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Etude du livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
(Onze heures huit minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Je déclare ouverte cette séance de la commission
élue de la présidence du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales. Les membres de la commission, pour la
présente séance, seront: M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Gratton
(Gatineau), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Léger (Lafontaine)
en remplacement de M. Johnson (Anjou); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lamontagne
(Roberval), M. Lavoie (Laval), M. Lévesque (Taillon), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Fallu (Terrebonne) en remplacement de M. Martel
(Richelieu); M. Jolivet (Laviolette) en remplacement de M. Morin
(Louis-Hébert); M. Guay (Taschereau) en remplacement de M. Morin
(Sauvé); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) en remplacement de M.
Paquette (Rosemont); M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Je pense qu'il y aurait lieu, à ce stade-ci, qu'on désigne
un rapporteur pour la commission; est-ce que quelqu'un aurait une suggestion
à faire?
M. Burns: M. le Président, je propose M. Laberge.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Jeanne-Mance. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Préliminaires
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Jeanne-Mance est désigné comme
étant le rapporteur de la commission parlementaire.
M. le ministre, messieurs les membres de la commission, cette commission
élue se réunit à la suite d'un mandat reçu de
l'Assemblée nationale, mandat qui est d'entendre des mémoires
relativement au livre blanc sur la consultation populaire au Québec dont
le ministre responsable est le député de Maisonneuve, ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire.
Pour la bonne marche de nos travaux, j'aimerais insister auprès
des membres de la commission et des intervenants sur les points suivants: a) le
livre blanc sur la consultation populaire au Québec et les
mécanismes qu'il propose ne sont pas élaborés en fonction
d'une consultation populaire spécifique; b) cette commission ne doit, en
aucun cas, être considérée comme une tribune pour
émettre des positions ou des opinions sur des questions de fond ou sur
des sujets pouvant éventuellement faire l'objet d'une consultation
populaire; c) les discussions et les interventions des membres de la commission
et des intervenants devront essentiellement porter sur les mécanismes de
consultation populaire tels que proposés par le livre blanc.
Voilà le mandat de cette commission parlementaire telle que
confié par l'Assemblée nationale. Compte tenu de l'importance de
cette commission, je suis assuré à l'avance que chacun d'entre
vous apportera sa collaboration à la présidence afin que nos
travaux se déroulent dans l'ordre et dans le respect intégral du
mandat qui nous est confié.
Ceci étant dit, je cède donc la parole au ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire, qui sera suivi
par la suite du représentant de l'Opposition officielle, de celui de
l'Union Nationale et du député de Beauce-Sud.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question de
règlement à soulever immédiatement. Je n'ai pas
l'intention d'abuser de la procédure, mais je crois qu'un document de la
sorte, à ma connaissance, c'est la première fois, à moins
que je me trompe qu'il en est déposé un au tout début
d'une commission. Cela établit en somme...
M. Burns: Parlez-vous de la livraison que vient de nous faire le
président?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
simplement par éthique...
M. Burns: Moi je pense au contraire que ce n'est pas la
première fois. Il est arrivé, à de nombreuses reprises,
que le président donne les grandes lignes de sa façon de vouloir
tenir les audiences de la commission. On a eu le cas fameux du projet de loi no
101, où le président a donné ses directives...
M. Lavoie: M. le Président, je pense que j'avais
demandé la parole.
M. Burns: Je m'excuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Le précédent est peut-être que ces
directives sont données par écrit. De toute façon, je
pense qu'auparavant le président pouvait donner certaines directives,
soit rappeler aux membres de la commission la teneur de notre règlement
de l'Assemblée nationale. C'est vrai que je n'ai pas une très
longue expérience en commission parlementaire, parce que mes fonctions
anté-
rieures me réservaient plutôt pour la chambre verte, mais
j'aurais deux questions à poser au président de la commission.
Est-ce que c'est vous-même qui avez pris l'initiative de nous
déposer par écrit ces directives pour la marche de nos travaux?
Est-ce que cela provient de votre propre décision? Deuxièmement,
cela établit le paramètre ou le corridor de la discussion et je
voudrais soulever une question sur le paragraphe b) et vous demander des
instructions, des directives.
A a) il est dit que: Le livre blanc sur la consultation populaire au
Québec... le but en tout cas, et ce serait bon de relire cela. Pour la
bonne marche de nos travaux, j'aimerais insister auprès des membres de
la commission et des intervenants sur les points suivants: a) Le livre blanc
sur la consultation populaire au Québec et les mécanismes qu'il
propose ne sont pas élaborés en fonction d'une consultation
populaire spécifique. b) Ma question suivra Cette
commission ne doit en aucun cas être considérée comme une
tribune pour émettre des positions et des opinions sur des questions de
fond ou sur des sujets pouvant éventuellement faire l'objet d'une
consultation populaire.
Est-ce que cela veut dire que les membres de cette commission ne
pourront en aucune façon s'exprimer, donner leur avis, poser des
questions aux témoins sur une consultation populaire qui vient à
l'esprit immédiatement et qui vient à l'esprit non seulement des
membres de la commission, mais des Québécois, en
général, sur la consultation populaire, sur l'avenir
constitutionnel du Québec, au sein ou en dehors de la
confédération canadienne? Est-ce que cela veut dire qu'on ne
pourra pas parler de cette question, qu'on devra parler uniquement du
mécanisme d'une loi-cadre de la consultation populaire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
répondre à votre question, je dois vous dire que je sais depuis
au moins 15 jours que je serai le président de cette commission. Cette
décision provient de moi-même, exclusivement, seulement et
essentiellement; j'ai moi-même préparé ce texte. Ma
secrétaire l'a dactylographié, ce matin, vers 9 h 30. J'ai
montré le texte au président de l'Assemblée nationale, qui
s'est montré totalement d'accord, pour sa livraison, ce matin, à
11 heures. J'en ai glissé un mot au ministre d'Etat à la
réforme parlementaire et électorale, sur mon intention, et non
pas sur son opinion, de livrer ce texte à 11 heures.
Je pense que cette réponse est claire. C'est le président
lui-même qui a pensé cela. Non pas depuis ce matin, mais depuis
plusieurs semaines, il pense à faire ce texte. Il l'a fait ce matin. Il
était pensé. Même durant le voyage en automobile, hier, de
Jonquière à Québec, ce texte était presque
rédigé dans la tête du président. Il a
été montré au président de l'Assemblée
nationale qui s'est dit entièrement d'accord pour délimiter et
pour ne pas que le débat dévie trop du mandat de la commission,
qui nous est donné par l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Est-ce qu'à votre connaissance, c'est la
première fois qu'on a de telles directives par écrit?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
content que vous posiez la question. Le simple but de vous les remettre par
écrit, c'était par politesse envers les membres de la commission.
J'avais fait rédiger le texte seulement en une copie. Lorsque je suis
arrivé ici, à 10 h 58, j'ai demandé au personnel des
commissions de le photocopier pour permettre à tous les membres de
l'avoir. Le seul et unique but, j'en suis convaincu, c'est un but de politesse
et d'éthique professionnelle envers mes collègues de
l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Est-ce que c'est la première fois,
d'après vous, qu'il est fait par écrit et distribué aux
membres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
l'ignore. Je sais que le député de Prévost, lors du
début de la commission parlementaire sur la loi no 1, a fait un
exposé assez long sur la façon dont les débats devraient
être menés. En ce qui me concerne, c'est un texte qui est
très court et limitatif. C'est par simple politesse et gentilhommerie
que je l'ai fait envers les membres de l'Assemblée nationale, et dans
aucun autre but.
M. Léger: M. le Président, sur ce point, est-ce que
je peux simplement me permettre de dire que, depuis sept ans que je suis
à l'Assemblée nationale, la plupart des fois où il y a eu
une ouverture d'une commission parlementaire, le président donnait un
avis général de fonctionnement, verbalement? Mais tout le monde
sait qu'une heure plus tard, les transcriptions peuvent nous être remises
et, que le président l'ait donné plus tôt, pour l'avoir
immédiatement, c'est la même chose que si on le voit une heure
après, sauf que, comme les gens, normalement, auraient accepté ou
pas la recommandation du président, ils sauraient de quoi il parlerait.
Ce ne serait pas uniquement des paroles, mais des écrits. C'est bien
normal.
M. Lavoie: La deuxième partie n'est pas sur la forme. Elle
est plutôt sur le fond. J'aimerais entendre le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
deuxième partie de votre question est comprise dans la directive du
paragraphe b). Je ne voudrais pas, du moins il ne serait pas souhaitable que
cette commission parlementaire se transforme je ne dis pas que
j'empêcherai toute question en un débat sur l'avenir
politique du Québec. C'est le seul et unique but de la présidence
en faisant ce texte. Nous avons des mémoires. Je n'ai lu le contenu
d'aucun mémoire. Je ne connais le contenu d'aucun mémoire. Ce que
je veux éviter, à titre de président, pour que nos travaux
aillent bien, c'est que les gens ne viennent essentiellement ici que pour
émettre leur opinion: Je suis pour la souveraineté-association
pour tel-
les raisons ce que je défendrai ou je suis contre
la souveraineté-association pour telles raisons. Cela n'empêche
pas de poser des questions sur le mécanisme prévu pour ce
référendum en particulier, sur la forme, donc sur les
mécanismes, sur la façon dont devrait se faire ce
référendum. Je ne voudrais pas qu'un organisme vienne dire; Moi,
mon mémoire consiste essentiellement à venir vous dire que je
suis contre la souveraineté-association pour telles et telles raisons.
Ceci n'est pas demandé à la commission. Un autre viendrait nous
dire qu'il est pour la souveraineté-association pour telles et telles
raisons. A ce moment, vous auriez également le droit de vous en
plaindre. C'est le seul et unique but du paragraphe b), soit de ne pas faire la
campagne du référendum ici en commission parlementaire. C'est le
but du paragraphe b).
M. Lavoie: Si je comprends bien, il n'est pas question, autant
pour nous et pour d'autres, d'aller au fond de la question sur l'avantage de la
souveraineté-association ou de la séparation par rapport à
l'avantage d'un autre système. Je suis tout à fait d'accord avec
cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est le
seul et unique but du texte.
M. Lavoie: Je veux bien qu'on établisse les règles
du jeu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
pensais pas qu'un si court document pouvait prêter à
interprétation.
M. Lavoie: Tout document, en général, porte
à interprétation.
M. Burns: Vous allez décourager la présidence de le
faire à l'avenir.
M. Lavoie: Dans le paragraphe a), vous dites que le livre blanc
sur la consultation populaire au Québec et les mécanismes qu'il
propose ne sont pas élaborés en fonction d'une consultation
populaire spécifique. Je vous donne une hypothèse qui va se
présenter, j'en suis assuré. La position gouvernementale est une
loi cadre sur la consultation populaire alors que certains membres de la
commission vont plutôt prôner en donnant, par exemple un
référendum précis une loi spéciale. Je ne
voudrais pas qu'on soit brimés dans nos droits de faire le
parallèle et dans d'autres mécanismes également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, je répète ce que j'ai dit tout
à l'heure. Le paragraphe a) n'est que la retranscription textuelle d'une
phrase du livre blanc sur les consultations populaires au Québec.
Le seul et unique but de ce document est de ne pas faire dévier
le débat sur une question de fond, c'est-à-dire la
souveraineté ou non du Québec. Je sais fort bien que des
personnes ont des opinions contradictoires sur: Est-ce qu'un
réfé- rendum devrait se faire par une loi spéciale ou en
vertu d'une loi-cadre? Et le but du paragraphe a) n'est pas de limiter la
discussion sur ce point mais tout simplement de la limiter sur le fond de la
question. Il n'est pas question, et je refuserai toute question à tout
intervenant qui viendra se servir de cette commission parlementaire pour faire
la campagne d'un référendum en particulier.
M. Roy: Si j'ai bien compris, M. le Président, dans le
paragraphe a), il n'y aura pas de limites pour les membres de la commission
parlementaire. Je prends plutôt les derniers mots du paragraphe a): nous
limiter à discuter d'une seule forme de consultation populaire. Mais on
pourra discuter de différentes formes de consultation populaire, d'une
ou de plusieurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
parce que, en fait, on peut tenir pour acquis qu'il peut y avoir plusieurs
consultations populaires sur plusieurs sujets. La question d'une loi
spéciale ne s'applique pas seulement à une consultation populaire
sur l'avenir du Québec. On aurait pu avoir une consultation populaire
sur l'amiante, et il aurait pu y avoir une loi spéciale sur l'amiante,
également, pour la consultation populaire sur l'amiante. Or, ce n'est
pas le but du paragraphe a).
M. Roy: J'avais une réserve sur le premier paragraphe
où, à mon avis, il y avait un danger qu'on limite trop les
débats.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
autant que ces discussions sur lois-cadres et lois spéciales ne viennent
pas permettre à des intervenants d'émettre des opinions sur le
fond du problème constitutionnel.
M. Roy: Mais on peut discuter d'une loi-cadre, on peut discuter
de deux lois-cadres, on peut discuter d'une forme de consultation, de deux ou
de trois formes de consultation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
autant qu'on ne fasse pas la campagne du référendum.
M. Roy: D'accord, cela va. M. Bertrand: Amenez-en!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Là-dessus, est-ce qu'il y aurait d'autres questions de directive ou de
règlement? Mon texte étant maintenant, je pense, plus clair
après les explications verbales, je cède la parole au ministre
d'Etat à la réforme électorale.
Exposé du ministre d'Etat à la
réforme
électorale et parlementaire
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
les personnes et les organismes qui, en présentant des mémoires
et en se faisant entendre
devant cette commission, ont bien voulu collaborer à l'adoption
éventuelle, par l'Assemblée nationale, d'une loi sur la
consultation populaire qui soit à la fois juste et fonctionnelle. Je
peux leur donner l'assurance que j'entreprends les travaux de cette commission
non seulement avec enthousiasme, puisqu'il s'agit d'un sujet qui touche
à l'essence même de nos institutions démocratiques, mais
avec une très grande disponibilité d'esprit en ce qui concerne la
recherche des meilleurs moyens d'atteindre les objectifs que le gouvernement a
décrits dans son livre blanc.
Cette institution nouvelle qu'est le référendum doit
rallier le plus grand consensus possible. Vraiment, là-dessus, tout au
cours de nos travaux, on va se rendre compte que ce ne sont pas de vains mots,
c'est véritablement quelque chose qui préoccupe le gouvernement,
du moins quant au cadre général dans lequel devra se
dérouler la consultation populaire. Il est très important, en
effet, que ce cadre soit accepté, d'une manière qui soit
générale, comme étant véritablement impartial. Et
je formule très sincèrement le voeu qu'il nous soit possible, par
la réflexion et par la discussion, d'atteindre ce consensus
général comme nous avons d'ailleurs réussi à
le faire sur d'autres lois importantes et contestées à l'origine
comme celle du financement des partis politiques.
Avant de donner la parole à nos invités d'aujourd'hui,
vous me permettrez, M. le Président, de suivre la coutume pour
énoncer brièvement la position gouvernementale sur la question
que nous abordons aujourd'hui. La chose me semble d'autant plus
nécessaire que c'est la première fois que le gouvernement peut
faire valoir les raisons qui l'ont amené à faire les propositions
que l'on retrouve dans le livre blanc sur la consultation populaire.
Je voudrais d'abord expliquer pourquoi le gouvernement a choisi de
proposer l'adoption d'une loi générale permettant la tenue
éventuelle de plusieurs référendums, plutôt que de
procéder à l'adoption d'une loi spécifique portant sur un
référendum en particulier.
Si le gouvernement a choisi cette option, c'est qu'il croit souhaitable
que le référendum devienne un instrument permanent de notre vie
démocratique afin de favoriser la participation directe des citoyens
à la gouverne des affaires publiques.
Permettez-moi, M. le Président, de souligner d'abord que cette
attitude de notre part n'est pas nouvelle. Beaucoup de gens ont pensé
que c'était une découverte qu'on venait de faire mais je pense
qu'on peut remonter dans les années précédentes et
retrouver cette attitude constante chez le parti ministériel. Avant
même que notre programme politique soit modifié pour
prévoir la tenue d'un référendum sur l'avenir politique du
Québec, on pouvait y lire l'engagement de faire adopter par
l'Assemblée nationale une loi organique sur les
référendums. C'est que nous avons toujours pensé que ce
mécanisme, auquel ont recours la plupart des pays démocratiques
pour régler les grandes questions de leur vie politique, devait
finalement être introduit chez nous.
Car il serait faux de croire que l'absence de consultation
référendaire est la règle générale dans les
pays où règne la démocratie, même ceux de tradition
britannique. Bien au contraire, les pays qui n'ont pas de recours au
référendum sont de plus en plus rares. Qui ne se rappelle, en
effet, le référendum français sur la
régionalisation, le référendum italien sur le divorce, les
référendums irlandais, norvégien ou danois sur
l'adhésion au Marché commun européen, sans parler des
nombreux référendums tenus en Suisse ou dans les Etats
américains, ou encore du référendum qui vient d'avoir lieu
à Panama sur la ratification d'un traité avec les Etats-Unis.
Même dans les démocraties parlementaires de type
britannique, comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, le recours au
référendum est prévu dans la loi et on y a
fréquemment recours. Il est vrai que, jusqu'en 1975, l'Angleterre
n'avait jamais tenu de référendum. Mais je peux vous dire que
même dans ce haut lieu du parlementarisme, les choses sont rapidement en
train de changer. Ainsi, dès ce mois-ci, le gouvernement britannique a
l'intention de présenter deux lois, l'une concernant l'Ecosse et l'autre
concernant le pays de Galles qui prévoiront chacune un
référendum. Soit dit en passant, dans chacun des cas, il s'agit
de déterminer de quelle façon l'Ecosse ou le pays de Galles
obtiendra une plus grande autonomie par rapport à son existence au sein
du Royaume-Uni.
J'ai été frappé, M. le Président, durant mon
récent voyage à Londres, de constater jusqu'à quel point
cette idée de référendum était un sujet constant de
discussions. Par exemple, dans l'édition du 9 octobre 1977 de
l'hebdomadaire "The Observer", on pouvait lire un long article du travailliste
Woodrow Wyatt, où le référendum était
présenté comme l'un des cinq moyens susceptibles de sauver la
démocratie britannique. Lors du dernier congrès national du Parti
conservateur, toujours en Grande-Bretagne, le chef de l'Opposition, Mme
Thatcher, a également évoqué la possibilité d'avoir
recours au référendum sur des questions très
importantes.
Je crois donc que ceux qui s'opposent au principe même du
référendum comme instrument de participation de la population
à la prise des grandes décisions, pour la raison que la chose
serait contraire à une saine démocratie ou à la nature du
parlementarisme devraient prendre en considération ce qui se passe un
peu partout dans le monde. Ils pourraient alors constater qu'il est
parfaitement possible de concilier l'introduction de la consultation populaire
avec la démocratie parlementaire. En réalité, loin
d'être contradictoires, l'élection et le référendum
sont des moyens complémentaires d'atteindre à une même
grande démocratie.
Car l'un et l'autre ont des caractéristiques et des objectifs
différents. Bien sûr, on ne pourrait pas gouverner uniquement par
référendum: les affaires publiques sont maintenant trop complexes
pour qu'on puisse revenir à l'agora grecque où se pratiquait la
démocratie directe du référendum permanent. Mais
également, il est des questions que l'on ne peut traiter
adéquatement au moyen
de l'élection sans risquer de fausser le mécanisme
même du processus électoral. En effet, les
élections-référendums qui sont dominées par une
seule grande question mettent les électeurs dans une position anormale
où, au lieu de choisir entre différentes équipes en
fonction des hommes et des programmes de gouvernement, comme cela devrait
normalement être le cas, les citoyens doivent plutôt se prononcer
pour ou contre une seule idée.
Il vaut beaucoup mieux, à notre avis, dans de telles
circonstances, laisser les élections jouer leur rôle normal et
prévoir la consultation spéciale sur la question
particulière.
J'ajoute que le recours au référendum me semble un
excellent moyen de combattre tout sentiment d'aliénation à
l'égard du processus politique, en rendant la population davantage
consciente du fait qu'en démocratie c'est à chacun qu'il revient
de se faire une idée propre sur les grandes orientations de notre
société. Or, une fois qu'on accepte l'idée d'avoir recours
au référendum lorsque le besoin s'en fait sentir, nous croyons
qu'il est préférable d'adopter une loi organique qui en fixe le
cadre général. Personne n'accepterait, par exemple, que le
gouvernement puisse changer les règles électorales chaque fois
qu'il y a des élections. Pourquoi serait-il plus acceptable qu'un
gouvernement puisse changer les règles référendaires
chaque fois qu'il entend soumettre une question à la consultation
populaire?
Le gouvernement ne serait-il pas accusé, chaque fois, de vouloir
fausser les règles pour influencer le résultat de la
consultation? En réalité, seule une loi organique peut garantir
la permanence et l'impartialité des règles du jeu.
Voilà donc les raisons pour lesquelles le gouvernement se propose
de présenter à l'Assemblée nationale une loi organique sur
la consultation populaire. Bien indépendamment du
référendum particulier que nous nous sommes engagés
à tenir à la fin de notre mandat sur l'avenir du Québec,
nous avons promis aux Québécois, dans notre programme politique,
d'introduire enfin chez nous cette institution référendaire qui
existe dans la plupart des démocraties et nous comptons bien remplir cet
engagement.
D'ailleurs, j'ajoute, en toute justice pour les autres partis
politiques, que nous n'avons pas été les seuls à
préconiser cette innovation, puisque l'Union Nationale, sous le
gouvernement Bertrand, a déjà saisi l'Assemblée nationale
d'une loi-cadre sur les référendums, dont plusieurs des
modalités sont semblables à celles proposées dans le livre
blanc que nous vous soumettons ce matin. Le premier ministre du Canada, M.
Pierre Elliott Trudeau, vient de faire connaître l'intention de son
gouvernement de faire adopter prochainement par le Parlement
fédéral une loi-cadre sur les référendums. Alors,
tant mieux si nous sommes les premiers à le faire. Je souhaite que les
délais nous permettent d'être les premiers à le faire.
Je voudrais maintenant dire quelques mots des principales
modalités de cette loi organique que nous nous proposons
éventuellement de faire adopter et que nous suggérons par
l'entremise du livre blanc. D'abord, remarquons qu'il ne s'agit pas d'une
loi-cadre qui permettrait au gouvernement de décréter un
référendum sans avoir à revenir, chaque fois
j'insiste devant l'Assemblée nationale. Suivant la formule que
nous proposons, aucun référendum ne pourra être tenu sans
que l'Assemblée nationale décide, dans chaque cas, le sujet du
référendum et la question posée aux électeurs. A ce
point de vue, il me semble que la différence entre la position
préconisée par ceux qui voudraient que la question soit
fixée dans une loi particulière et la position du livre blanc
où la question est déterminée par une motion
spéciale, est une différence non pas de nature, mais de
modalités.
L'essentiel est que l'Assemblée nationale se prononce dans chaque
cas. Là-dessus, tout le monde est d'accord. Je suis donc confiant que
nous pourrons, avec l'aide des mémoires que nous entendrons, trouver des
modalités acceptables à tous.
Pour ce qui est des règles qui régiront les campagnes
référendaires, le livre blanc propose que nous adoptions, en les
adaptant, les règles qui régissent nos campagnes
électorales. Le Québec a déjà une tradition de
contrôle des revenus et des dépenses politiques. La Loi
électorale fixe, depuis plusieurs années, un plafond aux
dépenses qu'un parti et un candidat peuvent engager en période
électorale.
Au cours de cette période, seuls les agents officiels des partis
et des candidats peuvent effectuer des dépenses à des fins
électorales. La Loi sur le financement des partis politiques,
votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale au
cours du mois d'août dernier, permet aux seuls électeurs de
contribuer au financement des partis politiques. Ce sont des règles
semblables que le gouvernement propose pour les campagnes
référendaires.
Tous conviendront, j'en suis sûr, que le seul but d'une campagne
référendaire est d'éclairer le mieux possible les
électeurs sur les choix qui leur sont proposés. Pour cela, il
faut non seulement permettre à chaque citoyen de faire valoir son point
de vue afin d'éclairer le débat, mais il faut même,
j'oserais dire, l'y aider et cela, de deux manières: d'abord en
fournissant à chaque option un minimum de moyens matériels, de
façon que ses partisans puissent faire valoir leurs arguments, et
ensuite, en évitant que l'opinion des citoyens soit noyée sous un
déluge de propagande orchestrée par ceux qui détiennent
les pouvoirs d'argent.
Le référendum doit être l'occasion, donc, d'un
débat d'idées et non celle d'une guerre de publicité. Nous
avons de la compétition. M. le Président, après cette
brève interruption causée par les explosions qui ont lieu dans la
cour intérieure, je continue à vous livrer ma déclaration
préliminaire. C'est d'ailleurs, M. le Président, la philosophie
qui s'est progressivement développée dans notre droit
électoral, à partir de la loi limitant les dépenses
électorales jusqu'à celle, toute récente, comme je le
mentionnais tout à l'heure, réglementant le financement des
partis politiques.
Chacune de ces lois a été adoptée, je tiens
à le signaler, à l'unanimité, et tous se sont
réjouis des progrès qu'elle faisait accomplir au processus
démocratique. En empêchant les abus, ces lois favorisent
l'expression d'opinions des citoyens. Il en va exactement de même pour
les référendums. C'est pourquoi le gouvernement a proposé
que les règles qui assurent la démocratie en temps
d'élections puissent également garantir la qualité du
débat démocratique au moment des référendums.
En agissant de la sorte, le gouvernement n'a pas inventé de
nouvelles règles. Il ne fait qu'appliquer au référendum
celles qui régissent déjà les revenus et les
dépenses en matière électorale. Evidemment, il a fallu
faire des adaptations. Il est bien possible que les formules que nous avons
proposées pour y arriver puissent être améliorées.
Nous n'excluons pas cette possibilité. Nous sommes, en tout cas,
désireux d'en discuter avec ceux qui comparaîtront devant cette
commission et avec les partis d'Opposition.
La première de ces adaptations concerne le maximum des
dépenses permises que nous suggérons de fixer à $0.50 par
électeur pour chaque option. Bien que cette limite soit un peu plus
basse qu'en période électorale où effectivement la limite
moyenne tourne autour de $0.70 par électeur, si l'on additionne les
niveaux local et national, il nous semble qu'elle permettra amplement, à
chaque option, de pleinement se faire valoir. Elle est par ailleurs
suffisamment élevée, pour inciter chaque option à faire un
effort maximum d'organisation et de financement.
Nous avons également suggéré qu'il serait plus
simple de remplacer le remboursement des dépenses qui est fait en
période électorale par une subvention de départ à
chacune des options. Cette idée nous a été inspirée
par l'expérience britannique de 1975. Etant donné que les
circonstances peuvent varier d'un référendum à l'autre
nous n'avons pas l'intention d'inscrire un montant déterminé dans
la loi-cadre, laissant ainsi à l'Assemblée nationale la
possibilité de fixer le montant de cette subvention de départ en
même temps qu'elle adoptera le texte de la question de chaque
référendum particulier.
Enfin, nous avons suggéré que la responsabilité de
campagnes référendaires soit assumée pour chaque option
par une organisation ad hoc constituée spécialement à
cette fin. Il ne peut, en effet, y avoir de contrôle des dépenses
et des revenus sans que quelqu'un en soit clairement responsable. Encore ici,
nous nous sommes inspirés, en l'adaptant à notre contexte, de
l'expérience britannique de 1975 où la mise sur pied
d'organisations parapluies, si je puis dire, avait permis aux tenants de chaque
option de se regrouper sans nuire à la liberté d'expression de
chacun.
Je voudrais préciser, à cet égard, que la
constitution de ces organisations n'est dans notre esprit qu'un moyen pour
atteindre le but recherché, celui de garantir que les règles
régissant les revenus et les dépenses seront vraiment et
clairement et officiellement observées, mais ce n'est dans notre esprit
qu'un moyen. Si les travaux de cette commission devaient nous faire
découvrir une méthode qui soit meilleure que celle que nous
proposons, je serai très heureux d'en proposer l'adoption à mes
collègues du gouvernement et, ultimement, à l'Assemblée
nationale, via le projet de loi qui suivra le livre blanc.
On me permettra cependant de souligner que la formule que nous proposons
a plusieurs avantages. D'abord, en obligeant le regroupement des acteurs, elle
permet aux électeurs de recevoir un message plus clair et de percevoir
plus nettement les différences entre les options. C'est, de plus, une
formule très souple puisque les structures de chaque organisation, sa
composition, la nomination de son président sont laissées aux
députés qui se regroupent sous une même option en dehors de
la ligne traditionnelle de parti. Le gouvernement évite ainsi d'imposer
à qui que ce soit une forme précise d'organisation, ce qui, je
suis absolument certain, serait critiqué largement par toutes les
personnes et tous les groupes qui sont intéressés à nous
faire valoir leurs options là-dessus. La seule exigence que nous posons:
l'élection d'un président et d'un agent officiel qui sont les
garants du respect de la loi. Il me semble d'ailleurs, si je me fie aux
nouvelles, que ce regroupement correspond à notre réalité
puisqu'en prévision du référendum annoncé sur
l'avenir du Québec on commence déjà à se
regrouper.
Evidemment, nous sommes conscients qu'en Angleterre ces organisations
étaient volontaires, tandis que chez nous elles devront avoir un
caractère obligatoire, étant responsables du contrôle des
dépenses et des revenus en période référendaire.
Nous sommes certains, cependant, que ces organisations adopteront l'attitude la
plus ouverte possible à l'égard de tous ceux qui voudront s'y
rallier. Il est difficile de croire qu'elles voudraient empêcher un de
leurs partisans de s'exprimer. Au contraire, elles auront avantage, nous le
pensons, à mettre en lumière tous les appuis qui leur seront
donnés. D'ailleurs, il serait possible de prévoir, au besoin, des
accommodements dans des cas particuliers, de façon à s'assurer
qu'aucun citoyen ne pourra être empêché de faire
connaître son opinion sur l'objet de la consultation.
On nous a fait remarquer que le délai prévu pour la mise
sur pied formelle de ces organisations était trop court puisque, suivant
le livre blanc, cela ne pouvait se faire qu'après l'émission du
bref référendaire. Dans notre esprit, ce geste était
beaucoup plus une formalité qu'autre chose puisqu'en toute
probabilité, chaque option était susceptible, au moment du
déclenchement du référendum, d'être possiblement
avancée dans son organisation.
Il serait peut-être préférable de prévoir que
les organisations puissent être formellement mises en place dès le
moment où la question aura été adoptée par
l'Assemblée nationale. De même, il serait possible de
prévoir un délai minimum entre l'adoption de la question et le
déclenchement du référendum, ce dont ne parle pas
d'ailleurs le livre blanc, afin de laisser à chaque option le temps de
compléter son organisation. Le gouvernement se-
rait également désireux de recevoir des
représentations sur l'information qui devra être fournie aux
électeurs. Quel devrait être le rôle du gouvernement
à cet égard? Devrait-on suivre l'exemple du Royaume-Uni et
permettre au gouvernement de faire connaître officiellement sa position
au moyen d'une publication adressée à chaque foyer? Quelle
devrait être l'attitude des media d'information? Devraient-ils mettre
gratuitement à la disposition de chaque option de l'espace ou du temps
d'antenne? Devrait-on réglementer la publication de sondages d'opinion
durant la campagne? Autant de questions, M. le Président, qui ne sont
pas directement traitées dans le livre blanc, mais qui devraient
recevoir une réponse avant l'adoption de la loi.
Les travaux de cette commission seront donc des plus importants. Ils
nous permettront de répondre à plusieurs questions fondamentales.
Par exemple, sommes-nous d'accord pour avoir recours à la technique du
référendum afin d'associer la population à la prise des
grandes décisions de politiques? Si oui, est-il bon que le cadre de ces
consultations soit fixé dans une loi organique? Est-il souhaitable que
le processus référendaire suive d'aussi près que possible
le processus électoral? En particulier, est-il souhaitable que les
règles qui régissent déjà les finances politiques
s'appliquent à la consultation populaire? Enfin, comment doit-on
organiser la campagne référendaire si l'on veut permettre
à chaque option de faire valoir son point de vue en toute liberté
tout en respectant le droit d'expression de chaque citoyen?
M. le Président, les personnes que nous entendrons et les
échanges que nous aurons au sein de cette commission, je pense et je
l'espère, nous permettront de répondre à ces questions.
Puisqu'il s'agit d'une institution nouvelle dans notre droit, nous aurons
besoin de l'apport de chacun. J'ai confiance qu'avec la collaboration de tous,
des membres de l'Opposition, des gens qui viendront témoigner devant
nous, nous pourrons préparer et adopter une loi sur la consultation
populaire dont tous les Québécois pourront être fiers. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au
député de Laval.
Remarques de l'Opposition M. Jean-Noël
Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je dois, en premier lieu,
remercier le leader parlementaire du gouvernement d'avoir permis qu'on ait une
séance préparatoire aux auditions en ne convoquant, pour la
première journée, qu'un seul organisme qui est le Barreau du
Québec, étant donné que cela donne l'occasion aux membres
de cette Assemblée et aux différents partis politiques
représentés à l'Assemblée de donner leur point de
vue sur les travaux de cette commission.
Vous m'excuserez, messieurs les journalistes, de ne pas vous avoir
fourni un texte écrit de l'intervention sur la position de l'Opposition
officielle. La principale raison, c'est que nous voulions nécessairement
c'était logique et normal connaître la position du
gouvernement avant de pouvoir y répondre, en somme, en
établissant également notre position officielle.
Je voudrais bien brièvement, à la suite de la prise de
position du gouvernement, exprimer ici la position de l'Opposition officielle
spécialement en ce qui concerne le livre blanc et la solution
adoptée par le gouvernement d'avoir une loi-cadre de la consultation
populaire particulièrement en ce qui concerne un certain
référendum, qui devra se tenir dans un délai que nous
souhaitons assez rapide, sur l'avenir constitutionnel du Québec. Je m'en
réfère et c'est normal, je crois à la
position qu'avait prise le gouvernement actuel avant les élections du 15
novembre, en s'engageant, entre autres, à consulter la population du
Québec sur notre avenir constitutionnel. C'est la raison de mon
intervention au tout début; je voulais bien qu'on puisse exprimer notre
opinion et que les autres partis puissent le faire dans l'optique, du moins,
d'une manière privilégiée, de cet engagement du
gouvernement sur la position québécoise au sein ou non du
Canada.
En premier lieu, je voudrais répéter, faire part à
la commission de la position prise par le Parti libéral il y a environ
trois semaines ou un mois, lors d'un caucus tenu à Québec sur le
livre blanc sur la consultation populaire. Je vous donne les grandes
conclusions et je crois que cela éclairera le gouvernement. D'ailleurs,
ce qui m'intéresse, c'est qu'également, j'ai eu l'occasion de
parcourir certains mémoires et, justement, les mémoires sortent
d'un paramètre ou d'un corridor strict. Je craignais, au début,
que la discussion ne porte que sur une loi-cadre d'une opération
référendaire sur quelque sujet que ce soit. On aurait pu accepter
ce corridor parce que la plupart des mémoires auraient été
hors d'ordre et auraient été même refusés. La
plupart des organismes ou des personnes qui ont pris la peine de soumettre des
mémoires traitent de la différence entre une loi-cadre et une loi
spécifique sur un référendum donné quant à
l'avenir constitutionnel du Québec.
Voici les grandes conclusions, les grandes lignes de la position du
Parti libéral en ce qui concerne, entre autres, un
référendum spécifique qui devrait se tenir dans les
meilleurs délais. Les députés libéraux à
l'Assemblée nationale sont en désaccord avec la philosophie
générale et les principes contenus dans le livre blanc
gouvernemental portant sur la consultation populaire au Québec et ils
s'opposent carrément à ce que le référendum
historique sur l'indépendance soit ramené au rang d'une simple
consultation populaire ordinaire.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale invitent tous les Québécois et tous les groupes
représentatifs de notre société à examiner bien
attentivement le livre blanc et à venir dire au gouvernement ce qu'ils
en pensent. Troisièmement, les députés libéraux
à l'Assemblée nationale de-
mandent au gouvernement de définir ses orientations en ce qui
concerne l'avenir des institutions politiques québécoises et de
dire pourquoi, aujourd'hui, il faut nécessairement choisir, parmi les
autres moyens possibles, la voie référendaire pour
réaliser notre objectif commun de l'amélioration de la vie
démocratique québécoise.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale demandent au gouvernement de faire connaître ses intentions en
ce qui concerne l'avenir du régime parlementaire québécois
et d'expliquer comment il est possible d'éviter de faire en sorte que le
recours discrétionnaire au référendum n'amène le
gouvernement à abdiquer sa responsabilité fondamentale qui
consiste à prendre, même sur des sujets controversés, les
décisions qui s'imposent pour et au nom des citoyens et dans leur
meilleur intérêt.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale, en se fondant sur le caractère exceptionnel de la tenue d'un
référendum, rejettent l'idée d'une loi-cadre sur les
référendums qui, en raison de son caractère
nécessairement général, comporterait des
inconvénients pratiques extrêmement sérieux et se
révélerait, dans certains cas, profondément injuste et
inéquitable sur le plan de la protection des droits et libertés
de la personne garantis par la constitution ou la loi.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale somment le gouvernement de faire preuve de la plus grande
honnêteté envers les Québécois en disant clairement,
une fois pour toutes, quelles sont ses intentions véritables en ce qui
concerne la souveraineté ou l'indépendance du Québec.
Il est absolument nécessaire que les Québécois
sachent exactement ce sur quoi portera au juste le référendum et
quelles seront les conséquences des préférences qu'ils
indiqueront alors.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale exigent que, pour le référendum sur
l'indépendance, le gouvernement respecte les principes
élémentaires de notre démocratie parlementaire et qu'en
conséquence il présente à l'Assemblée nationale un
projet de loi spécial pour la tenue du référendum sur
l'indépendance.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale demandent au gouvernement de former un groupe d'experts
indépendants et représentatifs nommés par
résolution de l'Assemblée nationale, de manière
particulière par les deux tiers de l'Assemblée nationale, pour
aviser les députés sur le projet de loi
référendaire et jouer, par la suite, un rôle de
surveillance sur le déroulement de la campagne
référendaire.
Les députés libéraux demandent, par ailleurs,
qu'une commission parlementaire soit convoquée après la
première lecture du projet de loi référendaire pour
entendre tous les intéressés, et que l'adoption de la loi et
particulièrement la question qui devrait être contenue dans cette
loi spéciale, la question soit assujettie à une majorité
qualifiée des deux tiers de tous les membres de l'Assemblée
nationale et pas seulement des membres présents.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale veulent que la loi du référendum sur
l'indépendance soit complète en elle-même, en ce sens
qu'elle comporte toutes les dispositions nécessaires pour la bonne
conduite de cette consultation populaire et des exigences précises en ce
qui concerne la majorité requise et le taux nécessaire de
participation pour que le résultat ne donne pas lieu à toutes
sortes d'interprétations.
La question doit absolument être incluse dans la loi. Le
gouvernement doit s'engager à respecter le résultat du
référendum et à ne pas multiplier les
référendums sur l'indépendance selon son bon plaisir.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale exigent que la question, lors du référendum sur
l'indépendance du Québec, soit claire, impartiale et
honnête et qu'elle porte essentiellement ce sur quoi les
Québécois sont en droit de se prononcer, ce sur quoi ils veulent
se prononcer et ce sur quoi le Parti québécois s'est
engagé à faire porter le référendum,
c'est-à-dire, l'indépendance du Québec.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale demandent au gouvernement de soumettre la formulation de la question
posée à l'occasion du référendum sur
l'indépendance aux règles ordinaires de fonctionnement de
l'Assemblée nationale, et ils s'opposent fermement à ce que,
d'avance, le gouvernement tente de limiter le débat.
Les députés libéraux à l'Assemblée
nationale demandent au gouvernement d'éviter de bousculer les
Québécois en adoptant un échéancier raisonnable et
réaliste en vue de l'organisation de la campagne
référendaire, et ils suggèrent que le gouvernement ne soit
autorisé à émettre le bref référendaire
qu'après l'expiration d'un délai convenable, deux ou trois mois
après l'entrée en vigueur de la Loi du référendum
sur l'indépendance.
Les députés libéraux de l'Assemblée
nationale s'opposent à ce que le gouvernement brime la liberté
d'expression et d'association des Québécois en leur ordonnant de
se grouper obligatoirement en organisation ad hoc pour pouvoir s'exprimer et
participer à la campagne référendaire.
Personne ne devrait être empêché de dire ce qu'il
pense sur l'avenir constitutionnel du Québec, et les
députés libéraux vont défendre jusqu'au bout ce
principe sacré de liberté.
Maintenant, un paragraphe m'a vraiment intéressé dans le
livre blanc et je voudrais citer au texte son auteur, il se trouve à la
page 6.
M. Burns: J'espère qu'il y en a d'autres.
M. Lavoie: On constatera que les dispositions retenues dans le
livre blanc, tout en s'inspirant de plusieurs pays à très forte
tradition démocratique, sont en tout premier lieu, tributaires de
l'expérience vécue par la Grande-Bretagne lors du
référendum de 1975 sur le maintien des liens avec le
Marché commun.
Le régime parlementaire, la longue tradition démocratique
et le sens profond du "fair play" sont autant d'institutions britanniques que
les Québécois ont absorbées dans leur propre tradition
politique. Les mécanismes référendaires insti-
tués par la Grande-Bretagne, à partir de ces institutions,
apparaissent au gouvernement du Québec comme un guide précieux
dans l'amélioration de nos propres institutions. Je ne voudrais pas que
cette déclaration serve uniquement de couverture ou de paravent. Il est
et je voudrais l'établir totalement faux, comme le laisse
entendre le gouvernement, que le livre blanc sur la consultation populaire est
très largement inspiré par l'expérience britannique. Je
voudrais bien l'établir. Le seul parallèle qu'on pourrait faire
entre le référendum de 1975 de la Grande-Bretagne et un possible
référendum, ici, sur l'avenir constitutionnel du Québec,
la seule analogie qu'on peut y faire, c'est qu'il y a eu effectivement un
référendum en 1975 en Angleterre et qu'il semble qu'il va y en
avoir éventuellement un ici. Le seul parallèle ou la seule
analogie se limite à cela. J'entends l'établir.
La première différence, et celle-là fondamentale,
nous est révélée par le titre même du livre blanc
québécois qui s'intitule La consultation populaire au
Québec, alors qu'en Grande-Bretagne le titre du livre était
Referendum on United Kingdom Membership of the European Community. Loi-cadre,
loi spéciale. C'est donc dans une perspective tout à fait
différente que se situe le gouvernement québécois,
puisqu'il s'agit de consultation populaire pouvant porter sur n'importe quel
sujet, alors qu'en Grande-Bretagne le livre blanc et la loi qui a suivi
portaient spécifiquement sur le problème de l'adhésion de
la Grande-Bretagne au Marché commun. En passant, on s'est
référé à deux possibles référendums
en Angleterre sur le statut, au sein constitutionnel de la Grande-Bretagne, de
l'Ecosse et du pays de Galles ou de Wales; je sais pertinemment qu'il s'agira
de deux référendums spécifiques, uniquement sur cette
question, et non pas d'un référendum-cadre. Deux lois tout
à fait spécifiques.
L'Opposition officielle a déjà eu l'occasion de condamner
cette manoeuvre du gouvernement, qui n'a pas le courage de traiter du vrai
problème qui est celui de la tenue du référendum sur
l'avenir constitutionnel du Québec. Il semble que le gouvernement a une
drôle de position. Avant le 15 novembre, on ne parlait pas, pratiquement
pas, de l'option indépendantiste, on parlait d'autres choses.
Après le 15 novembre, "double talk", on ne parlait plus que de
séparation. Maintenant, depuis le mois d'octobre, on ne semble plus
intéressé à en parler, on a voulu mettre en veilleuse, on
a reporté au moins deux fois les auditions sur le livre blanc, voulant
se concentrer sur la question économique. Et encore là,
aujourd'hui, même ce livre blanc ne traite aucunement, et on ne trouve
nulle part ce mot de l'avenir constitutionnel ou de l'indépendance du
Québec, et on semble vouloir diluer tout à fait la question.
Toute tentative de la part du gouvernement pour essayer de faire croire qu'il
s'inspire de ce que j'appellerais le "fair play" britannique constitue de la
poudre aux yeux puisque le livre blanc québécois se situe dans
une perspective tout autre que le livre blanc britannique.
Une deuxième différence fondamentale est celle du contexte
politique particulier dans lequel le référendum britannique s'est
situé. Il s'agissait pour le Parti travailliste de se dédouaner,
en quelque sorte, par la voie référendaire, de l'opposition qu'il
avait manifestée à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le
Marché commun qui s'était faite sous le gouvernement conservateur
précédent. De plus, on sait qu'à l'intérieur des
deux grands partis politiques britanniques des divisions profondes existaient
au point où l'on a retrouvé du côté du oui et du
côté du non à la fois des parlementaires conservateurs et
travaillistes. Le contexte politique québécois du
référendum sur l'indépendance, tout le monde le
connaît. C'est un parti politique, le Parti québécois, qui
propose l'indépendance du Québec alors que tous les autres partis
politiques québécois s'y opposent. Le Parti
québécois doit, maintenant qu'il est au gouvernement, obtenir un
mandat clair de la population pour engager le Québec dans la voie de la
séparation du reste du Canada. Le Parti québécois a promis
aux Québécois de ne pas leur imposer son option
constitutionnelle. Il leur a dit qu'il leur demanderait leur avis
là-dessus à l'occasion d'un référendum. Il faut
donc toujours avoir à l'esprit ce contexte politique particulier
lorsqu'on met côte à côte l'expérience britannique en
matière de référendum et celle que le Québec sera
prochainement appelé à vivre.
Une troisième différence est celle qui vient du fait qu'en
choisissant de procéder par une loi-cadre, le gouvernement peut alors
soutenir qu'il pourra toujours y avoir, en vertu de cette même loi, un,
deux ou peut-être trois référendums sur la même
question de l'avenir constitutionnel du Québec, alors qu'en
Grande-Bretagne le livre blanc et la loi qui a suivi ne traitaient que d'un
seul référendum, celui qui a effectivement eu lieu le 5 juin
1975.
Une quatrième différence, qui découle de la
précédente, vient du fait que le gouvernement britannique
s'était engagé à respecter le résultat du
référendum, alors qu'ici le gouvernement québécois
s'est jusqu'à maintenant refusé de se dire lié par le
résultat de la consultation populaire ce qui, soit dit en passant, ne
manifeste pas nécessairement de la part du gouvernement un très
grand respect de l'opinion publique québécoise.
Une cinquième différence, que j'ai déjà eu
l'occasion de signaler, vient du fait qu'en Grande-Bretagne, avant même
la publication du livre blanc, le gouvernement avait eu la prudence de
consulter les différents partis de l'Opposition et les corps
représentatifs sur la rédaction du livre blanc. Vous aviez pris
une bonne habitude sur la loi 2 lorsque vous nous aviez invités, entre
autres, à participer à un très court voyage aux
Etats-Unis. Ce n'est pas que j'avais l'intention d'aller en Angleterre, loin de
là. Mais aux Etats-Unis, avant votre prétendu livre blanc que
vous deviez déposer sur la lot 2 et que vous n'avez pas
déposé, c'était votre droit, optant de le passer
directement à la loi, c'était sans doute dans un but normal et de
bonne guerre politique de livrer une marchandise le plus tôt possible
après les élections, vous aviez déjà
commencé une consultation sur la loi 2...
M. Burns: Marchandise qui a été adoptée
à l'unanimité.
M. Lavoie: On reviendra sur cela. Après une multitude de
modifications, d'ailleurs.
M. Burns: Bien oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Je disais donc qu'il y avait eu une consultation sur
la loi 2. En Angleterre, le Parti travailliste a consulté les partis
d'Opposition et les groupes importants avant le dépôt du livre
blanc, alors que nous n'avons été consultés en aucune
façon avant le dépôt du livre blanc à la fin du mois
d'août.
M. Burns: Le député me permettrait-il de rappeler
qu'en Angleterre, il n'y a pas de commissions, comme ici, pour entendre
l'opinion de la population et pour recevoir les mémoires? Cela n'existe
pas.
M. Lavoie: There are plenty of committees at Westminster, all
kinds of committees.
M. Burns: There are plenty of committees, but no committees of
this nature.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Une question de règlement, s'il vous
plaît. Si on dépose les dossiers, il faut être juste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Le livre blanc québécois a
été rédigé sans aucune espèce de
consultation et dans la mesure où il réfère à une
loi-cadre de la consultation populaire, nous n'avons absolument aucune
garantie, pas plus que les Québécois d'ailleurs, que le
gouvernement cherchera à associer le plus grand nombre possible de
Québécois à toutes et chacune des étapes de la mise
en route du référendum sur l'indépendance. La chose est
d'autant plus admissible que le livre blanc québécois est
évidemment absolument silencieux au sujet de la ou les questions qui
sera ou seront posées lors du référendum sur
l'indépendance.
Une sixième différence, que je viens tout juste
d'évoquer, vient du fait que la question posée lors du
référendum britannique était contenue dans le livre blanc,
après consultation. La question, qui appelait un oui ou un non,
était contenue dans le livre blanc. Ici, non seulement il n'y a pas de
consultation mais la question n'est pas contenue dans le livre blanc et elle ne
sera même pas contenue dans une loi spéciale.
La question contenue dans le livre blanc, en
Angleterre, avait fait l'objet d'une discussion, d'une
appréciation par l'opinion publique britannique avant le
dépôt de la loi. Il n'y a malheureusement rien de tel dans le
livre blanc québécois, sauf une précision relative
à la durée du débat parlementaire que le gouvernement
entend accorder à la discussion de la question qui sera posée
lors du référendum.
Une septième différence, celle-là aussi
extrêmement importante, est celle de la liberté d'association et
d'expression qu'on a respectée en Angleterre, ne vous en déplaise
malgré vos déclarations, alors que sous prétexte d'exercer
un contrôle financier de la campagne référendaire, la
technique proposée par le gouvernement québécois constitue
une violation directe et brutale de la liberté d'association et
d'expression des Québécois, restriction d'ailleurs nettement
abusive quand on pense au délai très court que le gouvernement
accorde à ceux-là qui s'opposeront à la thèse
gouvernementale pour mettre sur pied l'organisation de leur campagne
référendaire, alors que le gouvernement jouira d'une position
vraiment privilégiée.
Il y a également beaucoup d'autres différences au niveau
de la technique qui, ajoutées à celles plus importantes que je
viens de signaler, n'autorisent absolument pas le gouvernement à
continuer de dire et de tenter de faire croire que c'est le modèle
britannique qui a inspiré ses démarches.
Sur cette dernière question fondamentale des libertés qui
sont à la base quand même d'une société qui est la
nôtre, libertés d'expression et d'opinion, il est facile de dire
qu'en Angleterre il y avait deux clans du oui et du non. Ceux qui ont fait des
recherches le moindrement savent que ceux qui désiraient l'aide
gouvernementale, qui était minime d'ailleurs, 125 000 livres sterling
à peu près $250 000 par camp pour un pays de 40 millions ou 50
millions de population, ceux qui voulaient une participation minime devaient se
grouper, mais tous les autres avaient une absolue liberté d'expression
et d'opinion.
Pourquoi en Angleterre ont-ils fait cela? C'est évident, c'est
parce qu'ils ont trouvé que c'était inapplicable ce
contrôle, incontrôlable. D'ailleurs, la question était
claire et précise; cela appelait un oui ou un non là-bas et ils
ont pris là-bas le moyen de tout dépolitiser, de sortir toute
partisanerie politique de tout le processus. S'il y a un processus qui doit
être limpide, translucide et transparent, c'est bien cette question. En
plus de cela, la conséquence était bien moins forte en
Angleterre. Ils appartenaient déjà au Marché commun. Ils
connaissaient les règles du jeu; ils connaissaient la position du
Marché commun. C'était une ratification de cette appartenance.
Cela ne changeait pas, comme cela pourrait le faire ici, toute
l'économie, toute la situation constitutionnelle du Québec et du
Canada.
En Angleterre, ils ne perdaient pas leur reine, si vous voulez; ils ne
perdaient pas leur nom; ils ne perdaient pas leur économie, leur
monnaie, ce qui peut possiblement arriver ici à la suite de l'importance
du référendum historique sur lequel les
Québécois seront appelés à se prononcer.
J'insiste également sur l'engagement que le gouvernement avait pris
là-bas de respecter l'opinion de la population.
Maintenant, avant d'aller plus loin, je dois dire que je suis prêt
à accorder un droit de réplique au ministre responsable de ce
livre blanc. Dans tout ce déroulement, il y a des choses qui m'ont un
peu renversé, ce côté peut-être d'improvisation. On
tente de diluer l'importance du référendum sur
l'indépendance en le mêlant dans une loi-cadre. On semble plus ou
moins intéressé à en discuter et à faire s'exprimer
les Québécois. Le ministre a dit: C'est sûr que cette loi
ne peut pas être adoptée avant Noël. Possiblement elle
pourrait être adoptée avant l'été prochain. Le
ministre a dit: Les Québécois seront peut-être
appelés à se prononcer à la fin de 1978, peut-être
au début de 1979. Tout en mentionnant l'importance de cette question,
sans élaborer davantage, reliée à l'économie du
Québec, je ne le ferai pas...
M. Burns: Ce n'est pas ce qu'on a dit; on a dit pas avant la fin
de 1978.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Mais non, écoutez. Est-ce qu'il y a moyen de
permettre qu'on rectifie des choses inexactes?
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Gatineau sur une question de
règlement.
M. Gratton: Vous avez noté tantôt que, lorsque le
ministre a livré son texte...
M. Burns: Ecoutez, je n'ai pas dit de faussetés à
votre sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Gratton: Vous pouvez revenir; moi... M. Burns:
D'accord.
M. Gratton: ... j'aurais voulu réagir cinq fois pendant
que vous avez lu votre texte et je m'en suis abstenu.
M. Burns: Je n'ai pas dit de faussetés à votre
sujet; je n'ai pas mis de paroles dans votre bouche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Vous pourrez répondre tout à l'heure, je
vous inviterais à le faire. Même si ce n'est pas prévu dans
le règlement, je suis tout à fait d'accord pour que vous puissiez
répondre à certaines questions que je voudrais vous poser. Ce
moyen de diversion peut-être sur une question fondamentale, cruciale pour
six millions de Québécois et pour 22 millions de Canadiens... On
n'est pas en principe contre le fait qu'on ait la possibilité, avec le
temps, d'une loi-cadre, mais cela va amener une certaine lenteur
d'étudier cela parce que ce n'est pas dans nos traditions. Nous sommes
d'avis qu'il y a urgence à vider cette question, tel que vous vous
étiez engagés à le faire avant le 15 novembre. Si on prend
tout le temps voulu de considérer une loi-cadre avec toutes les
implications, on manquera le bateau et je crois m'exprimer pour une grande
majorité de Québécois qui veulent dans les meilleurs
délais s'exprimer sur l'appartenance éventuelle du Québec
au Canada. Plus tard, on pourra considérer une loi cadre qui
amènera plus de considérations.
Je trouve bizarre cette improvisation de la part du gouvernement qui
nous présente un livre blanc à la fin du mois d'août, alors
qu'il décide d'aller au mois d'octobre voir ce qui s'est passé en
Angleterre. Je crois qu'il aurait dû y aller avant. Cela aurait
été plus logique, à mon point de vue.
J'ai entendu le ministre dire: C'est assez compliqué, on fera, et
excusez-moi l'expression je pense que j'ai entendu cela à un
poste de télévision anglais un "dry run" avant, une
pratique, pour voir comment cela marche, un référendum. On
pourrait en faire un, je ne sais pas, sur le port de la ceinture de
sécurité, de sûreté, de chasteté... Il faut
penser que des "dry runs", qu'une pratique, avec votre loi-cadre, ce sont des
"dry runs" qui coûtent de $8 millions à $10 millions. C'est
à peu près le coût d'une élection. Ce sont des "dry
runs" qui sont assez dispendieux.
Vous avez dit, à certains autres moments, que la formulation de
la question était secondaire, d'après l'expérience que
vous avez eue en Angleterre. Je voudrais bien que vous nous expliquiez cela.
Dans les tout derniers jours, vous nous avez dit que si la question
était simple, on m'a rapporté cela, je ne sais pas si c'est
véridique, elle pourrait être unilin-gue, mais que si elle
était compliquée et s'il y avait plusieurs questions, elle
devrait être bilingue. Je voudrais bien que vous nous expliquiez votre
point de vue sur cela car on m'a rapporté cela.
M. Burns: Vous êtes mal rapporté.
M. Lavoie: Avez-vous pensé à l'effet psychologique,
lorsqu'on demande une participation qualifiée, une majorité
qualifiée? Vous avez parlé de questions qui auraient
peut-être 50 mots. Il peut y en avoir deux ou trois. Avez-vous
pensé à l'effet psychologique que cela aura sur certains
Québécois si la question posée n'est pas simple, le plus
simple possible, après un consensus et c'est ce qu'on vous
propose, presque tous les partis à l'Assemblée nationale
chez certaines personnes âgées, dans des foyers, des personnes qui
ont de la difficulté à lire? Il y a une très forte partie
de notre population qui a 75 ans et plus. D'autres,
soit des immigrants ou autres, qui sont ici depuis 15 ans ou 20 ans, ont
de la difficulté à lire le français et bien comprendre des
questions compliquées. Avez-vous pensé à une multitude de
Québécois qui n'ont peut-être pas eu l'avantage, comme
nous, d'avoir une 8e ou une 10e année? Dans une période de
battage publicitaire de deux ou trois mois, par des partis d'opposition ou par
des groupes, à l'effet que le problème est archicompliqué,
qu'il y a une, deux ou trois questions de 30, 40 ou 50 mots, qu'on y perd son
français et son latin, ces gens n'iront pas se déplacer, n'iront
pas s'exprimer, de peur de passer pour des imbéciles s'ils sont
obligés de demander au scrutateur de se faire expliquer les questions.
Peut-être, au départ, avec des questions qui seraient
archicompliquées, avec une multitude de questions, que vous allez
éliminer une participation de 30% ou 40% des Québécois.
Cela est grave sur une question aussi importante.
Je vous dis que notre position, et je voudrais être positif en
terminant, la position du Parti libéral est que nous ne sommes pas
nécessairement contre. Ce que nous voulons c'est qu'avec les
prérequis que nous avons demandés, une loi spéciale, une
question claire, la liberté d'expression, un engagement du gouvernement.
Si vous voulez ouvrir cette consultation avec nous et avec d'autres partis
politiques, nous sommes prêts à nous entendre. Si vous respectez
en grande partie les exigences normales qui ne sont pasdemandées
uniquement par l'opposition mais par la très grande majorité des
Québécois, nous serions prêts à adopter très
rapidement votre loi, dans des délais très rapides, certainement
d'ici aux fêtes pour que ce référendum puisse se tenir avec
le plus de clarté, le plus d'honnêteté et le plus de
justice possible afin que les 4 millions et plus de Québécois qui
ont le droit de vote puissent décider, une fois pour toutes, et eux, et
non pas vous, de l'avenir constitutionnel du Québec, pour les
années à venir.
Nous sommes prêts à aborder cette loi. Si vous voulez
ouvrir les négociations, nous sommes libres dès après que
nous aurons entendu les expressions d'opinions des 24 ou 25 mémoires que
nous aurons à entendre.
Nous le voulons ce référendum. Nous y attachons toute
l'importance voulue. Nous voulons même le valoriser, si vous entendez le
diluer. Les Québécois veulent s'exprimer le plus rapidement
possible. Nous sommes prêts à vous donner cet outil le plus
rapidement possible.
Je dois vous dire également que nous ne permettrons pas, en ce
qui concerne l'Opposition officielle, que le gouvernement puisse noyer le
poisson comme il nous donne l'impression qu'il le fait actuellement. Nous
voulons que cette question et que l'atmosphère soit purgée le
plus rapidement possible et que les Québécois puissent s'exprimer
sur cette question.
Je vais terminer par une motion, mais je suis prêt à la
suspendre pour donner l'occasion aux autres partis d'Opposition, à
l'Union Nationale et au député de Beauce-Sud de donner leur point
de vue général. Cette motion se lit comme suit et je dirai
à peine quelques mots sur cette motion après: "Que cette
commission entende le président de la Commission des droits de la
personne et tout autre membre de ladite commission dont il jugera utile la
présence afin de donner son avis sur le livre blanc intituté La
consultation populaire au Québec et ce le...". On pourrait
déterminer une date la semaine prochaine.
Motion pour convoquer le président de la
Commission des droits de la personne
Je vais vous dire pourquoi. Nous avons vécu depuis un an des lois
majeures, entre autres la loi no 1 et la loi no 2 où la commission a
été invitée à donner son avis. Elle l'a
donné sur la loi no 1 et cela a amené, ça et d'autres
choses, la réimpression pour que cette loi devienne la loi 101 avec
certains correctifs apportés par le ministre d'Etat au
développement culturel, justement certaines prétendues atteintes
à certaines libertés fondamentales établies par la Charte
des droits et libertés de la personne.
Egalement, lors du dépôt de la loi no 2, il y a eu une
opinion de cette même commission qui a appelé, également,
une réimpression et une modification majeure de certaines dispositions
de la loi no 2. Nous aurions pu attendre le dépôt de la loi
je ne sais pas quel numéro elle portera; nous souhaitons qu'elle ne soit
pas une loi sur la consultation populaire en général, mais une
loi spécifique nous ne voudrions pas attendre que cette loi
arrive à l'Assemblée nationale, sur la table du greffier, et
qu'encore là on soit obligé de demander l'opinion de la
Commission des droits de la personne. Je crois qu'il y a déjà
assez d'éléments dans le livre blanc, de restrictions
sérieuses à des droits fondamentaux d'association et d'expression
que nous devons prévoir. Nous ne voudrions pas que ce projet de loi, qui
revêt une telle importance fasse encore l'objet d'une
réimpression. C'est l'occasion d'inviter les membres de cette commission
et le président, qui sont au service non seulement de l'Exécutif,
mais surtout au service du Parlement et au service de tous les
Québécois. Que ces gens qui sont des experts viennent nous donner
leur éclairage, leur opinion sur le contenu du livre blanc. Entre
autres, non seulement sur le droit d'association et d'expression, mais
également sur le libellé de la question, à savoir si elle
doit être unilingue ou autrement. Je fais cette motion. Je la soumets au
président.
Motion suspendue
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval...
M. Lavoie: Je termine. Je donne la parole. Je suspends, avec le
consentement, la discussion.
M. Burns: Vous donnez la parole? M. Léger: Vous
donnez la parole? M. Burns: A qui donnez-vous la parole là?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que j'allais vous proposer, soit d'attendre
peut-être que les représentants des autres partis
politiques...
M. Lavoie: Je fais la motion, mais je voudrais qu'elle soit
suspendue afin qu'on puisse la débattre après que les
représentants des autres partis auront pu exprimer leur position sur le
livre blanc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. En nous
référant à la position déjà connue du
gouvernement dans son livre blanc et dans le programme déjà connu
également du Parti québécois, nous nous sommes permis de
préparer un texte et de le rendre disponible pour les membres de la
presse.
M. le Président, c'est avec grand intérêt et ce
n'est pas sans émotion qu'au nom de l'Union Nationale, aujourd'hui, je
prends la parole sur un des sujets que, par excellence, tous les
Québécois et Canadiens ont à coeur. Nous abordons
aujourd'hui l'audition des mémoires qu'ont bien voulu nous faire
parvenir les citoyens, groupes ou organismes qui, en réaction à
la présentation du livre blanc sur la consultation populaire, se sont
prévalus de leurs droits d'informer les élus du peuple de ce
qu'ils pensent des propositions gouvernementales contenues dans sa
publication.
L'Union Nationale attend beaucoup du travail qui sera nôtre au
cours des prochains jours. Nous serons très attentifs aux commentaires
des intervenants. C'est avec sérieux et en toute ouverture d'esprit que
nous interrogerons les témoins sur leur perception de la présente
proposition gouvernementale. Nous travaillerons ensemble, ici, avec les
témoins qui se présenteront, et nous travaillerons,
également, à l'aide d'experts, en nous appuyant sur des
écrits tantôt d'un Claude Ryan, comme on vient de nous en servir
quelques exemples, tantôt d'un Claude Castonguay, également, qui,
lui, par exemple, suggère qu'il serait imprudent de chercher à
hâter la tenue du référendum, et qui, lui, compte sur la
loi-cadre pour favoriser un examen beaucoup plus exhaustif de toutes les
implications d'une telle loi-cadre et des référendums qui
pourront, par la suite, être tenus à la suite de l'adoption de ce
projet de loi.
D'ailleurs, à ce sujet, M. Castonguay situe très bien la
présentation du livre blanc qui est une loi-cadre rappelons-le
c'est-à-dire un cadre général de discussion. Plus
tard, on aura à discuter des questions précises des autres
référendums qui seront tenus, ceux-là, que ce soit sur la
question nucléaire, sur la question de l'appartenance ou non du
Québec à la confédération, ou sur toute autre
question. Il s'agit maintenant de bien situer la discussion qui s'amorce,
c'est-à-dire que c'est une loi-cadre, et que nous discutons des grands
principes de l'application de plusieurs référendums qui pourront
venir par la suite.
Ensemble, nous essaierons d'explorer certaines avenues ouvertes par le
livre blanc, ou encore, nous essaierons d'en signaler d'autres à
l'attention du législateur également membre de cette commission
parlementaire, et avec les intervenants aussi intéressés, nous
tenterons d'évaluer ces suggestions, selon le mérite.
C'est donc animés du désir sincère d'aller au fond
de la question et d'en analyser tous les aspects que les membres de la
délégation unioniste prennent place à cette table de la
commission parlementaire. Il s'agit bien, M. le Président,
d'étudier la proposition du gouvernement qui, éventuellement,
débouchera sur un projet de loi pour doter les Québécois
d'un outil de consultation, grâce auquel ils pourront manifester leur
volonté face à une proposition précise sur une question
donnée. Tout au long de nos travaux, il pourra nous apparaître
difficile de procéder en vue de la définition d'une loi-cadre sur
les référendums et non d'une loi du référendum, on
le conçoit au départ, car chacun gardera à l'esprit le
fait que le premier référendum qui sera tenu, en vertu de la
future loi, le sera sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Mais l'importance capitale de ce premier référendum ne
doit pas nous obnubiler au point que nous perdions de vue le caractère
général d'une loi sur la consultation populaire qui
résultera de nos travaux. Si on devait adopter une telle attitude, on
biaiserait le sens même, la nature et le but de cette commission
parlementaire, et, par voie de conséquence, également, même
de façon indirecte, des autres points spécifiques qui pourraient
être discutés plus tard lorsque viendra le temps d'une question
précise sur un point donné ou non au sujet duquel le gouvernement
pourrait venir en consultation populaire. Au contraire, le fait de
posséder déjà un indicateur précis sur
l'utilisation future de l'outil que nous aurons à définir doit et
devra nous inciter à travailler à la définition la plus
parfaite et la plus juste de cet outil afin que son utilisation garantisse
aussi la sincérité des gouvernants à obtenir l'avis du
peuple dans les meilleures conditions d'impartialité, selon une formule
tout à l'honneur des principes démocratiques qui nous
régissent, et les gouvernants, de ce côté, doivent avoir
cette préoccupation d'honnêteté et de
sincérité en présentant ces textes et aussi l'acheminement
de nos débats.
M. le Président, l'Union Nationale n'a pas l'intention de se
servir de cette commission parlementaire comme d'une tribune politique de
laquelle elle pourrait diffuser un message pour vouloir orienter une prise de
position dans un débat bien précis qui serait une
résultante de nos travaux. Cette discipline que nous nous imposons, nous
entendons l'exiger également des autres partenaires, qu'ils soient
parlementaires ou non, c'est-à-dire de ceux qui viendront
éventuellement déposer et présenter des
mémoires.
Nous n'accepterons pas plus du gouvernement que des membres des autres
formations politiques et des intervenants venus présenter leur
mémoire que les discussions portent sur autre chose que sur la
proposition gouvernementale en vue de définir une loi-cadre des
référendums au
Québec. Cette discipline, nous nous l'imposerons dans le but
je tiens à le souligner de façon bien particulière
de dédramatiser la question qui fait l'objet de nos
préoccupations.
En effet, il n'est que juste et normal qu'un gouvernement respectueux de
la démocratie veuille se doter d'un outil afin de consulter la
population et d'obtenir d'elle un avis sur ce qu'elle souhaite et attend de son
gouvernement. D'ailleurs, comme le ministre l'a souligné tout à
l'heure en présentant son exposé sur le livre blanc, un
précédent gouvernement du Québec, soit l'Union Nationale,
avait clairement manifesté son intention de légiférer en
cette matière et, n'eussent été certaines circonstances
qui lui furent néfastes, ces dispositions se seraient
concrétisées dans une loi.
Autour de cette table, tout au long de nos travaux, chacun de nous,
avant d'être membre d'une formation politique, à notre point de
vue, devra être un authentique citoyen québécois, un
citoyen qui d'une façon particulière est commis aux affaires de
l'Etat et, à ce titre, a pour mandat de participer à la gouverne
du Québec, de son Québec, non pas du Québec des
péquistes, non pas du Québec des libéraux ou non pas du
Québec des unionistes, mais à celui de tous les
Québécois qui sont impliqués dans les discussions que nous
avons actuellement.
Dans ce sens, M. le Président, je formule le souhait que tous et
chacun de nous en arrivions à établir un consensus de notre
volonté commune de nous situer au-dessus des options politiques pour
définir le plus justement possible un outil indispensable pour gouverner
démocratiquement pour et par le peuple, dans un concept de
démocratisation moderne et également d'administration moderne.
Cet outil de la consultation populaire, il doit être noble, hautement
digne de respect et il doit témoigner de la confiance qu'une population
mettra en lui pour manifester sa volonté de dire clairement ce qu'elle
veut.
S'il arrive que, par référendum, les
Québécois soient appelés à s'autodéterminer,
à déterminer le statut politique qu'ils souhaitent pour le
Québec, il est essentiel à ce moment et primordial qu'ils aient
pleine et entière confiance dans le moyen qui sera mis à leur
disposition pour se prononcer et, corol-lairement, qu'ils soient confiants que
leur volonté sera respectée également par les dirigeants
politiques, de sorte que cette consultation populaire ne soit pas uniquement un
jeu de scène ou un simulacre de démocratie, mais
qu'éventuellement certains engagements soient pris pour qu'une suite
soit donnée à cette volonté populaire qui sera ainsi
exprimée à travers un référendum.
Ce lieu de nos travaux ici ne doit pas être le
théâtre d'une confrontation de stratégies politiques. Il
devrait plutôt symboliser, surtout à l'heure où le
Québec vit actuellement, l'endroit où des Québécois
de différentes allégeances et c'est tout à fait
leur droit ont mis en commun leurs énergies pour qu'au terme de
leurs efforts administrateurs et administrés aient réussi
à doter la Législature québécoise d'une nouvelle
loi qui serait, en quelque sorte, un modèle du genre. Il faut que,
lorsqu'utilisée, la loi sur la consultation populaire ne puisse en aucun
temps prêter le flanc à la critique et que les résultats
puissent être exemptés de toute contestation par l'un quelconque
des partenaires politiques du Québec au sein de l'actuel régime
dont nous faisons partie.
C'est donc, M. le Président, afin de contribuer à parfaire
cet outil de consultation populaire qui nous est proposé dans le livre
blanc que nous sommes appelés à étudier que nous
interviendrons tout au cours de nos travaux présents. Nous n'entendons
pas nous faire les agents de la peurje le souligne encore d'une
façon particulière, parce qu'il me semble que ce n'est ni le
temps, ni l'heure; d'ailleurs, il n'y a aucun moment, ni aucune heure pour se
faire les agents de la peur de quoi que ce soit mais plutôt les
agents de la réalité, compte tenu du fait que des individus ou
des groupes ont le droit de prendre les positions qu'ils veulent et de les
défendre.
Nous n'entendons pas, comme je le disais, M. le Président, nous
faire les agents de la peur, ce qui n'aurait d'autre effet que de provoquer une
certaine réaction négative sur l'ensemble de nos discussions et,
comme je le mentionnais tout à l'heure, sur la discussion de la
loi-cadre comme telle à l'Assemblée nationale, comme
également sur les éventuels référendums qui
pourraient être tenus dans l'avenir, puisqu'on aura biaisé au
point de départ la philosophie première d'une grande loi-cadre
sur toute consultation à venir.
Nous n'entendons pas non plus nous faire les promoteurs d'une
thèse plus que d'une autre. Ce n'est ni le moment ni l'endroit. Mais je
peux vous affirmer que l'Union Nationale entend servir ici de façon
lucide et responsable la cause de la démocratie au Québec, la
cause de l'avenir des Québécois. C'est notre volonté
d'être vigilants et nous en prenons l'engagement formel envers tous nos
concitoyens du Québec. Dans ce sens, nous entendons
spécifiquement interroger les intervenants sur le bien-fondé de
notre proposition de création d'un conseil du référendum,
lequel se verrait confier le mandat de suggérer au gouvernement la
formulation du texte de la question à être posée aux
citoyens lors d'un référendum. L'Union Nationale a d'ailleurs
lancé cette idée d'un conseil du référendum en mars
dernier, après plusieurs consultations avec des experts, dont
Léon Dion en particulier. Nous constatons, maintenant, on s'en
réjouit également, que les Libéraux appuient cette
proposition aujourd'hui et favorisent également la mise sur pied de ce
conseil du référendum.
Il faut peut-être le signaler dès maintenant, le livre
blanc est plus que discret sur le sujet de la question même. On nous
affirme s'inspirer directement de l'expérience britannique. Or, il
advient que ce modèle allait très loin, beaucoup plus loin, au
chapitre de la question même. On pourra d'ailleurs y revenir dans nos
discussions.
Et que dire du degré de confiance accru de la part de la
population si elle avait l'assurance qu'un conseil formé de gens
reconnus pour leur compétence et leur objectivité, au-dessus des
factions
politiques en présence, et dégagés d'une quelconque
identification politique, et dont l'existence serait prévue dans la
loi-cadre, collaboreraient à la préparation de la tenue des
référendums? Je pense que ce serait là une garantie de
solvabilité qu'on pourrait donner aux citoyens du Québec, face
à leur avenir, quelle que soit la question, comme je le disais tout
à l'heure, si on leur.donnait ce conseil du référendum
formé de personnes apolitiques qui pourraient leur donner ce gage dont
ils ont besoin.
D'ailleurs, lors du dépôt du projet de loi des
référendums par M. Jean-Jacques Bertrand, à l'automne
1969, le chef de l'Opposition de l'époque, Me Jean Lesage, proposait la
création de ce qu'il appelait à ce moment-là un "conseil
constitutionnel" qui aurait eu, à peu de choses près, les
mêmes fonctions ou à peu près que nous entendons confier au
conseil du référendum. Est-il utile d'ajouter que le gouvernement
de M. Bertrand s'était montré très sympathique à
cette proposition?
Il est un second point sur lequel nous insisterons également
beaucoup, à savoir que, compte tenu du caractère consultatif d'un
référendum, nous sommes justifiés d'exiger du gouvernement
qu'il se déclare déjà, et cela dans les textes, moralement
lié au résultat éventuel de la consultation. De sorte,
comme je le mentionnais tout à l'heure, que cette consultation ne soit
pas uniquement un procédé d'apparat, mais qu'il y ait une
certaine volonté d'agir de la population qui trouve
éventuellement sa volonté d'agir dans les actes du gouvernement.
Non pas que cette consultation ait force de loi, parce qu'à ce
moment-là cela voudrait dire que l'Assemblée nationale n'existe
plus, à toutes fins pratiques, mais qu'entre les deux on trouve un juste
milieu, de sorte que le gouvernement soit moralement engagé et
lié par la décision clairement exprimée par une
population.
Il est d'autres aspects du livre blanc sur la consultation populaire sur
lesquels nous comptons également obtenir les commentaires des
intervenants, comme par exemple tout ce qui a trait à la formation des
organisations commises à la promotion d'une option. Certaines zones
grises demeurent et nous voulons obtenir certaines précisions du
gouvernement. Nous voulons également obtenir certaines données de
la part de tous ceux qui vont se déplacer pour venir devant la
commission parlementaire afin de bonifier et de clarifier cet aspect
précis du projet. Nous essaierons de savoir d'eux si, tout comme nous,
ils ne sont pas un peu mal à l'aise de confronter cet aspect du livre
blanc et la Charte des droits et libertés de la personne, s'ils ne
considèrent pas que le livre blanc aurait tendance à vouloir
brimer les libertés démocratiques d'expression et d'association,
si enfin il est possible de concilier les deux.
La question, maintenant, des délais, à la fois pour la
durée de la discussion en Chambre, de la résolution, tout autant
que les délais accordés aux parlementaires pour joindre les rangs
de l'un ou l'autre des comités ou options, fera également l'objet
d'interrogations de notre part.
Au chapitre du dépouillement du vote, nous tenterons d'obtenir
l'avis de nos invités, à savoir si les résultats devraient
être connus au niveau de chacune des circonscriptions,
régionalement, ou encore sur le plan national. De même pour
l'interprétation du vote, nous serions curieux d'entendre des
commentaires sur la représentativité, s'il y aurait lieu de
maintenir la majorité simple ou d'en prévoir une autre avec
laquelle nous sommes moins familiers en régime parlementaire de type
britannique.
Enfin, nous croyons que le gouvernement ne devrait pas être
autorisé, par la loi sur la consultation populaire, à tenir plus
d'un référendum sur une même question au cours d'un
même mandat. Nous aimerions savoir ce que les intervenants et
également le ministre pourront avoir à nous dire à ce
sujet. Cela pourrait ouvrir la discussion.
J'ai tenté de vous définir l'esprit qui anime l'Union
Nationale et de quelle façon nous entendons participer aux travaux qui
seront maintenant les nôtres, aux travaux de cette commission
parlementaire chargée d'étudier le livre blanc, je le rappelle,
sur la consultation populaire au Québec. Notre attitude sera
dégagée, autant que faire se peut, de toute connotation
partisane, ce à quoi nous exhortons également nos partenaires et
collègues afin qu'ensemble nous dotions la Législature
québécoise de cet outil important et majeur au service de la
démocratie qu'est une loi permettant la consultation directe de la
population autrement que par un scrutin général, la seule voie
qui nous est accessible actuellement pour consulter la population. Cet outil,
nous le voulons étan-che, nous le voulons résistant, noble et
hautement digne de respect. Pour que cela soit, tous, Québécois,
nous devons nous engager à travailler vaillamment à sa
définition claire et précise.
Je puis vous affirmer que l'Union Nationale, en terminant, n'a de plus
cher désir qu'au terme de ce processus législatif, nous soyons,
nous tous membres de cette commission, représentants de nos formations
politiques respectives, en mesure de faire l'unanimité sur une formule
définie, la meilleure possible, qui réponde et aux objectifs des
formations politiques et aux objectifs comme aux besoins des
Québécois dans un Québec moderne, celui d'aujourd'hui.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Nous commençons
aujourd'hui l'audition des mémoires relativement au livre blanc sur la
consultation populaire au Québec. Au début, M. le
Président, je veux vous rassurer, je vais m'en tenir uniquement à
des questions de forme et je n'ai pas l'intention, d'aucune façon,
d'aborder des questions de fond.
Cette commission parlementaire est et doit être pour nous un
moment privilégié et extrêmement important pour l'exercice
de la démocratie au Québec. En effet, tout ce processus
référen-
daire, tel que décrit dans l'étude sur les
mécanismes de consultation populaire directe qui fut
préparée par le service de recherche de la bibliothèque de
la Législature, constitue une intervention individuelle du citoyen, une
manifestation d'indépendance des électeurs qui, de par son
utilisation ici au Québec, modifiera nos habitudes parlementaires
actuelles.
Donc, à cause même des implications profondes que le
référendum aura sur le processus parlementaire, le principe
référendaire qu'on nous propose nous oblige à une grande
prudence et à une grande attention, à une attention toute
particulière, sur les propositions qui nous seront soumises à
cette commission. Actuellement, ce que nous propose le livre blanc sur la
consultation populaire, ce sont de grands principes. Il est, par ailleurs, fort
peu loquace mes collègues de l'Opposition l'ont mentionné
tout à l'heure sur les détails qui, nécessairement,
doivent découler de ces principes. Cette constatation crée chez
nous une inquiétude que je tenterai maintenant d'expliciter.
Au départ, je dois dire que nous partageons les objectifs mis de
l'avant dans le livre blanc, à savoir que le référendum
doit permettre l'égalité des chances, la participation
financière personnelle ainsi que la divulgation de tous les aspects
financiers inhérents à cette consultation. Nous ne devons
cependant pas oublier que ces objectifs se situent au niveau des principes et
que, de la théorie à la pratique, il y a parfois toute une marge.
Nous ne pouvons nous permettre d'oublier la réalité, d'oublier
notre histoire parlementaire; le faire serait une grave erreur et cela
fausserait un débat qui pourtant aura des répercussions sur la
conduite de notre vie politique future.
Précédemment, je vous parlais d'inquiétudes;
celles-ci se manifestent d'abord dans le pourquoi d'un livre blanc sur les
référendums, et pourquoi pas un livre blanc qui ferait la
distinction entre les consultations populaires générales sur des
questions générales et la consultation populaire
spécifique que sera celle sur l'avenir constitutionnel du
Québec?
Compte tenu de l'importance de la question constitutionnelle, à
cause même des implications politiques, sociales et économiques
éventuelles d'un tel référendum, je suis d'avis qu'il est
essentiel de bien distinguer ce type particulier de consultation populaire par
rapport à toutes les autres questions qui pourront faire l'objet
d'autres référendums dans l'avenir.
L'avenir constitutionnel du Québec est trop capital pour que
nous, Québécois, y laissions planer une quelconque
ambiguïté. Il est certain, que présentement le
référendum est identifié à la seule question
constitutionnelle dans l'esprit de toute la population du Québec.
Lorsqu'on parle de référendum aux Québécois
actuellement, ils n'ont qu'un seul référendum à l'esprit,
c'est le référendum constitutionnel. Alors, pourquoi confondre,
référendum constitutionnel et projet global sur les
référendums, c'est-à-dire de consultation populaire, sur
des sujets qui ne peuvent concerner que les Québécois.
Nous voulons que la question constitutionnelle soit traitée
à sa juste valeur. C'est pourquoi je demande au gouvernement de scinder
en deux son éventuelle loi sur la consultation populaire, et ce, afin
d'enlever toute ambiguïté possible. Nous retrouvons aussi un autre
objet d'inquiétude dans l'obligation qui est faite aux citoyens de se
regrouper dans deux seules options pour participer à la campagne
référendaire. Ici, je songe particulièrement, encore une
fois, au référendum constitutionnel.
Tout en reconnaissant que ce référendum spécifique
sera un véritable défi pour tous les partis politiques, je me
demande comment nous pouvons réellement prétendre exclure toute
partisane-rie dans le débat constitutionnel actuel. Deux seuls
organismes des discussions sont loin d'être une garantie de
non-partisanerie. Pourquoi veut-on enrégimenter les citoyens
désireux de participer au débat dans deux seuls blocs distincts,
soit d'une part, les pour, et, d'autre part, les contre?
Les dispositions du livre blanc signifient-elles que pour avoir le droit
de parole, il faille nécessairement être sous la coupole de l'un
ou l'autre de ces organismes. Exemple: qu'adviendrait-il pendant la campagne
référendaire, à un citoyen qui est invité à
prononcer une conférence devant un club social? Qu'adviendrait-il
à une association qui n'a rien à voir avec la politique, de tenir
un genre de forum à l'intérieur de cette association? Est-ce que
nous verrions des assemblées illégales au Québec? Si oui,
y aurait-il des représailles de prévues.
Ce sont des questions que nous sommes en droit de nous poser à ce
moment-ci, que nous devons nous poser. Si tel est le cas, je m'interroge
sérieusement sur la liberté réelle que l'on dit accorder
à chaque citoyen de pouvoir s'exprimer. Et s'il nous faut être
conscient de notre contexte politique actuel, peu de gens oseraient nier que
présentement seuls MM. Lévesque et Trudeau monopolisent les
options constitutionnelles qui feront l'objet du référendum. Nous
sommes donc devant une personnalisation du débat qui, de ce fait, risque
de diluer le référendum constitutionnel pour n'en faire qu'un
plébiscite. L'importance du débat constitutionnel est trop grande
pour que l'on en fasse un simple débat de personnalité. Nous
devons tout mettre en oeuvre pour que chaque citoyen puisse s'exprimer
librement et, j'insiste là-dessus, sans contrainte.
Par la contrainte, nous pouvons objectivement nous demander comment
réussira-t-on à contrôler parfaitement la campagne
référendaire. Nous pourrons peut-être avec les
mécanismes proposés, contrôler la participation des
Québécois ici au Québec. Mais à l'extérieur
du Québec, comment cela se passera-t-il? Je songe tout
particulièrement aux interventions éventuelles des gouvernements
fédéral et provinciaux. Pourra-t-on empêcher, par exemple,
que MM. Trudeau, Lalonde, Davis, Blakeney ou autres s'expriment, chez eux, sur
la question constitutionnelle?
Est-ce qu'on va empêcher un Québécois d'aller
s'exprimer à l'extérieur du Québec? Est-ce qu'il aura plus
de liberté de s'exprimer à l'extérieur du
Québec qu'à l'intérieur du Québec
lui-même? Si on peut le faire, est-ce que cela signifie que ceux qui sont
en désaccord avec les options offertes devront sortir du Québec
pour pouvoir l'exprimer librement? Ce sont des questions que nous nous posons
et auxquelles nous devrons avoir des réponses. Là-dessus, je
tiens à dire au gouvernement et aux membres de la commission
parlementaire que vous aurez toute ma collaboration pour tâcher de
trouver les meilleures formules possible afin de répondre à ces
questions de façon à ne pas brimer la liberté d'expression
et la liberté d'association au Québec. Toutes ces
inquiétudes sont réelles et méritent, je crois, que nous
leur accordions une attention particulière.
En terminant, j'aimerais souligner un aspect particulier du processus de
la consultation populaire. Il s'agit du vote en tant que tel et de son
dépouillement. Je crois qu'ici, puisqu'il s'agit quand même d'un
processus nouveau de participation populaire, nous aurions avantage à
songer à des modalités nouvelles de vote et de
dépouillement des suffrages. Pourquoi? A cause justement des
répercussions possibles, par exemple, si nous choisissons un
dépouillement par comté ou par région.
J'aimerais attirer l'attention de mes collègues de la commission
parlementaire sur ce point particulier. Si nous choisissons un
dépouillement par comté ou par région, il y a risque de
créer une confusion si une région précise exprime sa
volonté de façon différente de celle du reste de la
province. Je songe particulièrement au Montréal et
Montréal métropolitain par rapport au Québec et
Québec métropolitain. Je songe également aux
régions rurales versus les régions urbaines.
Une telle situation ne risquerait-elle pas de créer une
animosité inutile entre ces régions et l'ensemble de la province?
C'est pourquoi, afin d'éviter ce genre de chose, je me demande si nous
ne pourrions pas explorer d'autres avenues de vote et de dépouillement.
Je songe, par exemple, à un dispositif électronique de vote, tel
qu'il existe ici au Canada et plus précisément dans la ville
d'Ottawa pour les élections municipales. Ce n'est qu'un exemple de
nouvelles possibilités. Il y en sûrement d'autres.
Je dis que dans tout ceci il faut être prudent si on veut
réellement atteindre nos objectifs. Je conclus donc en affirmant que, si
la consultation populaire doit être un moyen de participation directe des
citoyens à l'action politique, il ne faudrait pas que cette
participation se fasse au détriment de la liberté individuelle,
mais plutôt permettre une véritable expression de tous les
citoyens libres et désireux de le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Beauce-Sud. M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire. J'accorde un droit de
réplique au ministre et, par la suite, ce sera le député
de Notre-Dame-de-Grâce, le député de Lafontaine et le
député de Gatineau.
Réplique de l'honorable ministre
M. Burns: Je vous remercie, M. le Président. Cela sera
très bref, d'ailleurs, et on pourra passer aux commentaires du
député de NDG. Je ne pense pas que je doive, à ce
stade-ci, répondre individuellement à toutes et à chacune
des questions spécifiques qui m'ont été posées. Je
pense qu'au cours des semaines qui vont venir on aura l'occasion d'avoir la
position du gouvernement là-dessus. Cela risquerait de retarder nos
travaux de façon assez importante.
Je tiens à remercier pour leur communication, les trois
représentants de l'Opposition qui se sont exprimés. De
façon très positive, je sens partout le désir d'en arriver
à une solution qui soit autant que possible une solution de consensus
que j'avais d'ailleurs exprimée dans ma déclaration
préliminaire. Evidemment, le consensus sera peut-être plus
difficile à faire à certains endroits qu'à d'autres. J'ai
cru sentir cela aussi. Je répète ce que je disais au
début. Je n'ai pas du tout l'intention et le gouvernement n'a pas du
tout l'intention d'imposer des vues de façon absolument autoritaire. Il
s'agit d'essayer de trouver une méthode pour en arriver à un
régime de consultation populaire qui soit accepté par tout le
monde. On manque complètement notre but si, à cause de notre
majorité gouvernementale, on tente d'imposer nos vues à
l'ensemble de la population. Là-dessus, je tiens à rassurer
l'Opposition. Je relève, entre autres, dans le très bon texte que
nous a donné le député de Richmond, qu'il utilisait
l'expression que j'ai notée: "de se donner cet outil". C'est
effectivement un outil. C'est dans ce sens, M. le Président, que vous
nous avez donné des directives au début, dans le sens que nous
sommes en train de nous donner ou de tenter de metre sur pied les
procédures nécessaires pour arriver à avoir cet outil qui,
éventuellement, servira, évidemment, au cas que tout le monde a
à l'esprit, c'est-à-dire le référendum sur l'avenir
du Québec. Il n'y a pas de doute. On peut difficilement s'en
dégager.
De notre côté, on va essayer de s'en dégager. On va
essayer de penser en termes, comme le disait également le
député de Richmond, d'impartialité, de noblesse et aussi
en termes d'efficacité. Si vous arrivez à une situation où
votre référendum est tenu dans le brouhaha le plus total,
inaccepté et inacceptable par tout le monde, vous n'avez pas ce qui est
recherché par un référendum, c'est-à-dire cette
clarté d'opinion, cette opinion carrément et clairement
exprimée par la population. C'est le but que tout le monde
recherche.
De notre côté, on va c'est pour cela que je le
mentionnais tout à l'heure également dans ma déclaration
être tout à fait ouvert aux suggestions qui nous seront
faites de part et d'autres. Il y en a qu'on retiendra, il y en a qu'on ne
retiendra pas, c'est bien sûr, dans la rédaction du projet de loi.
On ne part pas braqués sur un certain nombre d'idées qu'il faut
absolument faire passer dans un projet de loi. Je tiens à vous l'assurer
au départ. C'est avec cette ouverture d'esprit que nous abor-
derons les travaux de la commission. C'est avec cette ouverture que nous
écouterons, à compter de cet après-midi, puisqu'on est
déjà rendu tout près de l'heure de l'ajournement, c'est
avec cette ouverture d'esprit, dis-je, que nous écouterons les
mémoires et les suggestions qui nous seront faites. A ce moment, cela
devrait éventuellement arriver à une forme de consensus.
Quant à la motion qui a été faite par le
député de Laval, je ferais la suggestion suivante, avant qu'on
reprenne le processus. Cela pourrait peut-être être un
élément de solution. Je me souviens des deux cas qu'a
soulevés le député de Laval, c'est-à-dire celui du
projet de loi no 101 et du projet de loi no 2 sur le financement des partis
politiques où, effectivement, dans chaque cas, la Commission des droits
de la personne avait soumis un mémoire. A toutes fins pratiques, elle
avait elle-même fait une réaction ou projeté une
réaction. Dans ce cas-ci, pour des raisons que j'ignore, mais
probablement parce qu'elle n'a pas jugé à propos de le faire,
nous n'avons pas reçu de mémoire de la Commission des droits de
la personne.
Par contre, je me rappelle que, dans l'un et l'autre des deux derniers
cas, j'avais parlé comme leader parlementaire du gouvernement
à M. Hurtubise, le président de la commission. Il avait
dit qu'il se refusait et qu'il refusait, d'ailleurs, à toute personne
membre de la commission la possibilité de venir devant la commission,
parce que, disait-il, nous vous indiquons ce que nous pensons, mais nous ne
voulons pas nous insérer dans le processus législatif.
Je ferais une suggestion, avant même qu'on débatte la
question. Je serais d'accord que la motion reste, si vous voulez, devant la
commission et qu'éventuellement, si on en juge nécessaire, on
doive y revenir. Mais peut-être le président de la commission
pourrait-il communiquer avec Me Hurtubise, qui est le président de la
commission, pour voir si vraiment on ne passerait pas deux jours à
débattre une motion qui va éventuellement devenir caduque parce
que la commission décide elle-même de ne pas venir. Je pense, en
tout cas, que ce serait une suggestion constructive qui éviterait
peut-être de longs débats, M. le Président, je vous fais
cette suggestion; si elle était partagée avec nos
collègues, cela m'apparaîtrait comme pouvant faire gagner beaucoup
de temps. Si M. Hurtubise, ou quelqu'un de la commission, était
intéressé à venir se faire entendre, je vous dis tout de
suite que le gouvernement n'aurait pas d'objection, pas du tout. On ne se
battra pas là-dessus, il n'y a aucun problème là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné que je n'ai pas encore jugé de la recevabilité et
qu'il y a une suggestion du ministre, je me crois dans l'obligation de
céder la parole aux députés de Laval, de Richmond et de
Beauce-Sud pour savoir ce qu'ils en pensent, car cela prendrait l'appui de tous
pour que le président fasse cette démarche. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Premièrement, je voudrais réserver notre
décision jusqu'à cet après-midi, c'est une question
capitale et importante. Je n'ai pas à insister sur l'importance des
droits fondamentaux qui appartiennent aux citoyens, et je vous donnerai notre
décision cet après-midi. Mais je voudrais dire, en passant, que
ce n'est pas M. Hurtubise, comme président, qui doit être
intéressé à venir; c'est nous qui sommes
intéressés, et toute la population est intéressée
à l'entendre.
M. Burns: II s'agit là et c'est pour cela que, dans
le passé, nous avons respecté l'opinion de la Commission des
droits de la personne d'une commission qui est tellement impartiale
qu'elle est nommée par l'Assemblée nationale, ses membres sont
nommés par l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Les deux tiers de l'Assemblée nationale.
M. Burns: Ce ne sont pas contrai rement à ce que le
député de Laval disait tout à l'heure des gens qui
relèvent de l'Exécutif, ce ne sont pas des gens qui
relèvent d'un ministre en particulier. Evidemment, le ministre de la
Justice a l'administration de cette loi entre les mains, mais il n'a pas le
contrôle de la commission.
Ce sont des gens tout à fait neutres ici parce qu'eux-mêmes
considèrent cette neutralité au-dessus de tout. Ils ne veulent
pas s'insérer dans le processus législatif. Je me dis, comme
leader parlementaire du gouvernement et comme ministre de ce gouvernement, que
je dois respecter cette attitude de leur part. C'est pour cette raison que je
suggère qu'avant même qu'on fasse un long débat, qui ne
sera pas long parce qu'en ce qui nous concerne, on n'aurait pas d'objection
à les entendre, mais plutôt que d'en parler pendant des heures et
se retrouver ensuite avec un refus que je comprends et que je considère
à sa juste valeur, il m'apparaîtrait normal de faire la
démarche que je suggérais au président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Je pense que la proposition du député de
Laval a quand même été modifiée assez grandement par
ce que le leader parlementaire du gouvernement propose actuellement. Je pense
que dans la motion du député de Laval, il y avait quand
même une obligation pour la commission de se présenter ici. Mais,
à ce stade-ci, je veux simplement vous dire, M. le Président,
qu'il serait peut-être plus sage de suspendre nos travaux et de reprendre
cet après-midi pour discuter de la question.
M. Roy: Je suis d'accord étant donné qu'il est 13
heures. J'ai des observations à faire sur cette motion qui a
été présentée par le député de Laval.
On pourrait y revenir cet après-midi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
terminer, j'aurais deux remarques juste-
ment à faire là-dessus. Premièrement, la motion du
député de Laval est suspendue jusqu'à ce que je connaisse
l'opinion de tous les membres de la commission sur la suggestion qui est faite
par le ministre. D'autre part, je me suis rendu compte, en accordant la parole
aux députés de Lafontaine, de Notre-Dame-de-Grâce et de
Gatineau, très généreusement d'ailleurs, que le mandat de
la commission était et c'est de tradition, après que tous
les partis politiques par leurs représentants officiels aient
émis leurs commentaires après l'exposé du ministre
d'entendre le premier intervenant qui a été convoqué par
le personnel des commissions.
Je ne sais pas si ces trois personnes, à qui d'ailleurs j'avais
accordé la parole, consentiraient à abandonner ce droit de
parole, puisque si je le fais pour ces trois personnes, je devrai, avant
même la convocation du Barreau du Québec, accorder le droit de
parole à tout autre député qui voudrait intervenir. Je
laisse les membres de la commission en décider.
M. Gratton: M. le Président, sur cette question
spécifique, on sait qu'au début d'une commission mandatée
pour entendre des organismes qui déposent des mémoires, selon la
coutume et la tradition, on passe les moments voulus à présenter
et à débattre des motions dites préliminaires. Mes
remarques n'entraîneront pas la présentation d'une motion comme
telle, mais si vous m'imposez le carcan de devoir céder un droit de
parole de quelques minutes, je devrai me prévaloir de la
possibilité de présenter une motion, et j'aimerais mieux m'en
abstenir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Compte
tenu qu'il n'y a qu'un seul organisme convoqué aujourd'hui, je pense que
tous les députés qui voudront intervenir brièvement, avant
la convocation du Barreau, pourront le faire.
Là-dessus, j'ajourne sine die les travaux de la commission
jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
M. Burns: Tout en se disant que l'on va siéger cet
après-midi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
siéger cet après-midi, oui.
(Fin de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance
seront: M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Johnson (Anjou) remplacé par M.
Léger (Lafontaine); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lamontagne (Roberval),
M. Lavoie (Laval), M. Lévesque (Taillon) remplacé par M. Fallu
(Terrebonne); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Martel (Richelieu),
M. Morin (Louis-Hébert) remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M.
Morin (Sauvé) remplacé par M. Guay (Taschereau); M. Paquette
(Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Avant de céder la parole au député que j'avais
reconnu, le député de Notre-Dame-de-Grâce, je pense qu'on
s'était laissé, à l'ajournement de 13 heures, sur une
motion qui était en suspens et, d'autre part, sur une suggestion qui
avait été faite par le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire. Il y aurait lieu, à ce stade-ci, de
m'informer du sort que la commission entend faire à la suggestion du
ministre; par la suite, j'aurai à me prononcer sur la motion avant de
céder la parole au député.
M. Lavoie: Je n'ai pas saisi vos derniers mots.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
dit, M. le député de Laval, que la motion était en
suspens, qu'il y avait eu une suggestion du ministre, que vous aviez
demandé un temps de réflexion, que vous nous feriez part de votre
réaction et, suite à cette réaction, j'aurai une
décision à rendre sur la motion que vous avez
présentée.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai bien écouté
la proposition, le compromis proposé par le leader parlementaire du
gouvernement, mais, après consultation avec mes collègues,
à cause de l'importance de la question je n'ai pas à
m'étendre sur ce sujet, surtout en ce qui nous concerne d'un
projet de loi spécifique sur l'avenir constitutionnel du Québec,
et de la liberté à laquelle nous attachons
énormément d'importance pour tous les Québécois de
pouvoir, dans un tel référendum, s'exprimer le plus librement
possible, considérant également que la Commission des droits et
libertés de la personne est un peu dans un sens une créature de
l'Assemblée nationale, qui relève de l'Assemblée
nationale, du fait que tous ses membres ont été nommés,
après un consensus général, par les deux tiers des membres
de l'Assemblée nationale et que ça implique une assurance
d'objectivité; considérant également les restrictions ou
nos prétentions qu'il y aurait des restrictions tout à fait
sérieuses à des libertés fondamentales contenues dans le
livre blanc, je pense que si la commission a vraiment sa raison d'être,
la Commission des droits de la per-
sonne a surtout sa raison d'être en face d'un projet de loi et
d'un livre blanc d'une telle implication et comportant de telles
conséquences.
Personnellement, nous ne nous contenterions pas d'un simple
mémoire. Je crois que ces personnes ont été nommées
en dehors de toute appartenance politique et en toute objectivité, et
comme tout le monde a recherché cet équilibre de justice et
d'objectivité de ceux qui pourraient participer à
l'élaboration du référendum, je pense qu'on ne peut pas se
contenter uniquement d'un mémoire et j'affirme que ces personnes qui
sont au service de tous les Québécois devraient venir ici nous
rencontrer. Je suis assuré qu'un tel mémoire de leur part ne
serait pas suffisant et que les membres de la commission, tant du
côté ministériel que du côté des
différentes Oppositions, auraient des questions, voudraient être
davantage éclairées, et vous pouvez avoir l'assurance que nous ne
voudrions pas les entraîner dans le débat politique. Je crois
toutefois que c'est un éclairage qui sera absolument nécessaire
pour l'étude de ce livre blanc et éventuellement du projet de
loi.
Nous allons donc maintenir notre motion telle qu'elle est
libellée.
Débat sur la motion du député de
Laval
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Etant donné que la suggestion faite par le ministre ne
recueille pas l'appui unanime, puisqu'il ne suffit que d'une abstention, je
reviens maintenant à la motion et je pense, M. le député
de Laval, que vous consentez à une petite modification de termes...
M. Lavoie: De forme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
forme, la motion est donc celle-ci: "Que cette commission requière", au
lieu des mots "Que cette commission entende", "le président de la
Commission des droits de la personne et tout autre membre de ladite commission
dont il jugera utile la présence, de se présenter devant elle le
16 novembre 1977 à 10 h du matin au Salon rouge, afin de donner son avis
sur le livre blanc, la consultation populaire au Québec."
M. Lavoie: J'ajouterais peut-être "et de répondre
aux questions...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que cela s'infère en fait de la convocation de la présence, je
pense que les questions et les réponses se complètent.
M. Lavoie: D'accord, nous acceptons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le député de Laval, vous avez le droit, en vertu de
l'article 160, de parler sur cette motion.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas éterniser les débats.
Nous avons invité un groupe et je pense que, dans mon argumentation sur
la réponse que je vous ai donnée, j'ai dit tout ce que j'avais
à dire sur l'argumentation de ma motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
répète la motion, pour le bénéfice des membres de
la commission. Ce sont les termes de l'article 153: "Que cette commission
requière le président de la Commission des droits de la personne
et tout autre membre de ladite commission dont il jugera utile la
présence de se présenter devant elle le 16 novembre 1977,
à dix heures a.m., au salon rouge, afin de donner son avis sur le livre
blanc de la consultation populaire au Québec". A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Bien entendu, j'appuierai cette motion. Si le
gouvernement indiquait qu'il a l'intention de l'accepter, je n'aurais pas de
plaidoyer à faire. Par contre, si le gouvernement indiquait tout de
suite qu'il a l'intention de rejeter cette motion, à ce
moment-là, je tâcherais, dans quelques minutes, de le
convaincre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: M. le Président, je pense que mon opinion a
été clairement exprimée, ce matin, du moins je
l'espère. Si elle ne l'a pas été, je vais tenter de la
répéter sous une autre forme. Je n'ai pas l'intention de forcer,
et je ne crois pas qu'une commission parlementaire devrait forcer, selon les
termes de la motion, la Commission des droits de la personne à venir
témoigner devant nous.
La méthode de compromis que j'avais proposée ce matin
était que nous puissions, par le président de la commission,
communiquer avec le président de la Commission des droits de la personne
pour que ce dernier nous donne sa réaction, pour savoir s'il
désire ou si quelqu'un de la commission désire venir devant la
commission et s'exprimer, au nom de la commission. Si, à ce
moment-là, le résultat était positif, j'ai
mentionné que j'étais tout à fait d'accord, sauf que,
personnellement, je n'accepterai pas, à cause de l'expérience
passée, de forcer la Commission des droits de la personne à venir
ici parce que, je le disais ce matin, il s'agit là d'une commission qui
est tellement indépendante du processus législatif que c'est
l'Assemblée nationale, effectivement, qui en désigne les membres,
pour une période de temps. Je n'accepterais pas de la forcer à
venir devant une commission parlementaire, à moins que ce soit pour
témoigner de ses travaux, de façon bien spécifique, un peu
comme on l'a fait pour le Protecteur du citoyen et le Vérificateur
général.
Dans ce sens, cela m'apparaîtrait vraiment abuser des pouvoirs
d'une commission que d'ordonner, parce que c'est cela que dit la motion,
à la Commission des droits de la personne d'être présente,
ici, le 16 novembre prochain. Dans ce sens, puisqu'on n'a pas accepté la
solution de compromis que j'ai proposée ce matin, je vais voter contre
la motion qui est présentée par le député de
Laval.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Il est certain que,
dans cette optique, l'idéal serait que la commission elle-même se
soit présentée ou se soit inscrite comme désirant apporter
son opinion devant la commission parlementaire sur le livre blanc, sur la
consultation populaire, parce qu'à ce moment-là, on aurait pu,
avec elle, vider la question et obtenir une information valable dans un cadre
normal de discussions, compte tenu de son statut et du mandat de la commission.
Je pense que, dans un premier temps, cela aurait été
l'idéal, parce que je demeure convaincu que la Commission des droits et
libertés de la personne doit être entendue devant la commission
parlementaire à cause justement de son secteur de responsabilité,
d'une part, et à cause également du contenu du livre blanc ou
plutôt de la zone grise qui demeure encore en évidence au niveau
du livre blanc pour ce qui concerne les droits d'expression, d'association des
individus dans le cadre de référendums éventuels.
Pour éviter qu'à l'avenir, soit lors de la
rédaction du projet de loi comme tel, même au cours de nos travaux
de la commission parlementaire, comme dans les autres travaux qui pourront
venir par la suite, on s'oriente de façon plus ou moins souhaitable et
qu'on n'ait pas toutes les données du problème, de sorte qu'on
soit obligé d'arriver à des réimpressions ou à des
corrections, en cours de route, sur des problèmes aussi importants que
celui-là ou sur des points aussi cruciaux que ceux de la liberté
d'association et la liberté d'expression, je pense qu'il conviendrait
qu'on puisse vider la question et avoir tout au moins le plus d'informations
pertinentes le plus rapidement possible à la portée de la
commission parlementaire concernant ces sujets.
Ce sont donc les raisons majeures pour lesquelles l'Union Nationale a
l'intention d'appuyer cette motion et aussi pour lesquelles, j'espère,
le gouvernement va peut-être réviser sa position et
peut-être insister davantage pour qu'on puisse obtenir les
lumières dont on a besoin, pour éviter justement d'avoir à
corriger à nouveau, par la suite, ce qui pourrait être
cristallisé, soit au niveau des conceptions finales à partir de
la commission parlementaire, soit dans le cadre législatif par la
suite.
Ce serait malheureux que, sur des points aussi importants que
ceux-là, on ait à intervenir à nouveau, ce qui ferait
simplement activer un débat ou soulever des passions pour rien. Je pense
que ces points, la question du droit d'expression, la question du droit
d'association, sont tellement fondamentaux, qu'on ne peut pas passer à
côté, on ne peut pas se permettre, à ce stade, de les
ignorer dans le cadre de nos discussions, parce que ce n'est pas un
élément secondaire dans nos discussions, mais je pense que c'est
une base. On doit considérer ces points comme étant la base de
toutes nos discussions. Si on s'entend sur ce que doivent être le droit
d'association et le droit d'expression et ce qu'on doit en conserver dans un
pays démocratique, un pays libre, au point de départ, je pense
que tout le reste de nos discussions pourra se faire dans un climat beaucoup
plus intéressant et dans une atmosphère beaucoup plus normale,
parce qu'on saura à quoi s'en tenir et on aura défini au point de
départ les grands paramètres en ce qui concerne ces questions
fondamentales.
Ce sont les raisons pour lesquelles l'Union Nationale va appuyer cette
motion présentée par le député de Laval, et en
même temps, insister auprès du gouvernement pour qu'il
révise sa position, et peut-être demander au président de
cette commission ou à tout autre membre qui pourrait venir
répondre à nos questions à ce sujet, d'ailleurs nombreuses
le ministre aura l'occasion de s'en rendre compte au cours de nos
débats et de nos discussions . On voudrait bien avoir des
éclaircissements pour arriver au meilleur texte de loi possible. Je
pense que c'est cela qu'on vise. On l'a défini clairement ce matin. Je
pense qu'il faut se donner les outils pour y arriver. Je pense que la
comparution de ces gens est importante à ce chapitre des droits et
libertés de la personne. C'est là un des outils qui nous
permettra peut-être d'arriver à une formule de consensus sur la
question du référendum et du livre blanc de la consultation
populaire. Alors, j'insiste sur ce point. Pour ces raisons, nous allons appuyer
la motion du député de Laval.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, sur la motion qu'a
présentée le député de Laval, il est bien entendu
qu'il me paraît fondamental que la commission, dans son désir de
bien s'informer, dans son désir exprimé par le ministre ce matin,
de tâcher de faire sinon l'unanimité, au moins un consensus autour
des principales considérations contenues dans le livre blanc. Il me
semble que c'est fondamental qu'on jouisse des avis de la Commission des droits
et libertés de la personne. J'évoquerai les exemples de la
contribution que cette commission a faite lors de l'étude de deux
projets de loi qui ont été l'objet de débats à
l'Assemblée nationale depuis le début de cette session. En
particulier, dans le cas de la loi 101, la commission, je ne sais trop si c'est
à la demande du gouvernement ou de son propre chef, avait fourni
on me dit que c'était de son propre chef un avis sur le contenu
de la Charte de la langue française qui avait, à toutes fins
pratiques, débouché sur une réimpression et le
dépôt d'un nouveau projet de loi.
Je pense qu'on voit bien là l'importance que le gouvernement
lui-même a accordée aux idées exprimées par la
Commission des droits de la personne.
Cela a été le cas également de la loi 2, Loi sur le
financement des partis politiques. On sait qu'à la demande de
l'Opposition, d'ailleurs, la Commission des droits de la personne a soumis un
mémoire faisant état de plusieurs points sur lesquels le projet
de loi présenté par le ministre brimait cer-
taines libertés fondamentales et, effectivement, à la
suite de cet avis, le ministre a accepté de faire des modifications de
fond au projet de loi sur le financement des partis politiques.
On pourrait s'interroger, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui,
c'est-à-dire le livre blanc sur la consultation populaire, pour savoir
si, effectivement, les idées énoncées dans ce texte ne
prêtent pas à des interprétations qui pourraient nous
amener à croire que certaines libertés fondamentales peuvent
être mises en cause. Sans en faire état au complet, je citerai
seulement certains passages d'éditoriaux qui sont, bien entendu, le
reflet, je pense, en tout cas, de la pensée d'une bonne partie de
Québécois et qui démontrent, à mon avis, hors de
tout doute, qu'effectivement le livre blanc, tel qu'il est présentement
rédigé, met en cause certaines libertés fondamentales. A
mon avis, cela nous justifierait pleinement d'exiger que la Commission des
droits de la personne vienne nous entretenir en commission.
Par exemple, Michel Roy, dans le journal Le Devoir du 26 août,
disait, et je cite: "Mais comment, sans limiter la liberté d'expression,
peut-on interdire à des corps publics ou à des groupes de
citoyens le droit d'intervenir dans la campagne? Leur liberté
d'expression est ici subordonnée à leur adhésion à
une organisation reconnue. Sauf erreur dans l'interprétation du texte du
livre blanc, ce régime équivaut à un carcan".
Jean Vigneault, du journal La Tribune, le même jour, disait: "Et
pourtant, encore plus qu'au moment d'une élection, les personnes morales
qui, comme les compagnies, procurent de l'emploi à des milliers de
travailleurs ont intérêt à l'avenir politique du
Québec. Les priver du droit d'intervenir financièrement pour
ensuite les prier de rester au Québec, advenant une réponse
positive à l'indépendance, ce serait faire fi de la
démocratie à laquelle le gouvernement dit tant tenir."
M. Marcel Pépin, journal Le Soleil du 25 août: "La future
loi ne devrait cependant pas empêcher tout groupe ou organisation ou
individu de s'exprimer en marge du cadre fixé par le gouvernement, ce
qui équivaudrait à bâillonner ceux des citoyens qui ne
peuvent se sentir à l'aise dans l'un ou l'autre des comités
officiels."
M. Pierre Tremblay, journal Le Droit du 27 août:
"Enrégimenter tous les clans à l'intérieur de deux ou
trois groupes officiellement reconnus et soutenus, c'est nier les principes de
la libre expression et de la libre association."
M. Marcel Adam, journal La Presse du 27 août: "Quant aux
règles d'organisation et de déroulement du
référendum, soulignons qu'elles apparaissent, à
première vue, beaucoup trop rigides et restrictives; elles restreignent
dangereusement la liberté d'expression et d'association, elles
privilégient l'option du parti gouvernemental et rendent
extrêmement difficile l'action de ceux qui défendront l'option
opposée."
M. le Président, je vous ferai grâce des autres citations
que je pourrais apporter à l'appui de la motion du député
de Laval. Je dirai simplement que, ce matin, le ministre lui-même a
souhaité que les travaux de cette commission nous apportent des
réponses à des questions qu'il considère et que nous
considérons nous aussi fondamentales. Par exemple, comment doit-on
organiser la campagne référendaire si on veut permettre à
chaque option de faire valoir son point de vue en toute liberté, tout en
respectant le droit d'expression de chaque citoyen? Il s'agit là, M. le
Président, de quelque chose d'essentiel. Si nous voulons vraiment que la
consultation populaire, surtout celle qui portera sur la question de
l'indépendance du Québec... il est essentiel que nous prenions
toutes les façons possibles, que nous prenions tous les outils
nécessaires pour assurer que le processus, les règles du jeu, la
formulation de la question, l'ensemble des dispositions qui régiront cet
exercice que devront faire l'ensemble des Québécois, au moment de
trancher cette question, garantissent que le tout est hors d'atteinte de toute
accusation qu'on pourrait porter, de toute mauvaise interprétation qu'on
pourrait en faire.
C'est évident, M. le Président, que, lorsque le
gouvernement, ce matin, par la voie de son ministre, nous disait être
ouvert à toutes les suggestions, rechercher un consensus et même
l'unanimité, comme cela a été le cas lors de l'adoption de
la Loi sur le financement des partis politiques, je suis fort aise d'entendre
le ministre exprimer cette ouverture d'esprit du gouvernement, mais il faut
bien se rappeler que, tout au long de son texte, tout au long de sa
déclaration, le ministre a bien indiqué qu'il n'était
aucunement question pour le gouvernement d'accepter autre chose qu'une
loi-cadre sur les référendums. Sans reprendre l'argumentation du
député de Laval de ce matin, je répéterai
simplement que, nous, du Parti libéral... D'ailleurs, j'ai
constaté avec plaisir que le député de Beauce-Sud... Vous
me permettrez quand même de faire une petite parenthèse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur une
question de règlement. M. le ministre?
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas faire de
procédurite, mais vous aurez d'autres occasions de le faire. Là,
on parle de la motion du député de Laval, à savoir: Est-ce
qu'on doit requérir la présence de la Commission des droits de la
personne? Il ne faudrait quand même pas recommencer constamment alors que
nous avons des invités qui attendent pour se faire entendre. Il
m'apparaîtrait normal, M. le Président, que nous nous en tenions
à la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, M. le député de Gatineau est le deuxième sur
la liste de ceux qui vont intervenir lorsque la motion aura été
décidée.
M. Gratton: Si on me laissait finir ma phrase, M. le
Président, je n'aurais même pas à revenir après
cela. C'est évident que, lorsqu'on parle de nos invités, j'en
profite pour les saluer et leur dire de ne pas s'inquiéter, on ne va pas
éterniser le débat, mais cela nous apparaît fondamental.
J'ai déjà
présidé moi-même des commissions où les
discussions préliminaires ont duré trois semaines. Alors, quand
même on prendrait trois petites minutes, je ne pense pas que cela fasse
mourir personne.
M. Léger: Ce n'est pas un modèle à
copier.
M. Gratton: D'ailleurs, le député de Lafontaine
n'était pas un modèle à cette commission-là non
plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Sur la motion.
M. Gratton: M. le Président, pour finir ma phrase, si,
effectivement, on recherche une façon de faire pour qu'aucun
Québécois ne soit brimé dans ses droits, et que tous les
Québécois possèdent toutes les possibilités
d'exprimer leur point de vue, nous, du Parti libéral, disons que cela
implique un projet de loi spécifique pour le référendum
sur l'indépendance. Nous aimerions pouvoir questionner les membres de la
Commission des droits de la personne à cet effet. Il est bien entendu
qu'on respecte le voeu de la commission de ne pas s'impliquer dans des
débats politiques, mais je pense qu'on doit quand même faire
confiance au président et aux membres de la Commission des droits de la
personne, quant au jugement qu'ils peuvent apporter dans ce débat. Je ne
crains nullement que la Commission se laisse entraîner dans les
débats partisans, dans des considérations d'ordre politique si
son rôle, tel que je le conçois, est de faire respecter la Charte
des droits et libertés de la personne. Je pense qu'à la lecture
des nombreux témoiganges faite tantôt, ou à écouter
le ministre lui-même qui disait, ce matin, rechercher ce consensus,
rechercher cette honnêteté, cette transparence de tout l'exercice
qu'on fera au moment du référendum, il m'apparaît
inconcevable que le gouvernement nous dise, par la voie du ministre, qu'il
n'entend pas convoquer le président et les membres de la Commission des
droits de la personne à cette commission.
Si, dans le cas des lois 2 et 101, on a effectivement retenu plusieurs
des recommandations de la commission, il y a lieu de croire qu'il pourrait en
être ainsi quant à la loi éventuelle sur les consultations
populaires.
M. le Président, je ne voudrais pas, je ne me fais pas
d'illusions sur le sort que réserve la majorité
ministérielle à cette motion du député de Laval, je
ne me fais pas d'illusions non plus sur mes pouvoirs de persuasion
vis-à-vis du ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Bon, je peux continuer? M. Jolivet: Oui.
M. Gratton: Alors, M. le Président, en conclusion, il me
semble que de demander, d'inviter, de requérir la présence du
président et des membres de la Commission des droits de la personne est
tout à fait...
M. Burns: Est-ce que vous avez dit inviter ou
requérir?
M. Gratton: Requérir.
M. Burns: Ah bon, c'est bien différent.
M. Gratton: Oui, c'est évident, je fais la distinction
également. Mais dans mon esprit, le but qui est visé par la
motion, le but que je poursuis en intervenant à l'appui de la motion,
c'est de faire en sorte que la commission se donne tous les outils
nécessaires pour être pleinement éclairée, de la
meilleure façon possible. Cela, à mon avis, exige la
présence de la Commission des droits de la personne à cette
commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je vous remercie, M. le Président. Je vous
assure de mon entière collaboration, surtout après votre
mémoire de ce matin qui était important et positif. J'ai toujours
cru, selon l'expérience du métier que j'ai, que la
première assemblée d'une commission parlementaire était
probablement l'assemblée la plus importante, parce que c'est à
cette assemblée qu'on établit souvent les règles du jeu et
aussi l'atmosphère.
Je pense que nous, qui sommes chargés ici, avec le
référendum, de discuter du livre blanc, avons une
responsabilité très particulière de l'avenir du
Québec, du Canada. Cela dépendra beaucoup de la sagesse et du
sens des responsabilités avec lesquels on abordera ce sujet assez
délicat. Je parlerai tout à l'heure, comme privilège de ce
matin, de cet aspect. Mais pour parler directement de la motion proposée
par M. Lavoie, le leader de notre parti, c'est justement parce que je pense que
le ministre d'Etat a pris le meilleur moyen de discuter d'une formule pour le
référendum, que ce soit dans un mois, un an, un an et demi.
Cette méthode du livre blanc avant la première lecture...
les raisons, je pense, M. le Président, je ne suis pas tellement
familier avec les règlements ou les traditions d'ici, c'est qu'un livre
blanc est vraiment une idée, un concept, et ça veut dire que le
ministre ou le gouvernement est prêt à accepter des changements
assez exceptionnels, radicaux, si vous voulez. S'il était sûr de
son affaire, normalement, il arriverait avec un projet de loi et après
la deuxième lecture, il viendrait écouter les témoins.
Cela veut dire que le Barreau et toutes les organisations qui viendront
bientôt nous donneront non seulement leur opinion, mais peut-être
aussi leur expérience comme citoyens intéressés. Il me
semble que si on veut maintenir le climat je pense que c'est très
important pour les prochains mois qu'on prenne avantage de toute
l'expérience disponible, dans une atmosphère assez
dépolitisée.
Même si nous sommes des politiciens, et sans
doute nous aurons tous et chacun... Mais est-ce qu'on n'est pas mieux
à cette étape de la procédure, d'écouter des hommes
comme le commissaire, tel que suggéré par la motion, pour
avertir, peut-être plus tard, quelqu'un qui va dire: Je suis Canadien, je
suis Québécois, je veux par exemple que le
référendum, le "ballot", soit imprimé dans les deux
langues, anglaise et française.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, sur la motion, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: Je ne parle pas de la substance, je parle de la
motion. Est-ce que ce n'est pas préférable d'avoir l'opinion de
cette commission ou de ce commissaire, avant la première lecture, avant
même que nous procédions avec trop de témoins? Je ne veux
pas que les minorités arrivent ici avec des motions. Nous voulons que le
"ballot" soit imprimé en anglais autant qu'en français.
What is important, Mr President, is that we avoid these issues, after
all, section 10 of the Act, I believe, makes it very clear what the rights of
Canadian citizens are, and one of them is that they shall not be discriminated
against on the basis of language.
In Vancouver, the other day, picking up the paper, where they said this
Act is the most advanced, well, I am trying to make the case why we should be
hearing the commissioner or the commission, at this commission, rather than
having to take advantage of section 69 to apply to the commission. After the
fact, why not avoid the areas that can be very controversial and can have a
very detrimental effect and can drive wedges between English and French
Québécois or between Quebec and the rest of Canada?
Since the purpose of the white paper, which is not a bill, is to get "la
sagesse" of all Canadians, here is a very independent body. This is why !
appreciate the Minister's reservation. He is concerned about the independence
and placing this particular group in front of us where they may come down one
way or the other, which could be interpreted as having a political bias. I
appreciate that.
But that is true of every decision they make. When, for instance, they
said: We think certain features of Bill 2 were anticonstitutional or against
the law, this was not a political decision. This was within their mandate and
the government, in their wisdom, accepted that and made the proper
amendment.
Really, what I am saying is that it would be useful, if they could not
come, at least to have a written resume from them, to the next best thing,
although, I prefer to stand on the motion, which would say the white paper
contains areas, four, five, six, ten areas, which, in our opinion, are contrary
to the statute which we are asked to apply independently.
The reason I make this point, M. le Président, en terminant... It
seems to me if we are going to debate and establish the rules of the game and
the referendum which can determine whether we are to be one country, whether we
are to be two countries living in harmony, in peace, whether we are going to
have a population where we are all friends as we should be, it is important
that we minimize those particular areas that are usually decided by a motion or
arouse a motion. And one of them is language; this is obviously from Bill 101,
where I, like anyone else became emotional, because language is something
important to us and just the fact that there is a possibility that the
government may ask people to vote on a referendum where the ballot would be in
one language only, is bound to automatically...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey: ... mean references to that commission, because
certainly article 10 clearly states this is against the law. Why not have the
advice before the fact, so that we can, then, with their advice, rewrite both
paragraphs within the white paper, as the Minister was quite prepared to do on
two bills, and that is not loss of face, that is wisdom, courage sometimes to
be told what you should be doing and accept that. This is why I like this
procedure, white paper before... I have to support strongly the motion that the
Liberals have put forward here, or one member, simply because I see it in a
positive manner, not to restrict, not to restrain, not to influence, not to
hold up proceedings, but to eliminate potential areas of differences that can
be emotional, or have emotional reflection rather than sheer logic.
I think if you look at that particular bill very carefully, I know my
lawyer friend here is more familiar with it, that it is very hard to
rationalize section 10 of that Act. It spells out our right, 10 to 19, it
spells out our right, the right to be Canadians and Quebecers, which clearly
states what, in the law's opinion is discriminatory and when that law says you
can be discriminated down against language and we do not know from the white
paper whether the ballot this is why I am concluding on that
should be in both languages or one. Là, M. le Président, on ouvre
les portes pour, d'une action à l'autre, durant la commission, passer
par-dessus la loi. Je prétends que c'est préférable que
nous ayons immédiatement, aussitôt que possible, les vues de la
commission, des droits de la personne. Ce serait son avantage autant que le
nôtre, parce qu'on peut dire que si cette commission entre dans
l'arène politique et que s'il faut prendre en charge cinquante causes au
moins, des causes d'individus, de langue française ou de langue
anglaise, qui sont contre le projet de loi, en passant pardessus la loi qui
existe, je pense que la Commission des droits et libertés de la personne
se trouve devant la même situation chaque fois qu'elle rend une
décision dont elle va vous dire que c'est une décision politique.
C'est pour cela que j'appuie la motion de mon ami et j'espère que le
gouvernement acceptera la suggestion du député.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, j'ai l'impression qu'il y a
deux vices à l'intérieur de la motion présentée par
le député de Laval. Comme on le sait, le vice est
repréhensible et nous voudrions tenter de donner un peu plus de vertu
à cette motion, si une telle chose est possible.
Le premier vice que j'y vois, c'est qu'en requérant la Commission
des droits de la personne à venir témoigner devant des membres de
la commission parlementaire, c'est comme si, au départ, on avait
l'attitude de gens qui ont des doutes sur le respect qu'il y a dans le livre
blanc sur la consultation populaire quant aux droits et libertés de la
personne.
M. Gratton: Vous avez bien compris, c'est en plein cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Je pense n'avoir pas mal interprété
effectivement ce qui se cachait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: C'est un vice...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: ... la vertu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Laval!
M. Bertrand: Je n'ai donc pas mal compris ce qui se cachait
derrière les préoccupations du député de Laval en
requérant la Commission des droits et libertés de la personne,
c'est que, dans le fond, l'Opposition officielle a des doutes quant à
elle sur le respect des droits et libertés de la personne, à
l'intérieur du livre blanc.
La question qu'il faut se poser, ce n'est pas de savoir si l'Opposition
officielle a des doutes. Politiquement parlant, c'est toujours meilleur d'avoir
des doutes sur un livre blanc présenté par le gouvernement que de
donner son accord le plus complet. Ce qu'il est important de savoir, c'est si
la Commission des droits de la personne a des doutes sur le contenu du livre
blanc quant au respect des droits et libertés de la personne. Il ne faut
donc pas mêler les préoccupations politiques, habilement
politiques, de l'Opposition officielle et le travail, le rôle, le mandat
de la Commission des droits de la personne.
Il ne faut pas substituer le travail de la Commission des droits de la
personne à celui de l'Opposition officielle. Chacun fait son travail.
L'Opposition officielle fait le sien. On peut le qualifier de la façon
qu'on veut, mais elle fait le sien. C'est son devoir, c'est son droit. On doit
respecter cette liberté qui lui appartient. La commission aussi a ses
responsabilités à remplir. Elle a ses mandats. Je pense que,
jusqu'à maintenant, entre autres choses sur la loi no 2, le ministre
d'Etat à la réforme parlementaire s'en souvient très bien,
il avait reçu des avis de la Commission des droits de la personne qui,
indépendamment de toute intervention des députés de
l'Assemblée nationale, indépendamment des voeux de l'Opposition
officielle, avait senti peut-être qu'il était de son devoir
d'intervenir pour faire connaître son opinion.
Elle l'a fait aussi sur la loi 101. Elle a fait connaître son
opinion. Elle a manifesté un certain nombre de réserves quant
à certains articles, comme c'est son devoir de le faire.
Dans le contexte présent...
M. Gratton: Question de règlement, très
brièvement. J'aimerais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
sur quoi la question de règlement, M. le député de
Gatineau?
M. Gratton: Sur l'affirmation que vient de faire le
député de Vanier que la Commission des droits de la personne a
presque, de son propre chef, formulé des avis. Ce n'est pas le cas du
tout, c'est à la demande expresse du ministre de la Justice que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau, je pensais que vous alliez alléguer
l'article 96. Je vous avais permis une question de règlement. Je pensais
que c'était sur des propos que vous aviez tenus dans votre intervention.
Je remarque que ce n'est pas le cas. Je redonne la parole au
député de Vanier.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président. Quand
même, c'est important de le souligner.
M. Burns: Non, ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au député de Vanier. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bertrand: M. le Président, je pense que ce serait
plutôt au ministre d'Etat à la réforme parlementaire de
rectifier les faits, si jamais il y avait une rectification à faire. Ce
que je veux souligner, c'est que non seulement, dans un premier temps,
l'Opposition officielle se sert des doutes qui sont les siens quant au respect
des droits et libertés de la personne, tel que le livre blanc est
présenté, mais je pense que, jusqu'à un certain point,
dans sa volonté de requérir, comme dirait le dictionnaire, le
Petit Robert, d'exiger, de sommer, de requérir en justice la Commission
des droits de la personne de se présenter devant la commission
parlementaire... Et cela est plus grave.
Avoir des doutes, dans le fond, sur le fait que le gouvernement respecte
ou non les droits et libertés de la personne, cela vous honore, si c'est
votre sentiment premier, mais avoir des doutes sur le sens des
responsabilités de la Commission des droits de la personne, cela serait
plus grave. Cela serait plus grave de penser qu'au départ, la
Commission des droits de la personne ne s'est pas souciée de
regarder ce qu'était le livre blanc sur la consultation populaire. Or,
cela fait quand même un certain nombre de semaines que ce livre blanc sur
la consultation populaire a été rendu public. La Commission des
droits de la personne, sans doute préoccupée par le genre de
mécanisme qu'on va mettre en place, et le caractère
éminemment démocratique qui doit sous-tendre toute cette loi, a
sans doute lu le livre blanc et sans doute que, s'il y avait, à
l'intérieur du livre blanc, le moindre doute dans son esprit sur le
respect des droits et libertés de la personne, elle se serait rapidement
mise au travail, aurait préparé un document, aurait soumis
à l'Assemblée nationale, au ministre d'Etat à la
réforme parlementaire ou aux membres de cette commission ses avis, ses
conseils, ses remarques concernant le contenu du livre blanc et les dangers
qu'il pouvait y avoir à l'intérieur du livre blanc quant aux
droits et libertés de la personne.
Elle ne l'a pas fait. Elle l'avait fait dans le cas de deux autres lois.
Elle ne l'a pas fait dans le cas de ce livre blanc.
Je dis qu'il y a donc deux vices qui sont inclus dans la motion du
député de Laval. Le premier, je le pardonne, ce sont des doutes
qui s'adresseraient au gouvernement, et, mon Dieu, on va les prendre, mais ceux
qui s'adresseraient au sens des responsabilités de la commission, c'est
plus grave. Donc, je voudrais amender cette motion parce que, dans le fond, ce
qu'il faut aussi comprendre, c'est que, derrière notre volonté de
vouloir respecter le mandat de la Commission des droits de la personne qui peut
décider, il me semble... C'est inscrit dans son mandat de commission; la
charte, quand elle a été votée, incluait cette notion que,
chaque fois que la commission jugeait que l'Assemblée nationale ou le
gouvernement ou une institution administrative qui serait une tentacule du
gouvernement, contreviendrait aux principes qui sont inclus dans la Charte des
droits et libertés de la personne, chaque fois, c'était son
devoir de nous rappeler à la raison, c'était son devoir de
souligner jusqu'à quel point nous allions à l'encontre de l'un ou
l'autre des articles contenus dans cette charte.
Je dis, M. le Président, qu'il faut que cette commission respecte
le mandat de la Commission des droits de la personne. Ce mandat, c'est de
réagir chaque fois que ces gens ont le sentiment que les droits et
libertés de la personne sont mis en cause et de transmettre des avis, de
transmettre leurs remarques, de transmettre leurs conseils judicieux à
la commission parlementaire, à l'Assemblée nationale ou au
ministre concerné. Donc, je dis qu'il nous faut amender cette motion
pour la raison suivante, à savoir que nous sommes d'accord pour entendre
les représentants de la Commission des droits de la personne, mais dans
la mesure où cette commission a en même temps la décence de
respecter le mandat de la commission.
Autant les gens qui nous font face se battent très souvent pour
protéger le droit ou la liberté d'expression des individus ou des
organismes, au- tant il faut respecter le droit et la liberté des
individus et des organismes de ne pas se faire entendre. Je pense que, dans le
cas de la Commission des droits de la personne, il y a un droit, la
liberté d'expression, et il y a un droit, la liberté de
non-expression. Ces choses se respectent aussi, si des gens ne veulent pas se
faire entendre.
Alors, au nom de quoi la commission parlementaire irait-elle obliger,
forcer, requérir en justice la Commission des droits de la personne de
venir se faire entendre, si cette commission, dans l'évaluation de son
mandat, de ses droits et de sa liberté, n'a pas décidé,
elle, qu'il valait même la peine d'émettre un communiqué,
un rapport ou de rendre public un avis sur le livre blanc concernant la
consultation populaire. On l'a fait dans le cas de la loi 101 et dans le cas de
la loi 2, et dans les deux cas... Je pense qu'il y a au moins un cas, M. le
Président, où on a refusé l'invitation de venir devant la
commission parlementaire, même si la Commission avait rendu public un
document dans lequel étaient contenus certains avis concernant la loi
101. On a refusé de venir devant la commission parlementaire, et je me
demande si ce n'est pas le même cas pour ce qui est de la loi 2.
M. Burns: C'est exactement la même chose. Motion
d'amendement
M. Bertrand: Exactement la même chose; la Commission a
refusé l'invitation. C'était son droit de la refuser. Ce sont des
choses, je pense, que cette commission, en toute justice, doit accepter de
respecter, le droit à la commission de décider elle-même si
elle vient ou si elle ne vient pas. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, enfin, pour tous ces motifs, je pense, qui sont valables dans
les circonstances, je demanderais ou je fais motion pour que nous amendions la
motion présentée par le député de Laval. Que nous
retirions le mot "requière" et le remplacions par le mot "invite ".
Donc, M. le Président, dans le fond, on atteint le même objectif,
c'est-à-dire que, finalement, on demande, on invite les membres de la
Commission des droits de la personne à venir se faire entendre, mais, en
même temps, on les respecte. On agit en toute déférence
à leur endroit. On sait qu'ils ont un mandat qui leur permet de nous
acheminer des avis; ils ne l'ont même pas fait. Là, on les
obligerait, sans même qu'ils aient jugé bon de transmettre des
avis, comme ça, on leur dirait: Vous autres, Commission des droits de la
personne, indépendamment de ce que vous pouvez penser, venez vous
asseoir ici. C'est une obligation que l'Assemblée nationale vous fait de
venir vous asseoir ici. Pour des gens qui ont été à
l'origine de la création d'une Commission des droits de la personne, je
trouve qu'on devrait s'inspirer du même principe pour respecter les
droits et libertés de cette commission de venir se faire entendre.
Si on met le mot "invite", M. le Président, qu'est-ce qui va se
passer? Notre motion va être acheminée au président de la
Commission des droits de la personne et il va se rendre compte que
les membres de la commission l'invitent à venir ici. Il sentira
qu'en tout respect pour le mandat qui est le sien il pourra accepter ou refuser
de venir. S'il accepte, M. le Président, personnellement, je m'en
réjouirai. Cela me fera plaisir. J'aimerais drôlement ça
qu'à notre invitation il puisse venir se faire entendre pour nous donner
son avis sur le contenu du livre blanc. On pourrait lui poser des questions,
comme ce serait notre droit. Mais je serais aussi content s'il décidait
de refuser, parce que j'aurais le sentiment que nous ne lui avons pas mis le
couteau sous la gorge en lui disant: Vous n'avez pas le choix. Nous autres, on
a décidé que vous viendriez, indépendamment de ce que vous
pensez. Là, au moins, on le respecte, et s'il ne vient pas, je pense
qu'on doit aussi le respecter.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je fais motion pour que
la motion du député de Laval soit amendée pour qu'on
enlève te mot "requiert" et qu'on le remplace par le mot "invite".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité? Non.
M. Lavoie: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare recevable l'amendement à la motion principale et, puisque
les autres intervenants avaient été reconnus sur la motion
principale, je cède la parole au premier député qui
m'avait demandé la parole sur l'amendement, le député de
Laval.
M. Lavoie: Sur cette motion d'amendement, je voudrais bien... Je
pense que la vérité a ses droits et je dois réfuter, du
moins en partie, pratiquement le contenu des paroles du député de
Vanier.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'expérience que nous avons
vécue lors de la loi 2, ce n'est pas la commission qui a jugé
à propos de donner son opinion. C'est à la suite d'une demande
que j'avais personnellement faite au ministre de la Justice qui avait
accédé à ma demande pour obtenir l'avis de la commission.
Dans ce cas-là, s'il n'y avait pas eu une telle demande, je crois que
je ne veux pas présumer nous n'aurions pas eu l'avis et
l'opinion de la Commission des droits de la personne parce que le délai
pour l'audition des mémoires était déjà
expiré.
Je voudrais dire également que le député de Vanier
a vu tout à fait juste et que ce qu'il prend pour vice dans notre motion
devient de la vertu. Il a très bien compris, et je lui en sais tout
à fait gré, qu'il existe des doutes.
Il n'existe pas des doutes uniquement dans l'esprit de celui du parti ou
du représentant du parti qui a fait la motion, soit l'Opposition
officielle, mais vous remarquerez qu'il y avait des doutes dans les trois
oppositions parce qu'autant l'Union Nationale que le député de
Beauce-Sud ont exprimé de très forts doutes, ce matin, sur ces
restrictions à certains droits fondamentaux. Je voudrais lui dire que
ces doutes existent. Si le député de Vanier a pris connaissance
de plusieurs mémoires, parmi les 24 ou 25, la grande majorité
d'entre eux exprime de tels doutes sur la légalité et sur le
bien-fondé de ces restrictions dans la formation de deux ou plusieurs
camps du oui ou du non, suivant le nombre de questions qui pourraient
être posées lors d'un référendum.
Il y a également d'autres doutes, en plus de ceux entretenus par
les trois oppositions et les mémoires des personnes que nous avons
invitées. Je pense également que tous les éditorialistes
au Québec ont exprimé des doutes sur certains droits
fondamentaux. Cela existe dans la population et je suis convaincu, d'ailleurs,
que certains segments de la population ont sans doute fait des
représentations aux députés qui sont ici, autant du
côté ministériel... Si ces députés ont de
l'honnêteté, ils peuvent dire qu'ils ont eu des
représentations. Ces doutes existent non seulement parmi tous ceux que
je vous ai mentionnés mais également dans l'esprit du
rédacteur du livre blanc qui est le leader parlementaire du gouvernement
et, si vous lisez son mémoire ou sa présentation, ce matin,
à la page 10, entre autres et je cite textuellement les propos du
député de Maisonneuve, rédacteur du livre blanc
"Evidemment, il a fallu faire des adaptations et il est bien possible que
les formules que nous avons proposées, pour y arriver, puissent
être améliorées. Nous sommes, en tout cas, désireux
d'en discuter avec eux, avec ceux qui comparaîtront devant cette
commission et avec les partis d'Opposition.
A la page 12...
M. Guay: Je m'excuse de vous interrompre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une question de règlement.
M. Guay: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Je m'excuse de vous interrompre, mais c'est qu'il me
semble que le débat porte beaucoup sur le fond et non sur la motion
d'amendement qui vise à remplacer le mot "requière" par le mot
"invite". Quant à savoir si on invite ou si on requiert, enfin...
M. Lavoie: Permettez-moi quand même de réfuter
l'argumentation du député de Vanier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je comprends que le député de Vanier par...
M. Lavoie: II a eu toute la liberté de s'exprimer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, s'il vous plaît!
Je comprends que le député de Vanier, par ses propos, a
donné ouverture, peut-être, à certaines remarques, mais il
n'en reste pas moins que le principe général est que je
demanderais à tous les députés qui vont intervenir
d'intervenir sur
l'amendement et essentiellement sur l'amendement.
M. Lavoie: Je continue les propos du leader parlementaire du
gouvernement, à la page 12 de son texte, ce matin: "Mais, ce n'est dans
notre esprit qu'un moyen et si les travaux de cette commission devaient nous
faire découvrir une méthode qui soit meilleure que celle que nous
proposons" c'est justement dans la constitution de ces organisations
"je serais très heureux d'en proposer l'adoption à mes
collègues du gouvernement et ultimement à l'Assemblée
nationale". Et enfin, à la page 30 des propos du leader parlementaire du
gouvernement: "Les personnes que nous entendrons et les échanges que
nous aurons au sein de cette commission nous permettront, je l'espère,
de répondre à ces questions. Puisqu'il s'agit d'une institution
nouvelle dans notre droit, nous aurons besoin de l'apport de chacun".
Revenant à la motion plus directement, M. le Président,
dans le respect que nous avons du règlement, nous avons employé
le mot "requière" parce qu'au lieu d'une simple invitation... C'est bien
simple parce que je pense qu'en droit, il est toujours valable et
préférable de s'en tenir au texte de la loi ou du
règlement. Si nous lisons l'article 153, ce sont des pouvoirs reconnus
d'une manière immémoriale dans les commissions parlementaires,
pour le bon éclairage des législateurs qui doivent
préparer la loi, non seulement dans le règlement de
l'Assemblée nationale, mais en plus, d'une façon encore plus
forte, parce qu'on sait que la loi prédomine sur la
réglementation, dans la Loi de la législature, lorsqu'on sait
tous les pouvoirs que possède le Parlement pour requérir la
présence des témoins.
Nous avons employé ce terme de réquisition,
requérir à la lecture de l'article 153, c'est dans le respect du
règlement, lorsqu'une commission élue a requis non pas
invité une personne de se présenter devant elle pour s'y
faire entendre ou pour produire des documents et que cette personne refuse de
le faire, la commission fait rapport de ce refus au Président de
l'Assemblée nationale, je présume, et celui-ci prend les moyens
nécessaires pour que la demande de la commission soit satisfaite.
Je dois consulter mes collègues. Nous aurions
préféré, je crois, qu'il y ait une réquisition
directe, mais nous ne voulons pas faire de la procédure uniquement pour
faire de la procédure, quitte à y revenir, si l'invitation...
J'inviterais même, c'est le cas de le dire, je ne veux pas
requérir le parti ministériel, mais je l'inviterais, si cette
invitation est refusée par les membres de la Commission, à nous
appuyer pour que les jours prochains on requière la présence des
membres de la Commission. Si nous avons cet accord du côté
ministériel, nous allons accepter cet amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dans
l'ordre, M. le député de Lafontaine et M. le député
de Mégantic-Compton. M. le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il y a quand
même une nuance importante entre le mot "inviter" et "requérir".
Je pense que requérir, c'est peut-être respecter le
règlement, mais cela ne respecte pas nécessairement les personnes
qu'on veut entendre. Il faut qu'il ne subsiste, à la suite de la
commission parlementaire, aucun doute dans l'esprit de tous les
Québécois que la loi que nous allons adopter un jour sur le
référendum est une loi qui permet les règles du jeu les
plus honnêtes, les plus crédibles. Les Québécois
doivent avoir confiance dans les moyens qui seront utilisés pour
être certains que le résultat sera acceptable pour toutes les
parties. C'est la raison pour laquelle il faut faire une différence
entre le pouvoir qu'a la Commission des droits de la personne de donner son
avis hors d'ici et l'obligation de venir le dire ici. Ce sont deux choses
différentes. Le désir de le dire, c'est une chose, et le
désir de le dire ici, c'est une autre chose. Quant à nous, nous
voulons respecter les droits qu'a la Commission des droits de la personne
d'exprimer son avis en dehors si elle le désire. Nous, nous voulons
mettre de l'avant la possibilité qu'elle puisse venir le donner ici,
mais non pas l'obliger par la masse, le règlement ou l'aspect
légal qui, pour nous, n'ont aucune raison d'être puisque c'est un
organisme qui a le pouvoir de donner son avis en dehors d'ici. Ce n'est pas
parce qu'on lui en ferait une obligation légale qu'on ferait avancer le
débat. On se rejoindrait sur l'objectif, si l'Opposition officielle
voulait l'accepter.
Je pense que l'objectif de l'Opposition officielle n'était pas de
nous lancer une pelure de banane et de nous faire refuser la venue ici de cet
organisme très respectable qu'est la Commission des droits de la
personne. Comme l'Opposition s'en est aperçue, on n'a pas glissé
là-dessus. On est d'accord qu'elle vienne, mais on ne croit pas que
c'est par le moyen présenté par l'Opposition officielle qu'on va
atteindre cet objectif.
Pendant que nous sommes ici, c'est sûr que les media vont
répéter l'invitation et que l'organisme en question pourra venir.
Parce que pour nous, c'est bien important, et je pense que c'est aussi
important pour l'Opposition officielle qu'il ne subsiste aucun doute,
après la fin des travaux, que la loi que nous adopterons, avec le
concours de l'Opposition officielle et des autres oppositions, sera la
meilleure pour atteindre les objectifs qu'on veut, et que les
Québécois puissent, dans une règle du jeu bien
définie, sentir que le résultat des gestes qu'ils vont poser,
correspondra, parce que les règles du jeu auront été
définies au départ, à la réalité
québécoise.
Je pense que les événements des derniers jours nous ont
démontré jusqu'à quel point il était important
qu'il n'existe aucun doute dans la confiance que le reste du Canada aura mise
dans la décision que les Québécois auront à
prendre. Je ne pense pas que les affirmations, faites dernièrement par
le premier ministre du Canada, aient su plaire...
M. Lavoie: Voulez-vous revenir à la motion...
M. Léger:... ni aux députés de l'Opposition,
ni à nous...
M. Lavoie: Voulez-vous revenir à la motion?
M. Léger: Je pense que je suis exactement dans le sens de
l'objectif que je veux mettre de l'avant. C'est que s'il y en a qui disent,
comme le premier ministre du Canada l'a dit...
M. Lavoie: M. le Président, voulez-vous...
M. Léger: Un instant, M. le Président, laissez-moi
terminer.
M. Lavoie: Le premier ministre du Canada n'a pas affaire...
M. Léger: Quand quelqu'un dit que le
référendum que nous tiendrons au Québec pourrait ne pas
être honnête, ne correspondrait pas aux objectifs et à la
légalité et qu'il faudrait peut-être un autre
référendum, il faut d'abord démontrer que notre
référendum sera réellement honnête et que, quand on
vient se faire dire ça par des gens de l'extérieur, il faut
donner l'exemple. C'est la raison pour laquelle, je suis d'accord, il faut
avoir l'avis de la Commission des droits de la personne pour que le premier
ministre Trudeau ne vienne pas, par la suite, dire que ce n'était pas un
référendum juste et honnête et que les règles du jeu
n'ont pas été respectées.
Je ne voudrais pas qu'il y ait un mépris pour les institutions
québécoises, comme cela a été le cas avec la
déclaration du premier ministre du Canada, je ne voudrais pas qu'il y
ait un mépris pour les Québécois. Je pense que c'est aussi
une insulte pour l'Opposition officielle, le petit frère du Parti
libéral fédéral, de ne pas jouer son rôle comme il
le joue actuellement.
M. Mackasey: M. le Président... M. Gratton: Pour
l'amour!
M. Mackasey: ... si vous voulez qu'on commence un débat
politique, je suis prêt. C'est facile...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Si vous voulez parler de l'amendement
d'accepter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, M. le
député de Lafontaine...
M. Mackasey: Si vous voulez porter ça au niveau politique,
je suis content. Cela ne me dérangera pas deux minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous
plaît! Je constate depuis le début que non seulement le
député de Lafontaine, mais également le
député de Laval, le député de Gatineau tout
à l'heure, et le député de Notre-Dame-de-Grâce ont
l'art, sur la motion principale, de sortir du sujet pour y revenir très
rapidement. S'il vous plaît, vous comprendrez que c'est difficile pour la
présidence de surveiller chaque mot de chaque député et
qu'il est extrêmement facile pour un député connaissant la
procédure, de dévier du sujet et d'y revenir.
D'autres l'ont fait, certains le font actuellement et j'aimerais que
tous les députés, autant que possible, s'en tiennent ou à
la motion principale ou à l'amendement, et dans ce cas-ci, c'est
l'amendement.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais simplement vous
mettre en garde contre le député de Lafontaine, parce qu'il est
passé maître dans l'art de faire le tour de la question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Gatineau! Je pense que vous
n'avez rien à apprendre à personne. M. le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, vous pouvez être
assuré que je vais rester dans le règlement qui me permet
d'apporter tous les exemples qu'on peut avoir pour démontrer
jusqu'à quel point notre amendement est dans l'ordre et les exemples
extérieurs qui démontraient que si on n'adopte pas l'amendement
présenté par le député de Vanier, il pourrait
s'ensuivre des conséquences malheureuses pour l'ensemble des
Québécois.
M. Gratton: Au contraire, ils seraient obligés de
venir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, il récidive.
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas interrompu
le député de Gatineau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: II récidive.
M. Léger: Je n'ai pas interrompu le député
de Gatineau qui est un ancien président de commission et qui
connaît bien son règlement, mais il semble l'oublier depuis qu'il
est rendu dans l'Opposition; c'est de bonne guerre.
M. le Président, cet amendement respecte le droit et je pourrais
même dire que toute la philosophie de notre règlement est
basée sur l'audition des témoins après la première
lecture. D'ailleurs, c'est basé sur un esprit de volontariat. Chacun des
26 organismes qui vont venir devant la commission, des 26 organismes qui ont
présenté des mémoires, l'a fait sur la base du
volontariat, personne
n'a reçu une convocation légale de la commission pour lui
dire: Venez présenter un mémoire.
On publie des avis, on n'entend que des témoins qui,
volontairement, viennent présenter leur mémoire et comparaissent.
Pourquoi déroger à l'usage et forcer à comparaître
un organisme aussi bien connu et qui a des responsabilités et des
obligations aussi précises que la Commission des droits et
libertés de la personne? Pourquoi une telle discrimination, pourquoi un
tel accroc à l'esprit du volontariat qui existe devant l'objectif qu'on
veut atteindre, qui est celui de venir comparaître volontairement devant
cet organisme?
Si on atteint le même objectif, et comme je sais que l'Opposition
officielle est de bonne foi et désire que cet organisme vienne ici, je
pense qu'il ne faut pas mêler les deux aspects, soit celui de l'entendre
en l'invitant à se faire entendre, plutôt que de l'y obliger. Je
pense qu'il faut être proche de la préoccupation, de la
liberté des gens et leur dire: On serait intéressé
à entendre votre mémoire. S'ils ne veulent pas le faire ici, ils
peuvent le faire en dehors, mais ce n'est pas à nous à les
obliger. C'est pour cela que je pense que l'Opposition officielle devrait se
rallier à l'amendement logique du député de Vanier et
permettre ainsi à cet organisme de se présenter ici
volontairement et non pas l'y obliger en utilisant la massue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
céder la parole au député de Mégantic-Compton,
est-ce qu'il y aurait consentement unanime de la commission pour que le
député de Mont-Royal remplace le député de Roberval
et que le député de Deux-Montagnes remplace le
député de Trois-Rivières? M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Gratton: Oui, oui.
M. Fallu: S'il vous plaît, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: J'aimerais savoir de votre bouche si le oui qu'a
donné tantôt le député de Laval constitue un mode
d'intégration de l'amendement à la proposition principale?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le président n'a pas à répondre de sa bouche à
une question qui s'adresserait au député de Laval, mais je pense
que vous aurez l'occasion de constater cela lorsque l'appel du vote se fera. M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. J'ai l'impression que
ce n'est pas la journée de l'Union Nationale. Nous sommes venus
près de ne pas avoir trente secondes à l'Assemblée
nationale et nous sommes venus près de ne pas avoir nos vingt secondes
ici.
M. Jolivet: Ne faites pas le mesquin.
M. Grenier: Ce n'est pas mesquin, c'est le gouvernement qui l'a
été toute la journée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Vous avez été un excellent
président à la commission de la loi 101, mais j'aimerais vous
prévenir qu'à cette commission, à votre droite, vous avez
des gens qui sont peut-être là pour deux mois et qui manqueront
peut-être d'idées mais jamais de mots. J'aime mieux vous en
prévenir tout de suite parce que cela va être long à la
table.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
saviez, M. le député de Mégantic-Compton, qu'il n'y en a
pas qu'a ma droite. M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je serai très bref. Ce n'est pas mon habitude
d'utiliser trop de temps à cette commission, mais je voudrais bien
qu'à l'avenir on reconnaisse aussi qu'on représente quand
même dans cette chambre la moitié des votes du gouvernement.
J'aimerais vous le rappeler.
Une Voix: II n'y a personne qui se plaint.
M. Grenier: Non, certainement pas du côté du
gouvernement, puisqu'il n'a pas donné les deux minutes qui revenaient
à l'Union Nationale aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, remarquez que j'aimerais quand
même préciser certaines choses, puisque c'est à la
présidence de le faire.
M. Grenier: Oui, il serait peut-être temps que vous fassiez
des précisions là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout
député a le droit d'intervenir sur la motion principale ou sur
l'amendement pendant vingt minutes, chacun, en vertu de l'article 160 de notre
règlement. Actuellement aucun des députés qui a
parlé n'a dépassé ces vingt minutes. En
conséquence, le règlement a été respecté.
D'autre part, je donne la parole aux députés qui me la demandent
selon l'ordre de reconnaissance que j'ai d'eux.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement,
l'amendement proposé par le député de Vanier, selon moi,
est un amendement acceptable, bien sûr. J'aimerais cependant qu'on
considère que cette invitation qu'on fait au président de la
Commission des droits de la personne et à ses représentants, les
services qu'on requiert ou l'invitation qu'on lui lance... On peut
considérer cette invitation comme refusée d'avance s'il arrive
à cette commission ce qui est arrivé à la commission sur
la loi 2 et sur la loi 101, si on politise le débat au point que cela
devient gênant pour ces personnes
d'intervenir. Elles ont l'air d'être invitées comme juges.
D'avance, on est à peu près assuré qu'elles ne pourront
pas venir. C'est peut-être ce qu'on est en train de faire dans le moment.
De toute façon, on est obligé de se priver des services de
personnes compétentes qu'il aurait peut-être été
intéressant d'avoir devant nous lors d'autres lois importantes qu'on a
adoptées.
L'invitation qui est lancée ici aujourd'hui avec les heures qu'on
a passées à discuter va peut-être nous amener dans le
même cul-de-sac à la fin de la journée. C'est sûr
qu'on se ralliera à cette modification qui est apportée par le
député de Vanier, mais j'aimerais bien qu'elle prenne quand
même le sens d'une invitation pressante à l'égard de ces
personnes compétentes. S'il y a des personnes dans le milieu, c'est
peut-être une façon, je pense, de revaloriser ces hauts
fonctionnaires, ces hauts commis de l'Etat qu'on a souvent tendance à
diminuer dans leurs fonctions. Si on fait ce travail sans la moindre
partisanerie autour de la table, si on ne sent pas cette partialité d'un
groupe et si on sent qu'il est voulu des deux côtés,
peut-être qu'il sera plus intéressant pour ce président ou
pour les personnes de son comité de venir devant nous.
Inutile de vous dire qu'on apporterait ici une source de renseignements
importants pour la commission. Elles ont été nommées
à cause de leur intégrité, de leur compétences. Je
pense que, si on les avait ici... On a besoin de renseignements de ce
genre.
Les invités qui sont ici, qui attendent pour se présenter
devant nous, nous apportent une certaine source, une certaine forme de
renseignements, mais il est souvent, et vous le savez mieux que moi, fort
important qu'on ait devant nous des personnes qui ont comme
responsabilité première les droits de la personne, qu'elles
viennent nous le dire directement, sans y être obligées, comme la
discussion qu'on a soulevée tout à l'heure, à savoir de le
dire ici ou de le dire ailleurs. La meilleure place pour le dire, je pense que
c'est ici. La requête qu'on vous fait aujourd'hui, par cette motion
proposée par l'Opposition officielle, est très justifiée.
Il me semble qu'elle aurait dû recevoir, au départ, l'assentiment
des deux côtés de la table. Etant donné qu'on ne voulait
pas de ce terme "requière" et qu'on voulait laisser la personne, je
pense qu'on aurait mauvaise grâce à prolonger la discussion afin
que ces personnes ne sentent pas que le débat est politisé et
que, par le terme "invitation", il semble que cette invitation soit pressante
pour qu'on les ait devant nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Sur la question
d'inviter la Commission des droits de la personne plutôt que de
requérir qu'elle soit ici, je crois qu'il faut faire une distinction
entre les invités qui pourraient nous apporter certaines
représentations sur les sujets dont la commission parlementaire traite
et la Commission des droits de la personne. Je préférerais, je
vais me rallier à la position d'accepter qu'on invite ces gens
plutôt que de requérir qu'ils viennent; ceci, sujet à ce
que le gouvernement, le côté ministériel nous assure que
si, pour une raison ou pour une autre, ils n'acceptent pas l'invitation, on
révise notre position. Je vais vous dire pourquoi. Ce n'est pas un
invité comme les autres. D'après la loi qui régit cette
commission, un individu peut le demander à la commission, d'après
l'article 69, et, si un individu peut saisir la commission d'un sujet encore
plus important, la commission parlementaire devrait être en position de
saisir cette commission d'un sujet. On ne le fera pas seulement avec une
invitation. Ce que je crains, c'est que les discussions autour de cette table,
et spécialement les discussions du député de Lafontaine,
donnent l'impression qu'on politise certains débats et qu'on place la
commission dans une situation où elle doit refuser notre invitation.
J'espère que cela ne sera pas le cas. J'espère qu'elle va
accepter, mais c'est cela que je crains. Je ne vois pas pourquoi nous ne
devrions pas être en mesure de requérir, de demander. C'est une
structure du gouvernement.
Cet organisme a une obligation, une responsabilité, et ce serait
malheureux si le gouvernement ne prenait pas l'occasion d'utiliser les services
très importants de cette commission en demandant qu'elle soit ici. C'est
pour ça que je ne comprends pas, j'ai toujours un doute quand le
gouvernement fait des propositions. Vous allez m'excuser. Cela fait un an que
je suis ici, alors, j'ai raison d'avoir des doutes.
M. Guay: Quelle raison?
M. Ciaccia: Si vous aviez accepté la motion du
député de Laval...
M. Bertrand: Là, je peux vous répondre.
M. Ciaccia: Vous pourrez répondre dans quelques
minutes.
M. Burns: Ce sera après 6 heures.
M. Ciaccia: Je ne doute pas de la bonne foi du
député de Vanier. Je n'ai aucune raison de douter de votre bonne
foi et je crois que vous voulez vraiment que la commission soit ici. Mais je ne
peux malheureusement pas dire la même chose pour tous vos
collègues. Non, je suis honnête et c'est ici le temps de
l'être et de s'assurer qu'on va agir comme une démocratie et qu'on
va suivre les vraies règles du jeu.
Ce n'est pas un plébiscite ici...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. Ciaccia: Ce n'est pas un plébiscite...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le ministre, sur une question de règlement.
M. Burns: J'invoque le règlement, et je pense
que la façon dont le député de Mont-Royal impute
des intentions qu'il n'a même pas qualifiées encore...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lavoie: Le ministre pourra intervenir dans le débat. Ce
n'est pas une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Burns: Moi, je pense, en tout cas, M. le
Président...
M. Lavoie: Non, M. le Président, attendez votre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez
un peu! Je n'ai pas encore entendu la question de règlement, M. le
député de Laval.
M. Burns: C'est ça.
M. Ciaccia: Article 96, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que...
M. Burns: Ce n'est pas l'article 96.
M.Ciaccia: J'invoque l'article 96. Moi, je l'invoque.
M. Burns: Ce n'est pas en vertu de l'article 96.
Vous commencez à dire que tout le monde, de ce
côté-ci, à part le député de Vanier...
M. Ciaccia: Je n'ai donné aucun motif...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre!
M. Burns: Le député de Mont-Royal a d'autres
intentions derrière la tête qui ne sont pas aussi honnêtes
et aussi...
M. Lavoie: Votre passé n'est pas garant de l'avenir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, messieurs les leaders parlementaires, s'il vous
plaît!
M. Burns: Le vôtre non plus. Le vôtre est encore pire
que le mien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. MacKasey: Je pensais que les Irlandais étaient pires.
Mais, maudit! les Français sont...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Lavoie: II est 18 heures, M. le Président.
Une Voix: Est-ce que je peux demander l'ajournement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
C'est la reprise de la même séance qui a été
ajournée à six heures. Je cède la parole au
député' de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, je serai assez bref
parce que je sais que nos invités veulent présenter leur
mémoire. Je voudrais seulement souligner que ce n'est pas la
première fois que l'Opposition fait une motion et, parce que les
ministériels s'y opposent, on est obligé de la justifier et on
fait paraître que c'est nous qui retardons les procédures. Ce
n'est pas le cas du tout.
Pour revenir à la motion, la question d'invitation; il faudrait
se comprendre clairement, M. le Président, quand on dit: nous allons
inviter la commission. On ne l'invite pas à passer des commentaires sur
le livre blanc, on l'invite à venir à cette commission
parlementaire parce qu'il y a des questions assez importantes; on traite de
droits fondamentaux. Ce ne sont pas des questions de plébiscite ou de
référendum, appelez cela comme vous le voulez question
légale le plébiscite sur l'alcool, au temps de Sir Wilfrid
Laurier ou la conscription, durant la première ou la deuxième
guerre mondiale, ou bien de demander à quelqu'un de se joindre à
nous, on parle du démembrement d'un pays, cela est tout à fait
différent... C'est de cela qu'on parle dans le
référendum... J'ai le droit de parole M. le Président?
C'est ce sur quoi on m'a dit que le référendum porterait. C'est
assez sérieux, il ne faudrait pas se réveiller le lendemain,
après que la question ait été posée et trouver que
les droits fondamentaux de la Charte des
droitsetlibertésdelapersonne...llyaeu une contravention, il va
être trop tard, il va y avoir des conséquences pénibles; il
faut garder la paix sociale et je pense que vous avez autant
intérêt que nous à ce que tout se déroule dans le
plus grand principe de démocratie et que ce soit clair...
M. de Bellefeuiile: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Ciaccia: ... et que les droits fondamentaux de tous les
Québécois soient...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Deux-Montagnes,
je pense que M. le député de Mont-Royal sait très bien
qu'il est en dehors du sujet de l'amendement.
M. le député de Mont-Royal, s'il vous plaît, sur
l'amendement...
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, excusez-moi, je ne
savais pas que j'étais en dehors du sujet de l'amendement, parce que je
veux souligner l'importance que la commission vienne ici. Si on l'invite et si,
pour une raison ou pour une autre, il n'y avait pas de suite à cette
invitation, je crois qu'on veut garder le droit de réintroduire une
motion pour lui demander, très respectueusement, d'assister à nos
délibérations pour qu'on puisse avoir l'occasion de lui poser des
questions sur le livre blanc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient intervenir sur l'amendement? M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Lavoie: Je suis prêt à voter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que...
M. Mackasey: Si le député de Deux-Montagnes veut
nous assister de sa sagesse, il va prendre naturellement cinq ou quinze minutes
pour répondre, si nécessaire, pour l'appuyer ou pour dire le
contraire. On est mieux de procéder immédiatement au vote, parce
que je pense que nous sommes tous d'accord, à l'exception du mot
"invitation".
M. de Bellefeuiile: M. le Président, je crois que c'est
à moi que vous aviez donné la parole. Je serai bref, M. le
Président. Je veux appuyer l'amendement parce que j'estime, comme le
ministre et comme le député de Vanier l'ont déjà
indiqué, qu'il vaut beaucoup mieux inviter que requérir pour des
raisons, au fond, qui, au delà de toutes les règles, reviennent
à des questions de politesse la plus élémentaire. Mais je
voudrais ajouter à ce qui a déjà été dit que
les ministériels tiennent à connaître le point de vue de la
Commission des droits de la personne et que l'invitation me paraît, au
fond, plus pressante que l'action de requérir puisque l'invitation est
plus polie, l'invitation est une marque de considération. Je pense qu'il
vaut mieux, effectivement, inviter la commission à nous faire
connaître son point de vue, et pour cette raison, M. le Président,
j'appuie l'amendement. Je vous remercie.
Adoption de l'amendement et de la motion
amendée
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Deux-Montagnes. Est-ce que les gens sont
prêts à prendre le vote sur l'amendement du député
de Vanier? Oui. Est-ce que cet amendement du député de Vanier
sera adopté?
Des Voix: Adopté. M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion principale du député de Laval, telle
qu'amendée par l'amendement du député de Vanier...
M. Mackasey: Pouvez-vous la lire, maintenant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Que
cette commission... La motion principale telle qu'amendée se lirait
ainsi:
"Que cette commission invite le président de la Commission des
droits de la personne et tout autre membre de ladite commission dont il jugera
utile la présence, de se présenter devant elle le 16 novembre
1977 à 10 heures du matin au salon rouge, afin de donner son avis sur le
livre blanc, la consultation populaire au Québec". Est-ce que cette
motion principale, telle qu'amendée par l'amendement du
député de Vanier est adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président.
M. Grenier: J'aurais une question là-dessus, c'est parce
que la loi oblige à mettre une date et une heure, c'est ça?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si on
invite quelqu'un à se présenter, il faudrait le faire à
date fixe. La motion a été déclarée receva-ble
telle qu'elle. Je pense qu'elle aurait été irrecevable si elle
n'avait pas eu de date fixe. Est-ce que cette motion, telle qu'amendée,
est adoptée?
M. Burns: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
motion principale telle qu'amendée est adoptée.
Là-dessus, tout en remerciant les membres de la commission de
leur collaboration, j'inviterais le Barreau du Québec et ses
représentants à venir nous présenter leur mémoire,
s'il vous plaît?
Est-ce que je pourrais demander à la porte-parole du groupe de
bien vouloir se présenter et présenter ceux qui l'accompagnent,
s'il vous plaît?
M. Grenier: ... pour le Barreau.
Barreau du Québec
Mme Audette Filion (Micheline): M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres de la commission, pour les fins du journal des
Débats, mon nom est Micheline Audette Filion, directeur du service de la
recherche au Barreau du Québec. Il me fait plaisir de vous
présenter les personnes qui m'accompagnent ce soir. A ma gauche, Me
Raynold Langlois, avocat de la pratique privée de Québec,
à mon extrême droite, M. Maurice Pinard, qui détient une
maîtrise en droit, docteur en sociologie et professeur au
département de sociologie de l'Université McGill et
spécialiste de la sociologie politique et électorale. A ma droite
immédiate, Me Henri Brun, professeur en droit constitutionnel à
l'Université Laval.
Me François Chevrette, professeur en droit constitutionnel
à l'Université de Montréal, faisait également
partie du comité du Barreau, mais il n'a malheureusement pas pu nous
accompagner aujourd'hui.
C'est à la suite d'une invitation expresse du ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire que le Barreau du
Québec a décidé, à la fin du mois de septembre
dernier, de constituer un comité du Barreau ayant pour mandat de
présenter un mémoire à la commission parlementaire sur le
livre blanc.
Le comité du Barreau a été constitué des
personnes qu'il croyait les plus aptes à faire connaître leur
opinion sur la question et à éclairer le débat sous toutes
ses facettes: droit constitutionnel, techniques du référendum et
de la formulation de la question et application pratique.
Les commentaires du Barreau sur le livre blanc sont forcément
concis et préliminaires, le livre blanc étant lui-même
l'expression d'une manifestation d'intention ou un énoncé de
principes ayant comme but, comme l'a bien dit le ministre ce matin, une
consultation de toutes les parties intéressées, dans le but d'en
arriver à une loi acceptable pour tous.
Le Barreau, naturellement, sera en mesure de présenter des
commentaires beaucoup plus élaborés en présence d'une loi
précise, d'un projet de loi précis. Nous ne voudrions pas que le
fait d'avoir organisé la tenue d'une commission parlementaire sur le
livre blanc amène comme conséquence qu'une commission
parlementaire n'ait pas lieu à l'occasion d'un projet de loi quand il
sera déposé.
Nous pensons que cette consultation-ci est très
préliminaire et qu'il s'agit d'une loi tellement importante pour le
Québec qu'il faudra nécessairement qu'une commission
parlementaire, en présence d'un projet de loi, siège de
nouveau.
Le Barreau, également, sera, dans l'avenir, probablement en
mesure de jouer un rôle utile et nécessaire, lui semble-t-il, au
moment du référendum et dans la période qui le
précédera, de façon plus immédiate. Il croit qu'il
ne doit pas être politiquement partisan, ce qui ne veut pas dire qu'il ne
devra pas s'impliquer, bien au contraire. En sa qualité d'organisme
impartial et non politisé, mais juridiquement éclairé, il
semble au Barreau qu'il pourrait jouer, à ce moment précis, un
rôle de tout premier plan.
Il pourrait s'assurer que les règles du jeu soient claires et
bien connues, qu'elles soient justes et raisonnables en elles-mêmes,
qu'elles donnent une chance à toutes les options et que l'on s'assure
que le contrôle de l'information ne soit pas biaisé en faveur de
qui que ce soit.
Comme certaines sections du Barreau ont eu l'occasion de le faire
à l'occasion des deux dernières élections provinciales, il
pourrait envisager de mettre sur pied un service d'information gratuit, non
partisan et groupant des avocats de toutes les tendances dans le but de
transmettre une information juridique et encore une fois gratuite et non
partisane.
Le mémoire du comité du Barreau représente un
consensus auquel en sont arrivés les membres de ce comité. Ce
consensus est forcément limité à certains points, vu le
très peu de temps dont ont disposé les membres de notre
comité pour en discuter, mais je suis certaine que les personnes de ce
comité qui m'accompagnent n'auront pas d'objection à
répondre plus amplement, personnellement, si nécessaire, aux
questions relatives à leurs
compétence particulière que les membres de cette
commission voudront bien leur poser.
Avant de céder la parole à mes confrères sur le
contenu même du mémoire du Barreau, je me permets de remercier le
ministre de son invitation et du fait qu'il a cru opportun d'inviter le Barreau
lors de la première séance de cette commission.
Je cède maintenant la parole à Me Brun, qui va traiter de
l'aspect plus strictement relatif au droit constitutionnel. M. Pinard pourra
vous parler de la formulation de la question et M. Langlois enchaînera
par la suite.
M. Brun (Henri): Le mémoire qui est présenté
par un comité du Barreau affirme, dès le départ,
dès ses premières pages, que le Barreau se réjouit de
l'intention du gouvernement de procéder à l'adoption d'une
loi-cadre sur la consultation populaire. C'est une affirmation de portée
générale qui a davantage pour objet le caractère de
loi-cadre que l'idée même de l'introduction du processus
référendaire. Là-dessus, comme on dit au premier
paragraphe, nous ne nous sommes pas prononcés.
Nos remarques, en conséquence, se situent dans le contexte d'une
loi-cadre sur les référendums ou sur les consultations
populaires.
Dans ce contexte, une première remarque qu'il convient de faire
et qu'il nous semble important de faire, qui va peut-être
apparaître un peu théorique dans un premier temps, mais qui a ses
conséquences concrètes, concerne ce qui est affirmé
à la page 7 du livre blanc, qui est devenu d'ailleurs, apparemment, un
lieu commun. On retrouve cette affirmation un peu partout on l'a
retrouvée dans les récentes pages 5 du Devoir affirmation
qui porte sur le référendum ou sur la loi-cadre sur le
référendum, selon laquelle, dans notre régime de droit
constitutionnel, il serait impossible de créer, d'insérer le
référendum délibé-ratif, c'est-à-dire un
référendum, un processus référendaire qui aurait
des conséquences contraignantes juridiquement. Nous pensons, et le
comité est bien d'accord là-dessus, que c'est là au mieux
une demi-vérité, c'est même plutôt une
fausseté. A notre point de vue...
M. Burns: Non, mais cela m'intéresse, Me Brun, parce que
c'est un des postulats sur lesquels nous travaillons depuis un certain temps.
Je connais votre réputation de constitutionnaliste et surtout de
légiste connaissant les structures politiques canadiennes en
général et québécoises, en particulier. Si vous
avez des choses à nous dire là-dessus, cela m'intéresse
beaucoup. En tout cas, j'imagine que la commission va être très
intéressée. J'avoue à tous les membres de la commission
que c'est la première fois que j'entends quelqu'un de la qualité
de Me Brun nous dire qu'il se pose des questions là-dessus.
Là-desus, je vous prierais, au nom de la commission, d'expliciter et de
ne pas vous gêner pour le faire.
M. Brun: Oralement, je vais essayer d'être le plus clair
possible, mais, bien sûr, cela pourra demander plus de précisions
ou autrement. Nous pensons que tout ce que notre régime constitutionnel
écarte, empêche ou empêcherait, c'est de remettre à
l'électorat ou, enfin, à la population consultée par
référendum l'autorité d'adopter seul une loi, mais rien
n'empêche, par ailleurs, le Parlement de s'adjoindre l'électorat
ou la population je dis bien de s'adjoindre comme
élément additionnel pour l'adoption d'une loi.
En d'autres termes, le processus référendaire pourrait
être contraignant au plan juridique à deux niveaux; d'abord, en
créant une obligation pour le Parlement de consulter. Ne serait-ce que
ça, c'est quelque chose, à savoir que dans certains cas et sur
certaines matières, il faudrait consulter la population avant de
légiférer. Nous pensons aussi que le caractère
contraignant au plan juridique pourrait aller plus loin et pourrait impliquer
que le Parlement soit lié par l'opinion de la population exprimée
par référendum, lié au moins par la négative,
c'est-à-dire que si la population répond non à une
question, le Parlement ne pourrait pas faire le contraire et vice-versa.
Exprimé autrement, la population devient, à ce moment-là,
un organe législatif additionnel qui s'ajoute à
l'Assemblée nationale et qui devient partie agissante à l'oeuvre
législative, tout comme l'Assemblée nationale ou comme
était le Conseil législatif avant, à l'époque
où il y avait deux Chambres.
Nous pensons qu'il n'y a absolument rien qui interdit ça et, plus
précisément, nous croyons que les deux références
jurisprudentielles qui sont données là, à la page 7, ne
sont pas tellement pertinentes si ce n'est en opinions exprimées par le
Conseil privé là-dedans, mais dans un contexte bien particulier.
Si on regarde les circonstances précises de ces deux arrêts, aucun
d'entre eux ne nous permet, en aucune façon, de conclure qu'un
référendum au Québec ou dans un régime
constitutionnel comme le nôtre ne peut être que consultatif et
nullement délibératif ; c'est-à-dire nullement
contraignant au plan juridique, comme ne faisant pas partie intégrante
du processus d'adoption de la loi dans certaines matières.
Au contraire, il y a de la jurisprudence qui a admis la situation
inverse. Je pense à un arrêt du Conseil privé
également, plus récent que ces deux arrêts, dans une
affaire australienne où on a bien admis que le référendum
pouvait être délibératif et que la consultation de la
collectivité pouvait être une partie intégrante du
processus législatif.
Donc, nous pensons vraiment que l'affirmation est fausse et qu'au moins
deux niveaux de caractère contraignant pourraient être retenus,
l'obligation de tenir un référendum délibératif,
par hypothèse, ou même obligation de tenir un
référendum, obligation automatique à ce moment-là,
sans référendum liant le Parlement au moins par la
négative.
Ceci dit, nous ne sommes pas nécessairement prêts et
c'est bien ce qui est dit dans notre mémoire à recommander
que tel soit le cas, nous considérons que le Parlement peut très
bien décider, dans sa loi-cadre sur les référendums, de
n'introduire, dans notre système de droit public, dans notre
système constitutionnel, qu'un mécanisme de
référendum consultatif. Cependant, si tel était
le choix, il ne faudrait pas que ce choix justifie ses promoteurs de
laisser à l'écart certaines des règles du jeu, pour cette
seule raison que le référendum n'est pas contraignant au plan
juridique. Evidemment, c'est compréhensible que, de notre part, en tant
que juristes, on insiste sur la possibilité que ce mécanisme soit
contraignant au plan juridique, c'est ce qui commande ensuite les
contrôles juridiques et plus précisément judiciaires,
devrais-je dire, parce qu'à ce moment le mécanisme est exigible
en droit. A ce moment, bien sûr, le respect de ces conditions est
également exigeant.
Ce n'est peut-être pas pour rien que, dans le livre blanc, on
trouve, tout de suite après cette affirmation, avec laquelle nous ne
sommes pas d'accord, l'affirmation suivante que "Ce caractère
consultatif des référendums fait qu'il serait inutile d'inclure
dans la loi, des dispositions spéciales à l'égard de la
majorité requise ou du taux nécessaire de participation."
Si le Parlement du Québec décidait d'opter pour le
référendum seulement délibératif, dans sa
loi-cadre, il ne faudrait peut-être pas que cela serve de prétexte
pour laisser en veilleuse un certain nombre de règles du jeu,
règles du jeu concernant justement la majorité requise ou le taux
nécessaire de participation et, bien sûr, l'engagement de la part
des autorités de se dire engagées par le référendum
en question. En fait, si le référendum, au lieu d'être
simplement consultatif, était délibératif, toutes ces
règles devraient être prévues. Alors, si on faisait le
choix inverse, il ne faudrait peut-être pas que ce soit, pour des raisons
qui peuvent se défendre, un motif à éluder certaines des
règles du jeu. Je pense à des règles quant au délai
pour tenir le référendum. Si on disait que le
référendum, même consultatif, doit avoir lieu avant qu'on
puisse légiférer et que le Parlement puisse
légiférer sur certaines matières, il faudrait
prévoir, je pense, un délai; de la même façon, si le
référendum devait faire partie du processus législatif. A
notre point de vue, il faudrait peut-être qu'il en soit de même, si
on optait pour un référendum tout simplement consultatif;
délai pour la tenue du référendum, à partir du
moment où on décide qu'une certaine matière, qu'une
certaine question doit être soumise à référendum,
peut-être aussi délai pendant lequel une matière ou une
question ne peut faire l'objet de législation qu'en ayant recours au
référendum.
Pendant combien de temps, en d'autres termes, une question doit-elle
être considérée comme une question
référendaire, au sujet de laquelle le Parlement ne peut plus
légiférer, ne peut pas légiférer sans qu'il y ait
un référendum? Alors, voilà pour cette première
question qui est une question constitutionnelle, une appréciation
constitutionnelle de notre régime constitutionnel par rapport au projet
qui est exprimé dans le livre blanc, une question qui est en apparence
théorique, mais qui a, je pense, des conséquences pratiques,
surtout en ce qui regarde les précisions qui doivent être
apportées sur la nécessité de préciser les
règles relatives à la tenue de ces référendums.
Encore une fois, si on apporte cette précision, c'est parce que
nous pensons que, même... Ce n'est pas tellement parce que nous croyons
que l'option doit être faite dans le sens du référendum
délibératif qui peut avoir cours dans notre régime, mais
parce que, même si on devait opter pour le référendum
consultatif, les règles du jeu devraient être prévues avec
autant de soin puisqu'à ce moment-là, même si on se situe
beaucoup, davantage en dehors du droit avec beaucoup moins de
possibilités de contrôle judiciaire du référendum,
la question étant très importante politiquement, il faudrait que
les mêmes règles du jeu soient précisées, quitte
à ce qu'elles le soient et là-dessus, nous étions
bien d'accord pour que ces règles du jeu soient précisées
en bonne partie, non pas dans la loi-cadre, mais au moment où une
question est élaborée, une question devant être soumise
à un référendum. Beaucoup de ces conditions, quant
à la tenue du référendum, par exemple en ce qui regarde la
majorité requise ou le taux nécessaire de participation,
pourraient être précisées à ce moment-là
à la condition, peut-être, que ces précisions viennent dans
la loi qui préciserait la question ou la motion qui préciserait
la question, à condition que cette nécessité soit
peut-être elle-même précisée dans la loi-cadre. A ce
stade-ci, c'est tout ce que j'ai à dire.
Mme Audette Filion: Je pense que M. Pinard pourrait
compléter.
M. Pinard (Maurice): Je vais surtout parler du paragraphe du
mémoire qui traite de la formulation de la question, à la page 5,
et, indirectement, du paragraphe qui traite du droit d'initiative, à la
page 4, mais c'est surtout sur la formulation de la question.
Il y a deux grands paragraphes dans ce que je veux dire. Je veux traiter
d'abord d'un principe qui m'apparaît crucial et, en second lieu, je veux
traiter de problèmes techniques, si on veut, quoique le mot ne soit
peut-être pas exact. Pour ce qui est du principe, et c'est
énoncé dans notre mémoire, il nous apparaît
essentiel que la question qui sera soumise au peuple du Québec ait la
légitimité la plus complète possible, tant au
libellé même de la question qu'à son contenu. Tantôt,
je ferai une distinction entre le libellé et le contenu de la
question.
Il faut qu'elle ait une légitimité, non pas en ce sens
qu'on soit d'accord avec l'option que présente la question, mais une
légitimité quant à l'interprétation qu'on voudra
donner des résultats d'un référendum sur cette question.
Il est évident que plus l'enjeu d'un référendum est
important pour les tenants de toutes les parties à ce
référendum il semble bien que l'enjeu soit important pour
toutes les parties au premier référendum auquel tous les gens
pensent plus la légitimité de la question sur un
référendum comme celui-là est cruciale, pas seulement pour
des raisons de justice et de démocratie. La légitimité de
la question, à ce niveau-là, est évidemment fondamentale,
mais ceci m'apparaît évident et il n'est pas nécessaire de
s'y arrêter très longtemps. Ce sur quoi je voudrais insister,
c'est sur la légitimité de la ques-
tion en fonction des conséquences sociales et politiques d'un
référendum dont la question serait jugée illégitime
par une des parties ou par quelques-unes des parties à un
référendum.
Il est évident que, si, au lendemain d'un
référendum, il devait y avoir désaccord, ou même
avant la tenue du référendum, sur la légitimité de
la question, on pourrait s'attendre à des perturbations sociales d'un
caractère très sérieux, à mon sens, étant
donné qu'on aurait consulté le peuple et que, d'un
côté, on prétendrait qu'il y a eu consultation du peuple et
que, de l'autre, il y a eu fausse consultation du peuple.
Conséquence immédiate pour la paix sopiale d'une question
dont la légitimité est reconnue par toutes les parties.
Conséquence aussi à plus long terme, si le
référendum devait mener à la création d'une nation
ou d'un Etat québécois. Il est important, à mon sens, que
tous les gens, qui auront participé à ce
référendum, que tous les citoyens du Québec soient
d'accord, qu'ils aient gagné ou perdu le référendum, que
la majorité s'est exprimée de façon légitime et
démocratique. On pourrait penser, à long terme, aux
conséquences d'une nation qui naîtrait sur une
ambiguïté. Il y a eu des exemples dans l'histoire et
ça...
Des Voix: Canada.
M. Pinard: ... mène à des conflits comme on en
connaît présentement. La légitimité de la question
m'apparaît donc essentielle.
Etant donné ce principe et en vertu même de cette recherche
de paix sociale, quel que soit l'enjeu du référendum, je le
répète, en vertu même de cela, on devrait rechercher le
consensus le plus large possible sur le sens et la portée de la question
et sur l'interprétation qu'on pourra donner au résultat d'un
référendum tenu sur cette question.
Le cadre d'élaboration d'un tel consensus n'est pas traité
dans le mémoire et je n'ai pas l'intention de m'y arrêter ici,
sauf qu'on pourra peut-être en discuter plus tard. Mais, au moins, ce
consensus serait facilité, croyons-nous, par une loi véritable
dans chaque cas, adoptée suivant la procédure habituelle et,
éventuellement, après étude en commission, comme le dit
notre mémoire.
Une loi plutôt qu'une motion, avec tous les débats que ceci
implique, non pas des débats de 25 heures seulement, serait une plus
grande garantie qu'au moins des efforts sérieux seraient faits pour en
arriver à un consensus sur la question. La question dans ce
sens-là devrait être, comme nous le disions dans le
mémoire, dans la loi elle-même.
Ce que nous suggérons, c'est une loi sur le
référendum de l'importance de celui dont, encore une fois, il est
évidemment question ici.
Quand je dis consensus de toutes les parties, je dis plus que consensus
de tous les partis de l'Assemblée nationale du Québec, je dis
consensus de toutes les parties qu'on pourrait définir dans la
société québécoise et consensus même des
autres gouvernements impliqués, consensus souhaitable, à mon
sens, du gouvernement fédéral, puisque, aussi longtemps que
l'indépendance du Québec n'est pas une chose acquise, il est
partie à ce conflit, à ce débat, qu'on le souhaite ou non,
il en est partie. On n'a qu'à penser aux conséquences, j'insiste
sur ça, socio-politiques de deux référendums, un par le
gouvernement fédéral et un par le gouvernement provincial, qui,
dans chaque cas, seraient vus comme illégitimes par l'autre partie.
Ce serait une garantie, à mon sens, de perturbation, de
désordres sociaux sans comparaison avec les escarmouches
fédérales-provinciales traditionnelles ou même sans
comparaison avec les conflits sérieux entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement d'Ottawa depuis deux siècles au
moins.
Contrairement à tous les conflits précédents, dans
ce cas-ci, les partenaires de chaque côté pourraient se
réclamer d'un mandat populaire explicite. C'est à cause de cela
que chacun tiendrait énormément à sa propre
légitimité et qu'il pourrait y avoir des désordres
sérieux à ce sujet. Ce sont non seulement des élus du
peuple qui pensent que telle chose devrait appartenir à tel niveau de
gouvernement et se battent pour cela dans des conflits fédéraux
provinciaux, mais à ce moment-là, ce serait le peuple
lui-même qui aurait été impliqué dans des
décisions dont le consensus sur la légitimité n'est pas
général.
En dehors de ce principe, le deuxième point sur lequel je
voudrais insister, c'est sur le contenu et le libellé de la question. Il
m'apparaît important de faire une distinction entre le contenu d'une ou
des questions dans un référendum ou dans des
référendums et le libellé lui-même de la
question.
Il y a déjà un débat qui est amorcé,
à savoir si les questions, le libellé de la question ou la
question formulée, si cela fait une différence ou pas de
différence selon la formulation. Les experts britanniques ont conclu que
le libellé de la question n'avait pas de conséquences en termes
de résultats du référendum. Je crois qu'ici, il est
important de faire une distinction cruciale entre, d'une part l'objet de la
question et les options offertes dans cette question, et d'autre part, une fois
l'objet de la question ou des options énoncées, le libellé
même de la question, la formulation même de la question, une fois
l'objet et le contenu des options offertes.
Pour ce qui est du libellé, je suis fondamentalement d'accord
avec les experts britanniques. Cela n'a pratiquement pas d'effet. Ainsi, un
référendum qui porterait sur l'indépendance du
Québec: Etes-vous pour ou contre l'indépendance du Québec?
Etes-vous pour ou contre le fait que le Québec devienne un pays
indépendant? Etes-vous pour ou contre la séparation du
Québec? Je prétends que dans un référendum, ce
libellé de la question ne ferait à peu près pas de
différence.
Dans des sondages, en dehors d'une campagne référendaire,
cela fait des différences et cela fait des différences assez
substantielles, comme les sondages faits au cours des quinze dernières
années semblent l'indiquer.
Dans le cas du référendum, fondamentalement, la question
elle-même va devenir quelque chose qu'on aura oublié. Le
libellé même de la
question devient quelque chose qu'on aura oublié. Le débat
même du référendum, la campagne du
référendum, deviendra quelque chose dont on dira: Est-ce que je
suis pour ou contre "cela"? Et que tel mot soit employé, ou tel autre
mot, cela ne fera pas beaucoup de différence, sauf si on parle d'une
exagération grossière par laquelle on qualifierait, de
façon très négative ou très positive, et je
prétends que même là, le libellé même de la
question n'aurait presque pas d'effet. Je le répète, les gens
oublieront la question elle-même et se rappelleront: Suis-je pour ou
contre cette option-là?
C'est très différent des sondages. Au moment des sondages,
on approche les gens au moment où il n'y a pas une campagne qui se fait
et on leur demande une question sur un sujet auquel ils n'ont pas pensé
récemment. On leur demande comment ils voteraient demain, dans un
référendum sur l'indépendance du Québec. Les
études que j'ai faites indiquent que pour un certain nombre de gens, le
mot "indépendance" du Québec ne signifie pas la même chose
que les mots "un pays indépendant", pour donner un exemple. Au moment du
référendum, tout cela aurait été clarifié
par la campagne et les gens sauront de quoi il s'agit dans ce vote. Ils ne
seront pas surpris comme ils le sont, dans un certain sens, par un sondage.
Le libellé de la question n'a pas tellement d'importance.
Là où il y a importance, par ailleurs, et c'est la distinction
qu'il faut faire, c'est sur l'objet, les options qui sont
présentées par la question. Vous me direz que tout cela est
évident, mais il me semble qu'il faut le souligner quand même.
Les effets seront évidemment différents selon les options
qui seront offertes dans la question ou selon le choix qui sera offert dans la
question, si ce n'est qu'un oui ou un non.
C'est ici que le problème de la légitimité se pose,
celui que je soulignais tantôt. Evidemment, les résultats seront
différents et la situation sera différente selon que
l'alternative se situera entre l'indépendance et le statu quo, d'une
part, ou entre l'indépendance et le fédéralisme
renouvelé, d'autre part. La question ne serait pas la même; le
libellé ne serait pas le même et dans ce cas, les options ne
seraient pas les mêmes. Cela pourrait faire une grosse
différence.
Dans ce sens c'est la base de ce que nous affirmons dans le
mémoire une réponse par oui ou non serait
préférable à une réponse où il y aurait
deux, trois ou même plusieurs options. La raison en est très
simple, c'est qu'une question avec plusieurs options force les gens à
choisir une d'entre elles, alors qu'ils voudraient peut-être les rejeter
toutes. La question avec plusieurs options spécifiques, telles que statu
quo versus indépendance, ne serait valide que si on acceptait que les
gens puissent aussi inscrire une troisième option ou que l'abstention
puisse avoir un sens, c'est-à-dire le rejet des deux, etc.
Une réponse par oui ou non est évidemment
préférable pour sa simplicité et pour sa clarté.
Elle est aussi préférable pour la possibilité de
dégager une majorité. Sans doute, une réponse à
deux options comme toujours mon exemple indé- pendance
versus statu quo permet aussi une majorité, comme l'option "oui ou
non".
Je soulève le problème d'une question qui, non seulement
aurait deux possibilités, mais aurait plus que deux possibilités.
Le problème d'une majorité, évidemment, devient
très compliqué, s'il y a plus que deux options. Il se pourrait
que ni l'une ni l'autre par exemple, des trois options n'ait une
majorité. Je pense que l'addition de deux options est un
procédé douteux dans une situation comme celle-là. Encore
ici, statu quo et fédéralisme renouvelé dans une question
ne pourraient pas nécessairement s'additionner, parce que certaines gens
sont pour le statu quo. On ne pourrait pas dire que le
fédéralisme renouvelé serait préférable,
étant donné que le statu quo et le fédéralisme
renouvelé obtiendraient ensemble une majorité. Certaines
personnes pourraient dire le statu quo et non le fédéralisme
renouvelé. Elles pourraient dire qu'elles n'ont pas voté pour le
fédéralisme renouvelé en votant pour le statu quo.
Indépendance et souveraineté-association. Je pense aux
exemples qui ont été donnés où il y aurait les
quatre options, l'indépendance, la souveraineté-association, le
fédéralisme renouvelé et le statu quo. Additionner
indépendance et souveraineté-association, à mon sens, pose
des problèmes...
M. Burns: Je m'excuse auprès de monsieur qui
témoigne actuellement. M. le Président, j'ai l'impression qu'on
entre dans le détail de la question. Justement, ce matin... en tout cas,
si j'ai écouté avec attention et si j'ai bien compris votre
directive, on n'est pas pour commencer à discuter de la question, ou des
questions, ou de la forme des questions, ou de la formule des questions dans le
cas d'un référendum en particulier. Remarquez que je n'ai pas
d'objection, mais...
M. Pinard: Je ne suis pas en train de discuter de la question, je
suis en train de donner des exemples des problèmes qui se posent dans la
formulation de la question. Je suis à votre disposition si...
M. Roy: M. le Président, il y a un point qui vient
d'être soulevé par le leader du gouvernement. J'aimerais quand
même dire qu'on n'engage pas un débat et je ne sache pas qu'il y a
un débat d'engagé actuellement sur les questions
elles-mêmes. Ce qui est important pour les membres de la commission
parlementaire, c'est d'avoir des informations, par exemple, sur les
implications de une ou deux questions ou d'une question avec deux ou trois
options. C'est important pour nous de savoir quelles sont les implications et
les modalités ou encore les interprétations qui peuvent
découler...
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement...
M. Roy: ... de ces questions. Je ne pense pas, sur la question de
règlement qui a été soulevée, qu'on entre dans le
vif du sujet. C'est seulement à
titre d'exemple. Les gens du Barreau auraient pu prendre un autre
exemple que celui de la question constitutionnelle pour donner des exemples de
deux ou trois questions, à l'occasion d'une consultation populaire. Pour
ce qui me concerne je ne parlerai pas au nom des autres je trouve
que c'est extrêmement important qu'on mesure la signification exacte
d'une question et la signification exacte d'une consultation sur laquelle il
pourrait y avoir deux, trois ou plusieurs options.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur la question de
règlement, je comprends le souci que le ministre vient d'exprimer
à l'endroit de la règle que vous avez énoncée
aujourd'hui même. Cependant, j'ai l'impression que cette règle
doit s'appliquer aux membres de la commission plutôt qu'à nos
invités. Si l'un de nos invités présentait un vibrant
plaidoyer en faveur d'une option, je crois que nous aurions là lieu de
nous inquiéter, mais, jusqu'à maintenant, j'estime que M. Pinard
n'a fait que discuter des aspects techniques que pose la formulation de la
question. M. Pinard, que je sache, n'a pas présenté de vibrant
plaidoyer en faveur d'une réponse ou d'une autre. Alors, je fais appel
au ministre pour qu'il autorise, pour qu'il accepte que M. Pinard continue sa
démonstration, quitte à nous, les membres de la commission,
à ne pas nous engager dans un débat qui dépasserait les
règles que vous nous avez proposées et que nous avons
acceptées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laval.
M. Lavoie: Je suis totalement d'accord avec le
député de Deux-Montagnes. Je crois que, sur un débat de la
sorte, je pense bien...
M. Paquette: Ce n'est pas nécessaire.
M. Lavoie: ... que la commission n'a pas devant elle 200
mémoires, ni 150 mémoires, on a à peine 25
mémoires. Je pense bien qu'on ne devrait limiter en aucune façon
l'éclairage qu'on peut nous offrir et je crois que si on fait une
exploration ici, nous avons besoin des lumières et de
l'expérience des politicologues, des sociologues, des membres du Barreau
et autres experts. S'il y a une question au Québec qui ne doit souffrir
aucune restriction, c'est bien celle-là, surtout que l'objet de
l'intervention de Me Pinard n'a fait l'objet d'aucune interruption. A ma
connaissance, il n'a pas débattu le fond. Je ne connais pas l'opinion de
M. Pinard sur le fond de la question. Il a donné des exemples, autant
sur la forme que sur le fond, que la question peut être soumise. Je ne
refuserai aucun éclairage sur cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, loin de moi de vouloir
empêcher M. Pinard de continuer d'appliquer sa théorie à
l'exemple précis qu'il a choisi comme étant celui de l'avenir du
Québec, sauf que, sur la question de règlement qui a
été soulevée, je trouve tout à fait
appropriée la question qui est posée, parce que, et là, je
pense rejoindre l'intervention de l'Union Nationale ce matin à cet
effet, on est en train de discuter d'une loi-cadre. Le Barreau a
lui-même, dans son mémoire, pris position sur une loi-cadre. J'ai
noté, dans l'ensemble du mémoire présenté par le
Barreau, qu'à aucun moment, il n'est fait mention d'un
référendum en particulier, de l'avenir du Québec, ou
mention de l'indépendance, de la souveraineté, de la
séparation, du statu quo, du fédéralisme renouvelé.
Et c'est ce que j'aime de l'approche du Barreau du Québec, cette
faculté qu'il a d'émettre un certain nombre de principes qui
devraient pouvoir être applicables pour quelque référendum
que ce soit. On est en train de réfléchir ici sur des
règles, sur des principes, sur des mécanismes, sur des
procédures de consultation populaire, indépendamment des
questions qu'on poserait à la population. Si on n'est pas capable de
faire cet effort intellectuel qui nous amène à prendre des
positions de principe sur des mécanismes de consultation populaire et
qu'il faut toutes les fois qu'on invoque l'avenir du Québec, les
options... Non, pas du tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: ...
M. Bertrand: Chaque chose en son temps. Une chose à la
fois, et chaque chose en son temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Vanier.
M. Bertrand: Une chose à la fois et chaque chose en son
temps. C'est la raison pour laquelle je suis convaincu que Me Brun s'est
appliqué à cet effort intellectuel qui consiste à
présenter un raisonnement, une argumentation qui est en fait
basée sur des principes d'une loi-cadre de la consultation populaire.
J'ai lu l'ensemble du mémoire. M. Langlois va parler tantôt de la
façon d'organiser le référendum, les comités et ces
choses. Il va le faire sans doute à la façon d'un juriste
à qui on demande un conseil, un avis sur les principes qui doivent nous
guider dans une loi-cadre des référendums, quels que soient donc
les référendums, puisqu'il s'agit d'une loi-cadre. Effectivement,
je comprends le ministre dans ses interrogations et dans ses remarques,
à savoir qu'au moment où on parle de la formulation des
questions, ce qu'il
nous intéresse de savoir, venant du Barreau, c'est sur quel
principe on doit se guider, ce qu'on doit respecter dans la formulation d'une
question jusqu'à un certain point je mets bien cela en
évidence indépendamment d'un contenu de
référendum précis.
Effectivement, vous pourriez même poser vos questions sur
l'avortement, vous pourriez les poser sur la décentralisation, vous
pourriez les poser sur l'amiante, vous pourriez les poser sur un régime
présidentiel, mais, chaque fois, on revient toujours sur un seul
référendum, qui est l'avenir du Québec. C'est
là-dessus que je rejoins les députés de l'Union Nationale,
ce matin, quand ils disaient: Indépendamment de nos options politiques,
il faut savoir raisonner sur les mécanismes de la consultation populaire
et savoir se situer au-dessus du débat qui a cours à l'heure
actuelle sur l'avenir du Québec. Je pense que c'est le sens de ce que le
président avait demandé ce matin, et c'est le genre d'effort
intellectuel auquel il faudrait arriver, l'ensemble des membres de la
commission et aussi ceux qui viennent témoigner devant nous autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Deux
dernières interventions, puisque c'est... S'il vous plaît!
M. Paquette: ... j'aurais une directive à vous demander.
Vous avez dit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
Une Voix: Bon! Voulez-vous limiter encore...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre! S'il vous plaît!
M. Paquette: Non, ce n'est pas ça. C'est en train de
prendre une ampleur telle qu'on va se mettre à discuter du contenu de la
loi si ça continue. J'aimerais que vous vous déclariez
suffisamment informé le plus vite possible, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Paquette: ... mais j'aimerais entendre la suite de
l'intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je viens de dire que je permettais deux dernières
interventions, parce que je suis en mesure de prendre position actuellement sur
la question de règlement, mais on ne sait jamais. On peut me convaincre
du contraire.
Le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Tout à fait brièvement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...et le
député de Notre-Dame-de-Grâce après.
M. Grenier: ... pour ne pas faire perdre le temps de la
commission, bien sûr. Je pense que Me Pinard, qui était en train
d'expliciter d'éventuelles questions qui pourraient être
posées à d'éventuels référendums, saisit
l'occasion de ce référendum, qui sera peut-être le premier;
on pourra peut-être en avoir un autre sur les forces nucléaires
avant, mais j'ai l'impression que cela peut être le premier et il se sert
d'exemples qu'on devra vivre peut-être dans quelque temps, d'ici deux ou
trois ans, et je pense que c'est tout à fait dans le ton. Je ne vois pas
pourquoi il n'informerait pas, il ne prendrait pas ces exemples de questions
qui seront certainement utiles à cette commission. Même si le
député de Vanier, tout à l'heure, défendait la
position de l'UN au sujet des référendums, la Loi des
référendums en général, ça cadre très
bien dans la Loi des référendums en général, et
j'ai trouvé étrange que le ministre, qui aura certainement son
mot à dire au moment du choix de la question, trouvait que ça
entrait dans trop de détails et que ça ne cadrait pas dans ce
processus large qu'on s'est donné ce matin. Il me semble que
l'intervenant qui est ici, notre invité qui est ici se sert d'exemples
comme ça... En tout cas, pour moi, c'est fort enrichissant et il me
semble qu'on devrait l'écouter jusqu'à la fin. D'ailleurs, il n'a
pas une très longue intervention à donner. On devrait
l'écouter jusqu'à la fin et c'est à nous, comme l'a
signalé tout à l'heure le député de Deux-Montagnes,
de ne pas politiser le débat ou de ne pas entrer dans des détails
sérieux, mais l'information qu'on nous donne, je pense qu'elle est fort
pertinente et elle se donne pour la Loi des référendums, au
pluriel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière intervention, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur la question de règlement.
M. Mackasey: M. le Président, c'était une
révélation pour moi, qui n'est pas membre du Barreau,
d'écouter quelques bons avocats sans que ça me coûte un
cent. C'est quelque chose d'extraordinaire et je m'étonne que le
ministre n'ait pas bien accepté les paroles sages des
représentants du Barreau. Je pense que, jusqu'à maintenant, dans
leur mémoire, ils ne disent pas que la séparation est bonne ou
mauvaise pour la province de Québec. Ils soulignent, avec raison, parce
que j'ai des questions à leur poser tout à l'heure, la
complexité, sans doute, de la question ou des questions et il faut, je
pense, quand ils arrivent au chapitre sur le financement, qu'ils attirent notre
attention ou nous expliquent, à nous qui ne sommes pas des avocats, la
question du référendum avec les trois questions qu'on peut
décider... Il y a l'indépendance, qui est une question qu'on
peut... Il y a le fédéralisme. Quel serait l'effet, si vous
voulez, du référendum sur le financement? Ceux qui favorisent les
trois questions qu'on appelle l'indépendance contre une question
fédéraliste vont avoir trois fois le montant d'assistance de la
bourse publique. Ce sont des questions fondamentales et je pense que si tous
les mémoires sont aussi objec-
tifs que celui du Barreau, nous serons contents, nous ferons du
progrès. Je suis content que le député de Deux-Montagnes,
qui est connu pour sa sagesse, ait fait des recommandations au ministre qui,
normalement, de temps en temps, ses tendances irlandaises ressortent et il
devient... Cela ira mieux si mon ami reste tranquille un peu et prend le
conseil de son bon copain de Deux-Montagnes pour qu'on avance. Cela ne
coûte pas un cent, Me Burns, pas un cent. C'est très rare,
ça. Je tire pleinement avantage de ça, moi. Continuez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je sens
toute l'importance d'avoir à trancher sur une question de
règlement aussi cruciale, mais...
M. de Bellefeuille: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le député de Deux-Montagnes, je me suis moi-même
renseigné ce matin. En fait je voudrais peut-être, par rapport
à ce que j'ai dit ce] matin, regarder si ce qui se passe actuellement
est conforme à ce que j'ai dit ce matin. Il ne fait aucun doute que le
paragraphe b) des paramètres qui ont été fixés ce
matin est respecté en ce sens que je pense que nos intervenants ont
respecté intégralement le paragraphe b) et qu'ils n'ont
émis aucune opinion sur une question de fond, c'est-à-dire pour
ou contre un sujet particulier pouvant faire l'objet d'une consultation
populaire.
Je pense également qu'ils ont respecté le paragraphe c) de
cette directive selon lequel les interventions devraient essentiellement porter
sur les mécanismes proposés. Or, je pense que les interventions
de Me Brun et de Me Pinard sont conformes à cette directive du
paragraphe c).
D'autre part, en ce qui concerne le paragraphe a), je faisais tout
simplement l'affirmation que le livre blanc sur la consultation populaire au
Québec et les mécanismes qu'il propose ne sont pas
élaborés en fonction d'une consultation populaire
spécifique.
Là-dessus je me rappelle une question qui m'a été
posée par le député de Laval, fort pertinente d'ailleurs:
Est-ce que ce paragraphe a) voulait dire une absence de discussion sur des
lois-cadres ou des lois spéciales? J'ai répondu non. D'ailleurs,
je pense que les quelques heures que nous avons passé ensemble ont
démontré que ce n'était pas là
l'interprétation que l'on devait donner au paragraphe a); au contraire,
je permettrai toute discussion là-dessus puisque c'est un
mécanisme qui est proposé par le livre blanc sur la consultation
populaire au Québec.
D'autre part, je pense qu'il serait bon et opportun de rappeler,
actuellement au Barreau du Québec, mais à tout autre intervenant
que s'il sent le besoin de donner des exemples en ce qui concerne, par exemple,
la formulation de la question, sans empêcher qu'il fasse mention d'un
référendum en particulier, il pourrait également, à
l'occasion, se servir d'autres exemples pour montrer que... évidemment
je comprends que les gens ont peut-être en tête un
référendum en particulier, mais je pense...
M. de Bellefeuille: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! ... mais je pense que le paragraphe a) n'est pas
intégralement respecté, parce que le paragraphe a) permet la
discussion sur la loi-cadre, sur les lois spéciales; je pense que si un
intervenant veut donner des exemples, il n'est pas obligé de donner les
conséquences de la formulation de la question sur un
référendum en particulier, mais il pourrait, par exemple, prendre
tout autre sujet sur lequel un référendum pourrait être
posé. Je pense qu'à ce moment, on respecterait
intégralement les données des trois directives ou des trois
paramètres qui avaient été fixées ce matin.
Evidemment, je vous comprends de donner ces exemples, puisque c'est le
référendum que vous aviez en tête, mais s'il y avait lieu,
peut-être, dans vos exemples d'en donner d'autres qui pourraient porter
sur d'autres sujets, puisqu'en vertu du document que nous avons devant nous,
qui est en principe une loi-cadre sur le référendum, il pourrait
y avoir plusieurs référendums au Québec, au cours des
années à venir.
Certains diront que c'est un jugement de Salomon, je pense être un
peu conforme avec ce que j'avais dit ce matin.
M. Pinard, s'il vous plaît.
M. Pinard: Je ne serai pas très long, je pensais qu'il
s'agissait d'exemples et non pas de discuter de la question. Je dois vous
avouer, comme on l'a suggéré, comme le député de
Beauce-Sud l'a suggéré, que j'ai essayé de voir à
des exemples qui seraient complètement différents.
Malheureusement, je vis dans la société québécoise
et on a peu discuté de référendums sur l'avortement ou sur
les ceintures de chasteté. Je n'ai pas beaucoup travaillé,
personnellement, à voir des questions à plusieurs options sur la
ceinture de chasteté. Je pourrais m'y mettre, mais pas actuellement,
dans l'espace de deux minutes. J'ai donc pensé aux exemples qui...
Malheureusement, c'est de cela qu'on parle, on parle très peu de
référendum sur la fluoration, quoique, dans le temps, je m'y suis
attardé, j'ai fait des études là-dessus aux Etats-Unis,
mais ce ne sont pas ces exemples qui me sont venus naturellement à
l'esprit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Peut-être, objectivement, soulevez-vous l'idée qu'un
référendum aurait pu être tenu sur l'achat d'Asbestos
Corporation, dans le domaine de l'amiante, par exemple. Cela aurait pu
être un sujet...
M. Pinard: Pour le point que je suis en train de faire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
dis tout simplement cela parce que je voudrais que vous parliez de la question,
de la formulation de la question, mais vous semblez vouloir dire à la
présidence que vous n'êtes pas capable de donner un autre exemple
que celui du référendum que vous avez en tête.
Si ce n'est là que votre seul exemple, je vous inciterais
à parler en termes généraux de la formulation de la
question, tout en ne donnant peut-être pas d'exemple; mais je ne vous
empêche pas d'en donner, à condition, peut-être, que vous en
donniez d'autres sur d'autres sujets éventuels.
M. Pinard: Ecoutez, je vais vous en donner un qui va être
très abstrait; je ne sais pas si cela va vous satisfaire. Supposons
qu'il y ait un référendum où on aurait le choix entre a),
b), c) et d). Là, on ne parle plus de rien. Vous essaierez de me suivre.
Je ne dirai pas que... En même temps, entre a), b) et c) il y a une
gradation. La première au moment où vous parliez et où
j'ai écrit cela, j'ai dit, une gradation du noir au blanc. Attention,
lequel est le noir et lequel est le blanc. Disons que c'est du rose au vert ou
du rouge au je ne sais pas quoi. En tout cas, une gradation entre a), b), c) et
d). Ce que j'étais en train de démontrer, c'est la
préférence sur une question qui serait en oui ou non à une
question qui serait a), b), c) ou d); surtout si on a l'intention de
possiblement additionner les votes pour a) et b) ou b) et c) ou c) et d) qui
seront dans une succession de plus à moins, faites le comme vous
voudrez. Je dis qu'il se peut très bien, malgré la logique
spontanée à laquelle on pense, il se peut très bien que
des gens soient pour a) et non pour b) et que s'ils n'ont pas a), ils ne
veulent pas b). C'est-à-dire qu'on ne peut pas additionner a) et b).
Certaines gens qui auraient voté a), on ne peut pas assumer, comme
logiquement on pourrait généralement le faire, on ne peut pas
assumer que ces gens-là veulent b). Il y a de ces gens qui disent: C'est
a) ou rien du toutou c'est a) et si ce n'est pas a) c'est d). C'est ce que j'ai
essayé de démontrer.
M. Lavoie: Je suggérerais de revenir à votre
formule initiale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Lavoie: Oui, mais il y a beaucoup d'inconnues. Il y a x), y),
z) comme inconnues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je peux...
M. Pinard: Moi, je demande la direction du président. Je
peux revenir à mon exemple. J'ai pensé à un exemple. Je
l'avais, je l'ai...
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je ne veux pas faire d'avocasse-ries, mais je suis
habitué à appeler les choses par leur nom. Est-ce que je
pourrais, à titre de membre de la commission, insister pour être
informé? On a dit qu'on voulait s'informer ici. Etre informé le
plus clairement possible et dans des termes que je vais comprendre, moi, un
petit gars de la campagne. Est-ce que je peux expressément demander
à Me Pinard de me parler de l'exemple dont il avait commencé
à nous parler parce que je suis perdu dans ses couleurs, je suis perdu
dans ses lettres et je ne fais plus les équations?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau, est-ce que... S'il vous plaît!
M. Gratton: II y a toujours bien des limites à vouloir se
cacher la tête dans le sable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le président pourrait donner une réponse à la question
qui vient de lui être posée par l'intervenant, M. Pinard? Je sens
de plus en plus que l'intervention que j'ai faite ce matin, avant l'ouverture
de la commission, était extrêmement pertinente et qu'elle avait
besoin d'être écrite. Je sens que je vais continuer à
adopter cette attitude à l'avenir puisque des documents écrits
n'ont pas l'air d'avoir de meilleurs résultats que des directives
verbales.
M. Mackasey: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je n'ai pas terminé.
Je pense que la question qui se pose actuellement va peut-être se poser
de nouveau dans les jours ou dans les semaines à venir et j'estime qu'il
faut, une fois pour toutes, avec le plus...
M. Mackasey: C'est une directive que je demande, pas autre chose.
Ce matin, je pensais, peut-être avec raison, que vous aviez
souligné la nécessité pour nous de ne pas poser
directement au témoin les questions, par exemple: Etes-vous pour ou
contre ou pensez-vous que la séparation est dans les meilleurs
intérêts du Québec oui ou non? Des questions comme
celles-là. Je pense que le président a suggéré que
ce n'était pas le but de la...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je me permettrais de vous
référer à mon texte de ce matin où je dis que pour
la bonne marche de nos travaux, j'aimerais insister auprès des membres
de la commission et des intervenants et à chaque occasion vous voyez:
membres de la commission et des intervenants. Je ne permettrai certainement pas
des choses à des intervenants que je refuserai aux membres de
l'Assemblée nationale. Je permettrai aux intervenants ce que je permets
aux membres de l'Assemblée nationale, règle
générale.
M. Mackasey: Je suis complètement d'accord avec vous, M.
le Président, mais jusqu'à maintenant, il n'y a personne qui a
posé une question au Barreau, êtes-vous pour ou contre la
séparation?
Etes-vous pour ou contre l'indépendance? Nous sommes tous des
adultes. S'il veut, par exemple, parler de l'indépendance comme une
question, il faut accepter ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je l'ai
dit tout à l'heure, ils ont intégralement et totalement
respecté ce point de vue, ils n'ont émis aucune opinion sur le
fond. Ce que j'ai tout simplement dit, c'est qu'étant donné que
ce document est fait en fonction de plusieurs consultations populaires
éventuelles, je comprenais qu'ils avaient à l'esprit un
référendum en particulier, que je les incitais, s'ils pensaient
à donner des exemples, à faire preuve d'imagination pour inventer
des exemples dans ce domaine et dans d'autres.
Je ne veux pas limiter le débat et vous comprendrez que, pour
moi, c'est extrêmement difficile. Je ne les empêche pas de donner
des exemples, mais je pense qu'il y a des référendums qui ont eu
lieu dans d'autres pays, que nos intervenants pourraient éventuellement
se servir de ces questions, sans empêcher celui-là, pour
démontrer le bien-fondé de leur opinion.
M. Mackasey: Ils n'ont certainement pas honte de parler
d'indépendance, on ne parle pas d'autre chose depuis novembre.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Mackasey: Pourquoi ne pas en parler, ce n'est pas la fin du
monde?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Un instant! Il y en a deux sur des questions de règlement, M.
le député de Gatineau et M. le député de
Beauce-Sud.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais vous faire une
confession. A titre de membre de cette commission, il y a un
référendum et un seul qui m'intéresse, à l'heure
actuelle.
M. Paquette: Cela, on le sait.
M. Bertrand: C'est ça, votre problème.
M. Gratton: C'est mon problème et je suis prêt
à vivre avec ce. problème M. le Président, je le confesse
publiquement, c'est celui-là qui m'intéresse. Vous allez me
permettre de finir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Gratton: Bon! Et j'ai l'impression que, pour 90% ou 95% de la
population du Québec, c'est de celui-là qu'on veut entendre
parler pour le moment. Je n'ai pas l'intention qu'on gagne ou qu'on perde le
référendum pour une partie ou pour l'autre à cette
commission, j'entends bien m'y retrouver dans le cadre d'un
référendum sur l'indépendance.
M. Bertrand: Vous ne voulez pas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Gratton: Et je voudrais qu'on permette à nos
invités de nous citer des exemples qu'ils voudront bien choisir, et que
nous, de la façon, nous, les membres de la commission, puissions
également parler des exemples dont on veut parler. S'il y a des
recherchistes ou des gens de l'autre côté qui ne sont pas d'accord
pour en parler, ce n'est pas mon problème, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau, je prends acte de votre confession, mais
j'aimerais également vous confesser une chose, c'est que la
présidence se sent liée par le mandat qu'elle a reçu de
l'Assemblée nationale, qui est d'entendre des mémoires sur un
document bien précis qui parle de plusieurs consultations populaires et
non pas d'une en particulier.
Je comprends ce qui est dans votre esprit, dans l'esprit de nos
intervenants, et je ne les empêche pas d'en parler, mais j'essaie de
faire que les exemples soient peut-être plus nombreux au lieu de se
limiter à une question. Je pense, de toute façon, que ma
directive sera toujours la même, qu'on en parle pendant une heure ou cinq
minutes. C'est extrêmement difficile de trancher un débat comme
celui-là. Je ne veux pas être accusé de limiter le
débat; d'autre part, je ne veux pas non plus qu'il soit trop large. Je
veux essayer de garder un juste milieu et je pense que c'est ce que j'ai
fait.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Est-ce que je pourrais
vous faire une suggestion, ainsi qu'à tous les membres de la commission?
Pourquoi ne pas reprendre la question là où on l'a laissée
tout à l'heure et laisser entière latitude, entière
liberté à nos invités de s'exprimer. Point.
Des Voix: D'accord.
M. Lavoie: Vous pouvez continuer en toute liberté.
M. Roy: En toute liberté, nous vous en prions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout en
tenant compte des directives émises, évidemment.
M. Lavoie: Bon, un...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voici, M. le député de Laval, ce n'est pas vous qui allez
donner les directives aux intervenants.
M. Lavoie: Un peu de calme, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Je n'ai même pas dit un mot.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez continuer en toute liberté, sous réserve des directives de
la présidence. C'est bien de valeur...
M. Lavoie: M. le Président question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, sur une question de règlement.
M. Lavoie: Je dois vous dire que nous n'éteindions pas une
loi en particulier, nous n'avons pas une loi devant nous. Pour une loi, il y a
une pertinence stricte du débat: lorsqu'on a une loi sur
l'éducation, on ne parle pas d'agriculture. Mais lorsqu'on a un livre
blanc sur une question référendaire, "at large" ou d'une
manière limitative, je pense bien qu'il doit y avoir une chance au
coureur et il convient d'ouvrir toutes les possibilités de discussion.
Nous sommes à un stade exploratoire pour les membres de cette commission
et surtout sur un livre blanc. D'ailleurs, s'il y en a un qui a manqué
le bateau et qui n'a pas respecté la pertinence, si vous avez lu
à peu près 25 des mémoires, tous les mémoires
parlent d'un certain référendum. Le seul qui ne veut pas en
parler, c'est le ministre qui a présenté un livre blanc où
il n'est même pas question de l'indépendance du Québec.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Lavoie: Un dernier mot, M. le Président. Ce n'est pas
une mise en garde, je respecte totalement votre décision, mais, tout
à l'heure, lorsque vous êtes entré dans le sujet, je me
demande si vous n'avez pas un peu frôlé le fond de la question,
pas uniquement la forme, lorsque vous avez invité, forcé, ou
tenté de forcer le témoin à nous donner d'autres exemples.
Je pense bien que ce n'est pas à vous de limiter la discussion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, ce que j'ai dit, et je le répète,
c'est que je n'empêche pas nos intervenants de donner des exemples, mais
je pense qu'il y aurait lieu de donner cet exemple et d'autres en même
temps, ce qui serait plus facile pour la présidence à accepter,
compte tenu du contenu du document que j'ai devant moi. C'est tout simplement
cela. Je n'ai jamais dit aux intervenants de cesser de donner des exemples sur
ce cas précis. J'ai dit: Vous pouvez en donner sur ce cas précis,
comme vous pouvez en donner également sur d'autres cas. Jamais je n'ai
voulu les empêcher de donner des exemples sur ce cas.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse d'avoir
provoqué ce débat. De la façon que j'avais compris vos
directives ce matin peut-être que je les ai mal comprises
c'était qu'il ne fallait pas que cette commission, comme je l'ai
compris, ne devienne un débat sur l'indépendance ou non, sur la
souveraineté ou pas, sur l'avenir du Québec. En tout cas, c'est
comme cela que j'ai compris vos directives. Je ne sais pas si c'était
cela, mais en tout cas.
De toute façon, M. le Président, je soulevais cette
question simplement pour qu'on se donne, lors de la comparution de ce premier
témoin, le Barreau du Québec, cette espèce de mise en
garde commune, pour que la discussion sur la consultation populaire n'en
devienne pas une sur l'opportunité ou pas que le Québec devienne
souverain ou pas. C'est cela. C'est seulement cela. D'accord.
En ce qui me concerne, M. le Président, je n'interviendrai plus,
je vais souhaiter qu'on parle véritablement d'une éventuelle loi
de la consultation populaire, sans qu'on tombe dans les méandres qui
nous guettent actuellement et que tout le monde semble vouloir nous amener
à frôler régulièrement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme
dernière remarque, je pense que le député de Maisonneuve
et ministre d'Etat a la réforme électorale a très bien
compris le sens de la directive b). Je ne voudrais pas que cela devienne un
débat sur l'indépendance ou la souveraineté-association du
Québec. Je pense qu'actuellement on n'en est pas rendu là du
tout, sauf que, étant donné que c'est un livre blanc sur la
consultation populaire au Québec, j'ai tout simplement demandé
à nos invités s'il n'y aurait pas lieu d'élargir
l'éventail de leurs exemples, tout en ne les limitant pas à
celui-là.
M. Mackasey: Pourquoi? Je soulève un point d'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je soulève un point d'ordre. Vous n'avez
aucune suggestion à faire à nos invités pour qu'ils
élargissent ceux dont ils veulent discuter. Le Barreau n'a pas
prononcé une seconde...
M. Jolivet: ... M. le Président. On recommence la
discussion.
M. Mackasey: Le Barreau, jusqu'à maintenant... Je
soulève un point d'ordre, parce que c'est très important. Le
Barreau, jusqu'à maintenant, ne s'est pas prononcé pour ou contre
l'indépendance, pour ou contre la séparation; il a tout
simplement parlé de la complexité...
M. Burns: C'est cela.
M. Mackasey: ... de trois ou quatre questions et pas d'autre
chose.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Mackasey: On peut en arriver à une entente sur le point
d'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre!
M. Mackasey: Sur le point d'ordre, au lieu de dire le mot
indépendance, prenez donc le mot carotte. Et si vous voulez parler de la
séparation, on va prendre un autre mot, le mot betterave. On va vous
donner cela avant que... Chaque fois que vous allez parler de betteraves, on va
savoir que vous parlez de la séparation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre! A l'ordre, tout le monde! M. Pinard.
M. Pinard: Je reviens à mon argument sur l'idée
qu'un référendum par oui ou non est de beaucoup
préférable. D'abord, il permet d'établir une
majorité. Ainsi, pour un référendum sur la fluoration de
l'eau, si on répondait oui ou non, ce serait de beaucoup
préférable à un référendum qui demanderait:
Etes-vous pour la fluoration de l'eau ou êtes-vous pour une eau non
épurée complètement?
Cela devient des exemples complètement ridicules, parce que,
précisément, personne ne peut penser à des
référendums de cette nature. Le problème du
référendum sur l'indépendance auquel tous les gens pensent
est autrement plus compliqué. La formulation d'une question sur un
problème comme celui-là est autrement plus compliquée
qu'une question sur la peine de mort ou sur la fluoration de l'eau, etc.
Je m'excuse, si c'était une commission sur des
référendums comme ceux-là qu'on avait en vue, je n'aurais
pas tellement de problèmes techniques à soulever. J'insiste sur
le fait que je soulève des problèmes techniques concernant la
formulation des questions. C'est parce que la formulation technique de cette
question pose énormément plus de difficultés que je dois
prendre un exemple qui pose des difficultés. J'ai eu, je l'ai dit
tantôt, de la difficulté à trouver d'autres exemples
compliqués comme celui-là. C'est ainsi que, dans mes exemples
A,B,C, et D, si vous voulez que je sois clair j'ai été
incapable d'en pondre un autre qui ne toucherait pas à ce
problème si on offrait le choix entre l'indépendance du
Québec, la souveraineté-association, un fédéralisme
renouvelé ou le statu quo, le point que j'essaie de soulever, c'est
qu'on ne pourrait pas facilement additionner les gens qui diraient "je suis
pour l'indépendance" avec les gens qui diraient "je suis pour la
souveraineté-association", parce qu'il y a de fait dans la population,
selon les sondages qui ont été faits, des gens qui sont pour
l'indépendance et contre la souveraineté-association. Ils ne
voudraient pas que leur vote...
C'est un problème démocratique que je soulève, qui
se reflète dans un problème technique. Je n'accepterais pas, sur
le plan démocratique, qu'on additionne ces choses-là, pas plus
que je n'accepterais l'exemple que j'ai donné tantôt, qu'on
additionne statu quo et fédéralisme renouvelé. Je ne pense
pas que je prenne des options en disant cela. Ce serait le même
problème. Le problème est un problème technique et,
à cause de la logique, quelqu'un qui est pour une de ces options, son
second choix n'est pas nécessairement l'option qui apparaît la
plus proche sur le continuum. C'est le seul point que j'ai voulu faire à
ce sujet.
Un oui ou un non évite cela, permet une majorité
immédiatement. Un oui ou un non est préférable à
deux options, étant donné que les deux options ne remplissent pas
nécessairement tout l'éventail logique. J'ai donné
l'exemple de la fluoration de l'eau versus l'eau non épurée et,
évidemment, l'exemple est obvié, beaucoup de gens auraient
préféré l'eau épurée, mais non
fluorée. Voici pour un autre exemple.
J'ajoute qu'il y a un problème particulier... A ce sujet, il faut
que les options soient très claires, qu'elles soient
déterminées de façon très claire dans la motion et,
si on suit le mémoire, qu'elles soient déterminées de
façon très claire dans la loi même du
référendum particulier dont il s'agirait. Notre mémoire
dit qu'il devrait y avoir une loi dans chaque cas, de façon très
claire. Cela doit être de la façon la plus simple possible.
J'ajoute un dernier problème, et c'est mon dernier point. Dans ce
cas-là, le problème est particulier à une option dont on
parle, c'est l'option souveraineté-association. Je dis qu'il y a
là un problème très particulier et je serais surpris que
quelqu'un puisse trouver un autre exemple qui aurait le même
problème. Il y en a probablement, mais, en tout cas, qu'on puisse en
trouver un autre en deux minutes... Je dis qu'il y a un problème
très particulier relié à cette option, étant
donné que l'une des composantes de l'option
souveraineté-association est un point à négocier,
plutôt qu'un point qui peut être décidé directement
par l'élec-torat. L'électorat peut décider
l'indépendance...
M. Bertrand: M. le Président, je m'excuse, à
l'ordre! Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Bertrand: ...
Une Voix: Cela va aller plus vite comme cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Pourquoi y a-t-il un référendum sur
l'indépendance, sur la souveraineté-association? Cela va tourner
en peut-être ou à d'autres choses, la maternité. Est-on
pour la maternité, oui ou non? C'est correct. On peut parler de
cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Gatineau, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, à l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, M. le député
de Gatineau...
M. Lavoie: Quelle est votre question de règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous remercie énormément pour
votre collaboration.
M. Gratton: Je m'excuse, mais on n'en a pas beaucoup de l'autre
côté non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, sur une question de règlement.
M. Bertrand: Je vous assure, M. le Président, même
si les gens de l'Opposition officielle ne sont pas prêts à
reconnaître que c'est de bonne foi que je fais cette intervention sur une
question de règlement, que, si, à ce moment-ci, j'arrête M.
Pinard dans son intervention, ce n'est pas parce que je ne lui reconnais pas le
droit, en toute liberté, au moment où il parle de formulation de
questions, de se servir, s'il le désire, de ce cas du
référendum qui porterait sur l'avenir du Québec.
J'ai été clair là-dessus tantôt. Qu'on se
serve de ce cas pour dire que, par exemple, s'il y a quatre options
fédéralistes renouvelées, statu quo, indépendance,
souveraineté-association, cela peut être parfois délicat
d'additionner une chose avec une autre, etc., sauf que, quand on en est rendu,
et là, je pense qu'on vient vraiment de changer de sujet sur une option
particulière, à se servir des débats sur la consultation
populaire, à partir d'une option particulière, qui est celle de
la souveraineté-association, pour tenter et je connais assez M.
Pinard pour savoir peut-être ce qui peut se cacher
derrière...
M. Lavoie: Imputation!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous n'avez pas le droit de parole, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Non, mais un point de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre!
M. Mackasey: J'ai le droit de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Un instant!
M. Mackasey: We got a dictator, that is OK.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! Je
vous reconnaîtrai à votre tour. A l'ordre!
M. Mackasey: C'est un point de privilège. Je n'ai pas de
privilège ici?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de privilège en commission parlementaire.
M. Mackasey: Question de règlement! C'est encore moins
faible, si vous voulez, qu'un point de privilège pour un membre de
l'Assemblée nationale qui pose une question au député. M.
Pinard, est-ce que c'est dans le sens positif ou négatif? J'ai le droit
de demander cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Parce que, si c'est dans le sens négatif, je
veux retirer complètement toute insinuation contre le Barreau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Vous le savez, cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous respecter le droit de parole du député de Vanier?
M. Mackasey: M. le Président, je vais vous dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre!
M. Mackasey: Vous aurez ma pleine collaboration si vous agissez
comme un président. Vous connaissez le règlement autant que moi,
mieux que moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
n'était pas une question de règlement.
M. Mackasey: Je connais mes privilèges et mes droits
fondamentaux et le ministre les connaît autant que vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
M. Mackasey: Excusez-moi! Voulez-vous répéter?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Sur les propos du député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je suis prêt
à... M. Mackasey: II n'y a pas de privilège ici?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Mackasey: S'il vous plaît...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Laval, avant que vous ne preniez la parole,
j'aimerais tout simplement redire au député de
Notre-Dame-de-Grâce qu'il n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire.
M. Mackasey: D'accord.
M. Bertrand: M. le Président...
M. Lavoie: Question de règlement sur les propos du
député de Vanier.
M. Mackasey: ... cela revient au même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre! La parole est au député de
Laval.
M. Guay: Est-ce qu'il peut y avoir une question de
règlement sur une question de règlement?
M. Lavoie: Certainement, monsieur. M. Guay: En vertu de
quoi?
M. Lavoie: Certainement. Si quelqu'un soulève une question
de règlement qui n'en est pas une, j'ai quand même le droit d'en
soulever une...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: ... à savoir que cela n'en est pas une. Vous
m'avez donné la parole, M. le Président. Je voudrais dire sur les
propos du député de Vanier qu'en vertu de l'article 99, il est
interdit à un député qui a la parole, huitièmement,
de se servir d'un langage violent ou blessant à l'adresse de qui que ce
soit, ou irrespectueux pour l'Assemblée. Je crois que les propos et les
insinuations que vous avez tenus à l'égard du témoin, je
les ai considérés, en ce qui me concerne, blessants à
l'adresse de ce témoin. Je vous demanderais de retirer ces paroles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, la parole est à vous.
M. Bertrand: M. le Président, je reconnais que la
façon dont j'ai pu m'adresser à M. Pinard, dans les derniers mots
que j'ai utilisés, pouvaient laisser croire que, dans le fond, je m'en
prenais à la qua- lité intellectuelle du travail qu'il fait et
que je pouvais peut-être sembler lui imputer des motifs qui, dans le
fond, viseraient à tenter de tromper la commission. Je ne veux pas du
tout que mes propos soient jugés de cette façon. Je veux
simplement souligner que M. Pinard, tout le monde le sait, a travaillé
depuis une bonne quinzaine d'années sur des sondages, et c'est pour cela
que j'ai compris d'ailleurs pourquoi il se servait tantôt de cet exemple
particulier du référendum sur l'avenir du Québec, il a
travaillé pendant quinze ou vingt ans sur des sondages qui portaient
spécifiquement sur des questions qui peuvent être posées
concernant l'avenir du Québec. Il a rédigé de nombreux
articles qui avaient trait à la formulation des questions:
séparation, indépendance, souveraineté-association, etc. A
cause de cela, il est bien clair que M. Pinard, tantôt, comme il le
disait lui-même, est difficilement en mesure de nous apporter des
exemples sur d'autres types possibles de référendums, puisque
M. le député de Laval, vous admettrez quand même que
cela vaut la peine de préciser ces choses il a surtout
concentré l'essentiel de ses travaux au cours des dernières
années sur cette question particulière de l'avenir du
Québec.
Ceci étant dit, je pense que ce que le président de la
commission, ce matin, avait souligné, c'est qu'il est quand même
fort important que, dans le cadre des discussions de cette commission, on ne se
mette pas, à un moment donné, à prendre une option d'un
parti politique, quel qu'il soit, et à tenter, par différents
moyens je pense que là, vraiment, on déborde la stricte
question de la formulation des questions d'infirmer, par exemple, qu'une
expression comme souveraineté-association pourrait ne pas être une
bonne option à faire figurer dans le cadre d'une question qui pourrait
être posée sur l'avenir du Québec...
M. Pinard: Ce n'est pas ce que j'ai dit, je m'excuse, mais si je
peux terminer, je pourrai m'expliquer.
M. Bertrand: C'est là que vous vous avancez...
M. Lavoie: Vous êtes intervenu un peu trop rapidement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: S'il est vrai... Moi, je ne connais pas M. Pinard,
mais, s'il est vrai qu'il a passé quinze ans de sa vie à
étudier ces questions spécifiques, il me semble que c'est une
raison de plus pour qu'on l'écoute religieusement et qu'on profite de
son expérience et de ses connaissances et, M. le Président, je
ferai remarquer également au
député de Vanier et à ceux qui veulent bien le
comprendre que, dans le mémoire du Barreau... D'abord, M. Pinard ne
parle pas, à ma connaissance, en son nom personnel, mais parle au nom du
Barreau du Québec, et je présume que, si le Barreau du
Québec ne partage pas son avis, des représentants nous le dire
tantôt, mais, jusqu'à preuve du contraire, on n'est pas en train
d'écouter M. Pinard à titre d'individu, mais à titre de
représentant, de porte-parole du Barreau du Québec. Je pense bien
que... En tout cas, on peut bien prêter des motifs au Barreau du
Québec, moi, je ne leur en prête pas, pour le moment. Finalement,
M. le Président, on n'a qu'à lire très brièvement
le mémoire du Barreau pour constater que, effectivement, on ne se
prononce pas contre une loi-cadre, mais on spécifie bien que ça
prend une loi spécifique pour chaque référendum. Alors...
Oui, c'est ce qu'on dit dans le mémoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Moi, c'est ce que je comprends, imaginez-vous
donc!
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 21
h 45 minutes, alors que le président rendra une directive précise
et ferme sur les événements qui se sont passés et dira
comment devront se dérouler à l'avenir les travaux de cette
commission en ce qui concerne ce qui vient de se passer.
A 21 h 45.
(Suspension de la séance à 21 h 38)
Reprise de la séance à 21 h 50
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
M. Lavoie: M. le Président, avec votre permission, je
pense qu'il est de coutume... Avant qu'un président puisse rendre une
décision ou donner ses directives, je n'en connais pas qui aurait
refusé une très courte intervention qui, sans être un
argument nouveau, pourrait peut-être apporter une contribution, si minime
soit-elle, aux travaux de cette commission.
Ce que j'ai à dire très brièvement, c'est que,
même si le livre blanc sur la consultation populaire ne traite pas d'une
manière particulière du fameux référendum que tout
le monde a à l'esprit parce que le mot "constitutionnel" ou
"indépendance" ou autre n'apparaît pas au livre de la consultation
populaire, je dois dire qu'il y a quand même, dans les propos du ministre
d'Etat à la réforme parlementaire et électorale... Le
leader parlementaire du gouvernement, dans son intervention de ce matin, a
abordé cette question du Référendum avec un grand R,
d'après notre interprétation, et je voudrais vous citer, à
ta page 3 de ses propos, ce matin... Il dit: "Avant même que notre
programme politique soit modifié, pour prévoir la tenue d'un
référendum sur l'avenir politique du Québec, on pourrait y
lire l'engagement de faire adopter par l'Assemblée nationale une loi
organique sur les référendums". Je pense bien qu'à
l'occasion de l'étude d'un livre blanc, à la suite de
l'invitation que nous a faite le leader du gouvernement dans ses propos
d'ouverture, on doit donner la chance, en somme, à tous les membres de
cette commission d'aborder et nous n'y avons aucune objection
cette loi générale, cette loi-cadre des
référendums. Nous sommes d'accord, tout en respectant quand
même nos prétentions et les prétentions de plusieurs
membres de cette commission et de plusieurs personnes qui ont soumis des
mémoires, afin qu'on ne puisse pas mettre de côté cette
question d'un référendum spécifique sur l'avenir
constitutionnel du Québec. Je crois que toute restriction dans ce sens
serait mal venue de la part de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, je reviens un peu à ce
qu'on a discuté ce matin lorsqu'on a commencé les travaux de
cette commission parlementaire. Plusieurs autour de cette table ont clairement
établi, d'une part, je pense, l'ouverture d'esprit qui les animait pour
entreprendre ces travaux, c'est-à-dire que les gens étaient
ouverts à recevoir différentes questions d'ordre
général, mais s'inscrivant quand même dans le cadre de ce
livre blanc des éventuelles consultations populaires. Je pense qu'il ne
faut pas perdre cela de vue.
Je rappelle ce que j'ai souligné ce matin et ce que le
député de Vanier a souligné de nouveau avec clarté
tout à l'heure, c'est que cette commission n'est pas et je pense
qu'il ne faut faire aucun passe-droit de ce côté et ne doit
pas être si elle veut éviter des effets négatifs en
ce qui concerne le résultat de ses travaux une tribune politique.
D'un côté ou de l'autre, que l'on soit pour le séparatisme,
que l'on soit contre le séparatisme, que l'on soit pour le statu quo ou
contre, que l'on soit pour un statut mitigé ou pour ou contre quoi que
ce soit, je pense qu'il ne faut pas perdre de vue que la commission ne
siège pas pour cela et que la commission ne siège pas non plus
pour entendre cela. Que l'un des témoins, quel qu'il soit... Parce
qu'à ce moment, et je le répète, on fasse la discussion,
on fasse le débat dès maintenant et, s'il y a un moment où
on doit clairement établir nos règles du jeu et s'aligner d'une
bonne façon, je pense que c'est en commençant la commission
parlementaire sur le livre blanc lui-même, le cadre
général. Si on n'est pas capable de commencer
immédiatement en respectant au moins ces lignes qu'on s'est
tracées et que vous avez même tracées dans vos directives,
M. le Président, qu'est-ce qu'on aura comme fin de discus-
sion lorsqu'on va arriver au projet de loi lui-même, lorsqu'on va
arriver plus loin, sur une loi précise, sur l'un des
référendums? C'est là-dessus que je souligne mon
inquiétude à voir aller la commission dans le sens où elle
va maintenant et c'est ce sur quoi je me base également pour vous
demander, M. le Président, dans la directive que vous allez rendre, de
tenir compte, de rester ferme dans les directives que vous avez données
jusqu'ici, d'un côté comme de l'autre, et, lorsqu'un témoin
viendra à la barre de la commission parlementaire ou que ce soit de la
part de l'un des membres de cette commission, si l'une ou l'autre de ces
personnes déroge à la règle et entre dans le fond du
débat pour dire que l'une ou l'autre des options est bonne ou n'est pas
bonne ou est moins bonne, qu'à ce moment, elle soit tout simplement
arrêtée et rappelée à l'ordre.
M. le Président, c'est dans ce sens-là que je veux faire
mon intervention pour nous rappeler cette ouverture d'esprit qu'on a
soulignée ce matin en partant, mais nous rappeler en même temps
que nos travaux doivent être maintenus dans une forme qu'on s'est
donnée, parce qu'on veut atteindre des objectifs précis, mais si
on veut les atteindre, il nous faut absolument maintenir cette ligne de
conduite et ne pas glisser dans une forme de prise de position d'un
côté ou de l'autre.
M. Lavoie: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Brochu: J'ai donné ma...
M. Lavoie: Est-ce que vous me permettriez une question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je pense que j'ai permis, M. le député de
Laval...
M. Lavoie: Très brève. Est-ce qu'on a le droit, en
vertu du règlement, de demander au député s'il me permet
une question?
M. de Bellefeuille: On n'est pas...
M. Lavoie: Est-ce que vous vous opposez à ce qu'un
témoin ou les membres de cette commission, à l'occasion de
l'étude du livre blanc sur les consultations populaires, abordent d'une
manière directe ou indirecte un certain référendum qui
peut se tenir au Québec, sur l'avenir constitutionnel du Québec?
Est-ce que vous avez objection à ce qu'on parle d'une loi
spécifique en vertu d'un référendum spécifique
à titre d'exemple?
M. Brochu: M. le Président, étant donné
qu'on m'a posé la question, vous me permettrez de répondre.
Evidemment, il est clair qu'à titre d'exemple, on ne peut pas reprocher
à un individu de parler d'un référendum ou d'un autre,
mais à titre d'exemple. Il ne faudrait pas que ce soit une porte ouverte
pour entrer dans la discussion.
M. Lavoie: Dans le fond de la question.
M. Brochu: Mais lorsqu'on entre dans l'analyse, à la suite
des positions, pour dire que le fédéralisme ou l'option de la
souveraineté-association n'est pas bon ou moins désirable, on
entre dans le fond. Mais que quelqu'un...
M. Lavoie: II n'est pas question de cela.
M. Brochu: ... à l'occasion, dise: Supposons qu'il y
aurait un référendum sur la question nucléaire, qu'il
pourrait y avoir trois ou quatre sortes de questions d'ordre
général, il faudrait faire attention, mais ne pas dire, par
exemple: Si vous posez telle question, c'est inacceptable, parce qu'il y a
telle thèse en dessous. Là, c'est une autre paire de manches.
C'est là-dedans qu'il ne faut pas embarquer parce que la question que
vous me posez, M. le député de Laval, ouvre quand même une
parenthèse dangereuse, jusqu'à un certain point. Il ne faudrait
quand même pas maintenir le débat sur le référendum
lui-même, sur le référendum concernant
l'indépendance et le statut politique du Québec.
Là-dessus, c'est une autre question. Sur la question de servir
d'exemple, c'est clair qu'on peut le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: M. le Président, je peux peut-être dire,
à ce moment-ci, que je m'excuse dans le fond d'avoir mis
l'étincelle...
M. Lavoie: Ce n'est pas vous, c'est le député de
Vanier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: ... à 9 h 10...
M. Bertrand: Je m'excuse, moi aussi.
M. Lavoie: Excusez-vous.
M. Burns:... d'avoir mis l'étincelle. Je vais tout
simplement dire quel était le sens de mon intervention et je pense que,
jusqu'à maintenant, le Barreau, par ses interventions, Me Brun, Me
Filion et même M. Pinard, ont respecté en général
cette directive que nous nous étions donnée, à
l'invitation du président, ce matin. Je laisse cela aux membres de la
commission pour y réfléchir. Je pense simplement à la
liste des membres et des organismes qui vont venir devant nous dans les jours
et les semaines à venir et, sans les nommer, je vous dis tout simplement
que si un organisme aussi techniquement préparé que l'est le
Barreau du Québec pour nous présenter un dossier comme
celui-là, se sent nécessairement l'obligation d'arriver avec des
questions absolument relatives et très relatives au
phénomène de l'avenir du Québec, à ce
moment-là, si on ne soulève pas la question dès la
première fois que cela se présente, je me demande très
sérieusement si nous allons avoir une commission parlementaire sur la
consul-
tation populaire ou si nous allons avoir, ce qui n'est pas du tout le
but, et si cela avait été le cas, on l'aurait dit, une commission
parlementaire sur le bien-fondé ou le non-bien-fondé de la
souveraineté du Québec. C'est dans ce sens que j'ai fait cette
intervention. M. le Président, je me plierai, à l'avenir,
à toutes les directives que vous appliquerez relativement à
celles que vous avez données ce matin. Dans les faits, je n'ai plus
l'intention de soulever cette question. Je n'ai pas l'intention non plus que,
tous les soirs, on per de trois quarts d'heure sur des questions comme
celle-ci, mais je demande simplement à nos collègues de la
commission de tenir en bonne ligne de compte le fait que le moindrement on va
se laisser embarquer dans cette voie, on ne parlera pas vraiment de la
consultation populaire. On va parler de l'avenir du Québec, et je trouve
que ce n'est pas la place. Une bonne fois, cela va arriver.
Ne vous inquiétez pas; une bonne journée, il va
sûrement y avoir un débat et il va sûrement y en avoir
plusieurs à part ça, à l'occasion d'autres débats.
Je vois mal cette espèce de désir d'en parler constamment. Bien
sûr, tout le monde pense à ce référendum, bien
sûr, tout le monde est obnubilé par ça. Je le sais
actuellement par un certain nombre de lignes ouvertes auxquelles je participe
pour parler de la consultation populaire en général, et où
on me parle de l'indépendance du Québec.
M. Lavoie: Ah bon!
M. Burns: Ce n'est pas que je ne veux pas en parler, mais il
m'apparaît actuellement que ça fausse le débat et ça
m'apparaît aussi quand vous regardez la liste des gens qui ont
manifesté le désir de présenter des mémoires, si on
ne rappelle pas je m'excuse que ça tombe sur le Barreau qui avait
justement un mémoire très intéressant les gens
à l'ordre dès la première occasion, à ce
moment-là, on est parti pour un débat sur la qualité de
l'indépendance ou du fédéralisme. Ce qui n'est pas du tout
le but de cette commission.
Je m'excuse, M. le Président, si vraiment j'ai été
à l'origine de ce problème. Mais je pensais qu'il était de
mon devoir de soulever la question dès la première occasion. En
ce qui me concerne, M. le Président, maintenant je vais écouter
vos directives et je vais écouter les gens nous dire tout ce qu'ils
voudront sur la consultation populaire et sur les choses qu'ils voudront nous
dire à côté et en dehors du débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alors...
M. Lavoie: Est-ce qu'il y a consentement unanime de la
commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, tout d'abord, vous n'avez pas à vous excuser d'avoir
soulevé une question de règlement, puisque c'est un droit qui
appartient à tous les membres de cette commission parlementaire. Cela
démontre bien les appréhensions, ce qui ar- rive actuellement,
que la présidence pouvait avoir durant toute la fin de semaine en
pensant quel devait être le cadre général de cette
commission parlementaire.
D'autre part, inutile de vous dire que tous les membres de la commission
ont encore le droit de soulever des questions de règlement, mais
qu'à l'avenir, la présidence va se réserver le droit
qu'elle avait d'ailleurs toujours dans le passé d'intervenir
unilatéralement et d'office pour ramener tout intervenant ou tout membre
de la commission qui s'en irait discuter du fond d'une question qui pourrait
faire l'objet éventuellement d'une consultation populaire.
C'est tout simplement la répétition de ce qui avait
déjà été dit ce matin et je pense qu'actuellement,
personne n'a directement contrevenu à cette directive.
Je dis également que l'on peut intervenir directement sur une
question de fond autrement que par des allusions directes. Il n'est pas
interdit aux intervenants de se servir d'exemples pour justifier une
prétention que l'intervenant aurait; mais il ne faudrait pas et il ne
faut pas que cet exemple, tel que formulée, équivaille à
une prise de position sur le fond de la question. Autrement dit, on peut
parfois, par des exemples, faire indirectement ce qu'une directive nous permet
ou nous empêche de faire directement. Je trouve qu'il est absolument
normal qu'on donne l'exemple de a, b, c, d, et e et qu'on remplace ces lettres
par des mots. Il n'y a pas de problème, mais si l'exemple ne contient
que a et que l'intervenant vient semer ou émettre des opinions
personnelles sur la signification du mot a ou dans son esprit à lui, je
pense que là, par un exemple, on embarque sur le fond de la
question.
D'autre part, en droit parlementaire, en cas de doute, le système
parlementaire doit favoriser une plus grande liberté et j'entends
respecter cette règle en cas de doute. Mais si dans mon esprit, il n'y a
aucun doute, que par une allusion directe ou par un exemple, quelqu'un
intervient sur le fond de la question, à ce moment-là, je me
permettrai d'office d'intervenir et je demanderais aux membres de la
commission, tous les membres de la commission, je pense qu'ils ne l'ont pas
démontré au cours des heures qui ont
précédé, d'avoir un souci encore plus grand, si c'est
possible, des règlements qui nous régissent, de bien vouloir se
taire, ou, du moins, de faire des efforts en ce sens lorsque la
présidence les ramène à l'ordre.
Je pense qu'il est toujours je ne vise personne en particulier,
parce que je pense que bien des députés ont contrevenu aux
règlements de l'Assemblée nationale ce soir il est
toujours fatigant pour un président d'avoir à l'esprit, de penser
à expulser éventuellement un membre de l'Assemblée
nationale ou d'une commission parlementaire, mais soyez assurés que je
n'hésiterai pas à le faire si les événements qui se
produisent me forcent à le faire. J'espère que c'est assez
clair.
En terminant, puis-je rappeler à tout le monde que le mandat de
la commission est d'étudier le livre blanc sur la consultation populaire
au Québec, que je n'interdirai aucun exemple, pour au-
tant que l'exemple en question n'équivaille pas, dans mon esprit,
à une allusion directe ou à une prise de position sur le fond de
la question.
Ceci dit, je pense que c'est une répétition en d'autres
termes de ce qui a déjà été dit. Je pense que ce
sont là les paramètres qui doivent nous guider
nécessairement pour les fins de cette commission, sinon, si on ne les
respecte pas et si on ne suit pas ce guide, je pense que les mêmes
problèmes vont survenir demain, jeudi ou la semaine prochaine puisque
les faits qui se produisent ce soir ont beaucoup de chance de se reproduire, si
on ne se donne pas un guide personnel sur la façon dont nous entendons
mener ces travaux.
Je pense que les propos que je viens de tenir sont clairs, qu'ils ne
sont pas limitatifs. Je ferai preuve de toute la souplesse nécessaire,
pour autant qu'on se rappelle deux choses: Que nous avons un document qui parle
de la consultation populaire au Québec. Je n'interdis pas les exemples,
mais aucune allusion directe ou indirecte sur le fond de la question...
En terminant, et c'est ma dernière intervention, je pense que le
dernier exemple qui nous a été donné par notre intervenant
et qui a soulevé une question de règlement de la part du
député de Vanier je parle du dernier exemple, sans le
nommerm'amène à penser qu'on pourrait, par un exemple,
prendre position directement sur le fond d'une question. L'exemple en question
ne présentait aucune autre option, c'était ou bien sur la
souveraineté-association, ce que je pense de cela, ou bien le
fédéralisme renouvelé. Autant parler de
fédéralisme renouvelé, dans mon esprit, seulement cela,
c'est prendre position, de façon indirecte, sur le fond d'une question,
autant parler d'une opinion qu'on a sur les mots
souveraineté-association, c'est prendre également position sur le
fond d'une question.
Mais parler de a, b, c, d, qui seraient statu quo,
fédéralisme, etc., à ce moment-là, je pense que
c'est se servir d'un exemple qui n'amène pas une prise de position sur
le fond de la question.
Ces paramètres étant répétés, je
cède à nouveau la parole à M. Pinard.
M. Pinard: Je veux simplement conclure en disant que, ce que j'ai
essayé de faire, c'est de soulever, de signaler les problèmes
techniques qui se présentent dans la formulation d'une question. J'ai
pris des exemples malheureux, semble-t-il. Je le regrette. Mais j'ai voulu,
dans tous les cas, souligner, par des exemples, les problèmes
techniques, j'insiste, les problèmes techniques qui se posaient.
Dans le dernier exemple que j'ai pris et je tiens à le
souligner très fortement je n'ai pas dit qu'une question qui
demanderait si on est pour ou contre la souveraineté-association serait
une mauvaise question. Je tiens à insister là-dessus. Je n'ai pas
pris d'option sur le fond de cette question.
Ce que j'ai dit, c'est que cette question représentait des
problèmes techniques différents des autres. Vu la tournure du
débat, je préfère remettre à plus tard, si on juge
opportun de me poser des questions à ce sujet, ce que j'allais proposer
comme problèmes techniques, ce que je vois comme problèmes
techniques dans ce cas-là.
Le problème reste le même. J'ai soulevé les
problèmes techniques que certaines questions posaient. Certains
référendums seront beaucoup plus complexes que certains
autres.
J'ai évidemment essayé de jeter un éclairage sur
les plus complexes plutôt que sur les plus simples, tout cela en vue de
confirmer par des exemples concrets les problèmes qui pourraient se
poser en ce qui concerne la légitimité des
référendums qui pourraient être tenus en vertu d'une loi
sur les référendums. Le problème fondamental sur lequel
j'ai voulu insister, c'est que j'ai comme préoccupation importante que,
quel que soit le référendum et quelle que soit la question,
certains soulèveront des problèmes d'émotion et
d'intensité beaucoup plus grands. Ce que j'ai voulu signaler, c'est
qu'il était important que la légitimité de ces
référendums soit reconnue pour assurer une paix sociale,
socio-économique. Cela a été le seul but de mes propos. Je
regrette si on y a vu d'autres motivations. Merci.
Mme Audette Filion: M. Langlois pourrait enchaîner, je
pense.
M. Langlois: M. le Président, on m'a
présenté tantôt comme étant l'avocat de la pratique.
Vous noterez qu'en me laissant le chapitre IV, le chapitre V et le chapitre VI
du livre blanc, on m'a laissé les modalités et on a gardé
aux professeurs les grandes questions de principe intéressantes qui
soulèvent toutes sortes de débats. J'aimerais peut-être
amener justement, comme préalable à mes remarques, un
éclairage important quant à tout ce qui sous-tend le travail qui
a précédé la rédaction du mémoire. C'est
évidemment une approche pratique qui a été prise par le
Barreau. Comme toute opinion juridique ou comme tout avis qu'on peut demander
à un avocat, il doit s'assurer que son avis colle à une certaine
réalité. On a voulu, comme on vous l'a indiqué au
début, éviter que notre mémoire et nos
représentations prennent un caractère politique quelconque.
Pour ce faire, nous avons dû, lorsque nous avons, par exemple,
opté pour une loi organique... Nous étions d'accord avec votre
objectif à cet égard. Nous avons voulu faire un certain nombre de
scénarios dans notre esprit, afin de nous assurer que chacun des
principes que vous posez dans votre livre blanc ou dans le livre blanc qui est
proposé rencontre le test du scénario le plus complexe. C'est
cela qu'il faut que vous compreniez.
Dans la partie qui m'intéresse davantage ce soir, les trois
derniers chapitres du livre blanc, comme dans les parties qui ont
intéressé mes prédécesseurs, c'est toujours ce qui
nous a animés. On s'est interrogé, chaque fois: Est-ce que tel
énoncé qui est fait dans le livre blanc s'appliquerait avec
autant de facilité dans tel ou tel cas et dans tel ou tel
scénario? C'est dans la mesure où un avis juridique colle
à une réalité qu'il a de la valeur. Sinon, nous aurions
été obligés de prendre
une allure politique, ce qui n'est pas du tout la mission du
Barreau.
D'ailleurs, tout le mémoire se tient. Il y a une suite logique
dans le livre blanc. Nous avons suivi cette logique, parce que nous trouvions
qu'elle était correcte; c'est que, dès le moment, par exemple,
où on accepte le principe d'une loi organique, pour la tenue de
référendums au Québec, cela nous engage dans un processus
d'analyse du reste du livre blanc qui est fort différent que si, au
départ, on s'oppose ou on n'accepte pas cette option fondamentale.
Quand on a accepté également le principe que les
référendums au Québec soient limités à
l'initiative gouvernementale, cela aussi nous amène à une logique
d'analyse des autres éléments du livre blanc dont on ne peut plus
sortir. Le Barreau a également accepté cette
logique-là.
Pourquoi j'ai fait ce préalable? C'est qu'effectivement,
lorsqu'on entre dans les parties IV, V, et VI du livre blanc, on ne peut pas
oublier qu'elles devront s'appliquer, les préalables au scrutin, la
campagne référendaire et le scrutin comme tel, à une loi
organique qui devra cadrer tous les scénarios et qu'elle devra
également tenir compte du fait qu'on a décidé, au
départ, de suivre le livre blanc sur le fait que la consultation
populaire en serait une à l'initiative du gouvernement.
Nos remarques au sujet des chapitres IV, V et VI sont assez simples. En
général, nous nous rallions à l'esprit du livre blanc qui,
si nous l'avons bien compris, est de faire coller à la procédure
ou à la mise en application de la loi du référendum ce qui
existe déjà pour cette grande consultation populaire qu'on
appelle les élections générales.
Vous avez voulu, si nous avons bien compris, tant au niveau du
contrôle des dépenses que des revenus, tant au niveau des
mécanismes comme tels, dire: Nous avons une loi électorale qui
est éprouvée, dans la mesure où elle est applicable, et
là, je veux utiliser une expression chère aux avocats pour les
futurs honoraires, "mutatis mutandis". Cela doit s'appliquer. Là
où nous nous sommes inquiétés, par contre, c'est lorsque
vous avez proposé ou lorsqu'on propose dans le livre blanc le
regroupement obligatoire. Nous sommes d'accord avec la préoccupation
fondamentale qui anime le livre blanc, à savoir que le pouvoir de
l'argent ne doit pas dominer la consultation populaire. Nous croyons d'ailleurs
que c'est ce qui a animé les réformes qui ont été
apportées depuis 1962 même à nos lois électorales au
Québec. D'ailleurs, le ministre qui propose le livre blanc a
lui-même souligné cela dans ce livre blanc, de même que dans
ses propos ce matin.
Il ne faut pas non plus, vous le savez, se limiter à penser que
le seul pouvoir qui existe pour influencer l'opinion publique soit le pouvoir
de l'argent. Il y a, comme dans n'importe quelle autre activité humaine,
des ressources financières qui sont extrêmement importantes et qui
vont affecter le résultat sans doute. Il y a les ressources humaines et
il y a les ressources matérielles. Plusieurs partis politiques se sont
vantés à différentes époques d'avoir eu des
victoires électorales importantes, non pas à cause du pouvoir de
l'argent, mais précisément à cause d'un très grand
pouvoir au niveau des ressources humaines, le volontariat, etc. Dans nos
délibérations, au niveau du Barreau, on a été
informé par ceux qui sont plus spécialistes que d'autres
là-dessus. En particulier, M. Pinard nous indiquait qu'en Angleterre,
par exemple, la démonstration a été faite que
l'utilisation des ressources en argent avait eu un effet assez mineur quant au
résultat ultime du référendum qui avait eu lieu sur le
maintien de l'adhésion au Marché commun, semble-t-il. Je suis un
avocat de la pratique, j'ai dû prendre avis auprès de l'expert. Ce
que je veux vous dire, c'est que, lorsqu'on utilise cet argument de restreindre
l'influence de l'argent, il faut bien comprendre qu'on laissait au prix
d'autres libertés ou d'autres droits qui sont extrêmement
fondamentaux, soit le droit à l'association libre, soit le droit
à la liberté d'expression. Le Barreau ne condamne pas ce qui est
proposé dans le livre blanc, à l'effet d'obliger au regroupement
obligatoire, mais on ne nous a pas convaincus dans le livre blanc que
c'était réellement la seule technique pour rejoindre l'objectif
très louable et que nous partageons d'éviter que le pouvoir de
l'argent soit le pouvoir dominant dans la consultation populaire.
Le regroupement obligatoire des forces ou des options n'existe pas pour
ce qui a trait à l'élection des membres de l'Assemblée
nationale. Le Barreau ne croit pas que l'Assemblée nationale soit
composée actuellement ou l'ait été dans le passé de
tendances politiques qui soient là plutôt par l'effet du pouvoir
de l'argent que par l'expression libre du voeu démocratique de la
population. Ce que nous demandons, nous prions instamment la commission de le
faire, c'est avant d'adopter définitivement le regroupement obligatoire
comme solution, de s'assurer que toutes les autres techniques
électorales ou les techniques de "polling" si vous voulez, d'opinions
publiques soient explorées. Le Barreau ne se sent pas en mesure de vous
aviser davantage là-dessus, parce que ce n'est pas un organisme qui se
sent spécialement compétent en matière de conduite
d'élection. Je voyais, par exemple, dans la Loi régissant le
financement des partis politiques, la loi no 2, que vous avez formé, par
l'effet de la section IV de cette loi, un conseil consultatif sur le
financement des partis politiques, un conseil qui existe actuellement.
Il y aurait peut-être lieu de confier à un tel conseil qui
est composé de politiciens qui vivent ou qui ont vécu
l'expérience de la consultation populaire comme candidats ou autrement,
de se pencher pour voir s'il n'y aurait pas moyen de développer d'autres
techniques qui éviteraient, évidemment, que le pouvoir de
l'argent devienne trop important dans une consultation populaire, tout en
sauvegardant le principe de la liberté d'association.
Je disais tantôt que notre mémoire se tient. Lorsqu'on dit
qu'on accepte que le livre blanc propose une loi organique sur le
référendum qui limite la tenue des référendums
d'initiative gouvernementale, on ne peut pas oublier que le gouvernement qui
proposera un référendum, c'est un gouvernement responsable dans
un régime démo-
cratique parlementaire à caractère britannique, où
le parti politique est un véhicule privilégié de
transmission de l'opinion populaire au niveau de l'assemblée
délibérante qui est l'Assemblée nationale ou le Parlement,
et, lorsque vous proposez le regroupement obligatoire, en quelque sorte, vous
faites disparaître les partis politiques. Ils n'ont plus la
liberté ou la latitude d'agir comme ils l'auraient normalement à
tous autres égards dans notre processus parlementaire britannique.
Nous nous demandons aussi, compte tenu de la variété des
options qui pourraient se présenter à l'occasion d'un
référendu, quel qu'il soit je vous prie de croire que je
n'utiliserai pas d'exemples on est peut-être un peu... Le seul mot
qui me vient à l'esprit vous m'excuserez, M. le ministre
c'est de l'angélisme. Je ne le dis pas de façon
péjorative. C'est peut-être un peu théorique de penser
qu'on va pouvoir concilier toutes ces options dans un véhicule unique
d'opposition, parce que le gouvernement qui propose le
référendum, il le propose comme gouvernement responsable. Il ne
pourra pas risquer de se faire battre en Chambre sur la résolution ou
sur la loi. C'est une question de confiance. Donc, il fera comme tous les
gouvernements. Il aura l'appui de son parti, je l'espère, en tout cas;
sans ça, il serait très téméraire.
Par conséquent, on voit bien que le référendum est
proposé sur une question d'ailleurs essentielle, fondamentale, avec
l'appui d'un parti politique; il émane donc d'un parti qui tient ce
gouvernement au pouvoir; c'est le principe de la responsabilité, du
moins tel que je le comprends, comme avocat de la pratique, et il faut bien
comprendre aussi que l'opposition qui combattra ou qui voudra nuancer la
question va également, la plupart du temps, agir comme parti politique.
De penser que si vous avez deux, trois ou quatre partis d'opposition qui
peuvent être contre pour des motifs fort différents et qui peuvent
représenter des options absolument irréconciliables, qui peuvent
avoir des motifs de ne jamais s'unir dans quelque campagne que ce soit, il est
peut-être un peu théorique de penser que ces gens puissent
partager la même structure d'opposition, puissent partager les
mêmes ressources financières ou même s'entendre sur des
modes de répartition de ces ressources qui sont allouées à
l'agent officiel du groupement qui devra établir des règles de
partage.
Personnellement, je vous dis tout de suite que je renoncerais à
ce mandat de devenir l'agent officiel du groupe d'opposition dans la plupart
des cas, à moins de me trouver une "job" à l'extérieur de
la province ou du pays immédiatement après. C'est une situation
qui serait presque intenable, sauf si c'est un référendum sur la
fluoration de l'eau où, là, cela peut être assez
facile.
M. Burns: Vous êtes défaitiste, Me Lang lois. C'est
parce que vous penseriez que votre option, ce serait celle qui va perdre.
M. Langlois: Non, ce n'est pas dans ce sens que je le dis. C'est
que, si j'avais à arbitrer entre les factions à
l'intérieur de mon groupe d'opposition, en disant: Ecoutez! Vous de, je
ne sais pas, moi j'essaie de trouver des exemples qui ne collent
à rien du Parti rhinocéros et vous, du Parti, je ne sais
pas, moi...
Une Voix: Hippopotame...
M. Langlois: ... du Parti hippopotame, vous êtes tous les
deux contre ça. Vous vous êtes entendus là-dessus. Vous
voulez qu'on réponde non à la question, sauf que vous avez des
façons d'aborder le débat qui sont tellement
irréconciliables que vous ne pouvez pas aller sur les mêmes
tribunes, que vous ne pouvez pas partager les mêmes représentants
dans les bureaux de vota-tion, etc., et là, je suis pris pour dire: Les
$0.25 ou les $0.50 de subvention, je les partage comment entre vos deux
organisations? C'est peut-être la seule façon. On ne dit pas... Le
mémoire peut peut-être prêter à interprétation
quand on dit: En d'autres mots, le Barreau insiste sur le fait que ce sont les
autres techniques plutôt que celles du regroupement obligatoire qui
devraient être retenues, je vous prie de croire que ça va
peut-être au-delà de ce qu'on a discuté au comité.
On ne va pas jusque-là, mais on est tellement près d'affirmer
ça qu'on vous dit: Pourriez-vous, en tant que spécialistes, vous,
de la consultation populaire... C'est vous qui l'êtes, ce n'est pas nous.
Nous, nous sommes avocats, on pratique.
Vous, vous êtes dans le bain de représenter le peuple, la
population. Vous avez vécu le processus électoral à tous
les égards, est-ce que vous ne seriez pas capables de proposer d'autres
techniques? Franchement, lorsque vous mettez la liberté d'association de
côté, c'est tellement fondamental comme liberté que
passez-moi l'expression vous avez besoin de nous convaincre pour qu'on
l'avale. C'est dans cette mesure qu'on exprime une très très
grande réserve quant à l'obligation de se regrouper.
C'est l'essentiel des remarques que j'avais à faire
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci.
M. Burns: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: Je tiens et vraiment très
sincèrement à remercier le Barreau du Québec pour
son excellent mémoire. Je remercie Me Audette Filion, Me Langlois, Me
Brun, M. Pinard, pour cette contribution qui, à mon avis, est
très positive pour nos travaux. C'est exactement dans ce sens que nous
avons sollicité des mémoires, et je pense que le Barreau l'a
très bien compris. Il nous est arrivé avec quelque chose de
très positif. Cela m'apparaît, en tout cas, une très bonne
contribution a nos travaux, même une contribution qui me fait me poser un
certain nombre de questions, à moi aussi, que je vais peut-être
vous retourner
dans quelques minutes. Entre autres, j'ai été
frappé par les quelque six ou sept points importants qui ressortent du
mémoire. Globalement, en tout cas, je n'ai pas à commenter les
cas où on est d'accord, sinon pour vous dire merci de penser la
même chose que nous, même si on ne vous a pas demandé de
penser la même chose que nous. Entre autres, il y a le fait que le
Barreau favorise une loi-cadre. Je pense que, dans le mémoire, c'est
amplement explicité. Je n'ai pas besoin de revenir là-dessus.
L'autre point qui m'a frappé dans votre mémoire concerne
le type de majorité recherché ou le taux de participation requis,
mentionné dans les premières pages de votre mémoire
je ne citerai pas nécessairement la page mais là
où, effectivement, vous nous dites que la loi-cadre, à toutes
fins pratiques, exige ou devrait exiger que, pour chaque consultation, la
motion autorisant le référendum stipule le type de
majorité recherché et le taux de participation requis.
Là-dessus, j'ai tout simplement une question. Est-ce que et je
l'adresse à n'importe lequel des quatre représentants du Barreau,
celui qui se sentira en mesure d'y répondre vous voulez dire que,
d'un référendum à l'autre, on pourrait changer le type de
majorité requise? Est-ce que, par exemple venons-y à titre
d'exemple dans un cas de référendum sur la
souveraineté du Québec, on devrait demander un pourcentage de
66,75% de la population et dans le cas d'un référendum sur
l'énergie nucléaire, ou sur l'avortement, ou sur l'euthanasie,
à ce moment-là, on pourrait se contenter de 50% ou vice versa?
C'est cela que je me pose comme question. Est-ce que d'un
référendum à l'autre, on pourrait modifier la
majorité à être requise pour que le
référendum soit concluant, un peu cornme ledisait M. Pinard et M.
Brun, pour qu'il soit non seulement consultatif, mais soit aussi
décisionnel ou, si vous voulez, ait une valeur décisionnelle?
Est-ce que vous voyez une variante d'un référendum à un
autre?
M. Brun: Cela nous semblait une possibilité, en tout cas,
une souplesse peut-être souhaitable, une souplesse qui pourrait avoir
cours. Des variantes sur ces points pourraient découler de la nature des
questions, comme vous le suggérez, mais elles pourraient
également découler d'éléments aussi simples que le
nombre d'options. Même si nous favorisons plutôt la question
à deux volets, assez simple, il pourrait arriver que des questions plus
complexes soient posées avec plus d'options. Cela pourrait avoir un
effet sur la majorité exigée.
Notre sentiment était dans le sens d'une réponse oui
à votre question.
M. Burns: Est-ce que... Pardon, M. Pinard, excusez-moi.
M. Pinard: Est-ce que je peux ajouter quelque chose? Une des
motivations derrière cet énoncé dans notre mémoire,
c'était précisément la même chose que le point que
j'ai soulevé souvent, c'est que, pour que la légitimité du
résultat soit reconnue, il serait préférable qu'on sache
à l'avance, si le référendum devait lier le gouvernement,
quel pourcentage le liera et de même qu'on sache quel pourcentage de
participation sera requis. Il y a un exemple, si je ne m'abuse, dans l'histoire
canadienne où, après le référendum, on a dit: La
participation ayant été si basse, cela n'a pas d'importance, ce
référendum. Il serait important qu'on dise à l'avance: Tel
taux de participation sera requis, ou qu'on dise explicitement que n'importe
quel taux de participation fera l'affaire, mais que ce soit clair, de
même le type de majorité, qu'on dise explicitement: 50% plus un
est tout ce qui sera requis ou si, dans d'autres cas... mais qu'on le dise
exactement, que ce soient des choses très claires pour éviter,
après coup, des débats de tous ordres sur le sens du
résultat.
M. Burns: Je comprends très bien vos remarques
relativement au taux de participation et je pense que, là-dessus, je
n'ai pas d'autre question à vous poser, mais je vous demande une
opinion: Ne croyez-vous pas que quelque gouvernement que ce soit risquerait de
se faire accuser d'essayer de piper les dés si, d'un
référendum à un autre, il change le pourcentage requis
pour qu'une certaine clarté soit accordée au résultat du
référendum. Dans ce sens, est-ce que ce n'est pas un peu anormal
qu'un gouvernement dise: Pour ce référendum, cela prendra 50%
plus un, dans tel autre référendum, cela prendra 62% ou 63% ou
66-2/3% du vote; en tel autre cas, il suffirait de 40%, etc.? Est-ce que vous
ne croyez pas qu'il y a là un danger sur le plan pur et simple de la
crédibilité de la part du gouvernement puisque c'est une
initiative gouvernementale, le référendum, du moins dans notre
optique, tel qu'éventuellement on en viendra, et personnellement je suis
un de ceux qui le souhaitent à l'initiative populaire comme telle? Mais
on va prendre les bouchées les unes après les autres. Je pense
que cela risquerait d'être indigeste pour le moment de commencer par une
consultation populaire de l'initiative gouvernementale et de l'initiative
populaire alors qu'on n'a même pas l'expérience de quelque forme
de consultation populaire que ce soit au Québec. Peu importe, est-ce
qu'on ne risquerait pas, quel que soit le gouvernement au pouvoir, de se faire
accuser de piper les dés si, d'un référendum à
l'autre, on change les règles du jeu, un peu comme on pourrait se faire
accuser de piper les dés si, d'une élection à l'autre, on
changeait les règles et si on disait: Pour cette élection-ci, il
y aura un élément proportionnel, à la prochaine
élection, il n'y en aura pas, etc? Imaginez-vous ce que cela peut
donner. Je ne critique pas votre position, mais je veux simplement vous
demander si vous ne croyez pas que, dans les faits, l'effet pratique serait
celui-là.
M. Brun: II faut peut-être voir notre suggestion, à
la page 3, en corrélation avec notre proposition voulant que la question
elle-même soit adoptée par une loi, et c'est dans cette loi que ce
genre de précision serait apporté. Par conséquent, c'est
le gouvernement, oui, parce que c'est celui qui a l'initiative qui changerait
les règles du jeu,
mais pas vraiment. Finalement, sa proposition de changer les
règles du jeu serait assez largement ventilée par tout le
processus d'adoption de la loi sur la question contenant ces précisions,
processus assorti de commissions parlementaires, etc., comme on le
suggère.
M. Burns: D'accord. D'ailleurs...
M. Brun: L'idée de notre objectif, en était une de
souplesse, tenant pour acquis que les questions sont fort différentes
les unes des autres, alors que dans le cas d'une élection, il n'y a rien
de plus semblable à une élection qu'une autre élection en
ce qui regarde le but qui est d'élire des députés.
M. Burns: On ne pourrait pas dire la même chose des
députés. On ne peut pas dire qu'il n'y a rien de plus semblable
à un député qu'un autre député. On ne
pourrait pas dire ça.
M. Langlois: J'aimerais ajouter, M. le Président, avec
votre permission, que si la crainte est que le gouvernement soit accusé
de piper les dés, il faudrait peut-être ne pas songer à une
loi sur le référendum, parce qu'au moment où vous allez
formuler la question ou prendre l'initiative de la question, c'est
évident que l'Opposition va certainement se douter que vous avez un peu
à l'esprit une question qui est susceptible de produire un
résultat que vous pensez le meilleur, sans...
M. Burns: Me Langlois, vous avez tellement raison que depuis que
nous parlons de la possibilité de déposer un projet de loi
à ce sujet, on se fait accuser de tous les torts et de toutes les
manigances parce que nous avons décidé de suivre le
modèle, en tout cas, nous avons suggéré, dans notre livre
blanc, le modèle britannique. On nous a dit: le modèle
britannique, ça doit être quelque chose qui va permettre au
gouvernement en place de gagner. Mais je vous dis tout de suite qu'on aurait
suggéré le modèle suisse qu'on se serait fait dire
exactement la même chose. On aurait suggéré le
modèle français qu'on se serait fait dire exactement la
même chose également.
En tout cas, vous avez raison, effectivement, du moins comme je
perçois la réaction, c'est que le moindrement que le gouvernement
arrive avec une suggestion relative à un problème qui est
complémentaire à l'exercice du droit électoral et
même un élément très important d'exercice
démocratique et de participation de la part des citoyens,
évidemment, à ce moment-là, il faut se brancher quelque
part. On s'est branché là pour le moment, c'est la suggestion
qu'on fait et c'est pour ça qu'on fait des consultations, pour savoir si
les gens pensent qu'on n'est pas en train d'essayer de changer les
règles du jeu. C'est pour ça que votre suggestion me
préoccupait, car elle me laisse entendre, si jamais on l'appliquait,
qu'on aurait peut-être raison de nous dire: D'un référendum
à l'autre, vous allez pouvoir changer la situation, etc.
M. Langlois: Sauf que vous me permettrez de suggérer que
le résultat de la consultation populaire, dans le cadre d'une campagne
référendaire, est tout à fait différent, à
tout égard, du résultat d'une élection. Si vous changez
les règles d'une élection, c'est le gouvernement que vous changez
ou que vous risquez de changer, c'est l'identité des options qui seront
présentes à l'Assemblée nationale que vous changez pour un
mandat qui est théoriquement fixe, ou du moins en tout cas à
l'intérieur de règles maximales.
Dans le cas de la consultation populaire, toujours parce que c'est
essentiellement l'initiative gouvernementale... Et tout ce qu'on a
proposé, c'était le scénario de l'initiative
gouvernementale toujours; c'est ce qui va résulter de cette
consultation, c'est-à-dire une loi ou une décision politique qui
va demeurer la responsabilité du gouvernement qui la prendra. Si le
référendum est positif, c'est-à-dire que la consultation
populaire donne comme résultat ce que le gouvernement espère ou
recherche comme avis, donc un oui, par exemple, et qu'il agit sur cette
proposition, ça demeure quand même un acte de gouvernement dont il
sera responsable comme gouvernement d'une part et comme parti d'autre part,
lorsqu'il aura à se représenter devant l'électorat dans le
cadre d'une élection.
Il nous semble qu'il y a certains éléments du
scénario qu'il est aussi important de déterminer
spécifiquement dans chaque cas que la simple formulation ou la
formulation elle-même de la question. On s'est dit, le taux de
participation que le gouvernement sentira nécessaire pour que ce soit
une expression d'opinion suffisamment crédible, ainsi que la
majorité, ça nous semble presque aussi important que la
formulation de la question elle-même.
C'est pour cela que nous proposons que la loi organique, elle, ne
s'attache pas à un taux de participation ou à une majorité
précise. On dit au gouvernement: Lorsque vous proposerez votre
résolution ou votre loi nous, nous souhaitons que ce soit une loi
spécifique sur la question pour permettre qu'elle soit
entièrement débattue par les représentants élus de
la population, vous vous compromettrez là-dessus aussi.
M. Burns: Dans le fond, vous répondez un peu à ma
deuxième question. C'était cela que je me posais comme
problème, à savoir pourquoi vous voulez faire remplacer la motion
par une loi spécifique dans chaque cas, lorsque la question serait
posée, lorsque la majorité serait décidée?
J'imagine que c'est cela la réponse que vous m'auriez
donnée si je vous avais demandé: Pourquoi voulez-vous remplacer
la motion par une loi? Dans le fond, vous voulez, qu'à chaque cas,
malgré la loi-cadre, il y ait des spécificités vraiment
très précises...
M. Langlois: II y a plus que cela, si vous le permettez. A tort
ou à raison, on perçoit que la procédure de l'adoption
d'une loi, par opposition à la procédure d'une simple
résolution, permet
plus de délibérations, parce qu'il y a les trois lectures,
il y a possibilité de commission parlementaire, etc.
Evidemment, vous pouvez suspendre les règles et on peut faire un
certain nombre de choses. Mais on comprend très bien...
M. Burns: Je vous dis simplement, Me Langlois, qu'une motion peut
être, de façon à peu près indéfinie,
amendée, chacun retrouvant son droit de parole sur l'amendement, alors
qu'une loi déposée en première lecture, n'est pas
débattable. En deuxième lecture, elle est débattable,
évidemment, avec des temps limités de droits de parole, avec la
possibilité d'un seul amendement. Par la suite, évidemment, le
projet de loi, article par article, est étudié en commission ou
en commission plénière. C'est à ce moment-là que,
vraiment, les amendements peuvent intervenir.
Il y a moyen de se poser la question ensemble, à savoir si la
motion, même limitée à 25 heures, n'a pas une
possibilité plus grande d'utilisation du temps de parole qu'un projet de
loi qui, lui, est déjà établi par les cadres stricts de
nos règlements de l'Assemblée nationale.
M. Langlois: Nous avons posé un postulat à cette
suggestion qui était peut-être erroné, et je sollicite un
avis de la commission là-dessus. Nous avons posé le postulat
suivant: Dans le cas d'une résolution, il n'y a pas de commission
parlementaire ou pas de possibilité de faire entendre des témoins
sur le problème qui est posé, ou sur la substance de la
résolution, alors que, dans le cas d'une loi, on peut avoir recours
à des témoins de l'extérieur.
Vous avez vu, dans les exemples qui vous ont été
donnés par M. Pinard, qu'il peut arriver,à cause de la
complexité particulière d'une question, que les débats
deviennent tellement animés à l'Assemblée nationale, entre
les représentants élus, que l'on veuille
précisément faire venir, en tribune publique, des organismes
indépendants. On a parlé ce matin d'un conseil consultatif du
référendum...
M. Burns: Un comité des sages. M. Langlois: Sans
aller jusque là...
M. Burns: J'appelle cela le comité des sages. Je ne le dis
pas de façon péjorative, mais tout le monde appelle cela un peu
le comité des sages...
M. Langlois: Mais le Barreau n'a pas parlé de cela dans
son mémoire, parce qu'il ne s'est carrément pas posé cette
option. Mais il se pourrait que vous vouliez avoir l'équivalent du
comité des sages, que vous vouliez faire venir des organismes comme le
Barreau, des gens indépendants, pour qu'ils expriment leur point de vue
sur l'ambiguïté que pourrait poser la formulation de la question ou
des problèmes pratiques dans les modalités que vous proposez, eu
égard au référendum particulier que vous avez à
l'esprit.
On s'est dit que, comme Parlement, vous devriez vous réserver
cette option d'avoir un mécanisme en particulier pour
décréter le référendum, ce qui vous donne cette
possibilité de faire entendre des témoins pour vous
éclairer et régler des controverses que vous n'êtes pas
capables de régler entre vous, parce que vous êtes trop pris par
les options politiques que vous devez défendre fatalement comme
représentants élus à l'Assemblée nationale.
C'était cela qui nous animait, essentiellement.
Si, maintenant, vous me dites que la résolution peut mener
à la même fin, on n'y tient pas plus à la
résolution. Je ne sais pas.
M. Burns: Je ne suis pas l'interprète du règlement,
mais je pense bien que mon collègue de Laval pourrait me dire qu'il est
d'accord avec l'affirmation suivante: l'Assemblée nationale,
étant maîtresse de ses procédures, peut toujours
décider de déférer à une commission une question
qui lui est posée sous forme de motion ou sous forme de projet de loi.
Je pense bien qu'on peut s'entendre là-dessus, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Ce n'est pas directement...
M. Burns: On ne fera pas un grand débat
là-dessus.
M. Lavoie: ... l'Assemblée qui est souveraine, c'est
plutôt le leader parlementaire du gouvernement qui est souverain, qui est
royaliste en la matière.
M. Burns: Je ne savais pas que vous me couronneriez ce soir,
mais, soit dit en passant, ce type de problème, il m'apparaît que
c'est le genre de chose qui se fait habituellement par voie de consultation
avec tous les partis représentés à l'Assemblée
nationale. On se dit, à un moment donné, ce projet de loi n'a pas
de bon sens, on ne peut pas le garder en Chambre, il faut l'envoyer en
commission plénière ou en commission parlementaire après
la première lecture, etc. Souvent, c'est sur une base d'entente entre
partis que cela se fait.
M. Lavoie: Consultation effective. M. Burns:
Là-dessus, si vous me...
M. Lavoie: Ce qui a manqué dans le livre blanc, entre
autres.
M. Paquette: ...
M. Burns: Ne me faites pas choquer, je vais vous citer des
cas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): MM. les
leaders, je vous en prie, s'il vous plaît!
M. Burns: Je n'ai jamais vu autant de consultation dans les
gouvernements précédents.
M. Lavoie: Monologue, Joe Monologue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, messieurs les leaders!
M. Burns: A quelle heure avez-vous eu mon texte que j'ai
donné à la commission ce matin? Quand avez-vous eu cela?
M. Lavoie: Personnellement, je l'ai eu quinze minutes avant.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Peut-être qu'il a été livré
à mon bureau.
M. Burns: II était livré à votre bureau
hier, M. le député de Laval.
M. Lavoie: J'ai pris l'avion ce matin. M. Burns: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Burns: Je n'ai jamais vu cela, un ministre qui fait une
déclaration en commission parlementaire et qui livre la veille à
l'Opposition le texte qu'il a l'intention de donner en commission parlementaire
le lendemain. D'accord?
M. Lavoie: J'aurais des questions très
intéressantes à poser.
M. Burns: J'en ai d'autres, je n'ai pas terminé. M.
Lavoie: Allez-y.
M. Mackasey: Une directive, est-ce que le Barreau va revenir
demain matin pour les autres questions? J'en ai une vingtaine, parce que c'est
un mémoire très intéressant. Je pense que le but de cette
rencontre, c'est de poser des questions. Je sais que les questions du ministre
sont très intéressantes. Les conversations sont très
intéressantes, très amicales. J'ai des questions à poser,
surtout sur le dernier paragraphe de la page 8. Je veux seulement une
directive. Est-ce que nous aurons l'occasion de rencontrer ces gens demain?
M. Burns: Etes-vous libres demain matin pour recommencer à
10 heures?
Mme Audette Filion: Je pense que c'est vraiment difficile pour
nous, étant donné que certains d'entre nous avions des
engagements antérieurs, en particulier M. Pinard qui, je pense, doit
retourner à Montréal et surtout que c'est mercredi demain, je
pense; cela laisse...
M. Burns: Par contre, pour rendre justice à votre
mémoire, il m'apparaîtrait que, si, j'écourtais mes
questions, à ce moment-ci, pour permettre aux membres de l'Opposition...
D'une part, je leur laisserais dix minutes pour poser des questions, ce qui,
à mon avis, m'apparaît suprêmement injuste pour
l'Opposition...
M. Mackasey: M. le ministre, cela fait vingt minutes que vous
posez des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
injuste. Il dit que c'est injuste.
M. Burns: Non, j'ai dit, au contraire, que je trouve que c'est
injuste pour l'Opposition de vous laisser dix minutes, parce qu'il reste dix
minutes.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Un à la fois.
M. Burns: Mme Filion, à quel moment pourriez-vous revenir
devant nous? On pourrait essayer de vous ménager une place.
M. Lavoie: A votre convenance.
M. Burns: A votre convenance. Demain, il y en a...
M. Lavoie: II y en a deux demain.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y a
une question...
Mme Audette Filion: Est-ce que vous nous donnez deux secondes
pour...
M. Grenier: On va délibérer.
M. Burns: D'accord. Caucus. On va vous attendre.
Mme Audette Filion: Je pense que trois d'entre nous seraient en
mesure d'être ici demain matin, M. Pinard, essayant lui aussi de se
libérer, sous réserve de cela, peut-être qu'il serait
préférable finalement qu'on en finisse demain.
M. Burns: Alors, on pourrait, à ce moment, si c'est la
volonté de la commission je souhaiterais que ce le soit
vous recevoir demain matin à 10 heures, dès le départ de
nos travaux. Est-ce l'idée de la commission?
M. Lavoie: Nous serions parfaitement d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Burns: D'accord. A ce moment, est-ce que je peux continuer mes
questions, peut-être pas terminer, parce qu'on ne s'est pas fixé
de limite de temps? Je prends bonne note, sans commenter ce point de vue que
vous nous soumettez dans votre mémoire, que vous vous opposez à
ce que le débat soit limité à 25 heures, si jamais nous
optons
pour la formule motion plutôt que la formule loi. J'en prends
bonne note. Je considère que c'est une opinion comme une autre. Je
prends cependant l'occasion d'expliquer à la commission ainsi qu'aux
intervenants que le délai de 25 heures est un délai qui existe
déjà dans notre tradition parlementaire, relativement à de
grands débats sur le discours du budget et sur le discours inaugural.
Evidemment, actuellement, il y a des tractations pour réduire ces 25
heures à 15 heures. Je ne peux pas présumer de ce qui arrivera de
ces discussions avec l'Opposition, mais ces propositions ont été
soumises à la commission de l'Assemblée nationale; elles seront
sans aucun doute discutées éventuellement. Comme je vous dis, les
25 heures ont été pigées dans notre règlement
actuel, c'est-à-dire celui qui dit que les grands débats qui sont
limités, se tiennent au cours d'une période de 25 heures.
M. Lavoie: Le ministre me permettrait-il une question?
M. Burns: Certainement.
M. Lavoie: Ne reconnaît-il pas également que nos
débats de 25 heures, soit sur le message inaugural ou sur le discours du
budget, sont un débat onmibus en somme? Ils donnent l'occasion aux
députés de parler d'une manière particulière de
leurs comtés; ils n'ont pas la même conséquence qu'un
débat sur une question référendaire, entre autres le
message inaugural, et cela se termine même sans aucune motion. Il n'y a
aucune motion. C'est un débat.
M. Burns: Non, habituellement, il y a même des motions de
blâme.
M. Lavoie: C'est une soupape pour les députés.
M. Burns: Le gouvernement est blâmé de façon
régulière sur ces affaires.
M. Lavoie: Est-ce que vous ne pouvez pas reconnaître que
ces débats n'ont pas la même conséquence qu'un débat
qui se terminerait par une décision sur une question
référendaire?
M. Burns: II y a peut-être quelque chose à regarder
là-dessus. En tout cas, je ne ferme pas la porte là-dessus, et
c'est un des éléments que je retiens. En tout cas, j'ai
essayé de sortir les grands points que le mémoire du Barreau nous
soulignait et c'est un des points que j'ai retenus. C'est pour ça que je
l'ai souligné, à savoir que j'en prends note. Je prends bonne
note de cette suggestion. Maintenant, je ne vous dis pas que je vais être
d'accord, mais, on va regarder ça, surtout à la lumière
des autres interventions que nous aurons dans les jours et les semaines qui
viennent.
M. Brun: ...répète que le moment peut devenir,
à ce moment-là, plus favorable aussi pour compléter ad hoc
la loi-cadre.
M. Brochu: Si le leader parlementaire du gouvernement ou si
l'Opposition officielle le permet, étant donné que M. Pinard sera
peut-être, possiblement absent demain, est-ce qu'on me permettrait une
courte question à M. Pinard?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre?
M. Brochu: Etant donné qu'il sera probablement absent
demain?
M. Burns: Moi, je vous dis: II reste cinq, six minutes à
la commission. Je pense que je peux libérer mon aspect de l'affaire et,
à ce moment-là, peut-être que M. Pinard pourrait
répondre à vos questions. C'est parce que je ne voudrais pas
perdre le fil de l'affaire.
Vous suggérez que la loi-cadre précise le délai
entre l'adoption de la motion et l'émission du bref. Là-dessus,
je pense que votre mémoire n'est pas tout à fait précis.
Vous n'avez pas, comme telle, de suggestion précise. Ce que je me posais
comme question... D'ailleurs, c'est une suggestion que je considère
très positive. Est-ce que vous avez en tête un délai que
vous croiriez, soit Me Langlois, Me Brun ou M. Pinard...
M. Langlois: On n'a pas de délai. Il faut qu'il y en ait
un.
M. Burns: ... acceptable? Est-ce que, entre le moment... Je
profite de l'occasion pour vous dire que, encore une fois, d'expérience
britannique... En fait, les Britanniques ont réussi, dans un
délai record, à passer à travers tout ce processus que
nous traversons actuellement et je pense bien que nous ne pourrons pas faire de
même. En janvier, ils ont décidé de partir le processus de
livre blanc en projet de loi et en discussion à l'Assemblée
nationale jusqu'au référendum lui-même; ils sont partis de
janvier pour tenir effectivement le référendum sur le
Marché commun le 5 juin 1975. C'est un délai assez fantastique.
Et même là, nous disait-on lorsque nous sommes allés en
Grande-Bretagne, à ce sujet-là, la population en avait soupe
d'entendre parler de cela.
Déjà, on s'était dit: Amenez votre
référendum, on sait comment voter, etc. Vous nous demandez
d'insérer dans le processus un délai additionnel, c'est pour cela
que je me posais la question.
M. Langiois: Ce n'est pas dans cet esprit; évidemment,
l'exemple que vous donnez n'est peut-être pas tout à fait
applicable parce que, dans le cas de cet exemple, c'était une loi
spécifique à un référendum donné, loi qui
n'avait pas de suite, une fois le référendum tenu. Ce n'est pas
du tout pour allonger la période. Nous nous sommes dit: Une fois le
processus déclenché, il faut que le référendum se
tienne. En d'autres termes, si l'Assemblée nationale s'entend sur une
formulation de la question, la loi organique qui doit s'appliquer de
façon générale et qui s'appliquera à ce
référendum comme à d'autres doit prévoir que, tant
de jours après que l'Assemblée nationale a formulé la
question, a adopté en troisième lecture la loi
spéciale ou a adopté la résolution, les brefs sont
émis dans un délai statutaire. Pour que cela ne reste pas en
plan, c'est ce qu'on avait à l'esprit, pas pour introduire un
délai additionnel, mais c'est plutôt pour imposer la tenue de la
consultation, une fois que l'Assemblée nationale l'a
décidé.
M. Burns: D'accord, je comprends mieux la recommandation. Je
prends bonne note que vous voulez absolument que la réponse soit un oui
ou un non et non pas une série d'options ou de choix formulés.
J'imagine que, tout au long de nos travaux, on va avoir de telles
recommandations et j'ai bien compris d'ailleurs les remarques de M. Pinard
là-dessus. Je vous le signale simplement comme quoi je prends en bonne
considération ces remarques, non pas pour vous dire que je vais les
suivre, mais que je considère que c'est l'un des points majeurs de votre
mémoire.
Finalement, cela m'intéresse beaucoup d'avoir vos
réactions relativement au décompte des suffrages. Vous
suggérez que ce décompte se fasse au niveau des circonscriptions
électorales. Là-dessus, dans le livre blanc, nous avions un peu
laissé une ouverture en disant: Au niveau du Québec, est-ce que
cela doit être au niveau régional? Est-ce que cela doit être
au niveau des circonscriptions? J'aimerais entendre les remarques qui vous
motivent à nous suggérer le décompte circonscription par
circonscription électorale.
M. Pinard: Au moment où nous avons discuté cela
et je me rends compte qu'on s'est peut-être trompé
on s'est dit: De toute façon, les résultats seront connus par
bureau de scrutin ou quelque chose comme cela. Il est évidemment
possible que vous instituiez un mécanisme par lequel toutes les
boîtes de scrutin s'en viennent quelque part et soient
dépouillées anonymement et qu'on ne sache vraiment pas comment le
bureau untel a voté ou comment le comté untel a voté. Dans
ce cas, vous pourriez... Je me rappelle de nos discussions. On disait: Cela
peut être un peu illusoire de penser le cacher, alors autant le
révéler par comté puisque cela va être connu de
toute façon. On estimait que le décompte se ferait là
même, comme au cours d'une élection. Alors, cela ne se cache pas
vraiment. Si vous décidiez de vouloir le cacher, on n'a pas d'opinion
arrêtée là-dessus. Il y a des motifs où on voudrait
que possiblement le résultat soit connu pour la population
entière dans un seul chiffre, de sorte qu'on évite des divisions
possibles à l'intérieur.
M. Burns: Mais l'aspect pratique de la compilation nationale ou
québécoise n'était pas une raison... ou les
difficultés pratiques d'une compilation au niveau du Québec dans
l'ensemble n'était pas la raison pour laquelle vous nous
suggériez de garder cela au niveau de la circonscription
électorale. Est-ce que je comprends bien votre réponse?
M. Langlois: On n'a jamais proposé que, lorsqu'on
parlerait de majorité, elle soit en termes de nombres de comtés
qui auront voté oui versus le nombre de comtés qui auront
voté non. Ce n'est pas comme cela qu'on a compris votre livre blanc.
M. Burns: Non, pas du tout.
M. Langlois: On a dit: Puisque l'expression d'opinion va se faire
au niveau d'un bureau de vo-tation, comme il y aura des agents, des
représentants ou des greffiers, comme il devra y avoir, je
présume, l'application des dispositions de la Loi électorale sur
la contestation possible du décompte, etc., c'est fatal que
statistiquement et publiquement, cela va se savoir, les bureaux de vota-tion
qui auront donné telle majorité. Si vous voulez vous assurer que
le résultat est crédible, il faut absolument que ce soit
très public, qu'on puisse vérifier quelle a été
l'expression qui a été donnée par bureau de votation,
sinon vous savez ce qu'il peut arriver.
M. Lavoie: J'ai une courte question, à la suite de la
vôtre.
M. Burns: Une question, mais vous pourrez commencer demain. J'ai
une dernière...
M. Lavoie: J'en aurais une à poser à M. Pinard au
cas où il ne serait pas ici. Je crois que cela va apporter une
réponse très courte. Si cela n'apporte pas une réponse
courte, je la retirerai.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: En avez-vous une?
M. Burns: J'ai une dernière question.
M. Lavoie: Si vous permettez la mienne après, avec le
consentement de la commission.
M. Burns: Oui, après, avec le consentement de la
commission. Cela va terminer mes questions et demain je pourrai vous livrer
à ces affreux membres de l'Opposition, soit dit avec un sourire.
J'espère que mon sourire est enregistré.
M. Gratton: II est gravé dans mon esprit.
M. Burns: D'accord! Il l'est maintenant. Ma dernière
question, ce qui m'a intéressé, c'est, à la fin de votre
mémoire, le fait que vous suggériez Me Langlois a
touché à ce problème à la fin de son intervention
d'autres mécanismes que les systèmes d'organisation ad hoc
ou, si vous voulez, de comités ad hoc, et ce, d'une part, tout en
acceptant là-dessus, je vous en sais gré, je pense qu'un
appui comme celui du Barreau sur ce point est assez intéressant
tout en acceptant, dis-je, le fait que les dépenses doivent être
contrôlées. Je pense que cela ne fait aucun doute dans votre
mémoire, c'est quasiment une chose accep-
tée à l'avance de votre part. Je pense que ça fait
partie aussi de nos traditions électorales au Québec, qu'on
devrait normalement, que je suggère en tout cas au nom du gouvernement,
de transférer au niveau des consultations
référendaires.
Mais, tout en reconnaissant le bien-fondé de cette position, vous
nous dites: Pour y arriver, vous mettez en place des comités ad hoc ou,
si vous voulez des comités "parapluie", comme on peut les appeler. A ce
moment-là, vous nous dites qu'il faudrait trouver une autre technique.
J'ai cru comprendre que vous ne vous étiez pas penchés sur
l'autre technique, mais est-ce que vous auriez des suggestions précises
pour arriver à trouver quelque chose de nouveau et qui, en même
temps, respecterait le contrôle des dépenses et du financement et,
d'autre part, respecterait, comme vous le suggérez, une espèce de
liberté d'association qui soit en dehors de ce que nous proposons comme
comité ad hoc?
M. Langlois: Disons que nous n'avons pas de proposition dans le
mémoire, parce qu'effectivement, on n'en propose pas, mais il existe une
autre technique qui est celle de la loi électorale et de la loi no 2.
Nous ne sommes pas convaincus qu'elle ne se transpose pas mutatis mutandis dans
le cadre d'une consultation référendaire. Mais, comme je
l'exposais, nous nous sommes sentis incapables d'aller au-delà de
ça, parce que c'est réellement l'éclairage de personnes
qui ont vécu l'expérience d'élections, qui vivent dans ce
milieu, qui serait essentiel à ça. On ne nous a pas convaincus,
en d'autres termes, que la technique actuellement retenue pour les
élections ne serait pas transposable dans une campagne
référendaire. On ne nous a pas convaincus de ça.
M. Burns: En fait, je voudrais vous dire, Me Langlois, que,
même si on applique les mêmes règles que les règles
électorales, tant au point de vue du sens électoral que tout ce
qui concerne éventuellement une consultation référendaire,
ce n'est quand même pas le même type de choix qui est soumis
à la population. D'ailleurs, Me Brun le reconnaissait dans son
intervention.
En tout cas, je vous laisse tout simplement avec cette question.
Peut-être, demain, pourriez-vous me donner une réponse. J'admets
que ce n'est pas facile, parce que nous, on en a cherché, d'autres
solutions.
Je me demanderais, en terminant, puisque tout à l'heure vous avez
parlé d'un scénario que vous avez imaginé autour de
l'application de cela... Je trouve cette solution très imaginative et
très intéressante. Est-ce que, dans votre scénario, vous
avez imaginé quelque chose d'autre que les comités ad hoc?
M. Brun: On est, dans une certaine mesure, très
limité quant au temps. On a essayé, oui, particulièrement
sur cette question, un peu, dans une certaine mesure, parce qu'on n'a eu que
peu de temps, de voir si les deux objectifs avec lesquels on était
d'accord, la limite des dépenses et l'équilibre entre les
dépenses, si, ces deux éléments combinés, on n'en
arrivait pas à une solution de rechange, qui nous apparaissait moins
contraignante par rapport à un principe qui nous tenait à coeur,
la liberté d'association.
On est resté dans le vide là-dessus. Mais on a
essayé de...
M. Lavoie: Je n'aborderai pas cette dernière question
puisque tout le monde en reconnaît la complexité. Nous aurons sans
doute demain des questions très intéressantes et même des
suggestions à proposer sur cette question du financement et tout.
Une très courte question c'est plutôt une
explication que je demanderais à Me Pinard . J'ai mieux compris
dans votre exposé, sans doute, les propos qu'avait tenus le ministre
leader du gouvernement, il y a quelques semaines, alors qu'il avait dit, sans
beaucoup d'explications, que le libellé de la question était
secondaire.
Ce que j'ai compris dans vos explications, ce soir, et dans les propos
que vous avez tenus, c'est qu'en somme, le libellé de la forme est
secondaire. J'aimerais que vous me confirmiez si c'est bien cela que vous avez
voulu dire, si le libellé de la forme est secondaire, à condition
que l'objet de la question soit clair et sans équivoque. Est-ce que
c'est cela que vous avez voulu dire?
M. Pinard: Exactement; il faut faire une distinction très
nette entre l'objet et la façon dont on fait le libellé. Le
problème de poser une question, que ce soit dans un sondage ou dans un
référendum, la première question à se poser, c'est
qu'est-ce qu'on veut demander? Est-ce que cela est légitime,
honnête, clair, sans ambiguïté? Après cela, je dis,
quand on fait, nous, des questionnaires comme sociologues, le libellé
est très important. Le moindre petit billet peut changer les
résultats. Ce que je dis fondamentalement, c'est qu'au moment d'un
référendum, une fois que l'option, l'objet est
spécifié, le libellé pourrait varier un peu.
Par exemple, dans le cas du Marché commun, la question
n'était pas balancée. Ce qu'on appelle une question
balancée, c'est de dire êtes-vous pour je ne me rappelle
pas le détail de la question ou contre l'entrée dans le
Marché commun? On disait: Est-ce que vous êtes en faveur...
M. Lavoie: Du maintien.
M. Pinard: ... du maintien de la Grande-Bretagne dans le
Marché commun? Pour nous, une question balancée aurait
immédiatement ajouté "ou non". Que ce ne soit pas là, cela
ne changeait pas grand-chose, et, dans ce sens, le libellé...
M. Lavoie: Le style est tout à fait secondaire. M.
Pinard: ... était assez secondaire.
M. Lavoie: Mais à condition, je le répète,
que l'objet, le but, la fin, le fond soient clairs, précis, sans
équivoque.
M. Pinard: Exactement. M. Lavoie: Merci!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière brève question et une rapide réponse de la part
du député de Richmond à M. Pinard.
M. Brochu: Très brièvement, à M. Pinard, au
cas où cela lui soit impossible d'être avec nous demain. Qu'est-ce
que vous pensez de l'idée d'abolir les sondages en période de
campagne référendaire?
M. Pinard: Je m'attendais à cette question. Je doute que
je puisse y répondre en deux minutes.
M. Brochu: Je sais que c'est difficile.
M. Pinard: En principe, je suis pour la liberté des
sondages à tout moment dans la vie politique d'un pays et en vertu de
principes démocratiques de liberté d'expression. De deux choses
l'une je pourrai m'expliciter plus en détail demain ou le
sondage influence l'électorat ou il ne l'influence pas. En
général, mon opinion est que les études que nous
possédons sont dans cette ligne le sondage n'influence pas,
à peu près pas l'électorat.
Je suis prêt, par ailleurs, à assumer... Assumons qu'il
influence l'électorat; êtes-vous pour ou contre les sondages en
période électorale, en période référendaire
ou même dans la semaine qui précède? Je suis non seulement
pour, mais je défendrais ce droit du peuple à la tenue de tels
sondages, sur le principe que le peuple a le droit, même s'il doit
lui-même être influencé par le résultat du sondage,
et chaque individu à l'intérieur du peuple a le droit de savoir
quelle décision collectivement il est en train de prendre. Il a le droit
de changer son vote par une connaissance de ce vers quoi l'opinion populaire
s'en va.
Ce droit à cette information est plus scientifique, plus valable
que la sorte d'information, je crois je peux me tromper que les
politiciens de chaque côté disent sur ce qui s'en vient comme
résultat, ce que les journalistes disent sur ce qui s'en vient comme
résultat et que toutes les autres sources disent sur ce qui s'en vient
comme résultat. Le citoyen a le droit de prendre en
considération, dans sa décision, les conséquences
auxquelles il s'attend que sa décision mènera. Il a le droit de
changer d'opinion après cela. Il a droit au plus de renseignements
possible là-dessus. C'est en vertu d'un principe démocratique, et
non simplement, je sais bien qu'on laisse aller cela, je m'opposerais à
ce qu'on interdise les sondages, en vertu de principes démocratiques. Je
suis sûr qu'aux Etats-Unis, cela s'est déjà fait. La Cour
suprême, pour donner un exemple, en vertu des amendements à la
constitution américaine, annulerait toute loi qui voudrait interdire les
sondages en vertu de ces mêmes principes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. Pinard. Est-ce que je pourrais savoir si vous revenez demain, M. Pinard?
M. Pinard: Je dois voir si je peux annuler les engagements que
j'ai ou non, et les reporter, en tout cas, pas plus tard que midi.
M. Burns: En ce qui nous concerne, on s'engage à vous
libérer pour midi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
vous faire part que plusieurs membres de la commission aimeraient vous
rencontrer, vous revoir demain? Là-dessus, les travaux de la commission
sont ajournés à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 11)