(Seize
heures trois minutes)
Le
Président (M. Kotto) :
Bien, alors, à l'ordre s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et auditions
publiques concernant l'examen des rapports sur les activités du Fonds de
soutien aux proches aidants.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par Mme Nichols
(Vaudreuil); M. Bergeron (Verchères) par Mme Lamarre (Taillon).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Kotto) :
Et je comprends qu'il y
a consentement afin que le député de Rosemont
remplace la députée de Duplessis pour le reste du mandat et que la députée...
le député, dis-je, de Drummond—Bois-Francs remplace le député des Chutes-de-la-Chaudière pour la séance de
cet après-midi.
Aujourd'hui, nous recevons Baluchon Alzheimer et le réseau des Entreprises d'économie
sociale en aide à domicile.
Je
rappelle le temps alloué pour la période de présentation et la période
d'échange : 10 minutes pour l'exposé de l'organisme et 50 minutes
pour les échanges avec les membres de la commission.
Alors, je veux tout d'abord
souhaiter la bienvenue aux représentantes de Baluchon Alzheimer. Je vous
invite, mesdames, à vous présenter et à faire votre exposé. Vous disposez de 10
minutes pour votre présentation.
Baluchon Alzheimer
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Merci, M. le Président, mesdames messieurs les
députés et membres de la commission. Aujourd'hui, je suis accompagnée de deux collègues : à ma droite, Geneviève Ling, directrice des programmes et, à ma gauche, Izabela Piotrowski, directrice
des services cliniques, et moi-même, Anne-Élizabeth Pozzar, adjointe à la
direction générale.
Donc, permettez-moi tout d'abord de vous remercier
de nous avoir invitées à pouvoir donner notre opinion dans le cadre de cette consultation particulière.
Devant cette initiative du gouvernement du Québec et de la famille Chagnon
de mener cette politique qui relève
maintenant d'un enjeu de santé publique, nous tenons à souligner que nous
sommes très heureux puisqu'elle
permettra sûrement de pallier les situations difficiles que vivent les proches
aidants d'aînés au Québec et, dans une plus large mesure, de faire face
au défi du vieillissement de la population au Québec.
Donc,
nous présenterons d'abord notre organisme brièvement avant de nous exprimer sur
la gestion du Fonds de soutien aux proches aidants et L'Appui.
Donc,
Baluchon Alzheimer est un organisme communautaire québécois à but non lucratif
qui a vu le jour en 1999. Il est
unique au Québec, car sa mission consiste à offrir des services de soutien, de
répit et d'accompagnement de longue durée à domicile auprès des familles
dont un membre est atteint de la maladie d'Alzheimer. Notre service consiste à
mettre à la disposition de ces familles une accompagnatrice spécialisée,
compétente et formée que l'on nomme une baluchonneuse
pour remplacer l'aidant auprès de la personne malade. Elle propose un
encadrement de quatre à 14 jours, 24 heures sur 24, à domicile.
Baluchon
se distingue également des autres organismes par sa volonté de vouloir mettre
en place un accompagnement aux
aidants par la transmission de bonnes pratiques, de stratégies et d'habiletés
afin de diminuer le sentiment de fardeau qu'ils peuvent vivre. Baluchon,
c'est surtout 26 baluchonneuses qui parcourent 11 régions du Québec, soutenues
par huit membres administratifs. En 2013‑2014,
c'est 47 000 heures de baluchonnage qui ont été offertes, et, au 31
mars 2014, notre budget annuel s'élevait à plus de 1 million de
dollars. Depuis 2007, Baluchon entretient des liens étroits avec le ministère de la Santé et bénéficie d'un
financement récurrent. Il lie ses efforts à ceux du réseau de la santé où les
intervenants servent de pivot aux
demandes de service. Depuis 2007 également, les services de Baluchon sont
subventionnés à 60 % par le
ministère de la Santé, et, depuis 2011, Baluchon reçoit également un financement
du PSOC, le Programme de soutien aux
organismes communautaires, à hauteur de 256 000 $ par année. Cela
permet aux familles de recevoir nos services pour un reste à charge de
seulement 15 $ par jour. Mais, bien qu'une entente solide existe entre notre
organisme et le gouvernement et qu'elle nous assure un financement public
stable et pérenne, nous sommes actuellement dans une situation délicate.
Face
à un nombre toujours plus grand de demandes de répit par la population
québécoise, nous sommes aujourd'hui dans
une situation d'engorgement et nous nous voyons dans l'obligation de refuser
des demandes de répit pour plusieurs régions, notamment Montréal,
Lanaudière Nord et Montérégie, faute d'un manque de financement.
Relativement à L'Appui, Baluchon appuie
favorablement cet examen sur les activités du Fonds de soutien aux proches aidants et sur la gestion de L'Appui. Procéder à une telle évaluation permettra
d'optimiser l'utilisation de ce fonds, nous
l'espérons, ainsi qu'améliorer L'Appui. Mais notre organisme y voit aussi l'occasion d'exprimer que,
bien qu'il ait soutenu activement le
projet de loi n° 6, il n'en a jamais bénéficié en raison de la mention
d'exclusion énoncée à l'article 2 de
cette loi. Donc, malgré que Baluchon soit directement concerné par les
orientations de L'Appui, que ce soit dans sa mission, sa vision, ses valeurs, il n'a jamais reçu d'aide financière de sa
part comme cela peut également être le cas pour les autres organismes
qui ont rencontré le même critère d'exclusion à l'article 2 de la loi
n° 6. Du fait que Baluchon bénéficie d'un financement du réseau de la
santé via les agences de santé et de services sociaux, financement qui, rappelons-le, est limité, qui nous plafonne et qui
ne nous permet pas de répondre à toutes les demandes de la population, cela
nous exclut de recevoir un soutien financier de la part de L'Appui. Nous
déplorons alors la rigidité de la loi n° 6 relativement à cet article 2
parce que Baluchon contribue directement aux objectifs qui ont été définis dans
le cadre de cette loi et surtout parce que
Baluchon s'inscrit pleinement dans la volonté du gouvernement du Québec de
mettre en place des outils concrets pour permettre le maintien à
domicile des personnes âgées en perte d'autonomie.
Donc,
à la lumière de toutes ces considérations, nous proposons au ministre trois
recommandations axées, d'une part, sur l'assouplissement de l'article 2
de la loi n° 6, mais également sur l'élargissement du mandat de L'Appui.
Donc,
premièrement, nous recommandons de retirer la mention d'exclusion mentionnée à
l'article 2 de la loi n° 6 afin que des organismes comme Baluchon,
bénéficiant déjà d'un soutien du gouvernement via le ministère, puissent également percevoir de l'aide financière de
L'Appui pour la pérennisation de sa prestation de services et ne plus se
retrouver dans une situation d'engorgement ou de stagnation comme c'est
actuellement le cas.
Deuxièmement,
nous recommandons d'élargir le mandat de L'Appui national pour qu'il devienne
le répondant des appels d'offres des
organismes nationaux et qu'il ne soit plus relégué à un rôle de second plan
derrière les Appuis régionaux; en fait, que celui-ci possède un pouvoir
décisionnel.
Enfin,
troisièmement, nous recommandons à ce que les organismes communautaires
provinciaux puissent avoir des sièges
réservés sur le conseil d'administration de L'Appui national. Il est essentiel,
selon nous, d'impliquer sur le conseil d'administration des acteurs qui
travaillent directement sur le terrain, directement en lien avec les aidants
qui sont en demande de répit et qui savent appréhender le milieu si singulier
de l'aidance.
Et,
pour conclure, nous aimerions insister en rappelant que le maintien — mais surtout la protection — de ce fonds de soutien aux proches aidants est essentiel et qu'il doit rester à
l'emploi exclusif de ce pour quoi ce fonds a vu le jour initialement. En
d'autres termes, cela signifie que nous préconisons de sauvegarder ce fonds,
mais surtout de le garder dédié aux proches aidants. Je vous remercie.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Kotto) : Alors, merci pour votre présentation. Nous allons
maintenant débuter la période d'échange.
J'invite donc les membres à échanger avec les invités, en commençant par les
députés formant le gouvernement. M. le député de Montmorency a la
parole.
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Alors, bienvenue. Merci d'avoir
accepté notre invitation. On est heureux de vous recevoir et de pouvoir mieux comprendre votre organisme et de
comprendre également la situation que vous nous décrivez.
Je
vais aller rapidement au niveau des questions. En ce qui regarde les demandes
que vous avez déposées au niveau de
L'Appui, est-ce que ces demandes-là pourraient considérer de nouveaux services
ou des ajouts ou si c'était strictement par rapport à l'administration actuelle de vos activités? Est-ce qu'il y
avait des nouvelles choses ou des nouveaux projets qui étaient déposés
dans le cadre de ces demandes-là?
Mme
Ling (Geneviève) : Bon, en fait, c'est une excellente question.
Dernièrement, en 2012‑2013, nous avons fait
une demande auprès de L'Appui pour un projet innovateur. Étant donné que, déjà,
selon les critères, comme nous l'avions
mentionné dans le mémoire, on a toujours considéré qu'on était un peu exclus de
fonds gérés par L'Appui parce que
nous recevions déjà des fonds du gouvernement... Toutefois, en 2012‑2013, on a
proposé un projet qui rejoignait, qui impliquait, en fait, trois
organismes communautaires, dont la Société Alzheimer de Montréal, la société
Kéroul et nous-mêmes, afin d'aider les aidants
à pouvoir sortir. Nous, quand on offre notre service, on demande aux aidants de
quitter le domicile pour aller à un
autre endroit, pour qu'ils se ressourcent. Ça peut être inconvénient pour
certains. On a des projets mis en place là-dessus.
Mais, spécifiquement,
ce projet-là de 2012‑2013 était pour organiser une espèce de ressourcement pour
quelques aidants qui participaient... qui souhaiteraient participer, les amener
à Charlevoix. On avait la place, on avait l'endroit.
À ces endroits-là, on aurait permis d'avoir un support psychosocial, aussi, une
situation pour les écouter, les entendre
et travailler avec eux sur les stratégies, mettant à profit, donc, les
expertises de Baluchon dans les stratégies aux proches aidants, les compétences de la Société Alzheimer auprès de
l'écoute et du counseling puis également de Kéroul, qui était un organisme qui aidait à trouver des
endroits touristiques abordables, et faisables, et réalisables. Alors, c'est un
projet qu'on avait trouvé, justement,
innovateur, qui répondait aux critères de proches aidants puis,
malheureusement, qui n'a pas été accepté à ce moment-là.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme Ling. M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Ça n'a pas été accepté à ce moment-là par L'Appui national
ou ça a été présenté de façon régionale?
Mme Ling (Geneviève) : À L'Appui de
Montréal.
M. Bernier : À L'Appui de
Montréal, O.K. Donc, vous êtes allés directement au niveau de L'Appui Montréal,
donc ce n'était pas au niveau de L'Appui national.
Mme Ling
(Geneviève) : Non, parce que ce qu'on a compris, en fait, de la
gestion de L'Appui, c'est que L'Appui
national n'a pas de pouvoir décisionnel sur l'attribution des fonds, mais
plutôt un pouvoir, en fait, d'information puis de partage de cette
connaissance-là, mais que chacune des régions — et des appuis de chaque
région — avait
elle-même le pouvoir de décider d'appuyer ou non un projet.
D'ailleurs, c'est peut-être une question que quelqu'un pourra nous poser, mais, étant donné que... Je vous devance juste
un peu parce qu'on s'est posé souvent cette question-là,
c'est que Baluchon Alzheimer est un organisme
communautaire national. Notre but, c'est d'aider les aidants, qu'ils se
retrouvent à Chibougamau, à Montréal, à Repentigny ou à Portneuf; on veut aider puis on veut être présents. Notre
offre de services, elle est la même d'un côté à l'autre du Québec. Actuellement,
nous desservons 11 régions qui ont une entente signée avec Baluchon. Ce n'est
pas qu'on ne veut pas aller aux autres
endroits, c'est qu'il n'y a pas d'entente ou que les services ne sont pas
demandés. Alors, pour nous, quand on propose un projet, on veut le
proposer à l'ensemble des aidants du Québec parce qu'on a les ressources pour
le faire et non pas favoriser une région où L'Appui a davantage de fonds ou est
plus impliqué.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme Ling.
M. Bernier :
...certaines régions, vous avez, bon, des difficultés à pouvoir donner un
service plus important. Est-ce qu'il y a eu des demandes qui ont été faites,
additionnelles, au niveau du
ministère de la Santé, par rapport à votre financement qui est fourni
par le ministère de la Santé? Est-ce qu'il y a eu des demandes de faites par
rapport à ça?
Mme
Ling (Geneviève) : Oui, des demandes ont été faites et refaites. En
fait, c'est une situation à laquelle on a fait face l'année dernière également. C'est une chanson qu'on a
pratiquée quelques fois au ministère en disant... En fait, c'est qu'on offre un service qui est tellement
organisé maintenant et connu que les gens le demandent. Les intervenants
pivots, dont parlait Mme Pozzar, sont
les gens du CLSC qui nous réfèrent les cas, puis, des fois ils ne sont pas au
courant, mais l'enveloppe budgétaire
de certaines régions est coupée, et cette enveloppe budgétaire là n'est pas
transférable d'une région à l'autre, c'est très, très fermé, alors ce
qui fait que, par exemple, Montréal, Lanaudière Nord et Montérégie, depuis cet
été, depuis juin 2014, n'a plus de journée disponible pour le baluchonnage, et
ce, jusqu'au 31 mars 2015.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme Ling.
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Avec Mme Guylaine Martin, la...
Le Président (M.
Kotto) : Oui, Mme Pozzar. C'est juste pour l'enregistrement des
noms.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Avec Mme Guylaine Martin, qui est donc la
directrice générale de Baluchon, nous avons envoyé depuis cet été deux
rapports au ministère expliquant, avec des graphiques et en détail, pour ces
trois régions-là qui sont en situation difficile, à quel point nous manquions
de financement, et nous n'avons pas eu de retour
jusqu'à présent. Mais sachez que nous avons à plusieurs reprises, entre
guillemets, appelé au secours pour dire que nous n'avions plus de jours
subventionnés et que nous ne pouvions plus répondre aux demandes.
M. Bernier :
Et cette demande-là a été faite au niveau du ministère, au niveau central...
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Oui, directement du ministère, oui.
M. Bernier :
...dans une vision pour l'ensemble du Québec.
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Oui.
M. Bernier :
O.K. Je vais laisser à mes collègues la possibilité de poser leurs questions
également.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Sherbrooke a levé la main. À vous la
parole.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président, à mon tour de
vous souhaiter la bienvenue, mesdames, à
l'Assemblée nationale. J'aimerais aborder avec vous votre troisième
recommandation. On a reçu plusieurs groupes la semaine dernière, et,
dans plusieurs cas, il a été effectivement question de la gouvernance, oui, au
niveau de L'Appui national, mais beaucoup au niveau des Appuis régionaux.
Dans
votre troisième recommandation, vous adressez une recommandation pour L'Appui
national. Vous dites que vous
souhaitez que des organismes communautaires provinciaux puissent avoir des
sièges réservés sur le C.A. de L'Appui
national. Alors, je voulais tout simplement savoir qu'est-ce qui motivait cette
recommandation-là. Est-ce que vous avez l'impression que la structure
actuelle peut pénaliser — disons,
peut-être pas la structure actuelle, mais la composition actuelle du conseil
d'administration puis, oui, de L'Appui national, mais peut-être des appuis
régionaux aussi — certains
organismes de voir leurs projets reconnus ou d'être subventionnés à la hauteur
désirée? Et, si oui, avez-vous des exemples concrets?
Le
Président (M. Kotto) : Mme Ling.
• (16 h 20) •
Mme Ling
(Geneviève) : Merci. Oui, bien, en fait, l'intérêt qu'on a à avoir un
représentant d'un organisme communautaire
national sur L'Appui national est évidemment pour faire partager de
l'expérience, des besoins réels que des
organismes, tel Baluchon... puis on s'entend qu'on ne demande pas à ce que
Baluchon soit sur le C.A. de L'Appui national,
mais qu'un organisme qui couvre le Québec, donc qui a des réalités différentes — ce n'est pas la même chose
d'intervenir effectivement sur la Rive-Sud de Montréal qu'au Saguenay — donc
d'avoir cette audition-là également et cette
voix-là au dossier. Là où nous, on se fait souvent dire de faire attention,
c'est qu'étant donné qu'on va avoir un service
équivalent dans tout le Québec, donc de façon nationale, bien, on n'est pas
entendus. On est une petite équipe, hein, nous sommes huit
administrateurs... bien, huit dans l'administration, pas administrateurs du
tout, mais dans l'administration. On ne peut
pas se permettre... On n'a pas le temps ni les ressources financières ou
monétaires pour faire des projets
dans chacune des régions, dire : Voici, on a un projet pour nos aidants,
on va le déposer à tel appui, on va le déposer...
Puis chaque appui, comme bien des
organismes, et c'est tout à fait normal, fonctionne
avec ses propres règles, sa propre
gestion, et c'est très bien ainsi. Mais, quand nous, on souhaite aller demander
un projet qui ratisse plus large, qui
veut couvrir l'ensemble du Québec, c'est là, où, nous, le bât blesse un peu.
Alors, c'est pour ça, notre suggestion : qu'il y ait quelqu'un du communautaire, d'un communautaire provincial,
national sur un comité de gestion de fonds qui devrait être national
aussi, alors pour qu'il y ait une représentation de la réalité. C'est dans ce
sens-là aussi.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Sherbrooke.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Donc, je veux juste être certain de bien
comprendre. Donc, c'est : comme vous êtes une petite équipe, et vous voulez un peu maximiser vos ressources, et
vous n'avez pas les moyens justement d'adresser vos demandes dans chaque appui régional; ce n'est pas... Vous ne faites
pas cette recommandation-là parce que vous avez l'impression que vous
avez été défavorisés dans le passé.
Mme Ling
(Geneviève) : Peut-être que, bien, en fait, on a été défavorisés dans...
Le Président (M.
Kotto) : Me Ling.
Mme Ling
(Geneviève) : Oui. Pardon. Ou... Oui?
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Oui.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Pozzar.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Oui. Je pense que cette recommandation-là,
elle a été plus pensée en fonction de
vouloir bien représenter, à L'Appui national, les réalités qui peuvent exister
sur le terrain parce que, souvent, c'est vrai qu'il peut y avoir une petite distance entre ce qui se passe en haut de
la pyramide et en bas. Et, en n'ayant pas seulement des aidants, parce que je pense que c'est déjà le
cas sur le conseil d'administration de L'Appui national, mais d'avoir des
professionnels, comme on a à Baluchon, qui
travaillent directement avec les familles, qui connaissent les difficultés au
quotidien, cela peut vraiment refléter les
besoins qu'il peut y avoir, et, à ce moment-là, prendre les orientations adéquates.
Ça, c'est un premier point.
Après,
je vais le citer textuellement : Il est explicitement prévu, dans
l'allocation du fonds attribué à L'Appui, qu'au moins 75 % du fonds de la société de gestion soutiennent des
services pour les personnes... pour les aidants, pardon, de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou
maladies apparentées. Donc, c'est sûr que nous, on se sent directement concernés parce que c'est notre première
clientèle, et l'unique, et exclusive, donc cela est d'autant plus, pas normal,
mais presque évident qu'un organisme comme Baluchon puisse avoir une
place réservée sur le conseil d'administration de L'Appui national.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Bienvenue, mesdames, et on vous
salue pour le travail essentiel que vous faites.
Évidemment,
nous avons un mandat pour examiner, évaluer les structures en place à la suite
de l'adoption du projet de loi. Mais
c'est un incontournable de ne pas prendre l'opportunité pour creuser, explorer
l'ampleur du besoin et l'ampleur de
la problématique. Ça me frappe que votre travail, assez répandu quand même,
touche quelque 1 500 familles dont il y a un membre atteint d'Alzheimer. Tout à fait impressionnant. Mais on note
en même temps qu'on parle de quelques — 10 fois plus — 105 000
familles touchées par cette problématique-là. Alors, je vous invite de nous
parler un petit peu de comment vous sélectionnez les familles que vous
êtes en mesure d'aider. Si vous avez des idées sur le comment pour 90 % de
familles qui sont, j'imagine, souvent,
souvent à la recherche du répit, mais dont on n'est pas en mesure de répondre à
l'appel actuellement...
Le Président (M.
Kotto) : Mme Piotrowski.
Mme
Piotrowski (Izabela) : Oui. Donc, nous, comment qu'on fonctionne?
C'est qu'on travaille en étroite collaboration
avec le réseau de la santé. Donc, les demandes de baluchonnage sont transférées
de la travailleuse sociale au bureau
de Baluchon. Donc, quand on reçoit la demande, nous, on l'analyse, on
communique avec la famille. On passe environ
une heure de temps au téléphone avec la famille pour ouvrir une fiche
d'inscription, pour bien connaître la réalité de l'aidant, de l'aidé qu'on va accompagner. Ensuite, je fais le
parrainage entre la baluchonneuse et la famille. Donc, la famille... La
baluchonneuse va sur place.
Et,
en fait, comment que les familles reçoivent notre service? C'est qu'il y a
notre directrice générale qui va... qui
fait beaucoup de promotion, qui va dans différents endroits pour parler de
Baluchon Alzheimer. Et, en fait, elle est beaucoup en lien avec les agences. Donc, on travaille dans 11 régions,
et c'est vraiment son travail à elle d'aller faire de la promotion et de parler de Baluchon. Puis, une fois
que la famille, elle a utilisé le service, dans les petites régions, ça va
du bouche à oreille. Aussi, les familles,
quand elles sont dans des groupes d'aidants, comme à la Société Alzheimer,
elles se parlent souvent : Ah!
j'ai reçu le service de baluchonnage, ça a bien été. Et donc, là, la famille
communique avec nous.
Parce
que c'est sûr qu'on offre du répit à long terme, de quatre à 14 jours, 24
heures sur 24, donc accepter quelqu'un d'étranger
à la maison, il faut vraiment avoir confiance au bureau. Donc, ça va bien. Une fois que le service est
accepté, la baluchonneuse... C'est
des femmes qui sont bien... Elles connaissent bien leur travail. Donc, une fois
qu'elles sont sur place, elles sont
capables de rentrer en lien de confiance avec la famille et l'aider, et l'aidant
quitte, et, après ça, il redemande le service.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le
Président. En même temps, on a à s'entendre sur le fait qu'il y a
plus que 100 000 familles à la recherche de ce répit-là qui ne
sont pas en mesure d'être aidées actuellement.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Ling.
Mme
Ling (Geneviève) : Merci. Bien, en fait, pour compléter, c'est
qu'effectivement ce que Mme Piotrowski disait,
c'est qu'on sait qu'il y a beaucoup de familles... Le premier entonnoir se
passe au niveau des CLSC et des intervenants qui sont au courant des budgets qui leur sont alloués. Le seul frein que
nous avons, à l'heure actuelle, est une question de financement. Chaque région a un budget spécifique. Chaque agence a
déterminé, selon ses CSSS, quel argent sera remis. Dans certains coins sur la Rive-Sud de Québec, il
y a seulement cinq jours pour tous leurs CSSS, pour toutes les familles par année. D'autres régions ont plutôt... Vous
avez vu les chiffres, on parle de 200 quelques jours par année par
famille.
Alors,
nous, le choix, il est surtout déporté au CLSC, qui est au courant de son
budget, puis ils font la première grille.
Nous, quand on les prend au bureau, il y a une analyse clinique pour voir si on
est en mesure de pouvoir leur offrir un
service adéquat et professionnel, évidemment, ce qui est pas mal toujours le
cas. On refuse très, très peu de dossiers quand ils nous arrivent.
Mais
la façon d'aider, elle est très, très simple : pour aider les
100 quelques mille plus aidants avec un service comme Balluchon Alzheimer, c'est d'avoir plus de
budget, d'avoir un soutien financier évidemment plus important. À la
fois simple et très complexe.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Ce qui m'amène, M. le Président, à une question sur vos recommandations qui
touchent au financement éventuel de vos
services essentiels. Et j'essaie de comprendre, parce qu'il y a une
recommandation où on parle, et vous en
avez fait mention tantôt, à l'idée d'élargir le mandat de L'Appui national.
Mais, en même temps, votre lecture de
la loi actuelle ne le permettrait pas, de vous aider, compte tenu que vous êtes
déjà financés. Alors, comment vous
réconciliez ces deux recommandations? Y a-t-il une façon de faire avancer votre
cause sans avoir recours à faire des modifications à la loi?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Pozzar.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Jusqu'à présent, on n'a pas envisagé
d'autres possibilités, à moins qu'il y ait vraiment une modification dans la loi. Parce que la loi, c'est au-dessus
de tout, c'est ce qui nous arrête. Donc, tant que la... Il faut que le
règlement change, parce qu'il faut qu'on respecte le règlement.
Donc,
à l'heure où on en discute, c'est sûr que c'est notre premier obstacle. On a
besoin de plus de financement et,
pour avancer, bien, ça prend certaines modifications, et probablement que, si
on veut potentiellement avoir ou obtenir un soutien financier de
L'Appui, ça passerait d'abord par l'exclusion de cette mention dans l'article 2
de la loi n° 6.
M.
Birnbaum : Et donc, une fois que cette... advenant une modification à
la loi, ce serait intéressant, de votre lecture, que L'Appui national
ait le mandat décisionnel.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Advenant d'une modification dans la loi,
c'est sûr que nous, après, si on fait une
demande, qu'on effectue une demande auprès de L'Appui national, on agrandit...
on agrandira nos chances de pouvoir avoir un retour plus positif. Mais,
avant ça, c'est plus difficile.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la députée de Crémazie.
Mme Montpetit : Merci.
Peut-être simplement pour continuer sur les précisions que vous nous apportez
sur les relations avec les CSSS,
simplement pour m'assurer de bien comprendre. Ce que vous nous dites, c'est que
100 % du référencement est fait
par le réseau de la santé, par les CSSS directement. Et, si c'est le cas,
simplement aussi pour bien comprendre,
par qui ce référencement-là est fait? Est-ce que c'est par le médecin de
famille du patient? Donc, vous allez nous l'expliquer.
Et
je comprends donc, c'est ça, vous nous parlez de goulot d'étranglement, donc ce
n'est pas 100 % des gens qui pourraient être référés qui le seront
vers le baluchon.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Ling.
• (16 h 30) •
Mme
Ling (Geneviève) : Bien, en fait, il y a deux questions, dans cette
question-là, si je comprends bien. Ce n'est pas 100 % des accompagnements qui sont référencés, en fait...
référés par le réseau de la santé. Il y a un petit pourcentage, dû à un assouplissement de l'entente que nous
avions eue avec le gouvernement à l'époque, qui nous a permis d'accepter
des baluchonnages aussi qu'on va qualifier
de non subventionnés. Dans la mesure où la famille peut débourser un peu
plus de frais, la fondation, puis Baluchon
Alzheimer, peut prendre une partie du paiement.
Donc, on a une petite... Les familles, si elles sont en moyens, parce
qu'on s'entend que c'est plus cher, peuvent avoir recours à Baluchon et ainsi passer directement par Baluchon et non pas par leurs CSSS. On
recommande toujours, par contre, de passer par le CSSS afin d'ouvrir la possibilité d'ouvrir le dossier.
Puis, si jamais il y a de l'argent qui est de retour pour ce budget-là, ils pourront
passer par un baluchonnage subventionné, oui.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée de Crémazie.
Mme
Montpetit : Bien, simplement pour les deuxième et troisième volets,
c'est ça, par qui, dans le fond, la référence
se fait au sein du CSSS, et à quel point la proportion de gens qui pourraient
être référés arrive vraiment au
niveau de vos services?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Ling.
Mme
Ling (Geneviève) : Oui,
bien, en fait, c'est le travailleur social, la travailleuse sociale qui, la
majorité des cas, réfèrent les
dossiers. C'est eux qui font l'évaluation, qui jugent du besoin. Normalement, ce qu'ils font également, c'est
qu'après discussion en services puis avec le programme ils vont décider de
quelle famille a besoin d'un répit 24 heures sur 24, entre quatre et 14 jours et, eux, vont faire leurs
priorités. Selon les régions, ils auront des priorités différentes. Donc,
c'est vraiment l'intervenante
sociale, en fait, qui sera impliquée à ce niveau-là. Et ce n'est pas... Les
statistiques pour savoir combien de
gens sont refusés, on ne les a pas parce
qu'ils ne nous appellent pas. De temps en temps, ils nous appellent en grand
dépit, en disant : Bien, j'ai des familles qui pourraient aller te voir,
mais on sait qu'on n'a plus de journée, qu'est-ce qu'on fait? Ils vont appeler même un an et plus d'un an
d'avance pour dire : Est-ce qu'on peut empiéter sur l'année prochaine déjà,
pour voir. On n'a pas ces statistiques-là, c'est vraiment demandé au CSSS, oui.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Montmorency, vous aviez une question.
M.
Bernier : Oui, j'ai une
dernière question à vous poser. Vous avez ouvert une petite
lumière, là, que je veux vous poser
comme question. Au moment où une famille communique avec vous directement, O.K., la famille a, soit au niveau financier, des possibilités ou elle a des
assurances, à ce moment-là, est-ce
qu'elle peut transiger directement avec vous et vous payer directement? Est-ce qu'il y a une partie de vos opérations, de vos budgets
qui sont financés directement
par les familles sans passer par de l'aide financière gouvernementale?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Piotrowski.
Mme
Piotrowski (Izabela) : En
fait, on a, lorsque les journées subventionnées ne sont plus
disponibles, ce qui est le cas dans
la région de Lanaudière Nord, Montréal et Montérégie... Donc, la famille, elle a la
possibilité de communiquer avec nous directement, et on a la fondation Baluchon
Alzheimer qui va payer une partie du baluchonnage. Donc, la famille, elle paie 100 $ par jour, mais la fondation,
elle a un budget limité, donc on permet juste 10 jours de baluchonnage non
subventionné par mois. Donc, moi, en ce
moment, j'ai déjà des familles qui m'appellent dans les régions où c'est qu'on
n'a plus de journée subventionnée pour avoir
un baluchonnage non subventionné, mais c'est déjà pris parce qu'il y a juste
10 journées. Donc, on n'a pas assez d'argent dans la fondation pour toutes ces...
M. Bernier :
Puis pour la famille, à ce moment-là, c'est 100 $ pour la journée?
Mme
Piotrowski (Izabela) : Oui. Donc, nous, on encourage que ce soit
toujours... comme Mme Ling l'a dit, de passer
par le CLSC et le CSSS, parce qu'on veut que le service reste abordable et
équitable et que toutes les sociétés... bien, en fait, les personnes
puissent avoir accès, que ce soit un service abordable.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Pozzar.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Merci. Juste pour information, une journée
non subventionnée coûte à Baluchon 350 $
ou proche de 350 $, et, c'est sûr que, si la famille donne seulement
100 $, ça sort directement du budget de Baluchon. Donc, pour nous, c'est à perte. Nous, on...
Pourquoi on est limité à 10 jours? C'est parce que ça viderait nos comptes,
tout simplement. C'est nous qui faisons la balance.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député, c'est bon?
Une voix : ...
Le
Président (M. Kotto) : O.K. Alors, d'autres questions du côté
gouvernemental? Nous allons passer du côté de l'opposition, avec la
députée de Taillon.
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. Alors, bienvenue. Merci d'être là.
Merci de témoigner de votre travail. Vous
vous distinguez, je crois, beaucoup de plusieurs autres organismes qu'on a
entendus par la durée du baluchonnage que vous offrez, du gardiennage.
Est-ce que
vous êtes capables de nous parler de comment ça répond ou comment vous vous
distinguez et pourquoi, quelle est la
pertinence de maintenir ce quatre jours à 14 jours? Peut-être par des
expériences de certains patients, sans prendre
trop de minutes parce qu'elles sont toutes comptées. Mais le choix que vous
avez fait ou qui vous a été imposé... ou
je ne sais pas comment vous avez décidé ça, mais pourquoi ce n'est pas
seulement 24 heures, par exemple, mais pourquoi d'emblée c'est toujours
quatre jours à 14 jours?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Piotrowski.
Mme
Piotrowski (Izabela) : En
fait, il y a déjà d'autres services, comme la société Alzheimer,
je crois, qui donne du répit de moins de trois jours. Donc, nous, c'est vraiment
4-14 jours, 24 heures sur 24. C'est vraiment des journées consécutives parce qu'on veut que l'aidant
puisse quitter la maison et aller se reposer. Donc, aussi, si le minimum, c'est
quatre jours, donc, au fond, ça fait trois
nuits. Donc, on veut vraiment qu'il puisse aller se reposer, oublier, reprendre
ses énergies.
Et on se
distingue aussi par le journal d'accompagnement. Donc, la baluchonneuse qui est
sur place, elle rédige un journal
d'accompagnement, donc elle fait des observations. Et aussi elle donne des stratégies
pour alléger le fardeau quotidien des
familles. Donc, quand on ouvre le dossier avec la famille, on leur
demande : Qu'est-ce que vous trouvez le plus difficile au quotidien? Disons que c'est le manque de sommeil ou
les soins d'hygiène, donc, la baluchonneuse va vraiment porter attention
à ça pendant le baluchonnage pour pouvoir trouver des stratégies qui vont
pouvoir aider la famille et garder à domicile le plus longtemps possible la
personne.
Mme Lamarre : ...rapport aussi au CLSC
qui vous avait référés ou à l'organisme qui vous avait référés?
Mme
Piotrowski (Izabela) : Oui.
On travaille en collaboration avec les travailleurs sociaux, les intervenants.
Donc, moi, si, pendant un baluchonnage, la
baluchonneuse remarque quelque chose ou n'est pas certaine des... il y a des
choses à mentionner, donc moi, je communique
directement avec la travailleuse sociale, et je lui
dis : Ah, bien, peut-être
qu'il faudrait aller voir qu'est-ce qu'il se passe auprès de cette famille
et... Donc, il y a déjà des interventions qu'on a faites, puis ça a bien
été.
Mme Lamarre : Vous avez parlé
d'autres sources de financement, là, à partir de certains frais. Ça représente
à peu près quelle proportion à peu près de votre budget de 1 million de dollars?
Mme Ling (Geneviève) : Votre
question c'est?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Ling.
Mme Ling (Geneviève) : Pardon.
Mme
Lamarre : Vous avez des sources gouvernementales pour le financement
puis vous avez quelques sources supplémentaires. Quelle proportion...
Comment ça se répartit en proportion?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Pozzar... Mme Piotrowski.
Mme
Piotrowski (Izabela) : On est subventionnés par le ministère... par le
gouvernement à 60 %. On a le PSOC.
Mme Ling (Geneviève) : Le PSOC.
Une voix : ...
Mme Ling (Geneviève) : On a aussi...
Pardon, on a la... Pardon, oui.
Le
Président (M. Kotto) : Je vous en prie.
Mme
Ling (Geneviève) : Le ministère de la Famille et des Aînés, le PSOC et
puis évidemment le programme qui
avait été instauré à l'origine pour nous. Il y a aussi un pourcentage...
40 % se sépare en pourcentage de la cotisation des familles, qui paient minimalement 15 $
par 24 heures, et puis des dons privés qui nous viennent aussi pour
compléter le budget.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : Merci. Donc, votre demande d'abolir l'article... vous
voudriez pouvoir également vous joindre aux autres organismes qui peuvent bénéficier de la fondation Appui.
Quels seraient les critères qui feraient que vous vous qualifieriez,
compte tenu que vous avez quand même un statut particulier?
Des voix :
...
Le Président (M.
Kotto) : Mme Ling.
Mme Ling
(Geneviève) : Oui, pardon. Bien, en fait... C'est parce qu'on est très
enthousiastes au Baluchon, on y croit
beaucoup, on veut toujours tous répondre en même temps. C'est que Baluchon a à
coeur l'aidant, a à coeur d'aider l'aidant
qui a décidé consciemment d'accompagner un être proche à domicile dans des
moments qui ne sont pas simples. Puis il n'y a aucun aidant qui est
formé comme infirmière, comme médecin ou intervenant social.
Plusieurs
aidants sont atteints maintenant de détresse psychologique, de santé. Les
chiffres qui semblent sortir sont
époustouflants. Il y a beaucoup d'aidants qui vont être malades et hospitalisés
avant la personne atteinte d'une maladie Alzheimer ou d'une maladie
apparentée, qui, même, en décéderont avant la personne atteinte, tellement la
détresse...
Baluchon,
comme L'Appui... comme le but de ce fonds-là qui a été créé est d'aider ces
aidants-là à les soutenir, donner des
stratégies pour les encourager à poursuivre ce rythme-là, ce but-là qu'ils ont
choisis, cette façon-là de faire qu'ils
ont choisie. En assouplissant la loi, ça nous permet, à Baluchon, de temps en
temps, tant qu'on n'aura pas un budget bonifié...
On l'espère, dans les prochaines années, étant donné la réalité. D'assouplir la
loi permettrait à Baluchon d'aller cogner à la porte de L'Appui — encore
une fois, on a les mêmes valeurs, la même mission, le même but et le même mandat — puis de dire : Est-ce que vous pouvez
nous aider pour cette année-ci afin de supporter davantage de familles,
pour cette année-ci?
Également,
le Baluchon, ce n'est pas seulement un organisme qui reste assis sur, déjà, ses
connaissances, on est toujours à la
recherche d'idées innovatrices, comment on peut intervenir davantage, comment
on peut intervenir différemment et être à l'écoute.
Quelqu'un posait la
question : Est-ce qu'on est capables de vérifier l'apport positif qu'on a?
On est en plein processus de recherche, que
nous avons subventionnée grâce à un don... un fonds de la CADA, je crois, afin
de déterminer le rôle et l'impact de
Baluchon chez les aidants dans leur statut psychologique, dans leurs
stratégies, et tout ça. Donc, ça nous aiderait également à pouvoir faire
preuve de projets innovateurs.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : Une toute dernière question avant de remettre la parole à
notre président : Avez-vous rencontré la ministre depuis son entrée
en fonction?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Pozzar, oui.
• (16 h 40) •
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Oui. Pas à ma connaissance, malheureusement.
Mme Lamarre :
Et vous en avez fait la demande?
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) : Ah oui! On s'est adressés au ministère de la
Santé. On s'est adressés... Oui, on
demandait une rencontre pour pouvoir échanger sur, éventuellement, comment
pouvoir débloquer du financement et pouvoir exposer notre situation,
voir comment on aurait pu trouver des solutions ensemble.
Mme Lamarre :
Merci.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Rosemont.
M.
Lisée : Oui, alors, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue,
de vous féliciter pour votre travail. Si je comprends bien, le baluchonnage, c'est un concept que vous
avez développé, qui n'existait pas avant vous et que... Maintenant, je vois
qu'en Belgique vous avez une organisation soeur qui s'en inspire? C'est bien
ça?
Des voix :
Oui.
M. Lisée : Comment est-ce que
les baluchonneuses sont formées ou sélectionnées?
Mme
Piotrowski (Izabela) : Je peux répondre.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Piotrowski.
Mme
Piotrowski (Izabela) : En fait, les baluchonneuses, c'est... Ce qu'on
a dans l'équipe, on a des anciennes infirmières,
des anciennes préposées ou des aidants... des baluchonneuses qui elles-mêmes
ont eu un parent atteint de la maladie
d'Alzheimer, donc qui connaissent bien la maladie. Et, quand on les engage,
elles ont une formation de 35 heures, au
début, sur la maladie et sur ce qu'est l'accompagnement pour Baluchon et elles
ont deux ressourcements par année de 15 heures. C'est encore de la formation.
M.
Lisée : Alors, je vois que vous avez un taux de satisfaction de
près de 100 %. Et comment faites-vous le contrôle de qualité?
Mme
Piotrowski (Izabela) : En fait, après chaque baluchonnage, on envoie à
la famille un questionnaire — c'est à peu près 10 questions — et on leur demande comment qu'ils ont trouvé
le baluchonnage, les points positifs, négatifs, est-ce que le journal
d'accompagnement a été utile ou non.
Mme Ling
(Geneviève) : ...
M. Lisée :
Oui.
Le Président (M.
Kotto) : Oui, allez-y.
Mme
Ling (Geneviève) : ...pardon, mais rajouter que nous avons également
une conseillère aux familles et aux baluchonneuses.
La conseillère de Baluchon appelle, après chaque baluchonnage, chacune des
familles pour voir... pour ouvrir une première porte, un peu à chaud, à
vif, quand la transition s'est faite, afin de déjà aller tâter le terrain, voir
est-ce que ça s'est bien passé ou non. En
plus du formulaire. Puis, encore une fois, je vous mentionne la recherche qui
est en cours, pour laquelle nous aurons les
résultats en 2016, qui vise justement à voir quelle est la réalité de l'impact
de Baluchon et comment son service arrive à maintenir une qualité puis
un professionnalisme.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Rosemont.
M.
Lisée : Est-ce qu'il y a... Bon, vous dites : Le
baluchonnage se fait de quatre à 14 jours. Évidemment, je suppose qu'il
y a certains aidants dont les besoins sont plus grands, dont la détresse
psychologique ou la détresse physique... Est-ce
qu'il y a un maximum de recours par année ou... Comment est-ce que vous
calibrez la demande de baluchonnage par aidant?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Piotrowski.
Mme Piotrowski
(Izabela) : C'est de quatre à 14 jours. Ça varie d'une région à
l'autre. Il y a des régions qui acceptent juste sept jours par famille, mais,
des fois, on peut accompagner une famille qui peut avoir jusqu'à 21 jours d'accompagnement, mais non consécutifs parce que
c'est vraiment 14 jours pour que la baluchonneuse, aussi, puisse aller...
être reposée quand elle fait les
accompagnements. Mais, nous, en fait, c'est que, quand on reçoit la demande du
CLSC, si le nombre de jours est autorisé, signé par le chef de programme,
donc nous, on les attribue aux familles.
M.
Lisée : O.K. Donc, c'est l'intervenant pivot qui... ou la
personne responsable du dossier qui va justifier ou qui va autoriser un
nombre de jours x selon les besoins de l'aidant et de la personne.
Mme Piotrowski
(Izabela) : Oui.
M.
Lisée : O.K. Donc, vous référez évidemment au CSSS. Et vous
n'êtes pas sans savoir que les CSSS vont passer à la moulinette si le
projet de loi déposé la semaine dernière est adopté. Comment voyez-vous cette
réforme-là et les répercussions qu'elle peut avoir sur votre travail?
Mme
Ling (Geneviève) : Oui. En fait, la première inquiétude, ce n'est
qu'une inquiétude, en fait, mais la seule chose qu'on se... où on se questionne puis on a hâte d'avoir les
réponses, on est certains qu'on a... nous aurons oreille pour nous écouter, c'est qu'à l'heure actuelle ce
sont les agences qui gèrent le budget et les ententes avec Baluchon. Alors,
si la rumeur tient puis qu'il n'y a plus
d'agence, alors, qui sera responsable de signer les ententes? Nous, peut-être,
ça nous donnera un coup de main pour
faire ça de façon plus générale puis dire : Voici le baluchonnage, ou
peut-être que ça sera également... on
va se retrousser les manches puis repenser les ententes. C'est certain qu'on
est tout à fait à l'affût. On ne peut
pas prédire. On ne sait pas. On ne sait pas les avantages ou les inconvénients
que ça produira, mais c'est certain qu'on reste à l'affût de ces
prochains développements là pour voir de quel côté on devra investir nos
énergies.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme Ling. Je rappelle que nous
devons rester dans le cadre du mandat pour la suite des échanges.
M. Lisée : Oui,
oui. Mais j'ai... Comment est-ce que l'État peut venir en aide à ces gens qui
aident les aidants hier, aujourd'hui et demain?
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Rosemont.
M.
Lisée : Sur votre
demande de la mention d'exclusion, là, on comprend bien que la loi a été faite
pour justement faire une distinction entre ceux qui étaient déjà
financés et ceux qui ne l'étaient pas, même si, au moment de la création
des Appuis, les deux cas de figure
existaient. Et là vous dites, bon, si on faisait sauter la mention d'exclusion
pour vous et pour d'autres organisations, ça vous permettrait d'avoir un bol d'air supplémentaire, oui, mais je
suppose que les autres disent :
Bien, au détriment de nous qui, nous, n'avons pas de financement. Alors, comment est-ce que vous répondez au contre-argument?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Ling.
Mme
Ling (Geneviève) : En fait,
c'est sûr qu'on est tout à fait à l'écoute de ça parce qu'encore une fois notre but,
c'est d'aller avec tout le monde. On veut que la communauté, que les organismes
communautaires arrivent à aider les aidants
qui se dévouent corps et âme pour garder leurs proches à domicile. On ne veut
pas, et on ne tient pas, et notre but n'est
pas de demander toute l'enveloppe budgétaire, loin de là, absolument pas; par
contre, d'avoir aussi une écoute, comme le projet qu'on a proposé en 2012‑2013, qui était en partenariat, entre
autres avec la Société Alzheimer de Montréal, pour qu'on soit capables de profiter de toute
l'expertise qu'on a, au Québec, quand même aux proches des aidants. C'est une
réalité assez nouvelle, soit, certains organismes ont 40 ans, d'autres 30 ans;
Baluchon a plus de 15 ans maintenant. On a une expertise, on a les ressources, on peut le faire. On voit L'Appui
puis notre participation ou notre droit aussi à avoir accès à ce fonds-là comme de participer
positivement à l'aide aux aidants au Québec. C'est de cette façon-là. Mais
jamais pour enlever évidemment de possibilités aux autres organismes.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Rosemont.
M. Lisée :
Je vous remercie.
Le Président (M.
Kotto) : C'est bon?
M. Lisée :
Oui.
Le Président (M.
Kotto) : Parfait. Mme Pozzar, oui.
Mme Pozzar (Anne-Élizabeth) :
Oui.
Le Président (M.
Kotto) : Allez-y.
Mme
Pozzar (Anne-Élizabeth) :
Bien, comme, juste pour compléter les propos de ma collègue,
à défaut d'avoir une grande partie de
l'enveloppe, ça peut être aussi seulement
pour des petits projets ponctuels. Donc, ça resterait très ciblé, très
encadré, et, à ce moment-là, le partage pourrait être plus équitable. Et, au
risque de me répéter, il y avait la mention qui était prévue pour le fonds
qu'il y ait un montant vraiment attribué aux personnes qui sont atteintes de la
maladie d'Alzheimer. Il y a
75 %; le chiffre est là. Donc,
après, on s'appuie sur ça. Puisque la clientèle, c'est la maladie d'Alzheimer ou les maladies apparentées, on se
sent directement concernés, donc on se sent légitimes de pouvoir exposer
notre situation.
Le Président (M.
Kotto) : Merci. Nous allons continuer avec la deuxième
opposition. Mme la députée de Repentigny, la parole est à vous.
Mme
Lavallée : Merci. Dans votre document, vous dites... vous mentionnez
qu'en 2014 c'était 1 950 jours que vous avez offerts. Dans le document que j'avais, donc, vous avez répondu
à 193 familles... demandes d'aide. O.K. On parle d'un budget annuel
d'un million, et les familles paient 15 $ par jour; c'est leur
contribution.
À
combien vous estimez le nombre de demandes refusées? Parce que vous avez dit,
tout à l'heure, qu'il y avait des demandes... Actuellement, vous refusez
des demandes. Vous estimez ça à combien actuellement?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Piotrowski.
Mme Piotrowski
(Izabela) : En fait, depuis le mois de juin, on a 17 familles qui
sont en attente pour avoir le service. Mais
ça, c'est juste dans la Montérégie, Lanaudière Nord et à Montréal, sans compter
toutes les familles qui nous appellent à chaque jour pour avoir un
service et qu'on leur dit qu'on n'est pas en mesure de pouvoir les aider.
Une voix :
Donc, c'est quand même beaucoup.
Mme Piotrowski (Izabela) : Oui.
Mme
Lavallée : Et, tout à l'heure, vous avez parlé de la formation. Ce que
je comprends, les gens qui travaillent... qui offrent le service de baluchonnage, qui sont dans les maisons, c'est
vous qui les formez. Donc, c'est des gens qui viennent... qui ont déjà... qui se sont déjà occupé de
personnes malades. Comment vous vous assurez de la sécurité? Parce que, là,
comment contrôler la qualité des personnes
que vous avez à votre service et qui sont auprès des gens qui ne peuvent pas se
défendre?
• (16 h 50) •
Mme Piotrowski
(Izabela) : Donc, quand on fait les entrevues, on regarde s'il n'y a
pas d'antécédents judiciaires. En
fait, on a vraiment la formation de 35 heures. Il y a un suivi qui est fait
quand on envoie la baluchonneuse chez la famille. La conseillère aux
familles, elle appelle et elle demande comment ça va. Aussi, on appelle aux
trois jours pour savoir comment ça se passe et aussi on a un service de garde
24 heures sur 24. Donc, si jamais il y a un problème pendant le baluchonnage, on peut rejoindre quelqu'un du
bureau en tout temps. Et, nous aussi, comme mentionné par Mme Ling, à la fin du baluchonnage, la conseillère communique avec la famille pour
demander comment ça se passe. Et aussi, quand, moi, je... On a deux coordonnatrices au bureau qui ouvrent le dossier
avec la famille. Donc, on met les familles en confiance, puis on leur dit : Ayez confiance en nous. Si
jamais il y a quelque
chose qui ne marche pas, vous n'êtes
pas certains, vous pouvez toujours
communiquer avec nous. Souvent, les baluchonnages sont cédulés à l'avance,
donc, si jamais les familles ont des questions, elles peuvent toujours nous rappeler, et la
famille peut aussi demander une visite de courtoisie, donc elle peut rencontrer la baluchonneuse avant le début du
baluchonnage. Et disons que, pour une quelconque raison, elle dit :
Ah non! je ne suis pas certaine, peut-être que la chimie entre moi puis elle
n'a pas passé, elle peut toujours refuser la baluchonneuse, on peut lui en
proposer une autre, mais ça n'arrive presque jamais.
Mme
Lavallée : Puis, si jamais
l'argent coulait à flots dans votre organisation, que vous étiez capables d'offrir plus de
services, est-ce que vous êtes en mesure d'avoir, de répondre à cette demande
accrue là? Donc, avez-vous le personnel, les gens suffisants?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Pozzar.
Mme Pozzar
(Anne-Élizabeth) : Actuellement, on a 26 baluchonneuses qui, donc, parcourent les 11 régions
du Québec dans lesquelles on a signé des ententes de
service. Mais c'est sûr que des CV — de
femmes, bien sûr, notamment, beaucoup de femmes mais aussi, parfois, d'hommes qui sont
expérimentés dans le milieu de la santé — il
nous en arrive très souvent. Toutes les semaines, on a des CV pour des
gens qui veulent devenir baluchonneuses. Donc, on sait que, probablement, on
aurait à notre disposition un recrutement possible à effectuer, et ce serait
dans nos possibilités.
Mme
Lavallée : O.K.
Puis j'ai vu que, donc, c'est différentes agences qui vous accordent les
montants par région, hein, pour votre
budget? Puis vous aviez une crainte par
rapport à la nouvelle loi : Si
les agences disparaissent, comment ça
va se passer pour nous? Est-ce que vous considérez que ça pourrait être plus simple
d'avoir une seule entente avec le ministère plutôt que plusieurs
ententes pour répondre aux besoins des régions?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Ling.
Mme Ling
(Geneviève) : Sans vouloir
avoir aucun propos... ou de parti pris, effectivement, si vous avez
regardé les chiffres, il y a
des régions où les journées de baluchonnage sont moins utilisées. Au tout
début, je vous disais également
que le budget d'une région à l'autre
n'est pas transférable. Alors, si on considère qu'il y a un budget
ministériel qui avait été voté, là,
pour que ça soit récurrent, évidemment que, nous, quand on regarde qu'il y a
un budget qui avait été alloué pour de l'accompagnement à domicile entre quatre
et 14 jours, puis qu'on voit qu'il
y a des budgets,
des enveloppes qui n'ont pas été
utilisées dans d'autres régions, et qu'on voit certains autres CSSS manquer, peut-être
que, parfois, on se dit : Si c'était un peu plus simple, puis qu'il
y avait une entente, puis... on irait à la demande.
Ceci étant dit, l'esprit de la loi, à l'origine, c'était pour s'assurer que chacune
des régions ait une aide équivalente et équitable. Il y a des régions qui demandent plus, plus fort que
d'autres régions. Alors, ça aussi, on est conscientes de ça. Il n'y a pas de réponse simple, malheureusement. Est-ce que ça serait plus simple d'avoir une seule entente
ministérielle? Nous ne l'avons jamais vécu jusqu'à maintenant.
Mme Lavallée : O.K.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Est-ce que
vous considérez qu'actuellement les enveloppes qui sont accordées par région,
c'est équitable?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Pozzar.
Mme Pozzar (Anne-Élizabeth) : Oui.
Non, actuellement, au vu de ce qu'on peut observer, depuis 2008, l'allocation... en fait, la subvention se traduit
en nombre de jours par région, et, depuis 2008, ce nombre de jours accordés
pour chaque région n'a pas été révisé, donc,
on s'entend que les besoins qui ont évolué avec la démographie ne sont plus du
tout en adéquation avec la réalité de 2008. On sait que Montréal, c'est là où
les demandes sont les plus concentrées. On sait que, dans
les régions plus éloignées, il y a moins de demandes parce qu'il y a juste tout
simplement moins de population. Donc, c'est sûr que ça ne reflète pas bien...
Les chiffres qui sont dans ce tableau avec le nombre de jours accordés
par région ne reflètent pas bien les besoins du terrain.
Donc, c'est
sûr que, sur ce point, ce serait intéressant de pouvoir se dire : Bon, il nous reste beaucoup
de gens dans cette région, on n'a
plus de jours à Montréal, on va simplement les transférer pour pouvoir continuer à offrir le
service. Mais, à l'heure actuelle, comme le disait Mme Ling, c'est bien séparé, c'est bien divisé et
on ne peut pas faire... ce n'est pas
des vases clos, ce n'est pas des vases communicants. Et l'idéal, ce serait de
pouvoir effectivement transférer les jours entre les régions.
Mais, jusqu'à présent, ce n'est pas possible.
Mme Lavallée : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Kotto) :
Et merci. Je vous remercie pour votre présentation. Je suspends les travaux quelques
instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 16 h 58)
Le
Président (M. Kotto) :
Alors, je rappelle que le temps alloué pour la période de présentation est de
10 minutes et 50 minutes
pour la période des échanges. Je souhaite la bienvenue aux représentants des Entreprises d'économie
sociale en aide à domicile.
Je vous
invite à vous présenter et à faire votre exposé. Vous disposez de 10 minutes
pour votre présentation, je le rappelle.
Les Entreprises
d'économie sociale
en aide à domicile (EESAD)
M. Caron (J. Benoit) : Alors, je me
permets de me présenter en premier, car je ferai l'introduction de notre mémoire. Mon nom est Benoit Caron. Je suis directeur général de la Fédération des coopératives de services à domicile et de
santé du Québec. Je suis accompagné, à ma gauche, de madame...
Mme Gasse
(Marie-Claude) :
Marie-Claude Gasse. Je suis présidente de la Coalition des entreprises d'économie sociale en aide à domicile. Je
suis aussi directrice générale de l'entreprise qui s'appelle Coup de main à
domicile, qui est l'EESAD, située à Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent. Je
siège à la table de concertation régionale de L'Appui Bas-Saint-Laurent et je
suis aussi... Mon organisme est aussi porteur d'un projet local.
M. Caron (J. Benoit) : Et, à ma
droite.
Mme
St-Laurent (Hélène) : Hélène
St-Laurent. Je suis porte-parole de l'Aile rurale des entreprises d'économie sociale en aide à domicile du Québec. Je suis aussi
directrice d'une entreprise d'économie
sociale en Haute‑Gaspésie qui possède deux résidences pour personnes
âgées et je suis membre du C.A. de L'Appui Gaspésie—Les Îles.
• (17 heures) •
M. Caron
(J. Benoit) : Alors, Mmes
les députées, MM. les députés, nous vous remercions de nous recevoir. Nous
allons tenter d'être très structurés dans
notre 10 minutes. C'est pour ça que je vais démarrer tout de suite.
J'aurai l'occasion, un peu plus loin
dans ma présentation, de vous parler un peu plus des entreprises d'économie
sociale en aide à domicile, mais je
commencerais par vous dire que, dans un contexte de vieillissement de la
population québécoise et de l'augmentation
du nombre de proches aidants, il est
important que le Québec trouve des solutions innovantes afin de leur
venir en aide. La mise en place de L'Appui, à la suite de l'adoption de
la Loi instituant le fonds de soutien aux proches aidants par l'Assemblée nationale, en 2009, a été, à notre avis, un soutien
important dans la mise en valeur du travail des proches aidants auprès
de la population.
Les EESAD
sont des actrices majeures dans l'ensemble des régions du Québec au niveau du
soutien à l'autonomie et du
développement des services à domicile. Il est donc logique qu'elles fassent
partie de la solution en matière de répit pour les proches aidants. Attendu que les entreprises d'économie sociale
en aide à domicile appliquent régulièrement sur les programmes de L'Appui ou des appuis, il est
important pour les trois regroupements d'EESAD que nous représentons aujourd'hui
de faire entendre la voix de leurs membres auprès de la Commission des
relations avec les citoyens.
Afin de
réaliser le mémoire que nous vous avons déposé, les trois regroupements
souhaitent être plus proches de la réalité et en adéquation avec ce que
vivent les entreprises d'économie sociale en aide à domicile qui font
directement affaire avec les appuis
régionaux. Nous avons donc procédé à une consultation des 102 entreprises
d'économie sociale au Québec et on a
eu le plaisir d'avoir 70 entreprises qui ont collaboré ou qui ont participé à
la consultation, donc, en moyenne, ça représente donc 69 % des
entreprises qui se sont prêtées au jeu de cet exercice.
Je
préciserais dès le départ que le réseau des EESAD, je vous l'ai dit, c'est 102
entreprises d'économie sociale qui ont
été et qui sont accréditées par le ministère de la Santé et des Services
sociaux pour jouer ce rôle-là et rendre accessible à leurs usagers qui sont présents dans les
17 régions administratives un programme qui s'appelle le Programme
d'exonération financière
pour des services d'aide à domicile, d'aide domestique, en fait, qu'on appelle
aussi le PEFSAD. Ce programme-là,
c'est 76 millions par année qui sont donnés ou qui soutiennent 90 000
usagers pour à peu près 6 millions d'heures de service, je l'ai
dit, dans les 17 régions administratives. Ce programme-là est administré par la
Régie de l'assurance maladie du Québec et provient, bien entendu, du ministère
de la Santé et des Services sociaux.
Alors,
nos 102 entreprises, les 102 entreprises du réseau, sont des entreprises qui
sont, comme vous pouvez le constater,
bien structurées et, bien entendu, en lien très étroit avec la Régie de l'assurance
maladie du Québec et le ministère de
la Santé et des Services sociaux. Je préciserai que c'est 6 800 préposés
d'aide à domicile qui interviennent chez ces 90 000 usagers là et que ces 6 800 préposés là ont un métier,
maintenant, au Québec, qui s'appelle préposé d'aide à domicile, qui est
supporté aussi par une norme professionnelle reconnue par le ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale.
L'historique
des EESAD, ça vient d'où? Alors, la première coopérative de services à domicile
a vu le jour en Estrie en 1989. Donc,
on peut supposer que, quelque part cette année, en 2014, on va célébrer les 25
ans de ce type d'entreprises là. Rapidement,
après 1989, plusieurs organismes ont profité d'un programme qui s'appelait Défi
autonomie, qui, avec le temps, a mené
à la création de ce groupe, de ce réseau d'EESAD là. Particulièrement à la
suite du Sommet sur l'économie et
l'emploi, on a connu un essor très important. On se souviendra que le Sommet
sur l'économie et l'emploi a été tenu en
1996. Il réunissait des représentants des milieux gouvernementaux, patronaux,
syndicaux et de la société civile. Les consensus
dégagés lors de ce sommet ont permis l'élaboration et la mise en oeuvre de
plusieurs propositions touchant la
création d'emplois et la livraison de différents services à la population par
l'entremise d'entreprises d'économie sociale, alors, notamment, dans le
domaine de l'aide à domicile.
À
l'époque, on parlait d'aide domestique. Avec le temps, cependant, tout ça a
évolué, et on a pris... on a développé d'autres
services qui dépassent l'aide domestique. Comme par exemple, tantôt, quand je
vous ai présenté des EESAD, je vous
ai parlé d'aide à domicile, particulièrement d'un programme qui touche l'aide
domestique, mais il faut préciser que
la plupart des entreprises... la majorité des entreprises interviennent
maintenant aussi au niveau des activités de la vie quotidienne et, dans plusieurs cas, au niveau du
répit et de la présence-surveillance chez les clientèles dont on parlera un
peu plus loin.
Donc,
les EESAD font partie du réseau de l'économie sociale du Québec, et leur
clientèle est à domicile, bien entendu,
mais en résidence pour personnes âgées également. Ce sont principalement, dans
72 % des cas, des femmes, et, dans 72 % également des cas, des
personnes de plus de 65 ans.
En
parallèle, L'Appui a pour mission, comme on le sait, d'offrir des services de
répit aux proches aidants. Bien entendu,
ces proches aidants là ont près d'eux un aidé à soutenir. Quelquefois, moi, je
me plais à dire qu'en aidant l'aidé, on aide l'aidant parce que, bien entendu, l'aidant est surtout sollicité
quand peut-être que l'aidé n'a pas toute l'aide nécessaire pour
continuer son soutien à domicile.
Considérant la
proximité, donc, entre la clientèle des EESAD et les proches aidants soutenus
par le réseau de L'Appui, nous en sommes venus, de concert, sur certains
dossiers, de manière naturelle, à collaborer avec les appuis régionaux. En
effet, le fait que les EESAD interviennent auprès d'aînés et de personnes en
perte d'autonomie amène inévitablement les
entreprises à être en contact avec les proches des usagers, comme je l'ai
mentionné. C'est donc dans ce contexte
que, depuis quelques années, les EESAD ont été amenées à travailler tant avec
L'Appui national, particulièrement
par nous, les regroupements nationaux, mais également, au niveau des EESAD, au
niveau régional, avec les appuis régionaux.
Dans
les faits, le réseau des EESAD estime qu'il est souhaitable de miser sur une
approche partenariale fondée sur la
collaboration des intervenants et la complémentarité des expertises au plus
grand bénéfice des usagers et de leur entourage. Ceci inclut le support
en regard de la conciliation travail-famille, bien entendu, avec laquelle les
proches aidants doivent souvent conjuguer,
notamment pour les générations intermédiaires devant dispenser, on le sait, des
soins à une personne âgée, soutenir une personne âgée, tout en ayant une
famille à la maison et une profession.
Il
est donc devenu apparent, pour le réseau des EESAD qu'une collaboration avec le
réseau de L'Appui serait bénéfique pour l'ensemble des personnes
représentées par les différents réseaux, et ce, toujours en complémentarité
d'actions de l'un et de l'autre. On sait maintenant — vous
allez le voir dans les graphiques que vous avez dans le mémoire — que
50 % des entreprises ont profité... 50 % des entreprises d'économie
sociale qui ont présenté des projets, il y en a donc 50 % qui n'ont
pas eu accès, mais 50 % ont profité des programmes de L'Appui.
Donc,
tout de suite vers nos recommandations : la consultation menée auprès des
EESAD semble faire ressortir un
sentiment mitigé envers les appuis régionaux. Avant tout, les EESAD ont
exprimé, notamment dans la partie Commentaires
de la consultation, l'importance des programmes de L'Appui. Donc, on reconnaît
que c'est important et qu'ils ont
joué un rôle dans le soutien et l'accompagnement des proches aidants à travers
l'ensemble du Québec. Pour beaucoup de répondants, leur appui régional a
bien rempli sa mission d'asseoir autour de la table l'ensemble des partenaires
clés provenant des milieux de la santé associatifs, communautaires et les
proches aidants d'aînés afin de mobiliser l'ensemble des acteurs disponibles
afin de répondre aux besoins des proches aidants.
Toutefois,
les répondants considèrent aussi qu'il existe un problème autour de la
complexité des démarches à faire, puis
on vous en reparlera peut-être plus longuement, là, dans la période de
questions. Donc, une complexité au niveau des démarches à faire afin de pouvoir appliquer et de pouvoir répondre aux
critères d'admissibilité dans le cadre des programmes. Les EESAD ont, dans leur ADN, dans leur fondement,
le soutien à domicile des personnes les plus vulnérables. On le sait, on a une solide expérience, on parle de 25 ans, de
plusieurs milliers d'usagers. Elles peuvent donc avoir de la difficulté
à concevoir qu'on ne reconnaisse pas plus leur expérience et leur savoir-faire
dans ce domaine-là.
Finalement,
les EESAD souhaitent une amélioration de l'efficience et de l'efficacité des
programmes de L'Appui afin que
davantage de financement — et ça, je pense qu'il y en a d'autres qui vous l'ont précisé — soit consacré à soutenir les proches aidants plutôt que de se perdre dans
les structures de fonctionnement. Par ailleurs, pour les EESAD, la
combinaison...
Le Président (M. Kotto) :
Merci. Merci, M. Caron.
Des voix : ...
Le
Président (M. Kotto) : Je vais demander consentement à savoir
si vous pouvez continuer ou pas. Consentement?
Une voix : ...
M. Caron (J. Benoit) : J'ai deux
phrases, alors...
Le Président (M. Kotto) : ...
M. Caron
(J. Benoit) : Par ailleurs,
pour les EESAD, la combinaison des services de répit, présence-surveillance
et les services d'aide à la vie quotidienne
et à la vie domestique font, à notre avis, un tout. Et, très souvent, on
devrait éviter de multiplier les
interventions, donc on devrait prioriser les organisations, les intervenants
qui ont une expertise, qui peuvent être
complémentaires à l'intervention qu'on veut faire auprès des aidés pour les
proches aidants. Je vous ferai grâce des sept recommandations, j'imagine que vous avez pris un grand plaisir à en
prendre connaissance, mais, considérant que je n'ai plus de temps, je tenterai, autant que faire se peut, durant la
période de questions, de vous en faire part. Et je compte sur mes
collègues, bien entendu.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, M. Caron. Vous en aurez sûrement
l'occasion. Alors, je vais passer à la période d'échange en commençant
avec les députés formant le gouvernement. La parole est au député de
Sherbrooke.
• (17 h 10) •
M. Fortin (Sherbrooke) : Merci
beaucoup, M. le Président. Messieurs mesdames, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je vais aller, moi aussi, directement à vos recommandations parce
qu'effectivement ça m'interpelle et je voudrais échanger avec vous là-dessus. Dans votre deuxième recommandation, vous
dites qu'on doit limiter et encadrer les frais administratifs des appuis régionaux. C'est un petit peu, dans le fond,
le but de notre mandat : c'est de voir comment le fonds est
administré et comment on peut le rendre plus efficient.
Alors, j'aurais deux questions pour vous à cet
effet-là. Là, présentement, on est dans une structure où est-ce qu'il y a trois paliers : il y a L'Appui
national, les appuis régionaux, et évidemment les sommes qui vont dans les
organismes communautaires. Alors, il
y a trois niveaux où est-ce qu'il y a des frais administratifs. Est-ce que
vous, vous verriez d'un bon oeil que
cette structure-là soit revue? Et sinon, si vous maintenez votre position qu'on
doit encadrer les frais administratifs des appuis régionaux,
concrètement, selon vous, comment on devrait le faire?
Mme Gasse (Marie-Claude) : J'ose y
aller.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Ceux qui me connaissent bien savent que la structure
me donne un peu des boutons. Moi, ce
qu'on... Quand on travaille, ce qu'on veut, c'est que l'usager reçoive les
services auxquels il a droit. Et plus on met de l'argent dans de la
structure, moins il y a de services sur le terrain.
On a
entendu, dans cette commission-ci, par les autres intervenants, que les appuis
régionaux sont devenus des structures qui
vont accompagner les organismes à déposer des projets et que L'Appui national
est rendu une autre structure qui va accompagner
leur structure qui accompagne les organismes à déposer des projets. Donc, vous
comprendrez que ça fait tout un lot
de structures pour lesquels c'est de plus en plus difficile que l'argent se
rende — excusez-moi — directement sur le terrain.
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : C'est sûr que
je ne vous cacherai pas qu'on a fréquemment, depuis quelques années...
bien, depuis toujours, mais, au cours des dernières années, lors de rencontres
provinciales, on travaille beaucoup en réseautage,
donc on a souvent 70, 80 des entreprises dont on vous parle qui sont dans la
salle, et c'est unanime, ça, tout le
monde a, à un moment donné, au cours des dernières années, dénoncé
l'investissement qui était fait en matière de frais administratifs par rapport aux services qui
étaient rendus sur le terrain. En préparation de la rencontre d'aujourd'hui, en
plus de la consultation, on est allés sonder
aussi. C'est sûr qu'on note une amélioration, mais on considère quand même
qu'à l'époque dans laquelle nous sommes on connaît les orientations actuelles,
bien, on peut peut-être s'interroger. L'important,
là, si les structures sont là, et que c'est efficace, et qu'elles se traduisent
en services concrets sur le terrain, bien, pourquoi pas? Mais il faut
voir aussi au niveau financier.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Sherbrooke.
M. Fortin (Sherbrooke) : J'aurais
une question additionnelle, M. le Président. Relativement à votre dernière recommandation concernant la ligne Info-aidant,
vous dites que l'efficacité et l'efficience de cette ligne-là devraient être
analysées. C'est la première fois qu'on
soulève ce point-là. La semaine dernière, il y a quelques intervenants qui ont
dit que, bon,
il n'y avait peut-être pas un volume d'appels très élevé, mais qu'on en fasse
une analyse, c'est la première fois, à ma
connaissance, qu'on nous fait cette recommandation-là. Et vous sous-entendez
déjà que, si l'analyse... l'analyse pourrait être négative. Et je voudrais savoir un petit peu, vous, quels sont les
constats que vous faites qui vous amènent à faire cette recommandation-là? Parce que, j'imagine, si vous
faites cette recommandation-là, c'est que vous jugez vous-même que la
ligne n'est pas efficace.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Gasse.
Mme
Gasse (Marie-Claude) : Ce qu'on entend, c'est qu'effectivement ça ne
sonne pas beaucoup. Donc, quand on
regarde qu'est-ce que ça coûte pour mettre cette ligne-là en place, ça fait un
peu cher de l'appel. Donc, il faudrait aller voir un petit peu plus
loin. Et c'est encore une fois du dédoublement de structures.
Les
proches aidants ont une ligne Info-aidant; on va avoir une ligne pour les abus,
maltraitances; on a une ligne pour
l'Info-Santé; on a une ligne pour les
carrefours d'information pour les aînés. Donc, ça fait beaucoup
de lignes, et, à un moment donné, à vouloir trop aider, on perd un peu le fil. Le proche aidant qui a
besoin d'aide, il va dire : J'appelle où? Et, s'il a besoin d'aide, souvent on le détecte un peu trop tard
dans le temps, et il a déjà besoin de beaucoup d'aide. Donc,
nous, on pense que l'endroit où il devrait appeler, c'est dans les guichets
uniques des CSSS pour qu'il puisse y avoir une évaluation et qu'on
regarde : Est-ce qu'il y a des besoins dans le milieu, et comment on fait
pour répondre à ces besoins-là de la manière
la plus adéquate possible? Donc, dans le rapport annuel 2012‑2013,
parce que celui de 2013‑2014
de L'Appui national n'a pas été publié, on
parle de 400 000 $ pour
cette ligne téléphonique là. Donc, nous, on dit : On devrait peut-être aller voir plus loin. Est-ce
qu'on doit conserver ça ou on devrait investir cet argent-là directement en
services sur le terrain?
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Kotto) : Je vous en prie. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président, et merci d'être venus nous parler de votre travail. Vous avez dit que,
quand même, probablement 50 % de vos membres qui
ont postulé pour des projets ont réussi, et j'imagine que vous diriez que
vos membres défendraient leur mandat
régional et les particularités de la région où ils travaillent. Pouvez-vous
imaginer une structure simplifiée où
un organisme pannational comme L'Appui national serait en mesure d'octroyer
l'argent de façon très responsable, qui répondrait aux besoins des
régions, malgré leurs particularités?
Le Président (M.
Kotto) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : C'est un commentaire que certains de nos membres
nous ont fait qu'effectivement il y a
peut-être un palier qui pourrait... c'est
ça, pourrait peut-être
être plus efficace si L'Appui national avait plus de pouvoirs. Ça ne
veut pas dire, cependant, qu'il ne pourrait pas... que L'Appui national ne
pourrait pas se référer à un comité consultatif ou à une organisation,
une table quelconque au niveau régional pour s'assurer de la couleur régionale.
Mais il y a une disparité, hein? Je veux
dire, on a été en contact avec des membres chez nous dans certaines régions où ça va très bien.
Les échanges, l'analyse des dossiers, c'est
lourd. Ça, tout
le monde s'entend pour dire que l'élaboration d'un projet, c'est excessivement
exigeant, la reddition de comptes est beaucoup... très exigeante. On nous faisait même le
commentaire que la reddition de comptes au niveau des projets de L'Appui était beaucoup plus complexe que le
programme de 76 millions avec le gouvernement du Québec, dont je vous ai parlé tantôt, là, et ce 76
millions, on ne l'a pas pour 10 ans, là, pour une année, O.K.? Alors, bien entendu, plusieurs
ont mentionné qu'on pourrait peut-être simplifier un peu tout ça. Puis je ne sais
pas si, Marie-Claude, tu veux ajouter à...
Le Président (M.
Kotto) : Mme Gasse.
Mme
Gasse (Marie-Claude) : Bien,
de 50 % d'entreprises qui ont eu
des projets, on n'a pas spécifié combien de fois ils ont dû déposer des projets, par contre, pour être capables
de les obtenir. Donc, de mettre en place des structures qui vont encadrer pour être sûr que l'argent va
aux bonnes places, on n'a rien contre. Par contre, quand on a un réseau d'entreprises comme le nôtre, qui est partout au
Québec et qui a développé cette expertise-là, d'être obligé de déposer un projet, un autre projet : Bien là, non, ça
ne passe pas, parce que nous, on est des spécialistes du répit, et le répit
n'était pas priorisé, parce que ça coûtait trop cher, donc on a préféré
prioriser les autres objectifs, c'est ce que L'Appui nous répondait. Vous comprendrez que, quand il y a des
argents qui stagnent en quelque part où on nous dit : L'argent ne se
rend pas sur le terrain, on a envie de lever
la main pour dire : Faites quelque chose, parce qu'on a la structure, tout
est prêt pour offrir le service, mais l'argent ne descend pas.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Si je peux vous
parler justement d'une suggestion pour que l'analyse des programmes soit faite
de manière transversale, voilà une
suggestion, pouvez-vous élaborer comment ça pourrait se faire différemment,
l'analyse des projets?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse ou M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Avant de laisser la parole à... C'est sûr qu'il y a
une disparité au niveau de l'analyse des projets. Donc, quand on parle de transversalité, il y a également...
Puis ça, je me suis... J'ai pris le plaisir hier soir d'écouter cinq heures de votre émission, là, et plusieurs
sont revenus à la charge en disant : Bien, ce n'est pas toujours
pareil, ça dépend des régions, et on ne considère pas — puis
ça, c'est un commentaire que j'ai identifié, fréquent — tout
ce qui existe déjà. Donc, dans la
transversalité, on a la prétention d'avoir une solide expérience au niveau de
l'intervention auprès des personnes
en perte d'autonomie, considérant les 25 ans et l'envergure des mandats
qu'on réalise, là, par l'entremise de
nos préposés d'aide à domicile. Je vous l'ai dit tantôt, c'est des entreprises
collectives, c'est des entreprises exploitées à des fins non
lucratives : on n'est pas là pour faire du cash, on est là pour aider les
gens.
Alors, chez nous,
dans les EESAD, on aurait apprécié avoir une considération toute particulière,
comme la société Alzheimer, ou comme
Baluchon, ou comme les tables de concertation. Tous ces gens-là, tous les
acteurs qui sont venus vous
rencontrer, arrivaient avec une expérience extraordinaire, qui, on doit
l'avouer, court sur plusieurs années, hein? Alors, on aurait apprécié,
tout le monde, je pense, que ce soit considéré.
Donc, je laisse sur
la transversalité, M. le Président, Mme Gasse.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Gasse.
• (17 h 20) •
Mme
Gasse (Marie-Claude) : Nous, ce qu'on préconise, c'est de travailler
en complémentarité pour avoir une meilleure
efficacité. Le problème qu'on rencontre actuellement avec les Appuis, c'est
qu'en ayant un Appui par région, avec
tout autant de conseils d'administration, les règles sont différentes pour tout
le monde. Donc, nous, les EESAD, c'est un
réseau qui offre les mêmes services, ou à peu près, à la grandeur du Québec et
qui tend à se développer. Donc, d'essayer de déposer 17 projets de répit différents, avec des normes qui sont
différentes, pour desservir une clientèle que, majoritairement, on dessert déjà, on trouve que ça n'a pas de bon
sens. On sait que le PEFSAD est un programme actuellement où... qui finance directement l'usager pour s'acheter des
services. Donc, 1 $ investi dans le PEFSAD, c'est 1 $ directement sur
le terrain. Est-ce qu'à ce moment-là
il n'y aurait pas possibilité, quand on parle, entre autres, de répit, de faire
passer l'argent par une autre structure pour être capable de le rendre
sur le terrain?
Et,
nous, notre spécialité, c'est répit à domicile. Ça n'enlève rien aux autres
formes de répit qui se sont développées aussi, mais, en recevant des projets de manière individuelle, ce que ça
fait aussi, c'est qu'il y a certaines organisations qui ont senti des affaires, il y a de l'argent à faire
là, ils ont mis des structures en place pour dire : Bien, regarde, moi, je
vais m'inventer un proche aidant, je
suis capable d'aller donner du support, je suis capable d'aller donner du
répit, déposent une demande à
L'Appui, et ça peut être accepté quand il y a quelqu'un d'autre à côté qui fait
exactement la même chose. Donc, quand
on parlait de structures tantôt, oui, il y a la structure administrative, mais
il y a tous les dédoublements de structures qui ont toutes le même
objectif : de donner des services sur le terrain.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Même si on ne touchait pas aux structures ou, si on
touchait aux structures, même si on simplifiait les formulaires, il y a une préoccupation — que vous partagerez avec nous,
j'imagine — sur la
pérennité des programmes octroyés et
aidés par ce régime-là. Parce qu'on parle d'un fonds ponctuel et on peut
espérer, mais, pour l'instant, il y a une date butoir. Comment est-ce que vous vous préparez et vos organismes
membres s'orientent vers la pérennité des services qui sont financés par
ce programme-là?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Gasse.
Mme
Gasse (Marie-Claude) : Oui, merci. En fait, les EESAD offrent déjà
toute une gamme de services, et j'ai nommé
tantôt... qui sont... Il y a beaucoup de proches aidants qui font affaire avec
les EESAD pour des services. Donc, ça peut
être de l'entretien ménager, préparation de repas, de la lessive, ça peut être
des courses. Il y a aussi des programmes de répit qui se sont développés au courant des années, parce qu'avant
l'arrivée de L'Appui il y avait déjà des besoins sur le terrain. Donc, il y a, par exemple, dans certaines
régions, des fondations d'hôpital ou de CLSC qui ont mis des sous pour dire : On va faire du répit aux proches
aidants. Les CLSC, avec les fermetures de lits... Pas les CLSC, mais les CSSS,
avec les fermetures de lits dans les
CHSLD, ont aussi dégagé des sous pour faire du répit, et c'est souvent des
achats de services externes avec les EESAD.
Un
des problèmes qu'on a, le répit, c'est que du répit à domicile, ça coûte cher
parce que c'est du un pour un. On sait
qu'on a les normes du travail à respecter, on est au Québec, et c'est
totalement correct, mais les argents, actuellement, qui sont dans les programmes de L'Appui, selon
nous, ne seront pas suffisants. Donc, même si on facilite la structure puis
qu'on envoie le plus d'argent possible sur
le terrain, quand on parle de répit, on va devoir trouver d'autres solutions.
Et là je pense que le ministère de la
Santé, le ministère des aînés et plein d'autres ministères vont devoir
s'asseoir ensemble pour regarder comment on va le faire.
Donc,
les structures sont là, le personnel est là. Ils sont déjà formés pour ça.
C'est déjà des clientèles qu'on dessert pour d'autres services. Tout ce qui manque, c'est de voir comment on
fait pour optimiser l'argent dans la machine pour donner encore plus de
services ou de meilleurs services.
Le
Président (M. Kotto) : M. le député de Montmorency? Non, Mme
St-Laurent. Excusez-moi, je ne vous avais pas vue.
Mme
St-Laurent (Hélène) : C'est
pour ça qu'il y a des entreprises qui n'ont pas présenté de projet : parce
qu'elles le faisaient déjà. Ça fait
que pourquoi aller présenter des projets, faire une semaine de travail pour des
choses qu'on fait déjà? Il y a des gens, il y a des entreprises qui ont
trouvé que ça ne valait pas la peine.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Montmorency.
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Alors, bienvenue. Merci d'être là.
Effectivement, vous avez un rôle très, très
important dans la société québécoise et vous permettez à plusieurs personnes,
dans des situations difficiles... Et le fait, comme vous l'avez mentionné, d'aider l'aidant... d'aider l'aîdé
aide l'aidant, c'est effectivement la... Plusieurs familles ont eu à le
vivre.
En ce qui regarde votre financement, c'est ce
qui me préoccupe, votre financement... Vous en avez parlé tout à l'heure, du ministère, de l'aide financière de
76 millions annuels. Bon, si on regarde l'ensemble de vos partenaires ou
de vos organismes avec qui vous travaillez,
bon, donc il y a une bonne partie des budgets qui vient du gouvernement, du
ministère de la Santé actuellement par rapport à leurs activités, oui?
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Oui. Alors,
merci de poser la question. Ça va nous permettre de démystifier cet aspect-là.
Le PEFSAD, c'est un programme qui s'adresse à l'usager. Alors, il y a deux
types d'aide dans le PEFSAD, dans le programme
d'exonération financière : une aide fixe et une aide variable, et, en fonction du revenu de la personne, la personne va aller chercher le minimum de l'aide ou le
maximum de l'aide. Actuellement, le maximum de l'aide est à 13 $, après de
multiples représentations gouvernementales
de notre part auprès des antécédents gouvernements. Alors, maintenant, l'aide
financière pour l'usager le plus pauvre,
c'est 13 $. L'entreprise va vendre ses services — parce que, bon, il y a eu toute une évolution depuis 25 ans, là, le salaire
minimum a augmenté — je vous
dirais, une moyenne, 20 $ dans la province de Québec. Donc, Mme Tremblay, qui est une dame âgée
de modestes revenus, va recevoir 13 $ d'aide financière, et elle va
elle-même assumer la différence, le 7 $.
Donc, la majorité des sommes du PEFSAD
s'adressent à l'usager. Pour administrer le programme, on a... Les EESAD ont une modeste participation du programme,
et le reste de l'argent des revenus des EESAD, c'est de l'autofinancement, là. Et c'est une entreprise
d'économie sociale, ce n'est pas un organisme communautaire. Donc, c'est
une entreprise qui vend ses services à une clientèle.
M. Bernier : Donc, l'argent est
versé directement à la personne qui reçoit le service.
M. Caron
(J. Benoit) : Après, je ne
pourrais pas vous dire, sur le 76 millions, mais je dirais que c'est la
grande, grande majorité du 76 millions
qui s'en va directement à l'usager. On pourrait vous donner le chiffre exact,
là. Il y a une portion qu'on appelle des mesures compensatoires, qui
servent à... parce qu'administrer le PEFSAD puis faire des rapports à la RAMQ,
ça demande du temps aussi un peu, là, alors ce temps-là est compensé, hein?
C'est des mesures compensatoires. Il n'est pas rémunéré, il est compensé.
M. Bernier : O.K., ce qui explique...
Le Président (M. Kotto) : ...
M.
Bernier : Merci. Ce que j'essayais de voir, là, par rapport au
Baluchon qui est venu tout à l'heure, où ils nous disaient qu'eux avaient appliqué sur des
programmes ou sur des projets qu'ils avaient déposés puis que malheureusement,
parce qu'il y avait des sommes qui
provenaient du ministère, ils n'avaient pas été retenus, possiblement en ce qui
regarde le dédoublement, ce qui n'est
pas votre cas, parce que finalement, vous autres, tout ce que vous faites,
c'est ça, c'est une administration,
donc vous n'avez pas d'argent direct par rapport à des programmes comme tels,
que vous mentionniez tout à l'heure, au niveau de...
M. Caron
(J. Benoit) : Je ne peux pas
affirmer hors de tout doute qu'aucune des 102 entreprises ne va pas chercher
une opportunité de financement, là, mais ce n'est pas l'esprit des entreprises d'économie
sociale en aide à domicile.
M.
Bernier : Parce que
ça clarifie, ça clarifie le point. Pour moi, c'est important
qu'on puisse faire la différence entre vos organisations et l'autre organisation.
Quelques-uns de vos membres participent au conseil
d'administration de L'Appui dans les appuis régionaux. Est-ce qu'eux ont à juger les projets qui sont
référés? Est-ce qu'à ce moment-là eux soumettent des projets, à ce moment-là,
sur L'Appui régional? Oui?
Le Président (M. Kotto) : Mme
St-Laurent.
Mme
St-Laurent (Hélène) : Oui,
on soumet, mais on dénonce notre conflit d'intérêts puis on se retire. Donc,
on va chercher souventefois des gens
extérieurs. Ça peut être des gens de l'agence, des gens des CRE, des gens des...
qui sont quand même autour des CSSS, qui, eux autres, vont s'asseoir
puis qui vont regarder les projets qui sont là.
M.
Bernier : Mais vous avez souligné le dédoublement, là, dans certaines
régions, de services. Mais à ce moment-là vous, quand... vous avez quand même la possibilité d'éclairer, si on
veut, les membres qui auront à juger de ces projets-là. Donc, ça évite,
là, d'avoir ce genre de dédoublement. Mais vous n'êtes pas présents partout
dans les régions.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : En fait, dans ce qu'on a lu, on est présents dans 14
des 17 régions, mais, dépendamment de
chaque conseil d'administration, chaque région est différente. Donc, ce
qu'Hélène vient de nommer, ça se
passe comme ça dans la Gaspésie—Les Îles. Dans le Bas-Saint-Laurent, au contraire, on a mis en place un
comité d'analyse dans lequel tous les
organismes qui sont susceptibles de déposer des projets n'ont pas le droit de
siéger pour ne pas être en conflit
d'intérêts. Donc, quand le projet va revenir au comité régional, bien, on
accepte les recommandations du comité d'analyse, mais on n'a pas pu
commenter.
M.
Bernier : Dans vos recommandations, vous soulevez un point qui amène
des interrogations, vous dites : «...les projets admis par
L'Appui [doivent être] exclusivement consacrés au soutien des proches aidants
d'aînés comme [le prévoit la loi].» À votre connaissance, est-ce qu'il y a des
projets qui sont retenus et qui ne cadrent pas dans la loi actuelle?
Mme Gasse (Marie-Claude) :
Malheureusement, oui.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
• (17 h 30) •
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Ce qu'on a remarqué dans, je vous dirais, la dernière
année et demie, c'est qu'il y a eu
une énorme pression sur la structure qu'est L'Appui parce que le ministère de
la Santé disait : Bien, écoutez, il y a de l'argent qui dort là, l'argent ne se rend pas sur le terrain; si vous
n'êtes pas capables de l'engager, bien, on va l'utiliser pour faire d'autres choses. Donc, ça a créé des
pressions dans différentes régions, et, à un moment donné, il a fallu qu'on
mette un peu le pied sur la pédale du frein
parce qu'on se rendait compte qu'il y a des projets qui avaient tendance à être
acceptés, même si ce n'était pas auprès de
la bonne clientèle visée, parce qu'il fallait que l'argent se rende sur le
terrain. Donc, oui, il y a eu
certains projets, dans certaines régions, qui ont été acceptés qui n'étaient
pas vraiment pour des proches aidants d'aînés.
M.
Bernier : Comme on a vu, comme... Si vous avez écouté nos débats
durant ces cinq heures, je vous félicite, vous êtes très patients.
Comme vous avez vu, les services ne sont pas
égaux selon les régions, hein? Et, selon certains endroits, je comprends, là, que ça devient plus difficile de
développer des projets ou de présenter des projets. Mais je pense
qu'effectivement ça serait peut-être
intéressant à ce moment-là qu'on puisse, si on veut, souligner ou dénoncer ces
choses-là si ça se produit parce qu'à
ce moment-là ce sont d'autres organisations qui sont prêtes à donner le service
qui ne peuvent pas le donner parce que ça a été fait à d'autres
personnes.
Rapidement,
parce que je sais que le temps passe vite, moi, j'aimerais vous entendre sur...
parce que vous avez parlé de
structures qui... la lourdeur des structures, vous avez parlé des frais
d'administration. J'aimerais vous entendre... Il reste quand même plusieurs années, et, l'objectif de notre commission
parlementaire avant toute chose, c'est d'essayer de rentabiliser et d'essayer de voir de quelle façon
on peut améliorer ce programme-là qui est quand même important, et il y a
encore des sommes très importantes
disponibles, là, par rapport à ces projets-là. Ça serait quoi, vos
recommandations pour qu'on ait effectivement
plus d'argent vers les proches aidants, vers les personnes et moins sur
l'administration, mais être capables
aussi d'être plus proactifs par rapport aux demandes qui sont faites par les
gens et mieux servir, si on veut, la population qui en a besoin?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse (Marie-Claude) : Je pense
qu'on l'a nommé.
M. Bernier : ...recommandations à
vous autres comme...
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Oui, on l'a
nommé, puis je pense qu'il y a d'autres groupes qui sont venus qui l'ont nommé aussi. Je pense qu'une des solutions
faciles, ce serait de reconnaître l'expertise des entreprises qui sont déjà
sur le terrain et qui desservent déjà cette
clientèle-là. Si on est capables de les reconnaître et de faire des ponts au
niveau national... Parce que vous
disiez : Il faut dénoncer. On l'a fait, vous savez, on est montés dans les
différents ministères et on est allés aussi à L'Appui national
dire : Il y a des choses qui ne sont pas normales. Il faut qu'on soit
capables de travailler ensemble parce que
les objectifs qu'on poursuit sont les mêmes. Donc, comment on fait pour faire
tomber ces barrières-là puis pour
être capables de donner les services? Bien, on se fait répondre : C'est
compliqué parce que, dans chacune des
régions, c'est des conseils d'administration qui sont autonomes et
indépendants. Donc, ce qu'on en comprend, c'est que L'Appui national n'a pas nécessairement de pouvoir autre que
les recommandations qu'il peut faire dans les différents Appuis. Peut-être qu'en redonnant ce pouvoir-là ou en
modifiant la façon de pouvoir traiter des ententes nationales et de reconnaître ces expertises-là, je pense
qu'il y a beaucoup d'entreprises qui pourraient faciliter l'argent sur le
terrain.
Hélène disait tantôt : Il y a des
organismes qui ne déposent même pas de demandes. Il y a des entreprises qui
passent une semaine pour monter un
projet, ils le déposent, il est refusé. Ils disent : Bon, une deuxième
fois, on va redéposer le projet. On
le redépose, il est refusé. Dans certains cas, on parle de 20 000 $,
25 000 $ dans... Ce qu'on a fait comme tour, là, ceux qui ont eu des enveloppes, il y a une moyenne
de 25 000 $ d'enveloppe. Il y a des organismes dont le nom... Moi,
j'ai 5 millions à gérer par année,
20 000 $ d'enveloppe pour donner du répit quand j'en fais déjà
autrement, s'il faut que je passe une
semaine à remplir les papiers, puis que je repasse une autre semaine à me
concerter, puis une autre semaine pour faire de la reddition de comptes,
ça vient compliquer l'affaire.
Et
j'oserais rajouter que parfois L'Appui va faire des demandes pour changer nos
missions, changer nos structures. Si
on leur dit : Bien, nous, faire une heure de répit, ça coûte 20 $, ça
coûte 22 $, il y a une raison, il a été évalué comme ça. Dans certaines régions, par exemple, il y
avait des projets avec les CSSS où le CSSS disait : C'est correct, on va
chercher du financement — ça ne sera pas très long, c'est un
exemple — et le proche
aidant ne paie rien du tout. Et là on déposait un projet à L'Appui,
L'Appui disait : Non, moi, s'il ne paie rien du tout, ça ne marche pas, il
va payer 3 $ de l'heure.
Le Président (M.
Kotto) : Merci.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Comment on fait pour partager ces deux programmes-là?
Le
Président (M. Kotto) : Merci. Merci. Nous allons continuer avec
l'opposition officielle pour une quinzaine de minutes d'échange. La
parole au député de Rosemont.
M.
Lisée : Merci, M. le Président. Merci à vous trois d'être là.
Merci pour tout ce que vous faites. Et effectivement, moi, j'étais présent comme conseiller lors du
sommet de 1996 où l'importance de ce travail avait été reconnue et qu'un
premier élan avait été donné. Le
gouvernement du Québec a été parmi les premiers à voir l'importance, l'intérêt
et à faire des modifications
législatives et réglementaires permettant un essor de ces entreprises
d'économie sociale, entre autres, et donc je suis très content de voir
le chemin parcouru à travers ces années.
Je suis content de
voir la lucidité aussi dont vous faites preuve. Vous n'êtes pas les premiers à
venir nous dire qu'il y a des difficultés avec la reddition de comptes. Dans votre mémoire, vous
avez mis quelques témoignages. Vous avez consulté l'ensemble de vos membres. Il y a un témoignage ici qui
dit : «L'an dernier, lors du premier appel d'offres, nous avons dû
recommencer trois fois notre demande de financement. Pourtant ça fait
25 ans qu'on présente des projets et
nous n'avons jamais eu autant de difficultés à satisfaire aux exigences de
présentation de projet. Lors de la reddition de comptes, L'Appui a
étudié à la loupe toutes les pièces affectées aux comptes et nous a
régulièrement appelés pour demander des justifications ainsi que rejeter
certaines pièces.»
Et
là on peut dire : Bon, bien, oui, il y a toujours des gens qui sont
insatisfaits de la reddition de comptes, puis c'est normal, puis il ne faut pas s'en formaliser, mais là, dans votre
petit sondage de satisfaction, vous avez 37 % de vos associations... de vos entreprises qui sont
satisfaits ou extrêmement satisfaits et 43 % qui sont insatisfaits ou
extrêmement insatisfaits. Mais c'est
énorme, ça, 43 % de taux d'insatisfaction. C'est plus bas que le taux
d'insatisfaction du gouvernement actuel, c'est dire que c'est très
élevé.
M. Bernier :
...
M. Lisée :
Écoutez... Comparativement, on fait un bon travail, dit le député de
Montmorency.
M. Bernier :
...
M. Lisée :
Absolument. Non, non, mais j'applaudis à votre remarque. Et vous dites :
Bon, «les répondants considèrent [...] qu'il
existe un problème autour de la complexité des démarches à faire afin de
pouvoir appliquer et de pouvoir [se
conformer aux] critères d'admissibilité». Bon, vous n'êtes pas les premiers à
nous le dire, mais, parmi ceux qui
nous l'ont dit déjà, on a dit : Mais ça s'améliore et ça s'améliore
considérablement, ce qui avait un peu ralenti nos ardeurs, en
disant : Bon, bien, si ça s'améliore, c'est un problème qui est en train
de se régler. Est-ce que c'est votre expérience, que ça s'améliore? Et, si oui,
est-ce que ça s'améliore suffisamment?
Le Président (M.
Kotto) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Il est certain que ce que vous avez traduit...
J'aimerais beaucoup dire... J'aime bien le Dr Boivin, j'aime bien L'Appui. On espère que ce sera de précieux
partenaires éventuellement. Notre objectif n'est pas du tout de livrer un message qui n'est pas celui
qu'on a reçu. Et c'est là qu'il est important... On n'a fait que le travail de
consulter, de compiler assez objectivement,
là. On n'a pas traduit ou fait un roman avec ça, là. On a pris les résultats
puis on vous les a présentés.
Alors,
malheureusement, au moment où on se parle, selon la consultation qu'on a faite,
c'est très partagé. Il y a effectivement
des entreprises qui nous disent : Bon, bien, tout le monde s'entend sur
une chose, là : c'est excessivement lourd, aussi bien dans la présentation de projets qu'à la reddition. Ça,
c'est unanime, là, je n'ai pas entendu grand monde dire que c'était facile. Cependant, il y a des
régions ou des milieux où on nous dit : Bon, c'est... j'en ai quand même
eu puis j'ai réussi. Ce n'est quand
même pas des grosses sommes, hein? La moyenne est de 25 000 $. Mme
Gasse vous disait que son entreprise,
qui n'est pas la plus grosse au Québec, là, sans vouloir la diminuer, c'est
5 millions, hein? On voit la différence.
Alors,
bien entendu, peut-être que c'est un nouveau programme qui a été élaboré avec
une préoccupation de rigueur. Je
pense qu'il faut reconnaître ça, hein? Puis c'est correct, ça, on est dans une
ère où on souhaite la rigueur. Alors, je pense que ça, c'est correct. Peut-être que l'exercice que vous faites
aujourd'hui servira peut-être à doser ce qui est nécessaire puis à alléger un peu. Mais je ne peux pas vous
dire qu'il y a eu une amélioration. Nos questions ne nous permettaient pas de mesurer sur les trois dernières années.
Peut-être que Mme Gasse et Mme St-Laurent, qui sont sur le terrain, pourront
en témoigner, là, mais, de notre côté, on ne pouvait pas souligner une
amélioration quelconque.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : J'oserais dire : Est-ce que c'est vraiment les
processus de dépôt de projets qui ont été simplifiés ou les
organisations, à force de déposer des projets, ont adapté leurs projets pour
qu'ils répondent aux critères? C'est la question qu'on doit aussi se poser.
M. Lisée : D'accord.
Le Président (M. Kotto) : Mme
St-Laurent.
Mme
St-Laurent (Hélène) : Je
vous dirais que nous, en tout cas, au niveau de la Gaspésie et des Îles, on a
fait beaucoup de pressions en
disant : On va les changer, les règles. Et c'est sûr que L'Appui national
n'aimait pas vraiment, mais on a dit : Regarde, la dernière... la
première fois où ils ont fait les appels de projets, il y a eu quatre projets,
les quatre projets ont été refusés. La fois
d'après, on a dit : Regardez, on n'en présente pas un, personne. Ça fait
qu'ou bien vous améliorez votre façon
de faire ou... On a fait un peu de chantage, et là il y en a six qui ont été
acceptés. Donc, ça a fonctionné.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Rosemont.
M. Lisée :
Merci. Lorsque vous dites que vous voulez que L'Appui reconnaisse le
savoir-faire des entreprises d'économie
sociale — et là je
reste sur la question de la complexité des demandes et de la reddition de
comptes — qu'est-ce
que vous voulez dire exactement en termes
de : Faites-nous confiance? Quelle marge de manoeuvre vous demandez par
rapport à la réalité actuelle?
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
• (17 h 40) •
M. Caron
(J. Benoit) : Mme Gasse ou
Mme St-Laurent voudront sûrement intervenir, là, mais moi aussi, j'étais
là en 95, 96, là, puis force est de
constater que, depuis la première entreprise, en 89, il s'est écoulé 25 ans. Il
s'est écoulé aussi une expérience
développée avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, qui n'est pas
le ministère le plus simpliste, là,
avec la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui n'est pas du tout
simpliste, alors, veux veux pas, on a une
certaine expérience dans l'administration d'un programme et dans l'intervention
auprès de 90 000 personnes qui ont exactement le même profil que les aidés chez qui on doit intervenir pour
aider les proches aidants, hein? Alors, au démarrage de L'Appui, moi, comme directeur général d'une
fédération regroupant un nombre important d'entreprises, je croyais que
nous serions un partenaire ciblé — je ne dirai pas «privilégié», je dirais
«ciblé» — parce
que... à cause de cette expérience-là — tu sais, c'est long, 25 ans,
là — mais
non, pas du tout.
M. Lisée :
Alors, si je vous comprends bien, vous voulez dire : Nous, on fait déjà de
la reddition de comptes auprès du ministère de la Santé, et donc c'est
déjà fait, alors reconnaissez que cette reddition de comptes là, elle est
faite, et, lorsqu'on dépose des projets,
acceptez les projets selon leur valeur et selon la... en répondant à la
question de savoir si ça répond à un besoin, et laissez-nous
tranquilles.
M. Caron
(J. Benoit) : Je n'irais pas
jusque-là, non. Mais je pense — puis je vais laisser la parole à Mme Gasse,
là — qu'il est... On intervient chez le même
usager avec une préposée qui, très souvent... une préposée d'aide à domicile
qui a l'expérience qu'il faut pour faire de
l'aide domestique, de l'aide à la personne et du répit, de la présence-surveillance.
Alors, spontanément, au lieu de reconstruire parallèlement un système ou des
structures qui vont pouvoir aller offrir ça — ce que Mme Gasse vous disait tantôt — n se disait : On vous sert sur un
plateau d'argent le moyen de livrer ce pour quoi vous existez.
M. Lisée : O.K.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse, vous voulez ajouter quelque chose?
Mme Gasse
(Marie-Claude) : C'est exactement ça. La structure existe déjà; les
portes d'entrée sont déjà ouvertes. On
travaille en étroite collaboration avec les intervenants du CLSC. C'est
quotidien. Il y a des demandes qui rentrent à tous les jours. On a le personnel, on a du personnel
qui est formé pour donner ce genre de services là. Tout ce qui manque, c'est qu'il n'y a pas personne actuellement au
Québec qui finance le répit. Le répit n'est pas inclus dans le panier de
services du PEFSAD. Donc, le seul
moyen qu'on a pour être capables d'aller chercher un peu de financement pour
rendre l'argent sur
le terrain, c'est de cogner à L'Appui, dire : Vous avez l'argent, on a la
structure, l'expertise, et on est prêts à procéder, on est-u capables de trouver un moyen de faire
pour qu'on puisse procéder rapidement? Parce que les besoins sont là, et
ils sont là de plus en plus à tous les jours.
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Certains de nos
membres, puis ça, ça a été à plusieurs reprises, nous ont témoigné d'expériences, par exemple, où leur projet... une
EESAD, des EESAD, — j'ai vu
des groupes d'EESAD, là, dans une région
dans laquelle on est, même — ont déposé, conjointement avec des
organismes du milieu, des projets, et finalement on a préféré... on préférait accepter un projet où la livraison des
services serait faite par des bénévoles plutôt que par une entreprise collective accréditée où des préposés
d'aide à domicile ont une formation et une expérience. On préférait... On
choisissait des projets où c'étaient des bénévoles qui allaient... Il y a des
grandes interrogations.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Rosemont.
M. Lisée :
Alors, si j'essaie d'aller au bout de votre logique, puis vous allez me
corriger si je vais trop loin, mais finalement
vous dites : Bon, voilà 20 millions de dollars qui ont été mis à la
disposition des aidants sur un certain nombre de thèmes, y compris l'Alzheimer, mais pas seulement, n'aurait-il pas
été plus simple de reconnaître l'existence des EESAD, la société canadienne
d'Alzheimer, de Baluchon, et donc d'un certain nombre d'organisations
préexistantes déjà accréditées, déjà
reconnues par le ministère de la Santé, et dire à ces organisations-là :
Pouvez-vous répondre aux besoins?, et, si vous ne pouviez pas répondre aux besoins, faire un appel de projets pour ce
qui n'était pas couvert par votre expertise, et ça aurait été plus simple que de créer des Appuis
régionaux et l'ensemble de ces choses-là. Est-ce que je comprends bien ce
que vous dites?
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Moi, je ne dis
pas ça, monsieur... Moi, je ne vais pas jusqu'à dire ça, M. Lisée. Moi, ce que...
D'où je suis, ce que j'aurais vu et ce que
j'aurais apprécié, c'est ce que je vous ai dit tantôt, c'est qu'on était un
réseau avec une solide expertise, qui
pouvait être un partenaire primordial, là, un important partenaire, et on
aurait aimé simplement être considérés. Ce qui a mené à la création de
L'Appui, tout ça, bon, on n'a pas toute l'histoire, peut-être. Il y avait peut-être des éléments qui auraient... Le
20 millions n'aurait peut-être pas été là s'il n'y avait pas eu le
parcours qui est là actuellement.
Donc, je ne veux pas juger ce parcours-là, je veux simplement tenter d'aller
livrer les services sur le terrain au meilleur intérêt des usagers. Et,
oui, comme réseau, on aurait apprécié être très présents.
Le Président (M. Kotto) : Mme
St-Laurent.
Mme
St-Laurent (Hélène) : Oui.
Bien, je dirais que, dans plusieurs régions au Québec, quand L'Appui est arrivé,
est venu au monde, il y avait déjà plusieurs
régions, avec les CSSS, qui avaient des projets pilotes sur du
répit-accompagnement pour les
personnes atteintes d'Alzheimer.
Donc, on avait déjà des gens de formés sur le terrain par la société Alzheimer
pour faire ça. Et, quand L'Appui est arrivé,
on reconnaissait plus ou moins, on disait : Non, non, on ne financera pas
les mêmes choses. On disait : Bien là, on fait quoi,
nous? Notre monde est déjà formé, on n'est pas admissible. Ça fait que c'est là que les... ce qu'il y avait
déjà sur le terrain a eu plus ou moins de reconnaissance. C'est comme si on
était partis à neuf, à nouveau.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Vous savez,
depuis que L'Appui est présent, je
pense que la problématique des
besoins des proches aidants a été remise
sur la place publique de manière
beaucoup plus importante. Et, ne serait-ce que de ça, je pense que c'est quelque chose qui est très positif. Ce qu'on
dit, c'est que, maintenant que c'est fait, maintenant qu'on a favorisé
la concertation partout dans les régions, on a-tu un moyen d'arrêter d'en
parler puis de commencer à procéder? Ça fait
que c'est juste ça qu'on dit. On n'est pas les seuls, il y a différentes
organisations qui sont là au niveau national,
qui sont déjà campées. Comment on peut faire maintenant, à partir
d'aujourd'hui, pour être capables de remettre le proche aidant ou de remettre l'usager au coeur des discussions et de
dire : C'est quoi, maintenant, le besoin? Comment je fais pour y répondre? Puis pas y répondre dans
six mois, parce que peut-être que, dans six mois, le besoin ne sera plus le
même. Donc, il faut qu'aujourd'hui on trouve
le moyen d'aller répondre à ce besoin-là rapidement, et plusieurs organisations
sont déjà prêtes pour le faire.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Rosemont.
M. Lisée :
Vous disiez tout à l'heure que, bon, compte tenu de la disponibilité des fonds
et parfois de la nécessité de les
dépenser rapidement à la fin de l'exercice budgétaire, il y a des organismes
qui se présentent avec des projets, qui soit n'étaient pas dans ce milieu-là avant... Mais on voit, enfin, avec les
difficultés financières que l'ensemble des organisations ont, effectivement, on voit très bien qu'il y a du
développement qui est fait pas en fonction des besoins, pas en fonction de la mission mais en fonction de la disponibilité
de fonds, alors c'est tout à fait normal, mais est-ce que, donc, vous voyez ça?
Est-ce que vous voyez
aussi des entreprises à but lucratif qui essaient de s'inscrire dans ce
champ-là ou des... On l'a vu dans
d'autres cas, surtout la collecte de vêtements usagers, que des fausses
fondations se créent en lien avec une entreprise à but lucratif pour
tenter d'utiliser des fonds publics. Est-ce que c'est des expériences que vous
avez?
Mme Gasse (Marie-Claude) : Non, je
ne pense pas que... Je ne pense pas qu'il y a...
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse, vous avez moins de deux minutes pour répondre.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Oui. Je ne pense pas qu'il y a des entreprises
privées qui ont tenté de mettre la main
sur des sous là-dedans. Par contre, il y a des petites organisations. Benoit
parlait tantôt de bénévoles qui s'improvisent. J'ai déjà vu dans une région un projet qui a été accepté pour un petit
groupe de proches aidants. Une fois qu'ils ont reçu le financement, ils
sont allés cogner à la porte de l'EESAD à côté en disant : Bien là, j'ai
eu 7 000 $ pour faire du répit, comment
je peux faire ça? Ça, pour moi, je trouve ça inconcevable. Qu'est-ce qui fait
que l'argent a été placé là quand on ne sait pas comment la rendre sur
le terrain, quand il y a des structures qui sont déjà prêtes pour le faire?
Le Président (M. Kotto) :
Oui, M. le député de Terrebonne, pour moins d'une minute.
M.
Traversy : On garde toujours le meilleur pour la fin, M. le
Président. Alors, je dois vous dire que je n'étais pas présent au sommet
de 1996, mais que je vais tenter quand même, là, de faire quelques
observations.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Traversy : On a parlé de beaucoup de choses, des dossiers
lourds, de la reddition de comptes, vous avez parlé de votre
savoir-faire, vous avez parlé de votre budget avec les députés aussi du
gouvernement, vous avez également mentionné
la disparité entre les régions du service que vous octroyez. Mme Gasse
exposait tantôt que les besoins se faisaient de plus en plus sentir, que les besoins étaient là. C'est dans quelle
région en particulier que vous les sentez, vous qui êtes présente sur le terrain avec vos entreprises
d'économie sociale, juste pour nous donner un son de cloche où le besoin se
fait sentir?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse, pour 23 secondes.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Partout. On ne se cachera pas, le vieillissement de
la population amène des défis et des
beaux défis, mais font aussi que la capacité de payer de l'État n'est pas
toujours là. Donc, le peu d'argent qui est là, il faut qu'on arrive à
bien l'utiliser, et le besoin est à la grandeur du Québec, partout où il y a
des aînés.
Le Président (M. Kotto) :
Merci. Alors, je vous remercie, monsieur mesdames, pour votre présentation. Ah!
Pardon, je vous ai oubliée. Ma faute.
Mme Lavallée : Bien, c'est parce
qu'il a dit : On garde le meilleur pour la fin. Je suis la fin.
Le Président (M. Kotto) :
Oui, bien, c'est ça, c'est son propos qui m'a induit en erreur. Mme la députée
de Repentigny, pour les 10 dernières minutes.
Mme
Lavallée : Merci. Merci beaucoup, merci d'être présents. Dans votre
document, vous parlez effectivement de
la lourdeur de la paperasserie qui est demandée aux entreprises d'économie
sociale. Concrètement, ça veut dire quoi? Qu'est-ce qu'on vous demande
tant qui est compliqué? Êtes-vous capables de nous donner des exemples?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
• (17 h 50) •
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Je vais
changer de chapeau, O.K.? Je vais aller comme directrice dans mon entreprise.
L'Appui nous demandait de nous concerter. Donc, dans les premiers projets qu'on
devait déposer, on devait aller
chercher tous les autres acteurs dans le milieu, aller chercher des lettres
d'appui, aller chercher... pour être capables de déposer notre projet qui était long comme ça. Parce qu'avant de faire le projet, avant d'être
allés valider les besoins, il faut
dire exactement qu'est-ce qu'on va faire, quelle activité on va faire, combien
de proches aidants on va rejoindre, quand
est-ce qu'on va le faire, dans le temps. Et, quand on vient pour donner le
service, on valide le besoin, peut-être que ce qu'on a identifié, ça ne
répond pas du tout au besoin, il faut recommencer.
Ensuite de
ça, on a dit : On va y aller avec une justice distributive. On a
dit : C'est une bonne chose, là où il y a plus de population, il devrait y avoir plus d'argent.
Il y a certaines entreprises qui ont un volet régional. Moi, je suis locale, ça
me concerne moins. Il y a des entreprises,
chez moi, qui ont une mission régionale. Donc, pour être capables de déposer
un projet à L'Appui régional, il fallait
qu'ils passent par l'ensemble des comités locaux de chacune des MRC pour
déposer un projet. Ça n'avait pas de bon sens, ils ne l'ont pas fait.
Donc, au
début, en plus, à toutes les fois que... même si on est allés chercher toutes
les lettres d'appui, et on est allés
cogner aux portes des municipalités, on est allés dans les CSSS, on est allés
dans les tables de concertation d'aînés, dans les autres organismes communautaires, dans les... On amenait une
pile comme ça qui appuyait notre projet pour se faire dire : Bien, finalement, vous, c'est le
répit, puis le répit, bien, pour l'instant, ce n'est pas ça qu'on répond, on
n'a pas assez d'argent, on commence
par les autres objectifs, donc on n'accepte pas le projet. O.K. Un autre appel
d'offres. On dit : On va aller
dans le répit. On refait les démarches, et là on dit : On va bonifier. Les
huit EESAD du Bas-Saint-Laurent se sont mises ensemble en disant : Le projet de répit qu'on va déposer, peu
importe où le proche aidant habite au Bas-Saint-Laurent, il va avoir les mêmes services aux mêmes
conditions. Et là on nous a dit : Ça coûte encore trop cher, on ne peut
pas accepter votre projet. Mais on en acceptait des plus petits à côté
qui coûtaient moins cher, même si l'expertise n'était pas là.
Chez
nous, on a décidé de finalement changer un peu notre objectif, nos missions.
Tant qu'à dire : On accepte des projets partout et des frais
d'administration partout, le comité local a dit : Bien, on va prendre
l'enveloppe qui est disponible dans notre
MRC, et on va finir par déposer un projet commun, et, ensuite de ça, on va
s'organiser pour répartir, pour
s'assurer que l'argent se rend sur le terrain et qu'il y aille plus facilement,
sans dédoublement de structures. C'est comme
ça qu'on a fini par aller les chercher. Mais tout ça, dans le temps, c'est des
documents qu'il faut récupérer. Il faut faire des réunions, il faut faire des rencontres, il faut aller
convaincre les gens pour se faire dire à l'autre bout : Bien non,
ce n'est pas les objectifs qu'on priorise.
Donc,
oui, ça, ça s'est beaucoup amélioré, sauf que cette lourdeur-là existe encore
et elle n'est malheureusement pas unique au Bas-Saint-Laurent.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Ce que je comprends, c'est : il y a une lourdeur au
niveau des papiers, mais c'est aussi beaucoup de temps que vous perdez parce que j'imagine que le processus vous
demande plusieurs semaines pour vous rendre à la demande?
Mme Gasse
(Marie-Claude) : J'avais évalué, au minimum, une semaine à temps
plein. Au minimum...
Mme
Lavallée : À temps plein.
Mme
Gasse (Marie-Claude) : ...pour 21 000 $, le premier projet
que j'ai déposé, sur un budget de 5 millions. Donc, au deuxième
appel, j'ai dit : Non, merci, je n'ai pas le temps.
Le Président (M.
Kotto) : Mme St-Laurent.
Mme St-Laurent (Hélène) : Non, bien, c'est ça. Et il y a autre chose,
aussi, c'est qu'à toutes les fois qu'on va demander l'approbation, si c'est au CSSS, tu représentes le projet,
mais, des fois, ils disent : Bien là, tu peux-tu mettre une petite variante? Nous autres, ça ne rentre pas
vraiment dans notre mission, on aimerait mieux si vous faisiez ça. Ça fait que, des fois, ça nous fait refaire le
document quasiment au complet pour réussir à répondre aux demandes de chacun.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Gasse.
Mme
Gasse (Marie-Claude) : Et j'aurais envie d'ajouter, juste... On nous a
fait des documents de reddition de compte
et des documents de budget qui sont séparés par colonnes, et ça, moi, ça me
donne des boutons, et je le nomme à toutes
les fois autour de la table. Il y a une colonne «administration», il y a une
colonne «communication-concertation», il y a une colonne «projets», il y
a une colonne «Info-aidant», et on met des salaires dans tout ça. Donc, j'ai
des frais d'administration qui vont se
retrouver dans les projets, mais, à l'autre bout, ça ne paraît pas dans le
pourcentage qui est associé à
«Administration». Donc, les outils qu'on nous dit standard pour être capable de
faire une meilleure reddition de comptes, selon moi, diluent
l'information, et l'information ressort biaisée.
Mme
Lavallée : O.K.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée.
Mme
Lavallée : Dans la recommandation 2, vous recommandez une augmentation
de l'efficacité et de l'efficience du
programme afin que davantage de financement aille sur le terrain. De quelle
façon vous le voyez, ça? Avez-vous déjà des solutions à proposer pour
que ça soit effectivement plus efficient?
Le Président (M.
Kotto) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Durant l'agréable soirée que j'ai passée hier,
j'ai constaté que d'autres aussi disaient que la... Puis, même, je pense que
c'est le regroupement des proches aidants qui disait que, selon les
statistiques qu'il avait fait,
60 % des sommes des premières années ont été consacrées à l'administration,
et aujourd'hui ça s'est rebalancé un peu. Moi, je n'ai pas fait ces statistiques-là, mais, par contre, dans mes
consultations provinciales, alors des rencontres qu'on a plusieurs fois par année, c'est revenu
constamment, ça. Tout le monde affirme, peut-être à tort, là, moi, je n'ai pas
de... je n'ai pas fait d'investigation, là, mais tout le monde s'entend,
nos membres, pour dire : Le temps... l'envergure de l'administration des programmes, de l'analyse des
dossiers, de l'accompagnement pour les dossiers, des redditions de
comptes consomment une part tellement importante des sommes qui pourraient être
disponibles pour aller livrer les services sur le terrain.
Le Président (M. Kotto) :
Mme Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Et j'oserais ajouter qu'une difficulté qu'on
rencontre, c'est que, dans les plus petites régions où l'enveloppe budgétaire est beaucoup moins importante, bien,
ces frais de structure là prennent beaucoup trop de place, parce qu'on n'est pas capable de les amortir sur l'ensemble.
Donc, est-ce qu'on devrait prendre l'image d'autres... je ne dirai pas d'autres ministres ou d'autres où
on parle de fusion d'administration possible pour diminuer les structures,
s'organiser pour que l'argent se rende sur le terrain? Peut-être qu'on aurait
intérêt à s'inspirer.
Mme
Lavallée : Donc, une de vos solutions, ce serait de diminuer
effectivement les structures. C'est le problème qu'on voit ailleurs
aussi.
Le Président (M. Kotto) : Mme
St-Laurent.
Mme St-Laurent (Hélène) : Bien, ça
pourrait...
Mme Lavallée : Ce serait plus
facile.
Le Président (M. Kotto) : Mme
St-Laurent, oui.
Mme
St-Laurent (Hélène) : Ça
pourrait être jumelé à des organismes déjà existants. Ça aurait changé quoi que
la direction de L'Appui régional soit dans
un centre d'action bénévole, dans les mêmes locaux? Ça n'aurait rien changé,
alors que là, ça leur prend leurs locaux à
eux autres, leurs lignes à eux autres, leurs choses à eux autres, c'est tout à
eux autres, alors qu'on aurait pu mettre des choses en commun.
41 Le Président
(M. Kotto) : Mme la députée.
Mme Lavallée : Parfait. Et la
recommandation 4, vous recommandiez des analyses de projet de façon à ce qu'il n'y ait pas de dédoublement. Tout à l'heure,
vous en avez parlé, ce qu'on constate actuellement, c'est qu'il y a du
dédoublement dans leur façon de voir les projets?
Le Président (M. Kotto) : M.
Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : ...du répit,
là, alors de la présence-surveillance ou du répit. Comme les Appuis, comme
ces programmes-là existent, comme il y a
20 millions sur la table, peut-être que certains intervenants qui en
faisaient très peu ou n'en faisaient
pas du tout ont l'intention maintenant d'en faire, tu sais. Nous, où on a un
problème, c'est qu'on en fait depuis
très longtemps, là, comme d'ailleurs le groupe que vous avez rencontré avant
nous. Je pense qu'ils ont une solide
expérience, une solide expertise. Alors, quand on parle d'analyse transversale,
c'est de façon à s'assurer que... de ne
pas multiplier les intervenants, et, si on a des groupes qui ont une expertise
dans un créneau particulier, parce que ça peut être complémentaire... Marie-Claude utilisait le mot
«complémentaire» tantôt, je trouve qu'il est très à propos. Ce qu'on parle, quand on parle d'analyse
transversale, c'est de considérer l'ensemble des intervenants qui ont déjà une
expertise et qui pourraient jouer un rôle complémentaire dans la
livraison du service ou encore dans le profil de clientèle.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Gasse.
Mme Gasse
(Marie-Claude) : Et je
donnerais un exemple où certains organismes ont déposé des projets, par
exemple en soutien psychologique. Donc, ils veulent l'offrir, ils ont les sous
pour le faire, mais, pour offrir ce soutien psychologique
là, ça prend quelqu'un pour aller à la maison pour faire le répit, et là ils ne
savent pas à quelle porte aller cogner.
Donc, moi, je pense que le rôle de L'Appui, c'est aussi de descendre ces
barrières-là pour dire : Bien, regarde, vous, vous faites du soutien psychologique, vous avez besoin de répit,
bien, là, si on jumelait ça ensemble, on pourrait avoir un match qui est gagnant, là. Donc, je pense
qu'on a intérêt à essayer d'améliorer les collaborations encore au lieu
de travailler en silo.
Mme Lavallée : Donc, ce que je
comprends, c'est une faiblesse de L'Appui actuellement.
Mme Gasse (Marie-Claude) : Bien, les
projets sont analysés actuellement de manière individuelle.
Mme Lavallée : O.K. Merci beaucoup.
Le Président (M. Kotto) :
Bien, merci. Alors, je vous réitère mes remerciements pour votre présentation.
La commission ajourne ses travaux au mercredi
1er octobre.
Une voix : Sine die,
finalement. Ajourne ses travaux sine die.
Le Président (M. Kotto) :
O.K. Au premier octobre à 15 heures?
Une voix : Non, sine die, ça
vient juste, juste d'être annulé.
Le Président (M. Kotto) :
Ça vient de?
Une voix : Ça vient d'être
annulé. Ajourné sine die.
Le Président (M. Kotto) :
O.K. Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 59)