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(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Madame et messieurs de la commission, la commission élue
permanente de la présidence du conseil et de la constitution se
réunit pour faire l'étude article par article du projet de loi
19, Loi favorisant le développement scientifique et technologique du
Québec.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska); Brassard
(Lac-Saint-Jean); Paré (Shefford); Brouillet (Chauveau); Lincoln
(Nelligan); Leduc (Fabre); Dussault (Châteauguay); French (Westmount);
Fortier (Outremont); Mme Dougherty (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie); Charbonneau
(Verchères); Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); de Bellefeuille
(Deux-Montagnes); Bourbeau (Laporte); Perron (Duplessis); Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce); Ryan (Argenteuil).
Puis, ici, excusez-moi, il y a eu tellement de changements, comme
membre, il ne faut pas oublier M. Paquette (Rosemont), le ministre
responsable.
Messieurs, si vous voulez proposer un rapporteur pour la commission,
s'il vous plaît!
M. Paquette: M. le Président, je proposerais M. le
député de Shefford.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Shefford serait le rapporteur.
M. Fortier: On n'a pas d'objection.
Le Président (M. Champagne): Alors, le
député de Shefford sera le rapporteur.
M. French: ...qui travaille dans le domaine agro-alimentaire
à haute technologie, d'ailleurs il est extrêmement bien
qualifié pour cela.
M. Paquette: Pas rien que cela. C'est le député de
la région de Brome aussi, il serait intéressé à la
micro-électronique.
M. French: Oui, c'est cela, également, sauf que ce n'est
pas dans son comté.
M. Paquette: II s'en occupe pareil, parce que le
député de son comté ne s'en occupe pas.
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît, si nous voulons avoir assez de temps pour parler longuement sur le
projet de loi. M. le ministre responsable, à vous les remarques
préliminaires. Oui, madame.
Mme Dougherty: M. le Président, avant de commencer, est-ce
que vous pourriez expliquer les règles du jeu? Est-ce qu'il y a un
partage du temps? Quel est le processus? C'est un peu flou.
Le Président (M. Champagne): Voici, au point de
départ, vous avez les remarques préliminaires, qui sont toujours
de mise, à savoir que le ministre fait ses remarques et,
vous-même, vous faites vos remarques. J'avoue que le temps n'est pas
limité. D'accord? Ensuite, lorsque vous avez des amendements, chacun a
le droit d'intervenir durant 20 minutes. Lorsqu'il y a des articles, chacun
peut intervenir durant 20 minutes. Est-ce que cela répond à votre
question, Mme la députée?
Mme Dougherty: Oui, pour chaque motion, vous donnez 20
minutes...
Le Président (M. Champagne): ...à chacun des
membres.
Mme Dougherty: Oui, je comprends.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le ministre, les
remarques préliminaires sont à vous.
Remarques préliminaires M. Gilbert
Paquette
M. Paquette: M. le Président, je pense que la commission
parlementaire que nous avons tenue et également le débat de
deuxième lecture indiquent que ce projet de loi, dans ses articulations
essentielles, mérite d'être adopté par cette
assemblée. Nous sommes rendus à une étape très
importante de ce projet de loi, celui de particulièrement dans le cas de
six ou sept articles qui, selon nous, ne correspondaient pas à nos
intentions, en tout cas - bonifier le projet de loi, de sorte que nous
puissions démontrer, des deux côtés de la Chambre,
que nous sommes à l'écoute du milieu et des principaux
artisans du développement scientifique et technologique. Un gouvernement
- je ne reprendrai pas le débat de deuxième lecture - ne peut
qu'appuyer le développement. Il peut également jouer un
rôle de leader. C'est ce dont parle ce projet de loi et c'est pourquoi il
s'intitule: Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec.
M. le Président, nous avons soumis aux membres de la commission
un certain nombre d'amendements. Il y en a une trentaine. Plusieurs sont des
amendements de concordance. Je pense qu'il y en a quelques-uns qui vont
mériter davantage de commentaires et de discussions. J'espère
que, comme ce fut le cas lors de la commission parlementaire où nous
avons reçu six mémoires sur ce projet de loi, cette commission
pourra se dérouler, comme cela arrive parfois dans notre vie
parlementaire, mais trop rarement, dans un climat de recherche des meilleures
solutions. C'est un projet de loi qui parle de recherche. Nous pouvons
appliquer cette attitude à nous-mêmes et essayer de bonifier ce
projet de loi. Je pense que c'est ce que la population nous demande.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier, vous avez la parole.
M. French: M. le Président, avant que Mme la
députée commence.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je ne sais pas si Mme la députée de
Jacques-Cartier me permettrait d'inviter le ministre à reprendre, dans
l'essentiel, les amendements, pas en détail, comment il change
l'économie de la loi, pour qu'on puisse l'avoir à l'esprit.
M. Paquette: Vous avez raison.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, comme vous le constaterez
à la lecture des amendements, nous avons tenté de lever, dans un
premier temps, les ambiguïtés qui pouvaient persister,
particulièrement à l'article 8 qui définit les pouvoirs du
ministre, de façon à nous assurer qu'il n'y ait pas, d'une part,
de chevauchement avec les responsabilités des autres ministres
-c'était notre préoccupation au départ, mais nous
reconnaissons qu'il persistait des ambiguïtés à cet effet
lors du dépôt, en première lecture - et,
deuxièmement, de nous assurer également que l'interface avec les
milieux de la recherche soit le moins possible bouleversée. Le
rôle d'un ministre de la Science et de la Technologie n'est pas, d'abord,
de gérer des programmes. Ce n'est pas, bien sûr, de remplacer
d'autres ministres dans la gestion des activités, que ce soit dans le
réseau de l'enseignement ou dans les hôpitaux, en ce qui concerne
la recherche et la technologie. Son rôle est, bien sûr, de veiller
à une harmonisation des activités, à élaborer des
politiques qui, par la suite, sont appliquées par des ministres
sectoriels. Il peut entreprendre également certaines actions dans des
domaines nouveaux. Je pense que c'est cela que le projet de loi vise.
Alors, à l'article 8 - je pense que c'est le premier amendement
important - nous modifions quatre articles et, dans le cas de deux des pouvoirs
du ministre, nous soustrayons les institutions d'enseignement et les services
de santé à l'application des paragraphes 6 et 7.
Par la suite, M. le Président, en ce qui concerne le conseil,
nous apportons quelques précisions à sa composition. Dans
à peu près tous les organismes, nous allons alléger -c'est
une autre de nos préoccupations simplifier au maximum la
procédure, faire en sorte que le gouvernement n'intervienne vraiment
qu'au moment clé, au moment important. Par exemple, l'adoption des
règles de régie interne des organismes, nous ne voyons pas
pourquoi on devrait soumettre cela à l'approbation du gouvernement.
Alors, il y a quelques amendements là-dessus, notamment en ce qui
concerne le conseil, les fonds, la fondation, sauf dans certains cas bien
précis. Autrement dit, la règle, c'est qu'on essaie
d'éliminer l'approbation par le gouvernement et il y a des exceptions
qui seront soulignées en temps et lieu.
En ce qui concerne l'articulation de la fondation et des fonds, de
façon à bien faire ressortir, ce qui est notre intention,
c'est-à-dire vraiment un organisme très léger qui est
nécessaire, à la suite du discours sur le budget, pour que les
dispositions concernant, notamment, l'impôt sur les successions puissent
s'appliquer et, également, de façon à mettre à
contribution l'imagination des personnes que nous pourrions nommer à
cette fondation, de façon qu'elles trouvent d'autres sources de
financement, nous avons tenté d'alléger le fonctionnement de
cette fondation et de vraiment en faire une source de financement d'appoint
pour les fonds sectoriels. C'est vraiment, d'ailleurs, l'intention originelle
du projet de loi. J'espère que nous y avons réussi. (12
heures)
En ce qui concerne les fonds eux-mêmes, il y a un amendement
important qui est la suppression de l'article 83 où il y avait toute une
mécanique compliquée concernant les directives. L'article
suivant,
l'article 84 démontre notre souci de miser d'abord et avant tout
sur le plan d'activités triennal que prépare un fonds de
façon à miser sur le dynamisme du milieu et faire en sorte que,
bien sûr, le ministre responsable du fonds, en collaboration avec le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie, puisse communiquer au fonds les orientations gouvernementales
d'une façon balisée, c'est-à-dire sur les objectifs et les
orientations et non pas sur le détail des programmes et encore moins sur
quel organisme de recherche devrait recevoir telle subvention d'un fonds
sectoriel.
Il y a d'autres amendements que je qualifierais de détail. Il y a
des corrections. Il y a des concordances. On modifie la désignation du
Fonds FCAC. Il était prévu, dans le projet de loi, que cela
s'appellerait le Fonds Marie-Victorin et nous proposons de l'appeler le Fonds
pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche.
Mme Dougherty: Le Fonds Marie-Victorin...
M. Paquette: La fondation existe, de sorte que,
légalement, il n'y avait pas de problème. C'est une fondation qui
est tombée en désuétude. Il n'y avait pas de
problème. Ce n'est pas tellement le problème légal qui
nous amène à faire cet amendement, comme les réactions
presque unanimes du milieu qui nous disent: Pourquoi pas une désignation
qui dit ce que le fonds fait. Ce qu'il fait, c'est l'aide à la recherche
et la formation de chercheurs. Cela explique pourquoi il est sous la
responsabilité du ministre de l'Éducation. Le ministre de
l'Éducation, face aux universités, doit veiller à deux
dimensions extrêmement liées de la mission de l'université
qui sont la formation et la recherche. Je pense que le nom décrit
très bien la finalité de ce fonds sectoriel. Je pense que c'est
l'essentiel des amendements. Les autres sont plutôt des questions de
détail, de concordance.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez d'autres questions? Je
préfère laisser les amendements pour plus tard.
Le Président (M. Champagne): Oui. Cela va aller.
M. French: Je suivrai la députée de Jacques-Cartier
dans mes remarques préliminaires et, à ce moment-là, je
poserai d'autres questions au ministre.
Le Président (M. Champagne): Mme la député
de Jacques-Cartier, à vous la parole.
Mme Joan Dougherty Mme Dougherty: J'aimerais d'abord revenir sur
la question des auditions, les groupes qui ne se sont pas
présentés pour des raisons différentes. Depuis les
auditions et même lors des auditions, nous avons reçu des
communications et j'aimerais les noter, parce que je crois qu'il est important
de les inscrire dans le journal des Débats pour leurs dossiers.
D'abord, la question de l'ADRIQ, l'Association des directeurs de centres
de recherche industrielle du Québec. Vendredi, j'ai demandé au
ministre si l'ADRIQ était invitée, parce que j'avais l'impression
qu'il y avait une entente entre nous pour que l'ADRIQ soit sur la liste. Le
ministre lui-même l'a suggéré comme représentant la
recherche industrielle. J'ai d'abord suggéré COPEM, le
Comité de promotion économique de Montréal, et c'est le
ministre qui a suggéré de remplacer le COPEM par un groupe plus
représentatif, l'ADRIQ, dont le président est M. Roger Biais.
J'ai été étonnée, à la commission, de
l'absence de l'ADRIQ sur la liste et j'ai demandé au ministre s'il y
avait d'autres groupes qui avaient refusé et s'il y avait d'autres
groupes qui avaient demandé à être entendus. La
réponse était: Non, sauf l'ACFAS.
M. Paquette: L'ACFAS nous a fait parvenir son mémoire
après la commission. Nous l'avons en main d'ailleurs.
Mme Dougherty: II y a d'abord la question d'ADRIQ, parce que le
côté industriel n'était pas vraiment
représenté durant les auditions et, compte tenu que l'agence
touche, je crois, d'une façon importante, on pourrait potentiellement
toucher le secteur industriel, il me semblait y avoir une carence importante
dans la liste des groupes invités.
M. Paquette: Est-ce que Mme la députée me permet
une simple remarque là-dessus. En fait, l'approche que nous avons
adoptée pour cette commission fut d'inviter tous ceux qui en ont
manifesté le désir.
Mme Dougherty: Nous avons aussi une liste, M. le ministre.
M. Paquette: Non, non, mais, d'autre part, M. le
Président, je pense qu'en ce qui concerne le milieu industriel, il y a
effectivement eu moins de représentations. Je pense, en fait, que ce
sont les organismes qui avaient de sérieuses objections à
certains articles du projet de loi qui se sont présentés. Il y a
eu quand même une entreprise et l'École de technologie
supérieure qui ont déposé des mémoires et qui ont
notamment parlé de l'Agence de valorisation industrielle de la recherche
qui est un élément, bien sûr, extrêmement important
du projet de loi. Et les
commentaires ont été très favorables. On n'a aucune
indication que cette agence serait mal accueillie et, de toute façon,
j'imagine que si des gens avaient eu des objections fondamentales à
formuler, ils auraient demandé à être entendus à la
commission.
Mme Dougherty: D'accord. À nouveau, concernant l'ADRIQ,
nous allons recevoir un télégramme aujourd'hui, je
l'espère, qui nous a été lu au téléphone
hier. Je ne sais pas si nous avons le texte en main, mais il a
été lu à mon recherchiste. Nous attendons ce
télégramme aujourd'hui. Je crois que l'ADRIQ, M. Roger Biais, qui
est aussi le directeur général du Centre d'innovation
industrielle de Montréal, il est attaché à l'École
polytechnique de l'Université de Montréal, il porte plusieurs
chapeaux, est profondément consterné de n'être pas
invité. Il est vrai qu'il était à
l'Île-du-Prince-Édouard vendredi, mais cela n'exclut pas
l'obligation pour nous de l'écouter. C'est un homme important qui est
attaché à des organismes importants qui sont touchés par
cette loi d'une façon profonde.
Le troisième groupe dont j'aimerais parler, c'est le CRIQ. Le
CRIQ est impliqué et il est mentionné parce qu'il y aura un
échange de personnel avec celui du conseil. Mais plusieurs groupes ont
soulevé la question du dédoublement de mandat entre le CRIQ,
l'Agence de valorisation et le CIIM. Je crois qu'on ne peut pas ignorer ces
problèmes. Il faut en discuter.
J'ai aussi reçu, lors de l'audition, un mémoire du Centre
d'innovation industrielle de Montréal. Il s'agit d'un mémoire de
deux pages. Est-ce que vous l'avez reçu? D'accord. Il est signé
par M. Roger Biais et il dit, dans sa première phrase: "Pourquoi
créer un organisme de ce genre et engendrer une nouvelle infrastructure
plutôt que d'utiliser les ressources existantes - CIIM et CRIQ - et les
aider financièrement à remplir ce rôle au niveau des
ministères?" Il donne plusieurs raisons et soulève
peut-être de sérieuses questions sur ce dédoublement
possible.
À propos du CRIQ encore, j'aimerais vous demander, M. le
ministre, si en effet, le CRIQ a demandé d'être entendu en
commission parlementaire? Sinon, est-ce qu'il y a eu des communications entre
votre ministère et le ministère de l'Industrie et du Commerce
là-dessus?
M. Paquette: M. le Président, sur cette question, bien
sûr qu'il y a eu des communications...
Mme Dougherty: Sur la question de leur présence à
la commission.
M. Paquette: Ah non, il n'a pas été question de
cela. D'ailleurs, la loi touche très peu au CRIQ. En fait, elle stipule
simplement - et lorsqu'on arrivera à cet article, je serai en mesure
d'expliquer en long et en large tout notre cheminement à ce propos -
face au CRIQ, deux choses: premièrement, que les directives que le
ministre de l'Industrie et du Commerce adresse au CRIQ par la loi du CRIQ - il
y a une loi qui crée le Centre de recherche industrielle du
Québec qui a été votée par cette Assemblée -
seront préparées en collaboration avec le ministre
délégué à la Science et à la Technologie.
C'est exactement la même attitude face au Centre de recherche
industrielle que face au fonds sectoriel du côté de la recherche
scientifique. Voilà un organisme central du dispositif scientifique et
technologique et, sans le soustraire à son environnement sectoriel, il
est important que le ministre délégué à la Science
et à la Technologie puisse évaluer la contribution du Centre de
recherche industrielle et surtout s'assurer de l'arrimage avec l'agence de
valorisation.
D'ailleurs, je tiens à vous dire qu'à la suite d'une
décision du comité de développement économique, un
protocole d'entente devra être établi entre l'agence et le CRIQ,
de façon qu'ils coordonnent leurs efforts. Il existe déjà
un tel protocole avec la Société de développement
industriel pour ses programmes de recherche et développement. Nous avons
d'ailleurs contribué à la préparation de ces nouveaux
programmes de la SDI et vous voyez que tout cela va se coordonner. L'important
est de ne pas multiplier les intervenants gouvernementaux face au milieu, mais
qu'à l'intérieur de l'appareil gouvernemental, on puisse
présenter une position qui tienne compte d'abord et avant tout des
préoccupations sectorielles, mais qui tienne compte également des
grandes orientations de la politique de développement scientifique et
technologique. Je ne pense pas que ce soit un changement majeur face au Centre
de recherche industrielle du Québec. Il y a eu de multiples discussions
là-dessus. Je tiens à vous dire que ce projet de loi est
passé au comité de développement social, au comité
de développement économique, au comité de
développement culturel, au comité de législation, au
Conseil du trésor. Et, particulièrement au comité de
développement économique au Conseil du trésor, il y a eu
de longues discussions. Avant de créer un organisme nouveau, on se pose
des questions et on se demande s'il fait double emploi avec d'autres
organismes. Tout ceci a fait l'objet de très longues discussions et je
pense qu'on est ici pour en discuter. Mon objectif, c'est de convaincre
l'Opposition que l'agence est un organisme nécessaire, qui ne fera pas
double emploi, ni avec le CRIQ, ni avec le Centre d'innovation industrielle de
Montréal. Lorsque nous arriverons au chapitre de
l'agence, je suis tout à fait disposé à ce qu'on en
discute à fond.
Le Président (M. Champagne): Mme la
députée.
Mme Dougherty: J'aimerais aussi noter la réception d'une
lettre du Club de recherche clinique de Montréal envoyée au
ministre. Cette lettre a été apportée lors de l'audition
des représentants - je ne sais pas si M. Delvin lui-même est ici,
le vice-président Edgar-E. Delvin, médecin au Shriners Hospital.
Il m'a téléphoné et il m'a envoyé cette copie de la
lettre que vous avez reçue...
M. Paquette: M. le Président. Nous pouvons commencer
à étudier l'article 8 et nous verrons que cette lettre est...
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais continuer mes
remarques?
M. Paquette: Oui, je m'excuse. D'accord.
Le Président (M. Champagne): Vous interrogez aussi
le...
M. Paquette: Je pensais qu'il y avait des questions
sous-jacentes.
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela. Alors, vous
avez votre droit de parole.
M. Paquette: Je m'excuse, allez-y. (12 h 15)
Mme Dougherty: Mais, je ne veux pas avoir une explication de tout
cela. D'accord? Je crois que le Club de recherche clinique du Québec a
soulevé quelque chose de très fondamental. Ce groupe de
chercheurs s'occupe du domaine de la santé, surtout dans les
hôpitaux. L'expérience tant dans ce pays qu'à
l'étranger a démontré que le dirigisme scientifique
stérilise l'effort d'innovation entrepris par les chercheurs dans leur
milieu respectif. C'était la clé de nos arguments, de notre
position. Le problème c'est que la loi doit le refléter
clairement.
Nous avons reçu lundi - je crois - un télégramme du
Conseil du patronat qui a été soulevé hier soir. C'est un
télégramme important parce qu'on croit que c'est le seul
communiqué que nous avons eu du monde des affaires. Il demandait que le
projet de loi soit reporté à l'automne. Ce serait à la
suite des préoccupations exprimées par les universités
à savoir que ce projet de loi est trop important pour l'avenir du
Québec pour être adopté à toute vapeur.
Il a souligné son appui pour le principe de la recherche libre.
Il dit: II serait regrettable que la recherche dans le secteur privé,
par exemple, soit éventuellement dirigée en fonction des
orientations du gouvernement et du contenu de son document Bâtir le
Québec II, un document plus politique que scientifique. C'est leur
opinion. Mon intention n'est pas de soulever un nouveau débat sur cette
question. C'est leur perception et c'est important, je crois.
Plus tard, il dit: Le choix des spécialistes du Québec
doit être le résultat des recherches réussies et non le
résultat d'un catalogue politique. Nul ne sait d'avance où
conduira la recherche. C'est un point que nous avons soulevé plusieurs
fois hier soir. Après avoir entendu le discours du président du
Conseil du trésor, je m'inquiète des intentions de dirigisme qui
ne sont pas les véritables intentions du gouvernement malgré les
mots contraires du ministre.
Enfin le Conseil du patronat demande donc un vaste débat public
sur les choix politiques retenus par le gouvernement. Je crois que c'est une
opinion dont nous devons prendre connaissance. Le Conseil du patronat est un
groupe important. Il s'implique dans toute la question de transfert de
recherche, qui va diriger, qui va contrôler, par quels moyens? Est-ce que
cela va être un effort qui est suscité de la base, soulevé
de la base? Est-ce que le gouvernement va intervenir d'une façon
inacceptable dans toute cette affaire?
J'ai aussi reçu un télégramme de M. Joly,
président du Fonds de recherche en santé du Québec,
l'autre fonds important impliqué dans le projet de loi. J'aimerais lire
quelques phrases de son télégramme. "Le comité
exécutif du Fonds de recherche en santé du Québec est
très inquiet du projet de loi 19 - le télégramme est
daté du 10 juin. Est-ce que c'est la date des auditions? Je ne suis pas
certaine - Le projet de loi 19 trahit l'esprit du mémoire
déposé au Conseil des ministres, le 18 avril 1983. Il essaie de
faire un petit sommaire de leurs points importants. "Ministre Science et
Technologie élabore politique d'ensemble du gouvernement, intervention
avec accord des ministres concernés. Ministre Science et Technologie a
écarté projet fondation unique. - le télégramme est
très bref - Important que fonds demeure dans environnement sectoriel.
Principe acquis d'autonomie des fonds. Fonds ont autonomie garantie. Ministre
sectoriel responsable des fonds. Si adopte projet de loi 19 mène
à centralisation abusive et confère au ministre Science et
Technologie pouvoirs exagérés." J'indique qu'ils sont d'accord
avec pouvoirs consultatifs sans plus considérer priorité et
finalité sectorielle. "Veut éviter conséquences de
fondation unique, dans les faits, éviter ingérence et tutelle des
fonds. Consultation entendue requise. Projet doit être amendé
substantiellement. Proposons adoption reportée." C'est un autre fonds
qui est
impliqué comme le Fonds FCAC.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais soulever une question de
règlement. Je pense que de notre côté on a
écouté attentivement la députée de Jacques-Cartier
présenter ses remarques préliminaires. Il me semble que cela fait
déjà quelque temps, et on aimerait passer à l'étude
article par article du projet de loi.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Fabre, dans les remarques préliminaires, il n'y a rien dans le
règlement qui restreint le droit de parole soit pour le ministre soit
pour la représentante du parti de l'Opposition.
M. Leduc (Fabre): J'aimerais cela que vous nous disiez pourquoi
nous sommes réunis ce matin. J'aimerais que vous nous le disiez. Quel
est le mandat de cette commission?
Le Président (M. Champagne): Voici, c'est d'étudier
article par article le projet de loi. Dans un premier temps, le ministre fait
ses remarques préliminaires et dans un deuxième temps, c'est le
parti de l'Opposition qui fait ses remarques préliminaires. Les
remarques préliminaires peuvent s'étirer d'une façon assez
lâche dans le fond. Maintenant, lorsqu'on arrivera article par article,
ce sont les 20 minutes qui sont la loi. S'il y a des amendements, ce sont les
20 minutes qui sont le principe.
M. Leduc (Fabre): Vous avez bien dit qu'on est ici pour
étudier le projet de loi article par article.
Le Président (M. Champagne): Article par article.
M. Leduc (Fabre): Merci.
Le Président (M. Champagne): Oui, question de
règlement, M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Je crois que ce que la députée de
Jacques-Cartier est en train de faire, c'est d'indiquer quelles sont les
préoccupations du milieu. Le ministre nous a expliqué les
amendements qu'il avait apportés. Je crois que si on écoute la
députée de Jacques-Cartier jusqu'à la fin, on va voir que
dans un premier temps elle nous indique les préoccupations du milieu.
J'imagine que par la suite elle va conclure en nous disant dans quelle mesure,
d'après ce que le ministre nous a dit des amendements, cela rencontre
les attentes. Cela nous permettra de procéder par la suite. Je crois que
nous devrions continuer. Il faut être un peu patient.
Le Président (M. Champagne): Oui. Mme la
députée de Jacques-Cartier, à vous la parole.
Mme Dougherty: Merci. La dernière communication dont
j'aimerais parler vient du Fonds FCAC et c'était daté du 13 juin.
C'était lundi, après le jour des auditions. Le Fonds FCAC dit:
"Les fonctions que le projet de loi 19 prévoit confier à la
Fondation pour le développement de la science et de la technologie
pourraient être avantageusement assumées par les trois organismes
subventionnaires dont la transformation est instituée par cette
même loi. C'est ce qu'a déclaré M. Yvan Cliche,
président du comité exécutif et directeur
général d'un de ces organismes."
Nous avons reçu un mémoire du Fonds FCAC, mais je crois
que ce communiqué est très important parce que cela ajoute une
autre dimension à leur mémoire. "En effet, la création
d'une nouvelle structure gouvernementale chargée de solliciter des dons
et des legs, de répartir entre les organismes subventionnaires les fonds
ainsi recueillis ainsi que ceux que lui confie le gouvernement et ayant
même le mandat de concevoir des programmes d'aide à la recherche,
a soulevé des objections majeures de la part des intervenants à
cette commission parlementaire. La mise en place de cette fondation risquerait
de dédoubler l'action des organismes subventionnaires auxquels la
responsabilité de concevoir des programmes et des plans de
développement est habituellement confiée. "Il est craint que ce
partage de responsabilité au plan du développement de la
recherche soit générateur d'interférences et de tension
dont les chercheurs et les étudiants auraient à faire les frais.
"S'appuyant sur les dispositions prévues dans le livre blanc sur la
politique québécoise de la recherche scientifique, M. Yvan Cliche
propose que les trois fonds subventionnaires institués par la loi 19
soient transformés en de véritables fondations habilitées
à recevoir des dons et des legs et chargées d'élaborer des
plans quinquennaux de leur politique relative au programme de subvention et de
bourses. "Dans le respect de la logique prévue par le projet de loi 19,
ces plans seraient soumis au gouvernement par les ministres responsables des
fondations, après consultation avec le ministre
délégué à la Science et à la Technologie.
"Par ailleurs, afin d'assurer la cohérence de leurs actions en
matière de gestion des dons et des legs, les trois fondations pourraient
mettre sur pied un comité de coordination. Cette position vise à
bonifier le projet de loi présentement à l'étude. Elle
permettra de faire l'économie d'une structure, tout en
préservant
l'autonomie des organismes subventionnaires québécois,
lesquels seraient dorénavant dotés d'un statut équivalant
à celui des conseils fédéraux."
C'est un point de vue que nous avons entendu plusieurs fois lors des
auditions.
Sur le problème de fond que nous avons soulevé, je suis de
plus en plus convaincue, surtout après les discours que nous avons
entendus hier soir, que le concept d'un ministère sectoriel est en
conflit inconciliable avec l'idée que nous appuyons, soit d'un ministre
avec un statut de ministre d'État avec des pouvoirs horizontaux, des
pouvoirs d'encourager. Je crois qu'il y a là un problème qu'on
doit examiner. La plupart de nos critiques, surtout sur le rôle que nous
envisageons pour le ministre, vont dans le sens que le problème est
causé peut-être par le projet de loi qui essaie de concilier ces
deux points de vue.
Deuxièmement, c'est évident que pratiquement tous les
intervenants ont soulevé le fait que la philosophie, les principes de
base exprimés dans la politique du livre blanc étaient le
résultat d'une vaste consultation avec tous les intervenants dont nous
parlons aujourd'hui.
Mais tout le monde reconnaît qu'il y a un conflit fondamental
entre les principes énoncés il y a deux ans et la philosophie de
base qui semble être en arrière du projet de loi, et le projet de
loi n'est pas fidèle à ces principes sur le statut des fonds, par
exemple, le concept d'un ministre sectoriel au lieu d'un ministre
d'État. Je crois que pratiquement toutes les objections majeures
reflètent ce conflit. Ce que nous demandons essentiellement, c'est que
le projet de loi soit conçu d'une façon qui reflète plus
fidèlement cette politique du livre blanc.
Les amendements, naturellement, je n'ai pas eu le temps de les
étudier. Il semble qu'ils vont dans le sens que nous avons
suggéré, mais je crois que c'est évident qu'ils ne vont
pas aussi loin que nous l'avons suggéré. Nous avons émis
un communiqué de presse, hier, qui soulignait les éléments
de notre argument, les mêmes arguments que nous avons soulevés
à la fin des auditions, les problèmes que nous voyons. On a
demandé à nos recherchistes une copie de la liste de ces
arguments, des problèmes que nous avons soulevés. Je les ai
répétés à plusieurs reprises vendredi et encore
pendant et à la fin de mon discours, mais si vous désirez les
avoir - je n'ai pas l'intention de les lire à nouveau - j'aimerais vous
donner une copie de ce communiqué de presse qui est rapporté dans
le Devoir de ce matin. Et voilà la liste de nos demandes. (12 h 30)
Motion proposant de convoquer des représentants
du CIIM et du CRIQ
M. le Président, comme il semble que nous n'avons pas reçu
les avis, les opinions de gens qui ont quelque chose de très important
à dire sur ce projet, j'aimerais proposer qu'un représentant du
CIIM - je n'aimerais pas nommer M. Roger Biais lui-même, parce qu'il
n'est peut-être pas disponible, je ne le sais pas - du Centre
d'innovation industrielle de Montréal, et un représentant du CRIQ
soient invités à se présenter devant cette commission pour
donner leur opinion sur ce projet avant de procéder à
l'étude article par article.
Le Président (M. Champagne): Alors, Mme la
députée de Jacques-Cartier vous a fait une proposition
ferme...
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): ...à savoir que la
commission invite des représentants du CIIM et aussi des
représentants du CRIQ.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Question de règlement, M. le
Président. Je crois que cette motion n'est pas recevable, parce qu'en
vertu des règlements de l'Assemblée nationale, donc les
commissions qui en découlent, on ne peut entendre des mémoires
lors de l'étude article par article d'un projet de loi. La seule chose
qui pourrait être acceptée, c'est d'entendre des personnes qui
viendraient éclaircir quelque chose qui ne serait pas clair sur des
articles du projet de loi. Mais des auditions comme telles pour des
présentations de mémoires, c'est contre le règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: À ce sujet, je voudrais soumettre
respectueusement qu'il y a amplement de précédents, au contraire.
Cela a déjà été accepté par plusieurs
présidents.
Le Président (M. Champagne): Alors, s'il y avait
consentement...
M. French: Cela a été même
suggéré par les ministres. L'Opposition a acquiescé
à ce moment-là.
Le Président (M. Champagne): Oui. Enfin, alors on discute
de la recevabilité de la motion qui est déposée, à
savoir recevoir des gens de l'extérieur pendant l'étude article
par article d'un projet de loi. Je pense que s'il y a un consentement unanime,
je pourrais accepter, parce que, hier soir, dans une commission parlementaire
des affaires culturelles, nous avons débattu pendant trois heures d'une
motion, justement,
le fait de recevoir les gens des "majors" de l'Association canadienne
des distributeurs de films. Le président a accepté d'en discuter.
Ce matin, on pourrait discuter de cette motion, à savoir s'il y a un
consentement des parties. Il faudrait qu'il y ait un consentement.
Mme Dougherty: J'ai reçu une clarification. Je ne sais pas
si c'est... Apparemment, s'il s'agit d'un article en particulier comme le
chapitre ici, l'Agence québécoise de valorisation industrielle de
la recherche, il s'agit de ce chapitre naturellement...
Le Président (M. Champagne): Alors, ce serait
spécifiquement pour un chapitre en particulier concernant l'institution
et l'organisation de la section I...
Mme Dougherty: Si c'est nécessaire de préciser un
chapitre en particulier. J'aimerais préciser que c'est en rapport avec
le chapitre V. Si c'est possible d'éviter de nommer un chapitre en
particulier, je préférerais faire une motion
générale.
Le Président (M. Champagne): La motion
générale, à savoir de recevoir ces gens-là pour
discuter particulièrement le chapitre V du projet de loi 19.
M. Dussault: Peut-on avoir une idée du temps que
l'Opposition y mettrait? Spécifiquement sur le chapitre V et le temps
à entendre ces gens.
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Question de règlement,
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Dans un premier temps, avez-vous statué que la
motion était recevable?
M. Dussault: On a compris que non. Vous avez dit que...
Le Président (M. Champagne): Enfin... M. Fortier:
Je crois que...
Le Président (M. Champagne): ...je vous ai dit - je ne
veux pas dire que c'est une jurisprudence - que nous avons accepté, hier
soir, de recevoir des gens. Cela a quand même été battu,
peu importe, mais maintenant, cela peut...
M. Dussault: Vous avez dit qu'il y a eu consentement pour
recevoir la motion.
Le Président (M. Champagne): II y avait eu consentement
pour recevoir la motion.
M. Dussault: Avant de consentir, on voudrait en connaître
les conditions. C'est ce qu'on essaie de faire.
Le Président (M. Champagne): Oui. Alors, peut-être y
aura-t-il consentement. Je reçois cette discussion et j'aimerais savoir
le contenu, le temps et tout cela, mais Mme la députée de
Jacques-Cartier vient de nous dire que ce seraient deux organismes et
spécifiquement pour le chapitre V. On demande en particulier.
M. Fortier: Si vous permettez, on peut répondre.
Le Président (M. Champagne): Oui, s'il vous plaît!
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Je pense que ma collègue, Mme la
députée de Jacques-Cartier a indiqué que c'est pour un
chapitre en particulier. Je crois que c'est pour compléter l'information
qui a été obtenue en commission parlementaire où on a
surtout eu des représentations du milieu universitaire. Je crois que
cela compléterait l'information en ce qui touche le secteur industriel
en particulier. Pour notre part, on n'a pas l'intention d'en abuser. Je crois
que c'est simplement pour rencontrer une, deux ou trois personnes. Je ne sais
pas. Il me semblerait qu'il y a moyen de faire cela dans un laps de temps
relativement court.
M. Dussault: M. le Président, je suis devenu
méfiant à l'égard des consentements, parce que j'ai
participé à au moins deux commissions. Nous avons
été largement victimes de notre propre consentement, parce qu'il
y a eu des abus épouvantables. C'est pour cela que j'essaie de faire
clarifier les choses le plus possible.
Si je comprends bien, M. le Président, s'il y avait audition,
à l'occasion de l'étude du chapitre V, ce ne serait pas un
exposé systématique de l'invité ou des invités,
après quoi il y aurait une série de questions à
l'invité, et on passerait aux articles. Si je comprends bien, le
consentement se donnerait sur le fait que s'il y avait quelqu'un là,
à l'occasion de l'étude d'un article spécifique qui
causerait des problèmes à l'Opposition, il pourrait y avoir
quelques questions, après quoi on pourrait adopter l'article en
question. Si c'est cela, M. le Président, c'est bien différent.
Mais si cela se transforme, à l'occasion de l'examen du chapitre V, en
une espèce d'audition de mémoires, personnellement, je ne
pourrais pas donner mon consentement, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Enfin, j'essaie de voir une
espèce de consensus. Je
pense que dans l'esprit de Mme la députée -j'aimerais bien
qu'elle m'écoute, pour être sûr - c'est pour le chapitre V
particulièrement et, peut-être globalement, pour quelques articles
en particulier et dans un temps limité, ce ne serait peut-être pas
exagéré, mettons quelques heures. Est-ce que vous pourriez mettre
un temps?
Mme Dougherty: Un temps de durée de l'audition?
Le Président (M. Champagne): Oui.
Mme Dougherty: Quand ils peuvent venir? Je n'ai aucune
idée.
Le Président (M. Champagne): Non, ce n'est pas le moment,
mais la durée de l'audition. Il y a des députés qui sont
méfiants, si cela dure des jours...
M. Scowen: II ne s'agit que de deux personnes, de deux
groupes.
Mme Dougherty: Je parle de deux organismes.
M. Scowen: Normalement, s'ils présentent leur
mémoire et si on pose des questions, cela prend une heure à une
heure et demie, au maximum.
Le Président (M. Champagne): On s'entendrait sur une heure
ou une heure et demie.
M. Dussault: M. le Président, pour moi, cela clarifie les
choses. On parle de mémoire et tout cela. Je pense que ce n'est pas
acceptable. Ce n'est pas dans l'ordre des choses qu'on écoute des
mémoires à l'occasion de projets de loi après la
deuxième lecture. Notre mandat n'est pas cela. Notre mandat est
d'étudier le projet de loi article par article. Là, on est
vraiment en train de diverger par rapport à ce que le règlement
et le mandat nous permettent. Personnellement, M. le Président, à
la lumière de ce qu'on vient de me dire, je ne donne pas mon
consentement.
Le Président (M. Champagne): M. le député
de...
M. Fortier: Avant que le ministre ne parle, j'aimerais bien qu'on
se comprenne. Dans le moment, on n'a pas encore statué, alors ce ne sont
que des éclaircissements de part et d'autre.
Je pense que ma collègue de Jacques-Cartier a abordé
l'étude de ce projet de loi avec une très grande ouverture
d'esprit. C'était le but, je crois. Le ministre a proposé des
amendements dont on n'a pas eu l'occasion de prendre connaissance. Mais
probablement que certains de ces amendements répondent à une
très grande partie des objections qui avaient été
présentées par certaines personnes.
Je dois admettre que, pour ma part, ma préoccupation est surtout
dans les secteurs manufacturier et industriel. Je ne crois pas que l'audition
des mémoires qui a eu lieu ait répondu aux questions que je
pourrais avoir ou que ma collègue de Jacques-Cartier pourrait avoir.
C'est plutôt, M. le Président, dans un esprit de
collaboration que nous faisons cette proposition. Bien sûr, on pourrait
faire de l'obstruction systématique, mais je crois que c'est
l'antithèse même de l'obstruction systématique que nous
voulons proposer aujourd'hui. Le ministre nous a invités à
être professionnels dans notre travail. Nous croyons avoir des objections
fondamentales. Ces objections pourraient être levées par
l'audition de certaines personnes qui oeuvrent dans les secteurs manufacturier
et industriel. Cela compléterait l'information. C'est plutôt dans
un climat de collaboration que l'offre est faite et que la motion a
été présentée.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, sans mettre en cause
l'intérêt qu'il pourrait y avoir à entendre les
intervenants, comme le propose la députée de Jacques-Cartier,
s'il s'agissait de discuter des orientations que prendra l'Agence de
valorisation industrielle, des activités qu'elle entreprendra de
façon à s'assurer qu'il n'y ait pas double emploi - je pense que
cela pourra se faire utilement au moment où l'Agence de valorisation
industrielle sera créée - je pourrais vous dire que, tout en
reconnaissant la compétence, notamment, du directeur du CIIM, que j'ai
l'occasion de rencontrer, qui est en même temps président de
l'ADRIQ, je pense que nous connaissons sa position. Il nous a fait parvenir un
document. Il nous a fait parvenir de l'information sur le Centre d'innovation
industrielle de Montréal. (12 h 45)
À la face même des lettres patentes qui créent ce
centre - je pourrais les déposer à la commission - on lit
notamment: " Les objets pour lesquels la corporation est constituée sont
les suivants: fournir une assistance aux étudiants des facultés
universitaires de science, de génie, de commerce ou autres, leur
procurant un encadrement adéquat qui vise à accroître
l'entrepreneurship et la mentalité d'innovation et qui leur permet
d'acquérir les connaissances et les aptitudes dans la mise au point et
la diffusion d'innovations technologiques, et également d'aider toutes
les personnes qui s'intéressent au développement d'entreprises
à consacrer leurs
nouvelles idées techniques à la mise au point de nouveaux
produits et procédés de valeur commerciale."
M. le Président, je pense que le travail de cet organisme,
organisme entièrement mandataire de l'École polytechnique, dont
tous les membres du conseil d'administration sont nommés par
l'École polytechnique, qui a évolué depuis,
évidemment, ces lettres patentes, mais qui a un mandat extrêmement
diversifié, mais qui n'est pas proprement centré sur la
valorisation industrielle de la recherche, le travail du Centre d'innovation
industrielle de Montréal est extrêmement intéressant. Ce
sera très certainement un des partenaires privilégiés de
l'Agence de valorisation industrielle, notamment, quand il s'agira
d'évaluer la valeur technique de certaines inventions, par exemple.
Mais, à mon avis, il me semble qu'on pourrait discuter de tout cela
entre nous.
D'autre part, relativement au Centre de recherche industrielle du
Québec, il y a eu des consultations de la part du ministre de tutelle,
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui a consulté,
bien sûr, le directeur du CRIQ. Nous avons nous-mêmes des contacts
très étroits avec le CRIQ depuis la fondation du
Secrétariat au développement scientifique. Nous connaissons
très bien cet organisme. C'est un organisme public. C'est une
société d'État. Je pense qu'il serait délicat pour
la direction, pour le président-directeur général du
Centre de recherche industrielle du Québec de venir discuter, en quelque
sorte, des pouvoirs de deux ministres relativement l'un à l'autre. C'est
un peu indécent de demander cela.
M. le Président, je pense qu'il faut protéger un peu nos
fonctionnaires. Si on invitait le directeur du CRIQ à venir nous
expliquer les activités du CRIQ et nous parler de la gestion des
projets, je pense que c'est important que les parlementaires,
régulièrement, rencontrent les dirigeants de
sociétés d'État, mais s'il s'agit de venir discuter de
l'articulation, de l'organisation de l'appareil gouvernemental, cela peut
être extrêmement délicat pour le président-directeur
général du CRIQ de venir témoigner ici, à cette
commission.
D'autre part, j'ai toujours la même ouverture d'esprit. Je pense
que, quand on va aborder cette partie du projet de loi, on peut très
bien en discuter et essayer d'éclaircir les choses. S'il reste des
interrogations chez les députés de l'Opposition, ils pourront
prendre les décisions qu'ils jugeront devoir prendre à ce
moment-là. Je pense qu'il serait contraire à la bonne marche de
nos travaux, qui consistent à bonifier ce projet de loi article par
article, de réentendre des mémoires. Je me dis: S'il y avait des
objections fondamentales de ce côté, les gens nous les auraient
fait connaître. Les milieux universitaires ont réagi très
rapidement. Ils nous ont soumis des mémoires. Cela nous a permis
d'identifier des articles qui soulevaient des problèmes et que nous
modifions par les amendements que j'ai déposés ce matin. On n'a
pas du tout la même réaction du côté industriel. Je
pense que c'est une partie beacoup moins litigieuse du projet de loi et il me
semble que ce serait un peu - à ce moment-ci, en tout cas - mal utiliser
le temps de la commission. Nous avons avantage à regarder si les
articles sont satisfaisants, à nous assurer que l'Agence de valorisation
industrielle de la recherche ne fait pas double emploi avec des organismes
existants. Je pense que nous devons consacrer la totalité du temps qui
est mis à notre disposition à faire ce débat et à
clarifier ces choses.
Le Président (M. Champagne); M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Brièvement. M. le ministre, vous avez dit que
ce serait délicat pour les fonctionnaires du gouvernement d'être
appelés à venir ici et répondre aux questions. J'admets
que ce soit une possibilité. Mais nous sommes devant quelque chose de
très important. Sacrifier un peu de délicatesse, si vous voulez,
au nom d'un éclaircissement, je pense que les fonctionnaires sont aussi
des adultes. Ce ne sera pas la première fois qu'ils seront
appelés à donner leur opinion sur des choses. Vous parlez
beaucoup, ces jours-ci, de la nécessité d'un peu plus
d'imputabilité dans la fonction publique. Tout ce qu'on demande, c'est
que ces personnes qui peuvent éclaircir certains éléments
de loi soient ici. S'ils sont obligés de dire quelque chose qui n'est
pas à 100% l'évangile gouvernemental, pour le moment ils
garderont quand même leur emploi et ils auront le plaisir et l'occasion
de bonifier quelque chose pour vous. Si on peut éviter les pièges
aujourd'hui, cela peut rendre votre vie beaucoup plus facile après que
la loi aura été adoptée.
M. Fortier: Si vous me le permettez, juste un mot...
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Selon moi, la juridiction du ministère est
inquiétante, mais ce n'est pas cela qui m'inquiète le plus. La
raison pour laquelle je crois que ce serait une bonne chose d'avoir ce dialogue
avec des intervenants extérieurs et qui sont dans ce métier,
c'est peut-être pour la même raison sur laquelle le ministre a
statué. Lui-même a eu des discussions pendant plusieurs mois.
Nous, les parlementaires, n'avons pas bénéficié de ces
rencontres et de ces
discussions. En commission parlementaire, on n'a pas discuté de
ce sujet-là. Il y a toute la dynamique du transfert de l'innovation du
milieu universitaire, des milieux de recherche à l'entreprise
privée. Le ministre sait que c'est un sujet extrêmement important
dont personne n'a les réponses exactes. Il serait important pour les
parlementaires de se faire une opinion au moins sur cet aspect qui touche le
développement industriel et qui touchera le développement
économique. J'ose croire qu'entendre, avec le consentement de la partie
ministérielle, deux ou trois personnes nous permettrait de saisir le
processus du transfert de l'innovation, de voir ce qui se fait
présentement au CRIQ. À ma connaissance, pour avoir
discuté l'an dernier du projet de loi touchant le CRIQ dans lequel
l'État investit quelque 15 000 000 $ par année, il me semble que
les fonctions qu'on veut donner à l'agence touchent de très
près les fonctions qui ont déjà été
données - ou du moins qui sont exercées en pratique par le CRIQ.
N'en déplaise au ministre, le directeur du CIIM dit qu'il est tout
à fait en désaccord avec ce que le ministre vient de dire. Il
croit qu'il y a une superposition de juridiction qui fera que l'une tassera
l'autre. On doit donc se demander si les fonctions qui seront dévolues
à l'agence ne sont pas en contradiction flagrante avec les fonctions qui
sont déjà exercées par le CRIQ et celles du CIIM.
Le ministre nous dit qu'il a les réponses à cela, mais il
serait quand même intéressant pour les parlementaires de s'en
assurer eux-mêmes et de pouvoir, par la suite, procéder à
l'adoption du projet de loi dans toute sa plénitude avec les amendements
proposés.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: Une dernière intervention là-dessus.
Comme le député lui-même vient de le dire, il a eu
l'occasion, lors de l'étude de la loi sur le Centre de recherche
industrielle du Québec...
M. Fortier: ...projet de loi.
M. Paquette: ...d'étudier les fonctions et les
activités du Centre de recherche industrielle du Québec.
J'imagine qu'il est bien au fait de ces questions. Si des informations
supplémentaires lui sont nécessaires et sont nécessaires
à ses collègues de l'Opposition ou à d'autres
députés, j'imagine qu'il est possible de faire un coup de
téléphone, d'organiser une rencontre avant que nous ayons
terminé et même que nous ayons abordé ce chapitre du projet
de loi, quitte même à suspendre un article s'il faut donner plus
de temps au député.
Pour notre part, nous sommes satisfaits, pleinement
éclairés des positions et de la réalité des divers
organismes en cause. Nous ne sentons pas la nécessité de
consacrer un temps précieux qui doit être affecté à
bonifier article par article ce projet de loi.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Mes propos vont un peu dans le même sens
que les propos tenus par le ministre. Je comprends très bien la
préoccupation - que je trouve louable - de l'Opposition. Je comprends
très bien qu'on aille chercher le maximum d'éclaircissements,
sauf qu'il y a aussi une question d'équité. Pour quelle raison
demanderait-on à quelques groupes maintenant de se faire entendre, alors
qu'habituellement, dans une commission, lorsqu'on veut entendre des groupes,
c'est une invitation générale qui est lancée? Il y a
déjà eu - tout le monde le sait - invitation et audition de
mémoires, la semaine passée. Les gens savaient quand même
qu'il y avait une commission. Tout le monde n'est pas venu, mais on a quand
même eu une audition. Donc, si, sur un projet de loi aussi important, il
n'y avait pas eu de commission pour entendre les mémoires, je
comprendrais très bien et je pourrais acquiescer à la demande.
Sauf, qu'il y a déjà eu une commission. C'est une question
d'équité, et je ne pense pas qu'on puisse choisir d'autres
groupes qui, maintenant, voudraient se faire entendre. Comme le ministre le
disait tantôt, on connaît assez bien les objections, les
préoccupations, les inquiétudes de ces groupes. Si on pense qu'on
ne les connaît pas à fond, étant donné qu'on
étudie présentement le projet de loi et que cela va prendre
certainement plusieurs heures, il y a d'autres moyens d'apporter les arguments
de ces gens-là, que ce soit par des rencontres, des appels
téléphoniques ou autrement. Mais, comme je le disais
tantôt, je crois qu'on connaît déjà suffisamment les
craintes de ces groupes-là. La preuve, c'est qu'on apporte des
réponses à ces craintes dans les amendements qui sont
apportés et qui sont déposés ce matin. Donc, devant ces
constatations, je crois qu'on peut procéder article par article.
M. Fortier: M. le Président, en conclusion, parce que je
vois bien qu'on n'a pas le consentement, ce que vient de dire le
député est en contradiction avec les faits. Le ministre
lui-même, à l'Assemblée nationale, a dit que tout le monde
avait été consulté, et c'est par les journaux qu'on a
appris que personne n'avait été consulté. Et ce n'est
qu'à la demande de l'Opposition qu'on a eu une commission
parlementaire
pour entendre ces gens-là. Si le côté
ministériel pense que cela va aller plus rapidement de cette
façon-là, allez-y, mais vous allez être très
surpris, parce qu'on va avoir beaucoup de questions.
M. Scowen: C'est un mauvais départ, c'est tout.
Le Président (M. Champagne): Je pense que la proposition
ou la motion de Mme la députée de Jacques-Cartier a
été débattue et, manquant de consensus, on n'entendra pas
les groupes demandés, à savoir les personnes qui
représentent le Centre d'innovation industrielle de Montréal et
le Centre de recherche industrielle du Québec.
Messieurs...
Mme Dougherty: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, Mme la
députée.
Mme Dougherty: Avant de terminer, est-ce que je pourrais demander
quelques renseignements sur l'agence? Si je comprends bien, on a pris le
modèle d'après une agence qui existe en France?
M. Paquette: Oh! c'est quand même différent.
Mme Dougherty: Oui. Si oui, est-ce que vous pourriez
déposer quelques renseignements sur cette agence?
M. Raquette: Certainement.
Mme Dougherty: Est-ce que cela fonctionne bien? Cela pourrait
nous aider à considérer ce chapitre.
M. Paquette: M. le Président, je pense que nous aurions le
temps cet après-midi de vous obtenir ces informations. Il existe une
telle agence en France. Il en existe également une en Angleterre, une en
Finlande. On va faire l'impossible pour vous obtenir le maximum d'informations
à ce sujet. Et comme c'est le dernier chapitre du projet de loi, vous
aurez un peu de temps pour regarder cela. Cependant, je tiens à vous
dire que l'agence proposée dans le projet de loi est relativement plus
légère, plus souple. Je lisais, dans le communiqué de la
députée de Jacques-Cartier: Nous proposons que le gouvernement
envisage la création d'une structure simplifiée sur une base
expérimentale, son avenir reposant sur les besoins réels
manifestés par le milieu. C'est exactement à partir de tels
besoins.
On sait, par exemple, que le Centre de recherche industrielle du
Québec a transformé son service d'aide aux inventeurs en un
service d'évaluation des inventions. Je pense que la nuance est
importante. Le Centre de recherche industrielle du Québec s'est
aperçu qu'il disposait des laboratoires et de l'expérience
technique pour évaluer si une innovation avait des chances de
succès sur le plan commercial, sur le plan industriel. Mais, une fois
que ce processus est terminé, les inventeurs, les équipes de
recherche se retrouvent avec peu de ressources. Et très souvent, ce ne
sont pas, la plupart du temps, des hommes d'affaires. Ils ont peur qu'on leur
enlève leur invention. Alors, le but principal de l'agence, c'est de
choisir ces projets prometteurs. Il y en a quelques dizaines qui sont en
attente devant le CRIQ, qui ont été jugés valables et qui
restent sur les tablettes. Nous avons même eu l'occasion nous-même
d'aider un tel projet à même les maigres crédits du fonds
d'incitation que nous avions, à partir d'une demande du Centre de
recherche industrielle du Québec, justement.
D'autre part, l'Agence de valorisation de la recherche en France a des
rôles beaucoup plus vastes d'information scientifique et technique, par
exemple. Cela est déjà largement assumé par le CRIQ et le
projet de loi ne prévoit pas donner à l'agence de telles
fonctions. C'est vraiment un organisme relativement léger qui aura,
pouvons-nous évaluer à ce moment-ci, un personnel d'environ
vingt-cinq à trente employés qui travailleront projet par projet,
à la fois, à partir des évaluations du CRIQ ou encore de
projets évalués dans les universités, notamment, de
projets qui pourraient être réalisés en collaboration avec
le Centre d'innovation industrielle de Montréal ou encore de brevets qui
sont souvent émis par les ministères et qui ne sont pas
exploités. C'est pour cette raison qu'il y a un article, dans les
fonctions de l'agence, qui dit que l'agence doit valoriser les brevets dans les
organismes de recherche des ministères.
Le Président (M. Champagne): Une dernière
intervention du député de Westmount.
M. French: Oui, ce ne sera pas long M. le Président. Nous
n'avons pas reçu le mémoire - ou du moins moi je ne l'ai pas
reçu - de l'ACFAS et j'apprécierais en recevoir une copie. Je ne
sais pas pour quelle raison on ne l'a pas reçu.
M. Paquette: Est-ce que vous l'avez reçu, Mme
Dougherty?
Mme Dougherty: Non.
M. Paquette: On va vous le faire parvenir le plus rapidement
possible.
Le Président (M. Laplante): La
commission élue permanente de la présidence du conseil et
de la constitution suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 15 h 16)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Madame, messieurs les députés, la commission élue
permanente de la présidence du conseil et de la constitution poursuit
l'étude du projet de loi 19, Loi favorisant le développement
scientifique et technologique du Québec.
Les membres de la commission sont MM. Baril (Arthabaska); Brassard
(Lac-Saint-Jean); Paré (Shefford); Brouillet (Chauveau); Lincoln
(Nelligan); Leduc (Fabre); de Bellefeuille (Deux-Montagnes); French
(Westmont); Paquette (Rosemont); Fortier (Outremont); Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
Les intervenants sont MM. Bisaillon (Sainte-Marie); Charbonneau
(Verchères); Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); Bourbeau (Laporte); Perron
(Duplessis); Scowen (Notre-Dame-de-Grâce); Ryan (Argenteuil).
M. Paquette: M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: Nous en étions à l'article 1, mais je
m'en voudrais de ne pas répondre à la demande que me faisait la
députée de Jacques-Cartier ce matin, dans un souci d'excellente
collaboration qui nous anime. Tout d'abord: copie du mémoire de
l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences, un
document qui décrit les rôles et objectifs du National Resource
Development Corporation, d'Angleterre...,
Mme Dougherty: Est-ce que c'est un organisme similaire à
l'agence?
M. Paquette: ...en Grande-Bretagne. Et vous avez maintenant, ici,
cinq documents sur l'Agence nationale de valorisation de la recherche, qui est
l'équivalent, enfin, l'organisme analogue français, parce que ces
organismes ont des responsabilités généralement plus
étendues, sur certains aspects en tout cas, que ce qui est
proposé dans le projet de loi.
Finalement, M. le Président, une note, provenant de
l'extérieur du Secrétariat à la science et de la
technologie, mais de l'intérieur de l'appareil gouvernemental, qui
explique - je suis certain que le député d'Outremont sera
passionné par cette note de deux pages - qui décrit les
rôles et fonctions du Centre de recherche industrielle du Québec,
et, également, les liens possibles, l'interrelation et la
complémentarité d'une agence de valorisation industrielle et du
centre de recherche.
M. Fortier: Par qui cela a-t-il été
préparé?
M. Paquette: C'est par un analyste du secrétariat
au...
M. Fortier: Conseil du trésor?
M. Paquette: Non, pas du Conseil du trésor, ni du
Secrétariat à la science et à la technologie.
M. Fcrtier: Pas du CRIQ directement, merci.
M. Paquette: ...ni du CRIQ. C'est quelqu'un qui est à
l'extérieur des ministères et des organismes
concernés.
Le Président (M. Champagne): Merci, M. le ministre. Vous
avez une question, Mme la députée de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Une question de clarification, s'il vous
plaît. Ce matin, j'ai proposé la motion que deux groupes, le CRIQ
et le CIIM, soient invités à se présenter à la
commission. J'aimerais comprendre exactement ce qui est arrivé. Est-ce
que le président a refusé la recevabilité de cette motion,
ou est-ce que, après avoir entendu les arguments surtout du ministre, il
a décidé... Qu'est-ce qui est arrivé?
Le Président (M. Champagne): Voici, il y a eu une motion
sur la recevabilité. Moi, j'ai reçu la proposition ou la motion
qui était sur la table venant de vous. Nous avons discuté de
cette motion, et, considérant qu'il y avait, du côté
ministériel, plusieurs personnes qui s'y opposaient, j'ai donc conclu
qu'il n'y avait pas unanimité, loin de là, et la motion a
été rejetée. Je l'avais reçue, Mme la
député de Jacques-Cartier...
Mme Dougherty: J'ai pensé que vous aviez changé
d'avis. Ce n'était pas le cas.
Le Président (M. Champagne): Non, je l'ai bien
reçue. Je l'ai bien dit au député de Shefford. Il y avait
hier aussi un précédent à la commission parlementaire.
J'ai reçu votre motion madame.
M. Scowen: M. le Président, est-ce qu'on peut voter
maintenant sur cette motion?
Le Président (M. Champagne): Je pense que enfin... Voici,
je pense qu'elle était recevable. Je l'ai reçue ce matin. On en a
discuté. On a eu des avis partagés. Ce matin, je pense que la
discussion était close et que le débat était clos.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Champagne): Je pense que la disccusion
était close. Comme président... on est ici pour étudier
article par article le projet de loi 19. Si madame la députée n'a
plus d'autres questions à me poser au point de vue de la
procédure...
Mme Dougherty: Non, c'était une clarification. Merci.
Le Président (M. Champagne):
Clarification, oui.
Mme Dougherty: Pour un vote comme celui-là, est-ce qu'il
faut avoir un vote enregistré personne par personne?
Le Président (M. Champagne): Voici...
Mme Dougherty: Est-ce que le côté ministériel
avait ses quatre votes ce matin? Je ne sais pas. Est-ce que tout le monde est
membre? C'est simplement pour vérifier.
M. Paquette: Si vous permettez, M. le Président, je pense
que ce matin nous avons discuté de la recevabilité de cette
proposition. Il a été dit par la présidence que cette
résolution serait recevable s'il y avait consentement des deux
côtés. Il n'y a pas eu consentement. Donc, il n'y a pas eu de
débat sur cette motion. Nous devons maintenant entreprendre
l'étude de l'article 1, ce qui est à l'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Champagne): Enfin, vous faites une
interprétation, M. le ministre.
Mme Dougherty: C'était...
Le Président (M. Champagne): Un instant. J'ai
trouvé que la motion était recevable. Nous avons discuté
du fond de la motion. Considérant qu'il n'y avait pas majorité...
je sais, bien sûr, qu'on aurait pu demander le vote ce matin.
Considérant que la majorité était contre on a
supposé qu'elle était rejetée.
M. Fortier: M. le Président, avec toute la
déférence que j'ai pour le siège que vous avez
présentement, je suis d'accord avec le ministre à savoir que ce
n'était pas très clair qu'elle était recevable. Je suis
d'accord avec le ministre que la discussion s'est engagée à
savoir s'il y avait consentement ou non. La seule conclusion du débat
c'est qu'il n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Champagne): II n'y a pas de consentement.
Mais plus loin que cela on a parlé du fond. Tout en disant qu'il n'y
avait pas de consentement, on a donné des arguments montrant le
contraire. On a aussi parlé du fond de la proposition.
Mme Dougherty: Oui, mais M. le Président, avec une motion
comme celle-là, il faut toucher le fond pour justifier la motion.
Le Président (M. Champagne): Voici, Mme la
députée de Jacques-Cartier, ce matin certains disaient qu'on ne
devait pas la recevoir. Tout le monde s'est exprimé sur le fond. Je
pense qu'il était évident qu'il était loin d'exister une
majorité de personnes qui étaient pour la motion.
Mme Dougherty: II n'y a pas eu de vote.
Le Président CM. Champagne): Non, il n'y a pas eu de vote.
En commission parlementaire c'est sûr qu'on peut prendre des votes
très stricts, à main levée ou bien avec l'appel des
députés. Si les deux côtés de la table arrivent
à un consensus on peut le faire d'une façon très rigide
madame. Comme aussi on se dit: considérant que...
Mme Dougherty: Pas pour la rigidité. C'est simplement pour
que tout le monde comprenne ce qui se passe. C'est évident que le
ministre avait la même impression que moi. Il n'y a pas eu consensus sur
ce qui est arrivé.
Le Président (M. Champagne): Sur la
recevabilité.
Mme Dougherty: Non, sur ce qui est arrivé. C'est pourquoi
je l'ai soulevé encore, car j'avais l'impression qu'on n'avait pas
discuté le fond du tout. On a uniquement discuté de la
recevabilité.
Le Président (M. Champagne): Enfin, avec toute la
déférence que je peux avoir pour Mme la députée de
Jacques Cartier, les intervenants sont intervenus sur la recevabilité.
Il y en a d'autres qui ne sont pas intervenus là-dessus. Tout le monde a
aussi discuté du fond. Je pense que cela demeurait clair dans les
propos.
Mme Dougherty: Si je comprends bien, le sujet est clos. Est-ce
qu'on a le droit plus tard dans ces discussions de le soulever? J'avais
l'impression que le ministre avait laissé la porte ouverte pour plus
tard lorsqu'on arriverait à ce chapitre que j'ai
désigné.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il y a deux
attitudes face à cette commission. Je comprends, et on sent très
vite ces choses quand ça fait sept ans qu'on est dans un Parlement, que
l'Opposition a décidé d'utiliser des mesures dilatoires aux fins,
semble-t-il, je ne veux pas prêter d'intention, mais possiblement en
fonction d'une stratégie parlementaire. Il y a deux attitudes. Je pense
que c'est un projet de loi qui comporte beaucoup d'articles. On pourrait rester
deux heures aux remarques préliminaires, trois heures, quatre heures,
douze heures sur l'article 1. Cela est toujours possible. Je pense qu'il y
aurait une façon plus intéressante de laisser l'Opposition
poursuivre son "filibuster". De toute façon, on n'a pas le choix. Si
elle veut en faire un, elle peut. Ce serait de regarder l'article 1 et si cela
va trop vite au gré de l'Opposition, ils peuvent toujours ralentir.
M. Fortier: Question de règlement. Je crois qu'il y a un
règlement qui est très évident dans la loi constitutive et
dans la réglementation. C'est qu'on ne peut pas prêter de
motif.
M. Paquette: Absolument pas.
M. Fortier: ...et comme nous n'avons rien déclaré
dans ce sens, j'aimerais bien que le ministre soit prudent dans les propos
qu'il tient pour ne pas nous faire des suggestions qui pourraient être
retenues s'il insiste trop.
Le Président (M. Champagne): Avez-vous l'intention de
faire une intervention, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Quand on arrivera au stade des remarques
préliminaires, je veux que vous mettiez mon nom sur la liste.
M. Paquette: On retournera sur la terrasse.
Le Président (M. Champagne): Voici, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Pour terminer la discussion, je n'étais pas
au courant des règlements. Apparemment, il faut que je soumette ma
motion d'une façon formelle, par écrit, et j'aimerais la
soumettre pour l'enregistrement.
Le Président (M. Champagne): D'accord. C'est le
dépôt de la proposition. Je vais la lire quand même pour que
tous les membres de la commission soient informés du contenu de la
proposition. Je sais bien qu'on a pu faire un consensus, du moins on a pu
résumer cette proposition: "Que cette commission invite les
représentants du Centre de recherche industriel du Québec, le
CRIQ, et du Centre d'innovation industrielle de Montréal, à se
présenter devant la commission permanente de la présidence du
conseil et de la constitution, le vendredi 17 juin 1983, à 11 h 30, afin
de renseigner les membres et les intervenants de ladite commission sur des
modalités du projet de loi 19." C'est cela qu'on a discuté ce
matin. Elle est déposée. Maintenant, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce, nous en sommes toujours sur les remarques
préliminaires. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
vous avez demandé la parole.
M. Reed
Scowen
M. Scowen: Mon intention, dans les remarques
préliminaires, était d'encourager le ministre à nous
parler un peu, s'il me le permet, des objectifs et de la façon dont il
prévoit réaliser ces objectifs. Je sais très bien que nous
sommes devant une loi qui est essentiellement une loi concernant la structure
et il n'y a pas d'énoncé de politique là-dedans et cela se
comprend. On n'en demande pas. Quand même, il est intéressant de
connaître les objectifs visés quand vous commencez à
construire un édifice parce que si vous cherchez un musée vous
devez le savoir avant de commencer ou vous pouvez arriver avec un
entrepôt. C'est dans ce sens que j'aimerais faire quelques commentaires
et susciter une réaction du ministre.
C'est fort difficile l'entreprise dans laquelle il s'est engagé.
Le ministère, qui n'est pas sectoriel, qui a pour but - et j'utilise
tous ces mots qu'on connaît très bien - d'harmoniser, de
conseiller, de recommander, d'évaluer, de participer à
l'élaboration des programmes, de proposer et on a déjà vu
les écueils, les problèmes, les dégâts de ces
expériences dans le passé. (15 h 30)
Alors, au lendemain de l'adoption de la loi, le ministre va se trouver
devant le ministre de l'Éducation, qui n'a probablement pas ressenti le
besoin terrible d'un ministère des Sciences et de la Technologie en ce
qui concerne son ministère; et un autre ministre, celui des Affaires
sociales, et ses fonctionnaires qui ont eux-mêmes leur chasse
gardée et qui pensent qu'ils ont déjà fait un bout de
chemin dans l'évolution de leur dossier dans le domaine des sciences et
de la technologie. On va se trouver également devant le secteur
privé qui a une tendance parfois presque réactionnaire à
l'interférence de l'État dans l'économie. On va se trouver
devant tous ces problèmes que connaissent tous les autres pays et
provinces qui ont
essayé d'établir un ministère.
On veut que cela réussisse. Depuis le dépôt de ce
projet de loi, le ministre a eu tendance à s'excuser. Les gens l'avaient
accusé d'aller trop loin, il était accusé
d'ingérence, de dirigisme, et chaque fois que quelqu'un s'est
exprimé dans ce sens il a dit: Non, excusez-moi, ce n'est pas mon
intention, je veux simplement harmoniser, conseiller, recommander, je ne suis
pas dirigiste. Vous avez fait beaucoup de ces excuses, même ce matin.
C'est le reproche général, exception faite de votre serviteur de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est le reproche général que tout le
monde vous avait fait. Moi, je ne fais pas ce reproche.
M. Paquette: Vous êtes bien bon!
M. Scowen: Je ne dis pas que la création d'un
ministère pour favoriser le développement de la recherche et de
la technologie ici est quelque chose de très important. Si, à la
suite de représentations faites par tous les intéressés,
vous êtes obligé de reculer, article par article, pour arriver
finalement à un mandat qui n'est pas plus important que celui qui a
été rempli par Bernard Landry pendant trois ans, quand on a
parlé de développement économique ce sera un échec.
On a nommé un ministre d'État au Développement
économique, avec des pouvoirs qui chevauchaient les pouvoirs des
ministres et, après quatre ou cinq ans, le premier ministre a
été obligé de dire qu'un ministère au
développement économique, ce n'était pas très
utile, qu'il n'était pas contre le développement
économique, au contraire, mais que la structure n'était pas la
structure qu'on voulait.
Je ne veux pas que, d'ici trois ou quatre ans, on se trouve devant une
situation où le premier ministre - qu'il soit libéral ou
péquiste - sera obligé de déclarer que l'expérience
des trois ou quatre ans, si chèrement développée, n'a pas
réussi. Ce sera un échec pour le Québec.
J'ai deux articles ici qui datent de septembre 1982, quand le ministre a
été nommé. Je pense que le plus clair c'est celui de
Graham Fraser, dans la Gazette, qui disait: "Gilbert Paquette takes over as
Quebec's full time minister of Science and Technologie with the major
preoccupation: jobs, more specifically jobs for the young technologically
trained graduates from Québec Cegeps."
C'est l'objectif. Et le lendemain de la sanction de ce projet de loi,
vous allez vous retrouver avec une loi, avec une petite équipe de
personnes avec tous ces beaux pouvoirs d'harmoniser et de conseiller, et avec
un "bottom line" qui est "jobs for the technologically trained graduates from
Québec Cegeps."
Je ne vois aucune possibilité de réaliser cet objectif
avec l'animal que vous avez créé. Avant que nous commencions
à regarder a), b), c), d) et e), j'aimerais que vous énonciez
brièvement vos intentions. Qu'est-ce que vous allez faire la
première semaine de votre mandat? Qu'est-ce que vous allez faire, le
premier mois? Quelle est la mécanique de cela? Comment
prévoyez-vous faire fonctionner cette affaire de la façon la plus
pragmatique? Qu'allez-vous faire à part des discours? Car vous serez
demandé partout pour faire des discours sur la science et la
technologie. Mais quel est cet animal qu'on crée, tenant compte de tous
les problèmes qui existent struturellement, avec un mandat quelconque
qui chevauche une série, un groupe de ministères et de secteurs
économiques bien définis et qui ont leur propre patron et leurs
propres idées quant à la recherche? Qu'allez-vous faire?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, on vous pose
une question. Ou...
M. Paquette: M. le Président, nous ne sommes pas à
la période de questions, nous sommes à la période des
commentaires.
Le Président (M. Champagne): Alors les commentaires
préliminaires. À vous le...
M. Scowen: Je m'excuse, M. le Président. Je pense que
c'est un échange de commentaires préliminaires et vous
n'êtes pas obligé de répondre. Mais je pense que c'est
important qu'on comprenne l'activité qui va découler de cette
structure pour qu'on puisse analyser, évaluer et vous aider à
améliorer les points précis qui sont dans le texte du projet de
loi.
M. Leduc (Fabre): Question de règlement. M. le
Président.
M. Scowen: Vous avez parfaitement le droit de ne pas
répondre.
M. Leduc (Fabre): Question de règlement.
M. Scowen: Mais si on ne comprend pas...
Le Président (M. Champagne): Excusez. Question de
règlement. Le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, le député
ne semble pas comprendre le mandat de cette commission et je voudrais que vous
le lui rappeliez, s'il vous plaît. Je trouve inconvenant qu'il pose des
questions au ministre alors qu'on est ici pour étudier le projet de loi
article par article. Est-ce que vous voulez rappeler le mandat au
député, s'il vous plaît?
Le President (M. Champagne): Oui. Je peux bien rappeler le
mandat de la commission, mais je dirai au député de Fabre que
nous en sommes aux remarques préliminaires et que le
député de Notre-Dame-de-Grâce peut poursuivre cette
discussion.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, est-ce que le
député peut engager un échange avec le ministre alors que
nous devons procéder à l'étude article par article?
M. Scowen: Question de règlement.
Le Président (M. Champagne): Enfin, c'est une...
M. Scowen: Je conviens que le ministre n'est pas obligé de
répondre à mes questions. Ce n'est pas un échange. Je ne
peux imposer un échange. Je peux faire mes commentaires en guise de
questions. Je pense que c'est mon droit et c'est ce que j'ai fait.
Le Président (M. Champagne): Oui, d'accord. C'est
recevable.
M. Scowen: Le ministre peut accepter l'échange ou non.
Le Président (M. Champagne): D'accord. La parole
était au député de Notre-Dame-de-Grâce et vous
continuez.
M. Scowen: Je termine. Je serais très reconnaissant si le
ministre pouvait accepter d'expliquer un peu l'activité qu'il
prévoit voir découler de ce projet de loi. Nous pourrions alors
l'aider à bonifier le projet de loi pendant l'étude article par
article. C'est tout. On veut que la structure soit conforme à
l'activité qu'il y aura là-dedans.
Le Président (M. Champagne):
Maintenant la parole est au député de Westmount.
M. French: Est-ce que je dois présumer, M. le
Président, que le ministre refuse de répondre aux questions
à cette étape-ci? Parce que, pour ma part, en tout cas...
Allez-y, M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je suis tout à fait
disposé à répondre à toutes les questions sur tous
et chacun des articles de ce projet de loi.
Le Président (M. Champagne): Voici. Le ministre
après...
M. Richard French
M. French: Je ne vous ai pas demandé un "ruling", une
directive, M. le Président.
J'ai posé une question et j'ai eu une réponse. Donc, faute
d'avoir la possibilité de poser des questions je vais parler des
questions que j'aurais posées si j'avais eu la possibilité
d'obtenir une réponse.
Je vais d'abord faire remarquer au député de Fabre qu'il
me semble que, de tous les députés du côté
gouvernemental, l'adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation est
le moins bien placé pour servir des leçons aux
députés lorsqu'il s'agit des préliminaires d'une
étude de crédits ou du projet de loi à une commission
parlementaire de l'Assemblée nationale. Car je pense que c'est notoire
que son ministre ne respecte pas lui-même tellement le souci
d'efficacité que le député démontre à cette
occasion-ci. Donc j'espère que lorsque son ministre commencera les
discours pour lesquels il est maintenant fameux le député va
manifester le même souci d'efficacité.
Deuxièmement, si on est, à cette étape-ci, en train
de discuter, de défricher quelque peu le terrain, ce n'est certainement
pas à cause de la mauvaise volonté de l'Opposition. Il n'y a pas
une question qui n'était pas pertinente jusqu'à maintenant. Il
n'y a pas eu un discours qui s'est éloigné du sujet principal qui
nous préoccupe. Il n'y a pas eu 20 minutes de tous et chacun des
représentants de l'Opposition à l'occasion de la nomination du
rapporteur. Il n'y a pas eu de motions dilatoires. On s'est toujours
collé religieusement au sujet et c'est ce que j'ai l'intention de
faire.
À cette étape-ci, je pense qu'il faut signaler qu'il n'y a
aucune raison valable pour justifier que nous nous trouvions à deux ou
trois jours de la fin de la session avec un projet de loi comme celui-ci. Ce
n'est nullement, mais nullement la faute de l'Opposition. Dans de telles
circonstances, il est souvent de mise qu'on soit obligé de discuter avec
le ministre parce qu'il est nécessaire de se mettre au courant de la
situation rapidement pour jouer notre rôle de législateurs.
Je signalerais un troisième volet. Si nous sentons actuellement
le besoin de poser des questions au ministre, c'est parce que, pour être
très honnête - je ne veux pas que nos discussions perdent leur
sérénité - le discours du ministre a été
plutôt général. Le discours du ministre n'a pas
été très informatif. Le discours n'a pas répondu
aux questions qui nous préoccupent. Pourtant, je pense qu'on a
exposé ces questions-là de façon assez claire. Si le
ministre pouvait m'écouter seulement quinze secondes, je
l'apprécierais parce que je sais qu'il est très occupé par
les consultations, je ne le blâme pas... Qu'est-ce que c'est, M. le
ministre?
Le Président (M. Champagne): Voici, continuez M. le
député de Westmount, vous avez la parole.
M. French: Je voudrais inviter le ministre...
Le Président (M. Champagne): Question de règlement,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Depuis que mon collègue a commencé
à parler, le ministre n'a pas arrêté de parler avec la
personne à sa gauche. Je veux simplement rappeler que je suis ici depuis
cinq ans et que la plupart des ministres qui agissent de cette façon ne
sont plus ministres...
Le Président (M. Champagne): Alors...
M. Scowen: C'est vrai. Les grands ministres qu'on rencontre,
écoutent attentivement l'Opposition pendant les commissions
parlementaires. Je ne sais pas s'il y a pertinence dans ce cas-ci mais c'est
une observation que je trouve intéressante.
Le Président (M. Champagne): La parole était au
député de Westmount.
M. French: Pour ma part, je ne voudrais pas qu'on s'évite
mutuellement dans une spirale montante à faire des discussions
essentiellement dilatoires. Je voudrais inviter le ministre à profiter
de l'occasion des questions que je vais lui poser pour répondre. S'il ne
veut pas répondre, je vais certainement les reposer. Je ne sais pas
comment cela aidera le processus de me forcer à les reposer pendant le
cours de notre étude article par article.
Je n'ai pas terminé, M. le Président. Je suis très
préoccupé, comme le ministre le sait, par la lourdeur qui semble
se dégager du projet de loi. Je voudrais inviter le ministre, à
ce moment-ci, à décrire de façon aussi précise que
possible les ressources financières et humaines qu'il allouera aux
bureaux, aux agences, aux ministères qui sont établis par le
projet de loi. Il a brièvement mentionné quelques chiffres, dans
son intervention, hier soir. Je voudrais l'inviter, à ce moment-ci,
alors qu'on est plus lucide qu'hier soir, à reprendre cela. Ce ne sera
pas long. Je voudrais seulement que soient enregistrées - et je persiste
à penser que c'est très légitime à cette
étape-ci - ses intentions quant au nombre de personnes qui vont y
travailler dont les entités bureaucratiques sont établies par le
projet de loi, aussi quant au montant d'argent qu'il prévoit investir
là-dedans.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que vous voulez
répondre, M. le ministre?
Réponse du ministre
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'effectivement
cette question peut permettre d'éclairer et d'accélérer
l'étude de certains articles lorsque nous aborderons, comme c'est le
mandat de cette commission, l'étude du projet de loi article par
article.
Actuellement, le budget à ma disposition, dans les crédits
de 1983-1984, en regroupant "cabinet, secrétariat à la science et
à la technologie, conseil de la politique scientifique", qui sont les
trois organismes qui relèvent présentement de ma
responsabilité, y compris, les crédits au programme d'emplois
scientifiques et également le fonds de développement en science
et technologie de 15 000 000 $, totalise - comme vous le savez - environ 20 000
000 $. Sur ce montant, il y a environ 2 000 000 $ qui servent à payer le
personnel. Il y a actuellement à l'emploi du secrétariat 41
personnes.
C'est donc dire que nous dépensons actuellement 90% des fonds mis
à notre disposition directement dans le soutien de projets d'aide
à la recherche ou de développement technologique. Et nous
fonctionnons avec un personnel relativement léger mais quand même
plus important que le personnel d'un secrétariat de comité
ministériel où il y a habituellement de 5 à 10 personnnes.
C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons opté pour
l'appellation "ministère" parce que, dans des versions
antérieures du projet de loi, on avait opté pour une appellation
de "secrétariat d'État" ou autres. On a travaillé avec
différentes formules mais on a pensé que, pour des raisons de
transparence, il serait préférable d'utiliser le terme
"ministère" puisqu'il y a des ministères qui ont surtout des
vocations horizontales et d'autres qui ont des vocations surtout sectorielles
et ça n'empêche pas cette dénomination de
"ministère".
Avec l'adoption du projet de loi et des responsabilités
supplémentaires qui sont prévues, on peut penser qu'il y aura un
léger accroissement des effectifs mais cela ne devrait pas être
énorme et cela devrait se faire au moment de l'étude des
crédits de 1984-1985. Pour l'essentiel nous allons, au cours de
l'année, fonctionner avec le personnel actuel.
La fondation est un organisme extrêmement léger dont la
création est forcée, à la suite du discours sur le budget,
puisqu'il faut un réservoir pour recueillir les sommes découlant
de la mesure annoncée par le ministre des Finances quant à
l'impôt sur les successions. Ces fonds doivent être répartis
entre une fondation pour le développement scientifique et technologique
et un organisme analogue dans le domaine des arts et de la culture. Du
côté art et culture, le ministre responsable dispose
déjà d'un organisme qui est la Société de
développement des arts, me dit-on. Vous voulez parler de
ça?...
M. Scowen: Non vraiment pas, mais cela m'étonne.
M. Paquette: Ce sera peut-être cet organisme, ou un autre
que le ministre va déterminer. Il a les organismes à sa
disposition pour ce faire. Dans notre cas, nous n'avons pas d'organismes qui
peuvent recevoir et administrer ces fonds du public et les injecter dans les
fonds sectoriels. D'où l'idée de créer cette fondation qui
sera un organisme très léger. Pour l'année 1983-1984, nous
allons totalement en assumer le fonctionnement à l'intérieur de
nos crédits prévus pour 1983-1984. Il n'y aura donc pas, cette
année, de personnel supplémentaire.
En ce qui concerne l'Agence de valorisation industrielle de la
recherche, c'est un organisme un peu plus important dont le budget total, en
rythme de croisière, nous permettrait donc de dire que, pour
l'année 1984-1985, il devrait aller chercher autour de 10 000 000 $,
dont à peu près 600 000 $ à 800 000 $ pour payer le
salaire d'un personnel d'environ 25 personnes. D'où vient cette
évaluation? Essentiellement de deux sources. D'une part des besoins
constatés au Québec: nous avons entrepris au secrétariat
de la Science et de la Technologie un inventaire des projets susceptibles
d'être valorisés. Par exemple, il y a des projets qui sont sur les
tablettes du CRIQ. Des inventeurs ou des équipes de recherche se sont
présentés au CRIQ et ont fait évaluer leurs inventions. On
regarde simplement celles qui sont prometteuses sur le plan économique.
Il y en a quelques dizaines. On ajoute à cela les brevets qui existent
dans les ministères et un autre volume provenant possiblement d'ententes
qui pourraient être faites avec les universités, puis on arrive
à ce total d'à peu près 10 000 000 $ d'investissements
dans les projets à valoriser soit pour aider la recherche dans les
premiers stades ou encore développer des prototypes ou s'assurer que le
projet puisse se rendre au point où il peut être pris en charge
par une entreprise en bonne et due forme. À ce moment-là, le
projet peut être aidé, si besoin est, par d'autres organismes
publics comme la SDI ou la SODICC, dans le cas des entreprises dans le domaine
du logiciel, par des organismes fédéraux ou par des organismes
privés de financement.
L'autre source qui nous amène à cette évaluation
d'à peu près 10 000 000 $, c'est justement la comparaison avec
des organismes qui existent à l'étranger. Par exemple,
l'équivalent français disposait l'année dernière,
je pense, de 660 000 000 de francs... autour de 800 000 000 de francs
français. Alors, si on convertit en dollars canadiens et qu'on tient
compte de la différence de population, en gros, le Québec
étant dix fois moins populeux, un dizième à peu
près, on arrive autour de 10 000 000 $ aussi. Cela me semble un chiffre
réaliste.
M. French: Les 10 000 000 $ sont-ils déjà
engagés, M. le ministre, ou est-ce pour la prochaine année
financière?
M. Paquette: Non, non. Nous espérons que ces fonds
pourront être obtenus en cours d'année en faisant appel au fonds
consolidé. Il y a toujours des crédits périmés
chaque année et le ministre des Finances nous a manifesté son
ouverture à regarder cette question de façon qu'on n'attende pas
le budget de 1984-1985 pour mettre cet organisme en route.
Par la suite, en 1984-1985, les députés seront à
même de surveiller lors de l'étude des crédits et la
croissance des effectifs, s'il y a lieu, et la croissance des fonds, s'il y a
lieu.
M. Fortier: Si le ministre le permet, j'ai un courte
question.
M. Paquette: C'est le total de cette gigantesque bureaucratie qui
se totalisera en 1984-1985 au pire à quelque 75 personnes.
M. French: M. le Président, si mon collègue
d'Outremont me le permet...
M. Fortier: Allez-y.
M. French: Je pense que c'est important que le ministre
établisse... Cela aide beaucoup lorsqu'on le sait. Je le remercie de sa
réponse puis...
M. Paquette: Au moins on parle de choses
intéressantes.
M. French: Oui. En tout cas, c'est important pour nous de
comprendre précisément en termes concrets ce que le ministre a
à l'esprit. Si vous me le permettez, je voudrais seulement, en allant
dans sa réponse, essayer de comprendre. Actuellement, il y a 18 000 000
$ qui sont dépensés par le programme d'emplois scientifiques et
le fonds de développement scientifique au ministère de la Science
et de la Technologie. 2 000 000 $ en salaires pour quelque 41 personnes dont le
cabinet du ministre, le secrétariat et le conseil.
M. Paquette: Non. Il y a 41 personnes au cabinet et 6
personnes... Je m'excuse, 41 au secrétariat, cela inclut tout le
personnel, y compris...
M. French: Les secrétaires et le personnel de soutien.
M. Paquette: ...secrétaires, téléphonistes,
agents de recherche, cadres, professionnels.
M. French: D'accord.
M. Paquette: II y a également six personnes au Conseil de
la politique scientifique. Au cabinet il y a à peu près douze ou
treize personnes.
M. French: En tout cas, un cabinet de ministre normal.
M. Paquette: Toutes ces questions ont été
discutées. Je regrette que le député ait manqué la
commission sur l'étude des crédits où nous avons
étudié cette question en compagnie de la députée de
Jacques-Cartier notamment.
M. French: Je vais rassurer le ministre que je n'ai pas
l'intention de continuer longtemps sur ce sujet, mais la croissance que le
ministre prévoit est, par rapport à l'ampleur actuelle de la
boîte, relativement minime, c'est-à-dire 20% maximum sur la base
actuelle. Est-ce que c'est raisonnable?
M. Paquette: D'où l'importance de ce projet de loi, parce
que, comme je l'ai expliqué abondamment, nous misons sur un effort
gouvernemental d'ensemble qui, d'ailleurs, est relativement bien
enclenché en 1983-1984, puisque c'est au-delà de 200 000 000 $.
J'aurai l'occasion de publier ces chiffres de façon plus
définitive d'ici à quelques jours. On est en train de terminer,
de mettre la dernière main à ces documents. C'est au-delà
de 200 000 000 $ que le gouvernement du Québec investira ou
dépensera. Certains des chiffres étant dans les crédits,
d'autres étant de l'extrabudgétaire des investissements de
sociétés d'État, d'autres étant en termes de
mesures fiscales, notamment le crédit d'impôt à l'intention
des entreprises sur la masse salariale des employés dans la recherche et
le développement, qui coûteront au trésor public autour de
26 000 000 $.
En totalisant toutes ces mesures, on constate que, en 1983-1984, tous
les ministères impliqués et mentionnés dans le document Le
virage technologique ont pris le virage technologique, effectivement, et ont
tous commencé à implanter des mesures dans leur domaine
respectif. Ce qui fait que, contrairement à ce qu'affirme le Conseil du
patronat, Le virage technologique n'est pas un document politique, mais un
document extrêmement efficace de développement technologique du
Québec qui commence à s'implanter très sérieusement
en 1983-1984.
Le projet de loi a pour but de donner au ministre de la Science et de la
Technologie les moyens, les pouvoirs, les possibilités de coordonner,
stimuler, exercer son leadership de façon que l'ensemble du gouvernement
s'implique et que chacun des ministères sectoriels s'implique dans la
réalisation du virage technologique.
M. French: Vous citez un chiffre d'environ 20% ou 25%. Est-ce que
le ministre est d'accord pour dire que c'est de cela qu'il s'agit lorsqu'il
parle d'accroissement de personnel et que c'est cela l'ampleur normale de la
boîte? Est-ce qu'on parle de 60 ou 65 personnes, M. le ministre? Je ne
demande pas un engagement ferme. J'essaie de savoir ce que le ministre
prévoit.
M. Paquette: Je pense que c'est un chiffre qui est raisonnable.
Cependant, nous n'avons pas l'habitude d'engager du personnel pour ne rien
faire. C'est au fur et à mesure que les activités se
développent. Par exemple, lorsqu'on m'a confié la
responsabilité d'implanter le virage technologique, bien sûr, nous
avons dû demander l'autorisation au Conseil du trésor d'engager du
personnel additionnel. Je pense que c'est une estimation qui est normale et
censée.
M. French: Et qui coïncide avec la meilleure estimation du
ministre à ce moment-ci?
M. Paquette: Effectivement. Je suis d'accord avec ce que disait
hier, en deuxième lecture, le député de Westmount, il faut
éviter, en quelque sorte, de stériliser l'action d'un
ministère comme celui-là sous une avalanche de directions
générales, de personnel. Une autre mesure extrêmement
importante est celle qui fera en sorte que le ministère du Conseil
exécutif continuera de nous offrir, par une entente de service, les
infrastructures de façon à éviter que nous ayons à
mettre sur pied une direction du personnel, un service de la paye, etc. Nous
voulons nous dégager de ces problèmes de façon à
nous concentrer sur la mission du ministère qui est de stimuler,
d'animer le développement scientifique et technologique au
Québec.
M. French: M. le Président, le ministre a passé
à la fondation, mais on en discutera quand on sera rendu là. Mais
il dit que, administrativement, ce sera très modeste.
M. Paquette: Très modeste.
M. French: Passons brièvement à l'AVIQ, parce qu'on
n'en a pas parlé beaucoup, honnêtement. Je pense que cela serait
valable seulement au point de vue budgétaire. C'est une chose qu'on
aurait pu faire au premier article de l'AVIQ. Mais si le ministre
préfère attendre, je suis prêt à attendre.
M. Paquette: J'aime mieux cela.
M. French: II aime mieux cela. D'accord. J'ajouterai tout
simplement quelques dernières considérations ou commentaires
quant aux préoccupations de l'Opposition ou mes propres
préoccupations. Ce que j'ai à l'esprit lorsque j'étudie le
projet de loi article par article, c'est la nécessité du maintien
de flexibilité. Je veux bien être transparent comme le ministre
dans la loi et tout inclure dans la loi, mais force nous est de constater que
les avantages de la transparence qu'on gagne ou même de pouvoir formel
lorsqu'on enchâsse tout un appareil dans une loi sont souvent
soupesés ou noyés dans les désavantages d'un manque de
flexibilité des prétentions engendrées par une telle loi.
Donc, c'est avec l'esprit de dégraisser le projet de loi, de
l'alléger, qu'on va entreprendre ou que je vais entreprendre
l'étude article par article. J'aurai aussi à l'esprit les
interventions que nous avons entendues ici même, la semaine
dernière. (16 heures)
Je veux bien croire que les amendements que le ministre a
présentés vont régler l'essentiel des revendications que
nous avons entendues. Je regrette de ne pas avoir plus de temps à ma
disposition pour étudier en détail les amendements que le
ministre va proposer au projet de loi. Qu'on pense que ce n'est qu'aujourd'hui
qu'ils ont été tapés, d'ailleurs. Pour avoir entendu le
ministre là-dessus, je pense qu'il reste encore certains
problèmes. Lorsqu'on soulèvera ces problèmes,
j'espère qu'on pourra le faire dans une atmosphère de travail, de
coopération.
Je répète, en terminant, M. le Président, que c'est
dans un esprit constructif que j'entreprends l'étude du projet de loi et
j'espère trouver la même compréhension de l'autre
côté. Je sais que ce n'est pas toujours facile d'être
député ministériel. Je ne blâme pas nos
collègues d'en face de parfois devenir frustrés, avec la lenteur
de la procédure, mais je leur fais remarquer - c'est ce que j'ai fait au
début de mon intervention - que nous ne nous sommes pas
éloignés du sujet d'un centimètre depuis que nous avons
commencé et nous avons toujours l'intention de procéder de cette
façon.
Étude article par article
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Tout le
monde a pu faire valoir ses remarques préliminaires. J'appelle l'article
1.
Mme Dougherty: Est-ce que je peux poser une question qui touche
directement le contenu du projet de loi?
Le Président (M. Brouillet): À l'article 1
ou...
Mme Dougherty: Concernant la question des définitions en
général.
Une voix: C'est l'article 1.
M. Paquette: On peut commencer l'article 1.
Mme Dougherty: D'accord. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Article 1?
Mme Dougherty: J'ai reçu une copie de l'une des versions
de l'avant-projet étudié au cours des derniers mois - plusieurs
mois, je crois - et dans la version que j'ai reçue, datée du 10
janvier, je crois... J'attends que le ministre... Allez-y!
M. Paquette: Cela va. Je vous écoute. J'ai une idée
d'où vous voulez en venir. Alors, je suis en train de m'informer pour
mieux répondre à votre question.
Définition
Mme Dougherty: C'est la question des définitions. Dans la
version que j'ai reçue datée du 10 janvier, je crois - c'est une
des versions que vous avez étudiées au cours des derniers mois -
il y avait toute une série de définitions: activité
scientifique et technologique, recherche et développement,
développement technologique, valorisation de la recherche, information
scientifique et technologique, système, etc. La seule qui reste dans le
projet de loi que nous avons devant nous, c'est la définition
d'"organisme public". J'aimerais vous demander pourquoi vous avez
abandonné l'idée d'inclure ces définitions
précises, parce que dans le champ d'activité et même dans
le projet de loi, vous avez employé des termes différents.
Quelquefois, c'est science et technologie. Quelquefois, on parle de recherche.
Quelquefois, on parle des choses techniques au lieu de technologiques. Ce n'est
pas du tout la même chose. Pourquoi avez-vous abandonné
l'idée d'inclure ces définitions? J'aimerais soulever la
question. Je ne suis pas moi-même certaine si on doit les avoir, mais
cela pourrait être utile pour établir votre champ d'action.
M. Paquette: M. le Président, je constate que Mme la
députée est en possession de versions antérieures du
projet de loi. Elle doit être particulièrement bien
éclairée pour aborder cette étude article par article et,
par conséquent, la période de deux semaines entre le
dépôt du projet de loi et le point où nous en sommes rendus
n'est pas trop courte, puisque Mme la députée a eu l'occasion de
voir tout notre processus et de bien s'informer.
D'autre part, concernant les définitions, pour répondre
à la question exacte qui m'est
posée, beaucoup de ces termes ne sont plus utilisés dans
le projet de loi. Nous avons affiné, rationalisé la terminologie
et il reste science, technologie, recherche à certains endroits. Ce sont
des termes dont l'acception est généralement bien établie
et, au comité de législation, on nous a recommandé, et
c'est l'une de nos préoccupations de façon à rendre les
lois plus faciles d'accès et d'éviter les problèmes
d'interprétation, on préfère mettre le moins de
définitions possible dans les projets de loi, et vraiment les
définitions qui sont essentielles. Voilà pourquoi dans le
chapitre I on ne retrouve qu'une définition, qui est celle d'organisme
public. Il faut alors comprendre que dans les autres cas, science, technologie
et recherche, les termes ont le sens habituel qui leur est reconnu partout. Il
n'était pas nécessaire d'ajouter de telles définitions
dans le projet de loi.
Mme Dougherty: Sur la définition, l'article 1 a
soulevé beaucoup d'inquiétudes...
M. Paquette: Est-ce que vous me permettez, M. le
Président? Habituellement, quand nous procédons article par
article... Je vais présenter très brièvement le sens de
l'article et cela vous donnera le temps de préparer vos questions. Je ne
sais pas s'il est nécessaire, M. le Président, de lire les
articles?
Le Président (M. Brouillet): Non, ce n'est pas
nécessaire.
M. Paquette: Merci. Ce premier article contient, en fait, une
seule définition qui consiste à définir le terme
"organisme public". Il définit les organismes publics qui sont
visés par certaines mesures du projet de loi. Je tiens à
mentionner que nous avons eu, et nous l'avons constaté en commission
parlementaire, certains problèmes avec cette définition puisque,
à certains endroits où on l'utilise, cette définition
inclut à titre d'organisme public des institutions d'enseignement,
notamment les universités et les hôpitaux. C'est une
définition qui est très large mais très fidèle, je
pense, à ce qu'on entend généralement par organisme
public, c'est-à-dire un organisme dont le gouvernement nomme la
majorité des membres, dont le personnel est nommé et
rémunéré selon la Loi sur la fonction publique, ou encore
dont le fonds social fait partie du domaine public, ou encore dont plus de la
moitié des dépenses de fonctionnement sont payées sur des
crédits apparaissant aux prévisions budgétaires
déposées à l'Assemblée nationale.
Cette définition est utilisée dans huit paragraphes dans
le projet de loi. Une fois à l'article 7.2, cinq fois dans l'article 8,
une fois à l'article 11 et une fois à l'article 90.
Une voix: Pouvez-vous répéter cela, s'il vous
plaît?
M. Paquette: Alors, 7.2, 8.2, 8.6, 8.7, 8.14, 8.16, et 11 et
90.
Dans le cas de l'article 11, on dit simplement que le ministre pourra
établir des protocoles d'entente avec des organismes publics. J'imagine
que l'Opposition ne s'opposera certainement pas à ce que le ministre
puisse établir un protocole d'entente avec le Centre d'innovation
industrielle de Montréal, par exemple.
M. Scowen: Est-ce qu'on est à 7.2, M. le ministre?
M. Paquette: Non, on n'est pas rendu là. Je suis en train
de vous dire qu'il y a huit paragraphes d'articles où la
définition d'organisme public est utilisée. Elle n'est
utilisée nulle part ailleurs dans le projet de loi. J'exclus les
articles 11 et 90 qui ne touchent absolument pas à des questions
reliées à des chevauchements, et vous pourrez le constater quand
on y arrivera, pour me concentrer sur l'utilisation de la définition
à 7.2, 8.2, 8.6, 8.7, 8.14 et 8.16.
Dans le cas de 7.2 et 8.2, vous allez constater plus loin que nous avons
maintenu les articles dans leur formulation originelle, telle que
déposée en première lecture. Cependant, dans les quatre
autres, soit: 8.6, 8.7, 8.14 et 8.16, nous modifions substantiellement ces
articles soit pour lever les ambiguïtés qu'on y voyait ou encore,
pour exclure carrément, dans deux des cas, les institutions
universitaires et les hôpitaux de l'application de l'article.
Je vous dis tout de suite que l'option que nous avons prise me semblait
conforme aux travaux de la commission parlementaire où nous avons
reçu divers mémoires, particulièrement des milieux
universitaires. Nous avons, plutôt que de modifier l'article 1 et la
définition - parce que nous pensons qu'une loi de la science et de la
technologie ne peut pas ne pas parler des universités où se fait
la majeure partie, une part importante de la recherche au Québec
-procédé en regardant chacun des articles visés. Comme il
n'y en a pas beaucoup qui utilisent cette définition, il devenait
possible de faire les corrections nécessaires, les clarifications
nécessaires, de façon que personne ne pense, par exemple, que le
ministre allait regarder ou approuver les budgets des universités, ce
qui n'est absolument pas le rôle d'un ministre de la Science et de la
Technologie, nous en conviendrons tous.
Je vous dis tout de suite que nous vous proposons - il n'y a pas
d'amendement à cet article - son adoption tel quel mais que, aux
articles où cette définition revient, nous proposerons, dans
certains cas, des
amendements qui résultent des travaux de notre commission
parlementaire, avant la deuxième lecture.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut nous dire tout de suite
si, aux articles 7.2, 8.2 et à ceux qu'il a nommés, il y a des
modifications?
M. Paquette: II n'y en a pas aux articles 7.2 et 8.2, mais il y
en a à 8.6, puisque nous excluons les universités et les services
de santé et les services sociaux de l'application de l'article 8.6. Il y
en a à 8.7 où, également, nous excluons ces organismes et
il y en a aux articles 8.14 et 8.16. Vous n'avez qu'à consulter
l'amendement, le premier amendement que je vous soumets dans le cahier
d'amendements, pour constater ce que nous y faisons exactement.
Le Président (M. Brouillet): Alors, sur l'article 1; ou
bien, voulez-vous déborder un petit peu sur les quelques articles
où nous retrouvons...?
M. French: C'était un peu inévitable qu'on
déborde.
M. Paquette: C'est l'interrelation entre les deux.
Le Président (M. Brouillet): C'est cela, oui.
M. French: À moins qu'on suspende l'article 1 et qu'on
passe directement aux autres.
M. Paquette: Si vous voulez.
Le Président (M. Brouillet): Ce serait peut-être une
formule.
Mme Dougherty: ...s'il vous plaît.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, nous
restons à l'article 1.
Mme Dougherty: En ce qui concerne la définition à
l'article 1, j'étais un peu étonnée. J'ai consulté,
de façon personnelle, le président du Conseil de la politique
scientifique, seulement pour avoir son avis, parce qu'il n'avait pas
discuté formellement. Il a immédiatement soulevé ce
problème parce que c'est une question que nous avons notée tout
de suite. Son opinion était qu'il était impossible que les
universités soient incluses parce qu'il a interprété cet
article d'une façon tout à fait différente. Avec tous les
"dont" et les "ou" il croit que... Je me demande... Je sais la source, je
connais la source de cette définition, c'est pratiquement la même
définition qu'on voit dans la loi du ministre des Affaires
intergouvernementales, pratiquement la même, pas tout à fait.
L'autre loi était pour des fins assez restreintes. On a
parlé, dans l'autre loi, des ententes intergouvernementales hors du
Québec, et cela fonctionne. Compte tenu que le Conseil de la politique
scientifique a mal compris, a mal interprété cela, je me demande
si cela est vraiment clair. Je ne discute pas le fond; je discute la forme.
M. Paquette: Oui, je comprends très bien.
Mme Dougherty: L'intention, c'est que si un organisme remplit un
critère, il tombe dans l'article 1.
M. Paquette: C'est cela. (16 h 15)
Mme Dougherty: L'interprétation du président du
conseil était qu'il faut remplir tous les critères pour tomber
dans l'article 1. Je me demande si on devrait améliorer cet article pour
le rendre plus clair. Je ne sais pas s'il y a d'autres
précédents, d'autres endroits dans les lois du Québec
où on définit les organismes publics. Cela devient un
précédent et il est très important. Je sais que
l'Université de Montréal, par exemple, n'était pas du tout
certaine. Elle a demandé l'avis de son avocat pour démêler
ces mots et l'avis de l'avocat a été inclus dans la loi. C'est
pourquoi tout le monde a posé la question. Malheureusement, en ce
moment, je n'ai pas d'amendements précis à proposer.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement
préciser, parce que c'est toujours très difficile
d'interpréter les définitions. Évidemment, le mot
clé, c'est le "ou" qui se trouve à la troisième ligne,
avant la fin du paragraphe, qui indique bien qu'il s'agit de l'un ou l'autre,
ou l'autre, ou l'autre. Il s'agit de réaliser l'une ou l'autre des
quatre conditions pour être considéré comme organisme
public. Telle est notre intention et telle est, semble-t-il, comme vous le
dites vous-même, l'interprétation qu'ont donnée les
conseillers juridiques de l'Université de Montréal. C'est ce qui
explique pourquoi beaucoup de gens sont venus en commission parlementaire. Les
milieux universitaires, en général, l'ont
interprété comme nous l'interprétons. Il est possible que
nous puissions trouver une formulation plus limpide, de façon
qu'à sa face même le lecteur moyen, qui n'a pas
nécessairement une formation juridique, puisse tout de suite comprendre.
Je pense que c'est un effort que nous pouvons essayer de faire et, par
conséquent, M. le Président, je vous propose de suspendre cet
article. Nous allons y travailler et nous allons vous apporter une autre
formulation qui pourra peut-être satisfaire tout le monde.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Maintenant,
avant de suspendre...
Mme Dougherty: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai d'autres questions sur l'article
même.
Le Président (M. Brouillet): Oui, allez. Très bien,
allez.
Mme Dougherty: Je me suis demandé si les
universités, les hôpitaux et les collèges comme organismes
publics sont dans le même bateau, si cette définition est en
conflit avec la charte des universités. J'ai un exemplaire ici de la
Charte de l'Université de Montréal, mais je n'ai pas
réussi... Il faudrait un avocat pour l'examiner soigneusement, je crois.
C'est la Charte de l'Université Laval. J'aimerais vous demander si vous
avez examiné les chartes des universités pour savoir s'il y a un
conflit entre leur statut défini dans leur charte et leur statut
défini dans le projet de loi. Mon intention est simplement
d'améliorer les choses, d'éviter les conflits à
l'avenir.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, effectivement, c'est une
question qui se pose, qu'il faut regarder attentivement. Je pense que cette loi
- enfin, la première réaction que j'en ai - ne modifie pas les
chartes des universités, ne qualifie pas les universités. Pour
les fins de cette loi, une université est considérée comme
un organisme public. Cela ne modifie en rien les chartes et il serait bien
étonnant qu'il y ait des problèmes juridiques là-dedans,
mais nous allons nous en assurer. Puisque nous suspendons l'article, nous
allons également examiner cette question et, lorsque nous y reviendrons,
je vous donnerai un avis juridique sur cette question. D'accord?
Mme Dougherty: Merci.
M. Fortier: Oui, parce que la plupart des universités sont
des organismes privés...
M. Paquette: Enfin...
Mme Dougherty: Oui, c'est pourquoi...
M. Fortier: À l'exception de l'UQAM.
M. Paquette: Privés de par leur charte, publics de par
leur financement.
M. Fortier: C'est cela.
Mme Dougherty: J'aimerais être claire. Je ne suis pas
contre l'inclusion des universités et des autres dans votre champ
d'action, parce que je crois qu'une loi qui ne vise pas les universités
serait vraiment une... Il y aurait quelque chose qui ne fonctionnerait pas si
la loi était tellement mal faite qu'elle ne visait pas les
universités.
Troisième question du même genre: Dans la loi qui
établit le mandat du ministre de l'Éducation, est-ce que les
organismes d'enseignants ont un statut d'organismes publics?
M. Paquette: Les organismes d'enseignants?
Mme Dougherty: Les universités, collèges,
écoles, etc.
M. Paquette: D'enseignement. Mme Dougherty:
D'enseignement.
M. Paquette: Les collèges ont un statut de corporation
publique, d'autres collèges sont privés. Pour les
universités, c'est la même chose. Vous avez l'Université du
Québec qui est publique. Les autres sont privées.
Mme Dougherty: Je cherche des conflits possibles. Dans la loi qui
a créé le ministre de l'Éducation, le ministère de
l'Éducation, en 1964, je crois, est-ce que les universités
étaient définies comme organismes publics?
M. Paquette: M. le Président, tout d'abord il est bon de
préciser, je pense, qu'il n'y a pas de loi sur les universités.
Dans la Loi sur le ministère de l'Éducation, il n'y a rien sur
les universités. C'est dans la Loi sur le Conseil des universités
que l'on retrouve certaines responsabilités du ministre face aux
universités. C'est très tenu. Il y a une étude dont on
dispose qui fait l'inventaire de toutes ces lois. À notre connaissance,
il n'y a pas de telle définition dans aucune de ces lois. On ne dit pas
si les universités sont des organismes publics ou non. Dans la Loi sur
le Conseil des universités, on parle de certaines responsabilités
du ministre de l'Éducation face aux universités.
Mme Dougherty: Donc, l'affirmation de plusieurs organismes que le
ministre de la Science et de la Technologie aura plus de pouvoir envers les
universités que le ministre de l'Éducation c'est donc vraie?
M. Paquette: À mon avis, non. Une fois levées
certaines ambiguïtés dans la formulation des articles et en
excluant les universités de l'application de deux des alinéas,
tel que nous allons le proposer à
l'article 8 tout à l'heure, il ne reste face aux
universités, somme toute, au ministre de la Science et de la Technologie
qu'à veiller à l'harmonisation. On pourra regarder la
terminologie exacte. C'est un pouvoir de coordination très large.
Par exemple, il y avait un article qui visait que nous puissions, pour
les fins des analyses, des études que nous publions sur le
système scientifique, aller chercher des renseignements dans les
universités. Nous avons modifié cet article. L'évaluation
des budgets, des programmes, des directives qui peuvent être
adressées aux organismes, nous avons exclu les universités de cet
article, de sorte que je pense qu'avec les amendements que je dépose,
les responsabilités du ministre de l'Éducation, telles qu'elles
lui sont conférées dans la Loi sur le Conseil des
universités, seront - comme c'est normal -beaucoup plus étendues,
bien qu'elles le soient très peu face aux universités, que la
responsabilité assez générale d'harmonisation du
système scientifique, y compris les universités, que la
présente loi conférerait au ministre de la Science et de la
Technologie.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous êtes
prêts pour la suspension ou si quelqu'un voudrait intervenir sur
l'article 1, avant qu'on le suspende?
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Le ministre a cité huit ou dix articles, huit,
où la question d'organismes publics est pertinente. J'aimerais qu'il
explique un peu l'influence que la loi peut avoir sur les organismes publics
dans quelques cas où ce n'est pas mentionné explicitement. Par
exemple, regardez le 7.3 où vous avez la responsabilité, et je
cite, d'assurer l'élaboration et l'implantation de mesures nouvelles
nécessaires au développement du potentiel scientifique et
technique. Organisme public n'est pas spécifiquement mentionné
dans cet article, ce qui veut dire que cette activité n'est aucunement
reliée aux activités des organismes publics. Est-ce que c'est
vrai? À moins que ce soit explicite...
M. Paquette: Pas nécessairement. Ce qui arrive à ce
moment, c'est que si le ministre veut implanter des mesures nouvelles, par
exemple, un centre de diffusion des technologies de production
automatisé - on a un projet très précis qui s'en vient
bientôt là-dessus - pour y impliquer les universités, il
faudra leur consentement. Pour y impliquer le Centre de recherche industrielle
du Québec, il faudra que le Centre de recherche industrielle du
Québec accepte de participer à de tels projets. Nous n'avons pas,
par cet article, le pouvoir d'obliger à le faire. Nous avons simplement
le pouvoir de réaliser, d'implanter certaines mesures nouvelles qui
peuvent aider au déploiement du système scientifique et
technologique.
M. Scowen: Dans le cas du 4°...
M. Paquette: Ce n'est pas un pouvoir directif, aucunement.
M. Scowen: C'est directif uniquement là où on
retrouve l'expression "organisme public". Je vous donne un autre exemple,
7.4...
M. Paquette: Écoutez, on pourra les regarder un par un, si
vous voulez, parce que c'est embêtant de sauter d'un article à
l'autre.
M. Scowen: Non, mais je vais...
M. Paquette: On va regarder chacun des articles et vous pourrez
vous poser la question chaque fois et me la poser.
M. Scowen: On a l'intention de le faire. M. Paquette: Oui,
pas de problèmes.
M. Scowen: On est à l'article 1 et je veux comprendre.
Vous avez dit que...
M. Paquette: Vu qu'on est à l'article 1 - si le
député me le permet - où on parle d'une définition,
je pense qu'il y a deux choses qu'on peut se demander: Est-ce que cette
définition est claire? Est-ce qu'elle correspond bien aux
intentions?
Deuxièmement, est-ce qu'elle est utile, c'est-à-dire
où sert-elle? Pour les articles où cette définition ne
sert pas, je pense que la discussion n'est pas pertinente face à
l'article 1, mais elle sera pertinente au moment de l'étude des articles
en question. D'accord?
M. Scowen: Je pense que vous avez bien répondu à ma
question. Je veux simplement que ce soit clair. Là où on ne
trouve pas l'expression "organisme public" dans l'article, les activités
qui pourraient être touchées par cet article ne sont pas
pertinentes en ce qui concerne les organismes publics.
M. Paquette: En ce qui concerne la discussion de la
définition... Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que ce n'est
pas pertinent pour discuter de l'article 1 actuellement. Lorsqu'on arrive
à une mesure qui ne contient pas les mots organisme public, vous avez
raison. Dans certains cas, certains organismes publics pourraient être
impliqués dans la réalisation de cette mesure. Il faut se poser
la question à ce moment: Est-ce que cela donne un pouvoir
de directive qui viendrait en concurrence, par exemple, avec celui d'un
autre ministre ou qui brimerait l'autonomie de ces organismes? Je vous propose,
à chacun des articles, de se poser cette question.
M. Scowen: Je vous propose de répondre à ma
question. La question que j'ai posée, c'est la suivante: Vous avez dit,
concernant l'article 1, que les seuls articles du projet de loi...
M. Paquette: Où on utilise ces mots. D'accord?
M. Scowen: Vous avez dit dans le cas de l'article 1 que les seuls
articles du projet de loi selon lesquels le gouvernement aurait un certain
pouvoir ou une certaine responsabilité envers les organismes publics,
sont les articles où c'est mentionné de façon
spécifique. Je comprends que c'est une influence directe. Je veux
simplement que ce soit clair, que l'influence des effets de ce projet de loi
sur les organismes publics ne déborde pas les articles où
l'expression "organisme public" est spécifiquement mentionnée
parce que c'est de cette façon que vous avez décrit tantôt
la portée de l'article 1.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Paquette: Pour que tout soit bien clair, justement, j'ai dit
qu'il y avait huit articles dans ce projet de loi où la
définition était utilisée, où les mots "organisme
public" apparaissent. Il y a huit articles ou paragraphes d'articles où
la définition est utilisée. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas
d'autres articles qui pouvaient impliquer des organismes publics, même si
les mots "organismes publics" n'y apparaissaient pas. Ce que je vous propose,
c'est que chaque fois qu'on arrivera à de tels articles, on se pose les
questions que vous vous posez, parce qu'en discuter maintenant reviendrait
à discuter peut-être de la moitié d'une partie
substantielle de l'article 7 et de l'article 8 et il vaut mieux en discuter
lorsque nous y arriverons. Je pense que ce serait plus cohérent comme
débat. (16 h 30)
M. Scowen: Dans l'explication qui a été
donnée par le ministre au départ j'avais l'impression que la
portée de ce projet de loi sur les organismes publics était
limitée à ces articles. Maintenant, si je comprends bien, la loi
dépasse...
M. Paquette: Oui, bien sûr.
M. Scowen: ...de façon substantielle ses effets sur les
organismes publics, après avoir passé à travers les huit
articles où c'est mentionné spécifiquement.
M. Paquette: Oui, on va regarder tous les articles, de toute
façon.
M. Scowen: D'accord.
Mme Dougherty: Un commentaire sur la question soulevée par
mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce. Il me semble que ce serait
plus logique, si on laissait la définition large,
générale, à l'article 1, de spécifier pour chaque
article l'exclusion des universités. Pour être logique, pourquoi
ne pas spécifier l'exclusion des universités pour tous les
articles qui ne s'appliquent pas aux universités, au lieu
d'éliminer les mots, parce que cela n'a pas l'effet qu'on vise? La
meilleure chose à faire est de spécifier l'exclusion des
universités de tous les articles dont elles sont exclues.
M. Paquette: Oui, M. le Président. Cependant, il y a
certains articles où il faut inclure les universités, selon nous,
notamment l'article 7.2 et l'article 8.2; mais dans d'autres cas, nous faisons
ce que la députée propose.
Mme Dougherty: Oui, mais...
M. Paquette: C'est-à-dire que, dans certains cas, nous
excluons nommément les universités de certains des articles.
Mme Dougherty: Oui, mais elles sont exclues...
M. Paquette: C'est à l'article 8 que nous le faisons.
Mme Dougherty: Oui, mais elles sont exclues par une façon
d'éliminer les mots, donc elles ne sont pas exclues parce que l'article
1 vise tous les articles et je crois que, pour être clairs, vous devez
peut-être spécifier leur exclusion, pour que ce soit clair. Parce
qu'on ne peut pas avoir une définition générale, car la
définition s'applique à tous les articles de la loi.
M. Paquette: Non, seulement aux articles où elle est
utilisée.
M. Fortier: Vous venez juste de dire le contraire.
Mme Dougherty: Non, pas du tout.
Le Président (M. Brouillet): Excusez. Comme
président, je ne sais pas si je peux me permettre d'intervenir sur
cela.
Mme Dougherty: D'accord, on va les discuter un par un.
Le Président (M. Brouillet): C'est évident que la
définition du point de départ ne vaut que là où on
retrouve le mot.
Une voix: Attention, M. le Président:
Le Président (M. Brouillet): Non, c'est très clair.
Cependant, cela ne veut pas dire que, dans les articles où n'intervient
pas le mot, les organismes publics ne soient pas visés indirectement.
C'est une autre question et, à ce moment-là, il faudra voir dans
chacun de ces articles; mais ce n'est plus un problème de
définition à ce moment-là.
M. Paquette: Cependant, M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Alors, je suggérerais,
pour avancer, que l'on suspende l'article 1...
M. Paquette: L'article est suspendu de toute façon.
Le Président (M. Brouillet): ...parce que c'est une
définition.
M. Paquette: Quand on aura vu les autres, on verra mieux.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Fortier: Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons l'article 1
et nous passons à l'article 2.
Ministère de la Science et de la
Technologie
M. Paquette: Cet article est standard: "Le ministre de la Science
et de la Technologie est chargé de diriger le ministère de la
Science et de la Technologie."; c'est ce qu'on retrouve dans toutes les lois de
tous les ministères.
Le Président (M. Brouillet): L'article 2 est-il
adopté?
M. Fortier: On ne connaît pas le titulaire, mais je pense
bien qu'on peut présumer...
Une voix: Ce n'est pas le rôle de la commission.
M. Paquette: Moi non plus!
M. Fortier: ...que le premier ministre fera un bon jugement.
Une voix: Ah, ça par exemple!
M. Fortier: On est mieux de ne pas discuter de ça!
Adopté.
Une voix: II ne faut pas aller trop loin! Le Président
(M. Brouillet): Article 3.
M. Paquette: À l'article 3: "Le gouvernement nomme,
conformément à la Loi sur la fonction publique, un sous-ministre
de la Science et de la Technologie.", là aussi, c'est une clause
usuelle.
M. French: Est-ce que le responsable du secrétariat actuel
a le statut de sous-ministre?
M. Paquette: Oui, il a le statut de sous-ministre, mais il porte
le titre de secrétaire général associé.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 2, adopté.
Article 3.
M. Fortier: C'est celui-là qu'on vient de discuter.
M. Paquette: Je pense qu'on vient d'adopter l'article 3.
Le Président (M. Brouillet): Excusez. Ah oui! c'est
cela.
M. Paquette: Les articles 2 et 3 sont adoptés.
Le Président (M. Brouillet): L'article 4.
M. Paquette: Je pense que cela aussi est assez standard.
M. Fortier: Standard. D'accord.
M. Paquette: II s'agit de prévoir les fonctions du
sous-ministre. C'est une clause usuelle.
Le Président (M. Brouillet): Article 4, adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président CM. Brouillet): Adopté. Article 5.
M. Paquette: Cet article détermine l'autorité du
sous-ministre. Encore là, c'est une clause usuelle.
Le Président (M. Brouillet): Article 5,
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 6.
Adopté?
M. Paquette: Cet article concerne le personnel du
ministère, M. le Président. C'est encore une fois une clause
usuelle.
Le Président (M. Brouillet): Adopté? M. Fortier:
Adopté. M. French: M. le Président, excusez. Le
Président (M. Brouillet):Oui?
M. French: Je sais qu'on va en discuter lorsqu'on sera rendu
là, mais c'est uniquement du personnel du ministère qu'il s'agit
dans cet article. Je sais que je dis une évidence, mais je veux
absolument m'assurer que c'est le cas.
M. Paquette: Oui, oui, effectivement.
M. French: La plupart de ces gens sont déjà
engagés et tout ce qu'on fait, c'est mettre un article d'usage qui va
s'appliquer à eux tout comme cela s'est déjà
appliqué dans une autre loi sur le Conseil exécutif.
M. Paquette: Absolument. Exactement.
M. Fortier: Seulement une question alors. Le personnel de
l'agence ne fait pas partie du ministère?
M. Paquette: Non, puisque c'est un organisme autonome. C'est un
choix délibéré que nous avons fait. Nous aurions pu
essayer d'intégrer les fonctions de l'agence au ministère comme
direction générale ou fondation. Nous avons
préféré procéder par organisme autonome.
M. Fortier: Alors, quel est l'avantage pour les individus?
Autrement dit, ce que vous dites, c'est que dans l'agence le personnel...
M. Paquette: Ah! pour les individus concernés?
M. Fortier: ...n'est pas soumis à la Loi sur la fonction
publique. C'est ce que vous dites.
M. Paquette: Attendez. Il y a des articles dans le chapitre sur
l'agence qui parlent de cela et je ne me souviens pas... Il ne fait pas partie
de la fonction publique.
M. Fortier: II a quel statut?
M. Paquette: Ce sont des...
M. Fortier: Statut de contractuel ou...
M. Paquette: C'est un statut analogue à celui des
employés d'Hydro-Québec, par exemple, qui est une
société d'État.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser une question au ministre,
s'il vous plaît?
Une voix: Oui.
M. Lincoln: M. le ministre, qu'arrive-t-il, par exemple, si vous
avez des gens dans la fonction publique qui sont disponibles, comme cela a
été le cas au Commerce extérieur, si on prend des
"tablettes" et que vous voulez les transférer à l'agence? Est-ce
qu'ils perdent leur statut de fonctionnaires? Comment cela fonctionne-t-il pour
un fonctionnaire qui est au gouvernement maintenant, que vous voulez
transférer à l'agence et qui est spécialiste? Quel genre
d'équivalences a-t-il du point de vue de ses avantages sociaux et de
toute la structure de la fonction publique où il a jouit de la
sécurité d'emploi et tout? Que lui arrive-t-il?
M. Paquette: Généralement, dans ces cas, il y a ce
qu'on appelle une clause grand-père qui protège le statut et les
avantages d'un employé, lorsqu'on le transfère à un
organisme parapublic, par exemple.
A titre d'exemple, le fonds FCAC, lorsqu'il a été
détaché du ministère de l'Éducation et
constitué en corporation à but non lucratif, a commencé
à fonctionner avec du personnel qui autrefois faisait partie de la
fonction publique au sein du ministère de l'Éducation. Ces gens
ont conservé leur statut et leurs avantages. La loi, dans les
dispositions transitoires, prévoit également pour les
employés du nouveau fonds qui prend la succession de la FCAC la
poursuite des mêmes avantages. C'est une question de protection des
droits acquis.
M. Fortier: Alors, l'avantage de cela -on en discutera
sûrement plus tard - est que cela donne plus de flexibilité. Les
gens ont moins de permanence, cela permet de se détacher du personnel
dont on veut se débarrasser plus facilement, je ne sais pas. Cela donne
plus de flexibilité.
M. Paquette: M. le Président, cette dernière
raison...
M. Fortier: Quels sont les motifs qui ont amené le
ministre à aller dans cette direction?
M. Paquette: M. le Président, c'est que
le principe... Il s'agit d'un organisme autonome. Ce n'est pas une
division d'un ministère, c'est un statut analogue à celui des
sociétés d'État. Alors, l'autonomie veut que les
employés puissent obtenir leur propre unité
d'accréditation s'ils le désirent et...
M. Fortier: On en discutera plus tard. D'accord, merci.
Le Président (M. Brouillet): Article 6, adopté?
Une voix: Évidemment.
Mme Dougherty: Seulement une question sur le personnel des
fonds.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Ces gens sont dans une catégorie
différente, n'est-ce pas?
M. Paquette: Sauf les exceptions dont je viens de parler, dans le
cas où il faut reconduire des droits acquis, c'est la même chose
que ce que nous avons prévu pour l'agence.
Mme Dougherty: II n'était pas normal de spécifier
ici, à l'article 6, peut-être: Sauf pour le personnel
spécifié!
M. Paquette: Non, non, c'est justement cela. Ici, on parle
uniquement du personnel du ministère.
Mme Dougherty: D'accord!
M. Paquette: Et le personnel des autres organismes, on y pourvoit
dans les chapitres correspondants.
Mme Dougherty: Bon, merci.
Le Président (M. Brouillet): Article 6, adopté.
Article 7?
Fonctions et pouvoirs du ministre
M. Paquette: Cet article a pour objet de définir les
fonctions du ministre de la Science et de la Technologie. Alors, les
paragraphes 1 et 2 sont davantage de nature générale. Les
articles 3 et 4 lui attribuent des fonctions plus exécutives en ce qui
concerne des mesures nouvelles ou certaines actions à caractère
multisectoriel.
Le premier paragraphe constitue une clause usuelle, d'ailleurs, qui
attribue à un ministre responsable d'un domaine de l'activité
gouvernementale le soin d'en préparer et d'en appliquer la politique -
et c'est très important - pour ainsi pouvoir en répondre devant
l'Assemblée nationale. Dans le premièrement, c'est un peu le
principe de la responsabilité ministérielle qui est
impliqué.
M. Lincoln: M. le ministre, duquel parlez-vous?
M. Paquette: Le premièrement. M. Lincoln: Le
premièrement.
M. Paquette: Alors, les autres sont un peu plus
spécifiques. J'attire votre attention sur l'article 7.2 où, pour
la première fois, on utilise la définition "organismes publics".
Nous n'avons pas modifié cet article parce que nous le trouvons de
portée très générale. Il s'agit d'une fonction et
demander à un ministre de la Science et de la Technologie d'harmoniser
des activités des ministères et des organismes publics, sauf
celles des universités, nous apparaît relativement aberrant.
D'accord?
Mme Dougherty: Parle-t-on de 7.2?
Le Président (M. Brouillet): On lit l'article 7.2,
oui.
M. Paquette: On les prend un par un.
M. Fortier: Un par un, je pense que ce serait
préférable, oui.
Le Président (M. Brouillet): On peut peut-être les
adopter un par un parce qu'il peut y avoir des problèmes particuliers
à chaque alinéa.
Mme Dougherty: Oui, oui.
M. French: Avec les réserves que les changements
subséquents peuvent rouvrir un précédent.
M. Fortier: C'est cela, une entente de principe sur chacun.
M. French: Une entente de principe sur chacun.
Le Président (M. Brouillet): Oui, on peut toujours...
Alors, donc, l'article 7.1 est adopté. Article 7.2.
Mme Dougherty: L'article 7.2 est un des articles soulevés
par les universités. Elles ont soulevé la possibilité
d'ingérence accrue du ministre sur les activités des
universités et le danger d'orienter le développement des
universités d'après les priorités du gouvernement. Quelle
est votre attitude ici, parce que c'est un - il y en a d'autres - des articles
soulevés par les universités et les hôpitaux?
M. Paquette: M. le Président, si vous le
permettez, il faut s'entendre. Cet article a évidemment
été soulevé par la FAPUQ et très incidemment par la
Conférence des recteurs, mais pas du tout par le Conseil des
universités qui n'y voit aucun problème, ni par le Fonds FCAC, ni
par d'autres intervenants. Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'un objet
véritablement de critiques. C'est qu'en lisant d'autres paragraphes qui
sont surtout dans l'article 8 - en fait, c'est là qu'il y a des
problèmes - on faisait prendre à cet article un sens qu'il n'a
pas. C'est plutôt une impression qui était créée par
d'autres articles du projet de loi qui amenaient les gens à dire:
L'article 7.2 peut être menaçant, mais à sa face
même, il s'agit de veiller à l'harmonisation. Ce n'est pas un
pouvoir d'exécution, de directive, ni même d'examen de budget.
C'est une conséquence normale de l'article 7.1. Je pense que c'est un
rôle extrêmement horizontal qui ne menace aucunement l'autonomie
des organismes publics, ni des ministères, d'ailleurs. (16 h 45)
Mme Dougherty: Compte tenu de votre intention exprimée et
d'une inquiétude que nous avons aussi soulevée que les pouvoirs
du ministre de la Science et de la Technologie doivent être
exercés avec le respect des pouvoirs des autres ministres, j'aimerais
proposer qu'on ajoute une phrase, que le paragraphe 2 ne s'applique qu'aux
établissements d'enseignement et aux hôpitaux dans la mesure
où le ministre responsable et ses organismes conseils assument
déjà ces responsabilités.
Le Président (M. Champagne): Vous en faites un
amendement?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Que vous déposez
ici.
Une voix: Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Champagne): À l'article 7,
paragraphe 2, Mme la députée, est-ce qu'on ajoute...
Mme Dougherty: ...pas ici, malheureusement.
Le Président (M. Champagne): II faudrait peut-être
dire qu'on ajoute, à deuxièmement...
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait en avoir une copie?
Le Président (M. Champagne): Si je comprends bien, madame,
actuellement, c'est: "veille à l'harmonisation des activités des
ministères et des organismes publics relatives à la science et
à la technologie".
Mme Dougherty: Ce paragraphe...
Le Président (M. Champagne): Vous voulez ajouter: Ce
paragraphe...
Mme Dougherty: ...ne s'applique...
Le Président (M. Champagne): ...ne s'applique...
M. Paquette: ...ne s'applique qu'aux établissements
d'enseignement et aux hôpitaux que dans la mesure...
Le Président (M. Champagne): ...que dans la mesure... Oui,
c'est cela: Le paragraphe 2 ne s'applique qu'aux établissements
d'enseignement et aux hôpitaux...
M. Paquette: Non, c'est "aux établissements".
M. Lincoln: "Aux établissements", c'est cela.
Le Président (M. Champagne): ...aux établissements
que dans la mesure...
M. Lincoln: ...que dans la mesure...
Le Président (M. Champagne): On ajouterait le mot "que"
pour que cela soit plus...
Une voix: On le change de place. Mme Dougherty: ...que
dans la...
Le Président (M. Champagne): "...ne s'applique aux
établissements d'enseignement et aux hôpitaux que - on ajoute le
mot "que" - dans la mesure où le ministre responsable et ses
organismes-conseils assument déjà ces responsabilités.
Alors, nous discutons de l'amendement qui a été
déposé et qui se lit à la suite du paragraphe 2
déjà inscrit au projet de loi.
Mme Dougherty: Notre but est d'éviter des conflits
interministériels inutiles, stériles, et de s'assurer le respect
des pouvoirs de tous les ministères envers leurs propres organismes.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, sans être pointilleux
à l'extrême, tel que présenté, l'amendement ne
serait pas recevable, mais nous allons passer par-dessus cela, parce qu'on ne
sait pas où il s'introduit. Il faudrait dire quel mot on remplace
techniquement.
J'imagine que vous voulez mettre cela à la fin de l'article 7,
c'est cela? Où est-ce que cela s'insérerait exactement?
Mme Dougherty: L'intention était de modifier ou
d'alléger le paragraphe 7.2.
Le Président (M. Champagne):
Complètement? Un instant. Si vous voulez, on va essayer de
se...
Mme Dougherty: De qualifier le paragraphe 7.2.
Le Président (M. Champagne): Le paragraphe 7.2. C'est de
qualifier ou d'expliciter davantage le deuxièmement de l'article 7 en
ajoutant au paragraphe 2...
Des voix: Oui, c'est cela. Mme Dougherty: C'est cela.
Le Président (M. Champagne): C'est cela. D'accord.
Mme Dougherty: C'est un ajout...
Le Président (M. Champagne): On ajoute.
Mme Dougherty: ...au paragraphe 7.2.
Le Président (M. Champagne): Oui.
Alors, le paragraphe 2, deuxièmement, demeurera comme il est,
c'est-à-dire comme il est écrit là: "veille à
l'harmonisation des activités des ministères et des organismes
publics relatives à la science et à la technologie." À
moins qu'on dise: "Ce paragraphe 2...
Mme Dougherty: "Ce paragraphe ne...
Le Président (M. Champagne): ...ne s'applique aux
établissements d'enseignement et aux hôpitaux que dans la mesure
où le ministre responsable et ses organismes-conseils assument
déjà ces responsabilités". Nous en sommes à
discuter de l'amendement.
M. Paquette: M. le Président, ce n'est pas clair du tout.
"Le paragraphe 2 ne s'applique aux établissements d'enseignement et aux
hôpitaux que dans la mesure où le ministre responsable...".
Qu'est-ce qui arrive si un ministre n'assume pas la responsabilité
d'harmoniser les activités des organismes? Écoutez, M. le
Président! Si, à chaque fois qu'on trouve l'expression "organisme
public" dans ce projet de loi, on présente un amendement pour exclure
les institutions d'enseignement, les hôpitaux, les services de
santé et les services sociaux, il vaudrait mieux modifier la
définition à l'article 1 et, à ce moment-là,
exclure les universités du projet de loi. Il me semble que Mme la
députée nous a dit que ce projet de loi devait s'appliquer
également aux universités. Je ne vois pas en quoi l'article 7,
deuxième paragraphe, contredit les responsabilités des
ministères et d'autres organismes. On ne dit pas que le ministre est le
seul à veiller à l'harmonisation, mais on dit que c'est
particulièrement une de ses fonctions de veiller à
l'harmonisation des activités des ministères et des organismes
publics quand il s'agit de science et de technologie.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, pour être très
honnête, je conseillerais au ministre de retrancher le deuxième
paragraphe; ainsi, tout le monde dormirait en paix et il n'y aurait aucune
espèce de problème. Lui, il n'aurait rien perdu. Les
universités n'auraient pas d'excuses de jouer aux vierges
offensées. Là, on peut continuer à étudier le
projet de loi. Vraiment, je ne pense pas que... D'accord, je pense que
l'amendement est boiteux; on l'admet. Mais c'est une des
pénalités d'essayer de commencer ce déploiement luxueux de
veiller, de coordonner, d'assurer, etc. Juste dans l'éventail des
premier, deuxième, troisième et quatrième paragraphes,
honnêtement, cela n'ajoute rien et il paraît que cela crée
des problèmes psychologiques, M. le ministre. Pourquoi ne pas simplement
le laisser tomber et poursuivre?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je pense que c'est toujours
mieux, pour éclaircir ces questions, de prendre des exemples très
concrets. Nous sommes responsables de l'application du plan d'action en
biotechnologie et nous constatons que, dans une institution universitaire, on
fait de la biotechnologie et on s'oriente aussi vers des activités de
production dans le domaine de la santé. C'est le cas de l'Institut
Armand-Frappier, à Montréal. D'un autre côté, la
Société générale de financement met sur pied une
filiale qui vise à appliquer des techniques, des biotechnologies,
également dans le secteur de la santé. Évidemment, les
applications dans le secteur de la santé sont larges. Il y a beaucoup de
possibilités. Il y a beaucoup de créneaux.
Que dit l'article? On doit veiller à harmoniser. C'est une
fonction. Ce n'est pas un pouvoir. Je n'ai pas le pouvoir, par cet article, de
dire à l'Institut Armand-Frappier: Pouvez-vous choisir des
créneaux différents de la SGF ou vous entendre? Je ne peux pas
les obliger à le faire. Mais je peux essayer de les réunir, de
les convoquer et de leur
dire: Vous êtes deux organismes payés à même
les fonds publics; ne serait-il pas intéressant d'essayer de regarder
les divers créneaux où chacun se dirige? Ce n'est peut-être
pas cela que je leur dirais. C'est un exemple très concret que je prends
où il y a un organisme universitaire et un organisme dépendant
d'une société d'État d'impliqués. Alors, si vous
excluez les organismes universitaires de cet article, je ne pourrais pas
exercer ce rôle important. On pourrait bien ne pas le mettre aussi, mais
c'est, à mon avis, une fonction importante d'un ministre de la Science
et de la Technologie. Lorsqu'il y a des problèmes, des conflits
d'orientation ou encore qu'il faut, au contraire, faire des choses en commun
entre les organismes universitaires et les organismes qui ne sont pas dans les
universités, je pense que c'est une fonction importante d'un ministre de
la Science et de la Technologie d'examiner ces problèmes, d'essayer de
leur apporter des solutions, d'agir parfois comme médiateur,
coordonnateur, animateur. C'est un peu ce que cela veut dire. Je ne pense pas
que cela touche d'aucune façon l'autonomie des organismes
impliqués.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Pour ma part, M. le Président, je ne veux pas
nécessairement soustraire les universités, mais je dois avouer
d'autre part que je pardonnerais à ceux et celles qui feraient une
mauvaise interprétation de l'article 7,2°. Loin de moi de vouloir
empêcher le ministre de s'occuper des gestes concrets tels ceux qu'il a
évoqués. Enfin, le problème, la faille d'une formulation
si générale, c'est qu'on peut mettre n'importe quoi
là-dedans. On peut imaginer n'importe quelle activité, n'importe
quelle responsabilité, n'importe quel mandat. Voilà pourquoi je
recommande respectueusement au ministre qu'il la laisse tomber d'autant plus
que dans l'article 7,1 , il a ce dont il a besoin. Ou bien l'article 7,2 veut
vraiment dire quelque chose, dans lequel cas, essayons donc ensemble de dire
avec plus de précision ce que cela veut dire. Ou bien, c'est une
généralité qui ne trouve pas sa place dans une loi, qui
n'ajoute pas réellement aux fonctions du ministre, dans lequel cas
laissons-le tomber, retranchons-le. Mais je lui suggère
honnêtement que, bien que je comprenne les articles 7.1 , 7,3 et 7,4 , je
pense que l'article 7,2 , surtout à cause du nombre, de la
quantité d'institutions hétéroclites qu'il comprend, qu'il
évoque, crée une difficulté inévitable dont le
ministre peut se sortir très facilement. Encore une fois, ou bien en le
laissant tomber, ou bien en le définissant avec plus de
précision.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, cette question-ci
n'est pas facile à trancher parce que, d'une part, nous ne voulons pas
instituer un dirigisme d'État dans certains domaines universitaires,
mais que, d'autre part, nous sommes en train d'établir les fonctions du
ministre de la Science et de la Technologie et il me semble qu'il serait
absurde que le ministre de la Science et de la Technologie n'ait pas la
fonction d'harmoniser les activités des ministères et des
organismes publics relatives à la science et à la technologie.
S'il n'avait pas cette fonction-là, ce ne serait pas vraiment un
ministre de la Science et de la Technologie, ce serait un ministre pour faire
semblant. Je pense que la clé, M. le Président, ce n'est pas
tellement dans les fonctions et pouvoirs. La clé, c'est plutôt
dans les contrôles. Je me souviens d'interventions avec lesquelles
j'étais d'accord l'autre soir en commission parlementaire où nous
étudiions article par article le projet de loi no 109 sur le
cinéma. Il y avait des interventions répétées de M.
le député d'Argenteuil qui disait justement qu'il était
bien d'accord pour que les projets de loi de ce genre consacrent les pouvoirs
des ministres concernés, à condition qu'il y ait les
contrôles voulus. Je pense qu'il avait tout à fait raison et que,
s'il y a un problème, c'est là qu'il se trouve. On devrait
maintenir les fonctions et pouvoirs qui sont prévus ici et voir si les
contrôles voulus sont prévus dans la loi.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan. (17 heures)
M. Lincoln: Brièvement. Je me demande si on adoptait la
suggestion de mon collègue de Westmount, s'il n'y avait pas cette
fonction de nommer, si cela dérogerait aux pouvoirs du ministre pour
harmoniser la politique, parce qu'à l'article 8, vous parlez de
contribuer à l'harmonisation du développement scientifique et
technologique..." Je me demande ce que cela donnerait à votre fonction
même si ce n'était pas là. Comme vous le dites, c'est tout
à fait normal, c'est tacitement acceptable. Je pense que nos
hésitations ne sont pas du tout du point de vue personnel; elles ne sont
pas envers vous, en tant que personne, en tant que ministre, comme personne
physique. Nos hésitations concernent plutôt les pouvoirs que cela
donnerait du point de vue de l'harmonisation comme une chose tout à fait
subjective, qui dépend tout à fait d'une interprétation de
personne à personne. Tandis que, là, à l'article 8,
paragraphe 3, "contribuer à l'harmonisation", cela explique vraiment ce
que vous essayez de faire.
L'exemple que vous avez cité était typique, car vous avez
tous les pouvoirs aujourd'hui sans même avoir cette loi et vous pouvez
faire exactement la même chose. Il me semble que, comme ministre
délégué à la Science et à la Technologie, si
vous voyez qu'il y a un conflit entre l'Institut Armand-Frappier et une des
universités... C'est tout à fait acceptable. Je ne comprends pas
comment vous n'auriez pas déjà les pouvoirs même sans cette
clause. C'est à suggérer, n'est-ce pas?
M. Paquette: M. le Président, si vous me le permettez.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: Je suis d'accord avec la dernière remarque du
député. Cependant, le projet de loi a justement pour but de
décrire ce que fait le ministre, ce que sont ses fonctions. À ce
moment-là, cet article 7, 2°, décrit une partie importante
des fonctions d'un ministre délégué à la Science et
à la Technologie. Il n'est pas, à mon avis, inclus dans le
1°, puisque le 1° est beaucoup plus général. Il s'agit
d'élaborer et de proposer la politique du gouvernement en matière
de science et de technologie, d'en surveiller l'application, d'en coordonner
l'exécution. Une politique, c'est très général.
Ce que le 2° dit est beaucoup plus sur le terrain dans du cas par
cas. Il y a parfois une harmonisation à faire entre des organismes
publics et des ministères qui oeuvrent dans le même champ. D'autre
part, M. le Président, simplement pour terminer ma réaction
à l'intervention du député de Nelligan, à l'article
8, 3°, il y a le mot "harmonisation" qui revient, mais c'est très
différent l'article 8, 3 . Il s'agit de l'arrimage de la politique
scientifique avec l'ensemble des politiques de développement
économique, social et culturel. Cela n'a pas du tout le même
objectif, même si le mot "harmonisation" revient dans les deux
articles.
M. French: Je pense que le ministre vient de dire quelque chose
d'important et qui pourrait peut-être nous aider à amender le 2 .
Il a dit: II s'agit beaucoup plus du travail sur le terrain. Je pense qu'il y a
au moins deux dimensions dans ce qu'il a dit. En étayant sa conception
du deuxième alinéa qui nous permet de trouver une formule qui
capture ses préoccupations sans effrayer les intervenants, on pourrait
changer le mot "veiller" pour un mot plus positif comme "encourager",
"contribuer", "faciliter".
Deuxièmement, on pourrait essayer - je n'ai pas
nécessairement d'idée fixe là-dessus - de souligner qu'il
s'agit de projet et non pas des activités libres de recherche qui se
font là, etc., ou des activités professionnelles liées
à la science et à la technologie.
Je propose qu'on vide les idées, qu'on suspende et qu'on essaie
de...
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'on l'a. Est-ce
que le député serait d'accord si l'article se lisait comme suit:
"favorise l'harmonisation des activités..."?
M. French: Est-ce que le ministre ne pense pas qu'on pourrait
ajouter quelque chose, une dimension dans "activité" qui pourrait
évoquer les notions d'un projet ponctuel? Je ne veux pas dire que ce
n'est pas important. Je veux dire que ce n'est pas de façon
systémique toutes les activités, mais que c'est pour atteindre
une fin ou un but spécifique en biotechnologie comme il l'a
évoqué. Je persiste à répéter qu'il s'agit
de la cosmétique.
M. Paquette: Remarquez que cela peut déborder les projets
spécifiques. Supposons que deux ministères se donnent tous les
deux un programme d'intervention dans un secteur spécifique et cela
arrive parfois... Il y a ce problème du purin de porc, par exemple, qui
intéresse mon collègue de l'Agriculture et mon collègue de
l'Environnement. Ils s'y intéressent très fort. Nous sommes
intervenus. On nous a demandé d'intervenir comme conciliateurs, en
même temps comme conseillers techniques sur le plan scientifique de
façon que les deux politiques de recherche se complètent,
s'harmonisent, soient en complémentarité. Dans ce cas, il s'agit
non pas de projets ponctuels, mais de programmes de recherche de deux
ministères dans un secteur où ils ont tous les deux des
intérêts. C'est beaucoup plus, à ce moment-là, qu'un
projet ponctuel. Il s'agit de programmes de recherche dans les deux cas.
Remarquez que c'est balisé quand même, il faut que ce soit relatif
à la science et à la technologie, cela va de soi.
M. French: Je persiste à me demander si, après mes
collègues et les collègues du ministre... Je persiste à
croire que ce serait peut-être utile d'essayer de les définir un
peu plus spécifiquement et de suspendre le deuxième alinéa
si on peut trouver un consensus sur l'objectif général, quitte
à ce que les conseillers du ministre reviennent plus tard avec une
formule qu'ils trouveront, parce que je ne suis pas encore satisfait. Je
persiste à penser qu'il y a une façon de formuler des mots qui
veulent à la fois rassurer ceux qui voient dans... D'après moi,
c'est le seul cas où ces amendements n'ont pas réussi totalement
à dégonfler cette espèce de crainte. Je me dis que, si on
est allé aussi loin, on est aussi bien de finir la "job". Je propose,
non seulement qu'on change le mot "veiller" pour un mot plus
convenable, mais aussi qu'on essaie, d'une façon ou d'une autre,
d'éviter les craintes qui résident dans la conjugaison des mots
"activité", "harmoniser" et "organismes publics". Dans une des quelques
milliers d'interprétations possibles, il y a peut-être un
chercheur essentiellement universitaire ou un chercheur dans une école
de médecine quelconque qui se voit menacé dans ses
activités en quelque sorte par la Fecherche qui se fait au CRIQ.
C'est une fraction minime de l'activité couverte par ces mots,
mais toute la crainte découle de cette fraction minime. Vous pouvez
trouver une formule de mots qui au moins viserait à rassurer ce monde.
On aurait fait la "job" sans rien enlever au ministre.
M. Paquette: On partage les mêmes préoccupations
face à cet article. Je vais ajouter un troisième exemple
très concret celui-là aussi. Ce qui nous a amenés à
développer un projet de réseau éclaté de centre de
production automatisé, CAO-FAO, c'est qu'il y avait un projet au CRIQ,
un projet à l'École de technologie supérieure, un projet
à la Société de micro-électronique industrielle
à Sherbrooke et on en voyait naître aussi à Concordia, les
centres spécialisés dans les cégeps. Il y a des organismes
là-dedans qui sont universitaires, d'autres qui sont du réseau
collégial, un autre c'est un organisme comme le CRIQ qui est, à
toutes fins utiles, une société d'État qui dépend
du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il y a aussi des
associations privées intéressées à ce domaine.
Évidemment, elles ne sont pas couvertes ici. Voilà un
troisième exemple concret où on est intervenu pour veiller
à l'harmonisation. Mais le fait d'écrire qu'on veille à
l'harmonisation, cela ne veut pas dire qu'on peut imposer une solution à
un organisme universitaire ou à un autre organisme public.
Si mon collègue de Westmount ne se satisfait pas d'une
modification que je suis prêt à faire immédiatement,
c'est-à-dire remplacer "veiller" par "favoriser" l'harmonisation, ce qui
apparaît beaucoup moins menaçant et interventionniste, on peut
bien suspendre l'article et revenir, mais moi je serais prêt à le
modifier tout de suite et à indiquer "favorise l'harmonisation".
M. Scowen: Je veux juste ajouter un mot.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je trouve que le deuxième commentaire de mon
collègue de Westmount est même plus important que le premier. Si
le gouvernement a développé des priorités et une
politique, il est très compréhensible que le ministre va vouloir
encourager l'harmonisation des projets spécifiques découlant de
ces priorités et de cette politique dans les ministères et
organismes publics. Mais l'idée est de trouver quelque chose qui
ressemble beaucoup plus à l'expression "projet", qui découle de
la politique du gouvernement, plutôt que "activité", parce qu'on
ne veut pas laisser croire qu'on veut s'occuper de toutes les activités
de recherche et de développement.
M. Paquette: M. le Président, si vous permettez, il est
peut-être bon qu'on précise cela. Il ne s'agit pas d'harmoniser,
dans le cas de projets découlant de la politique du gouvernement, pas du
tout. Il s'agit de constater, à certains moments... Parce que le
dynamisme vient du milieu et il y a une politique qui permet, bien sûr,
de tasser les orientations, on en parle à l'article 7, 1°. À
mon avis, cela règle la question.
Il y a aussi tout ce dynamisme. Je donnais l'exemple des centres de
diffusion automatisés. Ce dossier est maintenant mûr au
Québec, parce que cela a jailli de part et d'autre. Le danger aurait
été qu'on se retrouve avec des organismes en concurrence, alors
qu'on a réussi à mettre tous les intervenants d'accord. C'est un
rôle important d'un ministre de la Science et de la Technologie. À
l'article 7, 2°, il ne faut pas voir cela comme un autre moyen de s'assurer
que la politique scientifique s'applique indirectement, en ce sens que la
politique scientifique, dans une de ses orientations, favorise le rapprochement
entre les universités et les milieux industriels, par exemple, sur des
projets communs. En ce sens, on peut dire qu'on appliquait une des
données de la politique.
M. Scowen: Mais si le 2° ne découle pas d'une
orientation...
M. Paquette: Pas nécessairement.
M. Scowen: ...d'une politique du gouvernement, l'idée est
tout simplement de se mêler des affaires d'une université dans le
domaine de la recherche et de la technologie. Je ne vois pas la
nécessité d'une telle responsabilité. À moins que
ce ne soit lié avec des orientations établies par le
gouvernement, pourquoi devez-vous vous occuper de toutes les activités
dans le domaine de la science et de la technologie? On peut imaginer deux
hommes et trois femmes qui s'occupent d'un projet de recherche utile pour leurs
fins, mais qui n'a rien à voir avec les orientations d'une politique de
science et de technologie du gouvernement.
Si je comprends l'idée de mon collègue, il a
mentionné le mot "projet" et moi j'ai pensé aux projets qui...
Après que vous aurez
élaboré et proposé la politique du gouvernement,
vous allez avoir des objectifs et vous aurez le désir de les
réaliser par les moyens suivants, mais, pour quelqu'un qui veut
harmoniser toutes les activités de science et de technologie à
l'Université de Montréal, par exemple, on n'a pas besoin de cela.
Cette harmonisation...
M. Paquette: Ils n'ont pas besoin de nous, c'est à eux
à le faire. C'est évident, je crois.
M. Scowen: C'est cela. C'est cette ambiguïté que je
trouve dans la rédaction.
Le Président (M. Champagne): II y a beaucoup de choses sur
la table, s'il y avait un consensus...
M. Paquette: M. le Président, on va suspendre. Je pense
qu'on va trouver un terme pour remplacer le mot "veiller" et on va essayer de
trouver un terme pour remplacer le mot "activité", on a
suggéré "projet", ce n'est peut-être pas tout à fait
cela. Si vous êtes d'accord, on va suspendre l'article 7, 2°.
M. French: Je voudrais faire une autre suggestion pour alimenter
le débat...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: ...chez les conseillers du ministre.
En anglais, il y a une expression qu'on utilise parfois dans les lois et
il doit y avoir un équivalent français, c'est "from time to
time", qui implique qu'on n'a pas à harmoniser toutes les
activités de tous les ministères, etc., mais plutôt que ce
serait important, mais exceptionnel. C'est une autre dimension que je
suggère au ministre pour mieux rendre dans les mots de la loi ses
propres objectifs.
M. Lincoln: Ou "si nécessaire". (17 h 15)
Le Président (M. Champagne): D'accord. Maintenant, il y a
une chose au point de vue procédure. Il y avait un amendement sur la
table, j'aimerais qu'on en dispose. C'est l'amendement de Mme la
députée de Jacques-Cartier. Est-ce que vous retirez votre
amendement?
Mme Dougherty: Je retire mon amendement et, si je comprends bien,
on va suspendre l'article 7,2 .
Le Président (M. Champagne): Oui. Et on reviendra.
M. Paquette: Et on reviendra.
Mme Dougherty: Pour une autre suggestion du ministre.
D'accord.
Le Président (M. Champagne): Alors, pour la
retranscription des débats. "Le paragraphe 2 ne s'applique aux
établissements d'enseignement et aux hôpitaux que dans la mesure
où le ministre responsable et ses organismes-conseils assument
déjà ces responsabilités." Cet amendement est
retiré et le paragraphe 2 est suspendu. J'appelle donc le paragraphe 3
de l'article 7.
M. Lincoln: Article 7. Vous voulez dire 7,1°, 7,3° et
7,4°?
Le Président (M. Champagne): Non, non. J'ai dit
troisièmement.
M. Lincoln: Pardon. Excusez.
Le Président (M. Champagne):
Troisièmement.
M. French: Est-ce que le ministre aurait des commentaires?
Le Président (M. Champagne): Oui. M. le ministre,
avez-vous des commentaires sur le troisièmement?
M. Paquette: M. le Président, je pense que c'est une
fonction essentielle d'un ministre de la Science et de la Technologie
d'examiner des failles dans le dispositif scientifique et technologique ou des
besoins nouveaux. Il y a constamment de l'évolution, il y a constamment
des besoins nouveaux qui apparaissent en termes de mesures. Par exemple, nous
avons, cette année, élaboré et implanté trois
programmes de soutien à l'emploi scientifique. Voilà des mesures
nouvelles nécessaires au déploiement du système
scientifique et technologique.
Dans d'autres cas, il pourrait s'agir de la mise sur pied de centres de
développement technologique. Cela ne signifie pas que nous sommes seuls
dans l'implantation. Il va de soi que lorsque l'implantation implique des
organismes ou la responsabilité d'autres ministres,
généralement ceux-ci veillent au grain et ce qu'on fait à
ce moment ce sont des mémoires conjoints au Conseil des ministres, mais
il peut arriver que nous implantions seuls également. Je pense que c'est
un principe qui est accepté au sein du gouvernement puisque lorsqu'on
m'a confié l'implantation des quelque 200 mesures qui sont contenues
dans Le virage technologique, il y en a une quarantaine - surtout la question
des centres de développement technologique - dont on m'a demandé
de m'assurer plus particulièrement.
Dans certains des cas, dans ces 40 mesures, nous allons être en
mesure de les
implanter nous-mêmes. Dans d'autres cas, nous allons nous assurer
qu'un autre ministère ou un autre organisme en assure
l'implantation.
M. Scowen: Dans le cas de l'article 7,3 , il n'est pas question
des organismes publics?
M. Paquette: Non. Là, c'est vraiment un rôle
d'initiative au ministre sur des projets précis, des mesures
précises.
M. Scowen: À l'intérieur des ministères.
M. Paquette: Non. Pour créer quelque chose de neuf, qui
sert au déploiement du système scientifique et technologique, ce
qui n'existe pas.
M. Scowen: C'est quelque chose de très important.
M. Paquette: Oui, c'est très important.
M. Scowen: Cela peut facilement devenir une direction
générale du ministère, si je ne m'abuse. C'est une
commande.
M. Paquette: Écoutez, il serait étonnant qu'on
structure un ministère de la Science et de la Technologie avec une
direction générale des mesures nouvelles. Ce serait bien
étonnant.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce que le ministre pourrait me dire... Vous avez
parlé de...
M. Paquette: C'est une activité très
importante.
M. Lincoln: Vous avez parlé de mémoires conjoints
dans les cas où il y avait des actions qui impliquaient plusieurs
ministères et vous avez aussi parlé de protocole d'entente au
préalable. Est-ce que, sur une base générale, vous aurez
des protocoles d'entente avec tous les ministères? Certainement avec le
ministère le plus impliqué, par exemple, le ministère de
l'Éducation d'une part, le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, pour le CRIQ, etc. Quel genre de protocole d'entente? Est-ce
que c'est à l'étude? N'est-ce pas relié tout à fait
directement à la chose afin de prévenir justement des conflits
d'intérêts possibles? Prenez, par exemple, la question
d'installation des ordinateurs, de tout le système dans les
écoles. Est-ce que cette question a été débattue ou
discutée entre vous et vos collègues pour savoir comment cela va
s'implanter, au lieu d'attendre peut-être que ces protocoles d'entente
soient faits après coup quand chacun voudra garder un petit peu sa part
du gâteau? On est tous humains et chaque ministère... Auriez-vous
pu expliquer?
M. Paquette: M. le Président, cela dépend beaucoup
du mode de fonctionnement de chacun des ministères. Au ministère
de l'Éducation, nous avons actuellement deux ou trois comités
conjoints où nous déléguons des représentants
à certains comités du ministère qui s'occupent plus
particulièrement, par exemple, des programmes de formation en science et
en technologie ou, encore, des centres spécialisés du
développement technologique dans les cégeps. D'autre part, dans
les ministères économiques, la tendance est beaucoup moins aux
comités et beaucoup plus aux protocoles d'entente qui établissent
des relations plus souples et permanentes jusqu'à un certain point;
enfin, qui ont une certaine continuité. Ainsi, nous avons signé,
avec la Société de développement industriel, un protocole
d'entente qui fait en sorte que lorsque des projets arrivent dans le soutien
à la recherche et au développement, la SDI nous consulte sur
certains projets avant de prendre sa décision et nous informe
régulièrement des projets qui ont été
acceptés, parce qu'on a aussi une fin d'analyse et de compilation. Nous
avons le devoir de suivre l'évolution des diverses mesures par la
recherche et le développement. Il y a un protocole d'entente qui existe.
Il y en a un en préparation avec la SODICC également qui a
commencé à agir dans le domaine du logiciel, domaine qui nous
intéresse beaucoup, évidemment.
M. Lincoln: Je vous comprends.
M. Paquette: II y en aura un évidemment entre l'AQVIR et
le CRIQ qui sera très important.
M. Lincoln: Oui. Là, nous avons plusieurs
éléments potentiels, pour ne pas dire un conflit, mais cela
pourrait certainement mener à des situations tout à fait
suggestives où chacun voit cela dans son champ d'activité ou
selon sa perspective. C'est normal. Au ministère de l'Éducation,
vous avez des comités conjoints. Qu'arrive-t-il si, par exemple, vous
avez ici une fonction qui est tout à fait claire: "assurer
l'élaboration et l'implantation de mesures nouvelles nécessaires
au déploiement du système scientifique et technique", alors que
le ministère de l'Éducation a aussi ses prérogatives? Dans
ces comités conjoints, il y a des blocages et vous n'avez pas de
mécanismes. Quel est le mécanisme prochain? À ce
moment-là, est-ce que ce sera un arbitrage au Conseil des ministres? Ne
peut-on pas trouver un système plus logique?
M. Paquette: C'est le rôle du Conseil des ministres.
M. Lincoln: C'est la question qu'on se pose à propos du
ministère du Commerce extérieur, du MICT et du ministère
des Affaires intergouvernementales. Il me semble que c'est toujours la
même pagaille.
M. Paquette: M. le Président, cela est lié tout
simplement au fait que les activités du gouvernement sont complexes et
que la réalité, malheureusement, des êtres humains, des
choses, des activités dans une société ne se
décomposent en secteurs qui définissent nos ministères.
Quelle que soit la définition des ministères, c'est toujours
cela. Les personnes intéressées ont parfois des
préoccupations d'ordres économique, social et culturel. Les
projets ont souvent diverses implications qui ne correspondent pas uniquement
aux préoccupations d'un seul ministère. Cela arrive très
souvent. À presque chaque réunion du Conseil des ministres, il y
a des mémoires conjoints de deux ou trois ministres. C'est une
harmonisation sur des projets ad hoc. Ce que nous essayons de faire en science
et en technologie, comme c'est un domaine très horizontal où
presque tous les ministères sont impliqués, nous avons, d'une
part, un comité interministériel qui se réunit
régulièrement au niveau des sous-ministres et qui regroupe tous
les ministères les plus impliqués. Nous faisons le point
régulièrement, à peu près à tous les mois,
entre les divers sous-ministres, des activités de façon à
prévoir les problèmes qui pourraient se poser. D'autre part, par
le mécanisme de comités conjoints, on peut prévenir les
problèmes avant qu'ils ne se développent et par des protocoles
d'entente.
Si, parfois, il arrivait que des ministères aient des positions
inconciliables... Cela arrive très rarement. Généralement,
ces choses se règlent avant d'arriver au Conseil des ministres.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount avait demandé la parole. Ensuite, je reconnaîtrai le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. French: M. le Président, je vais formuler une objection
qui n'en est pas une de forme. Il est fort possible que ce soient mes
capacités en français qui manquent. Mais je trouve quand
même l'alinéa difficile à comprendre, c'est-à-dire
que je le comprends maintenant que le ministre l'a expliqué. Mais on ne
légifère pas pour les gens qui auront le loisir d'interroger le
ministre. Je me demande si les mots "système" et "déploiement"
sont vraiment les mots qu'on cherche. Je voudrais suggérer, quitte
à ce qu'on me dise que mon français n'est pas à la hauteur
ou que ma suggestion n'est pas valable - mais pour qu'on essaie au moins de
clarifier cela - qu'on remplace les mots "déploiement du système"
par les mots "développement de l'infrastructure". Cela me semble rendre
plus efficacement le sens de ce que le ministre veut dire.
Le Président (M. Champagne):
Développement de?
M. French: L'infrastructure. Je le fais de façon
informelle, M. le Président...
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: Je veux avoir des réactions. Je ne veux pas en
faire un plat formellement.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre
répondra peut-être à cela?
M. Scowen: Si je peux... M. Paquette: Là-dessus?
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Scowen: Je suis obligé de partir dans deux minutes pour
une autre affaire. J'aimerais ajouter deux autres éléments que
vous pourrez prendre en considération. Premièrement, c'est la
première fois que je vois le mot "technologique" remplacé par le
mot "technique". Je pense que les deux mots ont un sens
légèrement différent. J'ai cherché le mot
"technique" dans le dictionnaire, il dépasse le mot... Je ne sais pas si
cela apparaîtra plus tard.
Mais, à titre d'exemple, si l'idée est d'implanter, au
Conseil du trésor, un système de contrôle des
dépenses budgétaires, cela pourrait être une technique,
j'imagine. Je vous donne cela à titre d'exemple. S'il était
question d'implanter, au Conseil du trésor, une technique
améliorée pour le contrôle des dépenses
budgétaires, mais je pense que ce n'est pas l'intention...
M. Paquette: Non, vous avez raison. M. le Président, je
vais donner une réaction immédiate. Je suis d'accord pour qu'on
remplace le mot "technique" par le mot "technologique".
M. Scowen: Ma deuxième question est à savoir...
Le Président (M. Champagne): Un instant...
M. Paquette: On va attendre d'avoir terminé l'article pour
faire l'ensemble des amendements.
M. Scowen: Oui, parce qu'il y a plusieurs...
M. French: On va discuter informellement et on mettra tout cela
ensemble.
Le Président (M. Champagne): D'accord, cela va.
M. Scowen: L'autre est une question d'intention, M. le ministre.
Je vais poser une question très précise, parce que je me
préoccupe de la question des organismes publics. Est-ce que, avec cet
article, vous auriez les pouvoirs d'élaborer une mesure nouvelle
nécessaire au développement d'un système scientifique et
technologique et l'implanter dans une institution qui est définie comme
étant un organisme public?
M. Paquette: Non. M. Scowen: C'est sûr?
M. Paquette: À moins, évidemment, que cette
institution soit consentante et qu'aucune loi ne s'y oppose...
M. Scowen: Ces pouvoirs...
M. Paquette: ... aucune responsabilité ne soit mise en
cause.
M. Scowen: Ce pouvoir d'implantation est un pouvoir que vous
détenez uniquement en fonction des ministères et non pas en
fonction des organismes publics.
M. Paquette: Il s'agit...
M. Scowen: Parce que ce n'est pas précisé.
M. Paquette: II s'agit d'agir comme maître d'oeuvre de la
réalisation de mesures nouvelles. C'est de cela qu'il s'agit ici.
M. Scowen: Mais le mot "implantation" est fort. N'est-ce pas?
M. Paquette: Bien, c'est l'équivalent de "maître
d'oeuvre", c'est-à-dire qu'on réalise. Lorsque des organismes
publics peuvent être impliqués dans ces mesures, ils doivent y
consentir. S'il s'agit d'un ministère ou d'un organisme sous tutelle
ministérielle, le ministère qui a la responsabilité de
l'organisme doit y consentir. S'il s'agit d'implanter une mesure avec le CRIQ,
par exemple, il faudra que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme y consente.
M. Scowen: J'ai posé la question, parce que vous avez dit
que, quand on arrivait à chaque article, on pouvait vous poser des
questions...
M. Paquette: Oui, très bien.
M. Scowen: ...sur l'effet que cela peut avoir sur les organismes
publics, même si ce n'est pas mentionné spécifiquement.
M. Paquette: Absolument.
M. Scowen: J'ai posé la question.
M. Paquette: M. le Président, il me restait à
réagir à la suggestion du député de Westmount. Je
pense que l'expression "développement de l'infrastructure" est
relativement plus restreinte. Par exemple, l'implantation d'un programme de
soutien à l'emploi scientifique, ce serait un peu charrier que de dire
que c'est le développement de l'infrastructure.
M. French: L'infrastructure. Les ressources humaines.
M. Paquette: Les ressources humaines.
M. French: Les institutions, l'information, les ressources
financières, cela, c'est l'infrastructure. Mais, de toute façon,
ce n'est pas à l'infrastructure que je tiens. Je regrette, mais le
déploiement du système, cela ne me dit rien. Cela veut
peut-être dire quelque chose en français et cela ne veut pas le
dire en anglais, mais cela ne me dit rien, à moins que le ministre me
dise ce que cela veut dire, c'est le problème que j'essaie de
soulever.
M. Paquette: Est-ce que c'est l'expression "système
scientifique et technologique" qui vous...
M. French: Oui, ce n'est pas une expression qu'on utilise
beaucoup.
M. Paquette: Oui.
M. Lincoln: "Développement scientifique et technologique",
ce serait beaucoup plus simple que "système".
M. Paquette: "...mesures nouvelles". C'est "l'implantation de
mesures nouvelles" qui est important.
M. French: J'ajouterai, M. le Président, qu'en anglais,
c'est tout simplement barbare. C'est une catastrophe.
M. Paquette: "...système scientifique et technologique",
c'est une expression qui est apparue dans le livre blanc, Un projet collectif,
où on parlait du système scientifique et technologique lequel
regroupe
des institutions, des centres de recherche, des organismes de loisirs
scientifiques, des organismes qui s'occupent de diffuser l'information
scientifique et technologique.
M. French: Mais, à ce moment-là...
M. Paquette: Enfin, il s'agit de décrire tous les
intervenants et les organismes qui oeuvrent dans le domaine scientifique et
technologique et dire qu'il s'agit d'un système dans lequel il y a des
sous-systèmes.
M. French: Est-ce qu'on parle uniquement des institutions, des
organismes? Le ministre vient d'évoquer toute une liste.
M. Paquette: Le système, c'est l'ensemble. Ce sont les
organismes, leurs interrelations, les personnes qui y oeuvrent.
M. French: Oui, c'est beau si on a lu le livre blanc...
M. Paquette: Le livre blanc.
M. French: ...mais ce n'est pas fameux si on essaie de comprendre
ce que cela veut dire à la première lecture. Je
répète que je ne tiens pas plus qu'il ne faut à
l'infrastructure ni au développement. Mais je dis que, tel quel, cela
demande une interprétation.
M. Paquette: M. le Président, je vais faire une autre
suggestion au député de Westmount. Si on disait:
"...nécessaires au développement du potentiel scientifique et
technique du Québec".
M. French: Je pense que c'est un peu plus clair. Cela ne limite
sûrement pas les activités du ministre si c'est cela son objectif.
En tout cas, je trouve cela plus clair, si cela satisfait le ministre. Tout ce
que je peux vous dire, c'est que, tel quel, c'est un peu opaque.
M. Paquette: M. le Président, je serais prêt
à amender cet article pour qu'il se lise comme suit: "assure
l'élaboration et l'implantation de mesures nouvelles nécessaires
au développement du potentiel scientifique et technologique;".
Le Président (M. Champagne): D'accord. Est-ce qu'il y en a
qui veulent discuter de l'amendement? Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Dougherty: Oui, je suis prête à adopter cet
amendement.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement est adopté. Le troisième paragraphe est-il
adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Le paragraphe 3 de l'article
7 est adopté avec amendement et il se lit maintenant comme suit: "assure
l'élaboration et l'implantation de mesures nouvelles nécessaires
au développement du potentiel scientifique et technologique;"
J'appelle le paragraphe 4 de l'article 7.
M. Paquette: M. le Président, le quatrième
paragraphe concerne également l'une des responsabilités
essentielles d'un ministre de la Science et de la Technologie. Dans certains
domaines, il y a des actions gouvernementales d'ensemble qui sont à
maturité dans une société. À un moment
donné, il y a eu un mouvement, au plan mondial de développement
des biotechnologies où on a reconnu l'importance de ce nouveau domaine
pour l'avenir des sociétés. C'est ainsi que l'on m'a
confié la responsabilité d'implanter le plan d'action du
gouvernement. Il s'agit, évidemment, d'une action gouvernementale
à caractère hautement multisectoriel puisque plusieurs
ministères à vocation économique y sont impliqués.
Le ministère de l'Éducation est impliqué, le
ministère des Affaires sociales et des organismes qui en
dépendent. Cela va plus loin que l'élaboration de la politique
dans ce cas-ci. Cela va jusqu'à la réalisation de l'action
gouvernementale. Évidemment, certains aspects de l'action
gouvernementale sont, en fait, assumés dans le concret par d'autres
agents, mais nous en sommes comptables face au Conseil des ministres. C'est la
distinction.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Non, je n'ai pas de commentaire. Si mes
collègues sont prêts à intervenir.
M. Lincoln: Je veux poser une question au ministre. Quand vous
dites: À la demande du gouvernement, c'est implicite que c'est un
règlement du Conseil des ministres. Alors, c'est sous l'autorité
du Conseil des ministres?
M. Paquette: Cela veut dire ici qu'il faut que dans ces
cas-là, il y ait une décision formelle du Conseil des
ministres.
M. Lincoln: Cela implique l'approbation des autres
ministères?
M. Paquette: Exactement.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, encore une fois, la
formulation me trouble un peu. Je pense que je sais ce que le ministre veut
dire. Mais, est-ce qu'on peut réaliser une action? Est-ce qu'on
réalise une action? Cela me semble très douteux. Ou bien il y a
une action, ou bien il n'y en a pas. Une action, c'est par définition,
déjà réalisé. Si elle n'a pas été
réalisée, ce n'est pas une action. Moi, je dirais:
"exécuter certaines mesures".
M. Paquette: Oui, peut-être en remplaçant le mot
"action" par "mesures".
M. French: Priorité?
M. Paquette: Non, c'est plus concret que cela ici.
M. French: Programme?
M. Paquette: Programme est trop spécifique. Cela comporte
une définition très précise. Moi, je dirais: "certaines
mesures gouvernementales".
M. Lincoln: Est-ce qu'on réalise des mesures? Je ne sais
pas, moi.
M. Paquette: Oui, oui, on réalise des mesures. Oui, je
pense que c'est conforme à l'esprit de la langue.
M. Lincoln: Mettre en oeuvre.
M. Paquette: On peut aussi les mettre en oeuvre. Moi, je
préférerais "mettre en oeuvre, à la demande du
gouvernement, certaines mesures". Cela vous irait?
M. French: Oui.
Le Président (M. Champagne): Alors, vous faites
l'amendement...
M. Paquette: À moins qu'il y ait autre chose? On va
attendre. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur le quatrièmement?
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur...
M. French: Effectivement, je n'ai pas d'objection, je veux
seulement comprendre... On peut s'imaginer qu'on aborde le problème du
ministère vertical par rapport au ministère horizontal, n'est-ce
pas? Moi, je n'ai pas d'objection de principe. Je répète que le
ministre ait quelques petits programmes, c'est parfait. Moi, je n'ai pas de
problème avec cela. Cela lui donne un pouvoir de marchandage qui peut
être utile.
M. Paquette: ...sur son bureau.
M. French: Oui, j'imagine. Je regarde en face de moi, M. le
Président, un vieux copain avec lequel j'ai travaillé au
ministère d'Etat - je ne veux pas nuire à sa carrière dans
la fonction publique provinciale - de la Science et de la Technologie à
Ottawa, il y a presque dix ans. Et là, j'ai un peu l'impression de
revenir en arrière et de faire le même débat. Mais, l'une
des leçons qu'on a tirées de cette expérience pas toujours
plaisante, c'était qu'il fallait qu'un ministre des Sciences ait un
certain pouvoir de marchandage, que le ministre au niveau fédéral
n'avait pas avant qu'il conjuge ses responsabilités avec des
responsabilités plus importantes dans d'autres portefeuilles au Conseil
des ministres fédéral.
Par contre, je voudrais faire parler un peu le ministre sur cette
question-là. Le ministre dit que c'est un ministère, mais que
c'est un ministère horizontal, surtout horizontal. Alors, les programmes
verticaux, ce serait exceptionnel. Est-ce que...
M. Paquette: Je n'ai pas dit que c'était exceptionnel.
J'ai dit qu'il était surtout horizontal.
M. French: Oui, c'est surtout ce qui reste après qui
m'intéresse pour le moment. Maintenant, si ce n'est pas exceptionnel, je
ne sais pas ce que c'est. Mais, de toute façon, j'invite le ministre
à commenter un peu. Est-ce qu'il va gérer des programmes sur une
base soutenue? Non? Est-ce qu'il va voir à ce que ces
programmes-là soient mis en application dans d'autres domaines? Je pense
que c'est important. Je n'ai pas de parti pris dans le domaine, je veux
seulement savoir ce que le ministre en pense?
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Westmount soulève un point extrêmement
important. Un peu comme lui, j'ai tendance à croire assez peu au
ministère qui joue le rôle d'aumônier des bonnes oeuvres.
Et, à ce moment-là, il est important qu'à la fois les
pouvoirs horizontaux et les pouvoirs verticaux, c'est-à-dire d'action,
de mise en oeuvre de mesures, de maîtrise d'oeuvre de certaines actions,
soient bien définis, bien balisés, mais possibles. Cet article,
comme le précédent, vise à confier certains pouvoirs
verticaux au ministre de la Science et de la Technologie. C'est une
évolution par rapport au livre blanc Un projet collectif et cela
correspond à l'ampleur du défi de l'implication que presque tous
les agents socio-économiques dans la société demandent au
gouvernement, non pas pour tout diriger, mais pour exercer un rôle de
leadership et d'innovation dans la société.
Le fait qu'un ministère soit à la fois horizontal et
vertical n'est pas du tout une exception, mais la règle. Par exemple,
tous les ministres délégués ont actuellement des
pouvoirs verticaux. La ministre de la Condition féminine est
responsable de l'office des services de garde à l'enfance.
Évidemment, dans le cas des services de garde à l'enfance, elle
exerce un pouvoir vertical. Elle est maître d'oeuvre de diverses mesures.
On peut dire la même chose de mon collègue à
l'aménagement responsable de l'Office de planification et de
développement du Québec et du projet Archipel.
M. French: L'OPDQ dépense l'argent directement.
M. Paquette: Oui. M. French: Merci.
M. Paquette: Je suis d'accord avec l'assertion du
député selon laquelle un ministère qui serait strictement
horizontal, qui élaborerait des politiques et qui viserait à
harmoniser à conseiller le gouvernement réussirait mal à
exercer ce même rôle horizontal extrêmement important s'il
n'avait pas de possibilités d'action, s'il n'avait pas des budgets de
façon à être en relation dynamique, interactive avec les
autres intervenants gouvernementaux, les autres ministères en
particulier. Voilà pourquoi il importe que le ministre
délégué à la Science et à la Technologie
puisse réaliser des mesures à caractère
multisectoriel.
Par exemple, le plan d'action en biotechnologie dont nous sommes le
maître d'oeuvre, par une décision du Conseil des ministres, nous
amène à établir des relations de plus en plus
intéressantes, fructueuses avec des sociétés d'État
comme la Société générale de financement.
Bientôt, la Société québécoise d'initiatives
agroalimentaires va créer une filiale qui s'appelle BIO-AGRAL. Ou
encore, avec les fonds subventionnaires qui ont des programmes de bourses
qu'ils élaborent eux-mêmes et dont ils sont les responsables, les
maîtres d'oeuvre. Nous, nous sommes responsables de l'ensemble de ces
mesures. Nous en réalisons directement un certain nombre
nous-mêmes. Je pense que c'est très important pour le
développement scientifique et technologique du Québec. C'est une
évolution par rapport à la politique scientifique qui n'est pas
radicale puisque la majeure partie de nos activités sont de nature
horizontale.
Les responsabilités verticales prennent une certaine importance
et appuient les autres responsabilités plus horizontales du ministre
délégué à la Science et à la
Technologie.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, est-ce que le ministre - dans
ce contexte-là, il a déjà eu une expérience
d'ailleurs, ou quelques expériences dans ce domaine - craint la
possibilité de voir gonfler le personnel du ministère, de voir
l'ajout des directorats généraux qui gèrent des
programmes, etc? Jusqu'ici, je présume que le pattern a
été que, ultimement, la gestion des programmes se faisait
ailleurs qu'au sein du secrétariat. Je présume que c'est un
pattern qu'il voudrait voir.
M. Paquette: Chaque fois que cela nous apparaît plus utile
et plus efficace, nous n'hésitons pas à confier la gestion de
certains programmes à d'autres ministères. Parfois, on nous les
renvoie. C'est arrivé récemment, nous espérions qu'un
programme d'emploi scientifique pouvait être assumé à
même les budgets du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. On nous a dit que, comme il n'était
pas conforme et standard, on ne pouvait l'accepter dans les programmes de
création d'emplois du ministère de la Main-d'Oeuvre. Ce n'est pas
du tout une décision du ministre de la Main-d'Oeuvre qui était
bien prêt à faire des exceptions à ses règles de
fonctionnement normal pour nous accueillir. Le programme nous est revenu, alors
on va en assumer la gestion. Nous n'avons pas cette attitude
systématique d'assumer la gestion de tous les programmes qui nous
semblent intéressants ou importants pour le développement
scientifique et technologique. (17 h 45)
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Très brièvement, sur cette même
question des fonctions verticales et horizontales de votre ministère.
Cela m'intéressait de voir que dans votre avant-projet, vous n'aviez pas
les paragraphes 3 et 4. Vous ajoutez cela ensuite. Vous avez dit que
peut-être après avoir réfléchi...
M. Paquette: Ce qui est le plus intéressant, c'est que
cette suggestion vient de collègues ministres, d'autres ministres.
Évidemment, nous avons dit: Bien sûr, cela correspond à ce
qu'on fait, à ce qu'on doit faire, on va l'intégrer. On
était bien heureux.
M. Lincoln: Ce qui m'intéresse de savoir, c'est que quand
vous avez lancé votre avant-projet, qui a dû être
discuté naturellement avec vos conseillers, etc., les paragraphes 3 et 4
ne vous semblaient pas importants ou essentiels dans la description de vos
fonctions. Si je vous demande cela, c'est justement toute cette question de
l'interrelation des ministères entre eux. Vous avez parlé de
BIO-AGRAL comme exemple. Je ne veux pas faire de discussion sur un autre
ministre qui n'est pas là. J'ai participé
à la commission parlementaire où nous demandions au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation - c'est
dans le journal des Débats, alors, ce n'est pas un grand secret: -
Qu'est-ce que vous allez faire avec BIO-AGRAL? Est-ce que vous avez des projets
immédiats, des projets à long terme? Qu'est-ce que c'est? Il
n'avait aucun projet immédiat et il nous a dit, parce que la
biotechnologie est dans l'agriculture: C'est l'avenir, on va se préparer
en créant cette société. Je voulais vous demander...
M. Paquette: Elle est en voie de devenir.
M. Lincoln: ...quelle est la participation que vous avez eue dans
l'élaboration... Est-ce que, par exemple, chaque ministère
propose son propre petit projet et qu'après cela, à un moment
donné, vous allez avoir... Disons, dans le cas de la biotechnologie,
vous avez à la SGF, Bio-Endo sous l'égide du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, vous avez l'Agriculture avec sa petite
boîte, à un moment donné, vous avez toutes sortes d'actions
ponctuelles dans les ministères qui gèrent eux-mêmes une
fonction scientifique et technologique. Maintenant que vous aurez ces pouvoirs
sous les paragraphes 3 et 4, quelle va être votre participation à
l'élaboration de la création de ce développement
scientifique. Ensuite, est-ce que vous allez avoir un droit de regard
quelconque? Disons que BIO-AGRAL se révèle une expérience
qui ne va pas dans la bonne direction, - vous avez tous les conseillers
scientifiques et technologiques -quel droit de regard aurez-vous
là-dessus? Ou bien est-ce que cela va être une espèce de
prolifération d'actions ponctuelles dans les ministères verticaux
ou sectoriels?
M. Paquette: Justement, le rôle d'un ministère de la
Science et de la Technologie est non pas de stériliser le dynamisme des
divers ministères, des divers organismes publics, mais de coordonner,
d'harmoniser ces efforts, et dans le cas où l'action paraissait devoir
être entreprise plus rapidement, de la stimuler et de la susciter dans
d'autres cas. Je pense qu'on est vivant. Il n'y a pas de planification qui
proviendrait de quelqu'un qui aurait la science infuse et qui dirait: Nous
avons le plan idéal et maintenant tout fonctionne bien, l'étape
a) vient avant l'étape b). Ce n'est pas aussi simple que cela.
Cependant, dans le cas que vous mentionnez plus particulièrement, nous
avons participé très activement à deux comités:
l'un sur les biotechnologies, sur tous les aspects recherche,
développement, formation de chercheurs et l'autre sur les bioindustries.
À l'automne, les deux documents ont été approuvés
par le Conseil des ministres et on m'en a confié la
responsabilité.
Voilà qui correspond à quatrièmement. On m'en a
confié la responsabilité. Dans le rapport sur les bioindustries,
l'une des mesures proposées était qu'un certain nombre de
sociétés d'État, dans les secteurs identifiés comme
prioritaires, devait investir. Ce n'est peut-être pas coercitif, enfin,
c'est une décision du Conseil des ministres qui invitait les
sociétés d'État à investir. On ne disait pas quand,
comment, dans quel secteur, on devait investir. C'est à partir de cela
que la SGF a préparé son projet qui a mené à la
création de Bio-Endo et maintenant nous voyons le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation via SOQUIA
préparer, lui aussi, un projet. Le projet n'est pas aussi vague que vous
le dites, il y a un programme de recherche appliquée à
l'industrie agro-alimentaire qui contient trois ou quatre thèmes de
recherche. Ils vont commencer avec cela, il faut d'abord faire de la
recherche-développement et, éventuellement, cela pourra
être commercialisé sur une base de rentabilité. On en est
au tout début. En somme, le ministre de l'Agriculture demande
l'autorisation de mettre sur pied une filiale qui fera surtout au début
de la recherche-développement et, éventuellement, de la
production.
C'est dans la foulée de notre politique, notre plan d'action en
biotechnologie et en bioindustrie.
M. Lincoln: Pour revenir à votre exemple de BIO-AGRAL,
quel est votre plan de concertation, de coopération et de droit de
regard sur une base continue? Maintenant qu'on a créé cela, quel
est votre implication dans cela; cela démarre-t-il tout seul? Quelle est
l'interaction?
M. Paquette: Notre implication, puisque nous avons la
responsabilité du rapport du comité interministériel des
bioindustries, à cet égard, s'arrête en ce sens que
voilà l'une des mesures en voie de réalisation. C'est un aspect
du plan d'action en bioindustrie qui est réalisé. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation y a donné
suite.
Cependant, en vertu du 2e paragraphe, nous sommes
intéressés à veiller à l'harmonisation des
activités des ministères et des organismes publics relatives
à la science et la technologie. Nous sommes en train d'évaluer le
programme, de travailler avec le ministère de l'Agriculture pourassurer le développement du programme de recherche. Alors ils ont
défini des axes de recherche-développement.
Nous avons, au ministère de la Science et de la Technologie, une
petite équipe dans ce domaine; elle est appuyée par une mission
de concertation formée de représentants des
divers milieux de la recherche en biotechnologie. Il y a des gens qui
proviennent des équipes universitaires, il y en a d'autres qui
proviennent de l'industrie, il y en a qui proviennent des ministères et
on a un représentant du ministère de l'Agriculture, je pense.
Voilà une instance de concertation qui nous éclaire;
à l'aide de ces ressources humaines extrêmement qualifiées,
nous allons pouvoir conseiller le ministre de l'Agriculture et la direction de
SOQUIA, de façon à faire de cette initiative le meilleur
succès possible. Mais, bien sûr, c'est la société
qui demeure responsable, comptable des sommes qu'elle va investir dans ce
projet.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur cette question. Nous avons eu un
problème à l'article 2, maintenant on discute l'article 4. Il y a
un article dans The order in council authorizing the minutes establishing the
Minister of State of Science and Technology in Ottawa qui pourrait couvrir les
deux situations. "It says: "The fostering of cooperative relationships with
respect to science and technology with public and private organizations - I am
changing this, it says: with the provinces - with other provinces and other
nations." Dans le projet de loi, on voit des occasions de faire des ententes.
Peut-on couvrir les deux situations en parlant de "foster" - je ne sais pas ce
que "foster" veut dire en français: encourager ou susciter -
"cooperative relationships with respect to science and technology"? Cela veut
dire...
M. Paquette: Des accords de coopération.
Mme Dougherty: ...des mesures. Non, mais à
l'intérieur des ministères, entre le secteur privé et le
secteur public, c'est global. C'est ce que je cherche. Je crois que le
problème est qu'on est trop précis, trop direct et qu'un
ministre, avec un rôle de leadership, doit chercher un mandat global et
général pour faciliter la coopération et la communication
entre le privé, le public, le gouvernement et ailleurs pour faciliter
les projets ou les orientations. Est-ce que je pourrais suggérer que
vous considériez en cherchant une meilleure façon d'arriver
à l'harmonisation? On peut peut-être s'inspirer de cet article-ci
dans le décret canadien.
M. Paquette: Voici, M. le Président. Nous retrouvons...
J'ai ici la version française de l'article.
Mme Dougherty: Cela dit quoi?
M. Paquette: Cela se lit comme suit, "...enfin le ministre
d'État chargé de la science et la technologie élaborera et
développera des politiques concernant...". C'est très
différent.
Mme Dougherty: Non, non, non. Je suis...
M. Paquette: "Les rapports à établir avec les
provinces, certains organismes publics et privés et aussi avec d'autres
pays en vue de collaborer avec eux en matière scientifique et
technologique." Cela recoupe beaucoup de choses. Nous avons un article sur la
coopération avec l'extérieur un peu plus loin dans le projet de
loi; nous avons aussi un article 8.8° qui se lit comme suit et qui
correspond beaucoup à l'esprit de cet article: "Favoriser la
consultation et la concertation des organismes publics et privés et des
personnes intéressées à la recherche et à la
technologie, ainsi que du public en général, aux fins notamment
de déterminer les objectifs du développement scientifique et
technologique et les moyens pour les atteindre."
C'est global. M. le Président, je ne voudrais pas qu'on commence
non plus à essayer de... Cela peut être très difficile de
chambarder tous les articles.
Mme Dougherty: Oui, mais notre but est d'améliorer, de
mieux refléter les intentions. C'est cela.
M. Paquette: Mais dans ce cas-ci, dans le cas de l'article
7.4°, il s'agit d'une question de maîtrise d'oeuvre de certaines
actions, mesures gouvernementales à caractère multisectoriel. Et
cela, vous ne le retrouverez pas dans la loi du ministère d'État
à la Science et à la Technologie puisqu'au départ, cela a
été conçu comme un ministère strictement
horizontal. C'est un ministère d'État.
Une voix: Qui le reste d'ailleurs, je pense.
M. Paquette: Et qui le reste actuellement, mais qu'on a
couplé avec des fonctions un peu plus verticales, c'est-à-dire
celui d'un poste de ministre au développement économique.
M. le Président, si mes collègues de la commission sont
d'accord, je proposerais d'amender l'article 7.4 comme suit: "Met en oeuvre -
plutôt que "réalise" - à la demande du gouvernement
certaines mesures - plutôt qu'"actions" - gouvernementales - et le reste
est semblable - à caractère multisectoriel dans le domaine de la
science et de la technologie."
Le Président (M. Champagne): Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. French: Sur l'amendement, "met en oeuvre" n'implique pas
inévitablement la gestion.
M. Paquette: C'est exactement cela. Cela rend beaucoup mieux
l'esprit de cet article que nous voulons y mettre.
Le Président (M. Champagne): Alors l'amendement est
adopté.
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): L'article 7.4 est
adopté tel qu'amendé.
Une voix: Oui.
M. Paquette: M. le Président, j'ai une formulation.
Le Président (M. Champagne): Pour l'article 2?
M. Paquette: L'article 7.2° pourrait peut-être
satisfaire les membres de la commission et cela permettrait d'en avoir
terminé avec l'article 7.
À l'article 7.2°, je propose l'amendement suivant: "Favorise
- plutôt que "veille" - le cas échéant, l'harmonisation des
activités des ministères et des organismes publics relatives
à la science et à la technologie." Cela définit beaucoup
mieux cette action comme étant ponctuelle, occasionnelle. Il s'agit ici
de projets ad hoc, c'est bien évident. Il ne s'agit pas d'aller
harmoniser les départements de l'Université de Montréal
entre eux.
M. French: Encore moins les professeurs.
M. Paquette: Et encore moins.
Le Président (M. Champagne): Alors voici comment se
présente l'amendement de l'article 7.2°: "Favorise, le cas
échéant, l'harmonisation des activités des
ministères et des organismes publics relatives à la science et la
technologie. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. French: M. le Président, il est 18 heures. Je
suggérerais qu'on y réfléchisse pendant l'entracte, et on
pourra y revenir à 20 heures.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: Ce n'est pas par esprit dilatoire, c'est juste pour y
penser un peu.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Cela va. La commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil de la
constitution poursuit l'étude article par article du projet de loi 19,
Loi favorisant le développement scientifique et technologique du
Québec.
Ce sont les mêmes membres que cet après-midi. Alors, nous
continuons. Au moment de nous quitter, nous avions sur la table un amendement
de l'article 7.2° qui se lit comme suit: "favorise, le cas
échéant, l'harmonisation des activités des
ministères et des organismes publics relatives à la science et
à la technologie." Oui?
M. French: Je m'excuse...
Le Président (M. Champagne): M. le ministre veut-il
intervenir?
M. Paquette: M. le Président, je pense que cet amendement
donnait suite à la discussion et à une suggestion du
député de Westmount.
Le Président (M. Champagne): Oui. Alors, M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, je pense que c'est absolument
une amélioration, sauf que j'essaie encore d'éviter sans
indûment limiter ce que le ministre voudrait exprimer ou voudrait voir
là. Il ne peut pas être indûment limité dans le champ
d'activité, mais je répète que le mot "activités"
est tellement général dans l'esprit des gens qui le lisent. C'est
peut-être tout le travail et toutes les activités. Le cas
échéant, cela aide un peu mais je me demandais si on ne pouvait
pas penser à une formule et avoir une suggestion très
générale: "favorise, le cas échéant,
l'harmonisation des contributions des ministères et des organismes
publics relatives aux priorités publiques dans la science et la
technologie." C'est une suggestion mais cela commence à...
Peut-être que je poursuis un objectif qui ne vaut pas la peine. C'est
essayer d'expliquer que de temps à autre certains organismes et certains
ministères seraient appelés à la suite d'une
priorité à poursuivre certains objectifs et que le
ministère n'a pas en effet la responsabilité de suivre à
la trace toutes les activités de tous les ministères relatives
à la science et à la technologie.
Mme Dougherty: Pourrais-je demander à mon collègue
de répéter sa suggestion?
M. French: Ma suggestion serait: "favorise, le cas
échéant, l'harmonisation des contributions des ministères
et des organismes publics relatives aux priorités dans la science et la
technologie." Cela évoque le cas un peu exceptionnel du mandat
d'harmonisation.
M. Raquette: M. le Président, il peut être
très difficile de trouver une alternative au mot "activités". En
fait, je ne connais pas de terme plus neutre. Je pense que le manque de phrases
c'est ce qu'il y a au début. Il s'agit de favoriser l'harmonisation
sans... Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait penser que cela peut
être dirigiste. Ne pensez-vous pas?
M. French: Oui, effectivement.
Mme Dougherty: II faut éviter cela à tout prix.
M. Paquette: Vous auriez été convaincant dans vos
discours de deuxième lecture, ce qui m'étonnerait.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement tel que proposé: "Favorise, le cas
échéant, l'harmonisation" est-il adopté?
Mme Dougherty: Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne): Alors, le 2° de l'article
7, tel qu'amendé. L'article 7 est adopté tel qu'amendé.
Cela va? J'appelle l'article 8, 1°.
M. Paquette: M. le Président, avant d'aborder les
différents paragraphes l'un après l'autre, à l'article 8,
il est peut-être bon de donner une vue d'ensemble. D'abord, l'article 8
énumère les pouvoirs du ministre dans l'exécution de ses
fonctions. On retrouve, dans cet article, un certain nombre de
responsabilités bien précises qui touchent divers aspects de la
politique scientifique et technologique. On parle de priorité et de
stratégie à certains endroits, d'évaluation dans d'autres,
de coopération avec l'extérieur, d'information scientifique et
technologique, de culture scientifique et technologique, d'arrimage de la
politique scientifique au développement économique.
Je pense que chacun des articles pourrait être analysé
à son mérite. Cependant, j'aimerais tout de suite, M. le
Président, déposer un amendement, important, je pense, que
beaucoup jugeront substantiel. Je ne sais pas comment je dois le
déposer, parce qu'on si on étudie paragraphe par paragraphe, il
est peut-être important de le lire au complet. Je vais vous le lire au
complet et vous laisser le soin de décider comment nous allons aborder
cela.
L'article 8 serait modifié par le remplacement du paragraphe 7
par le suivant...
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, je ne sais
pas, au point de vue...
M. Paquette: C'est parce qu'il y a un cinquièmement qui
vise à exclure l'application des paragraphe 6 et 7, les institutions
d'enseignement et les...
Le Président (M. Champagne): Comme procédure,
est-ce qu'on ne pourrait pas prendre 1°, 2°, 3° et aller de cette
façon jusqu'à 5°...
M. Paquette: On attendra au paragraphe 6...
Le Président (M. Champagne): Oui. Ce serait
peut-être plus...
M. Paquette: ...qui est le premier article amendé. Vous
avez raison.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Si vous n'avez pas
d'objection, on va prendre le paragraphe 1 .
M. Lincoln: Je voudrais poser une question au ministre avant.
Le Président (M. Champagne): Oui. M. Paquette:
Oui.
M. Lincoln: Est-ce que les changements que vous avez
apportés ne s'enchaînent pas d'une façon ou d'une autre?
Avant de revoir un à un les articles...
Mme Dougherty: Les paragraphes 6 et
M. Paquette: Le paragraphe 6 ...
M. Lincoln: On pourrait revenir, pour qu'on comprenne le sens
général.
M. Paquette: Le sens général est vraiment
d'éviter toute espèce de chevauchement entre les
responsabilités du ministre et celles d'autres ministres, de respecter
scrupuleusement l'autonomie des organismes publics, particulièrement des
institutions d'enseignement supérieur et des hôpitaux.
On avait essayé de le faire à certains articles en parlant
des ministères et des organismes qui en dépendent. À un
article, on avait utilisé cette formulation, mais il semble que cela ne
soit pas tout à fait clair. Cela a été perçu comme
signifiant, entre
autres, que le ministre allait pouvoir demander les budgets des
institutions un à un, se mettre à regarder les budgets, les plans
de développement des universités, les instituts de recherche. Ce
qui n'était évidemment aucunement notre intention. Si on commence
à faire cela, cela prendra un deuxième ministère de
l'Éducation et ce n'est pas cela qu'on veut. Non, je pense qu'il y en a
assez d'un. Par contre, on aimerait bien qu'il y ait un ministère de la
Science et de la Technologie.
Par conséquent, je pense qu'on est arrivé à
clarifier les ambiguïtés. Le Conseil des universités nous
indiquait, comme présentant des problèmes, les paragraphes 6, 7
et 14. Nous pensons que le paragraphe 11 aussi peut présenter des
problèmes. La Conférence des recteurs nous l'a souligné.
La FAPUQ, également, a ajouté le paragraphe 16 qui touche les
brevets. Là, nous proposons carrément d'enlever les mots
"organismes publics" de façon que le ministère ne s'occupe que de
la politique des brevets des ministères et non pas des organismes
publics, même pas des sociétés d'État, encore moins
des universités ou des centres hospitaliers.
Voilà le sens, la philosophie derrière ces paragraphes. Il
s'agit de s'assurer que, vraiment, les responsabilités sont clairement
démarquées et que, lorsqu'un autre ministre est directement
responsable des relations gouvernementales avec certains types d'organisme, on
évite que le ministre de la Science et de la Technologie puisse
intervenir directement à l'intérieur du champ de
responsabilité avec des pouvoirs verticaux pointus qui pourraient avoir
l'air de pouvoirs, de relations, d'autorité ou de responsabilité
face aux organismes en question.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions avant de reprendre? Cela va.
M. Paquette: J'aimerais simplement présenter.
Premièrement, il s'agit du pouvoir général de
recommandation du ministre face au gouvernement concernant le
développement scientifique et technologique. Il s'agit de donner suite
aux fonctions qui apparaissent à l'article 7. Je ne pense pas que cela
pose de problème.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Est-ce que le paragraphe 1 est adopté?
Mme Dougherty: Le premier...
Le Président (M. Champagne): Le paragraphe 1 de l'article
8 est-il adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
J'appelle le paragraphe 2 de l'article 8.
M. Paquette: Ici, certains organismes qui se sont
présentés à la commission parlementaire nous ont
indiqué qu'il y avait peut-être des problèmes. Nous avons
examiné sérieusement cet article où on retrouve la
définition d'organisme public, donc qui touche notamment les
universités et les centres hospitaliers. Comme il s'agit de conseiller
le gouvernement, nous pensons que cet article n'est aucunement menaçant.
En principe, tous les ministres sont censés conseiller le gouvernement
sur toute question. Quand on est au Conseil des ministres, on conseille. Le
fait qu'on l'indique dans une loi signifie simplement qu'aucun collègue
ne devra se surprendre si un dossier arrivant au Conseil des ministres
concernant la science et la technologie est accompagné, à
l'occasion, d'un avis du ministre de la Science et de la Technologie. Je ne
pense pas qu'il y ait beaucoup de problèmes.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions au paragraphe 2? Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je veux d'abord noter que c'est un des
alinéas que les recteurs des universités ont soulevé,
l'article 8.2 , parce qu'ils ont demandé d'être exclus.
M. Lincoln: N'est-ce pas un des articles que vous aviez
nommés avant, l'article 8.2 ? Quand vous avez donné la liste,
vous avez mentionné l'article 8.
M. French: C'était pour signaler que les organismes
publics étaient inclus.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Paquette: Oui, c'était pour signaler que la
définition d'organisme public s'y retrouvait, donc que les
universités, effectivement, sont visées ici. Je pense qu'elles
doivent être visées, sans cela nous pourrions les exclure de la
définition d'organisme public et, à ce moment-là, un
article aussi bénin, mais qui a quand même son importance,
perdrait une partie importante de son sens puisqu'une bonne partie des
activités scientifiques et technologiques se font dans les
universités et dans les centres hospitaliers. Il s'agit de conseiller le
gouvernement. Il ne s'agit pas, d'aucune façon, de pouvoir
d'intervention ou de directive dans les universités. C'est uniquement un
rôle par rapport au gouvernement. Ce n'est pas un rôle par rapport
aux universités. Même, à la limite, je pourrais dire que
cela ne les regarde pas, dans le fond.
Le Président (M. Champagne): Le
paragraphe 2 de l'article 8 est adopté. Le paragraphe 3 de
l'article 8?
M. Paquette: Ici, M. le Président, c'est un pouvoir qui
pourrait aussi bien être une fonction. Je vous avoue qu'on a
hésité. On aurait pu vous présenter des amendements
transférant certains alinéas de l'article 8 à l'article 7,
mais on s'est dit que cela va compliquer l'étude article par article en
commission et on va toujours être pris à savoir où on en
est exactement. En réalité, c'est un pouvoir très
général: contribuer à l'harmonisation du
développement scientifique et technologique, à l'ensemble des
politiques de développement économique, social et culturel. C'est
cependant important de l'identifier comme pouvoir ou fonction du ministre de la
Science et de la Technologie. Je pense que cela indique l'une des deux facettes
importantes de la recherche, l'une étant la recherche du savoir pour
lui-même, ce qui est une activité très importante, mais
l'autre étant que la science peut contribuer au développement de
la société. Encore là, ce n'est pas un pouvoir directif.
D'ailleurs les organismes publics ne sont pas particulièrement
mentionnés. (20 h 30)
Le Président (M. Champagne): Alors...
Mme Dougherty: Je me demande ce que cela ajoute à
l'article...
M. Paquette: Cela souligne simplement le fait que la science et
la technologie quand le gouvernement s'en occupe, il s'en occupe avec, entre
autres, l'objectif de contribuer au développement économique,
social et culturel. Je vous signale que c'est un des énoncés qui
avaient fait consensus lors de la consultation. Il se retrouve dans le livre
blanc de la politique scientifique du Québec. Cela marquait un
progrès puisque jusque là, les universitaires se méfiaient
beaucoup de ce genre de choses. Ils avaient l'impression que cela signifiait
que le gouvernement allait uniquement s'occuper de recherche appliquée
alors que la recherche fondamentale est également importante au
développement scientifique et technologique. Elle est son arrimage.
Mme Dougherty: Pour moi, on confond ici un peu les fonctions et
le pouvoir. Pour moi, le paragraphe 3 est une fonction et pas un pouvoir
M. Paquette: Vous avez parfaitement raison. On peut très
bien se mettre à en transférer. Cela vous compliquera la vie.
Mme Dougherty: Si on en a besoin, cela doit être à
l'article 7 et non à l'article 8.
M. Paquette: Je suis d'accord que c'est vraiment une fonction, ce
n'est pas un pouvoir.
Mme Dougherty: Cela définit un peu votre champ d'action au
lieu...
M. Paquette: Oui, oui, c'est vraiment une fonction qui pourrait
très bien s'insérer...
M. Lincoln: À l'article 7.5°.
M. Paquette: Oui ou entre les paragraphes 2 et 3...
Mme Dougherty: Même les paragraphes 3...
M. Paquette: ...parce que les paragrahes 3 et 4 sont beaucoup
plus particuliers.
Mme Dougherty: Favoriser l'harmonisation des activités
cela fait pratiquement partie, cela élargit un peu le paragraphe 2 tel
qu'amendé.
M. Paquette: Cela pourrait s'insérer entre les paragraphes
2 et 3 si vous n'avez pas d'objection. Alors, M. le Président...
Mme Dougherty: Pour être logique...
M. Paquette: ...considérez que vous avez un amendement de
ma part pour amender les articles 7 et 8 à la fois. Est-ce qu'on est
capable de jongler comme cela? Et biffer le 3 paragraphe de l'article 8,
renuméroter éventuellement les paragraphes et ajouter un nouveau
paragraphe à l'article 7 entre les paragraphes 2 et 3 qui se lit
exactement de la même façon, c'est-à-dire: "contribuer
à l'harmonisation du développement scientifique et
technique."
M. Lincoln: ...
M. French: Est-ce que c'est "contribuer" qu'on avait fait comme
amendement?
M. Paquette: Dans ce cas-ci, ce sera: "contribue à
l'harmonisation du développement scientifique et technologique avec
l'ensemble des politiques de développement."
M. Lincoln: Avec l'ensemble des politiques.
M. Paquette: Avec l'ensemble des politiques de
développement économique, social et culturel.
M. Scowen: Dans l'amendement qu'on a fait à l'article
7.2°...
M. Paquette: Oui.
M. Scowen: ...le verbe c'était...? M. Paquette:
Favorise.
M. Scowen: Moi, je me demande si on ne devrait pas le rendre
conforme. Cela ne fait rien si c'est "contribuer" ou "favoriser" mais... On
parle d'harmonisation là. Ils sont maintenant l'un après
l'autre...
M. Paquette: Ce n'est pas le même genre
d'harmonisation.
M. Scowen: D'accord. Mme Dougherty: ...
M. Paquette: Ce n'est pas le même genre
d'harmonisation.
M. Lincoln: C'est: contribue à l'harmonisation...
M. Paquette: Contribue, c'est cela. Il y a deux termes:
développement scientifique d'un côté et le
développement économique, social et culturel de l'autre
côté.
Le Président (M. Champagne): Alors l'amendement est sur la
table. On biffe le 3 de l'article 8 pour l'insérer entre le
deuxièmement et le troisièmement paragraphe de l'article 7.
L'amendement du 3 de l'article 8 va se lire comme suit: "contribue à
l'harmonisation du développement scientifique et technologique avec
l'ensemble des politiques de développement économique, social et
culturel." Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Lincoln: Si on renumérote les...
Le Président (M. Champagne): On ajoute qu'on
renumérotera en conséquence les articles qui vont suivre à
partir du 2 de l'article 8.
M. Paquette: Si vous permettez, M. le Président, on
gardera les anciens numéros jusqu'à ce qu'on ait fini le projet
de loi.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Paquette: Ensuite on se chargera de le numéroter.
Le Président (M. Champagne): J'appelle le 4 de l'article
8.
M. Paquette: M. le Président, il s'agit ici d'un
paragraphe qui, je pense, a sa place à l'article 8, même s'il a
aussi une allure très générale: "favoriser l'analyse et
l'évaluation des impacts du développement technologique sur les
personnes et la société."
Notre société vit actuellement des changements
technologiques extrêmement rapides et beaucoup de personnes, en
particulier des travailleurs et des femmes -et je pense que la
députée de Jacques-Cartier a souvent eu l'occasion de soulever
cette question à l'Assemblée nationale -s'inquiètent
à bon droit des aspects sociaux du développement technologique et
de leur impact sur les personnes et la société. II n'y a pas
seulement les impacts sur le travail, il y a aussi les impacts sur les
relations mêmes de démocratie à l'intérieur de la
société, des questions comme la protection de la vie
privée, quand on pense aux banques informatiques. Je pense donc que ce
pouvoir qui est ici donné au ministre d'analyser et d'évaluer les
impacts est important.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser sur le paragraphe 4°?
Mme Dougherty: Qu'est-ce que c'est favoriser...
M. Paquette: Voici, M. le Président, pourquoi nous avons
formulé, je comprends là...
Mme Dougherty: Pour moi, c'est un peu différent,
être sensible à l'impact et favoriser... Il faut que les femmes et
la société soient adaptées, au lieu de résister aux
changements qui viennent.
M. French: Promouvoir l'adaptation, M. le ministre, ce serait
beaucoup plus intéressant pour vous autres.
Mme Dougherty: ...D'abord, être sensible, comme ministre,
à l'impact et favoriser... Est-ce que l'idée que je
suggère est claire? Parce que ce n'est pas uniquement une analyse...
M. Paquette: Je comprends votre idée.
Mme Dougherty: C'est une fonction qui est passive au lieu
d'essayer de...
M. Paquette: Je vais vous dire encore plus
précisément ce qu'on a en tête. Il y a, dans d'autres pays,
des organismes qui s'occupent de ce genre de choses.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Est-ce qu'on doit créer au Québec un
"office with technological assessment" comme il existe aux États-Unis,
ou un bureau ou un office du changement technologique, comme l'on vient d'en
créer un en France? Il y a des organismes nationaux. Voilà une
question qu'on peut se
poser, si l'on veut parler d'action concrète. L'on peut aussi se
demander s'il s'agit du bon mécanisme. Il va falloir découvrir
des mécanismes. On a pensé, à un certain moment, à
inclure dans ce projet de loi un tel office dans l'une des sections, puisqu'il
s'agit d'une loi organique. Mais l'on s'est dit que le débat ne s'est
pas encore suffisamment développé dans notre
société, et avant de favoriser tel ou tel type de solution...
Mme Dougherty: II n'y a pas de solutions structurelles, selon
moi...
M. Paquette: C'est ça, le débat est encore plus
important.
Mme Dougherty: II s'agit d'attitudes.
M. Paquette: Qui doivent être assumées par de
multiples intervenants.
Mme Dougherty: C'est ça. C'est de faciliter la
communication entre les travailleurs, par exemple, afin qu'ils puissent
discuter de leur sort dans les entreprises. Je crois que le ministre pourrait
avoir un rôle de leader dans toute cette adaptation aux changements qui
viennent. Je veux dire l'adaptation sociale, l'adaptation dans le milieu de
travail.
M. Lincoln: Mais si l'on disait, M. le ministre: promouvoir
l'analyse, l'évaluation et l'adaptation des impacts.
M. Paquette: Oui, j'aime bien le terme "adaptation"; je pense
qu'il va falloir utiliser quelque part le mot "adaptation".
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. French: Moi, je pense qu'on devrait laisser tomber l'analyse
et l'évaluation, qui devraient être comprises, de toute
façon, et dire "promouvoir l'adaptation des personnes et de la
société aux impacts du développement technologique. Mon
collègue, le professeur Limoges pense autrement que moi.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'à la
suite des remarques faites à la commission, cet article
mériterait, à cause de son importance, d'être mieux
formulé. La suggestion du député de Westmount l'adaptation
des personnes aux changements technologiques - cela peut prendre un certain
sens péjoratif, en ce sens: Voilà la technologie et vous avez
à vous conformer au moule.
Mme Dougherty: II faut s'ajuster...
M. Paquette: C'est une attitude qui pourrait - je sais que cela
n'est pas l'intention du député de Westmount apparaître
à certains orwellienne; d'ailleurs, nous serons en 1984,
bientôt.
Mme Dougherty: Comme si on était victime de... Il faut
trouver un mot positif au lieu d'un mot négatif.
M. Paquette: C'est cela. M. le Président, nous allons
suspendre ce paragraphe si les membres de la commission n'ont pas d'objection
et essayer de trouver, à partir des suggestions qui ont
été faites par les membres de la commission, une meilleure
formulation.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Alors, le
paragraphe 4 de 8 est suspendu. J'appelle le cinquième.
M. Paquette: Voilà un paragraphe très succint,
mais, en même temps, très important, et qui concerne uniquement le
fonctionnement interne du gouvernement. Il n'a pas d'impact sur les organismes
externes quels qu'ils soient, quelle qu'en soit la nature. "Soumettre ses
recommandations -sauf indirectement, évidemment, une fois que les
décisions du gouvernement sont prises -au gouvernement sur les
ressources de l'État consacrées à la science et à
la technologie." Cela signifie que, à l'aide des analyses que nous
publions chaque année, nous allons bientôt - j'avais
espéré le faire avant la fin de la session, je pense que cela ira
au mois d'août ou en septembre - faire une étude exhaustive des
dépenses gouvernementales dans les différents secteurs en tout ce
qui concerne les activités scientifiques et technologiques.
Nous sommes en mesure avec cela d'identifier les forces et les
faiblesses, les lacunes. En ce sens, il est important que le ministère
de la Science et de la Technologie s'insère dans le processus de la
revue des programmes, puisque tous les ministères font des
dépenses scientifiques et technologiques, presque toutes les
sociétés d'État, certains organismes parapublics
également. Il ne s'agit pas de recommandations concernant les budgets
particuliers de chacun des organismes - il y a un autre article plus loin - ce
sont les ressources de l'État. Donc ce sont vraiment les
priorités, également le niveau.
Je vous avoue que c'est un peu inquétant de relever un tel
défi; on pourra à l'avenir - on ne pouvait pas tellement le faire
dans le passé - faire reproche au ministre de la Science et de la
Technologie, si les dépenses de l'État n'augmentent pas assez
vite ou sont mal coordonnées, mal orientées...
Mme Dougherty: ...gaspillées.
M. Paquette: ...ou dédoublées. C'est un article
très important. C'est un pouvoir très important d'un
ministère de la Science et de la Technologie.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, puisque les ressources de l'Etat vont
en fait directement au secteur des organismes publics - vous prenez les
universités par exemple - est-ce que vous, qui avez le pouvoir de
conseiller, de recommander au gouvernement la distribution de ces ressources,
cela vous donnerait, peut-être pas un pouvoir direct, mais un pouvoir de
persuasion sur les fonds de recherche, non les fonds comme tels, mais les
programmes? Est-ce que cela ne vous donne pas une espèce de droit de
regard très puissant sur des organismes publics comme les
universités, si, par exemple, vos conseillers disaient, demain matin:
nous avons un certain programme dans une université quelconque, soit
Sherbrooke ou l'Université de Montréal, qui n'allait pas tout
à fait avec le cadre général des directions de votre
ministère? (20 h 45)
M. Paquette: Non, parce qu'il s'agit vraiment de l'ensemble des
ressources de l'État. Autrement dit, quand on arrive au moment de la
revue des programmes, le budget des universités, moi j'ai 25% des
dépenses des universités qui sont dans mes dépenses
globales de l'État pour activités scientifiques et
technologiques. À ce moment-là, règle
générale, on peut dire que le ministre de l'Éducation aura
un allié de plus quand viendra le temps de promouvoir une augmentation
des budgets des universités. Il ne s'agit pas d'entrer dans les
détails de telle université par rapport à telle autre, de
tel organisme par rapport à tel autre mais plutôt de l'impact du
budget général des universités sur le développement
scientifique et technologique.
On sait que le financement de la recherche dans les universités,
en ce qui concerne le gouvernement du Québec, provient essentiellement
de trois sources: les dépenses générales de fonctionnement
des universités dont une part sert à défrayer la partie
des activités des professeurs d'université voués à
la recherche; cela représente environ 200 000 000 $; il y a les fonds
subventionnaires, les trois fonds dont on parle dans le projet de loi un peu
plus loin qui constituent un apport d'environ 55 000 000 $ cette année,
le Fonds FCAC étant le plus important avec 32 000 000 $, le FRSQ
représentant environ 23 000 000 $ et l'autre, 3 000 000 $. La
troisième source est l'ensemble des contrats que les ministères
et organismes donnent aux universités. Il y a également des
subventions d'action structurante du ministère de l'Éducation
qu'il ne faut pas oublier et qui ne sont pas assumées par les fonds.
Parfois le ministère de l'Éducation décide de donner des
équipements à tel ou tel centre de recherche. Ce sont des
décisions internes au ministère de l'Éducation.
Un rôle évident d'un ministre à la Science et
à la Technologie est de se poser une question comme la suivante: Dans la
partie des dépenses du gouvernement affectée aux
ministères, est-ce que les ministères sont en interrelation
suffisante avec les équipes de recherche dans les universités?
Est-ce qu'ils apportent beaucoup d'études qui sont faites à
l'interne et qui auraient avantage à être faites dans des
équipes universitaires qui pourraient, à la fois, éclairer
le ministère dans ses orientations et en même temps s'assurer
d'une source additionnelle pour financer la recherche? Voilà le genre de
question que cet article amène à un ministre à la Science
et à la Technologie. Et non pas regarder le détail des budgets de
chacun des organismes. Tout cela se fait quand ces questions sont
discutées. On peut toujours conseiller le gouvernement par d'autres
articles mais...
Mme Dougherty: C'est un point important parce que je crois que
c'est bien reconnu que dans les équipes d'excellence il y a
échange d'idées. Cela optimise le potentiel scientifique au lieu
de fractionner l'effort...
M. Paquette: Regrouper, c'est un autre...
Mme Dougherty: C'est une des considérations que j'ai eues
quand on a créé cet organisme de biotechnologie en agriculture.
Est-ce qu'on est en train de fractionner, diversifier nos efforts au lieu de
les concentrer surtout en biotechnologie parce qu'il faut une équipe
multidisciplinaire. On ne travaille pas seul en biotechnologie, on travaille en
équipe: des ingénieurs, des chimistes, des biologistes.
C'était exactement la crainte que j'ai eue quand j'ai vu cet organisme
sans mandat particulier. C'est un danger.
M. Paquette: Je pense que c'est au ministre à la Science
et à la Technologie de proposer à une société comme
celle qui est mise sur pied - de proposer, je dis bien -des modes de
fonctionnement. On déborde déjà le cadre du paragraphe 5,
on est rendu dans des projets concrets et en plus dans des crédits
extra-budgétaires. Cela procède de la même idée qui
est d'essayer de regrouper les ressources, de les concentrer suffisamment,
progressivement par le rôle qu'un ministre à la Science et
à la Technologie peut jouer face au budget général de
l'État.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Merci. M. le Président, est-ce que j'ai bien
compris que le 5°, c'est le seul pouvoir que le ministère va
détenir quant au budget consacré par les ministères aux
fins de la science et de la technologie ou est-ce qu'il y en a un autre qui le
touche plus loin? Si oui, j'aimerais le voir pour bien évaluer.
M. Paquette: Oui, c'est notamment le suivant.
M. French: Oui, mais le suivant me semble toucher principalement
des organismes publics. Non? Ça ne touche pas nécessairement les
ministères?
M. Paquette: II y a le 7° aussi où l'on parle de
"procéder périodiquement, en collaboration avec les ministres
concernés, à l'évaluation des programmes relatifs..."
Quand on évalue les programmes, on évalue également les
sommes qui y sont consacrées, donc les budgets.
M. French: La formulation est très générale
et elle vise surtout le budget global de la science et de la technologie et non
pas un examen minutieux des détails des dépenses.
M. Paquette: Ce sont les grands équilibres et les grandes
masses.
M. French: Si le comité de législation du Conseil
des ministres se sent confortable avec ça, M. le Président, je
pense que l'Opposition officielle ne devrait pas apporter d'objection.
M. Paquette: Le Conseil du trésor et le ministre le
souhaitent ardemment.
M. French: Très bien.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le paragraphe 7...
Oui, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je comprends exactement ce que vous voulez dire; si
l'on parle de l'enveloppe globale de la science et de la technologie au sein du
gouvernement, elle est distribuée par les ministères. Mais dans
le paragraphe 6, vous faites mention du budget des organismes publics pour
faire le contraste.
M. Paquette: Oui.
M. Lincoln: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, pour mieux se
comprendre, de dire, par exemple, dans les recommandations au gouvernement: sur
les ressources de l'État disponibles aux ministères ou
distribuées par les ministères, ou bien si ça va de soi?
Il faut faire la distinction avec l'autre pour bien indiquer...
M. Paquette: Je pense que, justement, le fait que le 5° soit
formulé de façon très générale montre bien
qu'il s'agit d'un mégaproblème. Vous savez, les ressources de
l'État, ce ne sont pas seulement les crédits budgétaires.
L'on peut également se demander quelle est la part relative des
crédits et des mesures fiscales. On peut se poser des questions
d'équilibre de ce genre-là. Quelle est la meilleure façon
d'aider la recherche et le développement? On vient d'avoir une
étude du Fonds FCAC, et il y a une étude du Conseil des
universités. Nous faisons aussi nous-mêmes des études en
regroupant toutes les formes d'analyse et on se demande où est-ce qu'on
doit mettre l'accent et de quel côté. C'est ça dont il
s'agit ici.
Le Président (M. Champagne): Le paragraphe 5 de l'article
8 est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
paragraphe 6.
M. Paquette: Ici, M. le Président, je n'ai pas
d'amendement mais il y en aura un qui visera à ajouter un alinéa
à l'ensemble de l'article 8 et qui se lirait comme suit: "Les
paragraphes 6 et 7 ne s'appliquent pas à une institution d'enseignement
ni à un établissement au sens de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux". Ici, on a la définition
d'organismes publics, mais on dit explicitement que les universités et
les services de santé et les services sociaux sont exclus. Je pense que
c'est le principal article.
Mme Dougherty: Lesquels sont inclus? M. Paquette: Les
autres.
M. French: Les autres organismes publics.
M. Paquette: Les autres organismes publics. Alors, principalement
les sociétés d'État...
M. French: Les régies, les commissions qui pourraient
faire des recherches.
M. Paquette: Les régies, les commissions, les offices. Par
exemple, l'Institut de recherche en santé et en sécurité
du travail, Hydro-Québec avec l'IREQ qui est à
l'intérieur, c'est très
important. C'est le budget le plus important en recherche au
gouvernement.
M. Lincoln: Qu'arrive-t-il des institutions de recherche comme
l'Institut Armand-Frappier, qui est une extension de l'université?
M. Paquette: C'est une institution universitaire. Elle est donc
exclue de l'application du paragraphe 6.
M. French: Sauf que, parce que cette institution fait partie du
réseau de l'Université du Québec, elle retombe de toute
façon dans le même panneau, dans ce cas précis.
M. Paquette: Non...
M. French: L'Université du Québec...
M. Paquette: Non, parce que nous disons que les paragraphes 6 et
7 ne s'appliquent pas à une institution d'enseignement. Alors cela
inclut l'Université du Québec et ses constituantes.
M. Lincoln: Toutes ses "extensions" et ses...
M. Paquette: Je pense qu'ici on avait le principal point
d'achoppement - il y en a un autre aussi - avec les organismes universitaires
qui se sont présentés devant nous. Je me rappelle une
interrogation dramatique où on disait: est-ce qu'il faudra chaque
année présenter nos budgets et nos plans de développement
au ministre délégué à la Science et à la
Technologie. Non, jamais cette idée ne nous avait effleuré
l'esprit. Si certaines personnes y ont vu de telles choses, je pense que
l'amendement que nous apportons va clarifier tout doute à cet
égard.
M. French: Question de forme, est-ce qu'on mettrait "sous
réserve du dernier paragraphe du présent article"?
M. Paquette: On pourrait l'adopter sous réserve de
l'adoption d'un deuxième alinéa à l'article 8, tel que je
viens de le lire.
M. French: Ce n'est pas ce que je voulais dire, M. le ministre.
C'était de se demander si, comme question de forme, on ajoutait les mots
- c'est seulement une question, ce n'est pas une recommandation que je fais -
"sous réserve du dernier paragraphe du présent article..." Je ne
sais pas, mais c'est une question que les légistes pourraient
demander.
M. Paquette: Non, je pense qu'on va nous dire que cela est
redondant. On nous suggère d'insérer dans le sixièmement
et le septièmement les mots "sous réserve du dernier
alinéa." Ce n'est pas nécessaire.
M. Lincoln: Une dernière question peut-être qui
se... Vous prenez comme exemple pratique des sociétés comme
Bio-Endo, qui est une filiale de la SGF, de BIO-AGRAL. Est-ce que l'article 6
s'appliquerait à elles? Est-ce que vous pourriez nous...
M. Paquette: Oui, parce que si vous prenez la définition
d'organisme public qui est à l'article 1...
M. Lincoln: C'est cela que je pensais, mais d'une façon
pratique pourriez-vous nous dire comment cela fonctionnera? Vous avez Bio-Endo,
qui est une filiale de la SGF, qui a son conseil d'administration, qui
dépend d'une grosse société d'État, qui a son
P.-D.G. Elle aura à vous soumettre... Quelle sera la connexion?
M. Paquette: M. le Président, c'est pour cela que les
craintes des universités étaient injustifiées - à
la limite, nous n'avons même pas besoin de faire cet amendement -
largement injustifiées, à mon avis, enfin
exagérées. Justifiées en partie, mais
exagérées. C'est de présenter au gouvernement ses
recommandations sur les budgets des organismes publics et leur plan de
développement. Encore faut-il qu'elles en aient un et que ce plan soit
soumis au gouvernement.
M. Lincoln: Soumis à vous d'abord...
M. Paquette: Par exemple, concrètement dans le cas que
vous mentionnez, la Société générale de financement
nous a présenté récemment son plan triennal; j'ai vu cela
passer au Conseil des ministres. On a fait des recommandations, on a
travaillé là-dessus -ils ouvrent une nouvelle section des
industries nouvelles dans lesquelles se trouve Bio-Endo et dans lesquelles se
trouve le plan de développement de Bio-Endo... Bio-Méga,
plutôt. Nous avons présenté nos recommandations sur le plan
de développement de la SGF dans lequel se trouvait...
M. Lincoln: C'est bien cela que je comprenais, mais ce
cas-là je le trouve différent du cas des universités. Je
suis bien content pour le cas de Bio-Méga et de BIO-AGRAL, mais en fait
elles sont obligées de soumettre leur plan de développement et
leur budget à vous d'abord pour une recommandation au Conseil des
ministres. Cela passe par vous. Comment, à ce moment-là...
M. Paquette: Non, non, pas du tout. Cet article ne change pas les
autres lois et la SGF relève d'un autre ministre. C'est à ce
ministre qu'elle soumet les plans de développement. Ces plans de
développement sont acheminés vers le Conseil des ministres et
c'est à ce moment-là que nous les analysons et que nous faisons
nos recommandations. Vous allez me dire: Vous pouvez être pris de court
à la dernière minute. Par un autre article on a la
possibilité d'aller chercher des renseignements
régulièrement pour savoir où tout cela s'en va. Lorsqu'une
décision doit être prise par le Conseil des ministres quant
à un plan de développement par exemple ou quant à des
budgets, nous sommes en mesure généralement en quelques jours de
préparer une recommandation, un avis pour le Conseil des ministres. (21
heures)
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: Je voudrais simplement souligner ici que voilà
pourquoi on a eu l'impression, avant les assurances du ministre quant aux
ressources humaines et financières qu'il allait dévoiler, que le
projet de loi s'apprêtait à l'exploitation essentiellement pour
ériger un empire bureaucratique. Il me semble qu'avec des centaines et
des centaines... Il y a 5000 organismes publics. Je ne dis pas que les 5000 ont
des activités scientifiques et technologiques importantes mais si on
voulait vraiment faire ce genre d'analyse de façon religieuse, on peut
justifier une armée d'analystes. On créerait beaucoup
d'activités, on aurait l'illusion d'être très important
dans tout le processus. Je ne sais pas si on aurait compris grand chose.
Maintenant, le ministre nous a assuré que ce serait sensiblement
avec une équipe modestement augmentée sur la base actuelle qu'il
accomplira son mandat. Il est donc forcément impossible de donner une
lecture littérale, une lecture systématique au
sixième...
M. Paquette: M. le Président, cet article établit
une dynamique puisque le ministre responsable d'Hydro-Québec ou le
ministre responsable de la Société générale de
financement savent que le ministre délégué à la
Science et à la Technologie peut présenter au gouvernement ses
recommandations sur les budgets des organismes publics, leur plan de
développement, les directives qui leur sont adressées, ils ont un
certain intérêt à obtenir l'accord et l'appui devant le
Conseil des ministres du ministre délégué à la
Science et à la Technologie. Cela fait en sorte que
régulièrement nous organisons des rencontres avec chacun des
collègues et nous faisons le tour des dossiers que nous avons en commun,
en fait de l'aspect scientifique et technologique de leur mandat à eux.
Cela crée une dynamique à l'intérieur du gouvernement
beaucoup plus qu'autre chose. Lorsque c'est très important - pas
nécessairement sur tout, nous choisissons nos dossiers - nous
présentons un mémoire parfois pour appuyer le ministre, parfois
pour proposer certains amendements, certaines orientations.
M. French: Donc le ministère n'est pas agent de la faune,
le ministère est simplement détenteur d'un permis de chasse. Vous
n'avez pas le mandat de procéder systématiquement à
couvrir tous les organismes et toutes les activités. Vous allez choisir
les priorités, vous allez accomplir cette tâche avec cinq, dix ou
quinze personnes et vous n'avez pas l'ambition de monter une équipe plus
grande que cela.
M. Paquette: Je pourrais bien répondre que oui et le
député pourrait me répondre: S'il y avait un autre
ministre et s'il y avait d'autres orientations qui intervenaient. Je voudrais
le convaincre de la façon suivante: tout ceci serait largement
inefficace. Je ne vois pas un ministre passant son temps à suivre
scrupuleusement à la loupe les agissements de ses collègues et
mettant sur pied un système de renseignement détaillé. Ce
serait développer - pour prendre une image - une pelle mécanique
pour ramasser une bille dans un tas de foin. Je pense qu'il n'y a aucun
ministre délégué à la Science et à la
Technologie qui pourrait très longtemps soutenir une telle entreprise.
Elle serait rapidement contrée par un autre organisme qui veille
à ne pas laisser faire, avec des fonds publics, des choses inutiles
à l'intérieur de l'appareil, c'est-à-dire le Conseil du
trésor. Je pense que c'est la meilleure assurance que je peux donner au
député. Je pense que les gens sont relativement raisonnables
à l'intérieur du gouvernement.
M. French: C'est toujours une question d'appréciation, M.
le Président. Je comprends très bien l'attitude du
ministre...
M. Paquette: Cela dépend du parti au gouvernement.
M. French: Cela dépend de quel côté du
président on est. Je suis d'accord avec le ministre. Je ne doute pas de
l'analyse du ministre. Je lui signale simplement que c'est le genre
d'alinéa qui effraie les personnes qui n'ont pas entendu les assurances
du ministre, qui n'ont pas entendu sa vue d'ensemble de la façon dont il
va procéder. Car là, avec une certaine paranoïa, une
certaine sensibilité, pris à court par un délai d'analyse
assez restrictif, on peut facilement
se trouver à monter des bateaux, des craintes qui ne sont pas
réelles.
M. Paquette: C'est la rélexion que je me suis faite en
regardant les premiers articles dans le journal Le Devoir. Je me suis dit -
particulièrement en lisant un certain éditorial - Voilà
des gens qui auraient intérêt à faire l'expérience
de se faire élire et à savoir comment cela fonctionne à
l'intérieur du gouvernement. Quand on connaît le fonctionnement de
la machine gouvernementale, on sait très bien qu'à partir d'un
article comme celui-là des choses comme celles-là ne peuvent se
développer, ne peuvent se produire.
Je dis sans aucune espèce d'arrogance: avant d'être membre
du Conseil des ministres, d'avoir eu à vivre ce genre de situation,
j'aurais pu avoir le même genre de réaction. C'est pour cela que
cet article ne fait aucun problème auprès de mes
collègues. Ils ne trouvent pas cela menaçant du tout, eux? Ils se
disent: Voilà un ministre qui va pouvoir suivre ses affaires et nous
faire des recommandations utiles à l'occasion; et même on pourra
bénéfier parfois de son appui pour avoir un peu plus d'argent
pour nos budgets de recherche en science et technologie.
M. French: Puisqu'on a évoqué un certain
éditorial, M. le Président, juste une chose que je voudrais
demander au ministre. Je reconnais tout de suite que c'est
antiréglementaire; s'il ne veut pas répondre, je ne peux pas le
forcer à le faire: La rédactrice en chef, l'éditorialiste
dit que les seuls crédits nouveaux que le ministre réclame, soit
15 000 000 $, serviront à mettre sur pied la fondation et l'agence.
Est-ce que cela est précis? Est-ce que c'est ce que le ministre a dit ce
matin?
M. Paquette: Je pense que c'est une affirmation inventée
de toutes pièces et qui est au niveau des procès d'intention
qu'on fait aux ministres et au gouvernement tout au long de l'article. Parce
que, évidemment, on n'est pas pour demander 15 000 000 $ juste pour
faire fonctionner l'agence.
M. French: D'accord. C'est ce qui me préoccupait.
M. Paquette: Si on a 15 000 000 $ éventuellement dans
l'agence, cela va aller dans des projets; sans cela on ne créera pas
d'agence, c'est aussi simple que cela.
M. French: Et pour le moment les...
M. Paquette: On n'est pas complètement idiot.
M. French: ...ambitions du ministre pour l'agence sont de 10 000
000 $, dont pas plus que 800 000 $ vont aller pour les salaires.
M. Paquette: C'est cela, oui.
M. French: On discutera pourquoi lorsqu'on sera rendu là,
car le ministre a refusé ce matin d'aller plus loin
là-dedans.
M. Paquette: Oui, oui, on pourra aller plus à fond.
M. French: Lorsqu'on arrivera à l'article, d'accord.
Merci.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y
d'autres questions? On est toujours au paragraphe six, n'est-ce pas?
M. French: On est toujours au paragraphe six, on a dû
bifurquer quelque peu, mais je pense que cela était utile. On n'a pas
parlé des directives qui restent, M. le ministre. Est-ce que c'est
important qu'on fasse cela alors qu'elles sont évoquées ici
ou...
Une voix: ...les directives.
M. French: ...c'est toujours quelque chose... bien qu'on sache
que cela va être déposé à l'Assemblée
nationale, cela ne règle pas tout quand même.
M. Paquette: Vous parlez des directives dont on parle dans le
paragraphe 6?
M. French: C'est cela.
M. Paquette: Ici, il s'agit uniquement de directives
adressées à des organismes publics - qui ne peuvent pas
être des établissements d'enseignement parce que cela est exclu -
donc aux autres organismes publics lorsque de telles directives sont
prévues. Il y a beaucoup d'organismes publics où il n'y a pas de
directives de prévues. Contrairement à ce qu'ont affirmé
certains intervenants à la commission parlementaire, notamment je pense
les représentants de la FAPUQ, à savoir que les directives
étaient une innovation, dans la loi du Centre de recherche industrielle
du Québec on prévoit des directives. Je pense à la Loi de
la 5DI également. Je pense que la plupart des sociétés
d'Etat prévoient des directives de leur ministre de tutelle et c'est
bien le moins. Tous les députés dans cette Chambre se plaignent
que c'est difficile de savoir ce qui se passe dans les sociétés
d'État, qu'avec les fonds publics on se trouve peut-être à
subventionner des organismes qui échappent au contrôle des
élus. Alors, si un ministre ne peut adresser de directives,
répondre à des voeux, à des orientations de
l'Assemblée nationale, je me demande qui va pouvoir le
faire, si ce n'est le ministre responsable. Alors tout ce que dit le
paragraphe 6, c'est que dans les cas où il y a des directives - je pense
que c'est implicite - quand des directives sont adressées, cela peut
impliquer à l'occasion la science et la technologie et, à ce
moment-là, là-dessus comme sur les budgets, le ministre soumet
ses recommandations au gouvernement.
M. French: Et les directives dont il est question sont toutes
habilitées en vertu d'autres lois et ne sont pas...
M. Paquette: On ne crée pas ici de pouvoirs de directives
par cet article. Tous les légistes vont vous le dire.
M. French: Cela, je le comprends très bien. Mais, est-ce
qu'on crée de tels pouvoirs dans ce projet de loi, dans un article
subséquent, ou est-ce que les directives dont on parle dans le
paragraphe 6 sont toutes des directives en vertu des lois existantes?
M. Paquette: Écoutez, les lois existantes ou les
directives qui pourraient être créées dans cette loi...
M. French: Oui.
M. Paquette: ...je pense que cela s'applique également.
Sauf que les directives dont on parle dans d'autres chapitres...
M. French: Relèvent de vous?
M. Paquette: Pas toujours. Elles sont relativement bien
encadrées et, généralement, elles sont soumises à
des dispositions spéciales, de sorte que le paragraphe 6 dans ces
cas-là n'aura pas à s'appliquer.
M. French: C'est-à-dire qu'on ne s'engage à rien en
approuvant ce projet de loi...
M. Paquette: À la suite? Non, non, pas du tout.
M. French: ...cet alinéa, par rapport aux pouvoirs de
directives du ministre plus tard?
M. Paquette: Non. Non, parce que...
M. French: On va considérer...
M. Paquette: Exactement.
M. French: ...au mérite ces articles-là?
M. Paquette: Oui. Cela va de soi que je ne présenterai pas
au gouvernement des recommandations...
M. French: Sur vos propres directives.
M. Paquette: ...sur des directives que je donne moi-même.
Cela va de soi.
M. Lincoln: À l'article 51: "Ces directives sont
déposées à l'Assemblée nationale..." Ce ne sont pas
des directives de l'agence, par exemple?
M. Paquette: Oui, mais le paragraphe 6 dont on parle actuellement
me donne la possibilité de présenter des directives que d'autres
ministres donnent.
M. Lincoln: Oui, oui, je sais.
M. French: ...recommandations sur d'autres directives.
M. Paquette: Vous avez raison. Il y a un article concernant
l'agence où, à l'instar d'autres sociétés
d'État, il est prévu que le ministre de la Science et de la
Technologie peut émettre des directives, mais qu'alors elles sont
déposées à l'Assemblée nationale. Il va de soi que
pour ces directives-là je ne présenterai pas au gouvernement mes
recommandations. C'est pour cela que cet article est indépendant des
autres qui vont venir par la suite.
M. Lincoln: C'est un article qui n'exige pas une contrainte.
C'est vraiment un droit de regard que vous avez.
M. Paquette: C'est un droit de regard et de recommandation
auprès du gouvernement. C'est tout à fait interne et cela
n'établit aucune relation d'autorité du ministre de la Science et
de la Technologie envers des organismes qui ne dépendent pas de lui.
M. Lincoln: Et elle est optionnelle?
M. Paquette: Ahl oui.
M. Lincoln: C'est-à-dire que...
M. Paquette: Je peux présenter, ou je dois - je ne sais
pas... Enfin.
Le Président (M. Champagne): Cela va? Alors est-ce que le
paragraphe 6 de l'article 8 est adopté?
M. Lincoln: II est sujet à l'addition de l'alinéa
qui va entre l'article 6 et l'article 7.
Le Président (M. Champagne): Oui, oui, d'accord. Oui,
c'est cela. Cela viendra complètement à la fin, après le
paragraphe 16. Cela va? Alors il est adopté. Le paragraphe 6 de
l'article 8 est adopté. J'appelle le paragraphe 7.
M. Paquette: Voilà un autre article du même genre,
M. le Président, qui a donné lieu au pire procès
d'intention et c'est une des choses les plus détestables en politique.
L'article dit simplement: "Procéder périodiquement, en
collaboration avec les ministres concernés, à l'évaluation
des programmes relatifs à la science et à la technologie des
ministères et des organismes publics qui en dépendent". Alors,
c'était clair que, dans la formulation originale, nous voulions exclure
nommément les organismes publics qui ne dépendent pas des
ministres. Et, à notre avis, les universités ne dépendent
pas du ministre de l'Éducation. Je pense que quand on regarde les lois,
c'est relativement clair. Cependant, les termes "qui en dépendent"
peuvent prêter à ambiguïté. Les gens des
universités voyaient le ministre de la Science et de la Technologie en
train d'aller évaluer les programmes à l'intérieur des
universités, ce qui n'était évidemment pas l'intention de
l'article. Je propose donc de remplacer ce paragraphe - c'est un amendement, M.
le Président - par le suivant: "7 procéder, en collaboration avec
les ministres concernés, à l'évaluation des programmes
relatifs à la science et à la technologie des ministères
et des organismes publics." J'enlève, en quelque sorte, les mots "qui en
dépendent". Pourquoi? Parce que, dans le même alinéa je
propose d'exclure les universités, les services de santé, les
services sociaux de l'application du paragraphe.
M. Lincoln: Vous enlevez "périodiquement" aussi.
M. Paquette: J'enlève "périodiquement"
également parce que cela donne l'impression que c'est une obligation
constante alors que nous voulons le faire à l'occasion, lorsque
justifié, si nécessaire.
Le Président (M. Champagne: Est-ce que l'article tel
qu'amendé est adopté? M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, est-ce que le
secrétariat ou le Conseil du trésor a déjà
procédé à de telles évaluations dans le domaine de
la science et de la technologie?
M. Paquette: Au secrétariat, non. Peut-être au
Conseil du trésor, au moment de l'attribution des crédits.
Effectivement, oui dans le cas... Dans le cas de FCAC ce n'était pas un
organisme public. C'était une corporation privée à but non
lucratif. Cette fameuse note dont on a parlé dans les journaux,
c'était une analyse. Il y avait des éléments
d'évaluation disons très partiels.
M. French: Justement, M. le Président, si c'est cela
l'évaluation, on n'a pas besoin d'immortaliser cela dans une loi
québécoise.
Quelques notes griffonnées sur l'arrière d'une
enveloppe.
M. Paquette: II y avait des éléments... Oui, il y
avait des... Bien sûr, ce n'est pas l'objectif ici, M. le
Président, pas du tout.
M. French: J'espère que non. Excusez, M. le ministre.
M. Paquette: Je voulais simplement ajouter que la note dont on a
parlé dans les journaux fait partie du travail normal des analystes du
Conseil du trésor. Dans ce cas-là, même les organismes qui
reçoivent leurs fonds du gouvernement comme le Fonds FCAC...
Effectivement, ce serait un organisme public par rapport à cette loi. Il
reçoit la totalité de ses fonds du gouvernement. Les analystes du
Conseil du trésor préparent des notes d'évaluation, qui
évaluent en partie les organismes.
Il y avait dans la note dont on a beaucoup parlé, certains
éléments d'évaluation que nous avons jugés valables
et d'autres qui ne l'étaient pas. Un des éléments
d'évaluation qui était très certainement valable, c'est le
faible coefficient d'arrimage entre les dépenses du Fonds FCAC et ce
qu'on appelait les secteurs prioritaires du virage technologique. Il y a
à peu près 6% des dépenses du Fonds FCAC, semble-t-il, qui
vont du côté des secteurs identifiés dans Le virage
technologique. L'analyste tirait des conclusions, face aux dépenses,
avec lesquelles nous étions en désaccord. Nous l'avons d'ailleurs
manifesté à une autre occasion. Cette note n'a pas
été entérinée par le Conseil du trésor et
encore moins par le Conseil des ministres.
Ce n'est pas de cela dont il s'agit ici. Ce dont il s'agit ici c'est
justement lors de l'évaluation, lors de la recommandation que le
ministre peut faire sur les ressources de l'État, soit le paragraphe 5.
Nous pouvons parfois constater qu'il se présente des problèmes.
Un organisme gouvernemental qui est censé rendre des services au milieu
par exemple, et qui nous semble fonctionner trop en vase clos, trop
intégré à la fonction publique. On pourrait
procéder à l'évaluation des relations d'un organisme par
exemple avec les personnes qu'il est censé desservir dans les milieux de
la recherche, du développement technologique. En collaboration avec les
ministres concernés... vous remarquerez que ce bout de phrase est
très important ici.
Un ministre a souvent beaucoup de responsabilités. Sans se
désintéresser de la science et de la technologie, il pourrait
très bien accepter une demande qu'on lui ferait: écoutez, voici,
il y a des critiques face à un de vos organismes en science et
technologie ou l'un de vos programmes. Nous allons procéder, si vous le
voulez bien,
conjointement à l'évaluation de ce programme ou de cet
organisme de façon à corriger la situation. Je pense que c'est un
article utile.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. French: Je voudrais dire au ministre que j'espère qu'il
n'est pas trop optimiste au niveau de la conviction qui peut découler
d'une évaluation de ce genre. Le mot évaluation est un de ces
mots comme coordination, transparence, concertation, etc. Cela évoque
des échos extrêmement positifs. Le problème c'est que
lorsque vous vous mettez à le faire... Excusez?
M. Paquette: Ou inquiétant pour certains.
M. French: D'accord, inquiétant pour certains dans
certains cas.
M. Paquette: La crainte est le commencement de la sagesse.
M. French: Je voudrais faire part au ministre, dans ce cas, quant
au mot évaluation, je pense que ce serait gratuit et ce serait "cheap"
d'essayer franchement de rédiger le paragraphe 8 en entier parce que
cela me fait penser à un ministre de la Science et de la Technologie qui
est entré dans un magasin de bonbons où sont toutes les
activités qui sont intéressantes dans le domaine de la politique
de la science et de la technologie et il est allé en prendre un de
chacun et il les met ensemble dans les paragraphes 7 et 8. Loin de moi de
vouloir gâter son plaisir.
M. Paquette: ...
M. French: Je ne suis pas uniquement à votre idée,
M. le ministre, mais c'est également votre arme parce que si on mettait
trop de confiance, trop d'espoir -j'utilise un exemple parce que j'aurais pu
faire le même discours sur d'autres alinéas -dans l'exercice de
l'évaluation, je pense que ce serait une erreur et il ne faudrait pas se
tromper sur l'importance de tous et chacun de ces alinéas. C'est une
série de voeux, je ne dis pas des voeux pieux, mais des voeux qui, en
faisant référence à certaines activités, ne font
pas vraiment en sorte que ces activités deviennent plus faciles ou
deviennent plus réalisables qu'ils l'ont été dans d'autres
gouvernements, dans d'autres juridictions, dans d'autres circonstances. On est
très loin, par exemple, d'être capable d'évaluer les
programmes de recherche en science et technologie de la façon qui est le
moindrement convaincante pour une personne dont les intérêts sont
le moindrement différents de celui qui a fait l'évaluation.
C'est assez difficile dans les programmes sociaux et les programmes
culturels, mais rendu dans la science et la technologie, c'est presque
impossible.
M. Paquette: Je comprends la nature de l'intervention du
député de Westmount. En fait, il nous dit: c'est très
difficile d'évaluer la valeur des recherches qui se font. Cependant, il
y a d'autres aspects à l'évaluation et je vais vous donner un
exemple très concret. Lors de la préparation de la politique
scientifique en 1980, un projet collectif, vous vous rappellerez
peut-être, en tout cas, si vous relisez les pages, on parle d'un
organisme très important qui s'appelle le Centre de recherche
minérale du Québec. Voilà un organisme très
intégré au ministère de l'Énergie et des
Ressources, en fait, qui est pratiquement une direction générale.
Donc, c'est un organisme qui gère des programmes, qui donne des services
aussi aux entreprises dans le domaine minier, qui gère des programmes de
recherche et de développement. Le livre blanc a posé un regard
très critique sur cet organisme, à ce moment; c'était en
1980. Dans Le virage technologique, deux ans plus tard, l'année
dernière, une des mesures concerne la réorganisation, une
certaine réorientation du Centre de recherche minérale. Je peux
vous dire que cette mesure est presque complètement
réalisée. On a reçu un plan de développement du
Centre de recherche minérale. C'est très encourageant.
Voilà un exemple, non pas d'évaluation tellement de la
valeur des travaux de recherche, mais beaucoup plus de la fonction d'un
organisme dans le système scientifique, dans l'aide que cet organisme
doit apporter au milieu qui a donné des résultats. C'est à
ce genre de choses auxquelles nous pensons. Pour nous, c'est vraiment un
article qui doit être utilisé de façon exceptionnelle.
À un moment donné, des gens nous indiquent des problèmes
de fonctionnement. Je pense qu'il faut que dans l'appareil gouvernemental,
lorsqu'il s'agit de science et de technologie, quelqu'un puisse les regarder et
essayer d'y apporter des solutions. Mais cela doit exclure les institutions
d'enseignement parce que là il y a d'autres organismes qui s'occupent de
ce genre de chose.
Le Président (M. Champagne): Mme la député
de Jacques-Cartier, à vous la parole.
Mme Dougherty: Concernant le paragraphe 7, je trouve une
comparaison avec le décret qui est utile parce qu'on peut comparer les
idées. Ici, on dit: "l'efficacité des politiques scientifiques."
On parle d'évaluation de l'efficacité des politiques et
programmes scientifiques. Il y a une crainte que le ministre ait le pouvoir
d'évaluer la
qualité. On peut pousser cette idée d'évaluation
des programmes très loin, on peut évaluer la qualité de la
recherche faite par telle ou telle personne. Je crois que ce n'est pas de cela
dont doit s'occuper le gouvernement. Le gouvernement doit s'occuper de
l'efficacité de ses politiques surtout et la façon dont l'argent
est dépensé pour optimiser l'efficacité de ses
ressources.
Je suggère, au lieu de parler d'évaluation des programmes:
"to evaluate the effectiveness of scientific policies and programs."
M. Paquette: L'évaluation de l'efficacité.
Mme Dougherty: C'est plus large et c'est plus pertinent, je
crois, l'objectif du gouvernement.
M. Paquette: Je me demande, M. le Président, si cela
change vraiment quelque chose. Quand on évalue,
généralement c'est l'efficacité. Il s'agit bien de
programmes ici, il ne s'agit pas de telle ou telle recherche
particulière. Alors, je pense que cette dimension que craignait le
député de Westmount est exclue, c'est vraiment les
programmes.
Je n'ai pas l'impression que cela ajouterait beaucoup.
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Cela va? Le paragraphe 7 de
l'article 8 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Lincoln: Le paragraphe 7? Le Président (M.
Champagne): Oui. M. Lincoln: Sujet à la nouvelle... M.
Paquette: Oui, toujours.
Le Président (M. Champagne): À la fin de l'article
8, c'est sûr qu'on ajoutera un alinéa. Tel qu'amendé, le
paragraphe 7 de l'article 8 est adopté. J'appelle le paragraphe 8 de
l'article 8.
M. Paquette: M. le Président, ici, on pourrait presque
prétendre, étant donné la nature générale de
l'article, qu'il s'agit d'une fonction, puisque ce paragraphe concerne le
rôle d'animation du ministre auprès du public et des divers agents
du système scientifique et technologique. On affirme que ce rôle
d'animation s'exerce par la consultation et la concertation. C'est un principe
très important que "de favoriser la consultation et la concertation des
organismes publics et privés... aux fins notamment de déterminer
les objectifs du développement scientifique et technologique et les
moyens pour les atteindre". Évidemment, ce sont des choses que nous
faisons régulièrement par ce qu'on appelle les rapports de
conjoncture sur l'état de la recherche dans les divers secteurs. D'autre
part, une autre modalité, la mise sur pied de tables de concertation,
comme nous allons bientôt en réaliser une dans le domaine de la
micro-électronique et de l'informatique, je pense que c'est une fonction
importante du ministre. Je me demande si cela ne devrait pas être dans
les fonctions, par exemple, plutôt que dans les pouvoirs.
Oui, les légistes sont d'accord que ce paragraphe devrait
être à 7° plutôt qu'à 8°. Ce n'est pas
vraiment un pouvoir, c'est une fonction du ministre, c'est sa fonction
d'animation.
M. le Président, je vais proposer un amendement, nous allons
biffer ce paragraphe et nous allons le transférer. Je pense qu'on peut
le mettre à la fin de l'article 7 où, en fait, cela devient
6°. (21 h 30)
Le Président (M. Champagne): Oui, cela devient...
M. Paquette: Oui, 2.1. Alors, ajouter un paragraphe 5° qui se
lit comme suit: "Favorise la consultation et la concertation des organismes
publics et privés, des personnes intéressées à la
recherche et à la technologie ainsi que du public en
général, aux fins notamment de déterminer les objectifs du
développement scientifique et technologique et les moyens pour les
atteindre." Biffer 8° de l'article 8, et renuméroter en
conséquence.
Mme Dougherty: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Alors, le 8° de l'article
8 est biffé, il est amendé et on le transporte à l'article
7 en 6°. Tout cela, c'est adopté. Un instant! En 5 , et on changera
après peut-être toute la numérotation.
M. Paquette: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Champagne): D'accord?
M. Paquette: Exactement.
Le Président (M. Champagne): Cela sera en 5°. Alors,
le 9 de l'article 8, s'il vous plaît:
M. Paquette: Alors, M. le Président, cet article concerne
la participation du ministre aux programmes de coopération avec
l'extérieur. Il souligne que le ministre peut participer avec les
ministres concernés à l'élaboration et à la
réalisation de programmes de coopération avec l'extérieur
dans les secteurs où les échanges favorisent le
développement scientifique et technologique du Québec.
Voilà une responsabilité qui n'est pas vraiment nouvelle par
rapport au mandat du ministre délégué puisque je pense que
c'était dans le décret du 9 septembre lors de ma nomination. Il y
a eu une application très concrète, un programme de
coopération avec la France dans le domaine des biotechnologies, qui est
en fonction actuellement, auquel nous affectons quelque centaines de milliers
de dollars par année et qui fonctionne très bien. Nous sommes
à en préparer un deuxième dans le secteur de la
micro-électronique et de l'informatique.
Comme vous le constatez, ces programmes de coopération appuient
les secteurs prioritaires du virage technologique sur lesquels nous travaillons
au fur et à mesure où nous ouvrons de nouveaux fronts de
développement.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il des questions?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur 9°. Je comprends le 10 , parce qu'on parle
du ministre des Affaires intergouvernementales. Est-ce que cette même loi
n'est pas impliquée dans 9°? On n'a pas mentionné l'autre
ministère.
M. Paquette: C'est-à-dire que 10° s'assure que dans
des activités comme celles prévues au 9 , le ministre de la
Science et de la Technologie respectera une disposition de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales.
Ah ouil c'est cela. L'article 21, en fait, dans la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales est un article qui
régit toutes les relations du gouvernement avec des gouvernements tiers,
alors qu'avec 9 , il peut arriver qu'on prépare des programmes de
coopération où d'autres gouvernements ne sont pas
nécessairement impliqués. Enfin, c'est plus large. Ce 10 est
assez standard. Vous allez le retrouver dans la Loi sur les musées, par
exemple, que le ministre des Affaires culturelles a déposée hier
ou avant-hier devant l'Assemblée nationale.
M. Lincoln: M. le ministre, vous parlez de 10 ° parce que les
deux s'enchaînent un peu. Vous dites: II peut collaborer. En fait,
d'après la Loi sur les Affaires intergouvernementales, si je m'en
souviens, je ne l'ai pas ici, cet article a trait à tous les contrats et
toutes les ententes que le ministre des Affaires intergouvernementales signe
avec d'autres pays ou d'autres agences, etc. Mais, en fait, vous n'avez pas
l'option de pouvoir collaborer ou non, vous êtes obligé de vous
soumettre.
M. Paquette: Oui, strictement.
M. Lincoln: Alors là, cela dit que vous pouvez collaborer,
comme vous pouvez ne pas collaborer. Cela n'a pas l'air de... Oui, je parle
de...
M. Paquette: C'est parce que l'article 8 commence par ce qui
suit: "Le ministre peut".
M. Lincoln: "Peut".
M. Paquette: N'est-ce pas? Là, cela commencerait par ceci:
"Le ministre peut collaborer".
Une voix: "Doit".
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a un problème?
M. Paquette: Cela ne devrait-il pas être "Le ministre doit
collaborer"?
M. Lincoln: "Doit collaborer". Il me semble que cela n'a pas de
sens, puisque la loi ne vous donne pas l'option de ne pas collaborer.
M. Paquette: M. le Président, on me dit qu'il s'agit
vraiment d'un pouvoir. De toute façon, l'article 21 - il est
peut-être bon de le relire - dit...
M. Lincoln: Oui, il serait bon de le relire.
M. Paquette: Vous l'avez? L'article 21 dit: "Aucun organisme
public ne peut, sous peine de nullité, sans l'autorisation
préalable du gouvernement, conclure des ententes avec un autre
gouvernement au Canada, un gouvernement étranger ou avec un
ministère ou un organisme de l'un de ces gouvernements". Ensuite, il y a
d'autres éléments. Quand l'entente concerne la science et la
technologie, nous sommes soumis à l'article 21.
L'article 10 dit simplement que je fais partie des ministres qui peuvent
collaborer aux relations extérieures du Québec.
M. Lincoln: ...
M. Paquette: C'est cela. C'est vraiment un pouvoir que l'on donne
au ministre. On n'a pas à redonner les pouvoirs du ministre des Affaires
intergouvernementales et responsable des relations extérieures, puisque,
déjà, dans la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, c'est précisé.
Donc, sans le paragraphe 10, je devrais de toute façon me
conformer à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. Mais le paragraphe 10 dit que je suis un des ministres
qui peut y collaborer.
M. Lincoln: Par application. M. Paquette: Exactement.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou d'autres observations?
M. Lincoln: J'aurais une question sur le paragraphe 9, si vous
pouviez attendre une minute, je vais demander...
Le Président (M. Champagne): Nous sommes toujours au
paragraphe 9, oui.
M. Lincoln: Je me suis souvenu qu'il y avait eu quelque chose du
même ordre dans les mémoires des universités
présentés à la commission parlementaire. Au sujet des
subventions fédérales, il y avait comme une anxiété
de leur part que cela vous donne comme un droit de participation beaucoup trop
directe dans la distribution des fonds fédéraux là
où il y aurait des échanges et les fonds fédéraux
seraient appliqués. Je ne me souviens pas exactement de ce que
c'était.
M. Paquette: On n'a pas de responsabilité face aux fonds
fédéraux d'aucune façon. Cet article 9 ne nous en donne
pas non plus.
Mme Dougherty: C'est le ministre des Affaires
intergouvernementales qui est responsable pour les négociations avec le
gouvernement fédéral des emprunts. Mais est-ce qu'il a quelque
chose à voir avec les montants des fonds fédéraux
consacrés à la recherche? Il n'a rien à voir avec cela? Ce
sont uniquement les ententes fédérales-provinciales qui touchent
les montants transférés pour les universités et
l'enseignement en général? Qui s'occupe de cela?
M. Paquette: L'adjoint au ministre des Affaires
intergouvernementales est ici, il pourrait peut-être vous
répondre.
M. de Bellefeuille: Je signalais au ministre que le
ministère et le ministre des Affaires intergouvernementales peuvent
faire des représentations au gouvernement du Canada et au gouvernement
des autres provinces sur mandat du Conseil du ministres. Le ministre de la
Science et de la Technologie pourrait ainsi collaborer à l'application
de l'article 21 en participant à cette activité.
M. French: Est-ce qu'on a établi, M. le Président,
que, dans le 9°, il ne s'agit pas de gouvernement étranger, ou si
cela peut comprendre le gouvernement de la Belgique?
M. Paquette: Oui. M. French: D'accord.
M. Paquette: Cela peut comprendre des gouvernements
étrangers. Il s'agit de participer à l'élaboration et
à la réalisation de programmes de coopération avec
l'extérieur.
Mme Dougherty: À l'extérieur du Québec.
M. Paquette: Oui. Cela peut être avec les autres
provinces...
Mme Dougherty: Ou avec le fédéral.
M. Paquette: ...avec des États américains ou avec
le gouvernement fédéral, mais là...
M. French: On serait rendu loin.
M. Paquette: Non, ce ne serait pas un programme de
coopération.
M. French: Cela dépend du gouvernement, bien
sûr.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de Westmount.
M. French: Combien d'attachés ou conseillers scientifiques
y a-t-il dans nos délégations dans les pays étrangers?
M. Paquette: Cette année, nous avons réalisé
une première, c'est-à-dire qu'à la
Délégation générale de Paris...
M. French: C'est-à-dire qu'il n'y en a pas
actuellement.
M. Paquette: C'est le premier.
M. French: Le premier. Félicitations!
M. Paquette: II est ici d'ailleurs.
M. Lincoln: Est-ce que c'est le bureau des échanges
technologiques qui avait été...
Les échanges technologiques avec la France -il y avait un bureau
d'échanges technologiques - est-ce que cela a trait à cela ou si
c'est quelque chose...
M. Paquette: Non. C'est un poste de conseiller scientifique et
technologique au sein de la Délégation
générale...
M. Lincoln: Attaché à votre ministère.
M. Paquette: ...qui est membre du personnel du ministère
des Affaires intergouvernementales...
M. Lincoln: ...
M. Paquette: ...mais qui, évidemment, est notre
répondant direct, même s'il n'y a pas de lien
d'autorité.
M. Lincoln: Exactement comme les attachés commerciaux
sont...
M. Paquette: Non, parce que les attachés commerciaux
relèvent du ministère du Commerce extérieur, alors que le
conseiller scientifique ne relève pas du Secrétaire
général associé. Cependant, les deux vont se parler
beaucoup.
M. French: M. le Président, je voudrais, de la part de
l'Opposition, féliciter le gouvernement de son excellent choix du
premier mandataire. Je suis convaincu qu'il va nous représenter avec
beaucoup de dignité, d'expérience et d'efficacité.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Paquette: Cela devrait amener le député de
Westmount à...
M. French: Me joindre...
M. Paquette: ...accepter le paragraphe 9.
M. French: Oui, absolument.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. French: Je ne voudrais pas briser les espoirs de mon ami.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier, sur le 9° .
Mme Dougherty: Je cherche la référence, je crois
que c'est la FAPUQ qui a soulevé la question des relations
fédérales-provinciales.
M. Paquette: Mais cela n'a rien à voir... Écoutez!
Très concrètement, la façon dont le programme de
coopération en biotechnologie fonctionne avec la France, cela a
été précisé des deux côtés par les
fonctionnaires des ministères. Nous, en collaboration avec le
ministère des Affaires intergouvernementales, nous sommes comment
appelle-t-on cela - responsables techniques ou... On est responsable de
l'application de l'accord, mais l'accord a été signé par
le ministre des Affaires intergouvernementales, comme c'est son rôle.
C'est justement le but des paragraphes 9 et 10. Le ministère des
Affaires intergouvernementales est un ministère horizontal,
effectivement. Il est présent chaque fois qu'une entente de ce type doit
être signée et c'est lui qui la signe, normalement, au nom du
gouvernement du Québec. Mais lorsque vient le temps d'appliquer le
programme, un autre ministère, la plupart du temps, assume l'application
du programme. Dans ce cas-là, c'est nous qui l'assumons avec des
crédits pris à même nos budgets, d'ailleurs. À ce
moment-là, ces possibilités de coopération sont offertes
aux universités et aux chercheurs universitaires. Libre à eux de
les accepter ou non. C'est la liberté totale.
Mme Dougherty: La question que la FAPUQ a soulevée,
relativement aux paragraphes 9 et 10, c'est: Quel sort sera fait, si changement
il y a, aux demandes de fonds que formulent les professeurs-chercheurs aux
organismes fédéraux ou étrangers?
M. Paquette: Nous participons à l'élaboration et
à la réalisation de programmes de coopération. Alors, ces
éléments qui sont mentionnés ne nous concernent pas. Nous
n'avons pas participé à leur élaboration et nous ne sommes
pas maîtres d'oeuvre de la réalisation de ces programmes ou de ces
dispositions. Alors, il n'y a pas de changement.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Est-ce que le paragraphe 9 de l'article 8 est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
paragraphe 10.
M. Paquette: Je pense que nous en avons discuté, M. le
Président.
M. Lincoln: Adopté.
M. Paquette: Vous retrouverez cela dans presque toutes les
lois.
Le Président (M. Champagne): Alors, le
paaragraphe 10 est-il adopté? Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
paragraphe 11.
M. Paquette: M. le Président, nous avons un amendement
à cet article. Je crois qu'il était très important
d'inverser la phrase de façon qu'on ne donne pas l'impression -mais ce
n'était qu'une impression - que le ministre allait jouer un rôle
directif dans les politiques et les pratiques de formation, de
perfectionnement, d'emploi et d'immigration en matière scientifique et
technologique, ce qui semblait entrer en conflit direct avec les
responsabilités de trois ministres d'un coup, c'est-à-dire le
ministre de l'Éducation, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et le ministre de l'Immigration.
Je propose que le paragraphe 11 soit remplacé par le paragraphe
qui suit: "Proposer au gouvernement et aux ministres concernés des
mesures destinées à assurer l'adéquation des politiques et
des pratiques de formation, de perfectionnement, d'emploi et d'immigration avec
les besoins du Québec en personnel scientifique et technique".
Je vous souligne, M. le Président, que cet article est
très important puisque la politique scientifique du Québec, un
projet collectif, faisait des ressources humaines en science et technologie la
priorité, comme il se doit. Nous avons énormément de
problèmes au Québec sur cette question. Le temps est venu de
jeter un coup d'oeil d'ensemble. Cela implique à la fois des
dispositions touchant la main-d'oeuvre, le reclassement, la formation, le
perfectionnement et touchant également certaines dispositions de
l'application des politiques d'immigration. Je pense que, tel que
formulé, il est clair qu'il s'agit pour le ministre de la Science et de
la Technologie d'élaborer des mesures, voire une politique de la
main-d'oeuvre scientifique; cela pourra peut-être aller jusque-là.
Une fois cette politique élaborée - on suppose qu'elle se fera en
consultation avec les principaux intéressés, comme l'indique un
autre article -on suppose qu'elle sera proposée au gouvernement et
lorsqu'elle sera adoptée par le gouvernement, il va de soi que les
divers ministres sectoriels seront responsables de son application. On ne dit
pas "réaliser" les mesures, on dit "proposer" au gouvernement et aux
ministres concernés.
Je vous signale ce qui était déjà dans l'article.
Ce qu'on a fait, c'est inverser la phrase de façon que ce soit
très clair que cet article ne donnait pas au ministre un pouvoir
d'application de politiques de formation, de perfectionnement, d'immigration ou
de main-d'oeuvre.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions?
Oui, M. le député de Westmount.
M. French: M. le Président, il y a une lacune
énorme dans le paragraphe 11 tel qu'amendé: il n'y a aucune
mention de la politique linguistique.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait considérer l'amendement
comme adopté - et travailler sur ce texte?
Le Président (M. Champagne): D'accord, travaillons sur
l'amendement au paragraphe 11.
M. Paquette: Donc, l'amendement est adopté. C'est
ça, M. le Président?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'amendement
proposé est adopté. Mais maintenant...
M. Paquette: Ah! C'est parce qu'on veut le sous-amender. C'est
ça. D'accord.
M. French: Aux fins de la discussion, on ne discute plus ce qui
est dans la version imprimée; on discute maintenant ce qui est dans le
papillon.... C'est cela que le ministre propose.
Le Président (M. Champagne): D'accord, ça se trouve
à être un sous-amendement.
M. Paquette: C'est ça. Est-ce qu'on pourrait adopter cette
pratique générale? Cela accélérerait
peut-être les travaux?
Une voix: Pourquoi?
M. Paquette: Bien, je vous ai déposé une
série d'amendements.
M. French: Donc, vous remplacez quelque chose. Aucun
problème, M. le ministre. Oui.
M. Paquette: D'accord?
M. Lincoln: Oui, travailler dessus, vous voulez dire.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Travailler sur l'amendement
proposé par le ministre. D'accord?
M. Lincoln: Oui. Oui.
M. Paquette: À partir de maintenant...
Mme Dougherty: Oui, on doit considérer...
M. Paquette: Nous ne travaillerons pas sur le projet de loi, mais
sur le projet de loi tel que modifié par les papillons qui se trouvent
dans ce cahier.
M. French: M. le ministre, est-ce que je pourrais nuancer cela
quelque peu? Lorsque vous proposez de remplacer complètement, c'est
parfait. Mais, lorsque vous insérez des mots, etc., cela devient
difficile, n'est-ce pas?
M. Paquette: Alors, on s'entend là-dessus, on le dira
à chaque fois. Dans ce cas-ci, nous travaillons sur la nouvelle
formulation.
M. French: J'ai fait quelques constatations et j'aimerais
beaucoup entendre ses commentaires. Est-ce que j'ai besoin de faire le discours
ou le ministre sait-il ce dont je parle?
M. Paquette: Je le sais amplement. Nous en parlons depuis que le
Québec a décidé d'accélérer sa
transformation en société normale où une majorité
impose -parce que c'était nécessaire de l'imposer à ce
moment-là - sa langue comme langue officielle du Québec. Depuis
ce temps, on nous dit: Voilà pourquoi nous n'avons pas suffisamment de
personnel scientifique et technique, voilà pourquoi il y des
problèmes économiques, voilà pourquoi il y a une crise
économique mondiale, voilà pourquoi etc.
M. French: Je pense que c'est un lieu commun ce qu'on a entendu
dire. Moi, je comprends le discours du ministre et je ne veux même pas
ouvrir le grand débat, mais je trouve difficilement
compréhensible que le diagnostic, que la politique linguistique soit
responsable, disons, de la crise économique ou du problème
économique du Québec. C'est une affirmation que le ministre place
dans la même catégorie que l'affirmation de Jean de
Grandpré, assis sur cette chaise, qui ne peut pas faire autant de
recherche au Québec qu'il voudrait le faire, parce qu'il...
M. Paquette: M. le Président.
M. French: ...n'est pas capable de faire le recrutement.
M. Paquette: Précisément, j'ai déjà
assisté à cette commission, et c'était assez
intéressant, parce qu'on a constaté que c'était en 1975
que Bell Canada a déplacé ses laboratoires de recherches en
télécommunications, ce qui a amené, ce qui a
contribué à tout le développement de Canada Bell de
l'autre côté de l'Outaouais.
C'était avant la loi 101, c'était avant l'arrivée
de ce gouvernement. Maintenant, on nous dit: On aimerait bien revenir, mais
c'est à cause de la vente.
M. French: Un instant, M. le Président.
Mme Dougherty: On pourra discuter l'article, parce qu'on ne peut
pas résoudre... Est-ce qu'on peut...
M. Paquette: Bon, alors allons-y.
M. French: Si ma collègue, la député de
Jacques-Cartier ne veut pas en parler -c'est une première fois dans
l'histoire politique du Québec - je suis tout près
d'accéder à ses voeux.
Le Président (M. Champagne): Alors, revenons à
l'amendement qui est proposé au paragraphe 11.
Mme Dougherty: II y a peut-être une façon d'inclure
n'importe quelle politique.
M. Paquette: Ah... Je comprends votre idée là.
M. French: Ah bon!
Mme Dougherty: Au lieu de discuter les mérites de la loi
101, parce qu'on peut en parler pendant des semaines ou des mois. Je suis
d'accord avec mon collègue, il y a une autre façon
peut-être d'améliorer... Est-ce qu'on peut essayer de
considérer cet article d'une façon plus globale...
M. Paquette: Mais oui, Mme la député.
Voilà...
Mme Dougherty: ...toute politique qui touche le personnel
scientifique et technique.
M. Paquette: II suffirait de dire: "proposer, au gouvernement et
aux ministres concernés, des mesures destinées à assurer
l'adéquation des politiques gouvernementales et des pratiques de
formation". On pourrait garder le paragraphe tel quel en ajoutant "des
politiques gouvernementales". Cela inclut celles qui suivent, et cela inclut
toutes les politiques. Mais n'allez jamais me faire dire que j'ai
accepté cet amendement en pensant à la loi 101.
Mme Dougherty: On vise ici, si je comprends bien, les ressources
humaines, leur formation, leur maintien, leur "brain drain", tout cela,
d'accord, pour maintenir, développer et attirer les ressources
spécialisées pour les activités scientifiques. Pourquoi
pas, si on dit que toute politique qui touche les ressources humaines ou les
développements des ressources, la qualité,
est-ce que...
M. Paquette: Je ne sais pas si...
Mme Dougherty: Est-ce qu'on a mentionné le
perfectionnement?
M. Paquette: Cela peut être intéressant, parce que
ce sont les points vraiment les plus centraux d'une politique de la
main-d'oeuvre scientifique: la formation, le perfectionnement, l'emploi et
l'immigration. Je veux bien accepter qu'il peut y avoir d'autres politiques ou
pratiques qui influent, il ne faudrait pas les exclure. À ce
moment-là, on pourrait parler d'assurer l'adéquation des
politiques et notamment des pratiques de formation et de perfectionnement
à l'emploi. Avec cela, on couvre tout. Enfin, je ne sais pas si on
pourrait trouver une meilleure formulation.
Mme Dougherty: Est-ce que vous êtes d'accord sur notre
intention d'élargir le sens de ce paragraphe? Il y aura des politiques
imprévues, peut-être.
M. Paquette: Oui. M. le Président, nous allons suspendre
l'étude de ce paragraphe. On pourrait lui donner une tournure plus
générale, en évitant l'énumération des
sujets qui sont là et parler simplement de quelque chose comme: Proposer
au gouvernement et aux ministres concernés des mesures destinées
à assurer ou à combler les besoins du Québec en personnel
scientifique et technique. Ce n'est pas nécessaire de favoriser
certaines dimensions plutôt que d'autres.
Mme Dougherty: Technologique. Vous avez fait la même
erreur...
M. Paquette: Oui, c'est encore technique. Il faudrait mettre
"technologique". Alors, nous allons suspendre l'étude de ce paragraphe,
si les membres de la commission sont d'accord, pour trouver une nouvelle
formulation. D'accord?
Mme Dougherty: D'accord. M. Paquette: Cela va?
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons
l'étude du paragraphe 11. Nous abordons maintenant le paragraphe 12.
M. Lincoln: Le paragraphe 12 parle de technique aussi.
Mme Dougherty: Oui. M. Paquette: Pardon? M. Lincoln:
Le paragraphe 12 parle de technique.
M. Paquette: Oui. Alors, chaque fois qu'on voit le mot
"technique", on va le remplacer par le mot "technologique". Ici, cela se lirait
comme suit - et c'est un amendement, M. le Président: "favoriser et
coordonner le développement et la diffusion de l'information et de la
culture scientifique et technologique".
Le Président (M. Brouillet): Donc, un amendement au
paragraphe 12. Nous remplaçons...
M. Paquette: Le mot "technique".
Le Président (M. Brouillet): ...le mot "technique" par le
mot "technologique".
M. Paquette: Exactement.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté. Alors, le paragraphe 12 est adopté tel
qu'amendé?
Mme Dougherty: Au paragraphe 12, je ne vois pas de
problème.
M. Paquette: Cela va? Adopté?
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé.
M. Paquette: Le paragraphe 13. Il s'agit du pouvoir usuel d'un
ministre: "Exécuter ou faire exécuter, aux fins des articles 7 et
8, des recherches, des études et des analyses". Mais, je tiens à
dire que nous utilisons beaucoup ce pouvoir, déjà, au
Secrétariat à la science et à la technologie.
M. French: Avez-vous besoin de l'expliciter, M. le ministre? Il
me semble...
M. Paquette: Oui, parce que c'est le but d'une loi. Si ce
n'était pas explicité ici... On l'a déjà dans le
décret définissant le rôle du ministre.
M. French: M. le Président, cela me stimule de faire la
constatation suivante. Si on met ensemble tous les alinéas dans
l'article 7 et l'article 8, chaque employé du ministère va avoir
son propre alinéa. Je ne suis pas contre, mais ce luxe...
M. Paquette: On a un personnel qui est très polyvalent, au
ministère de la Science et de la Technologie.
M. French: Oui, j'imagine.
Le Président (M. Brouillet): Alors, le paragraphe 13 est
adopté?
M. Lincoln: C'est une redondance... (22 heures)
M. Paquette: M. le Président, si vous le permettez, je
vais aller un peu plus loin. Lorsqu'on a créé le poste de
ministre d'État au Développement scientifique, à la suite
de l'adoption de la politique scientifique de 1980, on a rattaché
à ce ministère - comme c'était recommandé dans la
politique - le Bureau de la science et de la technologie, qui était
rattaché autrefois au ministère de l'Éducation. Ce
personnel travaillait beaucoup à des recherches, des études et
des analyses du système scientifique et technologique
québécois.
On n'a pas à ajouter là-dessus parce qu'il nous semble que
cela va de soi ici. C'est une fonction particulière. Un ministère
de la science et de la technologie est une composante importante de son
rôle. C'est pourquoi il vaut la peine de le souligner ici. Une composante
importante de son rôle, c'est de faire de telles recherches,
études et analyses dans un système qui est très complexe
et vital pour le développement économique, social et culturel.
Nous ne sommes pas le seul ministère à faire ce genre de choses,
cela va de soi.
M. French: M. le Président, on n'argumente pas pour dire
que le ministre ne devrait pas faire ces choses, on se pose la question
à savoir si c'est nécessaire de le mettre dans la loi. Est-ce
qu'on peut imaginer, avec toutes ses autres responsabilités, qu'il ne
fait pas ou qu'il fait exécuter des études et des analyses?
Voyons donc! On ne s'y opposera pas, on va l'adopter tout de suite, mais c'est
ridicule.
M. Paquette: Dans les lois des ministères, M. le
Président, on me dit qu'on retrouve régulièrement et
très souvent un article de ce genre.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 13 est
adopté.
Mme Dougherty: II est évident que cela ne s'applique pas
aux universités et aux hôpitaux parce que les articles 7 et 8 sont
exclus.
M. Paquette: II s'agit ici des articles 7 et 8 et non pas des
paragraphes 7 et 8.
Mme Dougherty: Oh pardon!
M. Paquette: Autrement dit: Aux fins de l'exécution de ses
fonctions et de ses pouvoirs, le ministre peut exécuter ou faire
exécuter des recherches, des études et des analyses. Le pire qui
puisse arriver aux universités, c'est qu'on leur passe une commande, un
contrat de recherche.
M. French: Je ne voudrais pas que la députée de
Jacques-Cartier aille trop loin dans ce sens-là parce que, lorsque le
président et moi-même retournerons à nos carrières
universitaires, on s'attend de décrocher des contrats
intéressants du ministère.
Le Président (M. Brouillet): Dépêchons-nous
de l'adopter.
M. Paquette: Le président est aussi un universitaire.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 13 est
adopté. Passons au paragraphe 14.
M. Paquette: Au paragraphe 14, M. le Président,
voilà un autre article qui a suscité beaucoup de crainte chez les
universités qui voyaient en quelque sorte un nouveau CIA scientifique
ou, pour reprendre les termes que l'Opposition affectionne pour d'autres lois,
une police scientifique. Il s'agit tout simplement d'obtenir des
ministères les renseignements nécessaires qui sont très
importants pour un ministère qui a des responsabilités largement
horizontales. On ne peut pas fonctionner dans un ministère de la science
et de la technologie si on n'a pas d'information. Je pense que le
député de Westmount a déjà écrit des choses
célèbres là-dessus concernant son évaluation des
pratiques au ministère d'État de la Science et de la Technologie
à Ottawa.
Je propose de reformuler l'article comme suit - c'est un amendement
Remplacer le paragraphe 14 par ce qui suit: "Obtenir des ministères - on
exclut les organismes publics parce qu'on ne veut pas aller directement
auprès des universités, notamment, ou des centres
hospitaliers...
Le Président (M. Brouillet): Je demanderais au ministre de
lire l'amendement au complet avant de faire ses commentaires.
M. Paquette: Vous avez raison. "Obtenir des ministères les
renseignements nécessaires à l'application de la présente
loi, y compris ceux qui leur sont fournis par un organisme public." Cela
signifie que, pour les universités, nous passons par
l'intermédiaire du ministère de l'Éducation, mais celui-ci
doit nous fournir les renseignements qu'il possède au sujet des
organismes publics qui l'entourent ou qui sont sous sa responsabilité et
auxquels il s'intéresse.
Mme Dougherty: Je trouve que c'est une amélioration
importante. Le problème avec les universités, les écoles
et tous les
organismes du secteur public, c'est qu'ils sont inondés de
demandes de renseignements. C'est certain qu'on consomme beaucoup
d'énergie et qu'on veut éviter cela. C'est vraiment une
amélioration.
M. Paquette: Je pense aussi que c'est un paragraphe qui sera
utile, non seulement pour les universités, mais également pour
les sociétés d'État. On passera par les ministères
de tutelle et ils devront nous communiquer non seulement les renseignements
concernant le ministère, mais également les renseignements
concernant les sociétés d'État sous leur
responsabilité. Nous aurons à faire affaires seulement avec les
ministères.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement au paragraphe 14
est adopté.
M. Lincoln: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, oui. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Tout d'abord, M. le ministre, là nous n'avons
pas étudié le reste de la loi. On est arrivé à
l'article 8. Il faudrait passer à travers. On a beaucoup de choses qu'on
veut discuter dans le projet. Nous parlons des renseignements
nécessaires à l'application de la présente loi,
c'est-à-dire, toute la loi. Je me demande si on sait vraiment
l'étendue que ces renseignements pourraient avoir parce que, hier,
après l'étude de la loi, comment savoir...
M. Paquette: Si vous permettez. Vous allez savoir lorsque nous
aurons terminé l'article 8, à toutes fins utiles.
M. French: II n'y a pas d'autres pouvoirs...
M. Paquette: II n'y a pas d'autres pouvoirs du ministre.
M. French: ...insérés plus tard dans la loi. De
toute façon, le ministre...
M. Paquette: II nous reste deux alinéas. Vous avez presque
tout vu. Il vous reste 15 et 16 à voir.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez vraiment besoin d'indiquer "y
compris ceux qui leur sont fournis pas un organisme public"? Si vous ne mettiez
pas cela, il n'y a rien qui changerait. Ce serait général. Vous
pourriez obtenir les renseignements. Pourquoi souligner la chose?
M. Paquette: Non, dans certains cas il est difficile d'obtenir
les renseignements parce que le ministère dit, nous avons d'autres
priorités, parce qu'il voudrait que le ministre de la Science et de la
Technologie ne regarde pas de trop près ce qui se passe dans ce domaine,
parce que les ministères et l'appareil de la fonction publique sont
parfois méfiants les uns par rapport aux autres.
M. Lincoln: Est-ce qu'il n'y a pas un genre de
sécurité pour ces organismes publics? Par exemple, disons qu'un
organisme public dépend du ministère de l'Éducation, il y
a une pratique, une tradition, qui s'est établie que certains
renseignements sont plus ou moins confidentiels au sein de ce ministère.
Là cela vous donne presque un droit d'autorité sur ces
renseignements.
M. Paquette: On me dit également - je pense que c'est une
information très importante - que cette partie du paragraphe 14, "y
compris ceux qui leur sont fournis par un organisme public", est tout à
fait nécessaire à cause de l'article 25 de la loi sur
l'accès aux documents des organismes publics qui stipule qu'un organisme
public -la loi sur l'accès à l'information - et dans le cas qui
nous intéresse un ministère - doit avant de communiquer un
renseignement industriel, financier, commercial, scientifique, technique ou
syndical fourni par un tiers -dans le cas qui nous intéresse un
organisme public au sens de notre loi - doit lui en donner avis
conformément à l'article 49 afin de lui permettre de
présenter ses observations, sauf dans le cas où le renseignement
a été fourni en application d'une loi qui exige que le
renseignement soit accessible au requérant. C'est cela. Autrement dit,
nous pourrions avoir à faire face à de longues procédures
qui dureraient de longs mois, sauf dans les cas où le renseignement a
été fourni en application d'une loi qui exige que le
renseignement soit accessible au requérant. C'est ce que fait cette
partie du paragraphe 14. Elle est nécessaire à cause de la loi
sur l'accès à l'information, autrement, cela devient très
compliqué.
M. Lincoln: Peut-être que mon collègue de Westmount
qui a travaillé sur la loi sur l'accès à l'information
pourrait ajouter quelque chose. Peut-être que je cherche la puce, mais
est-ce qu'il n'y a pas certains renseignements qui, par la dimension
même, le fait même, le contenu de cette information, par tradition
ou peut-être que les règlements de l'organisme public ou du
ministère duquel l'organisme public dépend, que ces
renseignements sont, disons, plus ou moins confidentiels à ce
ministère? Là, cela vous donne presque un droit d'autorité
envers les renseignements. Le ministre de l'Éducation pourrait
peut-être, pour une raison bien à lui, préférer, et
c'est peut-être pourquoi la loi dit, il faudrait un préavis; il
faudrait sécuriser ce genre d'information,
surtout si la demande vient d'un tiers.
M. Paquette: Par rapport à la loi sur l'accès
à l'information, l'article 8.14° ne parle pas de toutes les
informations provenant d'un tiers, il ne parle que des informations provenant
d'un organisme public, pas de personnes privées notamment. Donc des
renseignements concernant la vie privée ou des renseignements
confidentiels de cette nature n'ont pas à nous être
communiqués en vertu de cette loi. Notamment, les travaux de recherche
d'un individu ou les évaluations qui ont pu être faites par un
ministère des travaux de recherche d'un individu ne nous sont pas
accessibles en vertu de cet article.
M. Lincoln: Peut-être que je cherche des histoires
où il n'y en a pas, mais c'est tout cette histoire d'information. Plus
vous diffusez l'information entre ministères plus il y a de chances...
Disons, par exemple, la loi sur les brevets, où il y a des gens qui ont
communiqué des choses secrètes peut-être à un
ministère technique quelconque, un ministère sectoriel et que,
pour une bonne raison, le ministère le garde. Vous, vous avez presque un
droit d'autorité sur n'importe quel renseignement qui est
communiqué peut-être confidentiellement à un autre
ministère, pourvu que cela se rapporte à l'application de la
science et de la technologie.
M. Paquette: M. le Président, nous sommes nous-mêmes
un organisme public et l'article 25 de la loi sur l'accès à
l'information dit "qu'un organisme public doit, avant de communiquer un
renseignement industriel - cela s'applique à nous également
financier, commercial, scientifique, technique, lui en donner avis
conformément", etc. Il y a des protections dans la loi sur
l'accès à l'information.
D'autre part, dans le cas d'un brevet, généralement un
brevet est levé par... Pensez à des brevets levés par des
particuliers ou des entreprises privées, par exemple. Ce ne sont pas des
organismes publics, alors cela ne nous est pas accessible non plus.
Mme Dougherty: J'aimerais signaler qu'à l'article 7, c'est
en collaboration avec le ministre concerné. Non, d'accord, cela va.
Le Président (M. Champagne): L'amendement au paragraphe 14
est-il adopté?
Le paragraphe 14, tel qu'amendé, est adopté.
M. Paquette: Le paragraphe 15. Oh, je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, le paragraphe 15.
M. Paquette: Le paragraphe 15. Il s'agit d'une disposition
usuelle et complémentaire au paragraphe 13. Si on peut faire des
recherches, des études, il est important de dire - cela existe dans la
plupart des lois -que nous pouvons compiler, analyser et publier les
renseignements disponibles. C'est une fonction importante de publication.
D'accord, pas de problème?
Le Président (M. Champagne): Adopté? Mme
Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Paragraphe
16.
M. Paquette: Le paragraphe 16, voilà un autre sujet de
crainte pour les milieux universitaires que nous éliminons en biffant
les mots "organismes publics". Je dépose un amendement qui vise à
biffer, dans le paragraphe 16, les mots "et des organismes publics".
Le Président (M. Champagne): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lincoln: Pardon, seulement une question.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Lincoln: Dans l'avenir est-ce que vous allez être le
médium, l'agence principale qui va contrôler tout ce qu'il y a de
brevets et de licences?
M. Paquette: Des ministères uniquement.
M. Lincoln: Enfin, le travail qui va se faire dans les
ministères, c'est vous qui allez...
M. Paquette: Nous allons coordonner les activités; il faut
bien le comprendre ici, nous ne serons pas détenteurs et
propriétaires des brevets.
M. Lincoln: Non, je comprends.
Mme Dougherty: Chaque ministère s'occupe de ses propres
brevets?
M. Paquette: Oui, et...
Mme Dougherty: Ma question est: Comment cela fonctionne-t-il?
M. Lincoln: La coordination, comment...
M. Paquette: II n'y a pas de coordination...
M. Lincoln: Non, il n'y en a pas, mais
justement quel est le genre de coordination? Disons que quelqu'un...
qu'est-ce que cela implique? (22 h 15)
M. Paquette: C'est très différent d'un
ministère à l'autre. Chaque ministère peut décider
de lever des brevets ou non pour tel ou tel type. Parfois des ministères
ne protègent pas, parfois ils protègent les inventions qui sont
élaborées dans le cadre de leurs activités. Il n'y a pas
de politique en matière de brevets et de licences actuellement. Je pense
que c'est un des rôles que notre ministère devra assumer. C'est le
sens très concret que nous pourrons donner à "coordonner les
activités des ministères." Nous allons étudier cette
question-là, préparer une petite politique, la faire adopter par
le gouvernement. Elle aura donc l'accord des autres ministères et
ensuite nous pourrons coordonner les activités des ministères en
matière de brevets et de licences et notamment les faire valoriser par
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche
qui est prévue ailleurs dans le projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): Cet amendement au paragraphe
16 est-il adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Le paragraphe
16 tel qu'amendé est adopté. Excusez, il y a, avant de revenir
à l'ensemble de l'article 8, un paragraphe que nous avons laissé
en suspens.
M. Paquette: Avant cela, M. le Président, j'aimerais faire
un amendement pour ajouter - ce qui est très important - à la fin
de l'article 8 un nouvel alinéa qui se lit comme suit: "Les paragraphes
6 et 7 ne s'appliquent pas à une institution d'enseignement ni à
un établissement au sens de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux (L.R.Q., chapitre S-5)."
Le Président (M. Brouillet): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Nous allons
revenir aux paragraphes qui ont été laissé en suspens. Je
crois qu'il y les paragraphes 4 et 11.
M. Paquette: Je propose l'amendement suivant qui est de remplacer
le paragraphe 4 par le suivant: "promouvoir l'analyse et l'évaluation du
développement technologique aux fins notamment d'en contrôler les
incidences et d'en intensifier les effets positifs au bénéfice
des personnes et de la société."
M. Lincoln: Contrôler les incidences et de quoi?
M. Paquette: "et d'en intensifier les effets positifs au
bénéfice des personnes et de la société."
Mme Dougherty: Vous diminuerez les effets négatifs.
M. Paquette: C'est cela.
M. Lincoln: Je crois qu'on devrait revenir à l'original,
parce que contrôler les incidences...
M. Paquette: II faut le faire. Ce n'est pas facile à
contrôler, les incidences.
M. Lincoln: Contrôler les incidences...
Mme Dougherty: M. le ministre, vous avez un comité, avec
la ministre déléguée à la Condition féminine
et d'autres ministres, qui s'occupe de l'impact technologique sur la
société. Quel est le mandat de ce comité? On peut
peut-être avoir une meilleure formulation qui pourrait nous aider... Le
mandat est similaire, n'est-ce pas? Celui d'analyser l'impact et d'essayer de
favoriser...
M. Paquette: Ce mandat a été intégré
dans celui du comité ministériel qui prépare la table de
concertation en informatique électronique. Nous sommes à
préparer un projet d'une commission publique sur cette question
très importante. Nous sommes en train d'en...
Mme Dougherty: ...mandat précis...
M. Paquette: Non, c'est un comité dont nous avons pris
l'initiative. Cela ne peut pas nous aider ici.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Est-ce que je pourrais signaler
qu'après consultation du Petit Robert, nous avons observé que le
mot "incidence" rend ce qu'on cherche parfois à rendre par le mot
"impact", qui est en train d'entrer dans la langue française mais qui
n'a pas tout à fait ce sens-là. Le mot "incidence" ne laisse
aucun doute.
M. Paquette: M. le Président...
M. de Bellefeuille: Le mot "contrôler" a un sens
français un peu différent du sens anglais. "Contrôler"
c'est principalement observer, voir ce qui se passe, mais on peut
chercher à maîtriser. En anglais, c'est plus fort.
M. Lincoln: Contrôler veut dire observer...
M. de Bellefeuille: Cela peut aussi vouloir dire maîtriser.
Contraindre ou maîtriser, mais c'est d'abord observer ce qui se
passe.
Mme Dougherty: Ce n'est pas un rôle tout à fait
passif, c'est pourquoi j'ai suggéré...
M. Paquette: Si on disait: "favoriser l'analyse,
l'évaluation et la maîtrise des impacts..."
Mme Dougherty: Ce n'est pas uniquement d'être spectateur
à ce qui se passe, mais c'est d'essayer d'améliorer la situation.
Dans quel sens, je ne...
M. Paquette: Nous étions d'accord, lorsque nous avons
étudié cet article, pour dire que cette préoccupation de
contrôler le développement technologique au service des personnes
et de la société était une responsabilité qui
devait être assumée par de multiples agents dans la
société. Le rôle particulier du ministre
délégué à la Science et à la Technologie,
à cet égard, est de favoriser l'analyse et l'évaluation de
ces impacts. On pourrait aller plus loin. Je ne sais pas... L'analyse,
l'évaluation et la maîtrise... Dans la nouvelle formulation on dit
notamment "...aux fins d'en contrôler les incidences".
M. le Président, il me semble que "contrôler les incidences
et en intensifier les effets positifs au bénéfice des personnes
et de la société", c'est très loin d'un rôle
contemplatif où on analyserait et on évaluerait et, après
cela, on laisserait tout le monde se débrouiller avec ses
problèmes. Il me semble que cela marque l'intention que nous partageons
des deux côtés de la table, c'est-à-dire un rôle plus
actif que cela. On dit que c'est fait aux fins d'en contrôler.
Évidemment, on ne dit pas que c'est le ministre
délégué à la Science et à la Technologie qui
devra en contrôler les incidences, ce qui serait largement
présomptueux.
M. French: Même avec son mandat.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'on s'entend
sur...
M. Paquette: Est-ce qu'on s'entend sur l'amendement?
Le Président (M. Brouillet): ...l'amendement?
M. Paquette: M. le Président, nous avons une meilleure
formulation.
Le Président (M. Brouillet): Je ne peux pas me permettre
une suggestion en tant que président.
M. Paquette: Non, nous avons une meilleure formulation qui serait
celle-ci: 4° se lirait: "promouvoir - je n'en fais pas un amendement tout
de suite, je veux voir les réactions - l'analyse, l'évaluation et
la maîtrise des incidences du développement technologique sur les
personnes et la société;"
Mme Dougherty: C'est mieux. M. Lincoln a une autre suggestion. On
pourrait peut-être les comparer.
M. Lincoln: J'avais formulé: "promouvoir l'analyse et
l'évaluation du développement technologique sur les personnes et
la société et leur adaptation à ces impacts ou ces
incidences".
M. Paquette: C'est un peu embêtant parce que cela ne parle
que d'un côté, c'est-à-dire que les personnes doivent
s'adapter à la technologie. Il arrive parfois que la technologie puisse
aussi s'adapter aux personnes. Je pense que nous avons une formulation
intéressante ici: "promouvoir l'analyse, l'évaluation et la
maîtrise des incidences du développement technologique sur les
personnes et la société." On ne peut pas demander à un
ministre de faire plus que de promouvoir parce que c'est un problème
tellement complexe. Il faut que tout le monde s'en occupe.
M. French: ...le dernier amendement, franchement!
M. Paquette: Le dernier?
M. French: Le dernier que vous avez proposé.
M. Paquette: Oui, n'est-ce pas?
M. French: J'ai trouvé cela adéquat. J'aimerais
bien le revoir, mais j'ai trouvé, de toutes les suggestions...
Le Président (M. Brouillet): Alors là, on lit
attentivement ce qui pourrait devenir un amendement.
M. Paquette: M. le Président, devant cette invitation
à peine voilée du député de Westmount, je vais
déposer l'amendement suivant: Remplacer...
M. French: Le quatrième.
M. Paquette: ...le quatrième paragraphe par le suivant:
"promouvoir l'analyse, l'évaluation et la maîtrise des incidences
du développement technologique sur les personnes et la
société."
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement au
paragraphe 4 est-il adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. Nous revenons au paragraphe 11.
M. Paquette: C'est cela. Alors, au paragraphe 11 nous proposons
de remplacer ce paragraphe par le suivant: "Proposer au gouvernement et aux
ministres concernés des mesures destinées à assurer
l'adéquation des politiques et des pratiques du gouvernement et de ses
ministères avec les besoins du Québec en personnel scientifique
et technique."
Mme Dougherty: Technologique.
M. Paquette: On dit personnel technique.
Une voix: D'accord.
M. Paquette: II me semble que la langue française
l'exige.
Mme Dougherty: D'accord. "Technical personnel" c'est la
même chose.
M. Paquette: Yes. Technical personnel and not technological
personnel.
Mme Dougherty: Well.
M. Paquette: Cela va? Alors, si vous comparez avec l'amendement
que j'avais soumis initialement, on enlève les particularités et
on dit que cela touche toutes les politiques du gouvernement. C'est cela
l'esprit. Alors, cela se lit comme suit...
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous lisons
l'amendement dans toute sa forme avant de l'adopter.
M. Paquette: Alors, remplacer le paragraphe 11 par le suivant:
"Proposer au gouvernement et aux ministres concernés des mesures
destinées à assurer l'adéquation des politiques et des
pratiques du gouvernement et de ses ministères..."
M. Lincoln: Est-ce qu'on va ajouter partout des politiques, des
pratiques et des lois du gouvernement?
M. Paquette: Eh bien, des mesures peuvent comprendre des
amendements aux lois. On doit proposer des mesures aux ministres
concernés et au gouvernement, qui peuvent comprendre des amendements aux
lois.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, simplement pour
une façon de procéder, quand quelqu'un a commencé la
lecture d'un amendement, j'aimerais qu'on lui laisse le temps de terminer avant
de proposer d'autres sous-amendements. Alors, si vous voulez reprendre au
début, M. le ministre.
M. Paquette: Je reprends, M. le Président. Remplacer le
paragraphe 11 par le suivant: "Proposer au gouvernement et aux ministres
concernés des mesures destinées à assurer
l'adéquation des politiques et des pratiques du gouvernement et de ses
ministères avec les besoins du Québec en personnel scientifique
et technique."
M. Lincoln: J'aurais voulu écouter ce qu'a à dire
mon collègue.
Le Président (M. Brouillet): Alors, sur l'amendement, M.
le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, notre collègue
de Nelligan proposait qu'on ajoute "les lois". Je veux lui signaler que les
lois ne sont pas du gouvernement; les lois sont de l'Assemblée
nationale. Alors, on ne peut pas ajouter "les lois".
M. Paquette: Et la façon de modifier les lois ou d'arriver
à la modification d'une loi serait pour le ministre de proposer au
gouvernement, entre autres mesures, de modifier une loi, mais pour la modifier,
cela requiert l'approbation de l'Assemblée nationale. (22 h 30)
Le Président (M. Brouillet): L'amendement au paragraphe 11
est-il adopté?
M. French: Fine with me. Cela va.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Paquette: M. le Président, je pense que l'article 8 est
complété. Tous les paragraphes ont été
adoptés.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 11 est
adopté tel qu'amendé.
M. French: M. le Président, est-ce que je pourrais,
maintenant que nous avons complété l'article 8...
M. Paquette: II faut maintenant
l'adopter.
Le Président (M. Brouillet): Nous devons maintenant
adopter, dans l'ensemble, l'article 8. L'article 8 tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. French: Je viens de me faire confirmer par le
député de Fabre que l'intention du leader parlementaire du
gouvernement est de mettre un bâillon sur cette commission parlementaire.
Est-ce que le ministre est au courant?
M. Paquette: M. le Président, le leader parlementaire a
évoqué cette possibilité. Je n'ai aucune idée si
elle va ou si elle doit se concrétiser. J'avais compris que nous
continuions à travailler jusqu'à minuit pour poursuivre
demain.
Mme Dougherty: Pour poursuivre demain?
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Toute la journée?
M. de Bellefeuille: II reste une heure et demie. En une heure et
demie, on peut faire pas mal de travail.
M. French: M. le Président... Mme Dougherty:
Allez-y.
M. Lincoln: Je voudrais poser une question au ministre. Je ne le
savais pas, je viens d'apprendre cela de mon collègue. Je trouve cela
réellement extraordinaire. J'espère que vous vous rendez compte
qu'on a travaillé d'une façon tout à fait constructive. Je
ne vois pas pourquoi le leader parlementaire, à ce stade, invoque la
possibilité d'un bâillon. C'est comme si on prenait des mesures
dilatoires ou qu'on essayait d'entraver les travaux. Cela n'a jamais
été l'intention... Je pense qu'on a bien travaillé. Je
trouve cela réellement étonnant.
M. Paquette: Ce que m'avait dit le leader parlementaire, M. le
Président, était à peu près ceci: Si le leader de
l'Opposition ne peut me garantir la fin des travaux de cette commission et
l'adoption de cette loi avant la fin de la session, je devrai inclure ce projet
de loi dans la motion de clôture. Personnellement, il va sans dire que
j'aimerais bien éviter cette éventualité. Cela va de
soi.
Mme Dougherty: M. le Président, je crois que c'est
totalement inacceptable qu'on travaille sous une menace comme celle-là.
Nous sommes prêts à consacrer les heures nécessaires -
c'est notre intention - et essayer d'améliorer cette loi dans le sens
des arguments, des points clés que nous avons présentés
depuis le début. Nous avons même déclaré que nous
n'avions pas l'intention d'introduire d'autres obstacles. Nos intentions sont
claires. Nous sommes prêts à travailler jusqu'à minuit
chaque jour que l'Assemblée siège.
Le Président (M. Champagne): D'accord?
M. Paquette: M. le Président...
Mme Dougherty: Je demande que le ministre intervienne...
M. Paquette: Certainement.
Mme Dougherty: ...dans cette décision.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais assurer, encore
une fois, ma collègue de Jacques-Cartier de ma collaboration. Je pense
qu'il ne faut pas non plus bâtir un échafaudage sur une
possibilité qui n'est peut-être pas encore réalisée
et que, à mon avis, nous devrions éviter. Je suis convaincu de la
bonne foi des députés participant à cette commission. Il
suffirait sans doute que le leader de l'Opposition nous donne certaines
assurances, puisque la bonne volonté des députés
présents à cette commission est tout à fait réelle.
Cependant, le leader de l'Opposition est maître de la stratégie
parlementaire de l'Opposition et doit nous donner certaines garanties que
l'intention de l'Opposition est bien d'adopter ce projet de loi d'ici à
la fin de la présente session.
Je pense que nous avons le temps, comme le dit la députée
de Jacques-Cartier, de passer au travers de ce projet de loi et de le bonifier
avant la fin de la session. Je suis également tout à fait
disposé à y mettre tout le temps nécessaire.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount. Ensuite, si on veut réellement adopter le projet de loi et
qu'on est plein de bonne volonté des deux côtés, je vais
appeler l'article 9.
M. French: II ne faudrait quand même pas anticiper trop
vite, M. le Président. J'aurais été prêt à
passer à l'article 9, mais j'aimerais clarifier la situation. Je ne
pense pas que ce soit trop demander. J'ai travaillé sur tellement de
projets de loi à la fin de la session, sous pression, et je n'ai jamais
eu de problème. Je ne peux pas vous expliquer, M. le Président,
ma stupéfaction devant cet état
de fait.
M. Paquette: Voici, M. le Président. L'information qu'on
me donne indique que le leader de l'Opposition n'a pas donné au leader
du gouvernement l'assurance que l'étude du projet de loi pourrait
être complétée avant la fin de la session. Dans
l'état actuel des choses, il devra inclure le projet de loi 19 dans la
motion de clôture. Comme cette motion de clôture prend un certain
temps à être adoptée, si nous pouvons progresser
normalement dans nos travaux, je pense qu'on ne devrait pas se laisser
déranger par cette question-là qui ne relève pas de notre
compétence, mais sur laquelle nous pouvons intervenir à partir de
demain matin. Je pense que nous devrions, sans nous sentir pressés et
faire un mauvais travail, procéder normalement et regarder demain. Je
pense que, demain, si nous avons progressé suffisamment, nous pourrions
convaincre nos leaders respectifs d'exclure le projet de loi 19 d'une
éventuelle motion de clôture qui, semble-t-il, s'impose, en tout
cas pour le projet de loi 17.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je n'ai pas d'objection à continuer ce
soir.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: Cela ne me préoccupe pas. Mais je veux
répéter ce que Mme la députée de Jacques-Cartier a
dit. Je ne dis pas qu'on n'a pas d'arguments et même d'objections qui
pourraient être, dans le cas de certains députés qui sont
absents, des objections de fond par rapport à certaines choses dans le
projet de loi... On voudrait, en toute honnêteté, jouir de tous
les pouvoirs que le système parlementaire nous donne à cet effet.
Par contre, nous n'avons aucune, mais aucune intention d'apporter des arguments
dilatoires, de nous éloigner du sujet, d'essayer de pelleter des nuages.
On n'a pas fait cela jusqu'à présent et on n'a pas une telle
intention. Nous sommes également disponibles à toutes les heures
de séance de session pour en discuter plus longuement.
Je voudrais proposer - je ne devrais peut-être pas le faire sur...
- d'aller voir tout de suite mon leader parlementaire et essayer de clarifier
les choses, tirer les choses au clair, peut-être ce soir même, si
c'était possible.
M. Paquette: Ce serait intéressant, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Voici. De toute façon,
il y a 164 articles dans ce projet de loi et nous sommes rendus à
l'article 9. Je pense qu'on pourrait peut-être...
Mme Dougherty: Oui, mais les pouvoirs sont importants. Il y en a
plusieurs qui étaient très simples et automatiques, normaux.
Le Président (M. Champagne): Oui. Peut-être que
c'était plus long au début, considérant...
M. Paquette: Je suis convaincu, M. le Président, que d'ici
à minuit, nous pouvons très certainement nous rendre... Je ne
veux pas préjuger de nos forces, mais il y a beaucoup d'articles qui
sont vraiment des articles de concordance, jusqu'à ce que nous arrivions
à la fondation et aux fonds où il y a des questions de fond
à regarder, c'est le cas de le dire.
Mme Dougherty: Je pense que nous pouvons compléter
jusqu'au quatrième chapitre.
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Champagne): D'accord...
M. French: Juste pour l'information du ministre. Je pense que le
député d'Argenteuil veut absolument être présent
pour cette discussion.
M. Paquette: Sur la question de la fondation et des fonds?
M. French: C'est cela, la fondation et les fonds. Si on pouvait
faire en sorte de garder cela pour lui.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
Mme Dougherty: Peut-être qu'on peut essayer d'arriver
à l'article 35 ce soir. D'accord?
Le Président (M. Champagne): Essayons d'arriver à
l'article 35, tel que suggéré par Mme la députée de
Jacques-Cartier.
J'appelle l'article 9.
M. Paquette: M. le Président, il s'agit d'une disposition
usuelle concernant le pouvoir du ministre de conclure des ententes
intergouvernementales et internationales.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser à l'article 9?
Mme Dougherty: Juste un moment, s'il vous plaît!
M. Lincoln: Cela ne devrait-il pas être
sujet à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales?
M. Raquette: Un autre article que nous avons adopté le dit
et ce l'est automatiquement de toute façon.
M. Lincoln: Conformément à la loi. Je m'excuse.
M. Paquette: Oui, conformément à la loi. Cela
inclut la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales,
effectivement.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 10.
Adopté?
Mme Dougherty: Juste un moment.
M. Paquette: C'est le pouvoir de subventions qu'on accorde au
ministre. C'est également un article usuel dans les projets de loi. Il
va de soi que ce sont les sommes mises à ma disposition par
l'Assemblée nationale et votées par elle.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article 10
est adopté. J'appelle l'article 11.
M. Paquette: Cet article permet d'établir des protocoles
d'entente avec des organismes publics. Je pense que, à plusieurs
reprises, dans nos discussions, nous en avons vu l'intérêt,
notamment lorsque le ministre doit mettre sur pied de nouveaux organismes de
recherche qui impliquent des organismes publics. Il faut établir des
protocoles d'entente. Également, on a parlé de protocoles
d'entente avec la Société de développement industriel,
avec la SODICC qui existe déjà. Je pense que cela confirme une
pratique particulièrement nécessaire pour un tel
ministère.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 12. Est-ce qu'il y a des commentaires, M. le ministre?
M. Paquette: Cet article a pour objet de permettre au
gouvernement de constituer des corporations ayant pour objet le
développement scientifique et technologique.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser?
Mme Dougherty: Est-ce un pouvoir sans limite? Pour chaque
corporation, est-ce qu'il faut revenir à l'Assemblée nationale?
Est-ce que c'est un pouvoir... Il me semble que c'est très large. Il n'y
a pas d'imputabilité.
M. Lincoln: Cela n'était pas dans l'avant-projet de loi,
cela a été ajouté. Est-ce qu'il y a une raison
spécifique pour avoir ajouté cela? Est-ce que c'est votre
intention de...
M. Paquette: Certainement, nous avons l'intention d'utiliser cet
article très prochainement, notamment par la mise sur pied d'un centre
de diffusion des technologies de production automatisée, d'un centre
CAO-FAO pour lequel des crédits ont été
réservés dans mes budgets. Il faudra créer une telle
corporation. C'est un article habilitant. Il va de soi que, pour créer
de telles corporations, il faut avoir des fonds, il faut avoir des
crédits votés par l'Assemblée.
Le Président (M. Champagne): Mme la
députée.
Mme Dougherty: L'article ne dit pas... On dit: "Le gouvernement
peut, par lettres patentes (...) constituer des corporations..." Donc...
M. Paquette: II faut aller au Conseil des ministres. Je
prépare un projet, je le présente au Conseil des ministres. Il
doit être adopté par le Conseil des ministres.
M. Lincoln: Les pouvoirs du gouvernement actuellement... Le
gouvernement a tous les pouvoirs de créer une corporation. Il n'a
qu'à faire adopter une loi et créer une corporation. Pourquoi, si
le gouvernement peut créer des corporations sans créer un article
dans votre loi...
M. Paquette: On indique simplement qu'il peut en créer qui
ont pour objet le développement de la recherche et de la technologie.
Dans ces cas, on parle d'un avis publié dans la Gazette officielle.
C'est normal.
M. Lincoln: Je suis d'accord avec vous, mais, dans l'avant-projet
de loi, cela faisait beaucoup plus de sens, parce que, en fait, le gouvernement
peut créer 25 000 corporations. Quelle est l'idée de mettre cela
dans votre loi pour situer... On peut dire: le gouvernement peut faire
n'importe quoi, mais...
M. Paquette: On peut suspendre et passer aux autres articles
pendant qu'on fait
les vérifications nécessaires pour répondre
à votre question.
M. Lincoln: Oui, parce que je ne vois pas l'utilité
de...
Le Président (M. Champagne): D'accord, nous suspendons
l'article 12. J'appelle l'article 13.
M. Paquette: Cet article concerne le dépôt à
l'Assemblée nationale du rapport annuel du ministère. Je pense
que les députés n'auront pas d'objection.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Champagne): L'article 13 est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Documents du ministère
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 14.
M. Paquette: II s'agit d'une clause usuelle, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): L'article 14 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 15.
M. Paquette: Cet article concerne la délégation de
signature au personnel du ministère. C'est une clause usuelle.
Le Président (M. Champagne): L'article 15 est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. Paquette: Là aussi, il s'agit d'une clause usuelle qui
autorise l'usage d'un appareil automatique et d'un fac-similé d'une
signature.
Le Président (M. Champagne): L'article 16 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 17.
M. Paquette: II s'agit, là aussi, d'une clause usuelle qui
concerne l'entrée en vigueur des règlements sur la signature des
documents.
Le Président (M. Champagne): L'article 17 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 18. (22 h 45)
M. Paquette: II s'agit, là aussi, d'une clause usuelle qui
concerne l'authenticité des documents ou copies des documents du
ministère.
Le Président (M. Champagne): L'article 18 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Paquette: Cet article concerne la reproduction photographique
des documents. Il a pour objet d'indiquer que la reproduction photographique a
la même valeur que l'original même si la destruction de ce dernier
intervient avant le délai de cinq ans de la date qu'il porte fixé
par l'article 2 de la Loi sur la preuve photographique des documents.
Le Président (M. Champagne): L'article 19 est-il
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 20.
M. Paquette: Alors ici, nous...
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article
12?
M. Paquette: On y reviendra quand on aura obtenu
l'information.
Le Président (M. Champagne): L'article 12 est toujours en
suspens.
M. Paquette: On arrive au chapitre concernant le Conseil de la
science et de la technologie.
M. French: Est-ce que le ministre me permettrait?
Le Président (M. Champagne): Oui, un instant.
M. Paquette: Certainement.
M. French: Une suggestion de procédure. Est-ce qu'on a
étudié l'article 1?
M. Paquette: On peut revenir à l'article 1.
M. French: Est-ce qu'on ne doit pas logiquement, maintenant qu'on
a fini avec le chapitre II, faire cela pour le nettoyer?
M. Paquette: Si vous voulez. Nous avons une formulation beaucoup
plus claire de cet article.
Définition (suite)
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 1.
M. French: Ah! Vous avez un amendement là-dessus.
M. Paquette: Oui, ce sera plus clair vous verrez.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, j'appelle
l'amendement de l'article 1.
M. Paquette: L'article 1 est remplacé par le suivant: "Aux
fins de la présente loi, constitue un organisme public: 1 un organisme
dont le gouvernement ou un ministre nomme la majorité des membres;
2° un organisme dont la loi prévoit que le personnel est
nommé et rémunéré suivant la Loi sur la fonction
publique (L.R.Q., chapitre F-3.1); 3 un organisme dont le fonds social fait
partie du domaine public; ou 4° un organisme dont plus de la moitié
des dépenses de fonctionnement sont payées sur des crédits
apparaissant aux prévisions budgétaires déposées
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on peut avoir le
texte?
M. Lincoln: Vous avez ajouté une catégorie.
M. Paquette: II y a quatre catégories comme dans l'article
initial. C'est simplement la présentation de l'article qui enlève
toute ambiguïté à sa lecture même, puisque est
considéré comme organisme public un organisme qui correspond
à l'un ou à l'autre des paragraphes que j'ai lus. Cela ne change
absolument rien au contenu. Cela change la forme. La députée de
Jacques-Cartier m'avait souligné l'importance de clarifier la forme de
l'article sans en changer le contenu. Je pense que cet amendement répond
à cette demande.
Le Président (M. Champagne): Voudriez-vous déposer
l'amendement, s'il vous plaît! Est-ce que l'article 1 est adopté
tel qu'amendé?
Mme Dougherty: On a enlevé l'ambiguïté.
M. Paquette: Est-ce que cela va?
Le Président (M. Champagne): L'article 1 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 20.
Mme Dougherty: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Oui, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: En plus des nouvelles de la possibilité de
bâillonner, est-ce qu'on peut avoir cinq minutes de pause pour en
discuter?
Le Président (M. Champagne): Nous suspendons nos travaux
pour environ cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 50)
(Reprise de la séance à 22 h 56)
Le Président (M. Champagne): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution reprend ses travaux.
J'appelle l'article 20.
M. French: Avant que vous appeliez l'article 20...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je voudrais répéter que j'ai
confirmé que le leader parlementaire a formellement et publiquement, au
salon bleu, indiqué qu'il mettrait la guillotine sur les projets de loi
17 et 19. Je ne veux pas commenter la situation pour le projet de loi 17. Pour
ce qui est du projet de loi 19, je trouve cette situation totalement
inacceptable, je pense que cela va être très pénible pour
le ministre de commencer avec un projet de loi à caractère
d'organisation essentiellement, qui est passé par force majeure comme
cela, sans examen, alors qu'on a commencé, à 11 h 30,
l'étude de ce projet de loi, et déjà le bâillon!
Le député de Fabre dit qu'on est rendu à l'article
20, mais il ne se rend pas compte que les articles 7 et 8 sont des articles
très importants et sur lesquels on a travaillé loyalement. On n'a
pas gaspillé de temps, on n'a pas essayé de mettre des
embûches au progrès de la commission parlementaire, on n'a pas
nécessairement l'intention de le faire à l'avenir, mais je ne
vois pas pourquoi le ministre et cette commission devraient souffrir de
l'incompétence du leader parlementaire du gouvernement. Je ne vois
pas comment on peut préserver l'atmosphère de
coopération, l'atmosphère positive établie ici avec cette
épée de Damoclès sur nos têtes.
M. Raquette: M. le Président...
M. French: J'espère que le ministre va intervenir
auprès de son collègue. Nous ne pouvons pas garantir de
façon absolue que le projet de loi va être adopté, mais,
dans la mesure où le leader parlementaire du gouvernement est
suffisamment compétent pour nous donner le temps, je pense qu'il y a de
fortes chances, de fortes possibilités... Je ne peux pas parler pour ma
formation politique, mais je peux parler pour les trois personnes qui sont ici.
Je dis que nous allons conserver l'attitude qu'on a manifestée depuis le
début. Je fais un plaidoyer au ministre parce que ce n'est pas bon pour
lui, ce n'est pas bon pour son ministère de débuter par une
démarche législative avortée, comme cette
démarche-ci le serait si jamais la guillotine était
appliquée.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'effectivement
cette nouvelle ne devrait pas pertuber les travaux de cette commission. Je
pense que nous sommes entre adultes et que la menace de guillotine n'est pas
physique, heureusement! De toute façon, ce processus prend un certain
temps. Les intentions ou les obligations devant lesquelles le leader du
gouvernement a été placé par le refus du leader de
l'Opposition de garantir que ce projet de loi pourrait être
étudié d'ici la fin de la session n'est pas définitive et
cela nous laisse jusqu'à mardi pour étudier le projet de loi
article par article. Je pense qu'on peut faire un excellent travail.
J'espère que, par la coopération de tous les membres de cette
commission, nous pourrons faire en sorte que cette mesure ne soit pas
nécessaire. Ce n'est pas une menace que je fais, c'est simplement... Je
me dis que, s'il reste quelques articles, lundi, je suis convaincu que cela va
être facile de convaincre le leader du gouvernement de retirer le projet
de loi 19 de la motion de clôture. Je m'engage à en discuter avec
lui dès demain. (23 heures)
M. Lincoln: M. le Président, d'après ce que je
comprends de notre leader parlementaire, cette motion de clôture au
projet de loi 19 avait déjà été faite ou avait
été signifiée à 17 h 30 cet après-midi. Il
est maintenant 23 heures, mais il semble que c'est depuis 17 h 30 cet
après-midi que le leader avait déjà pris le... C'est ce
que notre leader a dit en tout cas, que c'était de 11 h 30 à 17 h
30. Si vous soustrayez les deux heures pour le lunch, ça ne donne
presque pas de temps. Alors à 17 h 30, c'est ce que je ne peux pas
comprendre, quelle était son intention? Pourquoi n'a-t-il pas attendu
s'il fallait faire la clôture? Si lundi était arrivé et que
nous restions en pause comme mercredi, à ce moment-là, cela
démontrerait de la mauvaise foi.
M. Paquette: Non, M. le Président, je pense que le
député ne devrait pas penser qu'il y a mauvaise foi, c'est
simplement qu'il a annoncé à la Chambre qu'il y aurait une motion
de clôture parce que si elle n'est pas annoncée aujourd'hui, elle
ne pourra pas être discutée lundi et adoptée mardi. Par
conséquent, elle ne pourra avoir d'effet puisque la session prend fin
mercredi. Ce sont simplement des délais mécaniques qui ont
forcé le leader du gouvernement à annoncer cette mesure
désagréable, bien sûr, mais peut-être
nécessaire dans les circonstances. Je ne suis pas en mesure d'en juger.
Je veux simplement assurer les députés qu'ils peuvent compter
personnnellement sur mon entière collaboration de façon que nous
puissions, d'ici à lundi, être en position d'éviter que la
motion de clôture s'applique au projet de loi 19, ce qui est mon
objectif.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Est-ce que c'est certain qu'on va travailler
demain?
M. Paquette: Moi, je suis à votre disposition.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez discuté de cela? Nous
n'en n'avons pas l'impression. Est-ce que l'étude de ce projet de loi
est à l'horaire malgré la motion de clôture? L'intention
de...
M. Paquette: On me dit que la motion de clôture ne serait
discutée que lundi et qu'il est prévu que nous poursuivions nos
travaux demain matin après la période de questions.
Mme Dougherty: Durant toute la journée jusqu'à
minuit.
M. Paquette: Jusqu'à minuit. Nous allons nous en
assurer.
Le Conseil de la science et de la technologie
Institution et organisation
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 20. M. le
ministre, est-ce qu'il y a des commentaires à expliquer?
M. Paquette: Je pense que l'article parle de lui-même, "est
institué le Conseil de la science et de la technologie", mais ça
me permet de dire que dans ce chapitre, nous retrouvons essentiellement toutes
les dispositions du décret créant le Conseil de la politique
scientifique du Québec qui est un organisme qui a été
réorienté, remis sur pied au moment de la politique scientifique
de 1980 et qui commence à donner d'excellents résultats. Il
soumet des avis de qualité. Il est formé de multiples
comités qui mettent à contribution des gens de tous les milieux:
les milieux scientifiques, les milieux de la recherche, les milieux
universitaires et les milieux des affaires. Je pense qu'il était temps
de consacrer l'existence de ce conseil qui est appelé à jouer un
rôle de plus en plus important dans notre société et de lui
donner une existence permanente par un projet de loi. Il me semble qu'il
était temps de lui donner de la visibilité et de faire en sorte
que ses rapports avec l'Assemblée nationale soient mieux définis,
notamment par le dépôt d'un rapport annuel, c'est-à-dire un
rapport d'activités.
Nous avons fait très peu de modifications au décret
actuel. Je soulignerai au passage des articles où il y a eu quelques
modifications.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous dire, dans les grandes
lignes, quelles sont les différences, s'il y en a, d'orientation, les
différences de direction globale, pas dans les détails parce
qu'on va passer à l'étude des articles, entre le Conseil de la
politique scientifique et le Conseil de la science et de la technologie. Le nom
s'explique sans doute par lui-même mais dans les orientations et dans la
direction que vous comptez donner, est-ce que vous voyez de grandes
différences?
M. Paquette: Non, M. le Président, l'article concernant
les fonctions et le rôle du conseil est exactement le même
qu'actuellement et, de toute façon, le ministre
délégué à la Science et à la Technologie,
dans ses relations avec le conseil, a des relations presque d'égal
à égal - si on me permet cette expression - en ce sens que le
conseil est très autonome. Il peut émettre les avis qu'il veut au
ministre, les préparer à sa façon et y mettre le contenu
qu'il désire. Je pense que c'est important qu'un conseil soit à
l'abri de ce que souhaite un ministre. Il doit conseiller non seulement le
ministre, mais le gouvernement et la population en général sur
les voies que doit emprunter notre développement scientifique et
technologique.
Je tiens à souligner de nouvelles activités du conseil qui
prennent forme, notamment la réalisation de bilans scientifiques et
technologiques régionaux qui sont commencés en interaction
étroite avec les gens des milieux socio-économiques, des milieux
de la recherche et qui donnent d'excellents résultats; la mise sur pied
d'un conseil de la recherche industrielle où participent notamment nos
amis de l'ADRIQ. On a une excellente expertise sur ce comité et je pense
que ce comité sera précieux pour l'amorce du virage
technologique.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous dire quelles ont été
les relations, par exemple, entre le conseil et les grands intervenants de la
science et de la technologie, les centres universitaires, les centres de
recherche, de santé, etc., avec le conseil, jusqu'à
présent?
M. Paquette: Le conseil compte sur ses divers comités et,
dans sa composition même, il y a évidemment des
représentants extrêmement qualifiés de ces milieux. D'autre
part, il tient ses audiences de façon publique. Lorsqu'un avis est en
préparation pour le ministre, il y a toujours un avant-projet de loi qui
est soumis et discuté lors d'une séance publique du conseil et il
y a, à ce moment-là, participation des divers milieux
concernés. Il y a parfois même présentation de
mémoire ou de réaction. Notamment, l'avis sur Le virage
technologique a fait l'objet d'une telle séance publique
récemment. Il y a eu des articles dans les journaux; il y a eu des
commentaires de certains organismes. J'ai reçu déjà
quelques-uns de ces commentaires et, armé de ces commentaires, le
conseil prépare un avis définitif sur la question qui sera
disponible à tous ceux qui voudront le consulter. Ceci rendra
énormément de services pour nous assurer que la politique
scientifique et le virage technologique s'orientent dans les voies les plus
favorables possible pour notre société.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. French: M. le Président, juste une autre question sur
les activités du conseil. On connaît les avis que le conseil donne
et qui sont parfois très valables. Le Conseil des sciences du Canada
publie un programme de recherche et je pense que ce n'est pas le cas du
conseil. J'apprécierais que le ministre nous donne des explications
à ce sujet.
M. Paquette: Oui. C'est très différent. Le Conseil
des sciences du Canada a un personnel d'à peu près 50 personnes.
C'est un personnel très lourd, justement parce que ces personnes
assument, en fait, une partie des fonctions que le ministère chez nous
va assumer, c'est-à-dire qu'il fait des études et des recherches,
il commandite des recherches et les publie. Le Conseil de la politique
scientifique est davantage conçu comme un
mécanisme d'animation et de concertation du milieu. Dans la
politique scientifique de 1980, il est décrit comme un lieu
d'échange permanent, d'orientation et de réajustement de la
politique scientifique du Québec. Voilà pourquoi le conseil
compte énormément sur plusieurs comités,
sous-comités, audiences publiques. Il a concentré ses
activités sur la publication d'avis par un mécanisme qui suscite
l'animation des milieux et l'intérêt des diverses personnes et
organismes qui peuvent être intéressés au
développement scientifique et technologique. Je pense que c'est une
approche extrêmement intéressante et qui donne de bons
résultats.
M. French: Le secrétariat est composé, je crois, de
six ou sept personnes et le ministre a l'intention, à la suite de
l'adoption de ce chapitre, de faire en sorte que le secrétariat demeure
d'une taille modeste?
M. Paquette: Oui. Évidemment, lors de la prochaine revue
des programmes, le conseil nous fera connaître ses besoins en personnel,
mais je ne crois pas qu'on puisse s'attendre à une augmentation rapide
du personnel du conseil.
M. French: Une autre question, M. le Président, à
propos des relations entre le conseil et le Conseil des universités. On
peut imaginer qu'il y aurait peut-être chevauchement et j'aimerais voir
comment les deux conseils conçoivent habituellement leur
frontière?
M. Paquette: II y a également une interaction possible
avec le conseil des collèges. Le meilleur exemple qu'on puisse donner de
cette question est l'élaboration, par le conseil, d'un avis
extrêmement fouillé et intéressant sur le rôle des
collèges face à la recherche. Évidemment il y a eu une
étude, une réaction du conseil des universités et une du
conseil des collèges. Il y avait un certain arbitrage à faire. Du
côté des universités, on craint beaucoup que la mission
recherche s'étende aux collèges. Qu'on développe deux
réseaux parallèles d'institutions de recherches au Québec.
Il y avait des problèmes de cette nature-là.
Le Conseil de la politique scientifique, de par sa nature
multisectorielle, peut jouer un certain rôle d'arbitrage face à ce
genre de problèmes, d'une part. D'autre part, lier ces
préoccupations à celles des autres secteurs de la recherche
industrielle et la recherche en milieu gouvernemental. Sa composition,
d'ailleurs, reflète sa préoccupation de garder une vue d'ensemble
de tous les éléments du système scientifique et
technologique. Parfois, il arrive que les deux conseils mettent sur pied des
comités d'étude conjoints, cela peut se présenter. Je
pense que, dans l'étude que le Conseil des universités a
entreprise concernant le financement de la recherche universitaire, très
certainement, le Conseil de la politique scientifique va s'y intéresser,
mais dans la perspective plus large de la politique scientifique du
Québec.
M. French: D'après le ministre, il n'y a pas vraiment de
problème de chevauchement ou de conflit.
M. Paquette: Non.
M. French: Une des institutions a un rôle...
M. Paquette: Écoutez, il y a toujours des zones grises,
cela va de soi. Dans ce cas-là, je pense que les deux conseils peuvent
très bien - cela s'est déjà fait dans le passé -
mettre sur pied des comités conjoints qui, ensuite, éclairent
l'un et l'autre conseil. Chacun élabore ses avis au ministre duquel il
relève.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 21.
M. Paquette: Cet article concerne le siège du conseil qui
est situé à l'endroit déterminé par le
gouvernement.
Actuellement, c'est à Québec. Le conseil est tenu, par
souci d'indépendance, à ne pas être logé dans les
édifices du gouvernement. Il occupe un édifice sur le boulevard
Charest.
Mme Dougherty: C'est la même chose pour tous les conseils,
n'est-ce pas? Le Conseil supérieur de l'éducation a ses bureaux
à Montréal sur la rue Fullum.
M. Paquette: C'est préférable. Je pense que oui. Ah
bon! Ils sont dans l'édifice du ministère de
l'Éducation?
M. French: L'édifice du ministère de
l'Éducation.
Mme Dougherty: Ici, à Québec, je ne suis pas
certaine où ils sont. Ils ont un bureau ici.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. French: M. le Président, je ne veux pas arrêter
le processus. J'ai une question si vous me le permettez.
Le Président (M. Champagne): Cela va.
M. French: Je voudrais demander au ministre - je devrais
également dire cela à ma collègue - si le
secrétariat fait partie du personnel du ministère. Je crois que
c'est le cas et ils sont fonctionnaires. Ce devrait être: "...le
secrétaire du conseil fait actuellement partie du personnel de
secrétariat actuel".
M. Paquette: Non.
M. French: Non, ce n'est pas le cas.
M. Paquette: Ils font partie de la fonction publique. Il y a un
élément de programme distinct dans les crédits de mon
ministère enfin, pour le moment, du conseil exécutif
consacré à la science et à la technologie. Il comporte
cinq éléments de programme. Le cabinet du ministre, le
secrétariat, le Conseil de la politique scientifique, le fonds
d'incitation et le fonds spécial pour le développement de la
science et de la technologie.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 22. (23 h 15)
M. Paquette: À l'article 22, sur la composition du
conseil, plusieurs intervenants à la commission parlementaire nous ont
indiqué que, selon eux, la composition du conseil semblait exclure les
milieux de la recherche et de l'enseignement. Je dois dire que, dans une
version antérieure du projet de loi, nous avions une autre formulation.
Finalement, sur le plan juridique, on a dit que c'était superflu et
qu'il fallait voir derrière les mots "des secteurs public et parapublic"
les milieux de la recherche et de l'enseignement. Je pense qu'il vaut mieux,
même si c'est redondant, à cause des remarques qui nous ont
été faites, le préciser explicitement. Par
conséquent, je dépose l'amendement suivant: Que l'article 22 soit
modifié par l'insertion dans la deuxième ligne du premier
alinéa, après le mot "milieux", des mots et des virgules "de la
recherche, de l'enseignement, des affaires du travail".
Le Président (M. Champagne): Ajouter après le mot
"milieux" les mots et virgules "de la recherche, de l'enseignement, des
affaires", ce serait de cette façon. Est-ce qu'il y a des questions
à propos de l'amendement? Oui? Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Nous avons discuté cela lors d'auditions.
Je crois que c'est sage d'éliminer les quatre personnes, des personnes,
et le nombre de personnes de chaque milieu. Je ne suis pas tout à fait
satisfaite de l'amendement parce que le milieu universitaire n'est pas
précisé et c'est justement ce que les universités ont
demandé. J'ai ici une copie du décret actuel 80. On parle d'abord
de cinq personnes du milieu des affaires et de l'industrie, de quatre personnes
du milieu universitaire, deux personnes du gouvernement et ses organismes,
trois personnes du milieu du travail de l'enseignement collégial, de
l'information scientifique et technique et de la vulgarisation scientifique et
les présidents de la commission du conseil. Je crois qu'on devrait
être un peu plus précis surtout d'abord pour le milieu
universitaire. On parle du milieu des affaires, du travail, de l'information
scientifique, c'est quelque chose de nouveau ici. Ce n'est pas
mentionné. J'essaie de comparer les milieux. Le FAPUQ a demandé
que les chercheurs soient inclus. Les universités ont demandé que
le milieu universitaire, sans préciser qui, soit inclus.
Une question d'abord. Dans la composition actuelle, les
représentants des universités sont-ils des chercheurs ou des
cadres? Qui sont-ils actuellement?
M. Paquette: Sans exception, je pense, ce sont des professeurs
d'université qui font de la recherche. Ce sont des chercheurs
universitaires. Oui. Ce ne sont pas des cadres ou des administrateurs.
Mme Dougherty: Est-ce que vous accepteriez d'utiliser les mots
"milieu universitaire"?
M. Paquette: Vous voulez que les mots "milieu universitaire"
apparaissent. Je n'ai pas d'objection à cela, M. le
Président.
Mme Dougherty: De la recherche et de l'enseignement universitaire
ou quelque chose comme cela.
M. Paquette: À ce moment, il ne faudrait pas exclure les
milieux de l'enseignement collégial qui sont très importants. On
pourrait lire mon amendement comme suit: "de la recherche, de l'enseignement
universitaire et collégial".
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: C'est parce que cela fait apparaître le mot
universitaire explicitement.
Le Président (M. Champagne): Alors, vous ajoutez,
après "enseignement", déjà à votre amendement, les
mots "universitaire et collégial". Est-ce que l'article 22 est
adopté tel qu'amendé?
M. French: Nous n'avons pas adopté l'amendement encore, M.
le Président.
M. Paquette: Oui, nous n'avons pas adopté
l'amendement.
Le Président (M. Champagne): D'accord...
Mme Dougherty: Juste un moment, s'il vous plait. On parle des
secteurs public et parapublic.
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: C'est la première fois que ce mot
apparaît. Qu'est-ce que...
M. Paquette: Oui, vous avez raison. C'est parce qu'il pourrait y
avoir des cas où il serait intéressant d'avoir des
représentants des centres hospitaliers, par exemple.
M. Lincoln: Quant à nommer l'enseignement, je voulais vous
demander si on ne devait pas spécifier la santé, parce que la
recherche y est bien importante.
M. Paquette: Je pense qu'avec l'expression "secteurs public et
parapublic", on couvre à peu près tout ce qui existe. Ensuite, il
y a des gens qui pourraient se demander s'il y aurait des représentants
des sociétés d'État. Évidemment, on pourrait dire:
Les sociétés d'État, ce sont des milieux d'affaires, mais
pas toutes les sociétés d'État. Alors, avec l'expression
"parapublic", on couvre davantage.
Mme Dougherty: Ils viennent du secteur privé aussi.
M. Paquette: Oui, dans notre esprit, le milieu des affaires,
c'est des gens qui proviennent du secteur privé.
Mme Dougherty: Mais pourquoi dire "secteurs public et
parapublic"? Parce qu'ils viennent de partout. Pourquoi désigner
spécifiquement "public et parapublic"? C'est ouvert à n'importe
qui qui a les qualifications, la compétence, l'intérêt.
M. French: En fait, M. le Président, je pense que ma
collègue de Jacques-Cartier est en train de me faire comprendre
qu'ultimement, c'est peut-être une erreur d'indiquer les milieux, M. le
ministre. Pourquoi ne pas dire: Quinze membres, dont un président
nommé par le gouvernement?
Là, vous venez de régler votre problème, parce que
là vous nommez qui vous voulez et... Non? Les légistes me
signalent que non.
Mme Dougherty: J'ai discuté de ce problème avec le
président du conseil parce que c'est un problème qui le
préoccupe aussi. Il était d'accord qu'on doit éliminer la
rigidité qui existe dans le décret actuel de quatre personnes,
parce que, selon leur orientation, selon l'étude qui est prioritaire
chaque année, parce que leur orientation change chaque année et
selon chaque besoin prioritaire, ils veulent avoir la flexibilité
d'inviter des personnes différentes de milieux différents.
Le but de toute loi est de protéger des abus et je crois qu'un
gouvernement qui n'est pas très favorable à un conseil pourrait
"stacker"...- est-ce qu'il y a un mot comme celui-là en français?
-
M. Paquette: Truquer.
Mme Dougherty: ...vers le milieu des affaires au lieu du milieu
universitaire.
Je crois que c'est très important de préciser certains
milieux; peut-être laisser quelques options ouvertes, mais on doit au
moins inclure les universités. Aussi le milieu de la santé est
très important et le milieu des affaires...
M. Paquette: M. le Président, si on relit l'article tel
qu'il serait amendé, cela donnerait ceci: "des milieux de la recherche,
de l'enseignement universitaire et collégial -l'ordre de
l'énumération est important - des affaires, du travail, de
l'information scientifique et technique ainsi que des secteurs public et
parapublic...
M. Lincoln: ...sans doute, information technique...
M. Paquette: Non, c'est information scientifique et technique.
Est-ce que c'est technique ou technologique? C'est une locution
consacrée. On n'oublie personne de cette façon. Quant au fait
d'un gouvernement qui voudrait mettre davantage l'accent dans certains milieux
plutôt que dans d'autres, la seule façon de l'éviter, c'est
de revenir à des nombres, ce qui est beaucoup trop rigide, parce que
j'ai eu à combler certaines vacances au conseil depuis mon
arrivée et on était pris parce qu'il n'y a pas beaucoup de femmes
au conseil. Alors, il fallait trouver une femme provenant des milieux
d'affaires et, si possible, de l'extérieur de la ville de
Montréal et qui a un intérêt pour les choses scientifiques
et technologiques. C'était une tâche à peu près
impossible, c'était la quadrature du cercle.
Mme Dougherty: On pourrait peut-être
introduire une phrase globale d'abord. Comme le conseil se compose de
quinze membres représentatifs du milieu scientifique et technologique
nommés par le gouvernement, "including but not excluding anybody, you
know?" Qui inclut...
M. Paquette: Notamment.
Mme Dougherty: ...notamment, mais laisser la porte ouverte
à d'autres milieux pour assurer... Le point, ici, c'est d'assurer une
représentation assez large des partenaires les plus importants pour
maintenir un certain équilibre.
En anglais, je dirais "broad representation of the scientific and
technological milieu or people concerned with scientific and technological
activities, including..."
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas, il me semble
qu'en énumérant les divers milieux possibles, on peut
difficilement faire mieux. Je pense qu'il va de soi que, dans un conseil de la
politique scientifique et technologique, on va nommer des gens qui s'y
intéressent, mais si on commence à trop préciser dans une
phrase générale au début, on va se retrouver à
exclure possiblement des hommes d'affaires qui n'ont pas nécessairement
une formation scientifique et technologique, mais qui gèrent une
entreprise. Proviennent-ils des milieux scientifique et technologique? Pas
toujours. Pourtant, leur participation peut être intéressante.
Mme Dougherty: Oui, mais si vous voyez les membres actuels du
conseil, les hommes d'affaires sont particulièrement occupés avec
leurs recherches industrielles.
M. Paquette: Oui, mais cela ne veut pas dire qu'ils en font
eux-mêmes ni même qu'ils ont une formation scientifique ou
technologique.
Mme Dougherty: Mais ils s'y intéressent.
M. Paquette: Ils s'y intéressent. Ils représentent
le point de vue...
Mme Dougherty: Parce que M. Gauvin, par exemple, était
directeur de recherche à Northern Telecom. Je ne suis pas certaine.
M. Paquette: II y a M. Terreault, de Northern Telecom qui est
là actuellement. Lui, il fait de la recherche. Il y a également
M. Dionne, de Casavant, un homme d'affaires qui gère une entreprise qui
n'est pas particulièrement technologique par rapport à d'autres
entreprises.
M. Lincoln: M. le ministre, voyez-vous une objection à
ajouter après "de la recherche, de l'enseignement universitaire et
collégial" les mots "des milieux de la santé"? Est-ce que cela
vous gêne de mettre cela? (23 h 30)
M. Paquette: Non, je pense que c'est inclus dans le parapublic.
Si on met la santé, pourquoi pas les services sociaux? On va se
retrouver avec une énumération vraiment très longue.
Le Président (M. Champagne): Voici, je pense qu'on a un
sous-amendement venant de la députée de Jacques-Cartier, à
la suite de l'amendement du ministre, qui est le suivant: "De la recherche, de
l'enseignement universitaire et collégial". Est-ce que le
sous-amendement est adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Le sous-amendement est
adopté. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Champagne): Oui, il est adopté.
L'article...
M. Lincoln: Attendez une minute. La recherche et
l'enseignement...
M. Paquette: Votre sous-amendement est accepté,
c'est-à-dire l'enseignement universitaire et collégial.
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela.
L'enseignement universitaire et collégial, c'est accepté.
L'amendement est accepté. L'article 22 est adopté tel
qu'amendé.
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Paquette: Vous êtes rendu de notre côté.
Nous vous accueillons avec plaisir.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount, sur l'article 23?
M. French: Non, sur l'article 22, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Allez-y.
M. French: Je comprends cela. Mais vous m'excuserez, cela a
été long. La minute où il a été
évident que l'amendement et le sous-amendement étaient
adoptés, j'ai bougé.
Le Président (M. Champagne): D'accord, cela va.
M. French: Je voudrais seulement savoir qui sont les observateurs
et pourquoi ce paragraphe est dans l'article.
Mme Dougherty: La deuxième phrase, nous n'avons pas
traité de...
M. Paquette: Le deuxième alinéa, effectivement,
nous n'en avons pas discuté. "Le gouvernement peut désigner au
plus trois observateurs auprès du conseil; ceux-ci participent aux
réunions du conseil, mais sans droit de vote". Actuellement, les
observateurs sont le secrétaire général associé,
ici présent, le président du Conseil des universités, le
président du Fonds FCAC, le président du FRSQ. Il y a quatre
observateurs actuellement, c'est tout. Il y a déjà quatre
observateurs dans la pratique actuelle.
M. French: Est-ce qu'on peut faire un amendement?
M. Paquette: C'est un peu trop. M. Lincoln: ...
M. Paquette: Je ne sais pas. M. Lincoln: II y a un
problème.
M. Paquette: II faudrait consulter le président du
conseil.
Mme Dougherty: Dans le décret actuel, on parle des membres
adjoints, est-ce que cela change leur statut d'observateurs?
M. Paquette: Non, parce qu'ici on précise très bien
que ce sont trois observateurs auprès du conseil qui participent aux
réunions du conseil - donc, avec droit de parole - mais sans droit de
vote. C'était la même chose dans le décret. On ne change
pas le statut, mais on réduit le nombre de quatre à trois. Je
dois vous dire que, sur ce chapitre, nous l'avons épluché article
par article avec le président du Conseil de la politique scientifique
qui était d'accord avec cette disposition.
Mme Dougherty: J'aurais une autre question, M. le
Président. Les présidents des commissions du conseil ne sont pas
spécifiés, parce qu'il se peut qu'on ait un président
d'une commission qui n'était pas membre, parce que je crois que si on
décidait de faire une étude qui implique un secteur
spécifique, biotechnologie ou quelque chose comme cela, on essaierait de
trouver un expert ou quelqu'un qui est spécialiste dans ce domaine.
Est-ce qu'on doit envisager d'ouvrir une porte pour... Est-ce que c'est
nécessaire? Ils ne sont pas exclus.
M. Paquette: Ils ne sont pas exclus, actuellement, dans le projet
de loi.
Mme Dougherty: C'est possible.
M. Paquette: II faudra regarder dans les articles, quand on parle
des frais afférents, si ces personnes sont couvertes. Je pense que oui.
Je pense que les frais - comment appelle-t-on cela? - de voyage, de
déplacement, notamment, sont prévus à d'autres articles.
Nous pourrons regarder au moment où nous y arriverons. Les allocations
de présence sont aussi prévues. Cela s'applique non seulement aux
conseils, mais aux comités et aux commissions. Alors dans le cas
où quelqu'un siégerait à un comité sans être
membre du conseil, il jouit également de ces avantages qui sont normaux:
allocation de présence et frais de déplacement.
Le Président (M. Champagne): L'article 22 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 23.
Mme Dougherty: Adopté.
M. Paquette: Cet article concerne la durée du mandat des
membres et son renouvellement. C'est une reconduction, je pense, du
décret actuel.
M. Lincoln: M. le ministre, je sais que cet article est une
reconduction justement du statut ou du mandat du Conseil de la politique
scientifique. La présidence pour cinq ans, n'est-ce pas trop long?
N'aurait-on pu laisser la présidence pour trois ans comme pour les
membres? Je vous pose la question. Si, par exemple, vous avez un
président qui... Tant que vous avez un président qui vaut la
peine, si vous l'avez pour trois ans, vous le renommez. Mais s'il y en a un qui
est un canasson, que vous êtes obligé de l'avoir pour cinq ans...
Il me semble que c'est comme le président de la République
française, il faut l'endurer sept ans. Il me semble que cela aurait
été plus logique de lui donner un mandat de trois ans, la
même chose que pour les membres. À ce moment-là, vous avez
un peu plus de flexibilité.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai noté que le
mandat... J'attends le ministre.
M. Paquette: M. le Président, simplement en
réaction à l'intervention du député de Nelligan,
j'ai généralement la même préoccupation face
à la présidence d'organismes publics. Cependant, il faut bien
comprendre ici qu'il s'agit d'un président-directeur
général à temps plein. Afin de pouvoir, si on veut,
recruter des candidats de valeur, il faut leur donner une certaine garantie de
ce côté-là, d'autant plus qu'ils ne peuvent être
renouvelés consécutivement qu'une fois. Alors, c'est automatique.
Après au plus dix ans, le président doit partir, quel que soit le
gouvernement. D'autre part, c'est la pratique courante, je pense, dans la
plupart des organismes de ce type de donner un mandat de cinq ans au
président du conseil lorsqu'il est à temps plein, lorsqu'il est
président-directeur général.
Le Président (M. Champagne): Mme la
députée.
M. Paquette: Par exemple, c'est le cas du Conseil des
universités. C'est la même disposition.
Mme Dougherty: Sur cette question, j'ai noté que le mandat
du président de fonds -au moins du Fonds FCAC, je ne sais pas si c'est
la même chose pour tous - était réduit de cinq ans à
trois ans. Lui aussi est le président-directeur général,
n'est-ce pas?
M. Paquette: Non. Dans ce cas, nous avons - il peut l'être,
je pense - un directeur général. Actuellement, dans la pratique,
nous avons un directeur général et un président qui sont
deux personnes différentes, actuellement, au Fonds FCAC.
M. Lincoln: De ce que je comprends, je suis d'accord que votre
projet de loi dit au plus cinq ans, mais, en fait, vous le nommez pour cinq
ans.
M. Paquette: Oui. On peut très bien nommer quelqu'un pour
deux ans aussi, si on veut. C'est au plus cinq ans.
Le Président (M. Champagne): S'il n'y a pas d'autres
questions...
M. Paquette: Cette question du président du fonds, on
pourrait l'examiner quand nous y arriverons, mais c'est bon de garder cela
à l'esprit.
Mme Dougherty: J'ai noté qu'on a changé l'un et pas
changé l'autre. C'est tout.
M. Paquette: On va l'examiner quand on y arrivera.
Adopté?
Le Président (M. Champagne): L'article 23 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. Paquette: À l'article 24, à la demande du
président du conseil, celui-ci aimerait que nous ajoutions un
deuxième alinéa.
M. French: C'est très important.
M. Paquette: C'est très important. Je fais l'amendement
suivant: L'article 24 est modifié par l'addition, à la fin, de
l'alinéa suivant: "Constitue une vacance l'absence à un nombre de
réunions déterminé par le règlement de régie
interne du conseil, dans les cas et circonstances qu'il indique." Cette
disposition était prévue d'ailleurs dans le cas des fonds et de
l'agence, ailleurs dans le projet de loi, mais nous l'avions oubliée
pour le conseil. Je pense qu'elle est importante, parce qu'elle protège
à la fois le conseil dans son fonctionnement et les membres aussi contre
faits arbitraires possibles.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement?
Mme Dougherty: Non.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 24 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Paquette: Cet article concerne les fonctions et la
rémunération du président. Il n'y a rien d'exceptionnel
ici.
Mme Dougherty: Pas de changement ici. C'est la même chose.
Cela existe déjà.
M. Paquette: C'est cela.
M. Lincoln: J'ai une brève question. Est-ce que la
rémunération, etc., est faite en fonction d'une catégorie
de la fonction publique? Quels sont les critères, par exemple, pour le
P.-D.G du conseil? Est-ce qu'il y a un barème quelconque ou si cela
dépend un peu...
M. Paquette: On me dit que c'est fait en fonction des
barèmes fixés par le gouvernement pour les dirigeants
d'organismes publics.
Le Président (M. Champagne): Alors,
l'article 25 est-il adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 26.
M. Paquette: Cet article prévoit que les autres membres du
conseil ne sont pas rémunérés mais qu'ils ont droit
à une allocation de présence et au remboursement de frais.
Le Président (M. Champagne): L'article 26 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
Mme Dougherty: Je crois que c'est un article standard pour tous
les conseils des ministères.
M. Paquette: Effectivement.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 26.
M. Paquette: Article 27.
Le Président (M. Champagne): Article 27, excusez-moi.
J'appelle l'article 27.
M. Paquette: M. le Président, à la demande du
Conseil de la politique scientifique, nous avions mis un quorum un peu
élevé pour un organisme de quinze membres, c'est-à-dire un
quorum de neuf. Alors, je propose de modifier l'article 27, par le
remplacement, à la première ligne du troisième
alinéa, du mot "neuf" par le mot "sept".
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: Je n'ai pas saisi l'essentiel, je n'ai pas saisi la
démarche qui a conduit le ministre à mettre "neuf" pour ensuite
mettre "sept". Le conseil voulait un quorum de neuf membres et le ministre
dit...
M. Paquette: Non, non. M. French: Non.
M. Paquette: Dans le projet de loi, nous avons neuf membres.
M. French: Oui.
M. Paquette: Le conseil dit qu'il peut être parfois
difficile lorsque le gouvernement prend du temps à combler des vacances
dans le conseil...
M. French: Oui.
M. Paquette: On a tellement de choses à traiter au Conseil
des ministres que cela arrive qu'on retarde effectivement. Alors, ce serait
plus prudent d'avoir un quorum un peu moins élevé. Alors, nous
proposons de remplacer le nombre neuf par sept.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article
27...
M. Lincoln: Oui. Est-ce que vous pouvez me dire, M. le ministre,
s'il y a des séances publiques? D'après ce qu'on comprend, le
public ne s'intéresse pas trop à cela. Est-ce qu'il y a des
mécanismes pour inviter le public à se prononcer?
M. Paquette: Oui, oui, il y a des annonces qui sont faites
régulièrement; il y a de la publicité. J'ai assisté
à deux de ces rencontres, l'une au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'autre en
Mauricie. Cela dépend des sujets. Parfois, il y a foule et parfois, la
salle est clairsemée, cela dépend des sujets...
M. Lincoln: Est-ce que le public a le droit de poser des
questions aux membres du conseil?
M. Paquette: Oui, il y a toujours une période...
M. Lincoln: De questions.
M. Paquette: ...prévue pour les questions de la salle.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'article 27 est-il
adopté? Non?
Mme Dougherty: Non, j'ai une question.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Cette question des séances publiques.
M. Paquette: Oui, allez-y.
Mme Dougherty: Quand j'ai demandé au ministre si le
conseil a été consulté sur la loi, le projet de loi 19, le
ministre m'a expliqué que les séances sont publiques et qu'il est
impossible naturellement de les consulter en public quand il s'agit d'un
document interne. Et, je me demande - il y a une clause plus tard, je crois,
qui parle des règlements internes. Il y a une possibilité ici
pour eux d'avoir des réunions privées, des réunions
fermées, je crois...
M. Paquette: Monsieur...
Mme Dougherty: Est-ce que... J'aimerais qu'il ait le pouvoir
d'être consulté par le ministre sur un projet de loi comme cela
à l'avenir.
M. Paquette: Voici, M. le Président. Ce qui se produit
actuellement dans la pratique, c'est que les séances du conseil sont
toutes publiques, sauf celles portant sur les questions de régie
interne. Et, effectivement, cela permet une souplesse. Le terme "régie
interne" est large; il s'agit souvent d'organiser les travaux du conseil, de
s'entendre sur un échéancier. Cela n'intéresse pas le
public évidemment, beaucoup moins en tout cas. Alors, le conseil se
réunit effectivement à ce moment-là en l'absence du
public. Et, c'est au cours d'une telle rencontre que je les ai
rencontrés au mois de décembre sur le projet de loi. Je n'ai pas
déposé le projet de loi. Je les ai rencontrés au moment
où nous étions à la phase de préparation du projet
de loi, parce qu'il m'aurait semblé indélicat de les consulter
plus formellement alors que tout cela était débattu dans les
comités du Conseil des ministres et au Conseil des ministres. (23 h
45)
Nous avons, au conseil, des gens qui proviennent de différents
milieux des affaires, de l'enseignement universitaire. Si des
hypothèses, qui n'allaient pas être retenues par le Conseil des
ministres, avaient commencé à circuler trop largement, cela
aurait créé beaucoup de confusion. C'est surtout pour cette
raison que je n'ai pas remis de document au conseil. Cependant, je les ai
informés des grandes articulations du projet de loi qui, d'ailleurs,
sont demeurées les mêmes.
Mme Dougherty: M. le Président, le Conseil
supérieur de l'éducation est organisé un peu
différemment parce que le ministre de l'Éducation a l'obligation
de soumettre ses règlements, ses changements de loi et tout cela au
conseil avant leur présentation pour dépôt.
M. Paquette: Ce n'est pas le cas ici.
Mme Dougherty: Je crois que c'était très important.
Donc, le problème de confidentialité existe là aussi
peut-être. Cela ne présente pas un problème. Je crois que,
pour un conseil qui veut être un vrai conseil, le ministre doit les
consulter pour des changements de règlements, de lois et tout cela.
Est-ce que vous avez considéré cela?
M. Paquette: M. le Président, nous n'avons pas inclus de
telles dispositions dans les activités du conseil parce qu'il nous
semble que, sans affirmer que cette loi soit la dernière que nous ayons
à présenter à l'Assemblée nationale,
l'activité d'un ministère de la Science et de la Technologie,
contrairement à celle du ministère de l'Éducation, est
très peu axée sur la législation et la
réglementation. Il gère très peu de programmes. Je pense
que ce serait un peu donner au conseil un mandat largement sans objet. C'est
pour cela que ce n'avait pas été prévu à
l'origine.
Mme Dougherty: Oui, aujourd'hui, on parle ici de la
création d'un ministère. À l'avenir, la situation sera
différente peut-être un peu plus proche de la situation du
ministre de l'Éducation. Je ne sais pas, mais je crois qu'il y a quelque
chose à considérer.
M. Paquette: Oui. Enfin, le ministre peut toujours demander des
avis au conseil sur toute question. Le conseil peut donner des avis au ministre
sur toute question. Je pense à une réglementation qui, par
exemple, découlerait de ce projet de loi. À quelques endroits, on
parle de règlement. Le conseil pourra très bien se pencher sur le
règlement et transmettre ses avis au ministre et lui demander de le
modifier.
Maintenant que la loi est déposée, le conseil pourra
très bien, d'ici deux ou trois ans, s'il y a des parties de la loi qui
fonctionnent plus ou moins bien, faire une étude et soumettre un avis au
ministre responsable. Je ne vois pas tellement l'utilité d'avoir un
article spécifique, encore une fois, compte tenu de la nature du
ministère de la Science et de la Technologie qui est très peu
réglementaire et législatif.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 27 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Dougherty: Adopté. M. French: Non.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je pense que je vous l'ai signalé, il y a
longtemps, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: M. le Président, le dernier paragraphe qui dit:
"En cas de partage le président a une voix prépondérante."
Une question de curiosité. Ce doit être excessivement rare qu'on
vote dans le Conseil de la politique scientifique?
M. Paquette: Oui, cela pourrait arriver.
M. French: C'est une espèce de soupape.
M. Paquette: Oui, c'est un cas exceptionnel effectivement, mais
il faut le prévoir.
Le Président (M. Champagne): L'article 27 est-il
adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Adopté. M. Paquette:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 28.
M. Paquette: Article usuel pour dire que les autres membres du
personnel sont rémunérés conformément à la
Loi sur la fonction publique. C'est ce que je vous disais tantôt.
Le Président (M. Champagne): L'article 28 est
adopté. J'appelle l'article 29.
Fonctions et pouvoirs
M. Paquette: Ici, nous définissons la fonction du conseil
et nous la définissons volontairement de la façon la plus large
possible, de façon à ne pas restreindre l'action du conseil.
C'est le mandat actuel.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Est-ce qu'on devrait limiter la cible des conseils du
conseil, des avis du conseil au ministre de la Science et de la Technologie? Ne
pourrait-on pas dire: Le gouvernement plutôt que le ministre?
M. Paquette: Habituellement, les conseils consultatifs sont
rattachés à un ministre bien précis. Le Conseil
supérieur de l'éducation conseille le ministre de
l'Éducation, le Conseil consultatif du travail conseille le ministre du
Travail. C'est un article tout à fait usuel.
M. French: Ce n'est pas que je veuille détacher le conseil
du ministre. C'est que je me suis demandé si, véritablement, cela
rendait le sens du vrai fonctionnement d'un tel conseil.
M. Paquette: Effectivement.
Le Président (M. Champagne): L'article 29 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 30.
M. Paquette: Cet article précise les pouvoirs du conseil.
En fait, est-ce qu'il y a eu des modifications par rapport au mandat actuel? Je
ne pense pas.
M. Lincoln: II me semblerait qu'il y a certains pouvoirs qui ont
été retirés, qui ont été
éliminés. Il y avait cinq différents...
M. French: Ce n'est pas le mandat actuel. Est-ce que c'est le
mandat actuel?
M. Lincoln: Oui, c'est le mandat actuel.
M. French: Je pensais que vous travailliez l'ancien projet de
loi.
M. Lincoln: Non. Je voudrais essayer de voir lesquels ont
été changés.
M. Paquette: C'est parce que vous avez l'article 31 aussi qui se
poursuit.
M. Lincoln: Peut-être...
M. Paquette: En combinant les articles 30 et 31, on a cinq
éléments encore là. Ce qu'on a enlevé, en fait,
c'est "puisse requérir et obtenir des divers ministères et
organismes publics les informations relatives au programme activité de
recherche ainsi qu'aux ressources humaines et financières qui y sont
affectées." La raison, c'est la même qui nous a amenés
finalement à baliser l'article qui concerne le ministère. C'est
que le ministère le fait. Si le conseil doit le faire en plus, là
on se trouve avec deux systèmes d'information. Normalement, le conseil
doit pouvoir obtenir du ministre toutes les informations nécessaires
à son fonctionnement. Si le ministre ne lui donne pas toutes les
informations nécessaires à son fonctionnement, le ministre va
avoir des avis déficients. Ce n'est pas dans l'intérêt du
ministre de ne pas communiquer les renseignements au conseil. C'est pour cela
qu'on l'a éliminé et je pense que c'est le seul, les autres se
retrouvent à l'article 30 ou à l'article 31.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous poser une question sur
celui-là?
M. Paquette: Oui.
M. Lincoln: Si par exemple - enfin, cela arrive - vous avez une
divergence de vues avec le conseil qui vous demande des informations ou quelque
chose, peut-être qu'à ce moment, les pouvoirs actuels donnent
l'occasion ou la possibilité de pouvoir les obtenir d'autres
ministères. Là, il faut qu'ils passent par vous automatiquement.
Ils n'ont pas la latitude de pouvoir...
M. Paquette: En pratique, le conseil s'alimente à partir
d'études qui sont faites par d'autres puisque ce n'est pas un organisme
qui fait ses propres études. Ils peuvent aussi commanditer les
recherches à d'autres organismes. Ils ont des moyens autonomes pour
obtenir des renseignements.
L'idée était d'éviter un autre système
permettant de récupérer l'information scientifique et technique
de tous les ministères. Pour la même raison qu'on a limité
les pouvoirs du ministre, tout à l'heure, de façon à ne
pas faire double emploi avec les responsabilités des autres ministres
dans leurs secteurs d'activité respectifs.
Le Président (M. Champagne): L'article 30 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Non. L'article qu'on a abrogé parle des
ressources humaines et financières...
Le Président (M. Champagne): Cela va? L'article 30 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 31.
M. Paquette: Cet article impose au conseil l'obligation de donner
son avis au ministre lorsque ce dernier le requiert. C'est aussi simple que
cela.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. French: Oui.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: En comparant l'article 30, premier paragraphe,
à l'article 31, je vois que ce n'est pas à sens unique.
M. Paquette: Non, cela va dans les deux sens.
M. French: L'initiative peut venir d'un côté ou de
l'autre.
M. Paquette: Exactement.
Le Président (M. Champagne): L'article 31 est-il
adopté?
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 32.
M. Paquette: C'est ici, M. le Président, que nous
prévoyons la formation par le conseil de comités de travail et de
commissions d'étude et, notamment - ce que je disais à la
députée de Jacques-Cartier tout à l'heure - les membres de
ces comités et de ces commissions ne sont pas
rémunérés, mais ils ont droit, dans la mesure
prévue par règlement du gouvernement, sur présentation des
pièces justificatives, à une allocation de présence ou
remboursement des frais raisonnables, comme les membres du conseil.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il des questions?
Mme Dougherty: Non, adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 32 est
adopté, j'appelle l'article 33.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais soumettre que,
ici, à l'article 33, l'attitude générale que j'aurais
serait de proposer l'abolition de l'approbation par le gouvernement des
règlements de régie interne de tous les organismes prévus
à cette loi, je n'en vois vraiment pas l'utilité.
Mme Dougherty: Cela n'existe pas maintenant. Je ne vois pas cela
dans le décret.
M. Paquette: Ce n'est pas dans le décret?
Mme Dougherty: On parle de l'article 14...
M. Paquette: À plus forte raison. M. le Président,
je propose un amendement, de biffer le deuxième alinéa de
l'article 33.
Le Président (M. Champagne): De biffer le deuxième
alinéa de l'article 33.
M. French: M. le Président, sur l'amendement, peut-on
connaître la source du deuxième alinéa?
M. Paquette: C'est une disposition qu'on trouve dans beaucoup de
lois et fréquemment dans des lois récentes. C'est la seule raison
pour laquelle nous l'avions inscrite. Nous avons vérifié
auprès du comité de législation et...
M. French: II n'était pas préoccupé par
ça.
M. Paquette: Cela le préoccupe, mais cela ne semble
pas...
M. Lincoln: ...c'est l'avis que le conseil puisse faire des
règlements de régie interne pour la conduite de ses affaires.
M. Paquette: C'est exact, c'est très bien comme cela.
Mme Dougherty: Cela entre en vigueur
selon leur décision.
M. Paquette: Oui, il ne faut pas surcharger le gouvernement
de...
Mme Dougherty: Y a-t-il un problème avec le temps
de...
M. Paquette: Personnellement, je n'en vois pas, voilà
pourquoi je propose l'amendement de biffer le deuxième
alinéa.
Mme Dougherty: Mais l'entrée en vigueur, c'est leur choix,
leur décision?
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: D'accord, c'est très bien.
Le Président (M. Champagne): L'article 33 est-il
adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 34.
M. Paquette: Cet article concerne le rapport d'activité du
conseil. C'est une disposition usuelle, mais nouvelle puisque je pense que ce
n'était pas prévu. L'organisme étant créé
par décret du Conseil des ministres, il n'avait pas à faire de
rapport à d'autres personnes qu'à l'instance qui l'avait
créé. Maintenant, il pourra faire rapport à
l'Assemblée nationale. C'est fort intéressant.
Mme Dougherty: À l'heure actuelle, c'est le 31 août.
Pourquoi avez-vous changé la date? Est-ce que c'est pour une raison de
concordance avec d'autres rapports?
M. Paquette: C'est en concordance avec l'ensemble des lois, M. le
Président.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Toutes les lois sont...
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan, vous avez le doigt levé ou je ne sais pas là...
M. Lincoln: Non, excusez-moi, M. le Président.
M. French: J'ai tellement traumatisé le
président...
M. Paquette: Est-ce que cet article est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Champagne): Oui, l'article 34 est
adopté?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Il est minuit.
S'il n'y a pas d'autres commentaires, on va ajourner nos travaux.
La commission élue permanente de la présidence du
conseil...
M. Lincoln: Est-ce que tous les articles suspendus sont
réglés?
Le Président (M. Champagne): Non. Vous avez l'article
12.
M. Paquette: À l'article 12, par consentement M. le
Président, est-ce qu'on peut essayer de...? D'accord, on va y repenser
et on reparlera de l'article 12 demain. C'est le seul qui demeure suspendu.
Le Président (M. Champagne): C'est le seul qui est en
suspens. D'accord?
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 24 h 02)