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Commission parlementaire permanente de la
présidence du conseil
Séance du 6 mai 1969
(Dix heures trente-quatre minutes)
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): Messieurs, je veux souhaiter à tous
la plus cordiale bienvenue à cette séance de la commission
permanente du Conseil exécutif qui a été convoquée
ce matin en vue de recevoir les explications sur la situation relative à
la négociation d'une entente collective à l'échelle du
Québec entre le gouvernement du Québec et les commissions
scolaires d'une part, et les instituteurs d'autre part.
Je n'ai aucun doute, que, durant ces séances, nous voudrons, des
deux côtés de la Chambre, considérer ce problème
d'une manière absolument apartisane. Il s'agit d'un problème
très important pour le Québec, celui de cette entente collective
qui fait l'objet de négociations depuis plus de 22 mois entre le
gouvernement du Québec, les commissaires d'écoles, les
commissions scolaires et les instituteurs.
Je n'ai pas besoin de reprendre ici, mes chers collègues, la
déclaration que j'ai faite en Chambre le 1er mal dernier. Est-ce que je
pourrais, au départ, étant donné que le problème
existe entre les commissions scolaires et les instituteurs, savoir quels sont
ceux qui parleront au nom des instituteurs? Je vois M. Laliberté.
Est-ce que je dois comprendre, M. Lallberté, que les
présidents de chacune de vos autres associations voudront, au
départ, lors de l'exposé général, en même
temps que l'exposé des problèmes plus particuliers qui sont des
points de litige dans la négociation, que vous et les
représentants de vos autres associations allez parler?
M. LALIBERTE: Au point de départ, je prendrai la parole
moi-même. Il y aura également des représentants de nos
collèges de langue anglaise qui prendront la parole. Lorsque nous
examinerons le contenu, c'est le chef négociateur de la partie
syndicale, M. Leblanc...
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc.
M. LALIBERTE: ... qui est à ma gauche qui, à ce
moment-là, parlera au nom du groupe.
M. LE PRESIDENT: Merci. Du côté de la
Fédération des commissions scolaires, il y a oui,
un instant, M. Pepin, je reviendrai ...
M. PEPIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Du côté de la Fédération des
commissions scolaires, est-ce que M. Lefebvre et les représentants sont
ici?
M. LALIBERTE: Ils sont derrière le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Parfois vous les voyez derrière et d'autres fois
en avant!
M. LESAGE: Ou est-ce que vous voyez plutôt le gouvernement
derrière eux ou quoi?
M. LE PRESIDENT: Disons qu'ils travaillent ensemble. Elles travaillent
avec nous.
Donc, M. Lefebvre. Il y a également le représentant, M.
Jean Cournoyer, M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, j'aurai à intervenir, si la
commission est d'accord, sur une base générale, mais aussi comme
représentant d'un groupe d'enseignants partie au litige. Il s'agit des
employés du gouvernement, les membres du syndicat SPEQ qui,
éventuellement, vont s'intégrer dans les commissions scolaires
régionales et, à ce titre, ils sont membres de la CSN. On m'a
demandé d'intervenir pour eux auprès de cette commission.
M. LE PRESIDENT: M. Pepin, je prends note de votre demande. Oui, M.
Laliberté.
M. LALIBERTE: C'est pour dire que nous n'avons non seulement aucune
objection, mais nous souhaitons également que le président de la
CSN puisse participer au débat, à ce titre.
M. LE PRESIDENT: Très bien, nous en prenons note. Est-ce qu'il y
en a d'autres, au sujet de ce problème qui est
référé à la commission, qui aimeraient
exposer...
M. LESAGE: J'espère bien que le gouvernement exposera son point
de vue.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LESAGE: Puisque le gouvernement est partie...
M. LE PRESIDENT: J'allais justement le faire, mais je voulais savoir
quels étalent les autres qui désiraient prendre la parole.
M. Masse exposera le problème et, en même temps, ce qui,
d'après lui, constitue des points de litige. M. Masse, avec la
permission des membres de la commission.
M. LESAGE: Dès maintenant. M. MICHAUD: Accordé.
M. LESAGE: Porterez-vous un jugement ou ferez-vous simplement une
étude objective?
M. LE PRESIDENT: Une étude très objective.
M. MASSE: M. le Président, à la demande du gouvernement,
la commission permanente du Conseil exécutif de l'Assemblée
nationale a été convoquée afin que le Parlement et la
population du Québec, par l'intermédiaire de ses
représentants et à l'aide de la presse parlée et
écrite, reçoivent un éclairage complet de la situation des
négociations dans le secteur de l'enseignement élémentaire
et secondaire. Les participants et intéressés à ces
négociations sont présents ici ce matin, et nous aurons, au cours
des délibérations de cette commission, l'occasion de les entendre
s'expliquer.
Le gouvernement a tenu à réunir cette commission
plutôt que celle de l'Education pour un motif bien simple,
c'est-à-dire celui du partage des rôles et responsabilités.
Je ne vous apprends rien en vous rappelant que les négociations
collectives dans le secteur public relèvent directement de la
responsabilité du ministre délégué à la
Fonction publique.
Les négociations dans l'enseignement durent depuis plus de 22
mois: négociations directes, commission d'enquête, conciliation et
médiation. Un climat d'incertitude règne dans nos écoles;
les parents, les contribuables et la population en général en ont
franchement assez de tout cela. Lorsque l'éducation des enfants est en
cause et lorsque l'activité des différents comités
pédagogiques est freinée, on doit s'attendre à de telles
réactions.
Le gouvernement est préoccupé au plus haut point par cette
situation, et ce, pour plusieurs motifs.
Tout d'abord, en raison de sa responsabilité
générale en éducation, qui l'oblige à assurer un
fonctionnement normal du système scolaire de même que la
protection du droit des enfants à l'éducation.
Ensuite, en raison de l'importance des sommes d'argent en cause (environ
$400 millions pour les traitements des instituteurs seulement) et pour
éviter que l'on oublie l'effort phénoménal exigé du
contribuable québécois pour réformer le système
d'enseignement, payer ses maîtres et équiper l'organisation
scolaire.
Aussi, en raison de la participation directe du gouvernement à
ces négociations en vertu d'une disposition du bill 25, cette
participation s'inscrit dans le cadre général des
négociations dans le secteur public et est marquée par une
recherche constante de la cohérence et d'une plus grande
équité sur tout le territoire du Québec.
Enfin, en raison de la responsabilité gouvernementale envers le
bien général de notre communauté et de l'obligation que
lui a donnée le Parlement de mener à terme les politiques et
objectifs de cette même communauté, il importe que tous soient
conscients que l'intérêt général prime
l'intérêt particulier, fut-il celui des corporations et syndicats
d'enseignants.
Pour la bonne compréhension de tous, il m'apparaît
important de faire un peu d'histoire et de rappeler brièvement le
mécanisme du financement des commissions scolaires; ensuite je tracerai
la trame des événements qui ont conduit à cette
négociation provinciale et je présenterai les objectifs
poursuivis par le gouvernement et les commissions scolaires; alors, nous
pourrons aborder les principaux points en litige et entendre les
intéressés.
Normalisation des finances scolaires.
L'intérêt de l'Etat québécois pour les
finances scolaires, de même que pour les salaires et conditions de
travail des instituteurs, n'est pas nouveau et remonte à plusieurs
années. Cependant, il est vrai que, jusqu'à ces toutes
dernières années, le contrôle de l'Etat sur
l'administration financière scolaire était plutôt
limité.
L'explosion scolaire et la réforme du système
d'enseignement se sont traduites par un accroissement fabuleux des
dépenses scolaires ($288 millions en 1960-61 et $837 millions en
1967-68) et de la contribution gouvernementale au financement de ces
dépenses. Cette dernière qui était de $185 millions en
1962 est passée à $484 millions en 1967-68.
Cette prise de conscience collective a donné lieu à un
grand effort de rationalisation et de normalisation du financement des
dépenses des commissions scolaires afin de répartir
équita-blement le fardeau fiscal et de procurer des services
équitables à tous les Québécois.
Ainsi, le financement des commissions scolaires comporte maintenant,
depuis 1964, trois éléments complémentaires: 1. Les
subventions statutaires du ministère de l'Education
déterminées par la loi pour chacun des élèves de la
commission scolaire; ces
subventions totalisaient $220 millions en 1967/68. 2. L'Impôt
foncier ou les revenus propres des commissions scolaires: ($341 millions en
1967/68). Parce que le degré de richesse varie d'une commission scolaire
à l'autre, le ministère a établi des règles visant
à rendre équivalent l'effort fiscal des contribuables,
c'est-à-dire le taux normalisé. La quasi-totalité des
commissions scolaires impose à leurs contribuables un taux qui
correspond à ce taux normalisé. En règle
générale, les subventions statutaires et les revenus locaux ne
suffisent pas à assurer des services équitables aux enfants. 3.
Les subventions d'équilibre budgétaire ($264 millions pour
l'année scolaire 1967/68). Cette marge entre le coût de ces
services équitables et de qualité définis par le
ministère de l'Education et les sources de revenus statutaires et locaux
est financée complètement par le gouvernement au moyen de
subventions dites d'équilibre budgétaire.
Toute dépense additionnelle au-delà des montants
déterminés par les règles d'approbation des budgets
devient une dépense dite « inadmissible » aux subventions
d'équilibre budgétaire et doit être financée par le
contribuable local.
Il est important de comprendre le financement des commissions scolaires
pour bien saisir le reste de la discussion.
L'année scolaire 1966/67 allait connaître une crise en
raison de l'accroissement normal des dépenses inadmissibles, des
anachronismes ahurissants dans les salaires des enseignants et de l'attitude de
certains syndicats d'Instituteurs.
En effet, les standards ou normes de qualité servant à
définir l'admissibilité des dépenses sont vite devenus
dans les faits et dans certains esprits des minima ou des points de
départ à partir desquels les associations d'enseignants, qui
négociaient alors à l'échelon local, commençaient
à discuter. Ces négociations locales, certaines grèves et
des arbitrages historiques ont amené un accroissement rapide de ces
dépenses inadmissibles, souvent en fonction de la richesse du
milieu.
De plus, les disparités dans les salaires entre hommes et femmes,
laïcs et religieux, de milieu rural ou urbain, d'une commission scolaire
à l'autre devenaient intenables, s'Intensifiaient souvent et allaient de
toute façon à l'encontre de la philosophie de la normalisation.
Certains taux de salaires atteignaient des niveaux plutôt remarquables et
causaient des problèmes majeurs au gouvernement dans ses propres
négociations avec ses enseignants qui pourtant, avaient, selon les
paroles mêmes du chef du gouvernement en poste le 28 janvier 1966,
complété leur rattrapage salarial.
Devant de telles constatations, le ministre de l'Education, au nom du
gouvernement, émit la lettre circulaire du 14 octobre 1966. Les
objectifs de cette directive relative à l'approbation des offres des
commissions scolaires étaient clairs: mettre un frein à une
concurrence coûteuse et inutile, accélérer le rattrapage de
milliers d'instituteurs, alléger le fardeau fiscal du contribuable local
surtaxé, en rétablissant un certain équilibre des forces
en présence.
Le Conseil supérieur de l'éducation, dans ses «
réflexions sur la crise scolaire », commente ainsi l'intervention
du ministre: « L'intervention du ministre, écrit-il, était
nécessaire dans le conflit sur les traitements des professeurs; mais
dans la confusion du moment, divers groupes adoptèrent une position
rigide dont ils ne voulurent pas se départir ou encore dont ils furent
incapables de se départir. »
Une série de grèves furent déclenchées par
des associations d'Instituteurs; certaine grève célèbre
n'avait cependant aucun lien direct avec cette circulaire (celle de
l'Alliance).
Au début de février 1967, le chaos était complet et
le gouvernement dut intervenir de nouveau.
Le Parlement fut alors saisi d'un projet de loi qui poursuivait à
la fois des objectifs à court et à long terme: le bill 25, ou Loi
assurant le droit de l'enfant à l'éducation et instituant un
nouveau régime de convention collective dans le secteur scolaire.
Cette loi, on s'en souvient, mettait d'abord un terme aux multiples
arrêts de travail décidés par les associations
d'enseignants; elle suspendait le droit de grève des instituteurs
jusqu'en juillet 1967 et prolongeait les conventions collectives existantes
jusqu'à cette date; elle permettait à plus de 40,000 enseignants,
la plupart des institutrices, d'effectuer un rattrapage salarial en touchant
des hausses de salaire variant de $1,000 à $1,400. De plus, pour pallier
cette suspension du droit de grève, un système d'arbitrage
était institué pour régler les conflits
d'intérêt; malgré le cadre mis en place par le bill 25,
l'expérience a montré que nombre de sentences arbitrales ont
causé un nouvel accroissement des dépenses inadmissibles.
Cependant, l'essence de cette législation était
tournée vers la mise sur pied d'un nouveau régime de
négociation collective à l'échelle du Québec afin
dé réaliser cette péréquation et
cette plus grande égalité de services que tout Etat
moderne doit donner à ses citoyens.
Un conseil consultatif, « comité de l'article 13 » du
bill 25, composé d'enseignants, de commissaires et de parents avisa le
gouvernement sur la nature des clauses à négocier à
l'échelle du Québec. La Corporation des enseignants du
Québec soutint que tout devrait être négocié
à ce niveau.
Le gouvernement décréta ce type de négociation afin
d'éliminer une concurrence coûteuse, presque toujours inutile et
souvent fondée sur la richesse des différentes commissions
scolaires; de déterminer des conditions de travail équitables
pour tous les enseignants, qu'ils soient français ou anglais,
catholiques ou protestants; d'instituer un nouveau mode de relation entre le
gouvernement, les commissions scolaires et les corporations d'enseignants, mode
fondé sur un respect mutuel et une mise en commun
d'expériences.
Le bill 25, pour reprendre une expression du Conseil supérieur de
l'éducation, doit être considéré comme « un
point de départ pour un nouveau style de collaboration » et non
pas comme une mesure restrictive.
Le 17 juillet 1967, se tenait la première séance de
négociations provinciales, à l'Ecole normale Laval. Depuis ce
temps, il s'est écoulé près de 22 mois et il s'est tenu
plusieurs centaines de rencontres. Je me bornerai à mentionner les
grandes étapes de cette négociation, quitte à vous
remettre un calendrier plus détaillé par la suite, et à
vous présenter certaines de ses caractéristiques.
La période allant de juillet 1967 à décembre 1967 a
été consacrée à des discussions
préliminaires sur les formes et les modes de négociation et
à la préparation du projet syndical.
Le 21 décembre 1967, les corporations d'enseignants soumettaient
un volumineux projet de plus de 720 clauses.
De janvier à juin 1968, les séances de négociations
se multiplient à un rythme rapide; avril et mai voient le juge
Jean-Charles Simard procéder à son enquête; la
première opération « démission » est alors en
cours.
Au début d'août 1968, le gouvernement et les commissions
scolaires présentaient un projet global de plus de 400 clauses; quelques
jours après la réception de cette offre, les enseignants
réclamaient la conciliation; le juge Jacques Bousquet, conciliateur
spécial, choisi en dehors des cadres de la Fonction publique,
préside les réunions de septembre et octobre et les quelques
rencontres de novembre et de décembre 1968.
Ensuite, il y eut une série de grèves tour- nantes et,
aussi, le rejet desdites grèves par nombre d'instituteurs; enfin
l'Intervention du juge René Lippé, de la mi-févirer
à la fin de mars 1969.
Cette longue négociation comporte certaines
caractéristiques intéressantes et a permis à la population
de jauger les attitudes de certaines organisations.
En premier lieu, cette négociation touche près de 1.5
million d'élèves et environ 65,000 maîtres; les sommes
d'argent en cause sont capitales (environ $400 millions pour les salaires
d'instituteurs seulement).
La représentation des parties à la table est la suivante:
dix personnes de chaque côté; le gouvernement compte deux
représentants, la Quebec Association of Protestant School Boards, deux,
et la Fédération des Commissions scolaires catholiques du
Québec, six. Du côté des enseignants, la Provincial
Association of Protestant Teachers, deux, la Provincial Association of Catholic
Teachers, deux, et la Corporation des enseignants du Québec, six.
Le volumineux document syndical, présenté le 21
décembre 1967 et à partir duquel la négociation a
été conduite, comportait des demandes et exigences astronomiques
et incalculables, allant de la négociation du calendrier scolaire au
stationnement couvert, en passant par le paiement du temps
supplémentaire au taux de 1/25 millième du salaire annuel par
période-élève additionnelle.
Les séances de négociations furent enregistrées sur
bobines ou sténographiées et dactylographiées par la
suite; les journalistes ont même été invités aux
séances de négociations, en mai dernier.
De mémoire de négociateurs, la durée,
l'intensité et la fréquence des rencontres entre les parties ne
retrouvent nulle part leur équivalent au Québec et au Canada; les
pourparlers se sont poursuivis durant plus de huit mois à un rythme
moyen de trois jours par semaine; quatre mois entiers ont été
consacrés à la conciliation du juge Bousquet et à
l'Intervention du juge Lippé; le jugeSimard a lui-même
enquêté durant plus d'un mois.
Les rencontres se sont tenues aux endroits suivants: Ecole normale
Laval, Manoir du Lac-Delage, Fontainebleau, le motel Universel et le
ministère du Travail.
La partie gouvernement-commissions scolaires s'est efforcée
d'informer et le public et les enseignants; elle a publié et
distribué à tous les enseignants, en septembre 1968,
l'état de ses propositions; elle a publié pour ces mêmes
instituteurs, en décembre 1968, un document corrigeant les erreurs et
interpré-
tations abusives relativement à ses offres; elle a tenu en
septembre et octobre 1968, une série de réunions publiques dans
tout le Québec; cette semaine, elle distribuera à tous les
enseignants la dernière version de ses offres et nouvelles propositions
effectuées en conciliation et en raison de l'intervention du juge
Lippé.
Bon nombre d'écoles du Québec ont subi un « boycott
» systématique, organisé par les syndicats d'enseignants,
des différents comités ou conseils pédagogiques et de
certaines activités professionnelles, telles les rencontres avec les
parents; nous avons nous-même qualifié d'antiprofessionnel et
d'abus de droit l'usage collectif de certains privilèges reconnus
à l'individu par la convention collective (v.g., le refus collectif
d'effectuer de la suppléance et des périodes
excédentaires); la population a pu constater elle-même
l'indifférence de certains leaders syndicaux envers la
réalité et les problèmes d'ordre pédagogique.
En bref, la dépense d'énergie a été
phénoménale; et, à force d'entendre certaines personnes,
on a l'impression qu'il n'y a qu'un problème au Québec, celui des
enseignants, et que le gouvernement devrait tout monopoliser (argent, hommes et
équipement) pour donner à ces derniers des conditions d'emploi
encore meilleures que celles actuellement offertes et qui se situent souvent au
plus haut niveau en Amérique du Nord.
Le gouvernement et les commissions scolaires, dans la préparation
de leurs offres, ont veillé à réaliser nombre d'objectifs
qui étaient la raison même de ces négociations.
Nous avons voulu développer un nouveau mode de relation entre les
parties, mode fondé sur la coopération, la collaboration et le
respect mutuel Tout cela, il va de soi, repose sur une conscience des
responsabilités des divers groupes, ne s'effectue pas sans heurt et
demande un certain cran de la part des dirigeants.
Essentiellement, et je le répète, les propositions du
gouvernement et des commissions scolaires visent à fournir, compte tenu
des ressources disponibles, des avantages équitables et
équivalents à l'ensemble des instituteurs où qu'ils se
trouvent au Québec On appelle cela la péréquation, et nous
avons voulu que ces avantages se situent à un niveau plus
raisonnable.
Nous avons voulu éliminer la concurrence inutile et
coûteuse; nous avons cherché à définir des
conditions pour une meilleure répartition des maîtres au
Québec.
Nous avons voulu modifier le style des né- gociations dans ce
secteur et tenter de raisonner à l'échelle du Québec en
oubliant les situations de privilège ou d'abus. Nous croyons au
système de négociation et nous regrettons de ne pas avoir encore
un règlement négocié. Nous sommes conscients que la
négociation dans le secteur public exige parfois une bonne dose de
courage et un sens développé des responsabilités.
Nous avons axé nos propositions sur le règlement
numéro 1 du ministère de l'Education et la réalisation des
objectifs d'éducation en tentant d'introduire une certaine souplesse
afin de permettre aux pédagogues et enseignants de faire preuve
d'initiative; nous avons voulu profiter des connaissances et conseils des
instituteurs, et c'est pourquoi tout un mécanisme de consultation a
été mis sur pied. Et nous continuons à croire qu'une
éducation de qualité exige la présence des maîtres
auprès de leurs élèves.
Nous avons tenté de penser aux exigences du service, aux
administrateurs et aux principaux d'école; nous savons que, souvent, les
meilleurs éléments du Québec se dirigent vers ce type de
carrière et nous nous refusons à ce qu'une convention collective
limite l'exercice de leurs responsabilités propres : ce n'est pas en
détruisant l'initiative de ces hommes qu'on pourra obtenir une meilleure
gestion scolaire.
Nous avons voulu offrir à nos enseignants des conditions de
travail et de rémunération conformes à la place et au
rôle qu'ils doivent occuper dans notre société; nous avons
recherché l'abolition du privilège et tenté de traiter
équitablement les enseignants (parité de salaire, classification
identique, etc.). Les offres faites aux enseignants, j'y reviens, les placent
à l'avant-garde de leurs confrères canadiens et parfois
même américains.
Au cours de ces négociations, nous nous sommes heurtés, du
côté des enseignants, à une multiplicité de forces
centrifuges qui non seulement rendaient difficile la réalisation de ces
objectifs, mais avaient plutôt tendance à nous en éloigner.
Ces forces, elles étaient de différente nature:
Ainsi, on a constaté un refus de reconnaître son rôle
à la direction pédagogique et administrative des commissions
scolaires et du gouvernement.
Nous avons aussi pris connaissance de la politique des corporations
d'instituteurs à l'effet de considérer comme des minima les
ententes provinciales; selon ces corporations, les commissions scolaires plus
riches peuvent aller plus loin.
Nous avons dû nous rendre à l'évidence que la
contestation des corporations d'enseignants
qui accompagnait leur demande de participation était de type
corporatif et plutôt exclusive; elle se justifiait tantôt par une
sorte de monopole des connaissances spécialisées (manuels,
méthodes, etc.) tantôt par une non-acceptation de certains
pouvoirs du ministère de l'Education (négociation du calendrier
scolaire).
Mais surtout, nous nous sommes heurtés, de la part des leaders
locaux le plus souvent, à un rejet de cette péréquation
dès qu'elle signifiait la perte d'un privilège ou d'une habitude
locale, développés ou obtenus dans des circonstances
particulières. Nous avons aussi remarqué un certain écart
entre les grandes déclarations relatives au perfectionnement et à
la négociation de cette question, et la négociation de cette
question; il a fallu attendre l'intervention du juge Lippé pour que les
représentants des corporations d'enseignants consentent à
discuter du perfectionnement.
Malgré tout, l'exercice n'a pas été inutile, loin
de là. Il a montré, hors de tout doute, que la négociation
provinciale dans ce secteur et la détermination de certaines
règles de gestion à cette échelle étaient
possibles. Car, ne nous trompons pas, seul le niveau des concessions
empêche le règlement de cette convention. Il vous sera possible,
très bientôt, M. le Président, de voir si cet écart
a raison d'être.
Afin de mieux situer le débat, je vous soumets une liste non
exhaustive des principaux points en litige de même que la substance de
nos positions; ensuite, au cours de la discussion, nous ajouterons les autres
questions non réglées et entendrons les explications sur les
positions respectives.
Au chapitre des prérogatives syndicales, je remarque que les
corporations d'enseignants réclament une sorte d'atelier fermé,
qui aurait pour effet d'amener le non rengagement pour la commission scolaire
d'un enseignant expulsé de son syndicat.
Nous nous refusons à octroyer au syndicat un droit de vie ou de
mort sur l'emploi d'un instituteur. Point n'est besoin de commenter ce refus.
Selon notre offre cependant, tous les instituteurs devront payer la cotisation
syndicale ou son équivalent et tous les nouveaux instituteurs devront
signer une formule d'adhésion au syndicat. Notre porte-parole, Me Jean
Cour-noyer, fournira les précisions additionnelles.
Au titre de la consultation, on me rapporte que les corporations
d'enseignants exigent de nouveau la codécision sur les manuels, les
méthodes et le matériel audio-visuel au nom d'une connaissance
spécialisée.
De notre côté, nous voulons profiter de l'expérience
des enseignants et de leurs connaissances, mais pas au détriment et
à l'exclusion des autres agents et intéressés en
éducation.
C'est pourquoi, même au risque de gêner l'administration,
nous avons mis sur pied, en vertu de nos propositions, des conseils
d'école chargés d'aviser le principal sur toute décision
importante. De même, au niveau de chaque commission scolaire, les
enseignants seront obligatoirement consultés sur maintes questions y
compris les manuels, les méthodes et le matériel audio-visuel. La
commission scolaire devra motiver toute décision contraire aux
recommandations de ce comité de la commission.
La commission scolaire, il va de soi, consultera aussi les autres
groupes communautaires qui sont aussi intéressés aux
problèmes d'éducation. De plus, il ne faudrait pas croire que le
fait de laisser les décisions aux enseignants et aux pédagogues
seulement amènerait automatiquement une amélioration de la
qualité d'enseignement. Car les instituteurs, comme tout autre type de
travailleurs, peuvent quelquefois être réfractaires aux
changements et désirer conserver leurs bonnes vieilles habitudes et
pratiques d'enseignement.
Au chapitre de la sécurité d'emploi, je note trois sujets
litigieux: la question du droit à l'arbitrage dans le cas de
non-rengagement, la place de l'ancienneté dans les promotions, mises
à pied..., et les congés-maladie.
Relativement à la question de l'arbitrage dans les cas de
non-rengagement, je note que les corporations d'enseignants exigent que ce
droit soit acquis dès la première journée de travail
à la commission. L'offre du gouvernement et des commissions scolaires se
réfère à un projet d'amendement de la Loi de l'instruction
publique (bill 44) qui stipule, conformément aux pratiques habituelles,
que ce droit est acquis dès le renouvellement du deuxième contrat
annuel d'enseignement au Québec. En bref, ceci revient presque à
dire que les corporations d'enseignants ne reconnaissent aucune aptitude et
compétence aux administrations scolaires pour évaluer
l'enseignant en probation.
Quant à la demande des corporations d'enseignants à
l'effet d'accorder une place prépondérante et souvent
décisive à l'ancienneté dans les promotions, transferts,
mises à pied, nous ne pouvons l'accepter; car, nous continuons de croire
que la compétence doit être le grand critère lorsqu'il
s'agit de l'éducation des enfants.
Au sujet des congés-maladie, nous avons cru que notre
dernière offre, relative à la caisse de crédit de 15 jours
par année et qui est conforme aux pratiques nord-américaines,
aurait réglé la situation. D'autant plus que nous avons consenti
à protéger tous les individus qui bénéficient
présentement de systèmes différents de protection, et ce,
tant qu'ils demeurent à
l'emploi des commissions scolaires qui les embauchent
présentement.
Dans la section des traitements, j'attire votre attention sur notre
offre qui a pour objet de traiter de la même façon et les
instituteurs et les institutrices, qu'ils soient de milieu urbain ou rural, de
langue française ou anglaise. De plus, nous avons accepté
d'introduire un système de protection des traitements pour les
détenteurs de certaines qualifications (vieux brevets, nouvelles
méthodes) de même qu'un plan de récupération pour
ceux qui pourraient subir une certaine déclassification. Je signale
aussi le fait que les corporations d'enseignants demandent des traitements
supérieurs pour les enseignants de vastes territoires.
Nous avons consenti un système d'allocations spéciales
pour certains endroits éloignés et isolés; mais nous nous
refusons à réintroduire des disparités dans les
traitements, cette fois, à l'inverse de ce qu'elles étaient.
Au titre du perfectionnement, nous offrons annuellement à plus de
425 enseignants la possibilité d'aller étudier à temps
plein avec 80% de leurs traitements.
Nous avons préféré le système
d'études à temps plein, contrairement aux corporations
d'enseignants, parce qu'il nous apparaît comme une véritable forme
de perfectionne ment. Cependant, par le versement d'un bonus pour la
demi-année de scolarité, nous avons accepté de contribuer
au perfectionnement à temps partiel.
De plus, des cours de recyclage seront offerts gratuitement aux
instituteurs par les commissions scolaires.
Enfin, toute année d'études est considérée
comme une année d'expérience aux fins du traitement.
Au chapitre des griefs et des mésententes, les corporations
d'enseignants exigent que toute mésentente soit arbitrable,
c'est-à-dire que toute question relative aux conditions de travail et
non prévue par la convention puisse être tranchée par un
arbitre.
Selon notre offre, tout grief ou toute difficulté
d'interprétation et d'application des textes de la convention pourra
être tranchée par un arbitre. Cependant, il n'est pas dans notre
intention de faire définir par un arbitre les sujets non prévus
dans la convention collective (par exemple, les normes relatives aux
bibliothèques, la grandeur des stationnements, etc.)
Quant à la charge de travail, il y a conflit principalement sur
le niveau des rapports élèves maître (c'est-à-dire
le nombre de professeurs qu'une commission scolaire doit embaucher, compte tenu
des inscriptions) de même que sur la présence des enseignants
à l'école.
Nous avons, pour des motifs d'ordre administratif et pédagogique,
offert un cadre souple et conforme à l'esprit de la réforme
scolaire. Au niveau de chaque commission scolaire, compte tenu de situations et
des objectifs particuliers, il sera possible de définir par
négociation les charges plus précises des enseignants de
même que leur répartition dans les différentes
écoles.
De plus, nous demandons que l'enseignant demeure dans l'école
durant le temps de présence des élèves et lorsqu'il y a
des locaux pour les recevoir, bien entendu. Nous ne voyons pas comment on peut
concilier qualité de l'éducation et absence du professeur en
dehors de ses heures de cours, à moins que le bien ou le
mieux-être du professeur devienne l'objectif exclusif.
Notre offre sur la charge de travail est à ce point raisonnable
que le Québec qui, par rapport à l'Ontario et aux Etats-Unis,
jouit d'un revenu personnel de beaucoup inférieur à ces endroits
(Québec: $2069, Ontario: $2624, et Etats-Unis: $3127), s'est
engagé à donner i ces enfants un plus grand nombre de
maîtres par élèves que ces mêmes endroits
(Québec: un maître pour 22.4 enfants, Ontario: 1/24.0, et
Etats-Unis: 1/23.3)
Voilà pourquoi, M. le Président, les offres du
gouvernement et des commissions scolaires nous semblent acceptables.
Elles nous semblent acceptables et nous avons, encore une fois, la
conviction qu'elles justifient la signature d'une convention collective au
terme du jeu normal de la négociation. Les enseignants ont
réclamé, à diverses reprises, l'arbitrage. A cette
demande, le porte-parole du gouvernement et des commissions scolaires, Me Jean
Cournoyer, répondait le 4 décembre dernier: «Vous avez
proposé l'arbitrage comme moyen de résoudre le conflit entre vos
corporations et les organismes que je représente. « Je dois vous
informer que nous sommes dans l'impossibilité d'accepter votre
proposition. La principale raison de cette attitude de notre part réside
dans le fait que la nature de la plupart des problèmes en suspens
implique que l'on se prononce soit sur des amendements aux lois existantes ou
sur une affectation des ressources qui seront consacrées à
l'éducation. C'est à l'Assemblée législative
(maintenant, nationale) qu'il revient de modifier les lois et non à un
conseil d'arbitrage; de même, il appartient au pouvoir politique de
décider du niveau des impôts et des allocations et des
priorités budgétaires, car vous n'êtes pas sans savoir que
l'acceptation de vos
demandes aurait des conséquences phénoménales sur
les finances publiques ».
M. le Président, l'arbitrage dans le cas d'un groupe particulier
aurait pour conséquence de limiter le gouvernement et, en
dernière analyse, le Parlement lui-même, dans l'exercice de sa
fonction d'arbitrage pour tous les groupes, dans son rôle global
d'arbitrage quant à l'affectation des ressources publiques.
Dans un cas comme celui qui nous occupe, devons-nous, allons-nous
demander à un Juge de déterminer le niveau des impôts? Ne
nous trompons pas: c'est bien de cela qu'il s'agit, quand nous parlons
d'arbitrage en matière de relations de travail dans le secteur
public.
Selon le code du Travail, la négociation collective, avec les
moyens de pression qui s'y rattachent (grève, lock-out), constitue le
régime normal des relations employeurs- employés dans le secteur
public à l'occasion de la détermination des conditions de
travail. D'après cette même loi, le consentement des deux parties
est nécessaire pour utiliser cet autre mode de relations qu'est
l'arbitrage.
La plupart des syndicats et associations d'employés du secteur
public et parapublic, y compris la C.E.Q., ont réclamé instamment
la mise sur pied au Québec d'un régime de négociation
collective comportant le droit de grève dans le secteur public. Ce
régime a fonctionné normalement au cours des dernières
années dans un nombre important de cas: à preuve, la dizaine de
conventions collectives signées dans le secteur public au terme d'un
processus de négociation.
On évoquera peut-être ici l'exemple de ce qui existe dans
la législation fédérale en ce qui concerne l'arbitrage.
Selon cette législation, le syndicat doit décider avant
même le début des négociations s'il aura recours à
l'arbitrage ou à la grève en cas d'impasse: ce choix est
définitif. Les parties adoptent alors les techniques de
négociations appropriées à l'un ou l'autre de ces
moyens.
Dans le présent conflit, la partie « patronale » a
négocié de façon à éviter une grève
et non en fonction d'un éventuel arbitrage. En d'autres termes, la
partie « patronale » a effectué des concessions majeures qui
n'auraient jamais été consenties dans un contexte où
l'arbitrage aurait pu devenir possible.
M. le Président, je souhaite sincèrement que les travaux
de cette commission aient des effets bénéfiques et qu'ils aident
à rétablir le fonctionnement normal du système
d'éducation, afin que « les enseignants enseignent et que les
étudiants étudient ».
M. LE PRESIDENT: Messieurs les membres de cette commission, le ministre
de l'Education M. Cardinal, voudrait faire un très court exposé
sur le rôle de son ministère dans ce conflit, avec votre
permission.
M. CARDINAL: M. le Président, je vous remercie. Je serai bref et
m'exprimerai dans la ligne de pensée et de conduite du gouvernement et
de mon collègue, le ministre délégué.
Cette intervention, je la fais devant cette commission de la
présidence du conseil n'ayant pas cru judicieux qu'elle s'insère
dans le cadre des séances de la commission permanente de l'Education
dont le ministre délégué n'est pas membre.
On notera, auparavant, la présence dans cette chambre d'ailleurs
de hauts fonctionnaires du ministère de l'Education.
M. le Président, au moment où débutent les travaux
de cette commission, il me paraît opportun de rappeler encore une fois
puisqu'en divers milieux on semble n'avoir pas compris ce que j'ai
déjà cent fois souligné dans des termes pourtant clairs
le rôle du ministre et du ministère de l'Education dans les
négociations qui touchent l'un ou l'autre groupe faisant partie du
personnel oeuvrant dans le secteur de l'enseignement. Quand le présent
gouvernement a assumé la direction des affaires du Québec, la
négociation dans le secteur public, à l'échelle de
l'ensemble du territoire, constituait un phénomène
récent.
On se rappelle le cas des hôpitaux, notamment en 1966. Le
précédent gouvernement, tout en adoptant des politiques
favorables à ce nouveau type de négociations, n'avait pas mis en
place les mécanismes qui pouvaient être de nature à assurer
une action gouvernementale efficace et surtout cohérente.
Abordant une nouvelle ronde de négociations dans la fonction
publique et dans le secteur public en général, ayant notamment
à s'engager dans le mode de négociations institué par une
loi au début de 1967; en ce qui concerne le personnel enseignant des
commissions scolaires, le gouvernement a jugé essentiel et sur ce
point en réalité personne n'a formulé de critiques, bien
au contraire d'établir un mécanisme précis
d'action. Ce mécanisme a été mis en place au cours de
l'année 1967. Les résultats obtenus jusqu'à cette date
démontrent qu'il a permis d'atteindre des objectifs d'efficacité
et de cohérence recherchés au départ.
Le gouvernement a donc confié à l'un de ses membres, le
ministre délégué à la fonction publique, le mandat
de le représenter dans tou-
tes les négociations auxquelles doit participer le gouvernement,
seul ou avec d'autres corps publics.
Tous les membres du conseil des ministres ont appuyé et
évidemment respecté cette décision. Depuis près de
deux ans seul le ministre délégué à la Fonction
publique est intervenu publiquement à propos de toute question touchant
les négociations dans le secteur public.
C'était normal et c'était la seule façon de
maintenir l'action gouvernementale dans le cadre d'une politique globale bien
définie.
Faut-il préciser ce qui devrait être
considéré comme une notion élémentaire par tous
ceux qui ont quelque idée du fonctionnement de l'appareil
gouvernemental? Quant à la matière de négociation ou de
relation de travail, le ministre délégué à la
Fonction publique prend position, lui-même, ou par l'intermédiaire
de représentants qu'il a désignés. Il engage le
gouvernement et parce qu'il en est ainsi, il s'appuie sur les vues et les
décisions du conseil des ministres. Dans le cadre qui a
été défini, le ministre de l'Education, comme chacun de
ses collègues, intervient en matière de relations du travail au
conseil des ministres et non pas sur la place publique.
Serait-il souhaitable qu'il en fût autrement? Je ne le pense pas
et je dirai pourquoi.
Le ministre de l'Education est d'abord et avant tout responsable de la
bonne marche et du développement du système d'enseignement. Sa
fonction première est de faire valoir les exigences propres d'une
politique dynamique d'éducation, politique qui doit, de toute
évidence, s'insérer dans une politique plus large de
développement économique et social taillé à la
mesure des besoins, mais aussi et tout autant des ressources du Québec.
Ce n'est pas ici ni ailleurs que j'ai à expliquer ou à commenter
la façon dont j'exerce, au sein même du conseil des ministres, mes
responsabilités de ministre de l'Education en ce qui concerne les
relations de travail dans le secteur de l'enseignement.
Ce qui importe, fondamentalement, c'est que le ministre de l'Education
se place constamment du point de vue de l'ensemble du système de
l'enseignement et du point de vue des intérêts de l'ensemble de la
collectivité. Il est souhaitable, il est bon que le ministre de
l'Education n'entre pas directement en conflit avec l'un ou l'autre des groupes
qui constitue le personnel du monde de l'enseignement, ses collaborateurs
à un titre ou à un autre. Il est essentiel, par ailleurs, que le
ministre de l'Education ne se substitue pas aux organismes
décentralisés qui ont la responsabilité immédiate
d'administrer le système scolaire conformément aux lois et aux
règlements en vigueur. Durant comme après les
négociations, le ministre de l'Education et le ministère sont les
responsables autant des commissions scolaires que celui des enseignants et
autant des enseignants que des commissions scolaires. C'est tout 1 l'avantage
de la bonne marche du système que le ministre ne soit pas directement
et, en quelque sorte, personnellement concerné, de façon
immédiate, dans les négociations touchant le secteur dont il est
responsable. Cela est conforme à la politique adoptée par le
gouvernement pour la conduite de toutes les négociations auxquelles le
gouvernement a droit de participer.
Bien sûr, l'expérience est récente, mais elle
démontre le bien-fondé de cette politique. Il ne faudrait pas
oublier non plus le fait qu'un bon nombre de conventions collectives liant le
gouvernement ont été signées au cours des deux
dernières années, y compris des conventions intéressant le
secteur de l'enseignement.
Je mentionne, à titre d'exemples, les enseignants du SPEQ et le
gouvernement, le 1er juin 1968. Les enseignants du SPE et les corporations des
collèges classiques, le 13 août 1968. L'Association des
professeurs du CEGEP de Sainte-Foy, la direction du CEGEP de Sainte-Foy et le
gouvernement, le 6 septembre 1968. Le syndicat des non-enseignants du CEGEP de
Rouyn-Noranda, la direction de ce collège et le gouvernement, le 15
janvier 1969.
Dans tous les cas, le seul porte-parole des membres du gouvernement a
été le ministre délégué à la Fonction
publique. Il est sans doute de bonne guerre, dans un conflit comme celui qui
occupe cette commission, que certains recherchent à éprouver la
solidarité gouvernementale en provoquant l'un ou l'autre des membres du
gouvernement par des déclarations qui n'ont que très peu de
rapport avec les relations de travail.
Ce que pense le ministre de l'Education à propos des
négociations présentement à l'étude, il le dit dans
le cadre établi par le gouvernement quant à sa participation
à toutes les négociations dans le secteur public. Et l'on sait,
d'ailleurs, qu'il y a à la table des négociations des
représentants au plus haut niveau du ministère de l'Education. Ce
n'est pas lui, le ministre de l'Education, mais le ministre
délégué à la Fonction publique qui a le mandat de
parler en cette matière au nom du gouvernement.
On a demandé au ministre de l'Education de prendre position. Je
ne le ferai que dans le respect de la politique gouvernementale que je viens de
rappeler.
Cela étant dit, je crois que la population du
Québec qui a accepté de pousser jusqu'à
l'extrême limite son effort pour doter les jeunes
générations d'une éducation dont ont été
privés leurs aînés, je crois que cette population ne
permettrait pas que soit compromise la rentabilité de cet effort, que
soit détournée de son sens la réforme entreprise, que
soient rendus inapplicables en pratique les principes qui orientent cette
réforme et qui sont inscrits notamment, comme le citait le ministre
délégué, dans le règlement no 1 du ministère
de l'Education.
La plus grande oeuvre de construction dans laquelle le Québec ne
se soit jamais engagé va-t-elle achopper sur la difficulté, pour
certains groupes, de placer l'intérêt collectif au-dessus de leur
intérêt? La convention proposée est, quant à ses
orientations générales, conforme aux exigences de la
réforme de notre système d'enseignement. Sur le plan financier
on l'a indiqué elle va à la limite de ce qui peut
raisonnablement être demandé aux contribuables
québécois en 1969, comme le ministre des Finances lui aussi l'a
déjà bien clairement indiqué.
Le ministre de l'Education ne négocie pas lui-même. Il ne
lui appartient pas de discuter en détail chacun des points en litige. Il
ne peut que souhaiter, à ce stade-ci, que les travaux de cette
commission apporteront l'éclairage qui nous permettra de franchir le
dernier pas et d'envisager, pour septembre prochain, le début d'une
année scolaire fructueuse et le début d'une période
où les relations de travail dans l'enseignement constitueront un
véritable facteur de progrès de l'éducation au
Québec.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, voulez-vous maintenant prendre la
parole pour un exposé comme nous venons de le faire, et les points en
litige.
M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, je prendrai d'abord la parole sur des points
généraux; lorque nous entrerons dans l'examen des points en
litige, le chef négociateur syndical pourra s'en charger.
Disons qu'au point de départ il me semble bien sûr de bonne
guerre que le ministre de l'Education explique son attitude dans la
présente négociation. Nous ne l'en chicanerons pas.
Nous mettons cependant fortement en doute l'affirmation qu'il a faite,
à la fin de son exposé, à l'effet qu'il est certain que
les propositions gouvernementales soient conformes à la réforme
scolaire. Comme de toute façon la réforme scolaire a
été amorcée la tête en bas, c'est-à-dire par
la construction plutôt que par la formation des enseignants,
peut-être cette position est-elle logique? Mais même si la
réforme avait été amorcée sur un bon pied, nous
avons déjà proposé au gouvernement de faire la preuve de
cette affirmation du ministre au sein d'un conseil d'arbitrage, ce à
quoi il s'est refusé, bien sûr.
Je ne commenterai pas davantage les propos du ministre de l'Education
parce que je reconnais comme lui que la négociation est entre les mains
du ministre de la Fonction publique.
M. le Président... je ferai une analyse rapide des diverses
expressions utilisées par le ministre délégué
à la Fonction publique dans son document dont j'ai copie, je l'en
remercie. Mais, j'aimerais, au point de départ, restituer un peu le
conflit dans un contexte qui n'est pas celui qu'a décrit le ministre de
l'Education.
Par exemple le ministre a dit que la présente négociation
s'inscrivait depuis deux ans dans une réforme de la négociation
chez les enseignants en l'établissant au niveau provincial et en lui
donnant un mode nouveau. J'aimerais souligner, tout d'abord, que le prochain
ministère de la Fonction publique et le gouvernement en
général n'ont pas du tout tenu compte de certains projets qui,
pourtant, nous semblaient des plus importants justement dans la recherche d'un
nouveau mode de négociation dans les services publics.
Dis le mois de mars 1967, donc à peine un mois après
l'adoption du bill 25, nous recommandions à la CEQ, entre autres choses,
et ces positions ont été transmises au gouvernement: que
la négociation provinciale se fasse dans le cadre d'une commission
bipartite permanente; qu'un bureau de recherches soit rattaché
à cette commission permanente afin de fournir aux parties tous les
renseignements dont elles ont besoin.
En janvier 1968, le premier ministre avait parlé le
premier ministre du temps lors d'une rencontre qui ne concernait pas la
négociation des enseignants mais la négociation dans l'ensemble
des services publics, de l'établissement de tel bureau de recherches.
Nous en attendons, bien sûr encore, l'établissement. Nous avions
recommandé également: qu'il y ait possibilité de
conciliation et d'arbitrage libre et volontaire. qu'il y ait droit de
grève et de contre-grève, et certaines autres propositions du
genre.
Or, de ces propositions, les deux qui nous semblaient devoir amener la
négociation dans
un mode nouveau n'ont pas du tout reçu d'attention positive de la
part du gouvernement.
En juin 1967, le comité de l'article 13 du bill 25, auquel le
ministre Masse s'est référé lui-même, recommandait
ce comité était formé de représentants des
enseignants, mais aussi des commissions scolaires et du gouvernement
à l'unanimité de ses membres au gouvernement que les
premières négociations provinciales ne commencent nous
étions en juin 1967 qu'après qu'aurait été
établie une structure complète de négociations au niveau
provincial, qu'en conséquence un comité soit formé, qui
aurait eu un mandat de produire son rapport sur les structures complètes
de négociations avant le 31 août de la même année,
c'est-à-dire en 1967.
Dès le 17 juillet 1967, c'est-à-dire dès la
première séance de négociations entre les parties, le
comité syndical de négociations tenta lui-même de faire
établir de véritables structures de négociations, et ceci
pour se faire répondre finalement par le ministre de l'Education du
temps, en date de la fin de juillet je crois, ceci: Je fais toujours
référence aux structures complètes de négociations.
On peut tout d'abord observer que cette recommandation celle que
nous faisions ne porte pas sur une matière qui doit faire l'objet
de négociations à l'échelle provinciale, au sens de
l'article 14 du bill 25. En fait - c'est la réponse le bill 25
lui-même prévoit la structure des négociations et, en
particulier, les mécanismes spécifiques auxquels on devra avoir
recours durant la période qui se terminera le 1er Juin 1968. Le texte de
l'article 16 du bill 25 indique bien que le législateur visait à
ce que les parties en viennent à une entente avant le 1er avril 1968.
Au-delà de la période déterminée par cet article 16
du bill 25, les parties se retrouveraient assujetties aux dispositions
générales du code du travail.
Ce qui revient à dire, en somme, que dans la mesure où de
notre côté nous proposions quelque chose de nouveau, quelque chose
d'expérimental, et qui aurait même pu, dans le cadre de cette
négociation provinciale, s'établir sans qu'il y ait la moindre
modification à la législation... on aurait été
prêt on l'avait indiqué clairement à
établir des modes nouveaux qui auraient permis une meilleure entente,
qui auraient permis un meilleur dialogue, peut-être finalement la
conclusion d'une convention collective avant cette date-ci; dans la mesure
où nous proposions quelque chose de nouveau, le gouvernement nous
répondait déjà, à ce moment-là: Les seules
structures valables sont celles que j'ai déterminées
moi-même, celles du bill 25 et le code du travail.
C'est cette philosophie du gouvernement qui va primer pendant tout le
temps de cette négociation provinciale.
A tout bout de champ, les réponses gouvernementales sont à
l'effet que le gouvernement doit décider des orientations et que ce sont
ses décisions qui ont pleine valeur, mais que tout effort de
nouveauté d'autres côtés, donc du nôtre, cela ne vaut
pas la peine de l'envisager.
Nous avons rappelé à maintes reprises, M. le
Président, la distinction essentielle qu'il nous faut faire entre les
rôles de l'Etat législateur et de l'Etat négociateur. Nous
n'avons pas vu encore que le gouvernement ait tenté sérieusement
de faire cette distinction entre ses pouvoirs d'Etat, Parlement, si vous
voulez, et de l'autre ses mandats de négociateur. Tout au contraire,
l'attitude du gouvernement a été la suivante: Au premier avril
1968, il nommait lui-même son propre commissaire-enquêteur. En
août 1968, il nommait lui-même le conciliateur et, pendant tout
l'automne, il refusait l'arbitrage sous prétexte, repris ce matin par le
ministre Masse, de souveraineté de l'Assemblée nationale et ce
sans chercher vraiment de véritables solutions aux problèmes
juridiques qu'il soulevait lui-même.
En outre, un médiateur a été choisi, bien
sûr, qui a oeuvré pendant un mois, mais qui n'avait vraiment pas
de pouvoirs de pression sur les deux parties, puisqu'il n'avait pas
possibilité de produire de rapport et encore moins de rapport public. Et
enfin, la semaine dernière, mercredi, le 30 avril et ces cinq
points dénotent à mon avis l'attitude et la philosophie du
gouvernement une des six parties en cause, en l'oc-curence, le ministre
Masse, convoquait les cinq autres parties à une séance au cours
de laquelle on devait lui présenter nos points de vue
réciproques.
M. le Président, nous sommes ce matin devant cette commission
parlementaire. Où s'inscrit cette commission parlementaire dans la
philosophie du gouvernement? Qu'est-ce que cette étape-ci? Quels sont
les objectifs de ces séances? Qu'est-ce que l'on veut atteindre? Si l'on
nous dit, comme il a été expliqué en Chambre la semaine
dernière et que cela a été aussi repris ce matin, que
c'est pour faire entendre le point de vue des deux parties aux membres de
l'Assemblée nationale représentés par cette commission,
alors, M. le Président, je proteste fermement contre le fait que vous
nous mettiez dans une situation où nous ne sommes pas encore une fois
sur un pied d'égalité.
Vous avez le gouvernement, représenté par le parti au
pouvoir, qui siège au sein de la commission d'une part je ne
demande pas la cogestion au sein de la commission, croyez-moi
vous avez le gouvernement qui siège au sein de la commission,
vous avez les autres partenaires du gouvernement que sont les deux
fédérations de commissions scolaires qui agissent comme
conseillers du gouvernement et nous, nous sommes ici en comparution à la
barre pour ainsi dire. Il y a beaucoup plus qu'un agencement physique dans ce
que je dis là. L'important, ce n'est pas que nous trouvions un petit
siège à la table en avant, mais c'est que l'Etat cherche
sérieusement à garder les pouvoirs de l'Assemblée
nationale ou du Parlement ou de l'Etat législateur comme pouvoirs
d'arbitrage éventuel et non pas se servir quand bon lui semble de ses
pouvoirs d'Etat pour venir à la rescousse de ces négociateurs
comme tels. C'est une première position de principe, M. le
Président, qui est loin d'être bien éclairée, qui
est loin d'être bien éclaircie également dans le
Québec actuellement. Et c'est dans cette optique-là que nous
avions cherché, dès le point de départ, à
établir des structures qui auraient pu, nous le pensions, nous permettre
de fonctionner de façon différente.
Au cours des négociations et je profite de cette
circonstance ce matin, pour le soulever sont nombreuses, ce que nous
appelons les inconduites au ministère de la Fonction publique.
Laissez-moi compléter, s'il vous plaît. Vous n'êtes pas en
Chambre actuellement, M. le président. Les inconduites du
ministère de la Fonction publique, je fais référence
d'abord et avant tout, à la dialectique technocratique, bien sûr,
de grands ensembles qui ne sont pas toujours essentiellement liés l'un
à l'autre.
Je fais référence à des panneaux publicitaires
publiés abondamment, et dans le cas de la négociation chez les
enseignants et dans d'autres négociations, par le gouvernement, tentant
de faire croire à la population que telle demande, cela veut dire un
hôpital de moins, cela veut dire trois bouts de route de moins, cela veut
dire X milliers de pensions sociales de moins, etc.
Ces questions ne sont pas essentiellement liées l'une à
l'autre. C'est de bonne guerre sur le plan propagande de s'en servir, j'en
conviens. Mais il faudrait bien qu'on le situe dans le vrai contexte de ce que
c'était, c'est-à-dire, une propagande qui est loin d'avoir
toujours été très honnête et de bonne
éthique.
Ce qui est plus grave cependant et le texte du ministre Masse ce
matin en est truffé, encore une fois c'est l'antisyndicalisme
verbal et de la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec et du ministère de la Fonction publique par son porte
parole, le ministre qui s'est produit depuis au moins six mois.
Je fais référence aux bulletins spéciaux, aux
annonces payées, aux déclarations directement adressées
aux syndiqués comme individus. Je fais référence à
l'espionnage des votes au sein de nos assemblées
générales, aux déclarations tronquées ou
carrément erronées adressées au grand public. Je fais
référence à la question du referendum si cher à M.
Masse et je fais référence aux lettres de syndicats à
leurs membres que l'on utilise abondamment dans la propagande
gouvernementale.
Le texte du ministre et j'aurai l'occasion de le relever tout
à l'heure fait constamment la distinction suivante: d'une part,
les enseigants à qui nous fournissons de l'information, ce sont les
bons. D'autre part, les corporations et les syndicats avec leurs leaders, qui
sont les gros méchants. Et eux, il faut leur passer pardessus la
tête pour aller directement aux syndiqués. Cette philosophie aussi
est condamnable.
En ce qui concerne, par ailleurs, les difficultés
financières du gouvernement, permettez-moi de souligner que quand on
nous dit: Telle demande, cela veut dire la disparition de tel hôpital,
etc., c'est qu'on juge, au point de départ, qu'il n'y a pas moyen de
distribuer les sommes gouvernementales d'autre façon. Or, je mets en
doute, quant à moi, qu'il ait été de bonne politique
d'engager certaines firmes d'ingénieurs au sein du ministère de
l'Education et de laisser, je l'affirme, un bon nombre de fonctionnaires sur
les tablettes pendant ce temps.
J'affirme par ailleurs qu'il est de mauvaise politique de
procéder à des constructions temporaires d'écoles qui
augmentent les coûts puisqu'il faudra, néanmoins, construire des
écoles permanentes par la suite. Je fais référence
et je condamne comme étant une mauvaise politique l'existence de
cette pléthore innombrable de petites commissions scolaires qui exigent
des déboursés au niveau du fonctionnarisme et au niveau de la
multiplication des services, tant au niveau local qu'au niveau provincial.
Je fais référence aux $15 millions qu'un des
sous-ministres de l'Education a affirmé pouvoir économiser
simplement en rationnalisant le transport scolaire.
Je m'en suis tenu précisément au secteur de
l'éducation, il y aurait moyen d'en trouver dans d'autres secteurs
également Ce sont là des morceaux qui pourraient, nous le
croyons, être transférables à certains autres postes au
sein du gouvernement et qu'il n'est pas du tout assuré, au point de
départ, que les sommes soient bien utilisées dans leurs
dépenses au sein de l'administration, quel que soit le gouvernement
en place. Ce n'est pas une attaque au gouvernement en tant que groupe
politique que je tais à ce moment-ci. Je veux simplement soulever une
interrogation aux législateurs afin qu'un jour, ils puissent
peut-être se demander si les affirmations du type: Il faut faire
disparaître tant d'écoles, tant d'hôpitaux, etc. sont
tellement bien fondées qu'on le laisse entendre dans les
déclarations publiques.
En ce qui concerne, par ailleurs, les déclarations du ministre
Masse ce matin, il a fait référence, entre autres choses, au bill
25 et à la philosophie. Il est de bonne guerre pour lui d'exposer la
philosophie qui a prévalu au sein du gouvernement à ce
moment-là. Je vous conseille cependant de lire le bouquin qui vous
donnera la nôtre et vous la trouverez fort différente de celle qui
a été exposée ce matin. Je ne m'attarde pas davantage
là-dessus.
En page 7 de la déclaration du ministre, ce matin, le ministre
Masse fait référence aux accroissements rapides des
dépenses inadmissibles résultant d'arbitrages historiques,
dit-il. J'aimerais demander au ministre Masse s'il fait référence
à ce moment aux 125 ou presque sentences arbitrales qui
sont issues du bill 25, puisque le bill 25 lui-même proposait que les
points de désaccord non réglés au moment de l'adoption du
bill 25 soient soumis à l'arbitrage. Il y en a eu à peu
près 125. Le ministre Masse fait-il donc, à ce moment-là,
référence aux 125 tribunaux d'arbitrage qui, dans presque tous
les cas, ont décrété des conditions de travail pour les
enseignants nettement supérieures aux offres présentes du
gouvernement et des fédérations de commissions scolaires? Est-ce
à ces tribunaux historiques qu'il fait référence en page
7?
Je lis, également, dans cette même page, son affirmation au
sujet de la disparité qui s'intensifiait entre les milieux ruraux et les
milieux urbains, entre laïcs et religieux, entre hommes et femmes. Et vous
trouverez encore dans le bouquin « La crise scolaire » des
détails à ce sujet.
En page 8, je suis surpris qu'il ait fait référence
à une déclaration du Conseil supérieur de
l'éducation ou, si vous aimez mieux, cela me permettra à ce
moment-ci et je vois que le président du conseil est
présent aux audiences ce matin d'adresser officiellement au
président du Conseil supérieur de l'éducation une demande
à l'effet qu'il fasse l'analyse de la présente négociation
provinciale, à l'effet qu'il examine s'il est possible, par exemple, par
les offres patronales actuelles de maintenir la qualité de
l'enseignement professionnel, auparavant existant dans les écoles
gouverne- mentales, qualité qui devra nécessairement être
diminuée en intégrant ces écoles au système des
commissions scolaires régionales avec le type de proposition qui nous
est faite actuellement.
Je demande au président du conseil de faire faire une
étude de ce type et puisqu'en 1967, le conseil a produit un avis sur la
crise scolaire, il lui est maintenant devenu nécessaire d'en produire un
sur les présentes négociations. D'autant plus que le ministre
Masse s'en sert.
M. le Président, le texte du ministre Masse fait, en plusieurs
endroits, référence au respect mutuel des parties. Il est bien
clair, M. le Président, que les individus se respectent les uns les
autres. Il est bien clair qu'au sein des deux comités de
négociations, entre les comités de négociations, comme
à cette commission parlementaire ce matin, il y a bien sûr un
respect mutuel des parties. Mais je réaffirme ce que je disais tout
à l'heure, à l'effet que le gouvernement, par son ministre de la
Fonction publique, n'a pas le respect du syndicalisme quand il « charrie
», comme il le fait constamment, en passant par-dessus la tête des
syndicats pour aller vers les individus.
Je vous signalerai en page 12 que le gouvernement et les deux
fédérations de commissions scolaires n'ont déposé
finalement leurs offres qu'après que la commission d'enquête eut
terminé son travail, puisqu'ils l'ont déposé au mois
d'août 1968. Et on nous dira ensuite s'il a été possible de
respecter la première date inscrite dans le bill 25, soit celle du 1er
avril comme étant un terme à cette négociation
provinciale.
En page 13, deuxième ligne, M. le Président, vous avez un
exemple typique de ce que j'ai appelé l'antisyndicalisme du
ministère.
Lorsque le ministre lui-même fait référence, en page
15, à un document qui chez nous aurait été erroné
en plusieurs points au mois d'octobre, encore une fois, évidemment il se
sert d'un style qui lui est devenu familier, mais permettez-moi de souligner
que, dans le document que probablement la partie patronale déposera
aujourd'hui devant la commission et dont nous avons eu quatre copies vendredi
dernier, nous avons déjà relevé 108 erreurs dans sa
nouvelle version. Alors, avis aux intéressés de les corriger
avant de les déposer.
M. MICHAUD: Une erreur par député, sans doute?
M. LE PRESIDENT: Les députés sont des erreurs!
M. LALIBERTE: En page 19...
M. LE PRESIDENT: Allez-y, monsieur.
M. LALIBERTE: ... du texte du ministre Masse, au bas de la page, le
ministre affirme: « Ainsi, on a constaté un refus de
reconnaître son rôle à la direction pédagogique et
administrative des commissions scolaires et du gouvernement. »
Ce n'est pas du tout notre intention. Ce que nous voulons éviter,
c'est qu'ils aient une discrétion absolue de mener les enseignants comme
ils mèneraient des objets qui ne seraient pas des êtres humains.
Ce que nous refusons, c'est que l'on dispose de nous sur simple
décisions des administrateurs de quelque niveau qu'ils soient. C'est
loin de l'objectif décrit ici par le ministre Masse.
En page 20, on fait grand état de ce que l'on appelle d'ailleurs
plus loin dans le texte: « La volonté des enseignants
d'établir un monopole de type corporatif d'ailleurs dit-il
des connaissances spécialisées (manuels, méthodes, etc..)
»,
Permettez-moi de rappeler au ministre Masse, M. le Président
peut-être l'a-t-il oublié qu'au sein du
ministère de l'Education il existe un système d'approbation des
manuels scolaires, que le ministère de l'Education publie des listes
régulièrement, et que le seul élément de
codécision que nous demandons localement devrait s'inscrire à
l'Intérieur de la liste antérieurement prévue par le
ministère de l'Education. Nous sommes loin de demander un monopole de
type corporatif des connaissances spécialisées; on
reconnaît au point de départ, dans la présente
négociation, que le ministre peut continuer à faire ces listes et
que nos décisions locales devraient s'inscrire à
l'intérieur de ces listes-là. C'est loin de prendre la place du
gouvernement, ça. Je comprends que, lorsqu'il s'agit de
codécisions et de cogestions, les gérants Je parle des
employeurs en règle générale prennent toujours
peur. Bien sûr, mais il ne faut pas que le gouvernement se permette, lui,
une peur aussi folichonne. Qu'il replace les problèmes dans leur vrai
contexte!
En ce qui concerne les allusions à la négociation du
calendrier scolaire, il serait bien simple de ne pas négocier le
calendrier scolaire si on acceptait de définir nos tâches. Mais
comme on nous dit: On va mettre un nombre X d'enseignants à la
disposition des commissions scolaires et puis vous vous répartirez le
fardeau, quelles que soient les situations locales. Eh bien, nous disons: Si
vous faites ça, permettez-nous au moins de dire combien de mois nous
allons travailler en le négociant avec vous; permettez-nous de dire
combien d'élèves il y aura dans les classes; permettez-nous de
dire combien d'options il y aura d'ouvertes. Permettez-nous autrement dit, de
contrôler les facteurs qui augmentent ou diminuent la tâche des
enseignants par élément de décision conjointe, si vous ne
voulez pas déterminer, au point de départ, notre charge maximale.
Mais si la partie patronale avait accepté la charge maximale
depuis fort longtemps nous le demandons il n'y aurait pas de ces
références à ces différentes situations, comme il
en est faites dans nos positions depuis un an à peu près.
Quant à la négociation même des jours de
congé, le ministère de l'Education laisse déjà aux
commissions scolaires locales le choix, le soin de choisir un certain nombre de
jours variables dans l'année. Notre demande n'est pas de négocier
là-dessus, le calendrier scolaire, c'est de négocier localement
avec les commissions scolaires ce nombre de jours variables. C'est loin, encore
une fois, de vouloir prendre la place du ministère de l'Education.
C'est pourquoi nous sommes effectivement revenus à nos demandes
de codécisions sur les manuels, les méthodes, les
matériels audiovisuels. Effectivement oui, nous y sommes revenus.
Quant à l'argument à l'effet que la commission scolaire
qui doit consulter page 24 les syndicats d'enseignants, qui doit
même donner les raisons motivant sa décision, si elle est
contraire aux recommandations du conseil, eh bien, c'est la belle affaire!
On nous donnera n'importe quel argument, absolument ridicule, et puis on
ne pourra toujours pas faire quoi que ce soit. On a un exemple dans notre
milieu enseignant, un exemple gouvernemental d'une situation de ce
type-là et qui n'est pas satisfaisant. Je fais référence
au congédiement en fin d'année scolaire, à l'article 219
du code scolaire. Depuis quelques années, on nous a, en effet, permis
d'avoir les raisons de nos congédiements en fin d'année scolaire
si nous n'avons pas trois années d'expérience pour la même
commission scolaire. Mais, on ne nous a pas donné la possibilité
de contester les raisons avancées. Nous ne pouvons toujours pas aller en
arbitrage si nous n'avons pas trois ans d'expérience pour la même
commission scolaire dans le régime actuel. Cela nous fait une belle
jambe d'avoir les raisons si nous ne pouvons pas les contester comme
telles.
Il reste que chaque année, il y a des enseignants qui sont
congédiés pour des raisons folichonnes. On ne peut toujours pas
mettre en doute les raisons avancées par les administrateurs. C'est
ça qu'on nous propose comme système de
consultation? Nous ne marcherons pas! Sûrement pas dans une
formule du genre.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, sur cette question-là,
permettez-moi une question.
Actuellement, est-ce que la permanence n'est pas acquise après
trois ans et ce que vous offre le gouvernement, c'est la permanence
après une année de travail pour une commission scolaire? Est-ce
que je comprends bien la situation?
M. LALIBERTE: Non, ce n'est pas du tout le cas et j'y serais
arrivé un peu plus loin en page 25, justement, du texte du ministre. Ce
qui existe présentement, ce sont trois années de service pour le
même employeur, la commission scolaire, avant que l'on puisse soumettre
les raisons d'un congédiement à un tribunal d'arbitrage. Ce qui
nous est proposé c'est: Attendez la loi! C'est ça qui nous est
proposé. Attendez la loi! Un cas où le gouvernement change de
chapeau. Attendez la loi! La loi, c'est le bill 44 qui a été
déposé le printemps dernier et qui, à notre demande, n'est
pas encore passé devant la Chambre en deuxième et
troisième lecture, et qui dit: Trois ans d'expérience au total
dans la province de Québec. Trois ans de service, si vous voulez, en
général, au lieu de trois ans de service pour un même
employeur.
M. CHOQUETTE: Trois ans de service plus un an de permanence pour un
employeur.
M. LALIBERTE: Non, non... Bien, forcément, dans ses trois
années, il va bien y avoir une année d'emploi pour un même
employeur.
M. CHOQUETTE: Oui, mais la dernière?
M. LALIBERTE: Ce qui est proposé dans le bill 44, c'est que si
vous avez trois ans de service, en général, dans une institution
reconnue d'enseignement, vous puissiez alors soumettre les raisons
invoquées par les administrateurs à un tribunal d'arbitrage. Mais
c'est seulement à la fin de la troisième année.
M. CHOQUETTE: J'ai compris, par l'exposé de M. Masse, que la
proposition du gouvernement était après une année.
M. LALIBERTE: Non, non. Relisez le texte du ministre M. Masse en page
25, si vous le permettez et vous verrez d'abord, en deuxième ligne, le
ministre « charrie » drôlement, quand il dit que nous
demandons le droit à l'arbitrage, dès la première
journée de travail. Ce n'est pas du tout le cas. Ce que nous deman-
dons, c'est le droit de nous défendre en cas de congédiement
à la fin de chacune des années scolaires, à la fin de la
première année de travail et non pas au début de la
première journée d'engagement. D'ailleurs, la partie patronale
et c'est ça qui est curieux nous a proposé que l'on
puisse aller en arbitrage si on est congédié en cours
d'année scolaire, peu importent nos années d'expérience.
Mais quand on n'est pas rengagé à la fin de l'année
scolaire, là, il faut attendre d'avoir trois ans de service pour pouvoir
se rengager. C'est absurde!
II est bien clair que, dans une position comme celle-là,
l'employeur ne congédiera pas en cours d'année scolaire, à
moins que ce ne soient des cas tellement graves qu'il soit obligé de se
débarrasser des individus. Il est bien clair qu'il ne congédiera
pas en cours d'année scolaire, il va attendre la fin de l'année.
Il n'est pas obligé de soumettre ses raisons à l'arbitrage, en
l'occurrence.
D'un côté, il y a une philosophie que nous acceptons.
Dès la première année d'expérience, on peut se
défendre si on est congédié en cours d'année. Mais
quand arrive la fin de l'année, ce n'est plus valide, cela n'a plus de
sens. Le ministre dit également dans son texte que c'est au
renouvellement du deuxième contrat. Je regrette, mais ce n'est pas cela
la proposition. C'est bel et bien à la fin de la troisième
année de travail que l'arbitrage peut avoir lieu, dans sa proposition
à lui.
Il joue, bien sûr, sur les mots, j'en conviens. Mais cela ne donne
pas la véritable portée à leurs propositions. Il dit en
outre que les corporations d'enseignants ne reconnaissent aucune aptitude et
compétence aux administrations scolaires pour évaluer
l'enseignant en probation. C'est clair! C'est clair que nous sommes d'accord
avec cette affirmatlon-là. Dans un système où il n'y a pas
de véritable probation. Le ministère de l'Education l'a reconnu
lui-même que le système n'était pas bon puisqu'il a
accepté une des recommandations de la commission Parent, à
l'effet de mettre en place un système de probation, qui aura un minimum
de deux années après la sortie d'un enseignant de l'institution
de formation des maîtres.
Il a reconnu que le système actuel n'était pas
satisfaisant puisqu'il veut en établir un. Cela fait un an qu'il parle
d'en établir, il va peut-être s'ils en ont le temps au
ministère établir des formules expérimentales
à compter de septembre prochain. Nous sommes parfaitement prêts
à accrocher notre sécurité au système de probation
officielle qu'ils établiront. Nous sommes parfaitement prêts, mais
pas dans le système actuel où n'importe qui, s'il est commis-
saire, peut décider un jour de congédier un enseignant
à la fin de l'année scolaire. Cela existe encore dans les parties
rurales de congédier quelqu'un pour le remplacer par la fille ou la
nièce du commissaire. Cela se fait régulièrement
encore.
Il ne faut pas croire que vous avez d'excellents administrateurs dans
1,300 commissions scolaires à travers la province. On a peine à
en trouver au niveau provincial.
M. PROULX: Vous « charriez » pas mal!
M. LALIBERTE: Peut-être.
En page 27 M. le Président, je ne serai plus très
long puisque j'arrive à la fin de l'exposé du ministre le
calcul mathématique dont fait état le ministre de la Fonction
publique lorsqu'il parle des possibilités de perfectionnement à
temps plein pour 425 enseignants à travers la province à raison
de 80% de leur traitement ne sont, encore une fois, que des calculs
mathématiques, parce que quand on va voir dans la réalité
concrète des situations locales des commissions scolaires, par les
conditions imposées et par les décisions que peuvent conserver
les commissaires d'écoles, il n'est pas du tout garanti que chaque
commission scolaire ait sa proportion de ces 425 enseignants-là.
C'est un calcul théorique mathématique tout comme 1-17 et
1-27 sont un calcul théorique et mathématique et ne veulent rien
dire dans la réalité.
Dans la même page, on fait référence à des
cours de recyclage offerts gratuitement aux enseignants. Ce qu'on ne dit pas,
c'est que, dans la proposition patronale, ce ne sont pas de cours offerts
gratuitement aux enseignants, mais ce sont des cours imposables aux
enseignants. Il y a une nuance drôlement importante.
Les cours de recyclage. On fait état en page 29, M. le
Président, de l'importance pour un enseignant de demeurer à
l'école durant le temps de présence des élèves et
lorsqu'il y a des locaux pour les recevoir. Nous avons discuté de cela
avec la partie patronale et nous lui avons demandé qu'on puisse
établir ensemble quand la situation est convenable pour demeurer dans
l'école. Ah non, c'est un droit de gérance. Il faut être
là quand les locaux sont convenables, mais eux décideront seuls
si les locaux le sont ou non. C 'est d'un bout à l'autre comme cela.
D'un bout à l'autre, il faut être à la disposition de... au
bon vouloir de... etc.
Toujours, à la page 29, M. le Président, on fait
état de la générosité extraordinaire des offres
gouvernementales en ce qui concerne le rapport
maître-élèves et, en bas de page tout à fait, on
dit: « Le Québec offre un maître par 22.4
élèves alors qu'en Ontario il y en a un par 24 et aux Etats-Unis,
en moyenne, un par 23.3. » J'invite en passant le ministère de la
Fonction publique à nous fournir ses données statistiques
originales parce que cela ne correspond pas à nos calculs à nous.
Peut-être a-t-il raison? On examinera les données que le bureau de
recherches aurait pu nous transmettre, en passant, si le gouvernement l'avait
accepté. Mais ce que ne dit pas le ministre de la Fonction publique,
c'est qu'actuellement dans les écoles du Québec, la proportion
est d'un maître par 20.9 élèves. Cela, il ne le dit
pas.
Ce qu'il nous propose, c'est de passer d'un par 20.9 à un par
22.4. Ce n'est pas une amélioration de la qualité qu'il fait
là. Ce qu'il propose, c'est de réduire de quelque 4,500 le nombre
d'enseignants actuellement dans les écoles du Québec. Le ministre
de l'Education devant cela dit: Cela va dans le sens de la réforme. Je
ne le comprends pas.
En page 30, on nous dit: Le gouvernement ne pouvait pas accepter
l'arbitrage parce que, et on cite Me Cournoyer: « C'est à
l'Assemblée législative qu'il revient de modifier les lois et non
à un conseil d'arbitrage. »
Mais, M. le Président, les gens n'ont pas compris que, quelle que
soit la sentence d'un tribunal d'arbitrage, elle ne pouvait pas modifier
automatiquement les lois. Une sentence arbitrale, même exécutoire,
tout ce qu'elle pouvait faire, c'était d'engager le gouvernement
à présenter à l'Assemblée nationale des
modifications à la loi. Mais il n'y a pas du tout dans une sentence
arbitrale, dans nos cas, de lien direct entre la sentence et la modification
automatique des lois. La souveraineté de l'Assemblée nationale
est bel et bien réservée. Ce que le gouvernement veut
éviter, c'est que quelqu'un lui dise qu'il a tort et il utilise l'autre
argument de la souveraineté de l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas du tout le cas.
J'aimerais rappeler également qu'en outre de l'exemple du
fédéral dont le ministre se sert, il y a chaque année des
millions qui sont arbitrés dans la province de Québec et qui
entraînent des dépenses gouvernementales dans tout le secteur des
expropriations.
Comment se fait-il que, dans le secteur des expropriations, on a permis,
depuis bien des années, qu'il y ait des chambres de revision qui, dans
certains cas, entraînent des dépenses supplémentaires au
gouvernement; mais, dans le cas des négociations, cela ne vaut plus?
Comment se fait-il que dans un cas une politique est acceptable et dans un
autre cas cela ne l'est pas? En fouillant le moindrement, on trou-
veralt des exemples fort nombreux de cas, justement, où
effectivement les budgets du gouvernement sont influencés par des
décisions de tiers. Cela va beaucoup plus loin que cet argument s'ils
ont refusé, d'une part, l'arbitrage et, d'autre part, que le rapport du
juge Lippé soit public. C'est qu'ils ne veulent pas, je le
répète, se faire dire qu'en plusieurs points, ils ont
carrément tort, que leurs propositions ne se tiennent pas, qu'elles ne
tiennent pas compte de la réalité actuelle et qu'elles ne
tiennent pas compte, quoi qu'en dise le ministre de l'Education, des exigences
de la réforme qui, loin d'être installée, ne fait que
commencer à se discuter dans les écoles présentement.
M. le Président, c'est évidemment à bâtons
rompus, ma réponse donnée au ministre Masse, à ce
moment-ci. Je m'excuse d'avoir pris au-delà de 30 minutes. Je m'excuse
de n'avoir pas eu un texte aussi bien préparé et aussi bien
tourné que celui du ministre de la Fonction publique, mais vous avez
là, au moins, les éléments de base, de nos points de vue,
sur le conflit qui nous sépare actuellement.
Avec votre permission, les autres représentants de nos
collègues de langue anglaise, PACT et PAPT, désirent
également prendre la parole à cette phase
préliminaire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois comprendre, M. Laliberté, que
vous nous avez indiqué, dans vos propos, tous les points en litige qui
restent?
M. LALIBERTE: Je n'ai, lorsque je suis entré dans le contenu, que
suivi le texte du ministre Masse lui-même, et le chef négociateur
sera en mesure de faire, comme on dit en bon français, un «
round-up » de la situation.
M. LE PRESIDENT: Alors, qui doit parler maintenant? On est mieux
d'attendre.
M. CHOQUETTE: Si vous me permettez, je pense que vous conviendrez avec
moi que nous ne pouvons pas, nous, à cette commission, nous contenter
d'exposés très généraux comme celui du ministre
Masse et du vôtre. Je ne les critique pas, remarquez bien. Mais je dis
qu'au fond nous sommes actuellement dans le domaine des principes du contexte
général. Je pense qu'il faut préciser les points sur
lesquels il y a désaccord entre les parties.
M. LE PRESIDENT: Si j'ai bien compris, M. Masse a indiqué les
points en litige. Est-ce que je dois comprendre que ceux qui vont vous
succéder, les représentants des maîtres anglophones,
catholiques et protestants, vont entrer dans des points précis? Ou si on
va s'en tenir, encore nous n'avons aucune objection à des
considérations générales?
M. LALIBERTE: M. le Président, c'est le chef négociateur,
lorsqu'il prendra la parole qui présentera de façon
précise les points de divergence sur chacun des grands ensembles qui
nous séparent encore.
A ce moment-ci, nous sommes, comme dans l'exposé initial du
ministre Masse, à des exposés généraux.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LALIBERTE: Nous n'avons pas l'intention et nous ne croyons pas
possible d'ailleurs, de tout compléter au cours de la
journée.
M. LE PRESIDENT: Je vous indiquerai tantôt quelles seront les
heures de séance probablement demain. Quant à aujourd'hui, nous
allons siéger jusqu'à midi trente minutes. Nous reprendrons
quelques minutes après l'ouverture de la séance en Chambre.
Après la période des questions, nous reviendrons ici et nous
siégerons jusqu'à 6 heures pour reprendre à 8 heures 15,
et de là jusqu'à 10 heures.
M. MICHAUD: Une simple question d'information. Dans le texte du ministre
Masse, il est dit à la page 21 que seul le niveau de concession
empêche le règlement du conflit. Au cours de l'intervention du
président de la CEQ, f ai noté qu'il remettait en question la
structure des négociations mêmes, alors que dans son propre
document, « La crise scolaire au Québec », il est dit que la
négociation provinciale intégrale a été
acceptée lors d'une réunion du conseil général de
l'ancienne CIC par une voix de majorité et que le problème de la
structure des négociations était donc réglé.
M. LALIBERTE: Non, ce n'est pas du tout à ce niveau-là
qu'ont porté mes paroles sur la structure permanente de
négociations. Nous avons bel et bien accepté la
négociation provinciale et nous avons voulu que tout soit
négocié, provlncialement, également. Ce à quoi je
faisais référence, c'étaient des instruments de la
négociation, des structures internes, si vous voulez, de la
négociation tel un bureau conjoint de recherches, telle une commission
permanente de négociations, etc.
M. MICHAUD: Est-ce que cela fait partie du litige qui empêcherait
le règlement du conflit
ou si simplement vous n'infirmez pas la déclaration de M. Masse
à l'effet que seul le niveau des concessions empêche le
règlement du conflit?
M. LALIBERTE: Notre point de vue, c'est que cela a été une
cause de plusieurs difficulté s en cours de négociations. Mais
nous avons accepté malgré tout de jouer le jeu puisque nous nous
sommes rendus pendant 22 mois à toutes les séances qui
étalent convoquées entre les parties. Nous ne voulons pas,
à ce moment-ci, mettre un terme aux séances en disant: Vous
n'avez pas respecté les structures qu'on vous proposait. Mais nous
indiquons que le gouvernement s'est mis dans une position qui était loin
d'être idéale au point de départ.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, comme je pense que, de part et
d'autre, nous agissons de bonne foi pour régler ce problème, je
me permetterai de suggérer à M. Lallberté, puisqu'il a
donné trois exemples concernant l'administration du ministère de
l'Education, de lire le journal des Débats sur la défense des
crédits de ce ministère où il aura réponse à
ses trois exemples qu'il a donnés, ce qui éviterait de reprendre
ici un débat qui a déjà été fait.
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, ce débat a eu lieu, M.
Lallberté, à la commission de l'Education lors de l'étude
des estimations budgétaires.
Qui doit maintenant parler? Voulez-vous vous identifier, pour le journal
des Débats?
MR. BREIER: à speak as President of the Provincial Association of
Catholic Teachers.
MR. PRESIDENT: Would you give your name? MR. BREIER: My name is William
Breier.
MR. PRESIDENT: It will be registred in the journal des
Débats.
MR. BREIER: Certainly, Sir. à first of all note the hard words
passed this morning. à suppose the hard words had to be said and were
worth saying. At the same time à think it is important that we make some
disclosure of our intentions and attitudes and in this regard we affirm our
devotion to the service of Quebec's young and at the same time insist upon
equity extended to the teachers of the young people of Quebec.
I speak of urgency at this point in time, an urgency to solve Canada's
oldest and longest labour dispute in the public sector before it is two years
old. There may, in fact, be time to save some of the teachers from leaving this
province, but above all, we need to work quickly to restore the morale of those
teachers who do stay.
We know that there is a solution to this problem and we know where to
find the solution. And it lies where solution is always found in the area of
compromise and flexibility.
So far, especially since October, we have found it increasingly
difficult to negociate. So often, the first postion of « partie patronale
» is the last position. There has been little opportunity of meeting of
minds in the middle ground. Absolute norms are imposed upon the table as
rigidities where they could be, in our view, adapted as guide lines.
There is no place offered for special conditions or local conditions or
local agreement.
In due course, you will see the degree to which we have resorted to
compromise in mediation in order to secure a global agreement.
We do not say our position is final or fixed. We do not say, as Mr.
Masse said last week, that we cannot go further, that there is nothing more to
offer, that it is a question now of take ou leave it.
We are open to negociation, on any level and honestly open, and we
earnestly seek compromise solution in these areas of impasse. There are seven:
The area of professional consultation, the area of security of employment,
scholastic classification, social security, professional improvement, teaching
conditions and certainly retroactivity of salary.
I thank you, Mr. Président.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, la représentante...
MRS. SMITH: Je m'appelle Allana Reid Smith et j'ai l'honneur de parler
aujourd'hui au nom de plus de 6,000 enseignants des syndicats affiliés
à la « Provincial Association of Protestant Teachers ».
Avec votre permission, M. le Président, je continuerai de parler
en anglais.
From the beginning of these contract négociations, it has been
the view of the Provincial Association of Protestant Teachers that a totally
uniform and totally comprehensive provincial contract for Quebec Teachers was
neither desirable nor practical.
There are three different reasons for this view that has been held by my
Association.
In the first place, we believe that effective
contract negociations can only occur at the level of those directly
affected by them, in this case, the Teachers Syndical Units and the School
boards which employ them. Only at this level can the specific needs of
individual regions by recognized and met.
In the second place, we feel that these negociations have been based on
a number of false assumptions. We have been told that this is the only means to
achieve equality of education, and an opportunity for all children within the
limits of the State's financial ressources. We concur completely with the idea
of equality. But we do not feel that it will be achieved through a single
provincial teachers contract.
Equality is not synonymous with uniformity, and uniformity is not
synonymous with excellence. Moreover, equal opportunity is not the same thing
as identical opportunity. And financial limits do not eliminate regional
adjustments to local conditions. But we would like to see a real opportunity
for all the youth of Quebec to have the education which is most suited to their
intellectual capacities, their social economic needs and their regional
backgrounds. A single uniform contract for all the teachers of the province, in
our opinion, does not achieve this.
In the third place, it must be remembered that for over a hundred years
the Catholic and Protestant school systems had developed in very different
ways. Only since 1964, has there been even a single Department of Education?
Therefore within the Province of Quebec they have developed two quite different
educational systems. It is an excellent idea that these systems work together
under a single Department of Education, and be brought closer and closer
together.
But we feel that it is impossible to alter the work of a hundred years
in four or five years. The synchronisation of the Catholic and Protestant
school systems must be done gradually, if good education is to result.
Similarly, the teachers of the two systems have had different types of training
and different types of educational experience. It is therefore unrealistic to
expect that all of them will put equal emphasis on the same part of the
contract or that their needs can be met by a single provincial contract.
As president of PAPT, à would therefore make an initial plea for
the principle of flexibility. It is the firm conviction of my association that
one totally comprehensive inflexible contract is unworkable and undesirable.
But if the premise of flexibility could be accepted, then we believe that a
basis for agreement could rapidly be evolved. In the course of the next few
hours, à presume that various aspects of contract negociations will be
discussed in detail.
At this point, à would merely like to mention the fact that, from
the view point of the Provincial Association of Protestant Teachers, the most
critical issue, yet unresolved was not really mentioned in Mr.
Masse1s speech, but is that of classification.
This question has not only an intrinsic importance for our teachers
because it is directly related to the salary they will receive, but it has also
a comparative importance.
If the present system of classification could be retained, our teachers
would remain on an equal basis with teachers across Canada. But if it be not
retained, our teachers would be at a distinct disadvantage in comparison with
teachers in other provinces.
Finally, Mr. President, à would like to say that our association
welcomes the opportunity of presenting its views to this very distinguished
committee, although we find it rather strange that no official invitation to be
present here today was extented to us. We would hope that the sessions of this
committee may not be permitted to become a time consuming device but that there
would be an honest attempt by all the parties concerned to expedite a
ressonable settlement.
We also welcome the opportunity to clarify a number points at issue
since the latest printed version of the « partie patronale »
position seems to indicate certain discrepancies with the oral presentation as
we had understood it.
For these reasons, Mr. President, we are pleased to have the opportunity
for a full and free discussion of the issues and problems, in the hope that
with the assistance of this distinguished committee we may reach a settlement
of the teachers' contract with all due speed.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. le député d'Outremont aurait
une question à vous poser.
MR. CHOQUETTE: Dr. Smith, à want to ask you a question. In what
areas of the labour contract, do you feel that there is necessity for
flexibility between, let us say, the general provincial agreement and special
conditions which you would indicate at the local or original level? à
mean, what are the basic points were you would want to distinguish yourselves
from the general contract to...?
MRS. SMITH: Let us put it this way. It is not a case of wanting to
distinguish ourselves. We feel that in various regions, in both catholic and
protestant systems, in both english and
french schools, there should be certain degree of flexibility if
possible.
MR. CHOQUETTE: But what are those areas?
MRS. SMITH: In areas such as consultation, in area such as work
load...
MR. CHOQUETTE: ... work load, à shall tell. Yes?
MRS. SMITH: In the question of isolation allowances.
In the area of professionnal improvement, where there is a vast
difference between the needs of an area such as Gaspé which is very far
from the centers of academic institutions. These are some examples and à
am sure that they will be discussed in more details later.
MR. CHOQUETTE: à suppose that they are in the main area.
MRS. SMITH: These are in the main area.
M. LE PRESIDENT: Messieurs les membres du comité, est-ce que nous
pourrions convenir qu'à la reprise de nos travaux, cet
après-midi, nous entendions l'exposé de M. Pepin? D'accord?
Deuxièmement, M. Masse aura des documents à
déposer. Il en donne la liste.
M. MASSE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Ces documents seront distribués à tous
les membres du comité et aux présidents de la
Fédération des commissions scolaires et des enseignants.
M. MASSE: A l'occasion de l'exposé préliminaire, j'ai fait
mention de certains documents ou de certaines pièces que nous
déposerions. J'aimerais vous en faire la liste pour le Journal des
Débats. Tout d'abord un tableau de disparités de salaires en
1966. La demande originale des enseignants, ce qu'on appelle le cahier vert,
c'est-à-dire le projet d'entente qui avait été
préparé conjointement par la Fédération des
commissions scolaires, le Quebec Association of Protestant School Boards et le
gouvernement du Québec, et qui avait été distribué.
Egalement, quatrièmement, le document comparatif entre
l'interprétation de l'offre patronale telle que présentée
par la CEQ à son congrès spécial du 16 novembre 1968 et
l'offre patronale. Cinquièmement, le document qui sera distribué,
d'ici quelques jours, à l'ensemble des enseignants du Québec et
qui comprend les nouvelles propositions patronales. De sorte qu'à
l'heure du déjeuner, chaque membre du comité pourra bien lire ces
documents et être en mesure de reprendre les débats.
M. LAPORTE: C'est ajourné jusqu'à quelle heure?
M. MASSE: A trois heures.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: Nous recevrons et examinerons avec grand plaisir, sans
doute, les documents annoncés par M. Masse, permettez-moi aussi, pour
les fins du journal des Débats, d'annoncer d'abord la distribution
déjà commencée, de certains documents de notre
côté.
Un document intitulé; Politique gouvernementale et relations de
travail, où en êtes-vous M. Masse?
Une copie d'une déclaration du Conseil exécutif transmise
par l'OIPQ en date du 15 avril 1969, un petit tableau comparatif des
indemnités payées aux députés dans les
différentes provinces du Canada selon l'Annuaire du Canada en 1967. Un
document ici de la Provincial Association of Catholic Teachers et
intitulé: « If education is your business, these facts are your
concern. »
M. LAPORTE: Pourrions-nous déposer le tableau de nos
dépenses, ici au Parlement?
M. GARDNER: Le nombre d'heures de travail.
M. BEAULIEU: C'est malhonnête.
UNE VOIX: Le tableau n'est même pas juste.
M. LALIBERTE: Je pourrai répondre aux interrogations des
députés sur le tableau comparatif des députés s'ils
le désirent, au cours des discussions.
M. LAPORTE: J'imagine que cela avancera beaucoup le débat.
J'Imagine cela.
M. LALIBERTE: Est-ce que le député de Chambly voudrait que
nous en discutions immédiatement? J'avais l'intention de le lui
proposer.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, pourrions-nous nous en tenir au
problème qui est soumis aux membres du comité?
M. LALIBERTE: M. le Président, j'achève la liste. Le
bouquin publié par la CEQ et intitulé: « La crise scolaire
au Québec en 1967. » Et cet après-midi, nous
déposerons également un extrait du journal l'Enseignement de la
CEQ en date du 1er février 1969...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LALIBERTE: ... qui fera suite au document annoncé par M. Masse
sur leur examen d'un de nos documents en date du 30 octobre. En outre,
J'annonce que nous pourrons déposer également cet
après-midi le résultat d'une recherche faite au sein de la CEQ
sur les disparités régionales et qui fera suite au
dépôt du document du ministre M. Masse.
M. LE PRESIDENT: Pourrions-nous nous entendre pour que cet
après-midi, après l'exposé de M. Pepin, étant
donné que ce comité n'est pas une table de négociation,
que deuxièmement, nous voulons des explications surtout sur les points
en litige. Pourrions-nous nous entendre pour que nous limitions l'étude
ou l'examen de ce problème aux points en litige, après
l'exposé de M. Pepin?
M. LALIBERTE: Nous sommes d'accord, quant à nous.
M. LE PRESIDENT: Alors, cet après-midi...
M. CHOQUETTE: D'ici ce temps-là l'Opposition aura sans doute des
points de vue à exprimer sur la situation de l'enseignement.
M. LE PRESIDENT: Avec plaisir. Alors cet après-midi, à
quinze heures, la Chambre... à 15 h 30.
Reprise de la séance à 15 h 52
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre. M. Lalibertê, vous
vouliez, durant 30 secondes, faire un commentaire.
M. LALIBERTE: Oui, M. le Président. C'est un peu comme en
d'autres milieux, quand un document est présenté et qu'il ne
faitpas l'affaire, sans ses explications autour, cela crée du ressac.
J'ai compris que le dépôt de la comparaison des salaires entre les
députés des différentes provinces du Canada avait
créé du ressac chez les députés.
Voici, très brièvement, pourquoi nous avons
déposé ce document. Il n'est pas question que nous laissions
entendre, par ce document, que les députés du Québec sont,
en comparaison des autres provinces, trop payés.
Nous voulons bien reconnaître et la qualité et la
quantité du travail fait, règle générale, chez les
députés du Québec.
M. LE PRESIDENT: Vous nous lancez joliment votre opinion!
M. LALIBERTE: Mais...
M. GARDNER. Il s'est aperçu qu'il avait fait un faux pas.
M. LALIBERTE: Bon, laissez-moi continuer, si vous voulez. Mais, M. le
Président, nous avons voulu déposer ce texte pour les raisons
suivantes: Comme la partie patronale a déjà utilisé,
à plus d'une reprise, dans ses documents et dans ses déclarations
verbales des comparaisons entre les provinces, nous avons voulu dé
montrer de façon claire qu'une comparaison qui n'utilise que des
chiffres, sans tenir compte de la situation qui l'entoure, peut-être fort
injuste. Nous avons l'impression que vous allez être pas mal mieux
disposés pour entendre maintenant nos arguments sur les comparaisons
extrêmement difficiles à faire sans le contexte sur les chiffres
entre les provinces.
M. LE PRESIDENT: Et dont acte. M. Pepin.
M. PEPIN: Alors, M. le Président, ministres et
députés, vous comprendrez que je ne reviendrai pas sur le sujet
traité par mon ami Raymond Laliberté en dernier lieu.
M. PROULX: Est-ce que l'on peut comparer votre salaire avec celui de M.
Hoffa aux Etats-Unis?
M. PEPIN: Monsieur qui? M. PROULX: M. Hoffa.
M. PEPIN: Probablement que vous, vous pourriez le faire, mais pas
moi.
M. LE PRESIDENT: La parole est à M. Pepin.
M. PEPIN: Merci beaucoup,parcequesil'on est pour intervenir de cette
façon-là, vous comprendrez, M. le Premier ministre, que
j'interviendrai moi aussi.
M. CHOQUETTE: Savez-vous où est M. Hoffa actuellement?
M. PEPIN: Je sais où il se trouve. Alors, M. le Premier ministre,
je voudrais, au point de départ, ajouter quelques mots sur l'explication
que je donnais ce matin lorsque j'ai dit en quelle qualité je demandais
le privilège d'intervenir.
Comme tout le monde doit le savoir, il existe au gouvernement des
écoles de métiers, des instituts de technologie.
Ces écoles, ces instituts constituent un secteur gouvernemental.
Avec la réforme scolaire, ces diverses écoles et instituts iront
s'intégrer au secteur public. Un des syndicats affilié à
notre centrale, le SPEQ, représentait les travailleurs, les
salariés, les professeurs dans ce milieu des instituts et des
écoles. Avec la réforme, ils passeront tôt ou tard, soit
cette année, soit l'an prochain ou dans un bref avenir au secteur public
et seront sans doute membres de la CEQ.
Je peux dire que j'interviens au nom d'environ 2,000 professeurs qui
sont membres d'un syndicat affilié à la CSN. Je pensais que
c'était important de préciser ce point parce que vous noterez
que, dans mon intervention, je toucherai principalement cette question du
professionnel qui s'intègre au secteur public. Mais comme le ministre
délégué à la Fonction publique, M. Masse, l'a fait
ce matin, je me permettrai aussi de dire certaines choses sur la situation
actuelle dans l'enseignement. Comme nous nous sommes parlé au
téléphone hier, M. le Premier ministre, et que je vous ai
indiqué mes préoccupations, je pense que vous comprendrez que je
peux, sur ce débat, dire quelques mots. De même, je crois bien que
tous les membres du Cabinet sont déjà au courant d'une lettre
circulaire que f ai envoyé. Je n'ai pas l'intention, je vous le dis
immédiatement, d'élargir et d'ouvrir le débat sur tout le
problème de la réforme scolaire. Je tenterai d'une ma-
nière particulière de m'en tenir au débat qui nous
préoccupe, qui vous préoccupe, celui qui oppose les enseignants
au gouvernement, à l'heure actuelle.
Je crois que l'on peut parler de l'importance de ce débat, de
l'importance de la question au moins à trois niveaux: au niveau, bien
sûr, des enseignants qui sont au moins 70,000 dans cette province, qui
recherchent des conditions qu'eux considèrent convenables et qui leur
permettraient d'assurer un service que je pourrais qualifier d'optimal pour que
les étudiants reçoivent le meilleur enseignement possible.
Ce problème, son importance pour les enseignants est
indéniable et personne ne peut le mettre en doute.
Il y a aussi je ne les donne pas en ordre d'Importance
nécessairement votre gouvernement, l'Assemblée nationale
et les commissions scolaires pour lesquelles cette question du conflit
enseignants gouvernement commissions scolaires est un conflit qui
peut prendre des aspects un peu différents suivant que vous êtes
du côté gouvernemental ou des commissions scolaires ou suivant que
vous êtes du côté des enseignants.
Pour vous, qui avez à administrer un budget, l'aspect
budgétaire peut revêtir une considération plus
élevée que pour ceux qui revendiquent et qui cherchent à
améliorer leur condition. Il reste que ce point, d'intérêt
pour vous, vous ne pouvez pas, c'est bien sûr, en faire n'importe quoi.
Vous ne pourriez pas, uniquement parce que nous demandons des choses comme
enseignants, vous rendre à nos demandes parce que nous les demandons.
Là-dessus, je vous préviens dès le point de départ
que je ne serai pas en chicane avec vous lorsque vous considérez que
l'aspect budgétaire peut être un aspect important, sinon
essentiel, à considérer. J'y reviendrai plus loin.
Enfin, le troisième groupe qui m'apparaît aussi important,
c'est l'ensemble de la population, dont les travailleurs. Mon intervention, cet
après-midi, ce n'est pas uniquement au nom des 2,000 enseignants
auxquels j'ai référé au point de départ, mais c'est
aussi au nom de dizaines et de centaines de milliers de travailleurs qui sont
au moins aussi préoccupés du conflit actuel que n'Importe qui
dans cette salle. Nous savons tous, tout le monde ensemble que, si ce n'est pas
réglé d'une façon convenable, nous en payerons tous un
prix qui ne sera pas nécessairement inscrit au budget de la province,
mais un prix très considérable.
Il a été dit ce matin que le conflit persiste depuis 22
mois. Je pense qu'il est un peu exagéré de dire 22 mois, parce
que les conventions
collectives ne sont pas échues depuis 22 mois, mais j'ai
l'impression qu'il s'agit de négociations depuis ce temps-là.
Je pourrais vous dire aisément mon évaluation de la
situation: La population en général et je suis pas mal
sûr de ce que j'avance les travailleurs que nous
représentons en ont littéralement soupe de ce qui se passe
à l'heure actuelle.
Nous pouvons être en accord ou en désaccord avec vous, avec
les autres, ce n'est pas cela qui est important pour les fins de ma
déclaration actuelle.
Nous trouvons que la situation qui s'est détériorée
depuis quelque temps est une situation qui doit se corriger. Mais, comment la
situation doit-elle se corriger? Parce que vous savez, nous pourrions ensemble,
les enseignants et vous, trouver une solution, mais une solution qui ne serait
qu'une solution de cataplasme, une situation qui ne réglerait pas les
problèmes de fond. Et à ce moment, nous aurions eu l'impression
de résoudre un problème, mais au lieu de le résoudre, nous
aurions probablement aggravé la situation.
Bien sûr, j'ai une évaluation du problème et du
phénomène actuel; personnellement, je suis d'avis que le bill 25
est la source, sinon une des causes principales des malaises actuels, et des
difficultés que nous rencontrons et que nous connaissons dans le domaine
des enseignants.
Pour vous, peut-être, membres du gouvernement, avez-vous une autre
appréciation des problèmes, tel que l'a mentionné le
ministre Masse, ce matin. Pour vous, peut-être que le fait d'en arriver
par le bill 25 à égaliser jusqu'à un certain point les
salaires des ruraux avec ceux des urbains, d'égaliser les salaires des
femmes et des hommes, que c'est un atout important pour résoudre le
problème des enseignants. Quant à moi, ce que j'ai pu observer
personnellement dans ce conflit, c'est que le bill 25 est quelque chose qui a
traumatisé à un point tel les enseignants que nous avons,
à l'heure actuelle, des difficultés énormes qu'il ne
faudrait pas, à mon avis, répéter.
Si nous avions une autre solution miracle comme celle du bill 25,
j'aurais peur que nous nous éloignions davantage des objectifs que nous
recherchons tous ensemble. Il n'est pas de mon intention, M. le
Président, de verser dans le sentiment ou dans le pathos. Loin de
là! Mais je pense qu'il n'est pas inutile de mentionner que tous ceux
qui sont ici et qui ont des enfants dans les écoles pour ma part,
j'en ai six dans les écoles de Montréal, au CEGEP, au secondaire,
à l'élémentaire: deux dans chacune des catégories
j'ai l'impression, à causer avec les miens, que cela va assez mal
dans les écoles. Je ne fais pas le partage des responsabilités
quand je dis cela. Je constate, cependant, que la situation est
détériorée et qu'il y a sûrement quelque chose de
très important qui doit se corriger sinon je me demande où nous
irons dans le domaine de l'éducation.
Dans ce problème et sur les questions de fond, M. le
Président, il semble que l'aspect budgétaire ait
été et soit encore le point central de toutes les
mésententes. Cet aspect budgétaire, je le répète,
il n'y a pas un seul gouvernement qui ne doive pas en tenir compte, autrement
cela serait un gouvernement irresponsable. Il est important, il est même
essentiel d'en tenir compte.
N'y aurait-il pas moyen, dans ce conflit, avec ce que nous aurons
à dire éventuellement, de voir de plus près si on ne peut
pas modifier des postes budgétaires, transférer des articles
à un endroit plutôt qu'à un autre pour tenir compte de ce
que j'appelle immédiatement l'intérêt primordial de la
population. Les propos que je tiens devant vous ne sont pas quant à moi
des propos pour favoriser au détriment de la collectivité une
classe particulière, fut-elle enseignante. Ce n'est pas non plus dans le
but d'en arriver à un aspect tactique, à un aspect
stratégique du débat qui nous oppose à l'heure actuelle.
Pour ma part ayant fait quelques négociations dans ma carrière
syndicale, je sais qu'il y a toujours moyen d'utiliser de la stratégie.
Ce qu'on appelle de la stratégie, ce n'en est jamais effectivement,
l'autre partie nous devinant toujours et constamment. Il y a toujours moyen
d'essayer de dire qu'il y a de la tactique, qu'on fait des coups parce que
c'est de bonne guerre de les faire.
Mais dans ce problème des enseignants, il ne s'agit plus de faire
des coups de tactique, de stratégie ou de bonne guerre, il s'agit
maintenant, et si jamais dans le passé il a été fait des
choses uniquement pour essayer d'embarrasser le voisin, l'adversaire, l'ennemi
ou l'interlocuteur valable ou non valable, je pense que ce temps est
révolu et que nous devons penser plus loin et voir vraiment comment nous
pouvons aborder les noeuds véritables de ce problème.
Quant à mol, je vous le dis, je parlerai principalement des
normes du rapport maître-élèves parce que ceux que je
représente sont aux prises avec ce qu'ils considèrent un
problème majeur. Si ce problème n'est pas résolu ils
pensent que ça met véritablement en cause toute la
réforme scolaire au Québec au niveau professionnel.
Donc, l'heure n'est plus, si elle le fut déjà, à
des coups de tactique ou de stratégie, mais je pense que nous devons
essayer ensemble, nous avons tous notre responsabilité, vous ,vous avez
la vôtre, nous, nous avons la nôtre. Nous devons essayer de faire
l'opération « sauvetage de l'éducation » qui, comme
c'est parti, s'en va directement à une faillite, à mon avis.
Il ne s'agit pas uniquement d'avoir des beaux locaux, d'avoir des
équipements qui sont perfectionnés, qui sont à point, il
s'agit aussi de comprendre que l'enseignement au Québec se donnera par
des hommes et des femmes qui pratiquent ce métier. Il faudra instaurer
un régime régime de participation, de dialogue, peu
importent les termes qui fera en sorte que ceux-ci, hommes et femmes,
peuvent pratiquer la profession qu'ils ont choisie.
Nous avons connu, tout le monde, ce qui a été
appelé au Québec « la grande charte de l'éducation
». Son exécution me semble compromise et toute la population
m'apparaît, je me trompe peut-être, profondément
inquiète. Entre vous et moi, nous aurions beau nous dire toute la
journée que la situation est mauvaise, qu'elle est
détériorée, qu'on s'en va d'une manière
inconsidérée, je pense que tout ceci ne réglerait
rien.
Il faut voir si vraiment dans ce cas précis, celui que vous
étudiez à cette commission, l'intérêt privé
des enseignants est plus fort que l'intérêt collectif. Si telle
est la situation, vous avez raison et la population devrait s'insurger contre
les enseignants, mais, dans le cas opposé, le gouvernement doit reviser
son attitude et doit reprendre une responsabilité directe. Il semble
qu'il y ait plusieurs points litigieux dans ce domaine. M. Masse en a
mentionné quelques-uns ce matin. M. Laliberté, en
répondant, a ajouté certains points. Certains de ces points sans
doute, sont d'une importance considérable non négligeable, mais
j'ai bien l'impression qu'on n'a pas énormément touché au
noeud, au point central du litige qui oppose à l'heure actuelle le
gouvernement et les enseignants.
Les autres points, si importants soient-ils, devraient, à mon
avis, pouvoir se résoudre d'une façon que j'appellerai normale
par le truchement de la négociation.
Nous ne retrouvons pas, à mon avis, suffisamment d'explications
dans le texte de M. Masse, de ce matin, sur le point fondamental que j'ai
l'intention de soulever devant vous, le rapport
maître-élèves. Comme nous représentons les 2,000
enseignants auxquels j'ai référé du secteur gouvernemental
qui s'en vont au public, pour eux, je vous le dis, le point fondamental c'est
vraiment ce rapport maître-élèves.
Comment le problème se pose-t-il? Dans les instituts de
technologie et dans les écoles de métiers, en 1968/69, le rapport
maître-élèves s'établissait comme suit. Je vais vous
en donner lecture, je pense que c'est important pour les législateurs.
Ce n'est pas mol qui al fait les calculs, je vous prie de me croire. Cependant,
je crois que des représentants du gouvernement y ont été
associés pour les établir. Vous verrez ce que cela peut donner.
J'en ai une cinquantaine à donner, mais je crois que cela vaut quand
même la peine que vous soyez saisis de ce problème.
A l'institut de technologie de Chicoutimi et i l'Ecole de métiers
de Port-Alfred, 1 professeur par 12.5 élèves. L'école de
métiers de Bonaventure, 1 professeur par 9.8 élèves.
L'Ecole de métiers d'Amos, 1 professeur par 11.8 élèves.
L'Ecole de métiers de Drummondville, 1 professeur par 10.6
élèves. L'Ecole de métiers de Mont-Joli et l'Institut de
technologie de Rimouski, 1 par 11.1. L'Ecole de métiers de Mont-Laurier,
1 par 14.1. L'Ecole de métiers de Granby, 1 par 13. L'Institut de
technologie de Sherbrooke, l'Ecole de métiers de Magog, l'Ecole de
métiers d'Asbestos, à par 13.9. L'Ecole de métiers de
Saint-Jean, 1 par 12.6. L'Ecole de métiers de Gaspé, 1 par 11.1.
L'Ecole de métiers de Donnacona, 1 par 12.6. L'Ecole de métiers
de la Malbaie, et Baie-Saint-Paul, c'est un sous-centre, 1 par 10.9. L'Ecole de
métiers de Causapscal, 1 par 12. L'Ecole de métiers d'Alma, 1 par
11.1, L'Ecole de métiers de Matane et l'Ecole de métiers de
Sainte-Anne-des-Monts, 1 par 11.5. L'Ecole de métiers de Saint-Georges,
1 par 12.1. L'Ecole de métiers de Lachine, 1 par 11.3. L'Ecole de
métiers de Valleyfield, 1 par 13. L'Ecole de métiers de Rouyn, 1
par 10.3. L'Institut de technologie de Hull, 1 par 12.5. L'Institut de
technologie de Jonquière, 1 par 13.5. L'Ecole de métiers de
Sainte-Foy, 1 par 12.1. L'Ecole de métiers de Cabano, 1 par 15.1.
L'Ecole de métiers de Plessisville et l'Ecole de métiers de
Victoriaville, 1 par 11. L'Institut de technologie de Shawinigan, l'Ecole de
métiers de Grand'Mêre, l'Ecole de métiers de La Tuque,
à par 10.9. L'Ecole de métiers de Saint-Jérome, 1 par
11.7. L'Ecole de métiers de Montmagny, 1 par 12.6. L'Ecole de
métiers des Grandes-Bergeronnes et l'Ecole de métiers de
Hauterive, 1 par 13. L'Ecole de métiers des Iles-de-la-Madeleine, 1 par
11.9. Les Ecoles de métiers de Trois-Rivières, de Louiseville, du
Cap-de-la-Madeleine, 1 par 11. L'Ecole de métiers de Montréal, 1
par 8.L'Ins-
titut de technologie de Québec, l'Ecole de métiers de
Québec-Ouest, l'Ecole de métiers de l'auto de Québec, 1
par 9.8. L'Ecole de métiers de Waterloo, 1 par 8. L'Ecole de
métiers Jacques-Cartier, 1 par 10. La moyenne générale, je
présume qu'elle a été pondérée, c'est 1 par
11.64.
Si J'ai pris la peine de vous donner lecture de ce document, c'est que
je crois que cela peut aider les législateurs à situer le
problème. Or, une fois que le gouvernement aura complété
son opération d'intégration, qu'est-ce qu'il demande qu'il soit
appliqué? La norme, 1 professeur par 17 élèves. On peut
facilement me dire, M. le Président, que, même s'il existe
à l'heure actuelle une norme moyenne de 1 par 11.64, que cette norme est
trop basse, qu'elle coûte trop cher, que c'est inutile d'avoir une telle
norme.
Je pense que c'est un raisonnement qui peut se soutenir. Je rappelle,
toutefois, qu'il y a très peu de temps la norme moyenne, dans les
écoles et instituts que je viens de mentionner, était de 1 par 9
et qu'elle a été augmentée à 1 par 11.64. Ceci a
entraîné une compression, bien sûr, du nombre de professeurs
je pense qu'il y en a à peu près 80 qui ne sont plus dans
leur métier, à l'heure actuelle et a entraîné
aussi, dans certains cas, la disparition d'options dans certaines
écoles, options qui existaient dans ce temps-là.
Toutefois, même si l'on a tendance à décrire ce qui
existait comme étant nécessairement la vérité, je
suis bien prêt à reconnaître qu'il peut y avoir des raisons
qui existaient dans le temps, disant que c'est bon qu'il en soit ainsi, mais il
n'est pas nécessaire de perpétuer une telle situation.
Aussi, je me permettrai d'abord de faire une première comparaison
avec l'Ontario, puisque ce matin il a été question du reste du
Canada et même du reste de l'Amérique du Nord, les Etats-Unis
inclus. Je vous dirai que j'ai devant moi des chiffres que je pense vrais et
que nous avons, parce que nous avons communiqué avec les diverses
écoles dont je vais vous donner la liste. C'est moins long que la liste
précédente, ce sera moins ennuyeux pour vous. Ces chiffres sont
pour les « Colleges of applied arts and technology. » Cette
comparaison, Je vous en préviens, n'est pas totalement satisfaisante,
parce qu'il s'agit de niveaux qui ne sont pas absolument identiques. Dans ces
collèges, il semble qu'il y ait du niveau secondaire et du niveau
collégial; il y a un certain chevauchement entre les deux. De toute
façon, comme toute comparaison que l'on peut faire dans ce domaine doit
être appréciée avec le maximum d'information que nous
pouvons avoir, voilà pourquoi j'ai pris la peine de vous indiquer au
moins une des faiblesses de cette comparaison.
Je vous rappelle qu'au collège Sheridon, dans Brampton, le
rapport est de 1 par 17; je vous parle encore du professionnel soit au niveau
secondaire, soit au niveau collégial. A Durham, à Oshawa, le
rapport est de 1 par 11.4; à Sir Sanford, Peterborough, c'est 1 par
11.4; Cambriand, Sudbury, 1 par 10.2; Algonquin, Ottawa, 1 par 12.6; Northern,
Timmins, 1 par 8.9; Mohawk, Hamilton, à par 11.7; Sanshaw, London,
à par 10.1; Seneca, Willowdale, 1 par 12.7.
Bien sûr, M. le Président, vous pourriez me dire: Cette
comparaison n'est pas absolument rigoureuse et exacte et elle ne peut pas
être retenue par les membres de la commission. J'ai cru cependant qu'il
était important pour les membres de cette commission d'avoir ces
données pour comprendre comment nous envisageons le problème.
Mais je vais aller dans une autre voie, dans une autre direction pour parler du
même sujet. Cette fois je ne ferai pas de comparaison avec
l'extérieur de la province.
Cependant, je vous rappellerai, premièrement, qu'il y a eu une
mission de formée par le gouvernement, le ministère de
l'Education. Cette mission était composée, si mes renseignements
sont exacts, des personnes suivantes: M. Lionel Thibault, directeur
général des programmes à la Direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire au ministère de l'Education; il agissait comme
président. M. J.-M. Turcotte, secrétaire, qui est à la
gestion des effectifs des écoles de métiers, au ministère
de l'Education, M. Thiffault, dont je n'ai pas le prénom
malheureusement, qui représentait l'association des responsables de la
formation professionnelle, soit l'Association des directeurs des écoles
de métiers. M. Marcel Saint-Laurent, qui représentait notre
syndicat affilié, le SPEQ et M. J.-O.-R. Rochon, un représentant
de la Fédération des commissions scolaires.
Cette mission qui a fait enquête dans le domaine, a fourni un
rapport que je n'ai pas, mais rapport qui a été publié, en
résumé, à moins qu'on me dise que ce rapport, tel que
publié ici, n'est pas exact. Vous comprendrez que, jusqu'à preuve
du contraire, je considère que ceci est exact. Je vais demander à
quelqu'un de vous distribuer l'extrait du journal La Presse, du 17 avril 1969,
que vous pourrez regarder. Vous verrez le titre je pense bien que les
ministériels et les députés ont déjà lu cet
article vous verrez que la polyvalence court le risque d'être
compromise au secondaire. C'est bien le domaine que nous étudions dans
cette commission.
Je me permets, pour les fins du journal des Débats, de lire
uniquement quelques extraits de cet article de journal. C'est écrit:
« La polyvalence pourrait être compromise
dans les écoles secondaires du Québec si, après
avoir placé l'enseignement professionnel sous la responsabilité
des commissions scolaires régionales, le gouvernement les obligeait
à appliquer intégralement la norme qui prévoit
l'engagement d'un professeur par 17 élèves ». C'est ce qui
ressort du troisième rapport de la mission de l'enseignement
professionnel du niveau secondaire, rapport qui est destiné au ministre
de l'Education, M. Jean-Guy Cardinal, et que la Presse a obtenu en primeur. Ce
n'est pas moi qui l'ai obtenu, c'est la Presse.
S'il n'est pas exact, M. Cardinal nous dira: Je ne l'ai jamais
reçu et ce n'est pas exact.
M. CARDINAL: Ce sont probablement des fonctionnaires qui ne font pas de
la politique M. le chef de l'Opposition.
M. PEPIN: Pardon?
M. CARDINAL: Ce sont probablement des fonctionnaires qui ne font pas de
la politique qui l'ont transmis à la Presse.
M. PEPIN: Probablement, moi, Je ne le sais pas. Vous êtes plus en
mesure que moi de porter un jugement de ce côté-là.
Ce rapport est daté du 1er mars 1969. La mission, qui a
commencé ses travaux en mars 1968 et dont le but ultime est d'assurer la
qualité de cette intégration, souligne que l'application de cette
norme 1-17 pourrait entraîner deux dangers possibles. 1) Qu'une
commission scolaire applique intégralement au secteur professionnel le
rapport maître-élêves négocié et risque ainsi
de freiner le développement de cet enseignement; 2) Qu'une commission
scolaire applique un rapport maître-élêves approprié
au professionnel, mais défavorise ainsi le secteur
académique.
De toute façon, vous avez l'extrait. Si cela n'est pas exact, on
s'empressera, sans doute de me corriger.
C'est le premier point auquel je voulais référer. A mon
avis, M. le Président, il y a encore davantage.
D'après mes informations, même la partie patronale, en
espèce, la Fédération des commissions scolaires, une des
parties au litige qui sont ici je pense qu'ils sont encore ici, ils ne
sont pas encore partis a produit un document au Conseil supérieur
de l'éducation. Nous en avons un nombre de copies limitées, si
vous y êtes intéressés, nous pouvons vous le distribuer.
II a été distribué, me dit-on. Vous verrez
dans ce document que nous ne sommes pas éloignés dans les
thèses que je soutiens cet après-midi et c'est soutenu par la
Fédération des commissions scolaires au moins. Les signataires
qui apparaissent sont MM. Raymond Beauchemin et Pierre Parent.
A la page deux, toujours pour les fins du journal des Débats, je
cite: « Nous croyons vraiment que l'enseignement professionnel doit
s'intégrer totalement avec les autres enseignements, qu'il ne forme plus
un système marginal. D'autre part, nous sommes en droit de douter que
cette intégration doive s'étendre aux modes de financement
». Et si je vais plus loin, je vous réfère à la page
quatre, au numéro deux, au milieu de ce paragraphe et je cite: «
Mais comme les écoles de métiers fonctionnaient avec un budget
plus élevé que les commissions scolaires n'ont de
disponibilités, nous laissons au lecteur le soin de
réfléchir sur les conséquences de cette restriction, sur
le personnel de toute catégorie. De plus, nous doutons que les
commissions scolaires puissent rendre les mêmes services à la
clientèle scolaire concernée avec moins de personnel ».
Ceci nous amène donc à discuter du rapport
maître-élêves. Je lis en bas de la page quatre: « Nous
ne pourrons pas accepter que l'on veuille soumettre l'enseignement
professionnel à la norme 1-17 sans faire une étude
sérieuse sur la question ».
A notre connaissance, une telle étude sérieuse n'a pas
encore été faite. Peut-être qu'elle l'a été,
on nous le dira. Mais c'est ce que nous savons à l'heure actuelle.
Vous voyez donc, M. le Président, que nous ne sommes pas seuls
à proclamer le point que nous soulevons, et j'imagine bien que vous
comprendrez que l'insistance que nous y mettons, ce n'est pas uniquement sur
une base égoïste de la part des enseignants mais qu'il y a
là tout le problème de la réforme de l'éducation
qui est en cause. Il y a des conséquences sur l'avenir du Québec
si cette norme de 1-17 était acceptée au professionnel. Les
options seront moins nombreuses. L'intégrationdes professeurs : pourquoi
s'intégreraient-ils dans ces conditions-là, si vraiment à
brève échéance, pour eux, avec les documents et leurs
connaissances, l'enseignement professionnel est en danger? Je ne pense pas, M.
le Président, que sur un point aussi vital que celui-là,
quelqu'un puisse dire que nous mettons l'intérêt privé des
enseignants avant l'intérêt collectif. Bien au contraire, avec ce
que j'ai dit, selon les informations que j'ai à l'heure actuelle, je
suis prêt à soutenir, à moins qu'il y ait contradiction et
qu'on nous démontre le contraire, que vrai-
ment c'est l'intérêt de la collectivité qui est mise
de l'avant par nous.
Tous déplorent bien sûr, et vous le savez aussi bien que
moi, M. le Président, le manque de préparation de notre
population ouvrière. Je pense que l'un des gros problèmes
québécois, c'est que nous n'avons pas suffisamment de personnes
qualifiées pour travailler dans les usines, dans les entreprises, des
techniciens préparés. Vous allez le savoir à Québec
lorsque la raffinerie s'ouvrira, il faudra préparer de la main-d'oeuvre.
Tout le monde considère que c'est là un problème vital
pour nous. Relisez depuis cinq ans les rapports du Conseil économique du
Canada qui traite de cette question constamment en disant: On n'est pas assez
préparé.
Et il y a des régions qui sont encore pires que d'autres au
Canada, et le Québec est une de ces régions. Si par la
réforme, la négociation qui est actuellement en cours, nous
mettons en danger le professionnel au Québec, nous avons rendu un
mauvais service à l'ensemble de la population. Ce n'est pas une chicane
à ce moment-là entre groupes de pression et gouvernement, ce que
nous faisons, nous tentons de mettre devant la face de la population un
problème d'une ampleur considérable, mais qui sera vrai non pas
uniquement aujourd'hui, qui ne demande pas que nous fassions quelque chose
uniquement pour se sauver des faces, mutuellement, mais pour régler ce
problème d'une façon qui nous permettra d'avoir chez nous une
main-d'oeuvre qualifiée et qui permettra aux usines, aux entreprises de
ne pas uniquement importer de la main-d'oeuvre, mais que nous puissions la
fabriquer chez nous. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous terminé, M. Pepin?
M. PEPIN: Exactement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le représentant de l'Opposition
veut faire une déclaration. M. Choquette, député
d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais d'abord faire quelques
considérations d'ordre général que je ferai les plus
brèves possibles étant donné qu'il ne me semble pas que ce
soit par des considérations générales que nous ferons
avancer le règlement du conflit actuel. Quoiqu'il en soit, étant
donné ce qui a été dit ce matin et cet après-midi
par M. Pepin, je pense que je dois, au nom de l'Opposition, marquer les points
que nous considérons essentiels dans le contexte général
où se présente le conflit de travail.
Premièrement, je pense que les parties doivent dès
immédiatement et à la faveur de la réunion de cette
commission, faire un effort de rapprochement. L'opinion publique demande et
exige un règlement de ce conflit. Elle n'est pas prête à
accepter qu'une des parties au conflit actuel mette en cause la réforme
scolaire ainsi que la paix dans nos écoles. Alors, je pense que les
parties doivent mettre de côté tout ce passé de
récrimination qui a caractérisé jusqu'à un certain
point les négociations, surtout dans leur dernière phase, mettre
de côté tous les aspects qui concernent les conflits de
personnalité pour s'attaquer au fond des problèmes.
La seule méthode, me semble-t-il et je souligne, c'est de
s'attaquer aux problèmes particuliers, aux problèmes concrets,
aux problèmes réels qui se posent dans la phase actuelle des
négociations, ces problèmes. Sinon, je pense que nous faisons
fausse route.
On a demandé ce matin M. Laliberté le demandait
quelle est l'utilité de la présente commission. Je pense
que, premièrement, sans minimiser le rôle d'information
auprès de l'opinion publique, qui est un rôle réel de cette
commission, il faut quand même reconnaître que la commission a un
rôle beaucoup plus considérable que celui d'informer l'opinion
publique.
Premièrement, je pense qu'elle peut servir à
éclairer des points litigieux, à circonscrire les domaines dans
lesquels il y a litige et à permettre d'établir les positions
respectives des parties.
Deuxièmement, je pense qu'elle peut servir à permettre aux
députés de faire des suggestions et, en particulier, il me semble
que dans cette partie du conflit qui concerne la participation ou la
consultation des enseignants à l'administration des écoles ou
à l'administration pédagogique je parle surtout, à
ce moment-là, du matériel scolaire - je pense que, sur ce
problème spécifique, il s'agit d'une question d'ordre
général pour notre société. Que sommes-nous
prêts à reconnaître? Que voulons-nous reconnaître
comme rôle de participation de la part de ceux qui sont employés
dans des entreprises de l'Etat comme les commissions scolaires? J'aurai
l'occasion, tout à l'heure, d'indiquer, en fait, dans quelle voie, comme
législateurs, nous devons encourager les parties à
s'orienter.
Troisièmement ce qui me semble le plus important
c'est que cette commission et ces séances permettront la reprise des
négociations entre les parties. Je pense qu'avec les prémisses
que j'ai posées tout à l'heure, les éléments que
j'ai indiqués comme rôle et action de cette commission, le
résultat normal de ces séances de commission, c'est la reprise
des négociations en dehors des séances de la commission actu-
elle. Je pense que, si nous réussissons cela, nous aurons fait
avancer le règlement de ce conflit qui menace de s'éterniser.
On a également mis en question non pas le « sitting
» à cette commission mais la position respective des
parties. Je dirai à M. Laliberté sur cette question que nous, de
l'Opposition, pour autant que nous sommes concernés, les parties sont
sur un pied d'égalité, le gouvernement comme les enseignants, et
que nos interventions et notre point de vue seront formulés en toute
objectivité et dans le but de rechercher le règlement le plus
rapide à ce conflit.
Comme le disait tout à l'heure M. Pepin dans son exposé
extrêmement pondéré et convaincant, dirais-je, il nous
semble que les deux points principaux en litige sont la charge de travail,
premièrement, et, deuxièmement, le rôle que l'on doit
reconnaître aux enseignants sous le rapport de la participation aux
décisions au niveau de l'administration des commissions scolaires. Je
parle spécifiquement, comme je le disais tout à l'heure, des
manuels scolaires.
Quant à la charge de travail, sans me prononcer pour le moment
sur une solution définitive, je me permets cependant de jeter quelques
idées dans le débat. Ces idées, je pense, pourront
peut-être orienter les discussions et permettre de se comprendre.
Premièrement et on n'en a pas fait état ce matin
on sait que les échelles de salaires sont une question
réglée. Par conséquent, il ne faut pas dire: Abandonnez le
combat immédiatement et que les parties demeurent sur leurs positions.
Après tout, il y a des parties importantes de cette convention
collective qui sont déjà réglées. Alors, sous le
rapport des salaires, nous savons qu'il y a eu entente.
La charge de travail est, évidemment, la part que l'enseignant
doit donner en contrepartie du salaire sur lequel il y a eu entente. Le
gouvernement propose une formule de rapport maître-élèves.
Mais cette formule est une formule qui ne détermine pas la tâche
individuelle de l'enseignant. Elle ne règle le problème qu'au
plan collectif. Elle ne détermine pas, dans le détail, la
tâche qui doit incomber à celui qui fournit son travail aux
autorités publiques.
On a signalé tout à l'heure et je pense que M.
Pepin l'a fait très éloquement - les différences qu'il y a
suivant les différents secteurs de l'enseignement. M. Pepin s'est
attaché à démontrer la différence qu'il pouvait y
avoir dans le secteur de l'enseignement technique, et il peut y avoir d'autres
différences qui ont également été signalées
ce matin suivant qu'il s'agit du secteur anglophone ou francophone ou suivant
même les régions du Québec.
Par conséquent, la formule proposée par le gouvernement
d'un rapport automatique 1-17 ou 1-26 suivant le cas, est une formule qui est
extrêmement générale et qui n'est pas, à mon avis,
suffisamment spécifique.
Quelle est la nature d'une convention collective de travail? Par sa
nature même, une convention collective de travail doit déterminer
et fixer la charge de travail de celui qui donne ses services à son
employeur. Je ne connais pas de convention collective de travail où
l'employé se mettrait à la merci complète de son employeur
quant à la détermination de l'effort qu'on lui demandera. Et
c'est la raison pour laquelle dans toutes les conventions collectives, qu'elles
soient dans le secteur privé ou public, on s'attache à dire ce
qui sera exigé de l'employé.
Dans le cas des hôpitaux vous vous souviendrez que nous
avons eu un conflit important en 1966 dans les hôpitaux nous
n'avons peut-être pas pu déterminer la charge de travail, mais on
a fondé un comité qui a permis par la suite de créer la
description des tâches des employés à partir de certains
principes qui avaient été élaborés.
Donc, la fixation au niveau collectif je parle du rapport
général proposé par le gouvernement est une formule
insuffisante dans l'état actuel des choses. Et il faut, à mon
avis, prévoir, si on ne peut pas le faire actuellement, une description
précise des tâches qui seront exigées des professeurs ou
des enseignants. Si on ne peut pas immédiatement, à la signature
d'une convention, en faire une description précise, il faut
prévoir dans la convention collective à intervenir, un
mécanisme ou une institution, un comité qui sera appelé
à préciser les tâches qui seront exigées des
employés.
Je pense à d'autres considérations sur cette norme
provinciale que le gouvernement voudrait obtenir dans cette négociation.
J'assimile l'introduction d'une norme provinciale comme celle qui est
proposée par le gouvernement à un état de choses existant,
puisqu'on nous a dit tout à l'heure que les conditions sont variables
suivant qu'il s'agit de commissions scolaires, soit dans le domaine technique
ou du point de vue régional à une introduction d'une
nouvelle échelle de salaires. Qu'est-ce que ceci veut dire? Lorsque l'on
introduit une nouvelle échelle de salaires dans une industrie, il arrive
très fréquemment que certains employés gagnent plus que ce
qui est prévu à l'échelle de salaires. On ne se
dépêche pas, dans ces cas-là, de réduire ces
employés à la norme fixée, parce qu'on sait
qu'éventuellement l'échelle ira en augmentant. Par
conséquent, à un moment donné, ils s'ajusteront aux normes
prescrites par l'échelle de salaires.
Il m'apparaît donc qu'en voulant Imposer une
échelle rigide de salaires, le gouvernement ne tienne pas compte
des droits acquis de certains enseignants à des conditions de travail
qui sont plus avantageuses que celles qui pourraient être prévues
par la norme qu'il a proposée. Et je dis que, dans ces conditions, si
nous devons assimiler la politique actuelle du gouvernement à celle de
l'introduction d'une nouvelle échelle de salaires dans une industrie, il
faudrait respecter quand même certains droits acquis lorsqu'il ne s'agit
pas, évidemment, de privilèges ainsi que le disait le ministre
dans son exposé, ce matin puisqu'il disait: « Nous ne pouvons
respecter des privilèges ou des droits qui ont été acquis
indûment ».
Mais ces droits, dis-je, n'ont pas été toujours acquis
indûment. Certaines conditions de travail existent dans certains secteurs
de l'enseignement, et je ne vois pas pourquoi il faudrait nécessairement
réduire les avantages qui ont été acquis par ces
enseignants dans ces secteurs particuliers.
On me dira, peut-être, qu'il y a des implications
financières pour l'Etat, c'est-à-dire que l'Etat ne peut pas
payer aux commissions scolaires des contributions qui seraient variables
suivant les droits acquis. Je suis bien d'accord, je suis prêt à
reconnaître cela. Je pense que la politique du gouvernement ne peut
être qu'uniforme au point de vue des subventions aux différentes
commissions scolaires.
Mais cette uniformité des subventions n'implique pas
nécessairement une uniformité au point de vue de la charge de
travail surtout si cette charge de travail implique des
déboursés additionnels parce qu'il ne faut pas oublier que
les commissions scolaires ont un pouvoir autonome de l'Etat provincial au point
de vue de la taxation foncière. Par conséquent, si ces
commissions scolaires sont disposées à taxer additionnellement
pour faire face aux frais accrus d'une charge de travail plus
considérable, je ne vois pas pourquoi l'Etat provincial viendrait agir
d'une façon paternaliste et rigide à l'extrême, et imposer
des conditions qui ne sont pas acceptables localement.
Mon point de vue est, jusqu'à un certain point, corroboré
par notre système de taxation foncière. On ne peut pas
prétendre qu'à l'heure actuelle la taxation foncière soit
uniforme dans le Québec. C'est encore une chose à venir. Il y a
encore des inégalités au point de vue de l'évaluation
municipale. Or, je pense que si nous avions une période de transition
où l'on reconnaîtrait jusqu'à un certain point la
possibilité de charge de travail un peu moins lourde ou plus avantageuse
dans les secteurs où c'est acquis quitte à ce que les
commissions scolaires l'acceptent, évidemment ceci per- mettrait
durant les trois années à venir, de mettre en place ce que la
commission Bélanger avait recommandé: une commission des
évaluations de sorte que, au bout de trois ans, à l'expiration de
la convention collective, nous nous retrouverions probablement avec des
conditions identiques au point de vue de l'évaluation.
Deuxièmement, une politique salariale qui, à ce moment, pourrait
avoir des prétentions à l'uniformité dans toute la
province de Québec. Il me semble donc que la politique du gouvernement,
à l'heure actuelle, montre un excès de rigidité en voulant
mettre tout le monde dans le même moule. Ceci, sans oublier la critique
que j'ai formulée au début quant à l'insuffisance de la
norme proposée par le gouvernement au point de vue de la description du
travail exigé des enseignants.
Maintenant, M. le Président, quant à situer où se
trouverait la norme générale - parce que, en somme, il existerait
malgré tout la nécessité de situer la norme
générale des salaires, je veux dire la tâche exigée
en général je pense que, sur ce plan-là, le
gouvernement ne peut pas faire machine arrière quant à
l'état de choses qui existe actuellement. Le gouvernement ne peut pas
dire, à l'occasion de la signature d'une convention collective; Nous
allons exiger une charge de travail accrue, sauf s'il est capable de
démontrer que la charge actuelle des enseignants est abusive pour le
public, et qu'ils bénéficient d'une charge de travail qui est
légère à l'excès. Je ne pense pas que le
gouvernement soit en mesure de faire cette démonstration.
Je dis donc que, compte tenu de la norme, il faut imposer
provincialement ou négocier pro-vincialement. Il faudrait que cette
norme soit conforme à la réalité dans la majorité
des établissements scolaires où elle s'appliquerait.
Maintenant, au point de vue de la consultation ou de la participation,
on sait que c'est un deuxième point où il y a accrochage et
divergence d'opinions au point de vue des principes entre les parties à
la table des négociations.
Personnellement, je pense que les exigences des enseignants, quant
à la participation aux décisions, quant aux manuels scolaires, au
matériel scolaire, sont loin d'être exagérées. Dans
l'état actuel de l'évolution sociale, je suis, au contraire,
surpris de la modération de leurs exigences. Parce que, dans un monde
où nous faisons face à la contestation, à tous les
niveaux, de tous les organismes, de toutes les institutions il me semble qu'il
est impératif de trouver les modes de discussion, de participation, de
consultation qui soient de nature à assurer la paix sociale.
Aussi dois-je dire que, selon ce point de vue, je trouve que les
suggestions faites par les enseignants me paraissent tout à fait
modérées et même je dirais que si j'avais été
à leur place j'en aurais peut-être demandé plus. On ne peut
pas se retrancher derrière les anciens principes de l'autorité et
se contenter d'une formule générale telle que proposée par
le gouvernement, formule de consultation qui ne donne aucune assurance de
participation réelle des enseignants aux décisions qui seront
prises.
D'autant plus que et je termine avec cette observation il
n'en coûterait presque rien et les conséquences, quant à la
bonne administration des commissions scolaires et de l'enseignement
général, seraient négligeables si les suggestions faites
par les enseignants devaient s'a-verer un échec. Par conséquent,
il vaut vraiment la peine de faire l'essai d'une participation des enseignants
aux décisions à ce niveau. L'expérience de l'avenir nous
montrera s'il s'agit l` d'une bonne ou d'une mauvaise décision. Je dis
que, dans le climat social actuel, il faut que les législateurs soient
prêts à donner le feu vert pour qu'on fasse cet essai à ce
niveau.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Choquette. M. Laliberté, nous avons
dit, ce matin, et je pense que c'est le concensus des membres du
comité que nous pourrions nous entendre et entendre votre
négociateur sur les principaux points en litige qui, à l'heure
actuelle, paralysent la négociation de cette convention collective.
Est-ce que nous pourrions entendre M. Leblanc?
M. LALIBERTE: Oui, M. le Président. C'est maintenant notre
intention de procéder de cette façon.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LALIBERTE: Bien sûr, nous n'entrerons pas dans les
détails. Nous vous ferons grâce...
M. LE PRESIDENT: Non, mais les principaux points en litige et les
raisons à l'appui de votre prise de position.
M. LALIBERTE: Tout juste. C'est bien notre intention, dès
maintenant, si vous êtes prêts.
M. LE PRESIDENT: Après quoi - je le demande immédiatement
aux membres du comité nous pourrions faire entre M. Jean
Cournoyer qui est l'un des négociateurs; c'est-à-dire faire
entendre les deux négociateurs, l'un du côté patronal et
l'autre du côté enseignant.
Alors, M. Leblanc, cela va nous permettre de réaliser ce que
demandait le député d'Outremont et ce que j'ai demandé ce
matin, de bien cerner les débats et les explications que les membres du
comité désirent obtenir.
M. LEBLANC: M. le Président, Joseph Leblanc, négociateur
des enseignants, au nom des trois corporations.
D'abord, je voudrais bien faire remarquer que je ne serai pas long
là-dessus...
M. LE PRESIDENT: Donc, M. Leblanc, vous dites des trois organisations
qui ont été entendues ce matin...
M. LEBLANC: Des trois corporations d'enseignants entendues ce matin.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. Les anglo-catholiques, les
anglo-protestants et la CEQ.
M. LEBLANC: A l'occasion, je passerai peut-être la parole aux deux
autres négociateurs des deux autres corporations...
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LEBLANC: ... qui nous ont appuyés dans ce travail.
Je voudrais faire remarquer dans le document qu'on nous a remis ce
matin, du côté patronal, justement, ce document...
M. LE PRESIDENT: Ce document qui s'intitule: « Projet
d'entente...
M. LEBLANC: ... « Projet d'entente proposé par la partie
patronale à la partie syndicale. »
M. HYDE: Le document est daté du 28 mars...
M. LEBLANC: Oui, c'est le document daté du 28 mars 1969...
M. LE PRESIDENT: Un instant, M. Leblanc, nous allons en distribuer aux
membres du comité. D'accord?
Très bien, M. Leblanc.
M. LEBLANC: S'il m'est permis de souhaiter quelque chose, je
souhaiterais que, lorsqu'on aura abordé un point en particulier, soit un
chapitre donné, nous ayons aussi la position
patronale immédiatement sur ce chapitre, de façon que les
membres du comité puissent bien voir les deux interprétations
à la suite.
M. LE PRESIDENT: Je pense que votre suggestion est pertinente. Si vous
voulez; premier point, exprimez votre position, après quoi M. Cournoyer
énoncera celle du côté patronal.
M. LEBLANC: D'abord, j'ai voulu parler du document, « Projet
d'entente », parce que je tiens à signaler certaines choses. Je
sais que je ne serai pas long parce que cela n'avance pas nécessairement
le débat, mais seulement, j'ai été informé que ce
document sera distribué à tous les enseignants de la
province.
M. Laliberté en a parlé d'ailleurs ce matin, et M. Masse
en a parlé aussi. Comme ce document-là sera distribué
à tous les enseignants de la province, je serai sûrement
obligé de faire des mises au point parce qu'il contient quelques erreurs
que je veux croire involontaires, même si on a déjà dit
que, dans nos documents, on a déjà fait des erreurs et qu'on
avait mal informé nos enseignants.
M. LE PRESIDENT: S'il y a des erreurs, c'est votre devoir de les
relever.
M. LEBLANC: Je ne les relèverai pas toutes, M. Laliberté
en a signalé ce matin près de 108, mais je me contenterai d'en
signaler quelques-unes.
Aux définitions à la page qui commence par l'article
1-2.11.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 -2.11.
M. LEBLANC: L'article 1 2.12. Suppléant régulier
est déclaré réglé par une étoile. On a
figuré que les étoiles voulaient dire « réglé
».
M. LE PRESIDENT: Est-ce cela?
M. LEBLANC: II n'est malheureusement pas réglé.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer m'indique que là où il y a
une étoile, il considérait, à la suite des
négociations, que ce point-là était réglé.
M. Masse ajoute c'est peut-être un excès d'optimisme.
M. LEBLANC: On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'être
optimiste, ce serait vraiment nouveau depuis deux ans.
M. LE PRESIDENT: Mais ce serait bon de l'être, par exemple,
après deux ans.
M. LEBLANC: J'avoue, M. le Président, que j'ai grandement
hâte.
Dans la même page, je dois signaler les articles 1 2.18;
Principal.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous dire 1 2.12, d'après vous, ce
n'est pas réglé?
M. LEBLANC: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous mettrons d'après vous « non
réglé ». Et quel est l'autre? 1 - 2.18...
M. LEBLANC: 1-2.18, 1-2.19 et 1 - 2.21 sont déclarés aussi
réglés et ils ne sont pas réglés.
Nous avons dit ceci, et la majorité des erreurs qui se sont
faites, se sont glissées comme ceci: Nous avons indiqué, à
un moment donné, que nous pourrions être en accord avec les
définitions qui sont là à la condition qu'on remplisse une
certaine chose, il y avait un « notez bien » après ces trois
définitions-là et cela devait être dit. Parce que nous,
nous croyons que ces trois postes-là devraient être remplis par un
instituteur. Quand on nous dit « celui », évidemment, cela
peut être n'Importe qui. On avait mis un « notez bien »
à l'effet que ce soit mis à l'article des promotions, que ces
postes-là ne pouvaient être remplis que par un instituteur. Or, on
ne l'a pas mis à l'article des promotions et on a déclaré
ici le texte comme étant réglé.
M. LESAGE: Une seule question M. Leblanc, vous avez dit que le principal
adjoint par exemple, devrait être un instituteur. Est-ce que cela veut
dire que cela devrait être des instituteurs suivant la définition
1-2.14?
M. LEBLANC: Ce devrait être des instituteurs selon l'article 1 -
2.14; mais si vous remarquez que l'article 1 - 2.14 n'est pas
réglé, nous n'avons pas la même définition d'un
instituteur.
M. LESAGE: Alors, c'est clair qu'il n'y a rien de
réglé.
M. LEBLANC: Pas là.
M. LESAGE : Alors, vous faites dépendre le règlement de 1
- 2.19, 1 - 2.18 et 1 - 2.21 de l'article 1 - 2.14 et, comme cet article 1 -
2.14 n'est pas réglé, vous dites: Evidemment, ceux-là ne
peuvent pas l'être. C'est cela.
M. LEBLANC: Non. Nous disons simplement: Quelle que soit la
définition d'un institu-
teur. Nous ne nous accordons pas sur la définition d'un
instituteur, très bien. Mais, quelle que soit la définition d'un
instituteur, ce poste-là, cette promotion-là doit être
remplie par un instituteur. Que ce soit la définition que le
gouvernement nous propose, c'est-à-dire qu'un instituteur est une
personne dont la tâche principale et habituelle est d'enseigner, ou,
comme nous disons, que ce soit quelqu'un qui enseigne soit pour donner un
cours, soit dans une technique, une matière ou ainsi de suite que nous
prenions une ou l'autre des définitions, ce poste-là devrait,
à notre sens, être rempli par un instituteur.
M. LESAGE: Ce que je voudrais comprendre, M. Leblanc, c'est ceci : Je
vais vous poser la question et j'ose espérer que je n'en aurai pas
d'autres à vous poser sur ce point-là.
Est-ce que, d'après vous, les promotions au rôle de
principal adjoint ou de principal, ces situations, ces responsabilités
doivent être accordées à un instituteur de la commission
scolaire où le principal adjoint ou le principal est nommé?
M. LEBLANC: A un instituteur, tout court.
M. LESAGE: De n'importe quel endroit de la province?
M. LEBLANC: De n'importe quel endroit. Il y a un système de
promotions d'établi pour loin.
M. LESAGE: C'était le point que je voulais clarifier, parce que
1-2.14, tel qu'il est rédigé, avec 1-2.18 et 1-2.19, limiterait
la promotion à un instituteur de la commission.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, je pense que M. Cournoyer voudrait ajouter
un mot sur ce problème.
M. COURNOYER: Je pense qu'il y a lieu de cerner le problème
davantage. Les mots « principal » et « principal adjoint
», tels qu'ils sont définis dans la proposition patronale, sont
acceptables par la partie syndicale. Mais dans l'acceptation, il y avait une
note, en bas, qui disait qu'au titre des promotions on doit garantir que les
instituteurs auront accès au poste de principal, et seulement les
instituteurs. C'est seulement une précision, M. Leblanc, pour situer
exactement le problème. Il y a seulement l'astérisque, il manque
la note du bas. M. Leblanc nous dit que, n'ayant pas accepté la note du
bas, on ne peut pas déclarer acceptés les mots « principal
» ou « vice-principal ».
M. LEBLANC: Exactement ça.
M. LE PRESIDENT: Alors, continuez M. Leblanc.
M. LEBLANC: Vous savez, on a déclaré aussi, M. le
Président, les articles 3-4.05...
M. LE PRESIDENT: L'article 3-4.05...
M. LEBLANC: ... et 3-4.06 comme étant acceptés.
M. LE PRESIDENT: On a mis une lettre après.
M. LEBLANC: C'est réglé en conciliation ou en
médiation, selon qu'il y a un C ou un M,...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEBLANC: Mais j'ai le déplaisir d'annoncer que ce n'est pas
réglé.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 3-4.05 non accepté.
M. LEBLANC: Les articles 3-4.05 et 3-4.06. On les a
déclarés réglés, probablement par erreur, mais je
ne peux pas laisser passer qu'on les déclare réglés
à mes enseignants. Pour donner un autre exemple, on a aussi
déclaré l'article 5-9.00, qui traite de l'assurance-groupe...
M. LE PRESIDENT: L'article 5-9.00.
M. LEBLANC: II y a une vingtaine de paragraphes, au moins. On les a tous
déclarés réglés et ils n'ont, cependant, jamais
été réglés.
M. LE PRESIDENT: A aucun moment?
M. LEBLANC: Non, M. le Président. Voici ce qui s'est encore
produit. Nous avons dit qu'il y aurait possibilité, pour nous, comme
concession pendant la médiation, d'arriver à s'entendre sur
à peu près ce que vous proposez. Il y a même des
rédactions nouvelles, dans cet article-là, que nous n'avons
jamais vues et qui sont déclarées comme acceptées par la
partie syndicale.
Le moins que je puisse demander, M. le Président, avant
d'accepter un article, c'est d'avoir le plaisir de le lire.
M. LE PRESIDENT: Là, vous nous le dites. M. LEBLANC: Alors, je ne
les ai jamais vues,
et la partie patronale nous avait annoncé une rédaction.
Nous voulons bien faire confiance mais...
Il fallait au moins... Tout l'article 5-9.00.
M. LE PRESIDENT: Nous le prenons en note.
M. LEBLANC: Nous avions dit, à ce moment-là, M. le
Président, que l'article 5-9.00 pourrait être acceptable à
certaines conditions, compte tenu des nouvelles rédactions, à
condition que l'article « congés de maternité » soit
réglé et à condition que l'on accepte nos positions sur la
« garantie de traitement ».
Or, l'article des congés de maternité, qui est aussi
déclaré accepté, n'a jamais été
réglé parce qu'on n'a jamais accepté notre position sur la
garantie de traitement. En conséquence, ces deux articles-là,
5-9.00 et 5-12.00, ne sont pas réglés.
M. LE PRESIDENT: L'article 5-12.00; les congés de
maternité.
M. LEBLANC: Et quand je dis 5-9.00, M. le Président, c'est tout
l'article avec tous ses paragraphes. ... 5-9.17 et c'est la même chose
pour l'article 5-12.00.
Je ne ferai pas d'autres remarques sur ce document-là, M. le
Président, quoiqu'il y ait plusieurs autres erreurs.
Il y a aussi un grand nombre d'articles, M. le Président, qui
sont déclarés réglés, qui étaient
effectivement réglés, mais, par mégarde ou inadvertance,
on a oublié un bout de phrase. Je pense à 5-1.03 où l'on a
oublié le petit bout « comme instituteur » dans le texte et
à 5-1.04 on a oublié: « S'il ne les avait pas
déjà déposés ou remplis, selon 5-1.03. » Ils
sont déclarés, ils sont effectivement réglés, mais
il manque un bout de texte pour être conforme à ce que nous avions
réglé.
Le premier chapitre dont je voudrais parler, M. le Président,
c'est le chapitre 4, celui de la consultation. On a déclaré,
à la première page du chapitre 4, que l'article 4-1.07
était réglé en ce qui regarde l'omission de consultations,
ce qui n'est pas réglé dans notre esprit du moins. Nous avions
parlé aussi, quant à nous, d'insuffisance de consultations. Et
nous avions parlé à ce moment-là, lorsque le syndicat
mettait la chose en grief parce qu'il croyait avoir été
insuffisamment consulté, de suspendre la mesure 15 jours avant son
application.
Nous avons par la suite exposé un deuxième point de vue.
Nous sommes prêts là-dessus, en cas d'insuffisance et même
d'omission, à dire: Chaque fois que vous aurez un problème,
consultez-nous avant et, quand vous aurez pris votre décision, attendez
un cer- tain temps avant de mettre la mesure en application. Alors, le texte
patronal ici ne parle pas du tout d'insuffisance des consultations.
Je veux attirer votre attention sur deux points: Au chapitre des
principes généraux de la consultation.
Premièrement, cela n'apparaît pas dans le texte de la
partie patronale; elle nous refuse deux choses qui, à notre point de
vue, sont essentielles. D'abord nous avons demandé à la partie
patronale le pouvoir pour les commissions scolaires et les syndicats
d'instituteurs de convenir ou au moins d'essayer, à titre
d'expérience seulement, la cogestion ou la codécision. Je suppose
qu'une commission scolaire et un syndicat s'entendent pour exercer un certain
pouvoir de décision sur un point en particulier. C'est tellement vrai
à la table patronale, à la table de négociations, qu'on
nous a affirmé que les commissions scolaires ne pourraient en aucune
façon convenir autre chose que ce qui serait dans la convention
collective: on refuse même qu'une commission scolaire et un syndicat
puissent essayer, à titre d'expérience, la cogestion ou la
codécision.
Deuxième point, la partie patronale nous refuse la
possibilité de maintenir la codécision où il y en a
présentement dans nos conventions collectives. Il y a plusieurs
conventions collectives, soit dans leur système ou soit dans certaines
clauses de la convention collective, qui avaient déjà
effectivement des pouvoirs de décision sur la classification, par
exemple, des pouvoirs de décision sur le perfectionnement sur les
critères de sélection d'engagement du personnel, sur les
méthodes, sur les promotions.
Nous demandions que ces possibilités de co-décislon qui
existaient dans nos conventions soient maintenues.
M. LE PRESIDENT: Dans combien de conventions ce pouvoir existe-t-il?
M. LEBLANC: J'aimerais bien pouvoir, sur chacun des articles, vous citer
les conventions collectives.
M. LE PRESIDENT: Vous avez noté que cela semblait exceptionnel:
Possibilité du maintien de la codécision là
où elle existait .
M. LEBLANC: J'ai dit que cela semblait exceptionnel comme
système.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEBLANC: Mais sur des points particuliers, ce n'est pas exceptionnel.
Sur un point, par exemple, de promotion, ce n'est pas exceptionnel. Sur un
point de classification, ce n'est pas exceptionnel. Mais sur un système,
dans l'ensemble, qui tend à la codécision, c'est
exceptionnel.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LEBLANC: Au même chapitre 4, à l'article 4 - 3.07...
M. LAPORTE: M. le Président, ne vaudrait-il pas mieux qu'à
chacun des points, nous ayons et la partie patronale et la partie syndicale?
Autrement, nOus passerons trois semaines ici sans être plus
avancés.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais il est toujours dans le même
chapitre.
M. LEBLANC: Toujours au chapitre de la consultation.
M. LE PRESIDENT: II est toujours au chapitre 4 de la consultation.
UNE VOIX: On s'est promené pas mal!
M. LAPORTE: Oui, on s'est promené pas mal.
M. LEBLANC: Au début, quand on s'est promené,
c'était pour faire remarquer des erreurs. On a fini de se promener. On
est sur le chapitre 4 et on procédera chapitre par chapitre.
M. LE PRESIDENT: Je comprends que vous nous indiquez les principaux
points en litige? Au chapitre 4?
M. LAPORTE: Est-ce qu'il y a quelque chose au chapitre 1 sur quoi vous
ne vous entendez pas?
M. LEBLANC: Les définitions, M. le Président, je voulais
les rattacher à chaque chapitre. Je prends, par exemple, la
définition de professeur ou d'instituteur à temps plein ou
à temps partiel; c'est intimement lié au chapitre des conditions
de travail.
M. LAPORTE: Et le chapitre 2?
M. LEBLANC: J'avais commencé par le chapitre 4. J'irai tout de
suite après au chapitre 2, si vous voulez. Mais j'avais commencé
par le chapitre 4.
M. LAPORTE: Vous vous y retrouvez très facilement, parce que cela
fait 22 mois, me dit-on, que vous en discutez. Nous, nous voudrions, autant que
possible, en dépit de notre peu de talent, essayer de vous suivre.
M. LEBLANC: Si vous permettez, je vais finir le chapitre 4. Après
cela, Je procéderai par ordre, si cela peut faire l'affaire. Je n'ai
aucune objection.
M. MASSE: Pourquoi le chapitre 4 avant le chapitre 2?
M. LEBLANC: C'est parce que le chapitre 4, c'est la consultation; cela a
bien de l'importance, peut-être plus que le chapitre 3.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous dire que c'est un point que vous
considérez comme essentiel?
M. LEBLANC: Comme très important.
M. LE PRESIDENT: Comme très important. Le chapitre 4?
M. LEBLANC: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Auparavant, les chapitres 1, 2 et 3: moins
importants.
M. LEBLANC: Oui. Moins importants, sûrement, que le chapitre
4.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous allons commencer par les plus importants.
Chapitre 4.
M. LEBLANC: M. le Président, au chapitre 4, article 3.07, la
partie patronale nous propose d'être consultés au niveau de la
commission sur une certaine liste d'objets. Nous croyons que cette liste est
incomplète. En général, au conseil d'école, on
accepte, dans l'école, de nous consulter sur tout. Quand on arrive
à la commission, on veut restreindre le champ de consultation.
Pourtant, dans nos conventions collectives, en général, on
nous consulte au niveau de la commission sur l'ensemble des sujets. Ici, il
manque certains sujets comme le règlement des élèves, les
règlements régissant l'ensemble des écoles,
l'éducation aux adultes, etc. Il y a certains points qui manquent sur la
liste.
Nous croyons que sur cinq points en particulier on devrait nous
consulter. Je les énumère: les directives de la commission ou
d'auto-
rites compétentes, la planification des méthodes
d'enseignement, les cas spéciaux de répartition des tâches,
les cours d'été, l'éducation permanente et les
règlements concernant l'ensemble des écoles.
Ces points devraient compléter la liste de la consultation.
Il manque aussi un paragraphe à 4 3.07 dans lequel nous
disions ceci; « Nonobstant les dispositions de la clause 4 3.07,
premièrement, et en regard des matières essentielles à
l'exercice des fonctions des membres du personnel de l'enseignement, telles que
modalités de l'application des méthodes, matériel
didactique et matériel audio-visuel, matériel scolaire, la
commission ou l'autorité compétente entérine la
recommandation du comité des politiques pédagogiques.»
Or, le comité des politiques pédagogiques est un
comité paritaire formé d'au moins trois représentants de
la commission et trois représentants du syndicat. C 'est ce que nous
appelons le comité des politiques pédagogiques à
l'échelon de la commission. Ce comité des politiques
pédagogiques est consulté sur certains points. Mais nous
demandons que sa recommandation chaque fois qu'il est consulté,
llfait une recommandation soit entérinée par la commission
scolaire automatiquement sur les trois points que nous venons de
mentionner.
C'est dans ce sens que nous avons parlé de codécision ou
de cogestion. Ce n'est pas dans un autre sens. Nous ne voulons pas
décider au lieu de la commission, mais nous voulons, avec les
représentants de la commission, choisir les méthodes, le
matériel et les manuels. Us ne coûteront pas plus cher, ils ne
sortiront pas de la liste proposée par le ministère, mais avec
eux, nous voulons assurer une meilleure coordination. Ce sont nos
intérêts. Parce qu'évidemment avec ces méthodes, ce
matériel et ces manuels, nous devons travailler tous les jours.
Et enfin, sur ce chapitre, vous avez un article qui n'apparaît pas
au chapitre des commissions scolaires: c'est la consultation au niveau
provincial. Nous demandions en tout premier lieu que la consultation au niveau
provincial soit assurée sur les points suivants:
L'élaboration des programmes d'études;
Les cadres généraux des plans et devis;
La formation des maîtres;
Le plan d'ensemble de l'éducation des adultes;
Les contrôles provinciaux: les examens provinciaux;
La recherche pédagogique;
Les critères d'approbation des budgets au point de vue
pédagogique.
Et nous sommes allés jusqu'à offrir, pendant la
médiation, de former un comité qui étudierait la
façon d'assurer cette véritable consultation. Nous ne sommes pas
sûrs qu'actuellement elle s'exerce pleinement. Malgré cela, la
réponse patronale le document vous le montre il n'y a
aucune réponse sur la consultation au niveau provincial.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer, négociateur patronal, sur le
chapitre 4 intitulé: Consultation.
M. COURNOYER: M. le Président, ce titre de la consultation est un
titre qui fait la manchette et il est extrêmement difficile de
l'expliquer. Il semble que nous devons, à toutes fins pratiques, prendre
un examen ou un tour d'horizon de la proposition patronale pour mieux la situer
dans le contexte, et peut-être mieux situer les observations que M.
Leblanc vient de faire.
Ce que nous avons proposé comme système de consultation
à la partie syndicale, c'est la formation d'organismes de consultation,
impliquant les enseignants, à deux échelons, le premier
échelon étant la commission scolaire avec un comité
paritaire, et le deuxième échelon étant l'école
avec un comité qui avise le principal et dont le principal fait partie.
Vous avez donc deux niveaux où la consultation est assurée aux
enseignants.
Dans les articles généraux de consultation,
c'est-à-dire les principes généraux que nous avons
développés ici, ce qu'il y a à remarquer de
différence entre la partie syndicale et nous, est strictement une
question de forme, une question de confiance. De notre côté, nous
prétendons que, dans toute la province de Québec actuellement, il
y a un nombre assez considérable de commissions scolaires dont nous
avons parlé ce matin et que la mise en vigueur d'une convention
collective de cette importance, dans chacune de ces commissions scolaires,
nécessite que nous y allions avec une certaine prudence.
Voilà donc pourquoi nous avons éviter, autant que
possible, que les griefs surviennent parce qu'il y aurait eu insuffisance de
consultations de la part d'une commission scolaire en particulier sur un point
donné. Cependant nous obligeons la commission scolaire à
consulter. Il peut arriver si l'on en a 1300 que des erreurs se
produisent et que des omissions involontaires de consultations se fassent. Nous
obligeons donc la commission scolaire à consulter, même lorsque
effectivement la date de consultation est passée et que sa
décision est prise.
Il est vrai que la partie syndicale a demandé,
que, dans le cas d'insuffisance de consultation, il y ait mise en branle
ou continuation du processus de consultation. Nous voulons et nous souhaitons
que la partie syndicale fasse l'expérience du système de
consultation que nous proposons. Une fois qu'elle aura fait l'expérience
nous ne vivons pas dans un domaine où la négociation est
pour 25 ans à venir mais elle n'est maintenant que pour deux ans
les imprécisions ou les imperfections du système de consultation
proposé pourront être découvertes, et les
négociations reprendraient après à peine deux ans ou un an
et demi pour corriger les situations qui auraient pu s'avérer
désastreuses face à une proposition que nous considérons
raisonnable.
Il est vrai aussi que, dans le domaine de la cogestion comme telle,
notre prétention est une prétention d'ordre juridique. Je
comprends que c'est un argument qui ne fait pas l'affaire de bien du monde
quand on invoque la loi et qu'on représente en même temps le
gouvernement. Cependant, cette loi lie les commissions scolaires. Il y a
tellement longtemps que j'ai fini mon cours de droit que je n'ose
répéter les expressions latines que M. le juge Bissonnette nous
citait parfois. Un organisme qui détient un pouvoir
délégué, d'une façon générale, n'a
pas le pouvoir de les déléguer lui-même. Or une commission
scolaire détient ces pouvoirs d'une loi du Parlement par
délégation et, en ce sens, elle ne peut se permettre, à
notre sens bien sûr, de déléguer ses pouvoirs de
décision. Elle en a la pleine responsabilité et en
conséquence elle doit avoir les outils dans les mains pour assumer cette
responsabilité.
C'est donc pourquoi, malgré le fait que, dans certains cas dans
la province, certaines commissions scolaires avaient accepté un
système quelconque de codécision avec la partie syndicale, nous
nous sommes vus dans l'obligation, comme représentant du gouvernement et
d'organismes comme la fédération des commissions scolaires, de ne
pas inscrire dans notre convention collective une chose que nous jugions comme
illégale et impensable dans le système actuel de la Loi de
l'instruction publique, de ne pas consacrer une illégalité
strictement par le fait du genre d'autorité que le gouvernement à
la table pouvait donner à cette illégalité en
l'acceptant.
C'est donc pourquoi la clause demandée par M. Leblanc et la
partie syndicale en général celle qui voulait maintenir
dans les conventions existantes le système de cogestion ou de
codécision qu'ils avaient obtenus par convention, ou par pratique
nous avons dû la refuser et nous continuons de la refuser.
Quant aux possibilités de convenir, il nous est apparu comme
essentiel que l'expérience que nous voulons tenter ici soit globale,
qu'elle ne subisse pas d'exception au moins pendant les deux prochaines
années. Pouvoir convenir de codésion quand nous croyons que la
codésion est impossible à cause du jeu du pouvoir de
délégation que les commissions scolaires n'ont pas, c'est
accepter ce que nous refusons dans une autre clause. C'est pourquoi, dans les
deux cas, nous avons dû refuser quelque référence que ce
soit à une garantie morale que la codécision était
possible dans le système scolaire.
Je dois cependant noter que, dans le corps de cette convention
collective, il y a des endroits où les syndicats ou corporations
d'instituteurs sont consultés et ont, parfois même, des pouvoirs
de décision exclusifs par rapport à la commission scolaire. Ils
ont au comité provincial de classification le pouvoir de
codécision, cette fois-ci, mais ce n'est pas la commission scolaire qui
délègue, c'est strictement un organisme provincial de
classification des instituteurs dont les décisions lient tous les
intéressés, les commissions scolaires et les instituteurs. Il y a
donc, dans le corps de la convention, d'autres articles de consultation ou de
codécision qui se retrouvent. Je viens de mentionner ici la
classification.
Il y a énormément de problèmes qui pourraient se
situer au titre de la consultation. Mais vous avez une convention collective,
du moins le projet que nous proposons est considérable, assez volumineux
et vous pouvez retrouver dans maints endroits de la convention collective,
d'autres organismes créés sur une base paritaire avec les
syndicats d'enseignants ou avec les corporations d'enseignants et d'autres
références ou processus de participation des enseignants à
des prises de décision qui les intéressent d'une façon
globale et parfois d'une façon précise.
Quant au conseil d'école, le fonctionnement que nous avons
proposé a été accepté par la partie syndicale. Je
ne peux pas dire que nous l'avons proposé. On peut dire que c'est le
résultat normal d'une négociation entre les enseignants et nous.
Toujours est-il que le conseil d'école est une chose
réglée. A l'échelon de l'école, la consultation
semble être acceptée par la partie syndicale. A l'échelon
de la commission, vous avez peu de points qui sont en suspens. M. Leblanc en a
mentionné certains et encore une fois, notre attitude sur les
attributions des organismes de consultation, sur l'obligation pour les
commissions scolaires de consulter, sur l'obligation pour les commissions
scolaires de motiver les refus des recomman-
dations qui lui viennent des organismes de consultation et sur le fait
que nous refusions la codécision même sur les manuels scolaires,
même sur le matériel didactique qui est utilisé à
toutes fins pratiques seulement par les enseignants et parfois par les
élèves ou sur les méthodes d'enseignement, nous devons
resituer parfois la commission scolaire dans le domaine où elle
évolue. La commission scolaire est un organisme local qui est pris avec
des problèmes journaliers et qui, parfois, a à trancher des
différences d'opinion entre les divers éléments qui
composent la société scolaire locale.
Les enseignants sont un des éléments essentiels de la
société enseignante ou de la société scolaire. Il y
a aussi les élèves. Il y a aussi, pour nous, les parents. Il y a
aussi les principaux. Il y a aussi les administrateurs scolaires. Il y a aussi
ceux qui bénéficieront à une époque ou à une
autre de l'enseignement qui sera donné aux enfants.
Notre attitude sur la codécision est une attitude qui veut que
notre obligation comme commission scolaire, cette fois, ne soit pas seulement
vis-à-vis des enseignants et notre acceptation, par exemple, d'une
formule de codécision, si petite soit-elle, étant
illégale, premièrement, reste impraticable pour nous qui avons
à consulter d'autres corps et parfois, être obligés, pour
des questions totalement étrangères au corps enseignant, de dire
non à des recommandations qui viennent du corps enseignant.
Un manuel scolaire peut être accepté par le corps
enseignant et la commission scolaire, mais rejeté par les parents qui
ont quand même voix au chapitre, à certaines époques. Il
peut être accepté comme utile à l'enseignement, mais ne pas
être utile pour les fins auxquelles il est destiné.
C'est pourquoi, de notre côté, nous disons: Nous allons
consulter nos enseignants sur une base préférentielle.
Nous allons les consulter mais nous n'allons pas nous engager à
entériner seulement une recommandation des enseignants et de nos
représentants, étant donné que nous pouvons avoir à
faire face à d'autres corps que les enseignants et que nous sommes dans
la position de dire: Me voici responsable de la prise de décision. Nous
devons prendre une décision qui ne fait pas nécessairement
l'affaire de ceux qui ont été consultés en premier lieu,
mais qui fait aussi l'affaire de ceux qui ont été
consultés parfois en second lieu, les parents et les différents
corps intermédiaires qui se partagent le fruit de
l'éducation.
Quant à la consultation provinciale, nous en avons longuement
discuté. Nous croyons que, premièrement, nous sommes en train de
négocier une convention collective conformément au bill 25, une
convention collective au nom des commissions scolaires; et la partie syndicale
est en train de négocier une convention collective au nom des syndicats
d'enseignants.
Nous avons fait, sans doute, des accrocs à cette prise de
position dans tout le projet d'entente. Mais nous disons qu'il y a des
organismes de consultation a l'échelon provincial qui ont
été constitués conformément aux lois existantes.
Ces organismes de consultation, je n'en mentionne qu'un, le Conseil
supérieur de l'éducation, le ministre de l'éducation a
l'obligation de le consulter sur une foule de sujets. C'est cela le
mécanisme de consultation que le ministre est obligé de
suivre.
Quant à savoir si le ministre devrait consulter également
les corporations, nous disons que c'est peut-être souhaitable, mais il
n'y a pas lieu d'inscrire une clause dans la convention collective qui
engagerait le ministre à consulter les corporations.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, quel est l'autre chapitre, à moins
qu'on ait des questions? Docteur Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais demander à Me
Cournoyer il a peut-être choisi un exemple au hasard mais
en parlant des manuels scolaires, est-ce que le choix des manuels scolaires se
fait réellement au niveau local?
M. COURNOYER: La liste est faite au niveau provincial, mais le choix
à l'intérieur de la liste est fait au niveau local.
M. GOLDBLOOM: Ah, bon!
M. LE PRESIDENT: Quel est l'autre chapitre?
M. LEBLANC: Sur les manuels, M. le Président, j'aurais tenu
à dire ceci: Quand il y a six grammaires ou six arithmétiques
approuvées au niveau provincial et quand la commission scolaire en
choisit une avec laquelle la majorité des enseignants
préfèrent ne pas travailler, c'est vrai qu'elle a exercé
son droit de gérance, mais est-ce pour le bien de l'enfant et le bien de
l'éducation? On nous l'a répété si souvent, ce
bien-là.
Deuxièmement, c'est vrai, comme le disait M. Cournoyer, qu'au
niveau du conseil d'école c'est très bien réglé. Si
on appliquait au ni-
veau de la commission les mêmes principes sur lesquels nous nous
sommes entendus au conseil d'écoles, le problème serait aussi
réglé. Mais cela a l'air de changer de principe quand cela se
transpose au niveau de la commission.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: Ce que vous venez de dire au point de vue de la consultation
au niveau de l'école, cela vous semble parfait. Vous voudriez voir
appliquer cela au niveau de la commission. A ce moment-là, lorsque nous
parlons de commission de part et d'autre, est-ce qu'on parle seulement de
commission scolaire locale ou si, dans vos désirs, vous souhaiteriez que
ce soit aussi au niveau d'une commission scolaire régionale?
Je voudrais peut-être donner le fond de ma pensée.
Concernant encore le manuel scolaire, c'est vrai que certaines commissions
scolaires peuvent consulter au niveau local, choisir une grammaire, pour garder
le même exemple. Mais s'il y a douze commissions scolaires
différentes relevant d'une même régionale, nous avons le
problème qu'après la sixième année vous avez des
centaines d'enfants qui arrivent à la régionale avec une
formation fort différente, des grammaires fort différentes et des
méthodes fort différentes. C'est là la confusion. Quant a
moi, je soutiens que c'est quelque chose d'extrêmement sérieux au
point de vue pédagogique. Nous en avons parlé d'ailleurs avec le
ministre de l'Education, et le ministre a lui-même déclaré
durant l'étude des crédits que c'était un problème
aigu. Je pense qu'il est temps d'avoir une coordination, que ce soit sous forme
de consultation ou autre, pour que les enfants de diverses commissions
scolaires locales puissent avoir des méthodes et des manuels semblables
afin que, tous ensemble, ils arrivent sur le même pied à la
régionale. Est-ce un peu cela le fond de votre pensée, de vos
griefs?
M. LEBLANC: C'était exactement cela dans nos demandes originales.
Nous avons, pour tâcher de nous entendre, fait des concessions sur ce
chapitre-là.
Maintenant, c'est ça pour autant que les commissions scolaires
veulent bien se regrouper au niveau d'un territoire d'une régionale.
Mais ce n'est pas sûr qu'elles se regroupent. C'est pour autant qu'elles
voudront bien se regrouper.
Mais notre demande originale était clairement à l'effet
qu'il y en ait qu'un pour le secondaire et qu'un pour
l'élémentaire au niveau d'un territoire ou d'une
régionale. Et notre but de la consultation au provincial, c'est dans nos
textes, je pourrais en apporter certainement des copies. Si dans nos textes
vous lisez l'article 4-5.00, c'est à l'effet de pouvoir regrouper les
commissions scolaires pour arriver à prendre ces consensus-là,
non seulement au niveau d'une régionale, mais au niveau de plusieurs
régionales et au niveau même de la province. C'est dans ce
sens-là, la consultation provinciale. Ce n'était pas en vue de
chambarder tout le système de consultation provinciale que peut faire
présentement le gouvernement Ce n'était nettement pas dans ce
but-là, mais c'était vraiment dans le but d'arriver à ce
que vous dites, à la possibilité de l'étendre à un
territoire de la régionale, à plusieurs régionales dans un
secteur économique et, c'est possible, arriver jusqu'à
l'échelon provincial.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education a demandé la
parole.
M. CARDINAL: M. le Président, la question de consultation. Au
départ, je me suis exprimé sur la consultation et je suis loin
d'être défavorable à la consultation. Mais j'aurais une
question précise à poser.
Je vais commencer par un très bref commentaire et arriver
à la question. Actuellement, j'ai l'impression, par le travail qui se
fait au ministère, que l'on consulte plusieurs fois les mêmes
groupes, les mêmes personnes, à des titres divers.
On l'a vu maintes fois devant la commission permanente de
l'éducation. Les mêmes personnes sont à la fois au Conseil
supérieur de l'éducation, membres d'un syndicat de professeurs,
membres d'une école donnée, membres d'un organisme donné.
Chaque fois qu'au ministère nous avons eu à former des
comités, à établir certaines politiques, à faire de
la planification, et que nous avons établi des listes de personnes que
nous devions consulter ou d'organismes que nous devions consulter, ce
phénomène se produisait
On a parlé tantôt, M. Cournoyer l'a fait, de la
consultation au sein du conseil supérieur. Nous avons même
été membres du conseil supérieur. Je sais
déjà qu'au sein du conseil supérieur, il y a
représentation directe, si l'on veut, des professeurs. J'en arrive donc
à ma question. Est-ce que l'on cherche, l'on désire, l'on veut,
justement, que cette consultation se fasse toujours par la voie du syndicat ou
par la voie d'individus ou par toutes les voies en même temps? Parce
qu'il y a vraiment un problème dans ce domaine de la consultation.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, au niveau provincial, on me dit
même qu'il y a quelque 400 comités consultatifs du
ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Peut-être plus!
M. LALIBERTE : Peut-être plus. Il s'en crée et il en meurt
tous les jours. Alors, ça doit être difficile d'en tenir le
décompte. Mais l'important, M. le Président, ce n'est pas cela.
M. Leblanc, tout à l'heure, dans son exposé initial que je ne
reprends pas, a donné une liste de points précis sur lesquels,
justement, nous voulons que les groupes d'enseignants, en tant que groupes
d'enseignants, syndicats ou leurs représentants provinciaux ou
corporations, soient organiquement consultés.
M. le ministre donne référence au Conseil supérieur
de l'éducation. Il dit que les enseignants y sont nommément.
Bien, il faudrait dire en même temps que le Conseil supérieur de
l'éducation est un organisme dont les délibérations sont
secrètes. L'enseignant qui est choisi au sein de la CEQ, par exemple,
qui y siège, ne fait pas rapport à la CEQ, ne prend pas le mandat
à la CEQ. La demoiselle, toute forte qu'elle soit à*
l'intérieur du conseil, en fait représente, au meilleur de sa
connaissance, l'ensemble des enseignants de la province. Mais ce n'est pas une
représentation organique.
En d'autres comités consultatifs, prenons les comités par
disciplines académiques, français, anglais, mathématiques,
sciences, etc., il y en a une quantité incroyable de ces comités,
pas du tout. C'est par des personnes qui, connaissant d'autres personnes, etc.,
etc., amènent des individus au sein des comités. Ce n'est pas une
consultation organique des groupes, encore une fois. C'est la reconnaissance au
niveau provincial, pour une liste définie, déterminée et
non pas indéfinie, de représentations vraiment selon le choix des
représentants des organismes dont il est question en occurrence. C'est
cela que nous appelons la représentation organique et non pas, si vous
voulez, une représentation d'individus, qui, si bons soient-ils
individuellement, ne sont pas pour autant des porte-parole des organismes.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que ça veut dire
à ce moment-là, que cette représentation organique doit
remplacer toutes les autres représentations ou que l'on doit avoir cette
accumulation de consultations?
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Seulement quelques observations au sujet de ce qui a
déjà été dit. Me Cournoyer a soulevé
l'argument de la légalité, du principe en vertu duquel celui qui
reçoit un pouvoir ne peut le déléguer à son tour.
Je dis que c'est un argument qui n'est pas insurmontable. De plus en plus, on
reconnaît à des organismes le pouvoir de déléguer
à d'autres organismes certains de leurs pouvoirs et, d'ailleurs, s'il
était absolument nécessaire, la loi pourrait être
modifiée. Je procéderais par analogie: Dans le cas de l'article
50 du code du travail qui défend d'enlever certains pouvoirs de renvoi
aux municipalités, on a trouvé toutes sortes de méthodes
pour que les pouvoirs de renvoi des municipalités soient
complètement soumis à la convention collective. Ceci montre que
dans notre droit il y a toujours une évolution. Je ne pense pas qu'il
faille s'attacher à des règles juridiques qui sont aptes à
être modifiées suivant l'évolution de la
société. Ce qui me frappe aussi, c'est qu'il me semble que dans
le domaine scolaire on est en retard sur le domaine hospitalier. Dans le
domaine hospitalier on reconnaît beaucoup plus que dans le domaine
scolaires en particulier par le jeu des bureaux médicaux
un pouvoir de codécision ou de cogestion dans certains domaines.
A écouter les parties, suivant les points de vue qui nous ont
été expliqués, je ne vois pas qu'il s'agisse ici d'un
problème qui ne puisse pas être réglé, si vraiment
les parties veulent s'asseoir sérieusement à la table des
négociations et s'entendre pour trouver une formule de compromis. Il me
semble qu'il n'y a rien dans tout cela qui fait qu'il est impossible
compte tenu des points de vue qui ont été exprimés tant
par vous que par les représentants de la partie syndicale que ces
choses-là ne puissent pas être réglées suivant une
formule que vous saurez développer. Je ne vois pas que les oppositions
soient tellement tranchées ou que vous soyez tellement
diamétralement opposés et que tout cela ne puisse pas être
négocié dans l'état actuel des choses.
M. LE PRESIDENT: M. Masse. Pardon, M. Dozols.
M. DOZOIS: Je voudrais demander à M.Leblanc, si les
comités prévus par ce projet de convention existent
présentement. On me dit qu'il en existe quelques-uns, mais très
peu.
M. LEBLANC: Aux conseils d'écoles et aux comités de
politique pédagogique à l'échelon de la commission, il en
existe un bon nombre. Dans les petites commissions scolaires, il va
de soi qu'il n'y en a pas beaucoup: cinq institutrices, six
institutrices, dix Institutrices. Mais, en général, dans les
régionales, par exemple et dans les grandes villes, dans les commissions
scolaires importantes, il existe des comités, soit des conseils
d'école, soit des conseils de commission ou soit les deux. A Chambly, on
les appellera « comités de l'administration pédagogique
» ailleurs, on les appellera « conseils pédagogiques
». Ils porteront divers noms, mais il en existe un bon nombre.
M. DOZOIS: C'est la première fois que, si la convention
collective est signée, vous auriez à la grandeur de la province
des comités dans toutes les commissions scolaires, du moins de
prévus, et dans toutes les écoles.
M. LEBLANC: Cela est certain.
M. DOZOIS: Est-ce que vous ne croyez pas, M. Leblanc, comme premier pas
dans cette direction, que c'est un excellent pas et que même si vous
n'atteignez pas la perfection du premier coup... C'est une convention qui ne
durera pas éternellement, elle existait depuis trois ans.
M. LEBLANC: Est-ce que Je peux vous répondre par une
question?
M. DOZOIS: Nous ne pouvons pas l'expérimenter?
M. LEBLANC: Est-ce que vous croyez, M. le Ministre, ...?
M. DOZOIS. Il me semble qu'il n'y a pas sujet à tourner tout le
pays à l'envers.
M. LEBLANC: II n'y aurait peut-être pas sujet de l'autre
côté, mais en n'ayant sujet ni l'un ni l'autre, on pourrait
régler quelque chose.
M. DOZOIS: Nous pourrions peut-être l'effacer.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous répondre?
M.LEBLANC: Je voudrais répondre par une question. Croyez-vous que
le fait d'étendre à toute la province ce que vous nous offrez
veuille faire disparaître ce qui existait en fait à certaines
places qui étalent plus avancées que cela? Doivent-elles le
perdre parce qu'on a voulu établir un système à l'ensemble
de la province?
M. DOZOIS: Nous instituons un système pour couvrir l'ensemble de
la province. Nous commençons par une formule qui peut être
expérimentée. Elle est sujette à être
améliorée graduellement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. MICHAUD: Le député d'Outremont parle de compromis
possible et ne voit pas tellement d'écart entre les positions de la
partie syndicale et de la partie patronale.
Je veux simplement, en 30 secondes, exprimer une réflexion qui me
vient à l'esprit. Dans ce problème de la consultation, qui semble
être le problème numéro 1, cela rejoint d'ailleurs le
problème des démocraties modernes, où le processus de
décision est liquéfié mais à des niveaux de paliers
de décision incommensurables, n'y aurait-il pas moyen, afin de
rapprocher les deux parties, de faire en sorte que vos exigences soient
beaucoup plus dures au niveau provincial, vos exigences de consultation et de
participation, quitte à jeter du lest au niveau local?
Car il est impensable de disséminer la décision sur un
éventail de réseaux et de paliers on a parlé de 400
niveaux de consultation cela me semble absolument inadmissible. Or, la
démocratie peut mourir par ses excès comme elle peut mourir,
aussi, par ses privations. Or, il y a parfois des excès de consultation
qui font que le processus démocratique ne fonctionne pas.
Il y a eu dans l'histoire de ces exemples. Je verrais très bien
que vos exigences soient revanchardes même au niveau provincial quitte
à jeter du lest au niveau local.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE : Juste un mot pour indiquer que cette philosophie est loin
d'être partagée par le gouvernement puisque simplement
l'établissement d'un certain nombre de comités consultatifs, sans
aucun pouvoir de codécision, n'est même pas accepté,
provincialement, sous prétexte qu'il existe des quantités de
comités créés par le ministère.
Deuxièmement, j'aimerais également ajouter que, quand on
dit qu'on étend la consultation à l'ensemble de la province, il
faudrait faire attention aussi de voir dans la réalité ce que
cela traduira.
Dans la commission scolaire où il y a cinq institutrices,
croyez-moi, on a beau étendre la consultation à travers la
province, il n'y aura pas de fort nombreux comités pour ces cinq
institutrices. C'est là où il y a des groupes im-
portants d'instituteurs qu'il existe déjà des
comités, de sorte que l'étendre pour les autres, cela ne veut pas
dire grand-chose de plus.
M. CARDINAL: Alors, pas de problème. M. LE PRESIDENT: Pas de
problème!
M. LALIBERTE: Mais grand Dieu, vous n'avez pas encore compris que le
problème qui nous sépare, c'est la codécision, ce n'est
pas la consultation.
DES VOIX: Ah!
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: M. le Président, je crois bien que le président
de la CEQ a nettement posé le problème.
Il est évident que les arguments de la légalité
à l'intérieur de la négociation collective dans le secteur
de l'enseignement sont des arguments qui existent sur le plan légal.
La table de négociations, patronale comme syndicale, a dû
négocier à l'intérieur des lois qui régissent le
Québec dans le domaine de l'éducation. Il est évident que
le Parlement est souverain en ces matières et peut changer toutes ses
lois, si le Parlement et si la société le désire. C'est
évident. Mais, d'autre part, tant que ces lois sont inchangées,
demander aux porte-parole syndical et patronal de signer une convention
collective qui, elle, serait illégale dans ce sens-là...
Par contre, le principe en jeu, étant donné que la loi
peut être changée de toute façon, c'est de savoir si, dans
le secteur particulier qui nous intéresse, celui de l'enseignement, la
codécision ou la cogestion, la codécision doit être
instaurée, à quel niveau et dans combien de domaines?
Ce qui sépare les deux parties, c'est nettement cette question de
principe. La partie des commissions scolaires et du gouvernement étend
à la province un système de participation des enseignants dans
l'élaboration des politiques et dans l'élaboration de la
décision. Elle étend ce système qui existait
jusqu'à maintenant dans certaines commissions scolaires à
l'ensemble des enseignants du Québec afin de faire en sorte que, selon
le principe initial de la convention collective, chaque enseignant ait des
droits identiques, peu importe où il enseigne dans le Québec.
M. le Président, est-ce que la codécision est possible?
Est-elle nécessaire. Est-elle utile dans le domaine de l'enseignement.
Il est évi- dent que, sur le plan parlementaire, la loi peut
décréter la codécision et la cogestion et la rendre
légale. Par contre, le problème posé par la partie
patronale, aussi bien les commissions scolaires que le gouvernement, est le
suivant: Les enseignants sont-ils les seuls à avoir une
responsabilité pédagogique dans le domaine de l'enseignement? A
cette question, nous avons depuis le départ répondu non et voici
pourquoi.
Nous croyons que l'enseignement appartient aux enseignants, aux
enseignés, aux administrateurs scolaires, aux administrateurs
pédagogiques, aux parents, aux contribuables et aux
députés. L'enseignement n'est pas, et ne peut pas être dans
notre esprit, le fruit d'une corporation quelle qu'elle soit qui prendrait une
décision, qui lierait le secteur de l'administration même de la
commission scolaire. Nous croyons, au contraire, pour le bien de
l'éducation, pour le bien de son évolution, à la
participation des groupes intéressés dans le secteur de
l'enseignement. Ces groupes intéressés, je les ai nommés
tout à l'heure. Nous ne croyons pas qu'il y ait des groupes qui doivent
être exclus du phénomène de construction de
l'éducation, aussi bien au niveau régional et au niveau local
qu'au niveau du Québec
Cet esprit qui a donné lieu à la création du
ministère de 1'éducation, cet esprit qui a donné lieu
à la création du Conseil supérieur de l'éducation,
cet esprit de participation de tous les éléments
intéressés à la construction de l'éducation, nous
avons voulu par cette convention collective le traduire à tous les
niveaux et pour tous les enseignants par le phénomène de la
consultation qui n'existait pas, et qui n'existe pas en beaucoup d'endroits en
dehors du Québec, de toute façon.
Ce que nous cherchons, c'est une convention du possible. Ce que nous
cherchons à conclure, c'est la convention d'aujourd'hui, convention qui
nécessairement sera améliorée, convention qui
nécessairement évoluera comme la société
évoluera, mais nous croyons, à ce moment-ci, qu'il y a des
groupes privilégiés en matière de consultation, les
enseignants, mais qu'il n'y a pas de groupes exclus, qu'il n'y a pas de groupes
de non participants dans le domaine de l'éducation, dans le secteur
pédagogique. Nous croyons encore à l'utilité des parents
dans le domaine de l'éducation, nous croyons encore à
l'utilité des administrateurs dans le domaine de l'éducation,
aussi bien au niveau des commissions scolaires, que des administrateurs
pédagogiques, les principaux d'écoles, les directeurs
généraux de la commission scolaire, les assistants, les chefs
de
discipline dans le domaine du français au niveau de la
régionale, les chefs de discipline en mathématiques, etc.
Le domaine de l'enseignement n'est pas composé que des
enseignants, il est composé de tous ceux qui ont une
responsabilité dans le secteur de l'enseignement.
Voilà pourquoi, M. le Président, ce qui sépare les
deux parties, ce n'est pas une terminologie, c'est une philosophie de
construction du mode d'éducation. A qui appartient l'éducation?
Nous avons répondu : Au plus grand nombre de gens possible. La
Corporation des enseignants répond: Aux enseignants.
J'aimerais maintenant, M. le Président, demander au
président des commissions scolaires du Québec de nous expliquer
le point de vue des administrateurs scolaires élus dans leur
région au point de vue de la responsabilité, de la façon
dont ces gens voient la participation des enseignants et du reste de la
population dans le secteur de l'enseignement.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre, président de la
Fédération des commissions scolaires du Québec.
M. LEFEBVRE; M. le Président, je pense qu'il y a eu beaucoup
d'explications de données à ce chapitre. Cependant, concernant la
cogestion ou la décision et non seulement la participation, la partie
syndicale a oublié de vous dire que ça fait nombre
d'années que les enseignants sont consultés. Ils sont
consultés à un point qu'ils ont presque toujours
décidé dans le système...
UNE VOIX: De choix.
M. LEFEBVRE: ...les manuels scolaires, les méthodes nouvelles ou
le matériel didactique.
Voici de quelle façon ça fonctionne. Au niveau d'une
commission scolaire, il y a normalement le directeur général ou
il y a le principal ou le coordonnateur de matières qui dirige les
enseignants, qui consulte les enseignants et les enseignants recommandent
et c'est bien que ça se fasse au coordonnateur ou au chef
de groupe ou au principal certaines méthodes ou de nouveaux manuels. Ces
nouveaux manuels ou nouvelles méthodes sont recommandés par le
principal ou le directeur pédagogique au niveau de la commission qui,
lui, recommande au commissaire d'écoles normalement l'achat de manuels
ou le choix de matériel didactique ou l'application de méthodes
nouvelles. Les commissaires d'écoles, à ce moment-là,
entourés de spécialistes, s'ils sont des administrateurs, ils
sont quand même responsables comme les ensei- gnants et peut-être
plus parce qu'ils représentent les parents ce sont les parents
qui sont les premiers responsables de l'éducation s'entourent de
spécialistes pour pouvoir juger ce qui est bon pour l'éducation
d'un milieu. Alors ils acceptent la recommandation ou les recommandations des
directeurs ou des principaux d'école dans une commission scolaire. Il
n'est peut-être pas marqué dans une convention collective qu'on
fait de la cogestion, ce n'est pas marqué d'obligation, mais ça
se fait. Cela se fait d'une façon tellement naturelle. Ce n'est pas le
changement des structures qui va faire que ce sera mieux ou meilleur, ce sont
tout simplement les personnes avec la bonne volonté qui sont dans le
système qui va faire que ça va bien fonctionner ou que ça
va mal fonctionner, Indépendamment de la structure. Si on ne veut pas
accepter le système, ça ne peut pas fonctionner, ça ne
peut pas.
Maintenant, comme commissaire d'écoles, je dois vous souligner
ici que, quand même, les commissaires d'écoles, dans la structure
scolaire du Québec, représentent les parents. Ils sont
élus et non nommés. Ils ne sont pas engagés et sont
responsables. Ils passent à l'élection comme tout le monde. M.
Laliberté a souligné qu'ils n'étaient peut-être pas
bons, j'espère qu'ils seront meilleurs demain.
Quand même, ce sont des citoyens du Québec et ces citoyens
sont élus par les mêmes personnes qui ont élu les
députés et ils sont élus également par des parents
qui sont instituteurs. En fait, c'est la population qui en a fait le choix. Le
rôle de l'administrateur scolaire, qui est le commissaire
d'écoles, c'est de voir à ce qu'il se donne, dans le milieu, la
meilleure éducation possible. Nous ne croyons pas pour cela qu'il faille
enlever aux commissaires d'écoles le pouvoir de gestion qui lui est
donné de droit.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Nous avons entendu des points de vue, enfin,
opposés en principe. Mais moi, j'aimerais savoir quelle est
l'expérience dans les commissions scolaires anglaises, parce que j'ai
entendu dire que l'harmonie existe plus à cet endroit-là qu'entre
ceux que nous avons entendus.
Do you understand the question?
M. LE PRESIDENT: Même si les pouvoirs sont les mêmes...
MR. CHOQUETTE: à think that the question is more or less settled
in principle in the english speaking groups.
M. GECI: Si vous me permettez, Je vais vous expliquer cela en
anglais...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous donner votre nom?
MR. GECI: John Geci, Provincial Association of Catholic Teachers.
Messieurs, co-decision as Mr. Jos Leblanc has explained it, has in our
english catholic system not been effected.
As a matter of fact, there is a gentleman sitting right in front of us,
the president of our corporation, and à hesitate to mention the name of
his school commission because a school commission might be illegal or might be
acting illegally. This gentleman beside me, the president, Mr. William Brier,
in english department, decides himself all texts for the Pointe-Claire School
Commission.
I would like to point out four other items. The tools of our trade, we
are asking for three simple things: texts, manuals and methods. These things we
use just as you use, gentlemen, books as lawyers, tools of your trade as
dentists, doctors. We, as teachers, use methods, we use books and we use
audio-visual aids.
Mr. Masse has mentioned that it is the parents rights also to have a
say. The parents have these rights. Mr. Lefebvre is the representative of the
parents. He is a school commissioner.
School commissioners sit on school boards. What we are asking for is
that school boards, in a parity committee with teachers, sit together and
decide together what texts, what books and what methods we should use. This, in
fact, is simply what we are asking for. If you deny these things to teachers in
the Province of Quebec, then you are denying an active individual, you are
denying and you are repressing an individual who will go into the classroom and
stimulate the children and the future of this province.
And gentlemen, if you do not accord co-decision in this particular
aspect of our professionalism, as individuals, they you are denying the
Province of Quebec a good future.
MR. LESAGE: But, Sir, if the commissioners, on one hand, and the
representatives of the teachers, on the other hand, do disagree and cannot
reach an agreement, who will decide?
MR. GECI: We feel that it is in the interest of both, the syndicate, the
teachers' representatives and the interest of the parents' representatives to
school commissioners to come to an agreement.
MR. LESAGE: Yes, but the example we have before us now, as far as we are
concerned, shows that it might be very difficult to reach an agreement.
MR. GECI: Well, it seems quite difficult, it seems illogical not to
reach an agreement.
MR. LESAGE : à agree with you, not only on this but on everything
we have before us.
MR. GECI: Definetely, this is why we have been at it for 22 months.
If, in fact, no agreement is reached, then we would suggest and
the powers of management still remain there that the process of possibly
going to arbitration or on text which of course...
MR. LESAGE: Who will arbitrate on the choice of a text book?
MR. GECI: This is what à am getting to. MR. LESAGE: The children
are in school.
MR. GECI: Well, in fact, the text books have been approved by the
Minister of Education. The lists are there and we can decide within these
lists.
M. MASSE: Si le syndicat et les représentants de la commission
scolaire ne s'entendent pas sur le choix du manuel scolaire prévu dans
la liste, est-ce que vous allez en arbitrage et avoir le résultat du
choix du manuel trois mois après le début...
M. GECI: Ce n'est pas nécessaire, monsieur.
M. MASSE: Alors, qu'est-ce qui va se produire, qui va
décider?
M. GECI: Là, je pense que vraiment peut-être la commission
scolaire...
M. MASSE: Bon, alors c'est le système qui est proposé.
MR. GECI: No. à still like to point out that the powers of this
co-decision have to be left there.
M. MASSE: Le système proposé, c'est que la commission
scolaire est obligée de consulter le comité conjoint
enseignants-commissaires d'écoles. Il ne faut pas croire que les
commissaires d'écoles vont systématiquement refuser
le rapport du comité. S'ils ont à le refuser puisqu'ils ne
s'entendent pas et puisque vous admettez que quelqu'un doit quand même
prendre la décision, la commission scolaire devra justifier sa
décision.
MR. GECI: But not necessarily.
M. MASSE: On ne peut pas faire une grève sur le choix d'un manuel
scolaire dans une commission scolaire locale.
MR. GECI: à beg to differ, Mr. Minister, but this is where we are
right now because we don't have this power. You suggest that, but the power has
to remain with the school board. Why, in fact, do we give this power to a
school board? You were not even suggesting to give this power to a school board
to come to an agreement with teachers.
M. LE PRESIDENT. Il est six heures, messieurs, nous allons ajourner
à huit heures.
Reprise de la séance à 20 h 2
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): Est-ce que nous devons comprendre que, sur
le chapitre de la consultation, il n'y a personne d'autre qui veut prendre la
parole, M. Laliberté? M. Bréier?
MR. BREIER: William Breier, on behalf of the Provincial Association of
Catholic Teachers. Actually à don't want to speak, Mr. Minister, as a
syndical person or a corporation person,
I want to speak of the issue of co-power decision, as a teacher.
How would it work? How do things go now? Now, à am a teacher and
à am a practicing teacher and à should be home tomorrow teaching
and à won't be, à am afraid. May à explain to the members
what we really are getting at as à see it as a teacher?
First of all, à don't see it that we are claiming a power which
is now in the hands of management (and to management, it seems, it should
reside there). What à am saying is this: We look to co-decision as a
matter of reform rather than as a means of upsetting the balance of power in a
school. It actually seems to me a matter for teachers who will actually be
using these instruments of their business, books, audio-visual aids and
methods. It looks to me that the right of merely making recommendations about
what should happen and therefore, the responsibility is back where it has been
and not much is done. It looks to me that we have been a long time in a
consultative position and not much reform does take place because we can
recommend something and, simply having recommended it, wash our hands of it. We
are looking for a burden, a responsibility which so far management, busy as
they are, involved in countless problems has not been able to do very well.
When you talk about management making decisions, you are talking factually of a
school, of a commission of two or three people who have all kinds of things to
concern themselves with and to these poor souls we pass the powers, the
responsibilities of making choice.
If they consult us, we can always say it was their decision, not ours.
We can shift the blame. However, if we ask for a burden of responsibility,
claim our competence, then we, like any responsible person, will make very much
more sure than we used to make sure that we made a good decision because we are
stuck with it and we cannot blame anybody else than ourselves.
Management is in this position and we should
be there too. Now, obligatory consultation is offered by « partie
patronale ». It seems to me as a teacher that obligatory consultation is
the same as consultation except that obligatory consultation will happen more
often and to no greater benefit. It does not change in character merely in
frequency. And more of what we have now is just not good enough. It does not
work so awfully well, more of it will not work any better. In fact, the more a
thing is tried, you can imagine the least benefit it will have.
Now look at us this way, please if people who happen to be
a management and people who happen to be practicing teachers are given the task
of making a choice, you are thereby enlisting, making yourself a more able, a
more expert, a more diversified and, à am sure, a more efficient body or
people than mere management types or mere teacher types.
If three or four people, one or two, half a dozen, any number, all
management people have to be responsible for every decision in these regards
and à can tell you they feel less and less able to exercise
responsibility in these regards now and if they have to do it now, go on
doing that, then we will have more of what we have now slow reform delayed
decision, timidity and general dissatisfaction.
We are then claiming a responsibility. We ask to have a responsibility
which binds us in those areas, in those matters which affect us most closely:
our books, our audio-visual aids, which are very complicated, which change from
day to day innerly, in complexity and variety, and our means or methods of
teaching.
A management supplies people to make decisions. The syndicate also
supplies people to make these decisions. And as the committee, they have to get
a solution. And Mr. Lesage's question was: What happens if there is an impasse?
What does the group do? What is the final resort?
I will say to you, Mr. Lesage, and anybody here, that what will happen
is what happens in any group, never mind its composition when it is faced with
the problem of making the decision.
They come to a point and it's there and they cannot go further, it
seems. So they stop, to give it a rest! They refer the matter to other
competent opinion. They re-examine the thing again. Eventually they cannot pass
the buck. That is just too easy. We do it now all the time. They have the balk,
the balk stops there and they will eventually make a decision.
In the meantime, they simply go on with what is being done now. This
machine, that material, these text books, so business goes on with what they
have, in my own experience, where there has been what you might call an
approximation of co-decision, the teachers who are asked to supply their
talents, their brains, their backgrounds and so forth are delighted to be
consulted, if it is meaningful? And reform can be very rapid, and we have got a
long way to catch up. à speak of a situation in my own bally wick where
a certain time came last summer when there was still time to make decision
which would involve a great deal of work. I asked personnaly if à could
share the responsibility with my superiors. If à offer the plan, if
à made some choices, if à made recommendations, would you look at
them? Could we work together, management, you and I? And the people à
would consult who work in my department?
I said: « Let us try this. A few weeks from now, it can be too
late. » So we seized the opportunity of being people involved in
co-decision, and by George, we did a heck of a lot. We made some mistakes, you
see, but now à have got to live with these mistakes and the teachers who
work with me live with these mistakes, and we will reform those mistakes.
If we had waited then for the poor souls, as
I mentioned before, who have to make more decisions, and no time, and no
means overwhelmed as they are, and they are generaly overwhelmed in management
anywhere, any business, we would not yet have begun the reform of English
teaching as a first language. You see? This is how à look at it as a
teacher. Not as a power play, forget the syndical aspect, ignore the fact that
management feels uncomfortable loosing some of this power, they are really
sharing it, and we accept a share in that burden.
I thank you very much, Mr. Minister.
MR. THE PRESIDENT: Thank you.
MR. LESAGE : à am not worried about management loosing some of
its power of decision.
I am worried about the efficiency of any co-decision.
Any decision that has to be taken without any superior authority, who
will, at a given moment, take the decision if there is an impasse, as you said?
à know that the pressure will be there, you treat it very well and
à followed you very closely. But suppose that a change is absolutely
necessary and that the representative of the teachers and the school
commissioners do disagree greatly, fundamentally and finally, this complete and
final...
MR. BREIER: Impasse?
MR. LESAGE: ... disagreement, which is an impasse of course. à do
not believe that it goes for efficiency. à do not believe that it is to
the advantage, on first sight anyway, of the children or the pupils that such a
state of affairs should be allowed to prevail.
MR. BREIER: Mr. Lesage we are risking then the prospect of an impasse
occurring in some cases, we are balancing that with the general slowness of
reform, a kind of stalemate which is the situation now. Simply because the
means of decision are so restricted to a number of management people who do
not, as a matter of fact, make these decisions. à am speaking about a
matter of facts. à simply anticipate (I think with knowledge and
background), that this new regime of co-decision as being, in spite of its
prospect of impasse on occasion as being on balance clearly a
better system of moving education ahead. à am very concerned with that
as a teacher as a better than what we have now. What we have now could not be
very much worse.
MR. LESAGE: You say that what you have now could not be very much worse.
Do you sincerely believe that your opinions à am speaking of the
teachers, generally are not listened to, are not waited? When you are
consulted I suppose you are ...
MR. BREIER: Yes, à have been consulted for the last fifteen
years...
MR. LESAGE: Well, alright then.
MR. BREIER: ... not a great deal has happened you see, because that sort
of consultation does not lead to action. à have seen also consultation
over and over again. Teachers are consulted on textbooks and they make a choice
but, you see, because you have no real responsibility in the matter you are
consulted... what sort of a choice, what sort of energy do you put into it on
that basis? Because you know no matter what you say it has really nothing to do
with you and they are going to choose what they want anyhow.
MR. LESAGE: Well, are you sure that whatever the opinion of those who
are using the tools, it is not really given weight...
M. BREIER: Yes.
MR. LESAGE: ... by those who now have the power of decision?
MR. BREIER: Often enough, not sufficient weight. Often enough, à
think the teachers generally in the province would agree to that, and à
unqualifiedly indicate to you that this is the generality. It is is given
weightiness, Mr. Lesage, the decisions come so very slowly because there is not
enough energy, you might say. The opinion, the decision is not broadly enough
based to make it really urgent.
M. LE PRESIDENT; Avez-vous terminé?
M. Laliberté, voulez-vous me permettre. M. Tilley, President of
the Quebec Protestant School Boards voudrait intervenir. Mr. Tilley.
M. TILLEY: M. le Président, je voudrais répondre aux
questions cet après-midi, posées par M. Choquette. Si vous me
permettez, je répondrai en anglais.
I am Mr. Tilley, the president of the Quebec Association Protestant
School Boards and à also happen to be the vice-chairman of the
Protestant School Board of Greater Montreal.
As such, à would like to give the experience and the position of
the Protestant Board in this matter of consultation.
First, may à say that consultation with teachers is not new to
us. The curriculum council in which Montreal Protestant teachers sit goes back
over twenty years. Many other boards have this in similar committees in which
teachers' advice is socked. à would say that no textbook is authorized
certainly in Montreal schools without prior consultation with teachers.
I would like to be a little personal and deal particularly with my own
board, the Protestant School Board of Greater Montreal, for we have had for
almost two years the type of consultation which has been claimed by the «
partie patronale ». We have school councils such as proposed in the
« partie patronale » offer in all of our schools.
To answer Mr. Choquette's specifically. Some of them works extremely
well. Some of them hardly work at all. But on average and taking overall we
believe that they have been a benefit.
Secondly, we have at board level, party committees on numerous matters
such as curriculum, professional relations and classifications. These have
functioned well and they are continuing to function this year, despite the fact
that there is no requirement in any collective agreement for us to
continue.
This has been either what à think is the real norm of the matter
because à don't really believe that it matters what words are used in
the con-
tract. à think what matters is the spirit of both, the boards and
the teachers, and consultation will only work if both boards and teachers go
into it with the proper spirit.
We have had consultation for years. It has never been formalized. It is
therefore no shock to us to have if formalized in the « partie patronale
» offer. It does raise the level of consultation slightly in the case of
our teachers. It does spell out that we must consult. Actually we have not had
a case such as the case worrying Mr. Lesage where we could not solve our
problems mutually. But, à would say, in answer to Mr. Choquette's
question and also to Mr. Lesage, that the board has always kept the right of
final decision, but we have always been able to resolve our difficulties.
We have, under the patronal offer, of course, kept the right, but we
have gone one step beyond what we are now doing in offering to advise the
parity committees in writing, when we disagree with the recommendation of the
parity committee and stating the reason for our disagreement.
School management seems to me different from business management and
à actually have been in both. School managing involves and will involve
more than teachers. There is no question that school boys must seek and accept
on occasions the advice of their administrators, must consult, and à
believe should consult parents, and finally, and à say this very
seriously, in a not too distant future, we will be under very great pressure to
consult students.
I would disagree with the last speaker when he said that there has been
no too consultation with teachers because à believe that, on the
protestant side, certainly In my own board, it has worked reasonably well.
MR. PRESIDENT: Thank you. The member for D'Arcy-McGee.
MR. GOLDBLOOM: Mr. Breier, à would like to put a rather blunt
question to you and à want to preface it by some remarks. à
think, to begin with, that the fact that things may go well in some school
boards in the province does not mean by a long shot that they are going well in
all school boards in the province. Now, we are involved in something which we
are trying to solve on a province-wide basis, and we cannot simply take it for
granted that what is going well in one school board will become contagious and
spread to others. The teachers have expressed their dissatisfaction to the
extent that they want things set down so that all school boards will function
as well as those which are doing well at the present time. That is the first
thing à want to say.
The second thing is that we are talking about three things which
represent perhaps three different levels of relationship. We have been talking
about consultation, we have been talking about co-decision, and we have touched
on the subject of co-gestion or co-administration.
So far, we have been taking certain examples of what is at issue. We
have been talking about texts and techniques and audio-visual aids. My blunt
question is this: Negotiation is much like a chess game and you have to
anticipate future moves as you go along. For those of us who are involved with
the legislative responsibility, we should like to have some idea of future
moves. Are the consultation and the co-decision which are being asked for now
to be followed by a demand for co-administration? Is what is being asked for
presently in terms of textbooks and techniques and audio-visual aids to be
followed by demands for other things to be brought into co-decision and
eventually co-administration?
MR. BREIER: Now as we go there, as what to the French where you want
that sort of things? Is this going to escalate into further and further larger
demands?
MR. GOLDBLOOM: This is what à asked.
MR. BREIER: That is your question. The answer is very blunt, à do
not know what is going to happen after this row is over in this round.
Lately, there will be further demands. Lately, there will be. Of this,
we should not be ashamed because it may seem to us, in honesty, that the next
thing is some measure or other of co-management. But à think your
question about what we are going to ask for the contract from 1971 to 1974 is
not a very helpful question right now.
MR. GOLDBLOOM: It is not a very helpful question in those terms in which
you answer It. But à think that it helps us to have a picture of what is
the real desire of teachers, how they see their role in the structure of the
schools, if they see their role as co-administrators, co-managers, then let us
know about it now so that we can envisage this whole system as we go along.
MR. BREIER: Alright.
MR. GOLDBLOOM: Let us not be stuck with this kind of conflict, every
couple of years. We had Bill 25 of unfortunate memory, and we have this
situation now which has been dragging for 22 months. Let us see if we can get
at the root of what we are talking about, so that we will not be back here 22
months from now.
MR. BREIER: Very frankly, Doctor, à do not have any intimation
that teachers are thinking about he next demand. We look upon this demand as
the appropriate to this day and this age. We think it highly reasonable now.
à have no grass routes, knowledge of further demands in the outing or
the teachers, like the natives, are restless. We just have this as being
something we cherish very much as a prospect. But the future holes, à do
not know. If à was a little bit rude to your question,...
MR. GOLDBLOOM: No, you were not.
MR. BREIER: ... à hope not. This seemed so reasonable to us, you
see, and we therefore ask for it.
M. LE PRESIDENT: M. le député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais, avec votre permission, M. le Président,
demander à M. Laliberté...
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté avait demandé la parole
tantôt.
M. GOLDBLOOM: Oui, s'il voulait commenter la question que j'ai
posée.
M. LALIBERTE: Je n'ai pas beaucoup à ajouter au sujet de ce qu'a
dit M. Breier. C'est comme si on vous demandait à vous, les
députés, de nous dire: Où allez-vous placer la limite de
la hausse des taxes?
Aujourd'hui, vous n'êtes pas capable de nous dire où vous
allez la placer en 1971, 1972 ou 1975. Vous allez nous répondre, avec
sûrement de bonnes raisons, que pour les besoins actuels, vous pensez
qu'il faut la placer à tel niveau et que cela semble répondre
à vos besoins. Mais dans cinq ans, dans deux ans ou dans trois ans, vous
ne le savez pas à l'avance où elle sera, a moins d'avoir une
planification extrêmement bien découpée sur plusieurs
années. Vous ne le savez pas à l'avance.
C'est la même chose pour nous. Ce qu'implique votre question, M.
le député, ce qu'elle implique foncièrement, c'est que
vous nous dites: Dévoilez-nous donc vos batteries tout de suite. Mais
nos batteries, elles ne sont pas forcément, comme ça,
établies à l'avance, de façon nette.
N'oubliez pas que nous représentons un groupe de gens. Il ne
s'agit pas ici de deux, trois ou cinq personnes qui se sont concertées
et qui ont décidé, un jour, qu'on allait demander doréna-
vant la codécislon. Les demandes vont répondre aux besoins des
gens au fur et à mesure que ces besoins s'exprimeront.
Je suis absolument incapable de dire où est la limite, exactement
comme vous n'êtes pas capable de nous dire où est la limite dans
la hausse des taxes, ou encore où est la limite dans le type de routes
que vous allez construire ou encore où est la limite dans le type de
législation que vous passez en n'importe quel domaine.
C'est une question aussi théorique que celle-là.
J'aimerais, finalement, essayer de désamorcer un peu cette crainte qui
existe, je pense, vis-à-vis de la notion même de la
codécision.
Est-ce que vous avez réalisé que nous sommes dans la
codécision depuis bien longtemps? Pour tout ce qui s'appelle convention
collective, au point de départ, il s'agit de sujets
codécidés. La convention collective comme telle, c'est toujours
une décision de deux organismes, sauf des cas exceptionnels où il
y a une imposition quelconque, mais à part cela c'est la décision
de deux groupes en présence. Tout ce que contient une convention
collective qui fait l'accord de deux parties, ne nous y trompons pas, c'est de
la codécision. La notion même de codécision existe depuis
le jour où il existe des ententes entre les parties, quelles que soient
ces parties-là. Un contrat, c'est un élément de
codécision, même un contrat civil. C'est exactement la même
situation sauf qu'ici nous élargissons graduellement les cadres de la
convention collective traditionnelle pour la faire pénétrer dans
des domaines qui sont de l'ordre de la vie pédagogique de
l'école. C'est à peu près tout ce qu'il y a de neuf dans
nos demandes, à part cela il n'y en a pas. Le principe est là
depuis bien longtemps.
M. GOLDBLOOM: M. Laliberté, clairement, je ne vous demanderais
pas de dévoiler ce que serait votre stratégie à
l'avenir.
M. LALIBERTE: Mais nous n'en avons pas, justement.
M. GOLDBLOOM: Mais la question fondamentale est la définition du
rôle de l'enseignant dans l'école, sur laquelle définition
vous vous penchez depuis très longtemps. Est-ce que ce rôle est
celui de décider conjointement, de participer à une
décision conjointe ou est-ce qu'il est conçu dans votre esprit
comme un rôle de gérer conjointement avec ceux qui
présentement s'occupent de l'administration?
M. LALIBERTE: Oui, mais vous reposez la
même question, M. le député. Il n'y a pas si
longtemps, l'Etat, c'était le roi. Il avait des conseillers autour de
lui, qu'il consultait. Ensuite il est venu des étapes où le roi
s'obligeait à consulter ses conseillers et enfin nous avons abouti
à la démocratie où c'est un groupe de gens qui prennent
les décisions collectivement. Comment pouvez-vous me demander
aujourd'hui quel est exactement l'avenir de l'évolution dans le domaine
de la codécision? Je ne le sais absolument pas» Je ne suis pas
capable de le définir.
M. LE PRESIDENT: Mes chers collègues avant de clore ce chapitre
sur la consultation, car il semble que les collègues ont reçu les
explications qu'ils désiraient nous pourrions entendre le
représentant de l'Association des instituteurs protestants.
MR. RICHARDSON: M. John Richardson, chief negociator, Provincial
Association of Protestant teachers. à think there is a great concern
expressed by the gentlemen, that the teachers want to run everything. à
want to assure them that we do not seek to run a school system. We only believe
that we should be involved in those areas within our professionel competence
and those are the areas that M. Laliberté and M. Leblanc have already
outlined for you. With reference to what Mr. Telly said, we have found in our
experience that the school board members by and large, have accepted the fact
that we, the teachers, are the professionnals. They have accepted the fact that
they have been entrusted by the Government, by the people with the running of
the school system but they have relied on the teachers to decide how the
pedagogic side of things is to be run. It is our opinion then, to a very great
extent, it is a matter of faith between the boards and the teachers.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, étant donné que nous venons de
terminer le chapitre 4, est-ce qu'il y a des problèmes avant le chapitre
3? Chapitre 3: Prérogatives syndicales. Nous pourrions aborder
celui-là s'il y a des problèmes importants.
Après quoi nous pourrons, avec le consentement des membres de la
commission et des représentants, aborder ce problème, qui semble
très important, de la charge de travail; mais auparavant:
prérogatives syndicales.
M. LEBLANC: M. le Président, avant de parler de
prérogatives syndicales, j'aimerais parler du chapitre 2 de la
convention collective puisqu'on a insisté, cet après-midi, pour
que je revienne à l'ordre des chapitres. Alors je reviens au chapitre
qui s'intitule: « Champ d'application de la présente convention.
»
Dans le champ d'application de la présente convention, le premier
paragraphe du texte patronal, à l'article 2 - 1.00 ne nous semble pas
suffisamment complet pour qu'il nous donne toute la sécurité
voulue.
Dans la première phrase de ce texte, on dit ceci: « La
présente convention s'applique à tous les instituteurs
employés directement par la commission pour enseigner aux
élèves des classes maternelles, des classes de niveau
élémentaire et des classes de niveau secondaire. »
D'abord, vous remarquerez qu'il y a les mots, « employés
directement »; il est acceptable dans ce paragraphe, mais il affecte un
paragraphe sur lequel, tout à l'heure, nous allons avoir des objections
assez formelles. Dans cette phrase, l'expression « classes de niveau
secondaire » ne nous rassure pas parce que nous ne sommes pas sûrs
que dans les définitions du ministère, le secondaire ne se
termine pas à la onzième année et qu'en
conséquence, le secondaire 5, le collégial 1 et 2, la
douzième spéciale commerciale ou la douzième commerciale,
le CPES, etc., sont compris dans l'expression « classes de niveau
secondaire. » On nous a déjà dit que s'il ne manquait que
cela, on le mettrait, mais je constate que cela n'y est pas encore et, pour
nous, c'est extrêmement important.
Le deuxième point sur lequel je voudrais attirer l'attention. Le
texte patronal ne parle pas du tout des contrats à forfait ni des
contrats avec des institutions associées que les commissions scolaires
passent en pratique.
Nous avions, dans notre demande, une clause qui devait stipuler sur ces
contrats à forfait et sur les contrats avec les institutions
associées vous comprendrez que cela peut avoir, pour nous, des
implications assez graves que si une commission scolaire qui a six ou
sept professeurs de culture physique, par exemple, décide de ne plus
donner elle-même la culture physique et de passer un contrat avec une
maison de culture physique, eh bien, nous venons d'avoir six ou sept
professeurs qui, peut-être, seront remerciés pour surplus de
personnel, ce à quoi nous sommes fort loin d'être
intéressés.
C'est la même chose pour les commissions scolaires qui, à
un moment donné, passent des contrats avec certaines institutions
associées, que ce soient des collèges classiques ou toute autre
institution, et qui font donner leurs cours, qui confient leurs
élèves à ces maisons, qui paient pour ces
élèves souvent plus cher que cela leur coûterait dans leur
propre commission sco-
laire et, ainsi, nous risquerions de voir congédier du
personnel.
Alors, nous avions pensé les couvrir. Nous avons
suggéré, pendant les négociations au moins, notre
participation à l'élaboration de ces contrats ou d'arriver
à ce que la commission passe des contrats à forfait ou des
contrats avec des institutions associées et ne vienne pas causer
préjudice à nos membres.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, ces problèmes ont été
abordés à la table de négociations.
M. LEBLANC: Oui, nous avons refusé de mettre quoi que ce soit
à jour et nous croyons qu'il devrait y avoir quelque chose de
stipulé là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Un instant, est-ce que vous avez terminé au
chapitre 2?
M. LEBLANC: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer voudrait vous répondre sur le
même point.
M. COURNOYER: Particulièrement, M. le Président, sur le
point des institutions associées et contrats à forfait. Encore
une fois, je me dois d'avoir ma qualité d'avocat, je ne peux pas comme
pédagogue. Moi, je considère que c'est une qualité.
M. CHOQUETTE: Parfois un défaut... une déformation
professionnelle.
M. COURNOYER: Mon problème est d'abord d'avoir à invoquer
la loi et de dire: Voici, la loi est là, elle existe pour tout le monde,
tous les citoyens. Le législateur qui a passé le bill 54, le Code
du travail, a prévu qu'à un moment donné certains
individus pouvaient souffrir d'une concession ou d'une aliénation totale
ou partielle d'une entreprise par le fait d'une décision de l'entreprise
de confier à un tiers ou à une organisation tierce une partie de
l'entreprise.
Or, nous considérons, de notre côté, que l'article
36 du code du travail prévoit certaines conditions dans les formes de
sous-contrats ou de location de services d'une entreprise quelconque pour
prendre une partie de l'entreprise des commissions scolaires, et qu'à ce
point de vue, l'article 36, règle à toutes fins pratiques, le
problème que nous avons ici dans les institutions associées ou
les autres corps. L'article 36 est un article de loi; il protège, et les
syndicats et les syndiqués, semble-t-il. Pour nous, il est une
réponse satisfaisante. Nous n'avons pas besoin de négocier cette
partie dans une convention collective.
Est-ce que je dois répéter l'article 36? L'article 36 est
l'aliénation ou la concession totale ou partielle d'une entreprise
autrement que par vente en justice n'invalide aucun certificat émis par
la commission, aucune convention collective, ni aucune procédure en vue
de l'obtention d'un certificat ou de la conclusion de l'exécution d'une
convention collective, sans égard à la division, à la
fusion ou au changement de structures juridiques de l'entreprise d'un nouvel
employeur, concessionnaire ou celui qui a le contrat pour dispenser telle forme
d'enseignement et lier par le certificat et la convention collective comme s'il
y était nommé et devenir par le fait même à toute
procédure s'y rapportant au lieu et place de l'employeur
précédent.
Cet article n'a jamais été interprété encore
comme prohibant le sous-contrat, mais comme rendant le sous-contrat plus
difficile étant donné que les conditions de la convention
collective du principal sont applicables à celui qui loue ses services
ou loue en groupe les services d'un groupe de personnes à la commission
scolaire. Et ceci ne s'applique pas seulement aux entreprises, mais par
interprétation aux commissions scolaires que je représente.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Après quoi, M. Laliberté aura la
parole.
M. CARDINAL: Je fais une intervention que je voudrais positive. Il y a
deux choses qui viennent d'être mentionnées, la première
était la question des niveaux. M. Leblanc lui-même a parlé
du secondaire V. Le secondaire V, c'est évident, est le secondaire. Il
faut expliquer cela. Je pense que les enseignants le savent autant que le
ministre de l'Education. A partir d'un système où il y a sept ans
à l'élémentaire, plus cinq ans de secondaire qui est la
situation d'où nous partons, nous terminons avec une 12e année.
Au fur et à mesure que s'établit la réforme des structures
et que l'élémentaire est de six ans et le secondaire de cinq ans,
c'est une onzième année qui termine le secondaire.
Qu'on parle de CPES qui est une période de transition, qu'on
parle de secondaire V, tout ceci se résume simplement en un seul mot:
pen-
dant la période de transition, le secondaire se termine au seuil
du CEGEP. Il y a certainement moyen et je pense à ceux qui
négocient à la table de trouver une phrase ou une
énumération qui couvre tout ceci sans que l'on voie des
difficultés dans un système qui évolue et où,
très clairement, le secondaire se termine avant le collégial et
où les mots mêmes que l'on emploie décrivent bien la
situation.
Je ne vois vraiment pas là une difficulté insurmontable,
je pense qu'il suffirait de trois minutes de rédaction pour que ce
problème-là disparaisse du cahier des difficultés dans les
négociations.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: Nous en prenons note, M. le Président. C'est un des
points sur lequel il n'y a pas eu d'accord jusqu'ici. Nous ne le
considérons pas évidemment comme étant le point
d'accrochage par excellence.
M. LE PRESIDENT: Non, je ne le crois pas.
M. LALIBERTE: Nous prenons note de la réponse du ministre de
l'Education. Sans doute, que, lors de prochaines rencontres entre les parties
il y aura moyen de régler cette liste à laquelle il a
été fait référence. J'aimerais simplement et
très rapidement, parce que nous ne voulons passer beaucoup de temps sur
ce chapi-tre-là, reprendre à l'article 36 du code du travail
l'argumentation de Me Cournoyer qui a de la valeur sans aucun doute. Nos
recherches nous démontrent que la jurisprudence à cet effet est
très diversifiée, car il y a des sentences où des
décisions vont dans les deux sens. Or, nous ne pouvons pas nous appuyer
seulement sur la jurisprudence qui fait notre affaire, puisque, d'un autre
côté, d'autres pourraient utiliser la jurisprudence qui fait leur
affaire. Il vaut mieux, dans ces circonstances, le clarifier dans un texte
après entente entre les parties.En outre, j'aimerais préciser
que, dans le code du travail, à l'article 2... c'est tellement peu
sûr l'article 36 qu'à l'article 2 le législateur
lui-même, dans le cas des concessionnaires forestiers, a senti le besoin
de le dire spécifiquement dans le même code du travail, le bill
54. Ce qui prouve tout simplement qu'il vaut beaucoup mieux sans doute, si
l'intention est la même des deux côtés, l'écrire de
façon bien nette pour éviter des difficultés.
M. LE PRESIDENT. Il s'agit d'une interprétation de l'article 36.
Peut-on passer au chapitre 3?
M. COURNOYER: M. le Président, juste avant, je dois dire que,
dans les institutions associées, il y a aussi des syndicats
affiliés à un autre organisme que la CEQ, ce qui rend encore plus
difficile, pour nous, l'application intégrale de la convention
collective ici.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, chapitre 3. M. LEBLANC: Non, j'ai deux
autres points. M. LE PRESIDENT: Deux autres points.
M. LEBLANC: J'ai comme autres points aussi l'éducation aux
adultes. Nous avons prétendu tout au cours de ces négociations,
et nous le prétendons encore, que l'éducation aux adultes,
à toutes fins pratiques, est exercée par les commissions
scolaires. Dans le document 21 du ministère de l'Education, document
préliminaire évidemment, il semble que le conseiller en
éducation permanente fasse partie de la ligne d'autorité et soit
sous la juridiction du directeur des services de l'enseignement, du directeur
général adjoint. En conséquence, à toutes fins
pratiques, les professeurs qui exercent dans l'éducation des adultes,
dans le domaine de l'éducation permanente, sont employés et
le directeur et les professeurs par les commissions scolaires. Notre
première intention était de les inclure carrément. Nous
avons ensuite manifesté le désir à la table des
négociations qu'il serait possible, au moins, de prévoir des
stipulations dans la convention collective sur l'éducation permanente.
On nous a parlé de loi qui n'était pas encore modifiée,
mais qui avait des chances de l'être dans ce sens-là, en nous
disant qu'il était fort possible que le ministère ou que le
gouvernement confie l'éducation permanente, au niveau
élémentaire ou secondaire, aux institutions qui donnent
normalement l'éducation à ces niveaux-là.
Je me permets de traiter du dernier point, le champ d'application. Nous
protégeons présentement dans nos conventions collectives 40% des
bibliothécaires enseignants et près de 20% des
bibliothécaires non enseignants.
On nous refuse d'inclure les bibliothécaires par cette
présente convention collective. Nous maintenons toujours notre demande
au fait de les inclure dans le champ d'application pour que la présente
convention collective s'applique à eux.
Pour la PAPT et pour la PACT, comme ces gens-là sont
ordinairement des enseignants, nous demandons, dans le champ d'application, que
la présente convention s'applique aux membres du personnel
d'orientation. A la CEQ, nous ne de-
mandons pas cela parce qu'évidemment il y a un syndicat des
membres du personnel de l'orientation. Ils sont en train de négocier
leur propre convention collective. Ceux qui appartiennent et qui sont les
membres des deux autres corporations, soit PAPT et PACT tiennent à les
intégrer puisque dans leur secteur, ce sont des gens qui, effectivement,
sont des enseignants.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal.
M. CARDINAL: Encore une fois, vous me permettrez d'intervenir pour
apporter une précision. Il ne s'agit pas du tout d'entrer sur le fond de
la négociation. M. Leblanc vient lui-même de le dire. Il s'agit
peut-être d'une loi, etc. Mais il y a un fait très précis,
il y en a même deux. D'abord, on sait qu'il y a deux sentences arbitrales
qui viennent d'être rendues, il y a peu de temps, l'une à la
régionale de la Mauricie, l'autre à la régionale des Monts
qui ne reconnaissent pas actuellement juridiction aux commissions scolaires sur
l'éducation des adultes mais, par conséquent, par voie indirecte,
au ministère de l'Education.
Il y a un deuxième fait qui est très précis. De
fait, il découle du premier ou enfin le premier découle du
deuxième. Ce qui n'est pas encore à niveau, c'est qu'il y ait un
champ d'enseignement qui ne relève pas du pouvoir de taxation des
commissions scolaires. Le prix de cet enseignement vient d'autres sources. Et
l'on sait qu'il y a d'abord un accord avec le fédéral où
la loi doit être changée. Elle ne l'a pas encore
été. C'est une chose qui se discute d'ailleurs même au
niveau du conseil des ministres de l'Education du Canada.
Par conséquent, il ne s'agit pas ici d'une volonté du
ministre délégué, ou du ministère de l'Education de
ne pas reconnaître une demande. Mais, il faut bien se rendre compte de la
situation telle qu'elle existe. Lorsque l'on parle de lois qui ne sont pas
encore modifiées, M. La-liberté l'a mentionné
lui-même ce matin, il y a au moins deux projets de loi qui, à la
demande même de la CEQ, ont été déposés et
dont l'étude n'a pas été poursuivie en deuxième et
troisième lectures.
Même s'il y avait cette modification, il y aurait encore ce
deuxième problème qui existerait. Alors, ici il faut se rendre
compte que nous ne sommes pas dans un champ ordinaire de juridiction des
commissions scolaires pour les deux raisons que j'ai indiquées.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: Oui, pour votre informa- tion, nous en connaissons un, le
bill 44, et le deuxième, c'est lequel?
M. CARDINAL: J'avoue, il me semble qu'il y en avait un deuxième.
Je n'ai pas la précision avec moi. Il y a certainement le bill 44. Je
suis d'accord. Mais, il me semble qu'il y a un deuxième projet dont nous
avions déjà discuté. Cela serait à vérifier.
Je ne m'avance pas trop sur ce terrain parce que je n'ai pas le détail
avec moi, ce soir. J'aurais, vous comme moi, à vérifier.
M. LALIBERTE: A l'époque, il y avait le bill 43 aussi, mais il
est passé.
M. CARDINAL: Oui, celui-ci est adopté.
M. LALIBERTE: II est passé au mois de juin. Le bill 44 a
été retenu sauf qu'il ne traite pas du tout de l'éducation
permanente et...
M. CARDINAL: Non, c'est exact
M. LALIBERTE: ... et les sentences arbitrales auxquelles fait
référence M. le ministre, nous en sommes fort aise, puisque
à l'occasion nous aussi nous voulons que soient respectées les
sentences arbitrales.
M. CARDINAL: Mais vous admettez justement que ces deux sentences ont
été rendues et créent une situation
particulière.
M. LALIBERTE: Les deux ne sont pas identiques, mais entrer dans les
détails de cela, je pense que cela ferait dévier un débat
principal. Mais les deux, vous vérifierez comme il faut, ne sont pas
identiques. L'une porte sur le fond et l'autre porte sur un détail
technique exclusivement. Elle ne régit pas du tout le fond. Je parle de
la deuxième à Des Monts.
M. CARDINAL; Oui, d'accord, mais j'ai mentionné au début,
justement, que je n'entrais pas dans le fond de la question. Alors je pense que
sous les apparences, nous nous entendons quand même. Je pense qu'il
faudrait admettre la difficulté.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, avez-vous terminé?
M. LEBLANC: Oui, M. le Président. J'ai terminé sur le
chapitre 2.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que nous pouvons aborder le chapitre 3?
M. Cournoyer.
M. COURNOYER: Oui, juste un mot sur les bibliothécaires et les
conseillers d'orientation et peut-être d'autres membres aussi du
personnel d'une commission scolaire qui se trouvent inclus dans des
unités de négociation définies conformément au code
du travail.
Nous avons inscrit une clause dans notre projet ici qui dit que,
même si nous ne traitons que des instituteurs comme tels dans la
convention, nous ne délions pas les commissions scolaires de
l'obligation qu'elles peuvent avoir de négocier pour plus que les seuls
instituteurs à l'échelon local.
Encore une fois, c'est peut-être faire abus de juridisme pour
certains et être juridique pour d'autres si nous disons que le bill 25
tente de régler le problème des instituteurs et non pas de
régler le problème de tout le personnel des commissions
scolaires.
Au sujet des bibliothécaires comme tels et les conseillers en
orientation, M. Leblanc disait tantôt que pour les conseillers en
orientation en particulier, la demande ne s'adresse que pour ceux du secteur
anglophone. Us sont parfaitement compris par la proposition que nous faisons
à l'effet que les commissions scolaires, où les syndicats
d'instituteurs représentent également les conseillers en
orientation et les bibliothécaires, ont le pouvoir de continuer ou de
poursuivre des négociations et d'appliquer quelque partie que ce soit de
cette convention aux bibliothécaires ou aux conseillers en
orientation.
Il y a aussi un autre sujet en désaccord sur le champ
d'application, c'est que la partie syndicale voudrait appliquer la convention
collective dans toutes ses particularités aux instituteurs qui exercent
leur métier à l'étranger dans le cadre des ententes soit
avec le gouvernement fédéral ou des ententes entre le
gouvernement provincial et d'autres gouvernements étrangers.
Je parlais du gouvernement fédéral qui a aussi des
ententes pour l'armée.
M. CARDINAL: Je ne commenterai pas la situation.
M. COURNOYER: De toute façon, ces ententes existent et les
commissions scolaires fournissent le personnel enseignant qui se
déplace, à ce moment-là, soit pour aller enseigner aux
enfants des soldats en Allemagne de l'Est ou en Allemagne de l'Ouest ou encore
pour aller enseigner à l'extérieur de la province de
Québec, mais qui sont rémunérés et qui suivent les
conditions applicables à l'endroit où ils sont.
Or nous, nous disons que, sur certains points, nous sommes d'accord pour
appliquer la convention collective que nous proposons à ces enseignants
qui travaillent à l'exétrieur, mais pas sur tous les points. Nous
laissons ceci aux ententes qui interviennent de temps à autre entre le
gouvernement fédéral et les commissions scolaires par le
truchement du gouvernement de l'Etat du Québec...
M. CHOQUETTE: Entre guillemets.
M. COURNOYER: Entre guillemets pour ne pas faire d'impair. Nous n'avons
pas le droit de faire d'impair.
En fait, c'est une question de laisser à des ententes
particulières le soin de régler les problèmes
particuliers.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc. Chapitre trois.
M. LEBLANC: Au chapitre trois, le premier sujet de discussion est
à l'article 3 3.08, protocole.
Nous avons demandé à la partie patronale, et entre autres
évidemment au gouvernement, de nous fournir la quatrième copie du
formulaire statistique exigé de l'instituteur au 30 septembre. Nous
avons ensuite modifié notre position pour demander qu'il soit
versé au dossier provincial de classement, à compter de l'an
prochain. Par la suite, nous avons présenté un autre compromis en
disant qu'on pourrait abandonner cette demande-là si la commission
scolaire, dans l'article 3 3.02, voulait compléter la liste des
sujets d'information qu'elle doit nous remettre.
Or, dans la proposition patronale, nous n'avons vu ni mention de la
quatrième copie du formulaire statistique de l'instituteur au 30
septembre, ni l'addition à la clause 3 3.02 comme information
à être fournie.
On nous a prêché sur tous les tons, depuis la
présente négociation, de devoir collaborer, de devoir comprendre,
de devoir travailler avec les mêmes informations.
Chose curieuse, quand on les demande, on refuse au nom d'un certain
secret. Evidemment, les commissions scolaires en ont des copies, le
gouvernement en a des copies, mais on refuse de laisser prendre la
quatrième copie de ce formulaire statistique par les corporations. Il
faudrait que les corporations aillent les demanderà chacun des 70,000
enseignants.
M. CARDINAL: Il y a une copie au ministère, je suis surpris que
vous ne l'ayez pas!
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aun gros problème sur la
quatrième copie?
M. LEBLANC: Non, mais je tenais à souligner l'effet de la
collaboration.
M. LE PRESIDENT: Je comprends, mais je pense que vous avez des points
plus importants que ça, M. Leblanc.
M. CARDINAL: Je vais faire cinq copiesl
M. LEBLANC: On a demandé au tout début, notre
président vous l'a dit, une commission permanente de négociations
avec un bureau de renseignements. On l'a demandé depuis le début.
Cela fait deux ans qu'on passe à Contester les chiffres de l'un et de
l'autre, et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles nous ne
nous entendons pas. Mais quand on demande de prendre ses renseignements
à la même source pour avoir les mêmes, là ça
devient... Il y a le secret, il y a une foule de choses d'invoquées de
façon qu'on ne les ait pas. C'est peut-être important dans le
litige qu'on vit présentement, M. le Président.
Je passe, M. le Président, auxarticles 3-4.05, 3-4,06 et
3-4.07.
M. CHOQUETTE: Vous nous comprenez maintenant, monsieur...
M. LESAGE: Vous comprenez les députés de l'Opposition!
M. CHOQUETTE: Vous comprenez notre situation quand on demande des
renseignements au gouvernement.
M. LEBLANC: Ah, si vous en avez autant que nous, il ne doit pas y en
avoir beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Ils en ont tellement qu'ils n'ont même pas le
temps de les lire.
M. CHOQUETTE: II y a des fois qu'ils nous assomment...
M. LESAGE: M. Masse nous suggère d'acheter une Xérox. Il
prétend qu'on en a acheté une.
M. LE PRESIDENT: Ce sont nos Xérox qui coopèrent avec
eux.
M. LEBLANC: De toute façon pour votre information
peut-être que ça aiderait on a vu une pile de ces copies,
c'est-à-dire la quatrième copie du rapport ou la troisième
copie du rapport, qui ont traîné par terre, des mois de temps, au
bureau d'un office de développement dans une des régions du
Québec. Ces copies-là sont là depuis des mois. Nous
aurions pu nous en servir...
M. MASSE: En avez-vous ramassé?
M. LEBLANC: ... pour compiler et parler de la même chose, vous
savez.
M. BOUSQUET: Vous parlez de la même chose là.
M. MASSE: Nous fournissons le local; nous pourrions fournir la
Xérox.
M. LEBLANC: Au chapitre trois, M. le Président ce qui est en
litige, précisément aux article 3-4.05, 3-4.06 et 3-4.07, ce
sont, ce qu'on appelle nous, les congés syndicaux. Certains
congés auxquels nous prétendons avoir droit pour nous occuper de
nos affaires. Dans nos conventions collectives, il est
généralement prévu un certain nombre de jours de
congé pour activités syndicales ou professionnelles. En
général, ces congés sont de deux sortes. Les premiers sont
des congés que nous appelions, nous, des congés gratuits,
c'est-à-dire un certain nombre de jours, cinq, dix, vingt-cinq ou
cinquante jours, mais un certain nombre de jours où l'enseignant pouvait
s'absenter, sans perte de traitement, pour pouvoir s'occuper des
intérêts du syndicat.
Généralement, en plus, il y avait les jours
nécessaires pour la négociation, pour les arbitrages de griefs et
pour le fonctionnement de certains comités conjoints. Nous pouvions
prendre ces jours-là aussi sans perte de traitement. Quand au surplus
des jours, si nous avions besoin de plus de jours que ceux qui étaient
formellement prévus, soit 5, 10, 15 ou 25, nous pouvions en prendre
davantage selon nos besoins, mais en remboursant soit le traitement complet de
l'instituteur absent, soit le traitement du suppléant.
Or, dans la présente convention, c'est un net recul sur ce qui
est accordé dans les conventions collectives présentement. On ne
nous accorde aucun congé gratuit, c'est-à-dire sans perte de
traitement, dans le texte patronal. On n'accepte pas que notre
délégué syndical à l'école puisse sans perte
de salaire, à un moment donné, s'il y a un problème qui se
présente immédiatement, quitter son travail pour pouvoir s'en
occuper. On n'accepte pas qu'on puisse prendre plus qu'un certain nombre de
jours fixés à 3 4.05 pour faire fonctionner l'ensemble de
cette convention collective.
M. le Président, je serais capable de mettre au défi
plusieurs personnes d'arriver à calculer facilement le salaire des
instituteurs avec l'ensemble des formules qu'on nous propose au chapitre 6.
Vous lirez l'article 6 5.01, vous allez trouver 16
références à d'autres articles. Cela va être
extrêmement compliqué. Pour remplacer les trois ou quatre pages de
ces numéros-là, nous avons proposé trois articles qui
seraient entrés dans une seule page, on les a malheureusement
laissés de côté. Alors, ceux qui restent dans ces articles
3 4.05,3 4.06 et 3 4.07, c'est expressément cette
question de jours de congé syndicaux que nous retrouvons dans presque
toutes nos conventions collectives.
M. DOZOIS: Combien en demandez-vous? Quelle est la base du litige, le
désaccord?
M. LEBLANC: Nous serions d'accord avec le 3 4.05, cela a
été notre dernière position, à condition que cela
représente les jours de congé gratuits, ce qui remplaçait
toutes les autres formules dans nos conventions collectives. C'est un
élément de planification que nous aurions accepté.
Seulement, la partie patronale n'accepte pas que ces jours-là soient
gratuits et que nous puissions en prendre plus que cela si nous en avons besoin
en remboursant ce que cela coûte, soit le salaire suppléant.
M. HOUDE: En termes plus simples, cela veut dire combien de jours?
M. LEBLANC: Cela dépend des besoins.
M. LE PRESIDENT: Par rapport à l'offre patronale que l'on
retrouve à3 4.05, qu'est-ce que votre demande représente?
Vous dites que vous seriez prêts à accepter 3 4.05, 3
4.06 et 3 - 4.07 à la condition que ce soient des congés
gratuits? Est-ce cela?
M. LEBLANC: Oui, premièrement, et, deuxièmement, on a dit
dans les négociations que nous serions prêts au même nombre
de jours que cela, en deuxième partie, 25, 35 et 50, nous serions
prêts à ces mêmes nombres en remboursant le salaire du
suppléant; c'est-à-dire une première série de 25,
35 ou 50, selon l'importance du syndicat, gratuitement, et une deuxième
série où l'on rembourserait le salaire du suppléant.
Dans l'ensemble, M. le Président, cela ne coûtera pas plus
cher que ce que l'on vit actuellement dans nos conventions, parce que les jours
gratuits, qu'il y en ait 5, 10 ou 25 dans nos conventions actuelles, ils sont
généralement à part des jours pour la négociation,
à part des jours pour les arbitrages, à part des jours pour les
comités consultatifs, qui sont déjà gratuits en
général.
M. CHOQUETTE: M. Leblanc, à part des conventions collectives
existantes dans l'enseignement, est-ce que vous avez d'autres conventions
collectives à citer à l'appui de votre demande comme par exemple
dans le domaine hospitalier ou dans l'industrie privée en
général ou au gouvernement fédéral ou au
gouvernement provincial, au point de vue de vos demandes? D'après vous,
est-ce qu'elles sont conformes à ce qui se pratique dans des entreprises
d'importance similaire?
M. LEBLANC: Disons, premièrement, qu'elles sont assez conformes
à ce qui se pratique présentement dans le domaine de
l'enseignement. Peut-être qu'on va en tenir compte de celui-là,
premièrement.
Je me rappelle que, quand nous avons eu une grève dans le secteur
de la région de Hull, il y avait aussi, dans le domaine public, des
conditions qui permettaient à quelqu'un de s'absenter pour accomplir
certaines tâches syndicales comme celles-là.
Deuxièmement, dans l'industrie, cela arrive aussi assez souvent,
pas partout évidemment, que le délégué syndical,
celui qui est en charge d'un secteur, quand il y a un grief...
M. CHOQUETTE: Nous connaissons cela. M. Leblanc, vous n'êtes pas
obligé de nous donner un cours de relations de travail; nous connaissons
cela. Mais je vous demande si vous avez à nous citer des cas
précis de demandes qui sont similaires à celle que vous
revendiquez?
M.LEBLANC: Précis...
M. CHOQUETTE: Au Pacifique Canadien, il y a beaucoup d'employés.
A la Northen Electric, il y a beaucoup d'employés. A l'Imperial Tobacco,
il y a beaucoup d'employés. Enfin, dans les hôpitaux... Est-ce que
vous avez...
M. LEBLANC: Non. De mémoire, je n'en ai pas. Je pourrai essayer
d'en avoir; j'imagine que ce n'est pas la dernière demi-heure que
nous...
M. CHOQUETTE: Non.
M. LEBLANC: Alors il serait possible de vous apporter...
M. CHOQUETTE : Vous n'êtes pas sans savoir que ce genre de clauses
se négocie conformément à ce qui se pratique, en
général, dans l'industrie. C'est la base, ni plus ni moins. Je
pense bien que Me Cournoyer est de mon avis, aussi, sur cela.
En général, on justifie ses demandes par ce qui se
pratique ailleurs dans d'autres conventions collectives équivalentes.
Evidemment, nous pouvons précéder un peu,
légèrement, c'est normal. C'est le rôle des syndicats, nous
le reconnaissons. Mais il ne faut pas être 100 milles en avant.
M. COURNOYER: La seule différence, M. Choquette, réside
dans le fait que, dans l'industrie, on n'est pas nécessairement
obligé de remplacer l'individu qui s'absente, tandis qu'ici on est
obligé de le remplacer. Il doit y avoir un suppléant
remarquez qu'il est possible qu'il n'y en ait pas, il y a des places où
il n'y en a pas mais lorsqu'il y a un suppléant, cela veut dire
que la commission scolaire est obligée d'ajouter un coût de
suppléance au coût des salaires. Elle maintient le salaire de
l'individu qui s'absente, c'est convenu. Seulement, on demande au syndicat de
rembourser le coût du suppléant appelé à remplacer
celui qui s'est absenté.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. LESAGE: Après combien de jours?
M. COURNOYER: Ce qui est déterminé ici c'est le nombre de
jours maximal par année, par syndicat. C'est-à-dire que nous
mettons un certain nombre de jours qui nous semble raisonnable. Remarquez que
le nombre de jours, cela se négocie et cela se discute à la
lumière des problèmes qui sont à être
réglés dans le domaine des relations de travail ici. Le nombre de
jours se discute. Cependant, quand on parle de remboursement, il y a une
question strictement de principe. On reconnaîtra, par exemple, qu'une
machine arrête de fonctionner dans l'industrie ou encore que le
journalier ne fait pas le travail qu'il devait faire; mais il s'en ira, il ira
régler le problème par un grief.
Mais dans l'enseignement, il faut remplacer l'instituteur qui s'absente;
nous ne faisons que demander au syndicat de rembourser le coût du
suppléant. Or, les salaires du suppléant sont jugés trop
bas, présentement, par la partie syndicale, à $20 par jour et i
$10 par demi-journée. Nous, nous disons: C'est cela que cela veut dire.
C'est pourquoi il est assez facile de calculer, par nombre de syndicats, que le
coût en argent de cette clause en particulier est quand même une
quantité négligeable face à l'importance des sommes
impliquées, parce que c'est une chose qui tourne autour de $50,000 par
an. Mais il y a, beaucoup plus profondément, le fait que nous sommes
obligés d'encourir un coût additionnel comme commission
scolaire.
M. CHOQUETTE: Si je comprends bien, la divergence ne porte pas sur le
nombre de jours, à l'heure actuelle, mais sur le coût du
remboursement. Est-ce que c'est cela?
M. COURNOYER: Elle porte sur le principe même...
M. CHOQUETTE: Sur le montant du remboursement?
M. DOZOIS: Est-ce que le principe, c'est parce que cela peut
entraîner d'autres syndicats à demander la même chose, et
c'est l'escalade?
M. COURNOYER: Disons que personnellement...
M. DOZOIS: Dans le même domaine?
M. COURNOYER: Je pense que le ministre Masse serait peut-être plus
susceptible de répondre 2 cette question. Moi, je ne suis
intéressé qu'aux enseignants.
M. DOZOIS: Mais est-ce qu'on met un cran d'arrêt pour ne pas
être entraîné davantage dans d'autres domaines?
M. MASSE: Sans s'étendre sur le sujet, il est évident que
c'est dans le principe des négociations, dans le secteur public, par
secteur de négociations, que les clauses dans un secteur apparaissent
automatiquement dans les demandes d'un autre secteur, que ce soit au point de
vue monétaire ou au point de vue des principes. C'est
évident.
M. LESAGE: Dans la Fonction publique, il n'y a pas de remboursement.
M. MASSE: Je ne pense pas.
M. LESAGE. Il n'y a pas de remboursement.
M. MASSE: Il n'y a pas de remboursement.
M. LESAGE: Dans la Fonction publique, c'est de là que vient la
demande.
M. COURNOYER: Mais nous ne sommes pas nécessairement
obligés de remplacer le professionnel qui s'absente. Il va faire son
travail plus tard.
M. LESAGE: Non, non. Cela arrive.
M. SAINT-GERMAIN: Indépendamment des causes monétaires, M.
le Président, au point de vue pédagogique, qu'arrive-t-il aux
étudiants? Est-ce qu'au point de vue pédagogique le fait de
changer de professeur n'est pas un assez grave inconvénient pour
eux?
UNE VOIX: Parfois, c'est un avantage.
M. MASSE: C'est évident en soi, mais c'est également
évident lorsque le professeur est malade ou lorsque le professeur est
placé en congé pour recyclage ou pour compléter ses
études. C'est aussi vrai dans un cas que dans l'autre dans ce sens. Il
est clair que si les étudiants passent leur temps à changer de
maître, ce n'est pas bon pour eux.
M. SAINT-GERMAIN: N'y a-t-il pas là un élément qui
est aussi important, sinon plus, que l'élément
monétaire?
M. MASSE: Nous sommes ici pour vous permettre de juger des demandes et
des offres.
M. SAINT-GERMAIN: Merci. M. LE PRESIDENT: M. Leblanc.
M. LEBLANC: M. le Président, nous voulons laisser entendre que
cela nuit aux enfants. Pourtant cela fait des années que cela se fait.
Premièrement, il n'est pas sûr que cela ait nui aux enfants; il y
a au moins deux intervenants qui l'ont eu chez eux ou qui l'ont accordée
et, chose curieuse, c'est qu'ils ne peuvent pas dire que cela ait vraiment nui
aux enfants. Il y en a qui en ont peut-être même
bénéficié. Alors, ce n'est pas tellement sûr, cela
se pratique dans le domaine de l'enseignement depuis de très nombreuses
années, M. le Président, il y a même des syndicats et tous
remarquez que c'est une planification parce qu'il y a beaucoup de
syndicats qui avaient obtenu de chaque commission scolaire cinq jours par
commission scolaire. Il y en avait quarante dans le territoire.
M. LESAGE: Combien cela coûtera-t-il si le remboursement doit se
faire?
M. LEBLANC: Cela a coûté...
M. LESAGE: Globalement, pour un an?
M. LEBLANC: Nous l'avions évalué à unpeu plus de
$36,000.
M. LESAGE: Croyez-vous?
M. LEBLANC: M. Cournoyer a allégué que cela pouvait aller
jusqu'à $50,000.
M. LESAGE: Quel est le revenu brut annuel de la CEQ?
M. LEBLANC: Ce n'est pas là-dessus que porte notre
discussion.
M. LESAGE: Je pense qu'il est important de savoir combien
coûterait cet article en regard des revenus généraux.
M. LEBLANC: D'ailleurs ce n'est pas pour la CEQ ces jours-là, je
vous demande pardon, mais il paraît que nous négocions...
M. LESAGE: On ne peut pas dire que...
M. LEBLANC: ... M. Masse nous l'a rappelé ce matin, il
paraît que nous négocions au nom des syndicats d'instituteurs et
des commissions scolaires. Or, le budget ou l'argent de la CEQ n'a aucune
affaire là-dedans.
M. CARDINAL: Pardon, M. le Président, je m'excuse. Ce matin, nous
avons distribué des listes de salaires d'autres personnes que les
revenus de la CEQ. Je ne conçois pas que quiconque poserait une question
au ministre, ait une réponse du genre sans qu'immédiatement nous
ne revenions à la charge. Je me demande pourquoi il n'y a pas de
réponse à la question du chef de l'Opposition.
M. LESAGE: C'est parce que M. Leblanc a continué de parler,
j'attendais pour revenir à la charge.
M. LE PRESIDENT: Je pense que M. Laliberté veut nous donner la
réponse.
M. LALIBERTE: Précisément, le revenu brut de la CEQ est
actuellement $1,700,000.
Deuxièmement, M. le Président, quant à moi, je
comprends que cela fasse plaisir à tout le monde de sauter à
pieds joints dans cette question, mais ce n'est pas, de loin, la plus grosse
question de ce qui nous sépare.
M. LESAGE: M. Laliberté, je voudrais bien comprendre que les
députés ont trouvé un peu curieux que dans la pochette que
vous leur distribuiez ce matin, et que vous avez distribuée au
Québec, vous fassiez des comparaisons avec les indemnités des
députés, alors qu'il n'y a pas de comparaison possible. Alors, ne
vous surprenez pas.
M. LALIBERTE: M. le Président, peut-être que le chef de
l'Opposition n'était pas là au début de
l'après-midi.
M. LESAGE: Non, je n'y étais pas, je regrette.
M. LALIBERTE: Alors, j'ai précisé au début de
l'aprês-midi que ces documents ont justement été
distribués, M. Lesage, pour démontrer qu'il est difficile de
faire des comparaisons sans avoir l'arrière-plan. Il est bien clair que
nous ne prétendions pas que les députés de
l'Ile-du-Prince-Edouard avaient une tâche identique à celles des
députés du Québec.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, j'ai pensé que vous essayiez
de prouver que nous ne sommes pas assez bien payés ici.
J'ai interprété votre documentation comme cela.
Evidemment, on dira que je ne suis pas dans le rang avec tout le monde...
M. LALIBERTE: Les uns, M. le Président, prétendent que
oui...
UNE VOIX: Pour avoir la sécurité d'emploi?
M. LALIBERTE: Les uns prétendent que oui...
UNE VOIX: II n'y a pas de sécurité, pas de droits
syndicaux.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté a-t-on terminé ce
problème-là? On peut passer à autre chose.
M. LALIBERTE: Oui, M. le Président. J'ai même
souhaité tout à l'heure qu'on en finisse avec ce
secteur-là, qui, je le répète, n'est pas, de loin, le plus
important dans les points de divergences.
M. LE PRESIDENT: Alors, deuxième point. Avez-vous un autre point,
M. Leblanc, dans le chapitre 3?
M. LEBLANC: Dans le chapitre 3, il y a aussi les articles 3- 7.00; 3-
8.00; 3- 9.00; 3- 10.00.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEBLANC: 3- 7.00 qu'on a intitulé « Régime
syndical ».
M. MASSE: Juste une question, s'il vous plaît? Vous êtes
rendu à 3- 7.00. Franchement je m'excuse, je ne comprends pas, ce n'est
pas de la malveillance. Il y a beaucoup de points d'astérisque que comme
quoi il y a des points de réglés. Mais à 3 6.01, il
n'y a pas d'astérisque; est-ce un oubli?
L'article 36.01, je le lis: « Aucune re-présaille ni
discrimination d'aucune sorte ne sera exercée contre aucun
représentant de la commission ni contre un délégué
syndical ni contre un représentant du syndicat au cours ou à la
suite de l'accomplissement de leur fonction respective. »
Il me semble, M. le Président, que « aucune
représaille » ni du coté de l'acte du syndicat ni du
côté d'un acte de la commission... je ne vois pas pourquoi il n'a
pas été possible, après 22 mois, de se donner mutuellement
ce droit de ne pas récriminer. Je ne vois pas pourquoi ce n'est pas
réglé. Pourriez-vous nous l'expliquer?
M. LEBLANC: M. le Président, vous avez demandé de passer
aux points extrêmement importants; j'ai passé par-dessus parce que
je ne considérais pas cet article comme extrêmement important.
M. MASSE: Le considérez-vous comme réglé?
M. LEBLANC: Non.
M. MASSE: Alors pourquoi?
M. LEBLANC: Je ne le considère pas comme réglé
parce que nos gens n'ont pas encore été d'accord pour le
régler.
M. MASSE: Sur le fait que la commission n'ait pas de droit de recours
contre le syndicat ou sur le contraire?
M. LEBLANC: Pardon?
M. MASSE: Vous opposez-vous à ce que la commission n'ait pas le
droit de représailles contre un représentant du syndicat ou si
vous
vous opposez au fait que le syndicat n'ait pas droit de
représailles contre la commission? Au fond, contre quoi vous
opposez-vous, à cet article-là, puisqu'il n'est pas
réglé?
M. LEBLANC: Une minute, je n'ai rien compris.
M. MASSE: Qu'est-ce qui ne marche pas là-dedans? Cela me semble
très juste de part et d'autre que de se donner des droits mutuels.
M. LEBLANC: La partie patronale a toujours son droit de gérance,
évidemment. Nous de notre côté nous avons demandé
à l'article 4 1.07, entre autres, un système de
consultation. Nous avons demandé des procédures pour assurer une
consultation efficace.
M. MASSE: Je ne parle pas de l'article 4 - 1.07, je parle de l'article 3
- 6.01.
M. LEBLANC: Voulez-vous que je vous la donne la réponse, M. le
Président? Si on veut que je la donne on pourrait peut-être me
laisser la parole.
M. GARDNER: C'est beau, l'arrogance!
M. LEBLANC: Je ne suis pas arrogant du tout, bien au contraire, mais je
sais qu'on essaie peut-être de l'être.
UNE VOIX: Voyons donc!
M. LEBLANC: J'essaie d'expliquer pourquoi on n'a pas dit oui.
M. LE PRESIDENT: Donnez- nous la réponse, M. Leblanc.
M. LEBLANC: Alors à l'article 4 - 1.07, nous avons demandé
que la consultation soit assurée par des mécanismes. Nous avons
demandé de pouvoir recourir, entre autres, à certains
mécanismes ou à certaines suspensions lorsque la consultation
était insuffisante ou était inexistante. Depuis longtemps nous
l'avons demandé, et on ne nous l'a pas encore accordé.
Peut-être que, quand ces problèmes-là seront
réglés, on pourra facilement dire oui à un article comme
celui-là. En attendant, nous l'avons laissé en suspens.
M. CHOQUETTE: En principe vous êtes d'accord? En principe?
M. LEBLANC: Bien, en principe, si tout marchait, peut-être que
nous serions d'accord. Mais on s'est réservé le droit comme, j'en
suis bien convaincu, sur plusieurs articles, la partie patronale s'est
réservé le droit attendant autre chose. M. Cournoyer a pris cette
position sur la rétroactivité. Il nous a dit: Réglez tout
le reste et quand vous aurez dit oui à tout le reste, là on
commencera à discuter de la rétroactivité.
M. MASSE: Mais, M. Leblanc, à 4 1.07, c'est supposé
être réglé en médiation. Il y a une
astérisque.
M. HOUDE: C'est une des erreurs...
M. LEBLANC: C'est, entre autres, une des erreurs...
M. MASSE: Est-ce que c'est une erreur...
M. LEBLANC: ... et ensuite cela ne parle que d'omission et ne parle pas
d'insuffisance.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Quel est l'autre problème, M.
Leblanc, à ce chapitre? Est-ce qu'il y a d'autres problèmes
importants à ce chapitre qui paralyseraient à l'heure actuelle la
négociation?
M. LEBLANC: Oui, très important et c'est même le plus
important. Les articles dont j'avais commencé à parler, les
articles 3 7.00 et 3 9.00, qui traitent du régime
syndical, et les articles 3 8.00 et 3 10.00 qui traitent de la
cotisation syndicale.
D'abord, on a dit que nous demandions l'atelier fermé. Nous
n'avons jamais demandé l'atelier fermé. Notre demande a
été celle-ci: Nous avons demandé l'atelier syndical,
parfait! C'est-à-dire qu'une fois que quelqu'un a été
engagé par la commission scolaire, il doit être membre du
syndicat. C'est bien différent de l'atelier fermé qui voudrait
que nous fournissions une liste d'embauche dans laquelle la commission
choisit
Nous avons, effectivement, demandé que quelqu'un qui est
expulsé du syndicat termine son année scolaire, mais ne puisse
pas être rengagé pour une prochaine année...
M. GARDNER: Qu'est-ce que c'est si ce n'est pas un atelier
fermé?
M. LEBLANC: Nous avons, cependant, indiqué clairement dans notre
texte que nous étions prêts à donner un droit d'appel
contre cette décision.
M. CHOQUETTE: Appel à qui, M. Leblanc?
M. LEBLANC: Contre la décision du syndicat même de
congédier quelqu'un.
M. CHOQUETTE: Oui, mais appel à qui? A quel tribunal? Qui
trancherait l'appel?
M. LEBLANC: Nous ne l'avons pas déterminé. Nous
étions prêts à en discuter en négociation.
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est un problème très difficile.
Est-ce que cela peut être un autre corps que le corps syndical qui
trancherait l'appel de quelqu'un qui serait expulsé du syndicat?
M. LEBLANC: Nous étions disposés à trouver un corps
indépendant.
M. CHOQUETTE: Bien oui, mais...
M. LEBLANC: Vous me demandez si cela pouvait être un autre corps,
je dis: Nous étions disposés à...
M. CHOQUETTE: Normalement, l'appel, c'est à l'assemblée
générale des membres, n'est-ce pas?
M. LEBLANC: Nous avions prévu un droit d'appel. Nous
étions prêts à en discuter. On nous a offert une
espèce de maintien d'affiliation...
M. CHOQUETTE: La formule Rand, qu'est-ce que en pensez?
M. LEBLANC: Non, je ne suis pas dans la formule Rand, je suis dans le
régime syndical. Ce n'est pas dans la question des cotisations. Nous
avons, en plus, évidemment, la question des cotisations, si le type doit
être membre, évidemment, il est obligé de payer sa
cotisation syndicale.
M. CHOQUETTE: C'est normal.
M. LEBLANC: Evidemment Nous avions, sur la cotisation syndicale, fait
une demande à l'effet que la partie patronale retienne non seulement les
cotisations régulières, mais aussi les cotisations
spéciales.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, voulez-vous dire ceci? Un instituteur est
expulsé de son syn- dicat. La commission scolaire n'a pas le droit de
l'engager. Est-ce là le problème?
M. LEBLANC: N'a pas le droit de renouveler son contrat pour la prochaine
année.
M. LE PRESIDENT: C'est le problème.
M. LEBLANC: II termine son année... C'est plus que ça.
M. MASSE: Est-ce qu'il peut enseigner ailleurs ou bien s'il a
été expulsé pour toute la province?
M. LEBLANC: Du syndicat
M. MASSE: Oui, mais est-ce qu'il peut enseigner dans une autre
commission scolaire?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que dans une autre commission scolaire au
Québec, on peut l'engager? Oui, ou non?
M. LEBLANC: Au Québec, oui. Puisque le syndicat forme le
territoire d'une régionale ordinairement. Ce n'est pas une expulsion de
la corporation.
M. BERTRAND: II est obligé de s'en aller enseigner en dehors du
territoire où agit son syndicat.
M. LEBLANC: Actuellement, dans notre demande, c'est ça.
M. MASSE: Mais pour quelle raison faites-vous une telle demande?
M. LEBLANC: D'abord parce que, dans de nombreuses conventions
collectives, cela existe.
M. MASSE: Oui, mais ce n'est pas une raison.
M, LEBLANC: Ce n'est pas une raison, mais si on a jugé quand on
négociait dans de nombreux endroits dans la province que c'était
important que nous ayons cette clause-là, cela ne devient pas moins
important parce que nous négocions à l'échelle
provinciale.
M. MASSE: Disons que c'est une partie de raison, mais il y a des raisons
plus importantes que cela.
M. LE PRESIDENT: Quelle autre raison avez-vous?
M. DOZOIS: Il peut se choisir un emploi dans une autre industrie, mais
dans l'enseignement il n'y a qu'un employeur possible.
M LEBLANC: II n'y a qu'un employeur possible?
M. DOZOIS: Dans une région, sûrement.
M. LEBLANC: Ah! je n'avais pas entendu « dans une région
».
M. DOZOIS: II me semble que cela va de soi.
M. CHOQUETTE: Quelle objection de principe avez-vous à une
formule Rand, c'est-à-dire que vous recevez le montant de n'importe
quel...
M. MASSE: Ils l'ont.
M. CHOQUETTE: Je sais qu'ils l'ont mais c'est ce que le gouvernement
propose.
M. MASSE: Oui, ils l'ont.
M. CHOQUETTE: Oui, je sais, mais je demande à M. Leblanc quelle
est l'objection qu'il a à cette formule-là.
M. LEBLANC: Le gouvernement et les commissions scolaires nous proposent
plus que cela effectivement dans leur texte, ils nous proposent de devenir
membres. D'ailleurs, M. Cournoyer va sûrement l'expliquer, ils proposent
qu'un certain nombre de personnes soient obligées d'être
membres.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEBLANC: Evidemment la partie de l'exclusion ne leur plaît
pas.
M. MASSE: M. Leblanc, pourriez-vous, pour éclairer notre
lanterne, expliquer pourquoi un syndicat serait obligé de
congédier un enseignant, par exemple. Est-ce que c'est
négocié conjointement entre les commissions scolaires et les
syndicats pour les espèces de barèmes de congédiement des
syndicats ou si c'est laissé... Il n'y a pas de cogestion dans le
congédiement.
M. LEBLANC: Non.
M. MASSE: Il n'y a pas de cogestion dans ce domaine-là.
M. LEBLANC: Non.
M. MASSE: Alors, c'est le syndicat lui-même qui peut fixer les
raisons pour lesquelles un syndiqué peut être explusé de
son syndicat; et quelles pourraient être ces raisons-là?
M. LEBLANC: Je vous ferai remarquer d'abord que c'est la même
chose pour de nombreuses autres professions.
M. MASSE: Les raisons.
M. LEBLANC: Ah, des raisons! Elles pourraient être même
pédagogiques. Je vais vous donner un exemple. Au chapitre 5, nous y
viendrons, sur la sécurité d'emploi, à l'article 5 - 1.05
exactement, nous demandons que soient d'abord engagés les
légalement qualifiés; après, ceux qui ne sont pas
légalement qualifiés s'ils promettent de suivre des cours.
Jusqu'à maintenant, les commissions scolaires et le gouvernement nous
refusent cela, voulant engager indifféremment les légalement
qualifiés ou les pédagogique ment qualifiés et ceux qui ne
sont pas pédagogiquement qualifiés, mais qui promettent de suivre
des cours qui, en beaucoup d'occasions, ne leur sont même pas ouverts,
actuellement.
M. LESAGE: M. Leblanc, avez-vous des comités de discipline
chargés d'examiner la conduite des membres comme enseignants?
M. LEBLANC: Généralement oui. Dans nos syndicats, il y a
une procédure de discipline.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas obligatoire, ce n'est pas statutaire,
ce n'est pas publié dans la Gazette officielle.
M. LEBLANC: Lorsqu'on s'Incorpore, nos règlements sont
envoyés au Secrétariat de la province.
M. LESAGE: Un instant là. Vos règlements disciplinaires
sont-ils statutaires, sont-ils publiés dans la Gazette officielle?
M. LEBLANC: Cela dépend des syndicats.
M. LESAGE: Oui justement, vous avez fait des comparaisons avec d'autres
professions alors, votre comparaison tombe. Je tiens à vous le dire tout
de suite.
M. CARDINAL: M. Leblanc, quand vous parlez des légalement
qualifiés ou non qualifiés et des pédagogiquement
qualifiés ou non qualifiés,
est-ce que vous rendez vos deux expressions synonymes?
M. LEBLANC: Oui.
M. CARDINAL: Ah, bon!
M. MASSE: Je pense, M, Leblanc, que vous admettrez que c'est un
problème très important au point de vue de la liberté des
enseignants dans le système de l'enseignement que cette
question-là. Si, avec raison, les syndicats ont milité avec
ardeur et ont gagné de nombreux points au sujet de la liberté du
droit des enseignants à enseigner et à être
protégés, ne croyez-vous pas que les enseignants doivent
également avoir des droits aussi forts au sujet de leur protection de
permanence dans l'enseignement et ne pas être remis entre les mains d'un
syndicat qui, unilatéralement, sans codé-cision ou cogestion de
personne, aurait au fond la carrière de l'enseignant entre ses
mains.
Est-ce que des enseignants qui refuseraient de démissionner
à l'occasion d'une campagne de démissions pour des raisons de
grève, deviendraient sur des listes noires, et pourraient être
congédiés par leur syndicat, ce qui les empêcherait
d'enseigner? Est-ce que, par exemple, des enseignants qui refuseraient de payer
une cotisation spéciale pour fins de marche ou fins de grève
pourraient être congédiés par leur syndicat? Est-ce que,
par exemple, un ministre de la Fonction publique pourrait être
congédié par son syndicat d'enseignants?
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, j'observe la joie qui s'exprime
dans ces questions suggestives du ministre de la Fonction publique.
M. MASSE: Ce n'est pas une joie, c'est une peur, M. le
Président.
M. LALIBERTE: II y a une certaine joie, vous l'admettrez, je pense, qui
perce dans vos paroles. Il est bien clair que ce point-ci...
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous dites que ce sont des questions
suggestives, c'est vous qui allez répondre.
M. LALIBERTE: M. le Président, me permettez-vous de prendre la
parole?
M. LE PRESIDENT: Bien oui.
M. LALIBERTE: Alors, il est clair qu'une question comme celle-là,
par principe, ou le principe de cette question-là est difficile et elle
est débattue, même à l'intérieur de nos rangs,
autant de la CEQ que des autres organismes. Il est loin d'y avoir une
unanimité pour une exigence comme celle-là, c'est clair.
Il est clair, par ailleurs, que les exclusions des syndicats peuvent
être contrôlées par, justement, des gens de
l'extérieur afin attendez d'éviter des abus
où le droit d'appel qui a été proposé en cours de
route, dans la négociation, pourrait au moins garantir que la personne,
étant expulsée, ne perd pas son emploi si les raisons ne sont pas
valides.
Il y a toutes sortes de moyens du genre qui sont envisageables, qui ont
été, effectivement, déposés à la table des
négociations, mais qui n'ont pas reçu de réponse favorable
de la part de nos vis-à-vis.
Je vais un peu plus loin, cependant, M. le Président. Il est
connu depuis déjà plusieurs années que le groupe des
enseignants, qui s'appelle la CEQ, est prêt à assumer
conjointement avec le ministère de l'Education les
éléments de décision sur la certification des
maîtres. Je sais bien que cela a été refusé
jusqu'ici. Mais la CEQ est prête à assumer cette lourde
responsabilité-là, ce qui entraînerait, M. le
Président, la réciproque au niveau des appartenances, au niveau
de l'appartenance et donc au niveau des exclusions éventuelles. Si nos
vis-à-vis, en particulier le gouvernement comme tel et en particulier le
ministère de l'Education comme tel, sont intéressés
à des éléments de codécision dans ce domaine, nous
serions, quant à moi en tout cas, fort prêts à inclure
aussi les éléments de codécision dans la
certification.
Le problème peut aller aussi loin que ça. Il ne va pas
aussi loin que ça dans la clause, mais il peut aller aussi loin que
ça. J'admets, cependant, que c'est là une question qui est loin
de faire l'unanimité même dans les milieux syndicaux dans tout le
Québec.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, je comprends, d'après votre
intervention, surtout la fin de votre intervention, que d'après vous, il
s'agit d'une question , ici, qui est négociable et que vous
considérez comme négociable, n'est-ce pas?
M. LALIBERTE: Sans aucun doute.
M. CHOQUETTE: Je vous félicite de cette attitude-là parce
que je pense que plus vite les parties, autant vous-même que le
gouvernement et les commissions scolaires, avoueront au comité qu'il y a
beaucoup de questions négociables actuellement, plus vite vous vous
rendrez à la table de négociations pour régler vos
problèmes ensemble. Mais sur l'atelier syndical, parfait ou imparfait,
mon expérience, enfin si limitée soit-elle, est que c'est une
formule qui est dangereuse pour l'individu, et que souvent les mouvements
collectifs, enfin que ce soit dans un syndicat ou dans quelque autre
groupement, peuvent brimer les droits de la personne, d'adhérer ou de ne
pas adhérer.
Je pense que les syndicats ont des droits. Enfin ils représentent
les membres et, par conséquent, ils doivent avoir le pouvoir
économique de les représenter d'où l'utilité,
évidemment, d'une formule qui vous donne la retenue syndicale.
Mais l'adhésion et surtout l'expulsion du membre du syndicat
avec, comme conséquence, l'expulsion de son emploi entraîne des
conséquences pour la personne, pour l'individu, qui sont à mon
avis très dangereuses pour la société. J'ai de nombreux
cas dans mon bureau et je pense que vous-même vous l'admettriez; vous
avez entendu parler de nombreux cas qui ont existé où des
exécutifs de syndicat ont expulsé à un moment donné
des gens, et ces gens-là se sont trouvés sur le pavé, sans
emploi, parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec la majorité. Je
pense que tout ce que nous voulons revendiquer nous, comme législateurs,
comme citoyens et certainement comme membres de l'Opposition, la liberté
de ne pas être d'accord et de ne pas être toujours d'accord avec la
majorité.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain a demandé la parole.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que les professeurs ont accepté comme
cela d'être « zigouillés » par leur syndicat?
M. LALIBERTE: M. le Président, il faudrait tout de même que
les membres de cette commission ne prêtent pas d'intentions qui
n'existent pas. Peu m'importe qui est à l'origine des questions comme la
dernière qui a été posée, cela laisse entendre que
les enseignants ne sont pas d'accord avec les propositions qui ont
été formulées en leur nom. Je peux vous assurer que ces
propositions proviennent justement et sont revisées
régulièrement par la base mê- me des syndicats. Je vous ai
indiqué tout à l'heure qu'il n'y avait pas unanimité sur
une question comme celle-là, mais cela indique qu'une majorité
était d'accord à faire cette demande. M. Choquette a par ailleurs
fort bien compris quand il dit que c'est sûrement encore un objet de
négociation. Je reconnais, quant à moi, qu'il y a des risques,
qu'il y a un certain nombre de dangers dans une formule comme celle-là,
et c'est pourquoi d'ailleurs, quand nos vis-à-vis ont dit: Non, c'est
trop dangereux, on a mis sur la table pour fins de discussion, pour examen
réciproque, la possibilité qu'il puisse y avoir un droit d'appel
sérieux et cela n'a pas été sérieusement
examiné.
M. MASSE: M. le Président, vous me permettrez de souligner que ce
n'est pas avec joie que j'ai posé cette question-là. A maintes
reprises, d'ailleurs, le président de la CEQ a admis lui-même que
cette clause-là est loin d'être une demande unanime de la part des
enseignants du Québec. Voilà pourquoi le gouvernement et la
Fédération des commissions scolaires se sont opposés
jusqu'à maintenant à cette clause parce que nous avons
également eu par-dessus la tête de notre propre table de
négociations, des revendications et des demandes de la part
d'enseignants. Et, pour bien montrer que ce que je dis ce n'est pas une
preuve en l'air avec la permission du chef de l'Opposition, je vais lire
une lettre de l'Association régionale des enseignants des Laurentides,
envoyée de Sainte-Agathe, le 20 juin 1968, et qui se lit comme suit:
« Pour faire suite à la raison que vous avez donnée, pour
ne pas signer l'appui financier comme le stipulait expressément une
résolution de l'assemblée générale, nous vous
avisons que la raison évoquée a été jugée
non valable par le comité de discipline et par l'exécutif de
l'association. « La lettre qui accompagnait la formule d'engagement
d'honneur sur l'appui financier était très claire. La
liberté d'un individu existe où elle ne brime pas la
liberté des autres individus. Vous aviez librement choisi
d'adhérer à un organisme et en toute logique vous vous deviez de
vous conformer aux décisions de cet organisme. « En
conséquence, l'association régionale des enseignants des
Laurentides vous considère comme indésirable de ses cadres, nous
vous prions de remplir les trois copies non pas quatre de
démission ci-incluses et de les faire parvenir sous pli
recommandé à qui de droit avant le 30 juin 1968. Nous
espérons qu'en dépit de tout vous comprendrez le geste de
l'association.
« Nous vous prions d'agréer, monsieur, l'expression de nos
meilleurs sentiments.
Signé: Le secrétaire de l'assemblée ».
Ceci pour dire il pourrait être signifié et
déposé, à la table, d'autres lettres de ce genre
que les gouvernements se sont opposés autant à des listes noires
ou des gestes semblables de la partie patronale. Nous nous voyons mal, comme
gouvernement, donner des droits que nous avons refusés à la
partie patronale sous toutes ses formes, donner un droit semblable à un
syndicat, laisser entre les mains d'une majorité dans un syndicat
l'avenir et la carrière d'un enseignant qui, à un moment
donné, n'a pas voulu, comme dans ce cas-ci, donner son appui financier
pour un projet nettement syndical, de grève ou autre.
Ce n'est pas avec joie que j'ai soulevé ce point, mais je crois
que la liberté syndicale doit être défendue par tous, aussi
bien par les membres du gouvernement que par les membres des syndicats.
M. LALIBERTE: Je comprends fort bien l'argumentation du ministre de la
Fonction publique. J'aimerais simplement lui reposer une question très
précise et faire une dernière intervention, par la suite,
là-dessus.
Est-ce que, M. le Ministre, la partie patronale est prête à
examiner avec la partie syndicale des formules du type d'interventions
extérieures pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de ce type d'abus
auquel vous faites référence?
M. MASSE: Nous ne pouvons accepter de remettre les enseignants entre les
mains de dirigeants de syndicats dans un domaine aussi important que leur
liberté et leur carrière d'enseignement.
Si nous avons, inscrites dans les lois de l'Assemblée nationale,
des questions de probation et de droit d'enseigner pendant tant d'années
avant d'avoir le droit à l'arbitrage, et d'avoir le droit à
l'arbitrage après, ce n'est pas pour se retourner et de nier ce droit
lorsque des questions syndicales sont en jeu.
Enfin, c'est mon opinion. Je ne sais pas si elle est partagée par
les membres de la commission.
M. LALIBERTE: M. le Ministre voudrait-il répondre à la
question précise que je lui ai posée, c'est-à-dire: La
partie patronale est-elle prête à examiner avec la partie
syndicale des formules d'interventions extérieures
j'élargis le champ jusqu'à cette expression pour faire en
sorte qu'il n'y ait pas d'injustice de créée
éventuellement?
M. MASSE: Nous ne sommes pas ici à une table de
négociations, mais j'aimerais connaître l'opinion des autres
membres de cette table concernant cette demande.
M. LALIBERTE: Je termine et vous pourrez en faire ce que vous voudrez.
Mais je note que le ministre ne répond pas et refuse, en fait, de
répondre à notre question.
M. MASSE: M. le Président, je ne refuse pas de
répondre...
M. LESAGE: M. Laliberté juste un mot.
Tout à l'heure, M. Leblanc a fait des comparaisons avec les
pouvoirs de discipline de certaines corporations professionnelles. Moi, je fais
partie d'une corporation professionnelle. Nous avons un code de discipline, un
code d'éthique, qui doit être suivi sous peine de suspension pour
des périodes déterminées ou de suspension à vie du
Barreau.
Cependant, ce code de discipline, il est précis, il est
rigoureux, il est le fruit de l'expérience de nombreuses années
non seulement au Québec, mais dans l'univers. De plus, si un
comité de discipline, ou le conseil général,
entérine une décision d'un comité de discipline et que le
comité de discipline ou le conseil général excèdent
leur juridiction, il n'y a pas appel à un tiers arbitre, il y a appel
devant les tribunaux, par bref de prérogative, parce que tout cela est
statutaire.
Or, ce sur quoi je voudrais attirer votre attention, c'est que vous
n'avez pas de code de discipline admis par vos membres qui est le fruit de la
discussion, de l'expérience, et qui pourrait être placé
devant nous et étudié comme celui du Barreau l'a
été. Il a été revisé par l'Assemblée
nationale (l'Assemblée législative, dans le temps).
M. LALIBERTE: Je regrette de contredire le chef de l'Opposition, mais
effectivement, il existe un code d'éthique et il a été
à son origine et à plusieurs reprises discuté par les
membres.
Il a été adopté par nos congrès, et il
comporte des droits d'appel à l'intérieur et nous allons beaucoup
plus loin que cela. Contrairement aux professions libérales habituelles,
nous sommes prêts à partager le contrôle de l'éthique
de nos membres avec le ministère de l'Education. Les médecins,
les avocats et les autres professionnels sont-ils prêts à partager
et donc à reconnaître à l'Etat un droit de regard
également dans leur discipline?
M. LESAGE: C'est que l'Etat a eu droit de regard sur les règles
de discipline.
M. LALIBERTE: Oui, mais...
M. LESAGE: Des règles très rigoureuses, très
restreintes, et il y a le recours au bref de prérogative devant les
tribunaux s'il y a excès de Juridiction. C'est parce que M. Leblanc a
fait la comparaison tout à l'heure, et je voulais souligner à M.
Leblanc et à vous, M. le Président, la distinction fondamentale.
Ce n'est pas toujours facile de faire des comparaisons. Dans ce cas-ci, je dis
que la comparaison n'est pas possible parce que nous comparons des oranges avec
des pommes.
M. LALIBERTE: Je ne veux pas ouvrir un long débat
là-dessus, mais je continue à dire je n'évite pas
votre question que nous sommes prêts à aller plus loin que
les professions libérales traditionnelles. Non seulement pour la
reconnaissance des règlements et des règles de procédure
de la discipline, mais également pour le contrôle effectif des cas
de discipline, sauf que le ministère de l'Education, en fait le
gouvernement, dans sa politique, n'acceptant pas le partage des pouvoirs sur la
certification, n'accepte pas non plus le partage des pouvoirs sur les cas de
discipline. C'est là que se situe le problème.
M. CARDINAL: M. le Président, mais, on mêle deux domaines
qui sont absolument différents, et l'on passe de la certification et de
la qualification au problème de discipline. Il y a d'abord, dans le
problème de la qualification et de la certification, le fait qu'il
s'agit de par la loi d'un privilège du ministre. Lorsque M.
La-liberté dit que nous refusons de partager avec lui des questions de
discipline, et qu'il revient ensuite à la qualification et à la
certification, je dis que ce n'est pas du tout la même chose. L'on
mêle deux domaines. Et en réponse à la question qu'il avait
appelée « joyeuse », qui est une interprétation de
l'honorable ministre Masse, il est entré immédiatement sur le
terrain de la qualification et de la certification, alors que la lettre qui a
été lue, par exemple, ne traite pas du tout de ceci. Ce n'est
qu'un des secteurs possibles de ces questions. C'est peut-être de ce
secteur, d'ailleurs, qui n'est pas du tout du genre des autres secteurs. Il ne
s'agit pas là de discipline, mais de qualification légale; si
nous faisons une comparaison avec les professions, encore là pour ce qui
est de la qualification et de la certification, ceci existe depuis longtemps en
vertu de statuts très précis, et non pas partager avec personne
d'autre.
M. LALIBERTE: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer.
M. LALIBERTE: C'est tout simplement, M. le Président, pour
indiquer que, quand nous entrons dans un sujet comme celui-là
nous en convenons et c'est dans cet esprit que j'ai donné d'autres
milieux, d'autres situations, d'autres développements possibles
nous entrons dans un domaine qui est beaucoup plus vaste, que la seule
rédaction d'une clause de convention collective, ici.
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer.
M. COURNOYER: M. le Président, juste une distinction qui
s'impose, c'est qu'il ne faut quand même pas mêler les
problèmes. Je comprends que la corporation des enseignants du
Québec, qui est une corporation professionnelle de type ouvert; mais,
dans l'état actuel des négociations, elle parle au nom de ses
syndicats ou des syndicats affiliés. Les syndicats n'ont pas du tout les
caractéristiques d'une corporation professionnelle. La Corporation des
enseignants du Québec, d'après l'expérience que j'en ai, a
effectivement son code d'éthique qui est revisé de temps à
autre par les assemblées générales ou les conseils
généraux de la CEQ. Mais c'est un code d'éthique
professionnelle propre à la Corporation des enseignants du
Québec.
Ce qui est discuté présentement, à la table des
négociations, ce n'est pas l'éthique professionnelle des
enseignants du Québec, mais strictement leur appartenance ou leur
non-appartenance à un syndicat pour les besoins normaux d'un syndicat
qui est dévoué, non pas à l'intérêt public
comme une corporation de type pro-fessionnel, mais à
l'intérêt strictement de ses membres et de la collectivité
syndicale.
Il y a donc une distinction très forte qui doit s'établir
ici, et nous l'avons établie, nous, en distinguant le régime
syndical. Bien sûr la loi de la Corporation des enseignants du
Québec prévoit déjà l'appartenance obligatoire des
nouveaux enseignants à la Corporation des enseignants du Québec.
C'est un statut qui oblige les enseignants à le faire. Nous sommes en
train de négocier une convention collective au nom des commissions
scolaires qui font affaires, elles, avec des syndicats d'enseignants qui ne
sont qu'affiliés à la CEQ, et qui ne répondent pas du type
professionnel de la CEQ.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, Je voulais simplement faire la
distinction que Me
Cournoyer vient de faire, alors je ne la répéterai
pas.
M. DOZOIS: M. le Président, permettez-moi. Dans ce
problème, de mémoire, je crois que la CEQ existe en vertu d'une
loi de la Législature. Je pense que le chef de l'Opposition a
soulevé le point qui est peut-être le noeud du problème qui
est devant nous. C'est que, si nous avions affaire à une corporation
comme celle du Barreau, par exemple, ou le Collège des médecins,
ces corporations professionnelles où il y a des dispositions dans la loi
qui obligent ces professions à avoir un code de discipline avec toute la
procédure et tout, peut-être qu'on pourrait considérer de
modifier la loi de la CEQ lorsqu'ils seront pourvus de tels outils. Dans une
prochaine convention collective, il y aura peut-être possibilité
d'étudier, d'ajouter de telles dispositions, mais d'ici à ce
qu'ils aient de tels pouvoirs ou qu'ils soient sur un pied
d'égalité avec les corporations mentionnées par le chef de
l'Opposition, je pense que ce serait dangereux d'accepter une telle
proposition.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, est-ce que nous avons terminé
l'étude du chapitre 3? Il est 21 h 55.
M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Je voulais simplement ajouter, M. le Président, que
le Collège des médecins qui apportera sa loi, cette année,
j'espère, pour une refonte complète, se propose de faire
présider ses commissions de discipline et d'appel par un juge, de
façon à éviter toute possibilité d'injustice.
M. LE PRESIDENT: Alors, chapitre 3, terminé. Maintenant, demain
après-midi à 15 h 30, il y a un problème qui a
été indiqué cet après-midi par le
député d'Outremont. Je crois que plusieurs collègues
seraient intéressés à vous entendre. C'est la charge de
travail. Nous croyons tous, ici, autour de la table qu'il s'agit là d'un
des points litigieux. Alors, si vous voulez, demain après-midi, nous
commencerons par le problème de la charge de travail.
M. LALIBERTE: Juste un point, M. le Président. Je n'aimerais pas
que les membres du comité et les députés présents
aient l'impression que nous ayons, à dessein, choisi de traiter, disons,
des chapitres 2 et 3 comme voulant être les points les plus importants
qui nous séparent.
C'est à l'invitation, à la demande même expresse
d'un des membres du comité, cet après-midi, nous disant: Vous
vous promenez d'un chapitre à l'autre, que nous sommes revenus ce soir
sur les chapitres 2 et 3. Autrement, nous aurions procédé
effectivement par les points qui nous semblent les plus importants dans le
litige. Il est bien clair que nous accepterons de traiter, en priorité
demain, les conditions de travail. J'indique simplement, pour que cela reste
à l'esprit des gens que, parmi les autres points importants, il y a la
sécurité, il y a la classification, il y a le secteur qu'on
appelle, faute de mieux, sécurité sociale, si vous voulez, qui
sont effectivement parmi les grands points qui nous séparent encore.
Bien sûr, il y a aussi la question de rétroactivité des
salaires, compte tenu du reste de la convention collective.
Nous serons ici à 15 h 30. Nous tenterons de vous fournir par
écrit également certaines données additionnelles qu'on a
pu vous donner verbalement, à un moment donné, pour votre usage
et aux membres du comité.
M. LE PRESIDENT: Alors, demain 15 h 30, la charge de travail.
(Fin de la séance: 21 h 58)
Séance du 7 mai 1969
(Quinze heures cinquante deux)
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre, messieurs!
M. Leblanc pourrait-il faire son exposé sur le problème de
la charge de travail?
M. LALIBERTE: M. le Président, nous sommes prêts à
procéder et ce sera M. Leblanc qui le fera, pour la charge de
travail.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LALIBERTE: Auparavant, cependant, il vous donnera en quelques mots un
point sur lequel nous avons discuté hier.
M. LE PRESIDENT: Parfait. M. Leblanc.
M. LEBLANC: M. le Président, je pense que la partie patronale
admettra avec nous qu'au sujet du régime syndical dont nous avons
parlé hier soir il y avait eu très peu de négociation. En
fait, nous avons vu les textes de l'article 3 - 9.00 et 3 - 10.00 les deux
derniers textes, pour la première fois la semaine dernière quand
nous avons reçu le texte patronal.
Compte tenu de ce peu de négociation nous n'avons pas eu
l'occasion d'échanger véritablement des vues avec la partie
patronale sur le régime syndical et la perception des cotisations. Nous
nous sommes sûrement rendu compte aussi qu'il était assez probable
que nous n'arriverions pas à vous convaincre du bien-fondé de
notre demande.
Or, nous sommes prêts à déclarer, M. le
Président, que ces deux articles-là si on aime mieux
doivent être renégociés. Nous croyons qu'il devrait
y avoir rencontre des deux comités de négociation sur ce
point-là et nous sommes prêts à négocier la
chose.
Je me permettrai ici, cependant, d'affirmer immédiatement que
nous sommes assez près de la position patronale, compte tenu de certains
ajustements que nous croyons nécessaires. J'en cite deux à titre
d'exemple et non pas comme liste limitative. L'article de la position patronale
ne prévoit pas la perception des cotisations spéciales. Or, nous
croyons qu'il devrait y avoir au moins un paragraphe...
M. LE PRESIDENT: A quelle clause, M. Leblanc?
M. LEBLANC: A l'article 3 - 8.00.
M. LE PRESIDENT: A l'article 3-8.00: Déductions des cotisations
syndicales régulières et de l'équivalent.
M. LEBLANC: Alors, comme vous venez de le lire, M. le
Président,...
M. LE PRESIDENT: Maintenant, voici M. Leblanc. Je pense que tous les
membres de la commission ont apprécié vos premières
remarques. Etant donné qu'ici nous l'avons bien dit dès le
début ce n'est pas ici que vous négociez, nous prenons
acte des remarques que vous avez faites. Il est bien entendu que tout cela doit
se faire entre, d'une part, vous-même et M. Cournoyer de même que
les représentants des parties.
Alors, nous en prenons acte, et cela, c'est versé au dossier de
la négociation. Car nous sommes ici pour recevoir des explications. Nous
ne sommes pas un tribunal d'appel, ni un tribunal d'arbitres, ni des arbitres,
nous voulons des explications. Je pense que c'est la tâche qui a
été dévolue à cette commission.
M. LEBLANC: Ce n'était pas notre intention, M. le
Président, à la partie syndicale, de négocier. Je voulais
simplement faire part de cette orientation que nous avions prise et signaler
certains points, compte tenu de ces ajustements-là...
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LEBLANC: ... nous étions fort rapprochés de la position
patronale.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Nous vous en remercions, M. Leblanc.
La charge de travail.
M. LEBLANC: Je vais me permettre quelque chose, M. le Président,
vu que vous venez de dire ça. J'espère que nous aurons la chance
nous aussi, de remercier comme ça.
M. LE PRESIDENT: Vous savez, je serais bien mal placé pour vous
dire; Faites-le.
M. LEBLANC: Cela viendra peut-être. Alors, M. le Président,
nous voudrions exposer notre position sur les conditions de travail. Il va sans
dire je pense bien que tout le monde le sait que c'est pour nous
un des points...
M. LE PRESIDENT: Chapitre 8? M. LEBLANC: Chapitre 8.
M. le Président, je ne référerai que très
peu au texte. Sur le chapitre des conditions de travail, j'étais en
train de dire que c'est pour nous un des points, sinon le point le plus
essentiel parmi ceux qui restent en litige.
Je voudrais d'abord faire certaines remarques sur la charge de travail
des enseignants. Quatre points sont sûrement très importants pour
les enseignants: La fixation d'une tâche maximale, la fixation d'un
maximum d'élèves. Quand je parle de la tâche maximale,
évidemment, c'est tant au secondaire qu'à
l'élémentaire. J'Indique tout de suite que nous sommes
disposés à la garantie d'une certaine disponibilité et
enfin, il y a la question de la présence à l'école.
Tâche maximale (secondaire et élémentaire), maximum
d'élèves, certaines garanties de disponibilité et la
présence à l'école.
Je voudrais d'abord faire certaines remarques sur la comparaison du
rapport maître-élèves et de l'établissement d'une
tâche maximale de travail pour les enseignants. Nous croyons que les
enseignants ont certaines raisons de demander l'établissement d'une
tâche maximale.
Premièrement, nous sommes convaincus que tout travailleur, y
compris l'enseignant, a le droit de connaître spécifiquement la
tâche qu'il a à accomplir.
Quand quelqu'un vient s'engager pour une commission scolaire, nous
croyons que celui qui l'engage doit être en mesure de lui dire à
quoi il s'engage exactement et non pas de lui répondre: Eh bien, au
début de l'année, vous serez un certain nombre de professeurs,
vous vous partagerez une certaine tâche qui est variable et qui peut
être très variable, j'en reparlerai tout à l'heure. Cette
tâche variable, étant à un certain nombre de professeurs au
mois de septembre, vous vous la partagerez et, à ce moment-là, tu
sauras à quoi tu t'engages!
Il me semble que dans les conventions collectives en
général et ce n'est pas seulement dans le domaine de
l'enseignement on sait, on connaît quelle tâche on a.
Evidemment, il peut y avoir du supplémentaire, mais cela reste du
supplémentaire. On sait quelle tâche fixe on a à accomplir
pour le salaire qu'on reçoit et pour qu'on puisse porter un
jugement.
Un autre désavantage pour les enseignants dans le rapport
fixé comme on nous le propose, c'est qu'au début de chaque
année, non seulement sur des aspects pédagogiques,
évidemment les enseignants doivent jaser entre eux de méthodes,
etc., ils doivent avoir des réunions là-des-sus, nous en
convenons, mais en plus de cela, les enseignants, au début d'une
année, entre eux, devront négocier leur part de travail, entre
les membres de la même association: les chefs de groupe voulant telle
chose, les professeurs de français voulant telle chose, les professeurs
d'anglais voulant autre chose, ainsi de suite. Alors, il y aura une
véritable négociation pour savoir qui en fera plus, qui en fera
moins, etc.
Nous croyons que cela serait de nature à créer un climat,
dans l'école, qui ne serait pas pour le bien de l'enfant.
Le professeur, d'autre part, au début de l'année, ne sait
pas quelle tâche d'enseignement, de surveillance, etc., il aura à
faire avec un rapport, ne connaissant souvent qu'en octobre ou en novembre
exactement ce qu'il aura à faire.
Il hésitera certainement à s'engager, à se
perfectionner. Parce qu'évidemment m'engager à aller à
plus ou moins de cours à l'université, m'engager dans un
recyclage, m'engager dans une foule de choses de perfectionnement, alors que je
ne sais pas exactement quand je serai libre, alors que je ne connais pas
exactement ma tâche, eh bien, c'est certainement de l'hésitation,
parce qu'on ne s'inscrit pas à des cours à l'université ou
aux écoles normales au mois de septembre. Il faut s'inscrire à
ces cours de perfectionnement au mois d'avril ou au mois de mai, l'année
précédente.
Avec un tâche à se partager fixée par un rapport
maître-élèves, les enseignants hésiteront aussi
sûrement à entreprendre certaines expériences
pédagogiques, soit sur les méthodes actives, soit sur le «
team teaching ».
Je disais tout à l'heure que cela créera certainement, au
début de l'année, un climat d'insécurité dans les
écoles. D'abord, parce que nous l'avons déjà
expliqué à la partie patronale on veut fixer le rapport
maître-élèves en vertu des prévisions
d'élèves au 31 janvier prochain. On peut prévoir, au mois
d'avril cette année, qu'au 31 janvier prochain, il y aura un certain
nombre d'élèves. Vous remarquez que le texte de la partie
patronale ne prévoit pas sur quoi on se basera pour prévoir cela;
on a essayé de le faire inclure. Deuxièmement, nous avons fait
remarquer que le nombre d'élèves peut considérablement
augmenter, soit par des échecs massifs ce qui peut arriver
à un moment donné; certaines fois les examens ne sont pas
nécessairement appropriés soit par l'ouverture d'options
par la commission scolaire, par les changements, parce que ces options sont
choisies par les élèves. Il est assez difficile de savoir en
avril, quand on fait les prévisions, quels seront les choix des
élèves. Il deviendra extrêmement difficile de choisir la
qualité des professeurs qu'on veut avoir. Or, l'engagement des
professeurs deviendra certainement beaucoup plus difficile, même pour
la commission scolaire. Et il y a quelques inconvénients aussi
dans ce système pour les commissions scolaires.
Est-ce qu'une commission scolaire avec un système de personnel
limité parce qu'il est limité quand même aux
élèves peut offrir 15 options à 500
élèves et offrir 25 options à 500 élèves?
Cela ne donne pas le même résultat.
Or, des commissions scolaires seront sûrement
empêchées d'ouvrir certaines options parce qu'elles appliqueront
un rapport maître-élèves et que leur personnel sera
limité. On aura sûrement des difficultés à respecter
le classement des élèves par choix. Les commissions scolaires
avec un rapport comme celui-là pourront difficilement enrichir, comme
elles le voudraient, leur milieu pédagogique de tous les services et les
expériences nouvelles qu'elles voudraient tenter.
Si nous avons fait ces quelques remarques, c'est pour arriver à
signaler le point suivant. On nous a parlé, depuis le début de
cette négociation et depuis le début des séances de la
commission, d'un régime d'équité.
Nous comprenons assez mal comment un système de rapport va
pouvoir assurer le régime d'équité. D'abord vous avez le
problème de la clientèle. La clientèle est fort
regroupée dans des grandes villes et la clientèle est souvent
parsemée dans le milieu rural. La concentration de cette
clientèle ne donnera ni aux élèves, ni aux professeurs les
mêmes avantages.
Il faudrait faire remarquer un deuxième point: en plus de la
concentration de la clientèle, la possibilité de transport. Les
mêmes possibilités de transport ne s'établissent pas
partout. On dit: Dans ce système-là, il y aura possibilité
de regrouper les élèves. Mais les possibilités de
transport ne sont pas les mêmes partout. D'abord le transport n'est pas
nécessairement rationalisé comme il l'est présentement.
Deuxièmement, on a vu dans certains coins que des parents refusaient que
les élèves soient transportés. Lorsque les parents
refuseront que les élèves soient transportés, est-ce que
ça va avoir de l'influence sur la tâche des enseignants? Est-ce
que ça va avoir de l'influence sur l'équité qu'on devrait
assurer aux enfants?
Ce régime d'équité dont on nous a parlé,
quand la commission scolaire va décider d'ouvrir plus ou moins d'options
si la commission scolaire d'abord ouvre plus d'options il va
certainement y avoir plus de périodes, plus de cours à donner
pour les enseignants. Si, par contre, la commission scolaire décide de
ne pas ouvrir les options, quelle influence cela aura-t-il sur le bien de
l'enfant?
Le rapport de 1 par 17 qu'on nous propose est plus difficilement
applicable dans un système pédagogique polyvalent que dans un
système traditionnel. Nous remarquons, en général, que les
commissions scolaires régionales par exemple, présentement, qui
sont le plus près de 1-17, sont celles qui sont encore sur le
système traditionnel.
Plus les commissions scolaires régionales ont
évolué vers le système polyvalent, en
général, plus elles s'éloignent du rapport 1-17. Elles
seront à 1-16, à 1-15, parfois, inférieures à
cela.
Une autre chose qui aura de l'influence sur le rapport, ce sont les
locaux. On nous dit qu'il y a possibilité de faire du regroupement. Pour
faire du regroupement, il faut avoir les locaux nécessaires. Je me
rappelle, pendant la négociation, on nous a dit, dans certaines
matières; On pourra arriver à mettre 60 élèves
ensemble. Encore faut-il avoir un endroit qui nous permette de mettre 60
élèves ensemble. Il y a des écoles, présentement,
des écoles secondaires entre autres, des écoles primaires aussi
évidemment, qui ne permettent pas ce regroupement
d'élèves.
En procédant par rapport, vous avez aussi le
phénomène de l'intégration des écoles de
métiers ou des écoles techniques au système public
ordinaire. M. Pepin, de la CSN, en a parlé assez longuement hier. Je
n'insisterai pas là-dessus. Mais il faut bien penser que si les
enseignants, une fois regroupés, veulent continuer d'assurer aux
écoles de métiers quelque chose de semblable à ce qu'ils
avaient auparavant, il faudra que d'autres enseignants prennent une charge
supérieure à la charge normale. Si, par ailleurs, les enseignants
du cours régulier n'acceptent pas de prendre une charge
supérieure, il sera impossible d'arriver à satisfaire ceux du
secteur de l'enseignement professionnel. Autre objet de négociation.
Un dernier point sur le régime d'équité. Je
voudrais attirer votre attention sur la surveillance des transports. Dans
l'offre présente, on nous demande d'assurer toute la surveillance. Dans
certains endroits de la province, la surveillance n'est pas difficile à
effectuer, cela se réduit, à peu près, à la petite
récréation de la matinée et à celle de
l'après-midi. Dans d'autres endroits, il y a tout le système des
transports. La charge de travail des enseignants est conditionnée au
système de transport. Comme le système de transport fonctionne
d'une certaine façon, il y a des élèves qui arrivent
à 7 heures et demie le matin et il y en a qui sortent à 5
heures.
La remarque que je fais là n'est pas générale. Mais
en fait d'équité de charge de travail pour les enseignants qui
auront à le faire, que ce soit à 4 h 30 ou 5 heures ou 7 h 30 ou
8 heures, si l'école commence à 8 h 30, la charge de travail
selon la surveillance à effectuer ne sera pas la même avec un
rapport.
Il y a aussi un autre point qui a de l'influence directe sur la charge
de travail des enseignants. C'est la question du double horaire. Il y a des
commissions scolaires qui sont allées jusqu'à un triple horaire,
mais il y a de nombreuses commissions scolaires qui sont présentement
sous l'effet du double horaire. Concentration des périodes, mais
l'enseignant n'a rien qui, dans la convention collective, garantit par exemple
qu'il n'enseignera pas une partie au premier horaire et une partie au
deuxième horaire. Et comme on lui fait devoir d'être
présent à l'école tout le temps que les
élèves sont à l'école, cela va sûrement
allonger sa journée de travail.
Nous tenons donc à ce qu'il y ait une tâche maximale
d'établie dans la convention collective provinciale. Evidemment, on va
nous dire que le projet patronal nous permet, à l'intérieur du
rapport 1 - 17, de partager la tâche au niveau de la commission ou au
niveau de l'école. Pour nous, ce n'est pas satisfaisant parce qu'il va
falloir s'entendre sur la répartition de la tâche avec la
commission scolaire pour établir au moins les règles
générales. Mais, si nous ne nous entendons pas, le texte
pré volt qu'en attendant que nous nous entendions, la commission
scolaire applique ce qu'elle pense Juste et équitable. Evidemment, les
négociations peuvent durer longtemps.
Nous voudrions, M. le Président, que, compte tenu des conventions
collectives, la majorité de nos conventions collectives au secondaire
prévoie une tâche maximale. Or, nous voudrions qu'il soit
établi un maximum de périodes. Nous n'avons pas, en principe,
d'objection à ce que, à l'engagement, les commissions scolaires
s'orientent sur un rapport, mais l'enseignant, lui, doit savoir à quoi
cela aboutit. Et, pour le savoir, nous croyons qu'il devra être
fixé, par exemple, un maximum de vingt périodes de 45 minutes au
secondaire. J'explique pourquoi vingt périodes de 45 minutes. Parce que,
c'est un des points aussi qui nous empêche d'accepter le rapport comme il
nous est présenté, c'est le fait qu'actuellement, on nous impose
ou on essaie de nous imposer que les élèves reçoivent 1750
minutes d'enseignement.
Ces 1,750 minutes d'enseignement qu'on nous propose, soit 35
périodes de 50 minutes évidemment, à part
ça, il est question de surveillance et du reste, de réunions et
ainsi de suite mais, pour l'enseignement, on dit que l'horaire des
élèves devrait être de 1,750 minutes alors que 55% des
régionales, actuellement, fonctionnent à pas plus de 1,575
minutes, soit 35 périodes de 45 minutes.
Avec ce qu'on nous offre présentement, M. le Président,
c'est un chambardement total de toutes nos conditions de travail parce que, en
augmentant notre charge de travail de 1,575 minutes, donc 35 périodes de
45 minutes dans le contexte actuel pour 55% des régionales, non
seulement on diminue le nombre de professeurs, mais on augmente le temps
d'enseignement.
Quant à l'élémentaire, 1re, 2e et 3e années,
nous croyons qu'il devrait y avoir un maximum de 26 périodes de 45
minutes, pour les 1re et 2e années, et un maximum de 27 périodes
pour les 3e, 4e, 5e et 6e années.
Nous croyons, 1VL, le Président, que les classes devraient avoir,
aux cours réguliers, 30 élèves et qu'elles devraient
avoir, en atelier, 15 élèves.
M. LESAGE: M. Leblanc, au lieu de faire le calcul moi-même, vu que
vous l'avez déjà fait, je vais vous demander ceci: Par exemple,
en 1re et 2e années à l'élémentaire, l'enseignant
ou l'enseignante commence le matin avec ses élèves et passe la
journée avec eux du lundi au vendredi. Il n'y a pas de période de
45 minutes, je ne pense pas. Il y a un repos de 10 ou 15 minutes le matin et la
même chose dans l'après-midi. Cela équivaut à
combien de périodes?
M. LEBLANC: Cela équivaut à un certain nombre d'heures,
monsieur...
M. LESAGE: Bien, oui, traduisez-moi ça. Vous connaissez
ça, en période de 45 miniutes.
M. LEBLANC: Je vais le faire.
Voici ce que je veux dire là-dessus. On nous propose, dans les
règlements du ministère, un temps d'enseignement basé sur
des périodes de 45 minutes. Cela ne veut pas dire que dans la pratique
ça va se faire comme ça.
M. LESAGE: Non, non.
M. LEBLANC: Mais on nous propose, en général,
présentement, c'est autour de 1,260 minutes en 1re et 2e; et c'est
autour de 1,500 minutes en 3e, 4e, 5e et 6e années.
Possibilité...
M. LESAGE: Merci M. Leblanc, c'était ça que je voulais
savoir.
M. LEBLANC: Je voudrais insister aussi,
M. le Président, sur le troisième point, la garantie de
disponibilité. Dans l'offre patronale, on nous dit: Tu vas être
à la disposition de tes élèves pour tes périodes
d'enseignement. Quand tu n'enseigneras pas, tu vas être continuellement
à la disposition du principal pour différentes tâches,
différentes activités, différentes surveillances.
M. le Président j'allais dire M. le Principal par
déformation nous l'avons offert à la partie patronale,
nous sommes disposés à deux heures de disponibilité en
plus du nombre de périodes d'enseignement.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, je voudrais bien clarifier ceci, quant
à mol, vous dites qu'il y a tant d'heures ou tant de périodes
d'enseignement et, en plus de cela, il faut être disponible, la
présence de l'enseignant doit être requise et il doit être
au service du principal. Voulez-vous expliquer davantage?
M. LEBLANC: Oui, M. le Président, avec plaisir. Je n'ai pas
parlé de présence, j'ai parlé de disponibilité.
M. LE PRESIDENT: Disons disponibilité.
M. LEBLANC: Le quatrième point sera sur la présence. Je
dis que, même si l'enseignant acceptait éventuellement
d'être présent le même temps que les élèves,
même s'il acceptait cela, cela ne veut pas dire qu'il devrait être
disponible au principal pour toutes sortes d'activités, le même
temps. Même si c'est un chambardement complet de ce qui se passe
présentement, et depuis plusieurs années, nous croyons qu'il est
possible d'accepter deux heures de disponibilité réparties dans
toute la semaine, en plus des 20 périodes d'enseignement, parce que
là je parle pour le secondaire.
M. HOUDE: M. Leblanc, est-ce que ces deux heures de
disponibilité, dans votre tête, les enseignants seraient
consentants pour autant que ce soit pendant les heures de classe?
M. LEBLANC: Evidemment.
M. HOUDE: J'aurais dû m'en douter.
M. LEBLANC: II faut que la semaine de travail finisse à un
certain moment donné.
M. HOUDE: Non, mais je pensais aux activités parascolaires.
M. LEBLANC: Et la journée de travail aus- si. Quand je parle de
deux heures de disponibilité, c'est pour des activités, c'est
pour ou recevoir des élèves, ou remplir certaines tâches de
surveillance, ou pour le dépannage au cas où la commission ne
puisse pas trouver sur le moment un suppléant, c'est pour des
activités comme celles-là: le comité, conseil
d'école, les différentes réunions avec les chefs de groupe
ou les coordonnateurs. Nous croyons qu'il nous est possible d'accepter deux
heures de disponibilité pour remplir ces taches-là. Ce n'est pas
nécessaire que tout le monde soit là pour la surveillance. Quand
il y a un instituteur de malade, ce n'est pas nécessaire qu'il y en ait
vingt qui soient disponibles pour le remplacer. Alors, il a moyen de partager
la tache de façon à assurer de la disponibilité sans
obliger tout le monde à être disponible au même moment.
La partie patronale semblait insister pour que les enseignants soient
présents à l'école du début des classes le lundi
matin, tout le temps que les élèves sont à l'école,
jusqu'au vendredi soir. Présentement, généralement, dans
les régionales, nous ne sommes pas présents. Nous sommes
présents pour le travail que nous avons à faire. Les instituteurs
dépassent souvent largement le temps où ils sont obligés
d'être là, mais ne sont pas obligés d'y rester. Nous disons
aujourd'hui que nous sommes prêts à envisager cette
présence. Si nous comprenons bien, cette présence-là est
pour favoriser le travail pédagogique, nous sommes prêts à
l'envisager. Evidemment, il faudra qu'il y ait des normes d'établies et
des décisions à prendre conjointement sur la valeur des locaux ou
sur les locaux qu'auront les enseignants quand ils demeurent à
l'école.
Parce que le moins qu'on puisse dire, c'est que, quand un enseignant
n'est pas dans sa classe, et qu'il y en a un autre dans cette classe-là,
il ne peut pas s'en aller chez lui. Il faudrait qu'il ait une place où
il pourrait demeurer, une place qui soit acceptable.
Même si nous sommes disposés à envisager, à
la table de négociations, cette présence, à certaines
conditions entre autres celle des locaux nous ne croyons pas que
pendant tout ce temps-là, l'instituteur doit être à la
disposition du principal. Parce que, s'il doit être à la
disposition du principal pendant tout ce temps-lâ, quand
préparera-t-il, quand corrlgera-t-il?
Nous, pour notre part, nous croyons qu'une heure ou une période
passée en classe, il la faut multiplier par 1.8 pour arriver à se
représenter le travail d'un enseignant pour chaque heure qu'il passe en
classe.
M. LEVESQUE (Laurier): Voulez-vous dire que la préparation et la
correction impliquent à peu près les 4/5 plus une heure de classe
en plus de...
M. LEBLANC: II y en a qui vous diront deux heures, il y en a qui vous
diront un peu moins mais, d'après des évaluations et des
enquêtes que nous avons faites à travers la province, nous en
sommes arrivés à la conclusion d'environ 1.8 à 2 le temps
que chaque heure passée en classe représente de travail.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, en moyenne...
L'équivalent d'une heure d'enseignement, en moyenne, à peu
près l'équivalent est requis pour la préparation et la
correction?
M. LEBLANC: A peu près.
M. DOZOIS: Ce qui veut dire que votre semaine de travail serait de 27
à 30 heures environ?
M. LEVESQUE (Laurier): Disons 15 heures...
M. DOZOIS: Oui, 15 heures de cours multipliées par 2, cela fait
30 heures; si c'est 1.8, cela fait 27 heures.
M. LEBLANC: M. le Ministre, il ne faut pas oublier qu'il y a des
changements entre les cours.
M. DOZOIS: Non, Je vous pose la question, Je ne veux rien oublier.
M. LEBLANC. Il ne faut pas oublier qu'il y a de la surveillance et il ne
faut pas oublier qu'il y a différentes choses comme celles-là. Et
il y a des réunions. Nous vous en avons parlé, des
réunions.
M. DOZOIS: Mais est-ce que ce n'est pas compris, cela? Vous dites que
pour déterminer la semaine de travail d'un instituteur, on doit
multiplier par 1.8 ou par 2.
M.LEBLANC: Oui.
M. DOZOIS: Alors, vous avez dit tout 5 l'heure que votre semaine
d'enseignement était de tant de périodes de 45 minutes, ce qui
faisait 15 heures. Alors, 15 heures multipliées par 1.8 cela fait
27.
M. LEBLANC: Mais, il ne s'agit que de l'enseignement. Ensuite, ce ne
sont pas des périodes qui se suivent. Nous restons quand même
à l'école pendant tout le temps que les élèves y
sont. Il y a des heures qui sont à la disposition du principal, il y en
a d'autres qui sont pour la préparation et pour la correction.
En général, les enseignants, souvent, dépassent ce
nombre d'heures. Ce n'est pas rare. Evidemment, comme J'allais le dire tout
à l'heure, on me dira qu'il y en a qui n'en prennent pas tant que cela.
C'est vrai dans tous les métiers et dans toutes les professions, mais il
y en a qui dépassent largement aussi les normes qu'on mentionne.
Je voudrais attirer votre attention sur un dernier petit point, donner
un exemple de ce que cela peut avoir d'influence. A la régionale
Louis-Hémon, la décision est prise de fermer, pour l'an prochain,
l'option électricité parce qu'il n'y a plus que quatre
élèves. On devra transporter les élèves à
Dolbeau, à 60 milles plus loin. Les élèves devront faire
120 milles par Jour ou pensionner s'ils veulent être capables de recevoir
l'option électricité.
Dans un autre secteur, celui de Normandin, on devra fermer
l'enseignement professionnel à cause de la mauvaise clientèle.
Parce qu'évidemment, avec la norme 1/17, cela ne sera pas
réalisable.
Et si on la réalisait quand même, les maîtres se
retrouveraient avec un minimum de 26 périodes d'enseignement.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous terminé, M. Leblanc? Est-ce que les
collègues ont des questions à poser à M. Leblanc?
M. MASSE: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Masse. .A. LEBLANC: Juste un point que j'allais
oublier. Quand J'ai parlé de la disponibilité, j'en ai
parlé pour le secondaire: deux périodes de disponibilité,
évidemment c'est pour le secondaire. Il faudrait aussi mettre une
période de disponibilité pour l'élémentaire. Il est
sûr que les enseignants sont prêts à assurer la surveillance
des récréations de la matinée et de
l'après-midi.
M. LEVESQUE (Laurier): Pourriez-vous préciser ce que veut dire
« disponibilité »?
M. LEBLANC: La disponibilité...
M. LEVESQUE (Laurier): Par rapport à la présence.
M. LEBLANC: C'est-à-dire des heures supplémentaires, en
plus de l'enseignement, pour certaines activités. Par exemple, il y a le
« tutorat », il y a certaines réunions, il y a certaines
rencontres avec les élèves, etc. Ce sont ces genres
d'activités. En plus, il y a les comités de l'école; les
rencontres avec les coordonna-teurs ou les chefs de groupe dans certaines
matières; la surveillance des enfants, non pas pendant les heures de
cours, mais en dehors des heures de cours, soit des autobus le matin et le
soir; le remplacement d'un confrère qui est absent dans les cas
d'urgence, de façon que les élèves ne soient pas
seuls.
Cela ne veut pas dire que nous sommes disposés à nous
laisser imposer le remplacement tout le temps; c'est une question de
dépannage.
M. LEVESQUE (Laurier): A propos de présence excusez-moi,
je pense que je ne suis peut-être pas le seul vous dites qu'au
secondaire les enseignants seraient prêts à accepter deux heures
de disponibilité en plus des périodes d'enseignement; vous venez
de définir ce qu'est la disponibilité d'une façon
générale. La présence, le reste du temps, serait remplie
par quoi, tenant compte du fait qu'il faut des locaux, comme vous l'avez
dit?
M. LEBLANC: Une partie de la préparation et de la correction.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah bon, ce serait le travail
complémentaire de l'enseignement.
M. LEBLANC: Je suis convaincu que l'enseignant, en
général, ne le finirait pas là, mais une partie...
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: M. Leblanc, est-ce que dans les deux heures de
disponibilité est incluse une surveillance d'une ou de deux heures par
semaine à l'heure des repas des élèves?
M. LEBLANC: Non, cela n'inclut pas les heures des repas. Dans presque
toutes nos conventions collectives, on ne surveille pas les repas.
M. HOUDE: Les parents se plaignent aussi. M. LEBLANC: Pardon? M. HOUDE:
Les parents se plaignent aussi. M. LEBLANC: Je comprends, ils peuvent
évidemment se plaindre, mais nous sommes convaincus que ces repas
peuvent être surveillés par des moniteurs et que ce n'est pas
nécessaire de l'imposer aux enseignants, ni de payer des enseignants
pour remplir cette fonction.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. Leblanc, avez-vous fait des calculs pour en arriver au
chiffre que représenterait le coût de vos demandes par rapport aux
offres gouvernementales? Je veux dire: en particulier, quelles sont les
implications financières, à l'échelle de la province, de
ce que vous demandez et de ce que le gouvernement vous offre?
M. LEBLANC: Nous avons, évidemment, fait certains coûts.
Ces coûts, cependant, sont nettement conditionnés par
prenez au secondaire le nombre d'options que la commission scolaire
décidera d'ouvrir. Y aura-t-il intégration? L'intégration
est-elle faite? Ou n'est-elle pas faite?
La commission scolaire a-t-elle les locaux pour faire les regroupements
ou n'a-t-elle pas les locaux nécessaires pour faire les regroupements
d'élèves? Je ne parle pas entre les commissions mais à la
même commission. A-t-elle ça pour arriver à dire: Bien
ça coûterait... Les coûts deviennent
énormément difficiles à calculer à cause de ces
choses-là qu'on ne peut pas présentement calculer parce qu'on se
sait pas quelle décision la commission prendra. Le système qu'on
nous propose, ce qui est faux pour nous à notre sens, c'est qu'on met
tant d'enseignants dans l'école en vertu du nombre
d'élèves, quelles que soient les choses qui vont arriver. Nous
n'avons pas d'objection nécessairement à un rapport fixe, on
comprend qu'il faut que la commission scolaire calcule, qu'il faut que le
ministère fixe ses budgets. On comprend tout ça mais, par contre,
pour l'instituteur, toutes les choses qui ne sont pas quan-tiiiables d'avance
vont avoir une influence énorme sur sa charge de traitement. Il s'engage
aveuglément à le faire.
M. CHOQUETTE: Sur sa charge de travail, je pense.
M. LEBLANC: Sur sa charge de travail. Evidemment dans les derniers
compromis qu'on a déposés en médiation, on avait
essayé, par différents autres moyens, d'arriver à encadrer
un peu la charge maximale, et ça coûtait $16 millions de plus que
ce qu'on nous offre présente ment.
M. CHOQUETTE: C'étaient vos calculs?
M. LEBLANC: C'étaient nos calculs. Maintenant à nos
enseignants, à la suite de ça, nous avons présenté
ces compromis. Ils nous ont nettement exprimé qu'ils n'étaient
pas d'accord avec ces compromis et que, pour eux, il devenait essentiel de leur
fixer une tâche maximale. Il faut qu'ils sachent, à un moment
donné, où ça s'arrête.
M. CHOQUETTE: Ce que vous avez expliqué aujourd'hui est-ce que
c'est votre demande originale ou bien est-ce le compromis dont vous avez
parlé tout à l'heure?
M. LEBLANC: C'est très loin. Ce n'est pas le compromis dont nous
avons parlé tout à l'heure, c'est un peu plus que le compromis
dont nous avons parlé tout à l'heure, j'en suis certain. Nous
n'avons pas de chiffre là, parce que c'est récent
évidemment. Mais c'est loin, très loin de notre demande
originale. Notre demande originale calculait en période
élève semaine, et il y avait des différences. Il y
avait un plan général pour tout le secondaire par exemple, ou
pour tout l'élémentaire avec des particularités pour les
professeurs de sciences et pour différentes choses comme
celle-là.
M. CHOQUETTE: Le gouvernement était-il d'accord avec vous sur la
différence de coût de $16 millions, M. Leblanc?
M. LEBLANC: J'ai vu un document patronal qui citait nos chiffres. Cela
ne veut pas nécessairement dire qu'ils étaient d'accord parce
qu'ils les citaient. On m'a dit qu'ils avaient dit que ça
coûterait un peu plus cher que ça, mais on ne m'a pas
montré de chiffre et on ne m'a pas prouvé que ça
coûterait plus cher que ça.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: M. le Président, avec la permission de la commission,
je demanderais puisqu'il y a dans l'exposé de M. Leblanc des points tout
à fait techniques de relation au sujet des rapports
maître-élèves, de la distribution des matières a
enseigner par rapport aux ateliers et aux cours magistraux. Avec la permission
de la commission, je demanderais au sous-ministre de l'Education, M. Arthur
Tremblay, qui, au ministère de l'Education, a une certaine
responsabilité dans cette question de répartition des
matières à enseigner, d'adresser la parole et de donner des
explications et de répondre aux questions des parlementaires.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, sous-ministre de l'Education.
M. TREMBLAY (sous-ministre): M. le Président, dans
l'exposé qu'il vient de faire, M. Leblanc a abordé un grand
nombre de questions techniques, de détails, insistant sur un point ou
sur l'autre. Il me semble qu'à ce point-ci de l'étude de la
commission parlementaire, il ne sera pas inutile d'essayer de situer l'ensemble
du système dont nous parlons de façon à en voir, d'une
part, la complexité et de façon à accrocher la discussion
si elle veut être fructueuse sur des points précis et
déterminants quant aux implications du système.
La question qui est, en ce moment, débattue comporte, à
mon sens, dans le cadre de la proposition patronale, deux aspects fondamentaux.
Le rapport maître-élèves peut être vu d'une part
comme une technique de définition indirecte à l'échelon
provincial de la tâche des enseignants. Il peut être vu, ensuite,
en tant que rapport concret, le rapport 1-17.
Sur le premier point, la proposition patronale signifie, en somme, que
la définition de la tâche par un tel rapport sera faite de
façon globale au niveau provincial et qu'elle sera ensuite
précisée par un mode de négociation à
l'échelon local précisément pour tenir compte de multiples
aspects de la situation concrète.
M. Leblanc a souligné que, précisément, il ne fait
pas confiance à ce processus de négociation locale pour assurer
un régime d'équité pour l'ensemble des enseignants, et
pour tous et chacun d'entre eux. Je voudrais, à ce point de vue,
souligner simplement qu'hier il a été longuement discuté
de la codécision des enseignants et des autorités locales. Il me
semble qu'il y a là un cas prioritaire, un cas privilégié
d'application de la codécision à l'échelon local, entre
les enseignants et les commissions scolaires. Si l'expérience de la
codécision doit être tentée, c'est bien sur ce point
où, de façon très vitale, les deux parties sont
engagées. Je ne comprends pas, dans cette perspective, qu'on soit
à ce point inquiet des résultats d'un processus de
négociations, c'est-à-dire en somme de codécision, entre
les enseignants et les commissions scolaires à l'échelon
local.
Je ne ferai pas d'autre commentaire sur cet aspect du rapport. Je
répète, je m'en excuse, cet aspect, c'est la discussion du
rapport en tant que système de définition des tâches,
à deux échelons, provincial et local, qui est en cause.
Sous l'autre aspect, c'est-à-dire sous son
aspect concret, le rapport 1-17, que veut dire ce rapport? Quelles sont
ses implications? Permettez-moi, auparavant, de rappeler un peu son histoire et
de quelle façon on est arrivé, au cours des années,
à ce rapport 1-17.
Il faut remonter à 1963 pour trouver le premier exemple d'un tel
rapport dans le système d'organisation des écoles. C'est dans une
circulaire adressée aux commissions scolaires par le département
de l'Instruction publique, à l'hiver 1963, qu'il est, pour la
première fois, fait mention d'un équivalent rigoureux d'un tel
rapport. La circulaire en question indiquait aux commissions scolaires qu'il
fallait se baser sur le principe qu'il y aurait trois maîtres, plus
exactement pour 65 élèves, que l'organisation scolaire qui
n'aboutirait pas à ce résultat devrait être
réaménagée. Ce qui veut dire qu'à l'époque,
pour des écoles secondaires de caractère général ou
« académique » pur, on prévoyait un rapport de 1
à 22.
A la même époque, au cours de l'hiver 1963, le
comité d'étude sur l'enseignement technique et professionnel,
après au-delà d'un an et demi d'enquêtes dans le milieu des
écoles professionnelles pures, cette fois-ci, des écoles de
métiers et des instituts de technologie, recommandait pour une
école professionnelle pure un rapport 1-15, compte tenu du fait que ces
écoles enseignaient à deux niveaux: le niveau secondaire, les
écoles de métiers, le niveau collégial, les instituts de
technologie, chacun de ces types d'école pouvant dispenser
l'enseignement à ces deux niveaux.
Le rapport 1-15 était proposé après une analyse
très concrète des situations locales dont l'ensemble pouvait
s'exprimer dans l'observation suivante. Le rapport constaté était
de 1 à 10.4 en 1961-62. Je me permets au passage, à ce propos, de
rappeler les observations qui ont été mentionnées hier par
M. Pepin et qui, sur le plan des faits, sont exactes. Il existe dans les
institutions de caractère professionnel pur des variations qui vont
je ne me rappelle pas exactement les chiffres qu'il a mentionnés
mais dans certains cas même de 8 ou 9 à 12 ou 13 avec une
moyenne de 11.9 c'est-à-dire une moyenne de 12.
Je ne conteste pas, sur le plan des faits, les attestations de M. Pepin
hier. Je dirai deux mots tantôt de l'usage qu'il en faisait pour poser un
problème.
Donc, le rapport du comité d'étude, tout à fait au
début de 1963, proposait que l'on s'oriente vers un rapport 1-15.
Pourquoi une telle proposition? Effectivement, l'une des grandes explications
du fait que le rapport était à 1-10, c'est que dans certaines
options, dans certaines institutions, on continuait à dispenser des
cours professionnels à des groupes extrêmement restreints
d'élèves.
Je ne mentionnerai qu'un exemple. Il y avait, à cette
époque, dans une école de métiers, une option de
menuiserie dispensée à un élève. Il est bien
évident que, lorsqu'on n'a qu'un élève dans une option, le
rapport observé sera extrêmement bas pour l'ensemble.
Il nous a donc paru, à ce comité d'études,
simplement réaliste, de proposer 1-15 si l'administration des
écoles de métiers s'orientait vers une meilleure ou une plus
saine administration, une plus saine organisation des choses exigeant par
exemple un minimum d'élèves pour ouvrir une option. Il
était même dit, dans ce même document, qu'on pouvait viser
ultérieurement à un rapport qui serait de 1-20 si des
institutions d'une assez grande envergure étaient
créées.
Nous sommes toujours en 1963, à la suite du rapport du
comité d'étude. Certaines commissions scolaires je pense
par exemple à la Commission scolaire des Mille-Isles ont
commencé dès l'année 1963-64 à aménager
certains types d'enseignement professionnel, entre autres des cours
d'initiation au travail. Dans l'année qui a suivi, 1963-64 le
ministère a été créé en mai 1964
l'étude des recommandations à cet égard du rapport Parent
a commencé dans la perspective de ce qui est devenu par la suite le
règlement no 1 du ministère, règlement qui se fonde sur
l'objectif de l'institution d'un cours secondaire polyvalent,
c'est-à-dire d'un cours à l'intérieur duquel on trouvera
à la fois du professionnel et du général rassemblant en
quelque sorte ce qui n'avait été jusque là que du
général pur et du professionnel pur.
C'est dans cette perspective que le rapport 1-17 a été
introduit dans les règles d'approbation des budgets dès
l'année 64/65. C'est dans la perspective de rendre possible, de
favoriser l'installation du professionnel qui était déjà
engagé, je viens de le rappeler, dans les commissions scolaires au
niveau secondaire.
C'est ainsi que partant, pour des écoles générales
pures, d'un rapport de 1-22, d'un rapport 1-15 pour des écoles
professionnelles pures, nous avons fusionné en quelque sorte et abouti
au rapport 1-17 au nom même de la polyvalence, c'est-à-dire au nom
de l'aménagement du professionnel.
De façon qu'on ne puisse pas dire que, par les normes en vigueur
du ministère, on se trouvait à bloquer d'avance le
développement du professionnel, mais de façon à le
stimuler. Pour une fois qu'il y a eu anticipation, je pense
qu'on est malvenu de faire aujourd'hui du rapport 1-17 un obstacle
à la mise en place du professionnel. Il a été pensé
comme un stimulant. Nous partions, je le répète, d'un rapport de
1-22 dans les écoles secondaires en 1963, les écoles secondaires,
« académiques », générales pures, et
d'écoles professionnelles pures, de l'autre coté.
C'est là l'histoire du rapport 1-17. Il me semble que ce
n'était pas inutile de la rappeler. Deuxième point. Au fait,
qu'est-ce qu'il donne ce rapport 1-17? A quoi peut-on s'attendre s'il
s'applique?
Il faut ici, je pense, insister sur le fait que les implications ou les
conséquences d'un tel rapport sont fonction d'un nombre de facteurs
importants, complexes et qu'il n'y a pas à ce propos de
prévisions rigoureuses qui soient réellement possibles. Nous ne
pouvons marcher que par des approximations. Mais lorsqu'on est conscient que
l'on fait des approximations, déjà on est dans la voie
d'éviter certaines erreurs de ce qui pourrait être trop
rigoureux.
Quels sont donc les facteurs d'où nous pourrons tirer une sorte
d'anticipation des effets du rapport 1-17? Le premier facteur le plus
évident c'est le programme, c'est l'horaire qui est
promulgué par les règlements du ministère ou les
circulaires qui découlent de ces règlements.
A l'heure actuelle, cet horaire prévoit, d'après la
circulaire de janvier dernier, qui a été publiée dans
Hebdo-Education du 28 janvier, cet horaire prévoit les matières
obligatoires, les matières qui sont optionnelles parmi lesquelles,
évidemment puisque c'est toujours le problème qui
préoccupe tout le monde il faut mettre l'accent sur les options,
les matières de type professionnel, celles pour lesquelles des
enseignements d'atelier sont requis. A cet égard, je rappelle simplement
que ces matières occupent dans l'horaire, en secondaire I, secondaire H,
cinq périodes; en secondaire III, quinze périodes; secondaire IV,
quinze périodes; secondaire V, vingt-cinq périodes.
Mais je note, en un premier point, que ce nombre de périodes
correspond aux périodes maximales d'enseignement professionnel pour
chacune des options, et qu'elles comprennent non seulement des enseignements
professionnels qui exigent l'atelier, dans le sens d'un atelier de
mécanique, mais aussi des options professionnelles qui ne
requièrent pas l'atelier. Par exemple, l'option de dactylographie.
L'option de dactylographie est prévue. Elle ne requiert pas d'atelier
dans le sens qui est significatif du point de vue du rapport maître-
élèves, c'est-à-dire dans le sens où il faut
prévoir des groupes plus restreints à cause des exigences de
l'atelier. Il n'y a pas de problème dans le fait que 30
étudiantes puisque généralement ce sont les
étudiantes qui prennent l'option dactylographie soient
réunies dans le même local pour la pratique professionnelle de
leur option.
De toute manière, vous référez aux méthodes
d'enseignement, nous n'entrerons pas là-dedans, le problème est
déjà suffisamment complexe.
Donc, il s'agit bien de nombre de périodes maximales,
voilà pour l'horaire. Deuxième facteur, M. Leblanc y a fait
allusion, et je constate que, sur ce point, tout au moins, il n'y a pas de
divergence par rapport aux hypothèses que Je vais formuler.
Deuxième facteur, le nombre d'élèves par classe ou par
atelier. Faisons l'hypothèse que ce sera 30, comme M. Leblanc l'a
mentionné, dans un cours régulier par opposition au travail
d'atelier, et que ce sera quinze en atelier. Je prends les deux chiffres qu'il
a mentionnés, c'est là le deuxième facteur.
Le troisième facteur, c'est la proportion d'élèves
pour lesquels on peut prévoir qu'ils choisiront des options
professionnelles, parce qu'il est bien évident que, si vous avez d'un
côté 100 élèves qui prennent du
général et qui, sont donc groupés en classe de 30, et de
l'autre côté 10 élèves qui prennent une option
professionnelle et qui seront groupés, pour une partie de leur horaire,
en groupe de travail de dix, mais mon exemple est mauvais, disons 30; un groupe
de 30 élèves qui feront du professionnel et qu'il faudra diviser
en deux, quinze-quinze pour l'atelier. Il est bien évident que, si le
rapport est ainsi, 130, on n'a pas le même résultat que s'il
était inverse par hypothèse, 30 seulement au
général et 100 dans le professionnel.
Il faut donc tenir compte de l'équilibre des populations, et je
me permets d'ouvrir une parenthèse ici, référant justement
à ce que M. Pepin laissait entendre sans le dire formellement hier par
la comparaison du rapport 1 12 observé dans les écoles de
métiers, 1 17 qui est proposé pour les écoles
secondaires, d'une façon générale. Par la façon
dont il présentait les choses, il laissait entendre que la fusion des
deux se faisait par la simple addition des deux rapports et la division par
deux. Il ne tenait justement pas compte de la répartition des
populations en cause. Les écoles de métiers dont il parle et qui
sont à peu près toutes intégrées, c'est quelque
chose qu'il va chercher dans les 20,000 élèves. Tandis que le
reste de la population du secondaire se rapproche des 500,000. On voit tout de
suite qu'il ne faut pas rapprocher les deux rapports, brutalement et
simplement diviser par deux, il faut tenir compte de la
pondération des groupes. Ce qui rejoint le problème
général, le facteur général dont je parle en ce
moment.
A ce propos, la situation présente, c'est qu'il y a 10% des
élèves des écoles secondaires qui sont inscrits de facto
dans les options professionnelles à l'heure actuelle.
Bien sûr que l'objectif n'est pas d'en rester là.
L'objectif c'est de rejoindre la proportion d'environ 40%. Cela ne se fera pas
tout de suite, mais supposons que nous acceptons l'objectif comme point de
départ de la discussion et que, par conséquent, nous analysons
les effets du rapport 1 17 comme si l'objectif était
réalisé à ce point de vue. S'il ne l'est pas, le
problème est moindre, c'est lorsqu'il le sera que le problème
sera plus grave.
Compte tenu de ces trois facteurs: l'horaire, le nombre
d'élèves par groupe, la proportion d'élèves qui
seront dans le professionnel, dans le contexte d'une école, mettons pour
les fins de la discussion 1,500 élèves, qu'est-ce que le rapport
1 17 donne?
M. LEVESQUE (Laurier): A 40%?
M. TREMBLAY (sous-ministre): A 40% encore une fois et je souligne que
c'est du côté de l'objectif et non pas du côté de la
situation présente. Cela donne comme résultat une moyenne de
période d'enseignement de 22.
La question qui se pose: Est-ce que c'est raisonnable? A première
vue, qu'il y ait 22 périodes en moyenne cela semble raisonnable. Mais on
peut poser une autre question plus embarrasante; 22, c'est une moyenne. Or, on
sait qu'autour d'une moyenne, des écarts se produisent. Cela ne veut
rien dire, autrement dit, si l'on n'a pas une idée des
extrêmes!
La question, en fin de compte: Est-ce qu'une telle moyenne peut
prêter à des abus de telle sorte que certains enseignants se
retrouveront avec un « teaching load » excessif? C'est, je pense,
autour de ce concept d'abus possibles qu'il faut centrer la
réflexion.
Je distinguerais, à cet égard, deux types d'abus qu'il ne
faut pas traiter de la mime façon du tout. Un premier type d'abus
provient du fait que certains enseignants enseigneront moins que la moyenne.
Pour prendre un exemple absurde, si sur trois enseignants il y en a un qui
n'enseigne qu'une période, le second 22, vous voyez tout de suite
où ira se retrouver le troisième! Il y a donc ce premier type
d'abus qui provient des écarts entre les enseignants eux-mêmes et
qui provient du fait que certains enseignants peuvent enseigner moins que la
moyenne, auquel cas ce sont leurs collègues qui paieront.
Je pense qu'en fin de compte, une des difficultés à
laquelle référait M. Leblanc, et à propos de laquelle il a
des doutes sur les possibilités de négociations,
c'est-à-dire de codécision à l'échelon local porte
là-dessus, ce premier type d'abus.
Un second type d'abus...
M. HYDE: Je m'excuse, M. Tremblay, si vous me permettez, sur ce point,
c'est là que nous voyons un problème.
Dans votre expérience, est-ce que vous êtes au courant de
plusieurs plaintes, dans le passé, des professeurs, des enseignants qui
se plaignent des abus de « teaching load » que vous avez
mentionnés vous-même? J'Imagine que M. Leblanc pourrait
peut-être fournir d'autres exemples. Est-ce que, dans l'expérience
du ministère on a eu bien des plaintes de cet
égard-là?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Effectivement, ce n'est pas sans raison et
sans référence à l'expérience que je fais allusion
à cette possibilité d'abus. Sans que des enquêtes aient
couvert tout le territoire, effectivement, il y a des enseignants à
propos desquels on peut dire que, dans certaines circonstances, ils sont
acculés à des « teaching loads » excessifs.
M. HYDE: Mais généralement ou est-ce que ce sont des
cas...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Non. Et c'est, je pense, un point de
réflexion positive que de discuter cette notion d'abus. Où est-ce
que cela commencerait, l'abus? Est-ce que ce sont 30 périodes pour le
22e enseignant dans un groupe donné? Est-ce que ce sont 30
périodes qui seraient abusives? Est-ce que ce sont 29? C'est
là-dessus, je pense, qu'on peut réfléchir.
Mais, je n'ai pas terminé, si vous me permettez, M. le
député. Je voulais mentionner un autre type d'abus, celui qui
peut provenir de conditions physiques, en quelque sorte, locales,
particulières à une école qui font que les
hypothèses que j'ai faites avoir 30 élèves par
classe régulière, avoir 15 élèves par atelier,
avoir ouvert une option, et je prends un exemple à même ce que M.
Leblanc disait tantôt avoir ouvert une option sans raison; les 4
élèves dont il parlait pour telle option des abus qui
pourraient venir, en somme, de circonstances locales tenant à
l'aménagement, à l'organisation des écoles. C'est
là le deuxième type d'abus.
Quoi qu'il en soit du type d'abus possible, c'est-à-dire de
conséquences excessives pour certains enseignants autour de cette
moyenne de 22 périodes. Ce qui est proposé ici, c'est que
cela soit précisément couvert par la négociation
locale.
Je me permets de référer ici au texte de la proposition
patronale à ce sujet, à l'article 8-3.02: « Les
règles de distribution dans les écoles du nombre total
d'instituteurs obtenus selon les clauses... sont établies conjointement
par la commission et le syndicat, de même que les règles
générales que les principaux, après consultation avec leur
conseil d'école, doivent utiliser dans la répartition des
fonctions et responsabilités de l'ensemble des instituteurs de chaque
école. » Sans limiter la généralité de ce qui
précède, ces règles peuvent contenir des dispositions
établissant au niveau de chacune des écoles de la commission, des
nombres maximaux de périodes d'enseignement et de surveillance pour des
catégories d'instituteurs et ou des nombres maximaux
d'élèves pas classe.
Le principe que dans l'hypothèse où des circonstances
locales pourraient aboutir à des conséquences excessives pour les
enseignants, le principe qu'il faudrait prévoir une technique de
prévention des abus possibles, il est inscrit là. La seule
différence, c'est dans sa localisation quant au premier aspect du
rapport maître-élèves, que je me suis permis de commenter,
le rapport comme système de définition de la tâche: 1-17
à l'échelon provincial dans la convention commune,
négociation locale sur les adaptations, justement, à ces
circonstances particulières au milieu.
Et je me permets de rappeler, pour terminer, le point que j'ai
souligné au tout début. S'il n'y a pas là un cas
privilégié, prioritaire de faire l'expérience de la
codécision, je pense que lorsqu'on en parle sur d'autres points mineurs,
on ne fait que du verbalisme. Ici, cela ne sera plus du verbalisme, ce sera de
la réalité bien concrète, impliquant les parties sur une
question vitale.
Je m'excuse, M. le Président, d'avoir été
peut-être un peu long. J'espère cependant qu'il n'aura pas
été inutile de situer dans cette perspective
générale la question qui est devant la commission. Je n'ai pas
voulu, en procédant de cette façon, éliminer la discussion
des questions spécifiques de détails très techniques qui
ont été soulevées. Mon intention était simplement
de les replacer dans le contexte où elles prennent une signification
réelle.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, voudriez-vous rester à notre
disposition? Peut-être que les collègues ont des questions
à vous poser.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'on pourrait poser une question?
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté a demandé à poser une
question.
M. LEVESQUE (Laurier): Si M. Laliberté veut des
éclaircissements, s'il veut répliquer, est-ce que nous pourrions
avoir la chance de clarifier avant que...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous permettre au collègue de poser des
questions, après quoi...
M. LALIBERTE: Sans aucun doute, j'aurai et des questions et des
commentaires.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LEVESQUE (Laurier): J'aurais une question très simple.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, député de
Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez dit à propos que si l'objectif
du côté technique, dans les écoles du secondaire, à
1' « académique », est de 40% des élèves avec
option professionnelle, nous aurions une moyenne de 22 périodes
d'enseignement...
M. TREMBLAY (sous-ministre): S'il y avait 30 élèves par
classe, 15 par ateliers.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant, actuellement, ce que vous avez dit...
Le problème serait plus grave si nous étions là, mais nous
n'y sommes pas. En fait, savez-vous quelle est l'ampleur exacte du
problème actuellement? Vous dites qu'il y en a 10%, mais quelle est la
moyenne de périodes d'enseignement...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Quand on fait les calculs, tout le reste
étant constant sur la base de 10% d'élèves au
professionnel, le nombre de périodes se rapproche de 20.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela se rapproche de...
M. TREMBLAY (sous-ministre): De 20.
M. LEVESQUE (Laurier): Quand vous donnez les périodes
d'enseignement, est-ce que dans votre esprit s'ajoute un nombre très
grand ou relativement grand des autres périodes, surveillance, etc?
Parce que cela n'est que l'enseignement.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je parle de
l'enseignement seulement, de ce qu'il faut donner aux
élèves dans une relation maître-élèves
collective.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais l'autre partie qui conditionne ça
nécessairement, la charge au point de vue de la surveillance et les
autres périodes, vous n'en tenez pas compte pour l'instant. Vous ne
parlez que de l'enseignement?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je ne parle que de l'enseignement. Quant au
reste, j'ai l'impression que les propositions qui sont ici ne demandent pas
d'explication, elles sont assez évidentes par elles-mêmes. Je me
plaçais dans la perspective que le président indiquait au
début de la séance, que notre rôle c'est d'expliquer ou
d'explorer le sens des choses et non pas de dire si on est pour ceci ou
cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Une dernière question, parce je voudrais
juste être sûr de comprendre votre argumentation parce que
c'était aussi une argumentation à certains moments, je crois bien
que c'est normal voulez-vous me dire ceci: Est-ce qu'il n'est jamais
passé à l'esprit de la partie patronale ou est-ce qu'on l'a fait
parce que vous l'avez dit vous-même, c'est bien beau de parler de
co-décision mais il règne un climat où on n'a pas
tellement confiance, apparemment, aux négociations locales, ça
peut s'éterniser, on retomberait dans des histoires à ne plus
finir d'inclure, quel que soit le chiffre, un nombre maximal de
périodes dans la convention générale?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Ce que la convention prévoit
et là il s'agit d'une sorte de philosophie de la proposition patronale,
si je l'interprète correctement ce n'est pas le refus d'un
mécanisme quelconque qui éviterait les abus auxquels nous faisons
allusion mais il s'agit d'indiquer que le mécanisme correspondant
à cette philosophie qui définit les choses de façon
globale au niveau provincial, abandonnant à la négociation locale
le soin de préciser, c'est cette philosophie qui est en cause et c'est,
actuellement, dans le cadre de cette philosophie qu'il n'est pas fait allusion
à un maximum.
M. LEVESQUE (Laurier): Cette philosophie est-elle celle du
ministère ou celle que les commissions scolaires amènent au
ministère?
M. TREMBLAY (sous-ministre): A ce sujet, je ne suis pas en mesure de
répondre du point de vue où je suis placé.
M. LEVESQUE (Laurier): Les perceptions!
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je n'éviterai pas la question.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, je comprends.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Vous comprendriez même ça?
Mais je ne veux pas l'éviter. Du point de vue où je suis
placé j'ai toujours eu comme perception de la table patronale que le
représentant du gouvernement, les représentants des groupes des
commissions scolaires puisqu'il y en a plus qu'un - ont travaillé
solidairement et conjointement, de sorte que l'offre qui est ici est une offre
conjointe.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais pour être précis, vous
avez parlé de philosophie, est-ce que cette philosophie est...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Est partagée par la table de
façon globale.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc vous baignez tous les deux dans la
même philosophie, sans restriction?
M. TREMBLAY (sous-ministre); Pourl'ins-tant, c'est la perception que
j'en ai.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour l'instant. M. LE PRESIDENT: Le
député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: Vous avez souligné avec raison l'importance,
évidemment, quand on cite une moyenne, de considérer la
dispersion autour de la moyenne. A propos de la répartition des
étudiants du niveau secondaire entre les options professionnelles et les
options « académiques », vous avez dit que la moyenne
globale était de 10%, est-ce qu'à votre connaissance il pourrait
arriver qu'il y ait, dans certaines régions données, dans
certaines commissions scolaires données, une répartition
très différente de celle-là au point que ça
pourrait créer une situation bien spéciale?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je n'ai pas à l'esprit l'ensemble de
toutes les si-
tuations auxquelles vous référez. Compte tenu toutefois
des effectifs ou des inscriptions dans les écoles de métiers qui
ont été le gros apport au cours des récentes
années, j'ai l'impression que l'écart autour au-delà de
ces 10% puisque c'est de ce côté que le problème
pourrait se poser n'est pas tellement significatif. Là-dessus je
pense que Mlle Baron pourrait apporter des informations plus précises
que celles dont je dispose de mémoire.
M. LEFEBVRE: Si vous me permettez, ça n'empêchera pas Mlle
Baron de garder cette question-là en réserve pour une petite
minute, et j'aimerais...
M. LEVESQUE (Laurier): Avant qu'elle ne s'en aille en Russie!
M. LEFEBVRE: Oui, oui, c'est ça. Cela m'a un peu
scandalisé de voir Mlle Baron partir pour la Russie, chez les
méchants, mais enfin.
M. le Président, je reviens à ma question. M. Tremblay a
mentionné tout à l'heure et je pense que ça peut
avoir des implications importantes non seulement pour la négociation,
mais pour d'autres aspects aussi un objectif de 40% d'étudiants
au secondaire. Est-ce que vous avez une idée, M. Tremblay, du rythme
d'accroissement de ce contingent d'élèves inscrits dans des
options professionnelles. Autrement dit, dans combien d'années
pensez-vous qu'on atteindra les 40%?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Vous référez implicitement au
comportement des étudiants eux-mêmes à ce propos. Aussi
longtemps que nous serons dans un régime où les étudiants
ont libre choix des options qu'ils vont choisir, des prévisions
précises à cet égard sont extrêmement
difficiles.
Je profite de l'occasion pour rappeler, sur un problème comme
celui-là, l'expérience des CEGEP où les proportions qu'on
pouvait anticiper entre le professionnel et le général ou le
préuniversitaire mettent plus de temps à se réaliser
je le souligne à cause du fait que nous laissons les
étudiants fondamentalement libres de leur choix.
Ce serait très simple de vous dire que cela se fera dans deux ans
si vous me disiez en même temps que ce n'est plus l'étudiant qui
va s'orienter avec ses parents, mais que c'est quelqu'un du dehors qui
l'orientera selon les priorités qu'il aura établies.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y a une baisse ou une
augmentation?
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est en progression. C'est tellement
récent, comme vous le savez, qu'il n'est pas possible de tracer encore
une sorte de courbe. Il faut, au moins, trois ou quatre points pour pouvoir
dégager une courbe. Or, tout cela se passe depuis l'année
dernière et cette année. Il n'y a donc pas possibilité de
faire ou d'adopter la technique des projections à partir de
l'expérience antérieure.
M. LEVESQUE (Laurier): Merci.
M. LEFEBVRE: J'avais une question, et M. Tremblay a dit que Mlle Baron y
répondrait. Simplement la dispersion autour de la moyenne de 10%, est-ce
que, d'après vous, cela peut créer des cas... je pense à
la régionale des Mille-Isles?
M. LE PRESIDENT: Mlle Baron, (sous-ministre adjoint).
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Cette dispersion, si on la prend
dans la situation actuelle, n'est pas tellement forte, mais, en tout cas, elle
ne dépasse pas beaucoup les 10% parce que, même là, nous
avons arrondi les chiffres pour arriver aux 10%. Ces 10% ont été
trouvés d'après un rapport des régionales, au cours du
mois de mars, alors que nous faisions une enquête sur les locaux
disponibles, l'enseignement qui se donnait cette année comme initiation
au travail, comme enseignement de métiers et ce qu'on prévoyait
faire pour l'an prochain. Les écoles de métiers étaient
assez bien dispersées sur l'ensemble du territoire, même dans des
endroits extrêmement éloignés. Le plus gros du
professionnel qui entre dans une régionale, à l'heure actuelle,
vient précisément de l'intégration des écoles de
métiers. Si vous me demandez; Cette proportion peut-elle être
forte à l'Intérieur d'une école d'une régionale? Ce
serait différent. C'est pourquoi je voudrais ajouter un peu à ce
que disait M. Tremblay, tout à l'heure, ce qui est très
important, quand on considère le rapport 1-17, c'est de le
considérer à l'intérieur d'une régionale tout
entière, et non pas simplement par rapport à une école
secondaire.
Il est évident que si l'on prend l'école secondaire telle
quelle, l'ancienne école secondaire où il n'y avait pas de
professionnel, si on la considère toute seule, si on considère
aussi l'école de métiers toute seule à côté
et si on considère toute seule l'école polyvalente dans un autre
secteur du territoire, nous aboutirons à des incohérences. Je
crois que le rapport 1-17 permet une tâche raisonnable à la
condition
que l'organisation scolaire soit bien faite. A ce point de vue, je suis
bien prête à dire que le ministère de l'Education a une
tâche à accomplir aussi, celle d'aider à l'organisation
scolaire pour que l'équilibre soit réalisé.
Nous avons, actuellement, 50 écoles de métiers
intégrées; il en reste une dizaine, dont quelques cas
particuliers, tout à lait particuliers, qui relèvent d'autres
ministères comme celui du Bien-Etre ou de la Justice.
En septembre, l'intégration devrait normalement être
terminée. Ainsi, la régionale, compte tenu de l'ensemble de sa
clientèle et du peu de clientèle qu'elle pourra accommoder au
niveau professionnel, même avec l'école de métiers vraiment
entre ses mains... Pour ma part, je n'ai aucune inquiétude sur le
pourcentage total d'élèves dans chaque régionale qui
pourra être vraiment professionnalisé. Malheureusement, on n'en
aura pas assez.
M. LEFEBVRE: Merci.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Ma question est destinée à M. Tremblay. Mlle
Baron pourra y répondre, je ne sais pas de qui c'est la
compétence. J'ai compris dans votre exposé que le rapport
proposé de 1-17, d'après vous, correspond à la
réalité actuelle.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je ne pense pas avoir affirmé cela.
Si l'on se réfère aux rapports observés, vous constatez
des variations.
Des variations qui sont la résultante d'un certain nombre de
phénomènes. Je n'en mentionnerai qu'un seul parce que,
précisément M. Leblanc y a fait allusion à un moment
donné, le fait qu'en certains endroits, en attendant que les
écoles soient mises en place ou construites, il a fallu recourir au
double horaire. Il s'est trouvé, comme la chose va de soi lorsqu'il y a
double horaire, que certaines périodes d'enseignement jugées
moins importantes dans l'horaire officiel ont été
supprimées. Autrement dit, dans ces endroits, on ne fait pas les 35
périodes prévues par le programme officiel. Mlle Baron pourra
apporter des précisions là-dessus, on fera 30, 25 parfois, avec
le résultat que, si le rapport maître-élèves est
maintenu à 17, c'est le nombre de périodes d'enseignement qui se
trouve réduit, et, si le nombre de périodes d'enseignement est
maintenu comme avant, le rapport maître -élèves va
monter...
M. CHOQUETTE: Alors, en somme, vous dites que votre rapport...
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... de sorte que sous le jeu de plusieurs
facteurs, on peut actuellement observer des variations autour de 17, soit en
plus, soit en moins.
M. CHOQUETTE: Voici la question à laquelle je voulais arriver.
Dans la région de Montréal en particulier, est-ce que,
d'après vous, le rapport 1-17 que vous proposez est conforme à
l'état de chose qui prévaut?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je n'ai pas de chiffres précis
à l'esprit mais je demanderais à ceux qui constituent
l'équipe de chercheurs qui travaillent sur tous ces problèmes de
nous dire s'ils ont des données précises à ce sujet.
Peut-être que Mlle Baron a à la mémoire le chiffre
exact. Personnellement, je ne l'ai pas.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Je crois que, dans la région
de Montréal, il faut faire de bonnes distinctions selon que vous passez
à la régionale LeGardeur, à la régionale
Maisonneuve, à la CECM, à la commission scolaire protestante,
à Lachine ou à Verdun, puisque partout on avait des conventions
collectives différentes.
A Montréal, c'est un endroit que je connais mieux. A la CECM, je
crois que la variation n'est pas très au-dessus du 1-17. Probablement
qu'à la corporation on pourrait donner une meilleure définition
parce que je suis quand même partie depuis un an et demi. Il y a
peut-être des modifications, mais quand J'y étais, cela
correspondait à peu près...
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain.
M. CHOQUETTE: Quelle était la moyenne des professeurs?
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): C'est là la question, c'est
que si vous pensez à Montréal, là encore, il faut faire
une distinction. Vous avez, à Montréal, les écoles
où l'on installe la polyvalence et où on a établit, si je
ne me trompe, le rapport 1-17. Maintenant, si je fais erreur, on
précisera encore une fois, mes informations datent d'un an et demi.
Dans les autres écoles dites traditionnelles où, de toute
façon, il n'y a pas de professionnel, le nombre de professeurs
était déterminé d'après une moyenne de
périodes à établir. Cette moyenne, si je me souviens bien
aussi, était 24.5 et
25.5. Maintenant, si cela a changé, je n'ose pas me prononcer,
mais dans l'équilibre des choses, cela pouvait compte tenu du
nombre d'élèves qu'on pourrait mettre dans les classes
s'établir à peu près à 1-17.
En tout cas, exemple dans mon école, où je n'avais que des
élèves de 11e et 12e années, cela équivalait
à un rapport de 1-17 parce que c'est celui qui m'était
appliqué de façon spéciale.
M. HOUDE: A ce moment-là, est-ce que cela vous donne à peu
près le même nombre de périodes? C'est cela que je veux
savoir.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Le nombre de périodes.
M. HOUDE: La où on applique le 1-17, avec la polyvalence...
MLLE BARON (Sous-ministre adjoint). Il faut bien se comprendre...
M. HOUDE: Est-ce que l'enseignant a quand même le même
nombre de cours à donner que là où on a le système
traditionnel?
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Tout dépend, vous voulez dire
si on applique dans les deux cas? Il y aura d'autres sortes de cours. Il est
évident que s'il n'y a pas du tout de polyvalence, si, par exemple, il
n'y a pas du tout d'option d'enseignement ménager, pour les filles
c'est assez rare, parce que même dans le système
traditionnel il y avait au moins deux périodes alors, à
supposer qu'il y ait absolument rien, c'est bien sûr que, si on applique
là le rapport 1-17 qui était prévu pour une école
où on intégrait du professionnel, c'est sûr qu'à ce
moment-là le professeur a une charge de travail moindre. C'est
évident.
Il s'agit de savoir: Est-ce une charge de travail normale ou pas
normale? Parce que, pour moi, c'est là le point. Ce n'est pas le moins
ou le plus comme la norme du rapport ou les abus possibles en dehors d'un
certain éventail.
M. LE PRESIDENT: M. le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: A Mlle Baron ou à M. Tremblay, vous choisirez. J'ai
une question, celle-ci. Est-ce que, entre les régions, il arrive qu'il y
a une grande disparité dans le pourcentage d'étudiants au
professionnel? Je veux dire de régionale à régionale.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): A l'heure actuelle, oui,
précisément parce que toutes les régionales ne peuvent pas
offrir le professionnel. Par exemple, la régionale qui, par hasard, n'a
pas d'école de métiers sur son territoire ou n'en a qu'une toute
petite de 32 élèves...
M. LESAGE: Oui.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): alors on a le rapport 1-8, c'est
l'un des endroits où il y avait 32 élèves et quatre
professeurs, cette année...
M. LESAGE: Bon.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Ce n'est quand même pas
normal. Alors, il y a des endroits où, dans une régionale, il n'y
a pas d'école de métiers qu'on a pu intégrer, ou de toutes
petites écoles, et les écoles polyvalentes ne sont pas encore
construites.
Par conséquent, la régionale ne peut offrir que
l'initiation au travail et encore.
M. LESAGE: Oui, mais alors, si...
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): J'ajouterais même que les
enseignants, d'une certaine façon, sont favorisés, si on peut
dire « être favorisés »...
M. LESAGE: C'est ça. Est-ce qu'il y a une façon de tenir
compte du fait que, dans une régionale, par exemple, il y aura
proportionnellement un plus grand nombre d'élèves au
professionnel dans l'établissement du rapport maître-
élèves, ou bien s'il faut absolument que, pour chaque
régionale, ce soit une règle absolument intangible et que ce soit
1-17?
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Bien voici. C'est que j'aimerais
vous poser une question en sens inverse...
M. LESAGE: Très bien.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): ... si vous me permettez aussi de
poser des questions.
M. LESAGE: Bien oui.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): C'est parce que je me demande si ce
que l'on doit chercher c'est que la norme 1-17 assure, ma-
thématiquement, exactement la même charge de travail
à tout professeur, dans toute école, dans toutes les
régions ou bien si la norme 1-17 est normale et acceptable,
celle-là ou une autre, n'importe laquelle, parce que là, on
discute vraiment l'idée-même d'une norme, parce qu'elle fournit un
cadre d'organisation scolaire qui va permettre une certaine flexibilité
avec des variations dans la tâche des enseignants à
l'intérieur de l'école, d'ailleurs, comme cela existe partout,
comme à l'intérieur des régionales, comme d'une
régionale à l'autre.
Et il me paraît difficile de penser à une norme qui soit,
en même temps, une assurance mathématique que l'enseignant aurait
toujours la même tâche et même la même tâche
d'une année à l'autre. Je dirais que c'est peut-être
impossible, de la façon suivante; Les élèves, dans un
système à options, ont un certain choix; par conséquent,
la variation dans le choix des options pourra faire qu'une année un
professeur, spécialiste, disons en électronique, pourra avoir
trois ou quatre groupes d'élèves et que, l'année suivante,
théoriquement toujours, qu'il n'en ait qu'un.
A ce moment-là, il y a donc nécessairement une certaine
variété dans la tâche concrète et pratique à
l'intérieur de l'école ou à l'intérieur de la
régionale pour tel et tel enseignant particulier. D'ailleurs c'est la
situation actuelle, même avec une détermination du nombre
d'enseignants basée sur un calcul d'une moyenne. A Montréal on
disait: Dans votre école, vous avez autant de professeurs que vous avez
de fois le nombre total des périodes prévues, divisé par
23.
Mais même à l'intérieur de cela, on ne pouvait pas
toujours donner exactement le même nombre de périodes
d'enseignement, parce qu'on parle toujours de l'enseignement. On pouvait
équilibrer avec les surveillances, mais on ne pouvait pas donner le
même nombre de périodes d'enseignement au professeur d'histoire,
par exemple. A supposé qu'au secondaire V, il ait eu trois groupes
d'élèves en histoire, on ne pouvait pas en faire un
quatrième. Et si l'autre matière à enseigner,
c'était de la chimie et que le professeur n'était pas prêt,
on ne pouvait tout de même pas la lui donner.
Donc il arrive, même en essayant d'équilibrer le plus
possible, que les enseignants, dans une école donnée, ne puissent
pas avoir mathématiquement le même nombre de périodes,
même en partant du nombre de périodes.
Je pense que là-dessus la corporation et mol, allons encore nous
rejoindre. Il y a une flexibilité qui est absolument nécessaire
et le calcul du nombre d'enseignants par une moyenne ne l'as- sure pas plus que
le calcul du nombre d'enseignants par une norme.
M. LESAGE: Je crois, Mlle Baron, qu'à l'intérieur d'une
régionale il y a moyen, de faire les ajustements dont vous venez de
donner une description, que je pense que nous avons pu comprendre grâce
à votre clarté. Mais si en tenant pour acquis ou pour les fins de
la discussion que le rapport 1 17 est une moyenne juste,
équitable pour l'ensemble, au niveau secondaire toujours, pour
l'ensemble des régionales de la province, au niveau provincial, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu, lorsque le nombre d'étudiants au cours
professionnel, si l'on veut, dans une régionale donnée,
dépasse un pourcentage donné, de prévoir que le rapport
maître-élêves pourra être de 1 16, par exemple
au lieu de 1 - 17?
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Je vais essayer de traduire
concrètement votre pensée. Est-ce que, par exemple, tout ce que
nous avons dit tout à l'heure à l'effet que, dans notre examen de
situations théoriques, on se basait sur un pourcentage de 40% pour dire
la norme 1-17, donc tâche raisonnable, toutes les autres conditions
étant réunies parce qu'on vous a dit qu'il y a plusieurs
facteurs, il fallait quand même essayer de contrôler?
Supposons que, par exception, dans une région donnée le
pourcentage de professionnels soit de 60%, est-ce qu'il y aurait lieu à
ce mo-ment-là de reviser la norme? Moi, je serais prête à
dire que cela deviendrait un cas où il faudrait vraiment l'examiner.
M. LESAGE. Il faudrait l'examiner, c'est à cela que j'en venais.
J'ai été assez impressionné par les chiffres qui ont
été donnés par M. Marcel Pepin l'autre jour. Cela m'a
frappé que dans une régionale, où il y aurait une plus
grande proportion que la normale d'étudiants qui prennent les options
professionnelles, qu'on s'en tienne à la moyenne et qu'on ne fasse pas
preuve d'une souplesse que je crois nécessaire.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay a répondu à cela.
M. TREMBLAY (Sous-ministre): Vous me permetterez de rappeler des points
que j'ai tenté de mettre en relief tout à l'heure, une
hypothèse que dans une régionale on trouve de façon
significative une proportion plus élevée que 40% au
professionnel, c'est vraiment extrêmement abstrait dans le moment parce
qu'actuellement c'est 10% qu'on trouve au professionnel. Et les
40% sur lesquels Je me suis fondé pour expliquer la partie du
1-17, c'est l'objectif que nous n'aurons sûrement pas atteint avant
plusieurs années.
M. LESAGE: Avant la fin de la convention à l'étude.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Or, partant de ces 40% pour montrer la
portée du 17, je pense que nous jouons en pleine sécurité
et les cas auxquels vous faites allusion y sont extrêmement improbables.
Il faudra un concours de circonstances extraordinaires. J'imagine que cela ne
se produira pas.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain, M. Laliberté, il y a un
collègue qui a une question à poser.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, il pourrait arriver
qu'à l'intérieur d'une régionale dans une école, il
y ait plus de 40% des élèves qui optent pour la section
professionnelle.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): A cette question-là, s'il
s'agit d'une école d'enseignement professionel, je dirais non. S'il
s'agit d'une école de métiers intégrée,
évidemment, oui. C'est pour cela que je disais tout à l'heure que
la norme 1-17 avec son application ensuite au niveau local je suis
prête à la justifier mais, pour une régionale et non
pas pour une école, et à ce moment-là le mécanisme
prévu d'une rediscussion entre le syndicat et la commission pour
établir les modalités de répartition doit jouer.
Est-ce qu'il y a, malgré tout cela, des dangers d'abus? Et
là, je rejoindrais ce que disait M. Tremblay. C'est peut-être cela
qu'il faut essayer de prévoir, ces dangers d'abus.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si vous me permettez, M. le
Président, je voudrais mettre de nouveau en relief un point qui a
déjà été touché, mais qui se trouve à
se rattacher à la question qui vient d'être posée. C'est
que c'est bien pour l'ensemble des écoles d'une régionale que le
rapport 1-17 est proposé. Par la suite, les règles de
distribution dans les écoles du nombre total d'instituteurs obtenus par
le rapport 1-17 sont établies conjointement par la commission et le
syndicat de telle sorte qu'il peut très bien arriver que, dans telle
école, ce soit 1-16 et dans telle autre, 1-17 1/2 ou 1-18.
Le 1-17 est une situation globale à l'intérieur de
laquelle il faut que les parties, selon la pro- position qui est faite ici,
aménagent de façon à coller aux situations
concrètes la répartition, par école, des enseignants. Il
faut qu'elles conviennent même d'établir, encore une fois
pour éviter certaines situations excessives, des abus par
négociation, la codécision de maximums.
M. LEVESQUE (Laurier): En fait, si on peut résumer
l'affaire est terriblement compliquée est-ce qu'on pourrait
comprendre comme ceci, juste pour voir où nous en sommes avec cette
histoire-là?
Si nous prenons ce que dit Mlle Baron pour 1-17, il ne faut pas
tenir compte d'une école, mais d'une régionale dans son ensemble
alors ce sont les régionales qui ont à faire, en passant
par les locales, le financement. Et le gouvernement, de son côté,
a à faire, via ces subventions, l'autre partie du financement.
Alors si je comprends quelque chose, votre 1-17 aux deux niveaux qui
financent et qui doivent avoir des budgets, c'est essentiellement une
méthode de normes de financement pour l'ensemble des budgets,
c'est-à-dire que cela vous donne une idée globale à la
fois au niveau d'une régionale par rapport à ceux qui doivent la
financer en partie ou locales et à la fois au gouvernement
une norme de financement.
D'autre part, vous dites: Pour éviter les abus, pour
éviter les inégalités trop flagrantes, etc... nous
laissons cela aux commissions scolaires avec la codécision,
c'est-à-dire qu'elles négocient entre elles
l'équité à l'intérieur de cela.
Par ailleurs, si je comprends bien les enseignants, eux, pour des
raisons qui peuvent être facilement comprises, mais enfin, qu'on les
accepte ou non, aimeraient mieux, avoir une assurance d'équité,
c'est-à-dire la charge de travail à l'intérieur de cette
norme, fixée par des moyennes ou des maximums de charge de travail.
C'est-à-dire que la norme, c'est votre problème et
l'équité, par rapport à la charge de travail, ce serait ce
qu'eux veulent introduire dans la convention. Parce qu'autrement, ils ne sont
pas sûrs de ne pas arriver aux abus dont vous parliez, dans une foule de
cas.
Est-ce qu'en gros cela pourrait être cela?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Cela peut être
interprété comme cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, si on saisit bien. Je ne vois pas
très bien pourquoi on se chicane autour de cela.
M. LE PRESIDENT: M. Masse a une question.
M. MASSE: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, cette relation de 17
élèves par maître a été établie en
faisant l'hypothèse qu'il y avait 40% d'élèves qui
optaient pour le cours professionnel.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ...C'est un objectif.
M, SAINT-GERMAIN: Bon, puisque c'est 10% le nombre actuel
d'élèves qui suit le cours professionnel doit-on
déduire en fait que dans la situation actuelle le nombre
maître-élèves est plus bas au niveau des régionales
que...
M. TREMBLAY (sous-ministre): En général, je pense qu'il
faut plutôt conclure que la situation des enseignants est plus
avantageuse.
M. SAINT-GERMAIN: A cause de...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Du fait que le professionnel est en voie
d'organisation et n'est pa's complètement aménagé.
M, LESAGE: Alors, c'est avec justesse que les enseignants diraient que
le contrat qui leur est offert leur impose une charge de travail plus forte que
celle qui est la leur actuellement. Si j'ai une conclusion à tirer de ce
que vous venez de dire.
M. COURNOYER: Là-dessus, disons, M. Lesage que...
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer.
M. COURNOYER: ... c'est une conclusion, C 'est une conclusion
réelle que les enseignants ont découverte il y a
déjà longtemps en établissant que l'application
intégrale du rapport maître-élèves dans les
commissions scolaires représentait une diminution du nombre de
professeurs par rapport au nombre d'élèves, toujours dans les
chiffres absolus, une diminution considérable du nombre de professeurs
dans le système. Cependant, nous devons mentionner: Comment se fait-il
que la norme de 1/17 qui n'existe tout de même pas depuis hier, ce n'est
pas nouveau le 1/17, cela a été introduit dans les subventions
à l'équilibre budgétaire, dans les normes de subventions
d'équilibre budgétaire depuis un certain temps? Comment se
fait-il qu'elle soit tellement dépassée par rapport à ce
qu'elle devrait être s'il y a vraiment des instituteurs en trop, par
rapport à l'application de cette norme? C'est parce qu'effectivement,
selon nous, on a procédé en établissant d'abord les
maximums de périodes d'enseignement et en calculant le nombre de
professeurs que cela donne après avoir établi le nombre de
périodes d'enseignement. Alors, le procédé, comme le
disait mademoiselle Baron tout à l'heure, à l'inverse de ce que
nous proposons...
Ce que nous proposons c'est un nombre de professeurs par rapport au
nombre d'élèves, et nous disons: Voici le maximum de professeurs
ou d'unités de professeurs que les commissions scolaires doivent
employer. Cette norme 1/17, comme telle, est explicable, M. Tremblay est venu
pour expliquer le fond du 1/17. Ce que nous proposons, c'est qu'à
l'intérieur de ces limites, nous croyons que vous pouvez vous tirer
d'affaires et donner un enseignement aux élèves de la
communauté.
M. LESAGE: C'est la conclusion que je dois tirer de ce que M. Tremblay a
dit: à condition d'augmenter la charge de travail.
M. COURNOYER: Dans certains cas.
M. LESAGE: La situation qui prévaudra ne sera pas celle qui
prévaut actuellement, il y aura un changement dans la condition «
de facto », je ne parle pas de la situation juridique « de facto
». Alors, je comprends beaucoup mieux les représentants des
enseignants sur ce point. Hier, on n'était pas nécessairement
d'accord... mais...
M. LE PRESIDENT: Mlle Baron, s'il vous plaît?
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): M. le chef de l'Opposition,
remarquez que je me pose la même question. Tout à l'heure on
affirmait, sur un autre point, que la situation actuelle dans les
régionales, à plus de 50% on a failli dire: Presque
partout était que le nombre de périodes est de 35 avec une
longueur de période de 45 minutes. Or les règlements du
ministère sont formels: Il y a deux régimes possibles depuis
1963. 40 périodes de 45 minutes ou 35 périodes de 50 minutes.
Voilà qu'on affirme que partout, dans les commissions scolaires, on a
négocié des périodes de 45 minutes, 35 périodes de
45 minutes. Alors je dis: Comment cela se fait-il? Tout à l'heure on
semblait insister sur cette charge plus grande de l'enseignant. Non pas le fait
qu'on remettait la période à 50 minutes, je dirais par le fait
qu'on maintenait les 35 périodes de 50 minutes. J'admets que ça
va faire un nombre de minutes plus grand si on
le laisse à 50 comme il se doit. Si pour éviter que la
charge soit plus lourde en minutes, par rapport au nombre de périodes,
on tient pour acquis que le règlement doit suivre la situation
concrète là, on va changer le règlement. Vous comprenez
que, si vous vous posez un point d'interrogation, vous m'en posez un à
moi aussi de temps en temps.
M. LESAGE: D'un autre côté, je connais peu de politiciens
qui ne préfèrent pas parler 50 minutes plutôt que 45
minutes.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Mais il paraît que dans les
classes ce n'est pas tout à fait la même chose.
M. LE PRESIDENT: C'est moins important dans notre cas.
M, MASSE: M. le Président, je pense qu'il y a un point qui doit
être également mentionné pour la compréhension de la
commission. On a discuté jusqu'à maintenant autour de la question
élémentaire 1 17 et l'historique de cette norme, et
comment on y était venu. On a également souligné la
philosophie de la convention collective qui permettait dans ce coin-là
une expérience, à notre point de vue, valable de cogestion en
relisant la clause qui était mentionnée au sujet de la
répartition et de la distribution de ces tâches entre les
enseignants.
Il faut également tenir compte des implications des offres. Je ne
citerai que quelques chiffres pour la réflexion des membres de la
commission. L'offre est pour tous les niveaux, élémentaire,
secondaire, pour l'ensemble du territoire québécois. Le
Québec fait son offre pour un maître pour 22.4
élèves en tenant compte d'un revenu personnel per capita
québécois de$2,069. En Ontario, point de comparaison
également sur la tâche d'enseignant, le rapport n'est non pas de
22.4 mais de 1 maître pour 24 étudiants, avec un revenu per capita
supérieur à celui du Québec, à $2,624. Pour tout
niveau, au Québec, notre rapport est de 22.4, aux Etats-Unis le rapport
est de 23.3 avec un revenu per capita non plus de $2,069 comme au
Québec, mais de $3,137.
Si on tient compte également de quelques autres implications
monétaires, à l'élémentaire, l'offre patronale d'un
maître pour 27 élèves, si elle était diminuée
à un maître pour 26 élèves, cela signifierait aux
yeux du ministère de l'Education, une addition d'environ 1,300 maf-tres,
c'est-à-dire un coût additionnel de $8.4 millions par
année.
Au niveau secondaire, si ledit rapport de 1-17 était
dminué à 1-16, cela signifierait éga- lement une addition
d'environ 1,600 maîtres, c'est-à-dire $10.4 millions par
année si nous additionnons les deux ensemble, cela fait $18.8 millions
par année uniquement pour un changement de rapport entre les
enseignants.
Il faudrait peut-être songer à imposer une telle charge
fiscale aux Québécois si le rapport était tellement
inférieur avec ce qui se produit en Ontario ou aux Etats-Unis alors que
le tableau que nous venons de citer prouve exactement le contraire.
Le comité a étudié de façon très
technique un point particulièrement Important de cette convention
collective, un aspect de cette charge de travail, le rapport surtout au niveau
secondaire de 1-17 et les implications sur l'enseignement professionnel en
particulier. Nous n'avons pu étudier les autres aspects de cette charge
de travail, allant de la disponibilité à la présence des
enseignants, etc.
Le comité aura certainement l'occasion de se repencher sur cette
question. Mais, j'aimerais assurer les collègues, membres de ce
comité, que la partie patronale je suis certain de parler au nom
également des deux autres parties serait prête d'ici le
prochain comité parlementaire, qui semble selon notre calendrier de
travail devoir se fixer à mardi matin, à reprendre les
négociations sur différents points sur lesquels nous avons
tenté de jeter de la lumière ici au comité. Nous serions
prêts à reprendre ces points comme d'autres points afin
d'accélérer la signature possible et nous
l'espérons toujours de cette convention collective. Nous serions
prêts, dès demain matin à 9 heures ou 9 heures 30, à
l'heure qui serait déterminée par les intéressés,
à reprendre ces négociations jusqu'à mardi prochain pour
faire, s'il y a lieu et nous l'espérons, rapport à la commission
de progrès dans beaucoup de domaines et de placer nos astérisques
et nos étoiles au moins sur les 108 points, là où nous
avons trouvé que ces étoiles étaient absentes.
Nous sommes prêts à reprendre ces négociations. Nous
espérons que la partie syndicale voudra profiter de ce temps qui est
alloué d'ici la prochaine réunion pour se repencher sur le
problème 8. la lumière des discussions qui ont été
faites ici à cette table de la commission parlementaire, et reprendre
dans un bon esprit la négociation afin, si possible, que la
réunion de mardi prochain ne dure que dix minutes, c'est-à-dire
le temps de vous donner avis que la convention collective est signée
pour le bien des enseignants et des étudiants.
M. LESAGE: Ainsi soit-il, sipossible.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre que
les travaux de la commission s'achèvent?
M. LESAGE: Pour aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Oui, et j'aurai l'occasion de faire certaines remarques
à la fin.
M. LESAGE: Je n'ai pas nécessairement le même optimisme que
M. Masse.
M. LE PRESIDENT: D'autre part, nous allons vous entendre, M.
Laliberté, quelques minutes.
M. LALIBERTE: Evidemment, Je pose la question parce que si nous devons
nous quitter là-dessus comme cela en disant. Il y a une invitation pour
demain matin, cela nous laisserait sur un appétit qui commence à
« bouillonner » un peu, parce qu'il s'est dit évidemment
beaucoup de choses au cours de l'aprês-midi et il faudrait, sans aucun
doute, nuancer. Alors, est-ce qu'effectivement j'ai un peu de temps devant moi
ou si vous ajournez bientôt?
M. LE PRESIDENT: Voici, M. Laliberté, nous allons ajourner
à six heures. Je comprends que vous aurez des remarques à faire.
Si elles doivent être longues, je pense qu'il vaudrait mieux les ajourner
à la semaine prochaine. Par contre, combien de temps cela vous
prendrait-il, M. Laliberté?
M. LALIBERTE; Evidemment, nous pouvons parler plus ou moins longtemps
sur une question comme celle-là, mais nous aurions sûrement besoin
de quinze à vingt minutes pour...
M. LE PRESIDENT: Alors, nous pouvons nous rendre à 6 h 15.
M. LALIBERTE: Alors, merci M. le Président. Je terminerai en
répondant, à la fin, à l'invitation faite par le ministre
M. Masse pour la reprise des négociations demain matin.
Il s'est dit pas mal de choses en cours de route. J'aimerais, tout de
suite au point de départ, relever un point; mais, auparavant, j'ai deux
questions à poser au sous-ministre Tremblay.
Quand M. Tremblay a dit, dans son intervention tout à l'heure,
que, d'après les calculs, cela donnerait une moyenne de 22
périodes d'enseignement pour les enseignants, s'agit-il de 45 minutes ou
de 50 minutes?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Selon le règlement actuel, ce
seraient des périodes de 50 minutes.
M. LALIBERTE: Merci. Deuxième question, quand vous avez fait une
préférence à la clause 8-3.02 de l'offre patronale en
disant qu'elle permettait ce ne sont pas vos termes exacts mais
en disant qu'elle permettait des négociations locales pour tenir compte
des conditions physiques particulières à une école ou
à un milieu, est-ce que les résultats de ces négociations
locales doivent nécessairement s'inscrire à l'intérieur de
1-17 au secondaire et de 1-27 à l'élémentaire?
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est dans ce cadre-là, advenant que
l'application de ce rapport mène à certains abus, il est possible
d'établir des maxima et des minima qui vont éviter de tels
abus.
M. LALIBERTE: Alors, merci également pour cette deuxième
réponse. C'est bien la compréhension qu'on avait eue du texte
mais je n'étais pas sûr si vous y aviez fait
référence assez directement cet après-midi.
M. le Président, M. le sous-ministre Tremblay a fait état,
au moins à deux reprises, peut-être à trois, du fait qu'il
ne comprenait pas que nous nous battions pour de la codécision sur des
points, a-t-il dit, secondaires. Je note qu'il les qualifie de secondaires,
cela nous sera peut-être d'autant plus facile d'arriver à nous
entendre sur ces points-là si le gouvernement et le ministère ne
les considèrent pas comme étant des points parmi les plus
intouchables, tant mieux. Mais il ne comprenait pas que nous n'acceptions pas
finalement l'élément principal de codécision que constitue
la détermination de la charge de travail.
Je tiens à souligner et au sous-ministre Tremblay et aux membres
de la commission, que c'est bel et bien ce que nous tentons de faire, mais que
nous tentons de le faire là où la négociation se fait dans
le cadre que le gouvernement lui-même a établi,
c'est-à-dire à la table provinciale de négociations.
Il nous semble parfaitement inutile, dans certaines régions, de
reprendre des négociations locales pour établir des charges
maximales si nous ne pouvons pas négocier tous les facteurs qui
conditionnent la situation démographique, la situation sociologique, la
situation, compte tenu des transports scolaires, de chacun de ces
milieux-là.
J'aimerais rappeler qu'en cours de négociations, nous sommes
partis avec des propositions qui établissaient des périodes
élève-se-
maine. Cela n'a pas été accepté. Nous avons
transformé nos propositions et on leur a proposé, à un
moment donné, ceci: On leur a dit: Vous tenez à la norme 1-17 ou
à la norme 1-27.
Alors, permettez-nous, pour éviter les facteurs externes qui
viendraient influencer notre charge de travail, de négocier un
encadrement de ce facteur-là en négociant la répartition
ou, plutôt, les effets de ces facteurs externes. On a dit: Permettez-nous
alors de négocier les horaires des élèves, permettez-nous
alors de négocier la distribution des élèves dans les
différentes classes, permettez-nous alors de négocier l'ouverture
et les conditions des diverses options. On n'a pas osé, mais on aurait
pu, avec la même logique, leur dire: Permettez-nous de négocier
aussi le système de transport et permetez-nous enfin, si jamais
c'était possible, de négocier d'autres facteurs qui viennent
effectivement influer sur la condition locale. Alors là, on a
crié au scandale et on nous a dit: N'est-ce pas possible, les
enseignants veulent même aller jusqu'à inclure dans leur
convention collective les règlements du ministre de l'Education? C'est
impensable qu'ils veuillent inscrire dans leur convention des choses comme
celles-là.
Nous avons changé à nouveau nos positions et nous leur
avons dit: Si vous ne nous permettez pas de négocier tous ces
facteurs-là, permettez-nous au moins, tout en posant votre norme si vous
voulez la poser, de l'encadrer par des charges maximales et je dis bien
maximales et non pas moyennes, parce qu'il y a une distinction très
grande entre les deux de l'encadrer par des charges maximales que nous
établirons provincialement, ce qu'ils ont refusé.
J'ai bien suivi toute la démonstration fort faite, d'ailleurs, du
sous-ministre Tremblay. J'ai noté avec à peine une pointe
d'ironie que le sous-ministre Tremblay faisait référence à
des situations, au département de l'Instruction publique en 1963, au
comité d'études sur l'enseignement professionnel,
également la même année, et enfin aux diverses discussions
qui se sont produites au sein des comités du plan où le
sous-ministre Tremblay était, dans tous les cas, présent. Je suis
même surpris qu'il n'ait pas cité le rapport Parent qui, à
l'élémentaire, recommandait, semble-t-il, 1-29. Je le donne pour
votre information, on l'a déjà utilisé chez nos
vis-à-vis. Evidemment, la logique du sous-ministre Tremblay était
impeccable. Partout où le sous-ministre Tremblay a eu à
travailler, il a soutenu la même logique. Qu'il fasse
référence à tous ces endroits où il a
travaillé, cela ne nous surprend pas du tout.
Mais, comme en beaucoup d'autres cas, ce à quoi ils arrivent
comme conclusion, c'est un modèle théorique.
Nous ne chicanerons pas, au contraire, le ministère de
l'Education de tenter d'arriver à un modèle théorique.
C'est son rôle. C'est là ce qu'il doit faire pour rationaliser les
utilisations de sommes dont il a la responsabilité. Mais nous lui
demandons, parfois, de descendre un peu vers la situation locale. Bien
sûr, il y a des tournées qui se font à l'occasion, mais
cela va beaucoup plus loin que cela. Il faut vivre dans le milieu.
Et même au sous-ministre Thérèse Baron, nous lui
demandons de ne pas se rappeler que de la situation de Montréal, parce
que Dieu sait si la situation de Montréal n'est justement pas typique de
ce qui existe dans l'ensemble de la province au sein des régionales.
Un exemple entre autres, Mlle Baron parle de moyennes. A
Montréal, c'est exact. Partout ailleurs, dans les régionales, les
professeurs n'étaient pas guidés par des moyennes, mais par des
maximums. Il faut faire attention de prendre Montréal, qui
représente de 15% à 20% des étudiants, j'en conviens, mais
quand même uniquement de 15% à 20% des étudiants comme
étant représentatifs de l'ensemble de la province.
M. LE PRESIDENT: Nous permettez-vous de vous poser une petite question
ou d'intervenir?
M. LAL1BERTE: Sans doute que je peux difficilement régler cela.
C'est vous, M. le Président, qui êtes en charge.
M. LE PRESIDENT: Je pense bien que vous allez accorder la
permission.
MLLE BARON (sous-ministre adjoint): Je veux juste mentionner que j'ai
répondu à une question précise qu'on m'a posée sur
la situation de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LALIBERTE: Bien. J'avais présumé que vous en tiriez une
conclusion. Je suis fort heureux que vous n'ayez pas voulu appliquer ce
modèle, Montréal, à l'ensemble de la province.
M, COURNOYER: Vous lui faites dire des choses, M. Laliberté.
M. LE PRESIDENT: Vous lui faites dire ce qu'elle n'a pas dit.
M. LALIBERTE: M. le Président, est-ce que je pourrais...
M. LE PRESIDENT: Oui, continuez.
M. LALIBERTE: ... le plus possible continuer sans interruption?
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, je tiens à vous dire, par contre,
que si vous n'avez pas le temps de terminer, vous continuerez mardi. A 6 heures
15, il nous faut absolument suspendre.
M. LALIBERTE: M. le Président, disons tout de suite, au point de
départ, que je vais éviter de vous citer un grand nombre de
chiffres que nous avons dans nos filières, enfin, dans nos serviettes,
dont nous vous donnerons copie, cependant, pour mardi prochain, de sorte que
vous pourrez travailler avec des dossiers beaucoup plus complets que les seules
paroles que nous échangeons ici.
Je vais m'abstenir de citer des listes de chiffres pour m'en tenir,
quand même, à une réponse globale quant aux interventions,
principalement, du sous-ministre Tremblay.
J'ai un peu perdu le fil, M. le Président, mais je vais essayer
de le retracer.
M. LE PRESIDENT: Vous étiez rendu aux exemples de la
campagne.
M. LALIBERTE: Très bien, je me suis replacé, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Vous étiez rendu chez nous!
M. LALIBERTE: Quand je disais tout à l'heure que nous invitons le
ministère de l'Education à examiner la situation concrète
comme elle se présente, je pense à des choses comme les
suivantes: bien sûr et je l'admets au point de départ
qu'un rapport par commission scolaire permet plus de souplesse qu'un
rapport par école. D'accord, c'est bien entendu. Un rapport provincial
qui permettrait des adaptations par commission scolaire donnerait encore plus
de souplesse: c'est bien entendu aussi.
Plus la base de votre population étudiée est vaste, plus
vous avez entre les mains des possibilités d'adaptation. Plus votre
population scolaire est importante, plus vous pouvez vous permettre de donner
des conditions satisfaisantes aux enseignants tout en respectant le cadre
général. Il ne me surprendrait pas du tout de voir appliquer avec
assez d'aisance à Montréal une norme comme 1-17. Cela ne me
surprendrait pas. Je ne dis pas que nous l'acceptons pour Montréal, je
dis que c'est sans doute plus facile de l'appliquer à
Montréal.
Mais que ferez-vous pour des commissions scolaires régionales
comme celles de la Cote-Nord? Que ferez-vous et je ne parle pas
d'écoles, je parle de commissions scolaires pour des commissions
scolaires comme celles du Golfe? Comme celles de la Gaspésie, comme
celles de la Mauricie n'oubliez pas La Tuque comme celle de
Louis-Hémon n'oubliez pas le nord du Lac Saint-Jean? Comme les
quatre régionales de l'Abitibi? Comme la régionale de l'Outaouais
et la régionale de Papineau? Vous voyez tout de suite les extrêmes
dont je parle. Que ferez-vous même dans une commission scolaire
régionale comme celle de l'Estrie, où, parce que le territoire
était relativement vaste, le ministère a accepté en
tout cas, ne s'est pas opposé à ce que la régionale
en fait, soit distribuée sur cinq campus différents? C'est comme
presque, toutes proportions gardées, pour les fins d'administration, si
à toutes fins pratiques on avait cinq ou six régionales dans le
territoire de l'Estrie, dans les faits, parce qu'il y a cinq ou six campus.
Que ferez-vous pour des commissions scolaires régionales comme
celle de La Chaudière? Que ferez-vous pour des commissions scolaires
régionales comme celle du Grand Portage? Comme celle de Pascal
Taché? Comme celle de la Matapédia?...
Comme celle de la régionale Des Monts, au nord de la
Gaspésie? Je viens de faire le tour de pas mal de régionales
à la grandeur de la province de Québec Je suis sûr, en
cherchant le moindrement, que je pourrais vous donner aussi d'autres exemples.
Je pourrais probablement parler de Tardivel qui va jusqu'aussi loin que la
régionale de la Mauricie, etc. Alors que faites-vous de ces
régionales-là? Non pas parce que les écoles sont mal
aménagées, mais parce que tout simplement la population est
faible et distribuée sur une grande distance. Il n'y a pas une
population étudiante suffisante par école permettant justement de
faire les adaptations à l'intérieur de la norme 1-17 et 1-27. Que
faites-vous pour ces régions? Vous les encadrez dans une norme, 1-17 et
1-27, qui, comme modèle théorique est peut-être impeccable,
mais qui ne tient pas compte de la réalité. La
réalité c'est que dans ces régions, si vous voulez donner
une qualité d'éducation équivalente elle n'est
jamais identique entre autres choses en permettant aux étudiants
un nombre d'options règle générale aussi importante
qu'ailleurs vous devrez inévitablement avoir de plus petites
classes. Vous devrez donc avoir inévitablement un plus grand nombre de
périodes d'enseignement à distribuer aux étudiants. Vous
devrez donc automatiquement exiger des enseignants
une charge de travail plus importante que dans les grands centres.
Notre logique de comparaisons à partir du concret nous
amène à des choses comme celle-là. Nous n'avons pas
d'objection de principe à une norme quelle qu'elle soit. C'est là
le meilleur moyen pour le ministère de l'Education, sans aucun doute, de
rationaliser, de planifier. Mais quand nous négocions, nous ne
négocions pas la planification du ministère de l'Education. Nous
négocions nos conditions de travail. La seule chose dans le fond qu'on
demande, c'est d'accepter d'établir dans la convention collective les
maxima à ne pas dépasser dans nos conditions de travail, compte
tenu des circonstances locales. On ne devrait pas avoir peur de ça,
parce que, si mes exemples ne sont pas valides, si, autrement dit, ces
situations géographiques ne sont pas si différentes des autres
milieux, il sera d'autant plus facile de ne pas s'éloigner de la norme
1-17, 1-27. Si, par ailleurs, les situations locales sont fort
différentes de celles des grands centres, alors, à ce
moment-là on garantira au moins aux enseignants de ces régions
qu'ils aient une charge équivalente à celle des grands centres.
C'est ça le grand principe qui guide nos demandes.
A partir de cela, on peut ensuite discuter sur les chiffres. Mais,
depuis le début des négociations, on s'est heurté
justement à deux philosophies tout à fait différentes,
deux façons d'envisager le problème tout à fait
différentes.
Le ministère, avec les porte-parole des fédérations
de commissions scolaires, nous disait: Nous préférons la formule
d'un rapport! Il faut à tout prix que vous nous aidiez dans la
convention collective à déterminer une charge que l'on jugera
équitable pour les enseignants où qu'ils soient à travers
la province.
Je ne vais donner qu'un chiffre. On a fait grand état, dans les
discussions tout à l'heure et c'est sans doute dû au fait... Hier
on a donné des exemples de situations de l'enseignement professionnel.
Mais il ne faudrait pas croire que le secteur de l'enseignement
général, actuellement, et la grande majorité des
enseignants, M. Tremblay a, je crois, même cité un chiffre de
20,000 étudiants dans le secteur professionnel.
La grande majorité des étudiants et donc des professeurs
est du secteur général. Si la situation de l'enseignement
professionnel, même en acceptant au point de départ que les
populations étant plus grandes, le rapport sera sans doute plus
élevé en sol, même en acceptant au point de départ
que certaines options professionnelles qui sont aujourd'hui incluses dans le
cours général feront le passage au sec- teur professionnel et
donc viendront modifier les rapports qu'on a cités hier, même en
admettant cela, il en reste qu'actuellement, dans le secteur
général, les rapports sont inférieurs à 1-17. Ils
sont effectivement dans la province de Québec, en moyenne bien
sûr, de l pour 15.9. Nous vous déposerons, mardi matin, les
rapports par territoire et non pas seulement la moyenne provinciale.
Vous pourrez voir les écarts qui existent. Vous pourrez mesurer,
à ce moment-là, ceux qui sont pris du rapport et ceux qui sont
éloignés du rapport. On fera de même, d'ailleurs, pour le
secteur élémentaire parce que, dans nos discussions, cet
après-midi, on n'a parlé, tout compte fait, que du secteur
secondaire. Mais le problème n'est pas réglé à
l'élémentaire. Nous demandons aussi que soit
déterminée une charge maximale de travail à
l'élémentaire et nous n'acceptons évidemment pas que cette
charge maximale soit simplement déterminée par les horaires
décidés par le ministère de l'Education. Parce que si on
nous dit, à l'élémentaire: Les professeurs, vous ferez
tout l'horaire des élèves, nous sommes à la merci du
ministère. Il lui suffit de changer les horaires des
élèves, ça y est. Notre tîche de travail change
à l'élémentaire. Alors il est aussi important
d'établir un maximum de travail à l'élémentaire
qu'au secondaire. Je n'argumente pas davantage là-dessus pour
l'instant.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté...
M. LALIBERTE: Je terminais, M. le Président, non pas qu'il ne
reste pas de choses à dire...
M. LE PRESIDENT: Non, mais vous allez comprendre. On essaie de respecter
la ponc-tup'ité au début et on voudrait bien la respecter
également à la fin.
M. LALIBERTE: Oui. Je vous avais promis un chiffre, je ne peux pas
m'empêcher d'en donner un deuxième pour votre réflexion,
appliqué mathématiquement, bien sûr, c'est-à-dire
dans un modèle théorique nous aussi, en suivant donc la logique
du ministère de l'Education, sa proposition, et en la comparant à
la situation actuelle, au grand total, c'est 4,500 professeurs et quelques
dizaines de moins dans le système que ce qui existe au 1er janvier
1969.
J'aimerais que les membres de cette commission, donc l'Assemblée
nationale, réfléchissent à la question suivante: La
population du Québec a-t-elle actuellement un système
d'é-
ducation actuellement, au 1er janvier 1969 tellement bon
qu'elle puisse se permettre de diminuer le nombre de professeurs à la
disposition des élèves dans un ordre de 4,500? Il ne faut pas
parler qu'en termes de chiffres, il ne faut pas parler qu'en termes de
millions, il faut parler aussi en termes de la résultante sur
l'enseignement des élèves comme tel.
Finalement, M. le Président, on nous a invités a reprendre
les séances de discussion ou de négociation demain.
M. DOZOIS: M. Laliberté, est-ce que le projet de convention
soumis ne prévoit pas que ces professeurs vont continuer à
enseigner?
M. LALIBERTE: Mais le problème, M. Dozois, ce n'est pas qu'il y
ait des congédiements d'individus, ce ne sont pas les individus que nous
cherchons à protéger, en l'occurrence quand je cite ces
chiffres...
M. DOZOIS: Je vous pose la question parce qu'on peut croire qu'avec la
signature du projet de convention que nous allons mettre 4,500 professeurs
à pied.
M. LALIBERTE: Je peux vous assurer, M. le Ministre, que le
problème ne se pose pas à ce niveau-là. C'est que, pour un
nombre d'étudiants égal, vous aurez 4,500 professeurs de moins
pour leur distribuer l'enseignement et toutes les autres exigences de
l'éducation. Le problème n'est pas de protéger les
enseignants, c'est de protéger une certaine qualité
d'éducation et même de l'améliorer.
M. LE PRESIDENT: Très bien, M. Laliberté.
M. LALIBERTE: M. le Président, on nous a invités à
continuer les négociations demain matin.
M. LE PRESIDENT: Oui, qu'avez-vous à répondre?
M. LALIBERTE: II va de soi, M. le Président, que nous ne pouvons
pas refuser.
M. LE PRESIDENT: Pourquoi?
M. LALIBERTE: Je ne dis pas que nous n'acceptons pas.
M. LESAGE: Qu'il ne peut pas refuser.
M. LALIBERTE: Que nous ne pouvons pas refuser.
M. LE PRESIDENT: J'étais surpris de les voir refuser. Merci.
M. LESAGE: Voulez-vous qu'il vous donne encore les raisons, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. LALIBERTE: Est-ce que j'ai fait un lapsus, M. le Président, ou
si c'est vous?
M. LE PRESIDENT: Bien non, j'ai compris.
M. LALIBERTE: J'ai dit que nous ne pouvions pas refuser. Je dois vous
dire bien franchement, cependant, qu'hier soir, d'accord, il y a eu un certain
nombre de portes secondaires d'ouvertes. Cet après-midi, en
commençant la séance, on en a ouvert une pas mal grande au niveau
de l'atelier syndical, pas mal grande.
Mais il ne faudrait pas croire que si nous ne sommes d'accord que sur
ces points-là, c'est-à-dire que s'il n'y a des portes d'ouvertes
que sur ces points-là, que nous pourrons mardi prochain, vous
présenter un rapport très intéressant.
Je ne poserai pas la question au ministre Masse parce que, bien
sûr, il ne voudrait pas y répondre, mais je souhaite ardemment que
nos vis-à-vis, c'est-à-dire les négociateurs de la partie
patronale, aient au moins des fenêtres à ouvrir sinon des portes
sur les conditions de travail, sur la sécurité d'emploi, sur la
sécurité sociale, sur la classification et sur le
perfectionnement des maîtres.
S'il n'y a pas de fenêtres ouvertes, de leur part, de ce
côté nous ne fermons pas les portes quant à nous
le rapport mardi prochain ne sera pas joyeux.
M. LESAGE: Vous avez mentionné dans la liste que vous venez de
donner, M. Lalibertê, la charge maximale de travail?
M. LALIBERTE: Oui, bien sûr.
M. LESAGE: Et en d'autres termes...
M. LALIBERTE: Quand je dis conditions de travail, je sous-entends...
M. LESAGE: Je voulais faire appel à M. Masse et à M,
Cournoyer à la suite de ce que j'ai entendu cet après-midi. Je
voulais leur demander, je ne sais pas si c'est d'ouvrir la fenêtre
ou de l'entrouvrir d'explorer ce qui me semble être une porte de
sortie tout en permettant de conserver au niveau provincial un
rapport maître-élèves et à
l'élémentaire et au secondaire, à la suite de
l'exposé de M. Tremblay pour qu'il y ait... Quand j'ai parlé des
écarts dans les régionales, je pense que M. Laliberté nous
a donné des explications qui ont encore apporté un
éclairage plus Intense. D me semble qu'il y a quelque chose
là-dedans qu'il faut explorer et du côté de la garantie
pour la charge maximale, garantie donnée au niveau provincial.
Il y a quelque chose à explorer très
sérieusement.
M. MASSE: M. le Président...
M. LESAGE: J'exprime peut-être un peu vite, mais je pense qu'il y
a quelque chose.
M. MASSE: ... je peux parfaitement répondre à la question
qui a été posée par le président de la CEQ. Je puis
assurer les membres de cette commission que nos portes sont ouvertes,
même mon bureau est ouvert à partir de demain matin à neuf
heures.
En plus de nos portes, notre esprit est également très
ouvert.
Je dois signaler également que les rapports d'impôt, selon
le ministre des Finances, dans ce domaine-là, le coffre est un peu moins
ouvert.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs les membres de la commission, vous
allez reprendre les négociations. Je vous en remercie au nom de tous les
membres de la commission, au nom du public, et nous nous reverrons ici mardi
matin à 10 h 30. Voici les raisons. Demain, le député, M.
Bourassa, doit répondre au discours du ministre des Finances et nous
nous étions entendus, deuxièmement, avec l'Opposition
étant donné leur colloque de fin de semaine. Nous nous sommes
entendus là-dessus depuis plus de deux mois que nous ne
siégerions pas vendredi. Donc, nous vous reverrons mardi, à 10 h
30.
M. LESAGE: Et notre colloque, c'est à la maison Montmorency, il y
a une chapelle, nous y prierons pour que les esprits soient ouverts.
(Fin de la séance: 18 h 23)