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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente du loisir, de la chasse et de
la pêche se réunit ce matin pour poursuivre ses travaux et
entendre les mémoires de différents groupes.
Les membres de la commission sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Chevrette
(Joliette), Dauphin (Marquette), Houde (Berthier), Lafrenière (Ungava),
Laplante (Bourassa), Lévesque (Kamouraska-Té- miscouata), Marquis
(Matapédia), Paré (Shefford), Perron (Duplessis), Vaillancourt
(Orford).
Les intervenants sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon (Sainte-Marie),
Desbiens (Dubuc), Proulx (Saint-Jean), Mme Juneau (Johnson), MM. Léger
(Lafontaine), LeMay (Gaspé), Maciocia (Viger), Pagé (Portneuf),
Rocheleau (Hull).
M. LeBlanc: M. le Président, je remplace M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
Le Président (M. Brouillet): Monsieur...
M. Chevrette: M. LeBlanc, de Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Brouillet): M. Jacques LeBlanc, de
Montmagny-L'Islet, remplace M. Lévesque, de
Kamouraska-Témiscouata.
Nous avons quatre groupes inscrits à l'ordre du jour. Le premier
groupe que j'ai sur ma liste - je ne sais pas si c'est dans l'ordre, on verra
tantôt - est Les neuf nations indiennes du Québec. Le
deuxième groupe est le Syndicat des pisciculteurs du Québec. Le
troisième est le Conseil de la faune. Le quatrième est la
Fédération nationale des associations des consommateurs du
Québec.
M. Chevrette: M. le Président, je propose également
qu'on réserve cinq minutes à la SPCA.
Le Président (M. Brouillet): Si tous les membres de la
commission sont d'accord, nous ajoutons à l'ordre du jour une
période de cinq minutes pour entendre la SPCA.
M. Chevrette: Ils m'en avaient demandé trois.
M. Houde: Entièrement d'accord. On en donnera six, si
c'est nécessaire.
M. Vaillancourt (Oxford): M. le Président, je pense que
cela pourrait prendre dix minutes.
M. Chevrette: On verra cela quand ils arriveront.
M. Vaillancourt (Orford): Ils sont là.
M. Chevrette: Ah! Je le sais. Si je l'ai proposé, c'est
parce que je leur ai parlé.
Le Président (M. Brouillet): J'invite le
représentant du premier groupe...
M. Chevrette: Max.
Les neuf nations indiennes du Québec
Le Président (M. Brouillet): Les neuf nations indiennes du
Québec. Je vais demander au porte-parole de s'identifier. Je ne sais pas
si M. Gros-Louis a des textes à distribuer.
M. Gros-Louis (Max): Je n'ai aucun texte, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M.
Houde: II a tout cela dans sa tête.
Le Président (M. Brouillet): Alors, si vous voulez
seulement vous identifier pour les fins du journal des Débats.
M. Gros-Louis: Très bien. Je suis le grand chef de la
nation huronne, Max Gros-Louis. Je suis ici pour représenter,
premièrement, la nation huronne et j'ai quelques messages de la part des
Cris. On m'avait fait demander au nom des neuf nations. Je dois vous dire que
les neuf nations ont demandé de se référer au
mémoire qu'on a déjà présenté il y a
quelques mois.
Une voix: Ah bon!
M. Gros-Louis: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, il nous fait plaisir d'être ici aujourd'hui
pour pouvoir présenter les vues de la nation huronne. Je vais être
assez bref. Vous savez
qu'on vous a déjà présenté un mémoire
assez volumineux, il y a quelques mois. Il y aurait seulement quelques petits
points que je voudrais faire ressortir ici. Premièrement, vous savez que
les membres de la nation huronne ne sont pas encore citoyens canadiens. On
n'est pas encore québécois non plus. On veut vous dire que le
projet de loi 9, Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, ne
s'applique pas à la nation huronne. Nous sommes d'accord que vous
fassiez des lois, mais que ces lois s'appliquent, bien entendu, à votre
peuple. Il est bien dit, à certains endroits dans votre loi, que c'est
pour les résidents du Québec et vous savez très bien que
nous, de la nation huronne, ne sommes pas résidents du
Québec.
Il y a aussi des articles qui peuvent nuire ou qui peuvent être
contraires à la culture des Hurons. Nous vous demanderions de discuter
aussi ces articles un peu plus tard. Vous pouvez faire des lois, je le
répète, pour vos gens du Québec, mais ces mêmes lois
peuvent venir à l'encontre des lois des premiers habitants, donc de la
première nation dont les Hurons font partie.
En page 9, article 26: "Nul ne peut déranger, détruire ou
endommager les oeufs ou la tanière d'un animal." Vous savez que
plusieurs Indiens récoltent souvent des oeufs. Je crois que cet article
peut causer quelques ennuis à certaines nations indiennes. À
l'article 39: "...au préalable, détenir le certificat
prévu par règlement établissant qu'elle est apte à
pratiquer l'activité concernée". Nous croyons que les Hurons ne
sont pas sujets à cet article-là, non plus. Je n'en
spécifie que quelques-uns ici, bien entendu, parce que nous croyons que
les Indiens, ayant pour base de culture la chasse, la pêche et le
trappage, ne devraient pas être soumis à des choses semblables
pour pratiquer leur moyen de survie.
En première page on lit: "Lois modifiées par ce projet: la
Loi sur les droits de chasse et de pêche dans les territoires de la Baie
James et du Nouveau-Québec." Je suis entré en contact avec les
représentants des Cris. On m'a dit qu'une autre commission doit se
dérouler du 1er au 5 novembre. J'ai essayé de savoir quelle
était cette commission. J'en ai même parlé deux petites
secondes avec M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et
personne ne semble au courant qu'il s'agirait d'une autre commission sur la
chasse et la pêche ou sur la conservation ou la mise en valeur de la
faune. On m'a probablement référé à une commission
qui aurait lieu pour les droits globaux de toutes les nations indiennes du
Québec. Il s'agit d'une rencontre qu'on doit avoir avec le premier
ministre, M. Lévesque.
M. Chevrette: Oui, je peux maintenant vous le confirmer. J'ai
pris information et, effectivement, c'est la rencontre que M. Lévesque
avait annoncée au printemps, qui se tiendrait du 1er au 5 novembre ici
même à Québec avec l'ensemble des nations indiennes.
M. Gros-Louis: Merci, M. le ministre.
Pour terminer, je suis obligé de vous dire que la nation huronne
croit que, pour toute question concernant la conservation et la mise en valeur
de la faune ou toute question concernant la chasse, la pêche et le
trappage, elle peut faire ses propres lois. Si des permis doivent être
émis pour chasser, trapper ou pêcher, ce devrait être le
grand chef et les petits chefs qui devraient émettre ces permis, le
Conseil de la bande des Hurons.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je vous remercie et j'espère que vous prendrez en
considération que nous sommes ici depuis environ 85 000 ans - on vient
d'arriver, cela ne fait pas longtemps - qu'on a le droit de vote au
Québec seulement depuis une dizaine d'années, droit qu'on nous a
offert, mais qu'on a quand même refusé, ce qui veut dire que nous
n'avons jamais pu participer ou avoir une représentation au niveau du
gouvernement du Québec et même au niveau du gouvernement du
Canada. Vous savez que nous avons parcouru tout le Canada et toute la
région. Tout ce que nous demandons, c'est de respecter une des
premières nations qui veulent, avec vous qui êtes encore des
immigrants pour nous, profiter de ce beau pays, de ce beau territoire et qu'on
arrête enfin de se cogner dessus et qu'on se comprenne mieux, qu'on se
respecte tous les deux! Merci beaucoup. Est-ce que vous avez des questions? (10
h 15)
M. Chevrette: Je vous remercie. Je connaissais un peu le sens de
votre message puisque c'était, à toutes fins utiles, celui que
vous nous aviez livré en novembre dernier. On sait, à partir des
discussions que vous avez eues au niveau fédéral avec le premier
ministre du Québec, qu'il a pris l'engagement de regarder plus
spécifiquement les droits particuliers avec vous et que c'est
prévu du 1er au 5 novembre. Il est évident que la loi que nous
présentons est de portée générale, mais on sait
très bien que la conclusion d'ententes entre les nations et le
gouvernement prime sur la loi comme telle; il y a des modalités qu'on
peut conclure en dehors.
Pour ce qui est de la Baie-James, nous avons pris en note votre remarque
et, effectivement, il n'y a pas de numéro d'article qui
réfère à la convention; il y a une lacune dans l'article
et il faudra spécifier fort probablement le numéro de l'article
auquel cela réfère pour bien
identifier ce à quoi on fait référence.
Je ne peux que vous dire merci de vous être présenté
et, deuxièmement, vous souhaiter bonne chance dans les discussions que
vous aurez à un palier supérieur en novembre prochain. En ce qui
regarde mon ministère, je pense que nous pourrons continuer les
discussions ad hoc, parce qu'on ne peut pas discuter de négociation
globale ou d'une entente globale, vous en êtes fort conscient. Pour les
ententes ad hoc, je pense que mon ministère a fait preuve,
jusqu'à maintenant, d'assez de compréhension et de dialogue avec
votre nation comme telle. Nous entendons bien continuer ce type de relations
que nous avons avec les Hurons. C'est pour cela que, dans trois semaines, nous
verrons ensemble les quelques points qui nous restent à discuter. Tant
mieux et bravo pour les points qu'on a réussi à régler.
Pour le reste, je pense bien que vous serez toujours bienvenus à mon
ministère, avec la même attitude que nous avons toujours eue
depuis dix mois. Merci.
M. Gros-Louis: Merci, M. le ministre. Vous savez très bien
que la nation huronne, ayant toujours été très pacifique,
contrairement à ce qu'en dit l'Histoire du Canada est toujours
prête à s'asseoir et à discuter des choses qui
régleront ou qui amélioreront le sort des deux nations.
Merci.
M. Chevrette: Merci beaucoup.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'un autre membre de
la commission voudrait dire quelques mots?
M. Houde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Tout d'abord, M. Gros-Louis, j'aimerais vous remercier
et vous féliciter pour le ton avec lequel vous passez votre message. Il
n'est pas long, mais je pense qu'il dit beaucoup. Vous avez touché les
articles 26 et 39; je m'aperçois que vous avez bien regardé le
projet de loi. Aussi, il y a toutes les démarches que vous avez faites
tous, les efforts que vous avez démontrés auprès du
gouvernement - non seulement auprès du gouvernement du Parti
québécois, car je pense que vous le faites depuis nombre
d'années - pour essayer de construire ensemble. Comme vous le disiez
tantôt, vous étiez ici bien avant nous, je le reconnais. Mais,
d'un autre côté, vous essayez, je pense, si je tiens compte du ton
que vous avez employé pour prononcer votre allocution, de
démontrer qu'il y a moyen de continuer à faire quelque chose de
bien dans la province de Québec, avec tous les Québécois.
Merci beaucoup, M. Max Gros-
Louis.
M. Gros-Louis: Merci. Quand vous référez aux
articles...
M. Houde: Les articles 26 et 39.
M. Gros-Louis: ...vous dites qu'on a eu le temps de les regarder.
Je peux vous dire que, contrairement à ce que j'ai lu dans les journaux
aujourd'hui, cela ne prend pas de temps pour regarder cela. Il y en a à
qui cela a pris plus de temps que cela, je crois?
M. Houde: Oui.
M. Gros-Louis: Cela ne nous a pas pris de temps à
nous.
M. Chevrette: II y en a qui ont pris trop de temps.
M. Gros-Louis: En tout cas, nous, on a fait deux petites
réunions et on a pu voir. Il y a une chose, M...
M. Houde: Député de Berthier.
M. Gros-Louis: ...le député de Berthier: on sait
très bien que cela ne sert à rien de faire des guerres et tout ce
que la nation huronne essaie de faire, c'est de faire respecter les deux
groupes qui sont dans le Québec, les Québécois et les
Hurons.
M. Houde: C'est cela. En terminant, nous abondons dans le
même sens que M. le ministre, en attendant le 25 novembre pour savoir ce
qui va se dérouler. Encore une fois, félicitations et merci.
M. Chevrette: Mes salutations à la nation.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que d'autres membres
de la commission auraient des questions à poser? Merci bien, M.
Gros-Louis.
M. Gros-Louis: Merci encore une fois.
Le Président (M. Brouillet): J'invite les
représentants du Syndicat des pisciculteurs du Québec.
J'inviterais leur porte-parole à s'identifier et à nous
présenter ses compagnons.
Le syndicat des pisciculteurs du Québec
M. Filion (Louis-Philippe): M. le Président, mon nom est
Louis-Philippe Filion. Je suis président du Syndicat des pisciculteurs
du Québec. À ma droite est M. Normand Roy, vice-président
et à ma gauche, M. Jacques Bonneau, secrétaire.
M. le Président, M. le ministre, Mme et MM. les
députés, ce sera divisé en deux parties:
premièrement, la présentation du mémoire que vous avez en
main et, deuxièmement, quelques commentaires particuliers concernant la
commercialisation de la truite mouchetée d'élevage.
Le Syndicat des pisciculteurs du Québec est heureux de profiter
de l'occasion qui lui est offerte de faire part aux membres de la commission
parlementaire des commentaires et des amendements qu'il désire voir
apporter au projet de loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune.
Nous avons choisi, tout d'abord, de rappeler brièvement
l'évolution de l'industrie piscicole au Québec pour, ensuite,
aborder plus spécifiquement la discussion du projet de loi et voir de
quelle façon ce projet répond aux aspirations des pisciculteurs.
Nos commentaires se limiteront, cependant, aux articles du projet de loi qui
touchent la pisciculture, le syndicat ne croyant pas devoir intervenir dans des
champs qui sont hors de ses préoccupations.
L'évolution de l'industrie piscicole au Québec fait
qu'elle possède maintenant une double finalité: la
première est celle qui est à l'origine de son
développement, soit la production d'oeufs et d'alevins pour fins
d'ensemencement en vue de soutenir la pêche sportive; la seconde, qui est
plus récente, est la production de chair de poisson pour fins de
consommation, incluant les étangs de pêche. Il va sans dire que
les lois et les règlements adoptés par les gouvernements ont
surtout visé à régir les activités de la
pisciculture associées à la gestion de la faune. Notre syndicat a
réclamé à plusieurs reprises des modifications aux lois et
règlements afin de traduire dans la réalité la nouvelle
finalité de la pisciculture. Nous croyons, d'ailleurs, que la tenue des
audiences de cette commission parlementaire a pour objectif d'évaluer la
justesse de la perception des fonctionnaires et des politiciens dans
l'élaboration du projet de loi. À notre grand étonnement,
on a très peu tenu compte de nos réclamations lors de sa
rédaction.
Avant d'aborder la discussion du projet de loi, nous aimerions rappeler
aux membres de cette commission que le Canada a importé au cours des
trois dernières années une moyenne de 1000 tonnes
métriques de truite fraîche ou congelée pour une valeur de
4 200 000 $ par année. Au Québec, les importations de truite
fraîche ou congelée représentent de 200 à 300 tonnes
annuellement. Nous attirons également votre attention sur le fait que la
création d'emplois dans le secteur primaire s'accompagne d'effets
multiplicateurs dont les coefficients sont des plus élevés.
L'effet multiplicateur de la création d'emplois dans l'agriculture est
d'environ 3 et nous avons de bonnes raisons de croire qu'il est sensiblement le
même pour l'industrie piscicole.
Enfin, les pisciculteurs désirent dissiper tout doute qui
pourrait surgir dans l'esprit de certains relativement à leurs
perceptions vis-à-vis de la faune. Nous sommes conscients de
l'importance économique de l'exploitation de la faune et des diverses
retombées qu'elle provoque dans des régions souvent
économiquement faibles. Cependant, les pisciculteurs croient que le
développement de la pisciculture comme pourvoyeur de chair de poisson
pour la consommation humaine n'est aucunement incompatible avec une saine
exploitation de la faune. Les pisciculteurs demandent donc que la loi et la
réglementation soient modifiées pour s'adapter à la
nouvelle finalité de l'industrie piscicole.
Le premier commentaire concernant le projet de loi porte sur la
définition même de l'objet pour lequel ce projet a
été rédigé; en effet, nous ne retrouvons nulle part
dans le texte, pas plus, d'ailleurs, que dans l'actuelle Loi sur la
conservation de la faune, la définition de ce que l'on entend ou
comprend par le mot "faune". Pourtant, il nous apparaît essentiel de bien
délimiter le champ d'application d'une loi qui permettra au gouvernement
de réglementer un secteur d'activité aussi complexe. Si je me
souviens bien, lors des audiences parlementaires de l'automne dernier, le
Conseil de la faune avait aussi mentionné et souligné cette
chose-là.
La loi a pour but de protéger et de réglementer
l'exploitation d'espèces animales qui se reproduisent naturellement
à l'état sauvage au Québec. Nous voulons donc que soit
remplacée, à l'article I du projet de loi, la définition
des mots "animal" et "poisson" par une définition claire et
précise du mot "faune". Nous insistons pour que cette définition
repose sur la notion de reproduction naturelle et de reproduction à
l'état sauvage des espèces à être
considérées comme de la faune.
En respectant cette philosophie, l'application de la loi et
l'élaboration des règlements devraient permettre de faire face
à deux situations tout à fait différentes. La
première concerne les espèces qui sont directement visées
par la loi, c'est-à-dire la faune; la juridiction du ministère
est alors complète. La seconde situation concerne les espèces qui
ne sont pas considérées comme de la faune, mais qui peuvent
occasionnellement perturber les espèces indigènes. Le ministre
pourra alors exercer les juridictions de la loi en limitant ses interventions
en regard des activités perturbatrices.
En appliquant ce raisonnement à la pisciculture, la loi et la
réglementation ne devraient se préoccuper de régir que
les
activités reliées aux ensemencements en vue du soutien de
la pêche sportive parce qu'ils peuvent perturber les populations des
poissons indigènes soit par la propagation de maladies, soit par
l'introduction d'espèces exotiques.
Pourquoi devrions-nous exclure les poissons d'élevage dans ce que
l'on considère comme la faune? D'abord, la pisciculture commerciale
utilise des espèces et des lignées qui sont domestiquées.
Cette domestication fait que plusieurs lignées de truite arc-en-ciel et
de l'omble de fontaine d'élevage ont perdu la capacité de se
reproduire naturellement lorsqu'on les retourne dans le milieu sauvage. D'autre
part, la responsabilité relative à la production d'aliments
appartient à un autre ministère et les juridictions applicables
à ce secteur devraient également s'appliquer aux activités
de la pisciculture productrices d'aliments. Nous identifions ici la Loi sur la
mise en marché des produits agricoles et la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments plus particulièrement.
Enfin, le gouvernement a déjà reconnu par décret, en 1979,
que le produit de la pisciculture destiné à la commercialisation
est un produit agricole au sens de la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles. D'ailleurs, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche a déjà conclu un protocole d'entente avec le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, en
1977, concernant la répartition de certaines responsabilités
relatives à la pisciculture commerciale pour la consommation.
Un autre élément qui devrait être de nature à
sécuriser le législateur provient du fait que le syndicat
administre le plan conjoint des pisciculteurs du Québec. Cette
délégation de pouvoir effectuée selon les modalités
de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles permettra au
syndicat de réglementer la mise en marché des produits de la
pisciculture commerciale. Présentement, le syndicat ne peut exercer
pleinement ses pouvoirs en raison surtout de l'ambiguïté qui
persiste relativement aux juridictions respectives des deux ministères
concernés.
Nous demandons donc que les modifications suivantes soient
apportées au projet de loi sur la conservation et la mise en valeur de
la faune afin de respecter la double finalité de l'industrie
piscicole.
Article I. Animal: tout mammifère, oiseau ou reptile
classifié comme faune par règlement.
Faune: tout animal ou poisson qui se reproduit à l'état
sauvage au Québec et qui origine d'une lignée non
sélectionnée par l'homme.
Poisson: tout poisson, les oeufs et les produits sexuels d'un tel
poisson, tout batracien, arthropode ou mollusque classifié comme faune
par règlement."
Article 46: Nul ne peut, s'il ne détient un permis
délivré à cette fin, faire l'élevage de poissons
à des fins de vente pour le repeuplement. (10 h 30)
Premier alinéa de l'article 59: Nul ne peut vendre, acheter ou
offrir d'acheter de la chair d'animal ou de poisson reconnus comme faune par
règlement.
Le premier paragraphe de l'article 97: Déterminer les
catégories d'animaux ou de poissons, les animaux et les poissons qui en
font partie; déterminer également les animaux et les poissons qui
ne sont pas classifiés comme faune, mais qui en font partie tout en
décrivant les activités perturbatrices en rapport avec la
faune.
Le 18e paragraphe de l'article 97: Édicter des normes et des
obligations relatives au transport, à la possession et à
l'enregistrement d'animaux ou de poissons reconnus comme faune par
règlement.
Le 25e paragraphe de l'article 97: Déterminer les obligations
auxquelles doit se conformer le titulaire d'un permis d'élevage de
poissons à des fins de vente pour le repeuplement.
Le gouvernement devra également faire modifier le
règlement de pêche au Québec afin que la
responsabilité relative à l'émission des permis de
pisciculture soit également partagée par les ministères de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ainsi que du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, selon leurs juridictions respectives.
S'il était donné suite aux modifications demandées,
cela aurait le mérite de clarifier les champs et les domaines
d'intervention des deux ministères concernés par l'industrie
piscicole.
Comme le projet de loi accorde au gouvernement un pouvoir de
réglementation très étendu et que la valeur de la loi sera
fonction des règlements qui en découleront, le Syndicat des
pisciculteurs demande à être consulté lors de
l'élaboration des règlements qui s'appliqueront à
l'industrie piscicole.
On passe à la deuxième partie, si vous le permettez.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Vous aviez
annoncé que vous désiriez parler d'un cas particulier.
M. Filion: II s'agit de la commercialisation de la truite
mouchetée d'élevage. Hier, quelqu'un a mentionné ici le
mythe de la commercialisation de la truite mouchetée d'élevage.
Coïncidence, dans la revue Sélection du mois d'août 1983,
à la page 101, dans un article de Joan Sutton, on dit: "Ces mythes que
nous tenons pour vérité". Je lis: "Si toutes les civilisations
ont leurs mythes, la nôtre a ceci de particulier
que ce ne sont ni les poètes, ni les sorciers qui les
créent, mais plutôt les journalistes et les spécialistes de
la publicité. Le drame, c'est que nous avons tendance à prendre
leurs élucubrations pour paroles d'évangile". J'ai
consulté le Petit Robert pour savoir ce que voulait dire
"élucubration". On me dit: "Oeuvre ou théorie laborieusement
édifiée et peu sensée".
M. Chevrette: II y en a qui en jouissent sur leur chaise.
M. Filion: C'est parce que nous avons affaire au Québec,
si vous voulez, à une situation telle.
Le Président (M. Brouillet): Revenons à la truite,
s'il vous plaît!
M. Filion: Cela nous a surpris dernièrement, lorsque l'on
a vu quelqu'un tenter de ridiculiser Mme Brigitte Bardot sur ce qu'elle disait
en Europe concernant les blanchons, alors que nous avons des Brigitte Bardot au
Québec, charmes en moins. Voltaire disait - là, j'arrête
parce que, paraît-il, j'utiliserais des mots qui ne sont pas
parlementaires, d'après ce que j'ai entendu hier - "tong, tong, tong, il
en restera toujours quelque chose."
Actuellement, c'est la situation. Il y a des gens qui ne peuvent pas
parler de la commercialisation de la truite mouchetée, comme il est
impossible de demander au pape ou à un groupement féministe, si
vous voulez, de parler d'avortement. C'est la même situation. C'est
réfractaire. Cela ne peut pas marcher. Il y a tellement de rumeurs qui
circulent.
Hier, il y avait quelqu'un des ZEC ici qui disait: Tous les groupements
se sont prononcés contre la commercialisation, en donnant cela comme une
évidence. Nous-mêmes, on s'est fait dire cela par un chroniqueur,
que la grande majorité des interventions à la dernière
commission parlementaire avaient été contre la commercialisation.
Nous avons fait un relevé. Nous l'avons ici. Pour le principe et pour
l'application même, il y a cinq organismes qui se sont prononcés
pour, trois qui se sont prononcés contre et un qui a parlé de
prudence. Il y a tellement de rumeurs qui sont colportées
actuellement.
On parle du saumon. Faisons un petit parallèle avec le saumon. On
est convaincu que, lorsque l'ancien président Jimmy Carter est venu, il
aurait pu s'en procurer à bien meilleur compte chez lui. Si on fait une
certaine analogie avec le saumon, on verra que le prétendu braconnage -
on y reviendra tantôt - ne tient pas debout. D'ailleurs, j'attire
rapidement votre attention sur le fait qu'on a répété,
dans les journaux du Québec, que le développement de la
pisciculture au
Québec devait passer par l'élevage du saumon. Cela aurait
été mentionné par l'honorable Jean Garon, lors d'un
discours qu'il a prononcé à Baie-Saint-Paul. On a le texte du
discours ici - d'ailleurs, j'en ai parlé personnellement à M.
Garon - et jamais il n'a dit de telles choses. À un moment donné,
on met certaines choses qui sont fausses en partant, à notre avis, et on
élabore sur cela.
Pour aller rapidement, M. le Président, je vais citer une
déclaration de M. Chassé, président des Outfitters, lors
de leur assemblée générale, qui a été
rapportée; parfois ces choses-là sont sujettes à caution.
"L'amateur qui pourra dorénavant acheter une truite mouchetée
à la poissonnerie du coin est un client de moins pour les pourvoyeurs."
On a des lacs de pêche chez nous. On sait que le "thrill", c'est de
prendre la truite. Dès que la truite est prise, même chez nous, le
gars essaie de l'échapper, il fait des efforts pour tâcher de
l'échapper et d'en prendre une autre pour ne pas la payer et quand il
n'est pas capable de l'échapper, souvent, il essaie de la camoufler dans
le sable. Le "thrill", c'est la vibration. On le sait, on y va
nous-mêmes. "Notre gagne-pain souffrira sûrement de cette
libéralisation, dit M. Chassé, sans compter que,
dorénavant, si le gouvernement décide d'aller de l'avant dans ce
domaine, toute personne qui ensemencera de la truite mouchetée qui est
une truite d'élevage pour la vente..." C'est totalement faux. Vous
êtes au courant, M. le ministre, de tous les moyens de contrôle qui
s'en viennent. Il y aura des postes d'éviscération. Un
pisciculteur n'aura pas le droit de vendre lui-même. Il y a tous les
moyens de contrôle.
Il y a une série de faussetés qui circulent actuellement.
Il ajoute: "ce qui donnera lieu à de nombreux actes de braconnage." Je
suis de Charlevoix. Actuellement, on vend de la truite braconnée 5 $, 6
$ ou 7 $ la livre. Quand on pourra avoir de la truite légale à 3
$ ou 4 $ la livre, pensez-vous que la truite braconnée aura encore sa
place?
D'un autre côté, nous acceptons difficilement d'avoir des
leçons de certains organismes qui devraient surtout prêcher par
l'exemple. Je n'ai pas besoin d'approfondir de ce côté-là,
mais, hier, on nous a parlé d'une certaine consultation. Je sais que M.
le ministre a certainement les détails de cette consultation parce que,
à chacune de ces réunions, il y avait un représentant du
MLCP. Je sais qu'à plusieurs de ces endroits c'est un sujet très
important pour eux. La preuve, c'est qu'à plusieurs endroits ils n'ont
même pas pu tenir de réunion parce qu'ils manquaient de monde.
M. Chevrette: À Trois-Rivières, entre autres.
M. Filion: À Trois-Rivières, deux réunions,
à Hull à peu près personne. À Québec, sur
sept personnes il y avait six pisciculteurs. On a demandé s'il y avait
un vote à prendre, on était prêt à voter. Ils ont
dit non. Je vais même aller plus loin, M. le Président. Nous
devions être partie à la consultation et nous avons
été informés par quelqu'un qui était allé
à une consultation, quelqu'un du gouvernement avec qui nous avons
communiqué. On a dit: Oui c'est en train de se faire, alors qu'on
n'avait même pas été consultés. Probablement que,
dans la majorité des réunions qui ont eu lieu après, les
gens étaient pour la commercialisation. C'est pour cela qu'on sait le
nombre approximatif. M. le ministre me corrigera, mais il y avait
peut-être quelques centaines de personnes pour représenter les 200
000, paraît-il.
On nous a dit: Les pisciculteurs, vous comptez pour un, vous êtes
un intervenant dans cela, comprenez-vous? Nous sommes peu nombreux, mais nous
sommes ce que nous sommes. Je ne pense pas que cela tienne à la grosseur
des organisations; c'est à la valeur des arguments.
M. le Président, il y a eu récemment à St.Andrews,
au Nouveau-Brunswick, une conférence nationale d'agriculture. Je peux
vous dire que les participants ont été un peu surpris - remarquez
bien ceci, on est libres au Québec de faire ce qu'on veut - de voir
qu'au Québec nous n'avions pas la possibilité légale de
commercialiser la truite mouchetée pour la table, alors qu'ils pouvaient
le faire en Ontario, dans les provinces de l'Ouest, dans les provinces
maritimes et aux États-Unis. C'est à peu près la seule
chose qu'on a reprochée à notre pisciculture à la
conférence nationale; car dans l'ensemble -et on a été
heureux de le souligner - le développement de la pisciculture au
Québec a été cité plusieurs fois en exemple;
l'organisation piscicole du Québec et l'action gouvernementale ont
été mentionnées plusieurs fois.
M. le ministre nous a parlé, lors d'une assemblée
générale tenue au motel Quatre-Saisons, d'un projet de
comité MLCP, MAPAQ et Syndicat des pisciculteurs. Nous avons
abondé dans ce sens-là. Nous sommes en faveur de la collaboration
et nous aimerions que le ministre profite de l'occasion pour nous parler de
cela parce qu'on a trouvé son idée très
intéressante. Ce qu'on a surtout aimé aussi de M. le ministre -
et on a confiance dans son approche - c'est qu'il nous a parlé d'une
approche rationnelle, non sentimentale, d'une approche basée sur des
faits. Nous comptons beaucoup sur cela.
Je termine par ceci: Au Québec, il y a peut-être une
personne sur six qui va aller dans la forêt, il y en a qui parlent de une
personne sur cinq. Mais, pour quelle raison les 5/6 ou les 4/5 des autres ne
pourraient- elles pas profiter d'un produit typiquement québécois
qui pourrait être à leur disposition, qui nous permettrait de
créer des "jobs" ici au Québec, qui permettrait même des
possibilités d'exportation sous différentes formes?
À ce moment-ci, je fais appel à la collaboration de tous
les organismes qui s'occupent de la faune, en faveur d'une solution rationnelle
de ces problèmes. Je demanderais au ministre de bien vouloir
déposer à la commission les nombreuses lettres d'appui qu'il a
reçues en faveur de la commercialisation de la truite mouchetée
d'élevage. On parle de la truite mouchetée d'élevage ou
domestique; il n'est pas question d'autre chose parce que, concernant la truite
arc-en-ciel, cela se fait actuellement. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Je crois qu'il y a une
correction à apporter au sujet des intervenants à la commission:
en remplacement de M. Maciocia (Viger), M. Bissonnet (Jeanne-Mance).
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Une voix: Bravo!
Le Président (M. Brouillet): Pour revenir à notre
sujet...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Brouillet): ...M. le ministre, vous avez
sûrement des questions ou des commentaires.
M. Chevrette: M. le Président, dans un premier temps, je
voudrais remercier les pisciculteurs pour leur mémoire. J'ai quelques
questions et je finirai par les commentaires, mais je vais commencer par les
questions.
D'abord, si on suit le raisonnement de votre syndicat, est-ce que je
comprends bien que le MLCP n'aurait plus de juridiction sur les poissons qui se
trouvent même dans nos plans d'eau, mais qui viendraient de vos
piscicultures?
M. Filion: Nous aimerions que, concernant la délimitation
des juridictions, le ministère de l'Agriculture et le vôtre, vous
vous rencontriez. Nous, à un moment donné, on ne sait plus
où aller. C'est tellement vrai que vous êtes pertinemment au
courant de la question des permis actuellement. (10 h 45)
M. Chevrette: Oui, je suis au courant, mais, ce que je veux vous
dire, c'est que vous semblez dissocier les juridictions. Si un pisciculteur ne
faisait que de la truite pour fins de consommation, la consommation comme telle
relève du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de la l'Alimentation, mais je
dirai que dans 98% des cas, les pisciculteurs font, à la fois, de la
vente pour fins d'ensemencement. Actuellement, vous ne pouvez pas faire de la
vente pour fins de consommation. Tant et aussi longtemps qu'un pisciculteur
ferait à la fois de la reproduction pour fins d'ensemencement et de la
reproduction pour fins de consommation - advenant la commercialisation - il est
bien évident, que vous le vouliez ou non, que c'est moi qui ai la
responsabilité de la qualité du poisson qui entre dans nos lacs
et nos rivières.
M. Filion: On est d'accord et on l'accepte, M. le ministre.
M. Chevrette: À partir de là, on se comprend. Si on
allait dans le sens de votre proposition, vous courriez après
l'émission de deux permis au lieu d'un. Vous vous plaignez
déjà de la lenteur dans l'émission des permis.
Peut-être qu'actuellement, parce qu'il y en a trop, vous vous plaignez de
la vitesse à laquelle on les émet, parce que cela va mal. Si cela
allait bien, vous vous plaindriez sans doute de la lenteur; il y aurait deux
ministères qui devraient émettre deux permis différents:
un pour l'ensemencement et un pour la consommation.
Comme vous prenez cela dans les mêmes bassins et que je suis
responsable de la qualité du poisson qui entre dans nos lacs, que vous
le vouliez ou non, j'aurais juridiction sur les bassins parce que je n'irais
pas compter les truites pour savoir lesquelles vous prendriez. Elles ne sont
pas étiquetées pour la consommation ou pour l'ensemencement.
Votre proposition à ce sujet ne m'apparaît pas claire pour le
moment. On verra ensemble comment on peut démêler cela, mais cela
ne m'apparaît pas clair. Il faudrait que ce soit d'une clarté,
d'une limpidité, si jamais vous exigiez que les juridictions soient
scindées. Il me semble que vous devriez - je vous donne une impression -
vous contenter d'un permis, c'est plus simple. La qualité de
l'alimentation ne relève pas de moi. C'est vrai que c'est à M.
Garon et au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation de faire connaître les normes qui régissent la
qualité pour le consommateur. Je resterais maître de la
qualité des poissons parce que je ne sais pas lesquels iraient à
la consommation. Je ne pense pas que vous fassiez des bassins
différents. Le jour où un grossiste va arriver pour en acheter,
il est fort probable que, s'il n'en reste plus dans le bassin de la
consommation, vous en prendrez dans le bassin de l'ensemencement, même si
vous les sépariez, et vice versa. On ne se mettra pas à jouer
à la cachette d'un bassin à l'autre.
Ceci dit, j'aurais une deuxième question. Êtes-vous certain
pour aller toujours dans le même sens...
M. Filion: Excusez-moi. Désirez-vous que je réponde
à celle-là ou bien si je prendrai les deux?
M. Chevrette: Cela s'enchaînera. Êtes-vous certain
que les poissons que vous envoyez dans le lac ne se reproduisent pas?
Êtes-vous certain que la truite produite en pisciculture ne se reproduit
pas dans nos lacs?
M. Filion: Est-ce que vous voulez...
M. Chevrette: J'ai fini. La question est claire.
M. Filion: Concernant la question de juridiction, actuellement il
y a double juridiction. Nous sommes d'accord qu'il y a des poissons qui iront
soit à l'ensemencement, soit à l'agro-alimentaire. S'ils sont
pour l'ensemencement, vous avez le devoir - non seulement le droit, mais le
devoir - d'y voir afin d'éviter la maladie ou quelque chose de
semblable. D'un autre côté, l'agro-alimentaire a le devoir aussi
de s'en occuper. Il y a nombre de choses, il y a double juridiction. C'est pour
cela qu'on est assez mal placé pour dire que l'État devrait faire
ceci, que l'État devrait faire cela. C'est pour cela que, lorsque vous
étiez venu aux Quatre-Saisons, vous avez parlé d'un comité
pour situer ces choses-là. Pour ce qui est des permis, nous ne demandons
pas deux permis. Ne serait-il pas possible, par l'entremise de la Régie
des marchés agricoles ou d'un comité, qu'il y ait collaboration -
en fin de compte, c'est le même gouvernement - pour s'entendre sur
l'émission d'un permis pour lequel il faudrait peut-être trois
permissions? L'Environnement pourrait même embarquer avec cela. Il
faudrait avoir la permission de tel endroit, tel endroit, tel endroit et
là, il y a émission de permis. Comprenez-vous? C'est de la
consultation. On est d'accord. Pas deux ou trois permis, mais un permis, c'est
suffisant. La question de votre juridiction, on est d'accord avec cela.
Maintenant, les mécanismes, nous on a hâte que ce soit
clarifié. C'est pour cela qu'on demande une clarification de ce
côté-là.
M. Chevrette: Vous aviez posé une question tantôt
sur le comité. Effectivement, il y a un débroussaillage qui est
à se faire au MLCP et au MAPAQ. Dès que le premier jet sera
lancé, vous serez formellement invités. Soyez assurés de
cela. Cela évolue. Nous, on achève nos devoirs.
M. Filion: Nous avons hâte.
M. Houde: Quand vous dites que vous avez hâte, est-ce que
c'est parce que vous ne l'avez jamais été à ce jour?
M. Chevrette: Consultés? Ils l'ont été l'an
passé, au printemps et ils le sont annuellement.
M. Houde: C'est parce qu'ils ont hâte, c'est pour cela.
M. Filion: Si vous me permettez de répondre, M. le
Président, c'est que - je ne sais pas comment le dire, répondons
pour une situation de fait, sans commentaire - nous aimerions avoir dans tous
les ministères la collaboration que nous recevons actuellement du
MLCP.
M. Chevrette: D'accord, M. Houde?
M. Houde: Non, non mais cela laissait des sous-entendus. C'est
pour cela que j'ai posé la question. J'ai la réponse.
M. Chevrette: C'est une bonne question. La question est
très bonne.
M. Houde: Cela laissait entendre que la consultation
n'était pas rapide et que cela prenait du temps à l'avoir. C'est
pour cela que j'ai posé la question pour être plus précis,
pour avoir des précisions. Continuez, monsieur.
M. Filion: Maintenant, la deuxième question,
c'était: Est-ce que nous sommes sûrs que le poisson qui est
ensemencé ne se reproduit pas naturellement ou quelque chose comme cela?
Non. Si vous le voulez, cela va dépendre des frayères. Il y a des
endroits où il peut se reproduire.
Maintenant, il y a de la place pour la recherche. Il y a des
développements de lignées, si vous le voulez. Vous, actuellement
- si vous le voulez, monsieur, vous pouvez vous faire confirmer cela par vos
officiers -vous vendez des oeufs pour l'ensemencement. Vous avez des
lignées qui sont plus rustiques, d'autres plus domestiquées.
Celles qui sont plus domestiquées vont avoir moins tendance à se
reproduire par elles-mêmes que celles qui sont plus rustiques. Qu'est-ce
qui nous dit que dans quelques années il n'y aura pas une série
de piscicultures qui vont se spécialiser dans le développement de
lignées plus rustiques pour aider à l'ensemencement et tout cela?
Il y en a d'autres qui vont être plutôt... Voyez-vous, là il
y a de la place pour la recherche. Il y a de la recherche qui se fait
actuellement. Si vous le voulez, on n'est pas capable de dire que cela ne se
reproduit pas. Il y a des endroits qui ont des problèmes avec la truite
arc-en-ciel. On n'est pas capable, sur une lignée, de dire oui ou
non.
M. Chevrette: Je vous ai posé la question pour savoir si
vous étiez certain qu'elle ne se reproduisait pas. Vous m'avez dit: On
n'est pas certain qu'elle ne se reproduise pas. À plus forte raison - je
voulais revenir à la définition que vous me suggérez parce
que vous semblez mettre une distinction ferme entre sauvage et domestique - si
on pense que la truite peut se reproduire dans certaines frayères, et
c'est vous-même qui le dites, comment puis-je faire la distinction, avec
des définitions distinctes, si je ne suis pas certain? C'est pour cela
que je vous posais la question.
M. Filion: Comme on vient de vous le dire, les
variétés domestiquées - là, j'ai un
spécialiste à côté de moi dans l'arc-en-ciel, il
pourrait peut-être répondre à cela - c'est un
problème actuellement. Je ne suis pas généticien. Cela
s'en vient certainement; les variétés de "put and take",
même dans l'ensemencement, elles ne seront probablement pas les
mêmes que celles pour ensemencer ou pour la reproduction ou pour
repeupler des lacs.
M. Chevrette: Vous parlez également dans votre
mémoire des responsabilités qui ne feraient pas partie du
protocole d'entente. Voulez-vous en préciser quelques-unes?
M. Filion: Qu'est-ce que vous dites?
M. Chevrette: D'après ce que j'ai pu comprendre dans le
mémoire qu'on lit, vous demandez que certaines responsabilités
relèvent plutôt du MAPAQ que de nous. Pouvez-vous les identifier?
Ou bien on interprète mal votre mémoire.
M. Filion: Non, c'est qu'il y a...
M. Chevrette: Non, c'est l'esprit du mémoire. Quand on lit
le mémoire, à certains moments, on est porté à
croire que vous voulez que des responsabilités relèvent
plutôt du MAPAQ que du MLCP. Est-ce que vous pourriez nous en identifier
quelques-unes?
M. Filion: D'accord. Tout ce qui regarde l'ensemencement, c'est
clair, cela relève de vous. Tout ce qui regarde les poissons qui vont
aller sur la table et qui vont sortir des postes d'éviscération
régionaux qui vont être organisés, c'est
l'agro-alimentaire. Je prends des points bien caractéristiques, si vous
voulez. C'est pour cela qu'il y a chevauchement sur les deux à un moment
donné. Je ne sais pas si l'explication vous convient.
M. Chevrette: Oui. Vous nous avez parlé tantôt de la
consultation. Effectivement, on a le rapport de la
consultation. Le chiffre de ZOO personnes que vous avancez est à
peu près le chiffre que nous avons en ce qui regarde la
commercialisation. La consultation que nous avons payée est de 7000 $,
je crois; c'est ce que nous avons déboursé pour la consultation
faite par la Fédération québécoise de la faune.
Effectivement, ce sont environ 200 personnes, mais cette consultation portait
sur trois sujets: les poissons-appâts; la commercialisation de la truite
mouchetée et le zonage intégré.
Il est bien évident qu'il faudrait peut-être situer le
cadre où nous avons fait cette consultation. D'ailleurs, le
vice-président, M. Laliberté, le disait hier: Si nous avions eu
un règlement régissant la commercialisation, les réponses
n'auraient peut-être pas été les mêmes.
Effectivement, cette consultation populaire s'est faite avec plus ou moins
d'outils, même avec des préjugés ou les mythes qu'on
connaît. Je n'avais pas lu Sélection, mais j'ai effectivement dit
qu'il y a des mythes, je suis convaincu qu'il y en a. Pour aimer la pêche
comme je l'aime, ce n'est pas parce qu'on vendrait de la truite
mouchetée chez Steinberg ou chez Métro ou au dépanneur du
coin que cela m'empêcherait d'aller à la pêche. Je ne pense
pas. C'est vraiment de vivre le voyage comme tel, tout le "thrill" que procure
le fait d'avoir un saumon au bout d'une ligne ou le fait d'avoir une belle
truite mouchetée au bout de la ligne; c'est ce qui attire l'ensemble des
pêcheurs. Je connais même des gens qui pèchent le saumon et
qui n'en mangent pas une bouchée. Je connais des gens qui pèchent
de la truite mouchetée au cours de quatre ou cinq voyages pendant
l'été et qui n'en mangent pas une bouchée et même,
au contraire, qui n'aiment pas le poisson. Je pense qu'il va falloir le dire.
Il va falloir le faire d'une façon intelligente et amener les gens qui
se battent plutôt pour le principe à plus de réalisme
à ce sujet. C'est maintenant ma conviction. D'autant plus que les gens
ne peuvent pas faire autrement qu'être contre -je les comprends - parce
qu'ils n'ont pas devant les yeux les règlements susceptibles de contrer
le braconnage.
Effectivement, dans la conjoncture actuelle, je peux vous dire que, dans
certains coins, il y a des gens qui iraient sur les frayères et qui
vendraient de la truite mouchetée à des restaurateurs et à
des hôteliers. En particulier, dans les régions assez
éloignées de nos centres urbains, je suis convaincu que cela se
ferait sur une haute échelle, si on ne réussit pas à
amender la loi, par exemple, pour l'émission des permis ou des licences
dans les restaurants et dans l'hôtellerie. Si, simultanément, dans
la loi sur l'émission des permis pour restaurants et pour hôtels,
il y avait automatiquement perte d'exploitation pendant trois mois à une
première offense et indéfiniment dans le cas d'une
deuxième, le type, avant d'acheter une truite mouchetée sur le
marché noir, y penserait parce qu'il connaîtrait la sanction.
Deuxièmement, on peut maintenant, par des produits chimiques,
savoir très facilement si c'est une truite d'élevage ou si c'est
une truite qui vient de nos lacs. Donc, il y a des mythes qu'il va falloir
dégonfler effectivement. Je suis d'accord avec vous.
De toute façon, nous poursuivons nos recherches scientifiques en
ce qui regarde notre ministère afin de bien établir non pas des
preuves, de ouï-dire, comme on le fait un peu partout, mais vraiment des
preuves scientifiques. Donc, là-dessus, nous serons certainement
prêts en temps et lieu. De toute façon, le travail continue au
ministère pour essayer de trouver des moyens de contrer ce qui nous
semble la raison fondamentale des objections, soit le braconnage. Ce n'est pas
une mince tâche parce que si, effectivement, cela laissait prise au
braconnage, cela irait à l'encontre de la loi ou de l'esprit même
de la Loi sur la conservation de la faune. Il faut absolument se
préoccuper de cette dimension avant de donner le feu vert.
Donc, vous avez remarqué que l'article 59, je crois, du projet de
loi donne ce pouvoir théorique d'une façon peut-être plus
précise, même si l'ancienne loi le donnait aussi d'une certaine
façon en faisant référence à des règlements;
l'article 59 donne cette fois-ci un pouvoir plus clair, plus précis.
C'est une réécriture, à toutes fins utiles, plus
précise du pouvoir qui existait dans l'ancienne loi. (11 heures)
Entre-temps mon ministère travaille, comme je vous l'ai dit, et
bientôt vous serez consultés formellement et officiellement.
D'ailleurs, quand le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation produira également son rapport concernant une
réglementation possible ou des moyens possibles de contrôle sur la
qualité, on pourra faire un tout, un document officiel et, à
partir de là, faire véritablement une consultation cette fois-ci
avec tous les instruments en main. Je suis convaincu que ce type de
consultation serait d'une plus grande valeur à ce moment-là que
celle qu'on a faite aux mois d'avril et mai, je suis d'accord avec vous. Non
seulement il faudrait la faire faire peut-être par un organisme, mais la
faire faire par le gouvernement, conjointement avec certains organismes et tous
les organismes impliqués. On vous impliquera non pas par la bande, mais
officiellement dans cette consultation afin de s'assurer que tous les gens qui
seront consultés aient l'ensemble du portrait et l'ensemble des
possibilités de contrôles, de directives et de règlements
entre les mains pour avoir véritablement un son de cloche
éclairé.
Je peux vous assurer, de mon côté, que le travail se fait.
Il se fait également en collaboration avec le MAPAQ qui a une autre
juridiction, mais qui travaille présentement expressément
là-dessus. Du travail s'est fait dans l'espace de quelques mois, qui
n'avait jamais été fait. Je suis convaincu qu'on s'en va vers
quelque chose de rationnel, comme je l'ai déjà dit, parce que ce
qui m'importe, ce ne sont pas des slogans en l'air, mais quelque chose
d'étanche, de prouvable et de discutable noir sur blanc au lieu de se
rattacher à des thèmes qui ne veulent rien dire et qui ne
correspondent pas à des réalités. Cela est clair. Vous
avez donc un peu l'orientation que je poursuis dans votre dossier. Je l'ai dit
à plusieurs groupes. Il y en a qui s'y opposent et qui exigent des
preuves scientifiques avant. Ils ont raison et on va leur en donner à
part cela. Si c'est le contraire, on vous le dira et, si c'est positif, on vous
le dira et vous serez très heureux sûrement.
Même ce matin avant la commission, on discutait avec notre
équipe de fonctionnaires et ils ont tous les mandats pour aller chercher
les preuves nécessaires pour ou contre, mais les preuves scientifiques.
Je pense que c'est important qu'on le fasse.
Je vous remercie, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
féliciter pour le mémoire que vous nous avez
présenté ce matin. Par contre, si je regarde le dernier
paragraphe à la page 7 de votre mémoire on y dit: "Comme le
projet de loi accorde au gouvernement un pouvoir réglementaire
très étendu et que la valeur de la loi sera fonction des
règlements qui en découleront..." Vous rejoignez un peu les
autres mémoires qui ont été déposés en
disant que le ministre s'approprie beaucoup de pouvoirs afin de les mettre en
application à un moment donné dans la loi 9. Je poursuis: "...le
Syndicat des pisciculteurs demande à être consulté lors de
l'élaboration des règlements qui s'appliqueront à
l'industrie piscicole." C'est pour cela que je vous ai demandé tout
à l'heure si vous aviez été consultés, parce que
vous laissiez entendre autre chose. Vous dites ici que vous demandez à
être consultés. Donc, je n'avais pas tort tout à l'heure
quand je vous ai demandé ce que vous vouliez dire quand vous dites que
vous aimeriez être consultés lorsqu'il y a des règlements
ou un projet de loi sur la table. Si vous l'aviez été comme dans
les années passées, vous n'auriez probablement pas indiqué
cela là. Je ne le sais pas.
M. Filion: On aurait dû mettre qu'on demande à
continuer d'être consultés. On sait que des règlements
seront très importants vis-à-vis de nous quant au contrôle
du braconnage, au contrôle de la qualité, etc. C'est normal.
Qu'arrive-t-il maintenant? Actuellement, rien ne permet de mettre en doute
cette situation. C'est bien que ce soit une situation de fait de consultation
parce que nous sommes malheureusement habitués, dans certaines
circonstances, à recevoir cela sur la tête. On se dit: Pourtant,
si on l'avait su avant, on aurait pu prévenir telle et telle situation.
On voudrait que cet esprit de collaboration, de consultation, soit un fait
acquis dans tout ce qui concerne la pisciculture. Ce n'est pas une
appréhension, mais une certitude qu'on veut avoir.
M. Houde: La commercialisation de la truite mouchetée,
est-ce que vous n'y voyez pas un danger? Tantôt, on a parlé de
braconnage et M. le ministre disait qu'il y avait des moyens pour
différencier une truite qui venait d'une pisciculture d'une truite
sauvage. Est-ce que vous avez pensé à certains contrôles
pour être capable de la contrôler, du commencement à la fin,
de À à Z, pour que vous vous ne fassiez pas jouer? C'est dans ce
sens-là. Est-ce que vous avez pensé à quelque chose
là-dessus, comme pisciculteurs?
M. Filion: M. le Président, on aime beaucoup cette
question-là. Premièrement, pour vous montrer le sérieux
des pisciculteurs - parce que, par le biais du plan conjoint, le syndicat
représente globalement tous les pisciculteurs et leurs
intérêts - en assemblée générale,
unanimement, les pisciculteurs ont voté pour que si, à un moment
donné, un pisciculteur se fait prendre, pour quelque raison que ce soit,
à mettre en marché de la truite qui ne vient pas de sa
pisciculture, c'est une cause d'annulation de son permis. Je pense que c'est
assez rare. Je me demande même si cette résolution n'avait pas
été adoptée devant M. le ministre, justement pour lui
montrer l'état d'esprit des pisciculteurs.
D'un autre côté, la truite braconnée, qu'est-ce que
c'est? C'est différentes longueurs. On voit les marques de filets. La
truite braconnée, c'est deux, trois ou quatre heures après
qu'elle va arriver. L'état de conservation n'est pas le même. De
toute façon, les pisciculteurs eux-mêmes, premièrement,
s'engagent. Deuxièmement, suivant le plan élaboré avec le
MAPAQ dans la question agro-alimentaire, ce n'est pas le pisciculteur
lui-même qui va le faire. Cela va passer par des postes
d'éviscération. Cela sera comme des abattoirs, ni plus ni
moins,
pour les poissons, avec permis fédéral et/ou
provincial.
M. Rocheleau: Pas de chicane.
M. Filion: Pas de chicane, ce matin. Cela va passer par des
postes d'éviscération et c'est tellement vrai qu'actuellement...
D'ailleurs, il y a quelques années, on a eu exactement - excusez
l'anglicisme - le même "show" pour les étangs de pêche.
C'était épouvantable si, à un moment donné, il y
avait des étangs de pêche. Il y a eu de grosses discussions; le
problème s'est solutionné et il n'y a eu aucun "come back"
après, absolument rien. Actuellement, on parle de commercialisation de
la truite mouchetée, mais la truite arc-en-ciel au Québec est
commercialisée et elle vient de chez les pisciculteurs. Même
actuellement, on attend parce que, au point de vue des postes
d'éviscération, cela va être coordonné, mais la
truite arc-en-ciel est commercialisée, celle des piscicultures. Pas de
problème, pas de "come back". On est habitué, nous, les
pisciculteurs, à un moment donné, ils montent des
éléphants, des mythes et tout cela. Le problème se
règle et, ensuite, cela va bien. Cela s'est fait en deux ou trois
étapes au Québec. Là, on est rendu à la
mouchetée.
M. Houde: Merci.
M. Filion: Je ne sais pas si cela donne satisfaction?
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Bourassa, vous demandez la parole?
M. Laplante: J'ai une courte question. Je suis sensible à
la commercialisation de la truite, mais pas de n'importe quelle façon.
Si, à un moment donné, le ministère - après ses
études terminées - de l'Agriculture ou du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche vous disait qu'il est d'accord avec cela, mais qu'il faudrait
absolument un centre unique de distribution? J'entends par là un
organisme gouvernemental. Vous auriez à produire la truite et ce serait
un même distributeur, soit l'abattoir où vous iriez faire
l'éviscération, sous le même emballage. Seriez-vous
d'accord avec cela?
M. Filion: On est parfaitement d'accord, excepté sur un
point et vous allez me comprendre. C'est qu'avec un seul centre de
distribution, la province de Québec est trop grande. Il y a le transport
des poissons qui doit se faire dans l'eau; on transportera de l'eau
inutilement. Il faudra qu'ils soient électrocutés. On parlait
tantôt des postes régionaux d'éviscération. Prenez
votre principe et appliquez-le à des postes régionaux et nous
sommes d'accord avec cela. C'est la formule qui s'en vient et on souscrit
à cette formule-là.
M. Laplante: Le braconnage, aujourd'hui, j'y crois de moins en
moins. La truite dont vous avez parlé tout à l'heure, qui se vend
6 $ ou 7 $ sur le marché noir, vient principalement de lacs
privés. Ils les sortent et cela passe sur le dos du braconnage. Ils en
font un marché noir eux mêmes parce que - dans le fond, je ne veux
pas les culpabiliser trop là-dessus - le lac est trop plein; il n'y a
pas eu assez de prises, il faut les vendre, car ils ne veulent pas les tuer
pour rien. Il y a un peu, beaucoup de braconnage qui vient de ce
côté-là aussi, qui passe comme le braconnage de nos
rivières ou de nos lacs. J'ai hâte de voir les études
terminées là-dessus. Moi et plusieurs députés
sommes sensibles à ce qu'il y ait une réglementation
sévère là-dessus.
M. Filion: M. le député de Bourassa, savez-vous
quels seront les plus gros compétiteurs aux braconneurs? Ce seront les
pisciculteurs, quand on pourra dire aux gens qu'on peut leur vendre à 4
$ la livre une truite qui correspond à toutes les normes, qui a
passé par un poste d'éviscération, tandis que maintenant
vous l'avez à 6 $ ou 7 $ la livre. Deuxièmement, avec les
pisciculteurs, vous venez d'ajouter des protecteurs bénévoles de
la faune. Vous comprenez pourquoi, parce que jusqu'à un certain point,
ils contrôleront...
D'ailleurs, comme dans tous les domaines, au moment où la boisson
a été légalisée, qu'est-il arrivé aux
États-Unis? Le "Saint-Pierre" depuis la création de la Commission
des liqueurs, il s'en passe passablement moins. Prenez l'exemple du saumon. Je
vois le ministre qui me regarde. Une des conclusions de M. Garon relativement
au saumon, c'est qu'il y a beaucoup plus de braconnage depuis que la
pêche commerciale est interdite.
M. Chevrette: On pourrait peut-être en parler. C'est la
deuxième fois que vous y faites allusion. Je pense que je vais m'ouvrir
un petit peu. Depuis le ban de 1972 dans le saumon, effectivement, on ne peut
pas dire qu'il n'y a pas eu de braconnage. C'est clair. Les plus grosses prises
sont des prises dites accidentelles. Je ne sais pas si mon ami de Gaspé
sera d'accord avec moi. Il ne le sera sûrement pas, mais quelqu'un qui a
un permis de morue, qui ne baisse pas son filet à la hauteur
mentionnée et qui revient au quai avec trois ou quatre morues et 25
saumons, c'est du braconnage sur une haute échelle. Je peux vous dire
que ce n'est pas un cadeau. La baisse de la population de saumon n'est pas
exclusivement due au braconnage. Je pense que le principal facteur - je
pense
que M. Garon est d'accord avec moi - ce sont vraiment les interceptions
de Terre-Neuve qui sont passées de 33% à 57%, parce qu'on paie
des étiquettes 3 $ l'étiquette. Il s'agirait d'une
décision assez mineure à prendre. Ce serait de retarder la
pêche d'une quinzaine de jours à Terre-Neuve pour permettre
à un nombre suffisant de géniteurs de passer et de venir se
reproduire dans nos rivières. Nous sommes sur le même pied que le
Nouveau-Brunswick. Le Nouvead-Brunswick subit les mêmes
conséquences que nous. Nous nous sommes rencontrés la semaine
dernière, M. Merrithew, M. Gauvin, M. Garon et moi-même. Nous
rencontrerons les Terre-Neuviens à la mi-septembre pour essayer
d'arriver à une entente. Si jamais cela devait échouer c'est,
bien sûr, M. De Bané qui devra trancher parce que c'est lui qui a
la responsabilité. On est à préparer nos positions
communes. Nous nous sommes entendus sur des positions communes entre le
Nouveau-Brunswick et le Québec. On est dans le même corridor. On
espère avoir des solutions en ce qui regarde le saumon. (11 h 15)
Pour revenir à la truite mouchetée, le
député de Berthier a tenté, tantôt, de vous faire
dire que vous étiez contre la surréglementation. Votre
mémoire tel que libellé dit: Nous sommes d'accord que vous
fassiez des règlements, mais à la condition que vous nous
consultiez. C'est un peu différent de qu'il a posé comme question
ou qu'il a essayé de tenter d'insinuer. Je voulais faire la mise au
point parce que j'ai lu votre mémoire à plusieurs reprises.
Je veux vous dire que, lorsque vous recevrez les premiers projets de
réglementation, vous serez consultés. J'ose espérer que
vous aurez la même ouverture d'esprit que vous avez eue depuis qu'on se
rencontre pour qu'on puisse arriver à quelque chose de valable avec les
résultats des études que nous pourrons produire également
lors de ces consultations. Je ne peux que nous souhaiter bonne chance dans tout
cela, en espérant que cela se fera d'une façon rationnelle, non
émotive et non basée sur des slogans et des mythes, mais sur des
réalités. Il faut bien se dire qu'un même pisciculteur
produit, à la fois, de la mouchetée et de l'arc-en-ciel. Il
commercialise la truite arc-en-ciel. Dans les mêmes bassins, bien souvent
des bassins adjacents de même qualité il ne peut vendre pour fins
de consommation, la truite mouchetée, alors qu'on importe des tonnes et
des tonnes de truites d'ailleurs, tandis qu'on a des possibilités ici.
Si c'est le braconnage qu'on craint, il me semble que nous sommes tous assez
imaginatifs, que ce soit l'Opposition ou le pouvoir ou les associations, pour
trouver des moyens intelligents, de contrer les différentes lacunes.
C'est dans ce sens-là, en tout cas, qu'on travaille au ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je vous félicite d'avoir
produit votre mémoire. Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull aimerait intervenir.
M. Rocheleau: M. le Président, je vous remercie. J'ai
peut-être des opinions partagées là-dessus. Je tiens
à féliciter le Syndicat des pisciculteurs du Québec pour
son mémoire, plus particulièrement pour l'intervention au niveau
de la commercialisation de la truite mouchetée. Je me classe aussi dans
le groupe des pêcheurs sportifs du Québec. Je vous avoue que je
n'aime pas tellement manger le poisson, mais j'aime le pêcher. C'est bien
évident que si, demain, la truite mouchetée est
commercialisée, cela ne m'empêcherait sûrement pas d'aller
à la pêche et je n'irais pas davantage en acheter.
Au niveau du braconnage, je pense que cela pourrait, d'une part,
possiblement le modérer ou le diminuer sans pour autant
l'éliminer complètement. Le braconnage n'a pas été
inventé dans les dix dernières années. Cela existe depuis
qu'il y a des règlements et des lois. Avant qu'il y ait des lois et
règlements, cela n'existait pas parce que tout le monde faisait à
peu près ce qu'il voulait jusqu'à ce qu'on réglemente. Au
niveau de la commercialisation, je pense, au contraire, qu'il faut tenir compte
de cette nouvelle industrie issue des pisciculteurs. Il y a déjà
une commercialisation qui se fait de la truite arc-en-ciel. Je pense que, si on
avait une certaine forme de réglementation, cela pourrait favoriser un
produit du Québec sur le marché québécois. D'autre
part, je pense que c'est peut-être un mythe de vouloir l'éviter ou
l'empêcher et je ne vois pas en quoi cela pourrait faire du tort aux
pourvoyeurs, aux ZEC ou à tous ceux qui font de la pêche et de la
chasse sportive en l'occurrence.
Par contre, vous avez mentionné tantôt le chevauchement
entre différents ministères. Vous avez eu une certaine
collaboration du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
depuis la venue du nouveau ministre, M. Chevrette, plus
particulièrement. Cela laisse entendre qu'il y a moins de collaboration
de la part d'autres ministères. Nous l'avons constaté à
plusieurs reprises. Nous sommes heureux du fait que, avec un nouveau ministre
souvent il y a un élan de consultation; cela évite de se faire
imposer trop rapidement des choses qu'on ne veut pas. Tout nouveau ministre
apprend de cette façon-là, habituellement. Il faut que ceux qui
ont à en profiter le fassent pendant que cela passe. C'est pour cela que
le nouveau ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche va demeurer
nouveau parce que sa fin est proche. De ce côté-là, je
pense qu'il n'y
a pas de crainte. J'ose souhaiter que, dans les mémoires que nous
prenons en considération au cours de ces deux journées,
finalement, la loi nous arrive sur la table en deuxième lecture et en
commission parlementaire pour qu'on puisse la traiter article par article.
Par contre, il y a une question que j'aimerais vous poser. Je sais que
vous êtes parmi les catégories de ceux qui vont subir les effets
de la loi. Quant aux infractions, je m'aperçois que le montant des
amendes a été sensiblement augmenté. Nous l'avions
même recommandé, l'an passé, en commission parlementaire.
Je m'aperçois aussi qu'on a enlevé le choix entre le paiement de
l'amende et la prison. Il n'y a plus de peine de prison. Indépendamment
du fait qu'il y ait une amende augmentée, pour quelqu'un qui ne peut pas
payer l'amende parce qu'il n'a pas d'argent ou parce qu'il est
bénéficiaire de l'aide sociale ou qu'il est chômeur ou
qu'il ne possède pas ce montant, considérez-vous que le fait
d'avoir éliminé ce choix peut favoriser davantage toute forme de
braconnage? J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
M. Filion: Disons que nous n'avons pas étudié cet
aspect, M. le député de Hull. Ce que je puis vous dire, c'est que
nous sommes favorables à de très fortes amendes concernant le
braconnage. Nous voulons tellement éviter le braconnage, nous voulons
tellement collaborer avec qui que ce soit là-dessus que nous sommes
favorables à de très fortes amendes et peut-être même
à augmenter celles qui sont là parce qu'on ne les trouve pas
exorbitantes. Quant à la question de la prison dans tout cela, nous ne
l'avons pas étudiée. Je n'ai pas, non plus, ce qu'il faut
aujourd'hui; c'est pourquoi je peux difficilement répondre à
votre question, M. le député de Hull. Toutefois, il y a quelque
chose que vous avez souligné; peut-être pas pour la même
considération dont vous avez parlé, on aimerait beaucoup avoir
les règlements qui s'appliquent à cela le plus tôt
possible.
M. Chevrette: Je pourrais peut-être répondre.
M. Rocheleau: Juste avant, pour compléter. Je
souhaiterais, moi aussi, une décision le plus rapidement possible,
qu'elle soit positive ou négative. Depuis le temps que vous faites des
interventions dans le but de favoriser la commercialisation de la truite
mouchetée, je pense qu'il serait temps qu'on vous donne une
réponse. Qu'on fasse les études, qu'on fasse les enquêtes,
qu'on aille aussi loin éventuellement que de faire des autopsies sur les
poissons pour savoir si c'est un poisson de frayère ou si c'est un
poisson de lac ou si c'est un poisson d'élevage pour la
commercialisation, je pense qu'on peut faire tout cela avec les moyens qu'on a
aujourd'hui. Je pense aussi qu'on est rendu au point où cela prend une
décision.
Les piscicultures au Québec peuvent devenir une industrie
prometteuse. Elles peuvent être un apport intéressant à la
création d'emplois, d'autant plus que, depuis quelques années,
les sportifs sont quand même favorisés par la pêche dans les
étangs. Je pense que cela n'a pas nui du tout aux ZEC ou à la
pêche dans les lacs et même aux pourvoyeurs. Au contraire, c'est
une forme d'éducation pour les jeunes qui accompagnent bien souvent
leurs parents pendant les fins de semaine; ils vont pêcher quelques
petits poissons et retournent à la maison. Cela crée une certaine
habitude d'aimer cette forme de sport.
Pour ma part, je souhaiterais que le gouvernement plus
particulièrement que les ministères puissent, d'ici quelques
mois, se brancher de sorte qu'ils puissent dire s'il y a des moyens de
favoriser cela avec une réglementation appropriée. Nous allons
sûrement souscrire à toute forme d'amélioration dans le but
de favoriser non seulement l'industrie et la création d'emplois, mais
aussi la satisfaction du public en général. Ce n'est pas tout le
monde qui aime pêcher le poisson; il y a peut-être bien plus de
monde qui. aime le manger. Le fait d'avoir sur le menu dans les restaurants
diverses sortes de poisson devrait d'autant plus favoriser l'expansion dans ce
domaine-là.
Le ministre avait peut-être certains commentaires, mais il
pourrait peut-être me faire ses commentaires sur un autre point en
même temps. Concernant, justement, la question des infractions, M. le
ministre, apparemment certains de vos collègues ont été
pris en flagrant délit il y a quelque temps; je ne sais pas s'ils sont
partenaires ou partie... Je ne sais pas si la question avait été
analysée, étudiée ou considérée avant. Je
sais, d'autre part, que certains de vos collègues ou de vos
ex-collègues n'aiment pas la prison plus qu'il ne le faut parce qu'ils
essaient d'en sortir le plus rapidement possible. Je voudrais que l'on tienne
compte du fait qu'il y a quand même cette possibilité. Quand on
voit des amendes qui peuvent aller jusqu'à quelques milliers de dollars,
ce n'est pas tout le monde qui a quelques mille dollars à donner. Ils
préféreraient peut-être avoir 30, 60 ou 90 jours de prison
sans pour autant aller à deux ans moins un jour. Il n'en demeure pas
moins qu'il y a une question de choix. Quelqu'un qui ne peut pas, est-ce qu'il
peut récidiver tant et aussi longtemps qu'il le veut sans pour autant
n'avoir jamais d'amende à payer s'il n'a pas d'argent?
Il n'y a pas de travaux forcés, ni de travaux communautaires qui
sont imposés. Si encore il y avait cela, ce serait une forme
d'obligation pour celui qui n'a pas d'argent. Il devrait faire des
travaux communautaires pendant tant de semaines ou tant de mois, d'une
façon bénévole, soit pour une municipalité ou pour
un organisme communautaire quelconque et cela pourrait lui permettre en
même temps de purger sa peine un peu.
J'étais un de ceux qui, l'an passé, trouvaient ridicule le
montant des amendes que les juges imposaient. C'était pratiquement rire
de la réglementation de payer 25 $, 30 $ ou 40 $. C'était
ridicule. Il fallait même aller plus loin, comme au retrait du permis.
Peut-être que le ministre a certaines informations à nous
communiquer là-dessus. Si je m'en tiens uniquement au projet de loi, on
pourra revenir article par article, mais je serais quand même
intéressé à avoir certains commentaires de la part du
ministre.
M. Chevrette: Les amendes pour l'achat et la vente sont de 1000 $
à 3000 $ dans le nouveau projet de loi. Pourquoi le mot "emprisonnement"
n'est-il plus là? C'est purement et simplement parce que la Loi sur les
poursuites sommaires a été modifiée et elle
prévoit, d'abord, le jugement pour l'amende. Si l'individu ne paie pas,
il y a la possibilité de saisie selon la Loi sur les poursuites
sommaires. S'il n'a pas de biens pour garantir son amende, il peut être
condamné à des travaux communautaires et, s'il refuse de
s'exécuter, c'est la prison. C'est prévu purement et simplement
dans la Loi sur les poursuites sommaires. C'est pourquoi ce n'est pas dans la
loi. La loi prévoit l'amende et c'est ensuite l'exécution par le
tribunal. Donc, ce n'est pas du tout une question de l'avoir enlevé pour
le plaisir de l'enlever; c'est parce que c'était déjà
couvert par la Loi sur les poursuites sommaires. Voilà pour le premier
point.
Quant au deuxième point, vous avez fait des allusions. Vous me
permettrez de faire des commentaires, puisque vous avez parlé des
ministres qui auraient été pris en flagrant délit. C'est
faux. Je suis obligé de vous dire que c'est faux. Je comprends qu'on
aurait aimé qu'ils soient pris, mais c'est faux. J'ai personnellement
déclenché l'enquête vers la fin de novembre à la
suite de rumeurs. Anticosti: Nous avons pris deux de nos meilleurs
enquêteurs qui ont interviewé près de 100 personnes sur 302
clients. À peine quelques-uns... Quand tu as dans une pourvoirie, c'est
bien évident que tu paies 1000 $ ou 1200 $, tu embarques dans le camion,
le chauffeur te débarque là et il dit: Je te reprends à
midi ou je te reprends le soir. La majorité des clients ne sait
même pas à combien de milles du territoire elle se trouve et seuls
ceux qui le savaient expressément et étaient conscients et ceux
qui étaient carrément hors la loi ont été
poursuivis. Cela aurait peut-être été le "fun" d'avoir un
ministre sous la dent, mais je ne poursuivrai pas un ministre qui n'est pas en
tort dans le seul but de faire plaisir à du monde. Cela ne
m'intéresse pas. (11 h 30)
Ce qu'il y a de plus drôle dans cela, c'est que j'ai même
envoyé à cette même pourvoirie - je ne sais pas s'il y est
allé ou s'il va y aller - un de vos collègues libéraux, le
député de Richmond. Je ne savais pas qu'il y avait un
système, je ne le sais pas encore, car je ne peux pas présumer du
procès, au moment où on se parle. Je l'ai même
recommandée à un de vos collègues à
l'Assemblée nationale qui se cherchait une pourvoirie pour aller au
chevreuil... Je lui ai dit: II y en a deux sur l'île, il y a Nemrotour et
il y Aquila. Comme par hasard, au moment où votre collègue me
demandait cela, le président de Nemrotour passait. Il est allé
dans le bureau de Denis Perron pour prendre un rendez-vous. On ne peut pas
présumer, tant que le tribunal... De toute façon, moi, je ne
présumerai pas. Il y a 15 chefs d'accusation sur la table, de quatre
natures: falsification de permis, vente de chair, consommation de chair et
chasse hors territoire. Je pense que ce sont les quatre natures des chefs
d'accusation sur quinze, dont huit personnes physiques et une personne
morale.
Le rapport de l'enquête m'est arrivé le 25 mai et, le 26
mai, personnellement, j'ai lu le rapport et j'ai écrit à mon
sous-ministre la lettre suivante: "J'ai pris connaissance du dossier que vous
m'avez transmis relativement à la pourvoirie Nemrotour Inc.,
constitué de l'avis juridique de Me Lemieux, ainsi que du rapport
intitulé Synthèse des éléments relatifs au dossier
Nemrotour. Je n'ai aucun commentaire à formuler ni d'autre
recommandation que celui ou celle qui nous sont formulés à la
fois par Me Lemieux et nos fonctionnaires. Dans les circonstances, le
ministère de la Justice fera ce qu'il est de son devoir de faire et, en
ce qui nous concerne, sur le plan administratif, nous poserons les gestes qui
s'imposent à court et à moyen termes. Je vous demande, bien
entendu, de faire diligence dans le dossier, compte tenu de la saison
d'opération qui approche. Veuillez agréer, M. le sous-ministre,
l'expression de mes sentiments les meilleurs."
Moi, j'ai fait déclencher l'enquête, j'ai reçu le
rapport avec des recommandations. Je n'ai rien à ajouter. D'abord, on ne
peut pas savoir ce qui se passe là. Je fais confiance aux
enquêteurs qui ont fait enquête et j'ai demandé de donner
suite. C'est tout ce qui est arrivé. Je ne poursuivrai pas sur les
rumeurs et je ne descendrai pas quelqu'un à partir de rumeurs. Vous
pouvez faire allusion à des collègues qui sont passés ici
et qui ont eu des
condamnations. Il y en a eu des deux côtés de la Chambre,
des individus qui ont eu des condamnations sur certaines choses. Il y en a
d'autres, à d'autres paliers de gouvernement qui ont falsifié des
signatures et qui n'ont pas fait de prison, dans des cas bien précis, de
sorte que je n'embarquerai pas dans ce jeu, ce matin.
M. Rocheleau: M. le Président, ce n'est pas une question
de faire embarquer le ministre dans ce jeu-là. C'est le ministre
lui-même qui, hier, tentait d'apporter cela dans la discussion...Il a
même fait une déclaration hier à Radio-Canada...
M. Chevrette: Sur Nemrotour.
M. Rocheleau: ...sur Nemrotour, oui et particulièrement en
ce qui concerne le président de la Fédération
québécoise de la faune. Est-ce qu'il y a seulement le
président de la Fédération de la faune qui est
impliqué ou s'il y avait d'autres personnes également
impliquées? Il reste quand même une chose, M. le ministre,
c'est...
M. Chevrette: II y a huit personnes qui sont poursuivies.
M. Rocheleau: ...qu'on a pris connaissance du fait qu'il y avait
de vos collègues ministres qui étaient impliqués, qui sont
allés à la pêche.
M. Chevrette: Impliqués et être allés
à la pêche, c'est différent, M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Oui, mais...
M. Chevrette: Je vous ai dit moi-même que j'ai
envoyé un de vos collègues s'inscrire pour la chasse. Sur une
île, il n'y a pas une plaque tous les dix pieds pour savoir s'il a
dépassé la borne ou non. Dans certains cas, ce n'est qu'une
"trail", en bon québécois. Après en avoir passé
treize, si c'est écrit quatorze dans le devis technique, le gars qui
s'en va en camion ne le sait pas.
M. Rocheleau: Mais, est-ce que c'est au ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche de dire que quelqu'un est responsable ou qu'il
n'est pas responsable, s'il a vu ou s'il n'a pas vu les écriteaux ou les
affiches?
M. Chevrette: Non.
M. Rocheleau: C'est peut-être justement une des preuves qui
font qu'au point de vue de certains règlements qui existent... Je
n'interprète pas cela comme une forme de braconnage.
M. Chevrette: Non, ce n'est vraiment pas au ministre. Il y a des
enquêteurs pour s'enquérir des faits.
M. Rocheleau: Bon.
M. Chevrette: Ils se sont enquis, ils m'ont donné un
rapport et je viens de vous lire la lettre que j'ai envoyée. Moi, je
n'ai rien ajouté, je n'ai rien soustrait. De plus, ce n'est même
pas moi qui poursuis, entre vous et moi. Le rapport, je l'achemine au
ministère de la Justice qui, lui, fait l'analyse de la preuve et dit: On
a une preuve solide pour huit gars; on n'a pas une preuve solide pour ces trois
ou ces quatre-là. C'est de cette façon que cela fonctionne. Ce
n'est même pas moi. Je ne sais même pas les noms, sauf deux qu'ils
ont criés à la radio. Autrement, je ne saurais même pas les
noms de ceux qui sont poursuivis. Je ne cours pas après cela. Ce n'est
pas à moi de faire l'analyse de la validité d'une preuve pour
fins de poursuite. J'ai la responsabilité de faire faire l'enquête
et, après avoir fait faire l'enquête c'est au ministère de
la Justice de poursuivre. C'est normal que le contentieux analyse - parce qu'on
ne va pas en cour pour le plaisir d'aller en cour - la validité de la
preuve. Je comprends que c'est croustillant d'avoir eu un ministre sous la
dent, mais un ministre qui va à la pêche ou qui va à la
chasse ou un député de l'Opposition qui va à la chasse ou
à la pêche n'est pas nécessairement impliqué dans
l'illégalité parce qu'il va à la chasse ou à la
pêche. Bien sûr que c'est croustillant pour les nouvelles de
vacances parce que des fois on en manque. On lit les journaux de fin de semaine
et on dirait qu'ils ont été écrits le mardi. C'est bien
évident. Mais de là à dire n'importe quoi à partir
de rumeurs, je pense bien que vous non plus vous ne marcheriez pas dans
cela.
M. Rocheleau: M. le Président, j'espère que le
ministre ne fait pas allusion au fait que, s'il manquait des nouvelles au cours
de l'été, cela a été fomenté par les
libéraux. S'il y a eu des infractions...
M. Chevrette: Je n'ai pas dit cela du tout.
M. Rocheleau: Non, mais vous laissez entendre que ce n'est
sûrement pas vous.
M. Laplante: Cela ne me surprendrait pas.
M. Rocheleau: Tantôt, vous avez mentionné que des
deux côtés de la Chambre il y avait eu des gens ou peut-être
des députés qui avaient déjà été
arrêtés pour des infractions et qui avaient déjà
fait du temps. Je vous avoue - je ne sais pas si vous me
visez - que je suis déjà allé en prison, j'ai fait
mon temps. Je n'ai pas été en appel pour demander d'être
remis en liberté. J'avais du temps à faire, je l'ai fait.
M. Chevrette: Je ne le savais même pas.
M. Rocheleau: J'ai défendu le fait français dans la
région de la capitale nationale. J'ai eu une infraction de vitesse;
j'avais le choix entre payer 63 $ ou faire trois jours de prison. J'ai fait les
trois jours de prison pour démontrer que le ridicule cela ne tue pas,
mais c'est proche. Il reste que j'ai fait mon temps et que je n'ai pas
été en appel pour me faire sortir de là, au contraire. Si
vous me visez, cela ne me fait rien de le dire parce que j'ai été
bien heureux du geste que j'ai posé dans le temps; je le reposerais
aujourd'hui si cela n'avait pas été corrigé.
M. Chevrette: M. le député de Hull, je
m'excuse.
M. Rocheleau: Maintenant, la province d'Ontario - laissez-moi
finir - a compris qu'en Ontario il y a des francophones et qu'au Canada le
bilinguisme est censé se multiplier et donner les services dans les deux
langues. Cela se fait maintenant. Si cela a servi, tant mieux. On a
apporté certains correctifs. Je ne connais pas tellement de
péquistes qui l'ont fait. Je suis encore libéral et je l'ai fait.
On n'a pas besoin d'être séparatiste pour faire cela.
Il reste quand même une chose, M. le ministre, là-dedans.
Ce n'est pas une question de charrier, c'est une question de s'en tenir au
règlement. Je me suis aperçu hier, dans les propos qui ont
été tenus entre vous et l'ex-président de la
Fédération québécoise de la faune, M.
Laliberté, qu'il y avait une forme d'arrogance peut-être de part
et d'autre, que vous avez sûrement encouragée. Vous êtes
même allé aussi loin que de traiter M. Laliberté de
menteur. Je pense que cela a fait les manchettes de ce matin; on a lu cela dans
les journaux. Vous sembliez vouloir faire allusion au président et
discréditer cette fédération parce que le président
a actuellement des démêlés avec la justice. Il y aura
sûrement une enquête ou une procédure quelconque qui sera
entendue au mois d'octobre.
Je trouve malheureux qu'on ait tenté hier de discréditer
une association qui regroupe 200 000 membres au Québec, où
n'importe qui peut commettre une erreur, être dans
l'illégalité. C'est la cour qui le déterminera. J'ai
trouvé votre attitude fort négative hier et je tiens à le
souligner. Si vous avez de vos collègues qui ont été
impliqués, je ne sais pas s'il y a des procédures qui ont
été prises contre eux. On n'en a pas su plus et je n'ai pas
l'intention d'en faire un plat, mais tout le monde l'a lu. Je pense qu'à
un moment donné le ministre du Loisir de la Chasse et de la Pêche
peut sûrement éclairer la commission par les questions qui sont
posées. Sans en faire un plat, s'il y a eu des infractions commises, ils
seront jugés en temps opportun. À ce que je sache, ce n'est pas
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui est le ministre de
la Justice. Ce n'est pas lui non plus qui doit dire à la
Sûreté du Québec de quelle façon faire son
enquête.
M. Chevrette: Tout d'abord, je vais reprendre certains faits. Je
pense que cela mérite des clarifications. J'ai personnellement appris
que des ministres étaient clients lorsque cela est sorti dans les
journaux, car je ne le savais même pas. Je ne peux pas savoir les noms de
tous les clients des pourvoyeurs du Québec. Je ne savais même pas
qu'il y avait des ministres qui étaient allés là. Donc,
j'en suis fort aise. C'est moi qui ai déclenché l'enquête.
Je peux vous dire que j'avais des témoins comme André Magny,
Mireille Lafleur, Pierre Choquette, Pierre Lefrançois, Jean-Noël de
Tilly qui sont soit des sous-ministres, des adjoints ou des attachés
politiques. Quand on a déclenché l'enquête, c'est à
partir de rumeurs qui se faisaient persistantes. Il y avait plus ou moins de
faits, cependant. On ne déclenche pas, non plus, des enquêtes sans
avoir un minimum de faits, car cela a l'air fou.
Le rapport m'a été remis le 25 mai; le 26 mai, j'ai
donné ordre de faire diligence et de poursuivre tout ce qui était
poursuivable. Comme vous venez de le dire, ce n'est pas moi qui poursuis. Les
procureurs nous disent: Cette preuve est solide, l'autre n'est pas solide,
l'autre est très peu solide. Il y en a qui ont dit: II y a deux
biologistes qui ne l'ont pas été. Je ne sais pas pourquoi. Ils
ont jugé que la preuve n'était pas suffisamment forte, je ne le
sais pas. Ce n'est pas à moi de décider pourquoi ou pas. Je n'ai
pas à faire ce travail.
Il y a des gens qui étaient impliqués, il y a le
président de Nemrotour, il y a des guides. Il y a des concurrents de
Nemrotour, soit la pourvoierie d'à côté, Aquila; les deux
qui ont signé des affidavits disant qu'ils avaient chassé hors
territoire sont effectivement poursuivis. Je n'ai pas à présumer
s'ils gagneront ou s'ils perdront. C'est en cour qu'ils le sauront. Je ne le
sais pas. Je vous ai donné la nature des chefs d'accusation.
Pour revenir à l'agressivité que j'avais hier, je vais
l'expliquer purement et simplement. Quand on lit le mémoire de novembre,
on répond à la lettre à 98% des demandes et que cette
même fédération se présente en commission
parlementaire après
avoir dit, en conférence de presse à la question d'un
journaliste: D'après vous, est-ce que ce serait lié au
phénomène d'Anticosti, ce n'est sûrement pas relié;
si cela chauffe trop dans l'affaire d'Anticosti, on sortira d'autre chose - ces
formes de chantage sont sorties même dans les commentaires du journaliste
Rosa, de TVA, que j'ai écoutés personnellement - on en me fera
pas croire que c'est une attitude positive, constructive de
représentants d'amants de la nature et de la faune qui se
présentent pour faire retirer un projet de loi, quand on a obtenu
satisfaction à 98%. Il y a, tout au moins, de l'incohérence. Si
on répond à la demande d'urgence, par exemple, en ce qui regarde
les habitats fauniques, qu'on donne à la lettre satisfaction à un
tel organisme et qu'il trouve le moyen d'arriver avec une attitude, un
mémoire politique partisan pur et simple, je n'accepterai pas cela. Je
suis assez franc et assez honnête, quand je ne suis pas d'accord, pour le
dire.
Quant au ton, chacun a le sien, selon son tempérament. Je peux
concevoir que le député de Hull peut être toujours calme.
Je peux concevoir qu'un autre député soit toujours nerveux. Je
peux concevoir qu'il y a d'autres députés qui sont agressifs de
nature. Cela me passe sur le dos comme l'eau sur le dos d'un canard. Chacun a
son style et je respecte cela.
Ce n'est pas parce que tu es ministre et que tu dois jouer la carte de
la partisanerie politique qu'il faut laisser dire n'importe quoi en commission
parlementaire par n'importe qui, surtout quand on ment effrontément
à la commission. Quand on lit les mémoires des mêmes
groupes, des mêmes individus, on ne peut pas laisser passer cela; sinon,
je vous avoue très honnêtement que l'on ne fait pas preuve qu'on
est des personnes qui ont une colonne vertébrale.
L'incohérence manifestée par la fédération
québécoise, hier, était flagrante. Vous l'avez lu, le
mémoire de novembre, tout comme moi. Je comprends que, par le jeu de
l'Opposition, vous n'êtes pas obligés de dire qu'ils sont
incohérents. Vous pouvez leur taper dans le dos parce qu'ils nous
descendent. Ce n'est pas moi qui dois essayer de les flatter pour leur dire:
Mon Dieu, que vous êtes cohérents, messieurs, alors qu'on
répond à 98% des demandes! Je serais un menteur si je leur avais
dit que leur mémoire était cohérent. Je pense que j'ai dit
la vérité en ce qui me concerne. Ce n'est pas parce qu'un
individu va être offusqué qu'un ministre dise la
vérité qu'on doit continuer à perpétuer ce vieux
maudit régime politique pour flatter tout le monde pour ne pas dire ce
qu'on pense et ne pas constater les faits de visu. Je ne suis pas de cet acabit
politique et je ne veux jamais l'être, que cela me nuise ou non. Je veux
être franc avec n'importe qui. Je vais leur dire ce que je pense, que
cela rapporte ou non politiquement. Cela dit, je digère mal
l'incohérence d'un groupe, surtout quand on lui donne toutes les
facilités et qu'on le consulte d'une façon systématique,
qui vient nous dire qu'on ne le consulte pas. Il y a des limites. On peut
laisser passer des choses, mais pas des grossièretés. C'est dans
ce sens-là. (11 h 45)
En ce qui regarde l'attaque que vous avez cru destinée vers vous,
je m'en excuse. Je ne le savais même pas. L'avoir su, je me serais
abstenu d'y faire allusion. Cela ne vous était pas du tout
destiné. C'est ce qui s'est passé dans un autre Parlement et
c'est ce qui s'est passé également pour d'autres individus dans
ce Parlement-ci, mais cela ne vous touchait pas du tout. Je m'en excuse
profondément parce que, l'avoir su, je me serais abstenu. Même si
cela avait été de quelque nature que ce soit, je ne joue pas ces
"games-là". Est-ce clair? Il y a de vos collègues qui peuvent
vous dire que ce que je vous dis est vrai. Je ne joue pas ces
"games-là".
Donc, pour terminer sur l'affaire d'Anticosti, la justice suit son
cours. Effectivement, il y a un de mes fonctionnaires qui a rapporté des
faussetés à la réunion de la fédération
québécoise. Il est allé dire qu'on s'apprêtait
à retirer 13 chefs d'accusation sur 15. Il disait détenir un
communiqué de presse à cet effet, alors que c'était
complètement faux. Encore là, j'ai appris par le journal qu'un de
mes fonctionnaires avait induit l'assemblée en erreur. Nous avons
vérifié auprès du fonctionnaire et, effectivement, il a
admis à mon secrétaire du ministère, M. Camille Genest,
qu'il avait erré. Comme je n'ai rien à cacher dans cela, j'ai dit
que c'était même le sous-chef du poste de Saint-Michel-des-Saints.
Il ne me sert à rien de cacher les choses. Elles vont sortir de toute
façon. Un gars qui se trompe, il se trompe. Il en subira les
conséquences. Il est assez adulte pour cela. Il est assez vieux pour
cela. Il doit savoir ce qu'il fait. Un gars qui est rendu sous-chef doit savoir
que, s'il va dire des conneries quelque part, cela va lui rabattre dans la face
à un moment donné. C'est la réalité. Je ne
couvrirai personne. Ma lettre du 26 mai le prouve. Je n'ai l'intention de
couvrir personne. À l'époque, je ne savais même pas qui
était le client de ce gars-là. Donc, pattes blanches,
archiblanches.
Le Président (M. Brouillet): II y avait Mme la
députée de Chomedey qui avait demandé la parole.
Mme Bacon: On peut parler sur d'autres sujets, M. le
Président?
Le Président (M. Brouillet): Ah oui!
M. Rocheleau: Avant de donner la parole à ma
collègue, j'aurais seulement une précision additionnelle à
souligner, si vous me le permettez, M. le Président. Cela tient compte
du même phénomène. Je considère qu'on en a
peut-être fait un plat et ce n'est pas nous qui l'avons fait. Mais je
voudrais profiter de cette occasion pour vous dire que, le 6 août 1983,
j'aurais commis une infraction dans laquelle j'ai été
impliqué par des agents de conservation, alors que je pêchais dans
une ZEC sans avoir de carte de ZEC. C'est la ZEC Saint-Patrick, dans
l'Outaouais, dont on aurait étendu le territoire jusqu'à certains
lacs qui n'appartenaient pas à la ZEC Saint-Patrick, l'an passé,
ni à l'automne, ni tôt au printemps. Il n'y avait pas
d'identification jusqu'à il y a quelques semaines. Je suis allé
pêcher dans ce lac. Je n'ai pas braconné. Je n'avais pas de prise
au-dessus de ce qui était permis, d'autant plus que cela ne mordait pas
ce jour-là.
Par contre, l'agent de conservation, qui a dû faire environ 50
milles pour venir sur ce lac pour me dire que je pêchais sur le
territoire d'une ZEC, m'a demandé si j'avais ma carte. J'avais
payé pour avoir une carte temporaire pour une journée. J'aurais
peut-être eu à faire un détour d'environ 150 milles pour
aller à la ZEC de Saint-Patrick et chercher cette carte. Il n'y avait
pas de disponibilité. Je me propose, si j'ai à y retourner, de me
procurer une carte d'autant plus que j'ai l'intention d'y retourner dans une
semaine. Je devrai faire parvenir un chèque, j'imagine, à une
adresse qu'on m'a remise afin d'avoir la permission de pêcher pendant une
journée avec un ou deux de mes amis avec lesquels j'irai.
J'ai quand même trouvé cela un peu curieux. Je ne veux pas
imputer cela à la politique ou à quoi que ce soit, remarquez
bien. Si j'ai commis une infraction et si on considère que j'ai commis
une infraction et qu'on a à me pénaliser, on m'imposera
sûrement une amende qui sera d'un montant fixé ou
déterminé d'avance. Si j'ai commis une infraction, je me dis que
je suis supposé connaître toutes les lois. Je pense qu'on ne peut
pas plaider ignorance à un règlement ou à une loi qui
existe. Je ne pourrai sûrement pas plaider ignorance, d'autant plus que
je suis parmi ceux qui font les lois ou qui ont à
légiférer.
Hier, je demandais au ministre de quelle façon, quand on
permettait l'agrandissement d'une ZEC, la population pouvait le savoir. Est-ce
que c'est par arrêté en conseil? Est-ce que c'est par
décret? À ce moment-là, est-ce que des avis devaient
être donnés au préalable pour éviter aux gens qui
font peut-être 200 milles de se réveiller sur le bord d'un lac et
de se faire dire: C'est maintenant une ZEC. Je pense que cela fait aussi partie
de la réglementation. Je n'ai pas à cacher cela parce qu'en toute
conscience je me sens tout à fait non coupable d'une telle offense, si
offense il y a, et s'il y a offense je me plierai aux exigences que cela
comporte.
Je trouve quand même que, si on tente de dire qu'il y a du
charriage, on veut peut-être le continuer et profiter de l'occasion pour
justement essayer de pincer des gens de l'Opposition afin de dire: Ce n'est pas
mieux, ils ont fait la même chose. Je voulais simplement souligner cela,
M. le ministre, parce que tout se sait, vous le savez. Si cela ne se sait pas
une journée, cela se sait le lendemain. J'ai toujours été
ouvert comme un grand livre. Ils peuvent me rentrer dedans comme ils veulent et
ils en ressortiront toujours avec ce que tout le monde sait. Je suis fait comme
cela. Je vous dis que, si on tente de faire des petits jeux, cela peut mal
servir ceux qui voudraient en faire.
M. Chevrette: Je voudrais vous dire que je n'étais pas au
courant de cela, non plus. D'ailleurs je pense avoir répondu hier
à vos questions telles que vous me les aviez posées. Par
décret, etc., ils doivent consulter et même faire l'affichage
effectivement.
M. Rocheleau: J'ai demandé de voir le décret et on
ne me l'a pas fourni, on ne me l'a pas montré.
M. Chevrette: Je ne présume pas de ce cas-là, mais
j'ai même ajouté hier, si vous vous rappelez, que certains se sont
affichés comme pourvoyeurs alors qu'ils n'avaient pas encore le permis
et que c'était en voie de se faire. Est-ce que cela peut être la
même chose dans d'autres ZEC? Ce sont des choses qu'il faudrait
vérifier.
Je veux vous dire une autre chose. Si jamais il y a un zèle
prémédité que vous connaissez, vous nous le ferez savoir,
parce qu'il n'y a jamais eu de directive de s'attacher à des individus
et de chercher des "bebites". Au contraire, on fait appel au jugement de nos
agents et, dans l'ensemble, je pense qu'on a un assez bon service. Il est bien
évident qu'il peut se glisser des gens à l'intérieur d'un
groupe qui font des excès de zèle ou qui le font exprès.
En tout cas, je peux vous dire que ce ne sont pas des directives ou des
recommandations, loin de là, au contraire. Si vous apprenez que ce sont
des choses bien orchestrées, faites-le-moi savoir. Je n'endurerai pas
cela, non plus; je n'endurerais pas cela, de qui que ce soit. C'est vrai que
c'est facile de s'attacher à quelqu'un, comme vous dites, et de lui
trouver des puces. N'importe qui peut faire cela et cela ne prend même
pas un gros quotient intellectuel pour faire cela. Le plus imbécile peut
faire cela. Je ne pense pas que c'est comme cela qu'on doive agir. Au
contraire, je pense qu'on doit appliquer les
lois et l'esprit des lois avec jugement et faire en sorte de
protéger la conservation de la faune.
Vous dire qu'il n'y a pas de lacunes, il y en a, j'en ai donné un
exemple hier. Des gens ont affiché des choses; d'autres ont
présumé qu'ils auraient l'assentiment avant même que le
décret soit passé. D'autres manquent d'initiative dans les
renseignements qu'ils donnent aux clients. Il y en a qui disent: Va à
telle place, c'est à peu près à telle place. Le gars va
là et il se retrouve en état d'illégalité, alors
qu'il a suivi les directives de quelqu'un à l'information.
Effectivement, je reconnais tout cela, mais je veux vous dire: Si vous aviez
des cas précis, rapportez-les-moi et je les étudierai au
mérite, soyez-en assuré.
M. Rocheleau: M. le Président, je ne voudrais pas, pour
autant, discréditer les agents de conservation pour lesquels j'ai
toujours eu énormément de sympathie et auxquels j'ai toujours
offert toute ma collaboration tant comme chasseur que comme pêcheur en
forêt. Au contraire, je suis d'autant plus sympathique à ces
gars-là qu'ils sont peut-être pénalisés actuellement
par une convention collective qui n'a pas été signée
depuis deux ans et demi. Je considère que c'est un des points qui
devraient être réglés le plus rapidement possible.
J'ajouterais même, M. le Président, que je considère
qu'il n'y a pas suffisamment d'agents de conservation au Québec. Si on
veut, en plus de faire respecter les règlements, faire de
l'éducation en forêt, il nous faut avoir des personnes
compétentes. Ces gens-là le sont; ils le sont davantage que les
auxiliaires qui semblent prendre, aujourd'hui, une partie de la relève.
J'aurais pu demander, hier, pourquoi, si les agents de conservation ont
à appliquer ces règlements, on ne les autorise pas, d'une part,
à faire l'émission de permis de ZEC, alors qu'ils font la
surveillance, là où des personnes, par omission,
involontairement, auraient pu pêcher ou chasser dans un territoire
considéré comme une ZEC. Même s'il y avait une surprime
à cause du fait que c'est fait par un travailleur qui relève d'un
ministère, je considère que cela serait un service. J'ai toujours
considéré qu'il ne s'agit pas d'aller poigner quelqu'un pour lui
imposer une pénalité ou une infraction ou lui faire payer un
montant X, Y ou Z. C'est beaucoup plus le service, l'éducation et c'est
beaucoup plus l'information qui sont importants. Dans ce sens-là, M. le
Président, si on veut encourager davantage les ZEC à
s'autofinancer dans leur administration, dans leur gestion, si elles ne
bénéficient pas des amendes imposées à ceux qui
enfreignent la loi, on devrait peut-être les favoriser par une aide
particulière à ceux qui ont appliqué les
règlements. Il est difficile de dire que quelqu'un est coupable d'une
infraction, alors que cela peut être une omission involontaire, parce
qu'il n'a pas pu aller se munir d'un permis quelconque.
M. Chevrette: Effectivement, je pense que vous aviez là
cette volonté de donner des services additionnels en faisant
reconnaître, par exemple, aux auxiliaires des statuts additionnels. On
pensait qu'ils pourraient avoir le même statut ou, en tout cas, les
mêmes pouvoirs que les agents de la faune et, à ce
moment-là, leur donner plus de responsabilités. C'était
notre volonté. Pour la chasse, on peut le faire, en vertu de notre loi
et de notre juridiction. Pour les pêcheries, on ne le peut pas. Cela
relève du gouvernement central. Il faut négocier davantage. Il y
a un refus d'octroyer plus de pouvoirs aux auxiliaires. Le gouvernement comme
tel a environ 500 agents de conservation de la faune. Dernièrement, nous
avons rapatrié six agents de la paix des Travaux publics qui sont
passés à notre ministère. Également, nous avons
environ 1000 auxiliaires au Québec en termes d'agents de conservation.
Il est évident que nos agents auxiliaires n'ont pas les pouvoirs qu'on
aimerait qu'ils aient. Avec plus de pouvoirs et plus de responsabilités,
d'autant plus qu'ils sont à la solde des ZEC, cela pourrait être
compris dans les services additionnels. Cela se voit dans certaines pourvoiries
où les pourvoyeurs vendent eux-mêmes les permis de pêche.
Effectivement, tu arrives là sans permis, tu paies 5,25 $, ils te
donnent ton permis et tu es dans la légalité et tu peux
très bien être parti de chez toi et avoir oublié le permis.
Cela m'est arrivé trois fois cet été; j'ai payé
trois permis de pêche parce que j'avais oublié mon permis et j'en
reprenais un autre pour ne pas, justement, me placer en situation
d'illégalité, alors que j'avais effectivement payé. Bien
sûr, on peut faire la preuve que tu l'as, mais le règlement dit
que tu dois le présenter, de sorte que tu es mieux d'en avoir un dans
tes poches. Cela peut être une omission bien involontaire, je suis
entièrement d'accord avec vous. Donc, là-dessus, je vais
continuer à travailler pour donner plus de pouvoirs aux agents
auxiliaires parce que 65 ou 66 ZEC, imaginez-vous quel territoire cela
représente.
Le Président (M. Brouillet): Je me permets de vous ramener
au mémoire.
M. Chevrette: Oui, on s'excuse.
Le Président (M. Brouillet): On a dévié
involontairement.
Mme Bacon: Je voudrais bien revenir à nos invités,
si vous le voulez, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de Chomedey. (12 heures)
Mme Bacon: Ils sont bien sages et ils écoutent, mais je
pense qu'on va les mettre encore à l'épreuve. À la page 5
de votre mémoire, vous tentez de sécuriser le législateur
en nous faisant état du fait que "le syndicat administre le plan
conjoint des pisciculteurs du Québec. Cette délégation de
pouvoir effectuée selon les modalités de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles permettra au syndicat de
réglementer la mise en marché des produits de la pisciculture
commerciale". Est-ce que vous iriez aussi loin, dans l'exercice de ces pouvoirs
que, désirer des transferts de responsabilités d'un
ministère à l'autre? Est-ce que cela faciliterait davantage
l'administration de ce plan conjoint? Iriez-vous jusqu'à désirer
des transferts de pouvoirs?
M. Filion: Nous voyons dans l'application de ces données
qu'il faudra automatiquement, soit des transferts ou une collaboration entre
ministères pour l'application de certaines choses telles les normes de
qualité. Il va falloir des ententes administratives, parce qu'à
un moment donné cela chevauche. Tout à l'heure, le ministre en
parlait: il y a de la truite qui pourrait aller à l'ensemencement, qui
pourrait aller à la consommation. Peut-être que, dans quelques
années, il y aura des lignées, mais il y a chevauchement et il
faudra la collaboration des deux ministères.
Mme Bacon: C'est humain; je pense qu'il n'y a pas un ministre qui
veut donner ses pouvoirs à un autre. Est-ce que, s'il y avait des
transferts bien spécifiques de pouvoirs, cela empêcherait ce
chevauchement? Le chevauchement cause des problèmes. Quels seraient les
pouvoirs que vous voudriez voir transférés? Est-ce que vous en
avez à l'esprit qui aideraient ou empêcheraient le
chevauchement?
M. Filion: En ce qui nous concerne, l'agro-alimentaire
relève du ministère de l'Agriculture, la faune relève du
MLCP. À un moment donné, on arrive sur la clôture. C'est
là qu'est le problème et c'est là qu'on trouve que
certaines décisions tardent à se prendre. Il y a des
décisions qui devraient être prises rapidement, c'est urgent pour
l'industrie piscicole. Remarquez qu'on ne veut pas distribuer des blâmes
ou des félicitations. Il y a chevauchement et on se trouve mal
placé pour dire: II nous semble que telle chose devrait passer de tel
ministère à tel autre.
Mme Bacon: Vous connaissez quand même ces pouvoirs dont le
transfert vous aiderait. Vous vous dites mal placés pour faire des
suggestions, mais vous savez quand même que, s'il y avait certains
pouvoirs ou s'il y avait moins de chevauchement, cela vous aiderait. Vous
n'osez pas faire vos suggestions.
M. Filion: Prenez la question de la santé du poisson. Le
ministère de l'Agriculture est intéressé; les laboratoires
dépendent du ministère de l'Agriculture. Une maladie peut
influencer la faune. Il y a la question de la santé, il y a la question
des permis. Tantôt, on en parlait. Les permis relatifs à
l'agriculture ont un mécanisme. Actuellement, tout est
arrêté parce qu'il y a un problème de juridiction. Est-ce
qu'il faudrait qu'il y ait deux permis? On trouve que c'est illogique. On
aimerait mieux qu'il y ait deux permis plutôt qu'un qui ne fonctionne
pas. Il pourrait y avoir un permis en vertu des questions de la faune, un
permis relatif à l'agro-alimentaire. Ce seraient deux permis. La
majorité des pisciculteurs aurait deux permis. C'est pour cela qu'il est
urgent qu'il y ait collaboration. Il y en a une série: la santé,
les permis, toutes les questions de promotion...
Mme Bacon: La mise en marché.
M. Filion: La mise en marché, tout dépend; si c'est
pour l'agro-alimentaire, à notre avis, cela relève du
ministère de l'Agriculture. Il y a la Régie des marchés
agricoles; il y a un plan conjoint. Au point de vue de la qualité de la
production, de la vente... D'un autre côté, ils vont dire: Oui,
mais les étangs de pêche... Nous, on dit: Les étangs de
pêche, c'est important parce qu'on veut avoir des normes de
qualité pour rassurer le consommateur. On sait que, sur le plan de la
qualité de la production, lorsque l'eau devient un peu trop chaude, la
truite est plus flasque. Il y a des juridictions. C'est pourquoi nous aimions
beaucoup l'idée de M. le ministre quand il disait: On va faire un
comité et on va se réunir tous ensemble. On a bien hâte
d'être convoqués à ce comité.
Mme Bacon: On souffre souvent de "comitose".
M. Filion: Pardon?
Mme Bacon: On souffre souvent de "comitose" ou de
"réunionite", comme on dit. À un moment donné, s'il y a
vraiment un transfert de responsabilités ou un transfert de pouvoirs ou
quels que soient les transferts qui seraient faits, il faut que cela
empêche ce chevauchement. On a beau faire des comités et des
réunions, cela n'empêchera jamais le chevauchement. Ils peuvent se
parler, ce qu'ils ne font pas toujours. Mais
cela n'empêchera jamais le chevauchement.
M. Filion: Mme Bacon, il va falloir une entente pour que la
pisciculture soit déclarée produit agricole. D'un autre
côté, il y a d'autres choses dont on sait qu'elles relèvent
de la faune. Il va falloir...
Mme Bacon: Des précisions.
M. Filion: ...des ententes ministérielles.
Mme Bacon: Vous avez parlé aussi des recherches qui se
font. Vous parlez des années 1990, par exemple. Est-ce que vous accordez
certaines priorités à ces recherches? Est-ce que vous fonctionnez
par priorités ou si vous allez selon un plan d'ensemble faire une
recherche globale? Est-ce que votre recherche est globale ou s'il y a quand
même des groupes, des modules? Je ne sais pas comment vous vous accordez.
Est-ce par région? Est-ce globalement?
M. Filion: Vous parlez de recherche scientifique, n'est-ce
pas?
Mme Bacon: Oui. M. Filion: Bon.
Mme Bacon: Cela ne peut pas être global, au fond. Il faut
que vous vous accordiez sur certaines priorités.
M. Filion: Là, M. le Président... Mme Bacon:
Vais-je trop loin?
M. Filion: Non. Cela me plaît beaucoup parce qu'à
St. Andrews, au Nouveau-Brunswick, il y avait une conférence par le
Conseil des sciences du Canada sur la question des piscicultures, Pêches
et Océans. On parlait globalement de recherche dans toutes les provinces
et, ensuite, on se réunissait au plan provincial. Il y a eu un atelier
pour la province de Québec où on s'est aperçu qu'il y
avait tout un "melting pot" de ces choses-là. Il y avait des recherches
qui se faisaient ici; d'autres recherches qui étaient à peu
près analogues ou presque se faisaient tout près et les
chercheurs s'ignoraient ou à peu près. Tellement qu'il y a eu une
décision - il y avait toute une série d'organismes du
Québec qui étaient là - de former un comité pour
éviter non seulement la perte d'argent, mais surtout pour augmenter
l'efficacité de la recherche. On s'est aperçu - c'est une des
données qui est sortie - qu'il y avait beaucoup de recherches qui
étaient trop éloignées du producteur. Il y avait des
recherchistes qui nous disaient: Oui, mais ce n'est pas notre faute. Ils ont
dit: C'est aux recherchistes de maximiser ou de faire que cela soit plus
pratique. Il y a même eu un comité formé au Québec
de gens de différents ministères et de différents groupes
de recherche. Il se faisait de la recherche à Gaspé et à
Rimouski. Il s'en faisait à Chicoutimi et à différents
autres endroits et il n'y avait pas de coordination dans tout cela. À ce
moment-là, cela va être interministériel. Actuellement, il
y a le CPAQ, que vous connaissez au point de vue de l'agriculture.
Personnellement, je suis au CPAQ. On s'est aperçu qu'il y avait des
choses intéressantes auxquelles on n'avait nous-mêmes pas
pensé et qu'il faudra considérer. Au point de vue de la
recherche, c'est énorme, ce qu'il faudrait faire.
Mme Bacon: Je sais que vous hésitez à donner des
suggestions, mais est-ce qu'il y a quand même des priorités? Vous
faites vos propres priorités dans les recherches à court terme,
à moyen terme et à long terme. À court terme, quelle
serait la recherche qui est nécessaire?
M. Filion: Voici. Disons, que c'est multiple. Au point de vue
génétique, sur la question du développement des
lignées, on sait, actuellement, qu'on a développé une
lignée de poissons, à Cornell aux États-Unis.
Paraît-il qu'ils seraient allés chercher cela dans la
région de la Baie James et ils ensemenceraient - on est en communication
-des lacs dans le Maine avec cette variété qui serait beaucoup
plus réfractaire aux pluies acides. On aurait probablement
intérêt à développer cette chose.
Mme Bacon: Intérêt à faire disparaître
les pluies acides.
C'est le critique de l'Environnement de l'Opposition qui vous dit
cela.
M. Filion: Maintenant, sur la question des variétés
au point de vue de la truite, actuellement, cela se développe. Il y a
des variétés plus rustiques avec plus de chair. Au point de vue
génétique, il y a toute une série de
variétés. Dans d'autres domaines, nous avons au Québec,
mais pas seulement au Québec, la truite mouchetée. Je sais
qu'actuellement il se fait des recherches sur l'élevage en silo,
comprenez-vous? Il y a des projets de recherche actuellement.
Mme Bacon: En région, cela? M. Filion: En silo.
Mme Bacon: Cela se fait dans des régions?
M. Filion: II y a deux projets de recherche actuellement pour
l'élevage en silo, parce qu'il y a des particularités qui ne sont
pas les mêmes tout à fait qu'avec des
"raceway" et tout cela. Comprenez-vous? Il y a toutes les questions
d'énergie. Il y a des gens qui ont des problèmes
l'été. Ils ont de l'eau trop chaude. Actuellement, l'INRS a
développé des recherches pour faire des gros blocs de glace en
hiver avec peut-être du bran de scie, de façon à les faire
fondre tranquillement à l'été. Ils ont
développé des recherches à ce sujet-là. Justement,
le directeur et mon fils qui est un ingénieur agricole doivent se
rencontrer pour voir certaines applications de cela.
Pour une série de choses - je ne dirais pas, qu'on s'est
réveillé au Nouveau-Brunswick; peut-être que cela
dépendait de nous, car on n'était pas assez au courant -on s'est
dit: Qu'est-ce que cela donne? Excusez l'expression, mais c'est platonique,
cette affaire-là. C'est bien beau comme recherche. Il y a une
série de recherches, par exemple, qui devraient se faire et qui seraient
pratiques pour le producteur. Je ne parle pas seulement au Québec, mais
à la grandeur du Canada, cela a été le reproche qui s'est
fait: Les gens de recherche étaient trop loin du champ.
Mme Bacon: II y a aussi un manque de coordination; je pense que
c'est cela.
M. Filion: Un peu partout au Canada et aussi au Québec. Il
y a un gros manque de coordination. Maintenant il y a un comité de
formé de cinq personnes au Québec. Justement, il est
supposé avoir une réunion prochainement pour tâcher de
coordonner cela, premièrement, pour voir qu'est-ce qu'il se fait. Il y a
toute la documentation sur des projets de recherche qu'on n'a pas besoin de
refaire deux ou trois fois quand on a les données. Je ne sais pas, je ne
veux pas prendre du temps de la commission.
Mme Bacon: Mes collègues en ont pris du temps. Je peux en
prendre un peu. C'était très intéressant. Je veux bien
qu'on fasse des lois, puis de la réglementation, mais, sur le plan de la
recherche, je crois qu'on ne dit pas assez ce qui est nécessaire. Cela
peut sensibiliser davantage le ministre. Il a aussi des responsabilités
là-dedans. Je pense que c'est très important de savoir ce qu'on
peut faire ici avec les ressources que nous avons déjà.
Évidemment, vous semblez dire qu'il faut souvent aller ailleurs pour
savoir ce qu'on a et ce qu'on a de fait.
M. Filion: Définitivement, au point de vue de la
santé, on pourrait en parler longtemps.
Mme Bacon: À court terme, il y a des choses qui se font,
mais il faut aussi penser à long terme au niveau de la recherche. Cela
ne se fait pas qu'à court terme. Je pense que vous avez bien
défini vos priorités à court terme. Elles sont connues,
elles sont définies et on travaille là-dessus actuellement: c'est
cela que vous semblez nous dire.
M. Filion: C'est cela. Nous sommes cinq qui sommes chargés
de faire une certaine compilation sur ce qui s'est fait.
Mme Bacon: Je pense qu'on ne perd pas notre temps quand on parle
de recherche; au contraire, je pense qu'il faut quand même
préparer des choses. La loi, c'est quand même un encadrement, que
des gens aiment ou n'aiment pas, mais un encadrement.
Il y a aussi la réglementation. Est-ce qu'au niveau de la
réglementation - je vous ramène là-dessus - vous avez
été suffisamment consultés ou est-ce que vous avez des
recommandations à faire qui aideraient l'application de cette loi qu'on
a devant nous?
M. Filion: Au point de vue de la réglementation, à
notre connaissance il y a des ébauches de règlements et nous
avons été consultés, au niveau des principes puis
même de l'application de certaines choses. Tout à l'heure, je
mentionnais l'apport du MLCP actuelle. Même dans le temps de M. Lessard,
c'était la même chose, cela avait peut-être commencé
à ce moment-là. Remarquez que je ne veux pas enlever ou ajouter
à cela.
Mme Bacon: Le ministre présent va prendre son propre
crédit.
M. Filion: La réglementation, j'imagine qu'elle n'est pas
loin d'être prête. C'est pour cela que tout à l'heure je
disais: Quand est-ce qu'on va voir tout cela? Il y a eu des réunions de
consultation sur cela. Nous nous sommes à peu près entendus sur
toutes les données de cela.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire si la
réglementation est déjà prête et quand elle sera
connue? (12 h 15)
M. Chevrette: Elle est en voie d'être finalisée.
Étant donné qu'il y a 20 nouveaux règlements, je ne peux
pas affirmer qu'ils sont tous terminés. Mais j'ai donné la
garantie, hier matin, que tous les règlements qui sont prêts
seront déposés pour l'étude article par article et, si
jamais il y en avait qui n'étaient pas terminés, les
orientations, les principes du règlement seront dans le cadre. On aura
au moins le cadre.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Le
député d'Orford a demandé à prendre la parole.
M. Vaillancourt (Orford): M. le
Président, je n'ai pas beaucoup de questions à poser. Je
voudrais simplement poser une question à M. Filion. À la page 2
de son mémoire, il dit: À notre grand étonnement, on a
été très peu consulté pour la rédaction du
projet de loi en question. Je pense que la commission parlementaire est une
consultation de votre organisme. Là n'est pas ma question. Ce que
j'aimerais savoir, M. le Président, de M. Filion, c'est que, à la
page 2, vous dites: Au cours des trois dernières années, le
Canada a importé "1000 tonnes métriques de truite fraîche
ou congelée pour une valeur de 4 200 000 $ par année. Au
Québec, les importations de truite fraîche ou congelée
représentent de 200 à 300 tonnes annuellement". Est-ce que, ici
au Québec, nous avons assez de piscicultures privées pour fournir
le marché pour remplacer ces importations?
M. Filion: Actuellement, nous sommes d'opinion...
M. Chevrette: Ils en jettent.
M. Filion: ...qu'il y a certainement assez de piscicultures. Lors
de la conférence nationale de l'agriculture, une des choses qu'ont fait
remarquer les économistes, c'est qu'il fallait faire attention: la
production ne devait pas être organisée sans au moins organiser
les marchés en même temps. Lorsque la production était trop
bien organisée et que les marchés n'avaient pas suivi ou
n'étaient pas organisés en conséquence, il y avait des
faillites à peu près partout. Ici, au Québec, notre
appréhension, c'est que la production est trop bien organisée
pour ce que les marchés le sont actuellement. Notre demande de
commercialisation, c'est de l'organisation de marché, parce que vous
avez des zones au Québec, par exemple la zone 2, où actuellement
le pisciculteur n'a pas le droit d'élever la truite arc-en-ciel; il ne
peut qu'élever de la truite mouchetée pour les ensemencements ou
les lacs de pêche, etc., il ne peut pas la mettre sur la table. On a
été subventionné pour faire cette production-là. Ce
qui arrive, c'est qu'actuellement, compte tenu du nombre de pisciculteurs qu'on
a, nous avons demandé au ministre qu'il y ait un genre de moratoire
parce que, en trois ou quatre ans, le nombre de piscicultures a triplé
au Québec. En 1981, lorsqu'on a voté le plan conjoint, il y avait
environ 200 piscicultures. Lorsque nous avons demandé le plan conjoint,
au mois d'août, il y avait 176 piscicultures. Lorsqu'on a voté, on
était rendu autour de 225 et, actuellement, il y a quelque 400
piscicultures officiellement. On trouve que c'est une croissance
désordonnée et c'est la principale raison pour laquelle on
demandait le contrôle des permis: pour contingenter les permis.
C'est bien beau d'avoir des piscicultures, c'est bien beau toutes ces
choses-là, mais, tantôt, il faudra vendre le produit.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous trouvez qu'il y a trop
de piscicultures actuellement?
M. Filion: Actuellement, il y a deux grandes théories.
Nous, on trouve qu'il y en a au moins assez, mais parlons donc de
marchés et, s'il y a de l'espace, on en ouvrira peut-être des plus
efficaces. Il y a eu des piscicultures à des endroits où c'est
aberrant, où il n'aurait jamais dû y en avoir. Il ne faut pas
ouvrir une pisciculture pour dire qu'il y en a une de plus au
Québec.
M. Chevrette: J'aimerais donner une information. M. Filion a
entièrement raison. Effectivement, la loi de mon ministère
m'oblige à émettre le permis quand ils répondent aux
normes. Je ne peux pas décréter, en vertu de la loi, un
moratoire; je ne peux pas refuser un permis, alors que le programme d'aide au
soutien est offert à l'ensemble, quand il parle de subventions à
l'agriculture, de sorte que, n'ayant pas le pouvoir d'arrêter
l'émission d'un permis lorsque l'individu se conforme à des
normes, la seule façon de ralentir - et il n'y aurait pas de cachette -
ce serait de laisser dormir des dossiers.
D'ailleurs, j'ai pris des informations à la suite de notre
rencontre et j'entends bien... Cela ne figure pas dans le projet de loi. J'ai
l'intention de faire ajouter une dimension dans le nouveau projet de loi qui
nous permettrait, à partir de critères quelconques et d'une
quelconque réglementation, de contrer l'émission des permis,
justement. À un moment donné, si les marchés ne s'ouvrent
pas, il est bien évident qu'il y en aura trop, d'autant plus que j'ai
l'obligation d'en émettre. C'est une roue sans fin. Je pense qu'il
faudra corriger cette anomalie. Avec l'assentiment de l'Opposition, il sera
facile d'inclure cet amendement au projet de loi pour qu'on puisse vraiment
avoir un instrument légal pour ce faire. C'est déjà dans
la machine.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Pour conclure, je remercie le ministre
de nous donner cette précision parce que cela m'intriguait beaucoup de
voir qu'on importait autant de truites au Canada. Avec 400 piscicultures, je
pense qu'on peut produire suffisamment de truites pour le marché du
Canada. Les prix de l'importation sont peut-être moins
élevés que les prix de production ici au Québec, au
Canada.
M. Chevrette: Si on le faisait sur une plus haute échelle,
cela abaisserait peut-être les coûts.
M. Filion: Sur cela, M. le député, je vais vous
donner un exemple. C'est pour cela qu'à St. Andrews, en prenant le
contexte tel qu'il est actuellement, on a dit qu'on voulait aller vers un plan
national d'agriculture. Pour quelle raison? Il y a du dumping américain
au Canada. C'était exactement la même chose que nous autres pour
les gens de l'Ontario. Quand on voit que, nonobstant la valeur de l'argent, la
truite Idaho se vendait meilleur marché à Montréal et
à Toronto qu'à New York, qu'est-ce qu'il y a? Ce sont des
surplus, c'est du dumping. Sans national on pouvait difficilement intervenir.
C'est la principale raison pour laquelle une association nationale a
été formée là, justement pour intervenir au niveau
des importations, au niveau des accords du GATT, pour éviter le dumping.
De la truite mouchetée, il s'en fait en Ontario et au Nouveau-Brunswick,
mais on sait qu'en Ontario ils sont loin d'être autosuffisants.
Actuellement, d'après les chiffres que les gars de l'Ontario nous ont
donnés, 62% sont de l'importation. Pourquoi n'irait-on pas leur en
vendre? Cela fera des "jobs" pour les Québécois.
M. Vaillancourt (Orford): Ce qui veut dire que vous produisez
au-delà de 100% de l'autosuffisance ici.
M. Filion: Oui. Et développer ensuite. On pense à
une semaine de la truite. Il y a une semaine du homard. Finalement, il faudra
organiser le marché et ce n'est pas eux qui l'organiseront; ce sera nous
avec votre collaboration.
M. Chevrette: En terminant, avant de vous donner congé, je
voudrais vous dire l'orientation de mon ministère. Mme Bacon, la
députée de Chomedey, parlait tantôt de la recherche.
Effectivement, je vous ai annoncé que nos piscicultures deviendraient
surtout des lieux de recherche et non pas des compétiteurs de
l'entreprise privée et également des centres pour produire des
espèces qui se reproduisent plus difficilement dans les piscicultures en
général. Cette orientation est prise, elle est ferme et je pense
que cela contribuera d'une certaine façon à aider l'entreprise
privée, mais c'est également axé au niveau du
ministère sur la recherche à l'intérieur même de nos
piscicultures. Je pense que ce seront des centres intéressants, y
compris pour les chercheurs qui seraient intéressés à y
aller et nos propres fonctionnaires qui font de la recherche en laboratoire.
Cela nous permettra d'avoir un réseau d'État qui permettra de
colliger l'ensemble des données que l'on retrouve un peu partout pour
rendre service davantage aux pisciculteurs privés.
M. Filion: J'ai une note qui m'arrive, M. le ministre. Deux
pisciculteurs, M. Yvon Nadeau et M. Pierre Simard - je pense que vous les
connaissez - ont actuellement une centaine de tonnes de prêtes qui
demandent acheteurs. Ils se trouvent parmi les gros pisciculteurs. Il faudra
voir toute l'organisation du marché, la question des permis. Cela fait
à peu près un an qu'on veut que cette affaire se complète.
On sait que vous faites votre possible et que tout le monde fait son possible,
mais cela presse.
En terminant, j'aimerais beaucoup remercier, M. le Président, M.
le ministre, MM. les députés au pouvoir, ainsi que ceux de
l'Opposition de toute leur bienveillante collaboration. On a besoin de vous
tous pour continuer, pour collaborer avec nous afin de mettre sur le
marché une industrie piscicole qui sera quelque chose au Québec
et partout ailleurs. Merci beaucoup.
M. Houde: Je vous remercie, M. Filion, ainsi que vos
associés, de vous être déplacés pour nous
présenter votre mémoire et pour nous avoir donné
l'éclairage additionnel que vous avez pu nous fournir cet avant-midi.
Cela a été très intéressant. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci, monsieur. J'inviterais
maintenant les représentants du Conseil de la faune à prendre
place. J'invite le porte-parole de cet organisme à s'identifier et
à nous présenter ceux qui l'accompagnent.
Le Conseil de la faune
M. Vincent (Serge-J): Le porte-parole sera M. Gilles Richard qui
est membre du Conseil de la faune et qui est à ma droite. Je suis Serge
Vincent, secrétaire du Conseil de la faune. Maintenant, le
mémoire que nous allons vous présenter a été
modifié à la dernière minute parce que nous n'avons pas eu
le temps de réunir tous les membres du Conseil de la faune pour faire
une analyse critique de la loi étant donné que c'est une
période estivale et que les membres du conseil pratiquent la
pêche. J'ai des copies supplémentaires que je pourrai vous laisser
après notre présentation. Je vais laisser la parole au
représentant du conseil, M. Gilles Richard.
M. Richard (Gilles): Le mémoire du Conseil consultatif de
la faune - à ne pas confondre, en aucun temps et sous aucun
prétexte, avec la Fédération québécoise de
la faune, comme cela s'est déjà produit -concerne la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune.
Le Conseil de la faune, organisme qui joue un rôle consultatif
auprès du ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, est chargé
d'étudier les meilleurs moyens de résoudre les problèmes
concernant la faune et de faire rapport de ses constatations au ministre. Il a
pour objet le devenir de la faune et le champ d'application de la conservation
de la faune. S'acquittant de son mandat, le conseil a, à plusieurs
reprises, émis des avis au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche sur la Loi sur la conservation de la faune et est heureux de ce que
le ministre actuel ait entrepris de présenter une nouvelle loi.
Depuis l'adoption de la loi 71 modifiant la loi de 1969, chapitre 58,
sanctionnée le 22 décembre 1978, les membres du conseil
souhaitaient que des changements soient apportés à cette loi.
Nous ne pouvons donc que nous réjouir d'une telle intention. Nous ne
pouvons qu'approuver le nouveau nom de la loi qui ajoute les mots "mise en
valeur" à l'ancienne formule: Loi sur la conservation de la faune. Nous
osons espérer que ce but louable sera atteint.
Nous avions déjà, en septembre 1982,
présenté un mémoire sur le projet du temps, dans lequel
nous proposions des modifications en profondeur à l'ancien texte,
modifications qui s'inscrivaient dans le voeu que le projet de loi qu'allait
déposer le ministre soit une véritable loi de la conservation de
la faune et non une loi régissant la chasse et la pêche au
Québec telle que se présente la loi actuelle, soit les Lois
refondues du Québec, chapitre C-61.
Nous écrivions dans ce mémoire - et nous sommes toujours
d'accord avec ces énoncés - "Le conseil a tenté de saisir
l'esprit de la loi actuelle. Il n'y est pas arrivé. Sans doute, cela
est-il dû au fait que cette loi vise davantage à régir la
chasse au Québec qu'à mettre en application une politique de
conservation de la faune." Nous disions aussi: "Cette loi n'est orientée
ni vers la conservation, ni vers la gestion de la faune et encore moins vers la
protection des habitats terrestres ou aquatiques. D'ailleurs, nulle part dans
le texte a-t-on défini "faune" et "habitat". Depuis lors et
déjà, le ministre a bien peu de recours contre ceux qui ont et
qui pourraient endommager ou détruire les habitats."
Nous continuions: "Le conseil souhaite que la nouvelle loi ait un
caractère positif plus évident, qu'elle ne soit pas faite
uniquement de contraintes ou d'interdictions qui s'appliquent surtout au
chasseur et au pêcheur. Une nouvelle loi repensée dans son
ensemble pourrait insister afin de provoquer un nouveau comportement de la part
des utilisateurs de la faune au Québec." Et à la fin: "En mettant
en valeur l'aspect récréatif de la chasse, cette loi devrait
susciter auprès du grand public une meilleure compréhension de la
valeur et du rôle de la faune. Il ne faut pas oublier que la conservation
touche aussi tous ceux qui sont concernés par le milieu naturel, le
plein air, pas seulement les chasseurs et les pêcheurs. (12 h 30) "Le
conseil a souhaité dans le passé que le ministre produise une
nouvelle Loi sur la conservation de la faune qui se voudrait simple et
amputée de technicités qui ont fait du projet de loi 71, devenu
le chapitre C-61, une loi restrictive, abusive, enfin une mauvaise loi".
Nous sommes heureux de voir que les modifications que le ministre entend
apporter par sa nouvelle Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune sont pour la plupart conformes aux désirs exprimés par le
conseil dans ses avis antérieurs. Nous reconnaissons que la version 1983
est encore plus près de nos recommandations que le projet
antérieur.
Nous sommes particulièrement d'accord avec les précisions
apportées en ce qui concerne les agents de conservation et la Loi sur la
qualité de l'environnement ainsi que les droits et devoirs des agents
auxiliaires.
L'introduction, dans la définition de "chasser" de la nouvelle
loi, de l'acte de possession d'une arme est tout à fait dans nos vues et
s'accorde avec notre recommandation de 1982.
Le conseil se réjouit de ce que les sections I et II du chapitre
VI sur les dispositions pénales prévoient des amendes et des
annulations de permis qui soient en rapport avec le dommage causé
à la faune par les actes de braconnage. De plus, il approuve les
modifications qui ont été apportées concernant une arme
chargée à l'intérieur d'un véhicule, en en faisant
plus une infraction à une règle de sécurité qu'un
acte de braconnage contre la faune. De même, il croit que les
contraventions de nature technique, telles que le port du dossard, etc.,
doivent commander des pénalités et amendes
atténuées, ces actions n'ayant aucune incidence sur la
conservation de la faune.
Cependant, le conseil a relevé dans le projet de loi quelques
points qui lui semblent des anomalies, plus quelques autres qu'il estime
mériter une amélioration.
Chapitre I - Définitions. En ce qui concerne les
définitions, nous sommes d'avis que les batraciens, arthropodes et
mollusques ne devraient pas être inclus dans la définition des
poissons. En plus d'être une fausseté en termes scientifiques,
cela ne peut qu'embêter les utilisateurs. Les placer dans la
définition "animal" ou leur créer leur propre définition
clarifierait certainement la situation et ce, sans complications. Ce serait
peut-être aussi une façon de les soustraire à la
juridiction fédérale, fort contestée en ce domaine, et qui
n'a fait que brimer depuis longtemps les Québécois dans leurs
justes aspirations à contrôler les pêcheries à
l'intérieur des limites de l'État
québécois.
Dans la définition de "poisson", nous ne voyons pas pourquoi le
seul poisson anadrome mentionné est le saumon de l'Atlantique. Non pas
que nous sous-estimions l'importance du saumon, au contraire, mais nous croyons
que les autres poissons anadromes, tels l'éperlan, le gasparo, l'alose,
le poulamon, la truite mouchetée lorsqu'elle va à la mer,
c'est-à-dire la truite de mer, le bar rayé, l'esturgeon noir, la
perche blanche, etc., devraient aussi être inclus.
Chapitre III - Conditions d'exploitation de la faune. À la
section I sur les dispositions générales de ce chapitre, on
retrouve, à l'article 35: "Nul ne peut chasser ou piéger sur un
terrain privé dont le propriétaire est membre d'une association
agréée par le ministre ou est partie à un protocole
d'entente convenu avec ce dernier aux fins de la gestion de la faune, s'il n'a
obtenu au préalable l'autorisation du propriétaire ou de son
représentant. "Le document attestant l'agrément par le ministre
ou le protocole d'entente décrit les terrains sujets à
l'application du premier alinéa."
Le conseil croit que la lettre de cet article, soit l'occupation d'un
terrain privé, relève plutôt du Code civil et que cela n'a
rien à faire avec la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune. Cependant, étant consistant dans ses recommandations et
sensibilisé au fait que l'éducation des chasseurs ne se fait pas
en leur interdisant l'accessibilité à des territoires et en
restreignant la pratique d'une activité cynégétique
récréative, il est d'avis que l'on devrait, s'il y a protocole
d'entente, retrouver le concept d'accessibilité à tous les
Québécois tel qu'employé en ce qui concerne les ZEC. Afin
de bien s'assurer que cet article n'encouragera pas un retour aux clubs
privés, il y aurait lieu de préciser l'objectif
d'accessibilité par rapport à la protection dans la loi.
À la section III sur la chasse et le piégeage, à
l'article 54, on peut lire: "Nul ne peut abandonner la chair comestible d'un
gros gibier qu'il a tué, à l'exception de la chair d'ours".
Le conseil considère que l'ours, qui est passé d'animal
nuisible à celui de gibier, avec saisons pour toutes les récoltes
et limites pour les chasseurs récréatifs seulement - autre
anomalie des règlements actuels - a, à ce jour, conquis ses
lettres de noblesse et doit être considéré comme tel.
Le nouvel article 54 devrait donc se lire: Nul ne peut abandonner de la
chair comestible d'un gros gibier qu'il a tué à l'exception de la
chair d'ours dont on doit cependant récupérer la peau.
Chapitre IV - Territoires structurés. À la section IV sur
les réserves fauniques, le conseil déplore encore qu'on n'y
définisse pas plus de territoires avec statuts particuliers qui,
à ses yeux, pourraient grandement aider la faune. En voici quelques
exemples: aire de repos: zone où la chasse aux oiseaux migrateurs est
interdite durant une période donnée; refuge d'oiseaux migrateurs:
secteur où la chasse et le dérangement sont interdits; sanctuaire
faunique: endroit où sont restreintes les activités de
prélèvement ou d'utilisation de la faune.
Au chapitre VI - Dispositions pénales. À la section I sur
les infranctions, le conseil a relevé, aux articles 98 et 100, des
anomalies qui font que les sanctions prévues aux contrevenants à
des dispositions de certains articles ne sont pas consistantes avec celles de
contrevenants à d'autres, sensiblement de même nature. C'est
ainsi, la pratique de tirer à partir d'un véhicule ou d'un
aéronef -qu'on pense à ces présumés sportifs qui
poursuivent l'orignal à l'eau avec avions et hélicoptères
- contraire à toute éthique cynégétique, doit
commander des sanctions sévères aux coupables.
Pour ce faire, il faudrait que le deuxième paragraphe de
l'article 52, qui se lit comme suit: "Nul ne peut prendre place à bord
d'un véhicule, y compris un véhicule fonctionnant uniquement sur
rail, ou un aéronef et: 2 tirer avec une arme à feu, un arc ou
une arbalète à partir de ce véhicule ou de cet
aéronef" se retrouve, au niveau des sanctions, lorsqu'il s'agit de petit
gibier, à l'article 98 au lieu de l'article 104 et, lorsqu'il s'agit de
gros gibier, à l'article 100 au lieu de l'article 98.
Dans la même veine, nous croyons que la sanction concernant
l'obligation pour le juge de prononcer la confiscation des objets saisis
devrait s'appliquer au tir à partir d'un véhicule, donc que le
deuxième paragraphe de l'article 52 devrait se retrouver au premier
paragraphe de l'article 101. Pour ce qui est des sanctions administratives,
nous croyons qu'une infraction au paragraphe 2 de l'article 52 devrait aussi
entraîner de plein droit l'annulation de tout permis de chasse et de tout
certificat du contrevenant pour une durée de 24 mois à compter de
la date de condamnation, tel que stipulé dans le deuxième
paragraphe de l'article 104.
Dans le cas où il y a achat ou vente illégal de chair
d'animal, tel qu'interdit par l'article 59, et qu'il est prouvé que cet
achat ou cette vente ont été pratiqués par un
détenteur d'un autre permis provincial, tels les permis de restauration,
d'hôtellerie, etc., le conseil est d'avis que la loi devrait
prévoir, au niveau des sanctions administratives, qu'il y ait suspension
ou annulation automatique, tel que projeté à l'article 109,
contre un titulaire de permis de pourvoirie qui serait reconnu coupable d'une
infraction à la loi proposée ou à ses
règlements.
Autres considérations sur les
dispositions pénales. Lorsqu'un contrevenant ne peut acquitter
les amendes prévues, nous croyons que la loi projetée devrait
prévoir qu'elles pourraient être remplacées par des travaux
communautaires, mais ces derniers reliés à la conservation de la
faune. D'ailleurs, cette possibilité devrait être retenue
même lorsque les amendes sont payées, de façon à
sensibiliser les contrevenants, surtout si ce sont des jeunes qui ont
certainement plus à apprendre par ce moyen de les pénaliser que
par la simple imposition d'une amende.
Considérations générales. Le conseil regrette aussi
de ne retrouver dans la loi aucun mécanisme de consultation avec les
utilisateurs. Cette lacune pourrait s'avérer, à la longue,
très désavantageuse tant pour les chasseurs et les pêcheurs
que pour les gestionnaires.
Quant à l'ensemble des règlements qui seront
rédigés à partir de cette loi, nous osons espérer
qu'ils seront simples et libres de ces technicités qui ne font
qu'embêter tous les amants de la faune. Nous nous réservons le
droit de les analyser et de les critiquer, s'il y a lieu,
préférablement avant leur mise en application. Rappelons-nous que
c'est souvent à cause de leur complexité et de leur
ambiguïté qu'il est difficile d'obtenir, de la part des chasseurs
et des pêcheurs, sinon leur compréhension, au moins leur
collaboration. De cette façon, les risques de répéter les
erreurs passées et d'hériter de règlements abusifs seront
minimisés.
À ce premier mémoire, nous avons ajouté quelques
éléments dont vous allez avoir copie. Le Conseil de la faune en
profite pour suggérer l'inclusion de trois articles de droit nouveau au
présent projet de loi 9. Le premier article devrait contenir les
éléments conférant le pouvoir au ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche d'établir les mécanismes et les
moyens nécessaires afin de créer un fonds spécial
destiné à acquérir, protéger ou aménager les
habitats fauniques. Le deuxième article donnerait le pouvoir
discrétionnaire au ministre de permettre dans les parcs la
récolte de la faune pour des raisons de saine conservation, comme, par
exemple surpopulation, maladie, détérioration d'habitats,
etc.
Nous profitons également de ce moment pour souligner l'effort de
consultation du ministre Guy Chevrette tant au niveau de cette loi que des
règlements et des projets que son ministère a mis de l'avant
dernièrement en relation avec les activités touchant la faune.
Mais rien ne nous confirme que son successeur, lorsque cette loi sera
adoptée, fera de même. Nous avons souligné, dans les
considérations générales, la lacune de ne retrouver aucun
article sur la consultation des usagers. En conséquence, le conseil
demande au ministre d'inclure dans ce projet de loi, avant son adoption en
deuxième lecture, ce troisième article obligeant le ministre
à procéder à des consultations pour tout changement
à la loi et aux règlements qui en découle, en plus des
projets spécifiques et ponctuels qui touchent la faune. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci. J'invite M. le
ministre à prendre la parole.
M. Chevrette: Je voudrais vous remercier de la qualité de
votre mémoire et vous dire, dans un premier temps, à la page 2,
qu'il est bien évident que, si vous avez lu le projet de loi avec
l'esprit qu'on devait y retrouver les habitats fauniques, vous ne pouviez
sûrement pas les découvrir puisque la décision de scinder
clairement les deux dimensions à cause des problèmes qu'il faut
régler au niveau des juridictions ministérielles fait qu'on ne
touche pas ou à peu près pas à la dimension habitat qui
est, bien sûr, importante pour la conservation comme telle. Vous affirmez
que c'est une règle réglementant. Il y aurait peut-être une
nuance à apporter dans le sens suivant. Quand on réglemente,
d'une certaine façon, on protège aussi la faune comme telle, on
aide à la conservation de la faune. Ce n'est parce qu'on ne touche pas
aux habitats que la loi n'a pas une dimension de conservation de la faune. Je
ne sais pas si j'ai mal interprété votre mémoire, mais de
la manière que j'ai lu votre première page...
M. Richard (Gilles): Puis-je ajouter que c'est ce qu'on avait
déjà présenté et on parlait de la loi actuelle.
M. Chevrette: Ah! D'accord.
M. Richard (Gilles): C'est pour essayer de situer le
problème pour les gens qui ne seraient pas familiers...
M. Chevrette: D'accord.
M. Richard (Gilles): ...avec la fameuse loi actuelle que nous
considérons avec tous ces défauts-là. Or, le projet de loi
n'a pas ces défauts.
M. Chevrette: Oui. D'ailleurs, vous vous rappelez que vous nous
aviez suggéré, vous aussi, ainsi que d'autres groupes, la
possibilité d'inclure une mesure d'urgence. On en a inclus une à
l'article 11. Au moins, on aura un pouvoir d'expropriation qui est clair cette
fois-ci et que nous n'avions nullement dans les autres endroits, un pouvoir
spécifique, car il y avait des contradictions entre les
différents jugements. Par exemple, le plus beau cas que j'ai eu à
discuter, c'est le lit de la rivière Sainte-Anne. Les gens
nous disaient: Pour des fins récréatives, vous allez vous
buter à des procédures d'appel parce qu'il y a un jugement
positif et un négatif. Là, on le met spécifiquement dans
la loi pour enlever toute ambiguïté. Dorénavant, le juge
n'aura pas à interpréter la Loi sur les travaux publics qui,
elle, doit exproprier pour fins d'immobilisation. On pourra, en vertu de la loi
sur la faune, exproprier légalement. Je pense que c'est une mesure qui,
à court terme, contribuera à nous donner plus de moyens parce
qu'on n'en avait pas.
Cela dit, j'aurais une question à vous poser relativement aux
terrains privés. J'aimerais que vous expliquiez le fond de votre
pensée sur la phrase suivante à la page 5: "Le conseil croit que
la lettre de cet article, soit l'occupation d'un terrain privé,
relève du Code civil." Mais, à la fin, vous semblez dire
qu'après tout, c'est pour rendre plus accessible, fort probalement, le
territoire. J'aimerais que vous nous disiez ce que vous en pensez, vous.
L'article est peut-être mal rédigé, peut-être qu'on
aurait pu le rédiger autrement, on verra. Mais, est-ce que, selon vous,
avoir comme objectif d'ouvrir les territoires privés moyennant certaines
réglementations à des amateurs de chasse, c'est un danger? On
nous a fait remarquer hier que, tel que libellé, cela pourrait devenir
des clubs privés sélects. Est-ce votre vision des choses? (12 h
45)
M. Richard (Gilles): Oui, c'est cela. Si on procède avec
la lecture du texte actuel, cela peut permettre cette situation et c'est
pourquoi nous disons: "Cependant, étant consistant dans ses
recommandations et sensibilisé au fait que l'éducation des
chasseurs ne se fait pas en leur interdisant l'accessibilité, il est
d'avis que l'on devrait, s'il y a protocole d'entente, retrouver le concept
d'accessibilité à tous les Québécois, tel
qu'employé en ce qui concerne les ZEC." On a écrit cela pour
éviter le retour aux clubs privés, basé sur des
expériences très précises de plusieurs associations des
Cantons de l'Est qui s'appellent associations de chasse et pêche et qui,
en fait, comprennent souvent des majorités de gens qui ne veulent pas
qu'il y ait de la chasse et de la pêche sur leur territoire. C'est une
espèce de contradiction, mais pour être capables de mieux
défendre cela auprès de quelques-uns qui permettent la chasse,
ils font partie d'associations de chasse et pêche, ils limitent leur
territoire, ils s'équipent de personnel payé pour empêcher
que les gens n'y aient accès. Ce qu'ils veulent fondamentalement c'est
empêcher l'accès, mais ils se servent d'une association de chasse
et pêche pour le faire. Le Conseil de la faune est absolument
opposé à cette façon d'aborder les choses et de mettre
dans l'illégalité celui qui décide d'aller chasser du
gibier qui appartient à tout le monde sur ces territoires-là. Il
y a d'autres formules qui pourraient être utilisées, croyons-nous,
et c'est pourquoi cet article nous semble incomplet.
M. Chevrette: C'est la deuxième remarque que j'entends sur
cet article et je veux m'engager à réviser cela parce
qu'effectivement, si on le lit à la lettre, il y a peut-être un
danger, quoiqu'il y avait un mot qui pouvait peut-être nous sauver - je
regardais attentivement cet article hier -c'est lorsqu'on parle des conditions
d'agrément. On pourrait peut-être s'en servir, mais c'est
peut-être trop mince. Il faudrait peut-être introduire la notion
d'accessibilité générale au lieu de parler seulement de
ceux qui seraient agréés. Cela devient, à toutes fins
utiles, un commerce pour l'individu qui est propriétaire privé
s'il loue avec une tarification. Cela pourrait devenir une véritable
pourvoirie, non seulement en termes de service d'hébergement, mais en
termes d'accessibilité à un territoire qui est bien exclusif. On
verra ce qu'on peut faire là-dessus, mais je retiens votre
argumentation.
M. Vincent: Je voudrais ajouter autres choses. Bien entendu, si
le chasseur a à payer, par exemple, pour aller chasser sur un terrain
où il y a eu agrément ou un protocole entre un
propriétaire de terrain privé et le ministère, il n'aura
pas d'objection. Le problème dans les Cantons de l'Est - c'est de
là que la pression est venue pour qu'on ajoute un article semblable dans
la Loi sur la conservation de la faune; je peux me tromper, mais je ne pense
pas me tromper - était le suivant: lorsque le ministère a permis
la chasse à la femelle, il y a deux ou trois ans, dans les Cantons de
l'Est on a interdit la chasse. Ils n'ont pas interdit la chasse comme telle.
Ils la voulaient, mais ils ont interdit l'accès au territoire et,
l'année précédente, dans un territoire donné, une
espèce de club de chasse et de pêche, on a dénombré
au-delà de 40 femelles qui avaient été abattues lors de la
journée de l'ouverture par les membres de ces soi-disant clubs de chasse
et de pêche qui sont voués à la conservation de
l'espèce. C'est pour cela que le Conseil de la faune veut être
bien certain que, si le ministre a à signer un protocole, ce protocole
bona fide donnera le droit à la collectivité de pouvoir aller
chasser, bien entendu, selon les modes qui seront convenus avec le
propriétaire.
M. Chevrette: II y a peut-être plus que cela dans l'article
35, même si on fait référence surtout à l'Estrie
parce qu'on n'a que 5% de terres publiques. On me donne des exemples: un
regroupement de cultivateurs, qui ont des boisés pourrait conclure une
entente avec 20 personnes moyennant tant par tête. Si la permission
est
exclusive aux propriétaires, cela peut être le groupe
sélect qui en bénéficierait. Cela pourrait aussi
être faisable dans des régions comme Saint-Gabriel et
Saint-Jean-de-Matha aussi bien qu'en Estrie et cela pourrait se répandre
assez facilement. Je regarderai cela de très très
près.
À la page 8, vous suggérez de modifier, à toutes
fins utiles, la Loi sur l'hôtellerie et les restaurants. J'en parlais au
groupe qui vous a précédés. Si on veut vraiment contrer
d'une façon efficace certaines formes de braconnage, il ne faudrait pas
punir exclusivement le vendeur, mais également le receleur. Il faudrait
demander au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
d'adapter ses lois en concordance avec l'esprit qu'on veut bien trouver ici
pour avoir une efficacité totale. S'il y a des peines ou des
épées de Damoclès autant sur l'un que sur l'autre, c'est
plus efficace que s'il n'y en a que sur un, parce que l'autre s'en
dégage facilement. Il peut même faire semblant qu'il ne
connaît pas le nom de celui qui lui a vendu. Si les deux parties sont
vraiment impliquées dans la cause en question qu'on pourrait intenter,
je pense que cela serait plus efficace que ce qu'on a dans la loi. Je vais
m'enquérir auprès de mon collègue, M. Biron, afin qu'il
apporte un amendement à sa loi, nous permettant ainsi d'assurer une plus
grande efficacité de nos lois en général.
À l'annexe, vous dites: "Le premier article devrait contenir les
éléments nécessaires conférant le pouvoir au
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche d'établir les
mécanismes et moyens nécessaires afin de créer un fonds
spécial destiné à acquérir, protéger,
aménager les habitats fauniques." je considère que c'est une
suggestion extrêmement importante. On ne l'a malheureusement pas dans le
texte de loi actuel. Pour l'introduire pour fins de discussion en
deuxième lecture, je demanderai le consentement de l'Opposition parce
que c'est un principe. Comme on n'a pas le droit après la
deuxième lecture d'introduire de nouveaux principes, je demanderai le
consentement de l'Opposition pour introduire cette possibilité dans la
loi.
Cela nous ouvre une porte et on l'utilisera au moment opportun. Cela
pourrait nous ouvrir une porte légale et je pense qu'on pourrait le
faire à l'aide d'un papillon, dans le langage parlementaire, avant les
discours en deuxième lecture, de sorte que cela ne créerait pas
de problème. Je ne pense pas que l'Opposition s'y oppose puisqu'il y a
beaucoup de groupes qui nous l'ont demandé en novembre dernier.
Effectivement, c'est une chose importante, d'autant plus que si on s'aligne
vers une loi au printemps sur les habitats, on aurait déjà cette
possibilité d'introduire la création d'un fonds spécial
pour fins d'aménagement des habitats fauniques. Il y a
déjà des groupes comme Canards Illimités qui
dépensent de l'argent dans le domaine des habitats fauniques. Je pense
que l'esprit de cette proposition, parce qu'on a pu en parler, y compris en
novembre dernier lors de votre passage en commission, nous permettrait d'avoir
un fonds spécial pour aménager les habitats.
Quant au deuxième article, c'est plutôt un amendement
à la Loi sur les parcs qu'il faudrait, je pense, au lieu d'introduire
cela dans la Loi sur la conservation de la faune. C'est en vertu de la Loi sur
les parcs qu'on n'a pas le pouvoir de chasser et de trapper. J'ai des demandes
en ce sens-là en particulier pour le trappage des animaux nuisibles dans
certains parcs, par exemple dans le parc de Boucherville. On me dit qu'aux
îles de Boucherville, si on ne permet pas le trappage des petits
rongeurs, on risque à court terme de se trouver avec une
détérioration de l'image même du parc. Il faut regarder
cela bien sérieusement. J'ai, d'ailleurs, demandé à mon
ministère de me préparer des avis là-dessus. Dans certains
cas, il y a surpeuplement d'orignaux dans certains parcs. Si vous prenez le
parc du Mont-Tremblant - je ne sais pas combien il y en a dans le parc des
Laurentides - on est rendu à un nombre incalculable d'orignaux
tués par des automobilistes ou par des camionneurs. On a permis il y a
quelques années - je pense que c'est il y a dix ou douze ans - une
chasse hors parc. Cela avait contribué à rétablir une
certaine forme d'équilibre. Ce que vous me demandez, c'est d'introduire
le pouvoir réel, à un moment donné, de
décréter une fermeture totale du parc pour un temps X et
permettre la chasse "at large". Cela va un peu plus loin que certaines
demandes, mais c'est quelque chose que je regarderai à
l'intérieur des amendements à la Loi sur les parcs que je suis
à étudier présentement.
M. Richard (Gilles): La récolte de la faune pour des
raisons de saine conservation, ce n'est pas d'ouvrir la chasse, mais c'est la
surpopulation, la maladie...
M. Chevrette: D'ailleurs, c'est sur simple décision
discrétionnaire. À un moment donné, on a un rapport de nos
biologistes qui nous disent qu'il y a surpeuplement et qu'il faudrait
absolument qu'il y ait une chasse cette année; on aurait alors le
pouvoir de le décréter ponctuellement - il faut bien s'entendre -
et non pas d'ouvrir la chasse "at large". Ils disent que ce serait un pouvoir
discrétionnaire basé sur des données scientifiques, bien
sûr, qui nous donneraient le pouvoir, de façon ponctuelle, de
procéder à des prélèvements. Il y a même une
question de sécurité du public dans cela qu'on ne peut pas
dédaigner.
M. Richard (Gilles): En ce moment, on a une très mauvaise
cote dans les parcs.
M. Chevrette: Oui, dans le parc de La Vérendrye, la cote
n'est effectivement pas trop bonne. C'est pourquoi, ne l'ayant pas, on ne peut
pas décréter une chasse. Il y a seulement la légitime
défense qui entre en ligne de compte. On en a parlé, hier, avec
un certain groupe. C'est pourquoi je pense que c'est à examiner, mais au
niveau de la Loi sur les parcs et non au niveau de la Loi sur la conservation
de la faune. Pour ma part, ce serait tout, concernant les remarques.
Pour votre troisième point, il y a peut-être deux
façons d'envisager cela. On peut inscrire "consultation obligatoire",
mais cela pourrait être aussi une publication et, dans les 30 jours, vous
faites connaître vos réactions. Il y a différentes formules
à examiner, là-dessus. Je ne veux rien figer dans le béton
parce que tous les groupes ou presque nous ont demandé d'être
consultés. Il y a peut-être moyen de trouver une formule qui ne
soit pas lourde et qui ne paralyse pas indûment l'application d'une
réglementation, d'autant plus que certains règlements dans le
domaine de la chasse et de la pêche - en particulier de la pêche -
sont adoptés après consultation ici par nos vis-à-vis
fédéraux. Il ne faudrait pas s'arranger, parce qu'il y a des
délais à respecter, pour être dans
l'illégalité. Après cela, on sait ce qui arrive. Il y a la
possibilité de recours collectif. Donc, il faut s'arranger pour
être à l'intérieur des délais qui nous sont impartis
par la conjoncture, de sorte que je vais chercher une formule assez souple,
permettant aux gens d'être consultés, mais sans retarder
indûment l'administration normale.
M. Richard (Gilles): Sur ce point, M. le ministre, au Conseil de
la faune, on pense, quand même, que la formule de consultation n'a pas
besoin d'être encadrée solidement dans le roc. La consultation qui
s'est faite avec les organismes intéressés, tels les
pisciculteurs, la Fédération québécoise de la
faune, l'Association des trappeurs, le Conseil de la faune et d'autres
organismes sur, par exemple, la question du zonage intégré et
aussi sur la question de la commercialisation de la truite mouchetée -
il y avait aussi un autre élément - est finalement la forme de
consultation qu'on veut. Il faudrait s'assurer d'avoir cette forme de
consultation. Vous l'avez fait, mais cela ne s'est pas fait auparavant et pour
l'avenir et on ne sait pas, puisque vous ne serez pas là
éternellement et, parfois, les lois prennent du temps à
changer.
M. Chevrette: L'organisme des pisciculteurs, qui vous a
précédés, nous disait: Oui, mais on a été
considéré uniquement comme un pion. Même si on
était six pisciculteurs, on était considéré comme
une voix. Si on parle de consultation, il faudrait au moins définir une
forme où les individus ne sont pas vus comme des chiens de garde qui
viennent voir tout ce qui se passe et qu'ils aient vraiment un mot à
dire. Pour ma part, que ce soit la Fédération
québécoise de la faune qui fasse une consultation ou que ce soit
le Conseil de la faune ou des pisciculteurs, il est vrai que la consultation
qui est faite peut être biaisée, s'il y a six pisciculteurs dans
une salle et qu'il y a un chasseur et qu'après les explications des six
personnes ils sont considérées comme étant un à un;
le pourcentage de 77% change en "moses". Cela ne s'écrit pas dans le
journal des Débats, mais, en tout cas, vous l'écrirez comme vous
voudrez. Cela change le portrait réel si six pisciculteurs doivent
compter pour un. Il y a toute la chicane au niveau du mode. Je pense qu'il va
falloir au moins édicter un guide de consultation pour éviter les
conflits entre associations.
On en a entendu des pas mûres dans cela. Pourtant, ce que je
remarque, c'est que c'est toujours au niveau national. Quand, en région,
on consulte nos chasseurs, nos trappeurs et nos pêcheurs, il n'y a jamais
de chicane avec quelque groupe que ce soit. Ils nous disent annuellement ce
qu'ils pensent, même s'ils font partie d'une association quelconque ou
d'une fédération nationale ou d'une association nationale. C'est
curieux qu'en région ils nous disent carrément ce qu'ils pensent
et, eux, ils n'ont pas connu nécessairement les grandes décisions
nationales. Ils nous disent: Oui, sur la présomption de chasser la nuit,
je me suis fait arrêter l'année passée. J'avais mon "jack",
mais il était dans ma tente et ils m'ont arrêté quand
même parce que j'ai été présumé chasseur de
nuit. Écoutez une minutel Eux autres, ils nous disent cela en
région. Ils ne nous disent pas qu'il n'y a rien de bon. Au contraire,
ils applaudissent à cela. C'est la même chose pour d'autres
mesures qu'on a apportées dans le projet de loi. (13 heures)
M. Richard (Gilles): Étui, pas d'étui, dans le
coffre, pas dans le coffre.
M. Chevrette: L'étui, Dieu sait si les chasseurs dans nos
régions nous ont dit que c'était bon. J'ai quasiment fait le tour
du Québec depuis un mois et demi et ils nous disent partout: Ça,
c'est une maudite bonne chose. C'est comme cela que les gars s'expriment.
Malheureusement, quand on arrive au niveau national avec un mémoire, il
n'y a plus rien de bon et on demande le retrait. Moi, je crois fondamentalement
à la consultation qu'on fait bien souvent en
région. Ce sont les consultations les plus efficaces. Ce sont les
consultations où il se dégage de bons consensus, pour ou contre
les objets du ministère, cela n'a pas d'importance. Au moins, les gens
disent expressément ce qu'ils pensent. Ce n'est pas dilué et cela
ne fait pas l'objet de manigances de quelque nature que ce soit ou de
situations conjoncturelles qui font qu'il faut être contre parce qu'on a
quelqu'un à protéger. Je pense que c'est clair. Au niveau
régional, il n'y a personne. Les gens viennent là exprimer leur
point de vue et ce sont peut-être ces formes-là que
j'encouragerai.
M. Richard (Gilles): C'est une formule de consultation et tout ce
qu'on demande, c'est qu'il y en ait.
M. Chevrettes D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet> M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. En tout premier lieu,
au nom de l'Opposition, je remercie le Conseil de la faune pour la
présentation de son mémoire. Le premier commentaire que j'avais
à faire en rapport avec votre mémoire relativement à
l'annexe, je pense que le ministre y a un peu répondu. Je suis d'avis
également, au même titre que vous, que la meilleure garantie pour
qu'un projet de loi devienne populaire ou respecté ou applicable en
pratique avec facilité, c'est effectivement non seulement de les
consulter, mais d'obtenir l'assentiment des principaux groupes
représentatifs, entre autres d'un groupe comme le vôtre. Je pense
qu'il a un peu répondu tantôt. Cela ne sert à rien
d'être trop rigide, non plus, sur la forme, mais je suis
entièrement d'accord et mes collègues de l'Opposition, j'en suis
persuadé, sont aussi prêts à corroborer ce que je viens de
dire sur la meilleure garantie qu'un projet de loi serait applicable en
pratique.
J'aurais seulement une petite question. Dans la loi actuelle, je crois
que c'est à l'article 26, il est interdit de posséder une arme en
état d'ébriété ou sous l'influence de drogues. Dans
le projet de loi 9, on ne parle pas du tout de cela. Je ne sais pas si vous
vous êtes penché là-dessus. Cela a été
ajouté? Ah bon! On m'informe que cela a été
ajouté.
M. Vincent: Je peux répondre à cela. Finalement,
c'est de cela qu'on parle quand on parle de technicités. C'est un
règlement qui dit qu'on n'a pas le droit d'avoir une arme à feu
en état d'ébriété ou sous l'influence de l'alcool
ou d'autre chose. Cela n'a rien à faire avec la conservation de la
faune; c'est la conservation d'humains. On l'enverra ailleurs, on le mettra
dans la réglementation régissant les techniques ou les
façons de chasser et non pas dans une loi qui se veut une loi sur la
conservation de la faune. C'est l'esprit dans lequel le conseil, depuis les
dernières années, a demandé des changements à la
loi C-61, je pense, à l'ancienne loi.
Une voix: La loi actuelle.
M. Vincent: La loi actuellement en vigueur, c'est une loi qui
déroge aux droits des agents de conservation et à la
réglementation qu'ils doivent appliquer. La loi est faite ainsi. Tout ce
qu'il y a de technique concernant l'utilisation d'armes à feu dans les
véhicules, chargées ou non chargées, cela donne un esprit
parce qu'on parle de chasser, de tirer d'un véhicule, c'est une autre
chose. Mais la question de l'étui, c'est purement technique, le dossard,
c'est technique, d'autres éléments qu'il y avait dans la loi,
c'étaient purement des technicités. Nous, on est bien contents
que ce ne soit plus dans la loi. Au niveau de la réglementation, c'est
là qu'on demande qu'il y ait une consultation pour qu'on puisse voir
quels sont les règlements qui vont découler des articles de cette
loi.
M. Dauphin: D'accord.
M. Richard (Gilles): D'ailleurs, la partie sur
l'ébriété, c'est tellement vieux qu'on n'a pas
indiqué d'autres formes de drogues. Tout le monde sait qu'actuellement
l'alcool n'est qu'une des drogues fort populaires. Cela aussi pourrait
être spécifié par règlement.
M. Dauphin: II y avait un autre point dont on a discuté
avec le groupe qui vous a précédés: c'est relativement aux
sanctions pénales. Vous dites dans votre mémoire, surtout
concernant les jeunes, qu'il serait beaucoup plus curateur pour les jeunes de
les faire travailler à des travaux communautaires dans le cas de
non-possibilité de payer une amende. Je pense que dans la Loi sur les
poursuites sommaires, la nouvelle loi, c'est prévu maintenant. On me
corrigera si je me trompe. Dans le cas de non-paiement d'amendes, des travaux
communautaires sont prévus actuellement.
M. Chevrette: C'est-à-dire qu'en vertu de la Loi sur les
poursuites sommaires qui a été amendée il y a, d'abord,
jugement pour paiement d'amende. S'il y a refus, il y a pouvoir de saisie. Si
les biens ne correspondent pas au coût de l'amende, il y a
possibilité d'imposer des travaux communautaires, et en cas de refus,
c'est l'emprisonnement. C'est la suite logique, je crois. C'est pour cela que
cela ne figure pas ici, parce que c'est déjà couvert par la
Loi
sur les poursuites sommaires. M. Dauphin: D'accord.
M. Richard (Gilles): Dans le sens de la question que vous avez
posée, le Conseil de la faune va peut-être un peu plus loin que
cela. Il dit: Quand ce sont des contraventions pour des infractions aux
règlements qui concernent la conservation de la faune, les travaux
communautaires devraient être orientés vers la protection ou la
conservation de la faune parce que, pour des gens qui sont familiers avec cela,
il y a tout un éventail de travaux pratiques qui peuvent être
faits, ne serait-ce que nettoyer une rivière polluée, par
exemple, avec des déchets. Ceci est pour le premier point.
Quant au second point, nous croyons aussi qu'indépendamment de
l'amende il y a peut-être des espèces de sanctions qui pourraient
être prises forçant la ou les personnes impliquées à
faire des travaux qui sont reliés à la faune. Si un braconnier
notoire qui a les moyens de payer 300 $, dans son village était
obligé de travailler un certain nombre d'heures à
dépolluer quelques petits ruisseaux, tout le monde le verrait; cela fait
toute une différence. Dans le fond, ce n'est pas uniquement une question
d'argent, c'est une question de sensibiliser les gens à l'importance de
la faune. Le conseil va un peu plus loin que la loi.
M. Dauphin: Si vous me permettez un commentaire additionnel, M.
le Président, je suis d'accord avec vous là-dessus parce que, si
j'ai bien compris, dans la Loi sur les poursuites sommaires actuelle, il y a un
paiement d'amende. En cas de non-paiement d'amende, il y a saisie. Ce n'est pas
concomitant, autrement dit. Je comprends très bien votre intervention.
Il serait socialement beaucoup plus acceptable, beaucoup plus profitable pour
la faune que ce soit tout de suite le premier choix et non pas s'il n'y a pas
de biens à saisir ou autrement que ce soient des travaux
spécifiques reliés à la faune.
En terminant, le ministre nous disait tantôt que, concernant la
protection des habitats fauniques, le projet de loi, à la suite de la
scission que vous avez faite, deviendrait en vigueur le printemps prochain.
M. Chevrette: C'est mon objectif.
M. Dauphins Un élément qui me semble plus important
et essentiel dans cet éventuel projet de loi serait un pouvoir
d'intervention du ministre pour protéger les habitats fauniques. Je
voulais avoir votre assurance que ce pouvoir sera prévu au printemps
prochain. C'est l'élément essentiel.
M. Chevrette: Oui, exactement parce qu'actuellement les
juridictions sont éparpillées en soi et non pas exclusivement en
fonction de la protection de la faune. Par exemple, l'Environnement a la
juridiction sur la flore. Si la faune y va, c'est parce que la flore est
propice à sa venue, c'est bien évident. Prenons un ravage de
chevreuils et toute la question des coupes de bois, cela concerne
l'Énergie et les Ressources. Si on parle des habitats fauniques en
bordure du lac Saint-Pierre, par exemple, il y a l'Agriculture qui dit, avec
son zonage: II faut faire de l'endiguement. Nous disons: On est peut-être
mieux de commencer par des expériences de pompage. Effectivement, il y
en a eu cette année par Canards Illimités et un peu par notre
ministère, de sorte qu'on vit une expérience et on verra ce que
cela donne. Quand on parle d'habitats, il y a tout cela. On en a eu la preuve
lors des discussions ce matin, à un moment donné, la
frontière est mince et c'est facile d'arriver à des conflits de
juridictions.
Je pense que c'est dans cette optique-là qu'on a des
comités qui travaillent pour essayer de définir un modèle
de concertation qui en arriverait à dire: On a une loi concernant les
habitats fauniques. Les pouvoirs peuvent être
délégués ou, en tout cas, sans aller empiéter sur
le rôle des autres ministères, il faudrait qu'on ait un pouvoir
d'intervention assez rapide pour sauver les habitats. C'est dans ce
sens-là, je pense, qu'on recherche un consensus, d'abord, sur le plan
ministériel. Ensuite, on fera la consultation spécifique
là-dessus auprès des organismes en espérant que les sons
de cloche régionaux nous arriveront au niveau national.
M. Dauphin: Je ne sais pas si d'autres collègues ont des
questions de mon côté. Je tiens à vous remercier, encore
une fois, pour votre mémoire.
M. Chevrette: Avant qu'il ne quitte, je voudrais proposer
qu'immédiatement après le groupe du Conseil de la faune on puisse
terminer la commission. Nous avons deux courts mémoires: un de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec et j'ai proposé d'accorder ce matin cinq minutes -
ça pourrait en prendre six, je ne serai pas regardant - à la
SPCA. Plutôt que de faire revenir les gens après 15 heures, on
pourrait les libérer. Je voudrais remercier le Conseil de la faune de sa
collaboration non seulement pour sa critique du projet de loi, mais
également quant aux mandats que je lui donne et qui reçoivent
toujours une réponse de sa part.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Je crois bien que la
commission est d'accord pour entendre les deux autres. J'inviterais la
représentante de la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec.
La Fédération nationale des
associations
de consommateurs du Québec
Mme Fortier (Martine): C'est un mémoire...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi. Est-ce que vous
pourriez vous identifier pour les besoins du journal des Débats?
Mme Fortier: Je suis Martine Fortier. Je suis permanente à
la Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec. Le conseil d'administration de la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec a
décidé, lors de sa réunion du 19 février dernier,
d'appuyer la demande des pisciculteurs de pouvoir commercialiser l'omble de
fontaine d'élevage. À la lecture du dossier, il nous est apparu
que l'interdiction qui frappe la vente de truite mouchetée n'a plus sa
raison d'être. L'expérience ontarienne et américaine est
éclairante quant au problème du braconnage. En ce qui nous
concerne, c'était l'objection majeure à la
réglementation.
Nos sondages nous indiquent que les consommateurs considèrent le
poisson comme un des aliments les plus nutritifs. Le problème, c'est
qu'il est généralement très dispendieux. Il n'est pas
à la portée de toutes les bourses. Nous espérons que le
développement de cette nouvelle industrie verra à produire une
truite le moins cher possible. Nous sommes certains que la truite
mouchetée se fera une place importante dans les menus des consommateurs
et des consommatrices.
M. Chevrette: Mme Fortier, vous savez qu'il y a des groupes qui
passent devant nous et qui nous disent: Je représente 200 000 membres.
Il y en a d'autres qui disent: Nous représentons 500 membres.
Pourriez-vous me dire à combien vous évaluez la
représentativité de la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec? Ce n'est pas un piège;
c'est pour vous donner le même poids que les autres se donnent souvent.
Même s'ils ont atteint 200 personnes, ils parlent au nom de 225 000.
J'aime créer un équilibre.
Mme Fortier: Je ne vous donnerai pas un chiffre au niveau du
nombre de personnes, mais notre fédération regroupe cinq
organismes de protection du consommateur qui, eux, regroupent des organismes
à l'intérieur de leur région et des individus-membres. Les
régions représentées sont l'Estrie, la rive sud de
Montréal, Granby, Québec et la région de Charlevoix. Comme
je vous le dis, plusieurs organismes comprennent des groupes populaires
à l'intérieur de leur région, des syndicats, beaucoup de
personnes à faible revenu.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez un plan d'action relativement
à votre prise de position pour la faire connaître au grand
public?
Mme Fortier: Présentement, on n'a pas de plan d'action
pour faire connaître notre position publiquement au niveau des
médias, mais cette position a été prise à la suite
d'une enquête faite dans le domaine agro-alimentaire à
l'échelle de la province par rapport aux aliments que les consommateurs
considéraient comme nutritifs et qu'ils trouvaient important d'avoir au
meilleur coût possible, parce que notre clientèle ce sont les
personnes à faible et moyen revenus. On le disait dans notre
mémoire: Le poisson est considéré comme un aliment
essentiel, nutritif et souvent les gens trouvent que plusieurs
catégories de poissons sont trop chères pour pouvoir en obtenir.
On s'est dit que la truite mouchetée qui provient du Québec
pourrait être commercialisée et peut être très
accessible et très nutritive pour les consommateurs.
M. Chevrette: Je vous remercie beaucoup, madame.
Mme Fortier: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui voudraient intervenir? (13 h 15)
M. Dauphin: Une petite question, si vous le permettez, M. le
Président. Je ne veux pas, non plus, tendre un piège. Où
retrouve-t-on de la truite mouchetée? Je ne suis pas un expert dans le
domaine. Dans les autres provinces canadiennes, est-ce qu'on retrouve de la
truite mouchetée? On parle d'expériences en Ontario et aux
États-Unis.
Mme Fortier: La truite - je ne sais pas si c'est vraiment de la
truite mouchetée ou de la truite arc-en-ciel - a été
commercialisée en Ontario et dans l'État du Maine. D'après
des études menées, le braconnage n'a pas augmenté et les
consommateurs étaient généralement satisfaits de la
consommation.
M. Dauphin: M. le député de Bourassa parlait du
Nouveau-Brunswick. Quelle est la législation au Nouveau- Brunswick?
M. Laplante: La Colombie britannique aussi.
M. Dauphin: Est-ce qu'elle est commercialisée au
Nouveau-Brunswick?
Une voix: Oui.
M. Dauphin: Je vous remercie.
M. La pi ante: II y a la Colombie britannique aussi.
M. Chevrette: Et l'Ontario, je crois, ainsi que plusieurs
États américains. Je vous remercie, madame. Pourriez-vous nous
faire parvenir le résultat de votre enquête sur
l'agro-alimentaire, à mon bureau?
Mme Fortier: Certainement. Je vous remercie.
M. Chevrette: Cela me ferait plaisir. Merci. Bonjour.
La Société protectrice canadienne des
animaux
Le Président (M, Brouillet): Merci. Nous invitons le
porte-parole de la SPCA.
M. Chevrette: Votre patience est venue à bout de tout.
Le Président (M. Brouillet): Votre mémoire a
été déposé hier. Maintenant, vous avez quelques
commentaires à formuler concernant votre mémoire. Peut-être
pourriez-vous nous donner quelques commentaires sur les points importants de
votre mémoire dont vous vouliez faire part à la commission.
M. Duquette (Marcel): Parfait. Nous pourrions peut-être
nous présenter, si vous le permettez.
Le Président (M. Brouillet): Oui, s'il vous plaît.
Très bien. Je vous en prie.
M. Duquette: Mon nom est Marcel Duquette, président du
comité de la faune. Mon collègue, Bruno Felteau,
secrétaire et trésorier du mouvement.
Nous, à la SPCA, avons lu attentivement ce projet de loi qui nous
a plu dans l'ensemble. Je pense que c'est un projet de loi très
important. Du même souffle, par contre, nous le trouvons incomplet dans
le sens qu'il aurait dû y avoir, en ce qui nous concerne en tout cas, un
principe général d'humanisation. On parle de protection et de
conservation, mais, nulle part dans loi il n'est inscrit qu'il devrait y avoir
une humanisation de ces activités, par exemple, au niveau du trappage,
au niveau de la chasse à l'arc ou de la chasse avec les chiens. Grosso
modo, disons que c'est cela, la première recommandation.
Évidemment, notre mémoire va plus loin que cela parce qu'il
contient dix recommandations.
Les autres recommandations, si j'ai bien compris, iraient
peut-être plus au niveau de la réglementation, alors que le
principe fondamental de l'humanisation concernerait surtout la loi. C'est
pourquoi j'ai insisté un peu ce matin auprès du ministre afin
qu'il nous accorde trois minutes parce que je voulais qu'il passe absolument,
ce petit message. Si, au niveau des règlements, notre mémoire
passait - tenons pour acquis qu'il passerait - si, au niveau de la loi, il y a
un trou énorme en ce qui concerne l'humanisation, ou que c'est quand
même la loi qui chapeaute les règlements, ce serait un peu un
manque de sérieux, à notre avis. C'est l'essentiel dé
notre revendication, je crois.
M. Chevrette: Je remarque que la plupart de vos recommandations
sont plutôt de nature réglementaire que législative.
M. Duquette: Oui. Si vous le permettez, M. le Président,
c'est ce que M. Perron m'a fait comprendre, l'autre jour, au
téléphone, si je l'ai bien compris. Peut-être que je me
suis mal exprimé, mais, c'est parce qu'au niveau de la loi il n'y a pas
un principe général ou un principe fondamental qui viendrait
souligner le besoin d'humaniser le trappage - c'est surtout au niveau du
trappage que cela nous chatouille le plus -ainsi que la chasse à l'arc
et d'autres formes de chasse relativement barbares. C'est à ce niveau
surtout qu'on aimerait avoir quelque chose d'inscrit dans la loi qui laisserait
au moins aux gardes-chasse ou aux agents de la conservation le droit de
sévir lorsqu'il y a abus à ce niveau. Comprenez-vous
l'idée?
M. Chevrette: Mais, en vertu du Code criminel canadien...
M. Duquette: Oui. Peut-être l'article 402.
M. Chevrette: ...dans le cas des abus, est-ce qu'il n'y a pas une
mesure qui vous permet d'intervenir?
M. Duquette: C'est fort possible parce que l'article 402 est
clair et net. On ne peut pas faire souffrir aucune bête inutilement. Mais
je comprends assez mal comment il se fait qu'on permette à des
trappeurs, par exemple, d'utiliser des techniques et des pièges qui sont
barbares et primitifs dans le sens qu'ils font souffrir les bêtes de
façon inconsidérée dans des laps de temps impensables. Il
n'y a pas de loi, ni de règlement présentement, si j'ai bien
saisi l'ensemble de cette loi, qui contraindrait le trappeur à faire une
levée des pièges aux 24 heures. On sait que, si une bête
est prise dans un piège avec une fracture ouverte, avec toutes les
souffrances qu'elle peut endurer, et que si c'est laissé à la
discrétion
du trappeur d'y aller à toutes les semaines, s'il le veut,
évidemment, c'est une souffrance indue. C'est une souffrance qui
pourrait être corrigée seulement en réglementant, je ne
sais pas, le fait de lever ses pièges aux 24 heures.
Au niveau de la technique...
M. Chevrette: Je m'excuse de vous interrompre. On pourrait
théoriquement - je ne dis pas qu'on le fera - en vertu de la loi
actuelle, par le pouvoir de réglementation, recourir à des
mesures juridiques. C'est au niveau de la réglementation que vous
pourriez voir des mesures introduites. C'est comme cela que j'ai compris le
projet de loi par rapport aux règlements éventuels. Si j'avais
à vous répondre exclusivement sur un plan théorique, je
dirais que ce que vous nous demandez est possible par la loi.
M. Duquette: C'est impossible? M. Chevrette: C'est
possible. M. Duquette: C'est possible.
M. Chevrette: II faudrait confirmer dans des règlements
certaines mesures que vous préconisez.
M. Duquette: Oui.
M. Chevrette: Donc, l'aspect législatif comme tel pourrait
effectivement vous permettre de réaliser tout ce que vous demandez parce
qu'on n'aurait qu'à transposer, en vertu des pouvoirs
réglementaires qu'on se donne dans la loi, et en arriver à des
mesures du genre.
M. Duquette: Oui. Alors, si vous permettez que je soulève
un autre petit point en cinq minutes. Ce n'est pas long, mais je vais essayer
de condenser un peu. Vous êtes au courant, évidemment - j'ai
remarqué que vous êtes au courant de votre dossier - que de 1974
à 1981 un comité fédéral-provincial a
été formé dans le but, justement, d'étudier les
méthodes cruelles de trappage, dans le but d'humaniser le trappage.
Lorsque le comité a été dissous, on a fait des
recommandations. Je suis un peu gêné de voir qu'on n'a pas tenu
compte de ces recommandations. Peut-être que vous pourriez m'expliquer
pourquoi, M. le ministre. Ces recommandations soulignaient le besoin
d'humaniser le trappage à travers le Canada. Ces fameuses
recommandations offraient au gouvernement seize alternatives au fameux
piège attrape-jambe qu'on connaît présentement et qui est
le piège le plus barbare, entre autres.
M. Chevrette: Ils ont un programme d'élimination de
certaines mesures, par exemple, le piège à pattes. Cela
correspond à un des voeux du comité de travail dont vous parlez.
Le programme, naturellement, n'est pas terminé. Il est en train
d'être élaboré. Pour certaines mesures, je pense qu'on
pourrait considérer plusieurs recommandations qu'il y a dans cela. Et,
au besoin même, si vous êtes intéressés à vous
impliquer dans ce processus de consultation et de faire savoir vos avis au
directeur de la conservation de la faune, je n'ai pas d'objection à vous
soumettre les éléments de ce programme qu'on est à mettre
sur pied.
M. Duquette: Je l'apprécie beaucoup et soyez sûr
qu'on va se tenir près de la porte. Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Orford aurait un commentaire ou une question?
M. Vaillancourt (Orford): Je n'ai pas beaucoup de commentaires
sur le mémoire. J'aimerais savoir des représentants de la SPCA,
M. Duquette ou M. Felteau, quel rôle joue votre organisme, de quelle
façon vous financez votre association et où vous vous procurez
vos fonds.
M. Felteau (Bruno): Dans un premier temps, le rôle de notre
association, selon notre charte, c'est la protection des animaux sous toutes
ses formes. Je crois que la plupart des gens jugent la SPCA sur les refuges
qu'elle administre à travers le Québec, parce qu'elle a dix
refuges dans le Québec pour les animaux de compagnie surtout. Mais son
rôle est quand même plus étendu que cela,
c'est-à-dire qu'on fait de l'inspection sur la cruauté envers les
animaux. Comme M. le ministre en a parlé tout à l'heure, dans le
Code criminel, les articles 400 à 403 parlent de cruauté envers
les animaux. On a un comité de la faune comme celui-ci. On a un autre
comité qui s'occupe de l'élevage, en agriculture. En fait, c'est
partout où les animaux sont concernés et où il peut y
avoir besoin de protection dans ce sens. Donc, le rôle est assez
large.
Quant au financement de ses activités, pour les refuges de la
SPCA, le financement provient surtout des contrats qu'elle obtient avec
certaines municipalités en matière de contrôle des animaux
domestiques en milieu urbain. Par exemple, la ville de Montréal loue les
services de la SPCA. Ces revenus ne servent qu'à défrayer une
partie des refuges. Le reste des sommes que nous avons provient de dons purs du
public, lors de campagnes de financement ou de choses comme cela. Donc, la
plupart des gens qui travaillent à la SPCA sont bénévoles
pour les activités qui sont à l'extérieur des refuges. Le
gros secteur d'activité, ce sont les refuges; mais, pour tous les autres
secteurs connexes, comme les
gens qui ont participé à la commission parlementaire
aujourd'hui, c'était du bénévolat et c'est du
bénévolat dans la plupart des cas pour ce qui est des autres
secteurs.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est votre budget total de la
province?
M. Felteau: Oh! Je ne pourrais pas vous dire le budget total de
la province. Il y a dix filiales qui sont indépendantes et il y a le
siège social. Ce doit être un budget d'environ 1 000 000 $ au
total, mais, pour cela, j'y vais sous réserve.
M. Vaillancourt (Orford): Quels sont les montants que vous allez
chercher par les contrats ou les mandats que vous recevez des
municipalités? Quels sont les montants que vous devez à ramasser
par souscriptions publiques?
M. Felteau: Disons que je ne peux pas vous donner de chiffres
comme cela. Cela doit varier entre 25% et 40% de nos revenus environ.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire qu'il se fait beaucoup
de bénévolat dans votre association. Est-ce que vous avez
déjà demandé de l'aide financière au
gouvernement?
M. Felteau: Je ne peux pas vous dire. La Société
protectrice canadienne des animaux existe depuis 113 ou 114 ans.
M. Chevrette: Elle est aussi vieille que la
confédération.
M. Felteau: II s'est passé énormément de
choses depuis ce temps. Donc, je ne peux pas vous dire les démarches qui
ont été faites. Je ne suis pas au courant et je n'ai pas
vérifié encore.
M. Vaillancourt (Orford): Votre association existe depuis le 5
avril 1869 d'après votre mémoire.
M. Felteau: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): C'est cela. Disons que je voulais
simplement un peu soulever cette question parce que je trouve malheureux qu'une
association telle que la vôtre qui fait beaucoup de bien dans la
société soit obligée de se financer par des souscriptions
publiques et qu'elle doive compter surtout sur le bénévolat,
comme vous le faites aujourd'hui ici. Vous êtes ici à vos propres
dépens. Je pense que vous devriez essayer d'avoir des fonds et demander
un peu d'aide du gouvernement provincial. Ce serait bienvenu, en ce qui me
concerne.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Je vous
remercie bien. Maintenant, le député de Berthier pour le mot de
la fin. Après cela, nous céderons la parole au ministre.
Conclusions M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. J'aimerais, tout
d'abord, remercier les organismes qui sont intervenus au cours de ces deux
derniers jours. Plusieurs aspects intéressants ont été
soulevés. J'inviterais le ministre à analyser de très
près ce qui a été suggéré. Il a
semblé être très ouvert à certains points, par
contre très réservé sur d'autres. Nous l'invitons à
être le plus objectif possible vis-à-vis de tous les
organismes.
Un point sur lequel j'aimerais revenir, c'est sur l'abus de la
réglementation. Malheureusement, c'est une façon de plus en plus
fréquente de réglementer les lois; sur le plan pratique, c'est
sûrement moins complet quand vient le moment de mettre en vigueur telle
ou telle facette de la loi quand on le fait par règlement, mais, par
contre, cela cache une partie importante de ce qui fait une loi. C'est pour
cela, à mon sens, qu'un processus de consultation devrait être
bien identifié pour que les décisions ne soient pas exclusivement
prises par un seul homme. Le ministre a essayé de rassurer les
intervenants en ce sens. Pour ma part, je trouve le processus décrit
plus haut informel sous sa forme actuelle. Je pense que certains intervenants
auraient également préféré le voir mieux
établi.
Il aurait été aussi souhaitable pour cette commission que
les règlements aient été sur la table, quitte à
remettre à plus tard cette commission. Pour l'Opposition, le ministre
nous a promis que nous aurions les règlements pour étude article
par article. Il a mentionné que les organismes touchés par ces
règlements seraient, de leur côté, consultés. Mais
si nous avions obtenu les règlements pour cette commission, nous aurions
eu la possibilité de connaître les réactions des organismes
face à ces règlements. Cette commission, sans les
règlements qui sont l'essence même de la loi dans ce cas-ci, ne
nous a pas apporté tout ce que nous aurions pu souhaiter, nous de
l'Opposition, et probablement aussi plusieurs intervenants. (13 h 30)
En terminant, je remercie à nouveau les organismes invités
de s'être déplacés et de nous avoir fait part de leurs
commentaires. Aussi, j'en profiterai pour remercier tous mes collègues
qui ont bien voulu assister aux deux journées d'auditions
que nous avons tenues ici à Québec. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, dans un premier temps, je
vais remercier l'Opposition de sa collaboration. Je ne partage pas
nécessairement leur vision de la réglementation parce que les
organismes qui nous ont parlé de réglementation au cours de ces
deux jours ont quand même, à la suite de questions, admis
concrètement qu'on ne peut pas faire autrement parce que si on gelait
des règlements qui changent annuellement dans des textes
législatifs, ce serait pratiquement nier des réalités. Des
débats théoriques, cela se fait, c'est vrai. Des débats de
principe se font, c'est vrai. Mais pour administrer une loi sur la conservation
de la faune, il faut regarder l'aspect pratique qui ne se trouve pas dans des
textes législatifs. Dans des textes législatifs il nous faut
avoir les principes de base, mais on sait pertinemment que l'usager
indépendamment des haut-parleurs dans certains cas ou de certains
ténors - le praticien, l'adepte de la chasse et de la pêche le
sait et il nous dit: telles choses devraient être changées. On
doit avoir des mécanismes souples pour les changer.
Même dans le mémoire le plus radical contre le projet de
loi, vous avez remarqué hier qu'à la suite des questions que je
lui adressais la Fédération québécoise de la faune
a répondu oui dans chacun des cas. Je n'ai pas arraché le oui ou
le non. Elle a convenu assez facilement que c'est vrai qu'on ne peut pas geler
dans des textes législatifs des règlements et des normes qui
peuvent changer annuellement selon la conjoncture, selon le climat et
même selon l'espèce elle-même qui peut diminuer ou augmenter
selon le cas. On en a eu la preuve cet hiver où on a permis une chasse
au caribou. Si cela avait été figé dans la loi, on
n'aurait jamais permis une chasse au caribou pour essayer de diminuer le
cheptel qui compte environ 50 000 têtes de trop.
C'est vrai qu'il y a de la réglementation, mais c'est une
question d'ordre pratique, en tout cas au niveau de la Loi sur la conservation
de la faune. Je mettrais au défi n'importe quel dirigeant de n'importe
quelle association d'aller voir les chasseurs et les pêcheurs
eux-mêmes et de leur demander concrètement s'ils voudraient voir
geler cela dans une loi. Ceux qui se plaignent de la lourdeur des
règlements, je pense qu'ils étoufferaient avec un texte
législatif apportant des données sur des choses précises
qui évoluent et qui se doivent d'évoluer, à part cela,
à cause du gros bon sens. Il me semble que cela se comprend.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a de la réglementation,
même si dans un mémoire on disait que c'était le
gouvernement actuel. Je m'excuse, mais tous les gouvernements ont
légiféré, ont adopté des réglementations. Je
défierais non seulement les intervenants là-dessus, mais
également les parlementaires de l'Opposition de me faire croire que les
quotas de pêche doivent être fixés dans une
législation, par exemple, que les saisons de chasse doivent être
figées dans un texte législatif. Cela n'a pas de bon sens.
Je pense qu'il faut regarder cela concrètement. Vous avez
remarqué que, lorsque j'ai demandé hier lequel devrait être
inséré dans la loi, je n'ai eu aucune réponse. Cela m'a
amené à conclure qu'il y a des gens qui se présentent en
commission parlementaire, qui sont cohérents avec des positions qu'ils
ont toujours défendues, avec des recommandations qu'ils nous ont faites
antérieurement, avec des principes qu'ils ont soutenus et
défendus, d'autant plus que ces mêmes organismes ont
été consultés d'une façon soutenue et qu'on leur a
donné des mandats.
Moi aussi, je regrette, bien sûr, certaines altercations qu'il y a
eu avec la Fédération québécoise de la faune hier.
J'ai expliqué ce matin au député de Hull que je ne pouvais
laisser passer, ne serait-ce que par principe, des faussetés. Je ne peux
pas les laisser passer. Je me fous éperdument, en ce qui me concerne, de
la flatterie politique pour essayer de faire croire qu'on aime bien ce qu'ils
nous disent alors qu'il y a un manque total de cohérence. Je ne peux pas
faire cela comme individu. Je ne suis pas bâti comme cela.
Je voudrais en profiter, cependant, pour rassurer toutes les
associations affiliées à cette fédération qui, sur
le plan régional, ont participé à des consultations. Dans
plusieurs mémoires, dans des articles de journaux régionaux et
dans les coupures de presse que nous avons, plusieurs associations
régionales nous demandaient, depuis plusieurs semaines, d'enlever les
technicités du projet de loi parce que c'étaient des infractions
stupides qui provoquaient bien souvent la colère des chasseurs et des
pêcheurs. Nous avons acquiescé à ces demandes. Je veux les
assurer qu'il en sera toujours de même, indépendamment d'une
altercation passagère et ponctuelle à l'occasion d'une commission
parlementaire.
Je pense que nos chasseurs et nos pêcheurs en région
peuvent être assurés d'ores et déjà que l'on
continuera à faire le même processus de consultation et que mes
fonctionnaires en région continueront à les consulter
annuellement sur les modifications à apporter aux directives et aux
règlements afin de faciliter davantage le service que
l'on donne à la clientèle et que cela réponde aux
voeux qu'ils formulent annuellement.
Je voudrais, d'autre part, souligner également l'ampleur des
programmes, parce qu'il y a des gens qui ont pensé que la guerre
était prise. Le titre est: "La guerre est prise entre la
Fédération québécoise de la faune et le
ministère." Il faut dire que c'est une guerre payante parce que je
pourrais vous souligner qu'on a beaucoup de programmes sur lesquels nous
travaillons conjointement avec la Fédération
québécoise de la faune. Je pense au SMAF, le fameux programme de
maniement d'armes à feu. On a également le PESCOF, un cours
donné par la Fédération québécoise de la
faune, qui leur a rapporté, l'an dernier, 238 000 $, je crois.
Également, la FQF a eu le mandat de consulter sur les trois
thèmes que j'ai mentionnés ce matin, soit les poissons
appâts, le zonage intégré et la commercialisation de la
truite mouchetée. Nous avons donné 7000 $, je crois, en plus
d'une subvention de fonctionnement d'environ 40 000 $ à cette
fédération.
Ainsi, au-delà de tout cela, nous croyons fondamentalement aux
membres de la base qui travaillent bénévolement dans certaines
petites villes, dans certains villages de certaines régions. Je ne
voudrais pas que les points de vue biaisés de certains dirigeants
à l'échelon national contribuent à semer le
discrédit sur ces associations qui cherchent des moyens
d'autofinancement, qui organisent toutes sortes de choses pour financer leurs
activités bénévoles et qui travaillent d'arrache-pied pour
la conservation de la faune. Je ne voudrais pas que le semblant d'altercation -
en tout cas, en ce qui me concerne, ce n'est pas une altercation qui a
été bien longue, car je suis capable d'en faire des plus longues
que cela, par principe surtout - jette du discrédit sur les associations
de personnes qui oeuvrent bénévolement pendant un nombre d'heures
incalculable, même le soir et les fins de semaine, au profit de la
conservation de la faune. Au contraire, elles auront l'oreille attentive du
ministère et du ministre, je peux les en assurer.
Je voudrais également remercier les groupes qui ont
défilé devant nous, parce que je considère que leur
travail, dans la majorité des cas, a été très
constructif. Nous avons conclu des ententes, même sur le territoire, avec
les pourvoyeurs, en ce qui regarde le bail type. Nous avons eu un excellent
mémoire de l'Association des ZEC. Nous avons eu un mémoire
constructif du Conseil de la faune. L'Association des pisciculteurs fait preuve
de ténacité et, je pense, a un dossier qui mérite non
seulement d'être regardé un point c'est tout, mais qui
mérite d'être regardé avec célérité,
avec sérieux, d'une façon rationnelle et non émotive. Nous
avons eu également l'association des consommateurs qui a
été brève, mais cela voulait tout dire. Ce n'est pas la
longueur d'un mémoire parfois qui fait qu'il a un contenu
débordant. Je pense que l'association des consommateurs, qui
représente passablement de monde aussi, est venue donner un point de vue
important dans le décor et dans l'analyse que nous aurons à faire
de tout cela. Il y a également la SPCA qui s'est
présentée, même si elle n'était pas sur la liste. Je
pense qu'on a fait preuve de reconnaissance pour le travail que font ces
gens-là. Je pense qu'ils avaient un point de vue et c'est sans doute un
oubli de part et d'autre si vous n'avez pas été inclus,
messieurs. Je savais depuis longtemps que le trappage humanitaire vous
intéressait au plus haut point.
L'ensemble des groupes qui ont défilé devant nous
mérite sûrement nos plus sincères remerciements et, en
particulier, des remerciements à ceux qui ont été vraiment
sincères et qui ont voulu apporter quelque chose de constructif et non
pas de négatif, qui se sont placés au-delà de la
partisanerie politique et qui n'ont pas voulu jouer double jeu ici. Je vous
remercie.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le ministre. Je
remercie tous les membres de la commission, ainsi que tous les intervenants ou
les porte-parole. La commission ayant maintenant accompli le mandat qui lui
avait été confié, nous ajournons nos travaux sine die.
J'invite aussi le rapporteur à présenter son rapport le plus
tôt possible à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 13 h 41)