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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu s'est réunie pour étudier les
crédits budgétaires pour l'année 1983-1984.
Les membres de la commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Bordeleau (Abitibi-Est), Dauphin (Marquette), Gagnon (Champlain), en
remplacement de M. Dussault; Léger (Lafontaine), en remplacement de M.
Grégoire; Mmes Juneau (Johnson), Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Marois (Marie-Victorin), Paradis (Brome-Missisquoi),
Sirros (Laurier), Perron (Duplessis) qui remplace M. Vaugeois.
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue),
Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Mailloux (Charlevoix), O'Gallagher (Robert
Baldwin), Paré (Shefford), Picotte (Maskinongé).
Maintenant, le rapporteur.
M. Bordeleau: M. le Président, est-ce que je pourrais
suggérer mon collègue de Champlain?
Le Président (M. Blank): Le député de
Champlain, M. Gagnon, sera le rapporteur.
Comme c'est la coutume, le ministre va faire une déclaration et
on aura une réponse de la part de l'Opposition.
Exposés préliminaires M. Pierre
Marois
M. Marois: M. le Président, on me permettra tout d'abord
de vous présenter très rapidement l'équipe des hommes et
des femmes qui vont nous accompagner tout au long de nos travaux. Ils sont
là pour nous donner un coup de main durant l'étude des
crédits du ministère. Je voudrais profiter de cette occasion pour
les remercier, au nom de tous et chacun d'entre nous - je ne sais pas si on
sait ce qu'est la préparation de l'étude des crédits -
parce qu'ils ont accompli un travail colossal, d'abord, pour préparer
toutes les réponses à toutes les questions préalables
posées par les membres de cette vénérable Opposition et
également tout ce qu'il faudra en cours de route, au fur et à
mesure que les besoins des travaux de cette commission se feront sentir.
Je me permets également de dire que l'équipe de mon
ministère compte plus de 3000 personnes. Je voudrais dire qu'un ministre
qui a l'occasion de travailler avec une équipe de cette qualité
est un homme chanceux car tous accomplissent un travail qui n'est pas facile
dans une conjoncture extrêmement difficile, avec des défis
fondamentaux pour cette société par les temps qui courent. Ils le
font avec un sens professionnel, une rigueur et une préoccupation afin
que soit assurée - ce n'est jamais la perfection, c'est sûr; par
définition, nous sommes tous des humains -la meilleure qualité de
services possible aux Québécois et aux Québécoises.
Après tout, nous sommes là d'abord et avant tout pour eux.
Je me permettrai très rapidement, contrairement à mon
habitude, alors que je m'abstiens généralement, lors de
l'étude des crédits, de faire une déclaration d'ouverture,
de formuler un certain nombre de remarques, d'abord, pour rappeler la mission
fondamentale du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Cette mission a principalement deux objets:
d'une part, aider les Québécois et les Québécoises
à obtenir un revenu d'emploi, donc, un emploi qui permette, par voie de
conséquence, à chacun et chacune contribuant à bâtir
son coin local et régional de pays, d'obtenir, dans la dignité,
un revenu qui lui permette de vivre décemment, un emploi qui
réponde aussi à des conditions minimales prévues par nos
lois, je parle de conditions minimales de travail et de revenu. C'est dire,
dans cette perspective, que la mission du ministère suppose que tout ce
qui est humainement possible est fait et doit être fait pour favoriser
l'accès au marché du travail à toute personne en mesure de
travailler. C'est dans ce contexte-là que s'insère la
contribution de plus en plus importante du ministère à la lutte
au chômage, à la création d'emplois, à l'aide des
projets conçus par les citoyens, les groupes, les entrepreneurs, les
promoteurs et les entreprises du milieu à créer de l'emploi.
C'est aussi dans ce contexte que s'insère un volet extrêmement
important de nos activités qui s'est développé
considérablement durant la dernière année et qui est
appelé à prendre de plus en plus de place. On aura l'occasion de
parler de toute cette question de la formation professionnelle.
Cette mission nécessite aussi une aide aux employeurs pour
trouver cette main-d'oeuvre qui, elle-même, au besoin, doit être
aidée pour se réajuster, se reformer, se requalifier, pour aider
les entreprises à développer des programmes faisant en sorte...
C'est là un volet extrêmement important sur lequel je me
permettrai d'insister quelque peu parce qu'il est très souvent
négligé ou oublié quand on parle du ministère. Je
fais allusion à tout le travail colossal de placement, le placement au
sens large, le placement en général, fait par les personnes
travaillant au ministère. Tout cela dans le but de favoriser les
réajustements qui s'imposent pour permettre aussi bien aux
Québécois et aux Québécoises qu'aux entreprises de
se réajuster pour faire face aux nouveaux défis d'une
société qui, non seulement traverse une profonde et dure crise
économique - chacun et chacune peut bien faire ses prévisions,
ses pronostics pour voir à quel point la lumière commence
à poindre au bout du tunnel - mais qui, de façon évidente,
s'accompagne et va s'accompagner d'une mutation très profonde de la
société qu'on concrétise aux yeux de certains et certaines
par ce qu'on appelle le virage technologique qui en est une des facettes.
C'est également dans le cadre de cette mission que le
ministère a développé, avec les agents
socio-économiques, des politiques visant à maintenir l'emploi,
également à favoriser le reclassement lorsqu'il s'impose et
à développer, comme on a pu le voir récemment dans le cas
de Schefferville, des programmes concrets favorisant la mobilité de la
main-d'oeuvre.
La deuxième mission du ministère s'adresse aux personnes
qui, pour des raisons spécifiques et, bien plus souvent qu'on le pense,
indépendantes de leur volonté, ou pour des raisons de conjoncture
socio-économique, sont empêchées de travailler, pour faire
en sorte que la société qui, selon nous, se doit d'assumer la
responsabilité de maintenir un niveau minimum de revenu compatible avec
la dignité humaine, puisse le faire du mieux possible dans un contexte
qui n'est pas facile.
C'est donc autour de cette double mission que s'articulent, se
développent et vont continuer à s'articuler, à se
développer et à s'amplifier l'ensemble des activités des
divers programmes du ministère de la Main-d'Oeuvre et la
Sécurité du revenu. Cela représente un défi - j'en
mesure à la fois la portée et la responsabilité -
colossal. On me permettra très rapidement d'en rappeler, non pas le
détail pour l'instant, mais les principaux axes ou les principales
activités et les principaux programmes.
Durant l'année qui s'est écoulée, et cela se
poursuivra jusqu'à la fin de la présente année civile,
s'est déroulée et se déroule probablement la plus
colossale activité de fusion jamais menée à
l'intérieur du gouvernement. Celle-ci vise à mettre ensemble les
ressources humaines et techniques - ce qu'on a appelé la tâche de
fusion - des centres de main-d'oeuvre, d'une part, et des bureaux d'aide
sociale pour développer un réseau intégré, qu'on
appelle le réseau de centres Travail-Québec. Il s'agissait de
faire en sorte que l'essentiel, les ressources humaines, financières,
techniques, les programmes soient disponibles sous forme d'un guichet unique,
non seulement pour les hommes et les femmes, mais également pour les
entreprises.
Nous nous sommes également délestés au cours de
cette période de tout le bloc des relations du travail qui, comme on le
sait, est passé maintenant dans le cadre d'un nouveau ministère,
le ministère du Travail, des relations du travail. Nous nous sommes
également délestés de toutes les activités
d'inspection, celles qui restaient antérieurement au ministère,
et qui visent à assurer la sécurité du public,
activités qui sont passées sous la responsabilité du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Nous avons mis un accent extrêmement important - cela a
été largement discuté, cela fait l'objet de discussions
présentement à l'Assemblée nationale, je sais que cela se
poursuivra encore demain et dans les jours et les semaines qui viendront, c'est
notre intention de continuer - colossal et probablement dans le cadre d'un
effort financier sans précédent, sur la création
d'emplois. Effectivement, durant l'année - on pourra en voir le
détail - c'est un peu plus de 42 000 emplois temporaires ou durables qui
auront pu être débloqués, encore une fois en prenant appui
sur les idées, les projets du milieu, soit en s'adressant à des
clientèles précises, les jeunes en particulier; c'est tout
près de deux jeunes sur trois, si ma mémoire est bonne, qui ont
pu bénéficier de l'un ou l'autre de ces programmes de
création d'emplois. C'est un peu plus de 50% des
bénéficiaires d'aide sociale. Quand on regarde l'état de
l'arrivée des nouveaux bénéficiaires à l'aide
sociale, par les mois qui passent -j'espère que je ne me trompe pas -
c'est tout près de 10 000 nouveaux bénéficiaires par mois,
par les temps qui passent, qui arrivent à l'aide sociale; c'est
colossal.
Également, parmi ces clientèles cibles, il y a les
personnes handicapées dont il importe de favoriser les chances de retour
au travail, d'ouvrir des perspectives d'égalité en emploi.
Parlant d'égalité en emploi, le ministère est un de ceux
qui a fait un effort important jusqu'à maintenant et qui entend
continuer, qui s'est donné une politique d'égalité en
emploi, particulièrement pour ouvrir des chances plus égales pour
les femmes, également aussi pour les handicapés.
Pour ces divers programmes de création d'emplois, on sait que le
budget en cours d'année est passé de quelque 60 000 000 $
à quelque 160 000 000 $ effectivement. Quand on regarde les sommes
engagées et déboursées sur l'année
financière qui vient de se terminer et, durant la même
année financière, les sommes engagées et qui seront
déboursées au cours de la prochaine année, c'est tout
près de 180 000 000 $ que le gouvernement du Québec aura
injectés.
Le budget s'est donc ajusté à la hausse en cours
d'année financière et, cette année, nous démarrons
avec un budget de 235 000 000 $. C'est donc dire qu'il y a encore là un
effet additionnel extrêmement important. (10 h 30)
Nous avons procédé à des activités
d'évaluation rigoureuses, scientifiques de certains des programmes. La
plupart des documents ont été portés à la
connaissance du public. J'ai moi-même déposé à
l'Assemblée nationale tout près de 800 pages de copies de ces
diverses études. Nous poursuivons de nouvelles études. Je me
permets d'indiquer tout de suite au député de Laurier que le
résultat de ces études -les fonctionnaires travaillent le plus
rapidement qu'ils peuvent - ne sera pas prêt avant l'été.
Si tant est que le député sentait le besoin de mettre quelqu'un
à la recherche des papiers, pour l'indiquer à cette personne, ce
sera quelque part vers le début de l'été que les travaux
de recherche ou d'enquête pourront commencer à s'effectuer. Les
papiers ne seront pas disponibles avant cette période.
Également, nous avons mis à contribution - c'est mon
intention de continuer à le faire, et je pense que c'est une
espèce de première au Québec - l'équipe des hommes
et des femmes qui travaillent chez nous pour cerner les diverses
problématiques dans le but d'établir une politique
d'évaluation, politique qui a été déposée
par moi-même à l'Assemblée nationale, afin de pouvoir
vérifier - c'est l'objectif de cette politique d'évaluation
-annuellement dans quelle mesure les objectifs fixés, non seulement pour
les programmes de création d'emplois, mais chacune des activités
du ministère, chaque année, ont été ou n'ont pas
été atteints; pourquoi les objectifs ont été
atteints, dépassés ou n'ont pas été atteints. Nous
voulons également, aux trois ans, mesurer l'impact sur les
clientèles - les citoyens, les citoyennes, les entreprises - pour
lesquelles nous travaillons.
C'est aussi mon intention de continuer, parce que ces opérations
d'évaluation nous permettent de bonifier, d'améliorer les
programmes, d'apporter des réajustements, d'ouvrir même de
nouveaux programmes. Je suis heureux de profiter de cette commission
parlementaire pour annoncer déjà certains paramètres
nouveaux. Dans le cas de certains programmes qui visent à ouvrir de
l'emploi permanent, le programme de retour au travail sera ouvert non seulement
aux bénéficiaires de l'aide sociale, mais également
à ceux et celles qui ont épuisé leurs prestations
d'assurance-chômage. Donc, aux personnes admissibles à l'aide
sociale. Également, le montant maximal de la subvention, qui
était de 6000 $, est maintenant porté à 8500 $. J'indique
donc déjà certains des paramètres. Il y en a d'autres.
Dans le cadre du programme expérimental de création d'emplois
communautaires, un pourcentage des projets sera réservé à
des jeunes, dans le cadre du plan d'action pour les jeunes qui inclut bien
sûr un nouveau programme qui est l'action des jeunes volontaires, mais
qui comprend aussi d'autres dimensions. Le programme PECEC réservera une
partie de ses activités, de ses budgets, de ses projets pour des jeunes
promoteurs, des jeunes entrepreneurs avec des critères un peu plus
souples quant à la mise de fonds initiale tout en cherchant à
faire en sorte qu'il y ait quand même une certaine mise de fonds de
base.
Également, on sait que le contentieux Québec-Ottawa, dans
le cadre du programme RELAIS, se sera quand même soldé de
façon extrêmement positive pour le Québec puisqu'il aura
amené le fédéral, pour une première fois, à
se compromettre par écrit, ce qui n'avait jamais été le
cas par le passé, et à s'engager pour un montant de 170 000 000 $
à investir au Québec dans le cadre de projets émanant du
secteur privé ou dans le cadre de projets émanant de groupes
communautaires. Le programme est maintenant complété par un
programme québécois où nous avons amélioré,
à la fois dans sa souplesse, dans ses critères et quant aux
sommes d'argent disponibles pour les divers projets, les salaires qui peuvent
être payés, les montants d'argent pour fins d'encadrement. Le
nouveau programme PRIME, qui s'adresse aux municipalités, le
gouvernement du Québec y injectera 50 000 000 $, sur une période
de deux ans, et, dès la présente année, un montant de 42
300 000 $, si ma mémoire est bonne.
C'est également notre intention, dans le cadre de cette action
intense qu'il nous faut mener du côté des jeunes - j'aurai
l'occasion d'y revenir très rapidement en ce qui concerne la
sécurité du revenu - non seulement de faire tout ce qui est
humainement possible pour débloquer les meilleures chances
d'accès et d'insertion dans le monde du travail, mais également
d'insertion sociale dans la communauté, ce qui est l'objectif d'un des
programmes, celui de l'action des jeunes volontaires. C'est également
l'intention du ministère - le programme devra être mis au point et
prêt à devenir fonctionnel dès l'automne - d'ouvrir
une perspective concrète de formation pour les jeunes en
entreprise, que ce soit la formation directement en entreprise et en industrie,
que ce soit la perspective plus souple encore d'une formation, comme on dit, en
alternance, entreprise-institution, institution-entreprise.
Voilà pour un certain nombre d'éléments. C'est
également dans cette perspective que le ministère, à
l'intérieur de chacun des bureaux locaux de centres
Travail-Québec, ouvrira - d'ici à la fin du mois de mai, ce sera
une démarche à peu près complétée - ce qu'il
est convenu maintenant d'appeler un module jeunesse, c'est-à-dire
vraiment du personnel qui s'occupera exclusivement des jeunes pour faire en
sorte que non seulement ils puissent être accueillis, mais que chacune
des possibilités puisse être examinée avec chacun des
jeunes qui se présenteront à nos bureaux.
Dans cette perspective, il est certain -et je ne vous cacherai pas que
nous sommes très fiers de l'accord que nous avons pu négocier
avec le fédéral où le Québec a non seulement
maintenu ses acquis, mais a fait des gains extrêmement importants pour
l'avenir dans la perspective que je viens de tracer, notamment celle qui
permettrait d'ouvrir davantage, de façon beaucoup plus accentuée,
la formation en entreprise - que cela aura permis au Québec de faire des
gains également quant à la participation du Québec au
processus décisionnel. Le Québec est maintenant participant
à part entière aux décisions clés quant aux
projets, quant aux politiques, quant à la sélection des candidats
et des candidates et, également, quant à cet accès qui est
maintenant ouvert à ce qu'il est convenu d'appeler la caisse
d'accroissement, ce qui nous permet de financer des équipements qui
peuvent être nécessaires en entreprise pour favoriser la formation
non seulement des jeunes, mais des travailleurs en général. C'est
une dimension que nous ne devons absolument pas perdre de vue dans la
conjoncture actuelle.
C'est donc un montant considérable, au début de
l'année financière, que de démarrer avec 235 000 000 $ de
budget qui comprend les 20 000 000 $ de l'action des jeunes volontaires, mais
qui ne comprend pas les sommes d'argent qui seront allouées en cours
d'année, dès que nous aurons pu en évaluer les ressources
financières requises, pour commencer le programme que j'ai
déjà indiqué que nous entendons mettre sur pied pour
l'automne et que j'appelle aujourd'hui, pour les fins de la discussion, une
formule de bons d'apprentissage nous permettant d'ouvrir la formation en
entreprise ou en alternance à des jeunes.
Également, il me semble extrêmement important de signaler -
je l'ai indiqué rapidement, on en parle très peu et cela exclut,
au point de départ, je le dis, le placement étudiant - qu'il se
fait un travail considérable dans les bureaux de centres
Travail-Québec pour favoriser le placement en général. Des
hommes et des femmes s'inscrivent en recherche d'emploi au ministère,
des employeurs ou des entreprises s'inscrivent également au
ministère et maintenant - c'est une perspective nouvelle qui s'ouvre et
qui est intéressante - des organismes publics et parapublics. Je pense,
en particulier, à Hydro-Québec qui, maintenant, s'adresse de
façon à peu près systématique - on a
commencé sur le plan des occasionnels, mais, maintenant, cela s'ouvre
davantage - au ministère. Pour indiquer l'effort qui est fait, alors
qu'il y avait eu, en 1981-1982, 36 490 placements confirmés, il y en
avait, pour la dernière année financière, sous
réserve des chiffres dont la comptabilisation se termine à la fin
d'avril, 44 665 qui ont pu être placés dans le cadre du placement
en général, ce qui est un accroissement intéressant, en
particulier quand on tient compte de la période que nous traversons.
Il s'est fait aussi un effort extrêmement important pour
favoriser, débloquer et ouvrir davantage le placement étudiant en
particulier. On sait que, bien sûr, ce n'est pas la prétention du
ministère ni du gouvernement d'assumer ou d'assurer à lui seul
tout le placement de tous les étudiants et les étudiantes qui
sont à la recherche d'emplois pour l'été. Le gouvernement
du Québec se doit d'assumer des responsabilités, l'ensemble de la
société également, le gouvernement fédéral
fait aussi son bout -quand il fait quelques bonnes affaires, il n'y a pas de
raison de ne pas le dire. Il n'en reste pas moins que cela fait deux qui se
marchent sur les pieds, mais, en tout cas, c'est une autre paire de manches. Il
fait quand même son effort, je me dois de le reconnaître.
Il est important de signaler que, l'an dernier, au bilan des chiffres,
tout près de 80% des 110 000 étudiants qui étaient
à la recherche d'emplois pour l'été ont trouvé un
emploi. Le ministère chez nous y a largement contribué par les
programmes de base. Nous continuons cette activité qui a donné
d'excellents résultats. Le ministère lui-même, pour la
deuxième année, va retenir les services de près de 200
étudiants - cette activité, à toutes fins utiles, est
à peu près déjà complétée au moment
où on se parle -qui seront embauchés dans les divers centres
Travail-Québec pour visiter les employeurs, leur offrir les services du
placement étudiant. Il y a aussi des échanges interprovinciaux
qui s'ouvrent pour les jeunes. Il y a également de l'emploi
d'été pour étudiants et étudiantes
handicapés. C'est un programme qui vise à procurer à ces
personnes un emploi qui leur convienne. Dans ce cas, on assume en
totalité la
rémunération de ces étudiants.
Il y a également un tout nouveau programme qui vient d'être
annoncé et qui démarre pour l'été qui vient. C'est
un nouveau programme qui subventionne l'emploi pour l'été des
étudiants et étudiantes de niveaux universitaire et
collégial pour un stage d'apprentissage dans les domaines scientifique
et technique, donc, qui se fait en concertation avec des entreprises qui
oeuvrent dans les domaines scientifiques ou techniques, disposant du personnel
capable de concevoir et de superviser un programme de stage et en mesure de
fournir le soutien matériel et humain nécessaire à la
bonne poursuite de ce stage.
J'ai déjà indiqué l'effort de l'année qui
vient de s'écouler et les perspectives, dans les grandes lignes, en ce
qui concerne les jeunes. J'ai déjà également
indiqué les grandes lignes de ce qui se fait dans le domaine du
reclassement et de la mobilité. Le ministère met de plus en plus
l'accent sur une approche - à défaut de mieux, c'est le jargon
que j'utilise pour décrire cette approche, plutôt qu'une approche
à la française, très rationnelle, très logique,
très normalisée, très réglementée et
encadrée -beaucoup plus souple, peut-être plus
nord-américaine, visant à débloquer une perspective de
prévention. Le reclassement est une opération qui donne des
résultats, mais elle intervient lorsque les catastrophes arrivent,
lorsqu'une entreprise a fermé ses portes. (10 h 45)
En concertation avec les agents socio-économiques, nous avons mis
un accent beaucoup plus grand - les budgets sont là aussi pour le
confirmer - sur la prévention, sur le maintien de l'emploi, permettant
de mettre sur pied, lorsque c'est la volonté des parties, des
comités dits de protection de l'emploi, en mettant à contribution
également des hommes et des femmes qui travaillent dans le secteur
privé et qui ont une connaissance du genre d'entreprise, du secteur
économique dans lequel cette entreprise fonctionne pour qu'ensemble les
divers partenaires avec ces conseillers et des ressources du ministère
et d'autres ministères puisque maintenant notre travail de concertation
débloque sur une action intéressante de concertation avec les
autres ministères - puissent diagnostiquer la situation de l'entreprise,
mettre au point, lorsque cela paraît possible, des plans de redressement
et, sous forme d'un guichet unique qui se situe à l'intérieur
même de l'entreprise, à partir des équipes et des
ressources qui sont disponibles, voir de quelle façon il est possible,
pour le gouvernement du Québec, notamment, et l'ensemble des agents
socio-économiques d'une région ou d'un secteur économique
donné, de mettre au point des plans permettant de sauvegarder
l'entreprise, le cas échéant, de la moderniser et, par voie de
conséquence, dans certains cas - je connais un cas très
précis qui s'est produit très récemment dans la
région de Montréal, dans une entreprise qu'on est porté
à croire comme étant, de par son nom, une entreprise
québécoise, mais qui ne l'est pas, et qui est la
propriété d'une filiale ontarienne, la propriété
d'une entreprise qui fonctionne directement de Londres - non seulement de
maintenir et de sauvegarder les emplois, mais d'augmenter le nombre d'emplois
puisque le travail de prévention aura permis aux agents de profiter de
cette occasion, en diagnostiquant l'ensemble des problèmes et, les faits
étant mis sur la table, de réexaminer, à la lumière
de ces faits, la convention collective de travail, d'ouvrir, par exemple, un
horaire continu de travail pour que, durant les périodes de
pause-café, par exemple, l'équipement, le matériel, la
machinerie continue à rouler, à fonctionner. De cette
façon, sur la base des horaires continus, il a été
possible d'ouvrir près d'une centaine d'emplois nouveaux additionnels.
Cela donne des résultats intéressants. Nous voulons pousser ces
expériences encore plus loin avec les agents socio-économiques
et, le cas échéant, éventuellement, si tant est que
c'était nécessaire - ce le sera vraisemblablement au moins pour
réajuster des préavis dans le cas de licenciements qui sont
complètement désuets et de sanctions qui sont également
désuètes; c'est la partie, comment dirais-je, plus
policière de cette activité - de réajuster les choses pour
que cela réponde aux besoins d'aujourd'hui.
Tout cela pour dire également que la charge de travail des hommes
et des femmes qui travaillent au ministère s'est considérablement
accrue. Je pense que c'est l'évidence quand on pense à l'aide
sociale. Ce n'était peut-être pas l'évidence quand on pense
aux charges de travail dues à la venue, à la mise au point et au
développement de tous ces nouveaux programmes dans le domaine de la
création d'emplois, de la formation professionnelle, du reclassement et
du maintien de l'emploi et également des programmes et des politiques
nouvelles sur lesquels nous travaillons présentement, ce qui
n'apparaît pas aux crédits puisque l'autorisation a
été donnée tout récemment. Nous avons
été autorisés à ouvrir 200 nouveaux postes
personnes-année pour l'aide sociale, 130 pour ce qui est des ressources
de base requises pour mettre en place les modules jeunesse dont j'ai
parlé tout à l'heure et 70 personnes-année, si ma
mémoire est bonne, dans le cas des programmes de création
d'emplois. Tout cela dans le but non seulement de réduire la charge de
travail, de répondre aux besoins nouveaux, mais dans le but d'assurer la
meilleure qualité possible de services et
également de favoriser le meilleur accueil possible des citoyens.
Nous sommes très préoccupés au ministère, à
tous les paliers, non seulement par la qualité, mais le type d'accueil,
pour que les gens se sentent vraiment chez eux, qu'aussi bien les employeurs
que les hommes et les femmes travailleurs à la recherche d'un emploi,
à la recherche d'une sécurité du revenu de base, sentent
qu'ils sont chez eux, que les gens sont là à leur service et
disponibles.
Je pourrais poursuivre encore longuement. Je sais que j'ai
déjà pris passablement de temps. Comme je sais que ce sera
abordé lors de l'examen des crédits d'autres commissions quant
aux ajustements qui viendront dans le domaine de la sécurité du
revenu, particulièrement quant au Régime de rentes du
Québec et aux régimes supplémentaires, je n'y reviendrai
pas pour l'instant. Nous aurons sûrement l'occasion de parler de l'aide
sociale au cours de nos travaux.
Je voudrais tout de suite redire ce que j'ai déjà eu
l'occasion de dire très clairement. Je suis très sensible
à la situation des jeunes de moins de 30 ans à l'aide sociale. Il
est certain que des choses doivent être faites. Si nous devions
accéder à une demande formulée de façon globale
d'augmenter les barèmes d'aide sociale pour les jeunes de 18 à 30
ans pour les porter d'un coup directement au niveau des barèmes pour les
citoyens qui sont plus âgés, cela représenterait des
déboursés, compte tenu de la clientèle actuelle, de
l'ordre de 250 000 000 $ à 260 000 000 $. C'est évident que nous
n'avons pas les moyens de faire cela.
D'autre part, entre tout et rien, je crois qu'il y a place pour des
améliorations qui s'imposent. Je viens de faire parvenir au Conseil des
ministres un certain nombre de propositions qui s'inscrivent dans cette
perspective, mais également accrochées à cette
préoccupation fondamentale que, bien sûr, nous devons
améliorer le sort des jeunes qui n'ont que ça devant eux pour
l'instant. Parallèlement, il faut que nous fassions tout ce qui est
humainement possible pour ouvrir une gamme de perspectives, notamment, celles
qui débouchent sur de l'emploi, un premier emploi, une première
expérience d'emploi. Nous devons ouvrir cette perspective de formation
en entreprise en alternance avec l'institution. Il faut se préoccuper
aussi de ces jeunes qu'on qualifie de "décrocheurs", pour leur permettre
de faire des choses qui peuvent être utiles à la
société, au sens strict et correct de ce mot, valorisantes pour
eux et auxquelles il nous serait peut-être possible d'accrocher. Nous
travaillons très fort avec le ministère de l'Éducation sur
une forme quelconque de reconnaissance ou de qualification dite, "reconnue". Il
faudra également, le cas échéant, pour ceux et celles pour
qui c'est la perspective qui leur paraît la plus intéressante,
favoriser le retour aux études.
Toutes ces options doivent s'ouvrir de plus en plus pour que les jeunes
aient non seulement leur place, mais pour leur permettre d'acquérir une
autonomie personnelle et d'éviter de tomber dans le panneau d'une
dépendance qui risquerait de s'accentuer.
Je m'en voudrais de ne pas indiquer tout de suite que nous poursuivons
nos travaux sur l'ensemble de la question de la sécurité du
revenu, qui est une question complexe. Nous regardons également de
très près le supplément au revenu de travail pour voir de
quelle façon non seulement il serait possible de mieux l'harmoniser avec
le régime actuel d'aide sociale, mais aussi de quelle façon il
serait possible, si tant est que ce soit la meilleure formule, de
l'intégrer ou d'assurer une intégration bien faite des deux
programmes, maintenant que nous avons pu en vivre les premières
années d'expérience.
La crise actuelle que nous vivons, qui .s'accompagne* à mon avis,
d'une profonde mutation de la société, malgré ses aspects
difficiles, extrêmement difficiles pour de trop nombreux
Québécois et Québécoises, est également en
train - et c'est un aspect positif - de faire resurgir, ressortir ou
émerger à nouveau une dimension qui est peut-être
culturelle, propre au Québec, mais culturelle au sens très large
du mot, qui fait qu'on a toujours eu le sens de la corvée, de faire les
choses ensemble, particulièrement dans les moments difficiles. Elle est
peut-être en train de favoriser aussi le développement, par voie
de conséquence, de changements de comportement, d'attitude et de
mentalité. Ce ne sont pas des choses qu'on change facilement par des
lois ou des règlements. Je me permets toujours de rappeler le vieil
exemple qui n'est pas aussi loin que cela dans notre histoire; on a notre
côté latin, les Québécois. Autrefois, dans le rang,
on avait et on a encore parfois, non seulement dans le rang, mais dans les
quartiers, nos chicanes de clôture - Dieu sait qu'on est capable de se
chicaner comme il faut - mais, quand le feu prenait à la maison du
voisin, on abandonnait nos chicanes et on allait reconstruire la maison. Quand
cela était fini, on se tapait dans les mains et on recommençait
nos chicanes. On appelait cela des bis, on appelait cela des
corvées.
Cela émerge à nouveau sous une forme plus moderne,
ajustée à la réalité d'aujourd'hui. On en voit des
exemples partout. On en a des témoignages très concrets à
l'intérieur du programme de création d'emplois communautaires. On
le voit dans le rapport qui a été déposé à
l'Assemblée nationale quand on se donne la
peine de le lire très attentivement. On voit ce qui est
engendré comme ressources financières émanant du milieu.
Pour chaque dollar que le gouvernement du Québec investit dans un projet
d'entreprise conçu par le milieu, le milieu lui-même y injecte 3
$. Au cours de la dernière année, pour chaque dollar, c'est 4 $
que le milieu donnait, institutions financières, promoteurs, hommes et
femmes qui travaillent dans ces entreprises; la communauté
s'implique.
On le voit également ressortir - et le ministère est
très activement impliqué dans ces rencontres, ces tables
sectorielles de concertation qui examinent certains secteurs traditionnels
d'activité économique -présentement avec les agents
socio-économiques, le secteur du meuble, le secteur du vêtement,
le secteur du minerai de fer. On le voit également dans des secteurs
d'avenir, des secteurs de pointe, l'électronique. On voit les
changements d'attitude, de mentalité. Les gens sont prêts à
mettre de côté un certain nombre d'attitudes figées,
braquées et à réexaminer avec une ouverture d'esprit la
situation actuelle, à ouvrir des perspectives d'avenir qui soient
meilleures, en le faisant ensemble et en ne pensant pas que le gouvernement
peut et va tout faire tout seul.
C'est vrai dans le cas du projet que nous avons épaulé,
que j'ai personnellement épaulé, que d'autres de mes
collègues ont épaulé. Nous avons même mis des
personnes-ressources à la disposition de la Fédération des
travailleurs du Québec, au ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, pour aider les travailleurs de la Fédération des
travailleurs du Québec à compléter, à mettre au
point son projet de fonds de solidarité. Nous l'avons vu aussi à
l'occasion de cette rencontre dite "top secret" des neuf, qui était
tellement secrète que cela a paru à pleine page dans les journaux
de Québec et de Montréal avec le premier ministre et mon
collègue, le ministre des Finances. J'ai eu l'occasion de participer
à une première rencontre avec certains porte-parole du monde
patronal et du monde syndical pour voir le chemin, le cheminement qu'il nous
était possible de faire ensemble. Ces travaux se poursuivront.
Il se développe aussi une attitude - je trouve cela très
encourageant - avec les divers ministères. J'ai toujours dit - je n'ai
pas changé d'idée parce que je ne suis plus ministre
d'État au développement de quelque chose - qu'il fallait jeter
par terre les barrières entre ministères, surtout quand on arrive
aux niveaux régional et local, pour faire en sorte que les ressources
humaines, techniques, financières soient rendues accessibles aux
citoyens et qu'on apprenne à travailler ensemble sur divers types de
projets concrets, conçus par les gens du milieu. L'expérience qui
a été menée en région par ceux qui travaillent dans
le cadre du programme de création d'emplois communautaires a fait des
petits et c'est maintenant vrai au niveau du ministère. Nous travaillons
très étroitement, maintenant, avec une dizaine ou une douzaine de
ministères dans le cadre du programme de création d'emplois
temporaires. C'est aussi vrai dans le cadre du programme de création
d'emplois permanents. Les relations sont très étroites maintenant
avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, avec mon
collègue et son équipe de Science et Technologie, avec le
ministère de l'Éducation. C'est ce qui explique, d'ailleurs, dans
le cas du ministère de l'Éducation et de l'Immigration, que le
Québec se soit présenté dans l'ordre et de façon
organisée, et équipé d'objectifs précis lors de la
négociation qui a permis de mettre au point l'accord sur la formation
professionnelle des adultes. Nous sommes fiers de ces efforts, nous entendons
les pousser et les stimuler dans le but de développer également
de nouvelles politiques, notamment la perspective d'une politique d'emploi,
d'une politique de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu. Je
m'arrête là-dessus, M. le Président. J'ai voulu faire un
rapide bilan de ce qui s'est fait et également des grands axes de nos
priorités pour l'année qui vient. (11 heures)
En terminant, je voudrais très rapidement, comme je l'avais
indiqué au point de départ, vous présenter ceux et celles
qui nous accompagnent et qui sont à la disposition des membres de cette
commission. Il y a M. Aubert Ouellet, à ma droite, le sous-ministre du
ministère; M. Pierre-Yves Vachon, le sous-ministre adjoint à
l'administration; M. Henri-Paul Chaput, qui est le directeur
général des politiques et programmes de main-d'oeuvre et de
sécurité du revenu; M. André Roy, directeur
général, comme on dit, des opérations du réseau de
Travail-Québec; Mme Jacqueline Noël De Tilly qui assume la
responsabilité de secrétaire du ministère; M. Paul Matte,
qui est directeur à la gestion financière au ministère; M.
Émile Dubois, qui est directeur des politiques de sécurité
du revenu; M. François Renaud, qui est un professionnel des politiques
et programmes; M. Jacques Gagnon, qui est le président du comité
directeur du programme expérimental de création d'emplois
communautaires, accompagné de M. Fecteau, qui en assume la
vice-présidence; vice-président exécutif, M. Belleville,
qui assume la responsabilité du secrétariat; Mme Louise Turgeon,
adjointe au sous-ministre adjoint à l'administration, qui scrute
à la loupe nos projets, nos perspectives, nos programmes, qui est du
Conseil du trésor; M. Roger Bertrand qui est directeur des programmes
sociaux et de santé; et m'accompagnent, Mme Suzanne
Sauvé, attachée politique, et Robert Jasmin, qui est le
directeur adjoint de cabinet. Merci. Je m'excuse d'avoir peut-être
même un peu abusé du temps de cette commission. Ce n'est pas mon
habitude lors de l'étude des crédits, mais il me semblait
pertinent, particulièrement cette année, en ces temps qui ne sont
pas faciles, de le faire le plus franchement et le plus complètement
possible.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'allais dire que, pour
quelqu'un qui ne voulait pas faire un discours au tout début,
c'était pas pire.
M. Marois: Je n'ai pas dit un discours. M. Sirros: Jasé,
plutôt.
M. Marois: Voulez-vous que je m'essaie à faire un
discours?
M. Sirros: Non. Finalement, à écouter le ministre,
on dirait que tout va bien, qu'il n'y a pas de problèmes, qu'on devrait
tout simplement voter cela et puis dire: Bye bye, à l'année
prochaine.
J'aimerais, en commençant, féliciter, moi aussi, d'une
part, le personnel du ministère de la qualité du travail qu'il a
effectué quant à la préparation des crédits,
également...
M. Marois: Et des divers documents.
M. Sirros: ...des divers documents que j'ai trouvés de
très bonne qualité, ce qui nous a permis d'avoir un aperçu
beaucoup plus détaillé du fonctionnement du ministère et
de voir aussi aujourd'hui des choses qui n'ont pas été
mentionnées depuis longtemps. Même si le ministre disait tout
à l'heure qu'il a lui-même déposé au-delà de
800 pages de documents d'études à l'Assemblée nationale,
je voudrais lui faire remarquer que ces études existaient depuis fort
longtemps et qu'elles n'étaient pas déposées en Chambre
jusqu'au moment où l'Opposition en a fait la demande. Nous sommes
vraiment heureux de voir sa collaboration, jusqu'à un certain point. On
aurait aimé avoir la même collaboration pour les autres documents.
Nous nous sommes trouvés dans la position de les rendre nous-mêmes
publics étant donné qu'on jugeait que c'étaient des
documents importants qui, d'une certaine façon, donnaient un
sérieux avertissement au ministre et à son ministère quant
à l'orientation que prenaient certains programmes et, en particulier,
des programmes de création d'emplois. On y reviendra peut-être
tout à l'heure quand on discutera de ces choses de façon
peut-être plus spécifique.
J'aimerais, moi aussi, rappeler la mission du ministère qui est,
comme l'a très bien dit le ministre, d'aider tous les
Québécois et Québécoises à se procurer un
revenu d'emploi, de fournir une assistance sociale à ceux qui n'en ont
pas et d'aider également les entreprises à trouver une
main-d'oeuvre compétente. Finalement, si on analyse cette mission, on
voit qu'on dégage rapidement trois clientèles cibles que dessert
le ministère.
J'aimerais commencer par celle que le ministre a touchée en
dernier, les bénéficiaires de l'aide sociale, parce que c'est
aussi la plus grande clientèle du ministère et la plus importante
en termes humains et en termes budgétaires. Il y a au-delà de
quelque 1 000 000 000 $ dans le budget affectés aux prestations d'aide
sociale, au fonctionnement de l'aide sociale. Je me passerai pour l'instant de
parler du niveau des prestations. On peut, de toute façon, les
décrier par rapport au seuil de pauvreté établi. Je ne
peux pas m'empêcher de revenir directement, de façon très
précise, sur la question des 18-30 ans que le ministre a touchée.
C'est une situation qui existe quasiment depuis le début de
l'instauration du programme d'aide sociale, cette distinction basée sur
l'âge. Il y avait une époque où ce n'était
peut-être pas aussi critique et aussi sérieux en termes de la
discrimination qu'elle fait parce qu'effectivement le taux de chômage
était beaucoup plus bas et qu'il y avait des perspectives d'emploi pour
les jeunes. Cela fait déjà au-delà d'un an, un an et demi,
deux ans presque que la situation s'aggrave. On est rendu au point où on
est maintenant avec un taux de chômage de tout près de 25% chez
les jeunes; il y a quelque chose comme 90 000 aptes au travail, en bas de 30
ans, qui sont bénéficiaires de l'aide sociale. Cela fait aussi
longtemps que le gouvernement est au courant de l'urgence de la situation.
Quand on parle d'urgence, on ne peut que mentionner le montant de 146 $
maintenant qui est alloué aux bénéficiaires de l'aide
sociale entre 18 et 30 ans comme seule source de revenu, le lier avec la
mission du ministère qui a été rappelée par le
ministre lui-même au tout début pour constater que ce n'est pas
une source de revenu suffisante pour assurer même leur existence. Ces 146
$ par mois, je ne sais pas trop comment les qualifier; ce serait utiliser un
langage qui ne serait pas parlementaire. De toute façon, je pense qu'on
a là un problème qui a été souligné au
gouvernement il y a déjà un certain temps. Cela fait
déjà des mois que, personnellement,
j'entends dire qu'il y a des réformes qui s'en viennent, qu'il y
a des avant-projets de loi qui sont étudiés, qu'il y a ceci,
qu'il y a cela, sauf que, jusqu'à maintenant, on n'a rien vu de
concret.
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que, dans les
crédits du ministère, il n'y a rien de prévu à
cette fin de façon immédiate. Donc, on ne peut que
présumer qu'il n'y aura rien, finalement, qui va se passer avant encore
quelques mois. Le ministre disait, tout à l'heure, qu'on n'a pas les
moyens de se payer l'abolition de cette discrimination. Le gouvernement choisit
par cette affirmation de maintenir sa discrimination d'une façon ou
d'une autre, peut-être en réaménageant certaines
catégories d'âge, mais il y aura toujours discrimination, pour
l'instant, d'après ce que je comprends. On ne s'est pas posé la
question: Pourquoi on n'est pas en position, aujourd'hui, d'abolir cette
discrimination? Moi, je trouve absolument inacceptable qu'un programme
gouvernemental puisse avoir, à l'intérieur de sa structure
même, un volet qui exerce une discrimination sur les
bénéficiaires auxquels il est destiné.
Je trouve doublement inacceptable que le gouvernement puisse être
au courant de la situation et retarder autant pour la corriger. Si on n'est
pas, aujourd'hui, en mesure d'assumer les frais que cela entraînerait
d'abolir cette discrimination, ce gouvernement est là depuis sept ans,
il y a lieu de se poser la question: Comment ont été choisies les
priorités de ce gouvernement? Quel était son rendement sur le
plan économique depuis sept ans pour qu'aujourd'hui on ne soit pas en
mesure d'abolir une discrimination dans un programme gouvernemental et qu'on
puisse dire tout simplement: On ne peut pas, donc, on ne le fera pas, on va
maintenir cette discrimination? Il y aura donc toujours des catégories
d'âge qui seront complètement dépourvues de moyens pour
faire face à la vie.
Je trouve que le moins qu'on pourrait faire à ce moment-ci - je
l'avais réclamé au mois de janvier - c'est la mise sur pied d'une
réforme ou d'une analyse complète du régime d'aide sociale
parce qu'effectivement on traverse une crise sociale qui, comme l'a dit le
ministre, amène une mutation de la société et, en
particulier, quant au programme d'aide sociale qui a été
conçu à une autre époque, pour d'autres fins que celles
qu'il dessert aujourd'hui. Cela a été conçu au
début comme un programme qui était là pour pallier, sur
une base individuelle, à la situation des personnes qui étaient
dans l'impossibilité de faire face à leurs besoins. L'État
intervenait pour les aider. C'est rendu qu'aujourd'hui le programme d'aide
sociale est ni plus ni moins un genre d'extension de l'assurance- chômage
pour une grosse partie de la clientèle et, dans ce sens, sa conception
initiale ne répond pas à la situation d'aujourd'hui. Il y aurait
lieu, je pense, d'une façon urgente, d'examiner de très
près et d'une façon large et ouverte, avec la participation du
public, le fonctionnement et les buts du programme et, peut-être, de
dégager de cette analyse des possibilités de
réaménagement de ce programme qui, pour -je le
répète - près de 90 000 personnes est ni plus ni moins
quelque chose qui les marginalise à un point tel qu'elles deviennent,
finalement, des insignifiantes de la société. En tout cas, je
pense que c'est comme cela qu'elles-mêmes vivent le problème.
Il n'y a personne qui peut dire que la situation est tolérable,
et pourtant on la tolère depuis un bon bout de temps. Il n'y a personne
qui peut dire que la situation est normale et, pourtant, on lui permet
d'exister de cette façon depuis un bon bout de temps. Je ne peux que
réitérer devant la commission et devant le ministre que la
situation est critique, urgente et qu'on s'attend à beaucoup plus que
des annonces du genre des réformes fantômes - en tout cas, selon
les premières bribes que j'ai eues il y a environ huit mois - dans les
journaux ou dans les conversations téléphoniques. On attend
encore quelque chose de concret. Pis encore, ce qu'on entend et qui est
à venir comporte, encore une fois, le même genre de distinctions
basées sur l'âge, sans qu'on ait jamais dit de façon claire
que le principe de la discrimination dans un programme gouvernemental est
inacceptable et qu'on s'efforcera de l'abolir. Je répète que, si
on dit aujourd'hui qu'on n'a pas les moyens, je pense qu'il y a des questions
à se poser quant à savoir pourquoi, aujourd'hui, on n'a pas les
moyens.
Ceci m'amène, peut-être, à enchaîner un peu
avec la situation que vit le Québec par rapport au chômage. Les
chômeurs sont effectivement la deuxième clientèle du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et c'est sur ce point qu'on a déjà eu des débats en
Chambre. On en aura d'autres, j'imagine. On en aura peut-être certains
aujourd'hui. Par rapport à - je ne sais pas si on peut vraiment
l'appeler ainsi - une lutte au chômage, en tout cas, à un effort
pour faire quelque chose par rapport au chômage, le choix que semble
avoir fait ce gouvernement est un choix à court terme, en gros. Il y a,
effectivement, des efforts qui sont faits ou des programmes qui sont mis sur
pied et qui ont une valeur, il faudrait le reconnaître. Mais je comprends
vraiment mal: s'il y a de tels programmes qui ont une valeur par rapport
à la création d'emplois permanents, comment se fait-il qu'on
n'accentue pas davantage ces programmes, plutôt que de
s'éparpiller à
gauche et à droite, ni plus ni moins, et de mettre sur pied des
programmes que, finalement, dans les documents dont on louait la qualité
tout à l'heure, on qualifie plutôt d'aide à l'embauche que
d'aide à la création d'emplois? On parle même d'un abus de
vocabulaire quand on parle de programmes de création d'emplois, et j'en
suis, M. le Président, parce qu'en gros, si on a aujourd'hui 230 000 000
$ des fonds publics qui sont investis dans ce qu'on va appeler, pour les fins
de la discussion, la lutte au chômage, il y en a une partie très
importante, majoritaire, qui est affectée à la création
d'emplois temporaires qui disparaissent après quelques semaines.
J'ai déjà dit avec le ministre qu'effectivement c'est
mieux que rien pour les gens qui bénéficient de ces programmes,
mais je ne peux que me poser la question suivante: Par rapport à
l'économie québécoise, par rapport à ce qu'on va
faire à long terme et par rapport à ce que nous vivons comme
mutation de la société étant donné la crise,
celle-ci ne devrait-elle pas nous amener à penser à une
planification à beaucoup plus long terme, surtout par rapport au fait
que nous avons actuellement quelque chose comme 500 000 chômeurs, grosso
modo? (11 h 15)
En effet, si on investit nos énergies et nos efforts à
essayer de donner vingt semaines d'emploi - si cela arrive à vingt
semaines, parce que les études que le ministre nous a
déposées nous parlaient souvent d'une période beaucoup
plus courte pour certains emplois - dans ces programmes de création
d'emplois temporaires, il y a deux choses qui arrivent. D'une part, les
personnes qui étaient bénéficiaires de l'aide sociale, qui
se trouvent aujourd'hui à avoir un travail pour une période de
vingt semaines, se sentent - j'ai déjà appelé cela du
ping-pong - pour une courte période, des travailleurs, et, pour une
autre période, des chômeurs et à nouveau, pour une autre
période, des assistés sociaux. Ils se retrouvent là
où ils ont commencé au tout début. Donc, on peut dire,
d'une façon objective qu'on est arrivé à la fin au point
de départ. C'est un peu comme si on se perd en forêt, qu'on fait
un grand cercle et qu'on se rend compte, après deux heures de marche,
qu'on est revenu au point de départ. Mais ce n'est pas dans tous les
cas. Effectivement, le ministre peut me citer un paquet de cas
spécifiques où ce n'est pas ainsi, j'en conviens. On ne parle pas
de façon spécifique, parce qu'il serait impossible
d'étaler devant la commission ou devant l'Assemblée tous les cas
particuliers pour voir où on en est. En gros, les programmes ayant pour
but la création d'emplois temporaires font en sorte qu'on arrive
après un certain temps au même point où on avait
commencé.
D'autre part, si le gouvernement était prêt à
investir 230 000 000 $ en commençant, cette année, et
peut-être davantage, comme l'a laissé entendre le ministre, ce
serait peut-être beaucoup plus rationnel, beaucoup plus logique
d'investir tous les efforts du côté de la création
d'emplois permanents. D'autant plus que, si le ministre nous dit qu'il y a des
programmes de création d'emplois permanents qui fonctionnent, qui
donnent certains résultats pour les personnes qui vivent de l'aide
sociale, qui veulent sortir de l'aide sociale, pour les gens qui sont
chômeurs, qui ne sont pas encore rendus au point de devenir des
assistés sociaux, pour l'économie elle-même, ce serait
beaucoup plus avantageux d'investir et de concentrer nos efforts sur une
véritable lutte au chômage qui laisserait des retombées
permanentes à l'économie et, par ce fait même, laisserait
des retombées aux personnes qui en ont le plus besoin,
c'est-à-dire les chômeurs, les assistés sociaux qui
cherchent effectivement à trouver un travail, ce qui leur permettrait de
vivre d'une façon beaucoup plus digne et beaucoup plus valorisante.
La troisième clientèle que le ministre doit desservir
finalement, ce sont les entreprises elles-mêmes. On parle de fournir aux
entreprises une main-d'oeuvre compétente. Cela fait des années
qu'on déplore l'absence d'une politique de la main-d'oeuvre globale
cohérente. Le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre en
parle, d'autres en ont parlé. J'ai déjà dit la même
chose. On nous a annoncé, si j'ai bien compris, dans le
préambule, le discours ou les paroles du ministre, qu'il y a
peut-être un effort à venir dans ce sens. Il y a des efforts qui
sont mis sur pied pour en arriver à un genre de politique. On ne peut
que souhaiter que cela se fasse dans les meilleurs délais. On ne peut
que souhaiter que ce soit le fruit d'une consultation ouverte, large, de
façon à impliquer les personnes les plus près du dossier,
entre autres, les entreprises elles-mêmes. J'ai nettement l'impression
que, jusqu'à maintenant, on les a vues beaucoup plus comme des
accessoires que comme de véritables partenaires par rapport au
ministère et surtout par rapport aux programmes de création
d'emplois qui sont là.
Encore une fois, je reviens à ce que je disais tout à
l'heure: Si on voulait véritablement créer des emplois de
façon permanente, il y aurait un effort beaucoup plus prononcé
à fournir les ressources financières, les ressources humaines,
à agir sur les activités des entreprises plutôt que de les
aider simplement à embaucher des gens en subventionnant les emplois,
à un tel point que, même dans le document du
ministère, il y en a qui parlent d'exposer les entreprises
à la faillite parce que, finalement, on subventionne des emplois sans
s'assurer qu'il y ait une structure capable d'assumer tous les emplois.
C'est pour cela que je dis qu'il y a une collaboration avec les
entreprises, qu'il y a une participation des entreprises dans les programmes de
création d'emplois, je n'en doute pas. Mais il doit y avoir une
différence quant à l'esprit qui caractérise la
coopération pour qu'on puisse vraiment dire que les entreprises sont
vues comme de véritables partenaires en ce qui concerne les programmes
de création d'emplois et, en particulier, les programmes de formation
professionnelle. Quoique je dois admettre que, dans les programmes de formation
professionnelle, les entreprises sont, par la nature des programmes,
peut-être beaucoup plus des partenaires qu'elles ne le sont dans les
programmes de création d'emplois. Effectivement, elles
définissent elles-mêmes, d'une certaine façon, leurs
besoins dans ce sens-là.
Le ministre a touché plusieurs autres points et j'aimerais en
soulever quelques-uns. Je ne sais pas comment on pourrait qualifier ce genre
d'attestation, mais le ministre disait, relativement au programme RELAIS, qu'il
était content et que c'était même positif. Tout ce qui
s'est passé relativement au programme RELAIS, on a trouvé que
c'était positif parce que le fédéral - je pense que
c'étaient les mots employés - s'est compromis par écrit
à investir les sommes qu'il s'était déjà
engagé à dépenser au Québec. Je vous rappellerai,
M. le Président, que le Québec et le Canada ont signé, au
mois de décembre, un accord sur le programme RELAIS, programme qui
visait la dépense d'environ 175 000 000 $ pour la création
d'emplois. 75 000 000 $, je pense, étaient directement
dépensés par le fédéral lui-même et une autre
centaine de millions de dollars étaient dépensés d'une
façon conjointe, grâce à un comité conjoint mis sur
pied à la suite de cette entente signée au mois de
décembre. En investissant 50 000 000 $, soit 25 000 000 $ pour les
programmes de création d'emplois des municipalités et 25 000 000
$ pour les programmes des organismes privés, volontaires,
bénévoles, le gouvernement du Québec se trouvait, tout
à coup, à avoir la mainmise, la décision ou un mot
paritaire à dire sur les 100 000 000 $ que le fédéral
investissait dans les programmes de création d'emplois.
Pour d'autres raisons qu'on a déjà discutées - ce
que j'appelle une guerre de drapeau inutile dans cette période - le
Québec a décidé de se retirer de l'entente. Le
fédéral a tout simplement dit, par la suite, qu'il allait, de
toute façon, dépenser l'argent qu'il avait prévu, dans
deux volets.
Le Québec s'occuperait dorénavant à investir ses 50
000 000 $ dans les municipalités et le fédéral allait
dépenser ses 175 000 000 $ dans les autres volets.
Une voix: 170 000 000 $.
M. Sirros: 170 000 000 $. D'accord. Merci pour la correction. Si
c'est le seul point qui est erroné, c'est parfait. Mais le
Québec, à ce moment-là, n'avait aucun mot à dire
quant au choix des projets, quant à la façon dont le
fédéral allait dépenser ses 100 000 000 $ qui, auparavant,
étaient soumis à un comité conjoint. On a dit que
c'était positif. En tout cas, j'ai des questions là-dessus, M. le
Président, qui me laissent un peu perplexe. Le ministre est un
éternel optimiste qui voit du bon dans tout, mais j'aurais cru que cela
aurait été plus avantageux pour le Québec d'avoir un mot
important à dire - paritaire, si ma mémoire est bonne; je n'ai
pas l'entente avec moi -sur la façon dont on allait dépenser une
somme d'argent assez importante qu'aujourd'hui on n'a pas, de toute
façon.
Il y a un autre point, la caisse d'accroissement. Je suis heureux de
constater qu'aux mois de mars et d'avril le Québec a commencé
à soumettre des projets au fédéral pour retirer l'argent
qui existe dans la caisse d'accroissement des compétences pour la
construction d'équipement capital en ce qui concerne la formation
professionnelle. J'aimerais simplement souligner que cette caisse
d'accroissement existe depuis maintenant neuf mois, depuis que l'entente a
été signée au mois de juin. Le Québec avait
été mis au courant, au mois de juillet dernier, qu'il fallait se
dépêcher de soumettre des projets parce que, même si
l'argent était réservé, à l'approche de la fin de
l'année financière, le fédéral se trouverait
inévitablement, comme le gouvernement du Québec, d'ailleurs, dans
ses propres programmes et contraintes budgétaires, à avoir
à dépenser cet argent ailleurs. Le Québec se retrouverait
avec proportionnellement moins par rapport à d'autres provinces.
Peut-être que le fait que le Québec n'ait pas soumis de projet
jusqu'à tout récemment est relié au fait que le
Québec ne dispose pas d'une politique de main-d'oeuvre et de formation
professionnelle globale, ce qui ne permettrait pas au Québec - le
ministre aura sûrement l'occasion de nous renseigner là-dessus -
de faire des choix par rapport aux programmes de formation professionnelle pour
qu'on oriente nos efforts dans un sens compatible, cohérent et concluant
avec les activités qui ont lieu dans d'autres secteurs de
l'économie.
Après avoir énuméré ces quelques points,
j'aimerais m'arrêter pour donner l'occasion au ministre, que j'ai vu
sursauter à deux ou trois reprises, de prendre la
parole, de s'expliquer et on verra.
Le Président (M. Blank): Avant que le ministre
réponde, le député de Champlain aurait quelques remarques
générales.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Si vous me le permettez, j'aurais aussi quelques
questions à vous poser. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Pas de questions. On n'en est pas
encore aux questions.
M. Gagnon: D'accord, mais à la fin de mon intervention, je
ferai comme le député de Laurier...
Le Président (M. Blank): Une question
générale.
M. Gagnon: ...je me poserai des questions qui amèneront
probablement le ministre à réagir.
Je suis assez satisfait de l'introduction du ministre en ce qui concerne
les programmes de création d'emplois dans l'étude de ses
crédits. Le ministre a souligné un certain nombre de programmes
qui ont, tout de même, fonctionné assez bien et il a aussi
souligné un certain nombre de programmes qui ont connu des
difficultés. Le député de Laurier, à un moment
donné, a donné l'exemple d'une partie de ping-pong qui se joue
sur le dos des travailleurs et qui explique bien l'aberration du système
dans lequel on vit.
C'est un fait que, dans les programmes de création d'emplois -
ici, je voudrais féliciter le ministre d'avoir réussi à
engager le gouvernement fédéral dans les 170 000 000 $ dont il
parlait - il y a des points difficiles. Par exemple, dans le programme RELAIS,
on se rend compte qu'on se marche sur les pieds d'une façon incroyable.
Si je prends l'exemple de mon comté, de la Mauricie, je peux vous dire
que les députés fédéraux qui acceptent des
programmes RELAIS semblent se spécialiser actuellement à accepter
des programmes qui vont avoir un accrochage quelconque avec les politiques
provinciales, soit au niveau des juridictions, ou au niveau de l'OCQ, ce qui
fait qu'on annonce énormément de programmes, mais on voit
très peu de main-d'oeuvre concrète parce qu'on choisit des
projets qui vont faire des difficultés au niveau du Québec.
Je terminerai par une question au ministre là-dessus. On a
mentionné le peu d'argent qu'on a en main pour essayer de faire un
véritable programme de création d'emplois, c'est-à-dire
une politique de la main-d'oeuvre. Je voudrais souligner au ministre qu'on a
toujours de l'argent qui nous est dû, qui est dû surtout à
la région de la Mauricie, les fameux 200 000 000 $ de La Prade. Le
fédéral a admis que cette somme est due au gouvernement du
Québec, mais je me demande si on a fait tous les efforts
nécessaires pour aller chercher ces 200 000 000 $, surtout pour la
région chez nous, et les insérer dans des programmes de
création d'emplois qui seraient admissibles. Au lieu de faire de la
politique sur de l'argent qui nous appartient, on pourrait le faire
fructifier.
Je voudrais savoir si on a essayé d'avoir la juridiction sur
l'ensemble des programmes dont on a parlé avec le gouvernement
fédéral. Cela ne veut pas dire de ne pas permettre aux
députés fédéraux d'en retirer les retombées
politiques, s'il y a lieu, mais de faire en sorte qu'il y ait un contrôle
de façon qu'on puisse présenter des projets qui seraient
acceptables et qui pourraient aller plus rapidement dans le sens de la
création d'emplois. Je donne l'exemple de RELAIS. Depuis
décembre, en fait, ce programme qui avait été
annoncé conjointement, si je me le rappelle bien, par le ministre
fédéral et notre ministre, a très peu fonctionné
jusqu'au jour où le Québec a décidé de retirer ses
50 000 000 $ et de créer un autre programme. Pourquoi? Parce qu'on
voulait, du côté fédéral, embarquer dans des
domaines de juridiction provinciale. Cela n'était à peu
près pas acceptable par le gouvernement du Québec. (11 h 30)
Je me demande si, dans la période actuelle, on ne pourrait pas
trouver le moyen d'obtenir la pleine juridiction dans le domaine de la
création d'emplois, dans le domaine de la main-d'oeuvre. Tant qu'on se
partagera cette juridiction, j'ai l'impression que les programmes de
création d'emplois vont plutôt donner de l'espoir aux travailleurs
sans qu'ils puissent voir la concrétisation de ces programmes-là.
Ce sont les questions que je me pose. Comme député d'un
comté où il y a énormément de chômage et
d'une région où il y a beaucoup de chômage aussi, plusieurs
travailleurs viennent me voir et me demandent qui ils doivent voir, de qui
relève tel progamme, à quel bureau de placement ils doivent aller
pour demander des renseignements sur tel programme. Il faut leur dire: Untel
est fédéral, l'autre est provincial. Untel, qui a
été annoncé par le fédéral, tombe sous
juridiction provinciale. Donc, avant qu'il soit mis sur pied, il y a un tas de
choses qui accrochent. Finalement., il y a beaucoup d'argent annoncé et
très peu d'argent dépensé actuellement. Je voudrais
connaître les dessous du programme RELAIS. Qu'est-ce qui a
accroché? Est-ce que c'est uniquement, comme le disait le
député de Laurier une guerre de drapeaux. Qu'est-ce qui a
accroché?
Qu'est-ce qui a fait que, depuis l'annonce de ce programme en
décembre, il ne fait que commencer à être
réalisé, au moment où on s'en est retiré et
où on a commencé notre propre programme qui s'occupe des affaires
municipales?
En ce qui concerne les 200 000 000 $ de La Prade aussi, je ne veux pas
enlever les 200 000 000 $ à la Mauricie, mais on sait que 200 000 000 $,
c'est beaucoup d'argent. Actuellement on voit des annonces chez nous chaque
semaine. Tout le monde puise dans ces 200 000 000 $. On ne voit jamais de
chèque, mais on voit des annonces. Je pense que c'est de l'argent -
c'est admis par tout le monde - qui est dû au gouvernement du
Québec et c'est dû au gouvernement du Québec
spécialement pour relancer l'économie de la région
où l'usine La Prade a causé des torts sur le plan
économique et a créé énormément de
chômage. Je me demande ce qu'on peut faire et ce qu'on fait actuellement
pour que cet argent arrête de servir uniquement aux politiciens, mais
commence à servir aux travailleurs de la région chez nous.
M. Marois: M. le Président...
M. Sirros: M. le Président, je ne sais pas...
M. Marois: ...très rapidement...
M. Sirros: ...si c'est une question de règlement, mais
j'aimerais simplement rappeler au ministre et au député que
l'étude des crédits est une occasion privilégiée
pour l'Opposition de poser des questions sur les crédits du
ministère, sur le fonctionnement du ministère. Je ne veux pas
empêcher le député de poser les questions qu'il veut, mais
j'aimerais simplement souligner qu'il faudrait qu'on évite de profiter
des questions des ministériels au ministre pour avoir une autre diatribe
anti-ceci, anti-cela, mais qu'on se concentre sur les programmes du
ministère. C'est un débat qu'on pourrait faire longuement. On
pourrait embarquer tous les deux. Je pense qu'on serait mieux d'éviter
un genre de spectacle "kafkaesque" et de regarder ce que nous avons à
regarder.
M. Marois: Le député, M. le Président, vient
de se servir à lui-même une bonne mise en garde. Je me permettrais
de rappeler que c'est lui qui a ouvert ce qu'il a appelé la guerre des
drapeaux dans le cas du programme RELAIS. Je n'ai pas l'intention de faire ni
de guerre de drapeaux, ni rien du tout, mais la vérité a sa place
et ses droits. Le député a formulé un certain nombre de
commentaires, a posé un certain nombre de questions. Je vais m'appliquer
à y répondre le plus rapidement possible et le plus
précisément possible.
M. Gagnon: Sur la question de règlement, je n'admets pas
ce qu'on vient de mentionner. Si je comprends bien le rôle d'un
député autour de cette table où on étudie les
crédits d'un ministère, il n'est dit nulle part dans le
règlement que c'est seulement l'Opposition qui doit faire l'étude
des crédits. Si j'ai pris la parole en général sur le
préambule du ministre, je pense que j'ai le droit de le faire parce que
je suis aussi un député qui représente un comté.
J'entends bien intervenir aussi lors de l'étude article par article de
chacun des programmes. Je pense que c'est aussi mon droit, ce n'est pas
réservé uniquement à l'Opposition et je ne veux pas
laisser passer cela.
Le Président (M. Blank): D'accord, sauf que normalement le
ministre fait une déclaration et l'Opposition en fait une. Par
exception, j'avais pensé que le député de Champlain avait
quelque chose de spécial à ajouter, sans se féliciter ou
se critiquer l'un l'autre. C'est une exception que j'ai faite et que je ne
ferai plus.
Réplique du ministre
M. Marois: M. le Président, je répondrai le plus
rapidement possible aux questions soulevées par le député
de Laurier et le député de Champlain. D'abord, pour éviter
au député de Laurier d'avoir à faire une recherche ou
à mettre ses enquêteurs en marche, je voudrais déposer une
étude: cela pourra l'intéresser quand il parle d'une politique de
main-d'oeuvre. Je pense que le député admettra que, s'il y a des
ministres du gouvernement qui ont signé des ententes avec le
gouvernement fédéral, je suis un de ceux-là. C'est
à l'occasion de l'accord sur la formation professionnelle des adultes -
et j'y reviendrai - que j'ai formulé une proposition à mon
collègue fédéral, M. Axworthy. Au moment où on se
parle, le Québec a soumis - et il y a entente au premier niveau - pour
26 000 000 $ de projets à la caisse d'accroissement, et cela s'ajoute
aux quelque 144 000 000 $ du budget accrochés à cet accord sur la
formation professionnelle, sans compter ce qui est prévu aux
crédits pour les commissions de formation professionnelle, qui, comme on
le sait - là aussi, je ne l'avais pas mentionné - sont en train
d'être remodernisées afin de regrouper autour d'une table les
agents socio-économiques sur une base régionale et/ou
sectorielle. Dans certains cas, des secteurs économiques correspondent
à une région, mais, dans certaines régions, il y a
là plusieurs secteurs économiques; il y a donc plusieurs tables
sectorielles.
Pour avoir accès à la caisse d'accroissement, il faut que
le fédéral et le Québec s'entendent sur ce qu'on appelle
les professions reconnues et dites d'importance
nationale. Le ministère a mené une étude que je
crois très étoffée - et je me permettrai d'en
déposer une copie - sur les surplus et les pénuries de
main-d'oeuvre au Québec pour 1984 et sur la perspective à partir
de 1984, qui est extrêmement intéressante, qui nous permet de
situer les cas où il y a des pénuries légères,
moyennes ou importantes et, l'inverse aussi, des surplus, par voie de
conséquence, importants, etc. Ceci est extrêmement important,
entre autres, dans la perspective d'une accentuation de la formation
professionnelle des adultes. Donc, le député n'aura pas besoin de
courir après celle-là; il me fait plaisir de la
déposer.
Le Président (M. Blank): On ne dépose pas de
documents en commission. On en donne une copie à l'Opposition.
M. Sirros: On les passe à côté de la
table.
M. Marois: Alors, j'en remets une copie au député
de Laurier et, aux membres de cette commission, j'en ferai parvenir des
copies.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il est possible d'en avoir plus d'une
copie?
M. Marois: Oui, madame. Si vous en désirez une copie, vous
savez que, chaque fois que vous formulez une demande en commission, il y a une
personne spécialement affectée à prendre note de vos
commentaires.
Mme Lavoie-Roux: De nos désirs.
M. Marois: II me fera plaisir de vous en faire parvenir des
copies.
Très rapidement, la petite affaire de RELAIS, ce n'est pas une
guerre de drapeaux, pas du tout. Je me permets de rappeler que - je crois que
c'est en juillet -j'avais fait une sortie publique où j'étais
vraiment excédé. En février, le gouvernement
fédéral avait annoncé, on s'en souviendra, je n'avais
même pas reçu de télégramme; j'étais
chanceux, tout le monde était informé, la population
l'était; je suis juste le ministre québécois de la
Main-d'Oeuvre -Axworthy met 50 000 000 $ à la disposition du
Québec. Cela a paru un vendredi 12 février. On a reçu le
télex après que ce fut sorti. C'était dans le cadre de
programmes "conjoints". Il faut s'entendre sur le mot conjoints, parce qu'il a
toutes sortes de sens dans les relations fédérales-provinciales.
Donc, conjoint dans le sens que les provinces, en vertu de l'article 38.4 de la
Loi sur l'assurance-chômage, formulaient et soumettaient des projets au
gouvernement fédéral, susceptibles d'être
financés.
Je commençais à être excédé parce
qu'il y a eu ces 50 000 000 $ et, rendu en juillet, on nous a annoncé 79
900 000 $ pour le Québec dans le cadre de ce que le
fédéral convient d'appeler les PDCC, programmes de
développement communautaire Canada ou Canada communautaire, je ne sais
pas trop. Dans le cadre du bloc de 50 000 000 $, on a soumis, le 6 avril - on a
reviré vite sur les chapeaux de roue; c'est vraiment sur les chapeaux de
roue parce que l'emploi, par les temps qui passent, on ne s'envoie pas
ça par-dessus l'épaule - un projet concernant la forêt, des
travaux sylvicoles qui auraient permis de créer 725 emplois. Le 3 mai,
on a soumis un projet concernant les pêcheries qui aurait permis de
créer 486 emplois; concernant les mines, le 25 mai, 67 emplois;
concernant l'agriculture, le 14 juin, 895 emplois.
Savez-vous, au mois de juillet, combien de ces projets soumis par le
gouvernement du Québec avaient été acceptés par le
gouvernement fédéral? Zéro. Un de ces projets a
été accepté au mois d'août, si ma mémoire est
bonne, c'était le projet sur les travaux sylvicoles. Tout le monde sait
qu'on ne commence pas des travaux sylvicoles rendu à l'automne, il est
trop tard. On a essayé de maintenir une entente avec le gouvernement
fédéral pour faire reporter ce programme au printemps. Nous
sommes présentement en discussion avec lui. Pendant ce temps, l'argent
n'arrivait pas, 50 000 000 $, 79 000 000 $ et le reste.
Ce n'est pas compliqué, le raisonnement que je me suis fait. Ce
ne sont pas des drapeaux. Je me suis dit: Ces annonces, que ce soit 50 000 000
$ ou 79 000 000 $, c'est beau et il faut en faire. Si on fait des annonces et
que le tangible et le concret ne suivent pas, vous nous suivez à la
trace et vous faites votre travail pour être sûrs que l'annonce qui
a été faite, ce n'est pas juste du placotage, mais que c'est
suivi de concret pour les gens. C'est correct et normal. On a fait la
même chose. Cela n'a pas de sens d'avoir de telles annonces alors que
rien n'arrive. Ce n'est pas une critique de mon collègue, M. Axworthy.
On a signé des ententes ensemble et, dans certains cas, je suis
sûr qu'il ne contrôle pas tous les morceaux tout seul, lui non
plus; il est comme n'importe quel ministre de n'importe quel gouvernement. Dans
certains cas, c'était bloqué par Océans Canada, par
Environnement Canada - qui venaient de compléter les budgets de M.
Axworthy.
En décembre, on signait un accord sur la formation
professionnelle des adultes, qui, pour la première fois, permettait au
Québec d'acquérir et de participer à des
compétences permettant de développer des programmes valables pour
le Québec et nous ouvrant, entre autres, la caisse d'accroissement. Il
fallait, d'abord, s'entendre
sur une liste de professions dites d'importance nationale, ce qui a
été fait. Cela permet maintenant de débloquer des
montants; on est rendu à 26 000 000 $ et il y a d'autres projets qui
s'en viennent, on va aller chercher notre part là-dedans.
C'est en conférence de presse que j'ai fait une proposition
à mon collègue. Si on peut le faire dans la formation
professionnelle, pourquoi ne conviendrait-on pas d'un programme conjoint pour
essayer d'arrêter des annonces qui tombent du ciel, dont on n'est pas au
courant? On n'a pas eu le temps de discuter, de voir comment ces programmes
vont se marcher sur les pieds, Québec-Ottawa, ou pas. Jusqu'à
nouvel ordre, on est dans le régime qu'on connaît. Comment y
aurait-il moyen de maximiser les retombées, donc d'harmoniser nos
programmes et, par voie de conséquence, de développer des choses
conjointes? D'où l'idée de RELAIS? L'idée de programmes
conjoints est venue bien avant RELAIS.
J'ai convoqué une conférence de presse - je ne me souviens
plus si c'était un mardi ou un mercredi - le 29 octobre et, dès
le vendredi, nos équipes se rencontraient pour commencer à
négocier; on a négocié très rapidement l'entente.
L'entente prévoyait 170 000 000 $ du fédéral et 50 000 000
$ du gouvernement du Québec. Cependant, je dis au député
de Laurier: Attention; Dans les 170 000 000 $, le fédéral se
réservait pour lui, sous son contrôle exclusif, 70 000 000 $ pour
des projets dits fédéraux. Très bien. Que ce soit la
défense, n'importe quoi, on nous en annonce, il y en a qui sont
acceptés et il y en a qui sont discutés. J'ai mes
problèmes et ils ont les leurs; qu'ils s'arrangent avec leurs
troubles.
Dans RELAIS, on a signé l'entente en décembre et je voyais
passer les mois, janvier, février et en mars et il n'y avait rien de
commencé. On avait des conversations téléphoniques et des
échanges, mon collègue et moi. Je n'ai pas à
dévoiler les conversations et le contenu des échanges, mais je
dois dire qu'entre lui et moi ç'a été correct. Je ne peux
pas être plus précis que cela. Cela a accroché ailleurs.
L'entente disait bien que c'était conjoint. Ce n'étaient pas des
guerres de drapeaux; ça touchait les juridictions fondamentales que le
Canada Bill n'a pas changées, les juridictions en ce qui concerne les
municipalités. L'entente prévoyait que, dans le cas des projets
municipaux, c'était le ministère des Affaires municipales qui
signait le contrat avec le gouvernement fédéral et le
ministère des Affaires municipales transigeait avec les
municipalités pour regarder leurs projets. (11 h 45)
Les projets étaient soumis directement par le ministère
des Affaires municipales; ils n'étaient pas discutables dans ces cas.
Or, on nous demandait de pouvoir envoyer des équipes de fonctionnaires
vérifier le suivi. On a dit: Très bien, à condition que
cela se fasse conjointement. Cela accrochait tout le temps sur des
détails, mais qui, en fin de compte, si on avait laissé aller,
auraient été tels que, de toute façon, d'abord, cela ne
décollait pas et, deuxièmement, non seulement il y aurait eu une
équipe de fonctionnaires dans les municipalités, mais il y aurait
eu deux équipes à patauger dans les mêmes papiers. Cela
n'avait plus de sens, mais ma préoccupation fondamentale, en plus de ce
que je considérais comme étant un non-respect des juridictions -
et je n'étais pas le seul au Conseil des ministres à
considérer cela sous cet angle - c'était que les projets ne
décollaient pas.
Ce dont je suis fier - et je le dis comme je le pense - c'est d'avoir
essayé d'éviter ce genre d'annonces qui ne débloquent pas
et d'avoir fait en sorte que nous, comme eux, on se compromette sur des
chiffres précis, par écrit, et qu'on s'engage à
débloquer. C'est dans ce sens que je dis que cela n'a pas
été une guerre de drapeaux; cela a été une guerre
qui a touché les juridictions. Et surtout, c'est moi qui avais
proposé l'entente et qui ai formulé aussi la proposition
d'exercer le retrait, car on avait une clause de retrait nous permettant de
faire en sorte que ces programmes s'adressent aux municipalités. On a
donc bonifié le programme.
Maintenant, si le député me permet de finir de
répondre très rapidement aux diverses questions qui ont
été soulevées, quand le député me dit...
M. Sirros: M. le Président, je m'excuse. Sur une question
de je ne sais trop quoi, j'aimerais simplement demander au ministre...
M. Marois: Une question de je ne sais trop quoi.
M. Sirros: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Marois: II paraît que cela n'existe pas dans
l'étude des crédits.
M. Sirros: C'est pour cela que j'ai dit une question de
règlement.
Le Président (M. Blank): Les questions de règlement
existent, ce sont les questions de privilège qui n'existent pas.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les privilèges qui n'existent
pas, les règlements existent!
M. Sirros: J'aimerais savoir si le ministre permettrait qu'on
aborde les questions une par une, plutôt que d'avoir toute une
réponse et qu'on s'y perde. Il a
soulevé quelques points sur le programme RELAIS et j'aimerais lui
poser deux courtes questions, s'il accepte, sur ce sujet.
M. Marois: Je n'ai pas d'objection.
M. Sirros: Le ministre a dit que ce n'est pas une guerre de
drapeaux, etc. N'est-il pas vrai, pourtant, que c'était écrit et
signé de votre signature et de celle de votre collègue des
Affaires intergouvernementales, que le Québec... Il y avait deux
articles en particulier; il y avait l'article 3.3, je pense, qui disait que le
Québec et le Canada acceptaient chacun de son côté de
suivre leurs propres règles de normes budgétaires et les articles
7.1 et 7.2, si ma mémoire est bonne, qui disaient en toutes lettres que
le Québec et le Canada feraient conjointement le suivi des projets.
M. Marois: C'est exact.
M. Sirros: La chicane, si on peut l'appeler ainsi, est survenue
finalement quand le ministère des Affaires municipales a refusé
qu'il y ait des équipes.
M. Marois: C'est inexact. M. Sirros: Bon!
M. Marois: C'est inexact; ce n'est pas cela. À votre
première question, j'ai répondu clairement; à la
deuxième aussi, je veux répondre clairement, et je m'explique, si
le député le permet. Il pose des questions, il faut tout de
même lui répondre. C'est inexact sur le deuxième point.
Vous venez de citer les textes mêmes de l'entente; je la connais un peu;
on a assez travaillé là-dessus. "Conjoint", cela veut dire en
français ce que cela veut dire; cela ne veut pas dire tout seul; cela
veut dire conjoint. Chaque fois qu'on se parlait au téléphone,
cela allait; cela se réglait le lendemain matin. La corde de bois
déboulait après le coup de téléphone et cela
recommençait. On se reparlait au téléphone et on recordait
la corde qui avait déboulé. Après trois ou quatre fois,
comme on était rendu au mois de mars et que les "jobs" ne sortaient pas,
j'ai commencé à en avoir ras-le-bol. On en a discuté au
téléphone, mon collègue et moi, du fait que, si la corde
de bois déboulait encore une fois, elle déboulerait pour de bon
et qu'on s'arrangerait pour la recorder de telle façon que les "jobs"
lèveraient de terre.
Ce qui a accroché, c'est quand, se servant du prétexte de
conjoint, le fédéral a voulu agir unilatéralement. Ce
n'est pas le ministère des Affaires municipales du Québec qui est
venu foutre la pagaille là-dedans. L'entente était très
précise: le suivi était conjoint. J'ai proposé, avec
l'accord de mon collègue des Affaires municipales, le suivi conjoint,
tel que c'est dit. Oui, n'importe quand, si vous voulez suivre un projet dans
une municipalité, vous contactez celui avec qui vous avez
contracté; celui avec qui vous avez contracté, c'est le
ministère des Affaires municipales du Québec. On s'arrangera pour
y aller ensemble, pour éviter que deux équipes y aillent l'une un
jour et l'autre le lendemain pour qu'on arrête de patauger.
Il y avait bien plus que cela. Le fédéral nous a
demandé aussi - et c'est normal - d'avoir toutes les pièces:
factures, pièces justificatives, comptes et le reste. C'était
tout à fait légitime comme demande. On a dit: Très bien,
le ministère des Affaires municipales, qui les aura forcément, vu
que c'est lui qui contracte avec chaque municipalité sur chaque projet,
vous fournira toutes les pièces; les livres seront ouverts. Le
fédéral a dit: Non, ce n'est pas suffisant; je veux pouvoir aller
m'en chercher une copie dans les municipalités. Alors, la corde de bois
a déboulé, parce que les maires étaient aussi en furie.
Ils étaient en furie, parce que, cela n'a aucun sens sur le simple plan
de l'efficacité administrative, deux équipes de fonctionnaires
qui s'en vont patauger dans les livres des municipalités.
M. le Président, je suggérerais au député de
Laurier, puisque vous avez quelques contacts avec le fédéral et
quelques contacts dans certaines provinces, de faire des recherches. Le
député de Champlain m'a demandé quelle était
l'efficacité du programme. C'est prématuré pour moi de
porter un jugement rigoureux sur le programme RELAIS dans l'état
où il est. Il arrive qu'on se parle, le fédéral et le
Québec, et les autres provinces et le Québec. Allez donc faire
une petite vérification de ce qui se passe dans les cas
RELAIS-municipalités dans les autres provinces et vous allez voir. Le
bon sens le plus élémentaire indique que cela devait finir en
pagaille. Cela n'avait aucun sens et la corde de bois a déboulé.
J'ai dit: Cela suffit, je veux les emplois, et c'était ma
préoccupation.
Le député parle de la situation du chômage avec
raison. Maintenant, je voudrais relever une autre chose. Le
député a posé une question et je crois qu'il faudrait
faire des nuances. J'ai remarqué dans son exposé -et j'en prends
bonne note - qu'il a fait quelques nuances aujourd'hui par rapport à
certains exposés qu'il a faits antérieurement quant aux
programmes de création d'emplois. Il a dit: Le gouvernement travaille
seulement sur le court terme dans les programmes de création d'emplois.
J'admets qu'il y a certains programmes qui sont quand même valables ou
intéressants sur la perspective d'emplois durables. Mais il y a d'autres
affaires qui sont temporaires et cela ne va pas très loin. Pourquoi ne
mettez-vous pas
plus d'accent sur les emplois permanents?
Le député a sûrement pris connaissance - puisque
c'est à la demande de l'Opposition qu'on vous l'a fourni, c'est à
la page 75 -des explications de certaines variations des crédits dans le
cahier; il a vu dans le détail la façon dont on allait affecter,
en démarrant l'année, la masse de 235 000 000 $. Vous allez
constater que le programme PRET vise à créer de l'emploi
permanent. Je vous ai dit que la subvention allait passer maintenant de 6 000
000 $ à 8 500 000 $, que le programme allait être ouvert non
seulement aux assistés sociaux, mais également aux personnes
admissibles à l'aide sociale, donc ayant épuisé leurs
prestations d'assurance-chômage. On avait un budget de 7 000 000 $ en
1982-1983; on va démarrer l'année avec 14 000 000 $.
Il y a un autre programme, le bon d'emploi. On le sait, ce
n'était pas l'objectif, mais, à la fin de l'année, on a pu
mesurer qu'à toutes fins utiles 50% des emplois seront permanents. Ce
n'était pas prévu et ce n'était pas l'objectif du
programme. Tant mieux, il donne ce résultat; il va parfois mieux qu'on
l'avait prévu. On avait démarré avec 9 000 000 $ et on
termine avec 35 000 000 $. On commence l'année avec 45 000 000 $.
Passons au programme de création d'emplois communautaires.
Essentiellement, c'est de l'emploi, en partant, qui vise à être
durable. C'est à partir de petits projets d'entreprises conçus
par les gens du milieu et qui ont des chances raisonnables de s'autofinancer
sur une période de deux ans. On avait un budget de 23 000 000 $ pour
l'année qui vient de s'écouler; on démarre avec 40 000 000
$. Donc, on vise à débloquer de l'emploi durable.
Evidemment, il faut faire attention; quand on fait ces analyses à
partir des programmes, il ne faut jamais perdre de vue qu'il y a d'autres
efforts. C'est pour cela que j'ai expliqué tantôt clairement
comment, de plus en plus, les ministères se concertent avec le
ministère de la Main-d'Oeuvre pour arrimer le mieux possible nos
actions. Il faut faire attention, car il faut compléter ce tableau par
les programmes de la Société de développement industriel
du Québec, par les programmes du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et par d'autres programmes, en particulier certains qui
commencent à se développer au ministère de la Science et
de la Technologie. J'ai évoqué un programme qu'on démarre,
qui est expérimental pour la première année: l'emploi
étudiant pour les gens dans le domaine de la science et de la
technologie.
Sur l'emploi temporaire, je voudrais redire une chose. Il faut faire
attention à des jugements à l'emporte-pièce qui concluent
au ping-pong, où l'on dit, finalement: Vous vous lancez la balle, puis,
c'est du pareil au même, vous retournez la balle financière au
fédéral et, de toute façon, la personne va revenir
à l'aide sociale. Faisons attention à ce genre d'affirmation.
D'une part, parce que, même sur un strict plan financier ou
budgétaire, cette théorie est fausse; c'est moins coûteux,
en termes budgétaires, pour le fédéral,
l'assurance-chômage que l'aide sociale. Dans chaque dollar d'aide
sociale, il y a 0,50 $ du fédéral. Dans
l'assurance-chômage, c'est l'argent de l'ensemble des citoyens et des
citoyens corporatifs; c'est une caisse, c'est une police d'assurance qu'on se
paie ensemble. Ce sont des cotisations et le fédéral ne paie que
le déficit de la caisse. Cela varie selon l'état de la situation,
mais c'est en moyenne 0,25 $ par dollar, et, après tout, avec nos
impôts, on paie le quart de ces 0,25 $. Donc, en termes purement
financiers, c'est faux, quand on compare.
Deuxièmement, il y a une autre chose. Vous avez parfaitement
raison quand vous dites que le programme d'aide sociale est devenu quelque
chose de complètement différent de ce pourquoi il avait
été conçu au point de départ. C'est tout à
fait exact. Partant de là, poussons l'analyse plus loin. On est rendu
avec un programme d'assurance-chômage, un programme pour à peu
près 55% à 60% d'assistance-chômage
québécois, qui est le bout de l'aide sociale, pour des gens qui
sont disponibles au travail et qui se présentent à nos bureaux en
nous disant: Avez-vous une "job" et non pas d'abord: Avez-vous une prestation
d'aide sociale? Et c'est aussi un programme qui devient mal fichu pour aider
les citoyens à qui il faudrait pouvoir donner un revenu qui corresponde
à un minimum de dignité humaine.
Je rappelle que le budget d'aide sociale, en 1976, était de 500
000 000 $. On part avec 1 800 000 000 $ et, si les choses continuent au rythme
où cela s'accroît actuellement, il va y avoir 10 000 nouveaux
bénéficiaires par mois. Le montant payé, en mars,
était de 135 000 000 $ ou de 140 000 000 $. En avril, il a
été entre 145 000 000 $ et 150 000 000 $. Faisons attention,
parce qu'il y a là des hommes et des femmes qui viennent à l'aide
sociale pour la première fois de leur vie.
Quand on lève le nez sur de l'emploi temporaire, moi, je dis
qu'il y a des nuances à faire et des nuances drôlement
importantes. Parce que faire en sorte que des gens aient une chance de
retourner au travail, dans certains cas, même sur une base temporaire,
c'est une chose. Mais, quand quelqu'un se retrouve avec
l'assurance-chômage, sur le plan de la dignité humaine,
psychologiquement, il y a une différence fondamentale. Il ne faut pas
négliger cela. Deuxièmement, je dirais de faire attention
aussi aux jugements que l'on porte. Je ne dis pas que c'est parfait. Je
ne dis pas qu'il ne faut pas améliorer. Je ne dis pas qu'il ne faut pas
pousser plus loin. Au contraire, je dis, et je suis le premier à le
répéter, que ce n'est pas encore assez et qu'il faudrait pouvoir
ouvrir la perspective concrète d'une politique d'emploi. Je n'ose pas
utiliser l'expression européenne de "plein emploi", parce que c'est une
expression qui me fait un peu suer, elle a un côté
prétentieux, mais, quand même, il y a des pays qui ont atteint des
choses drôlement valables, avec des taux de chômage, en pleine
crise, de 4% à 5%. Il est évident, quand on n'a pas les
morceaux...
J'aimerais savoir de l'Opposition, quelles sont ses perspectives, parce
qu'on ne connaît jamais sa politique. On connaît ses critiques.
Elle est là pour nous critiquer, c'est une partie de sa "job", d'accord,
mais on aimerait bien savoir aussi ses perspectives. Vous dites: Révisez
l'aide sociale et la sécurité du revenu. D'accord. Une politique
de sécurité du revenu doit se préoccuper d'assurer une
harmonisation entre l'emploi et le revenu qu'on obtient d'"une job" et, quand,
pour une période donnée, parce qu'il y a un creux où, pour
des raisons indépendantes de sa volonté, on ne peut pas faire en
sorte d'avoir un revenu décent il y a l'assurance-chomâge, qu'une
société met à la disposition des gens. Est-ce que le
député serait d'accord pour dire que cela aurait du sens que
l'assurance-chômage soit rapatriée au Québec pour qu'on ait
tous les morceaux ensemble et qu'il soit possible d'harmoniser les morceaux?
C'est une des composantes clés d'une politique. Cela me semble
être une question drôlement fondamentale, quand on regarde
l'ensemble des problèmes qui se posent. (12 heures)
Je terminerai en disant ceci, et je ne prendrai qu'un seul exemple, dans
le cas d'un programme comme Chantier-Québec, dans certaines
régions... Je prends la peine de dire "dans certaines régions"
car ce que je vais dire là n'est pas vrai, au niveau où je vais
me situer, quant au taux de réinsertion sur le marché durable du
travail, mais c'est davantage vrai dans les régions
périphériques du Québec, entre autres, parce que les gens
se connaissent. C'est beaucoup moins vrai à Montréal ou à
Québec ou dans les grands centres urbains dans le cadre du programme
Chantier-Québec, savez-vous que, par exemple dans une région
comme l'Abitibi-Témiscamingue, des gens ont pu réapprendre -
parce qu'il y a un réapprentissage au travail pour des gens qui n'ont
pas pu aller au travail pendant un bon bout de temps - à être
là à l'heure, à sortir à l'heure, etc.? Il y a des
éléments de réinsertion au travail. Il y a mêmes des
rencontres organisées pour montrer aux gens à se présenter
à un employeur, à préparer un curriculum vitae, des plans
socio-économiques pour aider et favoriser leur réinsertion.
Savez-vous que, dans une région comme l'Abitibi-Témiscamingue,
environ 33% des gens qui ont utilisé les services du programme
Chantier-Québec au cours de la dernière année se sont
trouvé un emploi durable et ne sont pas revenus à l'aide sociale?
Pourquoi? Parce qu'ils ont fait le réapprentissage du travail. Le
milieu, les gens se connaissent davantage. Certaines personnes ont
découvert certaines personnes qui avaient tel ou tel potentiel. Elles
ont découvert un employé intéressant, possible, valable.
C'est moins vrai, ce que je dis là... Je n'ai pas le taux, à
l'échelle du Québec, mais, dans les régions
périphériques, ce n'est pas négligeable.
Il est vrai qu'on travaille à court terme et qu'en même
temps, il nous faut travailler à moyen et long terme pour
développer des choses plus durables et, sur une perspective à
long terme, avec les agents socio-économiques. D'ailleurs, avec les
agents socio-économiques, on le fait à court, à moyen et
à long terme. Cela ne donne pas pour autant, en deux jours, ce qu'on
peut appeler une politique globale de la main-d'oeuvre ou une politique globale
de plein emploi. Je crois qu'il y a des perspectives intéressantes qui
ne sont pas sans faille - je suis le premier à l'admettre et ma plus
grande admission, c'est... Je vous l'ai dit d'ailleurs dans mon exposé
d'ouverture où je vous ai indiqué un certain nombre d'ajustements
qui ont été apportés au cours de la nouvelle année
financière aux programmes de création d'emplois qui existent.
Bien sûr, on mène des négociations et des
discussions avec le gouvernement fédéral, que ce soit sur
l'affaire de La Prade... Ce n'est pas parce que RELAIS a tourné comme
cela qu'on ne poursuivra pas les discussions avec le gouvernement
fédéral pour essayer de maximiser les retombées de divers
programmes au Québec. On a une équipe présentement qui,
j'avais compris, travaillait avec le gouvernement fédéral sur la
question des jeunes. J'ai vu une annonce sur un programme dit "Access", qui
vient d'être annoncé par le gouvernement fédéral. Je
n'ai même pas eu le temps d'en examiner les paramètres concrets,
mais il y avait une équipe. C'est au niveau des sous-ministres de
chacune des provinces et du fédéral que les gens ont
travaillé là-dessus. On verra de quelle façon c'est
possible. Il est certain qu'il faut faire tout ce qui est humainement possible,
dans le régime dans lequel on vit, pour maximiser le plus possible les
retombées du Québec, obtenir ce à quoi on a droit et faire
en sorte qu'on se marche le moins possible sur les pieds. Il y a des morceaux
à... Un bon jour, je dirai ce que je vois tous les jours.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Marois: On en voit des vertes et des pas mûres.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement revenir sur la question
que le ministre a posée quant à l'arrimage entre l'aide sociale
et l'assurance-chômage. Il est évident qu'il y a là un
programme qui doit être examiné. Je partage le point de vue du
ministre. C'est fait par pièces détachées et c'est
certainement un obstacle à une planification de main-d'oeuvre qui soit
plus cohérente et qui fasse partie d'un tout beaucoup mieux
organisé. Je pense que le gouvernement du Québec... On pourrait
parler du gouvernement de l'Ontario ou d'un autre, parce que le problème
est le même ailleurs, mais je ne sais pas quels sont les efforts que le
gouvernement du Québec est prêt à faire pour faire avancer
les choses. Ce sont des questions de juridiction, de partage de juridiction.
Quand on examine la façon dont le gouvernement du Québec,
actuellement, réagit à toute la question constitutionnelle,
à toutes les possibilités de discussions sur le plan
constitutionnel pour de nouveaux partages des pouvoirs, on a l'impression qu'il
est totalement absent, qu'il est un empêcheur de tourner en rond et que
tout ce qu'il veut, c'est que cela ne marche pas.
Évidemment, le problème n'est pas né avec le Parti
québécois, soit la question de l'arrimage entre l'aide sociale et
l'assurance-chômage, mais il est devenu plus aigu à cause de la
situation économique qui frappe plus durement le Québec
qu'ailleurs, il faut bien le dire. Compte tenu de notre grande population
aussi, parce que nous sommes la deuxième plus grande province du Canada
en termes de population; les problèmes sociaux et autres que cela
engendre sont considérables. Je vais peut-être prendre la plus
petite province pour frapper l'imagination,
l'Île-du-Prince-Édouard. On pourrait prendre d'autres provinces.
Je me dis tant que le Québec ne sera pas un peu plus ouvert et qu'il ne
verra pas comme une possibilité qu'on puisse... On est à
l'intérieur du Canada. Je comprends que nos adversaires d'en face
n'aiment pas cela, mais c'est tout de même la réalité avec
laquelle on doit vivre et à l'intérieur de laquelle on doit
essayer de trouver des solutions aux problèmes de l'emploi et du
chômage.
Tout devient occasion de confrontation. Je ne veux pas donner
l'absolution au fédéral dans ce débat. Ce n'est pas cela
que je veux faire. Mais je dis qu'on ne met même pas en place des
conditions minimales pour en arriver à des pourparlers qui modifieraient
des choses. Il y a là un problème fondamental et je ne l'ai pas
l'impression, à moins que je ne me trompe... Si le ministre veut nous
dire: Écoutez! nous sommes prêts à aller nous asseoir
à une table constitutionnelle et à essayer de réexaminer
loyalement les partages de juridiction de façon que la population,
qu'elle soit du Québec ou qu'elle soit de Colombie britannique, ne fasse
pas les frais des querelles de juridiction et des querelles
constitutionnelles... Ici, cela prend des proportions fantastiques à
cause de l'importance de notre population et de l'importance de notre
chômage, toutes proportions gardées.
Si vous vouliez une réponse, c'est la mienne, M. le
Président.
M. Marois: M. le Président, si Mme la
députée me permet, j'aime tout de même son sens de la
nuance. D'abord, cela empêche de faire en sorte que ce soit excessif, que
l'on tombe dans la démagogie et cela permet d'avoir une discussion
valable. Il faut faire toutefois attention jusqu'où l'on va.
Honnêtement, j'essaie de regarder ceci: cela fera bientôt sept ans
que j'assume des responsabilités ministérielles.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait sept ans que vous voulez
séparer le Québec.
M. Marois: Si vous me permettez, je ne vous ai pas interrompue,
j'ai l'habitude de vous écouter...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
M. Marois: ...très attentivement. Vous n'avez pas
l'habitude d'être nerveuse non plus.
Mme Lavoie-Roux: Je veux m'excuser, je vous laisse parler.
M. Marois: On a l'habitude d'y aller très calmement. Je
comprends que chacun peut avoir des problèmes personnels en cours de
route, on est tous des humains, je comprends cela.
Je veux bien qu'on soit ouvert. J'ai négocié l'accord sur
la formation professionnelle des adultes. Il me semble qu'on admettra que j'ai
essayé...
Mme Lavoie-Roux: ...l'accord.
M. Marois: ...non, non il y avait eu l'accord Couture-Cullens, si
je peux me permettre de vous le rappeler.
Mme Lavoie-Roux: Non, je parle en relation avec la
main-d'oeuvre.
M. Marois: En ce qui me concerne, je vous le dis de bonne foi, je
ne suis pas prêt de l'oublier de ma vie, je vous en passe un papier. De
bonne foi, en pleine conférence
de presse, devant témoins, j'ai proposé moi-même,
c'est celui qui est devant vous, madame, qui a proposé au
fédéral une entente conjointe sur les programmes de
création d'emplois. Je suis prêt à être ouvert,
à négocier. J'ai offert à Mme Bégin, j'ai ouvert la
porte à des discussions sur les régimes d'assistance publique du
Canada pour faire en sorte que, là aussi, on harmonise et qu'on ait des
retombées beaucoup plus favorables, beaucoup plus positives pour les
citoyens et les citoyennes du Québec, en particulier dans la lutte
contre le chômage et la création d'emplois. Je suis prêt
à discuter et à négocier, mais je ne suis pas prêt
à me faire organiser, par contre.
Je me permettrai de rappeler une chose. On est en 1983, est-ce que je
pourrais rappeler que c'est en 1972, à Victoria, que le gouvernement
fédéral, alors que le Québec n'était pas
particulièrement dirigé par un gouvernement qui
préconisait l'indépendance du Québec... Le gouvernement du
Québec d'alors demandait quoi à Victoria? Il demandait le
rapatriement au Québec des programmes sociaux, notamment
l'assurance-chômage. Qu'est-ce qu'il s'est fait répondre? Onze
années sont passées depuis. La réponse est toujours la
même. On s'est fait répondre non en 1972. Pourquoi? C'était
le bon sens. Partage de juridictions, discussions, ouverture, je suis
prêt n'importe quand à discuter avec le fédéral et
sur la base de propositions. Très souvent, on pousse et on commence les
discussions avec le gouvernement fédéral.
Je suis prêt à discuter n'importe quand. D'ailleurs, on a
encore des discussions en marche, mais je ne suis pas prêt d'oublier
RELAIS parce que j'ai pris une leçon dans le cadre du programme RELAIS,
je vous en passe un papier. Pas se faire organiser! Quand viendra le temps de
faire de la politique, de la petite politique, on en fera. Par les temps qui
courent, on vit dans un régime où le Québec a droit
à ses retombées et à sa part normale de retombées.
Il faut harmoniser pour faire en sorte qu'on sorte de cette espèce de
situation qui n'a pas de sens. Cela n'a pas de sens et j'espère que
j'aurai avec moi, cet après-midi...
J'ai fait calculer les retombées, quand on dit les
coûts-bénéfices, chaque fois que le Québec
crée un emploi, quelles sont les retombées pour les employeurs,
pour les employés, pour les gouvernements municipaux, pour les
gouvernements provincial et fédéral. Je serais prêt
à ouvrir une discussion avec le gouvernement fédéral
n'importe quand à la condition que, pour chaque dollar fourni par
l'effort des Québécois qu'on envoie, que ce soit à la
caisse d'assurance-chômage ou ailleurs, on retourne, que ce soit
réinjecté, par exemple, en création additionnelle
d'emplois; je serais prêt à ouvrir des discussions n'importe quand
si la porte pouvait s'ouvrir. Mais, depuis 1972, elle n'est pas ouverte, elle
est barrée.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: M. le Président, sur le même point, sur
la question que le ministre a posée tout à l'heure, c'est
peut-être vrai qu'en 1972, tel était le cas, mais le ministre
conviendra aussi que, depuis 1972, il y a bien d'autres choses qui ont
changé. Par exemple, en 1972, le Québec avait exercé un
droit de veto, ce que le Québec...
M. Marois: On a vu cela avec le Canada Bill qu'il y a bien des
choses qui ont changé.
M. Sirros: Je ne vous ai pas interrompu non plus, M. le ministre.
Ce que le Québec n'a pas aujourd'hui. Tout cela simplement pour dire
qu'il y a une évolution normale qui se fait en politique dans un espace
de onze ans et que, peut-être, aujourd'hui, la situation est beaucoup
plus mûre par rapport au partage des pouvoirs et, en temps et lieu, il y
aura effectivement une discussion sur le partage des pouvoirs. Mais le
problème de fond est que, aussi longtemps que le Québec sera
gouverné par un gouvernement qui n'accepte pas le Canada comme pays, le
fédéralisme comme système, il est impossible - je pense
que c'est la logique la plus pure...
M. Marois: M. le Président, pure question de
règlement, je n'ai pas d'objection, mais c'est vraiment le
député qui s'engage dans cette voie. Je n'ai aucune espèce
d'objection à y aller si vous voulez qu'on en discute à fond de
train. Aucune espèce d'objection. Je me suis souvent retenu
moi-même en dix ans et j'en aurais long à dire parce qu'il y a des
choses que j'ai vues depuis sept ans et que je retiens.
M. Sirros: J'en passe beaucoup aussi, M. le Président,
parce que...
M. Marois: Alors si le député veut y aller, on va y
aller. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Blank): Mais le problème est que,
si on va dans cette direction, pour commencer, ce n'est pas dans les
crédits de la Main-d'Oeuvre et la Sécurité de revenu et,
deuxièmement...
M. Marois: II faut dire qu'on est toujours pas mal dans le sujet,
mais...
Le Président (M. Blank): Laissez-moi finir. Et
deuxièmement, on a une limite de dix heures pour cette commission. Si on
veut arriver vraiment à étudier des crédits, on
doit y arriver. On a déjà passé presque deux heures
sans voir le programme 1.
M. Sirros: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
que...
M. Gagnon: Question de règlement. C'est peut-être
vrai que ce n'est pas dans le livre des crédits de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, mais, par contre, la discussion que
commence le député de Laurier, si on la permet, pourrait
peut-être permettre au Québec de régler...
M. Sirros: Je rappellerais... Mme Lavoie-Roux: Le
ministre...
M. Gagnon: ...pas mal de problèmes de main-d'oeuvre et de
sécurité du revenu.
M. Sirros: M. le Président, je rappellerai seulement
à la commission que c'est le ministre qui a posé une question
à l'Opposition sur sa position concernant le partage des pouvoirs
touchant la sécurité du revenu et qu'après le ministre
lui-même est allé dans cette direction en disant qu'il est
réceptif, etc., sauf que, lorsqu'on essaie de répondre aux
arguments qu'il apporte...
M. Marois: Non, non. J'attends surtout la réponse à
ma question.
M. Sirros: ...il nous amène le spectre d'un grand
débat constitutionnel et il nous dit de ne pas aller dans cette
direction. M. le Président...
M. Marois: Non. Mme la députée de L'Acadie m'a dit
qu'elle était d'accord pour que s'ouvrent des discussions pour que cela
soit harmonisé. Ma question très précise n'était
pas celle-là. Est-ce que, oui ou non, vous êtes toujours d'accord
pour dire que l'assurance-chômage et l'ensemble des politiques de
sécurité du revenu devraient être rapatriés au
Québec? C'était ma question précise.
M. Sirros: M. le Président, la réponse
précise...
M. Marois: Tel que c'était demandé en 1972. (12 h
15)
M. Sirros: La réponse précise est que je crois
sincèrement que, le jour où il y aura un gouvernement qui accepte
loyalement le cadre fédéral, il pourra y avoir des
réaménagements importants dans le partage des pouvoirs, mais,
aussi longtemps que cela n'existe pas, malheureusement, on est pris dans la
situation où on est pris.
Le Président (M. Blank): On va suspendre les travaux parce
que le ministre n'est pas ici pour répondre aux questions. C'est le
moment de commencer l'étude des crédits. Dès que le
ministre reviendra, on va commencer. La commission suspend ses travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise de la séance à 12 h 20)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux et les ajourne sine die,
c'est-à-dire jusqu'après la période des questions à
la Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise de la séance à 15 h 32)
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission élue permanente de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu reprend ses travaux. À la suite d'une
entente, nous procéderons immédiatement à l'étude
du programme 10. La parole est au député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Effectivement, avec le
consentement du ministre et de mon collègue, porte-parole en
matière de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu, le
député de Laurier. C'est que je dois m'absenter dans peu de
temps. Cela touchera surtout les programme 10 et 6, si le ministre n'a pas
d'objection. J'ai cinq ou six questions que je peux lui poser
consécutivement. Le ministre pourra répondre, s'il n'a pas
d'objection, de la même façon.
Prestations d'aide sociale
En ce qui concerne le programme 6, M. le Président - mon
collègue de Laurier en a un peu parlé ce matin, ainsi que le
ministre - j'aimerais parler des allocations d'aide sociale destinées
aux jeunes de moins de 30 ans. Nous avons l'occasion, depuis environ quatre
mois, de connaître, en lisant entre certaines lignes de médias
d'information écrits, ainsi qu'à la suite de certaines fuites,
les différentes interprétations d'un éventuel projet que
le ministre a déposé au Conseil des ministres. En me
référant aux discours prononcés lors des lois 68, 70 et
105 relativement à la récupération par le gouvernement du
Québec, entre autres, d'un certain 20% des employés de
l'État, j'ai entendu, lors de ces interventions, plusieurs
députés du Parti québécois nous dire
qu'effectivement il fallait en enlever à ceux
qui sont les mieux nantis pour en donner à ceux qui sont les plus
démunis de notre société.
Ma première question est la suivante -je sais bien que je ne suis
pas le premier à lui parler de ce sujet; il y a eu plusieurs groupes de
jeunes de la société québécoise qui lui en ont
parlé. Est-ce que le ministre considère que, à 35 $ par
semaine, les jeunes célibataires de moins de 30 ans qui reçoivent
144 $ ou 146 $ par mois, par analogie et donnant suite aux discours des
députés ministériels en Chambre, sont les plus
démunis? On a repris, je crois, environ 420 000 000 $ - il me corrigera
si je me trompe - avec ces mesures de récupération chez les
employés des secteurs public et parapublic. Est-ce qu'il
considère ces gens comme des personnes assez démunies pour leur
venir en aide actuellement? On voit souvent, dans nos bureaux de comté
et même dans des sous-sols d'églises, des jeunes venir nous
demander des boîtes de conserve. 4,80 $ par jour, c'est nettement
insuffisant pour survivre.
Continuant dans la même veine, M. le Président, on a
également entendu plusieurs sociologues et travailleurs sociaux nous
faire part qu'effectivement la dépendance financière garde nos
jeunes du Québec trop longtemps dans l'adolescence. Un peu sur le
même sujet, parce qu'on entend souvent à travers les branches
qu'on veut diminuer l'allocation des plus jeunes, de 18 à 21 ans, pour
en donner un peu plus aux plus vieux, de 21 à 30 ans, est-ce que le
ministre ne croit pas qu'en agissant de la sorte, en forçant ces jeunes
à habiter avec leurs parents, finalement, si on diminue les 35 $ qu'ils
ont actuellement par semaine à 15 $, 20 $ ou 25 $, on contribue,
justement, à prolonger l'adolescence jusqu'à 20 ou 25 ans?
Sur un autre sujet, si le ministre me le permet, j'aimerais aborder le
dossier du placement étudiant. J'ai eu l'occasion, à plusieurs
reprises l'année dernière, de questionner le ministre...
M. Marois: Excusez-moi. Est-ce que c'est dans le programme 9?
M. Dauphin: Dans le programme 10.
M. Marois: Programme 10. Je m'excuse d'interrompre le
député.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Marois: À moins qu'il y ait d'autres questions par la
suite, si on veut commencer à procéder, est-ce qu'il serait
possible, après ces questions, de procéder à l'adoption,
au moins, de ces deux programmes? Le député vient de parler du
programme 6 et du programme 10. Je pose la question. Je laisse le
député de Laurier y réfléchir et on laissera le
député de Marquette finir de poser ses questions; je prends note
des questions.
Protection et développement de l'emploi
M. Dauphin: D'accord. Je laisserai notre porte-parole y
répondre tantôt. Relativement au placement étudiant
justement, j'ai eu l'occasion l'an passé de questionner le ministre
à plusieurs reprises sur le nouveau programme qui abolissait les
subventions aux employeurs au niveau de l'incitation au secteur privé.
À la suite du sondage que le ministère a fait auprès des
employeurs du secteur privé du Québec, on a pu se rendre compte,
à la page 64 dudit sondage, que 56,6% des entreprises ont dit
qu'effectivement, si on abolissait les subventions au secteur privé,
elles n'étaient pas pour engager d'étudiants. C'est à la
page 64 du rapport ou de l'étude. Et 59,6% des municipalités ont
répondu également par la négative, en ce sens que, si on
abolissait les subventions, elles n'engageraient pas d'étudiants. On se
rend compte, statistiquement parlant, de 1978 à 1981, que l'embauche
d'étudiants par le placement étudiant du Québec a
continuellement progressé. Cependant, en 1982, avec l'abolition des
subventions au secteur privé, pour la première fois, cela a
régressé. Évidemment, le ministre me répondra
peut-être que la situation économique s'est aggravée depuis
1980-1981, mais ne croit-il pas qu'effectivement l'abolition des subventions -
je pense qu'il est au courant de ma question - a été pour quelque
chose dans cette régression de l'embauche d'étudiants par le
placement étudiant du Québec? C'était ma deuxième
question.
Bon d'emploi
Si le ministre me le permet, comme on est encore dans le programme 10,
je voudrais parler du bon d'emploi. Il me corrigera si je me trompe, mais 57%
des détenteurs de bons d'emploi actuellement, c'est-à-dire
environ 19 000 sur les 33 250 bons émis, sont toujours à la
recherche d'un emploi, nonobstant leur bon d'emploi de 3000 $. Il nous l'a dit
en Chambre, il nous le confirmera probablement, c'est que, sur 14 250 emplois
créés, 50% sont temporaires.
Il nous mentionnait tantôt que, lorsqu'on a lancé le
programme, on ne s'attendait pas à créer de l'emploi permanent;
il nous l'a dit régulièrement en Chambre. J'aimerais demander au
ministre s'il est exact que 12 600 des 14 250 emplois créés pour
les jeunes de moins de 25 ans en vertu du programme rapportent moins de 200 $
par semaine.
Finalement - je m'excuse de précipiter les choses - le premier
ministre a eu l'occasion, il y a environ un mois, d'annoncer un plan d'action
gouvernemental pour les jeunes du Québec, avec la création d'un
Secrétariat à la jeunesse animé par le
député de Verchères, dont j'aurais aimé constater
la présence aujourd'hui. Entre autres, sur le seul programme qui est
nouveau dans ce plan d'action, soit le programme des jeunes volontaires,
j'aimerais savoir du ministre si, en pratique, les modalités
d'application du programme sont commencées, si les modules de
Travail-Jeunesse sont implantés dans les différents centres de
main-d'oeuvre du Québec.
En terminant, M. le Président, j'aimerais demander au ministre
s'il a commandé des études sur les migrations de jeunes
travailleurs québécois qui se sont expatriés dans d'autres
provinces ou dans d'autres États, enfin à l'extérieur du
Québec et, si études il y a, est-il prêt à les
rendre publiques dans les plus brefs délais?
Le Président (M. Vallières): M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Marois: J'ai noté les six questions du
député de Marquette, M. le Président. Je vais essayer d'y
répondre le plus rapidement possible. Quant à la question sur la
migration des jeunes, on est en train de vérifier et je répondrai
au député tout de suite après.
En ce qui concerne le programme des jeunes volontaires, c'est,
effectivement, un des volets annoncés. On connaît le montant
d'argent qui sera injecté au départ: 20 000 000 $. On
prévoit que, normalement, tout devrait être en place, soit les
modules Travail-Jeunesse dans les divers centres Travail-Québec - je
l'ai évoqué ce matin -d'ici la fin de mai. Tout devrait
être fait, tout devrait être en place. Le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu travaille
étroitement avec le Secrétariat à la jeunesse pour faire
en sorte que le programme puisse démarrer, par voie de
conséquence, dans les meilleurs délais.
Je me permets de le rappeler au député, car c'est
important dans la liste des questions qu'il a posées: Ce n'est qu'un des
volets du plan pour les jeunes annoncé par le premier ministre. Il y
aura d'autres éléments. On en a parlé ce matin; donc, je
n'y reviendrai pas. Mais je me permets de rappeler au député que,
pour l'automne au plus tard, nous visons la mise en place de ce que je me suis
permis d'appeler, ce matin, "une formule de bons d'apprentissage" qui
permettrait aussi d'ouvrir aux jeunes la possibilité d'une formation en
entreprise ou, en alternance, en institution et en entreprise, comme
étant une autre des dimensions. Également, nous regardons de
très près de quelle façon, concrètement, il serait
possible de faciliter la réinsertion ou le retour aux études de
certains jeunes qui, pour toutes sortes de raisons, ont abandonné en
cours de route et qui voudraient et auraient le potentiel pour s'équiper
davantage. Voilà pour une des questions.
En ce qui concerne les bons d'emploi, les ordres de grandeur sont
exacts. En détail, on a les chiffres. D'ailleurs, on vous les a fournis
dans les cahiers. C'est plus de 16 000. Les chiffres, quitte à
être bonifiés -il y a toujours une comptabilisation qui se termine
au cours du mois d'avril - indiquent que plus 16 000 jeunes ont pu se
dénicher un emploi grâce aux bons d'emploi. Effectivement, il y en
a environ 19 000 qui ont un bon d'emploi, mais qui ne se sont pas, jusqu'ici,
trouvé un emploi.
Le bon d'emploi n'a jamais eu comme prétention, à partir
du moment où un tel bon a été remis aux jeunes, d'y lier,
comme une espèce d'obligation ou d'équation automatique, un
emploi. On n'a jamais dit: Tu as le bon d'emploi, ne t'en fais pas, il y a un
employeur qui va se faire tordre le cou pour ouvrir un poste. Enfin, cela n'a
jamais été le but. Le but était de mettre trois
éléments ensemble: un jeune qui a un potentiel, mais n'a pas
l'expérience du travail; un employeur qui a possiblement un emploi et
qui ne l'ouvrirait pas, parce que l'emploi ouvert, à la marge, un emploi
additionnel pour une période X dans certains cas, c'est là
l'élément inattendu... Pourtant, j'avais déjà
indiqué: Faisons attention, on verra en cours de route, il y aura
peut-être un taux de rétention plus élevé qu'on ne
le pense. Je pense que le député s'en souviendra, je l'avais
mentionné au point de départ, mais il était difficile de
quantifier ce que cela allait donner. Quand même, 50%, c'est assez
renversant. Il n'y a jamais eu une équation automatique. Donc, le
processus continue. (15 h 45)
Quant au chiffre de 12 600 qui auraient un salaire de moins de 200 $,
les données dont je dispose sont les suivantes: gagnant moins de 176 $,
ce qui correspondrait au salaire minimum sur la base du nombre d'heures
travaillées, 30 heures, 35 heures ou plus, il y en aurait 10 772; entre
176 $ et 200 $, il y en aurait 3420 et, entre 201 $ et 250 $, il y en aurait
1487. On peut débouler la liste, à 251 $ et plus. Il me semble
qu'il y a là globalement un résultat intéressant mais,
enfin, c'est pour nuancer les chiffres que nous communiquait le
député.
En ce qui concerne le placement étudiant, honnêtement, bien
malin celui qui pourrait répondre avec rigueur à la question. Je
pourrais toujours répondre au député qui m'a
demandé si le fait d'avoir retiré la subvention, qui était
de 400 $, on s'en
souviendra, est la raison ou une des raisons de la diminution. Je note
que la diminution n'est pas extrêmement importante, environ 9000 par
rapport à 12 500 ou 13 000, si ma mémoire est bonne. Est-ce que
c'est cela? Ce n'est pas impossible. J'avoue honnêtement que je n'ai pas
les données me permettant de conclure. Je n'argumenterai pas à ce
moment-ci. On va procéder à une vérification plus
fouillée.
Je me permets, cependant, de signaler - je l'ai évoqué ce
matin, je vais donc reprendre très rapidement - que cela n'a jamais
été la prétention de quelque gouvernement que ce soit de
régler cela à lui seul et d'ouvrir toutes les possibilités
d'emploi pour tous les étudiants et étudiantes qui se cherchent
un emploi d'été. Le gouvernement du Québec se doit
d'assumer ses responsabailités, le gouvernement fédéral se
doit aussi d'assumer ses responsabilités, ils le font et l'ensemble de
la société aussi. Effectivement, j'indiquais - et là il
n'y a pas de modifications selon les données préliminaires que
j'ai en main - que, sur globalement 110 000 jeunes étudiants et
étudiantes qui se cherchent un emploi, l'an dernier, c'est à
nouveau 80%, comme cela avait été le cas l'année
antérieure, qui ont trouvé un emploi, indépendamment ou
avec les programmes de l'un ou l'autre des niveaux de gouvernement.
D'autre part, ce qui était nouveau, ce que nous avons
expérimenté l'an dernier, qui nous paraît valable et que
nous allons continuer, c'est l'embauche par le gouvernement dans les divers
centres Travail-Québec de jeunes - tout près de 200 jeunes qui
sont engagés; l'opération est déjà
réalisée pour cette année - pour visiter les employeurs,
leur offrir les services de placement étudiant, faire le lien et le
joint entre les étudiants et les étudiantes qui cherchent un
emploi et les employeurs. On poursuit à nouveau cette année le
programme d'échanges interprovinciaux pour les étudiants de
niveau universitaire. Également, il y a le programme d'emplois
d'été pour les étudiants et étudiantes
handicapés et, dans ce cas-là, le gouvernement assume en
totalité la rémunération des étudiants et
étudiantes qui sont embauchés.
Il y a un nouveau programme qui a été annoncé,
qu'on va expérimenter cette année et qui démarre. Il a
été mis au point en concertation avec mon collègue et son
ministère, l'équipe du ministère de la Science et de la
Technologie pour les étudiants de niveaux universitaire et
collégial. C'est un stage d'apprentissage dans un emploi du domaine
scientifique et technique dans les entreprises où il y a un milieu
propice à l'apprentissage des étudiants, qui dispose du personnel
apte à concevoir et à superviser les programmes de stage et qui
est en mesure de fournir le soutien matériel et humain. On va mettre 1
000 000 $ dans ce nouveau programme qui a été annoncé et
qui est maintenant ouvert. Je voulais qu'on ait un tableau à peu
près complet et que les députés puissent aussi disposer de
l'ensemble des données.
Je reviens à la dernière question très rapidement;
il m'en restera deux autres. On m'indique que nous n'avons pas de
données précises au ministère concernant la migration
interprovinciale et qu'il n'y a aucune étude en cours. Ce ne sera pas
très facile de procéder à une telle étude puisque,
par définition, s'il y a mobilité, les allées et venues,
comme il n'y a pas de frontière, cela n'est pas facile à
quantifier. On dispose, forcément, des données quand il s'agit
d'un programme encadré comme les échanges interprovinciaux.
Là, forcément, il y a des ententes et on peut les quantifier.
Dans l'autre cas, à première vue, cela paraîtrait
difficile, mais il n'y a pas d'études en cours et je ne possède
pas de données au ministère.
Sur les deux derniers points qui sont reliés l'un à
l'autre, qu'on a pu aborder rapidement ce matin et sur lesquels le
député de Marquette revient, la question des jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale de 18 à 30 ans, poser la
question: Est-ce que le ministre considère que les montants qui sont
accordés, c'est suffisant pour vivre, je crois que c'est y
répondre. La réponse, c'est non. Est-ce que le ministre, par des
mesures ou par ce que les uns ou les autres ou peu importe - cela n'a pas de
conséquence - ont appelé "le plan Marois" où j'aurais
sabré chez certains groupes de 18-21 ans vivant dans un ménage
qui aurait un certain niveau de revenu, en tenant compte des facteurs de
résidence, etc. - en d'autres termes, c'était la question du
député - va contribuer à les maintenir chez leurs parents?
Ma réponse est la suivante: Ce n'est pas mon intention de les maintenir
chez leurs parents, ni de les sortir de chez leurs parents. Je crois qu'il faut
respecter certaines réalités qui sont là.
Je voudrais vous indiquer en passant, si vous regardez de très
près les chiffres de l'aide sociale, qu'il y a deux choses qui sont
frappantes chez les jeunes de 18-30 ans, en particulier les 18-20 ans: un peu
plus de 80% - je suis sûr que le chiffre que je donne est
modéré - des jeunes demeurent chez leurs parents. Ce qui est
frappant aussi, c'est qu'il semble que plus le niveau de revenu du
ménage est bas, contrairement peut-être à ce que certains
pourraient être portés à croire, plus le pourcentage de
résidents chez les parents est élevé. Je parle du revenu
de la famille. Plus le revenu de la famille est élevé, plus le
pourcentage de résidence semblerait faible. Évidemment, quand une
famille est plus à l'aise, le reste est à l'avenant; il y a un
phénomène culturel au sens large qui joue. Je pense que ce
serait
extrêmement et prétentieux et dangereux d'intervenir d'une
façon ou d'une autre pour les maintenir ou les sortir. Ce n'est pas cela
qui doit être l'objectif.
M. Dauphin: C'est qu'actuellement ils n'ont pas le choix.
M. Marois: Je ne crois pas que ce soit si simple que cela parce
que, par ailleurs, chez d'autres niveaux de revenu et même chez des
niveaux de revenu très faibles, quand je dis 80%, il y a
forcément 20% qui n'est pas chez lui. Ce sont des ordres de grandeur qui
nous indiquent un certain nombre de phénomènes dont il faut tenir
compte. Il ne faut pas faire comme si ces phénomènes n'existaient
pas. Dans ce sens, le député a raison de dire qu'il faut tenir
compte de ces réalités.
Je viens de signer, jeudi ou vendredi, une recommandation au Conseil des
ministres dans la perspective de ce qui a été
évoqué par le premier ministre lors du discours inaugural,
concernant ces jeunes et formulant un certain nombre de propositions. Comme
c'est devant le Conseil des ministres et le Conseil du trésor, je n'ai
certainement pas l'intention de commenter cela. J'ai été
amené à faire des commentaires, j'ai eu l'occasion de rencontrer
plusieurs groupes. D'ailleurs, il y a eu en cours de route aussi des fuites.
C'était un des documents parmi d'autres qui examinaient certaines
hypothèses. C'est normal qu'on les scrute tous à la loupe.
Je vais dire à nouveau ceci et je l'ai dit très
franchement à un groupe de jeunes que j'ai eu l'occasion de rencontrer
avec des collègues. Cela ne me semblerait pas correct et cela m'aurait
paru irresponsable de leur dire: Ne vous en faites pas, je vais vous
régler cela, il n'y a rien là, 250 000 000 $ ou 260 000 000 $,
pour amener l'ensemble du bloc des 18-30 ans au niveau des autres. Ce n'est pas
possible dans le contexte budgétaire financier actuel et je pense
également qu'il faut tenir compte d'une autre dimension qui
m'apparaît extrêmement importante, qui est celle qui vise à
débloquer une série d'avenues pour les jeunes, afin que ce ne
soit pas qu'une seule piste, qu'une seule avenue. Je ne veux pas reprendre le
détail de tout cela ce matin. Donc, entre tout et rien, il y a place
à de l'amélioration et c'est dans cette direction que je
travaille.
Je me permets de rappeler que le budget de l'aide sociale - je vous le
fais remarquer, vous l'aurez noté dans les crédits - augmente
cette année, au moment où on démarre l'année, de
plus de 19%. On passe de 1 511 000 000 $ à 1 800 000 000 $ en
démarrant l'année. Je vous rappelle que, par les mois qui
passent, il y a plus de 10 000 nouveaux bénéficiaires par mois
qui arrivent à l'aide sociale. Je vous rappelle qu'en cours de route
s'applique maintenant la formule d'indexation trimestrielle, qui coûte
des sous. Et, parce que le député l'a accroché au discours
qu'a tenu le gouvernement du Québec dans le cadre de la ronde de
négociations, et a cité des chiffres, je redis donc qu'il y a
place à amélioration, d'une part, du côté des jeunes
qui sont à l'aide sociale et qui, malgré les ouvertures de pistes
qu'on peut faire, seront là encore pour un certain temps et vont
coûter des sous. Deuxièmement, je rappelle les 20 000 000 $
à injecter à l'action des jeunes volontaires. Je rappelle que,
dans le cadre du plan d'Action-Jeunesse, le gouvernement du Québec
injecte 150 000 000 $ en démarrant l'année, pour divers types de
programmes de création d'emplois incluant - ce qui n'est pas comme tel
un programme de création d'emplois et ne prétend pas l'être
- l'action des jeunes volontaires, sans compter des crédits additionnels
qu'il faudra ajouter en cours d'année lorsqu'on aura réussi
à mettre au point le projet concernant ce que j'ai appelé "une
formule de bons d'apprentissage". Ce sont donc déjà de sommes
considérables, si vous tenez compte des 150 000 000 $, plus ce qui
viendra, plus les 19% d'augmentation à l'aide sociale - cela couvre tout
le monde - plus 70 000 000 $ de plus, en démarrant l'année sur
les crédits de la création d'emplois; 235 000 000 $ par rapport
à 163 000 000 $, il y en a plus que 70 000 000 $ et en démarrant
l'année, parce que je rappelle qu'on est arrivé à 163 000
000 $ en cours d'année. On avait démarré avec - je ne me
souviens plus -50 000 000 $, 60 000 000 $, quelque chose comme cela.
Voilà, M. le Président, j'ai essayé de
répondre le plus rapidement possible aux questions du
député tantôt. Je ne sais pas si mes collègues ont
des questions.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Marquette. Non? Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si on a convenu qu'on pourrait
finir le programme 10; alors, on pourrait poser des questions. Est-ce que c'est
un peu cela que le ministre proposait tout à l'heure? Même si on a
commencé par la fin, il y en aura au moins un d'adopté. Cela vous
va? Mes questions vont être courtes, espérant avoir des
réponses courtes. Le bon d'emploi, présentement, est pour les
jeunes qui ont complété le secondaire. On sait qu'il y a au moins
- et c'est modéré - 35% de jeunes qui ne complètent pas le
secondaire. Est-ce que le ministre a examiné cette question et pense
apporter une modification aux critères d'admissibilité au bon
d'emploi? Deuxième question là-dessus; vous pourrez me
répondre en même temps. Quelle est la répartition des
bons d'emploi qui a été faite entre les garçons et
les filles et quelle est la proportion des garçons et des filles qui ont
obtenu un emploi grâce aux bons d'emploi? (16 heures)
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Marois: Le critère est qu'il faut avoir terminé
le secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Je sais, mais avez-vous l'intention de le
modifier? Parce que vous avez au moins 35% à 40%, et c'est
modéré, de jeunes qui ne complètent jamais leur secondaire
et qui se trouvent défavorisés, je ne dis pas l'année
après qu'ils ont laissé le secondaire, s'ils l'ont laissé
en secondaire III et qu'en secondaire IV on leur donne un bon d'emploi, mais
une fois qu'ils sont sortis des écoles depuis deux ans. On pourrait
penser à une façon d'adapter le programme aux besoins de ces
jeunes qui sont très nombreux.
M. Marois: Je ne diffère pas d'opinion avec Mme la
députée sur l'objectif; je diffère d'opinion sur le moyen.
Je ne crois pas que le bon d'emploi soit le bon moyen pour des jeunes qui n'ont
pas terminé le secondaire. Je pense qu'il faut plutôt
développer les deux pistes que j'évoquais pour rejoindre
l'objectif: premièrement, favoriser autant que faire se peut le retour
aux études pour que les jeunes soient le mieux équipés
possible; deuxièmement - je pense qu'il nous faut admettre que le
Québec a pris du retard en particulier par rapport à certains
pays européens - il nous faut absolument ouvrir la porte à la
possibilité de la formation, notamment, mais pas exclusivement, en
alternance en institution et en entreprise, pour faire en sorte que les jeunes
soient le mieux qualifiés possible, et, une fois qu'ils disposent d'un
premier niveau de diplôme et d'une formation reconnue, que puisse
s'ouvrir la perspective d'une première expérience de travail. Ce
sera d'autant plus facile si on peut bien arrimer la notion de formation, entre
autres, en alternance en institution et en entreprise.
En ce qui concerne la répartition par sexe, c'est
intéressant, 43,6% sont des hommes et 56,4% sont des femmes.
Mme Lavoie-Roux: Qui ont des emplois? M. Marois: Qui ont
obtenu un emploi.
Mme Lavoie-Roux: Grâce au bon d'emploi?
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si le ministre veut me
permettre de répliquer à son point de vue, que je veux bien
respecter, je n'ai pas parlé des jeunes qui sortaient du secondaire III,
IV ou V où, immédiatement, il y a peut-être encore un
effort de récupération qui peut être fait du
côté d'une formation supplémentaire, mais j'ai parlé
des jeunes qui ont déjà quitté l'école depuis deux
ou trois ans. Cela devient très problématique, à savoir si
vous allez pouvoir faire cette formation supplémentaire que tout le
monde souhaite, moi, comme le ministre, d'ailleurs. Ces jeunes se trouvent
défavorisés par rapport aux autres. Je suis tout à fait
d'accord qu'en secondaire III, si vous leur donnez un bon emploi pour 3000 $,
ce n'est pas correct, ni en secondaire IV, mais, une fois qu'ils sont rendus
dans les âges comparables aux autres c'est-à-dire qu'ils ne seront
pas nécessairement comparables - à 20 ans ou 21 ans et que les
chances de les renvoyer à l'école sont très minces, je
pense qu'ils sont vraiment défavorisés par rapport aux
autres.
Une autre chose, vous savez, c'est sorti comme une grande
lumière: l'alternative école-travail. Je pense que c'est le
ministre Laurin qui en a parlé il n'y a pas plus qu'un mois. J'aimerais
dire au ministre que cela aussi, c'est fort souhaitable au niveau des
principes, mais, en 1970 et en 1971, on faisait de grands discours et de
grandes conférences déjà là-dessus, disant qu'il
fallait faire l'alternance école-travail, mais il y a eu des
difficultés monstres à le faire, sauf que là, apparemment,
il y aurait une certaine incitation financière. J'ai cru saisir que
peut-être il y aurait une incitation financière pour inciter les
usines ou les entreprises à jouer le jeu. C'est peut-être une
mauvaise expression en l'occurrence, mais il ne faut pas penser que c'est
là une avenue très facile. Qu'on l'explore un peu plus
sérieusement, je suis bien d'accord, mais il ne faudrait pas penser que
c'est la solution au problème que je soulève: les jeunes qui
décrochent à l'école. Cela peut l'être pour une
partie. En tout cas, c'est une remarque.
L'autre question que je voudrais vous poser: Dans quelle mesure
croyez-vous que le bon d'emploi peut aussi avoir un effet désincitatif
pour les entreprises? Je m'explique. Il y a des employeurs qui disent au jeune:
Je te prendrai quand tu auras un bon d'emploi. Vous avez aussi la
réflexion: De toute façon, j'aurais créé le poste,
mais j'ai eu un bon d'emploi en plus, parce que j'avais besoin de quelqu'un
à ce poste. La seule façon, peut-être, de mesurer cela
serait de savoir combien de jeunes sont sur le marché travail, en
prenant des échantillons au niveau du cégep ou au niveau du
secondaire, sans mesure incitative, subvention, bon d'emploi ou autres,
comparativement à ceux qui se placent gâce à une mesure
incitative.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre.
M. Marois: Je vais revenir très rapidement, sans allonger
cette intéressante discussion, à ces jeunes qui ont quitté
depuis deux ou trois ans, peu importe. Encore une fois, c'est le moyen, ce
n'est pas l'objectif. C'est pour cela qu'il y a d'autres programmes, notamment
Chantier-Québec qui, lui, ouvre sur de l'emploi temporaire. Le programme
de retour au travail pour les bénéficiaires d'aide sociale et les
gens admissibles à l'aide sociale, lui, ouvre sur de l'emploi durable en
entreprise. C'est la nuance entre les deux. C'est une des améliorations
qu'on a apportées à la suite de commentaires qui nous ont
été faits, notamment, dans les rapports d'évaluation des
fonctionnaires. Bien sûr que je tiens compte de l'opinion des
fonctionnaires. Pensez-vous que je leur demande leur opinion pour le "fun"? Je
sais bien que ce n'était pas une pratique courante, mais je ne vois pas
pourquoi on ne le ferait pas. Ils sont en contact avec les gens. Ils ont des
idées. Ils nous font des suggestions. Je ne vois pas pourquoi on n'en
tiendrait pas compte.
Deuxièmement, en ce qui concerne la notion d'alternance en
institution, ce ne sont pas les boutons à quatre trous et l'invention du
siècle; il y a des pays d'Europe qui font cela depuis déjà
des décennies. Je vous le dis très franchement, comme je le
pense: Je ne sais pas si c'est le meilleur coup de notre vie qu'on a fait comme
société quand on a aboli, en un certain sens, ce qu'on appelait
les vieilles écoles techniques.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Marois:: Enfinl C'était dans les années de la
révolution tranquille.
Mme Lavoie-Koux: 1967 ou 1969.
M. Marois: Oui, 1967, 1968, quelque part par là. Enfin,
vous avez parfaitement raison de dire: Ne prenons pas cela comme une
panacée et ne pensons pas que ce sera simple et facile. Non. Mais, tout
cela étant dit, ce n'est pas, pour autant, à mon point de vue,
une série de bonnes raisons pour ne pas tenter l'expérience en
tenant compte des réalités d'aujourd'hui. On n'est plus dans les
années soixante; on est dans les années quatre-vingt. Je ne vois
pas pourquoi on ne le tenterait pas sur une base expérimentale,
ajustée à notre réalité, quitte à avoir des
ratés de parcours et à faire les ajustements qui s'imposent. Mais
il me paraît évident qu'on doit trouver une formule pour mieux
arrimer l'école et l'entreprise pour les jeunes et aussi pour
préparer pour l'entreprise une main-d'oeuvre, une relève pour
l'entreprise qui soit bien qualifiée.
Quant aux données, j'avoue que je n'en ai pas en main. On va
procéder à une vérification, le cas échéant
pour vous fournir une réponse plus étoffée que celle que
je pourrais vous faire aujourd'hui. Combien de jeunes se seraient placés
s'ils n'avaient pas eu le bon d'emploi? On sait - les chiffres le montrent -
que, quand on examine le taux de chômage chez les jeunes par niveau de
scolarité, le niveau de chômage est plus faible selon que le
niveau de scolarité est plus élevé. Il y a
déjà eu des études là-dessus qui sont probantes et
qui ne semblent pas être démenties même par une
période de crise très difficile. Mais, évidemment,
à tous les niveaux, le niveau de chômage ou la difficulté
de se trouver un premier emploi a augmenté. Au fur et à mesure
qu'on redescend vers des niveaux de scolarité plus bas et qu'on fait
face, de plus en plus, à un marché du travail qui est exigeant
sur le plan de la qualification, on rencontre - qui n'en a pas entendu parler?
- le cercle vicieux suivant: Je veux bien t'embaucher, as-tu de
l'expérience? Non, je n'ai pas d'expérience. Tu repasseras quand
tu auras de l'expérience. Pas d'expérience, pas de travail; pas
de travail, pas d'expérience.
On sait que, à un certain niveau de scolarisation universitaire
de certains types, l'étude - je pense qu'une copie a été
remise depuis ce matin à chacun des membres de la commission - sur
l'état des pénuries de main-d'oeuvre est aussi très
indicatrice de certains secteurs où, même avec un niveau de
scolarité très élevé, éventuellement, si on
ne fait pas attention, il y aura des problèmes. Donc, il y a des accents
dans les perspectives qu'il faut déplacer. On sait qu'à un
certain niveau de scolarisation, les choses allaient relativement bien enfin
que le taux de chômage chez ces gens-là était plus faible
que la moyenne de chômage au Québec, mais que cela se
dégradait quand on arrivait à des niveaux inférieurs.
C'est difficile de sonder les reins et les coeurs.
Je serais porté à dire que fort probablement il y a un
certain nombre d'emplois qui se seraient de toute manière
débloqués, très sûrement aussi des emplois ne se
seraient pas débloqués. Des programmes comme le programme de
retour au travail pour les bénéficiaires de l'aide sociale ou
ceux qui ont épuisé leurs prestations d'assurance-chômage,
comme le bon d'emploi et d'autres exemples que je pourrais donner, sont tous
accrochés à la notion de ce qu'on appelle la prime à
l'emploi marginal. Ce n'est pas une notion que j'ai inventée, mais c'est
une notion qui est rodée depuis longtemps, en particulier dans bon
nombre de pays européens et aussi dans toute une série
d'États américains, principalement des États
américains du Nord-Est des États-Unis, où
l'économie basée essentiellement sur toute une série de
grandes entreprises s'est presque
littéralement effondrée. L'économie s'est
reconstruite sur une série de petites entreprises procurant, à
toutes fins utiles, presque autant d'emplois. Il y a un rapport
extrêmement intéressant, qui est le rapport Birch,
là-dessus, mais elle s'est essentiellement reconstruite sur la base de
petites entreprises devenues par la suite de moyennes entreprises. Là
aussi, s'applique ce qu'on appelle la théorie de l'emploi à la
marge. C'est l'emploi que l'employeur a, qui est disponible, mais qu'il
n'ouvrira pas, parce que cet emploi qu'il ouvre implique des coûts qu'il
ne peut pas assumer, car, pour une première année, ce n'est pas
rentable. En particulier, s'il s'agit d'un jeune qui en quelque sorte fait son
apprentissage de travail, c'est évident qu'il est moins rentable la
première année que quand il a acquis certain nombre
d'années d'expérience. On est parti de la réalité,
dans le fond, on n'a pas inventé les boutons à quatre trous.
Voilà ce que je dirais pour l'instant.
Mme Lavoie-Roux: Vous devez, quand même, savoir que, chaque
année il y a un nombre X de jeunes qui entrent sur le marché du
travail. À partir de ces données -je ne sais pas, c'est
peut-être trop simpliste pour que cela puisse se faire comme cela -vous
en avez tant qui entrent sur le marché du travail, il y en a tant pour
qui c'est à partir de subventions qui ont été
accordées aux entreprises ou du bon d'emploi, enfin, c'est juste une
suggestion.
L'autre question que je veux poser au ministre: Quand vous donnez une
subvention, par exemple, dans le cadre de l'aide sociale, c'est-à-dire
de l'intégration des bénéficiaires de l'aide sociale au
marché du travail, il y a quand même des exigences que vous avez
pour l'organisme qui les emploie. J'ai à l'esprit un cas dans une
société d'histoire, parce qu'il y a des gens qui ont
été intégrés à partir des
sociétés d'histoire. Quel est le salaire que vous obligez
l'employeur à payer pour être admissible à cette
subvention?
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Marois: Cela varie selon le programme. S'il s'agit du
programme de retour au travail, qui doit ouvrir un emploi durable, la
contribution du gouvernement pouvait aller jusqu'à un maximum de 6000 $
et, cette année, cela va passer à 8500 $.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y avait des exigences au point de
vue du taux horaire qui devait être payé aux employés?
M. Marois: Dans tous les cas, cela ne peut jamais être
inférieur au salaire minimum. Deuxièmement, dans certains
programmes - c'est pour cela que je pensais au programme de retour au travail,
puisque je donnais l'exemple des 6000 $ qu'on porte à 8500 $ - c'est le
salaire généralement payé dans ce type de fonction, de
métier ou de profession, peu importe le secteur économique
donné ou dans la région donnée. (16 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais faire part de certaines
précisions au ministre. Je pourrais lui préciser que, dans des
endroits, l'individu qui était venu travailler et qui avait
été engagé sans subvention, sans quoi que ce soit,
était payé au salaire minimum. Quand il venait par le truchement
d'un programme d'intégration au travail, il était payé
environ 7 $ l'heure; j'ai oublié les cents exactement. Cela pour un
organisme -je pense à une société d'histoire en
particulier - à caractère bénévole jusqu'à
un certain point, qui reçoit certaines subventions des
municipalités. Or, lorsque les subventions viennent du gouvernement du
Québec pour l'intégration de ces personnes; elles sont
payées au-delà de ce que les autres ont et quelquefois pour des
qualifications fort égales, parce que, dans ces endroits, vous retrouvez
des psychologues, des architectes et tout ce que vous voudrez, qui sont sans
emploi. Je voulais signaler cela au ministre. Cela crée, quand
même, une situation un peu particulière.
M. Marois: J'en prends note encore une fois. S'il y avait des
cas, j'apprécierais qu'on attire mon attention en me les mentionnant
pour qu'on puisse vérifier. Il y a des règles; je ne veux pas
entrer dans le détail de chacun des programmes et expliquer ce qui
s'applique. La règle, c'est que cela ne peut pas être en bas du
salaire minimum.
Mme Lavoie-Roux: Cela est normal.
M. Marois: Cela doit être le salaire minimum, ce qui est
normal; deuxièmement, dans le cas de certains programmes, c'est le
salaire qui est généralement payé dans ce type de
métier, de profession, etc., dans le secteur économique
donné ou dans une région donnée. S'il y avait des cas,
qu'on les porte à mon attention; nous l'apprécierons et nous
procéderons à une vérification.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marois: Maintenant, on pourra peut-être - c'est pour
cela que j'ai dit que je ne donnerais que des grands paramètres pour
l'instant - pousser plus loin l'évaluation des retombées sur le
nombre d'emplois qui auraient été créés uniquement
grâce au bon d'emploi ou qui n'auraient pas été
créés, si je pose le problème à l'envers, si le bon
d'emploi n'avait pas existé, par le biais d'une opération que le
ministère fait chaque année et qui est l'opération
relance. Elle est faite
sur la base d'un échantillonnage, par exemple, sur ce qu'il est
advenu des finissants à divers niveaux, après trois mois,
après six mois, un an, etc. Cela est fait chaque année.
Peut-être qu'en regardant de plus près cette opération on
pourrait voir, en combinant cela avec le bon d'emploi, ce qui en ressort et
fournir, le cas échant, des réponses,
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas pour demain, mais cela fait partie
de l'évaluation des programmes.
M. Marois: Maintenant, il y a eu une donnée très
importante. Il ne faut jamais perdre de vue que, dans le cas du bon d'emploi,
qui vise à acquérir une première expérience de
travail pour un jeune, il faut que le jeune ait été en quelque
sorte en chômage depuis six mois; il ne faut jamais perdre cela de
vue.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a des gens, comme je vous le
disais, qui vous font attendre et qui vous disent: Tu viendras quand tu seras
admissible à un bon d'emploi.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier, sur le même programme?
M. Sirros: Oui, en particulier sur le bon d'emploi, il y a 45 000
000 $ qui sont affectés pour le bon d'emploi, ce qui équivaut
à 15 000 bons qui seront là pour l'année. Donc, ce n'est,
forcément, pas un programme universel, un programme pour tout le monde.
Il y a donc une sélection qui doit être faite. À partir de
quels critères se fait la sélection?
M. Marois: La sélection se fait purement sur la base des
critères du programme: être diplômé, être en
recherche d'emploi, être inscrit à un centre de main-d'oeuvre
depuis tant de mois et le reste; être inscrit pendant six mois. Au fur et
à mesure que la demande viendra, selon la performance du programme, je
verrai à faire en sorte que les crédits s'ajustent aux besoins.
Nous avons démarré l'année avec 9 000 000 $; on termine
l'année avec un budget de 35 000 000 $ et on démarre
l'année avec 45 000 000 $. C'est quand même une progression qui
n'est pas un détail.
M. Sirros: Je ne mettais pas la progression en doute, M. le
Président. Est-ce que je comprends bien que tout jeune qui répond
aux critères d'avoir un diplôme, de recevoir de
l'assurance-chômage depuis six mois, aura un bon d'emploi s'il le
demande?
M. Marois: Le gouvernement honore et compte honorer les
engagements qu'il prend.
Le contrat - c'est le cas de le dire - qu'il "contracte" quand le
gouvernement remet à un jeune un bon d'emploi...
Mme Lavoie-Roux: Les critères pour être admissible
au bon d'emploi, c'est cela?
M. Marois: C'est cela.
M. Sirros: Ce que je pose comme question, c'est: Est-ce que les
deux seuls critères, finalement, pour avoir un bon d'emploi, c'est
d'avoir un diplôme d'études secondaires et d'avoir
été sans travail pendant six mois? Forcément, il y a plus
de jeunes qui sont sans emploi qu'il n'y a de bons d'emploi à être
possiblement émis.
M. Marois: Ah oui! Bien sûr.
M. Sirros: Donc, il y a forcément une sélection
à faire quelque part. À moins que...
M. Marois: Oui. Maintenant, il y a deux critères
additionnels. Il faut que le jeune n'ait jamais eu d'expérience de
travail dans son domaine de formation puisque l'objectif du programme est
d'ouvrir une première expérience de travail. D'accord? Les
données, sur la première année, nous indiquent que la
poussée importante s'est faite du côté de ceux et de celles
qui avaient une formation professionnelle. Alors, c'est là qu'on met
l'accent.
M. Sirros: Pouvez-vous répéter seulement la
dernière partie?
M. Marois: Sur le premier point, j'ai dit qu'il ne fallait pas
qu'il ait eu d'expérience de travail dans son domaine.
Deuxièmement, les données nous indiquent que la poussée
importante s'est faite du côté de ceux et de celles qui avaient
une formation dans le secteur professionnel. C'est donc là que l'accent
est mis, maintenant.
M. Sirros: Est-ce que l'accent est mis là parce que ce
sont eux qui le demandent ou est-ce que l'accent est mis là parce que
c'est là que le ministère met l'accent?
M. Marois: II y a une combinaison des deux. À la fin du
mois de mars, cela faisait onze mois d'expérience et l'expérience
démontre que c'est là que l'arrimage s'est fait de façon
naturelle.
M. Sirros: C'est donc un critère strict d'avoir...
M. Marois: Oui.
M. Sirros: ...une formation professionnelle...
M. Marois: Oui.
M. Sirros: ...non pas une formation générale?
M. Marois: Oui, oui. Encore une fois, cela n'a pas la
prétention de régler les problèmes de tous les jeunes. Ce
ne serait pas exact.
M. Sirros: II vaudrait mieux le dire, parce qu'il commence
à y avoir plusieurs cas de gens qui en font la demande, qui sont
refusés et qui ne comprennent pas, parce que, jusqu'à maintenant,
la publicité dit exactement ce que vous avez dit il y a cinq minutes:
tout jeune qui a terminé ses études, qui est sans emploi et sans
expérience de travail. Les gens ont des espoirs qui ne sont pas
réalisables.
M. Marois: Qui est en recherche d'emploi depuis six mois, inscrit
depuis six mois et qui a une formation porfessionnelle.
Mme Lavoie-Roux: De niveau secondaire, universitaire ou
collégial.
M. Marois: Oui, oui, c'est exact. Incidemment, normalement, les
nouveaux dépliants explicitant les critères de chacun des
programmes, parce qu'il y a eu des ajustements aux critères des divers
programmes, devraient être disponibles dès cette semaine ou la
semaine prochaine, d'après ce qu'on me dit.
Ah oui! Il y a une seule exception si vous voulez quelque chose de
très complet. On attire mon attention là-dessus, c'est exact: "La
période d'attente de six mois ne s'applique pas aux personnes
résidant dans la région administrative du Nouveau-Québec
(10)." Je pense que tout le monde comprend et pour cause.
Mme Lavoie-Roux: C'est immédiatement, pour eux.
Le Président (M. Vallières): Le
député de Champlain et, ensuite, le député de
Marquette. Est-ce que le député de Laurier a terminé sur
le programme?
M. Sirros: Je reviendrai.
Le Président (M. Vallières): Oui. M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Sur le même sujet, M. le Président. Je
suis d'accord avec le député de Laurier, lorsqu'il dit qu'il
faudrait peut-être donner de l'information parce que c'est un fait
qu'actuellement il y a beaucoup de jeunes qui se font refuser le bon d'emploi
alors qu'ils croient y avoir droit. Par exemple, j'ai vécu une
expérience il n'y a pas tellement longtemps. Vous avez parlé de
"l'expérience dans son domaine." C'est un bonhomme ou une jeune fille
qui est diplômé de cégep. Dans un cas, la personne avait
dû faire un stage dans son métier; ce stage faisait partie de sa
formation au niveau du cégep et on lui a refusé le bon d'emploi
prétextant que, dans son domaine, elle avait de l'expérience
à cause du stage. Ce côté était difficile à
expliquer.
Dans un autre cas aussi, un étudiant termine ses études,
il a travaillé dans un autre domaine pour payer ses études et a
poursuivi son travail à la fin de ses études et, à un
moment donné, il arrive qu'il perd son emploi. Donc, ce n'est jamais
dans son domaine. Mettons qu'il travaille dans une restaurant, par exemple,
qu'il termine ses études et poursuive son travail dans le même
restaurant un certain temps; s'il est mis en chômage, est-ce qu'il a
effectivement droit au bon d'emploi? J'ai eu des jeunes qui ont eu de la
difficulté à obtenir un bon d'emploi parce qu'on leur disait
qu'ils avaient de l'expérience sur le marché du travail. Je ne
veux que souligner ces cas. Je ne vous demande pas nécessairement une
réponse; ce sont des points où il y aurait avantage à
donner de l'information aux jeunes parce que ce sont des points qui accrochent.
Je suis persuadé qu'il y a d'autres députés qui ont des
cas semblables.
M. Marois: Sur le cas précis que vous mentionnez, si le
stage ou l'expérience n'est pas dans son domaine de formation, la
personne a droit, en vertu des critères, au bon d'emploi parce que c'est
une première expérience de travail.
M. Gagnon: M. le ministre, le stage est forcément dans son
domaine. Il étudie dans un domaine particulier et, dans ses
études, est prévu un stage de six semaines - je ne sais pas de
quelle durée exactement - dans le domaine où il exercera sa
profession. Est-ce que ce stage qui fait partie des études, si je
comprends bien, est considéré comme de l'expérience?
M. Marois: Si le stage est dans son domaine de formation et que
c'est un stage de 20 semaines ou plus, il est entendu que la réponse est
non. La personne n'est pas admissible puisque, déjà, le stage est
considéré comme une première expérience de
travail.
M. Gagnon: Si c'est un stage de 20 semaines et plus. Si
c'était un stage de moins de 20 semaines, on ne le considérerait
pas comme une première expérience?
M. Marois: C'est exact. Il est exact qu'il y a un manque
d'information. On va certainement faire beaucoup plus
d'information qu'on n'en a fait. Les budgets sont plus importants,
certains programmes sont bien rodés. Certains ont été
réévalués, d'autres sont des programmes nouveaux. On pense
à action jeunes volontaires et, éventuellement, à ce que
j'appelle le "bon d'apprentissage". D'ici une quinzaine de jours les
dépliants, les brochures de base seront prêts. Si ce n'est pas
suffisant, je pense qu'il va falloir préparer de l'information beaucoup
plus large que cela.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: Très brièvement, toujours sur le
même sujet. Si je me souviens bien des critères
d'admissibilité - parce que j'ai eu l'occasion de m'y attarder l'an
passé -cela s'applique aussi aux jeunes du secondaire
général qui réussissent à prouver qu'ils ont
laissé leurs études par manque d'argent. Si ma mémoire est
bonne, c'étaient les critères de l'an passé, lorsque le
programme est sorti. Maintenant, disons qu'il y en a 20 000 qui ont un bon
d'emploi et qui ne se trouvent pas de travail nonobstant cela. En pratique,
cela devient totalement discrétionnaire. Disons que j'ai 20 ans, je vais
vous voir et je vous dis que j'ai laissé mes études depuis trois
ans parce que je n'avais pas d'argent, mes parents ne voulaient plus m'en
donner. Finalement, cela s'applique à l'ensemble des jeunes du
Québec. Ce que je veux dire, c'est, en pratique, comment rattacher cela,
comment relier cela?
M. Marois: Je ne suis pas sûr que je comprends bien la
question du député. S'il s'agit d'un jeune qui n'a pas
terminé même un niveau secondaire professionnel, avec les autres
critères que j'ai évoqués, il est évident qu'il
n'est pas admissible. Ce n'est pas l'objectif du programme de répondre
aux besoins propres que vous évoquez de ce jeune-là.
M. Dauphin: Autrement dit...
M. Marois: Effectivement, il y avait une ouverture l'an dernier.
L'expérience nous montre que c'est non seulement pas concluant, mais
l'expression qui me vient à l'esprit est que c'est contre productif dans
un certain sens. C'est donc un critère qui a été
abandonné. C'est une porte qui est fermée parce que ce n'est pas
l'objectif du programme.
M. Dauphin: Autrement dit, ce n'est plus dans les critères
maintenant.
M. Marois: C'est exact.
M. Dauphin: Ah bon!
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Encore sur le bon d'emploi, j'aimerais poser une question
bien directe. Pourquoi avez-vous choisi de favoriser les gens qui ont une
formation professionnelle? Je pose cette question parce qu'il me semble que les
gens qu'on devrait aider davantage sont ceux qui ont moins à offrir aux
employeurs. Ce serait donc les gens qui terminent un secondaire
général qui ont le plus de difficulté effectivement parce
qu'ils ont une formation générale. Tandis que ceux qui ont
terminé avec une formation professionnelle ont quand même quelques
compétences spécifiques à offrir aux employeurs. Le
programme semble favoriser ceux qui sont déjà, comparativement,
favorisés.
(16 h 30)
M. Marois: Le député comprendra facilement que je
diverge de point de vue avec lui. C'est ceux qui ont une formation
professionnelle - les chiffres sont là - quand on regarde cela de
très près, qui éprouvent énormément de
difficulté à entrer sur le marché du travail. Ceux qui ont
une formation générale, je crois que le genre de
société dans laquelle on vit, le genre de société
dans laquelle on va vivre de plus en plus, les chiffres sont probants sur
cela... Il est préférable pour eux, autant que faire se peut, de
poursuivre et de s'équiper encore davantage. Le mot le dit, c'est une
formation d'ordre général, il est préférable de
continuer à s'équiper le plus convenablement possible. Leur marge
d'autonomie ou leur potentiel d'autonomie par la suite, lors de l'entrée
sur le marché du travail, est facilitée d'autant. Les chiffres le
prouvent quand on regarde, encore une fois, les taux de chômage selon les
niveaux de scolarisation.
Le Président (M. Vallières): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il a examiné le problème des règlements de la
construction, en ce que ceci devient une difficulté à
l'intégration du travail chez les jeunes.
M. Marois: Un règlement de placement.
Mme Lavoie-Roux: Un règlement de placement. Je pense aux
jeunes parce qu'ils finissent leur cours secondaire justement avec un
métier, que ce soit électricien, etc. D'une part, le ministre et
le ministère dépensent beaucoup d'efforts pour tenter
d'intégrer les jeunes au marché du travail et, d'autre part, vous
avez des règlements de la construction qui viennent créer des
obstacles
à l'intégration de ces jeunes au marché du travail.
Même en vivant avec les règlements de la construction actuels,
avez-vous pensé à des mesures qui au moins ne viendraient pas
barrer l'entrée de ces jeunes sur le marché du travail?
M. Marois: Oui, j'y ai pensé. Mais, ce n'est pas facile
à régler. D'abord, parce que l'ensemble du secteur
économique de la construction n'est pas particulièrement des plus
florissants par les temps qui passent. Je crois qu'on pourrait facilement faire
de la démagogie, pour ou contre d'ailleurs, sur le règlement de
placement; je sais que ce n'est pas l'intention...
Mme Lavoie-Roux: Je pense juste en fonction de
l'intégration des jeunes qu'on discute.
M. Marois: Oui, je pense que je comprends parfaitement bien la
question de Mme la députée. Il y a les jeunes, mais, quand on
aborde l'ensemble de la question de la réglementation du secteur de la
construction, je ne peux pas faire autrement que de la regarder par le biais de
la lorgnette du problème des jeunes. Je suis aussi obligé de la
regarder par le biais de la lorgnette de l'ensemble du problème de ceux
et de celles qui vivent les problèmes de chômage
présentement. Il y a les jeunes, il faut s'en occuper, il faut en faire
une priorité extrêmement importante. Les budgets indiquent qu'on
le fait, mais il ne faut pas non plus perdre de vue les autres. Il faut trouver
le maximum de moyens possible pour relancer le secteur de la construction. Il
faut le faire avec les partenaires. Le gouvernement pourra faire les lois, les
décrets qu'il voudra; on ne relance pas un secteur économique
comme la construction uniquement par des décrets, des lois ou des
règlements. Corvée-habitation est la meilleure illustration de ce
que je veux dire. Tout le monde l'admet, cela a été
extrêmement utile comme expérience, compte tenu de la situation
des taux d'intérêt.
Pour toucher à cela, j'ai eu l'occasion d'en discuter... En
d'autres termes, il y a la dimension du problème des jeunes dans le
secteur de la construction qui veulent entrer pour y occuper une
première place ou une première expérience de travail et il
y a le problème de la construction au sens large, pour l'ensemble. En
particulier, par exemple, on a porté à mon attention certains
problèmes soulevés par l'application du décret qui est une
convention décrétée, négociée entre des
parties, dans le cas de certains projets de création d'emplois qui
tombent sous la coupe de l'un ou l'autre des programmes, notamment le programme
Chantier-Québec, et qui peuvent difficilement démarrer à
cause du règlement en question, en particulier les projets municipaux.
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec mon collègue, le ministre du
Travail, pour voir les possibilités de les regarder avec ce qu'on
appelle le comité mixte de la construction, c'est-à-dire
là où siègent les parties patronale et syndicale, qui
conviennent de la convention négociée, pour qu'on puisse, le cas
échéant, les rencontrer et regarder avec eux et essayer de
mesurer la portée des conséquences, mais regarder avec elles et
voir si elles sont d'accord pour regarder cela dans une période qui
n'est pas facile, quitte à ce que ce soit sur une période
limitée de temps, voir la possibilité de lever des coins ou des
zones franches ou, à tout le moins, d'exclure pour une période de
temps X certains programmes ou projets tombant sous la coupe de programmes de
création d'emplois sans pour autant pénaliser ce que les uns et
les autres appellent les vrais travailleurs de la construction.
La rencontre dont je parle n'a pas pu se faire encore. Je dois dire que
mon collègue a réagi favorablement. Pour avoir été
ministre du Travail et avoir regardé fonctionner le secteur de la
construction de très près, ce n'est pas uniquement par
décret qu'on règle ce genre de problèmes. Par ailleurs,
c'est comme un pendule aussi. Il y a parfois des relations du travail
extrêmement tendues, mais, en même temps, qui aurait pensé
que le premier projet de corvée de ce genre serait
précisément venu du monde syndical et patronal de la
construction? Donc, je pense que les voies ne sont pas nécessairement
fermées; elles ne sont pas faciles. C'est mon intention de pousser le
plus loin possible l'examen de ces possibilités.
Je me pose des questions aussi sur la perspective du bon
d'apprentissage. Je ne veux pas l'affirmer ou le dire comme quelque chose de
fini, fermé, prêt, en d'autres termes, parce que ce n'est pas le
cas, mais on travaille là-dessus dans la perspective de la
préparation de ce que j'ai appelé l'idée "du bon
d'apprentissage pour l'automne". Cela pourrait sûrement venir aider ceux
qui ont commencé leur apprentissage - y compris dans la construction, et
qui ont dû arrêter - et leur donner une meilleure chance de
poursuivre et de terminer leur formation par apprentissage. En tout cas, il y a
peut-être une piste qu'il ne faut pas non plus négliger. Je ne
voudrais pas l'affirmer avant d'avoir pu en faire le tour et l'inventorier pour
en voir les possibilités. Je ne vous cacherai pas que c'est un
problème réel; ce n'est pas un problème simple.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'étude de ce problème
particulier, est-ce que le ministre s'est quand même fixé un
échéancier? Je
sais bien qu'il ne peut me donner la réponse demain matin, mais
est-ce qu'il l'examine assez sérieusement pour dire: Écoutez,
d'ici -je lance cela à tout hasard - quatre mois, on aura pris une
décision dans un sens ou dans l'autre? Parce qu'on peut continuer. C'est
fort intéressant d'échanger cela et on trouve tous les deux que
cela a du bon sens, mais cela n'aide pas beaucoup de monde.
M. Marois: Bien, remarquez, M. le Président, que je
réagis un peu comme Mme la députée. Je trouve que cela a
bien du bon sens. Par voie de conséquence, je ne vois pas pourquoi on
n'essaierait pas d'aboutir. Oui, non, quoi? Et pour cela, il faut qu'il y ait
des rencontres avec les parties. Donc, mon échéancier n'est pas
un échéancier de l'an 2000. Je voudrais que cela débloque
pour l'automne, pour la rentrée; mon objectif est donc septembre. J'aime
mieux me fixer un échéancier court pour inventorier les
possibilités. Si j'y arrive, tant mieux! Si je n'y arrive pas, je n'y
arriverai pas, mais, au moment où on saura exactement à quoi s'en
tenir, quelles sont les positions des parties, on n'aura plus à examiner
les différentes avenues. Pour le bon d'apprentissage, c'est l'automne
que je vise.
Mme Lavoie-Roux: Parfait!
M. Marois: Quand vous dites quatre mois, cela tombe à peu
près pile avec l'échéancier que je me donne.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Pour retourner un peu aux commentaires des
fonctionnaires, et le ministre nous a informés tout à l'heure
qu'il en tenait compte, il y en avait plusieurs qui étaient
formulés surtout par rapport aux modalités de sélection
des projets, où les fonctionnaires ont parlé de projets farfelus,
de projets ou de situations où on a dépensé de l'argent
parce qu'il fallait en dépenser. Dans un autre cas, le ministre nous a
dit qu'il s'apprêtait à modifier certaines choses, vu les
commentaires des fonctionnaires. Dans la question des modalités de
sélection des projets, est-ce que vous avez des projets de modification
des modalités? Est-ce que vous allez examiner d'une autre façon
les projets qui sont présentés pour qu'effectivement on ne
dépense pas seulement parce qu'il faut dépenser et pour
éviter qu'on ait des projets qui sont qualifiés de farfelus?
Avez-vous mis sur pied un genre de révision des critères de
sélection des projets depuis que vous avez eu ces commentaires?
M. Marois: Je ne reviendrai pas sur ce qu'on a discuté
concernant le bon d'emploi, concernant le programme de retour au travail...
M. Sirros: Je pense à Chantier-Québec.
M. Marois: D'accord, j'y viens, pour dire un mot sur le programme
de création d'emplois communautaires et sur le soutien des organismes du
milieu qui font du placement, le programme qu'on appelle SEMO, un service
externe de main-d'oeuvre. Il me semble qu'on pourrait trouver mieux comme mots.
Oui, c'est beau, ce qu'ils font.
Je ne reviendrai pas sur le bon d'emploi et sur le programme de retour
au travail, d'autant plus que ce n'est pas le gouvernement ou les
fonctionnaires qui font la sélection des projets dans le bon d'emploi et
dans le programme de retour au travail. Un arrimage se fait en deux
démarches. On facilite la jonction et on intervient au niveau de la
signature du contrat, du suivi et des contrôles, etc.
Dans le cas de Chantier-Québec, le critère de fond demeure
le même quant aux projets choisis. Il s'agit de projets qui doivent
être utiles à la société. Je peux même
ressortir le tableau sur le nombre de demandes au programme
Chantier-Québec qui ont été acceptées depuis le
début du programme. Cela vaut la peine d'avoir le chiffre en tête
pour que vous en voyiez l'ampleur. Qu'il se soit glissé un, deux ou
trois projets qui puissent être farfelus, ce n'est pas impossible. Encore
une fois, l'équipe qui travaille en région, dans les centres
Travail-Québec, dans les bureaux locaux, je crois que, dans l'ensemble,
il s'agit d'un travail de qualité qui est fait là. Les projets
émanent de citoyens... Je vais laisser le député finir sa
discussion; puisqu'il m'a posé une question, je présume qu'il
veut entendre la réponse.
M. Sirros: Je suivais votre exemple, c'est pour cela.
M. Marois: Je pourrai ou sa recherchiste pourra lire le journal
des Débats et lui transmettre la réponse par la suite.
Je me permets de rappeler encore une fois que ce sont les gens du
milieu, des municipalités, des organismes socio-culturels, des
organismes dits communautaires, dans certains cas, même des entreprises
privées qui présentent des projets. J'en donnais des exemples
durant notre débat l'autre jour à l'Assemblée nationale.
Projets conçus par des chambres de commerce et par des chevaliers de
Colomb, des exemples que je me suis donné la peine de regarder
moi-même. Je suis allé en voir qui sont loin d'être
farfelus, je vous en passe un papier. N'allez pas dire à la chambre de
commerce ou à ces gens-là que leur projet est farfelu parce que
ce n'est pas leur perception de leur projet. D'autant plus que je crois que ce
n'est pas
exact. A-t-il pu s'en glisser à travers? Bien sûr. Je n'ai
pas le nombre de projets là-dessus, j'ai le nombre d'emplois. Le nombre
de projets, c'est plusieurs centaines par année.
M. Sirros: Si je comprends bien la réponse, vous jugez
finalement que ce n'est pas un programme prioritaire. Il peut y en avoir
quelques-uns qui glissent... (16 h 45)
M. Marois: L'évaluation que nous faisons, c'est que, dans
l'ensemble, les projets sont valables, sérieux et utiles. Un
critère clé, c'est la notion d'utilité du projet pour la
communauté, projet susceptible de favoriser la réinsertion
sociale de gens qui... 1205 projets depuis le 1er avril 1982; ce sont des
projets. Si quelqu'un me cite trois ou quatre cas, c'est possible, fort
probable même, sûrement.
Le député m'excusera d'insister, mais cela me paraît
important. Faisons attention dans ce genre de commentaires pour ne pas
généraliser et se donner une certaine impression, parce que cela
serait injuste et pas correct. Je l'ai dit l'autre jour, je reprends le
même mot, ce serait presque un peu méprisant pour les gens qui
conçoivent ces projets, dans la mesure où ce sont des projets
qui, si le soutien financier n'était pas là, ne se
réaliseraient pas. Je pense à certains projets de boisés
qui ont été aménagés dans des municipalités
en région, municipalités qui n'avaient pas les moyens de le faire
et qui pourront le faire; je pense à des gens qui n'auraient pas la
chance de vivre une expérience de réapprentissage du travail, de
retour au travail, qui ne pourraient pas le faire si ces projets
n'étaient pas là. Cela ne prétend pas régler le
problème du chômage au complet et d'être la solution
à tout. Ce n'est pas exact.
Dans le cas du programme expérimental de création
d'emplois communautaires, on dit "expérimental", on laisse encore le mot
"expérimental" dans le titre du programme. Je pense que, s'il est un
programme remarquable... L'étude qui a été faite, que j'ai
déposée à l'Assemblée nationale... Je ne sais pas
s'il est parmi nous. J'ai d'ailleurs vu le professionnel, la personne
clé qui a mené cette étude, le PECEC, qui a
été déposée à l'Assemblée nationale.
Vous regarderez et remarquerez que, dans le cas du PECEC, le taux
d'échec, c'est-à-dire d'entreprises qui foirent en cours de route
ou qui ne démarrent pas pour toutes sortes de raisons, n'excède
pas, en période de crise, 23%. L'étude dit - je ne fais que la
citer; probablement que je la cite mal d'ailleurs, ce n'est pas textuel - que
ce taux de 23% est inférieur au taux d'échec de l'ensemble du
secteur manufacturier correspondant, ce qui est...
M. Sirros: II ne faudrait pas mêler les pommes et les
oranges.
M. Marois: Pardon?
M. Sirros: II ne faudrait pas mêler les pommes et les
oranges. Je ne parlais pas d'autre chose que de Chantier-Québec,
spécifiquement, les emplois temporaires qui ont été
créés. Sur ce même...
M. Marois: J'avais compris que le député voulait
savoir si on avait changé les critères de sélection des
projets.
M. Sirros: Des projets du programme Chantier-Québec, pour
éviter ce que certains fonctionnaires avaient qualifié de
programmes farfelus, de dépenses simplement pour dépenser.
J'ai souvent entendu le ministre dire que le programme PAT, qui a
été aboli et finalement converti en Chantier-Québec, a
subi d'importantes modifications. Est-ce qu'il pourrait les nommer, les
expliciter? Quelles ont été les importantes modifications du
programme PAT par rapport au programme Chantier-Québec?
M. Marois: Dans un premier temps, la clientèle et
l'âge des personnes admissibles. On se souviendra que nous avions pris
l'engagement, durant la campagne électorale, de réaliser un
projet qu'on appelait, si ma mémoire est bonne, Chantier-Jeunesse. Nous
avons regardé de près comment nous pouvions mettre en marche ce
projet en tenant compte, en même temps, des évaluations que nous
avions sur le programme d'aide au travail. De là est venue cette
idée de mettre au point ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le
programme Chantier-Québec. Je me permets de vous rappeler
qu'antérieurement le programme était fermé aux
clientèles dont l'âge était de moins de 30 ans. Dans un
premier temps, à Chantier-Québec, on a ouvert ce critère
jusqu'à concurrence d'un pourcentage - si ma mémoire est bonne -
de 30% de moins de 30 ans. Pour la présente année, à la
suite de l'expérience vécue, on ouvre complètement.
Il y avait autre chose. Dans le programme d'aide au travail, il fallait
que la personne ait été à l'aide sociale durant au moins
une année, critère qui a été abandonné. En
plus, cette année, dans le nouveau programme, non seulement les
bénéficiaires de l'aide sociale seront admissibles, mais
également - et c'est un changement important - les personnes qui sont
admissibles à l'aide sociale; non seulement les
bénéficiaires, mais les personnes admissibles, donc, qui ont
épuisé leurs prestations d'assurance-chômage.
M. Sirros: Si j'ai posé cette question,
c'était dans le sens que, finalement, si je comprends bien, les
modifications ont été faites par rapport à la
clientèle, aux bénéficiaires des programmes. Ce qui veut
dire que les critères en ce qui concerne les projets qui sont soumis,
à toutes fins utiles, sont les mêmes pour le PAT que pour
Chantier-Québec.
M. Marois: Oui.
M. Sirros: Le programme PAT, lui, avait effectivement subi une
évaluation systématique qui soulignait le même
problème en termes de genres de projets acceptés. C'est de
là que je tirais la conclusion, qui vient en quelque sorte d'être
soulignée par les commentaires des fonctionnaires qui disent que
plusieurs projets - ce n'est pas quantifié et je ne peux pas vous donner
de pourcentage, mais cela semble être sûrement plus que simplement
quelques-uns, trois sur 1205 - étaient de nature, vraiment, à
être mis en doute de façon sérieuse. Le PAT est
l'équivalent de Chantier-Québec et, étant donné que
le PAT avait subi une analyse systématique et une étude
systématique, on soulignait exactement le même problème
pour le PAT, donc, on peut présumer que le même problème
existe pour Chantier-Québec. C'est pour cela que j'ai demandé:
Est-ce que vous avez mis sur pied quelque chose qui verra à corriger
cela?
M. Marois: M. le Président, je suis toujours très
réticent quand j'entends ce genre d'expression: on peut
soupçonner que... J'entendais et j'écoutais l'autre jour le
député de Vaudreuil-Soulanges dire: Bien, la
variété de projets nous amène à soupçonner
l'incohérence.
M. Sirros: Ce n'est pas un soupçon.
M. Marois: Ce ne sont pas des paroles que je mets dans la bouche
du député de Laurier, je disais que le député de
Vaudreuil-Soulanges disait cela l'autre jour. Quand je dis: Faisons attention
aux soupçons, faisons attention aux transpositions...
Je vais faire une comparaison. Le programme d'aide au travail a
démarré dans les années 1978-1979. En 1980, il y a eu une
évaluation qui a été faite, évaluation portant sur
le programme PAT, le programme PUE, intégration des jeunes à
l'emploi et le programme PRET, le démarrage du programme de retour au
travail, rapport qui a été déposé à
l'Assemblée nationale.
Bien sûr, un programme qui démarre, on entreprend des
choses, il y a des ratés en partant; dans n'importe quoi, il y a des
ratés qui imposent, qui impliquent des réajustements. C'est pour
cela qu'on fait des évaluations. Analogiquement, je dirais, de la
même façon qu'au tout début, si vous retournez en 1977,
lorsque le programme expérimental de création d'emplois
communautaires a démarré - au début, première
année, 1977, et je m'en souviens très bien - on a même
soutenu certains projets de garderie, je ne suis pas sûr, certains types
de projets de radio communautaire. À la suite de ce type de projet, je
parle du programme PECEC, radio communautaire, on a dit: Non, ces
projets-là ne seront plus admissibles au programme de création
d'emplois communautaires; dans la mesure où le ministère des
Communications se donne - ou Affaires culturelles, je ne me rappelle plus - une
politique dans ce domaine, nous, on ne touche plus à cela.
Forcément aussi, si on l'évaluait de façon
extrêmement rigoureuse, et cela a été fait en cours de
route, la performance du programme PECEC au cours des années s'est
considérablement améliorée sur bien des plans. Bien
sûr, de la même façon, si vous transposez le programme PAT
des années du début au programme Chantier-Québec
d'aujourd'hui, vous allez voir des différences importantes quant
à la nature même des projets qui sont déposés.
Je n'ai pas cela en mémoire, très honnêtement, il
faudrait que je regarde à nouveau l'étude de l'époque. Il
y a eu un pourcentage élevé d'erreurs, de ratés de moteur,
au démarrage; je serais porté à dire cela, fort
probablement. Je ne vois pas pour autant aujourd'hui la nécessité
de changer le critère: Est-ce que, oui ou non, il s'agit d'un projet qui
est utile à la communauté ou à la société?
Vous verrez certainement que c'est un programme extrêmement
décentralisé, administré en région,
administré dans les divers bureaux locaux. Forcément, qu'il y ait
des variantes, des variations d'une région à l'autre, je dirais
même d'un bureau à l'autre, cela m'apparaît presque
inévitable. D'une région à l'autre, cela m'apparaît
évident. Forcément, les réalités ne sont pas les
mêmes. On le constate dans d'autres programmes. Je dirais: Faisons
attention.
Il faut bien voir - ce n'est pas pour relancer quelque balle que ce soit
que je dis cela - qu'à partir du moment où les gens qui
travaillaient dans les bureaux de main-d'oeuvre au Québec n'avaient rien
dans leur valise... Il n'y avait pas de programme. Il est évident qu'ils
se promenaient avec une valise vide. À partir du moment où on a
commencé à mettre des choses, à débloquer des
programmes, à ouvrir forcément la gamme que cela supposait de
relations et de contacts qui se sont établis par la suite avec les
municipalités, avec les chambres de commerce, avec les promoteurs du
milieu, les groupes socio-culturels, les groupes communautaires, les
entreprises, il s'est fait un joyeux cheminement depuis une période de
six ou sept ans qui va supposer encore, vraisemblablement, qu'en cours de
route, on
corrige des choses au fur et à mesure qu'elles sont
portées à notre connaissance.
M. Sirros: II faudrait simplement dire, M. le Président,
que le taux de chômage a, lui aussi, fait un joyeux cheminement depuis
six ou sept ans.
M. Marois: En effet.
M. Sirros: Et c'est dans ce sens-là que je disais qu'on ne
porte pas de parapluie quand il ne pleut pas.
M. Marois: En effet. C'est pour cela que...
M. Sirros: Ce n'est pas tellement joyeux. C'est plutôt
triste.
M. Marois: ...au lieu de mettre quelque 60 000 000 $ en
démarrage d'année, on en met 235 000 000 $. C'est pour cela qu'on
compte les budgets aussi au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, à la Science et à la Technologie. On
accélère les investissements que le gouvernement peut...
M. Sirros: Si je le souligne, c'est simplement...
M. Marois: ...débloquer. Et on aurait aimé que le
gouvernement fédéral réponde favorablement à nos
demandes, il y a un an et demi, quand le gouvernement du Québec, par la
bouche du premier ministre, a formulé une demande: Oui ou non,
embarquez-vous dans un plan d'urgence conjoint? Considérez-vous que le
chômage est suffisamment catastrophique pour que vous embarquiez avec
nous et qu'on fasse un effort concerté pour débloquer de
l'emploi?
M. Sirros: Cela fait plusieurs fois que vous dites: On a fait des
choses qui n'existaient pas avant.
M. Marois: Mais c'est exact.
M. Sirros: Oui. Je remarque simplement que la
nécessité non plus n'était pas là avant.
M. Marois: Je prends bonne note. M. le Président, je
regrette infiniment...
M. Sirros: De toute façon, si...
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît! La parole appartient actuellement au député de
Laurier. Le ministre pourra, par la suite, y répliquer.
M. Sirros: J'aurais une ou deux dernières questions sur le
programme 10. Le programme - je ne sais pas comment on l'appelle - RELAIS, du
côté provincial. J'ai cru comprendre ce matin qu'on disait que les
50 000 000 $ seraient investis sur deux ans. Dans les crédits, il y a un
montant de 42 000 000 $ qui est prévu. J'avais eu l'impression que
c'était d'un montant de 50 000 000 $ qu'on parlait pour cette
année.
M. Marois: C'est exactement le même budget qui était
prévu dans le programme RELAIS, qui est maintenant prévu pour le
programme qui s'adresse aux municipalités, le programme PRIME, et qui
avait un budget prévu de cette façon: 42 300 000 $ cette
année et le reste l'an prochain.
Le député me permettra de dire une chose. Je ne peux pas
accepter que le député dise qu'avant, il n'y avait pas de
programme parce que la nécessité n'était pas là.
Est-ce que je peux me permettre de lui rappeler une chose? Quand le
Québec a-t-il fait le plein emploi? Quand? Avant 1976, il n'y avait pas
de nécessité de faire en sorte d'ouvrir des
débouchés pour les jeunes? Il n'y avait pas de
nécessité d'ouvrir des débouchés pour les
handicapés? Il n'y avait pas de nécessité d'ouvrir des
débouchés pour une meilleure égalité des chances
pour les femmes sur le marché du travail? Est-ce qu'en 1975, 1974, 1973,
1972, 1970, et avant, on ne représentait pas 33% du chômage
canadien? On en représente actuellement 29%. Il y a toujours eu un
problème chronique, structurel, de chômage dans l'économie
québécoise. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y avait pas de
nécessité avant. Est-ce qu'il y avait uniquement
nécessité pour bâtir des Rayonier?
M. Sirros: Quel était le taux de chômage chez les
jeunes en 1973? Était-il de 25% à ce moment-là?
M. Marois: Évidemment, l'ensemble du taux de chômage
de la société était à l'avenant.
M. Sirros: N'est-il pas plus vrai de dire que le besoin
était moins grand à ce moment-là qu'aujourd'hui?
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaîtl À l'ordre, s'il vous plaîtl
M. Marois: Mais le député admettra...
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaîtl
M. Sirros: Si on veut embarquer dans ce genre de démagogie
ou de rhétorique, on peut bien le faire. Mais, je vous souligne
simplement que, quand on profite des occasions pour dire qu'on a fait des
choses
dans les domaines où, finalement, on n'a pas à être
heureux de faire ce genre de choses, je ne peux que réagir en disant que
le besoin était peut-être là, mais il n'était
sûrement pas aussi grand, aussi urgent, et la situation n'était
pas aussi critique qu'aujourd'hui. Donc, admettons qu'on procède et
qu'on laisse de côté ce genre de remarques.
M. Marois: Je prends acte du fait que le député
note que le besoin était peut-être là à
l'époque et que, par voie de conséquence, il retire son
expression "démagogique".
M. Sirros: Je ne la retire pas, M. le Président. Ce que je
veux dire, c'est que, par rapport aux proportions du besoin qu'on avait...
Mme Lavoie-Roux: C'était certainement moindre.
M. Sirros: ...peut-être que ce qu'on faisait
était...
M. Marois: ...en proportion...
M. Sirros: Oui, je ne sais pas comment l'exprimer de cette
façon-là, mais...
M. Marois: Ce n'est pas en proportion.
M. Sirros: M. le Président, ce que je veux souligner,
c'est que ce qu'on vivait et ce qu'on faisait, en 1973, si ce n'était
pas mieux, ce n'était sûrement pas pire. Aujourd'hui, on a un
problème tellement énorme qu'on n'a pas à être fier
d'avoir investi tout cet argent du côté de l'aide sociale, du
côté des programmes de création d'emplois temporaires.
Qu'on arrête de prétendre qu'on est fier de cela. Faisons-le s'il
faut le faire, mais essayer de se faire du capital politique sur le dos des
chômeurs, sur le taux de chômage et tout cela... (17 heures)
M. Bordeleau: Ah! Ah! C'est de la démagogie.
M. Sirros: ...arrêtez!
M. Marois: M. le Président, je n'utiliserai pas à
l'égard du député de Laurier le qualificatif qu'il a
utilisé tout à l'heure; j'ai plus le sens des nuances que cela.
Je ne ravalerai pas à ce niveau le débat politique. Je dirai
simplement que ses affirmations sont sans nuance aucune; il peut le penser s'il
le veut, mais il voudra bien en faire la démonstration, par exemple. Je
n'accepterai jamais qu'on me dise que je tente personnellement de faire du
capital politique sur le dos de ceux et de celles qui sont les plus
démunis. Je me fends en quatre; ce n'est pas particulièrement
électoralement rentable que d'aller rencontrer une cinquantaine de
jeunes qui vivent de prestations d'aide sociale, à 146 $ par mois, pour
leur dire: Non, ce n'est pas possible; la société ne peut pas se
permettre de débourser 250 000 000 $ à 260 000 000 $ de plus.
S'ils appellent cela se faire du capital politique, j'avoue franchement qu'on
continuera à faire notre job. Tout ce que je dis, c'est que oui, je suis
fier de ce qui se passe au Québec, de ce que des Québécois
et des Québécoises font. Je suis fier de ce que l'équipe
des fonctionnaires fait. Je dis que ce n'est pas sans faille; on corrigera du
mieux qu'on peut. Les gens qui travaillent là sont des humains; par
définition, des humains commettent des erreurs. Le premier à en
commettre est celui qui vous parle. Mais je n'accepterai pas qu'on ravale une
discussion sur les crédits à ce niveau. Quand vous dites que,
toutes proportions gardées, c'était moins pire, c'est le genre
d'affirmation complètement fausse. 33% du chômage canadien en
1972, en 1973, en 1974 et en 1975... Si vous me disiez en quantité, cela
serait plus nuancé.
M. Sirros: C'est ce que j'ai essayé de vous dire
depuis...
M. Marois: Ah! C'est ce que vous vouliez dire, mais ce n'est pas
ce que avez dit.
M. Sirros: Non, non, j'essayais de vous dire que la situation
qu'on vit aujourd'hui...
M. Marois: Ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement. Les mots pour le dire viennent aisément. Un certain sens de
la nuance, cela existe aussi.
Mme Lavoie-Roux: De qui est le proverbe, donc? Est-ce que c'est
de Boileau?
Des voix: Boileau.
Mme Lavoie-Roux: C'est de Boileau.
Une voix: II n'est pas ici après-midi.
Le Président (M. Vallières): La parole est au
député de Laurier.
M. Sirros: C'était la dernière question que j'avais
sur le programme 10, sur RELAIS.
Le Président (M. Vallières): Si je comprends bien,
est-ce que nous pourrions procéder à l'adoption des
crédits que l'on retrouve au programme 10?
M. Marois: Je comprends qu'il y a divers éléments
dans le programme 10.
Mme Lavoie-Roux: Je crois que le reste, c'est
l'administration.
M. Marois: C'est à la page 22-21, il y a trois
éléments...
Le Président (M. Vallières): Oui, il y a les
éléments 1, 2 et 3.
M. Marois: Les éléments 1, 2 et 3 du programme
10.
Je m'excuse de mon emportement à l'égard du
député de Laurier, mais...
M. Sirros: Vous êtes...
M. Marois: Mme la députée de L'Acadie, qui
travaille avec moi depuis plusieurs années, expliquera au
député qu'il y a certaines choses que j'ai beaucoup de
difficulté à accepter, même dans ce métier qui
s'appelle la politique.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier, est-ce qu'on tient pour acquis que le
programme 10 et ses éléments sont adoptés?
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté. Est-ce
que la commission veut maintenant procéder à l'étude du
programme 1 ou est-ce qu'on veut privilégier un autre programme en
particulier?
M. Sirros: On avait convenu de voir les présidents de
commission à 15 heures et il est déjà 17 heures.
M. Marois: M. le Président, pour faciliter les travaux, si
les membres de cette commission avaient des questions à poser à
l'un ou l'autre des responsables des commissions, des régies, il y a
parmi nous M. le juge Poirier, président de la Commission des affaires
sociales, et le secrétaire administratif, M. Desmarais; il y a
également M. Legault, qui est ici avec un certain nombre de ses adjoints
de la Régie des rentes; il y a M. Paul-Émile Bergeron, de la
Commission des normes du travail, et Mme Caron, qui est secrétaire de
l'Office de la sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris. Cela concerne particulièrement le programme 3,
c'est là qu'on trouve les budgets de la Commission des affaires
sociales; une partie du programme 2 et le programme 4 qui concerne plus
particulièrement la Régie des rentes du Québec qui
administre le programme d'allocations familiales et le programme 8 qui concerne
la sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris.
Le Président (M. Vallières): Nous pourrions
procéder à l'intérieur de ces divers programmes. On
pourrait commencer par le programme 2...
M. Marois: Les programmes 2, 3, 4 et 8.
Le Président (M. Vallières): Allons-y avec le
programme 2, Administration déléguée de programmes en
sécurité du revenu.
Administration déléguée de
programmes en sécurité du revenu
M. Sirros: J'aurais quelques questions au tout début. On
remarquait à la page 32, quand on expliquait les écarts
budgétaires, des honoraires d'enregistrement dans
l'éventualité d'une réforme. Je pense qu'on parle des
régimes supplémentaires de rentes.
M. Marois: Je m'excuse, M. le Président, auprès du
député, je n'ai pas entendu la question.
M. Sirros: J'ai quelques questions de détail au tout
début. En ce qui concerne la Régie des rentes du Québec,
à la page 32 -on est dans le programme 2...
M. Marois: À la page 32 des documents qu'on vous a
remis?
M. Sirros: Pardon?
M. Marois: Dans les documents qu'on vous a remis?
M. Sirros: Un document bleu. Programme 2, élément
2, Administration des régimes supplémentaires de rentes.
Administration des régimes
supplémentaires de rentes
M. Marois: M. Legault est ici à mes côtés.
Est-ce qu'on s'entendrait pour y aller à tour de rôle relativement
aux questions qui pourraient concerner la Régie des rentes du
Québec dans un premier temps et après - si vous le voulez - la
Commission des Affaires sociales, l'Office des chasseurs et piégeurs
cris et la Commission des normes du travail, le cas échéant?
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Une question d'information au tout début. J'ai
essayé de comprendre ce qu'était un honoraire d'enregistrement.
On parlait de l'éventualité d'une réforme. Est-ce que je
suis dans la bonne voie quand je pense qu'on parle de la réforme qui a
été annoncée? Pourriez-vous au début
m'expliquer
cela?
M. Marois: Cela n'a rien à voir avec la réforme. En
soi, tous les régimes supplémentaires, qui sont des
régimes privés, ont forcément des honoraires
d'enregistrement à payer par membre.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une question à vous poser.
Le Président (M. Vallières): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans le discours inaugural, le premier ministre
a parlé d'augmenter la rente du conjoint survivant chez les personnes de
55 à 65 ans. Je pense que cela vous touche. C'est vous autres qui payez
les régimes de rentes du Québec. Dans quelle mesure seront-ils
augmentés? De quelle façon cela touche-t-il les hommes et les
femmes, qui sont évidemment des personnes seules puisqu'elles vont
recevoir une rente, enfin, l'augmentation de la rente de leur conjoint?
M. Marois: Je me dois de faire la réponse évasive
suivante à Mme la députée: D'une part, comme on le sait,
c'est notre collègue, le ministre chargé des relations entre
l'État et les citoyens, qui pilote présentement ce dossier, cette
étape d'améliorations annoncées dans le discours
inaugural. Le dossier chemine au Conseil des ministres et je pense bien que Mme
la députée comprendra que je ne peux pas me permettre, à
ce moment-ci de nos travaux, de répondre avec précision à
sa question tant et aussi longtemps que le Conseil des ministres n'aura pas
pris de décision.
Mme Lavoie-Roux: On peut faire des remarques. Cela aidera
peut-être le Conseil des ministres, on ne sait jamais. J'ai vu dans les
journaux - probablement qu'il n'y avait pas de fondement à cela - qu'il
s'agirait d'une augmentation de... Normalement, comme ce sont
généralement des conjointes qui sont survivantes - on peut
prendre cela comme exemple, cela n'a pas d'importance -la conjointe
recevait...
M. Marois: Dans les journaux, on indiquait environ 60 $.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est ce que j'ai vu. La conjointe
recevait, je pense, la moitié de la rente du conjoint. Est-ce que je me
trompe?
M. Marois: C'était 200 $...
Mme Lavoie-Roux: Oui...
M. Marois: ...plus 37,5% de la rente accumulée par le
conjoint. Ce que le journal indiquait, quant à lui, c'est que cela
passerait...
Mme Lavoie-Roux: À 60 $ de plus.
M. Marois: ...selon le journal, à 260 $....
Mme Lavoie-Roux: Plus 37,5%.
M. Marois: Plus 37,5% de la rente accumulée du
conjoint.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors...
M. Marois: C'est cela qui était indiqué dans le
journal.
Mme Lavoie-Roux: Ces 200 $ ne sont pas nécessairement la
rente que le survivant reçoit, parce que, selon ce que le... Est-ce que
c'est nécessairement 200 $?
M. Marois: Non, si...
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours 200 $?
M. Marois: Actuellement, la rente est basée... Il y a une
prestation à taux uniforme. Un montant de base de 200 $...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Il y a un taux uniforme pour tout le
monde...
M. Marois: Pour tout le monde... Mme Lavoie-Roux: ...quel que
soit le...
M. Marois: ...auquel s'ajoutent les 37,5%...
Mme Lavoie-Roux: Bon, parfait.
M. Marois: ...de la rente du conjoint.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux vous demander, c'est ceci: Disons
qu'une personne, en ajoutant les 60 $, se rend à 297,50 $ -on a
ajouté les 37,50 $...
M. Marois: ...les 37,5 ne sont pas en dollars. C'est 37,5% de la
rente du conjoint.
Mme Lavoie-Roux: Et cela fait combien?
M. Marois: Cela dépend.
Mme Lavoie-Roux: Supposez une rente de 300 $; un autre 30%, cela
ferait un autre montant de 100 $.
M. Marois: Si vous voulez, oui.
Mme Lavoie-Roux: Si on veut faire un chiffre... La rente maximale
qu'une personne peut recevoir est de 343 $. Est-ce que je me trompe?
M. Marois: 345 $ est la rente de retraite maximale.
Mme Lavoie-Roux: Bon, j'ai dit 343 $, je n'étais pas
loin.
M. Marois: Très bien.
Mme Lavoie-Roux: J'ai passé mon examen. Mais, ma
préoccupation est celle-ci: Est-ce qu'en tenant compte de tous ces
éléments-là, à vos 297 $ vous avez ajouté
100 $ qui est l'équivalent... Ce n'est même pas cela. Cela serait
au maximum 400 $. Il faudrait même que je soustraie les 33,50 $. Il se
peut que, même en additionnant toutes ces choses, avec la majoration, qui
serait prévue, d'augmentation de la rente du conjoint survivant, vous
n'arriviez pas au taux de l'aide sociale. Est-ce que cela sera soustrait de
l'aide sociale accordée en compensation ou pas? Parce qu'à ce
moment-là, cela sera du pareil au même. Une personne seule
recevant des prestations d'aide sociale reçoit...
M. Marois: 399 $.
Mme Lavoie-Roux: ...399 $. Cela peut... Si on additionne cela,
tout ce que cela évitera, c'est qu'il y ait plus de personnes sur l'aide
sociale ou qui obtiennent une compensation de l'aide sociale. Est-ce que ce
sera un calcul global ou si les 60 $ - en admettant que ce soit 60 $... Parce
que l'objectif de ceci est de sortir les personnes de cet âge-là
de la pauvreté, étant donné que leurs revenus sont
moindres que ceux des personnes bénéficiaires de la
sécurité de la vieillesse.
M. Marois: Je trouve que c'est une excellente question de la part
de la députée de L'Acadie. C'est une excellente
réflexion.
Mme Lavoie-Roux: J'aime bien cela avoir un bon point, mais
j'aimerais mieux avoir un petit bout de réponse.
M. Marois: Oui, mais je pense que... Cela finira par venir,
à partir du moment où il y aura une décision prise par le
Conseil des ministres. Je ne peux honnêtement pas commenter. Je trouve
que cela est plus que pertinent, mais je ne peux pas aller plus loin que cela
aujourd'hui. (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Ce contre quoi je veux mettre le gouvernement en
garde, c'est qu'on a compris du discours inaugural qu'on voulait faire un
effort spécial pour diminuer la pauvreté des personnes de ce
groupe-là. Si, dans l'ensemble de vos calculs, vous faites intervenir
à la fois les prestations d'aide sociale et la somme de ce que les
rentes du conjoint pourraient représenter pour le conjoint survivant et
que c'est du pareil au même, à ce moment, je me lèverai en
Chambre pour vous dire que le discours inaugural, jusqu'à un certain
point, est un peu de la fausse représentation, si, finalement, en fin de
compte, cela n'enrichit ou ne diminue la pauvreté que d'un certain
nombre, parce qu'on aura pris en compte tous ces différents facteurs
pour calculer le montant global.
M. Marois: La seule chose additionnelle que je pourrais me
permettre, M. le Président, ce serait d'inviter le député
de Laurier à regarder comment travaille Mme la députée de
L'Acadie, elle vous arrache cela à la miette. Tout ce que je pourrais me
permettre d'ajouter à ce que j'ai évoqué à ce jour,
je le dis en blaguant, c'est une excellente question parce que c'est un
problème réel, ce que je puis dire, c'est que je sais que mon
collègue, avec la collaboration des gens de la régie, les gens du
ministère chez nous, a examiné notamment cet angle du
problème, je peux vous dire cela.
Mme Lavoie-Roux: On va attendre la réponse.
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais aussi faire
demander au ministre, dans l'autre hypothèse où justement on ne
tiendrait pas compte de l'aide sociale et que cela serait un montant de 60 $ -
on prend toujours ce chiffre par hypothèse - qui s'ajouterait au revenu
de la personne et que cela n'influencerait pas la prestation d'aide sociale
dans le cas où il y aurait prestation d'aide sociale, ce qui arrive aux
gens qui ne sont pas des survivants d'un conjoint, puisqu'ils sont
célibataires. C'est le cas d'un grand nombre de personnes entre 55 et 65
ans qui vivent aussi dans la pauvreté, pauvreté plus grande que
pour ceux qui reçoivent la pension de vieillesse et la
sécurité du revenu. Si on parle d'équité, il faut
faire le tour du portrait des personnes de 55 ans à 65 ans.
M. Marois Oui. Comme on le sait, le gouvernement a
décidé d'y aller en deux temps. Dans un premier temps, les
grandes lignes en ont été tracées par le premier ministre
dans le discours inaugural. Dans un deuxième temps, et là vous
touchez ce deuxième temps, cela implique l'ensemble du Régime de
rentes et, d'autre part, le lien, le joint, la relation avec les
régimes
supplémentaires entre autres, toutes les questions comme la
question qui revient constamment sur la transférabilité.
Mme la députée sait sûrement que, lorsqu'on bouge -
indépendamment de ce que j'appelle la phase I - sur l'ensemble du
régime public et qu'on regarde en même temps pour voir comment on
pourrait y arriver du côté des régimes
supplémentaires, entre autres, en visant à assurer un minimum, en
visant à assurer une transférabilité, on ne peut pas le
faire sans regarder ce qui va se passer du côté du Canada Pension
Plan. Il y a eu un livre vert qui a été rendu public par notre
homologue au fédéral, Mme Bégin. Il y a des discussions,
il y a des consultations et cela va venir en deuxième étape, mais
c'est forcément un des éléments d'une deuxième
étape, c'est-à-dire d'un examen beaucoup plus large dans
l'ensemble du régime.
Mme Lavoie-Roux: Quand le premier ministre a fait cette annonce
dans le discours inaugural, on a tout de même dû faire une
évaluation du coût que cela représenterait ou si cela
n'implique pas de coût. Si cela implique un coût, où est-il
dans le budget?
M. Marois: Cela n'émarge pas au budget du gouvernement du
Québec, au budget de la province, cela émarge au budget de la
Régie des rentes.
Mme Lavoie-Roux: De la Régie des rentes.
M. Marois: C'est cela. Le régime de retraite.
Mme Lavoie-Roux: Vous iriez puiser dans la réserve du
Régime de rentes?
M. Marois: Effectivement, toute réforme qui aura un
coût sera assumée par les cotisations et les revenus de
placement.
Mme Lavoie-Roux: On a quand même des statistiques sur les
55-65 ans; à combien estimez-vous ce coût pour le Régime de
rentes?
M. Marois: M. Legault m'indique que les évaluations ont
été effectivement faites, remises au ministre responsable du
parrain du dossier, remises également au Conseil du trésor et ces
données seront donc rendues publiques à partir du moment
où le Conseil des ministres aura pris une décision sur l'une ou
l'autre des hypothèses proposées.
Mme Lavoie-Roux: Alors, dans le moment, il n'y a aucun chiffre
qui puisse être rendu public?
M. Marois: C'est cela. Selon les hypothèses,
forcément, les données varient et les chiffres aussi.
Mme Lavoie-Roux: Quelles hypothèses avez-vous
envisagées?
M. Marois: Plusieurs.
Mme Lavoie-Roux: Qui peuvent varier entre quoi? Entre 50 et 100;
entre 100 et 200?
M. Marois: Je n'ai pas les chiffres moi non plus, mais il y a
plusieurs hypothèses et, finalement, c'est l'ensemble qu'il faut
regarder. Il y a cette partie des modifications que j'avais mentionnées
tantôt et on se souvient que le discours inaugural faisait état
également de retraite anticipée, d'autres aspects et, selon les
modalités d'application qui seront retenues, les coûts peuvent
varier énormément. Je trouverais très difficile de vous
apporter des chiffres sans savoir sur quelle hypothèse
précise.
Mme Lavoie-Roux: Alors, pour ce premier chapitre, touchons
à la retraite anticipée. Cela vous intéresse aussi parce
que cela va représenter des coûts pour vous autres. Est-ce que
vous avez fait une évaluation - pour cela aussi, on est toujours dans
l'état des hypothèses - combien... Il faut quand même
partir de certains chiffres pour savoir ce que cela va vous coûter. On
pourrait peut-être examiner deux choses. D'abord, combien de gens - il
était trop tôt pour l'évaluer ici - se sont prévalus
de l'abolition de l'âge de la retraite? Cela aussi cela... Est-ce qu'on
le sait à l'heure actuelle? Et, deuxième question: Combien de
gens, prévoyez-vous, pourraient se prévaloir d'une loi sur la
retraite anticipée ou sur un régime de retraite
anticipée?
M. Marois: Quant à la première partie de votre
question, Mme la députée, sur le nombre de personnes qui se sont
prévalues des dispositions de la loi 15 sur l'abolition de l'âge
de la retraite, la loi prévoyait une évaluation du programme
à l'intérieur de trois ans. Nous essayons le plus possible de
recouper toutes sortes de statistiques afin de déterminer le chiffre le
plus exactement possible. Actuellement, je ne peux vous répondre.
Malheureusement, on n'a absolument aucune donnée. On est encore à
cumuler des systèmes afin de réellement mieux percevoir quel est
l'effet de cette loi.
Quant à l'autre aspect, c'est-à-dire quels seront les
coûts, nous avons envisagé -je n'ai pas les chiffres avec moi -
quel pourrait être le coût par dizaine de milliers de travailleurs
qui prendraient une retraite anticipée. C'est que nous n'avons aucune
statistique en Amérique du Nord qui puisse
nous permettre de savoir quel va en être l'effet.
Par contre, quand on regarde le coût comme tel, il faudrait
peut-être employer un terme un peu plus précis et appeler
déboursé, au Régime de rentes du Québec, ce qui
sera demandé à court terme si beaucoup de gens profitent de la
retraite anticipée. Quant au coût, il sera à peu
près inexistant sur une maturité de cette option. C'est que les
gens qui prendraient une retraite anticipée verraient leur retraite
réduite sur la base d'équivalences actuarielles. C'est donc
simplement l'utilisation des montants d'argent actuellement en
disponibilité - ce qui s'appelle justement la réserve
conjoncturelle - qui sert à ces évolutions et qui verrait dans un
temps futur des rentes moins élevées à payer que
déjà présumées, qui devraient donc se
rééquilibrer. Et quand je dis "qui devraient", c'est qu'il ne
faut pas oublier que, si on utilise ces montants pour les verser aujourd'hui
à des gens, c'est donc de l'argent qui rentrera plus tôt dans la
consommation, mais, par contre, c'est de l'argent qui sera utilisé moins
longtemps par la Caisse de dépôt pour faire du
développement économique.
Alors est-ce que le fait de réinjecter du capital frais
immédiatement dans la consommation aidera davantage une reprise
économique que des investissements massifs dans certains secteurs? Ce
sont des analyses économétriques qui sont très
poussées et très difficiles je pense à
déterminer... Mais, quant au coût du régime, il n'y en
aurait pas.
Mme Lavoie-Roux: II y a aussi le facteur de morbidité.
M. Marois: Oui, tout cela...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez avoir moins de gens qui vont vivre
au-delà de 65 ans que peut-être... Est-ce que cela comprend
vraiment cela s'ils la retirent pendant plus longtemps, même si ce sont
des montants moindres?
M. Marois: C'est équilibré avec les mêmes
tables de mortalité que celles qui sont utilisées pour faire les
projections du régime, donc les équivalences. Et ce qu'on appelle
une équivalence actuarielle, c'est qu'il n'est pas censé y avoir
de coûts. Bien entendu, les hypothèses peuvent toujours à
l'expérience se démontrer erronées, mais autant dans un
sens que dans l'autre. Alors, on dit que, sur une période de
maturité, il n'y a pas de coût, il y a plutôt des
déboursés. Donc, il y a un effet sur les mouvements de
trésorerie seulement.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, M. le
Président, sur la revalorisation des rentes du Québec et le
projet de révision du Régime de rentes du Québec. Je pose
la question au ministre: Est-ce que c'est une chose qui est envisagée
pour l'année courante et si vous attendez de vous arrimer sur les
dispositions que le gouvernement fédéral prendra ou, enfin, sur
les politiques que le gouvernement fédéral mettra de l'avant, ou
si cela demeure un projet du Québec?
M. Marois: Tout ce que je peux dire pour l'instant, c'est qu'on
examine un certain nombre de scénarios possibles, mais il est certain
qu'il me paraîtrait difficile qu'on puisse... On ne peut à peu
près pas bouger de façon unilatérale. Ce ne serait pas
sans poser un certain nombre de problèmes. Donc, cela suppose aussi des
échanges, l'examen de tout cela. Je n'ai pas du tout de calendrier
devant moi. Cela suppose aussi qu'on ait des échanges... Comment
s'appelle le regroupement où les problèmes se retrouvent?
Une voix: L'ACOR. Une voix: ...
M. Marois: Oui, pour examiner, entre autres, les régimes
supplémentaires, les régimes privés; il y a eu quelques
rencontres préliminaires, mais c'en est pour l'instant à cet
état. Cependant, du côté du Québec, on fouille, on
examine un certain nombre de scénarios possibles. Je ne peux pas aller
plus loin que cela pour l'instant.
Mme Lavoie-Roux: II ne semble pas que cela soit dans
l'année budgétaire 1983-1984 qu'on puisse s'attendre, par
exemple, à une loi ou à des révisons en profondeur du
Régime de rentes du Québec.
M. Marois: Une loi, j'en douterais beaucoup. Un document de
consultation, c'est loin d'être exclu cependant. Je dirais même
plutôt probable, me réservant des portes de sortie au cas
où, dans l'examen des divers scénarios... Un document de
consultation, ce n'est pas exclu. Cela me paraît important. C'est une
demande qui revient et qui paraît légitime. Les gens,
particulièrement les employeurs, nous demandent quelles sont les
perspectives, vers quoi les citoyens et le Québec se dirigent dans les
prochaines années. Donc, je pense que c'est normal qu'on puisse jeter
sur papier dans un document de consultation un certain nombre
d'hypothèses chiffrées, quantifiées, et le reste, à
des fins de consultation. De là à aller à une loi, cela
m'étonnerait beaucoup.
Le Président (M. Vallières): Avez-vous d'autres
questions sur le programme 2,
élément 2?
Mme Lavoie-Roux: Les allocations familiales, c'est une baisse,
à cause des grandes familles, aux enfants qui arrivent à 18 ans,
parce qu'il y a en fait une augmentation des naissances. Y a-t-il une
augmentation des naissances depuis trois ans?
M. Marois: Je ne peux pas vous répondre...
Mme Lavoie-Roux: Ah! les allocations...
M. Marois: ...aussi précisément que vous le
souhaiteriez sûrement, madame.
Mme Lavoie-Roux: Ah! oui, c'est l'élément 1, je
m'excuse. Non, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Vallières): Est-ce qu'on pourrait
procéder à la...
Mme Lavoie-Roux: Mais non, tout cela fait partie du programme
2.
M. Marois: C'est le programme 2. À l'élément
1, ce sont les coûts d'administration des allocations familiales. Le
programme comme tel, les crédits pour les allocations familiales, cela
vient plus loin.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marois: Donc, on examine présentement le programme 2 au
complet dans ses éléments 1 et 2, l'élément 1
étant les coûts d'administration du programme par la régie.
C'est dans le budget du gouvernement, ce sont les sommes fournies à la
régie aux fins de l'administration du programme d'allocations
familiales. L'élément 3 est l'administration
déléguée de l'aide sociale à la ville de
Montréal et l'élément 4 est l'administration du programme
d'assistance-maladie, à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que le ministre me situe. Où
se retrouve le régime de supplément au revenu de travail?
M. Marois: On le retrouve dans les crédits du
ministère du Revenu.
Mme Lavoie-Roux: C'est au ministère du Revenu maintenant,
d'accord.
Le Président (M. Vallières): Si je comprends bien,
est-ce qu'on pourrait procéder, à moins qu'on n'ait d'autres
questions aux éléments 1, 3 et 4, à l'adoption de tout le
programme 2?
M. Marois: Les éléments 1, 2, 3 et 4.
(17 h 30)
Le Président (M. Vallières): Aux
éléments 1, 2, 3 et 4.
Mme Lavoie-Roux: Comment se fait-il que l'administration de
l'assistance-maladie, ici, soit beaucoup plus coûteuse que...
M. Marois: Soit beaucoup plus... Excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: Strictement au point de vue de l'administration,
comment se fait-il qu'elle soit plus coûteuse que celle de la
Régie de l'assurance-maladie? Comment se fait-il que les coûts
soient élevés comme cela? Parce qu'il s'agit strictement de
l'administration elle-même, il ne s'agit pas de...
M. Marois: À quel endroit êtes-vous, madame?
Mme Lavoie-Roux: À l'élément 4.
M. Marois: À l'élément 4 du programme 2.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Ce sont les coûts de l'administration de
l'assistance-maladie.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites entrer tous les services qui sont
donnés là-dedans.
M. Marois: C'est cela. Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Marois: II s'agit essentiellement des quatre...
Mme Lavoie-Roux: C'est strictement l'administration. Comment se
fait-il qu'il y ait une augmentation de 24% alors?
M. Marois: II y a, d'une part, une augmentation importante du
nombre de bénéficiaires de l'aide sociale qui nécessite,
évidemment, de plus gros services informatiques, un plus grand temps
informatique et un peu plus de personnel à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
C'est essentiellement l'augmentation du volume de la clientèle de
l'aide sociale qui explique l'augmentation des coûts.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut, là aussi, dire que
cela s'équilibre? Ce serait une augmentation de 24% de la
clientèle?
M. Marois: Non, ce ne sont pas tous les
bénéficiaires de l'aide sociale, d'une part, qui nous sollicitent
pour des besoins spéciaux à l'aide sociale. Il y a, de
façon systématique,
au niveau des médicaments, un accroissement qui est proportionnel
à la clientèle. Plus les gens demeurent longtemps, par exemple,
sur l'aide sociale, plus la demande de besoins spéciaux s'accroît,
parce qu'on sait que, dans les six premiers mois de présence à
l'aide sociale, ce ne sont pas tous les besoins spéciaux qui sont
accessibles aux bénéficiaires. Plus la durée à
l'aide sociale se prolonge, plus ce genre de coûts risque de
s'accroître.
Le Président (M. Vallières): Est-ce qu'on peut
considérer maintenant l'adoption du programme 2 et de ses
éléments, 1, 2, 3 et 4? M. le ministre?
M. Marois: D'accord.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
M. Marois: Le programme 2 au complet, avec ses
éléments, est adopté.
Le Président (M. Vallières): On pourrait passer
maintenant à l'étude du programme 3.
Direction et gestion de la Commission des affaires
sociales
M. Marois: La direction et la gestion de la Commission des
affaires sociales, le programme 3. M. le juge Poirier est ici parmi nous, ainsi
que M. Desmarais.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Marois: Comme on le sait d'ailleurs, on le voit par le rapport
annuel de la Commission des affaires sociales - depuis la création de la
Commission des affaires sociales, en août 1975, les
responsabilités et, par voie de conséquence, les juridictions,
les compétences de ce tribunal administratif ont augmenté
considérablement. Effectivement, elle avait traité - quand on
regarde le rapport de l'année 1981-1982 - depuis sa création,
tout près de 19 000 appels, requêtes ou demandes. On aura
constaté aussi, malgré le maintien du nombre - on le voit quand
on compare les années 1982-1983, 1983-1984 - malgré
l'augmentation de la charge de travail, la souplesse qui a été
introduite dans le fonctionnement de la commission permettant ceci: dans
certains cas, pour certains types de problèmes, on fait siéger un
membre de la commission avec un assesseur; dans d'autres cas, cela suppose la
présence de deux assesseurs. Donc, il y a eu beaucoup de souplesse qui a
été introduite en cours de route pour faciliter et
accélérer le traitement des requêtes, des demandes, des
plaintes et le reste.
M. Sirros: Est-ce que vous avez les chiffres concernant les
plaintes reçues pour 1982-1983?
M. Marois: C'est 4608 pour l'année comparativement
à 3971 pour 1981-1982. Je peux vous donner des ordres de grandeur, vous
dire comment se décomposent les 4608 déclarations reçues,
les décisions rendues. Je vous donne les gros blocs. Décisions
rendues pour l'aide sociale, c'est 1650; c'était 1336 pour
l'année antérieure. Pour le malade mental, 146; c'était
117 l'année antérieure. Dans les services de santé, cela a
légèrement diminué, c'est 36 et 43 l'année
antérieure. Au Régime de rentes aussi, on constate une dimunition
constante depuis 1978; c'était 496 en 1982-1983 et 557 l'année
antérieure. On avait atteint presque 800 en 1979-1980. Aux accidents de
travail, 1805; il y a eu une augmentation, c'est un des gros morceaux, par
rapport à 1441 en 1981-1982. L'année record, c'était
1980-1981, avec 2357. À l'assurance automobile, à toutes fins
utiles, c'est la même chose que l'année antérieure, 475,
alors qu'il y en avait eu 477 en 1981-1982 et 306 l'année
antérieure, ce qui totalise 4608 pour 1982-1983, comparativement
à 3971 pour l'année antérieure, 1981-1982.
Évidemment, on trouvera ces chiffres dans le prochain rapport,
celui qui s'en vient.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Est-ce que vous pouvez aussi me donner, pour
1982-1983, le même genre de tableau que celui que vous avez au tableau no
2, les plaintes accueillies et rejetées pour les différentes
catégories?
M. Marois: Ce qui apparaît à la page 17 du rapport
d'activités pour voir, parmi les demandes reçues, quel est le
résultat final. On peut reprendre les colonnes en prenant le tableau no
2. À l'aide sociale et aux allocations sociales, 526 demandes
accueillies et 532 rejetées, ce qui fait un total de 1058. Protection
pour le malade mental: 30 demandes accueillies et 45 rejetées. Dans le
cas du malade mental, il faut faire attention, quand on dit "accueilli" ou
"rejeté". Il s'agit de cure fermée, maintenue ou levée.
Quand on dit "accueilli", c'est "levé", et quand on dit "rejeté",
c'est "maintenu". Les services de santé et services sociaux, 10 demandes
accueillies et 9 rejetées. Au Régime de rentes, 47 demandes
accueillies et 280 rejetées. Aux accidents de travail, 360 demandes
accueillies et 423 rejetées. À l'assurance automobile, 144
demandes accueillies et 205 rejetées. Donc, au total, il y avait eu, en
1981-1982, 752 demandes accueillies et, en 1982-1983, 1117 demandes
accueillies; il y avait eu 1341 demandes rejetées et il y en a 1394;
pour un grand total de 2611.
M. Sirros: J'aimerais demander au ministre s'il peut expliquer...
En tout cas, ce que je constate, c'est que, pour l'aide sociale, par exemple,
si je regarde le nombre de plaintes reçues ou traitées,
accueillies et rejetées, cette année, c'est à peu
près 50-50. Si je regarde le Régime de rentes de l'année
dernière et de cette année, on a un taux d'accueil de plaintes de
12% ou 13%, ou quelque chose comme cela. Au Régime de rentes, le nombre
de plaintes a diminué. Évidemment, pour l'aide sociale, on peut
expliquer l'augmentation du nombre de plaintes par l'augmentation de la
clientèle. Mais est-ce que vous avez une hypothèse qui
expliquerait le pourcentage passablement élevé du nombre de
plaintes accueillies par rapport à la décision initiale, au
bureau de l'aide sociale?
M. Marois: Si on compare le régime d'aide sociale au
Régime de rentes, le régime d'aide sociale est beaucoup plus
complexe. Le Régime de rentes est quand même assez automatique et
les critères qui prévalent actuellement pour l'évaluation
des rentes sont assez sévères. Alors, la commission a beaucoup
moins de discrétion, même dans l'appréciation des preuves,
pour infirmer les décisions de la Régie des rentes, en
matière, par exemple, d'invalidité, dont vous connaissez le
critère qui est assez sévère. Un autre
élément qui joue peut-être davantage à l'aide
sociale, c'est que, comme la commission procède de novo, il arrive
très souvent que les faits qui sont représentés devant le
bureau régional soient totalement différents quand ils sont
présentés devant la commission. Cela ne veut pas dire que la
décision du bureau régional était mauvaise, mais, avec les
éléments qu'il avait, au moment où il a rendu sa
décision, ces éléments-là sont différents au
moment où il se présente en appel. Cela peut expliquer
peut-être une partie des accueils.
M. Sirros: C'est le même genre de raisonnement pour les
accidents du travail?
M. Marois: Les accidents du travail, évidemment,
cela...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez une épine dans le pied.
M. Marois: II y a énormément de... La proportion
d'accueil est de 360 par rapport à 423. Évidemment,
là-dedans, très souvent, les questions de relations causales, les
notions à l'occasion du travail, il y a peut-être pas mal de
décisions qui sont rejetées. Finalement, on a maintenu les
décisions de la CSST. Le nombre de 360 représente beaucoup plus
des taux de diminution de capacité de travail qui sont reliés au
problème de l'appréciation des pourcentages d'incapacité
où la commission a accueilli énormément d'appels.
M. Sirros: J'ai constaté quelque part, dans le rapport
annuel, des données sur le nombre de cas que vous traitez par
année, par rapport au nombre de cas qui font une demande. Il me semblait
qu'il y avait des cas en attente, en quelque sorte. Quelle est la
période de temps qui s'écoule en moyenne, par exemple, pour
l'aide sociale, entre le moment du dépôt d'une plainte en appel et
le moment de la décision?
M. Marois: Pour la fixation au rôle d'audition, on peut
compter à peu près deux mois avant la mise au rôle
d'audition, en moyenne. Et, ensuite, il faut calculer deux autres mois, en
moyenne, pour rendre la décision. Il faut calculer de quatre à
six mois, à partir du moment de l'inscription au rôle d'audition.
Non pas de l'inscription. À partir de l'entrée de l'appel
jusqu'à la décision, il faut compter une moyenne de six mois.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela s'allonge? Cela devrait, avec
2000...
M. Marois: Cela diminue.
Mme Lavoie-Roux: Cela diminue. En dépit de l'augmentation
des demandes?
M. Marois: Sauf aux accidents du travail. Là,
évidemment, on a un surplus d'appels considérable. Dans les
autres divisions, la commisssion est à jour dans toutes les divisions,
sauf pour les accidents du travail.
C'est, notamment - non exclusivement, mais notamment - à cause de
la formule passablement souple, qui est d'ailleurs très bien
expliquée dans le rapport: la façon de composer l'équipe
qui entend, selon qu'il s'agit de telle ou telle division. À la page 18,
par exemple, à l'aide des allocations sociales, c'est entendu par un
membre et un assesseur; le nombre d'assesseurs qui sont affectés, etc.
Et on utilise une formule différente, par exemple, dans le cas de la
division de la protection du malade mental: un membre et deux assesseurs,
médecin, psychiatre, toujours sous réserve du pouvoir du
président de décider de la façon de composer les
équipes qui examinent les dossiers, selon la nature des besoins dans les
régions. Des ajustements ont été apportés à
la loi permettant d'introduire cette souplesse. Autrefois, il y avait comme une
espèce de nivellement. Cela a certainement contribué à
accélérer le traitement. Cela a donné plus de marge de
manoeuvre à la Commission des affaires sociales pour faire son travail,
selon la façon dont elle peut évaluer l'opportunité quant
à la composition
des équipes qui entendent les appels ou les plaintes.
(17 h 45)
Le Président (M. Vallières): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 3?
M. Sirros: Vous prévoyez une hausse de loyer de 127%, si
je ne m'abuse. D'où cela vient-il? À quoi est-ce dû?
M. Marois: Essentiellement, la différence, d'après
les crédits détaillés par rapport... On passe de 44 000 $
à 100 000 $, si ma mémoire est bonne, au poste de l'entretien; il
s'agit essentiellement des dépenses concernant les photocopieuses, qui
représentent un montant additionnel de 28 000 $ et la
mécanisation du fichier, ce qui entraîne des coûts,
particulièrement pour l'année 1983-1984.
En fait, nous venons d'obtenir un ordinateur et des machines de
traitement de textes. C'est cela qui est...
Ce qui rend difficile...
M. Sirros: Est-ce que c'est sur location?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce sont des loyers?
M. Marois: C'est acheté, selon la formule gouvernementale,
quand il y a achat, sur une période de trois ans. C'est la partie du
coût d'une année...
C'est la même chose pour la location des photocopieuses?
Pour les photocopieuses, c'est deux ans.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est imputé à la
catégorie 6, les loyers.
M. Marois: C'est cela; c'est cela. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Marois: C'est une première application qui a
été faite par le ministère des Finances, mais qui devra
être séparée dans les faits. Cela devra changer de
catégorie.
Cela rend plus difficile la comparaison du poste budgétaire d'une
année à l'autre.
Il faut dire que cet équipement a été livré
le 31 mars, au tout début de l'exercice.
M. Sirros: On pourrait peut-être terminer les
détails et revenir au rapport après. Il y a une petite chose qui
m'a intrigué, simplement parce qu'elle n'était pas là
l'année passée, c'est aux autres dépenses, à la
page 39 du document bleu, si vous l'avez, une augmentation de 100%. C'est
à la supercatégorie fonctionnement, autres dépenses,
à la catégorie des autres dépenses.
M. Marois: C'est 7000 $.
Les années antérieures, le service de comptabilité
avait mis des montants à d'autres secteurs et il les a
séparés.
De toute façon, ce sont les dépenses de perfectionnement,
congrès, etc. Autrefois, elles étaient insérées et
comptabilisées dans l'un ou l'autre des autres postes
budgétaires. Elles se retrouvent maintenant dans une catégorie
précise, autres dépenses.
M. Sirros: J'ai encore une question sur les détails du
budget. J'en aurais quelques-unes sur le rapport comme tel, surtout en termes
de recommandations que la commission avait faites, pour savoir où nous
en sommes de ces recommandations, entre autres, concernant les étudiants
et l'aide sociale, les prêts et bourses; je pense que vous en avez toute
une série là-dedans.
M. Marois: Première des choses, je remercie le
député d'attirer mon attention là-dessus, maintenant,
c'est l'un de ces rapports qui, chaque année, lorsqu'on le
reçoit, contient un certain nombre de suggestions, de recommandations
à la lumière de ce que la commission a pu voir concernant l'un ou
l'autre des différents problèmes.
Maintenant, depuis cette année-là, l'année de
réception du rapport 1981-1982, et l'année antérieure
aussi, depuis deux ans, sur réception du rapport, d'une part, je
m'assure que les suggestions et recommandations qui concernent l'un ou l'autre
des programmes, activités, lois ou règlements, peu importe,
relevant de la compétence ou de la juridiction du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu font l'objet d'un
examen par les gens de chez nous au ministère. Je m'assure que les
autres parties sont acheminées aux collègues responsables. Par
exemple, sur les accidents de travail, je m'assure que c'est retransmis
à mon collègue, le ministre du Travail, et la même chose
dans le cas des autres. Effectivement, par la suite, à l'examen de
chacun des morceaux, les décisions sont prises lorsqu'il nous
paraît que c'est possible, pertinent ou fondé de le faire. Par
exemple, il y avait eu un document - je ne peux pas les reprendre un par un -
sur les coûts de transport pour le traitement médical. On avait
dit: 0,065 $ le kilomètre, cela existe depuis je ne sais plus combien de
temps. Cela n'a pas de bons sens, il faudrait que cela soit
réajusté. Effectivement, grâce à un amendement
apporté au règlement récemment, on est en train de mettre
au point le projet de règlement, je peux vous le dire, pour le
réajuster; une des possibilités, c'est de le porter au taux qui
est payé par la Régie de l'assurance automobile du
Québec.
Les moins de 30 ans aptes au travail, on en a déjà
parlé depuis ce matin.
M. Sirros: II y a un cas peut-être particulier...
M. Marois: Je ne veux pas revenir sur ce sujet. En d'autres
termes, chacune des recommandations fait l'objet d'un examen au
ministère pour la partie qui nous concerne et les autres sont transmises
aux collègues.
M. Sirros: Peut-être de façon plus concrète,
dans le rapport 1981-1982, il y avait une certaine série de
recommandations. Est-ce qu'il y a eu des suites concrètes au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
concernant...
M. Marois: C'est ce que j'étais en train d'expliquer au
député.
M. Sirros: D'accord. Je pensais que vous aviez
terminé.
M. Marois: J'étais en train d'expliquer au
député le cheminement et le suivi qu'on donnait à ces
recommandations. Je suis en train de l'illustrer par un exemple.
M. Sirros: Je m'excuse, je croyais que vous aviez
terminé.
M. Marois: Concernant, par exemple, les frais de
déplacement.
M. Sirros: D'accord. On s'est mal compris quelque part.
M. Marois: Je voudrais aussi indiquer au député
qu'on l'a déposé à l'Assemblée nationale. Je l'ai
reçu pour dépôt à l'Assemblée nationale il y
a quinze jours ou trois semaines. Pour tout régler, c'est il y a quinze
jours ou trois semaines.
Mme Lavoie-Roux: II faut tout de même dire au ministre
qu'il fait les messages, mais que cela ne se rend pas toujours. Il y a des
remarques qui reviennent année après année.
M. Marois: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Si je prends en particulier celles sur la
protection du malade mental où on dit qu'on a fait des observations, je
vous dis cela de mémoire, en 1978-1979 et en 1979-1980, et on les a
refaites encore en 1980-1981, il semble que les messages se rendent mal ou bien
on n'écoute pas à l'autre bout de la ligne.
M. Marois: C'est tout de même déjà une chose
que de s'assurer que c'est au moins retransmis, que les gens au moins prennent
note qu'il y a une insistance. Encore une fois, pour ce qui me concerne, ce qui
relève de ma responsabilité, sans donner une garantie, parce que
je pense que je ne peux pas faire cela et ce n'est pas dans cet esprit non
plus, je crois bien - le président est là, il pourra
lui-même en témoigner - que ce n'est pas dans cet esprit non plus
que c'est fait, on ne peut certainement pas prendre d'avance l'engagement que,
lorsque les recommandations sont reçues, les recommandations sont
acceptées et qu'elles sont transposées en règlements et en
lois le lendemain matin. Mais, depuis deux ans, ce qui ne se faisait pas
antérieurement - sous réserve de me tromper - depuis deux ans,
systématiquement, sur réception du rapport, je m'assure que c'est
acheminé, que c'est regardé chez nous. Cela permet d'ailleurs
d'établir une relation beaucoup plus étroite entre les gens qui
travaillent au ministère et les gens de la Commission des affaires
sociales. Il faut dire que, chez les collègues, il faut tout de
même être juste, tout ce qui touche les recommandations qui sont
revenues, il y en a eu depuis... Je me souviens des années où
j'avais la responsabilité de la Commission des accidents du travail, qui
est devenue la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. La mise en marche de tout le processus de la réforme est
maintenant parrainé et piloté par mon collègue, le
ministre du Travail, sur les lésions professionnelles. C'est un travail
colossal qui pourra être mené à terme dans la mesure - et
je sais que c'est ce à quoi il s'évertue - où on peut y
arriver ensemble, la partie patronale, la partie syndicale et le gouvernement.
Déjà, le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
s'est penché sur des hypothèses formulées par mon
collègue et bon nombre des éléments de ces
hypothèses contiennent des recommandations qui ont été
faites par la Commission des affaires sociales, il y a déjà
même un certain nombre d'années.
Non seulement sur l'esprit, mais sur le genre de recommandations qui
sont faites, il serait peut-être intéressant de laisser quelques
minutes au président de la commission. Je vous ai fait part de mon point
de vue en tant que ministre, qui reçoit les recommandations. Je dois
dire, pour ne pas induire les membres de cette commission en erreur,
peut-être pas de façon systématique partout, chez chacun
des collègues, mais je sais que, pour la partie qui le concernait, mon
collègue, à l'époque où il était ministre
des Affaires sociales, M. Denis Lazure, assurait un suivi dans le cas des
recommandations qui le concernaient. Je sais cela.
Mme Lavoie-Roux: Qui le touchaient...
M. Marois: Je sais qu'il assurait un suivi. Il faisait examiner
les recommandations. Il n'y a, encore une fois,
je le pense bien, pas un ministre qui prendrait à l'avance un
engagement de donner une suite automatique à une recommandation,
d'autant plus que je pense qu'il serait important, particulièrement
à la lumière des questions qui sont posées et de la
réponse que je viens de formuler également, pour être
correct à l'égard de la Commission des affaires sociales qui, je
pense, tiendrait à faire inscrire au procès-verbal de nos travaux
son point de vue, qu'on puisse permettre - si les membres sont d'accord - de
laisser quelques minutes au président pour expliquer dans quel esprit,
comment et sur quel genre de recommandations on agit.
Je voulais juste attirer votre attention sur le fait que la commission a
voulu faire des recommandations, non pas sur des politiques globales. Elle
estime que c'est à la suite des auditions qu'elle réagit en
fonction de certaines incongruités ou certaines anomalies, parce que,
sur la politique globale - peut-être que, par ricochet, elle peut y faire
référence - elle a estimé que cela n'était pas de
son mandat. Il y a d'autres organismes qui se préoccupent de cela.
C'était d'attirer l'attention des autorités sur des cas bien
concrets, bien précis. C'est dans cet esprit que ces recommandations
sont faites.
Je dois vous dire que je suis très heureux que vous vous
préoccupiez des recommandations de la Commission des affaires sociales
au niveau de la commission qui étudie le budget. Je dois vous dire que
c'est la première fois qu'on m'interroge sur les recommandations de la
commission. Je vous en sais gré.
Le Président (M. Vallières): Je ferais remarquer
aux membres de la commission que nous approchons de 18 heures et que, par
conséquent... Oui, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II y aurait une seule question avant de vous
libérer. Je peux vous assurer que le suivi, je l'ai fait chaque
année sur la protection du malade mental et les autres choses aussi
concernant les allocations familiales, sur le transport des malades, etc. Il y
a un problème qui semble plus aigu que les autres, c'est celui de la
question des accidents du travail. Vous faites une recommandation quant au
délai d'appel... Non, ce n'est pas là-dessus, mais sur le
fonctionnement des plaintes touchant les accidents de travail.
J'aimerais que vous me disiez - si cela ne vous embête pas, parce
que je sais bien que votre rôle n'est pas un rôle politique, c'est
vraiment un rôle de gardien du citoyen - comment vous expliquez que les
plaintes soient beaucoup plus nombreuses du côté des accidents du
travail que dans d'autres domaines? Il y a un débat qui se fait
présentement où, de part et d'autre, on semble se jeter un peu la
pierre - je dis cela sous toutes réserves. D'une part, il y aurait de
l'exagération du côté de certains professionnels de la
santé et, de l'autre côté, on se dit que c'est
peut-être la CSST qui est trop rigide. Je dois vous dire que les cas
qu'on reçoit à notre bureau et qui nous créent le plus
d'embêtement, ce sont les cas d'accident de travail. Les gens viennent
à notre bureau et on écoute leur version. On ne va pas à
la CSST pour écouter le plaidoyer de la CSST. Ils nous apportent des
arguments auxquels, au premier abord, on est sympathique. On a l'impression que
c'est un continuel va-et-vient d'examens médicaux pour lesquels ils
doivent payer jusqu'à 250 $, s'il veulent avoir une évaluation
indépendante de l'évaluation faite par les médecins de la
CSST. (18 heures)
J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui est mal articulé
à l'intérieur de la CSST. Vos plaintes ne vont pas en diminuant -
je n'ai pas réexaminé cela - elles vont continuellement en
augmentant. On a toujours l'impression, à tort ou à raison -comme
je vous disais, on a peut-être trop juste une partie de l'histoire - que
c'est souvent l'ouvrier ou le travailleur qui écope; c'est très
difficile pour lui. N'oubliez pas que ce sont eux qui se rendent à vous;
il y a tous ceux qui ne se rendent pas à vous et qui, en cours de route,
doivent subir une décision qui essaie d'être juste, mais qui
souvent se fait à leur détriment. Le président de la
commission a déjà fonctionné en d'autres lieux où
c'est facile aussi de faire un certain chantage auprès de travailleurs
pour finalement en arriver à un règlement qui, dans
l'immédiat, peut sembler favorable, mais qui, à moyen terme,
l'est beaucoup moins.
Tout ce problème du fonctionnement des compensations
accordées pour les accidents de travail me semble un domaine assez
épineux et assez fragile. Vous accueillez tout de même un nombre
assez important de demandes, ce qui nous fait nous poser des questions sur le
fonctionnement général de la CSST relativement aux compensations
d'accidents de travail.
Le Président (M. Vallières): Avant de permettre
à M. le président de répondre, il me faudrait au moins le
consentement de la commission pour continuer les travaux pendant quelques
minutes puisque nous dépassons les 18 heures.
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Vallières): Alors, on a le
consentement pour continuer.
M. Marois: Je voudrais ajouter un petit mot après M. le
juge.
Sans entrer dans le problème strictement de l'élaboration
d'une politique globale concernant les accidents du travail, je dois vous dire
que, lorsque la juridiction des accidents du travail a été
confiée à la Commission des affaires sociales, on
prévoyait un rythme de 400 appels par année. Finalement, le taux
a augmenté, on est rendu à 1800. On s'est rendu compte en partant
que c'est une vieille loi qui date de 1944, qui a été
amendée, un peu comme la Loi sur les impôts, à tout bout de
champ et il n'y a pas eu vraiment une vue d'ensemble de cela.
Le problème, c'est que la Loi sur les accidents du travail repose
sur un problème d'incapacié de travail qui est dû à
un handicap physique et il y a des barèmes. Tandis que, si je compare
à la Loi sur l'assurance automobile, c'est une formule de remplacement
de revenu, qui est accompagné également d'un barème de
déficit anatomophysiologique. On se rend compte que ce n'est
peut-être pas la formule la plus adéquate pour compenser les
accidentés du travail. Vous savez, dans le système actuel, si la
personne a le malheur d'avoir un accident de travail au volant de son
automobile, elle est moins compensée que si c'était en vertu de
la Loi sur l'assurance automobile. Là, il y a vraiment une anomalie.
C'est probablement ce qui a provoqué le nombre considérable
d'appels qu'on a reçus particulièrement dans une année; on
a reçu 2500 appels. C'était tout le problème qu'on ne
tenait pas compte suffisamment du taux de diminution de capacité de
travail une fois qu'un accidenté a un handicap quelconque. Vous prenez
l'exemple de quelqu'un qui a un bras coupé, c'est 10%; si
évidemment il est musicien ou s'il est peintre, cela n'a pas la
même conséquence sur son travail. La loi permettait d'augmenter le
pourcentage d'incapacité et la commission a rendu des décisions
dans ce sens. Je ne veux pas entrer dans tout ce débat. C'est cela qui a
provoqué finalement une avalanche d'appels.
Mme Lavoie-Roux: Cela aussi est bien relatif,
l'incapacité. Je prends, par exemple, une infirmière... C'est
peut-être une incapacité, en termes de fonctionnement comme
citoyen, qu'on peut évaluer à 6%, mais, en termes de
réoccuper un emploi similaire, c'est une incapacité pratiquement
à 75%. C'est peut-être quelqu'un qui peut être recyclable,
mais il y a des cas où les gens ne sont pas recyclables ou pratiquement
pas recyclables, à toutes fins utiles.
M. Marois Je pense que j'ajouterai très peu, M. le
Président. Je pense que M. le juge a mis le doigt sur la faille.
À partir du moment où des gens ont pu interpréter
l'article 38.4 de la vieille Loi sur les accidents du travail comme donnant
droit à une indemnisation non seulement basée sur le
déficit anatomophysiologique, mais également sur la
capacité ou l'état de diminution de l'aptitude à retourner
au travail, et demandaient qu'on en tienne compte dans le montant
d'indemnité à accorder et le pourcentage de l'incapacité,
cela s'est ouvert forcément. C'est basé sur une philosophie
différente de celle de la loi sur le régime de l'assurance
automobile. C'est devenu plus évident.
D'ailleurs, si on regarde les dates, c'est frappant. La Loi sur
l'assurance automobile prévoit un régime qui est basé sur
une philosophie de remplacement du revenu. C'est donc pour cela qu'on pourra
discuter longtemps quant à savoir qui est responsable de quoi. Ayant
été ministre responsable de cette commission, je pense qu'on va
passer à côté du problème tant et aussi longtemps
qu'on ne sera pas allé au coeur du problème. Et au coeur, cela
veut dire changer complètement la philosophie de base sur laquelle est
complètement assis et conçu le régime d'indemnisation des
accidents du travail pour l'harmoniser avec le régime d'indemnisation de
l'assurance automobile basée sur la philosophie de remplacement du
revenu, quitte à prévoir une forme quelconque - comme c'est le
cas dans l'assurance automobile - de pourcentage d'incapacité.
Si on regarde le cas de l'assurance automobile, il n'y a pas de raison
pour que cela ne soit pas aussi l'avalanche, mais ce n'est pas le cas. Et il y
a les cas frontières qui deviennent absurdes et injustes où la
même personne, si elle a un accident dans une automobile, c'est un
accident d'automobile, mais si elle est au travail dans la même
automobile, à la même place, au moment où elle a
l'accident, c'est un accident de travail et l'indemnisation est moindre.
C'est pour cela que la réforme des lésions
professionnelles, ce n'est pas une chose facile parce qu'il faut
également tenir compte des coûts et de l'impact sur les taux de
cotisation et le reste. Je sais qu'il s'est fait un cheminement colossal des
parties patronales et syndicales dans l'examen de cette réforme, c'est
en bonne marche. Je sais aussi que mon collègue est
déterminé à la mener à terme dans les meilleurs
délais possible.
Le Président (M. Vallières): Alors,
maintenant....
M. Marois: M. le Président, est-ce que je comprends que le
programme 3 est adopté?
Le Président (M. Vallières): Le programme 3 est
adopté.
M. Marois: Avant qu'on se quitte pour se retrouver en
soirée, est-ce que je pourrais demander aux membres de l'Opposition
s'ils croient avoir des questions... À moins de me tromper, je pense
qu'il n'y a rien dans le budget qui touche directement la Commission des normes
du travail. Le président et les membres de son équipe sont
cependant ici. Est-ce que vous croyez utile que nous demandions à
nouveau à M. Bergeron d'être parmi nous ce soir ou si...
Mme Lavoie-Roux: J'aurais peut-être des questions sur
l'efficacité de la commission. Sans viser son président, c'est
l'efficacité ou les outils que vous avez pour appliquer vos normes qui
nous semblent...
M. Marois: Alors, je comprends, M. le Président, qu'il y
aurait quelques questions...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas budgétaire. Ce n'est pas
budgétaire.
M. Marois: Vous aimeriez que M. Bergeron... Si M. Bergeron veut
bien avoir l'amabilité d'être parmi nous, on va le garder pour le
dessert.
Le Président (M. Vallières): La commission suspend
ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 06)
(Reprise de la séance à 20 h 11)
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission élue permanente de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu reprend ses travaux. Nous avions convenu
à la suspension de commencer avec le programme 8.
M. le ministre.
M. Marois: On a déjà adopté les programmes 2
et 3. S'il n'y a pas d'autres questions sur le programme 1, qui concerne la
direction et la gestion du ministère, est-ce qu'on pourrait convenir de
l'adopter? Il y a quatre éléments à ce programme: 1.
Direction supérieure; 2. Planification et recherche; 3. Réseau
Travail-Québec; 4. Soutien administratif. Est-ce qu'on pourrait
considérer comme adoptés ces quatre éléments de
programme et, par voie de conséquence, le programme 1?
M. Sirros: On ne l'a pas tout abordé, celui-là.
M. Marois: Pardon?
M. Sirros: On n'a pas abordé tout le programme 1.
M. Marois: On l'a abordé par le biais des travaux de
recherche dont on a parlé, qui relèvent de la planification de la
recherche, par le biais des discussions sur la mise en place des
Modules-Jeunesse, de l'opération de fusion aide sociale-main-d'oeuvre.
Le reste, c'est Direction supérieure et Soutien administratif.
M. Sirros: Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Pourrait-on finir avec la Commission des normes du
travail et adopter peut-être aussi...
M. Marois: Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris.
M. Sirros: ...le programme 8, Sécurité du revenu
des chasseurs et piégeurs cris, ce qu'on avait dit, et peut-être
revenir après cela et commencer 1, 2 et 3?
Le Président (M. Vallières): Oui.
Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris
M. Marois: D'accord. Programme 8, Sécurité du
revenu des chasseurs et piégeurs cris.
M. Sirros: Adopté.
M. Marois: Au programme 8, je ne crois pas qu'il y ait des
éléments.
Le Président (M. Vallières): Non.
M. Marois: Non? Donc, le programme 8...
Le Président (M. Vallières): II y a les
crédits à voter, tout simplement. Le programme 8 serait donc
adopté?
M. Sirros: Oui.
Commission des normes du travail
M. Marois: Très bien. M. Bergeron est avec nous, M. le
Président. Comme je sais que votre temps est compté, à
partir de maintenant je vais laisser la parole aux membres de l'Opposition.
M. Sirros: Je veux seulement profiter
de l'occasion pour peut-être avoir un peu plus de détails
sur le fonctionnement comme tel de la Commission des normes du travail par
rapport à l'application des lois du travail, concernant les normes
minimales de travail, etc. Comment la commission perçoit-elle cela?
Qu'est-ce qu'elle fait? J'ai remarqué qu'il y a eu une augmentation
d'effectifs, si je ne m'abuse, à moins que je ne mêle cela avec
une autre commission. Le troisième volet porterait sur la
clientèle ou les travailleurs des communautés culturelles. Est-ce
qu'il y a des dispositions particulières qui sont prises par rapport
à ces communautés en termes de dissémination de
l'information?
M. Marois: Je vais tout de suite prendre le dernier morceau de la
question du député pour dire: Oui, effectivement, sur le plan
particulier de l'information, il s'est fait un très gros travail,
colossal, pour faire en sorte d'assurer la meilleure information, la meilleure
communication et de faire connaître non seulement les droits, mais aussi,
forcément, les obligations des uns et des autres en vertu de la Loi sur
les normes de travail auprès de plusieurs groupes ethniques.
M. le président me corrigera si je me trompe, mais le travail
n'est, d'ailleurs, pas terminé; il va continuer auprès des
travailleurs grecs, en particulier, si ma mémoire est bonne. Je me
souviens de les avoir rencontrés moi-même. Toute l'information de
base va au moins être traduite dans les cinq langues des principales
communautés culturelles ethniques. L'essentiel serait terminé en
fin de juin. Il y a eu aussi des contacts avec les groupes en question. Il
s'est fait beaucoup de travail. Il faut dire qu'il y avait du rattrapage
à faire de ce côté-là aussi. Cela pour prendre un
bout de la question du député. Ce serait peut-être
intéressant - je jette cela en vrac, pour fins de comparaison et je suis
certain que M. Bergeron se fera un plaisir de répondre pour apporter les
précisions - de constater que les enquêtes sur plaintes, il y en a
eu 10 181 en 1981-1982; qu'en 1982-1983, il y en a eu 14 845, donc, à
toutes fins utiles, 4700 de plus. Ce qui est aussi intéressant, c'est
que cela montre que, depuis l'effort d'information, de contact,
d'échanges, de rencontres que la commission a fait aussi bien avec des
groupes de travailleurs que les employeurs, les plaintes non fondées,
c'est-à-dire sans infraction après enquête, ont
diminué. En 1981-1982, il y en avait environ 21% sur 10 181; en
1982-1983, il n'y en avait que 14%, 2112 sur 14 845. Cela indique que les
plaintes sont davantage des plaintes bien ciblées. On voit aussi que le
nombre de salariés qui déposent des plaintes a augmenté.
C'étaient 15 478 en 1981-1982, 23 570 en 1982-1983. Le montant total
réclamé après enquête atteignait presque 16 000 000
$ la dernière année, 15 970 000 $ et des bricoles. Tout de suite,
3 600 000 $ ont pu être perçus après enquête, et 12
345 000 $ ont été réclamés par poursuite. Cela,
sans compter un volet qu'a développé la commission. C'est
nouveau, on ne peut pas encore comparer avec l'année antérieure.
Il s'agit des enquêtes dites de prévention. Sur une base
régionale à partir d'un examen préalable des principaux
types de plaintes dans une région donnée, la commission
procède à des enquêtes de prévention. Il y en a eu,
dans la dernière année, 4577.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a un domaine particulier qui semble
faire plus l'objet de plaintes ou si c'est réparti de façon
uniforme?
M. Marois: Je vais laisser M. le président vous
répondre.
Dans la dernière année - je n'ai pas les statistiques
détaillées - et compte tenu de la situation économique, ce
sont certainement les questions de préavis dans les cas de licenciement
ou de mise à pied.
M. Sirros: Par rapport au type de plaintes. Mais est-ce qu'il y
avait un domaine de l'économie en particulier, un secteur industriel
particulier?
M. Marois: Cela varie dans chacune des régions, selon la
région et l'activité régionale. Globalement, cette
année, on n'a pas encore fait suffisamment l'analyse des statistiques
pour pouvoir vous donner des indications à ce sujet.
M. Sirros: Je me rappelle, il y a quelques années, on
faisait état de la presque impossibilité d'appliquer les normes
minimales de travail sur le champ, étant donné le nombre
limité d'inspecteurs et d'enquêteurs. Je remarque qu'il y a eu une
augmentation, je pense, considérable par rapport aux chiffres initiaux
qu'on avait. Est-ce que vous jugez, à l'heure actuelle, qu'il y a lieu,
j'imagine, de faire plus? On a déjà fait des pas en avant dans ce
sens. Je reviens à la question des secteurs particuliers. Je pensais
surtout à la Loi du salaire minimum où il semblait y avoir,
surtout au niveau du temps partiel, souvent dans certains secteurs comme la
restauration, par exemple, des problèmes particuliers. Est-ce que vous
avez décelé, dans l'année qui vient de passer, ce genre de
situation de nouveau?
M. Marois: J'ai de la difficulté à comparer avec la
Loi du salaire minimum parce que je n'étais pas là avant.
Toutefois, je pense que, selon les informations que j'ai
eues, la Loi du salaire minimum manquait de dents, de pouvoirs.
L'étendue de la couverture des normes était restreinte au salaire
minimum, au temps supplémentaire et, dans les dernières
années, aux congés de maternité. Tandis que la nouvelle
Loi sur les normes de travail contient certains recours dans les cas de
congédiements illégaux, des recours dans des cas de
congédiements sans cause juste et suffisante, des préavis de
licenciement. Les pouvoirs persuasifs, si je peux dire, ou les
pénalités ont été augmentées de façon
appréciable.
Je pense que, à l'heure actuelle, on est en mesure de
répondre, dans des délais assez restreints, à l'ensemble
des plaintes qui nous sont soumises. Par exemple, l'année
dernière, au moment où on a eu une campagne d'information
télévisée qui a attiré un certain nombre de
plaintes, qui a attiré l'attention des salariés sur la Loi sur
les normes de travail, a eu une augmentation temporaire des plaintes et on a pu
répondre, je pense, dans des délais très raisonnables
à ces gens. Les délais qui sont actuellement occasionnés,
qui paraissent très onéreux pour les salariés, ne
dépendent pas nécessairement de la Commission des normes du
travail parce que, après enquête, si l'on n'a pu réclamer
le montant qui est dû au salarié de l'employeur, on doit exercer
le recours pour le salarié devant les tribunaux civils, soit la Cour
provinciale ou la Cour supérieure selon le montant de la
réclamation. A ce moment, on est traité comme tout autre citoyen:
il faut attendre notre tour au rôle des causes. Il y a des délais
qui sont en dehors de notre contrôle.
Le Président (M. Vallières): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je suis en retard. Peut-être
que vous en avez traité, mais pour donner suite à la question de
mon collègue de Laurier - malheureusement, je n'ai pas pris connaissance
de votre rapport annuel sur la Commission des normes du travail et
peut-être que je peux trouver cela à l'intérieur - dans le
cas du travail en service domestique, est-ce une catégorie de
travailleurs de la part desquels vous avez beaucoup de requêtes à
la commission?
M. Marois: Ce n'est pas, à ma connaissance, le secteur
où l'on a le plus de plaintes. Dans le travail domestique, la loi ne
couvre pas les gardiens ou gardiennes d'enfants ou de personnes
âgées à leur domicile. Le loi couvre seulement les
domestiques, c'est-à-dire ceux qui font du travail à domicile
dans le logement d'un employeur qui n'est pas une entreprise
rémunératrice. Cela limite déjà l'intervention aux
domestiques et le nombre de plaintes n'est pas très grand dans ce
secteur.
Mme Lavoie-Roux: Pourtant, c'est un secteur où des
problèmes avaient été soulevés. On savait au point
de départ que ce serait plus difficile d'exercer une certaine
surveillance sur ce secteur. En temps de chômage aigu comme celui qu'on
connaît, c'est un domaine où les gens peuvent facilement
être exploités. Est-ce qu'on peut nous dire si de votre
côté vous ne répondez qu'aux plaintes qui vous sont
présentées ou si vous prenez l'initiative de certaines formes de
surveillance?
M. Marois: J'ai évoqué tout à l'heure ce
sujet qui est un volet d'activité extrêmement important et nouveau
de la commission. C'est difficile de comparer avec les années
antérieures. Je donnais certains chiffres de base pour fins de
comparaison et il y en a certains qui, évidemment, n'étaient pas
encore rendus publics, puisque cela va venir dans le rapport annuel.
On s'aperçoit que la commission mène maintenant des
enquêtes de prévention en région. Ses cibles sont
établies à partir du genre et du type de plaintes
prépondérant dans une région donnée. Elle fait donc
des enquêtes de prévention dont la nature varie d'une
région à l'autre à la lumière de ce que je viens de
dire. Pour l'année qui s'est terminée il y en a eu 4577, ce qui
rejoint donc la préoccupation de Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a qui se feraient dans le
domaine du travail à domicile?
M. Marois: C'est très difficile de planifier des
activités de visites de prévention dans le domaine du travail
à domicile parce qu'on n'a aucune donnée sur les employeurs. Cela
ne nous est pas possible. Je pense que cela ne nous serait pas permis de dire
qu'on fait du porte-à-porte pour visiter les résidences où
il y a des travailleurs domestiques. Ce ne sont pas des employeurs qui sont
enregistrés chez nous. Quand on parle de prévention dans le
secteur industriel, la très grande majorité des employeurs sont
enregistrés chez nous comme employeurs. À partir de cela et des
données d'analyse des plaintes, on peut, par région,
déterminer des secteurs d'activités où il y a lieu de
faire de la prévention.
Alors, dans le domaine des travailleurs domestiques, ce qu'on a fait,
c'est de la publicité, de la documentation. On est présent
à plusieurs expositions régionales pour distribuer de
l'information. On a enregistré, l'année dernière, une
émission de télévision qui a circulé sur les
réseaux privés et sur les réseaux du câble; cela
portait exclusivement sur les conditions de travail des domestiques pour
essayer de favoriser l'information. On traite systématiquement
toutes les plaintes qui sont portées à l'attention de la
commission. Toutes les plaintes sont reçues et analysées. Si, au
premier examen, elles sont bien fondées, il y a enquête pour
déterminer plus précisément le montant de la
réclamation.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le nombre de plaintes que vous auriez
reçues au cours de l'année qui vient de s'écouler?
M. Marois: Le nombre d'enquêtes? Je ne l'ai pas en
détail pour les domestiques, mais le nombre total d'enquêtes a
été de 14 845.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais sur le service domestique?
M. Marois: Je n'ai pas le renseignement, parce que ce sont des
données préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: Et des plaintes touchant le congé de
maternité, vous en recevez beaucoup?
M. Marois: Pour les congés de maternité, on n'a pas
toutes les statistiques non plus. Le recours peut se faire directement devant
le commissaire du travail. La loi prévoit que le recours se fasse
auprès du commissaire du travail et, s'il se fait chez nous, c'est comme
s'il avait été fait devant le commissaire du travail. Nos
statistiques à ce sujet sont incomplètes. On n'a pas le nombre
total exact.
Je pense que c'est là un élément important non
seulement pour les congés de maternité, mais, quelle que soit la
nature de la plainte, les chiffres qu'on aura, au fur et à mesure que
les données seront disponibles à la commission, ne
témoigneront jamais de la portée réelle de la loi parce
que la loi, reconnaissant un certain nombre de droits, ne fait pas
nécessairement un devoir et une obligation, comme procédure, de
passer par la commission. Il y a d'autres types de recours que quelqu'un peut
exercer. M. Bergeron vient de donner l'exemple du commissaire du travail.
Effectivement, il y en a qui vont directement là. D'autres passent par
la commission et la commission donne un coup de main dans l'intervention au
niveau du commissaire. Ce sera toujours extrêmement difficile d'en
arriver à évaluer, en nombre, la portée ou les
retombées réelles de la loi dans ce contexte.
Mme Lavoie-Roux: II y aurait, quand même, moyen de faire
une ventilation à l'intérieur des plaintes que la commission
reçoit directement, quant à la nature des plaintes.
M. Marois: Oui, cela est possible. Oui.
Mme Lavoie-Roux: En se disant que ce serait peut-être plus
élevé si on tenait compte de celles qui vont directement au
Tribunal du travail.
M. Marois: Oui. Ces données vont être disponibles
dans environ un mois. On est en train de préparer le rapport annuel.
Il faudra prendre note de m'en transmettre une copie pour que je puisse
la transmettre à Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Sirros: En sachant, d'ailleurs, que la commission mise sur
l'implantation de nouveaux systèmes informatiques, ce qui, j'imagine, va
permettre d'avoir ce genre de données plus rapidement.
M. Marois: Cela va nous permettre d'avoir des statistiques ou des
données à peu près instantanées, tandis qu'à
l'heure actuelle on fonctionne encore par compilation manuelle. Cela est plus
complexe, plus onéreux et plus difficile à équilibrer
aussi.
Le Président (M. Vallières): Alors, cela termine ce
programme?
M. Marois: Je voudrais remercier M. Bergeron et vous tous.
Le Président (M. Vallières): On pourrait maintenant
procéder...
M. Marois: Je comprends, M. le Président, qu'on revient au
programme 1.
Le Président (M. Vallières): Au programme 1,
exactement. Il n'y avait pas de programme précis pour ce dont on vient
de discuter? Alors, programme 1, élément 1.
Direction et gestion
M. Sirros: Est-ce que je peux poser une question
là-dessus?
Le Président (M. Vallières): M. le
député.
M. Sirros: II y a 80 000 $ destinés à l'organisme
qui s'appelle Conférences internationales de développement
social. Qu'est-ce que c'est? (20 h 30)
M. Marois: II s'agit d'une conférence internationale qui a
lieu tous les deux ans et qui aura lieu à Montréal en 1984. Cette
conférence aura lieu au Canada pour la deuxième fois de son
histoire. L'emplacement au Canada a été décidé l'an
dernier. Trois villes étaient en compétition pour l'obtenir,
à savoir Toronto, Vancouver et Montréal, et la conférence
aura lieu effectivement à
Montréal, au Palais des congrès. Pour permettre
l'organisation de la conférence, le gouvernement du Québec a
accepté, comme cela se fait par tous les pays hôtes
traditionnellement, de verser une subvention à l'organisation
internationale. Les 80 000 $ prévus représentent le montant de la
subvention pour l'année 1983-1984. Il y a eu une subvention de 50 000 $
qui a été versée en 1982-1983 et une autre d'un autre
montant sera versée en 1984-1985. Le montant total de la subvention, si
ma mémoire est bonne, s'élève à 250 000 $.
M. Sirros: De quoi va-t-on traiter à cette
conférence, pour 250 000 $?
M. Marois: C'est une conférence internationale qui
regroupe les intervenants dans le domaine des services sociaux principalement.
En même temps que cette conférence, ont lieu également deux
autres réunions internationales, celle des travailleurs sociaux et celle
des écoles de service social. Alors, les trois conférences auront
lieu en même temps, fin juillet et les deux premières semaines
d'août, à Montréal, en 1984. On s'attend qu'il y ait
environ 3000 personnes qui participent aux trois conférences. Le
thème de la conférence de Montréal n'est pas
complètement déterminé à ce moment-ci parce qu'il
est déterminé par chacun des organismes concernés. Le
thème majeur à Montréal tournera autour des changements
dans les programmes sociaux compte tenu des conjonctures économiques
internationales.
M. Sirros: D'accord. Cela va à l'élément
1?
Le Président (M. Vallières): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vallières): Élément
2?
Mme Lavoie-Roux: Quels sont les projets de recherche que vous
avez en tête ou que vous êtes en train de faire?
M. Marois: Vous avez eu un exemple de ces projets de recherche,
cet après-midi, lorsque le ministre a déposé
l'étude sur les pénuries de main-d'oeuvre prévues pour
1984. Il y a également des recherches dans le secteur de la
main-d'oeuvre, sur la mobilité de main-d'oeuvre d'une région
à l'autre au Québec. Il y a aussi, de façon
régulière, des études qui sont faites sur
l'évolution du marché du travail dans chacun des secteurs
industriels de chacune des régions du Québec. Ces études
sont, d'ailleurs, publiées dans la revue mensuelle, Le marché du
travail, un projet de collaboration entre le ministère du
Travail et celui de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Il y a également des études qui sont faites pour tenter
de prévoir de façon systématique l'évolution de la
demande et de l'offre de travail dans chacune des disciplines et professions
pour l'avenir; il s'agit d'un projet conjoint auquel nous participons avec les
autres provinces canadiennes et le gouvernement canadien. Nous faisons
également des recherches dans le secteur de la sécurité du
revenu, quoique, de ce côté, nous travaillons beaucoup en
collaboration avec certains centres de recherche universitaire comme
l'Université Laval, soit dans l'évaluation de programmes ou dans
la simulation de l'évolution des clientèles dans les divers
programmes que nous administrons.
M. Sirros: À l'élément 2, quand vous
expliquez les écarts budgétaires, vous parlez
spécifiquement d'une enquête, au coût de 21 000 $, sur les
mouvements de la main-d'oeuvre. Les mouvements de la main-d'oeuvre en termes de
quoi? En termes de géographie ou de nature de travail?
M. Marois: En termes géographiques entre les diverses
régions du Québec, de même qu'en termes de secteurs
industriels. C'est la première fois que cette étude se
réalisera. Nous planifions de l'amorcer au cours de l'année
1983-1984.
M. Sirros: Ce n'est pas en marche présentement?
M. Marois: Cela s'amorcera pour la première fois cette
année.
M. Sirros: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'y ajouterez pas le volet de la
mobilité vers l'extérieur du Québec ou vers
l'intérieur du Québec?
M. Marois: La mobilité géographique à
l'intérieur du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Marois: Non, nous ne prévoyons pas
spécifiquement d'étudier l'émigration ou l'immigration, si
on veut...
Mme Lavoie-Roux: Au plan travail, oui.
M. Marois: ...de la main-d'oeuvre, quoi qu'il est possible que
nous puissions avoir des données plus précises sur ces questions
dans le développement de nos travaux. Mais, à ce moment-ci nous
n'avons pas de données précises là-dessus parce que,
à cause de la conjoncture économique, il y a effectivement
beaucoup de personnes qui ont été mobiles, par exemple, qui se
sont dirigées vers
l'Ouest - pas seulement du Québec, mais des provinces de
l'Atlantique aussi spécialement, également de l'Ontario - et qui
à cause de la conjoncture, spécialement par suite de l'abandon de
grands projets en Alberta, sont revenues soit au Québec, soit dans les
provinces de l'Atlantique, soit en Ontario.
M. Sirros: Je ne sais pas trop à quel
élément cela vient, mais dans le livre vert que vous nous avez
fourni, il y avait une série de contrats alloués en bas de 25 000
$. C'est peut-être ici la place pour en discuter dans le programme 1. Il
y a quelques petites choses qui m'ont frappé là-dedans; entre
autres, par curiosité, j'ai remarqué que vous avez fait faire des
préparations d'énoncés de principe en vue d'une politique
de plein emploi au Québec à quatre personnes
différentes.
M. Marois: Non. Quatre personnes différentes travaillant
en collaboration. Je pense que simplement les noms de ces personnes indiquent
déjà qu'on a essayé d'aller chercher des gens - je pense
que maintenant les noms d'un certain nombre de ces personnes commencent
à être largement connus au Québec, ce qui n'était
pas le cas il n'y a pas si longtemps - hautement qualifiés dans le
domaine des recherches qui se font sur les possibilités de mise au point
de ce qu'on appelle une politique de "plein emploi" - parce que l'expression me
fait toujours sursauter - sur ce qu'il est possible de faire même dans un
cadre de juridiction provinciale, au moins sur ce qu'il est possible d'amorcer.
On poursuit nos travaux. Il y a déjà eu une fuite d'un document
de travail. C'était au début de décembre, si ma
mémoire est bonne. Bref, ce sont donc quatre personnes qui ont
travaillé pour nous, en équipe.
M. Sirros: II y a également une autre recherche qui a
été faite - j'aimerais savoir si c'est possible d'en avoir copie
- sur les charges sociales et autres contributions obligatoires
supportées par les entreprises canadiennes et américaines, par
les services actuariels Poulin pour 10 000 $.
M. Marois: C'est une étude faite par M. Poulin, qui est un
actuaire et qui travaille aussi bien au Québec qu'aux États-Unis.
Est-ce qu'il serait possible d'en avoir une copie?
M. Sirros: C'est la question.
M. Marois: Vous ne l'avez pas déjà,
celle-là? Je prends note.
M. Sirros: Y a-t-il quelque chose de caché
là-dedans?
M. Marois: Je vais regarder, puis, à moins qu'il n'y ait
vraiment des éléments de nature très confidentielle: noms
d'entreprises ou je ne sais pas quoi... Il faudrait vraiment que je revoie le
texte. Je n'aurais pas d'objection de principe à vous en transmettre une
copie. Si vous tenez à faire une conférence de presse, vous
m'avertirez avant, on ira la faire ensemble.
M. Sirros: Je vous inviterai.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait la faire ensemble.
M. Sirros: Par curiosité, dans le même document,
page 41, vous avez "les médecins assesseurs de la Commission des
affaires sociales pour les cas d'appel. J'aurais peut-être dû poser
ma question tout à l'heure. Il y a un médecin qui s'appelle
Voyages la cité Inc.
M. Marois: Oui, j'ai posé la même question que vous
quand j'ai vu cela.
Mme Lavoie-Roux: II est bon marché, celui-là.
M. Marois: II est bon marché. En fait, vers le milieu de
cette même liste, vous avez, je présume, un docteur -
forcément, c'est un médecin. Ducic, Slobodan. Vous avez sa note;
Voyages la cité, ce sont des frais de voyage. C'est un montant
payé directement à Voyage la cité Inc. pour le voyage de
M. Ducic, Slobodan, médecin assesseur, dans le cadre de ses fonctions.
J'ai la réponse en même temps que vous, d'ailleurs.
M. Sirros: On va revenir sur cela à l'aide sociale. Je
pense que cela va.
Le Président (M. Vallières): II n'y a rien d'autre
au sujet de l'élément 2?
Mme Lavoie-Roux: Non. M. Sirros: Non.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que
l'élément 2 est adopté?
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
Élément 3, Réseau Travail-Québec?
M. Sirros: La seule chose que j'ai notée à
l'élément 3, c'est que les frais de communications sont à
la baisse.
M. Marois: Les frais de? M. Sirros: Communications.
M. Marois: Les frais de communications sont à la baisse,
oui.
M. Sirros: Bravo.
M. Marois: Je ne vous cacherai pas qu'il va falloir regarder
cela. Les frais de communications sont à la baisse, M. le
député.
M. Sirros: Par contre, vos fournitures augmentent. J'étais
curieux de savoir ce qui expliquait la diminution.
M. Marois: Le gros morceau, pour répondre
précisément à la question, ce sont les timbres; la
réduction sur les coûts des timbres-poste. C'est cela.
M. Sirros: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez être obligé de
distribuer cela à vos propres électeurs de porte en porte.
M. Sirros: Je pense qu'on peut adopter celui-là aussi.
Le Président (M. Vallières):
L'élément 3 est-il adopté?
M. Marois: Oui. M. le Président, cela m'avait fait
sursauter, vous avez aussi "voyages". Vous avez une page, la page 11 de votre
document, sur les "voyages". Le ministre a-t-il voyagé? Si oui, combien
cela a-t-il coûté?
M. Sirros: Oui, cela m'a frappé. Vous n'avez pas beaucoup
voyagé.
M. Marois: Non, je suis un des ministres qui voyagent le
moins.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui m'a surtout frappé, c'est que cela
ne vous a pas coûté cher pour aller en Alberta.
M. Marois: C'est également ce qui m'a frappé, parce
que la question que je me suis posée est la suivante: Ai-je payé
cela de ma poche? J'ai demandé un relevé et il y a une correction
à apporter.
Mme Lavoie-Roux: C'est le chiffre 1 qui va devant le chiffre
2.
M. Marois: Non, quand même! Nous étions deux
personnes, moi et une attachée politique, Mme Suzanne Sauvé.
Correction: à la lumière du CT, le ministre, frais de
séjour, deux per diem et un souper, 210,65 $, plus les frais de
transport, 710 $, pour un total de 920,65 $. Qu'est-ce que c'était?
Mme Lavoie-Roux: La conférence
fédérale-provinciale.
M. Marois: La conférence
fédérale-provinciale. L'attachée politique, frais de
séjour, 185,55 $; transport, 731 $. La différence avec 710 $ - on
a pourtant pris le même avion - doit être 21 $ de frais de taxi, je
présume, pour les déplacements là-bas. Le total: 1837,20
$.
Mme Lavoie-Roux: Cela coûte 700 $, maintenant, pour aller
en Alberta.
M. Marois: Si vous saviez, madame, le temps que cela prend pour
revenir, surtout quand on accroche la "run" de nuit.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que
l'élément 3 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: L'augmentation des fournitures, qui est quand
même considérable, est causée par quoi?
M. Marois: Excusez?
Mme Lavoie-Roux: Elles augmentent de 43%.
M. Marois: L'augmentation des fournitures. Excusez-moi, cela ne
sera pas long, je vais vous trouver la réponse. On me dit que c'est
8,5%.
Mme Lavoie-Roux: Que c'est 8,5% d'augmentation. (20 h 45)
M. Marois C'est cela? C'est 8,5%?
Vous savez que, en 1981-1982, nous avons procédé à
un transfert d'effectifs, d'équipement et de crédits du
ministère des Affaires sociales vers le ministère de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu à la suite de
l'intégration de la Sécurité du revenu au ministère
de la Main-d'oeuvre. Évidemment, lorsque nous avons effectué ce
transfert, nous l'avons fait à la suite de négociations qui ont
été relativement longues, quoiqu'elles se soient bien
déroulées, entre le ministère des Affaires sociales et
notre ministère.
Les dernières choses que nous avons négociées, ce
sont les budgets relatifs aux formulaires, aux équipements, etc. Nous
avons réalisé en cours de route que nous devions procéder
à certains réaménagements à l'intérieur des
sommes qui nous avaient été transférées pour
pouvoir faire face à nos coûts au niveau des fournitures. Il y a
donc ici, comparativement au budget de l'an dernier, un certain
réaménagement, à l'intérieur de cette grande
catégorie fonctionnement autres dépenses, entre certaines des
catégories qui y apparaissent, de sorte que le montant de 43% que
l'on
voit là est relativement artificiel, de même que les
diminutions de 23% sont aussi relativement artificielles. Nous avons
tenté cette année de traduire dans notre budget de la
façon la plus exacte possible les coûts que nous prévoyons
encourir pour chacun des éléments qui y sont
mentionnés.
Mme Lavoie-Roux: On examinera cela l'an prochain.
M. Marois: Oui.
M. Sirros: Est-ce que c'est la même chose pour la
catégorie services, à 104%? Pouvez-vous me donner une idée
de ce que vous entendez par services dans ce poste budgétaire?
M. Marois: Je m'excuse?
M. Sirros: On expliquait pour les autres que c'était
effectivement une augmentation artificielle. Je me demandais si c'était
la même chose pour les 104% d'augmentation à la catégorie
4, services. Qu'est-ce qu'on entend par services dans ce poste
budgétaire?
M. Marois: II s'agit principalement d'un service contractuel pour
payer des personnes de l'extérieur qui viennent nous donner un coup de
main au niveau de l'informatique sur des éléments très
particuliers de nos systèmes informatiques. En 1983-1984, nous allons
compléter le développement du système informatique pour le
placement dans nos centres Travail-Québec. Nous l'avons commencé
en 1982-1983 et nous allons, espérons-le, le compléter en
1983-1984. Nous avons dû avoir recours, pour ce faire, à du
personnel spécialisé de l'extérieur du
ministère.
M. Sirros: Elément 3, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Elément 3,
adopté. Maintenant, élément 4.
M. Sirros: À l'élément 4, catégorie
capital autres dépenses, équipement, il y a une augmentation de
960% par rapport au système informatique. Dans les notes explicatives au
sujet de l'écart, je pense, on parlait d'un changement du plan de
location-achat. Est-ce que l'augmentation est due uniquement au changement de
plan ou est-ce que la capacité a été augmentée
aussi?
M. Marois: C'est uniquement le changement de location-achat.
L'autre changement que vous avez évoqué est exact, mais il n'y a
pas de différence de coût. Si l'on veut vraiment comparer des
choses qui se comparent, à la lumière des explications fournies
par le sous-ministre - c'est une nouvelle façon qu'a
développée le Conseil du trésor de comptabiliser les
morceaux - il faut prendre la catégorie 6, loyers, de 3 488 000 $
à 2 597 000 $, et la combiner avec la catégorie
équipement. Si vous prenez, pour 1982-1983, 3 488 000 $, plus 272 000 $
à équipement, on arrive à 3 700 000 $. Si vous prenez,
pour 1983-1984, 2 597 000 $, plus équipement 1 497 000 $, vous allez
arriver à peu près à 4 000 000 $. Donc 3 700 000 $ et 4
000 000 $. Essentiellement, c'est que vous avez un déplacement de ce
qu'on appelle les achats-locations qui sont maintenant comptabilisés.
Ils étaient insérés dans l'élément loyers et
se trouvent maintenant à l'élément équipement.
Si vous prenez le livre des crédits, vous allez le voir
très clairement.
M. Sirros: Où se trouve ce dont vous parlez?
M. Marois: Dans le livre des crédits. M. Sirros:
Oui.
M. Marois: À la page 22-2. Vous l'avez?
M. Sirros: Oui.
M. Marois: Si vous prenez la page 22-2, vous avez les mêmes
sous-éléments. Complètement à droite, vous avez la
colonne 1982-1983 et, à gauche, la colonne 1983-1984. Si vous prenez
l'élément 6, loyers, et l'élément 8,
équipement, c'est la combinaison, l'addition des deux qui va vous
donner, au bilan, l'évolution réelle parce que des
éléments, comme l'informatique, qui se trouvaient à un
poste comptable, ont été déplacés dans un autre
poste comptable. Cela apparaît à la page 14 de votre bouquin bleu.
C'est la reproduction des mêmes données, à la page 14, pour
l'ensemble du programme.
M. Sirros: D'accord.
M. Marois: D'accord?
M. Sirros: Alors, l'élément 4, cela va.
Le Président (M. Vallières): Alors,
l'élément 4 est adopté?
M. Marois: Donc, je comprends que le programme 1 et ses 4
éléments sont adoptés, M. le Président.
Le Président (M. Vallières): Exactement. Le
programme 1 est adopté au complet.
M. Marois: Les programmes 2 et 3 sont adoptés. Le
programme 4.
Le Président (M. Vallières): Le programme 4.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Vallières): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...est-ce qu'on me permettrait, même si
c'est adopté, de poser une question d'information sur le fonctionnement
du Régime de rentes du Québec?
Est-il exact que, si une personne, une femme est admissible - cela
pourrait être un homme, mais ce sont généralement des
femmes - à la rente de son conjoint décédé, qu'elle
atteint 65 ans et qu'elle reçoit la sécurité de vieillesse
et possiblement le supplément de revenu garanti, ou une partie, on lui
soustrait une partie des rentes du Québec?
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est fondé sur quoi, cela?
M. Marois: La loi a été conçue comme cela,
à l'époque. À partir de 65 ans, il n'y a plus de rente de
conjoint survivant. Il n'y en a plus. La loi a été faite comme
cela à l'époque. C'est un élément qui fera
possiblement partie de la révision du régime de rentes.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je suis satisfaite de votre
réponse. Je n'étais pas au courant et cela m'a
étonnée quand on me l'a dit. Je me dis que, dans le fond, le
conjoint aura contribué au Régime de rentes pendant dix ans, au
moins, et peut-être éventuellement pendant vingt-cinq ou trente
ans - et que la moitié - enfin, quelle que soit la proportion que l'on
verse; on donne aussi un montant fixe, comme on me l'a expliqué tout
à l'heure - elle, peut peut-être ne la retirer qu'un an, alors que
lui, n'aura retiré sa rente peut-être qu'un an ou deux. Il
décède et après, cela n'existe plus. Cela m'apparaît
assez... En tout cas, si vous me dites que vous allez en tenir compte dans la
révision, ce serait peut-être un moyen pour que les personnes de
65 ans et plus soient moins pauvres.
M. Marois: Je n'ai pas dit que nous changerions cela, j'ai dit
que ce serait un des éléments qui seraient touchés dans le
cadre de la révision. Il faut dire que l'ensemble du régime de
rentes fonctionne comme un régime d'assurance sociale et que les
montants que chacun verse ne seront pas nécessairement retournés
à celui qui contribue ou à ses descendants, comme c'est le cas
pour l'assurance privée. C'est un régime où tout le monde
cotise pour assurer les risques de l'ensemble des personnes.
Mme Lavoie-Roux: Prenez les régimes de retraite,
même ceux de l'État; si on prend un enseignant, par exemple, qui
paie ses cotisations, il peut retirer sa pension ou non, suivant l'âge
où il décédera. Je pense que le conjoint survivant
continue de recevoir, sa vie durant, 50% de la pension. C'est le même
principe qui vaut dans ce cas comme dans l'autre.
M. Marois: C'est un régime privé qui s'applique aux
employés du secteur public, mais c'est vraiment un régime qui est
de la même nature que les régimes supplémentaires de rentes
qui sont des régimes privés. Il y a des principes qui sont un peu
différents dans le cas du Régime de rentes du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Parce que dans le cas du Régime de rentes
du Québec, les deux parties y contribuent aussi. Ce n'est pas comme si
c'était strictement un régime entièrement payé par
l'État. D'accord.
M. Gagnon: M. le Président...
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: ...dans le cas du Régime de rentes du
Québec, la personne survivante continue à retirer, je pense,
37,5% à 65 ans. Est-ce que c'est cela? 70% jusqu'à 65 ans, et
cela diminue ensuite à 37,5%, oui ou non?
M. Marois: II faudrait que je vérifie.
M. Gagnon: Elle continue, tout de même, à retirer un
pourcentage; je crois que c'est 37%.
Mme Lavoie-Roux: Si vous n'avez pas la réponse, ce sera
pour une autre fois. Est-ce que c'est le même principe qui vaut dans les
autres provinces, dans le cas de l'application du Régime de pensions du
Canada?
M. Marois: À ma connaissance, c'est identique parce que
cette clause est dans le Régime de rentes depuis le tout début.
Au point de départ, les deux régimes, le Régime de rentes
du Québec et le Régime de pensions du Canada étaient
vraiment, à toutes fins utiles...
Mme Lavoie-Roux: Identiques.
M. Marois: ...identiques.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, merci.
Le Président (M. Vallières): Nous pourrions
maintenant passer au programme 4:
Allocations familiales.
Allocations familiales
M. Marois: Programme 4: Allocations familiales. Il y deux
éléments à ce programme, soit les allocations familiales
de base et les allocations familiales supplémentaires pour enfants
handicapés. Je me permets de rappeler que, dans ce cas -je tiens
à le signaler parce que ce n'est pas toujours su - on a apporté
un amendement...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez élargi.
M. Marois: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez élargi.
M. Marois: Oui, on a élargi le programme d'allocations
familiales supplémentaire pour enfants handicapés. Autrefois,
c'était uniquement en matière de réadaptation, de
rééducation. L'objectif de la modification était de rendre
admissibles des enfants dont l'état de santé nécessite la
mise en place de mesures spéciales en matière de
réadaptation, de rééducation ou de scolarisation, alors
qu'antérieurement il fallait une combinaison de ces facteurs, ce qui,
forcément, a entraîné par voie de conséquence -
c'est l'objectif de l'amendement - l'élargissement de la
clientèle. En décembre 1982, 9625 enfants
bénéficiaient du programme, alors qu'on prévoit en
atteindre 11 800.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'on ne multiplie pas les
enfants handicapés, par exemple, n'est-ce pas? Autant j'ai
protesté contre l'étroitesse du régime d'allocations
familiales pour les enfants handicapés, qui était vraiment trop
restrictif au point de départ, il ne faudrait pas l'élargir au
point où tous les enfants sont considérés comme
handicapés, non plus.
M. Marois: Non. Quand on parle d'une perspective pour 1983-1984
de 11 800 sur 1 689 000 enfants, cela ne me paraît pas parti, comme
dirait le premier ministre, comme une équipe de matelots en goguette,
mais répondre vraiment à des choses qui paraissaient
fondées, où vraiment il y avait des gens qui étaient
laissés pour compte. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'on y introduisait la notion de
déficience mentale, n'est-ce pas? Alors, c'est à quel niveau de
déficience mentale?
M. Marois: Les critères sont très précis
dans ce programme. Je n'oserais pas m'aventurer sur la mesure exacte. Mais,
c'est une chose qui est facilement disponible. D'ailleurs, c'est dans la
réglementation même.
Mme Lavoie-Roux: Je la regarderai, d'accord.
M. Sirros: Je me demande si ce n'est pas l'occasion de vous
demander de nous dire quelques mots sur la situation de la politique de la
famille?
Mme Lavoie-Roux: C'est M. Lazure, cela, aux relations avec les
citoyens.
M. Sirros: Les citoyens?
M. Marois: Oh, pour cela, il faudrait poser la question... Je
m'excuse de vous référer là, mais celui qui a
charge...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre chargé des relations avec les
citoyens.
M. Marois: ...de la mise au point de cette politique, c'est mon
collègue, le ministre d'État chargé des relations entre
l'État et les citoyens. C'est lui qui est le responsable, le parrain du
projet. Bien sûr, on apporte notre contribution. Les gens de chez nous
travaillent, donnent un coup de main. Je m'excuse de vous référer
là, mais...
M. Sirros: Est-ce que vous avez eu l'occasion de penser à
toute la question de l'universalité des programmes, en particulier quand
on parle des allocations familiales?
M. Marois: Oui.
M. Sirros: Très bien. Est-ce que vous pourriez...
Mme Lavoie-Roux: Expliquer un peu? M. Sirros:
...l'expliquer un peu? M. Marois: Non. Des voix: Ah! Ah!Ah!
M. Sirros: C'est la première fois qu'il est court.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est la première fois qu'il est
court. Quand il ne veut pas répondre, il est bref.
En décembre 1981, si ma mémoire est bonne...
M. Marois: On ferme à 9 h 20, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: ...il y avait eu une espèce de bill
omnibus dans lequel on avait modifié certaines dispositions de la Loi
sur l'aide sociale et de la Loi sur les allocations familiales,
prévoyant que les allocations
familiales ne seraient plus indexées automatiquement.
M. Marois: C'est-à-dire donnant pouvoir au gouvernement de
décréter et d'établir le niveau annuel d'indexation.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, cette année-là, elles
n'avaient pas été indexées?
M. Marois: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: On en avait pris une partie qui avait
été récupérée par les enfants
handicapés et l'autre partie était allée à
l'indexation semestrielle des prestations de l'aide sociale. Enfin, cela
faisait une différence de quelque 20 000 000 $, de mémoire. C'est
vraiment de mémoire. Mais, cette année...
M. Marois: 19 000 000 $ ou 18 000 000 $, probablement.
Mme Lavoie-Roux: Cette année, vous avez indexé de
combien?
M. Marois: On a indexé de 6% l'allocation familiale de
base et on a indexé de 11,2% l'allocation familiale
supplémentaire pour les enfants handicapés.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Vallières): C'est tout pour le
programme 4?
M. Marois: Je m'excuse. Sur la base des chiffres en
décembre 1982, pour répondre à la question de tout
à l'heure de Mme la députée de L'Acadie, sur les 9625 de
l'an dernier, le nombre d'enfants considérés comme
handicapés mentaux était de 2901 représentant 30,1% de
l'ensemble des enfants touchés par le programme.
Mme Lavoie-Roux: En...
M. Marois: En décembre 1982.
Mme Lavoie-Roux: ...décembre 1982.
Le Président (M. Vallières): Ces deux
éléments du programme 4 sont donc adoptés?
M. Marois: Ce qui veut dire après un an
d'élargissement des critères.
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
M. Marois: Éléments 1 et 2?
Le Président (M. Vallières): Éléments
1 et 2, oui.
M. Marois: Donc, programme 4, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Nous passerions
maintenant au programme 5: Allocations de maternité.
Allocations de maternité
M. Sirros: Vous prévoyez une diminution de 2,9%. C'est
à cause de la baisse de...
Mme Lavoie-Roux: Ce doit être à cause du
chômage.
M. Marois: C'est partiellement à cause de la conjoncture
économique.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il y a moins de femmes qui sont
sur le marché du travail. Même si elles deviennent enceintes,
elles ne seront pas couvertes. C'est bien cela?
M. Marois: Quand elles ne sont pas sur le marché du
travail, elles ne sont pas couvertes.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Marois: Quand elles ne sont pas sur le marché du
travail, elles ne sont pas couvertes.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Elles sont pénalisées
deux fois.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Sirros: Est-ce que le ministre a songé à
l'élargissement de l'allocation de maternité pour couvrir les
travailleuses à temps partiel?
M. Marois: On est en train de regarder l'ensemble de la question
et du travail à temps partiel et de ce qu'on appelle le travail
partagé. Il y a aussi ma collègue, la ministre de la Fonction
publique, qui regarde le problème du côté de la fonction
publique et le problème ne se présente pas nécessairement
dans les mêmes termes. On n'est pas suffisamment avancé dans nos
travaux au moment où on se parle pour que je puisse expliciter
longuement. Pour répondre à la question du député,
oui, on travaille sur cette question-là. Il m'apparaît qu'il y a
un certain nombre d'avantages, de bénéfices que n'ont pas
présentement les gens qui travaillent à temps partiel par rapport
à ceux et à celles qui travaillent à temps plein. Soit dit
en passant, en ce qui concerne le congé de maternité, les
travailleuses à temps partiel ne sont pas exclues, cependant.
M. Sirros: Des allocations de maternité?
M. Marois: Oui, cela dépend du niveau de leur
rémunération.
M. Sirros: Cela veut dire que les travailleuses au bas de
l'échelle sont couvertes?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est l'inverse.
M. Sirros: Ce sont les mêmes critères que
l'assurance-chômage. Exactement les mêmes critères.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vois qu'on a tous un
ton très pacifique depuis après le souper, mais je dois dire que
la question des avantages sociaux équivalents pour les travailleurs
à temps partiel par rapport aux travailleurs à temps plein, c'est
un problème dont le gouvernement est saisi depuis - je pense que je
n'exagérerais pas en disant cela - au moins cinq ans et sur lequel,
à chaque année on est revenu. Le gouvernement y est revenu et
c'est toujours à l'état de projet. Je pense bien qu'en parler
pour une cinquième ou une sixième année ne changera pas
grand-chose. Il ne faut pas oublier qu'on est dans un contexte où un
grand nombre d'emplois, particulièrement pour les femmes, se sont
traduits en emplois à temps partiel et j'imagine aussi que cela augmente
du côté des hommes probablement à cause de la conjoncture
économique. La même chose doit valoir pour le temps
partagé, j'imagine. Est-ce qu'on considère le temps
partagé comme étant du temps partiel? Pas nécessairement.
En tout cas, ce sont les philosophies qui sont mises de l'avant et
érigées en principe même dans le discours inaugural. Je me
dis que ce sont des discussions qui doivent aboutir à des
résultats dans les plus brefs délais. Il y a déjà
trop longtemps que cela traîne dans le paysage et le problème
n'est pas allé en s'amenuisant, mais en augmentant. C'est tout ce que je
voulais dire. C'est encore assez pacifique.
Le Président (M. Vallières): Alors, est-ce que le
programme 5 est adopté?
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. VaUières): Adopté. Nous
allons maintenant au programme 6, Prestations d'aide sociale, qui a
été couvert en partie lors des débats de cet
après-midi.
Prestations d'aide sociale (suite)
M. Sirros: J'avais quelques questions là-dessus. Encore
une fois, ce n'est pas tellement sur les montants qui sont ici. Le 12
décembre 1980, un engagement avait été pris par le
sous-ministre Jean-Claude
Deschênes qu'il n'y aurait pas de montants retenus sur les
chèques d'aide sociale pour des montants payés en trop jusqu'au
moment où les bénéficiaires retourneraient sur le
marché du travail. Je ne l'ai, malheureusement, pas apporté avec
moi, mais il semble que cela a été plus ou moins suivi.
Après, il semble qu'il y a eu des cas assez nombreux où le
ministère du Revenu a déduit des montants qui lui étaient
dus sur les chèques d'assistance sociale. Le ministre est-il au courant?
A-t-il des commentaires là-dessus? Je pense, entre autres, au
crédit d'impôt foncier.
M. Marois: Oui. Ici, on me rappelle, parce que je ne me souvenais
pas d'une affirmation comme celle-là de M. Deschênes,
sous-ministre des Affaires sociales, qu'effectivement il avait dit cela, et
pour cause. Parce qu'il n'existait pas de règlement permettant de -
c'est le cas de le dire -réglementer une chose comme celle-là.
À partir de 1981, il y en a eu et diverses formules ont
été mises au point afin que, le cas échéant et
même comme recours ultime, il puisse y avoir compensation dans les cas de
fraude, de mauvaise foi, d'absence d'entente et le reste. Une dette, c'est une
dette; il faut pouvoir la rembourser. Il y a toujours moyen de faire des
ententes. Je sais qu'on a assoupli nous-mêmes - je suis parfaitement au
courant de cela - le règlement pour qu'il n'y ait pas des retenues
systématiques. On a fait parvenir une lettre, il n'y a pas si longtemps,
à près de 63 000 bénéficiaires - je donne le
chiffre sous réserve, mais je ne dois pas me tromper beaucoup - les
avisant des différentes formules et façons possibles de faire les
choses et de la possibilité de prendre des ententes de 10 $ ou 25 $ peu
importe, selon la taille. Effectivement, un pourcentage - je n'ai pas les
chiffres en mémoire relativement important de gens a opté pour
cette façon de faire. Il s'agit d'avances ou, en quelque sorte, de
prêts qui ont été faits. Dans les cas de fraude ou de
mauvaise foi, cela va de soi, le mécanisme est automatique. Dans les cas
d'erreurs qui ne sont pas imputables aux bénéficiaires, on n'en
tient pas compte, c'est effacé. Cela représente, sur
l'année qui se termine, pas loin de 7 500 000 $ ou 8 000 000 $, sous
réserve de me tromper à quelques centaines de milliers de dollars
près, de compensation.
Mme Lavoie-Roux: C'est, quand même, la moitié moins
que ce que vous pensiez récupérer au tout début.
M. Marois: Non, attention, ce dont je parle là, c'est la
compensation qui s'est faite par le ministère du Revenu, plus les autres
chiffres - je ne les ai pas - de la compensation ou des remboursements qui
se
sont faits par des ententes. On n'atteint peut-être pas - je n'ai
pas cela en mémoire - 15 000 000 $, si c'était cela, l'objectif
qu'on s'était fixé, mais on s'en rapproche drôlement, si ce
n'est pas fait. Sans compter qu'il a fallu mettre en place, parce qu'il y avait
déficience de ce côté, une équipe de
vérification en région. Aussi, ce qui avait soulevé des
craintes et des appréhensions, je m'en souviens, de Mme la
députée de L'Acadie, c'est quand on a amendé la loi pour
permettre, sur recommandation du ministre, au gouvernement de nommer même
des enquêteurs avec les pouvoirs de commissaires-enquêteurs.
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous demander combien avaient
été nommés sur recommandation du Conseil des ministres.
(21 h 15)
M. Marois: Comme je savais que vous alliez me poser la question,
j'ai fait un relevé au moment où j'allais quitter le bureau, il y
a trois ou quatre jours. Jusqu'à maintenant, il y en a trois de
nommés. J'avais dit que ce que je visais comme objectif, était
une personne par région au maximum. Il y en a trois et je viens de
signer une recommandation pour en nommer cinq autres, toujours avec la demande
qu'un rapport d'étape du travail fait, de la façon dont cela a
été fait, qu'un suivi très précis soit fait de
façon régulière et systématique au sous-ministre.
C'était la seule façon. Dans certains cas, on a pu constater,
mais je ne voudrais pas...
Mme Lavoie-Roux: Combien de cas de vraies fraudes, finalement,
avez-vous trouvés? Est-ce que vous avez des statistiques
là-dessus?
M. Marois: On va regarder pour voir si on peut le trouver.
En plus des 7 000 000 $, seulement pour le mois de mai, il y a eu une
retenue sur la base d'ententes de 10 $ ou 25 $, 581 143 $ pour 25 469
ménages. Cela vous donne une indication. Cela fait environ 7 000 000 $
par année...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait à peu près 15 000 000
$.
M. Marois: ...plus 7, 900 000 $, 14, 900 000 $. On est pas mal
dessus.
Mme Lavoie-Roux: Cela devrait aller en diminuant, parce que vous
avez des arrérages qui remontent...
M. Marois: II y en avait qui remontaient à plusieurs
années.
Mme Lavoie-Roux: ...à plusieurs années.
Normalement, ces montants devraient diminuer, parce que les gens vont
être plus prudents, de toute façon.
M. Marois: Normalement, oui. Mais on ne verra peut-être pas
les effets en réduction de chiffres absolus à cause des
augmentations de clientèle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, des prestations.
M. Marois: Donc, en chiffres absolus, peut-être pas; en
proportion, sûrement.
D'après nos relevés, du 1er janvier 1982 au 31
décembre 1982 - pour répondre à votre question: Combien y
a-t-il eu de cas de mauvaise foi ou de fraude? - 9345 cas. Donc, il ne faut
pas, non plus, amplifier le problème.
Mme Lavoie-Roux: 9345... M. Marois: Qu'on a
détectés.
Mme Lavoie-Roux: ...familles ou bénéficiaires?
M. Marois: Ménages.
Mme Lavoie-Roux: Sur combien de milliers de ménages?
M. Marois: Tout près de 400 000, à toutes fins
utiles, maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela fait... M. Marois: 380 000,
donc, cela fait 2%.
Mme Lavoie-Roux: Cela avait toujours été
établi à 3%.
M. Marois: J'ai toujours parlé d'un ordre de grandeur de
2% à 3%.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui avait été
établi il y a plusieurs années quand ils avaient fait une
enquête.
M. Marois: Exact.
Mme Lavoie-Roux: C'est intéressant, parce que cela permet
de réfuter des gens qui disent...
M. Marois: En plus, pour les gens qui n'étaient pas en
situation de mauvaise foi ou fraude au moment où le règlement a
été adopté, pour des dettes dues avant cette
période, on a effacé cette partie - comme me le glisse à
l'oreille mon sous-minitre - de sorte que l'engagement de M. Deschênes,
le sous-ministre, finalement, a été complètement
respecté, puisqu'il n'y avait pas de règlement à
l'époque. À partir du moment où il y en a eu un, on a
laissé faire pour le passé.
Mme Lavoie-Roux: Je me demandais si ce serait possible - si vous
ne l'avez pas en main, vous avez tellement de personnes compétentes, M.
le ministre - d'avoir un tableau des barèmes de l'aide sociale pour les
différentes provinces?
M. Marois: Oui, sûrement. Un barème, pour vraiment
pouvoir comparer...
Mme Lavoie-Roux: Oui, les besoins spéciaux et les besoins
généraux.
M. Marois: ...les besoins généraux et les besoins
spéciaux. Vous donnerez bien un peu de temps à M. Roy et
compagnie?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: C'est très complexe. C'est difficile à
comparer. Cela varie beaucoup d'une région à l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il faudra en tenir compte...
M. Marois: II y a des situations très particulières
qui existent. Comme on l'a dit cet après-midi, la Loi sur l'aide sociale
est une loi très complexe parce qu'elle s'adresse à une
très grande variété de besoins. C'est une loi de dernier
recours. Alors, les lois varient beaucoup d'une province à l'autre. Nous
avons cependant des informations sur ce qui existe dans chacune des provinces
et nous essayons également de tenir à jour les informations sur
l'évolution des réglementations, des législations et des
barèmes dans chacune des provinces. Nous avons l'information, mais cela
ne peut pas se transmettre sous forme d'un tableau qui serait facile à
lire. En fait, ce sont plutôt plusieurs pages de documents qu'il
faudrait, si vous êtes intéressés.
Mme Lavoie-Roux: Si c'est une petite brique, on la regardera avec
intérêt.
M. Marois: Vous nous laissez le temps et on va vous le faire
parvenir avec plaisir...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est comme documentation. Nous...
M. Marois: ...puisque ce sont des données publiques.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Marois: Sûrement.
M. Sirros: M. le Président, comme, ce matin, on
était tous les deux d'accord pour dire que l'aide sociale a
changé beaucoup par rapport à sa conception initiale, je ne sais
pas si on était d'accord pour dire qu'on a besoin de penser à une
révision en profondeur du système. Est-ce que le ministre a
pensé à entamer ce genre de révision? Je ne parle pas
seulement des 18-30 ans. Je parle en général. Des
démarches ont-elles déjà été entreprises?
Où en est rendue sa réflexion sur le sujet? S'il veut nous en
faire part.
M. Marois: J'avais eu l'occasion, lors de l'examen de
l'étude des crédits, l'année dernière, d'expliquer
de façon sommaire et relativement schématique, non seulement
l'état de mes réflexions à ce moment, mais
également les pistes qui me semblaient s'ouvrir. Des pistes ont
été fouillées, des hypothèses ont été
examinées, etc. Et, cela ne me paraît pas satisfaisant au moment
où on se parle. On a eu l'occasion de regarder, encore tout
récemment, plusieurs dimensions, non seulement de l'aide sociale, mais
de l'ensemble des éléments de la sécurité du
revenu. Et, je ne veux pas soulever de débat en disant cela, mais je ne
peux pas examiner une chose comme celle-là sans, en même temps,
tenir compte de l'ensemble des morceaux de la sécurité du revenu,
donc forcément aussi des morceaux qui sont sous la responsabilité
gérée par le gouvernement fédéral. J'avoue
très honnêtement que je maintiens les pistes de fond que j'ai
évoquées l'an dernier, qui se retrouvent au journal des
Débats, mais cela ne me donne pas pour autant une traduction - oui,
c'est le cas de le dire - d'un projet très précis qui serait au
point et que je pourrais m'apprêter à soumettre incessamment au
Conseil des ministres. Sans compter que, non seulement la situation de la
crise, mais particulièrement la crise que nous vivons nous oblige aussi
à prendre conscience du fait qu'on se doit d'harmoniser les programmes
de la sécurité du revenu avec les programmes de retour au
travail, de réinsertion sur le marché du travail donc, par voie
de conséquence, dans l'examen de l'ensemble de la question de la
sécurité du revenu, des différents morceaux
inhérents à la fiscalité. Dans quelle mesure la dimension
fiscale dans l'ensemble du portrait devient-elle un facteur qui peut contribuer
à améliorer le sort de gens qui, pour toutes sortes de raisons
indépendantes de leur volonté, ne pourront jamais travailler?
D'autre part, cela peut être un facteur qui peut contribuer
à dissuader des actions et des programmes développés, que
ce soit par nous ou par d'autres - je pense au gouvernement
fédéral - pour faciliter le retour au travail. En d'autres
termes, plus on fouille ce dossier, plus il est extrêmement complexe. Je
pense que s'aventurer à dire que cela peut se faire en six mois, que le
problème peut se régler, cela ne serait pas correct. Ce n'est pas
parce que c'est complexe et qu'il y a des limites quant à ce
qui est possible de faire que c'est une bonne raison pour autant de ne
rien faire. Ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que je maintiens les
perspectives que j'ai évoquées lors de l'étude de nos
crédits l'an dernier. On poursuit nos travaux. Encore une fois, on a eu
des rencontres très récentes avec l'équipe du
ministère sur cette question et on avance. Mais cela n'avance pas au
rythme de mon impatience, de l'impatience des membres et des équipes du
ministère qui travaillent sur ce dossier dont je dois dire qu'il n'est
pas facile, qu'il est complexe. On va poursuivre, ce n'est pas une raison pour
arrêter.
M. Sirros: À défaut de pouvoir envisager dans
l'immédiat ou à moyen terme une révision...
M. Marois: Je m'excuse, M. le député, cela ne veut
pas dire - je voudrais être bien compris - sans perdre de vue les
perspectives et même en étant accroché à ces
perspectives, qu'un certain nombre de gestes ne pourraient pas être
posés.
M. Sirros: À défaut de faire cette révision
globale, est-ce qu'il y a certains gestes qui pourraient être
posés ou que le ministre pourrait poser dans l'immédiat ou
à moyen terme par rapport aux normes qui existent dans le système
actuel ou par rapport à certaines clientèles? Je pense, par
exemple, à la valeur des biens immobiliers, à la question qui a
été soulevée à la Commission des affaires sociales
par rapport aux étudiants pour les prêts-bourses, l'aide sociale.
Est-ce que vous avez identifié certains secteurs ou certains postes
où il pourrait y avoir des amendements, des changements, des
révisions?
M. Marois: Premièrement, il y a la question des jeunes
qu'il faut regarder et où il faut aboutir. J'ai indiqué que
j'avais signé un mémoire au Conseil des ministres, tout
récemment.
Deuxièmement, il y a d'autres éléments concrets.
J'en ai mentionné quelques-uns. Je vais vous en rappeler un. Lorsque le
président de la Commission des affaires sociales était parmi
nous, j'ai parlé de la question des frais de déplacement, des
frais de transport, de la compensation qui est versée lorsque quelqu'un
utilise son automobile. J'ai indiqué qu'on allait bouger très
rapidement. Je travaille présentement à la mise au point d'un
règlement sur cette question.
Il y a une autre dimension. Est-ce qu'on pourrait le faire rapidement ou
non? Est-ce qu'en touchant à cet angle, on ne touche pas à
quelque chose qui ébranle une partie de l'ensemble? Je ne suis pas en
mesure de répondre précisément aujourd'hui, mais c'est ce
que les uns pourraient appeler une meilleure harmonisation du programme de
suppplément au revenu de travail avec l'aide sociale, voire même
une intégration. Je ne le sais pas au moment où l'on se
parle.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que le
programme 6 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi une minute. M. le Président,
je veux quand même revenir à la charge - je sais que mon
collègue a touché un peu à la question de ces gens et que
le ministre a dit qu'il l'examinait, mais pas d'une façon
spécifique - sur la question des gens - le ministre le mentionnait ce
matin - qui, pour la première fois, demandent de l'aide sociale. C'est
une nouvelle catégorie de clients qui sont propriétaires de leur
petite maison, dont les revenus sont calculés en fonction de cette
maison, c'est-à-dire qu'on évalue la valeur de leur
propriété, si bien que rester propriétaire et recevoir un
montant convenable de l'aide sociale est presque impossible. Je ne suis pas
sûre qu'on leur rende service en les obligeant à vendre. Je pense
particulièrement à des gens qui sont à l'extérieur
des grand centres. Vous avez souvent cela dans les petites villes, dans les
villages, des gens qui sont devenus propriétaire de leur maison, des
gens de condition modeste qui ont économisé pour acheter leur
maison et qui, tout à coup, se retrouvent bénéficiaires de
l'aide sociale. On les oblige, à toutes fins utiles, à vendre
leur maison parce qu'il n'y a pas suffisamment de marge pour leur donner... Une
fois qu'ils ont payé leurs taxes, leurs assurances, etc., la marge de
manoeuvre est très mince et c'est avec difficulté qu'ils peuvent
en même temps garder leur maison et se nourrir. (21 h 30)
M. Marois: Je suis loin d'être insensible à cette
question. Je me permets de rappeller qu'on a porté le montant - il n'y a
pas si longtemps que cela, peut-être un an, peut-être un peu plus,
mais autour de cela - de 30 000 $ à 40 000 $ net, ce qui veut dire, si
quelqu'un est propriétaire - je prendrai l'expression de Mme la
députée de L'Acadie d'une maison de 70 000 $, avec une
hypothèque de 30 000 $, ce qu'on appelle le montant net aux fins du
règlement de l'aide sociale, c'est la différence: 40 000 $. Il
m'a semblé que c'était déjà un pas important...
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez augmenté l'an dernier de 10
000 $.
M. Marois: Oui, un montant net. Donc, c'est la part du capital de
pleine propriété, du reste. Si on a une hypothèque de 20
000 $, 25 000 $ ou 30 000 $ sur une maison d'une valeur de 60 000 $ ou de 70
000 $, ce dont on tient compte, c'est le
montant net, ce qui ne correspond pas nécessairement à la
valeur...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela... M. Marois:
...marchande de la maison.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils peuvent recevoir de l'aide sociale
et le montant régulier?
M. Marois: Jusqu'à 40 000 $ net, oui. La réponse
est oui. Après cela, passé 40 000 $ net, si ma mémoire est
bonne, une réduction de 1% par mois s'applique sur 1000 $ - disons que
c'est 41 000 $ net...
Mme Lavoie-Roux: ...sur les 1000 $ supplémentaires.
M. Marois: ...donc 10 $. C'est l'ajustement qui a
été fait. Je suis très sensible à cela. On m'avait
fait - je m'en souviens très bien - état en particulier de cas
à l'époque; vous parlez de petites maisons, on pense à
certains quartiers de Montréal, mais on peut penser aussi - c'est
là-dessus qu'on avait davantage attiré mon attention - au milieu
rural.
Mme Lavoie-Roux: C'est à cela que je pense, surtout en
dehors...
M. Marois: Oui, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: ...dans de petits villages. Avec les
économies qu'ils ont faites, ils se sont acheté une maison. Cela
fait beaucoup partie de leur revenu global que...
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, je profiterais peut-être
de l'expertise qu'on a ici pour régler un de mes cas qui est dans le
même sens; peut-être que cela pourrait aider aussi dans la
discussion. Qu'est-ce qui arrive dans la situation où, très
concrètement, une personne qui a une maison d'une valeur de 19 000 $
n'habite pas dans sa maison et la personne qui y habite couvre les paiements de
l'hypothèque? L'aide sociale, dans ce cas particulier, est
réduite d'un montant assez important, ce qui donne à la personne
un revenu net, pour elle-même, de 100 $ par mois environ. Comment cela se
fait-il?
M. Marois: C'est un problème, parce que, dans le cas
très concret que vous citez, les 19 000 $ de valeurs en question entrent
dans la catégorie de ce qu'on appelle les autres biens, dont le maximum
est de 2500 $. Donc, là, effectivement, la réduction est beaucoup
plus pénalisante. Cela peut être quoi? Le chalet, une
résidence secondaire.
Cependant, je ne sais pas si on a un relevé. Je me souviens qu'on
a déjà regardé cela; je me souviens d'avoir vu des choses,
mais ce n'est pas suffisamment frais en mémoire.
Généralement, ces personnes se trouvent - en règle
générale, je dis bien; je ne veux surtout pas en faire une
règle absolue, en plus que je n'ai pas les données fraîches
en mémoire - en meilleure situation financière que dans l'autre
cas dont on parlait tout à l'heure, parce que c'est une deuxième
résidence, cela peut être un petit chalet, ou alors une
façon intéressante financièrement de conserver son avoir
ou une façon plus élégante d'administrer sa situation
budgétaire. Ce que le député dit est exact.
M. Sirros: Je ne veux pas discuter de mon cas particulier, on
pourra le faire dans un autre lieu. Mais je pensais surtout à la
situation des personnes qui avaient peut-être une résidence
à l'extérieur d'un grand centre, mais qui l'ont quittée.
Ce n'était pas une résidence secondaire, en fait, sauf que
c'était... En tout cas! Je pense que ce point serait un des cas que la
Commission des affaires sociales regardera probablement lors d'un appel,
à un moment donné. C'est un des aspects sur lesquels il y a
peut-être lieu d'aller plus loin en termes de réflexion et de
précisions à apporter. Comme vous l'avez dit tout à
l'heure, il y a peut-être des changements à apporter dans certains
domaines. C'en est un, je pense, parce qu'on constate, au bureau de
comté et ailleurs aussi, qu'il y a des gens qui sont pris dans certaines
situations en termes de propriété et de biens immobiliers. Je
souhaite qu'il y ait une certaine flexibilité quant à
l'application des critères.
M. Marois: II y a une chose que je dois dire: Je suis bien
prêt à regarder à nouveau, mais, si ma mémoire est
bonne, à peu près au même moment où on a
apporté la modification que j'évoquais tantôt ou un peu
après ou un peu avant, je ne me le rappelle plus, on a apporté
une modification à cette situation précise. Savez-vous que, avant
la modification dont je parle qui fait que, à 19 000 $, on applique un
taux de 2500 $, on calcule les autres avoirs ou les autres biens, dans leurs
cas, cela aurait été zéro. C'était inadmissible. Ce
qui n'est plus le cas. Ils le sont, mais, évidemment, on applique un
taux de réduction de 1% ...
Mme Lavoie-Roux: ...au-delà de 2500 $.
M. Marois: C'est cela. Dans ce cas, ce serait un peu moins de 190
$, le taux de réduction, peut-être environ 160 $. Je veux bien le
regarder à nouveau. Je ne suis pas convaincu que ce soit là qu'il
faille mettre la priorité. Enfin, remarquez que je peux me tromper.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que le
programme 6 est adopté?
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
Programme 7, assistance-maladie.
Assistance-maladie
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si mon collègue
de Laurier me le permet, on a en a quand même parlé passablement
avec la Régie de l'assurance-maladie, parce qu'on avait demandé
des chiffres. Il y a seulement une question particulière, elle porte sur
les soins dentaires pour les enfants. Est-ce que, dans la diminution de la
prestation de services des soins dentaires qui a été
appliquée pour l'ensemble de ce qui touchait la gratuité des
soins dentaires pour enfants, les enfants des bénéficiaires de
l'aide sociale ont été affectés de la même
façon? Est-ce que tous les services... C'est parce qu'il y a de
nouvelles catégories; vous avez droit à un type d'examen et pas
à l'autre, telle dent peut être plombée et pas l'autre;
c'est devenu très complexe. Est-ce que, pour eux, c'est l'ensemble des
services qui est couvert ou si c'est le même régime que pour
l'ensemble des enfants? Est-ce que vous le savez?
M. Marois: De mémoire, le régime
général pour les enfants est exactement le même qui
s'applique pour tous les enfants, qu'ils soient à l'aide sociale ou non.
Pour les enfants qui sont à l'aide sociale, il y a peut-être des
éléments additionnels qui s'ajoutent, mais qui font partie
uniquement de l'aide sociale. Par exemple, le régime
général ne prévoit pas de prothèses, et le
régime d'aide sociale prévoit des prothèses. À ma
connaissance, ce sont cependant...
Mme Lavoie-Roux: Ordinairement, ils sont couverts à 15
ans, 16 ans, 17 ans, alors que les autres ne le sont pas. Cela, c'est une
chose.
M. Marois: Je pense que, lorsque la famille
bénéficie de l'aide sociale, les enfants peuvent, dans des cas
très spécifiques, recevoir des prothèses, même avant
l'âge de 15 ans. Ce qui n'est pas le cas pour l'ensemble des enfants en
général. D'accord? Mais pour l'ensemble des services, les
modifications qui ont été apportées au régime
général s'appliquent aussi aux enfants de l'aide sociale.
Mme Lavoie-Roux: Quant aux orthèses-prothèses, il
n'y a pas d'élargissement de prévu, n'est-ce pas? Je ne pense
pas.
M. Marois: Non, il n'y a pas eu d'autres modifications.
Mme Lavoie-Roux: Cela touche peut-être davantage le
programme antérieur. Il y avait toute la question des allocations
spéciales, par exemple, pour la diète des
hémodialysés, qui ont été retranchées. Ne
songez-vous pas à les remettre? Il y avait aussi la prestation des
handicapés mentaux ou des malades mentaux - je pense qu'on les appelle
handicapés mentaux - qui allaient travailler en atelier et à qui
on avait soustrait l'aide sociale ou vice versa.
M. Marois: Une modification a été apportée
en septembre 1982 et a corrigé la situation qui avait été
portée à notre attention, par suite des modifications de
décembre 1981. Alors, depuis septembre 1982, la modification qui a
été apportée est qu'une bonne partie des gains qui sont
réalisés par les personnes qui fréquentent les ateliers
thérapeutiques ou des ateliers protégés leur est
laissée.
Mme Lavoie-Roux: Elle leur est laissée, on ne fait plus la
soustraction de l'aide sociale.
M. Marois: C'est cela. Mme Lavoie-Roux: Eh bien!
M. Marois: Dans le cas des hémodialysés, je crois
qu'il faut faire attention. On dit: Cela a été coupé. Ce
n'est pas tout à fait exact. Dans le cas où les traitements en
hémodialyse se donnent, et cela se fait de plus en plus...
Mme Lavoie-Roux: À la résidence.
M. Marois: ...à la résidence, on paie les frais
d'installation d'équipement jusqu'à concurrence de 300 $. D'autre
part, dans les cas où les traitements en hémodialyse se donnent
à l'hôpital, on paie les frais de transport et, forcément,
le coût du traitement à l'hôpital tombe sous le
régime général de l'assurance-maladie. On a maintenu un
supplément pour les familles monoparentales pour couvrir les frais de
garde d'enfants dans les cas où il doit y avoir déplacement.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, il y a peut-être
d'autres services qui ont été ajoutés, mais la question de
la diète a été retranchée. Il y avait une
allocation spéciale qui était reconnue par les
néphrologues.
M. Marois: II y a eu une longue discussion sur cette question.
J'ai eu personnellement l'occasion de rencontrer des néphrologues
à l'hôpital Notre-Dame et on me disait que ce n'est pas là
qu'est le
problème majeur. Le problème majeur, c'est principalement
le coût de l'installation d'équipements, les frais de transports
et, le cas échéant, les frais de garde dans le cas des familles
monoparentales. Mais je sais qu'il y avait deux écoles, chez les
néphrologues, à ce sujet. Je me souviens fort bien de cela. (21 h
45)
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que c'était un montant
tellement minime. Il reste que les hémodialysés ont une
diète très sévère. Vu que les montants d'aide
sociale sont tellement minimes, de toute façon -sans vouloir
blâmer qui que ce soit, c'est la réalité des choses - je me
disais que, pour faire une économie - cela représentait 200 000 $
à 300 000 $ - ce n'était pas considérable et il s'agit de
familles qui ont de gros problèmes. Quand vous recevez des prestations
d'aide sociale et qu'en plus vous êtes hémodialysé, je vous
assure que ce n'est pas la vie en rose. Dans le fond, cela donnait juste une
petite marge de manoeuvre qui n'était peut-être même pas
appliquée à l'hémodialysé, mais à l'ensemble
de la famille, et, au plan des besoins spéciaux d'une personne comme
celle-là, ce n'était quand même pas du luxe. C'était
un montant pour l'ensemble... Je pense que cette allocation particulière
équivalait à 300 000 $ pour les hémodialysés.
M. Marois: 360 000 $ en 1982-1983.
Mme Lavoie-Roux: Je suis pas pire, 360 000 $. Il y avait
longtemps que je l'avais vu. Je savais...
M. Bordeleau: ...
Le Président (M. Vallières): Est-ce qu'on peut
conclure que le programme 7 et ses éléments 1 et 2 sont
adoptés?
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
M. Marois: II resterait le programme 9, s'il reste encore des
questions sur le programme 9. On a eu l'occasion d'en discuter au cours de nos
travaux. C'est le programme de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre.
Formation professionnelle de la main-d'oeuvre
M. Sirros: J'en ai une assez spécifique concernant le
programme de qualification professionnelle administré par l'OCQ, dont
les examens sont administrés par l'OCQ. Je pense que c'est de cela qu'il
s'agit.
M. Marois: Non.
M. Sirros: Le programme de qualification professionnelle. Si je
ne m'abuse, ce sont des examens administrés par l'OCQ relativement aux
compétences dans le domaine de la construction.
M. Marois: C'est le ministère de la Main-d'oeuvre. Ce dont
l'office s'assure, c'est que les gens ont une carte.
M. Sirros: Ce qui est venu à mon attention à
plusieurs reprises, c'est qu'il y a des gens qui vont passer les examens, qui
ont un problème linguistique dans le sens qu'il s'agit de gens des
métiers de la construction et qui sont des immigrants. Est-ce qu'il y a
des prévisions? Ce à quoi je veux en venir, est-ce qu'il y a des
possibilités ou des prévisions pour que ces examens puissent
être faits avec l'aide d'un traducteur?
M. Marois: Vous me permettez en même temps de vous
présenter M. Pierre Amyot, qui est responsable et directeur de la
formation professionnelle au ministère. On me dit que, dans ces
cas-là, on fournit des interprètes.
M. Sirros: C'est bon à savoir parce que c'est
déjà arrivé que... On m'a déjà dit que les
gens étaient refusés.
M. Marois: Les interprètes sont fournis par le
ministère, mais ils proviennent des communautés ethniques et
culturelles concernées.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a une procédure spéciale
pour avoir recours à un traducteur ou à un interprète?
Est-ce que c'est accordé assez facilement ou...
M. Marois: II suffit que cela soit demandé.
M. Sirros: On m'en avait parlé. Je le
vérifierai.
M. Marois: Et, si cela accroche, vous nous le ferez savoir. On
n'a pas d'étude là-dessus.
M. Sirros: En parlant d'étude, sans blague, juste avant de
terminer, vous avez mentionné ce matin qu'il y aurait possiblement des
changements par rapport à certains critères - je n'ai pas
très bien saisi quant aux programmes de création d'emplois.
Est-ce qu'il serait possible d'avoir,
au moment où ces programmes entreront en application, de
l'information sur les programmes quant aux critères, etc.?
M. Marois: Oui...
M. Sirros: De façon systématique parce que...
M. Marois: Je prends bonne note de la demande. Normalement, les
dépliants concernant la nouvelle programmation, la programmation de
cette année des programmes de création d'emplois, devraient
être prêts cette semaine ou la semaine prochaine. Dès qu'ils
seront disponibles, on les fera parvenir à tous les membres de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que le
programme 9 est adopté?
M. Sirros: Adopté.
Le Président (M. Vallières): Adopté.
La commission ayant maintenant complété ses travaux, je
demanderais au rapporteur qui a été désigné de
produire son rapport dans les meilleurs délais à
l'Assemblée nationale. Je remercie les membres de la commission qui
ajourne ses travaux sine die.
M. Marois: M. le Président, en terminant je
voudrais...
Le Président (M. Vallières): Peut-être
seulement en terminant.
M. Marois: ...remercier les membres de cette commission et
remercier aussi très sincèrement la batterie d'hommes et de
femmes qui ont accompagné nos travaux. Je pense que, très
souvent, on mesure mal le travail colossal que la préparation pour
l'étude des crédits impose. Je dis merci en notre nom à
tous et à toutes.
M. Sirros: Je voudrais simplement remercier les deux
recherchistes qui nous ont aidés à passer à travers
l'étude des crédits face à la batterie, effectivement, de
fonctionnaires. Merci.
Le Président (M. Vallières): La commission ajourne
donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 50)