si vous le souhaitez, parce
que je suis très, très, très transparente aujourd'hui. Je vous montre une
feuille qui sera affichée partout. Si
vous en désirez une copie, je pourrais la déposer, puis vous pourriez avoir une
copie de l'affiche qui sera affichée partout pour aider nos parents à
mieux comprendre, mais aussi à aider nos services de garde à mieux expliquer le
processus qu'on veut mettre en branle avec
nos parents. Le revenu familial sera pris en compte. Est-ce que c'est un parent
qui va payer? C'est l'ensemble du
revenu familial qui va être pris en considération et c'est celui qui va signer
l'entente de service qui aura la
responsabilité de cette facture mais aussi la responsabilité de recevoir le
petit billet qu'il mettra sur son rapport d'impôt pour dire qu'il a contribué puis qu'il a payé pour tant de jours
à tant pour avoir un service de garde en CPE ou en garderie privée.
Donc, ça vous
donne une idée. Puis, je vous rassure, M. le député, on n'est pas le seul
programme, on vient tout juste
d'arriver au même stade que tous les autres programmes qu'on a pour les
familles du Québec, c'est-à-dire que le revenu familial est pris en
compte au moment d'attribuer des sommes ou de demander un financement.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Donc, effectivement, on va
vouloir une copie, là, de l'affiche en question. Et je suis un peu myope, là, peut-être, mais ça me semblait quand même
complexe, là, à quelques mètres de distance, là. Je le reverrai d'un petit peu plus proche, là,
tout à l'heure. Mais on a besoin donc d'éclaircissements pour diminuer un
peu l'inquiétude des parents, et c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui; vous
dire qu'une chose qui inquiète les parents notamment,
dans votre commentaire, c'est que les tarifs vont augmenter, donc les parents
vont payer plus cher, mais ça n'amènera
pas nécessairement des places à contribution réduite d'une manière plus rapide
ou plus substantielle. Donc, on a
hâte de voir où vont être les services supplémentaires pour cette augmentation
de tarifs importante pour les gens de la classe moyenne. Je reviendrai
tantôt sur les barèmes, là, de tarification.
Donc, pour
bien comprendre, dans l'exemple que vous me donnez, Mme la ministre, vous me
dites que c'est le revenu global des
parents qui va être pris en considération. Dans l'exemple que nous avions, donc
de famille recomposée, je voudrais juste avoir une précision, là,
supplémentaire, là. Disons qu'une dame a deux enfants avec un mari, ils se divorcent — puis on m'a dit en commission parlementaire,
là, qu'il y avait environ 15 000 divorces par année, je ne le souhaite à personne, mais semble-t-il que c'est
monnaie courante au Québec — donc, elle décide d'avoir une nouvelle
relation avec un autre homme, a deux enfants
avec cette personne-là aussi. Donc, je veux voir de quelle manière, là, donc,
on va s'arranger pour bien calculer le revenu familial avec l'ex et avec
le nouveau conjoint.
Puis, puisque
le troisième enfant semble être exempté de tarif, de quelle façon une mère qui
a des enfants avec plus d'un conjoint peut calculer si son enfant est
exempt ou non de la tarification modulée selon les revenus?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Permettez-moi de taquiner mon collègue puis dire : Ça prend neuf mois de
grossesse, et il y a un congé
parental de tout autant. Donc, si la dame a quatre enfants, il y en a au moins
un qui ne fréquente pas le service de
garde, si on y va dans les délais des congés parentaux et de la volonté de la
procréation, à moins qu'elle les adopte.
Là, on est dans tout autre... Mais je suis en train de vous donner des cas
complexes que vous pourrez me relancer. Mais, ceci...
Une voix : ...
• (10 h 40) •
Mme
Charbonneau :
Oui, c'est ça. Ceci dit, rappelons-nous que, dans la volonté de mettre en place
un processus familial — et, oui, vous avez raison de nous
rappeler qu'il existe au Québec différentes façons de vivre sa vie, puis quelquefois, bien, les parcours changent, puis les
vies changent auprès de nos enfants mais aussi auprès de nos familles — ça fait
en sorte qu'il serait... En tout cas, je serais très étonnée de trouver une
famille de quatre enfants où les quatre sont en service de garde.
Ceci dit, je
vais vous lire le paragraphe
pour que ce soit le plus clair possible, parce que quelquefois, j'en conviens, mes propos
peuvent être mélangeants. Alors, je vous le lis pour être sûre que c'est bien
encadré : «La contribution parentale sera calculée selon le revenu
net, qui inclut quelques déductions, dont les trois plus fréquentes sont la
déduction pour travailleur, celle pour les REER et celle pour les employés
qui bénéficient d'un régime de retraite. Autrement, le soutien pour
enfants est calculé à partir de ce même montant.»
Donc, pour
chacune des familles qui voit ou qui reçoit le soutien pour jeune enfant, bien
le calcul se fait de la même façon
pour sa contribution qui sera faite au service de garde de par l'entente qu'il
aura signée, parce qu'on sait tous les deux que quelquefois les ententes
peuvent être différentes — des
fois cinq jours, des fois quatre jours, des fois trois jours — et
on souhaite que chaque parent puisse demander une entente qui lui ressemble et
non demander aux parents de ressembler à une entente qu'on veut avoir.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Vous
savez, la vie est parfois remplie de surprises, puis effectivement il y a des calculs standard, il y a
des fois des situations qui sortent un peu, là, de la routine
quotidienne. D'ailleurs, je ne sais pas si la ministre
a déjà connu des gens qui ont eu des jumelles ou des triplés, mais, si jamais ça arrive, ça peut compliquer un peu les
choses. Alors, il y a plein
d'équations qui sont possibles, là, dans ce genre de calcul. Mais, pour aller
plus loin puis pour répondre à des préoccupations
de parents, dans l'exemple que vous me donnez, peu importe, là, la famille,
reconstituée ou non, est-ce que, dans
le revenu familial, on calcule également la pension alimentaire que le père ou
la mère, en l'occurrence, là, paie, là, pour... Est-ce que la pension
alimentaire fait partie du calcul pour la tarification?
Mme
Charbonneau :
Alors, l'écho que j'entends, c'est : Non, il n'y a pas de calcul qui est
fait à partir de la contribution d'un parent
qui n'habite pas avec l'enfant, sur la pension alimentaire. C'est la personne
qui signe l'entente. Dans le fond, il
faut comprendre deux choses : il y a quelqu'un qui va signer l'entente, et
cette personne-là, elle a une adresse avec
une famille, et c'est son revenu familial, là, qui va contribuer. Mais on
s'entend aussi pour : la personne qui signe l'entente, c'est aussi
la personne qui fait le rapport d'impôt avec ledit revenu et la contribution.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Parfait. Donc, la recommandation de la ministre
aujourd'hui, c'est de dire aux parents du Québec, si je comprends bien... puis vous me corrigerez,
c'est que pour la tarification c'est la personne qui signe l'entente qui sera,
dans le fond, analysée pour le tarif. Est-ce
que c'est plus avantageux pour les parents de prendre la personne qui a le
moins haut salaire, le moins haut revenu pour diminuer leurs frais?
Est-ce que ça serait une recommandation intéressante?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais, M. le Président, que la personne qui signe l'entente a un
revenu familial. Maintenant, dans son
revenu familial, j'imagine que, dans une situation complexe — je vais prendre une situation complexe
parce que, dans une situation dite régulière,
il n'y a pas trop de complexité — dans une situation complexe, il y a nécessairement des discussions qui se font entre
les conjoints sur la pension alimentaire, sur les revenus qu'ils se doivent
de contribuer de part et d'autre pour leurs
enfants. Donc, la volonté qu'on a, c'est de mettre en place un système simple
pour les parents. Et je vous rassure aussi
sur un autre aspect, puisque c'est une question qui peut venir de mon
collègue : deux parents peuvent
signer une entente, là. Ils peuvent fractionner l'entente, ils peuvent
dire : Bon, bien, moi, je vais payer trois jours, puis mon
ex-conjointe va payer deux jours. Il y a toujours cette possibilité-là, mais ça
passe par le prestataire de services et non
par la famille. Donc, le prestataire de services peut faire une entente
fractionnée — deux
jours à un, trois jours à l'autre,
deux jours et demi, deux jours et demi — et à ce moment-là le reçu qui est fait pour retour
d'impôt est fait dans cette mesure-là.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Donc, on peut avoir des ententes fractionnées, des
ententes qui sont faites entre les deux personnes. Si jamais, en cours de route, parce que la vie
étant pleine de surprises, les personnes finissent par ne plus s'entendre, que
se passe-t-il à ce moment-là pour les
parents? Est-ce que c'est le ministère de la Famille qui va s'assurer d'un
suivi avec eux pour réviser leur situation? Comment ça fonctionne?
Mme
Charbonneau :
Habituellement, on accompagne le service de garde pour pouvoir réviser puis
s'assurer que ce qui se passe dans le
milieu familial n'a pas d'impact sur ce qui se passe à la garderie. Je vais
dire «garderie», mais vous avez compris
que ça peut être CPE, ça peut être milieu familial. Mais on veut préserver les
gens qui offrent... les prestataires de
services, de cette mésentente-là, donc le ministère accompagne les gens qui offrent le service pour
s'assurer d'une belle façon de faire.
Mais, vous avez compris, parce que l'être humain étant ce qu'il est,
quelquefois il y a mésentente entre les conjoints, et on
essaie de préserver le système de ça.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Vous n'avez
pas peur que ça crée une certaine lourdeur dans l'appareil administratif de
gérer tout ça?
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le
Président, on a, au ministère de la Famille, et ça peut étonner bien des gens... moi, je dis tout le temps «les 50 000 auditeurs qui nous écoutent», mais
on a toujours accompagné, quelle que soit la situation. Quand on était à 7,30 $ par jour, ce n'était
pas plus simple si une famille décidait de se chamailler pour toutes sortes de
raisons. Donc, le ministère a des bureaux
régionaux, des gens qui s'occupent des gens qui s'occupent de nos enfants, et
c'est dans cette perspective-là qu'on continue à donner des services. Mais, mon
collègue fait bien de le souligner, la réalité
du quotidien de nos services de garde, quels qu'ils soient, milieu familial, ou
CPE, ou services de garde, ce sont des gens qui s'occupent des gens, et
on se doit, comme ministère, de se préoccuper d'eux et de les accompagner.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Donc, écoutez, il y a encore
beaucoup de questions concernant le fonctionnement modulé selon les revenus, là. Je vais prendre
tantôt le temps, là, d'analyser — de toute façon, on va revenir cet
après-midi, là — la feuille explicative, là, que la ministre
semble avoir préparée. Donc, peut-être que, déjà là, certaines questions, là,
seront répondues, parce que, bon, la façon
dont on calcule l'enfant qui est exempté, là, dans différentes situations qui
sont atypiques, peut-être, d'une
majorité de Québécois... mais, encore, les familles recomposées puis
reconstituées, il y en a de plus en
plus, puis, bon, ça devient presque monnaie courante, hein, donc, autrement
dit, le côté divorce et reconstitution semble devenir de plus en plus la
norme, en fait, au Québec, malheureusement, à voir, là, les situations se
dérouler.
Vous parliez également, tout à l'heure, de la
progressivité, dans le fond, de la tarification modulée. Moi, j'aimerais comprendre quelque chose. Parce que
vous me dites : Les gens qui sont plus fortunés pourront payer davantage
que ceux qui n'ont pas de revenu.
Évidemment, je ne suis pas un député qui est contre le fait que des gens paient
moins lorsqu'ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais pourquoi mettre un
plafond, à ce moment-ci, dans le cadre de votre tarif modulé, à 20 $ par jour? Je vous donne un exemple, là : deux
médecins spécialistes, par exemple, qui gagnent 300 000 $ par année parce que le gouvernement a décidé de
leur donner une bonne augmentation de salaire, pourquoi on plafonne à 20 $ par jour leur tarif en service de
garde à contribution réduite plutôt que de les moduler selon des revenus qui
sont les leurs, qui sont bien payés par l'État québécois?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre, il reste une minute.
Mme
Charbonneau :
...c'est fort simple. Je suis toujours un peu étonnée, puisque je nous connais,
je connais la vision de nos partis,
d'entendre des gens défendre les plus fortunés puis dire aux moins
fortunés : Bien, c'est le fun, là, mais ça aurait été plus le fun de charger 9 $
à tout le monde. Un coup que j'ai dit ça, on a regardé vraiment le principe
de base qui avait été mis en place dans la
réflexion des services à la petite enfance. C'est-à-dire, au moment où on a
créé ce programme-là, on a dit :
Pour responsabiliser les gens qui vont venir chercher des services, on va
regarder ça à 20 % de la facture. Rappelez-vous — puis
peut-être que vous étiez plus en service de garde qu'en politique au moment où
les services de garde sont apparus, puisque vous êtes beaucoup plus jeune que
nous — mais
il y avait une contribution parentale de 20 % de la facture. À ce
moment-là, c'était 5 $. Oui, c'était il y a à peu près 15 ans, mais, ceci
dit...
Le Président (M. Picard) : En
terminant.
Mme
Charbonneau :
...maintenant, on a regardé la facture en se disant : Comment on peut
arriver à 20 %? Bien, je vous dirais que 200 000 $,
20 %... regardez-le comme ça.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Mme la
ministre, est-ce que je comprends que, le document, vous allez le
déposer ce matin? O.K. Donc, merci. Maintenant, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
• (10 h 50) •
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord vous saluer, et le personnel de
cette commission parlementaire. Je salue la ministre et toutes les personnes
qui l'accompagnent ainsi que mes collègues députés du gouvernement et de
l'opposition.
Il y a deux
semaines et demie, je suis devenue grand-mère pour la première fois. En
septembre, je vais devenir grand-mère
pour une deuxième fois. Première belle-fille habite le Québec, deuxième
belle-fille habite Toronto. Ma belle-fille ici, au Québec, paiera, au maximum, 100 $ par semaine pour les
frais d'une garderie subventionnée. À Toronto, ma belle-fille, si elle est chanceuse, si elle est chanceuse,
paiera 450 $ par semaine; 100 $, 450 $ par semaine. La moyenne
de la contribution parentale au coût
de garde d'enfants pour l'ensemble du Canada, lorsqu'on exclut le Québec, est
un petit peu moins que 50 % des coûts. En Europe, c'est 25 %
des coûts.
En 1997, au
moment de la mise en place du Programme de places à contribution réduite, la
contribution parentale représentait
près de 20 % des coûts totaux. Depuis, en raison de la hausse des coûts du
programme et du maintien, au même niveau,
de la contribution parentale, cette proportion s'est réduite graduellement et
ne représentait en 2014‑2015 qu'environ 13,6 % des coûts. Les modifications proposées... et ce n'est plus
des modifications, mais maintenant on nous ramène à une proportion
d'environ 20 % des coûts.
Je souhaite
rappeler l'importance de retrouver des finances publiques équilibrées. Le
pourquoi est important. Le Québec et
tous les Québécois et Québécoises veulent retrouver la liberté de faire des
choix de société. On doit s'assurer de
la pérennité et la qualité des services dont jouiront tous les Québécois par un
financement adéquat et équitable. L'équilibre budgétaire n'est pas une fin en soi, l'équilibre budgétaire est
uniquement une étape majeure vers le Québec que veulent tous les Québécois : un Québec plus prospère,
plus fort, plus juste aujourd'hui et, ce qui est important, pour les
générations futures.
Quant aux tarifs de garde, est-ce que vous savez
qu'avant la modulation, avec une contribution de 7,30 $ par enfant, par jour, une famille avec un revenu
annuel de 100 000 $ payait une contribution nette de 5,88 $ par
enfant, par jour? Cela était moins
que ce que les familles ayant un revenu familial annuel de 85 000 $
et moins payaient. Moi, je ne trouvais
pas cela équitable. Dorénavant, les tarifs de garde seront modulés selon le
revenu des familles, 30 % des familles ne subiront aucune hausse de
tarifs, et 60 % paieront moins de 9 $ par enfant, par jour, ce qui
était la proposition du Parti québécois. Je
veux souligner et en particulier à mon collègue le député de Terrebonne que la
modulation existe dans de nombreux pays qui ont un système universel de
services de garde, entre autres le Danemark, où les tarifs varient jusqu'à
25 % à 28 % des coûts totaux des gardes. Le calcul des frais de garde
tenant compte du revenu familial, on le retrouve aussi en Norvège, en Finlande,
en Suède, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, entre autres.
Alors, ma première question à la ministre,
c'est : Est-ce qu'elle peut nous expliquer en quoi consistent cette
nouvelle tarification et les raisons invoquées par le gouvernement d'apporter
de tels changements?
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Permettez-moi, puisque je l'apprends en même temps que
vous, de féliciter ma collègue de
devenir une «nonna». C'est un mot très beau qui veut dire «grand-mère» en
italien. J'ai voulu l'apprendre à mes
petits-enfants, mais ils m'appellent mamie, c'est beaucoup plus facile, et,
dans un centre d'achats, bien, tout
le monde sait que c'est des enfants plutôt français. Mais, «nonna», j'ai trouvé
ça tellement beau comme nom pour donner... Je le trouve douteux pour le
grand-père, mais c'est parce qu'en...
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
C'est ça. C'est parce que, en français, «nono», ça veut dire autre chose. Mais,
si j'étais en Italie et je disais à
un homme «nonno», ça ne serait pas lui dire qu'il a des drôles d'idées, ça
serait plutôt pour lui dire qu'il est
grand-père. Donc, félicitations à ma collègue qui aura le bonheur de devenir
grand-mère pas une fois, mais deux fois cette année. Ça, c'est vraiment
extraordinaire.
Je vous dirai que je lui souhaite la switch gaga, parce que
ça, c'est une switch qui existe sur chacun d'entre nous, qui fait en sorte que, quand on a nos
petits-enfants, on devient un petit
peu démesurés dans la dose d'amour
qu'on veut donner. Mais je vous
dirais en même temps que, veux veux pas, on n'a qu'à les aimer. On n'a
pas besoin de les élever puis de contribuer à faire en
sorte qu'on les discipline, on a
juste à donner de l'amour, et ça, M.
le Président, vous le savez peut-être
plus que moi encore, c'est quelque
chose de superfacile, puisqu'être
grand-parent, c'est vraiment un privilège.
Maintenant,
comment le gouvernement du Québec a regardé pour faire en sorte que le principe
même des services de garde
soit regardé sur une tarification différente plutôt que juste le 7 $ par jour? Premier constat : Comment
faire plus de places, comment activer
la machine pour faire en sorte qu'on peut créer des places et les rendre
accessibles à l'ensemble des enfants
du Québec? Oui, c'est vrai que c'est facile de dire : Je vais créer
15 000 places, mais, à partir du moment où le Conseil du trésor ne met pas l'argent au
rendez-vous, bien les 15 000 places sont annoncées, puis les gens sont en
attente, puis là on dit habituellement aux gens : Bien, prenez
votre temps pour trouver vos affaires, parce qu'on n'est pas trop pressés, le budget ne nous le permet pas. J'aimerais
vous dire, Mme la députée, que c'est quelque chose que j'invente de mon propre chef, mais c'est le Vérificateur
général qui avait fait le constat qu'on avait annoncé des places mais qu'on
n'avait pas l'argent. Donc, la
responsabilité que nous avons eue, et celle à laquelle mes collègues de
l'opposition m'ont vite donné un
objectif... c'est-à-dire, il faut créer des places, il faut trouver comment, il
faut savoir comment faire les choses.
Alors, nous avons regardé différentes avenues.
On les a regardées avec l'ensemble des collègues pour voir comment on peut faire mieux au Québec pour offrir
plus, non seulement offrir plus, mais maintenir les services qu'on a et faire en sorte que chacun s'y retrouve. Donc,
la première réalisation : revoir l'ensemble de nos services, ça ressemble
à quoi? Eh bien, M. le Président, il y a des
CPE affectueusement appelés sous cette rubrique-là, mais c'est des centres
de la petite enfance, il y a des garderies
privées subventionnées, il y a des services de garde en milieu familial, et ces
trois-là sont subventionnés par le gouvernement, hein, les trois
reçoivent des sommes pour leurs journées, dépendamment de l'installation, c'est-à-dire, si c'est un CPE, un
service de garde privé ou en milieu familial, l'attribution du gouvernement
est différente, puisque le montant de la subvention est différent. Et il y a le
quatrième, qui est la garderie privée non subventionnée, et celle-là, elle est
pour nous tout aussi importante en services aux enfants qu'on donne au Québec.
Maintenant, on s'est dit : Comment on fait
pour donner plus aux citoyens du Québec, comment on fait pour attribuer une somme importante à un et conserver
l'ensemble du programme? Eh bien, on l'a regardé sous une forme assez logique. Je vous dirais qu'on a revu dès le départ
la genèse du service de garde. Donc, comment on fait? On a regardé qu'au moment où on l'a mis en place — puis je le disais un peu plus tôt à mon
collègue de Terrebonne — au moment où on l'a mis
en place, on a dit : Les parents vont contribuer à 20 % de la
facture. Pourquoi? Bien, c'était une façon de les responsabiliser, puis, en même temps, le
gouvernement contribuait pour le reste, donc le 80 % venait du
gouvernement. On a regardé qu'est-ce
que le gouvernement est capable de contribuer, comment on peut faire mieux, ça
représente quoi, 80 % de la facture, puis ça représente quoi,
20 % de la facture.
Maintenant,
quand on regarde une facture, et une attribution, puis une façon de faire pour
pouvoir départir une tarification de
façon à ce que chaque famille y donne le meilleur de sa contribution, on s'est
dit : Les familles qui gagnent en
bas de 50 000 $, là, les familles de 50 000 $ et moins, ces
femmes et ces hommes qui... quelquefois, c'est des femmes monoparentales
qui retournent sur le marché du travail pour survivre — on en
parlait tantôt, des nouvelles réalités familiales,
ça arrive — mais ça
peut être aussi deux personnes qui travaillent dans des milieux qui sont moins
bien nantis pour donner des gros salaires, donc deux plus petits
salaires, puis on arrive à 50 000 $... bien, est-ce que ces familles seraient justifiées de payer le même montant
qu'une famille qui, à elle, gagne 200 000 $? Est-ce que la facture...
Le service se doit d'être le même, la
qualité des services. Et, encore une fois, dans la genèse du programme des
services de garde, c'était pour
donner une chance égale à chacun des enfants. Donc, si je suis un enfant et que
mon parent gagne moins que le voisin,
est-ce que je dois le savoir? Est-ce que je me dois de le ressentir, surtout si
je vais chercher un service en service de garde? Eh bien, non.
• (11 heures) •
Alors, on
s'est dit : Il faut faire en sorte que nos familles s'y retrouvent mais
que chacune trouve son gain par rapport aux services qu'elle se doit d'avoir. Donc, on a regardé la tarification des services de garde de
cette façon, en se disant : Bien,
une famille qui gagne 50 000 $ et moins, hein, parce qu'on se
rappellera que 30 % de nos familles ne vont pas payer plus que 7,30 $ par jour, peut-être
même moins... J'ai des familles qui vont payer jusqu'à 5,13 $ par jour
avec le retour d'impôt fédéral et
provincial. Mais, à 200 000 $, cette famille peut contribuer à payer
20 % de la facture qui va lui être dévolue par le service qu'elle va chercher. Donc, dans une société
juste et équitable, tout le monde contribue aux services qu'on veut bien se donner, et, de ce fait, les
familles mieux nanties... Et là je n'utiliserai pas «les familles riches», parce
qu'à 200 000 $ on s'entend pour
dire que ce n'est pas riche, là. Il y a des familles qui, à
200 000 $, ont quelquefois des difficultés, mais, à 200 000 $, ma facture au niveau du gouvernement du Québec pour des
services de garde que je reçois, après les deux retours d'impôt, revient
à 15,66 $.
Eh bien, Mme
la députée, quand moi, j'ai eu mes enfants — et probablement vous aussi — il n'y avait pas de service organisé, et c'était 15 $ par jour.
Et là je vous parle d'un enfant que j'ai eu il y a de ça 27 ans, parce que,
oui, la plus vieille a 27 ans. Donc,
il y a 27 ans, on payait 15 $ par jour, et, à ce que je sache, mon salaire
était vraiment différent de celui que
j'ai présentement, puisque les salaires ont graduellement pris un peu d'ampleur
avec les années, comme il se doit
d'être. Mais, ceci dit, il y avait une différence marquée entre les services
que je pouvais recevoir et la facture que j'avais. En ce moment, 2015... pas 1988, l'année où j'ai eu ma fille,
mais, en 2015, les familles de 200 000 $ et plus auront une
contribution de 20 $ par jour, mais, après les deux retours d'impôt, ça
revient à 15,66 $.
Donc, notre
volonté, c'est d'essayer de trouver une justice sociale qui fait qu'on peut
maintenir un service, attribuer aux
familles à faibles revenus la volonté d'avoir une chance égale sur le marché du
travail, pour les enfants, la stimulation et tout ce qui vient avec les
services avec la même chance que les familles qui sont mieux nanties. Et je
suis sûre, Mme la députée, que, quand vous
avez fait votre recherche pour voir comment ça se passe ailleurs, vous êtes
vous-même restée surprise, parce
qu'on s'amuse à citer les autres pays quand on veut nous donner une mauvaise
note, mais, quand on regarde comment
ça se fait ailleurs, on s'aperçoit rapidement que la volonté de la justice
sociale, c'est de partager cette facture et se donner des services auxquels on peut
attribuer chances égales aux enfants, en éducation, en service de garde,
mais aussi en santé, et c'est exactement sous cet angle-là qu'on l'a regardé.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
de Santis :
Merci, M. le Président. Un argument qu'on entend assez souvent, c'est
que la modulation fait en sorte qu'il y a une double taxation pour
certaines personnes. Comment la ministre répond à cet allégué?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
C'est vrai qu'on a étiré la sauce par rapport à cette volonté de regarder l'attribution.
Vous faites bien de nous le dire,
parce que, dans le fond, Mme la
députée, vous nous rappelez que vous
payez pour les services de garde,
mais vos enfants ne sont plus aux services de garde. Je paie pour les services
de garde, le président aussi, les gens
avec qui il travaille à la grande table aussi, mes collègues en face, à la
recherche. Qu'on ait des enfants ou qu'on n'en ait pas, au Québec, tout
le monde contribue aux services de garde.
Maintenant,
quand les gens ont voulu nous dire qu'on faisait une double imposition, c'était
de nous dire que, dans cette
volonté-là, on facturait non
seulement la personne qui d'emblée,
dans ses impôts, payait pour le service de garde, mais en plus elle devait payer au quotidien pour
le service qu'elle recevait. Ce qu'on cherche à faire, comme gouvernement,
c'est de faire en sorte qu'on responsabilise
le parent et qu'on le fait contribuer pour un service qu'il reçoit et, je vous
le dis, qu'il considère comme un
service essentiel. Que ce soit quand je vais faire l'épicerie, que ce soit
quand je me promène dans des
activités, plusieurs parents me reviennent en me disant : Moi, Mme la ministre, j'étais prête à payer plus, faites juste vous assurer que je peux maintenir ma place, que je ne perde pas
ma place, que je peux faire en sorte que mon CPE, ma garderie privée subventionnée, mon milieu
familial ne me dit pas qu'il ferme, parce que, si vous touchez autrement
à l'application de la subvention à nos
services de garde, le danger qui nous guette, c'est qu'on puisse regarder ça
sous en angle différent puis qu'on
arrête de faire des places, qu'on arrête de créer cette possibilité-là pour nos
familles d'avoir accès à ça.
Donc,
la double tarification, c'est une volonté négative que les gens veulent donner
à une volonté du Québec à maintenir
des services de garde pour chacune des familles qui en a besoin. Ce qui
me fait le plus mal au coeur, ce n'est pas
quand on accuse le service de toutes sortes de choses, c'est beaucoup
plus quand je rencontre des parents qui me disent : Je n'ai pas de place, je cherche encore, je suis
sur une liste d'attente, j'aimerais mieux que. Et à certains on dit :
Faites affaire alentour de votre
milieu de travail, il y a peut-être de la place alentour de votre milieu de travail,
plutôt que proche de la maison. Et quelquefois c'est la piste de solution qui est trouvée, parce qu'il y a des endroits où ils sont superoccupés puis il y a des
endroits où il y a encore de la place disponible. Je pense à Montréal, où notre
milieu familial n'est pas comblé. Il y a
encore de la place dans le milieu familial au niveau des services de garde à Montréal. Et, de ce fait, bien, les gens se doivent
de le savoir.
Donc,
notre volonté, c'est que chacune des familles s'y retrouve et que chaque Québécois
sache que, quel que soit son revenu,
quel que soit ce qu'il fait dans la vie, il contribue à un service de garde
pour l'ensemble des Québécois, il
contribue à sa façon, par le principe du paiement de ses impôts, mais que les
familles qui utilisent le service ont aussi des responsabilités et
contribuent au niveau du service au quotidien.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
Mme
de Santis :
Merci, M. le Président. Il y a un autre argument qui se fait qui dit que la
nouvelle tarification va empêcher les femmes de se retrouver sur le
marché du travail ou que ça a diminué la participation des femmes sur le marché du travail. Personnellement, j'ai mes doutes
quand j'entends ça. Il y a d'autres provinces au Canada où
la participation des femmes est
similaire à la participation des femmes ici, au Québec, nonobstant que le coût
de garde dans les autres provinces
est beaucoup plus élevé qu'ici, au Québec.
Je peux citer le Centre canadien de politiques alternatives, qui, en novembre dernier, avant la modification au tarif, a
publié qu'à Toronto le tarif médian payé pour la garde de la
petite enfance était de 998 $ par enfant, par mois; à Edmonton,
781 $; et, au Québec, 158 $ par mois.
Alors,
Mme la ministre, qu'est-ce
que vous dites à ceux et celles qui
disent que les femmes sont pénalisées avec cette nouvelle tarification?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre, 1 min 30 s.
Mme
Charbonneau :
1 min 30 s, M. le
Président, pour faire mon
argumentaire, c'est difficile. Je vous dirais, Mme la députée, que non seulement on a pris en considération l'ensemble des possibilités, hein — les
femmes seules, les hommes seuls, les familles reconstituées, les
familles dites régulières, les familles nombreuses, les familles moins nombreuses — mais
on a aussi pris en considération ou on a surtout pris en considération les
familles à faibles revenus. Et
rappelons-nous, là, que, nos femmes seules qui sont à un salaire quelquefois beaucoup plus faible que si elles étaient en revenu familial, bien, il fallait les
sauvegarder, il fallait faire en sorte qu'elles, elles aient accès à ce
service-là. Mais je vais aller plus
loin, puisque c'est quelque
chose qu'on n'a jamais relevé, puis
j'invite la population à l'entendre : si un jour on avait décidé de fermer, de ne pas ouvrir,
de faire en sorte que le système de services
de garde ne se développe pas pour sauvegarder ce qu'on a déjà, ce
que j'ai déjà entendu de certains collègues
de l'opposition, c'est-à-dire «arrêtez de développer des places
puis investissez plus»... Bien, Mme
la députée, savez-vous que 98 %,
sinon 100 % du service de
garde au Québec est géré par des femmes?
Donc, on a non
seulement sauvegardé le prix, mais on a aussi sauvegardé des emplois de femme
au Québec.
Le
Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Repentigny pour une période de
24 min 30 s.
• (11 h 10) •
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. J'entends des commentaires tout à l'heure la préoccupation du gouvernement d'obtenir l'équilibre budgétaire
et je suis préoccupée par l'endettement, donc je salue cette inquiétude. L'endettement est dû à une série de décisions qui
ont été prises par le passé, et, de
toute évidence, dans le passé, on ne
s'en est pas préoccupé. Donc, cette
année, on se ramasse avec une inquiétude qui est justifiée, mais il aurait été intéressant qu'on y pense dans le passé.
Ce que je trouve
regrettable aussi, c'est que les services de garderie existent depuis 15 ans à
peu près et les gouvernements qui se sont succédé ont renoncé souvent à
l'indexation des tarifs de garderie, ce qui fait que, oui, aujourd'hui les gens sont choqués par ces annonces-là. Il y en a eu, mais pas à
tous les ans. Ils sont choqués par les décisions qui ont été prises par le gouvernement cette année, parce que
tout d'un coup on réajuste les tarifs, alors que, si on avait indexé annuellement, fort possiblement qu'on serait arrivé à un résultat sensiblement le
même. Ce qui est aussi regrettable, c'est que le Parti libéral, en
campagne, a déchiré sa chemise sur l'augmentation annoncée par le Parti
québécois; c'était d'augmenter une première
fois à 8 $ et une deuxième fois
à 9 $. Donc, on a pris un chemin différent pour arriver au même résultat, parce qu'il y a quand même un gros
pourcentage de gens qui vont payer 8 $ et 9 $, même s'ils vont avoir
droit aux déductions. C'était la même
chose si le Parti québécois augmentait les tarifs à 8 $ et 9 $, il
allait chercher les déductions fédérales. On arrive au même résultat,
mais c'est le chemin détourné qu'on a pris pour annoncer ces annonces-là.
Je
vais quand même arriver à l'étude des crédits, donc, la question des chiffres,
c'est ce qui me préoccupe beaucoup. Dans
le plan budgétaire, vous annoncez une baisse de 1,9 million des dépenses
et vous mentionnez qu'on parle de réduction des dépenses de nature administrative. Dans la préoccupation du
gouvernement de réduire la taille de l'État, est-ce qu'on comprend qu'il
y aura des coupures de poste et des mises à la retraite, ce qui explique un peu
cette baisse de budget?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : En
premier lieu, M. le Président, vous me permettrez de revenir un peu sur le
préambule, je pense
qu'il est important, puisque la
députée a fait vraiment
un parcours pour nous rappeler les décisions qui avaient été annoncées dans le Parti québécois par rapport au 9 $.
Puis, vous avez raison, c'était sur deux temps, il faut se le rappeler :
8 $, 9 $. Mais je veux quand même
prendre le temps de lui rappeler que nos familles de moins de
50 000 $, là, n'auront jamais
9 $ à payer et je pense que c'est important qu'on se le rappelle, parce
que, oui, on peut taper sur une promesse, puis on peut se rappeler les chiffres, puis on peut revenir sur le
passé, mais, avec un clin d'oeil, je vous dirais : Si je savais maintenant tout ce que je sais, il y a bien des
choses, dans le passé, que je n'aurais pas faites. Mais, ceci dit, puisque je
ne peux pas revenir dans le passé, je n'ai pas vu qu'on avait inventé
cette machine-là.
La
décision qu'on a prise, ce n'était pas un détour pour arriver au même résultat.
Si ça avait été ce fait-là, bien on
aurait chargé 9 $ à tout le monde. Le 9 $ arrive, là, je vous le dis,
là, quand une famille arrive à 100 000 $. À 100 000 $,
là, j'arrive à 9 $. Donc, je pense que
c'est important de remettre ça en ligne, puisque vous avez affirmé qu'on
faisait la même chose en le faisant
différemment. Maintenant, quand on parle de la réduction des frais auprès du ministère,
il n'y a pas de coupure de poste qui
a été annoncée de notre côté, il y a nécessairement une optimisation des postes
qu'on a, hein, parce que notre
responsabilité est un petit peu élargie. À chaque fois qu'on ouvre plus de
services de garde, on a plus de gens
qui travaillent pour ces services de garde, hein, il faut toujours se le
rappeler, parce que ce n'est pas quelque chose qui se fait comme ça, en disant : Bon, il y en a 20 de plus, ce
n'est pas grave, on s'arrangera. Donc, il n'y a pas de coupure de poste. Il y a nécessairement une attrition au
sein du ministère sur différentes responsabilités qui nous appartiennent,
et on a regardé partout où on était capables
de poser des gestes concrets pour aller, je vous dirais, couper à des endroits.
Je vous donne un exemple qui semble banal,
mais on s'en est parlé avant de commencer : les déplacements. Alors, au
niveau du ministère, puis on a eu ce plaisir-là à différents moments, là, on
fait des rencontres par visioconférence. Comme
ça, les gens de Montréal restent à Montréal, les gens de Québec restent à
Québec, et on ne paie pas de déplacement, parce que, oui, à chaque fois
qu'un personnel ou un attroupement de personnel, parce que des fois c'est plus
qu'une personne, change de place, bien il y a nécessairement pour nous une
facture qui nous arrive en déplacement.
Donc,
on a regardé partout où on était capable de poser des gestes. Quelquefois, ça
nous demande un exercice ardu, parce que vous avez compris que, un, dans
la relation humaine, entre parler à une TV puis parler à une vraie personne, des fois c'est plus agréable quand la
personne est là. Mais les choix qui ont été faits, c'est vraiment pour
s'assurer que chacun des endroits où on était capables d'aller poser des
coupures était cumulé. Et je nous rappelle, hein, que le ministère, il couvre beaucoup
plus large que juste les services de garde. Donc, on a regardé partout,
partout.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme
Lavallée : Oui. Merci beaucoup. Dans le plan budgétaire, au programme 2, Mesures d'aide à la famille, il est mentionné que le budget des dépenses pour
le programme baisse de 94,5 millions par rapport à l'année passée, puis on
explique que la variation s'explique par la croissance du budget pour le développement de 4 000 places mais
également par la révision de la
contribution parentale ainsi que par des mesures d'économie à l'égard du
financement des services de garde.
Pouvez-vous m'expliquer ce
que vous voulez dire par «la révision de la contribution parentale et les
mesures d'économie pour le financement»? Pouvez-vous m'en parler?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Dans la volonté qu'on a mise en place et qui a été adoptée par le projet de loi
n° 28, il y a nécessairement la
contribution parentale qui rentre en ligne de jeu, et la baisse de la
contribution parentale, d'un côté, mais l'augmentation de l'autre fait en sorte qu'on a 162 millions qui
seront entièrement versés dans un fonds au niveau des services de garde. Donc, il y a là une volonté de
poser un geste pour être capables, je vous le disais un peu plus tôt, hein,
de conserver le service qu'on a et faire en sorte
aussi que cette contribution-là passe par le service du ministère de la
Famille.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme
Lavallée : Oui. Donc, je comprends que ce qui est indiqué, «la
révision de la contribution parentale», c'est suite à l'adoption du projet de loi n° 28. Et les documents qui
nous ont été remis pour le budget dataient de mars 2015, et le projet de loi n° 28 a été adopté en avril
2015. Donc, vous aviez déjà convenu que les tarifs seraient adoptés tels quels
au niveau de la révision de la modulation des tarifs.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Vous avez compris, Mme la députée, que, un, la création de ces dits crédits,
là, puis de toute la création de la
documentation est déjà planifiée de par les propositions que le gouvernement
fait, mais, si jamais il y avait eu
un changement, il y a à ce moment-là une correction qui est affichée et
attribuée à chacune des pages où la correction est appliquée.
Donc, quand
vous dites : On a pris pour acquis que ça serait adopté, la réponse,
c'est : Non, on souhaitait un débat. Je pense que vous avez participé au projet de loi n° 28, là, aux
auditions, vous avez entendu l'ensemble de nos partenaires. Il aurait pu y avoir des modifications, mais, à ce
moment-là, ça aurait été d'imprimer une page pour corriger. Mais toute cette documentation qu'on nous distribue, qui
quelquefois nous dit qu'on devrait utiliser des clés USB pour se donner des documents, fait en sorte que c'était déjà
imprimé dans cette perspective. Mais tout changement aurait pu arriver de
par des amendements ou des papillons, et on
aurait corrigé, à cette fois-là, une page plutôt que l'ensemble de la brique
que vous avez reçue ou des trois briques, parce que c'est trois documents assez
substantiels.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Lavallée : C'est juste que
l'impression est là. Au niveau des services de garde, je vois que cette année, vraiment, au niveau des subventions, vous
détaillez selon les services de garde. Vous avez, dans les crédits de
transfert, à la page 116, les
subventions annuelles pour les garderies. Donc, je comprends, c'est les
garderies privées subventionnées, subvention
de la garde en milieu familial et subvention des centres à la petite enfance.
Pour chacune de ces subventions-là, les montants, on parle de combien de
places en garderie spécifiques pour chacun de ces services?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Permettez-moi, M. le Président, de dire à ma collègue,
s'il lui reste du temps, de m'offrir
une autre question, parce qu'on va aller chercher le détail précis. Je pensais
qu'on allait plus sur les chiffres,
donc on a sorti l'aspect budgétaire, mais on va vous chercher les chiffres
exacts du nombre de places auxquelles on associe chacune de ces
sommes-là.
Je vous le
donne dans le mille, M. le Président. Alors, pour les CPE, c'est 89 833
places; pour le milieu... Je vais attendre que vous me faites signe pour
me dire que...
Une voix : ...
Mme
Charbonneau : O.K.
Alors, pour le milieu familial, c'est 91 664 places; pour les services de
garde subventionnés, c'est 45 770 places.
Mme
Lavallée : ...basé sur ce nombre de places là. Les régimes d'assurance
collective et congés de maternité, ça, c'est offert pour les garderies
en milieu familial et les CPE?
Une voix : ...
Mme Lavallée : En milieu familial?
Mme
Charbonneau : Non,
CPE et garderies.
Mme
Lavallée : Les garderies privées subventionnées aussi ont droit à
ces... C'est payé par le gouvernement?
Mme
Charbonneau : Subventionnées, oui.
• (11 h 20) •
Mme
Lavallée : O.K. Puis avez-vous la répartition pour chacune de ces
garderies-là? Combien chacun reçoit?
Mme
Charbonneau :
La répartition de chacun des services de garde?
Mme
Lavallée : Oui, combien qui est payé pour les CPE ou les...
Mme
Charbonneau : Non,
je n'ai pas ça avec moi, je m'en excuse. Ça va avec la masse salariale, ça va
avec des chiffres qui sont vraiment différents pour chacun d'eux, ça
fait que non, on n'a pas ça avec nous, M. le Président.
Mme
Lavallée : Pour les régimes de...
Mme
Charbonneau : Il
faut calculer à peu près 4 %
de la masse salariale, là. Donc, à partir du moment où vous me dites «chacune d'elles», ça devient un peu
complexe, parce que vous avez compris qu'on en a énormément. Donc, on n'a pas les chiffres détaillés de chacune des
garderies, chacune de sa masse salariale et chacune du nombre de gens
qui reçoivent un retour par rapport à ce que vous me demandez.
Mme
Lavallée : ...de retraite, c'est la même chose?
Mme
Charbonneau : Les régimes de retraite, c'est pour tous les
employés que nous avons qui sont reconnus en CPE puis en garderie.
Mme
Lavallée : Puis ce que je comprends, c'est qu'avec la subvention que
vous donnez à des garderies privées subventionnées vous assumez le coût
des avantages sociaux et du fonds de retraite en plus de verser la subvention. C'est ça? Ensuite, vous avez, plus haut :
Autres mesures pour les employés syndiqués des centres de la petite enfance,
5 millions, puis ensuite Autres mesures
pour les responsables d'un service de garde en milieu familial,
3 825 000 $. Quelles sont les autres mesures?
Mme
Charbonneau : C'est attribué beaucoup aux libérations
syndicales et tout ce qui est le droit d'association.
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : Les maternités sans danger. C'est ça? Parce
que vous savez qu'en service de garde c'est un peu comme au scolaire : on libère plus rapidement les employés,
puisqu'ils sont en contact avec la petite enfance, donc la cinquième maladie puis tout ce qui s'ensuit.
Donc, c'est tout ce qui se rattache à ce principe-là au niveau de nos services
de garde.
Mme
Lavallée : C'est quoi, le rapport avec les syndicats, libérations
syndicales? C'est un ensemble de tout ça?
Mme
Charbonneau : Oui, c'est un ensemble de mesures, c'est ça.
Le chiffre est calculé dans une totalité. Mais c'est un ensemble de
mesures qui arrive à ce montant-là, qui passe autant par la libération
syndicale que par le congé préventif au sein de nos employés pour le régime des
femmes enceintes et tout ce qui s'ensuit, là.
Mme
Lavallée : Merci. La subvention pour le financement des
infrastructures, 37 564 000 $. Quand vous parlez de
l'infrastructure, est-ce que ça comprend exclusivement le coût de construction
d'une bâtisse?
Mme
Charbonneau : Bien, vous avez compris que l'infrastructure,
ça peut être l'aménagement, la construction, la rénovation. Il y a plusieurs aspects au niveau de... dans le mot
«infrastructure», qui est juste la construction. Donc, c'est plusieurs aspects. Je vous reviens en
disant : Construction, rénovation, aménagement. Donc, ça rentre tout dans
le principe de l'infrastructure.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme
Lavallée : Merci. Dans les dépenses que vous assumez au niveau des CPE,
on s'est fait dire souvent par les
garderies privées qu'en plus de la subvention — c'est ça que je voudrais avoir comme
détail — en plus
de la subvention que vous versez aux
CPE, donc le montant de 1 063 000 $, vous assumez le salaire de
la directrice du CPE, vous assumez les
coûts d'entretien jusqu'à un maximum... vous avez une subvention pour les
salaires des employés, vous assumez les taxes foncières, vous assumez le crédit des TPS-TVQ. Est-ce que c'est
inclus dans les infrastructures ou il y a d'autres chiffres là-dedans
qui...
Mme
Charbonneau : Dans la subvention, les salaires sont inclus,
je veux que vous le sachiez, parce que ça ne passe pas par un autre
principe. L'entretien est inclus aussi dans la subvention.
Mme Lavallée : ...
Mme
Charbonneau : Pardon?
Mme
Lavallée : La gestionnaire aussi?
Mme
Charbonneau : Oui, oui, la gestionnaire aussi, elle fait
partie des gens. D'ailleurs, vous savez que les grands débats existentiels, hein, dans les CPE, ce sont
les parents qui se doivent de se pencher sur le principe même de l'attribution
d'une hausse salariale ou du salaire de la
directrice ou du directeur du CPE. Donc, il y a là quelquefois des parents qui
nous ont interpellés sur cet aspect-là. Mais
c'est conclu dans la somme que le CPE reçoit pour attribuer l'ensemble des
services qu'il se doit d'offrir. Donc, le
salaire de la directrice, ou de la gestionnaire, ou des adjoints, c'est aussi
dans la subvention qu'ils reçoivent. L'entretien...
Mme
Lavallée : ...
Mme
Charbonneau :
Je m'excuse, je ne vous ai pas...
Mme
Lavallée : Dans le 1 063 000 000 $? C'est ça?
Mme
Charbonneau :
Dans les sommes que vous avez dénotées au niveau de la subvention, oui.
Mme
Lavallée : O.K. Puis pour les autres montants, l'entretien, les taxes
foncières, les TPS-TVQ?
Mme
Charbonneau : C'est tout inclus dans la subvention que vous
voyez devant vous avec l'ensemble de la liste que vous avez, là. Donc,
les sommes que vous voyez là incluent l'ensemble de ce que vous me demandez,
donc l'entretien, les salaires, la
subvention au quotidien pour ce qu'on donne comme services à la petite enfance,
le matériel pédagogique — je peux vous nommer toutes les rubriques,
là — mais
on ne donne pas...
Mme Lavallée :
Les taxes foncières, et tout ça.
Mme
Charbonneau :
...on ne donne pas de somme parallèle et on n'assume pas une somme parallèle
pour un service ou une localisation d'un CPE ou d'une garderie privée
subventionnée.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme
Lavallée : Merci. Dans le budget des dépenses, il y a : Soutien
financier aux centres de la petite enfance et autres services de garde,
215 millions. C'est quoi, ça? À la page 115 du budget des dépenses.
Mme
Charbonneau : Je vais me rendre à la page que vous avez,
puisque vous avez de l'avance sur moi quand vous le regardez. Vous me
dites : La page 115...
Mme
Lavallée : Du budget des dépenses.
Mme
Charbonneau :
...la rubrique Budget de dépenses, quand on regarde l'élément 2, Soutien
financier aux centres de la petite enfance et autres services de garde...
C'est-u la bonne ligne?
Mme
Lavallée : Oui.
Mme
Charbonneau : Je veux être sûre que je suis à la bonne
ligne. Donc, dans le Soutien financier aux centres de la petite enfance, parce qu'on spécifie
exactement c'est quoi, c'est le crédit qui est à voter pour 2016‑2017. Donc, ce
n'est pas encore... Il faut quand même se le
dire, hein, il faut que les crédits soient votés. Je pense qu'on va... Si la
tendance se maintient, on devrait faire ça cette semaine, jeudi qu'on
m'a dit, peut-être, mais ils ne sont pas encore votés.
(Consultation)
Mme
Charbonneau :
...une autre question.
Mme
Lavallée : Non, non. Mais c'est parce que vous me dites : C'est
2016‑2017. Mais j'aimerais ça avoir l'explication sur le 215 millions,
c'est quoi.
Mme
Charbonneau : Ce qu'on m'informe, c'est qu'annuellement, à
chaque fois qu'on vote un budget pour le ministère de la Famille, on vote en partie un budget pour l'année qui va
suivre. Donc, le montant que vous voyez là, c'est un montant qui est
dans une volonté de l'année ensuite.
Maintenant, au
dernier budget qu'on a fait, celui de l'année passée, on avait voté... cette
fois-là, plutôt que 2 150 000 $,
c'était 2,3 millions. Donc, la somme avait été un petit peu différente, un
petit peu augmentée. Mais là vous avez
compris que tout le monde fait un effort. Donc, la somme pour l'année prochaine
est un peu moindre que celle qui a été votée pour cette année.
Mme Lavallée :
O.K. Mais ce 215 millions là va servir à quoi? Est-ce qu'on a...
Mme
Charbonneau :
Bien, je vous dirais que la complexité qu'on a, puis je suis sûre que vous
allez le comprendre, c'est un peu
comme au scolaire, c'est-à-dire que notre calendrier à nous, il ne se gère pas
de janvier à décembre, il se gère d'avril à mai. Est-ce que je... J'ai
besoin de l'écho.
Mme Lavallée : ...c'est pour payer
quoi? C'est pourquoi?
Mme
Charbonneau :
C'est une prévision. Je ne peux pas vous dire à quoi il va servir, c'est
vraiment un budget prévisionnel pour
l'année qui va suivre. Donc, on n'a pas statué à lui donner une marge ou une
fonction très, très, très précises,
c'est vraiment le budget qui va suivre dans l'année qui va suivre. Donc, il y a
l'aspect salarial, il y a l'aspect des
installations, il y a tous ces aspects-là, mais il n'est pas attribué de façon
pointue, il est vraiment prévisionnel à l'année qui va suivre.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme
Lavallée : Au niveau des infrastructures, au niveau des coûts,
l'argent qui a été investi... Parce que j'ai vu que, depuis quelques mois, vous avez annoncé pour à peu près
10 millions d'investissement dans des CPE et il y a probablement une légende urbaine à l'effet que les
garderies privées bénéficient d'un coût d'aménagement et de construction
inférieur aux CPE.
Qu'est-ce que
les fonctionnaires du ministère mettent en place pour s'assurer que le prix
payé pour la construction... parce
qu'on parle de rigueur budgétaire, que le prix payé pour la construction de nos
centres à la petite enfance reflète les coûts payés pour les garderies
privées subventionnées et non subventionnées? Parce que j'ai entendu beaucoup
de choses puis j'ai entendu parfois des
tarifs qui baissaient de moitié lorsqu'on savait qu'on faisait affaire avec une
garderie privée versus un CPE. Et,
comme on est conscients que l'argent doit être bien investi, j'aimerais savoir
s'il y a des mesures pour s'assurer que...
• (11 h 30) •
Mme
Charbonneau :
La première partie de ma réponse sera celle-ci — puis ma collègue m'a déjà entendue le
dire : Les mêmes règles s'appliquent
aux uns et aux autres. Que je sois une garderie privée, ou que je sois
subventionnée ou pas, ou que je sois
un CPE, la même rigueur, la même règle
s'appliquent à un comme à l'autre. Pourquoi? Bien, parce qu'on considère que quelqu'un qui veut construire
une garderie ne peut pas la construire n'importe comment vu que c'est lui qui paie. Ce n'est pas une légende urbaine de
dire qu'ils n'ont pas la même subvention, parce qu'un paie ses infrastructures, puis, l'autre, c'est la communauté
qui paie l'infrastructure. Parce qu'on se rappellera que le CPE — et on a eu le plaisir d'échanger là-dessus à plusieurs reprises — le CPE, c'est un bâtiment qui appartient au
gouvernement, hein, c'est le
gouvernement qui paie pour l'ensemble de l'infrastructure, du moins pour
l'instant, et, de ce fait, on exige la même qualité de bâtiment et on se
souhaite que la même facture serait pour un ou pour l'autre.
Maintenant, l'enjeu où ça devient un peu plus
mélangeant, puis je vous rejoins où est-ce que vous allez dans votre questionnement, c'est-à-dire : Est-ce que
construire une garderie privée à Rimouski coûte la même chose que construire
un CPE à Montréal?, bien la réponse à ça,
c'est non, et on cherche à voir comment les gens font pour nous dire qu'un
coûte plus cher que l'autre. Par
contre, je vous dirais que, quand on choisit de construire un CPE, l'ensemble
de la construction se fait par les
devis qui ont été faits, tandis qu'une personne qui a une garderie privée — non subventionnée ou subventionnée — peut aussi mettre la main à la pâte, mais
l'exigence est la même pour la qualité des infrastructures et la
sécurité pour les enfants.
Le Président (M. Picard) :
...il reste deux minutes.
Mme
Lavallée : Oui. Merci. Ma question
n'était pas vraiment... Vous n'avez pas répondu à ma question.
C'est que les garderies privées, depuis que j'ai été en campagne
électorale et par la suite, les garderies privées, lorsqu'elles demandent des
soumissions, se font constamment demander : Est-ce pour un CPE ou une
garderie privée?, comme s'il y avait deux
façons de faire. Et j'ai une garderie privée qui a fait faire une soumission
pour un aménagement de terrain, et elle
a eu une soumission et elle a fait le saut quand elle a vu le prix. Puis, quand
elle lui a expliqué que c'était pour une garderie privée, la facture a
baissé de moitié.
Ma question
est de savoir de quelle façon on s'assure que le coût, le prix payé pour un CPE
équivaut au prix payé dans le marché privé.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la...
Mme Lavallée : ...toutes les sommes
d'argent investies.
Le Président (M. Picard) :
...
Mme
Charbonneau :
Alors, rapidement, M. le Président. Les exigences, je le disais, sont les
mêmes, et on fait des appels d'offres,
et, dans les appels d'offres, il y a nécessairement un regard porté sur le
prévisionnel puis la réponse de
l'appel d'offres. Et, je vous le dis, là, si jamais il y a une autre personne
qui vous interpelle là-dessus, il faut dénoncer. On ne peut pas faire la police des contrats de
partout, partout, là, mais il faut que nos gens soient capables de nous dire :
Il y a quelque chose qui se passe sur le
terrain qui est inacceptable parce que, quand je dis que je suis privé, ça me
coûte moins cher, puis, quand je dis
que je suis public, la personne se permet de me charger plus cher. C'est
inacceptable, puis il faut que chacun
de nous prenne sur soi de dénoncer ces situations-là, parce qu'un contracteur
qui fait ça, là, il ne devrait pas faire affaire avec personne.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 30 secondes.
Mme
Lavallée : Ma question, elle reviendra cet après-midi, mais qu'est-ce
que le ministère fait pour s'assurer que le prix payé est équivalent au privé?
Le
Président (M. Picard) : ...Mme la députée. M. le député de
Montmorency, pour une période de 20 minutes.
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Je veux vous saluer, saluer les
collègues qui sont ici présents, collègues de l'opposition, collègues du gouvernement également. Ça nous fait plaisir
d'avoir la chance d'être ensemble ici ce matin pour discuter d'un sujet fort important en ce qui regarde les garderies
et, bien sûr, les mesures contre l'intimidation. Mais, de par mes travaux, je n'ai pas le choix, je dois
débuter en parlant du budget, étant président de la Commission des finances
publiques.
Le gouvernement du Québec s'est donné comme
priorité de rétablir l'équilibre budgétaire, et son travail a commencé voilà déjà un an, voilà déjà un an, quand
on est arrivés après notre élection. Premièrement, nous avons constaté qu'à ce moment-là il n'y avait pas de crédit qui
avait été déposé par le précédent gouvernement, et on devait s'assurer d'aller rapidement pour mettre en place un budget
avec des crédits. Ça a touché également en ce qui regarde le développement
des garderies, en passant, parce qu'à ce
moment-là il y avait eu des promesses de faites à des gens, des promoteurs,
mais, malheureusement, il n'y a jamais eu de sous de disponibles pour
être capables de les réaliser. Il a fallu travailler pour réexpliquer la chose.
Maintenant, un an plus tard, on dépose un budget
équilibré, ce qui s'est fait à la fin du mois de mars, budget équilibré qui demande bien sûr des efforts budgétaires importants. On ne parle pas de compressions, on
parle de réduction des dépenses, O.K., et ça, je veux le spécifier parce qu'on a eu
à vivre, dans les années 90, des budgets pour équilibrer également. À ce moment-là, le gouvernement du
Parti québécois désirait... parce qu'il faut toujours essayer de raconter
l'histoire pour mieux connaître le présent,
avait décidé d'équilibrer le budget — le gouvernement Bouchard — mais à ce moment-là on était arrivé avec des coupures de budget. Ça a donné quoi?
Bien, il y a beaucoup d'éléments d'information qui circulent
actuellement. Ça a donné qu'à ce moment-là on a même fermé des hôpitaux, et ça,
les gens, il faut s'en rappeler, ça. Ça
s'est fait dans les années 90. Ici, à Québec, il y a eu l'Hôpital
Chauveau, il y a eu l'Hôpital Christ-Roi, il y a eu l'Hôpital Jeffery-Hale, O.K., qui ont été fermés. C'est ça,
des coupures, O.K., et on a réellement coupé des services, là.
Nous, ce
qu'on présente, c'est un budget équilibré, mais un budget demeure quand même
une prévision, parce qu'en cours
d'année ce qu'on doit faire, c'est de travailler à réaliser la prévision
budgétaire. Et, pour ce faire, bien là on demande et on a demandé aux
ministères et organismes du gouvernement d'avoir des plans de réduction.
Le ministère
de la Famille, comme tous les autres ministères, a dû contribuer et doit
contribuer à cette mesure, parce que
ce qu'on vise, c'est qu'au moment où on connaîtra les chiffres définitifs sur
l'année budgétaire 2015‑2016 on puisse
à ce moment-là accomplir le projet qu'on s'est donné d'avoir un budget
équilibré, O.K.? C'est ce qu'on souhaite. Puis ça, je veux saluer la députée de Repentigny. Tout à l'heure, elle
mentionnait qu'elle appuyait en ce qui regarde les mesures pour la
réduction de la dette. Bien, ce qu'on voudrait, c'est que les oppositions nous
appuient aussi dans ce processus-là, parce
que c'est un défi national de rétablir l'équilibre budgétaire. C'est un défi
aussi grand que le Québec s'est donné
comme défi, dans les années passées, de construire la Baie James ou
d'avoir des projets semblables. Pourquoi? Parce qu'on doit, pour le faire... Le président Clinton disait : Un
budget équilibré, c'est mathématique. Il avait parfaitement raison. Maintenant, on se doit de le réaliser. Et,
pour le réaliser, on doit changer les choses, on doit changer les façons
de faire, sinon, si on ne le fait pas, on ne
pourra pas avoir un budget équilibré. Donc, il faut changer les choses, il faut
changer les façons de faire. Mais on a dit également qu'on veut préserver les
grands services à la population. On veut préserver
la santé, on veut préserver l'éducation. On veut préserver, parce que les
Québécois y tiennent, nos services de garde,
nos services à la famille, nos politiques familiales parce que le Québec est
dans une situation vieillissante et on se doit d'aider et de supporter nos
familles pour assurer notre développement futur et permettre aussi à ceux qui
en font le choix de venir s'établir ici, au Québec.
Dans ces
efforts de réduction budgétaire, le ministère de la Famille a dû et doit
prendre des mesures importantes aussi de façon à limiter ses dépenses.
Ces mesures-là sont également demandées au niveau du réseau des services de garde. On l'a vu, la ministre a déposé un montant
qu'elle va nous préciser tout à l'heure, pour faire un effort budgétaire
pour rencontrer les attentes
gouvernementales. On a vu également que, dans certains milieux, il y a eu des
réponses qui sont un peu plus difficiles par rapport aux efforts
demandés. Je ne vais pas très loin, je vais juste ce matin.
Ce matin, si
on va... j'imagine que la nouvelle est également dans Le Journal de
Montréal : Un CPE coupe dans le lait — Les compressions budgétaires forcent la
direction à éliminer une portion le matin : «Un CPE de la Rive-Sud de Montréal supprimera une portion de lait par
jour aux enfants, en réponse aux compressions budgétaires du gouvernement.»
• (11 h 40) •
Écoutez, je pense qu'à ce moment-là, là, il y a
exagération, parce qu'il y a toutes sortes d'autres éléments administratifs qui
peuvent être regardés. Parce que, quand on vient s'attaquer justement par
rapport aux services aux enfants, je pense
qu'on a un problème, un problème majeur, parce que je n'ai pas lu... en tout
cas, je n'ai pas eu l'occasion de lire que les services de garde privés, qui ont une tarification et qui n'ont pas
de subvention, parce
qu'ils n'augmenteront pas leurs tarifs cette année, vont couper dans les
services aux enfants. Je n'ai pas lu ça nulle part. Mais là on vient de lire
pour des CPE, là, ce matin qu'on vient couper au niveau de l'alimentaire.
Mme la ministre, moi, j'aimerais dans un
premier temps connaître, en ce qui regarde les budgets des différents services de garde... on a les CPE,
les services privés subventionnés, les services en milieu familial, on va bien
sûr mentionner ces trois-là, là, le service
privé n'est pas concerné par les efforts budgétaires, que vous puissiez nous présenter quels sont les efforts budgétaires
que vous avez demandés à ces organismes. Et bien sûr, en regard des
budgets, il serait intéressant de
connaître également les budgets qui sont rattachés à chacun de ces
services de garde, parce qu'on sait que les CPE n'ont pas nécessairement
la même tarification, parce que, vous l'avez mentionné tout à l'heure, on
inclut, à ce moment-là, des bâtiments, tandis que, du côté des services
de garde privés subventionnés, eux paient le bâtiment. Puis ensuite de ça
il y a le milieu familial.
Donc, il serait intéressant de connaître quels
sont les efforts que vous avez demandés ou que vous demandez, Mme la ministre,
à ces organismes-là.
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci,
M. le Président. Je vous dirais que,
ce matin, c'est une question plus que pertinente, parce que,
depuis un bon trois semaines, on entend du n'importe quoi, du n'importe quoi
dans ce sens où on contribue au quotidien, on finance de la même façon. Puis je nous le rappelle parce
que nous, politiciens, on est
confrontés à cette question-là, hein : Est-ce que le financement
pour un enfant en garderie a changé depuis trois semaines?
Eh bien,
non, M. le député de Montmorency, il n'y
a pas... puis je vais le dire comme je le pense, là, il n'y
a pas une cent qui a changé dans le financement que nos services reçoivent pour
les services à la petite enfance dans nos garderies. Ça veut
dire quoi? Bien, ça veut dire que c'était 60 $ il y a trois semaines, c'était 60 $ la semaine passée, puis
savez-vous quoi?, ça va être
60 $ la semaine prochaine. Donc, il n'y a aucune raison valable en ce moment
pour demander... ou pour dire à nos
parents qu'il y a un service direct aux enfants qui va être touché. Je vous le
dis, puis j'essaie de me contenir parce
que ça ne me donne rien de m'emporter, mais on a entendu des choses terribles
sur des annonces qu'on a faites à nos parents, nos parents qui vont porter nos
enfants au quotidien dans nos CPE,
qui sont des fois même les gestionnaires de ces CPE et qui ont reçu des messages alarmants qu'on va couper dans
les lunchs, on va couper même peut-être dans les verres
de lait. C'est inacceptable. Bon, un coup que je vous ai dit ça, votre question
était plus précise, à savoir : Quel est l'effort budgétaire qu'on a
demandé?
En premier lieu, il faut se demander pourquoi on
a le droit de demander un effort budgétaire aux gens qu'on subventionne. Ah oui! c'est vrai, la réponse est
faite très facilement : on les subventionne, M. le député de Montmorency. Donc, je le disais un peu plus tôt, le président,
la secrétaire de la table, les gens en arrière de moi, moi, vous et mes
collègues, tout le monde finance les services de garde au Québec,
ça vient de la poche de chacun des Québécois. Et qu'est-ce
qu'ils nous ont dit, ces Québécois? Ils nous ont dit : Soyez vigilants, ne
dépensez pas notre argent n'importe comment. D'ailleurs, ils nous le disent à chaque fois qu'ils ont la
chance de nous rencontrer : Ne dépensez pas de façon importune, faites les
choses correctement, donnez-nous une reddition de comptes sur qu'est-ce que vous prenez sur notre paie puis comment
vous l'investissez. Bien, on demande la même chose à l'ensemble de nos
partenaires.
On finance
les services de garde à la petite enfance, les centres de la petite enfance,
le milieu familial et les garderies privées
subventionnées, alors on s'est tournés, puis on a regardé de ce côté-là, puis on s'est dit : Est-ce
qu'il y a un effort qui peut être
demandé? Je vous dirais que j'aurais aimé ça dire non. Ça aurait été bien de
dire non, de ne pas demander d'effort,
mais, à partir du moment où je regarde l'ensemble des finances et que je vois
qu'il y a 177 millions de surplus au niveau des CPE, que je vois qu'il y a 27 millions de surplus au niveau
des bureaux de coordonnateurs — là, on est toujours dans le même financement, là — et qu'en plus une dépense prévisionnée ou
non prévisionnée... parce que, pour les garderies privées subventionnées, c'est un petit peu plus
complexe, le calcul, mais on est capables de voir 178 millions là aussi.
Alors, vous comprendrez que, quand on se
tourne puis on dit : Est-ce qu'on se doit de demander un effort aux
partenaires?, la réponse a été fort simple : Oui, on peut demander
un effort.
Quelle est la
hauteur de cet effort? Eh bien, 74 millions, M. le député,
74 millions sur la somme que je viens de vous décrire. Donc, je n'arrive même pas à la moitié des surplus qu'on a dans l'ensemble
du réseau des services de garde
qu'on a au Québec. Comment ça se décline?
Je vais vous le donner dans le mille,
puis je le sais, que mes collègues
sont toujours intéressés à cet aspect-là. C'est 49,2 millions au
niveau des services à la petite enfance, c'est 2,3 millions au niveau des
bureaux coordonnateurs, donc 2,3 millions sur 27 millions de surplus, là — et là, quand je parle des bureaux coordonnateurs, je ne suis pas dans le quotidien
d'un CPE, je suis dans un bureau coordonnateur qui offre des services de coordination et de soutien aux centres de la
petite enfance dans nos réseaux familiaux — et on demande au réseau privé subventionné 22,5 millions. Est-ce qu'on exagère? Je vous dirais que, si je reçois de l'argent, ma réponse, ce
serait : Oui, vous exagérez, parce que,
l'argent que vous me donnez, je veux le garder, mais c'est
l'argent de chacun d'entre nous qui contribue à un
service à la petite enfance pour chacun des enfants qui sont inscrits dans un service
de garde.
Maintenant,
je pourrais vous décliner toutes les choses que je trouve terribles dans ce
qu'on dit, mais je pourrais aussi
vous dire qu'en moyenne, la gestion d'un service de garde, là, un centre de la petite enfance, bien c'est 17 %
de sa masse qui sert à
l'administration. Moi, je ne le sais pas pour vous, là, dans mon ancienne vie,
d'où je viens, on gérait un service à
la clientèle ou un service pédagogique de 45 000 élèves et on était à
4,5 du pourcentage du budget pour la gestion totale. Cette année, la commission scolaire de Laval peut se vanter
d'avoir une gestion à 3,5 %. Je vous parle d'un CPE qui est à 17 % du taux de son budget pour
l'administration. Est-ce qu'il faut se questionner? Oui. Est-ce qu'il faut
regarder avec eux? Et c'est la
volonté qu'on a au niveau du ministère pour aller voir comment on peut faire
mieux. Maintenant, quand on dit : Une rigueur budgétaire puis une volonté de faire
mieux, puis qu'on leur a demandé avec eux... Parce qu'on s'est assis avec eux pour expliquer correctement,
avec les bonnes lignes, la bonne façon, pourquoi on voulait aller chercher
74 millions. Chacun d'eux est venu à
cette rencontre avec énormément d'ouverture, et je salue chacun d'eux qui nous
écoute aujourd'hui avec beaucoup d'attention
en pensant qu'on va faire des grandes annonces pendant les crédits; de dire que,
l'ouverture qu'ils ont eue, ils nous l'ont en quelque sorte imposée, et ce
rendez-vous a été vraiment intéressant. On a regardé ensemble les façons
de faire, ils nous ont parlé de flexibilité de notre côté, puis on leur a parlé
de rigueur budgétaire de leur côté. Et le
rendez-vous qu'on s'est donné fait en sorte qu'on se parle encore. Je vous
dirais, encore ce week-end, M. le député, on parlait à un regroupement
qui nous disait : Avez-vous regardé cet aspect-là, parce que ça pourrait
être intéressant? Et on étudie chacune des propositions qu'ils nous font parce
qu'on croit que c'est ensemble qu'on peut arriver à mieux regarder la volonté
de cette rigueur budgétaire là.
Est-ce que ça
fait en sorte que ce matin, quand j'ai vu la revue de presse, j'étais heureuse
de voir que des parents ont été
sensibilisés sur le fait qu'on va peut-être... je dis «peut-être» parce que je
trouve ça inacceptable puis je suis sûre qu'on peut réviser cette décision-là auprès des personnes qui l'ont
annoncée, on va peut-être couper un verre de lait? On a réuni les parents pour les informer qu'on va
peut-être couper un verre de lait. Bien, un verre de lait, une portion de lait,
par jour, dans un CPE, là, un verre de lait,
ça coûte 0,38 $, M. le député, 0,38 $. Et, je vous le rappelle parce
que je pense que c'est important de
le faire comprendre aux parents du Québec, là, la subvention qui est offerte
aux familles du Québec pour un enfant en CPE, elle est toujours de
60 $ — 60 $
la semaine passée, 60 $ cette semaine — et je vous réitère le fait que, la semaine prochaine, ça sera encore
60 $. Il n'y a rien qui a changé dans la subvention donnée pour un service
à la petite enfance, aux enfants qui
sont inscrits. Alors, il n'y a aucune raison valable... je vous le dis, là,
puis je vous le dis avec mon coeur de
grand-mère, je pense, plus qu'avec mon coeur de ministre, il n'y a aucune
raison valable d'aller toucher à l'alimentation,
à la collation, aux services directement à la petite enfance sous prétexte
qu'on demande un effort budgétaire à l'ensemble d'un système. Ce n'est
pas comme si on avait dit à un service plutôt qu'à un autre : Toi, tu dois
payer le 74 millions, là.
On se
rappelle : 49,2 millions de dollars pour les services, les centres de
la petite enfance. Et, en ce moment, on parle autant à l'AQCPE qu'au RG... ils ont tous des acronymes
impressionnants, RGPQ pour voir c'est quoi, les meilleures pistes de solution pour faire en sorte qu'on va récupérer des surplus, qu'on va regarder nos
façons de faire pour s'assurer qu'on
donne le meilleur service aux CPE, aux CPE, pas aux enfants. Les enfants, il
n'y a rien qui change dans leur quotidien, c'est 60 $ de subvention qu'ils reçoivent pour pouvoir donner le meilleur
service. Et, j'en conviens, ils donnent un service exceptionnel. Mais de réunir des parents pour leur
dire qu'on va toucher directement, dans le quotidien, à l'alimentation de ces enfants, c'est inacceptable, et, comme
ministre, comme grand-mère... Je vous dirais que la députée à côté de vous le décrierait aussi fort que moi comme nouvelle
grand-mère. C'est inacceptable qu'on réunisse des gens pour leur dire :
Savez-vous quoi?, le gouvernement nous fait
ainsi mal qu'on va couper un verre de lait aux enfants. C'est inacceptable.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Montmorency, il reste 2 min 30 s.
M. Bernier : Oui. Mme la ministre,
je veux vous faire part... Vous avez rencontré les associations et vous rencontrez les associations pour parler avec eux
et discuter avec eux justement sur les mesures qui peuvent être prises de façon à ne pas toucher le service aux enfants.
Comme vous le mentionnez, le montant est là. Ce qu'il faut, c'est ne pas
toucher...
Comme
président de la Commission des finances publiques, j'ai eu à entendre bien sûr
les organismes qui sont venus lors du
projet de loi n° 28, O.K., et ce qui m'a surpris... J'ai regardé la liste
des organismes qui étaient présents au niveau
des garderies. Il y avait l'Association des garderies privées du Québec,
l'Association québécoise des centres de la petite enfance, la Coalition des garderies privées non subventionnées
du Québec, le Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance, l'Équipe de recherche Qualité éducative des
services de garde et petite enfance, la Fédération des intervenantes en petite enfance, le
Rassemblement des garderies privées du Québec. J'en ai eu sept, mémoires sur ça,
et sans compter les autres associations
régionales qui peuvent exister un peu partout, là, que ce soit dans l'Est du
Québec, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, la région de Québec,
Chaudière-Appalaches, île de Montréal, Outaouais, Abitibi-Témiscamingue,
Nord-du-Québec.
Mme la ministre, la question que je me pose,
c'est... Toutes ces associations-là, j'imagine que c'est tous des bénévoles, personne ne paie rien là-dessus, tout
le monde travaille bénévolement. Ça ne coûte rien, ça, au niveau des services
de garde, au niveau administratif? Personne
ne paie une cotisation, personne ne paie rien? Tout ça, toutes ces
associations-là travaillent toutes pour rien?
Vous avez eu également une nouvelle qui a sorti
en ce qui regarde les colloques, un colloque au Château Frontenac. Je n'ai rien contre que les gens puissent se rencontrer puis
qu'ils puissent discuter. C'est normal qu'on puisse échanger, qu'on puisse avancer, sauf qu'il y a des
façons raisonnables de faire les choses, O.K.? Quand on vient avec des propositions de couper dans le service à
l'enfance, là je ne suis pas d'accord, parce que moi aussi, je suis un
grand-père puis je ne suis pas d'accord
qu'on vienne faire ça. Puis, comme citoyen, je paie des impôts puis je paie mes
taxes pour être capable de donner un
service de garde adéquat aux jeunes du Québec, O.K., ne pas se ramasser avec
des situations semblables où on vient prendre les enfants en otages.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre, 20 secondes.
Mme
Charbonneau :
20 secondes. Le député a raison de s'inquiéter des frais qui sont
attribués à l'association ou aux différentes associations du Québec.
J'aurai sûrement la chance d'y revenir.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Maintenant, M. le député de Terrebonne, pour
13 min 30 s.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. On va les utiliser au mieux de nos capacités, M. le Président.
Alors, c'était intéressant de voir l'échange
entre le député de Montmorency et la ministre de la Famille, qui évidemment, là, dénoncent cette situation très
déplorable que nous avons vue ce matin dans les journaux, à Otterburn Park
exactement, donc, le CPE Petite Loutre.
Mais la
question que je vais poser à la ministre, parce que, puisque vous parlez de ce
genre de situation... bon, va pouvoir
peut-être nous éclairer davantage. Vous avez coupé 45,6 millions l'année
passée, au niveau de la Famille, dans les
garderies. Vous coupez 74 millions cette année, et on nous dit que,
l'année prochaine, c'est une coupure de 129 millions qui est prévue. À force de couper constamment dans
le ministère de la Famille, là... Cet argent-là, il faut bien aller le chercher
quelque part. Et là moi, je me mets à la
place, là, de la directrice générale d'Otterburn Park, là, avec son CPE, qui se
fait couper 60 000 $ dans ses budgets, là. Elle va le chercher
où, ce 60 000 $ là? Est-ce qu'elle abolit le poste d'une éducatrice? Est-ce qu'elle décide de fermer plus
tôt? Parce que c'est ce qui est marqué dans l'article aujourd'hui : on
voudrait fermer 15 minutes plus tôt
le CPE. Est-ce qu'elle décide d'aller vers d'autres solutions? Qu'est-ce que la
ministre ferait à la place de la
directrice générale? Parce qu'à un moment donné c'est bien beau toujours
couper — puis on
ne veut pas que les services aux
enfants soient touchés, je suis d'accord avec le député de Montmorency, moi non
plus, je ne veux pas que ce soit
touché — mais, de
l'argent, on n'en imprime pas, et le coût de la vie augmente, et, les services,
on veut les garder de la même qualité.
Comment on
peut couper 60 000 $ dans un centre de la petite enfance puis
conserver les mêmes services? Et ce que je trouve déplorable, c'est que
les parents de ce CPE là qui sont de la classe moyenne, eux, vont voir leurs
tarifs augmenter d'une façon considérable. On l'a vu, là, tantôt, on a fait la
démonstration avec l'échange qu'on a eu avec la
ministre puis son tableau. Si une famille gagne 50 000 $ chacun, là,
le père et la mère, ça va leur coûter au-dessus de 2 000 $ peut-être de plus par année, M.
le Président, s'ils ont deux enfants dans des centres de la petite enfance, et
ça va leur coûter plus cher. Mais ce
qu'on se rend compte, c'est que les services ne seront pas augmentés, il n'y
aura pas des services de meilleure
qualité. Au contraire, on semble couper de plus en plus, justement, dans
l'argent qui est donné aux installations en garderie subventionnée, que
ce soit CPE, que ce soit garderie privée subventionnée ou milieu familial
subventionné.
Alors,
qu'est-ce que la ministre peut nous dire pour nous rassurer? Parce que, d'un
côté, on réduit les dépenses dans ces
CPE là et là on arrive à un stade où les choix difficiles commencent, là.
Qu'est-ce qu'on recommande à une dame qui
doit couper 60 000 $ dans son CPE, là, de choisir comme... Parce que
ce n'est pas en coupant simplement des portions de collation qu'on va y
parvenir, là. Ça, c'est sûr que non, puis ce n'est pas ce qu'on veut. Alors,
qu'est-ce qu'on lui recommande? On lui dit de couper une éducatrice en
garderie? Qu'est-ce qui va être enlevé?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, je vais commencer comme mon collègue, par un préambule. Puis
on va s'en aller en caucus tous les deux après, là. Assoyez-vous avec
votre collègue qui était ministre de la Famille pour lui demander comment elle a fait pour décider que 29,9 millions
étaient pour être coupés en CPE puis en BC puis 14,6 millions
étaient pour être coupés en garderie privée subventionnée. Je ne pense pas que
de déchirer sa chemise pour un effort budgétaire,
ça a commencé par nous autres. Ça a commencé par une volonté de bien investir
l'argent du Québec. Et vous aviez le
même souci que nous. Et je ne vous le reproche pas, M. le député, je vous dis
juste que, la volonté de bien investir l'argent, vous l'aviez comme nous
l'avions.
Maintenant, qu'est-ce que je dis aux parents qui
gagnent 100 000 $ puis qui vont payer 9 $ par jour? Bien, savez-vous quoi?, si c'était le PQ, ça aurait été
9 $ pour tout le monde, même les familles de 50 000 $. Ça fait
que je veux bien qu'on me garroche
des roches, mais on va se souvenir que des décisions puis des promesses qui ont
été faites de votre côté ne nous donnent pas, à nous, la tristesse de
penser qu'on est odieux puis qu'on ne pose pas les bons gestes.
Par contre,
dans cette rigueur-là, on met au rendez-vous des gens, on leur demande de
réfléchir par rapport aux façons de
faire. Quand vous me dites : Est-ce qu'elle va couper une éducatrice?,
c'est donc facile de faire peur aux parents du Québec! Mais est-ce qu'elle doit réfléchir à sa gestion?
Nécessairement, nécessairement, comme tous les autres gens qui gèrent l'argent du Québec. Est-ce que j'ai
besoin d'une directrice, d'une directrice adjointe puis d'une autre directrice
adjointe pour avoir à peine un peu plus de
80 enfants? C'est une question qu'on devrait peut-être se poser, mais je ne la
poserai pas, parce que, savez-vous quoi, le
calcul qu'elle a fait n'est pas juste. Les normes ne sont pas encore annoncées.
Donc, le calcul qu'elle a fait, de 60 000 $, là, il va falloir qu'on
m'en fasse la démonstration, parce que je ne le sais pas, comment qu'elle y arrive. Elle ne sait pas encore,
cette directrice-là, quelles sont les propositions des deux associations
qu'on a eues et quel sera l'effet sur
l'ensemble des CPE du Québec. Donc, moi, je veux bien qu'on parte en peur, là,
mais notre volonté, c'est de
travailler avec les associations, et les associations nous ont demandé la même
chose. Donc, elle devrait peut-être prendre contact avec son association
pour voir comment faire mieux.
Mais vous me
demandez des propositions, je vais vous en donner, puisque j'en ai, parce que
je me suis dit : Il faut avoir au moins la volonté de regarder plus
loin que la subvention, parce qu'elle n'a pas changé, la subvention pour le service à l'enfant, là. Elle est toujours de
60 $ dans ce CPE, il n'y a rien qui a changé, là. Dans son quotidien, dans
le verre de lait qu'elle donnait la
semaine passée, il n'y a rien qui a changé dans son financement. Qu'elle ait
choisi de dire aux parents qu'elle va couper le verre de lait, là, il va
falloir qu'elle assume la décision qu'elle prend, parce que c'est inacceptable. Ça ne passe pas par le 60 $, ça
passe par des surplus qu'on a puis une volonté de mieux utiliser l'argent du
Québec. Mais comment peut-elle faire mieux? Je vous en donne quelques
rubriques : elle peut regarder ses frais de déplacement, de séjour et de représentation, parce
que, oui, le colloque, c'est la semaine prochaine — je ne sais pas si elle va y participer, mais c'était quand même aux
frais, hein, des gens qui travaillent dans nos CPE; la publicité et l'information, la papeterie, l'impression, les
articles de bureau, les abonnements puis les cotisations à ces abonnements-là,
parce que, oui, il faut les regarder aussi;
les frais reliés au matériel roulant, les contrats de services, l'aménagement
paysager, si on passe par là, ou bien
l'entretien ménager comme tel; la formation et le perfectionnement — mais ça, je vous dirais que j'aimerais mieux qu'on le regarde avec plus
d'attention parce que, dans le perfectionnement, l'effet wow, là, ça ne
m'impressionne pas.
Qu'on regarde l'aspect pédagogique, qu'on
regarde comment on peut parler de la petite enfance puis de la psychologie à la petite enfance, ça, c'est de la formation,
mais «happy, zen and sexy», là, c'est loin de la formation de la petite enfance qu'on devrait avoir auprès de nos
enfants. La location d'équipement, la fourniture... Je pense qu'il y a
un paquet de places où on peut
regarder avant même d'avoir la réflexion — je vous le dis, là, M. le député de Terrebonne,
là — d'annoncer
à des gens que les enfants vont arriver avec des boîtes à lunch ou avant même
de dire qu'un enfant qui veut un
verre de lait... Je ne vous dis pas qu'on doit lui... je vous dis : Il
veut juste le verre de lait, là. Si la réponse de la directrice du CPE,
c'est «on coupe là», c'est inacceptable.
• (12 heures) •
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Traversy : M. le Président,
là, il semblerait que les centres de la petite enfance ou les garderies qui
sont à contribution réduite financées par le gouvernement ont des surplus extraordinaires, parce
que, là, de la façon dont j'entends
la ministre, là, ça a l'air qu'ils nagent, là, dans de
l'abondance, puis on le... jusqu'au cou, qu'ils ont le moyen de couper l'année dernière, ils ont le moyen de couper
l'année d'avant, ils vont couper encore cette année, ils vont couper l'année
prochaine. Finalement, en bout de ligne, il y a
eu du laxisme incroyable au niveau des garderies, à écouter la ministre,
là. Puis je tiens à rappeler, là, que, depuis les dernières années, là, on a
été 18 mois, le PQ, au pouvoir, là. Donc, si la ministre dit qu'il y a eu du laxisme dans
les places en garderie puis que les garderies sont surfinancées, bien là c'est
toute une surprise; il faudrait en parler en
Mme James, il faudrait en parler à M. Tomassi, il faudrait en parler
à ceux qui ont été là avant elle puis à Mme Léger, qui avait
commencé à couper, comme elle l'a si bien dit, il y a quelque temps.
Moi, ce que je comprends, c'est qu'à force de
couper des revenus puis couper des sommes dans les places en garderie on finit par devoir faire des choix
difficiles. C'est bien beau, là, mettre, là, la lorgnette puis
la loupe, là, sur un événement, là, qui effectivement est déplorable et déplacé — je
suis d'accord avec vous, moi aussi, l'effet wow, ça ne m'a
pas fait triper bien, bien — mais,
au-delà de l'effet wow, là, il y a des services aux enfants qui sont là, puis il
y a des garderies qui ont des programmes
éducatifs, puis là on leur coupe des allocations qui leur sont données depuis
des années, puis ça les force à se
réhabiliter. Ce n'est pas évident, ce n'est pas évident. Puis, les parents, on
leur demande de payer plus cher leurs
tarifs en garderie. Les gens de la classe moyenne, là, vont payer plus cher sans
avoir de garantie d'avoir des
meilleurs services. Donc, on va couper dans le matériel qu'on fournit aux
enfants dans ces garderies-là, on va couper... Il n'y a pas juste des
surplus. Moi, on me dit qu'il y a des garderies qui sont déficitaires, on me dit qu'il y a
des garderies qui ont des surplus. Chaque garderie a sa particularité.
Ce n'est pas si simple que ça.
Alors là, à
un moment donné, je crains pour la
qualité des services qui vont être là puis j'ai des signaux qui me permettent aussi de commencer à m'inquiéter. Là, il y a
aujourd'hui, là, effectivement, des témoignages qui nous sont dits, mais je vous rappellerais, Mme la ministre, qu'il y a même certains de vos collègues qui nous ont lancé
des signaux à cet effet-là, comme
quoi la qualité allait être peut-être en danger avec la rigueur budgétaire
que vous avez mise. Oui, oui, oui, il y a
des gens qui l'ont dit, là. Le ministre de la Solidarité
sociale, là, nous a dit : «"La qualité des services va
diminuer", prévient
[celui-ci] — par
rapport à la rigueur budgétaire.» Vous irez voir, écoute, le bulletin de
nouvelles du 7 avril dernier 2015 à
11 h 6 de TVA Nouvelles, puis vous verrez en plus ses
déclarations. Donc, à un moment donné, à force de couper toujours, il
finit par y avoir des conséquences.
Moi, je me demande si, Mme la ministre, vous ne
devriez pas essayer justement de défendre davantage le portefeuille que vous gérez au Conseil des ministres, en disant :
Peut-être que la famille a assez écopé jusqu'à maintenant, il semblerait qu'il y ait des signaux, dans les
milieux, qui nous disent qu'on a atteint un peu le fond du baril, là, on n'a
plus beaucoup de marge de manoeuvre puis on
n'a pas beaucoup non plus d'espace, là, pour réussir à se développer des
liquidités.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. En premier lieu, tous les services offerts se doivent
d'avoir un programme éducatif. Il n'y en a
pas un qui a le luxe de dire : Nous, on n'en a pas puis on n'en fera pas.
Ils ont tous la même obligation.
Deuxièmement, si ça peut m'écourter la recherche, je vous dirais que
j'apprécierais que mon collègue dépose l'article, parce que je suis sûre
que mon collègue ne parlait pas des CPE, des BC puis des services de garde à la
petite enfance. Donc, s'il veut bien le
déposer, je vais pouvoir au moins citer mon collègue correctement, puisqu'on
s'amuse à le citer différemment.
Maintenant,
mon collègue est en train de me dire : Mme la ministre, ce n'est pas parce
qu'il y a des surplus qu'on doit les
adresser, ce n'est pas parce qu'il y a des surplus qu'il faut fermer les yeux
puis ne pas les regarder. Au contraire, puis vous faites bien de nous signaler, on des petits CPE qui ont de la
difficulté des fois à 24 enfants, un peu plus serrés dans le budget. Par contre on en a d'autres où il
y a 160 enfants où, là, les surplus... et la gestion est très bien faite.
Qu'est-ce qu'il faut se poser,
c'est : Est-ce qu'il faut revoir le financement des CPE? La réponse à ça,
c'est oui, mais ça ne se fera pas du
jour au lendemain puis ça ne se fera pas n'importe comment, ça va se faire
assis avec les gens qui donnent le service. Mais il faut se questionner parce qu'on a des
milieux où il y a moins d'enfants, moins de nombre d'enfants, l'utilisation
est moins fréquente, hein — à la place d'être occupés à 100 %, ils
sont occupés à 78 % — mais les places toutes prises à 100 %.
Il faut se
questionner là-dessus aussi. Les surplus, et c'est triste que je doive vous le
rappeler, parce que vous les avez,
les surplus n'appartiennent pas à n'importe qui, c'est la communauté qui
contribue à ces surplus, c'est vous et moi, c'est l'ensemble du Québec qui fait en sorte qu'il y a des surplus. Je
ne regarde pas le financement d'un CPE avec la volonté d'aller chercher dans ses coffres propres, je
regarde avec l'ensemble des associations comment on peut faire mieux pour
aller chercher l'effort budgétaire demandé. Maintenant, vous avez compris, M.
le Président, que, s'il n'y avait pas de surplus,
s'il n'y avait personne qui arrivait, si on ne trouvait pas écoute auprès de
nos partenaires pour dire : Écoutez, là, on n'arrive pas, puis en plus on n'a pas de surplus, puis en plus nos
bâtisses sont en décrépitude, puis en plus on... on ne serait pas où on en est maintenant. La volonté
qu'on a, c'est de bien gérer l'argent du Québec, et il y a des surplus dans
les trois infrastructures que je vous ai nommées, et c'est pour ça que les
trois sont au rendez-vous.
Maintenant, est-ce qu'on se doit d'être
responsables? La réponse, c'est oui. Est-ce que les services de garde peuvent passer à côté d'une responsabilité...
Parce que le député de Terrebonne considère que les services de garde doivent
être protégés à ce point de ne pas regarder
la gestion puis comment on en fait la gestion, de cet argent-là. La réponse,
c'est non. On se doit de regarder
comment on fait la gestion et d'aider les petits CPE qui ont de la difficulté.
Ça, c'est notre responsabilité aussi. On n'a pas le droit de priver des
parents de services parce que le CPE a de la difficulté. Mais la répartition de comment on fait les choses, comment
on peut mieux faire les choses, c'est exactement ce à quoi on se donne
nous-mêmes rendez-vous dans le quotidien.
Le Président (M. Picard) : En
terminant, s'il vous plaît.
Mme
Charbonneau :
Donc, M. le député, rassurez-vous, on ne permettra à personne de poser des
gestes odieux par rapport aux
services à la clientèle, si on peut l'appeler comme ça, et on ne permettra pas
aux petits CPE d'avoir des difficultés parce qu'on veut que le service
soit maintenu.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. M. le député,
est-ce que vous voulez déposer le document ou non?
M. Traversy : Oui, oui, on
peut le déposer, il n'y a pas de problème.
Documents déposés
Le Président (M. Picard) :
O.K. Donc, je confirme que M. le député dépose le document. Et, tout à l'heure,
Mme la ministre, vous avez déposé un document; j'en confirme la réception.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 15 h 44)
Le
Président (M. Picard) : Nous allons reprendre nos travaux. Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre à l'étude des crédits budgétaires du volet Famille et
lutte contre l'intimidation pour l'exercice financier 2015‑2016. Puisque
nous avons débuté nos travaux à 15 h 44 et qu'une période de quatre
heures doit être consacrée à l'étude de ce
programme cet après-midi, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à 19 h 44? Consentement.
Merci.
Avant de
poursuivre nos travaux, je vous informe du temps approximatif qu'il reste à
chaque groupe parlementaire pour
l'étude de ce programme : au gouvernement, environ deux heures;
l'opposition officielle, environ 56 minutes; au deuxième groupe
d'opposition, environ 38 minutes; et aux députés indépendants,
18 minutes.
Lors de la
suspension de nos travaux ce matin, M.
le député de Terrebonne
avait la parole. Je vous invite donc à poursuivre votre intervention.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Alors, je poursuivrai mon intervention
concernant le Fonds des services de
garde éducatifs à l'enfance, un fonds, M.
le Président, qui va être créé pour
collecter, dans le fond, l'imposition sur le revenu pour les tarifs de garde, là, des jeunes familles et des
parents du Québec, là, qui devront payer selon le salaire et le
revenu familial qu'ils auront.
On a reçu ce
matin, là, un tableau très coloré qui nous a été proposé par la ministre de la Famille, un tableau, là, qui nous dit que les gens qui ont 50 000 $ de revenu familial,
donc, ensemble, combiné, conjoint et conjointe, là, vont rester à 7,30 $ par jour, indexés, je crois,
au coût du programme, là, au coût de la vie — ça
sera à valider; les 50 000 $ à 75 000 $ seront à 8 $ par jour; 75 000 $ et
155 000 $ à deux, ça, par
contre, ça a été un petit peu plus grand, là, on pense entre
8 $ et 20 $ par jour, ça dépend du revenu familial commun — c'est
donc ici, là, que ça va faire un peu plus mal au niveau du portefeuille familial, donc on pense ici à la classe
moyenne en particulier; et les 155 000 $ et plus paieront 20 $ par enfant, mais là, 155 000 $
et plus, M. le Président, en connaissez-vous vraiment
beaucoup qui fréquentent les garderies à contribution réduite au Québec?
Je n'en connais pas des tonnes. Il y
en a, mais je pense que le plus gros
de la masse qui sera collectée par le
gouvernement proviendra, encore une fois de plus, de la classe
moyenne. Et cet argent sera donc
envoyé dans le Fonds des services de garde éducatifs à l'enfance, un fonds qui
est géré par le ministère des
Finances mais qui va être aussi sous
la tutelle du ministère de la
Famille — là, on veut savoir un peu comment ça va fonctionner — un
fonds qui, dans le fond, là, devrait
s'autofinancer, alors qui devrait, dans
le fond, se payer par l'imposition,
là, que ce nouveau tarif là en service de garde va rapporter.
Donc,
j'aimerais savoir de la ministre, pour commencer, à combien estime-t-on le coût d'administration, là, de ce nouveau fonds, là.
Tous les fonctionnaires qui vont travailler, là, à essayer d'aller chercher le
salaire moyen, là, du revenu familial
selon les ententes spécifiques de chaque parent, tout ça, là, cet appareil-là
qui va collecter, là, l'imposition chez nos jeunes familles, combien de
frais administratifs ça va nous coûter?
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : Rien
de plus que ça nous coûte présentement.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Traversy : Donc, la ministre
nous dit que toute cette opération d'aller vérifier famille par famille,
entente spécifique par entente spécifique,
avec la vie qui bouge et qui s'alterne de par les saisons — on
en a fait différents exemples tout à
l'heure — des ruptures, des familles recomposées, des fois
des pertes de salaire également ou des augmentations, tout
ça, là, c'est des fonctionnaires qui sont déjà en place qui vont tout
s'occuper de ça. Puis où sont-ils, ces fonctionnaires-là? Comment ça va
fonctionner?
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le
Président, j'aurais cru que mon
collègue aurait été enchanté de la transparence et du fait qu'on a distribué ce matin les documents qui donnaient l'information. J'aurais
aussi cru que son collègue lui aurait remis la lettre qu'il a reçue de
mon collègue des Finances qui vient corriger par rapport à la volonté ou qui
vient dire comment ça va fonctionner. C'est
une lettre qui vient de M. Luc Monty, sous-ministre aux Finances, et qui
se termine... parce que je ne vous lirai pas la lettre au complet, là,
mais qui se termine par un dernier paragraphe qui dit : «Or, ces mécanismes de perception sont déjà en place à
l'égard de l'impôt et des autres retenues à la source. Il n'y a donc aucun
nouveau mécanisme à mettre en place pour la
perception de la contribution additionnelle.» Donc, s'il n'y a pas de nouveau
mécanisme, M. le Président, vous avez compris qu'il n'y a pas non plus de frais
supplémentaires.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Terrebonne.
• (15 h 50) •
M. Traversy : Donc, M.
le Président, je comprends que, pour
gérer cette nouvelle taxe famille, c'est les fonctionnaires qui sont déjà en place au ministère du Revenu qui vont
l'administrer. Ça n'aura pas un surplus de travail ou un surplus de tâches, là, il y a déjà...
Je ne sais pas combien de gens au
niveau du ministère du Revenu vont se mettre là-dessus, mais, donc, on me dit que c'est déjà prévu
dans le budget.
Alors, à ce moment-là, je vais demander à la ministre pourquoi, dans le projet de loi bâillon qu'on a
reçu il y a deux semaines, un amendement du gouvernement a été déposé, et je cite, à l'article du
chapitre VIII.1 sur le Fonds des services
de garde éducatifs. On disait dans cet article que le fonds était constitué...
bon, «affecté exclusivement au financement des services de garde éducatifs subventionnés», c'est à ça que l'argent
allait servir. Or, on nous dépose un amendement qui nous dit : «Toutefois, les sommes que le ministre engage pour
la perception de la contribution additionnelle [seront] portées au débit
du compte en fidéicommis du fonds.»
Qu'est-ce que
ça veut dire, cet amendement qui dit «les sommes que le ministre engage pour la
perception de la contribution
additionnelle sont portées au débit du compte en fidéicommis du fonds»? Est-ce
que c'est parce qu'il y a des coûts reliés à l'administration de tout ce
système?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
La magie de la politique, M. le Président, c'est : quand on pose la
question, c'est parce qu'on sait la réponse. Et je trouve ça adorable
que mon collègue insiste pareil.
Donc, la
réponse à cette question, c'est : Il faut créer la possibilité d'appliquer,
en général, sur les fonds spéciaux. Donc,
quand on dit : L'amendement a été placé au niveau du projet de loi
n° 28, c'est parce qu'au niveau des fonds spéciaux cette possibilité, elle est toujours présente.
Donc, on fait juste le mettre en place, et, si jamais la possibilité arrive,
bien on n'aura pas à corriger un
projet de loi au complet, on va pouvoir le mettre en application. Mais nous
avons concrètement une lettre du
Service des finances qui dit qu'il n'y aura pas de frais supplémentaires. Donc,
je sais que l'amendement peut poser des questions — j'ai
entendu votre collègue la poser à mon collègue sous le même niveau et avec la
même volonté — mais je vous rassure et je vous dirai qu'on
était joyeux, de notre côté, de recevoir une lettre des Finances qui
disait qu'il n'y avait de frais supplémentaires et que maintenant nous avons
une preuve qui le dit.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Terrebonne.
M. Traversy :
Merci, M. le Président. Je suis content que la ministre le reconnaisse, qu'il y
a là matière à questionnement, parce qu'on
aurait pu le déposer directement dans le projet de loi initial. Là, on semble
vouloir l'ajouter par la suite, là,
dans des amendements dans le cadre du bâillon. Alors, la question que je me
poserais : C'est donc quelque chose
qui est normal, qui est similaire... Est-ce qu'il y a d'autres fonds, là, qui
fonctionnent de la même manière que celui qu'on crée aujourd'hui? Je
comprends que c'est la normalité.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. C'est généralement convenu dans les fonds spéciaux que
nous avons à différents égards. Donc, cette fois-ci, il y avait eu une
omission. Et vous le savez comme moi, que, quand on travaille un projet de loi comme celui du n° 28... et, si on avait
eu le loisir de se rendre à ces articles-là, on aurait pu faire une explication un petit peu plus large par
rapport à ça. Mais, habituellement, les fonds sont gérés avec des dispositions
qui lui appartiennent.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Tout à l'heure, on se posait
la question sur combien ça allait coûter aux parents du Québec, là, les
augmentations tarifées selon les revenus, la nouvelle taxe, là, famille qui est
variante, hein, dépendamment toujours, là,
du salaire, des revenus. Je me suis amusé tout à l'heure parce qu'il y a un...
j'encourage les parents à l'essayer,
là, bon, ceux qui n'ont pas le coeur sensible évidemment, d'aller vers la
calculette, là, qui nous permet de
voir combien ça va nous coûter de façon additionnelle, dans le fond, les
tarifications qui sont présentées par le gouvernement.
M. le
Président, pour une famille qui a comme revenu familial 60 000 $ de
revenus pour le conjoint puis 60 000 $ de revenus pour la conjointe, qui sont des bons emplois mais qui ne sont
pas des emplois, là, de suprariches, là... on parle de la classe moyenne, là, il n'y a pas de doute
là-dessus, on parle d'enseignants, on peut parler de gens qui travaillent dans
la fonction publique, ce n'est pas des
propriétaires de multinationales, là, ces gens-là vont devoir payer, selon le
calcul que nous avons fait, s'ils ont
deux enfants dans une garderie à contribution réduite, plus de
3 000 $, par année, nets. Et là je pose la question à la ministre : Qu'est-ce qu'elle recommande
aux parents du Québec pour bien se prémunir de la chose? Parce qu'elle
nous a promis à la dernière campagne électorale qu'évidemment on ne toucherait
pas aux tarifs, qu'on essaierait de dégager du fardeau à la classe moyenne.
Est-ce
qu'elle aurait un conseil à leur donner pour bien se préparer à la chose? Et
sinon est-ce qu'elle a des trucs pratiques qui pourraient être utiles
pour les familles du Québec afin de passer au travers de cette dure épreuve?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je vous dirais que mon premier truc pratique, c'est de
maintenir le service qu'on a au
Québec. Mon premier truc pratique, c'est de dire qu'on voulait conserver une
volonté de développement des places,
et c'est dans ce sens-là qu'on a regardé l'attribution ou les frais qui
seraient imposés ou placés auprès des parents.
Je nous
rappelle aussi, M. le Président, qu'une famille de 50 000 $, parce
qu'il faut aussi se le rappeler, là, n'aura pas une facture de 9 $ par jour, hein? Et, quand le député m'a dit
«120 000 $», bien, à 120 000 $, M. le député et M. le
Président, à la fin de l'année, quand je
fais mes impôts, bien j'ai un retour d'impôt provincial et fédéral qui fait en
sorte que c'est 11,62 $ par
jour. Donc, le député peut faire tous les calculs possibles, puis, oui, on peut
faire le chiffre complet à la fin de
l'année sur un rapport d'impôt, mais il faut regarder dans le quotidien, et,
dans le quotidien, ça revient à 11,62 $ pour une famille de 120 000 $ qui a un enfant ou deux enfants,
puisque c'est le même prix pour le premier et le deuxième, et c'est
gratuit en partie : il n'y a pas une contribution supplémentaire pour le
troisième.
Donc, quand
le député veut faire un drame avec ça, moi, je veux surtout lui rappeler que
nos familles à faibles revenus, nos
familles qui ont de la difficulté et qui veulent être sur le marché du travail
avec la même chance que ceux qui
gagnent 60 000 $ à deux, bien elles ont l'opportunité d'y être,
puisque leur revenu fait en sorte que leurs frais de garde au quotidien
sont beaucoup moins dispendieux.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : M. le Président, moi, ce que je comprends de la
réponse de la ministre à l'heure actuelle, là, c'est que, bon, il va y avoir des augmentations qui sont
substantielles pour la classe moyenne. On dit qu'on fait ça pour protéger
les services, pour protéger les...
D'ailleurs, ça m'a fait bien sourire, parce qu'à la fin du document on
marque : «Ensemble, on protège
nos services publics.» Or, je n'ai jamais vu autant de sabrages dans les
services publics, là, depuis ma jeune existence
de député, là, en cette Chambre, là. C'est une austérité que j'ai rarement eu
l'occasion de voir, là, dans le cadre de
nos débats à l'Assemblée nationale. Alors, si c'est pour protéger les services
publics, là, la ministre pourra nous en faire l'exposé un peu plus.
Moi, ce que
je constate, c'est que les gens sont amenés à faire des coupures partout, les
services publics sont remis en
question, on essaie de pousser davantage vers le privé non subventionné. On va
en parler tout à l'heure. On a une grosse
crainte, d'ailleurs, que le gouvernement essaie d'encourager de façon
indirectement la création de garderies privées non subventionnées en mettant beaucoup de pression sur le réseau public
comme c'est le cas actuellement, une pression qui fait en sorte que les places sont ralenties, une pression qui fait
que l'augmentation des tarifs pour avoir accès à ces services-là... deviennent de plus en plus
dispendieux et également où la qualité est constamment, là, mise à des rudes
épreuves, parce
qu'on coupe dans le financement puis on veut toujours garder le même critère de
qualité. À un moment donné, on peut
faire le maximum de miracles qu'on est capable, M. le Président, mais il vient
un temps où les marges de manoeuvre ne
sont plus réelles. Et là on commence à entendre des signaux au niveau, là, du
réseau puis au niveau des intervenantes en garderie, où, justement, là,
les marges de manoeuvre n'existent plus, puis on ne veut pas toucher aux
services aux enfants. Alors, moi, je trouve
que c'est assez déplorable. Puis, dans le Fonds des services de garde éducatifs
à l'enfance, qu'on a, la ministre
nous dit : Ça ne coûtera rien. Eh bien, si gérer, là, les cas particuliers
puis les ententes de services, là, des
dizaines de milliers de parents qui fréquentent nos services de garde à
contribution réduite à travers le Québec, ça se fait avec les fonctionnaires qu'on a déjà puis que ça n'occasionnera
aucuns fonds supplémentaires, bien je vais être le premier surpris, M.
le Président.
Moi, je pense
que ça va coûter des fonds, je pense que ça va avoir des coûts, je pense que
c'est pour ça qu'on a fait des
amendements en ce sens, d'ailleurs, là, dans le projet de loi bâillon. J'ai
l'impression qu'on va donc même contribuer à payer... une partie, là, tu sais, de cette taxe famille va être
utilisée pour payer, dans le fond, la perception de la nouvelle taxe, donc, qui va s'autorentabiliser, une taxe
qui va donc aller dans un fonds, un fonds qu'on ne pourra pas nécessairement
étudier de la même façon que les crédits du ministère de la Famille.
Aujourd'hui,
on étudie, justement, les crédits du ministère de la ministre, mais, quand il
s'agit d'un fonds, on dirait que les données sont beaucoup moins
ventilées, beaucoup moins disponibles. J'aimerais que la ministre me rassure aujourd'hui. Est-ce qu'on va pouvoir avoir accès à
un maximum d'informations sur la gestion de ce fonds, savoir où va
l'argent, de quelle façon il est utilisé et à quel niveau de revenus est-elle
rendue?
Le Président (M. Picard) :
Merci, monsieur. Mme la ministre.
• (16 heures) •
Mme
Charbonneau :
M. le Président, savez-vous c'est quoi, de l'austérité? L'austérité, c'est
quand on promet des places puis on n'a pas d'argent. Ça, c'est de
l'austérité. Parce qu'on fait des promesses. On dit aux gens : Soyez contents, je vous annonce des bonnes nouvelles,
mais ce qu'on ne leur dit pas, c'est qu'il n'y a pas une cent dans les coffres
pour faire ces places-là. Et c'est très joli
de voir enrober ça de toutes les façons possibles, là, mais c'est ça, de
l'austérité.
L'austérité,
c'est aussi ce qui s'est passé en 1997 puis en 1998, mais, mon collègue a
raison, il n'était pas là, il était
trop jeune, et tant mieux, parce que, vous savez, l'obligation qu'on a quand on
vieillit, c'est de se souvenir, et on s'en
souvient. Pourquoi? Parce que, contrairement à vous, moi, j'avais des enfants
dans le système, et, de ce fait, bien l'âge
que j'ai fait en sorte que je me souviens des coupures qu'il y a eu, je me
souviens de l'orthophonie qu'il n'y avait plus à l'école, je me souviens de bien des gestes qui ont été posés par
un gouvernement péquiste qui faisaient en sorte que je pouvais calculer
que c'était de l'austérité. Mais ce n'est pas là qu'on en est aujourd'hui.
Aujourd'hui,
on est en à dire aux gens : On a le goût de partager avec vous cette
responsabilité d'un maintien d'un service
qu'on trouve important pour l'ensemble des familles du Québec. Et, quand le
député me dit : Est-ce qu'on va avoir accès aux chiffres, est-ce qu'on va avoir accès aux différentes façons
de faire par rapport au fonds?, la réponse, c'est oui. Il a déjà accès à l'ensemble des fonds qu'on a au
sein du gouvernement. Dans la façon de faire, que ça soit les fonds pour
les jeunes enfants, le fonds qu'on a pour nos familles, il a déjà accès à ces chiffres.
Donc ça va être la même façon. Et, l'année prochaine, assis dans cette... ah!
j'espère, pas dans cette même pièce, M.
le Président — j'aime mieux nos salons en bas, au rez-de-chaussée, où on a une proximité beaucoup
plus intéressante et que c'est moins froid — mais j'espère qu'on aura le plaisir de revenir sur ce fonds et de se dire : Bien
oui, il y a de la transparence. Et, malheureusement, mon collègue est en
train de faire preuve que, quand il y a
de la transparence de ce côté-ci, bien il y a
un peu de ridicule de l'autre côté,
et c'est malheureux, parce que l'affiche qu'on lui a donnée ce matin, c'est vraiment
une volonté de transparence
pour faire la démonstration de ce qui sera affiché dans nos services de garde
pour expliquer à nos parents.
Le Président (M. Picard) : 30
secondes, M. le député.
M.
Traversy : M. le Président, en conclusion, écoutez, moi, ce que je constate, c'est qu'effectivement je n'étais peut-être pas là en 1997, mais je me rappelle par contre
que c'est à cette date qu'on a créé le réseau des centres de la petite enfance, qu'on a créé justement
le réseau des services de garde du Québec, qui a perduré pour les années qui ont suivi,
que, dans un contexte d'austérité de
l'époque, on n'a jamais voulu couper au niveau du ministère
de la Famille. Au contraire, on
pensait qu'investir au niveau de l'éducation à l'enfance, c'était justement
le meilleur investissement en
termes de capital humain pour une société, et on y voyait là justement
un investissement pour l'avenir. Je suis très déçu de voir que ce
n'est pas la même chose pour ce gouvernement, qui coupe sans aucune
gêne, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) :
Merci. Nous sommes au salon bleu, mais on va continuer à avoir un climat de commission,
s'il vous plaît. Pour les 20 prochaines minutes, M. le député de Montmorency.
M. Bernier : Merci, M. le Président.
Permettez-moi... Avant d'aborder le sujet que je veux aborder avec la ministre,
je veux juste dire au député de Terrebonne : Moi, j'ai participé à l'ensemble du processus
budgétaire, actuellement, comme
président de la Commission des
finances publiques et j'ai écouté, O.K.?
Et, les services publics, quand il dit : Les services publics ont été coupés, je regrette, M. le Président, je pense qu'il manque un peu d'information par
rapport à l'état de
situation. Qu'on dise qu'on veut maintenir nos services publics puis qu'on
transforme la façon de les faire et de les donner, ça, c'est la réalité, O.K., mais, des coupures des services publics, il ne
faudrait pas répandre une nouvelle qui, finalement, n'est pas nécessairement
fondée. Elle n'est pas fondée, cette nouvelle-là, parce que je n'en ai pas vu,
des coupures de services publics, O.K.?
Ce qu'on fait, c'est qu'il
y a certains endroits où on transforme la façon de donner les services publics.
Puis pourquoi on fait ça? Bien, on fait ça
justement parce qu'on veut les préserver, les services publics, on veut
préserver notre système de santé, on veut préserver notre système d'éducation puis on veut préserver, dans ce cas-ci, notre système de politique
familiale, O.K.? Parce
qu'au niveau du service de la dette actuellement du Québec, O.K., on parle d'un
service de dette qui nous coûte
11 milliards. M. le député, demain matin, il y a un changement de
0,5 %, 0,5 %, O.K., on se ramasse avec une coupure de 500 millions au niveau du taux, O.K.? C'est ça
que ça implique. Puis à ce moment-là il pourrait y avoir des coupures, des coupures comme le gouvernement
péquiste en a fait dans les années passées. Parce que, les allocations familiales, à ce que je sache, ce n'est pas un
gouvernement libéral qui a coupé ça. Au contraire, on les a replacées, O.K.?
C'est le gouvernement libéral qui l'a fait. Je pense que c'est important de
mettre les choses claires, il faut informer la population. C'est à ça que ça sert, l'étude des crédits, bien informer
la population sur les sujets donnés. Donc, il faut quand même rétablir les faits, puis ça, c'est notre
travail, nous autres, les députés du gouvernement, d'établir les faits et de
donner l'heure juste par rapport à
nos décisions. Puis, nos décisions, on les assume, on les assume devant nos
citoyens dans chacun de nos comtés,
puis il faut expliquer aux gens qu'est-ce que c'est. Puis c'est normal que des
collègues puissent soulever des
points, des interrogations, puis c'est ce qui nous aide à améliorer aussi nos
projets, puis nos règlements, puis nos projets de loi, O.K., mais il
faut informer la population d'une façon la plus complète possible.
M. le
Président, le Québec s'est transformé beaucoup au cours des 10 dernières
années. Le Québec a changé tant au point de vue de sa structure qu'au point de
vue de sa population. Le Québec, aujourd'hui, compte au-delà de 8 millions
de personnes, dont environ 17 % ont 65
ans et plus. Le nombre de travailleurs par rapport aux retraités a également
diminué. Donc, on se doit et on se
devait, comme gouvernement, au cours des 10 dernières années, gouvernement
libéral, d'avoir des mesures pour
améliorer la politique familiale. Parce qu'on parle beaucoup de garderies en ce
qui regarde le ministère. On parle
beaucoup de services de garde, on parle, bon... c'est toujours des éléments qui
sont mis de l'avant par rapport à des
interrogations ou du questionnement, mais le ministère de la Famille, c'est
beaucoup plus que ça, c'est beaucoup plus
que ça, et il y a plusieurs mesures qui ont été mises de l'avant par le
gouvernement libéral au cours des années antérieures, O.K., et ça, c'est
important qu'on puisse en parler puis qu'on puisse donner l'information aux
gens. Je pense au congé parental,
O.K.? Moi, j'ai des enfants, ma fille
a pu bénéficier de ce congé parental là avec son conjoint également,
C'est important, c'est ce qui aide davantage
les parents à pouvoir continuer à garder leurs emplois tout en ayant des
enfants.
Écoutez, la
politique travail-famille, c'est primordial, on se doit d'avoir ça au Québec,
comme on peut voir aussi des changements dans les familles. Ce qu'on
voit aujourd'hui, c'est que les familles sont recomposées dans plusieurs circonstances, hein, au moment où un couple se
défait et se refait, bon, on a des enfants d'un autre mariage qui vient...
bon, etc. Donc, il faut être capables, si on
veut, d'apporter à nos lois les correctifs et d'apporter le support qu'il faut
à ces gens-là. Il y a le travail
également qui change... on regarde du côté des femmes, beaucoup de travail
atypique du côté des femmes, du côté
de l'homme. Donc, ça demande beaucoup de sacrifices, beaucoup d'investissement
pour un couple dans une famille, la
responsabilité des enfants quand ils reviennent de l'école ou de la garderie;
le travail professionnel qu'ils ont à
accomplir dans le quotidien; tout ce qu'il y a autour de la résidence au niveau
du maintien. Ça demande un investissement
incroyable de la part de ces familles, et à chaque jour, à chaque matin, on
recommence, on recommence.
Comme
gouvernement, on se doit donc de mettre en place une politique familiale qui
supporte et qui aide nos familles du
Québec, O.K.? Moi, ce que je veux, M. le Président, je voudrais que la ministre
explique correctement, au niveau de
nos familles, les apports des services de garde, qui est une chose importante,
parce qu'il ne faut pas oublier que le
Québec a déjà été qualifié dans des revues comme étant le paradis des familles
à cause de ses programmes, à cause de ses
programmes. Donc, qu'on puisse bien expliquer aux gens que, bon, bien, le
ministère, c'est plus que des services de garde, voici les services qui sont disponibles pour vous, C'est l'objet — puis là je parle aux gens qui nous écoutent,
là — de
cette séance de travail qu'on puisse voir vous l'expliquer.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
...M. le Président. Effectivement, la politique familiale, c'est plus qu'un
service de garde, vous avez raison,
M. le député de Montmorency, et c'est une responsabilité partagée. Ce n'est pas
une responsabilité qui n'appartient
qu'au ministère de la Famille, puisque je la partage avec plaisir avec mon
collègue de la Solidarité sociale et
du Travail, qui est d'ailleurs sur le même plancher que moi au niveau du
ministère, ici, pas loin, et qui partage avec moi des responsabilités. Pourquoi? Bien, parce qu'il y a des mesures de
la politique familiale, du pilier de la politique familiale qui passent
par son ministère. Quelles sont ces mesures qui sont partagées, dans le fond?
La prestation pour enfants, qu'on regarde
avec plaisir évoluer; le réseau des garderies, qui passe par nous; et le congé
parental ou les congés parentaux,
parce que, maintenant et, je vous dirais, grâce à nous, il y a un congé pour la
mère et il y a un congé pour le père.
La place du père est importante auprès des jeunes familles du Québec, et on a
compris aussi que chaque emploi ne donnait
pas la même liberté. Donc, l'aspect du congé parental est négociable entre la
mère et le père pour voir si le père va
prendre tout son temps ou s'il va en laisser aussi pour prolonger le congé de
la mère, puisque quelquefois l'emploi est un petit peu plus difficile.
Donc, la
politique familiale au Québec, c'est non seulement important, mais c'est un
chiffre qu'il faut se rappeler. On ne
parle pas de 2 millions ou de 3 millions de dollars, hein? Quand on
parle des services de garde, on parle déjà de milliards. La politique familiale au Québec, eh bien, en 2013, puisque
c'est le moment où on a choisi de camper le chiffre bien précisément,
c'était 7,8 milliards de dollars. Je vous dirais que, pour ceux qui se
demandent si certains ministres féminins ont
un gros budget à gérer, j'ai le plaisir d'avoir un ministère qui a quand même
une somme substantielle à gérer dans le quotidien pour le service aux
familles. Ce n'est quand même pas rien. Le Soutien aux enfants, par le biais de
l'allocation familiale, qui est en ce moment
la plus généreuse au Canada, soutient les enfants qui sont accessibles pour
l'ensemble des
familles de 0 à 18 ans, parce que, vous le savez, vous... puisque je sais
maintenant que vous êtes grand-père pour
la deuxième fois, mais vous avez de très beaux enfants, une que je fréquente
régulièrement parce qu'elle est accessible et très, très sympathique, mais les enfants, c'est jusqu'à 18 ans. Ça ne
s'arrête pas quand on a six ans puis qu'on rentre à l'école ou cinq ans
et demi parce qu'on rentre à l'école. La responsabilité parentale, elle est
pour toujours.
Une voix : ...
• (16 h 10) •
Mme
Charbonneau :
Elle est pour la vie, tout à fait. Et la responsabilité que le gouvernement
choisit de partager avec vous,
parents du Québec, c'est jusqu'à 18 ans. Jusqu'à 18 ans, je vous dirais que
c'est dans une norme régulière. Certaines
familles sont accompagnées jusqu'à 21 ans parce qu'elles ont des défis
supplémentaires, des enfants qui sont... j'ai rencontré quelqu'un, un jour, qui a dit «moins bien emballés», donc,
avec des défis supplémentaires qui faisaient en sorte que les familles avaient des défis supplémentaires. Et, ces
défis-là, on les partage même dans les services de garde, puisqu'au niveau des services de garde il y a une
subvention supplémentaire qui vient pour les familles qui sont à défis particuliers pour les aider à accommoder non
seulement les installations, mais aussi avoir quelqu'un qui vient les aider
dans le quotidien, là, pour faire en sorte que ce jeune arrive à l'école ou a
des services à chances égales partout.
Les montants qui sont accordés en 2013 pour le
Soutien aux enfants étaient de 2,2 milliards de dollars. Ça représentait à ce moment-là 864 000 familles
au Québec. Donc, ce n'est pas rien. Oui, dans certaines familles, il y a plus
qu'un enfant, mais quand même calculons que
884 000 familles au Québec ont reçu un soutien, et c'est tant mieux. Vous
avez raison aussi de nous rappeler que la
population est vieillissante. On approche la ligne qui va faire en sorte qu'on
a plus de personnes aînées que de
jeunes familles, et le défi, il est, pour nous, double, parce que le premier
ministre a bien vu quand il a décidé
de donner la responsabilité à la ministre de la Famille d'être aussi
responsable des Aînés. Je ne vais pas
m'étirer jusque-là, parce que je ne veux pas décourager les gens que je parle
des aînés, mais la base des familles, plus souvent qu'autrement, ce sont
les aînés. Ce sont eux qui étaient là avant nous et qui font en sorte que les
familles se poursuivent, les valeurs sont
là, la culture se poursuit aussi. Donc, comme je vous dis, je ne m'étirerai pas
trop longtemps, mais j'étais heureuse
de rencontrer différents regroupements qui me disaient : Mme la ministre,
il était temps qu'on se retrouve à la
Famille, puisqu'à la Santé le regard qu'on porte sur les aînés, c'est qu'ils
sont malades. À la Famille, c'est qu'ils ont contribué, et ils sont les
racines de nos jeunes familles de maintenant.
Le congé
parental, un régime québécois d'assurance parentale, le RQAP, comme on aime
l'appeler, puisqu'on aime bien les
acronymes ici, c'est le plus généreux, le plus souple et le plus accessible au
Québec — ce n'est
quand même pas rien — et, je vous le rappelais, cinq semaines
accordées au père pour qu'il puisse contribuer à l'épanouissement de ce petit enfant mais aussi aider sa femme. Dans
mon temps, on disait «relever la femme», puisque l'accompagner dans ce principe-là faisait en sorte que la famille s'y
mettait, mais, cette fois-ci, on donne l'opportunité au père d'accompagner
sa conjointe dans ce cinq semaines-là, et il peut le fractionner comme il
veut : il peut faire deux semaines au début, deux semaines après. Mais
après ça c'est un petit peu plus complexe.
On parle aussi de la conciliation. Vous, vous
avez dit : Travail-famille. J'aime reprendre le mot pour dire : Famille-travail. J'aurais aimé être au moment où
on a discuté fortement du principe, puisque je crois sincèrement qu'on devrait appeler ça famille-travail. Mais, quand je
vous dis ça, c'est avec beaucoup de sourire parce qu'on m'a facilement expliqué que tous les documents étaient faits avec
«travail-famille» et que je devais être très, très flexible et prendre...
Mais, quand j'ai la chance de le corriger,
je le fais. D'ailleurs, en fin de semaine, je remettais, avec la Jeune Chambre
de commerce de Montréal, ou du Québec, le prix Reconnaissance
Conciliation travail-famille, un prix qui est offert aux entreprises parce qu'elles mettent en place des
mesures intéressantes et qui font en sorte qu'on puisse fractionner le temps
qu'on a au travail, faire du télétravail,
prendre des journées de congé, parce que nos familles sont, oui, responsables
de jeunes enfants mais, oui, aussi responsables de parents
vieillissants, et on est entre les deux.
L'action communautaire auprès des familles — on
oublie souvent que les maisons de la famille habitent dans chacun de nos villages, dans chacun des endroits du
Québec — on y donne
quand même un montant substantiel : 19,4 millions de dollars. 281 organismes communautaires Famille,
dans chacun des endroits où ils sont, ils essaient de s'investir.
Souvent, on y retrouve une des 247 haltes-garderies qui reçoit, parce
qu'on ne se contente pas de donner l'argent
qu'à la maison de la famille... aux haltes-garderies, on distribue aussi
3 850 000 $ pour s'assurer qu'il y ait des endroits qu'on appellera sporadiques pour donner
des services aux familles, c'est-à-dire qu'une personne qui est travailleur
autonome, une maman qui est à la maison, qui
a besoin de répit ou qui a besoin tout simplement d'aller chercher sa mère
à l'hôpital, ou des choses comme ça, bien il
y a un endroit où elle peut laisser, avec confiance, qui est régi par des
règles très, très serrées... ce
principe-là qui veut qu'on a un dépannage sporadique dans des haltes-garderies. Elles se retrouvent un peu
partout, oui, dans les maisons de la famille, mais quelquefois, aussi, des organismes
tout à fait autonomes qui peuvent desservir la clientèle de façon très
concrète.
On a un partage de responsabilité et une volonté
de faire voir et de faire valoir la petite enfance, donc nous avons aussi le fonds pour le développement des
jeunes enfants avec Avenir d'enfants. C'est un partenariat qu'on fait avec
la Fondation Lucie-et-André-Chagnon. On y
met des sous, ils mettent des sous, et ça fait en sorte qu'on peut regarder
comment le gouvernement contribue mais
surtout comment on peut informer, sensibiliser, regarder de façon différente
l'apport des parents dans la situation qu'on
a entre les 0-5 ans. Vous avez sûrement vu, il y a quelques années, on
parlait de la lecture, comment lire
avec son enfant, comment prendre du temps pour le faire. Cette fois-ci, cette
année, ils ont ciblé vraiment les
habiletés sociales, donc on a vu une maman qui encourage le partage des jouets
entre la fratrie, on a vu un papa qui
montre à comment dire au revoir à son parent qui quitte pour le travail, parce
que le défi de la séparation, il est
là, hein? Quand que le parent part travailler, le jeune enfant ne comprend pas
tout le temps. Donc, la volonté d'Avenir d'enfants, c'est de donner des outils supplémentaires, puisqu'il y a un
fait dans la vie, et vous l'avez appris il y a de ça quelques années : on devient parent quand on
a un enfant. Il n'y a pas de leçon de parent. On peut se faire la morale tant
qu'on veut sur c'est quoi, être un parent,
mais être parent, c'est être dans l'action, c'est d'être et de devenir une
famille. Donc, quand la volonté a été
mise en place avec la fondation de sensibiliser les gens, avec Avenir
d'enfants, sur c'est quoi, être un
parent, c'est quoi, ses habiletés, on a visé exactement un investissement pour
pouvoir favoriser et peut-être même venir donner un peu plus à la
communauté qu'on considère en situation de pauvreté. La vulnérabilité de nos
familles quelquefois fait en sorte qu'on en oublie, des choses, et de ce fait,
bien, un petit rappel pour nous rappeler que la convivialité, que la politesse, que de prendre du temps avec son
enfant... que la lecture, ce n'est pas un goût qui se développe tout seul, c'est un goût qu'on peut offrir à son
enfant en commençant par faire de la lecture avec lui... fait en sorte qu'on
a chez nous un beau partage là, et Avenir d'enfants, avec nous, est vraiment un
partenaire important.
Tantôt, j'ai
souligné... juste avant la période de questions, on a le droit à une
déclaration de député, je soulignais l'engagement
de la CAMF, qu'on appelle, donc le carrefour famille, qui vient aider et
soutenir l'ensemble de nos partenaires, qui sont les municipalités et les MRC, pour la politique familiale. Ça
fait partie aussi de nos responsabilités d'accompagner les gens en
chacun des milieux qui veut mettre en place une politique familiale. Pourquoi?
Parce qu'on croit que les premiers partenaires politiques que nous avons, qui
sont les mairies, les gens qui travaillent dans le milieu, qui sont quelquefois
beaucoup plus proches que nous de leurs milieux pour mettre des politiques
familiales et s'assurer que l'environnement,
les services et l'ensemble du milieu de vie des familles, est intéressant...
pour deux raisons : la première, parce
qu'ils ont l'obligation de se rendre intéressants pour leur population, mais
aussi pour les faits où, s'ils se rendent intéressants pour la population, ils maintiennent leurs familles. Et,
dans certains villages ou certaines villes, maintenir les jeunes familles fait partie de la survie du
village, fait partie de la volonté de le rendre vivant. Nos personnes aînées
veulent rester dans leurs milieux, avec
raison, mais, si on a des jeunes familles qui sont là et que leurs enfants
décident d'y rester, bien, à ce moment-là, on est assurés d'un village
vivant et rayonnant au Québec.
Je pense que
ça fait un peu le tour de l'ensemble et je suis sûre que mon collègue va
revenir avec une complémentaire par rapport à certains services.
• (16 h 20) •
M.
Bernier : Vous savez, Mme la ministre, pour moi, dans toute ma
carrière politique, l'élément familial a toujours été important et primordial, d'ailleurs c'est un
des éléments essentiels dans ma décision de faire de la politique que ma
famille soit présente et soit avec moi, mais ce qu'il est important aussi de
mentionner, c'est que, du côté des congés parentaux,
ça s'adresse aussi également aux conjoints de même sexe, et je pense
que c'est important de le mentionner, et, à ce moment-là, il
faut préciser la chose.
Et, moi, en tout cas, c'est un programme que je trouve tellement intéressant parce que ça permet, premièrement, aux familles qui ont un premier enfant de
s'adapter, parce que dans une vie il faut être capables de s'adapter à
la présence d'un enfant dans notre
milieu, parce que, là, nos habitudes sont changées, sont
chamboulées. Les gens vivaient à ce
moment-là comme deux personnes
célibataires, mais là, au moment où arrive un enfant, bien là c'est tout un
changement dans les activités familiales, dans la préparation des
repas, dans les activités sociales.
Donc, je pense
que cette période-là d'adaptation est importante, puis elle permet également d'apporter un soin
particulier au jeune bébé naissant. On sait
que c'est quand même fragile, il
faut y faire attention, et les
premiers mois sont extrêmement importants. On a un nouveau petit bébé,
nous, qui a une semaine, donc on le voit, là, il a un petit peu de difficultés. Donc, c'est important que les parents soient là, puis les grands-parents
aussi, parce que, quand il arrive quelque chose, c'est les grands-parents qui ont l'appel pour
aller aider, le garder, puis garder le deuxième ou le troisième enfant qui sont présents. Soyez sûre, Mme la ministre, que notre rôle, le... c'est important que, maintenant, les personnes, vous en soyez responsable, parce que
ces gens-là sont actifs dans la société beaucoup plus. Et d'ailleurs, dans leur rythme de vie, plusieurs d'entre eux vont retirer leurs activités de
pension pendant, même, dans certaines circonstances, plus longtemps que
la période même qu'ils ont travaillé. Donc, ils sont actifs, ils
sont auprès de leurs familles, ils sont là pour dépanner, pour aider
dans la communauté. C'est important que vous les ayez près.
J'ai fini, M. le Président. Je sais que vous me
regardez parce que mon temps est écoulé.
Le
Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Montmorency. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour une période de
18 minutes.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, tout le monde, les gens qui travaillent avec
vous. Bien, je suis bien heureuse d'avoir un 18 minutes, ça va
nous donner le temps de jaser de quelques choses, et peut-être, Mme la ministre, si vous permettez, M. le
Président, je vais vous partager la
vision de Québec solidaire en matière
de famille. On dit souvent que la gauche n'a pas de perspective familiale, eh bien,
je vais vous en présenter une bien articulée.
Québec solidaire a présenté déjà, depuis plusieurs années, plusieurs positions progressistes sur l'humanisation
du travail, la construction d'un système de santé public fort, la lutte à la
pauvreté, aux injustices sociales ainsi que la reconnaissance du travail
invisible, mesures qui allégeront le fardeau quotidien et structurel des
familles, mais, pour offrir aux
familles un soutien qui soit à la mesure de l'important rôle social qu'elles
jouent, dont vous faites part, il
faut aussi les soutenir dans leur transformation pour
qu'elles deviennent un endroit de liberté, de partenariat égalitaire et de
solidarité pour les membres qui les
composent. Pour Québec solidaire, il
faut repenser la famille dans une perspective féministe. Cette prise de position part du constat que la
famille, quelle que soit sa forme, reproduit les inégalités sociales entre les
hommes et les femmes et contribue à les maintenir, et je vous explique comment.
Une vraie
politique familiale doit obligatoirement être féministe, c'est-à-dire qu'elle
doit défendre les droits des femmes. Elle doit favoriser la réalisation
du désir d'enfants en facilitant les conditions pour les mettre au monde et à les élever, bien sûr,
sans brimer l'épanouissement personnel et professionnel ni la quête d'autonomie
des mères. Une vraie politique
familiale remet en cause les rôles traditionnels. Vous savez, les familles
traditionnelles québécoises ont maintenant diverses formes. Les gains
qu'ont obtenus les femmes au terme de chaudes luttes sont indéniables et ont
contribué à améliorer leur sort au sein de
la famille mais au sein de la société en général. Toutefois, même si elles ont
obtenu le droit à l'égalité par des
lois et des politiques, les femmes sont encore bien loin du chemin à faire pour
atteindre l'égalité dans les faits,
et les chiffres nous le rappellent à chaque jour. Bien sûr, il est possible de
vivre des expériences positives, et c'est heureux, au sein de la famille, et elle peut être un grand lieu
d'épanouissement, d'apprentissage et de solidarité lorsque toutes les
réunions... toutes les conditions, pardon, sont réunies. Toutefois, pour jeter
les bases d'une société plus égalitaire, il
est essentiel d'aborder la famille sous un angle d'une analyse globale et
systémique qui ne soustrait pas la famille de l'ensemble des rapports
sociaux qui façonnent notre société. Qu'en est-il de l'autonomie des femmes?
Une
politique familiale féministe repose sur le principe du respect total de
l'autonomie des femmes aux niveaux économique,
politique et social. Elle affirme la nécessité pour les femmes d'être
indépendantes sur le plan économique, d'exercer
leur libre choix en matière de maternité et de pouvoir pleinement vivre leur
citoyenneté. Elle tient compte aussi des rapports inégaux entre les
femmes et les hommes, qui ont... façonné, pardon, et fasciné plusieurs et
continuent de façonner notre société. Les rôles sociaux imposés par notre
société patriarcale attribuent des rôles aux femmes et aux hommes et, on le voit à travers les statistiques,
souvent à travers le travail non rémunéré des femmes. Donc, le principe de reconnaissance fondamentale du droit des femmes
à l'autonomie et à la citoyenneté permet justement de s'attaquer de front à cet ensemble d'inégalités. Pour exercer
ce droit fondamental, il faut que les femmes aient des conditions et des
moyens à leur disposition. Avoir le libre
choix, cela implique qu'il faut disposer des conditions nécessaires pour mettre
au monde des enfants, les élever sans par
ailleurs que les femmes en soient pénalisées sur le plan économique, ni sur le
plan de développement personnel, ni sur le plan de développement professionnel.
Les familles
plurielles, il y en de plus en plus. Une politique en regard des familles
repose aussi sur une conception plus
ouverte que la famille nucléaire telle qu'on la connaît. Reconnaître d'autres
types de famille, c'est reconnaître le droit des choix des femmes, car cela remet en question les stéréotypes du rôle
traditionnel, qui sont non seulement imposés aux femmes, mais aux hommes également. Il faut en finir avec les modèles
sociaux imposés de ce que devraient être un vrai homme, et une vraie
femme, et une vraie famille. Dans la société québécoise contemporaine, la
famille est en transformation, et de
nouvelles formes de famille existent — nucléaire, élargie, biparentale,
monoparentale, hétérosexuelle, homosexuelle,
recomposée ou d'origine — incluant les aînés, les grands-parents, les personnes vivant avec
un handicap, etc., et notre
importance, c'est que cette politique reconnaisse l'ensemble de ces familles-là.
Les politiques... pardon, les réponses politiques
qui ont été apportées jusqu'à maintenant sont beaucoup plus une réponse à une
politique moins familiale mais plus nataliste.
Même si à prime abord les
diverses mesures de conciliation famille-travail avancées, telles que les CPE
et le Régime québécois d'assurance
parentale, qu'on salue, apparaissent comme des politiques profemmes, elles
demeurent des politiques natalistes, car elles n'ont pas permis
d'alléger tout le travail gratuit effectué par les femmes au sein de la famille, qu'elles soient mères, grand-mères ou
matantes. Au contraire, il en a résulté la double journée de travail et le
syndrome et l'exigence de la superwoman.
Avoir des enfants et en prendre soin demeure bien sûr un choix individuel que
la collectivité a la responsabilité de
soutenir. En fait, les politiques natalistes visent à encourager la
reproduction humaine en s'appuyant sur le travail gratuit des femmes
dans la sphère privée. Elles ne s'attaquent pas aux inégalités entre les hommes
et les femmes. Au contraire, elles renforcent la dépendance des femmes en ne
valorisant pas leur fonction procréatrice.
Ces politiques ne se préoccupent pas des conditions sociales qui permettent aux
femmes d'être plus autonomes, c'est-à-dire
de pouvoir tout à la fois travailler, si elles le désirent, exercer pleinement
leur citoyenneté et bien sûr vivre librement
leur maternité. Elles reprennent souvent un discours religieux et réactionnaire
qui refuse aux femmes la possibilité de
disposer de leur corps. Elles se traduisent par des mesures limitant l'accès à
l'emploi, à la contraception ou à l'avortement et par des coupures dans
les services publics.
Je tenais à
le partager parce que pour nous c'est important d'avoir cette vision, cette
compréhension que le modèle de famille entretient des inégalités entre
les hommes et les femmes, et, en ce sens, comme ministre de la Famille, on
considère que c'est important que vous ayez cette compréhension.
Alors, est-ce
que la ministre reconnaît que la maternité, la paternité et la
parentalité — et bien
sûr j'inclus là-dedans le soin aux
proches parce que ça l'inclut dans les faits — dans notre société puissent d'abord être un
choix qui devrait se vivre sans
aucune forme d'appauvrissement et dans un partage équitable de tous les
avantages sociaux en soutenant l'épanouissement social de l'ensemble des
membres de la famille?
Le Président (M. Picard) : Mme
la...
• (16 h 30) •
Mme
Charbonneau : Merci, M.
le Président. Puisqu'on est dans la
philosophie, permettez-moi de partager une tranche de vie. Ça va vous donner d'où je pars. Il y a de ça quelques
années, je vous dirais... ma fille a 26, donc il y a de ça au moins 23 ans, peut-être un peu plus que ça, j'ai choisi, de mon propre
chef, puisque la communauté me le permettait, de rester à la maison. C'est ce que j'ai fait pendant 10 ans. J'avais le
choix de le faire. Je vous avoue, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
que j'ai quand même fait un choix sur mon revenu familial, j'ai quand même fait
un choix qui a fait en sorte que je
me suis retrouvée à compter quand j'allais faire l'épicerie puis poser des
gestes importants. Mais je l'ai fait
par choix et je ne l'ai pas fait par obligation. Je ne l'ai pas fait parce que
j'avais un emploi poche, je ne l'ai pas fait parce que mon conjoint m'a
dit : Il faut que tu choisisses entre les deux. Je l'ai fait parce que,
dans mes valeurs personnelles, j'ai choisi
d'investir dans trois REER, qui s'appellent Joanie, Vincent, Marie-Pier. C'est
mon discours à moi. À ce moment-là,
j'ai vite constaté que j'étais moins intéressante dans la société, puisque,
quand on dit : Qu'est-ce que tu fais?, puis que tu dis : Je suis à la
maison... Par contre, les gens devraient comprendre que, si je suis à la maison,
je suis à l'affût de l'information, je peux
lire les journaux, j'écoute tout ce qui se passe et j'ai une opinion. Les
femmes à la maison, les femmes qui
font ce choix, devraient être reconnues de façon extraordinaire pour la volonté
qu'elles ont de vouloir rester à la maison.
Mais, un coup
que je vous ai dit ça, je vous ai aussi dit que, dans ce choix-là, il y avait
des choix de société à faire, puisque
rester à la maison fait aussi en sorte que je dois m'asseoir avec la personne
avec qui je partage ma vie, que ce soit
un homme, une femme, un parent, parce que j'aurais pu choisir d'avoir mes
enfants et de vivre avec mes parents. Il y a des choix à faire parce qu'il y a un budget familial à regarder.
Donc, quand vous me dites : Une politique familiale se devrait d'être au départ... puis j'en conviens
avec vous et M. le président que, là, on est dans la philosophie, là, se doit
d'être avec un regard féministe, je vous
dirais que l'obligation de la ministre de la Famille, c'est d'avoir un regard
égalitaire, parce que, si jamais un
homme décide de rester chez lui... Ça arrive, là. Mais, si mon conjoint avait
dit : Sais-tu quoi?, je regarde
ça, là, puis, avec les valeurs qu'on a, il y en a un des deux qui devrait
rester, puis ta job est meilleure que la mienne, ça fait que je vais rester, moi, bien, je vous le dis, Mme la
députée, je l'aurais encouragé, on aurait fait les mêmes choix
budgétaires parce que ce choix-là, il devrait être permis aux deux conjoints.
Et, si mon conjoint avait été une conjointe, je n'aurais pas parlé de cette
façon-là, différemment, à la problématique qui se présentait à moi.
Quand vous me
dites qu'une politique familiale se doit d'avoir un regard féministe, ça
m'attriste parce que pour moi la
volonté d'avoir une politique familiale, elle se doit d'être une politique qui
ressemble à la famille d'aujourd'hui. Et,
vous l'avez dit, elle est différente, cette famille. Quelquefois, elle est un
papa et une maman. Des fois, c'est le papa de Jonathan qui habite avec la maman de Jacynthe. Pourquoi? Parce que
c'est un couple reconstitué. Des fois, c'est Chantal et Sylvie qui habitent ensemble, mais des fois
c'est deux hommes qui habitent ensemble, et chacun d'eux devrait avoir le droit de créer ce noyau extraordinaire, qui
fait des enfants forts avec une estime d'eux incroyable, dans le quotidien
de nos villes, et ce qui fait en sorte aussi
que, dans les écoles, on se retrouve... ou dans les garderies, hein, parce
que je pense que c'est un débat qui
vient un peu de votre parti, on se retrouve avec des gens qui parlent de
réalités familiales, de constats,
hein : Moi, j'ai deux papas, toi, tu as deux mamans, puis ça ne m'empêche
pas de manger à tous les jours puis
d'avoir une vie paisible et peut-être même comblée d'amour plus qu'une famille
où il y a un couple ordinaire qui ne se s'entend pas puis qui a de la
chamaille.
Donc, la politique familiale, elle a
l'obligation de donner chances égales à ceux qui choisissent d'avoir une famille, quel que soit le modèle choisi. Que je
prenne un chandail «small», médium ou large, s'il se vend dans une couleur,
je devrais y avoir accès, quelle que soit la
grandeur que je porte. La même chose pour une famille. Si je choisis d'avoir
une famille, je devrais avoir les mêmes
droits qu'un couple, disons... parce que je hais le mot «régulier», mais un
couple régulier, ou dit régulier, qui
a cette opportunité-là. Donc, si mon conjoint est 10 ans plus vieux que moi, si
j'ai choisi une conjointe plutôt
qu'un conjoint... et, honnêtement, je vous souhaite comme je nous souhaite que
toutes les matantes du Québec
contribuent aux familles, puisque le prolongement de la famille est tout aussi
important, la contribution des frères et
des soeurs. Mais, des fois, vous le savez, des fois, la tante, elle n'a aucun
lien de parenté avec l'enfant, c'est juste qu'on l'appelle tante pour donner l'appropriation à l'enfant à ce noyau
familial. Mais il faut que la famille soit vue dans une contribution collective, volontaire mais
égalitaire. Il ne faut pas, parce que je suis une femme, que j'en aie plus ou,
parce que je suis un homme, j'en aie plus.
On a un travail ensemble à faire pour faire
évoluer le regard qu'on porte sur l'être. Et l'être, habituellement, Mme la députée, vous le savez plus que moi, ce n'est pas plus une femme qu'un homme,
c'est quelqu'un qui contribue à sa façon dans la société
dans laquelle on est. C'était mon petit bout philosophique.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée, il reste quatre minutes.
Mme Massé : Bien, en fait, sachez, M.
le Président et Mme la ministre, qu'une politique féministe familiale reconnaît
la nécessité de l'égalité, et c'est ça, l'essentiel, mais elle reconnaît
surtout qu'il y a des inégalités entre les hommes
et les femmes et que le travail non rémunéré des femmes permet à l'ensemble
de la société de s'enrichir. Et c'est ça qu'on veut
souhaiter déconstruire, à Québec solidaire.
Mais, dans
les quelques minutes qui restent, j'aimerais vous parler un petit peu quand même des services
de garde, parce qu'il y en a qui le font très bien. Moi, je veux vous parler d'un aspect spécifique
qui est la tendance, qu'on sent dans le
dernier budget et dans l'orientation, de ce que j'appellerais la commercialisation des
services de garde. On le sait, les études l'ont démontré, que, dans les services
de garde en CPE, donc, dans lesquels il y a toute une infrastructure, où il y a
toute une présence de programmes éducatifs, le matériel approprié, les aménagements, les interactions, la formation du personnel, le langage adressé aux enfants, aux parents, etc., tout ce
cadre-là offre aux enfants une meilleure porte de sortie. Et, encore là, récemment,
là, la Direction de la santé publique ressortait encore comment c'est important
pour les enfants, tous les enfants,
mais, de façon particulière, les enfants en milieu défavorisé, comment ces
conditions gagnantes, si je peux me
permettre, permettent à nos enfants de s'en sortir mieux. Ce qui est
inquiétant, c'est de voir la tournure des événements par rapport à la commercialisation, puisque,
que ce soit au
niveau des plaintes portées, que ce soit au niveau des
plaintes spécifiques qui ont été amenées sur la question de l'alimentation, traitement des enfants, etc., elles ne sont pas en CPE mais en
milieu privé.
Alors, dans
ce contexte, est-ce que... et je vois, là, cette tendance-là, elle est
là, on le voit, tu sais, en demandant à des CPE qui sont des organismes
sans but lucratif, alors que les autres sont à but lucratif, de faire en sorte
de contribuer à 50 % des coûts des immobilisations et d'autres
mesures que vous avez amenées... nous permet de croire que, dans le fond, c'est une tendance qu'on veut aller
vers les CPE comme commerces? Alors, est-ce que vous pouvez me faire la
démonstration du bien-fondé de cette orientation?
Le Président (M.
Picard) : En deux minutes, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
En deux minutes, M. le Président. Ça va être quand même assez rapide. Je vous
dis qu'en 2014‑2015 la volonté et le
développement du nombre de places réalisé a été 3 063 et, en garderie,
2 421. Je veux bien qu'on nous
accuse de développer, là, puis c'est une accusation qu'on porte depuis plus de
10 ans de vouloir accrocher au Parti
libéral... parce que c'est ça que vous faites, là : vous accrochez le
principe de privatisation. Moi, je vous le dis, là, c'est les premiers chiffres que j'ai fait sortir
quand je suis arrivée au ministère, parce que la légende urbaine, là, elle nous
suit, nous aussi. Alors, quand je suis
arrivée au ministère, j'ai dit : Là, vous allez m'expliquer comment on
développe les places, comment ça se
fait puis comment on peut faire mieux, parce que, dans le comment on peut faire
mieux, si vous restez avec nous tout l'après-midi, vous allez voir, on
va y arriver, à cette question-là.
Maintenant, en 2015‑2016, la prévision, parce
que, là, il faut aussi s'assurer que le développement se fasse adéquatement, on est à 4 685 places CPE,
hein, puis, en garderie, 131 places. Je vous dirais que, si vous parliez à ma
collègue de Repentigny, elle vous
dirait tous les téléphones qu'elle reçoit de garderies privées qui sont en
train de mourir. Pourquoi? Parce
qu'on développe nos places, parce qu'on rend accessibles les places qui sont
déjà là, que ce soit en milieu familial ou en CPE, parce que, oui, chacun d'eux, que ce soient le milieu
familial, les CPE... Puis vous avez bien fait de soulever le principe des CPE parce qu'en garderie privée
subventionnée on leur demande la même chose, les mêmes conditions. On n'a aucune volonté de dire : Bien, vu que
tu es privé subventionné, on va te demander moins. Pas du tout. On est même
plus exigeants parce qu'ils vont avoir
l'argent du Québec dans des infrastructures qui sont privées. Donc, on est tout
aussi exigeants avec les uns qu'avec les autres.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, du
côté de la partie gouvernementale, M. le député de Sherbrooke.
• (16 h 40) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, mes
premiers mots vont être pour vous saluer, ainsi que les gens qui vous
accompagnent à la table, la ministre, les gens également qui collaborent avec
elle aujourd'hui, les députés ministériels,
le député de Terrebonne, la députée de Repentigny ainsi que son recherchiste,
que j'ai eu la chance de côtoyer
pendant la dernière campagne électorale, avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir
aussi, d'ailleurs, et qui connaît
bien la réalité des familles parce que lui aussi est un jeune père de famille,
et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Évidemment,
je suis très heureux aujourd'hui de pouvoir prendre la parole dans le cadre de
cette étude des crédits du ministère
de la Famille non seulement à titre de député, mais aussi à titre de jeune
parent — alors,
évidemment, c'est un sujet qui
m'interpelle beaucoup — parent d'enfants d'âge préscolaire — un an et demi, trois ans et demi — et bientôt une troisième qui va arriver de manière imminente, au cours des
prochains jours, prochaines semaines... prochains jours, c'est ce que je souhaite pour mon épouse, en fait,
parce que, là, on commence à être à la fin du processus un petit peu. Alors, je peux vous dire qu'on a évidemment été,
comme parents, moi et mon épouse, appelés à faire toute la démarche pour
inscrire nos enfants dans un service de garde. Et, moi, ce que j'ai beaucoup,
beaucoup apprécié, comme parent, comme
député, ce que je veux préserver pour les parents du Québec, c'est la liberté
de choix, hein? Et les gens peuvent avoir
plus d'affinités à envoyer leurs enfants dans un CPE, à les envoyer en milieu
familial, à les envoyer dans une installation privée, qu'elle soit
subventionnée ou non. Alors, ça, ça fait partie de la liberté de choix des
parents.
Puis on dit
toujours, hein, que, dans la vie d'un parent, la journée la plus difficile,
c'est la première journée où l'enfant
va à l'école. Alors, moi, je ne suis pas encore rendu là, mais je peux vous
dire que, la première journée qu'on a envoyé
notre fille, la plus vieille, à la garderie, bien ça a été très difficile,
parce qu'elle avait un an à ce moment-là, et donc elle n'avait pas la
capacité de parler ou de s'exprimer. Alors, le seul... si je peux me permettre
l'anglicisme, le seul feed-back qu'on peut
avoir à la fin de la journée, c'est de la personne qui en est responsable,
hein? Ce n'est pas l'enfant qui va
nous dire si l'éducatrice est gentille ou non, si les amis sont gentils, si
elle a du plaisir au service de garde. Alors, c'est très important, je pense, pour les parents d'être confortables
avec le choix qu'ils font parce qu'ils confient quand même à ces gens-là
ce qu'ils ont de plus précieux, et c'est leurs enfants.
Et l'autre
aspect dans la liberté de choix, bien c'est aussi le choix que font les parents
de rester à la maison. Tantôt, la ministre
parlait des femmes qui restent à la maison, mais il y a aussi des pères qui
font le choix de rester à la maison. Moi, la vie a fait en sorte que je suis assis ici aujourd'hui, mais je
n'aurais pas été gêné de rester à la maison pour éduquer mes enfants.
Présentement, moi, c'est mon épouse qui le fait, et je peux vous dire que c'est
un travail colossal. Et je pense qu'il faut
reconnaître l'apport des femmes et des hommes qui font ce choix-là parce qu'ils
font le choix d'éduquer des enfants,
puis, je pense, c'est la meilleure façon de contribuer à l'avenir de notre
société parce que les enfants sont l'avenir de notre société. Alors, je pense que c'est très important de devoir
valoriser ça. Or, tantôt, le député de Terrebonne nous disait qu'eux, en matière de politique familiale,
ils n'avaient jamais coupé, hein? Il a fait cette affirmation-là. Bien, moi,
je vais lui rappeler que Pauline Marois,
elle, elle a coupé les allocations familiales, puis, à ma connaissance, ce
n'était pas une députée libérale.
Alors, de dire que le Parti québécois n'a jamais coupé dans la politique
familiale, je trouve ça très, très
gros comme affirmation, parce que, dans le fond, elle a coupé dans cette
liberté de choix là des parents, qui, selon moi, est fondamentale pour notre société pour que les parents puissent faire
les choix qu'ils souhaitent pour leurs propres enfants.
Ce que je
souhaite aussi également pour les parents du Québec, c'est qu'il y ait des
places, qu'il y ait des places disponibles,
mais des vraies places, hein, des places pas seulement annoncées, mais des
places qui sont financées. Et moi, depuis
que nous sommes déménagés à Sherbrooke, bien, je fais partie de ces parents-là
qui n'ont pas trouvé de place et qui
sont à la recherche de places si convoitées à travers... avec d'autres parents
qui ont eu beaucoup d'espoir par les annonces qui ont été faites par le gouvernement précédent mais qui,
malheureusement, se sont avérées non fondées. Et l'opposition a beau dire ce qu'elle
voudra, mais ce n'est pas nous qui l'avons affirmé, hein, c'est le Vérificateur
général, dans son rapport de l'été
dernier, au paragraphe 106, qui était très clair à l'effet que le Conseil du
trésor ne disposait pas des sommes ou n'avait
pas budgété les crédits pour financer ces places-là. Alors, la déception des
parents, là, les responsables de cette déception-là
sont de l'autre côté de la Chambre, pas de ce côté-ci de la Chambre. Alors, on
a dû faire des choix et être très
transparents dans les annonces qu'on a dû faire comme gouvernement lorsque nous
sommes arrivés au pouvoir, mais je
pense que les choix que nous faisons sont pour préserver justement ce réseau-là
et cette diversité dans le réseau, là, qui offrent une liberté de choix
aux parents.
Alors, je
veux que les parents puissent continuer à avoir accès à des places, à avoir le
choix du service de garde qu'ils
veulent, mais je ne veux pas non plus, comme parent toujours, que mes enfants
et que les autres enfants du Québec aient
à payer pour les services que nous utilisons aujourd'hui dans les années
futures. Alors, c'est nous qui
utilisons les services, c'est à nous de prendre nos responsabilités et
d'assumer ces services-là.
Alors, c'est pourquoi le retour à l'équilibre budgétaire était
très important et que ça nous a amenés à prendre des décisions, notamment au niveau des tarifs en
garderie. Et je pense que la décision que nous avons prise est très juste et
équitable dans le sens où on a pu préserver
les familles les plus vulnérables de notre société. Et, comme député de Sherbrooke, je peux vous dire qu'il y en a
plusieurs à Sherbrooke, parce qu'on est dans un des milieux urbains les plus
défavorisés au Canada. Alors, des familles
vulnérables, il y en beaucoup. On a pu préserver l'accessibilité aux services
à eux, parce qu'il y a quand même 30 %
des familles québécoises qui vont continuer de payer moins de 7,30 $,
60 % des familles qui vont payer
moins de 9 $. Il faut se rappeler que le gouvernement qui nous a précédés,
lui, il voulait augmenter toutes les
familles à 9 $, hein, pas de pitié pour les gens les plus vulnérables de
notre société, et, parmi ces familles-là, bien il y a beaucoup de familles monoparentales, il y a beaucoup de
femmes seules aussi. Alors, nous, comme gouvernement, on a décidé de pouvoir protéger l'accessibilité
aux services de ces familles-là, et moi, je pense que c'était la chose à faire
dans le contexte financier dans lequel on se retrouve, comme gouvernement.
Alors, dans toute cette réforme-là, il y a évidemment
un effort qui a été demandé, je pense qu'il est juste et équitable, envers les
familles les mieux nanties, mais il y
a aussi des efforts qui ont été demandés au réseau en termes d'optimisation des
services de garde et de la révision, entre autres, des conditions du
développement des places.
Mais, par
rapport au volet de l'optimisation, j'ai eu la chance, et vous également, M. le
Président, avec les collègues, de
procéder aux consultations particulières dans le cadre du projet de loi
n° 27, où il y a notamment beaucoup été question des places fantômes, entre autres, et, au terme de
ces consultations-là, où on a eu droit à, je pense, des échanges et des recommandations très intéressants de la part des
différents intervenants, la ministre avait déclaré alors que le projet de
loi allait demeurer, qu'elle n'allait pas
retirer le projet de loi, mais par contre qu'elle souhaitait retirer tout
l'aspect des sanctions aux parents parce que c'est quelque chose qui
avait été soulevé abondamment lors des consultations, alors comme quoi que la
ministre a été à l'écoute des gens qui sont venus nous rencontrer ici, à
l'Assemblée nationale.
Mais, ceci
étant dit, je voudrais savoir, maintenant, quelques semaines plus tard,
qu'est-ce qu'il en arrive du projet de loi n° 27 et quel est le
plan de match de la ministre en matière d'optimisation des services de garde.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Le mot «optimisation» a été un mot qui a fait peur au
départ, qui a fait peur au départ
parce que notre volonté, c'était vraiment de pouvoir rendre plus large le
regard qu'on portait sur les services
de garde. Et, la découverte qu'on a faite quand on a commencé à parler de
déposer un projet de loi pour optimiser les places rapidement — puis je regarde ma collègue de
Repentigny — rapidement,
on est venus à être sensibilisés par les
gens qui sont venus nous parler de ces places qui ne sont pas nécessairement là
ou qui sont là mais qui ne sont pas nécessairement
occupées, et ça a apporté toute une réflexion par rapport à ce que, comme vous
l'avez appelé, parce que c'est comme
ça qu'on les appelle... Je vous dirais qu'avec le temps et la réflexion des
partenaires peut-être que «places fantômes»,
ce n'est pas nécessairement comme ça qu'on devrait les appeler, mais, ceci dit,
c'est le nom qu'on a donné, donc on l'a maintenu pour être capables de
garder l'idée qu'on avait en tête.
Il y a une
chose qui est arrivée rapidement sur la table de travail au moment où on a fait
le projet de loi n° 27, c'était d'améliorer,
d'optimiser, d'apporter aux règles déjà en place des améliorations qui
faisaient en sorte qu'on bonifiait. Malgré tout, dans la réflexion, et je le prends vraiment sous l'angle que moi, je l'ai apporté, dans cette réflexion-là, on se disait : Bien, si quelqu'un signe un contrat, il se doit d'être responsable. S'il est responsable, il a la responsabilité de celui qui donne
le service, qui est déjà une règle qui est en place, et il y a la
responsabilité de celui qui signe au sein de cette entente-là, et c'est là que la réflexion s'était faite pour la pénalité
aux parents. Et rapidement les partenaires sont venus nous voir pour nous dire qu'on était dans le champ
puis qu'on n'avait pas à regarder cet aspect-là, puisque le parent était
plus souvent qu'autrement un peu piégé dans
cette idée-là de places, c'est-à-dire : Tu veux quatre jours, je vais te
les offrir, mais je ne veux pas être
pénalisé parce que moi, je veux être payé pour cinq jours, ça fait que tu vas
signer cinq jours. Et là on demandait aux parents de s'adapter au
système. Et je vous dirais que rapidement on est revenus en se disant : Non, non, non. Nous, on veut que le système
s'adapte aux parents. Et je reviens aux propos de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
qui dit : Le système a l'obligation de répondre aux familles, et non les
familles, au système.
• (16 h 50) •
Donc, dans
cette volonté-là, le projet de loi n° 27 a été entendu, partagé avec les partenaires, puis, après, retour
à la table de travail pour quelques sujets, mais des sujets qui sont restés sur
la table, clairement, à travailler avec les partenaires.
Je vous en donne un très concret : nous avons proposé de faire des
ententes de service entre les services
de garde en milieu familial et les parents. Pourquoi?
Bien, parce qu'il n'y en avait pas. Il y avait des ententes de
service — puis
on en a parlé un peu plus tôt — avec
les CPE, mais il n'y avait pas d'entente de service entre la RSG, hein, la
responsable des
services de garde en milieu familial, et les parents, et on s'est dit : On
va mieux les équiper, parce que des fois, quand un système a une faille, bien la volonté du ministère, ce n'est pas juste
d'accuser, c'est de mettre en place un processus
qui fait qu'un aide les autres. Et on s'est dit :
La meilleure façon — les
partenaires nous l'ont dit aussi — c'est
de faire des ententes de service
entre les parents et le service de
garde en milieu familial. Pourquoi?
Bien, parce qu'une tierce partie,
qui s'appelle le bureau coordonnateur... on
a en parlé un peu plus tôt, hein, il ne donne pas des services directs aux
jeunes, directs aux enfants, le
bureau coordonnateur donne un service direct à la personne qui est en
responsabilité d'une ressource en milieu familial.
Donc,
cette volonté-là fait en sorte que le bureau coordonnateur peut regarder avec
plus d'attention, peut aider, peut
soutenir, peut accompagner une responsable de services de garde en milieu
familial dans cette entente de service là. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait sur le coin d'une table, c'est
quelque chose qu'on veut vraiment concrétiser puis faire en sorte que le parent s'engage, la
responsable de services de garde s'y engage aussi, et il y a quelqu'un qui
vient les aider, les appuyer, qui
s'appelle le bureau coordonnateur, qui vient faire en sorte qu'on peut les
accompagner. Si, je vous dis
«si», le principe ou la personne qui gère le service de garde en milieu
familial a une difficulté ou si le parent en a une, bien il peut toujours revenir à cette
ressource-là, qui s'appelle le bureau coordonnateur, venir l'aider à mettre en
place une meilleure façon de faire,
une façon d'ajuster, et les uns donnent les services aux autres, et on se
retrouve dans une volonté qu'avait le
ministère quand il a mis en place les bureaux coordonnateurs pour soutenir le
réseau familial, parce que ce n'est pas rien.
Le réseau familial,
c'est vraiment un réseau important où il y a plus de places là qu'il y en a en
CPE puis qu'il y en a en service de garde
subventionnés. Si je ne me trompe pas, on a 91 000 places en service de
garde en milieu familial, donc ce
n'est quand même pas rien, 91 000 places dans des résidences privées, avec
des gens qu'on considère des
travailleurs autonomes mais avec les bénéfices des travailleurs. Pourquoi?
Bien, parce qu'ils utilisent leurs résidences pour donner des services. Donc, ils ont droit à ce qu'on appelle un
retour d'impôt sur l'utilisation de leurs résidences, sur certains partages de factures, que ce soient
l'épicerie, l'électricité, la partie de la maison qui est utilisée, celle qui
ne l'est pas, hein, parce qu'il y a
des parties qui ne le sont pas, et, d'un autre côté, bien ils sont reconnus
comme des travailleurs parce qu'ils
ont le droit aux mêmes ressources qu'on offre aux travailleurs en ce moment en
CPE et en garderie privée subventionnée. Donc,
il faut se le rappeler parce que c'est vraiment une catégorie d'emploi qui est
assez particulière, mais le gouvernement
libéral a mis en place cette entente avec les travailleurs à la maison pour
pouvoir être capable de reconnaître la force
des uns puis la part des autres. Donc, dans cette volonté-là, il y a, par
contre, le bureau coordonnateur qui vient soutenir pour s'assurer que
tout se passe bien.
Les
principes aussi du projet de loi n° 27, il y en avait trois. Il y a celui
où on s'est dit : Il faut faire des ententes entre les responsables de milieu familial et les
familles. Il faut aussi regarder quand une famille décide de faire un bris
de contrat. Donc, en ce moment, le recours
qu'ils ont, c'est vraiment par rapport à la loi qui existe sur le consommateur.
Donc, la RSG, hein, la responsable des
services en milieu familial, se retrouve avec un parent qui a décidé de mettre
fin à son contrat, ne paie pas le
50 $, s'en va, et elle nous dit, cette dame, qui est travailleur
autonome : Écoutez, je ne suis pas
pour me mettre à courir après tout le monde pour 50 $, ce n'est quand même
pas correct. Donc, on s'est dit : On va regarder le principe de la pénalité plus rapidement puis on va peut-être
le regarder avec une pénalité plus intéressante, parce que le parent met fin... mais qui fait en sorte qu'on accompagne
la RSG dans la mesure qu'elle a à mettre en place.
Donc, bris de
contrat, service d'entente avec le parent et la RSG, et mon troisième point par
rapport au projet de loi n° 27,
c'étaient les sanctions aux prestataires qui font signer des ententes qui ne correspondent pas aux besoins des
services. Est-ce que c'est nouveau,
cette pénalité? Non, elle n'est pas nouvelle. La pénalité pour le prestataire
de services, elle existe déjà,
mais on s'est dit : On va la regarder avec plus d'attention puis on va
responsabiliser les uns et les autres parce
que c'est quand même
la prestataire de services qui dit au parent : Tu signes pour cinq jours,
même si tu as besoin de trois jours. Pourquoi?
Parce que c'est moins compliqué combler mon cinq jours que
combler trois jours puis chercher une
personne ou un enfant pour deux jours pour combler mon cinq jours. Donc, il faut
trouver une meilleure façon de faire, il faut faire en sorte qu'on
puisse les aider et que... Dans le principe même du projet de loi n° 27,
bien il y avait ces trois aspects là. Et, le
quatrième, bien on n'en parle pas parce
qu'on l'a enlevé en cours de chemin.
Et j'apprécie que vous dites qu'on l'a enlevé parce qu'on a entendu nos
partenaires, et non pour d'autres raisons.
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le député de Sherbrooke.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. La ministre a dit dans sa réponse que c'est le système qui devait s'adapter aux besoins des
parents. Et c'est quelque chose qu'on a entendu très souvent lors, justement,
des consultations sur le projet de loi n° 27, qu'on a tenues ensemble. On nous a demandé
d'avoir un réseau plus flexible, hein,
en raison des horaires atypiques. Et,
comme parlementaires, on est bien placés pour savoir c'est quoi, un horaire
atypique. Il y a des gens aussi dans le
réseau de la santé, par exemple, qui sont sur appel et qui ont ce type
d'horaire là, qui rend plus difficiles toute la gestion, la garde de
leur enfant.
Alors,
face à cette demande-là, qui a été faite et que la ministre a entendue, je
voudrais tout simplement savoir quelle est sa position et qu'est-ce
qu'elle entend faire à ce sujet-là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Il faut nécessairement s'adapter à la demande
de nos familles. Ça veut dire quoi? Bien, ça veut dire que, si je suis un travailleur autonome puis j'ai besoin de
trois jours, je devrais avoir de la facilité à trouver mon trois jours. Si je suis une famille atypique parce
qu'il y a une personne qui est pompier puis l'autre personne est infirmier
ou infirmière, bien je devrais être capable de trouver un endroit qui peut me
dépanner dans le besoin que j'ai.
J'amène
aussi à réflexion, parce qu'on s'en est parlé à différentes reprises avec les
partenaires, aussi le défi de nos
familles qui ont des enfants avec des défis particuliers. On pourrait parler
des enfants autistes, on pourrait parler des enfants qu'on regarde avec un défi particulier. Et, de ce fait, bien il
faut adapter nos CPE pour qu'on puisse répondre à ce service-là. On a
aussi des endroits différents.
Il y a des
endroits où, en ce moment, on essaie des façons de faire, là. Je vous en donne
un : à Lévis, on a un CPE qui
s'appelle le Vire-Crêpe. Je vous le dis, la ministre n'a aucune option sur les
noms qui sont choisis pour les services de garde ou sur les CPE. Des fois, je me surprends moi-même à avoir un
petit sourire en coin, parce qu'effectivement, des fois, les noms qui sont choisis me font assez rire. Donc, le CPE
Vire-Crêpe, à Lévis, respecte et regarde le milieu de travail de façon différente et offre des services
de soir et de fin de semaine. Eh bien, je vous dirais que ça, c'est vraiment
s'adapter au principe même des horaires
atypiques. Pourquoi? Bien, parce qu'on a des parents qui demandent des horaires
différents. On a un CPE, au Saguenay, qui
s'appelle La Grange des Lutins — non, encore une fois, je n'ai rien eu à dire
là-dessus — mais la volonté de ce CPE là, elle est
louable, puisqu'ils offrent un service de soir et de nuit. Et, vous savez,
de nuit, on pourrait penser que ça n'arrive
pas qu'on a besoin de services, mais on a des travailleurs qui dans le
quotidien... je pense à nos pompiers,
je pense à nos infirmières, médecins, je pourrais vous nommer des
professionnels, mais je pourrais vous nommer aussi, et ça va peut-être
vous sembler drôle, mais les gens qui remplissent les tablettes à l'épicerie. Saviez-vous que, quand l'épicerie ferme, bien il y
a toute une équipe qui rentre puis qui s'assure que les tablettes sont
remplies puis que tout est... pour qu'au lendemain matin, au moment où on ouvre
les portes de cette épicerie, tout est comblé?
Eh bien, ces gens ont besoin d'un service de garde de soir et de nuit, puisque,
pour donner un service aux gens qui
viennent faire un magasinage en épicerie, bien ça prend des gens qui font le
travail. Et, de ce fait, bien ils ont des enfants.
Une voix : ...
Mme
Charbonneau : Alors, ce qu'on
demande aux services de garde maintenant et pour les prochaines années,
c'est de s'adapter aux familles et non d'adapter les familles aux services de
garde.
• (17 heures) •
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Le magnifique
service de garde Vire-Crêpe est dans le comté des Chutes-de-la-Chaudière,
et je connais bien le...
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) :
Oui. Donc...
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) :
Merci. Exact. Je cède maintenant la parole à M. le député de Terrebonne.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. J'aimerais amener maintenant la discussion sur
une situation qui devient de plus en plus omniprésente
dans les journaux, là, depuis quelques semaines et quelques mois au Québec,
j'aimerais vous parler donc de cas
concrets qui se passent dans l'actualité et qui touchent les garderies du Québec, particulièrement le réseau des garderies non subventionnées. Je vous dis ça parce
qu'il y a des parents qui sont inquiets.
Il y a des
gens qui sont venus nous voir qui nous ont parlé, à l'intérieur, bon, des commissions
parlementaires, mais également
dans nos circonscriptions, sur la question de la qualité des services qui sont offerts par l'ensemble
du réseau des garderies. Vous savez
que nous avons un débat avec la députée
de Repentigny, avec la ministre de la Famille, avec la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques sur la notion de qualité offerte dans l'ensemble
des services de garde et les façons avec lesquelles on peut les améliorer. Il semblerait, M. le Président, selon les statistiques que j'ai à l'heure actuelle, puis
je veux que la ministre
me confirme si c'est les bonnes... 41 %
des plaintes reçues au niveau du commissaire des plaintes seraient en lien avec des garderies privées non
subventionnées. C'est près de la moitié des plaintes qui sont en lien avec des
garderies privées non subventionnées. Je voudrais... d'abord d'un hochement de
tête si c'est des chiffres qui sont similaires à ceux du gouvernement.
Mme
Charbonneau :
Je n'ai pas les chiffres devant moi. La fiche s'en vient, je vous le promets.
Je vais vous le confirmer aussitôt que je vais l'avoir devant moi.
M.
Traversy : Ah! pas de problème. Ça fait que je vais y aller
d'une manière constructive. C'est très simple puis en même temps ça va
nous permettre de répondre à des questions sur la suite.
Je vais vous
parler tout d'abord du cas d'une fillette de Sainte-Foy qui, en plein hiver,
bon, s'est retrouvée sans manteau à
plusieurs coins de rue de sa garderie. Selon l'article que nous avons vu, c'est
une garderie qui a fait l'objet de cinq
plaintes depuis deux ans. Une ex-employée a témoigné en disant que cela ne la
surprenait pas parce qu'elle a vu des choses
horribles qui se sont passées, semble-t-il, sur ce lieu de travail lorsqu'elle
travaillait là et qu'elle est restée seulement une semaine à cause de cela. Donc, moi, je veux savoir de la ministre...
Ça, c'est le cas d'une jeune fille, une fillette, là, à Sainte-Foy, ici,
dans le coin de Québec.
Quelle est l'emprise, là, du ministère de la
Famille sur les garderies privées non subventionnées? Comment compte-t-elle améliorer, dans le fond, le suivi,
la surveillance, l'encadrement, les balises, là, autour de ces garderies pour
essayer de faire en sorte que ce genre de
situation ne se reproduise plus, et qui se retrouvent toujours, tu sais, dans
le fond, sur
les listes des garderies disponibles, là, par le ministère, là, sur son site
Internet? Donc, des garderies qui vivent des situations, on veut corriger celles-ci pour l'avenir. Je veux voir
comment le ministère entrevoit de maximiser la sécurité et la qualité de
ce genre d'installation pour la suite des choses.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. En tout premier lieu,
puis je vais le faire rapidement, parce que je ne veux pas que le député
pense que je veux faire du temps, là, je vais le faire rapidement pour rappeler
une chose concrète : nos CPE sont administrés par les parents qui
fréquentent le CPE.
Donc,
M. le Président, qu'est-ce que ça veut dire pour nous, au niveau du ministère?
Bien, ça veut dire que plus souvent
qu'autrement la problématique se règle au conseil d'administration. Donc, un
parent lève la main, dit : Savez-vous quoi?, mon enfant est allergique aux arachides, il y a un autre enfant
qui a amené une barre avec des arachides ou vous avez servi quelque
chose, et la plainte se règle là. Elles ne se rendent pas au département des
plaintes parce que les parents, entre eux,
avec la direction générale ou la direction générale adjointe, parce qu'il y a
des adjoints aussi dans différents CPE,
règlent ça là. Il y a aussi, puis il faut se le dire, un lien émotif entre les
parents et la personne qui dirige le CPE comme il y en a un entre le parent et la personne qui gère un service de garde
en milieu familial, c'est-à-dire qu'à tous les matins elle dépose son enfant, parle à la responsable en
milieu familial, échange avec elle, il y a un lien qui se crée, et, de ce fait,
les plaintes ne se rendent pas très, très loin, parce que ça s'arrête là.
Maintenant,
dans les garderies privées non subventionnées, est-ce que la ministre a un
apport, est-ce qu'elle peut faire
quelque chose? Bien, M. le Président, les inspecteurs du ministère vont
partout : subventionnées, pas subventionnées. Je vous dirais même que j'ai une collègue un jour
qui m'a dit qu'elle croyait, parce qu'il y a quelqu'un qui lui avait susurré
ça à l'oreille, qu'on était plus sévères
avec les garderies privées non subventionnées parce que justement on voulait
les vérifier encore plus puis on
avait comme un regard négatif. Eh bien, non. J'ai vérifié, j'ai fait sortir des
trucs, j'ai demandé des informations, et nos inspecteurs ont la même
rigueur dans un système comme dans l'autre.
Et, pour rassurer mon
collègue, est-ce que je peux poser un geste concret comme ministre... Parce
que, le ministère, là, vous avez compris que, tous les gens qui m'accompagnent ici,
là, tous les jours, leur souci, c'est la qualité des services qu'on donne. Mais, comme ministre, est-ce que
je peux poser un geste? Eh bien, oui, M.
le Président. Je peux révoquer un permis. Même s'il est privé, je peux
dire : Toi, là, tes services ne sont pas bons, mes inspecteurs sont venus,
ton encadrement n'est pas bon, la sécurité et la gestion n'est
pas bonne, alors, malheureusement
pour vous, je reprends le permis, et vous n'avez plus droit à cette
qualité de service là, et faites d'autre chose avec vos installations.
Donc,
si j'ai un apport? Oui. Est-ce qu'il y a une surveillance? Nécessairement.
Est-ce qu'on accepte qu'il y ait un
service moins bon? La réponse, c'est non, Mais pour ça il faut aussi comprendre
le système des plaintes avant de dire qu'il y en a plus dans une
installation que dans une autre.
Le Président (M.
Picard) : M. le député.
M. Traversy :
Merci, M. le Président. Donc, je...
Mme
Charbonneau :
...permettez.
Le Président (M.
Picard) : Oui.
M. Traversy :
Rapidement.
Mme
Charbonneau :
Je confirme : 41,7 % des plaintes.
M. Traversy :
Merci. Donc, on est sur la même base, on est sur les mêmes chiffres. Donc, je
retiens, donc, l'explication de la ministre.
Je tiens quand même à lui mentionner que, dans le cas, là, de la jeune fille de
Sainte-Foy, c'est une policière qui a
retrouvé, donc, la jeune fille à plusieurs coins de rue. Donc, je comprends,
là, le conseil d'administration qui peut être une étape de plus que dans
d'autres modèles de garderie, mais là je vous parle de situations d'actualité. J'en ai une autre ici dans L'Ancienne-Lorette, je
pense que... oui, c'est bien cela, donc le conjoint d'une propriétaire de garderie
qui se ramasse, dans le fond, à briser un bris de condition pour être en lieu
où certains enfants se trouvent, une personne
qui a été accusée, donc, de cause grave, là, à la justice, là, concernant des
accusations de contact sexuel. Donc, ça aussi, ça nous démontre qu'il
y a peut-être une réflexion à
avoir pour mieux baliser, mieux encadrer certaines vérifications.
Vous
me dites qu'il y en a autant dans ces garderies-là que dans d'autres.
Si je vous amène dans un autre cas que j'ai
lu il y a quelque temps, cette fois-ci du côté de Rouyn-Noranda, dans des garderies en milieu familial non subventionnées, donc privées, là on me dit qu'il n'y a pas de vérification, donc qu'il
n'y a pas d'inspection. Je pourrais
vous parler, donc, d'un cas d'un bébé
qui a été violenté en fait à deux reprises, donc abus de violence sur cet
enfant. Le titre de l'article, c'est Tu paies pour que ton enfant se fasse torturer. Et là je vous fais juste la citation de la dame
du bureau coordonnateur, elle dit...
bon, ils disent, dans le fond, que ces services de garde là devraient être
davantage surveillés, et, comme plusieurs
parents, bon, elle aurait préféré que son
enfant soit dans une garderie privée subventionnée ou CPE mais que ces places
sont rares. Elle s'est mise sur une liste
d'attente, elle est tombée, donc, sur cette place en garderie familiale non subventionnée. Et elle demande, dans le fond, à la ministre, là, d'essayer de voir des solutions pour mieux
encadrer la sécurité et la qualité.
J'aimerais voir ce que la ministre en pense et
ce qu'elle entend faire pour rassurer pour la suite.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : M. le
Président, les deux cas... et vous
m'en donneriez quatre, cinq ou six, c'est inacceptable. On veut que nos
enfants soient en sécurité partout.
Le premier
que vous avez cité en titre, c'est quelqu'un qui fait un bris avec l'entente qu'il a avec la
cour. Vous avez compris qu'il y avait quelque chose là d'inacceptable. Rapidement,
dans la même journée, l'inspecteur est allé, deux
fois. Les deux fois, hein, la conjointe, on doit se le dire, là, la conjointe
était un peu complice par rapport à ça, et on n'a pas pu détecter. Par
contre, à la fin de la journée, la
personne a été arrêtée. Elle est toujours sous clé en
ce moment, parce qu'elle a fait son bris avec l'entente qu'elle avait au
niveau de la loi. Maintenant, en ce qui a trait à l'Abitibi-Témiscamingue, ce qui s'est passé là est tout aussi
inacceptable, même si on n'est pas du tout dans les mêmes conditions et pas du
tout dans la même forme d'installation.
Maintenant,
je nous rappelle une règle qui n'est pas nécessairement connue beaucoup,
c'est-à-dire que, six enfants et moins, on n'est pas obligé d'être régi par le ministère de la Famille. Pourquoi? Parce
que la voisine qui a déjà trois
enfants pourrait offrir des services
à l'autre voisine qui en a trois aussi, puis, deux jours par semaine, il y en a
une qui prend les enfants de l'autre,
et tout à coup j'ai six enfants régis dans un service de garde,
hein, des parents qui se dépannent mais qui ont une entente tacite entre les deux. Donc, en bas de six enfants, il n'y a
pas de condition qui vient du ministère, on respecte
cet aspect-là. Et on est en train de regarder de notre côté si on reste à six, parce qu'il faut vraiment le regarder avec énormément d'attention.
Maintenant,
qu'est-ce qu'on fait pour les familles du Québec
qui cherchent une place puis qui veulent s'assurer de la qualité de la place qu'ils ont? Bien, il y a quelques
outils qu'on met en place, hein, puis que les parents peuvent aller chercher par le biais d'Internet
ou dans un bureau coordonnateur. Donc, À la recherche d'un service de garde
éducatif, vous avez un dépliant
qui est fait... je vous dirais plus que c'est un livret qu'un dépliant, parce
qu'il y a plusieurs pages, mais dans ce dépliant on vous donne tous
les trucs et toutes les façons de faire pour aller chercher la meilleure place.
Mais on ne se contente pas de ça. Un coup
que la place est reconnue, M. le
Président, et un coup qu'on est
assuré de la qualité puis qu'on peut
la maintenir, il y a cette petite affiche qui est mise à la porte ou à
la fenêtre, et on dit aux parents : Soyez vigilants, vous avez
aussi la responsabilité de regarder et vous assurer que vous voyez cette
affiche, qui vous assure que ce service de
garde en milieu familial est vraiment reconnu. Et ça le dit, là, ça ne peut pas être
plus clair que ça, là. Il est reconnu
par le service du ministère de la
Famille, donc doit se mettre au même
pas que toutes les demandes qu'on fait
pour s'assurer de la qualité des services qui est offerte et s'assurer que le
service rendu fait en sorte que les enfants sont dans un milieu sain et
sécuritaire.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Merci, M.
le Président. Donc, à ce moment-là, j'entends la ministre, qui me dit qu'elle
est en train de regarder la
situation, qu'elle regarde pour voir si six enfants, c'est toujours la norme la
plus idéale pour assurer, dans le
fond, un maximum de qualité, mais quand même je tiens à lui
mentionner la perception que je reçois de certains parents. Parce que les
parents reçoivent des crédits d'impôt de la part du gouvernement pour les frais de
garde, ils ont, à tort ou à raison,
l'impression que le service auquel ils paient est encadré d'une certaine façon
par le ministère de la Famille. Et donc, à cet égard-là, je pense qu'il
serait pertinent de réfléchir à voir comment qu'on pourrait peut-être, là,
davantage, là, soit garantir ou mieux
informer les parents, là, de la situation. C'est quelque chose que je tenais à
lui spécifier parce que je l'ai entendu sur le terrain à quelques
reprises.
Mme
Charbonneau : ...M.
le Président, parce que je veux vous rassurer.
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : C'est vraiment... Quand je vous ai dit qu'on regardait le
nombre, c'est parce que la règle
est régie par un nombre, mais on regarde
l'ensemble des mesures qu'on met en place à partir du moment où ce n'est pas
régi, parce qu'effectivement il faut
s'attarder à la sécurité des enfants et dans le milieu dans lequel ils vont.
Et, de ce fait, bien on n'est pas à
regarder juste le nombre, là, on veut vraiment aller plus loin dans comment on
regarde ce système-là pour l'améliorer puis s'assurer de la qualité des
services.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. Je vais y aller tout de suite avec une autre situation justement
pour l'encadrement et les balises. La
ministre dit souvent : M. le député de Terrebonne, vous êtes trop jeune
pour avoir vécu telle chose. Alors, elle qui est vieille et qui a plein
d'expérience, je vais pouvoir lui poser à mon tour, là...
Des voix : ...
M.
Traversy : ...mais plein de sagesse, voilà, c'est ce que je
veux dire, elle doit connaître particulièrement Kijiji, qui est un site de vente. Et j'ai reçu aujourd'hui,
là, plein d'exemples de garderies privées non subventionnées qui sont en vente sur Kijiji... des garderies
subventionnées même, pardon, certains qui ont des permis du ministère de la
Famille et qui modulent leurs prix en
fonction. Donc, ici, on a sur Kijiji une garderie dans
Hochelaga-Maisonneuve à 675 000 $, 26 places occupées pour un permis du ministère de
la Famille de 41 places, l'immeuble est récemment rénové au complet, ils nous disent à combien de dollars par jour,
35 $ par jour pour les enfants, etc. Une de 549 000 $ à
Longueuil. On en a une qui est très
intéressante aussi parce qu'elle représente, semble-t-il, une occasion
d'affaires, la vente de cette garderie est une opportunité d'affaires. Dans un établissement très calme et très sécuritaire,
neuf, spacieux, elle offre un environnement qui participe à un bon développement intellectuel de l'enfant. Et là on
a plein de photos, dans le fond, des locaux qui sont en vente, et tout
ça en lien aussi avec le permis du ministère de la Famille.
J'aimerais
voir, de votre coté, comment vous réagissez à ça et surtout comment qu'on
balise ce genre de chose, ces opportunités d'affaires, comme on aime les
mentionner.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais que je réagis de différentes façons et la vieille que je suis va
peut-être faire sourire le jeune qu'il est. Un, Kijiji n'existait
pas quand j'étais plus jeune, donc on apprend à découvrir ce système extraordinaire de vente, où, si je comprends bien,
parce que vous en faites une annonce impressionnante, je peux trouver de tout, hein? Dans mon temps, moi, c'était Le
Journal de Montréal. Vous ne vous souvenez pas, mais il y avait un numéro
de téléphone qu'on utilisait pour vendre une
maison, un appartement, une auto, tout passait par Le Journal de Montréal.
Maintenant, il y a Kijiji.
Est-ce que, quand on fait une annonce comme
celle-là... Puis, honnêtement, je le dis publiquement puis, probablement, vous le savez, parce que j'ai une
façon de communiquer avec vous qui est hyperfacile, là, ça n'a l'air de rien, mais j'ai beaucoup de facilité avec mes
collègues. Mais je suis surprise que vous m'en parliez devant les micros,
parce que les 50 000 auditeurs qu'on a
en ce moment sont tous en train de chercher, sur Google, Kijiji pour aller voir ça a l'air de quoi puis s'ils peuvent se procurer une
garderie, parce qu'on a d'autres gens avec qui vous étiez debout devant
un micro qui disaient que c'était payant d'avoir une garderie.
Ceci dit,
quelle que soit la façon qu'on vend les choses, ça n'enlève pas les mesures que
nous, on met en place au ministère
au moment de la vente. Donc, que la personne décide d'annoncer sur Kijiji
qu'elle veut vendre sa garderie, qu'elle
soit privée ou publique, qu'elle veut se départir de ses installations et
changer la donne au moment où elle pense faire une transaction facile sur Kijiji, là, je vous annonce déjà,
les gens qui cherchent sur Google, arrêtez de chercher, parce que ce n'est pas si simple que ça. Ça ne se fait pas
en passant une annonce, que ce soit dans les médias électroniques ou dans les journaux. Et, vous vous souvenez, parce que
c'est le premier projet de loi qu'on a fait ensemble, on l'a fait parce que c'est votre parti qui l'avait déposé dans la législation auparavant, mais le p.l. n° 2 faisait en sorte qu'on venait resserrer les règles par
rapport à cette volonté-là de se départir d'une installation ou de l'améliorer
d'une façon inadéquate.
Donc, les
projets de loi qu'on adopte, les règles qu'on fait font en sorte que, même si
vous annoncez soit dans LeJournal de Montréal ou dans Kijiji,
ce n'est pas plus simple et ce n'est pas plus souple parce que vous passez par
un média différent. Au niveau du
ministère, les règles sont très serrées, et il n'y a aucune lacune au moment où
quelqu'un veut se départir de ses places.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Écoutez, j'entends le
message de la ministre, puis, dans le fond, ce que je veux l'amener à
prendre en considération, c'est, bon, évidemment, là, la vente des garderies
privées, là. Les CPE ne peuvent pas être
vendus, ça, tout le monde le conçoit, c'est un établissement qui est public, à
but non lucratif. Là, on parle de
garderies privées subventionnées. Dans ces cas-ci, c'est le lien avec le permis
du ministère de la Famille, la façon avec laquelle on change de main entre propriétaires. Bon, qu'on l'annonce sur
Kijiji, dans Le Journal de Montréal, moi, je veux voir si c'est bien balisé, parce qu'à première vue
ça a l'air d'être assez accessible à pas mal n'importe qui, comme vous
l'avez mentionné. Et là on est dans la question de comment qu'on peut encadrer
la sécurité, la qualité.
Je veux voir,
le processus, là, de votre côté, si on peut le préciser davantage ou s'il y a
une norme sévère, là, à cet égard-là, parce qu'on ne veut pas que ça se
passe.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, non seulement elle est sévère, mais elle est nécessairement
rédigée à ce que ce soit difficile.
Vous savez, M. le député, on ne peut pas choisir comme ça, se lever un matin
puis dire : Tiens, ça ne fonctionne
plus, je suis tanné de me lever tôt, c'est compliqué, je vais me départir de ça
puis je vais partir sur une autre business.
On ne peut
pas vendre comme on veut un permis de service de garde subventionné. Et je
crois que, quand on a fait le
p.l. n° 2 ensemble, quand on a regardé ce projet de loi là ensemble,
on s'est vite rendu compte qu'on voulait améliorer les choses et resserrer les choses. Maintenant,
l'acheteur a des obligations incroyables. Avant même d'avoir accès à cette
vente-là, la personne qui veut s'enquérir,
qui veut acheter ce permis-là a à démontrer plusieurs faits au niveau du
ministère qui sont des exigences pour
obtenir ce permis-là. Vous me posez la question, et je sais que vous en savez
une bonne partie, de la réponse,
puisque vous avez participé dans la législation auparavant et dans cette
nouvelle législation à mettre en place un
projet qui fait en sorte qu'on a resserré les règles. On ne peut pas se
départir comme on veut... D'ailleurs, ça me permet de vous dire que
c'est pour ça qu'on parle de partenariat entre les CPE et les garderies privées
subventionnées et non subventionnées, parce
qu'on croit qu'il y a des places qui sont là qui sont inoccupées ou qui sont
proches de mourir et qu'on pourrait
utiliser sans être obligés d'investir dans de la brique. Un coup que je vous ai
dit ça, je vous rassure : il n'y a rien qui
se fait avec facilité quand on demande à avoir un permis. Et ça, il y a des
gens qui pourraient vous le décrier avec beaucoup de force.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Traversy :
On pourrait donc avoir... bien, je pense que c'est ce que vous me dites, mais
juste de façon un peu plus claire un
engagement pour au moins aller valider et voir un peu ce qui se passe aussi de
ce côté-là, qui est Internet? Donc, dans ce cas-ci, là, des garderies,
là, que je vous ai mentionnées, il y en a quatre, là, en tout et pour tout.
Donc, évidemment, on trouve ça inadmissible.
Je voulais juste voir si, de votre côté, vous vous engagez à faire le suivi à
cet égard-là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
• (17 h 20) •
Mme
Charbonneau :
Merci de me permettre de le faire, parce que la journée ne sera pas finie que
les gens derrière moi savent déjà,
Jacques Robert et Mme Castonguay en
premier lieu, qu'on va aller plus loin dans ce que vous avez
ouvert ou vu sur Kijiji, parce que ça ne se passe pas comme ça,
ce n'est pas monnayable aussi facilement.
Le Président (M. Picard) : Maintenant,
du côté du gouvernement, M. le député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Merci beaucoup,
M. le Président. Vous me permettrez, comme tous les collègues, de commencer avec les salutations les plus polies
envers mes collègues de l'opposition, collègues très respectés, envers mes collègues du parti ministériel, envers Mme la ministre, vers qui je me tourne de façon un peu bizarre parce qu'on est au salon bleu et que
c'est particulier de regarder derrière nous pour voir la ministre,
mais quand même, et à vous, M. le Président, et à toute votre équipe. Je suis content d'être
ici aujourd'hui parce
que, de toute évidence, on ne
manque pas de sujets intéressants,
aux crédits du ministère de la
Famille. C'est un ministère
qui est extrêmement important dans le quotidien des Québécois, des Québécois qui sont évidemment de ma génération qui ont des jeunes enfants mais également
sur le quotidien des Québécois, là, de tous les âges.
Je veux
revenir tout d'abord, parce
que la députée de Repentigny
y a touché, et le député de Montmorency, si je ne m'abuse, y a touché également, sur le budget. On est ici pour étudier les
crédits budgétaires. C'est un budget dont évidemment on n'est pas peu
fiers de notre côté parce qu'il
répond, selon moi, aux attentes de plusieurs qui espéraient une gestion...
comme la députée de Repentigny, qui
espéraient une gestion plus rigoureuse des finances publiques du Québec et
qu'il avait comme objectif clair,
depuis le début, d'arriver à un équilibre budgétaire dès l'année 2015‑2016, et
c'est ce à quoi le ministre des
Finances nous a... c'est à quoi il nous a présentés. Donc, évidemment, on veut
garder cet équilibre budgétaire là au
cours des années parce que la dette du Québec, ce n'est pas quelque chose qu'on
veut léguer à nos enfants, du moins pas
dans sa forme actuelle, du moins pas avec des paiements de l'ordre de ceux dont
nous parlait le député de Montmorency un peu plus tôt.
Ceci étant
dit, même s'il y a une certaine forme ou une importante forme de responsabilité
budgétaire, le budget a fait également l'annonce de plusieurs mesures
importantes. Et évidemment on est un gouvernement, on continue de percevoir l'impôt des Québécois et, donc, de
redistribuer ces sommes-là vers des projets spécifiques. Les députés ici le
savent, il y a plusieurs projets, dans
chacun de leurs comtés, qui continuent de voir le jour. Récemment, moi-même, en
Outaouais, j'ai pu participer à l'annonce
sur l'agrandissement du cégep Héritage, un agrandissement très attendu, très
attendu de plusieurs, de la communauté
anglophone mais de plusieurs dans le milieu de l'éducation en Outaouais. Et
donc je veux revenir sur une des mesures qui a été annoncée à
l'intérieur de ce cadre budgétaire là, et une mesure qui est extrêmement importante pour justement les familles québécoises.
Et, bien que plusieurs de mes collègues ont parlé de leur situation bien à eux, moi, je vais parler d'une situation
qui ne me représente pas du tout mais qui demeure importante
pour les commettants de mon comté, de ma
région, et ça, c'est toute la question liée aux cliniques de pédiatrie sociale
que nous avons au Québec en ce moment.
Évidemment, les cliniques de pédiatrie sociale
répondent à un besoin d'une population particulièrement vulnérable, d'une population particulièrement précaire, et donc des jeunes familles qui n'ont
pas les moyens, souvent, de se tourner vers d'autres alternatives. Et
donc d'avoir ce réseau de cliniques là partout à travers le Québec dans les communautés les plus pauvres, disons-le, donc où
on peut retrouver cette clientèle-là, ce n'est pas anodin. Et ceux qui ont suivi les discussions qui avaient eu lieu à
l'étude de crédits du premier
ministre sur le volet Jeunesse en ont
également entendu parler et ont compris tout l'engagement du premier ministre envers le réseau créé par le Dr Julien il y a
de ça 25 ans, lorsqu'il a ouvert
sa toute première clinique à Montréal. Et donc on aura compris que c'est quelque chose qui tient à coeur au premier ministre, et donc ce n'était pas surprenant de retrouver un engagement
dans les documents budgétaires. Et, si ça nous tient à coeur, c'est parce
que le réseau fonctionne, parce qu'il remplit des mandats, un mandat très clair
et un mandat nécessaire.
Je pense à ma
propre clinique à Gatineau. Ça fait plusieurs années que la Dre Anne-Marie Bureau travaille avec des médecins et avec des infirmiers pour offrir ce
service à la population, population qui en est extrêmement heureuse. Et également, je dirais même, les médecins et les
infirmiers, les professionnels de la santé qui oeuvrent dans ce milieu-là,
je crois qu'ils apprécient avoir cette
expérience quelque peu différente de leur travail habituel. Souvent, on entend
de la part de ces médecins-là que, s'ils pouvaient passer leurs journées
entières dans les cliniques de pédiatrie sociale, ils seraient heureux de le faire. Ça a fonctionné tellement bien à Gatineau
que la Dre Bureau a décidé d'ouvrir une deuxième clinique de pédiatrie sociale dans le Vieux-Hull,
dans le comté de ma voisine la députée de Hull, et, encore là, ils rejoignent
une clientèle tout à fait dans le besoin. Et
on m'a même dit, parce que je leur ai parlé il y a quelques semaines, aux gens
de la clinique de
pédiatrie sociale, qu'il y avait plusieurs autres projets qui voulaient voir le
jour en Outaouais, notamment dans les régions rurales, qui, on le sait,
en Outaouais, sont particulièrement moins aisées qu'en milieu urbain.
Alors, je
suis certain qu'il y a plusieurs communautés à travers le Québec qui aimeraient
également voir de telles cliniques
s'installer chez eux. Et, puisque la ministre de la Famille est ici, non pas à
mes côtés mais derrière moi, peut-être peut-elle
nous dire ce qu'elle pense du réseau de cliniques de pédiatrie sociale.
J'imagine que c'est un modèle qu'elle connaît bien, étant ministre de la Famille, mais également il doit y en avoir
dans sa propre région, région qu'elle représente, la région de Laval,
pour laquelle elle est ministre régionale, et donc j'aimerais avoir son
impression. Partage-t-elle mon optimisme par
rapport au réseau actuel? Et qu'est-ce qu'elle voit par rapport à l'annonce qui
a été détaillée dans les documents budgétaires du ministre des Finances?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je vous dirais que, si jamais les gens qui sont en face
de moi se demandent pourquoi le droit
de parole des députés au pouvoir devrait toujours être maintenu, c'est parce
qu'on est capables d'aller plus loin.
Pourquoi on va plus loin, M. le Président? Vous me regardez avec un petit
sourire. Parce que nécessairement on est capables de soulever plus qu'un
seul principe.
Le ministère de la Famille n'est pas le
ministère des garderies, ça s'appelle le ministère de la Famille. Et, heureusement pour nous, le premier ministre a un
regard large sur le principe de la famille et il a une volonté d'apporter,
d'alimenter le ministère dans différentes
sphères. Et, quand il a établi le mandat qui m'appartient — je vous disais un peu plus tôt que j'étais très honorée d'avoir les
aînés parce que, pour moi, ils font partie de la famille — il a aussi donné à la ministre de la
Famille la responsabilité des pédiatries sociales, une responsabilité que je
partage avec plaisir avec ma collègue la députée de Vaudreuil...
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
...Soulanges. Ah! c'est vrai. Si j'oublie «Soulanges», je pense qu'elle va se
présenter. La députée de Soulanges. D'accord. La députée de...
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
O.K. Alors, il ne faut pas que je me trompe, parce que, vous savez, ma
collègue, elle va me chicaner.
Le Président (M. Picard) : Vaudreuil.
Mme
Charbonneau :
Et ce n'est pas la collègue qui est avec nous, c'est celle qui ne l'est pas,
donc qui s'occupe des Services
sociaux, avec qui, malheureusement pour elle, on se mélange souvent avec le
titre, et mon collègue de la Santé.
Pourquoi?
Bien, parce que Dr Julien, il y a de ça plusieurs années, a osé penser à un
système à l'extérieur de la boîte,
pas un hôpital, pas un endroit fermé, hermétique où un traite de maladies, mais
un endroit où on rêve d'améliorer la qualité de vie des familles en
milieu défavorisé ou en situation de vulnérabilité. Parce que, puis
probablement que c'est comme ça chez vous
aussi, M. le Président, il y a des milieux qui sont forts, qui sont favorisés,
des grosses maisons avec du monde dedans puis un roulement économique
intéressant, et tout à coup il y a comme deux rues, et, dans ces deux rues-là, bien il y a des familles qui se
retrouvent en situation de vulnérabilité qui sont en milieu défavorisé mais que
pour deux rues. Et vous avez compris qu'on calcule le principe
d'appauvrissement sur un milieu donné, pas juste sur deux rues. Donc, de ce fait, Dr Julien a imaginé des services qu'on
pouvait donner à ces familles, qui sont quelquefois désorganisées, qui sont vulnérables et qui ont
besoin de plus qu'un principe de pédiatrie, mais on a passé par la pédiatrie.
J'ai eu le
plaisir d'en visiter quelques-unes à Montréal, parce qu'il y a celle de
Dr Julien, mais il y en a aussi en périphérie qui donnent aussi des services en pédiatrie, et j'ai eu le
privilège de rencontrer Dre Bureau et je vous dirais que, dans le comté de mon collègue, on n'appelle
pas ça la pédiatrie sociale du Dr Julien, on appelle ça la pédiatrie sociale de la Dre Bureau. La levée de fonds se fait
au nom de la Dre Bureau, et les gens qui arrivent à la pédiatrie sociale
cherchent Dre Bureau. Personne
ne cherche Dr Julien. Pourquoi? Parce
que ce que le rêve de Dr julien,
c'était de laisser la médecine s'approprier
cette volonté-là d'être investie dans son milieu, et c'est exactement
comme ça que ça se passe, que ce soit dans
le comté de mon collègue, que ce soit dans le comté de Laval, parce que,
oui, effectivement, il y en a une à Laval, et, je ne vous le cache pas, je revois, là, il y en a
une à Lévis aussi. Je n'ai pas eu le plaisir de la visiter encore, mais probablement
que vous la connaissez, M. le...
• (17 h 30) •
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
Alors, vous voyez, il y en a une un peu partout. Je vous dirais qu'à cette date
précise il y en a 16 au Québec,
et chacune d'elles se retrouve dans des milieux différents, et on a même le
privilège d'en avoir une dans un milieu des Premières Nations, parce
qu'il y a, là aussi, une importance des services à donner à la clientèle.
La volonté du
premier ministre était de voir un investissement par le gouvernement mais avec
Dr Julien, et c'est dans cette perspective-là que les sommes ont été
annoncées, à savoir : pour le budget 2015‑2016, 2 millions, mais à concurrence d'un 60 millions d'investissement
au total d'ici l'année... ne bougez pas, je cherche mon année de finalité,
mais la volonté, c'est
de se rendre en 2020 pour s'assurer que les investissements ont été faits. Vous
avez compris que le défi qu'autant le
Dr Julien a que le ministère a, c'est de s'assurer de la conformité de chacun
des ces endroits. Et Dr Julien nous
sensibilisait, la dernière fois que je l'ai rencontré, sur le fait qu'il y a
des gens qui se nomment pédiatrie sociale mais qui n'ont pas la vision
que pouvait l'avoir Dr Julien.
Donc, à quoi
faut-il s'attendre? Bien, il faut s'attendre que, d'ici 2020, nous allons
donner des services par le biais de la pédiatrie sociale à 20 000
enfants au Québec, toujours des enfants qui se retrouvent dans une famille
reconnue comme une situation vulnérable. Pourquoi? Parce que, dans la pédiatrie
sociale, et c'est là la particularité que c'est à l'extérieur de la boîte, je n'ai pas que des services de santé; j'ai des
services d'avocat, j'ai des services de liaison pour aider les familles à mieux s'entendre parce que,
des fois, une famille désorganisée, ils ne savent pas par où commencer. Et la pédiatrie sociale, c'est comme la porte
d'entrée : l'enfant se joint, vient faire une consultation avec le parent,
le parent est pris en charge, on
l'aide à avoir des meilleurs outils pour devenir un meilleur parent. On le
disait un peu plus tôt, on ne devient
pas parent parce qu'on a un enfant, on devient parent par expérience, par des
responsabilités qui nous sont données mais aussi par expérience, avec le
temps. Donc, la pédiatrie sociale vient soutenir nos familles dans l'ensemble
des responsabilités qui leur appartiennent.
Donc, moi, quand je suis à Montréal, M. le Président, et que je parle avec Dr
Julien, il me parle de problématiques
de loyer, il ne me parle pas juste de maladie chez les enfants, là, il me parle
de problématiques à l'école, il me
parle de troubles de comportement chez les enfants mais de troubles de
comportement chez les parents, et c'est là où la pédiatrie sociale prend
toute sa place.
Donc, dans la
vision du premier ministre de faire en sorte qu'on puisse développer plus, on a
fait comme on a fait avec plusieurs
fondations auparavant, on s'est assis avec quelqu'un qui avait déjà
l'expertise. On ne repart pas la roue à zéro, là, il y a déjà l'expertise, et Dr Julien peut nous accompagner dans
cette volonté de voir, au Québec, plus de 42 installations à travers le Québec. Pourquoi 42? On pourrait penser
17, hein, il y a 17 régions administratives, on pourrait se limiter à 17,
mais on a vite compris qu'un milieu
vulnérable, ce n'est pas nécessairement une région administrative. Des fois,
c'est une poche ici, des fois c'est
une petite région dans ce bout-là. Et les gens qui sont en situation de
vulnérabilité ne se déplacent pas
beaucoup, hein, ils n'iront pas chercher un service de Montréal à Gatineau. Et,
même à Gatineau, quand la Dre Bureau nous a expliqué qu'elle voulait avoir une branche supplémentaire dans la
petite... je dis «dans la petite ville d'à côté», c'est ma collègue qui
va me chicaner, mon autre collègue de Hull qui va me chicaner, mais dans la
région d'à côté, eh bien, quand elle a vu ça, Dre Bureau, c'est parce
qu'elle savait qu'en installant un service là les familles iraient à proximité.
Le déplacement, c'est aussi un défi supplémentaire.
Donc, on a
déjà choisi de s'asseoir avec la Fondation du Dr Julien, mais on va continuer à
discuter et à élaborer. Le plan du Dr
Julien est déjà fait, hein, son plan stratégique est déjà établi sur comment il
va faire, étape par étape, pour développer...
et là je vais utiliser une phrase que vous entendez souvent dans ma bouche,
mais c'est vraiment la volonté du Dr
Julien, c'est-à-dire développer, dans la capacité de payer du gouvernement du
Québec, un partenariat serré dans chacun
des lieux où il développe les
centres, qui fait en sorte que chacun trouve les services à la même
qualité. Et, à la blague, je vous
dirais, M. le Président, quand j'ai rencontré Dr Julien avec mes collègues...
moi, j'appelle ça ISO-Julien parce
que le Dr Julien s'est engagé personnellement à faire chacun des centres, s'assurer que chacun donne le service qui
ressemble au service que lui voulait voir
donner aux familles du Québec pour ne pas qu'il y ait de services qui
passent à côté, pour s'assurer que,
des 42 centres, avec l'argent qu'on met là, il y a des prêts de service
qui viennent du service de la santé, il y a
des prêts de service qui viennent quelquefois des services de firmes d'avocats, mais chacun qui
s'y investit s'y investit avec la même mission, c'est-à-dire faire en
sorte que, une famille qu'on dessert, on la dessert le moins longtemps possible
parce qu'on s'assure qu'elle sort d'un dédale de vulnérabilité qui fait en
sorte qu'elle devient un participant dans la
société... et un enfant qui est pris en charge non seulement par ses parents,
mais aussi par l'ensemble de sa communauté pour faire de lui un citoyen
meilleur, à contribution dans sa collectivité.
Donc, la
volonté qu'on a eue, c'est de faire ce partenariat-là, le suivre jusqu'au bout,
et je vous dirai qu'autant le
principe du Dr Julien par le biais de la pédiatrie sociale, autant le premier
ministre a voulu mettre en place un système qui se développe, qui... Je vous le dis, là, on ne réinvente pas la
roue, on prend quelque chose qui fonctionne et on s'assure que chacun des citoyens du Québec puisse avoir
accès à une proximité à un service qui, en ce moment, n'existe que dans
16 centres au Québec.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je vous invite
à visiter le centre de pédiatrie de Lévis et je vous accompagnerai, parce que le centre, justement, a un projet de
déplacer une installation dans mon comté parce qu'il y a une poche de
pauvreté et...
Mme
Charbonneau :
...je le ferai, d'autant plus que vous êtes juste à côté. Donc, je n'ai même
pas besoin de partir de Laval, je peux partir juste de Québec, puis
faire la visite avec vous, ça va me faire plaisir.
Le Président (M. Picard) :
Parfait. M. le député de Pontiac, trois minutes.
M. Fortin (Pontiac) : Trois minutes?
Le Président (M. Picard) :
Oui.
M. Fortin (Pontiac) : Bien, merci.
Moi, je sens une visite au centre de pédiatrie, mais aussi au Vire-Crêpe.
M. le
Président, en trois minutes, je vais... je ne veux pas changer de sujet, je
vais rester sur les cliniques de pédiatrie sociale parce que j'ai beaucoup apprécié la réponse que la ministre nous
a donnée. Je crois qu'elle reconnaît, comme elle le dit,
que le premier ministre reconnaît bien évidemment toute l'utilité que peut
avoir le réseau des cliniques de pédiatrie sociale. Et, si je peux rassurer le Dr Julien, ils n'ont pas à
s'inquiéter, leur clinique de Gatineau, je crois, répond exactement à ce qu'ils avaient en tête lorsqu'ils les ont
approchés, lorsqu'ils leur ont mis ça entre les mains et leur ont donné le
mandat de partir une branche ou une clinique à Gatineau, et je crois que
la population de notre région est extrêmement bien desservie par les soins de
la Dre Bureau et de son équipe et je suis certain que la toute nouvelle
clinique, là, qu'elle a ouverte récemment
dans le secteur du Vieux-Hull fera également ça pour le bienfait, justement, de
la clientèle à laquelle faisait référence la ministre, la clientèle un
peu vulnérable mais qui a besoin de toutes sortes de services. Et c'est particulièrement intéressant, ce que la ministre
nous disait, que ces gens-là ne seront pas obligés de se déplacer d'un endroit
à l'autre. Non seulement ils ont ces
services-là à proximité de leurs résidences, mais également ils ont une
panoplie de services à l'intérieur d'un même point de service. Puis elle
parlait des firmes d'avocats qui peuvent donner un coup de main. Il y a évidemment le suivi psychologique, il y a
les nutritionnistes, il y a l'ensemble des services qui sont offerts par les
cliniques de pédiatrie sociale.
Alors, comme
la ministre l'a dit, c'est quelque chose qui semble fonctionner très bien. Et
je sais que la Fondation du Dr Julien
a vu d'un très bon oeil la nouvelle qui a été véhiculée dans le dernier budget.
D'ailleurs, j'ai vu le communiqué de presse qu'ils ont émis par après. Ils s'en
disaient très heureux. Alors, je suis certain que la ministre pourra continuer de travailler avec la Fondation du Dr
Julien mais également l'ensemble du réseau au cours des prochaines années.
Merci.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Il reste 30 secondes. Ça va?
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais, M. le Président, que, je rassure mon collègue, on y croit. On y
croit, au partage avec les
fondations, puisqu'on a déjà fondation Avenir d'enfants, mais mon collègue de
la Santé y croit tout autant, ma collègue
de la Justice et ma collègue des Services sociaux. On est un comité ministériel
qui s'occupe du principe même des pédiatries sociales.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée de Repentigny, pour une période de 19 minutes.
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Je vais revenir aux documents qui ont été
présentés par le ministre des Finances lors de la présentation du budget.
Dans Le Plan économique du Québec, on mentionne qu'une
enquête a été réalisée par le ministère de la Famille et que cette enquête-là révélait que les
garderies non subventionnées étaient aux prises avec un nombre important de places inoccupées; on parle, dans le document,
de 30 %. Est-ce qu'on peut avoir
une copie de cette enquête-là?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
C'est une bonne question. Et, je la rassure tout de suite, c'est disponible sur
Internet. Vous avez juste à faire une petite recherche, mais vous avez accès à
cette enquête-là sur Internet.
Mme Lavallée : Je peux parler?
Le Président (M. Picard) :
Oui, oui. Allez-y.
Mme
Lavallée : Est-ce que cette enquête-là démontre les places disponibles
par région ou c'est une enquête qui est générale? Est-ce qu'on a les
données, par région, des places?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais que l'enquête a été faite de façon générale. On n'a pas établi
une liste de régions ni de garderies
privées, nommément, là. On a vraiment une étude qui faisait en sorte qu'on pouvait
le regarder de façon générale pour vraiment se donner un regard concret
sur comment ça se passe.
Mme
Lavallée : ...en commission parlementaire, on a entendu souvent le
chiffre de 20 000 places. Est-ce que le ministère a actuellement une idée, par région, des
places disponibles avant d'annoncer des nouvelles places? Est-ce que le
ministère sait exactement, par région, les places qui sont actuellement
inoccupées?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je...
Mme Lavallée : ...privées non
subventionnées.
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais que le décompte qu'on a dans chacune des régions, c'est vraiment
ceux qui relèvent du ministère, hein? Toutes les places subventionnées,
on est capables de les comptabiliser. Par contre, les garderies privées, on n'a pas le chiffre des places disponibles à
l'intérieur de ces garderies privées non subventionnées, puisque ce n'est pas nous
qui les régissons dans le quotidien par une subvention. Ceux qui sont
subventionnés, c'est un peu facile,
hein, on les subventionne, donc, ils nous font de la reddition de comptes. Les
garderies privées non subventionnées,
bien, on sait le nombre de places qu'ils ont, mais on ne connaît pas
nécessairement l'occupation. Et je vous
dirai, parce que je sais que vous en êtes très sensible, qu'il y a une variante
dépendamment du mois où on est rendu dans l'année. Donc, la variante du
mois de septembre est différente que la variante du mois de mars.
Mme
Lavallée : Dans le rapport du Vérificateur général sorti à
l'automne 2011, on reprochait... en tout cas, on recommandait au
ministère de faire attention, parce que ce qu'on relevait, c'est qu'il n'y
avait pas d'évaluation du nombre de places
requises pour répondre aux besoins. Donc, c'était dans le rapport 2011. Et,
dans la commission parlementaire qui
a suivi la présentation de ce rapport-là, la sous-ministre, à ce moment-là,
disait : «Quand on a estimé les
besoins pour chacun des territoires, on a pris [...] compte,
effectivement, la présence de l'offre de services de garde, que ce
soient les garderies subventionnées, mais également les garderies non
subventionnées.»
Donc là, vous
me dites que vous n'avez pas de relevé des garderies non subventionnées, alors
que c'était dit dans la commission parlementaire, et vous étiez là.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Bien, j'apprécie que ma collègue dise : Vous étiez là, hein, parce que,
dans le fond, ce qu'elle fait, c'est qu'elle pointe ma sous-ministre. C'est
effectivement la même sous-ministre qui était là en 2011 qui est à mes côtés.
Une voix : ...
Mme
Charbonneau :
J'étais là comme députée, oui. Je suis arrivée en 2008, mais je vous dirais
qu'au départ le privilège que j'ai
eu, c'étaient les dossiers en éducation, et je suis arrivée adjointe
parlementaire à la Famille par après. Ça fait que peut-être que déjà j'y étais. Je n'ai pas les dates en tête,
là. Quand vous me dites : À ce moment-là, on avait les chiffres, puis là on ne les a pas, vous me parlez
d'un rapport de 2011. Et, en ce moment, si vous me dites : Avez-vous le
chiffre exact des places disponibles en garderie?, on peut vous donner des
places qui sont déjà octroyées par des permis, mais on ne peut pas vous dire si elles sont occupées ou pas occupées.
Et, la volonté qu'on a eue par le portrait des garderies non subventionnées du Québec, quand on parle du
30 %, c'est vraiment les places qu'on a conçues comme non occupées.
Alors, si
vous voulez un chiffre concret sur les places de garderie non subventionnée
mais qui sont créées — parce que c'est quand
même nous qui donnons les permis, hein, soyons logiques dans les rapports qu'on
fait — donc, on
pourrait probablement vous faire
parvenir le nombre de garderies qu'on a ou le nombre de places qu'il y a. Mais
on ne peut pas vous confirmer les
places occupées puis les places inoccupées. On peut juste vous dire que,
normalement, au Québec, il y a 30 % des places qui sont non
occupées dans les garderies privées non subventionnées.
Mme
Lavallée : O.K. Toujours dans la même commission parlementaire,
donc... c'est parce que je lis, là, je répète
ce qu'on a dit, qu'il y avait un relevé — puis
vous étiez sur cette commission
parlementaire là, Mme la ministre — donc,
qu'on avait le relevé des garderies, y
compris les garderies non subventionnées, les places disponibles, et on
rajoute : «Vous savez, au ministère,
on applique depuis plusieurs années un modèle qui nous permet d'estimer les
besoins par territoire du Québec.»
Quel est ce modèle qui permet d'estimer les
places disponibles sur le territoire du Québec?
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : ...je vais faire rire un peu ma collègue, parce qu'on est rendus à cette heure-là de la
journée où on peut se faire plaisir,
je vais reprendre les propos de mon collègue de Terrebonne : Je suis
vieille, ça se peut que 2011, ça soit
loin dans ma tête. Vous avez le privilège d'un document que vous avez en main,
vous pouvez dire que j'étais là, mais je vous dirais que, si vous me
demandez si j'étais là, je vais vous dire : Je ne pense pas. Et c'est vous
qui me le confirmez. Donc, ma mémoire à moi,
elle est peut-être plus défaillante parce que je n'ai pas le document entre les
mains. Alors, vous pourrez me
taquiner, cher collègue de Terrebonne, et continuer de dire que je suis
vieille, même si les gens de mon
comté en ce moment, ils me regardent à la télé puis ils me disent : Bien
non, elle n'est pas si vieille que ça. Mais il y a un enfant de deux ans qui crie dans la maison «mamie, mamie» à
toutes les fois qu'il me voit à la télé. Donc, il y a quelque chose
là-dedans qui fait en sorte que je suis vieille.
La variable,
comment on fait pour la calculer? Alors, on prend le nombre d'enfants de moins
de cinq ans dans la région, on fait
le taux d'activité des parents, incluant le travail à temps plein, le travail à
temps partiel, le chômage et les études à temps plein, on prend les
préférences des parents pour les différents modes de garde, on prend l'impact
de la politique familiale sur les comportements des parents en matière des
services de garde et, finalement, un facteur d'équivalence
à temps complet et on fait ce calcul mathématique là, d'une chimie
extraordinaire, puis on vous dit que 30 % des places sont
inoccupées.
Mme
Lavallée : On rajoute plus loin : Si on se retrouvait dans un
territoire où il y a suffisamment de places, bien, à ce moment-là, il n'y aurait pas, effectivement,
de places prévues pour ce secteur. Donc, j'imagine que dans... surtout dans le document, aussi, Plan stratégique 2012‑2017,
on parle des valeurs du ministère pour justement s'assurer qu'on... toujours la rigueur de l'administration de
l'argent. Vous parlez de rigueur budgétaire, j'en parle aussi, puis, dans les
valeurs, on
dit, entre autres : «La rigueur : elle assure la pertinence et
l'objectivité dans l'exercice des fonctions, de même qu'une saine gestion des fonds publics.» Puis, moi, ça
m'interpelle beaucoup, puis je suis contente que ça fasse partie des valeurs,
sauf que, là, ce que j'entends, ce n'est pas
ce qui a été dit en commission parlementaire. Donc, on ne fait pas d'évaluation
des places en garderie privée non subventionnée, des places disponibles.
Et le rapport
du vérificateur reprochait au ministère de mal évaluer les besoins en région.
Ce rapport-là date de l'automne 2011. J'aimerais savoir : Est-ce
qu'il y a eu un suivi du vérificateur suite à ce rapport-là?
Mme
Charbonneau :
Suite à ce rapport-là, il y a eu quand même des changements gouvernementaux,
hein? Je vous le rappelle, parce que vous êtes arrivée...
Mme Lavallée : ...
Mme
Charbonneau : Oui,
mais je ne peux pas répondre juste à votre question. Si vous avez le droit à un
préambule, je vous avise, M. le Président,
que je vais aussi faire un préambule pour la mise en situation. Ça fait que,
même si on me fait ça pour aller plus vite, j'ai le droit à un certain
préambule pour essayer d'expliquer le contexte dans lequel on met les choses. Sinon, on mélange plus
les gens que d'autre chose en disant une grosse affirmation puis en ne la
mettant pas dans son contexte.
Donc, le
Vérificateur général a émis une opinion par rapport à des façons de faire qui
étaient de regarder la place qu'on avait pour les places privées non
subventionnées et comment on regardait la façon de faire pour le faire. Est-ce qu'il y a eu un suivi depuis ce temps? Oui. Le
premier suivi, vous l'avez nommé dès le départ, hein? Il y a quand même
eu un portrait des garderies qui a été fait et qui a été regardé par nous pour
s'assurer qu'on pouvait ajuster les choses. Maintenant,
est-ce qu'il y a un autre projet, est-ce qu'il y a d'autres façons de faire
qu'on peut se donner? Probablement, mais
la question qui nous est souvent posée, c'est : Est-ce qu'on se doit
d'arrêter de donner des places privées par rapport aux CPE? La réponse est non. On a fait l'adoption,
en 2010, d'une loi qui resserre l'encadrement des services de garde éducatifs en enfance. On a fait une mise en place
d'un nouveau processus plus rigoureux et plus transparent pour l'attribution
des places à contribution réduite. On a mis en place 22 comités consultatifs
pour consultation sur les besoins des recommandations...
Le Président (M. Picard) : En
terminant s'il vous plaît.
• (17 h 50) •
Mme
Charbonneau :
Parfait. Alors, rapidement, je vous dis la dernière chose : la mise en
place d'une direction de l'inspection
et de l'augmentation des nombres d'inspecteurs pour s'assurer que la qualité des
uns est aussi bonne que la
qualité des autres.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme
Lavallée : Je répète ma question : Est-ce que le Vérificateur
général du Québec a fait un suivi du
rapport de 2011?
Une voix : ...
Mme
Charbonneau : ...les
suivis à toutes les fois qu'il émet une opinion.
Mme
Lavallée : Est-ce qu'il a fait un suivi suite à ce rapport de
vérification sur l'optimisation des ressources sur les services de garde
éducatifs à l'enfance? Est-ce qu'il a fait un suivi?
Mme
Charbonneau : Oui.
Mme Lavallée : Quand?
Mme
Charbonneau :
Est-ce qu'on a la date précise pour la députée de Repentigny sur quand le
Vérificateur général a fait son suivi?
Alors, nous avons ici la date, et j'espère que vous allez la prendre en
note : juillet 2014 — je n'ai pas le jour
précisément, mais j'ai le mois et l'année — le Vérificateur général procédait à
l'évaluation de l'application des recommandations qu'il avait énoncées
dans son rapport 2010‑2011, qui était le tome automne 2011, chapitre 5. Cette évaluation constituait le premier audit
effectué par le Vérificateur général du Québec suite au plan d'action élaboré
par le ministère visant à répondre à ces recommandations.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Lavallée : Est-ce que je
pourrais avoir une copie du rapport du vérificateur avec les notes de suivi?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Est-ce que c'est public?
(Consultation)
Mme
Charbonneau : ...sur le site de l'Assemblée nationale, mais,
si vous voulez qu'on vous l'imprime puis qu'on vous le donne, on pourra
vous le faire suivre sans souci.
Mme
Lavallée : ...avec le rapport, oui.
Mme
Charbonneau : Bien, le Vérificateur général, c'est le
rapport qu'il a établi, là. On va vous le faire suivre. Probablement que
je vais vous le donner demain en main.
Mme
Lavallée : Parfait. Là, j'ai des inquiétudes, parce que vous annoncez
4 000 places annuellement à partir de l'année 2015‑2016. Avez-vous, entre les mains, des évaluations des
besoins régionaux et le nombre de places inoccupées en garderie, toutes
garderies confondues, incluant les garderies privées non subventionnées?
Mme
Charbonneau : Je reviens à ma responsabilité, M. le
Président, c'est-à-dire d'attribuer les places qui ont été données par le ministère avant moi. Donc, les
places qui sont attribuées en ce moment jusqu'en 2020 et 2021 — mon collègue
pourrait me le reprocher à chaque fois qu'il me regarde — c'est des places qui ont été attribuées par
la ministre avant et la ministre
avant. Donc, les places qui sont données, c'est des places qui ont été données
en 2008, en 2011 et en 2013...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : ...c'est ça, en 2013, par Mme Léger, par la
députée de Pointe-aux-Trembles. Donc, quand vous me dites : Avez-vous fait une étude?, je n'ai attribué aucune
place, je me dois de respecter ce à quoi mes collègues se sont engagées.
Le Président (M.
Picard) : Mme la députée.
Mme
Lavallée : Je suis encore plus inquiète, parce que, là, il n'y a pas
d'évaluation, il semblerait, et vous annoncez
plein de places depuis plusieurs semaines, et, juste dans mon comté... Mme la
ministre, si vous pouvez juste me regarder, juste dans mon comté...
Mme
Charbonneau : ...elle veut des réponses claires et rapides,
mais il faut quand même qu'elle comprenne que, quand elle pose sa question, même si ça fait trois jours qu'elle l'a
écrite, là, moi, il faut que je trouve des réponses. Ça fait que je veux bien qu'elle fasse qu'est-ce
qu'elle vient de faire, mais il faut qu'elle comprenne que, pour bien répondre,
elle se doit de respecter la façon que je
travaille. Ma mère disait : Ce n'est pas parce que je ne te regarde pas
que je ne t'écoute pas. J'espère qu'elle comprend le principe.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée, vous vous
adressez à la présidence.
Mme
Lavallée : ...M. le Président. Dans mon comté, l'automne passé, on
avait fait un relevé non exhaustif de places
disponibles dans le comté de Repentigny et, à l'automne dernier, on avait
120 places disponibles dans les garderies privées non subventionnées. La ministre a annoncé récemment un CPE 32
places. La semaine dernière, nous avons rappelé toutes les garderies privées non subventionnées sur mon territoire et
nous avons encore 87 places disponibles, dont une garderie de 41 places qui a eu un permis du
ministère de la Famille, 41 places, et elle a zéro enfant dans sa
garderie. Et on vient d'ouvrir un CPE
32 places pas loin. Donc, mon inquiétude, c'est que, là, on investit dans le
béton alors qu'on a des places disponibles non occupées dans mon
secteur.
Donc,
la question est : Si je fais ces vérifications dans chacune des régions où
la ministre a annoncé des places en
CPE, est-ce que je vais retrouver la même réalité, donc des places inoccupées
et là où on investit dans le béton pour compétitionner les garderies qui sont déjà là? Et d'ailleurs, je le
rappelle, le rapport du vérificateur avait blâmé le ministère, fait
des recommandations à l'effet qu'on évaluait mal les besoins en
région, et, juste pour ma région, de
toute évidence, c'est le cas.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Je reviens au principe qui veut que je respecte
ce qui a été engagé auparavant. Je veux bien que la députée fasse le
tour de son comté puis téléphone partout, mais on a un engagement gouvernemental. Moi, j'ai dit «les ministres», là, mais c'est un engagement gouvernemental de création de places. On a des
familles qui clairement ont énoncé des préférences. Et, vous savez, M. le Président, on appelle ça le ministère
de la Famille, pas le ministère des Garderies. Ça fait qu'il faut quand même
qu'on soit capables de regarder le plan de match pour les familles du Québec.
Donc, on regarde cet aspect-là. Et j'ai en main une lettre que j'ai reçue du
député de... ne bougez
pas, j'ai oublié son coin de pays, de L'Assomption, qui me demande de créer des places en CPE parce que
lui, il me rappelle qu'il n'y a toujours
pas de centre de la petite enfance dans le secteur en pleine croissance, il y a
645 enfants inscrits en CPE... en attente d'une place.
Donc, je veux bien qu'on tienne un discours, là,
mais il y a une chose qui est importante... et ma collègue, avant d'être
députée, elle était en affaires et savait qu'elle devait respecter les contrats
qu'elle avait avec ses clients, et, de ce fait, c'est exactement à ça à quoi je me suis engagée quand je suis
devenue ministre, M. le
Président. C'est-à-dire que, quand je suis arrivée au ministère, là, on m'a dit : Mme la ministre, les lettres d'engagement entre les gens qui se doivent d'avoir des CPE ont été envoyées, elles
ont été signées par la ministre qui était là avant vous, vous vous devez de les respecter. Parce que, je vous le dis, là,
si je ne respecte pas une de ces lettres, là il y a quelqu'un
de ce côté-là de la Chambre
qui va se lever pour me dire que j'ai handicapé, que je n'ai pas respecté et
que j'avais déjà des choses de signées avec les gens.
Donc,
moi, j'entends son inquiétude. Et c'est pour ça qu'on a ouvert, hein... dans
notre principe, là, on en a parlé très,
très peu, là, mais on a donné trois nouvelles conditions pour l'élaboration des services de garde. Quand
on va créer des places, là, ce qu'on
dit, là, c'est qu'il y a 50 % de la facture qui doit être partagée par le
milieu, sinon il y a un principe de
location qui peut être regardé parce que ça coûte moins cher. Sinon, et c'est
là que vous devriez vous réjouir, il y a un principe de partenariat qui peut être regardé entre les installations
déjà établies et ceux qui ont des places, parce qu'en ce moment l'illogique de tout ça, c'est qu'il y a des
gens qui ont des places mais pas d'installation et j'ai des gens qui ont des
installations mais qui n'ont pas de place.
Mais je n'ai pas les coudées franches, la baguette magique pour dire aux
uns : Prends les places des autres, puis, aux autres : Oubliez
vos places, on passe à d'autre chose.
On se doit de
respecter les contrats qui sont là. Et, si on a encore le plaisir, en 2021, de
faire ensemble des annonces de places au
Québec, bien, à ce moment-là, on aura l'opportunité de parler au comité qui
choisit les places qui se doivent
d'être attribuées, parce que ce n'est pas la ministre, c'est un comité de
région. Bien, ils nous diront avec le guide qu'on va leur donner si on
peut utiliser les places qui sont non utilisées à l'intérieur de nos services
de garde.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Il reste 45 secondes, Mme la députée.
Mme
Lavallée : Je vais les rajouter à...
Le Président (M.
Picard) : O.K. Donc, on retourne du côté de la partie
gouvernementale. M. le député de D'Arcy-McGee.
• (18 heures) •
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. À mon tour de saluer mes collègues du côté ministériel,
le député de Terrebonne, la députée de Repentigny, le cabinet de la ministre,
la ministre et le côté ministériel.
J'aimerais
changer le tir un petit peu, mais de parler d'un autre chantier mais qui touche
pleinement la famille aussi, et je
parle de l'intimidation et de la lutte contre l'intimidation, qui fait partie
des tâches de la ministre. Et, comme je
dis, ça s'insère, de mon avis, très logiquement dans la discussion parce qu'on
parle du bien-être des enfants, l'intégrité de la famille et la sécurité
de nos jeunes; plus que la sécurité des jeunes, la sécurité des aînés aussi.
L'intimidation se manifeste dans toutes sortes d'endroits, toutes sortes de
lieux et a ses effets néfastes contre les gens de tout âge.
L'intimidation
ainsi que la cyberintimidation, nouvelle manifestation très inquiétante de la
même problématique, ce sont des manifestations sociales de plus en plus
répandues de nos jours. Nous sommes tous conscients des impacts négatifs importants que subissent les victimes
d'intimidation. Pensons seulement à la dégradation de la qualité de vie,
de l'estime de soi, aux conséquences
nombreuses sur la réussite scolaire, le rendement professionnel ou encore la
santé des personnes. Comme j'ai dit, l'intimidation frappe sans égard pour le
sexe, l'âge ou le milieu de vie de ces victimes. Il suffit de jeter un coup
d'oeil sur les statistiques ou de naviguer sur les différents sites traitant de
l'intimidation pour constater que personne n'est à l'abri de ce fléau.
Selon
l'Institut de la statistique du Québec, 37 % des élèves québécois au
secondaire révèlent avoir été victimes d'une forme de violence; se faire
crier des injures, se faire frapper, se faire taxer ou encore se faire
cyberintimider. Toujours selon ces
statistiques, sur les 63 200 élèves qui ont été interrogés — une étude rapportée sur Radio-Canada — 49 % des garçons déclarent avoir été intimidés à l'école ou sur le chemin
menant à l'école, à la maison. Chez les filles, ce nombre chute à 29 %. Cependant, elles sont davantage
victimes de cyberintimidation, alors que 7 % des jeunes filles interrogées
en auraient été victimes au moins une fois,
contre 4 % chez les garçons. Et on parle des impacts tellement sérieux et
négatifs sur l'estime de soi-même,
leur potentiel de développer comme il faut le lien relationnel avec des amis,
avec la famille.
J'ai eu le privilège
d'avoir mis en branle un comité de travail sur la problématique de la
cyberintimidation quand j'étais directeur
général de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec. Là,
c'était en 2008, et notre étude
s'appelait Épanouissement, respect, responsabilités, et là on essaie de
voir comment, dans un premier temps, dans
le monde de l'éducation, mais ça nous touche tous et ça nous touche, les
familles, et ça touche le gouvernement dans ses responsabilités de
veiller à cette problématique, on voulait se pencher sur ces questions. Parmi
les membres de ce comité de travail étaient la directrice de la pédopsychiatrie
à l'Hôpital général juif, un des experts pancanadiens, la Pre Shaheen Shariff, de
l'Université McGill, et le sergent-détective Frédérick Gaudreau, qui était dans le temps enquêteur-chef de la Sûreté du
Québec sur la cybercriminalité, et j'ose croire qu'on fait appel à ses talents à nouveau. On parle, quand
on parle à la fois de cyberintimidation et de l'intimidation tout court, d'un
sujet très complexe. On parle d'un
environnement où maintenant on a une meilleure maîtrise de la technologie, mais
est-ce qu'on comprend tous ces côtés non
voulus, tous ces effets possibles pervers? Est-ce qu'on est prêts à comprendre
comment s'ajuster à ces nouvelles
technologies et au potentiel... formidable d'un côté, mais le potentiel
négatif de ces technologies, le potentiel d'abus pour la cybercriminalité, la cyberpornographie, toutes sortes de
risques et opportunités? Est-ce qu'on sait comment impliquer les parents davantage en les
sensibilisant au potentiel dangereux de ces technologies? Est-ce qu'on a des
stratégies pour impliquer tout le
monde là-dedans? Est-ce qu'on sait comment on va appuyer et coordonner les
activités de plusieurs groupes de la société qui se penchent sur cette
question-là?
J'ai eu le
privilège, probablement comme plusieurs députés, de me servir de notre fonds de
soutien au bénévolat pour appuyer les
travaux de la Fondation Jasmin-Roy, à titre d'un exemple, qui essaie d'outiller
les parents, des profs, des écoles à faire ce qu'il faut dans cette problématique, qui est d'une
ampleur, comme je dis, très importante. Bon, tout cela pour noter qu'il
me semble que le gouvernement a compris qu'il fallait être au rendez-vous.
Donc, le 12 mars 2014, avant notre
élection, le chef du Parti libéral du Québec, M. Philippe Couillard, a pris l'engagement de contrer la violence et
l'intimidation envers les jeunes, les personnes ayant une déficience physique
ou intellectuelle, les personnes
aînées en situation de vulnérabilité, ainsi que les femmes et les enfants, les
gens, tout simplement, M. et Mme
Tout-le-monde, parce que ça peut nous tous toucher. Il a aussi pris
l'engagement de faire de ce dossier
une priorité. C'est pour ces raisons qu'il s'est engagé à tenir un forum
national dès le début de son mandat comme premier ministre, qui a vu le
jour le 7 avril.
Bon. Ce qui
m'amène, M. le Président, à inviter la ministre de nous parler; à ce
jour, quelles ont été les actions gouvernementales posées pour contrer
l'intimidation?
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : En tout premier lieu, M. le Président, voici l'occasion rêvée pour une députée de l'Assemblée nationale de remercier ses collègues.
Pourquoi? Bien, parce
que le dossier de l'intimidation,
jusqu'ici, et, notre intention, je
pense qu'elle est claire, c'est
de mener ce dossier de façon apolitique. Pourquoi on le dit comme ça?
Bien, on a réussi dans cette Assemblée
à faire un dossier qui s'appelle mourir dans la dignité, sans heurt. C'était un
dossier sensible qui demandait un
changement de comportement humain au Québec, un regard différent qu'on faisait sur la
médecine et sur les soins palliatifs
dans sa... pas dans la façon de faire les soins palliatifs, mais dans la façon
d'adresser mourir dans la dignité.
Je prends cet
exemple-là... un exemple, c'est toujours boiteux, mais je prends cet exemple pour dire
que, quand le premier ministre a choisi de parler d'intimidation et de comment
un gouvernement pouvait aller jusque-là dans sa volonté de changer les choses, mes collègues,
rapidement, là — on
n'a pas fait le tour 20 fois, là — rapidement, se sont engagés à maintenir, et j'ai pris le même engagement, ce
dossier-là de façon apolitique. Il est clair, puis mes collègues me l'ont souligné, il est clair que ça prend quelqu'un
pour porter le dossier de façon gouvernementale, mais chacun d'eux, dans
leurs partis, contribuent, à leur façon, à
apporter des réflexions, et, à chaque fois qu'on a des échanges et qu'on essaie
d'avancer d'un pas, ils sont toujours,
je dirai, et ils sauront me corriger si jamais ce n'est pas le cas, à mes côtés
pour pouvoir avancer les choses, que
ce soit dans la volonté de mettre en place un prix... On aura sûrement le
plaisir d'en parler. Mais je pense que, dans toute la joute politique
qu'on a, il faut se rappeler que la volonté de s'impliquer en politique,
c'est pour changer le monde, puis on
le fait, des fois, de façon apolitique. Et je sais, de votre côté, que vous en
êtes toujours très fier, parce que vous n'aimez pas toujours
la joute politique sévère. Vous l'aimez bien de façon conciliante,
et ça fait partie de vos talents, M. le Président.
Ceci dit, je
ne faisais pas ça pour vous vanter, je faisais ça pour vanter mes collègues
qui s'impliquent de la bonne façon
avec nous pour faire avancer ce dossier. La difficulté qu'on a été confrontés
après le forum, ça a été de voir qu'il fallait adresser ça de façon à
reconnaître la personne qui subit l'intimidation, la personne qui fait
l'intimidation et la personne qui est témoin
de l'intimidation, donc les trois acteurs du geste concret. Et, mon collègue
le disait, avant sa vie politique provinciale, il était bien impliqué au niveau
scolaire dans les commissions
scolaires anglophones, et ils ont été proactifs
de façon extraordinaire. Je me souviens d'ailleurs d'interventions
entre les services de transport où, là, on avait un bracelet et la communauté anglophone était très, très
impliquée. Je le sais, parce que, chez nous, c'était Sir-Wilfrid-Laurier et ils étaient très impliqués dans cette démarche
pour pouvoir souligner différentes interventions qu'on pouvait faire. Mais,
rapidement, les commissions scolaires anglophones comme les commissions scolaires francophones nous ont souligné le fait que ce n'était pas suffisant, ça prenait
un appui de la communauté. Et c'est dans cette perspective-là que le premier ministre l'a regardé en disant : Ça commence à la
petite enfance et on se rend jusqu'aux
personnes aînées dans le principe même de l'intimidation.
Donc, la
volonté du gouvernement a été attribuée au moment du premier ministre où il a
donné des responsabilités différentes à chacun d'entre nous, entre
autres ministre de la Famille, ministre responsable des Aînés, mais ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, et
c'est là que l'enjeu a tout commencé par rapport à un ministère qui s'occupe
de ça très précisément. Mais la volonté du
premier ministre, elle a été encore plus confirmée quand, au moment du dépôt
du budget, équilibré, rappelons-nous, il y a
eu une annonce d'investissement de 4,4 millions de dollars pour pouvoir
élaborer, aller plus loin. Et je vous dirais que je vais permettre à mon
collègue de poser des questions sur l'élaboration puis comment on va plus loin, mais la volonté est là... du premier ministre
pour pouvoir regarder l'ensemble du dossier, de la petite enfance
jusqu'aux aînés.
• (18 h 10) •
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Justement, alors là, on a... le terrain. J'ai eu le plaisir
d'assister pour au moins quelques
sessions de ce forum-là, et une des choses qui m'a frappé, c'était que les
instances étaient au rendez-vous.
Parce que, comme la ministre vient de souligner, on parle d'un problème multidisciplinaire dont les solutions vont être du même ordre. Ça ne se joue pas à l'école uniquement, ça ne se joue pas
dans les CHSLD, ça se manifeste partout, et il y a des aspects qui
impliquent nos forces policières, aussi des aspects qui impliquent nos profs,
nos parents et, une autre fois, comme
la ministre a souligné, il me semble que ce n'est pas
à oublier. Si on est pour implanter des stratégies qui vont fonctionner,
il faut que ça implique les agresseurs aussi. Voilà une des trois composantes.
Alors,
j'aimerais inviter, M. le Président, la ministre de nous parler un petit peu des fruits de ces
vraies réflexions là et des consultations qui les ont suivies pour voir comment on peut nous assurer que ce
n'était pas une journée ponctuelle, mais une journée qui va avoir ses
impacts dans les mois à venir et les années à venir.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci,
M. le Président. Le rendez-vous qui a été donné pour le forum a été important, et on ne
s'est pas limités à une seule journée avec différents intervenants, différentes
interventions, on est allés plus loin.
Donc, avec
mes collègues, puis je fais ça parce que c'est vraiment
avec mes deux collègues que je l'ai fait, on est allés consulter les tables de concertation des
personnes aînées, on est allés
consulter le forum jeunesse du Québec, parce
qu'on croit qu'ils ont tout aussi une opinion sur l'intimidation. Et, vendredi
dernier, j'ai eu le privilège, avec des représentants, de mes collègues mais qui s'occupaient des dossiers des
Premières Nations, de faire une journée complète de consultations avec les Premières Nations, puisqu'au moment où on a
fait le grand forum les Premières Nations nous ont sensibilisés à leur
réalité en disant : On ne peut pas faire ça qu'aujourd'hui, ça nous
prendrait du temps pour nous aussi. Et, avec
mon collègue le ministre des Affaires autochtones mais aussi avec le
représentant et critique officiel de chacun
des partis, autant de la CAQ que du PQ, il y avait un représentant qui était là
pour échanger et faire en sorte qu'on entendait bien les gens par
rapport à ça. Est-ce que le principe même de la consultation s'arrête là? Non.
On a aussi
établi le fait qu'il se doit d'y avoir une table multiministérielle pour parler
des dossiers très précisément. Je ne
peux pas encore m'engager sur un plan de match qui sera une politique, et, mes
collègues et moi, on n'a pas échangé là-dessus
encore, mais on peut d'emblée vous dire que l'intimidation, ça ne touche pas
qu'une ministre qui est nommée contre
la Lutte à l'intimidation, ça touche la Justice, les Services sociaux, la
Santé, la Sécurité publique, et probablement que j'en oublie, mais je
pourrais amener l'Immigration, je pourrais amener le ministère de langue et de
la Condition féminine, qui est rattaché à la
Justice. Chacun d'entre eux a des règles, des lois et des règlements qui font
en sorte qu'il pourrait poser des gestes concrets pour venir améliorer
la qualité de vie de l'ensemble des citoyens du Québec par rapport au dossier de l'intimidation. Et, quand
vous me dites : Est-ce que ça s'arrête à une journée de réflexion?, eh
bien, non, M. le député, je vous
rassure, c'était le début. La volonté du premier ministre quand il a dit :
On va faire un forum à... Il n'a pas dit : On va faire un forum. Il
a dit : On va faire une intervention d'ici les 100 premiers jours de notre
engagement. Et c'est à l'intérieur des 100
premiers jours qu'il a annoncé le forum, et, rapidement, nos partenaires nous
ont dit : Ne faites pas le forum au
mois de juin, là, ne faites pas un forum au mois de juillet, là. Alors, le
premier ministre a annoncé son forum
dans les délais où chacun des partenaires était à l'aise de contribuer puis
pouvait être présent, parce que c'est toujours le défi. Vous le savez,
vous venez du monde scolaire. Le calendrier de chacun fait en sorte que sa participation, elle est active ou passive. Donc, si
je fais un dépannage... je pense à la Maison du coeur, qui était là pour
contribuer comme intervenant social, bien sa
disponibilité n'est pas la même que quand j'ai demandé aux commissions scolaires d'envoyer un représentant des
commissions scolaires anglophones et francophones, parce qu'eux, au mois de
juin, vous le savez, ils sont dans la fin de
l'année scolaire, il y a les budgets, il y a les gens qui partent, les examens
et tout ce qui s'ensuit.
Donc, la
volonté du premier ministre a été d'annoncer, à l'intérieur du premier 100
jours, le premier forum, et ont
découlé de ce forum-là plusieurs consultations sur le terrain avec différents regroupements pour assurer une
discussion ouverte, franche pour chacun des intérêts de chacun d'eux.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Une des suites, si j'ai bien compris, de ce
forum et des consultations qui l'ont suivi a été l'annonce de la ministre,
en présence de la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, d'un début des travaux d'un comité d'experts sur
la cyberintimidation. Et, voilà, on parle d'une problématique qui a besoin
d'une réponse structurante. Des fois, ça
prend une structure aussi. Et j'aimerais inviter, M. le Président, le temps
qu'il nous reste, la ministre de nous
parler un petit peu des gens qui vont faire partie de ce comité d'experts et de
nous parler un petit peu de son mandat pour assurer un suivi efficace
sur ce sujet très important.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre, en 2 min 30 s.
Mme
Charbonneau :
En deux minutes. Alors, rapidement — je ne vais pas nommer les gens, parce que ça
va être trop complexe — je vais vous donner un aperçu plus grand
pour entrer dans le deux minutes : il y a trois personnes du milieu
universitaire; quatre personnes de différents milieux d'intervention, donc
juridique, policier, recherche, technologie
de l'information, qui fait en sorte que chacun d'eux a une spécialité sur la
cyberintimidation. Donc, on assoit ces
sept personnes-là à la même table, et elle est effectivement coprésidée par ma
collègue de la Sécurité publique et le ministère de la Famille. Et je
vous dirais que, si jamais ça vous dit, même à la fin de cette journée, vous
avez ici ma spécialiste à moi, qui s'appelle
Brigitte Thériault, qui est assise juste ici, qui est vraiment les yeux et les
oreilles de la ministre au sein de ce comité pour assurer qu'on fait le
tour du mandat.
Maintenant,
qu'est-ce qu'ils ont comme mandat? Ils ont l'obligation de formuler des
recommandations afin de prévenir la
cyberintimidation. Et là je m'arrête puis je vais essayer d'aller vite pour
vous dire la complexité qu'on a avec la cyberintimidation. C'est que les
spécialistes nous disent que, pour notre génération de jeunes, cette
technologie-ci, que nous, on traîne
comme un boulet puis qu'on répond aux messages, bien pour eux c'est un
prolongement de leur vie sociale. Ils
n'ont pas la même perception de l'outil ou de l'appareil que nous, on appelle
un outil. Pour eux, c'est juste le prolongement
de leur vie sociale. Et, vous le dites, on le disait aussi auparavant, la
cyberintimidation, c'est comment rentrer dans la vie privée des gens de
façon insidieuse. Je ne vous donnerai pas 20 exemples, puisque tous les exemples
sont boiteux, je vais vous donner le mien,
puisque, malheureusement — et je suis sûre que chacun de mes collègues de l'Assemblée nationale pourrait m'en parler — malheureusement, la cyberintimidation ne se
limite pas aux jeunes. Elle ne se limite pas seulement aux jeunes, puisque
chacun d'entre nous, à sa face même, peut en être témoin, peut aussi en subir. Je vous le dis, parce que ça prend un mot
mal placé, une phrase dite de façon peut-être incompréhensible pour que je
puisse recevoir au moins, soit sur Twitter ou sur Facebook, 42
messages. Je ne vous les lirai pas, M. le député, ils sont fort
désagréables, mais ça fait en sorte qu'il y a une réaction, et l'anonymat de la
cyberintimidation est superfacile.
Donc, le comité doit nous faire des
recommandations pour s'assurer que les gestes qu'on pose répondent à la jeunesse, dans leur perception de l'outil, et aux
personnes, dans un autre contexte, pour s'assurer que leur perception est
aussi équitable par rapport au regard qu'on porte.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Terrebonne.
• (18 h 20) •
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, dire
d'entrée de jeu qu'effectivement on est contents du travail qui est accompli par la ministre de la
Famille sur le volet Lutte à l'intimidation, on trouve que la concertation va
bon train, et, jusqu'à ce moment-ci, je ne
peux que m'en dire satisfait à l'heure actuelle. Je tenais à vous le dire,
parce qu'il faut faire le bilan et être équilibré, être balancé.
Maintenant
que j'ai dit ça, je voulais vous amener sur un bloc qui me tient
particulièrement à coeur, mais aussi à plusieurs jeunes familles du
Québec, qui est un point très sensible mais qui mérite d'être discuté et
surtout auquel j'espère qu'on puisse
peut-être en arriver à trouver certaines solutions, c'est la question des
enfants handicapés des jeunes familles du Québec. On ne choisit pas de
naître avec certains handicaps, vous en êtes tous bien conscients.
Je voulais
vous parler du programme de soutien à l'intégration des services de garde pour
les enfants handicapés. Il y a un cas
qui pourrait peut-être imager, justement,
la situation que vivent de nombreuses jeunes familles au Québec puis
qui, je pense, mérite à ce qu'on s'y attarde puis qu'on apporte
peut-être certaines solutions, le cas notamment,
exemple, du petit Louis Gaudreau, qui
est né le 12 mars 2014, qui est né avec un retard de développement moteur significatif — je
ne vous ferai pas tout le bilan de tous les
symptômes médicaux, parce que, vous allez voir, c'est assez lourd — myopie,
astigmatisme, exotropie congénitale, etc. Le petit Louis doit donc bénéficier
d'une supervision constante 24 heures sur
24, sept jours sur sept. Il a commencé à fréquenter le CPE la Joie de vivre au
mois d'octobre 2014 à raison de 1 h 30 min par jour. Le CPE a effectivement une allocation
d'une heure par jour qui lui est permise pour embaucher une éducatrice qui s'occupe de lui lors de cette période. Les
moyens financiers du CPE ne permettent pas d'embaucher une éducatrice à temps plein uniquement pour Louis, même
s'il a besoin d'une surveillance constante, vu l'énorme bilan médical qu'il
trimbale. La mère du jeune homme en question,
Virginie L'Ecuyer, a donc dû prendre un congé sans solde pour s'occuper
de son enfant à temps plein.
Et là je vous
donne des exemples, parce que, Mme la
ministre, vous allez voir, ce qu'on
souhaite, c'est en arriver à des
solutions. Le CPE la Joie de vivre a fait une demande de soutien de mesure
exceptionnelle, de soutien à l'intégration dans des services de garde pour les enfants handicapés ayant des besoins importants.
Je pense que c'est une mesure qui est attitrée à un
enfant de façon plus spécifique, qui le suit durant toute son évolution. Et, de
ce que je comprends, le jeune Louis n'est
pas le seul dans cette situation-là. Il
y aurait des nombreuses demandes qui
auraient été faites au ministère, donc,
de la Famille. Puis, de ce que je
comprends, c'est que le ministère
ne peut pas répondre favorablement à l'ensemble
des demandes qui lui sont fournies par les
familles touchées. Alors, là-dessus, j'aimerais savoir de la ministre
si, un, elle est sensibilisée à cette
situation-là et, deux, évidemment, qu'est-ce qu'elle entend faire pour essayer de bonifier cette aide, qui est absolument essentielle pour le développement, évidemment, là, de l'enfant en question,
mais aussi pour la qualité de vie de la concertation famille-travail de
la famille ciblée.
Et le jeune
en question, dont on fait l'exemple aujourd'hui, M. le Président, provient de la région de la Montérégie,
et, juste pour vous donner un portrait, on m'a dit qu'il y avait eu plus de 50
demandes de mesure exceptionnelle pour accompagner
l'enfant, donc, dans son cheminement et son évolution, et seulement
12 sur les 50 ont pu être acceptées par le ministère. Alors, là-dessus, je voulais entendre la ministre
et voir avec elle de quelle façon on pourrait peut-être, là, réussir
à augmenter ce chiffre-là au cours, là, des prochains mois.
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci,
M. le Président. J'apprécie qu'on
puisse en parler, parce que c'est un cas où j'ai beaucoup
échangé avec le député de Saint-Jean. C'est un cas qui était tout particulier au
député et qui cherchait à mieux comprendre comment on attribuait les
services.
J'ai
découvert, au moment où on a regardé de façon très pointue le cas
du petit Louis, les conditions, je vous dirais, particulières de certains types de handicap. Je vous le dis comme ça, parce qu'effectivement, quand vous me dites que c'est une surveillance constante, malheureusement, souvent, l'obligation, c'est qu'il y a un des deux parents qui
choisit de rester à la maison. Je dis «c'est malheureux», parce qu'on
devrait permettre à quelqu'un de faire un choix. On le disait plus tôt, on devrait garder la même perspective que ça. Rapidement,
je suis retournée au ministère pour voir comment on pouvait faire mieux,
puisque, dans la volonté de dépolitiser les choix qu'on fait, hein... C'est un
choix qu'on a fait il y a quelques années, pour toutes sortes de raisons.
On a dit : Ça ne sera plus le politique qui va choisir, on va établir des comités qui vont choisir comment on fait les
choses et pourquoi on les fait ainsi pour s'assurer de l'attribution
juste et bien des sommes. Et on a,
dans chacune de nos régions, le comité consultatif, qui fait des choix, des
priorités. Et le député nous faisait l'exemple en disant : Bien, dans
un endroit où il y a 50 enfants qui peuvent nécessairement faire la demande,
bien le comité porte un jugement, et chacun des comités a une somme très
concrète qui lui appartient pour pouvoir attribuer
des services aux enfants. Plus souvent qu'autrement aussi, on donne un service
un nombre d'heures-jour plutôt que combler l'ensemble du temps que
l'enfant est à la garderie.
Donc,
on regarde, de notre côté, comment faire mieux, et je vous dirais que, dans
cette volonté-là, il faudrait que, de
la façon qu'on le regarde, on puisse parler aussi au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Parce que les enfants qui sont
reconnus avec un handicap majeur qui veulent être dans un service de garde pour
toutes les raisons qu'on y voit de
positif, bien ils sont limités à un accompagnement, pas sporadique, mais très,
très encadré dans la journée. Donc, si on est capables de faire des
partenariats avec la Santé et des Services sociaux, on pourrait peut-être aller
voir plus loin. Mais pour ça il faut que je
revienne aux règles, que je revienne au comité consultatif, que je revoie nos
façons de faire pour m'assurer que la réponse qu'on fait aux uns puisse
faire en sorte qu'on donne un meilleur service. Je vous le dis comme ça, parce qu'au moment où la mesure a été
mise en place ce n'était qu'un accompagnement sporadique. Ce n'était pas un accompagnement temps plein, une personne,
un bénéficiaire, un service de garde, c'était vraiment une façon de
dire : Bien, pendant trois heures, on va donner de la stimulation, puis le
reste, ça va être l'intégration sociale.
Dans le cas
du petit Louis... parce que je pourrais vous parler d'un autre cas, mais, dans
le cas du petit Louis, c'est une stimulation, mais ce n'est pas
occupationnel, c'est temps plein toute la journée, un par un, comme
contribution. Donc, c'est un petit peu plus exigeant.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Bien, tout d'abord, je suis très content que les
comités qui ont été mis en place, là, donc, font des choix de façon
apolitique, là, pour déterminer qui peut recevoir, donc, un coup de main.
Là, j'ai les
chiffres ici, devant moi, des demandes reçues versus le nombre d'enfants qui
ont été financés. On peut voir ici
que, dans la région de Montréal, là, il y a eu environ 50 demandes dans la
dernière année puis 53 personnes qui ont
été financées. Dans la région de la Montérégie, c'est 59 demandes qui ont été
faites, donc un peu plus que ce que je vous
ai dit tout à l'heure, et c'est 30 personnes qui ont pu recevoir de l'aide,
donc environ la moitié. Alors, ma question à la ministre, c'est... Je vois qu'elle est sensibilisée, qu'elle semble
avoir une préoccupation. C'est certain qu'on ne peut pas laisser les choses comme ça. Puis, au-delà de
notre bonne volonté, je voulais voir avec elle combien d'argent... Est-ce que
c'est juste une question d'argent ou est-ce que c'est une question de
main-d'oeuvre spécialisée ou de distribution, de répartition?
J'aimerais savoir s'il n'y aurait pas moyen
d'améliorer, justement, le nombre d'enfants qu'on peut aider à ce niveau-là et peut-être essayer de se donner un
petit défi collectif, là, comme parlementaires, pour démontrer au moins que... je n'aime pas dire l'expression «les
bottines suivent nos babines», mais, disons, qu'on dit ce qu'on fait et qu'on
fait ce qu'on dit dans cette
situation en particulier. Donc, je voulais voir un peu, là, quel était le défi
qu'on pourrait relever.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je le disais dans l'intervention juste avant, le défi n'appartient pas, je
crois, bien humblement, qu'au
ministère de la Famille. Je pense qu'il faut aussi s'attarder au ministère des
Services sociaux puis au ministère de la Santé pour s'assurer qu'on fait le tour correctement. Par contre... puis
je suis tellement heureuse d'avoir des gens alentour de moi qui me
donnent l'information, qui me glisse entre les mains des fois ou dans la
mémoire, mais on a aussi une allocation familiale qui vient pour les enfants
handicapés, et cette allocation, par année, ressemble à 2 200 $.
(Consultation)
Mme
Charbonneau :
C'est 187 $ par mois pour une allocation familiale spécifique pour les
enfants handicapés.
Maintenant,
je crois, bien sincèrement... puis je suis non seulement sensible, mais j'ouvre
la porte à mon collègue ou à mes
collègues, je crois qu'il est temps qu'on regarde les services qu'on offre et
les services que les parents aimeraient avoir. Parce que, vous savez, en éducation, c'est la même chose qui est
arrivée : on offrait des services puis, tranquillement pas vite, on est arrivés à plus spécifier les
services dont on avait besoin. Donc, dans le milieu de la petite enfance, il
faut regarder comment faire mieux puis comment faire plus, mais le
ministère de la Famille ne peut pas le regarder seul, puisque celui qui reconnaît le handicap, ce n'est pas le ministère de la
Famille, et celui qui donne les services en santé, ce n'est pas le ministère de la Famille. Donc,
comment on fait pour que le milieu des centres de la petite enfance devienne
le lieu connexe, hein, le lieu commun pour recevoir l'ensemble des services de
la Famille plutôt que ce soit un milieu hospitalier qui donne les services?
Donc, il faut essayer de voir comment on peut
faire mieux avec ce qu'on a, et sachez qu'on est très sensibles, parce que le
cas et la question de votre collègue de Saint-Jean a soulevé... est venu
susciter chez nous énormément d'interrogations sur le comité mais aussi comment
on peut faire mieux avec la disponibilité qu'on a en ce moment.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
• (18 h 30) •
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Est-ce qu'on peut avoir un
engagement de la ministre
aujourd'hui pour au moins qu'elle... Parce que je comprends que c'est en
lien avec les Services sociaux, mais, en même temps, elle est la mieux placée, je pense, pour réussir à faire
bouger les choses, là, dans un cas comme celui-ci, puisque, oui, ça touche à la
fois à certains de ses collègues, mais ça la concerne aussi, également. Donc,
je voulais voir si elle pourrait prendre l'engagement
aujourd'hui devant nous pour essayer de faire ce qu'il est en son pouvoir pour
essayer d'améliorer la situation et
que, si, l'année prochaine, aux études de crédits, on est à faire un bilan sur
cette question, justement, là, d'accompagnement pour les enfants
handicapés, on puisse réussir à peut-être, là, augmenter notre bilan national.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, je vous rassure puis je rassure mon collègue. Dans le fond, ce
que je veux que vous entendiez quand
je dis «je vous rassure», c'est que vous n'avez pas besoin d'entendre un
engagement, puisque je l'ai déjà fait
auprès de votre collègue de Saint-Jean en disant : Il faut revoir nos
façons de faire. Mais, quand on dit : Il faut les revoir, il faut être très, très soucieux de comment on va
parler aux autres ministères pour s'assurer que tout le monde prenne le
même angle. Je vous donne un petit aperçu de ce qui pourrait m'inquiéter,
c'est-à-dire qu'on puisse dire : Puisqu'on
ne peut pas l'offrir correctement dans les services de garde, ils n'auront plus
accès aux services de garde. Et ce n'est pas là que je veux aller. Je
veux vraiment aller dans un service aux familles qui s'adapte aux familles et
leurs besoins, et pour ça j'appelle au
rendez-vous mes collègues, qui n'ont pas de difficulté du tout à parler avec
moi ou avec les cabinets, qui se
parlent entre eux pour donner un meilleur service. Mais, quand je vous
disais : Services sociaux et la Santé,
je ne peux pas passer à côté aussi de mon collègue qui est juste la porte à
côté, donc, celui qui s'occupe aussi de l'attribution de l'allocation
familiale.
Le Président (M. Picard) : M.
le député.
M.
Traversy : Excellent, M. le Président. Moi, ce que je souhaite,
c'est, dans le fond, démontrer ma collaboration à la ministre sur le dossier. Je veux qu'on aille plus loin là-dessus.
Je suis très sincère à cet égard-là, parce qu'on connaît tous des gens dans notre entourage, de proche ou
de loin, qui vivent avec une réalité différente de peut-être la majorité
des familles du Québec. Puis je pense que
c'est, entre autres, au gouvernement de ne pas les oublier, ça fait partie un
peu, là, de nos valeurs de solidarité au Québec, et là-dessus je tenais
à vous le mentionner de façon franche et honnête.
Et d'ailleurs
je vais faire du pouce... parce que, si on peut aller parler à la ministre
déléguée aux Services sociaux, j'aimerais
également parler à la ministre d'un organisme qui est venu me sensibiliser, qui
est en lien avec la Famille mais qui
est, toujours aussi, à cheval avec les Services sociaux, ça s'appelle Parents
jusqu'au bout. Et c'est trois mamans de fillettes lourdement handicapées qui ont parti un mouvement pour trouver
des solutions pour alléger les tâches colossales assumées par les parents d'enfants lourdement handicapés. La solution,
que le stress financier... que les parents doivent avoir pour notamment s'adonner à temps plein à
leurs enfants puis être à leurs côtés pour les supporter puis subvenir à
leurs besoins, mais ils proposaient de
penser à un régime parental pour les enfants lourdement handicapés ou de se
faire reconnaître comme étant une famille d'accueil pour leurs enfants,
donc, d'essayer de leur reconnaître davantage de responsabilités sur le temps
qu'ils consacrent à leurs enfants puis à l'accompagnement de ceux-ci.
Je vous donne
un exemple, parce qu'ils m'ont donné quelques illustrations qui m'ont fait
sursauter, puis c'est juste une
réflexion que je veux apporter. Des parents qui décideraient, du jour au
lendemain, de ne plus vouloir s'occuper de leur enfant handicapé, parce qu'ils trouvent ça trop lourd, parce que la
tâche est trop colossale, peuvent décider de les remettre en les mains de la DPJ ou de centres jeunesse, et donc tombent
entre les mains de l'État, et ça nous coûte beaucoup plus cher ou encore l'État les remet dans des
familles d'accueil. Ces familles d'accueil là reçoivent 30 000 $ par
année, avec des soutiens au répit,
des transports adaptés gratuits, des services d'ambulance gratuits, et ces
parents-là, qui ne sont pas les
parents naturels, sont mieux supportés par l'État que les parents qui décident
d'assumer la responsabilité de passer du temps avec leurs enfants.
Et donc,
là-dessus, je me suis dit qu'il y avait peut-être une réflexion également à
avoir, et, tant qu'à aller voir la députée
de Soulanges, je me suis dit qu'on pourrait peut-être mettre ça aussi dans
notre baluchon. En partant, je voulais savoir si la ministre trouvait
que c'était peut-être une idée intéressante à réfléchir.
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Sachez, M. le député de Terrebonne, que, si vous avez
encore leurs cartes, ça me fera
plaisir de les rencontrer aussi, parce que je pense que le point de vue qu'ils
tiennent est important. Moi, je vous
dis que, dans mon comté, il y a eu la fondation pour bébé Fannie, qui avait une
trachéo et qui devait être surveillée 24
heures sur 24, donc qui était, je vais dire, prise à rester à l'hôpital. Et,
quand elle a eu un an, ses parents ont voulu la ramener à la maison. Et tout le dédale qu'on a mis en place pour avoir
quelqu'un qui surveillait la nuit,
pendant que les parents dormaient...
Parce que, quand nous, on a rencontré les parents au comté,
là, ils étaient à bout de souffle, ils étaient épuisés, ils n'étaient plus capables. Et la seule solution qu'on leur
proposait, c'était de retourner l'enfant à l'hôpital sous surveillance constante. Donc, on a fait des pieds
et des mains, et les parents de bébé
Fannie, avec les grands-parents, ont
fait une fondation. Je pense
que c'est un premier réflexe de parent pour dire : Comment on peut
s'aider? Bien, ils se parlent entre eux puis ils essaient de faire quelque
chose.
Donc, ça va me faire plaisir de les rencontrer,
de pouvoir échanger avec eux et, effectivement, d'aller dans la réflexion ou comment on peut faire mieux avec ce
qu'on a ou comment on peut faire plus en partageant nos ressources — et
tantôt on parlait de la Fondation du Dr Julien, c'est un peu ça — mais
comment on peut faire plus en échangeant nos ressources,
en étant, nous, en responsabilité, parce
que c'est le ministère de la Famille, mais en partageant cette responsabilité-là avec mes collègues pour
donner plus aux familles du Québec et s'assurer qu'ils ont le même
service qu'un enfant dit emballé régulier.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Terrebonne.
M. Traversy : Combien de
temps?
Le Président (M.
Picard) : Trois minutes.
M.
Traversy : Trois
minutes. Bien, vous dire tout d'abord que je suis content de voir l'ouverture que la ministre nous
fait par rapport à ces situations qui sont très spécifiques, ces situations
qui sont particulières. C'est évident qu'on va transmettre la volonté de la ministre de rencontrer le groupe de jeunes mamans en question
pour une rencontre éventuelle. Puis là-dessus
elle peut compter sur tout le soutien de l'opposition officielle, parce que,
dans le débat des fois partisan que
nous avons à l'Assemblée nationale, c'est important aussi de rappeler que sur certains fronts on est
capables justement de faire, bien, front commun... en
fait, là, c'est une répétition, mais on est capables de travailler ensemble
pour le bien-être de la collectivité, nonobstant, des fois, les
divergences idéologiques qui peuvent nous amener à vouloir développer le réseau des garderies d'une
façon différente des uns et des autres.
Donc,
là-dessus, je tiens à lever mon chapeau, vous dire qu'également je vais porter
une attention particulière pour les
crédits de l'année prochaine concernant justement la particularité, là, de la
bonification pour les enfants handicapés, donc les allocations de mesure
exceptionnelle, voir aussi la répartition de l'argent qui y est attribué, parce
qu'on voit qu'il y a des régions où les
demandes sont beaucoup plus fortes, où la croissance semble être beaucoup plus
exponentielle que d'autres régions à
travers le Québec. J'aimerais également, bon, bien, la remercier pour son
écoute en ce qui concerne le cas du petit Louis. Donc, évidemment, on va
être vigilants par rapport à ça.
Et, pour la suite des choses, j'aimerais
demander à la ministre si elle est intéressée à peut-être pouvoir nous donner les informations qu'elle aura une fois
qu'elle aura rencontré justement la ministre des Services sociaux, donc, du
moment qu'elle l'aura rencontrée, si elle
peut nous tenir au courant de ses démarches, qu'on puisse être aussi, de temps
à autre, là, tenus au fait, là, des réalisations, des avancées dans ce
sujet-là.
Le Président (M. Picard) :
Merci.
Mme
Charbonneau : Si
vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Allez-y.
Mme
Charbonneau :
30 secondes pour dire : Quand je vais rencontrer les gens de Parents
jusqu'au bout, si vous voulez m'accompagner,
ça me ferait super plaisir, là, parce qu'ils ont déjà eu une première approche
avec vous. Donc, moi, je suis très
ouverte à ça, là, pour pouvoir permettre les discussions. Puis, oui, il y aura
des suivis de faits, comme on le fait
dans d'autres petits dossiers qu'on a ensemble, pour être sûrs que la
communication est toujours ouverte, parce que ce n'est pas en
1 min 15 s à la période de questions qu'on trouve les meilleures
solutions.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Ça va? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Bien, «de Vaudreuil» et non «Soulanges», bien que...
Une voix : ...
Mme
Nichols : Non, ce n'est pas du tout de l'orgueil, je pense à ma
collègue de Soulanges. Moi, j'aime bien Vaudreuil et Soulanges.
D'ailleurs, j'étais préfète de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, qui contenait les
23 municipalités. Donc, moi-même, par
réflexe, je dis souvent «Vaudreuil-Soulanges». Je dirais que, dans la dernière
année, je me suis pratiquée à dire «Vaudreuil», là, mais j'ai tout de
même une affinité avec Soulanges et je salue ma collègue de Soulanges.
Donc, M. le
Président, je vais être un petit peu opportuniste et je vais prendre la tribune
qui nous est offerte en ce moment pour aborder un sujet qui est plutôt
délicat, les présentes négociations en milieu familial.
Une voix : ...
• (18 h 40) •
Mme
Nichols : Oui, je sais que c'est un sujet qui est justement un peu sur
la corde raide, mais je pense que c'est quand même d'intérêt public de
savoir où on en est rendus avec les négociations.
On sait que
l'entente se terminait — la première entente — le 30 novembre 2013, et je pense que tout le
monde au Québec est au courant qu'il
y a présentement des négociations qui
sont en cours. Et je pense, entre
autres, au 1er mai dernier, où... je ne sais pas s'il y a
d'autres collègues dans la salle, là, mais on a eu plusieurs
manifestations dans différents bureaux
de comté. Et, entre autres, le 1er mai dernier, il y a eu les responsables de milieu de garde familial qui
étaient représentés par la Fédération de la santé et des services
sociaux, affiliée à la CSN, entre autres, qui ont fait une action concertée d'une journée, donc une journée
complète, pour souligner le fait que la négociation de la seconde entente
n'était pas encore terminée.
Donc, je sais
que ça fait quelques mois que le gouvernement est, entre autres, en négociation
avec les éducatrices en milieu
familial. Particulièrement dans le comté de Vaudreuil, je les ai rencontrées,
elles sont venues se manifester, on a eu
beaucoup d'échanges. Mais je pense que c'est d'intérêt public peut-être
justement de donner l'information où on en est rendus dans les différentes négociations. Puis je me permets aussi
une opinion un peu personnelle, puis je ne sais pas si c'est partagé, mais en fait c'est une opinion
personnelle, mais je trouve vraiment dommage qu'on ait recours à cette
grève-là. Je trouve ça dommage, entre
autres, pour les familles qui sont privées d'un service de garde qui est une
journée complète. Donc, je trouve ça
plate. C'est des parents qui ne peuvent pas se rendre au travail, c'est du
jonglage pour une journée, c'est un casse-tête pour les parents. Je comprends, je suis consciente
aussi qu'il y a des parents qui appuient ça. Ça, je n'ai aucun problème avec ça, mais il faut penser
aux autres aussi pour qui... je pense à des gens qui travaillent, mettons,
sur des chaînes de montage qui ne peuvent
pas se permettre d'être absents une journée. Les grands-parents ont dû être
vraiment sollicités ou ils ont été mis à contribution le 1er mai dernier, j'en
suis certaine.
Mais,
justement, est-ce que vous pourriez nous faire un petit peu le point sur
l'avancée des négociations? Puis, en
même temps, je sais que les négociations... tu sais, on pense que les
négociations traitent uniquement de la question salariale, mais je sais
qu'il y a d'autres avancées ou il y a d'autres sujets qui sont aussi la
préoccupation de plusieurs. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu
plus sur les négociations en milieu familial, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Je suis heureuse que ma collègue ait commencé
en disant : Je vais parler d'un sujet un peu sensible, parce qu'effectivement, vous savez, M.
le Président, puis vous avez déjà entendu cette phrase, quand on est en négo, on ne le fait pas sur la place publique,
hein, on est excessivement prudents. Mais je peux me permettre certaines
réflexions. Je vais revenir à une des
dernières que vous avez faites, c'est-à-dire les parents qui se retrouvent dans
ce dédale réorganisationnel d'une
journée qui ont, malgré ce que mon collègue de Terrebonne dit, une mamie qui
est au travail qui ne peut pas nécessairement se libérer, elle non plus,
pour aller donner un coup de main à sa fille qui a des enfants en milieu familial et qui est prise avec un choix de
journée. Mais, en même temps, on a nos jeunes familles qui appuient les gens qui font cette journée-là. Pourquoi? Bien,
parce qu'ils sont en relation intime avec ces gens-là, hein? C'est les gens
qui s'occupent de leurs enfants, ils
partagent cette responsabilité-là, donc, ils ne peuvent pas nécessairement les
taxer, d'autant plus que les gens disent : On se bat pour des meilleures
conditions de travail.
La
première convention collective a été faite par le gouvernement libéral, et
c'était quand même assez ardu. On en parlait
un peu plus tôt aujourd'hui en disant : Les services de garde en milieu
familial, c'est des travailleurs autonomes qui sont aussi des travailleurs salariés. Donc, de trouver la fine ligne
ou la zone grise pour écrire les choses, ça a été assez ardu, mais la première convention s'est écrite, et
on est arrivés au terme de cette première convention en octobre 2013
pour renégociation de la deuxième. Cette fois-ci, par contre, c'était encore
plus ardu. Parce que, quand tu en as une première,
tu peux comparer tes conditions que tu veux mettre ou que tu veux changer
après. Là, on avait des gens qui avaient une expertise d'une première convention qui ont dit : Bien là, on ne
veut pas ça comme ça, on veut ça comme ça. Et c'est devenu un peu plus
complexe.
Comment
ça marche au niveau des services de garde en milieu familial? Bien, il y a deux
syndicats, hein, la CSN et la CSQ,
qui sont les deux syndicats principaux. Il y en a un qui a 12 000
représentants, l'autre en a 3 000. On en a un plus petit qui est vraiment très, très petit et qui,
habituellement, ne fait pas partie des négociations. Ils adhèrent à ce qui a
été négocié parce qu'ils connaissent
la force de négociation des deux autres syndicats. Le 30 janvier de cette
année, on a eu le privilège et la
collaboration de la CSQ pour pouvoir signer une entente collective avec les
gens qu'ils représentaient, et ce sont
les 12 000 représentants. Donc, la CSQ, c'est 12 000; la CSN, c'est
3 000. Malheureusement, la CSN n'a pas choisi de prendre les mêmes paramètres que la CSQ et a
choisi de maintenir la négociation. Il y a eu à ce moment-là un négociateur
qui a été pris pour un certain temps, parce
que les mesures pour prendre un négociateur, c'est vraiment court et très
précis. Le mandat du négociateur s'est fini, la CSN n'est toujours pas
satisfaite des propositions et maintient le fait qu'ils ne veulent pas signer
la convention collective.
Comme
je vous dis, je n'ai pas le goût de faire une négociation sur la place
publique, je suis d'accord avec vous sur
le principe qui veut que ça désorganise une journée quand on choisit de faire
une journée de grève. Des fois, elles sont choisies de façon très intéressante pour les familles, et c'est tant
mieux; des fois, ça vient heurter plus dans les valeurs de mon quotidien, comment je m'organise, faut-u
que je prenne une journée de congé?, puis tout ce qui s'ensuit. Mais notre volonté à nous, c'est vraiment d'arriver à
signer avec la CSN pour pouvoir passer à la prochaine étape, c'est-à-dire
pouvoir parler avec eux de ce qu'on parlait
au niveau de la loi n° 27, c'est-à-dire les ententes qui vont se faire
entre les RSG et les parents, de
parler avec eux de cette nouvelle façon de regarder l'optimisation du service,
parce que nos services de garde en
milieu familial sont interpellés en ce moment par différentes organisations qui
disent... et on l'a entendu de part
et d'autre de la Chambre, là, il y a des organisations qui disent que les
ressources en milieu familial sont mal utilisées, elles ne sont pas optimisées. Il faut regarder
comment on pose les gestes, comment on utilise les places parce que tout
le principe des places fantômes, tout le
regard qu'on porte sur ces places qui sont exigées mais pas occupées, bien ça
vient beaucoup des services de garde
en milieu familial. Et la volonté qu'on a, nous, c'est qu'au moment où tout va
être réglé par rapport aux conventions collectives on va pouvoir parler
de rehausser le regard qu'on porte sur ces dames qui, au quotidien, débarrent la porte très tôt le matin
et, habituellement, rebarrent la porte un petit peu plus tard dans la journée,
hein, en fin de journée, parce que les
enfants sont arrivés et les enfants sont partis, mais ils ont ouvert leur
milieu familial pour donner des services.
Oui,
il y a des cas où on pourrait s'attarder puis dire qu'il y a des méfaits qui se
font, mais, dans la majorité de nos
91 000 places en milieu familial, il y a du travail qui se fait de façon
exceptionnelle. Et il y a des femmes et des hommes, parce que des fois c'est un milieu familial, donc,
c'est les gens qui habitent dans la maison qui accueillent... et, à deux, on
peut en accueillir jusqu'à neuf, donc c'est
les gens qui accueillent, qui fait en sorte que nos familles sont en service et
ils sont en confiance avec les gens qui... Donc, il faut trouver
jusqu'où on est capable de voir ça, mais il faut aussi faire comprendre à la CSN qu'on a signé avec la CSQ, les
choses sont sur la table, et on s'attend à ce qu'il y ait une entente qui arrive avec les uns pour pouvoir continuer à
travailler à bonifier puis à mettre en valeur les gens qui travaillent dans
le quotidien dans nos services de garde en milieu familial.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Oui.
Je remercie ma collègue de Vaudreuil et non de Soulanges... la députée de
Soulanges, qui est très occupée
aujourd'hui avec un projet très intéressant, mais je remercie ma collègue de
Vaudreuil de partager son temps avec moi.
Je
veux parler d'une question un peu moins délicate mais tout aussi importante, M.
le Président. La ministre a parlé, un
peu plus tôt, de la politique familiale. Elle y a touché, à la politique
familiale municipale, très rapidement, alors j'aimerais qu'on revienne sur le sujet un peu, parce qu'à
travers le Québec et dans ma propre région, comme dans la sienne, j'en
suis certain, il y a des villes, des municipalités, des MRC qui mettent
beaucoup d'efforts à leurs politiques familiales municipales. Quand je pense à ma propre région, où il y a des
municipalités dévitalisées, où il y a une MRC parmi les plus pauvres, c'est un effort vraiment constant...
c'est un effort de tous les instants pour évidemment attirer des entreprises,
des emplois, mais aussi attirer des jeunes
familles, pour garder également les aînés dans nos villages. Et la ministre a
fait référence à des outils qu'ils
ont, comme les maisons de la famille, et c'est extrêmement intéressant, ces
outils-là, parce que les
municipalités, les MRC veulent participer au développement de leurs régions,
mais pour ça ils ont besoin d'aide, évidemment, ils ont besoin d'aide de
la part de votre ministère, Mme la ministre, entre autres, et je vois que votre
ministère y participe à travers des mesures
concrètes, comme par exemple le programme de Municipalité amie des aînés.
Dans mon coin, presque toutes les municipalités se prévalent de ce programme.
Et
évidemment, quand on a des municipalités dévitalisées, un des symptômes de ça,
c'est d'avoir une population qui est
vieillissante, une population qui a une démographie particulière mais qui a des
besoins particuliers. Et donc ces municipalités-là,
ces MRC doivent s'adapter à la nouvelle réalité, ils sont là pour desservir la
population qu'ils ont en ce moment,
donc la population vieillissante. Et donc la démarche de Municipalité amie des
aînés leur permet d'adapter leur environnement municipal, leurs
infrastructures municipales et de se doter et se donner des politiques, des
plans d'action qui répondent aux besoins des citoyens de leurs municipalités.
Et évidemment il y a un objectif avoué du gouvernement
derrière tout ça, c'est que ces gens-là puissent demeurer à la maison le plus
longtemps possible. Et donc, pour ça,
comme je disais, ils ont besoin de l'aide de votre ministère, ils ont besoin de
l'aide du ministère de la Santé pour qu'ils
puissent recevoir des soins chez eux, ils ont besoin de l'aide, entre autres,
de programmes comme ceux annoncés dans
le budget pour permettre aux aînés de continuer à payer leurs taxes
municipales, ils ont besoin de programmes de transport également. Et
donc les municipalités, les MRC doivent trouver des nouvelles façons de faire.
Et j'aimerais savoir
de façon concrète, Mme la ministre, comment votre ministère participe à cet
effort-là, comment votre ministère aide
justement ces villages-là à s'adapter à leur nouvelle réalité et à répondre aux
besoins de leurs citoyens.
• (18 h 50) •
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Le député de Pontiac touche un aspect du ministère qui
est fort intéressant, intéressant parce que
ça nous permet d'encourager des mesures que les gens connaissent peu. Et, quand
on parle de villages, on peut parler de villes, mais on peut aussi
parler d'arrondissements. Parce que les grandes villes, quelquefois, sont réparties de cette façon où — du moins, je pense, à Montréal — il peut y avoir des maires d'arrondissement
qui font des demandes au ministère de la Famille pour regarder des politiques
familiales plus précises, puisque c'est tellement grand qu'on a décidé de faire
ça autrement.
Mais, depuis 2002, le
ministère de la Famille offre un appui financier aux municipalités et aux MRC.
On dit «municipalités et MRC» parce qu'à chaque fois je serais obligée de dire
«municipalités régionales de comté». Alors, M.
le Président, j'avoue bien sincèrement qu'à chaque fois que je dis «MRC» c'est
parce que je veux raccourcir le mot et
faire en sorte qu'on se fait à l'idée de ce mot-là. De toute façon, je pense
que les citoyens du Québec reconnaissent bien le principe MRC. Mais, on sait, on voulait et on désirait se doter d'une
politique familiale municipale. À partir de 2002, on a regardé ça dans une volonté à établir des
partenariats, et, rapidement, les villes nous ont dit : On n'est pas tout
à fait organisées à l'intérieur de
notre structure pour pouvoir adresser toujours ce principe-là. Et, une année ou
deux plus tard, là, on a regardé le
principe MADA parce qu'on s'est dit : Bien, la politique pour Municipalité
amie des aînés, elle est tout aussi
importante. Mais, en ce qui a trait aux familles, on a aussi la volonté des
commissions scolaires qui est là, les villes qui... et les services en politique familiale, puisque les maisons de la
communauté, des maisons qu'on dit la maison de la famille... là, j'essaie d'aller trop vite, puis ça
ne marche pas, les maisons de la famille viennent aussi structurer et donner
des services. Mais il ne faut pas mélanger
maison de la famille et politique familiale, parce que c'est deux entités
différentes. La maison de la famille
donne des services — puis on
le disait un peu plus tôt, hein — pour devenir un meilleur parent, pour contribuer à sa communauté. Il y a des
cuisines collectives, il y a des garderies sporadiques, c'est-à-dire les
haltes-garderies, dans nos maisons de la famille.
Mais
une politique familiale, ça touche l'autre aspect de la responsabilité de la
ville, donc comment faire mieux dans
mes aménagements puis dans mes services. Ça peut ressembler à quoi? Bien, une
ville pourrait décider d'améliorer ses
bibliothèques et l'accès à des jeunes familles aux bibliothèques en faisant
l'heure du conte, une ville pourrait choisir d'aménager ses parcs pour différentes strates d'âge. Et on a vu, depuis
quelques années, puis vous l'avez sûrement vu dans votre comté, des... ce n'est pas des piscines, mais c'est des plans
d'eau qui apparaissent dans nos parcs pour aider les enfants à jouer avec le principe de l'eau sans être dans une
piscine. Donc, toutes sortes d'aménagements qui peuvent être faits pour améliorer les conditions de vie
dans les villes et villages pour s'assurer que nos familles restent où elles
sont, pour ne pas aller chercher des
services ailleurs. Dans le fond, il y a plusieurs slogans, chacun de vous a une
ville qui a un slogan extraordinaire;
moi, on dit tout le temps : L'avenir est à Laval. Je m'excuse,
messieurs, mais l'avenir est à Laval.
Mais je sais qu'il y a : Boisbriand, c'est Une ville performante;
il y a Terrebonne, c'est La ville des familles. Chaque ville se donne un slogan pour attirer ses familles
parce que les familles contribuent à l'économie locale de chacun des endroits
et apportent une valeur ajoutée à chacun des endroits.
Donc, quand le développement a
commencé à se faire, et il s'est fait rapidement... D'ailleurs, j'ai un chiffre
qui me dit qu'au 31 mars 2015
722 municipalités et 32 MRC se sont dotées d'une politique familiale ou
sont en voie d'en avoir une. Donc, ça
nous permet d'annoncer que 87 % des familles du Québec sont desservies par
une politique familiale à l'intérieur
du milieu dans lequel elles vivent. Mais est-ce qu'on a choisi de faire ça tout
seuls? Eh bien, non. À partir du
moment où on a commencé à parler aux villes, aux MRC en leur disant :
Voici les possibilités, vous pourriez poser des gestes concrets, il y a des façons de faire qui sont faciles au sein
du ministère pour vous aider à mettre en place des politiques familiales, il y a une organisation qui
s'est mise en branle, qui s'appelle le CAMF. Je l'appelle le CAMF, mais c'est le carrefour action municipalité famille,
qui donne des services aux villes très précisément. Et, dernièrement, ils ont
fait un petit dépliant pour même aider les
villes à regarder de façon optimale et avantageuse d'avoir des CPE à
l'intérieur de leurs communautés. Pourquoi? Bien, parce que les villes
ne le faisaient pas d'emblée. Les villes ne voyaient pas l'implantation d'un CPE ou d'une garderie de façon
à l'interpeller. Mais, il faut se le dire, si vous avez pas loin de chez
vous un CPE, un petit peu plus loin une
école primaire, un petit peu loin une école secondaire, il n'y a aucune raison
de déménager, j'ai les services desquels j'ai besoin. Je me souhaite en
plus d'avoir un hôpital régional qui va me donner l'ensemble de mes services, un CLSC ouvert 24 heures. Et savez-vous
quoi? Je n'ai pas besoin de grand-chose de plus, là, à part peut-être une épicerie qui est ouverte jusqu'à 10 heures
et, je vous dirais à la blague, puisque je suis Lavalloise, un centre d'achats ouvert jusqu'à 9 heures.
Mais j'ai compris qu'à Québec ça ferme à 5 h 30 et je dois me faire à
l'idée qu'à chacune des régions du Québec on adapte les services à la
demande de sa population, et c'est parfait.
Mais
le carrefour action municipalité et famille est un organisme à but non lucratif
qui s'autofinance avec les MRC et les
villes et qui met en place un processus qui veut qu'on vienne soutenir les
villes dans l'application qu'ils font et dans la volonté qu'ils ont d'améliorer les services. Ils font ça de
différentes façons. Mais, une fois par année... et, cette année, c'est
cette semaine, et je le souligne parce que ce matin, en Déclarations de
députés, je l'ai souligné aussi, ils font leur 27e édition du colloque qu'ils
font, où ils font des échanges d'idées. Il y a assis, dans cette salle, des
conseillers municipaux, des maires, des gens qui viennent des bureaux
municipaux de loisirs, il y a des gens de l'organisation de différents ministères, mais il y a surtout des
gens qui s'occupent des gens dans leurs villes et villages pour mettre en place
un meilleur système qui fait qu'on peut faire de la rétention de nos jeunes
familles à l'intérieur des villes et villages.
Je
vous dirais que ça peut sembler bien simple comme ça, mais la volonté qu'on a,
c'est de vraiment faire en sorte que
chaque ville, chaque MRC se reconnaisse dans le besoin de sa communauté, de la
petite enfance jusqu'aux aînés. Parce que,
oui, vous avez raison de le souligner, on a cette audace-là de dire : Non
seulement on croit que c'est possible d'avoir une politique familiale, mais on croit que vous pouvez aussi être une
municipalité amie des aînés. Ça veut dire quoi? Bien, je vous le donne dans le mille, ça veut dire qu'un
parc peut avoir un tourniquet pour les enfants entre cinq et 10 ans et,
juste à côté, une espèce de système elliptique qui ne prend aucune énergie, à
part la personne qui est debout dedans...
Le Président (M.
Picard) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme
Charbonneau : ...mais qui fait en sorte que nos aînés ont un
système d'exercice en place où petits-enfants et grands-parents se fréquentent intergénérationnel pour pouvoir avoir
des services de sa ville gratuits, accessibles. Quand il fait beau, tout
le monde est content.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Ça aussi, dans
mon comté, j'ai ça. On fera une journée complète.
Une voix :
...
Le Président (M.
Picard) : O.K. Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Repentigny.
• (19 heures) •
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Je voulais revenir sur le bloc que
j'ai fait antérieurement, parce que je parle
beaucoup des garderies privées non subventionnées. Je veux quand même préciser
que je n'ai rien contre les CPE. Où
j'ai ma préoccupation, c'est, dans le contexte de rigueur budgétaire, lorsqu'on
ouvre une garderie dans un endroit, s'assurer qu'on ne vienne pas en
compétition avec des garderies qui ont des places disponibles.
D'ailleurs, la
Protectrice du citoyen, en 2010, avant le rapport du vérificateur, avait un peu
dénoncé cette compétition-là déloyale envers les garderies privées non
subventionnées et considérait que le ministère de la Famille devait les prendre en compte pour répondre aux
besoins. Dans son rapport annuel 2012‑2013, elle revient là-dessus. Et, lorsque la Protectrice du citoyen est intervenue
dans le cadre du projet de loi n° 27, elle a conclu la même chose en
disant que les garderies privées actuellement non subventionnées
devraient pouvoir soumettre des projets pour devenir des garderies privées subventionnées, toujours dans le
contexte où la garderie privée non subventionnée a investi l'argent dans
la construction de sa bâtisse et que les
places sont disponibles. Mais, si dans une région... parce que je sais que,
dans des régions, il n'y en a pas et
qu'une CPE est nécessaire, je n'ai vraiment rien contre ça, c'est juste de
s'assurer qu'on investit l'argent là où on a des besoins.
Je voulais relever
une chose. Dans le Plan stratégique 2012‑2017, à la page 14, on parle
des efforts, on parle justement des services de garde et on parle des efforts
qui «auront pour effet également de contribuer à la lutte au décrochage scolaire, tout en permettant à des
milliers de parents de jeunes enfants de participer au marché du travail».
Donc, on parlait des garderies.
La
question que je me posais, parce que je trouvais que l'affirmation était
intéressante : Êtes-vous en mesure de faire une corrélation entre la présence en bas âge dans des garderies
éducatives de type CPE et le décrochage scolaire? Est-ce qu'il y a eu une étude qui nous permet de
faire cette corrélation-là, de dire : Oui, effectivement, nous sommes
certains que les enfants qui ont été
dans des garderies éducatives décrochent moins que d'autres enfants qui n'y
sont pas allés?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Et soyez assurée, Mme la députée, que j'ai entendu la
Protectrice du citoyen, on l'a
entendue parce qu'on était dans la même pièce. Mais notre volonté, c'est
vraiment de répondre de la meilleure
façon possible, mais je reviens toujours à mon principe, puis ce n'est pas
parce que je veux les empêcher de faire
affaire, c'est qu'en ce moment mon obligation à moi, comme ministre, c'est de
respecter les contrats qui ont été signés par les autres ministres qui ont donné les places, puis la volonté qu'on
avait, c'est de les faire avec l'argent qu'on peut mettre en place, et c'est pour ça qu'on a fait une
répartition jusqu'en 2021. Ça fait que le principe de... j'ai compris que
vous n'êtes pas contre les CPE, mais je ne
suis pas contre les garderies privées. Tout le monde veut utiliser les places,
il faut juste respecter les contrats qui ont
été faits. Maintenant, quand vous me demandez : Est-ce qu'il y a une
corrélation entre la performance
scolaire des élèves, la persévérance et les services de garde?, au départ, dans
la genèse des services de garde, la volonté de les mettre en place,
c'était vraiment sortir les enfants qui étaient dans les milieux défavorisés.
D'ailleurs,
le programme n'avait été fait que pour ces enfants-là. Il n'avait pas été fait
pour tout le monde, il avait été
fait... La volonté de Mme Marois à ce moment-là, c'était d'offrir des services
pour arriver... puis là je vais vous le dire dans mes mots à moi, là, arriver à chances égales à l'école, et c'était
dans cette volonté-là que les services de garde avaient été mis sur papier. Quand on les a mis en place,
on a vite réalisé que, que j'aie de l'argent ou que je n'en aie pas, que je
sois en milieu vulnérable ou pas, je veux un
service de garde. Donc, il s'est mis à se développer les services de garde un
peu partout. Vous étiez dans la même pièce
que moi quand on a reçu les gens... vous savez, les chercheurs qu'on a reçus
de l'institution, qui nous disaient
qu'effectivement en CPE... il y avait clairement une forme d'alignement, là,
dans les CPE, il y avait une
corrélation qui pouvait se faire entre la performance et la persévérance par la
suite dans le service qu'on puisse donner, dans la qualité, comparé aux
autres. Moi, je ne veux pas aller là, puis je suis sûre que vous non plus, puisque ce n'était pas dans ce principe-là qu'on
regardait la volonté, mais la stimulation qui est faite, elle est faite
vraiment dans une volonté d'arriver à
chances égales à la rentrée au primaire... au préscolaire, je devrais dire,
préscolaire, pas primaire.
On a, par
contre... puis vous pouvez probablement avoir accès, par le biais du ministère,
à l'Institut de la statistique du
Québec, où, là, il y a plusieurs choses qui peuvent être citées qui peuvent ou
ne peuvent pas être mises en corrélation, mais que, par association, on pourrait dire que, oui, effectivement, la
qualité des services, la qualité des recommandations qui est faite et la stimulation qui est faite fait
en sorte qu'un enfant qui, à la maison, n'aurait pas cette stimulation-là arrive à l'école avec une
meilleure condition pour la réussite.
Le Président (M. Picard) : Mme
la députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Oui. Ça ne répond pas
à ma question. Donc, lorsqu'on investit beaucoup d'argent dans des garderies éducatives... Dans le Plan stratégique 2012‑2017 du ministère, on semble faire une corrélation
entre le fait que les enfants qui
vont dans des garderies éducatives CPE... on dit : «Ces efforts auront
pour effet également de contribuer à
la lutte au décrochage scolaire...» Le décrochage scolaire, là, je parle d'au
secondaire, donc, primaire, secondaire, pas... Qu'ils soient prêts en première année, ça, je n'ai aucun doute avec ça,
mais est-ce que cette phrase-là... est-ce qu'on a mesuré la corrélation entre le fait qu'ils sont présents
jeunes dans des CPE et le fait qu'ils décrochent moins un peu plus tard au
secondaire?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
La réponse exacte que je me dois de donner à la députée pour être claire, c'est
non. C'est bête, hein, mais la
réponse exacte que vous voulez avoir sur la précision exacte que vous voulez,
la réponse, c'est non. Mais je peux
par contre vous donner l'information que j'ai, mais je ne veux pas vous faire
perdre votre temps. Donc, si vous me
dites : Avez-vous exactement ce que je cherche dans cette perspective-là
au niveau du secondaire, et patati?, je suis obligée de vous dire non.
Mme
Lavallée : ...je veux qu'on me dise l'heure juste. Je pense que ça
pourrait cependant être intéressant qu'autant le ministère de l'Éducation que le ministère de la Famille fassent ce
genre d'étude là. Puisqu'on l'avance dans le plan stratégique, je pense qu'il serait peut-être temps
qu'on se pose la question, à savoir : Est-ce qu'il y a un lien entre ce
qu'on investit en qualité, hein, au
niveau éducatif pour l'enfance et les jeunes qui décrochent? Parce qu'on sait
qu'on en échappe. Est-ce qu'on a un
lien à faire ou pas du tout? Parce que, on le dit, on l'affirme. Puis je pense
que ça pourrait être intéressant que le ministère de l'Éducation et le
ministère de la Famille se penchent sur ça.
Je reviens
sur la garde atypique. Vous avez annoncé une commission ministérielle où vous
avez invité différents regroupements de garderies pour regarder la
problématique des places fantômes ou voir de quelle façon les garderies pourraient répondre aux besoins de la famille
d'aujourd'hui, parce que les besoins ont changé, de toute évidence, et les
garderies ne répondent pas à ces besoins-là.
Avez-vous pensé à inviter des regroupements de familles à ces rencontres-là,
parce que les familles sont les premières
intéressées ou connaissant les besoins, les manques qu'ils subissent au niveau
des garderies?
Le Président (M. Picard) :
...
Mme
Charbonneau :
...de resituer le comité que la députée nomme. C'est un comité qui a été mis en
place pour un retour de discussion sur le projet de loi n° 27.
Ce
n'est pas un comité qui a été mis en place pour parler, de façon large, de
tout, c'est vraiment un comité qui a été
mis en place par rapport au projet de loi n° 27. Parce qu'on s'est
attardés à une phrase que je trouve qui a l'air de rien mais qui voulait
tout dire, c'est : On veut adapter le système aux familles et non les
familles au système. On a invité à cette
rencontre-là les quatre regroupements précisément qui offrent des services à la
petite enfance, et, à l'intérieur de ça, il n'y a pas des regroupements famille, pas parce qu'on ne les trouve
pas importants. Mais je nous rappelle, parce que vous en faisiez partie,
qu'au moment où on a fait l'étude du projet de loi n° 27 c'est les
regroupements qui nous ont sensibilisés sur
la non-flexibilité du ministère. Je le dis comme ça, parce que c'était un peu
comme ça qu'ils l'ont nommé. Et on
s'est dit : On va s'asseoir avec eux pour voir où on se doit de trouver de
la flexibilité. Parce que, comme ministre de la Famille, je les ai entendus quand ils m'ont dit : On veut
bien être flexibles, mais c'est votre système qui ne l'est pas. Alors, on a dit : O.K., on va vous donner un
rendez-vous. Et c'est ce qui fait qu'on étire un peu la sauce par rapport au
projet de loi n° 27, parce qu'on veut
vraiment soumettre à l'ensemble de l'Assemblée une proposition qui va
ressembler à ce que les associations
nous donnent. Ça ne nous empêche pas... et je vous le dis, là, ça ne nous
empêche pas, parallèlement, de rencontrer les regroupements et de les entendre
sur les besoins différents qu'ils nous font sur les familles. Et la complexité
qu'on a, c'est la réalité dans chacun des milieux qui n'est pas le même.
Entre le
milieu de ville et le milieu rural, les demandes au niveau des organisations
sont un peu différentes, et ça passe
un peu par les milieux de la Maison
de la famille. Mais on ne s'empêche pas d'entendre un regroupement. C'est juste que le comité qu'on
a mis en place, que vous citez, c'est vraiment un comité qui a été mis en place pour le projet de loi n° 27.
• (19 h 10) •
Le Président (M. Picard) : Mme
la députée.
Mme
Lavallée : ...justement,
dans le cadre du projet de loi
n° 27, avait parlé de peut-être penser à modifier le financement, donc faire un financement sur la
présence des enfants et non pas sur l'occupation. Est-ce que c'est une option
que vous envisagez?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
La question est fort pertinente, M. le Président, parce qu'il y a déjà un
regard qui est porté sur
l'occupationnel, hein? C'est annualisé. C'est un peu complexe, là, mais le
ministère regarde déjà la façon qu'on utilise les places. Je vous fais un sommaire vite, vite, là : une garderie
ou un CPE qui a 80 places, à la fin de l'année, fait une annualisation des places qu'ils ont puis ils
regardent si les places ont été utilisées à 100 %. Ça revient un peu
à : Est-ce que c'est utilisé temps plein, temps partiel?
Par contre,
là où il faut qu'on s'attarde, nous, c'est sur le financement qu'on fait. Et,
je vous l'ai déjà dit, je le répète, puis
j'espère que les gens nous entendent parce qu'on va leur donner rendez-vous par
rapport à ça : On va regarder après 15 ans d'existence si on finance correctement nos CPE, nos services de
garde et nos services à la maison. Pourquoi? Parce qu'on est capables de voir qu'il y a des surplus;
à d'autres endroits, il n'y en a pas du tout, puis ils sont dans la misère;
puis comment on peut faire pour mieux
stabiliser cette situation-là et arrêter de parler de surplus, puis parler d'un
meilleur investissement puis de la
façon qu'on fait les choses. Donc, oui, on va revoir... mais, en premier, on va
régler 27 puis après ça on va
s'attarder à comment on finance les services qu'on se donne puis comment on
peut mieux faire les choses pour assurer la survie des petits puis la
rentabilité des gros.
Le Président (M. Picard) :
Mme la députée.
Mme Lavallée : Je reviendrais sur
une question que mon collègue de Terrebonne avait parlé, justement la fameuse garderie en milieu familial et l'horreur,
là, du pédophile, là, qui était en milieu familial. Moi, ça me préoccupe,
parce qu'à partir du moment... une garderie
en installation, c'est beaucoup plus gros, mais, à partir du moment où il y a
des enfants qui rentrent dans un milieu
familial, il y a des gens qui sont beaucoup plus proches de ces enfants-là. À
partir du moment où on accorde un crédit pour frais de garde, même si
ces garderies-là ne sont pas soumises aux bureaux coordonnateurs, ne devrait-on pas avoir des exigences pour éviter des
situations comme ça qui sont inquiétantes pour les parents? Puis souvent
les enfants n'ont pas de mots pour expliquer ce qu'ils subissent, là.
Mme
Charbonneau : Je crois que l'importance, elle est vraiment
dans les réflexions que mon collègue de Sherbrooke a faites et que vous faites, c'est-à-dire :
on s'adresse à une clientèle qui n'a pas de mots pour dire les choses, on
s'adresse à une clientèle qui sourit ou qui pleure mais qui ne peut pas
nécessairement mettre des mots précis sur ce qui arrive.
On regarde
aussi une situation très particulière où il y a une personne qui n'était pas
supposée être là. C'était un jugement
de la cour. Et on pense que tous les citoyens respectent les jugements de la
cour; malheureusement, pas cette-fois. Et
on s'est retrouvé dans une situation, et vous le dites bien, déplorable. C'est
inacceptable. Et, de ce fait, la justice a déjà pris cours et a posé des
gestes. Maintenant, de notre côté, au niveau du ministère de la Famille, est-ce
qu'on a une responsabilité? Oui. Il faut
aller voir jusqu'où. Et là, je le disais un peu plus tôt, hein, c'est six
enfants et moins; là, on n'est pas
obligé de les régir. Là, on est en train de... moi, j'ai demandé qu'on puisse
revoir un peu les normes puis comment on
peut les adresser pour que ça soit peut-être moins, mais sans poser des
contraintes trop ardues, parce qu'il y a les enfants de la personne qui garde puis les enfants qu'elle
accueille. Il y a quelques complexités, mais il faut être capable de poser
des gestes concrets qui assurent à tout
parent, à tout moment, quand il laisse son enfant en quelque part, qu'il est en
sécurité et qu'il n'arrivera rien.
Pour ça, là, je vous le dis, là, on va
tout mettre les mesures en place pour améliorer le système. Il n'est pas
parfait, ça, je peux vous le dire avec beaucoup de sincérité, il n'est
pas parfait, mais, à tous les jours, on va travailler pour le perfectionner. On a fait le... je vous l'ai montré
un petit peu plus tôt, hein, le collant qu'on met dans la porte pour rassurer
les parents. Bien là, je pense qu'il faut aller aussi au-delà du collant pour
dire aux parents : Vous pouvez laisser votre enfant ici. Mais par contre, je vous le dis, là, s'il n'y a pas le
collant, là posez plus de questions. Il faut aussi que le parent aille plus loin dans son questionnement. Mais on
va tout faire pour assurer la sécurité des enfants dans un milieu où les
parents ne sont pas là.
Mme
Lavallée : Je suis d'accord avec le député de Terrebonne, disant qu'à
partir du moment où on accorde un crédit
pour frais de garde les gens ont l'impression qu'ils font partie du réseau. En bas de six ou en haut de six,
là, pour les gens, c'est du pareil au même. Je pense qu'il va falloir
intervenir, parce que, pour moi, c'est un milieu qui est trop restreint, trop proche des enfants. Il faut faire
des inspections et des vérifications beaucoup plus proches. J'ai une dame qui était dans cette garderie-là qui a appelé à
mon bureau, et elle a pleuré vraiment à chaudes larmes, tellement que... mon
attachée politique aussi, c'était la même chose, là. C'était dramatique de
l'entendre. Puis je pense qu'il faut vraiment avoir une réflexion là-dessus,
là, parce que les parents ont l'impression qu'ils font partie du réseau.
Mme
Charbonneau :
...puis je vais faire ça court, là. On a reçu aussi un parent, de notre côté,
qui utilisait ce service-là pour aller vraiment
encore plus loin dans notre compréhension puis lui permettre de s'exprimer,
mais mon équipe l'a rencontrée pour vraiment
aller dans la perception qu'elle avait du système puis comment on peut faire
mieux. Donc, moi, je comprends, quand vous recevez des appels comme ça,
là, c'est vraiment touchant, là, c'est...
Le Président (M.
Picard) : Il vous reste trois minutes, Mme la députée.
Mme
Lavallée : Je vais revenir sur les places fantômes. Je suis contente
que vous ayez abandonné l'idée de pénaliser
les parents, parce que je pense qu'eux autres, les parents, sont pris dans un
système, mais je pense qu'il faut envoyer un signal fort aux garderies qu'on subventionne puis qu'ils doivent
aussi respecter l'argent qu'on leur envoie, hein? C'est tous les
contribuables.
Compte tenu que le rapport Robillard a dénoncé 180 millions, alors qu'à
l'automne passé on parlait de 15 millions,
on n'est vraiment pas dans les mêmes
chiffres. Est-ce que le ministère a entrepris des démarches pour récupérer des
sommes d'argent et surtout envoyer un signal fort qu'on n'a plus
l'intention de laisser passer ça?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Juste avant que vous finissiez votre intervention, j'ai dit à ma sous-ministre :
Je suis heureuse que vous me posiez la question
ici parce qu'en Chambre le temps est tellement limité, c'est excessivement difficile.
Alors,
je reviens sur le principe du rapport Robillard. Quand Mme Robillard a fait son
rapport, elle a mélangé les places occupées ou non occupées mais aussi
les maladies, les vacances. Donc, c'est plus difficile de reprendre le chiffre de Mme Robillard, mais il y a
une chose qui est claire et qu'on a comprise, je vous dirais, tout le monde dans cette Assemblée, c'est
qu'il y a des gens qui signent des contrats de services ou
qui prennent des contrats de services qui ne sont pas respectés. Moi, je peux comprendre qu'on a besoin, tu sais...
qu'on va en vacances, que nous, on respecte ça puis qu'on paie les gens pendant ce temps-là, je peux
comprendre que des fois il est malade, ça fait qu'il ne rentre pas pour ne pas donner le rhume à tout le monde, mais je ne comprends pas pourquoi un parent doit signer cinq jours quand
il reçoit trois jours. Ma difficulté,
puis je vous le dis en toute sincérité, ma difficulté, quand vous me parlez de
ces places-là puis que vous me
dites : Allez-vous récupérer l'argent?, je vous dirais qu'il faut en
premier que j'identifie... Et ça, on n'y arrive pas nécessairement, parce qu'il n'y a pas un parent qui lève la
main qui dit : C'est moi. Il n'y a pas un service de garde qui lève
la main qui dit : C'est moi.
Donc,
récupérer des sommes qu'on juge plausible d'être perdues, bien c'est excessivement difficile parce qu'il n'y a
pas de façon d'aller chercher ça, il n'y a pas de façon de dire, à moins que ce
soit dénoncé, et, si c'est dénoncé, bien vous avez compris que la personne qui offre le service, elle va avoir
une pénalité. Et, dans cette pénalité-là, le parent a une pénalité parce qu'il y a une répercussion aussi
qui frappe les parents, parce que, là, le service de garde dit : Tu
m'as dénoncé, moi, je ne garde plus
ton enfant, là, c'est fini. Et là le parent se retrouve dans un dédale. Donc,
le parent ne dénonce pas...
Le Président (M.
Picard) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme
Charbonneau : Le
parent ne dénonce pas, le service de
garde ne lève pas la main pour
dire : Moi, j'ai signé cinq
jours, mais je donne juste trois jours de service. Alors, quand vous me
dites : Allez-vous récupérer... ma réponse est : Il est excessivement difficile d'identifier et de récupérer les
sommes. Mais on veut arrêter cette pratique et s'assurer que les places
sont optimisées et non financées à vide.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Abitibi-Est. Dernière période de 20 minutes.
• (19 h 20) •
M. Bourgeois : ...bien heureux de me
joindre à vous.
Vous savez, mon dernier passage a valu beaucoup
de discussions dans mon comté quand j'ai eu l'occasion d'échanger par rapport à l'intervention que j'ai faite auprès de Mme la ministre concernant les crédits par
rapport aux aînés, l'importance
des aînés dans le territoire. Et j'ai participé à un souper de l'âge d'or, de
Jacola, pour ne pas le nommer, où ils
ont une pratique qui est fort intéressante : chaque année, ils font un événement, ils appellent ça la fête des Pères
et Mères. Ils fêtent ça d'avance et ils
honorent un couple, un couple membre du comité de l'âge d'or depuis un certain
nombre d'années. Quelle belle soirée
ce fut! Ils étaient là avec huit de leurs 11 enfants et les petits-enfants
et les petits-petits-enfants qui étaient là. Et ils ont souligné... quel
hasard! Il y a quelqu'un qui avait pris les travaux de la commission et il me remerciait, dans le fond, de valoriser le
travail de ce bénévole-là au quotidien, qu'est-ce que ça fait comme
milieu de vie pour ces personnes-là,
comment ça les anime et les amène, dans
le fond, à en faire encore un peu
plus. Vous comprendrez, M. le Président, qu'avec ce résultat j'avais, moi aussi, une
autre préoccupation et là j'ai dit : Je vais essayer de voir si je ne
pourrais pas venir faire un témoignage et
poser une question à Mme
la ministre, mais, cette fois-là, du
côté du projet garderies.
Parce que,
vous savez, l'Abitibi-Témiscamingue,
M. le Président, c'est une région assez jeune, à peu près 100 ans, hein? Tout récemment, l'année dernière, l'été
dernier, on célébrait les 100 ans de la ville d'Amos; cette année, ça va
être certaines autres villes du
comté. On joue entre 75 à 100 ans, 102 ans. Et ce qu'on voit, ce qui
est fort intéressant, c'est comment c'est tissé serré dans la région au
niveau des valeurs familiales. On veut faire en sorte non seulement que la région se développe, on veut que nos jeunes
restent en région, on veut être capables d'avoir des services qui correspondent
à leurs attentes. Et je
vois beaucoup de gens du Sud, je n'ai rien contre les gens du
Sud, mais vous comprendrez que, quand on est du Nord, du Nord-Ouest, on a notre fierté et on veut faire en
sorte de s'assurer que nos jeunes non seulement vont s'installer, mais ils vont vraiment faire en sorte
de développer notre région. Et une des préoccupations, parce qu'économiquement parlant le premier enjeu, c'est
de s'assurer... Moi, chez nous, on a toujours dit : Regarde, là,
trouve-toi une job, là, puis après ça
tu t'installes puis tu vas pouvoir développer, t'installer puis vivre
pleinement dans ta région. C'est ça
qu'on veut donner comme opportunité aux jeunes de chez nous et qu'ils puissent
le faire avec leur famille, leur environnement,
garder un contexte des plus favorables pour pouvoir s'épanouir puis participer
pleinement au développement de notre région.
En plus, on a
une diversité fort intéressante : on a des communautés autochtones qui
sont sur notre territoire qui, elles
aussi, ont des valeurs très, très, très serrées auprès de la famille. On n'a
qu'à penser, dans leur mode de fonctionnement, au niveau de toute la valeur, la sagesse des «elders», comme ils appellent.
Ils font des réunions. Les conseils de bande vont, à chaque année, faire des réunions avec les «elders». Ils
consultent leurs aînés pour dire où notre communauté va s'en aller, qu'est-ce qu'on devrait prioriser. Et
là, je peux vous dire, c'est valable autant pour les Algonquins, qu'on retrouve
plus particulièrement dans le territoire de
l'Abitibi-Témiscamingue, un peu en Outaouais et aussi vers le Nord, mais aussi
pour les Cris et les Inuits. Ces valeurs-là,
dans les communautés, dans les peuples autochtones, sont très fortement
ancrées, et, les «elders», ce qu'ils
disent à leurs dirigeants : Occupez-vous des enfants, c'est notre futur,
c'est pour eux qu'on essaie de bâtir.
Donc, occupez-vous des enfants, faites en sorte de leur offrir le meilleur milieu
de vie possible, de les amener... Et là, ça, c'est l'autre notion. Il
faut se rappeler, M. le Président, dans certains des cas, là, il y a
100 ans pour ceux de l'Abitibi-Témiscamingue,
il y a 50 ans pour ceux du Nord-du-Québec, c'étaient des peuples nomades.
C'étaient des peuples nomades qui
ont, donc, au fur et à mesure de la présence des allochtones sur le territoire,
ont été amenés à vivre un mode de vie
qui correspond un petit peu plus à ce qu'on connaît dans le quotidien, nous.
Comme disait M. Chérubin, pour ceux qui
l'ont connu, le maire d'Amos, qui allait rencontrer les communautés à la fois
de l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord, et
qui était un Haïtien d'origine... et, quand il prenait la parole avec les gens
des communautés, entre autres les Cris, qui trouvaient ça tellement sympathique... et, quand il commençait son
discours, il disait : Nous, les Blancs. Ça fait que, là, tout le monde partait à rire. Un Haïtien qui vient
dire... pour essayer d'expliquer les différences, hein, de qu'est-ce que
c'est comme mentalité, comment, nous, dans notre approche, on veut travailler
avec eux.
Mais,
rapidement, ce qu'on constate, c'est qu'on se rejoint sur des valeurs
fondamentales qui sont très profondément ancrées dans ces populations
mais aussi dans nos populations.
Alors, à
partir de là, il y a eu aussi une autre annonce importante qui vient, dans le
fond, encore plus amplifier le rôle
de Mme la ministre, c'est la mise en place du Plan Nord.
Pour certains, il y en a qui pensent que ce n'est qu'un projet de développement économique. Quelle erreur!
Quelle erreur de penser que ce projet-là, cette vision-là n'a qu'une orientation économique. Au contraire, au
contraire, c'est de travailler avec les communautés, les nations qui habitent
ce territoire-là pour leur permettre,
eux, dans un premier temps, d'aspirer à de meilleures situations, de pouvoir se
développer, de pouvoir permettre à
leurs enfants d'avoir le meilleur milieu de vie possible et, dans le fond, de s'approprier les opportunités qui se présenteront à travers le
monde, parce qu'une des valeurs qu'ils ont ancrées, c'est l'éducation. Je pense
que, là-dessus, Mme la ministre, votre rôle,
au niveau des garderies, dans ces communautés-là, va être très important.
Tantôt, on parlait de stimuler les
enfants, les amener à un niveau plus élevé plus rapidement pour, dans le fond,
les disposer à apprendre, à se
développer, à aussi avoir, au niveau social, des habiletés qui, dépendamment
des secteurs, n'étaient pas aussi évidentes que ça. Je pourrais vous parler
longtemps du Plan Nord, mais vous me permettrez, M. le Président, de couper court un peu. Je ne voudrais pas prendre
trop de temps, je voudrais que Mme la ministre ait le temps de nous jaser.
Je vais revenir plus en Abitibi-Témiscamingue.
Vous savez,
l'Abitibi-Témiscamingue, comme je vous disais, c'est une jeune région, une
région d'exploitation de ressources naturelles, une région, dans le
fond, qui a misé beaucoup, dans les dernières années, sur le fait de non seulement maintenir sa population, mais de faire
en sorte de la faire croître. Et, quand on parle avec les gens qui habitent
le territoire, ils disent : Oui, on a
des opportunités d'emploi. On a travaillé, depuis le premier jour de la relance
avec la mise en place d'un nouveau
gouvernement, à créer des jobs chez nous. On a créé, par exemple, dans le
domaine forestier, 850 jobs dans la
dernière année. On est en contact avec les gens du secteur minier, qui, eux
aussi, investissent. Dans mon comté, en Abitibi-Est, M. le Président, on
parlait de 2 200 jobs qui avaient été perdues dans la période 2012‑2014. Actuellement, vendredi, j'étais avec des gens
d'affaires. J'ai fait le tour un peu pour voir comment le pouls économique
était, et ça va mieux. Il y a encore du
travail à faire, mais les gens ont dit : Vous avez créé un climat de
confiance. On le voit
avec nos clients, on le voit avec nos fournisseurs, les gens disent : On
est sur la bonne piste. On va arriver non seulement à atteindre des nouveaux sommets, mais les
dépasser par rapport à ce qu'il y avait comme espérance au départ l'année
dernière. Pour faire ça, un des éléments
fondamentaux, c'est d'avoir du monde, hein? Une région, ça se développe. J'ai
beau, demain matin, faire l'annonce d'une
entreprise qui dit : Nous, on va exploiter dans tel secteur, on a de
besoin de 300 employés; il faut que, quand on lance les offres d'emploi,
il y ait des gens qui répondent. Et là, bien, je suis en compétition avec
l'ensemble des autres députés qui sont ici ce soir, l'ensemble des 125 députés,
qui, quand il y a une opportunité d'affaires
qui se présente chez eux, hein... ils veulent tous s'assurer que ça va se
réaliser dans les meilleures conditions possible, le plus rapidement
possible.
Bien là, je
vais être un peu égoïste, je vais vous parler de, nous autres, ce qu'on a fait
comme stratégie. Nous, on a dit : Il faut donner les moyens à tout
le monde de se réaliser pleinement sur le territoire. Ça passe par les
institutions d'enseignement, ça passe par un
cadre culturel, un cadre qui permet d'avoir une vie sociale parce que ça fait
partie, au niveau des nouvelles
valeurs, si je peux dire, des plus jeunes travailleurs. Il fut une époque...
moi, je me rappelle d'avoir eu des
connaissances qui ont rentré pour travailler à la mine qui ont fait 35 ans, 40
ans à la mine. Tu ne te cherchais pas une
job. Le matin, tu ramassais ta boîte à lunch puis tu t'en allais à la mine. Ça
a changé substantiellement, M. le Président, parce que les opportunités sont là, parce que la société a évolué, les
communications ont élargi les horizons de la population, des jeunes
travailleurs.
• (19 h 30) •
Ils veulent,
dans le fond, avoir le meilleur, ils veulent, dans le fond, aussi être capables
de mettre à contribution leurs talents,
donc d'avoir des défis, constamment. Mais, la primauté, cependant... quand on
les rencontre, qu'on jase avec eux
autres, ils disent : Moi, je veux avoir un milieu de vie accueillant, je
veux avoir un milieu de vie qui va faire en sorte que je ne me poserai pas la question si je veux
partir. Si je veux changer de job, je vais changer de job dans ma région,
dans ma ville, mais je veux que mon milieu
me donne des opportunités du côté de la qualité de vie. Et là, quand on parle
aux jeunes familles, la première
question : Y a-tu des services de garderie? Y a-tu des places? Et moi, je
peux vous dire, là, j'ai trois
filles, je suis grand-père, j'ai maintenant six petits-enfants, et aucune
d'entre elles n'a eu accès au service de CPE, pas parce qu'elles n'auraient
pas aimé ça; il n'y en avait pas, de place. Il n'y en avait pas, de place.
Et c'est un
des éléments, moi, sur lesquels j'ai été interpellé le plus tôt suite à
l'élection du 7 avril dernier, M. le Président,
c'est de dire : M. Bourgeois, vous allez faire quoi pour les places en
garderie? Il y a eu des annonces. Ça fait que, là, comme tout bon député, hein, je pogne mon baluchon, puis là on
appelle au ministère puis on dit : Yes! On est prêts. Il y a eu des annonces de faites, quand
est-ce qu'on commence? Ouf! Je ne vous cacherai pas que j'ai eu une déception. Non, mais tout le monde, vous l'avez vécu, hein?
On se présente puis on dit : Aïe! On est en affaires, il y a des places
d'annoncées. Chez nous, il y a 319 places
manquantes en Abitibi-Témiscamingue, 319 places, et ça ne va pas nécessairement
en diminuant, là, parce qu'on amène du
monde, on crée des jobs. Les jeunes familles, elles disent : Bon, ça prend
une job. Oui, ma conjointe, mon
conjoint, pensez-vous que, dans ce domaine-là, il peut y avoir de la place? Ah!
j'ai deux enfants, en passant. Il y
en a un qui est d'âge scolaire, mais il y en a un qui est au préscolaire.
Avez-vous des places en garderie? Et là
on vit des situations. Les grands-parents... la belle-soeur qui vient de Lévis,
qui vient de Montréal pour garder, pour dépanner en attendant, parce que, malheureusement, les places n'étaient
pas au rendez-vous. Et là, je ne sais pas, peut-être que Mme la ministre m'a trouvé achalant. J'ai
cette habitude-là : quand j'ai un dossier, je veux le mener à terme. Et
j'avais pris un engagement très clair
de développer des places. C'est primordial. Dans une région comme la nôtre, si
on n'est pas capables d'accompagner
nos populations en lien avec leurs besoins de base... Parce que, pour moi,
d'avoir des places en garderie, c'est un besoin de base, là. Ce n'est
pas quelque chose de superflu, là, au contraire. Si on veut justement stimuler les enfants, si on veut s'assurer, dans
le fond, qu'on a des services de qualité, qu'on a vraiment un milieu favorable,
il faut, donc, accompagner les promoteurs
qui sont là, voir avec eux autres. Là, vous comprendrez, M. le Président, on
téléphone, on regarde qu'est-ce que ça
donne, on fait la liste des projets, l'autre comté. Puis là, bien,
malheureusement, je suis peut-être un
peu trop connu en Abitibi-Témiscamingue, là, j'ai du monde des autres comtés
qui m'appelle puis ils disent : Tu peux-tu faire de quoi avec nous
autres, parce qu'on veut avoir des places? Puis là on sent qu'il y a une problématique : ça a l'air que l'argent n'est
pas là. Ça ne se peut pas, ça a été annoncé. Dans les faits, l'exercice qu'on
fait aujourd'hui n'avait pas été complété de façon totale. L'argent pour
développer les places qui avait été annoncé n'était
pas là. Et là monsieur, il prend son baluchon puis il revire de bord. Pas le
choix, pas d'argent. «No money, no funny», comme on dit.
Donc, on a dû regarder avec les partenaires du
milieu. Parce que, oui, le gouvernement a une responsabilité. Mme la ministre, vous avez vraiment une tâche
importante sur l'ensemble des volets de ce que représente la famille, mais
aussi nous, on dit : Qu'est-ce qu'on
peut faire avec notre monde? Dans la vie, là, il n'y a pas de problème, il n'y
a que des solutions. C'est une maxime
qu'on applique chez nous, au bureau. Mon personnel, il s'assoit avec le monde
puis il dit c'est quoi, la situation,
comment on va pouvoir travailler pour trouver une solution, travailler avec les
acteurs pour, dans le fond, créer un
contexte favorable pour la réalisation d'enjeux, de préoccupations et s'assurer
que, dans le fond, au bout de la
ligne, on obtienne satisfaction, tout le monde autour de la table. Des fois, ça
peut accrocher. Des fois, la peinture n'est pas tout à fait le même
rouge qu'on voudrait ou bleue, mais c'est peinturé.
C'est ça qui
est important, c'est de s'assurer qu'on puisse livrer avec les acteurs. Et je
ne vous cacherai pas que j'ai eu plusieurs discussions avec les gens
responsables, entre autres, puis là je vais vous parler d'un cas plus pointu,
la corporation de la Vallée des loupiots. Ces gens-là avaient une annonce qui
avait été faite pour 80 places, 80 places subventionnées
et ils avaient, donc, eux, à tenir
compte des paramètres qui avaient été mis en place, mais, plus encore, M. le Président, il y a une partie de ces places-là qui était réservée parce que
ce secteur où on veut faire l'implantation de la troisième installation... Parce que la Vallée des
loupiots, là, ce n'est pas des gens qui commencent dans le domaine, là.
Ils ont déjà deux installations : la première, qui a été faite en 1998; la
deuxième, qui a été faite en 2000. Et là on dit à ce moment-là : Comment on fait pour répondre à ce besoin-là sur lequel il y avait
eu une participation du CSSS, maintenant
le CISSS, avec la maison de la famille, avec
les autres acteurs du territoire? La ville a donné un terrain pour dire : On
va vous accompagner, on va donner un
milieu qui va démontrer sa volonté, qui va s'impliquer et on va faire en sorte pouvoir livrer ces places-là.
Et ça, là, je vous le dis, on est à l'été, là, et là on pédale. Parce qu'on
avait un promoteur qui était même prêt
à construire la bâtisse, puis on a dit go. Puis là la crainte, c'était de
perdre ces places-là, parce qu'on se disait : Si on n'est pas capables, demain matin, de lancer l'appel d'offres en fonction de ce qu'on avait identifié comme projet, avec
les enjeux que ça représentait pour une population... Je vous le dis,
là, il y a 15 places réservées pour des clientèles défavorisées, parce qu'on se dit : C'est
encore plus important pour eux, toute la question de la stimulation, toute la
question de l'accompagnement,
d'amener l'enfant dans un autre milieu pour, dans le fond, l'amener à
sociabiliser avec d'autres enfants,
de l'amener au niveau des apprentissages qui vont l'amener au niveau scolaire,
hein, au préscolaire, équivalant avec
ses petits copains et copines qui sont avec lui depuis un certain nombre d'années.
Donc, ces 65 places là qui... pour des enfants de 18 mois et plus et une
quinzaine de places aussi pour des poupons. Parce que ça, c'est l'autre chose.
On
veut que notre population augmente. On ne fait pas de sélection juste
sur : Votre enfant est-il né? Si vous voulez un travail, il faudrait que vous accouchiez avant
de venir et le rendre à un certain niveau. Après 18 mois, on pourra peut-être
trouver une place. Donc, ça n'a aucun sens. On veut amener des jeunes familles
à s'installer, donc il faut leur donner un contexte dans lequel ils ne
se poseront pas la question, à savoir : Est-ce qu'il y a aussi des places
pour des poupons? Et, là-dedans, on parle
d'un projet de 15 places réservées pour des poupons. Je vous dirais que je
n'avais pas cette sensibilité-là
autant. Mais, quand on rencontre plusieurs de nos électeurs puis qu'ils nous
font le détail des enjeux qui
tournent autour de ça, on ne peut pas rester insensible. On ne peut pas
dire : Bon, écoute, ils s'arrangeront. Ce n'est pas de même que ça marche, là. Travailler aussi
avec les gens qui administrent ces installations-là. Eux, là, je vous le dis,
ils étaient débobinés, là, quand ils ont vu
le scénario. Ils ont dit : C'est épouvantable, on va abandonner les
places. J'ai dit : Jamais! On va
les garder puis on va les développer. On va travailler ensemble à trouver une
solution qui va faire en sorte qu'on
va vous livrer les places et que vous allez pouvoir réellement avoir un impact,
dans le milieu, qui va être plus que bénéfique et qui va démontrer
aussi, clairement, notre volonté de les livrer, ces places-là.
Il
y a aussi toute la question de création d'emplois autour de ça. Nous, là, dans
l'enseignement supérieur, là, au cégep, là, il y en a qui disent que le
cégep, ça a l'air qu'il n'y a pas d'élève. Mais, je m'excuse, là, mais on fait
de la formation des étudiants, des
techniciens, techniciennes pour répondre aux besoins des gens en administration
pour, dans le fond, gérer ces
installations-là, les opérer dans le quotidien et tout le service du personnel
connexe pour l'opération. Donc, vous
comprendrez, M. le Président, ce n'est pas négligeable, c'est majeur comme
réalisation. Des fois, les gens ont tendance à banaliser, parce que, ah,
ce n'est pas une compagnie, hein, il n'y a pas un gros affichage.
Une voix :
...
M.
Bourgeois : Bien là, vous n'êtes pas sérieux, M. le Président. Ah!
vous êtes dur avec moi.
Bien,
écoutez, M. le Président, simplement, d'abord, un grand merci, Mme la ministre,
et votre équipe, parce que ça, on
n'aurait pas été capables de le faire sans votre équipe et votre collaboration.
Mais j'aimerais vous entendre sur justement cette préoccupation-là,
parce que j'en ai d'autres, projets, puis j'ai besoin de vous encore.
• (19 h 40) •
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le député d'Abitibi-Est,
d'avoir partagé une tranche de vie. Nous terminons. Mme la ministre, je
peux... Oui, il nous reste encore, si vous êtes d'accord, un petit 30 secondes,
là.
Mme
Charbonneau : ...tout simplement pour dire que, si vous aviez un doute si les députés venaient ici
préparés pour nous parler de leurs comtés puis de leurs soucis, vous en
avez la preuve dret là.
Le Président (M.
Picard) : ...M. le député. Donc, je tiens à remercier tout le
personnel qui accompagnait les parlementaires, les gens ici, à la table, aussi.
Adoption des crédits
Donc, nous sommes
rendus à faire la mise aux voix des crédits. Donc, le temps alloué à l'étude
des crédits budgétaires du volet Famille et lutte contre l'intimidation du
portefeuille Famille étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la
mise aux voix des crédits.
Le programme 1,
Planification, recherche et administration, est-il adopté?
M. Traversy :
Sur division.
Le Président (M.
Picard) : Sur division. Le programme 2, Mesures d'aide à la
famille, est-il adopté?
M. Traversy :
Sur division.
Le Président (M.
Picard) : Sur division. Le programme 4, Curateur public, est-il
adopté?
M. Traversy :
Sur division.
Adoption
de l'ensemble des crédits
Le Président (M. Picard) :
Sur division. Et l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Famille
pour l'exercice financier 2015‑2016 est-il adopté?
M. Traversy : Tout de même
sur division.
Documents déposés
Le
Président (M. Picard) :
Sur division. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition et je lève la séance.
Et la commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux mercredi 6 mai 2015, où elle se réunira en séance
de travail. Merci beaucoup et bonne soirée.
(Fin de la séance à 19
h 42)