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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Rochefort): La commission permanente du
revenu reprend ses travaux aux fins d'étudier article par article le
projet de loi 39, Loi modifiant le régime des droits relatifs au
commerce des boissons alcooliques et certaines dispositions
législatives.
Les membres de la commission aujourd'hui sont: MM. Blank (Saint-Louis),
Desbiens (Dubuc), Dubois (Huntingdon), O'Gallagher (Robert Baldwin),
Fréchette (Sherbrooke), Lachance (Bellechasse), LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Marquis (Matapédia), Boucher
(Rivière-du-Loup), Ouellette (Beauce-Nord) et Rocheleau (Hull).
Peuvent aussi intervenir: MM. Houde (Berthier), Lafrenière
(Ungava), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lincoln (Nelligan),
Maciocia (Viger), Mme Bacon (Chomedey), MM. Perron (Duplessis) et Vaugeois
(Trois-Rivières).
Au moment de l'ajournement de nos travaux hier, la parole était
au député de Nelligan sur la motion de report.
M. le député de Nelligan.
Motion pour reporter le choix du rapporteur
M. Clifford Lincoln (suite)
M. Lincoln: M. le Président, pour revenir là
où nous avons laissé hier, on discutait la motion du
député de Viger selon laquelle, au lieu de suivre la tradition en
nommant le rapporteur au début de l'étude article par article du
projet de loi, on renverrait le procédé à plus tard et,
après l'étude article par article du projet de loi, on nommerait
alors le rapporteur de la commission, à la fin des travaux. Comme il y a
eu un changement de président, j'ai pensé qu'il valait la peine
de revoir un peu les arguments principaux que j'avais commencé à
avancer hier. J'étais au milieu d'une dissertation pour comparer un peu
les avantages et les désavantages de ce procédé de briser
avec la tradition et de nommer le rapporteur à la fin des travaux.
Il me semble que les avantages de cette procédure, malgré
qu'elle soit inusitée et tout à fait nouvelle pour nous, seraient
beaucoup plus nombreux que les désavantages. Revoyons un peu les
avantages et les désavantages que nous avons soulevés.
Tout d'abord, en nommant le rapporteur à la fin des travaux, cela
permettrait au membre en question, le député de
Rivière-du-Loup, qui a été pressenti pour ce travail,
d'avoir l'esprit tout à fait libre et de pouvoir s'adonner aux travaux
de l'étude article par article et à tous les travaux de la
commission parlementaire sans avoir à l'esprit les fonctions
additionnelles qu'occasionnerait le travail de rapporteur.
Un autre avantage qui serait définitif de son point de vue c'est
que, comme rapporteur, il serait moralement tenu de participer aux travaux de
la commission d'une façon presque continue et il ne pourrait pas
s'absenter parce que c'est sur son rapport que l'Assemblée nationale se
basera pour, éventuellement, adopter le projet de loi en
troisième lecture.
Donc, en le nommant à la fin des travaux plutôt qu'au
début, ça lui permettra beaucoup plus de flexibilité
durant les travaux de la commission. Il pourra aller en Chambre participer aux
débats très importants qui ont lieu actuellement, par exemple, le
débat sur la question économique, la motion de blâme qui a
été présentée hier par le Parti libéral et
plusieurs questions urgentes d'ordre économique qui sont
discutées en Chambre de jour en jour.
Nous sommes d'accord que, du côté des désavantages,
nous avions soulevé la question qu'il aurait été
préférable pour le député de savoir avec certitude
qu'au début des travaux il serait nommé rapporteur. Nous
concédons le fait qu'il y a certainement un doute ou une incertitude
à ne pas savoir la date ou l'heure exacte où on sera nommé
rapporteur puisque nous ne savons quand les travaux de la commission seront
à l'étape de la conclusion.
Le plus grand avantage que nous voyons à la procédure
très originale suggérée par le député de
Viger, c'est celle-ci. Il me semble qu'on est beaucoup trop
emboîtés dans la tradition et que ç'aurait
été quelque chose de tout à fait salutaire de changer de
procédure et de faire l'expérience tout à fait nouvelle de
nommer un rapporteur à la fin des travaux. Cette brisure avec la
tradition nous permettrait de faire une expérience pour les commissions
parlementaires, qui nous permettrait de savoir, à la fin des travaux sur
ce projet de loi, si, vraiment, l'alternative suggérée par mon
collègue de Viger a des avantages distincts sur la
procedure normale actuelle.
Il me semble que cette procédure de nomination d'un rapporteur
à la fin des travaux ne dérogerait en rien aux travaux de la
commission. Je pose la question au président ainsi qu'au ministre et
à mes collèges gouvernementaux: En quel sens croyez-vous que
cette procédure suggérée par mon collègue de Viger
dérogerait aux travaux de la commission? Comment voyez-vous que le fait
que le rapporteur soit nommé à la fin plutôt qu'au
début soit une procédure dérogatoire,
désavantageuse ou anormale? Pourquoi ne pas l'essayer?
Du point de vue du député lui-même, ceci
n'enlève rien à sa compétence, à son
habileté à participer à la commission comme un membre avec
plein droit de voter, de faire tous les travaux nécessaires pour
l'étude article par article. Est-ce qu'il manquerait quelque chose
lui-même ou est-ce que la commission serait elle-même
déficiente ou désavantagée d'aucune façon si on
reportait sa nomination à la fin des travaux? Je ne peux penser à
rien qui amoindrirait l'efficacité de la commission, qui la rendrait
moins valable si nous adoptions la procédure suggérée par
mon collègue. Je pense que, par cette procédure, nous
créerions un précédent qui peut-être, en plus
d'être un précédent dans les annales parlementaires au
Québec, serait un précédent pour le reste des commissions
parlementaires des autres provinces et du Parlement fédéral et
qu'on ferait peut-être une expérience très valable qui
servirait dans les cercles parlementaires autres que le nôtre.
J'ai consulté certains collègues qui sont
expérimentés dans les questions de procédure, dans les
questions de rouage parlementaire et de commissions parlementaires et ils me
disent qu'ils ne voient rien qui pourrait empêcher cette
procédure, qui pourrait faire qu'elle soit en aucun sens
illégale, inefficace ou qu'elle n'aurait pas de valeur
intrinsèque. (10 h 30)
Je suggère donc que nous considérions cette question avec
tout le sérieux qu'elle demande. J'espère, en fait, que les
membres du parti gouvernemental vont se rallier à ce compromis qui
permettrait qu'on entreprenne le début des travaux article par article
presque tout de suite. En fait, c'est peut-être là l'avantage le
plus significatif de cette suggestion apportée par mon
collègue.
Si, par exemple, nous avions l'assentiment de nos collègues du
parti gouvernemental, qui sont plus nombreux, qui ont un vote plus fort que le
nôtre, si nous avions leur assentiment que cette alternative est une
alternative valable, qu'elle est une procédure originale qui pourrait
être aussi efficace que l'autre, si nous avions leur assentiment sans
tarder, nous pourrions peut-être débloquer toute cette question
tout de suite et arriver sans aucun retard à l'étude article par
article du projet de loi.
J'aurais voulu, en ce sens, suggérer que peut-être les
membres du parti ministériel prennent le temps qui leur est
alloué en commission parlementaire et qu'on entende leur point de vue
à ce sujet, surtout celui du député de
Rivière-du-Loup, qui est la personne en question préposée
à la candidature comme rapporteur de la commission. Il aurait
été intéressant, plutôt que d'entendre que les
points de vue de notre côté, qui sont analogues sur cette question
d'importance fondamentale pour la commission, que nous entendions le point de
vue détaillé du député de
Rivière-du-Loup.
Donc, c'est avec beaucoup de regret, M. le Président, que je ne
peux terminer mon argumentation, parce qu'il me restait beaucoup de choses
à dire. Alors, je vais terminer en suggérant que la motion de mon
savant collègue de Viger, à savoir que le rapporteur soit
nommé à la fin des travaux, soit votée par la
majorité des membres de la commission, afin que nous puissions commencer
l'étude, article par article, du projet de loi. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je pense qu'on
discute actuellement sur ma proposition, c'est-à-dire celle de reporter
la nomination du rapporteur à la fin de l'étude du projet de loi
no 39 article par article. M. le Président, j'ai fait hier cette
suggestion à cause, justement, de l'importance de ce projet de loi, par
lequel la population du Québec est pénalisée dans le sens
qu'elle est obligée de payer encore des taxes indirectes au ministre des
Finances.
M. le Président, hier, j'ai parlé sur la nomination du
député de Rivière-du-Loup, j'ai fait l'éloge de ce
député, de ses qualités que je considérais et que
je considère encore comme excellentes. Mais je me posais la question
à savoir comment il pouvait justifier vis-à-vis de ses
électeurs, vis-à-vis de sa population et, je dirais,
vis-à-vis de la population du Québec d'être le rapporteur,
pour ne pas dire le signataire, d'un rapport d'une loi matraque pour le peuple
québécois.
Je ne sais pas avec quelle majorité le député de
Rivière-du-Loup a été élu lors de la
dernière élection. Il me dit qu'il a eu une majorité
d'environ 3 000 voix. Je me pose la question. S'il était le rapporteur
de cette commission, est-ce qu'il serait encore élu avec la même
majorité ou s'il ne courrait pas le danger d'être battu lors de la
prochaine élection générale? Ce qui peut arriver à
n'importe quel moment avec la situation économique actuelle.
Dans ce projet de loi, la population est pénalisée trois
fois, ce qui veut dire: l'augmentation de 100% pour la taxe sur l'essence,
l'augmentation sur la bière et les fameux 2% de diminution pour
l'impôt sur le revenu des particuliers, ce qui a été un des
chevaux de bataille du Parti québécois lors de la dernière
élection du 13 avril 1981. Lors de cette élection, on a fait
miroiter à la population du Québec que, si le Parti
québécois était reporté au pouvoir, elle aurait
obtenu 2% de rabais sur l'impôt.
Vous savez très bien que, par le projet de loi no 11, au mois de
juin dernier, on voulait adopter ce rabais de 2% de l'impôt sur le
revenu. Après cela, on a eu le dépôt du deuxième
budget du ministre des Finances, au mois de novembre dernier; c'est
étrange parce que c'était la première fois dans l'histoire
du Québec que, dans une même année financière, on
avait un deuxième budget. À ce moment-là, on a
assisté à un virage. On s'est dit: Non! On ne peut pas donner ces
2% de diminution. Le député de Rivière-du-Loup a fait sa
campagne, lui aussi, sur cette promesse électorale. Aujourd'hui, on peut
dire que c'était vraiment une promesse électorale.
Pour reporter cela, comme je le disais, à la fin de la discussion
article par article, c'était pour faire comprendre, pour motiver
vraiment le député de Rivière-du-Loup, lui faire
comprendre le danger que comportait ce projet de loi et de le faire
réfléchir sur la possibilité d'être rapporteur
à ce moment-là.
M. le Président, vous savez très bien, comme je le disais
hier sur le député de Rivière-du-Loup, qu'il y a eu
seulement quinze députés ministériels qui ont parlé
sur ce projet de loi no 39. Sur une possibilité de 80, il y en a eu
seulement quinze; les autres 65 sont restés muets, ils n'ont pas dit un
mot, à cause justement du danger que ces députés ont vu
dans ce projet de loi vis-à-vis de leurs électeurs. Il y en a 65
qui n'ont rien dit, pas un mot; ils n'ont pas eu, je dirais, le courage de
justifier ce projet de loi devant leurs électeurs, et, parmi ces 65, on
avait le député de Rivière-du-Loup. Il ne s'est pas
prononcé, il n'a pas dit les raisons pour lesquelles il était
pour ou contre ce projet de loi, mais par exemple quand on a eu l'occasion de
voter, le député de Rivière-du-Loup a levé son bras
et s'est levé comme n'importe quel autre du côté
ministériel pour dire oui en deuxième lecture au projet de loi no
39.
Étant donné qu'on a encore la possibilité, d'ici
à la troisième lecture, de se raviser sur la décision
qu'on a prise en deuxième lecture, aujourd'hui, j'essaie de toutes les
manières possibles de convaincre le député de
Rivière-du-Loup de prendre en considération cet aspect
très important du projet de loi no 39, dans le sens que ce projet de loi
pénalise d'une façon irresponsable le peuple du Québec et
la population en général.
M. le Président, reporter la nomination du rapporteur, c'est
justement rendre plus consciente la personne qui doit signer ce rapport, et
faire le rapport à l'Assemblée nationale de la situation dans
laquelle il va se placer, il se placerait vis-à-vis des gens du
Québec.
M. le Président, je ne sais pas si cette proposition de nommer un
rapporteur à la fin de l'étude article par article a un
précédent dans l'histoire, mais, si tel est le cas, mon but
était uniquement de faire réfléchir la personne qui fera
ce rapport.
Quand on a parlé sur ce projet de loi au mois de décembre
dernier, le gouvernement a effectué un virage complet en regard de sa
promesse électorale faite au mois de mars 1981, seulement quelques
semaines avant l'élection générale. Il était
vraiment irresponsable de la part du gouvernement - je dirais plutôt de
la part du ministre des Finances - de promettre à la population du
Québec une chose et, seulement quelques mois après, de dire:
"Non, on ne peut pas. C'était une promesse farfelue, c'était une
promesse qu'on a faite mais qu'aujourd'hui on ne plus tenir." C'est un peu la
marque de commerce, c'est un peu la façon d'agir de ce gouvernement
depuis 1976. Les gens se posent vraiment des questions aujourd'hui sur
l'honnêteté et la sincérité du gouvernement
vis-à-vis de la population du Québec.
Pendant la campagne électorale, ce même gouvernement avait
dit qu'il ferait tout son possible pour ne pas imposer d'augmentation de taxes,
directes ou indirectes, ou des taxes qui frapperaient n'importe qui dans la
population. Aujourd'hui on s'aperçoit que ce gouvernement a fait fausse
route, dans le sens qu'il a frappé tout le monde avec ses augmentations
de taxes. Je dirais plus encore, il a frappé les moins nantis de la
société québécoise. Avec ce projet de loi no 39,
une augmentation de 0,30 $ le gallon d'essence, je trouve - et je pense que la
population en général le pense aussi - que le gouvernement
actuel, par la voix du ministre des Finances et avec la complicité du
ministre du Revenu, pénalise vraiment les moins nantis, les plus
démunis de la société québécoise parce que
n'importe quelle personne, que ce soient des millionnaires, des riches, que ce
soient des pauvres, ils sont obligés de posséder une voiture pour
au moins aller travailler et pour gagner leur vie convenablement. Ce sont tous
ces gens qui sont obligés de faire le plein d'essence. (10 h 45)
Vous savez, M. le Président, avec une voiture moyenne, la
différence, avec ce projet de loi, représente à peu
près de 7 $ à
8 $ de plus par plein d'essence. Je trouve vraiment irresponsable et
invraisemblable de la part du gouvernement actuel une taxe si peu
sérieuse, une taxe qui pénalise d'une façon remarquable la
population du Québec.
C'est pour cette raison que j'ai réfléchi avant de faire
ma proposition de nommer le rapporteur après la discussion article par
article parce que je me suis dit que, probablement, on réussirait
à les convaincre que ce projet de loi, on pourrait l'amender avant son
adoption. Je sais que les Québécois et les
Québécoises, actuellement, paient déjà pour
ça parce que c'est le soir même, à minuit, de la
présentation du deuxième budget de M. Parizeau qu'ils ont
été pénalisés sur l'essence et sur la bière.
On pourrait probablement quand même avoir une révision de ce
projet de loi de la part du gouvernement face à
l'irresponsabilité que le ministre des Finances a
démontrée par ce projet de loi.
M. le Président, c'est dans ce sens et avec cet objectif que j'ai
fait ma proposition de reporter la nomination du rapporteur à la fin de
l'étude du projet de loi. J'espère et j'ose croire que le
député de Rivière-du-Loup va m'écouter, qu'il va
prendre note de mes recommandations, qu'il va faire un examen de conscience, je
dirais même qu'il va consulter ses électeurs. Je pense qu'il y en
a beaucoup, sinon la grande majorité, pour ne pas dire les 100%, qui ne
sont pas d'accord avec ce projet de loi. Étant donné qu'un
député doit être le reflet de ses électeurs, qu'il
doit être le porte-parole de ses électeurs, j'imagine qu'il se
fera un devoir, vis-à-vis de la population et de ses électeurs,
de dire: Non merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Mme la
députée de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, j'ai l'intention d'ajouter ma
voix, ce matin, à celle de mes collègues, surtout suivant la
proposition du député de Viger de reporter à la fin des
travaux la nomination du rapporteur de cette commission.
Mon collègue de Nelligan disait tout à l'heure que nous
avions des vues analogues à ce sujet. Je serais tentée, au
début de mon intervention, de différer peut-être un peu
d'opinion, en me rappelant toute cette tradition que nous vivons dans cette
Chambre au niveau des travaux des commissions permanentes, des interventions
qui ont été faites par le passé, des dossiers sur lesquels
on a eu à se pencher d'un côté comme de l'autre de la
Chambre et de me demander, vraiment, si je dois me joindre à mes
collègues pour appuyer cette proposition de reporter à la fin des
travaux la nomination du rapporteur.
À mon retour à l'Assemblée nationale, j'ai cru
remarquer qu'on avait fait fi de bien des traditions. On avait fait fi aussi
d'un certain respect qu'on accordait aux travaux de la Chambre par le
passé. On sentait qu'on voulait peut-être innover avec le prix
qu'il faut payer une innovation. Je pense que, quand on veut apporter de
l'innovation, il faut payer un certain prix.
Briser la tradition au niveau des commissions permanentes. Je pense que,
quand on regarde tout ce qui a été changé, tout ce qui a
été transformé au niveau des travaux de cette Chambre ou
des travaux des commissions permanentes, le ton même de certaines
discussions qui a passablement changé au cours des années,
ça m'amène quand même ce matin à devoir partager
certaines vues de mes collègues qui demandent des changements et de
briser justement cette tradition de nommer un rapporteur.
Je baserai cela sur certaines visites que j'ai commencées dans
mon comté au cours des dernières semaines, où il m'a
été donné de rencontrer des électeurs et des
électrices qui sont aux prises avec de graves problèmes, qui ont
à faire face - surtout quand on pense aux personnes âgées -
avec des revenus fixes qui augmentent rarement, à des problèmes
financiers qui s'accroissent de jour en jour.
Je me demande si le fait d'appuyer justement cette proposition de mon
collègue de Viger ne nous aidera pas à trouver un rapporteur qui
suivra les travaux de cette commission avec assiduité, pour faire en
sorte qu'à la fin des travaux, il puisse vraiment rapporter toutes les
discussions qui ont eu lieu, sans pénaliser qui que ce soit.
On a déjà fait des gorges chaudes, dans la population
comme chez nos adversaires, je pense bien, chez nos voisins d'en face sur les
critères de sélection qu'on imposait aux candidats du parti
auquel j'ai adhéré à nouveau; où je suis revenue,
en tout cas, au mois d'avril, avec la dernière élection. Sans
entrer dans les détails - parce qu'on a tous pris connaissance de ces
critères de sélection puisque j'ai bien l'impression qu'on s'y
conforme tous - nous avons tenté de répondre à chacun de
ces critères pour faire en sorte qu'on les utilise pour trouver les
candidats qui répondent le mieux à certaines aspirations de la
population. Je pense que ce qui est le plus important - d'après moi, en
tout cas - pour un candidat qui arrive dans la vie politique ou qui y revient,
c'est de comprendre parfaitement toutes les aspirations d'une population qui
lui fait confiance à l'occasion d'un vote, de pouvoir consulter ces
gens, les comprendre, être prêt à garder ce contact qui peut
nous être familier à chacun, mais que pour certains
peut-être aussi - certains dans la population - est difficile à
comprendre. Je pense que
quand on est en politique, si on n'a pas saisi cette volonté de
nos électeurs qu'on les représente le mieux possible, on n'est
sûrement pas à notre place dans le parti politique auquel on a
adhéré. On veut être le plus grand démocrate
possible, mais il ne faut surtout pas oublier les problèmes sociaux
auxquels on a à faire face et ne pas oublier non plus les
problèmes financiers auxquels sont confrontés les citoyens que
nous représentons.
Je pense qu'il y a aussi certains critères de sélection
qui doivent présider au choix d'un rapporteur des travaux d'une
commission parlementaire. Il faut, à l'occasion de l'étude du
projet de loi 39, que le député qui sera nommé rapporteur
des travaux puisse être capable de dire qu'il a assisté à
tous ces travaux, qu'il a surtout été capable de participer aussi
au débat de deuxième lecture, qu'il a pris connaissance du projet
de loi, qu'il a vraiment étudié ce projet de loi pour en faire
rapport, qu'il a surtout prfs le temps de consulter ses électeurs et ses
électrices pour savoir s'ils sont d'accord avec ce projet de loi ou non
et, s'ils ne le sont pas, qu'il soit capable, même s'il est du
côté ministériel, de proposer certains changements,
certains amendements au projet de loi, qu'il soit capable de faire
connaître justement les aspirations de ses électeurs.
Je disais au début de mes remarques que je n'étais pas
très certaine d'avoir des vues analogues à celles de mes
collègues, M. le Président, parce que, encore une fois, il nous
faut briser avec la tradition et proposer de nommer ce rapporteur à la
fin des travaux. Je dois dire que, compte tenu des circonstances et compte tenu
de tout ce que contient ce projet de loi 39, je me dois d'appuyer mon
collègue de Viger et de demander avec lui que nous nous assurions au
moins que le rapporteur de cette commission parlementaire soit présent
à chacune des séances, et soit présent aussi à
chacune des interventions, puisque, en cours de route, il y aura
peut-être possibilité d'apporter un nouvel éclairage quant
aux craintes qu'exprime la population en face de ce projet de loi. Au cours des
rencontres, je le mentionnais tantôt, que j'ai eues dans mon
comté, il y a vraiment eu les signes d'une inquiétude
grandissante au sein de la population.
Quand on regarde ces augmentations de taxes, je sais que cela rend un
peu difficile la tâche du ministre et c'est vraiment ingrat qu'on lui
mette tout le fardeau sur les épaules. Ce n'est quand même pas lui
qui a à administrer les finances. Il n'est que le percepteur des taxes
et il doit suivre évidemment les modifications qui lui sont
sûrement suggérées par la mauvaise administration du
ministère des Finances. Mais la population ne doit pas être
pénalisée dans ce qu'elle a de plus essentiel évidemment,
certains revenus qui sont de moins en moins importants. Je parlais tout
à l'heure de la population âgée, qui quand même
grossit et augmente de jour en jour. On sait au Québec que ce n'est pas
une population qui rajeunit, c'est une population vieillissante. Et c'est
surtout sur elle et sur cette situation que je me penche aujourd'hui, parce que
cette population vieillissante a des inquiétudes qui sont
justifiées et justifiables. Encore lundi, au moment de ma tournée
des résidences des personnes âgées dans mon comté,
on nous faisait part justement de leurs inquiétudes. Remarquez ces
augmentations de taxes que ces gens subissent à droite et à
gauche, sans même pouvoir s'exprimer facilement, puisqu'ils nous ont
quand même transféré certaines possibilités,
à nous qui les représentons, de le faire pour eux.
Mais je partage ces inquiétudes qu'ils ont et c'est pour cela que
je pense qu'on doit commencer l'étude de ce projet de loi avec beaucoup
de sérieux, beaucoup de sérénité, même si
cela devait nous faire rompre avec la tradition de nommer un rapporteur au
début de ces travaux et de reporter justement cette décision
à la fin de l'étude de ce projet de loi. Nous avons tous eu
l'occasion, je pense, la majorité d'entre nous en tout cas, du
côté de cette commission parlementaire, de nous exprimer sur
l'augmentation des taxes. On a parlé évidemment beaucoup de la
taxe sur l'essence. Cela touche l'ensemble de la population, puisqu'on sait
aujourd'hui que ce n'est plus un luxe de se transporter avec la voiture, c'est
essentiel. C'est un des services que les gens doivent utiliser, soit pour aller
à leur travail ou vaquer à des occupations. (11 heures)
Je reviens encore à la population vieillissante de notre
province. On sait que ces gens n'ont souvent que cette seule possibilité
pour voyager. Ce ne sont pas de longs voyages, mais ils ne peuvent plus s'en
permettre. Je pense que si on continue à taxer l'essence, les personnes
âgées seront obligées de couper dans ce qu'elles ont de
plus important pour leur permettre de voir un peu la famille ou de vaquer
à certaines occupations qu'elles doivent faire, ne serait-ce que pour
leur procurer certains loisirs puisqu'elles en ont l'occasion.
Je pense que cela a été fort sage de la part du
député de Viger de faire cette proposition et de faire en sorte
de s'assurer de la présence assidue du rapporteur aux travaux de cette
Chambre.
J'espère que le député de Rivière-du-Loup a
consulté ses électeurs sur la validité ou la
possibilité d'apporter certains amendements. Je ne peux pas croire que
les électeurs de Rivière-du-Loup soient si différents des
électeurs de Chomedey. Ils ont
sûrement autant de problèmes financiers qu'en
éprouvent les électeurs de Chomedey. S'il ne l'a
déjà fait, je me permettrais de l'inciter à consulter ses
électeurs davantage et leur demander s'ils sont d'accord sur le projet
de loi no 39 qui fait que l'on augmente sensiblement le fardeau des gens qui
sont moins nantis, sans considération de leur revenu. On continuera
peut-être de le faire si on laisse aller facilement l'adoption d'un tel
projet de loi.
Encore une fois, je trouve qu'on donne au ministre du Revenu une
tâche bien ingrate d'avoir à aller chercher chez les
électeurs et chez les électrices des sommes aussi importantes et
d'alourdir le fardeau qui, pour eux, était suffisamment lourd, le
fardeau des taxes, le fardeau de l'impôt. Il nous faudra étudier
cette loi avec beaucoup de sérieux; il nous faudra étudier cette
loi article par article avec énormément d'ouverture d'esprit, de
part et d'autre, pour qu'à la fin des travaux, si la proposition du
député de Viger était acceptée, le rapporteur
puisse inclure dans son rapport et décrire une situation qui est plus
réaliste que celle qu'on peut voir à la lecture des notes
explicatives de ce projet de loi.
Je pense qu'il est très important qu'on adopte cette proposition
du député de Viger et qu'on rompe avec la tradition, même
si cela me répugne souvent de rompre avec certaines traditions, dans un
monde où tout est en ébullition, tout est en changement, tout est
remis en question. Il y a certaines traditions qui sont
véhiculées et qui existent dans cette Chambre; au niveau des
travaux des commissions parlementaires, elles sont encore, à mes yeux,
très importantes. Nous vivons des situations difficiles. Il faudrait
quand même mettre de côté cette tradition, ce qui
n'enlève pas tout le respect que j'ai pour les travaux des commissions
parlementaires ou les travaux de la Chambre, et faire en sorte que le
rapporteur sera vraiment conscient qu'il a traduit pour la population les voeux
et les aspirations de cette population qui ont été
exprimés par les députés de la commission parlementaire.
J'appuie donc cette proposition du député de Viger en
espérant qu'il nous sera possible d'étudier avec beaucoup de
sérieux ce projet de loi, et en espérant aussi que le
député de Rivière-du-Loup aura vraiment
étudié avec beaucoup de sérénité ce projet
de loi, puisque je n'ai pas souvenance qu'il ait participé au
débat de deuxième lecture. Je ne me rappelle pas s'il l'a fait,
mais l'ayant fait nous-mêmes, nous espérons qu'il sera en mesure,
après les travaux de la commission parlementaire, de faire un meilleur
rapport des travaux de cette commission.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, j'ai encore quatre minutes,
je crois, à ma disposition.
Le Président (M. Rochefort):
Exactement.
M. Maciocia: Je vais en profiter pour faire encore une suggestion
au député de Rivière-du-Loup. Je n'avais pas pensé
tout à l'heure qu'on était à jeudi, aujourd'hui, c'est si
on peut dire, la dernière journée parlementaire de la semaine. Je
vais lui faire la suggestion qu'étant donné qu'il dispose d'une
fin de semaine complète, vendredi, samedi, dimanche et lundi, il
pourrait en profiter pour contacter ses électeurs et ses
électrices et vérifier s'ils sont d'accord qu'il soit
nommé rapporteur à la fin de l'étude du projet de loi no
39.
M. le Président, j'insiste sur ce point parce que je trouve que
c'est tellement important que la personne qui va prendre cette
responsabilité ait vraiment un mandat de la population de son
comté pour lui dire: Oui, on est d'accord avec toi, prends cette
responsabilité et on va t'appuyer à n'importe quel moment. C'est
pour son bien aussi que j'essaie de lui faire comprendre la
nécessité de contacter ces gens-là.
M. le Président, responsable comme je sais qu'il l'est, car j'ai
eu l'occasion de parler parfois avec lui, j'ai reconnu chez lui le sens des
responsabilités, la conscience qu'il a vis-à-vis de ses
électeurs, et je voudrais qu'il n'ait pas demain à regretter le
geste qu'il poserait aujourd'hui.
Motion de sous-amendement
M. le Président, en écoutant les autres intervenants tout
à l'heure, je me suis posé moi-même une question. Je ne
sais si ma proposition était complète lorsque j'ai proposé
cet amendement; j'écoutais un peu les autres intervenants en disant:
C'est vrai que la personne qui prendrait cette responsabilité devrait
être absolument présente à toutes les séances de
l'étude du projet de loi no 39, article par article. Je me suis rendu
compte que c'est quasiment indispensable que cette personne soit
présente pour faire un rapport valable contenant des objectifs à
la fin de l'étude. C'est pour cette raison que je vous expose
respectueusement que je voudrais faire une motion de sous-amendement pour
qu'après le mot "commission" on ajoute les mots et que le
député de Rivière-du-Loup soit présent à
toutes les séances que tiendra la commission permanente du revenu
relativement à l'étude article par article du projet de loi no
39. Je vous prie respectueusement, M. le Président, de l'accepter si
cela respecte les règlements
et la jurisprudence du Parlement. Parce que je trouve qu'il est vraiment
indispensable que la présence de cette personne soit constante à
l'intérieur de la commission parlementaire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Compte tenu de votre
demande d'accepter la recevabilité de cette motion, j'aimerais entendre
un représentant de chacun des partis autour de cette table sur la
recevabilité de cette motion de sous-amendement.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Je la trouve absolument régulière. On a
le droit de faire un sous-amendement à l'amendement voyant que cela
n'est pas dans le but d'écarter ou la motion principale ou l'amendement.
Ici, la motion principale veut nommer rapporteur le député de
Rivière-du-Loup. L'amendement veut reporter la nomination à la
fin des travaux, et ainsi, le député sera présent à
toutes les séances. Les trois choses sont logiques parce que s'il doit
être rapporteur et si on sait que l'on va le nommer à la fin -
parce qu'on prend l'engagement de le nommer à la fin -c'est logique
qu'il doit être ici pour entendre les débats. On va être
certain. Il faut faire cette motion. Je ne trouve aucune
irrégularité dans cette motion, ça tombe directement dans
nos règlements. Je ne sais pas pourquoi vous me demandez de parler.
Le Président (M. Rochefort): Parce que je m'interroge sur
la recevabilité. M. le ministre du Revenu.
M. Fréchette: D'abord, M. le Président, strictement
au plan de la procédure qui a été utilisée par le
député de Viger évidemment, il nous prend par surprise,
nous ne nous attendions pas à une semblable argumentation - je me pose
des questions sérieuses sur la possibilité pour le parrain de
l'amendement de se faire le parrain d'un sous-amendement de sa propre
première suggestion. Je vous dis que je me pose des questions à
cet égard sous réserve de vérifier plus avant dans le
texte même de notre règlement.
M. Maciocia: Si vous me permettez, M. le ministre, je vais
seulement vous éclairer. C'est dans le sens que je me suis aperçu
que mon amendement était incomplet. C'est la seule raison pour laquelle
j'ai fait mon sous-amendement.
M. Fréchette: Cela confirme, M. le Président, ce
que je viens de vous dire. Si c'est effectivement dans le but de
compléter l'amendement qui était déjà devant nous,
il me semble que cela aurait dû être fait dès le
départ, au moment où l'amendement comme tel a été
présenté. Autrement, si on devait accepter cette façon de
procéder, cela nous amènerait à un effet
d'entraînement, à un effet de saute-mouton; n'importe qui,
n'importe comment et dans n'importe quelle circonstance pourrait simplement
vous dire: J'ai oublié, en proposant un amendement, d'ajouter un mot ou
deux et j'utilise la procédure du sous-amendement pour compléter
ce que j'ai oublié. Quant à l'aspect juridique de la situation
qui vous est soumise, il me semble que cela doit être analysé avec
beaucoup d'attention.
Maintenant, quant au fond même de la motion de sous-amendement,
c'est-à-dire l'objectif qui est visé de...
M. Maciocia: M. le Président, il n'a pas le droit de
discuter sur le fond.
Le Président (M. Rochefort): Je voulais au moins
l'entendre amorcer son intervention pour voir dans quelle mesure cela pouvait
être utile pour me permettre de décider de la recevabilité
de la motion de sous-amendement.
M. Maciocia: Parfait. Excusez.
M. Fréchette: J'aurais souhaité que le
député de Viger, en proposant son sous-amendement à son
propre amendement, indique à cette commission sur quel article de notre
règlement il s'appuie. Généralement, on doit avoir une
assise juridique pour défendre une procédure. Je ne sais pas si
c'est volontaire ou non, mais il n'a pas lui-même
référé très précisément à un
article de notre règlement qui lui permettrait de soumettre ce
sous-amendement. (11 h 15)
Dans la continuation de l'argumentation que je développe, M. le
Président, je vous signale que non seulement le règlement ne
prévoit pas une semblable possibilité, mais que, bien au
contraire, il la défend.
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Vous permettez?
M. Maciocia: Parfait, continuez.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre du Revenu,
toujours sur cette question.
M. Fréchette: Je vous disais, M. le Président, que
non seulement notre règlement écrit, les us et coutumes ou la
jurisprudence ne prévoient pas de semblable situation, mais, bien au
contraire, à la lecture de l'article 4 de notre règlement, il
m'apparaît clair qu'il s'agit là d'une procédure qui
n'existe pas. Ce n'est pas un cas prévu par le règlement
lui-même. C'est précisément la situation à laquelle
réfère l'article 4, qui est très clair: "Dans un cas non
prévu par les règles de procédure ou dans un cas de
divergence d'opinions sur l'interprétation d'une règle de
procédure, le président décide en tenant compte des usages
de l'Assemblée depuis son origine." Je réitère donc que,
dans le droit écrit que constitue notre règlement, il n'existe
pas - il me semble, en tout cas, et vous pourrez, M. le Président, me
référer à un semblable article s'il existe - de texte
explicite écrit qui permettrait une semblable procédure.
Deuxièmement, comme je le disais tout à l'heure, le
député de Viger nous arrive avec un joyau, un bijou de
procédure auquel nous ne sommes pas particulièrement
habitués. Je n'ai pas eu l'occasion, parce que je ne savais pas la
nature de sa proposition, de vérifier les us et coutumes de la
jurisprudence de nos commissions ou de l'Assemblée nationale, mais je
serais fort étonné que, faisant le tour de cette doctrine, nous
puissions nous retrouver devant une situation qui, sous quelque angle que ce
soit, puisse ressembler à celle que vous avez devant vous.
M. le Président, pour ces deux motifs, il me semble d'une
évidence claire que la motion de sous-amendement du député
de Viger est irrecevable et cela, à sa face même.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je veux seulement dire que, contrairement à ce
que le ministre dit, c'est écrit clairement aux articles 69 à 72
comment on fait un amendement et qui fait un amendement. L'article 69 dit:
"Sauf les exceptions prévues au règlement, un
député, s'il a le droit de parler sur une motion, peut y proposer
un amendement..." L'article 72 dit: "Un amendement peut être
sous-amendé, mais un sous-amendement ne peut être amendé."
Qui peut le faire? Une personne qui a le droit de parole.
Ces articles ont été écrits exactement pour un cas
comme celui qui se produit aujourd'hui. Un député présente
un amendement. Durant le débat, il se rend compte que son amendement est
recevable et en bonne et due forme, mais qu'il peut être
amélioré. Il peut faire deux choses. Il peut demander le
consentement de la commission pour changer sa motion originale ou il peut
amender son amendement par voie de sous-amendement, s'il a le droit de parole.
S'il n'a pas le droit de parole, à ce moment-là, il doit demander
le consentement. Mais ayant le droit de parole, il dit: Oui, j'aimerais ajouter
quelque chose à mon amendement. La seule façon dont il peut le
faire, c'est en présentant un sous-amendement, et il a le droit de le
faire parce qu'on dit qu'un député peut le faire, n'importe quel
député. Quand il y a des situations où un
député ne peut pas le faire, on le dit dans le règlement.
Les exemples que le ministre donne concernent le retrait d'une motion. La
personne qui a présenté la motion ne peut pas proposer de la
retirer, c'est une autre personne qui doit le faire avec son consentement.
C'est écrit. Si ce n'est pas écrit, ça veut dire que
n'importe quel député peut le faire, même le
député qui a présenté la motion originale.
M. Maciocia: Seulement pour vous éclairer...
Le Président (M. Rochefort): Oui, rapidement, M. le
député de Viger, toujours sur cette question.
M. Maciocia: Oui. Je vous référerai à
l'article 70 qui dit: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de
la motion proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher,
ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet
est d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé et il en est de même d'un sous-amendement par rapport
à un amendement." Le règlement est tellement clair...
M. Fréchette: M. le Président...
M. Maciocia: ... que je soumets respectueusement que le
sous-amendement est recevable.
M. Fréchette: ... est-ce que vous me consentiriez quelques
remarques supplémentaires?
Le Président (M. Rochefort): Oui, mais c'est la
dernière intervention que j'entendrai sur cette question. M. le
ministre, rapidement, s'il vous plaît.
M. Fréchette: Je suis d'opinion que le sous-amendement qui
est devant nous aurait, s'il devait être reçu et voté
favorablement, exactement le même effet que l'amendement que nous sommes
à étudier. C'est une autre façon - très habile, je
le conçois - de présenter un sous-amendement dont l'effet serait
aussi de reporter la nomination du député de
Rivière-du-Loup au poste de rapporteur.
Si, par exemple, ce sous-amendement devait être adopté et
que, pour motif raisonnable et valable, le député de
Rivière-du-Loup ne pouvait pas être là, qu'est-ce qui nous
arriverait? Nous devrions reporter nos travaux parce que ce serait une
condition essentielle à la marche de nos travaux que
le député de Rivière-du-Loup soit
présent.
Si, alors, pour un motif de maladie ou pour un motif raisonnable et
valable, il ne peut pas être là vous arrivez tout de suite
à la simple conclusion, M. le Président, que nous allons devoir,
dans les circonstances, suspendre nos travaux jusqu'à ce que la
condition essentielle que nous établirons nous-mêmes en votant le
sous-amendement soit respectée, c'est-à-dire la présence
du député de Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Rochefort): Oui. M. le ministre, je crois
qu'on est rendu sur le fond. Je vais suspendre les travaux le temps de prendre
en délibéré la motion de sous-amendement du
député de ...
Une voix: ...
Le Président (M. Rochefort): Non, je vais essayer de faire
cela avant.
Les travaux de la commission sont suspendus pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
(Reprise de la séance à 11 h 51)
Le Président (M. Rochefort): Pendant mes
délibérations, j'ai retenu, premièrement, la question de
savoir si le proposeur d'un amendement peut faire une proposition de
sous-amendement à son amendement, parce que, évidemment, dans
l'argumentation qui a été évoquée par le
député de Viger lui-même et aussi par le
député de Saint-Louis, on a mentionné que la proposition
de sous-amendement avait pour objectif d'améliorer l'amendement, ce qui
fait que c'est en soi un sous-amendement et, tel que le dit notre article 70,
d'ailleurs: "Un amendement - et c'est la même chose pour un
sous-amendement - doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres." Le fait que la motion de
sous-amendement ajoute des mots est en soi, donc, un changement à la
proposition d'amendement que le député de Viger avait
déjà faite et, à cet égard, la plupart des auteurs,
sinon tous, s'entendent pour dire que le proposeur d'un amendement ne peut
proposer un sous-amendement à sa proposition d'amendement. Je vous
référerai à Geoffrion, à la note 2 sous l'article
179, qui dit: "Celui qui a proposé un amendement ne peut proposer de le
sous-amender."
Évidemment, il y aurait peut-être une façon de
rendre possible l'objectif de la motion de sous-amendement du
député de Viger. Quand on regarde dans Beauchesne, page 158,
à l'article 442, premièrement, il est dit: "Le
député qui a proposé un amendement et qui désire
par la suite modifier sa proposition ne peut le faire que si la Chambre - ici,
il faudrait lire commission - autorise le retrait de l'amendement initial,
après quoi l'amendement ainsi modifié peut être
proposé." Ma décision est à l'effet de ne pas recevoir la
proposition de sous-amendement du député de Viger.
M. Blank: Mais, voyant qu'il y a cinq minutes avant de voter et
voyant que le député de Viger n'est pas ici... Il a fini
son...
Le Président (M. Rochefort): II avait terminé son
droit de parole, de toute façon.
M. Blank: Oui, il n'y a que M. O'Gallagher qui reste encore. Je
voudrais suggérer que...
Le Président (M. Rochefort): Qu'on reprenne...
M. Blank: Après l'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Rochefort): ... après l'ordre de
la Chambre?
M. Blank: Ou peut-être sine die.
Le Président (M. Rochefort): Consentement?
M. Fréchette: Je voudrais bien qu'on s'assure... Que nous
avait-on donné comme mandat hier à l'Assemblée
nationale?
Le Président (M. Rochefort): La Chambre nous avait
donné un mandat pour siéger ce matin. Nous devrons attendre un
nouvel ordre de la Chambre pour reprendre nos travaux.
M. Boucher: Jusqu'à midi ou à 13 heures?
M. Fréchette: 13 heures, il me semble, non?
M. Blank: Cela ne peut pas... On laisse toujours deux heures
entre la commission et la Chambre. Si la Chambre commence à 14 heures,
on finit à midi.
Le Président (M. Rochefort): Oui, assurément. C'est
cela, cela commence à 14 heures.
M. Blank: À 14 heures. Sine die?
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il consentement pour
ajourner sine die? Avant de prononcer l'ajournement, je veux quand même
qu'on s'entende tous pour qu'au
moment de la reprise des travaux, nous reprenions avec l'intervention du
député de Robert Baldwin.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 54)
(Reprise de la séance à 16 h 01)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre s'il vous
plaît, messieurs! La commission permanente du revenu reprend ses travaux
afin d'étudier, article par article, le projet de loi no 39, Loi
modifiant le régime des droits relatifs au commerce des boissons
alcooliques et certaines dispositions législatives.
Les membres de cette commission sont: MM. Blank (Saint-Louis), Desbiens
(Dubuc), Bélanger (Mégantic-Compton), O'Gallagher (Robert
Baldwin), Fréchette (Sherbrooke), Lachance (Bellechasse), LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Marquis (Matapédia), Boucher
(Rivière-du-Loup), Ouellette (Beauce-Nord), Rocheleau (Hull).
Peuvent aussi intervenir: MM. Rivest (Jean-Talon), Lafrenière
(Ungava), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lincoln (Nelligan),
Maciocia (Viger), Kehoe (Chapleau), Perron (Duplessis) et Vaugeois
(Trois-Rivières).
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je veux vous faire part d'un certain nombre de
consultations qui ont été menées en dehors de la
commission parlementaire. Je pense que tous les collègues sont d'accord
pour que l'on convienne, sur cette fameuse question du rapporteur qui a
causé énormément de difficultés, n'est-ce pas,
à la commission, que M. Réjean Doyon, futur député
libéral de Louis-Hébert accepterait volontiers d'être
nommé rapporteur, dénouant ainsi l'impasse.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Je crois qu'il y a consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Au moment de la suspension
des travaux, la parole était au député de Robert Baldwin.
M. le député de Robert Baldwin.
M. Maciocia: M. le Président, est-ce que mon
sous-amendement a été, parce que je n'étais pas
présent, rejeté, refusé?
Le Président (M. Rochefort): II a été
jugé irrecevable.
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais en connaître la raison
seulement?
Le Président (M. Rochefort): Oui, ce que j'ai
expliqué, en résumé, aux membres de la commission ce
matin, c'est qu'un sous-amendement ne peut être proposé par la
personne qui a proposé l'amendement en question.
Alors, M. le député de Robert Baldwin.
Reprise du débat sur la motion pour reporter le
choix du rapporteur
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. On parlait sur la
motion d'amendement proposant que le rapporteur soit nommé après
l'étude article par article. Alors, on a invoqué, de ce
côté-ci de la table, que ce serait une très bonne motion
car cela donnerait l'occasion à tous les députés
ministériels d'être présents et d'étudier en
profondeur les conséquences de ce projet de loi. Il y a sûrement
de lourdes conséquences pour tous les contribuables, pour tous les
utilisateurs d'essence qui ont certainement des familles, à 100%.
Même si la loi est en vigueur aujourd'hui, imposée par le
ministère du Revenu, c'est depuis l'automne que cette taxe est
imposée. Je pense qu'il est nécessaire que tous les
députés de l'autre côté de la table soient
conscients de l'odieux de cette taxe. Le Conseil des ministres leur impose
l'odieux de mettre leur étampe sur cette taxe et de l'amener à
l'Assemblée nationale. Il faudrait que chacun d'eux défende sa
position devant cette commission.
C'est fort possible qu'après avoir étudié tous les
facteurs dans ce projet de loi, le député de
Rivière-du-Loup fléchisse dans la responsabilité qu'il est
prêt à assumer aujourd'hui. C'est fort possible qu'à la
dernière minute, pour une raison ou une autre, il refuse de signer ce
rapport.
Au sujet de la responsabilité, je voudrais faire la motion
suivante: Que la motion d'amendement présentement en discussion soit
modifiée en ajoutant à la fin les mots "et que le
député de Rivière-du-Loup soit présent à
toutes les séances que tiendra la commission permanente du revenu
relativement à l'étude, article par article, du projet de loi no
39."
M. Fréchette: Je ne sais pas si...
Le Président (M. Rochefort): Si vous permettez deux
secondes. Comme je l'avais souligné ce matin, je m'interrogeais sur la
recevabilité de la proposition de sous-amendement du
député de Viger mais j'ai mentionné, au moment où
j'ai rendu ma
décision, que je m'étais interrogé pendant ma
délibération uniquement sur la question de savoir si le
député proposeur de l'amendement pouvait aussi proposer le
sous-amendement. Je n'ai pas poursuivi ma réflexion sur la motion de
sous-amendement elle-même. Mes questions restent les mêmes. Je
pense qu'au moment où je vous ai entendu ce matin sur la question de la
recevabilité, vous avez abordé aussi cet aspect de la question.
Toutefois, si des membres de la commission voulaient intervenir sur cette
question, je serais prêt à les entendre avant de prendre en
délibéré la motion de sous-amendement du
député de Robert Baldwin.
M. Blank: Non, cela retarderait les travaux. Les articles 69
à 72 sont très clairs. On a le droit de faire un sous-amendement.
Vous dites - peut-être avec raison - que le monsieur qui a fait
l'amendement principal n'a pas le droit de faire de sous-amendement, sauf s'il
a le consentement de la commission, et si c'est fait par quelqu'un qui a le
droit de parole suivant les articles 69 et 72, il aura droit au
sous-amendement... Ce n'est pas le sujet, ce n'est le sujet du tout, il a dit:
Le jugement du président est que la personne ou le député
ne peut pas faire n'importe lequel sous amendement. Il n'a pas à entrer
dans la question de l'amendement, c'est-à-dire que si, moi, je n'ai pas
le droit, mon voisin à côté a peut-être le droit.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauce-Nord...
M. le ministre du Revenu, ensuite M. le député de
Viger.
M. Fréchette: Sur la question de règlement qui est
soulevée.
Il me semble que notre réflexion doit partir de la nature de la
motion principale qui est devant nous. J'ai écouté tous les
intervenants depuis le début, et il est très clair que, pour
autant que la motion principale est concernée, les collègues de
l'Opposition souhaiteraient voir _ reporter la nomination du
député de Rivière-du-Loup au titre de rapporteur de la
commission. C'est donc, ce qu'on appelle dans notre jargon une motion de
report.
Nous sommes, par ailleurs, en commission parlementaire, et il n'y a pas,
que je sache, de règle écrite quant à la
possibilité d'amender une motion de report en commission parlementaire.
Il nous faut donc, il me semble, pour procéder à une
interprétation et une analyse qui soient raisonnablement juridiques,
nous référer à l'article 163 du règlement qui
précise que, lorsque nous sommes en commission, à moins de
dispositions contraires, les règles relatives à
l'Assemblée s'appliquent aux commissions.
Or, je ne sache pas qu'il y ait de dispositions contraires dans notre
règlement pour déterminer les règles d'amendement d'une
motion de report. Il me semble que la conclusion à tirer de cette
première constatation, c'est que vous devez vous inspirer de la
règle de procédure qui prévaut à l'Assemblée
nationale même pour décider de la recevabilité de la motion
qui est devant vous.
Donc, partant de la nature de la motion principale qui en est une de
report, ajoutant à cela les dispositions de l'article 163, j'attire
votre attention sur les dispositions de l'article 121 du règlement, qui
prévoit qu'une motion de report ne peut être... Un seul amendement
est possible à la motion de deuxième lecture mais, comme il nous
faut appliquer mutatis mutandis les règles de l'Assemblée
nationale à la commission dans le cas précis qui nous
préoccupe, je pense qu'un sous-amendement n'est pas possible. Alors,
pour ces motifs-là, M. le Président, il me semble évident,
si vous en venez à la conclusion que la motion principale en est une de
report, et si l'on se réfère à toutes les argumentations
qui ont été développées par les collègues de
l'autre côté, vous avez sans doute retenu que dans la bouche de
chacun est revenu à un nombre de fois incalculable le terme
"reporter".
Il s'agit donc encore une fois d'une motion de report, que les
règles de l'Assemblée nationale doivent s'y appliquer, en vertu
de l'article 163, et qu'en conséquence, un seul amendement, qui est
déjà sur la table, est possible dans ces conditions.
Le Président (M. Rochefort): Merci. À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Viger.
M. Maciocia: Je voulais seulement dire, M. le Président,
que je vous ai demandé, tout à l'heure, la raison pour laquelle
le sous-amendement avait été refusé. Vous m'avez bien
répondu - c'est pour ça que je voulais intervenir - que
c'était parce j'avais proposé l'amendement et que je n'avais pas
le droit de proposer un sous-amendement. Je comprends très bien la
raison et je l'ai bien acceptée. Cela veut dire que pour d'autres
raisons, probablement, un autre député pourrait faire le
sous-amendement. Mais les raisons qui ont été données, je
pense qu'elles ont été données hier. Alors, vous en avez
déjà l'idée, vous pourrez la prendre en
délibéré pour voir si vraiment on peut accepter le
sous-amendement. Mais l'article 121 - seulement pour répondre à
l'article 121, même si je ne l'ai pas devant moi, je me le rappelle - on
parle de deuxième lecture. Il ne parle pas de l'étude article par
article du projet de loi. Seulement pour vous le rappeler entre
paranthèses.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: II appelle le premier amendement, l'amendement
principal, une motion de report. Ce n'était pas une motion. Quand le
député a dit: Je veux amender la motion principale en ajoutant
tel et tel mots, il appelle ça une motion de report. Je ne sais pas
où il a trouvé ce terme. Dans nos règlements, si on
regarde la définition du mot motion, dans l'index, on ne trouve pas une
motion de report. À aucun endroit dans ce règlement, on ne trouve
une motion de report. On a une stipulation spéciale pour une
deuxième lecture. Il y a trois sections: un seul amendement est possible
à la motion de deuxième lecture; il ne peut viser qu'à la
retarder, c'est une deuxième chose sur cette motion et il ne peut pas
être l'objet d'un sous-amendement. Cela veut dire que ceci s'applique
à la motion de deuxième lecture. Si on voulait que ça
s'applique ailleurs, on le dirait dans le règlement. Si le
règlement ne parle pas d'une définition d'une motion de report,
on doit tenir pour acquis que c'est une motion ordinaire, la motion pour nommer
le député de Rivière-du-Loup, qui est susceptible
d'être amendée. Il n'a pas fait une motion pour retarder la
première motion. Si vous lisez le journal des Débats, vous verrez
qu'il a dit: Je vais amender la motion en ajoutant ces mots, et après on
présentera un sous-amendement à cela.
Ce n'est pas une motion qu'on a faite parce qu'on mentionne ici,
à 121, le mot "motion". On parle du mot "motion"; ici, il n'y
était pas, le mot "motion", on n'a pas fait une motion. Même quand
on fait une motion en Chambre, c'est une motion assurée et on a
seulement dix minutes pour parler. Si c'est une motion de report et si le
président l'accepte comme telle, il va couper notre droit de parole
à dix minutes. C'est un amendement qu'il a fait. Il a utilisé le
mot "amendement" et le président l'a accepté comme un amendement,
il nous a laissé parler chacun 20 minutes comme sur un amendement. Je ne
vois pas comment on peut dire: Voilà, parce que cela mentionne une date
ou une période de temps, c'est une motion de report. Dans ce texte, on
n'a pas une motion de report. Il n'y a aucune définition et on ne sait
pas où le ministre du Revenu a trouvé la définition d'une
motion de report, moi je ne la trouve pas. (16 h 15)
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une précision, M. le Président. Ce
règlement de l'Assemblée nationale, évidemment, est
adopté sur la base juridique de la Loi sur la Législature qui est
du droit statutaire et, pour compléter, il y a une règle
d'interprétation en matière de droit statutaire que le ministre
du Revenu connaît évidemment très bien. Dans le droit
statutaire, il faut que la chose soit explicitement écrite dans nos lois
pour créer des droits ou des obligations ou une réalité
quelconque. La règle d'interprétation en droit statutaire et en
droit parlementaire, par extension, dans la mesure où la base juridique
de notre règlement est la loi de l'Assemblée nationale, la Loi
sur la Législature, je pense que l'interprétation de l'article
auquel le ministre du Revenu s'est référé doit s'attacher
à la lettre de l'article qu'il a cité et la lettre, comme mon
collègue l'a signalé, parle d'une motion de deuxième
lecture. Elle n'a pas d'autre sens et elle ne peut avoir d'autre sens qu'une
motion de deuxième lecture à l'Assemblée nationale sans
que, spécifiquement et expressément, le règlement lui en
ait donné un autre.
M. Boucher: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Tout simplement, je crois que l'amendement du
député de Robert Baldwin n'ajoute absolument rien, parce que dans
les commissions parlementaires, c'est bien certain que si les membres ne sont
pas présents, la commission n'existe pas. Alors, le fait d'obliger le
rapporteur plus qu'un autre membre d'être présent en commission,
je pense que cela n'ajoute rien. Il faut nécessairement que les membres
d'une commission siègent au moment où la commission siège.
Cela n'ajoute absolument rien. L'obligation du rapporteur ou l'obligation d'un
autre membre, elle est la même pour tout le monde, d'être
présent à chacune des commissions. À partir du moment
où la liste des membres des commissions qui sont nommés en vertu
de l'article 136 est là, je pense que les députés qui sont
désignés dans cette liste de membres doivent siéger
à cette commission. On pourrait dire que l'amendement est
superfétatoire, parce qu'il n'ajoute rien, dans le fond, aux travaux de
la commission.
M. Rivest: Sur ce dernier point, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): C'est la dernière
intervention que j'entendrai sur cette question.
M. le député de Jean-Talon, rapidement, s'il vous
plaît.
M. Rivest: Juste une remarque sur le dernier point de M. le
député. C'est que cette obligation existe. Je comprends que tous
les membres doivent être présents, mais on sait très bien
que certains membres, à
l'occasion, peuvent devoir s'absenter. La conséquence de
l'amendement du député de Pointe-Claire, c'est que cela
créerait une obligation à la commission. Si vous deviez vous
absenter, ne serait-ce que pour cinq minutes, je pense qu'il faudrait
interpréter la motion comme le fait que la commission ne pourrait pas
continuer ses travaux en votre absence, et je pense que pour vous c'est un
privilège qui vous est accordé de pouvoir accomplir votre travail
d'une façon continue. Deuxièment, pour la commission, il y aurait
une obligation de s'assurer qu'en tout temps, pour que la commission puisse
continuer ses travaux, vous soyez ici. Si vous deviez sortir pour quelque
nécessité de n'importe quel ordre, nous devrions suspendre et
vous attendre.
M. Boucher: M. le Président, aux lumières des
explications du député de Jean-Talon, je pense qu'on s'embarque
dans une drôle de réforme parlementaire. L'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Rochefort): Messieurs!
M. Boucher: ... ne pourrait convoquer la commission du revenu
sans que le député de Rivière-du-Loup soit présent.
Est-ce que ce n'est pas...
M. Blank: Cela, c'est sur le fond de la question.
M. Boucher: ... dépasser les pouvoirs de
l'Assemblée nationale, de faire tenir ces institutions...
M. Rivest: On l'appréciera en votant pour ou contre.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boucher: Un ordre de l'Assemblée nationale serait
conditionné à la présence du député de
Rivière-du-Loup? Cela n'a absolument rien à voir avec la
procédure parlementaire.
M. Blank: Pourquoi? Nous pouvons faire nos propres...
Le Président (M. Rochefort): La commission suspend ses
travaux, le temps que je prenne cela en délibération.
M. Blank: ... cinq heures?
Le Président (M. Rochefort): Environ 20 à 25
minutes.
M. Rivest: Est-ce que le rapporteur doit rester ici?
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise de la séance à 16 h 54)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. J'ai pris en considération la
proposition de sous-amendement du député de Robert Baldwin. En
premier lieu, j'ai retenu l'argumentation développée par le
ministre du Revenu comme quoi, n'ayant aucune disposition qui concernait une
motion qui avait pour effet de reporter ou de retarder plutôt une
décision d'une commission parlementaire, on devait, en vertu de
l'article 163, appliquer le règlement de la Chambre au fonctionnement
des commissions.
Je dois dire que l'article 121, comme le disait le député
de Saint-Louis, ne traite pas d'un report mais d'un retard. Évidemment,
si on retenait cet article comme devant s'appliquer au fonctionnement de notre
commission, il aurait pour effet de rendre irrecevable la proposition de
sous-amendement du député de Robert Baldwin avec les dispositions
qu'on connaît. On pourrait peut-être le relire. L'article 121 se
lit comme suit: "Un seul amendement est possible à la motion de
deuxième lecture. Il ne peut viser qu'à la retarder. Il ne peut
être l'objet d'un sous-amendement."
J'ai aussi été frappé par l'argumentation
développée par le député de Saint-Louis, qui nous
disait que cette proposition de sous-amendement devait se référer
aux dispositions générales de notre règlement en ce qui a
trait à un sous-amendement.
Il faut se poser les questions, quant à moi, à savoir s'il
est conforme aux exigences de notre règlement et quelle serait aussi sa
portée. Quant aux exigences de notre règlement, il y a la
question de la pertinence. Quant à moi, je ne vois aucun lien entre la
nomination d'un rapporteur, le fait de reporter cette décision à
plus tard et le fait de soumettre un député à une
obligation, à une décision hypothétique que la commission
serait appelée à prendre à la fin de ses travaux.
Quant à la portée de ce sous-amendement, il aurait pour
effet d'assujettir un ordre de la Chambre à la seule présence
d'un député, soit le rapporteur, en commission parlementaire. Il
faut voir que l'effet serait d'accorder un droit de veto absolu à un
membre de la commission parlementaire malgré l'ordre que la Chambre nous
aurait donné et malgré les membres de la commission parlementaire
concernée.
Finalement, ce sous-amendement, s'il était reçu,
modifierait notre règlement, quant à moi, parce qu'il ajouterait
à la fonction de député, à la fonction de
membre
de commission et à la fonction de rapporteur, une obligation
formelle, soit sa présence. Tous conviendront que seule la Chambre peut
changer le règlement et non pas une commission parlementaire.
Pour les différentes raisons que j'ai exposées, je juge
irrecevable la proposition de sous-amendement du député de Robert
Baldwin et je vous fais part que nous pouvons revenir au débat là
où il en était au moment où le député de
Robert-Baldwin a fait sa proposition de sous-amendement. Il vous restait
environ trois minutes dans votre intervention sur la motion de report, M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
On parlait de l'importance de la tâche de rapporteur ainsi que de
la responsabilité que les députés membres de cette
commission ont quand ils acceptent une action proposée par le Conseil
des ministres. Quand ils déposeront le rapport par l'entremise du
député de Rivière-du-Loup, c'est eux qui prendront
l'odieux de ce projet de loi qui impose aux contribuables une augmentation de
taxes de l'ordre de 100% sur le gallon d'essence, ou plutôt sur le litre
d'essence qu'on utilise aujourd'hui.
Toutes ces taxes sont les conséquences d'une mauvaise,
très mauvaise administration. Les conséquences de cette mauvaise
administration sont les taxes que l'on subit aujourd'hui, cette augmentation
directe sur le gallon d'essence, sur l'hydroélectricité, qu'on a
vue tout dernièrement, et d'autres taxes sans doute qui vont être
imposées par le ministre du Revenu dans le prochain budget.
C'est important que les ministériels de l'autre côté
de la table prennent la situation au sérieux; c'est à eux de
prendre leur responsabilité. C'est à eux de faire des pressions
sur le ministre du Revenu qui pourra utiliser tout son poids au Conseil des
ministres afin de trouver d'autres moyens que les taxes pour augmenter les
revenus et encourager nos investisseurs, nos entrepreneurs anglophones,
francophones ou autres. Il faut essayer de garder ce monde chez nous pour qu'il
puisse donner un avenir à notre économie et augmenter les revenus
par des moyens normaux, afin que l'économie commence un peu à
bouger, que tout le monde commence à travailler et fasse sa part pour
aider la cause. (17 heures)
Cette taxe extraordinaire de 100% sur l'essence a été
amenée par la possibilité de perdre notre cote de crédit
sur les marchés mondiaux. On sait que, juste avant les fêtes,
à l'automne, on a eu la visite des compagnies qui établissent les
cotes de crédit de toutes les grosses entreprises, les
municipalités comme les gouvernements provinciaux. C'est à ce
moment-là qu'elles ont exigé du gouvernement du Québec,
à cause de sa très mauvaise situation au point de vue du
déficit - au-delà de 3 000 000 000 $, déficit qui est plus
de deux fois le déficit combiné de toutes les autres provinces -
elles ont exigé que le ministre des Finances fasse quelque chose
immédiatement pour essayer de sauver sa cote de crédit sur les
marchés mondiaux. À cause de cette situation, de cette mauvaise
administration, de ce déficit énorme, le ministre du Revenu a
été obligé d'imposer cette taxe extraordinaire,
amenée à la dernière minute pour essayer de garder le
crédit du Québec.
J'espère que le futur rapporteur de cette commission voit qu'il
lui est demandé par le Conseil des ministres de mettre sa signature sur
cette taxe. Celui qui a plaidé coupable sera responsable de cette taxe.
Alors, c'est dans ce but-là qu'on voulait, en proposant cette motion,
remettre après l'étude article par article la nomination
officielle du rapporteur, pour être certain que tous ces
messieurs-là puissent suivre nos délibérations avec toute
l'attention possible. Même le député de
Rivière-du-Loup pourrait peut-être fléchir à la
dernière minute et refuser cette tâche ingrate. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci monsieur. Le
député de Robert Baldwin. Alors, est-ce que nous sommes
prêt à passer au vote? M. le député de
Rivière-du-Loup, pardonnez-moi.
M. Jules Boucher
M. Boucher: Puisqu'on est prêt à passer au vote sur
la motion de reporter la nomination du rapporteur à la fin de la
commission, j'aimerais dire quelques mots puisque, dans la motion principale,
je suis concerné. Depuis les longues heures que nous avons
passées à discuter de la nomination du rapporteur, vous
comprendrez le stress que j'ai subi. Durant ces longues heures, compte tenu que
mes collègues, les membres de la commission, ont défini que la
fonction de rapporteur était très importante - et je n'en doute
pas - il reste que devant l'énormité de cette fonction, je me
sens un peu, humblement j'avouerai, dépassé par
l'énormité des fonctions qu'ont décrites les
députés autour de cette table sur la fonction de rapporteur. Je
crois quand même, ayant siégé dans cette Chambre depuis
1976, qu'il faudrait ramener à sa dimension la fonction de rapporteur
comme on l'a exercée depuis plusieurs années, et dire tout
simplement qu'elle a comme objet de faire rapport de ce qui se dira et de ce
qui se décidera à cette commission à l'Assemblée
nationale. Je pense que, pour ce faire, le rapporteur, évidemment en se
servant de tout ce qui est mis à sa disposition sur le plan technique
-les fonctionnaires qui sont ici ainsi que les
galées du journal des Débats - peut en arriver
objectivement à donner un rapport convenable sur les travaux de la
commission. Partant de là, et devant le réalisme de cette
fonction, je me sens capable d'assumer ces responsabilités, compte tenu
que mes collègues, malgré tout, ont fait un éloge assez
important des qualités que je possédais; je m'en suis même
découvert.
Une voix: Bravo.
M. Boucher: Je me propose d'ailleurs d'utiliser certaines
déclarations lors de la prochaine campagne électorale. Imaginez
comment mes électeurs vont prendre ça quand on va pouvoir leur
dire que les membres de l'Opposition ont louangé leur
député.
Je pense que vous m'avez rassuré. Vous m'avez donné les
qualités qu'un bon rapporteur devait avoir, je me sens donc d'autant
plus rassuré pour assumer cette fonction-là. C'est
évidemment quelque chose d'être rapporteur d'une commission et de
le savoir au début de la commission. Je crois que si l'amendement qui
est proposé était accepté, vous pourriez m'accuser,
à la fin de la commission, d'avoir manqué d'intérêt.
En me nommant dès le début, je pense que mon intérêt
et mon devoir vont demander ma présence en commission, je puis vous
l'assurer, et va également demander une attention toute
particulière de ma part pour bien rendre compte des travaux de cette
commission à l'Assemblée nationale.
Je voterai contre l'amendement du député de Viger parce
que je me sentirai encore plus responsable sachant que je vais être
nommé au début de la commission plutôt qu'attendre à
la fin, alors que, peut-être, on décidera d'en nommer un autre.
C'est la raison pour laquelle je voterai contre l'amendement.
J'assure tous les membres de la commission de mon entier
dévouement à faire le travail le mieux possible, au meilleur de
mes connaissances et j'essaierai d'être à la hauteur de la
fonction que vous m'aurez confiée. Je crois qu'autour de la table ici,
avant les fêtes, on a eu l'occasion de décrire la
personnalité de chacun des membres. On est quand même devenus une
grande famille, on se connaît tous pour avoir entendu le curriculum vitae
de chacun des membres de l'Opposition et en partie de ceux du côté
ministériel. Je pense qu'on se connaît très bien et que
nous allons pouvoir faire un travail rapide dans la meilleure solidarité
puisque nous formons une commission où les membres de l'Opposition et du
parti ministériel doivent travailler sur un projet de loi qui est quand
même important pour la majeure partie des citoyens du Québec.
Merci M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Rivière-du-Loup. Sommes-nous prêts
à passer au vote sur la motion d'amendement?
M. Maciocia: J'ai quelques minutes encore sur la motion.
Le Président (M. Rochefort): Non pas sur ça. Sur la
motion principale, j'ai en note qu'il vous reste trois minutes, mais pas sur
cette motion d'amendement.
Une voix: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Le vote. Est-ce que la motion
qui se lit comme suit: "Que la motion présentement à
l'étude soit modifiée en ajoutant, à la fin, les mots:
"à la fin des travaux de la commission" est adoptée?
M. Blank: Vote enregistré.
Le Président (M. Rochefort): Vote enregistré. Vote
nominal. M. Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Contre.
Le Président (M. Rochefort): Vote contre?
M. Blank: ...
Le Président (M. Rochefort): M. Desbiens (Dubuc)? M.
Bélanger (Mégantic-Compton)?
M. Bélanger: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. O'Gallagher (Robert
Baldwin)?
M. O'Gallagher: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Fréchette?
M. Fréchette: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Lachance?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. LeBlanc?
M. LeBlanc: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Marquis? M. Boucher?
M. Boucher: Non.
Le Président (M. Rochefort): M. Ouellette?
M. Ouellette: Contre.
Une voix: Tu aurais dû dire oui comme...
Le Président (M. Rochefort): M. Rocheleau.
Alors, la motion est rejetée, huit voix s'étant
exprimées contre.
Rerise du débat sur la nomination d'un
rapporteur
Nous revenons à la motion principale qui était de
désigner le député de Rivière-du-Loup à
titre de rapporteur. Il vous restait trois minutes, M. le député
de Viger.
M. Maciocia: Merci.
M. Lachance: M. le Président, permettez-moi quelques
instants, juste pour une question d'information. J'aimerais savoir ce qu'est le
tableau présentement sur la motion principale. Quelles sont les
personnes qui ont le droit de parole et combien de temps? Est-ce qu'il en reste
encore un nombre incalculable?
Le Président (M. Rochefort): L'information que je peux
vous transmettre sur cette question est qu'il reste deux députés
de l'Opposition: M. le député de Viger, à qui il reste
trois minutes, et M. le député de Robert Baldwin, à qui il
reste quatre minutes pour s'exprimer sur cette motion principale.
M. Blank: N'oubliez pas, il y a le côté
ministériel.
Le Président (M. Rochefort): Oui, j'ai bien
précisé, M. le député de Saint-Louis, que je
faisais part au député de Bellechasse...
M. Blank: ... on veut savoir ce qu'ils pensent du
député de Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Alors, M. le
député de Viger, trois minutes.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. J'ai l'occasion
encore de m'entretenir pour quelques minutes sur notre confrère, le
député de Rivière-du-Loup. J'ai fait une suggestion tout
à l'heure, il y a eu un vote quasiment unanime sur la résolution.
Je peux comprendre mes confrères du côté de l'Opposition
qui ont voté contre cela, mais je ne peux pas comprendre que le
député de
Rivière-du-Loup, lui aussi, ait voté contre cette
résolution. L'intention de cette résolution, c'était
justement de le sauver pour la prochaine élection qu'on peut avoir
à n'importe quel moment. Je lui avais suggéré à ce
moment-là - si vous vous rappelez bien, c'était jeudi, la fin de
semaine s'en venait -de consulter ses électeurs pour voir
réellement s'ils lui donneraient le mandat d'être rapporteur de
cette commission. Est-ce que je dois comprendre que le député de
Rivière-du-Loup, pour ne pas dire d'autres mots, ne veut rien savoir de
ses électeurs, de sa population? Parce que ce n'est pas un projet de loi
par lequel on donne quelque chose à la population du Québec,
c'est un projet de loi par lequel on va chercher dans la poche de la population
du Québec. On a dit tout à l'heure qu'il était
responsable, il se sentait responsable, des capacités excellentes, pour
faire ce rapport. Je ne doute pas de ses qualités en tant que
rapporteur, mais je doute un peu de sa responsabilité vis-à-vis
de ses électeurs.
C'est dans ce sens-là, M. le député de
Rivière-du-Loup, que je me suis permis de vous faire la suggestion
après la lecture article par article, ou après l'adoption article
par article, pour vous mettre dans la situation de dire: II y a eu des
amendements et je suis prêt, à cause des amendements, de faire le
rapport de cette commission mais, s'il n'y avait pas eu d'amendement dans la
situation où est actuellement le projet de loi, à votre place, je
me serais désisté et en attendant cela, j'aurais consulté
mes électeurs pour connaître leur position vis-à-vis du
projet de loi no 39. Mais, vu que la position du député de
Rivière-du-Loup concorde, si je puis dire, avec la position, je dirais
irresponsable, du ministre des Finances - pas tellement du ministre du Revenu,
parce qu'il s'est retrouvé les mains et les pieds liés, ce sont
les responsabilités du ministre des Finances - je dois conclure que le
député de Rivière-du-Loup veut participer à cette
irresponsabilité de la part du ministre des Finances. Je vous remercie,
M. le Président. (17 h 15)
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Viger. La parole est au député de Robert
Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Cela a bien l'air
que je prononcerai les derniers mots sur cette motion du député
de Viger. Pour la nomination de notre rapporteur, le député de
Rivière-du-Loup, dans ses paroles, il y a quelques minutes, a bien dit
qu'il était prêt à entreprendre cette tâche, avec
fierté même. Il serait prêt à crier sur tous les
toits dans son comté qu'il a été nommé rapporteur
d'une commission qui a fait l'étude du projet de loi no 39 qui
impose une taxe de 0,30 $, ou 100% d'augmentation de taxe sur le gallon
d'essence. Je trouve cela un peu drôle que le député de
Trois-Rivières soit fier de cette nomination... Rivière-du-Loup,
pardon, qu'est-ce que j'ai dit?
Une voix: Trois-Rivières.
M. O'Gallagher: Le député de
Rivière-du-Loup. Je trouve cela un peu étrange qu'il soit fier de
cette nomination. Je comprends que le ministre du Revenu, le
député de Sherbrooke, est père de cette loi, mais que le
député de Rivière-du-Loup soit prêt à devenir
parrain de cette loi, je trouve cela extrêmement drôle. By so
doing, he makes an offer to the population that cannot be refused. As a result,
he becomes the godfather of Bill 39, a rather dubious job, let me tell you.
Vous savez que c'est une loi éponge, simplement pour éponger tout
le gaspillage qu'on a connu, tout le gaspillage dans tous les
ministères, les 15 000 000 $ qu'utilise le premier ministre pour des
fins extrêmement partisanes, extrêmement politiques, et tous les
autres gaspillages qui nous donnent, comme je le disais tout à l'heure,
un déficit de 3 milliards, deux fois le déficit combiné de
toutes les autres provinces. C'est une honte épouvantable pour la
province de Québec. C'est la raison pour laquelle nous sommes les plus
taxés de tous les Canadiens, même de tous les
Nord-Américains. C'est une des raisons majeures pour lesquelles nous
sommes dans une position où notre économie marche moins bien que
dans les autres provinces et les autres États. C'est dommage que vous
ayez l'odieux d'assumer cette tâche, je vous souhaite bonne chance.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Est-ce que
nous sommes prêts à passer au vote? M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Jules Boucher
M. Boucher: M. le Président, simplement quelques mots pour
ne pas retarder les travaux inutilement. Le député de Viger,
encore une fois, a voulu me culpabiliser en disant que, comme rapporteur de
cette commission, je prenais sur moi la responsabilité de la loi. Je
ferais remarquer tout simplement que le projet de loi a été
voté démocratiquement à l'Assemblée nationale, en
deuxième lecture, et, le principe de cette loi étant
accepté, il m'apparaît que cette responsabilité est
partagée entre les 122 députés de l'Assemblée
nationale qui, probablement, ont consulté leur ...
M. Maciocia: Question de règlement.
Le Président (M. Rochefort): Question de règlement,
M. le député de Viger.
M. Maciocia: II vient de dire tout à l'heure que le projet
de loi a été voté par les 122 députés de
l'Assemblée nationale. C'est vrai, mais il faut préciser que
l'Opposition a voté contre.
M. Boucher: Ah bon! de cela, je peux comprendre que le
député de Rivière-du-Loup soit complètement
d'accord sur ce projet de loi. Je ne sais pas si ses électeurs sont
d'accord.
M. Boucher: Est-ce que le rapporteur de la commission pourrait se
déclarer contre un principe d'une loi qui a été
votée à la majorité de l'Assemblée nationale? Je me
le demande. Je crois que la fonction de rapporteur se limite à rapporter
ce qui s'est dit ici. Je le dis tout simplement pour l'information de mes
électeurs.
Deuxièmement, le député de Viger me demande d'aller
consulter mes électeurs en fin de semaine. Est-ce qu'il s'agirait de
passer un référendum ou s'il s'agirait de faire des consultations
rapides? Il est évident...
M. Maciocia: Vous êtes habitué, M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Dans toutes les taxes que les contribuables doivent
payer, il y a toujours quelque chose d'onéreux pour un contribuable, et
je ne connais pas beaucoup de gens qui sont en faveur de débourser des
taxes, sauf qu'à un moment donné, pour faire face à des
situations, le gouvernement utilise ce moyen, étant donné que
l'argent ne pousse pas dans les arbres et qu'il a des obligations à
assumer. Lorsque la taxe sur la cigarette que je fume a été
imposée pour payer le Stade olympique, j'ai accepté de continuer
à fumer. C'est évident que ce n'est pas le sourire aux
lèvres que l'on paie nos cigarettes plus cher aujourd'hui en raison de
la taxe pour payer le Stade olympique, surtout les contribuables de ma
région qui n'y vont pas souvent.
Tout simplement, M. le député de Viger, c'est pour
répondre à l'argument et en même temps informer aussi mes
électeurs que la position que j'ai actuellement, c'est de rendre compte
des travaux des délibérations de cette commission dont je ne peux
pas présumer, et si le député de Viger veut
présumer de ce qui se dira ici en commission, je pense que c'est
à lui de le faire, mais, pour moi, pour ma part, en rapporteur objectif,
j'attendrai que ce qui se passe en commission soit fait pour faire mon
rapport. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Rivière-du-Loup.
Est-ce que nous sommes prêts à passer au vote?
M. Blank: Vote enregistré.
Le Président (M. Rochefort): Vote nominal.
Nous votons sur la motion principale qui était celle du
député de Matapédia, et qui se lisait comme suit: "Que M.
Boucher, de Rivière-du-Loup, agisse comme rapporteur de la
commission."
Alors, j'appelle le vote, M. le député de Saint-Louis, M.
Blank?
M. Blank: Abstention.
Le Président (M. Rochefort):
Abstention. M. le député de Dubuc? M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Bélanger: Abstention, M. le Président, j'arrive,
je ne suis pas au courant.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Robert Baldwin?
M. O'Gallagher: Abstention, pour les raisons que j'ai
déjà invoquées.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Sherbrooke.
M. Fréchette: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Oui. Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. LeBlanc: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Évidemment, oui, c'est moi qui ai fait la
proposition.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Est-ce que j'ai le droit de voter pour
moi-même, M. le Président?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Je peux m'abstenir et je m'abstiens, M le
Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Je suis ravi de voter pour, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Hull.
Alors, la motion est adoptée: 5 voix pour, 4 abstentions.
Motion assurant le droit de parole à tous les
députés
M. Blank: M. le Président, avant qu'on procède,
voyant l'importance de cette loi-ci, j'ai une motion spéciale à
proposer à la commission.
La motion se lit comme suit: "Que les députés qui ne sont
ni membres, ni intervenants à la commission permanente du revenu
puissent prendre la parole sans avoir à obtenir au préalable la
permission, et ce pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude article par article du projet de loi no
39.
En passant, c'est une motion que l'on trouve dans presque toutes les
commissions parlementaires semblables, et je ne veux pas argumenter sur la
souveraineté, car la souveraineté, c'est toujours
accepté.
Le Président (M. Rochefort): Alors, la motion est
reçue, à moins que quelqu'un demande a être entendu sur la
question de la recevabilité.
M. Boucher: Est-ce qu'on pourrait avoir le texte, relire le
texte, s'il vous plaît?
Le Président (M. Rochefort): Oui, je peux le relire. "Que
les députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission permanente du revenu puissent prendre la parole sans avoir à
obtenir au préalable la permission, et ce pour toutes les séances
que tiendra ladite commission relativement à l'étude article par
article du projet de loi no 39."
Alors, la motion étant reçue...
M. Blank: II prendra la parole le premier et moi, je la prendrai
après.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rivière-du-Loup, vous voulez intervenir sur...
Une voix: La recevabilité de la motion.
M. Boucher: J'aimerais certains éclaircissements. Est-que
le fait de recevoir cette motion, de voter cette motion,
impliquerait que tous les députés pourraient venir
à tour de rôle à la commission faire une intervention sur
le projet de loi no 39? C'est-à-dire qu'il pourrait y avoir 122
députés qui pourraient venir à la commission...
M. Blank: S'ils le veulent. S'ils ont l'intérêt des
électeurs à coeur, ils viendront, sinon...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: J'aimerais faire remarquer au député
de Saint-Louis que si son ancien collègue, le Dr Goldbloom, était
ici, il s'empresserait de faire corriger cette faute. On a mis un "qui" alors
qu'il faudrait un "que".
M. Blank: Parle à mon expert.
Le Président (M. Rochefort): Oui, je vous soulignerai
toutefois que j'ai lu "que".
M. Ouellette: Alors, à la mémoire du Dr Goldbloom,
je vous prie de faire la correction.
Le Président (M. Rochefort): Alors ça va? La motion
étant reçue, j'accorde la parole au député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je
n'hésiterai pas, immédiatement, à vous dire que c'est avec
grand plaisir que j'interviens dans cette commission parlementaire. On
n'entend, à l'extérieur de cette Assemblée, que du bien de
votre commission. On entend également, fréquemment, le leader du
gouvernement annoncer que la commission siège à nouveau etc. Je
ne vous cacherai pas non plus que j'ai acquis une certaine expérience,
en commission parlementaire, notamment sur la loi no 16; d'ailleurs j'y ai vu,
à l'occasion, le ministre du Revenu venir faire des stages pour voir de
quelle façon se comportait l'Opposition. C'est très bien,
d'ailleurs, parce que vous pouvez voir que le ministre est tout à fait
relaxe, il n'a aucun stress, il sait que nous sommes quand même des gens
responsables et, si nous proposons, à l'occasion - je dis bien "à
l'occasion" -certaines motions, ce n'est certainement pas pour retarder les
travaux. Au contraire, c'est afin de nous assurer que l'étude du projet
de loi no 39 sera faite avec toute objectivité, c'est-à-dire
qu'on tiendra compte de tous les éléments et de l'importance des
amendements aux lois, aux modifications au régime de taxation, etc., non
pas pour en faire une affaire de partisanerie politique mais uniquement pour le
bien général des électeurs et électrices du
Québec.
M. Lachance: De Mégantic-Compton M. Bélanger:
M. le Président...
M. Lachance: Cela fait du bien d'entendre un farceur
semblable.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieursl La parole est au député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président, j'allais
justement vous demander de les rappeler à l'ordre, parce que vous savez
comme moi que, lorsqu'on est jeune parlementaire, on ne peut pas quand
même avoir le fil des idées aussi facile que des gens qui ont
siégé en cette Assemblée pendant des années et des
années. J'écoutais tout à l'heure, le député
de Rivière-du-Loup qui en est à sa deuxième
élection, son deuxième mandat, il a certainement acquis une
certaine expérience dont je ne peux pas, malheureusement, me vanter.
M. Ouellette: II est admissible à sa pension.
M. Bélanger: Oui, de plus, il est admissible à son
fonds de retraite, c'est extrêmement important. Je reviens, M. le
Président, oui, à la pertinence. J'allais justement y revenir au
moment où vous m'avez rappelé à l'ordre, M. le
député, quoique ça ne soit pas dans vos fonctions,
ça devrait plutôt être le président, de tout
façon.
Pourquoi avons-nous demandé ou pourquoi avons-nous proposé
une telle motion, de faire entendre les 122 députés, membres de
cette Assemblée nationale, au lieu de limiter ça aux membres
élus de la commission? J'ai le regret de vous annoncer qu'on ne peut
même plus parler de 122 députés, parce que
Louis-Hébert et Saint-Laurent sont sans député. Je suis
persuadé que si nous pouvions avoir ici notre collègue de
Saint-Laurent, qui était un spécialiste, qui l'est encore, en
matière de fiscalité et en matière de finance, on aurait
certainement des arguments d'une extrême valeur pour le gouvernement. (17
h 30)
M. le Président, pourquoi donc voulons-nous avoir ces 122
députés - je devrais dire 120 - s'exprimer sur le projet de loi?
C'est tout simplement que ce projet de loi touche à peu près
à tous les facteurs. On touche à l'augmentation de la taxe de la
bière dans les tavernes; on touche à une réduction ou une
déduction de 2% de la fiscalité de chaque contribuable. Cela, M.
le Président, c'était non pas une promesse électorale,
parce que ce gouvernement-là ne fait plus de
promesses électorales, il ne fait que prendre des engagements
qu'il ne peut d'ailleurs pas tenir mais, de toute façon, il les fait. Il
ne fait que prendre des engagements électoraux, et ceci en était
un, engagement électoral, de réduire les impôts. Remarquez
bien que c'était au mois de mars. Les élections ont eu lieu le 13
avril, si je me souviens bien, donc, au mois de novembre, on pouvait revenir et
dire: On n'en tient plus compte.
Il y a aussi évidemment la taxe sur les carburants. La taxe sur
les carburants a été la cause de la défaite du
gouvernement Clark, à Ottawa, justement parce qu'il voulait toucher au
prix du carburant. Ce gouvernement-ci étant plus prudent ou ayant
bénéficié de la mauvaise expérience du gouvernement
conservateur à Ottawa, il a décidé de ne pas passer au
vote, de ne faire qu'un projet de loi qui augmenterait cette taxe sur
l'essence. Cette taxe sur l'essence a un effet inflationniste extraordinaire
parce que tout augmente. Par exemple, mon boulanger me vend le pain 0,02 $ plus
cher parce que ça lui coûte plus cher pour venir me livrer mon
pain chez moi. La farine a sûrement augmenté parce qu'on sait
très bien que la farine aussi doit subir un certain transport. Le
produit fini, non; la farine ne vient pas de l'Ouest; c'est le blé qui
provient de l'Ouest, qui est transformé ici et ensuite nous avons la
farine comme on la retrouve chez nous dans nos armoires.
Je reviens sur cette fameuse taxe sur les carburants, qui est
inacceptable et qui a un impact inflationniste, un impact qui va, encore une
fois, ajouter à tous les autres inconvénients d'une reprise
économique. Que je sache, malgré les promesses qu'on a entendues,
cette taxe-là s'applique encore à l'ensemble du Québec.
C'est donc pourquoi chacun et chacune des députés - parce que
nous avons l'honneur d'avoir quelques femmes qui siègent parmi nous,
malheureusement il n'y en a pas ici, j'en déplore d'ailleurs l'absence,
c'est tellement agréable - ces 120 députés pourraient
vraiment venir nous expliquer en quoi cela affecte leur comté.
Je vais parler un peu de mon comté, Mégantic-Compton, que
M. le ministre connaît très bien. C'est un comté qui touche
trois frontières américaines: les États du Maine, du
New-Hampshire et du Vermont. J'ai un immense comté, que j'adore
d'ailleurs, mes électeurs aussi, non seulement moi j'adore mon
comté mais mes électeurs adorent leur député, j'en
suis persuadé. Comme je viens de vous le mentionner, j'ai un
comté qui touche trois frontières américaines et c'est
extrêmement néfaste pour mes électeurs et surtout pour les
commerçants d'essence puisqu'ils voient leurs clients aller faire le
plein d'essence aux États-Unis, aller donner notre bel argent
québécois à des Américains. Cela n'a pas de bon
sens, M. le Président. Je suis persuadé que si le ministre du
Revenu avait pensé à ça deux minutes avant d'écrire
son projet de loi, il n'aurait jamais pu permettre que des
Québécois aillent dépenser leur argent aux
États-Unis. En Ontario, c'est compréhensible, mais qu'on aille
aux Etats-Unis ...
M. Fréchette: M. le Président, est-ce que le
député de Mégantic-Compton me permettrait une
question.
M. Bélanger: Avec plaisir.
M. Fréchette: Quelles sont les municipalités de son
comté qui sont limitrophes aux frontières américaines dont
il parle?
M. Bélanger: Avec plaisir, M. le Président. Je vais
lui mentionner East-Hereford, Chartierville, Woburn; il faut que je fasse un
petit examen rapide dans ma tête.
M. Fréchette: Stanhope; c'est chez vous Stanhope?
M. Bélanger: Non, ce n'est pas chez nous.
M. Fréchette: Orford.
M. Bélanger: C'est à Orford, ça. De toute
façon, j'en ai suffisamment pour que ce soit inquiétant de voir
une hausse.
M. Fréchette: Les distances ...
M. Bélanger: M. le Président, j'ai accepté
une interruption, mais je ne voudrais pas que ça devienne un
interrogatoire.
Le Président (M. Rochefort): J'avais compris que vous
vouliez recouvrer votre droit de parole. De toute façon, nous parlons
sur une motion qui vise à donner le droit de parole à tous les
membres en commission.
M. le député de Mégantic-Compton, vous pouvez
poursuivre.
M. Bélanger: J'admire la façon dont vous menez les
débats. Même s'il s'agit du ministre, vous avez su le rappeler
à l'ordre alors qu'il était vraiment antiréglementaire, en
voulant tout simplement faire un interrogatoire pur et simple. Il est
sûrement procureur quelque part ou il l'a déjà
été. De toute façon, M. le Président, je reviens au
sujet je vais être pertinent.
Cette taxe sur le carburant affecte tout le monde mais, comme je le
disais, en particulier les comtés comme le mien, qui sont des
comtés frontaliers, près des frontières américaines
ou ontariennes. C'est pour cela que tous les députés devraient
avoir l'occasion de venir ici devant cette
commission, M. le Président, où on en fait un journal des
Débats, où on pourra, dans quelques années, dans quelques
mois, même dans plusieurs années, dire ou prouver à nos
électeurs que nous avons vraiment pris leur intérêt en
défendant un projet de loi qu'on peut qualifier de néfaste pour
l'économie.
Ce n'est pas dans le but de retarder les travaux de cette commission.
Vous savez très bien, M. le Président, que la taxe est
déjà en vigueur depuis le 17 novembre dernier, je crois. Ce n'est
pas dans le but de retarder la commission pour dire: On va essayer
d'empêcher l'adoption du projet de loi. À toutes fins utiles, on a
encore jusqu'à la fin de mars, et on entend même des rumeurs
voulant que le budget, encore une fois cette année, malheureusement,
soit retardé. Cela veut donc dire qu'on n'a pas l'intention de
siéger ici pendant quatre à cinq mois pour tenter de faire
avorter le projet de loi. Au contraire, nous sommes prêts à
étudier le projet de loi article par article, mais nous voulons
également que chacun de nos collègues ait l'occasion de faire
valoir ses arguments, ait l'occasion d'accomplir le travail pour lequel ses
électeurs l'ont choisi.
Si on veut regarder brièvement le rôle d'un
député, c'est exactement le messager, la personne que les
électeurs ont choisie parmi souvent deux ou trois autres. Dans mon cas,
il y avait huit autres candidats lorsqu'on m'a élu à la
convention. Je suis le messager des gens qui m'ont élu, qui m'ont dit:
Tu vas aller à Québec défendre nos intérêts.
Alors, je suis un des privilégiés qui ont été
nommés à cette commission. Je peux donc défendre les
intérêts de mes électeurs. Mais, si je pense à mes
collègues, si je pense même aux gens du côté
ministériel où il y a certains députés, je me
demande de quelle façon ils vont pouvoir faire du bureau de
comté, s'ils en font, j'espère qu'ils en font, et dire à
leurs électeurs: Écoutez, j'ai laissé passer ce projet de
loi, je ne faisais pas partie de cette commission. Je n'étais pas au
courant, cela a passé sans que je le voie. Je pense que ce n'est pas
normal. Je pense que ce n'est pas bien, ce n'est pas le rôle que doit
jouer le député, ici, à l'Assemblée nationale.
Donc, cette motion vise essentiellement ce but, M. le Président,
de donner l'occasion, le privilège à tous les
députés élus de venir s'exprimer sur un projet de loi qui
touche, comme je l'ai mentionné au départ - c'est un projet de
loi qu'on peut appeler omnibus -l'augmentation de la taxe sur la bière,
des augmentations d'impôt ou, si vous préférez, des
déductions qui étaient promises et qui ne le sont plus, et
évidemment la taxe sur l'essence.
Donc, je crois que j'appuierai cette motion et non seulement je
l'appuierai, mais je félicite mon collègue de Saint-Louis d'avoir
pris l'initiative et je dirais même d'avoir eu la "brillance", l'esprit
aussi démocratique, l'esprit aussi constructif que de dire: Ici,
à l'Assemblée nationale, je ne suis pas le seul
député élu. Il y a 120 députés qui
siègent dans cette Assemblée nationale, on voudrait avoir
l'opinion de ces 120.
Vous savez, M. le Président, si on voulait, on pourrait quand
même s'amuser à vous faire toutes sortes de suggestions, à
vous dire: Si vous tenez tant au projet de loi no 39, si vous tenez tant
à augmenter le prix de l'essence sur les carburants, vous pourriez
peut-être le faire dans les 80 comtés où il y a des
péquistes d'élus, puis laisser les autres comtés, tel que
le mien et ceux de mes collègues, sans taxe. Cela, M. le
Président, je crois que ce serait plutôt de la plaisanterie. Ce
serait un manque de sérieux, ce ne serait pas quelque chose de
constructif.
Lorsque je vois la motion - et je vais vous la relire, M. le
Président, parce que je pense qu'on ne la lira jamais assez souvent,
cette motion. "Que les députés qui ne sont ni membres, ni
intervenants à la commission permanente du revenu puissent prendre la
parole sans devoir obtenir au préalable la permission, et ce pour toutes
les séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 39.
Je crois que c'est là une démonstration de
démocratie. L'on se plaint aujourd'hui que la démocratie semble
s'en aller vous savez où, M. le Président. Nous on y revient, on
fait un tour en arrière, on dit: Bon, la démocratie, c'est
tellemment cher au peuple québécois qu'on ne peut pas se
permettre de la laisser aller. Donc, nous invitons tous nos collègues,
du côté ministériel et de l'Opposition, à venir
étaler devant cette commission... Elle est ici pour cela, d'ailleurs.
Pourquoi y a-t-il une commission parlementaire? Il faut se poser la question,
M. le Président. Ce n'est pas une commission parlementaire tout
simplement dans le but d'avoir une commission parlementaire. Si on a une
commission parlementaire, c'est justement pour étudier un projet de loi,
pour s'assurer que ce projet de loi va tenir compte de la
réalité, que ce projet de loi sera étudié par
plusieurs parlementaires. Je comprends, c'est évident, qu'on ne pourrait
pas faire cela à chacun des projets de loi. Si je me souviens, en
décembre, nous avons adopté environ 40 projets de lois dans
l'espace de quelques jours. Cela semblerait être une habitude du
gouvernement. Tous les projets de lois qu'il ne peut pas ou qu'il n'a pas le
courage de présenter en session régulière nous arrivent
à la dernière minute avec le rouleau compresseur et il faut tout
passer; on passe tout dans le même paquet.
Une voix: C'est leur marque de commerce.
M. Bélanger: C'est leur marque de commerce. C'est
établi depuis longtemps. Pour un projet de loi d'une importance comme
celui-ci, pour le projet de loi no 39, je crois qu'on pourrait faire une
exception; c'est le sens de notre motion. On sait très bien que c'est
une exception mais on pourrait la faire pour permettre aux
députés de venir expliquer ce en quoi ce projet de loi va
être néfaste ou favorable pour leur région. Je ne crois pas
que certaines régions soient pour une surtaxe ascenseur sur l'essence.
Il reste une chose, ce serait bon d'entendre à peu près tous les
intervenants.
M. le Président, voulez-vous rappeler le député de
Jean-Talon à l'ordre?
Le Président (M. Rochefort): Vous venez de le faire mieux
que moi.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Non?
Le Président (M. Rochefort): Non. M. le
député de Mégantic-Compton, il vous reste trois
minutes.
M. Bélanger: Cela allait donc bien, et il a fallu qu'un de
mes collègues à moi vienne m'interrompre! De toute façon,
je suis habitué. En commission parlementaire, sur le projet de loi no
16, il a fait exactement la même chose. Il ne faisait que des apparitions
très rares.
M. Rivest: Sporadiques. Sporadiques.
M. Bélanger: Et toujours dans le même sens de venir
faire perdre les idées de l'orateur...
M. le Président, oui, probablement qu'on fera un sous-amendement
à cette motion, non pas pour avoir les 122 députés mais
seulement 121, en excluant le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce que j'ai le droit de parole, moi aussi? Est-ce
que M.... va pouvoir me remplacer?
Une voix: Le 6 avril.
M. Bélanger: M. le Président, étant
donné le manque de sérieux, je vais terminer et je vais garder
les quelques minutes qui me restent en réserve pour vous apporter dans
quelques instants la conclusion de mon débat. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher M. O'Gallagher: Merci, M. le
Président.
M. Rivest: Moi, je peux parler, M. le Président.
M. O'Gallagher: Après les interventions un peu
drôles de notre confrère du comté de Jean-Talon, il
faudrait revenir au sérieux du débat. On débattait la
nécessité de la motion, de notre côté, pour insister
afin que tous les députés aient l'occasion de venir s'adresser
à la commission et donner leur point de vue sur les implications de ce
projet de loi sur leurs électeurs. (17 h 45)
Nous, de l'Opposition, aurions l'occasion de faire valoir nos vues sur
ce projet de loi tout en espérant que les députés
ministériels prendront eux aussi leurs responsabilités pour faire
valoir les opinions de leurs électeurs à notre commission
parlementaire, parce qu'il y a beaucoup de facteurs extrêmement
importants dans ce projet de loi qu'on s'apprête à étudier
article par article.
D'ailleurs, l'effet sur la population qui subit cette augmentation de
taxes depuis plusieurs mois maintenant a eu une influence grave sur les budgets
de toute la population. Il y en a qui ont dit qu'ils ont comparé cette
taxe, et que ce n'est pas plus grave qu'une autre taxe comme la taxe sur la
cigarette; même le rapporteur de la commission a fait cette remarque tout
à l'heure. Mais je pense que tous les autres députés de
notre Assemblée devraient aussi avoir leur opinion parce que, vraiment,
cette taxe de 100% sur chaque gallon d'essence est comparable à une taxe
sur la cigarette. Moi, je prétends que ce n'est pas tout à fait
la même chose. Pour cette raison je pense qu'on devrait les ramener
à l'ordre, et puis faire que chaque député de
l'Assemblée nationale ait cette chance de nous amener à l'ordre
pour nous signaler que ce n'est pas tout à fait la même chose,
cette augmentation de 100% de la taxe sur l'essence...
M. Rivest: Combien? 100%?
M. O'Gallagher: 100% de l'augmentation de la taxe sur l'essence,
ce n'est pas tout à fait pareil à l'augmentation de la taxe sur
les cigarettes. Non, je sais que mon copain de Jean-Talon est bien prêt
à payer pour le gaspillage olympique, mais moi, j'ai choisi de ne pas
fumer, mais je n'ai pas d'autre alternative dans le cas de l'essence ou du
transport, et je suis dans la même position que tous les autres citoyens
du Québec. Dans le cas de la cigarette, ils peuvent toujours choisir de
ne pas fumer, ce serait une solution extrêmement simple, je vous assure
que je suis favorable à ce qu'on fasse une
campagne pour demander à la population d'arrêter de fumer,
parce que tout le monde sait que c'est extrêmement sérieux, c'est
une des causes principales du cancer des poumons, en plus d'avoir des effets
néfastes sur tout le système respiratoire et sur le coeur; une
des causes majeures des maladies du coeur, c'est la cigarette.
Alors, ce n'est pas tout à fait la même chose, cette taxe.
Pardon?
M. Boucher: On se sacrifie pour votre stade.
M. O'Gallagher: Cette taxe sur l'essence n'offre pas de choix. On
a au moins l'alternative d'arrêter de fumer, et on ne paie pas de taxe.
Ce n'est pas une nécessité.
M. Rivest: Est-ce que vous me permettriez une question?
M. O'Gallagher: Certainement
M. Rivest: Est-ce que le député de Robert Baldwin
conviendrait que peut-être, au lieu de procéder - il parle de
hausses de taxes inconsidérées et irresponsables, ce sur quoi il
a parfaitement raison - l'idée d'un casino installé dans une
région autre que celle des Cantons de l'Est pourrait combler les trous
dans l'administration du gouvernement actuel?
M. O'Gallagher: Dans les Cantons de l'Est, surtout
peut-être dans le comté de Sherbrooke. Je ne sais pas si le
député de Sherbrooke prône un casino. C'est comme ministre
du Revenu, peut-être. Je ne sais pas exactement ses vues, mais il peut me
corriger si j'ai tort. Est-ce que vous prônez l'installation d'un casino
dans votre comté de Sherbrooke? Pour ma part, je suis contre, mais
là, par exemple, c'est au moins facultatif; la population a le choix
d'acheter des billets de loto, de fumer ou même d'aller au casino que
prône le ministère du Revenu à ce moment-ci, mais dans le
cas de l'essence, on n'a pas le choix, il n'y a pas d'autre possibilité.
La population est obligée de payer.
M. Lachance: Est-ce que le député de Robert Baldwin
me permettrait une question?
M. O'Gallagher: Certainement.
M. Lachance: Est-ce qu'il a songé... j'ai aperçu,
il y a deux jours, sa luxueuse limousine et je me suis demandé, en
considérant la taxe sur l'essence, s'il avait pensé de diminuer
cette voiture pour en avoir une qui consomme moins.
M. Rivest: Vous avez dû penser que le député
venait d'être nommé ministre péquiste si sa limousine
était luxueuse.
M. O'Gallagher: J'ai remarqué que tous les ministres du
gouvernement se promenaient dans des voitures aussi luxueuses ou
peut-être plus luxueuses, beaucoup plus luxueuses, même avec des
téléviseurs à l'intérieur, imaginez-vous donc. Mais
moi, je n'ai pas de téléviseur à l'intérieur de la
mienne. Je l'ai payée moi-même avec mon propre argent, elle n'est
pas fournie par l'État et je la conduis moi-même. Je l'ai
gagnée, cette voiture-là, je la paie de mes propres moyens.
M. Boucher: Vous avez gagné une voiture, vous aussi?
M. O'Gallagher: Je la paie comme tout le monde, elle est sur la
finance, comme on dit, pas comme les voitures des ministres qui sont
payées par l'État.
M. Rivest: Oui, mais elles sont sur la finance aussi, parce que
le gouvernement est en faillite.
M. O'Gallagher: Le coût de ces voitures luxueuses a
été payé avec le déficit qu'on connaît
aujourd'hui de 3 000 000 000 $. Il faut le dire, 3 000 000 000 $, et
peut-être qu'ils vont finir avec un déficit d'au delà de 3
000 000 000 $, tout près de 4 000 000 000 $. Avez-vous vraiment
songé à ces 3 000 000 000 $? C'est plus de deux fois et demie le
total de tous les déficits de toutes les autres provinces. C'est
sérieux. Êtes-vous conscient de cette affaire? Au Québec,
notre déficit de près de 4 000 000 000 $ dépasse plus de
deux fois et demie les déficits combinés de toutes les autres
provinces, soit Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse,
Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Ontario et Manitoba; les
autres provinces n'ont pas de déficit, elles ont des surplus. Mais comme
j'ai mentionné quant à nous, notre déficit est deux fois
et demie plus élevé que les déficits combinés de
toutes ces provinces-là. C'est pour ça ce projet de loi. C'est
pour ça que nous avons, aujourd'hui, devant nous cette loi, pour
éponger le déficit. C'est pour ça que nous sommes pris
à affliger notre population, notre économie, nos petites et
moyennes entreprises dont on fait mention à tout bout de champ. Comme on
veut aider les petites et moyennes entreprises, pensez-vous que c'est un moyen
de les aider?
M. Rivest: II y a les PPE aussi, les petites petites
entreprises.
M. O'Gallagher: M. le Président, vous devriez l'appeler
à l'ordre. Je pense qu'il ne prend pas au sérieux...
Le Président (M. Rochefort): Vous le faites tout aussi
bien que je le ferais.
M. O'Gallagher: ... cette étude de projet de loi. Donc,
moi-même, je trouve ça épouvantable, en conséquence,
pour la population. Surtout quand lui... il rigole un peu. À entendre
parler les députés de l'autre côté de la Chambre,
quand ils comparent ce projet de loi avec la taxe sur les cigarettes, là
je m'oppose fortement. Je trouve que c'est épouvantable de comparer.
M. Maciocia: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Étant donné qu'il est 17 h 55, je vous
demanderais si c'est possible, respectueusement, d'ajourner nos travaux, parce
qu'on a un dîner à 18 h 15, pour que nous puissions être ici
à 20 heures?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Fréchette: C'est curieux, c'est toujours quand c'est la
commission du revenu qui siège...
M. Maciocia: Non, mais c'est...
M. Fréchette: ... qu'il y a toutes sortes
d'événements...
M. Maciocia: ... c'est seulement cinq minutes.
M. Fréchette: ... d'un bord puis de l'autre.
Une voix: ... une taxe de vente sur les repas.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a consentement?
M. Maciocia: C'est seulement cinq minutes, ce n'est pas
beaucoup.
M. Fréchette: Ce n'est pas un ajournement, c'est une
suspension si je comprends bien.
Le Président (M. Rochefort): Messieurs, est-ce qu'il y a
consentement, oui ou non?
M. Boucher: En tant que rapporteur, est-ce que je dois rester
jusqu'à 18 heures?
Le Président (M. Rochefort): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise de la séance à 20 h 22)
Le Président (M. Rochefort): La commission du revenu
reprend ses travaux sur le projet de loi no 39. Au moment de l'ajournement la
parole était au député de Robert Baldwin, à qui il
restait neuf minutes pour son intervention.
M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président...
M. Rivest: Je constate qu'il est 20 h 25 et mon collègue,
le député de Viger, et moi avons un rendez-vous. Est-ce que,
compte tenu de l'heure, on pourrait ajourner pour reprendre la semaine
prochaine?
Le Président (M. Rochefort): Consentement?
M. Fréchette: Dans quelle salle, quelle
télévision?
M. Rivest: Cette suggestion, je n'en fais pas une motion.
Le Président (M. Rochefort): Vous n'en faites pas une
motion.
M. Rivest: Parce que là, je ne sais pas combien...
M. Fréchette: On va faire un petit bout de chemin, si vous
n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Rochefort): Donc, la parole était
au député de Robert Baldwin.
M. Rivest: Masochiste ce ministre en plus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
M. Fréchette: II y a peut-être lieu de
préciser une chose, une seconde.
M. O'Gallagher: Je vous en prie.
M. Fréchette: Très sérieusement cette
fois-ci. J'ai convenu avec le député de Saint-Louis que nous
allions ajourner à 9 h 30. Cela va? À sa demande, d'ailleurs, et
je pense que cela nous fera une bonne journée à 9 h 30.
M. Rivest: Ce que cette mansuétude ministérielle va
finir par nous coûter dans quelques jours'. Je vous vois venir.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
M. Ouellette: Si vous passiez immédiatement au vote, on
pourrait peut-être ajourner dans cinq minutes.
Le Président (M. Rochefort): Quel vote?
M. Ouellette: Le vote qui va suivre la discussion qui
précède.
M. Rivest: Comment voulez-vous voter avant que le
député de Robert Baldwin ait fini son intervention?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre! M. le
député de Robert Baldwin, vous avez la parole.
M. O'Gallagher: Merci. Le ministre a mentionné qu'il y a
eu une entente avec le député de Saint-Louis pour ajourner nos
travaux à 9 h 30. J'espère que tout le monde aura l'occasion de
s'exprimer en profondeur sur cette motion. La motion, si je me rappelle, a pour
objet de permettre à tous les membres de l'Assemblée nationale de
venir ici ce soir et de s'exprimer sur ce projet de loi 39, qui impose une
augmentation de taxe de 100% sur l'essence, en plus de taxer la bière et
enlever quelques déductions de l'impôt provincial des individus.
C'est une taxe extrêmement lourde de conséquences, grave pour tous
les citoyens du Québec, tous les utilisateurs d'essence qui ne sont pas
comme le décrit le député de Rivière-du-Loup, notre
rapporteur bien-aimé qu'on a choisi judicieusement. On a fait
l'éloge de son curriculum vitae et de ses qualifications que nous avons
reconnues, de toute façon.
Cependant, il nous a un peu fait peur quand il a traité de
façon cavalière la taxe québécoise, comme la taxe
sur la cigarette. Il a comparé cette taxe dont on parle ce soir, le
projet de loi no 39...
M. Boucher: Je parlais de la bière, à ce
moment-là.
M. Maciocia: Si vous me permettez, M. le député, il
m'a dit tout à l'heure, confidentiellement, que, probablement, il va
reconsidérer sa position.
M. O'Gallagher: II va arrêter de fumer, je présume.
Il va prendre l'engagement formel, ce soir, d'arrêter de fumer, c'est
cela? J'ai hâte de voir. C'est peut-être un exemple pour son
comté de prendre cet engagement d'aller de l'avant, d'être une
espèce de symbole et donner un très bon exemple à la
jeunesse de son comté. Je sais que la santé de la jeunesse du
comté de Rivière-du-Loup lui tient beaucoup à coeur. Je
suis convaincu que le député sera en avant de tout le monde pour
montrer une force, une capacité, "a will power" pour arrêter de
fumer, pour donner l'exemple à ses électeurs et surtout à
la jeunesse de son comté.
La motion qu'on discute ce soir est une motion extrêmemement
importante. Je pense que la députation ministérielle a
été muette pendant la deuxième lecture de ce projet de
loi. On n'a rien entendu du côté ministériel. Depuis ce
temps, on a eu plusieurs occasions de se faire une idée sur toute
l'incohérence de la taxation québécoise. De plus en plus,
c'est devenu une espèce de boule de neige, toutes les taxes,
l'Hydro-Québec, la taxe que le ministre du Revenu va nous imposer
prochainement dans le nouveau budget pour éponger le déficit
épouvantable, le "rené-rendum", en tous les cas, cette
affaire-là a fait boule de neige. L'imposition de cette taxe est
survenue tout d'un coup. Bang!
Une voix: C'est venu du fédéral.
M. O'Gallagher: Ah oui, vous pouvez blâmer le
fédéral comme vous voulez, mais le Québec ne se compare
pas aux autres provinces. Notre déficit est de 3 milliards et plus -
peut-être qu'il va se chiffrer dans les 4 milliards - ce qui est plus que
deux fois et demie le déficit comibné de toutes les autres
provinces. Alors, vous n'avez pas un mot à dire là-dessus,
messieurs. Il n'y en a pas un parmi vous qui a le courage de discuter du
déficit dans ces termes. C'est pour cela que cette loi éponge des
déficits qu'on va chercher dans la poche de tout le monde. On a beau
essayer de comparer cela à une taxe sur la cigarette ou sur la loto, on
n'a pas le choix, nous, les non-fumeurs. Le citoyen qui décide de ne pas
payer la taxe sur la cigarette, il a simplement à arrêter de
fumer, c'est lui qui ne veut pas. Celui qui ne veut pas gaspiller d'argent sur
les lotos, il n'achète pas de billets de loto. Pour la voiture, pour
l'essence, vous avez un bassin de taxes captives auxquelles vous ne voulez
même pas trouver des solutions, vous empêchez l'utilisation
d'autres possibilités. (20 h 30)
Là, je voudrais vous en parler, vous mentionnez la venue au
Québec du gaz naturel parce qu'il y a une solution pour l'automobiliste,
l'utilisateur de voitures. On peut convertir nos transports en commun, nos
voitures privées, nos camions de service et toutes les voitures qui
utilisent l'essence; aujourd'hui, il y a moyen de convertir ces moteurs pour
utiliser le gaz naturel. Mais ce gouvernement-ci, il faut le dire, n'a rien
fait et il fait tout pour empêcher l'extension efficace du réseau
du gaz naturel au Québec. C'est autant pour l'hystérie que
représente le ministre de Sherbrooke, hystérie ou... Vous voulez
rigoler, M. le ministre?
M. Fréchette: Oui, rigoler, bien sûr.
M. O'Gallagher: Voulez-vous que je vous parle en anglais ou
en...
M. Rivest: C'est une des rares choses que vous ne taxez pas,
d'ailleurs, la rigolade.
M. O'Gallagher: J'ai bien dit l'hystérie. M.
Fréchette Oui, j'ai compris.
M. O'Gallagher: Vous avez bien compris, j'espère.
M. Fréchette Très bien compris, oui.
M. O'Gallagher: Ce gouvernement, au niveau de la main-d'oeuvre...
Aujourd'hui, on voit les difficultés qu'a le Energy Board du Canada pour
faire installer le réseau de gaz naturel au Québec qui va nous
aider. C'est la solution, la vraie solution aux problèmes
énergétiques au Québec; c'est la vraie solution aux
problèmes d'énergie dans l'Est du Canada, et on voit que le
Québec ne fait rien pour aider l'installation de ce réseau qui
est tellement important pour tout le Québec. Chez vous, M. le
député de Rivière-du-Loup, comme vous le savez, il y a un
tronçon du gazoduc qui va se rendre chez vous, j'espère que vous
avez hâte que ça se rende.
M. Boucher: Absolument pas. L'Office de l'énergie l'a fait
passer par la Transcanadienne et justement les gens... Québec a pris
position là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. O'Gallagher: Le gazoduc va se rendre chez vous.
M. Boucher: II ne passe pas par Rivière-du-Loup
actuellement, dans le tracé actuel.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre! Je vous
demanderais de conclure, d'ailleurs, M. le député de Robert
Baldwin.
M. O'Gallagher: Est-ce que ça veut dire, M. le
député, que vous ne voulez pas avoir le gaz?
M. Boucher: On veut l'avoir.
M. O'Gallagher: Dans tous les plans du réseau, il y un
tronçon qui se rend à Shawinigan, un à Chicoutimi, et un
tronçon prévu pour Sherbrooke, il y a un tronçon qui est
prévu pour Rivière-du-Loup, il y a eu toutes sortes de rapports
à cet effet-là.
M. Boucher: Ils partent de Québec et s'en vont à
Edmunston.
M. O'Gallagher: Voulez-vous rappeler à l'ordre M. le
rapporteur, M. le Président?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre,
messieurs!
M. le député de Robert Baldwin, je vous demanderais de
conclure.
À l'ordre!
M. O'Gallagher: M. le Président, de toute façon,
là n'est pas la question. On a beau rigoler, mais c'est un projet de loi
qui est extrêmement important et qui affecte toute la population d'une
façon extraordinaire. Aujourd'hui, je pense qu'il a fait boule de neige
et je pense que la population commence à comprendre que ça
coûte 8 $ à 10 $ de plus quand on fait le plein d'essence,
ça coûte beaucoup plus cher quand on prend une bière dans
nos loisirs. Je pense qu'on devrait voter unanimement pour permettre à
toute la députation de venir nous adresser les affaires qui les
concernent sur ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Robert Baldwin.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): J'accorde le droit de parole
selon l'ordre qui est demandé.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: Je vais faire une brève intervention,
peut-être dix minutes, mon collègue de Hull va compléter
l'intervention, je compléterai la sienne par la suite pour dix minutes
et le député de Hull finira cette tournée pour dix
minutes. Je crois que c'est permis d'après notre règlement. Quant
au député de Viger, je trouve qu'il a considérablement
usé de son droit de parole. Peut-être que ce soir il pourrait
écouter les intervenants en ne les interrompant pas, si possible. M. le
Président, il s'agit dans cette motion...
M. O'Gallagher: Est-ce qu'on va pouvoir poser des questions?
M. Rivest: Sûrement, elles seront bienvenues, et
contrairement à ce qui se passe à l'Assemblée nationale,
si vous posez des questions, il y aura des réponses précises
à vos questions.
Une voix: J'en ai une, moi.
M. Rivest: M. le Président, la motion
dont il s'agit, si mon souvenir est bon, est présentée par
le député de Saint-Louis et elle demande que tous les
députés participent aux travaux de cette commission. Je pense que
c'est important parce que si on regarde le projet de loi no 39, on constate que
la hausse déraisonnable sur l'essence et sur la bière affecte
l'ensemble du territoire du Québec. À ce moment-là, en
particulier les députés de l'Opposition peuvent très bien
utiliser leur droit de parole pour parler au nom de l'ensemble des
Québécois. Je pense que nous sommes en mesure de le faire, mais
j'ai quand même certains doutes que les députés
ministériels puissent en faire autant, dans la mesure où, comme
le signalait mon collègue, le député de Robert Baldwin,
ils sont généralement muets, étant en cela tout à
fait conformes à leur rôle de députés
ministériels qui consiste, évidemment, à approuver,
surtout les députés péquistes, servilement les
décisions de leurs collègues qui ont eu la chance
d'accéder au Conseil des ministres. C'est le rôle d'un
député ministériel de dire oui quand un ministre parle et
de n'ajouter rien d'autre parce que, manifestement, les députés
ministériels ne sont jamais au courant des décisions que le
gouvernement prend. Dans ce sens-là, ce qui m'inquiète, c'est que
je constate que parmi les membres de cette commission, il y a notre ami, notre
excellent ami, le député de Dubuc, qui nous fait le plaisir
d'être parmi nous, qui représente la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais il serait très intéressant que son
collègue, le député de Roberval, puisse venir, parce que
vous savez qu'au Lac-Saint-Jean il existe, historiquement, un certain nombre de
tensions entre les gens du Lac-Saint-Jean et les gens de la région du
Saguenay. Le député de Dubuc, je ne crains pas qu'il partage le
point de vue du ministre de Chicoutimi, puisque qu'il faut l'appeler par son
nom, mais ces gens-là, le député de Chicoutimi et le
député de Dubuc, ne parlent que pour le Saguenay, et les gens du
Lac-Saint-Jean, que je connais bien, les gens du comté du Lac-Saint-Jean
et du comté de Roberval n'accepteraient certainement pas que le
député de Chicoutimi et le député de Dubuc parlent
au nom du Lac-Saint-Jean. Je suis convaincu que mon collègue, le
député de Dubuc, est parfaitement d'accord puisqu'il vit dans le
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors les travaux de cette commission
risquent de se poursuivre si la motion du député n'est pas
acceptée et que les gens de la moitié d'une vaste région
du Québec, c'est-à-dire la région du Lac-Saint-Jean
proprement dite, ne sont aucunement représentés pour venir dire,
au niveau de la commission, leur désarroi et leur surprise ainsi que,
vraiment, les difficultés considérables dans lesquelles ce projet
de loi va les placer.
De la même manière, je vois que la région du
Bas-du-FIeuve, à notre commission, par un heureux hasard, heureux ou
malheureux selon le point de vue où on se place, est
représentée par le rapporteur, le député de
Rivière-du-Loup, le député de Matapédia et le
député de Montagny, pour les fins de la discussion, qui sont de
cette région-là. Malheureusement, le député de
Rivière-du-Loup, par les hautes fonctions auxquelles il a finalement
réussi à accéder, est empêché
évidemment d'exprimer un point de vue quelconque parce qu'il se mettrait
en position de conflit d'intérêts. Je pense que cette commission a
donné suffisamment de directives au député de
Rivière-du-Loup pour qu'il sache tous les dangers et les périls
de sa fonction.
Quant au député de Montmagny, je pense bien qu'il peut
difficilement accorder tellement d'attention à ce projet de loi dans la
mesure où on sait que, depuis son élection, la région de
Montmagny connaît des difficultés économiques
extrêmement sérieuses, car le député actuel de
Montmagny est aux prises avec les difficultés que son élection a
créées et cela a amené dans la région de Montmagny
une perte de 47% des emplois depuis l'élection de notre ami le
député de Montmagny.
Une voix: Montmagny-L'Islet.
M. Rivest: Montmagny-L'Islet, oui, ceci fait regretter
amèrement à la population de ce comté l'excellence du
travail de son prédécesseur, notre ami à tous, Julien
Giasson. Je ne voudrais pas être injuste pour le député de
Montmagny. S'agit-il d'une coïncidence? Je ne lui imputerai pas la
responsabilité personnelle de la situation qui s'est
développée dans Montmagny, parce que ce serait injuste de lui
imputer tous les marasmes, sauf que le nouveau député de
Montmagny commet l'erreur absolument invraisemblable et probablement
inconsciente de s'associer à un gouvernement qui, lui, depuis cinq ans,
est responsable de la situation qui se produit dans cette région.
M. LeBlanc: Surtout de grimper les taux
d'intérêt.
M. Rivest: Quant au député de Matapédia, il
est toujours aux prises avec les difficultés considérables qu'a
causées la fébrilité téméraire et partisane
de son voisin, le nouveau président du Conseil du trésor et
député de Matane, au sujet de l'implantation d'une cartonnerie
dans la vallée de la Matapédia. Je doute que lui-même
puisse, au niveau de la commission, au nom de la population,
s'intéresser aux conséquences absolument néfastes que le
projet de loi 39 pourrait avoir.
Quant au ministre de l'Estrie, appelons-le comme ça - je ne veux
pas indiquer que
son accès au Conseil des ministres n'est basé que
là-dessus, parce qu'on sait très bien que le député
de Sherbrooke a une expérience parlementaire considérable. Il a
exercé dans la région de l'Estrie une présence
radiophonique extrêmement remarquée. Je regrette que l'animateur
vedette de la région de l'Estrie... Je vous signalerai que votre
collègue Camil Samson, dans la région de Québec, m'a
déjà invité, mais, probablement que M. Samson
n'espère pas accéder à des fonctions ministérielles
dans l'immédiat. On impute beaucoup de blâme au ministre du
Revenu, mais il faudrait être juste pour lui. Il ne faudrait pas faire
comme dans la chanson, attaquer le ministre du Revenu sur ce projet de loi,
nous risquerions de viser le noir et de tuer le blanc. Ce n'est pas de sa faute
et cela doit être inscrit, parce que le ministre du Revenu, qui est un
bon garçon, accepte de manger les coups au nom du ministre des Finances,
qui se cache et se profile derrière la silhouette par ailleurs
agréable du député de Sherbrooke. Derrière, il y a
le ministre des Finances. C'est lui qui, par sa mauvaise gestion, devrait
porter tout l'odieux de ce projet de loi. Mais, venant d'une formation
politique dite de l'Union Nationale que notre ami, le député de
Hull, connaît bien, puisqu'elle a causé sa défaite en 1970,
bon garçon, le député de Sherbrooke accepte, dans un
élan de masochisme parlementaire assez inégalé, de prendre
les coups au nom du ministre des Finances.
On se retrouve donc avec une de mes électrices qui fait
maintenant son passage à l'Assemblée et que je salue ici, qui se
dit généralement très satisfaite de son
député et qui l'exprime à chaque élection d'une
façon extrêmement concrète et très
appréciée par votre représentant. Je voudrais dire
à cette commission que la motion du député de Robert
Baldwin est justement pour que tous les députés...
M. Maciocia: La motion du député de Saint-Louis...
(20 h 45)
M. Rivest: ... du député de Saint-Louis pardon,
viennent s'exprimer ici, parce que le député de Dubuc ne peut
parler au nom de la région du Lac-Saint-Jean. Les députés
de Montmagny, de Rivière-du-Loup et de Témiscouata
représentent des régions un peu limitées, mais ils sont
bloqués, parce qu'ils sont solidaires du rapporteur, qui, lui, ne peut
se prononcer. Quant à la région de l'Estrie, le ministre n'est
que le porte-voix, le porte-voix, par contre, dont on doit reconnaître
les mérites, le porte-voix du ministre des Finances, qui tient, je
n'oserais pas employer l'expression, les ficelles, parce que ce serait
irrévérencieux à l'endroit du député de
Sherbrooke et ministre du Revenu. Mais, enfin je le dis, c'est dans un sens non
péjoratif, M. le ministre.
Résultat net, la région de Québec s'exprime par mon
humble voix. Elle n'est pas pénalisée, je ne pense pas qu'elle
soit aucunement pénalisée, je pense qu'elle est assez heureuse
que je puisse participer aux travaux de cette commission. La région de
Montréal, le "West Island" comme on l'appelle, là où les
gens en ont par-dessus le cou de la taxation du...
M. O'Gallagher: Est-ce que cela va être indiqué dans
le journal des Débats?
M. Rivest: ... du gouvernement, est représentée par
notre collègue de Robert Baldwin; l'Outaouais, par le candidat
défait de l'Union Nationale en 1970, notre ami l'ex-maire de Hull et
député libéral maintenant dans une conversion que nous
apprécions tous et combien la population de l'Outaouais
l'apprécie également! Les communautés culturelles et l'Est
de Montréal sont représentés par l'excellent
député de Viger. Quant au député de Saint-Louis, il
représente le comté de Saint-Louis depuis tellement
d'années que les gens savent qu'il a à coeur les
intérêts de ses électeurs, ils lui ont renouvelé
leur confiance d'une façon tellement continue.
M. Maciocia: M. le député de Jean-Talon, si cela
peut faire un changement, le Canadien perd 2 à 1.
M. Rivest: Alors, qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse?
Identifions les raisons, faisons le compte, M. le Président pour bien
montrer... la région de l'Abitibi, du Témiscamingue n'est
aucunement représentée ici. Or, le jeune et turbulent
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue pourrait, si la
motion était acceptée, faire une apparition ici. Au lieu de faire
des "steppettes" à l'émission de Michel Jasmin, peut-être
qu'il devrait être ici pour défendre les intérêts de
ses électeurs. Il a déjà fait une apparition assez
remarquée à l'émission de Michel Jasmin, tout le monde
l'aura noté. De même que le ministre de l'Aménagement, M.
François Gendron. On aimerait l'entendre au nom de ses gens. M.
Bordeleau représente une région qui risque, si la motion du
député de Robert-Baldwin n'est pas adoptée, d'être
complètement absente du débat ici, et c'est assez tragique.
De la même manière, M. le Président, toute cette
vaste région de la Mauricie qui avait l'avantage, il n'y a pas tellement
longtemps, d'avoir deux représentants au Conseil des ministres, qui a
été amputée d'un de ses représentants les plus
prestigieux pour des raisons tout à fait inconnues et inexplicables, du
député de Trois-Rivières, qui malheureusement fait
maintenant des livres sur le parlementarisme, qui sont très bien par
ailleurs. La région de la Mauricie
ne serait pas représentée dans ce débat. Cela est
assez sérieux, surtout si on constate que la région de la
Mauricie étant entre Québec et Montréal, c'est une
région pivot, donc les gens circulent beaucoup, il y a des entreprises
de transport, il y a des usines de pâtes et papiers. Donc, les camions,
les coûts de production et tout cela, aucun représentant de la
vaste région de la Mauricie. C'est la même chose pour la
région de la Gaspésie. Le député de Gaspé a
fait quelques furtives apparitions ici, sans doute conduit par la
bénédiction de l'ancien député de Gaspé, qui
participait, un membre de l'Union Nationale qui est cher au coeur du ministre
du Revenu et du député de Hull. Je suis convaincu que si l'ancien
député de Gaspé était membre, M. Le Moignan, ici,
conscient de ses responsabilités et ardent défenseur des
principes défendus par un parti politique qui a eu ses mérites,
l'Union Nationale, lui n'a pas renié l'Union Nationale, dois-je le
rappeler au ministre du Revenu et attirer l'attention du député
de Hull sur ce dernier aspect, je suis convaincu que le député de
Gaspé, dis-je, pourrait défendre ici les intérêts de
la région de Gaspé. Je vois le député de Hull qui
me jette un regard que je ne saurais interpréter et dont je recevrai
probablement l'interprétation dans quelques minutes quand il prendra la
parole. Continuant ainsi ma traversée du Québec, selon le titre
d'un volume écrit par le Dr Laurin... le Dr Laurin a écrit un
livre qui s'appelle La Traversée du Québec, que je ne vous
conseille pas de lire parce que ce livre est tout à fait
dépassé.
M. Fréchette: Ah bon!
M. Rivest: Néanmoins, il a fait un effort
littéraire assez remarquable, je tiens à le signaler en passant.
Continuant ainsi, j'ai fait la région du Bas-du-Fleuve, l'Estrie,
évidemment, qui est absolument muselée.
M. Boucher: Les Îles-de-la-Madeleine.
M. Rivest: Oui, les Îles-de-la-Madeleine. J'ai beaucoup
d'estime pour le député des Îles-de-la-Madeleine. Mme la
ministre de la Fonction publique devrait avoir le droit d'être ici pour
participer à nos débats, elle n'y est pas. Où est-elle?
Nous ne savons. Surtout dans le domaine de l'essence, imaginez-vous la
circulation automobile aux Îles-de-la-Madeleine, c'est une chose
extrêmement importante. Elle pourrait se prononcer sur cette importante
question. Laissant les Îles-de-la-Madeleine pour me diriger, si vous me
le permettez, M. le Président, dans la région de
Lanaudière, le whip, le bouillant whip péquiste, dit Chevrette,
de son nom non parlementaire mais de son nom de famille, n'est pas ici pour
s'exprimer au sujet de ce problème de la loi no 29. Le ministre des
Finances lui-même...
M. Maciocia: 39.
M. Rivest: 39, oui. Le ministre des Finances lui-même qui
représente mon comté natal, le comté de L'Assomption,
où vivent mes parents et j'aimerais bien que mes parents puissent
être défendus par leur député. Ils n'auront
malheureusement pas ce privilège parce que le ministre des Finances ne
sera pas ici, se contentant d'avoir son émissaire qui va venir ici.
La région du comté de Rousseau, la région de
Rawdon. Où est-il le député de Rousseau? Où est-ce
que j'en suis?
Une voix: Lac-Saint-Jean.
M. Rivest: La région du Lac-Saint-Jean, j'y suis
allé. La Côte-Nord; où est le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche? À la chasse, à la pêche, je ne
sais trop. Où est-il pour défendre les intérêts de
la Côte-Nord? Non, ce n'est pas l'essence, c'est
l'électricité, je confonds. Néanmoins, le
député de Sept-Îles, alors que la région de
Sept-Îles est en train de dépérir, devrait être ici.
Je pense que c'est le sens de la motion.
Le député de Vanier se désintéresse
complètement du sort de la population de Vanier, étant
donné les hautes fonctions auxquelles il vient d'accéder.
Maintenant, il fait des jeux parlementaires, mais la population de Vanier
aimerait bien entendre ledit Jean-François Bertrand venir expliquer
à la commission en quoi cela est bénéfique à la
population de Vanier qu'on augmente la taxe sur la bière, qu'on augmente
la taxe sur l'essence. Évidemment, le député de Vanier
fuit, en quelque sorte, ses responsabilités.
Une voix: II n'est pas le seul, d'ailleurs.
M. Rivest: Que dire du député de Charlesbourg dont
on commence à revoir le profil dans les antichambres
ministérielles au ministère des Finances? On ne sait s'il
accédera ou s'il restera encore sur le parvis du temple
ministériel. Nous nous inquiétons sur l'avenir du
député de Charlesbourg d'autant plus qu'il a été
frappé d'une façon tellement injuste par l'iman, le grand iman.
Le député de Charlesbourg était ministre, il ne l'est
plus. Il y reviendra peut-être, on ne le sait trop. Le
député de Charlesbourg devrait être ici pour exprimer cela.
D'autant plus que c'est une collaborateur du ministre des Finances.
M. Bélanger: Est-ce que mon collègue est pertinent
à la motion?
Le Président (M. Rochefort): Oui. Il lui reste une
minute.
M. Rivest: Poursuivant dans le comté de
Louis-Hébert, j'aimerais bien que notre ami Claude Morin vienne
expliquer à la commission ce que les gens de Louis-Hébert pensent
du projet de loi. Lui qui, sur le plan de la solidarité
ministérielle, M. Claude Morin, a participé à cette
décision avant de fuir. Le député Claude Morin a fui, une
fois après avoir posé ce geste, après avoir
conspiré - je pense que c'est le terme, M. le Président - avec
les collègues du Conseil des ministres pour poser un acte aussi odieux,
il a fui, disparu, quelque part dans une tablette universitaire hautement
prestigieuse. Est-ce que nous devrons attendre l'élection d'un
député libéral dans Louis-Hébert qui, lui, viendra
défendre la population de Louis-Hébert? Peut-être parmi nos
amis derrière y a-t-il des électeurs de Louis-Hébert; je
m'adresse spécialement aux électeurs de Louis-Hébert que
je vois derrière et qui appuient de toutes leurs forces et d'un geste
tellement significatif...
Le Président (M. Rochefort): Si vous voulez conclure, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Comment, conclure! J'ai à peine tracé
mes prémisses. Je n'en suis qu'au premier point de mon introduction, M.
le Président, et on me demande de conclure. Encore là, je
reconnais...
Une voix: Cette censure.
M. Rivest: ... cette censure gouvernementale qui n'est pas un
reproche à la présidence. C'est le bâillon.
M. Boucher: C'est le bâillon. Vous pouvez prendre le reste
du temps du député de Mégantic-Compton que vous avez
interrompu.
M. Rivest: M. le Président, je vais me rendre a votre
demande en regrettant, en terminant, que la majorité
ministérielle docile et servile s'apprête à voter contre
une motion, la motion du député de Saint-Louis, pour que tous les
membres de l'Assemblée nationale - il me semble que ce serait leur
devoir élémentaire - viennent ici dire leur inquiétude et
leur désaccord sur un projet de loi qui m'apparaît tout à
fait contraire aux intérêts des Québécois, ce qui
m'amène peut-être à abuser de mon droit de parole et
à le dépasser de quelques minutes. Mais je voudrais - je vais
terminer là-dessus - vous inviter, dans un geste exceptionnel - je fais
un appel à vous - sur le plan de notre parlementarisme, à dire
vous-même l'espèce d'horreur que vous inspire cette
législation odieuse pour l'ensemble des Québécois.
M. le Président, ce sera là un geste que ne m'inviteraient
pas tous les présidents à faire, mais étant donné
que vous arrivez à la présidence, peut-être que cette
erreur-là, nous vous la pardonnerions comme nous avons pardonné
certaines erreurs que vous avez pu commettre étant donné
l'inexpérience où vous êtes. Je sais que vous vous
apprêtez à intervenir dans ce débat, non pas pour m'enlever
mon droit de parole qui est déjà échu, malheureusement. Je
vous inviterais à vous exprimer et à dire le fond de votre
pensée sur une loi aussi antisociale que celle que le
député de Sherbrooke propose à l'attention de cette
commission au nom du ministre des Finances qui a amené les finances du
Québec, hélas, dans une banqueroute que des
générations futures vont devoir payer.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jean-Talon.
La parole est maintenant au député de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, je vous remercie.
J'aimerais savoir combien de temps a passé le député de
Jean-Talon.
Le Président (M. Rochefort): II a dépassé de
quatre minutes.
M. Rocheleau: Est-ce que le député de Jean-Talon a
parlé vingt minutes, quoi?
Le Président (M. Rochefort): Vingt-quatre minutes
même.
M. Rocheleau: Je suis très heureux que le
député de Jean-Talon ait mis fin à son exposé et
j'espère que vous comprendrez la gratitude que nous exprimons ce soir de
l'écouter. Nous avons, de notre côté, celui de
l'Opposition, à l'endurer quotidiennement et, lors de certaines
commissions parlementaires, on se permet de le prêter à ces
exploits que nous connaissons depuis longtemps étant issu d'un
gouvernement qui a précédé celui-ci. Justement, le
député de Jean-Talon faisait allusion à des souvenirs
mémorables des années soixante-dix où un gouvernement
venait d'être défait et remplacé par un autre que nous
avons connu au cours des dernières années. (21 heures)
II ne demeure pas moins que la motion qui est actuellement sur la table
me paraît tout à fait recevable, d'une part, sans recommencer pour
autant ce que le député de Jean-Talon a mentionné. Mais
nous aurions pu sûrement profiter de la présence du
député de Bertrand ce soir afin de se permettre, tous ensemble,
une consultation professionnelle du député de Jean-Talon dans
ses ébats que nous lui connaissons habituellement, par son
tempérament et sa verve.
M. le Président, la motion telle que présentée a
sûrement du mérite, étant donné que le projet de loi
no 39, tel qu'édicté ici, semble cacher des aspects importants,
d'après la présentation de sa page couverture. Malheureusement,
j'aurais souhaité que le projet de loi no 39 fasse allusion à ce
qu'il y avait de plus important dans son projet, c'est-à-dire
l'augmentation de la taxe sur l'essence de 20% à 40%, soit une
augmentation de 100%. M. le Président, en deuxième lecture,
l'Opposition officielle a eu l'occasion de faire valoir toutes sortes de
points. Elle souhaitait, entre autres, que le gouvernement retire et n'applique
pas cette taxe ou ces taxes. Malheureusement, le gouvernement, à cause
des conditions économiques actuelles, se sent obligé de retourner
puiser dans la poche du contribuable des sommes importantes pour boucler son
budget.
Il n'en demeure pas moins que la population en général,
plus particulièrement par ses représentants officiels à
l'Assemblée nationale, n'a sûrement pas pu traiter en profondeur
du projet de loi no 39. En deuxième lecture, on n'a pas entendu, du
côté ministériel, les critiques qui auraient pu,
sûrement, être projetées afin de permettre, en toute
objectivité, d'aller chercher les sommes d'argent nécessaire,
mais pas nécessairement les puiser à même ces nouvelles
sources de taxes qui sont relativement importantes. Tantôt le
député de Jean-Talon a mentionné les noms de plusieurs
députés de tous les coins du Québec. Je dois vous avouer
candidement que le projet de loi, tel que déposé et tel
qu'appliqué actuellement, crée des contraintes tout à fait
particulières et je souhaiterais que certains de mes collègues
puissent se faire entendre, entre autres le député de Papineau,
qui a revendiqué à plusieurs reprises d'étendre
l'exemption qui a été accordée dans les villes
frontalières jusqu'à un maximum de 30 kilomètres à
0,01 $ par cinq kilomètres. C'était un calcul un petit peu
farfelu dans sa forme et qui ne tient pas compte, M. le Président, du
fait qu'on a créé un problème pour l'ensemble du
Québec, avec cette nouvelle taxe, qui se reflète autant dans le
transport des biens de consommation, à l'alimention. Ceci occasionne de
nouvelles taxes indirectes dans l'Outaouais. Si cette motion pouvait être
acceptée, cela permettrait à certains de nos collègues, en
périphérie du comté de Hull, de venir se faire entendre
afin d'intercéder de nouveau auprès du ministre du Revenu qui,
lui, pourrait tenter de convaincre le ministre des Finances qui pourrait tenter
de convaincre le président du Conseil du trésor d'aller puiser et
d'aller convaincre en même temps le Conseil des ministres et le premier
ministre du Québec.
De toute façon, M. le Président, nous avons fait un grand
bout de chemin ces derniers jours, nous sommes sur le point de commencer
l'étude article par article et je suis tout à fait heureux que la
commission ait déterminé le choix du rapporteur en la personne du
député de Rivière-du-Loup, parce que je craignais qu'il
allait refuser. Nous avions par contre demandé, de sa part, une
assiduité constante à nos travaux et je m'aperçois qu'il
laisse quelque peu son fauteuil et qu'il pourrait sûrement lui manquer
certaines informations pertinentes au rapport qu'il aura à faire.
M. Rivest: Question de règlement. Est-ce que le rapporteur
pourrait être à son travail?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Hull, si vous voulez poursuivre.
M. Rocheleau: M. le Président...
M. Rivest: M. le Président, le rapporteur n'est même
pas à son travail.
M. Fréchette: Vous comprenez, il fait juste commencer
à se "déstresser" un peu. Il faut lui donner une chance.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président, d'avoir
rappelé à l'ordre mon collègue de Jean-Talon pour une
troisième fois en quelques minutes.
J'étais justement à parler du rapporteur qui, finalement,
a été nommé et a accepté la nomination,
après qu'on lui a mentionné à maintes reprises la
responsabilité dont il devrait tenir compte dans le rapport qu'il doit
soumettre à l'Assemblée nationale. C'est une des raisons pour
lesquelles mon collègue de Jean-Talon m'a coupé la parole, il y a
quelques instants, dans le but de rappeler à cette table le
député de Rivière-du-Loup qui aurait pu, durant ces
quelques secondes, perdre le fil de l'assemblée et possiblement avoir
des embêtements à l'Assemblée nationale lors du
dépôt du rapport.
M. Boucher: Vous me permettrez juste une petite intervention.
J'étais à compiler l'intervention du député de
Jean-Talon et il y a des problèmes techniques dans son intervention.
M. Rocheleau: Je partage votre opinion, M. le
député de Rivière-du-Loup, je suis heureux que vous en
ayez convenu aussi. Comme je le disais il y a quelques instants, nous avons le
député de Jean-Talon avec nous d'une façon constante et on
s'est fait à
ça. On demande à tous les parlementaires de cette
Assemblée nationale d'accepter le fait que l'électorat choisit
habituellement ce qu'il peut avoir et, dans le choix du député de
Jean-Talon, on a cru prendre ce qui pouvait être le mieux.
Il n'en demeure pas moins que le député de Jean-Talon a
des mérites tout à fait particuliers, c'est de nous apporter ce
qui pour lui semble être nouveau mais qui, pour nous, peut être du
répété. Il n'en demeure pas moins que nous
l'apprécions d'une façon tout à fait particulière
parce que le député de Jean-Talon a la lourde
responsabilité de représenter le berceau du Québec,
c'est-à-dire toute la partie du centre du Québec, et c'est
peut-être quelque peu lourd pour lui. Nous devons donc comprendre que le
député de Jean-Talon doive se permettre certains
défoulements à certains endroits.
M. Lachance: M. le député de Hull, hier, vous avez
parlé de votre collègue de Jean-Talon dans des termes très
élogieux, c'est le cas de le dire, et avec des propos qui nous laissent
un peu dans l'incertitude. Je reprends vos paroles; si on peut se fier aux
galées d'hier, vous avez dit qu'il avait des qualités
extraordinaires dont certaines sont encore cachées. Vous avez dit aussi
qu'il s'en est fallu de peu que, dans les prochains mois, on connaisse
davantage ses capacités; ces propos me semblent très
énigmatiques, M. le député de Hull.
M. Rivest: C'est parce qu'il a été question de ma
candidature dans Louis-Hébert.
M. Rocheleau: Oui et vous devez comprendre, M. le
Président, que les qualités cachées de notre
collègue de Jean-Talon sont à découvrir. Je dois vous
avouer que...
M. Ouellette: Parlez-nous de cet aspect énigmatique.
M. Rocheleau: ... pour nous, le député de
Jean-Talon a une importance capitale, parce qu'il représente la
capitale. Il est donc assez important de bien comprendre les interventions du
député de Jean-Talon, qui a toujours le dernier mot, de toute
façon.
M. le Président, pour ne pas m'éloigner de mon sujet, je
voudrais mentionner quand même que je dois ce soir représenter
quelque peu certains de mes collègues qui auraient souhaité faire
des interventions pertinentes sur le projet de loi no 39 et qui,
malheureusement, ne pourront faire partie de cette commission parlementaire,
d'une part parce qu'ils n'en sont pas membres et, d'autre part, parce qu'il est
impossible pour eux d'être intervenants. Par contre, je dois me faire
leur porte-parole pour tenter de convaincre le ministre du Revenu, qui, lui, a
dû être forcé, j'imagine, par le ministre des Finances
d'appliquer une loi allant chercher des revenus aussi substantiels chez les
contribuables.
On a toujours, dans le passé, fait jouer un rôle quelque
peu effacé au ministre du Revenu. Il y a à peine une semaine, il
était dans l'Outaouais, et le ministre du Revenu nous annonçait
justement qu'il voulait humaniser le ministère du Revenu. Je me suis
dit: Si c'est la façon de faire reconnaître le ministère du
Revenu, si c'est la façon de l'humaniser en allant fouiller dans la
poche de tous les contribuables, quoi de plus humain!
M. le Président, c'est afin de permettre à nos
collègues de constater la façon dont le ministère du
Revenu, dans les prochains jours, les prochaines semaines et la prochaine
année, devra s'humaniser, afin de faire comprendre aux
Québécois et Québécoises qu'il est peut-être
préférable, au lieu d'augmenter les impôts, d'aller
chercher des taxes indirectes de la façon qu'on semble aller les
chercher actuellement. Je considère que le projet de loi 39 comme tel,
s'il permet à tous les députés de venir s'exprimer d'une
façon détendue, d'une façon relaxe, leur permettra
peut-être aussi à ce moment-là de nous mentionner les
particularités qui touchent chacun de leurs comtés et se sentir
peut-être un peu plus à l'aise en commission parlementaire qu'ils
peuvent se sentir à l'Assemblée nationale, alors que la
télévision capte leur regard et même leur pensée et
que, lors de certaines de ces occasions-là, certains font valoir leur
sens de l'humour d'une façon tout à fait particulière,
alors que nous connaissons actuellement des problèmes profonds, des
problèmes qui sont coûteux. (21 h 15)
Je reviens au titre de la loi 39. Avec le travail que chacun des
parlementaires a à faire ici, certains ont peut-être eu uniquement
l'occasion de lire pas nécessairement le contenu, mais ce que semble
vouloir projeter une loi. M. le ministre du Revenu a semblé omettre de
mentionner qu'il y avait une taxe très importante sur l'essence. Je me
pose la question à savoir si tous les députés de
l'Assemblée nationale ont lu le contenu de cette loi, tenant compte
qu'en deuxième lecture, je me suis aperçu que malheureusement
l'Opposition officielle avait été favorisée de
pratiquement toutes les minutes qui lui étaient allouées pour
faire valoir l'opinion de l'Opposition officielle sur le projet de loi no 39.
Aujourd'hui, avec la motion qui est déposée, on pourrait
permettre à l'ensemble de la députation, des deux
côtés de la Chambre, de venir faire valoir ses opinions.
Je retourne toujours dans un comté qui
est tout à fait privilégié, c'est-à-dire un
comté qui a eu une espèce d'exemption, un statut particulier, qui
éventuellement pourrait même être une onzième
province, tenant compte de nouvelles taxes possibles que le ministre des
Finances pourrait nous sortir au prochain budget. Nous sommes justement
à faire cette étude dans l'Outaouais qui va démontrer
certaines distorsions.
Cela tient compte effectivement de cette motion, mais une onzième
province pourrait créer énormément d'emplois dans
l'Outaouais, dans le sens qu'il faudrait modifier les rivières qui
entourent ou qui pourraient entourer cette onzième province, afin de
délimiter d'une façon tout à fait particulière et
géographique cette onzième province. Nous sommes à
examiner les candidatures possibles pour un premier ministre, d'une part, et
aussi en train de tenter de compléter un cabinet de personnes
représentatives du milieu en tenant compte des grands objectifs de cette
région qui compte parmi sa population des gens qui boivent ce qu'on
appelle le champagne du pauvre, de la bière.
Je remarque que dans les interventions qui ont été faites,
malheureusement, on s'est attardé d'une façon tout à fait
particulière sur l'essence; on a oublié de parler des
augmentations importantes dans les brasseries pour la bière et aussi des
diminutions appréciables au niveau des exemptions d'impôt. Le
ministre des Finances, lors de la présentation de son budget 1981-1982,
nous avait, avec toute son éloquence, vanté les mérites de
son gouvernement qui allait, dans son prochain budget, réduire d'une
façon tout à fait particulière les impôts des
Québécois de 2%.
Une voix: C'était avant les élections.
M. Rocheleau: Ah oui! C'est bien entendu, M. le Président,
que c'était avant les élections. Malheureusement, une fois les
élections passées, nous avons appris la mauvaise nouvelle que les
2% qu'on voulait accorder aux Québécois et
Québécoises étaient éliminés, étaient
enlevés. J'ai trouvé malheureux que nos collègues de
l'Assemblée nationale n'aient pu s'exprimer en deuxième lecture.
C'est une des raisons pour lesquelles il serait souhaitable qu'ils viennent en
commission parlementaire nous expliquer ce qui va les motiver à accepter
une loi semblable, et ce qui va leur permettre de donner leur consentement
à l'Assemblée nationale même s'ils font partie du
côté ministériel.
Il me reste encore quelques instants, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Non, je vous demanderais de
conclure.
Une voix: Vous avez créé un
précédent.
Le Président (M. Rochefort): J'ai bien mentionné
que ce n'était pas un précédent.
M. Rocheleauî Est-ce que le président a l'intention
de me dire que j'ai déjà pris vingt minutes?
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Les minutes passent vite ici, M. le
Président.
Alors, je vous remercie, on aura sûrement l'occasion de revenir,
mais j'endosse totalement cette motion.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, j'ai entendu tout à
l'heure le ministre du Revenu nous dire qu'il y avait eu une entente pour 21 h
30; étant donné qu'il est 21 h 22 et que l'autobus nous attend
à 22 heures...
Une voix: Vous ne votez pas?
M. Maciocia: Je ne pense pas qu'on va voter tout à
l'heure; on va voter mardi, probablement sur cette question. Si je peux
recevoir l'assentiment unanime de l'Assemblée, honnêtement, je
demanderais l'ajournement à mardi, dix heures.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a consentement
pour que nous ajournions nos travaux maintenant?
M. Fréchette: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Consentement. Alors, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 22)