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ASSURANCE-MALADIE
(Dix heures et demie de l'avant-midi)
M. MARLER (Président): A l'ordre, messieurs! Nous avons quorum.
Je comprends que votre Président, M. Dicaire est absent mais c'est vous
M. Daniel qui devez représenter votre délégation.
Voulez-vous nous présenter ceux qui vont représenter votre
Collège devant ce comité ce matin?
M. DANIEL: Oui, M. le Président. Permettez-moi d'abord de vous
présenter ici à ma gauche M. Roland Genest, deuxième
vice-Prési- dent du Collège; à ma droite immédiate,
M. Jean-Charles Blanchard, trésorier; à sa droite, M. Benjamin
Shara, assistant-trésorier; à mon extrême gauche, Me
Jacques Lamoureux, conseiller juridique du collège.
M. LE PRESIDENT: M. Daniel, ce que nous avons fait jusqu'ici c'est
d'entendre de la part de ceux qui avaient des mémoires un exposé
sommaire et non pas de nous faire la lecture mot à mot du mémoire
dont nous avons déjà pris connaissance.
M. DANIEL: J'ai préparé à votre intention une
courte introduction et je pense que nous pourrons procéder
immédiatement après.
M. le Président, Messieurs, il y a déjà quelques
années, soit au printemps 1963, le Collège des pharmaciens
choississait comme thème de son congrès annuel «La
pharmacie face à l'assurance-santé».
Les journées d'étude qui se sont déroulées
mirent en lumière le fait que rares sont les familles qui
prévoient l'achat des médicaments lors de l'établissement
du budget familial. La maladie, comme la mort, frappe sans avertir et cause un
débalancement dans les dépenses ordinairement prévisibles.
Le congrès s'est alors prononcé en faveur de l'étude d'un
projet d'assurance-médicament et a demandé au collège
d'instituer des commissions nécessaires pour scruter les
possibilités d'offrir à la population du Québec les
médicaments que tous sont en droit d'obtenir. Une commission
d'étude sur les tarifs d'honoraires professionnels fut alors
formée, composée de membres de toutes les disciplines
pharmaceutiques. Cette commission travailla d'arrache-pied et le 20 septembre
1965 déposa devant le Conseil des gouverneurs le résultat de ses
recherches. Simultanément une autre commission se rendit en Europe et
dans l'Ouest canadien afin d'obtenir toutes les données des
systèmes d'assurance-maladie déjà existants. Le
mémoire issu du travail de cette équipe fut adopté
unanimement par le Conseil des gouverveurs en janvier 1966.
Messieurs, nous n'avons pas la prétention d'apporter à ce
comité des recommandations qui sont les seules solutions aux
problèmes complexes d'une réforme sociale du genre. Cependant
nous sommes assurés que la partie du mémoire traitant du
rôle du pharmacien prouve que nous sommes les plus qualifiés pour
assurer la distribution et la bonne utilisation des médicaments en
regard de la sauvegarde de la santé publique.
Le Collège des pharmaciens est convaincu que le gouvernement se
devait de doter la population du Québec d'un système
d'assurance-maladie universel dont la portée sociale garantirait
à chaque citoyen le droit sacré à la santé.
Nous vous remercions messieurs, d'engager le dialogue avec nous ce
matin, et nous sommes prêts à répondre à vos
questions.
M. MARLER: M. Daniel, je pourrais peut-être commencer en vous
posant une question qui est assez directe: Est-ce que le collège a fait
des estimations quant au coût des médicaments à tous les
assurés? Supposant que nous ayons un plan obligatoire, que toute la
population québécoise en fait partie et que les
médicaments soient compris, en effet fassent partie de la couverture,
combien pensez-vous que ça doit coûter au plan?
M. DANIEL: Le Collège des pharmaciens tel qu'institué par
la loi qui nous gouverne ne nous a jamais donné le pouvoir de
réglementer de quelque façon que ce soit les prix en pharmacie.
Le Collège des pharmaciens partant de ce principe ne s'est jamais
occupé de la question prix, n'ayant aucune juridiction dans le domaine.
En effet, même la loi telle qu'amendée en juin 1964 a donné
au collège le pouvoir d'établir, de modifier, de remplacer les
tarifs d'honoraires pour les actes professionnels concernant la prescription et
les ordonnances mais ajoutait que le pouvoir n' était toutefois pas
donné au collège de fixer des prix et ne donnait au
collège aucune juridiction quant aux prix des médicaments.
Partant, de ce principe nous nous en sommes toujours tenus à la pratique
de la pharmacie ainsi qu'au contrôle de nos membres, de la
déontologie pharmaceutique et au fait d'assurer le public des meilleurs
services pharmaceutiques possibles sur le plan professionnel.
Cette question cruciale pour vous a été cependant, je
pense, plus approfondie par les associations pharmaceutiques, associations que
nous
avons toujours appelées associations commerciales qui voient,
elles, au bien-être du pharmacien au point de vue monétaire et la
formation toute récente d'un syndicat de pharmaciens
propriétaires. Ce syndicat dans le moment travaille sur cette question
particulière ment. Il reste que, comme je le mentionnais tantôt,
nous avons créé une commission qui s'est occupée
d'étudier l'éblissement d'un tarif d'honoraires professionnels et
qui a déposé devant le Conseil des gouverneurs un rapport
succinct à ce propos. Cependant cette commission ne s'est
attachée qu'à l'aspect de l'acte pharmaceutique
c'est-à-dire de ce que le pharmacien devrait recevoir en posant des
actes professionnels relativement aux ordonnances sous prescriptions, ce qui
à ce moment-là n'inclue par forcément le coût de la
marchandise qui est hors de notre contrôle.
M. COITEUX (Duplessis): Maintenant que nous sommes sur les prix, est-ce
qu'il y aurait possibilité, c'est une question que je pose, d'en venir
à une certaine uniformité? La raison pour laquelle je pose cette
question là, c'est advenant l'hypothèse où nous
décidions de donner partiellement les soins médicaux et les soins
pharmaceutiques au complet, il faudrait tout de même trouver un organisme
modérateur quelconque afin que si, par exemple le gouvernement se doit
de le faire, parce qu'il faut déterminer le maximum, doit-on dire pour
telle ou telle prescription comme l'acte médical se doit d'être
défini au point de vue prix, est-ce qu'on peut en arriver à
définir aussi une certaine modalité par laquelle on aurait une
uniformité dans les prix? Vous comprenez aussi bien que comme moi ce qui
se produit et je ne fais pas de reproches aux pharmaciens, mais dans d'autres
domaines cela s'est produit, le gouvernement met un minimum par exemple, disons
comme l'assurance-santé, on en a eu des exemples avec
l'assurance-santé, on a eu des exemples avec les avantages scolaires
qu'on donnait aux étudiants et on en a des preuves que l'on vit tous les
jours, étant donné que quelqu'un est assuré, on voit tout
de suite que les prix ne sont pas les mêmes. Alors, si par exemple le
gouvernement disait: on va donner aux indigents une première classe de
la société un certain montant de produits pharmaceutiques; est-ce
qu'il y aurait dans votre organisme quelque chose qui pourrait assurer au
gouvernement qu'immédiatement les prix ne doubleront pas, ne monteront
pas pour la valeur qu'on va donner aux patients? C'est ce qui se produit dans
d'autres domaines. Maintenant est-ce que votre collège peut trouver un
moyen modérateur pour contrôler...
M. DANIEL: Nous sommes entièrement d'accord sur le principe,
tellement d'accord que c'est ce principe qui a amené le collège
des pharmaciens à demander la rémunération à l'acte
pharmaceutique de sorte qu'à ce moment si ce principe est adopté
par le gouvernement, les prix, que ce soit pour vingt pilules d'une sorte
donnée à Hull, à Chicoutimi ou à Montréal ou
à Québec, seront les mêmes. Par contre, le problème
du prix coûtant chez le manufacturier demeure encore hors de notre
contrôle. C'est celui-là qui est à la base, mais en
général les manufacturiers ont un prix égal pour tout le
monde, de sorte qu'à ce moment-là il s'agit en somme, pour
simplifier toute l'affaire, de contrôler le profit fait par les
pharmaciens.
M. COITEUX (DUPLESSIS): C'est ça.
M. DANIEL: Cela revient à ça, c'est aussi simple que
ça et je pense qu'il n'y a que cette formule de
rémunération à l'acte pharmaceutique, c'est-à-dire
sur une base de tarif d'honoraire professionnel, fixé conjointement par
l'entente avec le collège ou des organismes déjà en
fonction et le gouvernement d'autre part, qui amèneront cette
stabilité et cette uniformité dans les prix.
M. ROY: M. Daniel, à quelle date la préparation de votre
mémoire?
M. DANIEL: La préparation recule aussi loin, comme je le disais
tantôt, que 1963, mais...
M. ROY: Non, mais c'est parce que présentement sur votre
mémoire je n'ai pas constaté de date.
M. DANIEL: C'est un oubli, je pense, de la part de l'imprimeur. Ce
mémoire, je l'ai dit tantôt dans le préambule, fut
adopté définitivement avec toutes les corrections qui
s'imposaient lors de l'assemblée régulière du conseil des
gouverneurs du collège en janvier 1966, mais il reste qu'il y avait
trois ans de travail qui ont amené la ponte finale du
mémoire.
M. THEBERGE: M. Daniel, comment prétendez-vous que, si le
gouvernement acceptait de vous accorder le droit pour l'acte pharmaceutique,
ça régulariserait vos prix à travers la province?
M. DANIEL: C'est que le prix coûtant du médicament
étant le même pour tous et la marge de profit à ce moment
contrôlée, forcément leprix
de détail s'uniformiserait partout, tandis que dans le moment, il
est laissé au gré et à la volonté de chacun, de
prendre la part de bénéfice qui lui convient.
M. LE PRESIDENT: M. Daniel, quand vous dites que le prix du produit
provenant du manufacturier est le même pour tout le monde, n'y a-t-il pas
actuellement un système d'escompte qui a trait au volume des achats?
M. DANIEL: Oui, en effet. Là-dessus, c'est un domaine qui
relève encore une fois du manufacturier et qui, malheureusement, est
hors de notre contrôle. Il est vrai en effet que l'on peut demander aux
compagnies des soumissions pour des quantités énormes de
médicaments qui font qu'à ce moment-là le prix
coûtant du médicament baisse, et selon la grosseur de la pharmacie
ou de son pouvoir d'achat, les prix peuvent varier chez le manufacturier en ce
qui a trait au prix coûtant.
M. LE PRESIDENT: Evidemment, M. Daniel, tout à l'heure je vous
posais la question: combien pensez-vous que ça doit coûter au plan
d'étendre la couverture jusqu'aux médicaments? Je me demandais si
votre collège n'était pas peut-être en très bonne
posture pour nous donner une estimation de ce coût. On nous a
déclaré au cours de l'étude d'un des volumes du rapport du
comité de recherche que ça coûterait tout près de
$100 millions par année si le plan couvrait les produits
pharmaceutiques. Alors, je me demandais quand je l'ai lu, si le collège
des pharmaciens pourrait nous donner des précisions. Pouvez-vous faire
ou avez-vous fait des sondages auprès de vos membres pour arriver
à des chiffres qui pourront peut-être confirmer cette estimation
de $100 millions par année qui représentent $17 par personne par
année?
M. DANIEL: Oui, une analyse rapide naturellement du résultat
apporté dans le rapport de la commission Castonguay sur l'estimation de
$100 millions nous a fait penser, sans toutefois l'avoir analysé en
profondeur, que le chiffre était réaliste, mais il demeure que
l'expérience vécue dans les pays européens entre autres a
fait que ces chiffres, en général, ont été
dépassés.
Il y a eu, non pas des erreurs comptables mais des erreurs dues au fait
que la population, quand un régime d'assurance-maladie est
institué, est portée à consulter beaucoup plus souvent le
médecin qu'en période normale où ils ont à payer
à chaque visite au médecin. Bien à ce moment-là ils
le consultent plus réguliè- rement, plus souvent et
automatiquement la consommation de médicaments augmente.
M. LE PRESIDENT: Evidemment, tous les membres du comité ont pris
connaissance de cette partie du rapport de M. Castonguay et les autres membres
de son équipe,mais personnellement je ne suis pas convaincu que les
conditions dans le Québec sont identiques à celles qui existent
en Angleterre ou en France parce que je pense qu'à certains points de
vue la médecine et puis la santé sont plus avancées ici
qu'en Angleterre, et je ne suis pas du tout convaincu que, parce qu'en
Angleterre la consommation de produits pharmaceutiques a accusé une
grosse augmentation après l'instauration du régime de
santé, la même chose va se produire dans le Québec. Mais je
me demandais si vous n'aviez pas réellement des faits ou des
statistiques que vous pouvez nous donner qui, si vous voulez, pourraient
appuyer votre recommandation, d'ajouter à la couverture tous les
produits pharmaceutiques.
Evidemment, je dis ça parce que j'ai toujours vécu dans le
domaine des finances provinciales lorsque j'ai fait partie de la
Législature et je sais combien il est facile de recommander au
gouvernement d'entreprendre des dépenses et des fois la première
estimation est dépassée de beaucoup. Je ne voudrais pas et
je suis sûr que tous les membres du comité sont du même
avis, nous ne voulons pas penser que ça va nous coûter $100
millions par année et constater par la suite qu'on s'est trompé
de 100%. Alors je me demandais si les pharmaciens ne pourraient pas nous donner
des renseignements disant: « Bien voici nous avons une famille
composée de 5 personnes et au cours d'une année, nous trouvons
que c'est une famille normale, la dépense totale est de... » et
là évidemment, c'est tout simplement un point de départ.
Mais je me demandais si le Collège ne pouvait pas nous donner des
renseignements plus précis que tout simplement dire: « Nous
favorisons un plan qui va couvrir les produits pharmaceutiques ». Moi, je
pense que ça pourrait aller plus loin que ça.
M. DANIEL: Encore une fois, toujours se basant sur le fait que le
Collège, au point de vue monétaire...
M. LE PRESIDENT: Non, je comprends que vous n'avez pas le contrôle
des prix, ce n'est pas ça qui m'intéresse.
M. DANIEL: D'ailleurs nous ne l'avons pas fait et je pense, je ne
suis pas au courant des mémoires qui vous seront présentés
par
les associations pharmaceutiques ou par le syndicat , que les
associations pharmaceutiques ainsi que le syndicat couvriront ce sujet. Ils
devraient normalement, mais par contre nous avons étudié de
près les recommandations contenues dans le rapport de la commission Hall
qui, elles, sont basées sur des statistiques officielles du bureau
national de la statistique et qui, à ce moment-là, je pense
rejoignent la situation au Québec qui est sensiblement la même que
celle à travers le Canada.
M. LE PRESIDENT: Alors le comité peut comprendre, si je comprends
bien M. Daniel, que le Collège pense que les statistiques citées
par la commission Hall sont assez près de la réalité.
M. DANIEL: Elles sont assez près de la réalité pour
la période où naturellement la commission Hall a
présenté son rapport. Cela peut avoir varié avec
l'augmentation normale du coût de la vie qui s'est produite depuis deux
ou trois ans mais ça demeure assez réaliste.
M. ROY: M. Daniel, au paragraphe 11 de votre mémoire vous
mentionnez; que le système d'assurance-maladie, soit libre ou
obligatoire, le Collège des pharmaciens insiste et insistera toujours
pour que le droit indéniable du choix du médecin et du pharmacien
par le patient lui soit toujours conservé de même que la
liberté pour le practicien et le pharmacien d'accepter un patient soit
toujours respectée. Dans quelles circonstances le pharmacien peut-il
refuser un patient?
M. DANIEL: Voici un exemple qui, si je pense, illustrera toute
l'affaire. Imaginons que dans un plan d'assurance-maladie un client
situé dans la région de Montréal, à dix milles,
parce que l'île de Montréal est très grande, d'une
pharmacie... appellera un pharmacien et lui dira: je vous al choisi pour
remplir mes prescriptions. Voulez-vous envoyer votre chauffeur chercher la
prescription et me la retourner.
A ce moment-là le pharmacien aurait le privilège de
répondre; madame, vous avez à votre portée, à deux
rues de chez vous un pharmacien qui peut vous rendre les mêmes services
si vous voulez vous en remettre à ce confrère. A ce
moment-là il n'y a aucune contrainte de la part du pharmacien d'accepter
ce client.
M. MARLER: En effet, vos inquiétudes pro- venaient du
problème de faire la livraison des produits et puis en même temps
chercher la prescription.
M. DANIEL: C'est ça. C'est un aspect de la question.
M. ROY; Ce que je voulais savoir, c'était du côté
professionnel.
M. DANIEL: Du côté professionnel, nous ne refuserons
jamais, jamais de servir un client. Nous n'en avons même pas...
M. MARLER: Surtout s'il vient avec l'argent nécessaire.
M. DANIEL: Exactement. Mais cette collaboration entre confrères
et pharmaciens existe depuis toujours même sans l'assurance-maladie. On
se passe journellement des clients ou des prescriptions d'une région
éloignée à une autre.
Voici pour compléter votre question Me Lamoureux, au cours des
discussions qui ont apporté la rédaction du mémoire. Il
existe quantité de petits problèmes en pharmacie qui deviennent
des fois assez graves, notamment dans le domaine des narcotiques, des
stupéfiants, des médicaments contrôlés, etc. Nous
savons tous que le gouvernement fédéral suit cette chose de
très près et que le pharmacien a à faire face à
tous les jours à une clientèle qui se présente quelquefois
avec des prescriptions forgées, il se doit alors de refuser de remplir
cette prescription ou une prescription sur laquelle il a un doute et il
communique avec le médecin; si le médecin est absent, il peut
dire, je refuse de remplir votre prescription tant que je n'aurai pas
vérifier.
M. RENAUD: Cela devient une question d'éthique
professionnelle.
M. DANIEL; C'est une question d'éthique professionnelle pure et
simple.
M. RENAUD: M. Daniel, vous préconisez un plan universel.
M. DANIEL: Oui, en effet.
M. RENAUD: Est-ce que vous préconisez un plan obligatoire ou
facultatif?
M. DANIEL: Nous le préconisons libre, tout en reconnaissant par
contre que pour le gouvernement il est beaucoup plus facile d'administrer un
plan obligatoire.
M. RENAUD: Merci.
M. MARLER: En même temps, dans votre mémoire vous
recommandez l'universalité, mais en même temps vous recommandez
qu'on procède par étape.
M. DANIEL: En effet.
M. MARLER: C'est ce que je trouve assez difficile de concilier
l'universalité et la réalisation par étape en même
temps. Mais voulez-vous nous dire quelle genre d'étape vous
préconisiez lorsque vous avez fait cette recommandation?
M. DANIEL: Voici, nous recommandons un système universel en
effet, c'est-à-dire que le système tôt ou tard sera
complété universellement, mais nous le recommandons étape
par étape, c'est-à-dire englobant toutes les disciplines qui
touchent à la santé par couche de population pour en arriver
à obtenir un système universel par la suite se basant sur le fait
qu'un système et universel et global instauré
immédiatement serait probablement hors de proportion pour les finances
gouvernementales.
M. MARLER: De quelle façon établirez-vous ce que vous
appelez des couches de la population alors?
M.DANIEL: Nous avons mentionné les indigents comme étant
la première couche. Les couches de population serait basées sur
les revenus, les plus favorisées économiquement étant les
dernières à être intégrées au plan.
M. MARLER: Je suppose que lorsque vous parlez du revenu, vous parlez du
revenu imposable?
M. DANIEL: En effet.
M. MARLER: Evidemment, nous savons qu'il y a des gens qui ont des
revenus, mais qui ont des déductions parce qu'ils ont cinq ou six
enfants, etc, c'est la raison pour laquelle je pense qu'il faut faire la
distinction entre le revenu et le revenu imposable.
M. DANIEL: En tant que pharmaciens, nous sommes habitués, M. le
Président. Vous savez que des fois nous avons des revenus bruts qui
semblent assez énormes, mais quand on passe au revenu imposable, on
s'aperçoit que le pharmacien n'est pas...
M. MARLER: Oui, il ne faut pas être dans le commerce très
longtemps pour comprendre qu'il y a une différence entre les deux.
M. DANIEL: Nous la connaissons très bien.
M. RENAUD: M. Daniel, advenant l'application d'un plan universel,
croyez-vous que les médicaments pourraient être distribués
correctement dans toute l'étendue de la province de Québec et
à ce point de vue j'aimerais bien que vous nous donniez une idée
des commerces ou enfin des pharmacies qu'il y a dans diverses régions de
la province, pour se situer un peu au point de vue des pharmaciens dans la
province.
M. DANIEL: J'ai un document ici avec tous ces détails. Je vais
vous le donner par coeur. Il y a dans la région montréalaise 507
pharmaciens et il y a la différence, nous avons un total de 1,348
pharmacies dans la province de Québec, la différence est
située en province, incluant une centaine à Québec, 25
à Sherbrooke, il y a des centres comme ça qui en possèdent
plus et il y a certains comtés où il y a des pharmacies qui sont
tenues par certains médecins qui ont encore le privilège de tenir
des pharmacies dans certaines conditions spiécifiques, mais je pense que
nous touchons toutes les régions de la province.
M. RENAUD: Il y en a 1348 en province, 507 dans la région
métropolitaine, 100 à Québec.
M. DANIEL: C'est ça. C'est-à-dire dans Montréal, il
y en a peut-être 800 environ dans toute la région
métropolitaine et 500 dans la balance de la province.
M. RENAUD: Et dans la balance de la province, c'est les villes de 25,000
et plus, je suppose que se trouve la majorité des pharmacies. En
campagne, est-ce qu'il y en a?
M. DANIEL: Oui, il y en a partout. Il n'y a que dans la Loi de pharmacie
les villes de 7,000 habitants ou moins, là où le médecin a
le privilège de tenir pharmacie, en autant qu'il n'y a pas de pharmacien
déjà installé dans l'endroit.
M. ROY: Est-ce que cela serait possible pour le collège de nous
fournir le nombre de pharmacies par région, de le fournir un peu plus
tard?
M. DANIEL: Oui, nous pouvons vous faire
parvenir ce document. Nous l'avons en notre possession, je l'avais avec
moi, je pense l'avoir oublié à l'hôtel.
M. ROY: Ce sera de nous le faire parvenir à votre convenance.
M. DANIEL: Sûrement.
M. CLOUTIER: Vous soulevez dans votre mémoire un aspect
très important. J'imagine que la question des honoraires professionnels
que vous touchez dans votre mémoire peut certainement bouleverser, si je
peux employer le mot, la pratique de votre profession. Est-ce que vous pourriez
expliciter votre pensée au sujet de l'honoraire professionnel parce que,
en proposant une telle modification évidemment, si on pense tout de
suite à des problèmes importants qui concernent le coût des
médicaments, le coût des médicaments au niveau du
manufacturier les sommes qui sont consacrées à la recherche,
à la publicité, les marges de profit, ainsi de suite. Alors, vous
attaquez là, je pense, la substance de votre profession, domaine
essentiel de votre profession.
M. DANIEL: Nous pouvons dire que le noeud de tout le mémoire se
situe alentour de cette recommandation pour l'établissement de tarifs
d'honoraires professionnels. Cela peut sembler nouveau au Québec mais ce
n'est rien de nouveau sous le soleil parce qu'il est déjà
établi dans plusieurs états des Etats-Unis, il est
recommandé dans plusieurs provinces du Canada, certaines régions
l'ont adopté depuis plusieurs années et les pharmaciens s'en
trouvent bien ainsi que le public. Le tarif d'honoraires professionnels a pour
un avantage entre autres de diminuer énormément le coût des
médicaments dispendieux qui sont ceux qui sont le plus prohibitif pour
le public consommateur. Il augmente d'autre part un peu le coût du
médicament non dispendieux mais par contre si l'on regarde la moyenne
dans un tout global, ça demeure un peu inférieur à ce qui
se pratique actuellement, à la méthode qui est
employée.
M. CLOUTIER: Avez-vous une idée de ce que pourrait être cet
honoraire professionnel? Je ne vous demande pas des précisions,
mais..,,
M. DANIEL: Nous avons, comme je vous le disais, eu une commission
d'étude sur les honoraires professionnels. Cette commission a
disséqué tout le problème, a défini l'honoraire et
nous croyons encore une fois que les syndicats existants ou le syndicat
existant ou les asso- ciations pharmaceutiques sont celles qui seront
appelées à débattre cette question. Le Collège des
pharmaciens a le pouvoir de les établir avec l'assentiment du conseil
mais naturellement je pense qu'il se produira peut-être un peu ce qui
s'est produit chez les médecins, la tendance étant à la
négociation, je pense que la négociation à ce niveau est
encore le meilleure pierre de touche pour en arriver à une entente
mutuelle satisfaisante.
M. CLOUTIER: Mais, vous l'admettez tout de même aujourd'hui, le
problème du prix des médicaments et de l'accessibilité
à l'achat des médicaments est devant l'opinion publique, et c'est
un problème autour duquel tourne tout le problème de la
pharmacie. Est-ce que le Collège des pharmaciens exerce un certain
contrôle sur le coût des médicaments et advenant
l'instauration du système est-ce que, en proposant votre base
d'honoraires professionnels, votre Collège a l'intention peut-être
d'accentuer ou de voir s'il n'y aurait pas possibilité que vous exerciez
un contrôle sur le coût des médicaments, un contrôle
beaucoup plus direct?
M. DANIEL: Si jamais le gouvernement nous donnait ce pouvoir, je pense
que nous l'accepterions avec plaisir. Maintenant, il semble qu'il va à
l'encontre des idées du gouvernement actuel que de nous accorder ce
pouvoir, l'ayant explicité noir sur blanc lors de l'adoption des
amendements à la Loi de pharmacie en 1964, alors que rien dans cet
article ne permet au Collège de contrôler le coût des
médicaments. C'est, je peux vous lire mot à mot l'article 511 de
notre loi qui dit: « Rien dans le présent paragraphe n'autorise le
conseil du Collège à réglementer ni contrôler les
prix des drogues et des poisons ni des conditions de paiement de tel prix
», de sorte que, à l'époque, nous étions
déjà en train de travailler sur le mémoire et c'est
pourquoi nous arrivons ici ce matin sans avoir accentué nos recherches
sur la question des prix, la loi nous disant formellement que rien dans ce
paragraphe ne nous donne le pouvoir de le faire.
M. CLOUTIER: Est-ce qu'on peut vous demander M. Daniel si, dans
l'opinion du Collège des pharmaciens, il existe des tendances à
monopoliser dans l'industrie de la fabrication des médicaments;
ça revient à ce que je vous ai dit au début, est-ce que
vous ne pourriez pas expliciter votre pensée sur certains
problèmes reliés au coût des médicaments comme la
recherche, la pharmacie et ainsi de suite?
M. DANIEL: Oui, le problème du fabriquant et de toute la
fabrication en est un d'une complexité que vous allez découvrir
sous peu en ayant ces messieurs devant vous tantôt et puis vous verrez
qu'il s'agit là d'un empire gigantesque auquel nous-mêmes
pharmaciens avons à faire face à tous les jours et qui est un
problème à facettes multiples, il va sans dire que notre
économie québécoise ni même nationale a un
contrôle un peu mitigé sur la production de médicaments au
Canada. Nous sommes réellement envahis par les manufacturiers
américains qui ont institué au Canada des succursales et qui,
à ce moment-là, mon Dieu dissèquent naturellement leur
prix, je pense du moins, je n'affirme pas ce que je vais dire, mais sans
contrôle.
M. RENAUD: En somme les pharmaciens vous êtes des
détaillants vous autres.
M. DANIEL: Nous fonctionnons comme ceci: le manufacturier a une liste de
prix de détail suggéré sur laquelle il accorde un escompte
aux pharmaciens détaillants et les prises de bec prouvent en somme que
les petites discussions qui ont pu avoir lieu entre les manufacturiers et les
pharmaciens ont toujours été sur cette marge-là qui est
réduite de jour en jour par les manufacturiers.
M. TARDIF: Les manufacturiers sont répartis, j'imagine, à
travers le monde entier.
M. DANIEL: Là vous mentionnez les compagnies internationales.
M. TARDIF: En général.
M. DANIEL: Il y a au Canada, quand même, une industrie
pharmaceutique québécoise qui...
M. RENAUD: Il y a de gros laboratoires.
M. DANIEL: Oui, il y a de gros laboratoires qui sont des compagnies
subsidiaires de compagnies américaines encore une fois.
M. RENAUD: Ah bon!
M. TARDIF: Et vous faites de l'importation, j'imagine...
M. DANIEL: Nous ne la faisons pas. Ces laboratoires fabriquent sur place
en général ou obtiennent la matière première de
pays étrangers et puis la conditionnent ici au Canada.
M. ROY: M. Daniel, y a-t-il un endroit au Canada où le pharmacien
fait une charge d'honoraires pour l'acte pharmaceutique?
M. DANIEL: Oui. Windsor en Ontario est un endroit où le tarif
d'honoraire a été accepté sur une base officieuse. Le
Collège des pharmaciens de la province de l'Ontario a recommandé
un tarif d'honoraires professionnels dernièrement à ses membres
mais par contre il leur a recommandé de l'employer. Je pense que ce
tarif d'honoraires n'a pas encore été accepté
officiellement par la Législature ontarienne mais il reste que le
collège s'est prononcé favorablement à
l'établissement de tarifs d'honoraires professionnels et en a même
suggéré à ses membres.
M. ROY: Mais vous n'avez pas le montant approximatif de l'honoraire?
M. DANIEL: Je pense qu'il se situe alentour de $2.50 à
l'acte.
M. MARLER: M. Daniel, évidemment, ce n'est pas une critique
contre les médecins que je formule mais nous avons tous eu
l'expérience d'avoir des prescriptions de la part du médecin qui
n'exige pas autre chose de la part du pharmacien que de chercher dans une
grande bouteille et puis sortir une douzaine de pilules. Dans ce cas-là,
pensez-vous que l'acte du pharmacien doit être
rémunéré à un taux de $2.00 pour mettre la main
dans la bouteille et puis sortir une douzaine de pilules?
M. DANIEL: Je pense, pour répondre à votre question, M. le
Président, d'abord je réponds oui, tout de suite, justifiant le
oui de la façon suivante. Il ne faut pas oublier que dans le $2 ou le $2
et quelques sous ou la somme quelconque qui serait accordée au
pharmacien comme tarif d'honoraire professionnel couvre aissi toutes les
dépenses inhérentes.
M. RENAUD: Et sa responsabilité.
M. DANIEL: Et sa responsabilité légale alors que dans le
cas de la thalidomide vous avez assisté à des poursuites
conjointes de la part du public et aux médecins et aux pharmaciens. Mais
le pharmacien encourt des responsabilités. Son rôle vous savez, le
rôle du pharmacien est souvent resté un peu caché et a un
peu été modifié par la venue naturellement de toutes les
grandes découvertes et on
ne verrait pas aujourd'hui le pharmacien aller dans son officine
préparer de la pénicilline et je pense que le public en
souffrirait parce qu'à ce moment-là il devrait attendre sa
médication.
M. MARLER: Je ne voulais pas être malin en posant la question de
cette façon-là.
M. DANIEL: Loin de moi l'idée que vous le ...
M. RENAUD: M. Daniel, dans un autre ordre d'idée là, vous
dites quelque part dans votre mémoire qu'il ne faudrait pas, dans
l'application d'un plan d'assurance-maladie, séparer le pharmacien du
médecin qui sont comme deux frères siamois. J'aimerais bien me
faire éclaicir ça. Je ne sais pas ce que vous voulez dire au
juste dans l'application.
M. DANIEL: L'expression fantaisiste a été choisie
exprès. C'est que nous imaginons mal, même très mal et
même impossible, le fait que le médecin qui pratique sa profession
en posant un diagnostic et n'étant pas capable d'appliquer aucun
traitement s'il n'a pas de médicaments à sa disposition. Et il
existe dans tous les pays du monde une profession qui s'appelle la pharmacie et
qui voit à cette distribution du médicament pour plusieurs
raisons faciles à comprendre. Il n'y a, je le disais en boutade, que les
chiros qui se vantent de le faire sans avoir recours au médicament.
Le médecin et le pharmacien, nous avons souvent humblement
accepté la comparaison de dire que nous sommes comme le vicaire
vis-à-vis son curé, mais les deux vont tellement de pair qu'ils
nous semblent inséparables. Il n'y a pas de traitements possibles sans
médicaments. C'est toute la base de la médecine. C'est beau le
diagnostic mais si on n'apporte aucun traitement à la maladie on n'a
rien fait pour le malade.
M. RENAUD: Mais si vous avez pris la peine de le mettre dans votre
mémoire, vous devez craindre quelque chose peut-être. Qu'est-ce
qu'il y a?
M. DANIEL: Non, je ne pense pas! Comme me disent mes confrères,
nous ne sommes pas peureux! Non. C'est encore une fois, je pense que le but
premier c'est et on le dit, ça causerait un grave préjudice
à la santé du peuple québécois, c'est qu'il y a des
milliers et des milliers d'ordonnances et nous le savons sciemment qui, chaque
année, ne sont pas rem- plies faute d'argent de la part du public
consommateur et pas seulement des défavorisés sociaux.
On peut fournir exemples par dessus exemples de personnes qui viennent
à la pharmacie avec une prescription, en demandent le prix et disent je
reviendrai et ils ne l'a font jamais remplir, parce que le coût est
prohibitif.
M. ROY: M. Daniel, si les soins médicaux étaient en
premier lieu couverts les bénéficiaires du régime seraient
donc pour un plus grand nombre libérés de cette charge et
pourraient affecter une partie de leur budget au paiement des
prescriptions?
M. DANIEL: Mais voici, il n'y a aucune prévision de faite au
budget et vous aurez toujours à faire face à ces gens, qui,
même si la somme est la plus minime possible, n'ont pas les moyens de
débourser cette somme, ils ne l'ont pas, carrément pas.
M. COITEUX (Duplessis): Est-ce que vous auriez un chiffre à
suggérer en cents et piastres, pour frais dissuasifs sur une
prescription?
M. DANIEL: Nous n'avons pas de chiffre, nous avons apporté les
frais dissuasifs comme étant une méthode d'autofreinage chez la
population afin de ne pas avoir ce qui s'est produit dans certains autres pays
lors de l'établissement de régimes d'assurance-maladie, ces
queues interminables. Ces frais dissuasifs, remarquez bien, devraient
être imposés surtout à la profession médicale,
c'est-à-dire pour les visites chez le médecin, parce qu'encore
une fois la prescription pharmaceutique découle de la visite au
médecin. Si le médecin est débordé dans son cabinet
parce que, n'ayant aucun frein, le public encore une fois pour quelques petits
malaises que ce soient, qui autrefois auraient pu attendre une semaine, quinze
jours disparaître et on n'en aurait plus parlé, au premier signe
de douleur ou de maladie quelconque aura recours au médecin. C'est
inévitable, c'est humain, nous ne pouvons pas empêcher le public
québécois de l'être, et à ce moment-là s'il
le fait à bons frais, d'aller recourir aux soins du praticien, et c'est
un peu je pense la crainte des médecins. En Angleterre on a vécu
l'époque du chronomètre où on était obligé
d'accorder deux minutes par patient, de les passer en vitesse et à ce
moment-là on n'a rendu aucun service, je pense à la
société, et plusieurs ont recouru à la pratique
privée à cause de cette..
M. RENAUD: Mais, M. Daniel dans l'applica-
tion d'un plan d'assurance-maladie est-ce que vous entendez couvrir tous
les médicaments ou seulement ceux que vous devrez dispenser sur
l'ordonnance d'un médecin ou enfin qu'est-ce que vous
préconisez?
M. DANIEL: Nous préconisons le régime libre, donc nous
préconisons l'entière liberté pour le médecin de
prescrire à son patient le médicament de son choix, le traitement
de son choix. Dès lors qu'un médicament serait prescrit par le
médecin il devrait normalement être couvert par le régime,
pour la prescription seulement.
M. RENAUD: Alors, ce serait seulement dans les cas où il y aurait
la prescription d'un médecin?
M. DANIEL: Exactement.
M. MARTIN: Avez-vous l'impression que l'uniformisation tenderait
à baisser plutôt ou à monter comparativement avec la
situation actuelle?
M. DANIEL: Au début cela apporterait certainement une
stabilisation d'abord. Nous espérons qu'il y aura baisse mais encore une
fois, je pense, que nous ne sommes pas qualifiés pour répondre
s'il y aura baisse ou non, le problème de la baisse étant
directement lié au problème du manufacturier. C'est en
définitive celui qui la fait la drogue, qui la vend à certain
prix et puis c'est ce prix là qui est variable. Pour nous l'acte
pharmaceutique demeure le même quelle que soit la drogue; c'est le
même acte pharmaceutique relié à la même
responsabilité et légale et morale.
M. MARTIN: Pour un même produit présentement, n'existe-il
pas une différence entre un pharmacien et un autre?
M. DANIEL: Enormément et c'est déplorable.
M. MARTIN: Mais à ce moment-là ce n'est plus le
manufacturier, c'est le pharmacien?
M. DANIEL: C'est le pharmacien c'est normal. Il a la complète
liberté et je ne vois pas pourquoi à ce moment-là le
pharmacien n'exercerait pas la liberté qu'il a dans le moment de figurer
sa marge de profit parce que dans le moment nous fonctionnons sur une marge de
profit...
M. MARTIN: Mais ma question se poserait au niveau du pharmacien, puisque
présentement il a la liberté, les uns vont demander un prix assez
élevé et un autre demandera un prix de beaucoup inférieur.
L'uniformisation, qu'est-ce que ça va donner? Une augmentation sur
l'ensemble ou une baisse sur l'ensemble?
M. DANIEL: Une baisse, absolument, j'imagine, parce que dans les
négociations qui ont lieu en général, rarement on nous
accorde des hausses. Nous ne nous attendons pas à ce que le
gouvernement...
M. MARTIN: ... ou baisse, je suis un petit peu craintif sur ce
côté-là.
M. LE PRESIDENT: J'ai bien l'impression M. Daniel, que si c'est une
étude qui doit mener à baisser les prix, l'étude sera bien
longue.
M. DANIEL: Remarquez que pour le collège des pharmaciens ainsi
que les pharmaciens, la baisse du coût ne peut pas exister encore une
fois sans la baisse du coût aux fabricants. C'est pourquoi nous
prévoyons une baisse et je pense que c'est une remarque en ce moment-ci
que je fais tout à fait personnellement, dès que l'achat des
médicaments sera fait par un acheteur aussi puissant que le
gouvernement, qui à ce moment-là pourrait acheter des
quantités, et nous l'avons établi tantôt que le prix en
quantité est moindre que le prix à l'unité,
automatiquement cela entraînera une baisse de médicaments.
M. HARDY: Si je comprends bien vous considérez que la marge de
profit des fabricants est actuellement trop considérable.
M. DANIEL: Je n'ose affirmer ni le pour ni le contraire, c'est assez
difficile. Nous constatons que, si nous avons le pouvoir d'achat plus grand,
nous pouvons obtenir de meilleurs prix. Est-ce que ça veut dire, et je
pense que logiquement ça veut dire que quand on achète en petite
quantité, leur marge doit être plus forte.
M. RENAUD: M. Daniel, si je comprends bien, il y a des pharmaciens qui,
quand ils reçoivent l'ordonnance d'un médecin, chargent plus cher
que les autres, cela varie.
M. DANIEL: Il y en a d'autres qui chargent moins cher que les
autres.
M. RENAUD: C'est justement ce que je veux savoir. Quel est le
pourcentage de la variation?
M. DANIEL: Le pourcentage n'est pas tellement grand. Il faut quand
même être réaliste et puis il demeure que les pharmaciens
sont honnêtes et que où la marge...
UNE VOIX: Ah!
M. DANIEL: S'ils le sont.
M. BLANK: M. Daniel, y a-t-il une grande différence entre...
M. DANIEL: En général, oui.
M. BLANK: Mais pensez-vous que si on a... comme mémoire, les
médecins envoient une prescription chez vous avec le nom de commerce et
vous avez le même produit»,.
M. DANIEL: Nous devons remplir une prescription selon sa teneur,
c'est-à-dire tel que le médecin l'a spécifié. S'il
spécifie une marque de commerce, nous devons lui remettre la marque de
commerce que ce médecin a prescrite.
Si le médecin y consent, remarquez qu'il n'y aura aucun
problème à ce moment-là, mais il reste ceci, vu que vous
touchez un sujet assez délicat, il reste ceci que nous ne sommes pas
opposés à l'emploi du nom générique, en autant que
des contrôles adéquats soient institués sur les normes de
fabrication, parce qu'il existe malheureusement certains laboratoires qui
copient des formules et qui ne répondent peut-être pas à
toutes les normes de fabrication voulues.
M. BLANK: ... sur l'assurance et c'est le gouvernement et les
contribuables qui vont payer pour les remèdes. A ce temps-là il
serait logique que nous puissions...
M. DANIEL: Nous n'avons aucune objection, en autant que la
qualité du médicament demeure dans les normes les plus
élevées, parce qu'en tant que pharmacien...
M. BLANK: Quand ça tombe dans l'autre juridiction, c'est le
fédéral qui doit le prendre.
M. DANIEL: Pour le moment, oui, quoique nous prenons, si vous l'avez
remarqué dans notre mémoire, un comité des normes et
standards au Québec.
M. LE PRESIDENT: Alors, je vois ça au paragraphe 43 de votre
mémoire et je lis à la fin: « c'est pourquoi ceux-ci ont
droit, comme tout citoyen, à la meilleure qualité de
médicaments, et pour ce faire le gouvernement devrait instituer un
comité des standards pour contrôler la qualité du
médicament distribué dans le Québec ». Mais
êtes-vous convaincu que cette responsabilité qui relève
réellement, en vertu de la constitution du gouvernement
fédéral doive être exercée par le gouvernement
provincial?
M. DANIEL: En vertu de la constitution, je ne voudrais pas poser un
problème constitutionnel, quoique ayant lu le rapport de la commission
Castonguay, il semble se prononcer assez catégoriquement...
M. LE PRESIDENT: Sur la question sociale, mais non sur le contrôle
des médicaments.
Je ne voudrais pas que les gens disent: « Bien le Collège
des pharmaciens a déclaré que le gouvernement doit instituer ce
comité des standards lorsque la question constitutionnelle est au moins
discutable ».
M. DANIEL: Il est possible encore une fois, je ne voudrais pas poser en
expert constitutionnel.
M. LE PRESIDENT: Et d'ailleurs, je suis sûr M. Daniel que vous
réalisez tout de suite, lorsqu'on parle de contrôle combien il
serait difficile à l'intérieur d'un pays de faire une
espèce de contrôle sur le plan provincial. Il me semble que les
difficultés pratiques sont énormes et sans vouloir attribuer au
fédéral une juridiction qu'il n'a pas, j'ai un peu l'impression
que c'est quelque chose qui relève du fédéral et qui doit
être exercé sur le plan national.
M. DANIEL: Cela existe sur le plan national dans le moment mais nous
croyons que ce n'est pas une difficulté insurmontable en soi et
qu'à ce moment-là le Québec, encore une fois je vous
laisse la compétence en droit constitutionnel, le droit constitutionnel
ne nous donne pas ce pouvoir nous n'en parlerons plus mais si jamais il nous le
donnait je ne vols pas pourquoi nous ne reprendrions pas en main cette
prérogative.
M. LE PRESIDENT: En tout cas je pense que nous pouvons être
d'accord sur l'avantage d'avoir un système de contrôle quelconque
sans tâcher de décider ici, séance tenante, à qui
appartient cette responsabilité.
M. DANIEL: Oui, d'accord. Nous, ce à quoi nous tenons c'est un
contrôle sérieux au niveau
de la fabrication afin d'être rassuré, il n'est pas
possible et même avec la loi fédérale pour un pharmacien de
se fier uniquement à l'étiquette. Il y a une loi
fédérale de l'étiquetage, à l'étiquette
comme faisant preuve et faisant foi de la composition du médicament
contenu dans l'empaquetage. A ce moment-là, la fraude, etc, ou la
malfabrication relève dans le moment du domaine
fédéral.
M. RENAUD: M. Daniel, vous nous avez dit tout à l'heure que dans
l'application d'un plan d'assurance-maladie les médicaments qui
devraient être payés par le plan, dans le plan, seraient les
médicaments ordonnés par le médecin.
M. DANIEL: Absolument.
M. RENAUD: Est-ce que ça serait tous les médicaments qui
seront l'objet d'une ordonnance ou, si c'est possible, que ce soit seulement
une partie des médicaments?
M. DANIEL: Nous ne voyons pas pourquoi ça ne serait pas tous les
médicaments qui seraient sur ordonnance.
M. RENAUD: Tous les médicaments.
M. ROY: M. Daniel, à la page 7 de votre mémoire, lorsque
vous parlez des défavorisés vous affirmez que le Collège
croit que toutes nos lois sociales doivent être repassées et
restructurées à partir du critère que les
économiquement faibles ont un droit naturel sacré au
bien-être au même titre que tout autre citoyen. Vous serait-il
possible de dire au comité quelles sont les lois que vous visez
exactement?
M. LE PRESIDENT: M. Daniel, si vous préférez que M.
Lamoureux réponde directement à la question nous n'avons aucune
objection.
M. DANIEL: Me Lamoureux m'a résumé le tout assez
succintement, je pense, en disant que les lois qui ont trait aux pensions de
vieillesse, aux aveugles, aux mères nécessiteuses et toutes ces
lois pour les assistés sociaux, doivent être structurées si
on veut intégrer, à ce moment-là, un système
d'assurance-santé pour cette catégorie de gens.
M. LE PRESIDENT: C'est justement la nouvelle loi que le gouvernement a
annoncée tout récemment afin, si vous voulez, de favoriser
particulièrement cette catégorie des citoyens de
Québec.
M. DANIEL: Ceci fut rédigé avant l'annonce que le
gouvernement...
M. LE PRESIDENT: Comme on dit en anglais « Great minds thinks
alike. »
M. DANIEL; C'est ça, le gouvernement a déjà
répondu.
M. LE PRESIDENT; M. Daniel, pouvons-nous revenir un instant à la
question des frais dissuasifs? il me semble que c'est là une
pensée très importante de votre mémoire. On y a
référé tout simplement tout à l'heure.
Est-ce que le Collège a pensé aux conséquences des
frais modérateurs ou frais dissuasifs quant à leur effet sur
l'efficacité d'un plan d'assurance-maladie. Tout le monde admet que
c'est un découragement, est-ce que nous devons décourager les
gens d'avoir recours aux médecins et aux pharmaciens?
M. DANIEL: Nous croyons qu'il ne faut pas oublier que l'homme trouve un
sentiment naturel encore une fois de fierté à payer un montant
même relativement minime en retour d'un service rendu. Naturellement, si
le gouvernement institue un système à base de prime partielle ou
non, forcément, ce sentiment de fierté automatiquement est
satisfait parce que déboursant tant par année, le contribuable a
l'impression qu'il pale pour le service.
Prenons l'exemple de l'Angleterre qui en avait un et qui l'a
diminué, qui l'a finalement enlevé, nous pensons qu'au
début à cause encore une fois, ce ne sont que des
conjonctures mais de l'affolement possible de la population et puis du
fait que la population peut y avoir recours beaucoup plus souvent et
débalancer toutes les prédictions des économistes les
meilleurs. Un frais dissuasif autofreinerait cet élan du public vers le
recours...
M. MARLER: Limité exclusivement aux médicaments ou aux
soins médicaux aussi ou à toute la gamme dans le service
visé?
M. DANIEL: Normalement, ça devrait exister pour les deux, mais
l'endroit le plus important encore une fois parce que, la prescription
découlant de la visite médicale, c'est chez le médecin.
Voyez-vous, nous avons et je peux employer une comparaison qui est
souvent faite par les pharmaciens dans notre milieu la personne qui a un
rhume ordinaire et qui a besoin d'un sirop pour le rhume, au lieu de venir le
chercher à la pharmacie, si elle sait qu'elle peut s'adresser au
médecin et avoir
une prescription, une consultation gratuite, une prescription pour
obtenir une bouteille de sirop gratuitement aussi, à ce moment-là
elle va immédiatement aller faire la queue chez le médecin qui
sera très fier de n'avoir même pas d'examen à lui faire.
Elle va dire: bien, j'ai le rhume docteur; tout ce dont j'ai besoin, faites
ça vite, je ne vous ferai pas perdre votre temps, écrivez-moi une
prescription pour une bouteille de sirop. La personne est sortie, il peut en
passer comme ça cent à l'heure et puis il nous arrive cent
prescriptions dans les mains. Si cette personne a l'équivalent à
payer chez le médecin que la bouteuille de sirop qu'elle peut aller
chercher directement et qu'elle est en droit d'obtenir du pharmacien à
ce moment-là sans avoir de prescription, mais mon Dieu, vous autofreinez
immédiatement une grosse catégorie de la population qui
uniquement pour le rhume ordinaire...
M. RENAUD: M. Daniel, c'est la raison pour laquelle je vous ai
demandé tout à l'heure si tous les médicaments même
prescrits par les médecins devraient être payés dans un
plan d'assurance-maladie.
M.DANIEL: Je le sais, M. le Président, oui. Encore, parce que
lorsqu'un médecin prescrit un sirop il en prescrit souventefois qui sont
des narcotiques, qui contiennent de la codéine et qui réclament
de la part du pharmacien une prescription pour être vendus et à ce
moment-là ils ne peuvent être mis dans les mains du public que
sous ordonnance médicale de par les lois fédérales.
M. DALLAIRE: M. Daniel, si votre patient ou client, sans passer par le
bureau du médecin, va à la pharmacie pour chercher un sirop
ordinaire et une pilule, un casse-grippe quelconque sans qu'il n'ait pas ce
qu'on appelle le PR, à ce moment-là il ne paie pas de visite chez
le médecin et combien de gens passent directement par la pharmacie pour
avoir un sirop? Ils disent: j'ai la grippe, je voudrais avoir un sirop pour le
rhume, je voudrais avoir une pilule, peu importe le nom, coricidine ou quoi que
ce soit, c'est un nom qui me vient à la mémoire. Alors à
ce moment-là ils ne paient pas de visite chez le médecin. Est-ce
que votre honoraire professionnel sera également chargé?
M. DANIEL: Absolument pas! Les honoraires professionnels ne s'attachent
qu'aux aspects relatifs aux ordonnances ou prescriptions.
M. DALLAIRE: Maintenant, est-ce que votre frais dissuasif sera
également, rentrera en ligne de compte seulement pour les
médicaments PR ou pour tous les médicaments qui se vendent sans
prescription?
M. DANIEL: Uniquement pour les médicaments prescrits.
M. CLOUTIER: M. Daniel, vous insistez dans votre mémoire sur le
paiement à trente jours, le remboursement à trente jours par le
gouvernement, est-ce que vous aviez certaines craintes à ce
moment-là en exprimant ce souhait?
M. DANIEL: Oui.
M. MARLER: M. Cloutier parle évidemment comme un membre de
l'Opposition, vous le comprenez?
M. RENAUD: Cette question est pas mal posée du tout.
M. DANIEL: Nous n'avons aucune crainte sur la capacité
financière du gouvernement de rembourser le pharmacien, par contre,
l'expérience vécue en Angleterre prouve que souventefois la seule
question du mécanisme à être mis sur pied et de tous les
détails à être remplis de part et d'autre avant que
d'envoyer un chèque peut étendre cette période à
plus que 30 jours et à ce moment-là, si vous calculez que la
proportion du médicament se basant sur le rapport de la commission
Castonguay est de l'ordre de $100 millions annuellement, vous divisez par 12 et
vous obtenez à peu près $10 millions par mois, ce qui veut dire
qu'au bout d'un mois, les pharmaciens auront quand même financé
pour $10 millions de médicaments et je pense que c'est
déjà hors proportion et que les gérants de banque, quels
qu'ils soient, amis ou non, n'accepteront pas de financer la médication
au gouvernement.
M. CLOUTIER: En somme, vous voulez conserver bien vivant un simple
principe d'affaires qui est payable à 30 jours.
M. DANIEL: Exactement, nos factures sont payables à 30 jours.
M. CLOUTIER: Vous voulez que le gouvernement donne l'exemple.
M. DANIEL: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'avec le système actuel de 30 jours il
y a une importance quelconque?
M. DANIEL: Je pense que ce sont les financiers qui l'ont
institué.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les clients comprennent la différence
entre 30 jours et 60 jours?
M. DANIEL: Les officiers de crédit des fabricants ou
manufacturiers ou nos fournisseurs semblent comprendre cela
automatiquement.
M. LE PRESIDENT: Evidemment, je comprends que le pharmacien n'est pas
dans la même situation que le client.
M. THEBERGE: Pour revenir à ma question initiale. Si votre acte
pharmaceutique était accepté, est-ce qu'il serait le même
à Montréal ou à Témiscamingue, par exemple?
M. DANIEL: Absolument, il n'y a aucune raison qu'il diffère.
M. THEBERGE: Oui, mais les dépenses du pharmacien ne sont pas les
mêmes dans une ville ou dans un village.
M. DANIEL: A quel point de vue?
M. THEBERGE: Dépenses de loyer, dépenses
d'employés.
M. DANIEL: Si vous avez remarqué à l'article 72 de la page
29, alors que nous élaborons la façon de calculer le
système, nous disons ceci: « il va sans dire que c'est le montant
en parlant du tarif d'honoraires, que tout pharmacien doit verser
à partir du coût du médicament il va sans dire que
c'est le montant que tout pharmacien doit verser au manufacturier pour se
procurer une drogue donnée. On y ajoute les frais d'administration qui
sont calculés en multipliant le coût de la drogue à un
facteur donné lequel est préétabli par le ministère
de la Santé et des pharmaciens et une formule à échelle
décroissante selon que l'on remplit plus ou moins de prescriptions
à l'intérieur des cadres du plan de l'assurance-maladie, à
cette addition du coût des frais d'administration, on ajoute un honoraire
professionnel pour chaque acte pharmaceutique. Le montant de cet honoraire est
établi par convention par le gouvernement et les pharmaciens. On
pourrait multiplier tout ceci par un facteur tenant compte de l'indice du
coût de la vie pour obtenir une formule juste et équitable pour le
contribuable et le pharmacien et pour le gouvernement de
rémunérer les pharmaciens dans l'exercice de leur profession. A
ce moment-là, vous avez un indice qui tient compte de la variante.
M. THEBERGE: Vous tenez compte de l'administration. Vous avez un
pourcentage qui peut être plus élevé dans une ville.
Maintenant, est-ce que vous auriez l'autorité de forcer vos membres
à suivre ce règlement-là, parce que je sais que chez nous,
par exemple, on a un pharmacien qui l'a mis en pratique. Vous disiez tout
à l'heure, pour les ordonnances qui sont élevées,
dispendieuses, il y a certainement un avantage pour le client.
M. DANIEL: Je pense qu'à ce moment-là, le gouvernement, de
par les négociations qui suivront l'établissement du
régime d'assurance-maladie aura sûrement à amender
plusieurs lois et s'il décide de nous accorder ce pouvoir, il amendera
la Loi de pharmacie et nous l'appliquerons.
M. THEBERGE: Actuellement, la loi ne vous permet pas de forcer vos
membres à travailler de cette façon-là.
M. DANIEL: Aucunement.
M. THEBERGE: Mais vous l'avez proposé par exemple? Il y en a qui
la pratiquent.
M. DANIEL: C'est ça. Nous l'avons proposé.
M. RENAUD: Dans la majorité des cas, vous tenez compte, pour
votre acte, vous chargez.
M. DANIEL: Actuellement c'est un fait existant mais non «
officialisé ».
M. RENAUD: C'est ça. Pourriez-vous dire au comité ce que
sont les économiquement faibles à Montréal.
Vous prenez une personne qui va chez le médecin. Il signe une
ordonnance puis elle se croit sous le bien-être social; qu'est-ce qui
arrive dans ce cas-là actuellement?
M. DANIEL: Il s'agit de savoir si le problème est urgent. Je
pense que c'est pourquoi nous avons félicité le gouvernement de
s'attaquer à la question de l'assurance-maladie. Depuis les
amendements à la Loi de pharmacie, l'hôpital ne peut
fournir de médicaments aux patients hospitalisés ou sous
traitements à cet hôpital. Immédiatement s'est posé
le problème de l'économiquement faible. Le Collège des
pharmaciens a commencé quelques mois plus tard des entretiens avec le
ministère du Bien-Etre social à l'époque et naturellement
quand sont arrivés les changements au ministère de la
Santé et du Bien-Etre social, nous avons rompu ces négociations,
le système d'assurance-maladie étant préconisé pour
bientôt, et nous espérons que ce comité fera les
recommandations nécessaires pour régler cette question
urgente.
Nous avons mis sur pied, il y a un an, un système auquel les
pharmaciens ont collaboré mais qui malheureusement s'est
avéré trop coûteux pour la poche du pharmacien. C'est
beaucoup faire, nous avons fait carrément la charité, nous devons
l'avouer, nous avons accepté des prescriptions de ces patients-là
et le pharmacien a payé de sa poche les médicaments et les a
fournis gratuitement aux indigents. C'est un système qui ne doit pas
exister. Le premier ministre lui-même le 27 novembre nous disait que ce
n' est pas à nous comme corporation professionnelle et ce n'est pas au
pharmacien comme individu à régler ce problème et c'est
pourquoi peut-être les phases restructurées et les lois sociales
ont été incluses au mémoire. C'est au gouvernement
à prendre ses responsabilités, c'est à lui de repartir le
plus équitablement possible les richesses de la belle province.
M. RENAUD: M. Daniel dans les hôpitaux, ce n'est pas vous autres
qui vendez les médicaments.
M. DANIEL: Dans les hôpitaux, les médicaments sont couverts
par l'assurance-hospitalisation.
M. RENAUD: Dans le moment.
M. DANIEL: Dans le moment. Pour ceux qui sont hospitalisés ou
sous traitement à l'hôpital seulement par contre.
M. RENAUD: Alors dans un plan d'assurance-maladie le même
état de chose continue, si je comprends bien.
M. DANIEL: Absolument.
M. RENAUD: Je le comprends comme ça.
M. DANIEL: D'ailleurs j'imagine que le gouvernement a déjà
des statistiques per capita au niveau de l'hôpital. Par contre ces
statistiques peuvent être disons un peu plus fortes que la
réalité parce que la personne qui est malade au point
d'être hospitalisée en général requiert plus de
médication que la personne qui a une maladie qui peut être
guérie dans quelques jours sans avoir besoin d'être
hospitalisée.
M. RENAUD: Alors dans l'application d'un plan d'assurance-maladie, la
grande partie de votre activité relève d'ordonnances de
médecin, pour visites chez le médecin ou visites du
médecin à domicile de la personne.
M. DANIEL: Exactement, ce que nous voyons mal naturellement. Il serait
trop beau mais nous serions je pense les premiers sur la terre à vouloir
offrir tous les médicaments gratuitement au public, mais il faut
s'entendre sur gratuitement au public parce qu'il reste que quelqu'un va payer
pour et qu'il y aura sûrement un mode de financement d'instauré,
mais il reste que quand nous parlons d'instituer étape par étape,
couche par couche, bien nous imaginons facilement que c'est la façon la
plus facile de contrôler le débit de médicaments ainsi que
le coût et la prescription médicale.
M. ROY: M. Daniel, lorsque vous déclarez dans votre
mémoire que la mise en application d'un système
d'assurance-maladie causera des bouleversements en profondeur dans les
habitudes du peuple québécois, quel genre de bouleversement le
Collège envisage-t-il en ce qui a trait aux médicaments?
M. DANIEL: Il existe à l'heure actuelle, le rapport de la
commission Castonguay en fait mention, différents systèmes
institués par les compagnies d'assurances à caractère
privé. Nous avons à faire face tous les jours à des gens
qui se présentent à la pharmacie, font remplir une prescription,
réclament un reçu. Certaines compagnies ont un système
où ils paient pour chaque individu de la famille à partir du
premier $25 ils payent 80% de la balance, d'autres systèmes s'appliquent
à toute la famille. Le client est habitué à nous demander
un reçu pour se faire rembourser, dans certains cas mensuellement, dans
d'autres cas annuellement, par sa compagnie d'assurances privée.
Le système préconisé bouleverse sûrement les
habitudes des québécois en ce sens qu'ils devront se
réadapter à une toute autre formule que celle qu'ils connaissent
actuellement et autre bouleversement en profondeur et je pense
que nous le visons aussi par ce qui a été amené
sous le couvert des frais dissuasifs, c'est que la population de la
province de Québec sera sûrement portée à consulter
le médecin plus souvent qu'auparavant.
M. THEBERGE: M. Daniel, je crois avoir déjà vu des
statistiques de chaque pharmacie pour la proportion de médicaments et la
proportion d'ordonnance qu'elles vendent. Vous avez ça, je crois?
M. DANIEL: Oui.
M. THEBERGE: Alors, est-ce que vous pouvez nous dire, pour la province,
vous avez le chiffre d'affaires brut des pharmaciens, le pourcentage
d'ordonnances pour ce montant brut afin de savoir si ça arrive au $100
millions qui est prévu par le comité Castonguay?
M. DANIEL: Ce sont des chiffres que je n'ai malheureusement pas avec moi
ce matin mais que nous pouvons vous faire parvenir aussi, je pense.
M. THEBERGE: Ce serait important de...
M. LE PRESIDENT: M. Daniel ce serait très utile d'avoir des
précisions de ce genre-là parce qu'évidemment dans votre
mémoire vous préconisez, n'est-ce pas, une espèce de
couverture par étape. Vous avez commencé avec les indigents,
ensuite vous allez y ajouter d'autres classes selon le revenu imposable et
différentes catégories de citoyens. Mais évidemment, vous
avez constaté et vous en parlez dans votre mémoire, la
possibilité de l'étendre par discipline en disant, par exemple;
nous allons commencer avec des soins médicaux, ensuite les
médicaments, les soins dentaires, les lunettes, les soins oculaires etc.
Alors il y a deux possibilités. Lorsque l'on parle d'étape cela
peut être une étape en faisant des tranches ou des couches de la
population ou en disant nous allons commencer avec des soins médicaux et
après les produits pharmaceutiques etc. Nous avons devant nous ce
chiffre de $100 millions, l'estimation faite par le comité de M.
Castonguay. Est-ce que vous pouvez nous éclairer? Est-ce que nous avons
raison de croire que ces $100 millions, qui est un gros morceau à
avaler, si par exemple vous nous disiez que c'était $50 millions
plutôt que $100 millions, évidemment ce serait plus facile
même pour l'Opposition d'avaler $50 millions que...
M. RENAUD: Je vais vous laisser aller avec ça! Vous allez bien,
M. Marler!
M. DANIEL: Je pense qu'il serait très important pour le
gouvernement et c'est pourquoi nous le proposons étape par étape
et comme vous le disiez si bien que ce soit étape de discipline ou
couche de population, c'est le pourquoi de la comparaison un peu fantaisiste
des soeurs siamoises. Nous ne voyons absolument pas un régime
d'assurance-maladie instauré sans y inclure la médication. Cela
va de pair, c'est un tandem, on ne peut séparer le médecin du
pharmacien, ni le pharmacien du médecin. Il n'y a pas de traitement
possible sans médicaments. A ce moment-là, si les
médicaments sont inclus au régime d'assurance-santé
applicables aux défavorisés économiquement, c'est une
période de rodage qui, je pense, sera beaucoup plus facile comme
conclusion de chiffres et apportera une conclusion plus claire que toutes les
estimations qui peuvent être faites. Ce serait une période de
rodage qui, je pense, pourrait apporter facilement une projection si on
étendait ces services par la suite à toute la population, quitte
à l'étendre plus tard si jamais on voit que c'est hors de
proportion. Mais il reste que ce serait une période de rodage, parce que
je pense que, si j'en reviens au rapport de la commission Castonguay, ils ont
établi que ce serait de l'ordre de $12 millions pour les
défavorisés. Et $12 millions je pense que, et le pouvoir et
l'Opposition avaleraient ça beaucoup plus facilement.
M. CLOUTIER: M. Daniel, j'aurais une question à vous poser sur un
sujet peut-être un peu plus délicat. Est-ce qu'il arrive aux
pharmaciens, en pratique, de refuser de remplir une prescription du
médecin, prescription qui comporterait une incidence si vous voulez qui
comporterait des remèdes ou des objets qui auraient une incidence
criminelle ou contraire à l'éthique professionnelle ou...
M. DANIEL: Cela arrive tous les jours et nous avons à cet
effet-là une filière assez imposante au Collège des
pharmaciens de lettres du gouvernement fédéral félicitant
tel ou tel pharmacien pour avoir réussi à dépister soit
une fausse ordonnance, soit un groupe organisé et nous en avons vu qui,
des fois, étant des employés d'hôpitaux, des
employés subalternes il va sans dire, cela peut-être le balayeur
ou qui que ce soit qui vont voler un calepin de prescriptions. Ils vont aller
jusqu'à imiter la signature du médecin et le pharmacien qui dans
l'exercice de ses fonctions s'aperçoit de cet état de choses
refuse de remplir la prescription et nous avons même vu souvent, et cela
s'est produit encore dernièrement, des arrestations effectuées
par la Gendarmerie grâce au dépistage fait par les
pharmaciens.
M. CLOUTIER: Mais dans ces cas-là c'est le pharmacien
individuellement qui exerce son contrôle, son jugement sur l'ordonnance.
Le Collège des pharmaciens comme tel n'a pas de normes, n'exerce pas de
contrôle lui-même?
M. DANIEL: Oui, c'est parce que le Collège des pharmaciens passe
son temps à avertir ses membres de cet état de choses. Pour
nommer un exemple concret, à Québec ici ç'a existé
il y a deux ans. Les pharmaciens de la ville de Québec ont
accepté à leur insu des prescriptions forgées,
c'est exactement le terme juridique dans la loi du fédéral
prescriptions forgées pour des drogues ou narcotiques ou
contrôlées. A ce moment-là certains pharmaciens,
parce que forcément on se fait rouler facilement même avec les
faux « vingt » qui circulent le pharmacien peut en accepter
sous le couvert de l'honnêteté et à son insu. Mais ils ont
découvert le pot-au-rose grâce aux pharmaciens et ces
personnes-là ont pu être arrêtées.
Immédiatement le collège a pris position et notifié tous
ses membres par son bulletin officiel de faire attention qu'il existe des
réseaux de faussaires de prescriptions et a mis les pharmaciens en garde
qui sont devenus plus circonspects. L'action du collège s'exerce aussi
dans un cas comme celui de la thalidomide alors qu'immédiatement dans
l'espace de moins d'une journée le médicament a pu être
retiré immédiatement du marché grâce au
contrôle du pharmacien et advenant le cas d'une drogue dangereuse comme
ça qui serait entre les mains du public ou qui s'averrait dangereuse
après certaines années d'usage elle peut être
retirée du marché dans l'espace d'une demi-journée, encore
une fois.
M. RENAUD: D'ailleurs, ça peut avoir rapport avec vos
règlements concernant l'éthique?
M. DANIEL: Cela fait partie intégrale.
M. RENAUD: Avez-vous un conseil de discipline chez vous?
M. DANIEL: Oui, nous en avons un qui est même assez puissant.
M. RENAUD: Alors, si un pharmacien dérogeait au règlement
dans le sens qu'on indique il va passer devant le conseil de discipline chez
vous?
M. DANIEL: Absolument, c'est ça,
M. VAILLANCOURT: M. Daniel, à la page 26 de votre mémoire,
paragraphe 59, on dit:
Sa responsabilité ne s'arrête cependant pas là dans
l'exercice de sa profession. «Il encourt de plus une
responsabilité morale celle de ne pas être le complice silencieux
de ceux qui veulent se servir des médicaments pour fins nuisibles,
morales voire même criminelles ». Le collège peut-il donner
des exemples des fins immorales pour lesquelles les médicaments peuvent
être utilisés?
M. DANIEL: Absolument, nous sommes consultés en somme par le
public. Je pense que le pharmacien est dans la province de Québec, au
point de vue santé, celui qui est le plus consulté, parce qu'il
donne des consultations gratuites probablement, et puis à ce
moment-là le pharmacien a à faire face journellement à des
problèmes comme les suivants, petits problèmes de tous les jours:
Mme Une telle va chez le médecin, elle se fait prescrire une pilule
amaigrissante puis a de bons résultats. Les quatre voisines le lendemain
arrivent à la pharmacie puis réclament le même genre de
pilule. Le même genre de pilule ne peut être vendu que sur
ordonnance et le pharmacien doit dire non, non, non. Et on a un exemple encore
plus frappant avec la pilule anovulante aujourd'hui. Les pharmaciens doivent
dire non, non, non. Troisième exemple: Avortement...
M. THEBERGE: Est-ce qu'ils disent toujours non?
M. DANIEL: Ceux qui ne disent pas non et que nous prenons passent
justement devant le bureau de discipline.
M. RENAUD: Ils vont devant le conseil de discipline?
M. VAILLANCOURT: Parce qu'ils sont là pour du commerce
eux-autres, s'ils les ont en vente...
M. DANIEL: Je m'excuse de vous interrompre. Nous ne sommes pas là
pour faire du commerce, c'est ce qui a toujours été faussé
dans l'opinion publique. Le pharmacien est le seul et je le lisais dans un
volume français, qui, je prends le terme français, qui sur le sol
de France doit payer des taxes municipales, des taxes à gauche et
à droite et qui, à tous les jours, opère une entreprise et
doit dire à des clients qui lui réclament des marchandises et lui
offrent de gros montants pour l'avoir: « Non ». Et il dit non, et
les pharmaciens, messieurs, changeraient d'automobiles plus souvent s'ils
disaient oui à tout le monde à gauche et à droite.
M. RENAUD: Ensuite il y a les...
M. VAILLANCOURT: Vous devez vouloir dire comme les narcotiques, tous ces
médicaments-là?
M. DANIEL: Tous les médicaments et même ceux qui ne
réclament pas de prescription. J'imagine mal les jeunes filles, encore
une fois de 17 ou 18 ans, qui viennent à la pharmacie et qui veulent
avoir des pilules pour s'avorter, et puis il y en a, c'est déplorable.
Le pharmacien a à ce moment-là un problème moral. Le
premier problème c'est le problème moral, il y a le
problème d'éthique professionnelle, il y a le problème
légal. Il a tous ces problèmes-là qui font partie,
à tous les Jours, journellement, cela, ça arrive des milliers de
fois par année parce que dans 1,345...
M. TARDIF: C'est inhérent d'ailleurs à votre
profession?
M. DANIEL: ... c'est inhérent à la profession. Et nous
avons à faire face à ces responsabilités
journellement.
M. CLOUTIER: Le fait d'instaurer, de réclamer un honoraire
professionnel, vous êtes certainement d'opinion que c'est de nature
à revaloriser votre profession dans l'opinion du public.
M. DANIEL: Pas officiellement que du même coup cela va produire
cet effet, pas officiellement.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions que les membres du
comité désirent poser au collège?
M. DUPRE: M. Daniel, pourriez-vous nous dire s'il n'y aurait pas
avantage chez vos membres de séparer la pharmacie, par exemple, c'est
tout de même un commerce, dans la partie commerciale, de séparer
l'officine par exemple du reste que l'on a appelé des bébelles,
crème à glace, enfin tout ce que vous voudrez. Je pense qu'il y a
quelque chose dans votre profession...
M. DANIEL: Nous sommes tellement d'accord que si vous avez lu tout ce
qui a été dit, publié sur la pharmacie depuis les derniers
cinq ans, nous l'avons même demandé officiellement au premier
ministre en Chambre lors des amendements à notre loi, dans cette
même salle.
M. DUPRE: J'y étais.
M. DANIEL: Il est entendu, et nous avons compris que dans le contexte
actuel, le gouvernement était dans l'impossibilité de recourir
à cette mesure, mais il demeure que si ce que nous avons
prêché aussi depuis cinq ans, la pharmacie revient au pharmacien
et je pense à ce moment-là, surtout aux centres situés
à l'extérieur des grands centres comme Montréal,
Québec, etc, alors que les médecins n'avaient pas la
possibilité de charger eux-mêmes d'honoraires professionnels, ils
le disaient avec raison et très honnêtement, parce que ces
gens-là espéraient recevoir en retour quelque chose de tangible
et il va y avoir enfin place pour le pharmacien et il va pouvoir évoluer
dans le contexte normal de ses activités professionnelles.
M. DUPRE: Est-ce qu'il y a quelque chose dans ce sens-là,
c'est-à-dire que vous sépariez votre officine professionnelle du
restant du commerce que vous faites?
M. DANIEL: Dans le moment, il n'y a rien qui nous permet...
M. DUPRE: Ce serait le temps d'en parler.
M. DANIEL: ... d'obliger nos membres, mais laissez-moi vous donner, pour
connaître les pharmaciens et les rencontrer assez souvent lors
d'assemblées, nous avons notre assemblée générale
mercredi prochain et je suis certain qu'encore une fois, l'opinion
générale des pharmaciens, ça va être: enfin on va
pouvoir sortir nos bébelles. Les pharmaciens n'en veulent pas de
ça. N'oubliez pas que le pharmacien est obligé de recourir
à ça pour vivre, parce que la marge de profit qui encore une fois
peut sembler élevée dans le moment, ne l'est pas, les
enquêtes le prouvent et puis si le pharmacien n'avait pas cette
partie-là, plusieurs auraient à fermer leur porte.
M. DALLAIRE: Alors, M. Daniel, ce qui veut dire que un plan
d'assurance-santé tel que préconisé et conçu,
serait alors de nature ipso facto à revaloriser la profession du
pharmacien.
M. DANIEL: Nous le croyons. M. DALLAIRE: Automatiquement. M. DANIEL:
Nous le croyons.
M. DALLAIRE: Et de par le fait même, éliminer tous les
à-côtés de sa profession.
M. DANIEL: Nous le croyons.
M. DALLAIRE: Je pense que je pourrais faire une certaine remarque ou une
mise au point, à savoir que l'on discute assez souvent sur les marges de
profit du pharmacien, mais je pense qu'il y a un prix minimum par exemple
au-dessous duquel le pharmacien ne peut pas vendre tel produit. Est-ce qu'il
n'y a pas, établi par les grands laboratoires ou les grands
manufacturiers, un prix minimum au-dessous duquel le pharmacien ne peut pas
vendre?
M. DANIEL: Non, vous parlez là d'un état de choses qui
existait il y a à peu près quinze ou seize, dix-sept, dix-huit
ans, alors que la loi fédérale permettait la fixation des prix.
Mais si vous vous souvenez, après la guerre on a enlevé cette
loi-là et tous les fabricants, dans quelque domaine que ce soit,
aujourd'hui, ont des prix de détail, suggérés.
M. DALLAIRE: Ah, suggérés.
M. DANIEL: Ils suggèrent un prix de détail, mais vous
n'êtes pas tenus de le suivre, d'aucune façon.
M. DUPRE: ... les pharmaciens, on a retiré...
M. DANIEL: Mais vous parlez de ça, oui, il y a eu une cause
peut-être pas célèbre, mais quand même il y a eu une
cause où ce fut fait, mais qui, par contre, aurait été
presque déboutée dans le sens que la loi avait été
amendée je pense deux ou trois jours après le jugement rendu.
M. DALLAIRE: Alors, en résumé, les prix de vente du
pharmacien sont proportionnels au prix du coût d'achat...
M. DANIEL: Exactement.
M. DALLAIRE: ... de chez les manufacturiers...
M. DANIEL: Et du coût d'achat...
M. DALLAIRE: ... de sorte que si le prix de vente remonte, c'est parce
que le prix d'achat du manufacturier au pharmacien monte de plus en plus.
M. DANIEL: Exactement si nous recevons...
M. DALLAIRE: Nous avons également pensé que rentrent en
ligne de compte ici les dépenses formidables que certains laboratoires
font en recherches.
M. DANIEL: Exactement.
M. DALLAIRE: S'ils travaillent sur un produit pendant deux ou trois ans
bien évidemment il y a un coût d'administration formidable qui
vient s'ajouter au prix de vente du produit du manufacturier aux distributeurs
et aux pharmaciens.
M. DANIEL: Oui, et au risque de surprendre le comité, si vous me
permettez, et ceci dit non pas pour flatter messieurs les manufacturiers mais
il reste que la pharmacie, je pense, c'est la seule branche où nous
connaissons régulièrement des baisses de prix. Un produit mis sur
le marché à x dollar subit au bout de deux ou trois ans, s'il est
assez utilisé, une baisse due à sa grande utilisation et au fait
que le coût de la recherche a été amorti. Et ceci arrive
journellement. La péniciline se donne aujourd'hui et vous savez qu'avant
c'était hors de prix.
M. LE PRESIDENT: Alors s'il n'y a pas d'autres questions de la part des
membres du comité? M. Daniel je veux tout simplement signaler à
nouveau qu'au cours de la discussion ce matin vous avez promis de nous dominer
une espèce de tableau pour indiquer le nombre de pharmacies et la
répartition régionale et deuxièmement de nous donner
peut-être un aperçu non pas du montant des ventes mais du
pourcentage des ventes représenté par les prescriptions, les
ordonnances, et si vous pouvez même aller plus en détail, ce
serait très utile pour le comité de recherches parce que nous ne
savons pas réellement, lorsqu'on a des chiffres indiquant le chiffre des
ventes des pharmacies on ne sait pas combien de jouets il y a là-dedans,
combien de tabac, combien de pellicules Kodak, etc. Alors, M.Daniel, si vous
voulez vous souvenir de nous envoyer ces deux tableaux nous serons bien
reconnaissants et je veux, au nom du comité, vous remercier de la
façon que vous avez exposé le contenu de votre mémoire.
Nous avons trouvé les renseignements que vous nous avez donnés ce
matin très intéressants. Nous sommes reconnaissants du fait que
vous êtes venu nous exposer votre point de vue.
M. DANIEL: Merci, M. le Président, et de mon côté je
tiens à assurer, et le comité et le gouvernement, de toute notre
collaboration et vous savez sans doute que les pharmaciens sont prêts
à servir, sous quel que couvert que ce soit, c'est-à-dire que ce
soit au sein d'organismes créés par le gouvernement afin
d'amorcer des discussions là où nous pouvons servir, là
où nous serons appelés nous y serons. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le comité, évidemment, va siéger
encore cet après-midi à trois heures. Si le comité est
d'accord je vais proposer qu'on siège à huis clos parce qu'il
s'agira de discussion avec M. Marcoux du service d'hospitalisation au
ministère de la Santé et je pense que M. Marcoux sera un peu
gêné de dire publiquement ou de répondre publiquement
à toutes les questions qu'on voudra lui poser et dans les circonstances
je proposerai premièrement qu'on siège à huis clos et
qu'il n'y ait pas d'enregistrement des questions et de la discussion
générale, si c'est bien la volonté du comité.
M. RENAUD: M. Marcoux ne devait pas venir à quatre heures?
M. LE PRESIDENT: On a parlé de quatre heures mais je pense que vu
que nous terminons à midi, je pense que nous pouvons le convoquer pour
trois heures.
M. TREPANIER: M. le Président, il pourrait peut-être y
avoir quand même enregistrement sans que ce soit polycopié.
M. LE PRESIDENT: C'est difficile. Je pense que nous allons faire des
arrangements pour avoir des notes sténographiques mais non pas
l'enregistrement de toute la discussion. Evidemment, s'il y a enregistrement
ça vaudrait aussi bien la peine d'avoir une séance publique. Je
dis ça parce que le comité doit réaliser
immédiatement que, ordinairement lorsqu'on invite un employé d'un
ministère de venir devant un comité on le questionne en
présence de son ministre. Je pense que dans les circonstances il s'agit
d'une discussion et c'est complètement nouveau parce que ça ne
fait pas partie de l'étude faite par le comité de M.
Castonguay.
M. RENAUD: C'est simplement pour nous fournir des renseignements.
M. MARLER: C'est ça. Evidemment nous avons bien des questions
à poser et peut-être que normalement, nous aurions entendu un
organisme. Si vous voulez nous tâcherons de trouver des renseignements
additionnels à ceux que nous trouvons dans le rapport Castonguay et je
pense qu'il serait plus facile pour tout le monde si on procédait
à huis clos comme je le suggère.
Je dois dire peut-être ceci, c'est qu'au cas où
après avoir eu la discussion avec M. Marcoux que nous décidions
de reprendre l'étude du volume 10 et l'exposé de Mlle Beaudoin,
nous allons inviter les journalistes à revenir et aussi à faire
fonctionner l'enregistrement comme ce matin.
Le comité est ajourné.
Séance du 22 mars
(Trois heures et cinquante-sept de l'après-midi)
M. MARLER (Président): A l'ordre, messieurs! Nous avons
maintenant quorum. Vous avez demandé la parole, M. Coiteux?
M. COITEUX: M. le Président, avant que l'on commence à
entendre le mémoire de l'Association des hôpitaux de la province,
qui doit nous être soumis cet après-midi, y aurais, comme membre
du comité, quelques remarques à faire. Est-ce que les journaux
ont rapporté exactement la chose, je l'ignore? Mais de toute
façon, les journaux nous rapportaient, ce matin, qu'un
député médecin qui siège à ce comité,
lors d'une assemblée politique, hier, a présumé en quelque
façon pour du capital électoral, des conclusions sur lesquelles
éventuellement nous serons appelés à nous prononcer. Un
député membre de ce comité. Il a été
jusqu'à dire que le gouvernement marchandait sur les frais de pharmacie
dans la nouvelle loi de l'assistance aux nécessiteux où on couvre
les frais médicaux. Imaginez, messieurs, nous sommes à la veille
d'une campagne électorale et, sur un sujet de l'importance qui nous
réunit ici, autour de ces tables, où tout le monde semble
animé du meilleur esprit afin de donner à la province de
Québec la meilleure loi possible, je crois qu'il serait excessivement
malheureux, dans un climat de campagne politique, d'essayer de faire de la
surenchère.
UNE VOIX: C'est sûr!
M. COITEUX: On pourrait s'attendre à certaines remarques comme
ça d'un député qui ne siégerait pas à ce
comité. Mais ceux qui ont siégé depuis le début des
audiences, je
crois, sont en mesure de constater le sérieux que tous et chacun
prêtent à cette chose; et surtout lorsqu'on parle de soins
pharmaceutiques, nous sommes suffisamment au courant pour connaître les
implications financières que cela veut dire. Imaginez que si l'on
commence de cette façon-là: Ils paient les frais de
médecins, ils devraient payer la médecine », on va se
retourner et on va entendre dire: « Ils devraient donner les soins
dentaires »; ils vont se retourner et dire: « On va donner la
prothèse ». Voyons! Je pense que nous sommes tous des gens trop
sérieux pour nous permettre ça! Maintenant, le type en question
n'est pas ici cet après-midi; faurais fait ma remarque quand même.
J'ose croire que les journaux l'ont mal interprété, parce que,
même dans une campagne électorale, je crois qu'il y a certains
principes qui régissent le sérieux de l'étude que l'on
apporte à ces lois-là et qui ne devraient pas être
dépassés. Il y a une éthique, je crois, de comité
dans un cas comme l'assurance-santé qu'on doit respecter. C'est la
remarque que j'avais à faire.
M. LE PRESIDENT: Dr Pothier, voulez-vous d'abord présenter les
membres de votre délégation et ensuite nous donner un
exposé de votre mémoire?
M. POTHIER: Merci. Ici le Dr André Moisan, directeur
général de l'Association des hôpitaux de la province de
Québec; M. Filion, aviseur légal de l'Association des
hôpitaux de la province de Québec; Soeur Marie-Florida, membre du
conseil d'administration; le Dr Bourgeois, membre du conseil d'administration;
M. Cohen, membre du conseil d'administration; M. Massue, membre du conseil
d'administration, et Soeur Ste-Foy, également membre du conseil
d'administration.
M. le Président, je dois d'abord excuser le Président de
l'Association des hôpitaux de la province de Québec qui, pour des
raisons incontrôlables, est dans l'impossibilité de venir
présenter le mémoire au nom de l'Association. C'est pourquoi vous
me voyez à cette table, à ce moment-ci.
Nous devons vous dire que l'Association des hôpitaux de la
province de Québec représente 200 hôpitaux, soit 55,000
lits, soit environ 92% des lits d'hôpitaux de la province de
Québec;
Dans le mémoire que nous avons présenté, nous avons
simplement voulu aborder les problè- mes que l'assurance-maladie pouvait
apporter aux hôpitaux, laissant de côté tous les autres
problèmes d'ordre financier ou d'ordre juridique ou d'ordre
législatif, croyant que d'autres associations mieux qualifiées
que nous se chargeraient de ces aspects des problèmes de
l'assurance-maladie.
Les répercussions prévues de l'assurance-maladie sur les
hôpitaux, à notre sens, sont de deux ordres. Premièrement,
sur les lits d'hôpitaux, que ce soit des lits d'hôpital
général, des lits d'hôpital pour chroniques ou de
convalescents et aussi sur les services diagnostiques de nos hôpitaux. En
ce qui concerne les services diagnostiques, nous prévoyons que
l'assurance-maladie va apporter une affluence de demandes de services
diagnostiques.
Nous croyons que les malades se feront examiner de façon beaucoup
plus fréquente au bureau du médecin et que le médecin
demandera aux hôpitaux de fournir à ces malades des services
diagnostiques, soit radiologie, soit des examens de laboratoires, des examens
d'électrocardiologie, etc. Et, en conséquence, nous croyons que,
dans la situation actuelle, nos hôpitaux ne sont pas en mesure de
répondre à ce surcroît de demandes. Et nous croyons que nos
hôpitaux ne sont pas en mesure pour trois raisons: pour des raisons de
manque de personnel qualifié d'une part, pour des raisons de locaux et
des raisons d'instrumentation. Dans un très grand nombre de nos
hôpitaux, actuellement, nous avons à peine suffisamment de
personnel qualifié, d'instruments et de locaux pour rencontrer nos
obligations actuelles, et si l'assurance-maladie apporte, comme nous le
croyons, une influence considérable de demandes dans ce sens-là,
eh bien! nous ne pensons pas pouvoir répondre, dans les conditions
actuelles à cette demande.
Deuxièmement, l'influence ou les répercussions de
l'assurance-maladie sur les lits d'hôpitaux. Il nous apparaît que
la demande pour lits d'hôpitaux généraux ne soit pas
tellement augmentée en raison du fait que d'une part les séjours
moyens seront diminués en raison du fait que les malades pourront subir
des examens préliminaires à titre de malades externes et que
lorsqu'ils entreront à l'hôpital pour traitement, eh bien! tous
ces examens préliminaires ayant été passés, le
séjour moyen pourrait être diminué de trois, quatre ou cinq
jours, selon les cas.
En deuxième lieu, nous pensons également que beaucoup de
malades pourront s'abstenir d'être hospitalisés
précisément parce que le médecin pourra obtenir pour
lé malade externe certains examens qui l'aideront à faire un
diagnostic et à élaborer une thérapeutique valable.
D'autre part, cependant, nous croyons que sauf évidemment
dans certaines circonstan-
ces de lieu où il y a définitivement une pauvreté
nettement évidente de lits d'hôpital général
ce dont nous avons le plus besoin actuellement ce sont des lits pour
chroniques, des lits pour des soins de garde et aussi pour des soins à
domicile organisés.
Ces genres de services devraient être organisés
évidemment à l'échelon provincial, mais aussi et surtout
à l'échelon régional, parce que nous ne pouvons concevoir
que d'organiser d'immenses centres pour malades chroniques ou convalescents ou
de soins de garde dans des endroits précis, alors que les malades
usagers de ces lits auront à franchir des distances importantes pour
pouvoir recevoir les soins dont ils ont besoin. En conséquence,
l'Association des hôpitaux de la province de Québec, actuellement,
a mis sur pied des organismes régionaux qui seront toujours heureux de
collaborer avec le gouvernement ou le ministère de la Santé en
l'occurence pour faire une planification valable de ces lits pour chroniques ou
soins de garde et l'organisation des soins à domicile.
Comment entrevoyons-nous les soins à domicile? Nous y voyons
trois possibilités distinctes. Premièrement, des soins à
domicile entièrement intégrés à un hôpital
donné dans un secteur ou dans une localité donnée ou
encore une formule mixte; une formule où à la fois
l'hôpital travaillera en collaboration avec certaines organisations
communautaires, type organisation d'infirmières visiteuses, centre de
service social, etc. Ou encore, et troisième possibilité, soit
que ces services de soins à domicile soient entièrement
organisés en dehors de l'hôpital.
En ce qui nous concerne, nous préférons
définitivement la formule mixte croyant que l'hôpital, en lui
même, n'est pas capable d'organiser des soins à domicile à
lui seul et qu'il se devrait normalement d'utiliser des services
déjà existants au niveau communautaire.
Maintenant, voilà alors exposées en très grands
traits les répercussions que nous croyons que l'assurance-maladie peut
avoir sur le système hospitalier actuel. Quelle est la réponse
des hôpitaux? Quelles sont les suggestions que les hôpitaux ont
à faire pour aider à régler ces problèmes?
La première suggestion, c'est la suivante: Que, avec la
collaboration des ministères concernés et de l'Association des
hôpitaux de la province de Québec, une enquête soit
entreprise pour préciser les causes et l'ampleur de la pénurie du
personnel. Nous avons déjà fait une enquête sommaire et
nous savons qu'au niveau des élèves qui terminent leur
onzième ou douzième scientifique qui seraient en mesure de
s'orienter vers des carrières paramédicales, nous sa- vons,
ais-je, qu'il y a énormément d'élèves, et ceci au
dire des orienteurs professionnels, qui voudraient s'orienter vers ce genre de
carrière.
Nous savons également d'un autre côté que, dans nos
hôpitaux actuellement, il manque beaucoup de personnel
spécialisé au niveau des techniciens, au niveau des
paramédicaux dans l'ensemble.
Qu'est-ce qui nous semble manquer? C'est précisément de
ces écoles de formation qui vont permettre à ces
élèves qui terminent des études secondaires de pouvoir
s'orienter vers des carrières hospitalières.
Evidemment, nous savons que l'assurance-maladie est pour assez
bientôt, du moins c'est ce qu'on nous laisse entendre dans le public. Nos
besoins en personnel paramédical sont extrêmement urgents et nous
croyons qu'il devrait y avoir une action immédiate prise à
l'effet de pouvoir quand même venir combler les vides, quitte à ce
qu'ultérieurement une planification à long terme soit faite de
telle sorte que les situations actuelles ne se répercutent pas dans
l'avenir.
La deuxième recommandation majeure que nous voulons vous faire,
c'est qu'un réseau de services de soins organisés à
domicile soit mis sur pied dans toutes les régions en collaboration avec
les hôpitaux, la profession médicale et les ressources
communautaires de santé et de bien-être.
Troisième recommandation majeure, c'est qu'un programme de
construction et d'aménagement d'institutions spécialisées
soit élaboré et réalisé incessamment et que pour
ces institutions dites spécialisées et quand nous parlons
d'institutions spécialisées, nous pensons aux hôpitaux de
chroniques, aux hôpitaux de soins de garde et de convalescents, il
devrait y avoir des normes rationnelles établies de telle sorte qu'il y
ait de l'ordre dans ce domaine encore un peu confus du chronique, du malade
requérant des soins de garde et du convalescent. Et nous
préconisons, pour ce faire, que le ministère de la Santé
mettre le plus rapidement possible sur pied un organisme de planification tant
à l'échelon provincial que régional et ceci en
collaboration avec l'Association des hôpitaux de la province de
Québec et des organismes régionaux de cette même
association. Cette recommandation, bien sûr, nous ne la
considérons pas et nous ne voudrions pas que vous la considériez
comme étant un vote de non confiance vis-à-vis des officiers
supérieurs du ministère de la Santé. Nous croyons que,
localement ou réglonalement, nous sommes en mesure de fournir au
ministère et à ses officiers des ren-
seignements précieux qu'ils ne sont peut-être pas en mesure
d'obtenir ou que s'ils peuvent les obtenir, ce serait de façon assez
difficile et que nous pourrions les aider à prendre les décisions
qui s'imposent.
Enfin, nous croyons également comme dernière
recommandation et celle-ci reste quand même la plus importante que
nous avons à vous faire c'est que soient créés le
plus tôt possible un conseil supérieur de la santé et les
comités nécessaires à son bon fonctionnement dans les
termes et selon les modalités proposés par l'Association des
hôpitaux de la province de Québec. Ce conseil supérieur de
la santé, nous le croyons également extrêmement important
pour aider les officiers des ministères concernés à
trouver des solutions aux problèmes de la santé et
également pour les aider à apporter dans certaines circonstances
la législation qui serait la meilleure.
Merci. Voilà les remarques que j'avais à vous faire.
M. COLLARD: M. le Président, je voudrais poser une question. Vous
disiez au début qu'advenant la sanction de cette loi sur
l'assurance-maladie, il y aurait des demandes d'admission dans les
hôpitaux. Est-ce qu'on pourrait savoir sur quelle base, sur quoi vous
vous basez pour cette prétention à l'effet qu'il y aura des
demandes plus considérables qu'il y en a actuellement?
M. POTHIER: Vous voulez dire d'hospitalisation ou de cliniques
externes?
M. COLLARD: Soit d'hospitalisation ou de cliniques externes.
M. POTHIER: Voici, il n'y a pas de doute qu'actuellement il y a un
certain nombre de personnes qui, en raison de manque de ressources
financières, négligent de se faire examiner et, en
conséquence, de se faire traiter s'il y a lieu. Or, nous croyons qu'avec
l'assurance-maladie, les honoraires des médecins étant
payés par l'Etat ou par un autre organisme, peu importe, nous croyons
que les gens n'auront plus cet obstacle pour se faire examiner et,
évidemment, plus les gens vont se faire examiner, il semble raisonnable
qu'on en trouvera plus qui seront malades et plus on trouvera qui sont malades
plus ces gens auront besoin d'une thérapeutique quelconque, soit au
niveau de l'hospitalisation ou encore au niveau des cliniques externes.
Maintenant, au niveau des cliniques externes plus particulièrement, vous
savez qu'actuellement, si on peut pren- dre des exemples plus concrets, un
malade se présente au bureau de son médecin, disons qu'il
a des troubles digestifs son médecin va demander quand même
certains examens radiologiques ou certains examens de laboratoires pour pouvoir
compléter son diagnostic et alors on s'adressera à ce
moment-là aux cliniques externes de l'hôpital pour faire subir
à ce malade des examens radiologiques. Actuellement, on ne le peut pas
parce que le malade ne va pas se faire examiner ou parce que c'est trop
dispendieux.
M. COLLARD: Je voudrais que vous précisiez. Vous n'avez pas de
statistiques, c'est simplement un sentiment que vous avez qu'il y a des
personnes qui ne demandent pas d'être soignées parce que cela
coûte cher?
M. POTHIER: Bien voici, nous savons très bien qu'avec
l'avènement de l'assurance-hospitalisation nous avons eu en moyenne une
augmentation de 33% à 35%, tant en demandes d'examens qu'en demandes
d'hospitalisation. Si nous prenons les autres provinces ou les autres pays
où est arrivé un système d'assurance-maladie, cette
augmentation a été évidente, a été traduite
en statistiques. Et alors on me dit même qu'en Saskatchewan, on a eu
quelque chose autour de 50% plus d'examens au niveau des laboratoires et de la
radiologie. Et nous présumons que le même phénomène
se reproduira tant dans le Québec que dans les autres provinces ou dans
les autres pays.
M. RENAUD: M. Moisan, simplement pour mon information, advenant le cas
ou des services de diagnostic seraient donnés gratuitement en dehors des
hôpitaux, est-ce que ce serait de nature à diminuer la demande
d'hospitalisation?
M. POTHIER: Oui, sûrement. Je crois que le fait que les services
radiologiques ou de laboratoires soient gratuits, en dehors des hôpitaux,
la demande d'hospitalisation sera certainement moins forte. Il n'y a pas de
doute qu'actuellement, vous avez des gens, qui, parce que le médecin est
dans l'impossibilité de poser un diagnostic avec les moyens dont il
dispose à son bureau, a besoin d'examens complémentaires
radiologiques ou de laboratoire, etc. Et, dans le cadre actuel des choses, ce
malade-là est assez souvent hospitalisé, alors si les examens
sont fournis gratuitement à l'extérieur de l'hôpital,
à titre d'externes, eh bien! il y aura d'autant moins de demandes
d'hospitalisation.
M. RENAUD: Vous ne pourriez pas élaborer davantage, pour nous
donner une idée à peu près, d'après
l'expérience connue actuellement, des diagnostics qui sont pris dans les
hôpitaux, mais qui dans le plan d'une assurance-maladie, ne
nécessiteront pas une hospitalisation? Cela ne doit pas être un
pourcentage quelconque. Je ne sais pas si vous pouvez me le dire. Je comprends
que la question est excessivement difficile à répondre.
M. POTHER: ... Je pense que la question est très difficile. Mais,
je crois quand même que nous pourrions dire un chiffre très
approximatif, et je le dis sous toute réserve, n'est-ce pas, entre 15%
et 20%.
M. RENAUD: 15% et 20%?
M. POTHIER: A peu près. Encore une fois, je vous le dis sous
toute réserve. Je n'ai pas de statistiques.
M. RENAUD: Est-ce que ça veut dire ça, que, si les
services diagnostics donnés actuellement dans les hôpitaux
étaient, dans un plan d'assurance-maladie, donnés gratuitement en
dehors des hôpitaux, ça soulagerait, pour le nombre
d'hôpitaux, dans une proportion de 15% à 20%?
M. POTHIER: Pas nécessairement dans une proportion de 15%
à 20%, parce, quand même, vous avez de ces malades qui entrent
pour des examens complémentaires et qui vont rester hospitalisés
à cause de la gravité de leurs maladies, n'est-ce pas?
M. RENAUD: Oui.
M. POTHIER: Alors, peut-être, que ça soulagerait les lits
d'hôpitaux dans une proportion de 10% ou à peu près.
Evidemment, encore une fois, ceci est dit sous toute réserve. Je n'ai
pas de chiffres précis.
M. RENAUD: Maintenant, il y a un autre point qui me frappe. J'aimerais
bien avoir une réponse. Je ne sais pas si je peux vous poser la question
correctement. Dans un plan d'assurance-maladie, je comprends qu'il y a plus de
gens qui vont s'adresser aux médecins et par conséquent, il va se
faire plus de médecine préventive...
M. POTHIER: C'est exact.
M. RENAUD: ... ce qui va éviter probable- ment des demandes
d'hospitalisation. Est-ce que là encore, ça peut être de
nature, dans un plan d'assurance-maladie, à nous aider sur les nombres
de lits disponibles dans les hôpitaux?
M. POTHIER: Oui, il est possible. Il est possible que ce
phénomène se produise parce qu'il est possible que les gens, se
faisant examiner plus rapidement, en conséquence, lorsque leur maladie
est découverte eh bien! que cette maladie soit moins grave et puis qu'on
puisse les prendre à temps avec un séjour hospitalier
diminué.
M. RENAUD: Je comprends que c'est la raison pour laquelle vous
préconisez un réseau de services à domicile et plus de
visites aussi chez le médecin, etc, dans le but d'éviter un
encombrement trop grand ou enfin l'impossibilité pour les hôpitaux
de recevoir tous les malades...
M. POTHIER: C'est exact.
M. RENAUD: ... c'est ça votre idée?
M. POTHIER: Oui. En fait, voici la situation à mon sens; on peut
décongestionner les lits d'hôpitaux généraux de deux
façons; d'une part par des examens préventifs qui vont diminuer
le nombre d'hospitalisations, qui vont peut-être aussi diminuer le
séjour moyen dans le sens que les gens peuvent passer leurs examens
préliminaires à un acte chirurgical, à titre d'externes,
et qu'ils n'occuperont pas un lit durant ce temps-là, alors dès
qu'ils entreront a l'hôpital, ils pourront être
opérés dès le lendemain. Et, d'autre part, nous
préconisons un service de soins à domicile, parce que nous
croyons que, dans bien des circonstances, nous sommes obligés
actuellement de garder des malades à l'hôpital, pour des
convalescences et que ces mêmes personnes pourraient fort bien aller
passer leur convalescence à domicile, s'ils avaient les
possibilités par exemple, d'avoir une infirmière qui irait
refaire leurs pansements à domicile, s'ils avaient les
possibilités par exemple, d'avoir un système de transport qui
leur permettrait de partir de leurs domiciles et de se rendre à
l'hôpital pour certains examens spéciaux ou disons de la
radiothérapie, par exemple. Donc, actuellement, nous sommes
obligés de garder ces malades, de leur faire occuper un lit
d'hôpital, alors qu'avec un système de soins à domicile, eh
bien! ces gens-là pourraient quitter, abandonner le lit d'hôpital,
le céder à un autre malade et, quand même, ce malade
pourrait recevoir les soins dont il a réellement besoin.
M. RENAUD: Merci.
M. MARLER: Dr Raymond.
M. RAYMOND: M. le Président, est-ce que l'expérience a
été fait dans certains districts, comme les grandes villes par
exemple, pour les besoins à domicile? Est-ce que réellement cela
a rapporté des résultats qui sont probants?
M. POTHIER: Bien, nous pouvons prendre des exemples qui nous viennent
d'autres pays, je sais qu'il en existe, disons à New-York, je sais que
ces services-là se sont avérés très efficaces et
aussi très dispendieux. Si, je vous donne des statistiques, disons qui
datent de 1960 vraisemblablement le taux a dû monter depuis ce
temps-là je sais que pour l'hôpital Bellevue de New-York,
en 1960, il en coûtait $5.50 par jour par malade, pour des soins à
domicile. Ces soins à domicile comprenaient les visites du
médecin, les visites de l'infirmière, les visites de la
travailleuse sociale, de la diététiste, de la bonne d'enfant, de
la femme de ménage, des médicaments, du transport du domicile
à l'hôpital, si ça devenait nécessaire, et enfin
d'autres services possiblement que j'oublie actuellement. Et, à ce
moment-là, tout de même on réussissait à donner des
soins valables à ces malades, pour un coût aussi bas qu'un peu
plus que $5.
La même expérience a été
répétée au niveau de Winnipeg, avec à peu
près les mêmes résultats. Et, je sais qu'il y a
actuellement dans la province de Québec, deux ou trois hôpitaux,
dont un à Montréal, qui, depuis 1960 ou 1961, sont
considérés comme des hôpitaux-pilotes au point de vue soins
à domicile, et on semble, quant même, extrêmement satisfaits
des résultats obtenus.
M. MARLER: Dr Pothier, si je comprends bien, l'hôpital Bellevue
à New-York, c'est un hôpital psychiatrique, pour les maladies
mentales? Ou est-ce que je me trompe?
M. POTHIER: Non, je crois qu'il y a une section pour maladies mentales,
mais il y a également une section pour malades
généraux.
M. MARLER: La question que je me pose, un peu à la suite de vos
commentaires, est la suivante: si, par exemple, les hôpitaux n'avaient
pas la charge des patients qui réellement pourraient être
renvoyés chez eux ou envoyés à un hôpital de
convalescents, est-ce qu'avec le personnel actuel, les hôpitaux
généraux sont capables de faire face à la charge qui sera
beaucoup plus pesante, n'est-ce pas, de cas beaucoup plus actifs en raison
justement du fait que vous allez sortir les patients plus rapidement?
M. POTHIER: C'est une question très pertinente à laquelle,
d'ailleurs, je trouve qu'il est très difficile de répondre. Il
est évident, qu'actuellement dans nos hôpitaux, nous manquons de
personnel, tant au niveau des soins infirmiers, au niveau du laboratoire, qu'au
niveau technologique, si vous voulez. Est-ce que nous serions en mesure de
répondre avec le personnel que nous avons actuellement? Je crois qu'il
faudrait que ce personnel soit légèrement augmenté parce
que, comme vous le dites, le fardeau serait beaucoup plus lourd si nous
n'avions que des malades qui demandent des soins plus constants et plus
répétés que maintenant, alors que nous avons des malades,
quand même, un peu convalescents et qui demandent des soins
diminués. Il n'y a pas de doute qu'il y aurait problème de
personnel à ce niveau-là. Et c'est pourquoi dans une de nos
recommandations d'ailleurs, nous demandons qu'avant l'avènement de
1'assurance-maladie, l'on puisse essayer de régler, du moins en partie,
ce problème de personnel spécialisé
para-médical.
M. RENAUD: Cela, c'est votre problème primordial? Il passe avant
celui de locaux?
M. POTHIER: Je pense que l'on ne peut pas séparer les deux
problèmes, parce que quand même vous auriez tout le personnel
spécialisé que vous voulez, si nous n'avons pas de locaux
valables dans lesquels les faire travailler, il est évident, que ces
gens-là ne pourront pas donner le rendement auquel on est en droit de
s'attendre.
M. ASSELIN: M. Pothier, croyez-vous que l'établissement de
centres de diagnostic, dans les grandes villes ou dans les villes munies de
toute l'instrumentation technique nécessaire où l'omnipraticien
ou le médecin de famille pourrait envoyer ses patients qui ont besoin
d'examens spéciaux, éviterait la nécessité de les
envoyer dans les hôpitaux réguliers, décongestionnerait les
hôpitaux réguliers, et favoriserait, après des examens dans
ces centres de diagnostic, les traitements à domicile? Si je comprends
bien, je crois que vous avez dit, et je pense que c'est l'expérience de
tous ceux qui connaissent ces questions-là, que beaucoup sont
dirigés dans les hôpitaux parce qu'ils ont besoin d'examens
spéciaux qu'ils ne peuvent pas se procurer ailleurs. Et, s'il y avait
dans une ville, comme Montréal par exemple, Québec
et plusieurs autres villes, des centres de diagnostic à la
disposition des médecins de famille, l'omnipraticien du peuple, qui
pourraient leur donner ces examens-là, est-ce que l'on ne
décongestionnerait pas considérablement les hôpitaux et
puis est-ce que l'on ne réduirait pas considérablement les frais
d'hospitalisation?
M. POTHIER: Bien voici, je pense qu'il y a deux choses dans votre
question. C'est que d'une part, vous présumez à ce moment-ci que
les centres de diagnostic seraient gratuits pour le patient
lui-même...
M. RENAUD: C'est ce qu'on a dit tout à l'heure, M. Pothier...
M. POTHIER: ... Et deuxièmement, pourquoi? Dans certains
hôpitaux il manque d'espace, il manque d'instruments, et il manque de
personnel. Nous sommes d'accord avec ça. Mais alors, si nous
créons des centres de diagnostic indépendants des hôpitaux,
tout ce personnel va être doublé, toute cette instrumentation va
être doublée, et je crois qu'il y a certaines modifications
à faire à l'intérieur même de nos hôpitaux et
que ces modifications pourront apporter au praticien général ou
au médecin de famille, cette possibilité de référer
son malade à un centre de diagnostic. Les hôpitaux peuvent fort
bien jouer ce rôle de centre de diagnostic. Je ne vois pas pourquoi
exactement, il devrait y avoir des centres de diagnostic indépendants
des hôpitaux. Les hôpitaux ont déjà la base
instrumentale et la base du personnel pour jouer ce rôle, et, nous
croyons, qu'avec un système d'assurance-maladie, nos hôpitaux,
avec quelques modifications, pourraient jouer ce rôle de centres de
diagnostic
M. FORTIER: Croyez-vous, docteur, qu'au point de vue par exemple des
diagnostics d'admission, actuellement il y a des comités dans chaque
hôpital qui contrôlent ces admissions-là?
M. POTHIER: Dans chaque hôpital, écoutez, je ne peux pas
vous dire.
M. FORTIER: En général?
M. POTHIER: Je peux vous dire que, dans la plupart des hôpitaux,
il y a des comités qui s'occupent de voir à ce que les
diagnostics soient valables pour l'admission des malades.
M. FORTIER: Bon.
M. POTHIER: Maintenant, il reste quand même que le malade qui
souffre de troubles digestifs, disons, pour lequel un médecin demande
une hospitalisation, et qui ne subit que des examens, ce malade-là est
à l'intérieur, définitivement à l'intérieur
de la loi, parce qu'il y a un diagnostic fait pour l'entrée du malade
à l'hôpital.
M. FORTIER: C'est ça. Maintenant, question d'opinion comme
médecin, est-ce qu'on pourrait dire, par exemple, qu'actuellement, ce
qu'il va manquer ça va être plutôt le personnel
médical et para-médical que le nombre de lits d'hôpitaux?
Et si c'est ça, est-ce que vous pensez par exemple, qu'on pourrait faire
venir des médecins de l'extérieur de la province, ou que l'on
sera obligé, c'est-à-dire, de faire venir des médecins ou
du personnel para-médical en dehors de la province, pour nous aider?
M. POTHIER: Je pense que c'est une question assez épineuse que
vous me posez là. A ce moment-ci, je peux me permettre simplement une
opinion personnelle. Je ne crois pas, que nous devrions faire appel à
des médecins ou des spécialistes de l'extérieur de la
province, ou de l'extérieur du pays, non plus qu'à du personnel
para-médical. Je pense que nous avons actuellement à
l'intérieur de notre province, des gens qui veulent se
spécialiser dans une carrière para-médicale ou
médicale et qu'il nous reste à leur donner des
possibilités de se spécialiser.
M. FORTIER: Oui, mais voici, docteur, pourquoi je demande ça.
C'est parce que moi je pratique dans un hôpital régional. Depuis
au moins 15 ans, 12 ans certainement, il faut avoir des médecins
résidents. Vous savez que les médecins résidents qui se
spécialisent, doivent actuellement, d'après les lois
universitaires, faire tout leur entraînement dans un centre reconnu comme
post-scolaire, post-gradué. Alors, les hôpitaux régionaux
et je parle d'hôpital régional bien organisé avec
tous les services ne peuvent pas trouver de médecins
résidents pour aller aider les médecins à faire les
dossiers et ainsi de suite et assister à la salle d'opération.
Alors, nous avons dû nous autres faire appel et c'était le
seul moyen que nous avons pu employer, même à des salaires assez
élevés à des médecins étrangers pour
venir comme médecins internes dans les hôpitaux. Alors, je pose la
question pour savoir si vous croyez qu'actuellement, le personnel
médical avec ce plan d'assurance-maladie va pouvoir être
recruté dans notre province.
M. POTHIER: Je crois que la situation sera assez difficile
évidemment pour les régions un peu excentriques. Je pense qu'au
niveau des médecins résidents, donc des médecins
étudiants, si vous voulez, qui viennent se perfectionner, les
hôpitaux régionaux, devront encore, pour quelques années
sûrement, faire appel à des médecins étrangers. Tout
à l'heure, quand je vous donnais la réponse, je voulais parler
surtout du médecin pratiquant étranger.
M. FORTIER: Oui.
M. POTHIER: Mais au niveau du personnel étudiant, qui en retour,
tout de même, fournit à l'hôpital un certain rendement, qui
nous donne certains soins, je pense bien, qu'actuellement nous ne pouvons faire
autrement. C'est la seule façon pour les hôpitaux régionaux
de se dépanner, et je suis entièrement d'accord avec vous.
M. MARLER: Dr. Pothier, pour peut-être compléter la
question que vient de poser le Dr. Fortier, je lis à la page 3 de votre
mémoire, votre première recommandation qui se lit comme suit: Que
pour assurer une utilisation rationnelle des lits, un contrôle formel des
diagnostics d'admission soit exercé dans tous les hôpitaux par un
comité dont les membres sont désignés par le Conseil des
médecins. Pouvez-vous m'expliquer de quelle façon cette
suggestion pourra marcher?
M. POTHIER: Nous croyons qu'il pourrait y avoir de la part du
gouvernement, de la part des associations hospitalières, des
recommandations assez formelles, à chacun de nos hôpitaux pour que
ces hôpitaux-là mettent en marche un comité
réellement bien structuré et qui s'occupe de voir à ce que
pour chaque malade pour lequel on fait une demande d'hospitalisation, cette
demande-là soit réellement valable.
M. MARLER: Quand vous parlez du Conseil des médecins, c'est le
bureau médical?
M. POTHIER: C'est ça, le bureau médical.
M. COLLARD: M. le Président, je voudrais vous poser une autre
question concernant l'augmentation des admissions dans les institutions
hospitalières. Vous disiez, tout à l'heure, que, lors de
l'établissement de programmes d'assurance-maladie dans d'autres pays, ou
d'autres provinces, il y avait eu des demandes qui étaient
doublées, je pense, 50%?
M. POTHIER: 50%
M. COLLARD: ... est-ce qu'à ces endroits-là on offrait
également des services à domicile, ou des centres de diagnostic
ou services externes?
M. POTHIER: Je pense que, peut-être, on m'a mal compris; j'ai dit
que là où il y avait eu augmentation de 50% ce n'était pas
dans le taux d'hospitalisation, mais bien dans le taux d'examens internes, au
niveau des services diagnostiques, n'est-ce-pas, au niveau du service de
radiologie et de laboratoires par exemple, pas tellement au niveau de
l'hospitalisation du malade, mais au niveau de la demande d'examens
complémentaires fournis par les services externes hospitaliers, et c'est
là qu'arrive le 50% d'augmentation, et non pas dans la demande de
lits.
M. COLLARD: Si je comprends bien, le 50% d'augmentation n'affecterait
pas votre recommandation, à savoir qu'il faudrait qu'il y ait plus de
locaux, ou plus de lits, pour recevoir les patients dans les
hôpitaux.
M. POTHIER: Non, nous ne croyons pas qu'il y ait une augmentation
énorme de demandes de lits avec l'avènement de
l'assurance-maladie. Je vous ai dit, tout à l'heure, qu'au contraire, je
croirais même que les séjours moyens par malade étant
diminués, nous pourrions assurer avec les lits actuels, un meilleur
rendement de nos lits, plus de malades pourraient passer annuellement dans
chacun des lits d'hôpital, et que les médecins et l'hôpital
seraient en mesure de fournir des soins hospitaliers à un plus grand
nombre de malades avec le même nombre de lits.
M. COLLARD: Alors, votre recommandation, à la page 4, article 6,
d'un programme de construction et d'aménagement d'institutions
spécialisées, ne vaudrait pas dans la mesure de 50%
d'augmentation.
M. POTHIER: Quand nous demandons, justement à l'article 6, qu'un
programme de construction et d'aménagement d'institutions
spécialisées soit élaboré, c'est que nous croyons
qu'actuellement, dans la province de Québec, il y a une pénurie
énorme de lits pour malades chroniques et pour malades en soin de
garde.
M. FORTIER: C'est ça.
M. POTHIER: Et que, s'il y a actuellement un aussi fort encombrement de
nos hôpitaux généraux, c'est en raison du fait que nous
n'a-
vons aucune institution, ou à peu près pas, pour placer ce
malade chronique et l'envoyer recevoir dans une institution moins bien
élaborée, mais quand même recevoir les soins dont il a
réellement besoin. Et, quand nous parlons d'institutions
spécialisées, c'est de ça que nous parlons.
M. FORTIER: Quel pourcentage de malades chroniques croyez-vous, à
peu près, actuellement, sont dans les hôpitaux
généraux?
M. POTHIER: Oh! peut-être... M. FORTIER: 30%?
M. POTHIER: Je n'ai pas de statistiques à l'échelon
provincial...
M. FORTIER: Mais, avez-vous...
M. POTHIER: Je pense que ça dépend
énormément des régions. Vous avez certaines régions
qui sont relativement bien munies de lits pour chroniques ou convalescents et
d'autres régions qui en sont complètement démunies. Si
nous prenons, par exemple, la statistique de 1960, c'est la dernière que
j'avais en chiffres, vous avez deux régions dans la province de
Québec qui n'ont exactement aucun lit pour chroniques, soit celle du
Bas-du-Fleuve et celle de la Côte-Nord. Vous avez une autre région
qui a exactement un lit pour chroniques par 10,000 de population. Alors, dans
ces conditions-là, dans les hôpitaux généraux
localisés dans ces régions, il est évident qu'il y a un
assez fort nombre de malades chroniques. Par contre, dans d'autres
régions où vous avez 1.8 ou 2 pour 1,000 lits, 2 lits pour 1,000
de population, pour chroniques, je pense bien, que ces hôpitaux
généraux ont un nombre beaucoup moindre.
M. FORTIER: Parce que les soins à domicile dont vous parlez sont
excessivement intéressants pour les médecins. Ça se fait
assez facilement dans les centres urbains, mais dans les centres où les
distances sont plus longues, vous avez plus de problèmes.
M. POTHIER: Bien...
M. FORTIER: Alors là, il faudrait peut-être, comme vous
dites, et je suis d'accord, je crois qu'il serait intéressant
d'étudier la question, avoir plus de lits pour malades chroniques dans
ces centres ruraux. Dans le Bas-du-Fleuve, comme vous le dites, il y en a un
nombre insuffisant.
M. POTHIER: Bien, là je vous donne la statistique de 1960. Notez
que de 1960 à 1966, il y a pu se passer quelque chose.
M. COITEUX (Duplessis): Pour confirmer ce que le docteur vient de dire,
vous prenez, par exemple, l'hôpital de Blanc-Sablon, où il n'y a
même pas de route. Alors, nous avons des cas d'hospitalisation de 3 ou 4
jours pour une maternité. Et, si c'est une femme qui accouche pour la
première fois, elle est inquiète, alors elle va s'en venir
à l'hôpital 10 à 15 jours avant. Alors, c'est à ces
endroits-là qu'il devrait y avoir de ces maisons que vous mentionnez.
Spécialement... sur la Côte-Nord.
M. RENAUD: Docteur Pothier, je voudrais vous poser une autre question
je m'excuse, j'ai dit M. Moisan tout à l'heure, je vous demande
pardon, je l'ignorais...
M. POTHIER: Ce n'est pas grave...
M. RENAUD: Advenant le cas où les services diagnostiques seraient
fournis gratuitement et vous avez suggéré que ça
devrait continuer à se donner dans les hôpitaux je
comprends qu'il va y avoir beaucoup plus de demandes d'examens. Est-ce que ce
serait un problème bien difficile pour nos hôpitaux de s'organiser
pour faire ces examens diagnostiques? Est-ce que vous pourriez nous donner une
idée du problème qu'aurait à envisager nos hôpitaux,
si on leur demandait, dans un régime d'assurance-maladie, demain matin,
de s'occuper de donner les examens médicaux?
M. POTHIER: Je crois que les problèmes, pour un très grand
nombre d'hôpitaux, comme je le disais tout à l'heure, seraient de
trois ordres. Premièrement, un recrutement de personnel
spécialisé. Deuxièmement, dans un certain nombre de cas,
augmentation du nombre d'appareils ou d'instruments nécessaires à
ces examens. Et, troisièmement, une modification ou un agrandissement
des locaux nécessaires. En ce qui concerne le personnel, nous voulons
et ce que nous espérons depuis longtemps, d'ailleurs que
nos services radiologlques et nos services de laboratoires fonctionnent 18
heures par jour, et probablement, six jours par semaine. Actuellement, avec le
personnel que nous avons, nous sommes dans l'impossibilité absolue de le
faire, parce que nous ne pouvons pas recruter un personnel compétent en
quantité suffisante pour faire faire une rotation de ce personnel, et
les faire travailler de 7 1/2 heures du matin à 3 1/2 heures de
l'après-midi, et de
3 1/2 heures jusqu'à 11 1/2 heures du soir. Alors, nous sommes
obligés de fonctionner à peu près 8, 9 ou 10 heures par
jour, et 5 jours par semaine.
Nous croyons que, si nous avions le personnel compétent en
quantité suffisante, nos instruments qui sont d'ailleurs
extrêmement dispendieux, pourraient facilement fonctionner, au
lieu de 8 heures ou 9 heures ou 10 heures par jour, 18 heures par jour; et
à ce moment-là, les mêmes instruments pourraient fournir un
bien meilleur rendement et nous répondrions beaucoup plus facilement
à la demande de la population. Et quand nous vous disons que le
problème majeur auquel nous avons à faire face, c'est un
problème de personnel, je pense que je vous l'illustre dans le
moment.
M. COLLARD: Au sujet de ce problème de personnel-là,
qu'est-ce qui manque? C'est le recrutement? C'est les institutions? Au juste,
qu'est-ce qui manque pour le personnel?
M. POTHIER: Il semble bien que ce soit les institutions qui nous
manquent. Parce que, encore une fois, les enquêtes, disons partielles,
que nous avons pu faire au niveau des orientateurs professionnels, qui eux nous
disent, qu'actuellement au niveau des onzièmes ou douzièmes
années, ce qui est habituellement requis pour faire un cours de
technologie, il y a beaucoup d'élèves qui aimeraient s'orienter
vers ces carrières. Mais, cependant, quand ces élèves
arrivent pour s'inscrire dans les écoles, ils sont dans
l'impossibilité de s'inscrire, parce que les cadres sont remplis. Et
alors, soit que les écoles soient mal utilisées, soit qu'elles ne
soient pas en quantité suffisante je ne suis pas en mesure
actuellement de vous le dire il y a tout de même un
phénomène à ce niveau-là.
M. TARDIF: Qui serait en mesure de nous le dire?
M. POTHIER: Justement, nous sommes prêts à faire une
recherche dans ce domaine, et l'association comme telle a déjà un
plan de préparé en vue de faire une recherche complète
dans ce domaine, pour essayer de savoir quelles sont les raisons exactes.
D'abord, quel est l'inventaire actuel du personnel spécialisé;
quelles sont les possibilités de la part des écoles secondaires
à nous fournir des candidats à ces carrières
para-médicales, et quels sont les besoins actuels et futurs de nos
hôpitaux. Et, après coup, essayer de trouver les remèdes
pour régler ce problème. Et nous sommes prêts, en
collaboration avec le ministère s'il le faut, ou les ministères
intéressés, à faire cette recherche pour le plus grand
bénéfice de nos hôpitaux et de la population.
M. COITEUX: Est-ce que vous pourriez me donner une idée, docteur,
si vous avez des normes, qualifications, par exemple pour préparer une
assistante garde-malade ou une aide garde-malade, comme on les appelle
communément, ou tout employé para-médical? Est-ce que vous
avez des normes qui détermineraient quel serait...
M. POTHIER: Oui, nous avons des normes, évidemment. L'association
a préparé un petit livre établissant les normes
exigées par chacune des associations des para-médicaux. Ce
même livre doit actuellement être rendu au ministère de
l'Education et sera distribué par l'intermédiaire du
ministère de l'Education aux orientateurs professionels, afin de les
aider à orienter leurs élèves vers les carrières
hospitalières.
M. LE PRESIDENT: M. Roy.
M. ROY: Dr Pothier, à la lecture du mémoire, l'Association
des hôpitaux de la province de Québec ne semble pas prendre
position quant à la nature ou aux modalités d'un régime de
santé au Québec. Quelles suggestions l'association pourra
soumettre au comité quant au champ d'application, à la
couverture, au financement d'un régime d'assurance-maladie au
Québec?
M. POTHIER: Nous avons préféré ne pas entrer dans
ce domaine-là, nous ne nous considérons pas comme des experts
dans le domaine de la finance et dans tout ce domaine-là. Et nous avons
cru bon de laisser à d'autres organismes, les Chambres de commerce,
etc.. le soin d'étudier cette question à fond et de faire les
suggestions qui s'imposent.
M. RENAUD: Quant aux examens diagnostiques, Dr Pothier, je reviens
encore sur ça, si les hôpitaux, dans un régime
d'assurance-maladie, avaient à faire cela pour un plus grand nombre,
évidemment, vu l'application du régime, est-ce qu'il y aurait un
gros problème d'agrandissement en ce qui a trait aux locaux? Est-ce que
les hôpitaux ont l'espace pour fournir les locaux à cette
fin-là? C'est excessivement important, à mon sens, de savoir
ça.
M. POTHIER: Oui. Il est évident que dans
un certain, un assez bon nombre d'hôpitaux, je ne puis pas vous
mettre un chiffre précis parce que je n'ai pas fait d'enquête
complète. Il est évident que, dans un certain nombre
d'hôpitaux, il faudra agrandir certains départements, certains
services, comme les services de radiologie ou les services de laboratoire. De
toute évidence, il faudra investir à ce niveau-là. Mais
nous sommes d'avis que ceci serait encore beaucoup plus rentable que de se
mettre à construire des lits, ou de créer de toutes pièces
des centres diagnostiques indépendants des hôpitaux.
M. RENAUD: Merci.
M. TARDIF: Nous diriez-vous qu'un certain nombre d'hôpitaux
auraient déjà actuellement à peu près l'espace
voulu? Est-ce qu'il y a un certain nombre, est-ce qu'il y a 10% ou 15% des
hôpitaux de la province qui auraient actuellement l'espace
nécessaire pour opérer selon les normes que vous êtes en
train de suggérer?
M. POTHIER: Oui, je crois qu'il y a un certain nombre de ces
hôpitaux. Les hôpitaux de construction plus récente,
n'est-ce pas, ont prévu ce problème d'avoir des locaux suffisants
pour les services diagnostiques. Vous savez que la médecine, depuis un
certain nombre d'années a évolué considérablement.
Il y a seulement 15 ou 20 ans, on se servait beaucoup moins des services de
laboratoire et des services de radiologie pour traiter, ou enfin pour
diagnostiquer, ou pour faire des traitements. Depuis, la médecine
évolue sur une base beaucoup plus scientifique, peut-être un peu
moins clinique et beaucoup plus scientifique donc, de telle sorte que les
médecins actuellement, et avec raison je pense, exigent beaucoup plus
des services diagnostiques qu'autrefois. Et alors, les hôpitaux qui ont
été construits, il y a 20 ans ou 25 ans et plus, n'avaient pas
prévu, et l'on ne peut blâmer personne à ce
moment-ci, cette expansion qu'auraient les services diagnostiques et
c'est ce qui fait qu'actuellement, un grand nombre de nos hôpitaux sont
à l'étroit au niveau de ces services.
M. FORTIER: Maintenant, docteur, il y a une chose qui m'intéresse
aussi. C'est que... disons que j'entre un patient à l'hôpital et
que je lui fais faire des examens. Est-ce que les médecins, croyez-vous,
vont suivre la même procédure? C'est-à-dire que je l'entre
à l'hôpital; alors je lui fais passer des examens, formule
sanguine, azotémie, peut-être 10 ou 15 examens de routine qu'on
fait. Est-ce que vous croyez que les mêmes examens vont être faits
à la clinique externe par le médecin?
M. POTHIER: Bien...
M. FORTIER: Disons, que c'est un examen qu'on fait, par exemple, pour
préciser ou même établir un diagnostic. Alors, croyez-vous
que le médecin, s'il va à la clinique externe, ou encore si le
praticien général envoie un patient pour avoir une radiographie
suggestive, va demander tous les examens qui se demandent habituellement quand
ils sont hospitalisés?
M. POTHIER: Evidemment, c'est présumer l'idée des
médecins...
M. FORTIER: D'après ce que vous venez...
M. POTHIER: Il semble bien que dans nos hôpitaux, bien
structurés actuellement, nous avons établi certains examens que
le bureau médical a jugé nécessaires, pour un acte
chirurgical majeur ou pour un malade simplement hospitalisé du
côté médecine, n'est-ce pas? Ce qui veut dire que tous les
malades hospitalisés ont ce que l'on appelle communément une
routine de médecine, ou une routine chirurgicale, qui comporte un
très grand nombre d'examens que nous croyons nécessaires pour
assurer une très bonne sécurité aux malades.
M. FORTIER: C'est ça.
M. POTHIER: Maintenant, en ce qui concerne le malade externe, le
médecin va aller beaucoup plus, à mon sens, du moins c'est
ce que je crois beaucoup plus droit au but. Parce que ce n'est pas un
malade, qui à ce moment-là, aura à subir une intervention
chirurgicale ou un traitement médical majeur mais, on leur fait subir
des examens simplement dans un but diagnostique.
M. FORTIER: C'est ça. il va y en avoir moins.
M. POTHIER: L'éventail des examens va être moindre.
M. FORTIER: Il va en avoir moins. M. POTHIER: Je le pense. M. FORTIER:
En général.
M. LE PRESIDENT: M. Pothier, à la page 10 du mémoire, vous
dites ceci: «Pour favoriser ce développement des cliniques
externes, le coût réel d'opération devrait être
admissible au budget plutôt qu'un coût forfaitaire». C'est
une question que nous avons eu l'occasion de discuter sommairement au
comité. On a parlé surtout des examens radiologiques, et l'on
s'est demandé de quelles façons faire la distinction entre les
services qui sont rendus aux cliniques externes, gratuitement; et la situation
des médecins qui avaient les mêmes facilités en dehors des
hôpitaux. Quelle distinction pouvons-nous faire? Est-ce que nous pouvons
accepter réellement le principe que nous allons payer le coût de
ces services dans le cas de ces facilités à l'extérieur de
l'hôpital?
M. POTHIER: Je crois que, pour des raisons de contrôle, il n'est
pas facile d'accepter que ces examens puissent être faits dans des
cliniques privées. Quand des examens sont faits dans le milieu
hospitalier, ils sont faits sur une réquisition d'un médecin et
c'est une chose essentielle. Et ces examens sont faits avec un contrôle
de tout l'organisme hospitalier.
M. LE PRESIDENT: Dont le médecin est responsable à toutes
fins pratiques?
M. POTHIER: Oui.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire, il croit que c'est
nécessaire, afin de faire son diagnostic, que ces radiologies soient
faites.
M. POTHIER: S'il existe au niveau des cliniques privées, le
même mode de contrôle qui puisse exister au niveau hospitalier,
personnellement, je n'y vois pas d'objections. Mais, il arrivera sûrement
que le malade ira directement à la clinique radiologique ou au
laboratoire privé, subir des examens pour, simplement, sa propre
satisfaction, sans qu'il y ait une nécessité médicale
jugée par son médecin personnel.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes d'accord qu'il faut exiger, si vous
voulez, l'ordonnance ou le certificat du médecin.
M. POTHIER: Absolument. Je pense que c'est une condition
essentielle.
M. RENAUD: C'est le seul moyen d'avoir un contrôle,
d'ailleurs.
M. POTHIER: Exactement.
M. DUPRE: A Montréal, il existe un nombre considérable de
ces cliniques. Je suis passé moi-même au mois de décembre,
sur le boulevard Saint-Joseph, entre autres. C'est absolument le même
médecin que j'ai rencontré à l'hôpital Maisonneuve
où j'ai été soigné, qui probablement, en pratique
privée, fait les mêmes examens, j'imagine, à cette
clinique-là. Je parle de cette expérience-là parce que je
l'ai vécue. Je suis passé là.
M. POTHIER: Nous pourrions, si ce médecin, peu importe
celui-là ou un autre, ce médecin, quand il travaille à
l'hôpital, reçoit du médecin du malade une
réquisition à l'effet de faire tel ou tel genre d'examen. Et il
fait cet examen. Le médecin du malade, évidemment demande ces
examens, parce que, lui, il connaît son malade; il l'a
étudié; il l'a questionné; il l'a examiné; et il
dit: Je veux avoir tel examen. Et il demande au radiologiste ou au pathologiste
de lui faire cet examen.
Mais le problème va se poser le jour où le malade va se
présenter directement à la clinique radiologique, devant un
médecin radiologiste qui ne connaît pas du tout le malade. Ce
dernier lui dit: «Je veux avoir une radiographie de mon estomac ».
Mais est-ce que vraiment, il est judicieux de lui faire une radiographie
d'estomac?
Je pense que c'est un peu là qu'il est, le problème.
M. DUPRE: La clinique dont je parle, c'est un groupe de médecins
qui se complètent les uns les autres. Moi, c'est mon médecin de
famille qui m'a référé à cette clinique-là,
et j'ai passé par au moins trois médecins, qui donnent un service
probablement ... il est préparatoire à l'entrée à
l'hôpital.
M. POTHIER: Si dans ces cliniques privées, les radiologistes ou
pathologistes ou peu importe ont les mêmes exigences vis-à-vis des
examens qu'ils vont faire subir à un malade qu'à l'hôpital,
à ce moment-là, je pense que la question ne se pose plus.
M. DUPRE: Dans mon cas ce sont les mêmes, je les ai
rencontrés à l'hôpital après...
M. POTHIER: D'accord.
M. DUPRE: Les mêmes médecins, radiologistes,
spécialistes de l'hôpital, qui, en pratique privée ont
formé un ...
M. RENAUD: Je comprends qu'il y a des cliniques à
Montréal, une ville comme cela, qui ont l'instrumentation
nécessaire...
M. DUPRE: Il y en a plusieurs.
M. RENAUD: ... tout comme dans les hôpitaux où ils peuvent
faire eux-mêmes le diagnostic, est-ce qu'ils peuvent faire le même
examen que ...
M. POTHIER: Bien écoutez...
M. RENAUD: Moi je suis un profane dans cela et je vous pose la
question.
M. COLLARD: Dans le cas du député de Maisonneuve, c'est
lui qui a payé la facture. Evidemment.
M. LE PRESIDENT: Il y a une distinction dans la valeur sociale, lorsque
le patient se rend à l'hôpital et qu'il occupe un lit pendant une
nuit, n'est-ce pas, c'est gratuit. S'il va à la clinique privée,
il est obligé de payer.
M. RENAUD: Est-ce que ces centres privés aux fins de diagnostic
ne pourraient pas, au cas où il y aurait insuffisance dans les
hôpitaux, aider à la solution des examens diagnostiqués
gratuits dans un régime d'assurance-maladie?
M. POTHIER: Voici...
M. RENAUD: Si les hôpitaux sont en état de répondre
à la demande, c'est très bien, mais il y a des organisations
à Montréal de médecins très compétents,
aujourd'hui qui font ces examens-là. Est-ce qu'ils sont outillés
aussi bien que dans nos hôpitaux?
M. POTHIER: Je ne pense pas que dans les cliniques privées, on
soit aussi bien outillé en général, pour faire du moins
les examens spéciaux. Je pense bien que pour faire les examens
ordinaires, on est aussi bien équipé et on est capable de passer
dans une clinique privée des examens qu'on est convenu d'appeler
ordinaires, courants. Quand il s'agit d'examens plus spécialisés,
je ne pense pas que ces cliniques privées soient équipées
pour le faire. Deuxièmement je pense bien que peut-être que
c'est un aspect qui ne me regarde pas mais je pense bien que le
médecin qui a une clinique privée, va avoir un coût plus
élevé que le coût hospitalier, parce que ce médecin,
évidemment, le fait avec un but, il n'est pas sans but lucratif. Il le
fait avec un but lucratif et personne ne peut l'en blâmer. Mais alors
à ce moment-là, je pense que cela va coûter plus cher au
niveau des cliniques privées qu'au niveau des hôpitaux.
M. RENAUD: Merci.
M. LIZOTTE: Maintenant je me lève sur une question de
privilège. Au début de l'assemblée, pendant que je faisais
un discours sur le bill 61 à l'Assemblée législative, on
m'a rapporté qu'un membre du comité faisant allusion à un
médecin, qui est député et qui était absent de ce
comité, avait tenté, dans un discours prononcé à
l'extérieur, de politiser, justement les études que nous faisons
à l'heure actuelle sur la future assurance-santé. Alors, je
remarque bien que c'est moi qui était visé par les remarques. Je
m'excuse de mon absence parce qu'elle était motivée. Je dois
faire une mise au point. Jamais, au grand jamais, je n'ai discouru en dehors de
la Chambre sur les travaux que nous faisons ici en comité, sur un futur
projet de loi qui n'est pas inscrit, sur une question aussi sérieuse que
cette question de l'assurance-santé, qu'un tas de députés
ont promise dans leurs comtés en faisant des discours politiques, cette
fois-là, et ces députés n'étaient pas du parti que
je représente.
Voici ce que j'ai dit. Je fais simplement allusion à ce
paragraphe, je pourrais tout lire, je fais allusion à ce qui a
été rapporté dans les journaux: « Le
député unioniste s'en est pris au ministre Lévesque alors
qu'il discutait du projet de la loi de l'assistance médicale qui fait
présentement l'objet d'un débat à l'Assemblée
législative. » Or, ici nous ne discutons pas d'un projet de loi
qui fait le sujet d'un débat à l'Assemblée
législative. En dernière ligne, ici, je parle d'un projet de loi.
Je dis du gouvernement qu'il n'a pas été capable d'aider
véritablement les gens dans le besoin en incluant par exemple le prix
des médicaments dans le bill 21. Alors il était simplement
question du bill 21 et je regrette que cette remarque ait été
faite en mon absence, quand on savait que j'étais en train de
siéger en haut à l'Assemblée législative.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions que l'on veut poser au
docteur Pothier? Docteur Raymond...
M. RAYMOND: M. le Président, est-ce qu'il est dans l'optique des
recommandations de l'As-
sociation des hôpitaux que les soins qui seraient donnés
à domicile, au point de vue du coût, entreraient dans le plan de
l'assurance-maladie?
M. POTHIER: Nous le croyons. Nous croyons que le coût de ces soins
à domicile devrait entrer dans le plan de l'assurance-maladie. Nous ne
voyons pas comment il pourrait être inclus au niveau de
l'assurance-hospitalisation et nous pensons que ce sont des soins
para-hospitaliers, qui devraient être fournis par l'assurance dont je
vous parle, selon le principe de l'assurance - maladie.
M. RAYMOND: Avez-vous une idée de ce que pourraient coûter
ces soins-là?
M. POTHIER: Bien, je crois qu'actuellement en ce qui concerne
l'hôpital ou les hôpitaux pilotes dans la province de Québec
qui ont ce système de soins à domicile, le coût quotidien
par malade est autour de $6.
M. LE PRESIDENT: Docteur Pothier, est-ce que ces frais-là font
partie des sommes qui sont remboursées par le plan
d'hospitalisation?
M. POTHIER: Vous voulez dire dans les hôpitaux pilotes?
M. LE PRESIDENT: Oui. Je suppose que vous faites allusion, n'est-ce pas,
à ce qui se passe dans le Québec actuellement?
M. POTHIER: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Et la question que je vous pose: Est-ce que ces
dépenses sont comprises dans celles qui vous sont remboursées par
le ministère de la Santé en vertu du plan d'hospitalisation?
M. POTHIER: Je ne crois pas. Je crois que ceci est en vertu d'un plan
fédéral-provincial par octroi spécial.
M. LE PRESIDENT: Mais il me semble que la conclusion que nous devons
tirer de votre mémoire, c'est que vous croyez que c'est beaucoup moins
dispendieux de donner ces services à domicile que de laisser entrer le
patient et occuper un lit dans un hôpital...
M. POTHIER: Exact. Nous croyons que ce serait beaucoup moins dispendieux
et que ce serait aussi beaucoup moins dispendieux de placer le malade chronique
dans un hôpital à cet effet que de le garder dans un hôpital
pour soins généraux.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions? M. Dupré?
M. COITEUX (Duplessis): Docteur, à la page 24, paragraphe 2.
C'est un peu un autre domaine. Vous faites une comparaison lorsque vous parlez
de l'installation éventuelle ou de la nécessité
d'installer éventuellement un Conseil supérieur de la
Santé. Vous faites une certaine relation avec le Conseil
supérieur de l'Education . Je ne doute pas que vous connaissez le
fonctionnement du Conseil supérieur de l'Education. Le Conseil
supérieur de l'Education a un mandat bien spécifique, à
savoir qu'il s'occupe surtout de préparation, de programmation scolaire
aux paliers catholique ou protestant, il dirige de nouvelles politiques, avise
les ministères au point de vue des études qui doivent se donner.
Je crois que si on se bornait là, le Conseil supérieur de la
santé aurait un domaine qui, à mon sens si on lui donnait
seulement que cela, aurait une forte tendance à s'immiscer dans la
pratique générale de la médecine, ce qui est un domaine,
je pense, que les médecins, avec raison, d'ailleurs, veulent conserver
jalousement. Si je conçois bien un Conseil supérieur de
Santé, je crois que vous lui donnez au moins la latitude de pouvoir
prouver aux organismes concernés la nécessité, par
exemple, des hôpitaux de convalescents ou de toucher à ces
problèmes-là qui seraient plutôt quelque chose se
rapprochant par rapport au ministère de l'Education au comité de
l'équipement scolaire. Parce que je crois que c'est surtout... ce n'est
pas tellement à la profession médicale à toucher au
fonctionnement de cette chose-là, en relation à l'autre. Alors si
vous vouliez expliciter ce que vous entendez exactement lorsque vous faites
cette comparaison-là et ce que vous entendez par un Conseil
supérieur de la Santé? Quelles seraient ses attributions?
M. POTHIER: Les attributions que nous verrions au Conseil
supérieur de la Santé, c'est d'être un comité
composé, comme nous le suggérons des associations
professionnelles, des associations hospitalières, des services
gouvernementaux, des services de bien-être, du public et des organismes
bénévoles de santé ou de bien-être. Alors nous
verrions un comité qui comprenant, bien sûr, des médecins
des membres ou des représentants des ou de l'association
hospitalière et des différentes strates de la
société, d'une part. Ce comité aurait pour but de
conseiller le gouvernement ou le ministre sur tous les problèmes qui
touchent à la Santé, en général, et en particulier
aux hôpitaux, les questions de planification au niveau de construction et
de rénovation des institutions, de mesures préventives à
prendre, de planification
au niveau du personnel para-médical et du personnel
médical.
Enfin, nous voyons ce comité étudier tous les
problèmes qui touchent de près ou de loin à la
santé et faire des recommandations au ministre de la Santé sur
ces sujets. Nous lui voyons évidemment beaucoup plus d'extension que le
Conseil supérieur de l'Education. C'est évident.
M. ASSELIN: Vous croyez qu'il devrait collaborer à
l'élaboration de toutes lois de santé, d'assistance
médicale?
M. POTHIER: Nous le croyons. Parce que...
M. ASSELIN: Par conséquent, le gouvernement ne devrait pas
adopter de loi d'assurance-santé sans avoir d'abord constitué
cette commission-là, ee conseil-là et puis avoir pris son avis
là-dessus, sur toutes les modalités de l'administration.
M. POTHER: Ecoutez, je pense bien qu'à ce moment-ci nous n'avons
pas à imposer nos volontés au gouvernement.
M. ASSELIN: Non, non, mais c'est votre avis que vous croyez...
M. POTHIER: ... nous croyons qu'il pourrait être utile au
gouvernement de prendre avis d'un organisme comme celui-ci, de connaître
toutes les facettes du problème qu'il a à discuter, de la loi
qu'il a à élaborer sur tel ou tel problème qui regarde la
santé.
M. LE PRESIDENT: Pas seulement l'assurance-maladie, mais tout le domaine
de la santé.
M. POTHIER: Tout le domaine de la santé, oui.
M. ASSELIN: Y compris l'élaboration d'une loi.
M. POTHIER; Oui.
M. COLLARD: Ce conseil-là serait composé de membres venant
de l'Association des hôpitaux et de différentes couches de la
société?
M. POTHIER: C'est ça, c'est ça. Maintenant, nous parlons
des associations professionnelles. Alors qu'est-ce que nous entendons par
association professionnelle? Evidemment, nous entendons les médecins,
collège des médecins et peut-être au niveau des
infirmières ou des para-médicaux, dans l'ensemble. Ce qui ne veut
pas dire qu'il doive y avoir un représentant de chacune des associations
des para-médicaux, mais quand même que l'ensemble des
para-médicaux soit représenté, que l'Association des
hôpitaux soit représentée, évidemment les services
gouvernementaux, les services de bien-être, parce que nous croyons que
c'est assez connexe à la santé. Maintenant quand nous parlons du
public utilisateur, nous n'entendons pas seulement les syndicats, nous
entendons peut-être les réprésentants de Chambres de
commerce, de clubs sociaux de toutes sortes, n'est-ce pas, qui
représentent vraiment l'ensemble de la société, l'ensemble
de la communauté.
M. TREPANIER: Est-ce que, docteur Pothier, vous envisageriez que ce
Conseil supérieur de la Santé correspondrait à peu
près au conseil de planification suggéré par la commission
Hall?
M. POTHIER: Oui, oui, à peu près, avec peut-être
certaines modalités, mais à peu près dans ce
sens-là.
M. TREPANIER: Maintenant vous parlez d'un comité provincial de la
planification. Est-ce que ce comité ferait partie du Conseil
supérieur de la Santé?
M. POTHIER: Disons qu'il pourrait être un sous-comité du
Conseil supérieur de la Santé. Qu'à un moment, le Conseil
supérieur de la Santé nomme ou enfin, plutôt,
suggère au ministre de nommer un comité de planification dans
lequel comité seraient, à peu près,
représentés les mêmes éléments, qui seraient
en mesure de faire une planification tant à l'échelon provincial
que régional.
M. TREPANIER; Vous avez mentionné certains organismes qui
pourraient faire partie du Conseil supérieur de la Santé. Est-ce
que vous envisagez comme possible la participation du public consommateur?
M. POTHIER: Oui exactement par l'intermédiaire, soit des
différents organismes sociaux, disons les Chambres de commerce, les
clubs sociaux, tous les clubs sociaux que j'oublie dans le moment, n'est-ce
pas, qui sont un élément, et les syndiacts...
M. TARDIF: Y compris les entrepreneurs de pompes funèbres.
M. LE PRESIDENT: M. Dupré, vous aviez une question, n'est-ce
pas?
M. DUPRE: Je voudrais savoir, docteur Pothier, quelle est la
responsabilité des hôpitaux que vous représentez ici
vis-à-vis de ces maisons de soins de garde qui reçoivent les
malades chroniques que l'on place à Montréal? Je comprends que,
dans tel hôpital, il y a une personne qui s'occupe du social et qu'on
dirige des malades chroniques ou de soins de garde vers des maisons qui
s'occupent de ces gens-là. Quelle est la responsabilité de
l'hôpital à ce moment-là? Parce que ces gens-là sont
tout de même dirigés par l'hôpital dans ces
maisons-là.
M. POTHIER: Non, écoutez, vous savez comme moi que,
légalement, ce n'est pas un hôpital qui va faire entrer un malade
dans un autre hôpital.
M. DUPRE: Non, non.
M. POTHIER: C'est le médecin et seul le médecin selon la
loi qui peut faire hospitaliser un malade dans une institution
hospitalière quelconque. Alors l'hôpital peut évidemment
favoriser et aider le médecin au transfert de son malade. Mais c'est le
médecin qui est responsable du transfert de son malade parce qu'il est
le seul, légalement, à pouvoir faire entrer un malade dans une
institution hospitalière quelconque.
M. COITEUX (Duplessis): Actuellement, on a des maisons de convalescence
qui relèvent surtout de l'industrie privée et où, Je
crois, je ne sais pas, je pense bien, les hôpitaux n'ont pas
autorité pour aller faire la surveillance. Et réellement, on a
d'amples preuves, les traitements qu'on reçoit là et
l'assurance-hospitalisation paie une partie des frais dans ces
maisons-là les traitements qu'on donne sont réellement
inadéquats. Alors il faudrait que ces maisons de convalescence, qui
relèvent aujourd'hui de l'industrie privée est-ce que vous
seriez prêt à accepter cela? adoptent dans leur
administration les normes dictées par le Conseil supérieur de la
Santé ou l'hôpital d'où vient le patient?
M. POTHIER: Je ne pense pas qu'on puisse dire que les normes doivent
être établies par l'hôpital d'où vient le patient. Je
pense que, dans une des recommandations que nous faisions d'ailleurs, nous
demandons qu'il y ait des normes précises établies afin de
pouvoir contrôler ces institutions qu'on ne trouve pas tout à fait
adéquates. Et alors, c'est là que nous pensons que ce pourrait
être une des responsabilités du Conseil supérieur de la
Santé d'établir des normes et que tous les hôpitaux soient
obligés de se conformer à ces normes, s'ils veulent recevoir un
permis d'opération de la province de Québec.
M. COLLARD: Docteur, c'est une question que nous aurions dû vous
poser au début. L'Association des hôpitaux de la province de
Québec, est-ce que cela comprend tous les hôpitaux de la province
ou s'il y a des exceptions?
M. POTHIER: Actuellement, l'Association des hôpitaux de la
province de Québec comprend 92% des lits hospitaliers de la province de
Québec. Alors cela comprend à peu près 200 hôpitaux
pour 55,000 lits soit 92%. Les hôpitaux qui ne sont pas membres de notre
association actuellement sont à peu près tous des hôpitaux
privés. Les hôpitaux publics sont à peu près tous
membres de notre association.
M. COLLARD: Est-ce que vous avez des hôpitaux privés
actuellement qui sont membres de votre association?
M. POTHIER: Nous en avons quelques-uns.
M. LE PRESIDENT: Docteur Pothier, pour changer l'ordre d'idée. Au
cours de nos séances antérieures nous avons discuté de la
possibilité de faire une espèce d'intégration des frais
d'hospitalisation avec les frais de l'assurance-maladie. Auriez-vous des
objections à ce qu'il y ait une espèce de sous-organisme qui
devrait s'occuper des deux branches de cette question sociale?
M. POTHIER: Est-ce que vous voulez dire un organisme exécutif ou
un organisme de conseil?
M. LE PRESIDENT: Je parle surtout d'un organisme administratif.
M. POTHIER: Administratif. Nous n'avons pas d'objection à un tel
organisme. Nous croyons que, dans certaines circonstances, un organisme comme
celui-là serait peut-être plus en mesure d'établir une
coordination des services hospitaliers avec les services d'assurance-maladie.
Nous croyons que cela peut apporter une certaine coordination qui permettrait
une meilleure intégration des deux services.
M. TREPANIER: A la page 23, à votre recommandation 10, vous
suggérez une commission provinciale des services de santé tels
que définis dans le rapport de la commission Hall. Mais tout de
même, est-ce que vous pourriez nous donner en résumé quel
rôle vous verriez à cette commission provinciale?
M. POTHIER: Je pense bien que c'est à peu près ce que je
viens de répondre à M. Marler, n'est-ce pas, c'est je crois que
c'est précisément...
M. TREPANIER: ... ce serait un organisme administratif.
M. POTHIER: ... un organisme administratif qui aurait la
responsabilité d'administrer les deux secteurs d'hospitalisation d'une
part et de l'assurance-maladie d'autre part, et qui aurait à les
coordonner. Ce serait un organisme administratif. En somme, un organisme
para-gouvernemental, dépendant évidemment du ministère
mais ayant quand même une certaine autonomie.
M. LE PRESIDENT: Dr Pothier, j'ai une autre question que je voulais vous
poser qui remonte à la page 19, où vous parlez de l'instauration
par étape d'un régime d'assurance-maladie.
Vous dites: « Par là, nous n'entendons pas seulement
l'inclusion graduée dans le programme de différents groupes de
citoyens, les assistés sociaux, par exemple, et aussi et surtout les
étapes d'étude et de modification des ressources dans les
professions de santé. »
Avez-vous pensé quelles peuvent être les étapes
subséquentes? Vous savez que nous avons le bill 21 devant la
Législature actuellement, où il s'agit des assistés
sociaux. Quel autre groupe vous vient à l'esprit en deuxième
étape? Parce que vous semblez penser à l'instauration de
l'assurance-maladie par étapes, n'est-ce pas?
M. POTHIER: Nous croyons, quand nous parlons d'étapes,
évidemment nous ne parlons pas d'étapes d'assurés, vous en
avez une première étape actuellement. Nous croyons à des
étapes de planification, où par exemple, en deuxième
étape, on verrait à essayer d'organiser la société
de telle sorte que l'on puisse obtenir le personnel nécessaire; des
étapes de construction d'hôpitaux et tout cela, de telle sorte que
lorsqu'un régime d'assurance-santé universel sera établi,
nous soyons vraiment en mesure de faire jouer à ce régime tout le
rôle qu'il devrait normalement jouer. Et nous parlons de ces
étapes, n'est-ce pas, au niveau de la planification hospitalière,
de la planification au niveau du personnel para-médical et ce sont de
ces étapes que nous parlons.
M. LE PRESIDENT: Je voulais dire ceci aux messieurs du comité,
c'est que, paraît-il, les représentants de l'association sont
très anxieux de prendre le train de 6 heures, point de vue que nous
comprenons parfaitement bien de par nos propres expériences.
Y a-t-il d'autres questions que les membres du comité
désirent poser au docteur Pothier?
M. ROY:. M. Marler,...
M. LE PRESIDENT: Oui, M. Roy?
M. ROY: M. Pothier, présentement, les internes, les
résidents des hôpitaux sont payés par
l'assurance-hospitalisation sous forme de salaire. Pour l'information du
comité, si un régime d'assurance-maladie était
établi au Québec, comment devraient être
rémunérés ces internes et ces résidents?
M. POTHIER: Bien, il y a, bien sûr, deux possibilités:
qu'ils soient rémunérés par l'intermédiaire de
l'assurance-hospitalisation, tel que maintenant, ou encore ils pourraient
être rémunérés par l'assurance-maladie. Si on part
du principe qu'au niveau de l'assurance-maladie, on veut
rémunérer tout acte médical, il est possible que la
logique veuille que toute personne, tout médecin, qui pose un acte
médical soit rémunéré par l'intermédiaire de
l'assurance-maladie, par l'organisme de l'assurance-maladie plutôt que
par l'assurance-hospitalisation.
En ce qui nous concerne, cela ne change pas grand-chose à nos
problèmes, mais si on établit un principe, à savoir que
l'assurance-maladie rémunère d'une façon ou d'une autre
les médecins pour les actes médicaux qu'ils posent, je pense
qu'en poussant la logique jusqu'au bout, les internes comme les
résidents devraient être payés par l'assurance-maladie
plutôt que par l'assurance-hospitalisation.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions, messieurs?
Si non, docteur Pothier, je suis sûr que j'exprime le sentiment
unanime du comité en vous félicitant, premièrement du
mémoire que vous avez présenté, deuxièmement des
explications extrêmement lucides que vous avez données en
réponse aux questions posées par les divers membres du
comité.
Alors, au nom du comité, je vous remercie.
M. POTHIER: Alors, M. le Président, permettez-moi à mon
tour, au nom de tous les membres du conseil d'administration de l'Association
des hôpitaux de la province de Québec de vous remercier, et de
remercier tous les membres de votre comité de l'extrême
gentillesse qu'ils ont eue à notre égard.
M. LE PRESIDENT: Le comité est donc ajourné à huit
heures, ce soir.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. ROY (Président du comité de l'assurance-maladie): A
l'ordre, messieurs!
Je demanderais à M. DuRuisseau de faire l'exposé de son
mémoire.
M. DURUISSEAU: Il s'agit donc d'un mémoire concernant surtout la
personne âgée. Pourquoi parler spécifiquement de la
personne âgée dans un programme d'assurance-santé?
Premièrement, parce que le nombre des personnes âgées,
comme vous le savez, a augmenté beaucoup ces dernières
années pour être environ de 600,000 actuellement dans la province
de Québec. Ces personnes âgées ont beaucoup plus de
possibilités de souffrir de maladies chroniques que les groupes plus
jeunes de la population. Dans l'état actuel des connaissances, je pense
qu'il est difficile, pour ne pas dire impossible, de guérir des malades
chroniques âgés. Par contre, beaucoup d'efforts faits dans les
derniers quarante ans laissent percer l'espoir qu'une médecine
préventive bien appliquée chez l'individu de quarante ans et plus
pourrait peut-être, soit empêcher, soit retarder, soit diminuer la
gravité de cette chronicité dans un âge plus
avancé.
Nous suggérons donc un programme en trois points pour
éviter le plus possible cette chronicité chez la personns
âgée.
Alors, premièrement, l'adoption d'un programme de médecine
préventive volontaire et gratuit s'adressant aux citoyens
âgés de quarante ans et plus. Adoption d'un système type
carnet de santé. Quel est l'intérêt de cette suggestion?
C'est que contrairement aux relations patient-médecin, qui existaient
autrefois, disons au niveau du médecin de campagne, ou très
souvent le médecin était familier avec l'histoire de son patient
depuis la naissance jusqu'à la mort, les relations
patient-médecin sont beaucoup plus impersonnelles maintenant dans les
grandes villes. Surtout en face d'un système de santé
étatisé, les chances sont beaucoup plus grandes que le patient
soit transféré d'un hôpital général à
un hôpital pour maladies chroniques par exemple, d'un hôpital de
maladies chroniques à un foyer de convalescents ou à un «
nursing home », ou soit retourné chez lui ou à son
médecin de quartier. Tout ceci pour indiquer que ce patient devra
très souvent toujours recommencer l'histoire de son cas et surtout subir
des examens de laboratoire qui sont coûteux, et d'autre part, certains de
ces examens présentent quelquefois des dangers, surtout s'ils sont
répétés inutilement.
Alors, si le patient avait l'histoire de son cas toujours avec lui, cela
lui éviterait de toujours recommencer ainsi, et histoire et examens.
Alors, il y a un type de ce genre de carnet de santé qui a
été fondé aux Etats-Unis, qui s'intitule « The
Medical Passport Foundation » et qui a acquis la sympathie de plusieurs
milliers de médecins américains. Il est probable qu'un type de
carnet de santé de ce genre pourrait rendre certains services.
Enfin, nous suggérons pour concrétiser ces suggestions,
des centres matériellement organisés évidemment,
d'accrocher à des hôpitaux généraux
déjà existants ou des hôpitaux pour malades chroniques du
type hôpital Notre-Dame-de-la-Merci, des centres de consultation externe
gériatrique ou gérontologique, qui seraient équipés
d'une manière telle qu'ils pourraient répondre à tous les
besoins médicaux et sociaux de notre population âgée et
malade. C'est une expérience qui a été faite sur une assez
grande échelle par le « Mount Sinai Hospital »,
expérience qui a duré depuis 1960 et qui dure encore d'ailleurs.,
mais ils ont déjà rapporté leur expérience-pilote
sur cinq ans, les coûts encourus, les services qu'ils ont pu rendre, etc.
Alors, l'idée générale est celle-ci. C'est que si une
personne a charge d'une personne âgée, ou si une personne est
elle-même âgée et a un besoin de quelque nature que ce soit,
elle s'adresse à ce centre qui, théoriquement, est
équipé d'une manière telle qu'il est capable de
réponde à tout besoin, qu'il soit de nature sociale ou de nature
médicale, qu'il est capable de répondre à tous ces
besoins. Un tel centre est décrit dans le mémoire que nous avons
présenté. Merci!
M. LE PRESIDENT: Merci, M. DuRuisseau. Avez-vous des questions à
poser?
M. BERTRAND: M. DuRuisseau, à la page 4 de votre mémoire,
il est question de l'hôpital Sinaï. Je comprends que c'est à
Préfontaine ou Val-David, près de Ste-Agathe-des-Monts.
M. DURUISSEAU: « Mount Sinai Hospital », c'est à
Baltimore.
M. BERTRAND: Ah! Excusez-moi!
M. MARLER: Croyez-vous que Baltimore était dans les
Laurentides?
M. BERTRAND: Bien non! Je l'aurais vu!
M. HARVEY: M. DuRuisseau, en page 2 de votre mémoire, le
paragraphe 5, vous mentionnez le système préconisé par
« The Medical Passport Foundation. » Est-ce que le système
préconisé serait obligatoire?
M. DURUISSEAU: Non, pas du tout. Mon opinion, c'est que c'est toujours
volontaire quand il s'agit de médecine.
M. HARVEY: Alors, cela veut dire qu'il peut être envisagé
sur une base facultative?
M. DURUISSEAU: Absolument. M. HARVEY: Si oui, comment?
M. DURUISSEAU: Bien, voyez-vous, lorsqu'un patient se
présenterait dans un centre de consultation de ce type,
évidemment on pourrait lui montrer tous les avantages qu'il y aurait
pour lui de posséder un tel carnet de santé. Ce qui lui permet
par exemple, pour une chose, s'il est allergique à la
pénicilline, ou à ceci ou cela, d'éviter qu'on lui donne
ce médicament qui lui est contraire; deuxièmement, s'il est
diabétique, s'il a un groupe sanguin rare, etc., on l'inscrit dans ce
carnet. Ce sont les raisons généralement les plus spectaculaires
et les plus souvent offertes, mais ce ne sont pas les plus importantes.
La plus importante, c'est que sur une base de médecine
préventive, il est beaucoup plus facile de voir poindre des états
de prémaladie, lorsque nous avons beaucoup d'informations sur
l'individu, lorsqu'il était normal, avant de tomber malade. Il est
beaucoup plus facile de traiter, si vous voulez, ou de prévenir la
maladie si vous connaissez déjà les états de
prémaladie.
M. HARVEY: Je vous comprends.
M. DURUISSEAU: Alors, grâce à un carnet de cette sorte,
vous verriez poindre cet état, d'année en année, ou de
cinq ans en cinq ans, si vous voulez.
M. HARVEY: C'est en fait un dossier cumulatif de l'état de
santé...
M. DURUISSEAU: Exactement.
M. HARVEY: ... d'une personne depuis un nombre X d'années.
M. DURUISSEAU: Exactement cela, M. le député.
M. COITEUX (Duplessis): M. DuRuisseau, est-ce que vous préconisez
que ce système devrait être appliqué indifféremment
aux gens qui ont les moyens ou à toutes les classes de la
société ou si vous voulez faire des distinctions?
M. DURUISSEAU: Dans le cas de la personne âgée, j'ai
l'impression que, même une personne âgée riche pourrait
difficilement encourir les frais médicaux qu'exige d'ordinaire son
état de santé. Comme vous le savez, ce n'est pas comme une
maladie aiguë, on est malade une semaine, deux semaines, cela peut
toujours se tolérer, mais la plupart des personnes âgées
qui souffrent de maladies chroniques, c'est une question d'années, elles
ont besoin de beaucoup de médicaments, de beaucoup de soins
médicaux; je crois qu'il serait difficile d'imaginer cette question
autrement que gratuitement. Enfin, supporté par l'Etat!
M. MARTIN: En page 2, au paragraphe 8, vous dites ceci: «
préconier sur une base volontaire l'examen de santé
périodique à tous les cinq ans, pour les citoyens
âgés de 20 à 40 ans, et à tous les ans, par la suite
pour les individus de plus de quarante ans. » Est-ce qu'il existe des
données permettant d'établir que de tels examens pour l'ensemble
de la population sont désirables?
M. DURUISSEAU- On a fait une expérience en France, par exemple,
qui dure maintenant depuis 20 ans, je crois. Si on veut illustrer les avantages
qu'on pourrait dériver de suivre comme cela un individu avant qu'il ne
soit malade, c'est-à-dire quand il est en parfaite santé, on
pourrait peut-être mentionner le diabétique.
Vous savez que le diabète est un état insidieux, qui
apparaît progressivement. Alors, si on voit l'individu uniquement
lorsqu'il est diabétique chronique avéré, à ce
moment-là, comme vous savez, cela demande tous les traitements qui
s'imposent. Alors que si vous voyez le sucre sanguin d'un individu qui
était
jeune, en parfaite santé, et que vous voyez monter tel chiffre
très doucement au fur et à mesure que les années passent,
bien vous pourrez par des mesures, même pas thérapeuthiques, je
veux dire, pas pharmaceutiques, des mesures uniquement
diététiques par exemple, éviter que le diabète ne
s'installe chez cet individu pour un certain nombre d'années à
venir en tout cas. Vous décalerez beaucoup, si vous voulez, l'apparition
de cette maladie chez ce monsieur.
M. MARTIN: Est-ce que vous ne croyez pas, par exemple, que le travail
imposé, le travail supplémentaire imposé aux
médecins ne nuirait pas au reste de la population
précisément à cause de ce nombre d'examens?
M. DURUISSEAU: Au début du système, disons dans les
premiers dix ans où ce système existerait, je crois que vous avez
parfaitement raison. Je pense que les dividendes de médecine
préventive ne se feraient voir qu'après 10 et même 15 ans,
peut-être. Là, on pourrait prendre comme exemple la tuberculose,
qui a été pratiquement enrayée par des mesures
préventives. Maintenant, on récolde le fruit de cette politique
qui a été établie il y a une trentaine d'années.
Comme vous savez, on a été obligé de fermer les
sanatoriums ou de les convertir en hôpitaux généraux, parce
que nous n'avons plus un grand nombre de tuberculeux. Alors, c'est long avant
de récolter les dividendes d'une telle politique. Au début, nul
doute que cela nuirait.
M. MARTIN: Est-ce que vous avez une idée du nombre de
médecins que cela nécessiterait?
M. DURUISSEAU; Malheureusement pas.
M. COLLARD: Etes-vous au courant s'il y a des médecins
actuellement ou depuis plusieurs années qui maintiennent un dossier
médical de leurs clients?
M. DURUISSEAU: Si, si, l'immense majorité. Pour ainsi dire tous
les médecins dignes de ce nom, maintiennent des fiches médicales
pour leurs propres patients, seulement, ils les gardent pour eux. Si le patient
change de médecin, là il est obligé, soit que son
deuxième médecin réfère au premier et lui demande
ses notes. Mais, voyez-vous, il est difficile d'avoir une communication, parce
que la façon de chacun des médecins de garder ses propres
observations est tellement différente de l'un à l'autre que
ça n'est pas toujours facile de communiquer un renseignement, si vous
voulez, même entre médecins, alors que si on avait un
système, que ce soit celui-ci ou un autre, mais un peu plus
standardisé, si vous voulez, je pense que cela faciliterait les
communications.
M. COLLARD: Alors, ce qui veut dire que le problème ne serait
situé qu'entre l'échange d'un médecin à l'autre
pour ce qui est du dossier? En fait, il existe actuellement.
M. DURUISSEAUî Si le second médecin ou le troisième
médecin qui verra ce patient veut le faire.
M. HARVEY: N'y aurait-il pas danger, docteur, que le fait d'avoir un
carnet, une espèce de dossier cumulatif sur l'état de
santé qui porterait sur un certain nombre d'années, qu'il y ait
abus par exemple de la part de certains assureurs ou certaines transactions
qu'un type serait appelé à faire par l'abus du carnet, par
exemple? Le type dirait: « Avez-vous votre carnet de santé?
» Le carnet indiquerait même des renseignements extrêmement
confidentiels de certains médecins. Moi, j'y verrais un danger,, Je vous
donne un exemple concret. Supposons qu'un type a fait une dépression
nerveuse ou a été victime d'une maladie assez sérieuse
à l'âge de 18 ou 19 ans, s'est rétabli complètement,
et à l'âge de 30 ou de 31 ans, voici une autre maladie grave qui
survient. A ce moment-là, si le carnet de santé ou le dossier
cumulatif permet soit à une compagnie d'assurances ou encore à
des personnes susceptibles de faire affaire avec lui, il court un fort risque
de se voir refuser de choses qui normalement lui seraient permises sans carnet
de santé ou sans dossier cumulatif.
M. DURUISSEAU: Vous avez parfaitement raison. C'est la première
chose à laquelle ceux qui ont préconisé ce système
ont pensé. Alors, voyez-vous, tous ces renseignements dont vous parlez
seraient compris dans le dossier médical. Ce dossier ne peut aller que
dans les mains de médecins ou d'hôpitaux. La partie qui est dans
les mains du patient ne contient aucun de ces renseignements confidentiels. Par
exemple, tout ce qui regarde l'état nerveux, tout ce qui regarde la
sexualité, n'est pas inclus dans ce carnet de santé. Si le
médecin veut connaître quelque chose à ce propos, il doit
référer à l'autre médecin qui a traité ce
patient, ou à l'hôpital où ce patient aurait pu être
hospitalisé. Ce n'est pas inclus, cette sorte d'information, dans le
carnet de santé que porte l'individu même.
M. LE PRESIDENT: Quelles sont les informations contenues dans ce
carnet?
M. DURUISSEAU: Vous auriez par exemple, disons pour parler facilement,
un individu qui a 20 ans montre deux petites taches brunes sur le dos de sa
main. C'est absolument non remarquable, mais supposons qu'avec les
années, ces taches brunes se multiplient en quantité et en
grandeur, il se peut qu'après dix ans de cela, un médecin qui
serait à l'affût voit poindre là une condition
endocrinologique qu'il n'aurait peut-être pas pu aussi facilement
détecter s'il n'avait vu cette progression dans le temps.
Si vous regardez la question de la détérioration du
métabolisme des sucres, si on parle diabète, c'est la même
chose. Evidemment, à partir d'un certain chiffre, l'individu est
considéré diabétique et c'est ça, mais vous savez
comme moi qu'il y a des gradations dans cela. On ne passe pas de santé
à maladie comme cela, c'est très graduel, en fait, c'est une
convention. Qu'on dise que M. JC à un moment donné est malade,
parce qu'il a passé dans tous les états avant d'atteindre cet
état qu'on décore du nom de maladie. Alors, ce sont ces
changements progressifs, graduels qu'on verrait poindre quand le monsieur a
trente ans, disons trente-cinq ans, quelque chose comme cela. Cela monterait
très graduellement.
Si vous prenez le cas du sucre dans le sang, par exemple, cela serait un
exemple très facile à saisir. Le normal c'est 80/120, alors si
vous voyez passer d'année en année ou de cinq ans en cinq ans
à 100/120 puis à 105/120,, puis 110/120, alors à un moment
donné à 120/120 on dit par convention, il est
diabétique.
Vous auriez vu poindre cet état bien avant qu'il ne soit malade
au sens où on entend conventionnellement dire: Il est diabétique.
Et vous auriez pu éviter probablement l'installation de cette maladie,
si vous aviez su ça d'avance.
M. TREPANIER: Docteur DuRuisseau, à la page 2 de votre
mémoire, au paragraphe 10, vous mentionnez, vous suggérez
d'élaborer un centre de gériatrie et de gérontologie en se
servant comme noyau de l'hôpital Notre-Dame-de-la-Merci. Maintenant, ce
centre-là, est-ce que vous entendez par là qu'il desservira
l'ensemble de la province?
M. DURUISSEAU: Evidemment c'est une suggestion qui concernerait une
expérience-pilote, parce qu'au début, je crois bien cela serait
très audacieux, extrêmement ambitieux de vouloir couvrir toute la
province avec un seul centre comme ça. Voyez-vous, l'expérience
qu'ils ont faite au « Mount Sinaï Hospital » a
été faite sur une base très conservatrice. Je crois qu'ils
n'ont vu que quelque 360 patients en trois ans. Mais ils voulaient voir d'abord
les difficultés, les coûts encourus, le nombre de médecins
requis, le personnel social spécialisé requis, etc. Alors c'est
dans ce sens-là que la suggestion est faite, soit de faire une
expérience-pilote avec un centre gériatrique.
M. TREPANIER: Est-ce que vous envisageriez ensuite que d'autres centres
ainsi pourraient être établis dans les régions de la
province?
M. DURUISSEAU: Oui, parfaitement. Soit accrocher à des
hôpitaux généraux...
M. TREPANIER: Selon les résultats obtenus...
M. DURUISSEAU: Peut-être bien même si les résultats
étaient excellents. Par exemple si cela coûtait trop cher, que
c'était inabordable disons. Cela serait un empêchement « de
facto ». Alors, ce n'est que l'expérience qui dirait ça, en
fin de compte. Bien que ce soit encourageant de regarder les chiffres que
« Mount Sinaï Hospital » a obtenus. Comme vous le voyez, ils
sont très bas.
M. FORTIER: Docteur DuRuisseau, à part des centres
spécialisés dont vous parlez ici, est-ce qu'on a pensé
à l'idée que, dans toutes les régions, on pourrait se
servir un jour de votre unité sanitaire? Là, le médecin de
l'unité sanitaire s'occupe généralement des jeunes et des
enfants. Toutefois est-ce que dans cette même unité
sanitaire-là, il ne pourrait pas s'occuper aussi de faire de la
médecine préventive pour les plus âgés, les diriger,
et même avoir, dans cette unité sanitaire-là, si on doit
tenir compte aussi du point de vue social, quelqu'un du service social qui
pourrait l'aider...
M. DURUISSEAU: Parfaitement.
M. FORTIER: ... Vous avez déjà un organisme de
fondé. Cela éviterait des constructions et une foule...
M. DURUISSEAU: C'est une excellente idée et je crois que les
médecins-hygiénistes, là je ne donne qu'une opinion, je
sais qu'ils se sont fortement intéressés à cette
proposition que vous faites. Cela date déjà de trois ans.
M. BERTRAND: Est-ce que ce serait bon? M. DURUISSEAU: Je crois que
oui.
M. BERTRAND: Parce qu'en soi, c'est de la médecine
préventive que vous désirez, à partir d'une ligne de
démarcation à 40 ans...
M. DURUISSEAU: Bien voyez-vous, peut être bien..
M. BERTRAND: ... 40 ans c'est votre...
M. DURUISSEAU: ... qu'en bas de 40 ans cela pourrait être payant.
Cela ne serait pas nécessairement gratuit, parce que, disons,
qu'à ce moment-là, ça ne s'impose pas. Disons que pour le
citoyen, c'est une espèce de luxe, si vous voulez, de consulter un
médecin quand il est en pleine forme, de 20 à 40 ans. Mais
à partir de 40 ans, je crois que ce serait une espèce de semence
pour l'Etat et semence dont il récolterait le dividende en ne
dépensant, en dépensant moins d'argent pour ce même citoyen
lorsqu'il est vieux, s'il est moins malade.
M. BERTRAND: Il paraît que la vie commence à 40 ans,
d'après un vieil adage américain.
UNE VOIX: On n'est pas rendu là encore.
M. COITEUX (Duplessis): Avez-vous une idée du coût que cela
pourrait représenter?
M. DURUISSEAU: Si vous avez consulté le mémoire du «
Mount Sinaï », vous avez vu à la dernière page de
notre mémoire, nous avons rapporté leurs chiffres. Le per diem
des soins à domicile s'est monté à $3.80, ça c'est
de 1960 à 1965. Donc c'est probablement un cours d'argent qui se compare
avec le cours d'argent actuel. Et puis, lorsque c'est le patient lui-même
qui se présentait à la clinique au lieu que l'équipe
médicale volante aille à lui, cela ne coûtait que $0.65 par
jour, par patient. Maintenant il y a du bénévolat dans cela, par
exemple. Du bénévolat dans les chiffres que je vous cite
là du « Mount Sinaï ». Ce ne sont pas
nécessairement toujours des travailleurs payés, il y a eu une
fusion des mouvements publics avec les mouvements sociaux privés, si
vous voulez.
M. COITEUX (Duplessis): Au point de vue de nombre, est-ce que vous avez
une idée de ce que représenteraient pour la province de
Québec les 40 ans et plus?
M. DURUISSEAU: 40 ans et plus. Cela doit être quelque chose de
l'ordre de 25% de la population, 2 millions à peu près.
M. COITEUX (Duplessis): Deux millions. Ce qui voudrait dire, à $3
par tête, $6 millions pour ce plan-là. Faut tout de même
faire la déduction des gens qui seraient couverts par d'autres
systèmes comme...
M. DURUISSEAU: Je crois, ça, je ne le sais pas, mais
d'après l'expérience, cela fait déjà huit
ans nous que nous nous occupons de diffuser les idées de ce genre, si
vous voulez, je crois que beaucoup d'individus de 40 ans seraient
très heureux de payer $10, $15 ou même $25 pour subir un «
check up » sérieux dans un centre comme celui-là,
même s'il était contributoire, même s'ils étaient
obligés de payer eux-mêmes.
M. COITEUX (Duplessis): Est-ce que ça serait une contribution
spécifiquement pour ce plan-là ou si cela serait
intégré dans une contribution qui s'appliquerait en
général à l'assurance - maladie?
M. DURUISSEAU: Là je ne saurais répondre, parce que moi,
vous savez que je ne suis pas une autorité en terme de finance
concernant la maladie. Mais je sais qu'il y a un intérêt
très grand présentement pour cette sorte d'évaluation pour
l'individu de 40 ans.
M. COITEUX (Duplessis): M. DuRuisseau, j'espère que vous
concédez qu'ici le comité ne doit pas oublier tout à fait
l'angle financier.
M. DURUISSEAU: Je suis bien d'accord avec vous. Cela je laisse ça
aux autres experts.
M. CLOUTIER: Pensez-vous qu'il soit possible d'instaurer une
médecine préventive efficace, sans changer sensiblement nos
habitudes de vie?
M. DURUISSEAU: Evidemment, il faudrait... tout système qui
préconiserait un changement important de vie serait voué à
l'échec, parce que vous savez, comme moi, que nous sommes un paquet de
réflexes conditionnés et que ce n'est pas facile de changer les
habitudes d'un peuple en deux ans, en trois ou en quatre ans. Même si
l'idéal demanderait ça, je crois qu'il faudrait s'abstenir de le
faire si l'on veut avoir du succès. Mais cependant, que certains
changements s'imposent dans notre régime de vie, oui,
définitivement, si l'on veut rester en santé. Il serait
trop long de démontrer ici, mais je pourrais vous fournir
beaucoup d'évidences, que la diète nord-américaine
n'est pas la diète idéale.
M. CLOUTIER: Je pensais, docteur, que vous étiez pour me dire que
les habitudes à changer avant 40 ans n'étaient pas les
mêmes qu'après 40 ans.
M. DURUISSEAU: Cela c'est exact aussi. Je crois que l'organisme se
refuse moins à nos caprices avant 40 ans qu'après.
M. CLOUTIER: Vous dites également qu'à long terme, la
médecine préventive est beaucoup moins dispendieuse que la
médecine curative. Il est impossible évidemment d'établir
des chiffres mêmes approximatifs, mais pouvez-vous nous donner une
idée, docteur, un ordre de grandeur, quelque chose qui pourrait nous
faire apprécier cette constatation ou cette prévision.
M. DURUISSEAU: Moi, je ne saurais vous citer des chiffres, mais je peux
dire que dans les livres du gouvernement, au ministère de la
Santé, vous avez toutes les informations autour de la question de la
tuberculose. Il suffirait de regarder ce que vous avez dépensé
pour la tuberculose en terme de médecine préventive, et vous
l'avez pratiquement effacé de la carte québécoise. Alors,
vous auriez là toute la réponse en autant que cette maladie est
concernée, en tout cas. Vous aurez ça dans les livres
gouvernementaux.
M. CLOUTIER: Mais est-ce qu'on peut se baser sur un genre de maladie
pour généraliser pour d'autres?
M. DURUISSEAU: Il y aurait certaines maladies je pense, qui pourraient
être évitables plus facilement encore que la tuberculose, le
diabète par exemple...
M. CLOUTIER: Le diabète, oui.
M. DURUISSEAU: ... le diabète qui est une des plaies de la
société moderne, qui souvent... si vous voulez, vous allez avoir
un diabète potentiel qui s'acutalise par les excès de taxe tout
simplement; Si l'individu avait mangé la même chose, mais la
moitié moins, il aurait peut-être été
diabétique dix ans plus tard ou quinze ans plus tard. Il y a certaines
de ces choses-là qui ne coûteraient pas beaucoup d'argent, cela
serait seulement une question de diffuser de l'information au public. Mais je
pense qu'actuellement on dépense beaucoup trop peu d'argent pour cela.
L'information ça coûte presque rien, puis on ne dépense pas
beaucoup d'argent, j'ai l'impression, pour diffuser au grand public des notions
d'hygiène générale, qui bien que relevant du bon sens
semblent avoir été oubliées, comme par exemple boire de
l'eau. Ça ne peut pas être plus élémentaire que de
boire de l'eau. Mais si vous demandez aux gens qui s'occupent de la question de
santé, ils vont vous dire que beaucoup d'individus ont des troubles
rénaux uniquement parce qu'ils ne boivent pas d'eau.
M. COITEUX (Duplessis): Dr DuRuisseau, est-ce que le diabétique
se manifeste, du moins à l'état où l'on peut le
découvrir par un diagnostic, en haut de 40 ans ou en bas de 40 ans?
M. DURUISSEAU: Bien si vous exceptez ce que l'on appelle le type
juvénile, l'immense majorité serait après 40 ans.
M. LE PRESIDENT: M. DuRuisseau, quelle est l'importance de l'Institut de
gérontologie de l'hôpital de Notre-Dame-de-la-Merci?
M. DURUISSEAU: L'importance?
M. LE PRESIDENT: Quelle est l'occupation, quelle est l'activité
dans l'ensemble de l'hôpital?
M. DURUISSEAU: En 1958, lorsqu'il a été fondé
très modestement d'ailleurs, il s'est posé comme but d'essayer de
détecter dans notre milieu, parce que nous avons un milieu de malades
chroniques à l'hôpital de-la-Merci, de voir s'il y avait certaines
maladies qui apparaissaient plus fréquemment que d'autres, chez les
chroniques. Alors nous nous sommes attachés à cette question.
Nous avons environ trois ou quatre publications sur le sujet dans les journaux
scientifiques, montrant par exemple que les troubles glycémiques sont
très fréquents sous notre toit. Montrant que les troubles
thyroïdiens sont très fréquents, etc.
On s'était posé comme but à long terme, si vous
voulez, d'attirer l'oeil du médecin-praticien sur cette partie de sa
clientèle qui est âgée. Il avait plus de chance, disons, de
voir telle sorte de maladie si la personne était malade,
âgée et chronique que telle autre sorte. C'est à cela que
nous nous sommes attachés dans les derniers 8 ou 9 ans.
M. FORTIER: Docteur DuRuisseau, pour un renseignement à ce
problème-là, est-ce que le
phénomène qu'on appelle, le « stress »,
problème déjà assez connu et le docteur Selye a fait des
études là-dessus, est-ce que c'est un problème qui est
rattaché à la gériatrie et à la
gérontologie?
M. DURUISSEAU: Oui, comme à toutes les phases de la vie
évidemment. Seulement il s'applique plus à la personne
âgée qu'à la personne moins âgée, parce que
justement, si vous consultez n'importe quelle oeuvre sur le vieillissement, la
première chose que le spécialiste vous dit, c'est que le
vieillissement est justement reconnaissable à la perte de la
faculté d'adaptation. Il y a des choses assez curieuses dans ce domaine
là. Prenez par exemple, le simple fait de changer un patient très
âgé et malade de chambre, peut vouloir dire une période
aiguë de maladie et même la mort, il est très difficile de
changer beaucoup les conditions autour d'une personne âgée, si
l'on ne veut pas lui nuire considérablement.
Nous avons donc perdu cette faculté d'adaptation lorsque nous
sommes plus âgés.
M. FORTIER: Avez-vous remarqué dans vos études certains
problèmes, certaines marques par exemple, de déficience de
santé quand les personnes deviennent à l'âge de la
retraite, est-ce que cela affecte beaucoup la santé?
M. DURUISSEAU: Enormément.
M. FORTIER: De réadapter une personne dans un autre...
M. DURUISSEAU: Enormément. M. FORTIER: Enormément.
M. DURUISSEAU: Je crois que c'est un problème social qui va
être d'une acuité extrême avec les années. Parce que,
voyez-vous, vieillir à la campagne, ce n'était pas difficile
parce que l'individu se retirait progressivement de ses occupations, mais pour
ainsi dire il ne se retirait jamais, parce que tant qu'il avait une parcelle de
force dans le corps, il continuait les petits travaux de la terre, le petit
jardinage, nourrir les poulets, etc, etc. Cela n'est plus possible à
l'individu qui vieillit dans les grandes villes. A 65 ans, il doit se retirer.
Que fera-t-il? Je pense qu'il va nous falloir essayer d'inventer une nouvelle
façon de vieillir dans les villes.
M. COLLARD: Vous avez des statistiques disons, sur le nombre des
ouvriers qui, ayant pris leur retraite à l'âge de 65 ans, ou 70
ans, deviennent malades et même qui décèdent quelques mois
après. Est-ce que vous avez des statistiques à ce sujet?
M. DURUISSEAU: Je n'ai pas de chiffres, mais je peux vous dire
qualitativement c'est le cas. Lorsque l'individu ne s'est pas
préparé à la retraite, c'est un choc énorme. Alors,
un gros choc à 65 ans, c'est mathématique, il doit se traduire
par une certaine forme de maladie quelconque.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, avez-vous d'autres questions à poser
au Dr DuRuisseau? Je vous remercie, docteur, pour la manière dont vous
avez répondu aux questions qui vous ont été posées
par les membres du comité et nous prendrons en considération vos
remarques.
M. DURUISSEAU: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le Dr Laurendeau est arrivé?
M. LAURENDEAU: Vous-avez les centres d'accueil qui sont peut-être
dans le per diem de $6 par jour, la construction elle-même est moins
dispendieuse, parce que ça revient à de l'hôtellerie et
ça débloque ces centres pour maladies chroniques et ça
permet de les rendre plus fonctionnels. La même chose, il y a le foyer
d'accueil pour un nombre de ces malades réhabilités, mais il faut
penser qu'après 65 ans, environ 50% de ces gens sont seuls, veufs,
divorcés ou séparés, et dans la classe des
économiquement faibles. Alors il faut des foyers d'accueil et ce sont
les deux lacunes que nous constatons actuellement du moins dans la ville de
Montréal. Ce sont ces soins de garde appropriés dont il a besoin,
soit qu'il s'agisse de remplacer une sonde ou de donner des soins de nursing
plus appropriés, mais c'est un malade non ré-habilitable, si vous
voulez, et qui ne devrait pas stagner dans un hôpital pour maladies
chroniques.
Et l'autre contexte social du foyer d'accueil. Alors, de ce
mémoire semblent se dégager les idées suivantes: les soins
de garde, un prix de revient moindre et dans la construction et dans
l'entretien. Le foyer d'accueil devrait être établi dans le
voisinage d'un hôpital pour maladies chroniques, quitte à ramener
le patient s'il a besoin de soins actifs ou s'il a besoin de continuer des
soins de réhabilitation. La même chose pour le foyer
d'accueil.
Maintenant comme autre corollaire de ces centres pour maladies
chroniques, du moins les
vastes centres, il a été suggéré de faire
des centres de recherches basiques, évidemment là nous ne faisons
pas appel au gouvernement, ça doit être plutôt des fonds
privés qui devraient sustenter ces centres-là; des centres de
recherches cliniques, ceci est du travail ordinaire des médecins et un
centre de consultation aussi pour la prévention non pas de la
mort parce que tous nous allons y passer, mais au moins tenter de
minimiser les séquelles de la maladie chronique ou de les
éloigner autant que possible. Sur un long parcours la médecine
préventive est certainement plus économique que la
médecine curative. Les centres de médecine préventive ou
les centres gérontologiques pourraient servir aussi de centres de
diffusion des règles d'une vie hygiénique, des moyens à
prendre pour éloigner l'invalidité de l'âge ou des maladies
chroniques. Il y a un adage, on le sait tous, mais on ne le pratique
peut-être pas qui dit que nous serons après 50 ans selon ce
que nous avons fait ou ce que nous n'avons pas fait entre 20 et 50 ans. Bien,
en somme voilà les idées maîtresses qui se dégagent
de ce mémoire. Je souligne l'amabilité que vous avez eu de nous
convoquer et humblement nous soumettons à votre étude toute la
question des maladies chroniques, des personnes vieillissantes. Je vous
remercie.
M. COLLARD: Docteur, est-ce que l'on pourrait vous poser une question?
Dans votre mémoire, est-ce qu'il y a quelque chose qui traite
exclusivement, disons, de l'assurance-maladie ou du projet d'assurance-maladie?
Je crois que c'est très intéressant, mais on ne peut pas
déceler si vous êtes en faveur ou contre ou si il y a des
possibilités d'établir ce système d'assurance-maladie?
M. LAURENDEAU: Evidemment, nous sommes pleinement d'accord avec
l'évolution. Nous sommes dans le contexte de l'assurance-santé,
et dans ce contexte d'assurance-santé, il y a le problème du lit
d'hôpital, l'hospitalisation de ces malades. C'est ça que j'ai
voulu dégager. Au lieu, peut-être, de multiplier le nombre de lits
pour maladies chroniques, qui demandent une construction plus dispendieuse et
un entretien plus dispendieux, il faudrait penser à rendre ces
hôpitaux-là fonctionnels en débloquant par une construction
de coût inférieur et d'entretien inférieur. Quant à
l'assurance-santé, évidemment ces malades-là sont
protégés par l'assurance-santé comme dans tous les autres
hôpitaux.
M. FORTIER: Dans le même sens, est-ce que vous croyez que le
médecin, parce qu'il doit y avoir un lien avec l'assurance contre les
frais médicaux et votre mémoire est-ce que vous croyez que
le médecin qui traite un malade chronique devrait être
rémunéré sur la même base qu'un médecin qui
traite un malade atteint de maladie aiguë.
M. LAURENDEAU: Non, je ne crois pas. M. FORTIER: Il y a une
différence.
M. LAURENDEAU: Il y a une différence, le nombre de visites est
moins fréquent. Parce que dans un hôpital « aiguë
», par exemple, le patient qui entre, disons, pour une moyenne de 13
jours, doit être vu à tous les jours, il doit y avoir un
contrôle des examens de laboratoire, des rayons X, des consultations,
tandis que le malade... prenons l'hémiplégique qui entre dans un
hôpital de chroniques, on peut évaluer une durée de 90
jours pour sa réhabilitation de physiothérapie, s'il s'agit d'un
hypertendu, d'un cardiaque ou d'un diabétique associé avec
ça, mais si son histoire de cas, son diagnostic, ses conditions
associées sont bien établis, bien là, une visite ou deux
par semaine sont suffisantes pour bien suivre ce malade-là.
Actuellement,c'est ce que nous faisons à l'hôpital, mais à
tous les jours nous allons dans ces services-là. Chaque malade a une ou
deux visites par semaine et plus s'il le faut; chaque médecin voit son
département à tous les jours, tout de même, mais non pas
chaque patient tous les jours.
M. FORTIER: Mais, est-ce que vous voulez dire par exemple, que si le
médecin voit le patient deux fois par semaine, il aurait droit à
la même rémunération que le médecin qui voit un
malade aigu par jour?
M. LAURENDEAU: Ah! je crois. M. FORTIER: Mêmes honoraires?
M. LAURENDEAU: Ah! je crois parce que le travail est aussi difficile,
aussi laborieux, même pire parce que souvent il faut examiner sans avoir
de réponse d'un malade souvent inconscient ou semi-conscient alors
l'examen est beaucoup plus prolongé. Je crois que c'est un travail
équivalent à celui du médecin qui voit un malade aigu
M. BERTRAND: Dr Laurendeau, vous avez combien de patients chez vous?
M. LAURENDEAU: 483.
M. BERTRAND: Maintenant pourriez-vous nous donner la classification de
vos patients, c'est-à-dire ceux-là qui sont là et qui
paient en entier leur hospitalisation, nourriture, chambre?
M. LAURENDEAU: Ils sont tous sous l'assurance-hospitalisation.
M. BERTRAND: Ah! oui. Ils sont tous sous
l'assurance-hospitalisation!
M. LAURENDEAU: Tous, bien oui, c'est un hôpital sous
l'assurance-hospitalisation, il y en a environ peut-être 45 chambres, je
crois, semi-privées ou privées. Les autres sont des chambres de 3
et de 4 lits.
M. BERTRAND: Mais vous avez plusieurs catégories de patients?
M. LAURENDEAU: Non. Ils sont tous dans l'assurance-hospitalisation.
M. BERTRAND: Oui, ils y sont tous, mais plusieurs catégories; il
y a des personnes dans ça, qui sont hospitalisés à la
suite d'accidents, vous en avez d'autres parce que c'est la vieillesse qui les
fait entrer chez vous?
M. LAURENDEAU: Non, non, il faut une raison médicale pour entrer
à l'Hôpital-de-la-Merci.
M. BERTRAND: Quelle est la catégorie des âges? Mettons 50,
entre 50 et 60, 60 et 70, 70 au-delà?
M. LAURENDEAU: Bien la moyenne d'âge actuellement est de 62 ans,
je crois. La moyenne d'âge est de 62. Maintenant nous avons quelques
jeunes, peut-être dans les 16 ans, 20 ans, des quadraplégiques
à la suite d'accidents de voitures. Ça, c'est le malade le plus
difficile, le plus pénible à soigner. Il est paralysé des
quatres membres avec incontinence du sphincter et tout, mais la moyenne
d'âge est certainement dépassée 55 et 60. Nous en avons eu
un dernièrement de 99, mais ce n'est pas l'âge. Il faut une raison
médicale. La plupart des malades nous viennent aujourd'hui des
hôpitaux référés avec un dossier, justifiant son
entrée dans un hôpital pour maladies chroniques.
M. BERTRAND: Maintenant, d'après-vous, quel sera le pourcentage
des personnes parmi les 483 que vous avez chez vous, qui pourraient demain
quitter votre hôpital et entrer dans une maison de convalescence si elles
existaient?
M. LAURENDEAU: Nous avons posé la question justement avant de
venir et je fixerais un taux envirion de 25%. D'ailleurs ils sont tous sur la
liste de congé et le centre de placement essaie de nous aider de trouver
des places pour ces malades-là. Ils n'ont pas des soins
appropriés, c'est-à-dire que, supposons que quelques malades
réhabilités, un hémiplégique, mais qui fait encore
de l'incontinence d'urine, il faut une sonde, il faut la changer à tous
les quinze jours. Bien vous ne pouvez pas trouver actuellement des soins de
garde qui vont se charger de ces malades-là, alors que j'ai vu un centre
équivalent au nôtre à Toronto lors de la conférence
sur le viellissement, la « Villa Providence » qui était
organisée dans ce sens-là, qui avait un centre-hôpital pour
maladies chroniques, mais à côté le vaste « Nursing
Home » et le Foyer d'accueil qui complétait l'unité.
M. BERTRAND: Maintenant, Dr Laurendeau, sur les 483 combien y en a-t-il
que vous jugez et estimez incurables? Totalement incurables?
M. LAURENDEAU: Eh! bien, dans le chiffre de 25% que j'ai
mentionné tout à l'heure il y a justement ces incurables qui ne
relèvent pas d'un hôpital de chroniques, qui devraient être
transférés dans des soins de garde appropriés. Là
au lieu d'avoir un personnel pour un malade, on peut avoir une personne pour
trois malades, et c'est là que le coût de revient, d'entretien,
est inférieur au nôtre.
M. BERTRAND: Maintenant au point de vue de l'assurance-santé.
Dans votre mémoire, il n'y a pas beaucoup de références
directes au plan. Vous avez dit tantôt que vous l'approuviez, que
c'était normal, que c'était même excellent. Maintenant dans
votre mémoire, vous semblez dire qu'à côté de
Notre-Dame-de-la-Merci, sur le boulevard Gouin, il y avait des maisons de
convalescences ou des maisons d'accueil pour vous libérer...
M. LAURENDEAU: C'est ça.
M. BERTRAND: ... pour permettre d'en accepter d'autres...
M. LAURENDEAU: C'est ça.
M. BERTRAND: ... et que ces personnes-là pourraient être
assujetties au programme ou à la législation qui sera
passée sur l'assurance-santé...
M. LAURENDEAU: C'est ça.
M. BERTRAND: ... mais pour prendre un certain nombre de vos patients,
les envoyer ailleurs à cause de leur état, pour vous permettre
d'en accepter d'autres?
M. LAURENDEAU: De plus grands malades, c'est ça. Des malades
pouvant bénéficier des soins dans un centre équipé
comme nous avons.
M. CLOUTIER: En somme docteur, dans votre mémoire vous vous
êtes intéressé surtout à la question de planifier,
de planification dans le domaine de l'assurance-hospitalisation. C'est surtout
ça qui a retenu votre attention?
M. LAURENDEAU: Oui, oui. Dans le plan hôpital et non pas tellement
par rapport à l'assurance-santé. En somme, ce n'est pas à
nous à régler ce contexte du point de vue du médecin, mais
c'est plutôt dans cette question d'hospitalisation, de lits pour
chroniques; en vue de rendre notre hôpital plus fonctionnel en ayant,
comme ça, des centres dispendieux pour recevoir le malade qui devrait
être dirigé dans ces centres-là.
M. BERTRAND: Maintenant l'assurance-hospitalisation chez vous, je
comprends, que si vous avez une personne qui reçoit la pension de
vieillesse, sa pension n'existe pas?
M. LAURENDEAU: Oui, elle existe, il la garde intégralement.
M. BERTRAND: Mais vous la gardez, c'est l'hôpital qui la
garde?
M. LAURENDEAU: Non, c'est lui. M. BERTRAND: C'est lui! M. LAURENDEAU:
C'est lui.
M» BERTRAND: Est-ce qu'il y a une redevance à vous faire
là-dessus?
M. LAURENDEAU: Il y a une redevance, il paie son médecin.
M. BERTRAND: Il paie son médecin. Est-ce que dans les foyers
d'accueil, c'est la même chose?
M. LAURENDEAU: Bien là, le foyer d'accueil, ça
relève du bien-être.
M. BERTRAND: Oui, je comprends, mais d'après votre
expérience.
M. LAURENDEAU: Bien voyez-vous ça relève du... ça
relève du bien-être, selon que la personne soit en mesure de
payer. Si elle a la pension de vieillesse elle donne $75, et là, si
elles ont besoin d'un médecin, elles sont obligées de payer leur
médecin et leurs médicaments, mais je n'ai pas tellement
d'expérience dans les foyers d'accueil.
M. FORTIER: Dr Laurendeau, l'hôpital de convalescence, il faudrait
se renseigner là, ce n'est pas un hôpital pour malades chroniques.
Une maladie chronique n'est pas nécessairement dans un hôpital de
convalescence...
M. LAURENDEAU: Ah! non.
M. FORTIER: ... et ni vice versa. Maintenant, est-ce que vous avez des
renseignements, est-ce que nous avons dans la province actuellement certains,
si vous le savez, des centres pour des convalescents?
M. LAURENDEAU: Bien il y a le Montreal Convalescent Home pour les
Anglais mais pour les Canadiens français, je ne connais pas...
M. FORTIER: Il y en a pas beaucoup.
M. LAURENDEAU: ... de vrais centres de convalescents et je crois que
c'est une erreur de vouloir mélanger un convalescent avec un
chronique.
M. FORTIER: C'était juste pour savoir la différence.
M. LAURENDEAU: L'ambiance est pénible d'abord et il n'a pas
besoin de grands soins, comme peut donner un hôpital pour chroniques.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres questions, messieurs?
M. DUPRE: Vos malades quand ils partent de chez vous pour aller dans ces
maisons de soins de garde, dans les journaux, dans nos bureaux, on a entendu
parler de toutes sortes de choses, je me demande si vous pourriez
éclairer le comité sur la qualité des soins qui sont
donnés dans ces maisons-là, des gens qui partent de chez
vous.
M. LAURENDEAU: Il y a des journalistes?
M. DUPRE: Je pense que c'est à Pointe-aux-Trembles entre
autres.
M. LAURENDEAU: Bien écoutez, ce n'est
pas à moi à venir dénigrer ces
institutions-là. D'abord je ne les connais pas tellement. Je les connais
plutôt comme vous autres par les répercussions qu'il y a . Mais
d'après ce que j'ai vu à Toronto à « Villa
providence », je ne crois pas que l'on ait l'équivalent de
ça, ici. Je crois que l'on peut dire sans offenser personne que ces
malades-la ne reçoivent pas la qualité des soins qu'ils devraient
recevoir, qu'ils ne sont pas tellement exigeants que ça. Ce sont les
qualités de nursing qu'ils doivent avoir. Ce n'est pas tellement
exigeant. Ils ont droit d'avoir ça, si non on fausse le contexte de
l'hospitalisation de ces personnes-là dans notre cité moderne.
Ils ont droit à en bénéficier comme les autres.
M. DUPRE: Est-ce que,je crois comprendre que depuis deux ans à
peu près, il y a eu une nouvelle politique à
l'Hôpital-de-la-Merci, dans ce sens-là, il y a eu une aile
d'ajoutée.
M. LAURENDEAU: La politique de l'Hôpital-de-la-Merci est la
même depuis que je suis là, ça fait déjà
nombre d'années. Il s'est perfectionné continuellement, il a
ajouté des éléments de diagnostic C'est sûr qu'avec
la venue de la nouvelle construction, il y a eu d'abord plus d'espace, il y a
eu les cuisines qui ont été améliorées, il y a eu
notre système de distribution alimentaire, c'est sûr qu'il y a eu
une amélioration depuis l'addition de ces nouvelles bâtisses.
M. DUPRE: Parce que nos gens sont alarmés quand ils
reçoivent la nouvelle que leurs malades doivent sortir et puis s'en
aller dans ces maisons-là, en pensant qu'ils sont là comme vous
disiez tantôt pour toujours.
M. LAURENDEAU: Bien, c'est un peu le but de ce mémoire. C'est de
plaider la cause de ces gens-là. Tout simplement, modestement, exposer
ça, ce n'est pas à moi de débattre les questions
d'assurance-santé, mais ça a été de plaider la
cause de ces malades-là que je connais depuis nombre d'années;
j'ai commencé ma carrière à l'hôpital et puis je
continue, nous avons progressé dans le sens, nous, de leur donner la
qualité des soins, mais lorsqu'il arrive la question d'un congé,
bien là c'est tout un drame.
M. DUPRE: Bien vu que vous n'avez plus de contrôle quand ils
sortent de chez vous.
M. LAURENDEAU: Evidemment, aucun, aucun.
M. DUPRE: Bon.
M. LAURENDEAU: La seule chose, on leur dit: s'ils tombent malades, ils
n'ont qu'à demander leur hospitalisation.
M. LE PRESIDENT: Alors, Dr Laurendeau, je vous remercie infiniment
d'avoir bien voulu répondre aux questions des membres du
comité.
M. LAURENDEAU: Je remercie messieurs les membres du comité et du
conseil.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à demain
matin à dix heures trente minutes.
Séance du 23 mars
(Dix heures et quarante de l'avant-midi)
M. MARLER (Président du Comité de l'assurance-maladie): A
l'ordre, messieurs. Are the gentlemen representing the Independent Retail
Druggist Association ready to proceed with their brief? I noted that it was
fixed for eleven, but if you are here, we will be ready to start right
away.
MR. LABERGE: We are ready.
MR. CHAIRMAN: You are better to come up to the front of the table, here.
A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que c'est monsieur Laberge qui doit présenter le
mémoire?
M. LABERGE: Oui, monsieur le Président.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous identifier ceux qui vous accompagnent
actuellement.
M. LABERGE: M. le Président et messieurs les membres du
comité, je voudrais vous présenter chacun de mes membres ici. Si
cela est possible et que cela ne vous dérange pas trop, nous allons
parler en anglais, parce que mes membres sont plutôt anglais que
français. Each of the gentlemen you see with me have assisted in the
preparation of this brief and the evaluation of our various recommendations. On
my extreme left Mr. Henry Garbacs, next to him Mr. Jacques Hébert, these
two are from the firm of Thorme, Mulholland, Howsam and Mc-Pherson. Mr.
Hébert is a specialist in medical accounting. Next to Mr. Hébert
is Dr. Peter
Bryant, vice-dean and director of the School of Commerce at McGill
University, he is our economic counsel. Mr. Herb Bercovitz, immediate
past-president of IRDA and chairman of the committee drawing the brief. Beside
me, at my left is Mr. Lampert, our Public-Relations counsel, and on my
immediate right is Mr. William R. Labow chairman of the board, IRDA, and...
MR. CHAIRMAN: What did you say his name was, Mr. Laberge?
MR. LABERGE: William R. Labow, chairman of the board, IRDA, and a
recognized authority on health insurance, having made extensive studies in
England, New Zealand, Australia and other countries, and myself, James
Laberge.
M. le Président, first, I would like to thank you for the
opportunity to appear before you. I would like to bring to your attention at
this time to several amendments to the brief which is submitted for the purpose
of clarification only. In the sixth line, on page two, we insert, after «
Larger outlets », we mean larger outlets such as supermarkets. This
seemed to be a little vague, that is why we inserted that term.
On page four, am I going too fast? On page four, paragraph one, for
clarification, we should read: « This brief is based on the assumption
that public outlays may be expected to increase, as a result of the
implementation of a medicare programme, and that government will be concerned
with the need to provide medicare at the lowest possible cost. »
And on page eight, in paragraph two, the last line should read: «
Consideration, if the professional fee concept is to be adopted. » We
wish to establish that professional fee concept.
M. le Président, our brief deals primarily with one aspect of
medicare, that of prescription medication, and it prescribes what we believe is
a sensible and economically sound approach, an approach that is not only
realistic but one which can benefit, both consumer and government. The findings
in our survey, made independently of all other such surveys, closely
approximates the results obtained by similar surveys in other provinces, and
using varying methods. We would point out, however, that our figures are based
on history from one to two years old, that, if a survey were to be conducted
today, the figures could be understandably higher. M. le Président, nous
sommes à votre disposition.
MR. BLANK: M. Laberge, you mentionned that the association has a hundred
and thirty members, is this 130 pharmacists or repre- senting 130 individual
stores, perhaps having less pharmacists?
MR. LABERGE: 130 pharmacists.
MR. BLANK: How many stores do they have in the 130?
MR. LABERGE: This is 130 pharmacies in all.
MR. BLANK: For how many pharmacists?
MR. LABERGE: I do not have that figure, but it would vary between 1,1
1/2 or two pharmacists per store.
MR. BLANK: Per store. That would mean that they represent 130 to 200
pharmacists?
MR. LABERGE: That's right. For store owners, Mr Blank, we represent
store owners.
M. ASSELIN: M. Laberge, si vous référez à la page
10, paragraphe 5, au haut de la page, où il est question de certains
abus. Est-ce qu'il serait sage de ne pas inclure dans le régime les
médicaments dont il est question dans ce paragraphe, en ce qui a trait
aux médicaments qui peuvent être obtenus sans prescription, afin
d'empêcher la commission d'abus aussi nombreux, aussi
fréquents?
M. LABERGE: Quel paragraphe? Page dix?
M. ASSELIN: Paragraphe 5. Est-ce qu'il serait sage de ne pas inclure
dans le régime les médicaments qui peuvent être obtenus
sans prescription afin d'éviter les abus dont il est question dans ce
paragraphe?
MR. LABERGE: If I understand you correctly, you are suggesting that
perhaps we should eliminate these from medicare?
MR. ASSELIN: Yes.
MR. ALBERGE: Well, this will be up to the...
M. ASSELIN: Je voudrais savoir votre opinion là-dessus?
MR. LABERGE: We have brought this out so that the government is aware of
what can happen when a deterrent fee is dropped. M. Lampert will qualify
that.
MR. LAMPERT: This section was included
to bring to the attention of the government that there are certain areas
that were overlooked by other governments in the application of a medicare
programme or the various facets of it. And, in Great Britain, they found that
when people realized the government was paying the cost of medications, and
that they could get, what is known as « over the counter »
medications such as analgesics and laxatives on prescriptions and have the
government pick up the tab. Then instead of going to the drugstore, as they
normally did, to buy it out of their own pockets, they were going to their
doctors and asking the doctors to prescribe, and then they were having their
prescriptions filled and the government was paying for it. Now we have
introduced this here as a possible area of serious consideration. It involves
factors outside our jurisdiction, that is; how does one insure that doctors
only prescribe what is necessary, and this is a question that we cannot answer,
and it is not within our domain, and secondly, should there be a deterrent fee
on a certain classification of drugs. Again, it is our personal opinion that
something should be done to prevent this abuse of government support of
prescription drugs, as indicated in paragraph five. Now, as to how this should
be done, whether the deterrent fee is the answer or whether a certain category
such as this should be kept off the prescription list, this is a matter for
other groups to discuss and for the government to decide. We merely bring it to
your attention, as another point of information.
MR. CHAIRMAN: Is it easy to draw a line between the drugs which should
be supplied only on prescription and those for which no prescription really
would be necessary?
MR. LAMPERT: The line between the ethical drugs and the proprietary
drugs is not a hard and fast line. There are areas where the doctor will
prescribe a particular medication that could perhaps be bought over the
counter, but he does this to exercise a control and to give the psychological
impression to the patient, in a great many instances, that it is imperative
that he take this. Patients are very funny people. If the doctor says: «
Now you must get a prescription for this and you must take it three times a day
», the odds are that the patient will, and therefore, the therapy that
has been prescribed for him will be effective.
However, if you tell the same patient: « Oh, go to the drugstore
and pick up a box of this », he says: « Oh well, it is just another
thing, I can perhaps ignore it », and he tends to. So, you cannot draw a
hard and fast line, but if you are aware that certain medications can hold a
double role, that is they can be a proprietary product and ethically
prescribed, then you could perhaps consider a type of deterrent fee to make
certain that these prescriptions are not abused. Again, that is a matter for
study and it is offered in our brief as a point of information rather than as a
recommendation on our part.
MR. CHAIRMAN: Still, I think that there is a very obvious question mark
in considering the aspect of drugs in any medicare programme, as to how you are
going to control the unlimited use by the patient of the facilities that a
medicare scheme might provide. The implication, I think, of the brief is that
you think that perhaps we might draw a line between drugs that are provided on
prescription and those which one can buy over the counter. Now, the line of
demarcation on what you have just said, what Mr. Lampert has just said, seems
to be rather difficult to draw. I think that it would be rather absurd that if
the doctor prescribes 100 aspirins on a prescription form you might get them
free rather than if he goes in and buys them without the prescription he shall
have to pay for them.
MR. LABERGE: You are quite right, Mr. Chairman, but as Mr. Lampert
points out, it is a very arbitrary demarcation line, nitroglycerine can be
bought over the counter. Yet, a person, not suffering from heart attack, would
not use nitroglycerine. There are so many of these things. But we are concerned
primarily with prescription medication.
MR. LAMPERT: I would like to add one thing to that. I think that we must
bear in mind that the duty of prescribing or the responsibility of prescribing
a drug is solely within the domain of the physician, that the pharmacist is a
professional who fulfils a service. The physician requests a drug from a
professional pharmacist, who them must prepare it, or make it available to the
patient, and then, the patient must use it. So, in the control of prescription
practices this is not rightfully within the domain of the pharmacist, but
within the domain of the doctor, because he is the only person who can
prescribe.
MR. CHAIRMAN: Do they thought on the subject of whether we should make a
distinction between the sort of drugs that are used habitually, for example,
should we say that the diabetic is entitled to get insulin free,
are there other examples that one might give where the patient being a
chronic sufferer from some illness should be intitled to have remedies
free?
MR. LABERGE: This, if course, will be up to the commission to decide,
Mr. Marler.
MR. CHAIRMAN: We realize that, very clearly, Mr. Laberge. What we are
trying to get at is what you think about it.
MR. LABERGE: Well, I think that it would be a good gesture, because
chronic people, diabetics, they require this on a maintenance therapy,
constantly, for as long as they live, on insulin, or thalbutomide, and so
on.
MR. LAMPERT: The question, Mr. Marler, is: « Who is to pay the
ultimate cost of this? » If we consider the chronically ill person who
must be on maintenance drugs, this person is also on maintenance medical care.
And then comes the question of whether the plysician can care for this person
without charge. The chronically ill may also require a certain amount of
hospitalization, periodically. What will we do with the question of hospital
costs and are beds and nurses and treatments made available free, then? This
becomes a complicated problem. I do not think that, nothing really is free and,
I do not think that any at-temps to say it...
MR. CHAIRMAN: Nobody at this table thinks anything is free either. It is
just a question of who will pay for it? But when we are talking about medicare,
we are thinking in terms of some scheme by which the citizen of Quebec may go
to his doctor withoul having to pay the doctor's fee directly, let us say.
MR. LAMPERT: Well, there are some several categories of drugs that are
long term or maintenance drugs, and I would imagine that the consideration of
these in a special category would be an advisable procedure.
MR. LABERGE: Mr. Marler, Mr.Bercovitz.
MR. BERCOVITZ: Mr. Marler, if I may clarify the reply of Mr. Lampert. It
seems obvious that when a person is ill, it is normally expected that he is not
earning, because his earning capacity has been reduced or completely
eliminated. Whereas many people can suffer this over a short period of time,
there are few of us who can, in fact, continue long term therapy without being
badly hurt economically. Therefore, it is my opinion that you are quite right
in your assumption that consideration should be given to the chronically ill.
Their need is certainly greater than the person who, shall we say, misses a
half-week work because of some illness that passes very quickly.
MR. CHAIRMAN: I think we should say that the question that is perplexing
the committee arises from the experience in England, where, as we understand
it, drugs were included in the plan but subject to a deterrent charge. The
deterrent charge was taken off and as your brief points out, the consumption of
drugs rose substantially in the following year and the question we have been
asking ourselves is what are the obvious techniques that could be used, in
order to so arrange a medicare plan that the cost of drugs would not involve
such a large expenditure as to make it prohibitive.
This Is the reason why in the questions I have been putting this
morning, I was trying to see whether it was possible to narrow down the field
of what we may call « free drugs » so as to make it responsive to
the need, but at the same time keeping the cost within reasonable limits. One
obvious restriction come out of what was beeing said this morning, that is,
limiting free drugs to those supplied on prescription. This is one obvious
thing. But there are other limitations that we might consider, one of them we
just sort of touched on is what you call maintenance drugs, which would be
supplied to those chronically ill. Are there any other limitations of the same
kind that, you people, who were so familiar with the business, can suggest to
us?
MR. LABOW: Mr. Hugh Lemstead in England, who was primarily responsible
for bringing pharmaceutical benefits into the health scheme, in an address, in
both British Columbia and Manitoba, just this past year, stated that the one
mistake that the British system made was bringing in, referring to
pharmaceutical benefits too much, too soon.
Furthermore, in this address he made the statement that if they were
starting all, over again they would give serious consideration to possibly
limiting the types of medication and the classes of people to whom this would
be applicable. In New Zealand they very specifically have lists of the
medication that is included in medicare and the medication that is excluded in
medicare. I am referring to actual prescriptions that are filled.
In other words, the fact that a physician writes a prescription in New
Zealand, where they have
this modified medicare plan, does not automatically mean that the
patient is getting the prescription free and that the government is paying
these recommendations, it is with the knowledge that we have gained in studying
the various plans in existence in other places to try to make the
recommendations to the government, that, if they would give consideration to
these proposals, they may find ways and means of curtailing the very extensive
cost involved without, at anytime, impairing the ability to render the proper
pharmaceutical benefits to those that need it.
Now, in most cases, things like insulin which you are mentioning, are at
all times included. There is a wide range of medication which is not a basic
necessity. It is required but it is not something that the government feels
they are prepared to undertake to pay for, except, in the classification of
people who are designated as receiving all the pharmaceutical benefits free.
So, they do have these various classifications, both of drugs and of
people.
MR. CHAIRMAN: I think then, Mr. Labow, to make a rather simple question
of it, I take it then if a doctor prescribes aspirins for the patient, that
probably, it will not be one of the drugs that will be covered, that would be
on the free list. I am not asking...
MR. LABERGE: I would say yes to that.
MR. CHAIRMAN: In other words, there would be a list of drugs, but there
would be some things that might yet be the object of a prescription, which,
however, would not be on the free list.
MR. LABOW: The answer is yes. This is a simple illustration of what they
have in Australia. Now they have hundreds and hundreds of pages of drugs which
they cover. Now this is the Commonwealth of Australia and the pharmacist is
guided by this, so is the physician! Now, if the physician prescribes one of
these drugs, then that comes under the medical benefits. If the physician
prescribes a drug that is not included and there are thousands of items in
here, then that is not paid for so.
This matter is in the hands of the medical committee that is going to
make the decision as to what is imperative and essential and what is not.
MR. FORTIER: Mr. Lampert would you tell me, suppose we think of
including only some specific drugs, I mean the basic ones, would you have a
number of those drugs that we should include in that plan such as...
MR. LAMPERT: Oh yes. Indeed.
MR. LABERGE: The basic essentials are very extensive. Very extensive
insofar as,.. now here we are dealing with a different type of prescribing
habits. In Australia, New Zealand and to a major degree in Great Britain, the
drugs used, I should say the prescribing habits are markedly different from the
prescribing habits in Canada in the U. S. And therefore, in assessing which
drugs would be used you would find an entirely different approach to the
problem than they have in the other countries.
MR. RENAUD: Mr. Laberge, I refer you to page 12 of your brief and on
paragraph 5, you are talking about a prescription fee of $0.85 for the
pharmacist, a dispensing fee of $2.50 which is $1.65 plus $0.85. Is there any
salary or return for the pharmacist in the first amount of $1.65?
MR. LABERGE: I refer first to Jacques Hébert on the latter part
of your question for the return of the pharmacist and to Dr. Bryant for the
balance.
MR. RENAUD: And my second question will be: « How did you arrived
at $0.85 for the fee?»
MR. LABERGE: That is Dr Bryant who will answer that. You want to take
the first part of the question?
MR. HEBERT: The costs of...
MR. CHAIRMAN: Do you mind standing, I think it would be better. If that
is the case you have better sit down not because it is a question of dignity
but there is a question of being able to see him as well as hear him.
MR. HEBERT: To answer your question, Sir, the return to the proprietor
is only shown in what we call the professional fee, the $0.85, which Dr. Bryant
later on will explain to you. What we were... what I have included in the cost
of dispensing what we call here, direct dispensing, is the salaries paid to the
druggist or to the pharmacist preparing a prescription and also the portion in
a case where there is a single proprietor, the portion of his salary, of a
salary based on any pharmacist filling the prescription based on a ratio that
we have arrived at following our survey.
Therefore and besides I may add, the salary used is a standard salary
following Mr. Fuller's reports, which he reports every year and I think it is a
standard salary which is being used
in the reports of this type across Canada, so this I think...
MR. RENAUD: Do I have it clear in my mind? MR. HEBERT: Yes?
MR. RENAUD: Do I have to understand that the $0.85 goes only to a
pharmacist when he is the owner of a pharmacy?
MR. HEBERT: Yes that is correct.
MR. RENAUD: It is correct. And the other amount of $1.65, there is a fee
for the pharmacist also?
MR. HEBERT: Not a fee as such. It is the cost of preparing the
prescription plus the overhead. There is no fee at all in this...
MR. KENNEDY: Well, it is part of the salary that is inclused in this
amount for the owner of the pharmacy.
MR. HEBERT: Yes, the salary paid to the pharmacists preparing the
prescription, not regarding if this pharmacist is the owner or an employee.
This is for labour in another words, if you wish to call it this way. For
labour in the preparation of the prescription.
MR. KENNEDY: In other words the owner gets paid twice if the time
amounts are included in this $2.50?
MR. HEBERT: Well the owner gets... I do not think he is being paid
twice, he gets a salary preparing a prescription...
MR. KENNEDY: Plus a fee.
MR. HEBERT: ... now if he wishes to work twelve hours a day instead of
the regular, let us say seven hours, naturally his return will be greater, but
and I would like to remind the committee that what we call a salary is not the
full hundred percent salary that we pay, it is just the portion of total salary
but only the portion applying to prescription filling.
MR. RENAUD: So the 85% is for a return on the investment for the
owner?
MR. HEBERT: I think I would like Dr Bryant to explain, he is the
one...
MR. BRYANT: The $0.85, gentlemen, is based on the operation of the
pharmacy with sales of less than $100,000 a year, it just covers the operating
cost plus a reasonable salary to the proprietor, the owner of the store plus a
reasonable return on his investment. I can explain the calculations this way
that the pharmacy with sales of less than $100,000 a year, that is total sales
not just the ethical Pharmaceuticals of the $100,000 as shown in the
Thome-Mulholland survey, approximately $27,800 will be prescription drug sales.
That works out an average number of prescriptions of 23 a day in the smallest
pharmacy.
I have used the calculation of 25 to make the arithmetic more simple. If
we take 25 prescriptions a day, at $0.85, that will give him a return of $21.25
a day. The small pharmacy is open seven days a week so that multiplying that by
seven, he would have a return of $148.75 a week or $150 a week approximately
from the $0.85 for the prescriptions he fills.
Now this is included as well in the case where the pharmacist is also
his own dispenser, this is included in the figures of $9,000 for the
proprietor's, or manager's salary. This is apparently the amount shown in the
survey, but it has been adjusted downwards by $1,955, since this was thought to
be an excessive salary to impute to the owner manager so it would take $7,000
as the salary to the owner manager. Take half of that because Thome Mulholland
showed half of the salary of the proprietor is applicable to prescription
drugs. That is another $3,500 a year or $70 a week to add to the $150 a week,
so that the return to the pharmacist would be $220 a week in the drug store
selling $100,000 of merchandise or less.
Now that $220 a week is approximately $10,500 a year, total return. The
$10,500 breaks down to two portions, a return on his investment in his business
and a professional return or salary to him as a professional man. The average
investment in the dispensing side of the business, and this does not vary with
the volume of business in the store, even the small druggist has to carry a
complete line, and the average investment is about $15,000 in the
pharmaceutical side of the business. So allowing say a 10% return on this
investment, which is not unreasonable, I would suggest, then of the $10,500,
$1,500 would be a return on his investment, $9,000 would be his salary
including the professional salary plus the portion of salary included as the
cost of doing business.
So his total return is $10,500 in the smallest pharmacy.
MR. RENAUD: Did you work the same way to establish the fee at $0.85?
That is...
MR. BRYANT: This was how the fee of $0.85 was established to say what
would be a fair return to the smallest pharmacist, because if the fee is too
small and the small pharmacist just would not be able to operate the
pharmaceutical side of their business and justify the investment in material
and in the time spent. There are many of the small pharmacists in the small
towns that would require a fee of this magnitude to enable them to continue
their operations.
MR. RENAUD: Thank you, Sir.
MR. CHAIRMAN: Could you tell us... we have just been talking about the
statement here which the auditors have prepared, and in the second line of this
statement, we give for the five, or perhaps I should say, the four different
groups of pharmacies, the total prescription sales. Could anybody tell us
approximately how many prescriptions were involved in each of these cases?
MR. BRYANT: I think we could... are we looking at page 2, Mr.
Chairman?
Yes, it is possible to determine the number of prescriptions. I said,
for example, in the pharmacy, in the first column with sales below $100,000,
they fill approximately 23 prescriptions a day...
MR. CHAIRMAN: Yes I know that.
MR. BRYANT: ... now I achieved that figure by dividing the $27,841 by
$3.29 which is the average prescription cost today in a pharmacy.
MR. BLANK: At that time.
MR. BRYANT: ... at that time, I am sorry, in 1964 to relate the average
cost of a prescription to the data in the survey. You could do the same thing
all across the line by taking the second row, total prescription sales divide
by $3.29 and that will give the number of prescriptions a year in each
pharmacy.
MR. CHAIRMAN: Yes. So I take it then, Dr. Bryant, that in the period
covered by this report the average cost of a prescription is $3.29 and the
association, as I understand the brief, is proposing that there should be a fee
added, was it $2 or $2.50?
MR. LABERGE: $2.50.
MR. BRYANT: $2.50
MR. CHAIRMAN: Is this going to make the average cost of a prescription,
assuming this system has existed at the time of the survey, $5.79?
MR. LABERGE: No, this system tends to bring the higher priced drugs
down, it wild necessarily bring the lower priced drugs up.
MR. CHAIRMAN: But...
MR. LABERGE: It is based on cost.
MR. BRYANT: One factor there, Mr. Marler, in your figures I think you
were adding $3.29 plus $2.50..»
MR. CHAIRMAN: I was, yes.
MR. BRYANT: ... now the proposal here is that the $2.50 professional fee
be added to the cost of the price that the pharmacist pays to the manufacturers
for the drug, but the $3.29 is the average prescription price to the consumer
over the counter.
MR. CHAIRMAN: Yes. What... supposing that we were to entertain this idea
of a prescription fee of $2.50, what is this then going to make the average
cost of a prescription?
MR. LABOW: That would be entirely predicated on exactly what is the
doctor prescribing and the cost of drugs. We have established here there are
three factors involved in the pricing of prescriptions: one is the cost of
drugs which we have no control over, this is something supplied to us by the
manufacturer, secondly is the overhead cost of filling a prescription which
exists all the time whether today or next year, thirdly, is the return on
investment and a profit.
Now when we discuss what will happen to the cost of drugs we have to
accept the fact that the problem has not been with the low cost, low priced
prescriptions. The problem has been how to control, with the very new in
the past fifteen years, twenty years, with the tremendous advances made in
pharmaceutical research, in medical research how to control these very
complex drugs that have come on the market, that are very essential for the
various illnesses and at the same time are very costly to produce. The only way
that this can be controlled, is, by removing from the entire picture the cost
of drugs and establishing a cost of the
filling of a prescription. The moment we establish that, then, we have a
standard fee, as opposed to the present system where we go by list price.
No matter how we do it, if a drug lists..., let us say, we have many of
them in that category at $12 a hundred. The pharmacist's cost on that drug is
$7.20; we make 40%. Now that 40%, no matter how we look at it, covers the cost
of dispensing, etc. etc. Now, in order to fulfil the requirements which we are
aiming for, that is to bring down the cost for these high price drugs, it has
to be balanced off in some way, by applying the professional fee which is based
on actual cost plus a very reasonable amount which would be return on
investment etc... then we find that the cost of expensive drugs will be reduced
very markedly whereas the cost of the lower price drugs will be increased but
certainly not in proportion to the marked decrease in the expensive drugs.
Now one thing is certain, that we cannot, it cannot be done, it is
economically impossible to reduce everything all the way down and still
maintain an overhead. So that the primary purpose in this is to assist the
medicare plan by reducing the one factor that contributes to the terrific
increase in cost and that is reducing the expensive prices of high priced
prescriptions. In order to do so, we would have to establish one factor which
is firm and that is over and above fixed overhead we are only allowed a certain
margin of profit. In other words, it is a professional fee which all
professions recognize and accept.
By doing so there is no sliding scale of percentages, we know that there
is a fixed overhead which is applicable to every drug, whether it is a $1 one
or a $20 one, plus a narrow margin which would be the return on our investment.
In that way, and this is being done in a very large number of welfare plans in
the States. They have found that the over-all cost of prescriptions has
dropped. This is actually in practice in a number of places in the States for
their medicare system.
MR. CHAIRMAN: Mr. Labow, I had asked, and I wonder if it would not be
possible to have an answer. What we are talking about is a review of cost that
has already taken place and when we talked about the average of $3.29, it is
quite clear then that it included the high priced drugs and low priced drugs.
And then we got to this figure of $3.29 and then I said supposing we add $2.50
to the amount, that seems to bring the average cost to $5.79. Well I was told
no, no one could not add these two figures together. But what would have
happened in this period covered by the report if the $2.50 fee had applied in
the way which Mr. Labow has just explained.
MR. LABOW: Are you referring to the cost of the actual
prescriptions?
MR. CHAIRMAN: No. I am talking about what the sale price...
MR. LABOW: I mean to the consumer.
MR. CHAIRMAN: ... what the average cost to the consumer is going to
be.
MR. LABERGE: At that time, Sir, it probably would have been a fee of
$2.50. The cost of drugs, the basic cost, is roughly between 40% and 50%
marking. So it would be about $1.75, cost, if you were to add on $2.50, it
would have brought that cost up to $4.25. On the other hand, it would have
brought the cost of high priced drugs down. Dr. Bryant has pointed out that the
pharmacist makes...
MR. CHAIRMAN: Mr. Laberge, your arithmetic and mine are not going to
work out to the same conclusion, I am afraid, on this $3.29.
MR. LABERGE: If I may refer, I think, it is to the Fuller report on this
average cost of $3.29. Fuller also pointed out that 36% of the prescriptions
filled in the province of Quebec were filled at a loss to the pharmacist. He
went on saying that the prescriptions under a certain figure, under $3.50, were
filled at a loss, an actual operating loss and those above at a gradual
profit.
On the breakdown of the $3.29 and your addition of $2.50 onto that, the
$3.29 is based on the present system of mark up on the drugs and this proposal
that we have, this recommendation we have made, is to establish a fixed
dispensing fee plus the cost of the drug, not the cost of the drug plus mark up
but the basic cost of the drug. Now as to the controlling of the prices of the
new drugs that come in, this is a matter not within our jurisdiction but these
prices are determined elsewhere by the manufacturers.
MR. MARLER: I think the committee fully understands that, Mr.
Lampert.
MR. BLANK: There must be away of getting the answer to that question,
Mr. Marler. In this period that you covered by the report where you reached
$3.29 as the average cost, as the average cost to the consumer. What was the
average cost
of the drug alone to the pharmacist in that period? Forget about
everything else. What was the average cost of the drug during that period of
your survey?
MR. LAMPERT: According to the Fuller's survey, if I recall, I can be
corrected if I am wrong, on the average prescription, the price of $3.29, the
average cost of the drug to the pharmacist, was approximately $1.64...
MR. BLANK: So to that we have to add $2.50.
MR. BRYANT: ... so we have to add $2.50 and we get the figure of $4.19
which is higher than the average in 1964, but there is a point that I
think...
MR. BLANK: What you are saying is that perhaps in 1964 you would not
have asked for $2.50. You would have asked for only $2.
MR. BRYANT: Well, this is quite conceivable. I think we have to
recognize the costs have increased since then,that is one point. Another point
that is perhaps relevant many druggists will say that the rest of the store is
subsidizing the dispensory as well with the average prices of $3.29.
MR. CHAIRMAN: This is quite possible.
MR. BRYANT: In fact, they are not operating their dispensory in many of
the smaller stores, particularly, on an economic basis.
MR. CHAIRMAN: I think what Mr. Bryant says is something that certainly I
have suspected in one or two instances. Not very long ago, I was in a drug
store in one of the United States, in North Carolina and it looked like
Woolworth's, there was more Woolworth part of the drug store than there was
prescription. The prescription occupied, I suppose, if it was a twentieth that
would be an exageration, I think probably a forteith of the floor space was
occupied by the prescription and it certainly gave the impression that this was
not the money making line in this particular store and I take it that this is
true at varying degree depending how much of other things you sell, and
prescription drugs.
MR. BRYANT: I think that is correct, Mr. Marler.
M. MARTIN: Dr. Laberge, en page 7 de votre mémoire, vous signalez
qu'il n'y a pas de pharmaciens en nombre suffisant pour les besoins existants.
Est-ce que ce manque se rapporte à l'île de Montréal ou
à lensemble de la province et une question qui peut suivre,
évidemment, à combien évaluez-vous ce manque et sur quoi
vous basez-vous pour donner ces chiffres?
M. LABERGE: Bien on se base sur le fait qu'il y a à peu
près...
MR. MARTIN: You can answer in English if you like...
MR. LABERGE: Sorry. We are basing this on the statistics at our
disposal, I do not remember them exactly but we have something like 1,500 ou
1,600 pharmacists in the province and we only have 1,300 pharmacies. So
therefore if you would need two pharmacists per store there is not enough to go
around. That is why one man must work from morning till night. He is there from
eight o'clock in the morning to ten o'clock at night. He has to be there.
MR. BLANK: You have students that work certain hours and do certain
work. Mr. Laberge, am I right in assuming that you have pharmacy students who
have reached a certain stage of development who do operate the pharmacy under
the rule...
MR. LABERGE: Under the supervision of a pharmacist.
MR. BLANK: Not the physical presence of the pharmacist.
MR. LABERGE: He should be there. MR. BLANK: In fact, is he there?
A VOICE: Do you have something to add to this?
MR. BERCOVITZ: There is in fact a great shortage of pharmacists as has
been suggested. To us as pharmacists, it is important that the number of
pharmacists be increased. Mr. Labow has figures to show what is happening in
pharmacy today. I think that, the only interpretation of the fugures that he
has, is that the remuneration today is not adequate to attract new pharmacists
to the profession. So that in competition with other professions, we are losing
out. Our universities are not operating at full capacity in so far as students
in pharmacy are concerned. I think Mr. Labow has the figures to show that.
MR. LABOW: This is one of the most serious problems troubling the men
who are at the head of organizations of pharmacy who are looking to the future
and the welfare of our profession. I spent a great deal of time with Dr.
André Archambault, of the University of Montreal, he is the Dean of the
Faculty of Pharmacy, in order to study the problem of the profession of
pharmacy and the number of pharmacists that are entering and graduating. And
instead of taking up a great deal of your time, I would like to give you just
two dates. In the year 1950 to 1951, there were, during that semester, there
were 356 students enrolled in the Faculty of Pharmacy. In the year of 1965 to
1966, which is 15 years later, that number has dropped to 275.
Now at one time 95% of all the pharmacists that graduated from our
Faculty of Pharmacy went into the retail end of pharmacy, neighbouring areas,
country areas and so on. Today, according to Dr. André Archambault only
60%, to 70% of the students go into the retail end of the pharmacy because they
have found that it is not, from their point of view, warranted by the
investment in time, that is, five years of university and money. Now, the
Faculty of Pharmacy at the University of Montreal has a capacity of 450 to 500
students and is operating at the present time with an enrolment of 275
students.
M. LABERGE: Je voudrais souligner, « in the Castonguay report they
foresee a shortage of something between 600 and 700 pharmacists in 1971
». This is something that perhaps we could work to avoid.
MR. KENNEDY: With regard to this predicted shortage or pharmacists, it
is quite obvious from the report that was prepared by the chartered accountants
that the pharmacists devote only, they have established a figure of 50% of
their time to prescription work. Is there a possibility that the shortage may
be reduced to a certain extent if the pharmacist devoted more time to actual
prescription work and less time to the other activities of the pharmacy. We can
see in the large pharmacies that the activities devoted to other aspects of the
trade other than the prescription must be far in excess of the 50% that has
been used across the board, because the total prescription sales is only equal
to 12% of the total volume of business and it would seem ridiculous if he
should spend 50% of his time to achieve a 12% volume of business.
MR. LABERGE: Someone pointed out a while ago that this part of a store
is essential to the subsidization of the loss he incurs in his dispensary.
However Mr. Labow will enlarge on this.
MR. LABOW: When we use the phrase 50 and this is an actual time and
motion study document, the percentage was 52% of the time was spent in filling
prescriptions. But I think you gentlemen will agree with me that you have to
first define what is involved in filling a prescription. The act of filling a
prescription does not mean that this is all he does. Of the balance of his time
there is still a certain amount of time which is required in looking after the
replenishment of drugs which is that we call, « placing the orders
». A certain amount of time is spent on the telephone without being
productive from the view of prescriptions, with giving physician informations.
Now we could go through the whole gamut of it and show you that a large
percentage of that time is spent in doing things that only a pharmacist can do
but the actual compounding of prescriptions, that is true, the actual
mechanical work of filling prescriptions, typing labels and finishing them
takes 52% of the time. But at no time could you operate a pharmacy with just
filling prescriptions. Now another point I would like to bring to your
attention is the fact that we talked about 12% of the total volume being
prescriptions or 15% or 20%. We must bear in mind that the. size of the store
and the total volume prescriptions has a relationship only in percentage
volume, but when we break it down into actual prescriptions filled, the average
store will be filling 30 to 50 prescriptions a day.
If some man has the means of opening a great big pharmacy when he is
going to have 88 other departments, it does not alter the fact that, even
though, comparative volume shows that the prescription department represents
only 12% of his total, he is still fillings a basic number whether it would be
35 or 40 or 50 prescriptions which is the normal range for an average pharmacy.
So he is still serving his purpose as a prescription filling store and we
cannot afford to place in juxtaposition dollar volume with prescription volume
unless we take into account the average operation of the average pharmacy.
MR. BERCOVITZ: I would like to, I think, clarify the situation because
there are a number of facts here that do not seem to add up, and we are trying
to put our finger on just where the « gimmick » is. Now, in fact,
our figures
show that it costs roughly at the moment $1.65 or something to fill or
rather we are demanding, requesting, of the consumer $1.65 to fill the average
prescription outside of cost of ingredient. Our auditors report shows that it
costs us $1.60 from the consumer, I am sorry, it is costing us $1.65 to fill a
prescription. Remember your committee asks... well if the pharmacist is no
gainfully employed all of his time it is obvious that if he were to be employed
full time he would be able to make a go of this and require less return.
But gentlemen, it is quite the contrary. The fact of the matter is that,
it has been pointed out the remainder of the store subsidizes the dispensory.
This is not theory, this is fact because only in exceptional circumstances is a
dispensory, by itself, viable. It is viable in a medical building where certain
facts, other factors are constant. For instance, no night-work or delivery
which restricts the services to the consumer. Where there is a high
concentration of prescriptions because there are a number of doctors or
physicians in one spot and so forth. But I think there is no contradiction to
the fact that we are, in fact, subsidizing our dispensory and should we arrive
at a happy time when we are filling double a number of prescriptions, then we
shall be subsidizing it further. The only thing that offsets this is that the
remainder of our store will increase in like manner.
MR. BLANK: You cannot promote the selling of prescriptions, you cannot
advertise, you cannot try to attract attention. It is just those customers who
actually want to go to your place to get a prescription, come there, and the
average is 30 to 40. Yet with the other part of your store you can attract more
clientele, you can advertise, you can bring more people in and yet this passing
trade will not give you more prescriptions. These people are not necessarily
sick.
MR. BERCOVITZ: And yet, if I may, it seems to be the other way around
because neither is the front store viable without the prescription counter and
I think that there seem to be a thinking among pharmacists to further
professionalize their prescription counter to attract people to the remainder
of the store. So one goes hand in hand with the other.
MR. BRYANT: I wonder if I may just address myself to the specific
question: « would it not be possible to increase the supply of
pharmacists, the supply of pharmacists time by having them work at something
more than 50% of capacity in pharmaceutical operations. There are two
considerations, one of them Mr. Blank mentioned indirectly, that it is
impossible to promote more business for prescriptions drugs. The pharmacist
cannot say: « We have a sale of prescription drugs today, so try and be
sick this week and keep me occupied 75% or 100% of my time or. filling
prescriptions. »
There are many small towns that need a pharmacist just for the
convenience of the residents of the town and he is limited in the amount of
business that he can do, just by the number of people in the town, the number
of prescriptions given by the physicians in the town. What economist would call
economies of scale, « you have to have a pharmacy, it has to be a certain
size, it has to have one pharmacist, but the market area served may not be in
itself big enough to keep the pharmacist occupied for a hundred percent of his
time in his professional occupation.
The second consideration that Mr. Labow mentioned to me yesterday
evening, that I frankly did not know about, but I can see his sound point, that
there is great social value in having some reserve capacity in a pharmacy
because in times of epidemic, for exemple, for these things do occur, the
pharmacy has to have some reserve capacity for the additional volume of
business. So that it will be socially undesirable to have any arrangement
whereby pharmacists who are working a 100% of their time just under normal
conditions because then we would not be in the position to handle an excess
demand for prescription drugs in any given area.
MR. MARLER: Mr. Laberge, in the statement that we are discussing, the
figures at the top give both total sales and total prescription sales, I take
it that the prescription sales are as the name suggested only those on the
prescription of a doctor but what proportion of these total sales would be
represented by drugs sold without a prescription?
MR. LABERGE: I do not think l can give you an exact answer except from a
personal observation in my own analysis in my operation, where it comes to
approximately 15%. This is not a criterion, my operation is not a
barometer.
MR. MARLER: You mean 15% of total sales. MR. LABERGE: Total sales,
yes.
MR. MARLER: And prescription sales will be apart from that 15%.
MR. LABERGE: Apart from that.
MR. BLANK: Mr. Laberge, there is one question that struck me. There is a
$2.50 fee. Do you think it should be the same in Montreal, as Noranda or
Témiscamingue? Should it be the same or should it be scaled up or down
for rural areas?
MR. LABERGE: Well, Mr. Blank, our findings are based on a Montreal
report. We do take into consideration low volume stores and perhaps in the
outhying districts the low volume stores would probably predominate and this
figure probably would stand for them just as well.
MR. MARLER: ... it would be there as it is in the case of the urban
centers where not only there is one pharmacy there but there are maybe 130
others that are also there.
MR. LAMBERT: I would like to supply some additional information on this
if I may. This figure out $0.85 or the total dispensing cost of $2.50 is based
on a small operation of $100,000 or less and although we used Montreal
basically, the greater Montreal area for our survey, we found that our figures
corresponded very, very closely, so closely that we could say that they were
just about identical, with surveys done elsewhere which covered both rural and
urban areas so that, we were not wrong or nowhere overly selective.
Again our fee, our recommended fee is based on a minimum amount
necessary to allow the small pharmacies to survive. We do not pretend nor do we
suggest that this should be universally applicable, as a matter of fact we feel
personally, this has not been included in this brief because we felt this would
be a matter for discussion later, but there will be some sliding scale of
dispensing fee applied so that the larger pharmacies or the pharmacies in a
concentrated area that do a tremendous volume of prescription business, such as
in a medical center, would not exploit through circumstances the benefits of
this dispensing fee basis.
If a pharmacist, if a particular pharmacy fills 400 prescriptions a day
and my figures are quite arbitrary for the point of example, we do not say that
he should be paid $0.85 for each of 400. This would be an unreasonable figure.
But $0.85 is required by the pharmacist, the pharmacist proprietor who operates
a small store, a very necessary store because if he closes up, a whole area of
service is done away with and the proper dispensing of drugs and the
maintenance of therapy cannot be kept up.
MR. LABERGE : What Mr. Lampert is referring to is the impossibility of
an escalation arrangement.
MR. BLANK: $2.50 for the first 50 prescriptions. $2 for the next
50...
MR. LABERGE: That is the general idea. This will be very equitable. I'd
like to go back to something Mr. Blank said a minute ago concerning the nature
of medication. It is not a part of commerce, we cannot promote it, we cannot
advertise it, we can't put it on sale, we can't have week-end specials for
nitroglycerine pills or hypertension tablets because we were overloaded with
them. We can't say: « This is the time to have a heart attack, there is
going to be half-prices this week ». We can't talk about them and what is
left, what is wasted, we must discard after they have exceeded their age limit.
This must be thrown out.
MR. CLOUTIER: Mr. Laberge, on page 13, you say: « With cost
control set at the level of purchase of ingredients ». What kind of cost
control could be used?
MR. LABOW: We envisaged the fact that with the experience that the
committee, I'm referring to government committees who have been studying the
various health legislation in medicare plans in other countries, will be
patterning themselves in establishing cost based on the average size used. Now
this is a factor which is very important in establishing cost control.
In other words, if a certain medication, let us say, hypertensive
tablets are very widly used, although the manufacture may turn out a bottle of
one hundred, five hundred, a thousand or five thousand. If the government finds
that the average size used is in the thousand or in the five thousand size,
they will establish the price, cost price of that product, of the medication on
the thousand level. As opposed to the pharmacist having the right to say:
« Well, I'm buying this in bottles of a hundred and it is costing me 20%
more ». This is something that is being done in Australia, New Zealand
and in England, where they list the size of the product or the price that they
will pay of each medication because their analysis their experience has shown
that if hypertensive tablets are widely used and the average pharmacy buys it
in the hundreds, even though the manufacture puts it up rather in the
thousands, even though the manufacture puts it up in hundreds, they will pay
according to the cost of the tablet, per thousand and that is what we are
referring to when we say « with
cost control set at the level of purchase ingredients ».
MR. BERCOVITZ: I think that though Mr. Labow's reply is correct, I don't
believe that this is the intent of the question. The cost control here that we
are referring to is the fact that we are offering a means of controlling the
cost of the filling of the prescription, because it makes it independent of the
cost of ingredients. The cost of ingredients brings out another area, or put
into other words, if our remuneration is tied to the cost of the ingredients,
it is in our interest, our selfish interest, to see that this cost is as high
as possible. On the other hand if our remuneration is totally independent of
the cost of ingredients, it is in fact our interest to see that the cost is as
low as possible.
MR. ROY: Mr. Laberge, how did you select the 21 pharmacies which are in
the survey?
MR. LABERGE: The selected 21 pharmacies at random taking high-bracket
stores and low-bracket stores and in various areas of the city so that we would
have a good cross-section picture of the pharmaceutical profession.
M. MAJEAU: A la page 11 de votre factum, paragraphe 3, dans la
dernière phrase, vous mentionnez un inventaire moyen pour la
région de Montréal de $39,612. Est-ce qu'il est exact de dire que
ce montant s'applique, si les détaillants ont 30 jours pour payer le
manufacturier?
MR. LABERGE: We pay in thirty days but this is the inventory, the
physical total, the physical inventory average.
ME. MARLER: Of drugs only?
MR. LABERGE: No, store inventory.
MR. MARLER: This seems logical. In other words you can't limit it soleby
to either drugs or prescription drugs, you have got to have a broader
range.
MR. LABERGE: Mr. Marler, I would like to read something to you that
appeared over Mr. Fuller's signature after the Canadian Survey on prescription
pricing and Canadian pharmacies. « A prescription » and I quote
« is an order for specific medication for a certain person at a
particular time and can be prepared only by a licenced pharmacist on direction
of a licenced medical practitioner. » « A prescription is not an
article of trade », as Mr. Blank pointed out, « capable of being
bought or sold by anyone. It is only for the use of one person. The services
rendered by the pharmacist in dispensing and or compounding a prescription are
of a professional nature requiring specialized knowledge and judgment and the
assumption of legal responsibility and the reward he gets for his services is
therefore a fee. The professional services rendered by the pharmacists are not
a function of the cost of the ingredient used. That is, the cost of performing
such services is not caused by the cost of the ingredients entering into the
prescription. The cost of these services is practically identical for all
prescriptions dispensed within a given pharmacy and therefore the professional
fee should be the same for all prescriptions dispensed in a given pharmacy.
» This is from professor Fuller.
M. BARIBEAU: M. Laberge, si vous me permettez, à la page 11 de
votre mémoire, vous déclarez que l'inventaire moyen de nos
pharmaciens est de $39,612. Quel est le pourcentage des médicaments dans
cet inventaire?
MR. LABERGE: It does not vary too much. This is the average inventory
for the average pharmacy, the prescription inventory usually is about
$15,000.
MR. BARIBEAU: $15,000, it is atremendous inventory. It is about one
third.
MR. LABERGE: Roughly. It is a little more than one third, in this
case.
M. BARIBEAU: Ceci comprend les médicaments qui sont à part
des prescriptions?
MR. LABERGE: They are related items, that's right. A lot of these things
are on the shelf but they are subject to the prescription department.
M. BARIBEAU: Maintenant, à la page 5 encore, vous mentionnez que
le chiffre d'affaires de nos pharmaciens est de $100,000 à $250,000 par
année. Je dois comprendre que ces chiffres comprennent la vente des
prescriptions des médicaments et de tous les autres articles que l'on
trouve dans nos pharmacies.
M. LABERGE: Cela comprend la vente complète.
M. BARIBEAU: Maintenant, est-ce que vous avez le pourcentage des ventes
des prescriptions et des médicaments?
M. LABERGE: Vous voyez ça sur le premier tableau.
MR. HEBERT: The sales breaking down between total sales and prescription
sales only is found on the ... appendix « A ».
M. BARIBEAU: Page? M. HEBERT: La page... UNE VOIX: Merci.
M. HEBERT: Alors vous avez les chiffres devant vous.
M. MAJEAU: Est-ce que les pharmaciens obtiennent un délai de 30
jours avant de devoir payer des médicaments qu'ils ont acheté du
manufacturier?
M. LABERGE: Les pharmaciens sont dans une classe par eux-mêmes,
ils ont 30 jours et ils en prennent toujours 60.
M. BARIBEAU: Je vous remercie, nous avons ici le pourcentage inscrit
dans votre mémoire, Dr. Laberge, je vous remercie. Nous avons ici les
pourcentages des ventes des médicaments.
M. ROY: M. Laberge, est-ce que la plupart des pharmaciens ont des
comptabilités différentes pour les prescriptions et les autres
ventes?
M. LABERGE: M. Labow, il a trouvé des exceptions. Lui, il tient
une comptabilité séparée. You want any information in that
respect?
MR. ROY: That is an exception.
MR. LABERGE: There are quite a few, there are varying degrees. Iknowthat
Mr. Labow does an exceptional job on that. Now, we all keep registers of
prescriptions filled, this we have to do by law.
MR. RENAUD: And you have reports to make sometimes on particular
drugs?
MR. LABERGE: That is right.
MR. RENAUD: To the federal government or where?
MR. LABERGE: To the Department of Health We have the Food and Drug Act.
We have to supply a list of the products dispensed and how many, to the
patient, the doctor's name, and the date.
MR. RENAUD: And by law you must keep a register of all the prescriptions
you make?
MR. LABERGE: By law, we keep a register of all prescriptions and we keep
them on file permanently.
MR. RENAUD: And is the price mentioned in this particular register?
MR. LABERGE: We keep a record, not in the register. In one of our
registers, we keep the prices mentioned too.
MR. RENAUD: That answers the question.
MR. BERTRAND: On page 4, paragraph 2, there are there a few lines which
surprise me. « The price of ingredients is within the juridiction of the
manufacture and the overhead cost » and it is the main point of my
question, « is determined by economic and sociological conditions in the
community served by the pharmacies. » I don't entirely understand this
point of view and probably it will be good to have some comments or
explanations, I ask this question: Is it exact or fair to say that the overhead
is determined only by these both types of conditions?
MR. LABERGE: There are factors involved in a certain area, let us say,
they have certain services that are not applied in other areas and this may
alter the over-all picture, but it is nevertheless a part of the service to
which the people are accustomed and from which they would not depart. These
factors are determined, as we point out, and it is not an exact clarification
here, but there are economic and sociological factors that do affect.
MR. BERTRAND: It is not the only condition. There must have some
other?
MR. LABERGE: There may be others.
MR. MARLER: I think, Mr. Laberge, that it costs more in rent at the
corner of Peel and St. Catherine in Montreal than it does on the Main Street in
Mont-Joli, for example.
MR. LABERGE: That is a factor. But In the over-all picture right across
Canada it is not too far off, I know, it does not vary very much.
M. DUPRE: M. Laberge, vous avez dit tantôt que vous étiez
obligés par la loi de garder en filière vos prescriptions. Si je
comprends bien,
c'est dans le cas des drogues contrôlées par la loi
fédérale, pas toutes les prescriptions?
M. LABERGE: Pour toutes les prescriptions, parce qu'un médecin
veut référer à une prescription.
M. DUPRE: On avait parlé de la loi tantôt. M. LABERGE: Cela
c'est la loi humanitaire. M. BLANK: C'est la loi du collège aussi.
MR. BERCOVITZ: If I may get back to the influence of the social,
economic factors, it stands to reason that everyone wants the greatest amount
for the lowest price. I think we are all consumers and recognize this fact, but
there is an area where a reduction in price with corresponding reduction in
service is not acceptable to a given area or a given society. In other words
the consumer has come to accept a given amount of service and quality of
service and although he consciously or subconsciously realizes that he is
paying for this, he quite readily does so and he will not accept a lower price
with a corresponding decrease in service. If he can get something at a lower
price at the same service level, he is quite happy to accept it. Therefore,
there are factors other than straight competition involved, the sociological
aspect of the people served is of greatest importance in this area.
M. BERTRAND: M. Laberge, est-ce que votre association a
déjà étudié un système par lequel il
pourrait y avoir un système de rotation au point de vue des heures
d'ouverture, des journées d'ouverture, quand dans un même secteur,
il y a plusieurs pharmaciens.
M. LABERGE: C'est un système qui a déjà
été promulgué à notre collège et c'est
encore sous considération.
MR. MARLER: There are one or two questions that we have got away from
which are covered in the brief that I think the committee would be interested
to discuss. You spoke in part of the brief here on the experience in England
which resulted from the taking off of the deterrent fee and you made it
particularly clear that the volume the number of prescriptions increased quite
substantially after the deterrent fee was removed. Do you think of this as
related solely to the deterrent fee or do you think that other considerations
applied?
MR. LABOW: There is no question of it, gentlemen? I have here an
analysis of a survey which comes from the United Kingdom and it shows that in
1964 they had filled 238,600,000 prescriptions. That is during the period when
the deterrent fee was in effect. In eight months of 1965, which means with only
seven months counting because the deterrent fee was abolished rather six months
because the deterrent fee was abolished in February, they had filled
184,000,000 which projected for another four month period would bring the
quantity up to 276 millions.
An increase in one year from 238 to 276 and now when we go back to the
year previous to see, and there is always a steady growth in the prescription
filling field. The difference between 1963 and 1964 was only 7 millions, 231
millions, as compared to 238 millions, the difference from 1962 to 1963, was 9
millions, 222 millions to 231 millions, so it is obvious that this terrific
upsurge was motivated primarily by the fact that people did not have to pay
$1.50 for vitamins, at $2 for vitamins, if they took the trouble to go to the
doctor, get the prescription and bring it to the pharmacy.
So we see an increase from 238 to 276 which far exceeds any normal
annual increase at any time!
MR. BLANK: You can have a deterrent fee not necessarily at the
prescription level, you can have a deterrent fee at the doctor's level, it will
accomplish the same thing.
MR. CHAIRMAN: Mr. Labow... Do I take it that the volume also increased
at the same time as the number of prescriptions? Have you any information on
that aspect of the question?
MR. LABOW: Are you referring to the doctor volume, sir?
MR. CHAIRMAN: No, I am talking about the volume of the drugs on
prescriptions.
MR. LABOW: Of the store volume?
MR. CHAIRMAN: Yes. Of this situation in England that we have just been
talking about,,
MR. LABOW: Yes. The researchers found, and this is the Neilson research
of November-December 1965, which is as close as we can get for accurate
information, found that there had been, where in the past, there had been a
marked increase in what we call OTC (Over the Counter
Products), which is medication sold over the counter. Whereas there had
been, let us say, and I can tell you the figure, I will just keep you for a
moment, let us say that the increase would be an average of ten or twelve
percent annually in the OTC products. When the deterrent fee was removed, the
OTC volume had only increased by three or four percent. So that although there
was still an increase. There was a marked decrease in the potential increase as
the chart had shown in previous years, during the deterrent fee situation. So
that it is definitely, it is definite that the prescriptions that were filled
because people could save that money from buying it over the counter resulted
in a marked decrease in the normal purchases over the counter for the same
products.
MR. CHAIRMAN: I take it that when you had a prescription with a
deterrent fee the prescription probably covered a larger volume of the product
than was the case, afterwards, when you had taken the deterrent charge off.
MR. LABERGE: No, the other way around. When you took the deterrent fee
off, then the doctor was prescribing everything that they were not prescribing
before.
MR. MARLER: Yes, but I am justwondering if before, when there was a
deterrent fee, the patient would go to the doctor and the doctor would say:
« Well, here, instead of having to have two, the same prescription filled
twice, I will just prescribe twice the quantity »
MR. LABOW: But that is regulated, sir, by the rules laid down for
prescribing. They have had to change these rules a number of times because of
certain practices that crept in, in order to control cost. At one time, a
physician who wrote so many prescriptions on a single pad, then they had to
change it because the price being paid was per prescription instead of per
number of items, you see. So that these conditions are being changed. These
rules are being changed all the time to try to adjust themselves and control
these costs.
MR. BLANK: At the time there was a deterrent, Mr. Labow. Was the doctor
limited in prescribing drugs over so many days?
MR. LABERGE: Thirty days.
MR. LABOW: Frankly, gentlemen. I have had opportunities to discuss this
with physicians in England, Australia and New Zealand, and pharmacists and
government people. The physician was not very happy about the removal of the
deterrent fee. Now, we might think that they would be very happy because it
means increased volume. But, they are so pressed with the trememdous number of
people waiting each time in their dispensary that they found that they had to
dilute their attention to the really sick patients, in order to have enough
time to look after the patients who are merely there to try and save a dollar
or six shillings or a pound.
MR. BLANK: Mr. Labow, I am going to ask you a question, perhaps below
the belt, but, I gather, you in the professional capacity as a pharmacist,
knowing something about medical insurance have made these travels and
researches. Which of all these medical plans that you have come across is best
to your knowledge? You are not exactly a layman here, you have looked at it
from a professional point of view.
MR. LABOW: If you would ask me which plan would be most effective and
work least hardship, I am speaking as a pharmacist.
MR. BLANK: Yes, as a pharmacist.
MR. LABOW: I would say that the deterrent fee is a very important factor
in this, an extremely important factor. This would serve two purposes: Number
one, it would take the pressure of the tremendous influx of patients who are
not very ill, out of the doctors' offices, and number two, it would definitely
cut the cost to the government in a very, very marked fashion. If it should
interest you, the cost, the net cost of prescription filling went up in England
and in the United Kingdom, from 1955 to 1964, from 50 million pounds to 94
million pounds, it almost doubled in a period of eight years. Now, when we
consider these figures we can see, gentlemen, it is not that I am a proponent
of the deterrent fee, as an individual looking for cash coming in. I merely
look at it as an individual who is eventually going to be subject to increased
taxation, to pay for this. The deterrent fee would be a very important factor
and, in so far as our particular area in the medicare plan is, that the
pharmaceutical benefits, if this were imposed it would certainly lower the
cost.
MR. CHAIRMAN: The main question that I want to ask Mr. Laberge is
whether the association has really consider this question of the deterrent fee,
whether you have any ideas as to what would be a reasonable level. What
technique can we use in connection with the deterrent.
Do we say, you pay a dollar to start with, and a half of the additional
cost or what is a sensible simple deterrent that we can apply to drugs?
MR. LABERGE: Well, I think that this would be up to your actuaries to
decide just how much money they have to spend and how much money the patient
will have to contribute. This will be their decision. In England, they use
something like two shillings which is 50 cents. Now, this is an arbitrary
figure.
MR. BLANK: Was the deterrent based upon the cost of the prescription or
on the percentage of the prescription or...?
MR. LABOW: The deterrent fee had nothing to do with the cost of the
prescription, gentlemen. You see, you must remember that the deterrent fee was
not something that the pharmacist put into his pocket and said: « Well,
this is all mine ». This was taken off the total price so that,
originally, if you, gentlemen remember the earlier days of the medicare in
England, the deterrent fee was just a fewpence, then it went up to a shilling
and it went from a shilling in December 1956 it stayed up to March 1961, it
stayed at one shilling and in March 1961, it was increased to two shillings.
Now, this raises a terrific hue and cry. The public had become accustomed to
paying nothing, then one shilling and two and it became political. But, the two
shillings had absolutely no relationship to the cost of the prescription
because this is, the cost of the prescription is gauged by this, by all the
different formulae and all the different tables that they have. All that would
happen when we submit our prescriptions; they would deduct two shillings for
every prescription that we had filled from the total amount due. But there is
no relationship between the two.
MR. BLANK: Would there be any sense in having the deterrent, also based
upon the type of drug, in other words, I think yourself that you prescribe
three types of drugs: you have the narcotics, you have the controlled drugs and
then you have the patent medicine. Now, would you suggest that it would be
deterrent even on a narcotic and on a controlled drug, where only a doctor
would prescribe when it is necessary! A patient could not convince a doctor to
give him one of those drugs?
MR. LABERGE: You might confuse the issue there. Just to establish one
deterrent fee, Mr. Herb Bercovitz will speak...
MR. BERCOVITZ: Gentlemen, in determining the amount of deterrent fee, if
any, I think that this must be something which we must determine in our own
experience and context, because we must remember just what it is that we are
trying to do by deterrent fee. And obviously, it must be high enough to deter
people from going to the doctor needlessly and yet low enough so that no one is
deprived of medical service if they require it. And this, I believe, for any
given area, it differs.
MR. GARBACS: I would like to add one point to that. On the question of
classification of drugs. There is a difference in prescription drugs. In
December 1965, one of the leading items for the month of December was
contraceptive pills. Now this is not a matter of life and death, and this is
not a matter of treatment of the chronically ill, but, because of the nature of
the drug, it had to be prescribed by a doctor, and this gets back Mr, Marler,
to the question you asked earlier: « Can we classify drugs as essential
and... non essential ». That is not necessary to the maintenance of life
and health.
If you are going to apply a deterrent fee, there must be a distinction
made, because a deterrent is to avoid abuse of government support on
prescription drugs, and this is the area where the deterrent fee is directed
to. Not to the patient who requires insulin or requires nitroglycerine or any
other of the life-maintaining drugs. I do not think that we recommend a
deterrent fee in this classification, but only for the « non essential
», (and I use that in quotes, please do not misunderstand me when I say:
« non essential »), but for the drugs that are not vital to life
and to the maintenance of health.
MR. CHAIRMAN: In other words, Mr. Garbacs it is quite considerable, we
might have some drugs, for which there would be no deterrent fee at all...
MR. GARBACS: Oh yes Sir! MR. CHAIRMAN: By all means?
MR. LABOW: Well, this is an established principle, gentlemen, in various
medicare plans. No new drug is automatically put on a free basis. Number one,
it is first, after it reaches the market, it is first studied by the
physicians, by the committee rather set up by the government to determine
whether that drug should be part of the medicare benefits. And this ge-
nerally takes several months, unless it is a life-saving drug, like a
Salk vaccine or something like that. Secondly, we must bear in mind, and I
would like to repeat what I said earlier that the government through its
committee sets up at its very beginning, what drugs they will pay for and what
they will not. In other words, if we get this from our government, and a doctor
proceeds to write something that is not included in here, there is no question
of deterrent fee or anything else! The patient pays for that prescription, the
total cost, because it is not included in the schedule of drugs that the
government is covering. So in the final analysis, the decision of drugs which
will and which will not be paid for, is not in our hands, it will be in the
hands of the committee set up by the government to make those decisions.
MR. MARLER: So, you perhaps have free drugs, drugs for which there is a
deterrent fee and a third class in which the patient that is concerned pays the
whole shot.
MR. LABOW: Also, that question of the population to whom everything is
free, we must remember that there is that classification everywhere.
Indigents.
MR. CHAIRMAN: Yes, that is what we might call a preferred class.
MR. LABOW: That is right!
M. LE PRESIDENT: Messieurs du comité, y a-t-il d'autres questions
que vous voulez poser? M. Dupré.
M. DUPRE: Est-ce que cela veut dire que vous ne seriez pas en faveur que
la couverture totale sur les prescriptions? D'après ce que monsieur
disait...
M. LABERGE: Non, ce serait à la commission de décider mais
comme nous l'avons souligné: « It is advisable to go or move in
easy stages, not to make the mistake that they made in Great Britain, where
they went too fast, get too much for.too many, too quickly ».
MR. RENAUD: What is the situation in Alberta or Saskatchewan, insofar as
the list, do you know about that? What kind of list of drugs are free in
Saskatchewan and in Alberta, did you look into that?
M. LE PRESIDENT: Sûrement, mais seulement pour les assistés
sociaux.
MR. LABERGE: It is divided by category also, it does not cover all the
drugs in Saskatchewan.
MR. CHAIRMAN: As I understand it, Mr. Laberge, it covers only this
preferred class of public assistance.
MR. LABERGE: I think so, it was the economically weak.
MR. CHAIRMAN: Yes.
M. LE PRESIDENT: Messieurs du comité, y a-t-il d'autres questions
à poser à M. Labow?
M. BARIBEAU: Dr. Laberge, dans la plupart de nos pharmacies, la
distribution des médicaments se fait à domicile, par nos
pharmaciens et c'est ce qui est très populaire chez le consommateur,
maintenant, quel est le pourcentage de ce service dans les frais
généraux des pharmaciens?
M. LABERGE: Dans autres que les pharmacies?
M. BARIBEAU: Le pourcentage pour la distribution des médicaments
à domicile pour un pharmacien?
M. LABERGE: Ah, la livraison à domicile?
M. BARIBEAU: Non, le pourcentage dans les frais généraux,
dans 1' « overhead »?
M. LABERGE: Cela dépend beaucoup sur la saison de l'année.
S'il fait beau, les gens peuvent s'y rendre et s'il fait mauvais, les gens n'y
vont pas. Mais cela forme un assez grand pourcentage.
M. BARIBEAU: Assez élevé.
MR. CHAIRMAN: Will the committee just suspend for a few moment,
please... Y a-t-il d'autres questions que nous voulons poser à ces
messieurs? Well, Mr. Laberge, and the gentlemen representing the Indenpendent
Retail Druggists Association, we have had a very interesting meeting with you
this morning, we were delighted to have your brief, we were very much pleased
by the explanations which you have given us and I must say that I feel sure
that the members of the committee feel that they have gained a lot of
information as a result of our sitting, this morning.
MR. LABERGE: Mr. President, on behalf of the members of IRDA, I would
like to thank this committee for having received us et avec quelle
gentillesse.
M. LE PRESIDENT: Le comité est ajourné à trois
heures cet après-midi.
Reprise de la séance à 3 h 29 p.m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je demanderais à M.
Pépin, secrétaire de l'Association des fabricants de produits
pharmaceutiques du Québec de présenter les membres qui
l'accompagnent et de donner aussi un sommaire des remarques qu'il a à
faire sur le mémoire.
M. PEPIN: M. le Président, messieurs les membres du
comité, messieurs. Je vous présente, par ordre: à ma
droite, M. Jean-Paul Marsan, représentant de la Maison Marsan; M. Saul
Barza, néo-drogue, Président de notre association; M. Riendeau,
Président de la Maison Franca; M. Lafontaine, directeur de la Maison
Pentagone; M. Demers, directeur général de la Maison
Anglo-French, M. Roger Lévesque, de la Maison Biochimique,
trésorier de l'association.
Etant assuré que la plupart des membres ont eu l'occasion et le
temps de lire le mémoire de notre association, nous nous limiterons, au
début de cette réunion, à le résumer à
larges traits. Nous suggérerons ensuite un mode de distribution des
drogues au Québec, qui rencontrera, croyons-nous, l'avis du
gouvernement, celle du consommateur québécois et celle de
l'industrie pharmaceutique indépendante du Québec. Dans notre
mémoire, nous nous sommes limités intentionnellement à
analyser les facteurs qui influent principalement sur les prix de revient
à la fabrication et à la vente des médicaments et à
faire des recommandations pour abaisser ces prix de revient.
Résumé du mémoire. En analysant ces facteurs, nous
nous sommes rendu compte, premièrement, que presque tous les produits
soumis à une véritable concurrence, se vendent à un prix
accessible à la majorité des acheteurs canadiens; et à ce
sujet, nous en venons aux conclusions du livre vert, publié à
Ottawa en 1961, conclusions qui se lisent comme suit: « L'histoire de
l'industrie prouve que lorsqu'une drogue ou des équivalents de ladite
drogue est d'obtention facile aux manufacturiers, les prix ont tendance
à baisser et les bénéfices réalisés dans ce
cas sont à peine au-dessus du coût de production. C'est une
constatation majeure dans l'évaluation de la question des prix. Voici
quelques exemples: la pénicilline G. procaïnique se vendait en
janvier 1953, $175 le milliard d'unités internationales et, grâce
à la compétition, se vendait $33 le milliard d'unités
internationales en 1959. Grâce à la concurrence, en moins de six
ans, de $175 à$33. En août 1948, une fiole de 10 millilitres de
trois millions de pénicilline G. procainique se vendait $23.40 et en
septembre 1959, se vendait $1.50, effet de la concurrence. Le
méprobamate se vendait, lors de sa mise en marché, $60 le mille;
il se vend maintenant, $7.50 le mille, grâce à la concurrence. La
réserpine, $31.50 le mille, et maintenant, $4.25 le mille: la
concurrence. Nous pourrions allonger cette liste indéfiniment.
Deuxièmement, en analysant ces facteurs, nous nous sommes
également rendu compte que certains produits, qui sont à l'abri
d'une véritable concurrence, se vendent à un prix excessif et
relativement le même parmi les licenciés. A ce sujet, nous en
sommes également venus aux conclusions du livre vert, publié en
1961, et je cite, page 257: « Il ressort des renseignements obtenus par
cette enquête, qu'au niveau du manufacturier, les prix de certaines
drogues sont affectés par le contrôle qui découle du brevet
quant à la fabrication, la distribution et la vente de ces drogues. Le
contrôle exercé par le brevet, quant à la fabrication, la
distribution et la vente de certaines drogues a virtuellement
éliminé la concurrence des prix en regard de telles drogues.
» Page 259, du livre vert: « En fait, ce qui concourt à
hausser les prix, c'est le contrôle exercé par le brevet sur les
nouvelles drogues brevetées. » Voici quelques exemples: Un
antibiotique en capsules, compagnie A: 16 capsules, $5.30; compagnie B: 16
capsules, $5.50; compagnie C: 16 capsules, $5.40. Produit Ben gouttes,
compagnie A: 10 millilitres, $2.20; compagnie B: 10 millilitres, $2.20;
compagnie C: 10 millilitres, $2.20. Produit C, en suspension, compagnie A: 60
millilitres, $3.35; compagnie B: $3.80; compagnie C: $3.05; compagnie D: $3.35.
Produit D, compagnie A: 16 comprimés, $5.40; compagnie B: 16
comprimés, $5.40, Produit D: compagnie A: 50 comprimés, $5.00;
compagnie B: 50 comprimés, $5.00; compagnie C: 50 comprimés,
$5.00. Nous pourrions allonger cette liste à volonté.
Ces constatations nous ont amené à faire les
recommandations suivantes, afin d'abaisser les prix de revient à la
fabrication et à la vente. Première recommandation: comme le
brevet semble être la cause première du coût exces-
sif de certaines drogues, nous demandons que la loi des brevets soit
modifiée de la façon suivante, afin de briser l'état de
monopole dont il est fait mention dans le livre vert, publié en 1961, et
dans le rapport Carignan, en 1963. Et cette recommandation se résume
ainsi:
A) que la durée du brevet soit réduite, afin
d'empêcher les abus monopolisants engendrés par la situation
actuelle.
B) que le droit d'utiliser le procédé de fabrication
breveté soit accordé, automatiquement, à qui en fait la
demande et à qui en a la compétence, avec paiement de
redevances.
C) que le droit d'importer une drogue brevetée soit
accordé à celui qui en fait la demande, lorsque le breveté
importe lui-même ladite substance, ainsi que le suggère la
recommandation 67 du rapport Hall, et je cite: « That section of the
Patent Act be amended to extend compulsory licensing to include the licensing
of imports. The quality of such imported drug should be assured though
».
D) que les mêmes privilèges soient accordés aux
brevetés et aux licenciés, afin que celui qui détient une
licence, ou qui en fait la demande, et qui fabrique ou fait fabriquer, puisse
le faire tout comme celui qui détient le brevet et qui fabrique
partiellement ou totalement au Canada.
E) que le gouvernement se prévale de la recommandation Hall
suivante, numéro 66, section 19: « Extending the right of the
Crown, in the name of the Government of Canada, to use patented inventions
paying to the patentee such sums as the commissionner reports to be a
reasonable compensation for the use thereof, be extended to include provincial
governments and their agencies ».
L'application de telles mesures éliminerait automatiquement
l'appel à la licence obligatoire, les recours à la cour de
l'Echiquier, et à la cour Suprême, les frais de cour prohibitifs
et les délais. Et, à ce sujet, je cite un extrait du rapport sur
les brevets d'Inventions déposé par la Commission royale sur les
brevets, les droits d'auteur et les dessins industriels.
Ottawa, 1960: « Entre le premier août 1935 et le mois de
décembre 1959, le bureau des brevets du Canada a reçu 14 demandes
de licences obligatoires, déposées en vertu de l'article 41. Ces
demandes se sont réglées de la façon suivante: licences
accordées: 4; demandes refusées: 3; demandes abandonnées:
2; demande retirée: 1; demandes en suspens: 4; « en 24 ans, 14
demandes seulement et non sans raison. Comme il est dit au quatrième
alinéa de l'article 41, toute décision rendue par le commissaire,
en vertu du présent article est sujette à appel à la cour
de l'Echiquier. »
De plus, je cite un extrait du livre vert, page 257: « Il ressort
que les stipulations de la loi des brevets, relatives à la licence
obligatoire, se sont montrées impuissantes à combattre cette
situation de monopole, et que l'intention de la loi a été
frustrée ». Cette conclusion implique que le brevet a servi et
sert encore des états de monopole que la loi canadienne, telle que
voulue, devait prévenir.
Quelques faits récemment vécus au Québec, prouvent
de plus, que même l'obtention d'une licence obligatoire, ne permet pas la
concurrence véritable, qu'elle permet tout au plus aux brevetés
de gagner du temps à cause des délais qui se glissent entre la
décision du commissaire des brevets, celle de la cour de l'Echiquier et
celle de la cour Suprême, qu'elle hausse le prix de revient, à
cause des frais encourus par le demandeur, et empêche la concurrence avec
le breveté. Ainsi, une substance qui pourrait être payée
$80 le kilo (2.2 livres), se pale présentement $450 le kilo. Qui paie?
Le consommateur, à cause des frais de cour et de la redevance. Une autre
substance mentionnée dans le rapport Carignan, à la page 109,
indique une redevance de $320 le kilo pour le coût de production de $53
le kilo. Et de tels exemples pourraient être multipliés: Ce qui
prouve que même l'obtention d'une licence obligatoire ne favorise pas une
libre concurrence, mais tout simplement l'état de monopole. Or, ainsi
qu'en fait mention le rapport sur les brevets d'inventions, page 102, il est
très préjudiciable au bien-être public, que la
monopolisation de la fabrication des substances chimiques, se
généralise particulièrement lorsqu'il s'agit de substances
médicinales.
Nous sommes donc convaincus que notre première recommandation,
relative à la modification de la loi des brevets, peut faciliter la
concurrence, diminuer les prix de revient à la fabrication et à
la vente, briser l'état de monopole au bénéfice du
consommateur.
Seconde recommandation: que la taxe de vente fédérale sur
les médicaments, soit abolie.
Troisième recommandation: que le pharmacien détaillant
reçoive, pour chaque prescription remplie, le prix coûtant du
médicament, le prix du format voisin de la quantité prescrite,
servant de base au calcul de ce prix plus un certain montant pour couvrir ses
frais d'administration, plus un honoraire professionnel.
Quatrième recommandation: que le gouver-
nement exige, pour chaque prescription remplie, un montant additionnel
de $0.50, afin d'éviter les abus, les achats de médicaments
injustifiés. Et ce montant de $0.50 pourrait aider le gouvernement a
défrayer le prix de l'honoraire professionnel du pharmacien.
Cinquième recommandation: pour prévenir également
les abus et les gaspillages de médicaments, que la quantité
maxima de médicaments prescrits par le médecin, basée sur
la posologie quotidienne, ne soit pas supérieure à celle requise
pour un traitement de deux semaines. Pour les malades chroniques ou devant
être soumis à un traitement prolongé, le médecin
pourra inscrire au bas de l'ordonnance, étant alors justifié de
le faire, le nombre de répétitions autorisées.
Sixième recommandation: que la liberté du choix du
médicament par le médecin soit sauvegardée, il faut en
effet admettre, pour le bien du patient, qui, en définitive, via ses
taxes, paie pour le médicament, que le médecin doit avoir
à sa disposition un éventail de médicaments, même si
cette exigence paraît antiéconomique.
Nous considérons cette liberté de choix du
médicament par le médecin, comme essentielle à une
médecine bien comprise qui fournit à chaque malade le
médicament précis dont il a besoin.
Septième recommandation: qu'un comité soit formé en
vue de la rédaction d'un formulaire pharmaceutique
québécois incluant les drogues par leur nom de marque de commerce
jugées nécessaires au médecin dans l'exercice quotidien de
sa profession. Le rôle de ce comité serait, premièrement,
de choisir ces drogues; deuxièmement, d'étudier le prix
suggéré par le fabricant, de l'accepter ce prix ou de le refuser
suivant des moyennes de prix de revient obtenues auprès des
différents fabricants; troisièmement, de voir à ce que le
médicament soit de qualité et qu'il soit conforme aux normes
établies, c'est-à-dire certificat d'analyse qualitatif,
quantitatif, test de variabilité, de stabilité, etc.
Le rôle de ce comité j'ai dit A, B, C, maintenant
est de publier un formulaire une fois par année, avec addenda
tous les six mois. Cette publication semestrielle permettrait d'inclure dans
ledit formulaire, les drogues nouvelles mises sur le marché de six mois
en six mois, aiderait le médecin dans l'exercice quotidien de sa
profession et permettrait au public de bénéficier des
dernières découvertes de la thérapeutique. Ce formulaire
devrait être rédigé en collaboration avec des
médecins qui connaissent les besoins quotidiens de la pratique
médicale, avec des pharmaciens d'industrie, dont un représentant
de notre association, avec des pharmaciens donc, qui connaissent les
problèmes inhérents à la fabrication et au contrôle
du médicament et avec un spécialiste en prix de revient qui
pourrait surveiller les intérêts du gouvernement.
Huitième recommandation: que le pharmacien soit tenu de remettre
le médicament prescrit et inscrit au formulaire. Cette recommandation
est conforme aux récents amendements de la loi de pharmacie et
découle logiquement de la recommandation concernant le libre choix du
médicament par le médecin.
Neuvième recommandation: qu'un conseil québécois de
la recherche soit établi en vue d'activer la production et la mise en
marché de nouvelles drogues et de produits importés. Ce conseil
pourrait oeuvrer en collaboration étroite avec l'industrie
pharmaceutique indépendante du Québec, les universités et
les hôpitaux universitaires du Québec.
Conclusion. En faisantces recommandations, nous avons tenu compte des
critères suivants: un critère d'objectivité, un
critère d'efficacité et disons une position mitoyenne entre
l'état de monopole et la nationalisation ou socialisation plus ou moins
déclarée. Nous avons tenu compte donc des critères,
premièrement: du désir du gouvernement de mettre sur pied un
régime complet d'assurance-santé incluant les médicaments.
Deuxièmement: du désir du gouvernement d'exercer un
contrôle sur les prix de revient et les prix de détail des
médicaments et limiter les abus de toutes sortes. Troisièmement:
nous avons tenu compte de droits prioritaires du consommateur d'obtenir le
meilleur médicament au plus bas prix possible. Quatrièmement: du
devoir qui nous incombe de fournir à la population qui paie en
définitive tous ces services, les meilleurs médicaments, les plus
nouveaux comme les plus anciens, de lui fournir les médicaments que le
médecin juge appropriés et de les lui fournir au meilleur prix
possible en supprimant à la source les abus des monopoles.
Cinquièmement: de la qualité du système actuel de
distribution des drogues au Québec, via fabricants, grossistes,
pharmaciens d'officine, système qui s'est avéré
très efficace. Sixièmement: du devoir qui nous incombe de ne pas
détruire une industrie; l'industrie du Québec indépendante
représente, il ne faut pas l'oublier, plus de $20 millions, il ne faut
pas détruire une industrie sous prétexte d'économie
rapidement réalisée, ne pas détruire une industrie qui a
rendu d'immenses services à la population, en fournissant à cette
industrie un climat où elle peut vivre, réaliser des
bénéfices raisonnables et en lui conservant les
possibilités de jouer son rôle au sein d'une civilisation qui ne
peut plus se
passer de constantes acquisitions scientifiques. Septièmement: du
devoir qui nous incombe à nous en particulier du Québec, et par
le fait même au gouvernement du Québec de continuer à
oeuvrer dans ce secteur économique, de le conquérir en vue de
réaliser un des buts que poursuit le gouvernement actuel et qui est en
définitive la maîtrise de nos destinées économiques
et politiques au Québec. Merci, messieurs.
M. RENAUD: Si je comprends bien en somme, cela tourne surtout autour du
brevet qui crée un monopole et rend excessif le prix des produits, c'est
cela?
M. PEPIN: Si vous le permettez, j'ai fait une distinction dans mon
texte. J'ai dit ceci, c'est qu'en général toutes les drogues, qui
sont soumises à une concurrence véritable, se vendent à un
prix raisonnable et accessible au consommateur. Prenez, par exemple, les
sirops, les toniques et comprimés, etc. Tout ce qui est soumis à
la concurrence véritable se vend à un prix raisonnable. Par
contre, tout ce qui n'est pas soumis à une concurrence véritable,
tout ce qui tombe sous le brevet, ce sont ces produits, dans une large mesure
puisque ce sont les produits les plus prescrits qui sont
responsables du coût excessif de la médication.
M. RENAUD: Pour ma simple information, est-ce que les compagnies qui
détiennent ces brevets-là...
M. PEPIN: Oui.
M. RENAUD: ... sont des compagnies canadiennes en majorité ou des
compagnies américaines?
M. PEPIN: D'après les rapports fédéraux, je peux
vous dire que les brevets se répartissent entre les compagnies
américaines, les compagnies britanniques, les compagnies
européennes et certaines compagnies canadiennes.
M. RENAUD: En ce qui concerne le volume des ventes de ces produits,
est-ce que la majorité de ces ventes sont faites par des compagnies
à brevet, de compagnies américaines qui ont un brevet ici au
Canada?
M. PEPIN: Attendez un petit peu, j'ai ici des chiffres assez
précis, il se vend au Canada... voulez-vous répéter votre
question s'il vous plaît?
M. RENAUD: Il a des compagnies américaines, il y a des compagnies
européennes, mais le volume de leurs affaires n'est pas égal.
M. PEPIN: Non. Disons que dans la province de Québec, il se fait
exactement un chiffre d'affaires global qui, selon les statistiques
fédérales, serait d'environ $200 millions de drogues
étiques. Sur ces $200 millions, on peut dire que les compagnies
indépendantes du Québec ont un chiffre d'affaires à peu
près de 10% et les 90% appartiennent à des compagnies
étrangères.
M. CLOUTIER: Les statistiques de quelle année ça,
monsieur?
M. PEPIN: J'ai ici les statistiques de 1961 qui me rapportent $177
millions de drogues étiques, pour le Canada. Ja parle pour le Canada
toujours.
M. RENAUD: La province de Québec? M. PEPIN: Alors prenez le
tiers. M. RENAUD: La même proportion.
M. PEPIN: Prenez le tiers. Prenez toujours la proportion du tiers.
M. RENAUD: Je comprends que la loi des brevets, c'est une affaire
fédérale qui sort de notre juridiction ici dans la province,
même s'il y avait des suggestions à faire à un moment
donné. Vous dites qu'il faudrait raccourcir le délai des brevets.
Quel est le délai des brevets actuellement?
M. PEPIN: Dix-sept ans.
M. COLLARD: M. Pepin, à la page 5, il y a la liste de compagnies
membres de votre association...
M. PEPIN: Oui.
M. COLLARD: Je crois qu'il y en a 13. Est-ce qu'il y en a d'autres dans
laprovince de Québec qui ne font pas partie de l'association?
M. PEPIN: Bien, voyez-vous les compagnies qui font partie de notre
association, comme je l'indique au début, ce sont des compagnies
entièrement canadiennes qui, c'est-à-
dire, dont les actions nominales appartiennent à des Canadiens et
dont la principale place d'affaires est dans la province de Québec.
Alors, pour les compagnies, disons que nous groupons à l'heure actuelle,
moins quelques maisons, la majorité des compagnies pharmaceutiques
indépendantes du Québec.
M. TARDIF: M. Pépin, quelle distinction faites-vous entre
compagnies indépendantes? Est-ce qu'il y a un certain nombre de
compagnies... quelle est la distinction?
M. PEPIN: C'est que les compagnies qui font partie de notre association,
ce sont des compagnies qui ne sont pas reliées, dont le contrôle
n'appartient pas à du capital étranger. C'est ce que je veux dire
par compagnies indépendantes. Ce sont des compagnies qui appartiennent
à des Canadiens du Québec dans une proportion d'au-delà 75
à 80%.
M. TARDIF: Quel qualificatif accordez-vous aux autres?
M. PEPIN: Bien, ce sont les subsidiaires de compagnies
étrangères.
M. FORTIER: Dans le Québec, quelle est la proportion des
fabricants admissibles qui sont membres de votre association?
M. PEPIN: Les fabricants?
M. FORTIER: ... admissibles qui peuvent fabriquer.
M. PEPIN: ... qui peuvent fabriquer» M. FORTIER: Oui.
M. PEPIN: A l'heure actuelle, dans notre association, nous avons quatre
manufacturiers qui ont une capacité de production de... Pour une en
particulier, à laquelle je pense présentement, elle seule a une
capacité de plus 100 millions de comprimés par année, de
deux millions de liquide par jour et de milliers de suppositoires, etc... Les
compagnies canadiennes...
M. FORTIER: Ce n'est pas cela que je vous ai demandé. Est-ce
qu'il y a des compagnies qui ne sont pas membres de votre association?
M. PEPIN: Vous parlez toujours des compagnies canadiennes...
M. FORTIER: Des compagnies canadiennes de fabrication de produits
pharmaceutiques.
M. PEPIN: Oui.
M. FORTIER: Alors quelle est la proportion de celles qui sont membres de
votre association et comparativement à celles qui ne sont pas
membres?
M. PEPIN: D'abord, parlez-vous des compagnies indépendantes?
M. FORTIER: Par exemple, disons la maison Park & Davis, qui n'est
pas membre de votre association...
M. PEPIN: ... cette compagnie...
M. FORTIER: Combien y en a-t-il comme cela?
M. PEPIN: Il y a en tout au Canada 196 compagnies de produits
pharmaceutiques et dans la province de Québec, de compagnies qui ne sont
pas membres, qui sont subsidiaires de maisons étrangères,
j'oserais dire... mais je m'excuse de ne pas donner un chiffre précis.
J'oserais dire que, d'après les statistiques de 1959, il y avait
seulement 30% des 196 compagnies qui étaient canadiennes. Autrement dit,
dans tout le Canada, vous aviez seulement 57 compagnies qui étaient
complètement canadiennes, sous contrôle canadien.
M. FORTIER: Bon!
M. PEPIN: Les autres étaient des subsidiaires de compagnies
étrangères.
M. COLLARD: C'est mentionné à la page 5 que ce sont des
compagnies entièrement canadiennes.
M. PEPIN: Entièrement canadiennes.
M. COLLARD: Contrôlées par des Canadiens.
M. PEPIN: Contrôlées par des Canadiens.
M. BERTRAND: Et ces compagnies-là, M. Pépin,
représentent quoi dans le pourcentage total?
M. PEPIN: Le chiffre d'affaires total au C anada est de l'ordre de $200
millions, divisé par trois. Le chiffre d'affaires dans les drogues
étiques au Québec est d'environ $75 millions et
j'oserais dire que les compagnies indépendantes du Québec,
nos compagnies à nous plus deux qui ne font pas partie de notre
association, et auxquelles je pense présentement, j'oserais dire que de
ces $75 millions, il y en a entre 25 et 30% qui appartiennent à des
compagnies entièrement canadiennes.
M. BERTRAND: Oui, mais autrement dit, le pourcentage de toute la
production de produits pharmaceutiques dans le Québec...
M. PEPIN: Oui.
M. BERTRAND: ... vos compagnies par leur production...
M. PEPIN: 30%.
M. BERTRAND: 30% comparativement aux compagnies
étrangères.
M. PEPIN: 70% pour les compagnies étrangères au
Québec, je parle toujours au Québec.
M. RENAUD: M. Pépin, vous parlez de raccourcir le délai du
brevet...
M. PEPIN: Oui.
M. RENAUD: ... à combien de temps?
M. PEPIN: C'est une section excessivement complexe.
M. RENAUD: Parce que, si je comprends bien, la compagnie qui met un
produit sur le marché, doit avoir des laboratoires de recherches, cela
lui coûte énormément cher avant de mettre un produit sur le
marché pour la mise en marché et la réclame, etc.
M. PEPIN: Vous avez absolument raison.
M. RENAUD: Est-ce qu'une étude a été faite pour
justifier un délai, ... pour permettre à ces compagnies-là
de ne pas arrêter de trouver de nouveaux produits?
M. PEPIN: Bon. Alors, si vous me permettez, votre question est
double.
M. RENAUD: Oui.
M. PEPIN: Il y a d'une part la recherche et il y a d'une part le brevet.
La recherche, mes- sieurs, faite au Canada, il ne faut pas s'en faire
là-dessus. Il faut surtout ne pas se laisser leurrer par la propagande.
Si vous vous reportez à la commission Hall, je vais vous donner des
chiffres précis à la page 75. Vous allez être surpris, vous
allez être même édifiés. Au Canada, la recherche
était de $6 millions; les compagnies étrangères ont
dépensé au Canada en 1960, $6,202,000 en recherches. Mais de ces
$6,202,000, vous aviez seulement $3 millions de vraiment dépensés
au Canada. Les autres $3 millions sont inscrits comme ceci: « spent
abroad by foreign parent companies on behalf of Canadian subsidiaries. »
Alors ne me parlez pas de recherches au Canada. Cela n'existe pas.
M. BLANK: Combien vos compagnies dépensent-elles en
recherches?
M. PEPIN: Si vous permettez, nous allons faire une distinction.
Laissez-moi finir avec ces messieurs. Je vais répondre à ces
messieurs-là.
M. RENAUD: Laissez-le répondre à mes questions.
M. PEPIN: Alors voici pour votre question, M. le conseiller. Maintenant
vous me parlez de la durée du brevet. C'est une question complexe, on ne
peut pas répondre comme cela, réduire la durée. Non, non,
il faut tenir compte du type de médicament, par exemple,
enprésence d'un vaccin dont l'emploi est excessivement limité et
qui a pu coûter excessivement cher, le brevet doit être long. Il
faut quand même donner à cette compagnie-là le temps de se
retrouver, de réinvestir son capital, de retrouver le capital qu'elle a
investi dans ladite recherche. Par ailleurs, il y a des compagnies... il y a
des produits d'usage quotidien, par exemple, les antibiotiques dont le
marché est fantastique, qui a permis, par exemple, je pense à une
maison de passer de 400 millions à 1 milliard en l'espace de huit ans.
Alors je considère qu'à ce moment-là, le brevet, dans
l'intérêt du consommateur canadien, doit être
réduit.
Maintenant, ppur répondre à la question de l'autre
monsieur au sujet de la recherche, il faut distinguer. Je crois et j'ose
affirmer ceci que pour chaque dollar de vente, par les compagnies du
Québec, en autant que les recherches précliniques et cliniques
sont concernées, j'ose affirmer que les compagnies du Québec
indépendantes dépensent autant sinon plus que les subsidiaires
des maisons étrangères établies au Québec.
Je parle de recherches cliniques et précliniques parce que,
messieurs, la recherche de base, ce qu'on appelle le « basic research or
the development research », ça n'existe pas ou très peu,
cela commence à peine.
M. COLLARD: En terme de dollars, combien y a-t-il d'argent
consacré aux recherches par les compagnies, par année?
M. PEPIN: Disons, par exemple, qu'en recherches cliniques et
précliniques nous pouvons affirmer que ça pourrait
représenter, entre 5% et 8% de notre chiffre d'affaires.
M. COLLARD: Ce qui donnerait $20 millions.
M. PEPIN: A peu près.
M. BLANK: Etes-vous propriétaire des brevets?
M. PEPIN: Si nous avons des brevets? M. BLANK: Oui.
M. PEPIN: Nous avons des brevets, quelques-uns d'entre nous ont des
licences d'exploitation.
M. BLANK: Pas de brevets, seulement des licences.
M. RENAUD: Il n'y a pas seulement les compagnies américaines qui
ont des brevets.
M. PEPIN: 90% des brevets sont détenus par des compagnies
américaines suivant la commission Hall, la commission Carignan. Je peux
vous donner la page, si ça vous intéresse.
M. RENAUD: Alors, les nouveaux médicaments exclusifs sont
contrôlés par les compagnies américaines dans une
proportion de 90%...
M. PEPIN: Absolument.
M. RENAUD: ... de ce qui se paye et se consomme ici au Canada.
M. PEPIN: Et le grand malheur qu'il y a là-dedans, vous parlez de
réduire le prix de revient des médicaments, le prix de revient
à la fabrication et le prix de revient à la vente. Je vais vous
poser une petite question...
M. RENAUD: Je ne suis pas ici pour vous répondre, je suis ici
pour vous questionner.
M. PEPIN: Je vais poser la question et je vais répondre en
même temps. Lorsque la marchandise, ladite substance chimique, messieurs,
n'est pas fabriquée au Canada, et c'est le cas dans la majeure partie
des produits brevetés, lorsque ladite substance, messieurs,
brevetée au Canada, est fabriquée à l'étranger et
importée au Canada, quel contrôle pouvez-vous avoir, vous, sur son
prix de revient à la fabrication et à la vente?
M. BARIBEAU: M. Pépin, à la page 25 de votre
mémoire, vous mentionnez l'établissement au Québec d'une
industrie de fabrication de produits chimiques. Votre association croit-elle
que le marché québécois est suffisamment
considérable pour pouvoir soutenir une industrie de fabrication de
produits chimiques, de produits qui entrent dans la fabrication des
médicaments, qui pourrait produire dans des conditions pouvant
concurrencer avec les maisons que vous venez de mentionner, les maisons
étrangères et en particulier les maisons américaines?
M. PEPIN: Je suis très heureux que vous me posiez cette
question-là et je vous en remercie. J'ai ici une étude de
rentabilité que nous avons fait faire par des spécialistes en
prix de revient sur la fabrication d'antibiotiques, d'un groupe
d'antibiotiques, par procédé de fermentation. Et Je peux vous
dire que le marché du Québec et le marché du Canada et le
marché d'exportation auquel nous aurions accès, grâce
à ces trois marchés, cette étude de rentabilité
nous révèle qu'en abaissant le prix de revient à la
fabrication de 66% nous pouvons récupérer dans l'espace de trois
ans des investissements d'un million.
M. RENAUD: Comment se fait-il que si c'est aussi payant que ça et
si rentable que ça?
M. PEPIN: Nous ne pouvons pas à cause des brevets, mon ami, nous
ne pouvons pas.
M. RENAUD: Bien oui, mais si...
M. PEPIN: Je vais vous conter une petite aventure.
M. BLANK: Quelqu'un a dû payer pour des brevets en faisant la
recherche de base quelque part, même si c'était en Italie, en
France, aux Etats-Unis. C'est payé quelque part.
M. PEPIN: Certainement. Je vais faire une petite comparaison. Nous avons
fait faire des études de rentabilité. Nous ne pouvons pas entrer
pour la bonne et simple raison qu'il faut passer par le processus
régulier de la demande de la licence, la licence obligatoire, passer par
la cour de l'Echiquier, passer par la cour Suprême. Or la vie d'un
médicament est d'environ trois ans, quatre ans, cinq ans. Quand tous ces
processus seront terminés, c'est-à-dire lorsque nous aurons
passé par la cour de l'Echiquier, par la cour Suprême, plus les
délais, le produit sera probablement devenu obsolète.
M. RENAUD: Cela s'applique aussi aux compagnies étrangères
qui amènent des produits ici. Elles sont dans la même situation
elles aussi.
M. PEPIN: Pas du tout. M. RENAUD: Non?
M. PEPIN: Pas du tout, elles détiennent un brevet.
M. BERTRAND: Autrement dit, M. Pépin, il y a tellement de gens
qui ont des brevets à l'heure actuelle, qu'il y a point de saturation
pour trouver de nouveaux produits qui leur ressemblent
M. PEPIN: Absolument. Simplement pour une seule substance, par exemple,
pour la tétracycline, il y a au-delà de 300 brevets, juste pour
une substance. Comment voulez-vous arriver, même par de la recherche de
base au Canada, à circonvenir 300 manières différentes de
fabriquer une substance.
M. BERTRAND: Autrement dit, celui qui arrive aujourd'hui à Ottawa
pour faire une demande, il va se heurter infailliblement à un brevet
déjà accordé...
M. PEPIN: Absolument.
M. BERTRAND: ... et au bout de quelques semaines, ils vont lui dire:
« Monsieur, ce que vous demandez est déjà
enregistré. »
M. PEPIN: Oui, monsieur.
M. RAYMOND: M. Pépin, lorsque vous faites une demande de brevet,
est-ce qu'il y a des normes à suivre? Est-ce qu'il y a des
conditions?
M. PEPIN: Voici,...
M. RAYMOND: Est-ce qu'il y a une qualification requise pour....
M. PEPIN: L'article 41 de la loi des brevets dit ceci: «Que le
commissaire des brevets doit accorder à toute personne qui en fait la
demande et qui en a la compétence, à moins que ce soit contre
l'ordre et l'intérêt public, doit accorder une licence pour
fabriquer. Mais la décision du commissaire peut être toujours
contestée par le breveté. »
Ce qui arrive, et l'expérience est là pour le prouver,
c'est que, depuis 25 ans, le commissaire a accordé des licences, le
breveté a refusé, a contesté la décision du
commissaire, la cause est allée à la cour de l'Echiquier, de la
cour de l'Echiquier c'est passé à la cour Suprême, et dans
presque tous les cas, les cours supérieures ont maintenu la
décision du commissaire. Ce qui prouve que l'intention de la loi,
lorsque cette clause restrictive du brevet, en matière de drogues et de
médicaments, a été insérée dans la loi,
c'est qu'elle n'a pas atteint aujourd'hui son but qui était de
prévenir l'état de monopole. Au contraire, cette clause
restrictive a facilité le développement d'un état de
monopole parce qu'on ne peut pas passer à part des centaines de milliers
de dollars, j'exagère peut-être un peu, mais disons entre $40,000
et $50,000 que peut coûter une cause qui part, qui va de la cour de
l'Echiquier à la cour Suprême, plus les frais d'avocats, etc.
M. RAYMOND: Qui a déterminé la compétence du
producteur?
M. PEPIN: C'est le commissaire des brevets.
M. RENAUD: M. Pépin, à simple titre de renseignements, je
ne sais pas si c'est dans l'ordre, est-ce qu'il n'y a pas aussi des conventions
internationales concernant les brevets?
M. PEPIN: Certainement, les accords de Genève.
M. RENAUD: Prenons le cas d'une compagnie qui enregistrerait, par
exemple, un médicament, une compagnie américaine, à
Washington, est-ce automatiquement accepté ici ou si c'est une simple
formalité?
M. PEPIN: Ce n'est pas accepté automatiquement ici...
M. RENAUD: De quelle façon cela se passe-t-il? Je ne le sais pas,
je vous le demande.
M. PEPIN: La loi des brevets aux Etats -Unis et la loi des brevets au
Canada n'est pas la même, mais je crois que là je ne
voudrais pas entrer dans des questions excessivement complexes mais je
peux affirmer que le Canada a signé la convention de Genève en ce
qui concerne justement les brevets d'invention. Je sais que ça pose
d'immenses problèmes de caractère politique et économique
à travers le monde, cette loi de brevets. Et je crois que dans
l'intérêt du public canadien, je ne demande pas l'abolition du
brevet, parce que nous avons signé des accords et notre politique
extérieure et nos ententes économiques le nécessitent.
Mais je crois que, pour le consommateur canadien, cette loi devrait être
modifiée afin de faciliter la concurrence et d'éliminer cet
état de monopole. La loi devrait être modifiée. La
commission Hall a été radicale à ce sujet-là, la
commission Hall va plus loin que nous dans une de ses recommandations, elle dit
l'abolition pure et simple. Nous, nous ne demandons pas l'abolition, nous
demandons tout simplement une modification qui permettrait, comprenez-vous,
l'exploitation de procédés de fabrication.
M. BERTRAND: M. Pépin, parmi les treize membres qui sont
affiliés à votre association, est-ce qu'il y a de ces
compagnies-là qui ont demandé des brevets pour des produits qui
sont actuellement en vente et qui ont été acceptés?
M. PEPIN: Je peux vous dire que oui, il y en a j'ai justement
cité l'exemple dans mon texte une maison qui, par
l'intermédiaire d'un fabricant de produits de synthèse chimique,
a demandé une licence à un breveté. Le breveté a
refusé d'accorder la licence de vente. La compagnie s'est
adressée au commissaire des brevets; le commissaire des brevets, jugeant
que la maison avait la compétence, a accordé l'autorisation. Le
breveté a contesté la décision du commissaire, la maison
est allée à la cour de l'Echiquier, à la cour
Suprême, ç'a pris quatre ans, et la substance que ladite maison
pouvait fabriquer à $80, elle est obligée de la vendre
aujourd'hui à $450 à cause des frais de cour et à cause
des redevances.
M. CLOUTIER: M. Pépin, vous dites dans votre mémoire qu'il
y a une mauvaise répartition des pharmacies. Est-ce que vous constatez
cette mauvaise répartition à l'intérieur d'une même
région et entre les différentes régions? Avez-vous des
statistiques à ce sujet-là? Pouvez-vous nous donner des
précisions?
M. PEPIN: Si vous me permettez, c'est une constatation que nous avons
faite mais vous me permettrez de ne pas m'étendre beaucoup sur ce sujet
et de laisser plutôt cette distribution, le soin de ce
réaménagement, le mot n'est pas juste, le soin de cette
distribution plus adéquate des pharmacies à travers la province,
de laisser ça au collège des pharmaciens.
M. CLOUTIER: Je ne vous demande pas des suggestions, mais je vous
demande si vous avez des statistiques sur la répartition actuelle, telle
qu'elle existe.
M. PEPIN: Sur 1,600 pharmacies dans la province de Québec, il y
en a au-delà de 700 seulement dans la ville de Montréal.
M. CLOUTIER: Puis, comme suggestion, vous préférez
plutôt que d'en énoncer une ou plusieurs vous
préférez laisser ça...
M. PEPIN: Assurément.
M. CLOUTIER: ... au comité.
M. PEPIN: C'est du ressort du collège.
M. FORTIER: Est-ce que c'est absolument nécessaire de se servir
des grossistes pour mettre à la disposition des pharmaciens
détaillants des produitspharmaceutiques?On ne pourrait pas
procéder autrement, sans avoir les grossistes?
M. PEPIN: Je crois que la distribution par le grossiste assure un
service adéquat et assure au patient l'obtention beaucoup plus rapide du
médicament prescrit.
M. FORTIER: Cela assure une rapidité à l'obtention de
médicaments.
M. PEPIN: Absolument. Cela coûte meilleur marché à
part cela.
M. FORTIER: Maintenant, c'est parce que je remarque à la page 10,
si vous prenez les chiffres, vous allez remarquer que le détaillant et
le grossiste reçoivent plus que le fabricant du produit reçu. Ils
reçoivent plus?
M. PEPIN: Non.
M. FORTIER: Bien oui, vous avez ici, on peut affirmer que pour chaque
dollar payé par le consommateur, le pharmacien détaillant
reçoit entre $0.33 et $0.40, le grossiste entre $0.06 et $0.10 tandis
que le fabricant, lui, entre $0.38 et $0.39.8. Cela veut dire que...
M. PEPIN: Bien, c'est normal. Ecoutez, il ne faut pas faire de
distinction entre... le grossiste reçoit $0.06, le pharmacien
reçoit entre $0.33 et $0.40.
M. FORTIER: C'est marqué ici entre $0.06 et $0.10.
M. PEPIN: Oui. Entre $0.06 et $0.10.
M. FORTIER: Oui. Et puis le pharmacien détaillant a $0.40?
M. PEPIN: A peu près, entre...
M. FORTIER: Cela veut dire que les deux ensemble reçoivent
50%.
M. PEPIN: A peu près. Mais vous savez, il faut penser à la
qualité du service. Le grossiste porte des stocks énormes...
M. FORTIER: Oui.
M. PEPIN: ... et puis assure une distribution du médicament qui
correspond aux besoins actuels de la population. Il faut tenir compte, ces
gens-là, regardez... Enfin je ne veux pas m'étendre sur ce
sujet-là et il y a des gens beaucoup plus compétents que moi pour
parler du commerce du grossiste, mais je considère que dans le
système de distribution actuelle, c'est certainement un des
systèmes les plus efficaces qui existent
M. FORTIER: Si le comité recherche une méthode pour
baisser le coût du médicament dans un plan d'assurance-maladie,
évidemment on essaie de pouvoir trouver s'il n'y aurait pas une des
tierces personnes qu'on pourrait éliminer pour baisser le prix du
médicament.
M. PEPIN: Je comprends.
M. CLOUTIER: En supposant que la recherche soit rentable, est-ce que
vous avez le personnel suffisant pour...
M. PEPIN: Bien, comment se fait-il que tous nos universitaires s'en vont
à l'étranger? Nos meilleurs cerveaux, chimistes, biochimistes,
pharmacologistes s'en vont à l'étranger, pourquoi?
M. RENAUD: Les compagnies américaines sont tellement puissantes
qu'elles ont des outils à leur disposition, des chercheurs, beaucoup
plus d'argent que nos laboratoires.
M. PEPIN: Il faut tenir compte de la population incontestablement...
M. RENAUD: C'est ça.
M. PEPIN: ... mais, d'un autre côté, il ne faut pas tomber
dans la mythologie.
M. RENAUD: Pardon?
M. PEPIN: Il ne faudrait pas tomber dans une certaine mythologie
économique, comprenez-vous. C'est un sujet excessivement délicat.
C'est quand on l'étudie de très près qu'on se rend compte
qu'il y a une foule de slogans, comprenez-vous, qui sont lancés dans le
public et qui souvent ne sont pas vérifiés ou analysés
à fond.
M. MARLER: M. Pépin, il y a juste une question que je voudrais
poser concernant la page 13 du mémoire, avec une couverture verte. Vous
donnez là des statistiques pour les ventes de six compagnies...
M. PEPIN: Oui.
M. MARLER: Evidemment, quand je vois au bas de la page que c'est: The
Value Line Investments Survey, cela veut dire qu'il n'y a rien de secret
là-dedans.
M. PEPIN: Non.
M. MARLER: Tout le monde qui veut s'abonner au « Value Line
» peut avoir le nom de ces compagnies-là. Alors, quels sont les
noms de quelques-unes de ces compagnies-là?
M. PEPIN: Je préférerais, M. le Président, vous
faire parvenir la copie du numéro du « Value Line » du 14
août 1964 pour répondre à votre question.
M. MARLER: Je n'ai pas d'objection. Tout le monde peut avoir le «
Value Line »...
M. PEPIN: Disons que c'est par une question d'éthique
professionnelle, je ne voudrais pas ici attaquer...
M. MARLER: La seule chose que je vous dirai, M. Pépin, c'est que
vous pouvez aller chez votre « broker » pour lui demander...
M. PEPIN: Oui, oui.
M. MARLER: ... ce qu'il pense du Parke &
Davis. Qu'est-ce que vous pensez de Lambert Pharmacal? Vous pouvez lui
poser la question, il va vous donner le « Value Line Survey »
immédiatement.
M. PEPIN: Je peux vous donner le « Value Line » et puis vous
allez trouver les chiffres.
M. MARLER: Alors, très bien, cela me satisfait.
M. PEPIN: Si vous me permettez, pendant que M. le Président va
lire le « Value Line », je vais vous lire un petit passage ici du
rapport Hall, page 108: « There appears little reasons to believe that
the abolition of patents in Canada would have any effect on research activities
in United States or Europe. On the other hand, the results of such research
will not be withheld from the Canadian market because this market will continue
to offer profitable marketing opportunities as it already does for non-patented
drugs. »
M. LE PRESIDENT: Messieurs les membres du comité, est-ce que vous
avez d'autres questions?
M. TARDIF: Je voudrais attirer votre attention, M. Pépin, sur la
page 8 de votre mémoire, article 6. Vous dites que la liberté du
choix du médicament par le médecin soit sauvegardée.
Est-ce qu'il y a des entraves de ce côté-là,
qu'est-ce qui est l'objet de cette recommandation?
M. PEPIN: Bien c'est que, disons que ça fait partie d'une
conception de la thérapeutique, si vous voulez. Il me semble que
l'exercice d'une saine pratique médicale implique cette liberté
du choix du médicament par un médecin. Je ne vois pas un
médecin qui connaît un patient, qui connaît son contexte
familial, son milieu de travail, je ne le vois pas obligé, je ne le vois
pas contraint à prescrire une drogue, à ne pas prescrire une
drogue qu'il jugerait absolument nécessaire pour le bien de ce dit
patient. Je ne le vois pas limité à employer une ou l'autre
drogue parce qu'il n'a pas le temps de le faire.
M. TARDIF: Voulez-vous laisser entendre qu'il y a déjà eu
des abus de ce côté-là?
M. PEPIN: Au contraire, je crois qu'à l'heure actuelle c'est
certainement une des meilleures pratiques qui existent; le médecin est
libre de donner à son patient ce dont il a besoin.
M. TARDIF: C'est très bien, merci.
M. COITEUX (Duplessis): M. Pépin, à la page 29, lorsque
à C-6 vous mentionnez les normes basiques d'exploitation et afin de
solidifier cette recommandation-là vous recommandez une loi provinciale.
Naturellement une loi provinciale dans ce domaine-là impliquerait
nécessairement la formation d'un comité. Est-ce que dans votre
esprit, cet organisme aurait à peu près les mêmes
attributions ou le même mandat, que disons la Commission des aliments et
des drogues actuelle?
M. PEPIN: A quelle page avez-vous dit? M. COITEUX (Duplessis): A la page
29. M. PEPIN: A la page 29?
M. COITEUX (Duplessis): Vous dîtes au dernier paragraphe:«
Une loi provinciale s'inspirant des normes ci-haut mentionnées
obligeant, c'est-à-dire, vous parlez des normes basiques d'exploitation
des entreprises pharmaceutiques, vous dites qu'une loi devrait être
faite. Naturellement qu'une loi implique nécessairement la constitution
d'un organisme et je vous demande, ma question est la suivante: «Est-ce
que vous concevez cet organisme-là un peu dans le même genre au
point de vue fonctionnel que la Commission des aliments et des
drogues?»
M. PEPIN: Un peu dans le même genre. M. COITEUX (Duplessis): Un
peu ça. M. PEPIN: Un peu dans le même genre. M. COITEUX
(Duplessis): Merci.
M. LE PRESIDENT: Vous avez d'autres questions messieurs les membres?
M. DUPRE: Dans la liste de vos membres ici, je vois une maison que je
connais bien, ce n'est pas nécessairement un fabricant, je crois que
c'est un distributeur plutôt?
M. PEPIN: Oui, d'ailleurs, dans les deux grandes associations de
compagnies pharmaceutiques au Canada, vous avez, à la fois, des
fabricants et des distributeurs. Vous avez des grandes maisons internationales
établies au Canada qui font fabriquer.
M. DUPRE: Est-ce que cette maison-là vend toute une gamme de
produits qui s'étend à une variété
épouvantable?
M. COITEUX (Duplessis): A la même page, vous avez Anglo French
Drug Limited, à 2795, Chemin Bates, Montreal, R. Charbonneau,
représentant, et vous avez à la même adresse, J. M.
Marchand Compagnie Limitée, 2795, chemin Bates. Quelle est la raison de
ça? Est-ce que ce sont deux opérations dans la même
bâtisse ou si ce sont deux commerces différents ou si ce sont des
commerces...
M. PEPIN: C'est un immense building d'abord, où à un
étage vous trouvez une maison et puis à un autre étage
vous avez une autre maison.
M. COITEUX (Duplessis): Parfait, merci.
M. LE PRESIDENT: Vous avez d'autres questions messieurs? M.
Pépin, je vous remercie de votre collaboration avec le
comité.
M. PEPIN: Messieurs, je vous remercie beaucoup de nous avoir
invités ici en tant qu'association à présenter nos vues
sur un projet d'assurance-santé et je vous remercie d'avoir eu la
gentillesse de me poser des questions. Merci.
Il est entendu que nous sommes toujours à votre disposition. Si
par hasard, vous vouliez nous faire revenir devant le comité, nous
serons heureux de le faire.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Pépin. Nous allons ajourner pour dix
minutes.
A l'ordre messieurs je demanderais au Dr Gold de présenter ses
compagnons et aussi de passer ses commentaires sur le mémoire
présenté par l'Association dont il est le Président.
M. GOLD: Merci. M. le Président, à ma droite Dr Guy Nadeau
et, à ma gauche, Mme Janine Duffy et M. Barney Laine.
Mr. Président, gentlemen, as a physician, certified as a
specialist in internal medicine, I have been very much aware of the important
roll that laboratory tests play in the practice of modern medicine. This roll
has been increasing all the time over the past two decades, and, from our
experience both in hospitals and in the practice of medicine outside hospitals,
there is every reason to believe that the roll of laboratory tests will
increase still further in the decade ahead of us.
Private laboratories did not exist as such in the Province of Quebec
prior to 1946, and because there was a need for such a service, laboratories
opened, first in Montreal, and later in other parts of this province. And this
need was felt because for one thing, hospital laboratories were often very
expensive compared with the actual costs of the tests. This has to do
historically with the fact that, until the introduction of hospitalization
insurance, the paying patients paid for the non-paying patients in hospital
practice, and this meant that most tests which were performed in hospitals were
really priced out of proportion to the actual cost of the tests done.
Another reason that private laboratories grew up, was that many tests
were not available in hospitals, specially as newer specialized test to
introduce these often available only from laboratories which are specialized in
providing this type of service. Then also the private laboratory was in a
position to provide service much more rapidly in most cases than the hospital
laboratory. Laboratories situated in the neighborhood of physicians' offices
and medical buildings could often provide service as soon as the patient left
the doctor's office and provide the doctor with a diagnosis or help him with
the diagnosis the same day.
Now, the private laboratories have had the experience in the past decade
that there has been an increase in the demand each year, and so hospitals have
been faced with this problem. As a result, we feel that the private
laboratories would be able to supply the need in the next decade whereas if the
requirements of medical practice were to be met by the hospitals alone, they
would not be able to fulfil this demand. As it is, my colleagues working in
hospitals have told me that they are barely able to keep up with the demand for
tests as this demand increases year by year. We feel that the service that our
laboratories provide is in essence very similar to the drugs provided by the
pharmacists. In other words, the practice of medecine is a team work, which
requires a diagnosis based on the examination by the doctor, aided by the
laboratory tests, and then, the treatment provided by the pharmacist. We feel,
therefore, that the private medical laboratory should be recognized as an
essential medical service for the reasons given in our brief submitted, and
that a payment for these services should be made by the health insurance
service, just as for other medical services, at a scale to be arrived at, by
agreement between the health insurance service and the labs involved, and which
are members of this association.
We feel as well that a high standard of laboratories services is
essential, both in the hospital laboratory practice and in outside laboratory
practice, and that this high standard requires an inspection and quality
control of
all laboratories which would be of value in improving the standard both
in hospital and outside hospital. My colleagues and I would be ready to answer
any questions.
M. CLOUTIER: Dr Gold, vous avez quarante-et-une associations
énumérées dans votre mémoire, quarante-et-un
membres. Est-ce qu'il y a des laboratoires qui ne font pas partie de votre
association?
M. GOLD: Oui, nous en avons quelques-uns, peut-être une douzaine,
je pense, qui ne sont pas encore membres de notre association.
M. CLOUTIER: Ils sont presque tous localisés dans la
région de Montréal, parce que si je lis la liste, vous en avez
deux à Québec, un à Trois-Rivières, quelques-uns
dans la banlieue de Montreal. Les autres sont tous...
M. GOLD: Il y en a un aussi à Trois-Rivières.
M. CLOUTIER: Trois-Rivières, oui.
MR. MARLER: Dr Gold, looking over the list of the members of the
association, I saw several names that rather surprised me; for example, on the
first page, I see the name of M. Gaston Labelle, Hôpital
St-Joseph-de-Rosemont. Is this not really the laboratory of the hospital that
we are talking of there?
MR. GOLD: No, this gentleman runs a lab which is outside of the
hospital, but he also is supervising the work of a hospital, and he gives us
that as his address, as the owner of the lab.
MR,> MARLER: Does the same apply on the following page where I see
Laboratoire Hôpital St-Jean-de-Dieu, at Longue-Pointe? Is this a similar
situation?
MR. GOLD: Yes, there is a private laboratory run by Mr. Malboeuf and Mr.
Delisle, which is actually not part of the hospital, but this is their
permanent address.
MR. MARLER: And does the same apply to the Hôpital St-Lambert?
MR. GOLD: Yes.
MR. MARLER: To the Leclerc Institute? I noticed at the top of page 3,
Leclerc Institute Warden's Office, St-Vincent-de-Paul.
MR. GOLD: Oh! yes!
MR. MARLER: I wondered whether this was one of your members who had
followed the wrong road!
MR. GOLD: No, this gentlemen who runs the lab also apparently does the
work for the person who has his permanent adress there.
MR. MARLER: Does the same apply to Dr. Robert Carrier, at the very
bottom of your list on page 3?
M. NADEAU: M. Marler, pour le Dr Robert Carrier, vous remarquerez qu'il
ne s'agit pas de l'hôpital Jeffrey Hale, mais du centre
médical...
M. MARLER: Oui, alors...
M. NADEAU: ... des médecins. C'est une entreprise privée
qui...
M. MARLER: ... qui n'est pas reliée directement à
l'hôpital Jeffrey Hale?
M. NADEAU: Pas du tout. C'est une entreprise privée, un groupe de
médecins qui pratiquent aussi au Jeffrey Hale Hospital, mais c'est une
organisation indépendante.
MR. MARLER: So this means, Dr. Gold, that when you refer, on page 5, in
paragraph 12, to the 280,000 tests that were performed, I take it, for the year
1964, these were all performed outside a hospital and all have been paid for,
or let us assume they would have been paid for, by the persons for whom they
were made.
MR. GOLD: No, Sir, not in all cases. In some cases, these tests were
done for hospitalized patients, where the hospital concerned did not have
special facilities for carrying out specialized tests and sent the test
out.
MR. MARLER: And of course, in that event, I take it, this would be an
admissible expense under the National Hospitalization Scheme.
MR. GOLD: Yes, Sir.
MR. MARLER: One other question, Dr Gold, that crossed my mind when I
read the brief was the question of whether these tests would be carried out on
the prescription of a doctor who might be interested personally in a laboratory
which was carrying out the tests. Is this a situ-
ation which can exist or is the purely theoretical?
MR. GOLD: Well, to a large extent, I think it is purely theoretical. I
perhaps am an exception in that, I still practice medicine as well as owning a
laboratory, but the number of tests which I ordered from my own laboratory is a
minuscule fraction of the number of tests the laboratory does, I might order
ten or a dozen a week from a laboratory which might be doing 800 or 900 tests a
week, because this laboratory was really started as a specialized laboratory to
cater to specialized needs of an endocrinologist which is the type of medical
practice I do.
But this is, I think, an exception. In most cases, the tests are
prescribed by doctors who have absolutely no interest in the laboratory.
MR. MARLER: I must say that personally, I am much impressed by this
brief and particularly the appendix which appears at the end, which shows that
the cost of these tests with, I think, two exceptions only, is either equal to
or less than the cost of the same tests if done in the Montreal General
Hospital. And it did strike me that this was an area that could reasonably be
explored, on the basis that possibly, if the service was rendered on the
prescription of a practicing physician, that it might reasonably be considered
as part of the admissible expenses under the National Hospitalization Plan. But
it was because of this possible conflict of interest between the physician who
writes the prescription and the same physician who carries out the laboratory
test, that I began to wonder about it, and without, in any sense, reflecting on
you personnally. It seemed to me that this was something that we would have to
consider.
MR. GOLD: There are certain tests which many physicians do in their own
offices, some physicians run a small laboratory to carry out such a simple
laboratory tests as the routine examination of urine, perhaps the determination
of hemoglobin in blood, but in all cases, the member labs of this association
are not serving in this capacity just as serving a physician runs the lab, but
they are serving a wider medical public.
MR. COITEUX (Duplessis): Do you think that the results would have been
the same if you had been comparing a group of hospitals and a group of your
laboratories?
MR. GOLD: I think in general that the comparison was made just between
one hospital and one laboratory, because this was simpler, but we have looked
at the figures for numerous hospitals and numerous labs. The figures for the
private labs are fairly comparable and very small differences exist. In the
hospitals perhaps there is some wider variation in the prices charged for
tests, but on the whole, I think I can safely say that the comparison would
hold.
MR. COITEUX (Duplessis): Then, what would be the explanation for the
lower cost?
MR. GOLD: Well, as I explained in my preliminary remarks, the hospital
charges were originally based on the concept that the patient who paid for his
test was paying not only for his test but also for the non-paying patients. The
whole system of voluntary hospitals was built up this way, whereby the public
non-paying patients were covered in some way by the fees collected by the
hospital from paying patients. Private labs that entered the scene were not
faced with this problem. They were selling a service on a fee basis and, in
most cases, there was a very small proportion of non paying patients.
Occasionally, our laboratory members will, on request of a physician, provide
service at no charge to an indegent patient, but this is a relatively small
part of the service, as compared with that in the large voluntary
hospitals.
MR. COITEUX (Duplessis): Thank you.
MR. RENAUD: Mr. Gold, may I refer you to page 5 of your brief, paragraph
12.
You say that for 27 laboratories, a test was performed for 430
hospitals. According to our information from the Ministery of Health, there are
around 300 public and private hospitals in the Province, a little more than
300, and this includes sanatoriums and psychiatric hospitals. Does that mean
that you include convalescent homes and homes for old persons?
MR. GOLD: No, Sir. The services provided are also for hospitals outside
the Province. We have specimens sent by mail for specialized tests from all
over the Maritimes and parts of Ontario and even farther West.
MR. RENAUD: I understand.
M. COLLARD: Dr Gold, au paragraphe 13, vous semblez demander de
standardiser le
travail dans les laboratoires. Est-ce que cela serait votre désir
que cette standardisation se fasse autant dans les laboratoires de votre
association comme dans les laboratoires des hôpitaux? Et de quelle
façon cela opérerait-il? Paragraphe 13.
M. GOLD: Je pense bien que c'est un problème assez important que
celui du travail qui est fait par les laboratoires, et qui serait
standardisé et qu'il y ait un niveau assez haut de qualité.
Je pense aussi que jusqu'à présent, il n'y a eu aucune
surveillance ni pour les hôpitaux ni sur les laboratoires privés.
Et je pense que cela serait une très bonne innovation.
M. COLLARD: Est-ce que l'effet serait sur le coût du travail en
laboratoire ou si la qualité serait meilleure?
M. GOLD: C'est uniquement une question de qualité.
M. COLLARD: Merci.
M. FORTIER: Dr Gold, à la page 4, paragraphe 7, vous dites qu'il
y a de grands hôpitaux qui se servent de laboratoires privés pour
faire faire certains examens. Est-ce que vous pourriez me nommer certains
grands hôpitaux qui se seryent de vos laboratoires?
M. GOLD: Oui, certainement.
M. FORTIER: Hôpitaux connus, reconnus?
M. GOLD: Oui, certainement.
A Montréal, « St. Mary's », « Queen Elizabeth
», « Jewish General », « Montreal General », de
temps en temps le « Royal Victoria », et je pense
peut-être...
M. FORTIER: Le « Royal Victoria » aussi? M. GOLD: Oui, et je
pense peut-être...
M. NADEAU: Oui, en particulier certains examens très
spécialisés demandant un équipement ou une organisation
particulière. Je pense aux épreuves qui se font chez l'animal de
laboratoire. L' « Hôtel-Dieu de Québec, » par exemple,
1* « Hôpital St-Sacrement, » et les gros hôpitaux de
Québec...
M. FORTIER: Est-ce que vous voulez parlez des tests de grossesse ou
bien...?
M. NADEAU: Oui, et des tests plus complexes que cela. Et ces
hôpitaux ont réalisé qu'ils ne pouvaient garder une
animalerie complète avec le personnel...
M. FORTIER: Ah! bon!
M. NADEAU: ... et les tests qui s'y font peut-être cinq ou
six par semaine tout cela est dirigé vers des laboratoires
spécialisés. Je dois vous dire que, dans mon cas, c'est ce qui a
assuré depuis les dernières années la survie de notre
laboratoire, puisque nous sommes les seuls qui les faisons à peu
près avec ce groupe.
M. FORTIER: Maintenant, est-ce qu'il y a beaucoup de médecins
généraux, de praticiens généraux, qui envoient
leurs examens chez vous?
M. NADEAU: Vous voulez dire directement? M. FORTIER: Oui,
directement.
M. NADEAU: Dans notre cas, je dirais à peu près la
moitié.
M. FORTIER: Mais 50% viennent des grands hôpitaux?
M. NADEAU: Oui, de grands et surtout de petits hôpitaux.
M. FORTIER: Surtout de petits hôpitaux?
M. NADEAU: Oui, vous comprenez qu'il y a 300 hôpitaux, et il y a
quarante-cinq biochimistes dans la province de Québec.
M. FORTIER: Oui.
M. NADEAU: Alors, ces hôpitaux ne sont pas équipés,
c'est ce qu'il faut bien penser, n'est-ce pas, ils n'ont pas été
conçus pour faire autre chose que les examens des patients
hospitalisés.
M. FORTIER: Maintenant une chose qui m'intéresse.
Le Dr Gold a dit qu'il y avait des hôpitaux, par exemple,
même dans les Maritimes, qui envoyaient des examens semblables pour
être faits chez vous?
M. NADEAU: Mon experience récente: j'ai trois clients de
l'Ontario et deux des Maritimes, dans mon cas en particulier. A Ottawa, c'est
1' « Ottawa General Hospital » qui a jugé que, pour certains
examens, ce ne serait pas économique de les faire eux-mêmes.
M. BERTRAND: Avez-vous des demandes qui viennent à peu
près de tous les coins de la province?
M. NADEAU: Oui, à cause des examens très
spécialisés de ces hôpitaux-là ayant une demande ou
deux par semaine; ça devient très très onéreux pour
eux de les faire.
M. CLOUTIER: Si vous faites un examen, pour un patient qui est
hospitalisé par la suite est-ce que votre diagnostic, votre travail, est
accepté par l'hôpital.
M. NADEAU: Bien voici, d'après la charte de notre association,
nous tenons nos dossiers, comme si c'était des dossiers de
l'hôpital, c'est-à-dire que nous les gardons au moins cinq ans tel
que requis, avec copies accessibles tout simplement sur la demande du
médecin traitant.
M. CLOUTIER: Or, ce qui veut dire que le patient en entrant à
l'hôpital, ce que vous avez fait est accepté par...
M. NADEAU: Exactement.
MR. THEBERGE: Mr. Gold do you always have to get a prescription from a
doctor to do any test?
MR. GOLD: Yes. This is a part of the ethics which is listed as the
apendix constitution and by laws, test are performed only on the order of a
doctor.
MR. THEBERGE: Why then, on page 2, do you mention that: « payment
for laboratory services should be made by the Health Insurance Service? In that
case you would go over to the physician and you will be paid by the insurance?
Is that ethical?
MR. GOLD: We are thinking of this service in the same way as we would
think of the drugs which are required for treatment. The physician orders this
service but we cannot exactly expect him to pay for it any more than he can be
expected to pay for the hospitalization of the patient.
MR. THEBERGE: If a doctor sends apatient to you the patient pays his
test?
MR. GOLD: Yes.
MR. THEBERGE: Directly to you? O.K. Thank you.
MR. MARLER: What of course is anonymous at the moment is that if these
tests are only taken for a patient who is occupying a bed in a hospital then
they are paid for on the hospitalization service. If the same patient goes into
the Outdoor Department, he has got to pay for them himself. If he goes to his
doctor and his doctor decides to use a private laboratory to make the test, he
is going to pay for them again. So that there is a rather natural inclination,
I would think, for the doctor to spare the less fortunate patients from the
expense and to put them in a hospital overnight so that the Hospitalization
Plan will pay for these tests.
MR. GOLD: I quite agree, I think some overuse of hospitals because of
this problem of the expense of laboratory serices.
MR. FORTIER: You said, « overuse ».
MR. GOLD: I mean in the sense that the hospitals are used
unnecessarily.
MR. FORTIER: I agree with you, Dr. Gold, if we have a plan of medicare,
they are expensive those tests?
MR. GOLD: Well, they vary tremendously as seen in the appendix which
gives a comparison of fees. They may be as little as $2 in some cases and the
most expensive one on this particular list is $15. They are some however which
are even more complex such as measurements of hormones, testosterone and so on,
which are very eleborate tests and which may be even more than that.
MR. FORTIER: What I want to come to, is this: Do you believe that if we
have a medicare that those examinations will be demanded, and that the demand
will be increased?
MR. GOLD: I would foresee that when the tests are available without the
barrier of a fee to the patient directly, there would be an increase
utilization as has been the experience within hospitals over the last five
years.
MR. MARLER: Dr. Gold, does the question of bad debts have any
significance at all in the operation of these laboratories?
MR. GOLD: Well, as in the operation of any business there are some bad
debts. This has not been a big problem in my own experience and we have not
canvassed our members. I don't
know, I can't answer for the other members of our association.
MR. MARLER: I would take it from that, it is really not a very
significant item.
MR. GOLD: No.
MR. MARLER: The reason I mentioned that is that of course if you have a
scheme of medicare with the government paying, you have no risk of not getting
paid at all. Because once you get the prescription, I take it, it is just a
check in the bank.
M. NADEAU: C'est pourquoi, M. Marler, les laboratoires privés
ayant, eux, dans la deuxième colonne, calculé leur prix sous le
coût de revient, pourraient avec l'assurance, si on peut dire un
espèce de contrat, en fait ce serait presqu'un contrat, établir
des prix plus précis que les hôpitaux. On demandait tout à
l'heure comment il se faisait que, dans les hôpitaux, c'était plus
cher. L'histoire est très simple. C'est que, autrefois, les
hôpitaux étant indépendants leur seule source de revenus,
tout le monde le sait, étaient les rayons-X et les laboratoires.
C'était leur seule source. Alors, ils ont fait ceci... ils n'ont pas
calculé mathématiquement le coût des examens, les examens
étaient soit de $5, de $10 ou de $15, sans calculer ce que cela pouvait
coûter. Je sais très bien que dans les hôpitaux aujourd'hui
où des examens sont marqués à $5, cela coûte
à l'hôpital probablement $7 ou $8 pour le faire. Je me fierais
beaucoup plus à la deuxième colonne, pour cette
raison-là.
M. MARLER: Alors, nous pourrons peut-être même penser
qu'avec un plan d'assurance-maladie, peut-être, le coût de ces
épreuves baisserait?
M. NADEAU: Je crois qu'il baisserait d'abord, oui, en étudiant
les prix et deuxièmement si le nombre augmentait, les laboratoires
privés pourraient jouer si on peut dire sur le volume
évidemment.
M. MARLER: Ce qui serait impossible lorsque vous avez en effet un seul
client qui doit payer.
M. NADEAU: C'est ça.
M. COLLARD: M. Nadeau, à l'appendice 3, il y a un tableau qui
mentionne les différents coûts des tests. Est-ce que les
différences sont dues à la longueur du travail que vous devez
faire ou bien si... sur quel critère vous basez-vous...?
M. NADEAU: ... pour une même colonne vous voulez dire, vous?
M. COLLARD: Il y a différents coûts.
M. NADEAU: Ah oui. Tout cela est basé pratiquement sur
l'unité de travail, à part du coût des produits servant
à le faire, mais généralement ce qui intervient le plus
c'est l'unité travail. Certains tests demandent 20 unités de
travail, c'est-à-dire 20 fois dix minutes de travail si vous voulez,
d'autres une unité seulement Je prends l'exemple d'une deuxième
hémoglobine, c'est une opération qui se fait très
rapidement, tandis que dans les dosages d'hormones, comme je le mentionnais
tout à l'heure, ce sont des expériences animales qui pour chaque
test prennent cinq jours. Il y a trois injections par jour sur une série
de douze animaux par test. Chaque patient a douze animaux qui lui
appartiennent, si on peut dire. C'est cela qui est surprenant, quand vous dites
$20 pour un test et que vous faites le coût de revient comme nous l'avons
fait, nous nous apercevons que cela nous revient à $19.85, bien, il y a
quelque chose qui ne marche pas évidemment.
M. ROY: D'autres questions, messieurs les membres du comité?
Docteur Gold, je vous remercie des informations que vous avez données au
comité.
M. GOLD: Je vous remercie.
M. ROY: Messieurs, avant l'ajournement, j'aimerais vous donner le
travail que nous avons à effectuer demain. Demain matin, à onze
heures, la visite de M. Séguin, le mémoire numéro 10. A
onze heures et quarante-cinq, M. Larue, mémoire 32 et à trois
heures, demain après-midi l'Association des techniciens dentaires de la
province de Québec, mémoire numéro 12, et à trois
heures et demie ou quatre heures nous aurons la visite de M. Després, le
sous-ministre du revenu, qui viendra...
M. MARLER: C'est une séance à huis clos. UNE VOIX: Alors
c'est ajourné à 10 h. 30. M. ROY: Mettons onze heures moins
quart.
M. RENAUD: J'aimerais qu'on soit ici à onze heures moins quart,
ce serait très bien.
M. MARLER: Je me demande M. le Président, s'il serait possible
pour les séances de la semaine prochaine, je vois que nous avons pour le
29 les doyens des facultés de médecine. Il me semble que c'est
tout à fait logique que nous consacrions une séance
complète à ces gens-là, n'est-ce pas? Lorsque je vois pour
le soir du 29, comité d'étude des termes de médecine, cela
c'est une espèce de dictionnaire. Je pense que, peut-être, nous
devons remercier ces gens-là de nous mettre sur la bonne piste quant
à la langue française et je me demande si nous allons passer
toute la soirée à discuter les termes de ce mémoire, et le
docteur Gilbert. Ensuite pour le 30 nous avons, semble-t-il accordé
toute la matinée au collège des chiros.
M. RENAUD: Cela peut durer...
M. MARLER: Moi, je pense qu'il serait beaucoup plus logique qu'ils
viennent le soir du 29.
M. RENAUD: Cela prendra le temps que cela voudra.
M. MARLER: Ils pourront parler jusqu'à minuit, s'ils le
désirent. Et je me demande si, dans les circonstances, on ne pourrait
peut-être pas mettre les infirmières de l'Ordre de Victoria, le
matin du 30 plutôt que le matin du 31.
M. MORENCY: Les infirmières du « Royal Victoria »,
j'avais pensé de peut-être les reporter au mardi soir avec le
comité d'étude et le docteur Gilbert.
M. MARLER: En tous cas, je pense qu'il y a lieu de comprimer un peu plus
la liste des mémoires.
M. MORENCY: Cela va être possible parce qu'on a pas tellement de
mémoires d'entrés. Je vais essayer, le 31 au matin, d'avoir un
mémoire substantiel. Il y en a deux qui sont entrés actuellement,
il y a le Collège des médecins et le Collège des
chirurgiens-dentistes. Maintenant le Collège des médecins, je
crains de le mettre le 31, parce que si le discours du budget est lu dans
l'après-midi et si cela se prolonge, on ne pourra pas les entendre. Je
crois que ce serait peut-être plus prudent de placer peut-être le
Collège des dentistes le 31 au matin, qui finira sûrement dans
l'avant-midi. Je pense bien qu'il n'y aura pas de problèmes de ce
côté-là, et laisser le 31 après-midi libre.
Evidemment, si le discours du budget n'a pas lieu, le comité pourra se
réunir quand même et faire d'autre travail, mais ne pas avoir
d'autitions ou ne pas se réunir du tout.
M. MARLER: Il y a un autre facteur dont il faudra tenir compte, c'est
que la séance du Conseil législatif qui devait avoir lieu demain
est remise à la semaine prochaine à cause...
(à suivre)