Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la protection de l'environnement est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Environnement pour
l'année 1983-1984.
Les membres de la commission sont: Mme Bacon (Chomedey), M.
Beauséjour (Iberville), M. Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Blouin (Rousseau), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Fallu (Groulx), M.
Gravel (Limoilou), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Champagne (Mille-Îles) remplace M. Rodrigue (Vimont); M. Vallières
(Richmond) remplace M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Cusano (Viau), M.
Desbiens (Dubuc), M. Gagnon (Champlain), Mme Juneau (Johnson), M. Lincoln
(Nelligan), M. Marx (D'Arcy McGee), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Tremblay (Chambly).
À l'ajournement de vendredi dernier, nous en étions encore
aux...
Mme Bacon: Je pense qu'on a pas mal épuisé le sujet
de la carrière Miron.
Le Président (M. Boucher): Nous en étions aux
questions du vendredi.
Mme Bacon: On a pas mal épuisé le sujet, à
moins que le ministre n'ait autre chose à ajouter.
M. Ouellette: Pour l'instant, non, mais je...
Mme Bacon: On va attendre sa visite.
M. Ouellette: J'ai déjà une certaine visite de
faite, puisque, vendredi après-midi, tout de suite après la
commission, j'ai rencontré le directeur régional de
Montréal, M. Poirier, pour m'entretenir du sujet et, en soirée,
j'ai rencontré un journaliste de la ville de Saint-Michel, qui m'a
posé certaines questions pertinentes à la carrière, et
quatre citoyens du Comité de citoyens de Saint-Michel. Je leur ai fait
part à peu près des propos que j'avais tenus en commission et de
mon intention de me rendre sur les lieux éventuellement avec,
probablement, le député de Viau, pour constater visuellement,
quelque part au cours du mois de mai, sans préciser la date, pour ne pas
avertir les gestionnnaires. Cela demeure toujours dans le domaine de mes
intentions bien arrêtées.
M. le Président, si vous me permettez, M. Meunier, mon
sous-ministre, m'a demandé de saisir cette commission parlementaire
d'une question dont il m'a fait part. Bien que cela ne m'apparaisse pas
absolument nécessaire, je suis pleinement d'accord avec lui pour que la
commission en soit informée, puisqu'il s'agit d'une apparence
d'éventuel conflit d'intérêts qui pourrait l'impliquer.
Pour résumer la situation, disons que le père de M. Meunier, le
notaire Meunier, de Saint-Jean, est actuellement en pourparlers avec le
ministère de l'Environnement pour une éventuelle acquisition par
le ministère d'un terrain dont il est propriétaire. Ce terrain se
trouve en bordure de la Rivière-du-Sud et de la rivière Richelieu
et il se pourrait que le ministère songe, même si ce n'est pas
dans ses intentions immédiates, à acquérir ce terrain pour
en faire une réserve écologique.
Deux raisons principales motiveraient le ministère à poser
ce geste. D'abord, il y a, sur ce terrain, un écosystème
particulier et, deuxièmement, il y aussi la présence de
chênes bleus qui est une espèce assez rare au Québec.
Comme il pourrait y avoir, dans l'esprit de certains, un éventuel
risque de conflit d'intérêts, je demanderais au sous-ministre
-après avoir, bien sûr, eu l'accord de Mme la
députée de Chomedey - de fournir les explications relatives
à ce dossier.
Le Président (M. Boucher): M. Meunier.
Éliminer toute apparence d'éventuel
conflit d'intérêts
M. Pierre-B. Meunier
M. Meunier: Je vous remercie. M. le Président, si j'ai
suggéré au ministre de faire cette démarche publique,
c'est que même si je croyais avoir fait toutes les démarches
nécessaires au sein du ministère de l'Environnement de même
qu'auprès du secrétaire général du Conseil
exécutif, qui est mon supérieur immédiat administratif, il
m'apparaissait que la publicisation de cette question ou de cette situation
délicate dans laquelle je me trouvais permettrait peut-être
d'éliminer davantage toute apparence d'éventuel conflit
d'intérêts, parce qu'il me semble qu'il est important, non
seulement
que l'on évite les conflits d'intérêt, mais aussi
que l'on évite les apparences de conflits d'intérêt
éventuels. Je pense que c'est important pour la fonction publique que je
représente.
À partir du moment où j'ai fait la suggestion de rendre
cette affaire publique, il me semblait que la commission parlementaire pouvait
constituer peut-être le meilleur forum pour faire la lumière sur
cette question, puisque je pourrais exposer la situation et que la commission
pourrait décider de me poser des questions, si besoin était, sur
le fait.
Voici les faits. Peu de temps après mon entrée au
ministère - elle s'est faite effectivement le 6 décembre - j'ai
fait part au chef de cabinet de M. Ouellette, soit le 20 décembre, de
cette apparence d'éventuel conflit d'intérêts. Nous avons
convenu, à ce moment, de reparler de cette question au retour des
vacances des fêtes. À ce moment, nous avons rediscuté de la
question et la solution qui nous apparaissait la meilleure à cette
époque était d'aviser le comité de gestion de mon
ministère.
À la réflexion, il m'a semblé que cette
procédure n'était peut-être pas la meilleure puisqu'elle ne
m'enlevait pas le pouvoir décisionnel dans ce dossier. En d'autres
termes, j'aurais avisé le comité de gestion mais l'apparence de
conflit d'intérêts aurait demeuré puisque j'aurais
peut-être eu à prendre une décision éventuellement
dans le dossier.
Après en avoir rediscuté à nouveau avec le chef de
cabinet, j'ai décidé d'aller voir le secrétaire
général du Conseil exécutif, M. Louis Bernard, pour lui
demander une directive sur la marche à suivre dans cette affaire. Je
l'ai rencontré effectivement le 18 mars dernier. Ce que M. Bernard m'a
conseillé à ce moment, c'est de confier le dossier à un
sous-ministre adjoint du ministère, le sous-ministre qui était le
plus ou qui pouvait le plus être impliqué dans ce dossier, en lui
demandant de prendre toute décision pertinente dans cette affaire sans
en faire référence d'aucune manière à moi. Si
besoin était de consulter des autorités supérieures, de
consulter le cabinet du ministre.
J'ai effectivement fait parvenir à M. Bernard Harvey,
sous-ministre adjoint aux activités centrales du ministère, en
date du lundi 28 mars, une lettre que je vous lis et qui a pour objet,
évidemment, Rivière-du-Sud, Haut-Richelieu: "Cher
collègue, pour des raisons personnelles dont j'ai fait part au chef de
cabinet, le 20 décembre dernier, et au secrétaire
général du Conseil exécutif, le 22 mars dernier, je vous
demande à compter de ce jour de prendre toutes les décisions
requises dans tous les dossiers qui touchent de près ou de loin le
secteur de la Rivière- du-Sud sans m'en informer de quelque façon
que ce soit.
S'il vous apparaissait nécessaire de consulter une
autorité supérieure avant de prendre de telles décisions,
vous voudrez bien communiquer directement avec le cabinet du ministre à
ce sujet. "Veuillez recevoir, cher collègue, etc." En guise de
conclusion, qu'il me soit permis de vous dire que depuis mon arrivée
à ce ministère je n'ai évidemment eu aucune
décision à prendre dans ce dossier. C'est tout, M. le
Président, je suis disposé à répondre aux questions
des membres de la commission s'il y en a.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chomedy.
Mme Bacon: M. le Président, je remercie le sous-ministre
de ses informations. J'aurais une question à lui poser. Est-ce que le
sous ministre était au courant que ces pourparlers étaient en
cours avant sa nomination?
M. Meunier: Oui.
Mme Bacon: Au moment de sa nomination, il était au courant
que les pourparlers étaient en cours entre le notaire Meunier et le
ministère de l'Environnement.
M. Meunier: J'étais au courant que mon père avait
une terre et qu'il y avait des discussions avec le gouvernement. Je pense avoir
su qu'il avait vu des gens du ministère de l'Environnement, mais je
pense qu'il avait vu des gens d'autres ministères aussi.
Mme Bacon: Et ça implique en même temps d'autres
ministères; pas seulement le ministère de l'Environnement? La
décision elle-même doit-elle être prise par un
ministère ou seulement par le ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Écoutez, cela dépendra de la solution
qui sera retenue. Il semblerait que d'autres ministères pourraient
être impliqués ici, selon la solution.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. M. Meunier, je
veux, moi aussi, vous remercier de votre franchise. Il reste que - qu'on le
veuille ou non - lorsque vous êtes sous-ministre et que votre père
est impliqué dans une transaction, on peut imaginer que si un
journaliste trouve cela, il pourrait se poser mille et une questions.
Maintenant, je voudrais savoir quelle est la superficie totale.
M. Meunier: Cela, je ne suis pas en mesure de vous le dire.
M. Bélanger: Est-ce qu'on se dirige vers une entente de
gré à gré ou si ce sera par voie d'expropriation?
M. Meunier: Cela non plus, je ne suis pas en mesure de vous le
dire. Vous comprendrez qu'avec ce que je vous ai dit, je n'ai pas fait sortir
le dossier pour l'examiner en détail. En fait, je n'ai pas vu le dossier
du ministère, là-dessus.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre permettra à l'Opposition
d'être au courant vraiment du dossier? En fait, on nous parle d'un
dossier. Je comprends que le sous-ministre est dans une bien mauvaise position
en ce moment. Je le regrette autant que lui, mais je pense qu'il comprendra que
l'Opposition a le droit de connaître le dossier, ne serait-ce que pour
éclairer un peu notre lanterne et savoir vraiment où on va
là-dedans. Si c'est très minime, on est un petit peu moins
inquiet à ce moment-là que si c'est un dossier de première
importance dans une décision qui serait prise. Évidemment, le
ministre doit être au courant. Je comprends que le sous-ministre adjoint
va avoir des pouvoirs décisionnels qu'on va lui confier au chapitre de
ce dossier, mais, quand même, le ministre doit être au courant du
dossier, je l'espère.
M. Ouellette: Alors, je suis bien conscient, M. le
Président, que non seulement le sous-ministre se trouve dans une
situation délicate, mais, par ricochet, nécessairement, et le
ministre et le ministère. Si jamais il devait y avoir des
négociations en vue d'une éventuelle acquisition par le
ministère, ce dossier-là sera traité très
ouvertement pour qu'aucun doute ne puisse persister dans l'esprit de qui que ce
soit.
On m'informe que M. le sous-ministre Harvey peut répondre aux
questions de la nature de celles qui ont été posées par le
député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Boucher): M. Harvey.
M. Ouellette: Le dossier de Rivière-du-Sud est un dossier
qui est traité au ministère de l'Environnement depuis au moins
deux à trois ans. C'est un dossier qui est traité
également en collaboration avec le ministère de l'Agriculture. Je
pense que tout le monde se rappelle des projets de drainage du ministère
de l'Agriculture. Il y a eu également, dans le dossier, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, puisqu'il y a
plusieurs zones dans cette portion de territoire qui sont d'un grand
intérêt pour la faune. Et, à la demande du ministère
de l'Environnement, l'an dernier, le ministère de l'Agriculture, en
collaboration avec Canards Illimités, a proposé une modification
importante à son projet de drainage qui incluait également la
sauvegarde de la portion que le ministère a dans son programme de
création de réserves écologiques.
À ce stade-ci, certains travaux ont été
réalisés par le ministère de l'Agriculture pour
protéger et récupérer certaines terres agricoles. Certains
travaux ont également été réalisés par
Canards Illimités pour améliorer la productivité de cette
zone-là. Le ministère de l'Environnement a toujours dans ses
tiroirs le projet de création de la réserve écologique.
Maintenant, ce projet fait partie d'un ensemble de projets. À ce
stade-ci, nous avons entrepris des négociations avec le
propriétaire à savoir quel serait le coût d'une
éventuelle acquisition. Il n'a pas été question de savoir
si ce serait une expropriation ou une acquisition. Nous ne sommes pas rendus
à ce point-là. Et, évidemment, c'est un dossier qui est en
perpétuelle évolution. Il y a toujours l'intérêt de
Canards Illimités pour créer des zones de protection
là-dedans. C'est l'état actuel du dossier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Personnellement, je pense bien que
l'Opposition, le Parti libéral n'est pas contre l'achat ou
l'expropriation de terrains, si ça fait l'affaire du ministère,
même si cela appartient au père d'un sous-ministre. Là
n'est pas la question. Mais je pense que, comme le disait ma collègue de
Chomedey, vous devrez négocier ce dossier-là dans toute la
lumière possible, pour s'assurer que, d'une part, si c'est de gré
à gré, ce ne soit pas plus cher que l'évaluation
environnante, et si c'est une expropriation, à peu près la
même chose. Mais c'est un dossier qui va demander de la prudence.
Avez-vous une idée de la superficie? Comme le disait ma collègue,
est-ce qu'on parle de 100 acres? Est-ce qu'on parle de 25 acres? Vous ne savez
pas?
M. Ouellette: Je n'ai aucune idée, à ce stade-ci,
de la superficie exacte du projet de réserve écologique. Comme je
vous l'ai dit, c'est un dossier en perpétuelle évolution à
cause du projet de Canards Illimités. Canards Illimités est en
train d'aménager certaines zones qui pourraient modifier la superficie
de la réserve écologique.
Le Président (M. Boucher): Pas d'autres questions?
M. Ouellette: M. le Président, je veux
répéter à l'Opposition que, compte tenu de
la nature délicate de ce dossier, je peux vous donner l'assurance
qu'il sera traité sur la place publique de façon qu'aucun doute
ne puisse subsister dans l'esprit de qui que ce soit. De toute façon,
une décision finale d'acquisition éventuelle de ce terrain
devrait faire l'objet d'un consensus au Conseil des ministres. Cela se fera de
façon très ouverte.
Mme Bacon: Au risque de se faire dire, M. le Président,
qu'on agit encore en personnes trop responsables comme membres de l'Opposition,
je ne peux faire autrement que de penser aux gorges chaudes qui se feraient, si
le Parti libéral était au pouvoir.
M. Bélanger: Ils le regrettent, maintenant.
M. Ouellette: Non...
Mme Bacon: Non. Je pense qu'on va faire comme on a fait dans
d'autres dossiers: On va se conduire en personnes responsables.
M. Ouellette: Alors, je vous en remercie à l'avance.
Le Président (M. Boucher): Nous revenons à
l'étude des crédits.
Loi sur l'usage du tabac dans les lieux
publics
Mme Bacon: Oui. J'aimerais revenir à la loi sur l'usage du
tabac. Nous en sommes toujours au programme numéro 1, M. le
Président. Dans une lettre que le ministre m'a fait parvenir en janvier,
il avait mentionné qu'une loi sur l'usage du tabac dans les lieux
publics serait déposée à la prochaine session. D'autre
part, on sait aussi que cela fait plusieurs fois et plusieurs mois qu'on
mentionne qu'un jour, on aura un projet de loi qui régira l'usage du
tabac dans les lieux publics. À quel moment, le ministère de
l'Environnement déposera-t-il ce projet de loi? Est-ce qu'il est rendu
au Conseil des ministres? Y a-t-il un mémoire qui a été
soumis au Conseil des ministres? Aussi, est-ce qu'il y aura une commission
parlementaire qui entendra les différents milieux? Parce qu'il y a des
"pour", mais il y a aussi des "contre" ce projet de loi.
M. Ouellette: Pour ce qui est de la première partie de la
question, je dois dire que j'ai signé récemment ce projet de loi
pour le transmettre au ministère des Affaires sociales, de M. Johnson,
parce que la santé étant mise en cause là-dedans, je
tenais à ce qu'il y ait un consensus entre les deux ministères.
Ce qui veut donc dire que, aussitôt qu'il me reviendra, il sera
déposé au Conseil exécutif.
En ce qui concerne une commission parlementaire avec intervenants, il me
paraît très souhaitable qu'elle soit tenue afin qu'on puisse
connaître l'opinion véritable des différents intervenants
dans ce dossier, qu'il s'agisse de gens qui tiennent à ce que les
non-fumeurs soient protégés, qu'ils fassent valoir leur point de
vue quant au contenu de la loi de même que ceux qui s'y opposent, parce
qu'on sait qu'il y a une certaine partie de la population qui s'y oppose. Je
suis donc ouvert à l'idée d'une commission parlementaire avec
audition de mémoires.
Gestion des déchets
Mme Bacon: J'aimerais revenir au sujet de la gestion des
déchets. L'été dernier, on se rappelle qu'un camion
chargé de déchets nucléaires avait traversé le
Québec sans qu'aucune mesure ne soit prise. Je pense que le gouvernement
n'avait pas été informé, à ce moment-là.
À la suite de cet événement, qui a quand même
soulevé beaucoup d'intérêt à la radio, dans les
différents médias et dans les journaux, un porte-parole du
ministère avait déclaré qu'un projet de loi serait
présenté lors de la prochaine session. Pour situer le ministre,
c'est arrivé en juillet dernier. À la suite d'une question que
j'avais posée en vertu de l'article 34, en novembre dernier, à
savoir s'il y avait un projet de loi qui serait déposé pour
réglementer le transport des déchets nucléaires, le leader
de la Chambre avait tout simplement répondu, très
catégoriquement, par un "non".
Il existe de tels projets de loi dans les États de la
Nouvelle-Angleterre, par exemple. Quelle est la situation actuelle au
ministère? Est-ce que le gouvernement a l'intention ou est en voie de
préparer un projet de loi qui régira le transport des
déchets nucléaires?
M. Ouellette: II ne s'agit pas d'un projet de loi comme tel, mais
bien d'un projet de réglementation sur le transport des déchets
dangereux. D'ici à un mois, il devrait m'être soumis de
façon que je l'étudié pour le présenter dans la
Gazette officielle afin de le rendre vraiment officiel.
Mme Bacon: Le ministre dit qu'il n'a pas besoin d'un projet de
loi, qu'il peut y aller par réglementation, à ce
moment-là?
M. Ouellette: On peut y aller simplement par
réglementation.
Mme Bacon: Ce sera dans les mois qui viennent ou...?
M. Ouellette: D'ici à un mois, je devrais être saisi
de ce projet de règlement. (10 h 30)
Mme Bacon: Le 10 mai 1978, un
nouveau règlement relatif à la gestion des déchets
solides entrait en vigueur. On souhaitait voir disparaître graduellement
les dépotoirs à ciel ouvert, on parle de déchets toxiques
et autres. Si certains déchets peuvent être
récupérés et recyclés et d'autres
complètement détruits, il y a encore des déchets qu'il est
impossible de faire disparaître. Actuellement il n'existe pas de
politique cohérente pour les déchets toxiques. Il y a Stablex qui
est en fonction, on en a entendu beaucoup parler vendredi dernier. On sait que,
je vais revenir sur cela, les usines ne sont pas obligées de s'y rendre
pour détruire leurs déchets, si elles considèrent que
c'est trop coûteux, elles se débarrasseront elles-mêmes de
leurs résidus d'une autre façon qu'en allant chez Stablex.
D'autre part, les inspecteurs en ce qui concerne les substances toxiques ne
suffisent pas, ils ne sont pas suffisamment nombreux. Vu le fait qu'il y a un
manque flagrant d'une politique globale concernant les déchets toxiques,
que ce soit au niveau du transport, de l'enfouissement, de l'entreposage, sur
le rôle qu'a à jouer la population d'une région qui est
visée par un lieu d'entreposage ou d'enfouissement, il faut quand
même garantir aux Québécois que les déchets toxiques
ne représentent aucun danger. On en entend parler beaucoup, il y a une
préoccupation dans la population. Il faudrait que le gouvernement revoie
sa politique sur les déchets toxiques, qu'il partage aussi les
responsabilités, qu'il favorise plutôt les pollués que les
pollueurs et qu'il revoie son contrôle sur la surveillance.
Je crois qu'il y a une nouvelle façon de voir cela, il lui
revient en tout cas de revoir tout ce dossier. La SVP a déjà
relevé une centaine de sites d'enfouissement de déchets toxiques.
Il se peut évidemment qu'il y en ait beaucoup plus, on parle de 250, de
300, on n'a jamais de chiffres précis. Est-ce que le ministère a
fait son propre relevé des sites? Quel geste le ministre va-t-il poser
ou a-t-il posé qu'on ne connaît pas dans cette même
veine?
M. Ouellette: Garantir à la population qu'il n'y a aucun
risque relié aux déchets toxiques, c'est beaucoup dire; parce
qu'on sait qu'il se produit de ces déchets un peu partout à
travers le Québec, dans plusieurs entreprises. Garantir qu'il n'y a
aucun risque, comme je le disais tout à l'heure, c'est s'engager
à beaucoup de choses. Par contre, la garantie qu'on peut offrir à
la population est que nous nous occupons très intensément de ce
problème. La mise en place de Stablex, qui sera inaugurée
prochainement, qui éliminera les déchets toxiques organiques, et
aussi l'éventuelle construction d'un centre de destruction des
déchets toxiques inorganiques sont deux garanties qui doivent rassurer
la population quant à notre intérêt sur le sujet.
Je parlais tout à l'heure d'un règlement qui devra
régir le transport de ces produits dangereux au Québec; c'est un
troisième geste que pose le ministère justement dans le but d'en
venir à assurer au maximum la population du non-danger de la
présence de ces produits. Maintenant il ne se passe pas six mois sans
qu'on découvre de nouveaux sites où des déchets toxiques
ont été enfouis. Tout le monde connaît le dossier
maintenant tristement célèbre de la ville de Mercier, de LaSalle
Coke. On sait que le gouvernement fédéral a annoncé avoir
découvert un certain nombre de sites d'enfouissement lui appartenant,
sur des terrains fédéraux, au Québec, dans lesquels les
déchets toxiques ont été enfouis. On est conscient
également qu'il se fait - pour utiliser l'expression anglaise - du
"midnight dumping" c'est-à-dire que des gens se débarrassent de
leurs produits dangereux en les enfouissant ici et là. Alors que peut
faire le ministère de l'Environnement sinon d'exercer un contrôle
très sévère à la mesure de ses moyens?
Il est toujours plus facile pour un individu de ne pas respecter une loi
que pour le gardien de cette loi de la faire respecter, nous en sommes
conscients. Comme premier moyen de fournir cette garantie maximale à la
population, c'était encore de mettre en place des entreprises capables
de détruire ces déchets, c'est le cas de Stablex, c'est le cas de
l'entreprise qui suivra Tricil qui est désuète actuellement. Nous
entendons mettre en place un programme informatisé qui nous
renseignerait quotidiennement de la production des déchets toxiques
à travers le Québec et des moyens d'élimination
qu'utilisent les producteurs de ces déchets.
Il y a un autre problème qui est très populaire par les
temps qui courent c'est celui des BPC qui est un produit extrêmement
dangereux dont la fabrication est interdite depuis un certain nombre
d'années mais dont une quantité importante continue d'exister, en
particulier dans les transformateurs électriques. Nous ne disposons pas
actuellement de la technologie qui nous permettrait de les éliminer mais
le ministère s'est penché sur le sujet et est en train de
préparer une technique qui nous permettra, éventuellement, dans
les plus bref délais, je l'espère, d'éliminer ce genre de
déchets dangereux.
Mme Bacon: Le ministre dit: Nous nous occupons du dossier. Je
pense bien qu'il doit sûrement être préoccupé par un
tel dossier parce qu'on ne peut pas arriver avec des correctifs très
rapides. Mais est-ce que le ministère était en mesure de faire
son propre relevé - on sait que cela s'accumule et que cela s'ajoute -
d'avoir une idée approximative du nombre de sites? Je pense que si le
ministère n'est pas au courant du
nombre de sites et qu'il ne peut avoir son propre relevé, c'est
assez difficile d'apporter les véritables correctifs
nécessaires.
M. Ouellette: Nous faisons effectivement le type de relevé
dont parle Mme la députée de Chomedey, excepté que nous ne
le rendons pas nécessairement public pour éviter d'ameuter la
population. Dans bien des cas, ce serait exagéré. J'aimerais la
rassurer en lui disant que nous intervenons par ordre de priorité de
gravité. Je mentionnais tout à l'heure la ville de Mercier, je
parlais de Lasalle Coke, je parlais des BPC; ce sont des choses qui nous
intéressent au plus haut point et où nous intervenons le plus
rapidement possible.
À cet effet, madame est sans doute au courant de la
décision que j'ai rendue publique il y a un peu plus d'un mois à
savoir que nous investirions 5 700 000 $ pour la décontamination de la
nappe de la ville de Mercier et, comme il y avait là trois
problèmes parallèles, celui de la contamination de la nappe qu'on
va résoudre par le 5 700 000 $. Il y avait aussi l'alimentation en eau
potable de huit résidences; j'ai annoncé que le gouvernement du
Québec, par l'intermédiaire du ministère de
l'Environnement, paierait 66 2/3% de l'implantation d'une conduite d'eau pour
alimenter ces gens de façon convenable et, parallèlement,
j'annonçais que la compagnie Tricil, ne pouvant se conformer aux deux
ordonnances qui lui ont été émises, serait appelée
éventuellement à fermer ses portes et être remplacée
par le projet qui est actuellement à l'étude auprès de
deux compagnies et qui a été rendu public.
Mme Bacon: Avant de revenir à la ville de Mercier, le
ministre a mentionné aussi tout à l'heure que Stablex
était un exemple de correctif à apporter. On parle
peut-être d'en avoir d'autres mais il n'y a pas d'obligation en ce moment
pour les usines de se rendre à Stablex ou de se rendre à
d'autres, même si d'autres il y aura, pour détruire leurs
déchets. Il n'y a pas d'obligation, il n'y a pas de... Je pense qu'il
n'y a pas de mesures coercitives. Ne faudrait-il pas en venir à des
mesures coercitives à un moment donné? Je pense que la
persuasion, on l'a vu dans bien d'autres domaines, peut faire un bout de
chemin. Mais, à un certain moment, il faut presque prendre des mesures
coercitives.
M. Ouellette: Je pense avoir eu l'occasion de répondre, en
partie du moins, à cette question vendredi dernier en disant qu'il me
serait apparu plus ou moins cohérent de passer à l'étape
coercitive à l'endroit des producteurs de ces produits sans avoir
à leur offrir des moyens convenables d'élimination. Il
m'apparaissait donc normal qu'on mette en place Stablex - appelons-le pour
l'instant Tricil no 2 - avant de passer à cette étape.
Mais, de toute façon, je vais rassurer Mme la
députée de Chomedey en lui disant que le conseil consultatif de
l'environnement prépare depuis plus d'un an un avis au ministère
sur une éventuelle politique à l'égard des résidus
industriels. Il est peut-être prématuré d'y penser mais je
ne serais pas surpris personnellement que le conseil consultatif fasse des
recommandations au ministre dans le sens des propos tenus par Mme la
députée.
Mme Bacon: Le ministre a mentionné aussi la ville de
Mercier. Je ne voudrais pas m'étendre davantage sur un sujet
précis mais on parle de subvention pour l'implantation de conduites
d'eau afin que les gens puissent avoir une eau potable. Est-ce que les gens
sont tous traités de la même façon? Est-ce qu'on donne les
mêmes montants? Parce qu'on entend des rumeurs où les gens se
plaignent de ne pas avoir le montant total d'abord - évidemment les gens
veulent en avoir davantage - mais en disant que les montants ne sont pas les
mêmes, s'ils leur sont versés des fois à eux ou s'il y a de
l'aide à d'autres groupements. Il y a une certaine partie, en tout cas,
de ces gens qui sont touchés par le problème, qui ne sont pas
très satisfaits du règlement.
M. Ouellette: Je m'excuse, j'ai manqué la première
partie de la question.
Mme Bacon: Parce que vous parlez de 66 2/3%, je pense, de
remboursements. Il y a des gens qui prétendent être en mesure de
demander au ministère 100%. Est-ce que cela a déjà
été envisagé en se disant que les montants qui sont remis
ne sont pas tous remis de la même façon. Est-ce que tout le monde
est à 66 2/3%?
M. Ouellette: Non. Là, vous me parlez du dossier de la
ville de Mercier et des municipalités avoisinantes.
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: D'accord.
Mme Bacon: Je ne voudrais pas trop régionaliser, mais
quand même.
M. Ouellette: II y a 1 100 000 $, de mémoire ou environ
qui ont été dépensés par le ministère de
l'Environnement pour équiper certaines municipalités, autour de
la ville de Mercier, d'un réseau d'aqueduc qui a été
payé à 100% par le ministère de l'Environnement. Cette
partie du réseau était inscrite dans la zone dite dangereuse,
après évaluation de la marche que peut suivre
cette nappe d'eau souterraine contaminée. Donc, dans le secteur
à grand risque, nous y sommes allés pour 100% des coûts.
Les deux sujets dont je parlais tout à l'heure, les deux rangs, qui
contiennent quatre maisons chacun, n'ont été subventionnés
qu'à 66 2/3% parce que, selon nos évaluations, aucune analyse ne
nous démontrait que les eaux d'alimentation par puits de ces huit
résidences n'étaient pas contaminées par la nappe d'eau
phréatique. Ce n'est que par souci humanitaire, finalement, que j'ai
présenté au Conseil du trésor une demande d'aide
financière à l'endroit de ces deux municipalités,
étant conscient que cette région a été gravement
affectée et par la contamination de la nappe d'eau souterraine et par la
présence de Tricil qui a suscité beaucoup de remous. Même
si on apportait des explications scientifiques aux personnes qui trouvaient des
substances peu désirables dans leur eau potable, il ne m'est pas apparu
très clair que ces gens finiraient par croire la science et seraient
convaincus que les particules en question ne provenaient pas de la nappe d'eau.
J'ai donc pris la décision de demander au Conseil du trésor
d'affecter 30 000 $ pour leur venir en aide, même si cela ne
représentait que 66 2/3%.
Mme Bacon: Je pense que si le ministre avait eu à boire la
même eau que ces gens-là, il serait non pas
préoccupé par la science, mais préoccupé par l'eau
qu'il boit. On devient très réaliste à ce moment. En fait,
quand on parlait de 66 2/3% et que les gens prétendaient avoir droit
à 100%, on donnait comme exemple le Géant vert -c'est l'usine qui
est là...
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: ...qui aurait reçu 100%. Est-ce que le ministre
serait contre le Géant vert, dans ses grands risques, parce qu'il a dit:
On a subventionné ceux qui étaient à grand risque à
100%.
M. Ouellette: À l'époque où la
décision a été prise - elle remonte à quelques
années - d'alimenter Géant vert, entre autres, par une conduite
d'aqueduc subventionnée à 100%, selon les données
scientifiques dont on disposait à l'époque, il était clair
que la nappe d'eau se déplaçait en direction de Géant
vert, parce que cette usine consommait énormément d'eau à
partir d'un puits pompé. Les hommes de science qui ont
étudié le problème à l'époque nous ont dit
que le fait de pomper une telle quantité d'eau pouvait avoir pour effet
de drainer la nappe d'eau souterraine contaminée en direction de
l'entreprise, ce qui n'était pas le cas, remarquez, pour les deux rangs
dont je parle, à Saint-Isidore.
Mme Bacon: J'aimerais revenir à un dossier, si on continue
certaines régions, le dqssier de Toxitec, à Shawinigan-Sud. Je
pense que Shawinigan-Sud veut toujours se débarrasser de son site
d'entreposage. On parle maintenant d'une opération dans le but
d'éliminer les déchets. Le conseil municipal a passé une
résolution pour ne pas recevoir cette usine. Le ministre peut-il nous
dire où est rendu le dossier et s'il y a eu une demande
d'opération de faite et par qui?
M. Ouellette: M. le Président, en effet, une demande a
été déposée auprès du ministère de
l'Environnement, mais nous avons demandé aux promoteurs d'obtenir
préalablement l'avis de la municipalité. Dans un premier temps,
la municipalité a dit ne pas avoir de règlement interdisant
l'entreposage de tels produits. Après plus amples recherches, la
municipalité s'est finalement ravisée en nous faisant savoir ou
en faisant savoir aux promoteurs qu'il y avait dans ces règlements des
éléments qui lui permettaient de refuser ce dossier, de refuser
l'entreposage de ces produits. Nous respectons l'autonomie locale dans ce cas
et nous demandons au promoteur de nous proposer un site, parce qu'il faut
entreposer ces produits dans une municipalité qui voudra bien l'accepter
en vertu de ces règlements. (10 h 45)
Mme Bacon: De la même région.
M. Ouellette: Pardon.
Mme Bacon: Une municipalité de la même
région. Est-ce qu'on reste dans la région de la Mauricie?
M. Ouellette: II y a de fortes chances que ce soit dans la
même région puisque ces produits sont générés
dans la région même.
Mme Bacon: Est-ce qu'une nouvelle demande d'exploitation a
été faite au ministère?
M. Ouellette: Nous attendons que le promoteur nous soumette un
site dans une municipalité qui l'accepterait.
Mme Bacon: Ce n'est pas encore accepté par le
ministère. Vous attendez encore ce que le promotteur aura fait. Quand
une demande est faite, quelles sont les garanties que doivent fournir les
promoteurs?
M. Ouellette: Pour ce genre d'entreposage, le promoteur doit
fournir la garantie qu'il respecte toutes les normes environnementales. On lui
demande de déposer une somme d'argent par gallon de déchets,
somme d'argent qui servirait, éventuellement si des dégâts
étaient causés
par l'entreposage, à faire les réparations d'usage.
Mme Bacon: Est-ce que le nouveau promoteur qui fait une demande a
déjà soumis dans son dossier et a une possibilité de
solvabilité?
M. Ouellette: Au moment où le promoteur a fait sa demande,
on lui avait demandé s'il avait déposé une somme de 50 000
$ et dès le jour où il a retiré sa demande, compte tenu du
fait que la municipalité n'acceptait pas, nous lui avons remis les 50
000 $. Nous les lui exgigerons de nouveau lorsqu'il nous fera une nouvelle
proposition.
Mme Bacon: Combien y a-t-il d'inspecteurs de ces sites? On parle
que le ministère seul connaît le nombre de sites puisqu'on ne veut
pas ameuter la population. Combien y a-t-il d'inspecteurs dans la grande
région de Montréal?
M. Ouellette: Je sais qu'au niveau du Québec, nous avons
120 inspecteurs et la ventilation, quant à la région de
Montréal, on nous parle d'une trentaine d'inspecteurs affectés
à ce genre de chose.
Mme Bacon: D'accord. Quand le ministre parle de nouvel
emplacement, est-ce qu'il peut révéler l'endroit de ce nouvel
emplacement?
M. Ouellette: Proposé par le promoteur?
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: Nous n'avons pas reçu de demande du
promoteur en fonction d'un emplacement précis. Nous lui avons tout
simplement dit: Trouvez-vous un site et assurez-vous que la municipalité
dans le territoire de laquelle se trouvera ce site sera d'accord. Donc, il n'y
a pas eu de demande additionnelle de la part du promoteur.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a eu des demandes de faites pour la
région de Mattawin?
M. Oueilette: À ma connaissance non. Mme Bacon: Ce
n'est pas ce site-là.
M. Ouellette: On me signale que, l'an dernier, une demande avait
été faite dans cette région, mais elle a été
refusée.
Mme Bacon: Elle a été refusée.
M. Ouellette: Là, encore, c'était relié au
refus de la municipalité.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser une ou deux question
à propos de Toxitec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Sur la question de Toxitec, il y a eu un permis
d'autorisation en 1979 qui est devenu périmé pour Shawinigan-Sud.
Est-ce que vous parlez du même promoteur ou bien s'il y a d'autres
promoteurs qui se mettent en ligne pour l'entreposage et le traitement futur
par une usine des BPC ou bien si on parle du même promoteur Toxitec?
M. Ouellette: II s'agissait d'un autre promoteur que Toxitec.
M. Lincoln: Est-ce que Toxitec n'est plus dans la partie à
part l'entreposage?
M. Ouellette: Toxitec est sur le point de combler son site
d'enfouissement. C'est donc dire qu'avant longtemps il faudra
nécessairement trouver un nouveau site d'enfouissement, d'emmagasinement
devrais-je dire, l'entreposage quoi. La demande nous venait d'un autre
promoteur qui voulait oeuvrer dans le même domaine.
M. Lincoln: Vous avez dit, à propos du BPC, qu'on parlait
de la même région parce qu'il provenait de cette région. En
fait, vous voyez que ces BPC, qui sont des transformateurs, proviennent de
toutes les régions, circulent par camion, etc. Et c'est ce qui a
été l'un des problèmes. Il y en a qui sont
entreposés à Chambly.
M. Ouellette: Oui, quand je parle de régions, il faudrait
peut-être élargir le territoire de la Mauricie ou de Shawinigan
pour englober toute la région de Montréal, parce qu'on trouve de
ces produits dans toute la grande région de Montréal.
M. Lincoln: Ah! Bon. Il y a une grande différence. On ne
parle pas de la région de Shawinigan. En fait, Shawinigan et
Montréal sont à une grande distance l'une de l'autre. Là,
de quelle région parle-t-on? Est-ce qu'on parle de Montréal, de
Shawinigan? Est-ce qu'on parle de n'importe où, entre Montréal et
Shawinigan? Il faudrait se situer.
Une voix: L'Est du Canada.
M. Lincoln: On n'a qu'à dire l'Est du Canada. Je voudrais
vous poser une question. On dit que cette question traîne depuis des
années, cette histoire de BPC et des fiches que M. Léger nous a
remises, des expertises, des rapports, etc., qui datent de 1977, 1978, 1979. Il
y a eu le permis d'autorisation. Et, pendant tout ce temps-là, on dit:
C'est aux
promoteurs, à aller trouver un site. Est-ce que le
ministère de l'Environnement ne devrait pas, lui-même, prendre un
peu les devants dans cette affaire au lieu de dire aux promoteurs d'aller
chercher un site. Alors, ils se promènent de municipalité en
municipalité. Toutes les municipalités vont refuser,
naturellement, si elles le peuvent. Est-ce qu'il n'est pas nécessaire
qu'il y ait des auditions du BAPE? Qu'il y ait une recherche du
ministère pour trouver des sites, parce que c'est le plus grand
problème; si on laisse cela aux promoteurs, cela va traîner encore
un an, deux ans, trois ans, quatre ans, parce qu'ils vont se promener de
municipalité en municipalité, sans jamais trouver de
solution.
M. Ouellette: J'aimerais répondre au député
de Nelligan en lui disant que la solution idéale à ce
problème consiste à trouver un moyen technique
d'élimination de ces produits, plutôt que d'entreposage. Quant
à savoir si le ministère ne devrait pas prendre les devants pour
désigner lui-même des sites éventuels, j'aimerais lui
rappeler que le promoteur qui s'adresse au ministère de l'Environnement
reçoit l'aide technique pour s'assurer que le site en question est
conforme à la réglementation québécoise de
l'Environnement. Et, cela ne signifie pas que le ministère ne s'implique
pas du tout dans le choix de ces sites. Au contraire, il fournit l'aide
technique au promoteur. Mais nous voulons laisser quand même une
responsabilité assez importante au promoteur, parce que c'est lui qui
est intéressé, pour des raisons financières, à
l'entreposage de ces produits, et nous voulons lui laisser quand même une
marge de responsabilité pour ne pas que, éventuellement, si un
site se révélait inefficace, on puisse dire: Eh! bien,
voyez-vous, on a fait cela à partir des recommandations du
ministère, et que le promoteur ait tendance à s'en laver les
mains.
M. Lincoln: M. le ministre, je vous demande de ne pas
ménager la chèvre et le chou. On parle d'entreposage d'un
produit; c'est une chose. On parle ensuite de la destruction des
déchets. En 1979, si vous regardez le permis d'autorisation, ce
n'était pas seulement pour l'entreposage des BPC. Destruction par
incinération: le ministère avait déjà adopté
une méthode d'incinération qui décidait... Il avait suivi
les méthodes américaines, peut-être
prématurément, mais on avait adopté une certaine
théorie. Alors, tout ce temps-là, on reste là.
C'était le 15 août 1979. Le permis d'autorisation est
périmé. On est en 1983, quatre ans après. On est dans un
entreposage qui, d'après toutes les normes qui ont été
soumises, si on compare cela à "Kinetic contaminents" en Alberta, auquel
j'ai référé l'autre jour, est tout à fait
déficient. Il n'y a pas d'avertisseur préalable de fumée,
de feu. Il n'y a pas de système fréon pour l'extinction
automatique de ces produits, s'il y a un feu. J'ai souligné cela
à votre prédécesseur, l'année dernière. Je
comprends que vous commencez dans ce dossier et je ne vous tiens pas
responsable. Mais le fait est que, si on ne prend pas des mesures tout à
fait urgentes pour essayer de résoudre le problème du site en
faisant en sorte que le ministère prenne de l'avance dans ce dossier, on
va rester là. On va rester en entreposage dans un site qui n'est pas
acceptable comme il est. C'est une mesure transitoire surtout si l'entreposage
est presque complet, maintenant, d'après ce qu'on nous dit. Qu'est-ce
qui arrive? On n'a rien solutionné, en fait. Est-ce qu'on a
adopté la méthode d'incinération qui est dans le
certificat d'autorisation? Est-ce qu'on a remis tout cela à
l'étude ou en question?
M. Ouellette: Le problème actuellement est relié au
site d'implantation d'une usine qui pourrait éventuellement nous
débarrasser par mode de destruction, par incinération de ces
produits. Le ministère de l'Environnement collabore avec le promoteur
à la recherche de ce site-là et aussitôt que nous nous
serons mis d'accord avec une municipalité qui acceptera qu'on l'implante
chez elle, nous serons en mesure de réaliser ce qui est contenu dans le
document dont vous venez de nous parler. Le problème est Hé au
fait que les municipalités ne sont guère
intéressées à l'implantation d'une telle entreprise. Nous
collaborons avec le promoteur pour trouver et le site et la municipalité
qui accepterait de voir une telle entreprise s'implanter chez elle.
M. Lincoln: Une dernière question puisque je n'ai pas
l'intention de retenir ma collègue. Que faites-vous entre-temps?
L'entreposage arrive au complet. Naturellement c'est encore flou.
Qu'arrive-t-il lorsque l'entreposage arrive au complet? On n'a pas d'usine, il
n'y en a pas d'usine de commencée. Que fait-on immédiatement pour
trouver un site possible d'entreposage? Est-ce qu'on ajoute à ce qu'on a
déjà? Est-ce qu'on va ailleurs? Que fait-on?
M. Ouellette: Entre-temps, seul l'entreposage nous apparaît
le moyen adéquat. Nous sommes à la recherche, toujours avec le
promoteur, d'un site d'entreposage pour nous permettre de gagner le temps
manquant entre aujourd'hui et la réalisation de l'entreprise de
destruction de ces produits.
Mme Bacon: Une dernière question sur ce dossier. Prenons
Toxitec comme exemple. Est-ce qu'on peut obliger le promoteur d'un
site d'entreposage à faire connaître à la
municipalité l'ampleur de son projet? Je pense que si on regarde
Shawinigan-Sud -c'est un peu le problème - la municipalité
n'était pas au courant entièrement de tout ce qui entrait en
ligne de compte dans le projet d'entreposage. Est-ce qu'on peut obliger...
Est-ce que le ministre a les pouvoirs d'obliger un promoteur à vraiment
faire connaître à la municipalité l'ampleur de son
projet?
M. Ouellette: En ce qui concerne l'entreposage de ces produits,
c'est une procédure qui n'est pas soumise aux études d'impact.
Par contre, le promoteur doit rendre publique son intention et à ce
moment-là, n'ayez crainte, les citoyens concernés
réagissent très rapidement et exigent du promoteur de
connaître toutes les données relatives à un tel type
d'entreposage.
Mme Bacon: Si je comprends bien, le ministre ne peut pas nous
faire connaître en ce moment l'endroit où le promoteur veut
installer son site et le nom du nouveau promoteur.
M. Ouellette: Ce n'est précis à ce point-là,
pour l'instant.
Assainissement du milieu de travail
Mme Bacon: On reviendra en période de questions.
J'aimerais parler de l'assainissement du milieu de travail. On sait qu'il y a
un arrêté en conseil en 1979 qui permet au ministre de
l'Environnement, à la suite d'une réglementation,
d'émettre des pénalités ou des avertissements à la
suite d'infractions à l'assainissement du milieu de travail. Pour
l'année 1982-1983, est-ce que le ministre peut me dire combien
d'infractions il y a eu à ces règlements? Où retrouvait-on
davantage ces infractions? Dans quel milieu de travail retrouvait-on ces
infractions? Est-ce qu'il y a des régions ou des sites en particulier
qui sont touchés?
M. Ouellette: Oui, tout le secteur dont nous parle Mme la
députée de Chomedey relève maintenant de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail, CSST, qui
relève du ministère du Travail.
Mme Bacon: Le ministre n'a pas un mot à dire
là-dedans, n'a pas un pouvoir de persuasion sur son collègue?
M. Ouellette: Tous ces pouvoirs-là ont été
délégués à la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, ce qui n'exclut pas que le
ministère de l'Environnement n'ait pas un droit de regard pour s'assurer
que l'ensemble du domaine est couvert convenablement par l'autre
ministère, mais le pouvoir de directive appartient maintenant à
la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
Mme Bacon: Ce qui veut dire que dans le cas d'Expro par exemple,
dans la région de Valleyfield, le ministre de l'Environnement n'avait
pas droit de regard sur le règlement de ce dossier. C'est
complètement la CSST.
M. Ouellette: C'est la CSST.
Mme Bacon: La protection des espaces naturels qui relève
encore une fois - c'est peut-être le grand problème du ministre de
l'Environnement - non seulement du ministère de l'Environnement mais du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, du
ministère des Affaires culturelles et j'en passe. On sent
différentes approches au niveau de chacun des ministères. La
protection des espaces devrait, à mon sens, appartenir au
ministère de l'Environnement mais la vocation d'un parc et d'un espace
peut dépendre d'un autre ministère. Je pense que le ministre de
l'Environnement sera toujours responsable de la protection des espaces. Quand
nous posions des questions à l'ancien ministre de l'Environnement sur
certains espaces menacés, il trouvait toujours une échappatoire
en disant que cela relevait d'un autre ministère. (11 heures)
Je vais vous donner l'exemple de l'archipel de Mingan qui est un
arrondissement naturel. On dit que cela relève du ministère des
Affaires culturelles. Il demeure quand même qu'un endroit menacé
dont on n'a pas encore décidé de la vocation, je pense, où
il n'y a pas de décisions qui ont été prises encore quant
à cette vocation. C'est un dossier vieux de plusieurs années et
le ministre en est sûrement saisi. Nous savons qu'il y a un comité
qui est composé de membres de différents ministères; ce
comité existe. Cela fait près de deux ans que ce comité
étudie le dossier et nous ne connaissons pas encore les positions du
gouvernement. Où en est rendu ce comité? Qu'est-ce que le
ministère de l'Environnement entend faire dans ce dossier?
M. Ouellette: M. le Président, Mme la
députée de Chomedey a tout à fait raison de mentionner que
certains espaces appartiennent tantôt à l'Environnement,
tantôt au MLCP, tantôt aux Affaires municipales, tantôt aux
Affaires culturelles. Elle a aussi bien raison de dire que, dans certains cas,
il est assez difficile de s'y retrouver, j'en conviens, et c'est une des choses
que j'ai constatée dès ma venue au ministère.
Elle a mentionné l'existence d'un
comité interministériel qui regroupe les
représentants de chacun de ces ministères. Ce comité
existe depuis un certain temps, et c'est de mon intention
d'accélérer ces travaux afin qu'on en vienne à
définir avec précision le rôle de chacun des
ministères de façon à lever les imbroglios qui peuvent
exister. Elle mentionnait, par exemple, l'archipel Mingan où le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est
intéressé, où le ministère des Affaires culturelles
est intéressé et où, nécessairement, le
ministère de l'Environnement est intéressé. C'est à
partir d'un de ces dossiers que nous entendons préciser le rôle de
chacun des intervenants afin de simplifier la problématique et d'en
arriver à des solutions rapides.
Mme Bacon: N'y aurait-il pas lieu de vraiment définir une
véritable politique des sites naturels de façon qu'il y ait une
certaine cohérence?
M. Ouellette: C'est cela.
Mme Bacon: Je crois personnellement que ce serait le rôle
de ce comité de définir une véritable politique.
M. Ouellette: Quand je parle de clarification des juridictions et
des rôles, c'est exactement cela que je vise pour qu'on en vienne
à un consensus interministériel et qu'on devienne efficace et
surtout cohérent, comme vous le mentionnez. C'est évident qu'il
faut en venir à cela le plus rapidement possible.
Mme Bacon: Les îles et les rives du Saint-Laurent, je pense
que le ministre en conviendra avec moi, sont de plus en plus
menacées.
M. Ouellette: C'est vrai, dans bien des cas.
Mme Bacon: Le gouvernement fédéral a
créé le projet "Un fleuve, un parc" par l'achat de certaines de
ces îles et en donnant aussi des subventions aux groupes de citoyens. On
sait que plusieurs citoyens sont impliqués dans ce dossier et ils
essaient de préserver les îles. Le résultat a tout de
même été positif. Par contre, on reproche au
ministère de l'Environnement de ne pas trop bouger dans ce dossier et il
semble que le ministère agit quand il est en face des problèmes.
On n'a qu'à parler des battures de Kamouraska, l'an dernier, où
le ministère de l'Environnement s'est décidé à
poser un geste après que la moitié des rives eut
été utilisée et après que des mouvements de
pression furent faits auprès du ministère. Cette année, le
ministère de l'Environnement a émis un moratoire pour
préserver les battures à la hauteur du lac Saint-Pierre, à
la demande de l'Association des biologistes du Québec. Actuellement, on
agit à la suite de réactions au lieu de prévoir, de mettre
des outils en place pour préserver certains sites. Ceci, je pense, est
un exemple du besoin d'une politique cohérente. J'aimerais savoir ce que
pense le ministre de toutes ces étapes qui ont été
franchies. On a souvent fait appel à la population pour régler
des problèmes, mais je pense que c'est tout de même, encore une
fois, la responsabilité du ministère de l'Environnement, toute
cette protection de l'environnement.
M. Ouellette: J'aimerais, si vous me le permettez, apporter une
toute petite correction aux propos tenus par Mme la députée de
Chomedey. Le projet "Un fleuve, un parc", ce n'est pas un projet
fédéral, mais un projet du Québec.
Mme Bacon: Vous ne receviez pas de subventions du gouvernement
fédéral au sujet de ce projet?
M. Ouellette: Non, aucune. Mme Bacon: Non.
M. Ouellette: Quant à savoir pourquoi le ministère
n'est pas toujours en avant pour apporter des projets de réalisation,
d'aménagement, de correction etc.,. tout cela est relié non pas
à l'absence de désir de le faire, mais à la
capacité budgétaire dont dispose le ministère. C'est
souvent relié à la conscience populaire locale, mais, dans la
mesure où le ministère est informé à temps, il
s'empresse d'agir de façon à protéger convenablement toute
forme de développement sur les rives du Saint-Laurent et sur les
îles qu'on y retrouve.
Elle faisait allusion tout à l'heure au cas du lac Saint-Pierre.
Nous avons été avisés suffisamment à temps,
même s'il n'y a pas de projet qui nous a été soumis encore,
pour intervenir auprès du promoteur principal, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, pour obtenir ce
moratoire, ce qui va nous donner le temps d'étudier le projet, de voir
venir les propositions et d'agir de façon cohérente pour
protéger le lac Saint-Pierre qui nous apparaît être un des
éléments importants d'épuration du fleuve
Saint-Laurent.
Personnellement, j'ai toujours regretté qu'on utilise abondamment
les fonds publics pour apporter des mesures correctrices à certains
gestes posés, par exemple, l'assainissement des eaux urbaines. C'est
excellent en soi, mais si, parallèllement, nous sacrifions des
éléments d'épuration naturelle, je pense qu'il y aurait
là une marque d'incohérence totale et la protection du lac
Saint-Pierre s'inscrit exactement dans cette
façon de voir les choses. D'accord pour y aller par des moyens de
correction artificiels, notamment, l'épuration des eaux municipales mais
d'accord également pour protéger les éléments
naturels d'épuration. Là, je vois des questions qui peuvent
surgir, notamment quant au projet Archipel.
Mme Bacon: Vous êtes comme le premier ministre. Vous
entendez aussi, mes pensées.
M. Ouellette: Je pense que je devine vos pensées, oui.
Mme Bacon: Est-ce que Nature Canada, dans un projet, n'a pas
participé aussi à cette protection des îles dans le fleuve
Saint-Laurent?
M. Ouellette: À ma connaissance, non. Maintenant, je peux
prendre les informations nécessaires et vous les transmettre.
Mme Bacon: Je veux bien prendre les reproches du ministre, mais
je voudrais qu'il regarde aussi ce que le fédéral a fait au
niveau de Nature Canada.
M. Ouellette: Ce n'était pas un reproche, madame, au
contraire. C'était simplement une correction parce qu'il m'apparaissait
clair que le projet "Un fleuve, un parc" était vraiment
québécois.
Mme Bacon: Oui, mais je pense que Nature Canada a quand
même participé à ce projet. Le ministère de
l'Environnement a classé le boisé Papineau à Laval A-1
à cause de sa richesse, particulièrement en hêtres, et les
autorités municipales ont l'intention d'acquérir une certaine
partie, mais l'autre pourrait être sacrifiée pour l'agrandissement
d'un parc industriel. Nous savons que c'est un territoire privé et qu'il
y a quand même des milliers de Lavallois qui se rendent dans ce
boisé pour pratiquer certaines activités. Est-ce que le ministre
de l'Environnement peut actualiser le dossier pour nous ce matin?
M. Ouellette: Je vous avoue, M. le Président, n'être
absolument pas au courant du dossier dont madame parle. S'agit-il d'un projet
qui a été fait via les Affaires municipales ou le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou des Affaires
culturelles?
Mme Bacon: Je pense que cela touche, quand même, la
protection des espaces verts et des boisés. Alors, je pense que le
ministère de l'Environnement a une responsabilité.
Peut-être que le ministre pourrait revoir avec certains autres
ministères ce dossier. Mais il y a une participation du ministère
de l'Environnement.
M. Ouellette: Je vais me rendre à la demande de Mme la
ministre.
Mme Bacon: Cela viendra.
M. Ouellette: De Mme la députée. Les
spéculateurs diront: Parlait-il au passé ou au futur?
Mme Bacon: Les deux, M. le Président.
M. Ouellettte: J'informerai Mme la députée.
Mme Bacon: Cela a quand même été
classé. Je veux amener le ministre de l'Environnement à dire que
c'est quand même le ministère de l'Environnement qui a
classé le boisé A-l.
M. Ouellette: C'est possible, je n'ai vraiment pas les
informations.
Mme Bacon: Alors, il y a quand même une implication de son
ministère dans le classement même du boisé. Je veux
seulement actualiser le dossier si c'est possible de le faire.
M. Ouellette: D'accord, M. le Président.
Mme Bacon: Alors, programme 1, adopté M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Programme 1.
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 2?
Amélioration du milieu ambiant
Mme Bacon: M. le Président, dans l'élément
milieu aquatique, au programme 2, il y a eu un transfert de 65 374 900 $, ce
qui représente le service à la dette pour le programme
d'assainissement des eaux. Peut-on connaître l'enveloppe
budgétaire ou le montant global alloué, à ce jour, au
programme d'assainissement des eaux puisque les 65 374 900 $
représentent les intérêts?
M. Ouellette: Le montant est de 809 000 000 $, M. le
Président.
Mme Bacon: 809 000 000 $? Dans l'élément milieu
atmosphérique et terrestre on note que le transfert a doublé. Il
passe de 3 496 200 $, qu'il était en 1982-1983, à 6 213 900 $,
cette année. Est-ce que le ministre peut nous donner des
précisions à ce
sujet?
M. Ouellette: C'est que cet élément contient le
projet de la ville de Mercier, M. le Président.
Mme Bacon: Et à la catégorie 4, services, on a
diminué de 22,8%. Est-ce qu'il y a des raisons précises à
la diminution de 22,8%?
M. Ouellette: II s'agit là d'une réduction de 105
000 $. C'est attribuable au fait que nous avons décidé de mettre
en veilleuse certains types d'entretien qui avaient été
accélérés au cours des années
précédentes, aux fins de répondre aux demandes du Conseil
du trésor de réduire globalement le budget du
ministère.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut être plus
précis? On dit certains types d'entretien. Est-ce que ce sont les
barrages qu'il mentionnait vendredi?
M. Ouellette: C'est bien cela; c'est l'entretien régulier
des barrages. On n'élimine pas complètement l'entretien, mais on
réduit considérablement les dépenses affectées
à ce secteur.
Mme Bacon: Le ministre de l'Environnement a mentionné,
à plusieurs reprises, le fait que la venue de nouvelles personnes
signifiait l'avènement de nouvelles attitudes; j'essaie de citer le
ministre. Or, l'une des premières actions du ministère et du
ministre a été de nommer un sous-ministre adjoint qu'il nous a
présenté vendredi et qui s'occupera particulièrement du
programme d'assainissement des eaux. Comment le ministre conçoit-il le
rôle du nouveau sous-ministre adjoint à l'intérieur de son
programme vis-à-vis des intervenants, par exemple?
M. Ouellette: Pour répondre à la question, il
faudrait peut-être s'en rapporter à l'ancien organigramme du
ministère, celui qui était en place lorsque je suis arrivé
au ministère au mois de septembre dernier. Il m'est apparu à sa
face même que l'organigramme faisait en sorte qu'il était
très difficile d'établir un contact direct, notamment entre le
ministre et les différents chargés de projets sur le terrain. Il
y avait, si ma mémoire est bonne, neuf paliers administratifs quasi
décisionnels et certains d'entre eux regroupaient tellement de travail
qu'il était impossible de suivre directement la chaîne
administrative entre le ministre et le chargé de projet. En d'autres
termes, il ne m'apparaissait pas que le programme d'assainissement des eaux
était dans l'organigramme tel que conçu un élément
aussi important qu'il devait l'être en réalité.
C'est pourquoi j'ai modifié cet organigramme,
désigné un sous-ministre adjoint chargé exclusivement du
programme d'assainissement, aussi bien urbain, industriel que municipal, pour
faire en sorte qu'il soit possible, premièrement, de réduire le
nombre de paliers et, deuxièmement, d'assurer un contact plus direct
entre le ministre et les chargés de projets dans chacun des cas sur le
terrain.
Mme Bacon: Est-ce que cette nouvelle façon de concevoir
les pouvoirs et les devoirs d'un nouveau sous-ministre attitré au
service de l'assainissement des eaux fait partie de tout ce nouveau cadre de
gestion que le ministre mentionnait avoir soumis au Conseil des ministres?
M. Ouellette: C'est-à-dire que ce n'est pas dans le cadre
de gestion qu'on retrouve ces modifications; elles se sont faites en
parallèle, mais dans le même esprit. Les modifications
apportées au cadre de gestion visaient, entre autres choses - et c'est
très important - à préciser davantage les rôles de
chacun des intervenants aux différentes étapes du processus, mais
la modification à l'organigramme visait, comme je le disais tout
à l'heure, à établir un lien plus direct entre le
ministre, le sous-ministre, le sous-ministre adjoint et les chargés de
projets. Cela s'est fait, cependant, complètement à
l'extérieur du cadre de gestion comme tel. Cela visait aussi à
mettre en place un homme dont le rôle serait à la fois
d'accélérer les travaux et d'augmenter les contacts avec les
municipalités qui gardent toujours leur droit d'autonomie dans ce genre
de décision à prendre, c'est-à-dire de profiter ou non du
programme d'assainissement des eaux. Donc, le sous-ministre adjoint
affecté au programme d'assainissement des eaux a le double râle de
voir à ce que les travaux, une fois enclenchés, se
déroulent normalement et qu'il n'y ait pas d'accrochages, ni techniques
ni humains. Il a aussi le rôle de vendre le programme et de persuader les
municipalités d'en profiter en faisant valoir tous les avantages qui s'y
rattachent.
La Société québécoise
d'assainissement des eaux
Mme Bacon: Dans ses commentaires sur le programme
d'assainissement des eaux, l'AQTE a souvent soulevé le problème
que deux organismes avaient un pouvoir décisionnel - je ramène le
ministre dans ses problèmes - la Société
québécoise d'assainissement des eaux et le ministère de
l'Environnement, et qu'avec deux têtes il y avait très peu de
relations cordiales. Cela a été réaffirmé lors du
congrès de l'AQTE, le printemps dernier, où on a de nouveau
déploré le fait qu'on devait avoir constamment affaire
à deux patrons, par exemple, et que, tant qu'il en serait ainsi, cela
risquait d'amener des conflits et, conséquemment, des retards dans les
projets. Je pense que le comité ad hoc avait informé le ministre
et a aussi constaté que la structure elle-même pouvait amener
certains conflits. (11 h 15)
Je voudrais peut-être ramener le ministre à deux points qui
ont été cités dans le rapport. On disait: "En accordant
des contrats à des firmes d'ingénieurs-conseils, la
Société québécoise d'assainissement des eaux leur
interdit de communiquer avec le représentant du ministère durant
les études préliminaires. Cette interdiction retarde les
procédures et complique l'acheminement des dossiers."
Au point 15, on disait: "Nous constatons qu'au cours du
déroulement des projets quatre groupes d'ingénieurs peuvent
être appelés à intervenir: des membres des firmes
d'ingénieurs-conseils, des membres du service d'ingénierie de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, des
ingénieurs du ministère et des ingénieurs à
l'emploi de la municipalité quand cette dernière en a à
son emploi."
On concluait que cette situation complexe mène aisément
à des conflits de juridictions et des divergences d'expertises. Je pense
que le ministre conclura de la même façon que moi.
Le rapport soulève aussi le fait que la philosophie du
problème en ce qui concerne les points de contrôle rencontre
plusieurs oppositions, dont celle de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Le ministre a très
peu parlé de la Société québécoise
d'assainissement des eaux jusqu'à maintenant. Il a simplement
confirmé que la société demeurait le lieutenant des
municipalités pour leurs projets. Comment, avec la venue d'un nouveau
sous-ministre et le fait qu'il considère encore la société
comme le lieutenant des projets - s'il la considère encore comme le
lieutenant des projets - le ministre conçoit-il la structure,
étant donné que la principale critique était justement que
le programme avait deux têtes décisionnelles, soit le
ministère et la société? Est-ce que ce n'est pas ajouter
à la lourdeur bureaucratique?
M. Ouellette: Toute la problématique qui a
été cernée par le comité ad hoc que j'ai mis sur
pied - lequel m'a soumis un rapport à partir duquel j'ai pris des
décisions que j'ai rendues publiques par la suite, notamment, en le
remettant à Mme la députée de Chomedey - tourne autour du
fait que le rôle de chacun des intervenants n'était pas
très précis. En fait, il n'y avait pas que cela qui était
la cause des malentendus qui ont pu survenir entre la société et
le ministère. Mais j'ai eu l'occasion de préciser ces
rôles, notamment dans le cadre de gestion et aussi dans le
réaménagement du ministère comme tel.
Il m'est apparu clairement que, lorsqu'on avait terminé la
première phase d'application du programme, c'est-à-dire la phase
préparatoire, on en venait à remettre à une firme
d'ingénieurs-conseils retenue, dans certains cas, par la
municipalité, dans d'autres cas, par la Société
québécoise d'assainissement des eaux et la municipalité
conjointement, une commande un peu trop vague en ce sens qu'on ne lui remettait
pas les informations pertinentes qui m'apparaissaient devoir être
nécessaires. Notamment, on pouvait commander à une firme
d'ingénieurs de concevoir une méthode de traitement des eaux
usées d'une municipalité ou d'une autre sans, pour autant, avoir
déjà en main les données relatives à la
quantité d'eau qui devra y être traitée à la suite
d'études EPIC. On passait toujours cette commande sans parler exactement
de la qualité de ces eaux, c'est-à-dire que l'étude de
caractérisation n'avait pas encore fourni les données
essentielles sur la qualité des eaux à être
traitées. On ne fournissait pas, non plus, à la firme
d'ingénieurs-conseils les informations relatives aux critères de
design, non plus qu'aux - ce qu'on appelait à l'époque "les
normes de rejet" - objectifs de traitement.
Les modifications que j'ai apportées au programme comme tel sont
dans le sens de faire remonter les études EPIC et de
caractérisation en début de processus, d'élaborer des
critères de design et d'élaborer également une
méthode fixant les normes de rejet pour que, au début de la phase
no 2, la firme d'ingénieurs-conseils ait déjà en main
toutes ces données, au moment où on lui dit: Prière de
concevoir une méthode de traitement. Je pense que ces quatre
informations étant données au bon endroit dans le processus, cela
va accélérer, tout en balisant - c'est un mot très
parlementaire - le sentier que doit suivre la firme d'ingénieurs qui a
à concevoir une méthode de traitement.
L'autre intervention que j'ai faite concerne la précision des
rôles de chacun. La société avait tendance à
prétendre qu'elle était à la fois responsable du programme
d'assainissement, alors qu'il est très clair que c'est le
ministère qui a la responsabilité du programme. La
société, aussi, voulait devenir le concepteur des méthodes
de traitement, alors qu'il m'est apparu très clairement que, dans les
deux cas, celui où la société intervient et celui
où la société n'intervient pas, ce concepteur est
effectivement la firme d'ingénieurs-conseils mandatée soit par la
municipalité, soit par la société pour faire cette
conception d'une méthode de
traitement. Donc, dans le cadre de gestion, j'ai fait préciser le
rôle de chacun, en particulier au moment où on intervient pour le
contrôle qui est effectué par le ministère. On sait qu'il y
a quatre points de contrôle. On a déterminé dans le cadre
de gestion le rôle de chacun pour qu'il n'y ait plus empiétement,
si vous le voulez, de l'un dans le territoire de l'autre.
Pour m'assurer que tout cela allait être respecté à
100% - c'est le rêve que je caressais et que je caresse toujours -
étant donné qu'il y avait, comme vous le disiez tout à
l'heure, deux chapeaux ou deux têtes, il m'est apparu que seul le
ministre de l'Environnement pouvait à la fois chapeauter ces deux
têtes. Je ne veux pas jouer le rôle de double chapeaux, mais je
veux jouer le rôle d'un chapeau qui vraiment peut encadrer l'action des
deux organismes.
J'ai donc convenu de rencontrer, au moins tous les quinze jours,
à l'occasion d'une soirée, à la fois la direction de la
société et celle du ministère, soirée au cours de
laquelle - nous en avons cinq d'effectuées à ce jour - nous
repassons le rôle de chacun. C'est ce qu'on a fait au début. Une
fois cela précisé, nous nous sommes attaqués à
l'étude des dossiers qui posaient des problèmes. Je peux vous
dire qu'à la suite de cette expérience, qui est relativement
récente, les résultats sont nettement meilleurs, la
coopération est revenue à 100%, me semble-t-il, entre la
société et le ministère, de telle sorte que nous ne
prévoyons pas la répétition de ces discussions souvent
stériles.
Vous en donniez une illustration tout à l'heure: vu le manque de
précision des rôles de chacun, on pouvait se retrouver sur des
projets avec quatre firmes d'ingénieurs, ceux de la municipalité
lorsqu'elle en a à son service, ceux de la firme
d'ingénieurs-conseils retenue, ceux de la société et ceux
du ministère. Tout le monde comprend très bien que, lorsqu'on a
quatre firmes d'ingénieurs-conseils sur les mêmes projets il y a
de fort risques de discussions qui peuvent tourner au vinaigre et c'est
arrivé dans le passé. Je pense que les correctifs que j'ai
apportés aussi bien au schéma du ministère,
c'est-à-dire à son organigramme, à la précision des
rôles et au programme comme tel, vont faire en sorte que cela ne se
reproduira plus dans l'avenir et qu'on va pouvoir accélérer le
programme tel que désiré.
Mme Bacon: Le ministre mentionne souvent le cadre de gestion. Je
pense qu'il met beaucoup d'espoir dans son nouveau cadre de gestion. Quand
va-t-il le faire approuver au Conseil des ministres? Je veux bien qu'on fasse
des nominations, je veux bien espérer que le sous-ministre changera
l'attitude des intervenants du ministère ou de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Tout cela tient au fait
qu'on doit faire approuver un cadre de gestion nouveau par le Conseil des
ministres. Est-ce qu'il l'a soumis depuis longtemps, puis que c'est en attente
ou s'il espère qu'à une date bien précise il sera
accepté?
M. Ouellette: Le cadre de gestion joue un rôle très
important puisque, entre autres choses, il contient précisément
la définition des rôles de chacun des intervenants. Je n'ai pas
refait entièrement le cadre de gestion. J'y ai apporté un certain
nombre de modifications et je l'ai déposé au Conseil des
ministres il y a une dizaine de jours. Je souhaite accélérer la
démarche pour que nous ayons en main ce cadre de gestion de façon
définitive.
Mme Bacon: Est-ce qu'on y indique quel sera le rôle exact
du nouveau sous-ministre adjoint face à son vis-à-vis à la
Société québécoise d'assainissement des eaux? Je
veux bien que le ministre les rencontre et qu'on se parle et qu'on se donne des
renseignements parce que je pense que la société n'a pas toujours
a été informée. Je pense qu'il y avait un manque
d'information entre la société et le ministre. Quel est le
rôle précis du sous-ministre adjoint vis-à-vis de la
société?
M. Ouellette: Ce rôle du sous-ministre adjoint responsable
de l'assainissement par rapport à la société n'est
indiqué nulle part. Je rappelle que le ministère de
l'Environnement est le responsable du programme. La société, par
contre, devient le lieutenant de la municipalité. Le rôle du
sous-ministre est de s'assurer que la municipalité, qui a choisi d'opter
pour les services de la société, n'est pas
pénalisée par rapport à une municipalité qui aurait
choisi d'agir directement, en régie, si vous le voulez. Alors, le
rôle à cet égard du sous-ministre est
précisément de s'assurer de l'harmonie entre la
société et le ministère en ce qui a trait à
l'application du programme.
J'aimerais ajouter une information, M. le Président, si madame le
permet, à savoir que le cadre de gestion n'est pas un outil qui a
été déterminé unilatéralement par le
ministre ou par le ministère. Dans les réformes que j'y ai
apportées au cours des sept derniers mois, je me suis assuré que
chaque modification était acceptée à la fois par le
ministère et la société de façon que les
décisions qu'il contient maintenant, et qui assureront
l'efficacité du programme soient acceptées de part et d'autre et
que l'harmonie puisse régner.
Mme Bacon: C'est, en fait, une meilleure définition du
rôle de chacun, si je comprends bien.
M. Ouellette: Entre autres choses, mais cela comprend aussi
l'addition de critères de design et d'une foule de choses...
Mme Bacon: D'accord.
M. Ouellette: ...qui ont été acceptées de
part et d'autre.
Mme Bacon: D'accord. Dans sa conférence au congrès
de l'AQTE, le ministre parlait des mesures que les citoyens devront prendre
à travers tout le Québec pour qu'existe ce programme
d'assainissement des eaux. Ils devront être conscients que les cours
d'eau québécois sont à nettoyer et, dans ce sens, ils
n'auront pas d'autre choix que de prendre le train, si j'ai bien saisi ce que
le ministre a dit à ce moment-là. Quand on parle de "prendre le
train", cela veut dire les subventions du gouvernement. J'ai l'impression qu'il
voulait dire: "quand ça passe". Le ministre a ajouté qu'il ne
voulait pas faire de chantage - et je pense que je rapporte les paroles du
ministre - en disant: Dans deux ou trois ans, on l'abandonnera, ou le programme
ne sera peut-être pas éternel. Le Québec n'a pas d'autre
choix, je pense bien, pour les prochaines années, que de mettre en
priorité le programme d'assainissement des eaux, quand on pense à
toute cette pollution dont ont à souffrir les
Québécois.
Ce qui est plutôt paradoxal, c'est que le ministère dise
aux municipalités qu'elles devront nettoyer leurs cours d'eau, qu'il y a
des subventions gouvernementales pour un certain temps - parce qu'on ne dit pas
que cela va être éternel - que ces subventions les attendent, mais
on ne leur fixe pas d'échéancier, si bien qu'elles se voient dans
l'urgence et l'obligation de le faire. En annonçant une date limite pour
obtenir des subventions dans le cadre de ce programme, en établisssant
un échéancier de réalisation pour les
municipalités, le ministre ne croit-il pas que le programme
d'assainissement des eaux se réaliserait d'une façon beaucoup
plus coordonnée et que, par le fait même, les municipalités
seraient plus dynamiques pour réaliser leurs projets? Je pense que, au
niveau des municipalités, c'est ce qui revient souvent dans leurs
doléances, ce manque de cadre, de programme, d'échéancier
de réalisation. C'est encore trop flou. Est-ce que le ministre est
préoccupé par cela?
M. Ouellette: Je pense qu'il y a deux éléments dans
les propos de Mme la députée. Je voudrais lui rappeler que,
lorsque nous signons une convention avec une municipalité qui a choisi
de profiter du programme - du train, quoi - il y a un échéancier
avec des dates précises. Je vous rappelle, par exemple, que samedi
dernier j'ai signé des conventions dans la région de
Rivière-Saint-
François, et que 1988 est la date de mise en marche des usines.
Donc, chacun des échéanciers est précisé dans
chacune des conventions signées.
L'autre élément de sa question porte sur l'ensemble du
programme et sur les propos que j'ai tenus quant au train et quant au fait que
le programme ne serait pas nécessairement éternel. Il faut
remonter à 1978, au moment où le programme a été
conçu par le gouvernement et le ministère de l'Environnement. Ce
qui a été choisi à ce moment, c'est de sauvegarder
l'autonomie municipale en laissant chacune des municipalités libre
d'adhérer immédiatement ou non à ce programme.
Évidemment, nous étions conscients à l'époque que
ce n'était pas la méthode facile. Il aurait été
beaucoup plus facile de procéder comme on l'a fait en Ontario. Selon les
informations que j'ai, le gouvernement ontarien aurait décidé,
unilatéralement, de procéder à des travaux dans les
municipalités, avec ou sans leur consentement, peu lui importait, de les
leur remettre, clés en main, avec l'obligation de les utiliser. Au
Québec, la tradition est beaucoup plus sévère à cet
égard et nous avons toujours respecté l'autonomie municipale,
sous quelque gouvernement que ce soit. En 1978, le gouvernement a
décidé de continuer dans cette même veine. C'était
d'autant plus plausible que le nombre de clients évalués à
ce moment-là - et le nombre n'a pas changé - était de
l'ordre de 1100 municipalités. Il n'est donc pas apparu
nécessaire de mettre ce caractère coercitif dans le
programme.
C'est toujours vrai, me semble-t-il, excepté qu'il y a quand
même trois bassins de rivières qui ont été mis dans
les priorités: la rivière Chaudière, la rivière
Yamaska et la rivière L'Assomption. Lorsqu'on examine la situation dans
chacun de ces bassins, le paysage est tout à fait différent. Je
pense que les propos que Mme la députée m'attribuait tout
à l'heure ont été extraits d'un discours que j'ai tenu
dans la Beauce où, justement, à l'époque, il y avait un
problème en ce sens que toutes les municipalités, ou presque
toutes les municipalités, en amont des deux villes de Saint-Georges,
avaient accepté de participer au programme. (11 h 30)
Mais nous frappions un premier point pénible, à savoir que
la ville de Saint-Georges-Ouest ne désirait pas s'engager dans le
programme, ce qui avait pour effet d'interdire à la ville de
Saint-Georges-Est d'en profiter puisque le projet prévoit une usine
commune. Je rappelais aux citoyens de Saint-Georges-Ouest les bienfaits du
programme sur le plan économique, sur le plan de la création
d'emplois, etc., retrouvailles des bienfaits de la rivière
Chaudière que les gens de mon âge et les
plus vieux ont connus comme étant bien meilleurs qu'ils ne le
sont aujourd'hui. Je leur rappelais que ce programme, comme tous les programmes
gouvernementaux, ne sera pas éternel. Je voulais donc les persuader de
profiter de la générosité du programme qui est remarquable
actuellement en leur rappelant, sans pour autant les faire chanter, parce que
j'ai ajouté qu'on entendait respecter leur décision, que
l'occasion était merveilleuse et qu'il fallait - nous le souhaitions
ardemment - que Saint-Georges-Ouest profite du programme, permettant ainsi
à Saint-Georges-Est d'en profiter également.
Je leur rappelais également que, si jamais leur décision
demeurait négative, cela pourrait mettre en péril
l'épuration des eaux des villes situées en aval; je pense
à Beauceville, Saint-Joseph, Sainte-Marie, etc., et ce, jusqu'au fleuve
Saint-Laurent. Je peux vous dire que ce genre de propos, que, d'ailleurs, j'ai
tenus sur un ton le plus doux possible, pour ne pas avoir l'air d'un casseur de
bras, a déjà porté fruit puisque, selon les
dernières informations, la municipalité de Saint-Georges-Ouest
aurait reconsidéré sa décision et s'apprêterait
à nous faire connaître un échéancier de
programmation qui devient très intéressant pour l'application du
programme dans toute la vallée de la Chaudière.
Je n'ai toutefois pas encore répondu à la vraie question
de Mme la députée et je le fais rapidement, à savoir si
nous n'envisageons pas devoir devenir plus coercitifs. Je vous avoue que c'est
une idée qui me trotte dans la tête, mais j'ai toujours aussi,
dans cette même tête, le respect des municipalités. Je crois
que, pour un certain temps, nous allons pouvoir continuer de fonctionner avec
le programme tel qu'il existe, mais j'ai l'impression que, tôt ou tard,
à mesure que la clientèle aura profité massivement de ce
programme, il faudra peut-être prendre des moyens plus coercitifs pour
persuader certaines municipalités d'assainir leurs eaux.
Mme Bacon: J'ai surtout parlé de la réalisation des
projets d'une façon plus coordonnée quand je parle, par exemple,
d'établir un échéancier de réalisation pour les
municipalités. On sait que des protocoles ont été
signés une fois, deux fois et trois fois dans certaines
municipalités et que les coûts changent avec les années,
peut-être parce qu'on faisait l'annonce trop rapidement de la
première signature. Mais il y a quand même eu des délais
pour ce programme. Je pense que le ministre sera d'accord avec moi: si on
avait, pour le programme d'assainissement des eaux, une façon plus
coordonnée de le faire, un échéancier de travail, de
réalisation bien précis, ce serait peut-être plus facile et
les coûts seraient peut-être plus abordables pour certaines
municipalités. La planification budgétaire serait quand
même facilitée.
M. Ouellette: II y a une cohérence - si on parle du bassin
de drainage retenu, Chaudière, Yamaska et L'Assomption - en termes de
travail, de l'amont vers l'aval. Je pense que, là-dessus, c'est
très clair. Deuxièmement, dans les protocoles d'entente que nous
signons avec les municipalités, nous sommes également
cohérents en fixant des échéanciers précis:
début, milieu et fin des travaux. De ce côté-là,
tout va bien.
Mme la députée fait allusion à certains protocoles
qui ont dû être non pas renégociés - je ne le crois
pas - mais corrigés en cours de route parce que les évaluations
prévues au moment de la signature avaient drôlement changé
en cours de route, et c'est vrai. Les causes de ces changements sont
nombreuses. Il faut se rappeler que, lorsque la phase préparatoire fut
terminée, nous avions en main des données préliminaires
qui nous permettaient de fixer un montant pouvant varier en plus ou en moins de
20%. À cela, se sont ajoutées des données très
pertinentes qui étaient reliées, à l'époque et qui
le sont encore aujourd'hui, à la fluctuation du dollar canadien,
à l'indice d'inflation considérable, aux taux
d'intérêt qui ont augmenté, au délai d'application
du programme (trois, quatre et cinq ans dans certains cas), ce qui fait que,
d'une donnée préliminaire à laquelle on ajoutait
l'inflation, les taux d'intérêt, etc., on pouvait se retrouver,
deux ans ou trois ans plus tard, avec des chiffres qui n'étaient plus
tellement comparables. C'est pourquoi le Conseil du trésor a
autorisé le ministère à prévoir, dans son
programme, un ajout de l'inflation plus - quel est l'autre
élément qu'on a retenu - enfin, une marge de 20%, si ma
mémoire est bonne, de telle sorte qu'on peut, en cours de route,
corriger les montants prévus à l'origine sans pour autant devoir
rouvrir l'enveloppe budgétaire. Mais, compte tenu de l'inflation et des
taux d'intérêt, vous comprendrez que, sur un délai de cinq
ans, étant donné la fluctuation également du dollar
canadien, il arrive que les montants varient, mais ils sont
généralement reliés à ces éléments
qui sont absolument incontrôlables soit pour le promoteur ou pour
l'ingénieur, ni pour le gouvernement comme tel.
Mme Bacon: Dans sa conférence de presse du 30 mars, le
ministre disait que le ministère de l'Environnement conserve un
rôle de promoteur ou de gérant et que c'est lui qui fixe les
objectifs à atteindre. Je pense que je traduis bien sa pensée:
c'est lui aussi qui s'assure du contrôle des coûts dans le respect
des objectifs d'assainissement.
Pour ce qui est des objectifs de traitement, on a l'impression que c'est
pour
plus tard. C'est donc dire que, pendant ces dernières
années et encore aujourd'hui, il n'y a pas d'objectifs de traitement
bien définis. Le comité ad hoc avait demandé que le
ministère fixe ces objectifs au plus tôt; l'AQTE aussi a fait de
même et d'une façon encore plus rigoureuse que le comité ad
hoc. Qu'est-ce que le ministère attend pour rendre officiels les
objectifs de traitement, s'ils existent? Après cinq ans d'existence d'un
programme, je pense qu'il serait grand temps de connaître les objectifs
de traitement.
M. Ouellette: Les propos de Mme la députée portent
sur les objectifs de traitement. À ce sujet, il y a deux écoles
de pensée et l'un d'elles me paraît irréaliste. Certaines
personnes prétendent qu'il serait possible de fixer un seul objectif de
traitement pour l'ensemble du territoire québécois. Après
étude, il m'est apparu que c'était absolument impossible pour une
très bonne raison: les eaux, une fois traitées, sont
rejetées dans un cours d'eau et les cours d'eau peuvent varier presque
à l'infini d'un à l'autre. Par exemple, il est certain que la
rivière à la Scie, sur la rive sud de Québec, a une
capacité d'épuration naturelle infiniment moins importante que le
Saint-Laurent. C'est donc dire que les objectifs de traitement doivent
être déterminés cas par cas. Si je me réfère
à ma région, par exemple, vous allez me dire: Oui, mais la
rivière Chaudière a à peu près la même
capacité de régénérescence sur tout son parcours.
Non. Il est certain qu'entre les municipalités de Sainte-Marie de Beauce
et de Beauceville, la rivière étant absolument calme et plate, sa
capacité est moindre que celle qu'on peut retrouver en aval dans les
rapides de Saint-Lambert, par exemple. C'est donc dire que ces objectifs de
traitement ne peuvent pas faire l'objet d'une décision globale pour
l'ensemble du territoire québécois; il faut donc procéder
dans chacun des dossiers.
Désormais, cet objectif de traitement sera contenu dans l'entente
que nous signerons avec chacune des municipalités. C'est une des quatre
informations qu'il me paraît absolument inévitable et non
seulement utile, mais nécessaire, voire essentiel d'inscrire à la
convention. Cela se rattache à ce que je disais tout à l'heure,
à savoir que la firme d'ingénieurs-conseils qui reçoit la
mission de concevoir un procédé de traitement doit avoir en main
cette donnée au même titre que les études EPIC,
caractérisations et critères de design.
Mme Bacon: Malgré les explications du ministre, il y a une
question bien naturelle qui nous vient à l'esprit; c'est comment le
ministère a-t-il fait pour accepter des plans et devis quand les
objectifs de traitement n'étaient pas clairement définis ou
officialisés? Comment a-t-on fait dans le passé? Je comprends que
le ministre dise: On a traité cas par cas. Mais comment faisait-on pour
accepter des plans et devis sans avoir des objectifs bien définis?
M. Ouellette: Les ingénieurs du ministère avaient
déterminé un objectif de traitement mais ce qui était
regrettable, à mon sens, c'est que cet objectif de traitement,
fixé par les ingénieurs du ministère, n'était pas
connu suffisamment tôt dans le processus pour permettre à la firme
d'ingénieurs-conseils de s'en servir pour préparer sa
méthode de traitement. C'est à ce plan souvent que sont
arrivées les incompréhensions, notamment entre la
société et le ministère parce que la société
craignait que certains ingénieurs puissent jouer avec cette norme. On
parlait de cibles mouvantes pour abaisser ou élever les coûts;
c'est pourquoi il m'est apparu essentiel que désormais non seulement les
ingénieurs du ministère aient en main cette donnée, mais
qu'ils la fournissent dès le début du processus pour qu'il n'y
ait plus ce risque de cibles mouvantes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, son rôle principal
quand elle a été fondée, c'était le contrôle
des coûts et la gestion des projets. Quel était son rôle
alors?
M. Ouellette: Son rôle était essentiellement de
servir les municipalités qui faisaient appel à ses services en
assurant, notamment, à ces municipalités le financement. Si vous
vous référez à la loi qui a créé la
société, vous allez retrouver qu'elle est là pour
concevoir et réaliser des travaux et c'est autour du terme "concevoir"
que se sont rattachés la plupart des problèmes reliés
à la définition des rôles. Essentiellement, la
société est là pour servir de lieutenant à la
municipalité dans tout le processus et s'assurer que les contacts avec
le ministère de l'Environnement se font correctement parce que le
ministère, lui, a comme mission le contrôle des coûts
auxquels vous faites allusion.
M. Lincoln: Mais, si vous avez raison, alors pourquoi la
société a-t-elle conclu - je pense que c'était
l'année dernière - une entente avec SNC-Lavalin à propos
du contrôle des coûts et de la gestion des projets? Si vous vous
référez à tous les débats qu'on a eus sur la
question de l'assainissement des eaux avec votre prédécesseur,
son optique était certainement beaucoup plus large quant à la
société. Selon
lui, son rôle est beaucoup plus important que vous ne le voyez.
Est-ce vraiment un rôle si restreint pour la société?
Actuellement, dans votre réorganisation, la société
coûte 3% pour les projets. Quel est, actuellement, le déficit de
la société?
M. Ouellette: II ne m'apparaît pas pertinent, M. le
Président, de traiter du budget de la Société
d'assainissement des eaux à la commission parlementaire étudiant
les crédits du ministère, puisque les crédits de la
société sont complètement séparés du
ministère. En fait, tout ce qu'on retrouve dans les crédits du
ministère, c'est la participation dans le cadre du programme pour
supporter les coûts d'intérêt et de remboursement des
obligations.
M. Lincoln: Le ministre va m'excuser, mais, vraiment, la
société est une filiale gouvernementale, rattachée
directement à l'Environnement. Est-ce qu'on peut discuter de chiffres
sans parler de la société et de son rôle? Si on parle du
rôle de la Société d'assainissement des eaux, c'est qu'on
ne veut pas faire de lumière sur le déficit. Peut-être que
c'est 3 000 000 $. Si je vous disais 3 000 000 $ dans une année, est-ce
que ce serait trop ou trop peu?
Je connais les chiffres, mais, selon le rôle que vous lui avez
établi pour l'assainissement des eaux, la fonction de la
société est beaucoup plus restreinte que ne le laissaient voir
préalablement le fait même de l'existence de la
société, ses contrats avec SNC-Lavalin en 1982, je pense. De quoi
a-t-on vraiment besoin aujourd'hui à l'égard de la
société? Si elle n'existait pas, la créeriez-vous de
nouveau ou si vous décideriez qu'elle ne doit pas exister? Est-ce que la
société serait nécessaire aujourd'hui si, par exemple,
pour voir les ingénieurs-conseils s'engager davantage, le
ministère reprenait le contrôle beaucoup plus complet des
programmes d'assainissement des eaux?
M. Ouellette: Oui, je crois que nous avons toujours besoin, et
peut-être plus que jamais, de la Société d'assainissement
des eaux, mais tout en se gardant d'en faire un ministère
parallèle. Le programme d'assainissement des eaux relève de la
responsabilité du ministère de l'Environnement. C'est lui qui a
à voir à ce que les coûts soient respectés. C'est
lui aussi qui a à voir à ce que la qualité des
installations soit propre à traiter convenablement les eaux, alors que
la société, elle, joue le rôle de lieutenant auprès
de la municipalité en lui assurant un mode de financement particulier,
en fournissant ses services techniques à la municipalité et
à la firme d'ingénieurs-conseils et en établissant tous
les liens qu'il est indispensable d'établir dans le processus de
réalisation de la méthode de traitement retenue. C'est pourquoi
la société se retrouve, par exemple, aux étapes de
contrôles effectués par le ministère dans le respect des
objectifs du programme d'assainissement comme tel.
M. Lincoln: Par exemple, je ne sais pas pourquoi les
ingénieurs-conseils ont besoin de conseils techniques. Ils se
débrouillent très bien tout seuls en Ontario et ailleurs. Est-ce
que c'est essentiel d'avoir un intermédiaire pour faire le financement
des municipalités?
M. Ouellette: Dans le cas des plus petites municipalités,
c'est très utile d'avoir la société comme guide de
référence et comme lieutenant. C'est de nature à rassurer
entièrement les plus petites municipalités. C'est pourquoi les
très grandes villes, par exemple, la Communauté urbaine de
Montréal, la Communauté urbaine de Québec, disposant d'un
personnel très compétent en la matière, n'ont pas retenu
les services de la société, mais ce n'est pas le cas de la
plupart des petites municipalités à travers le Québec. (11
h 45)
M. Lincoln: Remarquez que je n'ai pas envie de critiquer en ce
sens, parce que j'ai beaucoup de respect pour le P.-D.G. de la
société. Je réalise qu'il a des cadres de premier
rôle et des techniciens de premier rôle. Tout ce que je veux, c'est
vous souligner qu'on a tellement d'intervenants: il y a les
municipalités, le ministère, vos fameux contractuels qui
surgissent de partout et qui sont toujours dans le dossier et qui,
eux-mêmes, ont été chargés de faire
l'évaluation des programmes, où ils ont créé
beaucoup de problèmes, et les ingénieurs-conseils. Là, on
revient à la question de l'évaluation des coûts. Vous dites
qu'on avait une marge de 20% et on parle d'inflation, du dollar canadien et de
l'intérêt, mais peut-être qu'il faudrait se rappeler - et
là, ce n'est certainement pas un blâme pour vous, vous venez
d'arriver au ministère - mais on n'en parle pas, que tout le
problème de cette question de l'assainissement des eaux est causé
par l'évaluation. Vous prenez des exemples, petits comme gros:
Val-David, qui avait été évaluée à 1 500 000
$ en 1979, passe, en 1980, à 2 600 000 $. Ce n'est pas 20%, c'est
quelque chose comme 73%. Dans le cas de Val-Morin, je pense que cela monte
à 93%.
Si vous parlez de gros projets comme celui de Saint-Hyacinthe,
évalué à 20 000 000 $, j'en ai parlé à des
conseillers municipaux l'année dernière, et ils m'ont dit que
cela va doubler, si ce n'est pas plus. On peut parler de Valleyfield et de
Granby, cela a été toute une affaire depuis longtemps; cela a
commencé à 19 000 000 $ et s'est chiffré à environ
36 000 000 $ ou
40 000 000 $ après qu'on eut réduit le débit de
l'usine. Est-ce que le problème fondamental, ce n'est pas justement que
les évaluations se sont faites au pied levé? On devrait revoir
toute cette question et ne pas dire que c'est à cause des taux
d'intérêt et de la baisse du dollar canadien. Cela n'a rien
à voir avec le fait que les évaluations ont été
tellement mal faites au départ.
Tous les ingénieurs-conseils à qui j'ai parlé et
qui sont impliqués m'ont dit: Le problème fondamental, c'est que
les évaluations ont été faites tellement à la
légère et comme une sorte de propagande. On semble dire: Bon, on
va lancer un projet de 13 000 000 $; on se retourne et, l'année
suivante, c'est 20 000 000 $. On a commencé à 19 000 000 $ et
c'est rendu à 40 000 000 $. On commencera à 1 500 000 $, et,
l'année prochaine, ce sera 2 600 000 $. Alors, on ne parle pas de 20%.
On parle parfois de 93%, parfois de 113% et parfois de 86%; ce sont des
écarts fantastiques en très peu de temps. Alors, que va-t-on
faire pour avoir des évaluations beaucoup plus exactes, beaucoup plus
solides avec des échéanciers beaucoup plus réalisables et
réalistes?
M. Ouellette: Je pense que les propos que vient de tenir le
député de Nelligan sont très pertinents. Il me demande,
à toutes fins utiles... Comment pouvez-vous justifier de tels
écarts de coûts en cours de processus? Je suis d'accord avec lui
sur un certain nombre de données qu'il a mentionnées et en
désaccord sur d'autres.
Il faut préciser qu'à l'époque à laquelle se
réfère le député - je l'ai mentionné tout
à l'heure - nous ne disposions pas des études EPIC donc, que nous
ne connaissions pas avec exactitude le volume des eaux à être
traitées. Cela peut avoir une incidence assez douloureuse sur
l'évaluation qu'on entend faire du processus à préparer.
Nous ne disposions pas, non plus, des études de caractérisation
de telle sorte que nous ne savions pas avec précision la nature des eaux
à traiter. Cela aussi peut avoir une incidence très importante.
Nous n'établissions pas ou, enfin, la firme d'ingénieurs ne
disposait pas de critères de design qui pouvaient baliser son action en
termes de conception. Nous n'avions pas, non plus, les objectifs de traitement
suffisamment tôt dans le processus, de telle sorte que, ces quatre
éléments n'étant pas connus au moment de la
première évaluation, celle qui suit l'étape
préparatoire, l'évaluation qui était faite devenait
très imprécise.
J'ai mentionné que j'avais fait en sorte, dans la modification du
programme, que ces quatre critères soient déposés au
moment de la convention, c'est-à-dire au début de la
deuxième étape et au moment où l'on fait une
première évaluation qui, elle, va se situer quand même dans
une possibilité de plus ou moins 20%. C'est déjà beaucoup,
plus ou moins 20%, si on parle d'un dossier qui est appelé
peut-être à coûter 25 000 000 $ ou 30 000 000 $. Il y a donc
un degré d'imprécision à ce niveau, mais je pense qu'il
est normal qu'il y en ait un. Donc, fin de la première étape,
plus ou moins 20%.
Dans les modifications que j'ai apportées au programme, je me
suis assuré qu'à la fin de la deuxième étape - les
études préliminaires - on puisse préciser davantage les
coûts à plus ou moins 10%. Sur ces points, je pense que nous
sommes d'accord, M. le député de Nelligan et moi-même, pour
affirmer qu'il y a quand même une précision plus importante qui
sera apportée. Là où je suis moins d'accord, c'est lorsque
le député de Nelligan dit que, finalement, l'inflation, les taux
d'intérêt et la variation du dollar canadien n'ont aucune
importance.
M. Lincoln: Je n'ai pas dit cela.
M. Ouellette: J'ai cru comprendre cela, je m'excuse si je le cite
mal. Mais il faut reconnaître que cela joue un rôle très
important. Si vous avez un dossier de 10 000 000 $ qui s'étale sur
quatre ans et que l'inflation, par exemple, est de 10% par année, vous
venez tout de suite de justifier un écart de 40%. Si vous ajoutez les
20% du début, vous riquez de vous retrouver avec un écart de 60%.
Mon rôle a consisté à faire en sorte que nous puissions
préciser dès le début, le plus justement possible, les
coûts envisagés, mais en tenant compte des années
d'inflation qu'on aura à vivre en cours de réalisation. Donc,
cela justifie en bonne partie nos calculs.
De toute façon, M. le député de Nelligan conviendra
avec moi que le seul chiffre vrai est celui qu'on retrouve le jour où
nous procédons aux ouvertures d'appels d'offres. Nous avons eu des
surprises dans des dossiers, notamment dans un dossier qui a été
contesté de part et d'autre, celui de Granby où, par exemple, les
évaluations étaient de 11 200 000 $ pour les blocs B, C et D et,
après l'ouverture des appels d'offres, nous nous sommes retrouvés
avec un écart de 3 500 000 $ à la baisse. C'est donc dire que les
évaluations, dans le cas de Granby, qui s'étaient baladées
entre des chiffres quasi mirobolants, se sont concrétisées,
à l'ouverture des appels d'offres, à 3 500 000 $ de moins que ce
qui avait été évalué au départ, ce qui
représente quand même 31%.
M. Lincoln: En tout cas, M. le ministre, j'aurais une
dernière remarque: Je suis très content de voir, après
beaucoup de démarches sur cette question depuis deux ans et demi, que,
en fait, nous sommes tout à fait d'accord avec vous pour que, en ce
qui
concerne les taux d'inflation - je me battais avec votre
prédécesseur pour souligner cela -on précise maintenant
des données. Si vous parlez d'écarts de 20%, on est
enchanté. De plus, je lui disais, en ce qui concerne les gros projets de
construction comme la tour de la Banque Nationale, de Bell ou quoi que ce soit,
de prévoir les taux d'inflation et les hausses d'intérêt.
Nous sommes tout à fait d'accord, si vous faites cela. C'est de ne pas
prévoir ces choses qui a manqué dans le passé, parce que,
après cela, on se servait de cela pour dire: Cela a monté. Chaque
constructeur de gros projets a ce problème; s'il ne prévoit pas
l'inflation, cela doublera, c'est sûr. Nous sommes tout à fait
d'accord pour qu'on fasse cela.
M. Ouellette: Vous savez, je suis bien heureux de vous voir
d'accord avec les amendements apportés au cadre de gestion et le reste.
Je suis très heureux de vous voir satisfait de cela. J'aimerais vous
rappeler que les travaux qui sont générés dans le cadre de
ce programme sont des travaux forts complexes qui font appel à des
données primaires souvent vagues, notamment la quantité, la
qualité de l'eau, la méthode à utilisée. Est-ce
q'on ira vers le physicochimique? Est-ce qu'on ira vers le biologique? Est-ce
que telle ou telle usine sur le territoire de la municipalité
prétraitera ses eaux usées avant de les déverser dans
l'égout municipal? Ce sont autant de données qui doivent nous
être fournies au bon moment dans le processus d'élaboration du
programme. Je me suis attaqué, après avoir pris connaissance du
rapport qui m'a été soumis par le comité ad hoc que
j'avais mis sur pied, à tenir compte de chacun de ces
éléments et à essayer aussi de les placer au bon endroit
de façon qu'on chemine de façon cohérente en allant
toujours vers une précision du montant qui soit la plus réaliste
possible. Je pense que l'ensemble des mesures que j'ai apportées va nous
donner des résultats satisfaisants et nous pourrons peut-être
fêter cela avec un verre d'eau, évidement, pas usée, mais
au moins traitée.
M. Lincoln: C'est ce que je disais à votre
prédécesseur.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Vous en avez
peut-être traité, mais j'ai dû m'absenter vendredi, car on
requérait mon expérience et mes lumières dans une autre
organisation. Je voudrais simplement savoir si vos cartes de zones inondables
ont été révisées récemment où si cela
date de 50, 75 ou 100 ans. Je vais m'expliquer pour vous faciliter la
tâche.
M. Ouellette: D'accord.
M. Bélanger: Je veux, évidemment, parler de deux
lacs en particulier; il s'agit du lac des Deux-Montagnes et du lac Saint-Louis.
À la suite de la construction d'un barrage à Carillon, on a
abaissé le niveau de l'eau, on a évité des inondations.
Mais des municipalités telles que Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, les
villes de l'Île-Perrot, de Terrasse-Vaudreuil et de Vaudreuil sont
privées de construction sur des terrains qui, à mon avis, sont
tout à fait propres à la construction mais qui, selon vos cartes,
ont déjà été des zones inondables. Il semblerait
qu'on veuille donner priorité aux grenouilles plutôt qu'aux
humains. Tout en étant conscient du travail du ministère de
l'Environnement, il ne faudrait quand même pas charrier, comme on le dit
en bon français.
M. Ouellette: Les cartes de zones inondables auxquelles se
réfère le député de Mégantic-Compton sont
celles qui ont été établies dans le cadre d'un programme
fédéral-provincial. Les cartes auxquelles il se
réfère en particulier, soit celle, notamment, du lac des
Deux-Montagnes, datent de 1976-1977 et le régime des eaux n'a pas
été modifié depuis ce temps. C'est donc dire qu'elles sont
à la fine pointe de l'actualité.
M. Bélanger: Cela veut donc dire que la construction du
barrage à Carillon n'a pas influencé? Est-ce que cela a
modifié vos cartes?
M. Ouellette: Le barrage de Carillon a été
construit avant qu'on mette au point ces cartes; il n'a donc pu avoir
d'incidence positive ou négative sur les cartes comme telles, sur les
zones inondables non plus.
M. Bélanger: Mais comment peut-on expliquer que les
résidents de l'endroit, depuis 20 ans ou 25 ans - ce sont souvent des
personnes de 80 ou de 85 ans, qui sont nées dans la région -
trouvent tout à fait inadmissible de prétendre que ce sont des
zones inondables? Il y aurait actuellement à peu près le tiers de
ces municipalités qui seraient construites dans ces zones
inondables.
M. Ouellette: On me signale que le barrage de Carillon n'a
absolument rien à voir dans le problème que soulève le
député de Mégantic-Compton et que les gens qui sont
inondés aujourd'hui l'étaient préalablement. Ce sont des
gens qui se sont installés dans les zones inondables probablement avant
l'existence de ces cartes et les cartes comme telles n'ont rien modifié,
sauf qu'elles ont désigné les zones inondables.
Évidemment, les gens qui y sont
demeurés après l'établissement des cartes
continuent d'être inondés. Puisqu'on me dit que le barrage n'a
aucun rôle à jouer à ce niveau et que les cartes ont
été établies après la construction du barrage, je
ne vois pas ce que les cartes peuvent venir faire dans les inondations dont les
gens sont victimes chaque printemps, notamment.
M. Bélanger: C'est assez difficile de concevoir que le
barrage n'a rien à y voir puisque le barrage sert à
contrôler les eaux de la rivière Outaouais.
M. Ouellette: Oui, mais ce contrôle se fait à des
niveaux prévus au moment de la construction du barrage.
M. Bélanger: Je peux vous dire que, dans ma région,
c'est un problème majeur. Des projets étaient en cours et ils ont
été arrêtés. À peu près chacune des
municipalités a des projets en attente dans le moment pour la
construction de services d'eau, d'égout et d'aqueduc. Finalement, on
s'est référé au ministère de l'Environnement et on
attend des études d'impact, etc. Ce sont des terrains qui, à ma
connaissance - je connais très bien la région - n'ont jamais
été inondés.
Je vais vous poser la question différemment, M. le ministre, si
vous me le permettez. S'il y a eu une inondation il y a 50 ans, est-ce qu'on
tient toujours compte qu'il peut y en avoir une autre?
M. Ouellette: Les cartes sont établies à partir
d'une méthode statistique qui tient compte des plus hauts niveaux d'eau
au cours des cent dernières années.
M. Bélanger: Et la politique du ministère va-t-elle
dans le sens que, s'il y a une possibilité d'inondation, on
n'émettra plus aucun permis, on ne permettra pas de remplissage,
absolument rien?
M. Ouellette: Lorsque j'ai rendu publiques les cartes concernant
la région de l'Estrie, notamment, j'ai rappelé à mon
auditoire que, désormais, le gouvernement n'interviendrait d'aucune
façon pour venir en aide aux gens qui n'auraient pas respecté les
zones inondables telles que précisées sur ces cartes. Il me
paraîtrait inqualifiable de subventionner des gens qui, en dépit
de la connaissance qu'ils avaient du terrain à partir de ces cartes,
s'entêteraient à aller s'établir dans des zones où
ils pourraient être éventuellement victimes d'inondations. Nous
avons investi un montant d'argent impressionnant - et nous continuerons de le
faire - dans l'établissement des cartes pour nous assurer que les
citoyens sont bien au courant des risques qu'ils courent. S'ils veulent
continuer de courir ces risques, ce sera à eux d'en subir les
conséquences.
M. Bélanger: Non, on ne demande pas de subventionner les
gens qui seront inondés alors qu'ils se seront construits volontairement
et sciemment dans une zone inondable, mais il reste une chose. Certaines
municipalités dont je vous ai parlé sont à
améliorer le bord de l'eau en faisant du remplissage lors des travaux
municipaux, en faisant des parcs dans des endroits où il n'y a pas de
lac, dans des endroits où cela n'a jamais été
inondé, mais uniquement sur un terrain trop bas. Je me demande s'il y a
une politique à ce sujet à votre ministère parce qu'il
arrive qu'un inspecteur refuse et il en vient un autre, au bout de deux
semaines, qui dit: Peut-être que vous pourriez continuer. C'est cela, ces
accrochages, qu'il faudrait tenter de résoudre. (12 heures)
M. Ouellette: II peut arriver, à l'occasion, que deux
inspecteurs du ministère ne soient pas totalement d'accord sur une
donnée précise. Il n'en demeure pas moins que chacun de ces
inspecteurs doit se référer à la réglementation
qui, elle, est uniforme pour tout le monde. Tout à l'heure, vous me
faisiez remarquer que certaines municipalités attendaient des
études d'impact. C'est peut-être l'occasion que j'ai de
préciser que les études d'impact ne sont pas faites par le
ministère de l'Environnement. Au contraire, le ministère exige du
promoteur qu'il fasse ladite étude d'impact que nous étudions par
la suite. Donc, s'il y a attente pour des études d'impact, ce n'est pas
dû au ministère.
M. Bélanger: En terminant, le ministère de
l'Environnement était censé relancer l'économie si on
tient compte des propos de l'ex-ministre qui, lui, avait des projets un peu
partout pour des milliards et des milliards, mais, finalement, il en
résulte dans le concret que très souvent on freine
l'économie. C'est un problème qui retarde des projets. Il y a au
Québec une conscience collective pour protéger l'environnement.
Cela n'existait pas il y a dix ans, peut-être, mais, aujourd'hui, cela
existe et je pense qu'il n'y a personne qui veut se foutre de l'environnement.
On sait que les conditions de vie sont pour nous, mais c'est surtout pour les
futures générations. On est conscient de cela. Mais je trouve
déplorable que, par un manque de politiques claires et précises,
on puisse retarder les investissements dans une période de crise aussi
aiguë que celle que nous vivons. C'est tout simplement cette mise en garde
que je veux faire au nouveau ministre qui semble avoir les deux pieds sur
terre. L'autre était un peu plus volubile ou un peu plus "flyé",
oui. C'est tout simplement cette mise en garde que je voulais faire. Je vous
invite à
prendre connaissance peut-être des problèmes que vivent les
municipalités que je vous ai mentionnées:
Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, ville de
l'île-Perrot,Terrasse-Vaudreuil et Vaudreuil.
M. Ouellette: Je vais sûrement le faire. J'apprécie
les remarques qui me sont faites par le député de
Mégantic-Compton. Je vous rappelle que la problématique qu'il
soulève est tout à fait fondamentale. D'un côté,
nous sommes aux prises avec des problèmes qui ont été
causés dans le passé faute de réglementation ou faute de
souci de sauvegarde de l'environnement. Donc, un des rôles importants du
ministère de l'Environnement est d'apporter les mesures correctives aux
dégâts qui ont été causés à la suite
de l'action de l'homme, de l'industrie, etc. Je pense que tout le monde est
bien d'accord là-dessus. Si nous n'agissons pas parallèlement de
façon à éviter que ce genre d'action humaine ne se
répète et ne nous crée des problèmes
éventuels, nous manquerons non pas le train cette fois-ci, mais
carrément le bateau. Il est donc de la mission du ministère de
l'Environnement de s'assurer que soient respectées des lois qui sont
excellentes. On parle de charte de l'environnement, on parle d'une foule de
règlements qui existent pour sauvegarder l'environnement à la
suite des actions qui seront posées. Je pense qu'à la fois nous
devons faire en sorte que nos lois et règlements soient respectés
même si dans certains cas cela doit entraîner des délais.
C'est d'autant plus pénible dans une période où nous
connaissons des difficultés économiques, mais je pense qu'il
continue d'être de notre devoir de nous assurer que les
réalisations qui seront faites le seront dans le plus parfait respect de
l'environnement pour les jours et les années à venir.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: J'ai quelques dossiers qui répondent à
des attentes de certains de mes collègues et je me fais leur
porte-parole. Au niveau du ministère de l'Environnement, on aurait
commandé une étude à la firme PLURAM relativement aux
inondations dans la région de Richmond. Est-ce que le ministre peut
confirmer qu'on a commandé une telle étude et quel est le mandat
précis qui a été confié à cette firme?
Est-ce qu'un rapport est prêt ou a été
déposé, et le ministre peut-il nous faire connaître, si le
rapport a été déposé, certaines des principales
conclusions? Il pourrait peut-être même nous déposer copie
de ce rapport et nous dire combien a coûté cette étude.
M. Ouellette: Effectivement, on a demandé à la
firme PLURAM une étude sur la rentabilité du projet de protection
de Richmond. Je ne sais pas, à ce stade-ci, où en est rendue
l'étude. Nous allons nous informer et je pourrai peut-être vous
donner une réponse à la septième heure.
Mme Bacon: D'accord. Aussi au niveau de la ville de Richmond, il
y a un communiqué de presse que j'ai devant moi ici où on nous
annonçait que le ministère avait déposé le dossier
de la lutte contre les inondations à la ville de Richmond et on a fait
une présentation aux autorités municipales de certaines
possibilités d'aménagement et d'options. Est-ce que, pour
l'exercice financier 1983-1984, on a prévu des crédits, s'il y
avait une décision des autorités municipales de choisir une
option par rapport à une autre, par exemple?
M. Ouellette: Effectivement, il serait peut-être bon de
rappeler rapidement le cheminement qu'a suivi ce dossier. Le ministère
avait proposé, il y a quelque temps, une solution qui protégeait
la ville de Richmond contre les inondations sur une période de vingt
ans. Cela n'a pas été retenu par la municipalité parce que
ce n'était pas suffisant comme garantie de protection. Par la suite,
nous avons soumis à cette municipalité un certain nombre
d'options qui visaient à la protéger sur une période de
cent ans. La municipalité est à réfléchir à
ces différents choix. Nous attendons qu'elle nous fasse connaître
sa décision.
Dans le budget 1983-1984, aucune somme d'argent n'est prévue
à cet effet, puisque nous n'avons pas en main le choix de la solution
à être retenue par la municipalité. Mais dans la mesure
où ce choix nous sera soumis, je verrai à essayer de trouver les
fonds nécessaires pour qu'on procède le plus rapidement possible
à la mise en place de la solution qui sera retenue par la
municipalité.
Mme Bacon: A-t-on informé la municipalité qu'aucun
crédit n'existe en ce moment dans l'exercice financier 1983-1984...
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: ...ou si on lui a donné la possibilité
d'une option sans lui dire qu'on n'a pas d'argent?
M. Ouellette: La municipalité a été avertie
du fait qu'aucun crédit n'était prévu, mais elle sait
également mon intention d'aller au Conseil du trésor
éventuellement ou au comité des priorités pour obtenir les
crédits, dans la mesure où nous aurons son choix de solution.
Mme Bacon: Je souhaite bonne chance au ministre avec le
responsable du Conseil
du trésor.
M. Ouellette: Dans la mesure où l'étude
démontrera que l'analyse coûts-bénéfices est
valable, il sera relativement facile d'obtenir les crédits
nécessaires.
Mme Bacon: Le ministre a des pouvoirs de persuasion
extraordinaires.
M. Ouellette: La situation qui prévaut à Richmond,
à elle seule, suffit à convaincre bien des gens.
Mme Bacon: Je pense que le député de Richmond pense
la même chose. Dans une déclaration - je ramène le ministre
au 29 septembre 1981 - le député d'Arthabaska, prenant la parole
devant un groupe de personnes, a rappelé que, lors de son passage
à Victoriaville il y a quelques années déjà -c'est
ce qu'a dit le ministre - le ministre de l'Environnement, M. Marcel
Léger, avait clairement laissé entendre que la pression
exercée par la population constituait un facteur déterminant dans
le choix d'interventions du gouvernement. Je continue à citer le
député: "II est donc temps que nous cessions d'en parler, il faut
maintenant passer à l'action." C'était en septembre 1981. Quel
est l'état du dossier de la rivière Nicolet?
M. Ouellette: Me parlez-vous du programme d'assainissement des
eaux applicable?
Mme Bacon: De dépollution, oui.
M. Ouellette: II est certain que le désir exprimé
par une population de profiter du programme d'assainissement des eaux a pu
jouer un certain rôle dans le passé, à un point tel que la
rivière dont me parle Mme la députée de Chomedey est
déjà retenue dans la programmation d'interventions du Conseil du
trésor.
Mme Bacon: Nous sommes déjà en 1983.
M. Ouellette: C'est depuis cette année.
Mme Bacon: J'aimerais ramener le ministre à certaines
autres déclarations que font certains de ses collègues, le
ramener à la Tribune, de Sherbrooke, du jeudi 31 mars 1983, où on
parle de l'agrandissement de l'usine Domtar de Windsor, qui serait pour la
députée de Johnson un projet très sérieux. La
députée avait déclaré qu'elle réclamait un
délai de deux ans pour que Domtar se conforme aux exigences du
ministère de l'Environnement. Est-ce que le ministre peut nous informer
de sa position dans ce dossier? Est-il prêt à attendre encore deux
ans?
M. Ouellette: J'ai eu l'occasion samedi, à Sherbrooke, de
préciser ma pensée à ce sujet. La compagnie Domtar de
Windsor a l'occasion de profiter du programme de modernisation des entreprises
papetières qui lui fournit la possibilité de
bénéficier d'une subvention de 20% en ce qui concerne tous les
équipements de dépollution. Évidemment, Mme la
députée de Johnson a fait cette déclaration en
espérant qu'on puisse accorder un moratoire à la compagnie. Ma
position va à l'inverse, en ce sens qu'il n'est pas question d'accorder
de moratoire. Au contraire, j'ai chargé mon sous-ministre adjoint
à l'assainissement d'intensifier les négociations avec la
compagnie pour qu'elle en vienne à réaliser ses travaux de
dépollution le plus rapidement possible et qu'elle puisse respecter les
échéanciers du ministère.
Mme Bacon: Ce qui veut dire qu'on aura envers Domtar les
mêmes exigences que nous imposons à d'autres usines dans d'autres
municipalités environnantes.
M. Ouellette: Exactement. Il y a quatre compagnies de ce genre
dans la région de Sherbrooke. L'une d'elles a résolu
entièrement son problème; une deuxième est en voie de le
faire. Il reste deux entreprises qui posent un problème; il y a Windsor
et East-Angus. Dans les deux cas, je n'ai pas l'intention d'accorder de
moratoire, mais, au contraire, d'intensifier les négociations pour qu'on
en vienne à une solution rapide.
Mme Bacon: Malheureusement, le député de Pontiac a
perdu la voix en fin de semaine et il avait une question à soumettre au
ministre. Vous me permettrez d'être sa voix ce matin. On a accordé
à la firme V.K. Mason la construction de l'usine d'épuration
à la Communauté régionale de l'Outaouais. Si on se
rappelle, un an auparavant, on avait lancé des soumissions et Mason
était le plus bas soumissionnaire. Comme cette compagnie était
une firme de l'Ontario, on est revenu et on a demandé de nouvelles
soumissions. Elle est encore le plus bas soumissionnaire, maintenant on lui
accorde ce contrat. Il y a quand même un retard d'un an dans le contrat.
Combien a coûté ce retard d'un an?
M. Ouellette: Je ne saurais répondre avec
précision, mais je voudrais quand même préciser une chose:
il ne s'agit pas de l'usine d'épuration des eaux, mais d'une partie de
la tuyauterie nécessaire à la cueillette des eaux usées.
L'usine est terminée, elle fonctionne maintenant. Le projet global a
coûté 166 000 000 $ et j'ai eu le plaisir d'inaugurer cette usine,
il y a quelques mois.
Maintenant, quant à la différence et pour ce qui est de
savoir s'il y a eu appels d'offres une fois, deux fois ou trois fois, je
vérifierai et je pourrai peut-être donner les
précisions.
Mme Bacon: C'est quand même l'argent des contribuables. Si
le coût est plus élevé qu'il ne l'aurait été
au départ, lors des premières soumissions, je pense que le
ministre acceptera avec moi qu'il est invraisemblable de demander d'autres
soumissions pour le donner encore au même.
M. Ouellette: J'ai cru comprendre que dans les trois cas,
c'était toujours la compagnie V.K. Mason qui était le plus bas
soumissionnaire. Il sera possible de connaître les prix qui ont
été faits...
Mme Bacon: À chacune.
M. Ouellette: ...par la compagnie lors des trois appels d'offres
et, à partir de cela, d'établir la différence dont vous me
parlez.
Mme Bacon: C'est cela, le coût actuel. D'accord.
J'arrive à la Communauté urbaine de Montréal qui
est quand même un dossier très important. L'été
dernier, les autorités municipales avaient décidé de
mettre en exploitation un superégout collecteur sur la rive sud, avant
la mise en marche - le ministre doit s'attendre aux questions que je lui
poserai - de l'usine d'épuration de l'est. Le ministère de
l'Environnement avait donné son accord à ce moment. Il a fallu
que des municipalités comme Varennes, par exemple, comme Contrecoeur,
comme Verchères, situées en face de l'endroit où les eaux
usées se déversaient, contestent fortement pour qu'on se
rétracte et qu'on demande au Conseil consultatif de l'environnement de
faire des audiences publiques. Comment le ministre peut-il nous expliquer le
fait que le ministère de l'Environnement avait autorisé la
Communauté urbaine de Montréal à déverser ses
égouts sans demander des avis et études sur le sujet?
M. Ouellette: Madame, jamais le ministère n'a
autorisé la ville de Montréal, la Communauté urbaine de
Montréal à déverser en un point unique ses eaux
usées. Au contraire, mon prédécesseur a demandé au
Conseil consultatif de l'environnement de faire une étude. Ce rapport
m'a été remis il y a quelque temps; je suis en train d'en prendre
connaissance et, par la suite, j'aurai à prendre une décision
à savoir si on autorisera la communauté urbaine à
effectuer ce déversement en un point unique ou non. Je n'ai pas de
décision de prise à ce stade, mais jamais la communauté
n'a reçu une telle autorisation.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me donner des explications
sur le mandat qui a été donné par l'ancien ministre de
l'Environnement au Conseil consultatif de l'environnement pour préparer
une politique qui permettrait à certaines municipalités le
déversement sans traitement des eaux usées? Est-ce qu'il ne
trouve pas cela paradoxal par rapport aux principes du programme
d'assainissement des eaux? Est-ce que vous avez des informations
précises sur le mandat?
M. Ouellette: On sait que le rôle du Conseil consultatif de
l'environnement est de faire des études pour conseiller le ministre dans
l'établissement de politiques précises. Le mandat qui lui a
été confié à ce moment-là était
effectivement d'étudier les retombées ou les effets d'un
déversement d'eaux usées non traitées de
différentes municipalités, mais appliquées en particulier
au problème dont il est question ici, à savoir le
déversement de la partie nord de l'île de Montréal. Ma
décision ne se prendra que lorsque j'aurai en main ou que j'aurai pris
connaissance dans les moindres détails de ce qui m'est
suggéré par le conseil consultatif. A ce stade, je ne peux en
dire plus long puisque je n'ai pas arrêté de décision.
Mme Bacon: Le ministre a reçu quand même l'avis du
conseil consultatif à ce sujet.
M. Ouellette: Oui.
(12 h 15)
Mme Bacon: Est-ce que, lors des audiences publiques, par exemple,
on n'a pas tenu préalablement des séances d'information, si bien
que chacun y est allé de ses propres hypothèses à ce
moment-là? Lors des audiences publiques, on y est allé avec
différentes hypothèses, chacun y est allé avec ses propres
hypothèses. Comment peut-on expliquer une attitude pareille?
M. Ouellette: II fallait évaluer les conséquences
qu'aurait ce déversement, notamment sur les municipalités de
Verchères, Varennes, Contrecoeur, sur l'île aux Vaches et sur tous
les points habités en aval. Différents intervenants se sont fait
entendre. La Communauté urbaine de Montréal est venue
démontrer son évaluation des faits, mais je ne peux pas m'avancer
plus loin sur ce terrain, étant donné que je dois prendre
connaissance dans le détail du rapport qui m'a été soumis
par la CPE avant de prendre cette décision tant attendue dans certains
milieux, il va de soi.
Mme Bacon: Le Devoir nous rapportait le 16 octobre 1982:
"Superégout, la CUM dit avoir consulté l'Environnement."
M. Ouellette: De mémoire, parce que je n'étais pas
présent au dossier - c'est un dossier qui date de plusieurs
années, je pense
même que ça remonte au régime de M. Bourassa;
ça rappelle des souvenirs à Mme la députée - le
premier projet ne prévoyait aucun traitement de ces eaux usées.
Le traitement n'est intervenu que plus tard dans le processus. Le
problème qui se pose pour moi, aujourd'hui, est de savoir si on va
permettre de déverser en un point unique les égouts du
côté nord de l'île de Montréal avec les
conséquences que ça peut entraîner - le rapport
m'éclairera là-dessus - ou si on doit attendre trois ans avant
que l'usine de traitement soit mise en activité pour effectuer ce
déversement. Le problème reste entier tant que je n'aurai pas
pris connaissance du rapport. Je vous répète que...
Mme Bacon: Est-ce que ça signifie qu'à compter de
la fin de 1983 la CUM sera en mesure de capter les eaux usées se
déversant actuellement dans la rivière des Prairies et de les
acheminer vers l'est de l'île où elles seront concentrées
et déversées dans le fleuve Saint-Laurent après un simple
désablage ou dégrillage, par exemple? Est-ce que la situation va
dans ce sens?
M. Ouellette: La communauté est presque sur le point de
pouvoir faire ce que vous venez de décrire, il reste à mettre au
point le prétraitement qui précède nécessairement
le traitement qui, lui, sera mis en activité dans trois ans. Dans
quelques mois, la Communauté urbaine de Montréal pourrait
techniquement déjà procéder à cette cueillette des
eaux usées du côté nord pour dépolluer la
rivière des Prairies et effectuer le déversement du
côté est.
Mme Bacon: Cette situation durera quand même trois ans. Il
semble qu'il y ait, toujours sur le plan environnemental, une concentration
massive d'eaux usées en un seul point. Je pense que le ministre en est
conscient; il ne veut pas le dire, mais il en est conscient. Cela pourrait
quand même poser des problèmes écologiques sérieux
dans la région voisine. Je vais mentionner simplement l'île
Sainte-Hélène, Varennes, Boucherville, Verchères et
Contrecoeur. Le fait de déverser immédiatement apporte des
avantages économiques, mais aussi des inconvénients
écologiques. J'espère que le ministre est conscient de cela.
M. Ouellette: Vous avez très bien cerné le
problème, et c'est celui qui m'habite présentement. Je pourrais
peut-être vous dire que, si j'avais à rendre une décision
immédiatement, c'est à contrecoeur que je la prendrais, sans
faire de jeu de mots.
Mme Bacon: Est-ce que ça plairait aux gens de
Contrecoeur?
M. Ouellette: Précisément, je dois peser les
inconvénients et les avantages avant de prendre cette décision.
Je veux m'assurer qu'éventuellement, si ma décision devait
être positive, elle n'aurait pas d'effets absolument néfastes sur
les gens qui habitent en aval de l'émissaire.
Mme Bacon: Je pense qu'il existe en ce moment trois rapports
techniques: le rapport du conseil consultatif, le rapport technique du groupe
chargé du programme d'assainissement au ministère et le rapport
technique de la CUM. Est-ce que le ministre a pris connaissance des trois
rapports et prendra-t-il sa décision à la lumière de ces
trois rapports?
M. Ouellette: Je connais effectivement l'existence des trois
rapports. Je n'ai pas pris connaissance de l'ensemble, et c'est ce que
j'entends faire avant de rendre ma décision.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a une date précise?
M. Ouellette: Je vais agir le plus rapidement possible, en tenant
compte des disponibilités que j'ai; j'attache beaucoup d'importance
à cela. Je suis également conscient des retombées
bienfaisantes qu'on retrouverait dans la rivière des Prairies, notamment
au niveau des prises d'eau des municipalités qui se situent du
côté nord de la rivière des Prairies. Je dois prendre
connaissance dans le détail de ces trois éléments, peser
les avantages et les inconvénients et pour la rivière des
Prairies et pour les gens situés en aval. Je vais agir le plus
rapidement possible pour régler ce problème-là.
Mme Bacon: Est-ce que la construction de l'intercepteur sud est
toujours prévue pour se terminer en 1988?
M. Ouellette: Vous me parlez de l'intercepteur qui sera
posé sur la rive sud de l'île de Montréal?
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: Un montant de 10 000 000 $ a été
voté par le Conseil du trésor pour procéder aux
études relatives à l'implantation de cet intercepteur. Aux
dernières nouvelles que j'ai eues, il y avait encore des discussions
à savoir si on allait procéder d'est en ouest ou d'ouest en est.
De toute façon, les crédits sont disponibles auprès de la
Communauté urbaine de Montréal pour procéder aux
études et ce, depuis un certain nombre de mois.
Mme Bacon: On attendra donc la
décision du ministre. L'ancien ministre de l'Environnement avait
déclaré en 1979 que la rivière Saint-Maurice
représentait une priorité dans un programme d'assainissement des
eaux. Or, il y a une absence de crédits depuis quatre ans dans cette
région. Le ministre de l'Environnement peut-il nous dire si cette
région sera touchée par le programme d'assainissement des eaux en
1983-1984? Et quand?
M. Ouellette: Compte tenu du rôle qu'on lui fait jouer, la
rivière Saint-Maurice, en ce qui regarde, par exemple, l'exploitation
forestière, la drave, etc, est une rivière importante. C'est un
cours d'eau très important, mais abondamment pollué. S'il n'est
pas encore retenu à la programmation, ce n'est pas qu'on ne lui voit
aucun rôle important. Au contraire, je pense que nous allons faire en
sorte, dans les mois qui viennent, d'évaluer la situation et d'avancer
le dossier dans ce cours d'eau très important au Québec.
Mme Bacon: Pour le gouvernement du Québec - je ne parle
pas que du ministère de l'Environnement - est-ce que le programme
d'assainissement des eaux est vraiment une priorité?
M. Ouellette: Effectivement et l'accélération qu'on
vient de mettre dans le programme le démontre clairement. Dans la mesure
où, techniquement, nous pouvons réaliser des travaux, nous sommes
ouverts à la réalisation de tous ces travaux. L'addition de 140
000 000 $ que j'ai annoncée au programme dès cette année
démontre clairement, je pense, notre intention d'accélérer
cela. Nous sommes conscients que nos cours d'eau sont drôlement
avariés au Québec et le premier moyen pour les
récupérer vise précisément le traitement des eaux
usées municipales.
Mme Bacon: Je continue à maintenir -je l'ai
déjà dit et je le redirai encore - que, quand on annonce 6 000
000 000 $ - on a beau faire la ventilation qu'il faut, je reviens aux chiffres
qui ont toujours été mentionnés par le
prédécesseur du ministre - c'est 500 000 000 $ par année
qu'il faudrait dépenser comme gouvernement s'il y avait vraiment une
volonté politique. Je ne suis pas seule à dire cela, l'AQTE dit
la même chose et d'autres instances ont dit la même chose.
Au moment de la rencontre des ministres des Finances, par exemple,
est-ce que le ministre des Finances du Québec a mentionné comme
une des priorités du gouvernement du Québec l'assainissement des
eaux?
M. Ouellette: Vous me parlez de la rencontre qui s'est
effectuée à Ottawa? Il n'en a pas été question
puisque Ottawa n'est pas impliqué dans ce programme-là. Par
contre, j'ai fait des démarches auprès de M. Roberts pour
l'inciter à remettre en vigueur l'ancien programme fédéral
qui existait au moment où les autres provinces canadiennes en ont
profité. Mais lors de la rencontre précise à laquelle se
réfère Mme la députée de Chomedey, il n'a pas
été question du programme d'assainissement.
Mme Bacon: Je comprends l'intérêt du ministre de
l'Environnement d'essayer de faire des pressions sur son vis-à-vis
fédéral, c'est son dossier. Il y a quand même une liste de
priorités dressée par le ministre des Finances du Québec
à son vis-à-vis fédéral aussi, dans laquelle les
différentes priorités sont incluses et où n'apparaît
pas l'assainissement des eaux. Est-ce que ce ne serait pas là
nécessairement qu'il faudrait vraiment une volonté ferme de la
part du gouvernement d'essayer d'aller chercher les sommes nécessaires
qu'on a déjà eues?
M. Ouellette: Je pense en toute honnêteté que c'est
au ministre des Finances lui-même qu'il faudrait poser la question parce
que je ne me sens pas habilité à répondre à sa
place.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre de l'Environnement a fait des
pressions sur le ministre des Finances pour que ce soit une priorité du
gouvernement au niveau des finances?
M. Ouellette: Face à Ottawa, vous entendez, j'imagine? Je
n'ai pas eu à faire de pressions très fortes puisque le
gouvernement avait démontré sa volonté très ferme
d'accélérer le programme pour le porter à 500 000 000 $
par année au cours des années qui viennent pour essayer de
rencontrer le plus possible l'échéancier de 1988. Je n'ai connu
aucune difficulté d'ordre budgétaire. Je n'ai donc pas eu
à faire les pressions que d'autres ministres ont pu avoir à faire
dans d'autres dossiers, puisque l'argent était acquis.
Mme Bacon: Mais s'il en avait davantage, il pourrait
dépenser immédiatement les 500 000 000 $.
M. Ouellette: C'est là le problème, M. le
Président. Même si j'avais 10 000 000 $, 15 000 000 $, 100 000 000
$, 200 000 000 $, 300 000 000 $ de plus, techniquement, il ne serait pas
possible d'aller plus vite. Nous avons vraiment pressé le citron - pour
employer une expression populaire - pour réaliser le maximum de travaux.
Les 140 000 000 $ qui m'ont été ajoutés étaient un
maximum comme possibilité de dépenses pour le prochain
exercice financier.
Mme Bacon: Là-dessus, le ministre ne m'a pas encore
convaincue, mais je vais revenir à d'autres questions. Est-ce qu'au
niveau...
Le Président (M. Boucher): Nous allons suspendre deux
minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
(Reprise de la séance à 12 h 28)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux.
Mme Bacon: J'aimerais rappeler au ministre un domaine aussi
important, l'assainissement agricole. Un comité tripartite a
été formé et il doit présenter un rapport. Est-ce
que ce rapport est prêt? Si oui, quelles sont ses principales
recommandations?
M. Ouellette: Le rapport ne m'a pas été remis
encore. Les discussions de ce comité ont porté principalement sur
une certaine norme d'étanchéité qui fait partie de la
réglementation provinciale. C'est la norme 10-7
d'étanchéité qui fait en sorte que nous exigeons des
producteurs de boeuf, des producteurs de lait, de même que des
éleveurs de porc que leur fumier et purin soient contenus sur
l'équivalent d'une dalle de béton. Évidemment, l'UPA
soutient que cette norme est trop rigide et qu'elle entraîne des
dépenses exorbitantes en termes de fosse à purin ou en termes de
plateforme et elle souhaiterait que nous soulagions cette exigence
auprès des producteurs agricoles.
Je n'ai pas les données qui ont pu émaner des discussions
de ce comité tripartite. J'ai grand-hâte de les connaître
parce que j'ai fait savoir, partout où je suis passé, partout
où on m'a posé la question, que, personnellement, j'étais
réceptif à une solution moins coûteuse dans la mesure
où, même en abaissant la norme, on me garantirait que l'eau de
surface et aussi les nappes d'eau souterraines soient protégées
à l'aide d'une formule moins coûteuse.
Mme Bacon: La lagune de terre? Est-ce qu'on en parle dans le
rapport?
M. Ouellette: L'UPA suggère l'utilisation de l'argile
comme bassin ou contenant. J'ai hâte de voir ce que le comité va
recommander. Dans la mesure où on me garantit que l'environnement est
protégé, je n'ai aucune objection à ce qu'on
reconsidère nos normes actuelles.
Mme Bacon: D'accord. Le rapport sera déposé
bientôt?
M. Ouellette: Je m'attends à le recevoir dans les jours
qui viennent.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Boucher): C'est l'heure de l'ajournement
de nos travaux. Étant donné que la Chambre siège à
14 heures, la commission ajourne ses travaux sine die et ils reprendront
probablement après la période des questions. Nous attendrons
l'ordre de la Chambre, cet après-midi.
(Fin de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 45)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
La commission de l'environnement est réunie pour étudier
les crédits de 1983-1984.
Les membres sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Beauséjour
(Iberville), M. Bélanger (Mégantic-Compton), M. Blouin
(Rousseau), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Fallu (Groulx), M. Gravel
(Limoilou), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Champagne
(Mille-Îles) remplace M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières
(Richmond) remplace M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Cusano (Viau), M.
Desbiens (Dubuc), M. Gagnon (Champlain), Mme Juneau (Johnson), M. Lincoln
(Nelligan), M. Marx (D'Arcy McGee), M. O'Gallagher (Robert Baldwin) et M.
Tremblay (Chambly).
À la suspension de ce midi, nous en étions au programme 2,
M. le ministre. Mme la députée de Chomedey.
Évacuateur de crues de la rivière des
Prairies
Mme Bacon: Toujours au programme 2, M. le Président,
j'aimerais étudier le projet de l'évacuateur de crues de la
rivière des Prairies.
L'an dernier, avant même qu'Hydro-Québec ait terminé
ses études d'impact, le ministre de l'Environnement permettait à
la société Sométal, de Rimouski, de réaliser son
contrat de fourniture de vannes. Déjà, on avait enfreint la
procédure habituelle. Le BAC, le Bureau des audiences publiques, a par
la suite reçu des mémoires et fait des recommandations au Conseil
des ministres que celui-ci n'a pas cru bon de respecter à la lettre. Le
barrage de l'évacuateur de crues de la rivière des Prairies ne
comportera pas d'écluse de passe à bateaux; il se pourrait que
cela se fasse plus tard, mais pas maintenant.
Nous savons que c'est le gouvernement fédéral qui a la
juridiction exclusive des rivières navigables. Selon la loi, le droit
public, en ce qui a trait à la navigation, est intangible et seul
l'État peut restreindre ce droit pour des motifs sérieux. Le bail
du gouvernement fédéral se termine le 31 décembre 1983; il
faudra donc l'autorisation du ministère des Transports pour le
renouvellement du bail qui sera d'une durée de 50 ans. Or, parce que la
situation a changé depuis 1923, et comme, entre autres choses, il y a
beaucoup plus de bateaux de plaisance qui se servent de la voie navigable, la
population a droit que la rivière des Prairies redevienne navigable. Les
deux gouvernements ont le pouvoir d'exiger qu'Hydro-Québec remette
navigable la rivière des Prairies. C'est, du moins, la situation
légale qui prévaut jusqu'au 31 décembre 1983.
Actuellement, si le Québec impose ces modalités à
Hydro-Québec avant le bail emphytéotique au 1er janvier 1984, il
risque de se trouver les mains liées et de ne plus pouvoir bouger. C'est
donc dire que, si Hydro-Québec n'inclut pas les écluses dans son
projet, il risque de ne jamais pouvoir le faire. Or, avec le bail de 50 ans,
les écluses pourront être construites seulement en l'an 2034. Il
nous semble que le consentement donné à Hydro-Québec a
été, d'une part, rapide et, d'autre part, un manque flagrant de
prudence. Dès 1979, selon les inspections, on notait un état du
barrage qui nécessitait des réparations. Le gouvernement n'a rien
fait auprès de la société d'État pour faire des
études d'impact.
Le ministre est-il au fait de la situation légale qui
prévaut avant le 31 décembre 1983 et après le 1er janvier
1984?
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, juste un instant,
s'il vous plaît. J'aimerais faire une correction pour les fins du journal
des Débats. M. Vaillancourt (Orford) étant présent
à la commission, M. Vallières n'en fait pas partie.
M. le ministre.
M. Ouellette: Très bien, M. le Président. Oui, je
suis au courant de la fin du bail emphytéotique le 31 décembre
1983, mais il ne faut pas relier le problème de la passe à
bateaux au dossier traité sur l'évacuateur de crues à la
demande d'Hydro-Québec. Éventuellement, il sera fort probablement
construit une telle passe à bateaux, mais ce sera un autre dossier qui
concernera la centrale hydroélectrique comme telle alors que le dossier
que nous avons traité précédemment concernait uniquement
l'évacuateur de crues, où il ne pouvait être question
d'inclure une passe à bateaux. Je pense avoir été
très clair à ce sujet au moment de la conférence de
presse.
Deuxièmement, j'aimerais rappeler que le dossier de
l'évacuateur de crues a été présenté
d'urgence l'an dernier par Hydro-Québec qui invoquait la
vétusté des installations et les risques de son effondrement.
À ce moment-là, mon prédécesseur a contesté
cette idée d'urgence et a demandé les délais requis pour
permettre le dépôt d'une étude d'impact et des audiences
publiques sur le sujet. On y a traité de tout, sauf, justement, de cette
passe à bateaux qui, elle, fera l'objet d'une étude au moment
où on remettra en question la centrale. On me signale également
que le bail emphytéotique qui se termine le 31 décembre 1983 est
avec le gouvernement du Québec et non pas avec le gouvernement
fédéral.
Par contre, la construction de la passe à bateaux devrait-elle
être de juridiction fédérale? À peu près
partout, en Ontario notamment, lorsque des barrages furent construits sur les
rivières ontariennes, le gouvernement fédéral a
érigé à ses frais les passes à bateaux pour
permettre la navigation de plaisance. Nous espérons obtenir les
mêmes faveurs du gouvernement fédéral lorsqu'on traitera de
ce sujet précis.
Mme Bacon: Pourquoi le ministre n'a-t-il pas fait respecter
toutes les recommandations du BAPE. Je sais qu'il y en a quelques-unes qui ont
été respectées, mais il y en a d'autres qui ont
été mises de côté. Est-ce qu'il y avait des raisons
bien sérieuses de le faire?
M. Ouellette: À ma connaissance, très peu de choses
recommandées par le BAPE -parce que le BAPE ne fait que des
recommandations, il va sans dire - n'ont pas été
respectées à la lettre. Si, par exemple, Mme la
députée de Chomedey nous réfère à la piste
cyclable et piétonnière, je lui rappellerai que la discussion au
COMPA a porté sur qui devrait payer cette fameuse piste cyclable. Les
uns prétendaient que cela devait relever du ministère des
Transports du Québec, d'autres prétendaient que cela devait
relever exclusivement d'Hydro-Québec, le promoteur, d'autres
prétendaient que cela pouvait être une entente entre le
ministère des Transports, celui de l'Environnement et
Hydro-Québec, de telle sorte qu'on a décidé, à ce
moment, de mettre sur pied un comité interministériel
formé du ministère des Transports, du MLCP et également du
ministère de l'Environnement afin d'en venir à une
décision quant à savoir qui doit éventuellement payer le
million de dollars environ que coûtera cette piste.
Entre-temps, dans le décret qui a été émis
sur le sujet, nous avons obligé Hydro-Québec à
prévoir les installations propres à recevoir
éventuellement cette piste cyclable. Aussitôt que le comité
en question nous aura
désigné qui doit payer, un ou plusieurs, nous
procéderons à l'installation de cette piste cyclable et nous
aurons ainsi respecté une des recommandations du Bureau d'audiences
publiques.
Un autre élément était de réduire au
minimum, si je me souviens bien, je vous dis cela de mémoire, le
dépôt de matériel au pied d'un certain mur dans la
rivière. Nous avons effectivement, dans le décret qui a
été émis par le Conseil des ministres, demandé
à Hydro-Québec de n'empiéter que le moins possible, et
c'est le ministère de l'Environnement, à toutes fins utiles, qui
aura finalement à accepter le nombre de pieds ou de mètres
carrés que pourra utiliser Hydro-Québec pour déposer ses
matériaux aux fins de soutenir le mur qui doit retenir les eaux en
deçà de l'évacuateur de crues.
Une autre recommandation était de désigner une rue en
particulier dans une ville en particulier, également. Il nous est apparu
que c'était là une juridiction municipale et qu'il était
peu souhaitable que le ministère de l'Environnement, par décret,
via le Conseil des ministres, enlève une juridiction à une
municipalité en désignant une rue plutôt qu'une autre. Nous
avons laissé aux promoteurs le soin de négocier avec la
municipalité. Je ne sais pas s'il y a d'autres éléments
qui viennent à l'esprit de Mme la députée. J'attends ses
questions.
Mme Bacon: II y a quand même les municipalités qui
sont concernées, Laval et Montréal-Nord. Je sais qu'à
Laval on se plaint du manque de communication entre le ministère de
l'Environnement et la ville même de Laval concernant ce projet
d'évacuateur de crues. Est-ce qu'on a vraiment consulté la ville
de Laval dans tout ce dossier?
M. Ouellette: Je crois que la ville de Laval a eu le loisir de se
faire entendre au cours des audiences publiques devant le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a vraiment retenu aussi ce que la ville
de Laval avait à dire concernant les recommandations?
M. Ouellette: Je sais que la ville de Laval a
présenté un mémoire, mais de là à vous dire
jusqu'à quel point ce mémoire a été retenu par le
Bureau d'audiences publiques, je ne le sais vraiment pas. Moi je me suis
limité au contenu du mémoire qui m'a été soumis par
le Bureau d'audiences publiques avant de faire une recommandation au Conseil
des ministres.
Mme Bacon: II semble - avec l'approche de la fin du bail et donc
d'une nouvelle négociation pour l'avenir - qu'Hydro-Québec ait
soudainement découvert que l'évacuateur de crues de barrages
était devenu dangereux. Il pouvait même être emporté.
Je pense qu'il y a des rapports et des représentations
d'Hydro-Québec en ce sens. Afin de mettre toutes les parties
impliquées devant un fait accompli, Hydro-Québec a quand
même essayé de brûler les étapes légales - le
ministre est conscient de cela - pour obtenir les autorisations requises. Le
gouvernement du Québec a ordonné cette tenue d'enquête.
S'agit-il d'un nouvel ouvrage? Considère-t-on cela comme un nouvel
ouvrage ou si on considère cela, suivant l'article 9 de la Loi sur la
protection des eaux navigables?
M. Ouellette: En vertu de l'article 31, on doit considérer
l'évacuateur de crues comme étant un nouvel ouvrage. C'est
pourquoi on l'a soumis aux études d'impact et aux audiences publiques
après requêtes des citoyens.
Mme Bacon: Ce ne sera pas long. Il me semble
qu'Hydro-Québec, ayant soumis des nouveaux plans et fait une nouvelle
demande d'autorisation au fédéral, n'a pas attendu l'autorisation
pour mettre en marche les travaux préliminaires.
M. Ouellette: Hydro-Québec a eu les autorisations requises
avant même de perdre quelque droit que ce soit.
Mme Bacon: Avait-elle commencé les travaux au moment de
l'autorisation ou si les travaux ont été commencés
après avoir reçu l'autorisation?
M. Ouellette: Seulement après. Mme Bacon: Seulement
après.
M. Ouellette: II y a un élément important, si vous
me permettez de compléter. Parmi les recommandations que me faisait le
Bureau des audiences publiques, il y en avait une qui avait trait à
l'apparence extérieure du barrage, de telle sorte que selon les plans
fournis par HydroQuébec, on se retrouvait avec trois étages de
travaux: un premier qui comportait les vannes comme telles; un deuxième
étage qui recevait les vannes une fois levées et un
troisième étage qui contenait les treuils propres à lever
ces vannes. Le Bureau des audiences publiques me recommandait de faire modifier
l'apparence extérieure afin d'abaisser l'ensemble de l'ouvrage de
façon que ce soit moins nuisible à la visibilité des
résidents. On se rappelle que c'est dans la zone la plus fortement
urbanisée au Québec.
Parmi les recommandations que j'ai faites au Conseil des ministres et
qui ont été retenues, il a été convenu
qu'Hydro-
Québec devait faire approuver ses plans en vue d'abaisser la
structure, si ma mémoire est bonne, d'une vingtaine de pieds, de
façon que l'ensemble de l'ouvrage ne masque pas la vue des
résidents situés en bordure de ce cours d'eau.
Mme Bacon: Le ministre a-t-il dit que l'autorisation du
fédéral datait du mois de mars?
M. Ouellette: Je n'ai pas la date exacte, mais la demande a
été formulée avant qu'elle nous parvienne de notre
côté et en vertu de la Loi sur la navigation des eaux
navigables.
Mme Bacon: II y a une chose qui revient souvent dans les
discussions que nous avons souvent au niveau régional dans ma
région à Laval. C'est l'inquiétude des gens de voir le
gouvernement du Québec presque renoncer à imposer des
modalités à HydroQuébec pour tout bail
emphytéotique à partir du 1er janvier 1984. En fait, en donnant
des autorisations aujourd'hui, le bail n'est pas terminé, il ne se
termine qu'à la fin de l'année, ce qui pourrait peut-être
empêcher, à toutes fins utiles, d'imposer des obligations
supplémentaires à Hydro-Québec pour un bail
subséquent. Je pense que le ministre est sensibilisé, mais
j'essaie de le sensibiliser davantage à ce problème. Si on
s'encarcane dans un nouveau bail sans avoir davantage demandé ou
imposé des obligations supplémentaires, le ministre est-il
conscient qu'on en a pour 50 ans?
M. Ouellette: Encore une fois, je veux faire la distinction entre
l'évacuateur de crues qui a fait l'objet du décret du Conseil des
ministres et qui ne concerne en rien la passe à bateaux comme telle. Je
suis conscient que, dans le bail actuel, une obligation était faite au
constructeur et ce constructeur, à l'époque - ce n'était
pas Montreal Light Heat and Power - était Montreal quelque chose, de
toute façon. L'obligation lui était faite de réaliser une
telle passe à bateaux, ce qui n'a jamais été fait. (16
heures)
Je suis bien conscient que lorsqu'on procédera à la
signature d'un nouveau bail de 50 ans, il faudra s'assurer que cette obligation
réapparaisse afin que, dès qu'Hydro-Québec arrivera avec
un projet de reconstruction de sa centrale, on puisse lui faire savoir que nous
désirons la voir construire. Mais je ferai remarquer que cette passe
à bateaux ne fera pas partie intégrante de la centrale comme
telle, mais sera un ouvrage complètement à côté qui,
en fait, sera un emprunt, si je suis bien informé, sur le territoire de
l'île de Laval. Donc, je suis bien conscient qu'il faudra, au moment de
la signature du prochain bail, donc autour du 31 décembre 1983, nous
assurer que cette garantie de construction d'une passe à bateaux y sera
incluse et de cela, je m'en fais un devoir, soyez-en assurés.
Mme Bacon: En fait, ce que la ville exige du gouvernement, c'est
qu'il construise une écluse, une passe de poisson, une voie
piétonnière et une piste cyclable; ce sont des exigences de la
ville de Laval qui ont été connues et inscrites lors de
l'audition aux audiences publiques.
M. Ouellette: La passe à poisson est elle-même
contenue dans le décret et fait partie des exigences que l'on pose
à HydroQuébec. Si je me souviens bien, cette passe à
poisson doit être réalisée pour 1985.
Mme Bacon: 1985? D'accord.
M. Ouellette: Oui, il me semble qu'elle doit être en
fonctionnement en 1985.
La FAPEL
Mme Bacon: J'y reviendrai peut-être, mais j'ai d'autres
questions. Le ministre a fait des déclarations en fin de semaine au
chapitre de l'assainissement des eaux et il semble raccrocher la protection des
lacs à ce programme d'assainissement des eaux. Il a annoncé, lors
du congrès de la FAPEL, que certains crédits seraient
coupés, à cause des coupures du budget. Personnellement, j'ai
l'impression qu'on peut même mettre certains programmes en péril.
La FAPEL regroupe quand même au-delà de 600 associations, 100 000
bénévoles qui ont fait énormément de travail dans
les années passées, qui méritent l'encouragement du
gouvernement et la collaboration du gouvernement. C'est plus que la protection
des lacs, c'est toute cette attitude vis-à-vis de la
régionalisation, par exemple, quand on pense à la protection des
eaux et des rives. Je ne voudrais pas qu'en coupant les crédits on fasse
en sorte de tuer le dynamisme des gens et de mettre en péril certains
programmes. Il y a des gens qui ont une philosophie environnementale. On a
voulu, au cours des années passées, faire comprendre davantage
aux individus qu'il faut avoir une volonté de poursuivre la philosophie
environnementale et de protection de l'environnement. Je comprends le ministre
d'être plus rigide dans son administration. Il ne faudrait pas quand
même que cela vienne en contradiction avec toute la philosophie, la
protection de l'environnement et tous les principes qui doivent exister au
ministère de l'Environnement. J'aimerais avoir certains commentaires du
ministre quant à cela. La FAPEL n'était sûrement pas
très heureuse.
M. Ouellette: J'ai peut-être, lors de
mon allocution devant la FAPEL, samedi dernier, mis l'accent plus
fortement sur le fait qu'il serait souhaitable qu'on ajoute à la
normalisation du programme des normes dites objectives, mais loin de moi
l'idée de faire croire à qui que ce soit que j'avais l'intention
d'ignorer complètement ce que faisais la FAPEL. Comme Mme la
députée de Chomedey, je suis bien conscient - et je pense que
tous ceux qui s'intéressent à l'environnement sont comme moi et
comme nous, à ce sujet - que la protection de l'environnement n'avancera
que dans la mesure où les gens seront sensibilisés à la
nécessité de sauvegarder l'environnement de nos régions.
Je suis tout à fait conscient du travail phénoménal qui se
fait dans les associations que la FAPEL regroupe. Je ne voudrais pas poser
quelque geste que ce soit qui puisse amoindrir ce travail extraordinaire qui se
fait dans les lacs par des associations dont la plupart se retrouvent
elles-mêmes dans FAPEL. Donc, je voudrais rassurer tout le monde. Il y a
actuellement des critères qui s'appuient sur le dynamisme qu'on retrouve
autour des lacs, dans les associations et dans la FAPEL. Je n'ai pas du tout
l'intention de minimiser l'importance de cela.
Ce que j'essayais de faire valoir, c'est ceci: il existe, à
toutes fins utiles, deux programmes parallèles qui concernent
l'assainissement des eaux. L'un - on en a beaucoup parlé ce matin -
c'est le programme de l'assainissement des eaux urbaines qui, lui, jouit des
faveurs gouvernementales, ce qui permet au ministre de disposer de plusieurs
millions de dollars très facilement. En parallèle, il y a le
programme des lacs qui, lui aussi, vise à dépolluer les eaux -
donc, c'est dans la même logique - mais le budget y afférent est
beaucoup moins important. Ce que je voudrais discuter avec la FAPEL,
principalement, c'est justement de voir s'il n'y aurait pas moyen de combiner
ou de relier d'une certaine façon ces deux programmes de sorte qu'on
puisse utiliser de l'argent dans le grand cadre de l'assainissement des eaux
afin d'en investir davantage dans l'assainissement des lacs comme tels. J'ai
ouvert la porte à la FAPEL en lui disant que j'étais
intéressé à la rencontrer incessamment pour qu'on examine
toute la problématique des deux programmes et peut-être
réussira-t-on, en discutant, à ajouter quelques normes qui soient
plus objectives que celles qu'on utilise actuellement dans le programme des
lacs. Ainsi outillé, peut-être me serait-il possible d'obtenir des
crédits plus importants affectés aux lacs comme tels au niveau de
l'assainissement des eaux.
Mme Bacon: Je ne pense pas me tromper en disant que c'est la
deuxième année consécutive où on réduit les
crédits à la FAPEL. Cela ne touche pas seulement les eaux. Cela
peut être du travail au niveau des rives, des eaux et des rives, ce qui
va plus loin que le strict programme d'assainissement des eaux. Est-ce qu'on
veut absolument tendre vers une grande régionalisation au niveau de
l'assainissement des eaux? Est-ce qu'on veut davantage, au ministère,
régionaliser les travaux, ce qui fait qu'on raccroche la protection des
lacs au programme d'assainissement?
M. Ouellette: Non. Le fait de "raccrocher"... je le mets entre
guillemets parce que je ne sais pas du tout ce qui surgira de nos
discussions... Même si on en venait à "raccrocher" les deux
programmes, d'une certaine façon, ceci n'aurait pas l'effet de
régionaliser le programme des lacs puisque le programme d'assainissement
des eaux n'est pas régionalisé. Il appartient toujours aux
centrales. Donc, je n'ai pas d'intention dans ce sens. Je vise simplement
à trouver un moyen pour faire en sorte de verser plus d'argent dans le
programme des lacs parce que je suis conscient que le critère essentiel,
le critère très utile du dynamisme local étant en place,
nous nous devons de l'exploiter au maximum; je suis conscient que, pour chaque
dollar que dépense l'État dans ce programme, on
génère des travaux importants puisque les citoyens s'impliquent,
font des corrections à leur fosse septique, reboisent les lacs
déboisés, etc., et tout ça a un effet
bénéfique. Je pense qu'on doit profiter de ce dynamisme pour
investir davantage.
Cette année, il y a eu une coupure; j'ai été
forcé d'appliquer une coupure de 200 000 $. Ce n'est pas de
gaieté de coeur que je l'ai faite, mais je l'ai faite en me disant qu'il
y a sans doute moyen, pour l'année, d'utiliser l'année en cours
pour bonifier ce programme et essayer de l'augmenter, lui qui
dégénère d'année en année, faut-il
l'admettre.
Mme Bacon: C'est quand même la deuxième année
consécutive où on coupe dans le budget.
M. Ouellette: C'est ça. Évidemment, les coupures
ont un effet, c'est de réduire le nombre de lacs. Cela n'a pas d'effet
pour les lacs où on aura le budget nécessaire pour les travaux.
Je le répète, je souhaite qu'on puisse dégager plus
d'argent au cours des années à venir pour qu'on profite au
maximum du désir des citoyens de sauvegarder leurs lacs et de les
améliorer dans bien des cas.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que je pourrais vous demander
s'il y a possibilité d'avoir la liste des lacs dont vous allez faire
l'étude au cours de l'année?
M. Ouellette: J'ai reçu une liste d'un certain nombre de
lacs parmi lesquels je devrai en choisir un certain nombre, mais les
décisions ne sont pas prises encore. Je suis à regarder ça
de plus près. C'est à ce moment-là que j'aimerais avoir
des critères plus objectifs, ça me faciliterait drôlement
la tâche.
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais que le ministre, lorsqu'il
fera le choix de ses priorités pour les lacs n'oublie pas une demande
faite par le comité d'assainissement du lac Lyster, appuyé par le
comité d'assainissement du bassin de la rivière
Saint-François. Je veux parler du lac Lyster.
M. Ouellette: À ce moment-là, je devrai tenir
compte des recommandations qui me seront faites par mes fonctionnaires
chargés de l'application du programme des lacs.
M. Vaillancourt (Orford): Quand, approximativement, aurez-vous
fait votre choix concernant les lacs?
M. Ouellette: Au plus tard dans un mois.
M. Vaillancourt (Orford): Au plus tard dans un mois?
M. Ouellette: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Merci.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu revenir à la question de la
FAPEL. Si on écoute la FAPEL, c'est sûr que de son
côté elle est très inquiète. Du reste, cela est
ressorti de son congrès. Ce que je ne peux pas comprendre - c'est
pourquoi j'aurais voulu que le ministre revienne là-dessus - c'est
comment, dans un sens, on dit: On réduit le programme de la FAPEL en
1981-1982 ou en 1982-1983, on réduit encore en 1983-1984, mais
substantiellement de 200 000 $. On dit: Écoutez, si vous venez dans le
programme d'assainissement des eaux, on vous trouvera beaucoup plus d'argent
pour les lacs. Où est-ce que l'on coupera dans l'assainissement des
eaux? Qu'est-ce qu'on va faire? Si on réduit le programme des lacs de
tant, disons 400 000 $ ou 500 000 $ sur deux ans - une portion substantielle
comparée au budget -pour le mettre dans le programme d'assainissement
des eaux, qu'est-ce qui fera que soudainement, comme par magie, on trouvera de
l'argent pour le programme d'assainissement qu'on ne trouve pas maintenant pour
le programme des lacs? Et, en attendant qu'on le change, qu'on l'envoie dans
l'assainissement des eaux, pourquoi réduire ce programme de façon
significative? S'il y a de l'argent dans le programme d'assainissement des
eaux, en attendant que ce changement se fasse, est-ce qu'on ne peut pas garder
le programme des lacs s'il est aussi essentiel? Comme nous sommes tous d'accord
et comme le ministre le dit, on ne peut pas garder le programme des lacs au
même niveau qu'il était l'année dernière ou en
1981-1982?
M. Ouellette: II y a deux problèmes dans ce que
soulève le député de Nelligan et ce sont les deux
problèmes auxquels j'ai eu à faire face. D'une part, il y a un
programme d'assainissement des eaux qui fait l'objet d'une décision
ferme du gouvernement en termes d'accélération. C'est un budget
complètement distinct de celui des lacs. Celui des lacs se retrouve dans
mon budget. J'ai eu, comme tous les ministres, une demande du Conseil du
trésor de voir à réduire les crédits de mon
ministère de 6% cette année. C'est un ministère de
services où la plupart des sommes, mises à part celles qui vont
dans le service de la dette, sont affectées principalement à des
salaires.
J'ai donc essayé de partager le mieux possible les coupures qu'on
me demandait d'exécuter. Je l'ai fait en réduisant les services.
Je pense qu'un des éléments les plus importants, c'est justement
ce qui concerne l'entretien des barrages, par exemple. Je me suis rendu compte
que si j'avais fait porter toutes les coupures sur les services, cela se
traduisait nécessairement par des congédiements ou une diminution
importante de personnel.
Très rarement, dans le ministère de l'Environnement,
trouve-t-on des budgets qui ne sont pas directement reliés à des
emplois permanents ou contractuels et le programme des lacs est un de
ceux-là. J'ai donc pris une ponction de 200 000 $ dans le programme des
lacs et la différence des 6% qui m'étaient exigés a
été prise un peu partout dans le ministère et en
particulier dans les services.
Par contre, j'ai tenu à sauvegarder les régions et
à les indexer, de façon que les services en région ne
soient pas touchés par ces coupures. Le lien entre le programme des lacs
et celui de l'assainissement des eaux que je fais, est celui-ci: Est-il logique
que d'un côté on ait tout l'argent nécessaire pour
dépolluer les rivières et qu'on n'en ait pas suffisamment pour
dépolluer les lacs?
Souvent, ces lacs se retrouvent dans des bassins - forcément - de
drainage et, dans bien des cas, des bassins de drainage visés par le
programme d'assainissement des eaux. Je voudrais essayer d'établir -
puisqu'on parle d'eau - un canal qui nous permettrait de nous présenter
devant le Conseil du trésor ou le comité de priorités et
faire valoir ce qui suit: S'il est bon de dépolluer les cours d'eau
pollués par les eaux municipales, pourquoi ne serait-il pas aussi bon
d'affecter de l'argent pour dépolluer des eaux de lacs qui se retrouvent
dans les bassins de drainage?
Si on pouvait établir cette espèce de canal de
communication entre les deux budgets, cela me permettrait de ne plus couper et
même d'augmenter le programme des lacs de façon significative pour
profiter du dynamisme, comme je le disais tout à l'heure, et donner
satisfaction à tous les résidents qui souhaitent voir leur lac
retrouver ses eaux claires. (16 h 15)
M. Lincoln: M. le ministre, quand vous parlez de coupures de 6%
à votre ministère, vous haussez le budget de la
régionalisation mais le programme des lacs, quand on voit la
réduction que vous avez faite, par exemple, cette année-ci, on
parle de quelque 25% comparativement à l'année dernière.
C'est cela qu'il faudrait voir. De quoi parle-t-on? 25%, 30%?
M. Ouellette: C'est entre 15% et 20%.
M. Lincoln: Écoutez! Avec les chiffres que j'ai, on
pourrait calculer le pourcentage. En 1977, c'était 709 000 $ et cela a
augmenté à presque 1 000 000 $, soit 982 000 $, en 1980, pour
décroître à 866 000 $, en 1981, et à 775 000 $, en
1982. De quel montant parlez-vous pour 1983?
M. Ouellette: Les chiffres que vous me citez comprennent
l'ensemble de la direction générale et non pas le programme des
lacs comme tel. Le montant va être ajusté de façon que cela
ne dépasse pas 15% à 20% pour le programme des lacs comme
tel.
M. Lincoln: Quand vous parlez de 15% à 20%, en 1982-1983,
et, ensuite, de 15% à 20% en 1983-1984, c'est énorme. Ce n'est
pas comme si on disait 15% à 20% une fois. Ce que je ne peux pas
comprendre, c'est quand vous avez à réduire des montants,
à votre ministère, de 6%. Si vous êtes vraiment conscients
de l'utilité de la FAPEL, surtout concernant la question du principe de
l'environnement et de l'implication directe des citoyens, c'est le seul
programme où le citoyen s'implique, d'une façon directe, à
l'étude d'un programme pour les écoles, etc. On réduit le
montant alloué à ce programme de 15% à 20% une
année et, encore une fois, de 15% à 20% une autre année.
Par exemple, l'année dernière, on a fait toutes sortes de
chinoiseries pour donner à la FAPEL, un budget permettant au
secrétaire de travailler dans un programme de bénévolat,
à presque 100%.
Je cite un article du Devoir, le jeudi 15 octobre, et du Soleil, le
mercredi 4 octobre: "Les subventions annuelles de fonctionnement sont
coupées au maximum. Ainsi, la FAPEL, qui recevait depuis deux ans 30 000
$, n'obtiendrait plus que 10 000 $ cette année." On a retardé
cela. Je me demande si, vraiment, il n'y a pas, comme ma collègue l'a
dit, une question de régionalisation comme principe qui s'ingère
dans le programme FAPEL. Si, par exemple, vous le transférez au budget
de l'assainissement des eaux, est-ce que vous pouvez nous dire si le programme
des lacs va retrouver son essor antérieur alors qu'on investissait
environ 1 000 000 $? On a besoin de plus d'argent pour le reboisement, etc.
Est-ce qu'on va continuer à réduire et dire: Tout ce qu'on a
dedans, c'est 700 000 $?
M. Ouellette: J'aimerais apporter une correction. D'abord, la
FAPEL, cette année, n'a pas reçu 10 000 $, mais 20 000 $. Une
idée semble planer dans l'air, à savoir que j'aurais l'intention
de régionaliser le programme des lacs. Il n'en est pas question.
Je poursuis trois buts, à toutes fins utiles. Le premier but,
c'est de faire en sorte que le travail fantastique qui est fait par la FAPEL et
ses associations soit maximisé, c'est-à-dire que nous puissions
profiter de ce désir très largement répandu chez les
membres des associations et que ce désir soit utilisé à
des fins d'amélioration de nos lacs. Pour ce faire, il me faut des
budgets. Je répète qu'il y a un programme où il y a
beaucoup d'argent et il y a un programme où il y en a moins. On me
signale qu'il a été réduit deux années
consécutives et ma crainte, c'est qu'on doive le faire une
troisième année si jamais on nous demandait, encore une fois, de
réduire les dépenses du ministère. Pour pallier à
cela et pour faire le rattrapage des deux années de coupures qu'on vient
de vivre, je souhaite qu'on puisse établir un lien entre les deux
programmes.
Le troisième but, dans le fond, c'est un objectif. Je me dis -
peut-être ai-je tort, mais, en tout cas, c'est la conclusion à
laquelle j'en arrive après réflexion - qu'il me sera facile ou
plus facile, en tout cas, d'établir ce lien permettant d'aller chercher
de l'argent dans le programme d'assainissement des eaux pour le programme des
lacs dans la mesure où je jouirais de normes qui soient, jusqu'à
un certain point, semblables. Il n'est pas question - j'ai
été
clair dans mon allocution, samedi soir - de mettre de côté
les normes qui sont actuellement en vigueur dans le programme des lacs qui
s'appuient sur le dynamisme, le désir des citoyens de s'impliquer
financièrement, parce qu'on leur demande de faire des dépenses.
Il n'est pas du tout question de remettre cela en question. Mon intention va
plutôt dans le sens d'ajouter à cela un, deux ou trois
critères dits objectifs qui me permettraient de vendre, auprès
des instances gouvernementales, l'idée de transférer de l'argent
d'un programme à l'autre et de répondre davantage au désir
de la FAPEL et de ses membres.
M. Lincoln: Si cela se faisait, est-ce que vous avez l'intention
de restaurer les crédits qui ont été diminués de
façon substantielle à la FAPEL les deux dernières
années?
M. Ouellette: Parlez-vous des subventions versées à
la FAPEL comme telles ou des sommes affectées au programme?
M. Lincoln: Non, je parle du programme lui-même.
M. Ouellette: Non seulement je voudrais faire du rattrapage, mais
je voudrais le bonifier de façon à aller chercher au maximum le
dynamisme existant sur place. Je suis conscient que ces gens travaillent et
c'est l'État et ses citoyens qui en profitent.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Orford.
Épuration de la Saint-François
M. Vaillancourt (Orford): Dans le journal La Tribune du mardi 12
avril, on lisait: 72 500 000 $ pour épurer la rivière
Saint-François. Dans l'article, on disait: Le ministre de
l'Environnement, M. Adrien Ouellette, viendra alors apposer sa signature aux
documents paraphés au même moment par les maires de Sherbrooke,
Lennoxville, Fleurimont, Ascot et Rock Forest. Est-ce que le ministre a bel et
bien signé le document en question samedi dernier?
M. Ouellette: Oui, j'ai eu le plaisir, samedi matin, de me rendre
à Sherbrooke pour procéder à la signature des cinq
protocoles avec les villes que le député d'Orford vient de
mentionner, pour un montant de près de 70 000 000 $, et j'ai eu
l'occasion de leur faire part de ma satisfaction à poser ce geste. J'ai
aussi félicité les élus municipaux et les citoyens qui les
ont incités à profiter de ce programme en leur faisant remarquer
que nous venions de franchir une étape importante dans l'assainissement
de la rivière Saint-François.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre pourrait-il me dire que va
comprendre la dépollution de la Saint-François? Est-ce tous les
cours d'eau, les lacs en amont qui seront dépollués en premier
lieu ou si cela sera fait tout ensemble?
M. Ouellette: Des cinq signatures va découler la
création d'une régie intermunicipale, pour les cinq
municipalités concernées, incluant la ville de Sherbrooke -cela
est très important en termes de population - pour déboucher sur
un projet collectif de traitement des eaux usées. Cela inclut, bien
sûr, de l'amont vers l'aval; donc, on ne laisse rien au hasard dans ce
secteur.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela veut dire que toutes
les rivières qui se jettent dans la Saint-François seront
dépolluées en premier lieu? Il y a déjà beaucoup de
travail dans ce sens.
M. Ouellette: Je n'ai pas la carte de la région sous les
yeux, mais on procède d'amont en aval et on ne laisse rien à la
traîne.
M. Vaillancourt (Orford): Y aurait-il possibilité d'avoir
une copie du document qui nous dirait tout ce qui sera fait avec ces 70 000 000
$, le document, le protocole d'entente qui a été signé
samedi dernier?
M. Ouellette: II me fera plaisir, tout à l'heure, de
remettre au député d'Orford une pochette de presse dans laquelle
on retrouve toutes les informations relatives à l'usage de ces 70 000
000 $.
M. Vaillancourt (Orford): Merci.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Chomedey.
Le projet Archipel
Mme Bacon: J'aimerais ramener le ministre au projet Archipel.
C'est en mars que devaient se terminer les études environnementales aux
rapides de Lachine. Le ministre pourrait-il nous dire à quel moment les
rapports seront terminés, s'ils ne le sont déjà, et
seront-ils rendus publics?
M. Ouellette: Les études en question seront
déposées au Conseil des ministres à l'automne 1984 et,
conformément à la loi, seront rendues publiques à ce
moment-là.
Mme Bacon: Je pense que le ministre va se rappeler que le premier
ministre avait déclaré en Chambre, en décembre dernier,
ce
qui suit et je le cite: "On est censé avoir un rapport sur
l'état complet des études et des travaux entrepris d'ici à
quelques jours." Le ministre délégué à
l'Aménagement avait aussi dit, la semaine suivante, donc, toujours en
décembre, que ses collègues du Conseil des ministres pourraient
examiner des recommandations qu'il allait leur faire. Est-ce que le
gouvernement est toujours prêt à poursuivre le projet
Archipel?
M. Ouellette: Aux dernières nouvelles que j'en ai, oui. Le
Conseil des ministres et le gouvernement comme tel se dit prêt à
poursuivre son projet Archipel.
Mme Bacon: Vis-à-vis de l'annonce, au début de
mars, voulant qu'Hydro-Québec serait prête à un nouveau
projet de centrale aux rapides de Lachine, quelle est la position du ministre
de l'Environnement là-dessus?
M. Ouellette: La position du ministre et du ministère de
l'Environnement, face à ce point précis du projet Archipel, est
de faire en sorte que cet élément épurateur soit
sauvegardé au maximum. J'ai vu, dans les différentes propositions
- il y en avait seize, si ma mémoire est bonne - que certaines d'entre
elles allaient jusqu'à dévier près de 90% des eaux du
canal Lachine vers un canal de dérivation. Je suis bien conscient que,
si on devait retenir une telle proposition, on priverait la région de
Montréal d'un de ses éléments naturels d'épuration
et je n'aurais d'autre choix que de m'y opposer, car j'ai eu l'occasion de le
dire ce matin, il serait parfaitement ridicule de construire des
éléments artificiels de traitement des eaux, telles les usines de
traitement, dont celle de Montréal qui est très importante, si
parallèlement on se prive ou on détruit des
éléments naturels d'épuration tels le canal en
question.
Mme Bacon: Jusqu'à quel point le ministre ou le
ministère de l'Environnement est-il prêt à consentir, en
termes de débit -et on me donne les exemples de 50-50 ou de 80-20, pour
ne nommer que cela pour considérer le projet de la centrale comme non
nuisible.
M. Ouellette: Le ministère attend les études avant
de se prononcer sur ce genre de partage des eaux. Nous n'avons pas d'opinion
précise à ce moment-ci.
Mme Bacon: Jusqu'à maintenant, combien d'études le
ministère de l'Environnement a-t-il effectuées en ce qui concerne
les rapides de Lachine et à quel coût? Est-ce qu'on a les
coûts de ces études et combien d'études?
M. Ouellette: Je n'ai pas ces informations ici. Je les ai
toutefois à mon bureau. Si Mme la députée me le permet, je
vous ferai parvenir les détails, la ventilation des études qui
ont été faites en particulier là.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez tenu compte, au niveau des
études qui ont été effectuées, du nouveau projet
d'Hydro-Québec et quels sont les résultats? Est-ce que vous avez
tenu compte du nouveau projet d'Hydro-Québec dans les études qui
ont été faites au ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Les études ont été faites
à partir des solutions qui risquaient d'être proposées par
le promoteur. J'aimerais vous rappeler qu'en ce qui concerne les études
pour la question précédente, il y a eu au-delà de 40
études qui ont été menées par le ministère.
C'est donc dire que je ne les ai pas par coeur. Mais les études ont
porté selon les différentes propositions possibles, les
hypothèses, un à seize, si ma mémoire est bonne, et
portaient selon la possibilité que l'une ou l'autre soit retenue dans le
projet.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire, en termes de
coût, parce que si on a fait une quarantaine d'études, on n'a
qu'à penser quel coût cela peut apporter?
M. Ouellette: Quand je parle de 40 études, ce ne sont pas
toutes des études menées uniquement par le ministère de
l'Environnement. Différents intervenants ont procédé
à des études, y compris le promoteur. Je vous ferai parvenir la
liste et on pourra peut-être déterminer ensemble celles sur
lesquelles on peut vous donner plus de détails, quitte à vous
laisser référer aux autres ministères concernés
pour les autres détails.
Mme Bacon: II doit y avoir une possibilité de
connaître le coût quand même de ces études?
M. Ouellette: Sans doute.
Mme Bacon: Je reviendrai peut-être... Est-ce que je dois
comprendre - on a souvent parlé d'automne 1984, par exemple -en ce
moment, que le gouvernement ne peut pas prendre de décision avant
l'automne 1984?
M. Ouellette: Ce que je sais à ce sujet c'est
qu'Hydro-Québec demande une année additionnelle afin
d'étudier le comportement des glaces. On me dit que l'étude doit
porter sur deux ans; elle aurait commencé cette année et
Hydro-Québec a besoin d'un hiver additionnel pour s'assurer du
comportement des glaces. C'est pourquoi on parle
d'automne 1984 plutôt que 1983?
Mme Bacon: Dans le rapport annuel 1980-1981 du Conseil
consultatif des réserves écologiques, on parle du projet Archipel
et là je vais vous citer ce rapport. On dit: "Un gigantesque projet de
régularisation des eaux et de production d'électricité est
en voie d'élaboration dans la région de Montréal. C'est le
projet connu sous le nom d'Archipel." Je continue: "Ce projet risque de
modifier considérablement les écosystèmes de ce
territoire. Il pourra, en effet, faire disparaître un certain nombre
d'écosystèmes de même que des espèces fauniques et
floristiques qui ne sont présentées au Québec, que sur les
îles et dans les eaux de la région de Montréal." Je
continue encore, on dit: "À la suite d'études sur les îles
aux Hérons, aux Chèvres, au Diable et Seven Sisters, des
chercheurs scientifiques ont proposé de conserver ces îles des
rapides de Lachine à leur état naturel pour préserver un
sanctuaire d'oiseaux, une héronnière, et plusieurs espèces
végétales menacées, endémiques... ou rares. De plus
la conjugaison de certains facteurs, comme l'absence de gel des rapides durant
l'hiver, on revient à cela, le contact direct et permanent de
l'atmosphère avec cette masse d'eau en état de brassage
permanent, la situation biographique et privilégiée
caractérisée par un climat plus chaud, plus humide et le
reste..." Le ministre de l'Environnement peut-il prendre l'engagement que
toutes les recommandations du Conseil consultatif des réserves
écologiques seront respectées? Je reviens encore à la
responsabilité du ministre de l'Environnement sur la protection de
l'environnement. (16 h 30)
M. Ouellette: Le ministre de l'Environnement est très
sensible à ce que vous venez de nous citer du rapport, mais il ne m'est
pas possible, à ce stade, de faire quelque évaluation que ce
soit, compte tenu que l'hypothèse en question, parmi les seize qui ont
été avancées, n'est pas connue de façon officielle,
de prendre quelque décision que ce soit. Je vous rappelle que le
ministère de l'Environnement est tout à fait conscient du
rôle de protecteur de l'environnement qu'il a à jouer
là-dedans. Lorsque nous aurons en main toutes les données du
problème, nous serons passablement critiques, de façon à
sauvegarder l'ensemble des écosystèmes des îles que vous
venez de mentionner, et à nous assurer que les éléments
naturels d'épuration seront sauvegardés au maximum. Il y a aussi
l'aspect de la régulation des eaux dont nous devrons tenir compte. Tout
cela est également relié à l'assainissement des eaux de la
Communauté urbaine de Montréal et, éventuellement, de la
rive nord et de la rive sud et de la ville de Laval.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Au sujet du projet Archipel, cette question est
discutée depuis plusieurs années déjà, au moins
quatre ans. On a dépensé jusqu'à présent quelque
chose comme 13 600 000 $ en études pour le projet. Il y a eu pas mal de
questions lors de l'étude des crédits de l'Environnement. Le
point central, que nous avions soulevé à votre
prédécesseur plusieurs fois, est ceci: il semble que le
ministère de l'Environnement du Québec dise: On attend d'autres
études, on attend que le projet se dessine d'une façon plus
catégorique. Mais, en fait, le problème central que tous les
écologistes semblent avancer, c'est que si on fait un projet
hydroélectrique, tous les projets l'ont démontré, le
débit des rapides de Lachine sera diminué. On prend par exemple
les rapides de Beauharnois où le débit a commencé à
diminuer. On a dit: On va diminuer seulement de 50%, mais c'est disparu
complètement. Plusieurs écologistes de notre parti que nous avons
consultés disent: C'est impossible de concilier les deux, faire un canal
hydroélectrique, comme il était prévu dans toutes les
hypothèses qu'on a revues jusqu'ici, et préserver les rapides de
Lachine. Ou c'est l'un ou c'est l'autre. On a demandé plusieurs fois au
ministre: Pouvez-vous nous donner une assurance que, du point de vue de
l'environnement, comme ministre de l'Environnement, vous allez défendre
l'intégrité des rapides de Lachine? C'est la question. On peut
dire: On va faire un canal qui va réduire le débit seulement d'un
certain pourcentage; on va préserver l'épuration naturelle des
eaux. En fait, on sait très bien qu'une fois qu'on commence à
jouer avec ce système, tout l'écosystème va être
affecté.
Pouvez-vous nous dire, comme ministre de l'Environnement, que vous allez
vous engager à préserver l'intégrité des rapides de
Lachine?
M. Ouellette: Je répète sensiblement ce que je
viens de dire. Tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas sous les yeux
l'hypothèse précise qui doit être retenue par
Hydro-Québec, il nous est impossible, comme ministre de l'Environnement
ou comme ministère de l'Environnement, d'évaluer la
quantité des eaux qui sera déviée dans le canal pour
production hydroélectrique. Ce que je sais à ce stade, c'est
qu'en tout début de projet, il y a quelques années
déjà, Hydro-Québec avait l'intention de réaliser
une grande production hydroélectrique. Selon les renseignements
récents que j'ai obtenus, Hydro-Québec avait décidé
de réduire considérablement sa production
hydroélectrique. Je conclus donc que le canal de déviation
recevra beaucoup moins d'eau, mais ce sont des ouï-dire pour l'instant,
puisque je n'ai pas la proposition retenue ou qui sera éventuellement
retenue et qui ne le sera qu'après qu'on aura réalisé les
études sur le comportement des glaces. Cela nous mène quelque
part en automne 1984. Je ne peux pas m'avancer, sauf sur le principe
même, à savoir que oui, le ministre et le ministère de
l'Environnement vont sauvegarder au maximum l'élément naturel
d'épuration qu'est ce canal et ne le laissera pas aller pour n'importe
quelle considération, soyez-en certain.
M. Lincoln: II y a beaucoup plus que la question
d'épuration, dans ce canal. C'est tout le système faunique, c'est
un habitacle de poissons, de hérons irremplaçable. C'est cela,
toute la clé de la chose. En fait, c'est encore plus important que le
système naturel d'épuration, parce que c'est toujours
remplaçable, tandis que l'autre est irremplaçable. Le fait est
qu'il y a des projets d'Hydro-Québec, si vous avez vu les rapports
déposés dans le projet Archipel, qui sont très
précis. Des options très précises ont été
faites sur le versant nord et sur le versant sud. Hydro-Québec a
déjà dit, par rapport à ces projets qui ont
déjà été déposés: Nous
considérons que ces projets ne sont pas viables économiquement.
Nous parlons de notre projet sur le versant sud où les Indiens de
Kahnawake ont déjà dit qu'ils ne céderaient pas leur
terre. Tout le monde se passe la balle. Il me semble que si le ministre de
l'Environnement prenait un peu les devants là-dedans et disait:
Écoutez, l'environnement, c'est la question clé des rapides de
Lachine, peut-être que vous et vos collègues auriez pu revoir
toute cette question. Il me semble que la question de l'environnement passe
toujours en dernier, que cela devient toujours une question économique
d'hydroélectricité dont nous n'avons pas besoin à
Montréal.
M. Ouellette: Je dirais que même au contraire, le
ministère de l'Environnement, par les études qu'il a
commandées et par les études qu'il a fait commander par d'autres
ministères, a préparé sa réflexion. Lorsque nous
serons placés devant une hypothèse sérieuse devant
être retenue par le promoteur, nous serons parfaitement bien
outillés, en termes d'écologie, pour dire: Non, nous ne marchons
pas dans cette voie pour telle et telle raison, parce que
l'élément d'épuration sera amoindri, parce que vous
menacez telles îles, parce que vous menacez l'île aux
Hérons, par exemple, parce que vous menacez tel système
écologique. Nous aurons en mains toutes les données de nos
études et nous serons bien armés pour nous opposer à une
solution qui nous paraîtrait environnementalement inacceptable. Pour une
fois, vraiment, le ministère a préparé ses armes en vue de
livrer le combat lorsque la proposition sera retenue, évidemment, pour
faire respecter au maximum l'environnement dans la région de
Montréal.
M. Lincoln: J'ai une dernière petite question parce que ma
collègue a pas mal de choses à passer. Comme ministre, je ne sais
pas si vous avez déjà eu le temps de visiter les rapides de
Lachine. Est-ce que vous avez dans votre programme de les visiter durant
l'été? J'espère que vous pourrez aller les voir. Je pense
que cela peut vous donner une idée beaucoup plus concrète du
dynamisme de l'endroit, de tout ce que cela représente pour la
région de Montréal. Je réalise que vous avez
été très occupé depuis le commencement, mais est-ce
que cela pourrait être dans votre itinéraire pendant
l'été, en sortant de la carrière Miron?
M. Ouellette: J'aimerais dire au député que je
connais bien les rapides de Lachine et que j'ai eu l'occasion - cela a fait
partie de mes nombreuses occupations depuis le 9 septembre dernier - de me
rendre au laboratoire Lasalle visiter la maquette où on m'a
expliqué les différentes hypothèses et le comportement des
eaux. J'ai l'intention d'y retourner parce que c'est un domaine
extrêmement complexe; j'y retournerai aussitôt que j'aurai une
idée plus précise quant à l'hypothèse devant
être retenue, pour la fouiller davantage afin d'être suffisamment
éclairé pour bien défendre la cause environnementale au
moment des prises de décisions dans ce dossier.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme no 2? Est-ce que le programme no 2 est
accepté?
Épuration de la Saint-François
(suite)
M. Vaillancourt (Orford): J'en poserai une encore sur...
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ...la dépollution de la
rivière Saint-François. Est-ce que le ministre a pris ses
précautions pour que l'échéancier du- protocole d'entente
soit suivi, tel qu'on le voit dans le journal?
M. Ouellette: Si vous vous référez au dossier des
cinq municipalités qui ont signé avec le ministère de
l'Environnement samedi dernier un protocole d'entente,
l'échéancier établit que les usines seront en
fonctionnement en 1988. En tenant compte
de réaménagements que j'ai faits dans le cadre de
l'accélération du programme d'assainissement des eaux, du
désir très clairement exprimé par les
municipalités, nous sommes en lieu de croire que cet
échéancier sera respecté à la lettre.
M. Vaillancourt (Orford): Vous croyez qu'il sera suivi à
la lettre, mais nous avons été un peu échaudés par
votre prédécesseur.
M. Ouellette: Enfin, c'est...
M. Vaillancourt (Orford): II a fait beaucoup d'annonces, mais peu
de réalisations dans ce domaine.
M. Ouellette: Ce n'est peut-être pas par le
prédécesseur que vous avez été
échaudés, comme vous le dites, mais par le fait que le programme
ne fonctionnait pas aussi bien qu'on l'avait souhaité à
l'époque. Comme je vous le dis, la bonification que nous avons
apportée au ministère, à la société, au
cadre de gestion et aux programmes, et le dynamisme des gens en place, aussi
bien à la société qu'au ministère et dans les
municipalités, m'assurent qu'on devrait pouvoir respecter cela.
M. Vaillancourt (Orford): Disons que ce sera à suivre.
M. Ouellette: J'aimerais faire remarquer au député
qu'actuellement la balle est vraiment entre les mains des municipalités
puisque les travaux doivent être entrepris par celles-ci. Nul doute
qu'avec l'intérêt qu'y portent les députés de la
région, on s'assurera que l'échéancier sera
respecté pour 1989.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le programme no 2
est adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Blouin): Adopté. Je souligne
à la commission qu'il reste environ une heure pour terminer
l'étude des crédits.
J'appelle le programme no 3.
Connaissance
Mme Bacon: Au programme 3, depuis deux ans, les crédits
alloués aux études sur les pluies acides sont contenues dans les
programmes d'assainissement de l'air. Est-ce que c'est toujours le cas pour
cette année?
M. Ouellette: Je vous ferai remarquer, Mme la
députée, que vous êtes revenue au programme 2.
Mme Bacon: Je ne pense pas.
M. Ouellette: Voilà pourquoi on a de la difficulté
à se retrouver dans le programme 3.
Mme Bacon: Je ne pense pas.
M. Ouellette: En tout, cette année, les sommes
consacrées directement ou indirectement à la pollution de l'air,
aux effets des pluies acides, totalisent environ 1 000 000 $, non seulement au
ministère de l'Environnement, mais ça inclut le MLCP et les
terres et forêts.
Mme Bacon: Laboratoires et recherches, c'est toujours dans le
programme 3? On est dans le programme 3.
M. Ouellette: Oui, mais on ne parle pas ici nécessairement
d'études en rapport avec les pluies acides, on parle plutôt des
laboratoires en région qui analysent les eaux de consommation
municipale.
Mme Bacon: Ce ne serait pas à ce titre qu'on aurait les
crédits.
M. Ouellette: C'est ça.
Mme Bacon: Dans sa conférence de presse du 30 mars
dernier, le ministre a mentionné que d'ici à six mois, en
collaboration avec le ministère de l'Éducation, il y aura un
cours donné pour former les opérateurs des usines
d'épuration des eaux. Je pense qu'il y est revenu dans son
exposé, au début de l'étude des crédits. Est-ce que
le ministre peut nous dire à quel endroit sont situés ces
crédits? Est-ce qu'on a déjà des crédits
d'impliqués au ministère de l'Environnement? Qu'est-ce que
ça représente globalement?
M. Ouellette: II n'y a pas de crédits dans le budget du
ministère de l'Environnement à ce sujet, puisqu'on entend faire
réaliser ce cours par le ministère de l'Éducation au
niveau des cégeps. C'est donc dans le budget du ministère de
l'Éducation qu'on retrouvera les crédits propres à la
formation...
Mme Bacon: II n'y a aucun crédit qui vient du
ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Non, pas ici.
Mme Bacon: Est-ce que ces cours seront prêts en septembre
1983? Est-ce qu'ils sont dans les crédits du ministère de
l'Éducation de cette année?
M. Ouellette: On me signale que les cours sont actuellement
prêts. Nous espérons enclencher tout ça pour le mois deseptembre. Tout dépend évidemment des
négociations que j'aurai avec le ministère de
l'Éducation à ce sujet.
Mme Bacon: D'accord. En 1982-1983, des montants ont
été partagés entre les laboratoires de recherche, les
institutions et les universités. De quelle façon ces montants
ont-ils été répartis?
M. Ouellette: Je n'ai pas ici la ventilation très
détaillée. Je vais vous demander de préciser votre
question pour pouvoir y répondre convenablement.
Mme Bacon: Ce que je veux savoir, c'est si on a donné
davantage aux universités qu'aux laboratoires de recherche ou aux autres
genres d'institutions?
M. Ouellette: Tous nos programmes de recherche sont faits
à l'extérieur du ministère et la majorité des fonds
est consacrée aux universités.
Mme Bacon: Par rapport aux autres... M. Ouellette:
Oui.
Mme Bacon: D'accord. Je n'ai pas d'autre question relativement au
programme 3.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 3? Est-ce que le programme 3 sera adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Champagne): Adopté. Programme 4.
(16 h 45)
Mme Bacon: Au programme 4, M. le Président, à
l'élément 11, autres dépenses, on note une augmentation de
96% des crédits. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les raisons
de cette augmentation et à quels services ou organismes ces
crédits ont été versés?
M. Ouellette: Vous nous référez au montant de 12
000 $ qui est passé à 24 000 $...
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: ...à autres dépenses. C'est un genre
de fourre-tout dans lequel il serait très difficile de vous soumettre
comme cela, à brûle-pourpoint, l'ensemble des détails. On
peut vous les fournir par écrit éventuellement, si vous
voulez.
Mme Bacon: Ces sommes sont dirigées vers des services ou
des organismes?
M. Ouellette: C'est l'ensemble des petites caisses,
conformément à la directive qui nous a été fournie
par le ministère des Finances. Ce sont des dépenses internes de
fonctionnement.
Mme Bacon: Les dépenses ont augmenté cette
année.
M. Ouellette: II faut dire qu'il s'agit là d'un
regroupement.
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: C'est pourquoi il semble y avoir une
augmentation.
Mme Bacon: Oui, les 96% viendraient de là.
M. Ouellette: Mais, en fait, on a rapatrié cela d'un peu
partout et l'augmentation n'existe pas.
Mme Bacon: II y avait 27 employés occasionnels, si mon
chiffre est exact.
M. Ouellette: C'est cela.
Mme Bacon: II y en a maintenant 32. Est-ce qu'il y a une raison
spéciale pour augmenter le nombre d'occasionnels? Vers quels services
sont-ils dirigés?
M. Ouellette: Cela est attribuable à un transfert de deux
postes du programme 02 et de trois postes du programme 03 au programme 04 pour
un programme spécifique visant l'engagement de stagiaires. Ce n'est pas
une augmentation réelle, c'est un déplacement.
Mme Bacon: D'accord.
Nous n'avons pas reçu la liste des sous-ministres et
sous-ministres adjoints, de même que la rémunération.
Est-elle disponible au ministère?
M. Ouellette: C'est sûrement disponible, oui.
Mme Bacon: D'accord. Est-ce que je pourrais en avoir une
copie?
M. Ouellette: Est-ce que vous aviez demandé cela
dans...
Mme Bacon: Non, je pensais que cela viendrait
automatiquement.
M. Ouellette: Je prends avis et je vous fournirai gentiment la
liste.
Mme Bacon: D'accord. Avec plaisir. Je vous dis merci, merci.
Au niveau du personnel du cabinet, je
remarque que le directeur de cabinet est à temps plein, mais avec
un port d'attache à Saint-Joseph-de-Beauce. Est-ce qu'il est davantage
au service du député de Beauce ou au service du ministre de
l'Environnement?
M. Ouellette: II est à 99,999% au service du ministre.
J'ai même envie de vous dire à 100%.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre trouve raisonnable qu'un port
d'attache soit toujours Saint-Joseph-de-Beauce?
M. Ouellette: En fait, M. Ypperciel, puisque c'est de lui qu'on
parle, est à l'emploi du ministre de l'Industrie et du Commerce depuis
un an et demi, je crois. Ensuite, il a suivi M. Duhaime au ministère de
l'Énergie et des Ressources et c'est de là que je l'ai
transporté chez moi, à l'Environnement.
J'ai fait transporter également le contrat qui le liait à
ce moment-là avec le ministère de l'Industrie et du Commerce et
le ministère de l'Énergie et des Ressources. Il n'y a pas eu de
modification quant à son port d'attache à ce
niveau-là.
Mme Bacon: Le ministre n'exige pas que les gens de son cabinet
habitent Québec?
M. Ouellette: Non.
Mme Bacon: Qu'ils aient Québec comme port d'attache, par
exemple.
M. Ouellette: Plusieurs habitent à l'extérieur de
la ville et même de la Communauté urbaine de Québec,
quelques-uns à tout le moins. Il y en a qui viennent de la rive sud,
notamment.
Mme Bacon: II y a une autre personne faisant partie du personnel
de cabinet, M. Huot, qui a un port d'attache à Saint-Joseph-de-Beauce,
mais celle-ci doit être attachée davantage au député
qu'au ministre.
M. Ouellette: C'est le directeur de mon bureau de comté
à Saint-Joseph-de-Beauce.
Mme Bacon: Le ministre comprendra peut-être que ma question
va dans le sens que, quand on a un port d'attache autre que Québec,
évidemment, cela amène des dépenses supplémentaires
au cabinet. Est-ce qu'on permet aux attachés politiques d'avoir un port
d'attache autre que Québec et de payer toutes leurs dépenses,
leurs frais?
M. Ouellette: Dans le cas de Pierre-Dominique Huot, il
réside à Saint-Jean-Chrysostome, près de Québec,
mais on l'a situé, en termes de port d'attache, à
Saint-Joseph-de-Beauce, de telle sorte qu'il ne coûte rien pour le
transport. C'est donc dire que son travail est à Saint-Joseph et il
voyage soir et matin de Saint-Jean-Chrysostome, mais il ne reçoit aucune
rémunération à cet effet.
Mme Bacon: Dans le cas de M. Ypperciel, les dépenses sont
défrayées, soit les frais de résidence à
Québec.
M. Ouellette: Oui, comme c'était le cas lorsqu'il
travaillait au ministère de l'Énergie et des Ressources et au
ministère de l'Industrie, du Commerce et Tourisme.
Mme Bacon: II est évident que le ministre de
l'Environnement a modifié passablement le cabinet ministériel en
commençant par le sous-ministre et certains sous-ministres adjoints et
son attaché de presse. Est-ce que toutes les personnes ont quitté
le cabinet, celles qui ont été changées, ou si elles sont
encore rattachées au cabinet?
M. Ouellette: Sous l'ancien cabinet de M. Léger?
Mme Bacon: Qui étaient de l'ancien cabinet.
M. Ouellette: Actuellement, je crois qu'il ne reste personne qui
était rattaché au cabinet de M. Léger, à
l'époque.
Mme Bacon: Est-ce que ces personnes-là ont de nouvelles
fonctions dans des cabinets ou à d'autres ministères?
M. Ouellette: Je m'excuse, mais, avant de répondre
à la question, je voudrais préciser ma réponse
précédente en ce qui a trait au personnel politique comme tel. En
ce qui regarde le personnel de soutien, certaines personnes sont restées
à mon service alors qu'elles étaient au service de M.
Léger. C'est le cas, par exemple, de Mme Micheline Pagé, qui
faisait partie du personnel de soutien à l'époque de M.
Léger, qui est devenue membre du cabinet, à mes bureaux, à
Montréal.
La question qui m'est posée, c'est à savoir si les gens
qui oeuvraient avec M. Léger ont été
réinsérés dans différents ministères?
À ma connaissance, Mme Pierrette Petit est passée au cabinet de
M. Pierre Marois. M. André Beauchamp est maintenant président du
CCE. M. Desroches est au cabinet de M. Biron. Quant aux autres, je crois qu'ils
sont retournés à l'entreprise privée. M. Steenhaut, qui
était l'attaché de presse de M. Léger, est aux Affaires
culturelles.
Mme Bacon: Au ministère.
M. Ouellette: Au ministère ou au cabinet?
Une voix: Au cabinet. M. Ouellette: Au cabinet.
Mme Bacon: II y a une question qui me vient à l'esprit. Je
pense que le ministre ne sera pas surpris que je la pose. Quel est le nombre de
femmes cadres, de professionnelles, au ministère de l'Environnement, par
rapport au nombre d'hommes?
M. Ouellette: À mon grand découragement, je dois
répondre zéro.
Mme Bacon: Aucune femme n'a un poste de cadre ou est
professionnelle.
M. Ouellette: Aucune femme.
Mme Bacon: Que fait le ministre pour attirer les candidatures
féminines?
M. Ouellette: Je ne dois pas avoir suffisamment de charme.
Des voix: Ah!
M. Ouellette: Ce n'est sûrement pas de la misogynie. C'est
peut-être relié au fait que le type de travail, très
technique, intéresse un peu moins les femmes. Je ne le sais pas.
Mme Bacon: La députée de Chomedey ne peut pas
accepter cela.
Des voix: Ah!
M. Ouellette: Je dis bien, c'est peut-être dû au
fait...
Mme Bacon: C'est une remarque très sexiste.
M. Ouellette: Du tout. Je ne suis pas du tout sexiste, madame.
Mais il se trouve que nous avons déjà eu des femmes à
notre emploi, mais elles nous ont quittés probablement parce que nous
les avons bien formées et que d'autres ministères se sont
laissé tenter par leurs compétences.
Mme Bacon: Je me permettrais quand même de déplorer
qu'il n'y ait pas de présence féminine chez les cadres ou les
professionnels du ministère. Même si le ministère est
à vocation très technique, il y a encore des femmes qui sont
intéressées.
M. Ouellette: Je le déplore également. Mme
Bacon: Je m'inscris en faux...
M. Ouellette: Je dois rappeler, cependant, que le poste de
secrétaire du ministère est détenu par une femme.
Mme Bacon: À qui, d'ailleurs, on donne toujours des postes
de secrétaire.
M. Ouellette: Mais c'est quand même un poste qui est
très important.
Mme Bacon: Oui, je fais la différence. Cela donne bonne
conscience.
M. Ouellette: Je signale que, sur treize concours de promotion,
dans trois d'entre eux, des femmes se sont présentées.
Mme Bacon: Et elles n'ont pas été choisies.
M. Ouellette: II ne semble pas.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me promettre - parce qu'il
a fait des grandes promesses aujourd'hui et vendredi, il va tout régler
- qu'il va accorder une attention bien spéciale?
M. Ouellette: C'est une de mes grandes préoccupations.
Mme Bacon: Cela ne sonne pas très convaincant, mais,
enfin, je vais prendre sa parole. Je vais prendre la parole du ministre.
M. Ouellette: Pourrais-je, à ma décharge, ajouter
l'information suivante? Il n'y a pas eu de changement de cadres depuis mon
arrivée. S'il y en avait eu, peut-être aurais-je à
être gêné, mais ce n'est pas le cas. Éventuellement,
je suis tout à fait d'accord pour que des femmes entrent au
ministère de l'Environnement.
Mme Bacon: On pourra juger le ministre à ses prochains
gestes.
M. Ouellette: Bon.
Mme Bacon: Je vais revenir sur d'autres dossiers. On a
abordé le programme de l'aménagement des lacs, mais j'aimerais
revenir à la régionalisation. Deux grandes associations
environnementales s'opposent fortement à la politique de
régionalisation: la FAPEL, on en a parlé tantôt, et
l'Association des inspecteurs municipaux de l'environnement. Je pense qu'il
faut quand même tenir compte sérieusement des craintes de ces
associations. Elles craignent de voir une dispersion des ressources,
l'expertise nécessaire à travers le Québec. Elles
favoriseraient, évidemment, une activité en région, mais
reliée à la direction régionale.
Je pense que ce qu'elles craignent le plus, et peut-être avec
raison, c'est la
destruction de leurs programmes. Elles ont mis des programmes sur pied -
c'est peut-être une répétition de ce que j'ai dit tout
à l'heure, mais je veux mettre davantage l'accent là-dessus; ce
sont des craintes qui sont peut-être fondées, je ne le sais pas,
mais elles sont raisonnables - depuis un bon nombre d'années:
l'aménagement des lacs, l'installation des fosses septiques le plus
efficacement possible pour ne pas détruire l'environnement.
On sait qu'à l'intérieur du ministère il y a deux
sous-ministres adjoints qui sont intéressés à la
régionalisation, mais ils faisaient face à une opposition de
l'ancien ministre de l'Environnement. On a mentionné dans certains
journaux - on mentionne des noms - qu'on visait, à travers cette
politique de régionalisation, les travaux qui avaient été
effectués par M. Le Sauteur, par exemple. Le budget du programme des
lacs, évidemment, sera à nouveau diminué cette
année. On aimerait que le ministre fasse la lumière sur cela. Le
ministre doit être conscient que beaucoup de choses ont circulé
à ce sujet, vraies ou fausses, beaucoup de craintes ont
été manifestées. Le ministre peut-il nous dire ses
intentions quant à l'avenir du programme et du rôle des
inspecteurs municipaux, par exemple? J'aimerais davantage qu'il fasse la
lumière sur toute cette possibilité de
régionalisation.
M. Ouellette: Globalement, je n'ai pas caché mon
préjugé favorable à la régionalisation au
ministère. Il faut mentionner que plusieurs services ont
déjà été régionalisés au moment
même de la mise en place du ministère. À la lumière
de l'expérience que nous avons et qui est vérifiable, cette
régionalisation a porté des fruits. J'ai eu l'occasion de visiter
chacune des dix régions administratives du ministère et j'ai
trouvé sur place des équipes qui m'ont plu pour leur
caractère de polyvalence. Plutôt que d'avoir des gens hautement
spécialisés dans un secteur, qui ne parlaient pas à leur
voisin de bureau, par exemple, parce que le voisin était
spécialisé dans un autre domaine, j'ai trouvé là
des équipes de travail extraordinaires qui ont effectué du
travail remarquable.
Donc, je n'ai rien contre la régionalisation, au contraire,
puisqu'elle permet de rapprocher les services de la population. Mais ceci ne
signifie pas que, parce que la régionalisation est un
élément important, et même très important, il faille
nécessairement tout régionaliser. Dans la mesure où des
programmes existants fonctionnent au niveau central et qu'ils fonctionnent
bien, je ne vois pas pourquoi nous prendrions le risque d'amoindrir leur
portée pour le simple plaisir de régionaliser.
Vous me parlez non seulement du programme des lacs, mais de la direction
générale qui s'en occupe. Dans la mesure où ce service
donne satisfaction dans sa structure actuelle, je n'ai pas l'intention de le
modifier, du moins, à court terme.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire ses intentions
quant au rôle des inspecteurs municipaux, par exemple?
M. Ouellette: J'ai rencontré le président de
l'association samedi soir, dans l'île de Laval, tout près de chez
vous, d'ailleurs, et nous avons eu une discussion à ce sujet. On sait
que l'Association des inspecteurs municipaux souhaiterait obtenir des
subventions, par exemple, du ministère de l'Environnement pour lui
permettre de se doter d'un secrétariat, etc. Dans la discussion que j'ai
eue avec le président, je lui ai fait valoir qu'il faudrait qu'on se
rencontre et qu'on discute de l'ensemble de la problématique. À
première vue, cette demande me paraît à caractère
corporatiste. Je lui disais: Par exemple, si vous me démontrez que
chacun des inspecteurs municipaux - j'exagère - reçoit un revenu
de 100 000 $, je ne vois pas pourquoi le ministère de l'Environnement
subventionnerait les membres pour se doter d'une association professionnelle.
(17 heures)
Je sais que ce n'est pas le cas. Je sais également que ces
inspecteurs municipaux n'ont pas qu'un rôle environnemental à
jouer dans leur municipalité. Ils ont aussi un rôle municipal
puisque ce sont des employés municipaux. Il leur arrive de travailler
à l'application de règlements touchant le ministère de
l'Agriculture. Déjà là, on a trois ministères qui
peuvent être impliqués. J'ai ici le Code national du
bâtiment. Il y a plusieurs ministères qui y sont impliqués.
J'ai donc proposé au président qu'on fasse une première
rencontre afin de clarifier le rôle des inspecteurs, de voir le revenu de
ces gens et de faire en sorte qu'il y ait une concertation
interministérielle pour répondre à leurs demandes. Je n'ai
aucune objection à ce qu'on les aide puisque ce sont des hommes et des
femmes qui sont devenus importants en termes d'application de lois et
règlements dans les municipalités québécoises. Mais
avant de faire quelque geste que ce soit, je veux avoir une évaluation
très précise de leur rôle de même que celui des
ministères qui sont appelés à utiliser leurs services via
les municipalités.
Mme Bacon: Si le ministre s'apercevait que sa
régionalisation, par exemple - il nous dit qu'il a un
préjugé favorable - se faisait au détriment des lacs,
à la vocation qu'on donne à la FAPEL, la protection des lacs,
est-ce qu'il s'engage à reconsidérer son préjugé
favorable, à ce moment-là?
M. Ouellette: Le préjugé favorable que j'exprime
est très global, il s'applique à ce qui est déjà
régionalisé. Il me semble que dans chacun des secteurs, ça
va très bien.
Mme Bacon: ...ça continuerait quand même.
M. Ouellette: Pas nécessairement. Il y a peut-être
une autre voie à explorer qui, de toute façon, est
déjà en exploration. C'est-à-dire qu'il peut y avoir un
service central qui se réalise en collaboration étroite avec les
régions, sans pour autant devoir régionaliser le service comme
tel. En ce qui regarde le programme des lacs et le service qui l'administre, il
y a déjà une bonne collaboration qu'on entend développer.
Dans la mesure où ça fonctionne, je n'ai aucune objection
à laisser ça comme ça. Ce qui m'intéresse, c'est
que le service, qu'il soit central ou régional, réponde
adéquatement aux besoins des gens en région. Il n'est pas
nécessaire de régionaliser, dans certains cas. Cela reste
à évaluer. On va pousser sur la collaboration entre le service
central et les régions, et peut-être qu'on pourra s'arrêter
là dans nos démarches.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut connaître l'effectif par
région, par exemple, et les montants qu'on alloue?
M. Ouellette: Je crois que ces informations ont
déjà été fournies à l'Opposition.
Mme Bacon: C'est ça que je me demande. En posant la
question, ça m'est revenu. Je pense que oui.
M. Ouellette; II y a la liste par région, le personnel,
l'affectation et les salaires.
Mme Bacon: D'accord, j'y reviendrai, merci. Est-ce que le
ministre de l'Environnement a consulté d'autres firmes, des firmes en
dehors du ministère au cours de l'année, et à quel
coût? Est-ce qu'il a cette liste de firmes qu'il a consultées?
M. Ouellette: Plusieurs firmes ont été
consultées par le ministère. Maintenant, je n'ai pas la liste
ici, on pourra vous la fournir.
Mme Bacon: D'accord.
M. Ouellette: Vous ouvrez peut-être la porte à un
supplément de réponse à des questions qui ont
été posées ce matin en rapport, notamment, avec des
études de rentabilité et les solutions aux inondations dans la
ville de Richmond. J'ai ici le document qui nous a été fourni par
la firme PLURAM Inc., en mars 1983, qui évalue le
coût-bénéfice de chacune des solutions. Nous disposons
déjà de ce document.
Une autre question portait sur la Direction des réserves
écologiques et des sites naturels en rapport avec le projet du
boisé Papineau. La Direction des réserves écologiques et
des sites naturels a produit un rapport en 1982, je l'ai en main, de même
que la municipalité de Laval.
Pour répondre à la dernière question, à
savoir la liste des firmes qui auraient été consultées par
le ministère au cours de l'année, vous avez déjà,
dans les informations qu'on vous a transmises à l'annexe 7, la liste des
contrats inférieurs à 25 000 $.
Mme Bacon: Cela fait partie de cela. M. Ouellette: Cela
fait partie de cela.
Mme Bacon: Y en a-t-il au-delà de 25 000 $?
M. Ouellette: II y en a sûrement. On verra à
compléter la liste.
Mme Bacon: D'accord. L'ancien ministre de l'Environnement avait
fait une tournée dans le Québec à l'occasion du mois de
l'environnement. Évidemment, il avait surtout utilisé cette
tournée comme tremplin vers Ottawa. Le ministre peut-il nous dire
combien a coûté cette tournée aux contribuables?
M. Ouellette: Je n'ai pas le renseignement.
Mme Bacon: Peut-on avoir ce renseignement?
M. Ouellette: Voulez-vous avoir le coût du transport
aérien, routier, des repas, etc.?
Mme Bacon: Je n'irai pas jusqu'à son voyage à
Atlantic City, mais c'est surtout au cours du mois de l'environnement.
M. Ouellette: J'espère que vous n'insinuez pas que ce
voyage à Atlantic City, s'il a été fait à
l'extérieur de ses fonctions, a été couvert par...
Mme Bacon: J'aimerais connaître le coût de la
limousine.
M. Ouellette: Ah bon!
Mme Bacon: Je ne voudrais pas que le ministre...
M. Ouellette: Je ne sais pas.
Mme Bacon: J'aimerais connaître aussi le coût total
de la publicité en 1982 pour le mois de l'environnement, et combien,
cette
année, vous avez l'intention de dépenser pour le mois de
l'environnement en publicité.
M. Ouellette: Je sais que nous allons dépenser 40 000 $
à l'intérieur de subventions qu'on va remettre aux organismes qui
organisent les activités pour le mois de l'environnement. En ce qui a
trait à la publicité comme telle, je n'ai pas le chiffre en main,
mais c'est un montant très faible, puisqu'on utilise au maximum les
médias régionaux: radio, télévision et journaux.
C'est un montant très faible, on vous le fournira.
Mme Bacon: D'accord. Peut-être que le ministre ne peut pas
me fournir ces renseignements, mais j'aimerais quand même lui poser des
questions aujourd'hui pour qu'il puisse les trouver dans sa documentation.
J'aimerais connaître le nombre de tournées ministérielles
qui ont été effectuées en 1982-1983 et le nombre de fois
que le ministre ou un de ses fonctionnaires a utilisé l'avion
gouvernemental, le coût que ces tournées représentent pour
le contribuable.
M. Ouellette: En ce qui a trait au transport par avion
gouvernemental, un document doit être remis annuellement, sur l'ensemble
de l'utilisation du transport, par le ministère des Transports comme
tel.
Mme Bacon: Est-ce facturé au ministère de
l'Environnement quand cela touche le ministre de l'Environnement, quand c'est
lui qui est concerné?
M. Ouellette: Non, lorsqu'il s'agit de transport à
l'intérieur des frontières, nous utilisons le service qui est mis
à notre disposition par le ministère des Transports sur demande.
Il y a des critères qui font en sorte que, par exemple, pour nous
déplacer de Québec vers Montréal, il faut être au
minimum quatre passagers. En ce qui a trait au reste de la province, il nous
est possible d'être moins de personnes que cela, puisqu'il n'existe pas
de compagnie de transport privée qui assure ce service.
Pour réponse à la question précédente,
à savoir le montant d'argent affecté à la
publicité, on me signale ici que c'est 4600 $.
Mme Bacon: Pour cette année?
M. Ouellette: Pour l'an passé. Ce n'est sûrement pas
supérieur, tout cela dans le cadre du mois de l'environnement,
évidemment.
Mme Bacon: Peut-on avoir aussi le coût total de la
publicité faite dans les journaux et la télévision pour
l'année 1982-1983?
M. Ouellette: Vous avez eu ce renseignement...
Mme Bacon: Cela fait partie aussi des moins de 25 000 $?
M. Ouellette: Non, c'est dans une note explicative liée
aux dépenses de publicité qui doit faire partie de la liste des
documents qu'on vous a remise, sinon on va vous la remettre.
Mme Bacon: D'accord, je vais vérifier. Les montants
accordés aux membres du conseil consultatif sont différents.
C'est parce qu'il y a des gens qui habitent plus loin que d'autres, je suppose.
Où ont lieu les réunions? À Québec?
M. Ouellette: Les réunions ont lieu
généralement... Enfin, le président est là. Il
pourrait peut-être nous éclairer davantage. On me signale que les
réunions sont réparties moitié à Québec et
moitié à Montréal.
Mme Bacon: Les montants sont-ils différents suivant
l'endroit où habitent les membres?
M. Ouellette: Chaque membre reçoit 150 $ par
réunion, que ce soit à Québec ou à Montréal,
plus les frais de transport. C'est là qu'il peut y avoir une
différence.
Mme Bacon: Oui, les frais de transport. C'est peut-être
cela qui fait que les montants ne sont pas les mêmes. Il y avait un
montant de 600 $ pour la création d'un slogan pour le mois de
l'environnement. A-ton procédé par concours pour trouver un
slogan ou si on a donné un contrat comme cela à quelqu'un?
M. Ouellette: C'est un contrat qu'on a donné à une
firme de publicité.
Mme Bacon: Un contrat. On n'a pas fait de concours pour trouver
un slogan.
M. Ouellette: Pas cette année.
Mme Bacon: Je sais que mes collègues ont d'autres
questions générales sur différents programmes. Je
reviendrai peut-être pour une ou deux questions.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, au programme des lacs et des cours
d'eau, sur la question de la régionalisation, je reviens
là-dessus, parce que si je me reporte à ce que vous avez dit
avant, l'idée était que pour trouver des fonds, transférer
les subventions des lacs, il y a le programme d'assainissement des eaux. Si
nous revenons à la logique des choses, je dois dire, M. le ministre, que
je suis un peu cynique, j'ai
beaucoup travaillé avec la FAPEL et, quand elle est
tracassée, quand les inspecteurs municipaux sont tracassés, il y
a sûrement une raison; ce n'est quand même pas pour rien. Quand
vous voyez que le programme de subvention des lacs viendra à travers
l'assainissement des eaux, est-ce que ce n'est pas dire, par le même
biais, qu'éventuellement le programme des lacs sera
régionalisé? Le programme des lacs à travers
l'assainissement des eaux, est-ce que cela restera un programme
intégral, un programme indépendant?
M. Ouellette: Je ne comprends pas qu'en associant d'une
façon qui n'est pas encore déterminée - qui le sera
après discussion avec la FAPEL et avec la direction
générale - le programme d'assainissement des eaux à celui
des lacs, vous puissiez penser automatiquement à une
régionalisation, puisque le programme d'assainissement des eaux
lui-même n'est pas régionalisé.
M. Lincoln: II me semble que le programme des lacs et cours d'eau
est un programme qui se tient par lui-même, sous une direction
très autonome jusqu'à présent, sous l'autorité de
M. Le Sauteur. C'est un programme qui s'est réalisé par des
associations bénévoles, comme la FAPEL et l'Association des
inspecteurs municipaux qui ont été très impliquées
dans ce programme. Maintenant, nous voyons graduellement que les subventions de
ce programme sont coupées d'une façon substantielle deux
années de suite. En même temps, on voit que le programme de
régionalisation s'accélère. Le cours de formation des
inspecteurs municipaux était sous le programme des lacs et des cours
d'eau. On voit qu'ils s'impliquent graduellement pour refuser que soient
changés ces programmes qui durent depuis 15 ans. En même temps, on
voit, comme dans une espèce de seconde étape, qu'il y a une
possibililté que le programme des lacs et des cours d'eau agisse
à travers le grand programme d'assainissement des eaux. Est-ce que vous
ne pensez pas que la conclusion tout à fait logique, c'est de dire qu'on
va vers une espèce de bureaucratisation, ou de régionalisation,
appelez cela comme vous voudrez? Mais il y aura certainement un
désintéressement des citoyens dans toute cette affaire. Ils se
sentiront bureaucratisés, ils se sentiront beaucoup plus dans un
appareil ministériel immense, si c'est à travers le programme
d'assainissement des eaux. Est-ce que vous pouvez nous dire que le programme
des lacs et des cours d'eau restera autonome comme il l'est maintenant, qu'il
restera un programme des citoyens? Pourquoi est-ce qu'on ne laisse pas les
inspecteurs municipaux garder leur cours de formation sous le programme des
lacs et des cours d'eau?
M. Ouellette: Je pense qu'on parle de deux choses
différentes. On parle des inspecteurs municipaux et on parle du
programme des lacs. Le tout se retrouve, bien sûr, dans la structure
autonome dont vous parlez, qui est bien montée, qui a produit ses
effets. À cet égard, j'abonde tout à fait dans le sens des
propos du député de Nelligan. Mais jamais, je n'ai laissé
entendre de façon précise que j'avais l'intention de
régionaliser le programme des lacs, non plus que de régionaliser
le service. Enfin, peut-être qu'il se fait de la formation d'inspecteurs
municipaux actuellement en région, mais le programme comme tel, la
structure ministérielle comme telle, n'a jamais été
régionalisée. Le fait de penser à établir un pont
entre le programme d'assainissement des eaux et celui des lacs ne constitue pas
une menace de régionalisation puisque le programme d'assainissement des
eaux n'est pas régionalisé.
Ce que je cherche, c'est de trouver, en accord avec la FAPEL, en accord
avec le ministère, des normes plus objectives qui me permettraient de
persuader le gouvernement d'affecter plus d'argent à l'assainissement
des lacs puisque cela se dirige exactement dans la même optique que
l'assainissement des eaux municipales. Je l'ai dit, d'ailleurs, samedi soir
dernier: Je suis un peu étonné qu'on ait tant d'argent pour
assainir les eaux des rivières et si peu pour celles des lacs. Je
voudrais donc qu'on puisse, sans les lier, sans les "penturer" pour prendre une
expression populaire, avoir les arguments qui nous permettraient d'obtenir des
montants additionnels substantiels dans le programme des lacs puisqu'il vise,
à toutes fins utiles, les mêmes buts, que ce soit les
rivières ou les lacs. (17 h 15)
M. Lincoln: J'ai une dernière question. Je n'ai pas envie
de revenir là-dessus, mais est-ce que vous pourriez nous donner
l'assurance que le programme des lacs et des cours d'eau va rester autonome aux
fins du genre de subventions que vous offrez. Est-ce que cela va rester
autonome, sous sa propre direction, impliquant les bénévoles,
etc., comme c'est maintenant le cas? Peut-être que le système de
subventions va être différent, mais est-ce que le principe
même du programme autonome des lacs et des cours d'eau, de la FAPEL et de
ses associations, va demeurer?
M. Ouellette: Si je vous disais oui, vous seriez parfaitement
rassuré. Si je vous disais non, vous seriez parfaitement
déconfit.
M. Lincoln: Oui.
M. Ouellette: Ai-je le droit de vous dire "noui", oui ou non ou
peut-être? Je pense que je ne peux me prononcer de façon aussi
catégorique dans un sens comme dans l'autre à ce stade-ci. Je
vous vois hocher la tête; je ne veux pas vous inquiéter, mais je
pense que je ne peux être aussi affirmatif aujourd'hui puisque j'entends
avoir des discussions avec, notamment, la FAPEL pour voir un certain nombre de
choses. Mais je vous dis qu'il n'est pas dans mes intentions actuellement,
avant ces discussions, de régionaliser ou de démolir la structure
qui s'occupe de ce programme actuellement.
Si, à la lumière des discussions, on tombait d'accord sur
une modification, je suis ouvert à cela. Je n'ai pas, actuellement,
d'idée préconçue bien arrêtée allant dans un
sens ou dans l'autre et, n'ayant pas d'idée très précise,
je préfère dire que la structure qui est là va y demeurer
à moins d'avis contraire ou à moins d'opinion contraire à
la suite de nos échanges.
Le Président (M. Champagne): Le député de
Chapleau et, ensuite, le député de Viau.
M. Kehoe: M. le ministre, juste une question spécifique
sur un problème régional qu'on vit dans l'Outaouais. Depuis la
fermeture du dépotoir municipal de la ville de Gatineau, on est pris
avec un problème assez sérieux dont vous êtes sans doute au
courant: l'enfouissement sanitaire dans la région. Depuis près de
deux ans votre ministère et le ministère de l'Agriculture
cherchent un site à l'est de la rivière Gatineau pour un
dépotoir régional. Récemment, la Commission de protection
du territoire agricole a rendu un jugement à savoir qu'elle nous
remettait dans la même position où on était il y a deux
ans. Aussi, dans les médias locaux, on a lu récemment que vous
avez fait une déclaration disant que vous donnez, je pense, un
délai d'un mois à la CRO pour trouver un endroit pour le
dépotoir régional.
Il est bien évident qu'il y a une dispute engagée ou un
conflit entre les lois du ministère de l'Environnement et celles du
ministère de l'Agriculture. On ne sait pas ou en est rendue l'affaire,
à toutes fins utiles, dans notre région. Par contre, la
répercussion sérieuse de cette situation fait en sorte que cela
coûte environ 500 000 $ par année à la ville de Gatineau
pour transporter ses déchets dans la ville d'Aylmer et, par ricochet, la
vie du dépotoir situé dans le comté de mon
collègue, ici à côté, va être beaucoup moins
longue. Tout cela pour dire qu'on est rendu avec un problème
sérieux dans notre région et cela inquiète le monde
municipal, le monde de la Communauté régionale de l'Outaouais.
Qu'est-ce que votre ministère a fait ou va faire dans les jours, les
mois qui suivent, pour régler ce problème?
M. Ouellette: M. le Président, je suis très au
courant de ce dossier pénible, parce qu'il faut le qualifier ainsi. Je
me suis même rendu sur les lieux pour voir comment se comportait ce
dossier et j'ai été à même de constater que la
division régionale du ministère de l'Environnement de la
région de Hull a mis énormément d'efforts pour trouver un
site. Des discussions s'ensuivirent et, finalement, un seul site a
été retenu. Le problème relié à ce site est
qu'il se retrouve dans la zone verte, donc dans la zone sous le coup du zonage
agricole et que la Commission de protection du territoire agricole n'a pas
accepté de le dézoner.
Le travail que le ministère de l'Environnement a fait
là-dedans est énorme. Nous nous heurtons à une commission
dont le rôle est précisément de protéger le
territoire agricole et, aux dernières informations que j'ai eues, la
Commission de protection du territoire agricole demanderait au ministère
de l'Environnement et aux municipalités concernées de lui faire
la preuve qu'il ne peut y avoir d'autres sites ailleurs que dans la zone verte.
Les informations que j'ai reçues de la région sont qu'il n'y a
pas d'autre site, mais on n'est quand même pas pour faire des
études hydrogéologiques dans l'ensemble du territoire pour
démontrer à la Commission de protection du territoire agricole
qu'il n'y a que là qu'on peut réaliser ce site
d'enfouissement.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chapleau, vous avez une autre question?
M. Kehoe: On n'a pas de réponse encore. On connaît
le problème; c'est la solution qu'on veut connaître.
M. Ouellette: C'est cela, je n'ai pas terminé. Sauf qu'on
est devant la décision de la commission. Que peut-on faire? Il y a au
moins deux moyens qui se livrent à nous. Le premier consiste à
négocier, à discuter avec les fonctionnaires de la commission
pour leur démontrer que, même si nous avons l'intention de
l'implanter dans la zone verte, il n'y a pas de site plus approprié pour
répondre aux besoins de la région. C'est ce que nous faisons
actuellement. Nous tentons de démontrer à la Commission de
protection du territoire agricole que le site en question doit être celui
retenu pour les fins d'un site d'enfouissement sanitaire.
L'autre formule, qui est beaucoup plus osée, consisterait
à s'adresser directement au Conseil des ministres et à lui
demander de renverser la décision de la Commission de protection du
territoire agricole. C'est un peu ce que le journal me mettait dans la
bouche. Je n'ai jamais dit que nous avions pris la décision de
nous adresser au Conseil des ministres pour faire renverser la décision
de la Commission de protection du territoire agricole. On ne laissera quand
même pas ce dossier s'éterniser puisque j'ai parlé d'un
délai maximal de deux mois; à la suite de quoi, nous
évaluerons la situation. Entretemps, j'ai demandé à mon
sous-ministre de faire toutes les démarches qui s'imposent auprès
de la CPTA pour qu'on en vienne à un accord sur le blanchiment de ce
terrain pour qu'on puisse l'utiliser et résoudre le problème.
M. Kehoe: Est-ce qu'il y a effectivement des discussions en cours
actuellement avec le ministère de l'Agriculture? D'ailleurs, c'est de
là que résulte le problème, des lois de votre
ministère et de celles de l'Agriculture, si vous voulez parler de la
Commission de protection du territoire agricole. Enfin, c'est là que se
situe le conflit. Je ne sais pas si les deux ministères ne s'entendent
pas pour régler le problème ou s'il y a actuellement des
discussions entre les deux ministères.
M. Ouellette: Deux opérations se font parallèlement
actuellement. La première, c'est justement des discussions avec les
fonctionnaires de la Commission de protection du territoire agricole.
M. Kehoe: Le ministère de l'Agriculture,
nécessairement.
M. Ouellette: Forcément, oui, cela rejoint le
ministère de l'Agriculture. En région, en collaboration avec la
CRO, nous sommes à regarder deux sites qui, semble-t-il, pourraient
être potentiellement bons. J'ai bon espoir que d'ici deux mois nous
aurons réglé dans un sens ou dans l'autre, mais que nous aurons
vraiment trouvé un site d'enfouissement sanitaire pour réduire
les dépenses auxquelles vous faisiez allusion tout à l'heure.
Je pense que, par sa question, le député m'a fait errer un
peu dans ma réponse, en ce sens qu'il faut nettement distinguer la
Commission de protection du territoire agricole et le ministère de
l'Agriculture. Ce sont deux entités très autonomes.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Viau.
La carrière Miron
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir au
problème de la carrière Miron. Je dois féliciter le
ministre, puisque, lorsque je lui posais la question vendredi dernier, il nous
promettait de se rendre sur les lieux. J'ai appris qu'il s'est rendu tout
près de la carrière vendredi soir, mais je ne pense pas qu'il ait
eu la chance de la visiter.
Je ne reprendrai pas la question du permis d'enfouissement. J'avais
abordé un peu cette question vendredi dernier; cela concerne le
certificat d'autorisation pour l'exploitation de la carrière. J'aimerais
savoir du ministre si le parc Miron, dont je parlais l'autre jour, faisait ou
fait partie de l'aire d'exploitation de la carrière.
M. Ouellette: Si vous me le permettez, je passerai la parole au
directeur du contentieux puisqu'il s'agit d'un dossier très
délicat. Mais, avant de le faire, j'aimerais rappeler ce que j'ai fait
vendredi. Rempli des questions qui m'avaient été posées la
veille à l'Assemblée nationale et des discussions que nous avions
eues en commission parlementaire sur l'étude des crédits, je me
suis rendu à Montréal, à la direction régionale,
pour avoir les derniers détails concernant la carrière Miron. Par
la suite, je me suis rendu à nouveau dans le comté de Viau pour
rencontrer quatre personnes, membres du comité de citoyens de ville de
Saint-Michel. J'ai même... Pardon?
M. Cusano: La sauvegarde.
M. Ouellette: La sauvegarde. Et nous avons eu ensemble des
discussions. Il est ressorti de ces discussions une donnée
intéressante, à savoir que, lorsqu'on me posait certaines
questions, j'étais forcé de répondre: Écoutez, si
cette juridiction est de la ville de Montréal ou de la Communauté
urbaine de Montréal, celle-là est du gouvernement,
c'est-à-dire du ministère de l'Environnement. Ceci a eu pour
effet, entre autres, d'exaspérer un des membres qui s'exclama:
Allez-vous cesser de vous renvoyer la balle? C'est un réflexe que je
comprends très bien et je partageais, d'ailleurs, la réaction de
mon interlocuteur.
Ces quatre personnes m'ont fait une suggestion: qu'il y ait une
rencontre entre la Communauté urbaine de Montréal, la ville de
Montréal, le ministère de l'Environnement et des
représentants du comité pour qu'on établisse clairement
les juridictions. J'ai donné mon accord de principe, à savoir que
je suis très intéressé qu'une discussion ait lieu pour
qu'on détermine véritablement les champs de juridiction et les
responsabilités de la ville, de la communauté et du
ministère de l'Environnement. Je pense que, lorsqu'on aura
clarifié cela, on pourra se parler en connaissance de cause.
De plus, j'ai répété l'invitation que je vous avais
faite, d'ailleurs, en commission parlementaire, à savoir que j'allais me
rendre sur les lieux avec vous pour constater de visu ce qui s'y passe. Ce que
j'ai appris, par
contre, à la direction régionale de Montréal,
c'est, qu'effectivement tous les problèmes ne sont pas encore
réglés, qu'il y en a qui sont rattachés, par exemple,
à la présence du méthane et à sa méthode de
cueillette. On m'a fait aussi le résumé de la situation en ce qui
regarde les eaux de lixiviation et on m'a assuré que, de ce
côté-là, les installations étaient en place, que les
eaux étaient recueillies et qu'elles étaient traitées;
mais on ne m'a pas caché qu'il y avait encore des problèmes de
gestion de cette carrière et de ce site d'enfouissement. Comme je vous
l'ai dit, au mois de mai, je suis intéressé, sans préciser
la date, à me rendre sur les lieux avec vous et même à
assister éventuellement à une rencontre qui regrouperait la
ville, la communauté et le ministère de l'Environnement, pour
préciser les juridictions et voir ce qu'on peut faire ensemble avec les
citoyens pour résoudre ce problème, je ne dirais pas une fois
pour toutes, parce que c'est le genre d'opération qui va toujours
susciter des problèmes à l'occasion.
Il faudra évaluer, par exemple, pourquoi la ville de
Montréal, à certaines périodes de l'année, utilise
ce site d'enfouissement plutôt que d'utiliser son incinérateur et
si le fait de procéder de cette façon ne vient pas aggraver la
situation. En somme, je pense que cela vaut la peine qu'on se réunisse
et qu'on regarde l'ensemble de la problématique. Entre-temps, je
demanderais à Me Jean Piette, si vous me le permettez, de
répondre à la question relative au parc qui est adjacent à
la carrière.
En ce qui concerne la carrière elle-même, il s'agit d'une
carrière qui est en exploitation depuis de nombreuses années,
soit avant l'entrée en vigueur de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Elle possède donc des droits acquis à son
exploitation. Le ministère n'a jamais été appelé
à délivrer de certificat d'autorisation pour son implantation,
puisque les certificats d'autorisation ne sont requis que pour les nouvelles
carrières établies après l'entrée en vigueur de la
loi, c'est-à-dire le 21 décembre 1972.
En ce qui concerne le cas particulier du parc Miron, comme je l'ai
expliqué la semaine dernière, le problème vient du fait
qu'une réglementation a été adoptée au mois
d'août 1977, qui limite les possibilités d'expansion d'une
carrière existante sur un lot qui ne lui appartenait pas à la
date d'entrée en vigueur du règlement. Or, cette date
d'entrée en vigueur, comme je l'ai signalé, c'est au mois
d'août 1977. Le litige dans lequel nous avons été
impliqué est le suivant: est-ce que la compagnie était
propriétaire de ce parc au mois d'août 1977, alors que la ville de
Montréal avait déjà déposé un avis
d'expropriation au bureau d'enregistrement de Montréal, par lequel elle
signifiait son intention d'exproprier ce terrain pour en faire un parc? Or,
à cette époque, la loi prévoyait que le simple
dépôt d'un avis d'expropriation entraînait le transfert de
la propriété à l'expropriant. Donc, normalement, la ville
de Montréal était déjà propriétaire de ce
terrain en 1977. Ceci aurait vraisemblablement pour effet de limiter la
possibilité pour Miron de s'agrandir dans le parc Miron.
Le problème se posait à peu près dans ces
termes-là, quand nous en avons été saisi il y a une couple
d'années. Cependant, nous n'en avons pas entendu parler récemment
et l'intervention que vous avez faite était la première nouvelle
que nous avions à ce sujet depuis de nombreux mois, voire
peut-être un an ou deux. (17 h 30)
M. Cusano: Je voudrais une explication. Vous dites: Le permis
d'exploitation avait été donné à Miron avant que la
loi soit adoptée. Je suis d'accord sur cela. Les règlements que
vous avez sur l'agrandissement de l'exploitation ne s'appliquent pas. Est-ce
que c'est cela que vous avez dit? Vous ai-je bien compris?
M. Ouellette: Le litige se situe, justement, là-dessus,
dans quelle mesure la compagnie Miron Illimitée peut-elle avoir la
possibilité de s'agrandir sur une aire qu'elle n'exploitait pas au mois
d'août 1977? Le litige porte là-dessus.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Mme Bacon: On va laisser le ministre se reposer. Avant de
terminer, j'aimerais insister - je pense que le ministre est
préoccupé par tous les problèmes de la protection de
l'environnement - auprès de lui pour qu'il reste à
l'écoute de la population. Je pense que, pour le ministre, c'est
primordial d'écouter ce que la population a à dire, que ce soit
sur la protection des lacs, au sujet des déchets toxiques, des
déchets nucléaires ou sur bien d'autres domaines. Je pense que
rien de réaliste ne pourra être fait si le ministre n'est pas
à l'écoute de la population. Je reviens encore avec la population
de Laval. Je vais être un peu chauvine là-dessus, mais il sait que
l'écluse est quelque chose de primordial pour la population de Laval,
alors j'aimerais qu'il ne l'oublie pas au cours de ses travaux. Je pense aussi
à la consultation. C'est très important de prendre garde à
ce que la population a à dire au moment de certaines consultations.
Je lui souhaite surtout de soulever beaucoup d'intérêt
auprès de ses collègues non seulement du Conseil des ministres,
mais du caucus. Quant au Conseil des ministres, j'ai envie de lui souhaiter
beaucoup de
courage dans les luttes qu'il a à entreprendre auprès des
autres ministres et des différents ministères. Cela
m'amène à dire que seules une politique globale de
l'environnement et une volonté politique feraient en sorte qu'on pourra
arriver à régler un bon nombre de problèmes. Je voudrais
reprendre mes remarques du début et lui souhaiter qu'on fasse du
ministre de l'Environnement un ministre d'État qui aurait droit de
regard sur l'ensemble des dossiers qui touchent la protection de
l'environnement et la qualité de la vie des citoyens.
J'aimerais remercier les fonctionnaires qui ont eu la patience de nous
écouter et de fournir à leur ministre différentes
informations, même si je pense qu'il se débrouillait très
bien lui-même. Mais ils ont quand même été là
pendant les nombreuses heures qu'on a passées ici à parler
d'environnement. Je pense que c'est non seulement un problème, mais,
tout en étant réaliste, un cri d'alarme - on n'a qu'à
penser aux pluies acides - auprès du ministre et du ministère
pour dire que, en ce moment, nous empruntons la terre qui appartiendra aux
enfants de demain; si nous sommes à prendre possession de cette terre,
il faudra qu'elle soit bien préparée pour l'avenir.
Avec plaisir, j'ai remarqué que le ministre est très
conscient des problèmes de l'environnement et qu'il est aussi
très conscient de certaines priorités à accorder aux
différents programmes de son ministère.
On n'a pas adopté le programme 4, M. le Président, mais on
l'adopte avec plaisir, de même que l'ensemble des programmes du
ministère de l'Environnement.
M. Ouellette: M. le Président, je veux aussi, en cette fin
d'étude de crédits, remercier ma collègue, Mme la
députée de Chomedey, et les membres de la commission, du
côté de l'Opposition de même que du côté du
gouvernement.
Je voudrais rassurer Mme la députée en ce qui a trait
à l'écoute de la population. Ce qui m'a amené en
politique, finalement, c'est peut-être ce plaisir que j'éprouve
à écouter les gens me raconter leurs problèmes, m'en faire
la description et je veux essayer de me sentir utile en apportant des
solutions, dans la mesure du possible, à chacun de leurs
problèmes. D'ailleurs, la structure même du ministère de
l'Environnement, telle que mise en place en 1978, est calquée sur ce
désir d'écoute de la population. Si on pense aux
différents organismes tels que le Conseil consultatif de
l'environnement, le Bureau d'audiences publiques, le Conseil consultatif des
réserves écologiques, ce sont autant d'instruments
d'écoute et de consultation de la population qui visent, justement,
à éclairer le ministre dans les décisions parfois
très graves qu'il a à prendre.
Vous l'avez souligné, je suis entouré de sous-ministres,
de sous-ministres adjoints, de hauts fonctionnaires, de directeurs du
contentieux qui sont autant de personnes qui sont aussi soucieuses que moi de
faire en sorte que le travail du ministère soit efficace et qu'il aille
dans le sens de la protection de cette terre qu'on a empruntée à
nos enfants, qu'on ne leur cédera pas en héritage, mais qui est
déjà la leur et qu'on emprunte le temps d'une vie. Mes soucis
pour l'environnement croissent de jour en jour.
On donnait tout à l'heure l'exemple des citoyens bien
impliqués dans la FAPEL et de leur désir d'améliorer leurs
lacs. Il faudrait peut-être que la FAPEL donne un coup de pouce
sérieux au ministère en faisant en sorte que les efforts qu'elle
mène, que ses membres mènent auprès du ministère
pour obtenir des crédits qui leur permettraient de corriger leurs lacs,
que ces efforts, dis-je, portent également sur l'ensemble de la
population du Québec, puisque ces gens viennent souvent de plusieurs
municipalités et qu'ils pourraient avoir une influence importante sur
les décisions municipales quant à l'assainissement des eaux.
Je crois que l'environnement avancera dans la mesure où les
citoyens seront soucieux de faire avancer la cause environnementale. Je pense
qu'il s'est fait des pas de géant au Québec. Je vois comme une de
mes missions de faire en sorte que cette ardeur qui se développe
continue à se développer, mais soit canalisée dans le sens
du désir de la collectivité. Je vous remercie beaucoup. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Champagne): La commission élue
permanente de la protection de l'environnement a terminé l'étude
de ses crédits pour 1983-1984. Elle a adopté les programmes 1, 2,
3 et 4 et les éléments qui s'y rattachent. Nous demandons au
rapporteur, le député de Groulx, de faire rapport à
l'Assemblée nationale le plus tôt possible.
La commission élue permenente de la protection de l'environnement
ajourne ses travaux sine die. Merci, messieurs.
(Fin de la séance à 17 h 38)