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Etude du livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission de la présidence du conseil,
de la constitution et des affaires intergouvernementales.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bertrand (Vanier), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M.
Gratton (Gatineau), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Johnson (Anjou)
remplacé par M. Charbonneau (Verchères), M. La-berge
(Jeanne-Mance), M. Lamontagne (Roberval), M. Lavoie (Laval), M. Lévesque
(Taillon) remplacé par M. Fallu (Terrebonne), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel (Richelieu), M. Morin
(Louis-Hébert), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je vais donner la parole au
ministre.
Déclaration du ministre, M. Robert
Burns
M. Burns: M. le Président, la semaine dernière,
lors de la fin des auditions des mémoires, j'avais laissé
entendre que j'aurais peut-être une déclaration à faire
lors de la fin de nos travaux relativement à cette commission;
déclaration qui serait, dans le fond, une espèce de
prélude et en même temps une espèce de sondage
préalable à la rédaction du projet de loi. J'aurais, ce
matin, une déclaration à faire pour, en ce qui me concerne,
terminer les travaux de la commission en espérant une réaction de
la part des membres de l'Opposition là-dessus, qui vont peut-être
me donner un certain nombre d'orientations relativement à la
rédaction du projet de loi qui devrait, comme je l'ai mentionné,
M. le Président, être déposé vers le 15
décembre. Du moins, c'est le souhait que je formule, si tous les aspects
techniques sont réglés. Evidemment, comme on le sait, il faut
passer d'abord par le Conseil des ministres à qui j'adresserai un
mémoire lui demandant de m'autoriser à préparer un projet
de loi pour le comité de législation. Ce comité
m'autorisera par la suite, si le projet de loi est conforme au mémoire
présenté au Conseil des ministres, à déposer un
projet de loi vers le 15 décembre. C'est un peu, en tout cas, l'objet de
cette rencontre de ce matin.
M. le Président, ainsi que je l'ai déclaré lors de
l'ouverture de la présente commission parlementaire, le gouvernement
croit que les campagnes référendaires doivent se dérouler
suivant des règles semblables à celles qui régissent
déjà nos campagnes électorales. En procédant de
cette façon, le gouvernement souhaite assurer la plus grande
égalité des chances possible entre les options en présence
et permettre aux électeurs québécois de s'exprimer
librement et en toute connaissance de cause.
Comme* je l'ai déjà mentionné, le seul but d'une
campagne référendaire est d'éclairer le mieux possible les
électeurs sur le choix qui leur est proposé. Pour cela, il faut
non seulement permettre à chaque citoyen de faire valoir son point de
vue, mais il faut également l'y aider en évitant que l'opinion
des citoyens ne soit noyée sous un déluge de propagande
orchestrée par ceux qui détiennent les pouvoirs d'argent. Le
référendum doit être l'occasion d'un débat
d'idées et non celle d'une genre de publicité.
C'est, d'ailleurs, la philosophie qui s'est progressivement
développée dans notre droit électoral à partir de
la loi limitant les dépenses électorales jusqu'à celle
toute récente réglementant le financement des partis politiques.
En empêchant les abus, ces lois favorisent l'expression d'opinion des
citoyens et garantissent une certaine égalité des chances entre
tous les protagonistes. Il en va exactement de même pour les
référendums. C'est pourquoi le gouvernement a proposé que
les règles qui assurent la démocratie en temps d'élections
puissent également garantir la qualité du débat
démocratique au moment des référendums.
Je suis donc très heureux de constater que la majorité des
mémoires présentés à la commission, notamment ceux
du Barreau et de la Commission des droits de la personne, a donné son
accord à ces objectifs généraux.
Je me permettrai de citer ici, en entier, la conclusion du
mémoire de la Commission des droits de la personne: "La Commission des
droits de la personne souscrit aux objectifs du livre blanc: la
démocratisation de nos institutions politiques; l'association directe
des électeurs à la gouverne de l'Etat; l'élargissement
progressif de la participation populaire. "La commission se réjouit, de
continuer cette conclusion, de retrouver dans le livre blanc sur la
consultation populaire du Québec, le principe fondamental de
l'égalité entre les individus tel que reconnu par la Charte des
droits et libertés de la personne, et l'autre principe non moins
important affirmé dans la Loi sur le financement des partis politiques:
celui d'une meilleure réglementation des revenus et dépenses
politiques. "Elle met en garde, cependant, le législateur sur les
atteintes possibles aux libertés fondamentales qui pourraient finalement
avoir des effets contraires aux objectifs poursuivis, notamment au niveau de la
participation des citoyens au débat et au niveau de la
démocratisation de nos institutions politiques. "Ces libertés
sont, comme on l'a vu, les libertés d'opinion, d'expression et
d'association. C'est
maintenant au gouvernement en tant que législateur qu'appartient
le fardeau de prouver que la législation sur la consultation populaire
au Québec ne portera pas atteinte à ces libertés."
C'est dans cette perspective que s'inscrit ma déclaration
d'aujourd'hui. En effet, la formule de regroupement que le gouvernement a
proposée dans son livre blanc, celle des comités nationaux, a
soulevé des interrogations, des doutes et même des oppositions de
la part dé certains groupes qui ont témoigné devant notre
commission.
Dans mon discours d'ouverture, j'ai pris soin de bien préciser
que cette formule n'était, dans notre esprit, qu'un moyen d'atteindre
les objectifs recherchés et que, si de meilleures formules nous
étaient proposées, il me ferait plaisir de les soumettre à
mes collègues du Conseil des ministres et, éventuellement,
à l'Assemblée nationale.
Je crois que tous les membres de cette commission conviendront que,
malheureusement, peu de formules de rechange nous ont été
suggérées au cours de nos travaux. J'ai quand même
demandé à mes collaborateurs de poursuivre leur réflexion
tant pour préciser la méthode proposée dans le livre blanc
que pour imaginer d'autres hypothèses de travail qui garantissent
à la fois les droits fondamentaux des électeurs et
l'égalité des chances entre les options.
Je voudrais maintenant faire part à la commission de trois de ces
hypothèses. La première est celle évidemment, du livre
blanc dont nous avons voulu préciser et j'insiste sur cet aspect
assouplir les règles. Vous verrez que, dans les hypothèses
envisagées, il y a un certain assouplissement qui est
suggéré quant à l'hypothèse qui avait
déjà été mise de l'avant dans le livre blanc. La
deuxième hypothèse met l'accent sur les partis politiques et la
troisième propose un système d'enregistrement ouvert à
toutes les groupes.
Personnellement, je continue de croire que, tout bien
considéré, la formule des comités nationaux demeure, une
fois qu'on en a précisé la portée, la meilleure
façon d'atteindre les objectifs recherchés. Aussi,
j'espère que tous, à la réflexion, voudront s'y rallier de
façon à travailler positivement à son amélioration
et à sa mise en oeuvre. Cependant, si l'une des deux autres
hypothèses que je soumets aujourd'hui, ou même toute autre qui
pourrait être formulée par des représentants de
l'Opposition, devait engendrer un plus grand consensus, je serais
disposé à la soumettre à mes collègues du Conseil
des ministres dans le cadre de la préparation du projet de loi que je
compte déposer à la fin de la présente session.
Relativement au modèle électoral, pour bien comprendre les
modalités des diverses hypothèses que je soumets aujourd'hui, il
faut se référer au cadre général qui prévaut
en matière électorale, puisque c'est ce cadre qui sert de
modèle aux formules que nous pouvons imaginer pour la conduite des
campagnes référendaires. En matière électorale, il
existe ce qu'on appelle une période électorale qui commence avec
l'émission des brefs et se termine avec la proclamation du candidat
élu. Cette période, dépendant des cir- constances, peut
durer de quatre à neuf semaines. Durant cette période, seul un
candidat ou un parti politique peut, par son agent officiel, faire ce qu'on
appelle des dépenses électorales, et cela jusqu'à un
maximum fixé par la loi. Une partie de ces dépenses est, à
certaines conditions, remboursée par l'Etat.
La définition de ce qui constitue une dépense
électorale englobe tous les frais encourus pour favoriser ou
défavoriser un candidat ou un parti ou encore pour promouvoir ou
combattre son programme. On permet cependant la publication, dans un journal ou
autres périodiques, d'articles éditoriaux, de nouvelles, de
chroniques ou de lettres de lecteurs, pourvu que ce soit suivant la
manière ordinaire.
Il en va de même pour la diffusion par un poste de radio ou de
télévision d'une émission de nouvelles ou de commentaires.
De plus, cette définition n'inclut pas le travail bénévole
ou les frais de voyages qui ne sont pas remboursés. Quant aux
contributions que les partis politiques sont autorisés à
recueillir pour financer leurs dépenses, elles sont régies par la
Loi régissant le financement des partis politiques, adoptée en
août dernier. Ces contributions doivent provenir d'une personne qui est
un électeur et elles ne peuvent dépasser pour un même
électeur, la somme de $3000 dans une année. Un crédit
d'impôt est accordé à l'électeur pour une partie de
ses contributions.
Pour ce qui est de la nomination des officiers d'élection, elle
est faite sur la recommandation du premier ministre ou du chef de l'Opposition
ou de leurs représentants dans le district électoral. Chaque
candidat peut avoir un représentant dans les bureaux de scrutin.
Voyons maintenant suivant quelles modalités il est possible de
transposer ce cadre électoral à la poursuite d'une consultation
populaire. Quant à la première hypothèse,
c'est-à-dire celle qui est présentée dans le livre blanc,
c'est celle des comités nationaux. La formule des comités
nationaux qui est décrite dans le livre blanc vise tout simplement
à remplacer les partis politiques et les candidats, qui sont les acteurs
d'une campagne électorale, par des organisations spécialement
constituées pour faire valoir chacune des options.
Au cours de la période référendaire, seules ces
organisations pourraient faire des dépenses référendaires.
Le total de ces dépenses serait limité à un maximum de
$0.50 par électeur. La période référendaire
commencerait le jour de l'émission du bref référendaire et
se terminerait à la fin du jour du scrutin. Elle durerait entre 30 et 60
jours. Ce n'est donc que pour cette période, j'insiste là-dessus,
cette période de quelques semaines avant le vote que la loi
édicterait certaines règles visant à assurer une certaine
égalité entre les options de façon à permettre aux
électeurs de mieux comprendre les enjeux en discussion.
Tant que cette période référendaire ne serait pas
commencée, toutes les dépenses seraient permises, comme c'est le
cas pour les partis politiques en dehors de la période
électorale. La défi-
nition de ce qui constitue une dépense référendaire
serait inspirée de la définition de ce qui constitue une
dépense électorale.
Il n'y aurait donc aucune restriction quant à la publication dans
un journal d'articles éditoriaux, de nouvelles, de chroniques ou de
lettres du lecteur, ou encore quant à la diffusion par un poste de radio
ou de télévision d'une émission de nouvelles ou de
commentaires.
De plus, tout individu pourrait librement fournir, sans
rémunération, ses services personnels et l'usage de son
véhicule pour la défense de l'option de son choix. C'est donc
dire, M. le Président, que n'importe qui pourrait se prononcer, faire
des discours, envoyer des communiqués à la presse et travailler
bénévolement pour l'option de son choix. Je tiens à
insister sur ce point parce qu'on a soulevé au cours des travaux de la
commission un certain nombre de questions qui laissaient croire que les gens ne
pensaient pas que ces choses étaient possibles.
De plus, M. le Président, afin de s'assurer que tous gardent la
possibilité d'exprimer pleinement leur opinion, la définition de
"dépenses référendaires" n'inclurait pas les
dépenses exigées par l'organisation de réunions. Je pense
que cela est relativement nouveau dans le débat. Je veux dire, à
ce moment-là, la location de salles, la convocation des membres, etc.
N'importe qui pourrait donc faire des dépenses à
l'intérieur d'une limite raisonnable pour le moment, pour les
fins de la discussion, j'ose lancer le chiffre de $300 par réunion
sans qu'il soit nécessaire de passer par un comité
national.
Si de telles règles étaient adoptées, on peut donc
constater que ce serait essentiellement les dépenses de publicité
payée et d'organisation rémunérée qui, pendant la
période référendaire, seraient réservées aux
comités nationaux. Or, ce sont précisément les deux
domaines où l'unité d'action s'impose de toute façon.
Tous les citoyens et tous les groupes resteraient complètement
libres de se réunir pour faire valoir leur point de vue et exprimer leur
opinion par les moyens ordinaires. Ce ne serait qu'au niveau de la
publicité payée et du travail d'organisation
rémunérée qu'il leur faudrait passer par les organisations
prévues à cette fin pendant les quelques semaines de la
période référendaire.
Quant aux revenus dont ces comités nationaux auraient besoin pour
financer leur campagne, ils proviendraient de trois sources. D'abord, d'une
subvention de départ que l'Etat accorderait à chaque option, de
façon égale; soit dit en passant, le montant de cette subvention
serait fixé par l'Assemblée nationale et pourrait varier d'un
référendum à l'autre. Evidemment, si un
référendum suscite moins d'intérêt qu'un autre je
présume que l'Etat, sagement, décidera que le montant mis
à la disposition des différentes options sera moindre que
lorsqu'un référendum est plus largement sollicité et
discuté par la population.
Deuxièmement, les partis politiques autorisés en vertu de
la Loi régissant le financement des partis politiques pourraient
transférer des fonds aux comités nationaux jusqu'à
concurrence d'une limite totale, pour chaque option, de $0.25 par
électeur. Enfin, les comités nationaux pourraient recevoir
directement des contributions de la part des électeurs jusqu'à un
maximum de $3000 pour un même électeur. Cette somme n'affecte en
rien j'insiste sur ce point, car c'est une question qui nous a
été posée au cours de nos auditions en commission
parlementaire le droit d'un électeur de contribuer à des
partis politiques au cours de cette même année,
conformément aux dispositions de la Loi régissant le financement
des partis politiques. Cela veut dire, M. le Président, que dans une
année référendaire, si je peux m'expri-mer ainsi, un
même électeur pourrait donner $3000 au parti politique de son
choix, tel que c'est prévu par la Loi régissant le financement
des partis politiques et, en même temps, il pourrait donner $3000
à une option qu'il favorise à l'occasion d'un
référendum.
Après le référendum, chaque comité national
devrait faire un rapport public de ses revenus et de ses dépenses
suivant le modèle utilisé en matière
d'élections.
L'hypothèse no 2, M. le Président, vise directement les
partis politiques. Une deuxième formule consisterait à
reconnaître comme auteurs de la campagne référendaire les
partis politiques autorisés en vertu de la Loi régissant le
financement des partis politiques. Seuls ces partis pourraient faire des
dépenses référendaires pendant les quelques semaines de la
période référendaire.
La définition de ce qui constitue une dépense
référendaire serait la même que dans la première
hypothèse. C'est donc dire que les citoyens et les groupes pourraient
librement se réunir et exprimer leur opinion sur les moyens ordinaires.
Essentiellement, seules les dépenses de publicité et
d'organisation devraient obligatoirement être faites pendant la
période référendaire par l'agent officiel d'un parti
politique autorisé.
Il faudrait, évidemment, s'assurer que, quel que soit le nombre
de partis politiques qui favorisent une option, le total de leurs
dépenses ne dépasse pas le maximum fixé par la loi, ceci
en vertu du principe exprimé au début de mon intervention de
l'égalité de chances à toutes les options.
On pourrait y arriver en exigeant que chaque parti autorisé qui
désire participer à une campagne référendaire en
informe le directeur général des élections en
précisant le montant d'argent qu'il désire engager dans la
campagne. La loi pourrait prévoir un délai, à partir du
moment où la question aura été approuvée par
l'Assemblée nationale, pendant lequel cette inscription pourrait
être faite.
A la fin de ce délai, le directeur général des
élections ferait le total des dépenses envisagées par les
partis qui se sont prononcés pour chaque option et, dans le cas
où ce total serait inférieur ou égal au maximum permis, il
autoriserait les partis à faire ces dépenses. Dans le cas
contraire, c'est-à-dire si jamais le total est supérieur au
montant autorisé par le directeur général, ce dernier
réunirait les partis et leur demanderait de s'entendre entre eux sur une
réduction des dépenses prévues de façon à se
conformer au maximum fixé
pour chaque option. En cas de désaccord, on pourrait envisager
une formule d'arbitrage qui pourrait être prévue dans la loi.
Il serait difficile, évidemment, de prévoir, dans la loi,
la solution à toutes les difficultés qui pourraient surgir entre
les partis politiques favorisant la même option quant à des
questions comme l'utilisation du temps d'antenne mis à la disposition de
chaque option ou la répartition de la subvention de départ
accordée par l'Etat. On pourrait cependant prévoir régler
ces questions au moyen d'un protocole d'entente conclu entre les partis, sous
la surveillance du directeur général dos élections.
Quant à la nomination des officiers du référendum
et des représentants dans les bureaux de scrutin, elle pourrait
être faite, pour chaque option, par le chef du parti favorisant cette
option ayant le plus grand nombre de députés à
l'Assemblée nationale.
Après le référendum, chaque parti devrait faire un
rapport public des revenus perçus et des dépenses faites pendant
la période référendaire.
Une troisième hypothèse, M. le Président, serait
celle de l'enregistrement des participants. Cette troisième formule,
inspirée des deux autres, est cependant, je dois l'avouer, beaucoup plus
complexe. Elle permettrait à toute personne ou à tout groupe qui
désire faire des dépenses référendaires, au sens
où nous l'avons déjà défini, de s'enregistrer et de
faire autoriser le montant des dépenses qu'il lui sera permis de faire
pendant la période référendaire. Il reviendrait au
directeur général des élections de déterminer ce
montant suivant une procédure analogue à celle que nous avons
décrite dans l'hypothèse précédente pour les partis
politiques.
Cette approche a les avantages et les inconvénients de la
diversité. Elle permettrait la participation simultanée des
partis politiques, des regroupements volontaires, des associations et des
individus, mais elle rendrait je dois le mentionner plus
compliquée la transposition en matière référendaire
des mécanismes électoraux, notamment en ce qui concerne le
contrôle des revenus et des dépenses ainsi que la nomination des
officiers du référendum et des représentants dans les
bureaux de scrutin.
Rappelons que, dans cette hypothèse comme dans les deux autres,
les citoyens pourraient librement continuer de se réunir et exprimer
leur opinion par les moyens ordinaires.
Seules, les dépenses relatives à la publicité
payée ou à l'organisation rémunérée
devraient être faites par une personne ou un groupe enregistré et
cela uniquement durant les quelques semaines de la période
référendaire. J'insiste sur ce point. En faisant sa demande
d'enregistrement, un groupe, sauf s'il s'agit d'un parti politique
déjà autorisé, devrait désigner un agent officiel
qui serait le seul à pouvoir autoriser une dépense
référendaire au nom de ce groupe. De plus, le groupe, par la voix
de son président et de son agent officiel, devrait s'engager à ce
que l'argent devant servir à payer pour ces dépenses ait
été recueilli conformément aux dispositions de la Loi
régissant le financement des partis politiques.
Le président et l'agent officiel du groupe seraient
personnellement responsables de cet engagement. Ils seraient passibles d'amende
en cas de contravention. Un électeur pourrait s'enregistrer
individuellement. Il devrait alors s'engager à ne dépenser que
son propre argent et le montant autorisé par le directeur
général ne pourrait dépasser, comme c'est le cas pour la
loi 2, $3000, de façon à respecter les dispositions de cette Loi
régissant le financement des partis politiques. Il reviendrait au
directeur général des élections de s'assurer que les
participants enregistrés pour chaque option ne puissent, au total,
dépenser plus d'argent que le maximum fixé par la loi.
Si les intentions de dépenser d'une option particulière
devaient excéder ce maximum, le directeur général aurait
l'obligation de réunir les participants enregistrés pour cette
option et d'aider à l'établissement, par entente, d'une
répartition équitable entre les participants. En cas de
désaccord, une procédure d'arbitrage pourrait être
prévue. La répartition de la subvention de départ de
l'Etat et du temps d'antenne gratuit, de même que la désignation
des officiers du référendum et des représentants dans les
bureaux de scrutin devraient être traitées suivant un protocole
d'entente conclu entre les tenants enregistrés d'une même option
sous la surveillance du directeur général des élections. A
défaut d'entente sur un protocole de ce genre, la répartition
serait faite uniquement entre les partis politiques autorisés, suivant
les règles de la deuxième hypothèse.
Après la tenue du référendum, chaque participant
aurait l'obligation de faire un rapport public des sommes qu'il a
perçues et dépensées pour les fins de la consultation
populaire.
Voilà, M. le Président, un effort que nous avons fait, qui
n'est peut-être pas parfait, mais jusqu'à maintenant je n'ai pas
eu, au cours de l'examen des différents mémoires qui nous ont
été présentés à la commission de la
présidence du conseil de solutions alternatives qui m'ont
été suggérées. Chaque fois qu'on s'opposait
à l'organisation, au système des organisations nationales, si
vous voulez, des comités nationaux ou appelons-les les organisations
parapluie, les comités parapluie, je demandais aux gens qui s'y
opposaient: Est-ce que vous avez une solution alternative à nous
soumettre? A chaque occasion, on m'a dit: Non, je n'en ai pas. Malgré
tout cela, on a fait l'effort chez moi, au sein de mon cabinet, d'essayer de
trouver d'autres solutions. On vous propose, non pas comme suggestion, mais
pour fins de discussion, deux autres hypothèses, en plus des
comités parapluie. Celle des comités formés par les partis
politiques uniquement et celle des comités formés par n'importe
qui. Tout individu, tout groupement, et qui que ce soit qui voudrait s'inscrire
pourrait fonctionner.
Ce sont les trois hypothèses. C'est un effort de réflexion
que nous avons fait. Je tenais à soumettre cet effort de
réflexion à la commission, avant que nous mettions fin aux
travaux de la commis-
sion pour aller individuellement, du côté du gouvernement,
préparer un projet de loi qui vous sera soumis, comme je le mentionnais
au tout début de mon intervention, vers la mi-décembre.
Ce sont les remarques que j'avais à faire relativement aux
travaux de cette commission et relativement aux résultats et aux efforts
que nous avons faits au sein de mon ministère pour essayer de trouver
d'autres solutions. Si l'une ou l'autre des deux autres hypothèses que
nous avons soumises parait rallier un plus grand consensus, je vous avoue que
je serai tout à fait ouvert à la possibilité de
suggérer au Conseil des ministres d'inclure cette hypothèse dans
l'éventuel projet de loi.
C'est avec cette ouverture d'esprit qu'en ce qui me concerne, je termine
mes interventions au sein de la commission de la présidence du
conseil.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laval.
Commentaires de l'Opposition M. Jean Noël
Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je dois vous dire on n'est pas
impressionnés par ce document, par cet effort. Je ne peux me retenir de
vous dire vraiment combien nous sommes peu impressionnés par ce document
de travail.
On se demande pourquoi avoir convoqué cette commission ce matin,
pourquoi avoir dérangé les membres de la commission, pourquoi
avoir dérangé les membres de la tribune de la presse. Non
seulement on n'apporte pas de réponses aux questions que les
témoins ou les députés se sont posé, mais vous
posez d'autres questions sans apporter, encore moins, des réponses.
A notre avis, c'est simplement du tape-à-l'oeil, c'est une perte
de temps totale. Le ministre entend peut-être se donner bonne conscience
en ce faisant, mais en ce qui nous concerne, on ne peut pas marcher dans cet
exercice pseudointellectuel. Encore une fois, le gouvernement ne répond
d'aucune façon aux vraies questions, aux questions soulevées par
l'Opposition officielle, par les autres Oppositions, ni, en somme, aux
questions que se pose toute la population. Entre autres, je pense que le
ministre était à Drummondville, hier soir.
M. Burns: Lundi soir. M. Lavoie: Lundi soir. M. Burns:
Oui.
M. Lavoie: Les gens vous ont posé des questions.
M. Burns: Oui, oui.
M. Lavoie: Vous n'apportez même pas de réponses
d'aucune façon.
M. Burns: Quelles questions.
M. Lavoie: On se demande si vous êtes... Je ne vous ai pas
interrompu.
M. Burns: Vous m'avez posé une question, vous.
M. Lavoie: On a l'impression que vous êtes sur le mauvais
côté de la barre. Vous feriez un sacré bon témoin.
Vous auriez dû comparaître à la commission et vous
êtes mal placé de ce côté-ci. Ce sont seulement des
postulats et des hypothèses que vous faites.
Nous sommes, après un an de pouvoir...
M. Burns: On est rendu à ce stade. M. Lavoie: A
trois mois...
M. Charbonneau: Ce n'est pas un projet de loi.
M. Lavoie: A trois mois du livre blanc, à deux semaines
à peine du dépôt du projet de loi, puis on n'est pas plus
avancé. Au contraire, non seulement le ministre et son gouvernement ne
répondent pas aux questions, mais ils nous proposent trois choix ce
matin tout à fait impossibles à mettre en pratique. Il le dit
lui-même dans son document.
Ce document, je le considère comme une dissertation de
cégépien. C'est tout ce que c'est votre document. Ce gouvernement
continue à leurrer la population en la gardant dans l'incertitude et
l'ignorance au sujet de cette aventure référendaire. A ce jour,
tout ce que nous avons pu savoir du ministre c'est que lui, personnellement,
serait favorable à une question appelant un oui ou un non comme
réponse.
M. Burns: Le premier ministre aussi.
M. Lavoie: II n'a même pas pu s'engager, pas plus que le
premier ministre d'ailleurs, à ce que, entre autres, la question soit
bilingue. En somme, aucune assurance sur quoi que ce soit, même pas sur
les fameux comités nationaux ad hoc. D'ailleurs, il détruit
lui-même son argumentation sur ces comités, sur l'obligation des
carcans, dans son document. Je n'ai qu'à citer un paragraphe: "La
période référendaire commencerait le jour de
l'émission du bref référendaire et se terminerait à
la fin du jour du scrutin. Elle durerait entre 30 et 60 jours et sur
cela vous avez bien insisté, tout à l'heure, même en
sortant de votre texte ce n'est donc que pour cette période de
quelques semaines avant le vote que la loi édicterait certaines
règles visant à assurer une certaine égalité entre
les options, de façon à permettre aux électeurs de mieux
comprendre les enjeux en discussion. Tant que cette période
référendaire ne serait pas commencée, toutes les
dépenses seraient permises, comme c'est le cas pour les partis
politiques en dehors de la période électorale".
Vous reconnaissez vous-même les carcans que vous voulez imposer
sous l'écran des chances égales, tout en flirtant avec des
accrocs aux droits
fondamentaux en disant: C'est uniquement pour quelques semaines. Vous
voyez que cela n'a aucun effet. Si les gens, les groupes voulaient...
M. Burns: Est-ce que te député me permet une
question?
M. Lavoie: Après, d'accord? M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: Si les groupes dépensaient $100 000...
M. Burns: II s'est couché de bonne heure hier!
M. Lavoie: ... ou $200 000 pour installer des plaques sur les
voitures, pour faire des macarons, pour faire de la publicité,
l'impression et tout se feraient avant la campagne référendaire.
Quel effet cela aurait-il? Vous n'avez pas confiance en la population du
Québec. La population, pendant 30 jours ou 60 jours, se ferait-elle
leurrer par ce que vous appelez une avalanche, un battage de
publicité?
M. Burns: Est-ce que...
M. Lavoie: Après, d'accord?
M. Burns: Après, la question.
M. Lavoie: Vous démolissez vous-même votre
obligation d'encarcanement dans votre document; vous êtes sur la
défensive partout. A deux ou trois endroits, vous dites: C'est
uniquement pour quelques semaines.
Vous démolissez une autre chose dans cela. On a toujours
demandé une loi spécifique. La raison d'être d'une loi
spécifique pour chaque référendum est dans votre
argumentation, quand vous dites que la contribution de l'Etat devrait varier
d'un référendum à l'autre. Des référendums
à gogo, il n'y en aura pas. Il va y en avoir très peu de
référendums. Il devrait y avoir, comme en Angleterre, une loi
spécifique, soit sur le zonage des terres agricoles, soit sur
l'euthanasie ou sur l'énergie nucléaire. Ce devraient être
des lois spécifiques parce que le modus operandi va changer d'un
référendum à l'autre. Vous démolissez
vous-même votre affaire d'une loi-cadre dans votre document de ce
matin.
La quasi-totalité des organismes entendus en commission
d'ailleurs, vous le savez et même on vous l'a dit à Drummondville
lundi soir vous a parlé d'un seul référendum. Le
seul référendum qui intéresse les Québécois
aujourd'hui, c'est celui sur l'avenir constitutionnel du Québec. Il n'y
a pas autre chose. Il n'y avait que vous qui aviez le pas, parce que les 28
organismes qui sont venus se faire entendre, pour leur quasi-totalité,
n'ont parlé que du référendum constitutionnel; ils n'ont
pas parlé d'une loi organique des référendums.
M. Burns: Pas 28, 26 organismes.
M. Lavoie: La quasi-totalité des organismes entendus en
commission nous a parlé d'un référendum en particulier, je
n'ai pas à le nommer. Au moins la moitié des mémoires se
disent d'accord avec une loi spécifique sur l'avenir constitutionnel du
Québec au sein du Canada. Suite à l'audition des mémoires,
l'Opposition officielle se sent davantage justifiée de maintenir sa
position du début, à savoir une loi spécifique, une seule
question claire, nette et précise demandant aux Québécois
s'ils veulent continuer à faire partie du Canada, oui ou non, comme en
Angleterre, quand on leur a demandé s'ils désiraient continuer a
appartenir au marché commun, oui ou non. C'est ça que les
Québécois veulent. Les péquistes veulent dire non à
l'appartenance au Canada et 85% des Québécois veulent dire oui
à l'appartenance au Canada.
M. Charbonneau: C'est extraordinaire!
M. Lavoie: Une question bilingue et même trilingue, si on
veut vraiment respecter les premiers habitants, les premiers occupants du pays;
la liberté d'association, d'opinion et d'expression pour les raisons que
je vous ai mentionnées tout à l'heure; la tenue d'un
référendum le plus tôt possible, ça urge;
l'engagement du gouvernement à respecter la décision de la
population et à ne pas tenir des référendums à
répétition sur l'appartenance du Québec au Canada.
Le refus du gouvernement d'accepter ces conditions normales et
raisonnables ne fait qu'ajouter au climat d'incertitude dont l'influence
néfaste, voire désastreuse sur l'économie, ne cesse de se
manifester de jour en jour. Le ministre se targue de s'être
inspiré du "fair play" et de l'expérience britanniques. Il
devrait cesser au plus tôt de le dire, car ce n'est pas du tout ce qu'il
propose. Laissez-moi vous dire que le ministre a une définition bien
à lui de l'inspiration qui, dans ce cas, s'apparente grandement à
celle de l'improvisation. On n'y retrouve même pas une apparence
d'inspiration ou d'imagination. Sur un des aspects importants, à savoir
le regroupement obligatoire, le document que nous présente le ministre
ne fait que confirmer l'impraticabilité d'un contrôle aussi strict
que celui qu'il nous propose; pourtant, en Grande-Bretagne, on s'en
était rendu compte dès le début.
Il faut également relier à ce point toute la question de
la liberté d'opinion, d'expression et d'association. Encore une fois, la
Commission des droits de la personne est venue confirmer que les
appréhensions et les objections de l'Opposition officielle
étaient loin d'être sans fondement. Pourquoi ne pas tout
simplement suivre l'expérience britannique, non pas en la
déformant, comme le fait le ministre, mais en la suivant à la
lettre?
Depuis le début, l'Opposition officielle réclame que cette
expérience britannique soit calquée par le Québec.
Pourquoi le gouvernement s'obstine-t-il à ne pas vouloir le faire, tout
en se permettant, par contre, de clamer continuellement qu'il reprend
l'expérience de la Grande-Bretagne? J'irai même plus loin, M. le
Président: L'Opposi-
tion officielle est d'accord que la contribution de l'Etat soit
réduite de façon appréciable. Il ne faut pas oublier qu'en
Grande-Bretagne, c'est un montant total de $500 000, 125 000 livres sterling
pour chacune des options, 250 000 livres sterling, $500 000, qui furent mis
à la disposition des deux groupes et ce, pour 35 millions
d'électeurs, grosso modo, 55 millions de population, 35 millions
d'électeurs, soit environ 11/2 cent, contribution de l'Etat pour la
campagne référendaire. Ici au Québec, c'est $0.50 au lieu
de 11/2 cent par électeur, pour un total de 4 millions
d'électeurs, $0.25...
M. Burns: C'est faux.
M. Lavoie: ... $0.25 à chaque option...
M. Burns: Vous savez fort bien que c'est absolument faux ce que
vous dites. Il n'y a pas de montant maximum...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
ministre de la réforme parlementaire, je vous donnerai un droit de
réplique tout à l'heure. C'est juste pour le bon fonctionnement
de la commission.
M. Burns: Ecoutez, ce n'est pas exact, M. le Président.
Non, mais c'est inexact ce que le député est en train de
dire.
M. Lavoie: Bon vous pourrez répondre. Vous me corrigerez,
M. le Président, ou le ministre me corrigera, ce que j'ai compris, dans
le livre blanc, c'est que chaque option aurait le droit de dépenser
$0.50.
M. Burns: Oui, mais vous parlez de la contribution de l'Etat.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît. S'il
vous plaît, M. le ministre.
M. Lavoie: Oui il y aurait possibilité de contribution de
l'Etat, on a parlé de $0.25. Très bien, vous me corrigerez tout
à l'heure.
M. Burns: Non, on n'a jamais parlé de cela, vous avez mal
lu le livre blanc, c'est pour cela que vos commentaires sont
complètement... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise! Ce sont les
partis qui sont limités à $0.25 par électeur quant
à leur contribution à une option.
M. Lavoie: Vous pourrez me corriger, je le dis encore sous toute
réserve, mais c'est mon impression. Quelle serait la contribution de
l'Etat?
M. Burns: Elle n'est pas fixée. Elle n'est pas
fixée.
M. Mackasey: Ce n'est pas encore...
M. Burns: Cela fera partie de la discussion à
l'Assemblée nationale.
M. Mackasey: Chaque fois que le Gallup poll sort il en ajoute
plus...
M. Lavoie: De toute façon, nous trouvons que...
M. Burns: Lisez-le, le livre blanc, vous allez être pas mal
meilleur critique à ce moment-là.
M. Lavoie: Un instant. Un instant, M. le Président, c'est
35 fois plus ici qu'en Angleterre, la contribution envisagée. Quand on
connaît...
M. Charbonneau: Elle n'est pas fixée, elle ne peut
être envisagée.
M. Lavoie: ... le coût d'un tel référendum,
l'opération référendaire c'est $10 millions, c'est le
coût d'une élection normale. Le ministre omet de nous parler d'un
référendum test, d'un "dry run", avant la tenue du
référendum réclamé par tous. Cela ne peut plus
continuer ainsi. Le débat sur la question constitutionnelle dure depuis
presque dix ans au Québec. L'Opposition officielle est convaincue qu'il
faut faire confiance à la population, que cette population est
intelligente et suffisamment informée pour faire la part des choses et
décider elle-même de son avenir, sans qu'il soit nécessaire
de l'enfermer dans des carcans et de brimer sa liberté d'expression,
d'opinions et d'associations.
Que le gouvernement réponde une fois pour toutes aux questions,
que le gouvernement dévoile immédiatement la date
envisagée du référendum. Que le gouvernement nous
présente une loi spécifique que la population demande sur le
référendum, sur l'avenir constitutionnel du Québec. Que le
gouvernement propose dans cette loi spécifique une question claire,
nette, précise, pour savoir si, oui ou non, les Québécois
veulent continuer à faire partie du Canada, s'ils veulent continuer
à s'appeler Canadiens. C'est ce qu'ils veulent dire les
Québécois. Que le gouvernement n'oblige pas les groupes et les
individus à se regrouper dans des organisations parapluie, que le
gouvernement ne brime pas la liberté d'expression d'opinions et
d'associations. Que le gouvernement s'engage à être lié par
le verdict de la population. Que le gouvernement s'engage à ne pas tenir
de référendums à gogo. Que le gouvernement suive à
la lettre l'expérience britannique. Que le gouvernement tienne le
référendum au plus tard d'ici six mois.
Si vous voulez faire une copie conforme de la loi anglaise, il y a
quatre ou cinq pages sur les référendums. Faites-en une copie
conforme et, d'ici Noël, nous adopterons votre loi. Copiez-le l'exemple
britannique; vous en avez une copie, c'est cinq pages, puis d'ici Noël on
va vous la donner cette loi et on pourra faire le référendum,
aller devant la population avant l'été prochain.
M. Mackasey: ... le référendum national au mois de
juin.
M. Charbonneau: Ah, parce qu'il a été
décidé...
M. Lavoie: Que le gouvernement respecte ces conditions et
l'Opposition officielle l'assure de son entière collaboration.
L'Opposition officielle s'engage même à étudier et à
adopter, d'ici Noël, une loi spécifique qui répondra aux
exigences tout à fait légitimes que je viens
d'énumérer. Si c'est vrai, comme le ministre le disait le 15
novembre, qu'il n'a jamais fermé la porte c'est le 15 novembre
cette année qu'il n'a jamais fermé la porte relativement
au livre blanc sur quoi que ce soit, il est maintenant temps de le prouver.
Si le gouvernement demeure sur ses positions et décide d'imposer
les règles du jeu qu'il a lui-même déterminées et
qui ne s'apparentent nullement à celles qui ont présidé
à la tenue du référendum en Grande-Bretagne, la population
aura été trompée et sera en droit de conclure que la
transparence est un mot que le gouvernement devra à tout jamais bannir
de son vocabulaire, et que le référendum est une vaste
supercherie, une fumisterie dont les conséquences sur l'économie
québécoise, et même canadienne, ont déjà
coûté beaucoup trop cher.
De plus en plus, il faut se rendre compte que le gouvernement n'est pas
prêt à tenir le référendum et qu'il est
tiraillé, poigné avec son référendum, M. le
Président. Ce que nous voyons, c'est un exercice de jonglerie, de
dissertations, comme vous faites actuellement. Un an après la venue au
pouvoir, trois mois après le livre blanc, à moins de deux
semaines du dépôt de la loi, on n'est pas plus avancé. On
en est rendu au point de se demander sérieusement s'il y en aura jamais
un référendum sur l'indépendance, tellement vous
êtes tiraillés avec le problème. J'ai terminé, M. le
Président.
M. Burns: Sérieusement.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Charbonneau: M. le Président, je voudrais profiter
d'une question de règlement pour déplorer le fait que le leader
de l'Opposition officielle n'ait pas cru bon de nous donner une copie du
texte.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Verchères. Je vous
rappelle à l'ordre.
M. Roy: Ce sont des commentaires.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez prendre la
parole, je suis prêt à accepter votre nom sur la liste.
M. Charbonneau: M. le Président, j'aurais trouvé
d'une décence élémentaire... C'est une question de
règlement, voyons donc! Ce n'est pas sur le fond de l'intervention,
voyons donc! C'est une question de règlement sur la
procédure.
M. Roy: Je regrette, ce n'est pas une question de
règlement. M. le Président.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Ecoutez-le, il va vous le dire si ce n'est pas une
question de règlement. Vous ne savez même pas écouter.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez exercer
un droit de réplique tout de suite, M. le ministre, ou si vous laissez
parler le député de Mégantic-Compton auparavant?
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que je peux
terminer mon intervention?
Le Président (M. Laplante): Non, monsieur. J'ai
jugé que ce n'était pas recevable. Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Verchères. M. le
ministre, est-ce que vous exercerez un droit de réplique après
chaque intervenant de l'Opposition?
M. Burns: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
Une Voix: Merci pour la copie de l'Union Nationale.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: On vous a remis copie du document, qui n'en est pas
un de réplique à la déclaration faite par le ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire puisque
nous avions compris qu'il s'agissait d'un résumé d'une perception
qui était celle de l'Union Nationale sur les débats de la
commission parlementaire. Nous aurons, à une autre occasion, le temps,
et nous jugerons de l'à-propos des commentaires sur le
dépôt du document du ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, ce matin.
Au terme des audiences publiques de la commission parlementaire de la
présidence du conseil sur le livre blanc sur la consultation populaire
proposée, au nom du gouvernement, par le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire, au nom du parti de l'Union Nationale, j'aimerais
formuler certains commentaires.
Au début de nos travaux, mon collègue, le
député de Richmond, avait fait un exposé dans lequel il
livrait la position de notre parti face au livre blanc, ainsi que l'attitude
que nous entendions adopter durant les séances de la commission. Il
faisait également état à cette occasion de certaines
interrogations que nous avions sur certains
aspects de la proposition gouvernementale, ainsi que de certaines
craintes ou appréhensions sur la portée d'autres aspects du livre
blanc. Enfin, il manifestait notre intention d'explorer, avec les membres de la
commission et nos invités de l'extérieur, certaines avenues
ouvertes par le gouvernement.
J'aimerais maintenant, en quelque sorte, faire sommairement le point de
nos travaux et de notre réflexion sur la consultation populaire au
Québec, avant d'aborder, très bientôt, nous le croyons
bien, l'étude du projet de loi que le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire déposera à l'Assemblée
nationale.
Nous avons eu l'occasion, au début et à plusieurs reprises
au cours de nos travaux, de manifester notre solidarité au parti
ministériel dans sa volonté de procéder à la
définition d'une loi organique des référendums,
plutôt qu'à chaque fois que le besoin s'en ferait sentir d'adopter
une nouvelle loi spécifique pour chaque référendum
à tenir. Nous disons, en cela, vouloir doter la Législature
québécoise d'un magnifique outil démocratique qui lui
permettrait de consulter directement la population et obtenir d'elle son avis
sur ce qu'elle souhaite et attend de son gouvernement comme attitude sur un
sujet bien précis.
Nous voyons dans la définition et l'application d'une loi
organique de la consultation populaire un moyen d'associer plus directement les
citoyens à la gouverne de l'Etat et, en cela, une amélioration de
la démocratie au Québec.
Tout dernièrement, lors des études de la commission, j'ai
eu l'occasion de spécifier, à cause de notre régime
bipartite, l'opportunité peut-être plus pour le Québec que
tout autre pays, de se doter d'une pareille loi à cause de la
majorité de nos députés qui sont élus
minoritairement. Il faut changer le système ou bien permettre à
la population de s'impliquer dans plus de sujets importants.
Ainsi, dans un contexte donné sur une question d'importance, un
citoyen pourra manifester clairement son accord ou son désaccord sur une
proposition gouvernementale précise sans pour autant porter un jugement
de valeur sur l'administration générale du gouvernement. S'il
s'avérait qu'une proposition gouvernementale devait être
défaite, cela ne signifierait en rien que la population retire sa
confiance au gouvernement, mais bien plutôt que, sur une question
précise, elle n'est pas de son avis.
Les scrutins généraux existent. Ils sont
régulièrement tenus, justement, afin de juger l'administration
d'une équipe et de l'opportunité de lui réitérer ou
non la confiance populaire. D'une façon plus spécifique, l'Union
Nationale voit, dans la définition et l'adoption d'une loi organique sur
le référendum, l'occasion de définir tous les
mécanismes et rouages de la consultation populaire sans être
embarrassé de l'émotivité et de la passion qui se
donneront fatalement libre cours sur chacune des matières sujettes
à consultation populaire. Nous ne pouvons, bien sûr, personne
oublier qu'une des premières applications spécifiques de la loi
de la consultation populaire se fera sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Nous voyons là une raison plus que valable pour justifier
notre appui à une loi organique. Gardons cette éventualité
à l'esprit. Elle constitue assurément une des plus
sérieuses questions qui devront être posées à la
population québécoise. Assurons-nous de définir un
mécanisme qui lui garantisse pleine et entière confiance, autant
dans le moyen mis à sa disposition pour se prononcer que sur
l'authenticité et la représentativité de la volonté
populaire exprimée.
Imaginons un instant ce que serait un débat sur une loi
spécifique de la consultation populaire sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Toutes les questions de forme baigneraient dans une mer
d'émotivité et de passion complètement
déchaînée, tout comme la question de fond. Par une loi
organique, nous évitons cela. Il s'agit de définir parfaitement
et objectivement les questions de forme pour ne garder ensuite dans le
débat que ce qui doit essentiellement y être, soit la question de
fond.
Au chapitre de la question, il nous apparaît superflu de dire que
nous la souhaitons simple, limpide et intelligible par tous. Elle ne doit pas
comporter de multiples options qui empêcheraient une
interprétation claire de la réponse de la population. Nous
maintenons notre position de créer un conseil du
référendum qui aurait pour mandat de suggérer au
gouvernement la formulation du texte de la question à être
posée aux citoyens lors d'un référendum.
Au cour's de nos travaux, nous avons d'ailleurs sur ce point obtenu
l'assentiment de nombreux intervenants, dont celui du Barreau du Québec.
Notre position est faite en vue de garantir l'étanchéité
de l'outil de consultation et accroître la confiance populaire dans le
mécanisme du référendum.
Malgré l'assurance que nous avons eue du ministre d'Etat à
la réforme parlementaire que son gouvernement serait moralement
lié par le résultat de la consultation, nous souhaitons voir dans
la loi un article qui consacrerait cet engagement. Du fait que nous souhaitons
voir le gouvernement s'engager moralement à respecter le résultat
d'un référendum et malgré le caractère consultatif
de celui-ci, nous croyons qu'il y aurait lieu, sinon de définir une
majorité requise, du moins de fixer un taux de paticipation pour que la
consultation référendaire puisse être tenue pour valable et
représentative de la volonté populaire
québécoise.
Dans ce sens, également, nous souhaitons voir le gouvernement
spécifier, dans la loi, que pas plus d'un seul référendum
sur une même question puisse être tenu au cours d'un mandat
gouvernemental. Nous sommes toujours d'avis qu'il est heureux que le scrutin
référendaire s'effectue selon les procédures
prévues pour la tenue d'une élection générale.
Pour ce qui est du droit de vote, au cours de nos travaux, nous avons
acquis la conviction qu'il n'y a pas lieu d'abaisser l'âge de la
majorité pour un scrutin 'éférendaire et que tout comme
pour la tenue d'une élection générale, l'âge de 18
ans de-
vait être l'âge de la majorité politique. Par
ailleurs, nous sommes enclins à aller dans le sens de la proposition
gouvernementale de lever certaines incapacités de voter frappant les
juges, le Protecteur du citoyen, les substituts permanents du procureur
général et les prisonniers.
Cependant, à part ceux du dernier groupe, nous nous interrogeons
sur l'opportunité de leur permettre d'adhérer au comité
commis à la promotion d'une option et à y militer comme de
simples citoyens. Leur crédibilité et la qualité de leur
travail ne pourraient-elles pas être en cela compromises? La levée
des incapacités ne pourrait-elle être faite que pour le droit de
vote, tout en exigeant d'eux une discrétion quant à leurs
intentions de vote? Nous souhaitons voir la loi expliciter ce point.
A l'instar de la Commission des droits de la personne, ainsi que de la
presque totalité des intervenants au cours de nos travaux, nous sommes
toujours quelque peu mal à l'aise lorsque nous confrontons l'aspect du
livre blanc qui a trait à la formation des organisations à la
Charte des droits et libertés de la personne. Ainsi que nous le
déclarions à l'ouverture de la commission, nous croyons que ce
chapitre du livre blanc tend à vouloir brimer les libertés
démocratiques d'expression et d'association. Le ministre n'a pas su nous
rassurer à ce sujet et nous attendons de lui qu'il fasse la preuve, dans
la loi à venir, que les libertés fondamentales ne subiront aucun
préjudice.
D'autre part, nous souscrivons à la volonté
gouvernementale d'assurer des chances égales à tous, tout en
procédant à un contrôle des revenus et des dépenses.
Les délais pour la durée de la discussion en Chambre, tout autant
que les délais accordés aux parlementaires pour la constitution
d'un comité provisoire nous apparaissent nettement insuffisants. Dans le
second cas, un délai beaucoup plus long devrait être prévu,
car il ne faut pas s'illusionner; le fait de regrouper sous un même
chapeau ou, pour employer l'expression consacrée, au sein d'une
organisation-parapluie les tenants d'une option n'implique pas
nécessairement que, même s'ils font front commun sur une question,
ils sont susceptibles de faire l'unanimité immédiate sur les
structures et les compositions du comité national qui dirigera cette
organisation pendant la campagne référendaire, tout comme sur la
nomination d'un président ou d'un agent officiel.
Ces organisations regrouperont des gens de toutes tendances et de toutes
allégeances, des représentants de diverses formations politiques,
tout autant que des corps intermédiaires et des groupes de pression. Un
consensus devra s'établir entre eux qui, la veille encore
peut-être, étaient des adversaires acharnés et qui se
verront, du jour au lendemain, obligés de travailler dans la
collégialité. Il faudrait sérieusement prévoir un
délai qui permettra humainement à tous ces éléments
de s'ajuster.
En ce qui a trait au premier cas, soit celui de la durée de la
discussion en Chambre sur la question à poser, nous sommes d'avis qu'un
débat res- treint de 25 heures est beaucoup trop limité et qu'il
doit être sérieusement allongé.
D'autre part, l'Union Nationale a acquis la conviction, au cours des
travaux de la commission, que le texte de la question ne doit pas être
présenté à l'Assemblée nationale sous forme de
motion, mais bien faire l'objet d'une loi spécifique. On demande que les
débats entourant son adoption soient ceux de tout projet de loi,
à savoir trois lectures, avec le temps dévolu aux parlementaires
pour s'exprimer tout au long du processus législatif.
De plus, il devra être spécifié dans la loi
organique sur la consultation populaire qu'une commission parlementaire sera
convoquée pour entendre ce que la population aura à dire sur le
libellé de la question après la première lecture de la loi
spécifique dont elle fera l'objet. Enfin, M. le Président,
j'aimerais conclure en assurant, une fois de plus, le ministre d'Etat à
la réforme parlementaire, ainsi que les membres de la commission que
l'Union Nationale, fidèle à la ligne de conduite qu'elle
s'était donnée au début de nos travaux, entend maintenir,
tout au cours du processus dans lequel nous sommes engagés, son attitude
positive, constructive et dégagée, autant que faire se peut, de
toute connotation partisane afin de contribuer à doter la
Législature québécoise d'un merveilleux outil au service
de la démocratie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Je pense que la
déclaration du ministre, ce matin, nous prouve que la formule
recherchée n'est pas encore trouvée et que nous nageons dans
l'incertitude quant aux modalités qui devront être mises sur pied
pour la tenue de ce référendum.
Au tout début, j'étais favorable à une loi
organique générale qui pourrait être utilisée dans
le cas de la tenue d'un référendum sur la question
constitutionnelle. Je pense que, sur le plan théorique, cela va
très bien. Mais, sur le plan pratique, nous ne voyons pas comment cela
pourrait s'appliquer et je pense que le ministre, dans les trois options qu'il
nous a offertes ce matin, nous démontre clairement qu'il est
extrêmement difficile de trouver et d'adopter immédiatement l'une
ou l'autre des trois formules ou d'en chercher une quatrième.
Je pense, M. le Président, qu'il va falloir au préalable
tenir compte du fait que la question constitutionnelle, la question du
référendum constitutionnel déborde de beaucoup les cadres
du Québec, alors qu'à l'occasion de la tenue d'autres
référendums, comme l'a exprimé tout à l'heure le
leader parlementaire de l'Opposition officielle, un référendum
sur l'euthanasie, un référendum sur l'assurance automobile, un
référendum sur les écoles privées ou autres, c'est
une question qui ne concerne que les Québécois.
Comment pouvons-nous accepter de nous embrigader, de nous
enrégimenter dans des limi-
tes, dans des organismes cadres à l'intérieur desquels il
y aurait des limites extrêmement sévères, des limites
sérieuses, voire même certains carcans, même si je n'emploie
pas le mot avec énormément de vigueur. Il n'y aurait aucune
limite pour discuter de la question du référendum, pour toutes
les dépenses à l'extérieur du Québec. Je songe
à ce moment aux partis politiques fédéraux, qui auront de
la difficulté à s'exprimer à l'intérieur du
Québec mais qui, à l'extérieur du Québec,
pourraient s'exprimer. On peut même aller en Europe s'exprimer sur la
question du référendum et avoir une très bonne tribune qui
viendrait même inonder le Québec.
On pourrait même aller à New York faire des interventions,
exprimer certains points de vue sur la question référendaire qui
pourraient avoir, justement, des résonnances jusqu'à
l'intérieur du Québec. Que penser des journaux anglophones qui
sont publiés à Toronto? Que penser des revues canadiennes? Est-ce
que la loi pourrait aller jusqu'à empêcher ces media de voir
à limiter à contingenter certaines limites publicitaires? Je sais
que ce n'est pas l'intention du gouvernement. C'est absolument impossible.
M. Burns: On ne peut pas.
M. Roy: On le sait, on ne peut pas.' Alors, comment peut-on,
à l'intérieur du Québec, nous, Québécois qui
sommes les plus directement concernés par cette question
référendaire nous poser des obstacles, nous poser des entraves
dans l'expression de notre point de vue, dans la diffusion de nos textes
publicitaires, alors qu'à l'extérieur du Québec la loi n'a
aucune portée? Je ne sache pas que le gouvernement fédéral
viendrait imposer une loi sur cette question constitutionnelle et à
faire en sorte que, dans l'Ontario et le Nouveau-Brunswick et dans les autres
provinces canadiennes, on pourrait être, en quelque sorte, limités
et que les gens dans ces provinces, ces régions auraient autant de
contingences qu'à l'intérieur du Québec. Ce qui
démontre clairement que c'est impossible, à mon avis, sur le plan
pratique, je ne dirai pas sur le plan théorique, je souhaiterais
réellement que cela puisse s'appliquer sur le plan pratique.
M. Burns: Est-ce que le député me permet une
question tout simplement? Est-ce que le député ne reconnaît
pas qu'il s'agit du même cas auquel nous avons à faire face, vous
comme nous quand je dis vous comme nous, je veux dire les gens de
l'Opposition comme les gens du côté ministériel lors
de n'importe quelle élection? Le premier ministre du Manitoba peut faire
n'importe quelle déclaration relativement à une élection
québécoise, n'étant pas régi par la Loi
électorale au Québec, n'étant même pas
contrôlé. Le Vancouver Sun peut sortir n'importe quel
éditorial, faire toute la publicité voulue, si vous voulez, en
période électorale exactement de la même façon. Sur
cela, on n'a pas de contrôle. On ne pourra pas contrôler cela.
Si on veut pousser le parallèle un peu plus loin, est-ce que le
député ne reconnaît pas, par exemple, qu'au cours de la
campagne référendaire, en Grande-Bretagne, sur le maintien de
l'adhésion de la Grande-Bretagne au Marché commun, il
était possible qu'en France, à un moment donné, les
journaux qui sont lus en Angleterre fassent une certaine publicité sans
qu'il y ait quelque contrôle que ce soit à ce sujet. Que
voulez-vous, c'est la vie de tous les jours. A partir du moment où vous
avez une communication facile entre nations et entre pays et entre territoires
différents, c'est un mal nécessaire.
M. Roy: Je comprends très bien les appréhensions du
ministre. Je les partage, et je suis conscient des implications qu'il peut y
avoir. On ne peut pas comparer la question du référendum
constitutionnel à la situation au cours d'une campagne électorale
provinciale.
La situation n'est pas la même. Il ne faudrait quand même
pas se bercer d'illusions au point de croire qu'il n'y aurait pas de tentatives
de faites de la part des autres provinces et surtout de l'Ontario, qui est
très près du Québec. Je songe, par exemple, à des
limites qu'on pourrait retrouver à l'intérieur d'un poste de
télévision situé à Hull qui permet aux gens de
s'exprimer. Mais les gens peuvent partir et aller réserver des temps
d'antenne à la télévision d'Ottawa, à d'autres
postes situés outre-frontières et pouvoir ainsi avoir toute la
latitude voulue de s'exprimer comme bon leur semble, sans être aucunement
soumis aux contingences qu'on peut retrouver à l'intérieur de la
province.
Je n'ai pas de formule à offrir au gouvernement, ce matin, je le
dis bien humblement. J'ai passé une partie de la veillée, hier
soir, à étudier le document pour essayer de trouver quelque
chose, des positions vraiment valables qui permettraient d'améliorer le
projet de loi, de faire des suggestions valables au gouvernement. Mais, en
premier lieu, pour être en mesure de trouver des formules valables et de
guider les travaux de notre commission parlementaire, il faudrait d'abord
être certains qu'il n'y aurait qu'une question. Je prends cela à
titre d'exemple. S'il n'y a qu'une question posée dans le
référendum, il y a deux réponses possibles: un oui ou un
non. On peut parler de deux groupes. Il pourrait y avoir deux questions
posées dans le référendum. J'ai posé la question au
premier ministre à l'Assemblée nationale. Je comprends
très bien qu'on n'a pas encore fait un choix définitif
là-dessus, mais, s'il devait y avoir deux questions, il y aurait plus de
deux réponses possibles. Alors, comment pourrait-on évaluer ou,
en quelque sorte, faire une campagne en faveur d'une troisième
réponse s'il y a deux groupes autorisés?
Cela me paraît une contingence, à ce moment, qui fait toute
la différence quant à une décision gouvernementale qu'il
serait définitif qu'il n'y aurait qu'une seule question posée. Si
on parle de deux groupes sur le plan national, qu'est-ce qu'il arriverait, par
exemple c'est une question que je
pose si un parti politique fédéral venait prendre
le contrôle d'un des groupes parapluie? Dans quelle situation se
trouveraient placés un certain nombre de Québécois?
M. Burns: Je m'excuse. M. le député de Beauce-Sud,
mais je pense que le livre blanc empêche toute possibilité d'un
contrôle extérieur au Québec. C'est une des assurances
qu'on donne, c'est que ce sont les membres de l'Assemblée nationale qui
forment la base même du comité.
M. Roy: Je pense que le leader du gouvernement a assez
d'expérience politique pour savoir qu'il y a bien des façons de
dominer, de contrôler par l'intérieur un mouvement. Il s'agit que
des mots d'ordre se donnent, à un moment donné, et on prend le
contrôle des structures intermédiaires, des structures
régionales et des structures locales, puis le tour est joué,
même si cela est sous le chapeau d'un organisme qui nous semble à
l'abri de tout soupçon. Ce sont les risques que nous avons devant nous,
d'où les difficultés que nous avons encore ce matin de pouvoir
déterminer un cadre à l'intérieur duquel nous pourrions
évoluer, nous pourrions travailler en toute
sérénité et en toute sécurité non
seulement en toute sérénité mais je dis bien en toute
sécurité.
Ce sont les observations que je voulais faire au gouvernement, ce matin,
de ce côté. Je pense que le leader du gouvernement, dans la page
no 5 de son mémoire, dans son intervention de ce matin, dit de
façon très objective et très positive qu'il est ouvert
à toute suggestion de l'Opposition. Mais comment peut-on
réellement faire des suggestions au gouvernement si on ne sait pas
d'avance si ce sera une question ou des questions qui seront posées? Je
pense qu'il y a un point fondamental dans la détermination et dans la
fixation des limites concernant les deux groupes parapluie qu'on appelle les
deux grands groupes nationaux. C'est une des limites que nous avons.
J'aimerais également dire qu'il y a une autre difficulté
qui survient dans toute cette question, c'est de subventionner les groupes. Il
est entendu que, si le gouvernement veut subventionner les groupes, il y a la
difficulté d'appliquer la Loi électorale. Selon celle-ci, les
subventions sont possibles pour n'importe quelle formation politique, parce que
le remboursement de dépenses électorales de l'Etat vient à
partir du moment où on a été recueillir un certain
pourcentage du scrutin, ce qui permet à des tiers partis et ce qui
permettrait à des candidats indépendants qui se
présenteraient sous l'étiquette strictement indépendante
de pouvoir avoir accès à un remboursement de leurs
dépenses électorales.
Si on veut transposer la Loi électorale à
l'intérieur de la loi sur les référendums, en vue de
compenser pour les dépenses, je ne sais pas quelle est la formule,
quelles sont les recherches qui pourraient être faites, qui pourraient
permettre de donner justice à tout le monde.
Un dernier point sur lequel j'aimerais attirer l'attention du
gouvernement cela pourrait peut-être clarifier l'orientation de
nos travaux pour en venir à trouver une bonne formule c'est le
fait qu'on devrait tenir compte, d'une façon très distincte, de
la question du financement de la campagne du référendum via un
remboursement des dépenses électorales et la tenue du
référendum lui-même. Si on veut subventionner les groupes
durant la campagne référendaire, cela ne fait qu'ajouter
davantage aux difficultés que nous avons.
Je serais favorable, en ce qui me concerne, à ce qu'on puisse
subventionner les groupes s'il y a une question qui laisse le choix de deux
réponses, à ce qu'on subventionne deux groupes, Mais à
partir du moment où il y aurait deux questions de posées dans le
référendum, je verrais très mal que les gens paient des
impôts et des taxes pour subventionner un groupe ou l'autre groupe, ou
les deux groupes, à l'intérieur desquels une personne ne pourrait
pas fonctionner et devrait payer personnellement pour défendre son
option s'il devait y avoir deux questions de posées.
Si on s'orientait vers la limite des engagements financiers de l'Etat
à la tenue du référendum lui-même, je pense qu'on
aurait déjà là énormément de chemin de fait
vers la solution des problèmes que le ministre reconnaît
lui-même.
Ce sont les observations que j'avais à faire ce matin; je dois
dire, en toute sincérité, qu'après ce que le leader du
gouvernement nous a dit ce matin je comprends dans quelle situation il
est nous ne sommes quand même pas plus avancés au niveau de
la commission parlementaire parce que nous n'avons pas les prérequis que
nous devrions avoir afin de pouvoir nous orienter d'une façon certaine
vers des suggestions qui pourraient aider le gouvernement dans la
rédaction de son projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner l'ordre
des interventions: M. le ministre, M. le député de Gatineau, M.
le député de Terrebonne, M. le député de
Verchères.
Réponse du ministre
M. Burns: Ce sera très bref, je veux simplement remercier
le député de Beauce-Sud, le député de
Mégantic-Compton et le député de Laval pour, avec une
qualité différente dans chaque cas, nous avoir livré leur
réaction au document que je leur ai fait parvenir à l'avance.
J'aurais bien aimé que l'Opposition officielle, un peu à l'image
du texte qui nous a été livré par le député
de Mégantic-Compton, nous fasse des suggestions positives plutôt
que de voir dans le texte que je livrais ce matin une attitude qui serait de
jeter plus de confusion dans le débat. Bien au contraire, c'est un
effort sincère que nous avons fait, comme je l'ai mentionné, de
rechercher un certain nombre de solutions.
J'ai bien apprécié, soit dit en passant, la
présentation de l'Union Nationale, qui me paraît très
positive même si elle n'est pas d'accord en tous points avec le livre
blanc. C'est justement ce que je recherchais par cette dernière
séance avant que
nous en arrivions à la réflexion finale, si on peut dire,
au sein du Conseil des ministres pour présenter un projet de loi au
cours du mois de décembre. Le député de
Mégantic-Compton a fait un effort sérieux pour nous dire ce que
pensait d'avance l'Union Nationale relativement à l'éventuel
projet de loi. Je tiens à lui dire, ainsi qu'au député de
Beauce-Sud, qu'on va tenir très sérieusement compte des remarques
qui nous ont été faites. Les remarques que je fais à
l'endroit de l'Union Nationale peuvent s'adresser également au
député de Beauce-Sud. On nous a dit: Ecoutez, telle chose, dans
votre livre blanc, ne fait pas notre affaire et vous devriez essayer de trouver
quelque chose de mieux. C'est un peu le sens du document que j'ai
déposé à la commission ce matin; mon exposé
d'ouverture, c'était justement un effort de recherche. Ne vous en faites
pas, on n'a pas l'impression d'être en pleine possession de la
vérité, du côté gouvernemental. On a au moins
l'humilité de dire que la suggestion que nous avons faite dans le livre
blanc n'est peut-être pas nécessairement la seule et unique, sauf
que jusqu'à maintenant je n'ai pas eu, sauf dans le cas de l'Union
Nationale, de suggestions très précises eu égard à
certaines difficultés que pose l'adoption d'un projet de loi, qu'il soit
organique ou qu'il soit spécifique, peu importe.
Mais je n'ai pas eu, à part la suggestion de l'Union Nationale,
dis-je, de suggestions très très précises. Alors, je tiens
à vous dire, d'abord, mon appréciation pour l'effort que vous
avez fait de vous pencher sur le problème. Evidemment, le gouvernement,
comme on l'a dit récemment, va faire son lit éventuellement avec
un projet de loi qu'il va déposer. C'est là, si,
fondamentalement, il y a désaccord entre les diverses approches, qu'on
pourra le dire.
De mon côté, la présentation de ma
déclaration de ce matin ne visait pas à jeter plus de confusion
dans le débat, mais lançait dans le débat une ouverture
d'esprit sur un des points qui semblent particulièrement
inquiéter beaucoup de gens. C'est dans ce sens que je l'ai fait et c'est
pour cela que je voulais entendre un certain nombre de réactions.
Là-dessus, M. le Président, je n'ai pas d'autres remarques
à faire. Je vais laisser à mes collègues de la commission
la possibilité d'intervenir comme ils le voudront d'ici à ce que
nous ajournions nos travaux, c'est-à-dire dans à peu près
une heure, si on doit se rendre à midi et demi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
Autres interventions M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, vous comprendrez que, si le
ministre n'a pas décelé de suggestions positives dans les propos
qu'a tenus le député de Laval, c'est peut-être bien parce
que le ministre a déjà fermé la porte à certaines
des suggestions que nous faisons depuis le début de la commission et
même avant le début de la commission. Nous avons parlé, par
exemple, de l'opportunité de procéder par loi-cadre ou par loi
organique plutôt que par loi spécifique, et de la
nécessité de ne pas brimer les libertés. J'entends, quant
à moi, M. le Président, très brièvement,
réagir sur deux points principaux, c'est-à-dire justement sur
l'aspect de la loi-cadre et, finalement, sur le regroupement des forces et des
tenants d'une option autour d'un comité ad hoc dit national.
Sur le premier aspect, le livre blanc indique que le gouvernement se
propose de consulter la population chaque fois que cela sera nécessaire
pour éclairer le gouvernement et que de telles consultations se feront
conformément aux dispositions d'une loi-cadre sur les
référendums. Quant à nous, le principe d'une loi-cadre sur
les référendums n'est pas acceptable, M. le Président.
D'abord, on imagine bien que le recours au référendum sera une
procédure exceptionnelle, donc relativement rare. Il n'y a alors pas
d'inconvénients majeurs à présenter chaque fois une loi
à cet effet à l'Assemblée nationale. Cela permettrait,
d'ailleurs, de discuter de la question, de savoir si le
référendum proposé est nécessaire dans le
mécanisme que nous livre le livre blanc, il n'y a aucune indication du
moment où on pourrait discuter de la nécessité de tenir un
référendum sur un sujet donné ou s'il n'est pas
plutôt préférable que le gouvernement, conformément
aux principes de notre régime parlementaire, assume lui-même ses
responsabilités qui sont celles de décider et d'engager de la
sorte sa responsabilité au niveau de l'Assemblée nationale. En
second lieu la loi-cadre suggérée par le livre blanc permettrait
au gouvernement de faire un référendum à n'importe quel
moment, sur n'importe quel sujet, sans exception aucune et selon des
règles et une procédure uniformes, sans égard aux
matières sur lesquelles il porte.
Or, il y a des inconvénients certains à ce que, par
exemple, un référendum ait lieu au même moment qu'une
élection générale; je pense que tous en conviendront. Il y
a même des sujets qui, de par leur nature, ne peuvent pas ou ne peuvent
que bien difficilement se prêter à l'exercice
référendaire. Je pense, par exemple, aux droits des
minorités qui ne pourraient sûrement pas être soumis
à un référendum quelconque et être traités
par une majorité. Il pourrait être très difficile
également de tenir un référendum sur des questions qui
touchent les droits et les libertés fondamentales des individus et des
groupes. Il y a enfin, selon la matière faisant l'objet du
référendum, des groupes dans la société qui sont
plus directement concernés que d'autres par un référendum.
Il faut alors, en toute justice et équité, que les règles
et les procédures de la campagne référendaire en tiennent
compte.
A titre d'exemple, les syndicats auraient sûrement un
intérêt particulier dans un référendum qui porterait
sur le droit de grève dans les secteurs public et parapublic. En
Grande-Bretagne et au Canada, la pratique a toujours été de
procéder à chaque référendum par une loi
spéciale qui était
complète en elle-même et qui correspondait à la
nature du référendum dont il s'agissait. Je répète
donc, M. le Président, que nous rejetons l'idée d'une loi-cadre
sur les référendums, qui, en raison de son caractère
nécessairement général, comporterait des
inconvénients pratiques extrêmement graves et se
révélerait dans certains cas, profondément injuste et
inéquitable sur le plan de la protection des droits et libertés
de la personne garantis par la constitution ou la loi.
En cela, M. le Président, nous nous sentons, au terme des travaux
de la commission, appuyés par la grande majorité des organismes
qui sont venus discuter de leurs mémoires. J'ai fait un bref
relevé des organismes qui nous ont fait une présentation.
Effectivement, je n'en retrouve que quatre parmi les 25 ou 26 qui sont venus
témoigner, qui endossent sans réserves l'idée d'une
loi-cadre ou d'une toi organique sur le référendum.
En effet, mis à part le Mouvement national des
Québécois et trois sociétés nationales et
j'exclus la Société nationale de l'est du Québec puisque,
dans son mémoire, elle fait état de règles
spécifiques qui devraient régir les référendums
constitutionnels mis à part ces quatre organismes, l'ensemble des
associations ont exprimé de très sérieuses réserves
vis-à-vis d'une loi-cadre.
Le Barreau du Québec, par exemple, qui, dans une phrase de son
mémoire dit se réjouir de l'intention du gouvernement d'adopter
une loi-cadre, qualifie cette réjouissance en disant qu'il relève
du législateur d'en décider, et qu'effectivement il proposerait,
en plus d'une loi-cadre, qu'il y ait une loi spécifique au moment de la
tenue du référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Des mouvements comme le Comité d'action positive, le
mouvement Québec-Canada, qui nous disaient ne pas avoir d'objections
majeures à l'adoption d'une loi-cadre, lorsqu'on les questionnait nous
avouaient qu'effectivement il serait, de loin, préférable que le
gouvernement procède à l'adoption de sa loi-cadre seulement
après avoir tenu le référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec, à partir d'une loi
spécifique.
Est-il nécessaire de rappeler que la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le Conseil du patronat du
Québec, la Fédération des travailleurs du Québec,
la CSN, la Northern Quebec Inuit Association, Participation Québec, les
jeunes libéraux de la région de Québec, et combien
d'autres se sont catégoriquement opposés à l'adoption
d'une loi-cadre sur les référendums?
Donc, M. le Président, il nous semble fondamental que la loi qui
régira la tenue du référendum sur l'avenir constitutionnel
du Québec soit d'abord une loi spécifique. A toutes fins
pratiques, si le gouvernement entend toujours, au lendemain de ce
référendum, se doter d'une loi-cadre ou d'une loi organique pour
la tenue de référendums sur d'autres sujets, qu'il le fasse
seulement après la tenue du référendum sur
l'indépendance.
C'est donc, à mon avis, une suggestion positive de notre part. Le
fait que l'Union Nationale soit d'accord avec le gouvernement, j'en suis fort
aise, sauf que nous, de l'Opposition officielle, ne partageons pas cet avis.
Pour nous c'est fondamental.
Quant à la deuxième question, M. le Président,
c'est-à-dire, le regroupement des forces, qui est inspiré, selon
le ministre, par le désir du gouvernement d'assurer un contrôle
des dépenses et d'assurer une égalité des chances, il me
semble, M. le Président, que le texte que nous a livré ce matin
le ministre est loin de faire beaucoup de lumière sur le sujet.
A part le fait qu'il nous définit un peu plus
précisément ce que seront les dépenses
référendaires, et j'admets que cela est positif, cela va dans un
sens plus souple, également, à part qu'on précise
effectivement que des organismes ou des individus pourront tenir des
réunions et engager même des fonds jusqu'à un maximum
suggéré de $300, on se retrouve dans la même situation qui
a été dénoncée par presque l'ensemble des
organismes qui sont venus témoigner, c'est-à-dire qu'il ne faut
pas brimer les libertés de quiconque voudrait s'exprimer sur l'avenir
constitutionnel du Québec. Bien entendu, cela est relié à
notre désir que nous procédions par l'adoption d'une loi
spécifique.
Je reprendrai, M. le Président, les propos que nous tenions, au
début de cette commission, par rapport à cette question
spécifique.
Alors que le ministre nous disait que la décision de
procéder par le regroupement, sous des comités dits ad hoc,
était fondée sur l'expérience britannique et cela en vertu
de deux ordres de considération, c'est-à-dire pour limiter les
dépenses encourues lors de la campagne référendaire et
permettre aux députés et militants d'un même parti
politique d'appuyer différentes options.
Or, en Grande-Bretagne, c'est dans un contexte politique particulier,
c'est-à-dire la division interne du Parti travailliste, qui a
amené le gouvernement Wilson à suggérer la formation de
tels groupes. Ensuite, ces groupes ont été simplement
constitués pour permettre au gouvernement de fournir, à chacun
des groupes, une aide financière de l'Etat. C'est donner, à notre
avis, à l'expérience britannique une interprétation tout
à fait fausse que de la traduire ici au Québec dans une forme
abusive que celle préparée par le livre blanc sur la consultation
populaire.
Si, en proposant la constitution d'organisations ad hoc, le gouvernement
voulait ainsi pouvoir aider financièrement les tenants de l'une ou
l'autre option, on pourrait alors penser à la formule
suggérée. On ne peut très certainement pas, cependant,
même pour des raisons de contrôle de dépenses et de revenus
des participants à la campagne référendaire, imposer un
système qui aboutit à violer carrément la liberté
d'expression et d'association des Québécois.
Ce contrôle des dépenses et des revenus pourrait
peut-être ne pas se faire d'une façon aussi rigoureuse que
souhaitée, sauf au niveau des partis politiques et de la contribution de
l'Etat. Mais, entre plus ou moins de libertés, on ne se trompe jamais,
M. le Président, en prenant le parti de la protection des
libertés individuelles et collec-
tives. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait les Britanniques.
Quant à moi, M. le Président, c'est une suggestion
positive. Entre brimer les libertés, et assurer un certain
contrôle au dire du ministre ne l'assurer que pendant la
période très limitée que durera la campagne
référendaire et laisser chaque Québécois
s'exprimer et s'associer de façon tout à fait libre sans avoir ce
contrôle, nous de l'Opposition officielle sommes d'accord pour dire:
Sacrifions les contrôles et maintenons les libertés. C'est
fondamental pour nous. Bien entendu, je n'ai pas de solution autre que
celle-là, soit la liberté la plus complète. Je crois que
la Chambre de commerce de Québec nous avait fait valoir la
difficulté qu'auront ceux qui voudront enregistrer leur abstention en
supposant que la question est telle qu'un certain nombre de
Québécois veuillent s'abstenir et enregistrer leur abstention.
Des trois choix dont le ministre a parlé ce matin, soit dit en passant,
les deux choix autres que celui du livre blanc nous ramènent à
dire que le moins pire des trois est celui qui est contenu dans le livre blanc,
compte tenu des améliorations que le ministre a apportées ce
matin. Mais un fait demeure; d'aucune façon, les Québécois
qui voudront, pour une raison ou une autre c'est tout à fait
légitime de la part de ces gens vouloir enregistrer leur
abstention ne pourront le faire, ne pourront bénéficier de l'aide
financière de l'Etat, ne pourront profiter d'autres avantages que...
M. Burns: Me permettez-vous une question? M. Gratton:
Oui.
M. Burns: Je reconnais l'effort positif que démontre
actuellement le député de Gatineau dans une certaine recherche
quant à améliorer avant le coup, si possible le projet de loi qui
sera déposé. Je pose la question en toute candeur, si je peux
dire, relativement au point que le député de Gatineau est en
train de soulever.
Seriez-vous favorable, dans le cas où vous auriez une question
à laquelle on répond par un oui ou par un non, d'avoir une autre
option qui soit clairement une démonstration d'abstention, au lieu
d'annuler le bulletin purement et simplement comme un abstentionniste peut le
faire lors d'une élection en mettant une grande croix sur tous les noms
pour signifier qu'il n'y a personne qui l'intéresse là-dedans?
Seriez-vous favorable à cela? Je vous pose la question. Je n'ai pas
pensé à cela, mais en vous écoutant cette question me
vient à l'idée. Seriez-vous favorable, par exemple, qu'il y ait
la question: Etes-vous pour ou contre telle option? Oui ou non? Qu'il y ait un
troisième carreau qui dit: Abstention?
M. Gratton: Je pourrais répondre très candidement
à la question candide que me pose le ministre. Je ne me suis pas
penché sur le sujet et je n'ai pas d'études ou
d'expériences dont je pourrais lui faire part. Ce que je lui dirai,
c'est qu'instinctivement, il me semble qu'il ne devrait pas y avoir de
possibilité pour les gens, pour les Québécois de
s'abstenir en enregistrant comme telle l'abstention sur le bulletin de vote. Ce
que je dis, par contre, c'est que les tenants de l'abstention devraient pouvoir
faire de l'information, recevoir l'aide financière de l'Etat, recevoir
des contributions des électeurs aussi bien que des partis politiques,
devraient pouvoir tenir des réunions, acheter de la publicité
dans les media d'information pour faire valoir le point de vue qu'en regard de
la question qui est posée au référendum, les
Québécois devraient s'abstenir.
M. Lavoie: Et même un autre groupe...
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Cela amènerait la création de deux
autres organismes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval, vu que j'ai refusé tout à l'heure...
M. Lavoie: C'est pour répondre à la question, il
n'y a pas de formalisme en commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais tout de même,
je ne voudrais pas causer de précédent. M. le
député de Laval, je vous demande...
M. Lavoie: Est-ce que le ministre consent à ce que...
M. Burns: Je consens, M. le Président.
M. Lavoie: On va arrêter de s'enfarger dans la
procédure, voyons!
Le Président (M. Laplante): Je l'ai refusé tout
à l'heure et je ne voudrais pas recommencer une nouvelle bataille
là-dessus.
M. Charbonneau: Non.
M. Lavoie: Je dirais que cela ouvre l'ouverture à deux
autres groupes.
M. Charbonneau: On n'aura pas le temps de parler, il y a d'autres
députés qui ont participé à cette commission
parlementaire.
M. Gratton: D'accord! M. le Président, je terminerai
là-dessus. J'espère avoir répondu. J'ai
précisé ce que je voulais dire par mes propos sur la question de
l'abstention. Il me semble que, comme l'avait souligné la chambre de
commerce, c'est un élément sur lequel le ministre avait reconnu
devoir se pencher et sur lequel il devrait se pencher. J'espère qu'au
moment du dépôt de la loi, on aura... Je n'ai pas de suggestions
à faire, sauf que la suggestion très positive que l'Opposition
officielle fait, c'est qu'entre plus ou moins de liberté, on choisit
plus de liberté et moins de contrôle.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: M. le Président, nous avons été
convoqués, ce matin, à une réunion un peu spéciale
de la commission puisque cette dernière avait comme mandat
d'écouter des témoins alors que nous sommes en train de faire une
discussion libre à la suite d'un nouveau mandat donné par
l'Assemblée nationale. C'est un exercice un peu rare, inusité
à la fin des commissions. C'est même une chance que
l'Assemblée nationale se donne ou donne à sa commission, à
son émanation, que de pouvoir ensemble, en dehors, allais-je dire, des
lignes de parti, puisqu'il s'agit de préparer une législation
pour les Québécois, en dehors des tendances personnelles, en
dehors des agressivités, une chance, dis-je, de réfléchir
sur des problèmes sérieux qui ont été
soulevés au moment des auditions et qui, on l'admet au terme de ces
auditions, restent, même pour le gouvernement, des questions sur
lesquelles, sans doute, il faudra trancher. Mais avant de trancher, on veut se
donner la chance d'entendre, d'écouter, de réfléchir en
commun, de mettre en commun nos expériences et nos réflexions
cumulatives depuis cinq semaines maintenant. Je ne suis pas sûr que tous
les partis l'ont compris, mais enfin, ce n'est pas à moi de juger
ici.
La commission nous a permis d'entendre un certain nombre de
mémoires, quelquefois inégaux, mais pour le moins
reflétant assez bien les préoccupations des gens qui venaient
formuler leurs réflexions devant l'Assemblée nationale. A la
suite de toutes ces auditions, il ressort certaines constantes. Il est vrai que
devant le processus même de la législation, il y a une question
qui se pose, à savoir qu'on doit faire une loi organique ou une loi
spécifique. Il faudra donc que le gouvernement, comme tel, à la
suite de ces auditions, prenne une position.
Ce qui est sûr, j'ai eu l'occasion de l'exprimer personnellement
au cours de la commission à plusieurs reprises, c'est que je suis
favorable, pour ma part, à une loi organique et, en cela, je rejoins
l'Union Nationale, si une loi organique nous permet de légiférer
en dehors de toute passion.
M. le Président, j'écoutais la réplique, ce matin,
du député de Laval et je me disais: Si on était en train
de préparer une loi spécifique sur un référendum
spécifique, quelles atrocités ne verrait-on pas ici à
l'Assemblée nationale! Ce serait une orgie de vocabulaire, de mots,
d'intentions, etc. Je n'hésite plus du tout à ce qu'ensemble,
sans passion, comme le dirait Tacite, et sans haine, on puisse
réfléchir à une forme de loi qui soit la plus parfaite
possible. Je crois que la commission, suite aux auditions, est relativement
d'accord qu'un référendum, dans la situation constitutionnelle
qui est la nôtre, ne peut être que consultatif.
Néanmoins, chacun a demandé que le gouvernement se sente
moralement lié par les référendums, par l'expression
populaire. Je crois qu'on l'a suffisamment dit et répété
de ce côlé-ci de la table pour que ce soit
accrédité. Le gouvernement, également, dans son livre
blanc, a fait une proposition aux Québécois. C'est celle de
garder les mécanismes connus, de déranger, j'allais dire, le
moins de choses possible dans notre tradition électorale ou dans notre
tradition parlementaire pour que justement, à travers une loi organique,
à travers les mécanismes connus, les dés ne semblent pas
pipés au départ, pour que l'aspect formel soit tellement
respectable, vivant dans la tradition plus que séculaire du
Québec, qu'on puisse avoir au départ confiance dans la
mécanique référendaire. Je serais porté à
croire qu'une loi spécifique n'atteindrait pas ce but, parce qu'elle
pourrait être, au départ, discréditée ou
discréditable.
On a sans doute abordé beaucoup d'autres points; celui des
participants, l'émission du bref, la durée de la campagne
référendaire et bien d'autres choses. Il n'en reste pas moins
que, ce matin, au terme de nos travaux, il y a une question, à mon avis,
et peut-être pas d'autres, qui garde une certaine ambiguïté
ou qui reste ouverte. Elle reste ouverte à cause des droits
fondamentaux. C'est celle des regroupements. Quant au contrôle financier,
je pense que c'est déjà admis par une longue tradition
électorale au Québec. Et qui voudrait, je crois, s'y opposer
serait vu comme étant quelqu'un qui veut justement piper un
référendum.
Ce n'est donc pas le contrôle des revenus et des dépenses
qui est en cause. Nos traditions sont là pour en faire preuve. C'est
essentiellement un seul point, soit la technique exceptionnelle,
inusitée chez nous, à mettre en application au moment d'un
référendum, à savoir le regroupement. La tradition veut,
puisque jusqu'à maintenant on n'a connu comme expression de la
volonté populaire que les élections, que ce regroupement se fasse
dans la tradition des partis politiques. Il m'apparaît évident, au
départ, qu'on ne peut pas appliquer une telle technique au moment d'un
référendum. Je ne suis assuré d'aucune façon, pour
quelque référendum que ce soit, que la ligne de parti
puisqu'il s'agit non pas d'un programme de parti qui serait proposé,
mais d'une question très spécifique que la
mécanique des partis puisse convenir au moment d'un
référendum.
Un parti, c'est déjà un organisme démocratique.
C'est déjà un organisme de discussion et de décision.
C'est déjà un organisme à travers lequel les consensus
s'établissent préalablement. On n'a qu'à le voir en
Chambre. On n'a qu'à le voir aux commissions parlementaires. On n'a
qu'à le voir au moment des élections. Ce sont déjà
des mécanismes de démocratie.
En l'occurrence, utiliser la mécanique des partis au moment des
référendums embrigaderait préalablement des gens devant
une question. Quant à une absence totale de regroupement, la
liberté, pour moi, il ne s'agit nullement de liberté, il s'agit
bien plus de libertinage, car il m'a paru constamment, pendant les auditions,
que ceux qui voulaient la liberté totale ne voulaient surtout pas la
liberté. Ils voulaient surtout une chose, leur li-
berté personnelle d'abuser de tout le monde, y compris et surtout
et davantage par le biais de la puissance financière.
J'en reviens donc, pour ma part, comme membre de la commission, à
l'hypothèse des comités nationaux, mais avec certains
aménagements. Je ne suis pas assuré d'ailleurs que
l'hypothèse 1 remplisse bien encore le mandat qu'il doit remplir.
Toutefois, il est pour le moins, par rapport au livre blanc, une étape
importante de réflexion, d'ouverture sur ce qui était
déjà inscrit dans le livre blanc. Il l'est dans trois sens: le
premier, c'est qu'il encadre, il encadre des libertés mais il les
encadre librement par le regroupement; il l'est également d'une autre
façon, c'est qu'il permet également, il autorise des
dépenses de type référendaire ou
«électoral» à des individus; troisièmement, il
ouvre, puisqu'il y avait des zones d'ombre dans le livre blanc, il permet tout
à fait librement, selon les habitudes, sans aucun contrôle,
à l'information ce n'est plus la propagande, il s'agit bien
d'information de jouer librement son jeu.
Donc, à mon avis, l'hypothèse 1 serait à retenir
avec évidemment les limites qu'elle entraîne. A l'hypothèse
1, il faudrait peut-être ajouter, pour que chacun puisse se sentir
assuré, du point de vue de ses droits personnels ce qui a
été dit notamment au moment de l'audition du mémoire de la
FTQ à savoir que les organismes à l'intérieur de
leur propre mouvement, de leur propre organisation soient assurés qu'ils
puissent librement, selon leurs structures, selon les mécanismes qu'ils
se sont eux-mêmes donnés pour faire l'information interne,
puissent être assurés de continuer, au moment de la période
référendaire, de faire leur travail d'information envers leurs
propres membres. Certes, ce travail d'information a une répercussion
à l'extérieur. Mais la répercussion, ce n'est pas par la
diffusion massive de leur propre information, par le biais même des
mécanismes qu'ils se donnent, ce sont des retombées qui sont de
nature information générale, à savoir nouvelles.
Enfin, la commission se termine ce matin et il y aura d'autres
étapes. Il y aura l'étape, entre autres, d'une première,
très certainement d'une deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, d'une deuxième lecture article par article
où on se retrouvera ici ensemble. Je souhaite à tous mes
collègues de l'Assemblée nationale, mes collègues, donc,
de la commission, c'est un voeu que j'exprime en terminant, qu'à ce
moment, lors de nos prochaines rencontres, nous pourrons, en dehors des lignes
de partis, nous doter d'un instrument qui soit le plus perfectionné
possible pour que la démocratie soit davantage assurée au
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Je ne parlerai pas tellement longtemps, je veux
simplement dire que je suis un peu déçu, ce matin, de voir de
quelle façon a été accueillie la déclaration du
ministre d'Etat à la réforme électorale et parlementaire.
Ce qu'il y avait dans ce texte, ce sont trois hypothèses de travail qui
auraient mérité d'être discutées par tous les
intervenants.
Je ne pense pas qu'on puisse blâmer l'Union Nationale qui, pour
toutes sortes de raisons techniques, ne semble pas avoir eu l'occasion de
prendre connaissance, avant ce matin, du contenu de cette déclaration et
qui n'a donc pu réagir en conséquence aux différentes
hypothèses formulées dans le document. J'espère que dans
les prochains jours les représentants de l'Union Nationale, le
représentant du Parti national populaire et les gens à
l'extérieur du Parlement pourront donner au gouvernement et au ministre
leurs réactions sur ces diverses hypothèses.
Contrairement à ce que l'Opposition officielle voudrait essayer
de nous faire croire, le véritable problème, en particulier pour
le Référendum, avec un grand R, auquel tout le monde pense, ce
n'est pas la question d'une loi-cadre ou d'une loi spécifique, c'est de
la façon dont cela va se faire, c'est-à-dire que le
véritable noeud de la question est que tout tourne autour du
regroupement et de la façon dont on va organiser ce
référendum auquel tout le monde pense. Dans ce sens, il serait
avantageux qu'on approfondisse, avant que le gouvernement finalement fasse son
lit, ces différentes possibilités qui sont maintenant sur la
table; on pourrait également en avancer d'autres. La commission
parlementaire aurait pu avoir un rôle intéressant à jouer;
malheureusement, je suis assez déçu des résultats car on
n'en a pas discuté, finalement, ce matin. Je n'ai pas l'impression,
malheureusement, qu'on a souvent discuté des différentes avenues
possibles, des solutions de rechange. C'est d'ailleurs parce qu'on n'en avait
pas beaucoup discuté auparavant et qu'on ne nous en avait pas
proposé que le ministre et le gouvernement ont décidé d'en
proposer d'autres pour ouvrir la discussion et voir s'il n'y a pas une
meilleure alternative.
Autant je souhaite que cette discussion se poursuive dans les prochains
jours, qu'on ait des réactions de l'Union Nationale et de
l'extérieur du Parlement, autant je suis convaincu d'une chose, et
encore plus à partir de ce matin, quant à l'Opposition
officielle, qu'il n'y a rien à attendre d'eux. Ce qui les
intéresse, c'est de discréditer le référendum et
les résultats à venir avant même que la loi soit
présentée. De toute façon, c'est dans une stratégie
de discréditation qu'elle s'est engagée et elle n'en sortira pas.
Autant je voudrais bien que le souhait de mon collègue de Terrebonne se
concrétise, autant je ne me fais plus d'illusion en particulier à
la suite des petites mesquineries du député de Laval.
Peut-être aurions-nous pu attendre autre chose de mieux du
député de Gatineau; nous avons effectivement eu une amorce de
discussion intéressante tantôt sur ces hypothèses, mais
j'aurais aimé qu'il approfondisse sa démarche, surtout qu'il
avait eu, lui, l'occasion de prendre connaissance du texte, contrairement au
député de Mégantic-Compton, plusieurs heures
auparavant.
Finalement, l'attitude qu'ils ont prise s'inscrit en droite ligne dans
leur stratégie de discrédita-tion; je pense qu'il ne faut pas se
faire d'illusion, les Québécois et le public
québécois doivent s'attendre que cette stratégie de
discréditation continue malgré toute la bonne volonté que
le gouvernement pourrait vouloir manifester, malgré la bonne foi qu'il
voudrait témoigner et malgré même les appuis qu'il pourrait
recueillir d'autres partis de l'Opposition.
Ce sont les remarques que je voulais faire ce matin. Je ne voudrais pas
revenir sur les propos de mon collègue de Terrebonne qui couvraient
d'autres aspects de la question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre- Dame-de- G râce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: M. le Président, je suis étonné
de voir que le député de Verchères ait pris la peine
d'engueuler si vous voulez le député de Laval, le
député à ma droite ici, le député de
Gatineau, parce qu'il avait suggéré que le
référendum de la loi-cadre n'est pas exactement parfait. Ce ne
sont pas seulement les sentiments du député, ce sont les
sentiments de la Commission des droits de la personne. Et il n'est pas question
de 1, 2, 3, 4 ou 5 référendums, dis-je, M. le Président,
au député de Verchères; il n'y aura qu'un
référendum, après cela le gouvernement ne sera plus au
pouvoir. C'est logique. Il ferait bien d'avoir le référendum
aussitôt que possible, mais il manque de courage pour le faire,
naturellement, alors il cache derrière une loi-cadre, au lieu d'une loi,
un référendum fondamental sur l'avenir du Québec. Est-ce
que le Québec resterait dans un pays uni, oui ou non?
M. le Président, pour souligner le fait que le
député de Laval est un député sérieux il y a
la suggestion que le livre blanc sur la consultation populaire au Québec
soit référé à la Commission des droits de la
personne. Je pense que le député était présent
durant cette période. On voulait tout simplement souligner au ministre
que sa formule était contre les meilleurs intérêts des
individus de -la province de Québec. Je me rappelle quand le
député de Laval et d'autres députés ici ont
avancé cet argument, que le gouvernement a dit: Non, on sait ce qui est
mieux pour la population du Québec. Il a pris exactement cette attitude
sur le bill 1, le bill 2, et tous les bills. Le bill 1, le bill 2
étaient référés encore au gouvernement par la
Commission des droits de la personne, parce que c'était contre les
meilleurs intérêts des individus. Là vous avez exactement
la même chose qui se produit ici aujourd'hui.
Le ministre, au lieu de venir avec une déclaration basée
sur les mémoires présentés par 24 ou 25 organisations,
essaie, par sa déclaration d'aujourd'hui, de minimiser, si vous voulez,
les sentiments exprimés par la Commission des droits de la personne, et
c'est regrettable. Même qu'il avait mentionné les conclusions de
cet organisme très important, et de plus en plus important quand nous
avons au pouvoir un gouvernement qui ne songe presque jamais aux droits de la
personne dans cette province. La commission va être obligée
probablement de plus en plus de prendre parti dans l'avenir du pays,
jusqu'à ce que ce gouvernement soit battu. A la page 4 au sujet des
réflexions préliminaires de la Commission des droits de la
personne, quand il parle par exemple de l'obligation pour quiconque veut
participer à la campagne référendaire d'appartenir
à une ou l'autre organisation parapluie, la Commission des droits de la
personne pose cette question: Si tel est le cas, ce regroupement obligatoire ne
met-il pas en péril la liberté d'association?
C'est la question fondamentale. Le ministre même encore
aujourd'hui, dans sa déclaration à la page 4, dit c'est
intéressant malgré le conseil qui lui a été
donné par la Commission des droits de la personne: "Personnellement, je
continue de croire que, tout bien considéré, la formule des
comités nationaux demeure, une fois qu'on en a précisé la
portée, la meilleure façon d'atteindre les objectifs
recherchés". C'est malgré les sentiments de la Commission des
droits de la personne. C'est évident que le gouvernement, malgré
les observations de la Commission des droits de la personne... Remarquez bien,
M. le Président, que c'étaient seulement les réflexions
préliminaires. Cela veut dire que la commission espère, a des
espérances au moins que le gouvernement va prendre en
considération les réflexions préliminaires.
C'est évident par la déclaration du ministère
aujourd'hui qu'il n'a aucune idée de prendre en considération la
question la plus fondamentale posée par la Commission des droits de la
personne. Ce n'est pas la question de rendre la loi un peu plus souple, mais la
question posée par la Commission des droits de la personne à
savoir est-ce que les regroupements obligatoires ne mettent pas en
périls la liberté d'association? C'est la question
fondamentale.
Il est regrettable que ce soit la troisième occasion depuis un
an, le projet de loi 1, le projet de loi 2, et maintenant, même avant
d'avoir une loi sur les référendums, que la Commission des droits
de la personne soit obligée de dire à ce gouvernement: Ne
pensez-vous pas que c'est le temps que vous alliez dans le meilleur
intérêt de la population et surtout de l'individu? Pour un parti
qui a gagné une élection, surtout sur la question du droit de la
personne. Même au temps de Duplessis on n'a jamais eu un gouvernement qui
a autant négligé les droits de la personne que ce
gouvernement-ci. C'est regrettable. Je suis craintif vis-à-vis de la loi
qui sera déposée avant Noël. On va être encore
obligé de se soumettre à cette loi.
M. Grenier: Question de privilège, M. le
Président.
M. Mackasey: II n'y a pas de question de privilège
ici.
M. Grenier: Qu'on laisse les âmes reposer en paix.
M. Mackasey: Je ne savais pas que le député
était à côté de moi. L'Union Nationale veut jouer
les deux bords de la médaille. Elle ne veut pas une question. Elle ne
veut pas le référendum. Elle ne veut pas se prononcer pour dire
si le Québec devrait rester dans un Canada uni ou non.
Une Voix: A l'ordre, à l'ordre!
M. Mackasey: M. le Président, la question fondamentale ici
est, que la déclaration d'aujourd'hui du ministre ne répond du
tout aux questions posées sur le livre blanc par la Commission des
droits de la personne. C'était vraiment le but de cette réunion
de ce matin. Ce n'était pas pour faire des changements dans le livre
blanc, d'après les mémoires présentés devant nous
depuis un mois, mais c'était vraiment pour donner une réponse
à la Commission des droits de la personne.
Le ministre, par exemple, n'a pas touché du tout au lot de
questions posées par la Commission des droits de la personne. Il n'a pas
touché du tout le droit d'initiative, la formulation de la question, les
préalables au scrutin, la campagne référendaire. Je
reviens encore à l'observation de la Commission des droits de la
personne à savoir si le gouvernement insiste pour avoir des
organisations-parapluie, c'est complètement contre la philosophie de la
Commission des droits de la personne parce qu'il met en péril la
liberté d'association des individus de cette province.
Par exemple, quand le ministre parle que les individus peuvent verser
$3000 à la campagne électorale, est-ce qu'il y a des
chômeurs dans le comté de Verchères qui ont $3000 à
verser à la campagne électorale, avant le
référendum? Je ne pense pas du tout, M. le Président.
Même ceux qui, avec raison, avec conviction, représentaient le
mouvement séparatiste dans cette province et ils ont le droit
sont passés devant la commission et ils demandaient le
référendum demain, si nécessaire, avec une question
précise, claire et nette, comme le député de Laval l'a
suggéré.
Je pense que la Commission des droits de la personne prend un engagement
moral. L'engagement moral de ce parti c'est que s'ils veulent faire le
référendum qu'ils aient le courage de démissionner et de
convoquer une élection générale. Nous en aurons
terminé avec une loi-cadre sur le référendum parce que le
gouvernement veut tout simplement se substituer dans toutes les occasions
lorsqu'il sait que ce n'est pas dans le meilleur intérêt de la
population. Il manque lui-même de courage de présenter la loi 100,
par exemple, à un référendum.
M. le Président, vous savez qu'à l'heure actuelle si vous
posez la question au gouvernement à savoir si on veut rester dans un
Canada uni? 85% de la population dirait oui. Si vous voulez la
séparation, 15% dit non. Si vous voulez l'indépendance, 17% dit
non. Si vous voulez la souveraineté-association, sans doute le ministre
va expliquer cela en commission demain, c'est en bas de 20%. Le gouvernement
est encore mal pris avec le référendum et il ne sait pas comment
s'en sortir. Il est mal pris.
This government should resign, because what the minister said today was
not in answer to any of the representations made before the Commission, it was
an answer to the observations made by the Human Rights Commission. The Human
Rights Commission said in effect in its preliminary remarks: Do not go any
further because, once again, you are infringing on the individual rights of the
people of this province, by forcing them into umbrella organizations which
limit their freedom of association, which is what the Trade unions, the
Canadian Labor Congress, the Quebec Labor Congress, are saying: We do not want
to be forced into des organisations-parapluie.
Tous les syndicats, surtout ceux qui savent ce qu'est la lutte pour
obtenir, comment-dirait-on, "freedom of association", comprennent que
voilà un gouvernement, par accident ou par philosophie, si vous voulez,
qui veut absolument agir encore une fois au nom de la collectivité.
Même les syndicats qui dans quelques cas au moins ont appuyé le PQ
à la dernière élection disent carrément au
gouvernement: Nous ne voulons pas faire partie du concept "parapluie".
M. le Président, dans un esprit de coopération, je
suggère au ministre d'avoir le courage de retirer son livre blanc. C'est
ce qu'il faut faire actuellement. Appuyez-vous au moins sur les mémoires
présentés ici, les 25 mémoires; le ministre pourrait au
moins changer son approche. Si c'est vraiment un gouvernement
démocratique, les observations du gouvernement... Well, I will speak in
my own language, if my accent, in French, makes some of the members laugh.
If this government had any courage, if it was interested in the people
of this province, it would have the referendum tomorrow, because, until this
referendum is held, on the Constitution... We can have one on apples and
oranges and chastity belts and everything else, but until you have it on the
Constitution, it will be a subject of discussion and debate, until 1979. Le
député de Verchères, le chômage pour lui, ce n'est
rien. Il n'est pas pauvre. Il gagne $35 000 ici, un autre $200 comme
écrivain, $400 pour son livre. Il n'est pas pauvre, mais les pauvres
chômeurs de Verchères devraient lui dire en fin de semaine: On ne
veut pas la séparation, on ne veut même pas que le gouvernement
discute de séparation ou de référendum tant qu'il y aura
autant de chômage dans cette province.
M. Grenier: Un petit coup sur l'agriculture!
M. Mackasey: Mr President, it is a race between whether the
government is thrown out of office on its separatist philosophy or on its
inability...
M. Burns: Les médicaments pour les personnes
âgées!
M. Mackasey:... to run the province and to do anything about
unemployment. It is a race between the 20% which the Union Nationale had last
year and about 2% which it could have by 1979, because they have not taken a
fundamental position on any of these things.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, j'aimerais que vous vous inspiriez de l'exemple des
autres intervenants qui ont parlé seulement sur l'objet du livre blanc,
du référendum. S'il vous plaît, juste une petite
coopération, parce qu'il y en a d'autres qui voudraient aussi
parler.
Une Voix: Cela fait vingt minutes!
M. Mackasey: D'accord, M. le Président.
M. Burns: Des médicaments pour les personnes
âgées.
M. Gratton: Le ministre n'aide pas beaucoup.
M. Mackasey: J'ai écouté, M. le Président,
le ministre qui vient justement de m'interrompre, au moment où je
voulais vous dire que je vous donnerais ma pleine coopération, à
vous, comme Président, qui remplissez votre rôle franchement,
sérieusement et avec expérience.
Le ministre a recommencé et je lui dis qu'avec son record, ce que
je dis est sérieux, c'est le ministre, après tout, qui a
adopté le projet de loi 1 qui a été obligé de le
retirer à cause de la Commission des droits de la personne. C'est encore
ce ministre qui est arrivé avec le projet de loi no 2 et qui a encore
été obligé de le retirer, à cause des
représentations de la Commission des droits de la personne. Aujourd'hui,
ce ministre est obligé de venir devant la commission, pas pour faire
allusion aux mémoires présentés par les 24 ou 25
associations, mais seulement pour répondre aux observations
préliminaires de la Commission des droits de la personne sur le livre
blanc.
Il n'était pas ici, auparavant, mais on l'a vu à la
télévision, je suppose; il a cité lui-même, dans sa
déclaration de ce matin, les conclusions de la Commission des droits de
la personne. Il n'a même pas touché aux autres observations de la
commission. Comme je l'ai souligné, quand le ministre était
absent, c'est parce que lorsque la Commission des droits de la personne, d'une
manière très sensible polite, is suggesting to the
Minister, for God's sake, be smart enough and do not force people into umbrella
organizations because, even if you do it...
M. Burns: What do you have to offer?
M. Mackasey: I have something to offer, very good
suggestions.
M. Burns: Tell me what you have to offer!
M. Mackasey: I will end up to it, but you will not have the
courage to follow it, and that isthat I have one question by next April: Do you
want to remain in Canada? That would be a suggestion.
M. Burns: There are going to be umbrella organizations!
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Le ministre m'a demandé si j'avais une
suggestion; elle est simple, il ne sera pas question d'organisations parapluie,
il ne sera pas question des finances. Posez cette question à la
population du Québec au mois d'avril, l'année prochaine:
Désirez-vous rester au Canada? C'est simple. Même les
mémoires qui nous ont été présentés par ceux
qui veulent absolument l'indépendance ont fait la même suggestion,
c'est ce que je pensais que le ministre était pour soulever ici,
aujourd'hui, M. le Président, avec un mémoire qui était le
reflet...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je pense qu'on serait tous prêts à
entendre les conclusions du député de Notre-Dame-de-Grâce,
étant donné que cela fait déjà 25 minutes. Je n'ai
pas d'objection à ce que cela continue encore un peu, mais en
conclusion.
M. Mackasey: Je suis content que vous ayez posé cette
question, parce que, jusqu'à maintenant, je pensais que vous
étiez sourd et muet, depuis que je suis ici, cela fait un an.
M. Bisaillon: Comme je voudrais parler, je voudrais que vous me
laissiez du temps, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, en terminant, je voudrais
tout simplement dire que le ministre est obligé, avant de déposer
son projet de loi devant la Chambre, d'arriver encore avec un mémoire
qui va...
M. Burns: Un autre livre blanc.
M. Mackasey: Oui, certainement, encore mieux un autre livre
blanc, mais, au moins, les amendements à son livre blanc qui prendront
en considération les 24 ou 25 mémoires que l'on a entendus ici.
Le ministre n'a pas touché du tout la question du
référendum, la date du référendum, et je pense que
cela est important. Il essaie de prendre en considération les
observations de la Commission des droits de la personne, il ne les a pas
prises, il ne répond pas à la question, à la page 4 des
réflexions préliminaires. Si tel est le cas, ce regroupement
obligatoire ne met-il pas en péril la liberté d'associations?
C'est la question posée par la Commission des droits de la personne.
Le ministre, en réponse, dit à la page 4 de son papier, ce
matin: Personnellement, je continue de croire que tout bien
considéré, la formule de comités nationaux demeure, une
fois qu'on en apprécie la portée, la meilleure façon
d'atteindre les objectifs recherchés. Justement le contraire que partage
la Commission des droits de la personne.
Cela veut dire, M. le Président, en conclusion: Si le ministre
dépose la loi, avant Noël à la Chambre c'est
peut-être une réflexion des sentiments qu'il exprime, qu'on trouve
à la page 4il sera exactement en conflit encore avec la Commission
des droits de la personne et sera obligé, l'année prochaine
c'est peut-être cela qu'il veut faire aussi pour ne pas
changer cela, et on ne veut pas de référendum parce qu'il va se
faire battre. Alors, peut-être le ministre fait cela exprès, pour
que la Commission des droits de la personne arrive, l'année prochaine,
et dise: Retirez la loi, on va donner les numéros 301 ou 401, si vous
voulez. Retirez ce projet de loi parce que c'est contre les meilleurs
intérêts de l'individu. Je pense que c'est cela que le ministre
veut dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, rapidement, sur trois
sujets, je vais essayer de laisser un peu de temps aussi à ceux qui
voudraient intervenir à la suite de mon intervention. Il reste dix
minutes à la commission. Sur trois choses: L'hypothèse 1
présentée par le ministre aujourd'hui corrige, selon moi, un
certain nombre de choses qui se trouvaient dans le livre blanc et répond
à certaines attentes des groupes qui se sont présentés
devant la commission parlementaire. Je réfère en particulier
à toutes les précisions qui nous sont apportées quant aux
restrictions qu'on apporterait à la définition du terme
"dépenses référendaires".
Il me semble que cette façon d'aborder les dépenses
référendaires, de mieux définir les dépenses
référendaires, non seulement, vont permettre aux groupes de mieux
fonctionner pendant la campagne référendaire, mais vont
accroître aussi les possibilités pour différents groupes
d'intervenir durant une campagne référendaire sans pour autant
ici participer aux comités nationaux. En effet, les précisions
qu'on apporte quant aux définitions de dépenses
référendaires, en ce qui a trait, par exemple, à la
possibilité, pour un organisme, de réunir ses membres ou de
publiciser auprès de ses membres ses positions sur le
référendum ou les référendums, vont permettre
à différents organismes, dont les syndicats de pouvoir intervenir
dans la campagne référendaire sans pour autant être membres
participants d'un comité national.
Je pense que c'est dans ce sens plutôt que l'Opposition devrait
travailler et ce pour répondre aussi aux demandes de l'ensemble des
groupes qui se sont présentés. C'est-à-dire, on est
d'accord avec le fait qu'il faut donner, au moment de la campagne
référendaire, égalité des chances, donc, regrouper
tous les participants à une campagne référendaire, mais
permettre quand même à des organisations de continuer à
travailler et à expliquer leur position auprès de leurs membres.
C'est uniquement la définition qu'on apportera à ce que sera une
dépense référendaire qui va rendre possible cette chose.
Je pense que dans l'hy- pothèse 1, à moins qu'on veuille se
boucher les yeux et se mettre des oeillères, il y a au moins cette
grande amélioration par rapport à la première
hypothèse. Je pense que cela a déjà été
souligné, d'ailleurs, par le député de Gatineau et il me
semble que c'est dans ce sens qu'on devrait travailler afin de restreindre le
moins possible la définition de dépenses
référendaires, de la décanter par rapport à ce
qu'on peut donner comme définition d'une dépense
électorale.
Cela, pour moi, c'est une amélioration sensible et majeure dans
l'hypothèse 1 qui nous est présentée aujourd'hui.
Par ailleurs, je tiens à souligner au ministre qu'il reste quand
même, selon moi, un trou important et ce trou se situe au moment
où se tient le débat sur la question au Parlement. Je ne rentre
pas dans le temps qu'on utilisera pour débattre la question à
l'Assemblée nationale je sais que l'Union Nationale voudrait
avoir un temps augmenté par rapport aux 25 heures qui sont
suggérées dans le livre blanc peu importe le temps qu'on
prendra, il me semble qu'il y a un trou important alors que le Parlement va se
pencher sur la discussion concernant la question à poser au moment du
référendum, qu'on laisse aller sans contrôler
là je ne parle pas de dépenses référendaires, je
parle de propagande ou de publicité qui pourrait être
organisée ou mise de l'avant par chacun des groupes qui voudra bien le
faire.
Il me semble qu'il y a un danger à faire ce type de propagande ou
à permettre ce type de propagande ou de publicité sur la question
débattue à l'Assemblée nationale. Si on considère
que la question appartient au Parlement et que c'est sur proposition du
gouvernement que l'Assemblée nationale devra en disposer, en amendant et
en essayant d'apporter là je parle de l'Opposition tout
l'éclairage voulu sur la question qui sera posée aux
Québécois par la suite, il me semble que si on laisse intervenir
d'autres cadres que celui du Parlement, au moment de la question, on risque de
fausser et de façon importante le résultat
même du référendum.
Ce que je veux dire, supposez, par exemple, que la population se laisse
convaincre par une publicité qui surviendrait au dixième jour de
la discussion sur la question, que la question va être libellée de
telle façon. La population part avec cette idée qu'il faut
qu'elle réponde oui ou qu'elle réponde non, selon la perception
que la propagande ou la publicité lui aura donnée au
dixième jour. On sait que la question peut être amendable par
l'Opposition ou par le gouvernement, que les 25 heures de discussion ne seront
pas inutiles. Il n'est donc pas illusoire de penser que la question pourrait
être modifiée à la fin, et qu'on arrive au bout des 25
heures de débat avec une question différente de celle qui a
été proposée par le gouvernement dès le
départ.
Si on a laissé faire toute une série de propagande puis de
publicité par des corps intermédiaires, on risque fort de tromper
la population puisqu'elle se sera fait une opinion à partir d'une
question qui aura été modifiée en cours de route.
II me semble qu'il y aurait possibilité sans calculer la
période de temps où on discutera de la question à
l'Assemblée nationale sans la calculer comme étant une
période de dépenses référendaires, on pourrait au
moins tenter de contrôler la publicité et la propagande dans les
media d'information par des corps intermédiaires durant la
période de discussion à l'Assemblée nationale et ce, afin
aussi de laisser toute la liberté aux parlementaires, à moins
qu'on veuille leur enlever la possibilité de discuter de la question.
Mais si on veut leur laisser la liberté de discuter sans être
encerclés par de la propagande eux aussi, si on veut les laisser libres
au moment de la discussion, il me semble qu'on devrait au moins tenter de
veiller à ce que la propagande et la publicité soient
limitées durant cette période de débat à
l'Assemblée nationale.
Finalement, je voudrais apporter mon opinion sur la loi-cadre par
rapport à la loi spécifique. M. le Président,
m'écoutez-vous toujours?
Le Président (M. Laplante): Oui, toujours.
M. Bisaillon: Je vous remercie. J'aimerais rappeler au
député de Gatineau que son argumentation même, en faveur
d'une loi spécifique plutôt que d'une loi-cadre, nous donne
justement raison de pencher pour la loi-cadre plutôt que la loi
spécifique. Toute son argumentation nous démontre finalement que
si on allait de loi spécifique en loi spécifique la population
serait, à ce moment-là, manipulée. On pourrait reprendre
l'essentiel de son discours sur ce sujet pour se rendre compte qu'à
l'encontre de ce qu'il prétend, c'est justement la loi organique qui
nous permet de situer la consultation populaire au-delà des
intérêts particuliers des partis et d'en faire un outil
démocratique pour la population.
Je voudrais aussi rappeler les propres paroles du député
de Notre-Dame-de-Grâce qui, lui aussi, voudrait probablement avoir une
loi spécifique sur la question constitutionnelle et une loi
spécifique sur autre chose par la suite; sa position est claire. Il ne
l'a quasiment pas dit, mais c'est ce que cela voulait dire. Il a dit:
Après le référendum, ce gouvernement ne sera plus
là, alors pourquoi faire une loi générale? Aussi bien
faire une loi spécifique sur la question constitutionnelle, le
gouvernement va la perdre et après il va perdre les élections.
Comme ça, il ne sera plus là. Il vient de nous avouer, en ce
faisant, que pour lui, la consultation populaire n'ajoute pas au processus
démocratique et que si, par la suite, il reprenait le pouvoir, il n'y
aurait pas de consultation populaire sur aucun sujet. C'est ce qu'on veut
éviter.
On veut donner aux Québécois un outil de consultation. On
veut donner aux Québécois des moments privilégiés
où ils pourront parler à leur gouvernement et lui donner son
orientation. On veut donner aux Québécois la possibilité
de vivre dans un régime qui pourrait être plus démocratique
que celui dans lequel on vit actuellement. Pour cela, ça prend une loi
organique. Pour cela, ça ne prend pas des lois spécifiques parce
qu'on sait que les tenants de la loi spécifique, pour l'instant, c'est
parce qu'ils n'en veulent pas, au bout de la ligne, de consultation populaire.
Ils ne veulent pas consulter les Québécois de façon
régulière.
Je m'étonne fort que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ait osé parler de l'initiative populaire en
nous reprochant de ne pas l'avoir incluse ou de ne pas vouloir l'inclure dans
le projet de loi qui sera déposé prochainement. En effet,
l'initiative populaire va au-delà encore de ce qu'on propose comme loi
organique, va permettre davantage aux citoyens d'apporter leurs commentaires au
gouvernement. Je pense, M. le Président, que, pour toutes ces raisons,
on doit tenir farouchement à une loi organique sur la consultation
populaire qui permettra de façon définitive à l'ensemble
des partis politiques, par la suite, de continuer, au-delà de la
question constitutionnelle, à intervenir auprès des gouvernements
et leur donner leur orientation.
J'ai voulu y aller M. le Président, le plus rapidement possible,
afin de permettre au ministre de conclure. Je vais m'arrêter là,
j'aurais peut-être deux ou trois petites choses additionnelles, mais je
vais m'arrêter pour permettre au ministre de conclure.
Le Président (M. Laplante): II reste une minute, qui la
prend? M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je pense que je ne prendrai pas plus qu'une minute, je
donnerai le temps au ministre de clore. Sur les $0.25 que j'ai
mentionnés tout à l'heure, je vais vous dire, si cela n'a pas
été mentionné, que je me suis référé
aux dépenses actuelles permises lors des campagnes électorales et
la contribution de l'Etat est, grosso modo, 50% des dépenses permises
aux candidats à une élection.
M. Burns: Grosso modo, oui. Même un peu plus, cela
dépend. Dans un comté, par exemple, de...
M. Lavoie: Chez moi, c'est à peu près cela.
M. Burns: ...32 000 électeurs, ce qui est la bonne
moyenne, cela donne à peu près $15 000.
M. Lavoie: Grosso modo, 50%, dans une campagne électorale.
Je pense bien que, dans l'élaboration de votre loi ou si c'est fait sous
forme de résolution, vous allez nécessairement vous accrocher un
peu à ce qui existe, à notre tradition de remboursement lors des
campagnes électorales. Si vous permettez $0.50 pour chaque option, comme
limite de dépenses, je pense bien que cela peut se rapprocher de 50% ou
de $0.25. En tout cas, je ne voudrais pas en faire un débat, parce que,
dans certains cas et dans certains comtés, il y a une contribution
d'à peu près $0.20 par électeur pour chacun des candidats
qui sont admissibles à un remboursement. La plupart du temps, c'est au
moins deux et parfois trois candidats et cela peut faire une contribution
d'environ $0.60 par électeur dans une campagne électorale.
L'autre question est plutôt à l'adresse du
député de Terrebonne. Il dit que si on a une loi-cadre, on va
éviter une surenchère d'émotivité, de passion,
d'intensité de chaleur dans le débat.
Cet argument ne m'impressionne pas parce que je pense que si on adopte
dans les mois qui viennent, que ce soit une loi-cadre ou une loi
spécifique, et même si c'est une loi cadre, cela
n'éliminera pas l'émotivité, la passion du débat,
parce que tout le monde a déjà à l'esprit que la question
référendaire c'est sur l'avenir constitutionnel du Québec.
La grande majorité des témoins nous a entretenus uniquement sur
ce référendum.
Je n'ai pas voulu me servir de 96 ou quoi que ce soit.
M. Fallu: Vous prendrez quand même à témoin
le climat...
Le Président (M. Laplante): Le dernier mot, s'il vous
plaît, M. le ministre de la réforme parlementaire.
Fin des travaux
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas d'autres
commentaires à ajouter à ce que nos collègues ont dit ce
matin. Je remercie tous les membres de la commission pour leur collaboration
tout au long de ces séances même si, à l'occasion, il y
avait des divergences d'opinions. Il reste qu'on a fait un travail positif qui
a pu m'éclairer. C'était d'ailleurs le but de la commission, et
sur ce que pense l'Opposition, et sur ce que pense les députés
ministériels, et sur ce que pensaient un nombre de représentants
qui ont daigné intervenir devant nous. soit sous forme d'un
mémoire qui a été déposé, soit encore sous
forme d'audition directe.
Je remercie tous les participants de la commission. Je souhaite, et je
répète encore une fois, être en mesure, vers le 15
décembre, déposer le projet de loi, et là le débat
pourra prendre une ampleur peut-être plus grande. A ce moment-là,
on aura peut-être des points spécifiques à critiquer. Il me
fera plaisir de le faire.
Je mentionne tout de suite que le projet de loi que j'ai l'intention de
déposer au cours du mois de décembre n'est pas pour adoption
avant la fin de la présente session; ceci pour donner, une fois de plus,
un autre temps de réflexion, parce que, j'insiste, il s'agit là
d'un problème qui n'est pas une modification d'une charte d'une
municipalité. On est en train d'établir un élément
additionnel de consultation démocratique de la population. Je pense
qu'on doit prendre tout le temps nécessaire pour soupeser les divers
aspects que soulève cette question.
Encore une fois, M. le Président, je vous remercie
vous-même pour votre collaboration. Je remercie les membres de la
commission et je propose, en conséquence, que la commission mette fin
à ses travaux et que le rapporteur soit mandaté pour soumettre
son rapport à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): Motion adoptée. M.
Laberge de Jeanne-Mance. Ceci met fin aux travaux de la commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales. Merci de votre coopération.
{Fin de la séance à 12 h 34)