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Commission permanente de la présidence du
Conseil
Crédits du Conseil Exécutif
Séance du mercredi 9 juin 1971
(Dix sept heures quinze minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
présidence du Conseil): A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: Le député de Hull nous a
suggéré d'adopter les articles les moins litigieux. Nous
pourrions libérer immédiatement ainsi tous ceux qui pourront
fournir des renseignements au premier ministre sur l'Office de planification et
ce soir n'adopter que les articles qui ne sont pas litigieux.
M. BOURASSA: Parfois il peut arriver que...
M. BERTRAND: C'est le bureau du lieutenant-gouverneur.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a des questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A condition que le premier ministre fasse une
déclaration sur son successeur.
M. BOURASSA: Est-ce que le député de Chicoutimi a des
suggestions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre m'a promis le poste.
M. BOURASSA: Sous réserve des questions du... Le voici justement,
nous pouvons commencer.
Bureau du lieutenant-gouverneur
M. LE PRESIDENT: Poste 1; Bureau du lieutenant-gouverneur.
M. BOURASSA: Nous allons laisser le député de Bourget
reprendre son souffle, parce qu'il travaille très fort.
M. LEDUC: M. le Président, pendant que le député de
Bourget prend son souffle, au bureau du lieutenant-gouverneur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Son second souffle.
M. LEDUC: Son second ou son troisième. Est-ce que le
lieutenant-gouverneur peut facilement accepter des responsabilités de
représentation à travers la province: Si oui, est-ce que
d'après le premier ministre on se sert comme il faut des services du
lieutenant-gouverneur? J'ai l'impression que l'on pourrait peut-être par
la qualité du lieutenant-gouverneur que nous avons et par ses
disponibilités, faire un meilleur emploi de son temps et le faire se
promener un peu plus dans la province.
M. BOURASSA: Je suis d'accord. J'avais émis cette idée au
cours de la campagne électorale, mais il arrive souvent que, lorsque je
propose qu'il me remplace, on insiste pour que le premier ministre soit
présent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que le premier ministre est
élu. Si je comprends bien la question du député de
Taillon, c'est qu'il voudrait faire maintenant travailler le
lieutenant-gouverneur?
M. LEDUC: Je ne voudrais pas dire ça dans ces termes, mais,
là où il y a une représentation qui n'est pas politique,
on pourrait faire appel à ses talents plus souvent.
M. VEILLEUX: Est-ce que, dans l'esprit du député de
Taillon, c'est par exemple de le faire assister au dévoilement de la
murale au Grand Théâtre, quelque chose comme ça?
M. LEDUC: Je pense que vous avez compris l'esprit que je voulais
manifester, sans nécessairement m'en aller dans du grand
théâtre sur la suggestion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Etant donné que vous avez parlé
de qualité, vous aviez pensé aussi à lui permettre de
remplacer le député de Saint-Jean?
M. LEDUC: A l'occasion.
M. LE PRESIDENT: Poste 1, adopté. Est-ce que vous désirez
passer au poste 2 ou à un poste subséquent?
M. BOURASSA: Poste 2; Administration.
Administration
M. BERTRAND: Pour l'administration, appelez donc les sous-articles.
M. LE PRESIDENT: Poste 2, article 1, sous-article 1.
M. BOURASSA: Les salaires, $769,200.
M. JORON: Si vous permettez, j'aurais une question. Le nombre inclut les
attachés de presse, chefs de cabinet, principaux conseillers qui
gravitent autour du premier ministre. Est-ce que vous pourriez dire exactement
à combien s'élève le nombre de ces personnes?
M. BOURASSA: J'ai Guy Langlois, j'en ai six principaux, Jean-Claude
Rivest. Ce sont les
mêmes salaires que l'an dernier, ils n'ont pas eu
d'augmentation.
M. JORON: Si on compare aux premiers ministres cependant, comme
personnel...
M. BOURASSA: C'est la première fois que les salaires sont aussi
faibles que ça. C'est vrai qu'ils sont relativement jeunes.
M. BERTRAND : Il ne faudrait pas exagérer, des salaires
relativement faibles.
Il y a des gens compétents, qu'ils soient jeunes ou non. S'ils
sont compétents et s'ils remplissent très bien leurs fonctions,
je ne vois pas pourquoi le premier ministre les priverait d'un salaire auquel
ils ont droit.
M. BOURASSA: Il commence à y avoir des pressions.
M. BERTRAND: Il n'y a pas de pressions. Je n'aime pas qu'on dise qu'ils
sont jeunes. S'ils sont compétents, ils remplissent bien leurs
fonctions. Ils sont jeunes, ils s'usent davantage.
M. BOURASSA: Est-ce que mon chef de cabinet vous a rendu visite?
M. BERTRAND: Non, mais avant qu'il ne veuille se syndiquer j'aime autant
intervenir. Mais que le premier ministre ne prenne pas ces habitudes de dire:
Je pratique une politique d'austérité à mon cabinet, j'ai
des jeunes avec moi. Je les engage à des salaires
considérablement diminués par rapport à un autre premier
ministre. Je trouve ça enfantin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre ne ferait pas du "cheap
labour," j'espère.
M. BOURASSA: Ce que j'ai dit, c'est que...
M. BERTRAND: Parce qu'à des postes comme ceux-là on s'use
vite. Il n'y a pas d'heures. Ils ont les heures du premier ministre je
l'ai vécu à minuit, une heure, deux heures. Ces
gens-là donnent les meilleures années de leur vie. Je ne vois pas
pourquoi on mesquinerait lorsqu'il s'agit de leurs salaires.
M. BOURASSA: Cela va être difficile de refuser une
augmentation.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, article 1, sous-article 1,
adopté. Sous-article 2, adopté.
M. BERTRAND: Honoraires et commissions, ce sont des honoraires pour des
recherches du Conseil exécutif? Vous augmentez de $60,000.
M. BOURASSA: Il y a M. Snyder qui va recevoir $25,000. . M. BERTRAND:
Pour quelles fins?
M. BOURASSA: Il a été nommé représentant du
gouvernement aux jeux olympiques.
M. BERTRAND: Il va être payé par le gouvernement ?
M. BOURASSA: Oui. Maintenant, on a un service téléphonique
continu. Il arrivait que les gens voulaient me rejoindre le dimanche et ils ne
pouvaient pas. Cela ne répondait pas; alors on a un service de 24 heures
par jour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils m'appelaient.
M. BOURASSA: C'est $28,000.
M. JORON: A quel titre sont retenus les services de M. Lesage?
M. BOURASSA: Conseiller juridique, pas comme M. Pigeon, parce que M.
Pigeon était à temps plein ici.
M. BERTRAND: Les derniers temps, M. Pigeon était à temps
plein. Auparavant, il était, je pense, payé à l'acte.
M. BOURASSA: Oui, conseiller juridique.
M. JORON: Cela implique un salaire ou des honoraires?
M. BOURASSA: Des honoraires. M. LAURIN: Forfaitaires?
M. BOURASSA: Non. Comme tous les autres avocats.
M. BERTRAND: Comme tous les autres avocats qui travaillent pour les
légistes dans l'élaboration, la préparation des lois et
les honoraires sont à peu près les mêmes.
M. BOURASSA: Mêmes tarifs d'honoraires.
M. BERTRAND: A part M. Lesage, quels sont les autres avocats qui,
à l'heure actuelle de l'extérieur j'entends
travaillent? Est-ce que c'est payé par le bureau du premier ministre ou
par l'Assemblée nationale?
M. BOURASSA: Je crois que oui.
M. BERTRAND: C'est payé par l'Assemblée nationale.
M. JORON: M. Desrochers, par exemple, à quel titre est-il
là? C'est l'Assemblée nationale également?
M. BOURASSA: Non, M. Desrochers, com-
me conseiller administratif, fait partie de mon cabinet.
M. JORON: Il est à salaire comme M. Langlois?
M. BOURASSA: C'est ça.
M. JORON: Au sous-article qu'on a vu tout à l'heure.
M. DUMONT: M. Lesage aurait reçu combien en commissions?
M. BOURASSA: Du Conseil . exécutif, $3,200.
M. DUMONT: Il n'y a pas d'autres honoraires?
M. BOURASSA: Il y a eu pu avoir d'autres ministères. Je ne sais
pas.
M. BERTRAND: A ce moment-là, je pense qu'il y a des honoraires
qui sont payés par l'Assemblée nationale parce que le bureau des
officiers en loi relève de l'Assemblée nationale ou du ministre
de la Justice. Il y a pu avoir des honoraires qui ont été
payés par d'autres.
M. BOURASSA: On m'informe qu'il a reçu $3,200 du Conseil
exécutif.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3, adopté.
M. BOURASSA: Quel est le sous-article 4?
M. LE PRESIDENT: Frais de bureau. Le sous-article 4, adopté. Le
sous-article 5, adopté. Le sous-article 6, adopté. Le
sous-article 7, adopté. Les sous-article 10, adopté. Le
sous-article 11, adopté.
M. DUMONT: Est-ce que c'est nouveau, ces services?
M. BOURASSA: Impressions et publications, $20,000. Traitement
électronique des données, $10,000. Contrat de services de
personnel de bureau et technique, $10,000 et des choses comme ça.
M. BERTRAND: Comment appelle-t-on ça?
UNE VOIX: Office Overload.
M. BERTRAND: Office Overload.
M. BOURASSA: Subventions, c'est $300,000.
M. BERTRAND: Bon, adopté. Subventions, c'est la caisse de secours
pour tous les autres ministères.
M. BOURASSA: Elle doit être vide.
M. BERTRAND: Quand on ne peut pas obtenir une subvention dans un
ministère, on s'adresse au premier ministre. Le premier ministre a-t-il
beaucoup de demandes? Il pourrait nous donner la liste des subventions, qu'on
pourrait communiquer à tous les membre.
M. BOURASSA: Alors, subventions payées du 1er avril au 31
mars...
M. BERTRAND: Le premier ministre n'a pas besoin de donner toute la
liste; qu'il la fasse photocopier et qu'il la remette aux membres de la
commission.
M. BOURASSA: J'ai la Société historique...
M. BERTRAND: De Missisquoi. Ah oui! Et je n'ai pas honte.
M. BOURASSA: Ce n'est pas vrai; je ne l'ai pas sur cette
liste-là.
M. BERTRAND: Il a gracieusement continué la politique que j'avais
établie pour cette société. Il m'a remis
dernièrement le dernier versement.
M. BOURASSA: C'est le dernier? Cela va continuer. Vous allez vous
représenter?
M. BERTRAND: Le dernier versement à la Société
historique. Je ne m'en vais pas au musée !
M. LE PRESIDENT: Sous-article 12: Subventions?
M. BOURASSA: Ce sont des indemnités pour inondations.
M. BERTRAND: Cela va là-dedans?
M. BOURASSA: Cela va là-dedans. Il y a aussi des
fédérations des caisses populaires Desjardins, la
Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, $7,000. Ce sont des
choses comme ça. Gardes paroissiales.
M. JORON: Vous parlez de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Québec et non de celle de Montréal. Est-ce en raison de
différences idéologiques?
M. BOURASSA: Je ne sais pas si Montréal en a. J'ai la
Fédération des gardes paroissiales du Canada.
M. BERTRAND: Nous en avons donné. Je me rappelle avoir
donné une subvention à la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, malgré toute la campagne que
l'on avait faite. Je n'en ai pas tenu compte du tout.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 12, adopté. Sous-article 18: Frais
de réception et de protocole?
M. LAURIN: Au nom de l'austérité productive, vous n'avez
pas diminué ça?
M. BOURASSA: Il n'y a pas d'augmentation.
M. BERTRAND: Il n'y a pas de diminution.
M. BOURASSA: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu de diminution
là-dessus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais le dire au premier ministre pourquoi,
moi. Il y a plus de réceptions, mais il y a moins de monde
d'invité.
M. BOURASSA: Oui, parfois il y a d'autres ministères.
Quelquefois, il y a des choses qui sont affectées, il y a des
transferts...
M. BERTRAND: On reçoit beaucoup de monde au nom de plusieurs
autres ministères.
M. BOURASSA: Et il y a eu les funérailles de Pierre Laporte.
M. BERTRAND: Il y a le déjeuner de la prière. Tout
ça est payé par le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 18, adopté. Sous-article 29,
adopté. Article 2: Commission d'enquête, etc.
Commission d'enquête sur la situation de la
langue française au Québec
M. BOURASSA: Commission Gendron.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au sujet de la
commission Gendron, j'aurais une ou deux questions à poser au premier
ministre. Je sais qu'à l'occasion de cet article on pourrait faire,
encore une fois, un débat sur la langue. Mais le premier ministre a
dû prendre connaissance du long débat qui a eu lieu lors de
l'étude des prévisions budgétaires du ministère des
Affaires culturelles. En ce qui me concerne, je ne veux pas reprendre ce
débat parce que je crois que nous avons vidé la question aux
Affaires culturelles, alors que le ministre nous a fourni toutes les
indications sur la politique du gouvernement.
La seule question que j'aimerais poser au premier ministre est la
suivante: A quel moment s'attend-il de recevoir de la commission Gendron un
rapport, qui sera nécessairement le rapport préliminaire, et sur
quel sujet spécifique doit porter ce rapport?
M. BOURASSA: Sur la langue de travail, c'est en septembre ou en octobre,
selon les dernières informations que j'ai reçues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Septembre ou octobre, sur la langue de
travail.
M. BOURASSA: Il y avait les droits linguistiques. Cela, c'est en
décembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Décembre.
M. BOURASSA: Et les immigrants aussi. Mars 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les immigrants.
M. BOURASSA: Sur la question de l'immigration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le premier ministre a
demandé à la commission Gendron de retenir certaines
priorités sur l'affichage français, des raisons sociales et sur
la révision de la codification des lois?
M. BOURASSA: C'est dans les droits linguistiques; c'est la
deuxième partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les droits linguistiques.
M. BERTRAND:Ce rapport-là viendrait en... M. BOURASSA:
Décembre. M. BERTRAND: Décembre.
M. BOURASSA: Selon les dernières informations, mais quelquefois
ils sont retardés de quelques semaines.
M. LAURIN: Est-ce que le mandat de la commission Gendron est exactement
le même actuellement que celui qui lui avait été
donné par l'ancien gouvernement?
M. BOURASSA: On n'a pas modifié ou éliminé de
façon définitive certains sujets, mais on a établi des
priorités, notamment les trois points que je viens de mentionner, qui
étaient peut-être moins explicitement exprimés comme
priorités.
M. BERTRAND: A l'occasion de rencontres que j'avais eues avec les
membres de la commission Gendron, j'avais indiqué des priorités;
je n'avais pas besoin de les leur donner par lettre. Cela suffit. On m'a
demandé un budget qui était passablement élevé. A
ce moment-là, nous avons eu plusieurs rencontres avec eux, de
manière surtout à éviter qu'il n'y ait duplication parce
que mon collègue aux Affaires culturelles avait organisé d'une
manière assez complète son Office de la langue française.
Je ne voulais pas qu'il y ait duplication de recherches et de travaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'inventaires.
M. BERTRAND: D'inventaires, etc.
M. LAURIN: Ma question portait sur le mandat, bien sûr, mais
également sur la latitude qu'avait la commission. Il me semble que, dans
le premier mandat qui lui avait été donné, avec le budget
qui lui avait été octroyé, la commission, publiquement,
avait annoncé le nombre de recherches et les secteurs de recherche
qu'elle entendait couvrir. Par la suite, cette extension de son travail a fait
l'objet, de débats, dans les journaux au moins, qui semblaient
réfléter des discussions qui avaient eu lieu au niveau du
ministère. Il m'a semblé, à moi, en tout cas, que ses
activités avaient été réduites par les coupures de
budget qui avaient été effectuées par le gouvernement.
M. BOURASSA: On a réduit les frais d'administration de
façon significative, mais on a établi des priorités sur la
langue de travail, sur les recherches sur les groupes ethniques et sur les
droits linguistiques. Quand les rapports seront rendus publics, nous n'avons
pas éliminé que la commission poursuit son travail, mais,
entre-temps, il y a eu la formation d'un comité interministériel
qui peut examiner plusieurs des problèmes qui, originairement, devaient
être examinés par la commission Gendron. Soit les Affaires
culturelles ou le ministère de l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le premier ministre me le permet, M. le
Président, je voudrais signaler que le mandat de la commission Gendron
était, à l'origine, très vaste. Il est resté vaste,
évidemment. Nous avions établi des priorités. Le
gouvernement a pu les revoir et indiquer ses préférences dans ce
domaine. D'autre part, lorsqu'on nous a soumis la liste des travaux que
pourrait effectuer la commission Gendron, nous nous sommes rendu compte que
certains de ces travaux constituaient une duplication de ceux
déjà entrepris par l'Office de la langue française. Comme
nous avions mis à la disposition de l'Office de la langue
française un budget très important, budget qui a
été repris cette année, après un délai d'un
an, je crois qu'une partie des travaux que devait effectuer la commission
Gendron seront effectués par l'Office de la langue française.
M. LAURIN: Est-ce que le budget permet à la commission de se
rendre à l'étranger pour effectuer certaines études?
M. BOURASSA: Je ne le crois pas, M. le Président.
M. LAURIN: Etant donné l'urgence de la situation qu'a maintes
fois soulignée lui-même le premier ministre, est-ce que le premier
ministre a demandé à la commission si certaines des études
qu'elle avait effectuées avaient déjà conduit à des
constatations qui lui permet- traient d'agir d'une façon plus rapide sur
des secteurs limités?
M. BOURASSA: Comme ils doivent rendre leur rapport d'ici quelques mois,
j'ai préféré ne pas intervenir directement dans leur
travail.
Je veux leur laisser toute la liberté sur une question qui est
quand même aussi délicate et importante.
M. BERTRAND: Ce sont des...
Secrétariat général et
greffe
M. LE PRESIDENT: Poste 2, adopté. Poste 3: Secrétariat
général et greffe. Article 1: Bureau du secrétariat
général.
Bureau du secrétaire
général
M. BOURASSA: J'ai le secrétaire général ici. S'il y
a des questions difficiles à lui poser.
M. BERTRAND: Il y a, avec M. Chouinard, Me Tellier. Quel est son
rôle?
M. BOURASSA: Me Paul Tellièr, il est greffier adjoint. Il assiste
M. Chouinard.
M. BERTRAND: Il est au service du gouvernement depuis combien de
temps?
M. BOURASSA: Depuis juillet dernier.
M. BERTRAND: Michel Leclerc est encore au gouvernement?
M. BOURASSA: Oui.
M. BERTRAND: Il n'y a pas eu beaucoup de changement dans le
personnel?
M. BOURASSA: C'est un personnel qui était très
compétent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! du bon monde.
M. BERTRAND: C'est un des gestes du précédent
gouvernement. Je n'en parle jamais, mais à l'occasion.
M. BOURASSA: D'ailleurs Michel Bélanger est allé au
ministère des Finances. Il a été remplacé par M.
André Marier qui était aux Richesses naturelles...
M. BERTRAND: Il n'y a pas eu d'addition de prévue au
personnel?
M. BOURASSA: Il se peut qu'il y ait une ou deux additions. A venir, il y
a Julien Chouinard... et Gérard Frigon... le chef de l'Opposition est au
courant.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Poste 3, article 1, adopté. Article 2.
M. BOURASSA: Bureau du greffier.
Bureau du greffier
M. BERTRAND: Le secrétaire général est greffier en
même temps? Et M. Tellier est le greffier adjoint.
M. BOURASSA: C'est ça.
M. LAURIN: Il y a une augmentation de $83,100 à $117,300. Est-ce
à cause d'une addition de personnel ou d'une augmentation de
salaire?
M. BOURASSA: C'est l'organisation d'un comité permanent
d'étude sur les corporations professionnelles au Québec.
M. LAURIN: L'organisation?
M. BOURASSA: Des corporations professionnelles au Québec. Un
comité permanent d'étude qui a été formé sur
les corporations professionnelles au Québec.
C'est-à-dire que le greffier adjoint est à ce
budget-là au lieu de secrétariat général. Il
n'était pas là l'an dernier. C'est ce qui explique
l'augmentation.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Poste 3, adopté. Poste
5 : Office de planification et de développement du Québec.
M. BOURASSA: On peut faire un petit effort.
Loi électorale
M. JORON: Au poste 4, si vous permettez. Je vois que les crédits
passent à $11,200,000, c'est du fait de l'élection de 1970.
M. BOURASSA: Il n'y aura pas d'élection, vous pouvez
respirer.
M. BERTRAND: ... la situation avec le député de Gouin, il
ne faut pas se fier à ça.
Indépendamment des chiffres qui sont là, s'il y a des
élections, ce n'est pas compliqué.
M. BOURASSA: Pourquoi mettre dans l'angoisse les députés
d" l'Opposition?
M. JORON: M. le Président, je voudrais poser une question au
premier ministre à ce sujet. Si nous entreprenons une réforme
électorale, si le gouvernement décide d'entreprendre une
réforme électorale substantielle, il faudra forcément
prévoir des crédits, par exemple, ce qui pourrait être une
commission indépendante sur la réforme de la carte
électorale. Si on se rapporte au témoignage de Me Drouin, le
président général des élections, qui soulignait
l'extrême urgence de démarrer au plus tôt, de façon
que ça puisse coïncider...
M. BOURASSA: Le budget supplémentaire, ça va être
une somme relativement modeste sur la carte électorale.
M. JORON: A ce sujet-là, bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cette question a
été examinée en détail lors de l'étude du
budget du président de l'Assemblée nationale. On l'a
discutée à ce moment-là et le débat a eu lieu et la
commission siège toujours. Alors, je ne crois pas que...
M. LE PRESIDENT: Poste 4?
M. BERTRAND: Etant donné que le premier ministre ne participe pas
il est un peu comme moi aux travaux de la Commission
parlementaire de la réforme électorale et que le
représentant du gouvernement, le député de Terrebonne,
aurait ou a fait une déclaration de laquelle on pouvait conclure que le
premier ministre ferait...
M. BOURASSA: ... des suggestions.
M. BERTRAND: ... des suggestions, des recommandations d'ici la fin du
mois de juin au sujet de la réforme électorale...
M. BOURASSA: ... je ferais une réunion des chefs de parti...
M. BERTRAND: ... Est-ce que c'est toujours l'intention du premier...
M. BOURASSA: Oui, on pourrait faire une réunion des chefs de
parti, comme on a fait hier au sujet de Victoria, pour vous informer et on
verra après.
M. JORON: Dans l'intervalle, est-ce que je pourrais vous demander si
vous avez suggéré dans le but, puisqu'on étudie des
crédits, peut-être d'éviter la dépense d'une
commission qu'il y aurait à refaire la carte électorale? Ce n'est
pas une suggestion que je fais, je vous demande simplement si vous avez
pensé à cela, à l'adoption des mêmes
circonscriptions électorales qu'au niveau fédéral?
M. BOURASSA: Elles sont 74.
M. JORON: Ce qui permettrait d'éviter les dépenses d'une
part et d'autre part de procéder très rapidement.
M. BOURASSA: On peut certainement se
servir des études qui ont été faites au niveau
fédéral.
M. JORON: Je ne parle pas seulement des études, mais de
l'idée d'adopter exactement...
M. BOURASSA: On réduit le nombre de députés de 108
à 74?
M. JORON: Vous pourriez ajouter une quarantaine ou une trentaine de
députés élus à la proportionnelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question qui se discute à la
commission de l'Assemblée Nationale...
M. DUMONT: Etant donné qu'il s'agissait d'un article statutaire,
si vous voulez...
M. JORON: C'est parce qu'on n'avait pas eu le plaisir d'entendre le
premier ministre à cette commission, c'était la raison pour
laquelle je tentais de lui soutirer des indiscrétions.
M. LE PRESIDENT: On passe à l'article 5: Office de
planification.
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
suggestion, pour être un peu plus libre demain? Cela fait quand
même deux jours que je suis retenu par les travaux parlementaires. Tout
ce qui concerne l'ODEQ, le ministre des Affaires municipales, le
collègue du député de Chicoutimi, pourrait être ici
demain pour répondre aux questions ayant trait à l'ODEQ, mais
pour les autres questions si on pouvait... s'il était possible de
terminer...
M. BERTRAND: Il y a le Conseil de planification, qui peut
répondre pour cela? C'est vous qui pouvez répondre pour le
Conseil de planification...
M. BOURASSA: Oui. Oui.
M. BERTRAND: L'Office de planification et de développement? C'est
encore vous?
M. BOURASSA: C'est cela, mais on me dit que c'est l'ODEQ qui est
susceptible de poser surtout des questions. On peut commencer, il est 5 h
45.
Vous voyez ce sont $23 millions par rapport à une somme...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous désirez commencer par l'Office
de planification...
M. BOURASSA: Oui. D'accord. Article 5, sous-article 1 : Traitements,
salaires.
Office de planification et de développement du
Québec
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on commence pas par... Poste 5,
général.
M. BERTRAND: L'Office de planification proprement dit, qui s'en occupe?
Est-ce le premier ministre ou le ministre des Affaires municipales?
M. BOURASSA: La question de l'ODEQ, c'est le ministre des Affaires
municipales.
M. BERTRAND: Je parle du poste 5: Office de planification et de
développement du Québec.
M. BOURASSA: Cela relève du Conseil exécutif.
M. BERTRAND: C'est le premier ministre qui s'en occupe.
M. BOURASSA: C'est cela.
M. BERTRAND: Et le ministre des Affaires municipales ne s'occupe que de
l'ODEQ?
M. BOURASSA: C'est cela.
M. TESSIER: Qui est une section de l'Office de planification.
M. BERTRAND: Et une section de l'Office de planification. Voilà,
M. le Président, un organisme qui est important, l'Office de
planification et de développement du Quebec.
J'ai entendu parler de planification pendant plusieurs années et
je me rappelle qu'au cours de la campagne électorale de 1960, surtout au
lendemain de la campagne électorale, on pouvait lire en grand titre dans
les journaux: "Planification au Québec".
M. BOURASSA: Maintenant, c'est participation, dans le temps
c'était planification.
M. BERTRAND: Je me rappelle d'un titre dans le Devoir: "Planification
démocratique". Un beau gros titre: "Planification démocratique".
Tout le monde parlait de planification, tout le monde en a parlé pendant
des années.
M. BOURASSA: Ce sont des mots, comme cela. Cela a été
"autonomie" de 1950 à 1960.
M. BERTRAND: Ce sont des slogans, et le Parti libéral en a
été friand, il s'en est gargarisé à un point tel
qu'il a pollué l'expression. Concernant l'Office de planification et de
développement du Québec, il y avait d'abord eu un projet de loi
qui avait été déposé par le gouvernement
antérieur et, quand nous sommes venus au pouvoir en 1966, nous avons
fait réétudier le problème et nous avons adopté une
loi concernant la création de l'Office de planification et de
développement du Québec. Planification et développement.
Or, ce qui me frappe, et je relie cela immédiatement à un
problème d'actualité, c'est qu'on a eu une séance de la
commission des Richesses naturelles, ici, le
projet de la baie James. On veut créer une régie. Je relie
cela à cela, parce que l'Office de planification et de
développement du Québec devait justement jouer ce rôle de
planification, de développement, en même temps que de
coordination. Et je disais devant la commission des Richesses naturelles: nous
avons Rexfor pour les forêts, nous avons Soquem pour les mines, nous
avons Soquip pour le pétrole et nous avons l'Office de planification et
de développement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Société de
développement industriel.
M. BERTRAND: La Société de développement
industriel, et voici que là, on n'en a pas suffisamment. Et nous avons,
qui chapeaute tout cela, qui relève du Conseil exécutif du
Québec, l'Office de planification et de développement du
Québec, qui est né, j'en conviens, il n'y a pas tellement
longtemps, dont les activités ont été assez fructueuses et
à qui il faut faire davantage confiance, parce que, relevant d'abord du
Conseil exécutif, du premier ministre et du conseil des ministres, cet
office peut jouer justement ce rôle de coordination. Etant donné
tout ce que l'on a écrit, tout ce qui s'est dit, j'aimerais
connaître de la part du premier ministre quelle est sa conception du
rôle de l'office. Quelle est la politique qu'il entend suivre? Et le
rôle que cet office est appelé à jouer sous sa
direction.
Je pense que c'est un problème assez fondamental au moment
où on va aborder tous ces problèmes relativement au
problème très particulier de la baie James.
M. BOURASSA: Nous ne parlerons pas de la baie James aujourd'hui?
M. BERTRAND: Non, mais l'actualité...
M. BOURASSA: Quels que soient les termes ou l'utilisation abusive qui a
été faite des termes, nous croyons nécessaire de confier
les responsabilités à un office du type de celui que nous avons
actuellement. C'est M. Parenteau, je crois, qui disait il y a quelques
années que la planification au Québec devait se faire avec des
objectifs précis, qu'étant donné le contexte
nord-américain il était difficile de faire une planification
globale.
Donc, les objectifs de l'Office de planification ont été
précisés par l'ancien gouvernement. Il y a la Commission de
développement de la région de Montréal, il y a
différentes missions au Lac Saint-Jean et dans le Nord-Ouest
québécois. Il est responsable également de l'ensemble pour
ce qui est des zones spéciales.
Il y a également les responsabilités de l'office: TARDA,
l'inventaire des terres du Canada, les zones spéciales, l'ODEQ...
M. BERTRAND: Est-ce que l'office a produit un rapport?
M. BOURASSA: Oui, il a été déposé il y a
quelques jours.
M. BERTRAND: Je n'en ai pas pris connaissance.
M. BOURASSA: Je vais en faire parvenir une copie au chef de l'Opposition
officielle.
M. BERTRAND : A tout événement, je veux connaître la
conception que se fait le premier ministre du rôle de cet Office de
planification et de développement.
M. BOURASSA: L'office doit d'abord viser à l'exécution
dans certains programmes déterminés. Le premier ministre
était probablement au courant des problèmes que pouvait causer un
partage pas trop précis des responsabilités, les
ministères voulant garder leur juridiction. L'office, par ailleurs, pour
des fins de coordination, est obligé d'avoir certains pouvoirs. C'est
pourquoi nous lui avons confié sous la responsabilité du ministre
des Affaires municipales, la question de l'ODEQ et nous lui avons donné
des pouvoirs de manière à ce que l'exécution se fasse sans
trop de contradictions ou sans trop de problèmes avec les
différents ministères.
Mais il y a un service de recherche ou d'étude qui fait partie de
l'Office de planification et qui peut être utilisé par le
gouvernement et par les différents ministères. Il y a
également des objectifs précis comme ceux que j'ai
mentionnés tantôt.
Je dois dire que le gouvernement considère une certaine
réforme de l'Office de planification. Par exemple l'inventaire des
terres du Canada, peut être confié au ministère des Terres
et Forêts. Il y a certaines choses qui pourraient être
confiées davantage aux ministères qui sont directement
impliqués.
M. BERTRAND: L'inventaire, le premier ministre nous donne un gros sujet.
L'inventaire des terres du Canada.
M. BOURASSA: Non, le complexe scientifique au ministère de
l'Equipement.
M. BERTRAND: Le complexe scientifique, à part ça. Le
premier ministre me dit: J'entends confier la conception... J'admets
qu'à ce moment-là on ne peut pas s'en tenir seulement à
des grands principes, je conviens de tout ça, mais dans sa
première année d'expérience comme chef de gouvernement,
étant donné ce qu'il avait lui-même dit auparavant de
l'importance de pareils organismes, j'aimerais l'entendre parler sur une
politique...
M. BOURASSA: Nous avons donné naissance au conseil de
planification. J'ai présidé à
la première réunion il y a quelques jours. Il est donc
clair que le gouvernement considère que l'Office de planification a un
rôle à jouer. Cela a créé certains problèmes,
comme cela en a créé chez les précédents
gouvernements, étant donné les problèmes de juridiction
des ministères.
Par exemple, si l'office a un projet de $300 millions qui est
divisé entre le ministère de la Voirie, le ministère du
Tourisme de la Chasse et de la Pêche, le ministère de l'Equipement
et le ministère des Terres et Forêts, qui a le pouvoir de
décision? Est-ce que c'est le ministre ou si c'est l'Office de
planification? C'est un problème.
M. BERTRAND: Qui va coordonner? Si vous avez des projets
c'était justement là le rôle qu'on voulait faire jouer
à l'office dans une région donnée qui
intéressent un, deux, trois et quatre ministères, et que vous
laissez chacun de ces ministères y procéder suivant sa propre
conception, il joue le rôle qu'il choisit. A ce moment-là, qui va
coordonner? Immanquablement, ces problèmes je parle au point de
vue de l'efficacité vont arriver de trois ou quatre sources
différentes, vont tomber sur la table du conseil des ministres et on va
nommer un comité interministériel, alors que l'on a
créé un Office de planification et de développement
justement pour jouer ce rôle, ce qui n'empêche pas du tout la
création de comités interministériels. Pas du tout, parce
que c'est la cheville de l'Exécutif alors que l'autre est ni plus ni
moins un office qui reçoit des directives du conseil des ministres et
qui voit à une meilleure coordination de la planification et du
développement dans une région donnée, comme agent de
coordination.
M. BOURASSA: Au niveau de l'exécution, il est clair que c'est le
conseil des ministres qui va prendre les décisions. Cela doit être
coordonné au niveau du conseil des ministres.
M. BERTRAND: Oui, mais est-ce que l'office n'est pas justement, au point
de vue administratif, cet agent de coordination?
M. BOURASSA: C'est son rôle véritable.
M. BERTRAND: C'est son rôle véritable, autrement on est
mieux de le faire disparaître.
M. BOURASSA: D'accord, c'est son rôle par excellence.
M. BERTRAND: Est-ce que le premier ministre veut le maintenir? Est-ce
que le premier ministre entend le développer?
M. BOURASSA: Dans le cas de l'ODEQ, nous avons démontré
que nous voulions maintenir ce rôle puisque le ministre des Affaires
municipales dispose de pouvoirs qui auparavant pouvaient relever de
différents ministères. C'est un exemple concret où le
gouvernement a donné des dents à l'Office de planification pour
qu'il ne soit pas paralysé, non par la rivalité administrative
des différents ministères, mais par un manque de
coordination.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre pourrait-il me dire,
lorsqu'on nous a présenté en Chambre le projet de loi portant
création d'un ministère de l'Equipement et compte tenu d'autre
part des intentions du gouvernement de créer une régie pour
l'aménagement de la baie James, de quelle façon s'est
établie la coordination via l'Office de planification?
Si on prend par exemple le cas du ministère de l'Equipement, on
s'est rendu compte à l'examen du projet de loi qui nous avait
été soumis qu'en fait on voulait institutionnaliser un
état de fait qui était la réunion des deux
ministères de la Voirie et des Travaux publics. Mais, nous avons
à l'occasion de la présentation de ce projet de loi
expliqué comment il fallait concevoir un ministère de
l'Equipement en lui donnant toute la dimension qu'il doit avoir. Alors,
à ce moment-là nous avons demandé au ministre responsable,
le ministre de la Voirie, de nous indiquer quelles avaient été
les étapes qui avaient précédé l'élaboration
du projet de loi qu'il soumettait à notre approbation. Il n'a pas su
nous dire à ce moment-là comment on avait procédé.
Il n'a pas été capable d'établir la relation entre la
décision qu'avait prise le gouvernement et d'autre part la conception
que pouvait se faire le gouvernement de la planification dans un domaine
extrêmement important, celui de l'équipement.
Alors, le même problème se pose et je n'entre pas dans le
détail là, dans le cas des aménagements
hydro-électriques de la baie James. Nous aurons l'occasion,
évidemment, d'avoir plus de détails en interrogeant le ministre
des Richesses naturelles si tant est qu'il puisse nous en donner. Mais de
quelle façon le gouvernement a-t-il consulté l'Office de
planification dans les deux cas que je viens d'évoquer? D'abord, est-ce
qu'il y a eu des consultations? Qui a été responsable? Qui a
vraiment défini à ce moment-là, dans le cadre
général d'une politique planifiée, les objectifs du
gouvernement en vue de créer le ministère de l'Equipement et en
vue de créer cette régie qui doit procéder à
l'aménagement hydro-électrique de la baie James? J'ajoute une
autre dimension, si le ministre me permet. Par exemple, dans un domaine aussi
important que celui de Multimédia, comment a-t-on procédé
via l'Office de planification pour mettre sur pied cet organisme vital dans le
domaine de l'éducation et de la culture?
Le ministre des Affaires culturelles m'a dit lui-même que son
ministère n'était même pas représenté
à Multimedia...
M. BOURASSA: Est-ce qu'il a dit ça dans des termes comme vous les
citez?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre l'a dit carrément;
d'ailleurs on a publié dans les journaux l'organigramme et le
ministère des Affaires culturelles n'est pas représenté
dans l'organisme de Multimedia. A ce moment-là, le ministre m'a dit: Il
y aura des comités interministériels. Or, l'expérience
nous a appris que la multiplication des comités interministériels
n'est pas quelque chose qui soit de nature à produire
l'efficacité.
M. BOURASSA: C'est parce que le leader doit se rendre en Chambre
à 8 heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le leader a certainement...
M. LEVESQUE: C'est tout simplement une question de coordination. Il
s'agit simplement, dans un effort de planification, de rappeler que demain,
à la salle 81-A, c'est à 10 h que siège la commission
parlementaire des bills publics et privés. Or, le ministre des Affaires
municipales...
M. BERTRAND: Est-ce que le bill de la Communauté urbaine de
Québec vient demain?
M. LEVESQUE: Oui.
M. TESSIER: Il vient demain, en premier.
M. BERTRAND: En premier.
M. LEVESQUE: Le ministre des Affaires municipales doit être
à 81-A.
M. BOURASSA: A quelle heure, à 10 h?
M. LEVESQUE: A 10 h.
M. BOURASSA: Bon, nous autres...
M. LEVESQUE: Ici, est-ce qu'on peut considérer que tout le reste
des crédits du Conseil exécutif sera adopté avant
l'ajournement?
M. BERTRAND: Non, il reste deux minutes. Ce serait insulter...
M. LEVESQUE: Est-ce qu'il faut revenir ici demain matin?
M. BOURASSA: Qu'est-ce qui reste de l'Office de planification?
DES VOIX: Tout.
M. JORON: Il en reste beaucoup.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a énormément de choses.
M. BERTRAND: Nous sommes au début. M. LEVESQUE: Alors, on
ajournerait à de- main matin les crédits du Conseil
exécutif, ici, à 91-A.
M. BERTRAND: Voici, demain matin, je suis retenu à la
Communauté urbaine de Québec moi aussi. Je tiens à y
être.
M. BOURASSA: Je peux venir demain matin ou le ministre des Affaires
municipales peut venir...
M. BERTRAND: Il ne peut pas, il est pris avec la Communauté
urbaine de Québec demain. Je pense que le premier ministre n'a pas
besoin de s'en faire, il devrait prendre congé demain, s'il veut un bon
conseil. Nous allons ajourner l'étude, qu'il ne se tracasse pas, il doit
réserver tout son temps à la conférence de Victoria.
M. LAURIN: A votre retour.
M. BERTRAND: A votre retour, nous continuerons.
M. BOURASSA: Je peux essayer demain après-midi, une couple
d'heures, pour finir ça.
M. BERTRAND: Est-ce que, demain après-midi, la commission des
bills publics et privés ne continuera pas à siéger? C'est
fort possible. Je pense que le premier ministre s'enlève ça de
l'esprit...
M. BOURASSA: On verra.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra demain.
M. BERTRAND: Disons que nous ajournons à une date
ultérieure.
M. LEVESQUE : Demain après-midi on sera peut-être mieux
fixé. Nous pourrions ajourner pour que la commission des Transports
puisse continuer ici.
M. BERTRAND: Oui.
M. BOURASSA : Je vais voir le programme de la journée de demain.
Si demain matin est libre...
Pour répondre à la question du député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'avais pas tout à fait fini, M. le
Président. Cela nous permettra d'ajourner là-dessus.
Je disais ceci que la multiplication des comités
interministériels aboutit à une confusion souvent totale qui ne
va pas du tout dans le sens de l'efficacité que recherchent tous les
gouvernements. A force de créer des comités
interministériels, et des sous-comités à
l'intérieur des comités interministériels, on en arrive
à ce résultat qu'on constate dans une certaine pièce de
Labiche où tous les personnages
doivent se rencontrer et finalement ne se rencontrent pas.
Alors, je voudrais savoir du premier ministre comment
s'établissent les relations depuis l'Office de planification jusqu'au
cabinet du premier ministre, en passant par chacun des ministères,
lorsqu'il s'agit de grandes politiques d'ensemble comme celle que j'ai
évoquée tout à l'heure, par exemple, la création du
ministère de l'Equipement, le cas de Multi-Média, le cas de la
baie James.
M. BOURASSA: Le comité de la réforme administrative
examine ces questions. L'office est représenté au comité
de la réforme administrative et ceci est soumis à un
comité de direction qui est présidé par le
secrétaire général et qui soumet ça au conseil des
ministres. C'est comme ça que se fait la centralisation. Pour la baie
James, l'office est représenté au comité
interministériel présidé par M. Jean Perrault ou par le
ministre des Richesses naturelles et l'office est représenté
à ce comité-là.
M. BERTRAND: Par M. Perrault, député de l'Assomption.
M. BOURASSA: Secrétaire, oui, présidé par le
ministre. Alors, il y a un lien entre l'office et les projets mentionnés
par le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont les aspects, si vous voulez,
mécaniques sur lesquels il nous faudra revenir.
Mais j'aimerais que le premier ministre, à une séance
ultérieure, comme l'a dit le député de Missisquoi,
élabore davantage sa conception du plan en ce qui concerne le
développement du Québec selon les étapes dites triennales,
quinquennales, selon un échéancier que le premier ministre a dans
l'esprit en vue du développement du Québec.
Il est 6 heures.
M. BOURASSA: A l'occasion de la première réunion du
conseil de planification, j'ai fait un exposé où j'ai
donné le point de vue du gouvernement sur le conseil, forcément
sur le problème de la planification. Je peux bien le relire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On le relira et...
M. BERTRAND: On le relira et on verra si le premier ministre a
appliqué les principes qu'il a prônés.
M. BOURASSA: Comme il est six heures...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et comme il est six heures, M. le
Président...
M. BOURASSA: On verra si je pourrai...cela pourrait être demain
après-midi ou remis après...
M. BERTRAND: Ou remis après?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le premier ministre serait mieux
de sauter...
M. BOURASSA: Non. Si on peut terminer cela demain soir.
M. BERTRAND: Cela ne vous fatigue pas...
M. BOURASSA: Oui, mais si on veut ajourner à une date
raisonnable...
M. BERTRAND: Ah! Oui, cela, c'est à la condition que le
gouvernement n'arrive pas avec 25 projets de loi d'ici la fin de juin.
M. BOURASSA: Il y a un projet de loi important...
M. BERTRAND: J'invite le premier ministre pendant que nous sommes
ici à convoquer une réunion des leaders parlementaires et
des chefs de parti pour tâcher de s'entendre pour planifier nos travaux
parlementaires d'ici la fin de juin. Cela serait important qu'on le fasse si
possible avant son départ pour Victoria.
M. BOURASSA: Les leaders pourraient se rencontrer.
M. BERTRAND: Oui, mais les leaders, je sais que mon leader me rapporte
que le leader du gouvernement dit toujours: Il faudrait que j'en parle avec le
premier ministre. Comme le leader parlementaire de l'Opposition, et le chef de
l'Opposition s'entendent assez bien, je lui dis: Ce qu'il fait sera bien fait.
Tandis que dans votre cas, M. Levesque, sans doute, pourrait aussi bien le
faire, mais il attend le feu vert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'autant plus que les leaders du gouvernement
aiment beaucoup plus l'atmosphère de la Chambre que le premier ministre
lui-même, alors...
M. BOURASSA: On essaiera d'établir un programme.
M. BERTRAND: S'il y avait moyen.
M. BOURASSA: Je sais que le chef de l'Opposition tient à ce que
le projet sur la baie James soit adopté...
M. BERTRAND: Soit référé à la Commission des
richesses naturelles.
M. BOURASSA: On avisera demain sur la réunion.
M. BERTRAND: Très bien. (Fin de la séance: 18 h 6)
Séance du jeudi 10 juin 1971 (Vingt heures vingt-trois
minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
présidence du conseil): A l'ordre, messieurs!
Nous étions à l'article 5: l'Office de planification.
M. BOURASSA: Je voudrais ne dire que quelques mots pour prévenir
les questions comment appelez-vous cela le globalisme. M. le
Président, juste peut-être pour prévenir et raccourcir la
discussion, s'il y a lieu, afin de permettre au chef de l'Opposition et au chef
du Parti québécois de prendre quelques moments de répit
bien mérités.
M. LAURIN: On travaille fort cette semaine.
M. BOURASSA: Les interventions qui ont été faites hier,
lorsque nous avons commencé l'étude des crédits de
l'Office de planification et de développement, portaient pour la plupart
sur le rôle de coordination interministérielle que l'office est
appelé à jouer dans l'administration gouvernementale. Il s'agit
d'une question majeure qui mérite d'être analysée avec
soin. Que l'office soit, pour le premier ministre et le conseil des ministres,
un instrument privilégié de coordination
interministérielle, la loi même de l'office l'indique clairement.
Elle stipule en effet que l'office a pour fonction et pouvoir:
D'obtenir des ministères et organismes du gouvernement les
renseignements disponibles concernant leurs politiques, leurs programmes, leurs
projets et leurs réalisations, ainsi que toute autre donnée,
statistique ou renseignement qu'il juge nécessaire ou utile à la
poursuite de ses fins;
De coordonner les recherches, études, enquêtes et
inventaires qui sont faits par d'autres ministères et organismes du
gouvernement ;
D'agir comme agent de liaison entre les ministères et organismes
du gouvernement dans la mise en oeuvre des plans, programmes et projets de
développement économique et social qui intéressent
plusieurs ministères ou organismes du gouvernement qui lui sont
indiqués par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Ces dispositions de la loi constitutive de l'Office ne comportent aucune
équivoque à cet égard. L'office est un organisme à
caractère interministériel. A ce titre, il a manifestement un
rôle de coordination et de concertation interministérielles
à jouer. Reste à savoir selon quelles modalités et dans
quelles circonstances précises il doit exercer un tel rôle. Une
première modalité, la plus fondamentale, tient au mandat que la
législation lui confie aux fins propres qu'elle lui assigne. Ce mandat
est de préparer pour le compte du gouvernement des plans, programmes et
projets de développement économique et social et
d'aménagement du territoi- re en vue de la meilleure utilisation des
ressources économiques et humaines et en tenant compte des
particularités des régions du Québec.
C'est en fonction d'un tel mandat que l'office est appelé
à jouer son rôle d'agent de coordination et de concertation
interministérielle à la fois au palier régional et au
palier de l'ensemble du Québec.
Au palier provincial, la commission interministérielle de
planification et de développement instituée, d'ailleurs, par la
Loi de l'office et composée de l'ensemble des sous-ministres constitue
pour l'office le premier de ces instruments de coordination
interministérielle.
Un second instrument, l'atelier des directeurs de la planification a
été mis en place par la commission elle-même et a
commencé ses travaux il y a plus d'un an.
Au palier régional, c'est par la participation des fonctionnaires
régionaux des divers ministères à ces travaux de
planification que l'office joue son rôle de coordination, soit dans le
cadre de conférences administratives, comme celle du Bas-Saint-Laurent
ou celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, soit dans le cadre de missions de
planification comme celles du Nord-Ouest ou de l'Estrie, soit dans le cadre
d'une commission régionale de développement comme celle de
Montréal.
Telles sont les modalités selon lesquelles l'office est en mesure
d'assumer son rôle de coordination dans l'exécution de son mandat
général. Par ailleurs, le même principe s'est
appliqué et continuera de s'appliquer mais de façon plus
restreinte, si l'on peut dire, lorsque des mandats plus spécifiques lui
sont confiés. Dans tous les cas, l'office réunit des
représentants des ministères impliqués. C'est ainsi par
exemple, que le document sur le financement municipal soumis à la
conférence provinciale-municipale, il y a deux semaines, a
été préparé par une équipe
interministérielle dirigée par le président de l'office.
De même, lorsque l'office doit négocier une entente comme celle
des zones spéciales ou celle de l'Est du Québec qui met en cause
les relations fédérales-provinciales, non seulement le
ministère des Affaires intergouvernementales fait partie de
l'équipe de négociations, mais tous les ministères
impliqués sont appelés à collaborer à
l'élaboration des projets qui feront l'objet de la négociation.
Au surplus, l'office est présent dans plusieurs équipes de
travail interministérielles chargées de tâches de
caractère plus ou moins général, mais qui correspondent
principalement aux responsabilités, soit d'un ministère, soit
d'un organisme donné. Ainsi, l'office est présent au
comité de direction de la réforme administrative. Il est
également présent au comité de la Baie James. Il a aussi
été présent au comité chargé de
l'étude des prévisions budgétaires auprès du
Conseil du Trésor. Dans les cas de ce genre, précisément,
à cause du fait que la tâche à remplir correspond sans
équivoque aux responsa-
bilités d'un ministère ou d'un organisme gouvernemental,
il convient que ce soit le ministère ou l'organisme en question qui
assume la direction de l'équipe et non pas l'office.
La présence de l'office dans l'équipe lui permet cependant
d'y jouer pleinement son rôle de coordination et de liaison en fonction
de son propre mandat. Ceci m'amène à souligner une
dernière modalité fondamentale d'exercice du rôle propre de
l'office. L'office ne doit pas se substituer aux ministères
eux-mêmes qui doivent continuer à assumer pleinement leurs
responsabilités propres.
Il doit faire en sorte, cependant, qu'aux fins de la planification du
développement du Québec, l'action sectorielle des
ministères s'inscrive dans le cadre général des
priorités définies par le Conseil des ministres. Voilà, en
quelques mots, les objectifs, le rôle de l'office.
Je ne sais pas si les députés ont pris connaissance du
rapport de l'Office de planification.
M. BERTRAND: D'ailleurs, le mémoire que le premier ministre vient
de lire est un assez bon résumé de la première partie du
rapport que j'ai devant moi et dont j'ai pris connaissance.
M. BOURASSA: Est-ce que les membres de la tribune de la presse ont des
copies du texte que je viens de lire? Nous allons vous en faire parvenir.
M. BERTRAND: Nous connaissons la loi, nous avons pris connaissance du
rapport, nous connaissons également les pouvoirs de l'office; ce qui me
surprend, c'est que, dans un cas bien précis, comme celui de la baie
James, entre autres, quand il s'agit d'un projet d'envergure où il y a
coordination des activités de plusieurs ministères, on ne fasse
jouer à l'office qu'un rôle de présence au sein d'un
comité interministériel.
M. BOURASSA: Mais le projet de loi n'est pas encore
déposé, je vais essayer de le présenter avant la
Saint-Jean-Baptiste.
M. BERTRAND: Je ne commenterai pas cette dernière
déclaration du premier ministre, qui indique peut-être un grain de
sagesse...
M. BOURASSA: Comment? Seulement un grain.
M. BERTRAND: C'est commode de commencer par un grain. Si le grain germe,
ça produit un épi...
M. LAURIN: Si le grain demeure.
M. BERTRAND: C'est le blé qui lève. Cet office en est
d'ailleurs à ses débuts. Il y a eu une longue période de
gestation et, en lisant le rapport, on se reporte aux antécédents
de l'office.
Il y a une excellente analyse qui est faite là de toutes les
étapes. Finalement, nous avions créé en 1968 l'Office de
planification. A ce moment-là d'ailleurs, je puis le dire aujourd'hui,
nous avions des lois, nous n'avons voté que l'Office de planification.
Je vais en donner la raison très simple, c'est qu'à ce
moment-là, nous n'avons pas voulu prendre la bouchée trop grosse.
Nous nous sommes vite aperçu, qu'à moins de lui accorder des
pouvoirs de développement, le rôle de cet office serait un
rôle un peu comme l'avait été celui du Conseil
d'orientation économique: des études, de la recherche, de
l'inventaire, mais jamais de possibilités d'agir au sujet d'un
problème donné.
Nous avons adopté le deuxième projet de loi, qui a
été sanctionné le 9 juin 1969, et qui comportait des
amendements majeurs. Quand j'examine les pouvoirs de cet office le
premier ministre vient de nous en faire la lecture il y a
celui-là entre autres d'assumer la direction et d'assurer
l'exécution de tous plans, programmes ou projets de développement
économique ou social, y compris de tous plans, programmes ou projets
d'aménagement rural et de développement agricole dont la
réalisation lui est confiée par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Voilà des pouvoirs très vastes. Quand je déclarais
l'autre jour, lors de la séance de la commission des Richesses
naturelles, que nous avions des organismes, que nous avions des régies
de toutes sortes, je ne me trompais pas. Le gouvernement
précédent en a bâti: il y a SOQUEM, j'y reviens, nous y
avons ajouté SOQUIP, nous y avons ajouté Rexfor, qui couvrent
trois grands champs d'activité dans le développement des
richesses naturelles: les mines proprement dites, le pétrole et les
forêts.
Notre idée était que cet office... et quel meilleur
lien que celui qui existe par la loi relève du Conseil
exécutif, du premier ministre qui doit lui, avoir une vue d'ensemble de
tous ces problèmes-là.
Il doit, autant que possible, se départir de toutes les
responsabilités qu'il peut exercer dans un domaine donné pour
avoir la vue la plus vaste, l'horizon le plus vaste possible. C'est pour
ça que j'ai été, non seulement moi, mais plusieurs autres
ont été surpris que le. gouvernement, à l'occasion du
projet de la baie James, vienne nous parler d'ajouter un autre organisme
qu'on l'appelle la Régie de la baie James ou de tout autre nom
...
M. BOURASSA: Mais l'Hydro-Québec en voyait beaucoup d'avantages,
d'après la lettre que M. Giroux m'a envoyée.
M. BERTRAND: Voici, je voudrais éviter au premier ministre le
rappel de certaines déclarations.
M. BOURASSA: Je veux dire que c'est parce qu'il y a eu un
malentendu.
M. BERTRAND: Soyons de bon compte, M. Giroux a eu la franchise,
l'honnêteté intellectuelle et l'objectivité de
déclarer formellement, devant la commission, que cette recommandation
était venue à la suite d'une demande de représentants du
gouvernement.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que je peux faire une mise
au point là-dessus. Quand M. Giroux a fait cette déclaration
à la suite d'une question...
M. LAURIN: Que je lui ai posée.
M. BOURASSA: ... que vous avez posée.
M. LAURIN: En fait il a hésité à
répondre.
M. BOURASSA: Non, il n'a pas hésité à
répondre, parce que nous avons été quinze jours ensemble,
durant le voyage en Europe, et nous avons discuté de cela à
plusieurs reprises. Je ne vois pas quelle différence il y a, M. le
Président, entre dire que l'idée a pu venir du gouvernement ou du
premier ministre et dire qu'il y a plusieurs avantages, comme c'est
écrit dans sa lettre. Je ne vois pas tellement de différence
entre recommander au gouvernement la formation d'une régie et dire au
gouvernement que l'Hydro-Québec y voit beaucoup d'avantages. C'est jouer
sur les mots que d'essayer d'y voir une contradiction.
M. BERTRAND: Je ne voudrais pas faire de débat
là-dessus.
M. BOURASSA: Non, cela me permet de faire une mise au point parce que
j'avais discuté de la question avec M. Giroux.
M. LAURIN: Vous l'avez convaincu.
M. BOURASSA: C'est parce que j'avais de bons arguments.
M. LAURIN: C'est ce que je voulais dire.
M. BERTRAND: C'est facile de convaincre quand on est premier ministre et
que l'autre est...
M. BOURASSA: Ah! Ah!
M. BERTRAND: C'est facile. Ce n'est pas du machiavélisme que de
le constater.
M. BOURASSA: Non, non, dans la lettre de l'Hydro-Québec, c'est
écrit clairement qu'il y a des avantages, et cela se tient, les
arguments qu'ils avancent.
M. BERTRAND: "Glissez mortels, n'appuyez pas! "
M. BOURASSA: C'est logique, c'est sensé, les arguments
avancés par M. Giroux dans la lettre de l'Hydro-Québec; c'est
convaincant.
M. BERTRAND: Si j'étais juge, je dirais à mon
témoin: Ne parlez plus, vous êtes en train de perdre votre
cause.
M. BOURASSA : Je ne sais pas si vous feriez un bon juge!
M. BERTRAND: M. le Président, je pense que le premier ministre et
le gouvernement... commettraient une erreur en créant une telle
régie, avec tous les organismes qui existent et dont nous connaissons
les pouvoirs. Il s'agit tout simplement, comme premier ministre, de voir
à la direction de cela par le truchement de son office.
M. BOURASSA: Je dis au chef de l'Opposition que j'ai
décidé de présenter un projet de loi avant la fête
des Canadiens français, avant le 24 juin, pour la formation d'une
régie.
M. BERTRAND: Je peux garantir au premier ministre qu'il ne sera pas
adopté pour le 24 juin.
M. BOURASSA: C'est un grand projet collectif.
M. BERTRAND: Je peux garantir au premier ministre qu'il ne sera pas
adopté pour le 24 juin; il ne sera pas adopté pour le 1er
juillet.
M. BOURASSA: Il sera déposé.
M. BERTRAND: S'il le dépose, il est mieux de le laisser
mûrir durant le cours de l'été.
M. BOURASSA: On pourra discuter de cela à l'Assemblée
nationale.
M. BERTRAND: Car autrement les vacances seront courtes.
M. BOURASSA: Les vacances seront courtes... Le gouvernement n'a pas
d'objection à continuer à travailler.
M. LAURIN: On n'a pas besoin de vacances, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: Moi non plus.
M. BERTRAND: A tout événement, le premier ministre verra
à nous convaincre en temps et lieu, mais cette revue que nous faisons de
tous les organismes gouvernementaux, qui ont un rôle à jouer dans
l'orientation de la politique gouvernementale, devrait le convaincre qu'il n'a
pas besoin d'en créer un autre. Je demande au premier ministre quel
rôle il veut faire jouer à l'Office de planification, dans le
projet de développement économique et social de la baie
James. Quel est le rôle que vous voulez lui faire jouer?
M. BOURASSA: Je l'ai dit tantôt, je crois, dans les quelques
notes...
M. BERTRAND: Non, ce sont là les pouvoirs en théorie.
J'aimerais savoir, en pratique, quel rôle le premier ministre veut faire
jouer à l'Office de planification et de développement au sujet du
projet de la baie James.
M. BOURASSA: Ce que le chef de l'Opposition me demande, c'est de
dévoiler certains articles du projet de loi qui sera
déposé d'ici une douzaine de jours.
M. BERTRAND: Vos projets de loi ne m'intéressent pas du tout.
C'est le rôle du premier ministre...
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que je voudrais faire cela à
l'Assemblée... C'est un projet de loi qui est, peut-être, un des
plus importants que j'ai jamais présentés, et je voudrais le
faire à l'Assemblée nationale, d'une façon normale, et non
pas donner certains éléments du projet de loi comme cela à
l'occasion d'une discussion sur les crédits.
M. BERTRAND: On est à l'Assemblée nationale...
M. BOURASSA: Non, mais je veux dire...
M. BERTRAND: C'est la commission du Conseil exécutif, et je pose
une question bien précise au premier ministre: Quel rôle le
premier ministre et le Conseil exécutif veulent-ils faire jouer à
l'Office de planification et de développement, relativement au
développement économique et social de l'immense territoire de la
baie James?
M. BOURASSA: M. le Président, dans le projet de loi, il y aura
une structure qui est proposée pour la régie et qui tiendra
compte des problèmes de coordination.
M. BERTRAND: Autrement dit cette régie, remplacera effectivement
l'Office de planification au sujet du développement économique et
social.
M. BOURASSA: Rien n'empêchera qu'il y ait des relations entre
l'Office de planification et la nouvelle régie.
M. LAURIN: M. le Président, il me semble que c'est là
prendre l'inverse de la voie qui a été suivie jusqu'ici. Quand on
a voulu implanter un Bureau d'aménagement de l'Est du Québec, on
a demandé au milieu de s'intéresser à tous les
problèmes de la région; il y a eu des organismes de consultation,
de participation qui ont été mis en place; durant trois ou quatre
ans on a recueilli l'avis de toute la collectivité locale. Ensuite, il y
a eu un premier plan du BAEQ qui a été soumis, qui a ensuite
été soumis aux deux gourvernements. Il y a eu de longues
négociations et, finalement, plusieurs années après, on
est arrivé avec un plan de développement.
Pour ce qui concerne l'ouest québécois, le gouvernement a
envoyé une mission de planification qui a recueilli également
beaucoup de données venant de tous les corps de la région. Cela a
été la même chose pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
où on a envoyé une mission de planification. Et c'est seulement
ensuite que le gouvernement a pris ses décisions, dont certaines
d'ailleurs restent encore à prendre, aux dires mêmes du
gouvernement.
Alors que pour la baie James qui constitue le sixième du
Québec, d'autorité, sans aucune étude sur les besoins
miniers, sur les données minières, données
forestières, données industrielles possibles de la région,
sans aucune donnée, le gouvernement s'autorise avec une simple
présence de l'office du plan au comité interministériel
à prendre une décision extrêmement importante qui va
engager d'une façon peut-être irréversible l'avenir de
toute cette région. Et il voudrait que nous acceptions quelque chose qui
va à l'encontre même du principe qui a présidé
à la création de l'Office de développement de l'est du
Québec.
Je ne comprends pas que le ministre ne voit pas que c'est simplement par
souci de cohérence, par souci de logique et même par
fidélité à certains des objectifs que nous
poursuivons...
M. BOURASSA: Il n'y a pas de contradiction.
M. LAURIN: ...que nous nous opposons à cette façon de
faire.
M. BOURASSA: Le député ne voit pas exactement le fond du
problème. Il n'y a pas de contradiction entre la création d'une
régie pas plus qu'il n'y avait une contradiction entre la
création de l'Hydro-Québec ou l'étatisation des compagnies
d'électricité, ou de SOQUEM, ou de SOQUIP, ou de SIDBEC, ou de la
Société générale de financement, ou de la Caisse de
dépôts. Il n'y a pas de contradiction entre la création de
ces outils...
M. LAURIN: Voilà un domaine, M. le Président...
M. BOURASSA: ...et la présence de l'Office de planification et le
Conseil d'orientation économique.
M. LAURIN: Voilà un domaine où le ministre...
M. BOURASSA: Pourquoi essayer de créer
des contradictions ou de la confusion dans l'opinion publique...
M. LAURIN: Ce n'est pas du tout de la confusion...
M. BOURASSA: Le projet de la baie James, on constate le tort
considérable que ça fait au Parti québécois, mais
pourquoi essayer de voir dans tout ça...
M. LAURIN: Je ne veux pas situer le débat à ce
niveau-là, M. le Président, parce qu'il y aurait vraiment trop de
choses à dire.
M. BOURASSA: On a l'impression qu'on leur donne...
M. LAURIN: L'impression que vous donnez à la population, c'est
que vous commencez par la fin. Vous donnez la conclusion du volume avant qu'on
ait lu l'introduction et le premier chapitre. Le premier chapitre serait une
connaissance des données de cette région comme cela a
été le cas dans toutes les autres...
M. BOURASSA: Durant des journées, les dirigeants de
l'Hydro-Québec et tout le monde l'a constaté...
M. LAURIN: Le président de l'Hydro-Québec a avoué
lui-même que parce que j'ai lu les rapports des commissions
nous ne connaissons pratiquement rien des ressources minières,
forestières de cette région, des incidences industrielles du plan
d'aménagement de l'Hydro-Québec. Il y a un grand risque
d'ailleurs que ça se traduise par ce qui s'est passé à
Manic 5, c'est qu'une fois le barrage installé, il ne reste absolument
plus rien. Au moins, nous aurions aimé poser des questions à la
commission des Richesses culturelles à tous ceux qui sont
intéressés, les divers ministères, le
président...
M. BOURASSA : Les crédits se discutent actuellement, si mon
information est bonne...
M. LAURIN: Oui, et d'ailleurs c'est ce soir que la commission des
Richesses naturelles siège. Soyez sûr qu'il va être question
de la baie James, et longuement.
M. BOURASSA: D'accord!
M. LAURIN: Mais encore une fois...
M. BOURASSA: Continuez à parler de la baie James...
M. LAURIN: Non, ce n'est qu'un pis-aller, parce que nous estimons que,
conformément aux vues que vous avez exprimées dans votre
introduction ce soir, il aurait été tout à fait logique et
normal que l'ordre des choses soit inversé et qu'avant de
procéder à la création d'une régie qui va geler la
situation, qui va lui imprimer une orientation définitive...
M. BOURASSA: C'est un agent d'exécution. La régie est un
agent d'exécution.
M. LAURIN: Oui, mais là on reconnaît bien le premier
ministre qui pense à exécuter avant même de savoir ce qu'il
aura à exécuter.
M. BOURASSA: Je sais... dans tout le débat de la baie James. Je
suis prêt, je connais le dossier. Si vous voulez qu'on parle de la baie
James, on va en parler.
M. BERTRAND: Justement, parlez-en.
M. LE PRESIDENT: Je suis obligé d'intervenir. D'abord, comme le
premier ministre vient d'en faire mention, tout le monde sait que les
crédits de la commission des Richesses naturelles sont
étudiés à l'Assemblée nationale. D'autre part,
quant au rôle de l'Office de planification dans le développement
de la baie James, le premier ministre venant d'informer la commission qu'une
loi serait possiblement déposée en Chambre avant le 24
juin...
M. BERTRAND: Ce n'est pas cela, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez...
M. BERTRAND: Nous lui demandons quel sera le rôle de l'office?
M. LE PRESIDENT: Exactement, mais, avec votre permission...
M. BOURASSA: Mais j'ai répondu.
M. LE PRESIDENT: ...le dépôt de cette loi, je pense que
tous les partis en Chambre auront l'occasion de discuter du rôle que doit
jouer l'Office de planification dans une future régie de la baie James.
Je pense qu'il faut convenir que, ce soir, il est absolument impossible au
ministre, ou au premier ministre, de définir ce rôle, alors
même que, dans douze jours, un projet de loi sera déposé
à l'Assemblée nationale. Il est évident que, tant à
l'Assemblée Nationale, ce soir, qu'ici même, il semble que le
débat peut s'étendre sur le développement de la baie
James. J'aimerais, comme président, qu'on s'en tienne exclusivement
à l'étude des crédits de l'Office de planification et de
développement et peut-être qu'on accepte la suggestion du premier
ministre d'attendre dans douze jours pour discuter du rôle de l'office
dans le développement de la baie James.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. BOURASSA: C'est avec regret... Mais, si
vous voulez, je peux en discuter avec grand plaisir.
Je comprends que c'est triste pour le Parti
québécois...
M. BERTRAND: L'Office de planification a-t-il été
chargé de la coordination dans les inventaires à faire par les
différents ministères dans le domaine minier, relativement au
projet de la baie James?
UNE VOIX: M. le Président, justement...
M. BERTRAND: Je pose une question au premier ministre. L'Office de
planification a-t-il été chargé, par le premier ministre,
de faire l'inventaire de tout ce qu'il y avait de possibilités
minières? Est-ce que l'office a été chargé
d'obtenir du ministère des Richesses naturelles...
M. BOURASSA: Le ministère des Richesses naturelles. Il ne faut
pas penser, parce que l'office existe, que les ministères n'existent
plus. Le ministère des Richesses naturelles, qui a un nombre de
fonctionnaires extrêmement compétents dans ce secteur...
M. BERTRAND: La coordination de tous les travaux qui sont faits dans
tous les ministères.
M. BOURASSA: Cela, c'est une autre question.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il a été chargé...
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition me parle des ressources
minières, il me semble que cela revient au ministère des
Richesses naturelles. La coordination entre le secteur forestier, le secteur
minier et les autres secteurs...
M. BERTRAND: Est-ce que l'office a été chargé de
faire ce travail de coordination?
M. BOURASSA: L'office n'en a pas été chargé, pour
l'instant, parce que le projet de loi n'est même pas
déposé, et le chef de l'Opposition veut faire de
l'obstruction.
M. BERTRAND: Je ne parle pas du projet de loi, le président nous
empêche d'en parler. Je parle de la coordination de tous les travaux de
recherche, d'inventaire effectués par les différents
ministères sur le développement économique et social de la
baie James. Est-ce que l'office a été chargé de faire ces
travaux de coordination?
M. LAURIN: Est-ce que l'on a pensé aux Indiens, dans cette
région-là?
M. BOURASSA: Oui, on y a pensé. On y pense et on va y penser
encore.
M. LAURIN: Est-ce que l'on a pensé aux changements dans leur
habitat? Est-ce que l'on a demandé à l'office de faire faire ou
de faire des recherches?
M. BOURASSA: Faites confiance au gouvernement.
M. LAURIN: Non, on ne fait pas confiance au gouvernement.
M. BOURASSA: Faites comme la population, faites confiance au
gouvernement.
M. DUMONT: M. le Président, à la page 24 de ce rapport de
l'Office de planification, ce premier rapport qui nous est
présenté par le premier ministre, on lit, à
l'article...
M. BOURASSA: Excusez-moi, on me signale qu'à une commission
des...
UNE VOIX: Des Richesses naturelles.
M. BOURASSA: ... au sujet des négociations qui s'occupent de tout
le problème des Indiens, à la suite du rapport Dorion, j'ai
rencontré à deux reprises M. Max Gros-Louis...
M. LAURIN: On ne parle pas des Indiens de ce coin-là.
M. BOURASSA: ... oui, mais Max Gros-Louis s'en occupe des Indiens de ce
coin-là.
M. DUMONT: M. le Président, je précisais qu'à
l'article 1 il est bien dit, à la page 24, de préparer, pour le
compte du gouvernement, des plans, programmes et projets de
développement économique et social et d'aménagement du
territoire en vue de la meilleure utilisation des ressources économiques
et humaines, en tenant compte des particularités des régions du
Québec. Alors, ce sont justement des pouvoirs qui nous permettent...
Voici un rapport que nous avons le droit d'étudier, alors, que l'on
détermine, à cet endroit-là, qu'on peut poser des
quesions. Les questions qui ont été posées par les deux
partis de l'Opposition jusqu'à présent sont tout à fait
dans l'ordre, et je crois que le premier ministre...
M. BERTRAND: Les questions sont dans l'ordre mais les réponses ne
viennent pas.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai donné un exposé
tantôt. J'ai pris la peine de préparer cet exposé avec M.
Tremblay, soigneusement, pendant plusieurs heures, et cela ne satisfait
pas...
M. BERTRAND: On aurait dû épargner cela au premier
ministre. On n'avait qu'à lire l'excellent rapport.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que
vous ne l'aviez pas, hier. J'ai voulu vous épargner la lecture.
Je sais que vous avez beaucoup de travail, de votre côté.
M. BERTRAND: Cela vous donnait l'occasion de nous donner l'impression
que vous aviez une politique globale.
M. LAURIN: Mais le sens de nos questions, si vous me permettez d'y
revenir, c'est simplement de montrer la contradiction entre les intentions
exprimées dans le document que le ministre nous a lu et les actions du
gouvernement, en ce qui concerne un exemple de planification qui aurait
dû précéder la décision du premier ministre en ce
qui concerne l'instauration d'une régie.
M. BOURASSA: Je ne suis pas d'accord.
M. LAURIN: C'est bien sûr que vous n'êtes pas d'accord.
M. BOURASSA: Je ne suis pas d'accord, parce que cela n'a aucun sens,
avec tout le grand respect que j'ai pour le député.
Du moment qu'on voyait que le besoin existait, que les besoins
d'électricité avaient un déficit de 12 millions de
kilowatts en 1984 et qu'avec tout ce qu'on pouvait créer, on ne pouvait
pas arriver à combler ce déficit-là, que plus on retardait
plus ça coûtait cher...
M. LAURIN : Mais de là à une régie, il y a un
monde.
M. BOURASSA: ... il n'y avait aucune espèce d'alternative. Il y
avait des richesses forestières, des richesses minières, il
était normal...
M. LAURIN: Ce n'est pas cela qu'on discute.
M. BOURASSA: ... d'avoir une régie qui fasse l'ensemble.
M. LAURIN: Nous avons discuté cela à la commission des
Richesses naturelles. Là, nous parlons du module d'administration, du
module d'exécution qui est très important.
M. BOURASSA: On va préparer un module et, si vous n'êtes
pas d'accord, vous le direz à l'occasion du projet de loi.
M. LAURIN: Mais justement, votre module que vous avez proposé est
marqué, selon ce que vous avez dit, au coin même de la
coordination. Et aussitôt que nous parlons de coordination entre
développement forestier, développement minier et
développement hydroélectrique, le rôle de l'Office de
planification devient immédiatement évident.
M. BOURASSA: L'Office de planification va aviser le gouvernement. Il a
une mission, il est dans le nord-ouest.
M. LAURIN: Ce que vous nous avez dit tout à l'heure montre bien
que le Conseil de planification a été un auditeur attentif aux
séances du comité interministériel, mais qu'il n'y a pas
eu un pouvoir tel que défini dans la loi constitutive de l'office. C'est
ça que j'essaie de vous faire voir.
M. BOURASSA: Le gouvernement va recevoir les avis de l'Office de
planification s'il y a lieu d'aviser sur cette question-là.
M. BERTRAND: S'il y a lieu d'aviser, et comme vous n'en avez pas
demandé, alors il n'y a pas lieu de...
M. BOURASSA: Nous allons attendre de présenter le projet de
loi.
M. LAURIN: Il aurait fallu en demander avant, bien avant.
M. BOURASSA: Il va être normal...
M. BERTRAND: Il y a un programme qui va être élaboré
avant.
M. BOURASSA: ... pour le gouvernement de...
M. BERTRAND: L'office n'a même pas été
consulté.
M. BOURASSA: C'est faux. J'ai dit tantôt que l'office joue un
rôle extrêmement important dans le comité
interministériel. Le chef de l'Opposition est très mal
informé, avec tout le respect que je lui dois.
M. BERTRAND : J'ai été informé par le premier
ministre.
M. BOURASSA: Je viens de dire que l'office joue un rôle. Il n'y a
pas d'autres questions?
M. LAURIN: Je n'ai pas encore commencé les miennes.
M. JORON: Si on peut sortir un peu des rives marécageuses, avant
qu'on ne s'enlise dans la baie James, je voudrais poser une question d'ordre
général: Quelle est la portée de l'action que vous
entendez faire jouer à cet office de planification-là? On parle,
par exemple, des offices du plan qui existent dans certains pays
ouest-européens et qui, véritablement, sont les maîtres
d'oeuvre de l'action économique dans ces pays-là; ce n'est pas
seulement un rôle de coordination de l'action ministérielle.
M. BOURASSA: Lesquels?
M. JORON: Je pense à l'office du plan en France.
M. BOURASSA: C'est un commissariat au plan.
M. JORON: Qui joue un rôle de coordination pour l'ensemble de
l'économie, aussi bien dans son secteur privé que dans son
secteur public.
M. BOURASSA: Cela arrive souvent que tout est révisé
quatre fois par semaine. Continuez.
M. BERTRAND: Cela dénote immédiatement un état
d'esprit chez le premier ministre, qui n'a pas confiance du tout dans l'Office
de planification et de développement. C'est ça que ça
dénote.
M. BOURASSA: Je n'ai pas dit ça. J'ai dit le contraire hier et je
l'ai répété tantôt... Je demande des exemples qui
sont cités par le député de Gouin. Je les commente avec
des faits.
M. JORON: Vous êtes en quelque sorte mal pris d'avoir un Office de
planification qui, à cause de raisons d'ordre structurel, ne peut
peut-être rien faire dans le cadre actuel. Dans un régime
fédéral, où les grands pouvoirs économiques sont
à un autre niveau de gouvernement, un office de planification...
M. BOURASSA: On peut en parler de ça.
M. JORON: ... ne peut peut-être pas servir à
grand-chose.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous pensez de l'Euratom, dans le
marché commun?
M. JORON: Dans un régime d'économie libérale, le
gouvernement ne veut pas intervenir de façon indicative pour guider
l'économie...
M. BOURASSA: Ils sontobligés de décider à vote
majoritaire.
M. JORON: ... cela reste encore un office qui, peut-être, ne
voudra jamais rien dire. Et par-dessus cela, il y a des conseils de l'industrie
à gauche et des conseils d'orientation de je ne sais trop quoi à
droite...
M. BOURASSA: Lesquels?
M. JORON: Le Conseil d'orientation n'existe plus.
M. BOURASSA: Vous voyez, M. le Président, quand on demande de
préciser il ne savent plus quoi dire. Ce sont des
généralités.
M. JORON: Quel est le mandat du Conseil général de
l'industrie? Qu'est-ce que ça vient faire un Conseil
général de l'industrie quand on...
M. BOURASSA: Cela a été créé par l'Union
Nationale, une des rares bonnes actions de l'ancien gouvernement.
M. BERTRAND: Cela porte son nom, c'est un conseil tandis que ça
c'est un Office de planification et de développement. Il y a une
différence essentielle.
M. BOURASSA: Le député attaque la seule bonne action de
l'Union Nationale.
M. JORON: Je voudrais savoir s'il y a quelqu'un ou quelque chose au
Québec, un office, un comité, un ministère ou une personne
dans le cabinet qui est responsable au point de se poser la question
fondamentale suivante, qui est celle que les offices du plan se posent dans
tous les pays du monde : Où allons-nous? Quels sont nos besoins? Quelles
sont nos ressources? et qu'est-ce qu'on fait pour les cinq prochaines
années? Où sont nos priorités? Où iront nos
investissements? Comment s'organise-t-on pour les canaliser? C'est ça un
office du plan. Le concevez-vous comme ça? C'est ce que j'aimerais
savoir.
M. BOURASSA: Le député n'a qu'à lire le premier
rapport de l'Office de planification, dont j'ai donné tantôt les
fonctions et les pouvoirs en vertu de la loi.
M. JORON: C'est de la coordination interministérielle.
M. BOURASSA: J'ai répondu à toutes les questions du
député.
M. BERTRAND: Le premier ministre nous renvoie toujours à la
bibliothèque.
M. BOURASSA: Non, je réfère à des documents qui
sont basés sur...
M. BERTRAND: Allez lire les volumes qu'il y a là, vous allez voir
la conception que j'ai de la planification et du développement.
M. BOURASSA: J'ai lu tantôt je m'excuse, le chef de
l'Opposition était peut-être distrait exactement la
réponse à la question du député de Gouin.
Est-ce que vous auriez une copie pour le chef de l'Opposition de ce que
j'ai lu?
M. JORON: Il ressort de ce que vous nous avez lu tout à l'heure,
M. le premier ministre, que c'est davantage une question de coordination
interministérielle.
M. BERTRAND: Le ridicule ne tue pas. Cela
me fait plaisir que le premier ministre se détende. Le premier
ministre a besoin de se détendre, il a besoin de détente, de
relaxation.
M. BOURASSA: J'ai exactement donné les objectifs
tantôt.
M. BERTRAND: On connaît tout ça.
M. BOURASSA: Que veut savoir le chef de l'Opposition?
M. BERTRAND: Si je dis à trois ou quatre femmes qui sont
là: Vous connaissez mon objectif... les femmes vont me prendre pour un
impuissant. C'est ce que le premier ministre est en train de faire. C'est
épouvantable. Il nous dit que l'office a toute une série de
pouvoirs. Je lui demande donc: Comment entendez-vous lui faire exercer ces
pouvoirs? Quelle action comptez-vous obtenir de l'Office de planification et de
développement? Nous apportons donc un exemple.
M. BOURASSA: La baie James. M. LAURIN: Parmi d'autres.
M. BERTRAND: Parmi d'autres, parce que c'est un exemple
d'actualité. On nous annonce un projet de loi que je ne peux pas
discuter. Je ne le connais pas mais je connais l'office et je réalise
qu'au sujet de ce projet, le rôle de l'Office de planification et de
développement est absolument inexistant. Le premier ministre aime mieux
prendre ses conseils ailleurs...
M. BOURASSA: C'est faux, parce que j'ai dit tantôt...
M. BERTRAND: ... auprès des financiers qui vont lui donner
l'orientation...
M. BOURASSA: Bien non!
M. BERTRAND: ...pour le développement économique et social
de la baie James. C'est ça qu'il entend faire.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit tantôt dans mon
texte, c'est pour ça que j'en envoie une autre copie au chef de
l'Opposition: Ainsi, l'office est présent au comité de direction
de la réforme administrative, il est également présent au
comité de la baie James...
M. BERTRAND: Je sais tout ça! Je sais tout ça! C'est
l'office qui dirige...
M. BOURASSA: M. le Président, au comité de la baie
James...
M. BERTRAND: Notre office a été constitué le 2 juin
1969.
M. BOURASSA: Le 2 juin 1969.
M. BERTRAND: Notre office a agi. Au sujet du développement de la
baie James, le premier ministre voudra bien reconnaître que c'est
l'Hydro, que c'était d'abord et avant tout un projet
hydro-électrique.
M. BOURASSA: Je peux signaler...
M. BERTRAND: C'était d'abord et avant tout un projet
hydro-électrique dont les études ont été
commencées dans le temps.
M. BOURASSA: Mais je dis au chef de l'Opposition je ne veux pas
revenir sur le passé lui qui me critique tellement facilement sur
cette question, que 14 mois après avoir fait voter la loi les membres du
Conseil de planification n'étaient même pas nommés. Et
c'est lui maintenant qui vient dire que le gouvernement n'accorde pas assez
d'importance à l'Office de planification, alors que j'ai
donné...
M. BERTRAND: Vous nommez un conseil, et votre aveu même
démontre qu'au sujet du développement de la baie James l'office
joue un rôle absolument nul.
M. BOURASSA: Mais la loi n'est même pas déposée, M.
le Président. La loi n'est même pas déposée.
M. BERTRAND: Avant de déposer une loi, il y a un office que vous
devez utiliser comme un outil essentiel pour la coordination...
M. BOURASSA: On l'a déjà utilisé.
M. BERTRAND: ...l'élaboration du plan.
M. BOURASSA: Un comité interministériel, ce n'est pas la
formule classique pour la coordination?
M. BERTRAND: Non. C'est l'office.
M. BOURASSA: Mais l'office en fait partie. M. le Président, c'est
curieux que le chef de l'Opposition, qui a négligé le rôle
de l'office pendant des années, nous reproche à nous, qui n'avons
même pas déposé le projet de loi...
M. BERTRAND: Quelle légère exagération ! Pendant
des années !
M. TESSIER: Vous n'avez pas été plus de quatre ans.
M. BOURASSA: Quatorze mois avant de nommer les...
M. BERTRAND: L'office a été créé en
1969.
M. BOURASSA: Quatorze mois avant de nommer les membres du Conseil de
planification.
M. BERTRAND: Nous sommes partis en avril 1970.
M. LAURIN: Et vous, ça vous a pris un an pour nommer le
conseil.
M. BOURASSA: J'ai formé le conseil au début de
février, et déjà nous avons adopté
l'arrêté ministériel et nous avons trouvé les 35
membres.
M. BERTRAND: Vous étiez au pouvoir depuis le mois de mai.
M. BOURASSA: Deux fois moins de temps que l'Union Nationale.
M. BERTRAND: L'Office de développement, la dernière loi a
été adoptée...
M. BOURASSA: Une proportion de 1 à 2 sur le plan de
l'efficacité.
M. BERTRAND: La dernière loi a été adoptée
en juin 1969.
M. BOURASSA: Nous ne sommes pas pour parler de la baie James toute la
soirée. Moi, ça me plaît de parler de la baie James. Mais
je pense que nous sommes ici pour discuter...
M. BERTRAND: Cela vous plaît beaucoup plus au Cotisée que
ça vous plaît à l'Assemblée.
M. BOURASSA: Bien, cela me plaisait d'en parler devant 8,000 à
10,000 personnes au Cotisée, c'est évident. Mais ce que je veux
dire, M. le Président, c'est qu'ici on doit admettre que l'office a
déjà joué un rôle.
M. BERTRAND: Le premier ministre ne peut pas s'empêcher de
rire.
M. BOURASSA: Non. D'autres questions, M. le Président.
M. JORON: M. le Président, j'aurais une question à poser
au premier ministre à titre de ministre responsable de l'Office de
planification. On sait que l'économie du Québec souffre de
certains maux, qu'elle a un secteur primaire peut-être trop
développé et qui repose sur des secteurs, disons, actuellement
dangereux, je pense au secteur du papier, par exemple, qui offre un avenir
incertain. On sait, d'autre part, que nous avons une industrie secondaire trop
faible, trop axée sur l'industrie légère. On sait aussi
qu'on a, dans le secteur des investissements sociaux, de grands retards
à rattraper. Dans le logement, paraît-il qu'il y a un tiers des
logements de Montréal qui sont qualifiés de taudis, etc. Ceci
dit, ce tableau brossé, il appartient à un Office de
planification de décider ce qu'on fera, au cours des dix prochaines
années, au Québec, en fonction de ça, quel volume
d'investissements est nécessaire, dans quel secteur ils doivent aller,
de quel taux de croissance on a besoin, et quelles mesures vous allez prendre
pour réaliser ces objectifs-là? C'est à cela qu'un
ministre responsable de l'Office de planification devrait être capable de
répondre.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai répondu hier
là-dessus que ç'avaient été les objectifs, si ma
mémoire est bonne, de l'ancien gouvernement de M. Lesage, lorsque M.
Parenteau était directeur de l'office, qu'il avait fait des grands plans
comme ça pour se rendre compte finalement, sur les conseils de ceux qui
sont maintenant dans le Parti québécois, que ce n'était
pas réaliste de faire ces plans sur papier.
M. JORON: Qu'on ne peut pas faire de planification au Québec?
M. BOURASSA: Ce n'est pas ce qu'on dit. Mais établir des grands
plans sur papier, tant dans cinq ans, dans dix ans, dans huit ans, dans trois
ans, on a conclu que ce n'était pas la meilleure façon de faire
de la planification au Québec.
Je cite encore M. Parenteau, qui n'est quand même pas un homme
politique, qui disait à ce moment-là qu'il était mieux de
s'attaquer à des problèmes précis, des objectifs
donnés dans des régions, et c'est ce qu'on appelle...
M. JORON: Aussi...
M. BOURASSA: Si je peux terminer parce que je suppose que le
député est curieux de connaître une réponse
complète, il y a une mission de planification dans le Saguenay-Lac
Saint-Jean, il y en aura une dans le Nord-Ouest, une dans l'Estrie, il y en a
une à Montréal, il y en a une à Québec. Cela a
été jugé, la façon réaliste de
procéder, étant donné le contexte dans lequel nous
vivons.
M. JORON: C'est ça l'étant donné, justement. Si
vous vous rappelez...
M. BOURASSA: L'indépendance serait pire, on ferait partie...
M. JORON: On ne parle pas de l'indépendance, voulez-vous me
laisser parler moi aussi?
M. BOURASSA: Parlez.
M. JORON: Si vous vous souvenez justement des raisons invoquées
par M. Parenteau et les autres auxquels vous avez fait allusion, c'était
précisément ça que le cadre constitutionnel...
M. BOURASSA: Non.
M. JORON: ...laissait tellement peu de pouvoir...
M. BOURASSA: ...non, c'est faux.
M. JORON: Une seconde, ...
M. BOURASSA: ...nord-américain.
M. JORON: Il était question du cadre constitutionnel...
M. BOURASSA: Justement...
M. JORON: Il était question du cadre constitutionnel d'une part
et du cadre nord-américain, c'est-à-dire du régime
d'économie libérale dans laquelle nous vivons.
M. BOURASSA: C'est ça, c'était l'opinion principale.
M. JORON: Et qu'à partir de ça, on ne pouvait pas faire de
planification au Québec au sens global...
M. BOURASSA: C'est pour ça qu'on a des entreprises
multinationales.
M. LAURIN: Laissez-le parler, vous vouliez qu'il vous laisse parler tout
à l'heure.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que...
M. JORON: En raison de ça, on ne pouvait pas faire au
Québec de planification globale comme on le fait dans les pays
européens par exemple ou comme on le fait dans d'autres pays, et qu'en
conséquence, il fallait s'orienter vers des projets particuliers
à gauche et à droite. En d'autres mots, c'est ce qu'on est en
train de confirmer ici ce soir, c'est que, dans le cadre actuel, on serait
aussi bien de mettre la clé dans la porte de l'Office de planification,
qu'il ne sert à rien de parler de véritable planification au
Québec. C'est ça.
M. BOURASSA: C'est-à-dire qu'on pouvait en parler il y a sept ou
huit ans, mais ce n'est pas le contexte constitutionnel qui est la principale
raison, c'est le contexte nord-américain, l'économie
libérale que mentionnait le député, le fait qu'il y a des
entreprises multinationales, que nous ayons un système de
succursales...
M. JORON: Il y en a en Europe aussi, et ils font de la
planification.
M. BOURASSA: Oui, ils en font, on voit les problèmes qu'ils ont
eus, ils se sont passé ça d'un ministère à
l'autre pendant cinq ou six ans. On peut discuter de la planification
française, si vous voulez. Il reste que nous avons jugé qu'il
était plus réaliste et les gouvernements qui nous
ont précédés étaient d'accord avec nous
là-dessus puisque c'est ce qu'ils ont fait de donner à
l'Office de planification un rôle de coordination d'abord, qu'il a et
qu'il aura, qu'il continuera d'avoir, et deuxièmement, de lui donner,
dans certains secteurs précis, des pouvoirs d'exécution
précis comme l'ODEQ.
Tantôt, le ministre des Affaires municipales pourra
répondre à toutes les questions sur le rôle de l'Office de
la planification dans l'ODEQ, sur le plan de l'exécution. On peut parler
de planification globale et de plans, on en a parlé cinq ou six ans au
Québec, pour se rendre compte qu'il fallait prendre une orientation
différente.
M. LAURIN: C'est un concert de planification globale.
M. BOURASSA: Il fallait moins en parler.
M. LAURIN: En fait, M. le Président, je pense bien que la
planification, comme beaucoup d'autres grands concepts, a une histoire assez
désastreuse au Québec. C'est en fait à partir de 1960
qu'on a commencé à parler de planification sous un gouvernement
libéral. Je pense bien que l'équipe libérale du temps
s'est rendu compte, avec son objectif de révolution tranquille
mot qu'on a trouvé après coup pour qualifier ses efforts et ses
tentatives s'est rendu compte, dis-je, que le développement du
Québec était empirique, qu'il s'en allait dans toutes les
directions à la fois, et on a créé le Conseil
d'orientation économique, qui, comme vous le dites, avait de grands
objectifs au début. On a travaillé très fort pour
s'apercevoir quelques années après qu'on manquait
d'instruments.
Les raisons de M. Parenteau, on les connaît. Les raisons qu'il a
données, je vais vous les énumérer toutes pour vous
rafraîchir la mémoire, parce que, à vous entendre parler,
j'ai l'impression que vous n'avez pas relu ça depuis un bon bout de
temps. Les raisons que M. Parenteau donnait, c'était une connaissance
trop imparfaite de la réalité québécoise, donc
absence d'inventaire généralisé, deuxièmement,
l'absence d'une volonté non équivoque, non seulement de
planifier, mais d'accepter les conséquences de la planification.
Incidemment, une des conséquences de l'acceptation de
l'idée de planification, c'est d'attendre avant d'exécuter que
toutes les donnés aient été recueillies. On voit bien
aujourd'hui que vous ne voulez pas accepter les conséquences de la
planification.
M. BOURASSA: On décide d'agir...
M. LAURIN: La troisième raison qu'il donnait...
M. BOURASSA: Il y a une volonté d'exécution...
M. LAURIN: La troisième raison qu'il donnait, c'est une raison
assez importante, c'est
l'absence d'accord sur les objectifs. Il faut bien sûr, pour
planifier, qu'une équipe gouvernementale s'entende sur les objectifs,
que l'un ne veuille pas favoriser le secteur social par rapport au secteur
économique ou au secteur de l'aménagement du territoire, ou vice
versa. Il faut quand même qu'une équipe ministérielle, et
même un Parlement, s'entende sur les objectifs que l'on doit poursuivre.
La quatrième raison qu'il donnait, c'était la
désuétude des structures de l'exécution.
Et on comprend qu'en 1962, qu'en 1963, la machine gouvernementale
n'était pas assez perfectionnée pour exécuter ce qu'un
office, du plan aurait pu exécuter. Vous-même, d'ailleurs, vous
avez parlé à plusieurs reprises et le gouvernement
précédent de la réforme des structures
administratives du Québec. Réforme des structures qui est
actuellement en cours et qui n'est pas encore complétée.
M. BOURASSA: Mais qui est bien amorcée.
M. LAURIN: Bien amorcée mais disons qu'elle n'est pas
complétée.
Et la cinquième raison que M. Parent eau donnait et
là je pense bien qu'on doit donner raison au député de
Gouin c'était le partage des pouvoirs économiques entre
deux niveaux de gouvernement.
M. BOURASSA: Il parle d'économie libérale.
M. LAURIN: Non, je vous donne la cinquième raison que M.
Parenteau donnait...
M. BOURASSA: On n'a pas les mêmes textes.
M. LAURIN: Oui, mais moi j'ai le texte de M. Parenteau, je ne sais pas
si vous en avez fait fabriquer un autre mais moi j'ai le texte original que
j'ai lu...
M. BOURASSA: C'est clair, c'est évident. Le député
l'a admis lui-même tantôt, le député de Gouin...
M. LAURIN: Et la cinquième raison c'était le partage des
pouvoirs...
M. BOURASSA: L'économie libérale en Amérique du
Nord limite la planification.
M. LAURIN: ... économiques entre deux niveaux de
gouvernement.
M. BOURASSA: Ce n'est pas réaliste de ne pas mentionner
ça.
M. LAURIN: Et dans le mini-avis du CRD pour la renégociation de
l'entente, on voit qu'à la fin, en conclusion, c'est encore à
cette cinquième raison de M. Parenteau qu'on se réfère
pour montrer que même dans une région donnée comme l'Est du
Québec, c'est très difficile de planifier, justement parce qu'il
y a aussi on constate, on touche du doigt cette
répartition des pouvoirs économiques entre deux niveaux de
gouvernement, qui constitue un facteur de stagnation, un facteur de lenteur, un
facteur de retard aussi bien dans l'élaboration des plans que dans
l'exécution des projets.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LAURIN: Et la sixième raison que M. Parenteau donnait
vous avez retenu seulement celle-là c'est celle que vous
mentionnez, c'est-à-dire la perméabilité de
l'économie québécoise aux influences
étrangères.
M. BOURASSA: A mon avis, c'est de loin la plus importante.
M. LAURIN: De toute façon, elle est là, en sixième
place comme vous le voyez. On y accorde une certaine importance mais ça
ne sous-estime pas quand même l'influence, l'importance des autres
facteurs qui ont précédé.
Et je pense que c'est en raison même de ces facteurs que le
gouvernement précédent a senti le besoin de changer
l'orientation. Il a laissé mourir le Conseil d'orientation
économique; il a créé un Office de planification et
même de développement. Parce qu'on s'est rendu compte qu'avant
d'avoir terminé le travail de planification, il fallait quand même
commercer à développer quelque chose. Et quand on voit la
conclusion du premier rapport de l'Office de planification et de
développement du Québec, on se rend compte en conclusion
on nous a imprimé un beau texte, probablement de M. Masse qui
était à ce moment-là, en novembre 1969, ministre
responsable de l'office et M. Masse disait "que la planification a peu
de chance de déboucher sur des résultats pratiques vraiment
significatifs à cause des équivoques qui entourent la notion de
planification." Et c'est la raison pour laquelle M. Masse, dans ce texte, est
obligé de se rabattre sur le développement et, à
l'intérieur de cette notion de développement, sur ce qu'il
appelle des actions gouvernementales, des actions gouvernementales
fédérales, des actions gouvernementales provinciales. Il parlait
aussi de planification indicative au lieu de planification coercitive à
cause, peut-être, de tous les autres facteurs que mentionnait M.
Parenteau.
Ce qui fait que, aujourd'hui, on se retrouve avec un Office de
planification qui a en fait trois fonctions: une fonction de planification qui
est de plus en plus absente et tout ce livre en témoigne puisqu'il ne
parle que d'actions, que ce soit le bassin de la Yamaska, le laboratoire de
Sainte-Foy, la mission du Nord-Ouest, la mission de la Gaspésie, on ne
parle que d'actions. Mais, à aucun endroit...
M. BOURASSA: Tantôt, vous disiez qu'il n'avait pas de pouvoirs
d'exécution.
M. LAURIN: Je dis qu'il a des pouvoirs d'exécution mais je dis
que la fonction planification...
M. BOURASSA: Quelle contradiction!
M. LAURIN: Non, ce n'est pas une contradiction, je dis que la fonction
de planification est absente ou presque de ce volume et on ne parle que
d'actions, on ne parle que d'exécutions, on ne parle que de
réalisations.
M. BOURASSA: Vous nommez toutes les missions...
M. LAURIN: C'est un office...
M. BOURASSA: ... dans les différentes...
M. LAURIN: ... qui a trois fonctions, dont la planification qui est
très peu présente, la fonction développement qui est
présente mais à un niveau seulement régional pour le
moment, parce qu'il n'y a pas de développement au niveau global du
Québec dans ce rapport...
M. BOURASSA: Il y a une première étape, dans le
Lac-Saint-Jean, dans le Nord-Ouest...
M. LAURIN: Je parle du premier rapport que vous avez
déposé et je commente ce rapport-là. Je ne commente pas
l'avenir, j'espère qu'il va être rose, j'espère qu'il va
être bien. Mais là je parle de ce premier rapport qui a
été déposé et je dis qu'on n'y voit aucune trace de
développement global du Québec. On y voit une trace de
développement...
M. BOURASSA: Le député en revient toujours à son
globalalisme.
M. LAURIN: ... régional et encore imparfait. Et enfin, il y a une
troisième fonction qu'on voit a l'office...
M. BOURASSA: M. le Président, cela, c'est huit mois de
coopération seulement.
M. LAURIN: Je suis bien d'accord avec vous.
M. BOURASSA: Et déjà, sur le plan régional, on voit
des actions concrètes. Le député n'est pas satisfait.
M. LAURIN: Je ne dis pas que je ne suis pas satisfait. Je suis en train
de commenter ce rapport disant qu'il y a trois fonctions dans l'office et une
planification qui est presque inexistante. Certaines actions de
développement ébauchées...
M. BOURASSA: Et de planification régionale.
M. LAURIN: ... au niveau régional, très peu
marquées encore.
M. BOURASSA: C'est votre point de vue, mais le député
admettra qu'il y a de la planification régionale.
M. LAURIN: Oui, mais j'ai le droit de donner mon point de vue. C'est
pour cela que je suis ici.
M. BOURASSA: Est-ce que le député admet qu'il y a de la
planification régionale?
M. LAURIN: Il y a un certain degré de planification
régionale, mais encore ébauchée, à l'état
d'ébauche.
M. BOURASSA: Cela force, mais il l'admet quand même.
M. LAURIN: Enfin, il y a une troisième fonction qu'on sent dans
ce document-là et qui devient dé plus en plus importante. C'est
que l'Office de planification et de développement du Québec
devient de plus en plus un agent négociateur avec le
fédéral au sujet de l'entente avec le BAEQ, au sujet des ententes
avec l'ARDA et, finalement, au sujet des ententes sur les zones
désignées. On s'aperçoit que, de plus en plus, l'office
marche sur les brisées du ministère des Affaires
intergouvernementales ou sur celles du cabinet, ou qu'il se...
M. BOURASSA: En coordination.
M. LAURIN: ... se substitue... Espérons que c'est une
coordination.
M. BOURASSA: L'office relève du conseil des ministres...
M. LAURIN: On s'aperçoit quand même que ces trois
fonctions-là...
M. BOURASSA: ... M. Tremblay est un négociateur hors pair...
M. LAURIN: Je me suis rendu compte, à la lecture de ces
rapports-là, que les fonctions étaient entremêlées,
indistinctes, imprécises. Je me demande et c'est une question que
je vous pose s'il n'y aurait pas intérêt à mieux
distinguer les trois fonctions qu'on sent sous-jacentes dans ces rapports, les
fonctions de planification, de développement et d'agent
négociateur au nom du gouvernement du Québec avec un autre
gouvernement.
M. BOURASSA: C'est ce que j'ai dit tantôt, M. le
Président...
M. LAURIN: Non. Ce dont vous avez parlé et j'ai
écouté avec attention dans votre exposé
introductif, ce sont des structures. Vous avez presque uniquement parlé
des structures.
M. BOURASSA: D'agent de liaison, de coordination des recherches...
M. LAURIN: Ce sont des structures, cela.
M. BOURASSA: Oui, mais agent de liaison et agent négociateur, il
y a sûrement une différence.
M. LAURIN: Au fond, ce dont vous avez parlé, c'est quelque chose
de très important également. Vous avez dit qu'il ne faut pas
qu'une planification se fasse en vase clos. Je suis bien d'accord avec
vous.
M. BOURASSA: C'est une vérité de La Palice.
M. LAURIN: Une vérité de La Palice, évidemment.
Cette planification ne doit pas se faire en vase clos et le
développement et l'exécution ne doivent pas se faire non plus en
vase clos. Je reconnais que l'office a fait énormément d'efforts
pour s'insérer dans les divers ministères, au niveau de
l'exécution. Je suis quand même d'avis que cette concertation
interministérielle se fasse au niveau du développement, au niveau
de l'exécution. Mais je pense qu'elle pourrait parfaitement se faire
aussi au niveau de la planification. Au fond, les gens de l'Office de
planification devraient être présents aux séances du
cabinet, devraient être présents à tous les
Lac-à-1'Epaule que vous pouvez faire, aux Montmorency que vous pouvez
faire, et, en même temps, devrait avoir des agents dans tous les
ministères, au seul titre de la planification, d'instrument de
planification, car, autrement, si vous limitez le rôle comme cela semble
évident, d'après le rapport, simplement à des tâches
d'exécution, encore une fois, cela va finir par aboutir à mettre
la charrue devant les boeufs. C'est la raison pour laquelle je vous
demanderais, s'il est possible c'est une suggestion que je vous fais
de mieux distinguer, à l'intérieur de l'office, les
fonctions de planification, de développement et d'agent
négociateur du gouvernement du Québec avec d'autres
gouvernements, et surtout le gouvernement fédéral. C'est une
question de...
M. BOURASSA: Oui, mais j'ai dit dans le texte, à la page 3, que
l'atelier des directeurs de planification a été mis en place par
le comité interministériel. Je prends note des remarques du
député. Je signale bien humblement qu'elles ne pèchent pas
par excès de réalisme, mais j'en prends note quand
même.
M. LAURIN: C'est dire par là que vous n'y accordez aucune
attention. Cela veut dire au fond que vous ne voulez pas instituer une
véritable planification.
M. BOURASSA: C'est faux.
M. LAURIN: Parce que la planification le député de
Gouin vous en parlait tout à l'heure demande autre chose que
l'exécution. C'est d'abord essayer de définir le rôle de
l'Etat au Québec, quel est le rôle de l'Etat comme moteur de
l'économie...
M. BOURASSA: La planification, vous savez tous les sens qu'on lui a
donnés depuis dix ans?
M. LAURIN: Oui, mais on aimerait bien avoir votre définition de
la planification, alors que vous nous avez seulement parlé de structures
et d'exécution. Par exemple, il s'agirait de savoir si l'Etat est
attaché surtout à la réalisation d'objectifs
immédiats à court terme ou à la réalisation
d'objectifs à plus long terme.
Dans vos discours inauguraux, vous voyagez de la politique à
court terme à la politique à long terme, de la stratégie
particularisée à la stratégie globale, on ne sait plus
à quoi s'en tenir.
M. BOURASSA: Lisez-les comme il le faut, vous allez comprendre.
M. LAURIN: On ne peut pas savoir à quoi s'en tenir, parce qu'il y
a une contradiction d'une année à l'autre, d'un discours à
l'autre. On voudrait bien que le premier ministre ou le cabinet, ou un office
du plan réussisse à faire savoir aux Québécois
quelle est la part des fonds publics que vous destinez... la part, d'abord, de
vos priorités qui vont aux investissements à court terme et aux
investissements à long terme. Quelles sont les priorités du
gouvernement québécois? Est-ce que c'est, par exemple...
M. BOURASSA: Je l'ai dit et redit.
M. LAURIN: Non. Quelles sont les priorités? Est-ce la
continuation des inventaires dans toutes sortes de domaines, par exemple,
l'investigation des marchés nationaux et internationaux menés sur
une base scientifique, sur une base continue? Est-ce que c'est l'investigation
d'une nouvelle technique...
M. BOURASSA: C'est fait par l'action du ministère de l'Industrie
et du Commerce, d'une nouvelle société que l'on a
créée.
M. LAURIN: ... l'investissement technologique. C'est bien beau de
vouloir donner des investissements aux industries de pointe, mais qu'est-ce que
c'est l'industrie de pointe? Il faudrait quand même que le Québec
sache ce qui est pour lui l'industrie de pointe à développer.
Est-ce que c'est l'industrie des mass media,
par exemple? Est-ce que c'est le secteur quaternaire, le secteur
électronique? Ou encore, il faudrait savoir quelle portion des fonds de
l'Etat doit être attribuée aux services par rapport aux
investissements manufacturiers, puisque l'on sait qu'au Québec, la
proportion des gens qui s'occupent des services...
M. BOURASSA: Cela revient à ce que je disais tantôt.
M. LAURIN: ... devient de plus en plus importante.
Laissez-moi continuer, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: Si je vous reprends, c'est que vous êtes parti pour
parler trois quarts d'heure.
M. LAURIN: C'est bien possible.
M. BOURASSA: Le député demande quelle proportion aux
services, quelle proportion au secteur manufacturier.
M. LAURIN: C'est cela de la planification.
M. BOURASSA: C'est cela. Mais nous sommes dans une économie
libérale. Nous ne sommes pas dans une économie socialiste. Nous
n'avons pas la propriété de tous les moyens de production. On ne
peut pas dire qu'il va avoir 5 milliards dans tel secteur ou 500 millions dans
un autre, parce que, sur les fonds ou les investissements étrangers ou
les investissements locaux, on n'a pas de pouvoir de décision absolue.
On peut essayer d'orienter dans tel secteur ou dans tel autre, c'est ce que
l'on fait, on l'a dit. Dans un discours que j'ai fait devant l'Association des
manufacturiers du Québec, j'ai donné tous les objectifs à
moyen terme, à long terme du Québec. Je vais en faire parvenir
une copie au député, cela va peut-être abréger ses
remarques.
M. JORON: Malgré ces problèmes de l'économie
libérale, il est quand même possible de prévoir des
objectifs...
M. BOURASSA: Mais ce n'est pas réaliste de dire je ne veux
pas blesser le député, mais je trouve quand même ses
propos...
M. LAURIN: ... ce n'est pas par des épithètes que vous
allez détruire ce que nous disons, c'est par des arguments.
M. BOURASSA: Mais je vous apporte des arguments. Je dis que ce n'est pas
réaliste de dire qu'on va mettre $500 millions dans tel secteur et $800
millions dans l'autre quand on n'a pas le pouvoir de décision sur
l'origine des fonds.
M. JORON: Ah! C'est faux.
M. LAURIN: Vous avez quand même $4 milliards d'impôts.
M. BOURASSA: Mais combien en va-t-il en salaires là-dessus? H y a
deux milliards qui vont en salaires? Et tous les services, combien en
reste-t-il à investir?
M. LAURIN: Il y a aussi l'épargne.
M. JORON: Quel est le pourcentage des investissements qui viennent du
Québec? Les investissements globaux faits au Québec.
M. BOURASSA: On sait qu'il y a une somme de $4 1/2 milliards
d'investissements, combien y en a-t-il qui sont publics, là-dessus?
M. JORON: Combien y en a-t-il qui viennent du Québec?
M. BOURASSA: Vous voulez augmenter les taxes?
M. LAURIN: Ce n'est pas seulement par le moyen des taxes que vous
pourriez le faire. Vous avez des pouvoirs de réglementation en tant que
législateurs.
M. BOURASSA: On les utilise au maximum, ces pouvoirs-là. On
oriente les industries au maximum vers les secteurs... La baie James, on peut y
revenir, c'est l'exemple par excellence du souci à long terme du
gouvernement du Québec actuel. Parce que c'est là une richesse du
Québec. C'est là un avantage conomique du Québec par
rapport à ses voisins.
M. JORON: Quels auraient été les autres choix de
développement qu'on aurait pu faire?
M. BOURASSA: Vous avez là un exemple concret, un exemple
pratique, et vous le combattez. Et après vous venez dire...
M. LAURIN: Vous nous le présentez d'une façon
particularisée sans l'avoir remis dans le contexte général
des objectifs prioritaires d'un Québec moderne.
M. BOURASSA: Des mots, des mots!
M. LAURIN: Ce ne sont pas des mots, c'est la réalité. Ce
sont des réalités que l'on entend dans tous les pays, pourquoi ne
les entendrait-on pas au Québec?
M. BERTRAND: Le député de Bourget devrait savoir que dans
une économie libérale comme la nôtre, la politique est
conduite par l'économie...
M. JORON: Justement.
M. BERTRAND: La politique est dominée par l'économie, cela
ne sert à rien de se le cacher. Le premier ministre l'admet
lui-même en déclarant qu'aucune...
M. BOURASSA: Oui, mais c'est parce que le député de
Bourget...
M. BERTRAND: ... planification en profondeur ne peut être
organisée par l'Etat. C'est clair ça.
M. BOURASSA: Je n'ai pas dit...
M. BERTRAND: Quel que soit le premier ministre, il faudrait changer le
système économique.
M. JORON: Il resterait que même dans ces contraintes-là, un
Office de planification pourrait remplacer les objectifs.
M. BOURASSA: M. Parenteau l'a dit lui-même et le Parti
québécois s'obstine encore à faire rêver les gens
avec la planification.
M. LAURIN: Est-ce que vous allez accepter indéfiniment un statu
quo comme celui-là, qui a donné les résultats que l'on
connaît, que vous ne ferez aucun effort ni au point de vue de
l'orientation des fonds, ni au point de vue des politiques?
M. BOURASSA: Non, nous faisons des efforts. Tout ce que nous avons fait,
les budgets que nous avons au programme, ça ne fait pas un an que nous
sommes au pouvoir et qu'on a...
M. LAURIN: ...c'est à l'intérieur des ministères
que c'est bon.
M. BOURASSA: C'est parce que là nous avons le pouvoir de le faire
dans ce secteur-là. Alors, ça montre que nous sommes
intéressés et qu'on accorde de la valeur...
M. LAURIN: Vous en avez des pouvoirs...
M. BOURASSA: Si le député peut me permettre. Là
où on a des pouvoirs d'agir, nous avons montré que nous
étions intéressés à la planification. On n'a
qu'à voir ce que nous avons fait avec la loi de l'administration
financière. Mais dans la question des investissements, on sait fort bien
qu'ils viennent de l'étranger dans une économie
libérale...
M. LAURIN: Mais c'est rendu à la dixième subdivision.
M. JORON: Les investissements viennent de l'étranger, prouvez-le
donc! Des chiffres! D'où tirez-vous votre citation? Dites-le donc! Quel
pourcentage des investissements viennent de l'étranger au
Québec?
M. BOURASSA: Québec Cartier, est-ce que ça vient de vos
investissements à vous? Les $300 millions, puis Iron Ore et Noranda
Mines, et IBM?
M. JORON: Sur les $4.5 milliards des investissements totaux au
Québec, combien y en a-t-il qui viennent de l'étranger?
M. LAURIN: Combien viennent des Américains? Pas plus que 10
p.c.
M. JORON: C'est une donnée de base qu'on devrait savoir.
M. BOURASSA: C'est clair que pour ce qui regarde les investissements...
Les investissements du secteur privé, est-ce...
M. LAURIN: Ils fournissent le capital initial et la technologie, mais le
capital de fonds vient des citoyens du Québec qui achètent des
actions et qui achètent des obligations.
M. JORON: Qui achètent les produits et qui...
M. BOURASSA: Ce n'est pas du capital de risque, les obligations.
M. JORON: Vous êtes d'accord que les entreprises
manufacturières s'autofinancent à 75 p.c. en Amérique du
Nord? Vous avez lu ça si vous avez enseigné l'économique
ou si vous l'avez apprise.
M. BOURASSA: 75 p.c. ce sont des chiffres que le député
lance. Cela dépend des...
M. JORON: Non, non, ce ne sont pas des chiffres que le
député lance. Allez voir vos livres d'économique quand
même.
M. BOURASSA: Ce sont des livres de statistiques, ce ne sont pas des
livres d'économie.
M. JORON: Vous me le dites assez souvent, vous me permettrez de vous le
dire. Vous savez ça aussi bien que moi, ne jouez pas sur les mots.
M. BOURASSA: Ce que je dis au député et il ne
comprend pas ou il ne veut pas comprendre c'est que c'est le secteur
privé, et que le gouvernement, étant donné qu'il n'a pas
la propriété totale des moyens de production, ne peut pas
appliquer les beaux objectifs théoriques du député de
Gouin, tant dans tel secteur, tant dans tel autre. C'est pour ça que je
dis que le député de Gouin a une vision utopique de la situation
économique.
M. JORON: A ce moment-là, un gouvernement même
libéral, malgré ces contraintes, pourrait y aller par voie
incitative, soit par incitation...
M. BOURASSA: C'est ça qu'on fait.
M. JORON: Mais il faudrait au départ savoir où vous voulez
aller.
M. BOURASSA: Les bills 20 et 21, tous les outils que nous avons
actuellement, est-ce qu'on va parler de ça indéfiniment?
M. LAURIN: Nous allons en parler le temps qu'il faut.
M. BOURASSA: Bien, soyons sérieux.
M. JORON: Bien pas moi, parce que je trouve que ça n'avance
à rien, vous m'excuserez, je dois aller aux Richesses naturelles. Si
vous avez la même attitude à Victoria, j'ai l'impression que vous
n'arriverez pas à grand-chose.
M. BOURASSA: C'est ça.
M. BERTRAND: Demandez donc au ministre s'il a eu un inventaire des
richesses minières pour voir ce qui va se passer à la baie
James.
M. BOURASSA: Allez parler de la baie James en haut.
M. JORON: Bon voyage.
M. LAURIN: Pour rester encore dans ces objectifs de planification, le
premier ministre ou le ministre responsable de l'office du plan ne nous a
jamais dit ce qu'il entendait faire en général avec les
sociétés d'Etat. Est-ce qu'il va se contenter de donner à
SOQUEM un petit million additionnel de temps en temps? Est-ce qu'il va
développer SOQUEM? Est-ce qu'il va développer SOQUIP? Est-ce
qu'il va réorganiser la Société générale de
financement? Est-ce qu'il va faciliter la fusion, le regroupement des
entreprises?
En ce qui concerne l'agriculture, il y a un rapport qui dort sur les
tablettes depuis de longues années? Quelle attitude va-t-il adopter par
rapport au rapport de la commission April, en face du vieillissement de notre
agriculture, en face de l'immigration de plus en plus grande des gens qui
partent des fermes pour aller dans les villes, l'urbanisation?
Qu'est-ce qu'il va faire dans tous ces domaines-là? Au lieu
d'avoir une politique claire et cohérente, on a une politique qui nous
est apportée par le ministère des Affaires municipales de temps
en temps, une politique qui nous est apportée par le ministère
des Richesses naturelles de temps en temps, mais on ne sait pas s'y
reconnaître, il n'y a aucune indication des grandes orientations du
gouvernement. On nous apporte des lois de SDI avec des investissements pour
à peu près toutes les régions du Québec, la seule
planification, c'est que les abattements d'impôt vont varier d'une
région à l'autre.
Tout ça, c'est par petites pièces détachées,
il n'y a pas de dessin là-dedans. C'est précisément
ça qu'on attendait du ministre et de l'office, qu'il trace quand
même des prioriétés à l'inté- rieur des
contraintes de régime libéral et du régime
fédéral dans lequel nous vivons. C'est ça le grand
défaut de ce rapport ou de cet office, parce qu'il est incapable de nous
apporter ces orientations qui nous indiqueraient au moins où nous nous
en allons et qui montrent une absence de leadership de la part du
gouvernement.
M. BOURASSA: M. le Président, pour répondre
brièvement à ce souci de grands plans ou de grands
objectifs...
M. LAURIN: Ce sont les soucis et les objectifs de n'importe quel Etat
moderne.
M. BOURASSA: ... ce qui compte, c'est l'exécution. Dans la SGF,
nous avons apporté deux réformes.
M. LAURIN: Avant d'exécuter, il faut savoir ce que l'on va
faire.
M. BOURASSA: D'accord. Dans le discours du budget nous avons dit ce que
nous ferions avec la SGF. Actuellement, il y a des choses qui se font pour
essayer de rendre la SGF plus fonctionnelle.
Qu'est-ce que cela ferait avancer à la SGF si on arrivait avec un
grand discours et de grands plans? Ce n'est pas essentiel, c'est de donner $127
millions à Sidbec, de donner $6 millions à SOQUEM, d'essayer
d'avoir un complexe pétrolier avec SOQUIP et d'encourager les fusions
avec la SDI. Voilà des actions concrètes et positives, au lieu de
grands discours.
M. LAURIN: Je ne suis pas contre ça on a voté à
deux mains pour toutes ces choses-là. On était content, parce
qu'on est aussi convaincu que vous que la sidérurgie et le
développement de la sidérurgie sont essentiels pour l'avenir du
Québec. Il faudra même qu'elle progresse encore une fois.
M. BOURASSA: C'est ça qu'est l'action gouvernementale. Je vous ai
donné cinq exemples en trente secondes de l'action du gouvernement.
M. LAURIN: Cinq exemples n'équivalent pas à un plan.
M. BOURASSA: Que veut le député? Je peux faire faire un
grand discours sur le plan et dire que le gouvernement du Québec par
exemple veut, à travers ces outils dans une demi-douzaine de secteurs,
créer un complexe d'alimentation, qu'il travaille avec Sidbec dans le
domaine de l'acier, dans le pétrole avec SOQUIP, dans les mines avec
SOQUEM, dans le secteur mécanique de la construction métallique
ou mécanique avec la SGF. Cela c'est une action. Cela, c'est de la
planification.
M. LAURIN: Non, ce n'est pas de la planification.
M. BOURASSA: Il s'agit d'agir, parce qu'on ne peut pas...
M. LAURIN: Je ne suis pas contre. Ce sont des résultats d'une
planification, mais d'une planification qui n'a jamais été
énoncée ni par l'Office de planification ni par le
gouvernement.
M. BOURASSA: Cela a été énoncé à
plusieurs reprises que le gouvernement voulait utiliser le secteur public
jusqu'à la limite mais qu'il devait tenir compte d'abord de ses moyens
financiers, de la capacité des contribuables à augmenter le
secteur public, qu'il devait tenir compte également du contexte
nord-américain et qu'à l'intérieur de ça, le
gouvernement voulait agir de la façon la plus concrète et
positive possible. Il l'a fait depuis un an. Si vous n'êtes pas satisfait
de ça, on verra ce que les électeurs diront de ça.
M. LAURIN: On n'est sûrement pas satisfait de ça. De toute
façon, je m'aperçois que ce n'est pas très
intéressant de poursuivre la discussion à ce
niveau-là.
M. BOURASSA: J'ai répondu par des faits.
M. LAURIN: Ce sont des faits extrêmement limités et des
faits non reliés les uns aux autres et qui démontrent de la
façon la plus claire que je pouvais envisager l'absence de planification
véritable dans l'Etat du Québec.
M. BOURASSA: Les questions du député démontrent son
absence stupéfiante du réalisme.
M. LAURIN: Absolument pas, parce que quand vous présentez des
actions concrètes, nous sommes les premiers à les approuver.
M. BOURASSA: Vous avez voté pour ça.
M. LAURIN: Sûrement, nous sommes d'accord sur les exemples
limités que vous avez signalés, mais nous déplorons
l'absence de cette planification qui est de la véritable planification,
justement l'établissement des priorités, des grandes linges
directrices de l'Etat, des secteurs d'investissements, des grandes actions.
M. BOURASSA: Le député devrait savoir que la
rhétorique n'est pas un substitut à l'action.
M. LAURIN: Ce n'est pas de la rhétorique.
M. BOURASSA: Oui, c'est de la réthorique. M. Parenteau l'a
dit.
M. LAURIN: Si le premier ministre connais- sait mieux ses auteurs
économistes qu'il prétend pratiquer, il verrait que c'est
là le langage que tiennent tous les économistes qui ont une
réputation actuellement dans le domaine et tous les planificateurs.
M. BOURASSA: C'est ça, faites de la rhétorique et nous
allons agir.
M. LAURIN: Vous appelez ça de la rhétorique, mais ce n'est
pas en fait de la rhétorique. Cela montre simplement que votre
gouvernement est un gouvernement empiriste et qui n'a pas de dessin de fond et
qui navigue à la petite semaine.
M. BOURASSA: Je viens de signaler au député toute une
série d'actions. Qu'est-ce qu'il veut de plus?
M. LAURIN: De toute façon, je sais que vous ne pouvez pas m'en
donner plus, alors je ne vous en demanderai pas plus.
M. BOURASSA: A l'intérieur du budget, je l'ai
mentionné.
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez un instant, le député
de Mégantic m'a demandé la parole depuis 8 h 15.
M. DUMONT: Ceci va permettre d'ailleurs au député de
Bourget de reprendre son souffle, avec les questions qu'il semble avoir
préparées dans un autre ordre d'idées. Dans ce rapport, M.
le premier ministre, que vous nous avez présenté de cet Office de
planification en lisant le rapport à la page 63, je crois ce rapport
très sérieux de la part des gens qui ont voulu étudier
sérieusement toutes les données qu'on a réclamées.
Il est déclaré, concernant l'aéroport de
Sainte-Scholastique, je cite textuellement: "Par ailleurs, le facteur
coût aux usagers favorise nettement un site sud. Selon notre mandat, nous
avons tenté de ressembler les matériaux les plus complets et les
plus objectifs possibles. A la lumière du dossier ainsi
constitué, il nous semble qu'au site Saint-Jean II serait associé
le plus d'avantages pour le Québec. Il n'entrait pas dans notre mandat
d'indiquer quelles conséquences tirer de cette conclusion dans l'action
concrète, compte tenu du fait que le gouvernement fédéral
s'est déjà engagé dans des actions précises
à Sainte-Scholastique." Alors, il me vient à l'idée, il
m'est venu à l'idée à ce moment-là cette
pensée: Puisque depuis un an vous êtes au pouvoir et
qu'immédiatement il y aurait pu avoir action, est-ce que ce n'est pas
une continuelle abdication de nos droits devant le fédéral,
puisque des rapports aussi sérieux sont présentés pour
réclamer que ce soit le Québec qui décide du site?
M. BOURASSA: Là, je demanderais à l'ancien premier
ministre de répondre.
M. BERTRAND: Je n'en parle plus depuis un an.
M. JORON: Depuis un an, vous n'avez pas pu prendre action?
M. TESSIER: Mon prédécesseur en a suffisamment
parlé.
M. BERTRAND: Nous en avons parlé et, malheureusement,
malgré des rapports assez bien faits et je pense que le ministre
des Affaires municipales, qui a pu avoir l'occasion de les lire, a vu que
c'étaient des rapports très sérieux, très bien
préparés, qui ont été examinés par des gens
de l'office qui, à ce moment-là, nous avisait avec les experts
qui avaient été choisis par le ministère des Affaires
municipales malgré les nombreuses représentations que nous
avons faites, on a constaté, une fois de plus, comment, dans ce
domaine-là, le gouvernement central, ayant adopté une politique,
ne voulait céder d'aucune façon.
On nous avait représenté, au début, qu'il y aurait
des négociations. Or, avant même que ne soient terminées
les négociations, la recherche d'une entente, les nouvelles
étaient annoncées à Ottawa par M. Marchand. Et cela, c'est
authentique.
M. TESSIER: Je croyais, M. le Président, que le
député de Missisquoi avait dit qu'il n'en reparlerait plus.
M. BERTRAND: Non, mais je veux expliquer. Je crois que le
député de Mégantic veut ces renseignements-là. Je
les lui donne. A ce moment-là, le gouvernement central avait
décidé et nous n'avions qu'à nous incliner. Il y avait un
autre moyen. Il y avait celui de prendre des procédures, parce que
l'aménagement du territoire relève, nous l'avons prétendu,
des autorités provinciales. Le fédéral peut avoir certains
droits, relativement à un aéroport. Le ministre verra qu'il y a
des consultations juridiques dans le dossier. Je pense que c'est de M.
McWhinney de l'université McGill, un excellent juriste. Et son opinion
était que l'on pouvait attaquer devant les tribunaux l'action du
gouvernement fédéral. C'est une cause. Mon collègue est
avocat, il sait qu'il y a toujours des opinions de part et d'autre. C'est pour
cela qu'il y a des juges et des tribunaux. Mais, c'était une opinion
sérieuse. Par contre, prendre des procédures, intenter une cause
qui va tramer pendant des années et, à ce moment-là, se
faire accuser pendant deux ou trois ans, comme Québécois, avec le
chantage que l'on pratiquait et que l'on a pratiqué encore
dernièrement, à l'occasion de certaines difficultés
relativement au traitement des ouvriers ou des employés à
Sainte-Scholastique, à Montcalm Construction, dire: Si Montréal
n'en veut pas de l'aéroport, c'est Toronto qui l'aura!
Je donne seulement ces quelques exemples pour démontrer au
député de Mégantic comme la position du gouvernement du
Québec, en pareille circonstance, a pu être difficile. Je sais
qu'après le gouvernement actuel ne pouvait pas faire grand-chose pour
essayer de réparer cet acte-là, posé
unilatéralement par le gouvernement fédéral.
M. DUMONT: Est-ce que je pourrais faire préciser au premier
ministre? Est-ce que, par des rapports, des études et des
dépenses comme celles que l'on va faire, nous allons continuellement
abdiquer nos droits devant le fédéral, même si l'on
recommande que le tout aille vers le Québec?
M. BOURASSA: Pas avec le gouvernement actuel.
M. DUMONT: On a votre promesse formelle que, lorsqu'il y aura un rapport
qui sera comme tel, vous gagnerez les causes d'avance.
M. BOURASSA: J'en ai déjà gagné pas mal. M. DUMONT:
On va voir.
M. LAURIN: Vous vous êtes rallié au choix de
Sainte-Scholastique. Vous n'aviez pas le choix de ne pas vous rallier, ce sont
vos amis qui ont fait cela !
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. TESSIER: Le choix n'est pas nécessairement mauvais.
M. LAURIN: Oui, il est très mauvais, M. le Président.
D'abord, il y a la conclusion de l'office. Il ne s'agit que de consulter une
carte des industries manufacturières du Québec, de voir les
implantations, pour constater que la zone du nord était très peu
propice à l'implantation de l'aéroport, que c'est sur la rive sud
qu'on avait besoin d'un aéroport.
M. BERTRAND: Le député de Mégantic n'avait rien dit
depuis le début. Le premier ministre ne peut pas le blâmer d'avoir
posé cette question.
M. BOURASSA: Pas du tout. J'ai été extrêmement
heureux. Mais c'est parce que le Dr Laurin parle de cette question-là.
Il ne se souvient pas qu'un de ses collaborateurs, celui qui a
été battu dans Ahuntsic, promettait l'aéroport à
trois endroits différents: à Saint-Jean, à Drummondville
et à Joliette.
M. LAURIN: C'est votre interprétation.
M. BOURASSA: Durant la campagne électorale, je l'ai prouvé
avec déclaration à l'appui.
M. LAURIN: Si vous étiez en cours de justice, on vous interdirait
de parler comme cela, parce que c'est du voir-dire et du oui-dire.
M. BOURASSA: M. Levesque le promettait à Drummondville, à
Saint-Jean et à Joliette.
M. DUMONT: Je voudrais surtout, M. le Président...
M. BOURASSA: Une dizaine d'aéroports étaient promis par
les dirigeants du Parti québécois!
M. DUMONT: ...conclure en disant qu'il me semble que la leçon
devrait servir et qu'à l'avenir il ne se répétera pas de
gestes semblables. Autrement, il ne sert à rien d'avoir des offices de
planification.
M. BOURASSA: La leçon va servir.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question à poser
sur les organismes de planification.
M. LE PRESIDENT: Sur les postes?
M. LAURIN: Non. On est toujours aux questions générales.
Une question sur les organismes de planification dont il est fait mention au
rapport et dont le premier ministre a fait grand état dans son
exposé introductif. Il y en a trois: il y a la commission
interministérielle de planification, il y a l'atelier des directeurs
généraux de planification et il y a le conseil de planification
et de développement.
Je sais que le conseil de planification et de développement n'a
eu qu'une seule réunion, mais je voudrais demander au premier ministre
combien il y a eu, au cours de l'exercice précédent, de
réunions de la Commission interministérielle de
planification.
M. BOURASSA: Comme elle est présidée par M. Tremblay , si
le député n'a pas d'objection, sur ces...
M. LAURIN: D'accord, je n'ai pas d'objection.
M. BOURASSA: Sur ces questions-là, je pense qu'on est
d'accord.
M. LAURIN: Oui, d'accord.
M. BERTRAND: Tournez donc le micro vers vous.
M. BOURASSA: D'accord. Trois micros s'il le faut! Je pense qu'un seul va
suffire.
Je n'ai pas à la mémoire le chiffre exact des
réunions de la commission interministérielle de planification,
mais, de façon à peu près régulière sauf
durant les deux mois d'été, elle s'est réunie toutes les
deux semaines.
M. LAURIN: Toutes les deux semaines.
M. BOURASSA: De sorte que nous en sommes à l'heure actuelle
à la 41e réunion.
M. LAURIN: Est-ce que je pourrais vous poser la même question sur
l'atelier des directeurs généraux de planification? Combien de
réunions y a-t-il eues de cet atelier des directeurs
généraux de planification durant la même
période?
M. BOURASSA: L'atelier fonctionne d'une façon un peu
différente de la CIP. La CIP réunit les sous-ministres et les
réunit pour deux heures chaque deux semaines. Le tempo des
délibérations est évidemment plus rapide puisqu'il s'agit
de gens qui ont des décisions à prendre, des orientations
à indiquer. L'atelier, comme son nom l'indique, est un atelier qui se
réunit pour des sessions de deux ou trois jours à la fois, selon
les besoins et les orientations du travail en cours.
A titre d'exemple, depuis le mois d'août dernier, nous sommes
engagés dans des efforts de planification globale à travers
l'élaboration de ce que nous appelons les schémas de
développement spatial, économique, social et institutionnel, et
c'est à l'atelier des directeurs de planification que ces schémas
sont en voie d'élaboration. Ils font l'objet de sessions, sessions
globales de l'atelier d'une part, pour les orientations
générales, et par la suite, entre ces sessions d'étude, il
y a des groupes de travail qui se constituent en fonction de chacun des
schémas, compte tenu du schéma qui constitue ainsi une sorte de
centre d'intérêt.
Des membres du personnel des divers ministères, qualifiés
plus particulièrement pour étudier tel ou tel schéma, se
réunissent en équipe de travail. Quelle est la somme de toutes
ces réunions? Je ne peux pas la donner en chiffres précis, mais
cela se tient aussi de façon régulière.
M. LAURIN: Combien, par exemple, y a-t-il eu de sessions de cet atelier,
sessions de deux jours?
M. BOURASSA: De mémoire, je dirais qu'au cours de l'année
dernière, il y en a eu à peu près une dizaine, compte non
tenu des sessions particulières qui regroupent des équipes plus
petites et plus spécialisées.
M. BERTRAND: Si mon collègue de Bourget me le permet, aux
ateliers de direction, vous dites qu'il y a des discussions sur des
schémas. Ces schémas sont élaborés par qui? Les
schémas de développement économique, social...
M. BOURASSA: Ce sont les directeurs de planification des divers
ministères. L'office n'a pas d'agents dans les ministères, mais
il regroupe ceux qui assument la fonction de planification dans les
ministères. La plupart des ministè-
res ont des directions de planification ou des équipes qui en
tiennent lieu. L'office les regroupe dans le cadre de l'atelier, prépare
lui-même des documents, des matériaux qui sont discutés en
atelier, et dont la préparation est orientée par ces
discussions.
M. BERTRAND: L'initiative des travaux à l'atelier des directeurs
de planification peut venir par exemple du directeur de la planification au
ministère des Richesses naturelles. Sur un problème qui, a ce
moment-là, a un rayonnement dans plusieurs autres ministères, et
qui demande une étude concertée de tous les directeurs de la
planification, parce que dans presque tous les ministères ou à
peu près, vous avez un directeur de la planification.
M. BOURASSA: Pas toujours...
M. BERTRAND: Pas toujours mais qui est chargé de la
planification. Maintenant, quant au schéma, avez-vous des exemples d'un
schéma particulier, sans donner tous les détails, qui aurait fait
l'objet de conclusions, de recommandations de la part de l'atelier des
directeurs de planification? Et, à ce moment-là, où va ce
schéma sur lequel l'atelier des directeurs de planification s'est
prononcé?
M. BOURASSA: Prenons l'exemple du schéma économique qui a
dépassé le stade purement embryonnaire. Nous sommes relativement
modestes à cet égard, compte tenu de l'expérience du
passé. Nous ne prétendons pas arriver en criant lapin si
vous me permettez l'expression à une stratégie de
développement économique parfaitement structurée,
malgré les efforts que nous faisons. Quoi qu'il en soit, le
schéma de développement économique a dépassé
ce que j'appellerais le stade embryonnaire et voici les étapes qu'ils a
franchies: l'office lui-même, pour que l'atelier des directeurs de
planification ne se trouve pas dans une sorte de vide, a élaboré
un document d'à peu près 150 pages qui a été
présenté à l'atelier et qui a fait l'objet de trois ou
quatre sessions, si j'ai bonne mémoire, à lui seul. Après
que l'atelier eut donné ses réactions, que des travaux plus
spécifiques pour combler les lacunes que le texte initial comportait
eurent été donnés à des équipes plus
particulières, il y a eu d'autres sessions et, au cours de toute cette
période où l'atelier travaillait au schéma, on rapportait
au comité interministériel de planification, c'est-à-dire
au palier des sous-ministres eux-mêmes, toutes les données, au fur
et à mesure. Et à l'heure actuelle, comme le premier ministre l'a
annoncé à la première séance du Conseil de
planification, le brouillon comme nous disons de schéma de
développement économique, où il en est à l'heure
actuelle, a été précisément déposé au
Conseil de planification pour que celui-ci, à son tour, participe au
processus.
Je me permets d'insister sur ce point. Il y a là une forme de
participation probablement plus dynamique que si nous n'étions
allés au conseil qu'au moment où un schéma en bonne et due
forme, rendu au stade final, aurait été mis au point. Le conseil
a clairement manifesté son intérêt pour une participation
aussi précoce que possible à l'élaboration du
schéma de développement économique comme des autres
d'ailleurs même si, dans l'état où les travaux sont
à l'heure actuelle, on ne peut pas dire que c'est encore satisfaisant.
Ils ont préféré recevoir un brouillon pour être au
début du processus plutôt que d'attendre un ouvrage fini et de se
trouver devant quelque chose de trop rigidement fermé.
Voyez-vous c'est un atelier, en même temps que l'atelier CIP, et,
de toute évidence, les équipes de l'office travaillent
constamment aux mêmes objets. Voici que le Conseil de planification
lui-même est inscrit dans le processus.
M. LAURIN: Pourriez-vous nous résumer les travaux, le sens des
travaux qui ont été effectués cette année à
la commission et à l'atelier? Vous avez parlé d'un schéma
économique. Est-ce qu'il y a d'autres schémas qui ont
été étudiés et avec quels objectifs et quels
résultats jusqu'ici? Je ne vous demande pas le détail,
évidemment, mais les orientations.
M. BOURASSA: L'objectif visé, c'est d'arriver à au moins
formuler, dans les divers secteurs ou dans le cadre des schémas dont
j'ai parlé, un jeu d'alternatives ou d'options qui pourraient faire
l'objet de décisions ultérieures et qui pourraient, une fois les
décisions prises, constituer ce que j'appellerais peut-être
d'un terme ambitieux une stratégie de développement. C'est
l'objectif.
A l'heure actuelle, les travaux sont à un stade relativement
avancé en ce qui concerne le schéma économique, de
même que le schéma de l'organisation de l'espace; moins
avancé en ce qui concerne le schéma de développement
social. Ce qui nous préoccupe moins puisque, là-dessus, il y a
des travaux récents qui constituent déjà des orientations
assez importantes. Le schéma de développement institutionnel est
encore à l'état embryonnaire.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous indiquer les priorités
que vous avez pour l'année qui vient?
M. BOURASSA: En termes de priorités de travail, ce travail sur
les schémas constitue très clairement notre priorité.
M. LAURIN: Les schémas que vous avez mentionnés,
réaménagement de l'espace, développement institutionnel,
économique, social. Maintenant en ce qui concerne le Conseil de
planification ma question s'adresse au premier ministre...
M. BOURASSA: Je pense que M. Tremblay a démontré qu'il se
faisait de la planification. Ces schémas-là, c'est de la
planification.
M. LAURIN: J'ai été très heureux de ses
réponses.
M. BOURASSA: Cela, c'est de la planification.
M. LAURIN: En ce qui concerne le Conseil de planification et de
développement, vous êtes au courant, bien sûr, des
objections manifestées...
M. BOURASSA: Par qui?
M. LAURIN: ... par certains groupes intermédiaires quant à
la composition du Conseil de planification et de développement,
particulièrement en ce qui concerne l'insuffisance de la
représentation de certains groupes intermédiaires. Est-ce que le
premier ministre a pris bonne note de ces recommandations? Est-ce qu'il entend
modifier en quelque manière la composition du Conseil de planification
et de développement?
M. BOURASSA: Le premier ministre n'a pas l'intention de modifier le
Conseil de planification et de développement. Le député
doit comprendre que c'est assez difficile quand même de regrouper tous
les corps. Il ne fallait pas dépasser 35 parce que, là, ça
devenait absolument impossible d'avoir des réunions. On peut avoir une
discussion utile avec plus de 30 à 35 personnes. Il fallait avoir des
représentants de toutes les régions, des conseils
régionaux, des corps intermédiaires. On s'est attaqué
à M. Pierre Côté parce qu'il est un homme d'affaires. Ce
n'est pas parce que quelqu'un est un homme d'affaires,
précisément, on veut que le conseil fonctionne et on a
pensé qu'un homme d'affaires qui a fait ses preuves pouvait donner une
orientation pratique et utile au Conseil de planification. J'ai reçu la
représentation de la FTQ, mais je pense que le gouvernement a fait son
possible pour que le Conseil de planification, contrairement à ceux qui
l'on précédé, puisse fonctionner dans la composition, dans
les nominations qu'il a faites.
M. LAURIN : Est-ce que le ministre ne serait pas d'accord avec moi pour
dire que les centrales syndicales jouent un rôle de plus en plus
important dans la vie sociale et économique du Québec?
M. BOURASSA: Elles sont représentées.
M. LAURIN: Oui, elles sont représentées. Elles sont
quatre. Mais étant donné l'importance de ce rôle que jouent
déjà ces centrales syndicales, leur maturité de plus en
plus grande en ce qui concerne l'examen des grandes politi- ques de l'Etat, et
étant donné le rôle majeur qu'ont joué dans d'autres
pays, dans des organismes similaires, ces centrales syndicales, n'est-il pas
d'accord pour dire que la balance semble pencher plutôt dans le sens des
autres types de corps intermédiaires plutôt que dans le sens de
celui-là? Est-ce qu'il n'est pas d'accord pour dire qu'il y aurait
peut-être lieu de les faire participer d'une façon plus importante
au développement du pays?
M. BOURASSA: Il fallait, M. le Président, avoir des
représentants des conseils économiques régionaux et ceci,
évidemment, a augmenté le nombre de 25 à 35, il a fallu
prendre une décision. Il y a des représentants des conseils
régionaux qui m'ont personnellement demandé, au cours d'une
réunion, d'être représentés. Initialement, les
conseils régionaux ne devaient pas être représentés
par plus de deux ou trois membres deux membres et j'ai
augmenté à onze la représentation des conseils
économiques régionaux. C'est ce qui explique peut-être que
la proportion qui va aux chefs syndicaux est relativement faible. Si on
enlève les conseils économiques régionaux, si on tient
compte qu'il y a des représentants du Conseil supérieur de
l'éducation, des universités, du Conseil du travail et de la
main-d'oeuvre, du Conseil des Affaires sociales et de la Famille, le maire de
Montréal, le maire de Québec, on s'aperçoit que la
représentation syndicale paraît normale.
M. LAURIN : Etant donné que nous sommes déjà rendus
à 35 membres dans ce comité, est-ce qu'il y aurait tellement
d'objections à en ajouter quatre ou cinq? Je profite de l'occasion pour
rappeler au premier ministre que la plupart des centrales syndicales se sont
dotées, au cours des dernières années, d'organismes de
recherche qui ont fait un travail très utile sur plusieurs points et
qu'on pourrait tirer un meilleur parti de la contribution de ces centrales.
M. BOURASSA: J'ai lu leurs études sur les pâtes et
papier... ce sont de bonnes études.
M. LAURIN : Je pense qu'il y a d'excellentes études, pas
seulement dans certains secteurs industriels, mais dans toutes sortes d'autres
domaines, que ce soit le domaine du logement, que ce soit le domaine de
l'assurance-automobile; il y a plusieurs sujets sur lesquels les centrales
syndicales se sont penchées et ont donné des études
très valables. Il me semble qu'il y aurait intérêt à
tirer un meilleur parti de leur contribution. Et l'augmentation de la
composition du Conseil de planification et de développement de quelques
unités tirées de ces milieux pourrait, je crois, donner une plus
grande efficacité à ce conseil.
M. BOURASSA: J'ai donné, quand j'ai rencontré le conseil,
toutes les raisons pour la
composition du conseil. Je suis prêt à tenir compte des
remarques du député, mais j'ai donné les explications
pourquoi le conseil était composé ainsi.
M. LAURIN: Je souhaite que le premier ministre élève
à 40 membres la composition du Conseil de planification et de
développement.
M. BOURASSA: Je trouve que 35, c'est déjà pas mal
élevé.
M. LAURIN: A ce moment-là, on peut diminuer, et revenir à
20 et faire un meilleur étalonnage...
M. BOURASSA: ... Vous allez voir les conseils économiques
régionaux...
M. LAURIN: ... une meilleure répartition, qui refléterait
davantage aussi bien la composition que le dynamisme d'une
société.
M. BOURASSA : J'ai dit que c'est un pari, le Conseil de planification.
J'ai eu des hésitations à le former, je l'avoue, à cause
des antécédents, mais c'était dans la loi. Est-ce que je
modifiais la loi ou si j'appliquais la loi? J'ai décidé
d'appliquer la loi. J'ai décidé de former le conseil, mais c'est
un pari. Il se peut que cela ne fonctionne pas. Je leur ai dit, d'ailleurs,
qu'il ne fallait pas s'illusionner sur les chances absolues d'un fonctionnement
extraordinaire d'un tel organisme. S'il y a lieu de reviser après un
certain temps, le gouvernement va le faire sans hésitation.
M. LAURIN: Je crois, en effet, M. le Président, que cela
s'imposerait, parce que la composition du comité du conseil me semble
actuellement privilégier certains secteurs de la société
dont je reconnais toute l'importance, toute la contribution passée et
présente à l'évolution de notre société.
Mais je pense quand même que cela privilégie ces secteurs aux
dépens de secteurs nouveaux qui ont témoigné d'un grand
dynamisme au cours des années précédentes et dont
l'évolution du Québec pourrait profiter.
M. BOURASSA: Je vais envoyer les notes que j'ai dites au Conseil de
planification. Peut-être que le député va être
d'accord avec moi, comme d'habitude, après avoir pris connaissance de
mes déclarations.
M. LAURIN: Comme d'habitude, cela est bien me préjuger.
M. le Président, j'aurais une autre question d'ordre
général à poser au premier ministre sur les conseils
régionaux de développement. Je vois qu'à la page 96 du
rapport, on avait énoncé toute une philosophie de structuration
de ces conseils régionaux de développement. Par exemple, on dit
à l'article 1, qu'il y aurait un conseil régional de
développement par région administrative, que la région de
Montréal ferait exception, que le rôle des CRD serait un
rôle d'encadrement et de concertation, les agents régionaux de
développement, que ces conseils devraient tendre à une
représentativité recouvrant l'ensemble des secteurs, qu'ils
devraient regrouper les principaux organismes, qu'ils devraient être
autonomes, qu'ils devraient obtenir une accréditation officielle de
l'OPDQ, qu'ils devraient recevoir une assistance financière de
l'office.
On précisait également les relations de l'Office de
planification avec les conseils régionaux de développement. Dans
des régions où il y a un agent de liaison ou l'équivalent,
les liaisons se feraient d'abord à ce palier et à défaut
d'un tel agent, devraient s'établir directement avec l'office. L'office
entendait leur fournir également des instruments de travail, leur donner
des avis, organiser annuellement deux rencontres statutaires.
M. BOURASSA: Tout cela est fait;
M. LAURIN: Je voudrais savoir de M. Tremblay, si vous n'avez
d'objection, où on en est dans cette politique de regroupement du 30
janvier 1970, où on en est, combien de conseils y ont été
accrédités et quelles sont les relations actuelles des divers
conseils régionaux de développement avec l'Office de
planification.
M. BOURASSA: C'est en voie de réalisation. C'est presque
complet.
M. LAURIN: Mais j'aimerais avoir des précisions.
M. BOURASSA: M. Tremblay va donner des précisions, mais je dois
dire que j'ai rencontré les représentants de chaque conseil au
cours d'une réunion. J'ai exprimé les priorités du
gouvernement, combien l'information économique du gouvernement voulait
aussi complète que possible pour les différentes régions
et l'encadrement dont parlait le député, la mobilisation de
l'intérêt des citoyens des régions pour les objectifs du
gouvernement sur le plan de la croissance économique.
Les autres questions, c'était quoi? Il y a des subventions qui
sont données; on a augmenté les subventions de combien de
$200,000? Une autre action concrète du gouvernement, à chaque
conseil.
M. LAURIN: Ne manquez surtout pas l'occasion de le souligner.
M. BOURASSA: Non, non. On disait dans l'éditorial de la Presse
aujourd'hui que j'étais trop modeste. C'est ce que M. Cormier a dit.
M. BERTRAND: Vous avez dû rédiger l'article.
M. BOURASSA: C'est ce que M. Cormier écrivait aujourd'hui dans la
Presse.
On a augmenté les subventions de $200,000 afin de donner plus de
pouvoirs et un meilleur fonctionnement aux conseils économiques
régionaux. J'ai moi-même participé à celui du
Lac-Saint-Jean quand j'étais député.
Je m'étais rendu compte jusqu'à quel point, lorsqu'ils
avaient des dirigeants dynamiques, ces conseils régionaux pouvaient
être d'une extrême utilité...
M. LAURIN: Je le reconnais.
M. BOURASSA: ...qu'ils pouvaient faire des études très
valables pour le gouvernement. J'avais été vivement
impressionné, c'est pourquoi j'ai tenu à continuer leur oeuvre
à l'échelle provinciale.
M. LAURIN: Après cette introduction générale,
j'aimerais avoir...
M. BOURASSA: J'ai donné des faits concrets encore une fois:
$200,000...
M. LAURIN: Un fait concret, oui, d'accord.
M. BOURASSA: ...l'exemple du Conseil économique régional
du Lac-Saint-Jean et l'établissement des priorités lors d'une
rencontre entre le chef du gouvernement et les représentants des
conseils économiques régionaux. Ce ne sont pas des
généralités.
M. LAURIN: Où en est-on au sujet de toute cette politique de
regroupement qui est mentionnée au rapport?
M. BOURASSA: Une première précision, où ça
en est dans chaque région administrative, si j'ai bien compris la
question. Dans le Nord-Ouest c'est chose faite, dans le Lac-Saint-Jean de
même, dans l'Est du Québec, il y avait déjà
plusieurs années que la chose était réalisée, sur
la Côte-Nord c'est fait. Dans la région des Trois-Rivières,
c'est à peu près fait, sinon déjà fait depuis une
semaine ou deux. En ce qui concerne Québec, la chose est en voie de
consolidation, les journaux en ont parlé récemment, au cours des
dernières semaines. Dans l'Estrie, c'est également fait.
L'Outaouais, c'est également fait. Il reste la région de
Montréal, où la rive nord a à peu près
consolidé ses coordinations, si on peut dire. Quant au Montréal
métropolitain et à la rive sud, l'affaire est en discussion dans
le cadre particulier des travaux de la commission de développement de la
région de Montréal.
M. LAURIN: Et est-ce que ça se fait selon le schéma qui
apparaît dans le premier rapport de l'office?
M. BOURASSA: C'est-à-dire un CRD par région
administrative, sauf celle de Montréal où le plan si on
peut parler de plan dans ce cas-là prévoyait qu'il
pourrait y en avoir possiblement trois.
M. LAURIN: Et chacun des conseils regroupe l'ensemble des secteurs et
les principaux organismes?
M. BOURASSA: On ne peut pas dire d'une façon absolue qu'il en
soit ainsi à l'heure actuelle. Vous le savez aussi bien que moi, le
problème de représentativité et de regroupement
d'organismes souvent très divers habitués jusque là
à travailler de façon parallèle ou juxtaposée
plutôt que de façon concertée, tous ces problèmes ne
se résolvent pas très rapidement dans bien des circonstances,
mais je pense qu'il y a un consensus assez large pour que l'objectif
assigné à l'opération soit poursuivi par tout le
monde.
M. LAURIN: Est-ce que tous ceux que vous avez mentionnés sont
accrédités officiellement actuellement?
M. BOURASSA: Oui.
M. LAURIN: Est-ce que les deux rencontres annuelles dont vous parliez
dans le rapport ont eu lieu?
M. BOURASSA: Elles ont eu lieu. Pour ce qui est de l'année
dernière, un événement ou un fait nouveau modifie cet
aspect du projet qui était ainsi exposé, c'est que les CRD se
sont regroupés dans une association provinciale qui n'existait pas
à l'époque du rapport et qui s'appelle les CRD associés du
Québec, de sorte que les deux réunions dont nous parlions
à l'époque vont être largement dépassées.
L'association elle-même tiendra sûrement beaucoup plus que les deux
réunions minimales qui permettaient dans ce temps-là d'assurer
les liaisons à l'échelon provincial; d'autant plus qu'ils ont une
présence beaucoup élargie au conseil de planification: ils ont
maintenant onze postes à ce conseil, ce qui veut dire qu'il y aura
probablement des réunions beaucoup plus fréquentes qu'on ne le
prévoyait à ce moment-là, à l'échelon
provincial.
M. BERTRAND: Est-ce que les dirigeants de ces CRD sont tous des
bénévoles?
M. BOURASSA: Oui, à ma connaissance, il n'y a pas de
rémunération d'attachée à ces fonctions, à
moins qu'ils ne s'en donnent eux-mêmes, ce que nous ignorons
peut-être.
M. BERTRAND: On a parlé d'une subvention globale. Prenons un
exemple: le CRD du Nord-Ouest québécois. Quelle est la part de la
subvention à même ces $200,000 qui reviendrait au conseil?
M. BOURASSA: On a ajouté $200,000.
M. BERTRAND: Quel est le montant qui reviendrait au CRD? Prenons un
exemple pour essayer de...
M. BOURASSA: Saguenay-Lac-Saint-Jean, $42,000.
M. BERTRAND: Non, je parle du Nord-Ouest québécois. Qu'on
prenne le Lac-Saint-Jean.
M. BOURASSA: $44,000.
M. BERTRAND: Nord-Ouest québécois.
M. BOURASSA: $44,000. Dans le Lac-Saint-Jean, il y avait un ou deux
permanents.
M. PERTRAND: Est-ce qu'il y a également des cotisations
locales?
M. BOURASSA: Il n'y a pas de cotisations locales qui soient
imposées, mais il y a de très fortes incitations de notre part
à ce qu'ils recueillent une participation locale aussi importante qu'ils
le peuvent, parce que c'est un signe du sérieux de la participation
locale.
M. BERTRAND: Obtenez-vous des rapports financiers de ces CRD, des
rapports annuels?
M. BOURASSA: L'octroi de la subvention est subordonné à la
remise du rapport financier. En augmentant les subventions, nous avons
établi certaines normes pour assurer un meilleur fonctionnement. Il y a
$900,000 qui sont donnés à ce titre, par le gouvernement, pour
71/72.
M. LAURIN: Est-ce que plusieurs conseils régionaux vous ont fait
parvenir des avis au cours de l'année?
M. BOURASSA: Il parvient des avis assez régulièrement sur
des questions parfois particulières, mais des avis majeurs qui ont
été sollicités et effectivement donnés l'ont
été, en général, en association avec les travaux
d'une mission ou d'un équivalent de mission. C'est ainsi, par exemple,
que, dans le cas du Lac-Saint-Jean, le CRD de l'endroit a participé
très étroitement aux travaux de la mission du Lac-Saint-Jean et
présenté un avis très élaboré dans le temps;
de même, le CRD de l'Est du Québec a donné des avis
très élaborés sur d'autres objets que les travaux d'une
mission, mais des objets d'égale importance. On peut dire la même
chose du Conseil de développement du Nord-Ouest québécois.
Je soulignerai, par ailleurs, que, dans le cas des travaux de la mission de
l'Estrie, le CRD aura à donner un avis au fur et à mesure de la
progression des travaux. Dans les autres régions où il n'y a pas
de mission en bonne et due forme, des avis qui nous parviennent portent le plus
souvent sur des points plus particuliers, mais il en vient
régulièrement.
M. BERTRAND: Est-ce que, dans la plupart de ces CRD, des
représentants des conseils municipaux en font partie? Ce qui arrive
très souvent, c'est que vous allez avoir un CRD qui est constitué
de groupements, disons dans une région donnée. Or, quand il
s'agit de la réalisation de certains projets, immanquablement, on se
bute à un conseil municipal en particulier. Si la représentation
municipale est plutôt faible au sein de ces CRD, c'est sûr que son
action va être absolument annulée. Quel est à peu
près le rôle que jouent les représentants ou les conseils
municipaux avec les CRD?
M. BOURASSA: La meilleure réponse que je puisse donner est
celle-ci: C'est variable dans l'espace, d'une région à l'autre,
et parfois dans le temps, à diverses époques pour la même
région.
M. BERTRAND: Parce qu'il ne faut pas oublier je connais assez
bien les régions, surtout en dehors des grandes villes l'esprit
de clocher. Quand les CRD sont composés par un certain nombre de
représentants dans une région donnée, si la plupart des
représentants viennent d'une ville importante, il y a une apathie
terrible du reste de la région. Est-ce que, d'une façon
générale, jusqu'à présent, il semble je sais
qu'on n'atteindra pas l'objectif immédiatement, c'est long, mais on a
donné l'exemple du Saguenay-Lac-Saint-Jean est-ce qu'il semble,
dans le plan qui a pu être élaboré, qu'on serait
près de certaines réalisations?
M. BOURASSA: Dans le cas du Lac-Saint-Jean, il y a eu une participation
continue des municipalités.
M. BERTRAND: Je sais, il y a eu une participation continue des
municipalités de la région.
M. LAURIN: Une dernière question, est-ce que vous pourriez nous
donner le détail des subventions versées à chaque CRD?
M. BOURASSA: On peut bien la lire, elle est courte.
M. BERTRAND: Faites-en des photocopies.
M. BOURASSA: Je vais en envoyer une copie...
M. DUMONT: Vous avez tous parlé de l'Estrie avec tellement
d'enthousiasme! Est-ce que, soit les rapports, soit le manque d'organisation,
cela semblerait être clopin-clopan dans cette région ou si tout
simplement tout est encore à organiser?
M. BOURASSA: Est-ce que c'est votre région?
M. DUMONT: Cela peut se rendre dans la région.
M. BOURASSA: Je n'ai pas voulu du tout laisser entendre qu'il y avait
une hésitation de ma part...
M. DUMONT: On va s'en occuper d'ailleurs, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: ... c'est qu'effectivement dans l'Estrie nous venons de
faire démarrer les travaux de la mission depuis le début d'avril
et le service se concentre dans la participation aux travaux de la mission.
M. DUMONT: Cela veut dire que c'est orienté pour aller de l'avant
comme dans d'autres régions.
M. BOURASSA: Ah oui! C'est...
M. DUMONT: Je ne voudrais pas être négligé.
M. BOURASSA: M. le Président, vous n'avez pas d'objection
à continuer jusqu'à la fin des crédits. Je voudrais
terminer ce soir. J'ai mon avion qui m'attend, mais l'avion va...
M. BERTRAND: Je vais dire au premier ministre que nous arrêterons
à onze heures.
M. BOURASSA: Si je peux me permettre de demander un service au chef de
l'Opposition...
M. BERTRAND : Je n'ai pas d'objection. Disons que je ne suis pas le seul
et qu'il y a d'autres députés qui ont des questions à
poser.
M. BOURASSA: D'accord! Je veux dire, si on peut continuer, même
après onze heures, c'est parce que je dois partir pour Montréal
ce soir. Je voudrais terminer les crédits...
M. LAURIN: Il y en a certaines parties qui vous concernent et il y a
d'autres parties qui concernent le ministre responsable de l'ODEQ. On peut
garder peut-être ça pour le dernier.
M. TESSIER: Demain, je vais être ici.
M. BERTRAND: Je peux dire au premier ministre que pour autant que
ça le concerne comme ministre responsable de l'Office de planification
et de développement du Québec...
M. BOURASSA: Vous êtes satisfait du travail accompli.
M. BERTRAND: Non. Absolument pas satisfait, insatisfait de ses
réponses.
M. DUMONT: Surtout les réponses.
M. BERTRAND: Mais, je sais qu'il est fatiqué, même s'il est
jeune.
M. BOURASSA: Pas du tout! Pas du tout!
M. BERTRAND: Je sais qu'il a besoin de repos, qu'il a besoin de se
préparer pour la conférence de Victoria. Quant à moi je
suis prêt à lui donner congé. Maintenant, il y a d'autres
questions qui peuvent être posées au ministre des Affaires
municipales, mais je sais que le Dr Laurin a peut-être d'autres questions
à poser au premier ministre.
M. LAURIN: Oui, j'ai d'autres questions. M. BERTRAND: Alors, je lui
laisse la parole.
M. LAURIN: J'aimerais passer à un autre sujet, M. le
Président. Je n'aurai pas à y revenir dans le détail. Cela
sera autant de gagné. C'est une question qui touche les programmes ARDA.
Comme on le sait...
M. LE PRESIDENT: Le poste 5 est adopté, dans ce cas-là, si
on passe à ARDA?
M. LAURIN: On peut poser des questions. Je ne ferai pas d'objection pour
le détail.
M. BERTRAND: La discussion est finie...
M. LAURIN: C'est plus commode d'entremêler les questions
générales et les questions de détail.
M. BERTRAND: Autrement, suivre sous-article par sous-article, c'est la
méthode que, personnellement, j'ai toujours aimé le mieux suivre.
On fait une discussion et ensuite on adopte.
M. BOURASSA: Pour autant qu'on évite les
répétitions.
M. LAURIN: Oui, d'accord!
M. BERTRAND: Et qu'on fournit des réponses.
M. BOURASSA: Bien ça, c'est assuré. ARDA
M. LAURIN: Donc, M. le Président, ma question porte sur les
programmes ARDA. C'est un vieux programme. Cela fait au moins une dizaine
d'années que des ententes existent à ce sujet-là, la
deuxième entente ARDA expirait en 1970. Elle n'était pas encore
renouvelée, mais je vois par les journaux aujourd'hui qu'elle vient
d'être renouvelée.
M. BOURASSA: Cela a été signé il y a une
semaine.
M. LAURIN: Hier soir. Les journaux faisait état que vous aviez
apposé votre signature.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on peut déposer une copie de
l'entente?
M. LAURIN: Justement, c'était ma question.
M. BERTRAND: Si on l'avait, on aimerait bien en avoir une copie.
M. BOURASSA: Ce ne sera pas long.
M. BERTRAND: C'est signé, vous pouvez la déposer.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'entente qui avait expiré en 1970,
d'après les tableaux que j'ai lus, il semble que le Québec
n'avait pas encore reçu toutes les sommes qui lui avaient
été destinées. Est-ce qu'on pourrait avoir des
explications à ce sujet?
M. BERTRAND: Est-ce que c'est volumineux?
M. BOURASSA: Non, pas trop.
M. BERTRAND: Est-ce que je pourrais suggérer qu'on l'imprime au
journal des Débats en annexe au rapport du journal des Débats de
la session de cette commission parlementaire? Comme cela, tous les
députés pourront l'avoir.
M. BOURASSA: La part fédérale pour les ententes ARDA
antérieures à celle qui vient d'être signée
s'établissait à $21,800,000 en chiffres ronds, dont près
de $20 millions ont été actuellement perçus et dont le
solde va être perçu au fur et à mesure de la terminaison
des travaux en cours.
M. LAURIN: C'est donc la raison. C'est que les programmes n'avaient pas
été complétés.
M. BOURASSA: Certains de ces projets vont se prolonger en 71/72 et
parfois même il y en a un ou deux, je pense en 72/73.
M. LAURIN : Je n'ai pas encore lu le texte de l'entente,
évidemment l'entente nouvelle, mais, est-ce que, comme semble indiquer
le rapport, l'entente porte sur une foule de petits projets ou sur des projets
majeurs, comme le projet agro-forestier du lac Saint-Jean dont il est mention
dans le rapport ou quelques autres projets majeurs? Ce sont de petits
programmes...
M. BOURASSA: L'entente comme telle est une sorte d'entente-cadre
à l'intérieur de laquel- le on ne trouve pas de projets
spécifiques. Mais l'orientation qui a été convenue, c'est
qu'à l'intérieur de cette entente-cadre, on viserait
désormais, non plus à ce que j'appellerais une sorte de
saupoudrage de projets spécifiques très limités, mais
à des projets plus généraux, mieux intégrés,
dont le prototype, pour l'instant, est le projet agro-forestier dont il a
déjà été question et qui couvre un ensemble
d'opérations qui seraient intégrées et qui toucheraient
beaucoup plus d'aspects de la réalité du développement
rural et agricole.
M. LAURIN: Est-ce que c'est un projet qui mobiliserait une grande partie
de la somme prévue à la nouvelle entente?
M. BOURASSA: Une partie importante, mais dont le montant pourrait
difficilement être évoqué à l'heure actuelle,
puisque nous en sommes au stade d'une sorte d'accord de principe et d'une
discussion sur les modalités précises du projet.
M. LAURIN: Quel montant global est prévu pour la nouvelle
entente? Les articles de journaux n'en faisaient pas mention.
M. BOURASSA: Cela n'est pas fixé de façon absolue, l'ordre
de grandeur.
M. LAURIN: Quel est l'ordre de grandeur?
M. BOURASSA: Ce serait de l'ordre de $60 millions, je pense, pour les
cinq ans prévus, donc $30 millions fédéraux et $30
millions provinciaux.
M. LAURIN: $30 millions fédéraux et $30 millions
provinciaux.
M. BOURASSA : Parce que l'entente ARDA a gardé cette
caractéristique d'un partage moitié-moitié.
M. LAURIN: Est-ce à dire, M. le Président, que les autres
projets, à part le projet agroforestier, seront ajoutés au fur et
à mesure que se poursuivront les études du comité
interministériel de planification et de l'atelier des directeurs de
planification?
M. BOURASSA: De même que du comité de développement
prévu par l'entente qui est un comité conjoint
fédéral provincial. La réponse est oui.
M. LAURIN: Et c'est un projet qui se terminera en 1975?
M. BOURASSA: L'entente va de 1971-72 à 1976.
M. LAURIN: 1972 à 1976. Mes autres questions porteraient sur la
mission du Nors-Ouest
québécois créée en janvier 1970, et pour
lequel nous avons eu un rapport en mars 1971. Tout de suite après ce
rapport en mars 1971, on a eu un avis du CERNOQ en mai 1971, et j'ai
remarqué des différences assez marquées entre le rapport
de la mission de planification et l'avis du CERNOQ. Est-ce que le ministre
pourrait commenter un peu ces différences, sur ses raisons d'être
et sur les conclusions qui en ont peut-être déjà
été tirées par les organismes de planification!
M. BOURASSA: C'est-à-dire que l'office étudie exactement,
ces temps-ci, l'avis qui a été reçu il y a quelques
semaines seulement pour voir comment expliquer ces contradictions. Ils doivent
demander de présenter au premier ministre, au chef du
gouvernement...
M. LAURIN: Il semble que l'essentiel des différences consiste
justement sur les priorités de développement, l'importance
relative qui doit être accordée aux différents secteurs.
Votre réponse indique que l'office n'a pas encore pris position par
rapport à ces différences.
M. BOURASSA: Comme M. Tremblay me le signale, c'est encore à
l'étude.
M. LAURIN : C'est encore à l'étude. Est-ce qu'on peut
demander au ministre où le gouvernement en est dans la formation de la
conférence administrative régionale dans le Nord-Ouest
québécois?
M. BOURASSA: Ce n'est pas encore...
M. LAURIN: Elle n'est pas encore en place?
M. BOURASSA: Non, contrairement à celle du Lac-Saint-Jean.
M. LAURIN: Est-ce que l'office a accepté la création d'une
société régionale de développement sur laquelle
semble insister beaucoup l'avis du CERNOQ?
M. BOURASSA: Comme les autres recommandations, c'est présentement
étudié par l'office.
M. LAURIN: Il y avait une recommandation très spécifique
dans l'avis du CERNOQ en rapport avec l'établissement d'une nouvelle
usine de papeterie dans la région. Est-ce que ce projet est
étudié? Est-ce que le cabinet des ministres a été
saisi de la question? C'est un autre projet qui devra être
étudié...
M. BOURASSA: Le ministère des Terres et Forêts a toute une
série de projets comme ceux-là, et dans ce secteur-là ou
les secteurs connexes, on connaît les problèmes dans les
pâtes et papier. Evidemment, c'est une période très
difficile et qui ne semble se corriger qu'extrêmement lentement. Les
décisions à prendre dans les nouvelles industries doivent
l'être avec circonspection.
M. LAURIN: C'étaient toutes les questions que j'avais sur la
mission du Nord-Ouest québécois.
M. BOURASSA: Merci, M. le Président. Passons au sujet
suivant.
Zones spéciales
M. LAURIN: Oui, j'ai d'autres questions sur les ententes sur les zones
spéciales. On sait qu'il y a une entente qui a été
signée le 8 juin 1970 et qui vient d'être modifiée par
l'addition de...
M. BOURASSA: $50 millions... M. LAURIN: $30 millions... M. BOURASSA: $67
à... M. LAURIN: ...à $100 millions.
M. BOURASSA: Mais j'avais signé l'an dernier pour $52 millions,
le 8 juin. Depuis un an, on a doublé le montant, $50 millions de
plus.
M. LAURIN: Le montant global, c'est $100 millions.
M. BOURASSA: C'est ça, mais c'était $52 millions quand
nous avons pris le pouvoir.
M. LAURIN : Vous allez faire rougir M. Guy Cormier, si vous continuez.
Il va être obligé de rattraper son éditorial.
M. BERTRAND: Il aurait été un bon...
M. BOURASSA: Je dis ça, mais c'est parce qu'on critique. J'ai le
droit de donner... je donne les faits sans les commenter.
M. BERTRAND: yous ne vous vantez jamais. Celui qui va prétendre
que vous le faites est mieux de venir nous voir.
M. LAURIN: Je le dis, parce que c'est la vérité.
M. BOURASSA: J'ai des observateurs impartiaux qui regardent la
réalité et concluent...
M. LAURIN: A ce sujet, M. le Président, pour empêcher le
premier ministre d'aller plus loin dans cette voie néfaste, est-ce qu'on
peut lui demander s'il pourrait déposer également la copie de
cette entente sur les zones spéciales?
M. BOURASSA: Je vais en parler à M. Marchand, parce que le
gouvernement fédéral, forcément, est impliqué
aussi.
M. LAURIN: C'est notre argent aussi qui part du fédéral,
M. le Président.
M. BOURASSA: Oui, d'accord. Je le sais, mais je pense que le
député va comprendre que le minimum de courtoisie avant de rendre
une entente publique l'ancien premier ministre est d'accord, M. le
député de Mégantic est d'accord que, dis-je, le
minimum de courtoisie, c'est...
M. LAURIN: M. le Président, j'ai remarqué...
M. BOURASSA: Pour celle-là comme pour celle de TARDA.
M. BERTRAND: La même chose.
M. LAURIN: ...à la lecture du rapport que le contenu de ces
ententes est très imprécis. On ne sait pas exactement à la
lecture du rapport quels sont les programmes qui seront effectués, qui
portent, bien sûr, sur les infrastructures. Est-ce que le ministre
pourrait nous expliquer pourquoi... mais ce qui a filtré dans les
journaux...
M. BOURASSA: Les annexes de l'entente sont très précises.
Je me souviens quand j'ai signé, pour tous les éléments,
les infrastructures, tout est détaillé avec les montants.
M. LAURIN: Est-ce que, dans l'entente que vous allez déposer,
probablement, tous ces détails-là sont...
M. BOURASSA: Je ne crois pas qu'il y ait d'objection à ce que ce
soit public.
M. BERTRAND: Non, vous en avez un qui a été
publié.
M. BOURASSA: D'accord, le député va avoir tous les
détails, les moindres cents qui sont dépensés,
l'affectation est donnée.
M. LAURIN: En ce qui concerne la préparation de ces
ententes...
M. BOURASSA: On me dit que le rapport est de 69/70; l'entente a
été signée en juin. C'est pourquoi on n'en parlait
pas.
M. LAURIN: En ce qui concerne le mécanisme d'élaboration
de ces ententes, est-ce que le ministre pourrait nous préciser les
méthodes de travail qui sont faites, car il y a plusieurs corps
d'impliqués. Il y a des cités et villes, il y a des
municipalités, il y a le palier provincial et il y a le palier
fédéral. Quels sont les mécanismes qui entrent en jeu,
quels sont les corps administratifs concernés, comment en arrive-t-on
à la préparation d'un projet?
M. BOURASSA: C'est à tous les niveaux.
Encore ce matin, je discutais avec le ministre de l'Expansion
économique régionale pour augmenter le montant de la voirie pour
l'Est du Québec et ça se fait au niveau des fonctionnaires, au
niveau des ministres, en négociation avec les municipalités.
M. LAURIN: Par exemple, d'où viennent les demandes? Comment
proviennent les demandes? De quelle façon vous sont-elles transmises?
Où sont-elles étudiées? Quel travail de coordination
s'effectue, de quelle façon? Est-ce que vous pourriez nous donner des
détails là-dessus?
M. BOURASSA: L'entente prévoit deux mécanismes majeurs: un
comité de développement qui a la responsabilité
générale de l'exécution de l'entente, comité de
développement conjoint, et un comité d'exécution qui voit
aux affaires courantes et qui reçoit précisément, en
première étape, les demandes ou les projets qui peuvent provenir
soit de municipalités, soit de ministères du gouvernement
québécois.
Le comité exécutif fait une analyse de ces demandes dont
certaines ne cadrent pas avec les objectifs de l'entente et, lorsqu'il a
procédé à cette analyse, il soumet des recommandations au
comité de développement, qui les accepte ou pas. C'est le
mécanisme principal.
M. LAURIN: Est-ce qu'à un moment donné les demandes se
retrouvent dans les ministères et ensuite au conseil des ministres?
M. BOURASSA: Toutes les demandes qui proviennent des ministères,
évidemment par définition, reflètent par hypothèse
les perceptions du ministère. Lorsqu'il s'agit de demandes venant de
municipalités, par exemple, et qui mettent en cause, soit le
ministère des Affaires municipales, soit la Régie des eaux, soit
la Société d'habitation ou tout organisme du même ordre, il
y a communication immédiate avec les organismes impliqués. C'est
après cela seulement qu'un projet donné franchit les
étapes ultérieures. Les mécanismes en question on
pourrait se poser la question sont-ils efficaces? Un indice. Les sommes
prévues pour l'exercice 70/71 ont été effectivement
dépensées dans la proportion de 95 p.c.
M. LAURIN: Il y avait aussi dans ma question: Est-ce qu'à un
moment donné, une fois le programme terminé, il a à
être approuvé par le conseil des ministres?
M. BOURASSA: Selon les termes de l'entente, les deux conseils des
ministres approuvent le montant global qui est effectivement mentionné
à l'article 8 de l'entente. A l'intérieur de ce montant global,
des amendements à l'annexe B, où se trouve la liste des projets
ou programmes spécifiques, peuvent être approuvés par les
ministres, signataires de l'entente.
M. LAURIN: Combien de ministères sont impliqués dans la
signature de la dernière entente?
M. BOURASSA: Sept ou huit. De mémoire, je n'ai pas toute la liste
à l'esprit.
M. LAURIN: Votre réponse semble indiquer que vous êtes
satisfait des mécanismes actuels d'élaboration et
d'exécution des programmes?
M. BOURASSA: A qui demandez-vous cela? M. LAURIN: A M. Tremblay.
M. BOURASSA: Je veux dire, c'est une décision...
M. LAURIN: Je vous la pose à vous.
M. BOURASSA: Nous sommes satisfaits.
M. LAURIN: Oui, D'accord!
M. BERTRAND: Il est satisfait jusqu'à...
M. LAURIN: Très bien. J'avais une autre série de questions
sur le conseil de développement de la région de Montréal.
Comme vous nous le disiez tout à l'heure, vous avez constitué une
commission chargée de la planification et du développement de la
région nord de Montréal autour du nouvel aéroport de
Sainte-Scholastique. Une entente a été conclue à ce sujet
avec le Centre de recherche urbaine et régionale pour
l'aménagement de cette région. Ce rapport a été
déposé en janvier 1971. On se rappelle qu'il a soulevé des
protestations de plusieurs villes de la région. Je voulais vous demander
quel sort avait été fait aux protestations de ces villes en ce
qui concerne le rapport du CRUR. Est-ce que ç'a donné lieu
à des modifications de programmes ou à des orientations nouvelles
pour l'avenir?
M. BOURASSA: Une commission consultative regroupe les deux CRD et va
faire un rapport.
M. LAURIN: Est-ce à dire, M. le Président, qu'aussi bien
les recommandations du Centre de recherche urbaine et régionale que les
représentations des villes n'ont pas fait encore l'objet d'une
acceptation de la part du gouvernement?
M. BOURASSA: Non, M. le Président.
M. LAURIN: Les discussions ont commencé, mais aucune
décision n'a été prise en ce qui concerne ces
recommandations. On peut donc présumer qu'aucune de ces recommandations
n'a encore été appliquée et ne le sera dans un avenir
prochain?
M. BOURASSA: Un avenir prochain, ça dépend comment vous le
définissez.
M. LAURIN: Justement. Quel est le rythme de travail de ce comité
consultatif et pour quand peut-on prévoir l'acceptation de ces
recommandations ou leur non-acceptation?
M. BOURASSA: Au prochain budget, il devrait y avoir des
orientations.
M. LAURIN: Pas avant?
M. BOURASSA: Je ne crois pas. Non. Cela approche, ça va vite. Il
y en a encore pour 6 ou 7 mois. Avant si possible !
M. LAURIN: Lorsque nous avons discuté le projet de loi 60 sur
l'aéroport de Sainte-Scholastique, on a discuté le sort
éventuel des terrains qui avaient été expropriés
par le gouvernement fédéral autour de la zone des pistes
d'atterrissage. On s'était rendu compte, à ce moment-là,
que le fédéral avait exproprié beaucoup plus de terrains
que ce dont il avait strictement besoin pour les besoins de
l'aéroport.
On avait demandé, à ce moment-là, à quel
usage serviraient ces terrains. On avait demandé: Est-ce que le
gouvernement du Québec a été consulté sur l'usage
de ces terrains? Est-ce que le gouvernement provincial a une position sur
l'utilisation de ces terrains, sur ce qui doit en advenir? Je rappelle ici au
ministre que, même un représentant fédéral, M. Paul
Hellyer, avait déjà jugé, dans le temps, que ces terrains
devaient revenir au Québec.
M. BOURASSA: A cette autre bonne question du député de
Bourget, je vais répondre que nous avons examiné la question de
ces terrains-là. Nous avons fait une proposition au gouvernement
fédéral pour assurer leur meilleure utilisation dans le contexte
de développement industriel de la région et de la nature des
industries qui vont s'y trouver à cause de l'établissement de
l'aéroport de Sainte-Scholastique. Nous avons pensé à une
formule originale qui pourrait contribuer, si elle avait l'accord du
gouvernement fédéral nous négocions actuellement
avec lui à un développement économique
articulé de cette région.
M. LAURIN: Qu'appelez-vous une meilleure utilisation de ces terrains? Y
a-t-il des orientations?
M. BOURASSA: Vous voudriez que ce soit sans planification, tout cela? Le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral
je ne connais pas la proportion qui a été proposée pour
les deux gouvernements pourraient jouer un rôle important et
déterminant. Comme je le disais tanôt, en réponse à
la question du député de Gouin, il était impossible
souvent, parce que nous n'avions pas le contrôle de tous les
éléments, d'orienter le développement économique
dans une direction ou dans une autre, même si nous avions fixé des
objectifs. Mais,
dans ce cas-là, à cause de la possession ou de la
propriété des terrains, il serait possible au gouvernement
d'utiliser ces terrains-là vers une meilleure utilisation,
c'est-à-dire qu'il faudrait attirer dans cette région-là
les industries qui sont susceptibles de croître plus rapidement à
cause de l'établissement de l'aéroport.
M. LAURIN: Est-ce que vos études...
M. BOURASSA: Tout le transport, le matériel de transport
relié...
M. LAURIN: Est-ce que vous avez fait des propositions précises ou
avez-vous donné au gouvernement fédéral des indications
précises?
M. BOURASSA: On a fait des propositions très précises.
J'avais eu une rencontre avec M. Jamieson et M. Marchand à ce
sujet-là. Nous avons fait des propositions très précises.
Je ne pense pas que ce soit important de les rendre publiques pour
l'instant.
M. LAURIN: Est-ce à dire que le ministre renonce à
l'idée de ramener au Québec la propriété de ces
terrains?
M. BOURASSA: On ne renonce pas. On prend la meilleure formule, la moins
coûteuse, la plus productive, selon la méthode habituelle.
M. LAURIN: Mais, il reste que vous auriez beaucoup plus de
facilité à proposer une utilisation tout à fait conforme
aux intérêts du Québec, si vous étiez
propriétaires de ces terrains.
M. BERTRAND: Je n'ai jamais été aussi convaincu que
cela.
M. BOURASSA: M. le Président, je pourrai soumettre tantôt
au chef de l'Opposition, au chef adjoint du Ralliement créditiste...
M. BERTRAND: Il y en avait eu une formule, à l'époque.
Etant donné que le...
M. BOURASSA: ... la formule privément. C'est une formule
ingénieuse.
M. BERTRAND: Le gouvernement fédéral s'étant
porté acquéreur de ces terrains, je sais que l'un de mes
collègues avait suggéré, à ce moment-là
je pense que c'était à M. Jamieson
premièrement que ces terrains-là ne soient pas utilisés du
tout par le gouvernement fédéral. Deuxièmement, que ce
soit le gouvernement du Québec qui en devienne acquéreur de la
façon suivante: au fur et à mesure que l'on pourrait y implanter
ou y diriger des industries occupant une partie du terrain, on gèlerait
tout le terrain et le gouvernement fédéral s'engagerait à
rendre au gouvernement du Québec ces terrains à un prix de...
étant payé par le prix de vente que nous obtiendrions de
l'industriel qui voudrait aller s'établir, sans
intérêts.
M. BOURASSA: Nous, nous demandons un peu plus.
M. BERTRAND: C'était une assez bonne proposition.
M. BOURASSA: Nous demandons plus que cela.
M. BERTRAND: On la retrouvera; je ne sais pas si elle a
été faite par écrit. Je dis que cela en est une. Ce
n'était pas compliqué.
M. BOURASSA: Nous en avons trouvé une meilleure.
M. BERTRAND: Nous en avions une meilleure aussi, c'est que les terrains
étaient tout simplement remis au Québec.
M. BOURASSA: Ecoutez.
M. LAURIN: Cela serait vraiment la meilleure.
M. BOURASSA: C'est à peu près dans le type de
réalisme... Donnez-nous ça gratuitement.
M. BERTRAND: Non, cela était la meilleure... S'ils ont
exproprié...
M. LAURIN: Parce qu'ils ont exproprié plus que ce dont ils
avaient besoin.
M. BERTRAND: ...plus qu'il ne fallait.
M. BOURASSA: On a une formule qui est, à la fois, plus
réaliste et plus profitable au Québec.
M. LAURIN: Mais n'êtes-vous pas d'accord qu'ils ont
exproprié plus que ce dont ils avaient besoin?
M. BOURASSA: D'accord. Mais ils ne sont pas forcés par la loi de
nous donner gratuitement ces terrains.
M. LAURIN: Evidemment.
M. BOURASSA: On a essayé de trouver une formule et on en a
trouvé une. Je pourrai la donner privément tantôt.
M. BERTRAND: C'est sûr. Ils n'avaient pas le droit d'exproprier
plus que pour l'aménagement de l'aéroport.
M. BOURASSA: Tantôt je pourrai donner la formule.
M. BERTRAND: Là, nous sommes en terrain solide.
M. BOURASSA: Ils peuvent les revendre
quand même, il ne faut pas exagérer. On peut les demander,
mais il faut demander des choses qui...
M. LAURIN: Ils peuvent les revendre. Au fond, ils ont pris du terrain
qui appartenait à l'Etat du Québec.
M. TESSIER: Pas à l'Etat du Québec. Ce sont des terrains
qui appartenait à des particuliers.
M. LAURIN: D'une façon, oui, bien sûr.
M. BOURASSA: Nous ne sommes pas en régime socialiste.
M. LAURIN: Mais quand même, ça appartenait au Québec
d'abord.
M. BOURASSA: A des Québécois et à des
Canadiens.
M. TESSIER: Et ça reste encore à l'intérieur de
l'Etat du Québec.
M. LAURIN: Oui, mais avec toutes les limitations que le régime
fédéral implique.
M. BOURASSA: Je pense que le débat dévie un peu... Le
député pose des questions qui sont très pertinentes; je le
félicite. Il a très bien préparé la séance
de ce soir; je veux lui rendre hommage. Je lui a dit que nous pourrons lui
répondre tantôt sur la formule que nous avons proposée,
mais on me signale que ce ne serait pas opportun de le faire publiquement ce
soir.
M. LAURIN: D'accord, je suis très satisfait de cette
réponse.
M. BOURASSA: De même que des remarques initiales?
M. LAURIN: Tout ce qui me reste, c'est l'Office de l'Est du
Québec. Mais comme j'ai énormément de questions à
poser là-dessus, je me demande si on ne pourrait pas ajourner la
séance. J'ai eu une grosse journée moi aussi.
M. BERTRAND: Le ministre va répondre à l'ODEQ?
M. BOURASSA: Cela veut dire que je peux partir pour Victoria en me
disant que tous mes crédits sont adoptés?
M. BERTRAND: Les vôtres, oui.
M. LAURIN: C'est ça. Il nous resterait l'Office de l'est du
Québec. J'en aurais sûrement pour une heure ou une heure et
demie.
M. TESSIER: Demain matin, immédiatement après la
période des questions, nous pourrions nous réunir de nouveau.
M. LAURIN: Dans la mesure où les leaders parlementaires sont
d'accord.
M. BOURASSA: Nous allons nous organiser.
M. BERTRAND: A ce moment-là tous les crédits seront
adoptés?
M. LAURIN: Nous vous donnons un quitus.
M. BOURASSA: Merci beaucoup.
M. BERTRAND : Nous vous donnons congé.
M. BOURASSA: Cela veut dire que demain midi les crédits
pourraient être adoptés.
M. LAURIN: Probablement.
M. BOURASSA: Je voudrais remercier mes collègues de l'Opposition,
le chef de l'Opposition, le chef du Parti québécois, tous les
membres de la commission.
M. BERTRAND: Bon voyage. Vous saluerez la reine Victoria pour nous.
M. DUMONT: Vous n'oublierez pas d'être debout à
Victoria.
M. BOURASSA: Comme d'habitude. (Fin de la séance: 22 h 38)
Séance du vendredi 11 juin 1971(Quatorze heures
quarante-sept minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
présidence du Conseil): A l'ordre, messieurs!
M. TESSIER: Alors, M. le Président, j'attends la première
question.
ODEQ
M. GAGNON: M. le Président, il s'agit de l'étude des
crédits de l'Office de planification et de développement du
Québec. Nous allons résumer brièvement. D'abord, disons
que c'est un organisme extrêmement important. Plusieurs sont d'accord
pour reconnaître qu'à l'intérieur de cet organisme, les
structures ne sont peut-être pas toutes en place. Je sais que le ministre
déclarait, au cours de l'automne dernier, entre autres, ici j'ai
le journal daté du 25 novembre "L'Office de développement
de l'Est du Québec se donne une nouvelle structure." Je sais, par
ailleurs, et cela, ce n'est pas au niveau du ministre, c'est au niveau,
parfois, de l'organisation et surtout de la Fonction publique, que depuis
quelques années, on a surtout de la difficulté à mettre en
place des coordonnateurs des différents ministères. On a connu
cela sous le gouvernement précédent, cela se voit encore sous le
gouvernement actuel. Parfois, on a des difficultés de procédure
à la Commission de la fonction publique. A certains moments, surtout
dans un organisme comme l'ODEQ, qui a à administrer des centaines de
millions, à la suite d'un projet qui a été mis sur pied il
y a plus de huit ans, la population éprouve presque de l'angoisse. A ce
moment-là, on sent qu'il y a des retards qui sont causés parce
que des ministères ne peuvent pas nommer en temps les coordonnateurs ou
qu'il y a du moins retard dans leur nomination.
Entre autres, j'ai présent à l'esprit le cas du
coordonnateur du ministère des Terres et Forêts, qui n'est pas
encore nommé. Il y a environ trois semaines à un mois, j'ai eu
à discuter des problèmes concernant les scieries, avec le
coordonnateur du ministère des Terres et Forêts. Il a fallu que
j'aille à ce ministère pour apprendre que le coordonnateur
n'était pas en place. Somme toute, j'ai vu à ce ministère
qu'on n'y connaissait pas grand-chose.
Je ne sais pas s'il n'y aurait pas lieu d'envisager une politique rapide
et si le conseil des ministres doit prendre ses responsabilités, mon
Dieu! qu'il les prenne et qu'il soit au-dessus des formalités qui
pourraient embarrasser un organisme comme l'ODEQ à l'intérieur de
la procédure de la Fonction publique.
Et le conseil des ministres, s'il le faut, qu'il procède par
arrêté ministériel pour qu'on puisse, quand il y a les
hommes en place dans les différents ministères, aller de l'avant
avec des projets qui sont là à l'état latent parce qu'il
n'y a pas toutes ces structures, que l'organisation n'est pas complète
et que retardent dans différents ministères des projets qui sont
là. D'ailleurs on s'aperçoit chaque année qu'un montant
assez appréciable revient dans des crédits périmés
qui sont versés de nouveau au fonds consolidé de la province pour
être ensuite votés dans un autre budget.
Je crois que l'une des tâches auxquelles le ministre doit
s'attaquer c'est bien celle-là, de façon à être
certain, d'être convaincu que l'organisme est bien en place, qu'il a tout
le personnel voulu et qu'on n'est pas retardé par des chinoiseries de
cette sorte qui indisposent fortement la population. D'ailleurs, le climat
social qu'on a connu en Gaspésie depuis un peu plus d'un an
démontre sans aucun doute qu'il y avait des malaises et qu'il est temps
que ceux qui ont la responsabilité de l'administration prennent les
dispositions nécessaires pour agir avec le plus de diligence
possible.
M. TESSIER: M. le Président, je remercie mon collègue de
Gaspé-Nord qui, comme moi, étant un député de la
région, a un grand intérêt à voir à ce que
l'ODEQ fonctionne et le mieux possible.
Lorsque j'ai déclaré on a fait allusion à
une certaine déclaration que j'aurais faite sur de nouvelles structures
à l'ODEQ à ce moment-là ce que j'avais à
l'idée, ce que j'ai d'ailleurs explicité, c'était d'abord
le fait que le premier ministre responsable de l'Office de planification, de
qui relève l'ODEQ, m'avait délégué ses pouvoirs
comme ministre spécialement chargé de l'aménagement du
plan pour l'Est du Québec, en somme, ministre responsable de
l'exécution du plan et des projets.
C'était déjà un premier pas. Et du même coup
par un arrêté ministériel du 18 novembre 1970, des pouvoirs
spéciaux m'étaient confiés. Ces pouvoirs consistent
à prendre la responsabilité de l'exécution des projets. Si
un ministère refuse ou retarde indûment, suivant ce que je peux en
juger, de réaliser un projet je crois que c'est ce qui manquait
depuis le début, sans faire de reproche à qui que ce soit
c'est que chaque ministère était laissé à son
propre gré de voir à la réalisation des projets. Comme on
le sait, plusieurs ministères et mon collègue le sait
pertinemment, j'en suis convaincu n'étaient pas convaincus, les
hauts fonctionnaires n'étaient pas convaincus même de
l'utilité d'un tel plan.
Alors, aujourd'hui, la conséquence c'est que depuis cette
nouvelle structure, aucun projet n'a été retardé
indûment. Je n'ai même pas eu à avoir recours à ce
nouveau pouvoir parce que, à chaque fois qu'un projet a
été soumis, les documents étaient signés dans les
quelques jours qui suivaient et le projet était mis à
exécution.
Tout de même, dans certains cas, je peux dire que j'ai dû
intervenir personnellement
notamment dans la nomination d'un certain coordonnateur. Mon
collègue en a fait allusion tout à l'heure, c'est vrai. Des
ministères négligeaient même de nommer des coordonnateurs
à la conférence administrative au sein de l'ODEQ.
Il a cité l'exemple des Terres et Forêts. Je puis dire que
depuis assez récemment le ministère des Terres et Forêts a
un nouveau coordonnateur en place à Rimouski en la personne de M. Benoit
Ouellet.
A peu près tous les ministères actuellement sont
représentés.
M. GAGNON: A peu près tous, est-ce qu'il y en aurait qui ne le
seraient pas?
M. TESSIER: J'ai la liste ici. Il reste un seul ministère qui n'a
pas encore de coordonnateur et c'est le ministère des Transports.
M. GAGNON: Est-ce qu'il y a une raison?
M. TESSIER: Je ne sais pas s'il y a une raison mais je peux vous dire
que j'ai entrepris des démarches, il y a une quinzaine de jours lorsque
la chose a été portée à ma connaissance,
auprès de mon collègue le ministre des Transports. La Commission
de la fonction publique a commencé la procédure dans le but
d'ouvrir ou d'annoncer ce poste qui, j'espère bien, sera comblé
au cours des prochaines semaines. Ceci complétera
définitivement...
Mon collègue a raison également en disant qu'il y a eu un
départ assez lent. Et pour, justement, corroborer, ce qui vient
d'être dit, pour la première année d'opération,
c'est-à-dire dès l'année qui a suivi la signature de
l'entente, 68/69, seulement 45.7 p. c. du budget a été
dépensé.
M. GAGNON: Pour un montant de?
M. TESSIER: 45.7 p. c. pour l'exercice 68/69.
M. GAGNON: Sur un global de?
M. TESSIER: Sur un budget, à ce moment-là, qui
était de $7.8 millions.
M. LAURIN: Cela fait $3.7 millions.
M. TESSIER: C'est bien ça. $3.6 millions d'après le calcul
que j'ai ici.
L'année suivante, l'exercice financier 69/70, a connu une
meilleure performance. C'est-à-dire que nous avons dépensé
à ce moment-là 53.3 p. c. du budget.
M. GAGNON: Sur un total?
M. TESSIER: C'est-à-dire $11.2 millions sur un budget de $21
millions. C'était tout de même une légère
amélioration.
M. LAURIN: J'ai dit 18, M. le Président, parce que c'est ce que
j'ai vu dans le rapport de M. Tremblay, $18.4 millions, prévisions
budgétaires et dépenses effectives $11.4 millions.
M. TESSIER: Les chiffres qui m'ont été fournis, M. le
Président, disent qu'il a été dépensé $11.2
millions sur un budget de $21 millions. Maintenant, il y a peut-être une
explication à ça. C'est que ce que vous avez là ce sont
probablement les chiffres du budget adopté. Mais il a pu y avoir des
transferts par la suite, budget additionnel ou des transferts à d'autres
ministères, peut-être, qui sont venus s'ajouter au budget qui
avait été adopté.
L'explication qu'on me fournit à l'instant même mentionne
que le rapport que vous avez là s'applique uniquement au fonds FODER,
alors qu'il y a d'autres sommes qui viennent s'ajouter à ça.
L'année suivante, c'est-à-dire l'an dernier, il y a eu
encore là une amélioration substantielle. C'est que nous avons
dépensé $22.6 millions sur un budget de $29.3 millions. C'est
donc dire que nous avons dépensé un peu plus que 75 p. c.
Il n'y a pas seulement le pourcentage qui est important, M. le
Président, il y a également l'augmentation budgétaire.
Vous voyez que, si on veut faire une récapitulation rapide, la
première année on a dépensé seulement $3.6 millions
alors que l'an dernier on a dépensé $22.6 millions. Ce sont tout
de même des réalisations qui ont été faites dans le
territoire. Cette année, nous avons un budget de $61.6 millions.
Avec la nouvelle structure mise en place, tenant compte et je dis
cela parce que je suis personnellement au courant de la liste des
projets, qui sont en marche ou qui le seront bientôt, parce qu'il y a
dans plusieurs projets un retard dans la mise en exécution à
cause du retard de la signature de l'entente Canada-Québec, ces projets
sont prêts à démarrer. Ils peuvent démarrer, dans
bien des cas, dans la semaine qui suivra la signature de l'entente. Dans
plusieurs cas, même des appels d'offres ont été faits et on
attend, pour la signature des contrats d'exécution, que l'entente soit
signée.
Je suis convaincu que nous dépasserons au cours du présent
exercice financier la performance de 75 p.c. que nous avons atteinte l'an
dernier sur le budget de $61.6 millions que nous avons à notre
disposition cette année.
Voilà, M. le Président, un bref résumé de la
situation.
M. GAGNON: Quand j'ai fait mention du manque d'organisation du
personnel, je ne parlais pas des projets, c'est-à-dire de la signature
des projets lorsqu'ils sont préparés par l'organisme de l'ODEQ.
Je sais qu'habituellement lorsque l'ODEQ présente son projet, cela va
assez vite dans les différents ministères
et au Conseil exécutif. Je disais qu'il y a des projets qui
étaient latents parce qu'on n'avait pas le personnel pour les
étudier, pour leur mise en place pour ensuite passer à
l'exécution.
M. TESSIER: Non, M. le Président.
M. GAGNON: Nécessairement, oui. Le manque de coordonnateurs a
joué un gros rôle.
M. TESSIER: Oui, d'accord. Mais je veux préciser, M. le
Président, que si c'était vrai, si cela a été vrai
dans le passé, ce n'est plus le cas actuellement. En effet, tous les
coordonnateurs sont en place actuellement, sauf à un seul
ministère qui comblera le poste vacant, celui des Transports que j'ai
mentionné tout à l'heure, et ce n'est pas parmi les
ministères les plus importants par rapport au plan, je veux bien
spécifier, par rapport au plan. Il n'y a pas beaucoup de projets qui
relèvent de ce ministère. Tout de même il y a lieu de
combler ce poste vacant. Dans les structures mêmes des ministères
tous les services sont en place, les études se poursuivent
régulièrement et normalement de sorte qu'il n'y a aucune raison
pour qu'il n'y ait pas beaucoup plus d'efficacité et de rapidité
au cours du présent exercice dans la réalisation et la mise en
chantier de certains projets.
M. GAGNON: Tout de même, durant les trois années à
partir de 67/68, il y a eu une récupération de près de $30
millions des sommes qui avaient été votées pour être
dépensées dans le secteur. C'est dire que ces $30 millions
doivent être renégociés à l'intérieur de la
nouvelle entente.
M. TESSIER: C'est exact.
M. GAGNON: S'ils avaient été dépensés, il
est possible que le même montant qui est prévu dans l'entente
aurait inclus la même chose et on aurait pu dépenser dans le
territoire une somme de $30 millions, ce qui aurait représenté un
actif considérable et aurait apporté des développements
qui auraient été utiles au relèvement économique.
C'est conséquent pour le secteur.
M. TESSIER : Je veux dire que le montant de $30 millions n'est pas
perdu. Il demeure dans la nouvelle entente. En somme, ce qui n'a pas
été dépensé dans le plan quinquennal de 1968-1973,
avec un nouveau plan quinquennal 1971-1976, on conserve le même montant
non dépensé et on ajoute par-dessus cela environ $100 millions.
Plus ou moins. C'est ce que nous sommes actuellement à
négocier.
M. LAURIN: M. le Président, j'aimerais revenir un peu en
arrière en suivant le rapport de l'office à l'annexe 9. Je sais
bien que le gouvernement actuel n'est au pouvoir que depuis un an...
M. TESSIER : C'est ce qui me surprend, M. le Président. Pourquoi
mon collègue de l'Union Nationale a tant insisté sur le fait que
cela n'avait pas marché au cours des premières années?
Cela m'a surpris.
M. GAGNON: J'admets la mise en place, mais l'année
dernière le ministre nous avait dit pour l'année qui s'est
terminée le 30 avril que cela allait marcher beaucoup cette
année. Cette année, on constate encore qu'il y a des millions de
dollars qui ne sont pas dépensés malgré la promesse qu'on
avait faite l'année dernière à l'adoption des
crédits. Je comprends qu'il y a une mise en place quand on commence des
projets, mais il y a maintenant trois ans que les projets sont...
M. TESSIER: Je vous ai dit qu'il y a eu un déblocage et
maintenant la roue tourne réellement.
M. LAURIN: J'imagine que, même si le gouvernement actuel n'est au
pouvoir que depuis un an, le ministre est assez au courant de ce qui s'est
passé précédemment surtout du fait qu'il était
député dans le temps, qu'il était maire de Rimouski, qu'il
appartient à la région, il est sûrement capable de
répondre à toutes les questions que je peux avoir à lui
poser.
Ainsi, par exemple, quand je vois dans le rapport, à la page 162,
une illustration d'un des défauts majeurs, d'un des reproches majeurs
qui ont été faits au plan du BAEQ, c'est-à-dire les
décalages entre les propositions du BAEQ et les programmes
autorisés par l'entente, je ne peux pas m'empêcher de
m'interroger. Le rapport spécifie ces décalages de cette
façon. Je cite parce que c'est très succint, très concret.
Ainsi, par exemple, pour créer des activités dynamiques
nouvelles, le BAEQ prévoyait des actions précises dans les
secteurs du tourisme, de l'industrie et des mines. Or, dans l'entente on ne
retrouve un ensemble valable de projets que pour le secteur du tourisme. Et
même dans ce dernier cas, il faut noter l'omission d'un programme
important; le crédit touristique. Le secteur minier n'est instruit
à l'entente que sous l'angle d'une route d'accès aux ressources
naturelles. Quant au secteur industriel, on n'a retenu aucun des projets
suggérés par le plan: primes à l'emploi dans les zones
urbaines prioritaires, primes à l'investissement hors des zones
prioritaires, fonds de développement régional, service de
développement industriel et assistance à l'infrastructure
urbaine, c'est-à-dire parcs industriels.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire la connaissance qu'il a de
toutes les raisons qui ont amené ce décalage entre le projet du
BAEQ, du Bureau d'aménagement de l'Est du Québec et
l'entente?
M. TESSIER: M. le Président, connaître les raisons
véritables, je ne pourrais les dire parce
que ce rapport fait allusion à la période de 1968-1969,
1969-1970, c'est-à-dire précédemment à mon
entrée comme ministre responsable de l'ODEQ. Mais je puis assurer mon
collègue, M. le Président, que tous les secteurs qu'il vient de
mentionner, dans lesquels il y avait un décalage c'est exact
tout cela a été révisé dans la proposition
de la nouvelle entente que nous sommes présentement à
négocier.
Toutes ces questions seront couvertes, c'est ce que je peux vous dire
comme réalité actuelle.
M. LAURIN: M. le Président, le ministre déclarait le 2
décembre 1970 que les montants inscrits à l'entente
étaient en réalité très inférieurs à
ce qu'ils paraissaient, puisqu'au fond il n'y avait que $15 millions des $258
millions promis qui étaient de l'argent neuf. C'est-à-dire que de
toute façon, le gouvernement fédéral aussi bien que le
gouvernement provincial, en vertu de leurs projets réguliers, auraient
dépensé une bonne partie des sommes qui étaient
prévues à l'entente.
Il n'y avait que $15 millions, encore une fois, qui étaient de
l'argent neuf. Quelle explication le ministre peut-il donner à cette
affirmation qui est quand même grosse?
M. TESSIER: C'est une chose de taille. C'est une chose, M. le
Président, que j'ai toujours déplorée. Le chiffre de $15
millions peut être de $15 millions à $17 millions en
réalité, il me semble que c'était ce que j'avais dit. Ce
chiffre là, je ne l'ai pas inventé, il a donné lors de
l'étude des crédits, par le gouvernement précédent,
c'est-à-dire les crédits de 69/70, alors que M. Marcel Masse
était le ministre responsable. Oui, c'est au cours de l'étude de
ces crédits-là. Si vous référez aux débats
du temps, vous verrez que j'ai réussi, par des questions, à lui
faire admettre qu'en réalité il n'y avait que $15 millions
à $17 millions d'argent neuf.
C'est en me basant sur cette déclaration que je me suis
étonné et que j'ai fait, non seulement une mais plusieurs
déclarations, à l'effet qu'en somme c'était de la poudre
aux yeux qu'on avait jetée à la population de l'Est du
Québec. C'est peut-être le motif principal d'une nouvelle
négociation, d'une nouvelle entente. C'est à partir de ce
moment-là que le gouvernement a décidé de reprendre toute
la première entente, de l'annuler ni plus ni moins, et de repartir avec
une nouvelle entente quiquennale, tout en conservant les montants qui
étaient inscrits, en mettant de l'argent neuf, environ $100 millions,
comme je l'ai déclaré tout à l'heure, qui sont en
négociation.
M. LAURIN: M. le ministre, je pense bien que tout le monde est d'accord,
vous y avez fait allusion tout à l'heure, que le démarrage du
plan a été extrêmement lent, surtout pour la
première année, et encore au cours de la deuxième
année, et qu'une des causes principales a été la lenteur
administrative. Il semble donc que le gouvernement québécois soit
plus responsable que le gouvernement fédéral. Je ne sais pas si
vous êtes d'accord sur cette affirmation-là.
M. TESSIER: Je suis bien d'accord, M. le Président, et je l'ai
mentionné tantôt, j'y ai fait allusion, c'est qu'une
quantité considérable de fonctionnaires, non seulement de hauts
fonctionnaires, mais même de ministres de plusieurs ministères du
gouvernement de l'époque n'étaient pas du tout convaincus de
l'opportunité d'aller dépenser tant d'argent ou de faire tant
d'efforts pour une partie de la province où l'on disait qu'il n'y avait
aucun espoir, les gens étaient aussi bien de déménager. Je
ne dis pas que c'était l'opinion du gouvernement du temps, mais je dis
que c'était l'opinion d'une partie du conseil des ministres et des hauts
fonctionnaires.
M. LAURIN: Une des raisons principales serait-elle que les demandes
devaient être acheminées par deux canaux différents,
c'est-à-dire celui du ministère concerné, selon la
structure qui apparaît dans le rapport de l'office, et
deuxièmement, celui des organismes propres de l'ODEQ?
Est-ce qu'il y avait des gens qui se marchaient sur les pieds ou qui
s'attendaient l'un l'autre du fait que les demandes pouvaient être
canalisées de deux façons?
M. TESSIER: Sûrement, vous avez touché là un point
très important. Je crois que c'était la cause principale du
retard. J'ai constaté, après enquête, que certains projets
étaient demeurés dans des tiroirs de hauts fonctionnaires, de
sous-ministres entre autres pendant un an et un an et demi. Parce qu'ils
étaient contre la réalisation du projet, ils le bloquaient.
M. GAGNON : Le ministre pourrait-il donner des précisions?
M. TESSIER : Je ne pourrais pas de mémoire et je ne le voudrais
pas même si je le pouvais parce que je ne voudrais pas mettre en cause
qui que ce soit. Les affaires vont bien, les choses, je crois sont
rétablies mais pour préciser davantage ma pensée et
compléter peut-être cette question actuellement, le
processus a été modifié je vais vous donner un
exemple. Vous avez un projet qui peut concerner le ministère du
Tourisme, Chasse et Pêche. Nous avons l'argent pour le projet. Le projet
a été étudié. Nous sommes prêts à le
réaliser. Qu'est-ce qui se produit contrairement à ce qui se
produisait autrefois? Lorsque le délégué
général au plan qui est à ma droite et que je vous
présente, M. Jean-Louis Caron avec qui je suis en contact
quotidiennement... Nous avons en plus des contacts quotidiens par
téléphone. Nous avons régulièrement deux rencontres
par semaine, une à Rimouski le lundi, une autre à Québec
le
vendredi. Entre-temps, il me tient au courant à mesure que des
projets sont prêts à être réalisés. Au lieu
d'attendre et de référer le tout au ministère
concerné, je dis à M. Caron: Prépare immédiatement
les documents. C'est-à-dire une demande au Conseil du trésor
qu'on appelle communément le CT ou, s'il y a lieu, d'adopter dans
certains cas particuliers un arrêté ministériel, de
préparer l'arrêté ministériel. Même s'il doit
être signé par le ministre du Tourisme en l'occurrence, le
document est acheminé vers mon bureau et je me charge de le faire
signer. Il est ordinairement signé dans la journée, le lendemain,
le surlendemain au plus tard. Le document a été
préparé pour être présenté dès la
séance suivante, soit du Conseil de la trésorerie, soit du
conseil des ministres. Ce document-là est toujours contresigné
par moi.
Je vous donne là un exemple d'un efficacité qui n'existait
pas précédemment.
M. LAURIN: Vous voulez dire en somme que le fait qu'il y avait deux
canaux possibles, cela empêchait des décisions d'être prises
sur place parce que les gens s'attendaient ou avaient peur de se
mécontenter. La demande était envoyée à
Québec où à l'arrivée à chaque
ministère et là, c'était soumis à l'examen des
priorités.
M. TESSIER : Et là, cela bloquait là pendant six mois ou
un an.
M. LAURIN: De chaque ministère... M. TESSIER: C'est
ça.
M. LAURIN: ... où on pouvait demander des informations
supplémentaires. Il y avait une navette qui s'installait et, à la
suite de ça, les décisions ne se prenaient pas. Le
mécanisme dont vous nous parlez aurait été mis en place
pour corriger ces lenteurs ou ce manque de coordination. Le mécanisme
que vous auriez mis en place aurait pour but précisément de
corriger aussi bien cette dualité que les lenteurs administratives et le
manque de coordination qui en étaient inévitablement la
conséquence.
M. TESSIER: En somme disons pour résumer très
brièvement que ma fonction comme ministre responsable de l'ODEQ me donne
un peu le pouvoir d'un maître d'oeuvres.
Cela équivaut à peu près à ça. Pour
vous donner un autre exemple concret d'amélioration dans
l'efficacité, j'ai à l'idée les personnes
relocalisées des paroisses marginales de la Gaspésie. Autrefois,
pour régler leur cas, les dédommager dans les cas
d'expropriations, dans les cas d'indemnités de relocalisation, tout
devait passer par Québec. Cela devait être approuvé et
devait suivre toute une procédure que l'on connaît. Actuellement,
nous avons fait transférer directement du ministère des Finances
un montant dans un compte de banque à
Rimouski et les chèques sont émis de Rimouski. Lorsqu'un
fonctionnaire rencontre une de ces personnes et qu'on s'entend sur les
indemnités...
M. LAURIN: On s'entend, c'est qui ça?
M. TESSIER: ...c'est-à-dire la personne ou la famille
relocalisée et le fonctionnaire chargé de négocier
l'indemnité d'expropriation et l'indemnité de relocalisation, on
négocie en somme et le montant est déterminé. A ce
moment-là, dans les deux ou trois jours qui suivent, le chèque
est déjà rendu entre les mains de la personne
intéressée, alors qu'autrefois cela pouvait prendre trois
mois.
M. LAURIN: Une autre des raisons, M. le ministre, ne serait-elle pas que
durant les deux années antérieures, l'ODEQ a manqué du
personnel nécessaire? Est-ce qu'il a été difficile de
recueillir du personnel?
M. TESSIER: C'est exact. Cela a été lent au début.
Le démarrage a été très lent. Evidemment, il y
avait plusieurs raisons à ça. Il fallait trouver un personnel
compétent. On ne trouvait pas toujours sur place le personnel
compétent. Le siège social, si je peux m'exprimer ainsi, de
l'ODEQ étant dans la capitale régionale, soit à Rimouski,
nous avons vu beaucoup de fonctionnaires compétents ou de gens de
l'extérieur refuser le poste parce qu'il y avait une question de
famille; la femme ne voulait pas aller demeurer à Rimouski, il y avait
des problèmes d'éducation des enfants. Cela a causé
certainement un retard d'environ un an au moins, pour avoir en place le
personnel compétent et nécessaire.
M. LAURIN: Est-ce que vous pouvez nous donner un peu plus en
détail la progression dans le personnel depuis 1968 jusqu'à
aujourd'hui?
M. TESSIER: Il serait assez difficile de donner la progression. En
somme, cela est parti à zéro et a augmenté. Il faudrait
faire des recherches.
M. LAURIN: Par exemple, aux crédits de l'an dernier, il y avait
combien de personnes en poste?
M. TESSIER: On me suggère que je pourrais peut-être
déposer un document donnant l'historique du développement et la
progression. Cela serait peut-être plus facile, parce qu'il faut tout de
même aller chercher ces chiffres. On ne les a pas tous à la
mémoire.
M. LAURIN: Une dernière question sur ce personnel.
M. TESSIER: J'en ferai parvenir copie aux membres de cette
commission.
M. LAURIN: J'ai vu, dans le mécanisme que vous avez
décrit, que vous avez fait allusion sans employer ces mots-là au
fond, aux deux réalités qu'on appelle déconcentration et
décentralisation. Déconcentration, cela veut dire du personnel
qui n'est pas à Québec et qui est dans la région
même. Décentralisation, cela veut dire la permission à ces
fonctionnaires de prendre des décisions. Dans ce que vous avez
décrit, j'ai eu l'impression que c'étaient le ministre et le
coordonnateur qui étaient les deux principaux interlocuteurs et qui
prenaient en fait presque toutes les décisions.
Est-ce qu'on peut dire que les fonctionnaires de l'ODEQ à
Rimouski ont quand même une certaine latitude dans la prise de
décisions, et si oui, jusqu'à quel point?
M. TESSIER: Evidemment, je vous ai parlé de la décision
finale lorsque j'ai fait allusion tout à l'heure au ministre responsable
et au délégué général au plan. Justement,
tous ces coordonnateurs des différents ministères se
réunissent régulièrement en ce qu'on appelle la
conférence administrative présidée par le
délégué général au plan. Tous les projets
sont acheminés à la conférence administrative, sont
discutés, peuvent subir certaines modifications à ce
moment-là. On tient compte des recommandations. S'il s'agit, par
exemple, d'une projet des Terres et Forêts, évidemment le
coordonnateur du ministère des Terres et Forêts, c'est celui qui
va dire: Ecoutez, ce n'est pas réaliste pour telle ou telle raison, il
faudrait modifier le projet de telle ou telle manière.
Alors, on tombe d'accord. A partir de ce moment-là, le
délégué général au plan et moi-même
intervenons pour voir à ce que la réalisation du projet ne trame
pas. C'est un peu la procédure qui est suivie.
M. LAURIN: Mais quelle marge d'action autonome vos coordonnateurs ou
leurs assistants ont-ils dans la région en ce qui concerne
l'exécution des programmes déjà adoptés ou la
modification des programmes déjà adoptés?
M. TESSIER: Les coordonnateurs sont là, comme je le mentionnais,
pour donner et faire des recommandations, apporter des modifications s'il y a
lieu, et voir à ce que le projet se réalise. Normalement, c'est
le ministère lui-même dont relève le projet, qui y voit.
Par exemple, si c'est un projet de tourisme, c'est le coordonnateur du
ministère du Tourisme qui verra à la réalisation du
projet. Moi, je suis un peu comme un chien de garde dans tout ça, je
vois à ce que ça fonctionne, à ce que ça
débloque immédiatement, à ce que la réalisation ne
trame pas. Ensuite, je dois suivre la progression, la mise en marche de
l'exécution du projet.
M. LAURIN: Donc, c'est difficile de dire quelle marge d'autonomie ont
ces coordonnateurs ou ces fonctionnaires.
M. TESSIER: C'est très difficile, évidemment, M. le
Président, parce que c'est un travail d'équipe. On ne peut pas
assigner une fonction bien précise à un coordonnateur, tout
ça se fait ensemble.
M. GAGNON: Tout de même, le coordonnateur a à faire la
liaison entre le ministère qu'il représente et l'organisme.
M. TESSIER: Définitivement, il est le représentant
officiel du ministère et il a autorité...
M. TETRAULT: C'est ça.
M. TESSIER: ... pour prendre des décisions.
M. GAGNON: Au nom du ministère?
M. TESSIER: Absolument.
M. LAURIN: Maintenant M. le Président, ces coordonnateurs ont en
somme une double fonction. Il y en a une qui est liée à leur
titre de représentants de la réalisation des programmes de
l'entente d'une part, et, de l'autre, à leur responsabilité en
tant qu'agents d'exécution des programmes réguliers des
ministères concernés. Est-ce que ceci ne les amène pas
parfois à privilégier l'une ou l'autre action? Est-ce que
ça ne peut pas amener une difficulté de coordination aussi?
M. TESSIER: Oui, mais, M. le Président, quand mon collègue
le député de Bourget parle de programmes réguliers, de
gens qui sont chargés de programmes réguliers, je pourrais dire
que c'est plutôt dans des cas d'exception. Cela peut arriver, mais
normalement, ça n'arrive pas, parce que les ministères ont en
place leurs chefs de district. Vous avez la Voirie, les Terres et Forêts,
l'Agriculture, le Tourisme, la Chasse et la Pêche. A peu près tous
les ministères ont des bureaux à Rimouski ou ailleurs dans le
territoire. C'est de ces bureaux que sont exécutés les programmes
réguliers, par les fonctionnaires déjà en place, qui ont
toutes leurs structures. Ces ministères-là ont leurs structures
propres, mais c'est différent lorsqu'il s'agit de programmes de
l'ODEQ.
Je ne dis pas que nous n'avons pas recours pour l'exécution
à ces représentants des ministères, mais les programmes
réguliers ne viennent pas normalement à la conférence
administrative. Par exemple, dans des cas d'agriculture, des cas de voirie, ce
sont les représentants des ministères sur place qui s'occupent de
réaliser leur propre programme régulier. Mais lorsqu'il s'agit de
programmes spéciaux, qui font partie de l'entente Canada-Québec,
à ce moment-là, ça vient à la conférence
administrative et c'est réalisé séparément, mais
ça peut l'être en collaboration avec les fonctionnaires du
ministère déjà en place pour les programmes
réguliers.
M. GAGNON: Quand les coordonnateurs
sont nommés, ils le sont par arrêtés
ministériels qui définissent les fonctions du coordonnateur,
c'est-à-dire d'être totalement affectés à l'ODEQ. Je
comprends qu'ils sont payés par un ministère, lequel peut du jour
au lendemain les rappeler, mais normalement, par les fonctions qu'ils ont en
vertu de l'arrêté ministériel, ils sont affectés
totalement...
M. TESSIER: Je vous interromps, mon cher collègue de
Gaspé-Nord, mais les coordonnateurs ne sont pas payés par leur
ministère, ils sont payés à même les fonds de
l'entente.
M. GAGNON: Oui, mais à même les deniers...
M. TESSIER: A même les budgets que nous sommes à
étudier.
M. GAGNON: Oui, mais chaque ministère n'a-t-il pas son budget
à l'intérieur de ses propres allocations?
M. TESSIER: Il y a des contributions du ministère, bien entendu,
mais ça ne fait pas partie du ministère, ça fait partie du
budget de l'OPDQ.
M. LAURIN: Est-ce à dire que les coordonnateurs dont vous parlez
ne s'occupent...
M. TESSIER: Ou du Conseil exécutif, devrais-je dire.
M. LAURIN: Est-ce à dire que ces coordonnateurs qui font partie
de la conférence administrative régionale ne s'occupent que de la
réalisation des programmes de l'ODEQ ou s'ils s'occupent en même
temps de l'exécution des programmes réguliers?
M. TESSIER: Ils s'occupent exclusivement de la réalisation des
programmes de l'ODEQ, sauf, comme je l'ai mentionné il y a un instant,
quelques exceptions.
M. LAURIN: Donc, à part ces coordonnateurs qui font partie de la
conférence administrative régionale, chaque ministère a
aussi ses représentants usuels dans la région.
M. TESSIER: C'est ça.
M. LAURIN: Au fond, le centre de toutes mes questions, vous vous en
doutez bien, c'est de m'assurer qu'il y a une coordination entre la
réalisation des programmes réguliers de chacun des
ministères et le programme de l'ODEQ et m'assurer que chacun ne tire pas
dans des directions différentes.
M. TESSIER: Absolument pas, il y a des relations constantes, en somme,
ce sont tout de même des fonctionnaires des mêmes
ministères.
Nous avons mentionné le nom par exemple de M. Benoit Ouellet, qui
est à Rimouski le nouveau coordonnateur du ministère des Terres
et Forêts. Ce coordonnateur va être en relations constantes avec M.
Romuald Fournier, qui est le chef de district du ministère des Terres et
Forêts à Rimouski depuis nombre d'années et qui a avec lui
tout un personnel d'au moins une quarantaine de fonctionnaires du
ministère des Terres et Forêts.
M. LAURIN: Mais ce M. Ouellet du ministère des Terres et
Forêts appartient à l'organisation de l'ODEQ, alors que l'autre
appartient au ministère.
M. TESSIER: C'est ça, mais il y a collaboration.
M. GAGNON: Comme précision au député de Bourget,
chaque ministère est celui qui effectue les travaux qui sont
autorisés en vertu de l'ODEQ. Si à un moment donné, c'est
un projet qui touche le ministère des Terres et Forêts, c'est ce
ministère qui l'exécute après qu'il a été
préparé, qu'il a suivi toute la chaîne des
formalités de l'ODEQ, tout ce que vous voulez.
M. TESSIER: En principe, c'est ça.
M. GAGNON: C'est habituellement ça. Comme dernière
intervention, avant le vote, je veux relever une remarque du ministre
responsable de l'ODEQ. Il a dit que le député de Montcalm avait
dit l'année dernière qu'il y avait environ simplement $29
millions...
M. TESSIER: De $15 millions à $17 millions.
M. GAGNON: ... qui étaient de l'argent nouveau. Dans mon opinion,
je dirais qu'il n'y en a pas. D'abord, il faut se rappeler...
M. TESSIER: Vous dites que le député de Montcalm s'est
trompé.
M. GAGNON: Si c'est la partie de 1967, il ne s'est pas trompé.
Mais s'il part de 1963, comme celui qui parle, il s'est trompé.
M. TESSIER: Alors vous ne voterez pas pour lui au congrès de la
chefferie.
M. GAGNON: Cela est une autre chose. Il faut partir de, 1963, lorsque
les études ont débuté...
M. TESSIER: Excusez-moi, les cloches de tout à l'heure
n'étaient pas pour un vote, c'était seulement pour demander le
quorum. Nous pouvons continuer.
M. GAGNON: Au moment où les études ont
été décrétées, on sait que les deux
gouvernements ont restreint des projets, même des projets normaux aux
régions, sous prétexte qu'il y avait des études et qu'il
fallait attendre que ces études soient déposées et
qu'ensuite on passerait aux projets.
Je me rappelle ce discours retentissant de notre collègue, le
député de Matépédia, en 1967, qui déclarait
en Chambre que la Gaspésie et la région du Bas-du-Fleuve avaient
été privées de montants d'argent et c'est là
probablement qu'il dévoilait les petites disputes à
l'intérieur, j'imagine, du cabinet et qu'il reprochait à
son collègue d'Abitibi-Ouest, M. Courcy, que ce dernier avait
refusé des sommes qui allaient normalement à la Gaspésie
et au Bas-du-Fleuve pour les transporter en Abitibi, là où il
faisait des gorges chaudes. C'étaient des critiques très acerbes
du député de Matapédia et ça prouve que, à
mon avis, à venir jusqu'à présent, ce ne sont pas de
nouvelles sommes qui ont été investies en Gaspésie parce
qu'il y a eu des projets qui ont retardé ou qui n'ont pas
été exécutés, en attendant la déposition des
études. Je suis d'opinion qu'à moins qu'il n'y ait
j'imagine qu'il y en aura accélération dans les projets,
si la nouvelle entente sera jusqu'en 1975 ou 1976, je crains encore que ce ne
soient pas de nouvelles sommes qui viennent échoir à la
Gaspésie ou à la région du Bas-du-Fleuve. Parce qu'il y
aura beaucoup de projets en retard ou non exécutés par les
gouvernements, du fait qu'il y avait un projet spécial pour cette
région. A ce moment-là, on se réveillera avec pas plus
qu'il n'y en aurait eu en temps normal.
M. TESSIER: Evidemment, il y a eu du retard dans la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, je suis bien prêt à
l'admettre. Nous avons toujours prétendu comme le prétend
mon collègue de Gaspé-Nord que nous n'avions pas notre
juste part des dépenses budgétaires, quel qu'ait
été le gouvernement à ce moment-là.
Mais nous ne sommes pas les seuls à adresser ou à avoir
adressé la même critique au gouvernement qui était en
fonction. Les gens du Lac-Saint-Jean et du Haut-Saguenay ont adressé les
mêmes reproches. Les gens du Nord-Ouest québécois ont
toujours dit qu'ils avaient été laissés de
côté par tous les gouvernements. Les gens de la région de
l'Outaouais, de la région de Hull, en particulier, ont toujours dit:
C'est comme si nous n'existions pas dans le Québec, nous. Ces reproches
nous les avons entendus des quatre coins de la province. On a toujours dit:
C'est toujours à Montréal et dans la région
métropolitaine de Montréal que les gouvernements concentrent
leurs efforts. Et même la région de la Mauricie s'est toujours
plainte également, d'être maltraitée.
A ce point de vue, je pense que des retards, s'il y en a eu chez nous,
il y en a eu ailleurs. A un moment donné, je pense que le gouvernement
est devenu conscient qu'il fallait faire un effort particulier dans certaines
régions. Et c'est ce qui a amené la conclusion de l'entente
Canada-Québec pour l'Est du Québec. Comme c'est ce qui a
amené la création de la Société
d'aménagement de l'Outaouais, où on a voté une loi
spéciale, où on a créé un fonds statutaire de $25
millions, que nous sommes en train de dépenser annuellement.
Et c'est ce qui a amené également la création de
zones spéciales, comme dans la Mauricie et comme à Québec.
En somme, c'est vrai que nous sommes à une époque de rattrapage,
un peu partout dans le Québec. C'est du moins la manière dont je
comprends la situation.
M. LAURIN: Je reviens encore une fois sur les questions que je posais
tout à l'heure à un double niveau. Au niveau des structures,
d'abord le personnel régulier des ministères, les chefs de
district, les coordonnateurs qui relèvent de l'ODEQ et,
deuxièmement, les budgets, le budget de l'entente et les budgets de
chacun des ministères, c'est-à-dire les programmes
réguliers.
Cela me semble difficile à harmoniser. J'espère que les
structures que vous avez mises en place vont réussir à
régler le problème, mais, jusqu'à tout récemment,
on peut penser que cette coordination-là, aussi bien au niveau des
structures qu'au niveau des budgets, n'a pas joué. Par exemple, j'ai
entendu dire qu'il y avait un manque de coordination à certains
égards.
L'exemple qu'on m'a rapporté est le suivant. Alors que l'ODEQ
disait qu'il fallait fermer certaines paroisses avec tout ce que cela pouvait
impliquer, il y avait un autre ministère qui, lui, s'occupait de
continuer son travail régulier de réfection des routes. Cela est
un exemple patent du danger qu'on court quand il y a un manque de coordination
entre les budgets et les activités régulières et les
activités spéciales. Je me demande si vous avez eu des exemples
plus nombreux de ce genre de manque de coordination et si les mesures que vous
avez annoncées vont permettre d'éliminer d'une façon
complète et radicale ces exemples-là.
M. TESSIER: Quand mon collègue de Bourget dit qu'il a cité
des exemples, l'énoncé qu'il vient de faire est beaucoup plus
théorique. Il parle du ministère de la Voirie mais j'aimerais
bien qu'il nomme un cas précis. Quel est le cas où il est
arrivé un manque de coordination au sujet de l'exécution d'un
projet de voirie?
M. LAURIN: Je n'ai pas le cas précis du village dont il est
question.
M. TESSIER: C'est bien difficile de vous répondre si vous n'avez
pas un cas précis à la mémoire.
M. LAURIN: Je le cite à titre d'exemple, de choses qui peuvent
arriver quand les activités du ministère ne sont pas
coordonnées.
M. TESSIER: C'est tout à fait hypothétique
votre déclaration parce que vous citez un exemple de choses qui
peuvent arriver mais qui, d'après moi, ne sont pas arrivées.
M. LAURIN: Moi, je peux vous dire que c'est arrivé.
M. TESSIER: Dans quel cas?
M. LAURIN: Je n'ai pas le nom du village dont il est question. Mais, je
peux vous dire que c'est arrivé.
M. TESSIER: Si vous n'êtes pas capable de citer un cas concret,
n'en parlons pas.
M. LAURIN: Je le citais à titre d'exemple de ce qui peut arriver
quand les activités régulières des ministères ne
sont pas coordonnées avec les activités de l'ODEQ.
M. TESSIER: Mon collègue qui est député de Bourget
dans la ville de Montréal...
M. LAURIN: On se promène, on en sort.
M. TESSIER: Je comprends que vous en sortiez. Vous en sortez pour faire
de la politique pour les séparatistes dans la région du
Bas-Saint-Laurent.
M. LAURIN: Pour défendre nos idées.
M. TESSIER: J'y ai vécu, j'y ai exercé ma profession
depuis 32 ans. J'ai été mêlé de très
près et quotidiennement à tous ces problèmes-là
bien avant d'être ministre et bien avant d'être
député. A ma connaissance, ce que vous affirmez là est
inexact.
M. LAURIN: Je retournerai à mes dossiers et je vous donnerai
personnellement le nom du village où c'est arrivé.
M. TESSIER: Je serais bien heureux de le savoir. Si vous pouviez nous
citer un cas comme ça, je ferai sûrement enquête pour voir
s'il y a eu répétition de tels cas et si les mesures ont
été prises pour que cela ne se renouvelle pas.
M. LAURIN: Je ne le citais encore une fois que comme illustration, comme
exemple de ce qui peut arriver quand...
M. TESSIER: Vous vérifierez l'emplacement du village au cas
où cela pourrait être en Abitibi ou dans la région de
Chicoutimi parce que les gens de Montréal mêlent souvent
Chicoutimi avec Rimouski.
M. LAURIN: Remarquez que parfois l'inverse peut également
arriver. Ici, j'aimerais poser une question soit au ministre, soit à M.
Coulombe, soit à M. Tremblay. Est-il vrai qu'on a annoncé comme
une réalisation de l'entente, une dépen- se aussi ordinaire et
régulière d'un ministère que le dragage du port de
Rimouski? Cela est une activité régulière d'un
ministère. Est-il exact qu'on a annoncé ça comme une
réalisation de l'entente?
M. TESSIER: C'est fort possible. D'ailleurs, je l'ai admis tout à
l'heure au début de la discussion à ce sujet-là. Dans
l'entente actuelle, il n'y avait sur $258 millions qu'environ $15 à $17
millions d'argent neuf. J'ai également déclaré que j'avais
toujours prétendu que cette première entente était de la
poudre aux yeux pour la population de l'Est du Québec. Comme l'argent
non dépensé dans la première entente va se retrouver dans
la nouvelle, il est évident qu'il va y avoir encore une bonne partie,
plusieurs millions, qui ne constituent pas de l'argent neuf.
Ce que nous avons voulu faire par une nouvelle entente, c'est
précisément de faire ajouter environ $100 millions d'argent neuf
par-dessus le vieil argent. Ce ne sera pas encore 100 p.c. d'argent neuf, bien
entendu. Mais il va quand même y en avoir beaucoup plus que dans la
première entente. En ce qui concerne le dragage, je suis parfaitement
d'accord avec mon collègue, M. le Président, que normalement
c'est un programme qui aurait été réalisé de toute
façon. C'est un exemple et on pourrait en citer probablement à la
douzaine des cas semblables.
Cela peut peut-être avoir l'effet, à ce moment-là,
d'accélérer l'exécution. C'est-à-dire qu'en le
laissant dans l'entente, ça va peut-être forcer les gouvernements,
particulièrement le gouvernement fédéral, en l'occurrence,
puisque le dragage relève du gouvernement fédéral,
à exécuter ces travaux de dragage dans un délai assez
précis. Parce que, évidemment, à l'intérieur de
l'enveloppe du plan quinquennal, il y a les budgets de chaque année.
Alors, si l'on met dans le budget de l'année courante $1 million pour le
dragage, il va falloir qu'il soit exécuté parce que moi je vais
voir à ce que ce soit exécuté dans l'année fiscale,
dans l'année financière.
M. GAGNON: Il y a une chose évidemment. Il est possible que, s'il
n'y avait pas eu d'entente, il y ait des projets qui sont
réalisés à l'intérieur de l'entente que les
gouvernements auraient réalisés quand même. Evidemment, je
parle, par exemple...
M. TESSIER: M. le Président, nous sommes parfaitement d'accord
là-dessus.
M. GAGNON: ...du site touristique de Mont-Saint-Pierre, de Percé.
S'il n'y avait pas eu d'entente Québec-Canada, Québec aurait
probablement construit ces sites-là. Cela aurait peut-être pris
quelques années de plus.
M. TESSIER: Vous me permettrez, M. le Président, d'ajouter...
M. GAGNON: Cela aurait peut-être été... au lieu de
les réaliser en 1970, ça aurait peut-être été
jusqu'en 1975 ou en 1980.
M. TESSIER: Cela aurait peut-être été jusqu'à
l'an 2000.
M. GAGNON: Mais je veux dire qu'à peu près tous les
projets qui se réalisent, certainement pas à venir
jusqu'à présent, mais dans l'avenir ça permettra
peut-être d'être en avance sur le temps si les gouvernements les
avaient exécutés indépendamment l'un de l'autre.
M. TESSIER: Nous allons certainement j'espère
accélérer considérablement la réalisation de ce
projet. A titre d'exemple, un camping à Mont-Saint-Pierre qui est un
programme qui est actuellement terminé et qui sera
complété au cours du présent été par la
construction d'une piscine. Ce projet aurait peut-être été
réalisé seulement dans quinze ou vingt ans. Il est en voie de
réalisation, il est au trois quarts, on peut dire,
réalisé.
M. LAURIN: M. le Président, en ce qui concerne les sommes
dépensées, je voyais dans l'avis complémentaire du CRD que
le ministre a reçu récemment, à propos du rythme
d'exécution, que quelque $82 millions ont été
dépensés pour les trois premiers exercices financiers ce qui
représente 31.8 p.c. des sommes totales de l'entente.
Est-ce que ces chiffres correspondent à peu près à
ceux que vous nous avez cités tout à l'heure?
M. TESSIER: Vous avez dit combien de millions?
M. LAURIN: $82 millions ont été dépensés
pour les trois premiers exercices financiers ce qui représente 31.8
p.c.
M. TESSIER: Le calcul est facile à faire: première
année, 3.6; seconde année, 11.2; troisième année,
22.6 Total:...
M. GAGNON: Dans le rapport du CRD, je crois qu'ils ont peut-être
tenu compte des crédits engagés en vertu des budgets et non pas
des sommes dépensées.
M. TESSIER: Alors, si on prend les chiffres que j'ai mentionnés
tantôt, on arriverait pour les trois premières années
à $37.4 millions. Evidemment, je présume que le CRD, à son
avis, lorsqu'il parle de $82 millions, a dû tenir compte des sommes
additionnelles dépensées à 100 p.c. par le gouvernement
fédéral, comme par exemple les cours de formation aux adultes et
différents projets du même genre.
M. LAURIN: C'est ce qui expliquerait la différence entre les
chiffres que vous avez fournis tout à l'heure et les chiffres du
CRD.
M. TESSIER: C'est exact, M. le Président.
M. LAURIN: Maintenant, dans le rapport de l'office, à la page
175, il y a un tableau qui donne par secteur les sommes qui avaient
été inscrites à l'entente, sommes qui ont
été effectivement dépensées dans les deux
premières années du plan, 68/70, ainsi que les prévisions
de dépenses qui avaient été faites à
l'époque pour 68/70.
Bien sûr, comme le rapport portait sur l'année 69/70, on
n'a pas pu inscrire les sommes effectivement dépensées pour ces
différents secteurs au cours de l'année qui vient de
s'écouler. Est-ce qu'il serait possible au ministre de nous fournir les
chiffres qui pourraient permettre de compléter ce tableau pour 70/71?
Peut-il nous dire par exemple, combien, en 70/71, on a dépensé
pour l'administration à l'agriculture?
M. TESSIER: M. le Président, si je comprends bien, le
député de Bourget voudrait qu'en tenant compte du tableau 4,
à la page 175 de l'énumération qui est là, nous lui
fournissions pour les mêmes postes...
M. LAURIN: Oui.
M. TESSIER: ... les sommes dépensées dans le budget
70/71?
M. LAURIN: C'est ça.
M. TESSIER: C'est avec plaisir que je me rendrai à sa demande et
que je lui fournirai ces renseignements.
M. LAURIN: Très bien. Maintenant, en ce qui concerne, encore une
fois par le passé, le ministre a parlé à plusieurs
reprises de l'action du CRD dans la région. Il a montré
l'insatisfaction qu'il avait éprouvée en rapport avec l'action
passée du CRD. Est-ce qu'il pourrait nous dire à ce moment-ci
jusqu'à quel point les griefs qu'il avait formulés à cette
occasion continuent de demeurer, quelles sont les mesures qu'il a prises, les
résultats que ces mesures ont donnés jusqu'ici et quelles sont
les perspectives qu'il envisage pour l'année qui vient? Au cours de la
discussion précédente, vous étiez ici, nous avons vu que
les crédits qui avaient été donnés pour le CRD de
la région de l'Est du Québec avaient été
légèrement diminués de $300,000, je crois, qu'ils avaient
été prévus au début, à $250,000. Est-ce que
cette réduction est de l'ordre de celle qu'avait recommandée le
ministre? Est-ce que le rôle que le CRD va jouer va être
modifié par rapport au rôle qu'il a joué dans les
années précédentes?
M. TESSIER: Je voudrais rectifier tout de
suite que le montant accordé au CRD a été
réduit à moins de $250,000. Il a été réduit
à $217,000.
M. LAURIN: C'est ce qui apparaissait dans les chiffres qui nous ont
été fournis par M. Tremblay hier.
M. TESSIER: A tout événement, M. le Président, quel
que soit le montant, il y a eu une réduction d'accordée au
CRD...
M. LAURIN: Considérable?
M. TESSIER: Oui, et avec entente que si le CRD présentait des
projets valables d'étude, nous lui fournirions, s'il nous donne la
preuve que telle étude doit être faite, les sommes
nécessaires, mais qu'il y avait lieu de ne pas mettre un montant trop
considérable parce que ce qui arrivait et ce qui se produisait
effectivement, c'est que le CRD disait: Nous avons $300,000 ou $350,000
à dépenser, il faut nous arranger pour dépenser ce budget.
Et c'est ce que j'ai désapprouvé.
Je me suis plaint également que, à un certain moment
et cela depuis pratiquement le début de l'entente le CRD
avait pris le contrôle de la représentativité de la
population vis-à-vis de l'ODEQ et du gouvernement.
On avait relégué à peu près totalement le
rôle du député, le rôle des chambres de commerce, le
rôle des conseils municipaux que je considère comme étant
les interlocuteurs valables. A l'avenir le CRD ne serait plus le seul et unique
interlocuteur de la population. Quant à moi, comme ministre responsable
de l'ODEQ, j'écouterai toutes les suggestions valables qui pourraient
m'être faites soit par les députés, les chambres de
commerce, les conseils municipaux, les syndicats ou tout autre organisme, soit
l'UCC et les autres, tout en continuant, bien entendu, de maintenir le
rôle efficace du CRD. J'avais mentionné à ce
moment-là qu'il avait bien rempli son rôle, mais que tout de
même il ne pouvait pas se considérer comme le seul et unique
interlocuteur de la population. A la suite de cela, j'ai eu plusieurs
rencontres avec l'exécutif du CRD. Je crois que nos relations sont
actuellement excellentes. J'ai encore eu des rencontres la semaine
dernière. Demain et dimanche, je dois participer au congrès du
CRD de l'Est du Québec à Rimouski. J'aurai l'occasion de
dialoguer publiquement avec eux, de discuter des problèmes de notre
région. Nos relations, en somme, sont excellentes. Il y a eu
amélioration et je vais vous en donner tout de suite un exemple. La
Chambre de commerce de Bic caressait depuis des années la construction
d'une marina au Bic dans le cadre du développement d'un parc touristique
provincial. Nous n'avons pas attendu d'avoir des représentations de la
part du CRD. Dès que j'ai reçu une délégation de la
Chambre de commerce et du conseil municipal du Bic, j'ai immédiatement
donné les instructions pour que l'on fasse les études
nécessaires et que l'on prépare même les plans d'une telle
marina. Tout cela, il y a environ trois mois.
Nous avons reçu les plans de même qu'une étude
très bien faite par le Conseil des loisirs de l'Est du Québec.
J'ai reçu ces documents il y a environ dix à quinze jours. J'ai
rencontré la semaine dernière le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche et ses hauts fonctionnaires à qui j'ai
exposé le projet. J'ai reçu hier la confirmation officielle de
l'acceptation et de la réalisation du projet. Ceci à titre
d'exemple d'une représentation qui a été faite par une
chambre de commerce et un conseil municipal. Tout ceci entrant, remarquez bien,
M. le Président, dans les cadres de l'entente et suivant les
recommandations du plan d'aménagement du BAEQ.
M. GAGNON: Disons tout de même que la déclaration actuelle
du ministre est moins violente que celle qu'il faisait l'automne dernier contre
le CRD.
M. TESSIER: Parce qu'il y a eu amélioration. Je n'ai pas de
raison aujourd'hui de répéter la même chose envers le CRD
que j'avais l'occasion de le faire au moins de novembre dernier.
M. GAGNON : Le ministre se disait favorable à la disparition du
CRD. Le premier ministre...
M. TESSIER: Je m'excuse, mais ne faites pas comme certains. Citez-moi
bien. Je n'ai pas dit que j'étais favorable. Si vous avez le texte,
lisez ce que j'ai dit.
M. GAGNON: Je ne l'ai pas en main.
M. TESSIER: Le texte a été distribué à tous
les députés de la Chambre, le texte même enregistré
par le CRD. Lisez ce texte et vous allez voir que je me suis dit: "Je me pose
la question à savoir si le CRD devrait même continuer à
exister." C'est textuellement ce que j'ai dit. Je me pose la question. C'est
différent que de dire: Le CRD doit.
M. GAGNON: Les déclarations du ministre étaient assez
violentes pour que le président du temps du CRD, M. Jourdain, aille
rencontrer le premier ministre, M. Bourassa. Ce n'étaient pas des
déclarations simplement mitigées, mais des déclarations de
fond qui en somme étaient la survie du CRD. Je ne discute pas. Le
ministre a dit tout à l'heure qu'il n'était pas assez...
M. TESSIER : Cela pouvait mettre en danger la survie du CRD et je suis
d'accord.
M. GAGNON: Non seulement cela pouvait, il l'admet, mais il la mettait en
danger. On a jugé utile de rencontrer le premier ministre. On
a même jugé utile d'avoir une déclaration de M.
Marchand, qui a dit qu'il croyait au CRD comme étant un organisme, un
interlocuteur valable. Le président du CRD du temps, M. Jourdain, avait
dit: Cela ne regarde pas simplement le gouvernement du Québec, le CRD,
cela regarde également le gouvernement d'Ottawa. Le ministre a dit tout
à l'heure...
M. TESSIER: Vous m'excuserez, mon collègue, de vous interrompre,
mais le CRD ne relève aucunement du gouvernement fédéral.
Le CRD relève exclusivement de l'Office de planification, de l'OPDQ et
il croit qu'il peut évidemment donner des avis au gouvernement
fédéral.
M. GAGNON: Je suis d'avis que le CRD reçoit des subventions qui
sont à 75 p.c. ou 60 p.c. payées par Ottawa, mais le CRD est un
organisme mis en place par la représentation de la population. Le
ministre disait tout à l'heure que cela ne représentait pas les
conseils municipaux. Je ne discute pas à ce niveau-là, mais je
dis ce que le ministre disait que cela ne représentait pas les
syndicats, que cela ne représentait pas les chambres de commerce.
J'étais pourtant au congrès du CRD à Chandler. Il y avait
des représentants des chambres de commerce qui étaient là.
La preuve, c'est que quelques-unes se sont même retirées. Il y
avait des représentants de tous les conseils municipaux de la
région. Il y avait des représentants de Î'UCC. Le CRD
était formé de ces organismes que le ministre a
précisément mentionnés tout à l'heure et qui
représentaient toutes les couches de la population ou tous les corps
intermédiaires ou les corps municipaux. Ce qui est arrivé, c'est
que le ministre a fait des déclarations. Je ne blâme pas le
ministre. Il a pris ses responsabilités et il n'a pas eu peur de le
dire. Mais je crois que cela sapait nécessairement à la base le
CRD. Et même plus que cela. A certains moments, j'ai la certitude morale
que cela a créé une certaine difficulté au niveau de la
bonne entente entre le ministre et les travailleurs de l'ODEQ parce qu'eux
étaient intimement liés avec les travailleurs du CRD.
Indépendamment de ses défauts, le CRD a joué un
rôle. M. Jourdain que je connais bien s'est beaucoup
dévoué. Donnons-lui ce qu'il a fait. Tout n'était pas
parfait, mais je crois que les déclarations ont peut-être
été trop fortes, trop accentuées et qu'à ce
moment-là on démolissait une bonne partie de la confiance de la
population envers cet organisme, et non seulement en cet organisme, mais tous
les autres CRD, parce qu'à certain moment le ministre a dit: Quand j'ai
parlé du CRD de la région du Bas-du-Fleuve, je n'ai pas voulu
m'attaquer à d'autres CRD. Or, on sait que les déclarations du
ministre, qui étaient assez violentes, ont eu des conséquences
considérables. C'est probablement pour cette raison que M. Jourdain a
jugé utile de donner sa démission, parce qu'il avait
accepté de terminer son mandat qui devait aller à l'automne 1971.
Je crois que sa démission a été donnée au moins de
janvier 1971. L'entrevue qu'il a eue avec le premier ministre a certainement
rétabli les choses parce qu'à ce moment-là le ministre
responsable de l'ODEQ est devenu un peu plus calme, un peu moins dur. C'est
là qu'il a fait la déclaration disant: Il est possible qu'on soit
capable de s'entendre. Il est possible que le CRD soit un organisme valable
pour la discussion, peut-être pas tous les CRD. Je veux entendre les
députés. Nécessairement, les députés
pouvaient s'entendre parce que nous avions un comité de la Chambre
où tous nos députés...
M. LACROIX: Nous n'avons pas tous compris le message de la même
façon.
M. LAURIN: Pour confirmer ce que dit le député de
Gaspé-Nord, j'ai ici une déclaration du ministre du 12
décembre 1970, où il est cité au texte: "Le CRD pourra
peut-être continuer d'exister, mais avec un budget comme celui des autres
CRD du Québec, soit environ $30,000 par année". Et une autre
citation: "Il faut repenser le rôle du CRD et se demander s'il n'y a pas
lieu qu'il cesse d'exister".
M. LACROIX: Est-ce que le député de Bourget me permettrait
un exemple? Le CRD a certainement joué un rôle important de
consultation auprès de la population, mais, à un moment
donné, le CRD de notre région a cru avoir un rôle
législatif et exécutif à jouer. Je pense que les CRD,
qu'ils soient du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie ou des
Iles-de-la-Madeleine, ou représentants de n'importe quelle autre
région de la province de Québec, ont un rôle consultatif
à jouer, comme les chambres de commerce en ont un, comme d'autres corps
intermédiaires en ont un.
Je pense que les élus du peuple sont toujours ceux qui doivent
assumer leurs responsabilités et prendre les décisions qui seront
de nature à améliorer la situation économique, sociale ou
culturelle du milieu. Et, éventuellement, si les décisions du
gouvernement ou du ministre responsable ne concordent pas avec les besoins
réels de la population, ne répondent pas aux aspirations de la
population, il appartiendra à la population de le dire. Et elle le fait,
je crois; avec intelligence, chaque fois qu'elle est appelée à
aller aux urnes et à élire des représentants du peuple.
Quant à moi, je m'opposerai toujours à un CRD, qu'il soit
dirigé par M. Jourdain, qu'il soit dirigé par M. Babin, ou qu'il
soit dirigé par n'importe quel autre, qui décidera de
légiférer, d'établir, de définir les positions qui
doivent être prises ou les politiques qui doivent être
établies dans une région donnée. C'est le rôle du
législateur. Quant aux autres, ils sont là pour conseiller et, si
jamais on ne tient pas compte de leur avis, ils pourront se poser des
questions.
Dans mon comté, aux Iles-de-la-Madeleine, il y a un CRD qui est
mitigé, qui fait partie du
CRD du Bas-Saint-Laurent. Il s'appelle le CDTIM, le Conseil de
développement du territoire des Iles-de-la-Madeleine. Il est
composé d'une cinquantaine de personnes qui s'élisent entre
elles. Quand c'est bien fait, quand il y a des résultats heureux, ce
sont eux qui ont obtenu les choses. Quand cela n'a pas marché, quand ils
n'ont pas obtenu les résultats qu'ils voulaient, pas parce qu'ils
avaient demandé deux fois ce qu'ils espéraient comme on
dit ordinairement : On demande plus pour en avoir moins quand ils n'ont
pas obtenu ce qu'ils désiraient, c'est la faute du député!
C'est parce que le député n'est pas assez bon, mais on ne l'a
jamais consulté !
Quant à moi, je serai toujours heureux de collaborer avec les
représentants des caisses populaires, les représentants du
conseil de comté, les représentants des coopératives, les
représentants de l'entreprise privée, chose que je fais depuis
neuf ans. Je continuerai à le faire. Seulement, ce n'est pas le
président du CDTIM et je n'accepterai jamais que ce soit lui
qui doit venir frapper à la porte du ministre responsable de
l'ODEQ et lui dise: Tu vas faire ceci et tu vas faire cela, comme cela s'est
fait depuis quelques années, et comme cela continue à se faire
encore. Le CDTIM pourra faire des représentations auprès du
ministre, en informer le député et lui demander de l'appuyer ou
non. Mais que le député dise ce qu'il en pense. Dans trois ou
quatre ans, ce n'est pas le président du CDTIM qui va se faire
réelire, c'est le député. Je suis prêt à
assumer mes responsabilités pleines et entières, et je crois que
je ne remplirais pas mes fonctions de député de façon
correcte et valable, si je ne m'enquérais pas des besoins de la
population, auprès des gens qui vivent dans tous les milieux.
Il y a un M. Larouche qui a fait un travail formidable, chez nous, aux
Iles-de-la-Madeleine, de 1963 à 1965, dans le but de trouver une
solution, la plus permanente possible, aux problèmes économiques
que nous connaissions. Demandez-lui si le député est intervenu
dans son travail? Jamais si ce n'est pour demander à la population de
l'aider dans son travail, de participer à son travail. J'ai l'intention
de continuer de même. Que les CRD soient présidés par
n'importe qui, je m'en fous comme de l'an quarante! Mais, il y a une chose qui
est sûre, c'est que les décisions finales, les dépenses des
montants d'argent...
M. GAGNON: Il ne faut pas être malin!
M. LACROIX: ... c'est toujours l'Assemblée nationale qui
décidera et je n'entends pas céder mon rôle au
représentant d'une cinquantaine d'individus aux Iles-de-la-Madeleine.
J'espère que tous les députés du territoire agiront de la
même façon, et peut-être qu'à ce moment-là,
les centaines de millions qui seront dépensés dans notre
territoire le seront au meilleur intérêt non seulement de notre
territoire en particulier, mais en général, ça servira
également l'économie de la province de Québec.
M. GAGNON: Non, mais évidemment, ça ne touche en rien au
problème. Est-ce qu'à ce moment-là, le CRD avait des
pouvoirs que la population lui avait confiés et qui étaient trop
considérables? C'est une autre paire de manches, parce que tout de
même, le CRD...
M. LACROIX: La population lui a confié quels devoirs et quelles
responsabilités?
M. GAGNON: Disons que les conseils municipaux nommaient des
délégués, les syndicats nommaient des
délégués, les corps intermédiaires, les
comités de paroisses aussi et tout ça se rassemblait quelque part
une fois par année, et ça élisait le CRD, lequel est
né de la fusion des CREGIM, si je peux dire ainsi. Mais est-ce que le
CRD avait un mandat trop considérable? C'est une chose. Est-ce qu'il a
dépassé son mandat? Je ne sais pas, je ne pourrais pas le dire.
Mais je veux dire que je ne crois pas que ce soit auprès du
gouvernement. Il était l'organisme dûment mandaté et
reconnu par les deux gouvernements dans l'entente même qui a
été signée en 1968, comme étant l'organisme
consultatif de l'ODEQ.
M. TESSIER: A tout événement M. le Président,
ça fait déjà quinze bonnes minutes que nous parlons du
CRD...
M. LACROIX: On est à côté de la coche pas mal!
M. TESSIER: ... que nous parlons des déclarations du CRD.
M. GAGNON: On va en parler.
M. TESSIER: Je pense qu'il est temps tout de même de faire le
point sur la question.
UNE VOIX: C'est ça qu'on fait, on va tout ramasser pour faire une
synthèse.
M. TESSIER: Je vous ai dit que j'ai réaffirmé ce que
j'avais déjà dit précédemment. Je ne regrette rien
de ce que j'ai dit...
M. LAURIN: Y compris de vouloir diminuer les crédits à $35
par année.
M. TESSIER: Y compris ça, mais par la suite, c'est que ça
a forcé une rencontre. Cela a forcé le CRD à venir me
voir.
M. GAGNON: A aller voir le premier ministre autrement dit.
M. TESSIER: En même temps que moi. M. GAGNON: Avant. Après
ça.
M. TESSIER: Non, je vous demande pardon. J'étais présent
et, au contraire, c'est moi qui ai vu le premier ministre avant, parce que le
CRD était dans l'antichambre et attendait. Le premier ministre m'a fait
entrer dans son bureau d'abord.
M. GAGNON: Le premier ministre n'a disputé personne?
M. TESSIER : Non, et là nous avons eu une conversation ensemble
au préalable, et après ça, le CRD est entré pour
rencontrer le premier ministre en ma présence. C'est comme ça que
ça s'est passé, et...
M. LESSARD : Il vous a averti de ne pas faire trop...
M. TESSIER:...et là...
M. LACROIX: Vous connaissez mal le premier ministre, ce n'est pas votre
chef.
M. TESSIER: Et là, nous avons eu, comme je l'ai mentionné,
d'autres rencontres avec le président et l'exécutif du CRD.
Depuis ce temps-là, j'en ai eu régulièrement comme je vous
l'ai dit, il y a moins d'une semaine encore.
M. LAURIN: Avant cette rencontre-là...
M. TESSIER: Et j'en aurai encore une autre demain et
après-demain. Là, le CRD lui-même a réalisé
et a admis qu'il avait dépassé dans certains cas le mandat qui
lui était assigné. Nous nous sommes parfaitement entendus. Je ne
dis pas que nous sommes entendus dès la première rencontre mais
à la suite de rencontres subséquentes. Actuellement, je puis dire
que mes relations avec le CRD sont excellentes, du moins, pour ma part, je les
considère comme étant excellentes.
M. LAURIN: Avant cette rencontre-là, vous étiez favorable
à sa disparition et depuis ces rencontres-là, vous avez
changé d'avis.
M. TESSIER: C'est parce que, justement, le CRD a admis qu'il
n'était pas nécessairement le seul et unique interlocuteur
valable. Il a admis, contrairement à ce que mon collègue le
député des Iles de-la-Madeleine vient de mentionner, que le
député avait un rôle à jouer.
M. GAGNON: A quelle date a eu lieu la rencontre entre le premier
ministre et le CRD, à peu près?
M. TESSIER : La rencontre avec le premier ministre...
M. GAGNON: Quel mois?
M. TESSIER: Pour autant que je me sou- vienne, il me semble que c'est au
mois de janvier.
M. GAGNON: Au mois de janvier! C'est parce que Jacques Cimon ici...
M. TESSIER: Il me semble que c'est au mois de janvier.
M. LACROIX: Combien de fois?
M. GAGNON: Jacques Cimon qui travaillait pour le CRD au mois de
février déclarait: "Le CRD, chien couchant à ses heures! "
Est-ce que c'est venu à la suite de ça?
M. TESSIER: Jacques Cimon déclarait ça à quelle
date?
M. GAGNON: Le 9 février 1971.
M. TESSIER: C'était après la rencontre.
M. GAGNON: Oui, c'est là que le ministre dit que ça va
beaucoup mieux. Pourtant, Jacques Cimon, qui est un homme bien
renseigné, qui a fait partie du CRD, qui avait un poste très
important, déclare, dans un article très long: "Le CRD, chien
couchant à ses heures." C'est un article que le ministre devrait lire.
Il va y puiser quelque chose...
M. TESSIER: Je l'ai lu, je connais...
M. GAGNON: Il n'y va pas de main morte.
M. TESSIER: ... le Jacques Cimon en question, qui est un
séparatiste bien connu, de Rivière-du-Loup...
M. LESSARD: Les gens compétents sont des
indépendantistes.
M. TESSIER: ... qui était dans le CRD et qui a
démissionné du CRD en claquant les portes, à ma grande
joie. Depuis ce temps, les relations entre le CRD et moi-même sont bien
meilleures.
UNE VOIX: Depuis que M. Jourdain est parti...
M. TESSIER: S'il peut encore en partir une couple d'autres du CRD,
ça va être encore mieux.
M. LACROIX: Il restera les gens...
M. GAGNON: Est-ce que le ministre pourrait les nommer? Etant
donné qu'il le dit il n'y a pas d'objection à nommer M. Untel, M.
Untel, parce que j'admets toujours une chose, le ministre est rès franc.
Il dit ce qu'il veut dire.
M. TESSIER: Je nomme les gens qui ne sont plus en place.
M. GAGNON: Mais en nommant ceux que vous voudriez voir partir, ça
aiderait à 600 autres.
M. TESSIER: Non, je ne nommerai personne. Seulement, je peux nommer
l'autre, parce qu'il a démissionné.
M. GAGNON: Alors cela fait deux à qui vous avez demandé,
ni plus ni moins, de s'en aller d'une façon discrète.
M. TESSIER: Non. Aucun.
M. GAGNON: Oui, non; non, oui.
M. TESSIER: Aucun. Je n'ai jamais demandé à personne de
démissionner du CRD.
M. GAGNON: Mais de la façon que vous venez de parler, il y en a
encore deux autres qui partiront.
M. TESSIER: Bien, s'il y en a qui se sentent visés,
j'espère qu'ils vont comprendre.
M. LAURIN: En somme, vous voudriez que, dans tous ces
organismes-là, ce soient des libéraux, si je vous comprends
bien.
M. LACROIX: Cela ne serait pas mauvais. La liberté que les
séparatistes réclament parce qu'ils sont les plus faibles, ils
nous la refuseraient si jamais ils étaient les plus forts.
M. LAURIN: Vous vous dirigez vers le parti unique,...
M. TESSIER: Ah non! Pas du tout! M. le Président, il n'est pas
question de mettre de la politique dans le CRD...
M. LAURIN: Bien, c'est vous qui...
M. TESSIER: ... mais il est question, par exemple,
d'empêcher...
M. LAURIN: Ce n'est pas nous qui parlons de séparatistes, c'est
vous!
M. TESSIER: ... l'activité partisane dans le CRD. C'est ce que
j'ai à l'idée.
M. GAGNON: M. Jourdain n'était pas un séparatiste.
M. TESSIER: Qu'il soit libéral, qu'il soit de l'Union Nationale,
qu'il soit créditiste, qu'il soit séparatiste, pour autant qu'il
ne fait pas d'activité partisane politique à son travail...
M. LAURIN: Je suis bien d'accord avec ça!
M. TESSIER: ... et qu'il n'essaie pas d'enrégimenter les gens
qu'il a à rencontrer pour faire de l'animation et en profiter pour faire
de la partisanerie politique, je suis d'accord.
M. LAURIN: On dirait que, lorsque quelqu'un exprime des opinions sur
lesquelles vous n'êtes pas d'accord, il devient, ipso facto,
séparatiste.
M. TESSIER: Non, pas nécessairement. M. GAGNON: Il faudrait tout
de même...
M. TESSIER: Il est faux de faire une telle affirmation.
M. GAGNON: Il faudrait tout de même être juste.
M. TESSIER: On a parlé d'un individu et ce n'est pas moi qui en
ai parlé, remarquez bien. Ce n'est pas moi qui ai cité son
nom.
M. LAURIN: C'est vous qui l'avez qualifié de
séparatiste.
M. TESSIER: C'est mon collègue, le député de
Gaspé-Nord, qui a amené son nom sur le tapis.
M. GAGNON: C'est ça!
M. TESSIER: Il m'a, en somme, demandé pourquoi il y avait eu
cette réaction. Or, je vous ai donné les informations que je
connais sur l'individu. C'est vous qui avez amené son nom.
M. GAGNON: Mais, en prenant pour hypothèse qu'il y a eu deux
départs du CRD, il y en a eu un, Jacques Cimon, qui pourrait être
séparatiste. Je ne le sais pas. Je l'ai rencontré. Je ne lui ai
jamais parlé de politique. Mais pour l'autre hypothèse, l'autre
départ, M. Jourdain, je dirai que celui-ci qui est un ancien
député libéral, est d'un esprit il le dit
ouvertement, il ne s'en cache pas fédéraliste. A ce
moment-là, il faudrait tout de même faire des distinctions et ne
pas qualifier de séparatistes tous ceux qui sont partis du CRD.
M. TESSIER: Le départ, M. le Président, de mon ami intime
Claude Jourdain, autrefois président du CRD, avec qui mes relations ont
toujours été des plus cordiales au Barreau, comme maire, alors
qu'il était maire de Cap-Chat il l'est encore d'ailleurs
ou dans toutes les activités économiques de la région du
Bas-Saint-Laurent, que ce soit le CRD, la chambre de commerce ou autre, nos
relations, dis-je ont toujours été des plus cordiales. Et je puis
affirmer catégoriquement que mon attitude et mes déclarations
concernant le CRD ne sont aucunement les motifs de sa démission comme
président.
M. Jourdain, lorsqu'il a accepté un troisième mandat, l'an
dernier, je crois, avait déclaré
formellement je m'en souviens parce que j'étais
présent au congrès qui l'a élu qu'il ne voulait pas
accepter un troisième mandat. On lui a forcé la main. Il avait
posé à ce moment-là une condition. C'était
assurément son dernier mandat et peut-être, même, qu'il ne
le compléterait pas. Or, ce qui est arrivé et je le tiens
de lui-même et je suis convaincu que ces motifs-là sont valables
c'est que Me Jourdain, comme mon collègue de Gaspé-Nord le
sait, a accepté de devenir avocat de la couronne ou substitut du
procureur général pour le district de Gaspé et dans le
comté de Gaspé-Nord. Il a toujours maintenu, alors qu'il
était président du CRD, son bureau d'avocat. Il a toujours eu une
pratique assez active au Barreau. Par surcroît, lui arrive cette nouvelle
fonction de substitut du procureur général. A partir de ce
moment-là, il ne pouvait plus remplir les deux rôles. Il fallait
qu'il fasse un choix. Il y a tout de même une limite. Comme mon
collègue le sait, à titre de président du CRD, Me
Jourdain, était très actif. Il était presque constamment
en voyage dans le territoire. Il lui a fallu faire un choix: demeurer
président du CRD ou refuser la fonction qu'on lui offrait. Il a fait le
choix. Ceci l'amenait à donner sa démission, parce qu'il ne
pouvait pas remplir les deux fonctions à la fois. Il me l'a
confirmé d'ailleurs à plusieurs reprises. Avant qu'il ne
démissionne, nous avons eu des rencontres personnelles. Il n'a pas
annoncé sa démission avant de m'en parler d'abord et de me donner
les raisons de sa démission. Ce sont les seules et uniques raisons.
M. GAGNON: Evidemment, il avait été nommé procureur
de la couronne. Je le sais. Mais, tout de même, sa démission est
arrivée immédiatement après que l'imbroglio eut
semblé s'apaiser. Elle coïncidait fortement avec tout ce branle-bas
qui avait eu lieu, l'année dernière, au CRD.
M. TESSIER: C'était tout simplement, comme vous venez de le
mentionner, une coincidence. Si c'est arrivé à ce
moment-là, il fallait que cela arrive. Si je n'avais pas fait cette
déclaration, je suis convaincu que la démission de M. Jourdain
serait arrivée exactement au même moment.
M. GAGNON: J'ai été élu en 1962, alors que j'ai
défait M. Jourdain qui, en 1963, a commencé à oeuvrer pour
le CRD. Je n'ai jamais eu à me plaindre de son attitude. Elle a toujours
été apolitique et non pas politique. Il a toujours fait preuve
d'une grande objectivité. Il n'a jamais politisé ses fonctions au
CRD. Je crois qu'il l'a fait avec beaucoup d'honnêteté
intellectuelle. Il s'est dévoué d'une façon totale. On
pourrait dire bien des choses évidemment. Je crois qu'il est tout
simplement normal de lui rendre hommage et, encore une fois, c'est un hommage
d'un député de l'Union Nationale. Jamais, ni de près ni de
loin, je n'ai eu à me plaindre de M. Claude Jourdain dans l'exercice de
ses fonctions au CRD. Il n'a jamais voulu me brimer, prendre ma place comme
député ou passer avant moi auprès du gouvernement. Je n'ai
jamais eu à me plaindre de ça. Quand je vois le
député des Iles-de-la-Madeleine parler de ça, je suis tout
à fait surpris. D'ailleurs, nous avions un comité de
députés, un comité parlementaire de la Chambre, où
tous les députés venaient se faire entendre. On demandait aux
fonctionnaires de se présenter. J'ai essayé à trois ou
quatre reprises de faire comparaître le président du CRD. Le
ministre responsable de l'ODEQ sait qui refusait la présence du
président du CRD. Tout de même, l'année dernière, le
CRD demanda une subvention de $50,000 pour combler son déficit. Si ma
mémoire est bonne, le ministre avait dit qu'il ne verserait pas de
subvention. Est-ce que cette subvention a été versée?
M. TESSIER: Je n'ai jamais dit que la subvention ne serait pas
versée.
M. GAGNON: Elle a été versée.
M. TESSIER: Certainement. Elle a été versée sans
hésitation parce qu'au moment où on est venu me rencontrer,
l'exécutif du CRD m'a présenté son bilan
d'opération, qui démontrait un déficit de $50,000. J'ai
immédiatement donné les instructions pour que le paiement se
fasse.
M. GAGNON: Que comprenait le budget total de l'année où la
subvention a été donnée?
M. TESSIER: La subvention fut de $300,000. Le budget était de
$250,000, plus les $50,000 additionnels qui ont été payés
pour combler le déficit.
M. GAGNON: Cette année, on lui accorde un budget de combien?
M. TESSIER: De $217.000.
M. GAGNON: Soit une diminution de 30 p.c. Le CRD avec $250,000, a
créé un écart déficitaire de $50,000. Est-ce que le
ministre croit sincèrement que le CRD peut continuer de bien accomplir
sa fonction avec un budget de 30 p.c. inférieur à celui de
l'année dernière alors que, l'année dernière, on a
créé avec $250,000 un déficit de 20 p.c?
M. TESSIER: J'en suis parfaitement convaincu. Je peux fournir
l'explication suivante: Le CRD a accompli bien des études et bien du
travail qui cette année seront faits directement par l'ODEQ.
M. GAGNON: Maintenant, une question concernant la signature de
l'entente. On sait qu'au niveau de la signature de l'entente, il y a bien des
prises de position...
M. LESSARD: J'aurais simplement une petite question au sujet du
financement du CRD. Je sais que vous avez attaqué un peu ce
problème hier. Devant leurs difficultés financières, un
certain nombre de CRD ont déjà fait appel au gouvernement
fédéral pour se financer, dont le CRD de la Côte-Nord. Je
voudrais aussi...
M. TESSIER: Je m'excuse auprès de mon collègue, mais je
suis obligé de vous dire qu'il est absolument hors d'ordre. Nous sommes
actuellement à étudier les crédits de l'ODEQ
exclusivement. Les autres crédits ont été
étudiés hier soir. Je crois que nous ne pouvons pas revenir sur
ce qui a déjà été adopté.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, si cela a déjà
été discuté. J'avais tout simplement l'intention de poser
la question suivante au ministre: Est-ce que le ministre a l'intention de
laisser les CRD demander...
M. TESSIER: C'est hors d'ordre. Je ne peux pas répondre.
M. LESSARD: Je comprends que le ministre ne veuille pas répondre
à cette question.
M. TESSIER: Non, parce que je n'ai pas l'autorité d'y
répondre. Le député de Saguenay devrait savoir que c'est
le premier ministre qui est le seul responsable du budget de Conseil
exécutif de qui relèvent les CRD, sauf pour l'ODEQ, où le
premier ministre m'a délégué ses pouvoirs.
M. LAURIN: Mais dans le cas du CRD de l'ODEQ, il est sûr que 75
p.c. de la contribution vient du fédéral.
M. TESSIER: D'accord.
M. LAURIN: Une dernière question là-dessus, M. le
ministre. Je pense bien que vous serez prêt à admettre que
même si vous n'êtes pas prêt à considérer le
CRD comme un interlocuteur exclusif ce sur quoi je suis d'accord avec
vous le CRD a quand même fait de gros efforts afin d'être le
plus représentatif possible. Vous admettrez aussi que les divers
secteurs de la société, les diverses sous-régions de la
région y sont représentés, et qu'à ce titre, si ce
n'est pas un interlocuteur exclusif, on pourrait dire qu'il garde sa
qualité d'interlocuteur principal.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord avec mon collègue. Il y
a même plus. J'irai même encore plus loin que lui. A la suite de
déclarations auxquelles ont a fait allusion tout à l'heure, qui
ont provoqué des rencontres et des discussions, ceci a certainement
accéléré une modification je ne dirais pas
complète mais une modification majeure dans la structure
même du CRD qui, à mon point de vue, sera beaucoup plus
représentative de toutes les classes de la population.
M. LAURIN: Sur un autre sujet maintenant, M. le Président. Qu'en
est-il de la fermeture des paroisses marginales et de la relocalisation des
habitants des dix paroisses marginales dont on avait décidé
qu'elles devaient fermer?
M. TESSIER: Le processus de fermeture se poursuit. Dans certaines
paroisses, c'est déjà réalisé. Dans le cas de deux
paroisses, le programme est réalisé en entier, les paroisses sont
complètement fermées. Dans les huit autres paroisses, la
relocalisation se poursuit à un rythme normal et je pourrais dire
qu'actuellement environ 75 p. c. du programme de relocalisation a
été accompli.
M. LAURIN: Est-ce que l'ODEQ a pris position devant les protestations de
certaines de ces paroisses qui ne voulaient pas mourir, comme
Saint-Octave-de-1'Avenir, par exemple? Est-ce que l'ODEQ a quand même
gardé la même position? Est-ce que l'opération
dignité avec les résultats qu'on a vus récemment va amener
une modification des projets de l'ODEQ en ce qui concerne cette paroisse ou
même certaines autres?
M. TESSIER: Nous avons tenu compte de l'opinion de la population de ces
paroisses alors qu'il y a eu des votes de pris, une expression libre d'opinion
qui a été exprimée. On me dit que la population a
voté à 80 p. c. en faveur de la relocalisation. Le tout se fait
volontairement. Actuellement, il y a une paroisse qui est celle de
Sacré-Coeur-des-Landes où la majorité de la population a
décidé de demeurer alors que nous avons décidé tout
simplement de suspendre la relocalisation en ce qui concerne
Sacré-Coeur-des-Landes. Mais je dois ajouter que, malgré que nous
n'ayons rien fait pour relocaliser les habitants de cette paroisse, ils
continuent à évacuer les lieux assez
régulièrement.
On me dit qu'actuellement il y a environ 70 p.c. de la population de
Sacré-Coeur-des-Landes qui a quitté la paroisse. Même s'il
n'y a pas d'effort particulier qui est fait pour les forcer à
déménager, il semble bien que la population
déménage d'elle-même. Evidemment, nous leur venons en aide
pour les reloger.
M. LAURIN: Est-ce que les démêlés auxquels avait
donné lieu dans certaines paroisses le montant qui devait être
versé pour les expropriations ont été résolus
à la satisfaction des divers intéressés?
M. TESSIER: Oui, il reste encore quelques cas en négociation.
J'ai reçu de temps en temps des plaintes. Et au fur et à mesure
que j'ai reçu ces plaintes-là, je les ai immédiatement
confiées aux fonctionnaires de l'ODEQ qui, dans les quelques jours qui
ont suivi, se sont rendus
rencontrer ces familles pour discuter avec elles. Evidemment, il y a
encore certains cas qui ne sont pas définitivement
réglés.
Je tiens à préciser, M. le Président, qu'il ne
s'agit pas, dans aucun cas, d'expropriation. Il s'agit toujours de
négociation de gré à gré, le gouvernement n'a
jamais fait l'expropriation.
M. LAURIN: Mais c'étaient des allocations de compensation, de
localisation, de déménagement.
M. TESSIER: D'accord, c'est bien ça.
M. LAURIN: Maintenant, dans un article du Soleil du 16 avril, je crois,
on dit ceci: "En se référant aux études du BAEQ et
à la situation qui prévaut depuis, les fonctionnaires de l'ODEQ
ont pu préparer une carte de l'Est du Québec sur laquelle sont
indiqués, par voie de gradation, les endroits où l'avenir est le
moins prometteur pour ceux qui y résident." Est-ce à dire que
l'ODEQ a l'intention de fermer d'autres paroisses dans un avenir assez
rapproché, et si oui, combien de paroisses et dans quels îlots
régionaux?
M. TESSIER: Pour le moment, il est fort question de fermer d'autres
paroisses.
M. LESSARD: Dans le même sens, M. le Président, est-ce que
le ministre pourrait nous faire rapport sur ce qui se fait actuellement au parc
Forillon? Il me semble qu'un certain mécontentement aussi se
développe depuis un certain temps sur l'expropriation et certains
problèmes qui se soulèvent...
M. TESSIER: M. le Président...
M. LESSARD: Est-ce que je suis encore hors du sujet, M. le
Président?
M. TESSIER: ... la question du Parc Forillon n'est aucunement
reliée ni de près ni de loin à l'ODEQ.
M. LESSARD: M. le Président, c'est quand même grâce
à l'ODEQ.
M. TESSIER: Non, ce n'est pas du tout dans le même cas.
M. LESSARD: Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche?
M. TESSIER: C'est une entente avec le gouvernement fédéral
en ce qui concerne l'aménagement du parc Forillon par le gouvernement
fédéral lui-même. Et le gouvernement provincial, par
l'entremise du ministère des Affaires municipales, a créé,
comme vous le savez, la nouvelle ville de Gaspé, et se charge de
l'aménagement des environs du parc Forillon mais non pas dans le
programme de l'ODEQ.
M. LESSARD: Cela commence à être compliqué,
ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à poser?
M. TESSIER: C'est compliqué, évidemment, pour ceux qui
ignorent comment ça fonctionne, mais pour ceux qui le savent, ce n'est
pas compliqué du tout.
M. LESSARD: C'est que vous avez tellement de structures maintenant,
c'est rendu qu'on ne se comprend plus là-dedans parce qu'on ne sait plus
qui est responsable...
M. TESSIER: M. le Président, je me comprends très
bien.
M. LESSARD: Oui, il y a juste le ministre qui se comprend.
M. TESSIER: Il n'y a pas seulement moi. Je pense que tous mes
collègues se comprennent très bien dans l'exécution de
leurs fonctions.
M. LAURIN: Passant maintenant à un autre sujet, M. le
Président, j'aimerais parler au ministre des projets envisagés au
sein de l'entente de l'ODEQ sur l'aménagement forestier. Je vois que,
même si le ministre avait déclaré déplorer la
déclaration des 19 curés en colère dont on parlait il y a
plusieurs mois, finalement là aussi il y a eu des rencontres qui ont
amené le ministre à changer d'idée. Et même...
M. TESSIER: Non, je m'excuse. Une question de privilège, M. le
Président. Je n'ai jamais changé d'idée. J'ai
déploré une certaine déclaration d'un certain curé
d'une certaine paroisse mais je n'ai jamais été contre le projet,
loin de là. Je l'ai encouragé au contraire.
Nous avons essayé de trouver des solutions le plus rapidement
possible. Nous avons confié au fonds de...
M. LAURIN: De l'université Laval.
M. TESSIER: ...recherches forestières de l'université
Laval une étude dont nous avons défrayé le coût. Ce
rapport nous a été soumis il y a quelques semaines. Par la suite,
il y a eu entente avec les intéressés, c'est-à-dire les
membres de l'opération dignité. Plusieurs rencontres ont eu lieu
dont la dernière où les conclusions définitives ont
été atteintes, rencontre qui a eu lieu il y a environ une dizaine
de jours avec mon collègue, le ministre des Terres et Forêts. A ce
moment-là, le gouvernement a pris un engagement formel à la
satisfaction des intéressés, c'est-à-dire de
l'opération dignité. Et le programme est en marche.
M. LAURIN: C'est-à-dire que sa réalisation est
conditionnelle à la signature de l'entente...
M. TESSIER: Oui, mais...
M. LAURIN: Avec le Québec, en ce qui concerne...
M. TESSIER: Le surplus.
M. LAURIN: Le surplus qui est de $800,000 quand même.
M. TESSIER: C'est ça, mais tout de même, on ne peut pas
donner ce qu'on n'a pas.
M. LAURIN: Ce que vous avez permis c'est...
M. TESSIER: On a tout de même permis de débloquer le projet
immédiatement avec les disponibilités que nous avions,
c'est-à-dire $400,000 à ce moment-là, que nous avons mis
immédiatement à la disposition des intéressés. Nous
sommes convaincus que la signature de l'entente aura lieu bien avant que l'on
ait épuisé ces $400,000 de sorte que la population de ces
paroisses est assurée de pouvoir bénéficier des $1,200,000
qui seront mis à leur disposition.
M. LAURIN: M. le Président, il s'agit d'un plan d'exploitation
des ressources forestières pour 21 paroisses marginales. Par ailleurs,
au mois d'août 1970, le ministre des Terres et Forêts
procédait au lancement d'un ouvrage qui s'appelait plan
d'aménagement forestier des petites propriétés
privées du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, publication qui
avait été entérinée par l'Office de
développement du Québec qui avait participé à sa
rédaction. Est-ce à dire que l'ODEQ entend pousser plus loin les
expériences du genre de celle des 21 paroisses marginales? Est-ce que
d'autres formules sont prévues?
M. TESSIER : Je pense que je suis en mesure de répondre, M. le
Président. Je m'excuse d'interrompre mon collègue, mais la
question des 21 paroisses est une expérience pilote. Nous voulons voir,
évidemment, avant de nous prononcer sur l'avenir, quels sont les
résultats que nous obtiendrons. Je crois qu'il serait
prématuré de prendre une décision à ce moment-ci,
alors que l'opération débute à peine. Si cela
s'avère un succès, il est assuré que je recommanderai
personnellement qu'on la poursuive ailleurs. Si, par contre, ça
s'avère non rentable, je ne vois pas pourquoi nous irions tenter une
seconde aventure.
M. LAURIN: Mais il y avait quand même, dans ce plan
d'aménagement forestier auquel on pourrait accoler le titre de livre
blanc, un plan d'aménagement conçu selon une formule très
particulière. Est-ce à dire que vous allez retarder
l'étude de la mise en application de ce plan d'aménagement
forestier jusqu'à ce que vous ayez eu l'occasion de constater les
résultats de l'expérience poursuivie dans les 21 paroisses
marginales?
M. TESSIER: Je pourrais peut-être préciser qu'actuellement
il se fait trois expériences pilotes qui sont menées de front. Il
y a celle des 21 paroisses, il y en a une autre dans le comté de
Matapédia pour des groupements forestiers et également une
troisième expérience au sujet des fermes forestières. Je
crois que nous avons tenu compte des études qui ont été
faites.
M. LAURIN: Est-ce à dire encore une fois que vous attendrez le
résultat de ces trois expériences avant d'aller plus loin?
M. TESSIER: Certainement que nous allons attendre je ne dis pas
le résultat définitif, mais au moins un certain résultat
avant de poursuivre davantage d'autres projets du même genre.
M. LAURIN: En ce qui concerne encore des opérations qui ont
quelque chose à voir avec la forêt, il y a plusieurs mois que nous
parlons des efforts qui, semble-t-il, n'ont pas encore abouti, afin de
restaurer la scierie incendiée à Marsoui. Est-ce que l'ODEQ a eu
quelque chose à faire dans les négociations ou les discussions
qui permettraient éventuellement, soit la réfection de cette
usine, ou l'installation d'une autre usine du même genre à Mont
Saint-Pierre ou la firme Richardson, à Grande-Vallée?
M. TESSIER: En ce qui concerne Marsoui, l'ODEQ a collaboré en
défrayant une étude de rentabilité, laquelle étude
doit nous être soumise la semaine prochaine.
Dans le cas de Grande-Vallée, nous avons également
payé une étude de rentabilité et la compagnie qui doit
opérer, c'est-à-dire James Richardson de Cap-Chat, a eu la
confirmation de ses subventions du gouvernement fédéral, du
ministère de l'Expansion économique régionale.
Là-dessus, je suis intervenu personnellement auprès du
ministère fédéral pour hâter la décision. Il
reste maintenant à la compagnie Richardson à prendre
elle-même sa propre décision. On me souligne que la compagnie doit
certainement être sérieuse puisqu'elle aurait déjà
acheté le terrain nécessaire à la construction de son
moulin.
M. GAGNON: Qui a effectué l'étude de rentabilité
à Grande-Vallée?
M. TESSIER: Gauthier, Poulin et Thériault.
M. GAGNON: Ils sont arrivés aux mêmes conclusions que
celles que le ministère des Terres et Forêts avait dans ses
archives, concernant la rentabilité de tout le secteur. On m'avait dit
la même chose au ministère des Terres et Forêts,
l'année dernière.
M. TESSIER: Apparemment, les études faites par le
ministère des Terres et Forêts différaient de
l'étude faite par la firme que je viens de mentionner. Celle-ci portait
surtout sur la machinerie, sur le type de machienerie du moulin.
M. GAGNON: Somme toute, il n'y a rien de changé concernant les
deux endroits, soit Marsoui ou Grande-Vallée, depuis la
déclaration que le ministre faisait en Chambre, il y a environ une
quinzaine de jours?
M. TESSIER: C'est toujours un peu plus avancé, parce que nous
savons que nous allons avoir le rapport de rentabilité de Marsoui, la
semaine prochaine.
M. GAGNON: Pour Marsoui, il n'y a rien de décidé tant que
le rapport de rentabilité n'aura pas été
déposé, qu'une étude n'aura pas été
faite.
Mais, il me semble que le ministre avait également
déclaré qu'une compagnie avait été formée,
relativement à un projet futur à Marsoui. Je ne suis pas
sûr.
M. TESSIER: Ce n'est pas nécessairement une compagnie qui a
été formée. Mais il y a eu une entente de conclue entre la
compagnie Couturier, qui exploitait là autrefois et dont le moulin a
été incencié, et une autre compagnie ou d'autres
industriels qui ont décidé de s'associer. C'est un fait nouveau.
C'est-à-dire que ce n'est pas un fait nouveau, mais c'est ce à
quoi je faisais allusion lorsque j'ai dit qu'une nouvelle compagnie
était formée ou était en voie de formation.
M. GAGNON : Suivant les nouvelles officieuses, la construction
concernant l'industrie de bois de Marsoui serait intimement liée
à une possibilité d'approvisionnement plus considérable
que celle qu'il y avait autrefois et qui était située à
environ 10 ou 12 millions.
M. LAURIN: En fait, c'est ça le problème.
M. TESSIER: C'est exact. Des négociations ont été
entreprises par les intéressés, et également par l'ODEQ,
avec le ministère des Terres et Forêts, et l'approvisionnement en
bois, qui était de 12 millions, est maintenant passé à 20
millions. En d'autres termes, le ministère des Terres et Forêts a
décidé de mettre 20 millions annuellement à la
disposition...
M. LAURIN: Des deux...
M. TESSIER: Non, de Marsoui seulement.
M. GAGNON: Le ministère n'a pas décidé ainsi. Une
des conditions pour qu'une compagnie soit intéressée à
construire serait que le ministère des Terres et Forêts donne une
lettre officielle. Mais le ministère des Terres et Forêts ne
serait pas encore prêt, tant qu'une étude de rentabilité ne
sera pas terminée.
M. TESSIER: Non, le ministère des Terres et Forêts a
décidé de mettre ce 20 millions à la disposition...
M. GAGNON: Indépendamment de l'étude de
rentabilité...
M. TESSIER: Si cela se matérialise. Si l'étude de
rentabilité démontre que ce n'est pas rentable, il n'y aura pas
de compagnie de formée et il n'y aura pas de moulin de construit, c'est
sûr.
M. GAGNON: Parce qu'au niveau de l'approvisionnement, j'ai
remarqué que le coordonnateur en chef avait fait une déclaration,
il y a quatre ou cinq mois, qui était identique à celle que
j'avais prônée en 1969, à savoir que les moulins de la
Gaspésie, en particulier de Gaspé-Nord, seraient, un jour plus ou
moins éloigné, appelés à aller s'approvisionner sur
la Côte-Nord. Je ne sais pas si, à l'intérieur de l'ODEQ,
on est à faire des études au niveau des approvisionnements de ces
industries, parce qu'il reste un fait, c'est que le comté de
Gaspé-Nord ne peut fournir plus de 35 millions d'approvisionnement en
p.m.p. annuellement. Richardson en a 18 millions, 20 millions à Marsoui,
10 millions à Grande-Vallée, 4 millions à
l'Anse-Pleureuse, 6 millions à Sainte-Anne-des-Monts, cela totalise un
chiffre de plus de 60 millions en p.m.p., alors que la forêt a une
disponibilité de 35 millions au maximum.
M. LAURIN: C'est sur ce travail de coordonation que nous aimerions
avoir...
M. TESSIER: Vous me posez une question plutôt technique à
laquelle il m'est bien difficile de répondre, parce qu'il faudrait tout
de même avoir ici un représentant du ministère des Terres
et Forêts. Je suis bien prêt à répondre à
toute question générale, aux questions auxquelles, en ma
qualité de ministre responsable, je suis capable de répondre.
Mais si vous me posez des questions techniques, dans quelque domaine que ce
soit, je ne pourrai pas répondre. Je pense bien que vous aurez
l'occasion, lors de l'étude des crédits du ministère des
Terres et Forêts... Est-ce que cette étude est
terminée?
M. LESSARD: Il reste un article.
M. TESSIER: A tout événement, il sera toujours loisible
à mon collègue d'inscrire cette question au feuilleton de la
Chambre ou de la poser...
M. LESSARD: On en a discuté.
M. TESSIER: ... au ministre des Terres et
Forêts, parce que moi, je ne suis pas en mesure de
répondre.
M. LAURIN: De toute façon, vous nous dites que l'étude de
rentabilité sur Marsoui est terminée, que celle sur
Grande-Vallée sera terminée incessamment.
M. TESSIER: Non, j'ai dit que celle de Grande-Vallée était
terminée depuis déjà un bout de temps et que celle de
Marsoui le sera la semaine prochaine.
M. LAURIN: Et qu'il est question d'une société qui
regrouperait les deux projets.
M. TESSIER: Non, ce sont deux projets absolument distincts. La
société, c'est l'ancien propriétaire du moulin Couturier
qui, lui, formerait une nouvelle société.
M. GAGNON: A laquelle viendront s'ajouter des associés dans le
projet.
M. LAURIN: Et la réalisation de ces projets dépend, pour
une part, des nouveaux permis accordés par le ministère des
Terres et Forêts en ce qui concerne les droits de coupe.
M. TESSIER: Sûrement, c'est essentiel. C'est étroitement
relié à la réalisation de ces deux projets-là.
M. LESSARD: J'espère, M. le Président, que cette fois je
serai dans l'ordre. Des travailleurs sociaux de l'Est du Québec se sont
réunis, il y a quelque temps, pour créer un conseil du
développement social dans la région de l'Est du
Québec.
Par ailleurs, on sait qu'actuellement l'ODEQ, le Conseil régional
du développement de l'Est du Québec, a créé
certains conseils spécialisés, soit sur le travail, soit sur la
santé, soit sur la main-d'oeuvre et l'éducation pour
connaître les besoins réels de la population en ces domaines.
Est-ce qu'il y a une certaine coordination entre ces deux projets ou si on a
l'intention au moins de communiquer avec les travailleurs sociaux en vue d'une
certaine collaboration pour empêcher qu'il y ait encore un doublage de
structures? Il peut arriver qu'on ait un doublage de structures si on constate,
par exemple, que d'un côté l'ODEQ crée des organismes
spécialisés pour faire l'étude de différents
besoins, et par ailleurs, les travailleurs sociaux, selon le Soleil du 22 mars
1971, se seraient réunis pour créer un conseil de
développement social pour l'Est du Québec.
M. TESSIER: M. le Président, je dois dire que l'ODEQ n'est
aucunement relié à ceci. C'est un programme qui relève
exclusivement du ministère des Affaires sociales.
M. LESSARD: Je comprends, mais le Con- seil régional du
développement de l'Est du Québec a lui-même
créé ses structures dans ce sens-là.
M. TESSIER: Pas l'ODEQ.
M. LESSARD: On dit, par exemple, ici que le Conseil régional de
développement de l'Est du Québec travaille...
M. TESSIER: Oui, mais le Conseil régional de développement
de l'Est du Québec, ce n'est pas l'ODEQ.
M. LESSARD: C'est relié à l'ODEQ.
M. TESSIER: Ce n'est pas relié à l'ODEQ, c'est le CRD de
la région.
M. LESSARD: D'accord. Le CRD de la région est certainement
relié à l'Office de développement de l'Est du
Québec.
M. TESSIER: Il n'est pas relié. C'est un organisme
représentatif de la population qui donne des avis, qui fait de
l'animation, qui fait des recommandations à l'ODEQ, mais ce n'est pas un
organisme, c'est cela que je veux dire, de l'ODEQ.
M. LE PRESIDENT: Hier, on a eu la définition du rôle des
CRD et des offices de planification. Je m'aperçois également que,
de plus en plus, les questions s'éloignent du sujet en discussion. Je
demanderais, s'il y avait d'autres questions, de s'en tenir à
l'ODEQ.
M. LAURIN: M. le Président, je ne pense pas qu'aucune de mes
questions ait violé le règlement...
M. LE PRESIDENT: Exactement.
M. LAURIN: ... parce que j'avais bien lu le rapport de l'ODEQ. Je pense
être resté dans les limites des attributions...
M. LE PRESIDENT: Sauf dans l'approvisionnement.
M. LAURIN: ... oui, mais...
M. LE PRESIDENT: Je tiens à vous faire remarquer que tout le
temps qu'on passe à parler d'approvisionnement lorsqu'on a pu en parler
durant trois jours la semaine dernière, c'est autant qu'on enlève
à parler de l'ODEQ.
M. LAURIN: C'est une question qui a duré trente secondes.
M. LE PRESIDENT: Il a fallu que la réponse soit plus longue.
M. LAURIN: M. le Président, j'aimerais par-
1er des réalisations de l'ODEQ en ce qui concerne l'agriculture.
Une des options pour ne pas dire la seule option agricole qui
avait été retenue par le BAEQ et par l'entente, en ce qui
concerne l'agriculture, cela a été la vocation laitière de
la région. Vocation laitière qui demandait une série de
mesures de rajustement, par exemple, la disparition de fermes improductives. On
en a parlé indirectement quand on a parlé de l'élimination
des paroisses marginales. J'aimerais savoir de vous si d'autres mesures,
à part la fermeture des paroisses marginales, ont été
prises afin de relocaliser les fermes qui ont une vocation laitière,
afin d'augmenter leur rendement, au cours de l'année qui vient de
s'écouler.
M. TESSIER: Il y a eu des regroupements de fermes qui ont
été effectués et cela se continue. Il y a eu
également l'établissement de fermes-normes qui ont
été créées un peu partout à travers le
territoire de l'Est du Québec.
M. LAURIN: Combien?
M. TESSIER: Quarante-six. Nous avons mis sur pied, dernièrement,
un programme nouveau d'élevage de boeufs de boucherie, et nous avons
même cela est une participation directe de l'ODEQ
signé un contrat avec la compagnie Bov-Import qui, à Rimouski, a
un établissement d'insémination artificielle de boeufs Limousins
et Charolais.
Ce programme-là débute. Il est présentement en
cours. Il y a aussi un programme d'élevage de moutons dans la
région et, enfin, un programme de pommes de terre de semence. Ce sont
les trois derniers programmes qui ont été mis sur pied
récemment.
M. LAURIN: Etant donné que la politique fédérale
agricole en matière de contingentement a pu rendre encore plus difficile
la situation d'agriculteurs déjà marginaux, est-ce que l'ODEQ a
pris des mesures pour atténuer l'effet de cette politique
fédérale pour les agriculteurs de la région?
M. TESSIER: Je pense bien qu'une des seules choses qu'il était
possible de faire c'était d'amener ces agriculteurs à diversifier
leur production. Le programme de boeufs de boucherie, entre autres, en est un
pour venir en aide aux producteurs de lait.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait nous dire le programme de
l'ODEQ pour l'année qui vient en ce qui concerne la politique
agricole?
M. TESSIER: Je viens de l'exposer. Ce sont les trois derniers programmes
pour l'année en cours que nous mettons sur pied.
M. LAURIN: Cela ira dans le même sens que l'action qui a
été menée au cours de l'année?
M. TESSIER: Oui. C'est-à-dire que nous avons
préparé ces programmes au cours de l'année, et là
nous sommes à les mettre en place, à les réaliser.
M. LAURIN: Une grande importance, M. le ministre, avait
été accordée dans les études du Bureau
d'aménagement de l'Est du Québec et également dans
l'entente bien que moins importante en ce qui concerne la
rénovation urbaine et la politique d'urbanisme. Pourriez-vous nous
résumer les progrès qui ont été effectués
dans ces deux domaines au cours de l'année? Premièrement, en ce
qui concerne la rénovation urbaine, la politique de logement, et
deuxièmement, en ce qui concerne la confection de plans d'urbanisme, en
particulier pour les trois grandes métropoles c'est-à-dire:
Rimouski, Matane et Rivière-du-Loup.
M. TESSIER: Le plan de Rivière-du-Loup est actuellement
déposé, ceux de Rimouski et de Mont-Joli le seront d'ici une
couple de semaines.
M. LAURIN: On avait déjà annoncé son
dépôt pour le 15 mars. Est-ce qu'on peut savoir...
M. TESSIER: C'était le schéma préliminaire ou le
plan préliminaire. Il fallait évidemment que les
municipalités se réunissent de nouveau. Il y a eu certaines
modifications mineures qui ont été apportées. Là,
c'est le plan final. Maintenant, également en ce qui concerne Matane, on
a effectué une carte de base et des études d'aqueduc et
d'égout, une étude géomorphologique et également
une étude de protection contre l'incendie. Dans la zone de Gaspé,
dans la nouvelle ville de Gaspé, il y a eu une carte de base, des
études d'aqueduc et d'égout, des études
géomorphologiques et climatologiques.
M. LAURIN: Donc, on peut prévoir que deux grandes
métropoles auront bientôt leur plan directeur d'urbanisme. Pour
Matane, à quelle date attendez-vous la parution définitive?
M. TESSIER: D'ici la fin de l'année.
M. LAURIN: Maintenant, en ce qui concerne la rénovation urbaine
et la construction domicilaire, est-ce que vous pourriez nous résumer
les progrès effectués au cours de l'année?
M. TESSIER: En ce qui concerne la rénovation urbaine, il y a deux
programmes qui sont en voie de réalisation: celui de
Rivière-du-Loup et celui de Rimouski. En ce qui concerne l'habitation
à loyer modique, il y a le programme de Gaspé qui est en voie de
réalisation; il y a celui de Sainte-Anne-des-Monts et celui de Cap-Chat;
il y a celui de Matane; celui de
Rimouski est terminé. On a proposé pour Rimouski un second
programme qui est présentement à l'étude. A Chandler,
ç'a été réalisé au cours des derniers mois.
Il y a Rivière-du-Loup qui a actuellement un programme dont la
réalisation n'est pas encore commencée mais qui a
été approuvé.
M. LAURIN: Au total, combien de logements ont été
effectivement créés au cours de l'année?
M. TESSIER: Je ne pourrais pas vous le dire.
M. LAURIN: Ou quel est le nombre de logements dont la construction est
commencée?
M. TESSIER: Un instant, je vais faire le calcul. C'est un minimum de
300.
M. LAURIN: Un minimum de 300 dont la construction est
terminée?
M. TESSIER: Oui, terminée.
M. LAURIN: Et combien de logements y a-t-il dont la construction est en
cours?
M. TESSIER: Les nouveaux programmes comprendraient 200 logements.
M. LAURIN: En cours?
M. TESSIER: Oui, approuvés.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a d'autre projets prévus pour
l'année 71/72?
M. TESSIER: Pas actuellement.
M. LAURIN: En ce qui concerne le rapport, juste pour terminer ça,
le BAEQ avait demandé et l'entente aussi confirmait ce fait que le
développement aussi bien en ce qui concerne la rénovation
urbaine, la construction domiciliaire que le développement des
infrastructures, soit concentré dans les trois pôles
régionaux. Mais il nous semble, en suivant les travaux
d'exécution que les travaux ont été
éparpillés dans près de seize ou dix-sept
sous-centres.
M. TESSIER: C'est exact, M. le Président. La raison, c'est que
nous avons tenu compte de la volonté de la population. Je prends le cas
de Forillon, par exemple, et de Gaspé. Evidemment, nous avons tenu
compte de la volonté de la population, nous avons construit des
habitations à Rivière-au-Renard, à Cap-des-Rosiers,
à Percé entre autres. Même chose pour les paroisses
marginales, nous avons demandé aux personnes relocalisées ou
à relocaliser où elles voulaient habiter. Evidemment, il ne
s'agit pas d'aller en construire partout mais nous les avons tout de même
dirigées vers certains endroits comme Saint-Anne-des-Monts, Cap-Chat,
Matane entre autres.
M. LAURIN: Mais est-ce que cet éparpillement géographique,
M. le Président, qui va à l'encontre des objectifs du plan, aussi
bien dans le domaine de la rénovation urbaine que dans le domaine
agricole, ne risque pas de diminuer les chances de réalisation des
objectifs qui avaient été fixés?
M. TESSIER: Je ne crois pas, M. le Président. Evidemment, c'est
une question d'opinion, bien entendu, mais...
M. LAURIN: Mais si...
M. TESSIER: ... le plan, c'étaient des recommandations et
c'était bien beau...
M. LAURIN: ... c'est quand même le fruit de longues
études...
M. TESSIER: ... théoriquement, sur papier...
M. LAURIN: ... mais par les éléments de la base et par les
spécialistes qui étaient venus ajouter leur science...
M. TESSIER: D'accord, mais ça ne veut pas dire que ces
réalisations ont été faites à la bonne franquette
et sans études. Après le dépôt du plan
d'aménagement, des études se sont continuées et se
continuent actuellement.
M. LAURIN: Justement, toutes ces études...
M. TESSIER: Et nous tenons compte de l'évolution normale qui peut
se produire à l'intérieur du territoire dans l'application du
plan.
M. LAURIN: ...montrent également la nécessité de
pousser au maximum le développement des métropoles
régionales aussi bien à cause de la relocalisation, de la
fermeture des paroisses marginales, d'une part, négativement; et
positivement, pour doter ces métropoles régionales de toutes les
infrastructures et structures et de tous les services qui sont
nécessaires pour l'essor de ces métropoles aussi bien que pour le
développement des régions plus éloignées.
M. TESSIER: Oui, je suis bien d'accord qu'il faut renforcer les
structures des villes les plus importantes. Et nous en avons tenu compte
puisque dans l'énumération que je vous ai faite en ce qui a trait
aux constructions, à l'habitation, aux travaux d'infrastructure, environ
80 p.c. du budget ont été consacrés à des
réalisations dans ces villes-là.
M. LESSARD: A ce sujet, vous n'aviez pas prévu certaines primes,
par exemple, en ce qui concerne surtout les expropriés de Forillon,
aux
personnes qui seraient relocalisées? Et est-ce que ces primes
étaient données à toutes les personnes ou aux personnes
qui se dirigeaient à des endroits particuliers?
M. TESSIER: Il y a eu une modification qui a été
apportée, il y avait une surprime qui était proposée aux
personnes qui iraient demeurer dans les centres déjà
urbanisés. La population, les expropriés de Forillon ont
fortement manifesté contre cette décision. Et, je comprends
parfaitement bien le sentiment humain de ces personnes. Celles qui
étaient habituées à vivre au bord de la mer, des
pêcheurs entre autres, ne voulaient pas être
déplacées dans un centre urbain comme, par exemple, Matane ou
Rimouski ou même Gaspé. Elles ont insisté, et ça
c'était 98 p.c. de la population expropriée, pour qu'on leur
laisse le libre choix. Evidemment, dans le libre choix il y a eu tout de
même certaines décisions qui devaient être prises. Il
fallait tenir compte de l'infrastructure existante. Et il y a eu des
emplacements de déterminés. Même si on a laissé la
population libre jusqu'à un certain point d'aller s'établir
ailleurs que dans les principales villes, on ne lui a pas permis d'aller
s'établir n'importe où. Parce qu'on ne pouvait pas construire des
HLM n'importe où, là où il n'y avait pas d'infrastructure.
Alors, on leur a donné le choix entre trois ou quatre endroits et
même plus...
M. LESSARD: Les primes s'appliquaient aux personnes qui
acceptaient...
M. TESSIER: ...et tout le monde a reçu la même prime.
M. LESSARD: Maintenant, étant donné que le tourisme est
quand même assez important dans cette région, est-ce que l'ODEQ
prévoit certains projets touristiques en collaboration avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
M. TESSIER: Ah oui! il y a plusieurs projets qui sont en cours. Il y en
a qui ont été réalisés comme à Carleton, par
exemple, à Mont-Saint-Pierre, à Percé...
M. LESSARD: Des terrains de camping?
M. TESSIER: ...à Gaspé, il y en a d'autres qui sont...
M. LESSARD: Quel type de projets: des terrains de camping?
M. TESSIER: Des terrains de camping, entre autres, des piscines...
M. LESSARD: Est-ce qu'il y a des projets actuellement qui sont en cours,
par exemple, ou qui sont prévus?
M. TESSIER: Oui, il y a, par exemple, une construction de piscine
à Mont-Saint-Pierre,
M. LESSARD: Maintenant, concernant le développement des
pêcheries, est-ce qu'il y a certains projets qui sont en cours? On me
disait, à la suite d'un voyage en Gaspésie, par exemple, qu'on
avait fermé dans certains villages quantité d'entrepôts
frigorifiques.
M. TESSIER: Il y a une centralisation des pêcheries dans la
Gaspésie...
M. LESSARD: Rivière-au-Renard?
M. TESSIER: ... et par l'établissement de centres industriels de
pêche dans les principaux centres reconnus pour la pêche, notamment
à Rivière-au-Renard, à Cap-aux-Meules, aux
Iles-de-la-Madeleine et à Paspébiac.
Alors que nous dépenserons au-delà de $1 million pour
l'infrastructure de ces centres industriels de pêche.
M. LESSARD: Maintenant étant...
M. TESSIER: Et également, nous avons en cours un programme de
commercialisation des produits de la pêche. Je pense que justement, mon
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, a eu l'occasion ce
matin de faire une déclaration à ce sujet. A titre d'exemple, en
parlant de l'industrie des pâtes et papier, il a mentionné les
résultats qu'avait donnés ce programme de commercialisation des
produits de la pêche alors qu'on a augmenté la consommation de
près de 300 p. c.
M. LESSARD: Maintenant, étant donné qu'on a
concentré l'industrie de la pêche surtout à des endroits
assez spécifiques, est-ce que les autres endroits peuvent profiter des
camions frigorifiques qui circulent quotidiennement puisque les entrepôts
frigorifiques qui existaient au niveau des paroisses ont été
fermés?
M. TESSIER: Evidemment, il y a eu des études très
poussées de rentabilité pour l'opération des
pêcheries. Il s'est avéré qu'il n'était pas rentable
de disperser l'industrialisation de la pêche en une multitude de petits
villages. Aujourd'hui il faut faire face à la concurrence mondiale et il
faut centraliser pour une meilleure rentabilité l'industrie de la
pêche à des endroits déterminés.
M. LESSARD: Je suis d'accord que l'industrie de la pêche doive
être centralisée à cause de sa transformation. Maintenant,
dans la région, il y a quand même des endroits où il se
fait de la pêche. Est-ce qu'on a prévu des camions frigorifiques
qui vont ramasser le poisson pour l'apporter à Rivière-au-Renard
ou ailleurs, Cap-aux-Meules?
M. TESSIER: On me signale qu'en effet il y a ce qu'on appelle des points
de débarquement des produits de la pêche, il y en a une douzaine
autour de la péninsule de Gaspé; et on transporte par camions le
produit de la pêche aux trois grands centres que je viens de
mentionner.
M. LESSARD: Je ne sais pas si c'est sous la responsabilité du
ministre ces entrepôts frigorifiques qu'on avait créés et
qu'on a fermés, qu'est-ce que le gouvernement a l'intention de faire
avec ça?
M. TESSIER: Je pense qu'il faudrait poser la question...
M. LESSARD: Au ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. TESSIER: ... au ministère de l'Industrie et du Commerce,
section des pêcheries, parce que je ne pourrais pas répondre pour
mon collègue.
M. LAURIN: Est-ce que l'Office de développement du Québec
a quelque chose à voir avec l'installation éventuelle cet
été d'une usine de traitement du poisson, à
Rivière-au-Renard, qui s'appellerait la Société des
protéines de Gaspé Ltée?
M. TESSIER: Oui, il y aura sûrement une collaboration et une
contribution appréciable de la part de l'ODEQ au sujet de la
Société des protéines...
M. LAURIN: Protéines de Gaspé.
M. TESSIER : Protéines de Gaspé, si celle-ci décide
de s'établir.
M. LAURIN: La décision n'a pas été prise
encore?
M. TESSIER: Pas encore officiellement. Notre contribution sera de payer
60 p. c. de l'infrastructure nécessaire à cette industrie.
M. LAURIN: 60 p. c? M. TESSIER: 60 p. c.
M. LAURIN: Bonne chance. Maintenant, en ce qui concerne le tourisme, M.
le Président, il ne fait aucun doute que l'ouverture prochaine du parc
Forillon va contribuer à amener un essor touristique dans la
région. Comme on ne peut attirer les touristes que par un seul parc,
est-ce que l'ODEQ a prévu pour cette année ou même
est-ce que ce serait déjà commencé la
création d'un circuit d'étapes touristiques sur la route qui
mène au parc Forillon et qui en revient?
M. TESSIER: Absolument, il y a d'abord le Bic.
M. LAURIN: Cela c'est un parc.
M. TESSIER: Oui.
M. LAURIN: Je parle d'étapes touristiques.
M. TESSIER: Alors, si je considère l'ouest du territoire,
à Rivière-du-Loup, il y a une étape touristique, il y en a
une à Trois-Pistoles également qui a été construite
l'an dernier et dont les travaux se poursuivent actuellement.
Il y en a une après Trois-Pistoles, c'est au Bic. Après
ça, une à Métis, une autre à Matane, une autre
à Mont- Saint-Pierre, à Gaspé, à Percé et,
si on revient par la Baie-des-Chaleurs, à Carleton.
M. LAURIN : Est-ce qu'il y en a dans la vallée de la
Matapédia?
M. TESSIER: Il y en a une de prévue dans la vallée de la
Matapédia mais les plans ne sont pas encore terminés.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y en a une aussi dans le Témiscouata?
M. TESSIER: Oui, dans les environs de Cabano ou à Cabano. Il est
également prévu là une étape touristique.
M. LAURIN : Quelles sommes ont été consacrées, au
cours de l'année qui vient de s'écouler, à ces
réalisations? Et quelles sommes entendez-vous y consacrer au cours de
l'année qui vient?
M. TESSIER: $1,200,000, pour le dernier exercice, ont été
consacrés à ces fins, et pour l'année courante nous
consacrerons, à l'aménagement touristique, $2,676,000.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut penser qu'avec ces sommes, à la fin
de l'exercice 71/72, tous les projets dont vous avez parlé seront
terminés?
M. TESSIER : Non. Je ne crois pas parce que...
M. LAURIN: Non.
M. TESSIER : ... il y a assurément certains de ces projets, entre
autres celui de Cabano et celui de la vallée Matapédia, qui
seront terminés seulement au cours du prochain exercice financier.
M. LAURIN: C'est à peu près le tour d'horizon que je
voulais faire, M. le Président, des réalisations passées
et actuelles de l'ODEQ. Je pense qu'on pourrait dire, à la fin de ce
tour d'horizon, qu'on a pu illustrer la validité des remarques du
ministre au début et que les trois grandes raisons du
mécontentement de la population, dans la réalisation du plan de
l'ODEQ,
ont été, premièrement, le décalage entre les
propositions et ce qui avait été retenu par la première
entente; deuxièmement, le défaut d'argent neuf qui avait
été injecté dans ces programmes, et troisièmement,
les lenteurs administratives qui ont été le fait de structures
qui n'étaient pas encore tout à fait adaptées à la
réalisation des programmes. Est-ce qu'on peut demander, en conclusion,
si ces trois grands défauts ou ces trois grands facteurs de
ralentissement seront corrigés au cours de l'année qui vient et
dans quelles mesures le seront-ils?
M. TESSIER: Je crois que j'ai exposé assez clairement que ces
trois lacunes que mon collègue le député de Bourget vient
de souligner ont déjà été corrigées. Je
crois que j'ai été assez explicite là-dessus, c'est
déjà corrigé. Il s'agit maintenant de passer à
l'exécution.
M. LAURIN: Ceci nous amène directement à la
renégociation de l'entente. Nous avons pu constater comme tout le monde
que les délais qu'on s'était fixés pour la
renégociation de l'entente ont été reportés
à plusieurs reprises. Cette renégociation a commencé au
mois de mars de l'an dernier. On a annoncé la conclusion de la nouvelle
entente Canada-Québec à plusieurs reprises depuis le mois de mars
dernier. En guise d'introduction, est-ce que le ministre pourrait nous donner
ou nous décrire les raisons qui, de mois en mois, ont retardé la
signature de cette entente?
M. TESSIER: Nous avons voulu introduire de plus en plus d'argent neuf.
Cela a été assez difficile dans certains cas. Il fallait modifier
également les programmes. Nous avons voulu que la nouvelle entente porte
principalement sur le développement économique en
général qui comprend évidemment le développement
touristique. Les deux gouvernements avaient peut-être des conceptions un
peu différentes sur les infrastructures de base nécessaires et
sur les moyens à prendre pour arriver aux mêmes fins que les deux
gouvernements se proposaient. Je puis informer mon collègue que nous
sommes tombés d'accord sur tous les programmes, sauf, une seule
exception, la voirie, et c'est ce qui retarde la signature de l'entente. Il y a
un écart présentement d'environ $20 millions entre ce que nous
voudrions avoir et ce que la partie fédérale se propose d'inclure
dans l'entente. Les négociations se sont poursuivies de très
près la semaine dernière et même cette semaine et encore
hier. Il est possible qu'au retour du premier ministre de Victoria, nous
puissions y mettre le point final.
M. LAURIN: En ce qui concerne la voirie, M. le ministre, est-ce que les
différends qui sont à l'origine du retard ont été
réglés?
M. TESSIER: Que voulez-vous dire par...
M. LAURIN: Cette somme de $20 millions qui semble faire l'enjeu du
débat.
M. TESSIER: C'est cela. Comme je viens de le dire, c'est exactement le
seul point qui reste à déterminer.
M. LAURIN: Est-ce que l'addition de cette somme de $20 millions au poste
de la voirie signifierait que ces $20 millions seraient enlevés aux
autres secteurs?
M. TESSIER: Non. C'est justement cela. C'est qu'il ne faut pas les
enlever aux autres secteurs. Il faut que cela soit un montant additionnel, qui
soit ajouté dans l'enveloppe globale.
M. LAURIN: Donc, c'est votre opinion que cela doit être
ajouté, mais que les autres postes ne doivent pas être
touchés.
M. TESSIER: C'est exact.
M. LAURIN: En ce qui concerne cette différence de $20 millions,
est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les raisons qui empêchent
l'une des parties d'accéder à cette demande qui a
été faite? Est-ce que c'est, par exemple, la capacité du
ministère de la Voirie de compléter en cinq ou six ans la
réfection des routes 6 ou 10?
M. TESSIER: Non. Ce n'est pas cela du tout.
M. LAURIN: Est-ce que ce sont les priorités du ministère
de la Voirie qui sont un peu différentes et...
M. TESSIER: Non. Les deux gouvernements sont parfaitement d'accord sur
les programmes de voirie, tels que détaillés par le
ministère de la Voirie. Seulement, c'est une question du montant global,
tout simplement. Le gouvernement fédéral a dit: Nous avons un
montant de... arrangez-vous avec cela. C'est là-dessus que nous
négocions pour essayer de faire ajouter ce montant-là.
M. LAURIN: Qui viendrait exclusivement du fédéral, si je
comprends bien?
M. TESSIER: Qui viendrait exclusivement du fédéral.
M. LAURIN: Est-ce que des représentations ont été
faites au ministre pour montrer que si on procédait à la
réfection complète des routes 6 et 10 dans un intervalle de cinq
ou six ans, cela risquerait de créer un chantier qui pourrait
peut-être nuire à la réalisation des programmes dans les
autres secteurs?
M. TESSIER: Non, cela ne peut pas nuire
aux programmes dans les autres secteurs, parce que c'est
complètement indépendant. Il s'agit d'une question purement
technique et les experts, les ingénieurs du ministère de la
Voirie, nous disent qu'il n'y aura aucune difficulté à accomplir
en cinq ans le programme de $100 millions suggéré pour
l'amélioration des routes 6 et 10.
M. LAURIN: Sans que le tourisme en souffre.
M. TESSIER: C'est bien difficile à dire.
M. LAURIN: Si les travaux sont menés rapidement, on sait ce que
cela veut dire. Il va y avoir des détours.
M. TESSIER: C'est évident qu'il y aura des détours
à certains endroits. C'est évident qu'il y aura des
inconvénients. Il ne faut pas se le cacher. Mais il faut tout de
même les accomplir ces travaux-là.
M. LAURIN: D'accord.
M. TESSIER: Et ce n'est pas dans le mois de janvier que l'on peut faire
du pavage. Il faut le faire au mois de juin, au moins de juillet et au mois
d'août, en période de tourisme. Evidemment, les moyens seront
sûrement pris pour qu'il y ait le moins d'inconvénients possibles.
Mais, de là à dire qu'il y a possibilités de les
éliminer, il y a une marge. Tout de même, la plus grande partie de
ces travaux peut être réalisée, sans briser
l'infrastructure des routes actuelles qui pourront toujours demeurer
carrossables. Car la plupart des projets nouveaux comprennent des
détours de villages ou de villes, des constructions de réseau
à voie rapide comme, par exemple, entre le Bic et Métis. Cette
construction est complètement en dehors de la route actuelle. Si je
prends l'exemple de la Baie-des-Chaleurs, où il y a quelque chose comme
48 traverses à niveau...
M. LAURIN: C'est épouvantable.
M. TESSIER: ... entre Matapédia et Percé, et Gaspé,
il faut évidemment les faire disparaître. Il est sûr que la
route ne passera pas au même endroit. On va essayer, par de nouveaux
tracés, d'éliminer le plus d'inconvénients possibles, mais
il en demeurera sûrement quelques-uns.
M. LAURIN: Est-ce que les études sur l'effet économique
que peuvent avoir ces réfections sur certains villages et même sur
certaines petites agglomérations plus importantes ont été
faites?
M. TESSIER: Elles ont été faites, en ce qui concerne les
étapes touristiques et les principaux centres.
M. LAURIN: Est-ce que ces études sont commencées?
M. TESSIER: Non, ces études-là ont été
faites par le ministère de la Voirie.
M. LAURIN: Elles ont déjà été faites. M.
TESSIER: Elles ont déjà été faites.
M. LAURIN: Est-ce que le rythme des expropriations a également
été prévu, de façon que ça puisse permettre
l'exécution des travaux?
M. TESSIER: Bien, il n'y a aucun problème au point de vue de
l'expropriation. Comme mon collègue doit le savoir, M. le
Président, l'expropriation que fait le ministère de la Voirie se
fait pas le dépôt d'un plan et, immédiatement, le
ministère peut s'emparer du terrain et exécuter ses travaux,
quitte à négocier, au cours des mois suivants, les montants des
indemnités d'expropriation. S'il y a mésentente, comme on le
sait, on va devant la Régie des services publics pour faire trancher la
question. Il y a des cas qui sont réglés, qui peuvent être
réglés trois ans ou même cinq ans après que le
terrain a été exproprié. Si on décide de plaider et
d'aller en cour, on peut aller jusqu'en cour Suprême.
M. LAURIN: Donc, avec les renseignements qui sont à votre
disposition, il parait possible de réaliser en cinq ou six ans ce plan
de réfection complète des routes 6 et 10?
M. TESSIER: Techniquement, c'est ce que les ingénieurs du
ministère de la Voirie nous disent.
M. LAURIN: Sans inconvénient majeur...
M. TESSIER: Sans inconvénient majeur, mais avec, comme je l'ai
dit des inconvénients mineurs, dans certains cas.
M. LAURIN: ... à aucun des points de vue envisagés par le
BAEQ originalement.
M. TESSIER: Non.
M. LAURIN: En ce qui concerne la renégociation de l'entente, le
CRD a fait parvenir deux avis au ministre responsable de l'ODEQ, et dans ces
deux avis on voit qu'un accent particulièrement marqué est mis
sur l'industrialisation de la région, ce qui corrigerait une des lacunes
majeures de la première entente.
Dans le premier avis, on demande que ce poste-là reçoive
25 p. c. du budget...
M. TESSIER: $25 millions.
M. LAURIN: ...$25 millions du budget glo-
bal, et dans l'avis complémentaire, on semble le porter à
un plus grand nombre de millions.
M. TESSIER: Je ne crois pas que ce soit possible.
M. LAURIN: Vous ne croyez pas que ce soit possible. En somme, vous ne
croyez pas qu'on puisse dépasser la somme de $326 millions qui a
été annoncée comme le montant...
M. TESSIER: Plus les $20 millions qui sont en négociation.
M. LAURIN: Le maximum possible, c'est $346 millions, si je comprends
bien.
M. TESSIER: C'est ça, environ.
M. LAURIN: Et non pas les $384 millions que recommande le CRD dans son
deuxième avis.
M. TESSIER: Non.
M. LAURIN: Maintenant, à l'intérieur même de ce
cadre de $326 millions ou $346 millions, il y a plusieurs hypothèses de
négociation. Dans une des hypothèses, on accorde un pourcentage
moindre de la somme globale aux efforts d'industrialisation. Quelle est la
position du ministre à ce sujet, étant donné, justement,
les lacunes de la première entente?
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait de lui
poser une question?
M. LAURIN: Oui.
M. TESSIER: Comment se fait-il qu'il a en main l'avis du CRD qui a
été, d'après le CRD, envoyé confidentiellement
à l'OPDQ?
M. LAURIN: Je ne peux pas vous dire comment je l'ai, je pourrai vous
répondre privément à ça, mais je l'ai, de toute
façon.
M. TESSIER: Est-ce que ce serait, par hasard, M. Jacques Cimon?
M. LAURIN: Je n'ai aucune idée. Je ne peux pas vous
répondre. Je sais simplement qu'il y a deux hypothèses de
renégociation dont l'une met un plus fort accent sur le
développement industriel.
M. TESSIER: Mais, M. le Président, vous me permettrez tout de
même de signaler à cette commission mon étonnement qu'un
document confidentiel envoyé par le CRD soit entre les mains du chef
parlementaire du Parti québécois.
UNE VOIX: C'est noté.
M. LAURIN: Mais ça ne répond pas à ma question sur
les hypothèses de renégociation.
M. TESSIER: Si vous voulez avoir l'amabilité de
répéter votre question.
M. LAURIN: Mais j'ajoute, avant que vous ne répondiez à
cette question, que vous constatez l'usage absolument non partisan que j'en
fais puisqu'au fond, l'usage que j'en fais, c'est simplement pour essayer
d'avoir des réponses à des questions que tout
député se doit de poser lorsqu'on discute tous ensemble de
l'avenir du Québec.
M. TESSIER: Bien, je suis d'accord sur la validité de vos
questions.
M. LAURIN: Donc, je repose ma question.
M. PILOTE: Je voudrais intervenir ici; je crois, moi, vu que ce que le
chef du Parti québécois a entre les mains ne devrait pas
être entre ses mains, il pose ses questions à partir du document
qu'il a entre les mains, et je trouve indécent qu'il se serve de ce
document pour poser des questions au ministre.
M. LAURIN: Ah! Je ne veux pas commenter cette déclaration. Je
pense qu'on a vu, tout au long de l'étude de ces crédits, que je
ne me suis pas permis une seule question partisane et que toutes les questions
que j'ai posées n'avaient pour but que l'accomplissement de mon devoir
de député. Je pense que le ministre responsable de l'ODEQ a
été à même d'apprécier ma bonne foi dans
toutes les questions que j'ai posées.
M. TESSIER: J'attends la prochaine question.
M. LAURIN: Bien, cette question était la suivante: dans les deux
hypothèses qui, semble-t-il, ont été examinées, il
y en a une qui met un accent plus marqué sur l'industrialisation en ce
qui concerne l'affectation d'une portion du budget global.
Je voulais simplement savoir quelle était la position du ministre
en ce qui concerne son choix ou sa préférence pour l'une ou
l'autre des hypothèses, justement à la lumière des lacunes
qui ont été constatées dans la première entente qui
avait été signée.
M. TESSIER : Bien, je suis parfaitement d'accord qu'on doit porter
l'accent sur l'industrialisation, seulement il ne faut pas perdre de vue que
les lois 20 et 21, qu'a présentées le ministère de
l'Industrie et du Commerce, trouveront leur application sur l'ensemble du
territoire du Québec et que, même si nous n'avons peut-être
pas tout ce que nous voudrions avoir ou que nous désirons dans l'entente
pour l'Est du Québec, il n'y a pas seulement dans ce domaine-là,
il y a d'autres domaines également où nous aurions aimé
avoir plus de millions. Mais ce qui pourra peut-être manquer dans
l'entente, au point de vue de l'industrialisation
du territoire, nous pourrons aller le chercher en sommes additionnelles
en profitant des lois no 20 et 21.
M. LAURIN: Je reconnais la validité de ce raisonnement, M. le
Ministre, mais il reste que les avantages qui doivent découler de
l'adoption des lois nos 20 ou 21 seront pour tout le Québec, avec un
avantage peut-être un peu plus marqué pour les régions
périphériques, alors que le but...
M. TESSIER : Un avantage beaucoup plus marqué.
M. LAURIN: Oui, mais dans...
M. TESSIER: Beaucoup plus marqué parce que nous sommes justement,
le territoire de l'Est du Québec et de la Gaspésie, dans la
région où nous pourrons profiter de 50 p.c, alors que dans le
reste du Québec, à l'exception de la région
métropolitaine de Montréal, je crois que c'est limité
à 30 p.c.
M. LAURIN: Oui, c'est juste, M. le ministre, mais, quand même, la
loi...
M. TESSIER: A 30 p.c, le ministre vient justement de sortir, il aurait
pu préciser mais pour autant que je me souvienne...
M. LAURIN : Les lois nos 20 et 21 montrent quand même qu'on est
limité, on doit attendre l'initiative des industries, alors que dans les
fonds prévus à l'entente il y a un pouvoir d'initiative de
l'office qui permet beaucoup plus de latitude, beaucoup plus de jeu...
M. TESSIER: D'accord.
M. LAURIN: ... et c'est dans ce sens-là que...
M. TESSIER: Je suis bien d'accord, mais je pense que nous en avons
suffisamment là pour faire la promotion industrielle, pour créer
des parcs industriels, pour voir à l'infrastructure de ces
parcs-là. Et si on combine les deux avec la situation
privilégiée dans laquelle nous placent les lois nos 20 et 21,
nous pourrons là avoir suffisamment à notre disposition pour
faire une réelle promotion industrielle.
M. LAURIN: Dans ce projet-là, quelle que soit l'hypothèse
de renégociation que vous retiendrez, est-ce que vous prévoyez la
création d'une société régionale de gestion?
M. TESSIER: C'est envisagé.
M. LAURIN: C'est envisagé. Est-ce que c'est envisagé avec
faveur ou avec réticence?
M. TESSIER: Ah non! Pas avec réticence du tout, au contraire
très favorablement.
M. LAURIN: Très favorablement. Une société
régionale de gestion qui serait, elle, aussi représentative, en
ce sens qu'elle pourrait inclure les éléments les plus dynamiques
du milieu.
M. TESSIER: Absolument.
M. LAURIN: Bien, c'est tout ce que j'avais à poser.
M. LE PRESIDENT: En terminant, vous me permettrez de remercier tous ceux
qui ont participé depuis hier à l'étude des crédits
du Conseil exécutif, et particulièrement le député
de Bourget qui a été le seul à compléter
l'étude pour les partis d'Opposition et qui, je pense, a apporté
un élément extrêmement constructif, et cela m'a permis,
personnellement, d'être à point sur bien des sujets. Je veux
remercier le premier ministre et le ministre des Affaires municipales.
M. LAURIN: Je remercie, pour ma part, le ministre de la franchise, de la
candeur avec laquelle il a répondu à toutes mes questions.
M. TESSIER: Eh bien, moi, je veux, en premier lieu, remercier le
président et également mes collègues qui ont
participé à la discussion, et j'ai été bien heureux
de répondre, dans toute la mesure du possible, aux questions qui m'ont
été posées.
(Fin de la séance: 17 h 43)