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Étude des crédits du ministère
des Affaires intergouvernementales
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, messieurs! La
commission de la présidence du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales est réunie pour entreprendre
l'étude des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Les membres de la commission sont: MM. Bertrand (Vanier), Biron
(Lotbinière), Bisaillon (Sainte-Marie), Burns (Maisonneuve), Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par Goulet (Bellechasse); Forget
(Saint-Laurent), Garneau (Jean-Talon), Gosselin (Sherbrooke), Johnson (Anjou),
Laberge (Jeanne-Mance), Levesque (Bonaventure), Martel (Richelieu), Morin
(Louis-Hébert), Morin (Sauvé), Paquette (Rosemont), Raynauld
(Outremont), Roy (Beauce-Sud), Samson (Rouyn-Noranda), Vaugeois
(Trois-Rivières).
La commission doit d'abord désigner un rapporteur. Je vous
propose M. André Raynauld, député d'Outremont, comme
rapporteur. Acceptez-vous d'être rapporteur?
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Marcoux): La commission accepte-t-elle
que le député d'Outremont soit le rapporteur de la commission? Le
député d'Outremont sera le rapporteur des travaux de la
commission.
M. le ministre.
Exposé préliminaire du ministre M.
Claude Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. le Président. Je
voudrais utiliser le début de cette discussion non pas pour faire un
discours, mais pour mentionner un certain nombre de choses qui me paraissent
importantes, qui vont peut-être éclairer davantage la discussion
à venir et éviter peut-être aussi des échanges de
vues qui pourraient prendre du temps.
D'abord, je veux répéter une chose que j'ai dite la
semaine dernière en Chambre, à l'occasion d'un débat sur
une motion du chef de l'Union Nationale, et c'est la suivante: Je voudrais
féliciter l'ancien gouvernement d'avoir adopté la loi du
ministère telle qu'elle existe maintenant. Je pense que cette adoption
se situait dans une continuité historique logique et qu'à mesure
que le temps passait il fallait, en même temps, préciser davantage
les pouvoirs du ministère et, d'autre part, prendre toutes les
précautions voulues pour qu'à l'intérieur du gouvernement
du Québec et à l'intérieur du Québec il y ait une
unité en ce qui concerne la politique intergouvernementale. Je pense que
la loi, telle qu'elle existe maintenant, permet ce genre de travail, ce genre
de résultat. Je m'en félicite et je veux que ceux qui sont
responsables de cette évolution de la loi sachent que j'en pense
beaucoup de bien.
Une deuxième chose que je veux mentionner: Je suis devenu
ministre de ce ministère après avoir été
sous-ministre pendant huit ans et demi, de 1963 à 1971, au mois
d'octobre.
Je suis devenu ministre à la fin de novembre. Je m'étais
donné, à l'époque, à peu près six mois pour
me refamiliariser avec un ministère qui avait pris beaucoup d'ampleur
entre le moment où je l'ai laissé et le moment où je suis
revenu et pour me familiariser aussi avec le personnel qui s'y trouvait, de
même qu'avec la plupart des dossiers dont le ministère traitait.
La période de six mois est maintenant terminée et je dois dire
que je vois beaucoup plus clair qu'au début, évidemment, bien que
dans plusieurs de ces domaines dont le ministère s'occupe il est
parfaitement compréhensible que je n'aie pas encore été
à l'intérieur, à la troisième décimale, de
chacun des dossiers qui s'y trouvent.
Je voudrais aussi dire une chose à propos du rôle actuel du
ministère, qui est peut-être, à cet égard,
différent du rôle que le ministère pouvait exercer avant.
D'un côté, il y a évidemment une fonction que j'appellerais
axée sur le présent, c'est-à-dire la coordination et
l'élaboration de la politique fédérale-provinciale du
gouvernement de la province de Québec. Pour la période qui
s'écoulera entre notre élection et le moment où le
Québec accédera à la souveraineté, il y aura, en
somme, pour le ministère à s'occuper de questions courantes,
à s'occuper de discussions avec . Ottawa et les autres provinces, de
même qu'avec d'autres pays.
Il y a donc un rôle présent, un rôle du
ministère qui est axé sur le moment actuel, en même temps
qu'il y en a un autre, qui est nouveau, qui est une extension ou une
augmentation peut-être de la responsabilité que le
ministère avait par rapport à l'avenir. Ce rôle est
axé sur l'avenir, c'est-à-dire qu'une des responsabilités
du ministère et peut-être encore plus particulièrement du
ministre je dis cela, parce que cela va introduire tantôt des
distinctions c'est de se préoccuper justement de l'accession du
Québec à la souveraineté et des discussions relatives
à cet événement important.
Donc, rôle présent et rôle futur font que le
ministère a une importance tout à fait particulière, que
tout le monde va admettre, je crois, dans l'état actuel des choses,
à l'intérieur du gouvernement du Québec. Une chose aussi
que je veux mentionner concerne notre méthode de travail. Cela a
toujours été, je pense, celle que le ministère a
adoptée et celle à laquelle moi je crois beaucoup. Je pense que
nous aurions, si nous le voulions, avec la loi qui est maintenant celle du
ministère, toute la latitude voulue pour centraliser, même outre
mesure, les décisions gouvernemen-
tales relatives aux questions intergouvemementales.
Je pense que cela serait une façon erronée de
procéder. C'est pour cela que nous avons adopté, et que nous
continuerons d'adopter, comme méthode, que nous travaillions avec les
divers ministères du gouvernement du Québec, de telle sorte que,
eux, dans leur domaine respectif, soient responsables, avec nous, mais
responsables directement de la poursuite des négociations et des
discussions. Ainsi, je vous donne un cas; s'il s'agit par exemple de questions
relatives à la santé, c'est le ministère des Affaires
sociales qui fait ses discussions avec Ottawa, quitte à ce qu'il y ait
toujours, lors de ces discussions, un représentant du ministère.
Mais ce n'est pas nous, ni le ministre, ni le sous-ministre, ni qui que ce soit
dans le ministère, sauf très rares exceptions, qui prenons en
charge un dossier et qui nous en occupons sans nous référer aux
ministères. Je pense que chaque ministère doit demeurer
responsable de ses domaines d'action, et cette responsabilité doit
s'étendre à la négociation d'accord intergouvernementaux.
Mais cela demeure quand même, ces accords intergouvernementaux,
situés à l'intérieur d'une politique globale
établie, elle, par notre ministère.
Avec moi, aujourd'hui, il y a un certain nombre de fonctionnaires du
ministère qui sont présents. À ma droite, M. Arthur
Tremblay et, derrière moi, les directeurs généraux et
d'autres fonctionnaires. On pourra les présenter au fur et à
mesure, parce que j'aurais l'intention, si vous êtes d'accord, de leur
demander, sur des questions de fait, de répondre à certaines des
questions que vous pourriez avoir à poser sur le budget du
ministère. Ils ont tous les documents, j'ai les miens aussi dans une
boîte qui est là. Ils sont disposés à apporter
toutes les réponses nécessaires.
À cet égard, je vais, tout de suite si vous voulez,
procéder, je dirais peut-être au dépôt
préliminaire du rapport 1975/76 du ministère qui sera
imprimé très prochainement, pour que vous l'ayez tout de suite.
Évidemment, cela ne remplace pas le dépôt formel en
Chambre, mais c'est pour vous en donner tout de suite une copie qui peut vous
être utile; je veux procéder de la sorte.
Je voudrais aussi, pour éviter un tas de questions, et parce
qu'on n'a pas vraiment grand-chose à cacher à cet égard,
vous faire distribuer une documentation relative, par exemple à
l'organisation et au personnel du ministère. C'est un dossier que chacun
va avoir, qui est ici, dans lequel on va retrouver l'organigramme, le tableau
des effectifs, le tableau comparatif des effectifs à l'étranger,
la liste des cadres et adjoints du ministère, la liste des postes
vacants, la liste des occasionnels, la liste des fonctionnaires à
l'étranger qui relèvent de notre ministère, la liste des
fonctionnaires à l'étranger qui relèvent d'autres
ministères et la liste de certains experts contractuels ou occasionnels
à l'étranger.
Ce texte vous sera remis dans lequel vous trouverez un organigramme du
ministère établi au mois de mai 1977. Tout cela pour faciliter la
dis- cussion et peut-être répondre à des questions qui
pourraient survenir.
Avant que le chef de l'Opposition prenne la parole, je voudrais ajouter
une chose je pourrais le faire plus tard, mais aussi bien le faire
maintenant il y a quelques différences, si vous regardez le
document budgétaire, entre le budget de cette année et celui de
l'année passée.
Ce sont des différences qui peuvent donner a priori l'impression
qu'il y a de grands changements budgétaires, mais qui, en fait,
lorsqu'on les analyse de plus près, démontrent que chacune de ces
augmentations est explicable par des facteurs qui ne découlent pas d'une
décision d'augmenter massivement les crédits du ministère
pour l'année en cours.
C'est ainsi que les crédits de 1977/78, lorsqu'on les compare
à ceux de 1976/77, passent de $25,556 millions à $29,625
millions. C'est une augmentation de plus de $4 millions qu'on peut ventiler en
gros de la façon suivante. Il y a $1 750 000 qui concerne les
ajustements de traitements, d'allocations pour le personnel à
l'étranger, les postes additionnels. Il y a $1 900 000 qui provient
d'une participation du Québec à des projets entre l'ACDI et le
ministère. Il y a un montant de $550 000 qui correspond à une
croissance mécanique des crédits de fonctionnement, pour tenir
compte de la hausse normale dans le coût des services; il y a $100 000,
une contribution du Québec à l'Agence de coopération
culturelle et technique, et $50 000 qui est une contribution du Québec
au programme ACTIM, c'est-à-dire de coopération technique
franco-québécois, moins $310 000 qui est une réduction des
crédits du protocole qui s'explique du fait que l'année
passée les crédits avaient été augmentés
à cause des Jeux olympiques. Ce qui fait au total à peu
près $4 millions de différence, explicable quasiment par des
raisons de croissance naturelle, plus l'addition de certains programmes qu'on
administre entre Ottawa et Québec en collaboration entre l'ACDI et le
ministère des Affaires intergouvernementales. Cela explique en gros les
hausses principales des crédits du ministère. On pourra, bien
sûr, en parler davantage tantôt si vous le voulez.
En arrivant à l'intérieur du ministère, j'ai
demandé qu'on fasse le point quant à un certain nombre de
dossiers, c'est-à-dire non seulement à un certain nombre, mais
quant à tous les dossiers fédéraux-provinciaux.
Ce travail est en train de se terminer maintenant. Nous avons eu la
collaboration de tous les ministères et, présentement, nous
sommes en train de dégager les leçons du panorama présent
des relations intergouvernementales, telles que vues par le ministère et
telles que vues à travers les renseignements et les documents qu'ont pu
nous fournir les autres ministères du gouvernement du Québec.
C'est en train de se terminer et ce sera utile pour l'évaluation de la
situation.
Voilà, en gros, ce que j'avais à dire pour le moment comme
présentation des crédits du ministère pour l'année
en cours. Je pourrai revenir tantôt sur divers sujets, si vous voulez
aborder des
questions supplémentaires. Pour le moment, c'est tout ce que
j'avais à dire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bonaventure.
Commentaires de l'Opposition M. Gérard-D.
Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais
immédiatement, dès mes premiers mots, rappeler mes deux
séjours au sein du ministère des Affaires intergouvernementales,
simplement pour souligner la satisfaction que j'ai ressentie au cours de ces
années de collaborer avec une équipe complètement
vouée aux meilleurs intérêts du Québec et avec
laquelle j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler. J'ai appris à
connaître la plupart des fonctionnaires du ministère et,
également, à apprécier la contribution que chacun
apportait par son travail à plusieurs réalisations du
ministère. Je comprends le ministre qui dit que, lorsqu'il a
quitté comme sous-ministre et qu'il est revenu ensuite comme ministre,
s'était passée une certaine période. Elle a dû
être fructueuse puisque cela lui a pris six mois à faire le tour
des améliorations que nous avions apportées. Ceci dit en toute
sérénité.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'étais donné
six mois; cela ne veut pas dire que cela a pris six mois.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais, en même temps, on
me comprendra, dire un mot très bref du sous-ministre dont on a
annoncé récemment le départ.
Sans vouloir blesser sa modestie, je voudrais lui dire que l'État
québécois lui doit beaucoup et que la fonction publique lui doit
également beaucoup. Ce n'est nullement une exagération de dire
qu'il est probablement le modèle par excellence du fonctionnaire, du
grand commis de l'État à qui la population doit beaucoup. J'ai
été très heureux de travailler avec lui, m'inspirant
constamment de ses conseils et inspiré par sa vision des choses. J'ai
également su apprécier plusieurs de ses collaborateurs
immédiats incluant d'ailleurs le ministre actuel...
M. Morin (Louis-Hébert): Je l'attendais.
M. Levesque (Bonaventure): ... sans lesquels je n'aurais pas pu
accomplir la tâche qui m'était confiée. Pendant que nous
sommes dans les compliments, je vais recevoir celui du ministre,
officiellement, quant à la loi organique du ministère à
laquelle j'ai contribué avec mes collaborateurs encore une fois. Je suis
heureux de voir que cette loi permet réellement au ministère des
Affaires intergouvernementales de jouer pleinement son rôle dans
l'appareil gouvernemental.
Je voudrais, à ce moment-ci, enlever toute inquiétude qui,
normalement, pourrait devenir pres- que une épée de
Damoclès quant au budget lui-même du ministère. Le ministre
a brossé un rapide tableau des changements budgétaires. Je
voudrais qu'il soit bien rassuré; je ne reviendrai pas avec la motion
péquiste d'il y a deux ans qui suggérait de réduire le
budget à $1 par année. Je comprends trop bien le travail...
Pardon?
M. Garneau: On aurait des chances de la faire adopter.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être par le nombre, oui, je
pense que nous sommes majoritaires. Mais je veux le rassurer. Justement je
disais au ministre que nous voulons le rassurer. Nous croyons trop à
l'importance du ministère et au rôle qu'il doit jouer, surtout
à ce rôle que le ministre décrit comme étant cette
fonction axée sur le présent. Je pense que ce présent peut
durer longtemps; c'est bien important qu'on ait des budgets suffisants pour un
présent qui peut être non seulement le présent, mais
également l'avenir.
Pendant que je suis en train simplement de réagir aux propos
préliminaires du ministre, je voudrais lui indiquer que nous sommes
heureux d'avoir reçu une copie du rapport annuel et, également,
une série de chiffres représentant le personnel respectif, etc.,
et tout cela. J'aimerais cependant lui faire remarquer que le rapport annuel
nous arrivant au début de l'étude constitue quelque chose de
préférable à le recevoir après, mais, quelques
jours, quelques semaines avant, cela aurait peut-être été
préférable, réellement, pour pouvoir être un
instrument de travail utile pour la présente discussion.
Avant le 15 novembre 1976, on se rappellera la campagne
électorale, les candidats du Parti québécois disaient que
l'enjeu de l'élection, c'était simplement de changer le
gouvernement et que seulement après, dans les années qui
suivraient on demanderait aux gens leur avis au sujet de la question
constitutionnelle, de l'option fondamentale du Parti québécois,
à savoir l'indépendance politique du Québec, si l'on veut,
assortie d'une velléité quelconque d'association
économique avec ce qui resterait alors du Canada.
Nous savons maintenant la difficulté qu'éprouve le nouveau
gouvernement à être et à se comporter comme ce qu'il nous
promettait d'être, un vrai et bon gouvernement provincial. Nous savons
également qu'au thème de l'indépendance politique et de
l'association économique est venue se greffer, à la suite du
congrès qu'on a surnommé le congrès de l'avortement, le
dernier congrès du Parti québécois, l'idée tout
à fait neuve et originale de l'autonomie provinciale.
Je me rappelle les années cinquante; alors que je suis
arrivé ici à cette Assemblée, c'était le mot
à la mode. Je ne sais pas quand je vais quitter, mais je pense bien
qu'en arrivant ou en partant c'est toujours l'autonomie provinciale qui semble
être l'idée la plus originale de ceux qui nous opposent.
L'idée de l'autonomie provinciale, il faudrait, apparemment, la
défendre encore jusqu'à ce que vienne le référendum
quelque part.
Peut-être le ministre va-t-il profiter de l'étude de ses
crédits pour nous apporter, à nous, en primeur, des
réponses. Il gardait probablement cela pour ses amis de la commission
parlementaire de la présidence du conseil. Ce référendum
se situerait quelque part entre aujourd'hui et la fin du mandat du
gouvernement. C'est précis!
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'avez, la réponse.
Vous avez deviné cela.
M. Levesque (Bonaventure): Comme le premier ministre a
mentionné que cela devait se faire non pas durant la campagne
électorale, mais dans une période qui précéderait
suffisamment cette période électorale, il faudrait bien penser
à un an avant, je pense bien. Comme on voit qu'on n'est pas encore
prêt ayant peut-être un an d'ici, cela se situerait vers le
début de 1979, quelque part dans ce temps-là. Je vois que le
ministre n'a pas encore réagi de façon précise.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que je ne veux pas
vous interrompre.
M. Levesque (Bonaventure): Je suis prêt à
m'interrompre immédiatement pour la réponse, si elle est
précise.
Ce que je voudrais mettre en relief, en abordant l'étude des
crédits des Affaires intergouvernementales, c'est
l'ambiguïté fondamentale de la situation du ministre des Affaires
intergouvernementales. Connaissant tout de même un peu le ministre
je mentionnais, tout à l'heure, que nous avions travaillé de
très près au ministère, il y a quelques années
je sais qu'il est ainsi fait qu'il peut, personnellement, se sentir
relativement à l'aise même dans une situation équivoque ou
ambiguë. D'ailleurs, c'est une situation qu'il a peut-être voulue
comme cela en élaborant sa théorie de l'étapisme dont
semblent, du moins pour le moment, se satisfaire les irréductibles de
l'indépendance politique du Québec qui ont choisi je ne
sais pas si c'est à contrecoeur ou autrement de suivre le
ministre dans la voie qu'il leur a proposée.
Ce qui nous intéresse ici, ce n'est pas tellement de savoir ce
que le ministre fera, demain, de l'idéal de ces ouvriers de la
première heure, mais bien plutôt de chercher à mettre en
relief les conséquences de l'approche du ministre sur le
développement des relations intergouvernementales du Québec. Dans
les débats que nous avons eus la semaine dernière avec le
ministre, soit sur la motion du député de Lotbinière, soit
encore dans les périodes de questions, il est très clairement
apparu que pour le ministre son adhésion au Parti
québécois était bien davantage une affaire de
stratégie que celle d'un acte de foi dans la valeur de l'idéal
indépendantiste.
Le ministre a, en effet, répété que ce qu'il
recherchait avant tout était essentiellement de changer je ne
sais pas s'il a appelé cela le "pattern"; il faut faire attention, on
est en train d'étudier l'autre loi dans l'autre salle, peut-être
qu'on trouvera un autre mot le dessin des négocia- tions
constitutionnelles du Québec avec le reste du Canada. Il nous a dit ne
plus croire à une méthode, à une technique ou à un
cadre de négociations qui, selon lui, se ramenait trop souvent au combat
d'un gouvernement, celui du Québec, contre dix gouvernements,
c'est-à-dire neuf gouvernements des provinces et le gouvernement
fédéral.
C'est là une affirmation qui a sûrement besoin d'être
nuancée. Ce qui importe toutefois, c'est plutôt de savoir ce que
le ministre recherche vraiment en disant vouloir changer ce tableau ou cette
stratégie traditionnelle des négociations entre le Québec
et le reste du Canada. Recherche-t-il simplement, par une voie nouvelle, une
simple révision de l'ordre constitutionnel canadien, dont
l'aboutissement ultime serait une sorte de néofédéralisme
ou recherche-t-il, en dehors de toute espèce de cadre
fédéral, l'établissement d'une sorte de Canada à
deux? Recherche-t-il, enfin, purement et simplement l'indépendance
politique du Québec, assortie possiblement d'une association
économique qui existera ou n'existera pas selon, évidemment, le
résultat de négociations à venir?
Nous aurons l'occasion, j'en suis convaincu, de revenir sur ces aspects
fondamentaux des orientations du ministre. Pour le moment, puisque, de toute
manière, le référendum n'est pas, semble-t-il, pour
demain, il nous faut savoir exactement ce que compte faire le ministre des
crédits que nous nous apprêtons à voter.
La seule chose qui semble claire c'est assez extraordinaire qu'on
en ait fait les manchettes tellement cela est évident c'est que,
d'ici au référendum, le ministre entend défendre et
promouvoir l'autonomie provinciale. Il reste tout de même que, tant et
aussi longtemps que les orientations à moyen terme du gouvernement
demeureront hautement spéculatives, c'est tout le rôle du
ministère des Affaires intergouvernementales qui risque d'être,
par la force des choses, remis en cause et même sérieusement
compromis.
C'est l'occasion ici, en étudiant les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales, de dire au ministre que
l'ambiguïté des options constitutionnelles du gouvernement ne peut
avoir pour effet que celui de miner la crédibilité du
ministère des Affaires intergouvernementales et de littéralement
compromettre la valeur des efforts qui y sont faits pour développer les
relations du Québec avec les autres gouvernements et même avec
l'étranger.
Le ministre doit bien se rendre compte de la situation dans laquelle son
ministère est placé. On ne peut manifestement pas inscrire
l'action du ministère à la fois dans le cadre canadien et en
même temps en dehors de ce cadre canadien. Même s'il a dit qu'il
avait un rôle axé c'est bien dit, cela sur le
présent, puis un autre rôle axé sur l'avenir, les gens
travaillent chaque jour et ont un rôle à jouer. Le ministre ne
peut demander à la fois à ses fonctionnaires de travailler
à faire fonctionner le fédéralisme canadien et, en
même temps, exiger d'eux qu'ils préparent la sécession du
Québec.
Comment, alors, le ministre et ses fonction-
naires, en somme le ministère des Affaires intergouvernementales,
peuvent-ils trouver chez ces interlocuteurs canadiens et étrangers un
minimum de confiance? Comment ces derniers peuvent-ils simplement croire en ce
qu'ils font avec le ministère, s'ils ne peuvent savoir si ce que dit ou
ce que fait aujourd'hui le gouvernement du Québec sera encore vrai ou
encore valable demain? Là où la confiance n'existe pas, rien de
vraiment sérieux ne peut être entrepris. Tout au plus est-il alors
possible aux uns et aux autres de chercher à prendre position sur le
terrain, afin d'être le mieux placés possible au moment où
les choses auront à être clarifiées d'une façon
définitive.
Je crains, M. le Président, que les crédits que le
ministre nous demande d'étudier et d'adopter ne servent bien plus, cette
année, à des fins tactiques qu'à celles de la conduite de
relations intergouvernementales adultes, sérieuses et responsables.
Je voudrais bien que le ministre nous explique comment il peut demander
que l'Assemblée nationale lui vote des crédits pour
développer, dans le cadre canadien, les relations intergouvernementales
du Québec, alors que le gouvernement dit être
irrémédiablement engagé à séparer le
Québec du reste du Canada.
Il est bien évident que tant et aussi longtemps que les
Québécois n'auront pas eu l'occasion de dire non à la
séparation du Québec, le ministère sera dans
l'impossibilité de jouer pleinement son rôle de premier
responsable du développement dynamique des relations du gouvernement du
Québec avec le reste du pays et de l'étranger.
L'option indépendantiste du gouvernement mine la
crédibilité du ministère des Affaires
intergouvernementales. Elle le condamne ainsi, au mieux, à n'être,
pour on ne sait pas encore combien de temps, qu'un ministère de routine
qui, parce qu'il ne peut mériter la confiance de ses interlocuteurs, se
verra interdire, à l'échelle du pays et de l'étranger,
toute initiative et toute innovation vraiment créatrice. Par ailleurs,
dans la mesure où le gouvernement n'a pas le mandat de séparer le
Québec du reste du Canada, l'Opposition officielle ne peut accepter que
les crédits du ministère des Affaires intergouvernementales
puissent servir à tenter d'articuler la thèse partisane de
l'indépendance du Québec et que ses crédits soient ainsi
utilisés, comme on a, sans trop de succès, commencé
à le faire, à financer une opération tout aussi partisane
dont l'objet serait d'essayer de discréditer l'option canadienne.
On pourra rétorquer que, dans le passé, les crédits
du ministère ont servi à développer la thèse du
fédéralisme, thèse qui était, elle aussi, celle des
partis politiques qui formaient alors le gouvernement. C'est exact. Mais,
à une différence près. Et à une différence
de taille. C'est qu'alors, ces partis politiques qui formaient le gouvernement
avaient le mandat des Québécois de travailler à un tel
renforcement de l'option canadienne. Le gouvernement actuel, je le
répète, n'a pas le mandat de séparer le Québec du
reste du Canada. Il ne peut, en conséquence, d'ici le
référendum, et d'ici une réponse affirmative de la part de
la popu- lation, il ne peut, dis-je, agir de manière que les
crédits mis à la disposition du ministère des affaires
intergouvernementales servent directement ou indirectement à promouvoir
une thèse qui n'est peut-être pas tout à fait celle du
ministre, mais apparemment celle, en tout cas, du Parti
Québécois.
J'espère, M. le Président, que le ministre se refusera
à permettre que le ministère des Affaires intergouvemementales
devienne ainsi un supercentre de recherches sophistiquées du Parti
Québécois. J'espère également que le ministre se
refusera à permettre que le ministère des Affaires
intergouvemementales devienne un ministère de routine incapable
d'innover sur le plan des relations intergouvernementales. Au plus tôt,
il importe que la situation soit clarifiée et que se tienne le
référendum, pour que les Québécois puissent
réaffirmer leur volonté de rester à l'intérieur du
Canada. Je me refuse, pour ma part, à voir ainsi le ministère des
Affaires intergouvernementales être littéralement paralysé
en attendant les velléités bien illusoires de certains de voir,
le grand soir venu, se muter ce ministère des Affaires
intergouvemementales en ministère des Affaires étrangères.
D'ailleurs, est-ce coïncidence que le ministre lui-même a
été désigné dans la presse française comme
le ministre des Affaires étrangères du Québec?
Je pense que pour le ministère des Affaires
intergouvernementales, il y a autre chose à faire, à la condition
cependant qu'une volonté politique déterminée se manifeste
quelque part. Le ministre parlait, dans ses remarques préliminaires,
encore une fois, du double rôle du ministère. L'un dont la
fonction est axée sur le présent, durant la période
d'attente, et l'autre rôle nouveau, axé sur l'avenir. C'est ce qui
m'inquiète un peu. Que va-t-on demander aux fonctionnaires de faire?
Va-t-on les diviser en deux clans? Ceux qui s'occupent du présent et une
autre partie du ministère qui s'occupe de l'avenir? Ceux qui s'occupent
de l'avenir, en vertu de quel droit pourrait-on voter des crédits,
encore une fois, pour préparer une option qui n'est pas encore soumise,
tel que promis, par le gouvernement, à la décision des
Québécois?
Admettons au départ que l'idée d'une révision de la
constitution canadienne n'est pas une idée neuve. Pour ceux qui en toute
bonne foi y ont, particulièrement au cours des quinze dernières
années, consacré le meilleur d'eux-mêmes je
reconnais le ministre lui-même et plusieurs de ses collaborateurs ici
présents l'exercice a été à plus d'un
égard décevant. Quinze ans d'efforts, cela est peut-être
considérable pour un homme. Cela devient toutefois beaucoup plus relatif
lorsqu'il s'agit de décider de l'avenir d'un pays et de l'avenir de ses
citoyens. Il s'est trouvé, au Québec en particulier, un nombre
grandissant de personnes qui se sont dites fatiguées de toutes ces
négociations constitutionnelles, qui malheureusement sont
demeurées bien en deçà des espérances minimales que
l'on pouvait légitimement entretenir.
Le ministre actuel des Affaires intergouvernementales est
peut-être le prototype même de ces fédéralistes
fatigués qui, dans un mouvement
d'abandon, ont opté pour une voie d'apparence beaucoup plus
facile, mais qui risque d'être encore plus complexe que l'autre.
Dans les faits, c'est se faire une grande illusion que de croire qu'on
puisse ainsi, d'un trait de plume, mettre fin à plus de 100 ans
d'histoire. Sur le strict plan technique, on ne sait même pas quelle sera
la manière dans laquelle les négociations seront engagées,
à moins que le ministre nous éclaire au cours de cette
discussion. Dans que! cadre ces négociations seront-elles conduites? Qui
aura l'initiative de les amorcer? Avec qui exactement seront-elles conduites?
On ne sait toujours même pas clairement sur quoi au juste elles
porteront.
L'indépendance et l'association économique, qu'entend-on
au juste par cela? Comment se fera l'indépendance? Comment
partagerons-nous l'actif et le passif? Comment organiserons-nous les rapports
futurs du Québec et du Canada? Surtout s'il y a une association
économique, sur quoi au juste portera l'association économique?
En somme, que savons-nous aujourd'hui de tout cela? Fort peu de choses, si ce
n'est une chose évidente; la détermination précise de ce
que cela comporte exactement, les négociations qui suivront et
l'administration des ententes qui pourraient peut-être en
résulter, tout cela représente, pour le Québec et les
Québécois, une aventure dont la complexité simplement
technique et les risques dépassent de mille coudées les
difficultés de la révision constitutionnelle.
Surtout si l'on songe que cette révision constitutionnelle
pourrait, somme toute, être conduite dans un climat politique,
économique et social relativement stable et serein alors que l'aventure
de la sécession du Québec du reste du Canada ne peut au mieux que
se faire dans une atmosphère trouble, lourdement chargée
d'amertume et de suspicion dans un contexte où le poids des contraintes
économiques et sociales risque de devenir rapidement insupportable.
Évidemment, c'est bien difficile de parler du maquis
constitutionnel dans lequel on a tous plus ou moins vécu au cours des
quinze dernières années.
Je voudrais bien que le ministre nous parle un peu du genre de maquis
politique et social que nous prépare l'aventure de la séparation
du Québec du reste du Canada.
On a dit que la sécession du Québec serait un crime contre
l'humanité, contre la civilisation. Je dirais que cela serait encore
pire. Cela serait une erreur de jugement, que d'ailleurs les
Québécois, j'en ai la conviction, se garderont bien de commettre
et surtout se refuseront de se laisser imposer, quelles que soient les
subtilités dialectiques qu'on a commencé d'élaborer en
haut lieu.
La sécession du Québec est une mauvaise solution à
un problème dont je serais le dernier à nier l'existence. C'est
évident que le Canada connaît un problème sérieux
sur les plans constitutionnel et culturel. Le Canada doit moderniser sa
structure et son organisation politique de manière à permettre
aux gouvernements du pays de répondre plus efficacement aux besoins de
la popu- lation canadienne. Pour le progrès et le développement
du Canada lui-même, il est impérieux que l'on entreprenne sans
délai de regarder, dans une perspective simplement fonctionnelle, quel
ordre de gouvernement peut le mieux et le plus efficacement faire telle ou
telle chose au pays. Ce n'est pas exact, comme l'a déclaré le
ministre, que cela appelle encore plus de centralisation.
Tout au contraire, on le constate dans toutes les régions du
pays, cela appelle une plus grande décentralisation des pouvoirs et des
responsabilités étatiques.
Les Canadiens doivent, par ailleurs, reconnaître que deux grandes
communautés culturelles donnent à ce pays sa véritable
signification et que chacune d'elles doit normalement pouvoir se retrouver dans
les institutions du pays. Les Canadiens, de plus en plus, reconnaissent le fait
incontestable que le Québec a toujours été, est et
demeurera le point d'appui premier du français au Canada, et qu'en
conséquence son gouvernement doit pouvoir assumer à cet
égard des responsabilités précises en ce qui concerne
l'avenir de la langue et de la culture française. Toutes ces choses
n'ont pas attendu le 15 novembre 1976 pour être aussi nécessaires
et évidentes. Sans doute ont-elles pris, depuis, un caractère
plus nécessaire et plus évident que bon nombre de Canadiens ont
reconnu, et c'est tant mieux. Nous aurions évidemment souhaité
ici, au Québec, qu'on comprenne bien avant et d'une façon
peut-être plus concrète ce que tous les premiers ministres du
Québec ont depuis toujours affirmé.
Les premiers ministres des provinces canadiennes, en tout cas, n'ont pas
attendu le 15 novembre 1976 pour prendre, en ce sens, une position plus
engagée que jamais. On se rappellera l'initiative prise par le
gouvernement précédent, par les hauts-fonctionnaires du
ministère des Affaires intergouvemementales et du ministère de la
Justice, en particulier, qui ont fait une tournée complète du
Canada, rencontrant leurs homologues des autres provinces, le tout culminant
dans des rencontres au sommet des premiers ministres des provinces, à
Edmonton et Banff au mois d'août 1976 et, finalement, à Toronto
les 1er et 2 octobre 1976, alors qu'un consensus ou, sûrement, un
quasi-consensus a pu être obtenu autour de principes qui rejoignent
substantiellement ceux que je viens d'évoquer en particulier.
On me permettra simplement de passer brièvement, avant de
terminer, sur ce qui faisait l'objet de ce consensus, et lorsque je dis
quasi-consensus, c'est qu'à un moment donné il s'est
trouvé une province qui avait des hésitations, mais les vues du
Québec avaient été épousées par toutes les
provinces, dans certains cas, et par presque toutes les provinces dans d'autres
cas, en particulier les garanties culturelles, la reconnaissance de la
primauté législative en matière d'arts, de lettres et de
patrimoine culturels assorties de dispositions conséquentes au niveau de
l'exercice du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral.
La reconnaissance de la primauté de la législation
provinciale sur les systèmes de communications à
l'intérieur des provinces, surtout sur la
câblodistribution, incluant les systèmes comportant la
réception et la distribution des signaux originant d'en dehors de la
province, à l'exception de Radio-Canada et des autres réseaux
nationaux de communications. La reconnaissance de la primauté
législative du gouvernement fédéral en ce qui concerne
l'admission des immigrants et la primauté législative des
provinces en ce qui concerne l'établissement, l'intégration et le
placement des immigrants avec une garantie de participation des provinces au
recrutement et à la sélection des immigrants par le gouvernement
fédéral.
Quant à la dualité linguistique, des garanties
constitutionnelles en ce qui a trait à l'usage du français et de
l'anglais au Parlement du Canada, dans les documents législatifs et
parlementaires et dans les institutions et entreprises fédérales,
dans les cours de justice fédérale, dans les procédures et
jugements et, d'une façon générale, suivant des
modalités appropriées, dans le domaine des communications du
citoyen avec l'administration publique fédérale.
Également, quant au renforcement du régime
fédéral, en donnant à la Cour suprême du Canada une
base juridique constitutionnelle et en établissant la manière
dont elle doit disposer des affaires constitutionnelles dont elle est saisie et
en reconnaissant aux provinces le droit de participer à la
désignation des membres du plus haut tribunal du pays; en restreignant
aux seuls cas d'urgence nationale les situations dans lesquelles le
gouvernement fédéral peut, en vertu de son pouvoir
général de légiférer, intervenir dans les domaines
de juridiction provinciale.
En assujettissant au consentement des provinces l'exercice du pouvoir
déclaratoire du Parlement du Canada par lequel le gouvernement
fédéral peut décréter qu'un ouvrage, bien que
situé à l'intérieur d'une province, est
d'intérêt général pour le Canada et s'attribuer, en
conséquence, toute la juridiction sur cet ouvrage. En limitant
l'exercice du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral,
de façon qu'en toute circonstance ce pouvoir soit exercé en
accord avec les provinces lorsqu'il s'agit de questions relevant de
l'autorité exclusive des provinces. En permettant à ces
dernières de déterminer elles-mêmes les modalités
d'allocations ainsi consenties de façon que les besoins prioritaires des
provinces soient respectés. En permettant, enfin, à une province
d'avoir le choix de ne pas participer à un tel programme entrepris par
le gouvernement fédéral et d'obtenir alors une compensation
financière ou fiscale adéquate. En donnant une base
constitutionnelle à la responsabilité du gouvernement
fédéral de réduire les disparités régionales
au pays et de promouvoir l'égalité de chances et le
bien-être de tous les Canadiens. En donnant une base constitutionnelle
à la responsabilité du gouvernement fédéral de
verser des paiements inconditionnels de péréquation au revenu des
provinces en tenant compte de leurs capacités fiscales, de
manière qu'elles puissent fournir à leurs citoyens des services
comparables sur l'ensemble du territoire canadien. Fina- lement il y a
bien d'autres sujets également, mais je m'arrête là
en instituant une conférence ministérielle annuelle pour
déterminer, le cas échéant, les amendements souhaitables
à la Constitution du pays et en convenant d'une formule d'amendement
à la Constitution nécessitant l'accord du Sénat et de la
Chambre des communes et l'accord d'une majorité des provinces qui
inclurait nécessairement le Québec, le Québec étant
ainsi assuré d'un droit de veto sur toute modification future à
la constitution canadienne.
Comme je le mentionnais, il y a là des choses qui indiquent bien
clairement que tout cela n'a pas commencé le 15 novembre. Mais se
rappelant le mandat qu'il a reçu le 15 novembre et qu'il a
lui-même sollicité de la population durant la campagne
électorale, je pense que le gouvernement actuel, agissant en bon et vrai
gouvernement, devrait reprendre le dossier constitutionnel là où
il a été laissé et constituer ce front commun des
provinces vis-à-vis du pouvoir central de sorte que les autres provinces
du Canada, sans exception, reconnaissent les revendications légitimes du
Québec, les épousent. Ainsi, avec ce front commun des provinces,
on pourrait poursuivre les efforts considérables qui ont
été faits en 1975 et 1976 en particulier et qui faisaient que le
Québec n'était plus isolé dans ses revendications. En
négociant de bonne foi, on pourrait atteindre une partie importante,
sinon la totalité de ce qui a fait l'objet de ce consensus. Si on ne
fait pas cela, à mon sens, on ne remplit pas son devoir, tel que le
peuple l'a exprimé le 15 novembre dernier. Je pense que, si on veut
réellement agir en bon et vrai gouvernement, on devrait au moins donner
la chance à ce dossier d'arriver à son dénouement normal.
Ce sera la responsabilité, à ce moment, du reste du Canada, des
autres gouvernements et du gouvernement central, en particulier, de faire en
sorte que le Québec en particulier puisse se réaliser à
l'intérieur de la Confédération canadienne.
Cela exige du courage, peut-être, mais cela exige également
une dose d'intégrité, de respect de la volonté
démocratique des Québécois. Je pense qu'en terminant je
n'ai qu'à inviter le gouvernement actuel et le ministre qui dirige, il
n'y a aucun doute, ce dossier constitutionnel à réfléchir
sur les éléments que j'apporte simplement comme modeste
contribution à ce débat.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Le ministre s'informait
auprès de moi si j'en avais pour longtemps. Je l'assure que j'en ai pour
moins longtemps que le chef de l'Opposition. Maintenant, si vous me le
permettez, j'aurais quelques commentaires quand même. Mes premiers mots,
d'abord, seraient pour remercier le ministre et le ministère pour le
document qu'il nous a remis. Après l'avoir consulté,
brièvement, je vois qu'il sera très facile d'y avoir
accès. Je pense que ceux
qui l'ont préparé, qui l'ont rédigé
méritent des félicitations.
L'étude des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales est l'occasion de discuter d'un certain nombre de sujets
qui sont au centre de nos préoccupations, d'une façon un peu plus
particulière, depuis les chauds moments de la dernière campagne
électorale. L'actuel ministre c'est mon avis dont la
compétence ne fait aucun doute, a le mandat, depuis le 15 novembre, de
maintenir et de développer les relations entre le gouvernement du
Québec et les autres gouvernements du Canada. C'est là le mandat
que le gouvernement lui donne pour l'utilisation des crédits du premier
programme de son budget.
Le ministre a dit, auparavant: Un rôle qu'on se donne, au
ministère, c'est de se préoccuper de l'accession du Québec
à la souveraineté. Pour ma part, le mot "souveraineté",
cela va, mais il ne faudrait pas que, dans l'esprit du ministre,
"souveraineté" veuille dire séparation. J'aurais peut-être
préféré que le ministre dise que son rôle
était de se préoccuper de l'autonomie provinciale, cela jusqu'au
référendum, et après, il pourra peut-être jouer sur
les mots et changer les mots.
Nous espérons que le ministre nous informera d'abord sur le
rôle qu'il entend donner à son ministère, dans le processus
de préparation au prochain référendum, sur l'avenir
constitutionnel du Québec. Il nous semble évident que les
négociations devront avoir lieu entre les différents niveaux de
gouvernement, tout au moins sur le plan juridique. D'ailleurs, je pense que les
nominations de MM. Normand, aux Affaires intergouvernementales, et Thompson, au
cabinet de M. Trudeau, en sont un indice. Le ministre voudra peut-être
confirmer ou infirmer cette prétention, d'autant plus qu'elles vont
à l'encontre des affirmations antérieures du nouveau ministre.
D'autre part, nous nous réjouissons de la résolution
adoptée, lors du dernier congrès du Parti
québécois, à l'effet de doter le Québec d'un statut
d'autonomie plutôt que d'agir comme si l'indépendance était
un objectif ultime du parti, comme si l'indépendance était
déjà réalisée.
Je pense que personne ne peut nier au Parti québécois le
droit de chercher à faire du Québec un État
indépendant, mais il irait à l'encontre des principes de la
démocratie de se servir du pouvoir politique acquis, avec la promesse
d'être un vrai bon gouvernement provincial, pour atteindre cet objectif.
En somme, les grands perdants de cet abus de pouvoir seraient les citoyens
québécois qui ont, majoritairement, rejeté la thèse
indépendantiste, lors des dernières élections, si on prend
les chiffres de 58% et 42%. Voilà, en ce qui concerne les affaires
fédérales-provinciales, ou interprovinciales.
Je voudrais maintenant, si vous me le permettez, bien humblement,
exhorter le ministre à faire un effort spécial afin de maximiser
les effets occasionnés par les dépenses affectées au
fonctionnement des consulats et des maisons du Québec à
l'étranger. Nous avons vu, dans une interview que le ministre donnait,
récemment, au quotidien Le
Monde, qu'il souhaitait des relations plus économiques avec la
France. Nous appuyons fortement cette initiative et nous espérons que
ces efforts ne se limiteront pas à ce seul pays. D'autant plus qu'il
ressort de l'analyse de la balance commerciale du Québec qu'il nous faut
développer, dans les plus brefs délais, des mécanismes qui
nous permettraient d'accroître la proportion des exportations dans nos
échanges avec l'extérieur.
Nous espérons, également, qu'en collaboration avec
d'autres ministères, vous pourrez développer la procédure
de mise en marché si vous me permettez l'expression, M. le
Président du Québec. Par exemple, il faudrait profiter de
l'honneur qui retombe sur nous, comme la nomination récente de Monique
Mercure, peut-être pour vendre le Québec par le biais du
cinéma. Il faudrait également intensifier les échanges
culturels et techniques et essayer de conclure, avec des pays, des ententes
normalisées qui seraient avantageuses pour toutes les parties
concernées.
Avant de dire quelques mots sur l'Office franco-québécois,
j'aimerais inviter le ministre à définir, de façon aussi
précise que possible, les orientations majeures de sa philosophie de la
représentation internationale du Québec, ce qu'il entend faire
avec.
En ce qui concerne l'Office franco-québécois pour la
jeunesse, nous souhaitons qu'il joue pleinement son rôle d'aimant entre
les deux communautés francophones qu'il dessert. Selon des sources
généralement bien informées, les stages à
l'étranger auraient trop souvent, par le passé, servi de tremplin
politique ou encore de récompense politique.
Si tel a été le cas, il faudrait remédier à
cette situation en définissant clairement les objectifs visés par
la mise en oeuvre des échanges France-Québec. Il nous semble
qu'il serait nécessaire de planifier ces stages dans l'optique de
fournir à chaque participant l'occasion d'acquérir de nouvelles
connaissances en vue d'améliorer la situation dans des disciplines
où nous possédons un certain "know-how". Il faudrait surtout
chercher à acquérir et à offrir les connaissances
nouvelles dans des domaines où nous n'avons pas de
compétence.
Voilà, M. le Président, en ce qui concerne nos remarques
préliminaires. Nous réservons nos questions et nos remarques pour
le moment. Nous étudierons les crédits programme par
programme.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Réplique du ministre
M. Claude Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Merci. J'imagine que je peux dire
quelques mots maintenant. J'ai écouté avec beaucoup d'attention
ce que le chef de l'Opposition a dit, de même que le député
de Bellechasse. Je n'ai pas pris note de tout ce que vous avez dit, je vais
essayer de répondre à certai-
nes de vos questions et commenter certaines affirmations qui ont
été faites. Il est fort possible, et même probable, que
j'en oublie en cours de route. Vous êtes d'avance autorisés, bien
sûr, à me reposer des questions si j'en ai oublié
quelques-unes.
M. Levesque (Bonaventure): Merci.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela me fait plaisir. Donc, j'ai
écouté attentivement ce que le chef de l'Opposition a dit; c'est
un amalgame très intéressant de vérités, d'une
part, bien sûr, de sophismes aussi, d'interprétations relativement
douteuses et de certaines extrapolations. On va essayer de démêler
tout cela.
Je voudrais d'abord clarifier certains malentendus. C'est
peut-être la façon dont je me suis exprimé tantôt qui
a provoqué ce malentendu. Quand je parle du présent et de
l'avenir, je voudrais bien qu'on se comprenne. Il est parfaitement exact
je l'ai dit, d'ailleurs, en Chambre l'autre jour que nous n'avons pas
reçu le mandat de réaliser la souveraineté du
Québec. Nous n'avons pas reçu ce mandat non pas parce qu'il a
été refusé mais parce qu'il n'a pas été
demandé, parce que nous avons reporté cette question à un
référendum qui portera sur ce sujet.
L'action, par rapport au présent, est une action qui est
parfaitement normale quand on la compare à celle que les autres
gouvernements du Québec ont pu, dans le passé, conduire. La
précision additionnelle, cependant, est d'ajouter qu'en ce qui nous
concerne l'attitude du gouvernement ne doit pas en être une de
soumission, par rapport au pouvoir central, mais une, au contraire, de
dynamisme et de défense des droits fondamentaux du Québec. C'est
dans cet esprit que la résolution a été adoptée, au
congrès du Parti québécois, l'autre jour, mentionnant le
mot "autonomie", qui n'est pas, encore une fois, de moi, qui a
été suggéré par une autre personne. Je suis bien
content qu'on l'ait mis dans le programme parce que cela clarifie la
période de transition.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'avenir c'est ici que le
malentendu peut survenir nous préparons, par des
réflexions et des études, sans tomber dans
l'encyclopédisme ni ta troisième décimale, l'accession du
Québec à la souveraineté, en ce sens que les questions que
vous vous êtes posées, M. le chef de l'Opposition, sur comment
ceci doit se faire ou comment cela doit se faire, ce sont des questions
réelles auxquelles nous avons déjà réfléchi
avant d'accéder au pouvoir mais que nous devons maintenant davantage
préciser depuis que nous exerçons l'autorité politique au
Québec. La préparation de l'avenir n'est pas une
préparation de fait où, par exemple, nous poserions des gestes
unilatéraux destinés à provoquer, sans que la population
ne s'en aperçoive, la souveraineté du Québec mais, au
contraire, une série d'études que nous avons entreprises sur les
sujets reliés à l'accession du Québec à la
souveraineté.
À cet égard, il y a quand même une chose que je veux
rappeler. Vous vous souvenez très bien que dans votre parti, M. le chef
de l'Opposition, vous avez fait une campagne pendant un mois pour dire qu'un
vote pour nous était un vote catastrophique, à toutes fins
utiles, et le slogan était: Non aux séparatistes!
Évidemment, les "séparatistes", dans ce cas-là,
c'était nous. Par conséquent, la population du Québec a au
moins une idée, je pense assez précise, du fait que nous
n'acceptons pas le régime politique actuel du Canada. En
conséquence, il est non seulement normal, mais parfaitement acceptable
qu'à l'intérieur de ce gouvernement nous fassions les
études pour qu'un jour, lorsque le référendum arrivera,
nous puissions présenter à la population des données qui
vont lui permettre de porter un jugement valable et circonstancié sur
son avenir politique.
Autrement, si nous ne faisions pas ce que nous avons entrepris de faire
à l'intérieur du ministère, cela équivaudrait
à faire un référendum sur l'avenir politique du
Québec sans que nous ayons fourni adéquatement, à cette
population les éléments de jugement qui lui sont
nécessaires.
Je pense que vous seriez le premier à trouver qu'à ce
moment ce serait un référendum qui serait fondé sur des
bases inadéquates, faute d'information de la part du public.
Cette précision étant apportée, j'en ai une autre
maintenant en ce qui concerne parce que cela arrive souvent qu'on fasse
ces allusions mes opinions personnelles. Moi, cela m'est parfaitement
"équilatéral", ce qu'on dit, parce que je suis habitué
à cela. Je suis devenu sous-ministre en 1963, et le gouvernement a
changé en 1966. En 1966, ceux qui ont succédé ont tenu
pour acquis que j'étais un libéral convaincu, et cela ne m'a pas
empêché de fonctionner comme du monde, avec loyauté,
à l'intérieur du nouveau gouvernement.
Quand cela a été un autre changement de gouvernement en
1970, là on s'est dit: Bon, cela y est, c'est un unioniste qui est
là, il a été convaincu par M. Johnson, par M. Bertrand, et
puis des questions se sont posées, ce qui ne m'a strictement pas
empêché de dormir. À un moment donné,
tranquillement, il y en a parce que j'avais quand même certaines
convictions quant à l'avenir du Québec, tirées de
l'expérience qui se sont mis à dire dans le gouvernement
élu en 1970: Ah! cela doit être un séparatiste. Finalement,
j'ai abandonné le poste que j'avais, j'ai réfléchi pendant
un certain temps, j'ai écrit deux livres. Je n'avais pas la moindre
idée en quittant ce gouvernement, en 1971, que je me lancerais en
politique. Je l'ai fait par la suite, par un concours de circonstances et aussi
par conviction, parce que je pense qu'il y a quelque chose à faire. La
raison profonde de ma présence en politique, c'est de dessiner avec les
Québécois l'avenir politique du Québec. C'est ce qui
m'intéresse le plus. S'il n'y avait pas cela, je ne serais probablement
pas en politique. Il y a d'autres choses plus drôles à faire que
cela par moments.
Maintenant que je suis en politique, il y en a qui se posent encore des
questions. Comme ma façon de procéder par rapport à la
souveraineté
du Québec est une façon qui est plus pragmatique que
peut-être ce à quoi on s'attendait, il y en a qui se disent: Ah!
Ah! Cela ne doit pas être un vrai séparatiste ou un vrai
indépendantiste.
Donc, par ailleurs, en même temps que tout cela arrivait, du
côté fédéral il s'est produit un curieux
phénomène. Je dis cela parce qu'on va arrêter d'en parler
à un moment donné. Je suis arrivé en 1963 et j'ai
quitté en 1971 comme sous-ministre. De 1963 à 1967, à peu
près, j'étais pas mal bien vu du Côté
fédéral, parce que, je ne sais pas, il y avait toutes sortes de
discussions qu'on entreprenait que, parfois, on réussissait et qui, par
la suite, ont été remises en cause, bien sûr. Par la suite,
le changement de gouvernement est arrivé, moi je suis resté. On a
eu un nouveau premier ministre, M. Johnson; ensuite M. Johnson
décède, un nouveau premier ministre, M. Bertrand; ensuite, M.
Bertrand est défait aux élections, un nouveau premier ministre,
M. Bourassa, puis tout le monde qui était autour de moi, politiquement
ou autrement, s'en va pour diverses raisons. Soit qu'ils sont battus aux
élections, soit qu'ils changent de domaine. Résultat:
après sept ou huit ans, j'étais tout seul qui restait d'un groupe
initialement assez dynamique par rapport à Ottawa. Alors, Ottawa, qui
cherchait absolument des boucs émissaires, qu'est-ce que vous voulez, ne
pouvait pas croire qu'il y avait des Québécois qui se tenaient
debout longtemps.
À ce moment-là, on a dit: Bien, cela doit être de sa
faute. Et je suis devenu la cause d'un tas de disputes
fédérales-provinciales qui, au cours des années, ont mis
aux prises Québec et Ottawa. À cet égard, il y a une chose
que je veux tout de suite clarifier, parce que l'occasion m'en est fournie, vu
ces racontars. L'autre jour, M. Trudeau s'est amusé à dire que
j'avais convaincu M. Bourassa de refuser l'arrangement proposé à
la conférence de 1971 à Victoria. Je n'ai jamais répondu
à cela parce que ce que je pourrais utiliser, ce sont des
éléments qui n'appartiennent pas, je pense, au domaine public et
qui sont soumis à cette loi de discrétion à laquelle on
est obligé quand on est fonctionnaire.
Mais sans que j'aille plus loin, il y en a autour de cette table et pas
loin non plus qui savent très bien qu'il y a plusieurs personnes qui ont
pris cette décision en 1971 et que c'était une décision
qui était conforme aux intérêts du Québec. Je pense
bien que là-dessus c'est assez clair, et si on tient absolument à
le savoir, j'apporterai d'autres décisions qu'il me déplairait
d'apporter, cependant, parce que je pense que c'est anormal et non souhaitable
pour un fonctionnaire qui a participé à des discussions, quand
même assez confidentielles, d'avoir à en faire état plus
tard.
Je ferme donc cette partie de mon intervention. Tout cela pour dire que
les analyses qu'on fait sur mes options me préoccupent peu. Mon option
elle est pour la souveraineté-association et j'y crois
profondément, parce que c'est la formule de l'avenir.
Vous avez dit l'autre jour, en blaguant, M. le chef de l'Opposition, en
Chambre, lorsque j'étais momentanément absent au moment où
vous vou- liez me poser une question, que je revenais en Chambre par
étapes, c'est-à-dire que je n'étais pas arrivé
brusquement. Je vais dire deux choses à cet égard: La
souveraineté politique, si on me permet de faire une petite phrase
poétique, c'est comme une fleur; cela ne pousse pas plus vite quand on
tire dessus. Deuxième commentaire que je veux faire, c'est
qu'effectivement tout se fait par étapes. Quand j'entrais en Chambre,
j'avais cette image que je n'ai pas pu utiliser; je ne me souviens pas de ce
qui est arrivé pour m'empêcher de faire cette réponse, mais
je la fais maintenant. Effectivement, j'avançais un pas devant l'autre.
L'important dans tout cela, c'est effectivement d'avancer un pas devant l'autre
et surtout de savoir où on va. Je pense, après toutes les
années que j'ai passées à l'intérieur du
gouvernement et par ma réflexion, que, personnellement, j'ai une
idée de la façon dont on doit procéder. Je ne vous dis pas
que j'ai la vérité éternelle et que je transporte mon
petit évangile personnel auquel tout le monde doit se greffer sous peine
d'excommunication; ce n'est pas cela du tout. Mais j'ai certaines convictions.
Par ailleurs, je ne suis pas un extrémiste dans un sens ou dans l'autre.
Je veux réussir et je veux prendre les moyens démocratiques pour
réussir, et le faire avec la population du Québec. Qu'en cours de
route certaines personnes s'amusent à extrapoler à partir de tel
ou tel morceau de phrase et disent, à un certain moment, qu'on laisse
tomber telle option et qu'on en a une nouvelle, cela m'est parfaitement
"équilatéral", comme je l'ai dit au début.
Troisième commentaire, tantôt vous avez posé
plusieurs questions sur la façon de faire la souveraineté du
Québec. Est-ce que ceci arriverait ou est-ce que cela se produirait, sur
quoi porterait l'association? Je trouve que cette partie de votre discours
n'est pas très logique, parce que, quelque temps avant, avec le
raisonnement que vous avez utilisé, vous n'auriez pas voulu, compte tenu
du mandat de non-souveraineté que nous avons reçu le 15 novembre,
par rapport à votre interprétation, que nous nous engagions,
justement, dans la réponse à ces questions. Si, d'un
côté, vous posez des questions quant à la façon dont
va se faire la souveraineté et que nous nous en posons nous-mêmes,
il devient, par contre, fort logique, puisque vous posez ces questions, de
présumer que vous voulez qu'on y réponde. Si vous voulez qu'on y
réponde, je pense qu'il faut faire les études voulues. C'est
justement ce à quoi nous procédons dans l'opération de
préparation de l'avenir. Je pense que les questions que vous avez
fournies tout à l'heure donnent justement la réponse à
cette objection que vous fournissiez quant au mandat réel du
gouvernement que nous représentons ici, que nous sommes.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on me permettrait
d'intervenir ici, simplement pour poser la question suivante? Si, dans le
programme du Parti québécois, vous en faites, à l'article
1, votre proposition principale, j'imagine que vous vous êtes posé
ces questions avant et que vous avez les
réponses. C'est dans ce sens que j'ai posé des
questions.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est certain qu'on a des
éléments de réponses, mais cette affaire est tellement
sérieuse et tellement importante qu'on ne peut pas, à partir des
éléments de réponses qu'on peut fabriquer quand on est
dans l'Opposition, sans moyens, soudainement arriver avec des propositions dont
on n'est pas nécessairement sûr de toutes les dimensions et de
tous les aboutissants. Je pense qu'il est parfaitement correct et plausible
qu'ayant élaboré une approche globale dans l'Opposition on
profite du fait qu'on est au pouvoir pour utiliser les ressources qui sont
à notre disposition dorénavant pour préciser ces options.
Cela ne permet pas cependant, compte tenu du mandat qu'on a reçu, de
poser des gestes unilatéraux d'indépendance. Il n'y a pas
d'hésitation là-dessus, cela va de soi.
Un instant, je vais voir si j'avais d'autres choses. Oui, c'est
très important. Tantôt, vous me parliez de toutes sortes de
décisions d'ordre constitutionnel, auxquelles, par discussions, les
provinces auraient accordé un consensus ou un quasi-consensus.
Évidemment, un consensus ou un quasi-consensus, c'est comme une femme
qui est un peu enceinte. Il y en a ou il n'y en a pas. Là, il faudrait
savoir si c'était un consensus ou un quasi-consensus, parce que, si ce
n'est qu'un quasi-consensus, cela affaiblit beaucoup ce que vous disiez. Je
vais vous donner le bénéfice du doute.
M. Levesque (Bonaventure): C'est uniquement par souci
d'honnêteté que j'ai ajouté quasi-consensus. Il y avait
certains points en discussion, mais sur plusieurs points il y avait
consensus.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais, pour vous faciliter les
choses, dire qu'il y avait un consensus.
Si je me souviens bien, à cet égard, je n'ai pas
regardé cela avant de venir ici, la réaction du premier ministre
du Canada, après ce consensus, a été une réaction
passablement négative. Il a dit que cela allait à la fois trop
loin et pas assez loin. Surtout, je me souviens très bien, il a dit que
cela dépassait ce qu'il s'attendait des discussions interprovinciales
qui avaient été menées au cours de 1976. En d'autres
termes, ce que je veux dire, ce n'est pas parce que les provinces s'entendent
ensemble sur quelque chose que le gouvernement fédéral va
accepter. On en a encore eu la preuve, l'automne dernier, quand M. Trudeau,
à toutes fins utiles, a balayé pratiquement d'un revers de la
main ce fameux consensus auquel étaient arrivées les
provinces.
Ce qui veut dire qu'un consensus ne permet pas automatiquement que le
gouvernement fédéral soit d'accord avec les positions des
provinces.
M. Levesque (Bonaventure): Vous référez-vous aux
questions fiscales parce qu'il a dit...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, je me ré-
fère à ce qui est arrivé au mois d'octobre, l'an
passé, dans une lettre de M. Lougheed à laquelle M. Trudeau a
répondu verbalement que cela allait trop loin et pas assez loin. Cela
n'a pas été succès boeuf, ce consensus.
Une autre chose, toujours reliée au même sujet, c'est que
j'écoutais cela en Chambre l'autre jour et ce matin encore
on nous dit qu'il y a toutes sortes de changements constitutionnels qu'on peut
faire. On a fait des propositions, vous en avez mentionné tantôt.
L'autre jour, le chef de l'Union Nationale en a fait en Chambre. Cela a l'air
facile aujourd'hui quand on écoute cela. Il suffirait que quelques
personnes s'entendent, les provinces par exemple, pour que cela change tout au
Canada.
Ma question, relativement à ce qui a été
mentionné, c'est ceci: Comment se fait-il, pour l'amour du bon Dieu, si
c'est si normal, si souhaitable et si compréhensible, que ces positions
du gouvernement du Québec, depuis dix ans, cela n'a jamais donné
lieu à des changements majeurs, complets et significatifs dans la
constitution du Canada? Comment se fait-il que ces positions dont vous nous
vantez, aujourd'hui, le bien-fondé, le caractère raisonnable et
tout, défendues à la fois par l'Union Nationale lorsqu'elle
était au pouvoir, et à un moindre degré, je dois dire,
parce qu'il faut respecter la vérité historique aussi, par te
gouvernement libéral par la suite, comment se fait-il que cela n'ait
jamais donné lieu à une révision constitutionnelle
majeure? Pourquoi, aujourd'hui, alors qu'on est arrivé au pouvoir,
faudrait-il revenir à la position que d'autres ont essayée avant,
deux gouvernements, et qui n'ont rien donné? Il y a des
éléments d'une logique qui ne doit pas être
aristotélicienne mais que je ne comprends pas.
Je vais vous donner un petit cas. Vous avez parlé du patrimoine.
Vous savez probablement que, même en ce qui concerne le patrimoine, le
premier ministre du Canada n'était même pas d'accord pour
reconnaître les pouvoirs québécois importants, valables et
même exclusifs. Même en ce qui concerne ce qui nous est le plus
près, c'est-à-dire le patrimoine, il n'était pas d'accord
pour que ce soit une responsabilité provinciale entière. Vous
pourrez demander cela à M. Bourassa qui en sait quelque chose
là-dessus, alors que, justement, un des arguments que lui donnait M. le
premier ministre du Canada pour refuser de lui reconnaître ce droit au
patrimoine, c'était de dire: Si on vous reconnaît cela, lorsqu'il
s'agira de monuments historiques fédéraux vous allez exiger un
tel droit d'entrée que la population du Québec n'ira pas.
Étant donné qu'il y a une possibilité que vous demandiez
$5 d'entrée ou $15, par conséquent on ne peut pas vous accorder
cette responsabilité. Vous allez l'utiliser contre nous. Imaginez-vous
que la confiance régnait. Dans ces conditions, je ne vois pas qu'on
refuse le patrimoine. Comment y aurait-il possibilité de croire que les
mêmes propositions que celles qui ont été proposées
antérieurement pourraient conduire à des résultats
valables?
Je ne veux pas reprendre ce que j'ai dit l'autre jour en Chambre,
d'ailleurs j'ai parlé trop longtemps depuis que j'ai pris la parole.
Je pense qu'on a essayé, il faut le dire quand même pour
que tout le monde s'entende, tout le monde n'était pas là l'autre
jour, la préparation de bons dossiers, techniquement valables et tout,
par rapport à Ottawa. On est arrivé avec des dossiers
sérieux. J'ai découvert comme d'autres qu'il ne suffisait pour le
Québec d'avoir raison pour que le gouvernement fédéral
cède.
On a essayé de se fier à nos hommes à Ottawa, nos
politiciens fédéraux. Ils ont agi en politiciens. Les politiciens
n'aiment jamais perdre des éléments de pouvoir. C'est
psychologiquement compréhensible et attendu. En conséquence de
quoi, non seulement ils n'ont pas provoqué cette décentralisation
des pouvoirs à laquelle on aurait pu s'attendre de leur part, mais, au
contraire, ils ont contribué, par leur présence, à
centraliser davantage les pouvoirs en ce sens qu'ils nous disaient de ne pas
nous inquiéter car nous sommes là. Quand bien même les
pouvoirs viendraient d'Ottawa, nous sommes de bons Québécois et
on va bien s'en occuper.
Les hommes, à Ottawa, cela n'a pas été un
succès flamboyant. On a essayé, aussi, l'interprovincialisme. Je
vous en avais parlé tantôt, je ne répéterai pas ce
que j'ai dit, c'est très bon de s'entendre avec les autres provinces du
Canada, je n'ai rien contre cela et je pense que c'est valable, mais cela ne
fait pas bouger le gouvernement fédéral d'une ligne. Alors, je
pense bien qu'on est obligé de regarder l'arbre à ses fruits.
Il y a une chose qu'on n'avait jamais essayée là,
je ne veux pas faire la liste complète c'est l'opinion publique
du Québec et c'est sur cela que nous nous fions. C'est l'opinion
publique du Québec dans le référendum qui va nous dire
quelle sorte d'orientation elle veut prendre. Si elle veut la
souveraineté politique du Québec, d'accord, on va, parce qu'on y
croit, aller dans cette direction. Si, au contraire, elle n'est pas d'accord et
qu'elle veut autre chose, après qu'on lui aura expliqué
valablement les options en présence, on va aussi,
démocratiquement, se soumettre à sa décision parce que
c'est elle qui est souveraine dans ce cas.
Pour le moment, c'est tout ce que j'ai à dire, je reviendrai
sûrement sur d'autres choses plus tard, il y aura peut-être des
questions. Il y a eu une remarque ah oui! qu'a faite le
député de Bellechasse à propos des relations
économiques avec l'étranger. Le fait est que c'est une
priorité pour nous, l'accent économique sur les relations avec
l'étranger, avec la France en particulier, mais je vais tout de suite
dire, à cet égard, que cela fait dix ans qu'on dit cela, et c'est
une sorte de lieu commun pour chaque ministre des Affaires
intergouvernementales qui arrive de le répéter, alors je l'ai
répété comme les autres. Je pense, évidemment, que
c'est l'essentiel sauf que là, tout de suite, il faudrait
préciser que, du côté de la France, on a été
pendant longtemps victimes d'une sorte de malentendu. On espérait ici,
au Québec, avoir de la part des Français des investissements
massifs comme ceux que les Américains nous ont habitués à
recevoir. En fait il y a quelque chose de bien plus important qui existe du
côté de la France et qui est fort valable et à quoi nous
devons accorder beaucoup d'importance ce n'est pas nous qui l'avons
découvert, cela a commencé avant qu'on arrive c'est une
aide beaucoup plus ponctuelle, c'est une collaboration d'ordre technique et une
contribution très valable à des petites et moyennes entreprises.
De ce côté, l'apport de la France peut être
extraordinairement significatif et fort valable d'autant plus que, plus il y a
des contacts entre la France et le Québec à cet égard,
plus certains préjugés que les Québécois pouvaient
compréhensiblement avoir avant par rapport aux techniques
européennes et françaises s'envolent et plus la collaboration est
possible et meilleure. Voilà ce que je voulais préciser ici.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
Autres commentaires généraux M.
André Raynauld
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je pense qu'on doit
remercier M. le ministre de nous avoir livré le premier chapitre de ses
mémoires ce matin, en y ajoutant, bien entendu, un plaidoyer pro domo.
Je voudrais dire que ses opinions personnelles me laissent, moi aussi,
"équilatéral" c'est cela, l'expression je pense que
cela n'a pas d'importance, je voudrais qu'on parle ici de politique
plutôt que de parler des personnes. Les problèmes débordent
de beaucoup la compétence et l'influence que peuvent avoir des individus
lorsque nous parlons de l'avenir d'un pays.
En second lieu, le ministre s'est référé aux
problèmes qu'il a rencontrés et que le gouvernement du
Québec a historiquement rencontrés pour faire modifier la
constitution. Il trouve difficile qu'on puisse, en toute logique, vouloir
continuer dans cette voie. La difficulté de la logique, elle tient
à la logique particulière du ministre. Ce n'est pas la logique
elle-même qui est en cause, c'est la logique du ministre et j'ai
pu m'en rendre compte parce que j'ai lu ses livres...
M. Morin (Louis-Hébert): Merci.
M. Raynauld: ... c'est une logique fondée sur le pouvoir
pour le pouvoir. En particulier son livre sur le pouvoir
québécois en négociations, quand on a fini de le lire, ce
n'est pas le pouvoir en négociations, c'est le pouvoir tout court, et la
seule chose qui compte, pour lui, c'est un pouvoir constitutionnel, pas
n'importe lequel, un pouvoir constitutionnel. Il y a des gens qui croient qu'il
y a autre chose et qu'une société et des citoyens peuvent
s'épanouir dans beaucoup de régimes constitutionnels. Il n'y a
pas seulement le régime constitutionnel actuel qui peut faire cela, et
le seul cas limite où je dirais qu'il faut absolument changer de
constitution et qu'il faut absolument changer le régime, c'est le cas
où les citoyens sont des esclaves, ne jouissant d'aucune liberté
démocratique.
Qu'on vive sous un régime de dictature, à ce moment je
dirais oui, il faut vraiment tout centrer sur le régime politique et
c'est une fin en soi. Ce n'est pas le cas du Canada. Dans le régime
fédéral, on peut différer d'avis sur
l'intérêt qu'a pu représenter ce régime
fédéral pour la communauté francophone. Il reste que cette
communauté francophone est passée de 1 million à 6
millions depuis 1871 et que, si cette communauté francophone avait
été tellement mise en danger par le régime
fédéral, probablement qu'après 100 ans elle aurait
disparu. Mais elle n'a pas disparu. C'est dire qu'il y a autre chose que les
seuls transferts de pouvoir qui doivent retenir notre attention.
Le fait est que, depuis le début des années soixante, il y
a eu des progrès très considérables d'enregistrés
dans la participation des provinces aux décisions, dans la participation
des citoyens à la vie collective. Il y a eu des transferts
considérables, par exemple, des ressources fiscales en faveur des
provinces. Le ministre, dans son livre et dans ses déclarations plus
récentes, n'attache absolument aucune importance au fait que les
provinces perçoivent, aujourd'hui, à peu près 55%, 56% des
impôts, quand, au début des années soixante, elle n'en
percevaient à peu près que 35%. Il n'attache absolument aucune
importance à ces faits. Il n'attache aucune importance au fait qu'on a
modifié la façon de prendre des décisions au cours des
quinze dernières années, à l'intérieur d'une
même constitution, il est vrai, mais la pratique des décisions
politiques a changé considérablement. C'est cela que le ministre
ne peut pas comprendre et c'est pour cela qu'il reproche aux autres de ne pas
être logiques lorsqu'ils pensent qu'il faut continuer d'essayer d'obtenir
des décisions au jour le jour, des décisions année
après année qui puissent être plus favorables aux
Québécois. Ces décisions, on en a obtenu un très
grand nombre grâce en particulier à ses efforts à lui, au
ministre, parce que sa propre logique le conduit à des modifications
majeures du régime politique, mais, évidemment, dans la vie de
tous les jours, il a effectivement essayé de négocier des
dossiers et il a obtenu de très grands succès par ses
négociations.
Aujourd'hui, le gouvernement du Québec est présent presque
dans le monde entier. Ce n'était pas le cas avant. Ce n'était pas
le cas au début des année soixante. Le gouvernement du
Québec a été capable d'instituer, de créer de
nouvelles institutions. Il a été capable, par exemple, d'avoir
son régime de retraite, son Régime de rentes. Dans son livre, le
ministre dit que ce Régime de rentes, ce n'est pas un changement
constitutionnel et que par conséquent cela n'a pas tellement
d'importance, mais il admet que dans ce cas on a négocié avec un
certain succès. Ce sont des structures fondamentales pour le
Québec et qui n'ont pas exigé, justement, de changement
constitutionnel. Combien d'autres changements pourraient être
effectués sans nécessairement avoir toujours l'obsession du
pouvoir pour le pouvoir en vertu d'une constitution.
Il y a même des pays qui n'ont pas de régime
fédéral, qui sont des régimes centralisés et qui
reconnaissent également le rôle de communautés
particulières à l'intérieur du pays. Il n'est pas vrai de
penser que dans un régime fédéral, il faille absolument
que ce soit toujours le Québec qui décide. Une telle position est
fondamentalement erronée. Il n'est pas vrai de dire que si l'on a plus
de pouvoirs, on va nécessairement rendre plus de services à la
communauté que nous défendons. Ce n'est pas vrai. Je suis en
train de lire, à l'heure actuelle, les documents qui avaient
été publiés dans The Federalism aux États-Unis, qui
sont très révélateurs, où on essaie de montrer que
dans des régimes confédérés, on peut avoir à
faire face à des problèmes énormes et que l'avantage d'une
fédération, c'est précisément qu'à
l'intérieur d'une consultation donnée chaque niveau de
gouvernement est autonome et peut prendre des décisions. Si on essaie de
décentraliser ce système que nous avons et de rendre les
provinces de plus en plus souveraines, d'autres problèmes vont se
poser.
J'aurais aimé que le ministre, qui a beaucoup
réfléchi à ces problèmes, nous parle de ces
problèmes nouveaux qui ne se posent pas aujourd'hui, mais qui vont se
poser lorsque les provinces auront des droits de veto sur n'importe quoi.
Comment les décisions seront-elles prises dans un régime comme
celui-là? Ce n'est pas un hasard s'il y a des régimes
fédéraux qui sont nés dans le monde et dans l'histoire. Il
devait bien y avoir quelques raisons. Ce n'est pas en vue de l'exploitation des
minorités. Ce n'est pas cela la raison. La raison c'est qu'il y a des
circonstances historiques qui font qu'il est bon d'avoir une association
politique, pas seulement économique, où chaque niveau de
gouvernement pourra prendre des décisions dans le meilleur
intérêt de tous les citoyens, y compris de ceux du
Québec.
Pourtant, l'hypothèse qui est faite ici, c'est que, chaque fois
qu'une décision est prise par le gouvernement fédéral,
elle est prise contre le Québec. C'est cette logique qui n'est pas
comprise. Les personnes qui sont au fédéral n'ont pas toujours
à la pensée qu'il faille absolument exploiter une province en
particulier, et notamment la province de Québec. Il y a des
décisions qui sont prises au niveau du fédéral qui sont
à l'avantage des citoyens du Québec. Il y a beaucoup de
décisions qui seraient prises par la suite par le gouvernement du
Québec, et qui n'apporteraient aucun avantage additionnel à celui
que nous avons, à l'heure actuelle, dans le régime
fédéral.
Un régime fédéral résout certains
problèmes; il permet de faire des arbitrages entre les citoyens. On le
voit, à l'heure actuelle, dans l'agriculture ce que donnent les pouvoirs
provinciaux. On est rendu avec 150 régies de mise en marché et on
en a retrouvé trois sur le même bureau au Japon, il y a deux ans;
trois régies qui voulaient en même temps vendre du blé au
Japon. Elles étaient dans des bureaux différents, puis c'est le
ministre de l'Industrie du Japon qui m'a dit: Vous avez un drôle de
système, vous avez trois régies. Moi, je passe d'un bureau
à l'autre et j'attends que les
prix baissent. C'est cela, un régime tellement
décentralisé que tout le monde s'annule et les gens s'imaginent
qu'il n'y a qu'eux qui sont capables de défendre les
intérêts d'une province. La même chose avec le
Québec. On prétend, au départ, que des fonctionnaires
fédéraux, dans un pays comme la Côte d'Ivoire, ne peuvent
pas servir les intérêts du Québec; par conséquent,
il faut que nous-mêmes nous ayons nos propres officiers là-bas.
C'est la même hypothèse, c'est nous qui devons avoir le pouvoir
parce que nous sommes les seuls à servir les intérêts du
Québec.
Ce n'est pas cela, le régime fédéral. Dans un
régime fédéral, il y a certains domaines où l'on
dit: Ce sera le gouvernement fédéral qui va prendre des
décisions et qui va les prendre dans l'intérêt de tous les
citoyens. Il y aura d'autres types de décisions qui seront prises par un
autre niveau de gouvernement et les deux ensemble seront souverains dans leurs
domaines respectifs.
Ce n'est pas un problème de souveraineté. Aujourd'hui, on
a déjà une souveraineté dans certains domaines. Il s'agit,
pour ceux qui veulent changer ce régime, d'avoir une souveraineté
complète et d'autres disent qu'une souveraineté partagée
peut également servir les intérêts des citoyens du
Québec.
Je pense qu'on essaie de caricaturer ce régime, mais j'aimerais
bien entendre le ministre nous parler des types de problèmes qui se
posent dans des régimes qui ne sont pas fédéraux et
où les États sont en mesure de créer des conflits,
d'empêcher que des décisions ne se prennent pour l'avantage des
communautés et des citoyens, précisément parce que chacun
de ces États a des pouvoirs considérables et des pouvoirs
entiers.
Je pense qu'il ne faut pas penser qu'en changeant le régime
fédéral, comme j'ai pensé que le ministre voulait nous le
faire croire, le Québec n'aura pas à négocier avec ses
voisins, qu'un Québec indépendant n'aura pas à faire des
compromis pour obtenir des décisions de ses voisins. À l'heure
actuelle, il ne s'agit pas de savoir si on devrait avoir une
souveraineté où nous pourrons faire tout ce que nous voulons, par
opposition à un régime où on ne fait rien de ce qu'on
veut, qui serait le régime fédéral. La situation est
beaucoup plus complexe que celle-là, elle est au milieu.
Ceci dit, je voudrais maintenant essayer d'aborder les questions pour
lesquelles on est ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce qu'on peut répondre
à cela? Il y a un certain nombre d'affirmations... Non?
M. Raynauld: Je suppose, mais je voudrais...
Le Président (M. Marcoux): Voulez-vous entrer dans
l'étude des programmes?
M. Raynauld: Je voudrais poser une question, je pense bien que ce
serait dans le programme no 1.
Le Président (M. Marcoux): On va laisser le ministre
répondre à vos remarques générales et, après
cela, on entreprendra l'étude du programme 1, si vous êtes
d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Je vais me limiter
très brièvement à quelques courtes remarques. Le
député vient de parler de ma logique personnelle en
commençant, deux minutes après avoir dit qu'il ne fallait pas
parler de personnalités. Évidemment, là il y a une logique
curieuse. Je laisse tomber, évidemment, mais je le mentionne.
Je pense qu'on vient d'entendre une sorte de plaidoyer bizarre, selon
lequel, pour un peuple, le pouvoir politique, en fait, ce n'est pas tellement
important.
C'est peut-être vrai ou ce sera peut-être vrai en l'an 2827,
mais je pense qu'il est important, aujourd'hui, quand même, de
sauvegarder un pouvoir politique. Je voudrais préciser une chose, ici,
pour le député. Il me paraît beaucoup aimer lire et il me
paraît avoir beaucoup lu, mais je ne pense pas qu'il ait lu le
deuxième de mes livres qui s'appelle "Le combat
québécois," et dans lequel, justement, j'ai, à propos du
pouvoir politique, certaines considérations qui démontrent quand
même son caractère parfois plutôt relatif. Le pouvoir
politique, c'est un peu comme l'éducation ou l'instruction.
L'instruction, cela ne permet pas à tout le monde qui en a d'avoir un
emploi, mais vous avez bien plus de chances d'être en chômage si
vous n'en avez pas. De la même façon, le pouvoir politique ne
permet pas de tout faire, seulement, si vous n'en avez pas, vous être pas
mal davantage mal pris. Je pense que c'est le relatif qu'il ne faut jamais
oublier dans cela.
À cet égard, puisque le député aime beaucoup
lire, je lui rappelle un livre qui s'appelle "O Jérusalem!", par
Lapierre et un autre auteur anglais, dont j'oublie le nom, Collins, je pense,
qui est un gros billot. Lui, il aura peut-être le temps de le lire. Moi,
malheureusement, j'ai beaucoup moins le temps pour ces choses-là,
maintenant, ce que je regrette, incidemment. Dans ce livre, peu importe ce
qu'on pense d'Israël ou des Juifs, il y a une phrase qui m'avait
frappé au tout début, vers la page 20, où on dit: Les
Juifs voulaient être un peuple comme les autres et, pour cela, il leur
fallait un gouvernement comme les autres. Je pense qu'il y a quelque chose
d'assez sage là-dedans.
M. Raynauld: Un gouvernement fédéral ou pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien voyons!
M. Raynauld: II y en a de toutes les sortes, des gouvernements.
C'est précisément cela, le problème. Vous ne voulez pas
reconnaître qu'il existe des gouvernements fédéraux.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien voyons! Je n'ai jamais dit
cela!
M. Raynauld: Aux États-Unis et en Hollande. M. Morin
(Louis-Hébert): Bien oui, il y en a.
M. Raynauld: Vous dites qu'ils veulent avoir un gouvernement
comme les autres. Lequel, comme les autres? Est-ce un gouvernement
indépendant ou fédéral? C'est là la
distinction.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas de cela dont je
parle. Je m'excuse, je vous parle de l'importance, même relative, mais de
l'importance réelle qui existe d'un pouvoir politique pour un peuple. Je
vous fais une citation de mémoire, tirée d'un livre que j'ai lu
il y a quelque temps.
M. Raynauld: Moi aussi, je suis d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne parle pas, je ne fais pas
de raisonnement d'ordre...
M. Raynauld: Moi aussi, je suis d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): ...politique sur les
régimes qui peuvent exister. Le fédéralisme je
répète ce que j'ai dit en Chambre l'autre jour ce n'est
pas nécessairement un système qui est mauvais en soi partout au
monde; il est peut-être fantastique en Australie, je ne le sais pas. J'ai
décrit, dans mon deuxième livre, ce que cela donnait, au Canada,
l'application du régime fédéral avec les règles du
jeu qui existent. Cela crée, au fond, à la longue, une dilution
du pouvoir québécois. Si vous pouvez me démontrer que le
pouvoir politique n'est pas important pour un peuple, je pense qu'une telle
thèse serait tellement innovatrice qu'il faudrait la faire breveter.
Moi, cela m'intéresserait de l'écouter.
Jusqu'à maintenant, ce que je comprends de l'histoire de
l'évolution humaine, c'est que le pouvoir politique est assez important
qu'il y en a quelques-uns, avant nous, qui s'en sont préoccupés
et quelques-uns encore qui vont s'en préoccuper après nous. C'est
tout ce que je veux dire. Je ne dis pas que le fédéralisme est
mauvais partout au monde et qu'il n'existe pas de régimes
fédéraux au monde, je sais qu'il y en a d'autres régimes
fédéraux au monde, voyons! Ce n'est pas la question. Je n'ai
jamais prétendu à aucun moment, ni jamais personne dans le Parti
québécois, sauf en blague, que la souveraineté allait
régler tous les problèmes, on sait qu'il y aura d'autres
difficultés d'un autre genre.
M. Goulet: ... le ministre de l'Agriculture.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ce que je dis, en
blague.
M. Goulet: Je pensais qu'il était sérieux quand il
le disait.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous le lui demanderez.
M. Goulet: En tout cas.
M. Morin (Louis-Hébert): De toute façon, on n'a
jamais prétendu que cela allait régler tous les problèmes.
On ne peut pas, quand même, avec tout le pouvoir politique qu'on veut,
adopter une loi pour améliorer la température aujourd'hui. Que
voulez-vous? Cela, je le sais. Je pense qu'on enfonce des portes ouvertes quand
on fait le genre de raisonnement qui vient d'être fait.
C'est ce que je voulais dire, brièvement, là-dessus.
Affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales
Le Président (M. Marcoux): Nous allons commencer
l'étude du programme 1. M. le député d'Outremont.
Groupe d'étude sur le
référendum
M. Raynauld: Dans la continuité de cette discussion, je
voulais poser des questions à propos du groupe d'étude qui
s'occupe de préparer le référendum. Je voulais savoir,
d'abord quels sont les crédits qui ont été affectés
à ce groupe, quel est le personnel qui est affecté au groupe, et,
d'une façon peut-être plus importante, quelles sont les
études. Serait-il possible d'avoir au moins les titres, les grandes
lignes des études qui sont entreprises par ce groupe?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela va être très
bref comme réponse parce que ce n'est pas très complexe. Ce qu'on
appelle le groupe d'étude, il ne faudrait pas s'imaginer que cela
représente énormément de personnel. D'une part, il y a M.
Bernard Bonin qui est présentement, pour la durée de
l'étude, sous-ministre adjoint au ministère. Il y a aussi, depuis
peu de temps, M. Didier qui vient de se joindre à nous.
M. Raynauld: M. Didier?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Didier, vous connaissez?
M. Raynauld: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon. Il est un ancien
sous-ministre de l'Immigration et il revenait d'un stage à Kingston.
Troisièmement, il y a aussi, qui participe à ces études,
M. Jean Samson, qui est à la direction générale des
relations fédérales-provinciales et qui agit aussi comme
secrétaire du comité de coordination des relations
intergouvernementales. Cela s'arrête là.
Ce sont les personnes qu'on a ajoutées pour faire ce travail.
Cependant, deuxième partie de ma réponse, nous utilisons, et M.
Bonin en est chargé, les diverses compétences qui peuvent exister
à l'intérieur du gouvernement sur certains des sujets que nous
étudions. Je vous donne un exemple; si nous examinons les
possibilités d'union monétaire ou les questions relatives
à la monnaie, on réunit des gens qui à l'intérieur
ou à l'extérieur du gouvernement peuvent connaître les
sujets. De leurs réflexions, de leurs travaux parfois plus approfon-
dis qu'on est obligé de faire sur certaines questions techniques,
on déduit des conclusions sur des propositions à faire
éventuellement.
Même chose sur les questions relatives au commerce et aux tarifs.
Même chose sur les questions relatives à l'agriculture. En somme,
tout ce qui peut faire partie d'une association économique ou d'un
marché commun est examiné par ces personnes-là, en deux
phases en quelque sorte. Une phase qui est plus approximative et plus
générale, où on trace des orientations et des
possibilités, où on donne des réponses à des
questions rapides. Une deuxième phase, plus approfondie celle-là,
qui permettrait, par exemple, de poursuivre des études plus
détaillées sur des points techniques plus précis. Je n'ai
pas le titre des études en tête malheureusement, quant à
ces études techniques, mais je viens de donner les grands thèmes
qu'on regarde.
En même temps que ce genre de travail est fait, on
réfléchit aussi, quoiqu'il y ait beaucoup de choses de faites sur
le fonctionnement du régime fédéral et ses
conséquences.
M. Raynauld: Est-ce que...
M. Morin (Louis-Hébert): Maintenant le crédit, le
crédit c'est le salaire de ce monde. Qu'est-ce que vous voulez, c'est
ce...
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a des contrats extérieurs
à ce moment-là?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qu'il vient de demander.
La question de savoir s'il y a beaucoup de personnes de l'extérieur?
Là il n'y en a pas encore. Je ne pense pas, il y en aura peut-être
au cours de l'été. C'est cela, des honoraires pour des
études, on va en déterminer, il va y en avoir au cours de
l'été. Des séances de travail dont j'ai parlé
tantôt peuvent donner lieu au recours à des spécialistes,
qu'on va faire venir deux ou trois jours et ceux-là ont des honoraires
pertinents. Je n'ai même pas les noms de tout ce monde-là. Je ne
crois pas qu'il serait nécessaire d'entrer dans ces détails.
M. Raynauld: Vous avez dit que vous aviez donné les grands
thèmes. Ce que j'ai retenu, vous avez mentionné à titre
d'exemple les problèmes monétaires, les problèmes de
commerce, les problèmes de...
M. Morin (Louis-Hébert): En agriculture, c'était un
autre sujet. Écoutez ce n'est pas malin, c'est tout ce qui peut faire
partie du domaine d'une association économique, qui peut être
couvert par une association économique; après cela on va en
prendre et on va en laisser. Ce ne sont pas des études politiques que
ces gens-là font. Ce ne sont pas eux qui prendront la décision
politique, cela je tiens aussi à le signaler. Nous tenons beaucoup
à l'intérieur du ministère, comme d'ailleurs dans
l'ensemble du gouvernement, à ne pas impliquer les fonctionnaires dans
des discussions strictement politiques. Encore qu'il ne faille pas non plus
tomber dans le pharisaïsme. Qu'est-ce que vous voulez? J'ai
été sous-ministre huit ans et demi, j'ai fait de la politique
huit ans et demi, parce que c'est cela à quoi équivaut le
rôle d'un haut fonctionnaire dans certains secteurs du gouvernement. Mais
cela n'empêche pas d'être loyal, cela n'empêche pas
d'être objectif, sauf qu'on évite autant que possible de mobiliser
bien du monde dans des fonctions qu'on pourrait, des fois à tort, mais
qu'on pourrait peut-être considérer comme politiques.
M. Raynauld: Maintenant, toujours sur les sujets, est-ce qu'on
étudie la création d'une banque centrale par exemple? Comment
fonctionnerait une banque centrale au Québec? Est-ce qu'on
étudie...?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien ils n'ont pas
terminé, je ne le sais pas. C'est probablement dans leur mandat. Moi, je
ne leur dis pas quoi étudier, je leur dis: Etudiez ce domaine, et puis
après cela ils feront des papiers.
M. Raynauld: Est-ce qu'il serait possible d'avoir un document qui
donnerait une idée des études qui sont entreprises? Je pense que
cela a une très grande importance.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est important mais...
M. Raynauld: Est-ce qu'on étudie, par exemple, les
institutions fédérales qui pourraient rester
fédérales en vertu de l'association et celles qui devraient
être séparées?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, j'ai oublié de
mentionner cela tantôt. On étudie aussi les organismes communs,
qui pourraient être communs advenant un arrangement comme celui qui est
mentionné dans l'ancien texte de notre programme, où on parle de
confier à des organismes communs certaines responsabilités
d'ordre économique; on regarde cela aussi. Cela étant dit, je ne
croirais pas utile, maintenant, de fournir les textes, que je n'ai d'ailleurs
pas, mais les textes finaux de ces études.
M. Raynauld: Est-ce que vous avez donné un mandat à
ce groupe, est-ce que ce texte du mandat a été distribué
ou...?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai eu de longues conversations
avec M. Bonin, avec les autres fonctionnaires du ministère, mais je n'ai
pas l'impression que je leur ai écrit quoi que ce soit, non.
M. Levesque (Bonaventure): En quels termes leur avez-vous
parlé?
M. Morin (Louis-Hébert): En termes fort
compréhensibles et correspondant à l'objectif que nous
poursuivons, à savoir à quoi nous en tenir sur l'association
économique.
M. Levesque (Bonaventure): Après tout, on utilise les
fonds publics. On nous demande de voter des crédits. Est-ce que le
ministre ne pourrait pas nous brosser un peu...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je viens de
faire.
M. Levesque (Bonaventure): ...mais en termes un peu plus
précis quel est ce mandat qu'on a confié?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je viens de dire.
D'une part, on prévoit une association économique. Dans une
association économique, entre possiblement, selon les
négociations que nous aurons et selon notre choix politique, des
éléments comme monnaie et politique monétaire, tarifs et
commerce, etc. Je leur ai dit d'étudier ces choses. Il ne savent pas ce
que l'on décidera comme gouvernement. Comme il s'agit d'une étude
qui peut avoir un tas de ramifications en cours de route, ils sont parfaitement
libres d'étudier ces ramifications, sauf que je suis au courant,
à un moment donné, qu'ils voudront employer quelqu'un pour
étudier tel point technique ou tel autre point. À ce
moment-là j'approuverai.
Ce sont des études objectives, techniques, qui sont faites et non
pas des études politiques. C'est nous qui prenons les décisions
politiques. Cela est clair, de telle sorte qu'il peut, par exemple, arriver
que, pour des questions d'association économique ou un sujet quelconque
à l'intérieur de tout cela, soient consultées, sur un
point précis, des personnes qui n'ont rien à voir avec notre
option politique mais qui sont compétentes dans ce domaine.
M. Raynauld: Les organismes communs ou les organismes
fédéraux qui sont examinés à l'heure actuelle,
est-ce qu'on pourrait en avoir la liste? Quels sont ces organismes?
M. Morin (Louis-Hébert): Cette étude n'est pas
terminée.
M. Raynauld: Est-ce que vous avez des indications?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous avez des suggestions
à faire on écoute tout cela. Je sais que vous êtes un
économiste renommé. On peut peut-être vous consulter.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ces gens font rapport de
temps en temps, des rapports intérimaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ce qu'on vient de me
rappeler. Il y a un comité de directeurs de ces études dont je
suis le président. Nous nous sommes réunis trois fois
jusqu'à maintenant. Deux fois, trois fois. Il y a une autre
réunion de prévue pour la semaine prochaine.
M. Levesque (Bonaventure): Qui participe aux réunions?
M. Morin (Louis-Hébert): MM. Bonin, Tremblay, Coulombe,
Louis Bernard, François Lebrun, Mme Louise Beaudoin et quelqu'un du
bureau de M. Levesque... André Marcil, un économiste. Ce n'est
pas compliqué ni formel. C'est formidable cependant.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que cela touche le
référendum proprement dit?
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument pas.
M. Levesque (Bonaventure): Où vous situez-vous sur la
question du référendum comme ministère? Quel est le
rôle assigné au ministère ou au ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Je dirais plus au ministre qu'au
ministère. Remarquez que comme ministre je peux demander des
études juridiques sur certains aspects du référendum, sur
certaines expériences qui ont été conduites ailleurs.
Distinguons tout de suite certaines choses pour éviter de se
mêler. Premièrement, il y a un ministre d'État à la
réforme parlementaire qui est celui qui est chargé
d'écrire la loi du référendum, très bien?
Il y a moi-même qui ai suggéré la question au point
de départ, ce qui a été approuvé par les autres que
le sujet intéresse, et j'y réfléchis. Cela n'est pas une
responsabilité de l'ensemble du ministère, mais la mienne. Elle
ne m'est quand même pas tombée sur la tête et je peux en
parler à d'autres personnes à l'intérieur du
ministère. Ensuite, il y a des questions relatives à
l'organisation d'un référendum, qui relèvent surtout de M.
Burns à cause de la fabrication de la loi.
M. Levesque (Bonaventure): C'est normal que le président
du comité de législation se penche sur un texte de loi, mais la
conception d'un tel projet de loi ne devrait-elle pas venir du ministre et du
ministère des Affaires intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a toute une mythologie que
je voudrais bien dissiper. Je suis content de l'occasion qu'il m'est
donnée de le faire. C'est sûr que mon nom est identifié au
référendum. Je ne veux absolument pas, et tout le monde le sait,
être le seul qui se préoccupe de la question. Donc, il y a
plusieurs autres personnes qui s'en préoccupent, de telle sorte que,
lorsque ce genre de question est soulevé au cabinet ou lorsqu'on pense
à la loi relative au référendum, les ministres
intéressés disent leur avis.
Je ne suis pas seul là-dedans, loin de là.
M. Levesque (Bonaventure): Y a-t-il une structure
interministérielle?
M. Morin (Louis-Hébert): Sur le référendum,
non.
M. Levesque (Bonaventure): Que fait, par exemple, M. Jacques-Yvan
Morin, le ministre de l'Éducation, qui est supposé avoir des
connaissances particulières dans le domaine constitutionnel?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Lui demande-ton sa contribution?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, au moment où on en
discute au Conseil des ministres, c'est sûr.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! au Conseil des ministres. En
dehors du Conseil des ministres, qui se réunit pour la question du
référendum? Quels sont les ministres qui se
réunissent?
M. Johnson: Que faisiez-vous samedi soir?
M. Levesque (Bonaventure): Pardon?
M. Johnson: Que faisiez-vous samedi soir?
M. Morin (Louis-Hébert): On s'en parle souvent, si c'est
cela qui peut vous intéresser.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que cela est
structuré?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas
structuré dans le sens où l'est l'autre comité.
M. Levesque (Bonaventure): A-t-on commencé à
écrire quelque chose? A-t-on un document sur le
référendum?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le ministère, il y a
quelques études techniques que j'ai fait faire sur des
expériences référendaires ailleurs. J'ai beaucoup
utilisé je vous signale cela en passant, c'est un livre
formidable que j'ai lu "L'accession à la souveraineté et le
cas du Québec", de Jacques Brassard, qui comporte des renseignements
extrêmement intéressants. Je dis cela très objectivement.
C'est un des meilleurs livres que j'ai lus là-dessus. C'est quasiment
une bible, un vade-mecum. On se sert beaucoup de cela. Bien sûr, il y a
d'autres documents. Il y a des mémos que je fais pour le premier
ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Qui est le maître d'oeuvre de
cela? Après tout, on nous a promis une loi pour...
M. Morin (Louis-Hébert): Ne vous inquiétez pas,
cela va arriver.
M. Levesque (Bonaventure): ... 1977, n'est-ce pas?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on va avoir un projet de
loi...
M. Morin (Louis-Hébert): On ne peut rien vous cacher.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui va être
déposé en 1977?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): La moitié de l'année
1977 est passée.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): On devrait, à ce moment, devant
une question aussi importante, pouvoir nous donner des réponses plus
précises, plus claires et définitives.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous allez les avoir.
M. Levesque (Bonaventure): Qui a le dossier entre les mains?
Comment se fait-il que ce soit le ministre d'État à la
réforme parlementaire qui semble être le maître d'oeuvre,
alors que nous avons devant nous le ministre qui a presque
préparé le scénario? C'est difficile à
comprendre.
M. Morin (Louis-Hébert): Pourtant non. Je ne comprends
pas. Je vais recommencer mes explications. C'est vrai que, lorsqu'on se parle
à demi-mot, on se comprend à moitié. Je recommence.
Premièrement, M. Burns est chargé de la préparation d'une
loi sur les référendums. Deuxièmement, à titre de
ministre des Affaires intergouvernementales, je me préoccupe beaucoup de
la question et j'y réfléchis beaucoup. J'ai peut-être
à cause de mes fonctions davantage la possibilité d'y
réfléchir que d'autres ministres, c'est évident.
Troisièmement, cependant, les autres ministres sont très
intéressés à cette question du référendum.
En conséquence de ces trois points, lorsque nous avons
élaboré les grandes lignes de ce que pourrait être un
projet de loi sur les référendums, c'est évidemment le
cabinet qui en a discuté. Je répète qu'il n'y a pas de
comités chargés du référendum comme tel.
M. Levesque (Bonaventure): C'est assez inconcevable.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas nécessaire
d'avoir des préoccupations structurelles.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais c'est parce que je
m'inquiète justement du peu de préparation qu'on semble donner
à cette question fondamentale pour l'avenir des Québécois.
Lorsqu'on a une question sectorielle comme l'assurance-automobile, on a des
gens qui étudient depuis deux ans là-dessus, on a des commissions
parlementaires qui se promènent, partiellement, du moins, car le
ministre fait le tour de la province. On continue de préparer document
sur document. Dans le cas du référendum, on en parle entre nous.
On ne sait pas au juste qui est responsable du dossier. Ce matin, on n'a rien
ap-
pris, mais ce qu'on a réitéré, c'est que le
ministre réfléchit, d'une part, et que, d'autre part, un de ses
collègues a le mandat d'écrire un projet de loi. Comment peut-il
écrire un projet de loi, seul dans son bureau du leader du
gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Je n'ai jamais dit
qu'il écrivait cela seul dans son bureau à la chandelle le soir.
On s'en parle. Il y a un comité des priorités qui existe. Il a
été formé par le premier ministre et ce genre de question
lui est soumis. Il y a le Conseil des ministres. Nous avons discuté avec
lui les grandes lignes de ce qui est souhaitable après réflexion.
Il travaille là-dessus sur le plan juridique avec je ne sais pas trop
quels fonctionnaires; je m'excuse, je ne suis pas au courant. Ne vous
inquiétez pas, cette loi va arriver.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends. On a le droit de
s'inquiéter de la façon dont on se prépare pour un
événement comme celui-là. Lorsqu'on parle d'une loi du
référendum...
M. Morin (Louis-Hébert): La loi des
référendums.
M. Levesque (Bonaventure): ... est-ce une loi pour n'importe
quelle sorte de référendums ou pour le référendum
constitutionnel?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela s'appelle la loi des
référendums, tel qu'annoncé dans le discours inaugural.
C'est pour des référendums, celui-là et d'autres.
M. Levesque (Bonaventure): Cela peut s'appliquer à
n'importe quel référendum?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas encore vu le texte de
loi. Il n'est pas terminé.
M. Levesque (Bonaventure): Mais qui? M. Morin
(Louis-Hébert): Robert Burns.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, avec qui travaille-t-il
là-dessus? Quels sont les fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pourrez peut-être lui
demander quand les crédits de ce ministère arriveront. Je ne sais
pas, je les vois physiquement, mais j'ai oublié les noms. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise?
M. Levesque (Bonaventure): Mais, c'est la même commission,
c'est la commission de la présidence du conseil qui sera appelée,
normalement, à poser des questions au ministre d'État.
M. Morin (Louis-Hébert): Demandez cela à M. Burns,
je ne connais pas assez les détails techniques des commissions
parlementaires pour savoir qui doit dire quoi, à quel moment et
où, je ne le sais pas.
M. Raynauld: Je voudrais revenir au groupe d'étude. Je
pense que, dans ce cas, il s'agit d'autre chose, je pense que, là aussi,
le ministre est très vague, il me semble que...
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que vous voudriez que je
vous dise qu'il y a un groupe de 47 personnes qui passent leur temps
là-dessus? Bien non, il n'y en a pas.
M. Raynauld: Ce n'est pas cela.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais bien qu'il y en ait
47, mais il n'y en a pas.
M. Raynauld: Je voudrais avoir les questions qui sont
étudiées. Vous nous dites, d'une part, qu'il n'y a pas eu de
mandat de donné par écrit.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai jamais dit cela, j'ai dit
qu'il y avait un mandat qui avait été donné
verbalement.
M. Raynauld: Verbalement, c'est ce que je dis. Je dis que vous
n'avez pas donné de mandat par écrit.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous ne trouvez pas qu'il y a
assez de papiers dans le gouvernement qu'on pourrait en éviter
quelques-uns, de temps en temps.
M. Raynauld: Oui, mais dans un cas comme celui-ci, il serait
important, étant donné que ce sont les fonds publics qui sont
utilisés, que vous puissiez éclairer la commission parlementaire
qui est chargée d'examiner les crédits pour savoir sur quoi cet
argent est dépensé.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur l'association
économique.
M. Raynauld: C'est beaucoup trop vague. Dans toutes les
commissions où je suis allé on a examiné au moins
trois ou quatre ministères on avait les listes complètes
des études qui étaient faites, on avait des gens qui s'occupaient
des études et c'est quelque chose de normal. On arrive sur ce sujet,
vous nous dites: Oui, étudier peut-être l'union monétaire,
peut-être le commerce, les tarifs.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, je n'ai pas dit
qu'ils étudiaient peut-être, j'ai dit qu'ils étudient les
questions monétaires, qu'ils étudient les questions relatives aux
tarifs et au commerce, j'ai parlé de l'agriculture aussi.
M. Raynauld: Oui, fonction du gouvernement fédéral,
et après, les organismes communs.
M. Morin (Louis-Hébert): Et j'ai parlé des
organismes communs en vertu de l'application des...
M. Raynauld: Quels sont les organismes communs qui sont
étudiés?
M. Morin (Louis-Hébert): On étudie des formes
d'organismes communs, et ce n'est pas terminé. J'aimerais bien qu'il
soit prêt, j'ai hâte de le voir, mais il n'est pas
terminé.
M. Raynauld: Non, mais on devrait savoir maintenant ce qu'on va
étudier. Les organismes communs, est-ce Radio-Canada, sont-ce les
chemins de fer nationaux?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on est en train de se
mêler. Un instant, je n'ai pas ici le programme du parti, on parle,
à un moment donné, dans l'article 1 je ne sais pas trop
à quel endroit dans un des alinéas que nous allons
réclamer tous les pouvoirs politiques d'un État souverain et que
certains d'entre eux seront exercés avec le Canada via les organismes
communs. Ce sont ces organismes communs via lesquels l'association
économique va fonctionner qu'on étudie. Qu'est-ce que cela va
être? Cela va être des organismes communs peut-être d'un
nouveau genre mais, là, je ne sais pas lequel ce matin.
M. Levesque (Bonaventure): Votre programme dit: Exiger d'Ottawa
le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs, à l'exception de
ceux que les deux gouvernements voudront pour des fins d'association
économique confiée à des organismes communs.
M. Morin (Louis-Hébert): La voilà votre
réponse. 1, tous les pouvoirs, 2 à l'exception de ceux qu'on
voudra exercer en commun, et cela c'est l'association économique via les
organismes communs, c'est cela.
M. Raynauld: J'aurais aimé savoir quels sont les
organismes communs que vous êtes en train d'examiner, quelles sont les
institutions que vous êtes...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est facile à comprendre.
On est en train d'étudier quels organismes communs pourront être
utilisés, quelle forme cela aura, et comment cela va fonctionner pour
exercer certains pouvoirs économiques avec le Canada, en vertu de
l'association économique. Nous regardons certaines expériences
étrangères, notamment ce qui se passe dans le Marché
commun, en Europe. Je ne sais pas, ce matin, ce que sont ces organismes communs
puisque c'est justement ce que l'étude va nous donner.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, si on me le permet, ce
sont des études qui se poursuivent en vue d'une association
économique mais qui serait subséquente, évidemment,
à un vote favorable au référendum, n'est-ce pas?
M. Morin: Là, vous revenez à vos questions
posées depuis le début, celles qui justifient toujours votre
grande inquiétude par rapport à l'avenir du Québec, et
l'état effrayant dans lequel on est supposé être
psychologiquement, tous les
Québécois, à cause du fait qu'on est là.
Mais, qu'est-ce que vous voulez? Nous préparons, actuellement, par ces
études, les positions que le gouvernement du Québec choisira de
faire valoir au moment d'une discussion avec l'ensemble du Canada.
M. Levesque (Bonaventure): Après le
référendum.
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a jamais dit cela.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon! À un moment
donné, le ministre a mentionné qu'il voulait faire des
propositions concrètes au reste du Canada avant la tenue du
référendum.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est bien possible.
M. Levesque (Bonaventure): Bon! À quel moment le ministre
prétend-il être en mesure de faire connaître ces
propositions concrètes?
M. Morin (Louis-Hébert): Faisons une nuance, ces
propositions concrètes. J'ai dit que nous pourrions faire valoir des
propositions concrètes. Je vais vous expliquer ce que je veux dire par
là. Si à un moment donné, je suis invité par un
gouvernement quelconque, que je rencontre un premier ministre dans une
province, ou même le premier ministre du Canada, on ne sait jamais, ou
encore que je suis invité par une association dans une autre province,
il peut très bien arriver que je trouve opportun de parler sur le genre
de coopération qui pourrait exister avec un Québec souverain, par
exemple, dans le domaine de la monnaie ou, par exemple, dans le domaine du
commerce, ou, par exemple, dans le domaine de la défense. Cela peut
être une chose que je n'ai pas mentionnée tantôt, mais on ne
l'étudie pas dans le cadre de l'association; c'est autre chose. C'est
une question sur laquelle on va se pencher éventuellement. À ce
moment, il se peut, avant que le référendum arrive que je juge
opportun de parler d'un des sujets faisant partie du vaste domaine de
l'association. C'est cela que je veux dire. À quel moment vais-je le
faire? Je n'en sais rien.
M. Levesque (Bonaventure): Dans ce contexte, est-ce que la
population du Québec va être renseignée sur toutes les
conséquences de l'indépendance si elle n'était pas
associée ou assortie d'une association économique? Si elle
l'était, est-ce que la population va être renseignée
pleinement sur le résultat de toutes les études que le
gouvernement aura fait faire?
M. Morin (Louis-Hébert): La réponse à votre
question et à toutes les questions que vous avez posées c'est un
OUI majuscule. C'est évident que c'est oui, parce que toute notre
affaire est fondée sur l'acceptation par l'opinion publique d'une option
politique qui nous paraît valable. Une des
choses à faire pour atteindre à cette connaissance qui est
nécessaire de la part de la population pour se prononcer en connaissance
de cause, c'est justement de lui faire savoir quels sont les tenants et
aboutissants de ce que nous proposons. On ne veut pas se jouer le tour de
conter des histoires au monde, après cela que les gens comprennent de
travers ce qu'on a voulu dire et qu'on obtienne, disons, par défaut ou
autrement une approbation qui serait née d'un malentendu et que la
population nous reprocherait par la suite. On n'a aucun intérêt
à cela et je n'ai aucun intérêt personnel et les
Québécois vont savoir à quoi s'en tenir.
M. Levesque (Bonaventure): La façon dont le
référendum sera préparé, les questions qui seront
posées, est-ce que le ministre peut nous en parler?
M. Morin (Louis-Hébert): Je pourrais en parler, mais cela
n'avancerait pas à grand-chose, je ne sais pas quelle est la ou quelles
sont les questions qui vont être posées aujourd'hui. Ce seront des
questions qui seront significatives. On ne leur demandera pas s'ils sont en
faveur du bien contre le mal, parce qu'on pense qu'on a une bonne
réponse. On peut gagner un référendum à cet
égard, bien sûr. Ou, encore, on ne leur posera pas la question que
vous avez déjà implicitement suggérée:
Êtes-vous en faveur d'un Québec séparé, isolé
de tout le monde et où le niveau de vie baisserait? C'est sûr
qu'on ne posera pas une question comme celle-là non plus. Je ne sais pas
aujourd'hui quelle est la question. J'aimerais le savoir, cela me serait utile.
Si vous avez des suggestions à faire!
M. Levesque (Bonaventure): Dans le projet de loi des
référendums, est-ce que le ministre a l'intention d'indiquer la
ou les questions qui seront posées?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le projet de loi, non.
M. Levesque (Bonaventure): De quelle façon le ministre
entend-il demander à l'Assemblée nationale d'approuver la ou les
questions?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sera écrit dans le
projet de loi.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut nous dire
aujourd'hui que c'est l'Assemblée nationale qui, dans l'exercice de ses
pouvoirs constitutionnels, acceptera majoritairement le genre de questions ou
quelles questions précises seront posées à
l'électorat?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas exactement comment
va se présenter la fabrication de la question. C'est pour cela que je ne
peux pas répondre directement, je ne le sais pas ce matin. Ce que je
peux vous dire, cependant, c'est que ce n'est pas deux ministres du cabinet
qui, un de ces bons matins, vont décider la question et elle va sortir
comme d'une boîte à surprise. Il va y avoir des précautions
démocratiques de prises parce qu'autrement tout le processus pourrait
être qualifié, avec raison d'ailleurs, de farfelu, d'incomplet et
d'antidémocratique. Je ne connais pas les technicités qu'on
prendra, je ne veux pas m'embarquer là-dedans ce matin, je ne le sais
pas.
M. Levesque (Bonaventure): Dans l'opinion du ministre, c'est la
question que je pose, est-ce qu'on peut conclure qu'on met de côté
que cette ou ces questions soient décidées en vertu d'un
arrêté ministériel, par exemple, du lieutenant gouverneur
en conseil?
M. Morin (Louis-Hébert): Évidemment, cela n'a aucun
bon sens.
M. Levesque (Bonaventure): Donc par une loi.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais là, est-ce que vous
voulez dire un arrêté en conseil qui serait pris un de ces bons
mercredis, alors que personne ne s'en doute et qu'on arrive avec cela en
Chambre l'après-midi en disant: Regardez, on vient de décider la
question du référendum?
M. Levesque (Bonaventure): Non. Ce que je veux dire, c'est si la
loi des référendums...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, je veux comprendre ce
que vous voulez dire.
M. Levesque (Bonaventure): ...dans un de ses articles,
prévoit que le lieutenant-gouverneur en conseil peut déterminer
la ou les questions, et que par la suite ce soit publié dans la Gazette
officielle, etc., si c'est cela le genre de démocratie, de processus
démocratique dont parle le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): On entre là dans des
détails de fabrication d'une loi que je n'ai pas encore lue, puisqu'elle
n'est pas terminée. Je peux vous assurer d'un principe, c'est que le
choix de la question va être fait en connaissance de cause et à la
connaissance de tout le monde. Ce ne sera pas une surprise. Quel cheminement
cela va-t-il prendre? Je ne le sais pas.
M. Levesque (Bonaventure): C'est extrêmement important.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends que c'est important.
Vous avez parfaitement raison.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre ne peut pas rejeter...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous avez raison, c'est
important.
M. Levesque (Bonaventure): ...le fait que cela pourrait
être de cette façon que je viens de décrire
et qui, à mon sens, serait inacceptable. Il faut absolument que
l'Assemblée nationale elle-même ait l'occasion de se prononcer
sur...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous allez pouvoir dire tout
cela, ce que vous dites ce matin, alors qu'on n'a pas le projet de loi, lorsque
ce projet de loi sera déposé. Cela va être indiqué
dedans, j'imagine, la façon dont on va procéder. Si vous ne
l'aimez pas, vous en proposerez un autre, puis on va regarder cela avec grande
attention. Mais ce matin, je ne le sais pas.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre indique par
cette réponse qu'il ne songe pas à un projet de loi
ultérieur à celui des référendums, qui serait la
loi de mise en oeuvre, si vous voulez, de ce référendum
constitutionnel?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne songe à rien de ce
côté, j'attends. Je pense que tout le monde devrait attendre le
dépôt de la loi.
M. Levesque (Bonaventure): Cela me surprend que le ministre soit
aussi vague et imprécis. C'est soit volontaire, soit
inquiétant.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela tient peut-être aussi
au fait que la loi n'est pas prête.
M. Levesque (Bonaventure): Si c'est volontaire, c'est
inquiétant pareil.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela tient peut-être au
fait que la loi n'est pas faite.
M. Levesque (Bonaventure): Mais de quelle façon
prépare-t-on la loi?
M. Morin (Louis-Hébert): Comme toutes les autres lois.
M. Levesque (Bonaventure): Je reviens à ma première
question. L'étude des autres lois, cela se prépare dans un
ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, alors je vous ai
répondu.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministère qui s'occupe de la
constitution, jusqu'à nouvel ordre, cela a toujours été
celui qui s'occupe des relations des gouvernements, de la Constitution: le
ministère des Affaires intergouvernementales, qui était le
maître d'oeuvre là-dedans. On se retourne vers le maître
d'oeuvre, il nous réfère à un de ses collègues qui
s'occupe de la réforme parlementaire. Ce n'est pas cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien, c'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Bien non, il nous réfère
au comité de législation. À mon sens, il n'y a pas...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est drôle, moi je n'ai
pas d'inquiétude là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): ...de ministère
structuré qui soit mieux placé que le ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord avec vous que le
ministère des Affaires intergouvernementales est le meilleur
gouvernement. Mais cela étant dit, il arrive que c'est le ministre
d'État à la réforme parlementaire qui s'occupe de cette
loi. Cela ne me crée aucun début de commencement de moitié
de problème. Ce projet de loi va finalement être
déposé puis il va être aussi bon que si on l'avait fait au
ministère.
M. Levesque (Bonaventure): C'est assez inconcevable que le
ministre des Affaires intergouvernementales laisse à d'autres le soin de
préparer la loi des référendums qui est faite
précisément, pour autant que je sache, pour être la pierre
d'assise de cet événement qui doit être la consultation
populaire relativement à l'avenir des Québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire que c'est un
ministre qui est chargé de la rédaction, mais je n'ai jamais dit
un seul instant que je me désintéressais de ce qu'il faisait. Au
contraire, on participe à cela.
M. Levesque (Bonaventure): Mais qui travaille avec ce ministre?
Est-ce qu'il y a quelqu'un du ministère des Affaires
intergouvernementales qui rencontre le ministre d'État à la
réforme parlementaire à ce sujet-là, et qui?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, le ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre. Il n'y a aucun autre
fonctionnaire qui travaille là-dessus? Il n'y a aucun juriste,
personne?
M. Johnson: M. le Président, j'aurais peut-être une
question...
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: C'est une question de règlement, si vous me
permettez.
Si je peux prendre par analogie la commission de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications et le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, je ne pense pas qu'on demande au ministre
responsable délégué au Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports de répondre à des questions
qui relèvent du ministère de l'éducation. Il me semble que
le ministre a bien dit que le projet de loi sur les référendums
relevait du mandat du ministre d'État à la réforme
parlementaire qui n'est pas ici en ce moment. Il me semble que cette
ligne...
M. Levesque (Bonaventure): J'avais bien compris cela. La seule
chose, c'est qu'il s'agissait
simplement d'un projet de loi relatif aux référendums en
général, soit...
Mais, comme c'est directement relié à l'engagement du
gouvernement de la tenue d'un référendum sur la question
constitutionnelle, à ce moment-là je m'imagine mal que le
ministre des Affaires intergouvernementales et le ministère
lui-même disent: On va attendre, on va voir ce que cela va donner et,
après cela, vous serez renseignés comme tout le monde et nous
autres aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc! Je n'ai pas dit
qu'on allait attendre pour voir ce que cela allait donner. J'ai dit, dès
le début, tantôt, que j'étais l'un des ministres qui
s'intéressaient de plus près à la question du
référendum et qu'en conséquence de quoi il m'arrive
très fréquemment d'en discuter avec mon collègue, le
ministre d'État à la réforme parlementaire, qui
prépare une loi-cadre, en quelque sorte, sur les
référendums. Un de ces référendums sera celui dont
on parle ici et je ne vois vraiment pas de problème de ce
côté-là.
À part cela, si on avait préparé cela chez nous, je
pense bien qu'en vertu du raisonnement de tantôt vous auriez dit qu'on
prépare l'indépendance et que cela ne doit pas relever de nous
autres.
Une voix: C'est bien possible.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est certain.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 1, adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Non. Le ministre pourrait-il nous dire
de quelle utilité seront les études qu'il prépare dans le
domaine de l'association économique avec le reste du Canada, si le
référendum, comme on peut s'y attendre, est refusé par la
population?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous autres, on ne fait pas
l'hypothèse qu'il va être refusé, on pense le gagner. Pour
les fins d'une discussion strictement théorique, ce genre
d'études, quoi qu'il arrive, est toujours utile pour aider à
déterminer la place du Québec, soit dans ou à
côté de la fédération, et les relations que doit
avoir le Québec avec ses voisins quels qu'ils soient. Je pense que cela
peut avoir une double utilité.
Il y a bien des choses, à part cela, qui ont été
faites dans le gouvernement et qui n'ont jamais servi. Je peux vous garantir
que celle-là va servir, quoi qu'il arrive. C'est plein de rapports
je regarde cela, mais je n'ai jamais le temps de les lire sur
toutes sortes de sujets. Celui-là ne sera pas terriblement long et il va
être utile quoi qu'il arrive.
M. Levesque (Bonaventure): À quel moment le ministre
prétend-il que le projet de loi sur les ré- férendums sera
déposé?
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait le demander à
M. Burns. Je ne sais pas à quel moment il va être
déposé. On vous a dit qu'il serait déposé cette
année et c'est cela qui va arriver. Mais, là, je ne sais pas
à quel moment précis.
M. Levesque (Bonaventure): Cela n'a aucune importance pour le
ministre des Affaires intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Le référendum est
très important. La loi des référendums permettant le
référendum auquel je m'intéresse particulièrement
est importante. La date où elle va être déposée en
Chambre l'est beaucoup moins pour moi, personnellement, du moment qu'elle le
sera cette année.
M. Levesque (Bonaventure): En 1977?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ce qu'on a dit.
M. Raynauld: Pour revenir au groupe d'étude sur
l'association, je retiens qu'il n'y a pas eu de mandat écrit. Je retiens
qu'on a demandé de faire faire des études sur des sujets
très vagues, sauf, peut-être, les institutions communes. Le
ministre m'a référé au programme du Parti
québécois; il faudrait que je le relise pour savoir ce que vous
entendez par des institutions communes. Qu'est-ce qui va être commun?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qu'on fait
étudier, pauvre vous!
M. Raynauld: J'aimerais savoir quel a été le point
de départ. Est-ce les transports? Les institutions communes, est-ce que
cela va comprendre les transports, Radio-Canada? Je ne sais pas, moi.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement ce qu'on va voir
une fois l'étude terminée.
M. Raynauld: J'aurais aimé savoir ce qui a
été demandé et ce que vous vous attendez de recevoir. Vous
êtes le président du comité, vous avez déjà
eu des réunions; il me semble que vous pourriez être un peu plus
explicite sur les sujets qui sont examinés. Une fois qu'ils seront
examinés, je suppose que vous déposerez les études. C'est
la question classique qu'on peut poser.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous donner la
réponse classique dans ce cas-là: On va attendre d'avoir les
études.
M. Raynauld: Oui, mais j'aurais aimé que, sur un sujet
aussi important que cela, il y ait quelque chose d'écrit qui puisse nous
indiquer dans quelle direction vous vous en allez. Vous nous répondez
que vous n'avez même pas de mandat écrit de donné; c'est un
peu surprenant, quand même.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je procède de
façon aussi efficace que possible. J'aurais pris deux heures à
écrire un mandat écrit, alors qu'il
suffisait de rencontrer des personnes et d'aller beaucoup plus
profondément dans la préparation de ce travail en parole que par
un mémo. C'est ce qui est arrivé. Je peux bien rédiger,
aujourd'hui, un mandat écrit, si cela vous rassure, et le donner
à notre monde, mais je ne le distribuerai pas publiquement, de toute
façon.
M. Levesque (Bonaventure): Dans cette question d'association
économique avec le reste du Canada, le ministre a-t-il une opinion
à nous donner relativement à la question de l'union
monétaire, par exemple, l'union douanière dont il a
été question dans les propos du premier ministre, dans les propos
du ministre également? Est-ce qu'il peut concevoir une telle union
douanière et une union monétaire et même le ministre
a parlé ce matin d'une sorte d'union de défense relativement
à la défense nationale est-ce qu'il peut concevoir ce
genre d'union sans une autorité qui soit celle d'un Parlement
fédéral? À quel autre organisme peut-il songer confier une
autorité aussi importante et décisionnelle que
celle-là?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement ce à quoi
doit aboutir l'étude sur les mécanismes et organismes communs.
C'est une question très intéressante qui, personnellement, me
fascine beaucoup et pour laquelle cependant je n'ai pas de réponse
encore parce que l'étude n'est pas finie. Par ailleurs, vous demandez si
je peux concevoir une union monétaire et des choses comme
celles-là. Oui, je peux concevoir cela. Mais là, on regarde les
moyens de l'appliquer puis on regarde les avantages et les désavantages
de toutes les hypothèses possibles à cet égard.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre accepterait que
des décisions dans ces domaines aussi vitaux soient prises par des
fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, là, je tiens
bien à préciser ce que j'ai déjà dit. Les
fonctionnaires n'ont pas à décider quelle va être la
position du gouvernement du Québec en ce qui concerne le contenu de
l'association économique. Ce que nous leur demandons...
M. Levesque (Bonaventure): On a mal compris ma question.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse.
M. Levesque (Bonaventure): Je dis: Est-ce que le ministre peut
concevoir que cette union, que ce soit l'union monétaire ou
douanière ou une union qui touche la défense nationale, etc.,
est-ce que les décisions dans ces domaines, si telle union est
consacrée, que ces décisions, dans son esprit, soient
confiées non pas à un pouvoir législatif, autrement dit un
Parlement, mais puissent être confiées à des
fonctionnaires, si compétents soient-ils?
M. Morin Louis-Hébert): À cet égard, on re-
garde les expériences préliminaires conduites ailleurs. D'autre
part, j'aimerais mieux attendre la fin de ces études pour
répondre davantage à cette question.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre se rend compte
que si c'était le cas, si on les confiait à des fonctionnaires,
la démocratie en prendrait peut-être pour son rhume?
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre se rend compte de
tout cela et justement, à cet égard, les études que nous
faisons vont être extrêmement utiles. Nous ne perdrons pas de vue
le respect de la démocratie dans tout ce que nous aurons à faire
comme proposition.
M. Levesque (Bonaventure): Cela veut dire que le ministre
n'élimine pas la possibilité d'être obligé d'avoir
recours à un Parlement central qui soit celui à qui on confie une
certaine partie des choses que l'on veut garder en commun. Lorsque l'on parle
des organismes communs, etc., on pense également à des pouvoirs
que l'on confie à un organisme, mais sur lequel les citoyens doivent
avoir un contrôle. Autrement dit, si les citoyens ne sont pas satisfaits
de telle ou telle décision, ils doivent être en mesure de pouvoir
s'y opposer, de modifier, de changer les personnes responsables.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, dans tout cela, quand on
commence à regarder cela, on est pris dans nos concepts traditionnels,
un peu, malheureusement, comme vous le faites maintenant et a priori on frappe
des difficultés. Puis quand on se met un petit peu plus à faire
travailler notre imagination, on découvre des possibilités qu'on
ne soupçonnait pas et ce sont celles que nous regardons. Je sais
très bien où le chef de l'Opposition veut en venir et je vais
vous répondre tout de suite, pour régler un cas, qu'il n'est pas
question de confier cela au gouvernement fédéral actuel. Si c'est
ce que vous voulez que je vous dise, je le dis. Il y a d'autres modes
qui...
M. Levesque (Bonaventure): Je ne veux pas vous dire quoi dire,
simplement je voudrais que vous renseigniez la commission sur votre
façon de concevoir une union monétaire...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais là, voyons donc!
J'ai...
M. Levesque (Bonaventure): ... une union monétaire qui
voudrait dire quoi? Un organisme qui aurait cette responsabilité de
prendre des décisions? Et si ce n'est pas le gouvernement
fédéral actuel, serait-ce un organisme démocratique?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce genre de question
à laquelle j'attends une réponse avec beaucoup
d'intérêt, et c'est ce que nous étudions.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais poser une
question, puisque nous étudions les crédits des affaires
interprovinciales, entre autres, fédérales-provinciales.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1.
M. Johnson: Est-ce que le service du protocole relève de
cette section ou est-ce que vous préférez que j'attende un peu
plus loin?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la gestion interne et
soutien, programme 4.
M. Johnson: Désirez-vous que je pose ma question
immédiatement ou au programme 4?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne le sais pas. Je ne veux pas
bousculer. C'est certain que l'Opposition a 82 000 questions à
poser.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 1.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président, je
voudrais poser une autre question, simplement sur ce même sujet. Quelle
est la réaction du ministre vis-à-vis des déclarations des
autres premiers ministres des provinces qui ont fait connaître leur refus
de participer à toute association économique avec le
Québec en cas de déclaration de souveraineté?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une prise de position
parfaitement normale de négociateurs. Vous imaginez-vous ce que cela
aurait donné s'ils avaient dit: On va être d'accord avec une
association économique? Cela aurait réglé le
problème et aurait embêté l'Opposition au Québec.
C'est fort normal. Je ne m'attendais pas à autre chose. J'aurais
été étonné d'une autre réponse que
celle-là. Cela va de soi et cela faisait partie, dans ma tête en
tout cas, et avec d'autres personnes on y avait pensé, du
scénario parfaitement plausible qui devait suivre notre accession
possible au pouvoir. C'est ce qui est arrivé.
M. Raynauld: Vous ne croyez pas ces déclarations.
M. Morin (Louis-Hébert): Je crois que c'est une position
de négociation. Si j'étais à leur place, je ferais la
même chose.
M. Garneau: Est-ce que vos déclarations ont le même
sens que celles que les autres premiers ministres font?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai jamais dit que
j'étais contre l'association économique.
M. Garneau: Contre le fédéralisme, est-ce que c'est
une position de départ de négociations?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est écrit.
M. Garneau: Les vôtres sont sérieuses et celles des
autres ne le sont pas, vos déclarations?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne dirais pas cela parce que
ce ne serait pas gentil pour nos collègues des autres provinces. Ce que
je me permets de répéter, c'est que c'est une position de
négociation fort compréhensible et normale et qui témoigne
de l'intelligence de ces gens. S'il avait fallu qu'ils disent le contraire,
j'aurais été renversé.
M. Garneau: Si les autres font la même hypothèse en
parlant de votre intelligence, on s'en va vers un affrontement sans issue?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne pense pas qu'ils aient
fait la même hypothèse parce que notre élection a quand
même... Non, je n'ai pas dit cela. D'accord, c'est bien sûr. Je
pense que leur réaction à notre élection a
été beaucoup plus nerveuse que notre réaction à
leurs déclarations.
M. Levesque (Bonaventure): Est-il définitivement
établi qu'au cas d'un refus de l'association économique par le
reste du Canada ce que propose le ministre est l'indépendance claire et
simple du Québec et, pour reprendre les termes du programme
électoral du Parti québécois, dans le cas où il
faudrait procéder unilatéralement, assumer méthodiquement
l'exercice de tous les pouvoirs d'un État souverain?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Raynauld: Ce n'est pas une position de négociation
vraie?
M. Morin (Louis-Hébert): Ou on croit à notre
affaire ou on n'y croit pas. C'est la population qui va décider et c'est
pour cela que nous avons un référendum. Vous me posez des
questions et j'ai presque envie de vous en poser une hypothétique. Vous
allez me dire qu'elle est hypothétique, donc vous n'y répondrez
pas.
M. Garneau: C'est surtout le fait qu'en commission parlementaire
c'est le gouvernement qui...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je ne vois pas pourquoi
on est enfargé dans des règlements qui nous
empêchent...
M. Garneau: Généralement, oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne la poserai pas. Je la garde
pour une autre fois. Vous auriez été mieux de la connaître
tout de suite, toutefois.
M. Levesque (Bonaventure): On donne le consentement.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je viens d'y repenser et je
la garde pour une autre fois.
M. Levesque (Bonaventure): Elle est peut-être moins bonne
que vous le pensez.
M. Morin (Louis-Hébert): Elle est excellente.
M, Levesque (Bonaventure): La seule façon de le savoir
c'est que vous la posiez.
M. Morin (Louis-Hébert): Je la garderai un bon moment.
Le Président (M. Marcoux): Est-on prêt à
adopter le programme 1, élément 1?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant.
M. Morin (Louis-Hébert): On devrait adopter tout cela, ce
serait plus efficace.
M. Levesque (Bonaventure): On n'a pas encore parlé, M. le
Président, de l'élément 1 parce qu'on n'a pas vraiment
parlé des relations fédérales-provinciales.
M. Morin (Louis-Hébert): Allez-y, ne vous gênez
pas.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 1?
M. Levesque (Bonaventure): Je pense bien que l'on devrait
commencer...
M. Morin (Louis-Hébert): Je répète ce que
j'ai dit tantôt. S'il s'agit de questions de fait, je demanderai à
M. François Lebrun, ici à ma gauche, qui est le directeur
général des relations fédérales-provinciales et
interprovinciales, de bien vouloir apporter les éléments de
réponse d'ordre factuel, si vous êtes d'accord.
Conférences et ententes
intergouvernementales
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre pourrait-il donner la
liste des conférences ministérielles,
fédérales-provinciales et interprovinciales, auxquelles les
membres du gouvernement ont participé depuis le 15 novembre 1976?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on a préparé
certains documents là-dessus. On va vous les donner. Vous allez avoir la
liste de tout. On va avoir la réponse. Cela s'en vient.
Avez-vous d'autres choses à demander, parce qu'on a
préparé des affaires?
M. Levesque (Bonaventure): Cette liste doit être
prête?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Si on ne l'entend pas, on...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! vous voulez que je vous lise
la liste?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, cela ne devrait pas être
long, vu que vous boycottez tout ce qu'il y a de
fédéral-provincial.
M. Morin (Louis-Hébert): À propos de cela,
saviez-vous que dans les autres provinces il arrive pas mal souvent que les
ministres ne vont pas aux conférences et il n'y a jamais de "chiard" qui
est soulevé? Pourquoi est-ce que nous...
M. Levesque (Bonaventure): Ils ne s'en vantent pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela se sait là-bas
aussi.
M. Raynauld: C'est parce qu'ils n'en font pas une question
politique.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est vous qui en faites une
question politique.
M. Raynauld: Ils en font une question qu'ils sont
occupés.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, votre ex-ministre des
Affaires culturelles et des communications? J'attends une réponse.
Une voix: ...
M. Raynauld: Ne faites pas de politique, les fonctionnaires.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une fonctionnaire
politique.
Encore mieux que ce que vous avez demandé, on a toutes les
conférences intergouvernementales au Canada. Pas des origines à
nos jours, mais pour l'année écoulée jusqu'au mois de juin
cette année. Je pense que cela va faire votre bonheur. Si vous voulez
que je vous lise cela, ça va être ennuyeux pour la
collectivité.
M. Raynauld: Vous pourriez peut-être le déposer.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela que je voulais faire,
mais on voulait que je le lise.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être pourriez-vous nous
rappeler les principales auxquelles vous avez participé
vous-même.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai participé à
deux conférences. Une qui était la conférence des
ministres des Finances, le 6 décembre, et l'autre qui était la
conférence des premiers ministres, le 13 décembre. Je ne suis pas
retourné à une autre conférence parce qu'il y a un
désavantage pour le ministre des Affaires intergouvernementales qui
s'occupe de tout cela. Il ne va pas aux conféren-
ces fédérales-provinciales. C'est toujours un autre
ministre qui y va parce qu'il s'agit des questions sectorielles. Mais je les
suis, par exemple. Voulez-vous que je dépose...
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Je le dépose dans
l'ordre.
M. Levesque (Bonaventure): II serait peut-être
intéressant dans ce contexte de savoir si le ministre aurait objection
à fournir à l'avance aux membres de la commission ou aux membres
de l'Assemblée nationale une liste préliminaire de ces rencontres
ministérielles précisant l'objet de telles rencontres. On doit
avoir cela de prêt pour quelques mois à venir.
M. Morin (Louis-Hébert): Non. On n'a justement pas
toujours cela pour quelques mois à venir. Il n'y en a que pour
jusqu'à juin.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne parle pas d'aujourd'hui. Je
parle de temps à autre.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez nous surveiller
davantage?
M. Levesque (Bonaventure): Je pense bien que cela est
intéressant.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non.
M. Raynauld: On pourrait en avoir au moins une idée.
M. Morin (Louis-Hébert): Une seconde, on vient de me dire
que ce papier que vous avez entre les mains est disponible tous les mois pour
la mise à jour des conférences qui ont lieu. Je peux bien
à chaque mois faire une sorte de point d'honneur rituel de me lever pour
dire que je dépose la liste des conférences
intergouvernementales. Si vous voulez que je fasse cela, je le ferai.
M. Levesque (Bonaventure): On les avait au moins trois à
six mois d'avance.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela, il doit y avoir
des prévisions là-dedans pour les mois à venir. Si vous
voulez que je dépose cela chaque fois pour vous avertir d'avance, cela
me fera plaisir.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Voulez-vous que je fasse
cela?
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudra que quelqu'un me le
rappelle.
M. Raynauld: Cette fois-ci cela s'arrête au mois de
mai.
M. Levesque (Bonaventure): Ou encore vous pouvez le faire
parvenir aux chefs des partis.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais mieux cela parce que
me lever à tout bout de champ en Chambre pour dire: Voilà un
papier formidable que je dépose... J'aimerais mieux vous le transmettre
de même qu'au chef des autres partis. Bien sûr, cela me fera
plaisir.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'en garderai une copie pour
savoir ce qui se passe.
M. Levesque (Bonaventure): Le Québec a-t-il toujours un
représentant au secrétariat permanent des relations
fédérales-provinciales à Ottawa?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Il y en a toujours un, pour
répondre à votre première question. Deuxième
question, il y en a un nouveau qui entre là cette semaine, M. Zonda.
M. Levesque (Bonaventure): M. Zonda. M. Morin
(Louis-Hébert): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): II était au cabinet de qui?
M. Morin (Louis-Hébert): II était au cabinet de
l'ex-ministre des Affaires municipales.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre est-il satisfait du
fonctionnement du secrétariat?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. J'ai vu M. Davis, qui
était le chef de ce secrétariat dans les années 1967-1968.
Ils ont toujours conservé je dois dire que peut-être une
fois ou deux il est arrivé qu'on ait eu une impression contraire, mais
vérification faite ce n'était pas le cas une
neutralité politique assez évidente.
Je pense que cela démontre qu'il est possible, sur le plan du
fonctionnement quotidien de certains organismes, d'arriver à cette
neutralité. Là, il n'y a pas de problème de ce
côté. D'ailleurs, c'est pour cela qu'on envoie une autre personne
maintenant.
Le secrétariat ne relève pas, d'ailleurs, d'un seul
gouvernement, mais de tous les gouvernements. Il n'y a rien de changé
à cet égard, depuis le changement de gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): À part la conférence
ministérielle portant sur les communications, le gouvernement du
Québec s'est-il abstenu, depuis le 15 novembre, de participer à
d'autres rencontres ministérielles?
M. Morin (Louis-Hébert): II peut arriver parfois
faisons attention qu'un ministre n'aille pas à une
conférence pour des raisons qui n'ont strictement rien à voir
avec des questions politiques. S'il se casse une jambe la veille de la
confé-
rence, il n'ira pas. Mais, globalement, on ne peut pas dire qu'il y a eu
d'absence, sauf celle que vous avez mentionnée.
M. Levesque (Bonaventure): Quelles sont les ententes que le
ministère a signées depuis le 15 novembre 1976 avec le
gouvernement fédéral et les autres provinces?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Avec les autres
provinces, je ne pense pas qu'il y en ait. Il y a un projet d'entente que j'ai
moi-même discuté avec le premier ministre du Manitoba, M. Shreyer,
quand j'ai été là, il y a un mois ou deux. Mais pour ce
qui est des ententes fédérales-provinciales, il y en a un certain
nombre que je vous transmets ici, et cela comprend les ententes qui sont
effectivement signées entre le 1er avril 1976 et le 31 mars 1977, parce
qu'il y a quand même celles de l'année passée aussi qu'on a
mises. Il y a aussi une liste des ententes approuvées par le
lieutenant-gouverneur en conseil du Québec que nous avons
signées, de notre côté, et le gouvernement
fédéral ne les a pas signées.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ce document est à la
date d'aujourd'hui ou du 31 mars?
M. Morin (Louis-Hébert): 31 mars, c'est cela, et celles
qui sont approuvées mais pas encore signées vont jusqu'à
aujourd'hui, jusqu'au mois de juin 1977.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a rien eu de signé entre
le 31 mars et aujourd'hui?
M. Morin (Louis-Hébert): Le 31 mars et aujourd'hui?
Attendez un peu. Je ne pense pas qu'il y en ait eu. On vient d'en
débloquer une série, d'en faire signer. Parfois, c'est le
gouvernement fédéral qui retarde, il ne faudrait quand même
pas...
M. Levesque (Bonaventure): L'entente sur l'immigration est
datée de quand?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez dire l'accord de M.
Couture? Ce n'est pas une entente de cette nature, c'est un accord de
principes.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a pas eu de documents?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu un document, celui qui
a été publié dans le journal par M. Couture et qu'ils sont
en train de discuter au niveau des fonctionnaires pour ajuster certaines
positions de part et d'autre, mais il y a une entente de principe
là-dessus. Cela peut conduire, bien sûr, à une entente
écrite, mais, au moment où on parle, elle n'est pas
écrite, pas plus d'ailleurs que mon entente avec le Manitoba n'est
maintenant formalisée. C'est une entente de principe à laquelle
on a assigné des fonctionnaires, de notre côté, et à
laquelle ils ont assigné, eux, de leur côté, des
fonctionnaires.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a des ententes qui sont
désirées par le gouvernement actuel et qui n'ont pas pu
aboutir?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'on en a
signé, de notre côté, un certain nombre vous les
avez là-dedans qui n'ont pas encore été
signées par le gouvernement fédéral. Celles-là
entrent dans cette catégorie.
M. Raynauld: L'entente de principe sur l'immigration, c'est une
entente de principe signée ou pas signée? Il n'y a rien de
signé?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est une entente verbale.
Ils ont trouvé que cela avait du bon sens.
M. Raynauld: Mais sur un texte.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur le texte que M. Couture avait
produit, effectivement, oui. Il y a des ajustements techniques à faire,
et les fonctionnaires des deux ministères en parlent actuellement. Cela
pourra éventuellement, je le répète, conduire à une
entente formelle comme celle dont vous avez la liste.
M. Levesque (Bonaventure): Dans le cas de l'entente entre la
Société centrale d'hypothèques et de logement et la
Société d'habitation du Québec, est-ce que cela a
progressé?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Lebrun va vous donner
l'état de la situation.
Vous parlez de l'entente approuvée mais non signée?
M. Levesque (Bonaventure): Oui. On se rappelle qu'il y avait des
ententes qui étaient nécessaires pour la mise en oeuvre de
l'habitation sociale, par exemple. Est-ce que cela a finalement
été signé?
M. Morin (Louis-Hébert): En matière d'habitation,
il y a plusieurs types d'ententes avec le gouvernement fédéral.
Celle dont il est fait mention ici a déjà été
approuvée par le gouvernement québécois, elle porte sur
les déficits d'exploitation de certains programmes d'habitation. Reste
la signature du gouvernement fédéral. En plus de cette entente,
il y en a au moins une dizaine d'autres en matière d'habitation, il y a,
par exemple, ce qu'on appelle les quatre ententes de base et qui couvrent
probablement l'entente à laquelle vous venez de faire
référence.
Ces ententes sont toujours en vigueur et elles ont été
renouvelées pour l'année en cours. Et là on
prépare, actuellement, pour le gouvernement, des suggestions quant
à la signature de ces ententes pour l'année prochaine. Les
ententes de base actuellement sont en vigueur.
M. Levesque (Bonaventure): Quand on parle de l'année
prochaine, on parle de quoi? 1977 ou 1978? Alors, c'est l'année
présente.
M. Morin (Louis-Hébert): En 1978/79.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon! Pour 1977/78, c'était
déjà signé. Ce ne l'était pas le 15 novembre. Cela
l'a été depuis?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, elles ont été
renouvelées pour l'année en cours.
M. Levesque (Bonaventure): Récemment? Est-ce
indiqué ici, dans votre document? Je ne l'ai pas ici dans le
document.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un oubli parce qu'elles ont
été renouvelées.
M. Levesque (Bonaventure): On ne peut peut-être pas trop se
fier à ce document, quoi. On va le prendre avec la réserve qui
s'impose.
M. Morin (Louis-Hébert): On vous en enverra un exemplaire
avec les additions nécessaires.
M. Levesque (Bonaventure): Je l'apprécierais.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): II y a différents dossiers qui
touchent les ententes faites par l'OPDQ. Des ententes qui découlent de
l'accord cadre de développement. Est-ce qu'on a des indications
là-dessus?
M. Morin (Louis-Hébert): Elles ont été
approuvées, trois d'entre elles, la semaine dernière, au cabinet.
Une qui porte sur les accès aux ressources forestières, l'autre
sur le développement agricole et l'autre sur les axes routiers
prioritaires. Il reste maintenant au fédéral à les signer.
Quant aux autres, elles sont encore en discussion.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait nous
dire quel est le sort fait aux ententes sur le tourisme?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est comme dans bien d'autres
cas. On a fait des propositions à Ottawa, qui sont en discussion
maintenant. Ce n'est pas nous qui retardons ces choses, Je pense bien qu'il
faudrait le signaler clairement.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a eu des
démarches pour qu'on développe, parce qu'il y a des sommes, je
pense, de $80 millions qui sont...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, les ministres se sont
rencontrés, c'était môme dans le journal.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle est la position du
ministère relativement aux parcs fédéraux? Est-ce qu'elle
a changé?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons soumis une politique,
qui n'a pas encore été définitivement tranchée par
le cabinet, relative, je ne dirais pas aux parcs fédéraux mais je
dirais à autre chose, à toutes les cessions possibles de
terrains, qui se présentent de temps en temps, du Québec vers
Ottawa. Nous voulons, à cet égard, avoir une position très
claire. Il y a une proposition du ministère qui a été
soumise au ministère des Richesses naturelles qui l'a approuvée.
Les deux ministères l'ont ensuite soumise au comité
interministériel sur l'aménagement du territoire qui l'a
approuvée la semaine dernière, je pense. Maintenant, elle s'en va
vers le cabinet et devrait être approuvée peut-être cette
semaine ou la semaine prochaine, je ne le sais pas, en ce qui concerne la
cession de territoire du Québec vers Ottawa. Nous ne voulons pas, en
principe, céder des territoires à la propriété
fédérale.
Cela touche donc les parcs.
M. Levesque (Bonaventure): Dans le contexte de
l'intégrité des territoires, est-ce que le ministre pourrait nous
donner sa politique, relativement à l'aménagement de la
région Ottawa-Hull?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Nous considérons
qu'il s'agit là d'une invasion, d'un achat du territoire
québécois que nous ne sommes pas les premiers à
déplorer, au contraire. Et, à cet égard, nous allons
exercer une vigilance tout à tait particulière pour
empêcher que des morceaux de notre territoire finissent, à toutes
fins utiles, par échapper à l'autorité du Québec.
C'est une préoccupation considérable pour nous, parce qu'il y a
des années que cette prise en main du territoire québécois
par Ottawa se poursuit. Nous avons, là-dessus, presque à
résoudre l'accumulation de gestes fédéraux qui se sont
succédé quasiment au cours des générations de
gouvernement. C'est une préoccupation majeure pour nous. Par ailleurs,
il faut tenir compte de tout le problème que pose, pour un territoire
comme la région de Hull et les villes environnantes, la présence
massive du gouvernement fédéral, non seulement quant à
l'achat des terrains, mais aussi quant à la configuration sociologique
et démographique du milieu.
C'est un problème qui est connu et que nous prenons après
des années où il a été relativement
négligé.
M. Levesque (Bonaventure): Comment le ministre concilie-t-il le
fait qu'il y a très peu d'années on se plaignait et il
était peut-être de ceux-là que le gouvernement
fédéral n'investissait pas suffisamment au Québec et que
le tout se centralisait beaucoup plus du côté d'Ottawa et que Hull
était un peu comme le parent pauvre des activités
fédérales? Comment concilie-t-il cet appel, presque, qui
était fait à ce moment? Je rencontrais, dernièrement, des
gens de Hull qui disaient que tous les corps publics, tout le monde demandaient
au gouvernement fédéral de faire participer Hull au point de vue
économique par l'apport d'équipement fédéral du
côté de Hull. Et, aujourd'hui, on semble s'inquiéter.
Comment concilie-t-il sa prise de position?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous expliquer cela par
un fait dont je me souviens très bien, puisque j'étais
présent quand cela s'est passé. D'une part, il est parfaitement
exact qu'au cours des années le Québec a déploré
que le gouvernement fédéral ne dépense que du
côté fédéral, c'est-à-dire à Ottawa,
et, à toutes fins utiles, néglige complètement la ville de
Hull qui était à côté, où quand même il
y avait des fonctionnaires, il y avait du personnel qui allaient travailler
à Ottawa. Il y a eu des rapports de commissions d'enquête
là-dessus, dont la commission Dorion. En 1968, il y a eu un
comité tripartite qui a été créé, comprenant
des gens du gouvernement fédéral, dont M. Marc Lalonde, qui
représentait le fédéral dans ce comité. M.
Stevenson représentait l'Ontario et moi-même, je
représentais le Québec. On était accompagné d'un ou
deux fonctionnaires, chacun de notre côté. L'objectif que le
gouvernement du Québec poursuivait était justement pour permettre
ces investissements fédéraux sans perte de territoire et sans
perte du contrôle de la planification territoriale et de la planification
sociale du côté québécois.
La solution vers laquelle on s'en allait, à la suite des
recommandations des diverses commissions royales, était la
création d'une sorte d'organisme tripartite Ottawa-Ontario-Québec
qui se serait occupé de l'ensemble du territoire de la région de
la capitale fédérale. Cela aurait évité, si ce
comité avait fonctionné, justement cette mainmise qu'on
déplore aujourd'hui et qui contribue à rendre le gouvernement
fédéral propriétaire unique de territoires qui,
normalement, devraient nous appartenir.
Cependant, le gouvernement fédéral n'a jamais
accepté la solution du comité tripartite et l'Ontario
n'était peut-être pas non plus tellement intéressée
puisque, de son côté, cela voulait dire qu'il y avait davantage
d'investissements qui se seraient faits au Québec alors que l'Ontario
profitait jusque là, en conséquence de quoi le comité est
plus ou moins mort en cours de route. Le gouvernement fédéral a
continué de son côté, s'appuyant sur les demandes quasiment
séculaires des Québécois d'avoir plus d'investissements,
s'appuyant là-dessus un peu démagogiquement en disant: Si vous
vouiez de l'argent, on va vous en donner. Mais, en même temps, il a
négligé la structure qui aurait dû être mise sur
pied, celle d'un comité tripartite, en conséquence de quoi il
s'est approprié des territoires de plus en plus étendus.
La raison pour laquelle on concilie les deux choses, c'est qu'on
concilie, d'une part, le désir que nous avions, à
l'époque, d'avoir plus d'investissements fédéraux du
côté du Québec et, d'autre part, le désir que nous
avions aussi, à cette époque, de conserver le contrôle de
notre territoire. Cela est conciliable, cette façon de voir les choses,
dans la mesure où l'une ne va pas sans l'autre. Ce qui est inconciliable
et inacceptable, c'est que l'achat massif de territoires
québécois se fasse alors qu'on n'a pas permis la création
de l'organisme tripartite qu'on désirait à l'époque. Je ne
sais pas si c'est clair, mais cela explique pas mal la sorte de
dérivation qui s'est faite en cours de route du dossier en cette
matière.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre a eu l'occasion
de revoir ce dossier depuis qu'il est revenu au ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. J'ai même
été à Hull, une fois, rencontrer les maires du
côté québécois. La réponse à la
question est: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle a été la
réaction des maires qu'il a rencontrés?
M. Morin (Louis-Hébert): Elle a été
très positive. Ce que j'ai remarqué, c'est comment
dirais-je? parfois la différence qu'il y a entre les
déclarations publiques et les déclarations privées. C'est
peut-être un mécanisme, un trait commun à tous les
politiciens. J'ai remarqué que, publiquement, dans les
déclarations faites aux journaux, ces gens-là réclamaient
carrément et simplement de l'argent d'Ottawa et étaient a priori,
d'apparence en tout cas, heureux quand il y avait des investissements qui se
faisaient, même si on perdait du terrain. Dans le particulier, cependant,
ils déploraient cet état de choses et étaient les premiers
à considérer que cela n'avait pas de sens que le gouvernement
fédéral, comme cela, vienne leur soutirer leur territoire sous
les pieds.
Maintenant, je n'ai pas remarqué de volonté politique.
Cela fait des années qu'il se crée un état de
dépendance, souvent amplifié et provoqué par des
politiciens fédéraux, et on fait miroiter aux gens de la
région de Hull, qui ont été pendant longtemps
négligés, des investissements massifs. C'est fort
compréhensif que ces gens veuillent, en même temps, avoir les
investissements et, en même temps, ne pas perdre leur territoire. Mais
comme le gouvernement fédéral n'est pas intéressé
à ne pas acquérir de territoire, c'est-à-dire qu'il est
intéressé à contrôler davantage, la
conséquence de ces investissements est la perte du territoire
québécois et la perte... je ne dirais pas la perte, mais, enfin,
la disparition d'un contrôle normal que devrait exercer le gouvernement
du Québec sur un territoire qui est quand même dans sa
circonscription de juridiction, si je peux m'exprimer ainsi.
M. Raynauld: Évidemment, c'est mieux quand on
reçoit de l'argent et qu'on ne donne rien en contrepartie; c'est
toujours mieux comme cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des moyens qui
permettraient, si on avait de l'imagination et s'il y avait des hommes
politiques, à Ottawa, qui voulaient justement vraiment aider le
Québec, il y aurait moyen, dis-je, d'avoir ces sommes sans qu'on perde
notre territoire.
Mais cela c'est évident, de leur côté, que ce que
vous déploriez tantôt comme volonté de pouvoir, en partant
d'une partie de ce que j'ai écrit, est bien présente du
côté fédéral. C'est sûr qu'eux autres ils
veulent le pouvoir sur place. C'est clair
que la Commission de la capitale nationale est là dans le but de
contrôler davantage l'ensemble de la région, y compris du
côté québécois.
M. Raynauld: Cela s'applique aux parcs nationaux aussi, je
suppose.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est sûr, cela a
été l'objectif initial. Mais là, de plus en plus, il y a
des objections non seulement au Québec mais ailleurs sur la
propriété fédérale des terrains.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on reprend ces travaux cet
après-midi? Est-ce que c'est le désir du ministre de
revenir...
M. Morin (Louis-Hébert): Moi cela me va, après la
période des questions. Maintenant il y a l'autre commission qui
siège aussi.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle autre? M. Morin
(Louis-Hébert): Sur la langue.
Le Président (M. Marcoux): La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 53)
Reprise de la séance à 16 h 40
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires intergouvemementales. Les membres de la commission sont: M. Bertrand
(Vanier), M. Biron (Lotbinière); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
remplacé par M. Charron (Saint-Jacques); M. Burns (Maisonneuve) M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M.
Forget (Saint-Laurent); M. Garneau (Jean-Talon), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Johnson (D'Anjou); M. Laberge (Jeanne-Mance), remplacé par M. Levesque
(Kamouraska-Témiscouata); M. Levesque (Bonaventure), M. Martel
(Richelieu), M. Morin (Louis-Hébert); M. Morin (Sauvé),
remplacé par M. Baril (Arthabaska); M. Paquette (Rosemont), M. Raynauld
(Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Office Franco-québécois pour la
jeunesse
Alors, nous allons passer immédiatement à l'étude
du programme 3, Office franco-québécois, après quoi nous
reviendrons au programme 1. M. le ministre.
M. Charron: M. le Président, le représentant de
l'Opposition et les collègues membres de là commission ne se
surprendront pas outre mesure de me voir vous présenter ici et
solliciter de la commission l'adoption des crédits de l'Office
franco-québécois, puisqu'il n'y a pas erreur, l'Office
franco-québécois relève, par la loi comme par la structure
de notre Assemblée, du ministre des Affaires intergouvernementales.
La différence est, toutefois, que cet office est
présidé par un conseil d'administration dont deux
coprésidents, représentant chacun les deux entités des
deux pays membres de l'office, sont nommés par le ministre des Affaires
intergouvernementales. Or il y avait une pratique québécoise,
depuis plusieurs années, d'ailleurs épousée aussi par le
côté français, à l'effet que ce soit le ministre
responsable de la jeunesse de chacun des deux pays qui soit nommé par
son collègue des Affaires intergouvernementales à la direction de
l'Office franco-québécois comme coprésident du conseil
d'administration.
Le nouveau gouvernement québécois, à son
arrivée, a décidé, vu la contrepartie française qui
existait déjà, de maintenir cette décision. C'est ainsi
que j'exerce le rôle de coprésident du conseil d'administration de
l'Office franco-québécois, depuis quelques mois.
Je dois vous dire, rapidement, M. le Président, que
j'éprouve beaucoup moins de problèmes avec l'Office
franco-québécois qu'avec le stade olympique. C'est effectivement
un dossier qui fonctionne
bien. Comme j'ai eu l'occasion de le manifester lors de la séance
du conseil d'administration, en janvier dernier, où nous avons accueilli
non pas l'homologue puisqu'il avait dû se faire remplacer à la
dernière minute, mais un représentant du gouvernement
français comme coprésident du conseil d'administration, j'ai dit
à cette occasion qu'aux yeux du gouvernement l'Office
franco-québécois était peut-être le symbole
même du succès de la coopération avec la France.
Au cours de l'année financière dans laquelle nous sommes
depuis quelques semaines, l'office fêtera son dixième
anniversaire. La lecture des dossiers comme la connaissance que je peux en
avoir maintenant m'incitent à dire que chaque année d'âge
de l'Office franco-québécois non seulement te rapproche d'une
maturité qui comme organisme de coopération est presque sans
précédent, mais aussi lui permet de répondre
adéquatement à des demandes qui lui parviennent, d'ailleurs, de
plus en plus nombreuses.
Voici la principale nouvelle que je puisse donner, M. le
Président, mais qui au fond ne se retrouve pas dans les crédits
budgétaires qui sont présentés ici puisque ce sera
l'année prochaine. Les membres de la commission ont sans doute
été saisis du fait que, lors de la séance du conseil
d'administration de janvier dernier, les deux gouvernements français et
québécois ont décidé, dans leur prochain budget
respectif, celui de la France débutant en janvier, le nôtre en
avril, l'année prochaine, de mettre les fonds nécessaires pour
que nous retrouvions ce que nous estimons le plancher minimal d'échange
d'étudiants ou plutôt de jeunes pour ne pas employer le mot
étudiants Québécois et de jeunes Français
dans ce qui nous apparaît, encore une fois, le plancher minimal à
partir duquel nous pouvons dire que nous sommes effectifs.
L'inflation, au cours des dernières années, et le fait que
la croissance budgétaire n'épousait pas adéquatement la
hausse des coûts avaient fait que contre notre gré, je parle
autant au nom du gouvernement français que du nôtre actuellement,
nous avions dû réduire le nombre de jeunes Québécois
à qui nous pouvions offrir de traverser.
L'objectif minimal c'est de faire que 1500 jeunes
Québécois se rendent en France au cours d'une année et que
1500 jeunes Français soient reçus dans les familles
québécoises ou dans les milieux québécois.
Les deux gouvernements ont donc convenu lors de cette séance,
quitte à rajuster financièrement la note exacte, de se donner
comme objectif de retrouver le plus rapidement possible ces 1500 comme plancher
minimal d'échange. C'est peut-être la décision la plus
importante que nous avions prise entre nous outre, peut-être que les
questions me permettront de m'y rendre si c'est nécessaire, que nous
avons décidé de multiplier les efforts pour élargir
l'éventail de jeunes Québécois qui peuvent profiter de ces
échanges, de multiplier aussi le nombre de secteurs de la vie sociale et
économique du Québec qui se trouvent ainsi
représentés, d'augmenter nos efforts quant à l'ou- verture
des projets à toutes les catégories de population.
Nous nous sommes même entendus pour que, par exemple, la
population de jeunes handicapés qui nécessitent forcément
des soins particuliers, surtout en période de voyage, ne soient pas
tenus, comme malheureusement ils l'étaient à l'écart des
programmes de l'Office franco-québécois, mais que nous en
développions d'autres conjointement avec la France, encore une fois,
pour donner, avec le dixième anniversaire de l'Office
franco-québécois, un autre coup de barre vers les succès
de l'organisme.
Je dois peut-être signaler immédiatement que les
succès sont dus à la permanence, à la stabilité de
la direction de l'Office franco-québécois, M. Pierre Bernier, qui
est secrétaire général du côté
québécois, est à la direction d'un office où une
convention collective est maintenant en vigueur pour les trois prochaines
années et appliquée sans problème.
J'ai rencontré tout le personnel. Nous avons eu des
échanges. Je puis assurer que l'année 1977, avec les
crédits que nous requérons à cette commission, s'annonce
encore de façon très profitable pour l'office, donc pour le
Québec et, je l'estime aussi, pour la France.
M. Raynauld: M. le Président, je suis ici de service. Vous
m'excuserez si je ne connais à peu près rien de l'Office
franco-québécois. Cependant, je connaissais l'existence de
l'office au moins par les journaux, sinon autrement. Je puis dire que j'ai
toujours eu une attitude très positive face à cette initiative
franco-québécoise. Pour permettre de nous donner un peu plus de
détails, je demanderai au ministre de nous dire quel est l'engagement
financier que représente ce plancher minimal d'échange de 1500
jeunes et, en second lieu, je lui demanderai quelle est la nature exacte des
objectifs d'échange? Est-ce limité au sport? Est-ce que ce sont
des échanges surtout culturels, de façon encore une fois à
en arriver à la nature même des objectifs fondamentaux qui sont
poursuivis de part et d'autre?
M. Charron: M. le Président, rapidement, l'entente
intervenue entre le Québec et la France signifiera de notre
côté que le député retrouvera dans son livre de
crédits l'année prochaine, plutôt que le montant de $1 267
000 million qui est requis cette année, probablement une somme aux
alentours de $1,5 million.
Il s'agira donc, de notre côté la même
démarche s'effectue du côté de la France,
évidemment, mais dans sa propre monnaie d'ajouter $250 000.
Pour ce qui est de la nature des échanges, je veux signaler
rapidement que les efforts sont maximisés pour ouvrir l'éventail
des types d'échanges. Une analyse très sérieuse a
été faite en juillet 1976, je crois, par des
délégués du conseil d'administration pour faire une
espèce d'autocritique de l'Office franco-québécois et des
programmes qu'il couvre. Le résultat a été cela a
été étudié
lors du conseil d'administration de janvier dernier qu'il y avait
certains domaines où il nous fallait penser à augmenter notre
présence. Mais je donne une simple nomenclature, dans
l'intérêt du député et des membres de la commission,
des différents stages pour l'année en cours, donc à partir
des crédits qui sont en discussion.
Nous prévoyons faire voyager, cette année, 1350 jeunes
Québécois et recevoir chez nous 1350 jeunes Français. Dans
le secteur agro-alimentaire, par exemple, nous avons des stages prévus
dans différents domaines, dans différents coins de la France, qui
permettront à 165 jeunes Québécois de s'y rendre. Dans le
domaine de l'industrie et de la technologie, 195. Dans ce qu'on appelle le
secteur des services sur le plan économique auquel est familier le
député d'Outremont, 210 jeunes Québécois. Le
domaine de l'éducation verra 60 jeunes Québécois se rendre
en France, pendant que nous recevrons 90 jeunes Français. Le secteur des
Affaires sociales cela peut être des échanges de personnel
pour voir comment, en France, on fonctionne dans différents secteurs
rassemblés ici sous ce chapitre aura 190 stagiaires. Les loisirs
socioculturels comme vous pourrez le constater, je ne les ai pas
favorisés outre mesure recevront 75 stagiaires. Le sport et le
plein air, 120; le secteur des arts, 120 stagiaires. Ce qu'on appelle entre
nous découvertes régionales, mais qui peuvent être faites
dans le cadre d'un apprentissage, 105. Au niveau du syndicalisme aussi, il y
aura échange de jeunes syndiqués québécois dans une
usine semblable à la leur où ils ont connaissance du
fonctionnement français et vice versa. Si on ajoute à cela
quelque 80 chargés de mission qui accompagnent ces stagiaires, il y en
aura donc, comme je l'ai dit tantôt, 1350.
Les efforts de l'Office, par exemple, pour s'éloigner de la
tentation de ne réserver qu'aux seuls étudiants la
possibilité de traverser ont été marquants au cours des
dernières années.
Effectivement, la clientèle étudiante prévue pour
1977 représente plus ou moins 20% des stagiaires, les autres
étant cherchés sur le milieu du travail et dans toutes les
régions du Québec.
M. Raynauld: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Question d'information. Je vois que, dans le
programme 3, il s'agit de l'ensemble du budget, réparti à
l'article 10, transferts. Est-ce que les frais d'administration de l'office
émargent au programme ce ne sera pas long 4, gestion
interne et soutien du ministère?
M. Charron: II est à l'intérieur de ce que vous
identifiez comme transferts, c'est-à-dire que c'est une subvention du
ministère des Affaires intergouvemementales à l'Office
franco-québécois à partir duquel l'office s'administre, en
plus de veiller à organiser les stages.
M. Garneau: Pas d'autre question.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: Est-ce que le problème des relations de
travail, dans la section québécoise de l'Office
franco-québécois, est réglé?
M. Charron: Oui. Il y a effectivement une convention collective,
qui a été âprement gagnée de part et d'autre, qui
est effective, comme je l'ai signalé tantôt, pour les trois
prochaines années, ce qui nous conduit donc en 1979. Lorsque j'ai
rencontré les employés, comme président du conseil
d'administration, j'ai eu l'occasion, avec eux, d'évaluer leurs
sentiments sur la portée de la convention collective qu'ils avaient
signée. Je me suis montré disposé à recevoir les
critiques, c'est-à-dire qu'il n'en est pas entré encore. J'ai dit
aussi, en considérant qu'il s'agissait d'un des organismes
gouvernementaux dotés d'une des conventions collectives les meilleures
pour ses employés, que je n'attendrais pas d'avoir le nez buté
sur la fin de la convention collective avant de reprendre avec eux les
pourparlers. C'est aussi l'intention du secrétaire
général, à ma demande, de faire que cette convention
collective soit perpétuellement réexaminée en cours de
route pour éviter tout autre dommage à la réputation de
l'office.
M. Johnson: Une dernière question qui, cette fois, touche
l'évaluation critique des programmes de l'OFQJ. Je sais qu'il y a
maintenant au moins trois ans une étude avait été faite
par deux psychologues de l'évaluation auprès de Français
et de Québécois de la satisfaction qu'ils retiraient de ces
voyages. J'aimerais savoir si des suites ont été données
aux conclusions de l'étude. Je pense que c'était Lavoie et Roy ou
quelque chose comme cela.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux demander
au secrétaire général de l'office de répond re?
M. le Président, vous faites probablement référence
à l'étude qui a été menée sous les auspices,
par deux psychosociologues, de l'Institut canadien d'éducation des
adultes. Effectivement, les conclusions de cette étude ont fait l'objet
d'une analyse par le conseil d'administration et un certain nombre de mesures
ont été recommandées et, de fait, mises en pratique. Pour
bien situer le contexte pour le bénéfice des membres de la
commission, cette étude survenait à peine deux ans après
la décision évoquée, tout à l'heure, de faire en
sorte que l'office soit d'abord un instrument privilégié et
accessible à l'endroit des jeunes travailleurs plutôt que des
étudiants.
Évidemment, on peut facilement imaginer qu'au plan
pédagogique, entre autres, le fait de changer une clientèle d'une
façon si radicale pouvait amener nécessairement un certain nombre
de modifications au plan des modèles de stages, au plan des
différentes étapes de préparation et de suite aux
séjours.
Pour revenir à votre question, en ce qui concerne l'étude
de l'ICEA, effectivement un cer-
tain nombre d'éléments et de conclusions ont
été traduits dans notre action. Je pourrais peut-être
ajouter qu'actuellement, comme l'évoquait, tout à l'heure, le
président du conseil, il y a également une révision en
profondeur dans nos interventions dans les différents secteurs de
façon à dégager pour les prochaines années des
priorités d'intervention qui puissent nous permettre d'intervenir d'une
façon très nette et en coordination avec ce qui se fait au niveau
de la commission permanente.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aurais une petite question. Lorsque le ministre
responsable parle de maturité, j'aimerais savoir dans son optique ce
qu'il entend par le mot "maturité".
M. Charron: La maturité d'un organisme de
coopération internationale, des gens beaucoup plus qualifiés que
moi peuvent en parler et ils sont disponibles aussi pour recevoir vos questions
éventuellement. Mais ce que j'appelle chez nous, pour ce qui est de
l'office, un signe de maturité, c'est que j'ai la conviction que chacune
des sommes qui est à cette commission aujourd'hui est utilisée
à 100% de sa valeur. L'organisme prépare, et très
sérieusement, comme j'ai eu l'occasion de le vérifier, la valeur
culturelle de l'échange pour les jeunes Québécois et,
deuxièmement, les jeunes qui s'y rendent sont bien
préparés. Cela ne se fait plus à la bonne franquette, mais
cela va véritablement dans un cadre où la France est
également très cordialement impliquée.
M. Goulet: M. le Président, une autre petite question. Le
ministre parle également d'un plafond de 1500 étudiants
minimum.
M. Charron: Un plancher.
M. Goulet: Je m'excuse, un minimum.
Tenant compte de l'inflation, comment le ministre pense-t-il atteindre
cet objectif compte tenu des crédits votés? Le montant, pour
1977/78, est le même que pour 1976/77. S'il n'y a pas
d'augmentation...
M. Charron: J'ai répondu partiellement à cette
question en disant aux députés, qui sont au courant de l'entente
intervenue entre la France et le Québec, que ce n'est pas cette
année qu'il faut s'attendre à avoir cette contrepartie
budgétaire. À la question du député d'Outremont,
j'ai signalé que l'année prochaine ce sera vraisemblablement une
somme aux alentours de $1,5 million. C'est l'année prochaine, pour 1978,
donc dans le prochain budget, qu'on verra inscrit ce montant. Cette
année, il était impensable de le faire. Au moment où mon
collègue français est venu ici, en janvier, la France
était déjà parce que son année
financière suit l'année régulière
engagée dans un budget qu'il lui était impossible de modifier.
Nous nous sommes entendus pour qu'en jan- vier 1978 la France ajoute des
crédits supplémentaires pour permettre à 1500 jeunes
Français de venir ici, et nous ferons de même en avril
prochain.
M. Raynauld: Est-ce que les conditions de
rémunération et de paiement de dépenses sont les
mêmes pour les stagiaires de part et d'autre, ou si le Québec a
ses propos règles et la France ses propres règles? Dans quelle
mesure sont-elles différentes?
M. Charron: Voilà une bonne question, qui a valu un
échange. Effectivement, j'ai la conviction que le Québec demande
moins à un jeune participant, comme effort financier de sa part, que le
gouvernement français peut demander en contrepartie. Par exemple,
prenons un secteur comme celui du loisir et des sports; nous allons nous en
tenir à la contribution minimale, telle que vue de notre
côté, pour permettre à un jeune de le faire. Si on regarde,
dans le même cadre du stage, le jeune Français, il faut
reconnaître qu'il paie probablement plus que le jeune
Québécois pour faire le même échange.
M. Garneau: C'est habituellement le cas.
M. Charron: C'est un point en discussion. Les deux parties ont
convenu de laisser à leur gré respectif, c'est-à-dire
chacune sur son territoire, le soin d'organiser cette dimension des
échanges.
M. Garneau: Ou côté français, est-ce qu'on a
de la difficulté, compte tenu de ce que le ministre nous dit, à
recruter les jeunes qui veulent venir ou si cela ne semble pas soulever de
problème?
M. Charron: Non, je ne crois pas. On peut constater,
d'après les statistiques, qu'il n'y a aucun problème. Non
seulement ils viennent, mais il n'y a aucun problème de recrutement. De
fait, ils ont un taux d'acceptation de projet de un sur trois alors que, dans
notre cas, du côté québécois, c'est quand même
un peu plus important. C'est peut-être lié à l'image de
marque qu'a l'office dans la communauté québécoise. Nous
utilisons, au niveau de l'information, peut-être un peu plus facilement,
entre autres, les media, ce qui n'est pas le cas en France, compte tenu de la
fraction de la population française, soit dix millions de personnes qui
sont susceptibles d'être intéressées à pouvoir
soumettre des projets à l'Office.
Malgré tout cela, du côté français, on
retient un projet sur trois soumis, alors que, du côté
québécois, c'est quand même un sur quatre, mais la
différence s'explique en fonction de ce que je viens de vous
expliquer.
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Programme 3,
élément 1 et élément 2 adoptés. Alors, nous
revenons au programme 1: Affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la période des
questions, pas la période des réponses.
Le Président (M. Marcoux): Alors, programme 1. Oui, M. le
ministre.
Affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales (suite)
Ententes Québec-Ottawa
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, ce matin,
on a posé des questions concernant les ententes qui avaient
été signées entre Ottawa et Québec et je pense
qu'on a commis l'erreur de penser que nous avions fait une erreur. M. Lebrun,
directeur général des relations
fédérales-provinciales, va préciser en quoi consiste ce
que je viens de dire.
Alors, il s'agit des ententes dites de base en matière
d'habitation. Effectivement, comme je l'indiquais dans ma première
réponse ce matin, elles n'ont pas encore été
signées pour l'année en cours. Il faut se rappeler que ces
ententes portent sur des années de calendrier et donc que les
dernières ententes sont expirées depuis décembre 1976. Une
décision doit être prise d'ici deux ou trois semaines sur la
reconduction ou non des ententes pour l'année 1977.
M. Raynauld: Je pense que la préoccupation du chef de
l'Opposition officielle était la suivante: si les ententes sont
expirées et qu'elles ne sont pas renouvelées, est-ce que cela ne
veut pas dire qu'il soit possible que le Québec perde des contributions
fédérales à ces programmes? Est-ce qu'il s'agit ici de
difficultés qui viennent du côté du Québec ou de
difficultés qui viennent du côté fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Ces ententes sont d'abord
discutées entre gouvernements et entre ministres et, ensuite, elles sont
d'abord signées par nous, la plupart du temps, et transmises à
Ottawa. Il arrive parfois que ce soit l'inverse, mais, dans le cas qui nous
occupe, c'est ce que je viens de dire. Le délai qui se passe ce
n'est pas une accusation que je veux faire contre le gouvernement
fédéral, car c'étaient des délais administratifs
normaux n'est pas de notre fait dans bien des cas. Il peut se passer
deux ou trois semaines, un mors, même plus, entre le moment où on
a signé, nous, une entente qui a été approuvée par
le cabinet et le moment où elle est signée par Ottawa, par la
suite.
M. Raynauld: Si je comprends bien, elles n'ont pas
été signées par le cabinet; elles n'ont même pas
été présentées au cabinet
québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon?
M. Raynauld: Si je comprends bien, ou qu'elles ne sont pas dans
la liste, c'est parce qu'elles n'ont pas été signées,
premièrement. Deuxièmement, elles n'ont même pas
été présentées au cabinet, si je comprends bien.
Alors là, ce n'est pas le cas que vous soulevez.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, mais là je parle
de certains délais qui se passaient entre notre signature et celle du
gouvernement fédéral, mais il est courant et habituel que des
ententes soient signées en cours de route, et en cours d'année,
même après qu'elles ont commencé à être
appliquées.
M. Raynauld: Dans ce cas-ci, c'est bien le cabinet provincial,
c'est le gouvernement provincial qui n'a pas transmis les signatures?
M. Morin (Louis-Hébert): Celles-là ne sont pas
encore entrées au cabinet, mais on ne perd pas d'argent, si c'est cela
qui vous inquiète. Il y a toute une série de retards
d'accumulés dont le ministre des Affaires municipales faisait
état l'autre jour, en Chambre. Nous subissons le contrecoup de ces
retards, tout simplement, mais on ne perdra pas d'argent.
M, Garneau: Quand le ministre mentionne qu'il n'y aura pas de
perte au niveau de la réalisation de projets, il laisse sous-entendre
qu'il y a entente de principe quant au contenu et que la formalité qu'il
reste à faire c'est la signature. Je sais, par exemple, qu'une des
questions en litige, du moins on n'est plus sûr de rien, c'est, du
moins, ce qu'on nous avait déjà dit une des questions en
litige c'était de savoir s'il serait possible de
bénéficier de cette entente sur l'habitation pour, au lieu de
construire des logements à loyer modique, pouvoir se porter
acquéreur ou louer, dans des immeubles privés, un certain nombre
de logements, disons 10% ou 15%.
Si un tel article, par exemple, n'était pas retenu dans
l'entente, évidemment cela modifie considérablement l'approche en
termes de rendre à la population dans le besoin des logements à
loyer modique. C'est dans ce sens que je m'inquiète un peu des propos
généraux tenus par le ministre qui, globalement parlant, peuvent
être vrais, mais dans les détails d'une telle entente cela ne
serait pas tout à fait fondé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui arrive c'est que, d'une
part, il y a des ententes d'années antérieures dont la
réalisation n'est pas terminée, donc il y a des choses qui se
font. D'autre part, vous parlez du contenu de la politique d'habitation et
cela, ce n'est pas nous qui le déterminons, comme ministère, le
contenu de cette politique d'habitation, savoir quel type de logement on va
acheter, construire ou démolir. Cela relève du ministère
des Affaires municipales et de la Société d'habitation du
Québec. Je n'ai pas la compétence pour parler de politique
d'habitation comme telle.
M. Garneau: Le but de ma question, je vais la poser autrement,
c'était de savoir, et je pense que c'était un peu la même
préoccupation pour le député d'Outremont, si le
délai dans la signature était simplement dû à de la
tuyauterie ou bien si c'est le liquide qui coule dans les tuyaux dont on n'est
pas sûr. Est-ce qu'il y a entente de principe sur le contenu? Je m'en
balancerais probablement
et très rapidement qu'elle soit signée le 7 juin ou le 10
août, s'il y a entente de principe et que les parties ont convenu de
fonctionner à partir d'un contenu qu'il reste à signer.
M. Morin (Louis-Hébert): Là, comme c'est le cas
aussi pour d'autres types d'ententes qui peuvent survenir, il peut y avoir des
discussions de contenu qui, effectivement, retardent la signature d'ententes.
Dans ce cas, on a le choix entre signer ce qui nous est proposé,
purement et simplement, même si cela ne convient pas par rapport à
certaines priorités politiques qu'on voudrait établir, ou au
contraire faire valoir ces points de vue qui sont les nôtres et, à
ce moment, encourir certains retards qu'on rattrape, cependant, en cours de
route, la plupart du temps, à moins que le délai soit
terriblement long, mais ce n'est pas le cas. C'est une question ici de
principe. La façon la plus facile de recevoir de l'argent du
fédéral, c'est d'obéir à ses réglementations
et d'obéir à ses propres priorités, mais cela n'a jamais
été accepté par aucun gouvernement du Québec,
même le plus timide de tous ces gouvernements. Je pense bien qu'à
cet égard on n'innove pas et qu'il est parfaitement normal que les
discussions fédérales-provinciales qui se produisent retardent,
par moment, la signature d'ententes.
M. Garneau: Tout à l'heure, j'entendais le ministre nous
dire que le projet d'entente n'était pas rendu au Conseil des ministres
pour approbation.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas de l'habitation.
M. Garneau: Je reviens encore sur ma question, dans le cas de
l'habitation, parce qu'il y a là des questions sur lesquelles il n'y a
pas entente entre les deux gouvernements.
M. Morin: Je dirais des questions qui donnent lieu à des
discussions entre les deux gouvernements. Je ne dirais pas qu'il n'y a pas
entente.
M. Garneau: Le Conseil des ministres doit trancher, à un
moment donné, entre l'une ou l'autre des hypothèses...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, le ministère des
Affaires municipales et la Société d'habitation, de leur
côté, avec leurs homologues fédéraux,
discutent...
M. Garneau: Leurs "monologues" fédéraux.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, leurs "monologues"
fédéraux. Ils discutent donc de cette question. Une fois qu'on en
arrive à un projet montrable, il est ensuite soumis au cabinet, lequel
l'approuve ou le désapprouve. Cela n'est pas au cabinet
très rarement, vous le savez, vous avez été, vous aussi,
membre d'un cabinet de trancher certaines politiques qui doivent
être, au contraire, dans ces cas, établies entre les
ministères correspondants à Ottawa et Québec à
partir de certaines politiques gouvernementales qui, elles, sont d'ordre
général.
Il est très rare qu'il y ait des arbitrages au niveau du Conseil
des ministres sur des ententes qui surviennent.
M. Garneau: Le ministre ou ses fonctionnaires qui l'entourent
pourraient-ils nous dire si dans l'entente en discussion il y a cette date
limite du 31 décembre pour présenter des projets qui pourraient
être considérés comme faisant partie de la programmation
1977?
M. Morin (Louis-Hébert): L'entente de l'année en
cours, elle doit être signée au plus tard à la fin de
l'année en cours.
M. Garneau: Mais pour les projets eux-mêmes? Disons qu'on
s'entend pour financer des projets de construction de HLM, 50 supposons;
normalement, à l'intérieur de la programmation qui a
été approuvée par les deux gouvernements, chacun des
projets doit être considéré comme étant... Je
comprends que l'immeuble n'est pas bâti parce que c'est tout un processus
qui est mis en cours, mais chaque projet doit avoir reçu l'approbation
de la Société d'habitation du Québec au plus tard le 31
décembre 1977 si on veut qu'un projet précis fasse partie de la
programmation 1977 et soit financé par les sommes d'argent mises de
côté par cette programmation 1977.
Je m'inquiète un peu, connaissant la lenteur presque
traditionnelle. Je ne vois pas que le changement de gouvernement ait
modifié à ce point les procédures administratives pour
accélérer le processus.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas qui nous occupe, on
me signale que d'ici un mois cela devrait être réglé. Je
dois, cependant, ajouter ceci. Quand arrive la date limite, que ce soit pour
ces ententes ou d'autres ententes, que ce soit le 31 décembre ou le 31
mai. il y a facilement une accélération vers la fin des
discussions.
M. Garneau: Heureusement c'est de cela que je...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'est pas nouveau.
M. Garneau: Cela arrive toujours par grosses piles au Conseil du
trésor l'avant-veille de Noël.
M. Morin (Louis-Hébert): Mon Dieu Seigneur, c'est bien
sûr. C'est une chose que le changement de gouvernement n'a pas encore
modifiée.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, si on me
permet à ce moment-ci d'intervenir; je pense que mes collègues
ont soulevé une question fort importante et qui intéresse au plus
haut point, non seulement les municipalités du Québec, mais
également des milliers de personnes à faibles revenus et des
personnes âgées.
Dans ce cas on se rappelle que le ministre des
Affaires municipales avait annoncé un gel de l'habitude sociale.
Il s'était plaint de la lenteur de la mise en oeuvre passée de
certains projets. Ce dont nous sommes témoins présentement, c'est
justement une autre lenteur qui ne dépend pas sûrement de l'ancien
gouvernement et qui serait de nature à retarder encore des projets,
particulièrement la programmation 1977, qui avait été
acceptée et dont plusieurs projets avaient reçu l'approbation du
ministre des Affaires municipales de l'ancien gouvernement.
On devrait, au moins au ministère des Affaires
intergouvernementales, faire preuve, sinon d'initiatives, d'une certaine
efficacité, d'une certaine hâte, d'une certaine diligence. Lorsque
le ministre a mentionné tout à l'heure qu'il n'était pas
responsable des secteurs comme tels, il me rappelait une réponse que je
donnais moi-même à ses amis de l'Opposition. Ils me posaient
toutes les questions imaginables sur tous les ministères.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes en train de faire
la même chose.
M. Levesque (Bonaventure): Demandez à votre
collègue, votre excellent ami, le ministre de l'Éducation, qui
vous donne un coup de main dans les questions d'ordre constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que le ministre de
l'Éducation vient faire dans l'habitation?
M. Levesque (Bonaventure): C'était lui qui était le
critique de l'Opposition. Il n'acceptait pas ce genre de réponses. Vous
pourriez peut-être le consulter avantageusement soit pour qu'il...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela m'a l'air qu'il y a des
comportements qui sont propres aux gens qui sont dans l'Opposition à un
moment donné.
M. Levesque (Bonaventure): D'après ce qu'on a vécu
ce matin, je comprends que vous êtes un homme de pouvoir et que vous
n'avez pas connu l'Opposition.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais y revenir
là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): Pour revenir au sujet en question, le
ministre, sans être responsable directement des secteurs, devrait donner
à cette question de l'entente avec le gouvernement fédéral
une priorité qui lui revient, d'autant plus qu'il y a là
plusieurs dizaines de millions, peut-être $100 millions je ne sais
pas exactement le chiffre, on pourrait peut-être l'obtenir de M. Lebrun
en tout cas un montant assez considérable et qui a une incidence
sur plusieurs sujets. J'ai parlé des personnes âgées, j'ai
parlé des municipalités, j'ai parlé des personnes à
faible revenu, mais il y a également les travailleurs de la construction
qui dépendent également des décisions gouvernementales en
ce sens. Je ne peux pas croire que, parce qu'il y a eu des retards sur la
programmation de 1975, on doive mettre de côté aussi longtemps la
programmation de 1977 qui était prête, pour autant que je suis
informé. Plusieurs municipalités avaient déjà
commencé à faire l'achat de terrains, à mettre en oeuvre
cette programmation, et tout ce qu'on attend, dans tout le Québec, c'est
la décision du gouvernement.
M. Morin (Louis-Hébert): Tout cela est bien
intéressant, mais il y a une chose qui est quand même
fondamentale, c'est le rôle du ministère des Affaires
intergouvernementales. Je l'ai dit ce matin et je suis peut-être
obligé d'utiliser des réponses qu'un de mes
prédécesseurs ici présent a utilisées
lui-même au moment où il était questionné, ce n'est
pas à nous de faire la politique du ministère des Affaires
municipales et de la Société d'habitation en matière de
logement. Je suis bien d'accord avec vous qu'il y a des retards. Je trouve que
les gouvernements, n'importe où au monde, vont toujours trop lentement,
qu'il y a trop de papiers et qu'on finit par se perdre, tout ce qu'on en est.
Il y a des décisions qu'un gouvernement prend tout seul sans que
personne n'ait besoin de s'en occuper. On n'a pas besoin de ministres ni de
Conseil des ministres ni d'Opposition, la machine elle-même
sécrète des décisions et on ne sait pas trop d'où
cela vient; parfois elle ne sécrète pas de décisions non
plus, et, dans ce cas, je compatis. Je sais qu'il y a des retards. Il faut
dire, par ailleurs, qu'on n'a pas eu comme cadeau une politique d'habitation
très détaillée en arrivant. Il faut en établir une,
mais je ne veux pas commencer de discussion là-dessus parce que je ne
connais rien en politique d'habitation et ce n'est pas notre
responsabilité. Nous, ce que nous faisons, c'est négocier des
ententes avec le gouvernement fédéral sur des objets dont la
dimension est déterminée par les ministères sectoriels.
Qu'est-ce que vous voulez? Je ne peux pas vous en dire plus que cela en ce qui
concerne l'habitation. S'il y a des retards, on les déplore et on peut
très bien, par moments, compte tenu des dates auxquelles on sait que les
ententes viennent à échéance, en parler aux
ministères sectoriels, mais ce n'est pas nous qui allons faire leur
politique.
M. Raynauld: Avant de passer à une autre question, M. le
Président, je voudrais simplement faire une observation à ce
sujet. Ce qui est fatigant, lorsqu'on parle du gouvernement
fédéral, c'est que presque tous les ministres qui se
lèvent en Chambre, disent: Cette histoire, c'est le gouvernement
fédéral qui la retarde, cela fait deux ou trois semaines qu'on a
envoyé les choses et ce n'est pas encore signé. Mais quand c'est
le gouvernement provincial qui, à bon droit, essaie d'établir une
politique qui retarde les choses, à ce moment, on dit: Ce n'est quand
même pas un gouvernement qui va se présenter là à
genoux et qui va tout accepter d'un coup. Vous-même, M. le ministre,
c'est ce que vous avez dit tout à l'heure, que lorsqu'il y a des retards
du côté du gouvernement du Québec, c'est pour de bons
motifs, et quand il y en a du côté du gouvernement
fédéral, c'est toujours pour de mauvais motifs.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Raynauld: C'est ce qui est fatigant.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui est fatigant, c'est de
croire cela. Je n'ai pas dit cela.
M. Raynauld: Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il y
avait deux ou trois semaines qu'on attendait je ne sais pas quoi du
gouvernement fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que j'ai dit le
contraire, que c'est peut-être des retards administratifs fort
compréhensibles. Si vous voulez dire qu'il y a trop de gouvernements au
Canada, je suis bien d'accord avec vous, par exemple.
M. Raynauld: Trop de Gouvernement avec un grand G et au
singulier, c'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a trop de gouvernement au
singulier.
M. Levesque (Bonaventure): Je me suis informé aux mois de
décembre et de janvier, et on m'a dit qu'on attendait que ce soit
signé avec le gouvernement d'Ottawa, que c'est cela, la grande
raison.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, on ne parie pas
nécessairement des mêmes ententes.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais celle qui regarde
l'habitation sociale, on parle de celle-là.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y avait pas de politique
d'habitation quand on est arrivé, il faut commencer par en
établir une.
M. Levesque (Bonaventure): Mais il y avait des projets concrets
qui étaient acceptés, pourquoi ne pas les mettre en oeuvre? Vous
allez me retourner au ministère des Affaires municipales et à la
Société d'habitation.
M. Mono (Louis-Hébert): Exactement.
M. Levesque (Bonaventure): Or, comme les crédits sont
adoptés, on a probablement posé cette question.
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, vous avez eu les
réponses.
M. Levesque (Bonaventure): Probablement que le genre de
réponses qu'on a reçues, c'est...
M. Vaugeois: M. le Président, j'étais là et
c'était bon, les réponses étaient bonnes. Je voudrais en
profiter pour peut-être soulager un peu l'inquiétude du chef de
l'Opposition. Je représente un comté qui correspond à une
municipalité et je pense que les conseils municipaux et les citoyens
sont d'abord préoccupés de voir enfin réalisés et
complétés les programmes qui sont datés de 1973, 1974,
1975. C'est dans cet ordre que moi, pour ma part, je travaille. C'est aussi
dans cet ordre que les pressions du conseil municipal ou des citoyens se font
les plus fortes.
Quant à la programmation de 1977, comme on avait tellement
à faire, que dans une journée on fait un nombre limité de
choses et qu'il fallait dégager des priorités, il a
été convenu de réaliser ce qui était
déjà dans différentes machines et de se réserver un
peu de temps on en avait besoin de toute façon pour
poursuivre un peu la réflexion sur le programme de 1977. Il a des
chances, celui-là, d'être notre programme d'habitation. Je pense
que le temps qu'on se donne, c'est celui d'une réflexion pour pouvoir
réaliser le tout dans un laps de temps raisonnable, cette fois... Plus
tôt, M. le député d'Outremont nous dit qu'on distribuait
les blâmes à gauche et à droite allègrement. On
pourrait continuer à blâmer, sur la question de l'habitation, le
précédent gouvernement; nous avons évité de le
faire. Nous nous rendons responsables du programme de 1977, sauf que nous nous
donnons un peu de temps pour le mettre au point. Nous ne disons pas que les
lenteurs du passé sont attribuables uniquement à de
l'incompétence. Nous voulons cerner les difficultés qui ont
empêché ces programmes de se réaliser selon un calendrier
normal pour éviter, nous aussi, d'accuser de tels retards.
M. Levesque (Bonaventure): Tant mieux si on se préoccupe
de cela, mais, premièrement, lorsqu'on dit qu'on n'a pas voulu jeter le
blâme sur l'administration précédente, c'est uniquement ce
que le ministre des Affaires municipales a fait, à ma connaissance, en
Chambre. Deuxièmement, quant à vous autres, il y a une chose
à faire. Si on ne s'occupe pas de la programmation de 1977, en disant
qu'on en a d'autres, on va accuser des retards en 1978 et 1979 et on dira:
C'est en 1977 qu'on aurait dû prendre des décisions.
M. Vaugeois: M. le Président, j'ajouterais une chose, si
M. le ministre me le permet également sur la remarque du
député d'Outremont. Vous devez avoir comme moi, d'ailleurs, des
dossiers précis à suivre. Vous devez réaliser
quotidiennement que c'est quand même plus compliqué de faire
avancer certains dossiers quand il faut rencontrer les normes de deux
gouvernements. Au niveau de l'habitation, on ne peut certainement pas s'en
remettre aux normes d'un gouvernement qui a des préoccupations
très larges qui ne collent pas toujours nécessairement à
la réalité québécoise.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais juste ajouter ceci.
Premièrement, tout le monde a pu se rendre compte que j'ai un excellent
adjoint parlementaire. Deuxièmement, si j'étais l'Opposition, je
pense que je nous ferais confiance. Vous allez comprendre. Cela a l'air d'une
boutade, mais vous comprenez bien qu'on a autant que n'importe qui l'intention
que ces programmes marchent, d'une part, et, d'autre part, qu'ils soient
adoptés à la réalité qui est la nôtre ici. Ce
sont nos deux guides, la
célérité de la décision et de l'application,
d'une part, et, d'autre part, la correspondance à nos besoins. On essaie
autant que possible, au niveau des ministères sectoriels, d'atteindre
ces objectifs. Il y a des retards accumulés et il n'y a pas de politique
très élaborée qu'on a trouvée en arrivant. Je ne
veux pas me mettre à critiquer tout le monde, mais je le constate. Cela
explique, en bonne partie, ce genre de retards dont vous parlez et qui sont en
voie, je pense bien, d'être rattrapés.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais poser une
question sur les arrangements fiscaux, mais tout de suite je voudrais rassurer
le ministre des Affaires intergouvernementales, ce sont des questions d'ordre
politique que je veux lui poser.
M. Morin (Louis-Hébert): Si ce sont des questions d'ordre
technique, je vais vous distribuer des budgets, parce que tout est
décrit dedans.
M. Raynauld: En ce qui concerne ces accords fiscaux, je voudrais
savoir si, compte tenu des réflexions qui ont été faites
après la signature ou la conférence
fédérale-provinciale du mois de décembre, compte tenu de
ce qui a été dit à ce propos, le ministre trouve
avantageux pour la province de Québec que la province ait pu
récupérer la moitié des points d'impôt qui
étaient sur des programmes à frais partagés auparavant et
qui sont devenus les points d'impôt inconditionnels. Est-ce que cela est
un progrès à ses yeux, compte tenu des discussions qu'on avait ce
matin, ou si cela n'en est pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Par rapport aux programmes
conjoints?
M. Raynauld: Oui. On a la moitié des points d'impôt
qui ont été redonnés sous forme inconditionnelle aux
provinces et il y en a une autre partie qui est remplacée, si je
comprends bien, par des subventions.
M. Morin (Louis-Hébert): Voici, c'est une question que je
connais bien, la question des programmes conjoints et la loi
fédérale des programmes établis. En 1965, après les
multiples négociations qu'on a eues au cours de 1964 avec le
gouvernement fédéral, on a établi une période de
transition entre 1965 et 1970 au terme de laquelle, dans toute une série
de secteurs, le Québec aurait les coudées totalement franches
dans les domaines de sa compétence après avoir reçu une
compensation fiscale adéquate.
Quand 1969 est arrivé, on a suggéré, du
côté fédéral, d'allonger la période d'une
année, cela a donc été reporté à 1971. En
1970, il y avait un nouveau gouvernement, on a dit: On va reporter la
période de transition d'une année. Cela a été
reporté à 1972. De fil en aiguille, on arrive aujourd'hui
on est en 1977, c'est-à-dire douze ans après que le retrait de
principe des programmes conjoints a été accepté par les
deux gouvernements pour découvrir qu'au cours même de la
période, qui commence maintenant, des arrange- ments fiscaux, nous
aurons, à toutes fins utiles, exactement les mêmes contraintes
qu'auparavant de la part du gouvernement fédéral en ce qui
concerne l'administration de ce qui est compris dans le domaine des programmes
conjoints, alors que je vous rappelle qu'au point de départ l'effort du
Québec tendait précisément à se libérer de
ces programmes conjoints et des contraintes fédérales. À
cette époque, le chef de l'Opposition était ministre du
gouvernement et était d'accord sur cette politique. On se retrouve,
après douze ans, et quand la période actuelle sera
terminée, cela va faire quasiment quinze ou seize ans, sans que nous
ayons réussi à nous départir de ces contraintes
fédérales qui demeurent.
Cela étant dit, vous comprenez que la question qui vient de
m'être posée: Est-ce qu'on est conscient ou heureux de constater
qu'il y a un progrès qui s'est accompli à la dernière
conférence fédérale-provinciale, je réponds que si
on regarde la conférence fédérale-provinciale telle
quelle, sans référence à toute l'expérience
passée, on peut trouver, si on se force le moindrement, une sorte de
matière à réjouissance relative. Mais quand on compare et
qu'on constate et qu'on considère l'ensemble de la période qui
s'est écoulée et au cours de laquelle on aurait dû
effectivement réussir à se sortir de ces contraintes
fédérales et qu'on s'aperçoit, à la fin, que cela
n'est pas le cas, là, il n'y a pas énormément de
matière à réjouissance. Je pense qu'on a tourné en
rond tout ce temps.
M. Vaugeois: Voilà.
M. Raynauld: En 1964/65 il n'y avait pas de points d'impôt
du tout.
M. Morin (Louis-Hébert): On a eu 20 points d'impôt
à cette époque, quand même.
M. Raynauld: Vous avez obtenu 20 points d'impôt qui
étaient conditionnels, et maintenant la moitié, c'est devenu
inconditionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyez-vous, on ne parle pas de la
même chose. C'est une différence profonde qui semble nous
partager. Je ne veux pas faire d'analyse trop compliquée, mais la
logique de ce que nous avons posé comme geste, en 1965 je dis
nous parce que j'étais un humble sous-ministre à cette
époque, maintenant je suis un humble ministre c'était de
sortir des programmes conjoints pour reconquérir la marge de manoeuvre
que le Québec a le droit d'avoir dans les domaines de sa
compétence. Je constate aujourd'hui, douze ans après, que cela
n'est pas fait. Je ne veux pas me mettre à pavoiser. Tandis que vous,
vous considérez que, dans la mesure où la situation est moins
mauvaise cette année qu'elle ne l'était l'année
passée, c'est une victoire sensationnelle. Bien non!
M. Raynauld: Je trouve que c'est un progrès. M. Morin
(Louis-Hébert): Bien oui, c'est cela,
en l'an 2827, en supposant que le système actuel continuerait, on
aurait peut-être fini, à ce rythme, par sortir des programmes
conjoints, mais je pense que c'est un peu, beaucoup, longtemps. Personne, en
1965, n'aurait, une seconde et demie, pensé que, douze ans après,
on en parlerait encore de la façon dont on en parle aujourd'hui.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 1, adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a des progrès
réalisés relativement à la réclamation du
gouvernement du Québec vis-à-vis du gouvernement
fédéral dans le cas des coûts de la police?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a pas de
progrès.
M. Levesque (Bonaventure): Y a-t-il eu des négociations, y
a-t-il eu des discussions à ce sujet ou est-ce que le dossier est
mort?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il y a eu des discussions
entre le ministre des Finances du Québec et le ministre des Finances du
fédéral. Il y a eu une demande à cet égard, faite
au mois de décembre, je pense le 6 et le 13 décembre, si je me
souviens bien, cela avait été mentionné deux fois. Mais
cela a rencontré autant de succès que lorsque c'était
votre collègue, l'ancien ministre de la Justice, qui a fait les
premières démarches à cet égard, au moment
où on avait ici un autre gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Dans un autre ordre d'idées,
qu'est-ce qui se passe avec la mise en oeuvre de l'entente avec les Indiens et
les Inuit? C'est un dossier que vous devez avoir à la main.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on ne le traîne pas
comme cela dans nos poches.
M. Levesque (Bonaventure): C'est assez volumineux.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Lebrun va pouvoir vous en dire
quelques mots.
On attendait, comme vous le savez, pour cette mise en oeuvre, les
législations parallèles; législation
québécoise et législation fédérale. La
législation québécoise avait été
adoptée il y a quelque temps déjà, et on attendait que la
législation fédérale soit adoptée, ce qui a
été fait il y a peu de temps seulement. Il n'y a plus de
problème à la mise en oeuvre. À Québec, il s'agit
maintenant d'adopter différentes lois qui portent sur des points
précis de l'entente, pour qu'elle soit mise en oeuvre sous tous ses
aspects.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait plusieurs projets de loi
qui étaient à peu près prêts.
M. Morin (Louis-Hébert): À Québec? M.
Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais on ne pouvait rien
faire tant que la législation fédérale n'était pas
adoptée.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on s'attend que ces projets
de loi soient déposés prochainement?
M. Morin (Louis-Hébert): Ils sont en cours de
rédaction. Ils sont en conception. Je ne sais pas à quel moment
ils vont les déposer, je ne le sais vraiment pas.
M. Vaugeois: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
M. Raynauld: Des gens sont pressés ici, c'est terrible!
Ils sont pressés.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez tellement d'autres
choses à faire que si on adoptait cela d'un coup sec...
M. Levesque (Bonaventure): Dans les projets de loi
fédéraux présentement déposés devant la
Chambre des communes, quels sont ceux qui préoccupent le
ministère sur le plan de la sauvegarde du principe de l'autonomie
provinciale?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des domaines à
propos desquels des décisions fédérales, de la Cour
suprême peuvent nous intéresser énormément. Donc, on
a une liste des causes pendantes devant la Cour suprême. On pourra vous
la passer, je pense qu'on l'a. .
Si cela vous intéresse, à un moment donné, on
pourra vous donner cela en prime.
M. Levesque (Bonaventure): Dans le domaine judiciaire, il y a,
évidemment, toutes ces causes qui sont portées en appel et qui
touchent, en particulier, le sort réservé au Tribunal du travail,
au Tribunal des transports, etc.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on pourrait avoir des
renseignements sur ces procédures et la façon dont cela a
évolué?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr. J'ai ici, devant
moi, ce qui s'appelle "Le tableau des causes pendantes devant les tribunaux est
souvent un problème constitutionnel". C'est très bien fait, c'est
très clair avec toutes les références juridiques et autres
voulues. Je suis certain que vous allez frémir d'intérêt
quand vous allez étudier cela.
Cela me fait plaisir de vous en donner une copie. Vous aurez
là-dedans non seulement ce qui est l'objet du litige mais aussi les
divers jugements qui ont pu être formulés en cours de route, de
même que les remarques qui ont été préparées
par le ministère pour chacun des dossiers. Il y en a toute une
série, peut-être une quarantaine; en fait, il y en a exactement 45
qu'il me fait plaisir de vous donner. Dans vos temps libres, vous pourrez
considérer cela et en déduire...
M. Vaugeois: Une copie au député d'Outremont, c'est
bien.
M. Raynauld: J'aime mieux lire l'histoire.
M. Vaugeois: Vous avez beaucoup à découvrir dans le
dossier fédéral-provincial, M. le député.
M. Raynauld: J'aime mieux lire de l'histoire.
M. Vaugeois: C'est de l'histoire, cela. Le moment présent
appartient déjà à l'histoire.
M. Levesque (Bonaventure): Cela va pour la question des causes
pendantes.
Maintenant, quant à la question des projets de loi qui seraient
déposés à la Chambre des communes, est-ce qu'il y en a qui
préoccupent particulièrement le ministre ou le
ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a. Je voudrais vous dire,
avant qu'on aille plus loin, que chaque fois qu'une loi est
déposée à Ottawa c'est peut-être un
système qui a commencé avec vous, M. le chef de l'Opposition; en
tout cas, c'est un bon système, peu importe qui l'a commencé
chacune des lois est examinée par le ministère pour qu'on
en découvre les problèmes possibles sur le plan constitutionnel.
Il y a des cas où cela ne crée aucun problème, on le
mentionne, et il y a des cas où cela peut en créer. Nous avons
une liste de ces lois dont certaines sont assez anciennes et qui n'ont pas
été l'objet de discussions ultérieures de la part du
Parlement fédéral.
Maintenant, je vais demander à M. Lebrun de donner quelques
exemples. On ne veut pas entrer dans tout cela, à moins que vous n'y
teniez absolument, auquel cas on va faire la liste de toutes les lois
possibles. M. Lebrun pourrait nous donner quelques exemples de certaines de ces
lois que nous suivons de plus près parce qu'elles ont, si elles sont
adoptées telles quelles, un impact important en ce qui concerne
l'exercice des compétences québécoises.
Il y en a effectivement plusieurs. Il y en a deux, en tout cas, qui sont
plus importantes, à notre jugement, que d'autres. Il y a la loi sur la
protection des emprunteurs et des déposants qui est en discussion depuis
longtemps, d'ailleurs, et qui est à l'ordre du jour de la prochaine
conférence des ministres responsables de la protection du consommateur
qui se tient en début de juillet. Selon nous, il y a des
problèmes d'ordre constitutionnel, notamment en ce qui a trait au droit
civil. On pense que, tel qu'il est rédigé actuellement, le projet
de loi soulève des problèmes à cet égard. Il y a
également des projets de loi qui portent sur la concurrence et les
pratiques restrictives. C'est la deuxième partie d'une réforme
fédérale qui est amorcée depuis une dizaine
d'années ou à peu près. Cette question est
également importante, elle est examinée chez nous et elle va
faire l'objet de discussions ultérieures.
Ce sont les deux principaux projets de loi qui ont attiré notre
attention.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on peut ajouter,
peut-être, le projet de loi sur les communications, est-ce que vous avez
eu du ministère sectoriel...?
M, Morin (Louis-Hébert): Là-dessus, le gouvernement
a fait connaître sa réaction par la voix du ministre des
Communications auquel, je pense, vous avez déjà posé des
questions.
M. Levesque (Bonaventure): Dans le domaine de
l'assurance-chômage, est-ce qu'il y a des préoccupations du
ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! j'ai écrit une fois.
Il serait peut-être intéressant de noter qu'elle a
été modifiée à la suite d'une suggestion, je pense,
du Québec. La dernière fois on a régionalisé un
projet de loi fédéral de façon à tenir compte du
taux de chômage québécois. Je pense que c'est la plus
longue lettre, depuis que je suis ministre, que j'ai écrite au
gouvernement fédéral. Je me demande si elle n'avait pas une
dizaine de pages sur les commentaires concernant la loi. C'est
là-dessus, sur l'assurance-chômage.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Lettre qui a impressionné
d'ailleurs les gens d'Ottawa.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, dans ce souci de
coordination et de cohérence, dans ce souci de coordination et de
cohérence qui...
M. Morin (Louis-Hébert): Qui caractérise le
gouvernement actuel?
M. Levesque (Bonaventure): ...qui caractérise le
ministère que vous avez maintenant l'honneur de diriger, coordination et
cohérence qui ont été notre marque de commerce
particulièrement dans la période...
M. Morin (Louis-Hébert): Je me demande ce qui va
suivre.
M. Levesque (Bonaventure): ...où vous avez
été absent, où vous avez pris six mois pour examiner tout
le progrès accompli...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela avait commencé quand
j'étais sous-ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Probablement, probablement, soyons
bons princes. Mais dans ce souci, est-ce que vous continuez ces réunions
fréquentes du CCRI?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ces réunions ont lieu
pratiquement chaque semaine, sauf exception, sous la présidence du
sous-ministre des Affaires intergouvernementales. Le CCRI pour ceux qui ne le
savent pas, c'est le Comité de coordination des relations
intergouvernementales. C'est un organisme qui n'est pas décisionnel mais
qui est de coordination, parce que, comme vous le savez, le gouvernement
fédéral et les autres gouvernements, que ce soit au Canada ou
ailleurs, n'écrivent non seulement à nous comme ministère,
mais à n'importe qui à l'intérieur du gouvernement. Il
faut rattraper les morceaux du puzzle à un moment donné et le
comité de coordination des relations intergouvernementales est un
instrument essentiel à cet égard. Il fonctionne encore, il
fonctionne régulièrement et très bien.
M. Levesque (Bonaventure): Qui y siège?
M. Morin (Louis-Hébert): Le sous-ministre des Affaires
intergouvemementales, le sous-ministre de la Justice, le sous-ministre du
Conseil exécutif, M. Coulombe, pour le Conseil du trésor, M.
Lebel, l'OPDQ, puis ensuite il y a des invités qui viennent selon les
sujets qui sont discutés et chaque semaine je vois les dossiers qui
seront discutés et, par la suite, je vois les réflexions qui ont
été apportées à ces dossiers dans un compte-rendu
qui m'est soumis.
M. Levesque (Bonaventure): C'est exactement ce qui existait
à votre arrivée, à votre retour et ce sont les choses que
vous avez examinées pendant les six mois.
M. Morin (Louis-Hébert): Exactement. Il y a certaines
bonnes choses qu'on a trouvées en prenant le pouvoir. Ne serait-ce que
par la loi des grands nombres, quand un gouvernement est là six ans, il
ne peut pas se tromper tout le temps. Finalement, il y a quelques bonnes
décisions qui ont été prises; celle-là en est
une.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, dans le cas de CIDA,
est-ce que cela continue ou est-ce que vous êtes inscrits dans un autre
processus qui touche les ministres des priorités ou le comité des
priorités ou tes superministres? Peut-être que le ministre n'a pas
pris connaissance de cela, mais le Comité interministériel des
Affaires intergouvemementales, qui était un comité
ministériel, avait été mis en place justement pour que les
ministres responsables des grandes fonctions de l'État, le
côté social, d'un côté, le côté
économique, de l'autre, le côté financier et le
côté culturel et éducatif... nous avions ces quatre
préoccupations par la présence de quatre ministres à ce
comité ministériel qui était présidé par le
ministre des Affaires intergouvernementales. Comment a-t-on remplacé
cette structure?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Tremblay, qui connaît
évidemment très bien le sujet, qui est en même temps un
spécialiste des sigles, parce que CIDA, je ne savais pas au juste ce que
cela voulait dire, va y répondre. Ce que vous venez de mentionner est
probablement une des choses qu'on a améliorées en arrivant au
pouvoir. Je vais donc demander à M. Tremblay de décrire la
situation antérieure à l'évolution heureuse qui s'est
produite depuis quelques mois.
M. Levesque (Bonaventure): Vous me permettrez simplement de
rappeler à la commission, que c'est quelque chose que vous avez
amélioré, vous ne semblez pas être personnellement au
courant de la façon que cela l'a été.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais on prend tellement de bonnes
décisions, vous savez. Puisque le ministre me le demande, M. le
Président, je n'ai évidemment pas de jugement de valeur à
apporter sur l'évolution des choses.
En l'occurrence, cependant, il me semble que les dates où les
changements auxquels il a fait allusion se sont produits sont significatives.
Effectivement, c'est en 1975 que le CIDA est disparu. Je ne suis pas le seul
à avoir oublié des choses.
M. Levesque (Bonaventure): C'est-à-dire qu'il y a eu un
ministre entre nous deux.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord avec vous pour
dire que cela n'a pas aidé. C'est ce que vous voulez dire?
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas dit cela, mais que vous ne
soyez pas au courant, je le comprends fort bien.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a trop de ministres qui ont
passé à ce ministère. On va s'arranger pour que cela ne
change plus. Le changement qui s'est produit à ce moment-là,
c'est qu'à la place du CIDA il a été inscrit dans les
arrêtés en conseil qui ont créé les comités
ministériels, en 1975, que le ministre des Affaires
intergouvernementales était d'office membre de chacun des
comités. Cela a été la façon d'assurer une
présence au palier ministériel des Affaires
intergouvernementales.
Il y a une chose que je remarque d'un changement de gouvernement
à l'autre; il y a deux choses qui ne sont jamais en pénurie,
c'est, d'une part, le papier et, d'autre part, les comités. Il semble
que vous en aviez autant que nous. On essaie, quand même, de s'en sortir
avec une autre structure qui est celle maintenant du comité des
priorités dont je fais partie.
M. Levesque (Bonaventure): II y a un autre; le CODIM existe-t-il
encore?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un autre sigle d'Arthur, de
M. Tremblay. C'est le comité directeur du ministère. Cela existe
toujours.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on a des réunions
hebdomadaires, le lundi toujours?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas le lundi; c'est
le jeudi maintenant. Avez-vous d'autres questions?
M. Raynauld: Oui. M. le Président, il me semble que c'est
l'objet de ces commissions parlementaires, si on veut être un peu
sérieux, d'essayer...
M. Morin (Louis-Hébert): On peut être sérieux
sans être morose.
M. Raynauld: ... de savoir quelles sont les politiques du
gouvernement. On a mentionné, tout à l'heure, certaines lois
fédérales qui sont d'un intérêt particulier pour le
Québec. J'aimerais savoir quelles sont les positions que le
Québec défend et quels sont les intérêts
particuliers qu'il veut sauvegarder à propos de la loi sur la
concurrence, en particulier. Je voudrais aussi poser une question sur une autre
loi qui n'a pas été mentionnée, qui est la Loi sur les
banques, parce que la Loi sur les banques a des implications
considérables sur les institutions financières incorporées
en vertu des lois du Québec.
Comme première question, sur la loi sur la concurrence, quel est
le problème qui préoccupe le gouvernement, ne serait-ce que pour
l'information de cette commission et pour pouvoir juger?
M. Morin (Louis-Hébert): La politique en ce qui concerne
la loi sur la concurrence, à propos de laquelle on a trouvé
certains problèmes possibles en ce qui regarde l'exercice de nos
compétences, est en voie maintenant d'élaboration au
ministère des Institutions financières. En ce qui concerne les
banques et...
M, Raynauld: La question était: Quel était le
problème qui vous préoccupait avec la loi sur la concurrence?
M. Morin (Louis-Hébert): Le problème de l'emprise
fédérale sur certaines de nos compétences en cette
matière. C'est actuellement à l'étude au ministère
des Institutions financières en collaboration avec l'Industrie et le
Commerce.
M. Raynauld: L'emprise du gouvernement fédéral sur
les entreprises.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est toujours cela. Comment
puis-je vous dire? Comme toile de fond, quand on se préoccupe d'une loi
fédérale au ministère, chez nous, on ne se
préoccupe pas nécessairement, parce que cela appartient à
d'autres, de la portée de la loi quant à son objet même. Je
veux dire par là que, si vous avez une loi sur l'agriculture, nous ne
faisons pas l'étude des avantages que la loi fédérale sur
l'agriculture ou sur n'importe quel autre sujet peut apporter.
Nous nous en préoccupons, sur le plan
fédéral-provincial, quant à l'atteinte que cela peut
porter, quand il y a une possibilité, à nos compétences
internes. En somme, on s'en occupe sur le plan constitutionnel.
En ce qui concerne la Loi sur les banques, cela a dû être
distribué en Chambre, je ne m'en souviens pas, un mémoire
conjoint a été présenté par toutes les provinces,
le 6 décembre 1976, à la première conférence.
M. Raynauld: Cela a été déposé. Comme
c'était un mémoire conjoint de toutes les provinces, il y avait,
évidemment, plusieurs points qui pouvaient être d'un
intérêt particulier pour le Québec. J'ai posé
plusieurs questions en Chambre. Il y en a peut-être quelques-uns qui s'en
souviennent. Je n'ai jamais été capable d'avoir une
réponse, parce qu'au ministère des Institutions
financières on ne semble avoir aucune idée de ce que cela
pourrait être.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le ministre des Finances
qui s'occupe de cela.
M. Raynauld: Je l'ai aussi demandé au ministre des
Finances et il a laissé répondre le ministre des Institutions
financières, si bien que cela fait trois fois que je pose des questions
là-dessus et je n'ai jamais été capable d'avoir des
réponses. Je ne pense pas qu'on va en avoir ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui nous préoccupe le
plus, c'est l'impact possible de cette loi, notamment, sur les caisses
populaires et institutions coopératives de nature financière.
C'est cela.
M. Raynauld: J'avais posé une question en particulier sur
les activités des filiales étrangères au Canada, disons au
Québec, qui sont enregistrées en vertu de lois provinciales et
qui ont des pouvoirs que les institutions canadiennes n'ont pas. C'est un
problème central très sérieux.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre des Finances ne vous
a pas répondu?
M. Raynauld: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait lui reposer la
question. C'est un oubli de sa part.
M. Raynauld: Sûrement. Ce n'est pas ici qu'on doit discuter
de ces choses.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non ce n'est malheureusement
pas ici.
M. Levesque (Bonaventure): J'aurais quelques questions avant de
passer à l'autre programme. Elles sont plutôt des
généralités. On pourrait attendre à d'autres
moments, mais on pourrait peut-être régler cela
immédiatement.
Le ministre parlait du comité du CCRI qu'il préside.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce CCRI est
présidé par le sous-ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre lui-même
participe-t-il à des comités et lesquels?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai participé, à
quelques reprises, au comité de direction du ministère. Je ne
participe plus maintenant de la même façon. Je m'entretiens avec
le sous-ministre et avec divers fonctionnaires pour une raison strictement
d'ordre pratique. C'est que la réunion a souvent lieu à des
moments qui entrent en conflit avec d'autres occupations. Je suis parfaitement
au courant de ce qui se passe parce que j'ai le rapport avant et
après.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas tout à fait dans
ce sens que je posais ma question. C'était plutôt les
comités auxquels participe le ministre en dehors du
ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Comme membre du comité des
priorités, je participe d'abord aux réunions de ce comité
des priorités, formés des ministres d'État, du ministre
des Finances, de moi-même ainsi que du premier ministre.
M. Levesque (Bonaventure): À quel rythme?
M. Morin (Louis-Hébert): Je dirais que c'est à peu
près une fois toutes les trois semaines. Maintenant c'est une fois par
mois. Il y en a eu la semaine dernière. C'est une fois par mois. Il peut
y en avoir ad hoc, par moments, sur des questions qui surgissent. D'une part,
je participe au Conseil des ministres, mais cela n'est pas un secret.
Comme cela est arrivé la semaine dernière, je suis de
temps en temps appelé à participer à certains des
comités interministériels que nous avons, par exemple, celui de
la semaine dernière, le comité interministériel de
l'aménagement du territoire, pour discuter de la politique que j'ai
mentionnée ce matin concernant les cessions de terrains au gouvernement
fédéral.
Je ne peux pas dire qu'il s'agit de comités dans d'autres cas,
mais il y a Dieu sait combien de réunions et de rencontres avec des
ministres qui sont parfois impromptues. Je n'appelle pas cela des
comités parce qu'à ce moment-là je passerais une partie de
mon temps en comités, mais j'ai beaucoup de rencontres avec les autres
ministres, et ce sont souvent des rencontres informelles. J'en ai eu une
à midi avec le ministre Charron, la semaine dernière avec le
ministre des Affaires sociales, enfin.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre ex officio des
Affaires intergouvernementales...
M. Morin (Louis-Hébert): Mais je ne suis pas trop amateur
des comités, autant que possible.
M. Levesque (Bonaventure): ... est membre de ces comités?
L'est-il ex officio?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis membre, attendez un peu,
ex officio, non.
M. Levesque (Bonaventure): Des quatre grands comités qui
sont présidés par les quatre ministres d'État.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne l'ai pas
demandé non plus parce que je veux faire la distinction que j'ai
mentionnée ce matin. Je ne veux pas, et je pense que c'est normal, que
le ministère s'occupe lui-même de déterminer le contenu des
politiques qui appartiennent à des ministères sectoriels.
À ce moment-là, cela nous attribue une tâche qui,
normalement, je ne pense pas, en tout cas, n'est pas la nôtre. Je
voudrais signaler, j'ai oublié de mentionner cela tantôt, M.
Tremblay me le rappelle, que le comité des priorités a des
rapports trimestriels sur chacun des ministères et des secteurs
représentés à ces comités. Il y en aura un rapport
de l'état de la situation de présenté cet
été en ce qui concerne le ministère des Affaires
intergouvernementales. L'autre jour, on en a eu un, je pense que c'était
sur la langue.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ces rapports sont internes
seulement?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on espère qu'ils
seront internes.
M. Levesque (Bonaventure): Quelles sont les attributions
précises confiées à l'adjoint parlementaire du
ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Excellente question, M. le
Président. Je crois qu'il y a du travail à faire pour des
adjoints parlementaires, et, autant que possible, M. Vaugeois et moi, nous nous
entendons sur plusieurs fonctions. Il faut, bien sûr, tenir compte du
fait qu'il est député d'un comté comme moi et qu'il n'est
pas constamment à Québec, qu'il doit assister aux travaux de la
Chambre. Cela étant dit, je vais vous donner des exemples. Je n'ai pas
de description de tâche, mais je consulte maintenant
régulièrement M. Vaugeois dans toute notre politique de
subventions.
Deuxièmement, il participe avec moi à des rencontres de
représentants étrangers qui peuvent venir ici parce que, comme
vous le savez, M. le député de Trois-Rivières a
été directeur général des relations internationales
chez nous; il a toute une expérience qu'il est très heureux de
nous faire partager et dont nous profitons. Il est venu avec moi, par exemple,
pendant le voyage officiel que j'ai fait en France à l'invitation du
gouvernement français. Il participe, quand il peut, aux réunions
du CODIM dont on parlait tantôt, c'est-à-dire le comité de
direction du ministère. Il participe avec moi à un comité
qui ne relève pas du ministère j'ai oublié de le
mentionner ce matin, je m'excuse, vous me parliez du référendum,
vous aviez tellement de questions que je n'ai pas trouvé toutes les
réponses. Mais à propos du référendum, il y a un
comité de députés qui existe avec une dizaine de
députés dont M. Vaugeois est membre; alors ce dernier fait partie
de ce comité également. J'ai aussi longuement discuté avec
le député de Trois-Rivières de l'organisation du
ministère au
début. Il a plusieurs fonctions de cette nature. Je trouve qu'un
adjoint parlementaire est un homme politique qui peut être
extrêmement utile et je suis très heureux que ce soit M. Vaugeois
qui soit là dont tout le monde reconnaît la compétence et
les qualités personnelles.
M. Levesque (Bonaventure): Je suis le premier à concourir
avec le ministre pour dire que l'adjoint parlementaire, alors qu'il
était fonctionnaire, avait apporté une contribution
extrêmement valable aux travaux du ministère des Affaires
intergouvernementales.
J'espère, justement, que le ministre, qui le connaît
très bien d'ailleurs, va profiter de son expérience: et de sa
compétence pour se faire aider et assister dans les nombreuses fonctions
qu'il a à remplir comme titulaire du ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais aussi
préciser, j'ai oublié de mentionner cela, que M. le
député de Trois-Rivières, adjoint parlementaire, participe
aussi à certains travaux ou comités ad hoc. On a, par exemple, de
ces comités qui étudient les possibilités de politique
étrangère pour un Québec souverain. Cela ne coûte
pas grand-chose à personne, ce sont des parlementaires qui s'en
occupent, de même que certains fonctionnaires de cabinet qui travaillent
avec nous sur ce sujet. M. le député de Trois-Rivières
participe activement à ce genre de travaux.
M. Raynauld: C'est futuriste?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est très
pragmatique et très pratique. Il faut être prêt.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Comme on ne peut pas trop compter
sur vous autres.
M. Levesque (Bonaventure): ...comme il ne reste que quelques
minutes et avant d'adopter le programme no 1, on pourrait peut-être faire
avancer les choses pour demain matin si le ministre m'indiquait les
responsabilités de chacun, maintenant, au ministère,
particulièrement chez; les sous-ministres, à la direction
générale et dans les directions.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez savoir, je veux bien
comprendre, en prenant l'organigramme, qui fait quoi?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est écrit dans
l'organigramme que je vous ai donné. On va regarder cela.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il est à jour?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a de petits changements.
M. Levesque (Bonaventure): II me semblait. Comme il ne reste que
cinq minutes, j'ai pensé qu'on pourrait peut-être terminer
avec...
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon, j'ai manqué
cela.
M. Levesque (Bonaventure): Comme il ne reste que cinq minutes,
j'ai pensé qu'on pourrait terminer justement avec cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. L'organigramme est devant
vous, ceux qui l'ont.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, mademoiselle.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que vous avez des
questions là-dessus ou si je procède?
M. Levesque (Bonaventure): Procédez. On peut vous
interrompre?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis convaincu que vous allez
le faire à l'occasion. Le ministre, c'est moi. Au ministre est
accroché ce qu'on appelle l'Office franco-québécois pour
la jeunesse dont la direction a été confiée, après
l'élection et après le choix que le premier ministre a fait du
ministre des Affaires intergouvernementales, au ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, M. Claude Charron. Il est venu tout à l'heure,
d'ailleurs.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il en assume la
présidence?
M. Morin (Louis-Hébert): II est le coprésident avec
un ministre français qui n'a pas encore été
désigné, d'ailleurs. C'était M. Soisson qui a
été remplacé.
M. Tremblay est sous-ministre maintenant. Comme tout le monde le sait,
M. Tremblay va nous quitter et je voudrais me joindre à ce que vous avez
dit, ce matin, de M.Tremblay. Je considère que c'est un serviteur de
l'État hors pair et que sa compétence est quasi mondialement
connue, en ce sens que, comme on a des relations internationales, il est connu
à l'extérieur. Si je peux terminer cela un peu de façon
humoristique, je dirais qu'il est un des meilleurs sous-ministres qu'il y ait
eu au ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Levesque (Bonaventure): Sans oublier sa contribution au
ministère de l'Éducation et à l'Office de planification et
de développement du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Maintenant, M.
André Dufour, qui est derrière moi, va devenir vice-recteur de
l'Université Laval, prochainement. On n'a pas encore
déterminé la date. Donc, M. Dufour va nous quitter.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que son successeur est
désigné?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. M. Tremblay sera
remplacé par M. Robert Normand.
M. Levesque (Bonaventure): Je pourrais, à ce moment-ci,
dire que j'ai travaillé avec M. Dufour et que j'ai
apprécié également sa collaboration et sa connaissance des
dossiers. Je pourrais le dire tout le long de l'organigramme probablement, mais
il va falloir que je me limite un peu.
M. Morin (Louis-Hébert): Moi aussi, je veux dire que j'ai
beaucoup apprécié les services de M. Dufour. Je lui ai
demandé, d'ailleurs, quand il m'a parlé de sa nouvelle fonction,
d'attendre un peu pour qu'on ait le temps de se retourner et de bien vouloir
rester encore quelque temps. On va déterminer maintenant la date
où il nous quittera. Ce n'est pas encore fait.
Le sous-ministre adjoint, M. Bernard Bonin. Je veux dire quelque chose
d'important, car, pour qu'il n'y ait pas d'histoires par la suite, c'est aussi
bien qu'on s'entende. M. Bernard Bonin est évidemment au rang de
sous-ministre adjoint dans le ministère, mais il s'occupe exclusivement
de ce que j'ai décrit ce matin, c'est-à-dire les travaux relatifs
à l'élaboration du contenu d'une association économique
avec le Canada. M. Bonin a été, en quelque sorte,
transféré au ministère à cette fin, avec le rang de
sous-ministre adjoint. Il était déjà, vous le savez,
sous-ministre adjoint au ministère de l'Immigration.
M. Levesque (Bonaventure): Mais avant de continuer, vous n'avez
pas d'autres sous-ministres adjoints, vous ne prétendez pas en nommer
d'autres?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Levesque (Bonaventure): L'organigramme est complet. Il y
avait, lorsque j'étais au ministère, un sous-ministre
adjoint...
M. Morin (Louis-Hébert): Un sous-ministre associé.
Il y avait Jules Brière qui était sous-ministre
associé.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais, en plus d'un sous-ministre
associé, il y avait également un sous-ministre adjoint à
l'administration.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, M. Arsenault.
Actuellement, c'en est là; je n'ai pas pris de décision
quant à l'avenir, vraiment pas.
Le secrétariat est encore sous la responsabilité de M.
Donald Guay; la direction du protocole est encore sous la responsabilité
de M. Jacques Vallée; nous avions, à la direction des
communications, M. Paul Grosdaillon qui a quitté pour aller au
ministère des Communications pour des raisons de famille, son bureau
étant à Montréal. Il est remplacé, de façon
intérimaire, par M. François Provencher. On est à la
veille, je pense, d'avoir un concours. Il y a un concours qui se met en branle.
Une fois que tout le monde aura décidé qu'il y a un concours
à l'intérieur d'un gouvernement, cela prend pas mal de temps. On
va avoir un concours, un de ces jours, là-dessus.
Au service de la comptabilité, M. Lucien Vézina. C'est
pour cela qu'il y avait une petite boîte curieuse avec des
pointillés. Il ne nous appartient pas tout en nous appartenant, tout en
nous surveillant sans nous surveiller. C'est à peu près cela. Il
relève du ministère des Finances. Vous avez, ensuite, les
directions générales du ministère, il y en avait quatre et
il y en a encore quatre. À la direction générale des
relations fédérales-provinciales, M. François Lebrun, qui
est ici; à la direction générale de l'administration, M.
Gilbert L'Heureux qui est derrière moi; à la direction
générale des relations internationales, M. Demetrius Michailides,
qui est ici, aussi, avec nous; à la direction générale de
la coopération internationale, M. Pierre Lefrançois qui est
là également. Est-ce que je vais continuer à lire cela
d'un bout à l'autre?
M. Levesque (Bonaventure): C'est intéressant, on peut le
faire rapidement.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, je n'ai pas
d'objection, mais je trouve... Enfin, on peut bien faire cela. Ce n'est pas la
meilleure façon de passer le temps.
M. Levesque (Bonaventure): C'est-à-dire que le temps est
passé. Nous n'empruntons que le temps...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais si vous avez des
questions à poser. Il y a une chose que je veux signaler: Vous avez une
boîte, à la direction générale des relations
fédérales-provinciales, l'avant-dernière, le service des
affaires de la capitale canadienne, sous la direction de M. Claude Diament.
Cette boîte est maintenant abolie.
M. Levesque (Bonaventure): Où cela?
M. Morin (Louis-Hébert): En bas, dans la colonne de
gauche.
M. Levesque (Bonaventure): Là, je comprends pourquoi
il...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est pour cela que je voulais
arrêter de lire.
M. Levesque (Bonaventure): C'est parce que la feuille
était...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela. Le service des
affaires de la capitale canadienne, le SACAN, est aboli et les divers morceaux
de ce service sont transférés aux divers ministères
intéressés. C'était un service qui avait été
mis sur pied par suite, d'une part, peut-être d'un besoin ressenti qu'on
s'occupe davantage, au début, des questions relatives à la
capitale nationale et, d'autre part, du fait qu'il y avait, à
l'époque, un ministre d'État qui s'intéressait de
près aux questions de la capitale nationale, en conséquence de
quoi, vous
le savez encore mieux que moi, M. le chef de l'Opposition, on a
créé ce service. Maintenant, cela n'y est plus.
M. Levesque (Bonaventure): Tout de même, ce
service-là rendait d'énormes services et je m'en suis
aperçu dernièrement lorsque je suis allé dans la
région de l'Outaouais et où on m'a dit qu'on ressentait cette
absence. Ils espéraient qu'on puisse trouver...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bien là, elle est bonne
celle-là. Vous êtes en train de me dire qu'ils vous ont dit dans
l'Outaouais qu'ils regrettaient qu'on n'ait plus ce service?
M. Levesque (Bonaventure): Qu'on n'ait plus les décisions
qui venaient de ce service, à certains égards oui. On nous a dit
cela.
M. Raynauld: À certains égards. Qu'il y avait un
avantage sur les décisions...
M. Levesque (Bonaventure): Les décisions étaient
connues et puis...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je vous écoute, cela
doit être vrai, mais, en tout cas, ne commencez pas.
M. Levesque (Bonaventure): Vous en ferez ce que vous voudrez,
mettez cela dans votre pipe.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais enfin ce n'est pas
cela. Je dois dire une chose pour qu'on se comprenne. M. Diament est un
fonctionnaire que je trouve extrêmement compétent, que je connais
d'ailleurs depuis plusieurs années; il était dans le cabinet de
M. Parent quand j'étais sous-ministre et il a fait un excellent travail.
Je veux aussi signaler que l'abolition de ce service ne doit en aucune
façon être comprise comme une sorte de blâme à
l'égard des fonctionnaires qui sont là et qui étaient
là. Ils ont fait leur travail de façon tout à fait
acceptable. Je veux que ce soit clair; qu'on ne comprenne pas que, parce qu'on
a aboli un morceau dans un ministère, c'est que ceux qui étaient
là n'avaient pas de bon sens. Ce n'est pas cela du tout. Je veux que
cela soit clair.
Je regarde les autres boîtes, un instant, Directions des
ressources financières, Jean Cimon; quant à nommer tout le monde
on va le faire. Je ne voudrais pas que les gens soient choqués parce que
je ne les ai pas nommés dans le ministère. Là vous m'avez
embarqué dans un... Vous allez avoir le bilan.
M. Levesque (Bonaventure): C'est vous qui vous embarquez.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, si vous voulez que je
vous lise cela, on va s'amuser follement, mais...
M. Raynauld: On ne veut pas que vous lisiez cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors qu'est-ce que je fais?
M. Raynauld: On va ajourner.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, il fallait le dire.
Le Président (M. Marcoux): Alors la commission...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la meilleure phrase que
j'ai entendue du député d'Outremont depuis ce matin.
Le Président (M. Marcoux): La commission de la
présidence du conseil, de la constitution, des affaires
intergouvernementales ajourne ses travaux à demain dix heures.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, un instant. Cette
commission doit siéger ce soir, mais pas pour étudier les
affaires intergouvernementales, mais les crédits du Conseil
exécutif.
Le Président (M. Marcoux): C'est à effacer. La
commission de la présidence du conseil, de la constitution, des affaires
intergouvernementales poursuit ses travaux ce soir; elle suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures où elle reprendra par l'étude des
crédits du Conseil exécutif. Elle poursuivra également ses
travaux, demain à dix heures.
M. Morin (Louis-Hébert): Je présume qu'on a
adopté l'élément no 1?
M. Levesque (Bonaventure): Quant à moi je n'ai pas
d'objection à l'adopter; maintenant on a peut-être...
M. Morin (Louis-Hébert): On peut bien passer au vote, si
vous voulez.
Le Président (M. Marcoux): Programme 1, 2, 4,
adoptés?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien moi, je vous
suggérerais d'adopter tout le reste quant à y être parce
qu'autrement cela va être bien long puis...
Le Président (M. Marcoux): Programme 1,
élément 1 et élément 2, adoptés.
M. Raynauld: Programme 1, éléments 1 et 2
adoptés.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président, je
veux être sûr...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, mais fais-nous
confiance.
M. Levesque (Bonaventure): Non, relations
fédérales-provinciales et interprovinciales, seulement cela,
élément 1.
Le Président (M. Marcoux): Pas l'élément
2?
M. Levesque (Bonaventure): On n'a pas eu le temps de parler de la
coopération interprovinciale.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a rien dans
l'élément 2.
M. Levesque (Bonaventure): Si vous répondez qu'il n'y a
rien dans cela, pourquoi demandez-vous les crédits?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas beaucoup de
crédits de demandés, vous allez voir. On va en parler demain si
vous le voulez absolument. Il n'y a rien à cacher là-dedans.
C'est la coopération interprovinciale, certains programmes de
coopération interprovinciale.
M. Levesque (Bonaventure): C'est parce que le ministre a fait un
voyage récemment à Winnipeg.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! C'était un de mes
bons voyages et il me fera plaisir d'en parler.
Le Président (M. Marcoux): On reparlera du voyage demain.
Programme 1, élément 1 adopté. La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales suspend ses travaux jusqu'à 20 heures alors
qu'elle étudiera les crédits du Conseil exécutif. Elle
reprendra également ses travaux demain, à 10 heures, pour les
crédits des Affaires intergouvernementales.
(Fin de la séance à 18 h 5)