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Etude des crédits des services de protection de
l'environnement
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs! Si vous
voulez prendre vos places, s'il vous plaît.
La commission permanente de la protection de l'environnement se
réunit pour étudier les crédits budgétaires de
l'année 1978/79.
Sont membres de cette commission: M. Beauséjour (Iberville), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M. Marquis
(Matapédia); M. Goldbloom (D'Arcy Mc-Gee), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Mercier (Berthier).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Dubois (Huntingdon), M.
Grégoire (Frontenac), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Marquis (Matapédia),
M. Roy (Beauce-Sud), M. Saindon (Argenteuil), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Verreault (Shefford). J'aimerais que quelqu'un propose un rapporteur.
M. Cordeau: Je proposerais M. Jacques Beau-séjour.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville) est rapporteur. Vous acceptez, M. Beauséjour?
M. Cordeau: S'il promet d'être avec nous durant
l'étude des crédits.
Le Président (M. Laplante): II est coutume, M. le
ministre, depuis qu'on a commencé l'étude des crédits
budgétaires, de demander si on a des documents à déposer;
dans ce cas, on doit le faire dès le début de la commission.
M. Caron: M. le Président, il faudrait au moins avoir
quorum pour commencer. C'est nous qui faisons quorum, c'est l'Opposition qui
fait le quorum.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes huit membres,
messieurs.
M. Caron: On ne veut pas être désagréables,
mais on se le rappelle.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas être
désagréable moi non plus, mais le quorum est largement
dépassé.
M. Marchand: Largement?
Le Président (M. Laplante): Largement
dépassé.
M. Goldbloom: Peut-on demander le vote et battre le
gouvernement?
Le Président (M. Laplante): Je ne le crois pas
actuellement, parce que vous avez droit à trois votes.
M. Léger: De toute façon, il n'y a rien sur la
table.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez des
documents...
M. Marchand: Je me demande si le député de
Lafontaine aurait accepté d'ouvrir une commission parlementaire des
crédits sans quorum, dans son temps, dans le temps où il
était dans l'Opposition.
M. Léger: Je l'ai fait souvent. Cela dépendait des
moments.
M. Marchand: Pas de l'ouvrir. Vous avez accepté dans le
temps après que ce soit ouvert, mais jamais au début d'une
commission.
Le Président (M. Laplante): Je me demande même, M.
le député de Laurier, si vous faites partie du quorum, parce que
je ne vois votre nom nulle part.
M. Marchand: Comme je ne fais pas partie du quorum, vous n'avez
plus quorum.
Le Président (M. Laplante): Vous avez le droit
d'intervenir, mais vous... M. le ministre, est-ce que vous avez des documents
à déposer avant le début de nos travaux?
M. Léger: Pas pour le moment. Il se peut qu'à la
suite de questions j'en dépose.
Le Président (M. Laplante): Pas pour le moment, d'accord.
La parole est à vous.
M. Cordeau: Est-ce que M. le ministre pourrait nous
présenter son personnel?
Le Président (M. Laplante): Oui, il va tout faire cela;
c'est pour cela que je lui donne la parole, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Remarques préliminaires M. Marcel
Léger
M. Léger: M. le Président, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue aux députés, tant ceux du gouvernement que
ceux de l'Opposition qui participent à cette commission parlementaire.
J'aimerais au départ présenter les personnes du ministère
qui m'accompagnent. J'ai avec moi le directeur
des services de protection de l'environnement, M. Jolicoeur; le
directeur des services de la pollution industrielle, M. Jean Roy; mon chef de
cabinet, M. Jacques Brault; le directeur adjoint des services de protection de
l'environnement, M. André Cayer; le responsable des budgets, M. Yvon
Dubois; le directeur des services urbains, M. André Chamberland; le
responsable du programme de la gestion des déchets, M. Pierre Gagnon;
Mme Pierre Petit, de mon cabinet; M. Réal L'Heureux, qui est maintenant
président du Conseil consultatif de I'environnement; M. Jean-Claude
Déry, responsable des inspecteurs en territoire; et M. Bouchard, qui est
responsable du secteur des laboratoires; M. Tony Le Sauteur, du programme des
lacs; un autre membre de mon cabinet, M. Denis Vincent. Comme l'an dernier, M.
le Président, je me propose de répondre aux questions qui seront
posées et qui porteront sur le bilan de l'année
écoulée et sur les objectifs que nous espérons pouvoir
atteindre cette année. Pour la deuxième année
consécutive, les services de protection de
I'environnement enregistrent une augmentation de budget; c'est la plus
importante cette année, proportionnellement à tous les budgets
des autres ministères. Il y a eu aussi une augmentation substantielle de
personnel et, fait exceptionnel, cette année, on assiste à un
phénomène contraire dans de nombreux autres ministères.
Chez nous, nous avons eu une augmentation très importante.
En fait, il y a eu 92 nouveaux fonctionnaires pour l'année
1978/79. L'année dernière, nous en avions eu, si je ne me trompe,
74. En fait, environ 160 permanents ont été ajoutés aux
services de protection de l'environnement en deux ans. Malgré ces
nouveaux effectifs, il reste que nous devons présenter de nouvelles
demandes l'an prochain, ne serait-ce que pour voir à l'application des
règlements qui entreront en vigueur et pour accélérer le
programme de participation, d'information et d'éducation des citoyens,
ce qui demeure ma priorité comme ministre de l'environnement.
C'est effectivement aujourd'hui le premier budget que je
présente, dont je puis suivre toutes les étapes, celui de l'an
dernier avait été préparé, pour une large part, par
l'ancienne administration.
II est à noter que deux montants importants ont été
retranchés. L'étude de cinq ans sur le fleuve Saint-Laurent est
maintenant terminée et nous travaillons actuellement à
déterminer un programme d intervention. Donc, dans ce domaine, les
études sont finies, on est rendu à passer à l'action.
La maîtrise d'oeuvre pour régler les problèmes
d'alimentation en eau de la rive sud de Montréal a été
remise aux municipalités. Ces deux responsabilités que nous
avions à notre budget l'année dernière ne le sont
plus.
Il y a un gros chambardement cette année au niveau de la fusion
possible, de la réalisation et d'un regroupement de ministères,
de même que dans les objectifs de donner à l'environnement les
pouvoirs pour atteindre les responsabilités que l'environnement devrait
se donner.
D'abord, il y a toujours eu des problèmes au niveau de la
réalisation de services d'aqueduc et d'égout, de programmes
d'assainissement avec les municipalités, du fait qu'il y avait un
chevauchement non nécessairement complémentaire de juridiction
entre le ministère des Affaires municipales et le service de
l'environnement. Quand il n'y avait qu'un seul ministre pour les deux
ministères, il y avait peut-être une possibilité de
corriger certaines petites difficultés, mais quand il y a deux ministres
responsables de deux ministères différents, et qui ont des
objectifs différents, on doit tenir compte que les objectifs de l'un ne
sont pas nécessairement la priorité de l'autre.
C'est la raison pour laquelle il fallait clarifier puisque, au
ministère des Affaires municipales, la responsabilité
première et prioritaire, pour qu'il n'y ait pas double juridiction et
difficuté à mettre la priorité à la bonne place...
le ministère des Affaires municipales a une responsabilité de
contrôle du développement des municipalités et aussi, de la
capacité financière des municipalités.
Par contre, au service de l'environnement, nous avons la
responsabilité de la salubrité du milieu et de la protection de
l'environnement, ce qui fait que, au niveau de l'alimentation en eau et au
niveau de l'assainissement des cours d'eau, les liens étaient tellement
étroits qu'on avait de la difficulté à fonctionner et cela
retardait trop souvent des solutions pour les municipalités.
Les deux ministres se sont rencontrés et ont discuté en
détail de la façon dont les deux ministères devraient
fonctionner. Nous avons fait un nouveau partage entre les deux
ministères. (10 h 15)
Ce nouveau partage rendra plus cohérentes les interventions de
l'Etat dans ce domaine et assurera une meilleure efficacité
administrative. Le ministère des Affaires municipales sera ainsi en
mesure de jouer pleinement son rôle auprès des
municipalités, tandis que les services de protection de l'environnement
pourront continuer de s'assurer de la qualité de l'eau et de la
salubrité du milieu.
Ce problème de partage des responsabilités apportait
certains inconvénients aux municipalités et à leurs
contribuables, il s'agit en fait de consacrer le principe de gestionnaire
unique du gouvernement, l'un pour l'eau, l'autre pour le développement
municipal. Ainsi, le futur ministère de l'environnement deviendra, au
cours des quel- ques mois prochains, le gestionnaire unique de l'eau, comme
cela l'est actuellement au niveau de l'air. Nous avons réparti les
responsabilités entre les deux ministères de façon
à éviter des dédou- blements.
Nous avons d'ailleurs prévu axer davantage notre action sur cette
notion de gestionnaire des ressources qui composent l'environnement
plutôt que de nous contenter de fixer des normes de protection.
Dans une première étape, le service de protection de
l'environnement chargé de voir à l'application d'une loi a mis
l'accent sur les normes à ne pas dépasser, ce qui était
une première étape essentielle.
Il s'agit maintenant de passer à la gestion du
milieu ambiant. L'objectif prioritaire du futur ministère de
l'environnement sera celui de gestionnaire du milieu ambiant. Donc, dans les
relations avec le ministère des Affaires municipales et le service de
l'environnement, pour le plus grand bien de la gestion du milieu ambiant pour
l'environnement et la gestion des municipalités, nous allons diviser les
responsabilités comme suit:
Les objectifs du service de protection de l'environnement seront les
suivants: D'abord, le service de protection de l'environnement voit à
assurer la qualité de l'eau potable, à assainir les eaux de
surface et à prévenir les détériorations. Le
ministère de la protection de l'environnement sera responsable de la
surveillance et du contrôle de la qualité de l'eau d'alimentation;
responsable de l'émission des ordonnances quand la qualité de
l'eau peut être préjudiciable à la santé des
citoyens; responsable de l'émission des ordonnances quand les eaux
usées polluent l'environnement; responsable de l'approbation des modes
de traitement des usines de filtration et des usines d'épuration;
responsable de l'approbation des points de prélèvement d'eau
potable, c'est-à-dire le lieu et la quantité; responsable de
l'approbation des points de déversement des eaux usées,
c'est-à-dire le lieu et la quantité; responsable de
l'établissement de normes minimales pour la qualité de l'eau de
consommation au Québec; responsable de la détermination des zones
possibles où les sources d'eau peuvent assurer l'alimentation de
certains territoires; responsable de la direction et du financement du
programme d'assainissement des eaux usées municipales,
c'est-à-dire les inter-cepteurs, les usines de traitement et les
émissaires.
Quant au ministère des Affaires municipales qui doit voir au
développement des municipalités et aux finances municipales, il
sera responsable du contrôle de l'adéquation des projets
municipaux au point de vue financier, technique, administratif, légal et
urbanistique; responsable du contrôle de l'adéquation des plans
régionaux d'alimentation et de la collecte des eaux usées,
c'est-à-dire les prises d'eau, les usines de filtration, les
réseaux de distribution, les réseaux de drainage et de collecte,
avec la capacité d'aide financière des municipalités et
avec le potentiel de développement du territoire; responsable de
l'élaboration des normes concernant la qualité des
matériaux, les techniques de construction et le niveau des services en
fonction du territoire; responsable aussi du contrôle de la
qualité technique du réseau mis en place.
C'est donc dire que, dorénavant, le ministère des Affaires
municipales sera responsable de la section du développement municipal
causé par l'augmentation ou la création d'un réseau
d'alimentation en eau, tandis que les services de protection de l'environnement
seront responsables de la politique d'assainissement des eaux au Québec.
Je pense que c'est une clarification qui va permettre une meilleure
réalisation de projets au niveau de toutes les municipalités du
Québec.
La gestion. La nouvelle orientation que le ministère de
l'environnement ou que le futur ministère de l'environnement a retenue
s'appuie sur quatre raisons principales. Il n'est pas possible d'édicter
des normes pour toutes les activités qui touchent à
l'environnement. On s'expose à sursimplifier les problèmes en
étant parfois trop sévères et parfois trop
généreux, et en n'étant qu'un service normatif, on est
trop loin des gens et de leurs problèmes.
Deuxièmement, les gens qui s'adressent au ministère de
l'environnement le font en fonction principalement de leurs besoins et non pas
uniquement pour obtenir des normes. Troisièmement, un système
normatif touche aux utilisations qui dégradent l'environnement à
l'échelle de tout le territoire. Il ne permet pas d'établir de
priorités régionales en tenant compte de l'importance des usages
subordonnés à la qualité et des ressources biologiques des
régions. Quatrièmement, on peut satisfaire des besoins
environnementaux de la population en faisant la gestion du milieu ambiant,
c'est-à-dire l'eau, l'air et le sol, et en privilégiant les
usages. En d'autres mots, l'assainissement du cours d'eau et je pense
que c'est très important ne doit pas être fait en fonction
d'un projet d'épuration qui était un moyen, mais doit être
fait en fonction d'un assainissement du milieu en vue de retourner ou de
retrouver les usages à la population. C'est la philosophie de base qui
va caractériser les programmes d'assainissement du Québec
à partir de maintenant.
Dans cette optique, il s'agira de remplir les fonctions suivantes:
Premièrement, procéder à l'inventaire du milieu
ambiant et des besoins environnementaux de la population.
Deuxièmement, tenir compte de l'affectation du milieu en faisant
des choix complémentaires ou en tranchant les contradictions;
Troisièmement, améliorer le milieu par des ouvrages et par
des travaux;
Finalement, continuer de faire ce que nous faisons déjà,
c'est-à-dire contrôler le milieu par la surveillance, l'inspection
et l'édiction des normes.
Le nouveau ministère. En parallèle avec d'autres
ministères qui ont des vocations plus économiques de
développeurs et d'exploiteurs des ressources, nous poursuivons les
négociations pour doter l'environnement des outils nécessaires
à cette nouvelle vocation de gestionnaire. Actuellement, les
juridictions sont partagées entre le ministère des Terres et
Forêts, celui des Richesses naturelles et les services de protection de
l'environnement. Avec l'accord du premier ministre, j'ai entamé les
discussions avec mon collègue Yves Bérubé, et nous
pourrons bientôt, de part et d'autre, en précisant nos vocations
respectives, posséder les instruments qui seront, d'une part, le
développement des ressources pour les ministères que dirige mon
collègue et, d'autre part, de protection et de gestion pour
l'environnement.
Dès que la Direction générale des eaux du
ministère des Richesses naturelles aura été
fusionnée avec les services qui existent déjà à
l'environnement, le gouvernement aura un gestionnaire unique de l'eau, comme il
existe déjà un gestionnaire unique de l'air chez nous.
Le principe est acquis au niveau du gouvernement. Il reste à
préciser certains détails, dans le cas du sol, qui constitue un
des éléments du milieu ambiant que la vocation du nouveau
ministère aura à gérer et à protéger. Une
fois ces outils réunis, il sera possible, pour le gouvernement,
d'envisager de transformer l'image de l'environnement de façon positive
et d'entreprendre des actions concertées qui permettront aux citoyens de
retrouver l'usage de leurs ressources collectives. Auparavant, on voyait
l'environnement comme l'empêcheur de tourner en rond, comme étant
celui qui défendait aux gens telle ou telle chose. Avec la juridiction
que nous avons tranquillement récupérée chez nous et que
nous terminerons au cours de l'année, nous deviendrons le gestionnaire
unique de l'eau, le gestionnaire unique de l'air, le gestionnaire unique du
sol, ce qui en fera le gestionnaire du milieu ambiant et fera un peu ce qu'un
médecin fait pour un citoyen, c'est-à-dire la différence
qu'il y a...
Je vais vous donner un exemple de la différence qu'il y a entre
un aménageur et un protecteur de l'environnement. C'est que le
protecteur de l'environnement est un peu un médecin ou un
éducateur physique qui donne la santé ou qui voit à rendre
un homme sain; l'aménageur, lui, lui donne une vocation précise.
La grande différence que je vois entre le protecteur et le gestionnaire
de l'environnement et l'aménageur, c'est tenir un milieu ambiant en
santé et faire même des travaux pour qu'il soit en santé,
de façon que l'aménageur lui donne des vocations par la
suite.
Programme d'assainissement. Depuis une dizaine d'années se pose
avec acuité le problème de l'épuration des cours d'eau au
Québec. Tous les ministres qui avaient plus ou moins la
responsabilité dans ce domaine ont, à tour de rôle,
amorcé de vastes programmes qui avaient tous les mêmes
inconvénients. Ils étaient de plus en plus coûteux et, par
une approche sectorielle, ils ne permettaient pas de retrouver l'usage de nos
cours d'eau avant plusieurs années. Le dernier de ces programmes
évaluait le coût de l'épuration des seules eaux municipales
à environ $3 200 000 000.
Une approche plus globale et moins coûteuse fait actuellement
l'objet d'une étude qui devrait être bientôt
complétée. J'ai reçu un rapport préliminaire il y a
peut-être quinze jours et j'aurai le rapport final dans quelques
mois.
L'objectif que cette approche permet de poursuivre est de s'attaquer
à tous les pollueurs à la fois, mais sur un tronçon
donné, de façon à permettre de retrouver les usages de
l'eau pour l'alimentation éventuelle et pour des activités
récréatives. C'est l'approche que je compte privilégier au
cours de la prochaine année.
Le conseil consultatif. Je tiens à remercier les membres du
Conseil consultatif de l'environnement, nommés à la suite de
l'adoption de la loi, en 1972, ainsi que le président, le Dr
Benoît Bundock. Le mandat de ce dernier se terminait ce mois-ci et un
arrêté en conseil a désigné le directeur adjoint des
services de protection de l'environnement, M. Réal L'Heureux, pour le
remplacer.
M. L'Heureux apportera aux nouveaux membres du conseil, nommés en
mars dernier, pour un mandat de deux ans, l'expérience acquise au sein
de la fonction publique et son sens inné de la diplomatie.
Pour mémoire, je vous rappelle les noms des nouveaux membres du
conseil consultatif: M. Laurent Tessier, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, a
été nommé pour un deuxième mandat et agira comme
vice-président; les autres sont Mmes Lorraine Bois, de Québec,
Annie Lutgen, de Hull, Gloria Ménard, de Montréal, et MM.
Jean-Pierre Bonhomme et Régent Brosseau, de Montréal, Jacques
Dunnigan, de Sherbrooke, Clément Godbout, du Syndicat des
métalos; Alain Lachapelle, de Rimouski, et Jean-Claude Vallée, de
la région des Laurentides.
Le nouveau conseil est déjà à l'oeuvre et plusieurs
mandats lui ont été confiés, dont celui de donner les avis
sur les projets de règlement et de préparer une politique des
espaces verts. Le conseil, qui aura une préoccupation de prospective
pour l'avenir, devra également dégager les perspectives sur
l'action gouvernementale en matière d'environnement et verra
probablement son rôle modifié en ce qui a trait à la tenue
d'audiences publiques.
Nominations. En remplacement de M. Réal L'Heureux, c'est
maintenant le Dr André Cayer, directeur pendant cinq ans du programme
d'étude sur le fleuve Saint-Laurent, qui a été
récemment nommé directeur adjoint des services de protection de
l'environnement par le Conseil des ministres. M. Cayer est responsable de la
réorganisation des services de protection de l'environnement avec les
autres ministères; de la mise sur pied d'une politique et d'un programme
d'assainissement; du partage des compétences avec le ministère
des Affaires municipales, en matière d'aqueduc et d'égout dont je
viens de parler, des relations fédérales-provinciales, de la
coordination avec des organismes de recherche et du dossier des études
spéciales.
Le directeur du bureau d'étude sur les substances toxiques, M.
Michel Lamontagne, est chargé des audiences publiques, et, à ce
titre, de la coordination des évaluations d'impact. Anciennement
d'Environnement Canada, avec le Dr Cayer, M. Lamontagne conserve la
responsabilité du bureau d'étude des substances toxiques
appelé BEST, dont il coordonne les travaux depuis un an. J'ai
l'intention de rendre plus fréquente la tenue d'audiences publiques et
de les organiser sur une base permanente. Je voudrais que le bureau d'audiences
publiques devienne l'oreille ou l'écoute du ministre auprès de la
population qui a quelque chose à dire pour protéger le
milieu.
A deux reprises, au cours de la dernière année, une fois
à Valleyfield, l'autre fois à Saint-Jean-de-Matha, j'ai
demandé à M. Jolicoeur, directeur des services, de
présider de telles audiences. La loi permet au ministre et au directeur
de tenir des audiences, mais l'emploi du temps de l'un et de l'autre est tel
que ceci ne permettait pas d'institutionnaliser les audiences
présidées par le direc-
teur. De plus, le prochain règlement sur les études
d'impact entraînera la tenue d'un certain nombre d'audiences chaque
année, d'où la nécessité de confier cette
responsabilité en propre à quelqu'un qui s'en occupe à
temps plein et qui deviendra un spécialiste de l'écoute de la
population.
L'étude de la Côte-Nord. L'équipe de chercheurs qui
est dirigée par M. Michel Jourdan a été mise à
notre disposition par Environnement Canada et se verra confier le mandat de
faire l'inventaire de la Côte-Nord. Il s'agit d'un programme dont une
partie du financement sera fournie par l'Hydro-Québec Cette
équipe a expérimenté une intéressante technologie
au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette technologie a été mise au point
sur le territoire de la baie James. Le travail qui en résulte a
été mondialement reconnu. Ce programme permettra d'utiliser chez
nous une équipe de chercheurs qui connaissent bien le Québec et
qui se préparaient, sans notre intervention, à s'exiler dans un
autre pays pour poursuivre les travaux qui nous seront utiles pour la
connaissance de notre territoire et de nos ressources.
Les règlements. Trois nouveaux règlements sont
entrés en vigueur au cours de la dernière année.
Aujourd'hui même, la Gazette officielle publie le règlement
relatif à la gestion des déchets solides qui permettra au
Québec, sur une période de cinq ans, de se débarrasser des
dépotoirs à ciel ouvert, importante source de pollution de l'air
et des cours d'eau en plus de constituer des dangers pour la
sécurité et la santé. Le programme de remplacement des
dépotoirs se fera selon un calendrier touchant les régions
à tour de rôle. D'ici le 1er décembre de cette
année, le règlement s'appliquera aux régions 01 et 06,
c'est-à-dire la Gaspésie et Montréal. Le premier
décembre 1979, les dépotoirs devront être fermés
dans les régions 03 et 04. soit Québec et Trois-Rivières;
le 1er décembre 1980, dans les régions 05 et 07,
c'est-à-dire l'Estrie et l'Outaouais; le 1er décembre 1981, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord et le 1er décembre 1982,
l'Abitibi et le Nouveau-Québec. (10 h 30)
Cela ne veut pas dire que les personnes qui utilisent un
dépotoir, les municipalités qui, actuellement, vivent le
fléau des dépotoirs dans des régions où la date
limite est plus tard que cette année, ça ne veut pas dire
qu'elles ne doivent pas s'organiser. Il y a déjà beaucoup de
municipalités qui ont commencé à s'organiser, à se
regrouper pour utiliser un site commun d'enfouissement sanitaire selon les
nouvelles normes. J'encourage et j'incite les municipalités à
commencer immédiatement et à ne pas attendre la limite permise,
parce qu'en réalité il faut que le visage du Québec soit
corrigé le plus tôt et que la lèpre qui caractérise
les dépotoirs au Québec disparaisse avec la participation de tous
ceux qui sont directement intéressés.
Le 17 août dernier, le règlement relatif aux
carrières et sablières est entré en vigueur et le 9
novembre, c'était au tour des règlements relatifs aux effluents
liquides des compagnies de pétrole. Une dizaine d'autres
règlements sont sur le point d'être publiés dans la Gazette
officielle, certains pour la première fois, d'autres dans la version
officielle. Les règlements portent sur la qualité de
l'atmosphère, ils doivent être présentés très
bientôt, sur les rejets dans les réseaux d'égout, sur la
qualité du milieu de travail, sur les effluents et déchets des
fabriques de pâtes et papiers, sur les installations septiques des
résidences isolées, sur les exploitations de production animale,
sur les études d'impact sur l'environnement, sur les eaux
destinées à la consommation humaine et sur la gestion des
déchets biomédicaux.
Les lois. Au cours de la dernière session, la loi 76, qui
proclame le droit à l'eau potable pour tout citoyen qui fréquente
un établissement public, a été votée. Les nouveaux
articles de la Loi de la qualité de l'environnement seront
explicités par un règlement qui devrait entrer en vigueur cette
année. Je compte, d'ici quelques semaines, présenter de nouveaux
amendements à la Loi de la qualité de l'environnement, dans le
but de favoriser la participation des citoyens à la protection et
à l'amélioration de leur milieu de vie.
Comme c'est le centre des préoccupations de mon ministère,
il faut maintenant donner des dents à la loi, il faut donner à la
Loi de la qualité de l'environnement une orientation permettant aux
groupes de citoyens d'avoir les outils nécessaires pour participer
à la défense de la qualité de leur milieu de vie.
Comme le détail de ces amendements sera discuté à
l'Assemblée nationale, ce n'est pas le moment de m'étendre sur ce
sujet, sauf pour souligner que je maintiens, comme priorité de mon
action ministérielle, ce parti pris en faveur des citoyens qui se
regroupent pour faire valoir leur point de vue et pour entreprendre des actions
concrètes dans leur milieu respectif.
Limoilou. Au cours de l'année, une ordonnance a été
émise à la papeterie Reed de Limoilou, de façon à
limiter les émissions de matières particu-laires et d'anhydride
sulfureux provenant des appareils de combustion et du procédé de
pâte au sulfate. Les mesures requises doivent être
réalisées au plus tard en juin 1979 et permettre
d'améliorer de façon sensible la situation dans le quartier.
Un avis d'ordonnance a par ailleurs été envoyé
à la CUQ concernant l'incinérateur de Limoilou. Dans ce cas, le
délai accordé s'étend à la fin de l'année.
Il s'agit de s'assurer que le problème relié aux matières
particulaires et plus spécifiquement aux imbrûlés soit
réglé. On s'attend qu'une amélioration des conditions de
fonctionnement contribuera, dès maintenant, à réduire
l'ampleur du problème. Des analyses faites en décembre dernier
indiquaient que les normes étaient dépassées de sept fois
à l'incinérateur, ce qui a amené l'émission d'une
ordonnance.
Au mois d'août dernier, je me suis rendu dans trois pays d'Europe,
la Suède, l'Allemagne et la France. Le voyage m'a convaincu que le
Québec accusait un retard dans le domaine de l'environnement. Non pas
tellement sur le plan technique,
mais sur le plan de la conscience des citoyens et du gouvernement face
à nos milieux de vie. Dans ces pays, particulièrement en
Suède, des campagnes d'information et d'éducation se poursuivent
depuis une dizaine d'années, ce qui explique la plus grande
facilité de prise de décision favorable à
l'environnement.
Avant mon départ, j'avais lancé la formule des affidavits.
Plus d'une centaine de citoyens en ont fait parvenir à notre contentieux
et certains s'en sont même servis pour compléter une preuve
testimoniale contre un pollueur récalcitrant.
A mon retour, j'ai commandé une étude sur le
contrôle des déchets agricoles, particulièrement
l'expérimentation du procédé Fuchs sur le compostage de
purin de porc. J'ai également l'intention de greffer au service de
l'information, non pas uniquement au niveau des programmes de cours dansles écoles et les collèges, mais également en
recueillant et en faisant connaître les expériences qui se
multiplient dans différents endroits du Québec.
J'ai même l'intention de demander qu'il y ait non seulement de la
publicité au sens de l'information, mais il y a un proverbe latin qui
dit: "Castigat ridendo mores", c'est-à-dire: "On corrige les moeurs en
riant". J'ai l'intention de demander à un chansonnier de préparer
un spectacle sur l'environnement, en essayant de rejoindre les citoyens par
l'aspect humoristique des problèmes de pollution, mais souvent, c'est en
riant qu'on obtient les choses les plus frappantes, et c'est souvent à
l'intérieur d'un spectacle humoristique qu'on fait les correctifs
voulus.
J'ai également l'intention de greffer au service de l'information
un petit module qui s'occuperait d'éducation, non pas uniquement au
niveau des programmes de cours dans les écoles et les collèges,
comme je vous le disais tantôt, mais également en recueillant et
en faisant connaître les expériences qui se multiplient dans
différents endroits du Québec.
Je prendrai également les moyens, au cours des prochains mois,
pour que circulent, auprès des groupes intéressés, les
nombreuses études et informations que nous possédons aux services
de protection de l'environnement. Je suis convaincu que les problèmes de
l'environnement deviendront des priorités dans la mesure où le
public informé adoptera de nouvelles attitudes face à nos
ressources et qu'il amènera le gouvernement à le suivre dans
cette voie.
Substances toxiques.
Au cours de la dernière année, le BEST,
c'est-à-dire le Bureau d'étude sur les substances toxiques, a
établi sa programmation qui comprend les points suivants:
premièrement, l'agression toxique; deuxièmement, les principales
causes d'agression toxique; troisièmement, l'analyse des effets sur le
milieu; quatrièmement, les moyens de lutte; et, cinquièmement,
les problèmes de toxicité dans le fleuve et dans le golfe.
Concernant le mercure au Québec, le BEST a établi
l'inventaire des principaux apports diffus et ponctuels permettant de
préparer un programme comprenant sept projets d'intervention pour
éliminer les causes d'intoxication du milieu.
C'est dans le cadre de ces études que je me suis rendu, le 15
décembre dernier, à Rouyn-Noranda, pour mettre en place une
structure de participation pour l'élaboration d'un programme d action. A
l'occasion de ma visite, un comité de coordination de neuf membres a
été formé, dont deux rerésentent les personnes qui
ont assisté à l'assemblée générale. Les
autres membres du comité représentent les élus de la ville
de Rouyn, de la ville de Noranda, un représentant de la chambre de
commerce, un représentant du mouvement antipollution, de l'Association
de chasse et de pêche, du Conseil régional de développement
et de la Société nationale des Québécois.
Le rôle de ce comité est de convenir, avec l'équipe
de chercheurs du BEST, des objectifs de qualité du milieu à
atteindre et de faire un choix des interventions qui doivent être faites
à la suite des recherches qui se poursuivent encore durant quelques mois
dans la région.
En d'autres mots, ce comité de citoyens de neuf personnes, qui
regroupe à peu près les éléments les plus
représentatifs de la société de Rouyn-Noranda, aura comme
mandat de recevoir hebdomadairement les renseignements de l'étude des
bureaux du BEST, qui a un budget de $2 millions. Ces renseignements vont
être vulgarisés et retransmis par le groupe des citoyens,
quotidiennement, s'il le faut, ou hebdomadairement, à tous les citoyens
de Rouyn-Noranda, pour que ceux-ci connaissent régulièrement
l'état de la pollution de Rouyn-Noranda. Ceci pour permettre à la
population de cheminer avec le gouvernement qui aura des décisions
à prendre dans un an, un an et demi. Il faut que les citoyens cheminent
en connaissant l'état de la situation de la pollution dans leur
milieu.
En plus de cela, ce comité de citoyens va faire un sondage
auprès de toute la population pour lui demander quelles devraient
être, selon son goût, son choix, les utilisations des ressources
qu'elle possède. Est-ce que tel ou tel cours d'eau dans la région
de Rouyn-Noranda devrait être utilisé pour la baignade, pour la
pêche, pour la chasse, pour l'alimentation en cours d'eau ou pour la
navioa-tion? Quels devraient être les objectifs qu'elle veut atteindre en
faisant un assainissement de son milieu naturel ambiant?
Les citoyens, donnant leur point de vue, vont aussi être
renseignés sur les contraintes d'un correctif à apporter,
contraintes sociales, contraintes économiques, de façon que, si
on veut redonner aux cours d'eau les usages que les citoyens ont
déterminés, il va falloir que les citoyens connaissent le
coût social, le coût économique que cela va faire.
Autrement dit, est-ce que des usines devront dépenser beaucoup
d'argent pour s'équiper et contrôler la pollution qu'elles
émettent? Est-ce qu'il y aura des coûts qui devront être
assumés par quelqu'un pour épurer et assainir tel cours d'eau?
Ces coûts amèneront peut-être des diminutions dans les voeux
de la population. Ce qui est important, c'est de faire la différence
entre un
choix aussi radical que des chômeurs en santé ou des
travailleurs malades. Il y a un juste milieu entre les deux. C'est aux citoyens
que je demanderai de cheminer avec nous, de déterminer leurs objectifs,
de connaître les contraintes pour ne pas leur donner exactement
l'ensemble des choses qu'ils réclament et de déterminer avec eux
jusqu'à quel prix ils sont capables de payer pour obtenir la jouissance
de ce milieu naturel. Dans un an et demi, nous pourrons prendre, au niveau du
gouvernement, une décision basée sur les positions que le
comité de citoyens aura prises avec la population. C'est ainsi que je
calcule qu'un comité de citoyens va cheminer avec le gouvernement,
permettant au gouvernement de prendre des décisions qu correspondent
à la réalité du milieu et aux besoins et à
l'acceptation des citoyens.
Cette opération constitue un précédent et une
première, je dirais, en Amérique, et elle doit permettre aux
citoyens de décider, en toute connaissance de cause des effets et des
moyens qu'ils veulent voir mettre en oeuvre pour assurer une qualité
à leur milieu de vie avec le coût social qu'ils doivent payer.
Services en territoire et interventions. Au mois de novembre, c'est
à Saint-Félicien que je me suis rendu cette fois pour rendre
public un rapport sur la rivière Chamouchouane, dernière
frayère importante de la ouananiche. L'installation d'une usine dans
cette région a permis d'illustrer la nécessité de
procéder à des études d'impact avant d'accorder les
autorisations pour des projets importants.
Il est important dans l'action de l'environnement de concilier les
notions d'économie et d'écologie. L'environnement est trop
souvent considéré comme l'empêcheur de tourner en rond. On
se plaît à voir une lutte entre le progrès
économique et la protection de l'environnement.
Il me semble pourtant évident que le gaspillage de nos ressources
ne peut pas être une des conditions du programme économique. La
preuve est d'ailleurs faite que l'utilisation à certains endroits
d'équipement antipollution permet une meilleure rentabilité par
la diminution du gaspillage. Je dis qu'on ne doit pas faire s'affronter le
développement économique et la protection de la ressource, ce
sont deux objectifs qui doivent être complémentaires. Comme je
l'ai souvent répété, ce qu'il faut que l'environnement
soit, c'est qu'il ne faut pas que l'environnement soit opposé
aveuglément au progrès, mais il faut que l'environnement soit
opposé au progrès aveugle. C'est la raison pour laquelle il est
important de s'assurer que, même s'il y a un profit immédiat,
local, pour un développeur dans une région, s'il appauvrit la
collectivité pour longtemps, c'est une perte pour tous les
Québécois, d'où l'importance de faire des études
d'impact avant qu'un développeur ne décide de
détériorer ou de changer la qualité d'un milieu de
vie.
A long terme ce sera un enrichissement collectif, si on prend le temps
de faire une étude d'impact sur le milieu, des audiences publiques pour
que les citoyens puissent s'exprimer, et ainsi faire un développement en
harmonie avec la nature pour le plus grand bien, non seulement du
développeur local et momentané de la région, mais pour
l'ensemble de la collectivité québécoise qui, elle, est
propriétaire des ressources naturelles.
J'ai également, au cours de l'année,
réorganisé les services de nos inspecteurs en territoires. Le
nombre de bureaux régionaux sera porté de neuf à treize.
Leur répartition a été améliorée pour
augmenter l'efficacité dans la distribution des permis et la
vérification des plaintes.
En conclusion, avant de terminer, il me fait plaisir de vous dire que
l'équipe qui est avec moi est prête à répondre et
à me donner tous les renseignements techniques que l'Opposition peut
poser. Ensemble nous sommes prêts à vous donner les
réponses pour que la commission parlementaire de l'environnement soit
productrice autant par les recommandations de l'Opposition que par les
idées des membres du gouvernement actuel.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Avant de faire de
très brefs commentaires, j'aimerais m'adresser à vous pour vous
dire ce qui suit: Si vous aviez eu l'honneur de présider la commission
parlementaire des affaires municipales la semaine dernière, vous auriez
su que nous avons pu, d'une façon très satisfaisante pour tous
les intéressés, poursuivre l'étude des crédits en
respectant le calendrier qui a été établi pour les divers
ministères.
Je m'explique: Autrefois il n'y avait pas de limite de temps. On savait
quand on commençait, mais on ne savait pas quand on allait terminer
l'étude des crédits d'un ministère donné.
Maintenant que nous avons un calendrier précis, il est prévu que
nous étudions les crédits de l'environnement aujourd'hui et
demain. Je voudrais vous dire tout simplement que nous, de l'Opposition
officielle et puisque le député de Saint-Hyacinthe a
participé aux débats sur les crédits des Affaires
municipales, je sais pertinemment qu'il est du même avis nous
avons l'intention, demain soir, à 22 heures au plus tard, de
déclarer adoptés tous les programmes de l'environnement. (10 h
45)
Puisque nous avons ce calendrier fixe, nous aimerions tout simplement
poursuivre un débat selon les sujets qui nous paraissent importants,
sans nécessairement regarder exactement où le sujet se situe
parmi les divers éléments des programmes. Si vous êtes
consentant, si le ministre et les députés ministériels
sont consentants, c est de cette façon que nous aimerions
procéder. Cela nous permettra de traverser le travail sans
complications.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, si c'est le voeu des membres de cette commission de
procéder ainsi, je n'ai qu'à présider les travaux et je
serai heureux de l'ac-
cepter. Sur le temps à prendre du côté
ministériel ou du côté de l'Opposition, je crois que je
ferai ce qui se fait normalement dans une commission parlementaire,
c'est-à-dire qu'on donne toujours un droit de parole aux partis de
l'Opposition avant le parti ministériel. Après, je ferai la
rotation entre le parti ministériel, s'il a des questions à
poser, et les membres de l'Opposition, mais j'essaierai d'équilibrer le
temps pour que cela soit juste pour tout le monde.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous en remercie. Nous
l'avons fait aux Affaires municipales avec un minimum de formalités, et
c'était très agréable presque tout le temps.
M. Léger: M. le Président, je suis d'accord avec la
proposition du député de D'Arcy McGee. Cela nécessitera
que tous les membres de mon ministère demeurent ici jusqu'à
demain, à moins que vous me disiez, à un moment donné, que
sur tel sujet, il n'y aura plus d'autres questions. A ce moment-là, je
pourrai les libérer; sinon, ils seront ici jusqu'à 10 heures
demain soir.
M. Goldbloom: Ah bon! M. le Président, je trouve que c'est
une demande tout à fait raisonnable et nous essaierons d'indiquer au
ministre quand nous aurons terminé sur un sujet donné, ce qui lui
permettra de juger quels membres de son personnel devraient rester avec
lui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, j'appuie la demande du
député de D'Arcy McGee, et si, M. le ministre, vous avez, par
hasard, un de vos fonctionnaires qui doit quitter demain durant la
journée, vous pouvez nous dire: Un tel doit partir à telle heure
et si on a des questions spécifiques à poser à ce service,
on terminera cet élément et il pourra disposer.
M. Goldbloom: C'est cela, M. le Président; une excellente
suggestion.
Le Président (M. Laplante): Vu qu'il y a accord de tous
les membres de cette commission, on commence. M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Brièvement, M. le Président. Je suis
obligé de constater que le député de Lafontaine, devenu
ministre de l'environnement, conserve toujours le championnat de la
durée des discours d'ouverture. Je n'ai pas l'intention de lui disputer
ce championnat.
Quand je suis arrivé ici ce matin, M. le Président, je me
posais même la question s'il était nécessaire de faire un
débat sur les crédits des services de protection de
l'environnement, parce que je tenais pour acquis, ayant vécu maintenant
plus de sept années dans les dossiers d'un côté de la table
comme de lautre, j'étais presque convaincu qu'avec l'arrivée de
l'omniscient et omnicompétent député de Lafontaine comme
ministre de l'environnement, après une année entière de
mandat, tout serait réglé, il ne resterait plus de
problèmes.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt le
discours du ministre. Il a avoué des choses qui concordent fort peu avec
ce qu'il disait quand il était le critique de l'Opposition. J'ai
même décelé un petit regret chez lui de ne pas être
à la fois ministre des Affaires municipales et ministre de
I'environnement. Cela lui aurait épargné des conversations et des
difficultés qui ne sont pas tout à fait aplanies, si je comprends
bien.
J'ai aussi retenu, avec un intérêt assez spécial, sa
déclaration selon laquelle il n'est peut-être pas
nécessaire d'avoir des normes pour tout ce qui peut toucher
l'environnement. Quand il critiquait, il disait qu'il fallait tour
réglementer, tout surveiller; peut-être ai-je mal compris ce qu'il
a dit, mais cela me paraissait étrange. Il va sûrement nous donner
des explications là-dessus.
Il nous avait parlé, l'an dernier, de la création d'un
vrai ministère de l'environnement c'est ainsi qu'il l'appelait
. Je constate que le député d'Iberville et le
député de Saint-Hyacinthe portent un macaron, que j'ai dans ma
poche, distribué par la Fédération des associations pour
la protection de l'environnement des lacs. Ce macaron porte la rubrique: Pour
un ministère de l'environnement. Une autre chose que je croyais
réglée et voilà qu'une année plus tard nous
trouvons que le ministre va de nouveau s'asseoir avec son collègue des
Richesses naturelles et déterminer les modalités du transfert de
certains éléments de ce ministère vers les services de
protection de l'environnement pour que ces derniers deviennent le gestionnaire
unique de la ressource eau.
Il me semble, M. le Président, que j'ai participé
moi-même à certaines conversations avec mes collègues du
temps qui occupaient la fonction de ministre des Richesses naturelles. Voici
que nous entendons de nouveau un ministre de l'environnement dire qu'il faut
finir par régler cela, et cette année, mais est-ce que ce sera
vraiment cette année? Et quand ce sera réglé, est-ce que
ce sera vraiment réglé? Est-ce que les interventions, les
éléments de responsabilité du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, du ministère de l'Industrie
et du Commerce, du ministère de l'Agriculture tomberont enfin sous la
juridiction du ministre de l'environnement ou est-ce que nous aurons toujours
des conflits entre les usagers et les protecteurs de la ressource eau?
Sans doute que le ministre apportera davantage de précision sur
la constitution de ce ministère qu'il avait réclamé
lui-même pendant tant d'années et qu'il devait créer avec
énormément de facilité et de simplicité, dès
son arrivée au pouvoir.
Je ne peux m'empêcher, M. le Président, de faire le
commentaire suivant: Si j'étais toujours ministre et si j'avais,
à la fin d'une année d'activité, a avouer qu'il n'y avait
eu que trois règlements de publiés, j'aurais essuyé des
foudres invraisemblables de la part du député de Lafontaine. Si
j'avais dit: Mais il y en a dix autres qui s'en viennent presque
immédiatement, il m'aurait ri au nez. Mais, M. le Président, je
ne lui rends pas la
pareille. Il a à apprendre à vivre avec des contraintes;
il est en train de le faire. Le ton de son discours a quand même
été différent de celui qu'il empruntait autrefois.
J'ai été aussi intéressé de l'entendre
parler d'une équipe qui avait travaillé à évaluer
l'environnement de la baie James et l'impact écologique de certaines
interventions. Si je l'ai bien compris, il a indiqué que cette
même équipe a été récupérée et
travaille sur un autre territoire à l'intérieur de notre
province. Il a dit que c'est à cause de la qualité du travail
accompli par cette équipe à la baie James que le gouvernement a
cru bon de garder ces compétences chez nous et de s'en servir pour
étudier et protéger l'environnement ailleurs au
Québec.
M. le Président, je me rappelle les critiques virulentes qui
fusaient de partout quand le projet de la baie James a été
lancé et a été poursuivi. Il y avait des demandes pour que
ce projet soit arrêté; on disait que des choses allaient
totalement détruire l'environnement de ce territoire fragile; on
réclamait que tout cela soit examiné publiquement et que l'on
fasse une pause considérable avant d'aller de l'avant avec un projet de
cette nature. Aujourd'hui, on sait que le gouvernement actuel, le Parti
québécois devenu gouvernement, a changé son fusil
d'épaule et trouve que le projet de la baie James est la meilleure
initiative prise par le gouvernement qui l'a précédé.
Il semblerait que le travail entrepris par le gouvernement du temps, en
collaboration avec le gouvernement fédéral, pour analyser
l'impact écologique de tout ce qui se faisait à la baie James et
pour protéger l'environnement et les intérêts des
autochtones et tout cela était mieux fait que ne le disait l'Opposition
du temps. J'en suis heureux, M. le Président. Je suis convaincu que
l'actuel gouvernement, en poursuivant son travail, se trouvera obligé
d'admettre que bien des choses avaient été mieux faites que ne
disaient ses ténors quand ils étaient de l'autre
côté de la table.
M. le Président, ce sont quelques commentaires que m'inspire le
discours du ministre et quant à son contenu et quant à ses
lacunes. Nous abordons l'étude des crédits avec une très
grande sérénité, parce que nous avons tous la même
préoccupation, nous avons tous le même objectif, nous voulons que
le Québec puisse poursuivre son développement et que ce
développement soit respectueux de l'environnement, respectueux de la
capacité de cet environnement à produire ce dont nous avons
besoin. Nous sommes tous désireux d'obtenir la collaboration de tous les
citoyens du Québec à cette fin et nous sommes tous
désireux de promouvoir l'éducation des jeunes pour que les oublis
et les négligences du passé ne soient plus monnaie courante
à l'avenir et que nous puissions protéger notre environnement
sans même être obligés de faire l'effort policier qui est
nécessaire maintenant, parce que le respect arriverait avant les
interventions.
Si j'ai été un peu humoriste voire sarcastique, tout
à l'heure, M. le Président, cela ne cache pas le
dévouement, le souci que j'ai toujours eu à l'endroit de cette
responsabilité qui est parmi les plus importantes que peut
détenir un gouvernement. (11 heures)
Je ne veux pas, par les flèches que j'ai lancées au
ministre, qui étaient fort petites par comparaison avec celles que je
recevais dans le temps, laisser l'impression que mes objectifs sont
différents des siens et que les efforts qu'il fait pour accomplir sa
tâche ne sont pas des efforts qui méritent notre respect et notre
encouragement.
Justement, M. le Président, je voudrais terminer ces quelques
remarques en l'encourageant à poursuivre son travail. Essentiellement
dans le même sens, nous allons lui suggérer des
améliorations et surtout des accélérations d'action, comme
il le ferait s'il était de ce côté-ci de la table. Mais,
dans l'ensemble, le travail est le prolongement de ce qui a été
créé au cours des années 1971 à 1976,
inclusivement. Ce n'est pas sur le plan personnel, mais sur un plan collectif
que j'exprime une toute petite fierté que ce prolongement soit en
évidence aujourd'hui et que nous puissions discuter de ce sujet avec un
esprit de conviction commune que nous sommes sur la bonne voie et que nous
allons réussir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Le 13 avril 1977, M.
le ministre nous faisait part que le second geste qu'il avait posé en
prenant possession de son ministère avait été de commander
à ses fonctionnaires une étude globale de tous les
problèmes d'environnement au Québec, c'est-à-dire un bilan
détaillé de toutes les sources de pollution de l'eau, de l'air et
du sol. J'aimerais que le ministre nous fasse connaître si cette
étude est terminée. Si oui, quelles en sont les grandes lignes et
sinon, quand la recevra-t-il?
Egalement, l'année dernière, le ministre, avec assurance,
nous faisait part de sa ferme intention de transformer les services de
protection de l'environnement en un véritable ministère de
l'environnement. Au mois de janvier, dans une déclaration qu'il faisait,
le ministre nous informait de la création imminente de ce nouveau
ministère. Permettez-moi, M. le Président, de faire un peu
allusion à cette déclaration. Etant donné que ce
ministère n'a pas encore vu le jour, serait-il possible au ministre de
nous faire connaître le pourquoi tout à l'heure, il nous a
donné un peu d'explications et de nous dire s'il a
affronté des écueils en cours de route, soit de la part du
Conseil des ministres ou des autres ministères concernés?
Lorsque le ministre nous parle de la création d'un
ministère dans peu de temps, j'aimerais connaître à quelle
durée le ministre fait allusion lorsqu'il parle de peu de temps. Je
comprends qu'il est toujours plus facile d'exprimer des désirs que de
concrétiser ses pensées. Nul doute que le ministre, malgré
toutes ses bonnes intentions, a dû trouver, sur son passage, des
difficultés, sur-
tout en ce qui regarde le rapatriement des responsabilités de la
gestion de l'eau détenues actuellement par les ministères des
Terres et Forêts et des Richesses naturelles.
Au fait, M. le Président, où en sont rendues les
études du comité interministériel des sous-ministres de
l'environnement, des Terres et Forêts et des Richesses naturelles afin
d'établir des mécanismes de transfert de ces juridictions aux
services de l'environnement avec le personnel qui suivra?
L'année dernière, le ministre nous informait qu'il nous
présenterait un projet à cet effet. Nous constatons avec
satisfaction, cette année, que le budget du ministère a
été augmenté et que l'effectif en personnel a aussi
été augmenté. Je me demande, M. le Président, si le
ministre est satisfait de ces deux augmentations car, présentement, nous
constatons ici, je ne veux d'aucune manière blâmer le
personnel du ministère qui nous accueille toujours avec courtoisie
que, dans certains cas, nous devrons attendre passablement longtemps
avant d'obtenir une réponse.
Je veux ici apporter mon appui au ministre afin qu'il puisse, cette
année encore, augmenter les effectifs de son ministère en nombre
suffisant, afin de rendre ce ministère plus efficace.
En regardant le rapport annuel du conseil consultatif, j'ai
constaté, à la page 13, que parmi les études qu'il juge
prioritaires, le conseil a retenu les suivantes:
Etude des moyens de promouvoir le développement des sciences de
l'environnement à tous les niveaux de l'enseignement.
Le ministre déclarait, le 2 janvier dernier: "Le ministère
de l'Education créera l'horaire des cours de la protection de
l'environnement dès le mois de septembre prochain, afin de sensibiliser
les étudiants du cours secondaire, des CEGEP, de l'université et
des cours pour adultes, aux divers problèmes dans ce domaine".
J'aimerais savoir, M. le Président, quelles sont les
démarches qui ont été faites auprès du
ministère de l'Education, afin que ces souhaits deviennent des
réalités.
M. le Président, je n'apprendrai rien au ministre en l'informant
que le problème numéro un au Québec, dans le secteur de
l'environnement, c'est d'abord la qualité de l'eau. Vous pouvez
être assuré que j'en sais quelque chose, étant donné
que je demeure dans une très belle ville, située dans le bassin
de la Yamaska. Point n'est besoin de vous dire que c'est la ville de
Saint-Hyacinthe.
M. le ministre, cette année, nous avons eu au printemps certains
inconvénients mais cependant, beaucoup moins qu'en 1977.
Avant d'aller dans les détails concernant l'assainissement de la
Yamaska, j'aimerais que le ministre exprime son avis sur l'assainissement des
eaux de cette rivière. Nul doute, M. le Président, que vous
accorderez au ministre tout le temps voulu, étant donné que le
président de l'Assemblée nationale ne lui avait pas
accordé ce privilège, suite à une question que je lui
posais.
Ici, je réitère une question que je posais au ministre
l'année dernière, concernant la prépara- tion des
règlements antipollution à venir. Il nous a fait part de trois
règlements, mais il y en avait dix à l'étude.
J'espère que ces règlements nous seront présentés
le plus tôt possible. J'aurai d'autres questions à poser au
ministre lorsque nous étudierons ses crédits.
En terminant, j'assure le ministre de mon entière collaboration
et j'espère que dans un avenir imminent, nous verrons la création
d'un ministère de l'environnement. C'est pourquoi je porte aujourd'hui
le macaron sur lequel est écrit: 'Pour un ministère de
l'environnement".
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député
d'Iberville.
M. Jacques Beauséjour
M. Beauséjour: M. le Président, le
député de D'Arcy McGee a semblé manifester avec humour le
fait que le ministre pouvait regretter de ne pas porter deux chapeaux, soit
celui du service de la protection de l'environnement et celui des Affaires
municipales.
Pour ma part, je l'ai compris d'une façon toute autre. J'ai
compris, de la part du ministre, que pour en arriver à la formation d'un
vrai ministère de l'environnement, il fallait d'abord y mettre de
l'ordre, c'est-à-dire que le futur ministère de l'environnement
ait vraiment juridiction dans le domaine de l'air, de l'eau et du sol. Et pour
ce qui regarde la qualité des installations de filtration ou du
système d'épuration, cela pourrait relever d'un autre
ministère, en l'occurrence le ministère des Affaires
municipales.
C'est peut-être une des raisons pour lesquelles le
ministère n'est pas encore installé aujourd'hui. En essayant de
départager les différentes responsabilités, ce à
quoi le ministre s'apprête, nous aurons bientôt un vrai
ministère de l'environnement.
Je voudrais insister sur un autre aspect de l'environnement puisque, si
on regarde l'éducation en général, au niveau de la
population et peut-être plus les habitudes des francophones que des
anglophones, puisqu'il semble que les anglophones, si on regarde surtout les
Etats-unis, ont un respect plus grand de l'environnement, ce sur quoi je
voudrais insister, c'est sur l'éducation et l'information de tous les
règlements et les lois que le ministère voudra adopter.
Quand on a pris des habitudes qui datent de longtemps, souvent, pour les
changer pour le mieux, il est important que la population et les
différents groupes concernés soient informés. Il est
préférable de prendre du temps afin que, dans chacun des milieux,
on accepte de transformer de mauvaises habitudes. Peut-être qu'il y en a
parmi nous qui ont été facilement portés à ouvrir
la fenêtre de l'automobile et à jeter le paquet de cigarettes ou
les cigarettes et quand il y a un trou d'eau, à y déverser des
déchets. C'est une habitude qu'il faut changer, c'est sûr. Je
crois que, du côté de l'information, le ministère de
l'environnement a un rôle important.
Récemment, il y a des règlements qui ont été
apportés pour la gestion des déchets solides. Il y a aussi des
règlements touchant les carrières et les sablières,
domaines qui touchent encore plus les gens de mon comté. En plus de la
publicité à la télévision ou dans les journaux, je
crois qu'il est important qu'il y ait des gens du ministère qui se
déplacent pour aller au coeur des problèmes porter l'information.
C'est peut-être la meilleure façon pour la population de changer
ses habitudes et d'accepter de développer des habitudes en fonction d'un
meilleur environnement.
M. le Président, je sais que le ministre veut travailler dans ce
sens et que les différents règlements et lois seront
expliqués à la population. Ce que je souhaite, c'est qu'on prenne
le temps de discuter avec les différents milieux, afin que le
développement de notre société soit profitable et que les
citoyens collaborent à un meilleur environnement. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauharnois.
M. Laurent Lavigne
M. Lavigne: M. le Président, je serais bien mal
placé de ne pas intervenir à ce moment-ci, parce que je
considère comme étant urgente la formation d'un ministère
de l'environnement.
Actuellement, nous avons un service de protection de l'environnement.
Même si cela ne fait pas tellement longtemps que le député
de Lafontaine est en charge de ce service, déjà on sent une
volonté, une détermination de vouloir faire en sorte que
l'environnement soit davantage protégé.
J'appuie, avec toute la force possible, la formation de ce
ministère. Je souhaite que le gouvernement en place aussi bien que
l'Opposition se serrent les coudes pour que ce ministère prenne
naissance le plus rapidement possible. Je demanderais ou je ferais appel aussi
à d'autres ministères qui sont très près de
l'environnement, aussi bien les Affaires municipales, l'Agriculture que les
Transports, peu importe j'en oublie peut-être quelques-uns
pour qu'ils soient conscients de l'importance de la création du nouveau
ministère de l'environnement. Je trouve cela urgent. Plus cela va, plus
on prend conscience de l'importance de protéger notre environnement.
J'appelle même la population, aussi bien les individus, les
propriétaires d'usines que les fabricants de toutes sortes à
participer aussi à la volonté de voir naître un
ministère de l'environnement le plus rapidement possible. (11 h 15)
J'espère que ce ministère, une fois formé, aura
à sa disposition un budget. J'invite donc le ministère des
Finances à tenir compte de ce que ce nouveau ministère aura
besoin d'un budget considérable parce qu'il y a un gros travail à
faire, particulièrement, dans la région de Beauharnois; on sait
à quel point nos rivières, nos lacs sont pollués, l'air
est pollué aussi. Les municipalités sont mal pourvues de
réseaux d'égout et d'aque- duc. Donc, autant de domaines sur
lesquels ce nouveau ministère aura à intervenir. Je pense que
tout cela se fera en harmonie et avec la volonté de toute la population,
indépendamment du secteur dans lequel on oeuvre. Je ne veux pas
être plus long, mais j'insiste sur le désir de voir naître
ce ministère dans les plus brefs délais.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que M. le ministre
voudrait répondre aux interventions des députés?
M. Marcel Léger
M. Léger: Certainement. Je voudrais d'abord
féliciter tous les intervenants, autant les députés du
gouvernement que ceux de l'Opposition pour la préoccupation qu'ils ont
et l'attitude très positive de la critique qu'ils sont appelés
à faire pour l'adoption des crédits. Avant de répondre
à certaines questions, je voudrais compléter la
présentation du personnel. M. Jean Piette, chef du contentieux, qui
vient d'arriver, aussi M. Michel Lamontagne, du bureau de l'étude des
substances toxiques. Tantôt, j'avais parlé de M. Tony Le Sauteur,
et du programme des lacs. Je veux dire que, comme on est en train de
créer une structure, quand le ministère va être en place,
de la direction générale de la nature, M. Tony Le Sauteur est
responsable, conseiller-cadre chargé de la mise sur pied de la direction
générale de la nature. Il y a également M. Louis Tremblay,
du cabinet du directeur des services. J'espère que je n'en oublie
pas.
Je voudrais simplement répondre à certaines questions qui
m'ont été posées, entre autres, par le
député de d'Arcy McGee qui me parlait des petites flèches
qui étaient bien petites comparativement aux coups de canon que je
voulais lancer dans le temps que j'étais dans l'Opposition. Je voudrais
simplement dire que des petites flèches empoisonnées peuvent
être aussi méchantes. Ce n'était pas le cas, cependant, ce
matin. Ce n'est pas la grosseur de l'obus, c'est l'effet qu'il donne qui
compte.
Je voudrais corriger peut-être certaines interprétations
qu'on a données au texte que je lisais tantôt. Entre autres, le
député de D'Arcy McGee disait que je parlais avec nostalgie, du
fait qu'il y avait un ministre pour deux ministères, les Affaires
municipales et l'environnement. Je pense qu'il y avait quand même un
problème à ce niveau, qui était celui d'être juge et
partie dans deux ministères. Le fait que ce soit le même ministre
qui émettait une ordonnance au niveau de la salubrité du milieu,
c'était très facile pour lui, par la suite, en ayant prévu
que comme ministre des Affaires municipales, il pouvait donner dans un
programme quelconque une subvention à une municipalité,
c'était beaucoup plus facile, alors qu'actuellement, quand le ministre a
une préoccupation de la salubrité du milieu, il doit poser des
gestes qui ont comme priorité la qualité du milieu. Cela ne veut
pas dire qu'au ministère en question il y a immédiatement le
programme financier. C'est la raison pour laquelle on a voulu répartir
les tâches. Je ne
voudrais surtout pas qu'il y ait encore un ministre pour les deux
ministères, puisque ce sont deux vocations aux orientations très
différentes qui doivent être complémentaires dans
l'activité, mais qui relèvent difficilement de la même
personne.
Un peu plus loin, le député de D'Arcy McGee rappelait que
j'avais dit que je demandais beaucoup de normes dans le temps que
j'étais dans l'Opposition et qu'aujourd'hui, je ne semblais pas les
trouver importantes. J'ai voulu dire que des normes ne peuvent être
qu'une façon de donner une certaine qualité de pollution permise
et que les normes ne correspondent pas nécessairement aux besoins d'une
population, puisque des normes générales ne tiennent pas compte
des particularités régionales et qu'il faut beaucoup plus
être un gestionnaire de l'environnement qui permet d'édicter non
seulement des normes, mais d'apporter des solutions précises à un
milieu donné, non seulement basé sur les normes, mais sur les
besoins des ressources.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse d'interrompre
le ministre, mais pourrait-il relire pour nous ces quelques lignes dans son
texte, pour que nous comprenions exactement ce qu'il a voulu dire?
M. Léger: J'ai dit qu'il n'est pas possible
d'édicter des normes pour toutes les activités qui touchent
à l'environnement.
M. Goldbloom: C'est ce que j'avais compris.
M. Léger: Je disais qu'on s'expose à sursimplifier
les problèmes en étant parfois trop sévère, parfois
trop généreux, et non pas nécessairement à une
région. A la fin, je disais: II faut que nous soyons capables de
contrôler le milieu par la surveillance, l'inspection et
l'établissement des normes, mais parce qu'on aurait en même temps
établi la gestion du milieu ambiant. Cela se complète, mais les
normes ne sont pas l'arme numéro 1.
Un peu plus loin, le député de D'Arcy McGee disait que
c'était difficile de donner de gros résultats et que... Je vais
quand même, sans envoyer de flèches, démontrer que, depuis
deux ans, il y a eu un coup de barre de donné à I'environnement.
Par voie de comparaison, comme de raison, c'est plus facile pour quelqu'un qui
veut apporter des résultats et qui veut les comparer. Il faut quelque
chose à comparer. Quand le député de D'Arcy McGee
était ministre de l'environnement, il ne pouvait pas se comparer,
puisqu'il n'y avait rien avant. C'est le député de D'Arcy McGee,
qui était le ministre responsable de la protection de l'environnement,
qui a mis, de toutes pièces, un programme et qui a bâti une loi.
Je lui disais d ailleurs que les Québécois devaient être
reconnaissants au député de D'Arcy McGee d'avoir
présenté une loi sur la qualité de l'environnement, qui
était un point de départ. Il comparait donc, son travail à
une situation où il n'y avait rien; il a réellement
réalisé quelque chose et je l'en félicite.
Mais moi, maintenant, étant donné qu'il a fait sa
performance, je puis comparer la mienne avec la sienne. Avant, il ne pouvait
rien comparer. Je peux simplement dire qu'au niveau des règlements
l'ancien ministre de l'environnement avait, en quatre ans,
présenté cinq règlements, alors qu'on en a
présenté trois dans une même année. Si on compare
les deux performances, c'est donc dire que c'est une amélioration que,
peut-être, un autre ministre qui pourrait nous suivre, pourrait
dépasser. Je tiens quand même à souligner que nous en avons
fait trois en un an, alors qu'il y en avait eu cinq en quatre ans.
Deuxièmement, je tiens à souligner que, au temps où
le député de D'Arcy McGee était ministre, il avait un
budget qui variait de quelques millions et se situait autour de $17 millions
à $18 millions et que le budget est maintenant passé de $18
millions, qui ont été votés en avril 1976, donc, sous
l'ancien gouvernement, à $20 500 000 en avril 1977 et, maintenant
à $29 678 000. C'est donc dire une grosse augmentation, donc, un bon
coup de barre dans le domaine des ressources financières. Concernant les
ressources en personnel, je tiens à dire que, dans les deux
dernières années du gouvernement précédent,
c'est-à-dire en 1975/76 et 1976/77, il n'y a eu une augmentation que de
45 personnes, c'est-à-dire 40 une année et 5 la deuxième
année; notre augmentation de personnel est maintenant de 161 en deux
ans, pratiquement quatre fois l'augmentation qu'il y avait eu les deux
dernières années. Je suis très heureux de dire que je
vois, dans ces trois domaines, où c'est quantifiable et chiffrable, une
nette amélioration dans le domaine de l'environnement. Si, par hasard,
ce qui est une chose peu probable, le député de D'Arcy McGee
redevient ministre de I environnement, parce qu'il faudrait qu'il reprenne le
pouvoir pour cela, s'il revenait, il aurait, à ce moment-là, un
modèle à essayer de dépasser pour ses performances
futures.
Quant aux questions du député de Saint-Hyacinthe, je
voudrais lui dire que la réalisation ou la mise en place d'un futur
ministère de l'environnement demande des périodes de rodage, en
ce sens qu'il y a presque neuf ou dix mois, les deux ministres,
c'est-à-dire le ministre des Terres et Forêts et des Richesses
naturelles et le ministre de I'environnement, avaient convenu ensemble de la
transmission de juridictions dans le domaine de la protection de la ressource,
c'est-à-dire la protection de la terre dans le domaine des terres et
forêts, la protection de l'eau, dans le domaine des richesses naturelles,
à l'environnement, de façon que le ministère devienne le
ministère développeur et celui de l'environnement le
protecteur.
Par la suite, il ne faut pas oublier la nécessité de faire
les choses dans l'ordre, sans nuire aux services à la population. Parce
que vous savez, ça vaudrait dire le transfert de près de 1200
fonctionnaires, 600 aux Richesses naturelles, 600 aux Terres et Forêts,
qui viendraient au niveau du ministère de I environnement. Ceci demande
une transition assez souple pour ne pas brimer les services à la
population pendant qu'on fait cela. Il
fallait nécessairement qu'on mette sur pied un comité. Il
y a un comité qui a été formé, avec mandat de
s'assurer de personnes ressources dans les deux ministères et qui a
préparé un document qui a été accepté par le
premier ministre, il y a sept ou huit mois; à la suite de ce document,
il y a eu les moyens de le réaliser.
Les membres du groupe de travail devaient consulter les fonctionnaires
des trois ministères, voir les avantages et les inconvénients
d'un regroupement. Il y a toujours des inconvénients, même si les
avantages sont absolument vitaux et primordiaux. Par la suite, il fallait voir
l'ampleur des quelques inconvénients qu'il y avait et trouver des
solutions à ces problèmes. Cette étape a été
franchie et, par la suite, ce même groupe de travail, ayant pris
connaissance des éléments du dossier, a informé et
consulté les fonctionnaires des autres ministères des
préoccupations du deuxième ministère. Ce groupe de travail
a préparé un dossier qui nous a été remis et on a
en même temps apporté les solutions à ces problèmes.
Dans quelques semaines, je dois avoir le rapport définitif sur la
façon dont on va intégrer toute cette grosse machine
administrative qui amènera à l'environnement près de 2000
fonctionnaires, alors qu'il y en a actuellement environ 700.
Concernant le développement des sciences de l'éducation,
on avait parlé de voir à ce que l'éducation de la
population soit une préoccupation de l'environnement et du
ministère de l'Education. C'est la raison pour laquelle nous allons
renseigner les citoyens, aussi bien par des cours dans les universités,
les CEGEP, au secondaire et à l'élémentaire. Il y a
quelques cours qui vont commencer à l'automne au niveau secondaire; aux
autres niveaux ce sera peut-être l'année suivante. Il va aussi y
avoir des cours d'éducation aux adultes pour les groupes de citoyens,
qui commencent à être très nombreux au Québec, qui
prennent en main la protection de leur milieu de vie et qui ont besoin
d'être renseignés sur les techniques nouvelles, sur les
possibilités de s'occuper davantage de tel aspect particulier de
l'environnement de leur milieu.
Concernant le projet de l'épuration des eaux de la rivière
Yamaska, il est nécessaire de remarquer que le plan que nous avions mis
de l'avant devra être réalisé. Cependant, il faut le faire
par étapes et la première étape, c'est commencer par
l'amont d'une rivière. Il serait inutile de mettre tout l'argent pour
l'ensemble de la rivière et ne redonner qu'une partie du cours d'eau...
c'est-à-dire ne même pas redonner une partie du cours d'eau parce
qu'on n'aura dépollué que la moitié si on ne touche pas
les trois sources de pollution connues qui sont: les pollueurs municipaux, les
pollueurs industriels et les pollueurs agricoles.
C'est donc dire que l'objectif de la première étape, c'est
de commencer immédiatement dans la région de Yamaska-Nord,
c'est-à-dire les municipalités de Waterloo et Granby, ainsi que
les sources de pollution aussi bien agricoles, industrielles que municipales,
puisque c'est de Waterloo et Granby que part la source de pollution pour le
reste de la rivière. Ceci ne met absolument pas de côté le
commencement des travaux dans la région sua, c'est-à-dire en aval
de la Yamaska, la région de Saint-Hyacinthe et les autres
municipalités. Le coût premier sera d'environ $30 millions qui
doivent être dépensés dans la région de
Yamaska-Nord, qui, de toute façon, est une source de pollution. Si elle
est enrayée, cela va diminuer de beaucoup l'eau qui passe devant la
municipalité du député de Saint-Hyacinthe.
Je remercie aussi chacun des députés qui ont parlé
de leur appui à la création du ministère de
l'environnement. J'ai remarqué que le député de D'Arcy
McGee, tout en nous montrant le...
M. Goldbloom: Le macaron.
M. Léger: ... macaron, l'a remis dans sa poche. J'aurais
préféré qu'il le mette à son veston comme les
autres députés. Est-ce à dire que le député
de D'Arcy McGee est d'accord avec la création de ce ministère ou
voulait-il seulement faire remarquer qu'il était au courant?
M. Beauséjour: II peut le mettre à la place de
l'autre.
M. Goldbloom: M. le Président, puisque je constate que le
ministre n'en a pas un, je lui passe le mien.
M. Léger: Je tiens à dire que j'en ai une grosse
boîte à mon ministère, mais le ministre ne doit jamais
être trop en avant de la population. Quand les citoyens l'auront
réellement réclamé, comme c'est le but du ministre, ils
l'auront. Mais je vais le mettre immédiatement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Cordeau: Est-ce que les autres membres de la commission
pourraient porter leur macaron? Autrement on va penser qu'ils ne sont pas
d'accord.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais demander une
petite courtoisie à mes collègues de la commission. A cause d'un
événement spécial à Montréal, je ne serai
pas en mesure d'être ici cet après-midi. Je serai de retour demain
pour la suite des travaux. Mais, puisque je ne serai pas ici, si je peux me
permettre de poser certaines questions maintenant... (11 h 30)
M. Léger: Si les crédits, du fait qu'il n'y aurait
plus de questions, étaient adoptés cet après-midi, est-ce
que vous avez des questions que vous voulez absolument garder pour demain, ou
si vous pouvez les donner aujourd'hui?
M. Goldbloom: Je pourrai le dire au ministre à midi. Je
suis convaincu cependant que je n'aurais pas épuisé en une
demi-heure toutes mes questions sur l'environnement. Ce serait insultant pour
la responsabilité que détiennent le ministre, le
gouvernement et la collectivité. Je vais faire une toute
dernière remarque, M. le Président, parce que je ne voudrais pas
poursuivre le badinage, mais, en écoutant le ministre tout à
l'heure, je me rappelais le dicton: Quand je me regarde, je me désole;
quand je me compare, je me console. Cela vaut pour lui, mais il me permettra de
m'en servir également pour moi-même.
M. le Président, j'aimerais d'abord demander au ministre de bien
vouloir nous fournir deux documents: le plan d'organisation supérieur
des services de protection de l'environnement et la liste du personnel de son
cabinet avec une indication de la formation de chaque membre et du salaire
donné. M. le Président, je voudrais revenir à cette
question de la création d'un ministère.
M. Léger: Vous ne nous avez pas dit encore si vous
étiez d'accord.
M. Goldbloom: Je suis sur le point de m'expri-mer, M. le
Président. Dans le passé, j'ai fait l'observation suivante, que
le mot ministère n'a pas en lui-même une valeur magique. Le
ministre, l'an dernier, a avancé quelques arguments pour indiquer que,
si les services de protection de l'environnement s'appelaient plutôt
ministère de l'environnement, ce serait un titre plus prestigieux et que
ce prestige serait utile au niveau des débats
fédéraux-provinciaux et des rapports à l'intérieur
du Conseil des ministres, et ainsi de suite. Mais j'ai toujours reconnu que si,
plutôt que de changer le titre, on changeait la composition,
l'éventail des responsabilités, si l'on augmentait la force de
cette entité que l'on appelle toujours aujourd'hui services de
protection de l'environnement, là, on changerait vraiment quelque chose.
C'est pour cela que la discussion, ce matin, porte plutôt sur le
calendrier suivant lequel le gouvernement réaliserait cette
transformation que sur l'opportunité de créer un
ministère. Cette distinction n'était pas souvent faite dans le
passé. On disait: II faut un ministère, mais on n'étoffait
pas cette réclamation par le genre de détails que le ministre
nous fournit présentement.
L'an dernier, il nous a dit, et c'est il y a treize mois maintenant,
parce que c'était au mois d'avril c'était le 13 avril 1977
qu'il nous a dit qu'il s'était déjà assis à la
même table avec le ministre des Richesses naturelles et le ministre des
Terres et Forêts, la même personne en l'occurrence, et qu'il avait
constitué un comité interministériel composé des
trois sous-ministres intéressés et que ce comité avait
déjà fait un certain travail qu'il disait, ce 13 avril:
"Actuellement, ce projet devra passer bientôt devant un comité
permanent puisque les deux ministres sont d'accord et que les fonctionnaires
eux-mêmes ont préparé les documents pertinents. Nous allons
bientôt présenter un projet, dans tout le pipeline de
l'organisation administrative gouvernementale que l'ancien ministre
connaît fort bien pour l'adoption de ce projet pour rapatrier ces
juridictions".
Or, M. le Président, il y a treize mois, déjà les
documents étaient prêts, ils devaient être soumis à
un comité permanent du Conseil des ministres. Les ministres semblaient
d'accord, puisque le comité de leurs sous-ministres avait
préparé les documents en question. Il nous a été
indiqué qu'un projet de loi serait déposé dans les mois
qui suivraient et, encore treize mois plus tard, il y a des décisions
à prendre là-dessus.
L'an dernier, quand le ministre nous disait que le projet passerait
bientôt devant le comité permanent du Conseil des ministres, il ne
nous a pas dit: Mais, attention, il y aura un temps considérable qui
sera nécessaire pour l'adaptation parce qu'il y aura des centaines de
fonctionnaires qui changeront de ministère. Il ne nous a pas dit cela.
Il arrive aujourd'hui avec cette explication additionnelle pour nous montrer
que ce n'était pas possible pour lui de réussir ce dont il
s'était vanté auparavant.
Il est en train d'apprendre j'aurais aimé qu'il l'ait
appris dès 1971 que les choses ne se réalisent pas aussi
rapidement que voudrait un ministre quelconque dans un gouvernement. Mais, dans
le temps, c'était la faute et la faiblesse du ministre, c'était
le fait que le gouvernement n'attachait pas d importance et ne donnait pas de
priorité à l'environnement. C'était tout cela.
Aujourd'hui, je pourrais lui dire la même chose, je pourrais lui dire que
son gouvernement n'attache pas beaucoup d'importance et ne donne pas une
très grande priorité à l'environnement puisque, treize
mois plus tard, il n'y a rien d'accompli quant à la création de
ce ministère jugé indispensable par le ministre lui-même.
Je pourrais lui dire qu'il est un faible, parce qu'il n'a pas réussi
à convaincre ses collègues du Conseil des ministres de passer
à l'action dans ce domaine. Mais, puisque je n'ai pas le même
tempérament que lui, ni le même style, je m'abstiens de dire ces
choses.
M. le Président, je ne pense pas que le ministre puisse nous
éclairer davantage là-dessus, il a déjà dit que les
négociations se poursuivent et que le transfert va s'effectuer. S'il
confirme cela, je tiendrai pour acquis qu'il sera plus prudent cette
année que l'an dernier et que, s'il ne connaît pas un calendrier
précis pour la présentation et l'adoption d'un projet de loi
si un projet de loi est toujours nécessaire pour effectuer le
transfert de juridictions il nous dira approximativement quand nous
aurons ce vrai ministère de l'environnement dont il porte maintenant le
macaron.
M. Léger: M. le Président, je vais tenter de faire
déposer d'ici la fin des travaux de la commission le document qu'il a
demandé tantôt. Concernant la réalisation de l'objectif,
qui est celui de créer un ministère, je suis d'accord avec tout
ce qu'il a dit, dans le sens qu'il faut passer par l'étape non pas de la
négociation sur le principe, mais de la négociation sur les
modalités de réalisation, puisque les principes ont
été acceptés, les objectifs ont été mis de
l'avant, il faut maintenant les réaliser et de la façon la plus
harmonieuse possible.
D'ailleurs, je pense que ce serait peut-être intéressant de
savoir un peu quelles sont les orientations d'un ministère de
l'environnement.
parce que la réorientation des activités gouvernementales
dans le domaine de l'environnement a soulevé des questions relativement
à la mission d'un ministère de l'environnement, aux fonctions et
aux moyens du gouvernement dans le domaine de l'environnement.
Je pense que la mission du ministère de l'environnement, c'est de
prévenir la détérioration et de restaurer la
qualité du milieu ambiant, eau, air, sol. C'est pour cela qu'il faut
avoir la juridiction sur les trois, pour satisfaire les besoins
environnementaux actuels et futurs de la population et non pas être
uniquement, comme pompier, en train d'arrêter des problèmes qui
nous surgissent à la face parce qu'on ne les a pas prévus.
Donc, il faut penser à l'avenir et réaliser que la
population a les besoins suivants: de l'eau saine, de l'air salubre et du
contact avec la nature. La population doit aussi être
protégée contre les dérèglements de la nature.
C'est la mission du futur ministère de l'environnement.
Le deuxième point, ce sont les fonctions. Il y avait deux
thèses qui avaient été avancées, qui étaient
celle d'édicter des normes, dont on parlait tantôt, et aussi celle
de la gestion du milieu ambiant.
Sans renier complètement la première possibilité
qui doit demeurer là quand même, on a plutôt opté
pour la seconde, et ceci, pour quatre raisons majeures. Il n'est pas possible
d'édicter des normes pour toutes les activités qui touchent
à l'environnement. Comme je le disais tantôt, on s'exposerait
à sursimplifier les problèmes, en étant parfois trop
sévère et parfois trop généreux. Les gens qui
connaissent le ministère de l'environnement en fonction de leurs besoins
ne veulent pas simplement des normes. Ils veulent des solutions à leurs
problèmes. Le système normatif touche aux utilisations qui
dégradent l'environnement à l'échelle de tout le
territoire, mais ne permet pas d'établir les priorités
régionales, en tenant compte de l'importance des usages
subordonnés.
C'est bien de dire que toutes les industries qui déversent leurs
déchets dans des cours d'eau devraient avoir à respecter telles
normes. Il faut tenir compte du milieu récepteur. Le milieu
récepteur, c'est qu'un fleuve a beaucoup plus de capacités de
régénération qu'une simple rivière. Une norme ne
serait pas juste, au niveau de la ressource qu'on veut redonner aux citoyens,
puis-qu'une rivière ou un lac peut être plus endommagé
qu'un fleuve, pour la même norme de pollution qui serait permise.
Donc, on peut satisfaire les besoins environnementaux de la population
en faisant la gestion du milieu ambiant. En conséquence, il y a les
fonctions à remplir qui sont: l'inventaire du milieu, l'affectation du
milieu en faisant des choix complémentaires ou en tranchant les
contradictions, l'aménagement du milieu pour ses ouvrages au niveau de
l'environnement et non pas l'aménagement au niveau de la vocation et,
finalement, le contrôle du milieu par la surveillance.
Le troisième point, ce sont les moyens. Pour remplir cette
mission, le gouvernement doit octroyer des ressources financières pour
mettre en oeuvre des programmes d'assainissement de l'eau et de I'air ainsi que
d'aménagement de l'eau et des terres publiques. De plus, il doit se
donner les outils législatifs nécessaires à sa mission et,
en particulier, les pouvoirs de réglementation et d'ordonnance qui sont
relatifs aux utilisations du milieu ambiant, ce qui est une approche
très différente de ce qu'il y avait auparavant.
Finalement, le gouvernement doit rechercher et obtenir l'appui de la
population. Il ne sert à rien, pour un gouvernement, de régler
les problèmes que la population n'a même pas sentis. Il faut que
la population sente qu'il y a des problèmes pour que le gouvernement
mette une priorité sur des problèmes particuliers. C'est pour
cela qu'on a besoin de la population pour assister le gouvernement dans ses
démarches, en étant attentif à toutes ses
revendications.
C'est pour cela qu'il a été proposé de regrouper la
direction générale des terres, du ministère des Terres et
Forêts, la direction générale des eaux, du ministère
des Richesses naturelles, et les services de protection de l'environnement pour
remplir la mission décrite. A ce moment-là, six structures
administratives ont été envisagées, sur lesquelles nous
nous penchons, pour savoir laquelle sera la plus efficace. Elles vont
être décrites dans une section qui sera présentée
bientôt à l'Assemblée nationale, pour qu'on soit certain
que toute la population ait un ministère capable d'avoir et la
crédibilité et les revenus et les pouvoirs juridiques pour
répondre aux aspirations des citoyens.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre des éclaircissements sur son personnel, en nombre. Il nous a
dit tout à l'heure qu'il avait obtenu un nombre considérable de
fonctionnaires additionnels cette année. Pourtant, quand on regarde le
cahier des crédits, on constate une augmentation de 49
hommes/année seulement, soit de 678 à 727. Le ministre pourra me
dire qu'il y a une augmentation de 96 au niveau des employés permanents,
mais il y a une diminution, en hommes/année, de 47 au niveau des
employés à temps partiel.
Le ministre peut-il éclaircir cela un peu? (11 h 45)
M. Léger: En gros, c'est qu'il faut penser en termes de
personnel à temps plein, permanent. S'il y a eu une diminution dans le
personnel à temps partiel, c'est que, comme je l'ai dit au début
de mon intervention, les études sur le Saint-Laurent se terminaient
cette année et c'était du personnel occasionnel qui était
affecté à l'étude du Saint-Laurent.
Ce sur quoi on doit compter, c'est sur du personnel permanent,
c'est-à-dire ceux qui travaillent à temps plein pour le
ministère pour lequel nous avons une augmentation de 92 cette
année et de 74 l'année dernière.
M. Goldbloom: M. le Président, sur un autre
sujet, le ministre peut-il nous expliquer comment il se fait que,
nonobstant l'importance de sa responsabilité, il n'ait pas réussi
à dépenser la totalité des crédits qui ont
été mis à sa disposition l'an dernier? Selon les chiffres
publiés dans le cahier intitulé "Renseignements
supplémentaires aux crédits", le montant disponible était
de $21 125 000 et les dépenses probables le chiffre doit
représenter assez fidèlement la réalité de
$19 226 000.
Il y avait de l'argent qui aurait pu être utilisé pour
protéger ou améliorer notre environnement et qui ne l'a pas
été. Comment se fait-il que, devant l'importance de la
tâche, il y ait 9% de l'argent qui soient retournés aux
crédits périmés?
M. Léger: Comme le député de D'Arcy McGee le
sait fort bien, les sommes ne peuvent être virées d'un programme
à l'autre directement sans avoir eu le temps de préparer les
programmes dans l'autre secteur.
Le secteur où il n'y a pas eu de dépenses, c'est le
programme d'épuration des eaux de Laval et de Yamaska pour lequel tous
les protocoles n'ont pas été signés à temps, ainsi
que celui des $500 000 pour la rive sud qui n'a pas été
signé à temps pour être dépensé au cours de
l'année. Comme ces programmes vont être faits au cours des
années qui viennent, ces sommes seront nécessairement
dépensées pour les objectifs auxquels elles avaient
été attribuées.
Prendre $1 250 000 pour Laval et pour Yamaska et $500 000 pour la rive
sud, alors que les protocoles n'étaient pas tout à fait
prêts à être signés... On ne pouvait, du jour au
lendemain, dire que ces sommes affectées à tels programmes, comme
on ne peut pas les dépenser parce qu'il y a des difficultés de
protocoles d'entente sur les modalités de réalisation, le seront
l'année d'après. Cet argent, à ce moment-là, est
devenu crédit périmé, parce qu'on ne pouvait pas, selon
les modalités administratives, le virer à d'autres objectifs
pendant que les programmes des autres éléments avaient tous
été faits et qu'il n'y en avait pas d'autres de prévus
pour cette année. C'est cette difficulté administrative qui fait
que chaque secteur... c'est quand même cloisonné, cela ne se
transfère pas comme cela, à moins qu'il y ait un programme
précis de présenté au Conseil du trésor à
temps. Ce sont des problèmes de cette envergure qui ont fait que ces
sommes n'ont pas été dépensées dans le programme
précis.
M. Goldbloom: M. le Président, je reconnais, ayant servi
au Conseil des ministres et au Conseil du trésor, que la règle
générale veut que l'on ne mette pas d'argent entre les mains d'un
éventuel usager sans avoir l'assurance que les travaux vont
effectivement se réaliser. C'est un principe que nous devons respecter.
Mais, quand on parle de la rivière Yamaska, quand on parle de la ville
de Laval, quand on parle de la Communauté urbaine de Montréal,
quand on parle de la rive sud de Montréal, il n'y a pas moyen de ne pas
réaliser les travaux. Il m'aurait semblé possible d'utiliser ces
montants qui ont tendance à disparaître si on ne s'en sert pas
dans le budget de l'année courante.
On n'a pas toujours l'assurance que des sommes additionnelles seront
disponibles l'année suivante. Puisque le montant qui n'est pas fourni
par le gouvernement devra être fourni par les contribuables locaux, sous
forme de taxation et, notamment, de taxes foncières, il m'aurait
semblé qu'avec un peu plus d'imagination, le ministre aurait pu utiliser
ces montants qui étaient disponibles et qu'il n'était pas
obligé de retourner au trésor public en crédits
périmés.
M. Léger: M. le Président, je dois quand même
donner certaines explications, concernant des sommes d'argent qui sont
prévues dans un programme particulier du gouvernement et qui oblige le
gouvernement à aller signer des protocoles d'entente, entre autres avec
des municipalités, pour le réaliser. Je donne l'exemple de
Yamaska, où certaines municipalités étaient prêtes;
je pense que Saint-Hyacinthe était prête à signer un
protocole d'entente immédiatement, mais d'autres municipalités,
dans le même bassin... Même si on passait d'une contribution de 66%
du coût à une participation de 90% du gouvernement, point sur
lequel le député de D'Arcy McGee m'avait même posé
une question en Chambre on est allé jusqu'à 90% dans la
région de Yamaska il y a des municipalités dont le type
et quand on parle d'imagination, c'est un exemple de traitement
exigé, à certains endroits, non pas un traitement uniquement
primaire ou secondaire, mais un traitement tertiaire, ce qui amène des
dépenses supplémentaires au niveau du fonctionnement annuel par
la municipalité. Il y a certaines municipalités qui disaient: On
est capable d'accepter de payer 10%; si le gouvernement supérieur paie
90% pour la partie capitalisation, cela va nous coûter trop cher au
niveau du fonctionnement. Il va falloir qu'on trouve une formule pour nous
aider sur l'aspect du fonctionnement. C'est là-dessus que nous avons
déterminé qu'il fallait qu'on trouve une technique
supérieure pour s'assurer que l'assainissement du cours d'eau se fera.
Vous avez remarqué quand même que les sommes d'argent au niveau de
la capitalisation, dans le domaine de l'épuration des eaux, sont
augmentées de beaucoup dans le budget de cette année. Donc, les
municipalités ne seront absolument pas privées des sommes qui
étaient dans le budget l'année dernière et qui le seront
dans celui de l'année prochaine, sauf la rive sud où c'est elle
qui s'en occupe. C'est la ville de Longueuil qui devient le maître
d'oeuvre et c'est le ministère des Affaires municipales qui s'occupe de
la réalisation de cela. Donc, on l'a enlevé de notre budget.
M. Goldbioom: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous fournir également la liste des subventions accordées par les
services de protection de l'environnement au cours de l'année qui vient
de s'écouler?
Aussi, une question que je lui pose qui sera peut-être la
dernière avant l'ajournement: A-t-il l'intention de présenter un
projet de loi cette année pour modifier la Loi de la qualité
de
l'environnement? Si oui, peut-il nous donner le sens
général des modifications qu'il proposera?
M. Léger: Je peux donner l'orientation
générale, en ce sens que je ne pourrais pas aller dans les
détails, puisque ce n'est pas encore adopté au Conseil des
ministres, mais il y a une approbation de principe au niveau du comité
ministériel de l'aménagement et au niveau du comité
ministériel de développement social. Donc, une douzaine de
ministres ont donné leur accord dans les deux secteurs. Nous allons
présenter un projet de loi qui amendera la Loi de la qualité de
l'environnement pour toucher deux aspects. C'est, premièrement, de
favoriser la participation des citoyens à la défense de leur
milieu de vie. Ceci va mettre dans la loi les moyens de le réaliser,
entre autres préciser les études d'impact qui devront être
faites avant qu'un gros développeur, aussi bien gouvernemental que
paragouvernemental ou privé, ait un impact sur les conséquences
écologiques de ce projet de développement. Avec la
création d'un bureau d'audiences publiques où les citoyens
pourront se faire entendre, il s'agit d'établir un mécanisme ou
un processus régulier d'écoute des citoyens qui ont quelque chose
à dire devant un projet de développeur, ainsi que certaines
améliorations à la Loi de la qualité de l'environnement,
qui est le deuxième aspect où on n'avait pas tous les moyens de
régler les situations. Mon souhait est de déposer ce projet de
loi avant l'ajournement de juin, de façon qu'on ait possiblement
ce que je réclamais souvent dans l'Opposition une commission
parlementaire pour que les députés de l'Opposition puissent venir
donner leurs points de vue là-dessus, ainsi que les citoyens qui
auraient des points de vue à donner sur ce projet de loi.
M. Goldbloom: J'ai souvent, au cours des récents mois, M.
le Président, demandé aux six députés qui sont
maintenant des ministres et qui, il y a 18 mois, étaient toujours des
députés d'Opposition, d'insister auprès de leurs
collègues pour la tenue de séances de commissions parlementaires
pour entendre les intéressés sur une foule de sujets. J'ai
essuyé refus après refus de la part du gouvernement. Je n'y
comprends rien, M. le Président. Il y a un changement dramatique, qui
m'inquiète beaucoup, chez le député de Lafontaine. Je suis
heureux de l'entendre dire que, sur ce projet de loi, il y aura des audiences
publiques, mais, sur tous les autres sujets, M. le Président,
j'espère que le ministre prendra le journal des Débats et
regardera le nombre de refus dont son gouvernement s'est rendu responsable et
qu'il fera quelque chose, parce qu'il faut que ça change. Après
tout...
M. Léger: Est-ce que le député me
permettrait de lui faire remarquer que ce n'est pas le nombre de refus qui
compte, c'est le nombre de commissions accordées, et que la place...
M. Goldbloom: II n'y en a pas beaucoup.
M. Léger: ... pour le nombre de commissions parlementaires
est quand même limitée pendant la période de session
à deux au maximum pendant qu'on siège. Je tiens aussi à
dire que le plaisir effréné...
M. Goldbloom: Féroce.
M. Léger: ... féroce que prennent les
députés du parti de l'Opposition officielle pendant la commission
parlementaire de l'amiante nous empêche d'avoir une commission qui
pourrait commencer immédiatement à la place de cette commission
parlementaire, où il a fallu attendre des mois et des mois pour s'en
libérer et pour en faire d'autres.
M. Goldbloom: C'est un beau prétexte. Vous ne l'auriez
jamais accepté quand vous étiez dans l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): Pour respecter l'entente qu'il
y a eu entre les partis, les travaux de cette commission sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 11 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la protection de l'environnement est réunie pour
l'étude des crédits budgétaires pour l'année
1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville)
est remplacé par... il y a un remplacement pour celui-là,
je ne me souviens pas du nom M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron
(Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) est
remplacé par M. Marquis (Matapédia), M. Goldbloom (D'Arcy McGee),
M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Mercier
(Berthier).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Dubois (Huntingdon), M.
Grégoire (Frontenac), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saindon (Argenteuil), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Verreault (Shefford).
Au moment où nous avons quitté, ce midi, la parole
était au député de D'Arcy McGee, mais vu son absence, je
ne sais pas si vous voulez continuer, M. le député de Verdun, ou
si je vais donner la parole au député de Saint-Hyacinthe.
M. Caron: M. le Président, on s'est entendu avec le
député de Saint-Hyacinthe. Je vais poser quelques questions et
ensuite nous allons alterner.
Je voudrais revenir au début, après les élections
de 1976, quand le ministre a pris le ministère, il y avait des gros
titres dans les journaux: 300 nouveaux emplois. Si on fait le calcul, cela
donne
à peu près de 150 à 160 emplois nouveaux. Le
ministre avait dit sur une base de trois ans, aux crédits de l'an
passé. Cela veut dire qu'il reste à peu près un an. Le
ministre prétend-il couvrir les 150 emplois qui restent, dans
l'année qui vient?
M. Léger: Au moment où j'ai pris le
ministère, j'avais évalué qu'il fallait à peu
près 300 fonctionnaires supplémentaires pour remplir les
responsabilités, à ce moment. Aujourd'hui, on peut dire qu'il va
encore falloir augmenter le nombre de fonctionnaires. Les
responsabilités que nous avons ne requerront pas nécessairement
le même nombre de postes, à ce moment, mais ce sera quand
même un chiffre approximatif. Nous en avons eu 69 l'année
dernière, 92 cette année, et je calcule qu'il faudrait,
l'année prochaine, une demande encore assez substantielle pour atteindre
notre objectif. Il se peut qu'on en engage un peu plus de 300 ou un peu moins
de 300, mais ce sera aux environs de cela.
Tout dépend aussi du nombre de règlements qui
réussissent à passer à travers la machine à
saucisse. Si on prévoit avoir quatre règlements qui
requièrent plus de personnel, et qu'on en passe cinq, on aura besoin de
plus de gens pour les faire appliquer. Si on en passe seulement trois, cela
prend moins de gens.
M. Caron: Dans un autre ordre d idées, le ministre
prévoit-il fermer les dépotoirs à ciel ouvert dans les
quatre ou cinq prochaines années? J'ai eu une chance de prendre les
nouvelles. Vous aviez commencé à faire votre intervention.
J'essaie de savoir où vous avez pris vos chiffres, en disant que cela
coûtait $3 par personne pour la cueillette. Dans votre exposé,
vous avez semblé laisser entendre que la charge reviendrait sur le dos
des municipalités, si j'ai bien compris votre exposé. Le ministre
pourrait-il détailler ce sujet, s'il vous plaît?
Le Président (M. Laplante): Avant que M. le ministre
réponde, y aurait-il possibilité de s'entendre, à savoir
que lorsque vous posez des questions sur un sujet, qu'un autre
député puisse lever la main pour continuer sur le même
sujet, sans que cela ne nuise à personne?
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Laplante): Lorsque vous aurez des
questions à poser qui sont déjà sur le même sujet.
D'accord?
M. Cordeau: Je suis tout à fait d'accord.
Le Président (M. Laplante): Est-ce le même sujet, M.
le député de Matapédia?
M. Marquis: Justement, oui.
Le Président (M. Laplante): Allez-y. Cela fera la question
en double.
M. Marquis: M. le Président, vous avez annoncé,
récemment, que dans le projet de traitement des déchets
solides...
M. Caron: Je pense que le ministre doit répondre. C'est
moi qui ai la parole sur cette question.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. le
député.
M. Caron: Je n'ai pas objection, quand j'aurai fini, de donner
mon droit de parole.
Une Voix: Ce n'est pas de donner votre droit de parole...
M. Léger: Le chiffre qu'on me donne, ici, pour être
plus précis, c'est que le coût actuel pour la cueillette des
déchets, le transport et le dépotoir actuel, est environ $6.90
par habitant. Pour les municipalités qui utilisent des sites
d'enfouissement sanitaire conforme au règlement présenté,
cela leur coûte actuellement $9.03.
C'est donc dire, un coût d'environ $2 et quelques cents de plus
par habitant pour l'enfouissement sanitaire parce qu'il y a une diminution de
coût provenant de la disparition du dépotoir et des
dépenses afférentes au dépotoir, et une augmentation sur
le plan du transport pour aller porter les déchets à un site
d'enfouissement sanitaire, qui doit être placé à
l'intérieur d'un rayon d'environ 20 kilomètres au maximum, et
aussi parce que l'élimination des déchets comme tels,
c'est-à-dire l'enfouissement sanitaire, amène une dépense
un peu plus élevée que dans le cas d'un dépotoir où
c'est laissé là seulement pour la contamination.
Actuellement, au Québec, on ne dépense que $3.71 par
personne par année pour le service d'élimination des
déchets, alors qu'on dépense $5.74 par habitant en Ontario, et
$6.80 aux Etats-Unis; cela, c'est dans la moyenne des provinces.
Dans le milieu rural, c'est encore pire, on ne dépense que 840
par personne par année, comparativement à $2.25 par personne aux
Etats-Unis et $1.61 en Ontario, dans le milieu rural.
C'est donc dire que les municipalités n'ont jamais mis, sauf
exception, une importance dans leur budget, pour la gestion des déchets.
Quand le député de Verdun dit: Cela va être sur le dos des
municipalités, ce n'est pas la bonne expression. C'est une
responsabilité municipale, la cueillette et l'élimination des
déchets, et il faut nécessairement que les municipalités y
consacrent une partie plus importante de leur budget, qu'elles coupent sur
autre chose moins important et qu elles le placent sous la
responsabilité de la salubrité publique, en se réservant
des endroits pour I'élimination des déchets qui soient conformes
à la salubrité publique.
D ailleurs, je peux vous dire qu'actuellement dans la grande
région de Montréal, région dans laquelle le
député a son comté, pour un certain
temps du moins le député de Verdun est maire de la
municipalité il y a 219 municipalités qui utilisent un
site d'enfouissement sanitaire conforme au règlement cela touche
19 sites d'enfouissement sanitaire et dans la même grande
région, il y a 210 municipalités qui vont à des
dépotoirs et utilisent 130 dépotoirs.
Entre vous et moi, pour le même nombre de municipalités
à peu près, 219 vont dans des sites d'enfouissement sanitaire
légaux et 210 municipalités vont dans 130 dépotoirs.
Déjà, c'est l'élimination de 130 dépotoirs vers
peut-être 12, 15 ou 18 sites d'enfouissement sanitaire et la disparition
de cette plaie qu est le dépotoir.
M. Caron: Chez nous, M. le ministre, cela coûte $720 000
par année, pour 72 à 75 000 environ; cela représente $10
par tête. Par contre...
M. Léger: La moyenne est de $9.03.
M. Caron: J'en avais parlé l'an dernier aux
crédits. Le ministre n'aurait pas une façon pour aider les
municipalités? Les municipalités n'ont pas les moyens. Si vous
pouviez vous organiser en conséquence, le gouvernement et les villes
vous paieraient.
C'est entendu que c'est une responsabilité, mais si on peut
garder le coût le plus bas possible. Les municipalités ont le
même problème que le gouvernement; il est toujours question de
budget. La municipalité a toujours plus de difficulté à
emprunter que le gouvernement.
Le ministre, dans sa réorganisation, pense-t-il faire quelque
chose, pas seulement pour Montréal, mais partout en province? Ce sont
surtout les grosses villes et... En plus, si on pouvait s'organiser, on
pourrait enlever un trafic considérable sur nos routes. Vous savez que
l'enlèvement des déchets prend énormément de temps
aux heures de pointe. C'est un problème. Vous avez encore, parfois, des
ordures qui traînent sur la rue à cinq heures et six heures le
soir, ce qui ne devrait pas être. Est-ce que vous avez pensé
à faire quelque chose dans le but d'aider les municipalités, tout
en gardant... je ne parle pas de le faire pour rien pour les
municipalités. Rien ne se fait pour rien, aujourd'hui. Mais vous avez
les moyens que les municipalités n'ont pas.
M. Léger: Je voudrais rassurer mon ami, le
député de Verdun, grand défenseur des municipalités
depuis toujours, que nous avons justement prévu des moyens d'aider les
municipalités. A votre grande joie vous allez savoir que toute
l'expertise de l'étude hydrogéologique des sols qui doit
être faite pour déterminer les sites que les municipalités
pourront, par la suite, utiliser pour l'enfouissement sanitaire, sera faite aux
frais du gouvernement du Québec.
On va même plus loin que cela. Au moment où on se parle, il
y a des communications qui sont faites par les fonctionnaires de
l'environnement avec toutes les municipalités de la région du
grand Montréal. Quand je dis le grand Montréal, cela va
jusqu'à Saint-Jean, Valleyfield, Saint-Jérôme,
Saint-Hyacinthe, c'est-à-dire la région 06 qui n'a pas
encore de site d'enfouissement sanitaire. Il y a même des dates et des
endroits prévus pour rencontrer des municipalités et leur
expliquer comment cela fonctionnera.
Au départ, on a déterminé des zones de regroupement
de municipalités, c'est-à-dire les zones où certaines
municipalités pourraient, ensemble, voir à gérer un site
de déchets. Ces zones sont déjà découpées.
On a même fait l'étude des territoires qui pourraient être
suffisamment imperméables pour être utilisés comme sites,
on les a définis et, en rencontrant les municipalités, on va leur
expliquer comment va fonctionner ce programme. Il y aura de l'animation; on va
avoir, pour chaque groupe de municipalités, un audiovisuel qui leur
montrera ce qui se passait avant et comment cela se fera dorénavant,
quels sont les avantages, quels sont les moyens et, entre autres, il y a quatre
façons de faire disparaître les dépotoirs et les remplacer
par ces sites.
Ces moyens sont les suivants: D'ici le 1er décembre 1978, les
dépotoirs des régions 06 et 01 devront disparaître. Donc,
pendant la période où on va préparer un remplacement, on
va demander aux municipalités de se réunir et de
déterminer si elles veulent fonctionner ensemble, ces
municipalités qui sont mises à l'intérieur d'une zone de
regroupement. Donc, ces municipalités vont décider si elles
veulent former, premièrement, un comité intermunicipal pour la
gestion des déchets et répartir les coûts entre elles, ou
bien si elles veulent nommer une municipalité mandataire qui, elle,
verrait à gérer le site d'enfouissement sanitaire et, par la
suite, facturer les municipalités pour les coûts, ou bien laisser
à une entreprise privée le soin de s'acheter un terrain et
d'obtenir du ministère de l'environnement les permis voulus, ou bien
le quatrième choix rendu au 1er décembre, il faut
que la solution ait été trouvée entre les
municipalités, soit regroupées, soit une municipalité
mandataire, soit un entrepreneur privé, parce que à la date
limite il y aura nécessairement une ordonnance du ministère de
l'environnement pour que cela disparaisse.
C'est pour cela que, d'ici ce temps-là, mes fonctionnaires vont
travailler avec les municipalités pour le faire. On calcule qu'à
la vitesse où... Déjà, avant même que le
règlement ait été promulgué, les
municipalités ont commencé à travailler ensemble pour
trouver des solutions; cela va se régler facilement à
l'intérieur du délai.
Maintenant, si vous demandez une aide technique, elle va être
là; une aide de connaissances, une aide d'animation, une aide sur tous
les plans, oui. Sur le financement, le montant est tellement minime et
ridiculement bas que cela ne peut pas faire autrement qu'être une
dépense municipale puisque, à ce jour, les municipalités
dépensent à peine 3% de leur budget pour une
responsabilité, qui est une des premières responsabilités
de la municipalité; s'occuper des déchets des consommateurs. On
n'aurait qu'à atteindre la dépense qui se fait en Ontario ou aux
Etats-Unis, au niveau de la moyenne, et on réglerait le problème
au Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Avant d'arriver à des questions qui vont
compléter celles du député de Verdun, mais concernant le
milieu rural, je voudrais d'abord savoir, M. le Président, du ministre,
pourquoi la région 01 a été choisie avec celle de
Montréal? Est-ce parce qu'il y a moins de pollution? Plus de pollution?
Est-ce parce qu'on est plus avancé? J aimerais avoir d'abord une
réponse à cette question.
M. Léger: D'abord, il y a eu un programme de l'ODEQ qui
avait établi des sites pour Matane, pour Gaspé et pour
Percé qui avaient déjà été choisis, donc qui
regroupaient suffisamment de municipalités. Il y a eu aussi d'autres
municipalités qui ont mis de l'avant des programmes: Chandler, Amqui et
Sainte-Anne-des-Monts et, ni plus ni moins, les études de la
qualité des sols avaient déjà été faites
pour cette région en premier. Donc ce sont deux régions où
les fonctionnaires de l'environnement sont prêts à fonctionner. On
a pensé qu'il était préférable que ce changement
radical dans le comportement des citoyens se fasse graduellement et qu'il
fallait nécessairement qu'il y ait une aide régulière du
gouvernement aux municipalités et comme, dans ces deux régions,
on était prêt, au point de vue des services techniques et de la
connaissance du milieu, il était possible qu'on aille les aider
immédiatement au départ. L'année prochaine, ce seront deux
autres régions.
M. Marquis: Maintenant, je vais parler du milieu rural.
M. Léger: La cloche sonne, peut-on aller voir si c'est
pour le quorum?
Le Président (M. Laplante): Oui, on va aller s'informer
pour savoir si c'est pour le quorum ou un vote.
M. Marquis: M. le Président, vous connaissez un peu la
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, les grandes
distances. Vous connaissez également la situation économique
où 80% et plus des gens vivent en milieu défavorisé.
D'autre part, vous avez dit que les municipalités ne consacrent pas
suffisamment d'argent au traitement de leurs déchets; cependant, je dois
vous faire remarquer que, dans certaines municipalités, on peut utiliser
80% à 90% du budget pour l'entretien des chemins d'hiver, c'est un
problème qu'on n'a pas dans d'autres régions.
Alors, est-ce que vous confirmez que même pour des
municipalités rurales pas très riches, comme celles de la
Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, il n'y a aucune aide
financière, sauf au point de vue technique? Parce que, pour elles, cela
va représenter une augmentation considérable du budget pour la
première année et cela vient vite, le 31 décembre.
M. Léger: Pour rassurer le député
parce que ses préoccupations sont fort justifiées il faut
quand même admettre peut-être cela n'a-t-il pas
été suffisamment rendu public que ce règlement ne
touchera que les municipalités de 2000 âmes et plus de population.
Donc, toutes les municipalités qui ont moins de 2000 âmes auront
le droit d'utiliser un système beaucoup moins onéreux et beaucoup
plus adapté à de petites municipalités,
c'est-à-dire: les dépôts en tranchées, qui est une
formule aussi sanitaire, mais qui correspond à une quantité
moindre de déchets et qui pourrait très bien être
utilisée par ces municipalités.
M. Marquis: Cela répond à ma question, merci.
M. Léger: Est-ce qu'on va aller...
Le Président (M. Laplante): On va suspendre pendant le
vote à l'Assemblée nationale et on reprendra tout de suite
après.
(Suspension à 16 h 44)
Reprise de la séance à 17 h 5
Le Président (M. Laplante): Chacun à son
siège, s'il vous plaît. Les travaux reprennent. M. le ministre, on
est prêt? Je crois, que vous aviez répondu au député
de Matapédia, vous n'avez pas d'autres questions? M. le
député de Saint-Hyacinthe, vous avez des questions sur
l'enfouissement des...
M. Cordeau: Oui. Tantôt, est-ce que vous avez
mentionné, M. le ministre, que les sites d'enfouissement ne devaient pas
être à plus de 20 kilomètres d'une ville ou si cela peut
varier?
M. Léger: Un rayon d'environ 20 kilomètres par
route. Autrement dit, cela n'est pas 20 kilomètres de rayon ce qui peut
donner 40 kilomètres si on fait des détours c'est un rayon
de 20 kilomètres. Mais, il y a des petites nuances dans certaines
régions je ne sais pas si j'ai cela ici, les détails de
chaque région mais c'est dans le règlement comme tel.
M. Cordeau: D'accord, c'est tout.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? M. le
député de Verdun, avez-vous d'autres questions sur le même
sujet? Allez-y.
M. Caron: Oui, d'autres questions. Il y a une question qui
m'intéresse énormément et qui, je pense,
intéressait le ministre quand il était dans l'Opposition, c'est
la question des automobiles usagées, des terrains d'automobiles
usagées...
M. Léger: "Scrap yards" d'automobiles.
M. Garon: ... Les "scrap yards" comme on les appelle. Est-ce que
le ministre, à ce jour, sait si cela va très bien, parce que tout
cela devait être éliminé en très peu de temps. Cela
m'intéresse de savoir cela.
M. Léger: C'est-à-dire, qu'il ne faut pas confondre
le règlement sur les sites d'enfouissement sanitaire avec le
règlement sur les carcasses d'automobiles. Le "scrap yard ' pour
Verdun-Ouest...
M. Caron: On a fini. Là on a une autre question.
M. Léger: Et la carcasse d'automobile pour Verdun-Est.
Mais, ce ne sont pas les mêmes règlements. C'est un
règlement qui a été déjà publié dans
la Gazette officielle, en première parution, et qui nous a permis
d'avoir les opinions des différentes personnes ou groupes
concernés. Nous allons le présenter pour adoption finale au cours
du prochain mois.
M. Caron: Lors de l'étude des crédits, l'an
dernier, le ministre nous avait annoncé la formation d'un comité
interministériel sur l'aspect écologique d'un projet public et
privé. Combien de fois ce comité s'est-il réuni?
M. Léger: Comment dites-vous cela? Un comité
écologique?
M. Caron: Un comité interministériel; un exemple:
dans le cas du Grand Théâtre, il devait y avoir des études
de faites. Est-ce que ces études ont été faites, est-ce
qu'il y a un rapport?
M. Léger: Si je comprends ce que le député
veut dire, il s'agit probablement des comités, des commissions
d'audition publique qui précéderaient à des
réalisations de développement, ce qui fait qu'il y aura une
étude d'impact écologique sur les conséquences d'un
projet. C'est ce que je disais ce matin quand on a parlé de La loi sur
la qualité de l'environnement qui va être amendée
très bientôt et dans laquelle nous allons préciser comment
se feront ces études d'impact sur les conséquences
écologiques. Ce projet de loi devrait être présenté
en Chambre avant la suspension de juin pour être discuté en
commission parlementaire par la suite, au cours de l'été.
M. Caron: Je peux vous lire un extrait des débats du 13
avril 1977, à la page B-826: "Un autre comité
interministériel est déjà en branle pour réaliser
des études d'impact de futurs projets privés ou publics. Ce
comité regroupe plusieurs ministères sur ia coordination des
services de protection de l'environnement. Ce sera pour le gouvernement
québécois un instrument de planification du développement
et de l'aménagement très valable. Il permettra de faire ce que
Michel Jordan et Vincent Girardin appelaient une purification
écologique." C'est vous-même, l'an passé, qui nous disiez
cela.
M. Léger: C'est, ni plus ni moins... Il y a le
comité interministériel, ou le comité ministériel
d'aménagement, qui s'occupe d'étudier les projets. Le projet dont
on parle là c'est ce que je viens de dire tantôt
concerne des projets ou tout développement économique devant
être entrepris soit par une compagnie privée, soit par un
organisme gouvernemental ou paragouvernemental, et dit qu'on devra auparavant,
s'il y a des conséquences écologiques, faire une étude
d'impact. Cette étude d'impact permettra d'avoir, par la suite, une
audience publique où les citoyens pourront s'exprimer. Le gouvernement
pourra prendre des décisions qui tiendront compte autant du
développement économique que des conséquences
écologiques. C'est cela. Alors, c'est cette loi-là qui va
être présentée avant l'ajournement de juin.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Verdun? M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, lorsqu'un cultivateur demande
un prêt à l'Office du crédit agricole, dans plusieurs cas,
il faut qu'il y ait un permis de l'environnement, surtout s'il achète
une ferme et si sur cette ferme, il veut construire des porcheries ou des
choses comme cela. Il faut qu'il ait un permis du ministère de
l'environnement.
On me souligne que, de temps en temps, cela prend assez de temps avant
que ce permis soit émis. Ce matin, je vous mentionnais que
peut-être c'était causé par un manque de personnel, mais
par contre, vous nous avez informés qu'il y avait du personnel
additionnel ajouté à ce service.
Egalement, je crois que les décisions qui sont prises sont
basées sur des règlements qui n'existent pas légalement.
Est-ce véridique?
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous répondre
à la question, M. le ministre?
M. Léger: Disons qu'il ne faut pas mêler le
problème du prêt agricole sur une activité donnée et
un permis d'exploitation d'un cultivateur qui veut faire de l'élevage.
Ce sont deux choses différentes.
Pour le prêt agricole, c'est sûr qu'on exige auparavant de
savoir pour quelle activité il y a eu un permis du ministère de
l'environnement. Ça, c'est une chose.
Le permis d'exploitation de l'élevage, c'est un permis qui doit
être donné pour une activité susceptible d'endommager
l'environnement.
Dans les deux cas, il est nécessaire qu'il y ait un permis du
ministère de l'environnement. Ce permis a pris un certain temps
l'année dernière et les années précédentes,
parce qu'on est tout à coup passé d'une période où
on donnait 250 à 300 permis par année à une
période, cette année, où on demande 2500 permis.
C'est donc dire que le personnel ne suffisait plus à la
tâche et ces industries d'élevage sont passées de 300
à 400 têtes à 5000 ou 6000 têtes, ce qui faisait que
les obligations étaient plus sévères pour ce qui est de
contenir ie fumier. Cela
demandait une étude plus en profondeur et des exigences plus
sévères.
Au moment où vous disiez que cela prenait du temps, c'est
qu'à ce moment-là, nous n'avions que deux personnes qui
s'occupaient de donner des permis, mais je peux vous dire qu'on a
triplé; maintenant nous sommes rendus à six personnes pour
répondre à la demande.
M. Cordeau: Maintenant, concernant les règlements,
lorsqu'une décision est prise, elle est basée sur des
règlements. Est-ce que tous ces règlements ou ces directives sont
en vigueur, comme les vents dominants ou quelque chose comme cela?
M. Léger: Le règlement qui délimite les
données et les critères sur lesquels on doit se fier pour dire
que le permis est acceptable ou pas devra être présenté
très bientôt. Cela fait un bout de temps qu'on sait qu'il a
passé à travers toute la machine à saucisse du
gouvernement et qu'il a été étudié par le Conseil
consultatif de l'environnement, qui a, de plus en plus, une tâche
prospective, d'aide et de conseil au ministère de l'environnement.
Dès que je l'aurai, je le présenterai au COMPAT qui est
l'étape décisive avant le Conseil du trésor pour la
première parution à la Gazette officielle, et dans cette
parution, on aura
Ioccasion de recevoir toutes les opinions et les suggestions de tous les
gens concernés.
M. Cordeau: Mais, est-ce qu'actuellement, les permis sont
émis seulement si les règlements inclus dans ce projet... si le
site est conforme aux conditions du règlement qui n'est pas encore en
vigueur.
M. Léger: II y a une vieille réglementation qui
était celle de l'hygiène publique, qui ne sert plus de base pour
émettre les permis.
Les permis sont émis... uniquement basés sur l'article 22
de la Loi de l'environnement, qui oblige le directeur du Service de protection
de l'environnement à ne donner un permis qu'après qu'il se soit
assuré que l'exploitant n'émettra pas de nuisance. Pour appliquer
ces critères, on utilise le futur règlement qui donne les balises
nous permettant d'évaluer que la personne qui va exploiter
n'émettra pas de nuisance si elle respecte telle et telle balise; c'est
dans le règlement qui s'en vient.
II fallait se baser sur quelque chose de sérieux. (17 h 15)
M. Cordeau: Dans combien de temps ce règlement sera-t-il
publié?
M. Léger: Comme je le disais tantôt, il va me
revenir du Conseil consultatif de l'environnement dont le
président est ici présent dans une semaine environ et, par
la suite, il va être présenté au Comité
ministériel de l'aménagement du territoire qui va me donner
l'accord pour le présenter dans la Gazette officielle afin que les
citoyens puissent s'exprimer là-dessus.
M. Cordeau: D'accord.
M. Verreault: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford, allez-y.
M. Verreault: Concernant le nouveau règlement dont vous
parlez, est-ce que vous prévoyez réglementer également des
occupations concernant, disons, les poulaillers, les porcheries existants. On
se rend compte que dans certaines municipalités, il y a eu une
très grande expansion des problèmes majeurs, actuellement, que ce
soit concernant les chenils, les poulaillers, les porcheries. Est-ce que vous
avez l'intention de prévoir quelque chose dans ce sens, surtout dans les
endroits où on a construit ces choses, antérieurement, et qui,
à cause de l'expansion, sont rendues dans une agglomération
municipale.
M. Léger: Les normes de nuisance qu'il peut y avoir vont
prévaloir autant pour les exploitations existantes que nouvelles, sauf
que la norme de distance ne touchera pas les exploitants actuels. Les normes de
distance vont être uniquement pour les nouvelles exploitations et non pas
pour celles déjà existantes.
M. Verreault: Actuellement, est-ce que...
M. Léger: A moins là, je vais
vérifier qu'une exploitation existante passerait de 400
têtes à 5000 têtes. A ce moment-là, cela devient, ni
plus ni moins, une nouvelle exploitation. A ce moment-là, il y a un
problème d'odeur et de quantité de déchets qui doit
être contré par une réglementation plus
sévère pour une exploitation de 5000 têtes que pour une de
400 têtes.
M. Verreault: M. le Président, dans le cas d'un
poulailler, d'une porcherie ou d'un chenil qui fonctionne depuis dix ou quinze
ans, ou vingt ans, à cause des développements qui se sont faits
dans les années, cela crée actuellement des problèmes
d'environnement pour les voisins. Est-ce que vous avez l'intention de devenir
sévère ou de mettre des normes plus sévères, ou,
même, obliger ces gens à cesser leur exploitation?
M. Léger: Comme je le disais tantôt, s'ils n'ont pas
augmenté la production, ou à peine, ils vont se soumettre aux
normes de gestion du nouveau règlement; mais s'ils ont augmenté
de beaucoup, il y aura des normes de distance qui devront être
respectées parce que personne ne peut avoir un droit acquis à la
pollution.
M. Verreault: De quelle manière allez-vous c'est
hypothétique si on prend l'exemple d'un exploitant de poulailler,
un type qui a un poulailler et le nombre de ses poulets n'a pas
augmenté. Malgré tout, il y a des résidents à
côté de son poulailler. Les déchets de poulailler ne
sentent pas bon et, normalement, les voisins qui ont investi pour une maison
$30 000 ou $40 000, ne sont pas fiers même s'ils savaient,
auparavant, que le poulailler
existait que le permis ou l'autorisation de continuer à
exploiter un poulailler semblable soit accordé. Si, toutefois, votre
service décidait de faire cesser l'exploitation du poulailler, de quelle
manière envisageriez-vous un dédommagement ou le problème
qui surviendrait suite à cette décision.
M. Léger: Une chose est certaine, comme je le disais
tantôt, nul ne doit polluer. Même les exploitants ont un permis
pour une exploitation du même type, si, par hasard, ils transforment leur
mode de gestion, ce qui fait que cela détériore l'environnement,
le ministère a toujours le pouvoir d'ordonnance pour obliger un
exploitant d'arrêter d'émettre des contaminants dans la nature,
qui dérangent la population.
M. Verreault: Finalement, M. le Président, il y a
certaines municipalités qui ont des règlements semblables, ce
sont elles qui décident de les faire. Mais, dans les
municipalités moins fortunées, moins organisées, est-ce
que le ministère de l'Environnement a des règlements qui
pourraient leur servir pour faire exécuter des choses?
M. Léger: II n'y a pas beaucoup de municipalités
qui ont des règlements actuellement, ce sont celles qui priment. C'est
bon qu'une municipalité se dote de règlements. Cela veut dire
qu'elle est réellement consciente d'une réglementation qu'elle
doit avoir sur son territoire. Quand le règlement provincial sera en
vigueur, les règlements municipaux deviendront caducs, ce seront les
règlements provinciaux qui primeront. Cependant, il se pourrait aussi
que certains règlements municipaux soient très favorables et
qu'ils soient très bien acceptés. A ce moment, le ministre peut
les approuver et ce sera ce règlement qui primera.
M. Verreault: De toute façon, vous n'envisagez pas,
à une date ultérieure, de prévoir des règlements ou
une loi qui pourrait être standard au Québec, pour les
municipalités qui n'ont pas de règlements.
M. Léger: Ce sera la norme provinciale qui servira
partout. S'il y a des règlements municipaux, ils seront caducs ou
approuvés par le ministère de l'environnement.
M. Verreault: Dans ce cas, que pourrait faire un contribuable
dans un cas de plainte formulée, soit dans un cas de chenil, de
porcherie ou de poulailler, s'il n'est pas satisfait et qu'il n'y a aucun
règlement municipal?
M. Léger: Qui ne serait pas satisfait? Celui qui exploite,
ou le citoyen, à côté, qui subit?
M. Verreault: Non, le nouveau résident, ou les voisins qui
sont mécontents des odeurs venant de l'exploitation d'un tel commerce
s'il n'y a pas de règlement municipal. Ils ne peuvent faire aucune
pression.
M. Léger: II peut simplement faire une plainte au service
de la protection de l'environnement qui a le pouvoir, par voie d'ordonnance,
d'obliger un exploitant qui pollue d'arrêter cette exploitation.
M. Verreault: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe. Excusez, le député de Beauharnois, sur le
même sujet.
M. Lavigne: Cela touche exactement ce que le ministre vient de
dire. Ce n'est pas le même poulailler, mais ce pourrait peut-être
en être un semblable. Il y a un élément qu'il faut aussi
considérer. Dans mon intervention je ne veux pas faire mentir le
ministre dans ce qu'il vient de dire mais je pense qu'il y a un
élément dont il faut tenir compte. Si cette personne se
bâtit un bungalow dans une zone agricole, elle doit savoir
qu'inévitablement il se fait de l'agriculture dans ce coin. Il peut y
avoir un troupeau de vaches à proximité ou un poulailler et elle
doit s'attendre que ça ne sente pas les roses, parce que là
où il y a une étable, où il y a un poulailler, c'est
normal que cela sente le fumier. Il ne faudrait pas, prétextant que cet
exploitant pollue l'air, faire émettre une ordonnance pour que
l'exploitant en question cesse son exploitation. Il faut tenir compte du milieu
dans lequel s'installe le nouvel arrivant.
Je pense qu'au ministère de l'Agriculture, il a été
question exactement de cette question. Je suis sûr que le ministre serait
d'accord avec moi. Il ne faudrait pas parce que, au coin d'un rang X,
dans une campagne donnée, pour un type qui vient se bâtir un
bungalow de $25 000 ou $30 000 ou même de $50 000 et qui se retrouve en
plein coeur d'une zone agricole empêcher les agriculteurs de
continuer à faire leur travail, prétextant que ce monsieur de la
ville est venu s'installer sur leur territoire.
M. Verreault: M. le Président, je pense que le ministre
avait très bien compris. J'ai très bien compris également.
La question ne se situait pas dans ce sens. Comme le député l'a
mentionné, tous les gens n'ont pas fait de plainte au début. Tant
qu'il y aura des gens, il y en aura qui vont gueuler. A ce moment, c'est dix ou
quinze ans après que les gens se réveillent. Ils sont
écoeurés de sentir de la merde. A un moment donné, ils
veulent faire cesser cela. Je posais simplement la question au ministre pour
savoir s'il ambitionnait de faire quelque chose en ce sens. Je sais que c est
une question fort embarrassante.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'était dans le même sens que le
député de Beauharnois, soit la question qu'il a posée au
sujet des cultivateurs qui ont des productions porcines ou avicoles et qui sont
installés depuis peut-être 40 ou 50 ans. A un moment
donné, un type à côté de chez lui fait un
développement domiciliaire dans des paroisses où il n'y a pas de
règlement de zonage. S'il y a dix à quinze personnes qui
s'installent là, c'est bien sûr qu'elles se plaindront, surtout si
elles vont se placer dans les vents dominants si elles ne font pas une
analyse avant c'est sûr qu'elles vont sentir des odeurs qu'elles
n'aimeront pas. Je pose la question au ministre, que peut-il arriver dans des
cas semblables, même s'il y a quinze plaintes qui arrivent au bout de
cinq ou dix ans et que l'installation agricole est là, de père en
fils, depuis 50 ans?
M. Verreault: La question étant soulevée, M. le
Président, le ministre est-il au courant qu'il y a de nombreuses
plaintes qui sont acheminées à son ministère, relativement
à des cas similaires? Ce n'est sûrement pas la première
fois qu'il en entend parler.
M. Léger: Je vais seulement vous donner des statistiques
que j'ai ici.
M. Verreault: M. le Président, c'est assez récent
encore et peut-être que M. Jolicoeur pourrait donner l'explication. Je
vais donner un exemple, M. le Président, le cas de Bromont où le
ministère de l'environnement avait émis un permis pour
l'exploitation d'une porcherie et auquel les contribuables voisins
s'étaient objectés. Je n'ai jamais suivi le dossier, ce n'est pas
dans mon comté même si c'est voisin mais j'aimerais
savoir, par curiosité, comment un cas semblable s'est terminé.
Est-ce que finalement l'exploiteur qui a fait une demande à votre
ministère...
M. Léger: Peut-être pourriez-vous donner des
précisions sur le cas, parce que...
M. Verreault: Le nom ne me revient pas, mais c'est dans Bromont,
je ne me rappelle pas du nom de la personne, le ministère avait
émis un permis et les contribuables se sont adressés au conseil
municipal pour empêcher rémission du permis. Je ne sais pas
après si...
M. Léger: On me dit que si le permis avait
été émis, il n'a certainement pas été
révoqué, mais cela ne dispense pas quand même la personne
d'avoir son permis municipal.
M. Verreault: Non, certainement pas. En somme cela revient
à peu près aux exemples que je vous donnais tout à
l'heure.
M. Léger: En tout cas, je peux vous dire que
l'année dernière on a eu, au niveau de plaintes dont une bonne
majorité provenait des problèmes soit d'inspection pour des
porcheries ou d'autres types de pollution ce ne sont pas seulement des
porcheries, mais c'en sont pour une portion l'année
dernière nous avons eu: Inspections sur demandes de services: 16 600;
Inspections sur plaintes: 6250; Inspections régulières et de
routine: 7300; les échantillons prélevés pour
évaluer les contaminations qu'il y a eu soit dans une rivière ou
autres sources: 45 000. C'est donc dire que les services de protection de
l'environnement, à venir jusqu'à quelque temps, étaient
continuellement axés sur un service après plainte, ce qu'on veut
changer. Maintenant, on essaie de planifier d'avance, mais on est quand
même rendu à 16 000 inspections sur demandes de services, par
année; cela commence à être un ministère qui est
occupé.
M. Verreault: M. le Président, je m'excuse auprès
de mon collègue, c'est ma dernière question.
Le respect des normes pour sauvegarder les eaux, les cours d'eau... Je
reviens toujours aux petites municipalités. Normalement votre
ministère leur envoie des directives pour les faire respecter et je
parle particulièrement des résidences d'été, des
chalets. Dans mon comté, comme dans différents comtés, il
y a des lacs, il y a des chalets et c'est presque courant je dirais
même à 50% encore aujourd'hui, en 1978, que ces chalets
déversent les égouts directement au lac. Il est également
évident que les municipalités sont très lentes
parce que ce sont des contribuables à faire respecter ces lois.
Lorsqu'on investit des millions, sinon des milliards dans un cas
d'épuration des eaux je prends la rivière Yamaska
et que ces règlements, ces normes ne sont pas respectées, cela
m'écoeure.
M. Léger: Vous parlez des règlements sur les fosses
septiques?
M. Verreault: Exact. Avez-vous des moyens quelconques pour faire
respecter cela dans des échéances assez brèves?
M. Léger: Pourriez-vous répéter votre
question, parce que le directeur qui est responsable de ce domaine...
M. Verreault: Je parlais des lacs, des résidents qui ont
des chalets et qui déversent les égouts directement dans les lacs
ou dans les cours d'eau. Je vais vous donner un exemple: le lac de Roxton, il
fait partie de la rivière Yamaska. Je sais que la municipalité a
reçu des directives de votre ministère pour que tous les
résidents se conforment de façon à avoir des fosses
septiques, etc.
Suivant les rumeurs qui circulent et je ne les douterais pas du
tout il y en aurait encore 50% et cela fait deux ans qui
envoient encore directement leurs égouts dans le lac. Le
ministère de l'environnement a dépensé déjà
presque S300 000 pour nettoyer ce lac. Je pense qu'il y aurait peut-être
possibilité de forcer la note, parce que si vous mettez de l'argent pour
dépolluer et qu'il y en a d'autres qui emmerdent, je pense que c est un
non-sens. (17 h 30)
M. Léger: Je vais vous donner, tantôt, le programme
que nous avons pour la protection des lacs, mais je tiens à vous dire,
d'abord, qu'on a, nous aussi, au Service de la Protection de l'envi-
ronnement, des travaux systématiques sur une centaine de lacs par
année. Pour le réaliser, nous utilisons beaucoup l'initiative des
citoyens. Il s'est regroupé des associations de propriétaires de
lacs sous la Fédération de la FAPEL, c'est-à-dire la
Fédération pour l'association et la protection de l'environnement
des lacs et ces associations de propriétaires riverains d'un lac font
pression sur les municipalités pour qu'elles émettent une
réglementation obligeant tous les propriétaires autour du lac
à respecter certaines normes.
Si, par hasard, un lac que vous pourriez avoir à l'esprit n'est
pas parmi ceux où nous avons commencé des travaux
systématiques, et si quelqu'un fait une plainte, cela devient, à
ce moment-là, une réponse à une plainte et on essaie de
corriger la situation.
Les associations de lacs... On me dit qu'il y a environ 475 associations
de propriétaires de lacs qui regroupent près de 125 000 citoyens
qui sont voués à la défense de la qualité de leur
lac et qui, regroupés à l'association, ont toutes sortes de
moyens de pression pour aider le gouvernement à réaliser
certaines de ses ambitions et en même temps, obliger les
municipalités à avoir une préoccupation à ce
niveau.
Les différentes étapes par lesquelles les
différents groupes de propriétaires doivent passer pour corriger
l'ensemble des problèmes qu'ils vivent, sont les suivantes:
D'abord, quand une association se crée au niveau d'un lac, la
première étape est une étape qu'on appelle: relevé
de la qualité des eaux. Quand cette étape est passée, on
fait la classification des installations septiques autour du lac.
Par la suite, on arrive à l'étape du plan collectif.
Chaque année, la direction de la nature ou du programme des lacs de
l'environnement, donne à ces associations le feu vert de passer à
une autre étape plus avancée. Le plan collectif amène
justement chacun des citoyens autour d'un lac à corriger le type de
fosses septiques ou de traitement d'eaux usées qu'il a.
Par la suite, on va plus loin que cela. On va aller jusqu'au niveau de
la planification et de la prévention. Une quatrième étape,
c'est le relevé de la végétation et l'évaluation du
degré d'artificiali-sation du lac qui doit être corrigé
pour amener une cinquième étape qui s'appelle: Le plan de
régénération.
Finalement, on va encore plus loin que cela dans les projets
d'initiation à la nature pour que, de plus en plus, les gens soient
intéressés au niveau de la nature. Après cela, c'est le
relevé des lotissements, c'est de la prévention, l'étude
du régime...
En plus de cela, en date du 1er janvier 1978, tous les lacs sur les
listes d'attente et tous les travaux déjà effectués sur
205 des 422 lacs officiellement inscrits au programme des lacs on me dit
qu'il y en avait 422 en 1978, c'est 422 associations cela permet de dire
que 205 des 422 lacs avaient déjà atteint une bonne partie des
étapes de réalisation.
M. Verreault: Tout cela pour dire, M. le Président, que je
considère que le ministère de l'environnement, malgré tout
le travail qu'il fait, n'est pas encore assez sévère. Pour donner
un complément d'information, je prends simplement l'exemple de Waterloo,
il y a deux ans passés, où on est en train d'oxygéner, ou
quelque chose de semblable, ce qui va coûter une fortune et qui va durer
des années, et la municipalité avait décidé que le
dépôt de neige se ferait sur le lac. Quand on ramasse la neige
dans les rues, avec du calcium, qu'on garroche cela sur le lac, à
Waterloo, je trouve cela écoeurant.
Il y aurait un autre petit point, M. le Président, ce ne sera pas
long, il va me répondre oui ou non.
Je voudrais savoir, M. le Président...
M. Léger: Concernant le programme d'aération, c'est
un programme qui relève du ministère des Richesses naturelles,
mais en ce qui concerne l'environnement, nous sommes en train d'émettre
un programme, c'est-à-dire un projet de directives aux
municipalités, sur la façon d'utiliser les cours d'eau pour
d'autres fins que celles qu'ils ont actuellement; pour empêcher,
justement, ce que vous venez de dire.
M. Verreault: Une autre, M. le Président, c'est que dans
différents comtés plusieurs de mes collègues
peuvent en parler on a à s'occuper des dossiers de cours d'eau et
la question que je me suis toujours posée, je n'ai jamais eu de
réponse moi-même et je ne suis pas en mesure de le faire, je vais
vous poser la question peut-être n'êtes-vous pas plus en
mesure comment se fait-il que c'est l'agriculture qui s'occupe des cours
d'eau et pourquoi pas le ministère de l'Environnement?
M. Léger: Comme de raison, le ministère de
l'Agriculture a une responsabilité au niveau du développement de
l'agriculture et c'est un programme de drainage des terres qui amène,
justement, des travaux qui peuvent parfois avoir des conséquences de
pollution, ce qui l'oblige aussi à faire des programmes de rectification
des cours d'eau. Au moment où l'on se parle, on sait qu'il y a des
impacts négatifs sur l'environnement et notre ministère est en
train d'établir des contacts avec l'agriculture pour qu'il y ait un
comité interministériel qui établisse des rectifications
dans les modes de gestion du ministère de l'Agriculture. Le
problème que vous soulevez là est réel et nous sommes
sensibilisés à cela.
M. Verreault: Cela irait peut-être plus vite avec
l'environnement.
M. Léger: Sauf qu'à l'environnement, vous semblez
dire que nous ne sommes pas assez sévères, mais dans les autres
ministères du gouvernement, au niveau de ceux qui ont des
préoccupations de développement, on trouve qu'on est beaucoup
trop sévères; cela dépend du point de vue où l'on
se place et nécessairement on fait souvent des farces en nous disant:
Avez-vous fermé des villages dernièrement? Vous trouvez qu'on
n'est pas encore assez sévères, je suis bien
heureux que vous me le disiez pour que les autres, qui s'occupent du
développement, s'aperçoivent, qu'on a encore du chemin à
faire.
M. Verreault: Mais inversement, M. le Président, mes
maires des municipalités et mes cultivateurs me trouvent encore plus
cochon que votre ministère, que les officiers de votre ministère.
J'ai pour mon dire: Quand on dépense de l'argent, il faut que cela soit
un bon placement, parce que dépenser pour assainir et dix minutes
après polluer, je trouve que c'est un non-sens.
M. Léger: Je suis bien d'accord avec vous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président. Je ne sais pas si le ministre
pourrait nous informer du genre de permis qui a été émis
l'an passé, concernant les productions agricoles.
M. Léger: Je peux vous dire que l'année
dernière, nous avons émis 2000 permis d'exploitation agricole,
comparativement à 900 l'année précédente. C'est
donc une augmentation de 1100; cela a plus que doublé.
M. Cordeau: Mais est-ce que vous l'avez pour les porcheries ou
les productions agricoles? Est-ce que c'est pour l'ensemble?
M. Léger: La grande majorité, ce sont des
porcheries, à 90% des porcheries.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Dans le même domaine, on va rester dans les
porcs.
Le Président (M. Laplante): Allez-y en cochon!
M. Cordeau: Vous avez annoncé, il y a quelque temps, une
expérience connue sous le nom de procédés "fuchs",
à l'effet que votre ministère mettrait à la disposition
des personnes concernées $85 000. Est-ce pour deux ans ou par
année?
M. Léger: Pour deux ans.
M. Cordeau: Parfait.
M. Léger: C'est un projet de recherche.
M. Cordeau: Oui, c'est un projet de recherche. Maintenant, une
autre question, M. le Président. Dernièrement le ministre,
à Trois-Rivières, a déclaré qu'il
présenterait sous peu, à l'Assemblée nationale, un projet
de loi à l'effet d'accorder un droit légal à tout individu
d'intenter des poursuites judiciaires contre tout pollueur de l'environnement.
Par la même occasion, il faisait part aussi aux journalistes qui
l'interviewaient que ce projet de loi devait être présenté
au Conseil des ministres, mercredi dernier. Est-ce que M. le ministre pourrait
nous faire le point sur ce projet de loi et quand prévoit-il nous le
présenter à l'Assemblée nationale?
M. Léger: C'est exact que ce projet de loi qui donnerait
aux citoyens le droit à l'environnement, un droit légal,
c'est-à-dire le pouvoir de poursuites judiciaires au civil comme au
pénal. C'est un droit qui fait partie de la loi, dont je vous parlais
tantôt, qui va être présentée avant la suspension de
juin. Cela a été présenté au Conseil des ministres
et comme on avait en même temps à régler le
problème, que j'ai mentionné ce matin, entre la juridiction des
Affaires municipales et celle de I environnement pour les aqueducs et les
égouts, on a voulu profiter de la même loi pour ajouter les
amendements nécessaires afin de permettre aux Affaires municipales et
à l'environnement d'avoir une juridiction pas mal définie et
claire dans ce même projet de loi. C'est la raison pour laquelle je dois
revenir au Conseil des ministres, dans quelques semaines, avec les amendements
de façon qu il y ait une seule loi qui tienne compte de l'ensemble des
problèmes de l'environnement.
M. Cordeau: Est-ce que, dans les cours où les programmes
scolaires qui débuteront peut-être au mois de septembre, vous
allez enseigner aux citoyens comment procéder dans les cas où ils
voudront poursuivre?
M. Léger: Les cours qui vont être donnés
à I'automne vont toucher seulement l'aspect scolaire, ce ne sera pas le
cours des adultes comme tel, on est en train de le préparer
celui-là. Celui pour les jeunes est au deuxième cycle, à
l'élémentaire, et une partie au secondaire, qui va commencer cet
automne. Cela ne touchera pas nécessairement cet aspect-là; cela
portera beaucoup plus sur la conscientisation des jeunes aux valeurs de la
nature et sur l'importance de protéger l'environnement.
Au niveau des adultes, on va donner des cours qui vont tenir compte des
problèmes concrets qu'ils ont dans leur milieu. On va aussi leur donner
les moyens d'utiliser les pouvoirs qu'on va leur donner. Exemple: Le
système des formules d'affi-davit qu'on a mis sur pied. C'est une
formule qui permet à un citoyen, qui est conscient qu'il y a quelqu'un
qui pollue en transgressant une loi et qu'il est évident qu'il en est le
seul témoin parce que très souvent s'il appelait le
service de protection et de l'environnement, avant que l'inspecteur soit
arrivé, le délit est déjà commis et la personne est
déjà partie de remplir une formule d'affidavit et daller
tout simplement chez un commissaire d'assermentation; sa formule, sous serment,
pourra être utilisée en vue d'une poursuite en justice.
Le Président (M. Laplante): Une autre question, sur le
même sujet?
M. Cordeau: Sur le même sujet? Non pas sur le même
sujet.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Cordeau: M. le ministre, est-ce que vous avez reçu le
rapport de la firme Bessette, Crevier, Parent, Tanguay et associés
concernant le mandat que vous lui avez confié pour l'étude
écologique de l'île Lebel?
M. Léger: De l'île?
M. Cordeau: Lebel. C'était un contrat d'une durée,
du 1er avril 1977 au 1er avril 1978.
M. Léger: On me dit que le rapport de cette firme doit
être prêt dans un mois d'ici.
M. Cordeau: Cela donnerait deux mois d'extension. C'est pas mal
normal.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président. M. le ministre ce matin vous
avez parlé un petit peu de tribunal ou de commission; j'aimerais avoir
les renseignements additionnels. Il va être formé de qui, sur
quoi, quel pouvoir ce tribunal va avoir et est-ce qu'il va remplacer la
Commission municipale. Est-ce que vous pourriez m'éclairer
là-dessus?
M. Léger: Oui. Cela n'a aucun rapport avec la Commission
municipale. Ce bureau d'audition qui va être comme une commission
d'audition publique, c'est un bureau qui va être composé
d'à peu près cinq fonctionnaires, à temps plein,
spécialisés dans l'écoute des groupes de citoyens qui
souvent n'ont pas les moyens techniques de s'exprimer de façon aussi
spécialisée que des spécialistes. C'est une commission
dont le rôle sera bien décrit dans la loi, qui va permettre
après une étude d'impact si un citoyen demande
d'être entendu parce qu'il ne serait pas d'accord ou qu'il aurait des
choses à demander pour corriger tel ou tel projet de
développement... Alors le ministre, si la demande n'est pas farfelue
parce qu'il peut parfois y avoir des demandes farfelues va tout
simplement demander à sa commission d'édition de siéger,
de telle date à telle date, pour entendre des citoyens qui veulent
s'exprimer. Par la suite, cette commission d'audition va faire un rapport au
ministre de l'environnement, permettant, par la suite, au Conseil des ministres
de pouvoir évaluer le projet du développeur, avec les arguments
du développeur et, en même temps, les arguments des citoyens.
Donc, c'est une commission d'audition qui va être à
l'écoute des citoyens et rapporter ce que les citoyens désirent
pour que le projet ne soit pas nécessairement bloqué. Il peut
être bloqué si c'est quelque chose de légèrement
nuisible, mais il peut être amendé de façon qu'il puisse
être réalisé en tenant compte du point de vue des citoyens.
C'est une commission d'écoute des citoyens. (17 h 45)
M. Cordeau: Cela n'enlève aucun pouvoir â la
Commission municipale?
M. Léger: Cela n'a aucun rapport. La Commission municipale
est un organisme juridique qui a à statuer sur des cas précis de
la loi, tandis que la commission d'audition n'a pas de recommandation et va
seulement rapporter ce que les citoyens veulent dire pour qu'on puisse
évaluer telle ou telle décision en conformité avec les
besoins des citoyens.
M. Caron: Sur un autre point; l'an dernier le ministre nous avait
indiqué son désir de faire participer toute la population du
Québec comme inspecteurs.
Le ministe est-il en mesure, aujourd'hui, de nous dire dans quel
pourcentage ces gens ont répondu à l'appel, et est-ce que le
ministre peut nous fournir une liste de cas où ces inspecteurs sont
intervenus? Vous aviez parlé de cela.
M. Léger: Quand j'ai fait passer une annonce disant que
j'avais besoin de 6 millions d'inspecteurs; vous voulez savoir combien j'ai
reçu de lettres d'application?
M. Caron: C est la majorité?
M. Léger: Est-ce le sens de la question?
M. Caron: Je veux savoir si, avec le message que vous aviez
passé, la population a répondu à l'appel. C'est dans ce
sens que je veux parler.
M. Léger: Je peux vous dire que, comme on ne peut pas
évaluer le nombre de personnes qui sont d'accord pour être
inspecteurs, je peux vous dire qu'il y a eu un regain d'intérêt
chez les citoyens, mais cela n'est pas quantifiable.
M. Caron: Inspecteur, c'est une façon de parler,
c'était pour vendre aux gens l'idée de collaborer.
M. Léger: Je peux vous dire que nous avons
énormément de groupes de citoyens qui ont décidé de
prendre en main la protection de leur milieu de vie et, si je ne m'abuse, on
doit approcher une centaine de groupes de citoyens qui ont, en plus de 422...
on doit approcher 600 groupes au Québec, incluant les groupes de La
Chapelle.
M. Caron: Est-ce que le ministre serait prêt à
déposer la liste de gens qui collaborent avec le ministère?
M. Léger: La liste des groupes de citoyens? M. Caron:
Oui.
M. Léger: II y en a qui sont organisés de
façon officielle j'en ai probablement une liste mais
il y en a plusieurs qui ne le sont pas de façon officielle, c'est
officieux, c'est sporadique, c'est spontané, dépendant de tel ou
tel problème. Je ne pense pas avoir une liste exhaustive de tous ces
groupes. Idéalement, je peux vous donner la liste complète des
électeurs du Québec.
M. Verreault: Ce qui m'intrigue, M. le Président, ce
serait de savoir du ministre quelle sorte d'accusé de réception
il a fait à ces milliers de lettres d'offres.
M. Léger: Je peux vous dire que toute personne qui m'a
écrit a reçu une réponse.
M. Verreault: Mais dans quel sens?
M. Léger: Toute personne qui m'a écrit, disant
qu'elle voulait collaborer, a reçu une réponse. Mais, comme de
raison, entre une personne qui me dit: continuez, vous faites un bon travail;
un autre qui dit: j'aimerais vous aider en tel domaine; un autre qui dit:
est-ce que je peux former un groupe de citoyens chez nous? il y a une kyrielle
de types de réponses.
M. Verreault: Oui, mais règle générale, cela
tournait toujours autour du même sujet. Mais, quand on vous disait: je
veux participer, je veux collaborer, qu'est-ce que vous
répétiez?
M. Léger: Alors, je leur donnais l'occasion de rencontrer,
soit l'inspecteur de leur milieu, soit simplement notre service qui va devenir
la Direction générale de la nature, qui va s'occuper de ces
groupes de citoyens. Ils ont eu immédiatement une occasion de
rencontrer, chez nous, quelqu'un qui a donné les renseignements dont ils
avaient besoin.
Cela prend la forme de tellement de possibilités
différentes: ce peut être une seule plainte ou celle d'un groupe
de citoyens qui veut avoir de l'aide, que je ne pense pas qu'on puisse
quantifier le nombre de personnes qui sont intéressées,
jusqu'à ceux qui sont très heureux de participer à un
événement ou à une assemblée publique sur un sujet
donné.
M. Verreault: Mais, M. le Président, est-ce que vos
responsables régionaux sont prêts à répondre
à des demandes semblables?
M. Léger: Les 700 fonctionnaires du service de protection
de l'environnement sont maintenant prêts à recevoir, de la part
des citoyens, des demandes, et je peux vous dire que ce sera maintenant non
seulement orchestré vers une direction générale qui va
être créée bientôt, la direction
générale de la nature, mais que, dans l'ensemble, les
responsables de l'environnement, au niveau du fonctionnaire, ont maintenant une
habitude de fonctionner avec des citoyens qui leur demandent
régulièrement des services ou qui leur demandent de participer
à des projets quelconques.
M. Verreault: A titre d'exemple, M. le Président. Si
j'allais voir mon responsable local et que je lui disais: je veux participer,
qu'est-ce qu'il me répondrait? Il doit sûrement avoir des
directives.
M. Léger: Participer seul, non. Si vous me dites que vous
voulez faire partie ou que vous voulez former un groupe de citoyens pour
défendre la qualité des eaux chez vous, vous auriez tout de suite
des animateurs qui prépareraient la création d'un comité
de citoyens de ce milieu et qui vous diraient quelles seraient les
procédures à prendre pour continuer. On vous donnerait l'aide
technique et on vous donnerait l'occasion, parfois même, de vous
subventionner pour des problèmes de secrétariat pour
préparer un dossier précis sur le sujet qui vous touche à
ce moment-là.
M. Verreault: Vous êtes très conscient et c'est bien
officiel que les fonctionnaires régionaux ou locaux sont prêts
à organiser ces choses. Je suis heureux de l'entendre.
M. Léger: Je pense que la grande majorité est
prête; il y en a d'autres qui n'avaient pas l'habitude de ce type de
fonctionnement, qui doivent s'adapter, c'est normal.
M. Verreault: Je suis bien heureux de l'entendre, M. le
Président.
M. Léger: S'il y avait des fonctionnaires, à mon
ministère, qui n'avaient pas cette attitude d'attente et d'ouverture
d'esprit aux citoyens, je demanderais aux députés de l'Opposition
de ne pas se gêner, de me donner les noms des fonctionnaires de
façon que l'on soit certain que les 700 fonctionnaires, environ, qu'il y
a chez nous, aient cette ouverture d'esprit que nous avons déjà
en majorité.
M. Verreault: La question n'était pas là. M. le
Président. Si j'ai à référer des gens, je vais les
référer à vos fonctionnaires, oui. Mais j'irais presque
à douter que vos fonctionnaires soient prêts,
immédiatement, à pouvoir donner un coup de main technique ou
autre à ces associations.
M. Léger: Alors, vous allez être heureusement
surpris...
M. Verreault: Vous me le confirmez, alors je vais les mettre
à l'épreuve.
M. Léger: ... cette année.
Le Président (M. Laplante): Exceptionnellement, est-ce que
les membres de la commission consentiraient à ce que je pose une
question au ministre?
M. Cordeau: Oh! oui.
Le Président (M. Laplante): C'est une question que j'ai
à coeur parce que je suis un des fondateurs des clubs 4-H du
Québec. Je sais que
ci est un organisme de jeunes qui s'occupe beaucoup de la
préservation de la faune et du milieu, de l'environnement. J'aimerais
savoir du ministre quelles sont les relations qui peuvent exister,
actuellement, les moyens de communications ou autres, entre les clubs 4-H
provinciaux et votre service de l'environnement?
M. Léger: Pour les clubs 4-H, je peux vous dire qu'ils ont
participé, l'année dernière, au concours de
contre-publicité. Le député de Saint-Hyacinthe aurait pu
vous répondre aussi bien que moi, il faisait partie du groupe des cinq
députés qui ont choisi les 20 groupes de citoyens ou associations
de citoyens qui voulaient utiliser la possibilité d'avoir une subvention
de $10 000 pour des projets de contre-publicité. Le club 4-H a
été un des 20 groupes, sur les 75 qui avaient posé leur
candidature, à recevoir un montant de $10 000 du Service de la
protection de l'environnement pour un projet de contre-publicité qui
permet d'utiliser les media d'information pour créer une
préoccupation dans le comportement des citoyens envers la protection de
la nature et de l'environnement.
Actuellement, vous voyez dans les journaux, à la radio et
à la télévision, des annonces et des messages
publicitaires faits par les clubs 4-H sur le comportement des citoyens. Cela
démontre, entre autres, que des groupes comme celui-là ont
participé activement à cette politique du ministère de
l'environnement d'aider les groupes de citoyens à s'exprimer et à
faire un travail d'animation dans leur milieu.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que M. le ministre me
proposerait de lui faire une suggestion? Vous voulez établir des cours,
en septembre, dans les écoles. Je crois que si votre ministère
pouvait avoir des contacts réguliers avec ces gens, vous toucheriez tout
de suite au moins 100 000 jeunes du Québec, très engagés.
Ces jeunes doivent faire la plantation d'environ 200 000 ou 300 000 arbres par
année; actuellement, ce serait peut-être un bon groupement
à suivre.
Je m'excuse d'avoir pris le temps de la commission.
M. le député de Verdun.
M. Verreault: Dans la même veine, j'aimerais savoir du
ministre, de quelle manière il a l'intention de s'arranger avec son
collègue du cabinet, le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, relativement au déclubage et à la pollution. Ces
temps-ci, on lit différents articles dans les journaux, il y a des
enquêtes qui se font. Evidemment, cela amène beaucoup de critiques
et, éventuellement, beaucoup de problèmes.
Quelle sorte d'arrangement a-t-il l'intention de prendre, avec son
collègue?
M. Léger: Quels sont les critiques et les problèmes
que vous voyez, au niveau du déclubage, qui concerneraient
l'environnement? Pourriez-vous être plus spécifique?
M. Verreault: II y a toujours les chalets privés de ces
clubs, ensuite, il y a l'environnement, la faune, la végétation,
etc. Je pense que cela concerne le ministre. On ne parlera pas du
dépeuplage des lacs...
M. Léger: La faune et la flore relèvent du
Tourisme.
M. Verreault: Exactement. Nécessairement, c'est une
nouvelle politique du gouvernement actuel, le déclubage, qui va
entraîner une plus grande participation des Québécois dans
ces clubs et cela va entraîner également une certaine pollution,
parce que, je ne sais pas si le ministre va engager des agents de la paix
ou...
M. Léger: ... la chasse et pêche, des
inspecteurs...
M. Verreault: ... des inspecteurs supplémentaires. Il y a
évidemment... Je pense que le ministre ne peut pas attendre encore dix
années avant de s'apercevoir des effets que cela peut créer.
M. Léger: C'est sûr qu'en passant d'un régime
de privilèges pour des clubs privés, où uniquement des
amis ou des membres d'un club privé pouvaient avoir l'utilisation de
ressources qui devaient appartenir à tous les Québécois,
à un stade où on laisse les citoyens prendre soin de
l'utilisation de leurs propres ressources, il y a une période de rodage.
Il y a une période de maturité d'un peuple du Québec qui
doit devenir maintenant, non seulement l'utilisateur, mais aussi le responsable
de la protection de la qualité de son milieu; il y aura des abus, il y
aura nécessairement, peut-être, des erreurs commises.
Ce qui est important, c'est que le ministère de l'Environnement,
de son côté, va être de plus en plus vigilant de ce
côté-là; les associations de chasse et pêche vont,
dans la première année, peut-être faire des erreurs, mais
vont mettre sur pied des programmes de protection des ressources et, avec
l'aide du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et du
gouvernement, auront les moyens financiers de le faire. Probablement que chaque
année, il y aura des moyens de corriger les erreurs passées,
jusqu'au temps où cela deviendra une chose normale pour tout citoyen
d'être responsable et de protéger ses ressources s'il veut
être capable de continuer à pêcher dans ces coins.
M. Verreault: M. le Président, en attendant cette
période de rodage, comme le ministre l'appelait tout à l'heure
dans son explication, j'espère que le ministre n'a pas l'intention
d'attendre qu'il soit trop tard, quand même.
M. Léger: II ne faut pas oublier non plus que les
règlements sur les installations septiques vont aussi s'appliquer aux
gens qui vont être dans les clubs déclubés.
M. Verreault: M. le Président, c'est la première
saison. Sachant ce qu'on sait, j'ose croire que le ministre va quand même
discuter avec son collè-
gue ou que les deux ministères vont se rencontrer, à un
moment donné, pour dire: Ecoutez, le rodage, cette année, c'est
une excuse, mais l'an prochain il n'y en aura plus, et qu'on va prévoir
cette chose-là.
M. Léger: C'est cela, je suis d'accord avec vous.
M. Verreault: Vous savez, c'est plus difficile de revenir
corriger des choses que de les détériorer. Si vous attendez trop
longtemps, si vous ne prenez pas des ententes, j'ai l'impression que cela va
gâter la sauce.
M. Léger: C'est sûr que le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche et moi-même en avons discuté
longuement et que nous avons, quand même, certaines choses à
décider en commun là-dessus. Au moment où on se parle, on
est régulièrement, au niveau du COMPAT, à discuter des
méthodes pour s'assurer que les mécanismes que nous avons mis sur
pied soient de plus en plus efficaces et pour essayer de corriger, avant qu'il
n'y ait trop de problèmes, des comportements qui ne seraient pas aptes
à protéger l'environnement.
M. Verreault: Mais, ces soi-disant mécanismes...
Le Président (M. Laplante): Messieurs, il est 18 heures.
Nous ajournons nos travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 59)