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Présentation de mémoires sur le
projet de règlement relatif aux
exploitations de production animale
(Quinze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la protection de l'environnement est
réunie cet après-midi pour entendre les mémoires des
organismes et des groupes convoqués concernant le projet de
règlement relatif aux exploitations de production animale.
Les membres de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Baril (Arthabaska) remplace M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Picotte
(Maskinongé) remplace M. Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe),
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Gagnon
(Champlain) remplace M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Mercier (Berthier).
Les intervenants sont M. Dubois (Huntingdon), M. Grégoire
(Frontenac), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Marquis (Matapédia), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Saindon (Argenteuil), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault
(Shefford).
Il y a actuellement, pour la présente séance, cinq
organismes qui ont demandé à être entendus. Il y a d'abord
l'Union des producteurs agricoles, la Fédération des producteurs
de porcs du Québec, la Coopérative fédérée
de Québec, le Comité d'environnement de Châteauguay, et le
Conseil consultatif de l'environnement.
Immédiatement, je demanderais au représentant de l'Union
des producteurs agricoles de bien vouloir prendre place au centre de la lecture
de son mémoire.
M. Goldbloom: M. le Président!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee!
M. Goldbloom: Pendant que les membres de l'UPA prennent place,
pourrais-je dire, par votre intermédiaire, à tous nos
invités que nous sommes appelés à vivre aujourd'hui une
situation que le ministre a été appelé à vivre
pendant plusieurs années, quand il était dans l'Opposition,
c'est-à-dire que la Chambre siège en même temps que la
commission parlementaire. Si nous devons, à certains moments, nous
absenter, c'est pour participer aux débats en Chambre, ce n'est pas par
manque de politesse à votre endroit, et nous ferons des relais de cette
façon. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. François
Côté, qui est représentant pour l'Union des producteurs
agricoles, si vous voulez vous identifier et identifier ceux qui vous
accompagnent. Je m'excuse, c'est M. Couture je pense!
Union des producteurs agricoles
M. Couture (Paul): Oui. M. le Président, il me fait
plaisir de présenter les représentants de l'Union des producteurs
agricoles. Vous avez, à ma droite, M. Maurice Mercier, qui est
secrétaire général adjoint; M. Duval, qui a
été président du comité de l'environnement et qui
est président de la fédération de Joliette; M.
François Côté, économiste à l'UPA qui a
travaillé à la rédaction du rapport; à
l'extrême droite vous avez M. Proulx, président de la
fédération de Sherbrooke et membre de l'exécutif, ensuite
M. Louis-Marie Gagnon, membre de l'exécutif; M. Léo Vigneault,
secrétaire général adjoint à l'UPA; M. Pierre
Gaudet, le deuxième vice-président de l'UPA; M. Marcel Mailloux,
premier vice-président de l'UPA; M. Jean-Marc Kirouac, secrétaire
général à l'UPA et moi-même, Paul Couture,
président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Couture; vous pouvez
y aller de la lecture de votre mémoire.
M. Couture: Nous avons le mémoire, M. le Président,
et M. Kirouac, qui est secrétaire général, en fera la
lecture.
M. Kirouac (Jean-Marc): Mémoire sur le projet de
règlement relatif aux exploitations de production animale,
présenté à la commission parlementaire de l'environnement
par l'Union des producteurs agricoles. A la page 1, une citation de notre ami
Lafontaine: Les animaux malades de la peste. C'est pour une lecture
édifiante dans l'avenir.
Page 2: M. le ministre, messieurs les députés, nous sommes
heureux que l'occasion nous soit fournie de venir présenter ici
publiquement le point de vue des agriculteurs sur le projet de règlement
relatif aux exploitations de production animale que viennent de rendre public
les Services de protection de l'environnement.
Nous croyons que la discussion est d'une importance majeure, car les
règlements des SPE deviendront un élément
déterminant dans la vie des fermes et dans le développement de
l'agriculture au Québec.
Nous nous présentons devant cette commission parce que nous
pensons qu'il existe des défauts importants dans le projet de
règlement, de même que dans ses modalités d'application,
défauts qui devront absolument être corrigés si on veut
éviter d'engendrer chez les agriculteurs une réaction hostile
à l'action des Services de protection de l'environnement.
Dans une première partie du mémoire, on élabore sur
certains principes qui nous guident dans la discussion et dans l'analyse que
l'on fait de ces règlements et qui nous guident aussi au niveau de la
protection de l'environnement.
Les principes. Les principes suivants ont guidé notre
réflexion sur la question de l'environne-
ment en agriculture et sont à la base des propositions
précises que nous présenterons à la suite.
Premièrement, étant donné l'évolution
récente de l'agriculture vers des productions animales de plus en plus
grandes et vers des concentrations régionales importantes, nous
reconnaissons la nécessité d'un règlement pour
régir les exploitations animales. Un deuxième principe,
cependant, on doit éviter d'appliquer sans discernement, dans des
régions comme le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, l'Abitibi et le
reste, où la concentration et la taille des exploitations animales sont
radicalement différentes de ce qu'on observe dans le centre du
Québec, un règlement qui a été pensé et
conçu en fonction des problèmes qui se posent dans le centre du
Québec.
La troisième principe. Nous croyons que le règlement doit
être réaliste face à l'agriculture, qu'il reconnaisse que
l'agriculture moderne est une industrie, que les fermes sont devenues des
petites usines et qu'il a fallu qu'il en soit ainsi pour que 5% de la
population parvienne à produire assez d'alimentation pour nourrir
l'ensemble de la collectivité. Cette efficacité de l'agriculture
moderne a été atteinte comme dans toutes les industries, par la
mécanisation et par l'accroissement des unités de production. Les
bruits et les odeurs qui se dégagent des fermes sont une
conséquence normale et inévitable de l'évolution de
l'agriculture vers une productivité sans cesse accrue.
La campagne agricole est le lieu où se pratique l'industrie
agricole. Les urbains qui se sont installés à la campagne au
cours des dernières années doivent accepter cette
réalité du développement de l'agriculture. En aucun cas,
les services de protection de l'environnement, dans la rédaction et
l'application de leur règlement, ne doivent se faire les
défenseurs d'une conception poétique de la vie dans la campagne
agricole.
Le quatrième principe. Ceci dit, nous reconnaissons que
l'agriculture doit, au même titre que toutes les industries, faire des
efforts en vue d'enrayer la pollution de l'eau qui est une ressource
précieuse et rare. Cependant, nous croyons que les odeurs provenant de
l'agriculture ne doivent pas être considérées comme de la
pollution au même titre que la pollution de l'eau. Tout en reconnaissant
qu'on doit tenter de minimiser l'inconvénient des odeurs, il faut
éviter de dramatiser la situation qui n'est pas pire que celle qui
prévaut dans quelque 30 villes papetières du Québec ou
dans des zones industrielles comme l'Est de Montréal.
Le cinquième principe. Nous souhaitons aussi que le gouvernement
adopte et conserve une perspective juste de l'ampleur des problèmes de
l'agriculture face à l'environnement. Le ministre responsable a fait
preuve d'exagération lorsqu'il a affirmé, dernièrement,
que l'agriculture était la source la plus importante de la pollution au
Québec. Nous souhaitons que cette exagération verbale ne soit pas
suivie d'une exagération dans l'action et que le gouvernement, parvenant
difficilement à mettre au pas les grosses entreprises à cause de
leur puissance économique, ou les municipalités à cause du
risque politique, n'en vienne à exiger des agriculteurs un degré
de respect de l'environnement auquel personne d'autre n'est soumis.
Le deuxième chapitre, le projet de règlement
lui-même. Les points majeurs. Premièrement, la notion de droit du
premier occupant. Les versions successives du projet de règlement n'ont
jamais incorporé un droit de premier occupant tel que nous l'entendons,
absence qu'on pourrait illustrer par l'exemple suivant. Une ferme était
en place et se développe normalement. Quelqu'un achète un
emplacement sur un lot voisin et se construit une maison, heureux d'habiter
à la campagne et de payer peu de taxes. L'agriculteur doit continuer de
s'agrandir pour demeurer concurrentiel et réaliser un revenu
adéquat. Il demande un permis de la société de protection
de l'environnement. Le permis lui est refusé. Le motif: La ferme est
trop rap-orochée de l'habitation voisine ou de l'agglomération
voisine, s'il y a assez de maisons pour en constituer une, ou de l'immeuble
protégé qui s'est implanté, si tel est le cas.
On répondra que la loi de zonage, en empêchant de telles
situations de se produire dans l'avenir, corrigerait le problème. Elle
le corrigerait pour l'avenir, mais qu'en est-il du passé? Tous ceux qui
se sont installés à la campagne au cours des dernières
années auront-ils la possibilité d'empêcher
l'agrandissement des exploitations qui y étaient avant eux? C'est cela,
la question du droit du premier occupant, et rien d'autre. (15 h 30)
Pour nous, la solution devrait être la suivante: les habitations
construites en zone agricole, les développements domiciliaires non
planifiés, c'est-à-dire non situés dans un territoire
zoné résidentiel par l'autorité compétente, ne
doivent en aucun cas pouvoir limiter l'agrandissement des fermes qui
n'étaient pas en place avant leur arrivée.
Nous reconnaissons qu'avec le temps, les nouveaux arrivants peuvent
acquérir certains droits, comme c'est le cas pour certaines servitudes
dans le droit civil. Nous proposons que l'article suivant soit ajouté
aux règlements: droit de premier occupant: "Au moment de la demande d'un
permis d'agrandissement, les habitations qui se sont construites dans les
trente années précédant la demande de permis et dont la
construction est postérieure à celle des bâtiments de la
ferme ne seront pas considérées au chapitre des distances
à respecter par rapport aux habitations voisines ou aux
agglomérations.
En d'autres mots, les agriculteurs auront un droit de premier occupant
et si ce droit gêne les nouveaux arrivés, ils auront toujours la
possibilité de négocier en privé avec les agriculteurs
voisins pour limiter l'agrandissement de la ferme.
Deuxièmement, les agglomérations (l'article 1 a) le zonage
et les distances des zones résidentielles (les articles 11, 12 et 13 des
règlements). Ces trois articles ainsi que la définition
d'agglomération forment un tout assez compliqué qui a des
conséquences pratiques importantes. Pour en sai-
sir l'importance, il faut savoir que la norme "distance par rapport
à une agglomération et à un immeuble
protégé" est de loin la plus contraignante quand il s'agit de
construire ou d'agrandir une exploitation. Exemples tirés au hasard des
annexes: Agrandissement quant à la distance requise des
agglomérations et immeubles protégés. Plus de 120 truies,
300 mètres minimum; plus de 1000 porcs, 750 mètres minimum, et
plus de 100 bovins en parquet, 200 mètres minimum.
Il faut aussi savoir que l'agglomération est apparue dans le
règlement à la demande de l'UPA pour régler le
problème suivant: les premières versions du projet exigeaient des
distances par rapport aux limites de village. Or, dans bien des cas, la limite
véridique du village se situe bien au-delà du regroupement des
maisons qui constituent le village proprement dit, de sorte que la notion de
distance par rappprt à la "limite du village" pouvait entraîner
des contraintes inutiles à certains endroits. C'est pour répondre
à ce problème que la notion d'agglomération a
été pensée. Mais les services de protection de
l'environnement n'ont pas pour autant fait disparaître le concept de
limite du village et ont introduit par surcroît le concept
d'agglomération de campagne, c'est-à-dire un regroupement de cinq
maisons et le reste, situées en pleine campagne, qui acquiert subitement
la même importance que le village proprement dit.
Telles que rédigées, les définitions
d'agglomération de même que les articles 11 à 13 ont les
conséquences pratiques suivantes: Premièrement, à moins
qu'ils soient zonés agricoles, les développements domiciliaires
ou de chalets situés n'importe où reçoivent la même
protection que le village proprement dit. Ceci revient à dire que les
services de protection de l'environnement accordent, en l'absence d'une loi de
zonage dans ses règlements, des droits considérables aux
développements anarchiques.
Deuxièmement, il devient impossible de construire ou d'agrandir
une exploitation autre que de bovins laitiers ou de chevaux dans toute ville,
cité ou village, sauf si le règlement municipal le permet
expressément.
Or, il y a un très grand nombre de villes (Bécancour,
Montmagny, Verchères, Mirabel, et le reste), qui sont en tout ou en
grande partie agricoles. De la même façon, la limite d'un
très grand nombre de villages est à l'intérieur de l'aire
purement agricole.
Troisièmement, non seulement les constructions sont interdites,
mais l'article 13 stipule que la distance à respecter par rapport
à l'agglomération de maisons s'applique à la limite du
village, ce qui enlève, par le fait même, tout son sens à
l'agglomération de villages, qui, pourtant, à l'origine, avait
été pensée comme un substitut à la notion de limite
de villages.
Nous proposons donc de modifier la définition
d'agglomération et les articles 11 à 13 de la façon
suivante: Maintenir la notion d'agglomération de village,
c'est-à-dire la définition 1a, ii, mais limitée au village
seulement; éliminer complètement la notion d'agglomération
de campagne, (1a, i); éliminer les articles 11 à 13 et les
remplacer par l'article suivant: "Les distances prévues par rapport aux
agglomérations de village s'appliquent mutatis mutandis par rapport aux
limites de territoires zonés résidentiels de
développement. Introduire la définition suivante: zone
résidentielle de développement: territoire zoné
résidentiel et qui inclut un espace réservé au
développement résidentiel futur.
Par ces modifications, nous visons à obtenir les résultats
pratiques suivants: premièrement, nous maintenons notre point de vue que
la notion de limite territoriale de village pose des problèmes
pratiques; le périmètre de protection que constitue la "distance
par rapport à la limite d'agglomération et immeuble
protégé" doit être appliqué par rapport à ce
qui constitue le village proprement dit. Deuxièmement, nous acceptons
que la municipalité de village ou de ville désigne, par un plan
de zonage, le territoire sur lequel on veut situer le développement
résidentiel futur, c'est-à-dire une zone résidentielle de
développement, et que l'on puisse limiter la croissance de certaines
productions à proximité de ces zones.
Troisièmement, nous n'acceptons pas, cependant, que soit
accordée une protection semblable aux développements anarchiques
situés partout sur le territoire des municipalités rurales et des
villes. Nous ferons évidemment des pressions pour que le zonage agricole
englobe ces développements dans la zone agricole proprement dite.
Cependant, il se peut que la loi de zonage, pour des raisons techniques, doive
reconnaître comme zone résidentielle ce qui est effectivement
bâti tout en enlevant, par d'autres moyens, toute possibilité de
croissance à certaines zones. Dans une telle éventualité,
nous demanderons à l'autorité responsable de zonage que soient
distingués deux types de zones résidentielles,
c'est-à-dire des zones résidentielles de développement et
des zones résidentielles à croissance limitée.
Il faut introduire dès maintenant cette distinction dans le
règlement de l'environnement pour éviter que le règlement
de l'environnement n'accorde, même en présence d'une loi de
zonage, une protection que nous jugeons inacceptable aux développements
anarchiques.
La portée des modifications que nous proposons n'est pas
illimitée car les habitations faisant partie d'un développement
anarchique recevront quand même la protection accordée à
toutes les habitations (sujet évidemment au droit de premier occupant)
et deuxièmement, les habitants d'un développement anarchique
auront la possibilité de négocier et d'en venir à une
entente de gré à gré avec les agriculteurs dont ils
voudraient limiter l'expansion.
Troisièmement, la définition d'immeuble
protégé. Cet article, comme les précédents, a des
conséquences pratiques très importantes qui sont inacceptables.
Il faut d'abord se rappeler que le règlement parle de distance par
rapport à "l'agglomération et immeuble protégé",
donc, que les deux sont traités sur le même pied et que c'est
cette norme de distance qui est la plus contraignante. Or, la
définition d'immeuble protégé inclut, entre autres,
terrains de camping, restaurants de plus de vingt sièges, hôtels,
colonies de plein air, plages; toutes ces installations se voient chacune
accorder la même protection qu'on accorde aux villages et aux zones
résidentielles, ce que nous ne pouvons accepter.
Nous proposons que l'on distingue deux sortes d'immeubles
protégés. Immeubles protégés: hôpitaux de
plus de 50 lits, institutions d'enseignement de plus de 50
élèves. Immeubles spéciaux: plages publiques, colonies de
vacances, restaurants d'au moins 20 sièges, hôtels, campings,
temples religieux. Nous proposons que la protection accordée aux
immeubles spéciaux soit la même que celle accordée aux
habitations et que les annexes stipulent des distances par rapport aux
habitations voisines et aux immeubles spéciaux.
Nous proposons qu'on envisage, dans le contexte du zonage agricole, la
possibilité de désigner des zones récréatives,
c'est-à-dire des zones que la régie provinciale responsable du
zonage agricole reconnaît comme présentant un intérêt
particulier pour la récréation. De telles zones pourraient alors
être considérées comme des immeubles
protégés.
Nous n'acceptons pas, cependant, qu'un terrain de camping situé
n'importe où se voie décerner par les Services de protection de
l'environnement la même protection que le village.
Les exclusions. Cet article permet un accroissement sans permis de 20%,
maximum 20 unités animales, 20 vaches, 200 porcs, 80 truies, etc. par
rapport à la capacité en place au 31 décembre 1972. Ceci
revient à dire que tous ceux qui se sont agrandis sans permis de plus de
l'exemption depuis 1972 sont illégaux et doivent demander un permis. Le
permis leur sera refusé s'il s'avérait que leur construction ou
leur agrandissement n'était pas conforme au règlement.
L'exploitation devrait être fermée. Tout cela paraît
simple, logique et normal dès qu'on n'est pas confronté avec des
cas d'agriculteurs qui se sont agrandis en toute bonne foi depuis 1972 et qui
reçoivent tout à coup l'ordre de fermer leur exploitation. De
tels ordres de fermeture se multiplient actuellement. En pratique, quels
agriculteurs savaient que les permis d'agrandissement étaient subitement
devenus obligatoires à partir de décembre 1972? Quels efforts ont
fait les Services de protection de l'environnement pour faire connaître
cette exigence?
Le gouvernement a un choix à faire. Il peut se servir de
l'argument simpliste "nul n'est sensé ignorer la loi ' et en venir,
progressivement, à fermer toutes les exploitations qui ont
été construites sans permis entre 1972 et 1978 et pour lesquelles
on ne peut obtenir de tels permis aujourd'hui. Il a aussi le choix d'adopter
une attitude souple et conciliante.
Dans l'évaluation de ce choix, il y a certains faits dont il faut
tenir compte.
Le fait, comme nous l'avons souligné, qu'aucune information
systématique n'a été fournie aux agriculteurs dans ce
sens;
Les services de protection de l'environnement ont eux-mêmes
affirmé à des producteurs de lait qui en faisaient la demande
qu'ils pouvaient procéder à des agrandissements sans permis. Cela
n'était pas de nature à convaincre les autres producteurs que les
permis étaient obligatoires;
Les lenteurs administratives des Services de protection de
l'environnement, qui, à certains moments, rendaient leurs
décisions dans des délais de quatre ou cinq mois, en ont
découragé plus d'un qui n'ont pas attendu la réponse,
parce qu'il devenait urgent d'entreprendre les travaux;
Nous demandons aux Services de protection de l'environnement de n'exiger
aucune fermeture d'exploitation agrandie ou construite entre 1972 et 1978 et
d'accorder des permis à ceux qui ont construit ou agrandi sans permis au
cours de cette période.
Nous reconnaissons que les Services de protection de l'environnement,
après avoir obtenu l'accord de la Commission d'appel dont nous parlerons
plus loin, peuvent refuser de tels permis et intenter ou continuer des
procédures contre des agriculteurs qui auraient outrepassé la loi
en connaissance de cause et passé outre aux avertissements qui leur
avaient été signifiés par les Services de protection de
l'environnement.
Dans un tel cas, nous demandons que l'agriculteur impliqué soit
entendu par la Commission d'appel avant que celle-ci ne se prononce. Nous
demandons aussi que le cas de ces agriculteurs soit examiné à la
lumière de la politique suivie par les Services de protection de
l'environnement au moment où la construction a été
faite.
Nous demandons aux Services de protection de l'environnement de prendre
les moyens pour faire connaître aux agriculteurs l'obligation d'avoir un
permis et, à défaut, les sanctions qui en découlent, comme
l'ont fait la Régie de l'assurance automobile ou le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour les réformes
importantes qu'ils ont introduites dernièrement;
Le cinquième grand problème du règlement: les vents
dominants. La notion de vents dominants. Cette notion est appliquée aux
élevages de porcs, de truies, de volailles en cage et de dindes sur
parquet.
Ces trois articles créent un vaste corridor ou plutôt un
vaste entonnoir, parce qu'il peut exister trois vents dominants selon la
définition qu'on en donne, à l'intérieur duquel les
habitations voisines et les agglomérations sont exposées.
La distance exigée par rapport à l'habitation voisine
exposée est la distance normalement exigée de
l'agglomération, et la distance exigée de l'agglomération
exposée est la distance normale, plus 50%.
Cette façon d'introduire le facteur de direction des vents a des
conséquences surprenantes, qu'on peut illustrer par les exemples
suivants:
Donner la taille que peut atteindre la zone exposée, donner les
définitions actuelles d'agglomérations et d'immeubles
protégés, donner toutes les autres contraintes de distance,
l'application du concept de vents dominants vont freiner presque
complètement le développement de ces productions. De plus, nous
ne sommes pas convaincus que les Services de protection de l'environnement
aient en main les données techniques nécessaires pour
déterminer exactement le sens des vents à un endroit
donné.
Par ailleurs, l'idée de vents dominants n'existait pas quand les
premières versions du règlement ont été
rédigées. Les distances de base qui avaient été
introduites et qui sont demeurées les mêmes, à peu de
choses près, devaient pouvoir s'appliquer dans toutes les situations, y
compris les moins bonnes, en rapport avec la direction du vent.
L'utilisation du concept de vents dominants est donc un resserrement
extrêmement important par rapport aux premières versions du
règlement. En conséquence, nous demandons que le concept de vents
dominants, tel qu'il est appliqué, soit enlevé du
règlement pour les raisons suivantes: (15 h 45)
Premièrement, la preuve n'est pas faite que les Services de
protection de l'environnement disposent de l'information technique pour
déterminer, à un endroit précis, le sens des vents.
Deuxièmement, les exigences demandées dans le sens des
vents sont, de toute façon, trop considérables.
Troisièmement, on a utilisé le concept à sens
unique; on renforce les exigences dans le sens des vents mais on ne les
assouplit pas dans les situations favorables.
Quatrièmement, on ne tient pas compte du fait que les rideaux
d'arbres ont pour effet de diminuer considérablement les odeurs et,
Cinquièmement, la définition des vents dominants, 25% ou
plus, laisse entrevoir qu'il peut y avoir trois vents dominants.
Sixième chapitre: Epandage à proximité des
agglomérations. Cette interdiction à l'épandage du fumier
liquide de porc et de pondeuse en cage, entre le 15 juin et le 15 septembre,
à moins de 300 mètres de toute habitation, pose des
problèmes pratiques dans les zones où il y a des habitations un
peu partout, ce qui est assez fréquent.
Si on ne peut aller épandre sur de vastes superficies
après le 15 juin, on ne peut donc épandre après la
première coupe de foin. Par ailleurs, si on ne peut épandre avant
le 15 septembre, on risque, au cours d'un automne pluvieux comme celui de l'an
dernier, de ne pouvoir épandre au cours de l'automne.
Dans l'esprit des principes que nous avons énoncés en
introduction, nous demandons que cette restriction soit tout simplement
éliminée.
Les délais d'application: Cet article stipule que les
agriculteurs auraient quatre ans de délai (1982) pour construire les
plates-formes à fumier solide et deux ans (1980) pour rendre
étanches les fosses existantes qui ne le seraient pas.
C'est donc dire que l'action des Services de protection de
l'environnement aurait enrayé à 100% la pollution d'origine
agricole d'ici 1982.
Alors, on se pose la question suivante: où en seront rendus les
autres secteurs de la société québécoise à
ce moment? Combien de municipalités du Québec disposeront
d'unités de traitement secondaires et tertiaires des eaux
usées?
Nous croyons qu'on doit accorder aux agriculteurs des délais
raisonnables pour réaliser un investissement qui se situera, pour les'
producteurs de lait, entre $2500 et $12 000 selon la taille de l'exploitation
et qui représentera, pour l'ensemble des producteurs, un investissement
de l'ordre de $130 millions.
Nous demandons que les délais soient les suivants: 15 ans pour la
construction des plates-formes et cinq ans pour rendre étanches les
fosses existantes qui ne le sont pas.
On pourra cependant exiger des agriculteurs qui s'agrandissent qu'ils
réalisent ces travaux au moment de l'agrandissement.
Huitièmement, la réciprocité des contraintes:
Quoiqu'on peut minimiser les conséquences par le droit de premier
occupant, il demeure difficilement acceptable que les agriculteurs doivent
respecter des contraintes de distance par rapport aux habitations voisines,
alors que les habitations peuvent être construites n'importe où
à proximité des exploitations. Jusqu'ici, l'action
gouvernementale a été à sens unique. En l'absence d'une
loi de zonage, les Services de protection de l'environnement devraient
préparer un projet de règlement que les municipalités
pourraient facilement incorporer dans leurs règlements municipaux. Le
règlement prévoirait des distances à respecter pour les
habitations qui se construisent par rapport aux exploitations de production
animale. Cette approche fut suivie avec succès en Ontario.
En présence du zonage, il faudra que ce principe de la
réciprocité des contraintes soit également appliqué
à l'intérieur de la loi du zonage. L'UPA a demandé que
soit interdite en zone agricole toute construction autre que celles servant
directement ou indirectement à l'agriculture.
Neuvièmement, la diversification des fermes pour les
élevages mixtes: Etant donné que la
majorité des fermes du Québec sont
spécialisées dans la production laitière, étant
donné que la production laitière semble plafonnée, il se
dessine une tendance à la diversification des fermes de production
laitière.
L'article 16, qui traite des élevages mixtes, s'appliquera donc
assez souvent. Nous voulons que dans l'article 16 soit précisé et
qu'on y ajoute la phrase suivante: "Dans tous les cas on utilise la norme de
distance qui s'applique aux agrandissements." Par cet amendement nous voulons
éviter, par exemple, qu'un producteur qui possède 30 vaches
laitières et qui décide d'entreprendre un élevage de 10 ou
20 truies, soit considéré, au chapitre des distances, comme
quelqu'un qui lance une exploitation complètement nouvelle. Il devrait
plutôt être considéré sur le même pied que
quelqu'un qui agrandit à 10 ou 20 truies une maternité porcine
existante.
Dixièmement, l'action des municipalités et le zonage
agricole: Dans le contexte actuel, les municipalités peuvent adopter des
règlements de construction plus exigeants que ceux des Services de
protection de l'environnement, de sorte qu'un producteur qui respecte toutes
les exigences des Services de protection de l'environnement et détient
un permis peut se voir interdire la possibilité de construire par un
règlement municipal.
Les règlements municipaux imposant des contraintes énormes
aux exploitations animales se multiplient actuellement. Cela illustre davantage
la nécessité du zonage agricole; cela illustre aussi la
nécessité que la loi provinciale de zonage prévoie dans
ses dispositions, c'est-à-dire que les normes des Services de protection
de l'environnement soient les seules normes qui régissent la
construction ou l'agrandissement des exploitations animales en territoire
zoné agricole.
Onzièmement, la définition d'habitation. Avec la
définition d'habitation qui apparaît dans le règlement, les
chalets d'été pourvus de système d'alimentation d'eau et
d'évacuation des eaux usées enfoui sous le sol se voient
accorder, même s'ils ne sont habités que quelques semaines par
année, les mêmes droits que les habitations habitées
pendant toute l'année, ce qui est difficilement acceptable. L'octroi du
droit de premier occupant, tel que nous le demandons, contribuerait à
atténuer le problème des chalets, mais il ne le réglerait
pas complètement car les vieux chalets de 30 ans et plus auraient quand
même des droits de premier occupant et tous les chalets demeureraient une
contrainte pour la construction de nouvelles exploitations.
Nous demandons qu'on ajoute, à la définition d'habitation,
le terme "habitable à l'année".
Projet de règlement: quelques points mineurs, mais quand
même d'importance capitale à cause de leur application pratique.
Premièrement, les cas particuliers. Cet article tend à
régler, en partie, le problème des amas de fumier qui
n'étaient pas situés conformément aux dispositions du
chapitre XV de 1944, lequel exigeait 250 pieds de toute habitation voisine.
Cependant, il a pour résultat secondaire l'effet probablement
imprévu par ses auteurs de forcer le déplacement d'amas de fumier
et de fosses qui étaient conformes aux lois de l'époque où
ils ont été établis, ce qui en fait un article à
portée rétroactive. L'article 28, pour atteindre le but qu'il
vise, devrait être modifié de la façon suivante: "Tout
lieu... la section III, ou aux distances exigées par les lois au moment
de leur établissement (le plus petit des deux), sauf..."
Reconstruction après accident. Ajouter, pour précision,
après le mot Loi, "en vigueur au moment de la construction de cette
exploitation".
Transport de fumier solide. Ajouter, pour précision, à
l'article 44: "Pour fins de transport de fumier solide, les épandeurs
à fumier conventionnels sont considérés comme
étanches".
Quatrièmement, l'octroi des permis. Nous demandons que les
certificats d'autorisation ou les refus de permis stipulent les distances qui
étaient requises de l'agriculteur de même que les distances qui
ont été mesurées par l'inspecteur, de sorte que
l'agriculteur puisse pouvoir déceler, s'il y a lieu, une erreur dans les
mesures, ce qui se produit parfois, et que l'agriculteur puisse savoir
exactement quelle est sa situation et quelles sont les exigences en ce qui le
concerne.
L'annexe E. Le titre de cette mesure n'est pas clair. Si nous en
comprenons bien le sens, il nous apparaît utile de définir cette
annexe de la façon suivante: "Elevage de bovins (laitiers), chevaux,
bovins de boucherie et ovins en parquet plus de 9 mois par année".
Sixièmement, la définition "d'augmentation du nombre
d'unités animales". Tout comme on a prévu qu'un bâtiment
inoccupé pendant moins de quatre ans et remis en production ne sera pas
considéré comme une nouvelle exploitation, il faudra
prévoir que dans le cas d'un bâtiment où la quantité
d'animaux a diminué et par la suite augmenté, on ne
considérera pas qu'il s'agit d'une augmentation du nombre
d'unités animales pour laquelle il faut obtenir un permis.
Les distances pour les agrandissements d'élevage de truies. Il
nous paraîtrait utile de prévoir une catégorie 0-15
unités animales pour les agrandissements et les remplacements de type
d'élevage de très petites maternités porcines pour
lesquelles les distances requises par rapport aux agglomérations et aux
habitations voisines seraient la moitié de celles requises actuellement
pour les agrandissements jusqu'à 30 unités animales. Le but de
cette demande est de faciliter la diversification des fermes laitières
vers la maternité porcine.
On revient aux grandes orientations dans cette réglementation. La
création d'un mécanisme d'appel. A ce point de la discussion, les
membres de la commission parlementaire auront été à
même de mesurer la complexité du règlement et de ses
implications. Et même s'il est amendé dans le sens que nous
souhaitons, le règlement demeurera extrêmement complexe. Depuis
quatre ou cinq ans, quant à nous, nous avons appris que de tels textes
de règlement pouvaient donner lieu à des interprétations
imprévues et surprenantes dans des situations données.
Nous avons appris également que chaque cas était un cas
particulier en termes de topographie, de disposition des lieux et qu'il y a une
multitude de situations qui se présentent, auxquelles personne n'avait
pensé. Cela est facile à comprendre quand on sait qu'il y a
au-delà de 35 000 unités de production différentes. On ne
peut penser que le texte du règlement puisse en arriver à
trancher équitablement dans autant de réalités
différentes.
C'est pourquoi il nous apparaît absolument essentiel qu'un
mécanisme d'appel soit créé pour éliminer
l'élément d'automatisme insensé qui peut résulter
de l'application à la lettre d'un règlement aussi complexe. Nous
demandons qu'un mécanisme d'appel des décisions des Service de
protection de l'environnement soit créé sous la forme d'une
commission d'appel de l'environnement en agriculture.
Composition et mandat de la commission. La commission serait
composée de cinq personnes dont trois agriculteurs nommés sur
recommandation de l'UPA, un représentant du ministère de
l'Agriculture, de préférence à un ingénieur en
génie rural, et quelqu'un des Services de protection de
l'environnement.
Le mandat de la commission serait: Premièrement, dans les cas
où un agriculteur se trouve dans l'impossibilité de
répondre aux normes de construction et de distance, et donc d'obtenir
son permis de construction ou d'agrandissement, exemple: on demande 150
mètres et il y en a 143 qu'il puisse demander au comité
d'examiner son dossier. La commission pourra proposer une solution
particulière et recommander au ministre d'accorder un permis sur la base
de cette solution particulière.
Deuxièmement, si après examen de la situation il
apparaît que dans certaines régions ou dans certaines situations
le milieu naturel peut amplement suffire à absorber les quantités
de fumier impliquées exemple: trois producteurs de lait dans un
rang de cinq milles de long en Abitibi la commission pourra recommander
au ministre d'appliquer une solution particulière pour l'entreposage des
fumiers.
Troisièmement, si un agriculteur fait l'objet d'une plainte en
vertu des articles concernant la disposition des fumiers, il pourra demander
que la plainte soit examinée à la commission, laquelle pourra
recommander au ministre de ne pas entreprendre de poursuites.
Quatrièmement, s'il y a des accords entre les fonctionnaires et
les agriculteurs quant à l'inté-prétation du
règlement, la commission sera appelée à trancher et
créera ainsi une sorte de jurisprudence qui servira ailleurs.
Cinquièmement, la commission pourra, si elle le juge à
propos, faire des recommandations concernant des modifications à
apporter au règlement.
Cette commission aurait une multitude d'avantages. Il en existe une en
Ontario composée uniquement d'agriculteurs et, selon ce qu'on nous a
dit, on peut compter sur les doigts de la main le nombre de situations qui
n'ont pu être réglées en
Ontario avant que les dossiers ne se rendent en cour. Cette commission
jouerait un rôle essentiel. Il faut lui donner les moyens
matériels et une organisation qui lui permettent de fonctionner
intensément au cours des prochaines années.
L'aspect financier dans tout cela. L'application des règlements
de Services de protection de l'environnement en agriculture va impliquer des
investissements énormes de la part des agriculteurs:
A) Le coût des fosses à fumier liquide. On peut estimer
à environ 169 000 le nombre de truies et à 1 227 000 le nombre de
porcs en engraissement au Québec. Sachant que chaque porc exige une
capacité de 50 pieds cubes d'entreposage et chaque truie 120 pieds
cubes, sachant qu'il en coûte en moyenne $0.45 le pied cube pour
construire les fosses, on peut estimer, très sommairement,
l'investissement requis des producteurs de porcs à $37 millions pour
l'ensemble de la production.
B) Le coût des plates-formes pour les producteurs laitiers. Les 26
000 producteurs laitiers devront, quant à eux, construire des
plates-formes étanches conçues de façon à retenir
les liquides. Etant donné la définition extrêmement stricte
donnée par le règlement à la notion
d'étanchéité, une plate-forme étanche est, en fait,
une plateforme en béton armé entourée d'un muret de
béton armé. De telles plates-formes n'existent pour ainsi dire
pas au Québec actuellement. Si les producteurs utilisent les plans qui
viennent d'être confectionnés par le MAQ et si les estimations des
coûts faites par les ingénieurs du MAQ sont exactes, alors il en
coûtera près de $130 millions, au prix de 1978, aux producteurs de
lait pour se soumettre aux exigences, dont environ $84 millions pour l'achat
des matériaux et $56 millions pour la main-d'oeuvre on a
détaillé cela en annexe .
C) Autres coûts impliqués par le règlement. Les
parcs d'engraissement de boeuf devront rendre leurs parquets
étanches.
Les planchers de tous les bâtiments d'exploitation animale devront
être rendus étanches.
Les conséquences et on termine là-dessus On
peut se demander aujourd'hui combien parmi les 11 225 producteurs de lait qui
produisent moins de 200 000 livres de lait par année choisiront les
quelque $4000 exigés d'eux par le règlement et combien
décideront d'abandonner la production.
Nous demandons au gouvernement de mettre sur pied un programme d'aide
financière pour absorber une partie des coûts engendrés par
le règlement et nous demandons que ce programme couvre 75% du coût
de construction des installations requises par l'application du
règlement des Services de protection de l'environnement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Kirouac. M. le
député de Maskinongé, simplement deux remarques pour
mentionner que M. le député de Montmagny remplace le
député d'Argenteuil et que nous avons, conformément au
voeu de la
commission, la présence du ministre de l'Agriculture à la
table de la commission. (16 heures)
M. Giasson: Bravo!
M. Picotte: D'accord, M. le Président, je voulais demander
le consentement pour le remplacement du député de
Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Boucher): M. Saindon n'étant pas
ici... M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais remercier
l'Union des producteurs agricoles, ainsi que son président, et tous ceux
qui sont venus, spécialement le groupe que j'ai rencontré au
moins à deux ou trois occasions auparavant pour discuter du contenu de
ce règlement. Cela a justement amené la présentation d'un
mémoire qui est des plus intéressants et des plus constructifs.
Il y a des chapitres entiers qui vont nous permettre d'apporter des correctifs
et des adoucissements aux endroits qui pourraient permettre une meilleure
harmonisation et un meilleur équilibre de vos deux préoccupations
et de la nôtre, qui est d'aider la production animale tout en respectant
le milieu ambiant et les citoyens qui y vivent.
Quand on regarde le début de votre mémoire, du moins la
première page, je me rappelle cette fameuse fable de La Fontaine: "Les
animaux malades de la peste". Je me dis qu'on n'a pas perdu le sens de l'humour
au Québec et que ça va bien. Malheureusement, je n'ai pas
trouvé de fable qui puisse répondre à la vôtre,
parce que la vôtre c'est: "Les animaux malades de la peste", par La
Fontaine. Alors, le problème que voit le député de
Lafontaine, c'est que les voisins peuvent être malades parce que cela
empeste.
Le problème que nous vivons vous touche vous aussi, je le sais.
La situation nous a obligés à prendre des dispositions.
D'ailleurs, le président de l'Union des producteurs agricoles avait
déjà demandé et réclamé qu'on publie le
fameux guide permettant l'octroi ou le refus d'un permis ou d'un certificat
à un éleveur de porcs, de bovins ou de volailles, etc.
Vous savez que depuis 1944 on vit selon un règlement
d'hygiène publique dont les principaux points de repère stipulent
que et je cite l'article II du règlement XV de 1944 concernant
les renardières domestiques, les porcheries, les étables, les
écuries, les cours et fumiers... On disait à ce moment-là
"Le site des porcheries: aucune porcherie ne peut être
établie à moins de 150 pieds d'une habitation et à moins
de 100 pieds d'un puits ou d'une autre source d'approvisionnement en eau. Et
l'article IV disait: Permission pour opérer une grande porcherie: aucune
grande porcherie là, il faut comprendre que le mot grande
était conçu comme une porcherie contenant plus de têtes que
ne l'exigeaient les besoins de la famille qui vivait sur la ferme. C'est donc
dire que lorsqu'on dépassait le nombre de 10,15 ou 20 porcs,
peut-être que j'exagère, c'était une grosse porcherie dans
ce temps-là où l'on fait une industrie de l'élevage
des porcs ne peut être établie ou opérée avant que
le site en ait été approuvé par l'autorité
sanitaire municipale. Une telle porcherie ne doit pas constituer une nuisance
par les odeurs et les mouches qu'elle occasionne.
Cela répondait à la situation du moment présent.
Les demandes de permis pour les porcheries ont passé, en moins de cinq
ans, de 250 à 2500 pour l'année 1978.
Quand une porcherie moyenne se situe autour de 1000 têtes
c'est loin de la grande porcherie à 20 ou 25 ... Comme on se
l'est fait dire hier par les représentants de l'OPPQ, l'Office des
producteurs de porcs du Québec, il y a même des
intégrateurs qui ont jusqu'à 100 000 et 200 000 têtes
qu'ils répartissent chez certains éleveurs, mais il n'est pas
rare de voir des éleveurs qui ont 5000, 8000, 10 000 têtes et plus
dans un même endroit. C'est donc dire que le problème était
tout entier et que nous devions faire face, d'une part, à une
quantité de demandes et en même temps à une adaptation d'un
vieux règlement qui est absolument désuet, à une situation
urgente qui était en plein milieu d'un boom pour le développement
de cette industrie. On peut dire... Je pense bien que tout le monde admet
aujourd'hui que l'élevage de porcs, sauf exception, ce n'est plus de
l'agriculture artisanale; c'est maintenant une industrie qui est très
prospère puisque selon des statistiques données dans d'autres
mémoires, on atteint actuellement au Québec 140% de production
comparativement à la consommation au Québec. C'est donc dire que
c'est une industrie qui est florissante et qui va très bien; je dirais
même qu'à ce moment, il a fallu que nous présentions, pour
répondre à la Loi de la qualité de l'environnement qui,
selon les articles 20 et 22, pour émettre un permis... Pouvoir justifier
l'acceptation ou le refus d'un permis d'une nouvelle exploitation, le justifier
par un guide qui éviterait l'arbitraire. Malgré cela, il se peut
qu'il y ait eu des décisions arbitraires ou discrétionnaires.
Nous avons donc dû mettre sur pied un guide qui nous a permis,
durant les années passées, d'accorder les permis à ceux
qui les demandaient et de demander des modifications à ceux qui ne
répondaient pas aux normes de ce guide.
Nécessairement, depuis 1972, le code de pratique qui
n'était pas public a créé certains problèmes pour
ceux qui disaient que cela prenait du temps ou qui avaient eu un refus et on
nous demandait de publier ce code. Nous avons donc décidé de le
publier et les objectifs, en publiant ce règlement, étaient de
trois ordres: La première idée était d'éliminer le
fumier qui devient une nuisance, du moins jusqu'à ce qu'on ait
trouvé la formule ou la technologie appropriée pour la
réutilisation de ce fumier qui est très important et qui peut
être très utile. Il ne faut pas confondre, c'est très utile
directement pour les plantes et indirectement pour les humains; autrement dit,
tôt ou tard les humains auront à déguster des produits de
la ferme, mais c'est indirectement grâce à un fumier qu'ils en
bénéficieront, parce que directement, actuellement, ce sont les
odeurs du fumier
que les citoyens ont à endurer, mais, à la longue, je
pense que c'est une richesse pour le Québec que d'être capable de
réutiliser et transformer ce fumier.
Le deuxième objectif est le stockage du fumier pour éviter
que cela aille directement dans les cours d'eau. Hier et avant-hier plusieurs
organismes sont venus et ont démontré qu'il y a plusieurs cours
d'eau qui sont au bord de l'agonie. On a mentionné des rivières
comme l'Achigan, l'Assomption, Yamaska. On en a nommé plusieurs comme
celles-là qui, au Québec, sont au bord de l'agonie parce que,
justement, elles reçoivent, par ruissellement ou autrement, soit
directement ou indirectement, les rejets des fumiers liquides,
spécialement liquides il faut faire une différence entre
le fumier de porc et le fumier de bovin qui vont jusqu'à la
rivière et ce qui est encore pire, non seulement les autres surfaces en
reçoivent-elles une quantité qui les rend dangereuses pour la
santé publique comme certains spécialistes nous l'ont dit,
hier, à la commission parlementaire mais aussi pour la nappe
phréatique, la nappe qui va servir, probablement dans les années
à venir, de sources d'alimentation en eau.
Donc, conséquences aussi sur l'alimentation en eau des humains et
conséquences aussi sur la vie des autres types d'animaux qui doivent
s'abreuver à cette eau.
Hier, on nous a soumis des mémoires dans lesquels on
démontrait que des bovins étaient morts parce qu'ils avaient bu
l'eau qui avait été contaminée par des fumiers de porcs.
Quand on pense aux fameux cycles, si on est obligé de donner dans bien
des cas, des médicaments aux bovins pour combattre la maladie qu'ils
peuvent avoir, nécessairement ces médicaments se retrouvent dans
le fumier de l'animal et, indirectement, vont retourner dans l'eau. A ce
moment, le médicament devient aussi un danger.
Finalement, le troisième objectif est la localisation. Il est
sûr qu'il y a des correctifs à apporter et c'est pour cela qu'on
est là aujourd'hui; pour en discuter, entendre votre point de vue et
apporter des correctifs avant que le règlement soit publié.
Cependant, je dois quand même dire que ce règlement, qui a
été utilisé autant par notre ministère en essayant
de le bonifier, selon l'administration nouvelle qui a cours depuis 1976, que
par l'ancien gouvernement. Eh bien, ce règlement-là a quand
même été... contrairement à ce qui aurait pu
être mis de l'avant, parce qu'il y a eu certaines exagérations. Je
sais qu'à un moment donné on a dit que le ministre de
l'environnement avait exagéré un peu quand il a dit que la
pollution porcine équivalait à 35 millions de personnes; je
voudrais corriger l'impression que j'ai laissée. Je pense que ce n'est
pas ce qu'une personne dit qui compte, c'est ce que le monde comprend. Ce n'est
pas toujours la même chose ou ce n'est pas toujours
interprété de la même façon. Ce qui compte, c'est
exactement ce que l'on veut dire.
Je voudrais quand même corriger l'impression que j'ai
laissée, ce n'est pas l'agriculture mais l'élevage qui
représente un potentiel de pollution.
Ce qui est rejeté dans les cours d'eau est l'équivalent de
35 millions de personnes. Il ne s'agit pas de pollution chimique, il s'agit de
la DBO, c'est-à-dire la pollution organique, les éléments
nutritifs, et je pense que c'est important de faire la correction. Mais, en
quantité, cela équivaut, en potentiel de pollution rejetée
dans l'eau, en matières organiques et en éléments
nutritifs, à la pollution d'une population de 35 millions d'habitants.
Cela ne veut pas dire que c'est tout rejeté dans les rivières.
Tous les moyens qui sont pris pour contrôler les fumiers pour que cela
n'aille pas dans les rivières... c'est entendu qu'il n'y en a pas. C'est
le potentiel qui est de 35 millions de population. C'est pour cela qu'il faut
toujours faire attention aux exagérations. Parfois, on est mal
cité et je sais qu'il y a en aussi, de votre côté, des
exagérations qui ont entraîné de fausses citations, quand
on a dit que les mesures comme celles demandées par le règlement
pourraient faire que 50% des éleveurs québécois soient
menacés de disparation. Je pense bien qu'il y a aussi de
l'exagération, on peut avoir été mal cités ou mal
compris.
Si on regarde le nombre de demandes qui ont été
acceptées depuis les trois ou quatre dernières années
grâce à ce règlement, qui n'était pas connu, mais
basé sur ce guide... ce règlement, est connu aujourd'hui
on peut dire que cela n'a pas nui à l'essor de la production
animale, au contraire, puisqu'on est rendu à presque 8000
éleveurs de porcs et à près de 2 000 000 de porcs,
c'est-à-dire près de 4 000 000 quelques porcs par années.
2 000 000 porcs, c'est pour l'emplacement. Sur j'ai les chiffres ici de
1973-1977 6616 demandes de permis, il y en a eu 4 290
d'acceptées, c'est-à-dire 65%. Il n'y a eu que 12% de refus. Les
autres, ce sont seulement des informations qu'on a pu obtenir et qui sont
entrées par la suite dans les acceptations ou les transformations.
Il y en a qui sont à l'étude. Il y a 12% de ces demandes
à l'étude actuellement. Il y a 439 cas en train d'être
étudiés, des demandes de nouvelles porcheries. Quand on dit
"nouvellles', cela inclut une forte augmentation éventuelle. Il y en a
aussi 350 en attente dans les fichiers avec un peu de poussière dessus.
On a fait enlever la poussière et fait venir du personnel
supplémentaire pour répondre à la demande.
Vous comprendrez quand même que passer de 250 demandes par
année à 2500 demandes dans une année, cela veut dire que
c'est florissant et que ce n'est pas à cause du règlement
présenté qu'il pourrait y avoir disparition de 50% des
éleveurs. Au contraire, la preuve est plutôt l'inverse. Cela va
très bien, sauf que le règlement, si on l'a rendu public... c'est
d'ailleurs à cause de vous, c'est grâce à cela qu'on va
maintenant en discuter pour voir les améliorations qu'on peut
apporter.
Vous posez au départ certains principes. Étant
donné l'évolution récente de l'agriculture vers les
exploitations animales de plus en plus grandes et vers des concentrations
régionales importantes,
vous reconnaissez la nécessité d'un règlement.
Donc, je suis très heureux du premier principe, de voir qu'on est
d'accord là-dessus.
Vous mettez de l'avant un deuxième principe, vous voulez qu'on
régionalise les normes. Je vous demanderai tantôt de quelles
normes vous voulez parler. S'il s'agit de l'épandage du purin de porc,
on pourrait regarder cela au niveau des régions. Il y a peut-être
moyen de rediscuter après cela d'une façon plus informelle des
moyens de régionaliser cela. Pour l'octroi des permis, au point de vue
de la régionalisation, je peux vous dire que c'est une priorité
de mon ministère de déconcentrer les Services de protection de
l'environnement dans les régions de façon que les fermiers
puissent, au moins à la fin de l'année prochaine, le temps de
l'installer, recevoir des permis et qu'on ait un module dans chaque
région où il y a des inspecteurs. Un module sera composé
de personnes capables d'entourer les inspecteurs, d'une part, et dès que
le règlement sera adopté, celui dont je vous parle,
régionaliser la demande de permis, l'acceptation et la participation des
citoyens dans une région auprès de ce module qui comprendrait
l'inspecteur, un spécialiste du domaine urbain, un spécialiste du
domaine industriel, un spécialiste dans le domaine agricole et un
spécialiste dans le domaine de la recherche et de la planification au
niveau régional. (16 h 15)
Donc, des modules dans les régions afin d'être plus proches
des citoyens et d'être capables de comprendre, non pas derrière
son bureau, enfermé avec les quatre fenêtres fermées
durement pour être certain de ne pas être dérangé,
faire de bonnes normes et dire ensuite: On applique cela. Ce n'est pas
être proche de la réalité; on va s'en aller dans les
régions pour être capables de se déconcentrer et être
capables d'être proches des préoccupations des citoyens.
Votre troisième principe; vous dites que les fermes sont devenues
des petites usines et que c'est maintenant une industrie. Je suis très
heureux de voir qu'ici encore, on partage les mêmes points de vue et
votre appel au réalisme, dans le règlement, je pense qu'on peut
dire que je le partage aussi. Je le répète, mon souci est de
trouver un équilibre. Le mot équilibre dans l'environnement est
bien important; équilibre entre le développement
économique et la protection de l'environnement et, bien sûr, le
bien-être de la population. Nécessairement, si c'est une
industrie, il y a des contraintes et un équilibre demande des
contraintes autant du citoyen qui va vivre auprès d'un producteur de
porcs que des contraintes auprès du producteur de porcs parce qu'il y a
des gens qui vivent chez lui avec, nécessairement, dans le territoire
zoné agricole, la prépondérance pour le
développement de l'agriculture.
C'est bien important; il ne faut jamais oublier qu'à
l'intérieur du zonage agricole, dans ce territoire, il est important de
remarquer... C'est un autre mythe qui a été mis de l'avant et que
je voudrais qu'on corrige; je trouve que les media n'ont peut-être pas
assez mis de l'avant les préoccupations de ce
côté-là. C'est qu'à l'intérieur même du
zonage agricole, les producteurs agricoles, entre eux, ne sont pas tous
d'accord sur les distances que doit avoir une porcherie de leur propre ferme.
Je sais fort bien qu'un producteur de vaches n'aime pas beaucoup qu'un
producteur de porcs vienne s'installer trop près de chez lui.
D'ailleurs, ce n'est pas une bataille entre les citadins et les producteurs
agricoles, au contraire, il n'y a pas de bataille entre les deux; les citadins
n'ont pas de porcherie chez eux. Quand ils vont en campagne,
nécessairement, il peut y avoir des vil-légiateurs... Je tiens
à vous répéter que 80% des plaintes qui ont
été reçues au ministère de l'environnement
provenaient de personnes qui vivent douze mois par année dans le milieu
rural. Parfois elles venaient d'autres producteurs de porcs qui se plaignaient
que le voisin, producteur de porcs, ne respectait pas les normes. C'est donc
dire que d'autres types de production, aussi, des producteurs d'autres types
d'élevage, eux aussi, comme plusieurs en ont témoigné
à la commission parlementaire hier... Justement il y en avait
quelques-uns qui avaient participé à une réunion de l'UPA
de la région de Joliette où il avait été question
que les producteurs autres que les producteurs de porcs s'étaient
plaints des odeurs et voulaient que les règlements soient
respectés de ce côté-là.
C'est donc dire que c'est la qualité du milieu de vie des gens
qui vivent dans le milieu rural qui nous préoccupe, au ministère
de l'environnement. Du côté d'une aide quelconque pour le
producteur de porcs, c'est une responsabilité qui ne relève pas
nécessairement de l'environnement, mais qui relève du ministre de
l'Agriculture qui est très sensibilisé à l'aide pour le
producteur agricole. C'est donc dire que cela fait déjà longtemps
que j'en parle avec le ministre de l'Agriculture; on essaie de trouver une
formule d'une aide financière de ce côté-là et j'en
parlerai un peu plus loin.
Pour nous, l'agriculture est une activité essentielle au
Québec. Elle doit se développer le plus possible, mais en
respectant la collectivité environnante. Bien sûr que l'industrie
agricole se situe en campagne, mais je l'ai dit plusieurs fois devant la
commission et cela n'a pas encore été assez dit: Est-ce la seule
activité qui se déroule en campagne? On revient souvent avec le
mythe des urbains en campagne qui sont les seuls à s'opposer aux
éleveurs; je viens de le dire, 80% des plaintes proviennent de personnes
qui vivent douze mois par année en milieu rural. Il y a des agriculteurs
qui se plaignent des gros éleveurs; donc, il faut garder un
équilibre.
Le quatrième principe; j'apprécie que vous vous engagiez
à faire des efforts pour enrayer la pollution de l'eau. Je pense que
là-dessus, on s'est rejoint assez rapidement et on va essayer de
minimiser cela; de votre côté, d'ailleurs, vous convenez qu'il
faut minimiser l'inconvénient des odeurs.
Le cinquième principe, c'est le principe, justement... On peut
avoir gardé l'impression d'une mauvaise interprétation dont j'ai
parlé tantôt, concernant la quantité de pollution qui
provient de
l'élevage, non pas de l'agriculteur comme tel. Avant d'entrer
dans l'étude de points spécifiques, je tiens à vous dire
que j'apprécie l'attitude de l'Union des producteurs agricoles, surtout
depuis quelque temps, face à l'environnement, comme le témoigne
chez vous la création d'un comité de l'environnement. Je crois,
pour ma part, que le fait de tenir compte de la protection de l'environnement
pourra assurer un développement de l'agriculture au Québec de
plus en plus productive.
Je tiens à vous dire que si le comité de l'environnement
de l'UPA me présente des demandes de projets précis, par exemple,
il y aura moyen de l'aider sur le plan financier par une subvention au niveau
de l'environnement.
Le projet de règlement lui-même, la question des distances
de zones résidentielles et d'agglomérations, sur toute cette
question de localisation, il va falloir que nous réexaminions les
notions comme celles d'agglomération. D'ailleurs, et je vois que dans
votre mémoire vous n'avez pas tenu compte de cela, on a bien dit lors
des dernières rencontres qu'on a eues avec les représentants de
l'UPA que la notion d'agglomération ne sera pas retenue dans le
règlement pour le territoire zoné agricole. C'est donc dire que
ce n'est plus le même problème à l'intérieur d'un
territoire zoné agricole. Je pense que cela devrait éteindre un
peu vos préoccupations de ce côté-là.
La question du zonage résidentiel et de la limite des villages.
Compte tenu des remarques positives que vous formulez, on va essayer de
retoucher à cette partie. On pourra vous consulter à nouveau pour
voir comment vous évaluez les correctifs qu'on apportera de ce
côté.
La question des immeubles protégés. Sur la question des
immeubles protégés, il faudrait être sérieux et
faire preuve de bon sens. Les distances qu'on demande s'appliquent et
s'appliqueront évidemment aux immeubles protégés
installés légalement. Un exemple: en dehors du zonage agricole ou
pas, un producteur demande un permis pour élever 1000 porcs. Dans son
permis, il s'engage à respecter les distances. Si, par la suite,
quelqu'un qui est venu s'installer après formule une plainte en disant
que le producteur n'est pas à la distance requise par le
règlement, notre rôle, à l'environnement, est de
protéger celui qui a eu un permis de bonne foi et qui a respecté
son permis. Nécessairement, si la personne est venue se plaindre, ce
n'est pas nous qui allons corriger la situation parce que celui qui a
demandé le permis et qui l'a obtenu est celui qu'on va protéger.
Cependant, et c'est un problème, vous devriez faire appel à la
municipalité ou à d'autres organismes qui doivent empêcher
la réversibilité des normes, que quelqu'un vienne s'installer et
bâtir une maison à une distance plus courte que le
règlement de l'environnement ne le préconise.
Donc, si le producteur agricole ou l'éleveur n'a pas le droit de
s'installer à plus de 500 pieds d'une maison, on ne devrait pas donner
un permis à quelqu'un qui viendrait s'installer à moins de 500
pieds de celui qui a obtenu un permis. On va tenir compte de cela.
Notre souci est surtout de protéger les équipements
collectifs, équipements qui sont nécessaires et utiles à
la collectivité; par exemple: les églises, les écoles, les
équipements collectifs récréatifs, les hôpitaux. On
n'est pas pour commencer à dire: II y a 19 lits, cela ne marche pas,
cela prend 20 lits et on le protège. Les équipements collectifs
sont utiles à la population. Les pauvres malades auront assez
d'être prisonniers là; ils ne sont pas obligés de sentir ce
qui se passe à une distance trop courte. Etant déjà
confinés par la maladie, ils ne sont pas obligés d'être
empestés.
Il faut quand même être assez sévère pour les
équipements collectifs.
A la page 13, vous suggérez que le gouvernement adopte une
attitude souple et conciliante en ce qui a trait aux troupeaux de bovins
laitiers qui se sont agrandis sans permis depuis l'entrée en vigueur de
la Loi de l'environnement. Vous touchez un point important qui demande une
démarche un peu différente. Nous allons être obligés
d'avoir votre aide pour trouver une solution bien précise. Je vais
demander la coopération de l'UPA sur ce point et je vous fais une sorte
de proposition dans le sens suivant: Nous pouvons, peut-être dans les
prochaines semaines, discuter avec vous de la possibilité de mettre au
point un genre de formulaire qui sera rempli par vos membres pour
évaluer exactement le nombre de bêtes qu'il y a de plus depuis
1974, ce qui nous permettra de voir avec vous la possibilité de bonifier
ce point de règlement.
Autrement dit, il faudrait voir l'ampleur du problème et en ayant
les chiffres de la situation, on pourra apporter des correctifs à ce
règlement, lesquels tiendront compte de l'ampleur du problème; on
pourra apporter peut-être un amendement à notre projet de
règlement qui nous permettra d'être justes pour ceux qui ont
respecté le règlement, qui ont respecté les demandes, qui
ont fait une demande de permis, à qui cela a occasionné des
dépenses. Il faudrait être juste pour eux et
nécessairement, ne pas être injuste envers ceux qui ne l'ont pas
fait. A cause de l'ampleur du problème, on pourrait trouver une sorte de
formule pour avoir l'état exact de la situation, voir l'ampleur du
problème et apporter des correctifs au règlement.
Je ne sais pas ce que vous pensez de cela; avant de continuer, je
voudrais vous demander votre opinion.
M. Couture (Paul): Ce qu'on pense de cela c'est qu'on dit
pratiquement: S'il y a 20 000 producteurs laitiers qui sont dans
l'illégalité, quelle solution pouvons-nous apporter à
cela? On a une solution, on dit: A partir de la passation du règlement,
on travaille à partir de là. Comme on vous l'a signalé, on
est prêt à collaborer pour réaliser l'objectif d'une
meilleure protection de l'environnement, mais on voit mal... Pour ces permis,
jusqu'à maintenant, pour les producteurs laitiers, il n'y a eu aucune
exigence sauf au cours des dernières années, dans les nouvelles
constructions.
On dit: Ces gars-là étaient de bonne foi, ils se sont
établis, mais essayons de travailler à partir d'aujourd'hui et
essayons d'évoluer avec la situation. Comment peut-on trouver une
solution à cela?
M. Léger: En tenant compte de ce que j'ai dit
tantôt, ceux qui depuis 1974 ont respecté la loi, le
règlement, qui ont fait une demande de permis, qui l'ont eu en acceptant
de faire certains correctifs et en faisant certaines dépenses, ils ont
respecté la loi; ce ne serait que pour eux. Il y en a d'autres qui
auraient une absolution complète sans qu'on regarde l'ampleur. Votre
chiffre, 20 000 c'est peut-être 25 000, c'est peut-être 5000, c'est
peut-être 10 000, on ne le sait pas. Là-dessus, je me demande s'il
n'y aurait pas moyen de se rencontrer à nouveau, en-dehors de la
commission parlementaire et évaluer un genre de formulaire pour savoir
exactement quelle est la situation. En examinant la situation pour
connaître la quantité, on pourra voir, à ce
moment-là, comment on pourra faire un règlement pour que tout le
monde soit...
Vous avez à tenir compte, comme l'Union des producteurs
agricoles... Je sais que vous êtes en période électorale
dans vos régions, vous avez des promesses à faire, un peu comme
les politiciens en période électorale; parfois on va un peu plus
loin. Il faut nécessairement que vous fassiez quelque chose qui
corresponde à la réalité chez vous. Est-ce que, dans cette
période, il y aurait moyen de le faire assez vite ou s'il faut attendre
pour avoir ces renseignements? Vous devez quand même être
très pris de ce côté-là.
M. Couture (Paul): M. le ministre, ne vous préoccupez pas
de la période électorale, c'est moins fatigant chez nous
qu'ailleurs. La question pratique on le dit dans notre mémoire et
c'est ce qu'on vous offre aujourd'hui. On vous offre une collaboration pour
réaliser. Mais il y a des choses qui sont faisables et d'autres qui ne
le sont pas. On peut difficilement dire: A partir de 1974, tant de personnes
étaient dans l'illégalité. Donc, on part d'une situation
et à partir de là, il y a des correctifs qui vont être
apportés immédiatement à des situations qui sont
dramatiques. Admettons que les solutions peuvent être plus rapides, je
pense qu'il y a une possibilité pratique, à ce moment. Mais de
dire que ce qu'on veut éviter, c'est d'amener 4000 ou 5000 producteurs
dans une situation d'illégalité... A partir de là,
travaillons ensemble et essayons d'améliorer l'environnement.
M. Léger: C'est cela. Pour nous, avant d'envisager de
modifier notre règlement, on veut connaître l'ampleur de la
situation. Le chiffre que vous me donnez, est-ce que ce sont 20 000 qui ont la
grande différence, est-ce que c'est une augmentation de 10%, 20%, 40%,
50%, 80% chacun? C'est l'ampleur du problème qu'on veut voir. Il devrait
y avoir moyen de trouver une formule à ce sujet. On pourrait
peut-être on ne peut pas trouver la solution aujourd'hui se
rencontrer à nouveau, en privé, pour voir comment on pourrait
connaître exactement l'ampleur.
On me dit qu'on a à peu près 500 demandes de permis de
bovins d'augmentation par année. 500 demandes par année, cela
fait 2500 depuis quatre ou cinq ans. Ces 2500 qui ont eu à apporter des
correctifs, ce n'est pas juste pour eux de dire: Nous, on a fait des
dépenses et les autres n'ont pas à en faire. Peut-être y
a-t-il moyen de trouver une solution pour les nouveaux. On pourrait se
rencontrer à ce sujet. Etes-vous d'accord pour en discuter?
M. Couture (Paul): II y a la question qu'on peut évaluer,
mais on ne peut pas accepter, aujourd'hui, de faire une discussion, je pense,
pour dire qu'on accepte, en commission parlementaire, une certaine
négociation à ce niveau. Ce qu'on signale, c'est qu'il y a un
problème, mais on ne voudrait pas qu'il y ait 5000, 6000 ou 8000 gars
qui soient dans l'illégalité. A partir de là, on est
prêt à travailler avec vous pour essayer de trouver une solution
au problème. (16 h 30)
M. Léger: D'accord.
Depuis mon arrivée au ministère, j'ai fait de
l'information dans toute la mesure du possible, mais j'ai quand même
hérité d'une situation donnée. On accuse un retard certain
dans ce domaine, mais vous devez constater avec moi que les relations qui
existent entre l'Agriculture et l'environnement sont mieux connues maintenant.
La réalité a peut-être été dure, tout d'un
coup, mais les gens se préoccupent de cela parce qu'ils ont vu qu'il y
avait un problème et qu'en poursuivant des efforts, de part et d'autre,
on pouvait atteindre nos objectifs.
Quand vous dites, vous de l'UPA, que depuis 1974 les producteurs
laitiers... Ce serait simpliste de dire: Nul ne devrait ignorer la loi et leur
taper dessus du jour au lendemain. Je suis d'accord avec vous, sauf que vous
dites que le gouvernement aurait dû faire de la publicité
là-dessus. Peut-être ai-je une part de responsabilité et
l'ancien ministre sa part de responsabilité, mais l'UPA devrait aussi
faire de la publicité sur ces règlements et ces lois de
façon qu'ensemble on puisse améliorer la connaissance de la
situation pour tout le monde.
M. Couture (Paul): J'ai apprécié, M. le ministre,
que vous ayez dit tout à l'heure que les agriculteurs avaient
évolué plus vite que les gouvernements, parce que vous appliquiez
un règlement de 1945, alors qu'on était rendu en 1978 et que
beaucoup de choses avaient changé. Mais il ne faudrait pas, parce qu'il
y a des retards au niveau du gouvernement que, du jour au lendemain, on
applique un règlement qui est impensable, qui est
irréalisable.
C'est ce qu'on vous a offert, M. le ministre. On a dit: A partir de la
situation d'aujourd'hui, on est prêt à collaborer pour
réaliser... et c'est l'offre qu'on vous fait. Vous êtes
assuré de notre collaboration, mais on ne peut pas avoir des
exigences
tellement draconiennes qu'elles mettent en cause l'agriculture.
Quand vous disiez tout à l'heure que les mots voulaient dire ce
qu'ils voulaient dire, que cela mettait en cause 50%, qu'on applique de
façon draconienne les règlements, comme on le voit, et qu'on
dise: C'est la loi et demain cela s'applique, cela va mettre en cause une
quantité de fermes, mais ce n'est pas cela votre objectif et nous, nous
avons celui de s'ajuster. On dit: Donnez-nous le temps et les moyens de le
faire. Notre démarche est aussi positive que cela.
M. Léger: Vous disiez tantôt que c'était vrai
que les producteurs, dans le domaine de l'élevage, étaient
allés plus vite qu'on ne l'avait prévu. C'est vrai, la technique
de l'élevage a connu une ascension extraordinaire, mais la technique de
la gestion du fumier, qui en est la conséquence négative, n'a pas
été aussi vite. Est-ce que cela dépend du gouvernement? Je
pense que le gouvernement n'a pas à trouver lui-même bien
qu'il va essayer, à cause de l'ampleur du problème les
solutions techniques à un problème d'industrie. Il n'y a pas une
industrie, dans n'importe quel pays, qui, causant des problèmes
d'environnement, ne se voit pas dans l'obligation de mettre une partie de son
budget à la recherche de solutions techniques au problème de
l'environnement.
Vous allez dire: L'industrie de l'agriculture ou l'industrie de
l'élevage est une industrie qui touche tellement d'individus,
contrairement à des entreprises commerciales ou de grosses industries,
qu'il y a une nuance, je suis d'accord avec vous. Cependant, hier on regardait
les chiffres de l'Office des producteurs de porcs du Québec. Dans leur
organisation ils sont à peu près 1000 membres et on me disait
qu'ils avaient 85% de la quantité de porcs au Québec; cela veut
dire que s'il y en a qui ont 100 000 ou 200 000 têtes de porc et d'autres
10 000 ou 15 000, c'est devenu une grosse industrie. Alors, quant au principe
selon lequel le gouvernement devrait aider sur le plan technologique, je suis
bien d'accord d'en faire une partie, mais cette responsabilité
relève aussi de celui qui développe une industrie de cette
ampleur.
M. Couture (Paul): M. le ministre, je pense que là-dessus
on est d'accord. On n'est pas plus en retard que les autres industries, parce
que ce n'était pas plus permis aux autres industries de jeter du mercure
dans les rivières, etc., mais on a arrêté d'en jeter quand
on a eu des règlements. Là, ce qu'on demande, c'est la même
chose que pour les autres industries; on leur permet on ne leur demande
pas: Demain matin vous allez changer votre situation; on leur dit: II y a un
règlement, il faut s'en aller vers cela on leur permet
d'évoluer. C'est la même chose qu'on demande. On dit: II y avait
une situation on peut la qualifier comme on veut, soit de
tolérance ou d'acceptation mais le matin où on dit: on a
enduré cela jusqu'à maintenant, mais, demain matin on ne l'endure
plus. Tout ce qu'on dit, nous autres; on dit: à partir de là...
Et on est prêt à faire un bout pour informer nos producteurs pour
le réaliser... C'est cela qui est le plus objectif, je pense que c'est
ainsi qu'on va le réaliser le mieux parce qu'autrement, on leur impose
quelque chose et on les amène à réaliser une chose, et je
pense que c'est ce qui est le plus positif.
M. Léger: Vous avez parfaitement raison. Maintenant,
j'ajouterais quand même, au niveau de la connaissance de la situation,
que depuis au moins 1975, l'Office du crédit agricole exigeait le permis
des Services de protection de l'environnement pour prêter. Donc, eux le
savaient qu'il y avait au moins cette exigence-là. Mais ce que l'on
demande, ce n'est pas pour demain. Il y a beaucoup de ces normes qui seront
applicables dans quatre ans. Donc, il y a une période qui va permettre
aux gens de s'adapter à cela.
Quand vous dites que les autres industries n'étaient pas toutes
prêtes... On a souvent fait le parallèle et c'est de bonne
guerre entre les industries qui polluent dans le domaine chimique ou
toxique et l'autre type de pollution qui provient de l'élevage. Il faut
quand même dire que ce n'est pas le premier règlement que l'on
passe, c'est le seizième que nous passons. Donc, il y a eu au moins
quinze autres règlements qui touchent d'autres types d'industries, qui
ont été mis de l'avant. On ne voudrait pas donner l'impression
qu'on prend l'agriculteur à la gorge, au contraire. C'est une sorte
d'équilibre qu'il faut avoir et surtout et là-dessus je
pense que vous êtes d'accord, puisque vous l'avez dit dans votre
mémoire une politique de l'assainissement des cours d'eau que
nous avons mise de l'avant. Dans la politique de l'assainissement des cours
d'eau, on s'est dit: on ne peut pas épurer tous les cours d'eau du
Québec en même temps, cela coûterait $4 milliards.
Donc, il faudra épurer, assainir les cours d'eau dans le but
premier de redonner les usages de ces cours d'eau aux citoyens. Pour leur
redonner les usages, il faut nécessairement que l'on s'attaque, en
choisissant une cible, un bassin, aux trois pollueurs en même temps. La
pollution municipale, la pollution industrielle et la pollution de
l'élevage. Parce que si les trois sont sur le même cours d'eau, on
ne peut pas dire: on va attaquer seulement le municipal, ou attaquer seulement
l'industrie ou attaquer l'éleveur. Il faut attaquer les trois, parce que
sinon, si nous n'attaquons pas les trois du coup, dans une cible, pour redonner
un cours d'eau aux citoyens, ce qui arrivera, c'est un peu comme l'image que je
donnais l'autre jour, si on ne fait qu'épurer une partie de l'eau et
qu'on la rejette dans une rivière sale, c'est un peu comme si on jetait
de l'eau un peu moins sale dans de l'eau de vaiselle sale, cela fait seulement
de l'eau de vaisselle un peu moins sale.
Il faut donc retrouver le cours d'eau et pour cela, il faut attaquer les
trois en même temps. Mais je peux vous assurer qu'il y a un principe que
j'ai mis de l'avant et je pense qu'il devrait être accepté
par votre groupe; c'est que si, au départ, le pollueur doit payer
la dépollution, le dépollueur doit être aidé par le
gouvernement.
Donc, que le dépollueur soit une industrie, une
municipalité ou un éleveur, le principe demeure et c'est
là-dessus que mon collègue, le ministre de l'Agriculture et
moi-même, avons trouvé une formule pour aider l'éleveur qui
serait un des pollueurs sur une rivière située dans une cible que
nous voudrions assainir. Je ne parle pas de tout le Québec, mais on veut
redonner un cours d'eau à toutes les cibles. Je pense entre autres
à la rivière Yamaska, à la rivière du Nord et
à d'autres rivières qui sont dans les cibles pour cette
année et d'autres pour l'année prochaine. Il y aura à ce
moment-là, une aide gouvernementale à ceux qui vont
dépolluer, donc, aussi bien l'agriculteur, l'éleveur, la
municipalité que l'industrie.
Vous parlez un peu plus loin, de la notion de vents dominants. Vous
dites qu'il y a des endroits au Québec où il y a trois vents
dominants. J'aimerais que vous me donniez des exemples précis de cela.
Selon vous, quel est le pourcentage de cas où il peut exister trois
vents dominants dans une même région? Avant-hier, un maire de la
paroisse de Saint-Bernard est venu et, nous a présenté une carte;
j'aurais aimé que vous voyiez cela; il nous a descendu une carte qui
partait d'en haut et qui allait jusqu'en bas. On y voyait un grand territoire
de la municipalité de Saint-Bernard où, sur à peu
près huit milles de large par à peu près dix milles de
long, 2000 citoyens vivent, et il nous a situé, dans un programme bien
fait, tout dessiné, toutes les porcheries qu'il y a là. Cela
voulait dire qu'il y avait au-delà d'une centaine de porcheries dans ce
territoire avec 100 000 porcs et 900 000 volailles, on a fait une image
montrant les vents dominants, ils étaient tous dans la même
direction. On voyait les barbots indiquant à quel endroit se trouvaient
la porcherie et le vent dominant. C'était tout dans la même
direction. D'après vous, y a-t-il bien des endroits où il peut y
avoir plus d'un vent dominant, qu'il y en ait trois entre autres? Expliquez-moi
cela.
M. Couture (Paul): Ceux qui ont travaillé au comité
ont amené M. Côté ou M. Duval. Vu que c'est assez
technique, si vous voulez donner...
M. Côté (François): On n'a pas essayé
de savoir si, effectivement, sur le territoire il y avait trois vents
dominants. On dit que si vous définissez les vents comme soufflant 25%
et plus du temps dans une direction donnée, il y aurait
possibilité on n'est pas géographes mais on est capables
de lire un texte s'ils soufflent 26% du temps du sud-est ou vers le
sud-est, 26% du temps vers l'est et 26% du temps vers le nord-est, selon la
définition qu'on en donne, il y aurait trois vents dominants et le
corridor va devenir un entonnoir; c'est ce qu'on dit.
Quant à l'aspect géographique, à savoir si cela se
produit dans certains cas, on ne l'a pas inventorié, mais, de la
façon que le vent dominant est défini, il y a possibilité
qu'il y en ait trois. C'est dans ce sens-là.
M. Léger: Mais c'est une hypothèse.
M. Côté: Une hypothèse basée sur la
définition que vous donnez des vents dominants: Si, effectivement, on a
tort de faire l'hypothèse suivant laquelle les vents soufflent plus
régulièrement que cela, augmentez le pourcentage et le
problème ne se posera pas. Mettez 45% du temps dans une direction et
cela va se régler tout seul.
M. Léger: Maintenant, la distance qu'on a mise est le
maximum possible et on l'a réduite dans la direction où il y
avait un vent dominant. Si on retourne la question et qu'on vous dit-. Si le
vent dominant s'en va vers votre maison, accepteriez-vous que la personne
vienne installer directement une porcherie dans votre direction? Ne diriez-vous
pas: II devrait l'installer dans l'autre direction pour que je n'aie pas
à subir cela quotidiennement?
C'est dans ce sens qu'on pense que le vent dominant devrait être
une façon d'empêcher l'installation d'une porcherie dirigeant ses
vents dominants directement chez des personnes. Donc, si le vent dominant, dans
25% du temps, va dans une direction, la distance devrait être beaucoup
plus longue mais pour le reste du territoire où le vent dominant
n'existe pas, la distance est celle du règlement.
M. Côté: Sur la question des vents dominants, c'est
peut-être le seul point de tous les points qu'on a soulevés du
règlement pour lequel on n'a pas proposé d'alternative. On ne
vous dit pas que le concept de vents dominants n'est pas intéressant. On
sait qu'en pratique les vents ont une importance et que si on pouvait adapter
le règlement pour tenir compte des vents, cela serait parfait, mais on
vous dit qu'on n'est pas d'accord sur la façon dont vous l'avez
fait.
Premièrement, quand les distances ont été
établies, selon l'opinion des Services de l'environnement, à ce
moment-là il n'y avait pas possibilité de tenir compte des vents
parce que l'information n'était pas disponible. Donc, les tableaux de
distance étaient faits en fonction de toutes les situations, y compris
les pires.
En toute logique, si on part des tableaux de distance qui existaient et
que l'on veuille introduire le facteur des vents, il faudrait, dans les
situations favorables, réduire les distances parce que ce sont des
espèces de distances moyennes qui valent pour toutes les situations. Si
on veut introduire le facteur "vent" pour augmenter les distances dans
certaines directions, qu'on les réduise dans d'autres.
Deuxièmement, les distances elles-mêmes. On veut tenir
compte des vents mais à savoir, par exemple, s'il y a une maison dans le
corridor ou dans l'entonnoir dans le sens des vents à 1000 pieds, si on
doit interdire une maternité porcine de passer de 130 à 150
truies; cela est une question quantitative. Les distances que vous introduisez
dans le sens des vents nous apparaissent trop considérables.
Dans le fond, ce qu'il faudrait faire serait d'ouvrir une discussion
pour améliorer le concept. Tel que vous l'utilisez dans le moment, on
n'est pas d'accord. Ce n'est pas sur l'idée des vents qu'on n'est pas
d'accord, c'est sur la façon dont cela a été introduit
dans le règlement.
M. Léger: Vous êtes au courant que cela ne touche
que les porcs, pas les bovins?
M. Côté: Oui.
M. Léger: Penser que ce règlement peut tellement
nuire... J'ai les chiffres des deux dernières années où le
nombre de demandes de permis pour les porcs et les truies, ceux de plus de 1600
porcs ou de moins de 1600 porcs... Les demandes de permis acceptées se
chiffrent par 66%, 68% et 74% des cas, et les refus étaient de l'ordre
de 10%, 12% et 14% et une fois, dans le domaine des truies, 4%. Donc, si les
refus sont autour de l'ordre de 12% ou 10%, cela est pour l'ensemble des causes
qui permettent un refus...
M. Côté: Depuis quelle année?
M. Léger: De 1976 à 1978. (16 h 45)
M. Côté: Les vents dominants, vous les appliquez
depuis...
M. Léger: Justement, pour terminer, je vous donne un
exemple. Pour moins de 1600 porcs, il y a eu 14% de refus, mais dans ces refus,
il y en avait à peine 1% ou 2% qui étaient des vents dominants et
les 10% ou 12%, c'était pour d'autres causes, question de distance ou de
non-conformité à certaines autres normes. Mais la notion des
vents dominants, c'est à peine 1% ou 2%. Donc, il ne faut pas oublier
non plus que c'est une nuisance à partir de 15% du temps. Donc, un vent
de 25%, c'est déjà une proportion qui protège de beaucoup
dans ce sens-là.
M. Duval (Bernard): M. le ministre, je pense que la
création du corridor imaginaire de 660 pieds est déjà une
contrainte assez grave. Si vous avez un établissement porcin de 300
pieds de long et que vous créez un corridor imaginaire, je pense que
l'autre bout du canon est assez gros. Quand on va multiplier cela avec des
facteurs de une fois et demie et quatre fois dans le cas des habitations
voisines, je pense que même si les pourcentages que vous apportez ont
obligé une négociation dans le cas très précis
tout dépend de quelle façon on tient une mesure de
longueur 330 pieds à 359, c'est encore un peu dans le vent, parce
que c'est bien proche. C'est tout ce corridor imaginaire qui est assez
subtil.
C'est peut-être la partie du texte où on ne vous fait pas
de proposition. On vous dit: rayez-la. Dans tous les autres secteurs du
dossier, je pense qu'on vous fait des propositions comme vous nous l'avez
demandé lors de nos rencontres antérieures. Dans la partie
où on ne vous fait pas de proposition, on ne fait qu'une demande de
radiation complète de cet article; vous tenez énormément
à ce que cela soit maintenu.
M. Léger: Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de
relire parce que le débat à ce sujet est commencé
depuis trois jours les mémoires des gens qui sont venus de toutes
les régions, des gens de toutes les disciplines, qui sont venus parler
de tous les problèmes qu'ils ont vécus là-dessus. Il
serait peut-être bon que vous relisiez cela, vous êtes certainement
abonné au journal des Débats, vous allez voir ce qui a
été dit à ce sujet. Pour nous, le vent dominant est quand
même une notion sur laquelle on peut apporter des correctifs au niveau de
la distance.
Mais le vent dominant est quand même très important pour
situer la bâtisse. Il vous faudrait peut-être relire ce que les
gens qui vivent autour, dont les agriculteurs, nous disent à ce sujet.
Notre connaissance actuelle des vents dominants indique qu'il n'y a presque pas
de cas où les vents soufflent dans plus d'une direction, plus de 25% du
temps. Je vous lis cela parce que c'est un de mes experts qui vient de me
donner cela, mais je ne suis pas un expert là-dedans, tout ce que je
puis vous dire, c'est que la norme de 25% a été faite par des
spécialistes qui voient que le vent souffle rarement dans plus d'une
direction, plus de 25% du temps.
Cela a quand même établi uniquement un corridor, pour le
reste du rayon, il n'y a pas de problème.
M. Duval: M. le ministre, je voudrais vous faire remarquer que ce
même spécialiste nous prouvait, en 1976, qu'il n'était pas
capable de nous trouver une rose des vents et qu'en 1977, quand il l'a
découverte, il ne nous a pas avertis et vous vous êtes mis
à l'appliquer.
M. Léger: On ne parle peut-être pas du même
spécialiste, parce que nous ne sommes pas les seuls...
M. Duval: C'est celui qui vous passe les notes en tous les
cas.
M. Léger: II m'en écrit et il m'en passe.
M. Côté: Est-ce qu'on peut vous poser une question?
Dans une région comme la Beauce où c'est assez montagneux, enfin
dans les régions où la topographie est montagneuse,
êtes-vous capable de savoir quels sont les vents dominants à un
endroit donné? Dans la plaine, on vous donnerait peut-être le
bénéfice du doute, parce que c'est assez régulier, mais
là où la topographie est montagneuse, pouvez-vous dire, à
un endroit donné, que le vent souffle dans telle direction et être
sûr de vos chiffres? C'est quand même assez important. Nous, nous
ne sommes pas sûrs que vous soyez capables en tous les cas. C'est
vous-mêmes qui nous avez dit, il y a deux ans, que vous n'étiez
pas capables.
M. Léger: Les chiffres qu'on vient de me donner
chaque personne chez nous n'est pas un omnispécialiste, on est tous
spécialistes dans chacune des choses proviennent du
ministère des Richesses naturelles, secteur de la
météorologie, où on connaît les types de vents,
etc., c'est sa spécialité. Donc, c'est par eux qu'on a eu ces
dimensions, parce que cela arrive parfois qu'entre ministères on se
parle. Ce sont les renseignements qu'on doit aller chercher chez ceux qui
peuvent nous donner les renseignements dont on a besoin.
Quand même, il ne faut pas oublier que l'histoire des normes
d'épandage, des vents dominants et des distances aux habitations, aux
agglomérations et des immeubles protégés, ces
problèmes, c'est aussi, je pense, dans l'intérêt de vos
membres. Il y a des municipalités qui passent des règlements sous
la pression des citoyens agriculteurs non pour interdire toute porcherie, mais
parce que la façon d'exploiter de quelques éleveurs a
dérangé pas mal de monde; ce sont donc des règlements qui
ont été mis de l'avant et qui sont plus sévères au
niveau municipal. C'est parfois parce qu'il y a eu des pressions pour corriger
des situations intenables.
On va nécessairement écouter ce que vous dites là;
continuez, car ce règlement n'est pas adopté à la minute
que la commission est finie. Après cela, on va relire tous les
mémoires et, à cause de l'importance de votre organisme, les
correctifs qu'on veut apporter. Moi, en tout cas, je pense qu'il serait
important, avant de republier le règlement, d'avoir une autre rencontre
avec vous sur les correctifs à apporter, et je pense que l'Union des
producteurs agricoles est un organisme pas mal proche de la
réalité et pas mal proche des gens, pas mal proche de vos
membres. Vous vivez les avantages et les inconvénients des
règlements qui sont présentés par le gouvernement. C'est
seulement après avoir tenu la commission parlementaire, avoir entendu
tous ceux qui ont des choses à dire, relu le journal des Débats,
qu'on va apporter les correctifs et, nécessairement, vous revoir sur des
détails pour s'assurer qu'on se comprend bien. Je pense aussi qu'il va
falloir que chacun mette un petit peu d'eau dans son vin.
Quant aux délais d'application pour les plates-formes et les
fosses, vous demandez un délai de quinze ans pour la construction des
plates-formes et cinq ans pour l'étanchéité des fosses
existantes.
Si on commence aujourd'hui à parler de chiffres je ne
pense pas qu'on ait une élection mais, je pense qu'il va falloir
réviser cela; en partant à quinze ans, je dis que c'est un bon
point de départ pour les négociations; comme pour les trente ans,
d'ailleurs, on part de très loin, on essaie de s'approcher un peu d'une
solution mais, je pense qu'il va y avoir un certain délai pour permettre
à tout le monde, surtout si on est capable de travailler ensemble, comme
j'ai dit tantôt, d'avoir une vision de la réalité, de voir
l'ampleur du problème, si on peut avoir votre participation il y aura
moyen d'apporter des correctifs.
Je prends note ici que vous êtes d'accord pour faire ces travaux
immédiatement dans les cas d'agrandissements. Cela est un point
important, je suis heureux qu'on soit d'accord.
Deuxièmement, comme vous le savez, il y a une politique
d'assainissement des cours d'eau qui va s'appliquer à partir de
tronçons-cibles. Donc, comme je disais tantôt, vous allez voir
qu'il y aura une aide gouvernementale pour ceux des éleveurs qui sont
situés dans les cibles, certaines cibles où nous voulons
épurer le bassin immédiatement et totalement.
Troisièmement, sur l'entrée en vigueur du règlement
dans tous les autres cas, votre approche est positive et mon intention n'est
pas d'être plus exigeant pour les agriculteurs que pour d'autres secteurs
de la société québécoise, au contraire. En un sens,
il y aurait peut-être lieu de réexaminer les délais,
surtout celui des plates-formes. Je tiens à vous dire que je ne suis pas
fermé là-dessus, je suis très ouvert. Il y a aussi une
action des municipalités et aussi, c'est un bon point qu'on me souligne,
j'avais oublié de vous le dire, on est d'avis que votre règlement
aura, je pense, pour effet d'offrir une sécurité aux citoyens et
de freiner ceux que poursuivent les municipalités actuellement à
accepter les règlements antiélevage. Si les municipalités
en sont rendues à émettre des règlements draconiens pour
dire il n'y aura plus d'élevage chez nous, c'est que le problème
est grave. Avec un règlement comme le nôtre, avec les correctifs
qu'on pourrait y apporter encore, nécessairement, cela va amener une
certaine sécurité, permettre plus d'ouverture, pour éviter
des règlements qui fermeraient complètement la porte.
J'aurais peut-être une petite question à vous poser;
Qu'est-ce que vous pensez de la proposition faite hier par le
député de l'Union Nationale, que je trouve très
intéressante, que les permis pourraient être limités dans
certaines régions où la concentration est tellement forte, que
cela dépasse les possibilités de contrôle des fumiers et de
l'immensité des odeurs qui sont senties par les gens de la
région? Si on dépasse une certaine norme par hectare, s'il y a
plus de tant de têtes par tant d'hectares dans une région, on
propose qu'il n'y ait plus de permis qui se donne là. Qu'est-ce que vous
pensez de cette approche?
M. Couture: II y a un élément de base, je vais
répondre à votre question, après cela, j'aurai autre chose
à demander. Qu'il y ait des études faites sur les
possibilités d'absorption des sols reliées à la
concentration, on serait d'accord avec cela; qu'on regarde ces
possibilités ou bien qu'on dispose des fumiers. Ce qu'on veut, c'est que
cela se fasse d'une façon assez logique et assez normale, on ne peut pas
changer du jour au lendemain.
Il y a une question que vous mentionniez tout à l'heure au niveau
des municipalités. Notre sécurité au niveau des
municipalités n'est pas... Dans certains territoires, on a la
sécurité mais dans beaucoup de territoires, aujourd'hui, la
représentation des agriculteurs au niveau des municipalités est
plus mitigée parce qu'il y a moins d'agriculteurs et plus de
résidents. Quand vous dites que
vous avez des plaintes des résidents, cela ne me scandalise pas
mais ce ne sont pas nécessairement toutes des plaintes d'agriculteurs.
La relation de notre représentation au niveau de la municipalité,
en raison de l'évolution, a changé dans beaucoup d'endroits.
M. Léger: Je tiens à souligner quand même
qu'au moment de l'entrée en vigueur du présent règlement,
tous les règlements municipaux portant sur la production animale
deviendront directement caducs et devront à nouveau être
adoptés et soumis à l'approbation de mon ministère. Je
pense que cette disposition assurera une homogénéité
souhaitable dans ce domaine et mettra de l'ordre là où l'anarchie
a visiblement causé des préjudices et des problèmes.
Dans l'ensemble je dirai cela en conclusion, je vais laisser
l'occasion à d'autres. Je tenais à vous poser pas mal de
questions parce que votre organisme est important là-dessus En
conclusion j'aimerais vous dire, et c'est le ministre de l'environnement qui
parle, un ministre de l'environnement qui veut établir un
équilibre entre le développement économique et le
développement écologique, que les citoyens des milieux ruraux ont
droit à la qualité de l'air tout comme les urbains ont droit
à la qualité de l'air pollué par les industries. Si tous
les Québécois ont droit à la qualité de l'air
à quelque endroit qu'ils demeurent, je pense que des efforts doivent
être faits et des normes doivent être adoptées dans ce sens
suivant l'équilibre qui est celui de tenir compte des difficultés
et des contraintes des producteurs.
M. Couture (Paul): Je suis d'accord avec cela, mais ce qu'on dit
dans le mémoire, c'est qu'on tienne compte que le milieu rural est un
milieu où se pratique l'agriculture, où l'industrie agricole se
développe. Ce n'est pas nécessairement un milieu pour entendre
chanter les petits oiseaux, faire de la peinture et écouter de la
musique. C'est l'équilibre entre ces deux philosophies qu'il faut
garder. Je suis d'accord. Cela ne me déplaît pas de voir un gars
qui écoute chanter les oiseaux au bord d'une forêt, mais il faut
quand même garder la réalité du milieu agricole. On a la
pollution par les senteurs, les odeurs, les fumiers, etc., mais on est aussi
achalé par la pollution par le bruit; ou voudrait faire arrêter le
séchoir du gars qui fait la production de grains le soir parce que cela
brise un peu la tranquillité du poète qui est là. C'est
sur cela que nous ne sommes pas d'accord. On est d'accord pour faire une norme
normale.
M. Léger: Mais le poète qui écoute un oiseau
chanter arrête de l'admirer quand il est obligé d'essuyer son
chapeau.
M. Couture (Paul): On est d'accord avec cela, mais il y a une
norme entre cela. On veut qu'il soit reconnu que dans le milieu agricole se
pratique une industrie et qu'il y a certains inconvénients qui sont
reliés à cette industrie; c'est aussi simple que cela.
Après cela, s'il y a des zones, on peut les déplacer. Il y a des
zones de récréation qui ne doivent pas nécessairement
s'établir dans le meilleur rang. Il y a une question de logique
là-dedans et comme l'agriculture est un partenaire important pour
l'économie, on doit travailler à son développement. C'est
là qu'on ne se rencontre pas toujours. Il y a des gens qui le voient
poétiquement et d'autres qui le voient comme la place où on
pratique une industrie. C'est cette option que nous voulons voir reconnue.
M. Léger: On pourrait quand même vous demander de
profiter des prochaines semaines, des prochains jours pour relire dans le
Journal des Débats les 20 mémoires qui ont été
présentés. Vous verrez qu'il n'y a pas beaucoup de poètes
qui sont venus présenter des plaintes.
M. Couture (Paul): Ce n'est pas là où j'ai le plus
peur des poètes, c'est quand ils appliquent les règlements. ( 17
heures)
Le Président (M. Boucher): Merci! M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, à mon tour j'aimerais
remercier et féliciter l'organisme UPA pour la présentation de
son mémoire qui, sans doute, est d'une grande utilité et fournit
passablement d'éclairage aux membres de cette commission.
La première question; j'aimerais revenir sur ce qui a
été dit au début de la semaine et j'adresserais cela au
ministre de l'environnement. Est-ce que j'ai bien compris, lorsque le ministre
a dit qu'il avait publié ces règlements et d'ailleurs,
c'est très heureux qu'il l'ait fait que c'était dans le
but de pouvoir en discuter, comme cela, et qu'après avoir entendu tous
les mémoires, les officiers du ministère étudieraient cela
scrupuleusement et tâcheraient d'y apporter les modifications qui
s'imposent? Il a mentionné après cela, qu'il y aurait un autre
règlement, forcément, qui serait publié dans la Gazette
officielle. Est-ce que ce règlement entrera en vigueur
immédiatement? Est-ce que j'ai bien compris?
M. Léger: Nécessairement, quand on publie un
règlement pour la deuxième fois, il entre en vigueur à ce
moment-là, mais il y a des délais d'application qui sont inclus
dans le règlement.
M. Picotte: Est-ce que le ministre accepterait... Evidemment,
cela va prendre quelques semaines. Le premier ministre a dit en Chambre, cet
après-midi, a promis qu'on légiférerait sur le zonage
agricole et que, possiblement avant l'ajournement des Fêtes, cette loi
serait adoptée, avec le concours de tout le monde, des oppositions, du
gouvernement, etc. Est-ce que le ministre accepterait quand même de ne
pas publier cet autre règlement avant que la loi du zonage agricole soit
adoptée par le Parlement, ce qui n'a pas pour effet de retarder
tellement, étant donné qu'on peut espérer, en tout cas,
qu'avant les Fêtes, on aura cette loi du zonage agricole?
M. Léger: II ne faut pas oublier une chose, c'est qu'une
loi est déposée grâce à un gouvernement, mais est
adoptée grâce à l'Opposition.
M. Picotte: Oui, c'est officiel.
M. Léger: Si vous me garantissez que la loi du zonage
agricole va être adoptée avant les Fêtes, je peux vous dire
qu'il n'y a pas de problème de ce côté-là en ce qui
nous concerne. Je n'ai pas d'objection de ce côté-là;
cependant, il faut tenir compte du fait qu'en attendant que la loi du zonage
agricole soit adoptée, en attendant que ce règlement soit
adopté, il faudra que je continue à donner ou à refuser
des permis. C'est quand même le guide qui a servi pendant quatre à
cinq ans, avec les correctifs à apporter, et je ne peux pas dire aux
gens qui me demanderont des permis, les 750 demandes dont 300 n'ont pas encore
été ouvertes et 400 que nous sommes à étudier...
Ces gens qui attendent leur permis afin d'avoir des revenus, est-ce que je vais
leur refuser, pendant ce temps, ou si je dois quand même continuer les
démarches? Vous me donnez la permission, je suis bien d'accord, je suis
bien content. Je vais donc continuer à faire fonctionner la machine,
basée sur ce guide et il sera en application. Le règlement a deux
objectifs; il y a quand même celui que les citoyens connaissent, le guide
sur lequel je me base pour accepter ou refuser un permis et il y a le fait,
aussi, qu'après que ce règlement est en vigueur, le
fonctionnement normal de la production agricole doit respecter le
règlement qui n'était pas encore en vigueur.
Il y a quand même un besoin non seulement d'avoir un permis... Une
fois que l'éleveur a son permis, il faut qu'il respecte les normes, dont
l'épandage et différents autres articles du règlement qui
ne sont pas encore en vigueur. Plus on attend, plus c'est compliqué,
mais je n'ai pas d'objection à attendre au moins aux Fêtes pour
que le règlement soit adopté. De toute façon, j'ai promis
à l'Union des producteurs agricoles, dès qu'on aura fait des
correctifs, de les rencontrer à nouveau parce qu'on aime se parler.
Ensuite, on envoie cela aux journaux, tous les deux, et on leur dit si on a
aimé notre rencontre ou non. Quand même, on va se consulter
à nouveau parce que je pense bien qu'il est impensable qu'un
règlement soit fait sans qu'il y ait eu au moins une autre petite
consultation avec vous qui représentez réellement les
agriculteurs.
M. Cordeau: Une petite question sur le même sujet, M. le
ministre... Tantôt vous avez dit que l'Opposition...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, est-ce que vous permettez que...
M. Picotte: Oui, je permets, mais je n'ai pas terminé.
M. Cordeau: D'accord. Vous avez dit tantôt que
c'était l'Opposition qui adoptait les lois ou qui retardait les lois,
mais tout dépend de la qualité des lois qui nous sont
soumises.
M. Léger: Ou de la compréhension de
l'Opposition.
M. Cordeau: Comptez sur notre compréhension. Concernant
l'environnement, vous n'aurez qu'à continuer ce qui est prescrit
actuellement au ministère de l'environnement, vous n'aviez pas de
règlement, c'est-à-dire que vous en avez testé un...
M. Léger: On avait le guide, mais on n'avait pas de
règlement.
M. Cordeau: Oui, vous aviez le guide. Alors, je pense que vous
pouvez continuer la même chose en l'adoptant le plus humainement
possible.
M. Picotte: D'abord, quand le ministre mentionne que l'Opposition
peut retarder des lois, il sait très bien que le gouvernement a les
moyens de faire adopter ces lois. On s'en est servi et le gouvernement
présent s'en est aussi servi à une couple d'occasions.
M. Léger: Qu'est-ce que cela vous a donné de vous
en servir?
M. Picotte: Evidemment, j'espère que cela ne vous
réserve pas le même sort, parce que vous l'avez utilisé
vous aussi et ce ne sera pas pour bien longtemps.
J'insiste surtout auprès du ministre et je suis
très heureux qu'il l'ait lui-même mentionné
j'aimerais bien qu'il y ait des consultations auprès des organismes
responsables, comme il l'a dit, avant la publication de cet autre
règlement, parce qu'à un moment donné, on peut se
retrouver avec des problèmes qui seront quand même assez
sérieux.
M. le Président, à un moment donné il y a eu un
comité conjoint, ministère de l'Agriculture et services de
protection de l'environnement, pour étudier ces problèmes. Vous
avez sans doute collaboré à ce comité conjoint. Est-ce
que, d'abord, il y a eu des recommandations de faites de la part de ce
comité conjoint et est-ce que, selon vous, ces recommandations ont
été en général pas mal acceptées à
l'intérieur du règlement qu'on nous a soumis?
M. Couture (Paul): Je pense que je vais laisser le soin à
M. Duval, qui était président du comité, de vous
répondre. Il peut donner un peu la réalisation...
M. Duval: II y a certaines sections du règlement qui ont
été améliorées, mais si certaines remarques que
nous avons faites sont présentes dans notre mémoire, entre autres
au sujet d'agglomérations... On avait demandé, comme exemple, une
seule agglomération pour définir vraiment quelque chose.
Présentement, il y en a deux, mais,
tel qu'on le mentionne, les zones du village ont encore
été retenues.
Le règlement a été amélioré, mais pas
nécessairement complètement; il y a des choses qui ont
été retenues et qui sont appliquées depuis 1976, en tout
cas depuis ces rencontres au niveau du comité comprenant le
ministère de l'Agriculture, les services de protection de
l'environnement et l'UPA, mais elles n'ont pas nécessairement
été appliquées en s'améliorant, selon nous. Entre
autres, la question des vents dominants je pense qu'on l'a
soulevée tout à l'heure est une chose qui nous avait
été prouvée. Les distances inscrites aux annexes
établissaient un compromis entre les pires et les meilleures situations.
Cela n'a jamais été étudié à nouveau dans le
contenu quand il y a eu application. C'est pourquoi, quand vous avez
mentionné que si on était pour continuer à émettre
des permis et on souhaite qu'on continue à en émettre...
On souhaite des améliorations, qu'à partir de ce jour l'UPA
puisse les faire inscrire dans le règlement et qu'elles commencent
à être appliquées immédiatement. L'application et
l'énoncé d'un règlement, c'est à peu près la
même chose, c'est pourquoi on dit: Le règlement sera au moins
adopté, il ne sera pas dirigé "discrètement" en vertu des
articles 20 et 22 de la loi.
C'est un peu dans ce sens; on a un peu collaboré à
l'amélioration, mais le règlement n'a pas été
complètement amélioré, comme on le voyait.
M. Picotte: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Gaudet avait demandé
la parole; voulez-vous ajouter quelque chose à ceci?
M. Gaudet: C'est une question qui s'adresse à M. le
ministre; je voudrais relever des choses qui ont été dites au
cours de l'après-midi et qui, il me semble, ont besoin d'être
éclaircies. Je ne sais pas si je peux le faire à ce
moment-ci.
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez le faire
après les interventions des autres partis de l'Opposition.
M. Picotte: Dans votre mémoire, vous parlez du droit de
premier occupant; j'aimerais bien savoir, dans votre esprit, ce que veut dire
le droit du premier occupant et jusqu'où cela peut aller dans l'esprit
des agriculteurs, parce qu'il peut y avoir toutes sortes de notions et cela
peut être bien minime comme...
M. Couture (Paul): Le principal point du droit du premier
occupant, c'est qu'il y a des agriculteurs établis, qui ont des
investissements de faits. S'ils ne peuvent pas se développer, on les
condamne ou, si on exige qu'ils déplacent leur organisation, ce sont des
coûts très onéreux, hors de leurs possibilités. Ce
sont ces choses qu'on défend: l'agriculteur qui est en place, dont les
installations sont là. Si des gens viennent se construire à
côté et lui disent: Toi, tu pollues, tasse-toi, cela le met dans
une situation impossible.
Il y a un paquet d'autres facteurs: Un type peut être bâti
à une distance un peu éloignée de la route, la route a
été élargie ou on l'a déplacée, et on passe
près de ses installations, donc cela le place dans une situation
pratiquement intenable et c'est impensable de continuer la production. C'est
là qu'on peut mettre en cause, si on ne tient pas compte de certaines
réalités...
C'est contre ces choses-là qu'on vous met en garde et qu'on dit:
II faudrait que le règlement soit appliqué avec un certain
jugement, une certaine...
M. Picotte: Souplesse.
M. Couture (Paul): ... souplesse.
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idée, dans votre
mémoire vous dites de faire la distinction entre la pollution
provoquée par les odeurs et la pollution de l'eau. La distinction est
nettement faite, mais depuis le début de la commission parlementaire, on
parle souvent d'odeurs, même le ministre en a parlé, on semble y
apporter une attention un peu spéciale.
On a parlé aussi du nombre de têtes d'une exploitation
agricole. Souvent, le ministre a employé le terme aux environs de 2000
têtes pour un exploitant agricole. Est-ce que, d'après vous...
C'est encore une notion qui me fait un peu peur. Si on mentionne, dans un
règlement, qu'on ne doit pas dépasser 2000, 2500, 1500, peu
importe le chiffre, cela va causer de sérieux problèmes. Je sais
qu'il y a des producteurs, chez nous, qui ont 5000 têtes; si on parle de
2000... Ce serait quoi, selon vous? Est-ce que vous voyez l'utilité de
normes semblables? Si oui, ce serait quoi dans votre esprit?
M. Couture (Paul): C'est difficilement...
M. Picotte: Le ministre a dit, à un moment donné
il me semble que c'est ce qu'il a dit qu'un porc contribue
à 23 livres de fumier. Cela semble assez... C'est du fumier, en tout
cas!
M. Couture (Paul): Le rendement du porc en fumier, c'est
difficile de répondre à cela, ce n'est peut-être pas le
fond du problème. Je trouve cela beaucoup...
M. Picotte: Si on peut appeler cela rendement.
M. Couture: ... parce qu'un porc de 200 livres consomme 600
livres de moulée; avec trois livres de moulée...
M. Giasson: Beaucoup d'eau.
M. Couture: ... par livre de chair pour faire 27 livres de
fumier, cela en fait beaucoup. Il faut qu'il soit pas mal efficace. Peu
importe, là n'est pas le problème. Qu'il en fasse 27 livres ou 30
livres, le problème est de savoir comment on en dispose.
Votre question portait sur le nombre de porcs. C'est assez difficile de
dire le nombre de porcs parce que vous avez beaucoup d'organisations,
aujourd'hui, qui sont des organisations père-fils ou des
sociétés entre frères qui prennent une dimension plus
grande que le propriétaire individuel. Cela a une potentialité
plus grande. Je trouve que ce qui est important, c'est la gestion de
l'entreprise. On tenait compte tout à l'heure des concentrations, il
faudrait peut-être regarder les concentrations et les méthodes
qu'on a aujourd'hui de disposition et de gestion des entreprises; je pense que
c'est important.
Un nombre exact est assez difficile à déterminer. Tu peux
dire 5000 et brimer un individu qui, lui, en a besoin de 7000 parce qu'ils sont
trois dans la même ferme, qu'ils ont décidé de faire un
genre de société père-fils au lieu d'exploiter
individuellement.
M. Picotte: II serait préférable, à ce
moment-là, qu'on limite le nombre de permis dans un rang X si on
s'aperçoit que la capacité d'absorption du sol est
déjà...
M. Couture (Paul): Ce que je pense... Il n'y a pas d'étude
et il faudrait le regarder. Je ne pense pas qu'on puisse trouver une solution
à cela en commission, il faudrait avoir une étude afin de
connaître la potentialité du territoire. Un type peut avoir 30 000
porcs dans dix porcheries. Je pense que cela peut se contourner. Voir la
potentialité du territoire et qu'il y ait des études faites en
fonction de cela, ce serait assez positif. (17 h 15)
M. Picotte: J'ai relevé un autre point, soit la question
des coûts. Quand on a parlé de plateforme et tout cela, on a
parlé de cent quelques millions et on fait allusion dans le rapport
à $37 millions que cela coûterait en supposant qu'une fosse est
d'environ $6000 selon les études du ministère de l'Agriculture
qui calcule que cela peut être $6000. Cela peut aussi bien vouloir dire
$10 000 et $12 000; en tout cas, tenons-nous en à $6000. Cela pourrait
coûter, dans la province, de $100 à $120 millions aux agriculteurs
le fait d'être obligés de se conformer à cette norme?
Est-ce que pour vous, c'est tout simplement une question de temps?
M. Couture (Paul): Pour la demande, je pense qu'il y a des
questions techniques sur les coûts; ce sont des études qui ont
été faites par le ministère de l'Agriculture au prix des
estimations; je suis prêt à donner mes fosses à contrat, au
prix des estimations. Une chose importante, c'est qu'on dit qu'il est
impensable présentement que l'agriculteur... On dit, le temps pour le
réaliser... Parce que si on veut tous faire des plates-formes avec des
coûts étanches l'année prochaine, on n'est même pas
capables de les faire. Donc, on dit: Donnez-nous le temps de les faire mais
aussi l'implication monétaire. C'est aux pollueurs à se
dépolluer, mais comment réalise-t-on la dépollution? La
demande qu'on fait, c'est une aide du gouverne- ment à 75% des
coûts parce qu'on prétend que l'ensemble des producteurs ne peut
pas le faire.
M. Picotte: Je l'ai fait dire à d'autres personnes qui ont
présenté des mémoires et je ne vous demanderai pas si vous
êtes d'accord avec cela cela va de soi que le prix de la
dépollution devrait être payé, selon plusieurs, par
l'ensemble de la collectivité québécoise et non pas par
l'agriculteur, par les seuls agriculteurs québécois.
M. Couture (Paul): II y a deux choses là-dedans. Une
industrie le répercute dans ses coûts de production et comme
l'industrie agricole n'est pas rendue au niveau de faire entrer dans le
coût de ses produits agricoles tous ses coûts de production, nous
disons qu'il doit y avoir une compensation; soit qu'on l'entre dans nos
coûts de production où on a une intervention parce qu'on a des
politiques qui sont faites en fonction d'une alimentation à bon
marché. A partir de là, le consommateur va le payer d'une
manière ou d'une autre. Nous devons l'entrer dans nos coûts de
production ou on demande une aide pour ne pas l'inclure dans nos coûts de
production. C'est aussi simple que cela.
M. Picotte: J'aimerais peut-être vous poser une
dernière question parce que je sais que mes collègues ont
hâte d'en poser eux aussi. C'est une question qui va vous sembler
curieuse, mais j'aimerais entendre vos commentaires parce qu'on a dit souvent
que 80% des plaintes que le ministère recevait venaient d'autres
producteurs agricoles. Je vais vous placer devant une situation bien
précise. Vous faites de l'agriculture dans l'industrie laitière;
votre voisin, qui est aussi un agriculteur, est dans l'industrie
laitière et il décide, à un moment donné, de
demander un permis au ministère de l'environnement pour changer
d'orientation, pour tenir une porcherie de 1000 têtes. Quelle serait
votre réaction comme voisin?
M. Couture (Paul): Ma réaction comme voisin va être
la réaction de tout le monde. On dit que l'agriculteur doit produire
mais je ne voudrais pas qu'on me fasse dire qu'on est contre une certaine
réglementation et une certaine gestion qui améliorent la
situation. Mais si mon voisin veut élever des porcs, je suis incapable
de l'empêcher et je pense que cela fait partie de ses
responsabilités et qu'il a à se soumettre à une certaine
réglementation. A partir de cela, je ne l'empêcherai pas.
M. Picotte: D'accord. Merci, monsieur.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je tiens aussi à vous féliciter,
à vous remercier pour votre participation positive à cette
commission et j'aurais quelques questions à vous poser.
Actuellement, le ministre de l'Agriculture octroie des sommes pour le
transport des engrais
chimiques venant d'autres provinces, d'autres endroits; croyez-vous
qu'il serait bon, afin d'aider les producteurs de porcs, que le ministre de
l'Agriculture accorde aussi des octrois pour le transport du purin, afin
d'aider les agriculteurs qui ont besoin de cet engrais chimique? Des
spécialistes nous ont dit qu'il avait une valeur certaine et que des
cultivateurs pourraient l'employer mais, par contre, au point de vue transport,
il y a certains problèmes.
M. Couture (Paul): Je pense que, théoriquement, il y a
certaines possibilités et le fumier, qu'il soit de volaille, de porc ou
d'autre, il a une valeur pour la ferme. Quant à l'aspect pratique des
coûts de transport, je pense qu'il y a un facteur limite, s'il n'est pas
transformé dans les coûts de transport, parce que je vois mal
transporter du fumier de porc à 100 milles, avec les coûts de
transport et le reste. C'est pour cela qu'il y a une relation avec les
concentrations et les terres. Mais s'il y a des choses qui peuvent être
faites pour avoir une transformation et diminuer le volume sans diminuer la
valeur du fumier, ce sont des choses qui sont à regarder. Je pense qu'on
n'est pas fermé à toutes ces éventualités. Mais un
problème sûr, c'est que le gros facteur limite, c'est le facteur
du coût de transport.
M. Gaudet: Je voudrais mentionner aussi que si cela coûte
le même prix, en termes de subventions, que ce qui peut être
versé pour l'engrais chimique, cela n'impliquerait pas beaucoup d'argent
et il n'y aurait pas beaucoup de déplacement.
M. Cordeau: Dans votre mémoire, vous parlez des immeubles
protégés. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je crois
que M. le ministre en a peut-être causé, brièvement,
tantôt, des immeubles protégés. Je suis pour les immeubles
protégés, mais, par contre, actuellement, on voit dans nos
campagnes certains restaurants ou des dépanneurs qui
s'établissent dans les rangs de campagne et dans les zones agricoles et
ils ont des facilités d'obtenir des permis, soit pour des bars ou ainsi
de suite, et après, cela devient une hypothèse quasiment
insurmontable pour les fermiers, les fermes voisines de ces endroits, parce
qu'elles doivent respecter ces immeubles protégés. La même
chose arrive aussi dans des boisés ou dans des érablières
où le type commence par donner des repas pour la famille, puis il
agrandit un peu pour les voisins et les amis et ensuite, il ouvre une salle
à dîner, il obtient un bar et c'est l'hypothèque pour tous
les cultivateurs environnants; bien, cela existe encore. Croyez-vous que le
gouvernement devrait apporter une attention spéciale à des cas
semblables?
M. Couture (Paul): Bon, c'est un problème qui est toujours
un problème pratique. C'est quand on arrive... Immeuble
protégé ou agglomération, vous dites, si dans un rang on
permet à tout le monde de s'établir n'importe où, bien, il
n'y a plus de place pour l'agriculture, parce que les exigences sont tellement
grandes que le gars ne peut pas bâtir chez le voisin. Il faut qu'il
construise chez lui et il y a des exigences. Quand on parle des exigences de
1700 mètres, sur la ferme chez nous, j'en ai assez grand et je tombe
quasiment toujours chez le voisin. Alors, ce n'est pas facile. Donc, à
toutes fins pratiques; c'est pour cela qu'il y a une question, on relie
beaucoup la protection de l'environnement au zonage, parce qu'il faudra
planifier quand même les développements. On veut mettre de l'ordre
dans l'agriculture, il faudrait en mettre ailleurs. Si on laisse les gens
bâtir n'importe où et qu'après cela, on a des exigences...
Si vous me demandiez: Est-ce qu'on va donner un permis à un gars qui
veut se bâtir une soue à la porte de l'église? Je vous
dirais non. C'est bien clair. Pour les constructions nouvelles, il y a une
relation, il y a une question de bon sens, mais il y a ce qui existe et les
constructions qu'on peut faire n'importe comment et n'importe où et sans
discernement.
M. Cordeau: J'aimerais aussi... oui?
M. Léger: Est-ce que je pourrais répondre au
député? Les bars et les dépanneurs que vous avez
mentionnés ne sont pas des immeubles protégés.
M. Cordeau: Et des restaurants de 20 sièges? M.
Léger: Un restaurant, mais pas un bar.
M. Cordeau: Habituellement, où il y a un bar, le gars est
assez intelligent, il a un restaurant.
M. Léger: Alors, c'est un restaurant.
M. Cordeau: Oui, mais restaurant avec bar, cela revient au
même principe.
Maintenant, j'aimerais aussi que le ministre nous parle un peu ou donne
son opinion sur la création d'un mécanisme d'appel, tel que
mentionné dans votre mémoire, s'il est d'accord ou s'il
aimerait...
M. Léger: Actuellement, la loi prévoit un
mécanisme d'appel qui est la Commission municipale. A ce jour, on n'a
pas encore trouvé de solution meilleure que cela, parce que,
nécessairement, on ne peut pas mettre un autre organisme qui
enlèverait la responsabilité, le ministre, pour faire un certain
travail pour respecter les règlements. Il y a déjà le
mécanisme officiel qu'est la Commission municipale où les
citoyens peuvent se faire entendre devant un refus ou une acceptation
conditionnelle. C'est le mécanisme de la Commission municipale qui est
le mécanisme d'appel actuellement.
M. Cordeau: Avez-vous l'intention de créer d'autres
mécanismes?
M. Léger: Pour le moment, on n'a pas envisagé cette
possibilité.
M. Cordeau: Etant donné...
M. Léger: A moins qu'on prouve que la Commission
municipale ne remplira pas ce rôle, mais j'en doute fort. C'est le
mécanisme qui est actuellement en place pour cela.
M. Cordeau: Je pensais que cela faisait partie de toutes les
suggestions que vous accepteriez du mémoire.
M. Léger: C'est du Conseil consultatif de l'environnement
qu'on parle; il ne faut pas mélanger le Conseil consultatif de
l'environnement et le mécanisme d'appel.
M. Cordeau: Tantôt, vous avez dit...
M. Goldbloom: Si mon collègue de Saint-Hyacinthe me le
permet, j'aimerais dire un bref mot sur ce sujet.
M. Cordeau: Oui.
M. Goldbloom: II est vrai que la loi prévoit que la
Commission municipale agisse comme tribunal d'appel. Il est vrai aussi que,
quand je suis arrivé, à la fondation même des Services de
protection de l'environnement, la Commission municipale du Québec
n'avait pas d'expertise dans le domaine de l'environnement. Nous lui avons
donné de l'expertise en fusionnant la Régie des eaux du
Québec et la Commission municipale. Je dois me poser la question
à savoir si ce n'est pas une réflexion sur les personnes
en place, loin de là la Commission municipale jouit
présentement d'une expertise dans le domaine qui nous
préoccupe.
Je me rappelle les discussions que j'ai eues avec l'Union des
producteurs agricoles et avec l'Union des conseils de comté du
Québec. Dans mon esprit, il était désirable qu'il y ait un
mécanisme d'appel qui ait l'expertise voulue, qui soit tiré du
milieu agricole, du milieu rural. Je ne fais pas de commentaire sur la
composition proposée dans le mémoire de l'UPA. J'aurais si
ma mémoire est fidèle proposé une composition un
peu différente. Ce n'est pas là le point. Le point est que l'on a
besoin d'une expertise en ce sens qu'on doit avoir connu le milieu agricole
pour pouvoir porter un jugement sur les cas limites. Dans ce sens,
j'encouragerais le ministre à revoir, avec un oeil encore plus
favorable, la recommandation du mémoire de l'UPA.
M. Léger: Si vous me le permettez, sur la même
question. Etant donné que dans votre mémoire vous parlez de
l'expérience en Ontario, on se dit, au départ: On ne peut quand
même pas multiplier le nombre de tribunaux d'appel pour chaque
règlement qui va être présenté et pour chaque
industrie qui aurait quelque chose à dire. Quelle est
l'expérience que vous avez pu vérifier en Ontario
là-dessus?
M. Kirouac: L'expérience qu'on a pu vérifier en
Ontario, chez la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, suite
à l'application d'une commission d'appel de ce genre constituée,
comme on l'a dit dans le mémoire, uniquement de producteurs agricoles,
cette expérience avait trois aspects extrêmement
intéressants.
M. Léger: Vous avez dit uniquement...
M. Kirouac: Elle est composée de cinq producteurs
agricoles. Elle a eu pour effet, d'abord, de régler une foule de
problèmes qui paraissaient des montagnes au départ et qui, mis
sur la table d'une commission d'appel constituée de gars du milieu, ont
trouvé des solutions d'une façon passablement simplifiée.
Les ballons se sont passablement dégonflés. Cela a eu comme
deuxième effet de faire comprendre aux producteurs le besoin d'un
règlement pour la protection de l'environnement. Même si on en a
parlé, si on fait de l'information...
Vous nous avez envoyé une petite flèche tout à
l'heure selon laquelle on ne faisait pas beaucoup d'information. Ecoutez,
l'information sur l'environnement... On a quand même mis sur pied, comme
association, comme centrale, un comité provincial; selon nous un
comité provincial qui a des représentants de chacune des
productions et qui a siégé régulièrement pour
déboucher sur un document comme celui-là, cela représente
quelque chose. On a informé nos membres dans le champ. Remarquez qu'on a
probablement été les premiers à diffuser, sur le
territoire, votre projet de règlement en totalité, in extenso,
tel que vous l'avez écrit. On fait notre effort.
Cette commission d'appel a eu cet effet de faire comprendre aux
producteurs... et la réponse que les gars de la Fédération
de l'agriculture de l'Ontario nous donne est la suivante: On peut compter sur
les doigts de la main les cas qu'on n'est pas capable de régler et avec
lesquels on est obligé d'aller en cour. Le gars qui, en toute franchise
et en toute sincérité, me donne un résultat comme
celui-là, je me dis: Dans des cas comme celui-là, cela ne peut
pas faire autrement qu'être bon. (17 h 30)
M. Couture (Paul): C'est l'effet psychologique: les cas des
agriculteurs sont réglés par le milieu et il y a en même
temps une partie information et éducation, et je pense que c'est
important. L'objectif de votre ministère n'est pas de pénaliser
des gens, mais de protéger l'environnement. Donc, c'est une
collaboration qu'on offre à ce moment, qui a un effet psychologique. On
l'a expérimenté dans d'autres domaines; on a un exemple, la
commission d'appel de la Société du crédit agricole qui a
très bien fonctionné et tout le monde en a été
heureux. Quand on a évolué vers l'amélioration de la
qualité du lait, là où on a franchi le plus grand pas
c'est quand on a eu nos propres inspecteurs; l'inspecteur allait trouver le
producteur et lui disait: Pour améliorer ton affaire tu n'as qu'à
faire telle, telle ou telle chose; il ne le voyait pas comme un intervenant qui
venait le punir, il le voyait comme le gars qui venait l'aider. Je pense que
cet aspect psychologique est très important au début et on ne
devrait pas le négliger.
M. Léger: La commission d'appel dont vous parlez est-elle
une commission décisionnelle?
M. Couture (Paul): Non, elle fait une recommandation, et je pense
que c'est important.
M. Léger: En Ontario, la commission d'appel peut en
appeler d'une décision rendue en vertu d'un article similaire à
l'article 20 de notre loi, mais non d'un règlement. C'est pour cela
qu'on est un peu ouvert à cette idée que vous présentez;
cette commission non décisionnelle pourrait régler des
problèmes de ce côté et trouver un paquet de solutions
à des gens qui auraient eu un refus. Comme la commission est plus proche
des problèmes, elle pourrait y trouver des solutions. Nous sommes
ouverts à l'idée, mais cela pose quand même deux
problèmes parce que la majorité des appels portent sur des
questions de droit c'est le premier problème et le volume
des appels est petit, il semble qu'il y en ait peut-être sept ou huit par
année. Ce sont donc les préoccupations qu'on a, mais on est
ouvert quand même à l'esprit d'un mécanisme quelconque de
ce côté, si la Commission municipale ne suffit pas. Mais il y a
des problèmes de ce côté et, quand vous dites: Ce n'est pas
décisionnel, c'est une chose à regarder de plus près.
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, vous pouvez
continuer.
M. Cordeau: Est-ce que vous avez des commentaires ou est-ce que
je peux...
Une Voix: Non.
M. Cordeau: J'ai une autre question à poser au ministre;
tantôt, si j'ai bien saisi, vous avez mentionné que, lorsque les
règlements entreront en vigueur, ils prévaudront sur les
règlements municipaux. Est-ce à dire que les municipalités
qui ont un règlement de zonage adopté légalement par leurs
citoyens verront leur règlement tomber ipso facto?
M. Léger: En partie, seulement ceux qui touchent à
l'élevage.
M. Cordeau: Si je vous demande cela, c'est que je fais partie de
la commission de l'environnement et de la Commission des affaires municipales.
Cela me pose un gros point d'interrogation, non que je ne veuille pas
appuyer... Actuellement, avant que le ministère de l'environnement ne
délivre un permis, vous demandez à l'inspecteur municipal
d'envoyer une lettre attestant que le producteur agricole doit se conformer aux
règlements de la municipalité. Alors, je vois mal à ce
moment l'emploi d'inspecteurs municipaux dans les municipalités, si
votre règlement vient à l'encontre des règlements
municipaux. Cela me pose un point d'interrogation; voudriez-vous
spécifier votre pensée?
M. Léger: Je vais juste clarifier. Les règlements
de zonage municipaux qui touchent à des zones ne seront pas
touchés, mais pour les règlements municipaux qui toucheraient,
mettons le domaine du fumier ou quelque chose dans ce genre il
faudrait, une fois que le règlement provincial sera adopté,
qu'elles refassent la demande de ce règlement au niveau du gouvernement
provincial.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Cordeau: Non, j'ai une autre question à poser à
la délégation. A la page 2, vous parlez d'application de normes
pour différentes régions; en quelques mots, pouvez-vous expliquer
votre pensée de ce côté?
M. Couture (Paul): C'est la souplesse d'application des
règlements. On dit: On ne peut pas avoir les mêmes exigences dans
le cinquième rang de Rochebaucourt en Abitibi s'il y a deux
producteurs de lait que l'on peut appliquer à la grandeur de la
province. Dans des régions où le développement des
entreprises est moins considérable, qu'on en tienne compte.
M. Cordeau: Probablement que le ministre en a tenu compte.
Maintenant, M. le ministre, une dernière demande; tantôt vous avez
dit qu'avant la publication de votre futur projet de réglementation,
vous en enverriez une copie à l'UPA. Je n'ai aucune objection à
ce que vous en envoyiez une copie à l'UPA, par contre, vous serait-il
possible d'en faire part aussi aux membres de l'Opposition, au
représentant officiel de chaque parti afin que l'on puisse bonifier le
projet de réglementation, si possible?
M. Léger: Je n'ai aucune objection à vous en
envoyer une copie. On cherche ensemble la vérité.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je voudrais,
après d'autres, remercier l'UPA de la qualité de son
mémoire qui montre bien qu'il n'y a pas que les poètes qui savent
se servir des mots. C'est un mémoire qui est plein de pondération
et peut-être que dans l'application de vos réflexions, il faudrait
faire certains ajustements, mais quant aux idées de base et à
l'esprit de vos recommandations, je suis tout à fait d'accord. Vous avez
peut-être observé que sauf pour les deux voisins immédiats
du président, tous les membres de cette commission viennent de
comtés, en bonne partie ou en majeure partie, ruraux. Je pense que c'est
éloquent et que cela vous indiquera que votre mémoire va
être étudié avec le plus grand soin.
Il y a une chose que j'ai relevée dans votre mémoire,
c'est une allusion rapide que vous faites à Mirabel. Vous incluez
Mirabel dans la liste des exemples de municipalités qui, à
l'intérieur de leurs limites territoriales, comprennent des territoires
agricoles. Vous avez bien fait d'inclure Mirabel,
c'est un super exemple, un exemple éléphantesque de ce
phénomène-là. Le territoire agricole qui est compris
à l'intérieur des limites de la municipalité de Mirabel
représente de 6% à 7% des terres agricoles de première
catégorie au Québec, comme vous le savez. Je voudrais, à
partir de cela, rappeler au ministre qui s'en doute sûrement, que dans ce
territoire 6% du meilleur territoire agricole du Québec sa
loi et son règlement risquent de ne pas être applicables parce que
le gouvernement fédéral, le gouvernement d'Ottawa, qui est
propriétaire de ce territoire, ne reconnaît
généralement pas les lois et règlements du Québec.
On en a déjà fait l'expérience dans le cas de Mirabel
à propos de la Régie des loyers et à propos d'autres
exigences du gouvernement du Québec.
Autrement dit, Sa Majesté canadienne ne reconnaît pas Sa
Majesté québécoise. Ce ne sera pas appliqué
à Mirabel, à moins que le gouvernement du Québec, avec
tous les appuis qu'il pourra trouver, obtienne du gouvernement d'Ottawa qu'on
lui confie la gestion du territoire de Mirabel. C'est une idée dont je
n'ai pas le monopole, puisque le syndicat de base de l'UPA à
Sainte-Scholastique, travaille déjà sur cette idée,
idée qui a été présentée en particulier au
ministre de l'Agriculture et à laquelle, quant à moi, comme
député de Deux-Montagnes, j'ai l'intention de donner l'appui le
plus vigoureux possible. Je voudrais alors m'assurer que tant l'UPA que le
ministre de l'environnement vont appuyer nos efforts en ce sens pour que le
Québec récupère le contrôle un jour on
espère bien récupérer non pas seulement la gestion, mais
bien plus que cela et dans l'immédiat, qu'il
récupère la gestion de ce territoire-là, d'une part, pour
que puisque nous sommes ici à la commission de l'environnement
la loi et les règlements relatifs à la protection de
l'environnement puissent s'y appliquer et, d'autre part, pour qu'on puisse
créer des conditions acceptables pour la production agricole dans ce
territoire-là.
Comme exemple des conditions à peu près impossibles dans
lesquelles les producteurs agricoles, locataires, travaillent et je
termine là-dessus c'est qu'ils ont chacun, dans la
quasi-totalité des cas, un bail comportant une clause d'annulation
à six mois d'avis. Quand on reconnaît que l'agriculture est une
industrie, quand on sait quels investissements elle exige du producteur, une
clause de six mois d'avis crée des conditions qui sont absolument
inacceptables.
J'espère qu'avec l'appui de l'UPA et du ministre de
l'environnement, le gouvernement du Québec va réussir à
obtenir la gestion de ces six ou sept pour cent des meilleures terres agricoles
du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que M. Couture...
M. Couture (Paul): On travaille avec le syndicat qui est
affilié à une de nos fédérations et notre position
est déjà publique: le développement de l'agriculture
relève du ministère de l'Agriculture au Québec.
Le Président (M. Boucher): Merci! M. le
député de Montmagny, une question.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Comme tous mes collègues, j'ai lu avec grand intérêt
le contenu du mémoire de l'UPA. Au-delà de la capacité que
les gens du milieu rural ont de savoir goûter la poésie quand
c'est le temps, au-delà de cela, dans l'exposé produit au
mémoire, on découvre qu'ils ont un sens et une connaissance
pratiques et réels des choses qui se passent à la campagne.
Il y a différents aspects, différents points sur lesquels
j'aurais aimé poser des questions, mais je vais m'en tenir à un
aspect du contenu de votre mémoire.
Vous avez introduit dans ce mémoire la notion de premier occupant
ou de droits du premier occupant. J'aimerais savoir si vous avez eu l'occasion
de dialoguer, d'échanger avec le ministre responsable des Services de
protection de l'environnement avant ce jour, c'est-à-dire au moment
où le comité conjoint de l'UPA et des Services de protection ont
eu à dialoguer, à examiner des situations. Est-ce qu'il s'agit
là d'une notion toute récente dans les positions défendues
par l'UPA ou est-ce que, déjà, cela vous apparaissait une notion
fort importante au début des échanges que vous avez eus avec les
Services de protection de l'environnement?
M. Couture (Paul): Je pourrais demander au président du
comité de répondre.
M. Duval: Je pense à votre confrère tout à
l'heure quand il demandait: Est-ce que les relations du comité ont
été... C'est un des points... Si on relevait nos agendas de 1976,
quand ce comité siégeait, on verrait que c'est un des points
qu'on a discutés en premier, qui est toujours revenu sur le tapis. On
n'a eu aucune retenue au niveau de la confection du règlement.
M. Giasson: Vu la réceptivité des Services de
protection de l'environnement vis-à-vis de cette notion, vous ne les
avez pas sentis ouverts totalement, compréhensifs?
M. Duval: Ils étaient peut-être ouverts, mais cela
ne s'est pas concrétisé dans le texte.
M. Giasson: Quant à moi, de tous les
éléments que vous soulevez dans votre mémoire,
celui-là m'apparaît le plus fondamental. Ce droit, on l'a
accordé au Québec à d'autres groupes que des agriculteurs;
on l'a même accordé à des gens qui vivent loin de nous
lorsqu'on a négocié des ententes pour le territoire de la baie
James avec les Cris et les Inuit. On a fini par le reconnaître et on a
modifié les arrondissements et les zones de types A, B, C, etc., pour la
reconnaissance des droits acquis d'un groupe de citoyens du Québec qui
n'est peut-être pas près de nous, mais qui est là, qui vit
depuis fort longtemps dans le milieu. Pour ma part, il m'apparaissait tout
à fait logique
et même fondamental de reconnaître ce droit de premiers
occupants dans ce secteur, quelle que soit la grandeur des objectifs qu'on
recherchait dans le développement des ressources premières du
territoire de la baie James.
M. Duval: Je pense que la notion qui a été
édictée en tenant compte du temps... Les services de protection
nous ont dit qu'on ne pouvait pas se servir de la rétroactivité
quant aux droits du premier, qu'on ne pouvait pas revenir sur le passé.
La notion qu'on vous propose au niveau du droit de la trentaine veut un peu
dire que si quelqu'un, au Québec, était capable, un peu comme
vous l'évoquiez pour les Inuit, de prouver que la province lui
appartient depuis trente ans, de la façon qu'il s'en occupe, il pourrait
en devenir propriétaire. Si une parcelle de terrain est utilisée
au moins au niveau des parcelles de terrain, et si quelqu'un pouvait l'utiliser
au niveau de la province, le droit civil lui accorderait le droit de
propriété. C'est un peu la raison pour laquelle on dit "le droit
acquis", cela veut dire que si on retourne en 1947, quelqu'un aurait des droits
en vertu de quelque chose. (17 h 45)
M. Giasson: Si vous me permettez, j'aimerais connaître la
position du ministre responsable des services à ce sujet, à
savoir s'il est prêt à le reconnaître; sinon, quelles sont
les raisons, les motifs fondamentaux pour lesquels il croit que ce droit ne
doit pas être reconnu à l'intérieur de la
réglementation qu'il devra produire à brève
échéance.
M. Léger: Je dois vous dire que le droit acquis existant a
été accepté dans le règlement, mais quant au droit
acquis pour augmenter le nombre de têtes, il faut faire une
différence. Il faudrait peut-être clarifier cela. Quelqu'un qui a
tant de têtes, qui possède tant de têtes de bétail
admettons qu'il aurait 500 têtes de porcs a le droit acquis
du premier occupant. Tout est dans cet esprit. Sauf que la même personne
ne peut pas avoir le droit d'augmenter d'une façon illimitée. Il
faut limiter les augmentations parce qu'à côté d'une
agglomération ou à une distance acceptable pour 500 têtes,
s'il y a une demande d'augmentation de 1000 têtes, pour passer à
1500, la situation n'est plus la même. Ce n'est plus un droit qu'il
demande, c'est un surplus, c'est une augmentation qui change
complètement les données et qui fait que les citoyens, à
la distance où ils sont, acceptent fort bien la présence de 500
têtes de porcs, mais verraient une grosse différence sur la
même distance avec 1500 têtes.
Donc, les 1500 têtes augmentent la quantité de fumier,
augmentent la senteur et à ce moment-là, créent un
problème de nuisance auquel nous devons apporter un certain
contrôle. C'est pour cela qu'actuellement, dans le projet, il y a le
droit acquis de ceux qui sont déjà là pour un nombre X
qu'ils ont déjà. Ils peuvent même l'augmenter de 20% sans
avoir à demander un permis; on a mis une norme de 20% parce qu'il faut
mettre un chiffre quelque part. Quelqu'un qui triplerait le nombre de porcs,
amènerait des nuisances énormes et je pense que les citoyens qui
vivent en milieu rural je ne parle pas des citadins ont aussi le
droit à la qualité d'air pur qu'ils avaient quand ils ont
acheté leur maison.
Si le voisin augmente d'une façon démesurée, cela
change complètement la situation.
M. Giasson: Une dernière question, M. le ministre. Notre
ministre, tout à l'heure, a indiqué que parmi les plaintes
reçues aux services de son ministère, il y avait 80% de ces
plaintes qui étaient formulées par des gens de l'agriculture en
milieu rural.
M. Léger: De gens qui vivent en milieu rural de
façon permanente.
M. Giasson: Est-ce que...
M. Léger: Ce ne sont pas nécessairement des
agriculteurs.
M. Giasson: Est-ce que vous êtes en mesure de nous donner
le pourcentage de ces personnes qui étaient agriculteurs par rapport
à d'autres personnes qui ne vivent pas des activités
agricoles?
M. Léger: C'est impossible, étant donné la
quantité de plaintes. On a eu près de 6500 plaintes au cours des
quelques dernières années. Ce serait un relevé très
difficile. D'ailleurs, les gens qui se plaignent ne donnent pas
nécessairement leur fonction, mais indiquent leur adresse
permanente.
M. Giasson: II y a tout lieu de croire que dans ce volume de
plaintes, le pourcentage exprimé par des gens qui vivent de
l'agriculture doit être très faible.
M. Léger: C'est une hypothèse parce qu'en
réalité, il faut penser qu'il y a 45 000 agriculteurs au
Québec; c'est sûr que ces 45 000 sont répartis à
travers tout le grand territoire du Québec et qu'ils peuvent être
moins nombreux ou représenter moins dans le nombre de plaintes. Quant
à ceux qui demeurent en milieu rural, qui ne sont pas des
villégiateurs et qui vivent douze mois par année en milieu rural,
il y en a au-delà de 1 500 000 au Québec.
C'est de ce groupe de personnes que nous parviennent 80% des plaintes.
Il y a peut-être 20% des gens qui ne sont que des villégiateurs,
qui ne vivent que temporairement, durant l'été ou autrement, qui
peuvent être parmi ceux qui ont fait des plaintes. Pour nous, ce qui est
important, c'est qu'à la campagne, les citoyens qui vivent ont droit
à un air pur. C'est pour cela qu'on a fait des relevés, pour au
moins répondre à ce mythe qui avait été
lancé, selon lequel c'étaient les citadins, avec le nez fin, qui
venaient à la campagne et qui bouleversaient les traditions ou les
habitudes de fonctionnement des agriculteurs et des éleveurs; ce n'est
pas le cas. Ce qui est important, c'est de
ne pas mettre une bataille où elle n'existe pas, mais de donner
de l'air pur, dans le milieu rural, aux citoyens qui en ont autant le droit que
les villes ont droit à un air pur provenant des industries.
Le Président (M. Boucher): M. Côté. M.
Cordeau: Une question...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, M. Côté avait demandé la parole.
M. Côté: C'est un peu pour répondre à
la question de M. Giasson. Je ne sais pas si les gens des Services de
protection de l'environnement ont changé d'idée, mais il y a un
fonctionnaire des Services de protection de l'environnement qui a écrit,
dans le texte d'une conférence je ne l'ai pas ici, mais c'est
disponible cet hiver, que d'après son expérience, la
majorité des plaintes venait de non-agriculteurs établis à
la campagne.
Quand même, ces 80% sont importants; il y a un
député, M. Picotte, qui, tantôt a déduit de cela que
les 80% des plaintes venaient d'agriculteurs, alors que le ministre a dit de
ruraux. A ce moment-là, ce que nous, on appelle des
développements sauvages ou anarchiques, deviennent des ruraux, des gens
qui travaillent à Québec et qui vivent à 30 milles autour,
à la campagne. Au fond, c'est ça le problème qu'on a; si
on classe cela comme des plaintes venant de ruraux, on déplace un peu le
problème.
M. Léger: Entre vous et moi, il se peut qu'autour de
Québec ou autour de l'agglomération montréalaise il y ait
des gens qui vont vivre à la campagne, mais ce sont quand même des
gens qui ont droit à de l'air pur. A quoi cela sert-il de dire que ces
personnes travaillent en ville et demeurent à la campagne? Elles
demeurent là. Est-ce qu'elles n'ont pas le droit à l'air pur
parce qu'elles demeurent à la campagne à temps plein douze mois
par année? Le mythe qui avait été mis de l'avant
était que c'étaient des gens qui vivaient peut-être huit ou
neuf mois par année ailleurs et qui venaient pour seulement trois mois,
avec leur nez fin, pour exiger des choses de l'agriculteur. Je pense qu'il faut
rectifier cela. Si on disait qu'un citoyen qui va vivre douze mois par
année à la campagne n'a pas droit à l'air pur parce qu'il
travaille en-dehors, il y aurait beaucoup de gens qui n'auraient pas droit
à l'air pur dans leur vie, parce que, dans les grandes villes, il y a
beaucoup de gens qui vont vivre dans les banlieues; est-ce qu'ils n'ont pas le
droit, dans leur banlieue... Parce que dans leur banlieue ils ont des
préoccupations différentes... Je pense que c'est pousser un peu
loin l'exemple. Ce qui est important, c'est qu'il y ait une facilité de
développement dans le domaine de la production animale, mais que cela se
fasse en respectant l'environnement, quels que soient les types qui vivent
là.
M. Couture (Paul): II y a la question aussi du producteur
agricole; c'est le conflit entre le gars qui a droit à l'air pur et le
gars qui a le droit de produire, je pense qu'il y a une norme aussi, il y a un
équilibre.
M. Léger: II y a un équilibre à faire. Il
faut dire aussi qu'il ne faut pas mêler cela, parce que je sais que l'UPA
représente autant des éleveurs de bovins que des éleveurs
de porcs. Les deux tiers des plaintes que nous avions provenaient des
éleveurs de porcs et il n'y en avait pratiquement pas du
côté des éleveurs de bovins; ce n'est pas causé par
les vaches.
M. Couture (Paul): Mais, pour ce qui est de la question du
premier occupant, il y a une chose qui est importante aussi, elle va
s'appliquer non seulement aux éleveurs de porcs, mais à tout le
monde, et si vous avez un producteur qui a 30 vaches et qui dit: Je ne peux pas
augmenter à plus de 35, on le condamne peut-être à mourir
aussi. Quand, tout à l'heure, vous donniez l'exemple du gars qui triple
sa production, là, il y a une norme, mais quelle est la norme
d'augmentation qui peut être permise?
M. Cordeau: Est-ce que je peux poser une question sur le
même sujet?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je regrette, il y a des députés de ce
côté-ci qui ont déjà demandé la parole; il
est déjà 17 h 40 et nous devons procéder...
M. Cordeau: C'est sur le même sujet.
M. Gagnon: Si c'est sur le même sujet, on peut se rendre
jusqu'à 18 heures. Personnellement, j'aimerais dire quelques mots et je
pense que vous avez eu votre tour, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, vous avez la parole.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Je voudrais la passer
immédiatement à M. Gaudet qui a quelque chose à dire
depuis tantôt; après cela je reviendrai, avec votre
permission.
Le Président (M. Boucher): M. Gaudet.
M. Gaudet: Merci, M. le député de Champlain, vous
êtes bien aimable. M. le Président m'avait donné la parole,
mais il me l'a enlevée après.
C'est qu'il faudrait rétablir des faits qui me paraissent
extrêmement importants. Il me semble qu'à l'UPA, on devrait
peut-être organiser un cours, d'après ce que je comprends, sur les
interventions à faire, parce que les interventions que M. le ministre a
faites, quoique bien positives, probablement, dans l'ensemble... Je remarque
qu'il y a des endroits où il est profondément mêlé
dans la compréhension de ce qui se passe dans les campagnes au
Québec. D'abord, savoir qui y demeure, savoir qui y vit et savoir ce qui
s'y passe.
Ce que je voudrais préciser devant la commission, c'est que les
cochons ne sentiront pas les roses, ils vont sentir les cochons; qu'ils soient
situés n'importe où dans la province, ils vont sentir les
cochons. La question qu'on a l'air à vouloir se poser est: Où
sera-t-il possible de faire cette production? Parce que, quand on regarde les
règlements, quand on regarde plusieurs éléments des
règlements, il y a des paroisses complètes où cela devient
complètement impossible de faire des productions comme celles-là,
d'une part.
D'autre part, je voudrais relever une autre question qui a
été soulevée au cours de l'après-midi, en ce qui a
trait aux exigences, en termes de permis, pour les producteurs laitiers qui,
depuis 1972, ont fait des modifications, ont fait des aménagements au
niveau de leur entreprise. On peut vous citer en exemple un nombre assez
important de producteurs qui ont demandé aux SPE d'avoir des permis de
construction et de réaménagement de bâtisses et à
qui les SPE ont répondu: On ne donne pas de permis pour cela, vous
construisez et bingo! Ça y est!
D'autre part, M. le ministre a soulevé cet après-midi un
point selon lequel l'Office du crédit agricole exigeait des permis pour
l'émission des prêts. C'est exact, mais seulement pour les
productions touchées par le règlement d'une façon plus
particulière, c'est-à-dire les productions de porcs et de
volailles. Pour ce qui est des autres cas, de tous les agriculteurs qui ont
fait une demande de crédit au niveau de l'Office du crédit
agricole, dans l'exploitation laitière, l'exploitation du boeuf ou
d'autres types d'exploitation, à notre connaissance, il n'y a pas de
demande de permis de l'environnement qui ait été exigée
par l'office.
Il y a un troisième point que je voudrais relever. On a
abordé cet après-midi...
M. Léger: Voulez-vous répéter ce que vous
venez de dire? Vous dites que pour l'Office du crédit agricole, il n'y a
pas eu de demande de certificat de l'environnement?
M. Gaudet: Non.
M. Léger: Pour quel type de...
M. Gaudet: Pour les productions d'élevage de bovins et la
production laitière.
M. Léger: A partir de quelle année?
M. Gaudet: On n'en demande même pas encore aujourd'hui.
M. Léger: Cela dépend. Il faut clarifier cela. On
va se donner chacun un petit cours pour se comprendre, on parle de la
même chose...
M. Gaudet: C'est bien, on est ouvert à cela.
M. Léger: S'il y a une demande d'augmentation qui
dépasse 20%, cela dépend aussi de la quantité qu'on a
déjà. Jusqu'à 36 vaches, on n'a même pas besoin de
demande, premièrement. Deuxièmement, si on dépasse 20%,
cela ne veut pas dire qu'en faisant une demande on n'a pas le permis. On peut
l'avoir, parce que la loi dit: S'il y a augmentation possible de contaminants
dans la nature, il faut avoir un contrôle de ce
côté-là.
M. Gaudet: Ce que je vous dis, c'est qu'à notre
connaissance il n'y a pas de producteur laitier qui soit passé par
l'Office du crédit agricole pour lequel ce dernier ait exigé un
permis des Services de protection de l'environnement pour consentir le
prêt agricole. C'est cela que je veux vous préciser, M. le
ministre, et qui me paraît pas mal important. Pour vous donner un
exemple, dans ma paroisse, il y a 52 agriculteurs qui ont fait des
modifications à leur entreprise depuis 1972 et pas un seul, sur les 52,
n'a obtenu de permis. Plusieurs en ont demandé et on leur a
répondu: Vous n'en avez pas besoin.
M. Léger: Ils n'ont pas eu de permis parce qu'ils
n'avaient pas eu de certificat de chez nous, vu qu'ils n'avaient pas besoin de
certificat?
M. Gaudet: Ils n'avaient pas besoin de certificat, c'est ce qu'on
leur a répondu.
M. Léger: Est-ce qu'ils ont eu leur permis?
M. Gaudet: Ils n'avaient pas besoin de permis non plus.
M. Léger: Je veux dire, est-ce qu'ils ont eu leur
prêt?
M. Gaudet: Bien sûr.
M. Léger: II n'y a pas de problème.
M. Gaudet: Vous avez dit cet après-midi que depuis 1975
l'Office du crédit agricole exigeait, pour émettre un prêt,
telle chose, quand on a discuté de l'information des producteurs, ce
n'est pas tout à fait exact. C'est vrai pour les producteurs de porcs ou
les producteurs de volailles, mais ce n'est pas vrai pour les autres
producteurs.
M. Léger: C'est l'information que j'ai. J'en suis
sûr pour les porcs, mais il se peut que pour les bovins, on n'ait pas
besoin de permis. S'il n'y a pas d'augmentation de contaminants, on n'a pas
besoin de permis.
M. Gaudet: II ne reste qu'un autre petit point: Qui doit trouver
les solutions techniques? On a parlé de la disposition des fumiers et
vous avez mentionné que nous, les agriculteurs, on avait une part
à faire à ce sujet. On a accepté en partie le fait qu'on
avait une part de travail à faire, mais je voudrais qu'on fasse la
comparaison au niveau des secteurs industriels.
Entre autres, il y a une affaire qui me trotte à l'esprit. Je
regardais le secteur minier et tous les efforts que le gouvernement
était en train de faire,
par exemple, avec l'Université de Sherbrooke pour trouver les
moyens d'éliminer les contaminants au niveau des usines. Je regardais
aussi tous les budgets que le gouvernement a mis au niveau des entreprises
papetières pour faire en sorte d'éliminer la pollution.
Je ne voulais dire cela en passant que pour bien situer le contexte de
notre demande. On dit que pour les agriculteurs au Québec, globalement,
par rapport au règlement qui est déposé, cela va
coûter $167 millions. Nous, on veut qu'il y en ait 75% qui soit
subventionné directement par l'Etat. C'était simplement pour
illustrer cela, en sachant, bien sûr, que, même si on est
obligés de mettre le cadenas à une entreprise, à une
ferme, on n'enlèvera peut-être pas directement 100 emplois au
niveau de cet agriculteur-là, mais, par effet de rayonnement, si on
ferme des entreprises de production au Québec, les emplois vont se faire
sentir à un autre niveau, au niveau des entreprises de transformation,
tant du secteur de l'amont que du secteur de l'aval. C'est tout ce que je
voulais préciser, M. le ministre.
M. Léger: Je suis bien d'accord avec ce que vous venez de
dire et le ministre de l'environnement serait très heureux de voir le
ministre de l'Agriculture, qui a pour responsabilité d'aider le
développement de l'agriculture, de subventionner des groupes
d'agriculteurs qui ont besoin d'aide de ce côté-là. On est
bien d'accord là-dessus, mais cela ne relève pas de
l'environnement, cela relève du ministère de l'Agriculture.
M. Gaudet: Pour cela, M. le ministre, vous comprendrez que cela
va exiger qu'il y ait des relations entre le ministère de
l'environnement et le ministère de l'Agriculture de beaucoup meilleures
qu'elles ne le sont actuellement.
M. Léger: Actuellement, elles vont très bien,
puisqu'on s'en vient avec une solution.
M. Gaudet: Cela fait combien de temps?
M. Léger: Cela fait au moins un an... mais on était
très loin au début, par exemple.
M. Gaudet: Je vous ferai remarquer, M. le ministre, qu'on a
discuté de certaines choses avec le ministre de l'Agriculture, c'est
dommage qu'il ne soit pas présent en ce moment, mais dans nos
discussions, il nous a semblé, non seulement il nous a semblé,
mais on a facilement compris que les relations n'étaient pas très
positives. Ce dont je vous parle s'est passé au cours de l'année.
J'espère vous nous dites que les conditions ont changé
que le temps s'est amélioré on a eu une bonne
saison cela doit être vrai aussi pour vous autres. Je le souhaite,
on veut le croire. (18 heures)
M. Léger: Si vous voulez être bien précis,
vous avez quand même dû remarquer qu'entre le premier
règlement que vous avez eu et la dernière formulation, il y a eu
beaucoup de corrections d'apportées, peut-être pas toutes celles
que vous auriez voulues, mais il y a eu de gros changements; je. pense entre
autres à l'abolition des 1000 mètres d'une maison et à la
distribution de l'épandage, aux notions d'agglomération. Ce sont
toutes des choses qu'on a corrigées suite à une
déclaration ou à une entente qu'il y a eue soit avec vous, soit
avec le ministre de l'Agriculture. C'est entendu qu'on ne pourra jamais
satisfaire toutes les exigences parce qu'un équilibre, ce sont des
contraintes que chaque partie doit accepter.
M. Gaudet: M. le ministre, quand vous parlez des corrections, des
1000 mètres d'une maison je prends celle-là parce que vous
l'avez soulevée j'espère que vous comprendrez que 1000
mètres d'une maison, en mesure de cultivateurs, cela fait 3000 pieds, et
même plus, et que 3000 pieds, dans bien des paroisses, cela veut dire
qu'il n'y a plus de construction possible du tout. Ce n'est pas un gain bien
important quand on dit qu'on a gagné cela.
M. Léger: Si on l'a corrigé, c'était pour
l'améliorer. Il est entendu que, si on regarde ce qu'on avait mis au
début, ce n'était pas tout à fait ce dont on avait
besoin.
M. Gaudet: Si ce n'est qu'une question de gros bon sens...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, pour votre grande générosité à
céder votre droit de parole...
M. Gagnon: Je me suis presque fait voler mon droit de parole.
Le Président (M. Boucher): ... je vous signale qu'il est
18 heures et que nous devons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures, au
moment où nous reviendrons.
Compte tenu des trois autres mémoires que nous aurons à 20
heures, est-ce que nous devons considérer que le présent
mémoire est épuisé ou devons-nous revenir pour d'autres
questions et que les invités reviennent?
M. Gagnon: Pour poser encore quelques questions.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consensus de
la part de la commission pour que les personnes de l'UPA soient invitées
à revenir après le souper?
M. Cordeau: M. le Président, nous avons cinq
mémoires, il en reste quatre après le souper.
Le Président (M. Boucher): C'est-à-dire qu'il en
reste trois. L'avis du Conseil consultatif de l'environnement a
été déposé vous l'avez en main et il
n'y aura pas de discussions là-dessus.
M. Goldbloom: M. le Président, je trouve que c'est
peut-être le plus important des mémoires que nous aurons entendus
et, pour ma part, il y a
une petite intervention que je voudrais faire; d'autres
députés, de toute évidence, voudraient en faire. De deux
choses l'une, ou bien nous donnons notre consentement pour continuer plus
longtemps maintenant et libérer après cela les gens de l'UPA, ou
bien nous revenons tous à 20 heures.
M. Léger: Je dois partir.
M. Cordeau: Vous revenez pour 20 heures?
M. Léger: A 20 heures, je serai là.
Le Président (M. Boucher): Alors, si les
représentants de l'UPA reviennent après le souper, personne n'y
voit d'inconvénient?
Alors, je retiens que le député de Champlain aura le droit
de parole.
Suspension de la séance à 18 h 3
Reprise de la séance à 20 h 11
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 18 heures, nous en étions toujours au
mémoire de l'Union des producteurs agricoles. Le député de
Champlain, après M. Gaudet, avait la parole. M. le député
de Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Comme je suis
probablement le sixième ou le septième à prendre la
parole, il y a peut-être des choses qu'on va répéter. Mais
au risque de me répéter, je voudrais remercier et
féliciter l'UPA du mémoire qu'elle a déposé
aujourd'hui. Je pense qu'il est extrêmement positif et j'ai l'impression
qu'il prouve qu'on vise à peu près tous le même but,
c'est-à-dire trouver Un moyen de favoriser l'agriculture et, en
même temps, d'essayer de rendre l'air et l'eau sains, de
dépolluer.
Ce qui est intéressant dans ce mémoire, c'est qu'en
même temps qu'on a l'objectif de dépolluer, d'assainir les eaux,
d'assainir l'air, on voudrait aussi trouver le moyen de faire des
règlements qui sont applicables. Avec les spécialistes en
agriculture qu'on a comme invités, je pense qu'ils peuvent nous donner
des suggestions. D'ailleurs, on le voit dans le mémoire, ces suggestions
rendraient ce règlement applicable.
Je voudrais seulement qu'on explicite un peu quelque chose dont on a
parlé cet après-midi, une commission d'appel. M. Couture, le
président de l'UPA, a mentionné qu'il existait une commission
d'appel à l'Office du crédit agricole. Je voudrais savoir si
cette commission d'appel est une commission permanente ou si c'est une
commission qui siège seulement de temps à autre pour entendre les
mémoires.
M. Couture (Paul): C'est la Société du
crédit agricole, ce n'est pas l'Office du crédit agricole. Il y a
une commission d'appel qui siège périodiquement, au besoin, pour
des cas particuliers, des prêts refusés ou autres cas. Il y a
toujours une solution possible ou on fait réaliser aux producteurs que
consentir un prêt, dans leur condition, ce n'est pas positif pour eux
autres. Il y a un fonctionnement à ce moment-là.
M. Gagnon: Suivant ce que vous dites, lorsque vous parlez de
commission d'appel, ce serait à peu près dans ce genre; ce ne
serait pas nécessairement une commission permanente, mais, une
commission qui siégerait... au besoin.
M. Couture (Paul): Au besoin. Ce ne sont pas des gens qui
pourraient être nommés à temps plein, mais qui
siégeraient au besoin pour des cas particuliers.
M. Gagnon: J'aimerais vous entendre un peu plus là-dessus.
Vous avez dit que ce qui est le plus important, plus que les distances, c'est
la gestion de l'entreprise. J'aimerais vous entendre expliciter davantage votre
pensée. (20 h 15)
M. Couture (Paul): II y en a un défi qu'on a toujours
à relever, comme producteurs agricoles, c'est la question de la
concurrence, d'être efficaces, d'être concurrentiels. Je pense
qu'au niveau de la gestion, il faudrait peut-être essayer de regarder en
dehors des distances. Souvent, une entreprise où il y a une bonne
gestion peut être assez près des habitations et ne pas avoir
d'effets polluants, d'effets négatifs, à cause de la gestion et
de la recherche qui pourraient être faites dans ces domaines. On dit: A
partir de maintenant, on fonctionne comme on est là, mais qu'on essaie
de minimiser les coûts. Quand vous parlez de construction à des
distances de 1300 mètres, il faut penser aux coûts additionnels
pour rendre l'électricité, l'eau, l'entretien d'une route, etc.
Cela change beaucoup les coûts de production. Donc, on pourrait regarder,
au niveau de la gestion, les possibilités qu'il y aurait à ce
niveau.
M. Gagnon: II y a autre point que j'aimerais soulever. A la page
18 de votre rapport, vous parlez des périodes d'épandage. Le
règlement veut que, pour les fumiers liquides, par exemple, la
période d'épandage du 15 juin au 15 septembre soit
prohibée, à moins d'une distance de 300 mètres des
habitations.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette restriction, pour en
même temps protéger la pollution de l'eau. Est-ce que ce pourrait
être un danger? Si on n'a pas le droit d'épandre au cours de
l'été, cela pourrait-il être un danger de polluer l'eau
davantage?
M. Couture (Paul): Je pense qu'il peut y avoir un genre
d'éthique pour qu'on n'épande pas dans ces périodes
à proximité des résidences. Mais il y a des conditions,
à un moment donné, comme les conditions atmosphériques,
sur lesquelles on n'a aucun contrôle, comme la pluie, etc. Si on ne
peut
pas épandre sur sol gelé, si on ne peut pas épandre
entre telle ou telle période, il n'y a pas d'alternative, il faut
l'épandre ou le jeter. On pense que s'il y a un genre d'éthique,
soit que l'on épande normalement dans ces périodes. Mais s'il y a
des choses hors de notre contrôle qui arrivent et qu'on ne peut pas
épandre dans les périodes déterminées, il faudrait
une certaine souplesse pour qu'on puisse épandre.
M. Gagnon: La norme de 300 mètres d'une habitation, ce qui
donne environ 1000 pieds, est-ce que vous trouvez que c'est assez large ou
est-ce que cela pourrait diminuer?
M. Couture (Paul): La norme, c'est de 300 mètres, 1000
pieds; si on applique cela dans des régions où il y a des
producteurs, il n'y a pas trop de problèmes, mais il y a une multitude
de propriétés où il y a des résidences à
proximité et, si la terre est située dans ces sites, il n'y a pas
d'autre choix que d'épandre là ou d'aller épandre chez le
voisin. C'est parce que souvent, il y a une relation entre la production du
producteur agricole et son potentiel au niveau de la terre qu'il
possède. Je pense que c'est là que se pose le problème
pratique, parce que tu as une foule d'entreprises agricoles, ce ne sont
peut-être pas toutes les entreprises agricoles, mais tu as plusieurs
entreprises agricoles dont les terres sont dans ces situations-là. Mille
pieds, c'est assez grand quand même.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Mercier (Laurent): C'est seulement une observation. On a
posé la question tout à l'heure, on a demandé si, dans le
but de protéger l'eau, cela avait des inconvénients
d'étendre entre le 15 juin et le 15 septembre. J'irais jusqu'à
dire que c'est la meilleure période d'épandage pour
protéger l'eau, la période de sécheresse du terrain ou la
période la plus propice, dans le sens que les fumiers s'enfouissent le
mieux dans la terre. Même dans des pâturages, au lieu de prendre
les fossés dans les puits d'automne ou les mauvaises pluies du
printemps, ceux-ci vont s'imbiber à l'intérieur du terrain, dans
ces périodes-là.
M. Gagnon: D'accord, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, encore une fois,
comme bien d'autres, j'aimerais vous féliciter du réalisme de
plusieurs de vos recommandations. Je dirai même qu'on sent que cela vient
peut-être de gens qui ont les pieds sur la terre; c'est un jeu de mots.
Je suis sûr que ce que vous apportez sera de nature à bonifier le
projet de règlement. Pour préciser peut-être certains
points; à la page 6 de votre mémoire, pour ce qui est du droit du
premier occupant, vous dites: "Les habitations qui se sont construites dans les
trente années précé- dant la demande de permis et dont la
construction est postérieure à celle des bâtiments de la
ferme ne sont pas considérées au chapitre des distances à
respecter par rapport aux habitations voisines ou par rapport aux
agglomérations." Je suppose que vous voulez qu'on leur donne un certain
droit d'être capables de prendre aussi de l'expansion.
M. Couture (Paul): C'est parce qu'un des arguments de la
période de trente ans, c'est la période active d'un producteur
agricole et la période de vie d'une entreprise agricole. Je pense que
c'est la relation entre la période active d'un producteur.
M. Beauséjour: Maintenant, je parle d'un cas que je retire
de mon comté pour l'adapter à cela. Supposons que les
bâtiments de ferme ont été construits; à un moment
donné, il y a une maison qui s'est construite. Maintenant, la ferme
passe au feu et elle doit être reconstruite au complet. Est-ce que vous
croyez que la réglementation de l'article 19, où on parle de
reconstruction, protège suffisamment le producteur pour ce qui est de
ses droits ou est-ce qu'il aurait des problèmes? Parce que je suppose
que si la maison est construite, mais que les bâtiments passent au feu,
est-ce que c'est, dans un sens, peut-être un peu comme une nouvelle
construction, malgré qu'il y ait certaines recommandations dans le
projet de réglementation à l'article 19? Est-ce que cela vous
semble suffisant à ce moment si votre proposition était
retenue?
M. Couture (Paul): M. Côté, voulez-vous
répondre?
M. Côté: L'article 19 nous protège assez
bien. On n'y voit pas de problème, sauf qu'il s'en est posé un
dernièrement, qu'on peut prendre comme une illustration de l'arbitraire
qui peut se mettre là-dedans et des interprétations bizarres
qu'on peut faire, qui illustrent un peu la nécessité d'un
mécanisme d'appel. Il y avait, près de Québec, je pourrais
vérifier l'endroit exact, une porcherie de deux étages qui est
passée au feu. Donc, normalement, la clause devait prévoir que ce
gars pouvait reconstruire au même endroit et il n'était pas tenu
de reconstruire à des distances qui s'appliqueraient à de
nouvelles exploitations, sauf que l'inspecteur a jugé que pour pouvoir
bénéficier de la clause 19, il fallait qu'il reconstruise sur
deux étages, alors qu'aujourd'hui, en toute logique, il aurait dû
construire... Il voulait construire pour la même capacité. Il n'y
avait pas d'augmentation, donc l'esprit de l'article 19 s'appliquait; mais
l'inspecteur a jugé qu'il fallait qu'il reconstruise en deux
étages pour pouvoir bénéficier de cela. Cela n'a
évidemment pas d'allure, mais je le prends comme exemple pour illustrer
d'autre chose. La clause 19 devrait nous protéger, sauf dans des cas
comme cela, mais...
M. Beauséjour: Maintenant, en comparaison, à la
page 21b, pour ce qui est des chalets, si on
remonte trente ans en arrière, s'ils sont construits depuis
trente ans, qu'ils aient un certain droit acquis. Est-ce que c'est cela? C'est
cela.
M. Couture (Paul): C'est ça. Si les chalets sont
établis avant la ferme, on dit: Pour les considérer comme
chalets, il faut qu'ils soient habitables à l'année, parce que si
on dit un chalet où le type va demeurer deux semaines ou un mois dans
l'année, on ne verra pas comment ce chalet empêcherait le
développement d'une ferme.
M. Beauséjour: Et, étant donné qu'il n'y a
aucune indication pour ce qui est de ce chalet habitable à
l'année, à l'effet aussi que s'il passait au feu, il aurait le
droit de se reconstruire, est-ce que vous verriez qu'il aurait le droit de se
reconstruire, un peu comme pour ce qui est de la ferme?
M. Couture: Je pense que s'il était incommodé par
la ferme, ce serait à lui de se construire plus loin, mais s'il le veut,
il est dans les mêmes conditions et je pense bien qu'il pourrait avoir le
droit de se reconstruire. S'il se trouve trop incommodé, il ira se
construire un petit peu plus loin.
M. Beauséjour: Maintenant, à la page 9, vous
proposez d'éliminer les articles 11 à 13 en les remplaçant
par l'article suivant: "Les distances prévues par rapport aux
agglomérations de villages s'appliquent mutatis mutandis par rapport aux
limites de territoire zoné résidentiel de développement".
Dans le projet de règlement, à l'article 12d, il est question de
lacs naturels. Là, je me suis posé la question, à savoir
si vous en tenez compte à des endroits dans vos recommandations?
M. Côté: On en tient compte en respectant toutes les
dispositions pour la protection de l'eau, mais la distance de 300 mètres
par rapport à un lac naturel, on ne l'a pas maintenue. C'est parce que,
dans le fond, ce n'est pas un point majeur dans cet article. L'essence de cet
article, ce sont les a), b), c) qui sont importants là-dedans. En fait,
on n'a pas réfléchi longtemps aux 300 mètres d'un lac
naturel. Ce point spécifique... C'est un nouveau point qui avait
été ajouté dans cette version du règlement.
M. Beauséjour: Est-ce que vous auriez quelque chose
à proposer pour ce qui est d'un lac naturel?
M. Couture: II y a une question, je pense bien là-dessus.
On accepte d'abord le principe de protection de l'eau. En acceptant le principe
de protection de l'eau, je pense que le lac naturel va de soi là-dedans,
à l'intérieur de ça. Mais pour une nouvelle
rédaction, on aimerait quand même le regarder pour voir à
ne pas impliquer d'autres considérants. Mais, au niveau du principe, en
acceptant le principe de protection de l'eau, je pense qu'il n'y a pas...
M. Beauséjour: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-François, vous aviez demandé la
parole. Vous arrivez juste à temps.
M. Rancourt: D'accord. Je prends mon tour. M. le
Président, j'aimerais m'informer à M. Couture si les gens de
l'UPA. qui sont des hommes d'affaires, ont réfléchi à la
possibilité d'une norme spéciale de crédit pour
l'environnement. Nous savons que les agriculteurs, par l'intermédiaire
de l'Office du crédit agricole, ont une charge de crédit assez
volumineuse. Si, par hasard, il arrivait que, par les Services de protection de
l'environnement on vous exige des fosses, des citernes ou des plates-formes
à fumier qui demandent, bien sûr, un investissement, vous l'avez
fait valoir dans votre mémoire, avez-vous idée que l'Office du
crédit agricole pourrait en dehors des normes d'admissibilité, je
veux dire, du crédit admissible à une ferme avoir une norme
spéciale pour l'environnement. Avez-vous réfléchi à
ce niveau?
M. Couture (Paul): Les conclusions de notre réflexion sur
ce sujet ont été que si un propriétaire de ferme voit son
crédit saturé, a épuisé son crédit, cela
peut créer une situation un peu spéciale, s'il n'y a pas
d'accommodation, mais l'accommodation suggérée, c'est qu'il ait
une subvention pour s'ajuster aux normes de l'environnement. Je pense que c'est
la suggestion qu'on y fait.
M. Rancourt: Oui, au niveau de subventions, mais, d'un autre
côté...
M. Couture (Paul): Pour la partie...
M. Rancourt: Au départ, s'il y avait aussi
possibilité de rabattement d'intérêt à
côté du rabattement d'intérêt que l'Office du
crédit agricole donne à l'heure actuelle pour la première
partie du crédit, cela a-t-il été considéré
aussi?
M. Couture (Paul): Votre question est assez glissante et je ne
voudrais pas m'engager sur cette pente. Ce que j'ai comme directive, c'est
qu'on demande une participation du gouvernement, de l'Etat, pour
réaliser les aménagements nécessaires. Toutes les formules
pour aider les producteurs, on est prêt à les considérer,
mais je ne voudrais pas qu'on dise, parce qu'on fera une suggestion de
prêt sans intérêt ou quelque chose comme cela, qu'il n'est
pas question de subvention. A l'heure actuelle, la position des producteurs,
c'est celle-là.
M. Rancourt: D'accord, je vous remercie, M. Couture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je prendrai peu de temps.
J'ai cinq points que je voudrais soulever. Je les soulèverai en vrac.
Peut-être que les porte-parole de l'UPA voudront en commenter
l'un ou l'autre. Le dernier est une question sur laquelle j'aimerais que
le ministre fournisse des précisions. (20 h 30)
Le point no 1. Il faudra, à mon sens, que ce règlement
soit rédigé de façon à assurer que s'il y a fusion
de municipalités, il n'y ait pas de modification des conditions
d'exploitation d'une activité agricole. La Loi des cités et
villes n'est pas le Code municipal et quand on transfère une
municipalité, par fusion, du régime de l'une au régime de
l'autre, il y a des changements qui ont lieu si l'on ne prend pas de
précaution. Nous avons, dans le passé, dû obtenir, de la
part du ministère des Transports et du ministère de la Justice,
des ententes spéciales dans le cas de fusions de municipalités
pour assurer que la partie rurale demeure rurale, bénéficie
toujours des subventions pour l'entretien des chemins et toujours de la
protection de la Sûreté du Québec au lieu de devoir
créer un service de police pour tout le territoire et le reste. Il me
semble qu'il faudrait penser en ces termes quant à l'application de ce
règlement.
Deuxième point. Dans le même sens, il arrive qu'en milieu
rural on fasse le redressement d'une route et, en faisant ce redressement, on
change les distances entre l'exploitation agricole, les bâtiments
agricoles, l'accumulation de fumier et d'autres bâtiments. Alors, il
faudra, à mon sens, tenir compte de cela. Ce n'est pas la faute du
cultivateur si le ministère des Transports décide de redresser le
tracé d'une route.
Troisième point. Je lis l'article 44 du projet de
règlement qui s'intitule: Transport des fumiers. "Tout transport de
fumier sur la voie publique doit s'effectuer dans un contenant ou un
véhicule étanche; ce contenant ou véhicule étanche
doit également être fermé dans le cas où il
transporte du fumier liquide".
M. le Président, je me pose des questions additionnelles et je me
demande si le règlement ne devrait pas être plus explicite sur
cette question. Je me demande, par exemple, de quelle façon nettoie-t-on
le camion, après le transport. De quelle façon assure-t-on la
désinfection de ce camion? De quelle façon s'assure-t-on que le
prochain chargement se fera dans des conditions satisfaisantes, parce que ce
camion aura servi auparavant au transport du fumier? Comment s'assure-t-on
qu'il n'y a pas de contamination? Je parle évidemment comme citadin et
je parle donc d'ignorance. Mais je voudrais m'assurer que si l'on est pour
augmenter le volume de transport, la fréquence du transport du fumier,
l'hygiène publique soit convenablement protégée et que des
règles soient édictées dans le règlement.
Quatrième point. Je voudrais renforcer ce que j'ai
déjà dit et ce que l'UPA a dit sur l'opportunité de
créer un tribunal d'appel. On a porté à mon attention, M.
le Présidant, le fait que le délai pour que l'agriculteur puisse
interjeter appel s'il reçoit, et c'est souvent une surprise, une
réponse négative, un refus de permis ou des exigences
additionnelles de la part des Services de protec- tion de l'environnement
ne soit que de dix jours. Cela me paraît un délai court
pour un agriculteur surtout.
Deuxièmement, je voudrais renforcer l'insistance de l'UPA sur le
facteur psychologique, sur le travail d'éducation et de motivation qui
doit se faire. Il faudra, à mon sens, que ceux qui se prononcent sur ces
questions, sur l'octroi de permis notamment, soient des personnes en qui le
milieu agricole aura confiance, plutôt que de les voir comme un tribunal
qui fait peur aux gens.
Finalement, mon cinquième point. Je rejoins l'intervention de mon
collègue de Saint-Hyacinthe; je voudrais que le ministre précise
davantage ce qu'il a voulu dire quand il a dit que le règlement aura
préséance sur les règlements municipaux. Il y a un
principe fondamental qui veut que si l'on adopte une loi, un règlement,
il ait préséance sur une décision d'un conseil municipal.
Mais il y a également, dans l'esprit et dans la lettre de la Loi de la
qualité de l'environnement, la notion du respect d'un règlement
municipal sur la protection de l'environnement si ce dernier est plus
sévère, plus exigeant que le règlement provincial. Aussi,
il y a, dans les municipalités, des règlements de zonage. Or,
dans une municipalité, on peut avoir déterminé que dans un
quartier, dans un territoire donné, dans tout le territoire de la
municipalité peut-être, il n'y aurait pas de porcherie, disons. Le
ministre veut-il dire que l'adoption de ce règlement invaliderait les
règlements municipaux de zonage qui peuvent porter sur l'implantation de
porcheries ou d'autres exploitations animales? Merci M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, j'aimerais apporter une
petite correction concernant le quatrième point de la remarque du
député de D'Arcy McGee. Premièrement, concernant l'appel,
ce n'est pas dix jours, mais bien quinze jours.
M. Goldbloom: Quinze jours.
M. Léger: Et le quinze jours est bien inscrit comme
délai dans la décision du directeur. Mais le point plus
fondamental, c'est la question de la préséance du
règlement du Québec sur un règlement municipal. Selon
l'article 124 de la loi, on stipule que tout règlement adopté en
vertu de la Loi de l'environnement prévaut sur les règlements
municipaux, à moins d'une approbation ministérielle. C'est donc
dire que s'il y a un règlement provincial qui vient après, il est
nécessaire pour la municipalité de faire approuver à
nouveau son règlement. Concernant le fait que si cela touche une
question de zonage, cela pourrait être nul, je préférerais,
à ce stade-ci, avoir une consultation juridique plus importante puisque
même mon conseiller juridique trouve que, sur certains aspects, il
pourrait y avoir des nuances et on n'est pas prêt à donner
immédiatement une réponse là-dessus.
M. Goldbloom: Je remercie le ministre d'avoir reconnu
l'importance de la question; nous serions intéressés à
avoir l'opinion juridique.
Je fais un dernier commentaire, M. le Président. Je voudrais
prier le ministre, je sais qu'il l'a déjà fait, de renouveler
et de le faire assez souvent, auprès de ceux qui vont dans les
milieux agricoles et qui donnent des conseils, qui expriment des opinions et
qui finissent par être l'instrument de la transmission du permis ou de
l'avis de refus d'un permis son insistance auprès de ces
gens-là afin qu'ils informent l'agriculteur complètement sur la
nature des considérations et surtout sur ses droits, comme, par exemple,
le droit d'interjeter appel. Quelquefois, c'est oublié.
M. Léger: M. le Président, je remercie le
député de D'Arcy McGee des dernières remarques. Je pense
que les Services de protection de l'environnement, je ne veux pas qu'on en
fasse un service de police. C'est beaucoup plus un service d'information et
d'aide, pour permettre aux gens qui ont à respecter certaines normes, de
savoir comment ils peuvent les respecter, leur donner tous les droits voulus
pour permettre le développement harmonieux de leur industrie ou du
travail qu'ils font, dans le but de s'assurer que c'est fait en
conformité avec le bien-être général, tout en
permettant de fonctionner.
De plus en plus, j'ai donné des directives à mes
représentants dans le milieu, soit des inspecteurs ou autres, d'avoir
une attitude d'ouverture et de disponibilité pour les citoyens. Je pense
que, jusqu'à maintenant, il y a eu beaucoup d'améliorations,
comparativement à ce qui se passait il y a un an, un an et demi
où il y avait peut-être une attitude un peu rigide qui ne
correspondait pas aux services que les Services de protection de
l'environnement doivent donner à la population.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, je serai très bref pour
que vous ne me priviez pas de mon droit de parole comme la dernière
fois, vu l'heure déjà avancée, afin que nous puissions
entendre les autres mémoires.
Je m'en tiendrai uniquement à un témoignage que je vous
ferai, MM. les agriculteurs. Vous avez, durant tout l'après-midi,
discuté d'abord avec le ministre qui s'est très bien tiré
d'affaire. J'en suis convaincu, il a eu une oreille attentive à vos
recommandations.
Ensuite, l'Opposition a posé un certain nombre de questions
utiles également. Nous, les députés ministériels
c'est la coutume qui le veut nous passons toujours en dernier,
avec le peu de temps qu'il nous reste.
M. Roy: Est-ce une plainte?
M. Baril: Oui.
M. Picotte: Changez de côté.
M. Baril: Mes idées politiques...
Une Voix: ... pas intéressé.
M. Léger: ... existe chez nous aussi.
M. Baril: Soyez certains, MM. de l'UPA, que j'ai eu le temps de
me poser bien des questions sur votre mémoire, cela fait tout
près d'un an que je travaille avec quelques-uns de mes collègues
à faire un travail dans l'ombre, soit la préparation de ce projet
de règlement. Nous avons réussi à faire changer ou
à faire adoucir certains articles du règlement. Je reconnais avec
vous qu'il en reste à améliorer pour l'adapter aux besoins de
l'agriculture d'aujourd'hui et à celle de demain. C'est d'ailleurs le
but de cette commission, en donnant la chance à divers
intéressés de se faire entendre.
Je partage avec vous la crainte de voir de quelle façon le
règlement sera appliqué après son adoption. Souhaitons que
nous pourrons faire mentir le proverbe qui dit: Le passé est garant de
l'avenir.
En terminant, M. le Président, je remercie l'UPA d'avoir
présenté un mémoire aussi positif qui nous dit que
l'agriculteur accepte de partager la campagne avec celui qui veut bien la
partager avec lui. Votre mémoire est venu renforcer ce que moi et mes
collègues apportons au gouvernement par notre expérience. J'en
profite pour réitérer mon appui à plusieurs de vos
remarques pour le mieux-être des gens de la campagne.
De plus, soyez bien assurés, MM. de l'UPA, que ce que le
gouvernement adopte en matière agricole, j'aurai personnellement
à en subir les conséquences moi-même, comme agriculteur,
parce que chaque jour passé ici me rapproche d'un jour au retour
à la terre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Oui, brièvement d'ailleurs. J'aurais eu bien des questions
à poser, mais, ayant été retenu dans mon comté cet
après-midi, je vais me limiter à un point que j'estime
très important dans le mémoire de l'UPA. C'est concernant le
coût des réformes, le coût des installations qui seront
nécessitées par l'application du règlement s'il devait
s'appliquer tel quel.
Je remarque qu'à la page 28 vous estimez le coût à
$130 millions, seulement pour les producteurs laitiers, c'est cela?
M. Kirouac: Oui.
M. Roy: Vous n'avez pas de calculs de faits relativement, par
exemple, à ce que cela pourrait impliquer pour les éleveurs de
volailles, les producteurs d'oeufs et les propriétaires de porcheries.
C'est seulement le coût qui affecterait la production laitière,
c'est cela?
M. Kirouac: Dans le porc, on a évalué cela à
$39 millions de plus.
M. Roy: $39 millions.
M. Roy: Je remarque ici que vous donnez des détails.
D'ailleurs, je veux vous en remercier, parce que, pour nous, cela va constituer
un document de travail extrêmement précieux, non seulement pour
les députés qui travaillent dans l'ombre, c'est-à-dire les
députés ministériels, mais pour ceux qui travaillent
devant la lumière, c'est-à-dire les députés de
l'Opposition.
M. Baril: S'ils travaillent dans l'ombre, cela ne veut pas dire
qu'il n'y a pas de lumière.
M. Roy: Ce n'est pas moi qui ai employé le mot
"ombre".
M. Baril: Oui, mais c'est un mot connu. (20 h 45)
M. Roy: Pour les producteurs de 11 à 12 vaches, vous
estimez le nombre d'exploitations à 3201, et pour ceux de 13 à
32, 13 506. On remarque que les deux montants sont de l'ordre de $70 millions.
Compte tenu que les coûts seront de l'ordre de $2000 à $4500,
selon vos estimations, un certain nombre d'entre eux devront,
évidemment, avoir recours, j'imagine, aux prêts agricoles pour
obtenir des crédits additionnels afin de financer cela à long
terme. Compte tenu du fait que dans toutes les révisions de prêts
agricoles, de nouveaux prêts, de refinancement de prêts agricoles,
on en vient aujourd'hui à exiger que la ferme soit rentable et que
l'agriculteur soit en mesure de vivre exclusivement de l'agriculture, la
difficulté qu'ont les agriculteurs de pouvoir augmenter leur quota pour
les raisons que vous connaissez, les petits producteurs, entre autres,
j'aimerais avoir votre opinion, à savoir s'il n'y a pas un risque
très sérieux de forcer l'élimination encore d'environ 5000
petits producteurs laitiers au Québec, s'il ne devait pas y avoir d'aide
gouvernementale particulière. Est-ce que mon calcul est faux? Est-ce
qu'on peut actuellement retenir cette situation comme étant une
situation qui mérite d'être examinée?
M. Couture (Paul): C'est notre interprétation. C'est
pourquoi on fait les recommandations d'une aide financière à la
construction d'équipements pour la protection de l'environnement.
M. Roy: Maintenant, étant donné cette situation,
est-ce que vous estimez que le règlement de l'environnement qui
s'appliquerait à l'industrie laitière doit être le
même qui doit s'appliquer aux propriétaires de porcherie? Est-ce
que vous estimez que le problème est le même ou s'il devrait y
avoir des règlements différents, soit un règlement
spécial ou une section dans le règlement qui devrait s'appliquer
en tenant compte des différences d'application qui devraient être
retenues vis-à-vis de l'environnement? Parce que la pollution de telle
production animale par rapport à telle autre est quand même assez
différente.
M. Côté: L'objectif dans les deux cas devrait
être le même, qu'on en vienne à enrayer la pollution de
l'eau. En fait, le règlement traite de l'entreposage des fumiers solides
et de l'entreposage des fumiers liquides. Dans le fond, le règlement,
déjà, les traite chacun... Enfin, des solutions sont
appropriées à chaque groupe de producteurs. Il y a
peut-être un endroit où on introduit une nuance. On
considère qu'il pourrait y avoir des délais d'une quinzaine
d'années pour la construction des plates-formes, alors qu'on
reconnaît que, par ailleurs, même si ce n'est pas écrit,
c'est implicite, il y aurait nécessité qu'il y ait des fosses
immédiatement pour le fumier liquide de porc. Implicitement, ce qu'on
dit, c'est que le risque de pollution qui vient d'un tas de fumier solide de
bovins laitiers n'est pas le même que le purin d'une porcherie.
M. Roy: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Mailloux avait
demandé la parole tout à l'heure.
M. Côté: Je m'excuse, on me fait remarquer qu'on
demande cinq ans pour rendre étanches les fosses existantes qui ne le
seraient pas aujourd'hui, par exemple, des fosses creusées ou des fosses
en bloc de béton, si jamais on trouve qu'elles ne sont pas
étanches, dans ce sens, on demande des délais pour les deux.
M. Roy: M. le Président, est-ce qu'il y avait d'autre
chose à ajouter, non? J'aimerais peut-être signaler un point
à la suite des propos qui ont été tenus par mon
collègue, le député de D'Arcy McGee.
A la page 17 du règlement du document, à l'article 41,
lorsqu'on traite du transport du fumier, j'aimerais que le ministre nous
apporte peut-être un éclairage et une précision
là-dessus, parce que ce sont des questions qui nous sont posées:
Tout transport de fumier sur la voie publique doit s'effectuer dans un
contenant ou un véhicule étanche.
Il y a ceux qui font du transport sur la voie publique et il y a ceux
qui ne font que traverser la voie publique. Ceux qui ne font que traverser la
voie publique, dans des rangs exclusivement agricoles, dans des routes à
vocation exclusivement agricoles, ce sont quand même des routes
publiques, mais je pense que l'impact n'est pas le même et les exigences
ne devraient pas être les mêmes, en tenant compte des coûts
que cela pourrait impliquer. J'aimerais demander au ministre s'il est en
mesure, aujourd'hui, de nous apporter un éclairage, une précision
à ce sujet, parce que j'estime que cela devrait faire l'objet d'une
analyse particulière.
M. Léger: C'est l'un des points ce qu'il vient de
dire avec lequel je suis plus en accord parce qu'il y a
déjà beaucoup d'autres points qui étaient
déjà dans le règlement. D'ailleurs, les gens de l'UPA
l'avaient déjà vu tantôt, concernant la différence
entre l'industrie laitière et l'industrie
des porcheries. Les règlements sont carrément
différents pour les deux. Les normes sont toutes différentes et
tout ça. Mais là-dessus, je trouve que c'est un point qui est
important, parce que le principe, c'est qu'on ne veut pas que ce soit de
traverser la route ou se transporter sur la route; le principe, c'est qu'il ne
doit pas en laisser tomber. Mais nécessairement on pourrait
peut-être adoucir un aspect pour faire la différence entre
uniquement traverser une route et le transporter.
Le Président (M. Boucher): M. Mailloux.
M. Mailloux (Marcel): J'aimerais, M. le Président,
à la fin, faire une couple de remarques. Pour ce qui concerne la
commission d'appel, on a fait référence à la
Société du crédit agricole, mais ici, au Québec,
par l'entremise de la Régie de l'assu-rance-récolte, votre
gouvernement ou le précédent a travaillé avec certaines
commissions d'appel pour régler certains problèmes. Or, ce n'est
pas nouveau. C'est une chose qui a déjà été mise en
pratique pour permettre, en somme, la compréhension des causes entre le
producteur et la réglementation.
J'aimerais aussi vous faire remarquer qu'à la page 19 lorsqu'on
demande un délai de quinze ans et de cinq ans, on a cru que vous aviez
sursauté quelque peu. Mais vous tiendrez compte, j'espère, que,
dans l'article suivant, lorsqu'il y a le renouvellement d'opération, de
construction, il y aurait une amélioration au fur et à mesure qui
permettrait, en somme, un élargissement de l'application de cette
politique.
J'aimerais aussi, probablement en terminant, pour ce qui concerne la
présentation du mémoire, je pense qu'il y a eu beaucoup
d'échanges cons-tructifs et, au niveau de l'union et au nom de tous les
producteurs agricoles du Québec, ce document, cette position
présentée est celle avec laquelle on ne peut pas transiger. C'est
la position qu'on a pu analyser en profondeur depuis déjà un bon
bout de temps et nous répondons aux désirs des producteurs et non
pas à une implication d'ordre de tiers ou d'autres qui seraient de
nature à amener des inconvénients en agriculture. Il s'agit
d'aider cette agriculture au Québec. Vous avez, par les remarques et les
questions qui ont été posées, touché
énormément à une production en particulier qu'est le
porc.
Il est évident qu'elle a un caractère particulier, mais il
ne faut pas oublier une chose, c'est qu'à l'intérieur du
Québec, pour l'économie tout entière, cette production a
un rôle à remplir; elle en remplit un pour améliorer le
sort de tout Québécois ici non seulement au niveau de
l'agriculture, mais au niveau de tous les citoyens de cette province.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Mailloux.
M. le député de Saint-Hyacinthe, brièvement.
M. Cordeau: Une courte question au ministre. Cet
après-midi, il a été fait longuement mention des 80% de
plaintes venant du milieu agricole, peut-être de citadins vivant en
milieu agricole ou des agriculteurs. Est-ce que vous pourriez nous faire
connaître...
M. Léger: ... citoyens vivant en milieu rural.
M. Cordeau: Des citoyens, oui... Ce sont des citoyens qui
viennent, la plupart du temps, à la campagne.
Est-ce que vous pourriez nous dire quel est le pourcentage de plaintes
fondées sur les 80% que vous recevez?
M. Léger: Ce qu'on a donné, ce sont les plaintes
fondées.
M. Cordeau: 80% des plaintes fondées?
M. Léger: Les 6000 plaintes dont on parlait,
c'étaient des plaintes fondées. Il y a eu beaucoup de plaintes en
plus qui n'étaient pas fondées ou qu'on ne pouvait pas
vérifier.
M. Cordeau: Merci.
M. Léger: C'est ainsi qu'on a pu, en ayant des plaintes
fondées, faire des statistiques.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, c'est seulement pour relever
un fait. Tout à l'heure, le député de D'Arcy-McGee a
parlé de désinfection, sinon de stérilisation
évidemment, c'est peut-être son métier qui le lui a fait
penser or, les citernes ou les transporteurs d'engrais organiques, des
fumiers, comportent des équipements qui sont utilisés
spécifiquement pour les engrais. Ce ne sont pas des camions
utilisés pour d'autres emplois. Simplement pour les fins de
l'enregistrement.
M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre, vous
avez...
M. Léger: M. le Président, je voudrais en profiter,
en terminant, pour remercier le plus sincèrement possible l'UPA du
travail en profondeur qu'elle a présenté, non seulement par le
mémoire, mais le travail que ses membres ont fait depuis un bon bout de
temps concernant les avis qu'elle nous a donnés, les contacts qu'on a
eus avec elle pour arriver à présenter un règlement qui
serait plus conforme aux besoins de la situation.
On sait fort bien qu'aujourd'hui, la commission parlementaire avait pour
but d'obtenir le plus de renseignements et d'avis possible pour qu'on puisse
apporter les correctifs voulus.
Je voudrais d'abord vous dire que nous avons apprécié
énormément le ton positif de votre mémoire et aussi
répéter les cinq grands principes sur lesquels...
J'ai été très heureux de voir que vous avez reconnu
la nécessité d'un règlement pour corriger une situation
qui était quand même très difficile; quant aux propositions
de régionalisation, pour les décisions, comme je vous l'ai dit
tantôt, nous sommes très réceptifs là-dessus et on
s'en va vers cette solution. Il y a aussi l'équilibre que vous voulez
avoir entre le développement de l'agriculture et une qualité du
milieu de vie et aussi votre préoccupation profonde de la qualité
des cours d'eau puisque, de fait, ce sont très souvent les agriculteurs
qui vont bénéficier d'un cours d'eau sain et ce sont souvent les
agriculteurs qui vont subir les conséquences d'un cours d'eau qui a
été pollué.
Je pense que, grâce à cette approche du mémoire de
l'Union des producteurs agricoles et le ton des remarques qu'elle a faites, on
pense qu'il y a possibilité de continuer à dialoguer et d'arriver
à un règlement définitif qui serait le plus proche
possible de la réalité, le plus proche possible d'un accord.
Concernant le fameux conseil consultatif ou comité d'appel qui
serait consultatif et non décisionnel, je pense qu'à une
prochaine rencontre, on pourra peut-être avoir quelque chose qui
conviendrait à la situation. C'est une bonne formule puisqu'on ne peut
pas mettre un appel décisionnel, mais un appel consultatif pour
régler les problèmes qui n'auraient pu être
réglés à l'intérieur de normes
générales, mais auxquels on pourrait trouver des solutions
particulières.
Je pense que c'est une formule sur laquelle on va se pencher et on va
vous rencontrer à nouveau. Je pense que le fameux équilibre qu'on
veut atteindre, c'est grâce un peu à votre participation positive
et je remercie aussi les membres de la commission pour le travail qu'ils ont
fait avec votre groupe aujourd'hui.
Je vous remercie et à la prochaine rencontre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, c'était une
rencontre d'une importance majeure et je suis très heureux d'avoir pu y
participer. Je suis heureux que le ministre ait fait preuve de
sensibilité aux représentations faites par l'Union des
producteurs agricoles. Notamment, il vient de le faire en ce qui concerne la
constitution d'un tribunal d'appel. Il me semble capital que nous ayons, comme
collectivité, un dialogue soutenu et positif avec le milieu agricole. Si
je suis d'accord avec le ministre qu'il ne faut pas multiplier les organismes
paragouver-nementaux, qu'il faut essayer de se servir de ceux qui existent pour
tous les éléments de la société, tous les secteurs
d'activité, je crois que nous devons quand même reconnaître
que le milieu agricole n'en est pas un comme les autres et, si nous avons un
organisme spécifique pour le milieu agricole, je suis certain que nous
en tirerons profit.
Je voudrais terminer en essayant de quitter les porte-parole de l'UPA et
notamment M. Couture avec le sourire. Je voudrais, en trente secondes, raconter
un petit morceau de la petite histoire de l'Assemblée nationale.
Avant la création du Parti québécois qui vient de
célébrer son dixième anniversaire, il y avait
déjà des souverainistes à l'Assemblée nationale,
quelques députés, dont, par exemple, celui de Saint-Jean qui,
à l'époque, était député de Saint-Jean sous
une autre bannière. Savez-vous comment nous les appelions, M. le
Président, ces quelques souverainistes? Nous les appelions, à
l'époque, "les poètes".
M. Léger: M. le Président, je voudrais, si vous me
permettez, avant d'aller plus loin, faire une petite correction sur
peut-être une fausse interprétation que pourrait avoir
donnée le député... (21 heures)
M. Goldbloom: Que je viens de faire?
M. Léger: Pour les poètes, je vous laisse tout le
crédit. Je n'ai pas parlé de tribunal d'appel. J'ai parlé
d'un mécanisme qui pourrait être un genre de commission de
consultation pour régler les problèmes qui seraient litigieux.
Parce que, si on parle d'un tribunal, on s'embarque dans du droit juridique et
je ne voudrais pas m'avancer jusque-là. J'ai parlé de la
possibilité d'une commission de consultation pour régler des
problèmes qui auraient pu survenir à la suite d'un refus
où l'UPA ou un organisme où il pourrait y avoir des
représentants de l'UPA... Il pourrait y avoir la possibilité de
trouver des solutions à un problème qui semblait être sans
appel, parce qu'il y a eu une décision des Services de protection de
l'environnement, et ce sera une occasion de trouver des solutions dans ce sens.
C'est dans cette formule-là et non pas un tribunal où on ferait
appel à un droit juridique. Je ne suis pas encore capable
d'évaluer les conséquences sur le plan juridique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Messieurs, je tiens à vous remercier de votre
participation active. J'espère que vos voeux seront
réalisés et je vous souhaite un bon voyage de retour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je me joins aux remerciements de mes collègues
pour l'excellent travail que vous avez fait, la contribution positive que vous
apportez, parce que j'estime que le point de vue de l'UPA était
extrêmement important pour les travaux de cette commission pour en venir
à bonifier notre règlement. Merci.
Le Président (M. Boucher): Je crois que M. Couture a
quelque chose à dire.
M. Couture (Paul): M. le ministre, mes chers amis, d'abord, je
dois vous remercier de l'attention
que vous avez portée à notre mémoire. Pour ce qui
est de la commission d'appel, c'est bien ce que nous avons demandé.
C'est une commission d'appel et ce qu'on vous offre, c'est d'être
partenaires pour réaliser un meilleur environnement. En étant
partenaires, on va faire un meilleur environnement, plus réaliste et
tenant compte des réalités de la ferme, des
réalités de l'agriculteur.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Couture. Alors, au
nom de tous les membres de la commission, je remercie les représentants
de l'UPA d'avoir bien voulu se déplacer pour présenter ce
mémoire. J'inviterais immédiatement la Fédération
des producteurs de porcs du Québec, représentée par M.
Jacques Labrie, à se présenter.
M. Labrie, si vous voulez vous identifier et identifier ceux qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Fédération des producteurs de porcs du
Québec
M. Labrie (Jacques): Je pense que je laisserai la tâche
à M. Letendre, le président de la fédération.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. Letendre.
M. Letendre (Marcel): Merci. Je vais commencer par
présenter M. Côté, que vous connaissez. On lui a
demandé de rester. Il y a Mme Gisèle Pellerin, membre de notre
exécutif; M. René Turcotte, vice-président de la
fédération; M. Claude Paquette, secrétaire adjoint; M.
Yves Tourangeau, membre de l'exécutif; M. Jacques Labrie,
secrétaire, et moi-même, Marcel Letendre, président.
M. le ministre, la Fédération des producteurs de porcs du
Québec est une fédération de syndicats régionaux de
producteurs de porcs affiliée à l'Union des producteurs
agricoles. Elle est aussi chargée de l'application et de
l'administration d'un plan conjoint de tous les producteurs de porcs du
Québec. Je vais demander à M. Labrie de vous lire notre
mémoire.
M. Labrie (Jacques): M. le Président, la
fédération se présente en commission parlementaire
aujourd'hui, non pas pour analyser et revendiquer des points précis sur
chacun des textes du projet de règlement sur la protection de
l'environnement. Notre intention est plutôt de laisser voir l'importance
économique de l'ensemble de l'industrie porcine au Québec, des
emplois qu'elle suscite, de la richesse collective qu'elle crée et ce
sont là les raisons pour lesquelles la fédération appuie
et fait sienne la position de l'Union des producteurs agricoles sur le projet
de règlement.
Nous désirons vous dire que les producteurs de porcs du
Québec ne sont pas contre la protection de l'environnement, mais qu'ils
désireraient que soient joints au règlement des services
techniques et économiques pour que les producteurs puissent s'y
conformer; que l'application des règlements soit dévolue aux
inspecteurs du minis- tère de l'environnement plutôt qu'aux six
millions de Québécois, et ceci dans le sens que quiconque aurait
une rancoeur personnelle contre un producteur de porcs pourrait se servir de
cette loi et des règlements qui s'y rattachent pour entraver la bonne
marche d'une petite ou moyenne entreprise.
Enfin, nous ferons deux ou trois recommandations que nous trouvons
absolument essentielles pour les producteurs de porcs.
L'aspect économique du secteur du porc au Québec. Selon le
dernier recensement agricole fait par le ministère de l'Agriculture du
Québec, il y aurait 8363 producteurs de porcs au Québec. De ce
nombre, la fédération estime qu'il y a environ 6000 producteurs
dont les revenus principaux proviennent de la production porcine. Selon le
dernier rapport publié par la division des bestiaux d'Agriculture
Canada, 58e édition, il y a eu 2 608 893 porcs abattus au Québec,
pour une valeur d'environ $233 millions, valeur estimative des ventes aux parcs
publics, des envois aux abattoirs et des exportations.
Suit un tableau: en 1977, il y avait 2 608 000 têtes; en 1978, on
estime cela à 3 122 000 pour un poids moyen de 163 livres en 1977, 176
livres en 1978, avec un prix moyen, en 1977, de $54.75 les cent livres, et $68
en 1978, ce qui fait une valeur, par tête, de $89.24 pour 1977 et $119.68
pour 1978, ce qui fait une valeur estimée totale à la ferme de
$232 817 611.77 pour 1977 et de $359 millions pour 1978.
L'industrie utilise de plus une grande quantité de ressources en
main-d'oeuvre. On calcule généralement qu'il y a une moyenne de 3
ou 4 personnes par ferme porcine. C'est donc dire qu'il y a une création
d'emplois pour une partie de la population rurale. Nous avons, de plus,
été informés que depuis le début de l'année
1978, le ministère de l'environnement a reçu plus de 2500
demandes de permis pour la construction de porcheries. C'est donc dire que
compte tenu de la conjoncture nord-américaine favorable au niveau des
prix, la production porcine est en pleine expansion. Vu le fait que l'on ne
prévoit pas de diminution d'ici le quatrième trimestre de 1979,
la production devra exiger de plus en plus de personnes, donc créer une
activité supplémentaire pour les ressources humaines de la
population rurale.
Au niveau des intrants, apport de la production porcine au secteur des
intrants à la ferme. L'industrie porcine a utilisé en 1975, au
Québec, 999 241 tonnes d'aliments à bétail
déclaré par les fabricants pour une valeur d'environ $200
millions. L'industrie du porc représente plus du tiers du chiffre
d'affaires de l'industrie des meuneries du Québec. Selon Statistique
Canada, volume 32-214, la valeur ajoutée fournie par les fabricants
d'aliments à bétail, se chiffre par $90 482 000 pour
l'année 1977. La valeur ajoutée comprend, entre autres, les
salaires, les combustibles, l'électricité et autres fournitures
nécessaires à l'opération d'une usine de fabrication
d'aliments à bétail.
L'industrie du porc utilise en plus une quantité
appréciable d'instruments et d'outillage agricole qui sont
fabriqués de plus en plus dans nos
usines québécoises. Toujours selon les mêmes sources
Statistique Canada, catalogue 63-203 il s'est vendu au
Québec, en 1977, pour $164 617 000 d'instruments et d'outillage
agricole, ce qui comprend autant de machinerie que les installations physiques
pouvant servir à l'intérieur des porcheries ou autres
bâtiments de ferme. Nous estimons que la valeur qui peut être
attribuée à l'industrie porcine, qui est la deuxième
production agricole après l'industrie laitière au Québec,
est d'environ 20% de ce chiffre d'affaires, soit $35 millions.
En plus des aliments à bétail, la machinerie et outillage,
il y a bien sûr les engrais chimiques, pesticides et autres
utilisés par les producteurs pour produire sur leurs fermes. Il est vrai
qu'une forte quantité de la production est sous intégration, donc
production sans sol. Mais il se développe de plus en plus de fermes
porcines au Québec, avec leur propre production de maïs grains
humides pour satisfaire à l'alimentation de leurs porcs d'engraissement
et même des truies. A ce sujet, Statistique Canada, catalogue 46-207,
nous apprend qu'il s'est utilisé au Québec pour 86 879 tonnes de
substances fertilisantes en 1975, ce qui se traduit par un chiffre d'affaires
d'environ $14 millions pour le Québec, auquel la production porcine
participe pour environ 10% à 20% par année.
En résumé, le total des recettes provenant de
l'opération agricole pour 1976 a été de $1 300 000 000.
L'industrie laitière, y compris les paiements supplémentaires, a
contribué pour $616 millions, soit 47,5% des recettes totales.
L'industrie porcine arrive en deuxième place avec des recettes totales
de l'ordre de $237 millions pour environ 20% de l'industrie agricole
québécoise.
De plus, en 1977, le Québec est devenu la principale province
productrice de porcs au Canada, avec 2 632 535 porcs, ce qui équivaut
à 32,9% de la production canadienne.
Pour l'année 1978, il est estimé que le Québec
produira plus de 3 millions de porcs pour atteindre 34% de la production
canadienne.
Cela démontre clairement, M. le ministre, MM. les
députés, l'importance de la production porcine au niveau du
secteur primaire de l'industrie.
Voyons maintenant l'apport économique de cette production au
niveau de l'industrie secondaire, soit celle de la transformation et de
l'apprêtage des viandes, abattoirs, salaisons, charcuteries.
Au niveau du secteur de la transformation, le secteur des abattages et
du conditionnement de la viande se place en cinquième position des
industries manufacturières. En effet, selon le catalogue 31-203
intitulé "Industrie manufacturière au Canada: Niveau national et
provincial", publié par Statistique Canada, on retrouve, au tableau 26,
les différentes industries manufacturières
québécoises classées suivant la valeur des livraisons de
produits de propre fabrication, en 1975.
Les industries d'abattage et de conditionnement des viandes se classent
en cinquième position, après les usines de pâtes et
papiers, le raffinage du pétrole, l'industrie laitière, la fonte
et l'affinage. Cette industrie compte 122 établissements qui occupaient
5164 personnes. Les salaires versés s'élevaient à $53 614
000, utilisant des matières premières et fournitures pour $628
millions. Elle livre des produits de sa propre fabrication d'une valeur de $751
860 000, ce qui crée une valeur ajoutée, pour le secteur de
transformation, de $139 082 000.
C'est donc dire l'importance du secteur secondaire relié à
la production porcine. Certes, il ne s'abat pas et ne se transforme pas que du
porc dans ces établissements. Mais, considérant que les
producteurs de viande bovine du Québec ne produisent que 18,3% de la
consommation québécoise de boeuf, il apparaît que
l'abattage du porc constitue la principale activité de ces
établissements.
De plus, il est important de mentionner que l'industrie de l'abattage et
du conditionnement des viandes est majoritairement aux mains de petites et
moyennes entreprises au Québec.
Au niveau du détail, il se consomme en moyenne au Québec
environ 55 livres de porc per capita sous différentes formes. A ce
sujet, on peut vous informer, M. le ministre, MM. les députés,
que la production du porc et celle des produits laitiers et de la volaille sont
les seules productions au Québec où la production par rapport
à la consommation provinciale est plus élevée. C'est donc
dire que nous sommes des exportateurs nets de ces produits. On produira en
1978, pour environ de 120% à 125% de nos besoins de consommation en
porc. On en exportera aux Etats-Unis, au Japon, en Corée et au
Vietnam.
M. Serge Veilleux, de la compagnie Steinberg Ltée,
déclarait, lors du colloque sur l'industrie porcine au Québec
tenu les 20 et 21 octobre 1977: "La mise en marché, sur une base
régulière, des produits du porc dans la section de la viande
représente 19% du volume total de la viande en tonnage livres. Quand le
porc fait partie de nos promotions, cette moyenne de 19% peut augmenter de 5%
à 6%, ce qui représente durant les semaines de promotion un
volume de 25%. "
Beaucoup d'exemples et de chiffres pourraient être cités
encore pour démontrer l'importance économique de la production
porcine au Québec, tant en termes de création d emplois que de
ressources utilisées. Mais à quoi bon démontrer
l'importance relative d'un secteur de production qui appartient à des
Québécois, s'il n'y a place que pour les investissements
énormes d'étrangers au Québec?
Certes, la General Motors ou quelque autre multinationale ont un pouvoir
de "lobbying " plus fort que 8000 producteurs de porcs qui vendent pour environ
$300 millions de porc.
Il va de soi que 8000 producteurs de porcs n'ont pas aussi le même
pouvoir politique que les 6 millions d'inspecteurs de l'environnement que le
ministre veut créer.
L'appui au comité de l'environnement de l'UPA.
Nous ne reprendrons pas ici un à un les règlements de la
Loi sur la protection de l'environnement. Nous voulons surtout vous laisser
savoir
que les producteurs de porcs sont certainement les plus touchés
par les règlements proposés et que ces mêmes producteurs
voudraient bien pouvoir produire sans qu'il n'y ait aucune odeur
désagréable, sans qu'il n'y ait de grandes quantités de
purin à entreposer et à épandre par la suite. Mais les
productions animales étant ce qu'elles sont, il nous faut produire dans
les conditions techniques et économiques que l'on connaît
aujourd'hui. (21 h 15)
La technique d'épandage des fumiers au printemps et à
l'automne est présentement la seule économiquement praticable qui
existe au Canada et aux Etats-Unis. A ce sujet, nous avons un rapport d'un
chercheur de l'Université Laval qui a fait l'analyse des techniques
connues jusqu'ici et c'est la conclusion à laquelle il est
arrivé. Actuellement, c'est la seule technique possible, dans les
conditions actuelles.
La fédération est prête à préconiser
auprès de ses producteurs toute autre nouvelle technique de disposition
des fumiers ou d'élevage comme telle qui éliminerait les
problèmes de senteur et de pénétration
d'éléments chimiques en trop grande quantité dans la nappe
phréatique du sol ou qui éliminerait les odeurs que
détestent ceux qui n'y sont pas habitués.
Ce n'est pas, à notre avis, aux producteurs agricoles d'assurer
seuls les coûts de nouvelles technologies qui serviront tant aux
producteurs qu'aux consommateurs et aux contribuables. Nous voulons aussi un
environnement sain.
En somme, la fédération fait siennes les
déclarations maintes fois répétées par M. Paul
Couture, président de l'Union des producteurs agricoles, qui se
résument comme suit: "Les producteurs de porcs sont prêts à
améliorer leurs méthodes de disposition des fumiers, à
condition que le gouvernement les aide, comme il le fait pour l'industrie des
pâtes et papiers, par des crédits d'impôts ou autres mesures
incitatives du genre".
Nous ne voulons pas que ces quelques recommandations non plus soient
considérées comme des voeux pieux par la présente
commission.
Les producteurs de porcs sont les plus touchés par ces projets de
règlements et soyez assurés que leur détermination peut
dépasser leur pouvoir électoral.
Le droit du premier occupant. Le ministre de l'environnement a souvent
répété qu'il n'y avait pas de droits acquis à
polluer, mais si l'on continue de permettre aux citadins de venir harceler les
producteurs agricoles et principalement les producteurs de porcs, parce qu'ils
ont une production qui dégage des odeurs plutôt
désagréables et ainsi faire fermer des exploitations porcines,
nous arriverons vite à des situations où nous aurons des rangs
complets habités par des citadins qui auront tôt fait de
détruire toute ambition des agriculteurs et de leur relève.
La profession agricole a besoin d'être revalorisée et
sécurisée. Il y a déjà assez des marchés,
tel celui du porcs, qui fluctuent énormément. Il ne faudrait pas
permettre en plus que toute agglo- mération de cinq habitations fasse
foi de roi et maître en territoire agricole.
La question des vents dominants. Toute la question des vents dominants
concernant l'épan-dage des fumiers ou la situation des éleveurs
devrait, à notre avis, être abandonnée ou
révisée en profondeur. Nous croyons que cette notion ne tient pas
compte de la réalité agricole à laquelle font face les
producteurs.
Nous sommes d'avis que cette notion laisse libre recours à trop
de mésententes ou d'interprétations différentes et devrait
faire l'objet d'études plus sérieuses ou être
complètement abandonnée.
Il faudrait aussi que les exploitations porcines soient
protégées. Un producteur doit respecter certaines distances des
habitations. Il faudrait que les mêmes obligations existent pour ceux qui
voudraient s'installer.
Conclusion. Les producteurs de porcs sont, en principe, tout aussi
favorables à la protection de l'environnement que les gens de la ville
ou les clubs de protection de l'environnement, soit de la rivière "X" ou
de la montagne "Y". Nous sommes réalistes et nous vivons non seulement
de la consommation des produits de la terre, mais nous voulons des produits que
l'on récolte de la terre même que l'on transforme et que l'on
vend.
Certes, avec l'augmentation phénoménale de la production
qu'on a connue depuis ces dix dernières années en production
porcine, plusieurs nouveaux problèmes se sont créés.
Laisser entre les mains seulement du ministère de l'environnement
le développement de la production porcine nous semble incompatible avec
les efforts qui ont été faits et qui se continuent aujourd'hui
pour encourager une production en pleine expansion.
C'est vers cette situation que l'on s'en va avec toutes les contraintes
qu'imposent des règles aussi strictes que celles qui sont ici
proposées.
Un comité d'environnement agricole composé d'agriculteurs,
d'agronomes, d'économistes et de spécialistes en questions
d'environnement nous semblerait être un état de compromis pour
trouver réellement une réglementation plus réaliste, plus
facile d'application et ferait évoluer celle que nous avons
présentement.
Nous n'avons pas de solution miracle à vous proposer. Le bon sens
nous suggère de ne pas permettre que l'environnement soit l'apanage
unique des fonctionnaires de l'environnement ou, pire encore, de tous les
citadins ou groupes de défense de l'environnement subventionnés
d'ailleurs souvent par le gouvernement.
Nous voulons améliorer nos techniques de production. Nous voulons
que nos campagnes et nos cours d'eau soient propres et exempts de
pollution.
Nous avons vu nos villes et villages polluer les rivières bien
avant que certaines exploitations agricoles se laissent aller à faire de
même.
Nous sommes conscients de l'immense problème que pose la question
de l'environnement en milieu agricole. Nous désirons que ce
problème soit résolu, en considérant que l'agriculture
est
aussi, sinon plus importante que la nouvelle usine de GM à
Beauharnois ou tout autre exemple de ce genre.
En terminant, nous voulons manifester notre volonté
d'améliorer la situation actuelle et de changer les mentalités
établies, et ce, dans un processus mieux adapté aux
réalités agricoles.
Pour éviter l'arbitraire et des contraintes inacceptables, nous
proposons que soit prévu aux règlements, un tribunal d'appel. Ce
tribunal pourrait nous disons bien "pourrait" parce que cela peut
être discuté prendre la forme d'une régie qui
entendrait les parties et pourrait émettre des ordonnances. Cela
pourrait être aussi d'autres formes mais on n'a pas élaboré
plus longtemps.
Les producteurs de porcs ont eu le sentiment d'être les boucs
émissaires du ministère de l'environnement face aux pollueurs.
Nous sommes forcés de nous défendre. Nous espérons que
même si nous composons moins de 1% de la population, nous ne serons pas
oubliés et que la réalité quotidienne que doit vivre le
producteur de porcs ne sera pas sacrifiée. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Labrie. M. le
ministre.
M. Léger: M. le Président, je dois remercier votre
organisme pour le mémoire qu'il nous présente. La commission
parlementaire nous aura permis de rencontrer à peu près tous les
types d'organismes qui existent, avec les interrelations qu'ils pouvaient avoir
facilement et difficilement les uns avec les autres, mais quand même avec
lesquels vous avez des relations qui nous permettent d'avoir des données
et des chiffres peut-être un peut différents d'une place à
l'autre. Hier, nous avons entendu l'OPPQ, l'Office des producteurs de porcs du
Québec. J'aimerais savoir en quoi vous vous distinguez de ces derniers.
Votre fédération possède combien de porcs comparativement
à l'OPPQ?
M. Labrie: Notre fédération représente
plutôt les producteurs de porcs. Elle a été fondée
en 1966. Elle est affiliée à l'UPA et, actuellement, elle compte
au-delà de 4500 membres. Elle est, depuis le 11 janvier 1978, suite
à la publication de l'arrêté en conseil du
lieutenant-gouverneur en conseil, l'administrateur du plan conjoint des
producteurs de porcs du Québec qui, lui, couvre toute la production.
M. Léger: Etant donné que l'OPPQ nous disait qu'il
comptait à peu près 1000 membres vous en avez 4500
le mot "contrôle" n'est pas exact, mais selon eux, ils possédaient
85% des têtes de porcs. Est-ce que cela veut dire que vous êtes des
groupes d'éleveurs qui élevez une partie des porcs qui
appartiennent aux intégrateurs, ou si vous auriez, uniquement à
4500 éleveurs, les 15% correspondant à l'autre?
M. Labrie: Les deux. Il y a des producteurs qui travaillent
à leur compte et il y a des producteurs qui élèvent
à contrat pour des intégrateurs.
M. Léger: Etant donné que vous avez donné
tantôt des chiffres, vous parlez d'environ 6000 éleveurs au
Québec...
M. Labrie: 6263, M. le ministre. Ce chiffre provient de
renseignements que nous avons eus d'un recensement que le ministère de
l'Agriculture a fait au cours de l'automne 1977. C'est là qu'on a pris
ce chiffre.
M. Léger: Dans votre...
M. Labrie: 6000 dont la production du porc est leur principal
revenu.
M. Léger: Vous parlez un peu plus loin j'ai perdu
la page de revenus provenant de l'élevage du porc, qui se
chiffraient par...
M. Labrie: En 1977, vous avez à la page 3, le calcul,
c'était $232 millions, disons, pour arrondir les chiffres, $233
millions. En 1978, c'est estimé à $359 millions. C'est le revenu
du porc à la ferme, ce n'est pas le revenu...
M. Léger: Est-ce que cela veut dire... Est-ce qu'on peut
faire une division simpliste en disant que la moyenne de revenus, si on divise
les $232 millions par 6000, se situe à $40 000 par année? Est-ce
une division trop simpliste?
M. Labrie: II faudrait parler de chiffres d'affaires.
M. Léger: Le chiffre d'affaires, le revenu brut.
M. Labrie: Finalement, pour faire le porc, soit qu'il faille
acheter le porcelet, soit qu'il faille acheter la moulée, les engrais.
Donc, c'est un chiffre d'affaires. Ce n'est pas un revenu par ferme.
M. Léger: Ce n'est pas un revenu net, ce n'est pas un
salaire.
M. Labrie: Ce n'est pas un salaire, c'est un chiffre d'affaires
moyen par ferme.
M. Léger: Quand même, est-ce que vous pourriez nous
expliquer un peu votre version de ce que nous a expliqué l'Office des
producteurs de porcs où on disait que l'éleveur recevait, s'il
n'était pas le propriétaire lui-même, peut-être 1000
porcs pour lesquels on lui donnait la moulée et que, par la suite, on
lui donnait de $10 à $12 le porc, selon le poids, etc., et le porc se
revendait peut-être $120 ou $115, parfois un peu plus, selon le prix du
marché. Est-ce que vous calculez que le gros du profit va beaucoup plus
par unité, j'entends à l'intégrateur
qu'à l'éleveur?
M. Labrie: L'éleveur fournit la bâtisse, la finance,
va être obligé de se conformer aux règlements de
l'environnement, disposer des fumiers et organiser son exploitation pour s'y
conformer; il est obligé aussi de fournir le travail. A ce
moment-là, il doit tout faire ça pour $10 ou $12 et, si
vous faites d'autres calculs que ceux du mémoire de l'UPA où on
parlait d'un investissement de $37 millions on a fait le calcul
c'est un investissement, seulement pour se conformer aux normes de
l'environnement, de près de $35 par porc. Si vous prenez la
dépréciation avec le coût d'intérêt, au mieux,
vous n'avez qu'un coût de $8 à $10 par porc, à ce
moment-là. Alors, si vous avez $10 ou $12 pour les élever,
fournir votre travail et la bâtisse, écoutez! Faites votre
déduction, à ce moment-là, de ce qui peut rester. Parce
que souvent...
M. Léger: Ma question était plutôt à
l'inverse. C'était beaucoup plus l'intégrateur, selon vous. Vous
voyez où je...
M. Labrie: C'est parce que l'intégrateur fournit d'autres
services. Il fournit les services de financement. Il est toujours un
fournisseur de moulée. Il a aussi un autre commerce, à ce
moment-là, qui est un commerce de moulée. Il fournit aussi
souvent des services de transport. Alors, à partir de là, sa
raison de faire faire l'élevage du porc, c'est plus pour faire tourner
son commerce de moulée qu'élever du porc. Finalement, le
producteur fournit la bâtisse, tous les investissements
nécessaires et fournit son temps pour un montant et souvent il est
coincé avec des contrats à long terme. Il y a un quart des
éleveurs qui ont des contrats pour sept ou huit élevages et
doivent travailler à des taux aussi bas... On a trouvé
jusqu'à $6 du porc actuellement et ça peut aller jusqu'à
$10 ou $12, pour un certain nombre.
M. Léger: Mais ma question, c'est que je voulais m'en
venir avec la préoccupation suivante: les coûts pour satisfaire
aux mesures de l'environnement. Est-ce que, d'après vous, si on calcule
qu'il y en a deux qui font quand même... Pour le porc lui-même
oublions la question de la moulée est-ce que,
d'après vous, ça devrait être l'intégrateur qui
devrait être la personne qui investit dans le coût de la protection
de l'environnement ou si c'est l'éleveur?
M. Labrie: Ecoutez! Les coûts vont peut-être
nécessairement passer à celui c'est un fait; ce n'est pas
une opinion qui possède les bâtisses et le terrain. Ils ne
seront pas à celui qui fait élever des porcs à contrat et,
si le prix baisse ou si, pour n'importe quelle raison, il décide
d'arrêter, à ce moment-là, ce n'est pas lui qui va avoir
à payer les investissements ou le reste de l'hypothèque sur la
bâtisse ou sur l'équipement à l'Office du crédit
agricole.
M. Léger: Mais est-ce que vous êtes en situation de
négociation avec les intégrateurs en vue de la possibilité
que le coût de la protection de l'environnement que quelqu'un doit
assumer soit fait par les intégrateurs ou uniquement par
l'éleveur ou celui qui possède les bâtisses?
M. Labrie: C'est une des fonctions du plan conjoint de
négocier ces choses. C'est peut-être simple de le dire, mais c'est
peut-être plus difficile de le faire. Finalement, c'est l'une des
fonctions du plan conjoint qui, actuellement, est à se mettre en place
pour négocier ces choses. Mais, évidemment, dire que ça
devrait être réparti... C'est certain que celui qui possède
les bâtisses et les investissements va être obligé d'en
supporter, dans les conditions actuelles, la plus forte partie.
M. Turcotte: Est-ce que je peux ajouter quelque chose?
M. Léger: Oui, allez-y.
M. Turcotte: Disons que, dans le mémoire de l'UPA, il
était demandé qu'il y ait une subvention de 75% d'assumée
par le gouvernement. Or, il reste à négocier les 25% qui restent
à être financés par l'entreprise.
M. Léger: C'est parcce que vous tenez pour acquis que les
75%, c'est une demande qui est déjà comprise dans les budgets du
gouvernement.
M. Turcotte: C'est convenable.
M. Léger: Quand j'étais dans l'Opposition et comme
j'ai vu faire les gens de l'Opposition aujourd'hui, c'est toujours plus facile
de dire: Le gouvernement devrait payer.
M. Roy: Non, mais je sais que le ministre en a pris bonne note.
(21 h 30)
M. Léger: Oui.
M. Roy: Je sais que le ministre l'a pris en note.
M. Léger: Je voudrais vous féliciter d'abord pour
l'exposé que vous avez fait et, en même temps, dire qu'il semble
bien que la production porcine va très bien au Québec
actuellement. Lorsqu'on voit les revenus que vous dites possibles
l'année prochaine de $359 millions, c'est que cela va bien de ce
côté et je dirais même que vous pratiquez l'achat chez nous
de plus en plus et je pense que ceci est une chose à souligner si on
veut un développement intégré au Québec.
Au bas de la page 9 et à la page 10, vous nous dites avoir
l'impression qu'il n'y a place au Québec que pour les investissements
énormes d'étrangers et que votre pouvoir politique est minime
à côté de celui de GM et des six millions
d'inspecteurs.
D'abord, il semble que vous avez su d'avance, avant le Conseil des
ministres, que GM était pour s'installer on le souhaite quand
même mais je ne peux pas tellement comprendre la relation qu'il y
a avec GM et la façon dont le gouvernement peut discuter avec des
organismes comme le vôtre.
M. Labrie: La relation, c'est qu'à un moment, c'est
peut-être vous qui avez dit cet après-midi,
que souvent, ce qu'on entendait était différent de ce
qu'on disait et ce qu'on a entendu. A un certain moment, il y a quelqu'un du
gouvernement qui a dit: Écoutez, pour GM, ces mesures ne s'appliqueront
pas pour les parties. C'est dans ce sens qu'on l'a dit.
M. Léger: Ah bon! Puis-je corriger ce que j'ai dit
à ce moment-là? Comme c'est bien vrai que ce n'est pas ce qu'on
dit qui compte, c'est ce que le monde comprend et ce n'est pas toujours la
même chose, mais ce que j'ai dit à ce moment, c'est que dans le
règlement sur la loi 69 qui exige des études d'impact, il y avait
dans le règlement des industries qui seraient soumises à des
études d'impact parce qu'elles émettent des contaminants qui
exigent un contrôle par une étude d'impact. Les types d'industrie
bien définis dans le règlement ne comprenaient pas des types
d'industrie comme celle de GM, pas GM comme telle, mais étant
donné que le type d'industrie n'émet pas des contaminants dans le
style qui exigerait une étude d'impact, c'était pour cela, non
pas qu'elle était exclue, mais qu'elle n'était pas incluse dans
tous les types d'industrie où il devait y avoir une étude
d'impact.
Donc, je comprends votre question. J'espère que vous comprenez
maintenant ma réponse.
M. Labrie: Après, vous comprendrez aussi, M. le ministre,
qu'au début, on avait compris qu'on était les plus grands
pollueurs, les producteurs de porc, de toutes les productions animales.
M. Léger: Comme je l'ai dit cet après-midi,
c'était au niveau du potentiel de pollution des déchets totaux
mais uniquement sur le plan du DBO, c'est-à-dire de la pollution
provenant des matières organiques et non pas la partie chimique,
etc.
Vous dites un peu plus loin que vous devez produire dans des conditions
techniques et économiques que l'on connaît aujourd'hui et je
comprends très bien. Le règlement que j'ai mis de l'avant est
dans la même optique. C'est de régler le problème de
l'environnement actuel, c'est-à-dire que tant qu'on n'a pas
trouvé de techniques modernes plus adaptées aux circonstances, il
faut quand même continuer à protéger l'environnement et
à donner des permis pour aider à la production dans
l'élevage du porc.
C'est donc dire qu'il faut éviter qu'il y ait plus de
problèmes d'environnement avec la technologie connue actuellement.
La question de la recherche technologique est une question, je pense,
pas mal importante. Comme vous le savez, le gouvernement travaille
là-dessus et hier, l'Office de production des porcs du Québec
nous a dit qu'il était prêt à collaborer. Alors, je vous
pose la même question: Votre organisme serait-il prêt à
travailler en collaboration avec le gouvernement pour participer à la
recherche technique de solutions en ce domaine?
M. Letendre: Absolument. C'est bien entendu... A la mesure de nos
possibilités, on est prêt à collaborer mais seulement, je
ne voudrais pas qu'on exagère l'histoire de pollution parce que si on
calcule que tout le fumier des porcs ou la senteur du porc pollue au
Québec, c'est vrai que c'est énorme, mais la plupart sont assez
bien organisés.
Il y a parfois des concentrations de production qui font qu'ils sont
obligés de polluer parfois, surtout s'il y a des restrictions à
l'épandage.
M. Léger: Je veux quand même rassurer votre
organisme. Ce n'est pas ceux qui possèdent des porcheries avec une
quantité de bêtes en bas de 10 000 porcs qui apportent le plus de
complications, sauf ceux qui ne sont pas responsables et pas sérieux,
mais en général, ce ne sont pas les membres de votre organisme.
Ce sont beaucoup plus des gens qui ont plus de porcs, donc les conditions et
les conséquences sont plus graves à cause de la concentration et
de la quantité. Donc, je pense bien qu'il faudrait spécifier que
ce n'est pas tous les producteurs de porcs, mais il y a un danger. Plus il y a
de concentration; plus le nombre de têtes est élevé.
Dans votre mémoire, vous parlez de vents dominants concernant
l'épandage des fumiers. Je me demande où vous avez pris cela,
parce que dans le règlement les vents dominants ne touchent pas
l'épandage. Ils touchent la localisation de la bâtisse. Donc, il
n'y a pas de relation entre l'épandage et les vents dominants.
Je suis heureux de voir que vous êtes d'accord sur la question des
distances qu'un producteur doit respecter de certaines habitations, à la
page 16 de votre mémoire. Je veux vous dire que la
réciprocité des normes sera assurée par la loi du zonage
agricole. Comme je le disais cet après-midi, vous avez dû
l'entendre, s'il faut qu'on donne un permis à un producteur pour qu'il
s'installe à une distance X, selon le règlement,
nécessairement la loi du zonage agricole va empêcher un citoyen
d'aller s'installer à une distance moindre que la distance pour laquelle
un producteur aurait un permis, donc le producteur aura une priorité,
aura une protection de ce côté-là. J'ajoute même que
le producteur déjà installé a des droits acquis; parce
qu'on a essayé de faire dire souvent, dans les négociations, ou
dans les discussions, on dépasse un peu la réalité, qu'il
n'y avait pas de droits acquis. Il y a des droits acquis dans le
règlement actuel pour ceux qui ont des droits existants, qui ont des
permis existants. Ils peuvent même augmenter de 20% sans même
demander un permis supplémentaire. Cependant, dépassant 20%, ce
n'est plus un droit acquis, c'est une demande qui change la situation puisque
le nombre de têtes qui dépasserait la norme que nous avons mise
à 20%... Peut-être qu'on peut la corriger, mais il faut
arrêter à un moment donné, parce que quand on augmente
trop, passer de 500 têtes à 1500 ou 2000 têtes, à ce
moment-là, cela change complètement et ce n'est pas parce que la
personne est installée là depuis 30 ans alors qu'elle
élève peut-être 500 têtes, 600 têtes, qu'elle
aurait le droit
d'augmenter son troupeau à 1500 ou 2000 têtes. A ce
moment-là, cela change toutes les conditions et les conséquences
sont beaucoup plus graves qu'au moment où elle avait la quantité
qui lui a permis d'avoir son permis. Je n'ai pas d'autre question pour le
moment et je vais laisser la parole à d'autres. Peut-être que par
la suite j'aurai d'autres suggestions ou d'autres questions à vous
poser.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. C'est un
mémoire qui est particulièrement intéressant à
cause du portrait qu'il donne de l'industrie et de son importance dans
l'économie du Québec.
J'ai noté votre affiliation à l'UPA, votre appui au
mémoire de cet organisme et j'ai noté également votre
insistance sur l'importance de créer un mécanisme d'appel. Je ne
me sers pas du mot tribunal, mais un mécanisme d'appel. Plus encore, un
mécanisme de consultation continue. Si l'on voulait jouer sur les mots,
on pourrait même parler d'une espèce de comité paritaire ou
quelque chose de cette nature. Je pense qu'il faut un équilibre entre
ces préoccupations fondamentales dont nous parlons depuis le
début de nos séances, c'est-à-dire l'importance
indiscutable de l'agriculture et de notre autosuffisance en denrées
alimentaires dans toute la mesure du possible, et la préoccupation que
je partage nécessairement, après toutes les années que
j'ai passées à la tête des Services de protection de
l'environnement, pour la protection de la nature et des ressources que
représente la nature pour nous tous, ressources qui sont indispensables
au maintien de la vie.
Je n'ai vraiment pas beaucoup de questions. J'en ai une qui me vient
particulièrement à l'esprit, parce qu'en lisant votre
mémoire j'ai remarqué que vous vous élevez contre
l'utilisation des vents dominants comme facteur dans la décision de
l'implantation ou de l'expansion d'une porcherie. Je voudrais tout simplement
vous demander, parce qu'il faut quand même des critères, ce que
vous suggérez à la place.
M. Letendre: Les producteurs de porcs ne cherchent pas les
embêtements. Si on pense que, en bâtissant une porcherie d'un
côté du chemin ça va sentir pour les voisins, s'il y a
possibilité de la construire ailleurs, on va le faire. On n'est pas plus
friand de cette senteur que les autres. Mais, pour fixer les normes, il faut y
travailler pour savoir exactement ce qu'on pourrait faire à ce
moment-là. Il y a M. Turcotte qui a travaillé au comité
d'environnement, je ne sais pas s'il a une réponse à
ça.
M. Turcotte: Je pense que l'UPA a répondu à cela
cet après-midi. Les vents dominants sont arrivés après
qu'on eut négocié le fameux tableau dans le document. Ils sont
venus ajouter ou empirer les distances, ça vient complètement
déséquilibrer le tableau qu'on avait préparé pour
la négociation. C'est dans ce sens qu'on s'oppose, parce que, si on
ajoute les vents dominants, il faudra reprendre le tableau des distances.
M. Goldbloom: Je comprends. Je termine par ce petit commentaire:
vous serez sûrement d'accord avec moi qu'il faut des critères, que
le simple critère de la distance ne semble pas suffisant, il semble
créer autant de problèmes qu'il peut en résoudre et il
faut trouver quelque chose qui permette de juger, en toute justice, à
l'égard de tous les intéressés. Si l'on n'a pas de
critères, notamment en ce qui concerne l'odeur, il faut procéder,
et c'est le cas de le dire, au pifomètre.
M. Labrie: C'est notre crainte des vents dominants, parce que
c'est trop au pifomètre actuellement. Si on peut trouver des
méthodes pour savoir exactement ce que ça veut dire pour
éviter les problèmes, peut-être. Il faudra aussi regarder
la question... Notez que cette donnée, il faudrait en regarder l'autre
côté, au niveau des distances, quand on est opposé aux
vents dominants. Si c'est valable d'un côté, ça doit
l'être de l'autre.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je tiens à vous
remercier pour toutes les données intéressantes contenues dans
votre rapport. Cela me réjouit, car on peut s'apercevoir que Statistique
Canada peut être encore utile à plusieurs égards.
A la page 6 de votre mémoire, j'aurais une question à
poser sur les fertilisants. Croyez-vous qu'avec de meilleures méthodes
de transformation, on pourrait accroître l'utilisation des purins comme
substances fertilisantes? Il y a d'autres mémoires où on en a
parlé, où on a suggéré au ministère de
l'environnement d'apporter une attention spéciale à la
transformation des purins. Bien sûr, actuellement, il y a la
méthode Fuchs en opération qui va utiliser le purin à
d'autres fins que de l'étendre de façon nature sur les
terres.
Seriez-vous en faveur que le ministère de l'environnement apporte
une attention spéciale afin d'employer le purin d'une façon plus
utile plutôt que de le verser dans des ruisseaux indirectement?
M. Letendre: On est pour toute recherche dans ce domaine.
Actuellement, le fumier de porc est utilisé sur les fermes, mais il
arrive, assez souvent, que dans des concentrations de production il faille
transporter le fumier sur des distances assez coûteuses. Mais toute
recherche pour l'utilisation des fumiers, s'il s'agit de méthodes
à coût raisonnable pour la transformation du purin, c'est bien
sûr qu'on est pour ça à 100%.
M. Cordeau: A la page 11 de votre mémoire, vous
mentionnez... (21 h 45)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je pense que monsieur avait quelque chose à
ajouter.
M. Turcotte: A propos de la disposition des fumiers, je pense que
c'est revenu souvent aujourd'hui, de rejeter les fumiers dans la
rivière. On disait que le fumier de porc polluait les rivières.
Je ne sais pas, mais je pense que c'est une mauvaise façon de voir les
choses, parce que le fumier n'est pas utilisé dans les rivières.
La grande majorité des fumiers est réutilisée, est
épandue sur les sols. Ce ne sont que quelques individus qui jettent leur
fumier dans la rivière. Je pense que personne ne l'accepte, pas plus
nous. On ne peut pas généraliser des cas d'exception.
Actuellement, les fumiers sont utilisés sur les sols et les producteurs
s'en servent.
M. Cordeau: Je suis tout à fait d'accord.
M. Turcotte: C'est la façon dont on devrait voir les
choses.
M. Cordeau: Je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce
principe.
A la page 11 de votre mémoire, vous mentionnez: "Ce n'est pas,
à notre avis, aux producteurs agricoles d'assurer seuls les coûts
de nouvelles technologies qui serviront autant aux producteurs qu'aux
consommateurs et aux payeurs de taxes. Nous voulons aussi d'un environnement
sain".
Avez-vous des suggestions à faire au gouvernement concernant les
coûts à être payés pour la sauvegarde de
l'environnement? Voulez-vous expliciter votre pensée?
M. Labrie: Le mémoire, on l'a tout d'abord fait à
partir de technologies qu'on connaît aujourd'hui. On s'est aperçu
qu'il n'y avait peut-être pas beaucoup de travail fait là-dessus,
qu'il y a des choses à faire et les producteurs ne peuvent pas le faire.
Il faut qu'on se penche là-dessus. Il faut qu'on le regarde, et ce n'est
pas aux producteurs à faire cela. Ce n'est pas aux producteurs à
payer tout seuls. C'est à peu près ce qu'on dit.
M. Cordeau: Mais vous n'avez pas de suggestions
spécifiques? Allez-y, si vous avez quelque chose derrière la
tête.
M. Labrie: C'est pour cela qu'on propose un comité plus
loin, qui fera évoluer le règlement, qui verra ce qui se fait et
qui verra à suivre cela à mesure que cela vient. C'est dans ce
sens-là. On constate qu'on est un peu démuni face à cela
actuellement. Cela nous arrive et on dit: II faut faire quelque chose. Les
méthodes qu'on connaissait jusqu'à maintenant ne permettent plus
de répondre aux besoins. On se demande ce qu'on a et on
s'aperçoit que les producteurs, non seulement ce n'est pas à eux
à le faire seuls, mais ne peuvent pas le faire non plus.
M. Cordeau: Moi, j'en aurais peut-être une à faire.
D'ailleurs, elle est contenue dans votre rapport. Je vais la transmettre au
ministre de l'environnement qui pourrait peut-être la transmettre au
ministre des Finances. Il faudrait peut-être accorder des crédits
d'impôt, comme certains manufacturiers en ont. Ce serait peut-être
encore une suggestion valable, M. le ministre, d'attirer l'attention du
ministre des Finances sur un crédit d'impôt à accorder aux
producteurs qui amélioreraient leur équipement.
Le Président (M. Boucher): Vous avez terminé?
M. Cordeau: J'ai terminé. Il y a beaucoup d'autres points
importants qui ont été discutés, mais puisqu'ils
étaient contenus également dans le rapport de l'UPA, je ne
voudrais pas y revenir.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. Labrie.
M. Labrie: II y a une chose au sujet des crédits
d'impôt. On dit dans notre mémoire que tout va bien, que la
production du porc est rentable. Mais il y a peut-être des petites choses
dans le mémoire. On dit qu'on produit peut-être 125% ou 130% de
notre production et qu'on exporte vers les Etats-Unis ou ailleurs. On profite
actuellement d'un taux d'argent qui nous est favorable. Peut-être que
depuis deux ou trois ans, on profite de conditions plus faciles. Mais la
crainte des producteurs qu'on rencontre, c'est: Combien de temps cela va-t-il
durer? Autant, au volume où on est, un matin, on se fera appliquer des
barrières de type non tarifaire, autant on dit que cela va bien et qu'on
bâtit des installations, autant on aurait pu sortir des chiffres
on aurait pu le faire aujourd'hui, mais ce n'était pas le temps
sur l'évolution de la production du porc depuis les quinze
dernières années. On aurait trouvé qu'à un moment
donné...
Cette année, pour vous donner un exemple, on s'est dit qu'on va
produire au Canada 9 millions de porcs, c'est encore moins que la production de
1971-1972 qui était de 9 700 000 cela, on l'oublie sauf
qu'elle a été transportée de l'Ouest canadien à
l'Est ici. On la produit au Québec aussi. On augmente la production du
porc.
Il ne faut pas oublier qu'en 1971-1972, les prix étaient de $0.25
aussi. On a joué avec une industrie. C'est un jeu de bourse où,
d'une année à l'autre, les prix peuvent fluctuer du simple au
double, selon les conditions des marchés américain et
nord-américain.
Je tenais à l'ajouter, même si ce n'est pas écrit.
Le mémoire dit: Cela va bien, cela se développe et l'on produit,
parce qu'on bénéficie de conjoncture favorable, mais il faut
faire très attention et être très prudent. Peut-être
que, d'ici six mois, par des décisions qui seront prises par d'autres,
que nous ne pouvons pas prendre, par une conjoncture de marchés
différents, au lieu de laisser des profits, cela peut laisser des
pertes. Dans les volumes qu'on a, les pertes seront considérables. Il ne
faut pas oublier cela aussi
dans ce domaine. Quand on parle de rentabilité, de
compétitivité, ce sont toutes des choses qu'il faut aussi
surveiller. Quand vous parliez de crédits d'impôt, peut-être
que l'année prochaine, même s'il y avait des crédits
d'impôt, les producteurs de porcs ne pourront même pas les
utiliser, parce qu'il n'y aura pas de profit.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Vous avez parlé d'augmentation de la production
ici au Québec par rapport à une situation favorable. Justement,
en termes d'augmentation, est-ce que cela ne vous inquiète pas de voir
le nombre de nouvelles porcheries qui s'implantent actuellement? Ne
trouvez-vous pas qu'il y a une augmentation peut-être un peu trop rapide?
J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
M. Letendre: Quant au marché nord-américain, la
production américaine qui représente dix fois la production
canadienne, avait prévu une augmentation de 5% qui n'a pas eu lieu,
parce qu'il y a des problèmes de maladie. Si les Américains
avaient augmenté de 5%, cela aurait voulu dire la moitié de la
production canadienne. On est peut-être correct. D'accord on a une grosse
production québécoise, mais si on peut augmenter encore, en
comparant avec les Etats-Unis, cela ne fait pas un pourcentage tellement
élevé.
M. Gagnon: On est plus qu'autosuffisant dans le domaine du porc,
au Québec, on produit combien? C'est 125?
M. Letendre: Oui, 120 à 125.
M. Labrie: Le seul moyen d'avoir une norme de mesure
là-dedans, c'est de prendre le total de la production par rapport au
pourcentage de la population canadienne. On a combien? 26% ou 27% de la
population canadienne et on va avoir 34% de la production. Essayez de trouver
l'ordre de grandeur entre les deux. C'est ainsi que l'on dit qu'on
dépasse nos besoins.
M. Gagnon: Vous avez dit tantôt que je suis
entièrement d'accord avec vous, ce ne sont pas tous les
producteurs de porcs qui déversent nécessairement les engrais de
ferme dans les ruisseaux. C'est pour cela que le ministre a mentionné
que c'était de la pollution potentielle, le potentiel de la
pollution.
Vous serez sûrement d'accord avec moi que, dû à la
grosse concentration dans certaines régions, à un moment
donné, le sol en a plus qu'il ne peut en absorber; ce qui fait que
certains producteurs dans des régions où il y a une grosse
concentration de porcs ont finalement un gros problème à liquider
ces fumiers. J'aimerais savoir ce que cela coûte à un producteur
actuellement justement cette opération pour que son réservoir ou
sa fosse soit vidé régulièrement, parce qu'il faut presque
payer pour le donner.
M. Letendre: Mme Pellerin veut répondre, je pense. Elle
connait le problème.
Le Président (M. Boucher): Oui, madame.
Mme Pellerin (Gisèle): Ma famille et moi,
c'est-à-dire mon mari, mon fils, et moi, mettons en marché
à peu près 10 000 porcs par année. Cette année,
pour éliminer les fumiers, cela va nous coûter, à la fin de
l'année, entre $10 000 et $12 000, sans compter la
dépréciation des camions. On n'a pas compté cela,
seulement les chèques faits qui sont inscrits dans mon grand livre pour
les fumiers. Je fais la part et je trouve que c'est très dispendieux,
cela revient à peu près à $1 l'heure pour chaque
porc...
M. Gagnon: De quelle... Excusez-moi.
Mme Pellerin: ... pour éliminer le fumier.
M. Gagnon: Environ $1 le porc?
Une Voix: Ce sont les dépenses variables.
Mme Pellerin: Oui, je n'ai pas calculé les
investissements.
M. Gagnon: Sans les investissements, je parle uniquement du
coût de l'élimination.
Mme Pellerin: Oui.
M. Gagnon: Quel moyen avez-vous trouvé pour venir à
bout de l'éliminer? Par exemple, je connais un peu votre
problème, est-ce que vous réussissez à le vendre tout de
même ou à le transporter à une certaine distance?
Mme Pellerin: On ne trouve pas à le vendre. Je
prétends qu'on est à la veille d'être obligé de
payer les cultivateurs pour qu'ils prennent le fumier. C'est un
problème. Là, on le donne et on va jusqu'à trois milles
pour le donner et l'épandre dans les champs. Cela prend beaucoup de
temps et beaucoup d'argent parce que, pour réussir à
contrôler tout cela et qu'il n'y ait pas une goutte d'eau dans les
fossés, on est obligé d'engager des camions à forfait.
Là, on les fait étendre chez nous. J'ai été bien
heureuse d'entendre un des intervenants mardi il travaille à
l'université qui disait qu'on pouvait mettre encore plus de purin
que ce qu'on prétendait, nous autres, être normal. On peut en
mettre plus que cela. Cela va peut-être baisser notre coût un petit
peu par le fait qu'on va pouvoir en mettre plus à la même
place.
M. Gagnon: Est-ce que ce serait juste de dire que ces frais, si
on prend les chiffres qu'on a eus, environ $10 par porc, si cela vous
coûte $1, on en est rendu à 10% de vos coûts uniquement pour
l'élimination des fumiers sur la ferme?
Mme Pellerin: Oui, c'est très dispendieux.
M. Gagnon: C'est pas mal général pour l'ensemble
des producteurs de pocs.
Mme Pellerin: Oui, parce qu'il faut acheter l'équipement.
Ces camions sont très dispendieux, les pompes sont très
dispendieuses, cela se brise et il y a de la réparation à faire
sur cela.
M. Turcotte: Si on ajoute le coût du capital, cela peut
monter jusqu'à $6 par porc, selon les organisations.
M. Gagnon: Est-ce qu'il y aurait une possibilité, selon
vous, de faire en sorte qu'il y ait une demande? Ce que je trouve un peu
aberrant, c'est que, connaissant la situation des producteurs de porcs
c'est pour cela que le ministre parle de pollueurs potentiels, parce que,
finalement, lorsqu'un sol en a assez, il en a assez en même temps,
si on regarde les régions, à l'intérieur d'une même
région, peut-être à dix ou douze milles de distance, vous
avez des endroits où, tout de même, on manque d'engrais naturels.
Vous avez d'autres endroits où on en met en abondance. Est-ce qu'il n'y
aurait pas possibilité d'étudier, de suggérer quelque
chose, d'essayer de former une coopérative entre producteurs d'engrais
et d'autres qui pourraient en avoir besoin, pour établir un centre de
distribution quelconque?
Mme Pellerin: Je vais répondre à cela. Dans le
moment, dans la Mauricie, nous avons formé un comité pour
étudier où il y en a trop et où il n'y en a pas tout
à fait assez. On voudrait essayer de s'entendre et essayer de trouver,
pour faire une banque et, quand on en aurait trop, on appellerait la banque
pour qu'elle vienne en chercher, et ceux qui n'en ont pas appelleraient la
banque et diraient: Venez nous en porter. On pourrait lui donner le nom: la
banque de l'or brun. Depuis trois jours, j'ai entendu dire qu'on fait de
l'argent avec ce fumier. Nous autres, on le donnerait pour faire une banque
d'or brun.
M. Picotte: J'aurais peur un peu de cette solution, dans le sens
suivant: Imaginez-vous le coût du transport, combien cela pourrait
coûter...
Mme Pellerin: C'est ce qu'on étudie à notre
comité. Ensuite, on va faire des recommandations au
ministère.
M. Picotte: C'est déjà lourd à supporter.
Vous parlez de $1 ou $1.25 du porc que cela coûte, à part
l'équipement. Cela veut dite qu'on peut penser facilement à $2,
ce qui revient à 20%. Si, en plus, et j'imagine que, pour le transport,
on ne pourra pas s'en aller à 100 ou 150 milles avec du purin, on aura
beau avoir tout l'équipement qu'on voudra, cela deviendrait très
prohibitif à ce moment-là.
Mme Pellerin: Si on fait une banque et que c'est elle qui fait la
réserve, on pourrait avoir des fosses pour deux mois, supposons. On
ferait tout de suite une économie sur les investissements pour les
fosses. La banque, supposons que ce serait une coopérative, elle aurait
une vanne et des gros camions. C'est une étude qu'on fait dans notre
région. Qu'est-ce qui va résulter de cela? C'est un
départ. Je crois qu'il faut être positif devant toutes les
solutions qui peuvent se présenter.
M. Picotte: C'est sûr que c'est un produit qui n'est pas
facile à vendre.
M. Cordeau: C'est dans le même sens.
M. Gagnon: C'est un peu surprenant, M. le député de
Maskinongé, parce que, lorsqu'on voit la valeur en azote, en phosphore
et en potasse, ce sont tout de même des engrais qu'on achète et
qu'on importe. On les remplace souvent par des engrais chimiques qui viennent
polluer d'une autre façon. Quand on voit la valeur en azote, en
phosphore et en potasse des fumiers, s'il y avait un système de vente
bien pensé et une promotion faite par les agronomes, par exemple, je
peux vous assurer... (22 heures)
D'ailleurs, je suis content d'en entendre parler, parce que je fais
partie un petit peu du comité c'est pour ça que je la
faisais parler là-dessus dont madame parle, il y aurait
probablement possibilité même d'en manquer. On se rend compte que,
dans une région comme la région 11 et en n'allant pas tellement
loin, il y a des endroits où on en manque tellement que, finalement, les
producteurs n'en produisent pas tout à fait assez. Il s'agit de trouver
l'équilibre, à savoir quoi faire et exactement à quel
coût aussi le transformer.
M. Picotte: Non, les seules réticences que j'avais,
c'était au niveau du transport, qui est très dispendieux.
Maintenant, ça peut être possible aussi...
M. Gagnon: Merci, M. le Président.
M. Picotte: ... mais je sais que ce sera sûrement une
question à considérer.
Le Président (M. Boucher): Etant donné l'heure, et
vu que nous avons encore d'autres mémoires à entendre, je
demanderais le consentement des membres pour continuer.
M. Cordeau: Ah oui!
Le Président (M. Boucher): D'accord?
M. Goldbloom: Consentement, M. le Président.
M. Cordeau: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): J'étais certain de
l'obtenir. Vous avez terminé, M. le député de Champlain?
M. le député de Saint-Hyacinthe, vous avez demandé la
parole?
M. Cordeau: Cela revient aux idées qui ont
été exprimées précédemment dans d'autres
mémoires. Une subvention pour le transport aiderait peut-être ces
coopératives ou ces associations qui voudraient aider les agriculteurs
d'une région donnée.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Un seul mot. Nous avons de nouveau parlé du
transport du fumier. Notre collègue de Saint-François a
souligné le fait que, normalement, un camion qui sert à ce genre
de transport ne sert pas à d'autres sortes de transport.
Je reviens à ma question. Ne serait-il quand même pas
désirable que, dans le règlement, il soit écrit qu'un
camion qui sert à cette fonction ne doit pas servir à d'autres
fonctions? M. le Président, un véhicule n'est pas immortel. Il
arrive, à un moment de sa vie, où il doit être
abandonné. Ne doit-on pas pendre des précautions pour s'assurer
qu'il y ait une désinfection qui se fasse, au moins au moment où
le véhicule finit par être abandonné?
M. Léger: Madame?
Mme Pellerin: Est-ce que je peux répondre à ce que
dit M. le député?
Le Président (M. Boucher): Oui, allez-y, madame.
Mme Pellerin: Quand on a autant d'investissements que nous en
avons, si je prends mon exemple, on n'est pas intéressé à
nuire à nos investissements. Nos camions, on les entretient pour qu'il
n'en dégoutte rien, parce que s'ils dégouttent, il y a ces
messieurs, à lui, qui nous guettent tout de suite. Tout est donc bien
entretenu et on tient à ce que nos investissements nous rapportent le
plus possible. Cela fait partie de notre gestion. Nos camions ne peuvent pas
servir à autre chose. Il faut même les réparer
nous-mêmes; il n'y a pas un garage qui nous laisse rentrer pour les
réparer. On entretient nos biens et on protège nos
investissements.
M. Goldbloom: Madame, je comprends parfaitement ce que vous dites
et cela ne m'étonne pas du tout venant de vous. Ce qui me
préoccupe, c'est qu'il y ait, dans ce domaine comme dans d'autres, des
gens moins scrupuleux et qui offriraient un bon service de transport du fumier,
parce que ce serait une chose qui serait de plus en plus nécessaire,
mais qui n'observeraient pas de règles d'hygiène ou d'entretien,
s'il n'y avait rien dans le règlement. Pour ceux qui prennent
déjà des précautions et qui respectent l'hygiène
publique, on n'a pas besoin de règlement du tout, mais, malheureusement,
la nature humaine étant ce qu'elle est, il y a des gens qui ont besoin
de règlement et, encore là, ils ne respectent pas
l'intérêt et la santé des autres.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je veux d'abord
féliciter non seulement votre organisme, mais madame pour la
démarche qu'elle vient de nous présenter. Je pense qu'une des
solutions pour le problème de la gestion du fumier, c'est dans les
démarches comme celle que vous avez faite.
Vous êtes sans doute au courant du procédé Fuchs que
nous avons mis de l'avant dans le but de trouver justement une solution pour
non seulement transformer le fumier en un engrais animal, mais un engrais qui
aurait perdu toutes les conséquences négatives comme la senteur,
le liquide qui est souvent inutile, et aussi une quantité qui peut
être diminuée pour n'avoir que la partie utilisée, c'est
pour cela qu'un système de marketing est en train d'être
étudié pour rendre le produit accessible et intéressant et
remplacer ce fameux engrais chimique qui coûte des sommes fantastiques et
qui ne rapporte pas les mêmes résultats, mais qui apporte des
complications.
Alors, d'ici très bientôt, je pense qu'on aura des
solutions et l'aspect régional, c'est une idée qui a
été mise de l'avant par le député de Champlain, qui
prépare justement un projet de régionalisation pour l'utilisation
dans une région d'une banque de fumier utilisé comme engrais
animal.
Je pense donc que vous êtes dans la bonne direction et,
bientôt, au lieu que cela vous coûte $1 par porc, cela peut vous
rapporter presque autant que votre porc.
Mlle Pellerin: Je souhaite que cela arrive le plut tôt
possible.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie... Vous avez quelque chose à ajouter
monsieur? Allez-y.
M. Turcotte: Oui. A propos de la première question,
à savoir quel volume de production on représente; les chiffres
qui ont été avancés par d'autres et qui
représentent 80% ou 85% de la production, je voudrais dire qu'on ne
connaît pas la source de ces chiffres et que je ne sais pas de quelle
façon ils peuvent arriver à trouver cette source.
La fédération représente, pour le moment l'ensemble
des producteurs et personne ne peut dire actuellement, qui représente
quel volume et quel est le volume de l'intégration actuellement. Il n'y
a pas de chiffres officiels de sortis et, étant donné qu'il n'y a
pas de chiffres officiels, tout le monde sort à peu près tout ce
qu'il veut comme volume de chiffres.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Léger: C'est le cas de dire que chacun peut faire dire
ce qu'il veut aux chiffres.
M. Turcotte: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de chiffres
actuellement.
M. Léger: Mais les chiffres produits à
différentes occasions, il y a quand même des
éléments qui manquent et, des chiffres, il faut sortir les
résultats qu'on veut. C'est pour cela qu'on prend parfois à
Statistique Canada des chiffres auxquels on fait dire ce qu'on veut.
M. Cordeau: Cela allait si bien, M. le ministre.
M. Goldbloom: On pourraitdire qu'on n'a qu'à sortir
n'importe quoi et le ministre parle.
M. Cordeau: Moi qui avais confiance aux statistiques que vous
nous donniez de temps en temps. J'ai fini d'avoir confiance.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, à
l'ordre! J'en profite pour simplement demander aux messieurs qui sont debout en
arrière de bien vouloir prendre place dans la salle. Evidemment, il ne
faudrait pas déranger les travaux de la commission de cette
façon.
Au nom de tous les membres de la commission, je remercie la
Fédération des producteurs de porcs de son mémoire.
J'inviterais immédiatement la Coopérative
fédérée de Québec, représentée par M.
Alain Garneau, à bien vouloir se présenter à la table du
centre.
Alors, si vous voulez vous identifier et donner le nom de ceux qui vous
accompagnent, s'il vous plaît?
Coopérative fédérée de
Québec
M. Pigeon (Roland): M. le Président, merci infiniment. Mon
nom est Pigeon, président de la Coopérative
fédérée, pour ceux qui ne me connaissent pas. A ma droite,
il y a M. Saint-Pierre, premier vice-président, Me Garneau, notre
conseiller technique, M. Cordeau, responsable des élevages chez nous, et
M. Deschênes, responsable de la distribution de la moulée;
à ma gauche, M. Dinel, 2e vice-président, M. Lemire, un des
membres de l'exécutif, aussi président de la Coopérative
agricole de Granby, M. Pelletier, de La Pocatière, qui est un autre
membre de l'exécutif, et, à l'extrême-gauche, M. Gingras,
secrétaire général de la Coopérative
fédérée.
Le Président (M. Boucher): Alors, vous pouvez y aller avec
votre mémoire, monsieur Pigeon.
M. Pigeon: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, mesdames et messieurs, la Coopérative
fédérée de Québec est la fédération
des coopératives agricoles québécoises. Elle réunit
170 coopératives sociétaires. En plus de sa fonction
économique, son statut de fédération lui confère
une fonction institutionnelle de représen- tation et de perfectionnement
des agriculteurs coopérateurs et de leurs coopératives.
Groupant plus de 35 000 producteurs québécois parmi
lesquels sont élus ses administrateurs, la coopération agricole
vit les problèmes de l'agriculture et des industries paraagricoles.
C'est à ce titre qu'elle dépose ce mémoire traitant du
règlement relatif aux exploitations de production animale.
Ayant échangé avec l'UPA nos vues respectives sur ce
règlement et ayant pris connaissance de son mémoire et
ici, j'insiste, M. le Président nous appuyons entièrement
chacune des recommandations relatives à la protection de l'environnement
en milieu agricole, car nous croyons qu'elle fait une juste analyse des
problèmes que pourrait engendrer la mise en vigueur de ce
règlement tel que rédigé.
Compte tenu de la réalité agricole actuelle et de son
évolution, nous partageons avec l'UPA l'idée qu'il est dangereux
d'envisager une telle réglementation dans un concept similaire à
celui utilisé dans d'autres industries. Il suffit de penser que ce
règlement affectera plus de 35 000 citoyens québécois sans
compter leurs familles et leurs dépendants et non uniquement 10 ou 20
entreprises oeuvrant dans une même industrie.
Il est vrai que nul ne doit ignorer la loi, mais nous croyons aussi que
le législateur doit tenir compte de la réalité
socio-économique dans laquelle s'appliqueront ses lois et ses
règlements afin que les mécanismes de contrôle mis en
place, tout en recherchant les buts visés, ne freinent pas le dynamisme
de chaque citoyen et l'évolution de notre économie, et plus
particulièrement l'une des plus importantes de nos industries,
l'agriculture.
La mémoire de l'UPA ayant bien traité de l'aspect
technique, nous aimerions nous arrêter sur quatre points de ce projet de
règlement, soit les droits du premier occupant, les droits acquis, la
notion d'environnement et les mécanismes judiciaires.
Les droits du premier occupant. Le règlement pas plus que la loi
ne définit la notion d'environnement et ne fait aucunement distinction
entre les différents types de pollution, mais tous n'ont pas les
mêmes conséquences sur l'environnement.
Il est vrai que personne ne peut moralement cautionner un individu qui
pollue notre environnement, mais il y a une distinction importante à
faire entre l'agriculteur qui, au moyen de ses eaux usées et de ses
fumiers, contamine une rivière et celui dont les activités
engendrent des odeurs et des bruits qui ne constituent pas une pollution, mais
uniquement une nuisance pour celui qui n'a pas intérêt à
les supporter. Nous considérons qu'une telle absence de distinction peut
causer des préjudices graves aux agriculteurs.
Comme l'UPA, nous avons la conviction que l'agriculteur a un droit de
premier occupant, c'est-à-dire celui d'utiliser ses terres et ses
bâtiments à des fins agricoles et que toute limitation de ce droit
doit s'appuyer sur une raison réelle de pollution et non sur des motifs
de nuisance.
En d'autres termes et surtout dans l'éventualité d'une loi
de zonage agricole, pourquoi, en soi, l'agriculteur qui gagne sa vie avec sa
terre et ses élevages devrait-il être limité dans
l'utilisation qu'il en fait ou dans son expansion, pour des motifs d'odeur ou
de situation de ses bâtiments invoqués par un citoyen au mode vie
urbain installé près de sa ferme?
En conséquence, dans l'optique du projet de loi modifiant la Loi
de la qualité de l'environnement, qui vise à accorder à
tout citoyen le droit à l'injonction, nous demandons que le projet de
règlement soit modifié en tenant pour acquis le droit du premier
occupant et en distinguant, d'une part, le traitement des eaux usées et
des fumiers, et, d'autre part, des nuisances, c'est-à-dire les odeurs et
les bruits, inconvénients liés à l'agriculture, mais qui
ne constituent aucun danger pour l'environnement physique. Quant aux
véritables problèmes de pollution causés par
l'agriculture, soit les eaux usées, mais surtout les fumiers, nous
encourageons le législateur à avoir une réglementation
stricte empêchant toute contamination de l'eau, élément
essentiel à notre environnement.
Cependant, il y aurait lieu, encore une fois, de faire la distinction
citée plus haut. Dans cette perspective, nous croyons que certaines
spéculations prévues au règlement n'ont pas leur raison
d'être, soit l'article 5, relatif à l'épandage par un
tiers, l'article 48, traitant de la quantité de fumier à
épandre par hectare, l'article 49 tel que rédigé, ayant
trait à l'interdiction d'épandage de fumier sur des sols
gelés ou enneigés, et l'article 51 relatif à la
période d'épandage à proximité des habitations
voisines. (22 h 15)
Quoique onéreuses, les modalités relatives à
l'entreposage des fumiers nous semblent acceptables. Cependant, compte tenu des
investissements importants qui seront exigés des agriculteurs pour se
conformer à ces modalités, nous nous demandons s'il n'y a pas
lieu que le gouvernement leur vienne en aide au moyen de subventions.
Enfin, nous demandons également que la rédaction finale de
ce règlement et sa mise en vigueur ne surviennent pas avant celles de la
loi sur le zonage agricole, afin d'être certain que le droit du premier
occupant soit respecté, car sans une telle loi, quiconque pourra, et
sans aucun contrôle, restreindre ce droit de premier occupant en exigeant
l'application de ce règlement par le seul fait de son installation
près d'une exploitation agricole.
En d'autres termes, pourquoi un commerçant, tel un restaurateur,
pourrait-il, par le seul fait de construire un restaurant où bon lui
semble, limiter les droits de l'agriculteur?
Protection des droits acquis.
A première vue, le règlement semble respecter les droits
acquis. On semble affirmer que le règlement ne s'appliquera
principalement qu'aux nouvelles exploitations et à l'augmentation du
nombre d'unités animales telles que définies à l'article
1c) et qu'en conséquence, l'agriculteur pourra, après l'adoption
de ce règlement, continuer d'exploiter son entreprise agricole de la
même façon qu'il l'exploitait auparavant, quoiqu'elle soit
conforme ou non à ce projet de règlement.
Après une étude approfondie, nous découvrons que
cela est plus ou moins exact car, entre autres, le règlement, tel que
rédigé, peut freiner grandement l'expansion d'un agriculteur ou
les variations de sa production. Afin de visualiser cette affirmation, nous
prenons un exemple. A la date d'adoption de ce règlement, un producteur
de lait, propriétaire d'une grange située en deçà
des limites permises, décide de l'agrandir dans l'intention de grossir
son troupeau. Il fait une demande de certificat d'autorisation. Mais ne
pourrait-on pas le lui refuser pour les motifs que l'agrandissement ne respecte
pas les distances minimales?
Alors, le producteur aura le choix de suspendre toute expansion ou de
construire un peu plus loin une autre grange détachée de la
première, ce qui impliquerait des investissements supplémentaires
très importants tels que l'installation d'un deuxième nettoyeur
d'étable, d'une deuxième fosse à purin et peut-être
d'un deuxième équipement laitier.
Il en est de même du producteur de volaille qui, à la date
d'adoption du règlement, n'utiliserait qu'au tiers de sa capacité
son poulailler situé en deçà des limites minimales. S'il
décidait, par la suite, de l'utiliser à pleine capacité,
en aurait-il le droit? L'augmentation de sa production ne pourrait-elle pas
être considérée comme une augmentation illégale du
nombre d'unités animales, puisqu'elle ne respecterait pas les distances
permises? En conséquence, compte tenu du fait qu'on peut difficilement
imaginer une exploitation agricole sans expansion au moindre coût et
compte tenu qu'il y a souvent des variations dans l'importance des
élevages à cause du marché instable et des
contingentements appliqués par les plans conjoints, nous
considérons que ce règlement reflète peu la
réalité et qu'il ne garantit pas suffisamment les droits
acquis.
La notion d'environnement. Il est vrai que dans la rédaction
d'une loi ou d'un règlement, le législateur doit avoir le souci
de rechercher des critères d'application clairs, souffrant du minimum
d'interprétation, afin que cette loi ou ce règlement soit
appliqué équitablement à chaque citoyen. Mais nous nous
demandons si, dans la rédaction de ce projet de règlement, ce
souci de trouver des critères d'application clairs, telle la notion de
distance, n'a pas détourné le législateur du but
visé, soit de protéger l'environnement en milieu agricole.
En effet, à la lecture de ce règlement, hormis les
articles traitant de l'entreposage des fumiers, nous découvrons que le
seul critère utilisé afin de protéger l'environnement est
la notion de distance. Ce critère serait acceptable si ce
règlement avait pour objet l'aménagement du territoire mais, en
matière de pollution, comment peut-on affirmer que le fait qu'une grange
ou un poulailler soit
situé à une telle distance d'un ruisseau empêche sa
contamination? Qui peut soutenir qu'un producteur de lait devient
systématiquement un agent de pollution lorsque sa grange est
située à moins de 30 mètres d'un chemin public?
Le seul but de ce règlement étant de protéger
l'environnement, nous croyons que le critère de distance est en soi
inopportun et le législateur devra rechercher d'autres critères
afin que seule l'action néfaste du pollueur soit
empêchée.
Il est vrai qu'éloigner un agent de pollution des endroits
sensibles de notre environnement peut diminuer les risques de contamination,
mais puisque le fait d'appliquer la notion de distance peut entraîner des
préjudices graves et des investissements coûteux aux agriculteurs,
comme nous l'avons expliqué aux chapitres précédents, nous
demandons que soit rejeté le critère de distance et que toute
l'attention du règlement soit portée sur le traitement des eaux
usées et des fumiers, seuls facteurs réels de pollution d'une
exploitation agricole.
Quatrièmement, les mécanismes judiciaires, Compte tenu de
la complexité du problème de la protection de l'environnement en
milieu agricole, nous demandons que la rédaction finale du
règlement et du projet de loi modifiant la Loi de la qualité de
l'environnement prévoie les stipulations suivantes:
Que le droit systématique à l'injonction accordé
à tout citoyen ne s'applique pas en matière de protection de
l'environnement en milieu agricole;
Permettre que les décisions soient rendues en
équité;
Établir des délais stricts dans les étapes à
franchir pour obtenir un certificat d'autorisation afin d'éviter tout
retard intolérable et préjudiciable;
Que toute décision rendue dans le cadre de ce règlement et
notamment tout refus de certificat d'autorisation soit motivé par
écrit.
En conclusion, il peut sembler qu'en matière de protection de
l'environnement, nous demandions un statut particulier pour l'agriculteur, mais
il ne faut pas oublier que ce règlement affectera non pas dix ou quinze
entreprises oeuvrant dans un même secteur, mais plus de 35 000
Québécois sans compter leurs familles et leurs dépendants,
répartis aux quatre coins du Québec. Il ne faut pas oublier
également que l'agriculture est une industrie de caractère
biologique pratiquée à ciel ouvert, et je pense que si nous
voulons continuer à nous alimenter, que les agriculteurs continuent
à produire des denrées agricoles, il faudra probablement
être tolérant, parce qu'il y aura toujours des odeurs
désagréables à certains moments de l'année à
certains endroits. Il faudra vivre avec cela à moins de trouver une
agriculture qui n'aura aucune odeur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de la
présentation de votre mémoire. Je cède maintenant la
parole à M. le ministre de l'environnement.
M. Léger: Je vous remercie de votre mémoire, qui a
beaucoup de points semblables à celui de l'UPA. Sur d'autres points,
vous avez des prises de position sur lesquelles j'aimerais avoir quelques
éclaircissements.
J'aimerais comprendre certaines choses que vous dites,
spécialement à la page 4 de votre mémoire, où vous
encouragez le gouvernement à faire une réglementation stricte
pour empêcher la contamination de l'eau. Pourtant, au paragraphe suivant,
vous dites que certains articles n'ont pas leur raison d'être,
spécialement la quantité de fumier à épandre et
aussi, plus loin, l'interdiction d'épandre sur un sol gelé ou
enneigé.
Vous savez comme moi que si on dépasse une certaine
quantité de fumier qui dépasserait la capacité
d'absorption de la plante qui reçoit ce fumier, nécessairement,
il arrive une infiltration et un ruissellement et, à 90% des cas, cela
va dans les rivières. C'est la même chose pour les sols
gelés, où le fait que cela ne peut pas être absorbé
par le sol à la première pluie, le ruissellement amène
directement le fumier à la rivière et c'est une des façons
qu'il faut, à la source, empêcher, ce ruissellement vers les cours
d'eau qui subissent actuellement une agression très forte de la part des
fumiers.
Est-ce que vous voyez quand même un lien direct entre ces articles
48 et 49 et l'objectif que vous voulez atteindre pour le contrôle de la
pollution vers l'eau?
M. Pigeon: Je vais demander à celui qui a écrit le
mémoire de répondre, Me Garneau.
M. Garneau (Alain): Pour répondre à votre question,
M. le ministre, c'est toujours dans l'optique où on demande de faire une
distinction nette entre ce qui constitue une nuisance et ce qui constitue une
véritable pollution. Je pense que c'est cet article qui peut sembler,
dans un premier temps, un peu contradictoire, mais on va vous expliquer qu'il
n'est pas si contradictoire. C'est surtout dans l'optique que le seul
critère, à notre sens, qui doit être déterminant
dans la réglementation, c'est, entre autres, principalement la pollution
véritablement physique. Quand on dit ici qu'on rejette, par exemple, les
articles comme tels, c'est qu'encore une fois, ici, on prétend que ces
articles ne visent pas directement, d'une façon exacte, cette pollution
physique; c'est-à-dire que, quand on prend la quantité de fumier
à épandre, il y aurait peut-être d'autres critères
à utiliser, peut-être à utiliser des critères
de...
M. Léger: Avez-vous une suggestion? M. Garneau (Alain):
Pardon?
M. Léger: Avez-vous une suggestion d'un autre
critère?
M. Garneau (Alain): Ce n'est pas chose facile, on le sait, mais
je pense que...
M. Léger: Je vous remercie de votre sympathie.
M. Garneau (Alain): Non, mais il n'en demeure pas moins, sur ce
point, que, pour nous, ce qui est fondamentalement important, c'est davantage
la pollution physique. La notion...
M. Léger: Comment définissez-vous la pollution
physique?
M. Garneau (Alain): Celle qui est vraiment contaminante. Pour
nous, par exemple, la notion de nuisance, si on prend une odeur, c'est
davantage une nuisance. Cela ne pollue pas, cela ne contamine pas physiquement
la terre ni l'eau.
M. Léger: Mais le fumier, dont on parle, contamine
l'eau.
M. Garneau (Alain): Oui, mais tout dépend où il est
épandu. Si on prend, par exemple, l'article 5 relatif à
l'épandage par un tiers...
M. Léger: Oui.
M. Garneau (Alain):... cet article ne détermine pas si on
doit faire attention aux cours d'eau. On détermine strictement
l'épandage par un tiers. On veut réglementer l'épandage
par un tiers. Ensuite, si on prend la quantité de fumier à
épandre par hectare, je pense qu'on peut contaminer uniquement et
véritablement quand on est près des rivières. Si on
épand en plein centre d'un champ, assez loin des rivières, je
pense que l'effet de contamination est inexistant.
M. Léger: Vous êtes au courant qu'en plus de la
rivière vous avez aussi toutes les nappes d'eau souterraines qui
reçoivent par infiltration, s'il y en a une trop grande quantité
et que les plans ne peuvent pas les absorber, directement cette matière
organique qui pollue les sources d'eau d'alimentation souterraines. C'est la
raison pour laquelle les deux articles ont été mis là.
C'est pour empêcher la pollution de l'eau aussi bien de la rivière
que celle qui est dans le sous-sol.
Est-ce que vous voulez dire que le producteur doit être
propriétaire du sol pour avoir le droit d'épandre,
indépendamment de ce que vous dites contre l'article 5?
M. Garneau (Alain): Non. On revient au début de ce
paragraphe. Nous voulons effectivement ne nous attaquer qu'à la
contamination, à la pollution physique qui est réelle, faire la
distinction entre la nuisance qui est, par exemple, l'odeur et la
véritable contamination. On se dit: Ce n'est pas en réglementant
nécessairement l'épandage par un tiers on restreint des
droits du producteur qu'on va nécessairement lutter contre la
pollution.
M. Léger: Si vous avez une quantité
supérieure de fumier à la quantité acceptable par le
terrain du propriétaire, où va-t-il mettre le reste du fumier
sinon dans la rivière? La raison pour laquelle on permet de le faire sur
un territoire d'un tiers, c'est d'abord, parce que c'est un engrais animal
important et, deuxièmement, c'est une façon d'éliminer le
surplus qu'une personne peut avoir sur son propre terrain. C'est dans le but
justement de diminuer la quantité de contaminants qui, s'ils sont
déversés dans de mauvais endroits, deviennent la pollution. Un
contaminant est une source qui devient une pollution, si on ne peut pas le
diriger aux endroits où il n'est pas nuisible. C'est la raison pour
laquelle nous avons mis la possibilité de répandre chez un
tiers.
Vous parlez aussi de la notion de distance. Dans le règlement, la
notion de distance est une assurance que l'on veut donner pour diminuer les
risques, ce n'est pas une garantie absolue, c'est sûr. Si on abandonne le
critère de distance, comme vous le suggérez à la page 9,
dois-je comprendre qu'une pocherie pourrait être installée
n'importe où, s'il n'y a pas de distance? N'y a-t-il pas l'obligation
d'avoir un chiffre précis de distance? Sinon, s'il n'y a pas de
distance, on pourrait installer une porcherie en plein milieu d'un village ou
à dix pieds du perron du voisin ou même sur le bord d'un cours
d'eau. La distance a pour but d'éloigner et de diminuer le risque de
ruissellement et de pollution aussi bien par l'odeur. Quand vous dites que
l'odeur n'est pas une pollution physique, l'odeur, c'est une nuisance qui,
selon la quantité, peut amener un empêchement total de vie
acceptable pour les gens qui vivent autour. (22 h 30)
Des gens sont venus hier et avant-hier nous expliquer
c'étaient des agriculteurs et d'autres; c'étaient des personnes
qui vivent en milieu rural, qui ne sont pas des citadins qui disaient
que, parfois, ils ne pouvaient même pas dormir à
l'intérieur de la maison, ils n'osaient même pas sortir,
c'était pire. Si on ne calcule pas qu'une nuisance, qui empêche un
fonctionnement normal sur la propriété d'une personne parce que
le voisin lui apporte ces odeurs, si cette nuisance n'est pas de la pollution,
je me demande ce qu'est la pollution.
M. Garneau (Alain): Je pense ici qu'il y a peut-être lieu
de préciser une chose avant de continuer l'étude de notre
mémoire. Avant tout, nous avons présenté un mémoire
pour appuyer l'UPA. Nous considérons que l'UPA a fait une analyse exacte
du projet de règlement. Ce que nous avons cherché, autrement dit,
dans les quatre points que nous tentons de mettre en évidence, c'est
peut-être une certaine réflexion pour démontrer, en fait,
qu'une réglementation trop stricte, qui déterminerait la
situation de tous les bâtiments, de toutes les augmentations de
production, les nouvelles exploitations, cela pourrait constituer des dangers.
D'une façon, c'est pour démontrer qu'effectivement une
réglementation trop stricte ne peut, à mon sens, qu'amener
certains problèmes, surtout dans l'optique d'un projet de loi qui
permettrait à tout citoyen de pouvoir avoir le droit à
l'injonction.
Ce qu'on voulait dire, par exemple, surtout au niveau de la notion de
distance... Je pense que la Coopérative fédérée
n'est pas défavorable à un règlement sur les
élevages, tout comme l'UPA, mais nous cherchons beaucoup plus de
souplesse. Ce qu'on voulait mettre en évidence, par exemple, c'est la
notion de distance. Il est certain que c'est un critère. Si on parle de
nuisance, c'est certain qu'il va falloir, à un moment donné,
peut-être avoir une réglementation, mais peut-être pas une
réglementation aussi stricte. C'était pour le mettre en
évidence, effectivement. Ce n'est pas parce qu'un producteur laitier est
à 30 mètres et moins qu'il devient un agent pollueur, mais, d'un
autre côté, il ne faudrait pas non plus permettre qu'on le
considère ainsi et immédiatement, par exemple, comme s'il faisait
une construction qui ne serait pas conforme ou qu'il ne pourrait pas agrandir.
Je pense que, moralement, on ne peut pas lui reprocher d'être un agent
pollueur. Il faut tenir compte de ces critères. Je comprends que le
règlement a besoin de critères, mais quand même, pour en
arriver à ce que les décisions se rendent selon
l'équité et, que ce soit à 30 ou à 25
mètres, qu'il y ait quand même une certaine
équité.
M. Léger: Je dois quand même vous dire qu'on ne peut
pas être en accord avec votre conception de la pollution de la
façon que vous la déterminez, parce que la contamination de
l'environnement, c'est causé par la présence, en termes
scientifiques, d'altérogènes je ne sais pas comment on
peut dire cela en termes plus... qui altèrent la qualité
de l'environnement. Or, les gaz les odeurs, ce sont des gaz sont
de tels altérogènes. Ce sont tous des contaminants au sens de la
loi actuelle, pas selon le règlement qu'on présente. Le concept
de nuisance se réfère aux effets, aux conséquences de la
contamination. Ces contaminants ne sont pas tous aussi dangereux les uns que
les autres, il y a une question de degré et d'intensité, mais ils
demeurent des contaminants tels que la Loi de la qualité de
l'environnement, qui a été votée en 1972, l'exprime. C'est
pour cela que le règlement est une façon de préciser,
mais, dans l'esprit même, je pense que la nuisance est un
élément qui a toujours été défini comme
étant quelque chose qui altère la qualité du milieu de vie
et, selon le degré, elle peut amener une conséquence
néfaste. A ce moment, la loi doit prévenir les gestes qui
amèneraient l'émission de contaminants dans l'atmosphère
comme dans l'eau.
Donc, les odeurs, c'est au niveau de la pollution atmosphérique.
Le ruissellement ou le déversement dans les eaux est une pollution de
l'eau et vous dites que ce n'est pas défini. La définition de
l'environnement est bien écrite au chapitre 49 de la Loi de la
qualité de l'environnement. Il détermine la définition de
l'environnement comme suit: L'environnement, c'est l'eau, l'atmosphère
et le sol où toute combinaison de l'un ou de l'autre, ou, d'une
manière générale, le milieu ambiant avec lequel les
espèces vivantes, incluant les hommes et les femmes, entretiennent des
rela- tions dynamiques. La définition de l'environnement n'est
peut-être pas dans le règlement, mais, dans la loi de
l'environnement, il y a cette définition. Comme les trois constituantes
de l'environnement sont ce que nous devons protéger, c'est en se basant
là-dessus qu'on détermine que les odeurs sont une forme de
pollution atmosphérique.
Je n'ai pas d'autres questions à vous poser. Je ne sais pas si
mes collègues...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je note, comme pour
le mémoire précédent, qu'il s'agit Me Garneau vient
de le dire d'un appui à l'UPA. Puisque nous avons ce n'est
pas pour diminuer l'importance de votre mémoire passé un
temps considérable à échanger des propos avec l'UPA, il ne
nous reste pas, quant à nous, de ce côté-ci de la table du
moins, autant de questions que nous aurions pu en avoir, si le sort avait voulu
que vous soyez les premiers.
Je voudrais, cependant, poser une question sur le deuxième point
que vous soulevez dans le mémoire, qui concerne la protection des droits
acquis. Dans votre exposé, vous suggérez des scénarios par
lesquels vous indiquez que le règlement, tel que proposé, ne
respecte pas autant que vous l'aviez pensé au départ ce que vous
appelez les droits acquis et que, dans des cas particuliers, des agriculteurs
pourraient se trouver dans des situations difficiles.
Il me semble que si l'on va à l'extrême, d'un
côté, on dit: Le règlement s'applique; ça finit
là. Il n'y a pas de droits acquis et tout le monde doit respecter la loi
et les règlements qui en découlent. A l'autre extrême, on
dit: Les droits acquis doivent être reconnus et même si l'on
accepte et il faut l'accepter ce que le ministre a dit à
plusieurs reprises, qu'il ne peut pas y avoir de droits acquis à
polluer, il y a quand même une marge. Il y a des activités qui
peuvent être considérées des nuisances, mais qui, sur un
plan scientifique, ne pourraient pas être prouvées comme
étant des cas de pollution.
Mais, entre les deux extrêmes, il faut une position. Il faut une
solution. J'aimerais comprendre celle que vous proposez. Vous dites: II faut
que les droits acquis aient un respect plus large, plus clair, que ce que
propose le projet de règlement. J'aimerais que vous me disiez comment
vous pensez que les droits acquis doivent être respectés? Quelle
doit être la durée de ce respect? Est-ce que ce serait un respect
qui pourrait faire l'objet d'un héritage? Est-ce que les fils, les
filles du cultivateur pourraient jouir du même respect des droits acquis
là où, pour une nouvelle exploitation ou pour une importante
expansion d'une exploitation, le règlement s'appliquerait tel que
rédigé?
M. Garneau (Alain): Je peux répondre à ça.
Encore une fois, comme on le dit ici, on peut diffi-
cilement envisager l'agriculture sans expansion. C'est le cas, par
exemple, de beaucoup de producteurs, entre autres, des producteurs laitiers qui
vendent ou qui associent leurs fils à leur exploitation, ce qui
entraîne, nécessairement, dans plusieurs cas, des augmentations du
troupeau, des augmentations d'unités animales ou des augmentations de
bâtiments, sur ce point-là.
D'un autre côté, ce que nous disons, c'est que la notion de
distance n'est pas un critère absolu qui détermine s'il y a
pollution ou non. On aimerait quand même tenir compte d'une certaine
équité, permettre un agrandissement. C'est sûr, comme nous
le disions dans notre mémoire, personne ne peut cautionner l'acte du
pollueur, mais nous aimerions qu'il y ait une certaine équité et,
compte tenu de la réalité et des circonstances dans lesquelles
peut se faire une augmentation, qu'il soit possible de rendre un jugement
d'équité et non empêcher d'une façon
systématique de faire grossir une entreprise agricole strictement sur
des raisons de distance.
C'est beaucoup de souplesse que nous demandons.
M. Goldbloom: Dans votre esprit, une commission conjointe
d'appel, cet organisme dont nous avons parlé à plusieurs reprises
au cours de la journée, pourrait-elle servir à aplanir des
difficultés et trouver des solutions?
M. Garneau (Alain): Je pense que c'était une des
recommandations de l'UPA; donc, nous avons fait nôtres les
recommandations de l'UPA.
M. Pigeon: Ce serait probablement la meilleure façon qu'il
y ait un comité d'appel pour voir ces problèmes, quand c'est
peut-être un peu à cheval sur les règlements, et pour ne
pas être trop rigide. Je comprends qu'un jour ou l'autre, l'exploitation,
quand il s'en construira une nouvelle, pourrait être construite plus
loin, mais qu'elle puisse prendre de l'expansion, qu'il y ait 25 ou 30
mètres, ce n'est pas pour 5 ou 20 mètres qu'elle sera plus
polluante. C'est surtout cela.
M. Goldbloom: Non, mais, M. Pigeon, il me semble que si l'on
parle en termes de droits acquis et si l'on a une situation où la
distance réglementaire n'est déjà pas respectée
et, dans votre mémoire, vous offrez l'argument et Me Garneau
vient de le répéter, qu'il n'y a pas moyen de concevoir une
agriculture dynamique avec une perspective économique
intéressante, valable sans la concevoir en termes d'expansion et
si, déjà, les distances réglementaires ne sont pas
respectées, mais que l'on dit: C'est un droit acquis, cela a
été fait de bonne foi et il y a un droit de premier occupant qui
peut être invoqué aussi, cela voudrait-il dire que l'on
permettrait une expansion là où ce bâtiment serait
situé?
M. Pigeon: Si on prend l'exemple du poulailler utilisé
présentement à 60%, si la production permet au producteur
d'augmenter sa production jusqu'à 100% de la capacité de son
poulailler, ne sont-ce pas des droits acquis dans la même bâtisse,
dans le même édifice? Si on s'en tient directement au
règlement, il n'a pas le droit d'augmenter de plus de 20%. S'il
l'exploite à 60% et s'il peut aller à 100%, si le commerce lui
permet d'aller à 100%, pourquoi ne pourrait-il pas y aller dans la
même bâtisse?
M. Goldbloom: Ce n'est quand même pas l'exemple que je vous
ai proposé il y a quelques instants. Dans votre mémoire, vous
parlez spécifiquement du problème de celui qui voudrait agrandir
le bâtiment existant et qui pourrait être forcé, non pas
à combler les espaces déjà là dans le
bâtiment, à bâtir ailleurs et investir en duplicata dans des
équipements pour le nettoyage, la ventilation et tout cela. C'est le
genre de problème qui me paraît épineux.
M. le Président, je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je tiens tout d'abord
à vous remercier de votre participation à cette commission, mais
surtout de votre patience exemplaire. Je pense que je peux avoir
l'unanimité de cette commission pour souligner en particulier la
présence de mon frère Emile, qui est membre de la
délégation de cette coopérative, la Coopérative
fédérée.
Maintenant, j'ai deux observations à faire. A la page 5 je suis
tout à fait d'accord avec vous sur ce point principal vous
souhaitez que l'adoption de ce règlement ne survienne pas avant que la
loi du zonage agricole ne soit en vigueur, parce que alors, je crois que dans
la réglementation on demande aux producteurs agricoles de respecter
certaines distances et, aujourd'hui, un citoyen qui veut s'établir
à la campagne n'a aucune distance à respecter. S'il
s'établit près d'un cultivateur qui a une exploitation animale,
si cet agriculteur veut agrandir sa production, après la venue d'un
citadin près de sa ferme, il ne pourra pas le faire parce qu'il va
être trop près des habitations. Alors, j'aimerais que vous
explicitiez votre pensée sur ce côté, M. Pigeon ou un
autre.
M. Garneau (Alain): D'accord. Sur ce point, la raison qui motive
cette recommandation est d'abord, si on applique des contrôles de
protection de l'environnement en milieu agricole aux agriculteurs qui sont les
premiers occupants, à notre sens, et qu'on ne puisse pas
contrôler, parce qu'on présume qu'avec le zonage agricole on va
également contrôler l'installation de citadins ou l'installation
de restaurants ou d'usines en milieu agricole, à ce moment-là ils
auront des obligations et ils devront, d'une certaine façon, respecter
ce droit de premier occupant qui est celui d'utiliser des terres à des
fins agricoles. Dans un cadre semblable, une fois qu'on aura cadré ce
qui est agricole et ce qui ne l'est pas, ce sera peut-être beaucoup plus
facile de déterminer quelles sont
les bonnes normes à utiliser pour protéger l'environnement
dans un milieu agricole.
M. Cordeau: II y a un autre point de vue, à la page 9.
Vous mentionnez, au deuxième paragraphe, mécanismes judiciaires,
que le droit systématique à l'injonction accordé à
tout citoyen ne s'applique pas en matière de protection de
l'environnement en milieu agricole. J'aimerais connaître les impressions
du ministre concernant ce point de vue.
Le Président (M. Dussault): Je vous ferai remarquer, M. le
député de Saint-Hyacinthe, que nous avons des témoins
à qui il faudrait plutôt poser des questions. Si M. le ministre
veut répondre, cependant.
M. Cordeau: C'est pour expliciter une partie du mémoire
que le ministre n'a pas pensé commenter.
M. Léger: Tout ce qui touche la loi 69, nous avions
convenu que ce n'était pas sujet de discussion à cette
commission-ci, puisqu'il y a eu une autre commission exactement pour cela. Si
on inclut des discussions sur un autre projet de loi, on va en dehors du
débat et je pense avoir répété plusieurs fois ma
réponse là-dessus, je ne veux pas le prolonger. On a
déjà passé de trois quarts d'heure l'heure normale de la
fin de la séance, on la prolonge pour écouter, mais pas sur des
lois qui ne sont pas dans le cadre de la discussion.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Saint-Hyacinthe? M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je veux, à mon
tour, remercier les gens de la Coopérative fédérée
de nous avoir fait part de leur point de vue lors de l'étude du projet
de règlement qui devra être adopté avec des modifications,
nous le souhaitons tous, pour protéger l'environnement au
Québec.
Je remarque, dans votre mémoire, que vous insistez beaucoup sur
les droits du premier occupant. Mon collègue, le député de
D'Arcy McGee, a insisté également là-dessus. J'aimerais
que vous précisiez davantage. Lorsqu'on parle de premier occupant, on se
réfère surtout à un cultivateur établi depuis 30
ans, 40 ans, sur une ferme familiale et qui, à cause de la
nécessité, à cause des exigences de l'évolution et
de la modernisation de l'agriculture, en vient à être
obligé de donner une nouvelle dimension à son exploitation alors
que, pendant les années qui se sont écoulées, des gens
sont venus acheter des terrains en face, sur les terres voisines,
abandonnées, sont venus s'approcher de son habitation, et, de ce fait,
à cause des distances exigées dans le règlement,
l'empêchent totalement de procéder à un agrandissement,
à une augmentation de son cheptel pour accroître ses revenus.
Est-ce que c'est surtout à ce principe général que
vous vous référez quand vous parlez du droit du premier
occupant?
M. Pigeon: C'est exactement ça, M. Roy. L'agriculteur qui
est déjà en place depuis un certain temps et qui a un voisin qui
a vendu un terrain ne peut plus agrandir sa ferme, parce que ça va
être une nuisance pour l'autre. C'est ça qu'on veut faire
respecter: le premier occupant, c'est le cultivateur qui est déjà
en place depuis un certain nombre d'années.
M. Roy: Si je me pose cette question, c'est parce qu'un cas m'a
été référé récemment, celui d'un
cultivateur qui a décidé d'agrandir sa grange-étable pour
garder douze bêtes à cornes de plus. Parce que, effectivement,
depuis deux ou trois ans, plusieurs personnes sont venues s'établir
à côté de lui, à cause des distances, il ne peut pas
obtenir le permis pour augmenter son cheptel et être en mesure
d'organiser sa ferme d'une façon rentable.
Le ministre a donné tout à l'heure une définition
seulement un commentaire que j'aimerais faire à ce moment-ci, je
terminerai là-dessus de la loi, des exigences que comporte la
loi. Je pense que, de ce côté, il n'y a pas de place pour les deux
extrêmes. Si on veut appliquer la loi à la lettre, lui donner son
interprétation dans toute sa rigueur, je vais être très
inquiet non seulement pour le développement, mais pour le maintien de
l'agriculture actuelle au Québec. Les animaux demeureront toujours des
animaux.
Il faudrait peut-être songer c'est la suggestion que je
fais à ce moment-ci, puisqu'on parle de la protection de l'environnement
préalablement à examiner toute la question de la
protection de l'environnement agricole. Cela m'apparaîtrait comme
fondamental. Il y a un environnement agricole à protéger pour que
nous puissions développer l'agriculture au Québec. L'agriculture
sera toujours l'agriculture, les animaux seront toujours des animaux et la
concentration des animaux amène des problèmes, nous en
convenons.
Mais si on fait en sorte de gêner le développement de
l'agriculture, si on embarrasse les agriculteurs au point de les obliger
à faire des investissements considérables, cela va se retrouver
dans les prix et si cela se retrouve dans les prix, en définitive, c'est
le consommateur qui va payer.
Je pense que là-dedans, il va falloir que le ministre, que le
gouvernement agisse en partant du gros principe qui prévaut dans les
milieux agricoles, le gros bon sens. Il n'y a pas de place pour les deux
extrêmes, nous en convenons. Mais il va falloir, je pense, avant d'aller
plus loin, examiner sérieusement quelles sont les mesures qu'on pourrait
prendre en vue de protéger l'environnement agricole. On nous a
parlé de la loi du zonage agricole, mais elle n'est pas pour demain. Je
ne sais pas si mes collègues sont plus informés que moi, mais
elle n'est pas pour demain.
M. Gagnon: Ce n'est pas ce que le premier ministre a dit.
M. Roy: En tout cas, on peut se permettre de se poser des
questions là-dessus. J'en ai déjà
entendu des semblables. J'aurais des réponses à donner et
j'aurais des commentaires à faire. De toute façon, je peux
déduire que le règlement sera en vigueur avant la loi du zonage
agricole.
M. Gagnon: Pas depuis que le Parti québécois est
là.
M. Roy: Le règlement sera en vigueur avant la loi du
zonage agricole. Il y a déjà certains règlements qui sont
en vigueur. Je terminerai là-dessus. J'aimerais qu'on y pense
sérieusement, de façon à examiner la possibilité de
trouver des mécanismes pour établir certains critères pour
protéger l'environnement agricole.
M. Léger: M. le Président, je ne veux pas prolonger
le débat, mais pour répondre, je suis complètement
d'accord avec ce que le député de Beauce-Sud vient de dire, qu'il
faut protéger l'environnement agricole, parce que, dans l'environnement
agricole, il y a aussi des humains qui vivent à l'intérieur,
qu'il faut aussi protéger contre les abus de l'environnement. S'il
inclut les humains à l'intérieur de l'environnement agricole, il
y aura nécessairement une préoccupation de protection de
l'environnement agricole à l'intérieur de ce
règlement.
M. Roy: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, M. le ministre. Le
ministre sait que ce n'est pas cela que j'ai voulu dire. Je ne ferai pas de
commentaires, mais je pense qu'il me connaît assez pour savoir ce que
j'ai voulu dire.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
répondre à M. Pigeon. Tantôt, il a exprimé une
crainte en ce qui concerne l'augmentation du cheptel de 20%. Vous avez
mentionné que dans les poulaillers vous vouliez sûrement
dire dans le poulet de gril, je présume où on produisait
actuellement 60% de la capacité...
M. Pigeon: Si on remonte à 100%, cela...
M. Gagnon: On vient de vérifier, ce que la loi permet,
quand on parle d'augmentation de 20%, c'est une augmentation de 20% de plus que
la capacité de la ferme actuelle. Cela veut dire que si on augmente, par
exemple, à 100%...
M. Pigeon: Un agrandissement de la bâtisse.
M. Gagnon: ... un agrandissement de la bâtisse, ce qui veut
dire qu'à l'intérieur de la capacité de production
actuelle, on peut se rendre à 100% et il n'y a pas de problème.
Je me demande, par exemple, s'il peut arriver qu'à cause de la
technologie on puisse trouver le moyen de produire plus à
l'intérieur de la même bâtisse. Il pourrait arriver qu'on
monte éventuellement à 110% de la produc- tion actuelle de la
bâtisse. C'est une question que je pose au ministre, pour voir si la loi
le permettrait sans agrandissement. Je veux dire à l'intérieur de
la même bâtisse.
Seulement une question que je me pose. Tantôt, on a entendu l'UPA
qui a manifesté une préoccupation assez poussée au sujet
de l'environnement au point de former, par exemple, un comité de
l'environnement. Je profite de la circonstance, parce qu'il y a tout de
même la Coopérative fédérée de
Québec... Vous avez mentionné que vous aviez 35 000
adhérents. Est-ce juste?
M. Pigeon: 35 000 sociétaires.
M. Gagnon: Sociétaires. Cela veut dire que vous
représentez presque 75% ou 80% peut-être des agriculteurs qui sont
sociétaires. Je n'ai pas le dernier bilan, mais vous avez un chiffre
d'affaires considérable. Ce qui est avantageux aussi, c'est que vous
avez, dans le champ, des techniciens, des gens qui y sont déjà et
qui donnent déjà de l'information. Je me demande si la
Coopérative fédérée a pensé de former un
comité de protection de l'environnement et peut-être aller un peu
plus loin, compte tenu que vos sociétaires sont tous des agriculteurs.
On a mentionné, depuis trois jours, l'absence de recherche, par exemple,
pour trouver un débouché pour le fumier ou pour trouver une
façon de le transporter, d'un endroit où on en a de trop à
un endroit où on en manque. N'y aurait-il pas possibilité pour la
Coopérative fédérée d'avoir une
préoccupation assez poussée là-dessus, pour entamer, de
concert avec le ministère de l'environnement, des recherches dans le
domaine de la protection de l'environnement agricole. Je vous pose la
question.
M. Pigeon: Dans ce domaine, M. Gagnon, on pourrait
peut-être travailler aussi avec les universités...
M. Gagnon: Oui, oui.
M. Pigeon: ... trouver d'autres moyens.
M. Gagnon: Je vous pose la question à savoir si cela
pourrait devenir une collaboration intéressante.
M. Pigeon: Je ne dis pas que ce serait impossible. Il y a des
techniciens, chez nous. Je ne dis pas que ce serait impossible. Mais je
voudrais vous faire remarquer, premièrement, que nous sommes dans le
commerce, nous sommes dans la concurrence. On n'a pas le temps de payer, des
hommes pour faire autre chose, pour faire des recherches. On peut de temps en
temps en prêter. Je ne dis pas non carrément. Mais que ce soit
notre responsabilité, je n'en suis pas si certain que cela.
M. Gagnon: Non, je ne vous dis pas uniquement votre
responsabilité, mais je pense que cela pourrait être une
responsabilité.
M. Pigeon: Cela en est une tout de même. Vous demandez
qu'on mette des gens pour étudier cela, la possibilité de mieux
utiliser les fumiers et de nouvelles façons d'en disposer.
M. Gagnon: Si je me permets de suggérer cela, c'est que je
connais une bonne partie de vos techniciens qui sont sur la route, qui
surveillent et qui améliorent la technique dans le domaine de la
production animale.
M.Pigeon: Oui.
M. Gagnon: Ce sont déjà des gens qui sont en
contact avec quantité de producteurs de porcs ou de poulets ou de poules
pondeuses. Pour avoir déjà fait le métier, je sais qu'ils
sont en position de donner beaucoup de renseignements et peut-être de
sensibiliser ou d'aider à sensibiliser les gens aux problèmes de
l'environnement. C'est une suggestion que je fais. Je voulais en même
temps en faire une question, pour savoir si vous y aviez déjà
pensé.
M. Pigeon: Je pense bien qu'avec la nouvelle loi de
l'environnement et tous les règlements qui vont y être
attachés, on va être tous obligés de s'occuper de
l'environnement. On ne pourra pas l'oublier.
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Dussault): Cela met fin à votre
témoignage. Je remercie la Coopérative
fédérée de Québec de sa comparution devant cette
commission parlementaire. Je souhaite à ses représentants un bon
retour. J'invite le comité environnement Châteauguay à se
présenter.
M. Pigeon: Merci beaucoup, M. le Président; merci, M. le
ministre; merci, MM. les députés.
Le Président (M. Dussault): C'est nous qui vous
remercions. Oui, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Parmi les mémoires qui font partie de la liste
pour aujourd'hui, est-ce qu'il y en a encore plusieurs qui doivent être
entendus ce soir? (23 heures)
Le Président (M. Dussault): Après celui du
comité Environnement Châteauguay, il resterait, en fait, l'avis du
Conseil consultatif de l'environnement, qui est déposé, à
toutes fins pratiques, et qui sera retranscrit au journal des
Débats.
M. Roy: Mais pour lequel il n'y aura pas d'audience.
Le Président (M. Dussault): II n'y aura pas de
témoignages.
M. Roy: Alors, ce serait le dernier groupe qui serait entendu
devant la commission parlementaire.
Le Président (M. Dussault): C'est le dernier groupe
à se faire entendre à cette commission, vous avez raison.
Je prie madame de se présenter.
Comité Environnement Châteauguay
Mme Vinet-Desrosiers (Murielle): Murielle Vinet-Desrosiers,
président d'Environnement Châteauguay.
Le Président (M. Dussault): Alors, Mme Vinet-Desrosiers,
étant donné que nous sommes à la toute fin de la
soirée, vous ne serez pas surprise qu'on vous demande...
Mme Vinet-Desrosiers: De faire ça avec diligence.
Le Président (M. Dussault): ... d'abréger,
malgré que, déjà, votre mémoire soit passablement
court.
Mme Vinet-Desrosiers: Est-ce que vous voulez que je
procède à la lecture et qu'on passe à des commentaires sur
le règlement?
Le Président (M. Dussault): On ne vous forcera pas...
M. Léger: Peut-être pourriez-vous le résumer?
M. Picotte: ... un genre de commentaire.
M. Roy: Puis-je faire la suggestion que le mémoire de
madame soit inscrit en totalité au journal des Débats pour qu'il
puisse nous servir comme document de référence?
Le Président (M. Dussault): Cela lui permettrait de
commenter son mémoire tout simplement. De toute façon, vous
décidez, Mme Vinet-Desrosiers.
Mme Vinet-Desrosiers: Comme le disait si bien M. le
député de D'Arcy McGee tantôt, je suis la dernière.
C'est le sort qui en a voulu ainsi. Mais j'espère bien qu'on m'a
gardée pour le dessert.
Je vais procéder tout de suite à...
M. Goldbloom: On finit en beauté, madame.
Mme Vinet-Desrosiers: Pour ceux qui ont le mémoire en
main, je vais procéder seulement à la lecture des observations
générales.
Le règlement, tel que préparé, est un objet de
découragement pour le producteur-artisan. La formule de demande de
certificat d'autorisation est beaucoup trop compliquée pour une petite
entreprise et l'application de toutes ces normes compliquées sera,
à toutes fins pratiques, irréalisable, perpétuant ainsi
plusieurs situations déplorables, tel que le tas de fumier sur la berge
de la rivière ou du cours d'eau avec le purin s'y rendant directement ou
encore le rejet d'animaux morts sur la glace des lacs et des
rivières.
Le présent règlement devrait s'appliquer aux grosses
exploitations de production animale. Ici, nous avons fixé 100
unités animales ou plus. Il reste à la commission de
décider à la lumière des témoignages des
intervenants qui sont venus à la commission.
Pour les installations inférieures à ce nombre de 100, des
normes générales plus facilement compréhensibles et
applicables devraient être développées et
intégrées au règlement. Ces normes générales
devraient être rédigées de façon à
prévenir la pollution de l'eau, du sol et de l'air, tout en se rappelant
que nos campagnes ont été envahies par les citadins et que ces
citadins doivent accepter de sentir l'odeur de la campagne, tout comme d'autres
acceptent de sentir l'odeur des tuyaux d'échappement, des
cheminées d'usines et des vidanges en attente d'être
ramassées.
D'autre part, il faudrait se rappeler que ces faux habitants, ces
gentlemen farmers, autrement dit, ne sont pas là pour travailler
à la campagne, mais bien pour s'y amuser et, c'est très
important; la campagne et ses caractéristiques étaient là
avant eux.
Le reproche le plus important qui peut être fait au présent
règlement est qu'il force le petit producteur à transformer son
entreprise en grosse affaire, alors qu'il y a encore de la place au
Québec pour les petits producteurs. Il y a déjà assez de
contraintes qui poussent les producteurs agricoles à la monoculture,
sans que l'on ne vienne ajouter à cette triste
réalité.
Ici, je vais ajouter un petit commentaire personnel. J'ose
espérer que ce présent règlement ne tuera pas la petite
entreprise au profit de la grosse. Ce serait porter atteinte à
l'autarcie de la jeunesse québécoise dont l'engouement est
manifeste dans le domaine de l'agro-alimentaire et je pense qu'on se doit de
l'aider.
C'est un commentaire bien personnel, mais, avec la dilution progressive
de certains idéaux, je me demande si nos dirigeants sont encore capables
de ce missionnariat.
Ici, j'aimerais faire référence à un article de
Québec Sciences, qui manifeste un peu l'engouement de cette jeunesse.
"Au coeur des pays les plus riches, des jeunes fuient la ville et
achètent des maisons rurales et des fermes abandonnées". Un peu
plus loin: "Beaucoup de jeunes Occidentaux qui retournent dans les
régions rurales consacrent énormément d'efforts à
inventer de nouvelles façons d'obtenir leur énergie, leur
nourriture et leur logement. L'intense activité qu'ils déploient
à construire éoliennes, maisons solaires et étangs de
pisciculture, incorporant le recyclage des déchets domestiques,
démontre leur refus, non pas du progrès technique, mais
uniquement de la forme qu'il a prise dans certaines villes agonisantes".
Politiques à développer. Nous sommes entièrement
d'accord avec la politique agro-alimentaire du ministère de
l'Agriculture, du présent gouvernement, qui s'est fixé comme
objectif d'atteindre une autosuffisance accrue sur le plan agricole. Mais pour
produire des agrumes et des légumi- neuses, il faut des fertilisants et
de bonnes terres arables. Par conséquent, il faudra montrer aux
agriculteurs que les déchets agricoles ont une valeur en tant que
fertilisants et qu'ils participent à remplacer l'humus perdu par le
lessivage des sols.
Ainsi pourrons-nous atteindre une meilleure autosuffisance dans le
domaine des fertilisants et une plus grande indépendance envers les
fertilisants chimiques.
D'autre part, il est temps que les agriculteurs soient informés
de l'importance de la prévention de l'érosion des sols arables,
par l'utilisation de techniques adéquates.
Ici, je pourrais mentionner que souvent on voit des cultivateurs, au
niveau des techniques d'épan-dage, dans le défaut d'une
côte ou près d'une rivière qu'on laboure en sens
parallèle... Alors quand il pleut, cela se draine par les pluies. Alors,
il y aura avantage à travailler dans le sens contraire.
En bref, le présent règlement place beaucoup d'emphase sur
la nécessité des contenants et sur leurs caractéristiques,
alors que le plus important est la réutilisation de leur contenu.
Finalement, la réglementation sur les productions animales devra
accompagner la réglementation sur le zonage agricole je pense
qu'ici, je ne suis pas la seule à l'avoir dit au niveau
provincial, qui viendra enfin préserver les meilleures terres agricoles
du Québec.
Un point aussi que notre mémoire ne mentionne pas. On a
travaillé en comité, cela a été omis, mais
j'aimerais quand même le souligner. Quand on sait le rôle que
jouent les producteurs de grain et de moulée dans la promotion des
exploitations de production animale, nous suggérons que les exploitants
ou éleveurs soient propriétaires des surfaces d'épandage
requises.
Enfin, nous avançons la suggestion d'installer des bassins de
sédimentation qui pourraient servir à la
récupération des purins et des fumiers ainsi que des terres de
surface dans le bassin de drainage de toutes les grosses exploitations de
production animale. C'est peut-être innovateur, mais enfin...
Hier, il y a un intervenant qui a parlé du système
la traduction, c'est le système Renard ou Fuchs, un système
allemand, un système aérobique qui produit apparemment une
qualité de purin assez exceptionnelle au bout de quatre jours,
absolument stérilisé. Cela vaudrait peut-être la peine de
mettre des ingénieurs sur ces techniques douces.
Et en tout dernier lieu, j'aimerais aussi mentionner, enfin vous lire
une petite chose en parlant des technologies douces d'une revue "Le Temps fou."
C'est un trimestriel. Je ne fais pas d'annonce, mais c'est excellent: "Dans
certaines installations agricoles, telles que laiterie comptant au moins 200
vaches ou élevage d'au moins 5000 poulets, il se révèle
déjà rentable de remplacer les dispositifs actuels
d'élimination du fumier par des systèmes de production de
méthane, combustible qui peut servir, par exemple, à produire de
l'électricité pour instruments agricoles et de la chaleur pour
chauffer les bâtiments.
"Au Texas, une société a déjà
commencé à vendre le méthane produit à partir du
fumier des parcs d'engraissement aux exploitations de pipeline, de gaz
naturel." Enfin, cela a été très court, mais j'estime
quand même avoir exprimé les aspirations d'Environnement
Châteauguay.
La représentativité d'Environnement Châteauguay, ce
soir, est très faible, mais vous comprendrez que nous sommes des
bénévoles de façon directe et indirecte de l'environnement
et que je suis ici à mes frais et c'est peut-être la raison pour
laquelle je suis solitaire.
La vision que j'ai exprimée ce soir est peut-être un peu,
aux yeux de certains, utopique, mais j'estime que c'est la seule qui soit
réaliste.
Le Président (M. Boucher): Alors, Mme Vinet-Desrosiers, je
verrai personnellement à ce que la partie de votre mémoire que
vous n'avez pas lue, c'est-à-dire jusqu'à la page 5, paraisse au
journal des Débats. (Voir annexe A)
Je cède la parole au ministre délégué
à l'environnement.
M. Léger: Je voudrais vous remercier pour, non seulement
la présentation de votre mémoire au nom de votre organisme, mais
le fait que vous ayez eu la patience d'attendre jusqu'à la fin.
Naturellement vous devez être fière de remarquer que vous
avez encore le mot de la fin et que nécessairement ce que vous allez
dire va peut-être demeurer plus longtemps dans notre esprit. De toute
façon, je voudrais en profiter pour vous remercier aussi de l'aspect
très positif, très imagi-natif de votre mémoire où
vous parlez de moyens de rendre un peu plus rentables les déchets qui
auraient pu être uniquement une source de contamination. Vous parlez,
dans votre mémoire, de recyclage des fumiers, vous parlez aussi de
l'érosion des sols qui est un problème. Vous avez parlé du
procédé Fuchs qui est actuellement en expérimentation sur
les bords de la rivière de l'Achigan et qui va nous apporter, je pense,
des solutions qui peuvent être très rentables pour le
Québec dans peut-être un an, un an et demi. La possibilité
de faire du méthane avec un des nouveaux procédés est chez
nous à l'étude pour voir à quel moment nous pourrions
tenter cette expérience.
Toutefois, vous soulignez que plusieurs mémoires
présentés au cours des trois derniers jours ont clairement
démontré que l'agriculture n'était plus une
activité artisanale, les mémoires de Chercheurs Canada, de l'UPA,
de l'Office des producteurs de porcs, de la Fédération des
producteurs de porcs du Québec, mais qu'ensemble ils concluent que cela
tendait vers une productivité ou une activité réellement
industrielle.
Alors, selon votre affirmation, vous dites que le règlement
devrait s'appliquer aux installations de plus de 100 unités animales.
Vous avez quand même évalué ce qu'est une telle
installation, puisque 100 unités animales, c'est quand même 400
truies ou 500 porcs. C'est une très grosse installation, en tout cas
pour ce qui concerne les 400 truies. Je me demande jusqu'à quel point
cette grosseur est quand même suffisamment importante pour amener des
conséquences sur l'environnement et qui demande quand même des
critères. Vous ne pensez pas que plutôt qu'une agriculture
prospère et rentable dépasse maintenant le stade artisanal et si
on est encore au stade artisanal, ce n'est pas suffisant ou à peine
suffisant pour permettre au producteur de vivre, donc vous pouvez avoir une
quantité plus grosse et à ce moment-là cela amène
des obligations de responsabilité sur la qualité de
l'environnement.
Mme Vinet-Desrosiers: A cet égard, vous me permettrez, M.
le ministre, d'inscrire ma dissidence parce qu'on a vu ce soir et hier, entre
autres...
M. Léger: ...le mot de la fin.
Mme Vinet-Desrosiers: ... des gens qui ont tenté
d'industrialiser leur commerce. La dame tantôt a été assez
éloquente en disant qu'il y a des pertes monumentales et vous savez
entre autres que la concentration de ces élevages en certaines
régions devient quasi impossible. Un autre aspect sur lequel on insiste,
c'est qu'actuellement il y a beaucoup de chômage. Or, je me demande dans
quelle mesure ce ne serait pas une solution. De toute façon,
déjà il y a des jeunes qui se dirigent vers l'agro-alimentaire
avec beaucoup d'enthousiasme et je me demande si ce ne serait pas une
façon de les encourager. C'est idéaliste comme aspect, mais je me
demande si autour des zones urbanisées, comme zone tampon, si on ne
pourrait pas prendre de petites fermes à petite échelle,
artisanale, ainsi on éviterait des problèmes d'odeur, des
problèmes d'ensilage de compost. Parce qu'autrefois on ne parlait pas
tellement de pollution. Je me demande si on n'asservissait pas la technique
à des méthodes artisanales ce ne serait pas finalement rentable,
puisque les grosses boîtes se plaignent de rentabilité, soit
qu'elles mentent, ou je ne sais pas. Il y a vraiment un problème.
M. Léger: Parlez-vous, dans l'exemple que vous donnez, de
l'élevage de porcs ou si vous parlez de petites terres?
Mme Vinet-Desrosiers: Non, on parle de fermes polyvalentes comme
il en existait autrefois, soit un nombre de poules suffisant pour donner une
petite production, pour alimenter le voisinage. Je me demande si ce ne serait
pas heureux dans les zones urbaines d'expérimenter ce genre de
fermes.
M. Léger: Je savais qu'on en viendrait à être
d'accord. Je suis d'accord sur ce que vous dites. Cependant, le seul
problème pour lequel on mettait des normes, c'est à cause de la
concentration d'une grosse quantité. Même si chacune des
unités était autour de 100 unités animales, quand elles
sont toutes dans la même région, cela fait une augmentation de
pollution qui provient de l'addition de la pollution de chacune et c'est dans
ce sens-là qu'on parle de concentration.
Mme Vinet-Desrosiers: M. le ministre, je ne voudrais pas
l'émettre à titre de suggestion, mais où il y a
déjà concentration et sursaturation, il faudrait peut-être
arrêter d'émettre des permis. C'est le gros bon sens. Je ne sais
pas si... (23 h 15)
M. Léger: C'est une suggestion du député de
Saint-Hyacinthe qui n'a pas encore été reprise par des personnes
à qui on posait la question. Mais je trouvais que la solution
était bonne, celle de retenir une quantité de permis dans une
concentration basée sur les relations qu'il y aurait de tant de
têtes par tant d'hectares d'espace, pour éviter la
concentration.
Je pense que le député de Beauce-Sud est d'accord
là-dessus.
Je vous remercie infiniment de votre mémoire et je pense que les
petites installations n'ont pas de dispositions trop sévères dans
le règlement actuellement. Je vous remercie et je vous demande de
continuer comme bénévole, avec votre groupe, à travailler
dans ce domaine parce que plus les gens travaillent bénévolement
pour une cause, plus ils y croient et ils y mettent souvent plus d'ardeur que
ceux qui sont payés.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, merci. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Madame...
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas terminé,
Mme Vinet-Desrosiers, il y a d'autres questions qui vont venir.
M. Goldbloom: Je ne vous retiendrai pas longtemps.
Vous avez indiqué que le groupe dont vous êtes porte-parole
aujourd'hui est relativement petit. Pourtant, au début de votre
mémoire, vous fournissez une liste de 17 interventions sur une
période de temps relativement courte, 1977 et 1978; plusieurs de ces
interventions sont au pluriel. J'aimerais savoir combien de membres vous avez,
en effet.
Mme Vinet-Desrosiers: Le nombre de membres... De toute
façon, on n'a pas de temps à perdre, on ne les a jamais
comptés. Je peux vous dire qu'on a la sympathie des gens de la
région et, quand on lance une campagne de presse sur un thème
quelconque, ce n'est pas important que ce soit la cellule active
d'Environnement Châteauguay, mais tous les groupes communautaires, que ce
soit la radio communautaire, que ce soit le Centre des femmes; enfin, pour
diverses actions ou certaines actions sporadiques, on a toujours eu l'appui
d'énormément de personnes.
Ce qu'on fait, c'est qu'on va où est l'intérêt des
gens. Si les gens sont intéressés à reboiser, on va dans
le sens du reboisement. Si les gens sont intéressés à
produire des rapports, on va dans le sens des rapports; c'est tout.
M. Goldbloom: Etes-vous la présidente, la fondatrice,
même?
Mme Vinet-Desrosiers: Oui, M. Goldbloom.
M. Goldbloom: Avez-vous eu un appui des autorités
municipales, par exemple?
Mme Vinet-Desrosiers: Cela ne s'est pas fait sans conflit, mais,
actuellement, on m'appelle Madame l'environnement. On me dit toujours: Si on ne
l'avait pas, ce serait dommage. A vous de juger.
M. Goldbloom: Avez-vous envoyé une demande de subvention
dans le cadre du programme de contrepublicité du ministre?
Mme Vinet-Desrosiers: Oui.
M. Goldbloom: Et vous avez été...
Mme Vinet-Desrosiers: Refusée.
M. Goldbloom: Refusée.
M. Cordeau: On prend bonne note.
M. Goldbloom: Oui, parce que...
M. Léger: C'est malheureux.
M. Goldbloom: Non seulement c'est malheureux, mais...
Mme Vinet-Desrosiers: Je pense savoir que vous faisiez partie du
comité de sélection.
M. Goldbloom: Oui, c'est pour cela...
M. Léger: Vous auriez peut-être dû venir lui
présenter votre mémoire vous-même.
M. Goldbloom: Oui. Je dois dire que...
M. Cordeau: On va demander des photos l'an prochain.
M. Goldbloom: Je dois dire que, si j'avais eu... Mme
Vinet-Desrosiers: La photo.
M. Goldbloom: J'allais quand même dire le portrait que
fournit votre mémoire d'aujourd'hui, j'aurais été
fortement tenté de recommander votre groupe...
Mme Vinet-Desrosiers: On peut recommencer, vous savez.
M. Goldbloom: Recommencez l'an prochain, parce que je constate
que vous faites vraiment un excellent travail...
Mme Vinet-Desrosiers: Je vous remercie.
M. Goldbloom: ... très valable. Ce qui m'impressionne,
c'est que, malgré vos maigres ressources humaines et sans doute
financières, vous avez
réussi à faire une analyse détaillée du
projet de règlement.
Vous vous êtes prononcés sur la philosophie, la politique,
derrière ce projet de règlement et vous avez fait des
recommandations qui sont, de toute évidence, constructives. On peut ne
pas être parfaitement d'accord avec l'une ou l'autre des choses que vous
recommandez, mais je trouve que c'est une excellente contribution et une
excellente façon pour nous de terminer trois longues journées de
discussion sur un sujet un peu technique.
Je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps. Je vous prie de croire
que si vous aviez été la première, j'aurais eu beaucoup
plus de questions, mais il me semblerait indécent de prolonger la
séance.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président.
M. Goldbloom: Lui aussi a été membre du
comité.
M. Cordeau: Justement, c'est pour vous assurer de ma
collaboration l'année prochaine; tout dépend encore du
mémoire que vous nous présenterez. Le ministre nous a
demandé d'être objectifs dans le choix de nos mémoires.
Nous avons essayé d'être aussi objectif que possible.
Mme Vinet-Desrosiers: C'est vrai que la présentation du
projet était très sèche, effectivement.
M. Cordeau: Ah bon! Je crois que l'an prochain, vous allez y
mettre un peu d'assaisonnement.
Je vous félicite pour votre contribution positive et pratique. Je
crois que ce qui ressort de votre document, c'est le gros bon sens, le sens
pratique. Je dois vous féliciter aussi, parce que je crois que depuis le
début des interventions, vous êtes la première personne qui
a dit franchement au ministre que vous ne partagiez pas son point de vue.
Mme Vinet-Desrosiers: Pas sur tous les points.
M. Cordeau: Pas sur tout, mais enfin... Réellement, je
vous félicite encore une fois pour l'apport que vous donnez à
votre patelin afin de sauvegarder l'environnement. Avec votre dynamisme,
l'environnement, à Châteauguay, ça doit bouger. Merci.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je vais, à mon
tour, remercier madame pour l'excellent mémoire qu'elle nous a
présenté. C'est peut-être une heu- reuse coïncidence
que le mémoire ait été gardé pour la fin. Le
contenu du mémoire je pense que les membres de la commission
l'admettront avec moi nous amène à une conclusion
réaliste du problème de l'environnement. Votre mémoire est
extrêmememt positif et j'ai particulièrement
apprécié les passages dans lesquels vous parlez de l'agriculture
artisanale.
J'ai été un peu surpris de la réaction du ministre
lorsqu'il a parlé de l'agriculture commerciale. Dans le mémoire
que l'UPA nous a présenté, il y a des statistiques que l'on
retrouve à la page 30. Sur les 26 148 producteurs agricoles qui sont
dans la production laitière, pour ceux qu'on a considérés
comme étant dans la catégorie possédant un troupeau de une
à douze vaches, il y en a 3201. Pour ceux de 13 a 32 vaches, selon mon
humble opinion, cela constitue encore de l'agriculture familiale de type
beaucoup plus artisanal qu'industriel. Il y en a 13 506. Et si on pouvait faire
l'inventaire par catégories, dans tous les secteurs de l'activité
agricole, on se rendrait compte que la ferme familiale, à
caractère plutôt artisanal qu'industriel et commercial, c'est
encore la majorité quant au nombre au Québec.
Je terminerai en demandant au ministre de réexaminer cet aspect
de la question, parce que je pense que pour en venir à une solution
réaliste, avec des règlements qui pourront être
appliqués et applicables, sans préjudice et sans nuire à
l'agriculture québécoise, il faudra tenir compte de ce facteur.
J'aimerais référer le ministre en guise de conclusion, il
pourra méditer durant la fin de semaine aux trois
dernières lignes du mémoire de madame, qui se lisent comme suit:
"Toutefois, nous sommes convaincus, que le règlement tel que
proposé convient aux installations dites commerciales, mais non aux
productions artisanales, puisque le règlement trop difficile
d'application manquera totalement son objectif".
J'aimerais qu'on médite là-dessus, parce que je pense que
c'est un rappel à la réalité qui mérite
d'être souligné. Merci beaucoup, madame, de votre contribution et
de votre collaboration.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Juste un mot pour dire que j'étais aussi du
comité de sélection. Pour une fois, je suis d'accord avec
l'Opposition pour dire qu'on a peut-être fait une erreur. On se reprendra
l'an prochain. Merci beaucoup.
M. Roy: Vous demeurez au comité, cette année?
M. Gagnon: Oui. Merci beaucoup. M. Léger: M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
ministre, il y aurait aussi M. le député de
Saint-François...
M. Rancourt: J'ai écouté madame avec beaucoup de
plaisir évidemment... Non, je n'y étais pas. C'est
justement...
M. Léger: Mais vous voulez y être.
M. Rancourt: ... sur les trois dernières lignes, la
politique artisanale, si vous voulez, l'agriculture artisanale. Cela me
rappelle un souvenir de lecture de l'ancienne Chine, où chaque Chinois
avait un ou deux porcs. Quand on arrivait en Chine, autrefois, ce qu'on
sentait, c'était le porc. Donc, 600 millions de Chinois avec deux porcs,
cela faisait que, quand on arrivait en Chine, c'était tout simplement la
senteur du porc qu'il y avait. C'est tout. Ce n'est pas la grandeur des...
M. Léger: C'est la concentration.
M. Cordeau: Six millions d'inspecteurs avec chacun un porc.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Léger: Je voudrais simplement dire que, dans la
nomination du comité, je suis le seul à n'avoir pas
été présent au comité. Je ne peux pas avoir le
même sentiment de culpabilité que les autres membres de la
commission, mais je voudrais quand même profiter de la fin de cette
commission, pour rendre public l'avis qui m'a été donné en
mai dernier par le Conseil consultatif de l'environnement à qui j'avais
demandé d'étudier le projet initial de règlement dans la
version qu'on avait alors et qui n'est pas celle que nous avons
étudiée aujourd'hui. Le conseil l'a fait, a rencontré
différentes personnes et différents groupes et, à la suite
de la remise de son avis, au mois de juin, j'ai réétudié
le projet de règlement et j'ai retenu au moins 75% à 80% des
recommandations du conseil consultatif. C'est le règlement que nous
avons étudié depuis trois jours. J'ai avisé le
président du conseil que je rendrais public son avis ce soir. Toute
personne intéressée pourra avoir la copie de cet avis au conseil.
Je demanderais aussi l'accord de la commission pour que l'avis du Conseil
consultatif de l'environnement soit déposé intégralement
au journal des Débats.
En conclusion, je remercie tout ceux qui ont participé à
cette commission. Je pense que cela a été des plus enrichissants.
Je pense que tout le monde est d'accord avec les objectifs du règlement
de protéger la qualité de l'environnement, surtout l'eau, et le
bien-être de la population qui vit en milieu rural... Les grands
principes ont aussi, je pense, suscité un consensus. Les modes
d'élevage ont changé. On est d'accord pour remarquer qu'au cours
des dernières années, cela a augmenté à un point
tel que les fermes sont devenues de petites, moyennes ou grosses entreprises.
Je pense qu'il va falloir viser à un juste équilibre entre le
développement agricole et la protection de l'environnement.
On peut, à la lumière des chiffres qui nous ont
été donnés durant la commission parlementaire,
réaliser qu'il y a de l'avenir pour l'élevage au Québec,
que la production porcine est à son mieux, puisque c'est la province qui
a le plus haut pourcentage de production. Au cours des années à
venir, je suis convaincu qu'on va trouver des façons d'entreposer le
fumier et de le transformer en quelque chose d'utile et de rentable et non pas
d'avoir des déchets qui vont contaminer les cours d'eau qui sont la
richesse naturelle des Québécois.
Je vais maintenant travailler à la rédaction finale du
règlement et, comme je l'ai dit, je consulterai l'Union des producteurs
agricoles et les membres de la commission à qui je ferai parvenir les
derniers correctifs que nous aurons apportés avant de le rendre en
vigueur.
Je suis très heureux de l'attitude très positive qui a
été adoptée par la très grande partie, sinon la
totalité des intervenants; je suis sûr qu'on va réussir
à bonifier le règlement et à atteindre les objectifs qu'on
vise. J'en profite pour remercier aussi personnellement les
représentants de l'Opposition, aussi bien de l'Opposition officielle que
de l'Union Nationale et du parti du député de Beauce-Sud; je me
réjouis aussi de la participation active et soutenue, et nombreuse
même des députés ministériels qui sont venus
apporter leur expérience dans le domaine agricole, surtout dans un
domaine qui est directement touché par le règlement qu'on a mis
de l'avant.
Je pense qu'ensemble nous avons fait un travail extraordinaire et je
remercie tout le monde de sa participation.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de D'Arcy McGee. (23 h 30)
M. Goldbloom: M. le Président, étant donné
qu'il est 23 h 29, je n'essaierai pas de résumer vos pensées sur
le fond de la question. Je dirai tout simplement que l'expérience a
été enrichissante, que nous avons pu étudier très
sérieusement et très objectivement un important projet de
règlement.
Je voudrais remercier le ministre d'avoir rendu cette expérience
possible. Je voudrais, à mon tour, remercier tous ceux qui ont fait
l'effort souvent considérable de concevoir, de rédiger et de
défendre un mémoire devant cette commission.
Je voudrais vous remercier, M. le Président. Ne soyez pas
offusqué si je remercie encore davantage celui qui vous a
précédé dans ce fauteuil parce que c'était un
président prédestiné: La commission parlementaire qui
était appelée à étudier le projet de
règlement relatif aux exploitations de production animale devait
absolument être présidée par un Boucher.
M. le Président, pour terminer sur une note plus sérieuse,
je voudrais dire simplement ceci: C'est la deuxième fois depuis
l'entrée en vigueur de la Loi de la qualité de l'environnement
que nous avons l'occasion en commission parlementaire d'étudier un
projet de règlement. Les deux fois, nous avons profité
énormément de ces séances. Nous avons
bénéficié d'une série de mémoi-
res sérieux et intéressants. Je voudrais encourager le
ministre à continuer d'agir de la même façon en ce qui
concernera les futurs projets de règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A la fin de cette
commission, je tiens à souligner un fait particulier; c'est le geste
posé par le ministre qui a permis, je crois, à un grand nombre de
ses fonctionnaires de venir écouter ce que les intervenants avaient
à dire. Réellement, c'est un geste positif, M. le ministre, car
à ce moment, vous avez permis à ceux qui auront à
administrer ce règlement, d'écouter ce que les intervenants ont
dit. Ils seront beaucoup plus sensibilisés à ce sujet; vous avez
permis également, de faire participer les fonctionnaires à la
gestion du règlement.
Maintenant, je crois que les échanges que nous avons eus avec les
intervenants ont été pour chacun de nous très profitables.
En ce qui me concerne, j'en ai retiré de grands profits. Il m'a fait
plaisir de collaborer à cette commission. Je dois souligner
peut-être aussi l'ouverture d'esprit du ministre, le passage
éclair parmi nous du ministre de l'Agriculture.
Une Voix: II se déplace vite même s'il est...
M. Cordeau: Vous pouvez l'inviter chez vous, il n'est pas
encombrant, il ne reste pas longtemps. Par contre, il a toujours eu, ici,
à la commission, des représentants de son ministère, je
dois le souligner aussi. Il ne faut pas que ces gens qui sont venus
écouter passent inaperçus, et également plusieurs membres
de la commission de l'Agriculture et des membres du comité sur
l'agriculture, qui doivent seconder ou appuyer le ministre, entre autres, son
adjoint parlementaire, le député de Saint-François...
C'est dans Sherbrooke, de toute façon. Il a été pas mal
assidu à toute la commission. Encore une fois, il m'a fait plaisir de
participer à cette commission. J'ai essayé d'être aussi
positif que possible. C'est ma façon de travailler.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Si la commission me le permet, M. le
député de D'Arcy McGee, je voudrais vous faire remarquer que je
suis venu terminer les travaux de cette Commission, mais je voudrais vous
rappeler en même temps que le dessert venait du comté de
Châteauguay.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, tel que M. le
ministre l'a demandé, l'avis du Conseil consultatif de l'environnement
sera retranscrit au journal des Débats. (Voir annexe B).
Je remercie, puisque je n'ai pas eu l'occasion de le faire, Mme
Vinet-Desrosiers de sa participation. Je remercie tous les membres de cette
commission pour leur collaboration aux travaux de cette commission. Le
rapporteur fera rapport à l'Assemblée nationale.
Cette commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 36
ANNEXE A
Mémoire
présenté par
Environnement Châteauguay
Châteauguay, le 6 octobre 1978
Mémoire présenté au Ministre
délégué à l'environnement, M. Marcel Léger,
selon les dispositions de la loi de la qualité de l'environnement et
traitant du projet relatif aux exploitations de productions animales
(déposé dans la Gazette officielle le 30 août 1978)
Introduction
Environnement Châteauguay est un groupe qui réunit des
citoyens de la région de Châteauguay particulièrement
préoccupés de pollution et de protection de l'environnement.
Environnement Châteauguay s'est acquis la
crédibilité des citoyens de la région parce que ses
membres ont toujours mené des luttes justifiées. Nos
interventions ont été des plus diversifiées et des
affiliations avec divers groupes d'action communautaires sont nées.
C'est ainsi qu'avec l'aide de quelques valeureux pionniers, Environnement
Châteauguay s'est impliqué dans les actions suivantes:
Chronique hebdomadaire (77-78) dans les journaux locaux Soleil
Information. Chronique hebdomadaire de Chasse et Pêche
(axée sur la conservation des réserves fauniques) 77-78
Reportages photographiques faisant état des gestes de vandalisme,
remblayage, mur de soutènement, etc.
Dépistage de divers cas de remblayage sur les berges de la
rivière Châteauguay, du lac St-Louis et des frayères du
ruisseau Saint-Jean. Campagnes de sensibilisation auprès des
milieux scolaires par des concours de dessins, affiches et textes (mai 78).
Programme de stabilisation biologique des berges de la rivière
Châteauguay: plantation d'arbres et d'arbustes (mai '78). Le
bouturage (novembre '78) assure le suivi du programme ci-haut mentionné.
Le samedi de la sauvegarde des îles de la Paix: plantation de
saules intérieurs (mai 78). Réunion d'information et
conférences auprès d'organismes et d'individus (77-78).
Réalisation conjointe avec le Club 4-H d'un programme
d'apprentissage de la connaissance de l'écologie régionale
(septembre 78). Délégué d'un comité de
sauvegarde de l'île Saint-Bernard. Parrainage du projet P.A.C.,
plan d'aménagement de la Ville de Châteauguay. Commission
pédagogique en architecture du paysage de l'Université de
Montréal. Conjointement avec le Service régional des
Loisirs du Sud-Ouest, parrainage d'un projet P.E.N. (août 77). .
Inventaire forestier de 300 acres de boisé. Parc Urbain Parc
Isabelle. . Herbier: 300 spécimens. . Diaporama soulevant les
problèmes de l'urbanisation de la campagne. Enfin, toujours
conjointement avec le Service Régional des Loisirs du Sud-Ouest,
parrainage d'un projet de piste de ski de fond et de randonnées
pédestres; subventionné par le Ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche. Ce projet est pour nous un jalon important pour
la sauvegarde de nos espaces verts, car il parcourt la grandeur du
territoire.
Toutes nos cibles se trouvent donc atteintes, du moins il sera
dorénavant fort gênant pour des prospecteurs ou pour nos
dirigeants d'en faire un usage autre sans priver la population de plaisirs
déjà acquis.
Nous aimerions vous mentionner que notre mot d'ordre est "En vert et
pour tous" et ce mot nous nous appliquons à le réaliser avec
diligence, efficacité et entêtement par des gestes concrets.
Environnement Châteauguay, soucieux de la prévention de la
pollution sous toutes ses formes, souhaite qu'une réglementation
relative aux exploitations de production animale soit adoptée et
appliquée, de façon à favoriser la dépollution des
cours d'eau de la région et surtout pour permettre aux citoyens de
bénéficier à nouveau de tous les avantages que devrait
leur apporter la rivière Châteauguay.
Face aux problèmes de pollution causés par l'exploitation
de productions animales, Environnement Châteauguay aimerait apporter se
contribution aux débats qui se tiennent devant cette Commission et
espère trouver des réponses. C'est dans cette optique que
s'inscrit la présente critique du projet de règlement relatif aux
exploitations de productions animales.
Analyse du règlement Section 1
Article 1.a.i.3.
Cette définition implique-t-elle que le zonage agricole
provincial, actuellement en voie de discussion, devra être
entériné par les municipalités pour que les agriculteurs
soient chez-eux?
Article 1.a.ii.4
Cette définition est illogique. En effet, le territoire de
certaines paroisses, à caractère essentiellement agricole a
été fusionné avec des municipalités de village, de
ville ou de cité. Par conséquent la définition, telle que
faite, vient vouer le territoire de ces zones, traditionnellement agricoles,
à une urbanisation forcée, au détriment de sa valeur pour
l'agriculture.
Article 1.0.
L'expression "système d'évacuation des eaux usées
enfoui dans le sol" utilisée dans cet article devra être
précise. En pratique, que ce soit une installation septique individuelle
ou un égout communautaire, le système d'évacuation est
enfoui de toute façon.
Cette définition devrait se lire:... et dotée des services
d'alimentation en eau potable et de disposition des eaux usées sur une
base individuelle ou communautaire.
Article 1.q.
Le "et" ne devrait-il pas être remplacé par "à"
comme dans le paragraphe précédent?
Article 11.a.
Même observation qu'à l'article 1.a.ii.4. il devrait
tout simplement être supprimé.
Article 32
Le 3e paragraphe de l'article 32 devrait se lire: Dans le cas d'une
fosse dont le fond et les parois sont constitués par le sol naturel,
celui-ci devra être homogène de la surface, jusqu'à la
nappe d'eau. Le coefficient de perméabilité de la formation sera
égal ou inférieur à 107 cm/seconde et le fond
de la fosse sera à une distance minimale de 1 mètre, au-dessus de
la nappe d'eau, le tout tel qu'attesté par une étude technique
réalisée et signée par un professionnel dûment
habilité...
Article 38
L'épandage de fumier sur du sol gelé est condamnable et la
technique de l'introduire directement dans le sol gelée est
techniquement irréalisable. Par conséquent, le dernier paragraghe
doit être supprimé.
Article 40
Le principe d'exiger une bande de 3 mètres de sol labouré
autour d'un amas de fumier solide est excellent. Toutefois, pour quiconque sait
ce que signifie le transport de fumier au champ, durant un automne pluvieux,
une telle exigence est irréaliste. En effet, dans de telles
circonstances l'amas deviendrait inaccessible puisque le sol labouré ne
serait qu'une trappe où s'embourberait l'équipement de transport
du fumier.
D'autre part, on a oublié, après le 3e paragraphe de cet
article: qu'aucun amas de fumier ne devrait être placé à
moins de 300 mètres d'un lac ou d'un cours d'eau.
Article 44
Pourquoi interdire à un cultivateur, dans une région
agricole, d'utiliser un épandeur à fumier conventionnel pour
transporter du fumier solide de chez lui jusque sur un terrain voisin en
empruntant la voie publique. Cette restriction, sans discernement, est
exagérée et irréaliste.
Article 49
La partie de cet article: "sauf si le fumier est introduit directement
dans le sol" doit être supprimée parce que c'est
irréalisable au Québec.
Annexe "A"
Trop compliquée et trop technique pour les petites
entreprises.
Annexe "B" à "K" inclusivement
Distance de l'habitation du propriétaire: cette distance devrait
être une distance recommandée, mais non réglementaire. S'il
plaît au propriétaire d'avoir sa résidence plus
près, c'est son affaire!
Distance du centre de tout chemin public: une distinction devrait
être faite suivant que la route est sous le vent dominant ou dans la
direction contraire. La distance requise pourrait être de 300
mètres, par exemple dans le premier cas, et de 100 mètres, par
exemple dans le deuxième cas.
Observations générales:
Le règlement, tel que préparé, est un objet de
découragement pour le producteur artisan. La formule de demande de
certificat d'autorisation est beaucoup trop compliquée pour une petite
entreprise et l'application de toutes ces normes compliquées sera,
à toute fin pratique, irréalisable perpétuant ainsi
plusieurs situations déplorables, tel que: le tas de fumier sur la berge
de la rivière ou du cours d'eau, avec le purin s'y rendant directement,
ou encore le rejet d'animaux morts sur la glace des lacs ou des
rivières. Le présent règlement ne devrait s'appliquer
qu'aux grosses exploitations de production animale de 100 unités
animales ou plus par exemple.
Pour les installations inférieures à ce nombre de 100, des
normes générales, plus facilement compréhensibles et
applicables, devraient être développées et
intégrées au règlement. Ces normes générales
devraient être rédigées de façon à
prévenir la pollution de l'eau, du sol et de l'air, tout en se rappelant
que nos campagnes ont été envahies par les citadins et que ces
citadins doivent accepter de sentir l'odeur de la campagne, tout comme d'autres
acceptent de sentir l'odeur des tuyaux d'échappement, des
cheminées d'usines et des vidanges en attente d'être
ramassées.
D'autre part, il faudra se rappeler que ces "faux habitants" ne sont pas
là pour travailler à la campagne, mais pour s'y amuser et, fait
très important, la campagne et ses caractéristiques
étaient là avant eux.
Le reproche le plus important qui peut être fait au présent
règlement est qu'il force le petit producteur à transformer son
entreprise en "grosse affaire", alors qu'il y a encore place au Québec
pour de petits producteurs. Il y a déjà assez de contraintes qui
poussent les producteurs agricoles à la monoculture, sans que l'on ne
vienne ajouter à cette triste réalité.
Politiques à développer
Nous sommes entièrement d'accord avec la politique
agro-alimentaire du Ministre de l'Agriculture, du présent gouvernement,
qui s'est fixé comme objectif d'atteindre une autosuffisance accrue sur
le
plan agricole. Mais, pour produire des agrumes ou des
légumineuses, il faut des fertilisants et de bonnes terres arables. Par
conséquent, il faudra montrer aux agriculteurs que les déchets
agricoles ont une valeur en tant que fertilisants et qu'ils participent
à remplacer l'humus perdu par le lessivage des sols. Ainsi pourrons-nous
atteindre une meilleure autosuffisance dans le domaine des fertilisants et une
plus grande indépendance envers les fertilisants chimiques.
D'autre part, il est temps que les agriculteurs soient informés
de l'importance de la prévention de l'érosion des sols arables,
par l'utilisation de techniques adéquates.
En bref, le présent règlement place beaucoup d'emphase sur
la nécessité des contenants et sur leurs caractéristiques,
alors que le plus important est la réutilisation de leur contenu.
Finalement, la réglementation sur les productions animales devra
accompagner la réglementation sur le zonage agricole, au niveau
provincial, qui viendra enfin préserver les meilleures terres agricoles
du Québec.
Résumé
En résumé, Environnement Châteauguay est totalement
d'accord avec une réglementation relative aux exploitations de
production animale. Toutefois, nous sommes convaincus que le règlement,
tel que proposé, convient aux installations dites commerciales, mais non
aux productions artisanales, puisque le règlement, trop difficile
d'application, manquera totalement son objectif.
Référer à la version PDF page B-7220
ANNEXE B
Référer à la version PDF page B-7221
Liste des membres et des professionnels permanents du
secrétariat du Conseil consultatif de l'environnement
Membres du Conseil
Monsieur P.-Réal L'Heureux, président
Mademoiselle Lorraine Bois Monsieur Jean-Pierre Bonhomme Monsieur
Régent Brosseau Monsieur Jacques Dunnigan Monsieur Clément
Godbout Monsieur Alain Lachapelle Madame Annie Lùttgen Mademoiselle
Gloria Ménard Monsieur Laurent Tessier, vice-président Monsieur
Claude Vallée
Professionnels du secrétariat
Monsieur Léopold Gaudreau, conseiller scientifique Monsieur
Benoît Gauthier, conseiller scientifique Monsieur Camille Rousseau,
secrétaire
L'illustration de la page couverture représente le cheptel bovin
en 1972, la carte est tirée de: "L'Agro-alimentaire au Québec",
Atlas, Ministère de l'Agriculture du Québec, 1974.
Conseil consultatif de l'environnement, 1978
Dépôt légal, 4ième trimestre 1978
Bibliothèque nationale du Québec.
Commentaires sur le projet de règlement relatif
aux exploitations de production animale
Avis préparé pour le Ministre
délégué à l'Environnement par le Conseil
consultatif de l'Environnement
Gouvernement du Québec
Cité parlementaire
Québec
Juin 1978
Monsieur Marcel Léger Québec, le 28 juin 1978
Ministre délégué à l'Environnement
Services de protection de l'environnement
Centre Innovation 2360, Chemin Ste-Foy
Ste-Foy
Québec
OBJET: Rapport concernant le projet de règlement relatif aux
exploitations de production animale.
Monsieur le ministre,
II me fait plaisir au nom du Conseil consultatif de l'environnement de
vous soumettre notre rapport suite à votre demande d'avis du 31 mars
dernier.
Les réflexions et les recommandations contenues dans le
présent rapport sont le fruit d'une consultation limitée et de
l'expertise pluridisciplinaire des membres du Conseil.
Nous demeurons à votre disposition pour tout renseignement
additionnel si vous le jugez à propos.
Je vous prie d'agréer, monsieur le ministre, l'expression de mes
sentiments respectueux.
Le Président P. Réal L'heureux
Chapitre 1 1. INTRODUCTION
1.1
Demande du ministre
Le 31 mars 1978, le ministre délégué à
l'Environnement faisait parvenir au Conseil consultatif de l'environnement un
projet de règlement relatif aux exploitations de production animale
(annexe 1). Il demandait l'avis du Conseil avant de le faire publier dans la
Gazette officielle du Québec. Le projet de règlement avait
été élaboré par les Services de protection de
l'environnement.
Le ministre laissait au Conseil une grande latitude dans sa
manière de procéder à l'analyse du document. Il
suggérait tout de même de faire place à une consultation
restreinte ou élargie.
1.2
Consultation extra muros
Le Conseil a, depuis le début de son existence,
bénéficié grandement des apports scientifiques et
même philosophiques en provenance de l'extérieur. Il a
exercé son rôle en se tenant à l'écoute des publics
intéressés par leur environnement. Encore une fois, ce sujet
relatif aux productions animales s'y prêtait.
Etant donné l'urgence de présenter un avis, le Conseil a
jugé bon de restreindre la consultation. Il a fait appel aux personnes
ressources suivantes: 1.Monsieur Réjean Ross, cultivateur, Saint-Luce,
élevage de bovins laitiers. 2.Famille Simon, cultivateurs (3), Bic,
élevage de bovins laitiers. 3.Monsieur Jacques Baril,
député et cultivateur, Princeville, élevage de bovins
laitiers et de boucherie. 4.Monsieur Marcel Gagnon, député et
cultivateur, Champlain, élevage des volailles. 5.Monsieur Réal
Rancourt, député et cultivateur, Lennoxville, élevage de
bovins laitiers. 6.Monsieur Jacques Choinière, professeur,
Département du génie rural, Université Laval. 7.Monsieur
Michel Fortier, fonctionnaire.
Service de construction et de machinisme agricole, Ministère de
l'Agriculture du Québec. 8.Monsieur Carol Emond, fonctionnaire,
Direction des déchets industriels,
Services de protection de l'environnement du Québec.
Entre temps, le Comité de l'environnement de l'Union des
producteurs agricoles (UPA) du Québec devait également solliciter
une audience privée. Ainsi s'ajoutent les membres de ce comité:
9. Madame Jeannine Bourque, présidente de l'UPA (région de
Beauce), Saint-Georges-de-Beauce, élevage de porcs et de bovins de
boucherie. 10.Monsieur Bernard Duval, président de l'UPA (région
de Joliette), Saint-Roch-de-l'Achigan, élevage de bovins laitiers.
11.Monsieur Donat Pellerin, représentant de l'UPA, Yamachiche,
élevage de porcs. 12.Monsieur René Turcotte,
vice-président de la Fédération des producteurs de porcs
et de poulets (région de Québec),
Sainte-Famille (Ile d'Orléans), élevage de porcs.
13.Monsieur Maurice Tourigny, représentant de l'UPA, Grand-Saint-Esprit
(Nicolet), élevage de volailles et de bovins laitiers. 14.Monsieur
François Côté, conseiller à l'UPA, 515, avenue
Viger, Montréal.
Toutes ces personnes travaillent dans le milieu agronomique. Leur champ
d'activités recouvrent l'ensemble des aspects théoriques et
pratiques liés à l'exploitation des productions animales.
1.3
Voie de la réglementation
Le présent projet de règlement soumis au Conseil vise
à remplacer le chapitre 15 des règlements provinciaux
d'hygiène (1944) intitulé: "règlement concernant les
renardières domestiques, porcheries, étables, écuries,
cours et fumiers" (annexe 2). Adopté en 1944, ledit chapitre est devenu
inapproprié et inapplicable suite aux changements structuraux qui ont
marqué depuis lors les exploitations de
production animales passant de petites unités animales à
de fortes concentrations. En outre, quelques articles de ce document sont
subjectifs et il y manque plusieurs définitions. Une refonte en
profondeur était donc devenue nécessaire.
Le processus de la préparation d'une nouvelle
réglementation fut amorcé en 1967 et connut un certain
achèvement en 1973. Ainsi, depuis plus de quatre ans, les SPEQ
étudient les demandes de permis d'exploitation de production animale
à la lumière d'un guide interne qui ne cesse de
s'améliorer et dont les normes s'apparentent au présent projet de
règlement soumis au Conseil.
Les Services de protection de l'environnement avaient le choix
d'administrer la Loi de la qualité de l'environnement en faisant du "cas
en cas" dans leur autorisation de projets et l'émission d'ordonnances.
Ils avaient aussi la possibilité de rendre officiel leur guide à
l'intention des exploitants selon la formule préconisée notamment
par les provinces de l'Ontario et de l'Alberta ou encore, de procéder
par la voie de la réglementation. Ils ont opté en 1978 pour cette
dernière solution qui a l'avantage, selon eux, de permettre une action
préventive pour l'ensemble de l'activité concernée.
1.4
Constructions et activités exclues du
projet de règlement
Le projet de règlement tel que soumis au Conseil comporte
certaines limitations ou exclusions déjà rendues publiques dans
le "règlement général relatif à l'administration de
la Loi de la qualité de l'environnement". Ainsi sont soustraites
à l'application des articles 22, 23 et 24 de la loi (annexe 3) et du
projet de règlement: 1.les constructions destinées à
l'exploitation d'une ferme sauf celles destinées à
l'élevage pour la reproduction, l'engraissement, la fourrure ou la mise
en marché d'aliments; 2.les activités agricoles ou
récréatives à l'exception des activités
d'élevage pour la reproduction, l'engraissement ou la fourrure (Section
II, art. 2);
On peut donc en déduire que le présent projet de
règlement concerne les constructions et les activités
destinées à l'élevage pour la reproduction,
l'engraissement, la fourrure et la mise en marché des aliments.
1.5
Principes environnementaux de gestion des
exploitations de production animale
Toute exploitation de production animale de même que les fumiers
qui en résultent occasionnent un certain impact dans l'environnement
naturel. Cette pollution du milieu peut toutefois être minimisée
en suivant certains grands principes de gestion. Un comité canadien a
déjà travaillé à l'élaboration de ces
idées de base tout en tenant compte des conditions économiques
des exploitants, des connaissances techniques et des développements
prévisibles. Le Conseil tient à les rappeler dans leur ensemble.
Il convient donc de prévoir: 1.un accès à une superficie
de terre suffisante afin d'utiliser le fumier pour les cultures selon une
quantité et une période d'épandage qui préviennent
la pollution de l'eau; 2.une séparation entre les animaux
confinés et les habitations voisines de manière à
éviter les plaintes, distance allouée qui permet une dilution des
odeurs, une dispersion des insectes et une diminution du bruit en provenance de
la ferme ou du parquet; 3.pour les animaux enfermés, un fréquent
enlèvement du fumier et sa disposition dans un lieu distinct et non
perturbé afin de minimiser le degré de senteur dans
rétablissement et éviter aux animaux et aux hommes les dangers
d'émanations de gaz, particulièrement en provenance du fumier
liquide entreposé; 4.un entrepôt de fumier suffisamment grand et
étanche de manière à éviter la contamination de
l'eau de surface ou de la nappe souterraine et à éviter un
épandage du fumier pendant l'hiver; 5.un enfouissement rapide du fumier
de façon à contrôler les odeurs durant l'épandage et
à empêcher le ruissellement du fumier en dehors du champ
d'épandage.
Tous ces principes se doivent d'être pris en considération
lors de l'évaluation du système de gestion d'une exploitation
existante ou à venir. C'est aussi dans cette optique que le Conseil
consultatif de l'environnement a analysé le projet de règlement
relatif aux exploitations de production animale.
Chapitre 2
2. COMMENTAIRES DU CONSEIL RELATIF AUX EXPLOITATIONS
DE PRODUCTION ANIMALE
L'analyse du projet de règlement sur les exploitations de
production animale tient en trois tableaux. Il est question de problèmes
environnementaux 1) occasionnés par un bâtiment ou un parquet
abritant les animaux, 2) associés à l'entreposage des
déchets et 3) liés à l'épangade du fumier. On
pourra se référer à l'annexe 1 pour les commentaires
spécifiques, article par article, du projet de règlement.
2.1 L'unité de production animale
La production animale dont il est question dans le projet de
règlement concerne l'élevage et la reproduction de bovins,
d'ovinés, de chevaux, de volailles, de porcins, de lapins ou d'animaux
à fourrure. Ces animaux sont sans contredit les plus gros producteurs de
fumier parmi tous les animaux domestiques du Québec et ceux qui
contribuent le plus à la pollution de l'environnement. Il était
très justifié de la part des Services de protection de
l'environnement d'en venir à cette réglementation. Quant aux
autres espèces domestiques, leur nombre va croissant surtout si l'on
pense aux chiens et aux chats. Il serait opportun que le gouvernement les
prenne en considération. Les exploitations de chiens, de chats, d'oies,
de canards, de chevaux de course, d'animaux de laboratoire, etc. sont
nombreuses et doivent faire l'objet d'études attentives, notamment en
matière environnementale. Il faut commencer dès maintenant leur
inventaire de manière à connaître exactement leur
degré de nuisance. Tôt ou tard, une réglementation des
animaux dits "non agricoles" va s'imposer; il importe déjà de la
préparer.
L'unité de production qui tombe sous la présente
réglementation a une dimension minimale aussi petite que celle d'un seul
animal. Le Conseil est d'avis que ce seuil devrait être rehaussé
de manière à éviter un engorgement administratif aux
Services de protection de l'environnement qui sera tout à fait hors de
proportion avec l'impact sur l'environnement. Ce palier minimal qui permettrait
à un exploitant d'être exclu de ce règlement devrait
être inférieur, égal ou supérieur à une
unité animale dépendant de l'espèce
considérée. C'est aussi dans cette optique que le Conseil
préconise de ne pas réglementer à l'échelle
provinciale les exploitants qui élèvent des animaux à des
fins non commerciales, laissant tout de même aux municipalités une
certaine latitude de le faire. Rappelons que les problèmes actuels sont
nés d'une forte concentration d'animaux. Tel n'est pas le cas avec les
personnes qui visent notamment l'autosuffisance. Quant à la taille
maximale de l'unité de production, le Conseil est d'accord pour qu'elle
soit limitée d'une part par les normes de distances prévues aux
annexes "B" à "K" (annexe 1) et d'autre part, par la capacité
réelle de l'exploitant de pouvoir disposer de ses déchets sans
nuire à l'environnement.
Les normes de localisation des bâtiments ou des parquets
données aux annexes "B" à "K" de l'annexe 1 sont très
élaborées. Tout en reconnaissant un bien-fondé pour
l'ensemble, le Conseil a noté plusieurs points de divergences entre
celles-ci et les propositions du Comité de l'environnement de l'Union de
producteurs agricoles du Québec. Étant donné les
implications économico-environnementales de chacune de ces valeurs, il
apparaît souhaitable de prévoir une séance de travail
additionnelle entre les Services de protection de l'environnement, le
ministère de l'Agriculture, l'Union des producteurs agricoles ainsi
qu'un groupement représentatif des non-agriculteurs et des
villégiateurs de manière à améliorer, si possible,
ces annexes à caractère semi-empirique. De plus, le Conseil croit
qu'il est essentiel de produire un document simplifié portant sur les
normes de localisation au bénéfice de la clientèle
agricole visée. Des explications devront nécessairement
être fournies aux exploitants en même temps que le projet de
règlement sera publié dans la Gazette officielle du
Québec. Un autre point qui requiert plus d'information a trait à
la protection additionnelle des "agglomérations exposées" et des
"maisons voisines exposées" lorsque situées dans l'orientation
des vents dominants. Il faudra souligner au public que ces distances plus
sévères visent uniquement les élevages de porcs et de
volailles de manière à éviter que la critique ne
s'élève sur des points par trop obscurs. Toujours en
matière de localisation, le Conseil constate qu'un statut spécial
est accordé au lac par rapport aux autres points d'eau. Cette
distinction manque au niveau des annexes; elle fait aussi défaut au
niveau des définitions requises à l'article 1, section 1, dudit
projet de règlement. Ce statut n'a de sens que si le lac est bien
défini et sa vocation reconnue. Il importe donc de compléter le
texte dans ce sens.
A l'article 10, il est requis de prendre le 21 décembre 1972
comme date de référence afin de déterminer le pourcentage
d'augmentation de l'exploitation et selon le cas, c'est-à-dire
supérieur à 20%, de demander une autorisation du Directeur des
Services de protection de l'environnement. Comme le cheptel de chaque
exploitant est inconnu à cette date, le Conseil croit qu'il serait plus
avisé de prendre comme point de référence une date
où l'on dispose réellement d'un tel inventaire de base. Il est
à noter qu'un recensement a déjà été
effectué en novembre 1977 par le ministère de l'Agriculture du
Québec et qu'il devrait être renouvelé en novembre de cette
année.
Dépendant du nombre d'unités animales, l'élevage en
parquet peut requérir des superficies considérables. Quoi qu'il
en soit, le projet de règlement exige toujours que le parquet soit
étanche, que les eaux de ruissellement ne puissent l'atteindre et que
les eaux contaminées en provenance du parquet soient captées et
acheminées à un bassin prévu à cette fin. Tout en
se disant d'accord avec ces précautions de ne pas contaminer l'eau
avoisinante, le Conseil recommande d'aider les futurs exploitants dans la
détermination du site du parquet de manière à
éviter si possible les infrastructures permanentes. Plusieurs articles
du règlement traitent des dispositions à prendre au niveau du
bâtiment afin d'éviter de contaminer l'eau; en ce cas, il y a peu
à dire. Il n'en va pas de même pour la contamination locale de
l'air. En effet, bon nombre de bâtiments existants sont pourvus d'un
puissant système de ventilation de manière à
évacuer l'air contaminé de l'intérieur vers
l'extérieur, mais le projet de règlement reste muet sur cette
contamination de l'atmosphère par des bactéries, des
poussières et nombre de gaz. Le Conseil est d'avis qu'il faudrait
étudier cette question et il recommande de procéder à
certaines recherches comme le suggère d'ailleurs un comité
interministériel préoccupé par les déchets
agricoles (procès-verbal du comité "fumier", 25 novembre 1977).
Il apparaît indispensable d'en arriver à
diminuer le problème des odeurs et, indirectement, de parvenir
à réduire les distances entre les exploitations et les maisons
avoisinantes, point sur lequel plusieurs cultivateurs consultés se sont
montrés perplexes étant donné l'exiguité de leurs
terres et leurs droits acquis. Des applications pratiques donneraient plus de
latitude à l'exploitant désireux de remplacer son type
d'évelage ou d'agrandir ou d'augmenter son nombre d'unités
animales sans devoir pour autant se déplacer. Entre les contraintes
techniques et les contraintes spatiales, le législateur a
préféré la seconde voie; le Conseil exprime un certain
désaccord et demande d'approfondir ce côté technique.
L'ensemble des agriculteurs consultés par les membres du Conseil
ont insisté pour que certains droits acquis puissent leur être
reconnus en milieu agricole. Le présent projet de règlement
reconnaît certains droits de localisation aux anciens exploitants
notamment à ceux de bovins laitiers et de chevaux. Ce point devra
néanmoins être clarifié dans un document d'information pour
l'ensemble des exploitations de production animale. Un tel document devra
également signaler aux entrepreneurs d'activités non agricoles et
aux municipalités qu'un contrôle des odeurs est impossible avec
les techniques actuelles. Le cultivateur ne doit pas non plus ignorer qu'en
vendant ses terres pour des fins non agricoles, il vient à plus ou moins
long terme de se créer des conflits environnementaux. En
définitive, le Conseil est d'avis, qu'en milieu agricole, une part de
responsabilités doit être acceptée par le
développeur sans pour cela reconnaître à l'agriculteur des
droits de polluer ou de nuire indûment aux voisins, qu'ils soient
agriculteurs ou non.
2.2. L'entreposage des fumiers
Toutes les personnes contactées par le Conseil sont unanimes pour
reconnaître un grand intérêt au fumier soit à titre
de fertilisant, soit pour l'alimentation des animaux ou encore comme
énergie par la production de méthane. A titre indicatif comme
valeur fertilisante, on évalue à 90 millions de dollars les 37
millions de tonnes de fumier produites par année au Québec. Et
pourtant, il se perd, faute d'un entreposage adéquat, 50% de cette somme
totale vers les cours d'eau.
Le fumier perdu contribue ainsi à la dégradation de la
qualité de l'eau par un certain épuisement en oxygène, par
l'addition de substances favorables (les nitrates et les phosphates) au
développement des algues et des plantes aquatiques, l'introduction
d'agents pathogènes, une décoloration de l'eau, une
présence de teintes et d'odeurs, Cette quantité de fumier non
recyclée fait perdre environ 45 millions de dollars aux agriculteurs;
elle entraîne également des déboursés pour
l'ensemble des contribuables au niveau du traitement de l'eau potable et elle
exige des achats plus considérables d'engrais chimiques à
l'extérieur de la province. Du point de vue tant économique
qu'environnemental, il importe donc de changer la mentalité de tous les
exploitants de production animale afin qu'ils adoptent rapidement une politique
de conservation du fumier.
Pour obtenir des résultats concrets dans le sens d'une meilleure
gestion du fumier, il paraît indispensable d'instruire la classe
agricole, chiffres à l'appui, de la valeur fertilisante
spécifique de chaque type de fumier en comparaison avec les engrais
chimiques usuels, des possibilités d'en accroître la
qualité par un mélange de divers fumiers, de l'attrait d'un
marché interrégional de fumier brut ou traité et des
engrais chimiques qu'il restera encore à ajouter pour tel et tel type de
culture. Il importe donc de convaincre les exploitants des avantages
réels à recycler le fumier et des inconvénients à
ne pas le faire.
Plusieurs articles du présent projet de règlement sont
dévolus au lieu même de l'entreposage du fumier; ils insistent
plus spécialement sur l'étanchéité de la
plate-forme ou de la fosse. On ne peut qu'être d'accord avec ce souci
d'éviter toute atteinte à l'environnement aquatique mais il
conviendrait de ne pas verser dans un autre extrême et d'exiger partout
des superstructures plus qu'étanches. Des études techniques
devront être réalisées afin de minimiser les coûts
grâce à une meilleure utilisation du matériau naturel, tout
en protégeant bien le milieu. Du côté des odeurs en
provenance du lieu d'entreposage, le projet de règlement est moins
précis. Il conviendrait de faire le point sur les multiples
façons aérobiques et anaérobiques existantes de
manière à soumettre un système d'entreposage
adéquat à l'exploitant pour plusieurs années.
L'exploitant aura beau connaître la valeur de son fumier, il aura
beau être informé sur la manière de le conserver, il lui
restera toujours l'obligation d'investir. Le projet de règlement
amène un changement majeur dans la gestion de plusieurs exploitations de
production animale. Pour arriver rapidement à protéger
l'environnement et récupérer la pleine valeur des fumiers comme
engrais, il importe de joindre au programme éducatif d'ensemble, un
programme d'assistance financière. En milieu agricole, les
précédents d'aide gouvernementale ne manquent d'ailleurs pas.
Dans le cas de l'entreposage, il en coûterait environ 200 millions de
dollars, sous forme d'octroi ou de prêt, pour équiper
adéquatement tous les exploitants et même rembourser ceux qui sont
déjà pourvus d'un bon entrepôt. C'est bien peu si l'on
songe aux retombées économiques à court terme dans
plusieurs secteurs d'activités; cette mise de fond initiale a en outre
l'avantage de pouvoir se financer sur quelques années. En outre, le
Conseil est d'avis qu'un certain échéancier (article 42) devrait
être accordé aux producteurs existants pour leur permettre de se
conformer à la Loi de la qualité de l'environnement,
échéancier qui tiendrait compte du programme d'assistance
financière mis de l'avant par le gouvernement.
2.3 L'épandage
En principe, les résidus d'élevage doivent être
retournés à la terre. Dans la pratique, certaines
précautions sont requises si l'on veut éviter la contamination du
sol, de l'eau et de l'air. Comme premier
point d'importance, le projet de règlement demande à
l'exploitant de production animale de pouvoir disposer pour l'épandage
d'une superficie équivalant à 0,3 hectare par unité
animale (article 45). Ce rapport hectare/unité animale ne doit pas
être trop bas ni trop élevé puisqu'il vise à la fois
l'apport nutritif qui convient aux cultures et une non-pollution de
l'environnement. Il appert que ce sont les nitrates contenus dans le fumier qui
constituent le facteur limitant étant donné leur plus grande
mobilité dans le sol et ainsi, leur susceptibilité de contaminer
la nappe phréatique. Il est généralement accepté
que les pertes en nitrates sont plus élevées dans un sol ayant
une texture grossière. Quoi qu'il en soit, ce rapport
hectare/unité animale s'avère trois à six fois plus
élevé en Alberta, c'est-à-dire que pour la même
superficie de 0,3 hectare, on permet trois à six unités animales
dépendant du type de sol; il est même écrit dans le guide
albertin: "higher livestock numbers may be feasible in some instances where
nitrogen losses are high and experience with the manure handling system and
crop requirements has been gained". Des recherces québécoises
s'imposent sur ce rapport qui aura des répercussions directes tant dans
la dimension de l'unité de production animale que sur son dynamisme de
manière à la rendre conforme, aux sols et aux cultures contenus
dans l'unité de production végétale. En attendant le
résultat de nouvelles recherches, le Conseil est d'avis que le 0,3
hectare/unité animale paraît conservateur et devrait être
ajusté pour chaque famille de sol du Québec en vue de permettre
une plus forte proportion d'animaux par superficie de terre cultivée. De
plus, le texte proposé (article 48) au Conseil concernant le fumier
liquide et le fumier semi-liquide de porcs et de pondeuses en cages interdit un
épandage entre le 15 juin et le 15 septembre à moins de 1000
mètres d'une agglomération et à moins de 300 mètres
d'une habitation voisine. Étant donné l'exiguité des
terres, étant donné que l'exploitant de production animale est
aussi un exploitant de production végétale obligé de
diminuer sa superficie d'épandage en été, le Conseil
recommande de s'en tenir à la période du 1er juillet au 1er
septembre et à une distance de 300 mètres des
agglomérations et des habitations voisines. Cette distance pourrait
même être réduite s'il y avait un accord entre celui qui
épand et ceux qui résident à moins de 300 mètres de
la limite pré-établie. Cette proposition du Conseil
n'empêche nullement les municipalités de se doter d'un
règlement plus sévère dans les situations
particulières.
La consultation réalisée par le Conseil lui a aussi permis
de constater que les dates d'épandage spécifiées à
l'article 48 ainsi que la distance à respecter portent à
confusion. En effet, les exploitants ont réagi négativement
croyant que toutes les productions animales étaient visées par
cette réserve. Un éclaircissement devra donc être
apporté lors de la parution du projet de règlement
spécifiant que seuls les fumiers de porcs et de pondeuses en cages sont
concernés par cet article.
Si certaines dates estivales entraînent des limitations à
certains types d'exploitation, il est une autre période où tout
épandage est interdit. Il est en effet écrit à l'article
46: "Tout épandage du fumier sur le sol est interdit lorsque celui-ci
est gelé et enneigé, sauf si le fumier est incorporé
directement dans le sol". Le Conseil se dit pleinement d'accord avec cette
interdiction hivernale; toutefois, il croit prudent d'inscrire la
possibilité pour le Directeur d'en soulever l'interdiction lorsque les
conditions climatiques automnales auront été
particulièrement défavorables à la grandeur d'une
région. Au sujet du même article 46, le Conseil s'oppose à
l'incorporation du fumier directement dans le sol en hiver. Cette pratique
augmente les risques de polluer la nappe phréatique
particulièrement si le sol a une texture grossière. Elle ne
devrait être acceptée qu'après avoir effectué une
étude tenant compte de la texture du sol, de la profondeur de la nappe
phréatique, de la nécessité de réduire les odeurs
et du maintien de la valeur fertilisante.
A l'article 47 du projet de règlement, il est écrit ce qui
suit: "il est interdit d'épandre du fumier sur une pente de 5°
située à moins de 10 mètres d'un cours d'eau ou d'une
autre nappe d'eau de surface". Cet article semble au Conseil difficile
d'application tant par les Services de protection de l'environnement que par
les exploitants eux-mêmes. Dans sa formulation actuelle, il est probable
que cette exigence ne pourra être respectée. Pour sa part, le
Conseil propose d'interdire l'épandage du fumier à moins de 10
mètres des cours d'eau ou d'une autre nappe d'eau quelle que soit la
pente du terrain. Cette recommandation minimise les dangers de contamination de
l'eau, diminue les activités agricoles dans cette zone jugée
essentielle à la protection d'un cours d'eau et paraît plus facile
à inculquer à tous les Québécois qui
aménagent le territoire.
Chapitre 3 3. RECOMMANDATIONS
A la lumière des connaissances acquises par l'entremise des
personnes et des textes consultés (annexe 4), le Conseil propose
plusieurs modifications au document élaboré par le ministre
délégué à l'Environnement (annexe 1); il formule
également nombre de commentaires et suggestions article par article
(annexe 1) à propos dudit projet de règlement.
A la suite de cette révision, le Conseil recommande notamment au
ministre délégué à l'Environnement les points
majeurs suivants:
a) Concernant le texte du règlement 1.de soustraire de la
réglementation les exploitations de production animale à des fins
non-commerciales et celles dont le nombre de tête (à être
déterminé) est inférieur, égal ou supérieur
à une unité animale dépendant des animaux
considérés;
2.de fournir la définition d'un "lac"; 3.de prévoir une
superficie d'épandage, actuellement fixée à 0,3
hectare/unité animale, plus adaptée à chaque famille de
sol du Québec; 4.de s'en tenir à une distance de 300
mètres des habitations et des agglomérations pour
l'épandage estival (1er juillet au 1er septembre) du fumier liquide et
semi-liquide de porcs et de pondeuses en cage, sauf pour le fumier
oxygéné sans odeurs et dans le cas où il y a entente
préalable entre l'exploitant et le voisin pouvant être
exposé aux odeurs du fumier; 5.de permettre l'incorporation du fumier
dans le sol après qu'une étude technique aura
démontré que la nappe phréatique ne peut être
contaminée par cette pratique; 6. d'interdire l'épandage du
fumier à moins de 10 mètres de tout cours d'eau et de tout plan
d'eau sans distinction de pente du terrain; 7.de permettre que les exploitants
de productions animales existantes se dotent de fosses étanches selon un
échéancier qui tiendrait compte du programme d'aide
financière gouvernementale plutôt que de la date de
l'entrée en vigueur du présent règlement; 8.de poursuivre
l'élaboration des annexes B à M de l'annexe 1 avec la
collaboration du ministère de l'Agriculture, l'Union des productions
agricoles ainsi que d'organismes composés de non-agriculteurs et de
villégiateurs;
b)
Concernant la mise en place de la réglementation
9.de fournir une assistance technique pour localiser un parquet, si possible,
sur une surface naturelle; 10.de produire le plus rapidement possible un
feuillet d'information à l'attention du milieu agricole (exploitants,
non-exploitants, municipalités) de manière à
préciser plusieurs aspects du règlement (distances, vent
dominant, point d'eau, fosse, date d'épandage, droits acquis, etc.) de
même qu'à rappeler la valeur fertilisante des fumiers;
11.d'instaurer un programme approprié d'aide financière pour
l'entreposage réglementaire du fumier ainsi que l'acquisition par les
exploitants de l'équipement nécessaire à l'épandage
du fumier; 12.d'utiliser les données du recensement
réalisé par le ministère de l'Agriculture en novembre 1977
ou d'effectuer dans les meilleurs délais un relevé du nombre
d'unités animales par exploitant en date de l'année 1978,
exception faite pour ceux qui ont reçu depuis le 21 décembre 1972
une autorisation du Directeur des Services de protection de l'Environnement;
13.d'effectuer des recherches sur les principaux aspects suivants: -le
contrôle de la pollution de l'air provenant de la ventilation des
bâtiments. Il s'agit de rechercher des solutions simples et d'un
coût abordable; -le taux d'épandage du fumier en fonction des
cultures et de la nature du sol; -la valeur fertilisante, alimentaire et
énergétique du fumier; -le degré
d'étanchéité des fosses à fumier et des parquets en
relation avec le colmatage possible du sol.
c)
Concernant l'élaboration de règlement
additionnel 14.de prévoir une réglementation pour toutes les
exploitations d'espèce animale non touchée par la présente
réglementation.
Le Conseil est conscient que certaines des recommandations
relèvent davantage du ministre de l'Agriculture et suggère au
ministre délégué à l'Environnement d'en informer
son collègue comme le lui permet l'article 2 de la Loi de la
qualité de l'environnement.
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(Annexe "A") Services de protection de
l'environnement
Demande de certificat d'autorisation pour une
exploitation de production animale
NOTE: a) Vous devez fournir toutes les informations et tous les
documents exigés sur ce formulaire; b) Vous devez remplir un formulaire
différent pour chaque bâtiment ou parquet du projet d'exploitation
de production animale. c) Dans le cas où l'espace est insuffisant sur ce
formulaire, joindre les informations dans une annexe.
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(Annexe "O") Calcul du nombre d'unité
animale
Aux fins de l'application du présent règlement, sont
équivalents à une (1) unité animale, les types d'animaux
suivants en fonction de leur quantité.
Lorsqu'un poids est indiqué à la présente annexe,
il s'agit du poids de l'animal prévu à la fin de
l'élevage.
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(Annexe 2)
15. Règlement concernant les renardières
domestiques, porcheries, étables, écuries, cours et
fumiers
1.
Renardières, leur site: Aucune renardière
et aucun parc d'élevage de vison, chat sauvage, putois belge ou autres
animaux à fourrure ne peuvent être établis à moins
de 600 pieds de toute habitation, exceptée celle qui fait partie de
l'établissement d'élevage. Ces parcs doivent être
construits sur un terrain perméable qui s'égoutte naturellement
et être entretenus avec une propreté telle qu'ils ne causent pas
une nuisance par les odeurs qui s'en dégagent.
2.
Site des porcheries: Aucune porcherie ne peut
être établie à moins de 150 pieds d'une habitation et
à moins de 100 pieds d'un puits, ou d'une autre source
d'approvisionnement en eau.
3.
Site des enclos des porcheries: Aucun enclos de
porcherie ne peut être établi sur un terrain marécageux ou
qui est sujet à être inondé, ni être établi
à moins de 100 pieds d'une source d'eau d'alimentation et d'une
habitation.
4.
Permission pour opérer une grande porcherie:
Aucune grande porcherie, où l'on fait une industrie de
l'élevage des porcs, ne peut être établie ou
opérée, avant que le site en ait été
approuvé par l'autorité sanitaire municipale. Une telle porcherie
ne doit pas constituer une nuisance par les odeurs et les mouches qu'elle
occasionne.
5.
Déchets de nourriture des porcs: Lorsque l'on
nourrit des porcs avec des déchets ou autres matières
fermentescibles, les déchets et autres matières doivent
être déposés sur une aire imperméable et ce qui
n'est pas consommé doit être enlevé, chaque jour, pour le
brûler ou l'enfouir sous terre.
6.
Site des étables et des écuries: Aucune
étable et aucune écurie ne peut être construite à
moins de 50 pieds d'une habitation et à moins de 100 pieds d'un puits,
ou d'une autre source d'eau d'alimentation.
7.
Propreté: II ne doit pas être
toléré d'immondices en fermentation ou des mares croupissantes
dans les vacheries, écuries, étables, porcheries, ainsi que dans
les cours où séjournent les animaux.
8.
Plancher: Le plancher de toute étable,
écurie, vacherie ou porcherie doit être étanche et pourvu
d'une rigole d'évacuation pour le purin et autres liquides. Le fumier
doit être enlevé chaque jour.
9.
Manière de disposer du fumier dans les
agglomérations urbaines: Aucun amas de fumier ne peut être
établi, même temporairement, dans les limites des cités,
des villes et des agglomérations dites de village, si ce n'est comme
suit:
15. Regulation concerning fox farms, pig-pens, barns,
stables, yards and manure
1.
Fox farms, location: No fox farm or breeding-ground for
mink, wild cat, fitch or other fur-bearing animals may be located at less than
600 feet from any habitation, excepting such as may be connected with the
breeding establishment. Such farms must be built on permeable ground, with
natural drainage, and must be kept in a sufficiently clean condition to avoid
creating a nuisance by reason of odours emanating therefrom.
2.
Location of pig-pens: No pig-pen may be located at less
than 150 feet from any habitation, and at less than 100 feet from a well or
other source of water supply.
3. Location of pig-pen enclosures: No pig-pen enclosure may be
located on swampy ground, or on ground liable to flooding, or be located less
than 100 feet from a source of supply of drinking-water, and from a
habitation.
4.
Permission to operate a large piggery: No large
piggery, intended for hog-raising as an industry, may be established or
operated before the site has been approved by the municipal sanitary authority.
Such a piggery must not create a nuisance by reason of the odours it produces
and the flies it attracts.
5. Waste food for pigs: When pigs are fed with waste or other
fermentable matter, such waste or other matter must be placed on a water-proof
surface, and any surplus must be removed each day, to be burnt or buried.
6.
Location of barns and stab'es: No barn and no stable
may be built with.n 50 feet of a habitation, and within 100 feet of a well or
other source of supply of drinking water.
7.
Cleanliness: No impurities in fermentation, or pools of
stagnant water will be tolerated in cowhouses, stables, barns, pig-pens, or in
any barnyards or corrals.
8.
Floors: The floor of any barn, stable, cowhouse or
pigsty must be water-tight and provided with a draining canal for the liquid
manure and other liquids. The manure must be removed each day.
9.
Disposal of manure in populated places: No manure pile
may be tolerated, even temporarily, within the limits of cities, towns and
settlements known as villages, unless the following regulations be
observed:
Référer à la version PDF page B-7267
a) le purin doit se déverser dans une fosse imperméable
qui peut être reliée à l'égout avec la permission de
l'autorité sanitaire municipale; b) le fumier doit être
amassé dans un abri, ou une boîte à fumier, tous deux
protégés contre les mouches, dont le plancher et les cloisons
sont étanches et dont le couvercle ou la porte ferme
hermétiquement; c) si on veut disposer du fumier autrement, les amas ne
doivent pas être établis à moins de 250 pieds de toute
habitation, ou de toute rue ou voie publique. L'amas de fumier ne doit pas
causer de nuisance.
10.
Manière de disposer du fumier dans les parties
rurales: En dehors des limites des cités, villes et
agglomérations dites de village, on doit disposer du fumier d'une des
manières suivantes: a) aucun amas de fumier ne doit être fait
à moins de 10 pieds de la ligne de lot, à moins de 100 pieds d'un
puits et à moins de 250 pieds d'une habitation. Cette dernière
distance peut être moindre, s'il s'agit de la maison de la ferme; b)
aucun amas de fumier ne doit être fait de façon à ce que le
purin se déverse directement dans un fossé public ou un cours
d'eau. Il ne doit pas créer de nuisance; c) le fumier doit être
charroyé aux champs au moins une fois par semaine, entre le 1er mai et
le 1er novembre; d) le fumier peut être aussi amassé dans un abri
à fumier. Cette bâtisse doit avoir un plancher et des cloisons
étanches et être protégée contre les mouches. Le
purin doit se déverser dans un puisard ou dans une fosse à purin
étanche; e) aucun amas de fumier ne doit être exposé
à la vue du public à moins qu'il ne soit à une distance
d'au moins 100 pieds du chemin.
11.
Limites: Dans les limites des cités et villes
et des agglomérations dites de village, il est interdit de garder et
élever des porcs et des volailles, à moins d'une permission
écrite du médecin-hygiéniste du district dans lequel se
trouve située la municipalité et pourvu que l'endroit où
l'on garde ces animaux domestiques soit à une distance d'au moins 250
pieds de toute habitation et que de cet élevage il ne découle
aucune nuisance.
12.
Personne coupable d'infraction: Est coupable
d'infraction toute personne qui viole le présent règlement et si
cette personne est trouvée coupable, elle est passible d'une amende
n'excédant pas $20 et d'une amende additionnelle n'excédant pas
$20 par jour, pour chaque jour en sus de 2 durant lesquels l'infraction se
continue.
A.C. 479 du 12 février 1944, G.O. 3 juin 1944, p. 1230
AC. 881 du 12 septembre 1954, G.O. 18 septembre 1954, p. 2810
Août 1972
(a) the liquid manure must drain into a watertight gutter, which may be
connected to the sewer, with the permission of the municipal sanitary
authority;
(b) the manure must be placed in a shed, or in a manure-box, protected,
in either case, against flies, and having water-tight floor and walls, and a
cover or a door which closes hermetically;
(c) if it is desired to dispose of the manure in some other manner, the
manure piles must not be placed within 250 feet of any habitation, street or
public road. The manure pile must not create any nuisance.
10.
Disposal of manure in rural areas: Outside the limits
of cities, towns and settlements known as villages, manure must be disposed of
in one of the following manners:
(a) no manure pile may be established within 10 feet of the boundary of
the lot, within 100 feet of a well or within 250 feet of a habitation. This
last distance may be less in the case of the farm dwelling;
(b) no manure pile may be established in such manner that the liquid
manure drains directly into a public ditch or a stream. It must not create a
nuisance;
(c) the manure must be carted away to the field at least once a week,
during the period between May 1st and November 1st;
(d) the manure may also be placed in manure-shed. This structure must
have water-tight flooring and walls, and be protected against flies. The liquid
manure must drain into a cesspool or into a liquid-manure pit;
(e) the manure-pile may not be exposed to public view, unless it be at
least 100 feet from the road.
11.
Limits: Within the limits of cities and towns and
settlements known as villages, it is forbidden to keep and raise pigs and
poultry, unless a written permission has been obtained from the Health Officer
for the district in which the municipality is situated and provided the place
where such domestic animals are kept is at a distance of at least 250 feet from
dwelling and provided such breeding creates no nuisance.
12.
Person guilty of infraction: Any person who violates
this regulation, is guilty of an infraction, and if such persons is convicted
he is liable to a fine not exceeding $20 and to an additional fine not
exceeding $20 per day for each day over 2 during which the infraction
continues.
O.C. 479 February 12, 1944, G.O. June 3, 1944, p. 1230.
O.C. 881 September 2, 1954, O.G. September 18. 1954, p. 2810.
Référer à la version PDF page B-7268
(ANNEXE 3)
Articles relatifs à la loi de la qualité
de l'environnement (1972, c. 49)
Certificat. 22. Nul ne peut ériger ou modifier une construction,
entreprendre l'exploitation d'une industrie quelconque, l'exercice d'une
activité ou l'utilisation d'un procédé industriel ni
augmenter la production d'un bien ou d'un service s'il est susceptible d'en
résulter une émission, un dépôt, un
dégagement ou un rejet de contaminants dans l'environnement ou une
modification de la qualité de l'environnement, à moins d'obtenir
du Directeur un certificat d'autorisation.
Demande.
La demande d'autorisation doit inclure les plans et devis de
construction ou du projet d'utilisation du procédé industriel ou
d'exploitation de l'industrie ou d'augmentation de la production et doit
contenir une description de la chose ou de l'activité visée,
indiquer sa localisation précise et comprendre une évaluation
détaillée conformément aux règlements du
lieutenant-gouverneur en conseil, de la quantité ou de la concentration
prévue de contaminants à être émis,
déposés, dégagés ou rejetés dans
l'environnement par l'effet de l'activité projetée.
Exigences.
Le Directeur doit, à l'appui d'une demande relative à
certaines catégories d'industries, de projets ou d'activités
déterminées par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil, exiger une étude de l'impact que produira sur l'environnement
la réalisation du projet et peut exiger que le requérant
mène certaines recherches ou expériences qu'il indique concernant
le projet, le tout conformément aux modalités prévues par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil. Il peut enfin exiger du
requérant toute information supplémentaire qu'il juge pertinente
à l'objet de la demande. Idem. 23.Dans le cas d'une demande
d'autorisation relative à certaines catégories de projets,
activités ou industries susceptibles de porter atteinte ou de
détruire la surface du sol et déterminées par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil, le requérant doit
soumettre un plan de réaménagement du terrain de même que
toute garantie exigible, le tout conformément aux normes et
modalités prévues par règlement du lieutenant-gouverneur
en conseil.
Conforme à la loi. 24. Le Directeur doit, avant de donner son
approbation à une demande faite en vertu de l'article 22, s'assurer que
l'émission, le dépôt, le dégagement ou le rejet de
contaminants dans l'environnement sera conforme à la loi et aux
règlements. Il peut, à cette fin exiger toute modification du
plan ou du projet soumis.
Certificate. 22. No one may erect or alter a structure, undertake to
operate an industry, carry on an activity or use an industrial process or
increase the production of any goods or services if it seems likely that this
will result in an emission, deposit, issuance or discharge of contaminants into
the environment or a change in the quality of the environment, unless he
obtains from the Director a certificate of authorization.
Application.
The application for authorization must include the plans and
specifications of the structure or project to use the industrial process,
operate the industry or increase production and must contain a description of
the apparatus or activity contemplated, indicate its precise location and
include a detailed evaluation in accordance with the regulations of the
Lieutenant-Governor in Council of the quantity or concentration of contaminants
expected to be emitted, deposited, issued or discharged into the environment
through the proposed activity-Requirements.
The Director shall, in support of an application relating to certain
classes of industries, projects or activities determined by regulation of the
Lieutenant-Governor in Council, require a study to be made on the impact that
the carrying out of the project will have on the environment and may require
the applicant to carry out certain research or experiments which he indicates
respecting the project, the whole in accordance with the terms and conditions
prescribed by regulation of the Lieutenant-Governor in Council. He may,
finally, require from the applicant any supplementary information he considers
pertinent to the object of the application. Idem. 23.In the case of an
application for authorization relating to certain classes of projects,
activities or industries likely to harm or destroy the surface of the soil and
determined by regulation of the Lieutenant-Governor in Council, the applicant
must submit a land reclamation plan as well as any guarantee exigible, the
whole in accordance with the standards, terms and conditions prescribed by
regulation of the Lieutenant-Governor in Council. Compliance with act. 24.The
Director shall, before giving his approval to an application made under section
22, ascertain that the emission, deposit, issuance or discharge of contaminants
into the environment will be in accordance with the act and regulations. He
may, for that purpose, require any alteration in the plan or project
submitted.
Référer à la version PDF page B-7269
(ANNEXE 4) Ouvrages consultés
Alberta, 1973. Confinement livestock facilities waste management, code
of practice. Min. Environn. and Agriculture, Edmonton, 25 p.
Alberta Institute of Agrologists, 1971. Agriculture and the environment.
Edmonton, pp. 55-70.
Anonyme, 1975. Règlement général relatif à
l'administration de la Loi de la qualité de l'environnement
adopté en vertu de la Loi de la qualité de l'environnement (1972,
C. 49). Gaz. off. du Québec, 107 (32): 4801-4807.
Anonyme, 1977. Loi de la qualité de l'environnement. Chap. 49,
lois du Québec. Ed. officiel du Québec, Québec, 48 p.
Canada Animal Waste Management Guide Committee, 1972. Canada animal
waste management guide. Canada committee on agricultural engeneering.
Conseil consultatif de l'environnement, 1976. Aménagement des
berges. Gouv. Québec, Québec, 171 p. Dussart, B., 1966.
Limnologie. Gauthier et Villars, Paris, 676 p.
Guenzi, W.D. et al, 1978. Nitrification and denitrification in cattle
manure amended soil. J. Environm. Qual.,7: 196-202.
Lessard, S., 1972. La régie des eaux et les opérations
d'élevage. Conf. au symposium des déchets d'exploitation animale,
14-16 février, Gatineau, 11p.
Millette, G., 1965. Zonage pour la ville ou pour la campagne. MacDonald
Farm journ., 9-10.
OCDE, 1976. La gestion des déchets dans les pays membres de
l'OCDE. Direction de l'environnement, OCDE, Paris, 18 p.
Ontario, 1972. A suggested code of practice. Dept. Environment and Dept.
Agric. and Food, Toronto, 72 p.
Thaï, M.F. et al, 1978. Mesure des odeurs. Nuisances et
environnement, janv/fév.: 37-39.
Union des producteurs agricoles, 1978. Dossier environnement.
Mémoire préparé par le Comité de l'Environnement de
l'UPA et présenté au Conseil consultatif de l'environnement du
Québec.
Velland, J.P. et F. Petillot, 1974. Prévention et lutte contre
les pollutions et les nuisances des porcheries. Min. Qualité de la Vie,
Paris, 87 p.
Ward, G. M. et al, 1978. Chemical compositions of feedlot manure. J.
Environm. Qual., 7: 159-764.