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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Brouillet): La commission élue
permanente du loisir, de la chasse et de la pêche est réunie pour
entendre certains organismes en regard du projet de loi no 9, Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune.
Les membres de la commission sont Mme Bacon (Chomedey), M. Chevrette
(Joliette), M. Dauphin (Marquette), M. Houde (Berthier), M. Lafrenière
(Ungava), M. Laplante (Bourassa), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Marquis
(Matapédia), M. Paré (Shefford), M. Léger (Lafontaine), M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont M. Assad (Papineau), M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson), M. LeMay (Gaspé), M. Maciocia
(Viger), M. Pagé (Portneuf), M. Rocheleau (Hull). Nous ajoutons M.
Bissonnet (Jeanne-Mance) comme intervenant à la place de M.
Maciocia.
J'invite les membres à me suggérer le nom d'un
rapporteur.
M. Chevrette: Je propose M. Léopold Marquis.
Le Président (M. Brouillet): Tout le monde est d'accord.
M. Léopold Marquis sera le rapporteur de la commission.
M. Chevrette: M. le Président, avant de...
Le Président (M. Brouillet): J'aimerais peut-être
proposer l'ordre du jour.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Dans un premier temps les
représentants des partis, M. le ministre et le représentant de
l'Opposition, auront quelques remarques préliminaires à adresser.
Ensuite, il y aura le dépôt d'un mémoire de la part de
Cervibec. Nous entendrons ensuite l'exposé des mémoires. Ici,
j'ai deux associations: tout d'abord, l'Association des outfitters du
Québec et la Fédération québécoise de la
faune. Est-ce que les représentants de ces deux organismes sont
présents?
M. Chevrette: II y a ici, en arrière, la
Fédération québécoise des gestionnaires de ZEC. Il
y aurait trois groupes aujourd'hui, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Bon, très bien. Oui,
je vois.
M. Chevrette: Les autres ont préféré faire
un dépôt de leur mémoire au lieu de témoigner.
Le Président (M. Brouillet): Nous entendrons aussi le
mémoire de la Fédération québécoise des
gestionnaires de ZEC. Tout cela cet avant-midi, je crois.
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Brouillet): Non.
M. Chevrette: C'est prévu que ce soit en deux groupes.
D'ailleurs, après les exposés préliminaires de chacun des
groupes ici, étant donné qu'on a peu de contrainte au niveau du
temps puisqu'on a trois groupes, on pourrait - je pense bien - s'entendre avec
l'Opposition pour organiser notre horaire pour terminer vers 18 heures ce soir,
ce qui exclut la période du lunch ce midi.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le dernier groupe
est invité pour cet après-midi ou s'il est présent ce
matin?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Brouillet): II est invité pour cet
après-midi.
M. Chevrette: II est nécessairement le troisième.
Donc, c'est clair que c'est cet après-midi.
Le Président (M. Brouillet): Cela va.
M. Chevrette: Également, il y a possibilité que la
Fédération québécoise de la faune déborde
sur l'après-midi sans doute.
Le Président (M. Brouillet): Bon. Très bien.
Étant donné que nous avons quand même un temps assez
intéressant pour tout le monde, je pense bien...
M. Chevrette: Nous verrons au fur et à mesure, je pense
bien. On s'est toujours bien entendu à cette commission parlementaire et
on s'organisera pour terminer avec les trois groupes vers les 18 heures.
Le Président (M. Brouillet): Cela veut dire, en moyenne,
qu'on peut prévoir, après les interventions du début,
environ une heure et demie à deux heures par groupe.
M. Chevrette: Quitte à donner notre consentement
permettant de prolonger pour un groupe qui aurait besoin de s'expliquer ou
d'expliquer davantage son mémoire ou ses prises de position.
Le Président (M. Brouillet): C'est très bien.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre a l'intention
d'accepter la présentation d'un mémoire par la SPA, qui a
demandé d'être entendue à cette commission
parlementaire?
M. Chevrette: Quand nous avons déposé le projet de
loi en juin, j'ai demandé à l'Opposition officielle de me faire
connaître ses choix de groupes. Personnellement, j'avais fait une
proposition de douze ou treize groupes. Nous nous sommes entendus à la
fin pour dix groupes. De ces dix groupes, il y en a qui ont
décidé de déposer leur mémoire. En novembre 1982,
lorsque nous avons tenu des audiences publiques pendant trois longues
journées au cours desquelles on a entendu quelque 47 mémoires,
nous nous étions entendus pour refaire une commission parlementaire
mais, cette fois-ci, sur invitation sélective. Je pense, à ce
moment-ci, que cela serait de remettre en question une entente entre
l'Opposition officielle et le ministre qui vous parle.
M. Houde: M. le Président, lorsque nous en aurons fini
avec nos trois groupes qui sont inscrits à l'ordre du jour pour
aujourd'hui, s'il nous reste du temps, sera-t-il possible de l'entendre?
M. Chevrette: Vous savez bien qu'on est toujours d'accommodement,
monsieur. S'ils sont ici à ce moment-là, ils pourront se
présenter. On verra. Je ne veux pas m'obstiner. Si on n'a pas de temps,
on n'a pas de temps; mais si on a du temps, je n'ai pas d'objection. Ils vont
venir nous dire ce qu'on a lu dans les journaux, ce matin.
M. Vaillancourt (Orford): Je ne suis pas au courant s'ils sont
ici, mais je pensais qu'on en avait discuté avec le ministre à
savoir qu'ils voulaient se faire entendre. Je vois ici un article du journal La
Tribune d'hier qui dit que: "La Société protectrice canadienne
des animaux n'est pas invitée à la commission parlementaire sur
la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune". Je ne sais pas si
le ministre a lu...
M. Chevrette: Premièrement, je n'ai pas pensé les
inviter. Je l'ai lu.
M. Vaillancourt (Orford): Vous l'avez lu.
M. Chevrette: Mais je ne pense pas que l'Opposition y ait
pensé non plus parce que c'était une entente conjointe, les dix
groupes. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Vaillancourt (Orford): Mais s'ils sont arrivés...
M. Chevrette: Si vous y aviez pensé au mois de juin, vous
m'auriez dit de l'inclure dans les groupes à entendre. Mais
vous-mêmes ne me l'avez pas suggéré. Que voulez-vous que je
vous dise? Elle n'a pas été invitée mais, par contre, on a
un mémoire. Elle nous a envoyé un mémoire la semaine
dernière et on va le lire. Soyez sans crainte.
M. Vaillancourt (Orford): Bon. D'accord.
M. Chevrette: On peut même le déposer pour les
besoins de la commission, si vous voulez, afin qu'il soit consigné dans
le procès-verbal. Il n'y a pas de problème.
M. Houde: S'ils sont ici, il serait peut-être bon que le
mémoire soit consigné.
Le Président (M. Brouillet): Je suggérerais
qu'à la fin de la journée, s'il nous reste du temps avant 18
heures, une fois qu'on aura entendu les groupes à l'ordre du jour, vous
déciderez à ce moment-là s'il y a lieu de l'entendre.
Sinon, il y a toujours la possibilité qu'on vient de mentionner
d'inscrire à l'ordre du jour le dépôt des
mémoires.
M. Chevrette: Je suis prêt à en faire la proposition
immédiatement et qu'on le consigne au procès-verbal de la
commission. La discussion portera exclusivement si on a du temps ou pas pour
les entendre. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Nous recevons pour
dépôt le mémoire de la SPA.
M. Chevrette: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais M. le ministre
à faire quelques remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Guy
Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, chers collègues,
après avoir taquiné le saumon, le
"char", la grise et la mouchetée au cours de mes vacances, je
suis heureux de reprendre le travail, particulièrement en ce qui
concerne l'une des deux grandes vocations de mon ministère, à
savoir la conservation de la faune.
Vous vous souviendrez sans doute qu'en novembre dernier, nous avons
étudié les moyens à prendre pour améliorer
l'actuelle Loi sur la conservation de la faune; 42 personnes ou organismes ont
alors été entendus par notre commission. De très nombreux
avis, suggestions, projets ont été avancés. C'était
la première fois, me dit-on, que l'ensemble des
fédérations et des associations intéressées
à la conservation de la faune ainsi que les citoyens pouvaient se faire
entendre en commission parlementaire sur un sujet qui touche directement les
quelque 800 000 Québécois et Québécoises qui
pratiquent la pêche, la chasse et le piégeage.
Il est alors très vite apparu que non seulement il nous faut
refondre la loi, mais qu'il faut également mettre de l'avant, par voie
législative, un cadre de protection et de mise en valeur des habitats
fauniques.
Devant l'ampleur des changements et des nouveaux aspects
proposés, je m'étais alors engagé à convoquer une
nouvelle commission parlementaire - celle de ce matin - pour consulter une fois
de plus les organismes et les associations, cette fois sur une base plus
sélective. Je remercie d'ailleurs l'Opposition pour sa collaboration
dans le choix des intervenants.
Depuis l'année dernière, nous avons donc analysé,
soupesé, décortiqué chacun des mémoires soumis et
chacune des interventions. Comme chacun l'avait prévu, la protection des
habitats fauniques, à cause du caractère novateur d'une telle
démarche, ne pouvait être comprise dans le projet que nous allons
discuter aujourd'hui et demain. D'ailleurs, j'avais annoncé depuis fort
longtemps - je crois que c'est au congrès de la Fédération
québécoise de la faune - cette décision de scinder en deux
le projet de loi.
Ainsi, pour ce qui est des habitats fauniques, nous poursuivrons nos
consultations avant de déposer un projet de loi particulier à cet
égard. Je compte pouvoir soumettre ce projet le printemps prochain. Des
comités sont à l'oeuvre impliquant tous les ministères
intéressés.
L'actuelle Loi sur la conservation de la faune date de 1978. C'est elle
qui, notamment, a donné naissance aux zones d'exploitation
contrôlée et introduit des notions nouvelles de la gestion de la
faune. Cinq ans après, sa refonte s'imposait comme la commission l'a si
bien démontré l'an dernier.
Les objectifs généraux visés par la nouvelle loi se
rapportent à quatre aspects: "tout d'abord ajuster à une
situation de gestion de la faune qui a considérablement
évolué ces dernières années,
particulièrement en ce qui concerne les zones d'exploitation
contrôlée et les pourvoiries; deuxièmement, corriger des
situations anormales qui rendent difficile et inadéquate l'application
de la loi dans certains cas, telle la garde de certains objets saisis;
troisièmement, améliorer la loi pour en faire l'instrument
essentiel de la gestion des ressources fauniques et éliminer certaines
infractions techniques; quatrièmement, simplifier la loi pour la rendre
plus accessible aux usagers et, à titre d'exemple, un particulier
pourrait, sans permis, garder certains animaux en captivité.
Par ailleurs, la nouvelle loi élargira le champ d'activité
des agents de conservation de la faune en vue d'une rationalisation des
fonctions d'inspection au sein de la fonction publique.
Ces modifications proposées touchent particulièrement aux
conditions d'exploitation de la faune et aux dispositions pénales s'y
rapportant, au champ d'intervention des agents de conservation de la faune, aux
territoires structurés ainsi qu'à leur mode d'exploitation et de
gestion.
Une première série de modalités vise la pratique
même des activités de chasse, de pêche et de
piégeage. Elle abolit certaines présomptions - à la
demande de plusieurs organismes en novembre dernier d'ailleurs -elle codifie de
façon plus cohérente les contraintes techniques imposées
aux chasseurs. Ainsi, tout article dont l'application se révélait
pratiquement impossible, qui comportait des éléments de
présomption ou qui avait peu de lien direct avec la conservation de la
faune est abrogé, modifié ou simplifié. Il s'agit,
notamment, de la définition du mot "chasser" - celui qui poursuit un
animal ne sera réputé chasser que s'il est en possession d'une
arme à feu -de la présomption reliée à la
possession, la nuit, d'une arme à feu ou d'un projecteur; de
l'interdiction pour une personne de servir de la venaison dans les endroits
publics. De même l'insertion dans un étui d'une arme à feu
se trouvant dans un véhicule ne sera plus obligatoire; la garde de
certains objets saisis, comme un véhicule ou un avion, pourra être
confiée au propriétaire tant qu'un juge n'en aura pas
ordonné la confiscation.
Par contre, il a fallu étendre légèrement la
définition du flagrant délit pour la rendre conforme à
celle du Code criminel. Il a paru également utile d'obliger tout citoyen
transportant un animal, du poisson ou de la fourrure non apprêtée,
de s'identifier et d'en indiquer la provenance à un agent de
conservation de la faune ou à un auxiliaire qui lui en fera la
demande.
La capture et la garde d'animaux en captivité seront
simplifiées. Des dispositions réglementaires pourront notamment
permettre de garder en captivité, sans permis, certaines
espèces telles la corneille, les petits mamifères,
etc.
La chasse en enclos pourra aussi, par règlement, être
permise à des conditions différentes de celles s'appliquant
à la zone où il est situé.
Quant à l'assurance responsabilité, le ministère
entend favoriser la mise sur pied d'un plan facultatif d'indemnisation des
accidents de la chasse et de la pêche offert au moment de l'achat d'un
permis. Ce plan, administré par une société d'assurance,
entrera en vigueur au moment où le gouvernement décidera
d'abandonner le régime actuel.
Les dispositions pénales distingueront par l'importance des
peines prévues les simples infractions techniques. Exemple: arme
à feu chargée à bord d'un véhicule. Les infractions
relatives à la faune. Exemple: dépassement des quotas. Par
rapport à la loi actuelle les premières seraient dans l'ensemble
diminuées et les secondes seraient augmentées.
Enfin le pouvoir déclaratoire du ministre est remplacé par
une disposition réglementaire visant à modifier, pour des besoins
scientifiques, éducatifs, alimentaires et de gestion de la faune, les
saisons, zones, quotas de chasse et de piégeage.
Le champ d'intervention des agents de la conservation de la faune sera
élargi. Les agents de la conservation de la faune auront en effet
désormais à appliquer certains articles de la Loi sur la
qualité de l'environnement et de la Loi sur les terres et forêts,
notamment ceux concernant le déversement des déchets polluants
dans la nature et les occupations illégales du domaine public.
En ces matières et en raison de son application dans le milieu,
l'auxiliaire de la conservation de la faune verra également ses
responsabilités élargies. En outre, la loi précisera aussi
leurs fonctions éducatives et préventives, information du public,
promotion de la conservation de la faune, etc.
Nous voulons que nos agents ne soient perçus non seulement comme
un policier mais également comme un type qui vient à l'aide de
l'usager.
Territoires structurés: les pourvoiries, les zones d'exploitation
contrôlée, les réserves fauniques. En ce qui regarde les
baux concernant les territoires structurés d'abord, c'est-à-dire
les pourvoiries et les réserves fauniques, de nouvelles dispositions
sont introduites, certaines pratiques sont clarifiées, toujours dans un
esprit de simplification, d'efficacité et de meilleure gestion de la
faune. Ainsi, la location des droits de chasse, de pêche et de
piégeage est maintenue pour les entreprises commerciales et les
trappeurs. Cette forme d'affectation territoriale visera le
développement de l'utilisation des ressources fauniques.
Pour donner pleine valeur aux droits ainsi consentis par bail à
un locataire, deux nouvelles dispositions sont introduites dans la loi. La
première vise à restreindre l'occupation du sol à
l'intérieur des pourvoiries avec droit exclusif de chasse, de
pêche et de piégeage. La seconde permettra au locataire
d'enregistrer et d'orienter les personnes qui fréquentent son territoire
à des fins récréatives, conformément aux
représentations faites par l'Association des pourvoyeurs du
Québec.
Les autres ajouts ont essentiellement pour but de préciser les
règles d'allocation et de retrait des baux. Un système de
relocalisation, de rachat et d'indemnisation tiendra compte des diverses
situations engendrées par l'annulation ou le non-renouvellement de ces
baux.
La pourvoirie demeure une entreprise commerciale axée sur l'offre
de services à une clientèle de chasseurs et de pêcheurs
dont un des éléments essentiels sera désormais l'offre
d'hébergement. Le gouvernement pourra déterminer les parties de
zones fauniques dans lesquelles seront octroyés par bail les droits
exclusifs de chasse, de pêche ou de piégeage, alors que le
ministre désignera les aires de validité des permis.
Les nouvelles dispositions sur l'inspection et sur la classification des
pourvoiries permettront une meilleure coordination interministérielle de
ces activités. D'ailleurs j'aurai à le développer lorsque
les pourvoyeurs présenteront leur mémoire tantôt. Notamment
en ce qui a trait aux dispositions qui ont été faites par
l'Association des pourvoyeurs du Québec, on peut affirmer que l'ensemble
de celles-ci ont été retenues. Par exemple, vous demandiez que le
locateur ne puisse mettre fin unilatéralement à un bail avant
l'expiration de celui-ci; dans les deux cas, l'annulation ou le
non-renouvellement d'un bail sont prévus à l'article 70, et
lorsque le locataire n'a pas respecté les conditions de son bail et que
le bail a été obtenu frauduleusement.
Également, lorsque vous dites qu'il n'y a eu aucune
transformation ou aucune modification au système, au droit du ministre
de refuser par exemple un transfert de bail, une procédure sera
introduite pour permettre la vente, la cession ou le transfert... Vous
remarquerez qu'à l'article 82.2, les conditions d'obtention, de
transfert et de renouvellement pour chaque catégorie de permis peuvent
être déterminées par règlement.
Vous souhaitiez voir définir le mot pourvoirie. Dans le projet de
loi 9, la pourvoirie a été définie comme une entreprise
qui offre, contre rémunération, de l'hébergement et des
services ou de l'hébergement pour la pratique à des fins
récréatives, des activités de chasse, de
pêche et de piégeage.
Certains d'entre vous désirent avoir le contrôle des
activités récréatives par les pourvoyeurs. C'est
prévu par règlement à l'article 77.7 parce que ces
conditions pourraient varier et qu'il pourrait même arriver que certains
pourvoyeurs ne veuillent pas contrôler cette activité. Votre
revendication concernant la nomination d'un pourvoyeur à titre
d'auxiliaire se trouve satisfaite à l'article 10, comme le permettaient
les dispositions équivalentes de la loi 61. D'ailleurs, certains
pourvoyeurs ou employés de ceux-ci sont actuellement auxiliaires.
Finalement, en ce qui a trait aux amendes, comme vous l'avez
recommandé, les amendes concernant les infractions à
caractère biologique ont été substantiellement
augmentées.
Réserves fauniques. Pour ce qui est des réserves
fauniques, l'ancienne définition est légèrement
modifiée. Leur vocation prioritaire de conservation, de mise en valeur
et d'utilisation de la faune sera confirmée. Les pouvoirs
réglementaires associés aux réserves n'auront pour
fonction que d'assurer l'encadrement de la pratique des activités
récréatives, chasse, pêche, piégeage et plein
air.
Cette nouvelle définition n'entraînera aucun changement par
rapport à la situation actuelle mais aura surtout pour effet d'adapter
la loi à la pratique. Elle aura de plus l'avantage de clarifer et de
préciser les objectifs poursuivis par la création d'une
réserve faunique. Seule la gestion d'équipements et de services
pourra être déléguée et non plus la gestion
complète du territoire. En outre, l'exclusivité des droits de
piégeage pourra y être accordée.
Pouvoirs d'acquisition et d'expropriation. Enfin, par règlement,
le ministre sera autorisé à acquérir, louer, exproprier,
accepter en don ou par legs un bien immobilier ou un droit nécessaire
à la gestion de la faune. Cette disposition est en soi très
importante. Dans l'attente d'un cadre législatif complet de protection
des habitats fauniques, elle permet au ministre de prendre des mesures
d'urgence pour parer au plus pressé, elle correspond aux voeux plusieurs
fois exprimés ici l'automne dernier dans cette salle.
C'est donc avec beaucoup d'intérêt que je m'apprête
à entendre au cours de ces deux prochains jours les représentants
de chacun des organismes qui ont été convoqués.
Vous me permettrez, en terminant, puisque déjà certains
groupes ont fait connaître leurs positions aux médias, de
répondre à une question qui a été soulevée,
soit la réglementation. Là-dessus, je voudrais tout de suite
rassurer mes collègues de la commission qu'au cours de l'étude
article par article, la presque totalité des règlements seront
déposés et si jamais certains n'étaient pas
complétés, tous les principes et toutes les orientations seront
présentés.
Il est facile de charrier et de tenter de ridiculiser une
législation ou une réglementation, mais comment peut-on fixer
dans une loi la tarification qui évolue bien souvent à la demande
même des associations? Comment peut-on figer dans une loi les dates de
chasse, les quotas de capture, les descriptions techniques de territoire de ZEC
et de pourvoirie, les modalités de vente de permis, les aspects
sécuritaires tel le port du dossard, l'usage de tel ou tel engin de
chasse, l'émission de certificats et de permis, de la procédure
d'acquisition, de site autorisé, de la destruction d'animaux nuisibles,
des conditions de chasse en enclos, de procédure administrative pour la
production de rapport, de procédure pour autoriser le conjoint ou les
héritiers légaux à profiter du droit d'un permis de
pourvoirie, des normes d'hôtellerie, d'une modalité indiquant les
périodes journalières différentes d'une région
à l'autre du Québec?
Je ne vois donc pas l'Assemblée nationale siéger à
tout moment pour légiférer sur de telles choses. Les
associations, les chasseurs et les pêcheurs en général
demandent annuellement des modifications. Parfois, ceux-là qui
reprochent au gouvernement d'y aller par réglementation sont
ceux-là même qui parlent de lourdeur et de lenteur administrativce
et du même souffle ils nous suggèrent quelque chose de cent fois
plus lourd. (10 h 30)
Finalement, permettez-moi de vous dire que la responsabilité de
la conservation de la faune n'est pas dévolue exclusivement à un
ministre ou à un ministère. Les associations qui, depuis des
années, se vouent à cette tâche parfois ingrate mais
combien indispensable se doivent de continuer à promouvoir auprès
des membres de leurs organismes respectifs ce souci constant de conservation et
de faire connaître la fragilité des différentes
espèces mais surtout, et d'abord et avant tout, de se bâtir une
crédibilité auprès des usagers qu'elles
représentent.
Pour ce faire, tous les dirigeants se doivent, et ce, avec beaucoup de
conviction, de prêcher par l'exemple, de se conformer aux lois et aux
règlements et, lorsque ces lois et règlements sont devenus
désuets, ces mêmes dirigeants se doivent de travailler de
façon constructive à leurs changements et à leurs
amendements. Maintenant, place au travail constructif.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Berthier. C'est bien cela?
M. Albert Houde
M. Houde: Oui, c'est cela. Merci, M. le Président. M. le
ministre, chers collègues. J'aimerais avant tout remercier les
différents organismes ou intervenants présents à cette
commission parlementaire concernant la mise en valeur et la conservation de la
faune.
Il est toujours d'une extrême importance que des citoyens et des
citoyennes aient voix au chapitre dans notre système parlementaire. Les
suggestions et recommandations que vous nous ferez dans les prochaines heures
seront les bienvenues. Elles nous apporteront certains éclaircissements
nouveaux sur le projet de loi à étudier.
L'an dernier, nous avions été conviés par
l'Assemblée nationale à une commission parlementaire, qui s'est
tenue les 16, 17, 18 et 23 novembre, afin d'écouter différents
intervenants au sujet des améliorations à apporter ou des
suggestions à formuler à la fois sur la loi sur la conservation
et sur la protection des habitats fauniques.
Nous savions dès cet instant que la Loi sur la conservation de la
faune et celle touchant la protection des habitats fauniques ne seraient pas
présentées conjointement. Comme le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche nous l'a à nouveau mentionné lors de
la commission parlementaire sur l'étude des crédits, en mai
dernier, la loi sur la habitats fauniques serait pour plus tard, dû
apparemment aux nombreuses discussions dans les différents
ministères touchés par ce dossier. Donc, tel que prévu,
c'est la Loi sur la conservation de la faune seulement que nous avons à
étudier, au cours des prochaines semaines, et l'une des premières
étapes est la tenue de ces audiences.
Je mentionne immédiatement qu'il est souhaitable, dû
à la complexité du dossier, qu'on approfondisse davantage la
partie touchant les habitats fauniques. Donc, nous abondons un peu dans le
même sens que le ministre. Toutefois, M. le Président, nous
lançons dès maintenant un avertissement au ministre. Le dossier
touchant les habitats fauniques' ne doit pas être relégué
aux oubliettes et ne peut pas être retardé indûment.
J'espère qu'il sera pour l'an prochain, comme l'a dit le ministre
tantôt. Vous l'avez même admis l'an dernier, M. le ministre, on ne
peut concevoir une conservation et une mise en valeur de la faune sans avoir
une politique adéquate concernant la protection des habitats fauniques,
puisque ces dossiers vont de pair.
Le Québec a cette chance inouïe de posséder une faune
d'une richesse incroyable. Les traces laissées par l'homme dans
l'environnement affectent grandement notre système écologique. Il
nous faut donc en arriver à une utilisation plus rationnelle de notre
milieu faunique. La survie de notre faune est reliée de très
près à son habitat. Non seulement il faut viser sa protection
pleine et entière, mais il est indispensable d'optimiser au maximum ses
ressources. Il nous faut trouver une harmonie entre ces deux aspects.
J'espère, M. le ministre, que vous et votre collègue de
l'Environnement saurez défendre la cause d'une protection maximale de
notre habitat faunique. Trop souvent, vos collègues de l'Énergie
et des Ressources et de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
ont eu le dessus lorsque les dossiers avaient une vocation écologique.
Ce n'est malheureusement pas la voix de la raison qui l'emporte mais la voix du
plus fort, dans ce genre de dossier.
Si j'ai débordé quelque peu sur les habitats fauniques,
c'est simplement pour rappeler au ministre de ne pas trop tarder à nous
présenter son projet et que celui-ci présente
véritablement ce que le milieu écologique est en droit
d'attendre.
M. le Président, concernant le projet de loi no 9, Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, il est indispensable que les
notions "conservation" et "mise en valeur" soient bien définies et
défendues. Or, j'avoue mon inquiétude vis-à-vis de
l'attitude du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, lorsque
celui-ci se proclame seulement ministre du Loisir. Si je me fie aux
commentaires des chroniqueurs de la faune, de la chasse et de la pêche,
l'Opposition n'est pas la seule à être inquiète.
Ainsi, selon ce qui nous a été rapporté par le
journaliste, M. André-A. Bellemare, du quotidien Le Soleil, le ministre
aurait tenu ce genre de propos durant sa brève allocution lors de
l'ouverture du 54e festival annuel de la Fédération des
harmonies: "Mais ne serait-il pas plus juste de me présenter comme
ministre du Loisir? Après tout, la chasse et la pêche ne
font-elles pas partie du loisir?" C'était dans le Soleil du 2 juin
1983.
Être ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, ce
n'est pas seulement considérer la chasse et la pêche comme une
activité sportive, comme un loisir, mais c'est également
être le protecteur, le préservateur de notre richesse
faunique.
M. le Président, loin de nous de vouloir mettre de
côté l'aspect activités sportives de la chasse et de la
pêche, au contraire, mais nous croyons qu'en misant davantage sur la
revalorisation et la conservation de la faune, nous favorisons davantage ces
activités et, par le fait même, les vrais amateurs qui seront
automatiquement plus choyés. Ceux-ci savent que l'un ne va pas sans
l'autre. J'espère une attitude plus positive lors de l'étude du
projet de loi concernant la conservation et la mise en valeur de la
faune.
J'aimerais reprendre ici quelques commentaires de la
Société linnéenne de Québec Inc. faisant partie de
son mémoire présenté en novembre dernier, lors des
audiences publiques, en parlant de la Loi sur la conservation de la faune. Je
cite: "Elle consiste surtout, pour le public, en des règlements de
chasse et de pêche. En définitive, il s'agit plutôt d'une
loi qui régit l'exploitation de la faune que sa conservation." Un peu
plus loin, on poursuivait en disant: "La faune a une valeur écologique,
culturelle, éducative, économique et la conservation de celle-ci
passe par le maintien et par la restauration des espèces animales et
végétales via un environnement productif."
M. le Président, il est très difficile de faire la part
des choses entre la mise en valeur et la conservation de la faune, d'une part,
et la protection des habitats fauniques, d'autre part. On peut difficilement
séparer ces deux aspects, comme je l'ai dit précédemment,
lorsque cela touche aux activités reliées au milieu de vie.
Si nous voyons une nette amélioration de la Loi sur la
conservation de la faune, je pense que nous aurions pu aller un peu plus loin
quand nous touchons l'aspect de la mise en valeur de la faune, entre autres, le
point de vue éducatif de ce milieu.
Les agents et les auxiliaires de conservation seront appelés
à répondre aux questions qui se posent, mais est-ce suffisant? Si
la population québécoise n'est pas plus critique vis-à-vis
de la préservation de la faune, c'est qu'elle est ignorante ou ne
connaît pas suffisamment la valeur intrinsèque de notre richesse
faunique.
D'autres aspects de la loi nous posent certaines interrogations, entre
autres, l'absence de dispositions touchant les personnes en possession d'armes
lorsqu'elles sont en état d'ébriété. Probablement
qu'elles font partie des règlements, mais, pour ma part, j'aurais
préféré les avoir inscrites dans la loi.
Néanmoins, je tiens à mentionner que je vois d'un bon oeil
certaines autres dispositions. Ainsi, que les agents et leurs auxiliaires
soient mandatés à l'application de certains articles de la Loi
sur la qualité de l'environnement et la Loi sur les terres et
forêts, de même qu'à ceux touchant les réserves
écologiques et autres, c'est excellent en soi, puisque cela permet une
protection accrue du milieu. Par contre, nous nous posons certaines questions
quant à son application.
De même, une augmentation des mesures coercitives est
prévue et nous convenons que ces mesures sont malheureusement
nécessaires. Cependant, nous notons l'absence de l'élément
emprisonnement, comme c'est le cas dans la loi actuelle.
Nous aurions d'autres points à développer, mais
l'Opposition a, dans le processus parlementaire, d'autres moments pour le
faire, soit à la deuxième lecture, soit à la commission
parlementaire pour l'étude article par article.
Je préfère laisser la parole aux intervenants et
organismes invités. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député. Nous allons maintenant entendre les représentants
du premier groupe inscrit à l'ordre du jour, les représentants de
l'Association des outfitters du Québec, les pourvoyeurs du
Québec. Je crois que le groupe est déjà installé
à la table, alors j'inviterais le porte-parole à s'identifier et
à nous présenter les personnes qui l'accompagnent.
Auditions Association des outfitters du
Québec
Mme Farrar (Monique): Je me présente,
Monique Farrar, vice-présidente de l'Association des outfitters
du Québec. Je vous présente Me Pierre Rouleau à ma droite,
notre conseiller juridique qui présentera notre second mémoire
à la commission.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a aussi une
autre personne avec vous? Non? Vous êtes deux? Très bien.
M. Chevrette: Est-ce que M. Chassé, votre
président, sera présent?
Mme Farrar: Malheureusement, M. Chassé ne peut pas
être présent ce matin.
M. Chevrette: C'est dommage. Mme Farrar: C'est
dommage.
M. Chevrette: J'aurais fait état de nos rencontres.
M. Rouleau (Pierre): M. Chassé est retenu par ses
obligations.
M. Chevrette: D'accord.
M. Rouleau: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission parlementaire, nous désirons d'abord remercier
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche d'avoir tenu parole et
d'avoir invité les divers intéressés, incluant notre
association, à être entendus sur le projet de loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune.
Comme ce projet de loi a été précédé
de séances de la même commission en
novembre 1982, nous nous permettons d'abord de vous
référer au mémoire daté du 3 novembre 1982, que
nous déposions et défendions alors et de nous limiter à
commenter le projet de loi en regard des recommandations et demandes que nous y
faisions.
En ce qui concerne le bail d'occupation, vous vous rappellerez que la
plus grande partie de notre mémoire avait trait à la
qualité des baux d'occupation des pourvoyeurs que nous qualifiions de
léonins et qui, comme nous vous l'avions démontré,
empêchaient le pourvoyeur de financer ses immobilisations. Nous nous
permettrons d'ailleurs de citer quelques extraits de notre mémoire
contenant les principales caractéristiques des baux et les demandes que
nous vous faisions en conséquence.
Le bail est d'une durée maximale de neuf ans et n'est assorti
d'aucune option de renouvellement; le loyer n'y est pas
déterminé; le locateur n'a aucune obligation autre que de fournir
une carte délimitant le territoire, de faciliter l'accès à
l'information gouvernementale relative au même territoire et d'informer
le locataire des orientations du ministère; on impose au locataire une
série d'obligations, presque toutes aussi imprécises les unes que
les autres et à ce point larges qu'elles pourraient permettre en tout
temps au locateur de considérer le locataire comme étant en
défaut; aucune limite n'est imposée quant au droit du ministre de
refuser un transfert de bail, une sous-location, un transfert d'actions, une
cession ou une vente des immobilisations; il peut être mis fin au bail
avant son expiration par le ministre, pour fins d'intérêt public,
sur simple avis de six mois et sans aucune obligation de dédommager le
locataire.
Nous vous expliquions ensuite pourquoi le bail ne permettait pas au
pourvoyeur de financer son entreprise: D'abord parce que le bail ne comporte
aucune option de renouvellement et aucune obligation de rachat des
immobilisations à son expiration. De plus, le coût de toutes les
immobilisations doit être amorti sur la période non expirée
du bail. Quant aux améliorations initiales, le problème est un
peu moins important, vu la possibilité d'amortir sur une période
de neuf ans. Il en va tout autrement cependant pour les améliorations
qu'un locataire voudrait apporter en cours de bail.
Parce que les officiers du ministère chargés des relations
avec les pourvoyeurs ont comme obligation principale de s'intéresser au
seul aspect faunique et n'ont que peu de compréhension des
problèmes financiers et commerciaux vécus par les pourvoyeurs, il
est très difficile d'obtenir les solutions qui permettraient à
ceux des pourvoyeurs qui le désirent, de se conduire en
véritables hommes d'affaires ou entrepreneurs.
Parce qu'il peut être mis fin au bail avant son terme et pour une
cause aussi large que l'intérêt public, aspect notamment qui n'est
pas défini dans la loi, aucune institution financière ne peut
accepter de prêter sur des immobilisations avec une table de
remboursement correspondant à la table d'amortissement.
Parce que le locataire est soumis à toutes les conditions qui
pourraient être imposées de temps à autre par
règlement et qu'il ne peut faire aucune construction ou
amélioration sans l'autorisation du ministre qui peut également
refuser sans raison tout projet d'exploitation et de protection de la ressource
faunique, le locataire-pourvoyeur n'est plus qu'un employé du
ministère sans aucune garantie de revenus mais qui doit quand même
assumer les risques reliés à son investissement de base.
Nous vous suggérions également les principales
caractéristiques que, selon nous, devraient contenir les baux: la
durée du bail continuerait à être de neuf ans mais le
locataire devrait bénéficier de trois options successives de
renouvellement de cinq ans chacune; le mot "pourvoyeur" serait défini et
il serait explicitement prévu qu'un commerce de pourvoirie pourrait
être exercé par une compagnie, bien que le ministre puisse exiger
qu'une personne physique qualifie une telle compagnie pour fins d'obtention
d'un permis; les obligations du locateur seraient définies et
comprendraient entre autres l'obligation de motiver son refus d'autoriser une
demande de transfert de bail; une obligation serait créée, en fin
de bail, de dédommager le locataire pour les améliorations
laissées sur les lieux; l'évaluation du montant du
dédommagement suivrait les règles normales d'expropriation dans
tous les cas où le non renouvellement interviendrait pour une cause
autre que l'intérêt public et serait basée sur le moindre
du coût de remplacement ou de la juste valeur marchande de l'entreprise
dans le cas de non renouvellement du bail pour un motif d'intérêt
public; une moins grande discrétion serait laissée au ministre de
changer les termes d'un bail par voie de réglementation de façon
qu'il soit dans l'obligation de dédommager le locataire de l'effet de
réglementations lui créant des charges directes additionnelles;
les droits exclusifs consentis donneraient au locataire le contrôle de
toutes les activités de plein air dans le territoire et des pouvoirs
accrus seraient consentis au pourvoyeur pour faire respecter les lois et
réglementations déjà existantes;
le loyer serait déterminé à l'avance, quitte
à introduire une clause d'indexation pour pallier les difficultés
d'évaluation nées de la durée du bail; le locateur ne
pourrait mettre fin unilatéralement au bail avant l'expiration de
celui-ci, sauf par voie d'expropriation, en appliquant les règles
normales en matière d'expropriation; une procédure serait
introduite pour permettre la vente, la cession ou le transfert des actifs
loués ou des actions de la compagnie détenant le bail; de plus,
le transfert d'actions ou d'actifs sera automatique dans le cas où il
serait rendu nécessaire par suite de l'ouverture d'une succession ou
d'une reprise de possession des actifs par une banque à charte ou une
autre institution financière reconnue.
Les articles 65 à 77 du projet de loi constituent essentiellement
la seule réponse à nos demandes. Or, à la lecture
attentive de ceux-ci on constate que le seul changement significatif est le
remplacement du présent article 64 - qui, selon les officiers du
ministère, permet au ministre d'indemniser le locataire en fin de bail
pour les immobilisations dans le seul cas où le ministre désire
lui-même se porter acquéreur de celles-ci - par les articles 71
à 75 qui permettraient désormais au ministre de convenir d'une
indemnisation.
Une telle disposition répondrait à la plus importante des
demandes des pouvoyeurs si la loi mentionnait cependant les critères
servant à la fixation de l'indemnité. Or, le projet de loi
mentionne que celle-ci sera basée sur la valeur réelle des
immobilisations, terme qui ne constitue qu'un concept abstrait et non une
méthode d'évaluation.
Nous avions suggéré, dans notre mémoire du 3
novembre, que les règles de fixation de l'indemnité soient
désignées comme étant les règles normales
d'expropriation dans le cas où le non-renouvellement interviendrait pour
une cause autre que l'intérêt public et soient basées sur
le moindre du coût de remplacement ou de la juste valeur marchande de
l'entreprise dans le cas de non-renouvellement du bail pour un motif
d'intérêt public.
Ici comme ailleurs dans le projet de loi, nous remarquons que l'article
75, alinéa 5, laisse au gouvernement le droit de fixer les
critères servant à la fixation d'une indemnité
versée en vertu de la présente section. Le gouvernement confirme
alors l'expression de sa volonté de se conserver toute la latitude pour
décider si, oui ou non, le pourvoyeur aura droit à une
indemnité raisonnable. Il est surprenant qu'une loi puisse être
à ce point vague qu'elle donne à l'exécutif la
discrétion d'indemniser ou non une personne, dans une circonstance
où la loi prévoit effectivement une indemnisation.
Il est absolument remarquable également de constater qu'aucune
des autres demandes que nous avions faites relativement au bail n'a
été prise en considération et que le projet de loi
préfère déléguer à l'exécutif le
pouvoir de présenter des règlements sur les dispositions que
devrait contenir le bail. Cette façon de légiférer est
devenue commune mais nous sommes obligés de constater qu'il n'est pas
particulièrement utile d'entendre les recommandations des groupes
intéressés sur un projet de loi lorsque celui-ci a pour principal
objectif de donner à une tierce partie le droit de faire des
règlements qui, eux, seront pertinents mais au sujet desquels les
parties intéressées ne pourront se faire entendre ou ne pourront
faire des représentations.
En ce qui concerne le développement de l'industrie de la
pourvoirie, notre mémoire de novembre dernier vous exposait
également les conditions que l'industrie de la pourvoirie juge
nécessaires pour qu'elle puisse s'épanouir et prospérer
pour le bénéfice de ses membres et du public.
Nous vous mentionnions d'abord que les pourvoyeurs s'opposaient avec
véhémence à ce que les ZEC obtiennent des permis
d'hébergement en forêt. De nombreuses raisons appuyaient notre
demande à cet effet, dont: a) la nécessité d'un
développement rationnel et économique de l'industrie de la
pourvoirie; b) la sous-utilisation actuelle des facilités des
pourvoyeurs dont les immobilisations sont utilisées à moins de
50% de leur capacité; c) l'impossibilité pour de petites
entreprises privées de concurrencer des entreprises qui ont toutes
été créées par l'État et qui
bénéficient d'un préjudice extrêmement favorable
auprès des officiers du ministère; d) le consensus ayant
présidé à l'opération déclubage au terme
duquel seuls les pourvoyeurs avaient le droit d'offrir de l'hébergement
en forêt.
Encore ici, le projet de loi ne répond aucunement à la
demande faite par les pourvoyeurs et, bien au contraire, ouvre toute grande la
porte qui permettrait l'exercice d'activités d'hébergement dans
une ZEC, entre autres lorsqu'à l'article 77, au sixième
alinéa, il permet au gouvernement de fixer par règlement les
conditions d'exploitation d'un commerce ou en prohiber l'exploitation et
lorsque nulle part ailleurs il ne mentionne que seules les pourvoiries auront
le droit d'offrir l'hébergement ou que l'exercice d'un tel commerce sera
prohibé dans les ZEC.
La demande suivante contenue dans notre mémoire avait trait
à la définition des diverses exclusivités dont un
pourvoyeur est censé bénéficier, soit celle
d'hébergement et
celle de chasse, de pêche et ou de piégeage. Nous appuyions
alors notre demande en expliquant que: a) la rentabilité d'une
pourvoirie est directement proportionnelle à la maximisation de
l'utilisation du territoire sous bail; b) la très grande
difficulté pour le pourvoyeur d'assurer la sécurité des
personnes ayant accès à son territoire lorsqu'il n'a pas le
contrôle total de l'activité exercée par toutes ces
personnes; c) que l'habitat faunique à la protection duquel le
pourvoyeur doit participer risque autant d'être détruit par celui
qui porte un appareil photo ou qui conduit une motoneige ou qui fait un feu de
camp devant sa tente que par celui qui porte une arme ou une canne à
pêche.
Encore ici, le projet de loi ne répond pas à la demande
que nous faisions puisque: a) à l'article 76 on y dit que "nul ne peut,
sur tout terrain sur lequel des droits de chasse, de pêche et de
piégeage ont été donnés à bail, pratiquer
une activité pour laquelle des droits exclusifs ont été
concédés, sans l'autorisation du locataire." Ainsi, une personne
qui pratique une activité autre que la chasse, la pêche ou le
piégeage, peut le faire sans même l'autorisation du locataire. b)
l'article 77, au septième alinéa, confirme que le gouvernement se
réserve le droit de déterminer par règlement les
conditions d'exercice d'une activité récréative autre que
la chasse, la pêche ou le piégeage. Encore ici, la demande faite
est référée à l'exécutif sans qu'on sache
quel en sera le sort.
Une autre demande des pourvoyeurs avait trait à cette
incongruité de la Loi sur la protection de la faune qui défend
même aux pourvoyeurs d'apprêter pour consommation sur place, les
prises de leurs clients. Nous prenons bonne note des dispositions de l'article
59 du projet de loi présentement à l'étude qui prohibe
désormais la vente et l'achat de la chair d'animal et de poisson mais ne
défend plus aux pourvoyeurs d'apprêter sur place les prises de la
clientèle et considérons les dispositions de cet article 59 comme
une nette amélioration aux actuels articles de la Loi sur la protection
de la faune.
Notre mémoire contenait ensuite un exposé des
problèmes rencontrés par les pourvoyeurs sans droits exclusifs et
demandait entre autres que le décret 142-82 soit
interprété de façon libérale, par opposition
à restrictive, et, à cet effet suggérait: a) de permettre
dans certaines régions l'octroi de droits exclusifs de chasse et de
pêche à moins de 60 kilomètres d'un village ayant une
population moindre qu'un certain seuil; et b) que le ministère accepte
lui-même d'appliquer les dispositions de l'article 3 de tel
règlement qui permet d'augmenter d'environ 10 kilomètres
carrés la superficie globale de territoire sur lequel le
ministère peut délivrer des droits exclusifs de chasse et de
pêche de façon à favoriser l'octroi de tels droits
exclusifs aux pourvoyeurs qui ont déjà investi dans des
facilités d'hébergement.
Nous sommes conscients que cette demande ne nécessite pas
nécessairement de changement au projet de loi mais nous
référons la commission aux articles 65 et 66 du projet de loi qui
donne une latitude extrêmement large au gouvernement en ce qui a trait
à la désignation et à la délimitation des parties
des terres domaniales qui pourront être données à bail mais
qui n'indiquent aucune politique au gouvernement quant aux critères qui
devront être adoptés pour la désignation et la
délimitation de tels espaces. Nous aurions pourtant aimé
connaître le sort réservé à notre
recommandation.
La seconde partie de notre mémoire indiquait quelques moyens
préconisés par notre association dans la façon d'atteindre
l'objectif du ministre de maximiser l'efficacité de ses interventions en
s'associant, chaque fois que ce sera possible, aux organismes
intéressés à la protection des habitats de la faune.
La première de nos suggestions était à l'effet de
confier aux pourvoyeurs le contrôle de toutes les activités
récréatives s'exerçant sur leur territoire. Comme nous
l'avons vu précédemment, le projet de loi ne donne pas suite
à cette demande mais permettra éventuellement au gouvernement,
par le biais de l'article 77, 7e alinéa, d'adopter certains
règlements qui iront ou non dans le sens préconisé par les
pourvoyeurs.
Notre seconde recommandation suggérait que tous les pourvoyeurs
soient nommés auxiliaires de la conservation de la faune et que l'on
procède à l'élargissement des pouvoirs de ceux-ci.
Le projet de loi répond, à l'article 10, que le
gouvernement pourra faire des règlements pour déterminer les
devoirs et fonctions propres à chaque catégorie d'auxiliaires de
la conservation de la faune. Encore ici, nous ne connaissons pas l'intention du
gouvernement et ne pouvons que constater que le législateur se propose
de référer une fois de plus notre problème à
l'exécutif mais sans indiquer à celui-ci le cadre dans lequel sa
latitude pourra être exercée.
Notre troisième recommandation avait trait à un sujet qui
ne demandait pas de changement à la loi puisqu'il ne traitait que de la
nécessité de procéder à une subdivision du
territoire destiné à des fins récréatives de
façon plus rationnelle. Nous mentionnions entre autres: Que le
ministère accordait à des ZEC d'immenses territoires que ces
dernières ne sont souvent pas en mesure d'utiliser
complètement et nous suggérions que certaines parties de ceux-ci
soient données à des pourvoyeurs occupant des terrains contigus,
lorsque ceux-ci sont plus en mesure d'y exercer un contrôle efficace.
Nous ne voyons rien dans le projet de loi qui change quelque chose à la
situation actuelle.
Nous remarquons avec une certaine satisfaction, cependant, que le projet
de loi donne suite à l'intention exprimée dans la
déclaration ministérielle initiale et qui constituait la
quatrième recommandation de la partie de notre mémoire relative
à la protection de la faune à l'effet d'augmenter les
pénalités dans le cas d'infractions à caractère
biologique grave.
Pour conclure notre intervention, il est bien évident que le
projet de loi qui nous a été soumis a pour objet principal
d'assouplir la Loi sur la protection de la faune dans le but d'accorder au
gouvernement une latitude encore plus grande dans l'adoption et dans
l'application de ses politiques. Comme rien dans le projet de loi ne nous
indique ce que seront telles politiques, nous sommes obligés de conclure
que l'exercice auquel nous participons aujourd'hui a fort peu
d'intérêt. Nous nous permettons donc de répéter,
après moult autres corps intermédiaires, le danger que constitue
une législation par délégation où, finalement, les
élus n'ont à peu près pas de contrôle sur la
législation transformée en réglementation.
Notre intervention n'a pas pour but de charrier une loi, comme disait le
ministre, mais bien de collaborer à la rédaction d'une loi
meilleure répondant aux aspirations de notre association.
En terminant, nous remercions l'honorable ministre et tous les membres
de la commission d'avoir eu l'amabilité de nous inviter à
participer à leurs travaux, tout en espérant que nous
connaîtrons dans un avenir rapproché les politiques du
gouvernement sur le sujet préoccupant notre association.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Alors, nous
allons passer à la période de questions et d'échanges.
J'inviterais M. le ministre à prendre la parole.
M. Chevrette: J'aurai plusieurs questions à poser. Je vais
procéder un peu dans l'ordre du mémoire. D'abord, je voudrais
vous remercier d'avoir présenté votre mémoire. J'aurai
l'occasion de rectifier certaines choses et, également, de vous poser
plusieurs questions. Je vais commencer dans l'ordre, comme je vous le disais
tantôt.
À la page 2 de votre mémoire, vous dites que le bail est
d'une durée maximale de neuf ans et n'est assorti d'aucune option de
renouvellement. M. le procureur, est-ce que l'article 70 ne vous paraît
pas une ouverture par rapport à l'ancienne loi votée en 1978?
L'article 77 également ne vous paraît-il pas une ouverture sur la
durée, que vous n'aviez pas dans l'ancienne loi?
M. Rouleau: M. le ministre, si vous parlez d'ouverture,
probablement qu'il s'agit d'une amélioration par rapport à
l'ancienne loi. Cependant, je vous signale que ces articles 70 et 77 sont
absolument discrétionnaires par l'utilisation du mot "peut". Ils ne
donnent aucune garantie au pourvoyeur de quelque façon que ce
soit...
M. Chevrette: Un instant, je vais me référer
à l'article même. À l'article 70, vous avez marqué:
"Le ministre peut annuler ou ne pas renouveler un bail de droit exclusif de
chasse et de pêche lorsque..." Il peut, lorsque... À "lorsque",
vous avez deux contraintes bien précises. Vrai ou faux?
M. Rouleau: Absolument.
M. Chevrette: Est-ce que le mot "peut" n'est pas limité
aux deux, selon vous?
M. Rouleau: À la condition qu'on puisse déterminer
exactement quelles sont les ouvertures de l'exercice. Je vous
réfère toujours à notre mémoire dans lequel on vous
disait, entre autres, comme conclusion que, de la façon dont les baux
sont rédigés, on peut se retrouver en état de
défaut à tout moment.
M. Chevrette: Mais moi, je ne fais pas référence
à votre mémoire. Je fais référence au nouveau texte
du projet de loi qui est devant vous.
M. Rouleau: Si dans le texte...
M. Chevrette: Par rapport à la loi existante, est-ce que
le ministre a les pouvoirs discrétionnaires qu'il avait
antérieurement par rapport à l'ouverture qui est faite à
l'article 70 et même 71? Est-ce que c'est une amélioration selon
vous? (11 heures)
M. Rouleau: C'est nécessairement une amélioration
sur l'ancienne loi. Ce que nous vous disions et ce que nous vous disons encore,
c'est qu'il faudrait préciser les conditions d'exercice de la
discrétion du ministre prévue à l'article 70. On y
prévoit que le locataire qui n'a pas respecté les conditions de
son bail pourrait voir son bail terminé. Quelles sont les conditions du
bail?
On vous faisait le commentaire que les baux qui sont
présentés ne nous permettent pas d'être assis
confortablement. À tout point de vue, on peut constater un
défaut, donc le ministre pourrait, par discrétion, dès
qu'un défaut est acquis, mettre fin au bail.
M. Chevrette: Quand on dit carrément
qu'on identifie les conditions du bail, cela veut dire les conditions
dûment signées entre le locataire et le ministère. Si vous
vous êtes engagés à investir tant d'argent et que vous ne
l'avez pas fait, si vous vous êtes engagés à respecter
votre territoire et que vous ne l'avez pas fait, si vous vous êtes
engagés à accommoder des clients conformément à des
normes minimales d'hébergement et que vous ne l'avez pas fait, vous
êtes en droit de vous attendre à un pouvoir
discrétionnaire. Mais si vous l'avez fait, c'est circonscrit, vous
êtes capables de faire la preuve en plus.
Deuxièmement, le bail a été obtenu à la
suite d'une déclaration frauduleuse. J'ose espérer que c'est une
clarification bien précise.
M. Rouleau: M. le ministre, les conditions d'un bail peuvent
être tout autre qu'une protection de la faune ou que l'utilisation d'un
permis. Ce sont des obligations qui sont cristallisées entre deux
entreprises: le gouvernement, d'une part, et le pourvoyeur, d'autre part, et
dans lesquelles on détermine les conditions d'exploitation et les
conditions d'utilisation. La rédaction des baux qui sont
présentés par le ministère ne nous permet pas de nous
sentir confortables.
La raison de notre intervention est qu'on voulait que, dans le texte
législatif, les obligations du ministre ou du gouvernement soient
cristallisées en ce qui concerne les règles d'application qui
devront être contenues dans les baux.
Notre intervention n'avait pas pour but de mettre dans un texte
législatif, clause par clause, ce qui doit être prévu dans
un bail.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire qu'il faudrait
mettre presque tout le bail dans le texte de loi?
M. Rouleau: Pas du tout.
M. Chevrette: Je l'espère. Pour le bail comme tel, vous
êtes sans doute au courant que votre prédécesseur, comme
procureur, Me Lapointe, avec M. Chassé, votre président, à
ma demande, m'ont préparé un projet de bail type pour une
pourvoirie avec droits exclusifs et un projet de bail type pour une pourvoirie
avec droits non exclusifs. Votre vice-présidente a justement un bail
sans droits exclusifs et je pense qu'elle était présente lors de
la rencontre entre M. Chassé, Me Lapointe, moi-même et quelques
attachés politiques.
Vous avez présenté un bail, sachant qu'il ne pouvait
être incorporé à la loi. Nous avons depuis formé un
comité de travail au ministère et nous étudions la
possibilité de retenir passablement de suggestions que vous avez faites.
Comment pourriez-vous m'expliquer votre réaction sur la nature du bail,
au moment où on travaille en étroite collaboration avec votre
association?
M. Rouleau: M. le ministre, en discutant avec Mme Farrar...
M. Chevrette: Je ne suis même pas sûr que vous ayez
transmis encore le bail type.
M. Rouleau: M. le ministre, je vous réfère à
une lettre signée par M. Chassé, président de
l'Association des pourvoyeurs, dans laquelle il sollicitait une rencontre avec
votre ministère pour pouvoir présenter la fameuse entente de
bail, lettre datée du 27 mai 1983 et qui est restée sans
réponse.
M. Chevrette: Je ne l'ai pas eue.
M. Rouleau: Elle fut adressée à l'honorable Guy
Chevrette, ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je pourrai
vous en fournir une copie si tel est votre désir.
M. Chevrette: Vous m'en fournirez une copie parce que d'habitude,
nous... C'est moi-même qui ai demandé à votre association
de me fournir ce fameux bail type, parce qu'il y avait beaucoup d'avocasserie
dans les discussions techniques et je me suis dit: Cessons les débats
techniques et produisez votre document pour qu'on puisse...
M. Rouleau: M. le ministre, je pourrai vous fournir une copie de
la lettre signée par M. Chassé vous demandant une telle
rencontre.
M. Chevrette: Ce qui serait plus efficace, c'est que vous me
fournissiez le bail type.
Pour ce qui est des coûts réels, vous n'êtes pas
satisfaits de la valeur réelle en termes d'indemnités. D'abord,
je vous ferai remarquer qu'à l'article 71, lorsqu'on décide de
changer la vocation du territoire, on indemnise non seulement sur la valeur
réelle des immobilisations, mais également sur les pertes de
revenus. Qu'est-ce qui ne va pas pour vous faire dire que notre proposition n'a
ni queue ni tête, alors qu'on va jusqu'à vous suggérer de
choisir un évaluateur agréé par les deux parties?
Qu'est-ce qui n'est pas correct?
M. Rouleau: D'abord, je ne pense pas que notre mémoire
dise que cela n'a ni queue ni tête. Notre mémoire a pour but de
préciser certaines notions. On aimerait infiniment mieux parler
seulement de valeur marchande plutôt que de valeur réelle parce
que la valeur réelle, ce n'est absolument pas défini.
M. Chevrette: C'est justement pourquoi on prévoit un
évaluateur conjoint, agréé par les deux parties. Il me
semble qu'un arbitrage, c'est mieux que... Une personne neutre
agréée par les deux parties, cela vaut quelque chose, non?
M. Rouleau: C'est une question d'opinion.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas une pratique reconnue en droit,
en relations du travail, en expropriation?
M. Rouleau: Ce n'est pas une pratique reconnue en matière
d'expropriation nécessairement.
M. Chevrette: Tu vas devant le Tribunal de l'expropriation si tu
ne t'entends pas...
M. Rouleau: C'est un tribunal à caractère
judiciaire.
M. Chevrette: Oui, mais il a un caractère neutre
autant...
M. Rouleau: Chaque partie présente son
évaluation.
M. Chevrette: Oui, mais on dit souvent aussi - les gens de robe
nous disent souvent - que le meilleur règlement hors cour vaut le
meilleur des procès.
M. Rouleau: C'est une question d'opinion.
M. Chevrette: Je me sers souvent de vos slogans. Vous n'avez pas
l'air d'accord quand c'est nous qui les sortons.
M. Rouleau: C'est une question d'opinion.
M. Chevrette: C'est drôle votre histoire. Quant aux
territoires, vous parlez d'agrandissement de territoires. Nous avons
commencé à en modifier des territoires de pourvoirie, à la
satisfaction des pourvoyeurs. Pourriez-vous m'expliquer ce que vous voulez dire
à la page 3, au dernier paragraphe?
M. Rouleau: Vous reprenez le dernier paragraphe de notre...
M. Chevrette: "Parce que le locataire est soumis à toutes
les conditions qui pourraient être imposées de temps à
autre par règlement et qu'il ne peut faire aucune construction ou
amélioration..." Cela ne fonctionne pas cette histoire? John Koubek,
cela vous dit quelque chose, Saint-Charles-de-Mandeville dans le comté
de Berthier? Il ne disait pas cela, lui. Il est entièrement satisfait du
nouveau découpage qu'on lui a fait, de la permission de construire qu'on
lui a donnée.
M. Rouleau: Je ne crois pas que...
M. Chevrette: Et la trentaine qu'on a accordée
dernièrement, qu'est-ce qui accroche dans cela?
M. Rouleau: Je ne crois pas que notre intervention ait pour but
de discuter des cas particuliers.
M. Chevrette: Non, non, je vous donne un exemple.
M. Rouleau: Cela a surtout pour but de discuter la
discrétion qui est accordée au ministre. Je pense que tout notre
mémoire souligne les discrétions, les délégations
d'exercice de discrétion qui sont incluses dans la loi. Notre
mémoire n'a pas pour but de critiquer de façon absolue le texte
de la loi ou encore d'en faire des questions d'espèce. Il a pour but de
souligner au ministère, au ministre et à la commission que la loi
est une loi par délégation, qu'elle transfère à des
tierces personnes les devoirs qui devraient incomber au ministre.
M. Chevrette: Mais, Me Rouleau, vous dites ceci, même si
vous affirmez que ce n'est pas le but: "Est en fait traité comme un
employé du ministère qui n'a aucune garantie de revenus mais qui
doit quand même assumer les risques reliés à un
investissement".
M. Rouleau: Le pourvoyeur...
M. Chevrette: C'est de l'absolutisme. À ce
moment-là, quand vous relisez l'article 71, vous ne pouvez pas affirmer
cela, il me semble?
M. Rouleau: L'article 71 parle d'annulation de bail, d'accord? Le
paragraphe que vous soulignez parle de subordination de pourvoyeurs envers le
ministre.
M. Chevrette: Quand vous signez un bail, vous savez à quoi
vous vous engagez? Une fois signé, il y a le respect et tout. En quoi
est la subordination?
M. Rouleau: Je pense que notre paragraphe parle de l'obligation
qui est imposée à un pourvoyeur de demander au ministre son
approbation pour une amélioration, quelle qu'elle soit.
M. Chevrette: Mais concevez-vous que le pourvoyeur devrait avoir
le droit de bâtir, où il veut sur un territoire de pourvoirie,
s'il le veut, comme il le veut, de la grandeur
qu'il le veut, des chambres sans fosse septique ou quoi que ce soit, ou
si vous concevez que le gouvernement a une responsabilité
vis-à-vis de l'aménagement de privilèges - j'emploie le
mot "privilèges" entre guillemets - consentis à un individu? Ou
bien si on devrait laisser cela à son entière discrétion
au locataire? La notion de locataire - si vous voulez faire une discussion
théorique - transposez-la donc. Est-ce que vous accepteriez, vous,
propriétaires, qu'un locataire fasse n'importe quel aménagement
dans l'un de vos logements?
M. Rouleau: Si je comprends bien l'exemple... Vous me permettrez
de ne pas commenter la responsabilité politique du gouvernement...
M. Chevrette: Ce n'est pas politique, c'est une
responsabilité réelle. Ce n'est même pas politique.
M. Rouleau: Ce que je peux répondre à cette
question, c'est que, essentiellement, le but recherché par les
pourvoyeurs, c'est que le gouvernement ne retienne pas les autorisations sans
motif raisonnable ou sans explication. Il demeure que les pourvoyeurs ont des
investissements en immobilisation à faire, ont des investissements de
fonds pour satisfaire aux vues du ministre concernant la meilleure
qualité des services qu'ils donnent. Il faut également qu'ils
aient la possibilité de jouir de leur territoire d'une certaine
façon sans que le ministre, discrétionnairement, puisse, à
son gré, accepter ou ne pas accepter une amélioration locative ou
une amélioration au territoire.
En ce qui nous concerne, ce qu'on discute, ce n'est pas le cas
précis, c'est le pouvoir qui est donné au ministre dans une loi
de procéder à sa discrétion.
M. Chevrette: À qui donneriez-vous ce pouvoir, Me
Rouleau?
M. Rouleau: Ce n'est pas une question de savoir à qui nous
donnerions ce pouvoir, c'est comment il peut être exercé. Nous
voudrions que le ministre ne puisse exercer cette discrétion, ne puisse
retenir une autorisation sans la motiver et qu'elle ne puisse être sans
appel. Le pourvoyeur pour sa conservation et pour son épanouissement
doit engager certaines améliorations, doit engager certains
investissements. Pour conserver son droit, il ne faut pas que le ministre
puisse retenir, par sa discrétion, son autorisation à cet
investissement. C'est l'étendue de l'intervention qu'on fait sur ce
sujet.
M. Chevrette: Parlons maintenant de l'activité de plein
air ou de récréation. Je vous dis très honnêtement
que je n'en reviens pas de la partie de votre mémoire qui porte
là-dessus. C'est vous autres mêmes qui m'avez dit, en commission
parlementaire et en réunion à Montréal avec votre
procureur: "Inscrivez-nous au moins dans la loi le droit d'enregistrer les gens
pour qu'on sache où ils circulent." Ce sont vos mots mêmes. Vous
m'arrivez maintenant en disant: Cette histoire n'a pas d'allure. J'ai
utilisé votre propre suggestion.
M. Rouleau: À quelle partie de notre mémoire
faites-vous référence?
M. Chevrette: Je n'ai pas le point précis, mais quand vous
dites que les activités de récréation devraient être
complètement supervisées, planifiées, coordonnées
et articulées - tous les mots que vous voudrez - par les pourvoyeurs.
C'est à votre demande même parce que... Pardon?
M. Rouleau: Ce qu'on voulait véhiculer comme information,
si vous me permettez une précision, c'était qu'un vacancier ne
puisse venir sur un territoire de pourvoirie sans être
contrôlé par un pourvoyeur, qu'il ne puisse.,. Je pense que je me
réfère à l'article 76...
M. Chevrette: C'est l'article 77, je crois.
M. Rouleau: ...à l'article 77. Cet article dit que le
gouvernement peut réglementer l'utilisation du territoire, peut
réglementer les questions de droit de chasse et de pêche et donne
à bail l'utilisation du territoire pour les fins de chasse et de
pêche de façon exclusive, mais n'importe quel vacancier peut venir
sur un territoire de pourvoirie si on se fie au sens de la loi sans en demander
l'autorisation au locataire, le pourvoyeur de n'importe quelle région du
Québec.
M. Chevrette: Non. Ce qu'on vous dit maintenant, c'est que vous
avez le droit d'enregistrer les vacanciers, même les cueilleurs de fruits
sauvages...
M. Rouleau: Oui, mais..
M. Chevrette: Ce qui est arrivé en novembre - je me
rappelle que vous n'étiez pas là - mais ceux qui étaient
là à votre place... nous disaient:
M. Rouleau: Mon associé, M. Lapointe.
M. Chevrette: "II n'est pas de notre intention d'empêcher
les cueilleurs de bleuets ou de framboises sauvages, pas du tout.
Cependant, on aimerait, parce que vous nous avez consenti un bail, savoir
où circulent les gens sur notre territoire, ce qui peut
endommager des parties de territoire. C'est exactement à ce voeu
que nous répondons.
M. Rouleau: M. le ministre... M. Chevrette: Je suis
surpris.
M. Rouleau: ...je pense qu'on n'a pas la même
compréhension de la loi. Je m'excuse. La loi prévoit que vous
donnez un bail d'utilisation d'un territoire pour des fins de chasse et de
pêche. Elle n'empêche pas le pourvoyeur de prendre des vacanciers,
qui ne vont pas à la pêche ou à la chasse.
M. Chevrette: Exact.
M. Rouleau: Nulle part, elle n'interdit à un vacancier de
venir sur un territoire de pourvoirie parce que le bail consenti n'est que pour
les fins de chasse et de pêche...
M. Chevrette: Exact.
M. Rouleau: ...de sorte que n'importe qui se présentant
dans une pourvoirie pourrait facilement faire du canoë, pourrait
facilement y être sans même notre autorisation dans la mesure
où il ne fait pas de la chasse et de la pêche.
M. Chevrette: Je vais lire...
M. Rouleau: Ce qu'on vous demande, c'est justement de pouvoir
contrôler, purement pour des questions de la faune, la venue des
vacanciers dans nos territoires exclusifs pour justement protéger la
faune et protéger le territoire.
M. Chevrette: Ce qu'on se donne par l'article 77.7, c'est "les
conditions auxquelles doit se conformer une personne qui pratique sur les
territoires visés dans le paragraphe 6 les territoires sur lesquels les
droits exclusifs de chasse et de pêche - une activité
récréative autre que celles pour lesquelles des droits exclusifs
ont été donnés à bail ou accède à ces
territoires dans le but d'y pratiquer une telle activité." (11 h 15)
Vous nous aviez fait la preuve en novembre dernier que vous vouliez au
moins exercer un certain contrôle par l'inscription. Les discussions que
nous avons eues entre le président et votre procureur ont
été en ce sens. Vous nous avez fait la preuve qu'en inscrivant
des gens, vous pouviez découvrir quels sont ceux qui pouvaient
endommager le territoire d'abord. Vous pouviez également, pour des
raisons de sécurité, contrôler les déplacements
à l'intérieur du territoire. Mais il était clair et net,
dans l'esprit à la fois de votre président et dans le mien, que
le gouvernement n'allait pas consentir des droits exclusifs sur l'ensemble du
territoire autres que pour la chasse, la pêche et le piégeage.
Cela était clair, sinon ce serait vraiment brimer des droits
fondamentaux.
Vous parliez des ZEC qui ne contrôlaient rien tantôt. Je
connais des pourvoyeurs qui avaient des droits exclusifs de chasse et de
pêche et qui voulaient charger des frais à des cueilleurs de
bleuets qui n'empruntaient même pas la route. Quand on regarde dans le
jardin de l'autre il faut aussi regarder dans le sien. On a nos "guerlots" dans
chaque groupe.
M. Rouleau: M. le ministre, ce n'est pas exact. Je voudrais
corriger ceci. Nous n'avons pas dit que les ZEC ne contrôlaient rien.
Nous avons dit que les ZEC, dans certains territoires, ne pouvaient pas
contrôler. C'est très différent au niveau de
l'intervention.
M. Chevrette: C'est l'esprit qui ressort de cela.
M. Rouleau: Non, non, ce n'est pas l'esprit qui ressort, M. le
ministre, je m'excuse.
M. Chevrette: Je pense qu'on doit rester dans le jardin des
pourvoyeurs...
M. Rouleau: C'est cela.
M. Chevrette: ...et vous dire carrément: N'espérez
pas obtenir l'exclusivité pour les activités
récréatives, non. Pour l'accessibilité du monde, non. Pour
contrôler le droit de chasse, le droit de pêche, le droit de
piégeage, oui. Vous permettre de contrôler également au
moins les dégâts qui pourraient être encourus par ceux qui
pratiquent une autre activité, oui on vous en offre l'occasion cette
fois-ci, conformément à ce que vous nous aviez
demandé.
M. Rouleau: Vous référez à l'article
77.7?
M. Chevrette: Oui.
M. Rouleau: Je vous fais le commentaire suivant: il s'agit d'un
pouvoir de réglementation qui n'est pas déterminé. On
discute...
M. Chevrette: Oui, mais que voulez-vous?
M. Rouleau: Ce qu'on aurait voulu...
M. Chevrette: Quand des pourvoyeurs nous disent: Nous ne voulons
rien savoir de cela; on est dans le nord et cela ne nous intéresse pas
que vous nous donniez l'exclusivité de cela, parce qu'on ne veut pas
s'en occuper et d'abord on n'est pas achalé.
Ce ne sont pas tous les pourvoyeurs qui vous diront qu'ils veulent avoir
l'aspect récréatif.
À moins que je ne rencontre que ceux que vous ne rencontrez pas,
mais j'en ai rencontré pas mal cet été. Ils ne sont pas
intéressés à cela.
M. Rouleau: Je vous dirai que...
M. Chevrette: Dans certains cas ils veulent l'inscription pour
savoir, par exemple, qui pourrait s'égarer sur leur territoire ou qui
pourrait endommager leur territoire. Cela leur sourit. Mais tous ceux à
qui j'en ai parlé m'ont dit que c'était satisfaisant.
Mme Farrar: Un des points, M. le ministre. Supposons un lac
où il n'y a qu'une embarcation, il y a des pêcheurs; arrivent des
canotiers avec deux ou trois canots qui chambardent tout. Celui qui paie pour
avoir la tranquillité ne l'a pas dans ce cas-là. On se trouve
dans de très mauvaises situations pour expliquer à celui qui
vient chez nous pour avoir la paix qu'il doit être embarrassé de
canotiers ou de n'importe quel autre visiteur qui ne pêche pas et ne
chasse pas.
M. Chevrette: Donc, vous êtes en train de me dire que, dans
des cas précis, il faudrait que le règlement touche à
cela.
Mme Farrar: Oui, le règlement discrétionnaire.
M. Chevrette: C'est le pouvoir réglementaire. On vous
soumettra les règlements, il n'y a pas de problème.
Vous parlez aussi de tarification dans la loi. Vous savez qu'à
votre demande, nous avons consenti à ne pas procéder à une
aussi forte récupération que celle qui était
prévue. J'ai même annoncé à votre congrès que
j'acceptais de réduire la récupération après
consultation avec le ministre des Finances. Vous aimeriez que cela soit inclus
dans la loi, selon une formule progressive d'indexation. Mais, entre vous et
moi, si on mettait cela dans la loi, il faudrait au moins attendre que la
récupération soit terminée puisque vous avez
été pendant dix ans sans avoir aucune augmentation de
tarification. Est-ce là l'esprit de vos propos?
M. Rouleau: Vous parlez de la tarification au niveau du bail?
M. Chevrette: Oui. Vous voulez que cela soit écrit dans la
loi. Je suis bien prêt, mais vous avez reconnu avec nous que vous aviez
du rattrapage à faire puisque vous aviez été dix ans sans
aucune augmentation.
Mme Farrar: Le rattrapage...
M. Chevrette: Vous avez dit: Nous sommes d'accord avec le
rattrapage, cependant, compte tenu de la conjoncture actuelle, voudriez-vous,
M. le ministre, ne pas y aller trop fort? J'ai dit: D'accord, on n'ira pas trop
fort, on va prolonger cela un peu.
Mme Farrar: Ce rattrapage sera prolongé pour combien de
temps?
M. Chevrette: C'est discutable mais si vous dites pour une
période de trois ans, par exemple, je suppose que vous me demandez
d'introduire dans la loi la tarification réadaptée après
récupération ou rattrapage, en y prévoyant un mode
d'indexation.
M. Rouleau: M. le ministre...
M. Chevrette: Est-ce que c'est bien cela ou si vous nous demandez
de n'avoir pas de rattrapage?
M. Rouleau: M. le ministre, notre intervention au niveau de la
tarification comme à tous les niveaux au sujet du bail n'avait qu'un but
de financement. Vous n'êtes pas sans ignorer que toutes les institutions
financières, avant d'accorder un financement de quelque nature qu'il
soit, demandent des garanties collatérales et ces garanties
collatérales doivent comporter certaines informations. Actuellement, les
pourvoyeurs ne sont pas en mesure de présenter un bail, le bail qui est
consenti, comme étant une garantie collatérale acceptable par les
institutions financières. La seule raison de nos demandes au niveau de
la tarification n'a rien de politique interne de notre association. Elle n'a
que pour but de satisfaire les demandes constantes des institutions
financières en ce qui concerne le terme du bail, les options de
renouvellement qui ne sont pas inscrites et la tarification qui doit y
être inscrite.
Notre intervention à ce niveau-là est un cataplasme, j'en
conviens, sauf qu'il est d'une urgence majeure que ces informations-là
soient inscrites pour la survie financière de plusieurs des membres de
notre association.
M. Chevrette: ...inscrites dans le bail. Est-ce que votre bail
type est prêt depuis le mois de mai?
M. Rouleau: Notre bail type n'est pas prêt depuis le mois
de mai. Au mois de mai, une lettre a été envoyée afin de
pouvoir déposer un document de travail et pouvoir connaître les
intentions... Il ne faut pas oublier qu'on est locataire et non locateur; il
est difficile de transcrire les intentions du gouvernement ou du
ministère sur un bail si on ne connaît pas ses intentions
réelles.
M. Chevrette: Là, je ne veux pas vous contredire mais
l'engagement formel de Me Lapointe et de M. Chassé était de nous
transmettre un bail type. J'étais présent. Madame aussi
était présente.
M. Rouleau: La compréhension de M. Chassé
n'était pas en ce sens puisque sa lettre du 27 mai...
M. Chevrette: Bien oui, il a changé d'idée. Je peux
vous dire que nous étions nombreux à l'entendre.
Mme Farrar: On devait se rencontrer à la suite de cela.
Maintenant, pour produire un bail type, il en coûterait une petite
fortune pour notre association, le vrai bail type. Il serait bien
épais.
M. Chevrette: Je comprends mais lorsque vous m'avez
rencontré - c'est tout ce que je veux souligner - vous deviez me
présenter un bail type pour les pourvoyeurs avec droits exclusifs. Je me
rappelle que vous avez plaidé avec acharnement pour les baux de droits
non exclusifs. On s'était entendu pour avoir une proposition sur les
deux, de votre part. Je voudrais bien passer pour un retardataire mais ce n'est
pas moi qui ai pris les engagements, c'est vous.
Mme Farrar: II devait y avoir des réunions, un
comité créé et c'est à la suite de la lettre...
M. Chevrette: Ensuite, on aurait un comité de travail. Ce
qui était entendu, c'est qu'à la suite de la production de vos
deux baux types, il y aurait un comité de fonctionnaires qui s'assoirait
avec vous. Il était même prévu qu'une rencontre aurait lieu
avec le ministre pour lui exposer l'ébauche que vous aviez.
Mme Farrar: II y a sûrement eu mésententes entre M.
Chassé et vous-même.
M. Chevrette: Vous parliez tantôt des normes du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche concernant
l'hébergement. Vous en traitez dans votre mémoire. Je suis
heureux de vous apprendre qu'il y a eu une entente entre M. Biron et
moi-même pour que les normes de pourvoirie relèvent du MLCP. Le
gouvernement s'apprête à déposer une loi sur les normes de
l'hôtellerie. Il m'est apparu extrêmement important pour les
pourvoyeurs de ne pas être soumis aux lois de l'hôtellerie en
général. J'ai l'impression qu'il y avait 80% des pourvoyeurs du
Québec qui devaient ou fermer leurs portes ou avoir des coûts
extraordinaires. Je suis convaincu de cela, ne serait-ce que les chambres,
grandeur, sortie et tous les services connexes.
J'ai réussi à convaincre mon collègue de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme que cela devait relever de notre
ministère et que la réglementation devrait être
préparée par mon ministère et, bien sûr, soumis
à votre association pour consultation. Je pense bien que votre
association s'en tirera mieux. Pour ce qui est de la SDI, le financement dont
on avait parlé, je comprends l'exposé de Me Boudreau... C'est
Boudreau votre nom?
M. Rouleau: Rouleau.
M. Chevrette: Me Rouleau. Nous sommes conscients que vous avez
des difficultés auprès des institutions bancaires à cause
des dates. La date de neuf ans n'a pas été inventée par
moi. Vous remarquerez qu'aux articles 70 et 77, on ouvre davantage les portes
à une prolongation. Quelqu'un qui tient une pourvoirie en ordre et qui
se conforme aux lois et règlements n'a pas de danger d'annulation, selon
l'esprit même de la loi.
Deuxièmement, nous avons conclu un protocole d'entente avec la
SDI pouvant venir à la rescousse de certains pourvoyeurs, comme je
l'avais mentionné à votre congrès. C'est une petite
nouvelle que je voulais également vous donner en passant.
Je vais m'arrêter pour donner la chance à nos
collègues de l'Opposition. Si j'ai d'autres questions je reviendrai sur
deux ou trois aspects.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'aimerais sensibiliser le
ministre. À la page 6, dans le mémoire des pourvoyeurs, on
mentionne le fait que des règlements peuvent toucher des tierces
parties, mais que celles-ci sont mises de côté. Nous verrons dans
les autres mémoires qu'on constate à peu près le
même fait; il semblerait y avoir beaucoup de réglementations et
ils aimeraient bien les connaître. Il est important que ces organismes
aient droit de parole.
Le ministre déposera les règlements d'ici peu, nous a-t-il
dit tantôt. Est-ce que le ministre a l'intention de consulter les
organismes dans le processus de consultation lorsqu'il y aura de nouveaux
règlements pour que les intervenants en prennent connaissance et
puissent nous faire des commentaires pour qu'on puisse savoir exactement ce
qu'ils veulent, que nous ayons la chance de les regarder et que, par la suite,
on puisse les insérer dans le projet de loi qui sera
complété en novembre ou décembre?
M. Chevrette: Peut-être pas les insérer dans le
projet de loi. Je pense que ce que vous voulez dire c'est qu'ils soient
déposés et que vous puissiez en connaître la teneur
avant l'adoption en troisième lecture. C'est l'engagement que
j'ai pris, j'ai pris l'engagement de déposer devant vous tous ceux qui
seront terminés...
M. Houde: Oui.
M. Chevrette: Si, par hasard, il y en avait de non
terminés, vous aurez au moins devant vous tous les principes et les
grandes orientations des autres qui ne sont pas terminés, de sorte que
vous saurez que l'article 77.7 , par exemple, commande telle
réglementation; voici quelles sont nos intentions si jamais le
règlement n'était pas terminé à ce
moment-là; c'est clair.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y aurait
d'autres questions?
M. Chevrette: II y avait une dimension dans sa question à
laquelle je n'ai pas répondu, je voudrais donc ajouter qu'il est bien
évident que je mandaterai mes fonctionnaires pour consulter les
associations sur les règlements qui les concernent. D'accord?
Mme Farrar: Est-ce que cela doit se faire avant l'adoption de la
loi?
M. Chevrette: La deuxième lecture va aller... Je crois que
nous recommençons le 21 ou le 22 octobre...
Une voix: Le 18 octobre.
M. Chevrette: Le 18 octobre, je ne crois pas que cela puisse
être adopté avant le début de décembre, donc cela
nous donne passablement de temps pour vous soumettre, au moins les grandes
lignes et les principes, les orientations des règlements.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai quelques
questions à poser aux représentants de l'Association des
outfitters. En passant, je tiens à vous féliciter pour le
mémoire que vous avez déposé ainsi que pour la franchise
avec laquelle vous traitez du sujet. Je pense que c'est relativement important,
d'autant plus que le projet de loi déposé par le ministre ne
m'impressionne pas tellement plus que vous.
Il y a des points de vue que j'aimerais connaître de la part des
pourvoyeurs, entre autres à l'article 70. C'est un article qui vous
préoccupe beaucoup. Vous mentionnez que le ministre peut annuler ou ne
pas renouveler. Est-ce que, actuellement, les pourvoyeurs au Québec ont
un bail type? Est-ce que c'est le même bail pour tout le monde, les
mêmes conditions, les mêmes clauses qui sont utilisées pour
l'ensemble des pourvoyeurs du Québec?
M. Rouleau: Je pense que oui.
M. Rocheleau: L'ensemble des pourvoyeurs a le même bail.
Tantôt, vous avez mentionné que...
M. Rouleau: Excusez-moi, monsieur, les pourvoyeurs à
droits exclusifs.
M. Rocheleau: À droits exclusifs. Tantôt, vous
mentionniez le fait que le bail puisse comporter tellement
d'éléments que le ministère ou ses agents pourraient
trouver, en contradiction avec l'application ou avec le bail comme tel, une
cause pour l'empêcher d'avoir un renouvellement quelconque. Est-ce que
vous pourriez préciser là-dessus? (11 h 30)
M. Rouleau: L'article 70 dans le projet de loi détermine
que le ministre peut annuler ou ne pas renouveler un bail dans le cas où
le locataire n'a pas respecté les conditions du bail. Ce que l'on dit
dans notre mémoire, c'est que ne pas respecter les conditions du bail
est équivalent à ce qu'on appelle une clause de défaut.
Les obligations qui sont prévues dans le bail sont à ce point
imprécises. Je n'ai pas d'exemple précis à vous donner,
mais elles sont à ce point imprécises en ce qui concerne
l'utilisation du territoire, en ce qui concerne la façon dont les
paiements seront faits pour les loyers, etc. Elles font en sorte qu'il n'y a
pas d'obligation déterminée de façon que chacun des
pourvoyeurs, pour toutes sortes de raisons, pourrait être
considéré comme étant en défaut. Ce qu'on voulait,
c'est préciser un peu les clauses contractuelles du bail,
déterminer exactement quelles sont les obligations de part et d'autre,
autant du locataire que du locateur, de façon qu'une clause de
défaut, de façon qu'un défaut puisse être
constaté précisément et qu'il n'y ait pas
d'interprétation sur le fait qu'il y ait défaut ou non.
M. Bissonnet: Vous avez mentionné qu'au printemps vous
aviez fait parvenir une lettre au ministre concernant justement cette approche
face aux tâches...
M. Rouleau: C'est le président de l'association qui a fait
parvenir une lettre au ministre demandant une rencontre, soit avec M. le
ministre ou ses fonctionnaires en titre, en autorité pour discuter de la
question aux fins de déterminer un projet de bail. Mme Farrar vous a
donné une des raisons pour lesquelles vous avez décidé de
procéder comme cela pour des raisons économiques. L'autre raison,
c'est purement et simplement pour des questions de droit des locataires. Les
locataires ne pouvaient pas déterminer
quels étaient ou quels seront les droits anticipés par le
locateur. Une rencontre à cet effet, comme M. Chassé et son
association l'ont jugé, aurait pour but de faciliter le
dépôt d'un texte final qui pourrait être signé par
tous.
M. Bissonnet: Est-ce que vous avez déjà fait
parvenir ou avez-vous déjà discuté avec le ministre d'un
projet de bail quelconque? Est-ce qu'un projet de bail a été
préparé par votre association?
Mme Farrar: Non. À ma connaissance... Hier M.
Chassé m'a donné à entendre qu'on pourrait... C'est
difficile pour nous de donner la moitié d'un bail ou un bail
réduit. Il faudrait donner tout un bail qui est très volumineux.
C'est comme si on disait: C'est tout ou rien. On ne peut pas arriver avec une
partie d'un bail. C'est pour cela que c'est très difficile. Il
était question de discussions et cela aussi, c'est long. Si on se
réunit avec les autorités, cela peut être très long
avant qu'on ébauche quelque chose. M. le ministre avait proposé
qu'on dépose un bail type. Ce bail est trop ardu, trop volumineux
à faire. On ne pourrait le faire qu'en partie et on a jugé que de
donner quelque chose en partie, ce n'est pas assez complet et que cela ne
donnera pas de bons résultats. C'est pour cela qu'on avait
demandé une rencontre au mois de mai.
M. Chevrette: M. Rouleau, est-ce que je peux répondre
à une petite partie de ce sujet?
M. Rouleau: Oui, oui.
M. Chevrette: Voici. Il y a 150 baux qui sont signés sur
180 et des modifications ont été apportées à
plusieurs baux. Pourquoi? Parce que si vous jugez... Vous en parlez tellement
abondamment du bail qui est inadéquat. C'est vous qui connaissez
très bien les inexactitudes, les emmerdements du bail actuel. Si vous ne
nous les faites pas connaître, qui mieux que vous peut nous faire
connaître ce qui n'est pas correct dans le bail? Entre vous et moi, quand
on reçoit un pourvoyeur à notre bureau et qu'on lui demande: Cela
va ton bail? est-ce que tu le renouvelles tel quel? et qu'il répond:
Non, j'aurais une petite modification à apporter, on la lui accorde. Il
y en a 150 qui sont signés sur 180. Donc, pour avoir un bail type un peu
uniforme, qui mieux que les pourvoyeurs connaissent les problèmes qu'ils
rencontrent avec le bail actuel pour nous les faire connaître?
M. Rouleau: M. le ministre, je pense qu'on peut prendre
l'engagement formel de déposer au moins l'essence de nos recommandations
dans un délai acceptable.
M. Chevrette: Cela, je pense que ce serait fort
intéressant, parce que, à partir de là, on pourrait vous
donner des réponses précises quant à notre capacité
ou notre possibilité de se rendre à vos demandes. Sinon, on vous
dirait pourquoi on ne se rend pas à telle ou telle demande. Je suis
d'accord avec vous quand vous exigez les raisons.
M. Rouleau: On peut...
M. Chevrette: Dans mon cas, je n'ai rien à cacher, je vous
dirai toujours pourquoi.
M. Rouleau: Comme je vous dis, on peut en prendre l'engagement
formel de déposer...
M. Chevrette: D'accord.
M. Rouleau: ...l'essence de nos demandes.
M. Chevrette: Merci beaucoup.
M. Rocheleau: M. le Président, je sais qu'au printemps
dernier on avait discuté longuement de la question du bail de neuf ans,
tenant compte des investissements, tenant compte des améliorations aux
bâtiments et tenant compte particulièrement des emprunts à
court, à moyen et à long termes qu'un pourvoyeur pourrait
effectuer auprès d'une société bancaire, caisse populaire,
fiducie ou autre. Souvent, on a relevé le fait qu'un bail de neuf ans
qui peut être en cours d'expiration peut comporter des difficultés
pour l'obtention de prêts à court et même à moyen
terme, selon le cas. Le ministre nous a mentionné tantôt qu'il y a
un article qui semblait - l'article 71 je pense - permettre l'extension, si on
tient compte du fait qu'à l'article 70, le ministre peut annuler, si ce
n'est pas conforme aux conditions. Par contre, cela laisse sous-entendre que si
tout est conforme, il peut extensionner. Est-ce qu'il n'y aurait pas eu lieu,
par contre, d'être plus précis là-dessus ou de demander aux
sociétés bancaires ce à quoi elles s'attendent comme
articles acceptables de leur part?
M. Rouleau: La réponse des institutions financières
est que la discrétion ministérielle n'est pas une garantie de
prolongation. C'est cependant, à tort ou à raison, la
réaction qu'elles ont. Dans la mesure où on a un bail de neuf
ans, ce n'est pas le terme qui est discuté, ce sont les options de
renouvellement, dans la mesure où il y a des renouvellements qui sont
consentis. L'institution financière se sent infiniment plus confortable
que devant la discrétion ministérielle qui peut être
exercée par le
ministre. Ce n'est pas une garantie, le fait que le ministre nous dise
que le gouvernement peut, par règlement, déterminer les
conditions d'obtention, le tranfert, le renouvellement et la durée d'un
bail, ce n'est pas une garantie acceptable au sens des institutions
financières. C'est la raison pour laquelle, dans le bail, comme dans
n'importe quel bail commercial, on pourrait prévoir une durée qui
est de neuf ans et qui est conforme à nos attentes, et des options de
renouvellement.
M. Rocheleau: M. le ministre, je sais pertinemment que j'ai eu
certains pourvoyeurs qui m'ont fait cette remarque aussi. J'en ai même
discuté avec des directeurs de banque pour voir quelle
interprétation on donnait à cela. Plus particulièrement au
cours des dernières années, avec la situation économique,
les compagnies prêteuses ou les sociétés bancaires ont
été plus exigeantes au point de vue des normes, des demandes et
des garanties. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, au cours des prochaines
semaines, de demander possiblement à votre équipe de
spécialistes dans le domaine de trouver la terminologie qui pourrait
être acceptable de part et d'autre afin de satisfaire les pourvoyeurs
d'une part, mais plus particulièrement, de satisfaire les
sociétés prêteuses, trouver un article qui pourrait
correspondre à un ensemble qui permettrait aux deux de s'entendre?
Il est bien évident que si on a un projet de loi, si on adopte
une formule, si on a un bail type, et qu'à l'intérieur de cela,
le pourvoyeur se rend à la banque pour emprunter de l'argent pour faire
des améliorations, des ajouts ou de l'équipement, si le bail ou
le projet de loi ou les règlements ne comportent pas des articles qui se
plient aux exigences des sociétés prêteuses, il est bien
évident que les pourvoyeurs ou les pourvoiries se verront encore une
fois refuser, dans certains cas, des prêts ou des avances sur billet ou
autre, tenant compte du fait que cela ne semble pas répondre à
ces exigences. Peut-être que le ministre pourrait...
M. Chevrette: Par rapport à la suggestion que me fait
l'Association des pourvoyeurs à l'effet d'avoir trois phases de
reconduction, il m'apparaît que l'article 71 -ou bien je le lis mal ou
bien je le comprends mal ou bien je l'interprète mal - il
m'apparaît renfermé une garantie plus forte que la demande que
vous me faites. Car une institution bancaire qui prête de l'argent,
sachant que le ministre peut révoquer, lorsque apparaît dans un
nouveau texte de loi une indemnité qui tient compte des pertes encourues
et qui tient compte du fait qu'on enlève la perte de revenu de
l'individu et sa compensation pour ses immobilisations, c'est la meilleure
garantie bancaire qu'elle peut avoir. C'est meilleur qu'une clause de
reconduction exclusivement puisqu'elle peut mettre la main sur le chèque
avant qu'il n'arrive à l'individu lui-même. Donc, pour une
institution bancaire sérieuse, je pense que cette clause est de beaucoup
supérieure à des clauses de reconduction sans clause
d'indemnité. Ou bien je ne m'y connais pas du tout en finance, ou bien
j'interprète très mal l'article 71. Je ne suis pas un
légiste, mais comme je l'ai compris, cet article, à mon avis, est
trois fois supérieur à la demande que me font les pourvoyeurs
eux-mêmes.
M. Rocheleau: M. le Président, je tiens à dire au
ministre qu'il peut avoir toute la bonne volonté là-dedans, mais
quand vous voyez le gérant d'une société bancaire qui vous
dit: Cela nous prend telle clause là-dedans et si on ne l'a pas, vous
n'avez pas votre prêt...
M. Chevrette: II faut dire, M. le député de Hull,
que les institutions bancaires n'avaient pas sous les yeux, à venir
jusqu'au dépôt du projet de loi, cet article 71 qui dit que le
ministre indemnise, qu'il tient compte des pertes de revenu. Une institution
bancaire qui aurait cela devant les yeux dorénavant, cela devient une
garantie parce qu'elle peut, à défaut de paiement d'un
pourvoyeur, intercepter le chèque qui partirait d'ici pour aller chez le
pourvoyeur. C'est une meilleure garantie qu'une simple clause d'option. Si vous
jugez que ce n'est pas suffisant et qu'il faudrait mettre à la place
trois options de renouvellement de cinq ans, je pense que vous vous privez
d'une sécurité financière. Si j'avais un sondage à
faire auprès des institutions bancaires, à choisir entre votre
proposition et l'article 71, je suis persuadé que 95% des gérants
de caisse ou de banque opteraient pour l'article 71.
M. Rouleau: M. le ministre, notre proposition est
évidemment conjonctive avec l'article 71. Cependant, les institutions
financières ne prêtent pas que sur des immobilisations, elles
prêtent sur une exploitation ou une capacité de faire des revenus
et de rembourser. Si vous mettez fin au bail, vous privez l'institution
bancaire - je traduis leur réaction - de la facilité pour elle
d'être complètement remboursée sur l'exploitation.
Le but n'est pas strictement de récupérer un chèque
en indemnisation pour les immobilisations qui ont pu être
érigées sur le territoire. Bien souvent, cela peut ne pas
être suffisant pour rembourser complètement la dette. Ce qui est
important, c'est que le pourvoyeur puisse continuer à
payer son banquier par l'exploitation de son commerce. Si vous mettez
fin unilatéralement à un bail, même si vous indemnisez pour
les immobilisations et même si vous tenez compte de la perte potentielle
de revenus, cela peut ne pas être suffisant pour payer les emprunts
bancaires ou pour garantir.
D'autre part, je suis d'accord avec le député de Hull
à savoir que les institutions bancaires sont extrêmement prudentes
dans leur approche des problèmes. Je suis d'accord également
qu'elles n'ont peut-être pas le texte de loi devant les yeux. Cependant,
la négociation d'une marge de crédit ou d'un emprunt bancaire
avec un gérant de banque tient compte de critères
déterminés et, nonobstant l'article 71 ou n'importe quelle
règle législative, cela ne changera pas l'attitude des
institutions financières. Pour avoir négocié à
plusieurs reprises avec elles, il y a des changements législatifs qui
auraient dû être agréables à des consommateurs de
prêts qui n'ont absolument aucunement changé l'attitude du
banquier. Ces organismes, il est difficile de faire changer leur optique quant
aux crédits.
M. Rocheleau: Dans cet esprit-là, tenant compte du fait
que depuis déjà plusieurs années les outfitters se
plaignent du concept du renouvellement du bail, tenant compte du fait que
l'économie a traversé une période assez difficile et les
sociétés bancaires ont été plus restrictives au
niveau des prêts, je me pose simplement la question à savoir si,
pour les outfitters, pour le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, les fonctionnaires ou d'autres, il ne serait pas possible de
consulter les sociétés bancaires. J'ai l'impression que le format
est le même pour la Banque Nationale, la Banque Royale, la Banque de
Nouvelle-Écosse ou les caisses populaires. Si l'une accepte la
formulation décrite à l'intérieur d'un règlement ou
d'une réglementation, cela pourrait simplifier.
Cependant, si on accepte une formule qui, d'autre part, ne se traduit
pas dans une acceptation pour les sociétés bancaires, on fait
encore du chemin pour rien. Dans cette forme de consultation que nous faisons
aujourd'hui, on devrait consulter les sociétés bancaires pour
savoir si on soumet un texte approprié qui serait acceptable de leur
part ainsi que de l'Association des outfitters du Québec et du
gouvernement, du ministère, afin qu'il soit utilisé à un
moment donné. (11 h 45)
M. Chevrette: M. le Président, il serait peut-être
bon que je réponde à cela. Je retiens cette suggestion. Ce serait
effectivement bon d'avoir leur son de cloche, mais en leur montrant aussi les
contraintes législatives qu'on a. Vous savez que, pour la loi des
pêcheries, c'est neuf ans. Quand bien même que je voudrais marquer
20 ans, je suis incapable. Cela ne relève pas de nous. Au moins, on leur
dit: Voici les articles, les révocations sont pour cause à toutes
fins utiles, contrairement à ce qui existait avant. En plus de cela, il
y a un pouvoir d'indemnité réelle qui tient compte à la
fois des pertes en immobilisation et des pertes de revenus. Est-ce que cela les
satisferait et sinon pourquoi? Ce seraient simplement des amendements parce que
cela ne changerait pas le principe en deuxième lecture mais on peut
apporter des amendements lors de l'étude article par article si jamais
ils nous faisaient des suggestions valables. Je retiens cette
suggestion-là. Nous allons établir quelques contacts. Si vous
avez des noms à nous suggérer, nous en tiendrons compte.
M. Rouleau: Parfait.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: J'ai deux courtes questions. S'il y avait des
clauses de défaut ajoutées à votre bail, qui
l'administrerait à ce moment-là? Seriez-vous d'accord avec le
ministre, qui pourrait l'annuler si les clauses de défaut
n'étaient pas respectées?
M. Rouleau: Absolument. On dit que les règles du jeu
doivent être précises. Le locateur a des droits, le locataire
également. Il faut les préciser.
M. Laplante: Maintenant, il y a une autre chose dans vos demandes
qui est accordée sur le contrôle des gens qui iraient sur votre
territoire. Ce qui est nouveau au Québec et qui prend de l'ampleur de
plus en plus, ce sont les naturistes qui se promènent en pleine nature.
Comme citoyen, si j'avais à aller autour d'un lac et si j'avais un
canot, je me sentirais brimé énormément si on
m'empêchait de faire du canotage sur un des cours d'eau qui
m'appartiennent. En somme, vous voulez presque consacrer à une
élite les cours d'eau qui sont là par la demande que vous faites
actuellement d'exclure ces gens-là des cours d'eau. Je ne pourrais
pas...
Mme Farrar: D'abord les cours d'eau, si on entend
rivières, ne sont pas soumis à des droits exclusifs. Ce ne sont
que les lacs, la plupart du temps, à l'exception du saumon. Étant
donné qu'il y a des milliers de lacs dans la province, s'il y en a un
dans une pourvoirie où on doit garder l'absolu calme, il y en a
tellement d'autres ailleurs où on peut faire du canotage dans les ZEC,
sans aller dans... Ce n'est pas réservé à une
élite. N'importe qui peut aller dans une pourvoirie et payer le
coût. Il ne s'agit pas de prix exorbitants. N'importe qui peut aller
dans
une pourvoirie. Cela n'est pas réservé à une
élite.
M. Laplante: Mais de là à enlever vos lacs à
ceux qui aiment la nature, qui apprennent à respecter la nature,
l'environnement, je pense que je me battrais pour que la population ne soit pas
privée de l'accès à un lac. Je ne parle pas d'aller
pêcher, cela serait contraire à toutes les réglementations.
Je suis d'accord là-dessus. Je suis d'accord pour qu'il y ait une
surveillance sur ces gens-là aussi dans le respect de l'environnement,
qu'il y ait même des amendes pour ceux qui ne le respecteraient pas sur
la bonne foi des pourvoyeurs qui rapporteraient ce qu'ils ont vu à la
suite d'une inspection. J'accroche là-dessus, sur la liberté de
chaque Québécois d'aller se promener sur le territoire qu'il veut
à moins que ce ne soit dangereux pour le feu ou des choses semblables
à des moments précis où ils n'auraient pas accès
à la forêt ni aux cours d'eau.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai un commentaire sur le
dernier point. Je pense que le pêcheur, qu'il soit dans une ZEC ou qu'il
soit chez un pourvoyeur, veut pêcher en paix. On parle, à
l'article 77.7, d'une possibilité de réglementation; je pense
qu'on pourrait ouvrir la porte, comme on le fait dans certains parcs, avec des
directives, en disant par exemple: Vous pouvez allumer de petits feux entre
telle heure et telle heure, vous devez vous conformer à telles
directives. Je pense qu'on pourrait ouvrir, dans ce sens-là. Je pense
que l'article 77.7 nous donne cette occasion de réglementer y compris
l'utilisation - le pêcheur paye un droit de pêche - mais il y a des
possibilités par des directives administratives, par des
règlements, d'accommoder tout le monde. Effectivement, il y a des
possibilités très grandes.
Vous avez parlé des squatters et j'ai oublié de vous en
parler tantôt. Pour ce qui est des squatters, vous savez que le maire a
décrété un moratoire, qu'il n'accorde plus de permis de
villégiature présentement et que même il y a un groupe de
travail, auquel vous participez vous-mêmes, je crois, qui est en train
d'élaborer quelque chose de plus cohérent. Est-ce que vous
êtes satisfaits du travail du groupe en question présentement ou
si c'est parce que vous avez profité de l'occasion qui vous était
offerte pour montrer le danger de prolifération? C'est que je ne
comprends pas tellement votre objectif, puisque déjà vous
êtes impliqués et que...
M. Rouleau: Si vous avez remarqué, lors de mon allocution,
j'ai passé par-dessus ce paragraphe.
M. Chevrette: II était écrit dans le
mémoire.
M. Rouleau: Je sais, il a été déposé
il y a tout de même deux semaines. Je ne suis pas autorisé, comme
représentant de l'association, pour dire si nous sommes satisfaits ou
non du travail qui est fait par le comité, mais nous y participons.
C'est en pleine conscience que j'ai passé par-dessus ce paragraphe lors
de l'allocution que j'ai faite tantôt.
M. Chevrette: D'accord, vous n'avez pas besoin d'autre
réponse à ce moment-là. Parfois l'abstention est plus
claire qu'une réponse vous savez!
Pour ce qui est de toute la villégiature en
général, vous savez qu'on a également un groupe de travail
avec le maire en ce qui regarde un plan de développement puisqu'on ne
voudrait pas, nous non plus, que cela se développe à tous
azimuts, n'importe comment. Je pense qu'en tant que gouvernement, on a une
responsabilité et il y a une partie qui, bien sûr, relève
du maire et du ministère de l'Énergie et des Ressources, de sorte
que ce groupe de travail également est à concevoir un plan de
développement de pourvoirie éventuellement, parce que vous parlez
de pourvoyeurs dans votre texte, et vous dites qu'on n'a pas de politique de
plan de développement. La commande a été passée il
y a au moins quatre ou cinq mois et on est à identifier les endroits
propices. Il faut absolument s'entendre avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources, avec les contingences qu'il a
vis-à-vis de certaines compagnies forestières, mais on est sur le
point d'accoucher de quelque chose et on vous fera sûrement
connaître un plan de développement qui pourrait être
bénéfique à l'activité de pourvoirie. 11 y a une
chose que je voudrais vous faire remarquer. Quand vous avez parlé des
ZEC et de la villégiature, à toutes fins utiles, vous avez
parlé surtout de pourvoirie dans les ZEC, sans le dire aussi
crûment que cela. Je me souviens de m'être mouillé assez
concrètement au congrès des ZEC - votre président
était là d'ailleurs et je pense que c'est le seul qui ait
applaudi dans la salle cette fois-là - quand j'ai dit que les ZEC
n'étaient pas là pour faire de la pourvoirie, qu'elles
étaient là, que tout au plus, dans les circonstances, je
tolérais la villégiature. Cela a été ma
décision ferme en congrès. Je vous dis que cela n'a pas
été ma plus populaire, mais je l'ai quand même prise. Que
je sache, les ZEC se sont assez bien conformées à cette directive
que j'avais donnée en congrès ou à cette décision
que j'avais prise même en congrès.
D'autre part, il y a des équipements que mon ministère
possède à l'intérieur de certaines zones d'exploitation
contrôlée, que
nous allons mettre à la disposition. Nous ne sommes pas pour les
détruire, parce que je considère que j'ai émis une
directive à mes directeurs régionaux et dorénavant il
n'est pas question de brûler les chalets, surtout quand on peut les
vendre facilement pour des sommes symboliques à des gens qui peuvent les
utiliser.
L'État n'est pas là pour détruire. Il est là
pour permettre aux autres d'en profiter si jamais l'État veut se
départir de biens. En tout cas, c'est ma conception personnelle que
j'applique à mon ministère et que je véhicule. Les ZEC
seront bien sûr appelées à se porter acquéreur
probablement dans un premier temps de ces équipements, mais pour des
fins de villégiature, elles en sont conscientes. La glace peut
être mince entre une activité de villégiature en plein
milieu de pêche, je le conçois, j'en conviens, mais il reste que
la volonté politique au ministère n'est pas de créer une
concurrence déloyale ou une concurrence tout court aux pourvoiries.
M. Rouleau: M. le ministre, je pense que vous faites allusion
à l'hébergement dans les ZEC. Il y a un comité de travail
auquel nous participons qui a d'ailleurs commencé à se pencher
sur cette question. Est-ce que je comprends de votre intervention que les
installations qui sont déjà en place dans les ZEC pourront
être transmises aux ZEC contre une somme symbolique, pour utilisation,
mais pour des fins de villégiature, sans y comprendre la chasse ou la
pêche?
M. Chevrette: Je ne présume pas des conclusions du groupe
de travail. Je vous ai rappelé la décision que j'avais prise au
congrès des ZEC. C'était celle de créer un groupe de
travail, je me souviens, mais j'avais aussi dit qu'il était dans mon
intention, dès cette année, de me départir des biens que
nous avions à l'intérieur. Mais, entre vous et moi, il y a des
pourvoyeurs sans droits exclusifs qui oeuvrent - cela peut être des
individus également - en dehors des ZEC et en dehors des réserves
fauniques. Je connais des gens qui ont versé exclusivement dans
l'hébergement sans pour autant offrir cette opportunité de chasse
et de pêche parce que leur territoire est inexistant ou ils sont à
proximité d'autres territoires. Il faudrait bien comprendre
qu'actuellement, ce n'est pas clair sur toute la ligne la question des droits
non exclusifs pour fins d'hébergement par rapport à
l'hébergement dans les ZEC. Est-ce que c'est la même chose, oui ou
non? Il va falloir se le dire. Mais j'espère que le comité de
travail me donnera des recommandations bien précises là-dessus.
Sinon, je devrai trancher, bien sûr.
M. Rouleau: M. le ministre, j'aurais un seul commentaire sur
cette question. Il y aurait peut-être lieu, pour activer les travaux du
comité de travail, que la déclaration que vous avez faite en
avril 1983 soit un peu précisée quant aux hébergements ou
aux installations futures d'hébergement dans les ZEC. Le comité
de travail qui a été créé et qui s'est réuni
hier examine cette question, mais il faudrait peut-être voir à
limiter l'étendue du travail qui sera donné. C'est
peut-être une zone grise en ce qui nous concerne, mais on n'était
pas certain, en relisant votre déclaration ministérielle, de
l'étendue du travail ou du mandat qu'on devait examiner. Ce serait
peut-être une bonne chose de bien le préciser pour qu'on puisse
délimiter quelle sera la nature des recommandations qui seront faites
par ce comité.
M. Chevrette: Je vais relire cela et je vais préciser.
Je vous remercie beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je
vous remercie infiniment de votre mémoire. J'ose espérer que les
échanges ont pu clarifier certains points de vue. Les points sur
lesquels on a des demandes de précisions additionnelles, nous les ferons
dans les semaines à venir, avec votre collaboration, je
l'espère.
M. Rocheleau: M. le Président, il y avait un point
tantôt auquel le ministre faisait allusion au point de vue de
l'arbitrage.
M. Chevrette: L'évaluateur conjoint, oui.
M. Rocheleau: Oui, l'évaluateur. Je voulais simplement
parler - étant donné que cela touche un peu, de près ou de
loin - des agents de conservation. Il y a une convention collective qui est
échue depuis deux ans et demi. C'est en arbitrage. Est-ce que c'est
réglé?
M. Chevrette: Les agents de conservation n'ont pas de convention
collective depuis deux ans et demi, vous avez raison. Ce n'est que depuis
à peu près un an cependant qu'il y a des négociations
puisque cela a pris environ un an et demi à démêler le
phénomène des accréditations, puisqu'il n'y avait qu'un
seul syndicat de tous les agents de la paix, des agents de la faune et des
gardiens de prison, etc. Ils ont décidé de se scinder en
plusieurs unités, de sorte qu'on se retrouve avec cinq syndicats. Il y a
eu des contestations devant le Tribunal du travail pendant une grosse
année et demie. Ils ont réussi à être
accrédités. Depuis environ un an, ils négocient. Ils ont
cessé de négocier - je crois que c'est au mois de décembre
ou de janvier - pour confier cela au tribunal d'arbitrage. L'arbitre, me
dit-on, est choisi; je ne sais pas s'ils ont été
entendus, parce que la négociation comme telle ne relève
pas de ma compétence mais de celle de la ministre de la Fonction
publique. Mais, je sais que c'est en arbitrage. Il ne restait que deux points
en suspens, me dit-on: les salaires et l'horaire de travail.
M. Rocheleau: Pour ce bénéfice-là, M. le
Président, étant donné qu'on a discuté un peu de
cela tantôt du fait qu'on s'en remet souvent aux arbitres, est-ce que le
ministre a fait certaines recommandations de son côté,
étant donné que cela a été scindé en cinq
groupes, cinq accréditations? Il y a les gardiens de
sécurité aussi qui sont dans un autre groupe ici. Est-ce que le
ministre a fait certaines recommandations, étant donné que cela
traîne depuis deux ans et demi? On sait que l'inflation a touché
tout le monde depuis ce temps-là. Est-ce qu'il y a eu des
prévisions ou des provisions faites pour donner certaines avances,
tenant compte du fait que, dans la loi no 70 et la loi no 105 qui ont
été passées, le gouvernement a statué sur les
salaires de ses employés? Ce sont quand même ses employés.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, si cela traîne trop longtemps, que des
avances soient offertes à ces groupes en attendant que les arbitres
puissent définir ou statuer sur une augmentation acceptable de part et
d'autre?
M. Chevrette: D'abord, à votre première question,
on me dit que la partie syndicale a été entendue, qu'il reste la
partie patronale à se faire entendre et que l'arbitre devrait rendre sa
sentence en octobre. Pour ce qui est de la deuxième partie de votre
question, où vous me dites: Est-ce qu'il y a des avances qui sont
prévues? Non, mais il y a une rencontre prévue avec le
président du Conseil du trésor pour évaluer si c'est un
précédent, si cela s'est déjà fait, si c'est
possible, si les provisions sont là à l'intérieur des
offres qui sont faites. Je crois que cela a déjà
été fait dans le passé, mais c'est à
vérifier avec le président du Conseil du trésor. Cette
proposition m'a été présentée par un journaliste,
aussi drôle que cela puisse paraître. C'est un journaliste qui m'a
fait cette suggestion, il y a une quinzaine de jours. Je n'ai pas pu voir mon
collègue, le président du Conseil du trésor, M.
Bérubé, au Conseil des ministres la semaine dernière, je
le verrai demain. (12 heures)
M. Rocheleau: Remarquez, M. le Président, que je n'ai pas
parlé au journaliste en question...
M. Chevrette: Je vous dis que c'est un journaliste.
M. Rocheleau: Ah! Mais...
M. Chevrette: Pour vous montrer que je ne veux pas me donner de
crédit, cela vient d'un autre.
M. Rocheleau: II n'en demeure pas moins que c'est un
problème qui concerne plus particulièrement la protection de la
faune, les agents de conservation représentent quand même un
élément assez important.
Une dernière question à l'Association des outfitters.
Est-ce que vous avez ce qu'on peut considérer des agents auxiliaires,
ceux qui s'occupent plus particulièrement des pourvoiries? À
l'intérieur de la pourvoirie, est-ce que vous avez des auxiliaires qui
font une certaine surveillance sur les prises, les quantités, la
qualité ainsi de suite?
Mme Farrar: Les pourvoiries à droits exclusifs ont
effectivement des personnes nommées agents auxiliaires pour faire le
travail présentement.
M. Rocheleau: Je sais pertinemment que c'est à l'avantage
de la pourvoirie de faire en sorte de protéger son propre territoire
justement dans le but de conserver la faune et de la protéger.
M. Chevrette: II y a déjà des pourvoyeurs qui sont
accrédités comme agents auxilaires.
Mme Farrar: Oui.
M. Chevrette: Le problème dans cela, M. le
député de Hull, c'est qu'en ce qui regarde les pêcheries,
la loi pour étendre les pouvoirs des agents auxiliaires relève du
palier fédéral et non du nôtre. J'ai écrit à
quelques reprises à nos vis-à-vis et j'attends des
réponses.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, merci. Pour
terminer, peut-être que le député de Berthier aimerait...
Excusez.
M. Chevrette: On me dit que la réponse serait
entrée dernièrement. Et c'est un refus total. En ce qui regarde
la loi actuelle, je peux au moins procéder à la nomination dans
le cadre des juridictions propres au Québec.
M. Rocheleau: M. le Président, étant donné
qu'on touche à l'Association des outfitters et que cela concerne un
problème qui est plus particulier aux outfitters, il y a des demandes de
pourvoirie qui sont faites auprès du ministère. Je sais
pertinemment que, l'an dernier, dans l'Outaouais, une demande avait
été faite, de la part d'un M. Marchand, et on devait lui accorder
son permis de pourvoirie 24 ou 48 heures avant le début de la chasse. Je
trouvais que c'était
prendre de court ceux qui avaient déjà organisé des
parties de chasse dans ce secteur. Je me posais la question, M. le ministre,
à savoir si des demandes de pourvoirie, quand elles sont faites
auprès du ministre, auprès du ministère, quand elles sont
analysées, examinées et s'il y a acceptation, s'il ne devrait pas
y avoir justement un laps de temps qui permettrait à tous ceux qui
utilisent ou qui utilisaient certains secteurs de chasse ou de pêche
d'être au moins avisés antérieurement?
M. Chevrette: Effectivement, il y a peut-être quelques
manques de concertation à ce sujet, mais je dois vous dire... Vous avez
cité un exemple type. Quand le ministre de l'Énergie et des
Ressources a légalisé certains camps, certains squatters, dans
certains cas, ce sont de vrais camps bien construits de l'ordre de 12 000 $
à 15 000 $, en particulier, il y a au moins deux camps d'une valeur
assez élevée dans la pourvoirie dont vous avez mentionné
les noms tantôt. Donc, avant d'accorder un découpage à un
pourvoyeur qui intéresse des gars qui se sont légalisés
sur le même territoire, c'est assez délicat. Ou bien on conseille
à celui qui postule un permis de pourvoirie d'acheter les camps, c'est
une possibilité qu'on lui offre ou, dans un deuxième temps, s'il
refuse d'acheter, on lui dit qu'on fera un découpage différent.
On a quand même légalisé des individus qui avaient aussi
des droits. C'est pour cela que cela traîne en longueur. L'individu ne
s'entend pas en négociation. Avant d'adopter un décret fixant les
limites d'une nouvelle pourvoirie, il faut au moins savoir... Il ne faut pas
placer en état d'illégalité un individu qui s'était
conformé en toute légalité aux demandes du gouvernement,
que ce soit un autre ministère que le mien. Je pense que c'est cela qui
explique certains délais indus. C'est souvent à l'approche d'une
saison de chasse que le pourvoyeur se sent soit un peu plus
généreux en négociation ou que l'autre exige un petit peu
moins en disant: Je veux au moins chasser moi aussi. De sorte qu'il y a
là des compromis de part et d'autre et cela se règle.
C'est pour cela que vous avez des individus qui avaient prévu
aller chasser sur un territoire non octroyé et ils apprennent à
la dernière minute qu'il est converti en pourvoirie. Il faut dire aussi
que, dans certains cas, des affiches de pourvoirie ont été
posées alors qu'il n'y avait pas de permis de pourvoyeur. Il faut donc
dire toute la vérité là-dessus.
M. Rocheleau: M. le Président, je ne suis pas là
pour porter des accusations envers l'un ou envers l'autre...
M. Chevrette: Non, non, j'ai compris cela.
M. Rocheleau: L'an passé des gens m'ont fait certaines
interventions. Ils avaient déjà retenu des endroits de chasse, un
avion, ils avaient payé le coût du transport en avion et ils
apprenaient du même coup, à peine 24 heures avant le début
de la chasse, qu'il y aurait une pourvoirie et qu'ils devraient payer tel
montant par chasseur au pourvoyeur.
M. Chevrette: Vous avez raison et je pense que notre plan de
développement des pourvoiries corrigera peut-être ces
choses-là parce qu'on aura des territoires nettement connus d'avance qui
seront possiblement offerts à des gens qui voudront bien se porter
locataires par bail pour un permis d'exploitation. Ce sera moins
compliqué que ce qu'on fait actuellement, soit les traiter à la
pièce. Il n'y a pas de cachette, il n'y avait pas de plan de
développement comme tel. À la pièce cela veut dire qu'il
faut aller au ministère de l'Énergie et des Ressources, que cela
prend des discussions avec ce ministère d'abord sur la grandeur du
territoire dans bien des cas parce qu'il y a des compagnies forestières
à proximité ou des lots contigus.
Il y a également les gens qui se sont installés dans le
passé. Dans bien des cas ces gens n'avaient même pas de permis au
départ et ils se sont construits. Ils ont été
légalisés par la suite. Dans certains cas on doit remonter
à 10 ou 15 ans en arrière. Quand on fait un découpage,
c'est assez sérieux, il ne faut pas brimer les droits d'un individu
à qui on a reconnu le droit légal d'occuper un terrain X avec des
droits à l'époque, parce que c'était un territoire
ouvert.
Je comprends votre point de vue et je pense qu'avec le plan de
développement on pourra pallier ces lacunes.
Mme Farrar: M. le ministre, y a-t-il des choses prévues
pour les pourvoiries fonctionnant sur un territoire libre? Cela était
bon dans le passé mais plus on avance dans le futur, c'est presque
incroyable qu'on puisse fonctionner sur un territoire libre où on voit
la faune sans aucune protection. Qu'arrivera-t-il à ces pourvoiries dans
cinq ou dix ans? Est-ce qu'il y a quelque chose de bien précis?
Pensez-vous à "pondre" quelque chose pour ces pourvoiries faisant
affaires sur territoire libre justement?
M. Chevrette: Dans la loi actuelle si vous remarquez, c'est une
notion d'hébergement. Quand il n'y a pas de droits exclusifs c'est une
location de services que vous offrez à une population sur un territoire
où les gens ont entière accessibilité.
Quand j'ai parlé tantôt du groupe de
travail qui se penche sur la notion d'hébergement autant dans les
ZEC que dans les pourvoiries à droits non exclusifs, ce n'est pas pour
rien. Il y a aussi une politique reconnue au gouvernement, d'établir des
pourvoiries à au moins 60 kilomètres des centres urbains ou des
centres développés. Seulement ceux qui avaient des droits acquis
ont conservé leur permis de pourvoirie avec droits exclusifs. Là
où il y a eu des pourvoyeurs installés par la suite, cela a
été des pourvoiries sans droits exclusifs. À toutes fins
utiles c'est de l'hébergement en forêt.
Mme Farrar: Avec option de chasse et pêche.
M. Chevrette: Avec option de chasse et pêche, oui, et de
piégeage. Il est clair que si on a à revoir la notion des 60
kilomètres il faudrait la regarder d'une façon bien
précise parce que cela pourrait aller à l'encontre du principe de
l'accessibilité et la bataille serait géante à ce
moment-là.
Mme Farrar: Au-delà de ces 60 kilomètres, il y a le
problème aussi en fait.
M. Chevrette: II y a problème?
Mme Farrar: Si on offre l'hébergement avec...
M. Chevrette: Oui, si c'est votre territoire... Je prends un
exemple. À supposer que votre territoire est situé à
au-delà de 60 kilomètres d'un centre habité; à ce
moment-là, si notre plan de développement prévoit la
possibilité d'avoir une pourvoirie avec droits exclusifs, vous aurez la
chance de postuler un permis. Si cela est prévu dans le plan de
développement que cela demeure un territoire ouvert et accessible
à une population, vous conserverez votre droit de pourvoyeur sans droits
exclusifs.
Mme Farrar: C'est sûr, mais c'est toujours dans
l'idée de la conservation et de la mise en valeur de la faune. C'est
là le point, cette conservation de la faune et cette mise en valeur,
dans cinq ou dix ans, à bien des endroits, il n'y en aura plus puisqu'il
n'y a personne qui s'en occupe.
M. Chevrette: À toutes fins utiles, vous contestez le
simple permis qu'on vous donne à droits non exclusifs.
Mme Farrar: C'est un permis qui, dans certains cas, serait un
permis d'hôtellerie ou de motel. Cela deviendra comme cela parce qu'il
n'y aura plus de poisson.
M. Chevrette: Mais vous les obtenez à des fins de chasse
ou de pêche?
Mme Farrar: C'est cela, mais s'il n'y en a pas de chasse ou de
pêche à faire, le pourvoyeur qui aura investi...
M. Chevrette: S'il n'y en a pas, cela devient, à toutes
fins utiles, je suis bien d'accord avec vous, de la villégiature, c'est
clair. De toute façon, un endroit pour les vacances pour une famille,
appelez cela comme vous voudrez... Je pense que vous entrez dans un
débat de fond. On pourrait discuter longuement pour savoir si les
pourvoiries d'un permissionnaire doivent conserver leur statut de
permissionnaire, oui ou non ou si on doit les considérer purement et
simplement comme des gens qui offrent une possibilité
d'hébergement pour qui que ce soit. C'est une question de taille.
Au moment où j'ai relu un peu la petite histoire,
là-dessus, et c'était de permettre, à ceux qui en avaient
la possibilité, d'offrir un gîte aux chasseurs et aux
pêcheurs. Ils avaient déjà des installations en place et
c'était l'utilisation maximale ou optimale des équipements
déjà en place, mais sans droits exclusifs. C'est cela qui a
enclenché ce mouvement de permissionnaires qui n'était pas
prévu à l'époque. C'est un peu la justification du
développement en forêt. On pourra se pencher, mais cela ne
constitue pas l'objet du présent projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): Un dernier mot du
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier le
ministre de s'être engagé à nous faire connaître les
règlements avant la deuxième lecture. Cela sera sûrement
pour le bien des associations et pour la protection de la faune, en même
temps. Cela nous permettra de pouvoir mieux travailler sur des
règlements qui seront mis en application. En terminant, je voudrais
remercier Mme Farrar et Me Rouleau qui se sont déplacés pour une
deuxième fois. Lorsque nous aurons la chance de connaître les
règlements, nous pourrons les étudier pour le bien de tous. Merci
beaucoup.
Mme Farrar: Nous avons bien hâte de connaître ces
règlements.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie les
représentants de l'association. Nous entendrons maintenant les
représentants de la Fédération québécoise de
la faune. J'inviterais le porte-parole à se présenter et nous
faire connaître les personnes qui l'accompagnent.
Fédération québécoise de
la faune
M. Laliberté (Jean-Marie): M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres
de l'Opposition, il me fait plaisir de me présenter pour la
deuxième fois devant cette commission. Je suis Jean-Marie
Laliberté. J'ai reçu le mandat du président de la
fédération, M. Laurin, et du bureau de direction de notre
organisme de présider notre comité pour la Loi sur la
conservation de la faune et de faire, auprès des instances
appropriées, les représentations que requièrent les
circonstances. Je suis accompagné de M. Lucien Boivin, membre de ce
comité et représentant élu à l'exécutif de
la fédération, de M. Bernard Hardy, également membre du
comité et qui cumule les responsabilités de secrétaire
général, de représentant élu à
l'exécutif et de directeur du bureau de la fédération. (12
h 15)
Aussi, nous remercions le leader du gouvernement de son invitation et le
personnel de la commission de sa collaboration.
En tout premier lieu, M. le Président, la
Fédération québécoise de la faune désire
adresser quelques remarques préliminaires à ladite commission. En
effet la Fédération québécoise de la faune veut
d'abord dénoncer l'attitude du MLCP en regard du "timing" -si je peux
utiliser l'expression entre guillemets - de la consultation à laquelle
il nous convie aujourd'hui. Nous tenons à souligner que c'est sans aucun
avertissement que le projet de loi no 9 a été
déposé dans les toutes dernières heures
précédant l'ajournement estival de l'Assemblée nationale.
Encore là, de plus, le dépôt de ce projet de loi n'a fait
l'objet d'aucun exercice de communication digne de ce nom, si modeste
soit-il.
Sur réception de l'avis du secrétaire de la commission, M.
le Président, nous n'avons pu disposer que de trois semaines pour
préparer et présenter notre mémoire, incluant les deux
semaines du congé de la construction. Ici, j'ouvre une parenthèse
pour signifier à la commission que nous avons reçu l'avis
seulement le 12 juillet, avis qui avait été écrit par le
greffier de la commission le 6 juillet 1983. C'était à la toute
veille des vacances annuelles de la construction. Alors, la
Fédération québécoise de la faune condamne un tel
procédé pour le moins peu respectueux de l'idéal
démocratique et elle s'interroge de plus sur les raisons d'un tel
procédé.
Toutefois, la fédération a procédé à
l'analyse complète du projet de loi no 9, y compris une analyse
juridique. Quoique sommaire, cette dernière analyse apporte un
éclairage intéressant sur de nombreux aspects du projet de loi et
c'est pourquoi nous l'annexons à notre mémoire. Nous souhaitons
ainsi en faire profiter les membres de ladite commission.
La Fédération québécoise de la faune a, par
ailleurs, investi une somme considérable de temps, d'énergie et
d'argent au cours des 18 derniers mois, à consulter ses milliers de
membres sur les divers projets du gouvernement en relation avec l'exploitation
de la faune.
Les opinions que nous exprimons aujourd'hui sont donc le fruit des
larges consensus auxquels nous sommes arrivés à la suite de la
mobilisation de nos bénévoles.
Enfin, comme dernière remarque d'introduction, nous tenons
à nous élever catégoriquement contre le projet qu'aurait
le ministre de ramener le nom de son ministère à la seule
appellation du "Loisir".
Nous avons récemment surpris le titulaire du MLCP à se
présenter comme le ministre du Loisir tout court. Plusieurs observateurs
ont aussi reconnu l'influence de certains collaborateurs du ministre pour qui
la chasse et la pêche sont des activités de second ordre que l'on
doit assimiler à une plus grande famille d'activités.
Et bien, tel n'est pas l'opinion de la Fédération
québécoise de la faune. Nous voudrions vous rappeler, M.
Chevrette, que plus d'un Québécois sur six chasse et pêche
et que ce sont là des activités historiques et traditionnelles de
notre société.
La Fédération québécoise de la faune
soutient que tout ce qui rend possible et qui conditionne ces activités
de chasse et de pêche, et tout ce qui s'y rattache ou en découle,
mérite bien plus que l'on travaille à les perpétuer
qu'à les assimiler au loisir-danse, au chant choral ou au
cyclo-tourisme.
Le ministre, de son côté, a-t-il l'intention de snober ce 1
500 000 chasseurs et pêcheurs du Québec qui s'attendent d'avoir un
ministre qui les représente et qui défend leurs droits devant le
gouvernement?
En effet, notre première constatation est que ce projet de loi
est absolument vide, mais pas de tout trucage. Nous reviendrons sur cette
dernière partie un peu plus loin dans le présent
mémoire.
Le projet de loi est donc vide, M. le Président, en ce qu'il
n'est qu'une réécriture de l'ancienne loi dont on a
éliminé quelques vieilles coquilles et à laquelle on n'a
fait que quelques rajouts.
Mais pour l'essentiel, rien; rien. C'est de l'ancien mal
réchauffé que l'on a le culot de rebaptiser en plus du pompeux
nom de "Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune".
Notre analyse juridique, M. le Président, nous confirme que ce
projet de loi no 9 est, somme toute, fort semblable à l'actuelle Loi sur
la conservation de la faune, sauf qu'on y fait une sérieuse mise
à jour de la disposition des textes ainsi que de la rédaction des
différentes dispositions qui y sont contenues.
On remarque surtout que le texte législatif tente de s'ajuster
aux nouvelles situations rencontrées sur le plan légal par le
MLCP au cours des dernières années.
Concernant le titre de ce projet de loi, un examen attentif de tous les
articles qu'il contient ne nous permet absolument pas de trouver quoi que ce
soit qui puisse justifier "la mise en valeur de la faune".
Concernant les nouvelles dispositions du projet de loi, les plus
importantes sont relatées dans le mémoire juridique que nous
annexons et nous ne croyons pas utile de les répéter ici.
Toutefois, il est à noter que leur lecture ne convaincra personne que
des grands changements révolutionnaires sont à la veille de
s'appliquer. Au contraire, M. le Président, à toutes nos
têtes réunies, nous avons tenté, sous toutes les coutures,
de trouver à ce projet de loi quelque chose d'emballant pour l'avenir,
une âme nouvelle, un principe directeur nouveau ou même des vertus
nouvelles. Nous n'avons malheureusement rien trouvé du genre.
Aucune approche nouvelle pour en faire un outil de participation et
d'éducation dynamique par exemple. Aucune approche nouvelle, non plus,
pour mieux positionner la faune au sein des préoccupations
gouvernementales.
La réalité est tout autre, M. le Président. Au
MLCP, on veut minimiser l'importance de ce projet de loi, le réduire
à une simple formalité technique, car on prétend que la
véritable substance s'en vient plus tard dans un grand ménage des
règlements de l'Assemblée nationale, que l'Assemblée
nationale ne verra même pas passer, et dans une éventuelle autre
loi qui porterait sur la protection des habitats fauniques. Mais, à la
FQF, nous savons, nous, qu'une autre loi ne fera jamais l'unanimité du
Conseil des ministres, dans les circonstances actuelles, tant certains des
ministres sont plus pesants que d'autres.
En plus d'être minimisé par le MLCP...
M. Chevrette: ...
M. Laliberté: On s'en reparlera, monsieur.
M. Chevrette: ...dans l'allusion tantôt. Je vous en
reparlerai moi aussi cet après-midi.
M. Laliberté: En plus d'être minimisé par le
MLCP, le projet de loi régresse en ce qui a trait aux services et aux
usagers que la loi actuelle prévoit au chapitre des indemnités et
assurances en cas d'accident.
En effet, contrairement à ce que l'on aurait pu s'attendre,
aucune disposition permettant la remise en vigueur des assurances
reliées à l'achat d'un permis de chasse ou de pêche ne se
retrouve dans le projet de loi. Au contraire, à l'article 115 du
présent projet de loi, on remarquera que le gouvernement se
réserve le droit d'abolir les articles 50 à 55 de l'actuelle loi
qui prévoyaient ce type d'indemnité à la date qu'il jugera
bon.
La Fédération québécoise de la faune
proteste énergiquement contre cette disposition du projet de loi. Elle
va entièrement à l'encontre des représentations que nous
vous faisions l'automne dernier à cette même commission
parlementaire et qui vous avaient même semblé
intéressantes.
Nous vous soumettions alors le projet de fonds mixte - privé et
gouvernemental -aux fins de la protection des habitats fauniques auquel fonds
participeraient volontairement les usagers en achetant une assurance
qu'administrerait la Fédération québécoise de la
faune et dont les profits iraient au fonds en question.
Nous avions même entrepris des pourparlers à ce sujet avec
vos prédécesseurs qui semblaient intéressés aussi.
Il va sans dire que nous nous attendons que le MLCP retire cette disposition de
son projet de loi actuel.
Dans l'ensemble, nous regrettons de devoir vous le dire, M. le ministre,
mais votre projet de loi n'est qu'un chapelet de bonnes intentions: le ministre
peut faire ceci, le ministre peut faire cela, mais jamais le ministre doit
faire quelque chose. Mais, M. le ministre, qu'allez-vous faire exactement?
Pourquoi les rédacteurs de la loi ont-ils, avec votre consentement bien
sûr, pris soin de ne jamais vous obliger à l'action?
Pour revenir au fameux titre de votre projet de loi, pourquoi y avoir
pompeusement ajouté "et la mise en valeur de la faune"? Je vous avoue
que nous cherchons encore les mesures positives et même des mesures tout
court qui mettraient plus en valeur la faune que l'ancienne loi le faisait.
Car, nous l'avons bien dit, cette loi est vide. Elle permet au ministre
d'agir. Elle ne lui donne pas de prérogative sur qui que ce soit, y
compris ses collègues car elle ne s'appuie sur aucun droit reconnu
à notre patrimoine faunique.
Pour les fins de discussion, nous vous soumettons une question qui est
toujours d'actualité en été: le saumon de l'Atlantique.
Cette ressource faunique origine de nos rivières sur plusieurs
desquelles le gouvernement effectue des travaux ayant pour but d'en assurer la
conservation. Plus tard, cette même ressource est échangée
par le gouvernement fédéral à d'autres pays contre
d'autres quotas de pêche commerciale pour les Terre-Neuviens. Plus tard
encore, certaines tribus d'Amérindiens puisent largement sans compter,
si l'on peut dire, dans cette ressource, bafouant ainsi des ententes
signées avec les autorités. Dans d'autres cas, des tribus
affirmeront carrément à la face du ministre ne pas
reconnaître son autorité sur cette activité.
Notre loi s'appliquant quand même pour
les autres citoyens, les citoyens ordinaires, il s'ensuit des
iniquités qui aggravent le fouillis d'une situation que votre projet de
loi vient censément améliorer.
Mais, puisque le MLCP ne fait pas respecter sa loi et ses
règlements vis-à-vis des Amérindiens actuellement, nous
nous demandons sérieusement comment il va faire mieux avec sa nouvelle
loi "revampée". Comment peut-il protéger adéquatement
notre ressource contre les pêcheries maritimes autorisées par le
gouvernement fédéral?
Dans le même ordre d'idée, mais quittant le saumon, comment
le MLCP contribuera-t-il efficacement à la restauration de la faune
aquatique de la rivière Saint-Maurice? Comment protégera-t-il
efficacement nos plans d'eau des retombées acides de
l'atmosphère? Comment favorisera-t-il le retour des oiseaux migrateurs
dans leurs aires de nidification? Comment protégera-t-il nos populations
de gros gibiers?
Autant de questions qui demeurent sans réponse et nous rendent
plus que perplexes face à votre projet de loi.
Pour conclure notre appréciation générale du projet
de loi, M. le Président, la Fédération
québécoise de la faune a le regret de constater, à la
lumière de ce qui nous est présenté, que les promesses qui
ont été faites depuis cinq ou six ans par les titulaires du MLCP
n'ont été en effet que des promesses. Au lieu de cela, nous avons
droit à un projet de loi technocratique, qui a la caractéristique
de concentrer entre les mains de quelques-uns tous les pouvoirs de
décision et n'offre en retour aucune garantie d'une contribution
substantielle du gouvernement à un aménagement de la faune.
La deuxième constatation que nous devons faire sur le projet de
loi no 9, c'est qu'il accroît d'au moins 100% et même plus, selon
les façons de capter le pouvoir réglementaire que détient
actuellement le ministre en vertu de la présente loi. Lorsque nous
disions que ce projet de loi était vide, mais pas de tout trucage, c'est
à cet aspect que nous faisions allusion. C'est précisément
là que se trouve le truc qui en fait l'un des effets les plus concrets
de ce projet de loi, mais qui se garde bien de préciser les notes
explicatives qui lui servent d'introduction.
Pourquoi vous cacher, M. le ministre, de votre intention de vous
approprier de deux fois plus de pouvoir réglementaire que vous n'en
possédez actuellement?
Comme l'indique notre analyse juridique: "Un examen attentif du projet
de loi nous permet de constater que les pouvoirs réglementaires
accordés au ministre doublent par rapport au texte de loi actuel."
Étant donné l'importance des pouvoirs
réglementaires que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche désire se voir accorder par ce projet de loi, il est
très difficile à partir d'un projet de loi ainsi construit qui
comporte plus de 60 pouvoirs de réglementation, de se faire une
idée précise des volontés du gouvernement en
matière de conservation de la faune.
Ce type de présentation est caractéristique des lois
préparées par l'actuel gouvernement qui déclare vouloir
inscrire des principes dans ses lois et laisse à l'administration
publique le soin de déterminer les mécanismes de fonctionnement
de ces grands principes, ce qui donne comme résultat que la plupart du
temps la vraie substance des lois se retrouve dans les règlements et non
plus dans les lois et que, dans le cas des lois concernant la conservation de
la faune, on ne fait pratiquement pas référence à la loi,
mais toujours à l'un ou à l'autre des quelque 200
règlements régis par le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
Cette prolifération de réglementation a surtout
profité au cours des dernières années à une
administration publique ayant toutes les difficultés à planifier
ces activités. Par exemple, on a pu noter au cours des dernières
années une foule de règlements adoptés à la
dernière minute, même à la dernière seconde, pour
des activités pourtant bien rodées au sein du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. En ce sens, nous pensons à la
question des fixations des saisons de chasse ou de pêche, la question
touchant la fixation des tarifs dans les parcs et réserves du
Québec qui ont fréquemment fait l'objet de corrections subites et
de dernière minute par voie de réglementation.
Nous pourrions également rappeler l'adoption de dernière
minute, à la veille de la chasse, en 1981, d'un règlement
abolissant la Loi du mâle en ce qui concerne la chasse au chevreuil dans
certaines régions et toutes les discussions qui ont suivi cette
réglementation spéciale.
Par son pouvoir réglementaire très étendu dans son
projet de loi, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
se donne ainsi les mains libres pour pouvoir agir sans devoir procéder
à aucune forme de consultation du milieu.
Le grand danger de cette forme de réglementation est de vider de
son sens les grands principes sur lesquels il y a consensus avant l'adoption
finale d'un texte de loi. La rédaction d'un texte réglementaire
peut donner lieu à d'énormes surprises et vider de tout son sens
la disposition de la loi en vertu de laquelle le règlement est
préparé. À titre d'exemple, le MLCP sait très bien
que notre organisme et la très grande majorité de ses membres
n'admettent pas et s'opposent carrément, pour des bonnes raisons qu'il
connaît très bien maintenant, à la commercialisation de la
truite mouchetée au
Québec. Le MLCP nous a maintes et maintes fois consultés,
sondés, contre-interrogés et même oscultés sur cette
question et, chaque fois, nos conclusions ont été les
mêmes. L'usure ne viendrait pas à bout du bon sens.
Toujours est-il que, mine de rien, sans tambour ni trompette, le MLCP,
à l'article 59 du présent projet de loi, se donne justement, sans
gêne, le droit d'autoriser la commercialisation de cette espèce
par règlement. Je cite l'ordonnance du règlement: "Nul ne peut
vendre, acheter ou offrir d'acheter de la chair d'animal ou de poisson.
Toutefois, le gouvernement peut, par règlement, autoriser une personne
à vendre, à acheter ou à offrir d'acheter de la chair
d'animal ou de poisson pour les espèces ou selon les normes et
conditions qu'il détermine."
Messieurs les membres de la commission, nous trouvons la porte un peu
large. Bien plus, la Fédération québécoise de la
faune trouve la manoeuvre du MLCP tout à fait inqualifiable et exige son
retrait du projet de loi. Pourquoi en effet, M. le ministre, tenter une
manoeuvre par la porte d'en arrière pour contredire le voeu
exprimé par 77% des chasseurs et pêcheurs du Québec, lors
de la dernière consultation, demandée à la
fédération par le MLCP lui-même. Pourquoi multiplier et
recommencer les consultations sur le sujet de la commercialisation de la truite
mouchetée quand vous savez que nous n'en voulons pas. (12 h 30)
M. le ministre, nous voulons vous avertir que même à
l'usure nous ne changerons pas d'idée et que, si vous persistez dans
votre tentative, vous devrez vous exposer à une lutte sans merci de
notre part. Si, pour ce faire, nous devons faire de la politique, nous en
ferons.
M. le Président...
M. Chevrette: Vous êtes bien parti.
M. Laliberté: On s'en reparlera, je vous l'ai dit.
M. le Président, ce qu'il y a d'inquiétant et de
condamnable dans le projet de loi du ministre c'est qu'il n'y a à peu
près pas d'aspect de ce projet de loi qui ne donne ainsi au ministre
pleine latitude d'agir comme bon lui semble, sans jamais être tenu de
consulter formellement le public sur les mesures qu'il propose, ni de tenir
compte des désirs de la population comme il le démontre avec son
projet de commercialisation de la truite mouchetée.
Il existe dans d'autres lois adoptées par l'actuel gouvernement
du Québec, dont la Loi sur les parcs qu'administre personnellement le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et aussi la Loi sur la
qualité de l'environnement, des dispositions relatives à la
consultation du public avant que des décisions concernant les parcs ou
l'environnement ne soient prises.
En premier lieu, la Loi sur les parcs prévoit la tenue
d'audiences publiques afin que soient soumis à l'étude et
à la critique publique les limites des parcs du Québec, la
vocation de ceux-ci, leur zonage interne de même que le programme
d'aménagement que compte y développer le MLCP.
Ce programme de consultation comporte une certaine lourdeur, c'est
évident, mais il est maintenant bien rodé. Il a amené une
coordination et une synchronisation des différents services
concernés du MLCP. Cela n'existait pas auparavant et peut être
considéré comme une grande réussite de gestion au sein
d'un organisme de contact avec le public.
En plus, bien sûr, ce programme de consultation a
considérablement accru la capacité d'écoute du milieu de
la direction des parcs et il a, dans l'ensemble, consacré l'arbitrage
démocratique des tendances divergentes. On peut dire sans se tromper que
ce programme de consultation répond aujourd'hui aux attentes qu'en avait
le législateur en 1977. À l'examen objectif, la formule a plus de
mérite que d'inconvénients.
Dans la Loi sur la qualité de l'environnement, des dispositions
obligent le gouvernement à publier tout règlement, avant son
adoption, par voie d'avis dans la Gazette officielle et l'oblige à
soumettre ce règlement à une période de consultation d'une
durée de 60 jours.
Je cite la partie du règlement: "Un projet de tout
règlement prévu en vertu de la présente loi est
publié par le ministre dans la Gazette officielle du Québec avec
avis qu'à l'expiration des soixante (60) jours qui suivent cette
publication ils seront présentés pour adoption par le
lieutenant-gouverneur en conseil. "Le ministre doit entendre toute objection
écrite qui lui est adressée avant l'expiration du délai de
soixante (60) jours."
Ce délai permet aux intervenants de faire valoir auprès du
ministre leur point de vue quant à l'opportunité de telle ou
telle disposition réglementaire.
Enfin, troisièmement, le règlement de l'Assemblée
nationale prévoit la possibilité d'audiences publiques qui se
tiennent dans le cadre des travaux des commissions élues permanentes.
C'est le ministre responsable de la commission qui a la prérogative
d'utiliser, à sa discrétion, cette disposition à laquelle
nous devons d'être ici aujourd'hui.
Cette forme de consultation s'apparente à celle des audiences
publiques de la Loi sur les parcs à la différence qu'ici, c'est
devant les parlementaires et le public réunis que nous nous
adressons.
Étant donné que le gouvernement fonctionne presque
exclusivement par voie réglementaire, il est nécessaire, de
l'avis de
la FQF, qu'une disposition relative à un mécanisme de
consultation soit incluse à l'intérieur du projet de loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune. Compte tenu que, par les
pouvoirs que désire se voir accorder le ministère par son projet
de loi, il lui serait possible, pendant de nombreuses années, de
réglementer le milieu de la faune sans avoir à revenir de quelque
façon que ce soit devant le Parlement, soit devant le public, une telle
mesure qui donnerait un droit de regard à la population est
essentielle.
Le gouvernement pourrait s'opposer à toute forme de consultation
sur la réglementation pour les motifs que cela pourrait l'empêcher
d'intervenir rapidement dans une situation d'urgence qui nécessiterait
l'adoption rapide d'un règlement dans le but de protéger la
faune.
Personne ne peut nier au gouvernement cette volonté d'intervenir
pour faire cesser une situation préjudiciable à la faune, mais,
lorsque l'on regarde les règlements adoptés au cours des
dernières années, on note surtout que le gouvernement s'est
presque exclusivement servi de la souplesse de son pouvoir de
réglementation pour combler ses retards ou pour régler ses
problèmes d'ordre administratif.
À notre connaissance, le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche n'est à peu près jamais intervenu par le
biais de son pouvoir de réglementation pour sanctionner de façon
urgente des situations préjudiciables à la faune. Bien au
contraire, ces situations ont plutôt fait l'objet de retards
extrêmement importants dans l'action gouvernementale.
Après avoir longuement analysé les avantages et les
désavantages des trois formules de consultation que nous venons
d'énumérer, la Fédération québécoise
de la faune en est venue à la conclusion que c'est ici même, en
commission parlementaire, que doivent être étudiés les
projets de réglementation du MLCP en relation avec la conservation et
l'aménagement de la faune.
L'information au public, je le souligne, M. le Président, a
été pour nous un facteur déterminant dans
l'évaluation que nous avons faite de trois modes de consultation du
public. Car ici seulement, pouvons-nous avoir accès à la presse
nationale dont l'attention est équitablement sollicitée par les
représentants du gouvernement, de l'Opposition et du public.
Cette presse nationale aux aguets est, en quelque sorte, une police
d'assurance pour le grand public qui pourra juger au mérite des
arguments, des motifs et des stratégies des uns et des autres. Nous ne
connaissons malheureusement pas les fins détails du renouveau des
commissions parlementaires pour lesquelles on vient de formuler de nouveaux
objectifs pour cet automne. Nous osons penser que le sens démocratique
qui l'a inspiré rejoindra le nôtre.
M. Chevrette, la Fédération québécoise de la
faune pense qu'un ministre comme vous devient pesant au Conseil des ministres
et fait passer ses projets quand il est appuyé par les citoyens et les
centaines de milliers de chasseurs et pêcheurs que la
Fédération québécoise de la faune
représente. C'est vous-même d'ailleurs qui nous l'avez
déclaré lors de notre dernier congrès, l'automne dernier,
à Québec, en nous demandant de vous soutenir.
Par ailleurs, pour aussi considérable que soit votre pouvoir de
réglementation, il ne sera jamais abusif si vos projets de
règlement sont débattus et discutés ici même, en
présence des parlementaires. C'est pour nous la seule pleine garantie
qu'il n'y aura pas d'abus de pouvoir et que l'intérêt public, et
surtout celui de notre patrimoine faunique, sera bel et bien
protégé.
M. le Président, après avoir étudié et
analysé le projet de loi no 9 du MLCP, la Fédération
québécoise de la faune désire, dans un esprit constructif
et positif, présenter au ministre les trois recommandations suivantes.
En premier lieu, la fédération lui demande de retirer purement et
simplement le projet de loi et d'en présenter un nouveau plus tard.
Qu'il faille attendre encore quelque temps importe peu. L'important, c'est d'y
arriver. Nous ne perdrons rien à attendre. Le projet qui nous est
actuellement soumis n'apporte rien d'essentiellement indispensable pour le
moment. Par ailleurs, le projet de loi actuel n'empêche pas le MLCP
d'intervenir, s'il y a lieu, comme cela s'est fait jusqu'ici.
Notre proposition n'a rien d'irréaliste. Si elle est retenue,
elle ne tombera pas dans le désert, au contraire. Elle sera recueillie
par un milieu fertile. En effet, il existe actuellement un cadre
d'étude, de recherche, de réflexion et de révision globale
de toute la question de la conservation de notre patrimoine faunique. Ce sont
les travaux du groupe de travail interministériel sur la protection des
habitats fauniques qui ont suscité un grand intérêt au sein
du personnel du MLCP et qui ont créé un climat propice à
la révision de l'approche gouvernementale en cette matière. Le
fer étant chaud, il s'agit d'en profiter pour orienter de la bonne
façon nos énergies afin qu'elles servent le mieux les
intérêts que nous défendons tous ensemble.
En second lieu, c'est d'inclure dans le nouveau projet de loi un
mécanisme de consultation du public par audiences publiques en
commission parlementaire de tout projet de réglementation se rattachant
à l'aménagement et à la conservation de la faune au
Québec. Le MLCP devra conséquemment mieux planifier ses
interventions de cet ordre comme il a été
amené à le faire dans le cadre du programme de
classification des parcs. Les actions improvisées dont ont eu à
souffrir les chasseurs et pêcheurs du Québec se trouveront donc
réduites au minimum. L'efficacité accrue de l'appareil
administratif, depuis toujours déficient à ce chapitre,
favorisera un meilleur dialogue et une meilleure compréhension avec les
amateurs et favorisera une participation accrue de ceux-ci aux efforts du
gouvernement. Cette même efficacité absorbera la lourdeur d'un tel
mécanisme de consultation.
En troisième lieu, formuler des principes - ce que nous ne
retrouvons aucunement dans le projet de loi no 9 -accompagnés de
l'obligation de l'État à l'égard de la conservation et de
l'aménagement de la faune de nature à mieux positionner la faune
dans le champ des interventions du gouvernement. La faune devrait être
reconnue comme ressource d'intérêt national comme la forêt,
les mines, etc., afin de mieux articuler le développement de ce secteur
d'activité économique. Sans vouloir négliger pour autant
l'importante dimension récréative de la chasse et de la
pêche, il est de plus en plus évident que des sommes importantes
sont générées par ces activités que nous sommes
loin de récupérer comme cela serait possible dans le contexte
d'une politique articulée en ce sens.
Ces principes constitueraient, en quelque sorte, la base d'une
véritable loi sur la faune. Ils comprendraient l'obligation pour le
gouvernement de mettre sur pied des programmes de conservation ou de
restauration de la faune ou de ses habitats vitaux partout où ils auront
été mis en péril par quelque activité que ce soit.
Le gouvernement prévoirait également l'institution d'un
mécanisme sous le contrôle du public et des parlementaires
réunis qui le forcerait lui-même à agir à
l'intérieur de certains délais s'il lui était impossible
d'établir le consensus requis pour donner suite à ses obligations
à l'égard de la faune.
M. le Président, nous avons démontré dans le
mémoire que nous venons de vous présenter que, dans sa forme
actuelle, le projet de loi que nous propose le ministre est tout à fait
inacceptable pour le public chasseur et pêcheur du Québec. Notre
affirmation tient compte, je vous le rappelle, de très nombreuses
consultations que nous avons organisées sur ce sujet depuis toutes ces
dernières années qu'on nous promet enfin de s'occuper de nos
revendications. Toutefois, dans un esprit de participation, nous vous avons
soumis des recommandations réalistes qui, elles, correspondront à
ce que les chasseurs et les pêcheurs veulent du gouvernement. La FQF ne
prétend pas que ces solutions sont simples à réaliser. Il
est vrai qu'elles comportent des défis sur le plan législatif et
sur le plan administratif. Pour relever ces défis, il faudra faire
preuve d'imagination, de courage, de détermination, ce que nous ne
retrouvons absolument pas dans le projet de loi du ministre.
Dorénavant, si une lutte sans merci devait être
nécessaire pour atteindre ces objectifs, la FQF se verra dans
l'obligation de la mener afin de respecter les mandats qu'elle reçoit
à cet effet des milliers de membres qu'elle représente.
Cependant, nous voulons donner à notre faune le droit de vivre, car
c'est en quelque sorte la chance de mieux vivre qui s'ensuivra.
Nous sommes rendus à une étape cruciale, M. le
Président, celle de changer nos lois concernant ces activités et
il ne sera pas question pour la Fédération
québécoise de la faune de se laisser tromper par une loi
semblable. Nous nous attendons que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche livre la marchandise. Je vous remercie, M. le Président, de
votre attention et de l'invitation que vous avez transmise à notre
organisme pour cette commission parlementaire.
M. Chevrette: M. le Président, je propose qu'on suspende
nos travaux jusqu'à 14 h 40 et alors nous reprendrons les questions ou
les commentaires que nous aurons.
Le Président (M. Brouillet): Les membres de la commission
sont d'accord, nous allons suspendre pour deux heures. Nous reviendrons ici
à 14 h 40.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
(Reprise de la séance à 14 h 50)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente du loisir, de la chasse et de la
pêche reprend ses travaux. Nous venons d'entendre l'exposé du
mémoire de la Fédération québécoise de la
faune. Nous sommes maintenant rendus à la période
d'échanges. Je cède la parole au ministre.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, après avoir lu le mémoire de la Fédération
québécoise de la faune et après avoir lu les
communiqués de presse depuis une dizaine de jours, j'avais presque
l'intention de dire que je n'ai pas de question à poser, que je n'ai pas
de commentaire à faire puisque ces gens ont décidé de
faire leur lit dans les médias d'information. Mais, pour le
bénéfice du public, pour le bénéfice des auditeurs
des médias électroniques, également pour le
bénéfice de certains chasseurs et pêcheurs, de
plusieurs chasseurs et pêcheurs, je voudrais essayer de démontrer
mon incompréhension totale vis-à-vis du mémoire. Pour ne
pas dire plus à ce stade-ci, mais j'en dirai plus à la fin.
Ce qui m'intéresse quand je travaille avec des groupes, avec des
organismes, c'est de voir la cohérence dans leurs débats ou dans
leur cheminement. Dans un premier temps, M. le Président, vous me
permettrez de lire des extraits du mémoire de novembre 1982 de la
Fédération québécois de la faune: "Que le
gouvernement reconnaisse l'importance des habitats de la faune. La
Fédération québécoise de la faune est d'accord avec
cette recommandation au nom même de ce qu'elle défend depuis plus
de 35 ans." Devant l'argumentation sur le fait que je ne pouvais
réaliser le dépôt complet de cette législation et
que je disais, en commission parlementaire, après l'avoir dit
également au congrès de la fédération:
"Probablement - et mes mots sont cités textuellement dans le
procès-verbal - que je pourrai, dans un avenir très proche,
annoncer ma décision ferme de scinder le projet de loi." Cependant, on
reconnaissait l'urgence d'intervenir. Et je disais ceci: "On connaît tous
les inconvénients que peut comporter une telle loi. On connaît
également l'ensemble des conflits éventuels de juridiction. Cela
exige donc une très grande concertation entre mes collègues de
plusieurs ministères et moi-même. Je crois que c'est avec beaucoup
de concertation qu'on réussira à produire un projet de loi
valable pour la conservation des habitats fauniques". C'est à la page
10235.
A cela, la Fédération québécoise de la faune
me disait: "En ce qui concerne la protection temporaire - je cite
textuellement; je donnerai même le numéro de page du
procès-verbal - d'habitats particuliers menacés, la FQF est
d'accord avec cette proposition - ce sont ces gens qui parlent en novembre -
mais exige que cette mesure d'intervention d'urgence soit incluse
immédiatement à la loi de conservation de la faune, sans attendre
la formation du chapitre complet sur la protection des habitats". C'est
exactement ce qu'on fait. C'est la première chose à observer.
Mon incompréhension en prend davantage pour son rhume quand on
regarde à la page 21 du mémoire de la Fédération
québécoise de la faune de novembre dernier: "Redéfinir le
mot "chasser" pour en restreindre le sens aux formes conventionnelles et
reconnues de cette activité". C'était une proposition que le MLCP
faisait. La Fédération québécoise de la faune, dans
son mémoire en novembre nous répondait: "La
Fédération québécoise de la faune est d'accord avec
cette proposition". C'est transposé dans la loi.
Une autre proposition du même mémoire de la
Fédération québécoise de la faune: "Abolir la
présomption de chasser la nuit et la présomption concernant la
vente de la fourrure". C'était une proposition que l'on faisait en
novembre. La Fédération québécoise de la faune
répondait: "La Fédération québécoise de la
faune est d'accord avec cette proposition". Donc, j'en prends encore pour mon
rhume.
Mon incompréhension a triplé quand j'ai lu: "Revoir les
pénalités prévues à la section XIV en distinguant
les infractions à caractère biologique graves des infractions
techniques et accroître substantiellement les amendes en cas de
préméditation." Proposition que l'on faisait en novembre, que
nous avons transposée dans le projet de loi déposé en juin
et à laquelle la Fédération québécoise de la
faune répondait ceci: "La fédération
québécoise est entièrement d'accord avec cette
proposition."
Donc, je me suis dit: II y a quelque chose qui ne tourne pas rond. On
retire des choses qu'on a consenties à la suite de leurs pressions et de
leurs revendications. Mais ce n'était pas tout. "Élargir le champ
de la responsabilité des agents de la conservation à certains
articles de la Loi sur la qualité de l'environnement et de la Loi sur
les terres et forêts." Nous trouvions que cela avait de l'allure, nous
l'avons suggéré. Les témoins qui sont devant nous nous
disaient en novembre dernier: "La Fédération
québécoise de la faune est d'accord avec cette proposition." Nous
l'avons mise dans le projet de loi déposé en juin.
Plus encore, la Fédération québécoise de la
faune nous dit qu'il y a beaucoup trop de réglementation. Dans ses
propositions, à la page 25, elle nous disait ceci: "Interdire la
possession d'animaux sauvages étrangers. La Fédération
québécoise de la faune croit plutôt qu'il faut
réglementer à la limite, si l'on en démontre bien la
nécessité, la possession de certaines espèces bien
précises."
Je pourrais continuer ainsi fort longtemps. J'en avais relevé
douze, je vais m'arrêter à six. Une crédibilité,
cela se bâtit, une cohérence, cela s'établit, cela se
prouve. Je trouve personnellement aberrant de voir qu'on puisse demander le
retrait d'un projet de loi qui tient compte dans ses grandes lignes - à
l'exception d'un point, et je vais en parler, c'est la commercialisation - des
recommandations; plus encore, les porte-parole sont venus nous dire qu'ils
étaient entièrement d'accord avec cela.
Pour ne pas passer pour en oublier des bouts, je vous rappellerai
qu'à la page 26 de votre mémoire de novembre dernier toujours,
alors que vous aviez le même conseil d'administration, je suppose, vous
disiez ceci: "M. le Président - vous vous adressiez au président
de la commission - nous sommes
globalement satisfaits des modifications qu'entend apporter à la
Loi sur la conservation de la faune le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, sous réserve d'en voir le texte définitif qui
sera présenté aux députés pour adoption." C'est le
texte intégral du mémoire que je cite.
La lutte semble se faire sur deux points: la réglementation et
les habitats fauniques. Les habitats fauniques, c'est à leur demande -
et je trouvais que cela avait de l'allure - qu'on met une mesure temporaire
puisqu'on ne pouvait pas en arriver à une mesure permanente.
À partir de là, je voudrais vous poser quelques petites
questions, en particulier en ce qui regarde la réglementation pour
commencer. Seriez-vous d'accord, M. le vice-président, à ce que
nous abrogions le règlement sur le dossard? C'est ma première
question.
M. Laliberté: Est-ce que je peux me permettre certains
commentaires sur les allégations du ministre dans les
déclarations qui ont été faites auparavant?
Le Président (M. Brouillet): Oui. C'est votre droit. Si
vous préférez le faire avant de répondre aux questions. Le
débat est ouvert.
M. Chevrette: Ce ne sont pas des allégations, ce sont des
citations.
M. Laliberté: Comme le dit bien le ministre, lorsqu'il
semble découvrir des contradictions, il faut se situer dans le contexte
de l'automne dernier et dans le contexte du 16 août, c'est-à-dire
qu'on lit les choses qu'on veut lire et qu'on omet volontairement ce qui est
essentiel. En novembre dernier, on disait sur les grandes lignes que nous
étions en désaccord, M. le ministre, sur des principes qui
étaient énoncés dans le temps. On vous disait aussi sur
certaines réglementations qu'on connaissait, notre accord ou notre
désaccord. On vous disait aussi que nous étions totalement en
désaccord sur la commercialisation de la truite mouchetée. (15
heures)
M. Chevrette: ...moi-même.
M. Laliberté: Dans le contexte d'août 1983, à
la suite de la prise de connaissance du projet de loi, nous étions bien
d'accord, l'année dernière, que vous scindiez la loi pour en
faire la loi de la protection des habitats. Rien dans le projet de loi actuel
ne nous dit quand et comment cela se fera. Vous en avez dit quelques mots ce
matin à l'ouverture de la commission mais après réception
du document nous voyons que rien n'est cité dans le
préambule.
M. Chevrette: ...régler cas par cas. M.
Laliberté: Oui.
M. Chevrette: Vous aviez demandé une mesure temporaire.
Est-elle dans le projet de loi oui ou non?
M. Laliberté: Pour la réglementation?
M. Chevrette: Pour les habitats vous demandiez une mesure
temporaire. Est-elle dans le projet de loi no 9 oui ou non?
M. Laliberté: Elle y est et elle n'y est pas, M. le
ministre.
M. Chevrette: Ah! elle y est et elle n'y est pas.
M. Laliberté: Elle y est et elle n'y est pas en même
temps, M. le ministre, parce que lors des discussions avec vous concernant la
loi des habitats, si vous voulez m'enligner là-dessus, il était
bien dans notre intention et je pense qu'on était sur la même
longueur d'onde lorsqu'il y avait eu discussion à ce moment-là,
qu'une loi de la protection des habitats fauniques devait tenir compte de
grands paramètres dans le même sens que la Loi sur l'environnement
prend soin de certains paramètres concernant l'environnement, dans le
même sens que la Loi sur les parcs et réserves donne aussi
à cette entité...
Lorsqu'on fait la lecture de l'actuel projet de loi on n'en retrouve
qu'une partie. Ce n'est pas une grande loi-cadre. Bien sûr certains
éléments se recoupent dans certains articles de ce projet de loi.
Dans les énoncés qui nous avaient été
communiqués en juillet dernier pour préparer le présent
mémoire, une foule de choses avaient été omises que vous
avez dites ce matin. Les mécanismes de consultation n'y étaient
pas non plus.
Est-ce qu'on est prêt à vous donner une garantie aveugle et
totale? Je pense que votre incompréhension vis-à-vis du dossier,
M. le ministre, se situe à ce niveau-là. Nous la situons à
ce palier.
M. Chevrette: Me permettez-vous de vous citer?
M. Laliberté: Oui.
M. Chevrette: "En ce qui concerne la protection temporaire des
habitats particuliers menacés, la FQF est d'accord avec cette
proposition mais exige que cette mesure d'intervention d'urgence soit incluse
immédiatement dans la Loi sur la conservation de la faune sans attendre
la formation du chapitre complet de la protection des habitats." Page 9816 du
journal des Débats, enregistré textuellement. Vous ajoutez,
à la page 9818: "II serait plus
que sage de profiter de l'ouverture de la Loi sur la conservation de la
faune pour inclure dans cette loi une mesure temporaire que je qualifierais
d'urgence, lui permettant d'intervenir pour stopper toute dégradation de
l'environnement." On met cette mesure dans le projet de loi 9. Êtes-vous
satisfait?
M. Laliberté: À ce point oui. Elle est très
limitative, M. le ministre, c'est cela qu'on veut vous dire.
M. Chevrette: Oui, mais c'est la mesure d'urgence que vous
demandiez. Oui ou non?
M. Laliberté: Oui, mais est-ce que cela s'arrêtera
à une mesure d'urgence, M. le ministre?
M. Chevrette: À l'époque, vous saviez, je vous
avais annoncé que je scinderais le projet de loi. Je vous ai dit: Je
trouve que cela a du bon sens d'avoir une mesure d'urgence. Ai-je
répondu à votre demande?
M. Laliberté: Dans l'état d'urgence, oui. M.
Chevrette: Merci. Continuez!
M. Laliberté: II est clair pour les membres de la
commission que le ton du mémoire aurait peut-être
été un peu différent que celui qu'on a pris pour la
rédaction il y a quinze jours, si le ministre nous avait
communiqué certaines intentions qui ont été
énoncées ici ce matin. J'aimerais que le ministre puisse nous
répéter si c'est réellement son intention très
prochaine de faire les consultations nécessaires pour une vraie
loi-cadre sur la protection des habitats en premier lieu. En second lieu, si
réellement son intention est de faire des consultations vraiment
sérieuses et approfondies concernant la réglementation qui va
s'attacher au projet de loi 9 actuellement déposé en
première lecture, nous sommes bien concernés par cela. À
part cela, je pense qu'on va parler le même langage.
M. Chevrette: Je vais vous répondre tout de suite parce
que vous mentez, monsieur, quand vous dites que vous ne le saviez pas. Je
m'excuse, mais - j'ai toujours dit ce que je pensais en pleine face d'un homme
- vous saviez, depuis le mois de novembre 1982, qu'il y avait un comité
ministériel qui se penchait sur les juridictions pour préparer un
projet. Vous saviez que dès que, ce projet serait rédigé,
il serait soumis à la consultation de tous les organismes. Plus encore,
vous venez nous demander de l'argent pour participer à vos consultations
et on le fait régulièrement. Ne venez donc pas invoquer devant
moi l'ignorance des échéances et l'ignorance des travaux puisque
vous êtes continuellement impliqués dans le processus de
consultation. Plus encore, on vous donne des mandats, on vous paie pour que
vous exécutiez des mandats pour et au nom du ministère. Vrai ou
faux?
M. Laliberté: Vrai, mais je vais apporter certaines
précisions si le président le permet. C'est très important
parce que le débat peut se transformer d'une façon, non pas
malicieuse, mais j'aime à présenter les choses telles qu'elles
sont.
M. Chevrette: Moi aussi.
M. Laliberté: Lorsque vous parlez du comité
interministériel qui travaille avec des buts bien précis, M. le
ministre, nous ne sommes même pas au courant des sujets qui se discutent
à l'intérieur du comité. Que peut-il en résulter?
Vous dites que vous payez pour des consultations, les consultations ne sont pas
faites en fonction de ce que fait ce comité. Les consultations pour
lesquelles vous avez payé la fédération portaient sur le
dossier de la truite mouchetée, des zones intégrées de
chasse et de pêche et le poisson appât. Je regrette, mais je dois
mettre les cartes sur la table exactement telles qu'elles sont.
M. Chevrette: Ce n'est pas là-dessus. On ne parle pas du
tout de la même chose. Ce que je veux vous dire, M. Laliberté,
c'est que vous savez depuis novembre qu'on doit d'abord aplanir les
difficultés entre ministères et c'est normal. Il y a cinq
ministères impliqués par les habitats. Je l'ai dit, j'ai
expliqué cela de long en large lors de la commission du mois de
novembre. J'ai dit qu'avant d'aller dans le décor pour la consultation -
car on en avait fait une consultation en ce qui concerne le MLCP, on sait ce
que vous pensez des habitats - il faut bien que je réalise un projet qui
a des chances d'être accepté par l'ensemble de mes
collègues. Je vous l'ai dit qu'il y avait cinq ministères. J'ai
dit tout cela lors de la commission parlementaire de novembre. Ne venez pas me
dire que le ton de votre mémoire a été influencé
par l'ignorance de ces faits-là puisque je les ai mentionnés,
répétés quasiment à chaque groupe qui s'est
présenté devant nous. Je vous ai dit que, dès qu'on aurait
quelque chose de potable qui sortirait du comité, on irait en
consultation face à toutes les associations intéressées.
Quand vous essayez de me faire croire cela, permettez-moi de baisser le ton et
de sourire.
M. Laliberté: Je pense qu'on discute sur des propositions
qui sont peut-être cousines, mais qui ne s'apparentent pas trop au
contexte du débat d'aujourd'hui. Croyez-moi, M. le ministre, lorsque
nous avons été en
possession du projet de loi, le 12 juillet 1983 - lorsqu'on sait que la
plupart de vos conseillers et même les membres de l'Assemblée
nationale étaient en vacances, vous avez même dit, ce matin, que
vous étiez à la pêche depuis un certain nombre de jours -
nous avons dû mettre fin à nos vacances. Ne soyez pas surpris,
c'est vrai. C'était deux jours avant les vacances officielles.
M. Chevrette: Mais, comprenez-vous...
M. Laliberté: Est-ce que... Oui, je vous comprends.
M. Chevrette: Comprenez-vous, M. Laliberté, que lorsque
vous nous demandez d'enlever la présomption pour la chasse de nuit, on
l'enlève. Vous venez nous dire que cela n'a pas d'allure, qu'il faut
retirer le projet de loi. Quand vous nous dites d'enlever la présomption
du port d'arme illégal, on l'enlève. Vous nous dites que cela n'a
pas d'allure et qu'on doit retirer notre projet de loi. Quand vous nous
demandez d'avoir une mesure d'urgence pour contrer le fait qu'on n'a pas de
politique sur les habitats et qu'on la met dedans, on est au moins en droit
d'être surpris qu'on réponde intégralement à vos
demandes. Le projet de loi 9 est le fruit de la consultation de novembre, les
habitats en moins, mais avec la mesure d'urgence en plus qui n'était pas
prévue pour la conservation.
M. Laliberté: Je vais apporter une précision, M. le
ministre, si le président me le permet. Concernant la
réglementation, c'est-à-dire ce qui est contenu dans le projet de
loi, plusieurs des articles vont à la satisfaction de la
fédération. Elle est d'accord là-dessus, mais ce
que...
M. Chevrette: Bon! Pourriez-vous nous dire lesquels, pour
notre...
M. Laliberté: Je vais en citer quelques-uns de
mémoire: les infractions, la suspension du permis...
M. Chevrette: Le mot "chasser", vous êtes d'accord?
M. Laliberté: Le mot "chasser"... Mais ce que je veux vous
dire, M. le ministre - et cela se reflète dans notre mémoire -
c'est que le pouvoir de réglementation que s'attribue le ministre dans
ce projet de loi, c'est ce qui a offusqué au plus haut point les
chasseurs et les pêcheurs.
M. Chevrette: On va essayer de voir clair, parce que j'en ai
rencontré un bon paquet.
M. Laliberté: Oui.
M. Chevrette: En passant, comment avez-vous inventorié le
nombre de chasseurs et de pêcheurs que vous avez consultés
là-dessus, sur le projet de loi 9?
M. Laliberté: Sur le projet de loi 9? Cela s'est
résumé à des politiques d'action de la
fédération et du comité en place.
M. Chevrette: D'accord, merci. Moi aussi, j'en ai
rencontré pas mal au cours de l'été, au cours de l'automne
et au cours de l'hiver. Je voudrais savoir, dans un premier temps, lequel des
règlements nouveaux ne vous va pas.
M. Laliberté: Je ne voudrais pas transposer le
débat, M. le ministre.
M. Chevrette: Non, mais c'est important, parce que si c'est un
seul règlement...
M. Laliberté: Je vais vous citer...
M. Chevrette: Je vais vous donner un exemple, M.
Laliberté.
M. Laliberté: ...des exemples qui...
M. Chevrette: Je vais finir ce que j'ai à dire. Je vais
vous donner un exemple. Vous affirmez qu'on augmente le nombre de
règlements de 200%. Je voudrais vous dire que vous avez plus que
respectueusement conté un mensonge grave, parce qu'on ajoute 20
règlements sur 160. Que je sache, 20 sur 160, cela ne fait même
pas 10%. Vous allez à un chiffre de 200% et vous écrivez cela
noir sur blanc dans un mémoire. Quand on veut être cru, on y va
sur la vérité absolue. On n'en met pas trop, parce que quand on
en met trop, on risque de faire déborder le verre et on n'est plus
crédible. Donc, ce sont 20 nouveaux règlements. Parmi les 20
nouveaux...
M. Laliberté: De deux choses...
M. Chevrette: ...pourriez-vous m'indi-quer lesquels vous
fatiguent et qu'on devrait mettre dans la loi au lieu des règlements? Ce
serait une discussion constructive et positive d'un organisme qui se dit
collaborateur à la conservation de la faune et qui ne veut pas avoir de
pouvoirs discrétionnaires. Lesquels? Je suis prêt à les
étudier un par un pour vous montrer que je suis ouvert et que je suis
capable de changer des choses. Mais lancé en l'air de cette
façon, 200%, alors que c'est 20 sur 160 ou 170, ce sont des chiffres en
l'air qui ne veulent rien dire, des pouvoirs discrétionnaires... Lequel
vous fatigue ou
lesquels vous fatiguent? Je suis prêt à les étudier,
parce qge j'ai encore le temps de modifier cela, moi.
M. Laliberté: On va transposer le mémoire de
novembre dernier à celui du mois d'août de cette année. On
va prendre ce qu'on vous disait à l'article 7 de notre dernier
mémoire à la page 23 qui était de servir à la vente
de vin maison, etc. qu'on retrouve à l'article 55 du présent
projet de loi. On vous disait en novembre dernier, M. le ministre, qu'on se
battrait énergiquement parce que nos membres... Je m'excuse, c'est
l'article 59 du présent projet de loi.
M. Chevrette: 59.
M. Laliberté: On vous disait dans notre mémoire de
novembre dernier que nos membres ne voulaient plus entendre parler... Je
résume la position de la fédération au mois de novembre de
l'année dernière. Après nos consultations, nos membres
nous disaient: N'allez pas maintenant dans la nouvelle loi avec la
commercialisation de la truite mouchetée. Cela ouvre la porte à
la commercialisation de d'autres espèces fauniques. Entre autres, on
avait eu à la fédération des demandes d'appui concernant
la commercialisation du cerf de Virginie et drôlement, on retrouve ce
dossier encore ici devant la présente commission. On retrouve dans la
môme loi, à l'article 59: "Toutefois, le gouvernement peut, par
règlement, autoriser une personne à vendre, à acheter ou
à offrir d'acheter de la chair d'animal ou de poisson pour les
espèces et selon les normes et conditions qu'il détermine." M. le
ministre, c'est en noir et en blanc. Peut-on lire autre chose?
M. Chevrette: Bon! Me permettez-vous de répondre?
M. Laliberté: Oui, monsieur.
M. Chevrette: Quelle est la différence que vous voyez par
rapport à l'ancien texte de loi, ou en d'autres mots - je vais vous
poser la question différemment - est-il exact que le texte n'est que
plus clair, que le même pouvoir était dans l'ancienne loi, mais
que le texte de celle-ci est plus clair?
M. Laliberté: II y a...
M. Chevrette: Est-ce vrai ou faux, ce que j'affirme.
M. Laliberté: ...une différence très
marquée entre l'ancienne et la présente loi, M. le ministre. Dans
l'ancienne loi, les espèces qu'on pouvait commercialiser étaient
citées.
M. Chevrette: Au sujet de la mouchetée, si on avait
changé le règlement, aurait-on été obligé
d'amender la loi?
M. Laliberté: Vous seul, M. le ministre, n'auriez pas pu
changer la loi sans revenir à une consultation et passer par le
processus de...
M. Chevrette: Ce que je veux dire, c'est que si j'avais
changé le règlement en vertu de l'article 46.1 de l'ancienne loi,
est-il exact que j'aurais pu changer le règlement et rendre possible la
commercialisation de la truite mouchetée sans amendement à la
loi?
M. Laliberté: Vous me demandez presque une opinion
légale, M. le ministre. (15 h 15)
M. Chevrette: Je vais la lire. Je ne suis pas avocat, moi non
plus. On va s'entendre facilement: "Nul ne peut servir dans un
établissement public ou commercial du poisson dont la vente est
interdite par règlement." La question que je vous ai posée est:
Est-il exact que si j'avais changé le règlement et que j'avais
enlevé la mouchetée comme interdiction, elle aurait pu être
vendue?
M. Laliberté: Elle aurait pu être vendue, M. le
ministre.
M. Chevrette: Bon, c'était donc possible dans l'ancienne
loi. Je n'ai fait que clarifier de façon plus précise le texte de
loi en ajoutant d'autres espèces, je ne le nie pas. Mais je peux vous
dire que l'ancienne loi le permettait et, par voie de règlement, on
aurait pu commercialiser la mouchetée, purement et simplement en
amendant le règlement et non pas la loi. Ce sont des avocats qui me
disent cela. Et même les vôtres m'ont dit la même chose. Donc
les avocats s'entendent là-dessus.
L'ancienne loi le permettait, c'était le règlement qui
l'interdisait. Cette fois-ci c'est plus explicite, c'est vrai, c'est plus
clair, mais il n'y a pas de pouvoir accru.
M. Laliberté: Je pense que les pouvoirs ne sont pas
abrogés ou diminués dans ce cas, parce qu'on s'en tient
explicitement aux espèces.
M. Chevrette: Je n'ai pas dit qu'ils étaient
abrogés, j'ai dit que c'était la même chose. C'est plus
clair, c'est tout.
M. Laliberté: C'est un gros point sur lequel on accroche
actuellement. L'autre point sur lequel on accroche, M. le ministre,
c'est...
M. Chevrette: Mais est-ce le seul règlement, parmi les 20
nouveaux, qui
accroche?
M. Laliberté: Non.
M. Chevrette: Quels sont les autres?
M. Laliberté: On est d'accord lorsqu'on parle des terres
domaniales auxquelles vous permettez une accessibilité. Si on va au
chapitre des terres domaniales désignées aux fins de
développement, il y a des parties avec lesquelles nous sommes
complètement d'accord avec ce que vous dites.
M. Chevrette: Un autre qui va faire l'affaire, parce que la
commercialisation c'est identifié, c'est réglé, on
s'entend au moins sur la signification. Mais est-ce qu'il y a d'autres
règlements parmi les 20 nouveaux que vous verriez exclus de la
discrétion du ministre?
M. Laliberté: Tous les règlements de
contingentement de certification concernant la chasse, par exemple. Lorsque
vous dites, à l'article 96 de la présente loi: "déterminer
des conditions auxquelles des activités de chasse, de pêche et de
piégeage sont permises ou prohiber ces activités", il n'y a rien
dans le préambule ou à la fin qui dit qu'il peut y avoir des
mécanismes de consultation. Ce dont on a peur, M. le ministre, c'est de
la situation qu'on a vécue dans le passé; il ne faut pas remonter
loin dans le temps. Lorsqu'on a fait une ouverture à la chasse de la
femelle et du faon en 1981, cela a été une décision vite
et prématurée pour dire aux chasseurs: Vous allez avoir le droit
d'abattre une femelle ou un faon pour une certaine période de la chasse.
Vous avez vu le tollé de protestations adressées au gouvernement.
Ce sont des choses semblables qu'on veut éviter avec la nouvelle loi, on
veut être réaliste.
M. Chevrette: Mais vous le mettriez dans la loi?
M. Laliberté: Non.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire que vous
mettriez cela dans la loi? Par exemple, figer pour cinq ans la chasse aux
mâles seulement. Tout à coup il y a un cheptel...
M. Laliberté: Ne me faites pas dire des choses qui ne sont
pas inscrites.
M. Chevrette: Je veux justement vous faire dire la
vérité.
M. Laliberté: Vous avez l'air à me prendre pour un
menteur, M. le ministre.
M. Chevrette: Non, j'ai tendance!
M. Laliberté: Lorsqu'on dit que dans la loi actuelle qui
nous est présentée, les chasseurs et les pêcheurs ont une
peur effarante des décisions administratives qui peuvent être
prises, en tout dernier lieu, pour permettre l'exploitation ou la gestion de
certaines espèces fauniques, sans mécanisme de consultation, je
ne parle pas d'une réglementation qui peut changer la grandeur des
permis, M. le ministre.
M. Chevrette: Là, vous ne mettriez pas cela dans la
loi?
M. Laliberté: Non, pas la grandeur des permis. Mais il y a
des choses beaucoup plus fondamentales.
M. Chevrette: Par exemple des quotas. Quand une espèce est
en voie de diminution, c'est normal, d'une année à l'autre,
après des consultations menées dans toutes nos régions, de
passer de quatre dorés à trois, par exemple, parce que le cheptel
baisse. C'est normal.
M. Laliberté: Oui, dans le passé on a eu des
consultations là-dessus, M. le ministre, et on a donné...
M. Chevrette: Oui, chaque année il y a des consultations
qui se font dans chacune des régions avec les chasseurs et les
pêcheurs du coin. Ils nous apportent des modifications annuellement, et
il y a de très bonnes suggestions dans certains coins. Il y en a
d'autres qui veulent ajouter des pêches blanches dans d'autres coins; on
le permet. Va-t-on figer cela dans une loi? Je connais un paquet de chasseurs
et de pêcheurs qui, annuellement, ont des centaines de suggestions
à nous faire. On ne peut pas mettre cela dans une loi. Il faut
démystifier la notion de réglementation que vous avez
montée en épingle dans votre mémoire, parce que vous
seriez les premiers à nous accuser d'avoir un mécanisme trop
lourd, parce que c'est législatif. Si on avait des "filibusters" sur un
amendement aux quotas de la mouchetée dans la Mastigouche, par exemple,
et qu'on ne réussissait pas à le changer, vous seriez les
premiers à dire que cela n'a pas d'allure. Il faut que ces
mécanismes soient souples. La faune évolue, le cheptel diminue
ou, dans le cas du caribou, il augmente à un rythme effarant. Il
faudrait en permettre deux et peut-être trois. Pour être
réaliste, il faudrait en abattre 40 000 parce que notre cheptel est en
danger présentement. Il y en a au moins 40 000 à 50 000 de trop.
Il y a des situations qui évoluent dans la faune. On ne peut pas figer
cela dans une loi. Est-ce qu'on va décréter dans la loi que la
chasse à l'orignal va commencer le deuxième jeudi de septembre
d'une façon statutaire pendant dix ans? Cela n'aurait pas d'allure, vous
me
traiteriez de fou. Vous voulez tout dans la loi et vous ne voulez pas
d'un règlement.
Mais quand ce sera juste lui qui me jugera, ce n'est pas grave. Ne vous
en faites pas.
M. Laliberté: Non, il y en a d'autres qui vont vous juger,
M. le ministre, parce qu'il ne faut pas faire porter le débat sur des
peccadilles. Nous voulons nous en tenir à des choses primordiales.
M. Chevrette: Non, non, c'est loin d'être des peccadilles.
C'est sur le principe même fondamental...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaîtl Vous
aurez votre tour. On en a jusqu'à 18 heures ici.
M. Rocheleau: Jusqu'à 18 heures?
M. Chevrette: Je vous donnerai tous les consentements
nécessaires.
M. Rocheleau: Non, non, je trouve cela intéressant.
M. Chevrette: C'est correct. Dans ce cas-là, vous devriez
écouter. Ceci dit...
M. Rocheleau: On a hâte de vous questionner...
M. Chevrette: Je suis loin d'avoir fini à part cela. Vous
parlez là d'un principe fondamental dans la loi à savoir la
réglementation vis-à-vis de la législation qui peut
être déléguée par voie de règlement, à
toutes fins utiles.
M. Laliberté, vous qui êtes vice-président de la
Fédération québécoise...
M. Laliberté: Président passé.
M. Chevrette: Président passé, oui. Je m'excuse du
terme. Cela existe: "Past President". Vous savez pertinemment, vous le premier,
que dans la gestion de la faune, le contexte évolue. Faisons la
distinction entre ce qu'il est possible de mettre dans la loi et ce qu'il est
possible et indispensable de mettre dans la réglementation. Là,
je vous suivrais, je vous trouverais constructif, je vous écouterais,
j'apprendrais probablement beaucoup de choses et je retiendrais probablement
beaucoup de choses. Mais, vous faites une guerre de principe et, au moment
où je veux la faire, vous me répondez que vous ne voulez pas
embarquer sur des peccadilles. C'est une question de fond qu'on discute. C'est
de fond. Et vous savez que dans la faune, on ne peut pas ne pas se garder ce
pouvoir de réglementation. Je ne sais pas qui vous a conseillé,
bonne mère!
Mais, je vous avoue très honnêtement que cela n'a pas de
sens de penser à tout légiférer: la date de la
pêche, les quotas de pêche, les dossards, les armes, le "zipper"
qui doit être là ou non, voyonsl
M. Laliberté: M. le ministre, je ne vous demande pas les
détails de toute la plomberie. D'accord?
M. Chevrette: Bon, moi non plus. Je parle sur le principe.
M. Laliberté: Sur le principe: Est-ce qu'on va mettre une
plomberie de plastique ou si on ne mettra pas de plomberie? C'est cela qu'on
veut savoir. Est-ce que les mécanismes vont être en place pour
permettre dans la future loi la possibilité d'intervention de groupes
comme la fédération, les pourvoyeurs, l'Association des ZEC?
Actuellement, il n'y a rien d'énoncé dans cette loi qui nous dit
que cela va pouvoir se faire, M. le ministre. On n'avait pas de renseignement
à l'effet que vous pourriez nous donner des pouvoirs, non pas
d'intervention mais au moins des pouvoirs "suggestifs".
M. Chevrette: Vous ne saviez pas qu'on allait...
M. Laliberté: On a toujours entendu des ouï-dire,
mais qu'est-ce qui nous le confirmait dans le document?
M. Chevrette: Ah non, votre président est même
descendu à Joliette, M. Laliberté, dans mon propre bureau de
comté, un lundi, et je lui ai dit tout cela. Et je l'ai dit en
commission parlementaire. Je l'ai dit dans les journaux. Je l'ai dit devant
votre congrès. Voyons!
M. Laliberté: M. le ministre, je me fie à ce qui
nous a été présenté dans le contexte de ce projet
de loi. On a eu tellement de changements de ministres au ministère: une
vraie chaise musicale. Je sais que vous êtes rempli de bonnes intentions,
M. Chevrette. Mais, dans six mois, qu'est-ce qui nous dit qu'on ne se
retrouvera pas avec un ministre qui va prendre la réglementation
à la lettre et qu'on va se retrouver avec une loi comme il y en a
à Haïti? On va gérer la faune comme Duvalier gère ses
affaires en Haïti. Ce n'est pas cela qu'on veut, M. le ministre.
M. Rocheleau: Cela s'en vient.
M. Chevrette: C'est ce que vous aviez dit en 1976. Vous
êtes déçu, il n'y a pas eu de sang dans les rues.
Voyons!
M. Laliberté: Je m'excuse, M. le
ministre, je ne voulais pas m'emporter à ce point-là, mais
je considère que vous-même...
Une voix: C'est le ton de votre mémoire.
M. Laliberté: Pardon?
M. Chevrette: Je suis bien obligé de partir de ce que vous
dites, M. Laliberté. Vous êtes en train de nuancer ce que vous
avez dit dans votre mémoire. C'est votre droit, je le reconnais. Je
m'aperçois aujourd'hui que vous êtes beaucoup plus nuancé.
Vous reconnaissez que vous avez fait des propositions, vous reconnaissez qu'on
en a tenu compte, sauf sur certains points. Mais sur le principe, revenons au
point centrai -parce que c'est une discussion de fond - est-ce que vous
êtes d'accord pour dire que dans la faune... D'abord, je vous poserai la
question autrement: Est-il exact qu'à chaque année vous nous
faites des propositions de modification aux règlements?
M. Laliberté: Cela est exact et je vous ai même
mentionné tout à l'heure que dans le projet de loi actuel on
retrouve de ces éléments - on ne les retrouve pas tous, mais on
en retrouve certains - qui font notre affaire.
M. Chevrette: Est-il exact qu'à chaque année on
retient une foule de recommandations que vous faites? Quand on ne peut pas les
retenir, on vous explique pourquoi. Est-ce exact?
M. Laliberté: Je ne sais pas combien large est la foule,
mais on a toujours eu communication, discussion au niveau des propositions
qu'on faisait aux autorités du ministère.
M. Chevrette: Merci bien.
M. Laliberté: Je suis d'accord là-dessus. Mais
là-dedans qu'est-ce qui nous dit...? Vous l'avez annoncé ce
matin, M. le ministre, mais avant ce matin officiellement, aucune personne en
place, qui avait l'autorité nécessaire au gouvernement ne nous a
dit que cela continuera dans la future loi ou que cela s'arrêtera. Ce que
laisse entendre l'esprit de la loi, cela n'a pas l'air d'être tout
à fait comme cela, M. le ministre.
M. Chevrette: Ordinairement, le passé est garant de
l'avenir. Dans le passé, on vous a écouté, vous avez fait
sentir votre présence. Je vais permettre à M. Rocheleau de
continuer et je reviendrai. Cela vous reposera peut-être et moi
aussi.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je n'ai pas du tout
l'intention de parler pour permettre au ministre de se reposer, pas du tout. Il
y a seulement une chose sur laquelle je tiens à faire un constat, c'est
que ce sont nos invités qui viennent nous présenter aujourd'hui
et demain des mémoires qui tiennent compte de la loi qui a
été déposée le 23 juin en première lecture.
Je trouve que c'est une façon un peu arrogante du ministre de recevoir
des invités. J'avais l'impression que le mot "mentir" avait
été interdit par les parlementaires à l'Assemblée
nationale depuis le saccage de la Baie-James. Je crois avoir remarqué
que le ministre, à deux occasions, a traité nos invités de
menteurs. Je lui demanderais de se rétracter, de corriger ou
peut-être de se modérer ou nuancer ses propos.
M. Chevrette: Si 20% sur 170 règlements égalent
200% d'augmentation, je veux bien me rétracter.
M. Rocheleau: Ce n'est pas sur ce point, M. le
Président...
M. Chevrette: Non, non, c'est à partir du fait....
M. Rocheleau: ...je parle sur l'ensemble.
M. Chevrette: Je m'excuse, personnellement, je retiens ce que je
dis.
M. Rocheleau: M. le Président, est-ce que j'ai encore la
parole?
M. Chevrette: Tu m'as demandé de me rétracter.
M. Rocheleau: Bien oui, mais attendez que j'aie terminé au
moins.
Le Président (M. Brouillet): II faudrait que vous vous
indiquiez les moments où chacun de vous...
M. Rocheleau: Oui, oui, quand je ferai une pose assez longue, le
ministre pourra couvrir.
Le Président (M. Brouillet): C'est très bien. Alors
attendons. Vous le direz.
M. Rocheleau: M. le Président, nous avons à prendre
connaissance d'un mémoire. Je pense que le rôle des
parlementaires, c'est de prendre connaissance du mémoire, des
interventions qui nous sont faites et, par la suite, nous aurons, à
titre de responsables de nos formations politiques, à traiter article
par article du projet de loi 9. Je considère que l'attitude du ministre
à l'égard de nos invités est arrogante,
indépendamment du fait que ce soit la Fédération de la
faune,
que ce soit, comme ce matin, l'Association des Outfitters ou que ce soit
ceux qui vont suivre. Le gouvernement, même s'il ne répond plus
à l'attente de l'ensemble des citoyens et citoyennes du Québec,
même s'il n'est plus à l'écoute des citoyens du
Québec, devrait au moins avoir cette décence de faire semblant
d'écouter. (15 h 30)
L'an passé, on a eu l'avant-projet dont le ministre passait son
temps à nous, dire que ce n'en était pas un. C'était un
avant-projet. On a eu à ce moment des mémoires qui ont
été déposés, dont nous avons pu prendre
connaissance. On a eu effectivement le projet de loi au mois de juin. La
période d'été a commandé à tous ces gens de
préparer des mémoires pour être entendus à cette
commission parlementaire. Nous souhaitons entendre les mémoires. Je
comprends que le ministre puisse se sentir martyrisé un petit peu par
nos interlocuteurs ou par ceux qui viennent présenter ces
mémoires, mais je veux faire comprendre au ministre que si la
population, les intervenants du milieu semblent prendre des attitudes un peu
plus fermes, un peu plus radicales, c'est un sérieux avertissement
à ce gouvernement qui a connu et vécu des expériences
encore au mois de juin où certains de vos collègues qui avaient
démissionné de l'Assemblée nationale ont été
remplacés par des collègues plus libéraux...
M. Chevrette: ...dans les partielles.
M. Rocheleau: Oui, ce sont des pratiques qu'on fait.
M. Chevrette: Et moins dans les générales.
M. Rocheleau: Oui, ce sont des pratiques qu'on fait. À un
moment donné on en fera une vraie, cela s'en vient et vous prendrez
votre trou à ce moment-là.
Je tiens à poursuivre avec nos invités. Il y a certaines
questions qui me préoccupent. On sait que dans le projet de loi le
ministre se réserve le droit d'abolir les articles 50 à 55 en ce
qui concerne les assurances. Les accidents de chasse ou de pêche ne sont
pas souhaitables mais quand cela arrive je pense qu'il est important que les
citoyens et les citoyennes du Québec puissent avoir quand même des
mesures compensatoires, en tout cas pour la famille des accidentés.
J'aimerais que la fédération puisse expliciter davantage, elle
qui a dû sûrement avoir connaissance dans le passé de
plusieurs de ces cas, les raisons qui motivent et la fédération
et l'ensemble des chasseurs et pêcheurs du Québec à
demander que cette forme d'assurance envers ce genre de loisir soit
préservée.
M. Laliberté: M. le Président, pour le
bénéfice des membres de la commission, lorsque l'ancien permis de
pêche était en force, une assurance y était attachée
et bon nombre de citoyens du Québec, lors d'incidents ou d'accidents
pendant des excursions de pêche ou de chasse, ont profité des
indemnisations qui étaient rattachées à cette assurance
liée à chaque permis.
Lorsque le gouvernement a aboli le permis de pêche, la
fédération a reçu immédiatement des centaines et
même des milliers de requêtes demandant de faire les pressions
nécessaires pour rétablir ce type ou ce genre de protection
auquel le chasseur et le pêcheur, les gens pratiquant ces sports avaient
droit, en cas d'incident ou d'accident lors de ces excursions.
On constate dans le présent projet de loi que rien ne
réfère à un tel genre d'assurance ou d'indemnisation alors
que dans notre mémoire de novembre dernier, si ma mémoire est
bonne, nous demandions au ministre de reconsidérer la position du
gouvernement sur cet aspect parce que cette assurance est une des très
fortes revendications dans toute la province et on ne la retrouve pas dans le
présent projet de loi.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
l'intention de considérer le maintien de ces formes ou ces formules
d'assurance?
M. Chevrette: Si nous avons modifié le projet de loi pour
y insérer le présent article c'est à la demande de la
Fédération québécoise de la faune parce qu'elle
avait l'optique de pouvoir l'administrer. Nous avons décidé de
dire: Ce ne sera pas nécessairement à la Fédération
québécoise de la faune, ce peut être une firme
privée d'assurance, mais il nous fallait modifier exactement dans ce
sens-là pour répondre à la demande de la
fédération. Demandez-leur si c'est vrai ou si c'est faux.
M. Rocheleau: Si je me souviens, M. le Président, quand le
gouvernement a décidé -c'était en 1977 ou 1978 - d'abolir
le permis...
M. Chevrette: L'assurance est restée pour la chasse et a
été abolie pour la pêche. Vous avez raison.
M. Rocheleau: Si je me souviens la fédération
aurait souhaité que cela continue pour la pêche et étant
donné qu'il n'y avait pas de permis de pêche, elle se
prêtait volontiers à faire en sorte d'émettre, pour
l'ensemble des pêcheurs du Québec, une forme d'assurance
quelconque. Je pense qu'il faut faire cette nuance.
M. Chevrette: Je ne connais pas l'histoire de la restriction.
Quand on a enlevé le permis, je n'étais pas titulaire de ce
ministère, je ne me souviens pas exactement des motifs non plus, mais je
sais une chose; la partie que je me rappelle, c'est qu'on l'a conservée
pour la chasse. Plus encore, en ne modifiant pas le projet de loi, on ne
pouvait pas éventuellement confier cela à une compagnie
d'assurances qui aurait pu gérer l'ensemble des permis, que ce soit de
pêche ou de chasse, ou à un organisme, parce qu'il fallait ouvrir
la porte à une délégation de pouvoir. Donc, je pense que
l'article, tel que libellé, devrait être acceptable et
accepté par la fédération québécoise puisque
c'est elle qui nous en a fait la recommandation.
M. Laliberté: On vous faisait une recommandation bien
précise, M. le ministre. C'était dans le sens que cela pouvait
peut-être contribuer à la mise sur pied d'un fonds du patrimoine
lorsqu'on vous en avait parlé en commission.
M. Chevrette: Un fonds mixte?
M. Laliberté: Oui, un fonds mixte, soit...
M. Chevrette: Oui, mais c'était réservé dans
le contexte, à moins que je me trompe de groupe... Vous me pardonnerez,
mais il y avait un groupe, en tout cas, qui avait demandé que l'argent
soit utilisé exclusivement pour les habitats. Je ne sais pas si
c'était vous autres.
M. Laliberté: Oui.
M. Chevrette: Bon! Donc, il y avait cette possibilité. Il
fallait donc ouvrir la porte à une délégation
éventuelle de pouvoir, parce que la loi actuelle ne nous permettait pas
de créer ce fonds éventuel et, même, je pense qu'il
faudrait y aller par voie de réglementation, si jamais... Même
avec l'ouverture qu'il y a là, il faudrait y aller par voie de
réglementation pour aller vers une délégation de pouvoir,
mais la porte est ouverte ici.
M. Laliberté: À quel endroit du
présent...
M. Chevrette: À l'article 115, me dit-on. Je ne connais
pas encore les articles par coeur, mais cela va venir. "La présente loi
remplace la Loi de la conservation de la faune à l'exception des
articles 50 à 55 qui cesseront d'avoir effet à la date qui sera
fixée par proclamation du gouvernement." C'est entre les articles 50 et
55 que vous retrouvez l'article qui nous obligeait nous-mêmes à
gérer, alors qu'en abolissant les articles cela nous permet d'avoir une
délégation de pouvoir...
M. Laliberté: Ceci veut dire, M. le ministre...
M. Chevrette: ...par simple proclamation ou par
décret.
M. Laliberté: Est-ce que ceci veut dire que le
gouvernement actuel serait prêt à reconsidérer, avec le
permis de pêche actuel, une assurance qui pourrait s'y rattacher, que ce
soit sur une base volontaire ou obligatoire?
M. Chevrette: Non. Ce qu'on étudie, c'est plus global que
cela. C'est la possibilité complète de passer à un
tiers l'administration de cela, parce qu'entre vous et moi les
coûts administratifs à 0,50 $, cela peut... Selon le nombre, des
compagnies d'assurances peuvent offrir les mêmes tarifications et je
pense que l'entreprise privée pourrait très bien s'acquitter de
cette tâche sans que ce soit l'État. D'ailleurs, plusieurs de nos
collègues des deux côtés de la Chambre nous incitent
souvent à en remettre à l'entreprise privée. C'est une
place où on s'est donné une porte pour cela.
Le Président (M. Brouillet): Remet-on la parole au
député de Hull ou si on passe à... Il y a d'autres membres
de la commission qui m'ont demandé la parole.
M. Rocheleau: II y a peut-être d'autres membres de la
commission, M. le Président. La seule chose que j'aurais
souhaitée, c'est que le ministre puisse revenir pour qu'on lui donne
cette possibilité d'utiliser une formule un peu moins arrogante envers
nos invités et peut-être même d'apporter un correctif pour
avoir traité nos invités de menteurs. Je pense que ce n'est pas
à propos. On peut peut-être, entre nous, les parlementaires, nous
connaissant comme on se connaît... Cela peut nous arriver, de nous
traiter de menteurs, mais de traiter ainsi des invités qui sont ici pour
faire valoir des points très pertinents à des projets de
loi...
M. Chevrette: Je rectifierai tantôt.
M. Rocheleau: Si le ministre voulait apporter certains
correctifs.
M. Chevrette: Les petites leçons de civisme du
député de Hull, c'est assez surprenant.
M. Rocheleau: C'est toujours surprenant du député
de Hull...
M. Chevrette: Oui, je comprends!
M. Rocheleau: ...mais à vous regarder aller...
M. Chevrette: Parce que vous ne passez pas pour le plus...
M. Rocheleau: Non, non. À vous regarder aller, M. le
ministre...
M. Chevrette: En tout cas, je vous en parlerai tout seul. Je vais
être charitable.
M. Rocheleau: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Brouillet): On laisse à chacun la
chance de revenir sur le ton qu'il a employé au début de la
commission. On a encore un certain temps. Que chacun fasse comme il l'entendra.
Pour le moment, il y a le député de Bourassa qui a demandé
la parole et, après, le député de Marquette.
M. Laplante: Puisqu'on parle d'écarts de langage,
j'inviterais le député de Hull à visionner la commission
sur la Baie-James. Il aura peut-être une bonne...
M. Houde: Cela fait mal?
M. Laplante: II aura peut-être quelque chose à
apprendre là-dedans, ce qui s'est passé avec son parti.
Maintenant, on parle de partenaires aussi, M. Laliberté. On parle
aussi d'être consultés, d'être considérés
comme partenaires. Quel que soit le gouvernement, je crois que l'approche que
vous avez prise ce matin de présenter un mémoire comme vous
l'avez fait attire un peu les foudres de ceux à qui il y a des questions
à poser et les incite à employer à peu près le
même langage que vous avez voulu employer. C'est assez rare qu'un
organisme indépendant aille aussi loin qu'un défi politique
partisan dans son mémoire. Cela est assez rare quand on s'appelle
partenaire d'un gouvernement et qu'on veut participer à toutes les
consultations. C'est le reproche que je vous fais d'avoir été
jusque là, de ne pas avoir agi comme un partenaire financé par le
gouvernement, qui a besoin de consultation auprès de vos organismes.
Cela enlève une grande crédibilité à votre
mémoire.
Je ne vous ai pas interrompu tout à l'heure.
Maintenant, il n'y a rien actuellement, selon les questions que le
ministre vous a posées, sur le pouvoir de réglementation. Vous
avez peut-être quelques endroits seulement où cela fait
défaut. Vous n'avez pas encore pu démontrer que la demande que
vous faites de retirer le projet de loi -parce que lorsqu'on demande de retirer
un projet de loi, il faut qu'il y ait des choses qui ne soient pas bonnes, en
général - ce n'est pas ce que vous nous avez
démontré par les questions du ministre depuis le début.
Vous avez prouvé que vous étiez favorable aux trois quarts du
projet de loi, peut-être selon le contenu de votre mémoire de l'an
dernier. Cela me laisse perplexe. Je vais oublier cela pour vous poser une
question. Une question sur la commercialisation de la truite. Comment
faites-vous pour différencier une truite venant du Japon d'une truite
venant du Québec, quand elle est dans votre assiette?
M. Rocheleau: Une québécoise?
M. Laliberté: J'ai envie de répondre au
député de Bourassa...
M. Laplante: C'est cela.
M. Laliberté: En partant par la fin. C'est sûr qu'il
n'y aura pas de drapeau québécois dans l'assiette du bonhomme qui
va consommer de la truite québécoise et qu'il n'y aura pas un
drapeau japonais dans l'assiette du bonhomme qui va consommer une truite
japonaise. Je ne vois pas non plus la pertinence de la question se rapportant
au projet de loi. Dans le projet de loi, à l'article 59, on a vu une
porte très large pour la commercialisation des autres espèces
sans trop de consultations. Pour revenir à votre première
allusion, sans être une question...
M. Laplante: ... pas une réponse. J'aimerais avoir une
réponse sur la truite. Quelle différence y a-t-il entre la truite
du Japon et la truite du Québec? Comment feriez-vous pour la
différencier?
M. Laliberté: II y en a une qui est ronde et l'autre est
étirée.
M. Laplante: Elle est commercialisée actuellement...
M. Laliberté: Est-ce que vous parlez d'espèce?
Est-ce que vous parlez d'espèce?
M. Laplante: D'espèce.
M. Laliberté: Quelle espèce? Si on parle
d'espèce comme la truite arc-en-ciel...
M. Laplante: La truite arc-en-ciel.
M. Laliberté: ...c'est permis.
M. Laplante: La truite mouchetée.
M. Laliberté: La truite mouchetée, ce n'est pas
permis.
M. Laplante: Quelle différence y aurait-il entre les
deux?
M. Laliberté: Au niveau du consommateur?
M. Laplante: Oui.
M. Laliberté: Ce sont des choses qu'on aimerait...
M. Laplante: Entre l'importation qu'il peut y avoir et...
M. Laliberté: II y a sûrement une concurrence qui
s'établirait quant au prix, monsieur. De toute façon, pour moi
c'est de la plomberie aujourd'hui. Je pense que si on peut émettre notre
opinion sur la truite mouchetée, il y aurait sûrement des raisons
biologiques qui se grefferaient au dossier économique concernant la
commercialisation de la truite mouchetée. Je peux ouvrir une
parenthèse. Le ministre nous a demandé de faire une consultation
après les consultations qu'on avait faites concernant la
commercialisation de la truite mouchetée au printemps dernier. Vous avez
le résultat des consultations tenues dans la province auprès des
organismes, que ce soit des organismes de consommation, de protection ou des
organismes commerciaux qui étaient intéressés au sujet.
Ils ont eu l'occasion de présenter des opinions à la
fédération et au ministère. On a transmis
intégralement ce rapport au ministère, dans lequel rapport plus
de 77% des intervenants étaient contre la commercialisation de
l'espèce de la truite mouchetée.
M. Laplante: Écoutez-moi bien... M. Laliberté:
Maintenant...
M. Laplante: Si je vous pose ces questions-là, même
si vous me dites que cela ne fait pas partie de la commission, si je me
réfère à votre mémoire, vous faites une
espèce de chantage dans le mémoire en disant à un moment
donné - je ne le dirai pas textuellement, il faudrait que je retrouve le
paragraphe - que vous êtes prêt à aller sur les tribunes
électorales pour aller combattre cette éventualité
à l'intérieur de la loi. (15 h 45)
Lorsque vous avez fait des consultations là-dessus, combien en
avez-vous fait concernant le mémoire que vous dites avoir
présenté ou étudié au sujet de la commercialisation
de la truite? Ce serait intéressant à savoir. Puisque vous
l'employez dans votre mémoire d'une façon aussi radicale, je me
sens obligé de vous poser des questions. Pourquoi êtes vous contre
le fait que le ministre ait, par réglementation, le même pouvoir
qu'il avait auparavant de dire: Je commercialise la truite mouchetée?
C'est ce que je veux savoir.
M. Laliberté: Depuis 1972 que nous avons des demandes
à ce sujet, cela remonte à 1972, alors que le résultat de
ces premières consultations, qui avaient été menées
par une commission d'étude et de recherche à la
fédération, nous amenait à prendre la position qu'on ne
devrait pas commercialiser la truite mouchetée. Depuis ce temps, presque
tous les ans ou sur une période qui ne dépasse pas deux ans, nous
avons toujours eu des demandes disant: Peut-être pourriez-vous
considérer de réviser votre optique. On disait: À la
lumière de faits nouveaux, oui. Encore l'année dernière on
a réexaminé, réouvert entièrement le dossier sur
une consultation qui avait été menée par la
fédération auprès de ses membres dans toute la province;
on représente 200 000 membres. Je ne vous dis pas que les 200 000 se
sont prononcés sur le sujet, mais ils ont eu la possibilité de le
faire. Alors que les consultations menées à l'intérieur de
l'organisation de la fédération nous ont dit: Notre position
demeure inchangée, il n'y avait rien de changé ni
d'élément nouveau d'apporté pour que la
fédération puisse changer son attitude. En assemblée
générale, lors de nos assises annuelles, on avait reçu le
mandat de ne pas changer notre position.
Mais voilà que, ce printemps, le ministère nous consulte
à savoir s'il n'y aurait pas possibilité de mener conjointement
une consultation provinciale annoncée dans les journaux, très
bien structurée et pour laquelle le ministre nous a octroyé une
subvention d'ailleurs. Ce n'est pas parce qu'on obtient des subventions qu'on
va faire de l'à-plat-ventrisme, loin de là. Le ministre nous a
donné ce mandat de tenir ces consultations avec son ministère et
le résultat de cette consultation auprès de tous les
intervenants, que ce soient des associations de consommateurs,
d'hôteliers, etc., qui se sont présentées - on n'a pas
été les chercher de force, mais elles ont toutes
été invitées - la grande résultante de cette
consultation a été que 77% des intervenants étaient contre
la commercialisation de la truite mouchetée, pour une multitude de
raisons; que ce soit à partir du braconnage à aller
jusqu'à une ressource du patrimoine, il y a toute une panoplie de
raisons qui ont été évoquées.
Alors, je pense que la fédération n'a pas le droit de
fouler à ses pieds une consultation de ce genre qui représente
réellement l'opinion d'une grande masse de population. Est-ce que cela
répond à...
M. Laplante: Bien, monsieur, merci.
M. Chevrette: Je voudrais rectifier ce que vous venez d'affirmer
sur un point quand même important pour le bénéfice du
public. Quand on vous a consulté, vous avez eu une première
rencontre en exécutif et vous avez
adopté une résolution nous demandant de faire une
consultation sur trois choses: le zonage intégré; la
mouchetée et l'autre, si ma mémoire est fidèle,
c'était...
M. Laliberté: Le poisson-appât, M. le ministre.
M. Chevrette: Oui, le poisson-appât. Donc, c'est à
la suite d'une de vos demandes que nous avons consenti à une subvention
et non pas le ministère qui l'a demandé. C'est juste la nuance
que je voulais apporter.
Je voudrais vous poser une question relativement à la
commercialisation, parce que je pense que mon collègue voulait
plutôt faire ressortir le fait qu'on a des gens au Québec qui
produisent une qualité de poisson et qui sont sur le point de la
faillite, dans bien des cas, alors que l'on importe du poisson de
l'étranger à la tonne. C'était ce qu'il voulait faire
ressortir, parce qu'on en a discuté passablement entre nous.
S'il y avait eu un règlement qui disait ceci: Dans un premier
temps, tout vendeur de sauvagine dans un établissement commercial verra
confisquer son permis et l'établissement commercial verra suspendre son
permis d'exploitation. Est-ce que la réponse aurait été la
même selon votre évaluation? Je vais vous donner une petite
opinion. J'ai l'impression qu'il y a un mythe. Les gens ont peur de dire ceci:
Si on commercialise la mouchetée, ce sont des braconniers qui vont aller
vider les fraies, ils vont vendre cela à l'épicerie, ils vont
vendre cela à l'hôtelier, il vont vendre cela au restaurant. Si
vraiment il y avait des moyens, des mécanismes valables très durs
et très sévères qui évitaient le braconnage - ce
dont on a tous peur je pense bien parce notre souci en est un de conservation,
on a peur du braconnage - est-ce que la réponse serait la même ou
si c'est par principe?
M. Laliberté: M. le ministre, je ne veux pas
présumer des réponses s'il y avait eu une réglementation
attachée à la consultation. Par contre, lors de cette
consultation, il y a un grand principe qui s'est dégagé de tout
cela. C'est que la noblesse du sport de la pêche à la truite
mouchetée en prendrait pour son rhume avec la commercialisation de la
truite mouchetée. Cela, c'est premièrement. C'est très
important, M. le ministre, ce point-là. C'est l'un des points qu'on a
retrouvés, qu'on n'a pas véhiculés, qu'on a
retrouvés lors de ces consultations.
Un autre point, c'est que biologiquement parlant, au Québec, on
possède des lignées de truites indigènes qu'on ne retrouve
à peu près pas ailleurs au monde. Et beaucoup de personnes
s'interrogent sur l'opportunité ou l'effet qu'aurait une loi de la
commercialisation sur ces lignées, à la suite de
l'expérience qui a été tentée aussi dans d'autres
États américains ou dans d'autres provinces canadiennes. Il y a
beaucoup de questions qui se posent dans le public actuellement. Tant qu'on
n'aura pas donné des réponses scientifiques raisonnables, je
pense que les gens ont le droit de dire non. C'est le mandat qu'on a eu: Dites
non, on n'a pas ce qu'il faut actuellement. Autrement dit, on n'a pas de police
d'assurance entre nos mains et on exécute un mandat qui nous a
été donné par un bon nombre de chasseurs et de
pêcheurs ou par d'autres intervenants au dossier.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: M. le Président, j'ai lu attentivement ce midi
la présentation de votre mémoire. J'aimerais revenir quelque peu,
si vous me le permettez, sur le pouvoir réglementaire. Vous vous
inscrivez en faux sur une espèce d'abus de pouvoir réglementaire
prévu dans le projet de loi 9. D'ailleurs, cela a toujours
été le problème depuis plusieurs années de
l'empiètement de l'exécutif sur le législatif ou du
pouvoir réglementaire par rapport au pouvoir législatif. Je ne
sais pas si c'est 100%, 200%, 500% d'augmentation du pouvoir
réglementaire, mais chose certaine, c'est qu'à la lecture du
projet de loi, un article sur deux ou presque dit: Le ministre peut, par
règlement ou: Le gouvernement peut, par règlement. Si j'ai bien
compris ce matin... Ah oui, autrement dit, on aurait pu prévoir dans le
projet de loi 9 un article disant : Le ministre verra à la conservation
de la faune par règlement. Et on verra dans la Gazette officielle, dans
les prochains mois, ce qu'il entend par règlement. Mais, je suis
d'accord avec vous qu'il y a définitivement un abus du pouvoir
réglementaire à l'intérieur de ce projet de loi. Il a
semblé nous dire ce matin qu'il était pour vous consulter, non
seulement le groupe que vous représentez, la Fédération
québécoise de la faune, mais également les autres groupes
présents, ceux qui étaient présents ce matin, avant que
les règlements en question soient adoptés. Au même titre
que vous, nous sommes très intéressés de voir les
règlements parce qu'on fait partie du législatif. Nous, on ne
fait pas partie de l'exécutif et normalement, on prend connaissance des
règlements par leur lecture dans la Gazette officielle. Alors la
question s'adresse évidemment à vous. La première, c'est
que vous êtes sûrement en attente et intéressés
à être consultés sur la réglementation à
venir parce que, à la lecture de cela, il va y en avoir de la
réglementation. Et j'aimerais que le ministre réitère
l'assurance qu'il donnait ce matin que ces règlements ne seront pas
adoptés avant consultation et la quasi-approbation des
principaux groupes sur le terrain, du milieu, avant que ces
règlements en question ne soient en vigueur de par leur publication
à la Gazette officielle du Québec.
Ma première question s'adresse à vous. Je suis
persuadé qu'en tant que groupe représentatif de 200 000 membres,
je crois, au Québec...
M. Laliberté: C'est cela.
M. Dauphin: ...vous jugez non seulement opportun, mais presque
impérieux que vous soyez consultés sur la réglementation
en question.
La deuxième question s'adresse au ministre, j'aimerais qu'il nous
donne cette assurance.
M. Laliberté: Je pense que c'est ce qui se reflète
tout au long du mémoire. On le répète à plusieurs
endroits, que c'est une condition sine qua non. Nous sommes d'accord pour
réviser nos positions si le ministre nous ouvre des portes pour pouvoir
nous faire entendre. Il est sûr que nous n'irons pas contre le bon sens,
mais on sait pertinemment que la réglementation peut même tuer
l'essence d'une loi. C'est de cela qu'on a peur, M. le ministre. C'est pourquoi
le mémoire revêt le ton particulier qu'on a pris.
M. Chevrette: Votre raisonnement s'applique, cela va de soi,
à tout nouveau règlement à venir aussi
éventuellement.
Le Président. (M. Brouillet): II y avait eu un autre
volet, une autre question adressée au ministre.
M. Dauphin: Oui, c'est-à-dire que le ministre nous avait
dit ce matin qu'il consulterait les groupes avant d'adopter les
règlements en question.
M. Chevrette: J'ai dit expressément ceci: Pour la
commission parlementaire, étude article par article, les parlementaires
auront entre les mains la presque totalité des règlements
rédigés. Dans le cas où il y en aurait certains qui ne
seraient pas terminés, vous auriez le cadre du règlement avec les
grandes orientations et les grandes lignes. C'est ce que j'ai dit ce matin. Par
la suite, j'ai ajouté que, dès qu'ils seront prêts... On
n'a aucun inconvénient à consulter, comme on le fait très
régulièrement, sur l'ensemble des règlements. On appelle
les organismes. Ils sont entendus soit en exécutif ou lors d'une
réunion élargie. On ne leur impose pas le mode de consultation.
Ce sont eux qui le fixent très régulièrement et d'une
façon statutaire; dans le cas de la Fédération
québécoise de la faune, c'est deux fois par année qu'il y
a des rencontres statutaires, le congrès où nos fonctionnaires
assistent et même le ministre, dans bien des cas. Également
l'exécutif, statutairement, une fois par année, rencontre le
ministère et il est consulté d'une façon formelle sur les
orientations qui se dessinent à l'horizon au cours de l'année.
Quand il y a des règlements, cela leur est soumis pour consultation. Je
ne comprends vraiment pas qu'on puisse taxer cela d'un manque de consultation
avec toutes les consultations qu'on mène.
Annuellement, en région, tous les chasseurs et pêcheurs qui
le veulent sont interrogés pour avoir les modifications qu'ils veulent
bien apporter aux diverses réglementations. Cela est statutaire. Donc,
il n'y a pas de problème. J'ai répondu assez clairement et j'ai
toujours dit cela. Ce n'est pas une trouvaille de ce matin. Cela peut
être une justification, mais ce que je dis, ce n'est pas une trouvaille.
Ce n'est que l'application régulière de ce qu'on fait et que je
répète.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
M. Dauphin: Étant donné que ce n'est pas une
trouvaille, est-ce que nos invités pourraient nous dire s'ils ont
toujours été consultés lorsqu'il y a eu des
réglementations concernant la faune?
M. Laliberté: Je n'aimerais pas ressasser les cendres des
présumées consultations, mais faisons allusion au
déclubage de 1977. Les consultations n'ont pas été
très larges, M. le ministre, lorsque la décision s'est prise.
M. Chevrette: Je pourrais vous ressortir le discours de votre
futur chef, M. Gérard-D. Levesque, en 1960, qui parlait de
déclubage et de Mme Claire Kirkland-Casgrain, en 1971, qui parlait de
déclubage, des droits donnés aux Américains et des
extravagances d'avoir 200 ou 300 lacs... Cela a justement amené une
prise de position politique en 1977. Cela faisait 20 ans que le peuple
québécois était au courant de cette orientation politique
qui ne s'était jamais prise et qui s'est prise en 1977. Cela avait
été sassé, ressassé, reressassé. Les gens
des ZEC qui sont ici, avec des gens du milieu, en avaient entendu parler
à la tonne. On savait très bien la décision qui
s'était prise en 1977. Cela n'a pas été facile, j'en sais
quelque chose. Mais, par exemple, il y a des gens - j'aimerais vous dire cela,
M. Laliberté - qui ont lutté contre et, devant le fait accompli,
après la volonté politique, se sont faits élire sur des
conseils d'administration de ZEC et, après avoir combattu
carrément, font un travail très intéressant dans la
gestion des ZEC aujourd'hui et s'améliorent d'année en
année. Des plans de gestion sont déposés au
ministère, cette année, et ces
gens essaient de les suivre à la lettre. (16 heures)
On aurait peut-être pu procéder d'une autre façon.
Cela est discutable, vous avez peut-être raison, mais ne dites pas que ce
sujet-là n'est pas discuté. Le plus beau discours sur le
déclubage a été prononcé par Gérard D.
Levesque en 1961.
M. Houde: M. le ministre... Excusez-moi.
M. Laliberté: M. le Président, si vous me permettez
un commentaire.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. Laliberté.
M. Laliberté: Concernant le déclubage, c'est, bien
sûr, un exemple que j'ai voulu citer parce que, dans ce temps-là,
j'étais vice-président à la fédération et
j'ai su très bien comment la décision s'est prise. Ne me forcez
pas à vous dire à quelle vitesse elle s'est prise.
M. Chevrette: J'ai travaillé pendant six mois à un
comité de députés, pour votre information. Ce
n'était pas trop vite.
M. Laliberté: La décision s'est prise lors d'un
dîner de banquet, M. le ministre. On plonge ou on ne plonge pas. Cela a
été aussi simple que cela.
M. Chevrette: II devait le savoir.
M. Laliberté: Lorsqu'on voit, dans la loi actuelle, les
possibilités d'intervention rapide et radicale, je pense qu'en tant
qu'organisme représentatif des chasseurs et des pêcheurs, on est
en mesure de vous demander certains mécanismes qui permettront de la
consultation. Il faut vivre de l'expérience du passé qui nous a
prouvé qu'il y aurait eu une place beaucoup plus large sur des sujets
majeurs tels le déclubage, l'abandon du permis de pêche. On a
remis le permis de pêche parce que tout le monde a dit que c'était
une erreur de l'avoir enlevé. On a fait marche arrière avec cette
politique-là. C'est un autre exemple.
Beaucoup de questions se posent aussi aujourd'hui concernant la
possibilité de la future école du chevreuil. Est-ce qu'on
permettra encore la chasse à la femelle, du faon? Des choix nous sont
posés. C'est tout ce genre de mécanisme administratif de la
ressource faunique qui est en cause et je pense que, avec les
expériences du passé, il y a lieu, M. le ministre, qu'on ait
droit à plus de consultations. Je ne parle pas sur les détails de
plomberie...
M. Chevrette: Prenez le dernier point que vous venez de
présenter, M. Laliberté. Il faut être honnête,
mauditl Excusez le terme. On vous a consulté par exemple sur le
chevreuil.
M. Laliberté: Dernièrement, oui. D'accord.
M. Chevrette: Bien oui! Vous nous avez dit... Vous semblez faire
un drame pour qu'on puisse titrer demain matin: Pas de consultation. On vous a
consulté. Vous nous avez dit: Si c'est bon, allez-y. C'est ce que vous
nous avez répondu. Soyons francs quand même, mosus!
M. Laliberté: M. le ministre, je vous dis: Profitons des
exemples du passé pour éviter les erreurs de l'avenir, surtout
pour... Je ne dis pas cela pour le bénéfice...
M. Chevrette: Le passé doit être pas mal dans le cas
du chevreuil parce que vous venez de reconnaître qu'on vous a
consultés. Si les circonstances sont bonnes...
M. Laliberté: Dernièrement, pas sur la
première décision, M. le ministre, je m'excuse. Sur la
décision de 1981, personne n'avait été consulté,
mais, sur les décisions qui s'en viennent, on a eu une consultation,
d'accord.
M. Chevrette: Pour ce qui est de 1981, vous pourriez vous faire
expliquer cela par quelqu'un qui connaît cela bien mieux que moi, celui
qui vous a conseillé...
M. Laliberté: D'accord. Par contre, à la
lumière...
M. Chevrette: ...car je n'étais pas là.
M. Laliberté: ...de ces faits, lorsqu'on est un organisme
qui représente tant de milliers de chasseurs dans le cas du chevreuil ou
de pêcheurs lorsqu'il est question de permis ou de lois concernant
l'exploitation de certaines espèces aquatiques ou terrestres...
M. Chevrette: Je voudrais vous poser une question. Ça ne
sert à rien de s'étendre peut-être pendant 20 minutes. Moi
non plus, je ne veux pas déterrer les cendres, cela ne donne rien.
M. Laliberté: Non.
M. Chevrette: De toute façon, vous ne me ferez pas parler
du passé. Quand tu n'es pas là, tu n'es pas là. Depuis que
je suis là, y a-t-il quelque chose que j'aurais fait qui ne fait pas
votre affaire? Je vais vous poser une question directe, parce que depuis
tantôt que je vous pose des questions directes, vous avez répondu
oui à chacune. Vous avez dit: C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, j'ai
été
consulté, c'est vrai. Je ne parlerai pas pour les autres. Y
a-t-il une omission qu'on aurait faite? On va se garrocher à pleine
face. Je vais en mandater douze pour aller vous consulter s'il le faut. Je veux
savoir dans le concret, si vous ne voulez pas déterrer les cendres,
parlons du concret. Sur le projet de loi, on n'est sûrement pas d'accord,
parce que vous avez été consulté, reconsulté, en
congrès, en conseil exécutif, dans les régions, partout
vous saviez ce qui s'en venait. Vous souhaitiez même, M.
Laliberté, que lé projet de loi soit adopté en juin. Vrai
ou faux? Votre président d'alors et celui d'aujourd'hui ont
également déclaré qu'ils souhaitaient qu'il soit
adopté avant la fin du mois de juin, mais le menu législatif ne
le permettait pas. On l'a déposé purement et simplement en
disant...
J'avais pris l'engagement de vous consulter. Vous dites que c'est du
réchauffé dans votre argumentation. On vous l'envoie, cela n'a
pas dû être trop d'ouvrage à analyser si c'est du
réchauffé. On prenait exactement vos propositions de novembre
pour les appliquer. Bonne mère! C'est bien beau de charrier mais il faut
appeler les choses par leur nom. On se rend à 98% de vos demandes,
à l'exception de la commercialisation et vous accrochez
là-dessus. Quand je vous réponds, vous parlez de la consultation.
On vous répond que vous êtes toujours consulté - vous
l'admettez, on est prêt à continuer comme cela.
Troisièmement, vous retombez sur la réglementation. Je
vous demande quel règlement vous ne voulez pas voir. Vous ne m'en nommez
pas un. Écoutez, il faut s'entendre! Qu'est-ce qu'on doit construire
ensemble?
M. Laliberté: M. le ministre, je crois que vous avez
intérêt à mélanger les cartes dans le présent
dossier. Je regrette de devoir dire une chose semblable mais lorsqu'on vous a
dit, en novembre dernier, dans notre mémoire, que nous étions
intéressés à une refonte de la loi de la conservation -
c'est écrit en noir et blanc - on vous disait aussi qu'on était
intéressé à en connaître la plomberie, la
réglementation. Vous nous présentez un projet de loi dont on ne
connaît pas encore la réglementation. C'est cela que les
pêcheurs et les chasseurs du Québec sont intéressés
à connaître. C'est cela qu'on veut savoir. Est-ce que cette
réglementation qui sera mise en place dans cette loi portera
préjudice à la ressource faunique du Québec? C'est cela
qu'on veut savoir, M. le ministre.
M. Chevrette: Vous allez les avoir les règlements et vous
aurez plus que cela. Vous aurez satisfaction sur la présomption; vous
aurez satisfaction sur la mesure d'urgence parce qu'on n'a pas la loi sur les
habitats; vous aurez satisfaction sur tout ce que vous avez demandé;
vous allez avoir satisfaction sur la définition du mot "chasser", vous
l'avez demandée; on l'a retenue; vous aurez satisfaction sur les
pénalités à savoir que les infractions à
caractère biologique grave soient plus sévèrement punies
que les infractions techniques; vous aurez satisfaction sur le champ des
responsabilités des agents, cela vous tenait à coeur vous en avez
parlé pendant une demi-heure lors de la commission parlementaire de
novembre et on l'a retenu.
Je pensais que vous étiez pour dire: À part de la
commercialisation, votre projet de loi est pas pire, d'autant plus que votre
paragraphe disait que vous étiez globalement satisfaits des
modifications qu'entend apporter la Loi sur la conservation. Il n'y a pas grand
chose à comprendre entre vous et moi. De toute façon, si mes mots
ont dépassé ma pensée et si j'ai voulu faire
démontrer au cours de toutes les questions que j'ai posées
qu'à mes yeux il y avait incohérence et que 20 règlements
sur 160 c'était un mensonge, j'aime mieux passer pour arrogant que de
faire de mauvais calculs. Au moins, je sais compter. Je voudrais vous dire
ceci. Quand vous affirmez - à toutes les questions que je vous ai
posées vous m'avez répondu oui - que vous dites que c'est
seulement le mécanisme de consultation qui nous a fait élever le
ton, je m'excuse, M. Laliberté, mais envers et contre votre attitude, on
va continuer à vous consulter. On ne voudrait pas que la guerre à
finir que vous voulez mener et même politique que vous avez dit - c'est
votre choix - j'espère qu'elle sera pour la conservation de la faune et
non à la rescousse d'un de vos membres.
M. Laliberté: Pour la faune, M. le ministre, vous parlez
le même langage que nous mais je tiens à préciser que ce
qui a été écrit dans le mémoire, il aurait
été facile pour vous, pour l'administration de nous donner
certains mécanismes, certains détails que vous avez
énoncés ce matin, on aurait peut-être été
plus constructif, je l'avoue, mais on ne peut pas faire de
l'à-plat-ventrisme et dire: D'accord, le ministre est certain qu'il va
nous le donner mais il ne nous le dit pas. Il va nous le donner pareil parce
que cela fait partie des traditions. On ne peut pas, c'est trop sérieux
la gestion de la faune au Québec pour marcher sur des "peut-être"
et des "on verra".
M. Chevrette: Oui, c'est sérieux pour tout le monde, y
compris pour des dirigeants de fédérations.
M. Laliberté: Oui.
M. Chevrette: La gestion de la faune
c'est... Pour avoir de la crédibilité pour vendre notre
dossier, il faut prêcher par l'exemple. Vous avez entièrement
raison, je vous félicite.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a d'autres
membres qui voudraient intervenir?
M. Houde: J'aimerais avoir des précisions sur ce que le
ministre a dit tantôt. Il a parlé de décluber. Le Parti
libéral était d'accord pour décluber, mais on
n'était pas d'accord sur la façon de s'y prendre pour le faire.
Je pense que beaucoup de personnes maintenant n'étaient pas d'accord non
plus. Quand on voit la faune aujourd'hui, je pense qu'on peut se poser des
questions, parce qu'on a...
M. Chevrette: Vous n'avez jamais eu de volonté
politique.
M. Houde: C'est moi qui ai la parole. Je ne vous ai pas
interrompu tantôt.
M. Chevrette: Oui, oui. Vous n'avez jamais eu de volonté
politique pour faire des gestes semblables.
M. Houde: Je ne vous ai pas interrompu tout à l'heure.
Soyez poli.
Le Président (M. Brouillet): Demandez le droit de parole
si vous voulez intervenir...
M. Houde: Bon!
Le Président (M. Brouillet): ...s'il vous plaît. Je
vais vous l'accorder, mais attendez votre tour.
M. Houde: Je lui parlerai tantôt de la Baie-James et de
l'enquête. Il pourra peut-être se remémorer des choses.
Aujourd'hui, nous avons reculé à la place. Il va falloir
rebâtir bien des choses qui ont été défaites depuis
1977 en déclubant dans la province de Québec. Je pense que
beaucoup de personnes sont d'accord pour dire qu'on a perdu
énormément de cette façon-là.
M. Chevrette: Et en même temps, on a donné beaucoup
aux citoyens québécois...
M. Houde: Ils n'ont plus rien à présent.
M. Chevrette: ...des lacs qui étaient accaparés
exclusivement par des Américains, cinq ou six pour avoir 200 lacs.
M. Houde: On était d'accord là-dessus.
M. Chevrette: Je voudrais, M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'on va vers le mot
de la fin?
M. Chevrette: Oui. J'ai annoncé à la
télévision de Radio-Canada ce midi... Je pense qu'il faut quand
même permettre à l'ensemble de la presse de le savoir. Il y a une
rumeur dans un article de journal ce matin. On dit qu'il y avait retrait des
plaintes dans une cause spécifique qui est présentement sous
procès. C'est absolument faux. Le fonctionnaire en question est un
fonctionnaire de mon ministère. Je n'ai rien à cacher. Il a
erré, un point, c'est tout. Je tiens à le corriger publiquement
pour permettre à l'ensemble de la presse qui a suivi les débats
ici d'avoir la même information. Je ne suis pas de ceux qui favorisent un
au détriment des autres. Je peux vous dire une chose, c'est qu'il n'y a
aucune plainte de retirée. Je n'en ai jamais entendu parler. Il n'en est
pas question et plus encore, je déposerai à la presse une lettre
du 26 mai qui dit textuellement ceci: "Suite à la lecture du rapport et
des recommandations, je n'ai rien à ajouter, ni au rapport, ni aux
recommandations et je demande de faire diligence dans le dossier." Ce sera
rendu public si mon attaché politique veut le donner à la presse,
pour démontrer que je n'ai rien à cacher ni à couvrir
personne. Je ne ferai pas de fausse bataille non plus sous le couvert d'une loi
pour essayer de mêler les choses. Chaque chose en son temps.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull, un mot pour terminer?
M. Rocheleau: J'aurais tout simplement une réflexion, M.
le Président. Le député de Bourassa a mentionné
à quelques reprises mes collègues qui étaient intervenus
à l'occasion de la commission sur le saccage de la Baie-James. Je
voudrais tout simplement mentionner, M. le Président, que M.
Laliberté a beaucoup plus de facilité de parole que M.
Laliberté, le président de la Société
d'énergie de la Baie-James. En tout cas, peut-être que le
gouvernement ou que le ministre n'aime pas entendre tout ce qu'il a entendu
aujourd'hui, mais il a plus de facilité à tirer les paroles de la
bouche de M. Laliberté de la faune...
M. Chevrette: Vous êtes déjà à la
rescousse d'un supposé poulain? Ah! Ah!
M. Rocheleau: Ne vous en faites pas. M. Chevrette: C'est
grave.
M. Laliberté: Je dirai au ministre que je n'ai pas besoin
de conseils sur mon plan de carrière.
M. Chevrette: Merci, monsieur. Ce n'est pas à moi que vous
répondez.
M. Laliberté: Je réponds au ministre.
Le Président (M. Brouillet): Chacun a pu s'exprimer
librement.
M. Houde: II nous reste à vous remercier de nous avoir
présenté ce volumineux mémoire.
M. Laliberté: Je remercie les membres de la
commission.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie les
représentants de la Fédération de la faune.
Il nous reste maintenant à entendre un dernier groupe
aujourd'hui. C'est la Fédération québécoise des
gestionnaires de ZEC. Il est 16 h 15. Nous avons fixé la limite à
18 heures. Je pense bien que nous avons suffisamment de temps pour terminer
dans les délais prévus. J'inviterais le porte-parole à
s'identifier et à nous présenter ses collègues.
Fédération québécoise des
gestionnaires de ZEC
M. Lemieux (Guy): Guy Lemieux, président de la
Fédération québécoise des gestionnaires de ZEC.
Avec moi, il y a M. Bernard Lajeunesse, un directeur de la
fédération, et M. Arthur Lavoie, qui en est le
vice-président. (16 h 15)
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, nous tenons d'abord à vous remercier d'avoir tenu parole, M.
le ministre, de nous donner la possibilité de nous exprimer à
nouveau devant cette commission. Nous aimerions de plus vous faire une mise au
point à ce moment-ci pour vous assurer que ce n'est pas notre intention
ou l'intention de la fédération de faire de la politique à
court ou à moyen terme pour faire valoir nos droits. Nous tenterons
plutôt de faire valoir nos points de vue par la valeur de nos arguments
et leur importance. Notre intervention aujourd'hui se veut dans le prolongement
du mémoire présenté par la Fédération
québécoise des SACERF d'alors. C'est dans ce prolongement que
notre intervention se veut aujourd'hui. Le peu de temps qui nous a
été imparti pour réagir, le fait, de plus, que la
Fédération québécoise des gestionnaires de ZEC ait
terminé dernièrement son organisation ne nous ont pas permis de
préparer un volumineux document. Nous réagirons sur des
éléments factuels que nous a suggérés la lecture du
projet de loi 9 et, afin de rester dans cette continuité du premier
mémoire présenté, le vice-président, M. Lavoie, qui
avait alors présenté ledit mémoire, va aujourd'hui vous
présenter les points qu'il nous a semblé intéressant de
soulever. M. Lavoie.
M. Lavoie (Arthur): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, tel que M. le président Lemieux vient de vous
le mentionner, nous avions d'abord rédigé un premier document de
quatre ou cinq pages, que vous avez. Malheureusement, nous ne commençons
pas par lui. On va un peu vous décevoir, mais cela va être un peu
plus chronologique, en ce sens que nous avons fait, depuis, des
réunions. Avec le peu d'argent que nous avions, nous avons
profité du moment où nous étions ici à
Québec pour le faire, la nuit, le jour, peu importe. Cela s'est
terminé tard cette nuit. De toute façon, on est là et on
est bien content d'être là. Nous allons commencer assez
rapidement. Ce ne sera pas très long. Les parties de notes qui
manqueront seront faciles à prendre pour ceux qui daigneront suivre les
débats. S'il y a des questions, vous pourrez toujours m'interrompre. Je
n'irai pas très vite. J'ai une formation d'ancien professeur et,
même s'il faut répéter, je suis prêt. Il n'y a aucun
problème et j'espère surtout ne pas mentir!
Des voix: Ah! Ah!
M. Lavoie: Au tout début, nous nous posons une question
sur la pertinence d'ajouter aux mots "Loi sur la conservation" les mots "et la
mise en valeur de la faune". Là-dessus, je vous avoue que nous trouvons
que c'est une conception théorique qui n'était pas
nécessaire dans ce cas-là et qui n'est pas évidente. Au
niveau des définitions, si on avance dans le projet de loi, à ce
chapitre, on se demande la raison pour laquelle il y a peu de
définitions en comparaison avec la loi qui nous régit
actuellement. Il y a peu de définitions et on retrouve de
l'imprécision dans certaines. Nous aurions aimé - et nous croyons
que ce serait normal - trouver au début d'une loi comme celle-ci les
définitions suivantes qui sont primordiales pour nous comme "ZEC", zone
d'exploitation contrôlée, le mot "étui" -on en reparlera
plus loin - le mot "nuit" -cela peut paraître drôle, mais c'est
intéressant la nuit - les mots "piège", "projecteur", "une arme",
"domanial" - je vous en cite, vous allez voir - "arme à feu
chargée" et le mot "habitation". Dans le mot "habitation", notre
désir serait de restreindre ce mot à l'habitation principale. On
va voir dans un article que l'habitation comprend non seulement l'habitation
principale dans le projet de loi, mais une habitation temporaire. Alors, nous,
nous voudrions la limiter à la principale.
Autre précision que nous aimerions avoir sur le mot "chasser",
c'est que, à notre
avis - là, nous revenons sur la présomption dont nous
parlions au mois de novembre et c'est encore basé sur le vécu que
nous faisons en forêt de par nos auxiliaires et par nous-mêmes -
nous voudrions que cette définition du mot "chasser" soit
complétée pour faire en sorte que la personne en possession d'une
arme en forêt soit présumée faire l'action de chasser,
à moins, évidemment, que cette arme soit dans un étui;
tout cela est basé sur l'expérience. De plus, vous savez qu'il y
a des personnes qui abattent du gibier, même sans fusil; exemple: le
chevreuil. Nous aurions cru normal que ces personnes soient également
considérées comme faisant l'action de chasser, parce que, dans
les faits, c'est de la chasse. Cela va pour les définitions.
En ce qui concerne l'administration, à l'article 5.3, on dit en
résumé que les agents de conservation peuvent intervenir en vertu
de la Loi sur l'environnement. À ce moment-là, ce que nous
demandons, c'est que l'amende réclamée soit l'amende du
ministère de l'Environnement, parce qu'elle est plus
élevée, même si c'est un agent du MLCP qui dresse la
contravention.
À l'article 15, conformément à la définition
que nous avons demandée au sujet de l'habitation, nous aimerions que les
mots "maison d'habitation" deviennent "habitation principale", parce que, cinq
ligne plus bas, on dit que le mot "habitation" c'est une résidence
principale, mais aussi une temporaire. Pour nous, cela devrait se limiter
à l'habitation principale, parce que cela permettrait aux agents et aux
auxiliaires d'aller faire des perquisitions dans toute autre habitation que
celle-là. C'est très important.
Les auxiliaires: une fleur. La fédération est satisfaite
des précisions apportées au rôle...
M. Chevrette: Voulez-vous répéter la
dernière partie, s'il vous plaît?
M. Laliberté: Oui, répéter?
C'est-à-dire que, au sujet de l'habitation principale - je pense
à l'article 15 - il s'agirait de remplacer les mots "maison
d'habitation" par "habitation principale", toujours en tenant compte du fait
qu'on l'a incluse dans la définition et qu'on l'a limitée
à ce que nous avons proposé tout à l'heure. Cela
permettrait à un agent de conservation ou à un auxiliaire de la
conservation, sans mandat, d'entrer et de perquisitionner dans une maison
d'habitation. D'accord?
La fédération, pour ce qui est des auxiliaires, est
satisfaite des précisions apportées au rôle des
auxiliaires. Il ne fait aucun doute que cela va clarifier les rôles qui,
souvent, se chevauchaient et étaient difficiles à discerner.
Toutefois, nous croyons que l'auxiliaire devrait avoir le pouvoir de retenir
sur place un ou des contrevenants, en attendant les agents de conservation.
Pourquoi? C'est parce que l'agent auxiliaire n'a le droit de saisir que le
gibier, alors que s'il pouvait retenir les personnes, il retiendrait, en
même temps, les preuves à conviction telles que les filets, les
armes qui ont servi à faire du braconnage. C'est quelque chose de
pratique et d'utile dans l'immédiat. Cela va? Voulez-vous que je
répète? D'accord, on continue. Tantôt, vous allez passer un
examen!
Aussi, compte tenu des restrictions budgétaires, nous croyons -
c'est une suggestion, cela fera peut-être partie de la
réglementation, peu importe - qu'il serait dans les principes d'une
saine gestion qu'un auxiliaire puisse patrouiller ou travailler dans le
même véhicule qu'un agent de conservation et le contraire est
aussi valable. À ce moment-là, on y gagnerait en
expérience en apprentissage des deux côtés, je crois. C'est
ce que nous demandons.
À l'article 51 et suivants, là on ne parle plus d'arme
dans un étui, du moins dans les fouilles qu'on a faites dans les
quelques nuits, on ne les a pas trouvées, peut-être est-ce parce
que la définition de "nuit" n'était pas là. En tout cas,
on ne les a pas trouvés; on ne parle plus d'arme dans un étui
comme on en parlait autrefois.
M. Chevrette: Mais vous avez trouvé le mot "jour".
M. Lavoie: Jour...
M. Chevrette: Si vous réglementez la journée, vous
ne pensez pas que la nuit en découle automatiquement.
M. Lavoie: Par effet contraire, oui. Mais à la chasse, la
nuit est beaucoup plus intéressante pour les braconniers que le
jour.
M. Chevrette: Au "Jack".
M. Lavoie: Donc, si le ministre rétablissait cette notion
d'arme dans l'étui, on demanderait que les auxiliaires en exercice sur
les territoires de la ZEC soient exclus, soient exemptés de cette
réglementation d'avoir l'arme dans l'étui pour raison de
sécurité et même d'autodéfense, parce que ce n'est
pas toujours facile. Est-ce que vous avez bien saisi? La notion d'étui
semble disparue, mais si cela revenait, on demanderait que nos auxiliaires,
comme moyen de protection ou de sécurité, ne soient pas tenus
à avoir leur 22 ou leur arme - ce ne sont jamais des pistolets
évidemment - dans l'étui. C'est encore une chose qui nous est
donnée par le vécu, par l'expérience qu'on vit tous les
jours.
A l'article 52...
M. Chevrette: Est-ce à dire - j'ai une petite question -
que vos auxiliaires avaient leurs armes dans les étuis
présentement? Si c'est cela, je ne vois pas dans quelle loi
c'était.
M. Lavoie: Dans le moment, non. Les auxiliaires en
général n'ont pas d'arme. Maintenant, on pourra peut-être
ajouter un petit commentaire, M. Lajeunesse?
M. Lajeunesse (Bernard): On n'a pas, en vertu de la Loi de la
Sûreté du Québec - je ne sais pas le nom - l'autorisation
d'avoir des armes restreintes. Il est bien sûr que par les temps qui
courent, de plus en plus, lorsqu'on patrouille seul et qu'on regarde la
Sûreté du Québec, les agents de conservation ou tout autre
corps intervenant pour faire respecter les lois, ils travaillent deux par deux,
la nuit. Nous, bénévolement, qui faisons appliquer la Loi sur la
conservation de la faune, bien souvent compte tenu de nos budgets, on est
limité à marcher seul la nuit. On a à faire face à
des individus de tout calibre: des gars gentils, d'autres moins gentils. Et tu
es pris seul en pleine forêt. Bien souvent, la plupart des auxiliaires
dans tout le Québec n'ont aucun moyen de communication quelconque. S'il
se passe quelque chose, ils n'ont aucun moyen de se défendre.
Dans le cas cité, comme Arthur le mentionne, si le ministre veut
remettre l'obligation de porter, à l'intérieur du
véhicule, l'arme à feu dans un étui, on voudrait qu'une
clause soit inscrite dans la loi pour protéger tous les auxiliaires dans
la province de Québec qui font un travail bénévole
à savoir qu'ils pourraient, la nuit, dans l'exercice de leurs fonctions,
dans leur territoire attitré, être exempts de cette partie de la
loi. Cela ne voudrait pas dire non plus que l'arme devrait être
chargée. Non. Non chargée, mais au moins prête à
prendre rapidement en cas de besoin.
On pourra peut-être préciser tantôt si M. le ministre
le désire.
M. Lavoie: Est-ce que c'est clair? Alors, on continue.
Article 52. On trouve que cet article est moins précis,
même s'il est jumelé au numéro 27 qui dit que nul ne peut
pourchasser, mutiler etc. volontairement un animal. Nous le trouvons beaucoup
moins précis que l'article 30 de la loi qui nous régit
actuellement. Voici pourquoi. Nous n'y retrouvons plus la permission de tirer
d'une embarcation motorisée arrêtée, dont le moteur ne
fonctionne plus. On pose la question: est-ce à dire que cette
autorisation est implicite dans la nouvelle loi? Alors, dans l'article 52, on
ne retrouve plus, même avec l'article 27, comme on trouvait autrefois,
l'autorisation de tirer d'une embarcation motorisée
arrêtée. Est-ce à dire que c'est implicite, que cela va de
soi dans la nouvelle loi? Je pose la question. Peut-être qu'on y
reviendra tantôt. On remarque également qu'on a enlevé la
notion d'alcool et de drogue qui existait dans l'ancienne. Ce n'est pas plus
drôle de voir quelqu'un en boisson, avec un fusil qu'avec une voiture.
C'est quelquefois plus dangereux surtout dans le temps de la chasse à
l'orignal. (16 h 30)
On a également enlevé la présomption, la nuit.
Quelqu'un qui est sur un territoire de chasse avec une arme chargée et
un réflecteur, la nuit, nous demandons qu'il soit présumé
faire la fonction de chasser, et nous nous demandons que ce soit
rétabli. D'accord?
Nous voudrions savoir également - c'est une question en tout cas
qu'on pourra laisser - si le dossard sera établi ou aboli ou s'il en
sera question dans la réglementation; on ne le sait pas.
M. Chevrette: Maintenu.
M. Lavoie: Cela va être maintenu. Bon. Est-ce qu'on l'a
étendu au chasseur aux lièvres?
M. Chevrette: Toute chasse.
M. Lavoie: Bon, c'est parce que les chasseurs aux lièvres,
par principe, sont des gens qui sont souvent accroupis à tendre des
collets. S'ils sont habillés en brun c'est très dangereux. C'est
pour cela que dans la loi...
M. Chevrette: Cela dépend, je pense que cela exclut les
trappeurs.
M. Lavoie: Les trappeurs, d'accord.
Une voix: Je pense que cela exclut la chasse à l'arc.
M. Lavoie: D'accord. À l'article 57, nous constatons ceci
sur la notion d'autodéfense qui existait dans l'ancien no 27, C-61 des
lois. Ici on dit qu'une personne ou celle qui lui prête main forte ne
peut tuer ou capturer un animal qui l'attaque ou lui cause du dommage. À
la fin on dit: Lorsqu'elle peut effaroucher cet animal ou l'empêcher de
causer des dégâts. Cela laisse sous-entendre que, si un ours est
pour te manger, il faut que tu essaies de lui faire peur avant de le tuer.
Il m'est arrivé une aventure il y a trois semaines - cela arrive
toujours à moi ces aventures. J'ai été obligé de
tuer un ours parce que mon garçon et ma femme se sont mis à avoir
peur. Je ne suis pas allé dans la porte pour lancer des serviettes. Je
me suis dit: Cet ours a le droit de vivre. Je ne t'en veux plus. La pression
était haute et j'ai tué
l'ours. Je vous avoue que la loi, là, je me la suis passée
où vous pensez.
M. Chevrette: Je pourrais peut-être vous dire pourquoi
c'est là. Cela réfère à la région de Hull
où le gars a tiré sur un chevreuil parce qu'il était dans
ses pommiers, ou des chevreuils parce qu'ils étaient dans ses pommiers.
Ce n'est pas tout à fait la même chose. Bien sûr si on parle
de l'ours.
M. Rocheleau: II y en avait plusieurs.
M. Chevrette: II y en avait plusieurs. "Les gars d'Hull":
M. Lavoie: C'est évident, la loi telle qu'elle est
écrite là, à la limite permet de le tuer. Je pense que
lorsqu'on est pris devant un ours on n'a pas le temps d'aller questionner le
chef des agents de conservation.
M. Chevrette: II n'y a pas de misère à faire la
preuve dans un cas comme ça. C'est plutôt pour éviter les
abus comme celui dont je vous parle.
M. Lavoie: D'accord. Nous pouvons maintenant toucher un peu le
petit mémoire que nous avions envoyé et qui renferme surtout nos
commentaires et recommandations. Entre autres, l'article 59, où on dit:
Toutefois le gouvernement peut, par règlement, autoriser une personne
à vendre, à acheter ou à offrir d'acheter de la chair
d'animal ou de poisson. Après que tous les groupements se soient
prononcés contre la commercialisation de l'ombe de fontaine, comment se
fait-il que le gouvernement se réserve le droit d'autoriser une personne
à en vendre? C'est la question qu'on vous pose. Vous pouvez
préparer votre réponse et y répondre.
M. Chevrette: Elle est prête.
M. Lavoie: J'imagine. Section III, les zones d'exploitation
contrôlée, un secteur qui nous préoccupe évidemment
au plus haut point. Nous y voyons à l'article 85 que le ministre peut,
par protocole d'entente, confier à un organisme la totalité ou
une partie de la gestion d'une zone d'exploitation contrôlée.
Jusque-là cela va bien. Ce qui nous chicote un peu, c'est qu'aux
articles 86 et 87 le ministre peut seul, s'il le juge à propos et aux
conditions qu'il détermine - je prends toujours le texte à la
lettre -procéder à des améliorations ou des constructions
dans une zone d'exploitation contrôlée. Nous aurions cru plus
normal -comme nous l'avions mis dans notre document - de dire que le ministre
peut, dans le respect des conditions déterminées au protocole
d'entente, procéder à des améliorations et à des
constructions. Le déclubage et la gestion de la faune qui a
été donnée à des groupes de citoyens comme nous
tous, c'est au fond pour leur donner aussi un minimum de sérieux et un
minimum de pouvoirs. À ce moment-là, cela nécessite une
concertation, et plus qu'une consultation superficielle ou non superficielle,
on n'entrera pas dans cela. À notre avis, si on parle de protocole
d'entente cela commence à être sérieux. Il faut le signer,
le préparer. D'ailleurs, nous aurons un comité conjoint qui va
justement travailler là-dessus très bientôt. Nous aurions
cru normal, à ce moment-là, qu'il en soit fait mention puisque ce
sont des groupes de citoyens auxquels on confie quand même une charge de
gestion de la faune assez importante. Qu'on le mentionne pour faire encore plus
sérieux.
Toujours à l'article 87, nous aurions aimé ajouter
alinéa inscrit à l'article 96 2°, qui se trouve dans les
parcs et réserves, à la suite de tous les numéros qui y
sont ou en l'intercalant, peu importe. Nous aurions aussi aimé ajouter
que le gouvernement, évidemment en concertation avec l'association
gestionnaire, peut déterminer les conditions de port, de possession ou
de transport d'engins de chasse, de pêche ou de piégeage là
où c'est prohibé. Nous allons vous dire pourquoi: C'est que les
personnes passent au poste d'accueil, souvent avec trois fusils, et nous disent
béatement: Moi, je ne chasse pas. Ou encore, ils passent avec deux
cannes à pêche et nous disent: Moi, je ne pêche pas. Je
viens admirer la nature. Cela éviterait ces choses-là. On
pourrait dire à la personne: Écoute, tu ne chasses pas? D'accord.
Laisse-nous tes trois carabines et tu les reprendras en passant. Il n'y a rien
là. Cela nous permettrait un contrôle qui serait à la fois
peu coûteux et cela nous éviterait d'envoyer des gens sur le
territoire pour vérifier si M. Untel, qui est passé et qui nous a
déclaré qu'il ne chassait pas... J'ai des craintes, etc. À
notre avis, cela pourrait être inclus et cela ferait partie
évidemment des décisions que l'association prendrait quand il
s'agirait de faire sa réglementation interne dans ce qu'on appelle le
décret, qui serait un décret-cadre, mais dans laquelle chaque ZEC
pourrait inscrire un minimum de réglementation. Cela va de ce
côté-là.
On voudrait ajouter également, toujours dans le même
article, le droit de poursuivre en dommages et intérêts - je vais
vous dire pourquoi - par exemple, quand quelqu'un commet une infraction sur une
ZEC. Supposons que le tarif pour la chasse est de 25 $ par jour, pour cinq
jours. Donc, il y a un manque à gagner de 125 $, d'après
l'exemple que je prends. Évidemment, la personne va aller en cour pour
cela et va payer une amende. Mais la ZEC aura toujours perdu son manque
à gagner de
125 $. Nous croyons qu'il y aurait lieu de trouver un mécanisme
pour que nous puissions au moins entrer dans nos frais, non seulement de pertes
de droits de chasse et de pêche nous ont été pratiquement
usurpés, mais aussi entrer dans les frais - cela toucherait au
paragraphe suivant de mon document - que la ZEC doit encourir pour envoyer un
auxiliaire témoigner parfois une journée ou deux. Il y a
là quelque chose de sérieux à prévoir et qui nous
cause préjudice surtout au niveau de l'autofinancement pour toutes les
ZEC et surtout celles qui ont le plus de difficulté à se
financer. Je pense qu'il faudrait apporter une attention particulière
à cela. Est-ce bien expliqué? Jusque-là, j'ai mon
diplôme?
M. Chevrette: Pas de problème. Vous passez à la
tête.
M. Lavoie: Bon. Nous avions aussi demandé dans le document
de novembre 1982, que la moitié des amendes reviennent à la ZEC.
En fait, c'était dans le but de récupérer nos manque
à gagner et nos pertes encourues. D'accord. Cela achève.
Au niveau des pourvoyeurs, nous croyons que ceux-ci devraient avoir le
droit - je ne l'ai pas vu dans la loi - de faire déguster leurs produits
récoltés par les pêcheurs sur place. Je ne l'ai pas vu dans
la loi, mais est-ce que cela existe? On m'a dit non. Oui, c'est possible?
M. Chevrette: Cela se fait en vertu de la nouvelle loi.
M. Lavoie: Ce serait dans la nouvelle loi?
M. Chevrette: Je crois que vous avez posé la question
à l'article 59, tantôt.
M. Lavoie: Article 59.
M. Chevrette: Est-ce possible? "Nul ne peut vendre, acheter ou
offrir d'acheter de la chair d'animal ou de poisson. Toutefois, le gouvernement
peut, par règlement, autoriser une personne à vendre, à
acheter ou à offrir d'acheter la chair d'animal ou de poisson pour les
espèces et selon les normes et conditions qu'il détermine."
M. Lavoie: À ce moment-là est-ce que ce serait dans
votre intention de permettre aux pourvoyeurs de faire déguster?
M. Chevrette: Par exemple, quand on tue un chevreuil on dit: Le
foie, il est bon quand il est chaud. On arrive dans une pourvoirie et on fait
cuire le foie. On est dans l'illégalité dans le contexte de la
loi actuelle. En vertu de ce nouvel article, il est dans notre intention de
permettre de consommer.
M. Lavoie: Est-ce que cela pourrait se faire pour le poisson
aussi?
M. Chevrette: Et vous avez plus que cela, vous avez des gens qui
organisent un repas, par exemple, dans une salle d'école, un apporte du
castor, l'autre du chevreuil, l'autre de l'orignal, l'autre de la
mouchetée et l'autre de la grise; c'est dans un endroit public une
école. Un tel festin gratuit - il n'y a aucune vente - était
quand même considéré comme de l'illégalité,
puisque c'était dans un endroit public. Donc, c'est pour contrer les
situations d'illégalité qui vont de soi et de gros bon sens dans
le fond. On se regroupe une dizaine. C'est trop petit dans la maison chez nous
pour faire toute cette popote, on fait cela dans une salle d'école. Il
me semble que cela ne crée pas de malaise et de préjudice
à personne ni sur la conservation comme telle, ce n'est qu'un endroit
où les gens festoyent dans un endroit public. C'est dans cet esprit que
la loi a été amendée.
M. Lavoie: En ce qui a trait à l'article 104 - je vais
finir avec cela - au niveau des amendes, nous trouvons que l'amende de 50 $
à 200 $ est un peu faible comme amende concernant le poisson. Or, on
demanderait que la ligne de départ soit au moins à 75 $ pour
ajouter un peu plus de sérieux et de panache à ces amendes.
Ce sont les quelques précisions que nous avions à
apporter. Je n'ai pas pu, ce matin, faire mettre au propre ces notes; mais il
me fera plaisir de le faire si c'est nécessaire. Cela va?
M. Chevrette: Avec le journal des Débats on va tout avoir
au propre dès demain.
M. Lavoie: Alors, si vous avez des questions ou des
réponses, allez-y.
M. Chevrette: Oui, j'aurais quelques questions. D'abord, je
voudrais vous féliciter de votre mémoire et vous dire que vous
avez abordé le projet de loi d'une façon constructive. On peut
être d'accord ou pas d'accord, mais au moins c'est un effort de
réflexion et vous apportez le point de vue de vos gens sur ce projet de
loi avec des suggestions dont certaines m'apparaissent déjà
intéressantes. Je pense, par exemple, à la Loi sur la
qualité de l'environnement, vous dites que les amendes ne sont pas
conformes; c'est facilement vérifiable et c'est un amendement qui peut
s'apporter assez facilement lors de l'étude article par article. C'est
une question de concordance et je trouve cela heureux que vous nous le
souligniez parce que c'est à plusieurs qu'on
détecte les petites lacunes du genre.
J'aurais cependant une question, c'est sur l'article 86. Pourquoi
jugez-vous nécessaire de préciser dans la loi que les parties
contractantes doivent respecter le protocole? Quels sont les motifs qui vous
poussent à suggérer cela? Vous ne trouvez pas que c'est
évident et que cela va de soi?
M. Lavoie: C'est justement le problème. Cela
apparaît évident, mais il arrive des cas où vraiment on
aimerait avoir une police d'assurance à cet effet. Vous me direz que
c'est évident à 99% des cas, mais il nous semble que,
conformément à l'esprit de la loi, alors que le gouvernement veut
donner aux citoyens la gestion de la faune, évidemment en concertation
avec le gouvernement - concertation veut dire s'entendre pour réaliser
une chose selon la définition du dictionnaire - à ce
moment-là, c'est une police d'assurance que nous aimerions avoir comme
sérieux, parce que tout à l'heure on va discuter du protocole
peut-être assez longtemps et je pense que cela va devenir des engagements
assez sérieux entre des groupes de citoyens, engagements qui, plus ils
seront sérieux, plus ils engageront les gens, plus ils leur donneront de
l'appartenance et plus ils les rendront responsables de la faune. C'est que
s'il y a des portes ouvertes de ce genre et qu'elles sont prises de temps
à autre, cela démobilise nos citoyens gestionnaires et ils se
sentent moins partie liée au contrat. Remarquez que je me doutais que
vous alliez me dire: C'est dans l'esprit. Oui, c'est dans l'esprit... (16 h
45)
M. Chevrette: Oui, mais vu que vous faites allusion à
cela, je vais vous donner une explication en tout cas. La responsabilité
ultime pour la conservation, selon la loi du ministère, c'est le
ministre. Quand on parle de délégation de pouvoirs,
délégation de gestion et qu'on garde un privilège
d'immobiliser, c'est par exemple dans des réseaux complètement
abandonnés ou délabrés qu'il ne se ferait rien. Vous me
direz: Vous n'avez qu'à faire sauter le protocole et le donner à
d'autre. C'est possible. Mais si on parlait de délégation totale,
tout le chiard pourrait nous mener à des situations aberrantes où
on ne peut rien faire pour corriger des situations. C'est dans cet esprit que
la loi est rédigée pour permettre une intervention par rapport au
pouvoir ultime qu'a le ministre. C'est lui qui a le pouvoir en vertu de la loi
du ministère.
M. Lavoie: On parlait de l'article 86. L'explication est...
M. Chevrette: Ah! D'accord.
M. Lavoie: Est-ce que cela va? Il s'agit surtout
d'amélioration ou de construction dans les zones. Mais lorsqu'on arrive
à l'article 87, on tombe dans toute la mécanique et la
réglementation, le minimum de réglementation qui permet à
une ZEC de bien procéder ou de bien atteindre les fins de son mandat.
À ce moment, est-ce que vous auriez objection à inclure la
proposition qu'on a faite?
M. Chevrette: Vous parlez de l'article 87?
M. Lavoie: Oui, l'article 87 où on disait que...
M. Chevrette: Si on parle de concertation dans la loi, entre vous
et moi, c'est un concept à la fois large et vague. On peut dire que
c'est en concertation avec quelqu'un. Si vous reconnaissez la suprématie
de la décision au ministère ou l'ultime décision au
ministère, les termes les plus appropriés seraient, à mon
avis, après consultation parce que c'est une gestion
déléguée en vertu de la loi. Je comprends que c'est
démobilisant pour un groupe si on arrive et si on pose un geste sans
consultation, surtout si on n'explique pas. Si on consulte, vous avez les pour
et les contre. On vous dit: On est obligé de le faire pour tel et tel
motif. Je ne pense pas que ce soit la même approche. J'ai compris de
votre intervention que vous ne vouliez pas que la ZEC, après avoir
reçu le mandat de se gérer, s'être conformée au plan
de gestion, ait fait approuver ses immobilisations conformément au
protocole etc., se retrouve devant le ministère qui impose
unilatéralement ses volontés dans la ZEC. Si c'est cela, je pense
que... Vous dites dans votre mémoire: "Déterminer les
conditions..." Non, ce n'est pas tout à fait cela.
M. Lavoie: C'est dans le premier paragraphe.
M. Chevrette: Répétez moi dans ce cas - je ne veux
pas vous interpréter inutilement - le vrai sens de ce que vous
voulez.
M. Lavoie: Le vrai sens de...
M. Chevrette: À la page 5 de votre mémoire, en
complément de l'article 87, vous voulez y ajouter une autre dimension.
L'esprit que vous voulez y voir, au-delà des sept réglementations
possibles...
M. Lavoie: Oui.
M. Chevrette: ...vous voudriez en voir ajouter une
huitième.
M. Lavoie: De déterminer...
M. Chevrette: Mais l'esprit, c'est d'être en concertation
avec les gestionnaires.
M. Lavoie: Non. Le gouvernement en concertation avec
l'association mandataire. Autrement dit, en ayant signé un protocole, le
gouvernement devient lié à l'association. Normalement, si tout
est normal, les choses devraient se faire en consultation plus que cela, parce
que la concertation veut dire prendre les moyens ensemble pour arriver à
une fin. Ce n'est pas la définition exacte du Larousse, mais cela
voulait dire cela. C'est pour cela qu'on trouve que cela donnerait de
l'importance à l'association, à son mandat et à son
protocole également, et ajouterait encore une dimension à son
protocole.
M. Chevrette: Par rapport à l'article 87 comme tel,
concrètement, dans le cadre actuel, vos associations sont
consultées régulièrement, je crois, sur les saisons, les
limites de capture de poisson, la cadre de la tarification. Est-ce qu'il y a eu
des problèmes majeurs ou si vous faites allusion à des cas
précis?
M. Lavoie: Du côté de la consultation comme cela:
quotas, consultation, il n'y a pas de problème comme tel, la
consultation se fait. Mais une consultation, c'est une consultation. Elle peut
se faire à différents niveaux de profondeur. Quant à la
concertation, prenons l'article 87 dans son ensemble, s'il y a concertation
entre l'administrateur au régional et l'association gestionnaire, on
décide au début de l'année ce qu'on va mettre dans le
décret personnalisé au fond. Il me semble que là on parle
de concertation. Si on mettait: après consultation avec l'association
mandataire. Si vous pensez que le terme est moins fort, je n'ai pas
d'objection. Au moins là il y aurait une mention qui serait faite qui
aurait égard à l'association mandatée.
M. Chevrette: Vous auriez même plus que cela dans votre
question. Vous me posez la question: Est-ce que vous allez vous rendre à
notre demande? Je ne suis pas sûr. D'autant plus que moi, je pense
qu'avec le voeu que j'avais exprimé et auquel vous vous êtes
rendus de vous constituer une fédération... Il y a des choses qui
vont se décider entre vous et moi autant au niveau de la
fédération que d'une association mandataire. Je pense que c'est
pour le mieux-être de l'ensemble des associations mandataires d'avoir
certaines formes d'uniformité au niveau du réseau. Je pense que
là-dessus - d'ailleurs on a une rencontre officielle ce soir
après cette commission justement pour amorcer le dialogue dans le sens
dont on a parlé le printemps dernier -avant de me prononcer trop vite,
il y a peut-être des choses qu'on délimitera comme champ
d'activité ou champ de compétence entre nous, en termes de
fonctionnement, qui seraient claires. On discutera peut-être à ce
moment-là de façon plus concrète des termes à
utiliser. D'accord?
M. Lemieux: Vous avez fait mention tout à l'heure
qu'à la page 5, en complément de l'article 87, ce qu'on voulait
voir ajouter c'était un élément qui se retrouve à
l'article 96 dans la question des réserves fauniques. À l'article
96, paragraphe 2, on retrouve: déterminer les conditions de port, de
possession ou de transport d'engins de chasse et de pêche. Je pense que
tout à l'heure Arthur l'a bien exprimé, c'est que cela viendrait
limiter les difficultés quant aux gens qui ont...
M. Chevrette: Vous dites: Ce qui est bon pour les réserves
pourrait être bon pour les ZEC.
M. Lemieux: Ce serait sûrement dans le même ordre
d'idées.
M. Chevrette: C'est ce que j'ai cru comprendre. Sauf qu'une
réserve faunique par rapport à une ZEC vous avez le
problème des villégiateurs que n'ont pas les réserves
fauniques. Il faudrait au moins en discuter passablement. C'est surtout cela
qui cloche.
M. Lemieux: Tout au moins, M. le ministre, permettez-moi de vous
suggérer qu'il y ait des modalités d'approche qui pourraient
faire en sorte de diminuer les difficultés que nous rencontrons. Il faut
comprendre les frustrations - là il ne faut pas en faire un plat - des
gens qui sont à l'accueil et qui doivent quotidiennement faire face
à, souvent, le très petit nombre d'utilisateurs des zones
d'exploitation contrôlée. C'est ce petit nombre qui, en bon
canadien-français, écoeure le peuple dans la gestion quotidienne.
C'est dans ce sens-là.
M. Chevrette: Je vais le regarder sérieusement.
M. Lemieux: Est-ce qu'il y aurait d'autres questions? Est-ce que
M. le ministre aurait quelque chose à dire?
M. Lajeunesse: Oui, au niveau de ce dont mes collègues
viennent de parler, beaucoup de personnes, depuis ce matin, ont parlé de
pouvoirs qui vous étaient donnés en vertu de la loi.
En ce qui me concerne personnellement, et notre organisme, on est
d'accord que vous ayez des pouvoirs. Je trouverais aberrant que chaque fois que
vous faites un règlement vous soyez obligé d'aller à
l'Assemblée nationale, comme nous autres gestionnaires de ZEC à
chaque fois qu'on veut poser un
geste administratif on soit obligé d'aller à nos
assemblées annuelles. Tout conseil municipal ne va pas, non plus, chaque
fois consulter ses commettants pour poser des gestes au niveau de la
gestion.
Il y a l'article 81.2 de la loi de la conservation qui nous régit
actuellement, le chapitre 61. C'est qu'antérieurement vous aviez le
pouvoir, le ministre avait le pouvoir, en vertu de l'alinéa b) de 81.2,
de prohiber complètement ou partiellement le port, le transport, la
possession d'engins de chasse et d'agrès de pêche. Je me demande
pourquoi; personne ne vous demande de l'enlever et vous ne le mettez pas dans
votre nouvelle loi. On vous dit: Mettez-le. Vous l'aviez, gardez-le. Si un
jour, vous ou vos successeurs avez à vous en servir, vous l'aurez.
Personne ne vous a dit d'enlever cela. Là, on voit qu'il a
été enlevé au niveau des ZEC. Pour les ZEC, on ne
connaît pas l'avenir. Alors, mieux vaut prévenir que
guérir. Il était dans le chapitre 61 et on ne voit pas pourquoi
il ne serait pas dans le projet de loi 9.
M. Chevrette: Je vais regarder cela sérieusement.
M. Lajeunesse: Dans le même ordre d'idées, si mes
collègues me le permettent, à l'article 81.2 c), vous aviez aussi
le pouvoir de "fixer les conditions auxquelles doit se conformer une personne
qui, pour des fins récréatives, accède, séjourne ou
circule dans ces zones ou réserves ou s'y livre à une
activité quelconque ainsi que les droits qu'elle doit payer;". Je
m'aperçois que, dans le projet de loi 9, vous avez omis le mot
"séjourne". Encore là, je ne vois pas pourquoi vous limitez votre
pouvoir de réglementation. Puisqu'il était là
précédemment, laissez-le. On a des gens qui séjournent
dans les ZEC. On a des gens qui circulent dans les ZEC et on a des gens qui
accèdent aux ZEC. D'ailleurs, on en a parlé
antérieurement. Sûrement qu'on en reparlera prochainement. On ne
sera pas ici pour vous en enlever, mais on va essayer de vous en donner.
M. Chevrette: Je vais regarder cela parce que je pense que toute
la discussion, quant à la rédaction du projet de loi, s'est
toujours faite en disant que c'est de la villégiature. Ce n'est pas tout
à fait comme dans une réserve faunique où il n'y a pas
d'habitation. Cela a été perçu comme une question de
protection du villégiateur, à toutes fins utiles. Quand
même, je vais le regarder parce que votre argument a du poids. En
d'autres mots, il n'y avait pas d'arrière-pensée mesquine dans
tout cela. Purement et simplement. Votre argument est valable et nous allons le
regarder de nouveau.
M. Lajeunesse: Je n'ai jamais douté qu'il y avait quelque
chose de mesquin. Tout simplement, lorsqu'on a lu ce qui nous concerne à
l'article 81.2 et le nouvel article qui viendra s'ajouter lorsque la loi sera
adoptée...
M. Chevrette: D'accord.
M. Lajeunesse: C'est limité à moins de choses qu'on
avait précédemment et on vous demande de le remettre tel que
c'était, si c'est possible.
M. Chevrette: D'accord.
M. Lemieux: Serait-il possible, M. le ministre, que, par vos
propos à M. Lajeunesse en lui disant que ses propos ont du poids, par
rapport à l'allusion qu'on faisait ce matin, qu'il y ait des ministres
moins pesants que d'autres, que ce soit une question de gabarit ou de...?
M. Chevrette: Non. Le poids de tout intervenant, à mon
avis, est souvent dans la mesure de ses propos et dans le rationnel de son
argumentation et dans la cohérence de ses déclarations.
M. Lajeunesse: M. le Président, si vous me permettez de
répondre quelque chose et de statuer sur certains faits ou
déclarations du ministre. J'ai eu l'occasion de lire le journal des
Débats, lors de la commission parlementaire sur l'étude des
crédits de votre ministère. Il y a un paragraphe où je me
suis senti visé, sans me nommer, parce que, probablement, vous ne le
vouliez pas. On a même mentionné le nom de la ZEC que je
représente, à savoir, d'abord, que je ne suis pas
président de la ZEC Lavigne, tel que stipulé au journal des
Débats.
M. Chevrette: II ne s'agissait pas de vous, dans ce
cas-là.
M. Lajeunesse: Je ne suis que le
secrétaire-trésorier. À une allusion que vous avez faite
tantôt, à savoir que j'étais une des personnes, au moment
du déclubage... Il est vrai que j'ai été une des personnes
à avoir pris la parole à plusieurs occasions sur la place
publique...
M. Chevrette: Devant moi...
M. Lajeunesse: Devant vous, M. le ministre, le 3 mai 1979,
à l'Auberge des gouverneurs...
M. Chevrette: Soirée mémorable.
M. Lajeunesse: On s'en souvient. Je voudrais bien faire
comprendre que je n'étais pas contre le déclubage. J'étais
contre la manière dont le gouvernement s'est pris pour
le faire. Aujourd'hui, on approche quasiment la réalité
à la raison de ce qu'on donnait dans ce temps-là. C'est pour
cette raison, comme vous l'avez mentionné tantôt à cette
assemblée, que je me suis impliqué personnellement. D'autres
aussi, comme mon ami Arthur et bien d'autres qui sont maintenant partis parce
qu'ils étaient rendus à bout de forces. Mais nous, nous
continuons pour en arriver à faire quelque chose de valable avec tout
cela. Mais, dans le temps, si on avait écouté les Jean-Pierre
Beaulieu, les Doucet, les Lavoie, les Lajeunesse, les Hapin et j'en passe -
vous me pemettrez d'en passer - on n'en serait peut-être pas venu, au
moment où le déclubage s'est produit, pour les deux
premières années -vous m'excuserez, M. le Président, de
l'expression - au bordel qu'on a eu pendant ces deux premières
années. Maintenant, cela se stabilise. Aussi, cela se stabilise parce
qu'on peut dialoguer; chose assez difficile au début. Au moins, je
remercie le ministre de nous rencontrer pour discuter et pouvoir, à
partir de maintenant, avoir des comités de travail avec les
fonctionnaires et avec vous pour être capables de se faire entendre, de
se faire comprendre, pas pour nous-mêmes, mais pour la faune et les
citoyens qui vont dans ces territoires. (17 heures)
M. Lemieux: ...également, M. le Président. Nos
éléments sont peut-être à brûle-pourpoint,
parce qu'on réagit aussi aux propos qui ont été tenus par
les deux groupes qui sont intervenus avant nous. J'aurais quelques questions en
ce qui a trait à la démarche des pourvoiries ce matin.
Après avoir revu le texte, il ne nous a pas semblé très
clair quant à la possibilité qu'aurait un pourvoyeur de charger
une tarification à des utilisateurs d'une ZEC qui auraient à
traverser, à l'intérieur de la ZEC, une pourvoirie. Est-ce que
c'est dans le domaine des possibilités, de par le projet de loi 9
actuellement?
M. Chevrette: Là-dessus, je vous avoue que, à venir
jusqu'à maintenant, on a toujours favorisé, au ministère,
des ententes entre les groupes. Ce n'est pas dans la loi que vous retrouvez la
solution non plus, ce sera dans une réglementation. D'ailleurs, on va en
parler avec la fédération, parce qu'il n'y a quand même pas
tellement de cas litigieux. Cela se retrouve à deux, trois ou quatre
endroits. Je pense qu'on pourrait facilement, au lieu de faire une
réglementation "at large", en arriver à une entente entre le
ministère et la fédération et qu'on puisse inciter les
associations et les pourvoiries à adopter telle mesure, de sorte
qu'à trois: pourvoyeurs, gestionnaires de ZEC et nous, nous soyons
capables de trouver une solution à cela, pour ne pas faire un plat
épouvantable pour trois ou quatre endroits bien identifiés. Je
pense qu'on est capable de faire preuve d'imagination sans s'enligner sur une
réglementation encore peut-être complexe et exigeant des
décrets. S'il y a une entente qu'on annexe au protocole, ce serait
peut-être plus simple. Moi, en tout cas, je favorise cette
méthode.
M. Lemieux: Ce doit être dans un des nombreux pouvoirs
discrétionnaires du ministre que cela se retrouve.
M. Chevrette: Celui-là, je le trouve pas pire. D'amener
les gens à mettre de l'eau dans leur vin et, tous ensemble, de trouver
une solution, si c'est de la discrétion, je suis convaincu que
même l'Opposition serait d'accord.
M. Lemieux: Une autre question. En vertu de quel article - parce
qu'on ne l'a pas retrouvé de façon très évidente -
un utilisateur serait tenu de s'enregistrer ou d'enregistrer son gibier?
M. Chevrette: Dans les pourvoiries? M. Lemieux: Dans les
ZEC.
M. Chevrette: Dans les ZEC, l'enregistrement du gibier. Est-ce
que vous faites référence à un article précis?
M. Lemieux: On cherche justement l'article, c'est ce qu'on ne
trouvait pas de façon précise.
M. Chevrette: C'est 87.2, page 20 de la loi: "déterminer
les modalités d'enregistrement auxquelles doit se conformer une personne
qui, pour des fins récréatives, accède ou séjourne
sur le territoire ou s'y livre à une activité quelconque et le
montant maximum des droits exigibles pour la pratique de ces
activités."
M. Lemieux: Oui.
M. Chevrette: Mais on ne parle pas du gibier ici, on parle
d'enregistrement des personnes pour fins de récréation; vous avez
raison.
M. Lemieux: C'est cela.
M. Chevrette: Ce n'est pas du tout la même chose.
M. Lemieux: Mais pour le gibier proprement dit...
M. Chevrette: II n'y a rien de prévu.
M. Lemieux: II n'y a rien de prévu? Mais vous comprendrez
que cela peut causer certains...
M. Chevrette: Mais vous ne pensez pas que le fait d'avoir une
tarification précise, votre droit de chasse et votre droit de
pêche est précis dans la réglementation? On l'approuve avec
différents...
M. Lajeunesse: Le droit de payer est précis, mais...
M. Chevrette: Oui, c'est le droit d'enregistrement du gibier ou
la façon d'enregistrer...
M. Lemieux: C'est l'obligation d'enregistrer du gibier, parce que
si on a à administrer un territoire faunique, il faut encore savoir quel
genre de récolte on peut y faire et quel genre de récolte il s'y
fait, à partir de quoi on pourra réagir.
M. Chevrette: À l'alinéa 1, on trouve votre
réponse: "Déterminer...
M. Lemieux: II faut forcer beaucoup parce qu'on a tenté de
forcer toute la nuit et on n'a pas trouvé.
M. Chevrette: Non, on va le lire ensemble: "Déterminer les
conditions auxquelles les activités de chasse, de pêche et de
piégeage sont permises et également les droits maximums
exigibles..." De sorte qu'on peut fixer des conditions d'enregistrement.
D'accord? L'article nous le permet, il n'y a même pas trop
d'élasticité: des conditions il peut y en avoir 40 comme il peut
y en avoir deux. On mettra celles-là.
M. Lajeunesse: M. le ministre, à l'article 58, chaptire 61
de la loi actuelle, le bail confère au locataire le droit de poursuivre
en son propre nom toute personne qui contrevient, sur le territoire faisant
l'objet d'un bail, à une disposition de la présente loi ou des
règlements. Le locataire peut aussi réclamer des dommages de
cette personne, s'il y a lieu. Ce matin, j'entendais l'exposé des
pourvoyeurs. J'ai parlé avec Me Rouleau, M. Chassé et Mme Farrar
à savoir comment il se faisait qu'on avait omis de vous parler de cet
article leur permettant à eux, les pourvoyeurs, de poursuivre un
individu qui violait la Loi sur la conservation de la faune sur leur territoire
et de réclamer des dommages et intérêts. Compte tenu qu'ils
ont témoigné, probablement qu'ils peuvent refaire leurs
revendications, mais selon ce que j'ai discuté avec eux, ils m'ont
demandé de remettre cela sur le tapis, de vous pencher sur cet article
58 du chapitre 61. Par la même...
M. Chevrette: II y a au moins deux groupes qui se
complètent.
M. Lajeunesse: Oui, cela arrive.
M. Chevrette: Je vais vous répondre tout de suite.
M. Lajeunesse: Par la même... Attendez une minute, M. le
ministre.
M. Chevrette: Ah! Vous n'avez pas terminé.
M. Lajeunesse: Par la même occasion, nous, les associations
gestionnaires des ZEC, vous l'avons demandé précédemment,
au mois de novembre, lors de la première commission parlementaire, et
nous vous réitérons la demande aujourd'hui. C'est qu'à
l'article 87, soit inclus dans les pouvoirs du ministre le droit d'autoriser
une association gestionnaire à poursuivre en son nom toute personne qui
contrevient à la loi ou aux règlements et de réclamer des
dommages et intérêts, ce qui fait suite à l'exposé
de M. Lavoie tantôt quand il a pris l'exemple des 25 $ par jour. On a des
pertes à ce niveau. Les amendes qui sont perçues vont au fonds
consolidé, c'est bien sûr. On ne peut pas retirer 50% des amendes,
que je sache. Si on veut au moins récupérer notre dû,
auquel on a droit en vertu de la loi. Un citoyen qui vient à la
pêche ou à la chasse doit payer. Si le gars chasse pendant dix
jours chez nous et qu'on le prend en infraction, s'il a tué un gibier,
qu'il soit poursuivi, j'en conviens, mais qu'on puisse réclamer le
montant qui nous est dû. Je pense que ce serait facile et pas trop
discrétionnaire d'inclure cet article tant pour les pourvoyeurs que pour
les associations mandataires.
Cela ne veut pas dire que si l'association ne veut pas - je vous donne
un exemple d'une association peut-être plus petite qu'une autre - pour
des raisons pécuniaires, récolter son dû, elle pourra
toujours continuer avec les agents de conservation, avec les rapports
d'événements, soumettre cela à votre ministère,
à votre contentieux et, à partir de là, le processus
actuel qui fonctionne actuellement. Mais il se pourrait qu'à l'occasion,
des associations pourraient poursuivre pour réclamer des dûs qui
seraient peut-être considérables. C'est bien sûr qu'un
dû de 10 $ n'entraînera pas une poursuite en cour pour en
dépenser 200 $ ou 300 $ pour aller chercher seulement 10 $. Mais
peut-être qu'on pourra dépenser pour aller chercher une couple
d'individus qui chasseraient depuis quelques jours, à 25 $ par jour. Il
serait peut-être intéressant d'aller chercher notre dû au
prix que nous coûte l'administration d'une ZEC aujourd'hui.
M. Chevrette: Actuellement, via vos auxiliaires, si vous envoyez
la plainte au contentieux, nous pouvons porter une plainte pour et en votre
nom.
M. Lajeunesse: Oui, vous prenez des poursuites, j'en conviens.
Soit dit en passant...
M. Chevrette: Ce que vous me dites -je veux bien comprendre avant
que vous répondiez - si vous poursuivez un gars qui n'a pas payé
ses 25 $ par jour pendant deux jours, vous avez perdu 50 $.
M. Lajeunesse: Oui.
M. Chevrette: Nous poursuivons, on récupère les 50
$. Cela va au fonds consolidé et non pas à vous.
M. Lajeunesse: C'est cela.
M. Chevrette: Et vous nous dites que cela n'a pas d'allure.
M. Lajeunesse: S'il était dit dans l'article de la loi que
le ministère ou l'organisme peut réclamer des dommages et
intérêts, comme c'est dit à l'article 58 du chapitre 61,
à partir de là, on aurait le droit ou le ministère aurait
le droit de réclamer notre dû pour nous. C'est à ce sujet
qu'on voudrait que vous, fonctionnaires, vous penchiez là-dessus si
c'est possible.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, les pourvoyeurs
n'étaient pas d'accord. C'est à l'article 58...
M. Lajeunesse: C'est à dire que les pourvoyeurs,
après avoir parlé avec eux, Me Rouleau après son
exposé de ce matin, je lui ai fait part qu'il avait oublié de
parler de cela, peut-être qu'il avait trop à parler d'autre chose.
Des oublis, cela arrive à tout le monde, personne n'est infaillible. Je
lui ai fait part de cela, en disant: Comment se fait-il que vous ayiez
laissé passer cela et nous voulons en parler? Est-ce qu'il y a une
raison? Vu que c'est un avocat, je me suis dit: il va me renseigner. Il a dit:
C'est vrai mais on peut toujours y aller par d'autres formes de loi et c'est
plus complexe. Il a dit: Ce serait peut-être intéressant si,
à votre tour, vous interveniez pour demander à la commission de
remettre cet article de loi. Actuellement au chapitre 58, elle s'applique pour
les pourvoyeurs. Nous vous demandons de l'ajouter aussi aux articles 84 et 87
pour les associations gestionnaires à moins que votre ministère
ou vous-même soyez d'accord que, lorsque vous prenez des poursuites
contre des individus, vous réclamiez pour nous les
dommages-intérêts. Je n'ai pas d'objection.
M. Chevrette: Ce que vous dites, en fait, ce n'est pas en dehors
de la demi-amende que vous demandez non plus. C'est un tout
relié.
M. Lajeunesse: La demi-amende oubliez-la, M. le ministre. Ce
n'est peut-être pas une erreur, mais c'est dû à notre manque
d'expérience; on n'a peut-être pas tous des talents d'avocat ou
encore de personnes excessivement calées; alors on allait
là-dessus. Après information, après lecture de la loi qui
nous régit actuellement, la nouvelle qui s'en vient, on ne voit pas
pourquoi les pourvoyeurs et les associations gestionnaires de ZEC, nous
n'aurions pas cette clause-là en dommages-intérêts. Chose
qui n'existe pas pour nous actuellement.
M. Chevrette: Vous pourriez, sur le plan administratif,
peut-être demander une clause qui comporterait moins de dangers. Cela
comporte des dangers de laisser le pouvoir, pour bien des raisons. Je ne parle
pas nécessairement de vous. Dès que tu donnes un pouvoir de
poursuite sans sélection d'un contentieux, cela peut devenir une
prolifération pour fins d'autofinancement. À partir de là,
il m'apparaît qu'il y a peut-être des moyens administratifs de
régler cela via le MLCP, d'autant plus que ce n'est pas le même
ministère qui poursuit même si c'est notre contentieux qui
dépose; c'est le ministère de la Justice. Je ne le regarderais
pas dans le sens que vous me le dites mais je serais prêt à le
regarder d'une façon administrative.
M. Lajeunesse: Parfait, je l'ai laissé voir tantôt
dans mon bref exposé. À ce moment-là il faudrait que vous
l'ajoutiez au niveau du chapitre III du projet de loi 9 dans les pouvoirs qui
lui sont donnés aux articles 84 et suivants.
M. Chevrette: Vous êtes trop vite. Je ne le placerais pas
là mais peut-être dans le protocole.
M. Lajeunesse: M. le ministre, M. le ministre.
M. Chevrette: L'important c'est de toucher.
M. Lajeunesse: J'aimerais mieux... L'organisme qu'on
représente, en tout cas les gestionnaires des ZEC, on aimerait mieux que
ce soit mis dans la loi vous permettant de le faire par règlement que de
le voir dans le protocole. Je ne voudrais pas aller plus loin dans mon
exposé compte tenu des discussions que nous avons eues et de ce qu'on se
fait dire en cour devant les juges, et vous me comprenez sans aller plus loin.
À mon sens, avec la petite expérience que j'ai, vous pourriez
nous donner le pouvoir dans la loi aux articles 84 et suivants, selon ce que
vous choisirez, pour récolter des dommages-intérêts, pour
nous ou pour qui vous voudrez; cela pourrait être pour vous aussi
quand
c'est sur des territoires libres, c'est-à-dire j'entends les
territoires non organisés. À partir de là vous pouvez le
mettre en réglementation vis-à-vis des décrets des ZEC,
vis-à-vis des baux des pourvoyeurs, si vous voulez aller
jusque-là.
M. Chevrette: Cela suppose l'aval du ministère des
Finances parce que c'est une récupération de biens
redistribués.
M. Lajeunesse: Je comprends que le ministère des Finances
est gourmand mais il faudrait quand même qu'il en laisse un peu sur ce
qui est notre dû.
M. Chevrette: Quand un policier municipal arrête quelqu'un
pour excès de vitesse, l'argent va où?
M. Lajeunesse: Je suis embêté de vous le dire.
Peut-être qu'il y a quelqu'un ici qui pourrait nous répondre?
M. Chevrette: Au gouvernement.
M. Lajeunesse: Dans une municipalité, elle va au
gouvernement.
M. Chevrette: Oui.
M. Lajeunesse: Écoutez, je dis bien que l'amende nous ne
la voulons pas, qu'elle reste au fonds consolidé, au ministre des
Finances. Je dis les dommages et intérêts causés par le
geste de l'individu qui a violé la loi de la conservation, à
savoir il doit payer, ce gars-là, pour chasser au détriment des
autres qui payent. Il bénéficie déjà d'un
privilège si la loi le laisse faire à ne pas payer. Au prix que
cela coûte, je vais chasser, l'amende est minime et cela va me
coûter moins cher que le prix qu'on me demande. À partir de
là, il ne paie pas. Quand il est arrêté il se laisse
poursuivre. Dans bien des cas, j'ai eu personnellement à aller
témoigner en cour. On se réveille avec un petit 50 $ plus les
frais, 12 $, en moyenne 62 $, et le gars a chassé toute la semaine. Cela
n'est pas cher et nous on n'a rien. C'est aussi clair que cela, si vous voulez
la réponse. (17 h 15)
Je vous dis: Faites-vous donner le pouvoir dans votre loi. Si vous ne
voulez pas nous le donner, cela pourrait être de la
délégation de pouvoirs, j'en conviens. Gardez-vous-le, mais, au
moins, récoltez les dommages-intérêts en vertu des
personnes que vous mandatez pour faire la gestion de territoire.
M. Lemieux: M. le Président, peut-être à
titre...
M. Chevrette: ...suggestion à titre de poursuite en
dommages et intérêts ou recouvrement pour redistribution à
"l'endommagé" - si vous me permettez l'expression qui n'est sans doute
pas juridique - je vais le regarder...
M. Lemieux: Oui. Seulement une précision à ce
sujet-là. Si on parle de dommages et intérêts, il faut, en
fait, parler du dû qui n'a pas été payé.
M. Chevrette: Cela se trouve un dommage parce que si vous ne
l'avez pas... Peut-être qu'un avocat ne nous le dirait pas, mais je
comprends ce que vous voulez dire. Vous dites: Au moins, si j'ai perdu 50 $,
normalement, j'aurais dû les toucher et j'ai un manque à gagner
dans mon budget de 50 $, si j'en ai un de deux jours; si j'en ai quatre, cela
fait plus. Oublions l'amende. C'est vraiment le dommage lui-même,
d'après l'argumentation de M. Lajeunesse.
M. Lajeunesse: C'est exact.
M. Chevrette: D'accord. J'ai bien saisi le problème.
M. Lemieux: M. le Président, j'aurais une autre question,
si vous me permettez. Là, c'est nous qui posons les questions. Dans le
chapitre 61, vous aviez une clause à l'article 81.2, paragraphe g), qui
se lisait comme suit: "g) déterminer les cas où une personne ou
un groupe de personnes peut être éloigné ou
expulsé;". Là, on fait référence aux zones
d'exploitation contrôlée. En fait, c'était le pouvoir du
ministre de déterminer cette démarche. Si on prend l'article 81:
"Le gouvernement peut, par règlement, établir des réserves
fauniques, des zones d'aménagement et de conservation et des zones
d'exploitation contrôlée et:" Au paragraphe g): "Déterminer
le cas où une personne ou un groupe de personnes peut être
éloigné ou expulsé;" On ne retrouve pas cette
possibilité dans le projet de loi 9.
Dans le même ordre d'idées, on se demandait, sur certaines
positions émises par M. Lajeunesse préalablement, pourquoi vous
vous limitiez? Il y aurait peut-être avantage à ce que vous
gardiez cette possibilité.
M. Chevrette: II est vrai que ce n'est pas reproduit. Vous avez
raison. C'est le système des "listes noires", à toutes fins
utiles, si on veut parler notre langage pour bien se comprendre. C'est une
liste d'indésirables qui est mise à jour et qui nécessite
des interdits, car, si vous les expulsez une journée, ils peuvent entrer
le lendemain. Donc, il faut un interdit formel. C'est difficilement applicable
parce qu'il peut être interdit dans une ZEC et être admis dans une
autre. Ou bien c'est l'universalité de l'interdiction. Je vous avoue
que c'est controversé. Il y a des tenants de droit à la
liberté qui nous disent: Écoutez, vous avez assez de moyens pour
contrer les agissements d'individus qu'il n'est pas nécessaire de faire
des listes noires et d'interdire at vitam aeternam. C'est discutable comme
principe et il y a des tenants qui sont pour et d'autres qui sont contre.
M. Lemieux: Le garder à l'intérieur d'une loi, en
termes de possibilité de réglementation...
M. Chevrette: Mais la loi ne doit jamais vouloir ne rien dire. Si
on le met exclusivement comme mesure dont on ne se servira pas ou pour le
prétexte de dire que cela peut constituer une arme éventuelle,
mieux vaut ne pas le mettre.
M. Lemieux: Cela peut être un élément de
dissuasion. De toute façon, ce qu'on voulait, c'est de ne pas limiter
inutilement. Également, peut-être que cela pourrait, dans un
développement éventuel, devenir des choses à regarder. En
fait, M. le ministre, il faut quand même ne pas se le cacher...
M. Chevrette: Si on vous donnait d'autres moyens...
M. Lemieux: Qui donneraient le même résultat?
M. Chevrette: Qui aboutiraient aux mêmes fins et qui ne
seraient qu'administratifs. Je vous donne un exemple: vous avez des cartes et
vous refusez carrément de vendre une carte à celui-ci et de lui
offrir même la tarification. Entre vous et moi, c'est un autre moyen.
M. Lavoie: II va venir à la journée?
M. Chevrette: Non, il peut y avoir une provision dans le
protocole disant que vous avez le droit de refuser. En tout cas on verra. Ce
sera un autre recours, mais contre vous cette fois-ci.
M. Rocheleau: Le ministre de l'Habitation n'aimerait pas
cela.
M. Chevrette: Le ministre de l'Habitation?
M. Rocheleau: Oui, parce qu'il n'aime pas les listes noires chez
les locataires.
M. Chevrette: Je pensais qu'on ne parlait plus de listes.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on peut émettre certaines
réflexions?
Le Président (M. Brouillet): On peut vous offrir le temps
requis pour poser votre question, M. le député. Je crois que vous
en avez envie, alors je vous laisse la parole.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai certaines
préoccupations et je suis heureux de saluer les gestionnaires de ZEC
aujourd'hui.
Je tente de faire un retour dans le passé, sans aller aussi loin
que dans les années soixante, du temps où Mme Claire
Kirkland-Casgrain avait initié un des premiers ministères de
Chasse et de Pêche. On avait procédé à une certaine
forme de déclubage. Cela avait commencé dans les années
soixante pour se continuer en 1971 avec un peu plus d'intensité. En
1977, je me souviens entre autres de déclarations dans le discours sur
le budget, alors que le ministre des Finances avait éliminé le
permis de pêche et, du même coup, avait complètement
éliminé l'ensemble des clubs privés. Là, on
remettait la forêt et les lacs aux Québécois. On disait:
Les familles nombreuses qui veulent aller se divertir en forêt vont
pouvoir y aller à peu de frais, etc. C'était en 1977.
On a vu la création des ZEC en 1978 et je pense que M. Lajeunesse
avait quand même le terme approprié tantôt: c'était
le bordel, en autant que je suis concerné et je me demande si ce n'en
est pas encore un aujourd'hui. Mais ce que je trouve peut-être un peu
plus malheureux c'est que, à venir jusqu'à l'an passé, les
ZEC pouvaient avoir des subventions d'exploitation de la part du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Cela a
commencé à être retiré graduellement et c'est
maintenant l'usager ou l'utilisateur qui a à défrayer le
coût.
Les années passées on pouvait avoir une carte de ZEC,
payer 25 $, faire le tour du Québec, aller dans n'importe quelle ZEC et
notre carte était bonne. Aujourd'hui, pour aller dans une ZEC, il faut
que tu aies ta carte de ZEC. Si quelqu'un s'achète une roulotte, fait du
camping ou décide de faire de la pêche en région et fait le
tour du Québec, il doit se doter de carte ou de laissez-passer pour
chacune des ZEC du Québec ou chacune des régions où il y a
des ZEC où il veut aller à la pêche et
éventuellement aller à la chasse.
Je trouve que ce n'est plus un sport qui est réservé
à l'ensemble des Québécois ou des
Québécoises - parce qu'il y a des deux sexes qui font de la
chasse et de la pêche - je trouve que cela devient coûteux. Et vous
tentez, par des moyens peut-être détournés ou des moyens
appropriés, d'accaparer des amendes qui pourraient être
imposées à ceux qui enfreindraient la réglementation ou
certains règlements.
Pour l'information du ministre, avec les municipalités, le
ministère de la Justice a
conclu certaines ententes où il y a jusqu'à 70% des
amendes qui sont remises aux municipalités qui font des contraventions
sur des voies publiques desservies ou à être desservies
normalement par la police provinciale. Il y a ces ententes qui se font.
Mais ce qui commence à me chicoter aujourd'hui, c'est le
coût occasionné à un fervent de la pêche ou de la
chasse aujourd'hui pour s'en aller en forêt, les fins de semaine. Je
comprends que l'administration c'est coûteux. Je comprends cela, c'est
tout vrai. Mais je comprends aussi qu'il y a beaucoup de gens surtout les
urbains qui, en fin de semaine, veulent s'évader en forêt, veulent
aller en campagne, veulent aller vers les lacs pour chasser et camper,
n'importe quoi. Ils veulent avoir la paix, il n'y a pas de prix à cela.
Mais il reste qu'on semble étiqueter aujourd'hui, on semble mettre des
coûts partout. Je trouve qu'avec les coûts, tel que cela semble
s'en venir, le ministre pourrait peut-être nous informer tantôt que
l'ensemble des ZEC au Québec vont devoir s'autofinancer
éventuellement en totalité. Vous devrez charger le prix minimum
jusqu'à un maximum. Cela peut même aller jusqu'à 200 $ je
pense. Cela deviendra, à toutes fins utiles, des clubs privés
sélects.
Si vous prenez une ZEC qui émet des permis, un permis de ZEC pour
l'année coûte 200 $. Ce n'est pas tout le monde qui peut se payer
cela. Cela devient un club sélect. Vous deviendrez de gros clubs
privés pour une certaine classe ou catégorie de la population
qui, elle, pourra jouir de ces droits ou ces facilités. Cela commence
à m'inquiéter drôlement. J'aimerais peut-être vous
entendre là-dessus. Où cela finit-il? Je comprends que le
gouvernement veut aller chercher de l'argent partout. Le gouvernement lance des
beaux programmes, de belles choses et c'est toujours le petit peuple qui
hérite de la facture en fin de compte. J'aimerais savoir à quelle
place on s'en va avec cela et connaître vos impressions à vous qui
avez débuté et qui êtes les pionniers dans la gestion des
ZEC, qui avez eu, au tout début, des subventions quand même assez
importantes de la part du ministère pour permettre une administration,
permettre certaines améliorations, certains aménagements. Ces
subventions vous sont coupées radicalement. C'est la population qui
hérite de la facture par le biais. On a remis les permis de pêche.
J'ai toujours été pour un permis de pêche parce que cela
permettait quand même un certain contrôle, cela permettait de
savoir combien il y avait de pêcheurs, de gens qui pratiquaient ce sport.
Cela permettait d'avoir une certaine forme d'assurance s'il arrivait un
accident et tout cela. Maintenant, on vient de le remettre.
Quand le ministre émet ses permis de chasse à l'automne,
c'est 16 $, 17 $ ou 18 $ pour le gros gibier et tout cela. On paie partout. On
s'en va dans les ZEC et on se fait accrocher à des endroits pour 35 $,
à d'autres endroits, c'est 50 $; à d'autres, c'est 100 $.
Certains endroits sont pour la chasse et la pêche.
J'aimerais que M. Lajeunesse, le président ou celui qui
l'accompagne - j'ai inscrit votre nom tantôt - j'aimerais savoir
où on s'en va avec tout cela et si c'est encore vrai que la forêt,
les lacs appartiennent à tous les Québécois et à
toutes les Québécoises ou si on s'en revient où on
était déjà.
M. Lajeunesse: Je vais essayer de vous répondre dans un
premier temps; dans un deuxième temps, peut-être que notre
président vous répondra M. Rocheleau.
La question a été longue et la réponse sera
peut-être longue. Lorsque vous m'avez parlé de l'expression que
j'ai employée "bordel", je peux vous dire qu'aujourd'hui, dans la
majorité des ZEC, le bordel est plus contrôlé qu'il ne
l'était. D'accord? C'est pour cela qu'on se bat, pour trouver des
solutions ou des règlements ou qu'on s'implique un peu partout pour
essayer, tout en conservant la faune, tout en permettant aux utilisateurs qu'il
y ait moins de cris de: Oh là! dans le bordel, que chacun prenne sa
place; que chacun fasse ce qu'il a le droit de faire tout en respectant
l'individu qui est à côté de lui, en respectant la faune et
en respectant l'environnement au départ. (17 h 30)
Quand vous me dites que les cartes de membres sont dispendieuses dans
les ZEC, principalement chez nous, elle est de 150 $. On n'a rien pour
rien.
Si le gouvernement veut, dans sa politique de déclubage,
retourner en arrière, permettre à tout citoyen de pêcher et
de chasser presque gratuitement, il faut que le gouvernement sorte des deniers.
À partir de là, je me souviens d'une réunion du
prédécesseur de M. Chevrette, qui était M. Lucien Lessard
qui nous parlait comme on se parle là amicalement, qui nous disait: On
est au fond du baril. C'est aussi l'expression du premier ministre. Nous on a
dit: Si vous êtes au fond du baril, on est bien conscient, vous ne pouvez
plus nous en donner de subvention, il faut que cela arrête. Vous allez
nous donner les moyens de nous financer, et c'est normal.
Je pense que c'est plus normal qu'un citoyen paie pour un sport;
même si cette faune lui appartient, cela ne veut pas dire qu'on a le
devoir de la lui donner. Il y a des coûts qui sont reliés à
la pratique d'un sport quel qu'il soit. Je conviens que le citoyen doit payer
pour cela. Qu'il y ait un barème d'établi par le ministre, une
tarification maximale, j'ai été un des premiers à le
recommander, je ne m'en cache pas. J'ai été un des
premiers à aller à 200 $. Une ZEC, à l'intérieur de
ce barème-là, devrait être en mesure de s'autofinancer et
devrait, à partir de là - ce sont les paroles qu'on disait
à M. Lessard au Château Frontenac - être en mesure de
demander moins de subvention ou du moins aller plutôt dans des
programmes, qu'ils soient provinciaux ou fédéraux, pour des
subventions tels que Chantier-Jeunesse, PUE, PAT et j'en passe. Au
fédéral, RELAIS, appelez-les comme vous voudrez.
C'est à ce niveau-là, avec la contribution que les membres
nous payent et avec les différents programmes qui sont mis à la
disposition des différents organismes, qu'on vient à bout de se
financer et de s'autofinancer.
Vous dites que pour une personne c'est trop cher payer une carte de
membre 150 $. Peut-être et peut-être pas non plus. On en a 700 dans
la ZEC Lavigne pour votre information au moment où je vous parle. Ils en
ont acheté des cartes de membres à 150 $. On administre un budget
de 400 000 $. On a 22 emplois qui sont créés dans la
région. On est un des moteurs dans une municipalité
donnée, on est quasiment le coeur de la municipalité de
Saint-Zénon. Demain matin, ôtez-moi ce que vous voudrez, je peux
en ôter de la surveillance. On a huit auxiliaires sur le terrain. On a
huit véhicules avec des systèmes de radio. C'est comme une
réserve du gouvernement. Cela coûte de l'argent lorsque tu
appliques cela. Il faut que quelqu'un en paie le coût et un coût
abordable.
Il me semble qu'en 1983 un individu peut faire un choix. Moi je fais le
choix de la chasse et de la pêche. Je vais me priver d'aller en voyage
dans le Sud pour aller à Anticosti, d'où je reviens, ou à
Fort-Chimo quand j'ai les moyens, ou aller chez des pourvoyeurs entre autres.
C'est un choix qu'on doit faire. Le citoyen qui veut faire le choix d'aller au
théâtre et qui paie un billet de 8 $ ou à la Place des Arts
à 20 $ ou à 12 $, c'est un choix qu'il fait. Il ne peut pas
pratiquer tous les sports dans la vie. C'est impossible à moins
d'être millionnaire. Il doit dire: Moi, comme citoyen, la chasse et la
pêche me plaisent; 150 $ ou 200 $, je suis d'accord. Je paie, j'y vais et
je pratique mon sport car cela me plaît. S'il veut pratiquer le golf, il
y a des coûts inhérents au golf et ainsi de suite.
Lorsque vous me dites qu'un citoyen n'a pas les moyens de payer cela,
c'est à discuter. Mais il reste toujours...
M. Rocheleau: Je vous arrête, M. Lajeunesse. Juste une
seconde, je vous arrête. Vous dites que chez vous c'est 150 $. Mais le
bonhomme qui va chez vous décide, demain, d'aller à la
pêche au saumon disons à la rivière Moisie. Cela lui
coûte 100 $ pour une couple de jours.
M. Chevrette: C'est 45 $ par jour-pêche.
M. Rocheleau: La semaine après il décide d'aller -
je ne le sais pas - aux Joachims ou au Bras-Coupé-Désert ou dans
d'autres ZEC, il faut qu'il crache partout.
M. Lajeunesse: Je sais cela, M. Rocheleau. Je voulais venir
à ceci. Le type peut dire: Moi pour une carte de membre, je n'y vais pas
assez souvent, je ne l'achèterai pas. Il y a deux ans on a
demandé au gouvernement de nous donner l'autorisation de la tarification
journalière - qu'il nous a donnée soit dit en passant -
jusqu'à 10 $ au maximum par jour pour la pêche, jusqu'à 25
$ pour la chasse à l'orignal. Le citoyen pour qui la carte de membre,
avec les frais forfaitaires inclus, c'est trop dispendieux, à 150 $ ou
à 200 $, à ce moment-là il n'a qu'à venir à
la journée. Je peux vous dire que chez nous il y a quelque 25 000
jours-pêche-famille. Il y a 55 000 jours d'utilisation du territoire dans
tout le domaine. C'est, pour votre information, aussi gros que la
réserve rouge Mattawin au niveau de l'exploitation actuellement.
Le citoyen qui n'est pas satisfait d'un mode de paiement peut se servir
de l'autre, la tarification journalière, et il vient quand cela lui
plaît.
On a aussi des tarifs pour les personnes âgées. Personne
n'en a parlé. On en a parlé il y a deux ans. On l'a
appliqué. L'âge d'or du Québec nous demandait des tarifs
pour les personnes de 60 ans, et j'approche, je vais avoir un prix
spécial bien vite. On a des tarifs pour les personnes de l'âge
d'or. Au lieu de 10 $, c'est 6 $ par jour pour aller à la pêche,
comme au ministère, on vend un permis à prix réduit. Dans
tous les domaines où vous vous adonnez à une activité, il
y a des coûts. Si vous ne voulez pas que les citoyens paient, vous devez,
pour qu'on puisse faire la gestion du territoire, nous donner des subventions,
ou encore, laisser le territoire libre, si c'est trop cher.
Quand vous dites aux municipalités, en réponse à
une question précédente, que 70% des amendes retournent aux
municipalités. C'est exactement ce qu'on demande. Est-ce normal qu'un
citoyen qui viole la Loi sur la conservation de la faune et qui ne paie pas de
droit pour chasser ou pour pêcher, au détriment de son voisin qui,
lui, se conforme à la loi, il ne soit pas pénalisé? J'en
doute. Quant à moi, le citoyen qui viole la loi doit être
pénalisé. S'il a causé des dommages à son
concitoyen, parce que son concitoyen, lui, a payé 25 $ par jour pour
chasser, je ne vois pas pourquoi celui qui n'a pas payé 25 $ serait
limité à ne pas payer ces 25 $ en dommages. C'est ce que j'ai
exposé tantôt à
la commission.
Quand vous dites que cela va devenir des clubs privés
sélects, je vais vous citer une phrase que je n'ai pas honte de
répéter, puisqu'elle est de moi. J'ai déjà dit que
les ZEC deviendraient de gros clubs publics au lieu de clubs privés. On
a conservé le "p", mais on a changé le reste du mot. Cela va
devenir, qu'on le veuille ou non, de gros clubs publics auxquels le citoyen, en
tout temps, pourra avoir accès à partir de formalités
déterminées entre le ministère et les gestionnaires de
ZEC. Je vous dirai, à titre de tenant de la libération des clubs,
que j'en conviens. Je suis d'accord pour dire que, lorsqu'un citoyen paie son
dû, il a le droit d'aller à la pêche ou à la chasse,
en 1983. J'en conviens. Cela peut vous surprendre, mais c'est cela.
M. Rocheleau: Je vais expliquer quelque chose. Si on prend la
différence entre un pourvoyeur chez lequel on va aller, pendant la
saison de la chasse, il va vous situer -même si on fait une demande au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour les parcs -
sur un petit lac quelque part. Vous êtes là pour la semaine et
vous n'êtes pas dérangé par personne. Quant aux ZEC, est-ce
que l'ensemble des ZEC du Québec actuellement permettent ou situent un
groupe de chasseurs à un certain endroit dans la ZEC pour qu'ils ne
soient pas dérangés ou s'ils ne se retrouvent pas avec "une gang
de pop corn", le lendemain matin, qui s'éveillent à
côté d'eux et qui jouent du canon, comme cela s'est vu et comme
cela se voit couramment? Je parle du point de vue des services.
M. Lemieux: D'accord. En fait, il n'y a pas cette
possibilité dans les ZEC de contingentement, dont vous parlez.
C'est-à-dire d'avoir une tranquillité absolue à savoir
qu'il s'en va dans un petit coin et qu'il n'y aura pas d'autres personnes qui
vont se retrouver dans ce coin-là. Par contre, j'ai envie de vous dire
que - et c'est dans le prolongement de la réponse de Bernard tout
à l'heure - c'est une question d'offre et de demande. Il y a des ZEC qui
sont moins achalandées, parfois, plus éloignées - plus
souvent qu'autrement - avec une offre différente mais, quand même,
qui offrent ces possibilités. Il y a une question de choix pour
l'individu: Soit de parcourir une longue route avec des difficultés pour
se rendre à ces lacs, mais il va retrouver cette tranquillité.
J'ai envie de vous dire que, plutôt que de parler de "bordel" dans
l'histoire des ZEC, je parlerais plutôt de promiscuité, à
l'occasion, parce que, effectivement, on se retrouve en nombre parfois trop
important sur des plans d'eau. C'est à ces choses-là qu'on devra
s'attaquer à l'avenir et dont la fédération,
éventuellement, aura à discuter avec le ministère, en ce
sens qu'une limite acceptable devra être tracée. On devra y tirer
une ligne. On n'est pas encore rendu là, mais c'est l'objet de nos
préoccupations. C'est également dans le prolongement de la Loi
sur la conservation en ce sens que la conservation pourra se faire dans une
relative harmonie, dans la mesure où on sera capable, même si M.
le ministre n'aime pas ce terme, de contingenter un petit peu la
démarche de l'utilisateur qui veut aller sur un plan lac.
Quant à nous, il y a une amélioration, il y a un
alignement, il y a des démarches de réorganisation qui sont
nécessaires, mais progressivement on va les atteindre. Et la venue de la
Fédération québécoise des gestionnaires de ZEC,
nous semble-t-il, est un instrument capital dans cette orientation pour
arriver, tout en donnant des services à des prix réalistes,
valables et acceptables pour les individus... Là, je vous ferai juste un
aparté pour vous dire que si vous parlez de carte à 150 $, il y a
aussi la possibilité, pour l'utilisateur, actuellement dans certaines de
nos ZEC, d'aller pêcher pour 4 $ par jour. Il faut aussi faire la part
des choses, il y a des tarifications qui sont plus volumineuses et c'est une
question d'offre et de demande. Quant à nous c'est sain que cette
démarche se fasse et c'est dans l'ordre des choses.
Maintenant, il y a des choses à corriger et ces choses à
corriger devront être corrigées éventuellement, c'est bien
sûr. C'est par les pressions qu'on pourra le faire, c'est par les
commissions parlementaires comme celle d'aujourd'hui qu'on peut s'exprimer
librement en toute quiétude, sans agressivité aucune, qu'on va
pouvoir y parvenir. Je pense qu'il y a l'évolution des choses,
l'évolution des esprits et l'évolution également des
pêcheurs et chasseurs québécois qui arrivent dans un
nouveau contexte ou dans un nouveau concept qui est que le territoire est
à tous les gens qui veulent bien s'en servir, mais qui vont devoir aussi
se contingenter eux-mêmes ou s'autodiscipliner. Cela va être une
des démarches éventuelles de la fédération, en ce
sens qu'il va falloir faire de la formation.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Le
député de Berthier aurait une question.
M. Houde: J'aimerais poser une question au ministre. L'article
qui apparaissait à l'ancien projet de loi et qu'on ne retrouve pas dans
le projet de loi 9 qui est devant nous... lorsque l'on dit que: "nul ne peut
être en possession d'une arme à feu chargée alors qu'il est
sous l'influence de l'alcool ou de la drogue." Si j'ai bien vu - je n'ai
peut-être pas bien vu - ce ne serait pas inclus dans le nouveau projet de
loi. Je pense même que les ZEC en ont parlé. Pourquoi l'a-t-on
enlevé? Est-ce parce qu'il a été oublié ou
si c'est parce que vous ne vouliez plus le voir dans la loi?
M. Chevrette: Non, c'est une question de difficulté
d'application, parce que, quand un auxiliaire arrête quelqu'un en
état d'ébriété, d'abord il n'a pas le pouvoir de
retenir l'individu, comme je le disais tantôt, et les postes pour la
fameuse "baloune", c'est à la Sûreté du Québec.
C'est purement et simplement une difficulté d'application.
M. Houde: Cela veut dire que, demain matin, celui qui va en avoir
consommé ne sera pas arrêté? C'est ce que cela veut dire en
fin de compte n'est-ce pas?
M. Chevrette: Vous avez remarqué que dans le projet de loi
actuel on a un peu axé les articles et l'esprit de la loi en fonction
non seulement de la répression, au sens pur du terme, mais
également dans le sens de l'éducation. On ne veut pas que nos
agents de conservation de la faune soient exclusivement des gens qui passent
pour des policiers, mais qu'ils soient aussi des éducateurs en
forêt. Conseiller à un gars de laisser son véhicule
là, cela s'est fait; déjà certains de nos agents le font
et les auxiliaires le font très couramment. Par exemple, des individus
en villégiature - en particulier dans les ZEC vous avez peut-être
plus de cas que dans certaines réserves fauniques - qui s'aventurent sur
la route en état avancé d'ébriété, des
agents les arrêtent, les conseillent ou bien conduisent leur
véhicule au poste d'accueil et suggèrent à un gars de
descendre avec un autre. Cela se fait déjà et on veut intensifier
cette éducation. Quant à avoir des articles de loi qui ne sont
pas ou à peu près pas applicables, on préférait
avoir cette dimension éducation. Est-ce qu'on se trompe? Possible. Mais
on pense que notre argument est défendable aussi.
M. Lemieux: Par contre, M. le ministre, il y a eu une cause
gagnée récemment dans les ZEC de l'Outaouais là-dessus. On
est également conscient que c'est extrêmement difficile
d'application, mais c'est quand même possible dans la mesure où il
y a les éléments nécessaires.
M. Chevrette: Je vous avoue que si tous les groupes de la
commission parlementaire me demandent de le réinsérer, ce n'est
pas une guerre là-dessus, je n'ai pas de parti pris contre cela, on le
réinsère et cela ne m'empêchera même pas de dormir.
Cela m'empêcherait beaucoup plus de dormir si c'était un
faux-fuyant de discussion ou un faux prétexte de guerre politique, cela
m'empêche plus de dormir et provoque plus mon agressivité. Mais
quand ce sont des arguments qui sont discutables, pour ou contre, il y a du
pour il y a du contre. Cela ne nuit pas de le laisser ou de l'enlever. Il n'y a
aucun problème. Je vais le regarder. Trois groupes ont été
entendus depuis ce matin et les trois groupes nous demandent de le
réinsérer. Donc, je regarderai cela de très près.
Je ne croyais pas que ce serait un sujet sur lequel il y aurait discussion plus
qu'il ne faut. Je vais le regarder.
M. Lemieux: II faut le vivre.
M. Chevrette: C'est possible. Je sais que j'ai eu des
conversations avec certains agents auxiliaires et ils nous disent que le fait
de l'avoir peut au moins constituer, dans certains cas, une arme de discussion
importante avec le client.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que ce serait bon si
c'était dans la loi pour permettre aux clubs de freiner ce genre
d'infraction.
M. Chevrette: Oui, c'est à peu près ce que je viens
de dire.
M. Lajeunesse: M. le Président s'il vous plaît, si
vous me le permettez, M. le ministre. Je ne sais pas s'il y a d'autres
questions pour nous.
M. Chevrette: J'aurais un petit commentaire si vous voulez
terminer.
M. Lajeunesse: Lors des travaux... M. Chevrette: Toujours
sur les ZEC.
M. Lajeunesse: ...il y a une couple de papiers qui m'ont
été remis. Si vous le permettez, M. le ministre...
M. Chevrette: Oui.
M. Lajeunesse: ...on aurait peut-être deux ou trois
questions à vous poser, si vous voulez bien y répondre.
L'article 35 de la loi 9: "Nul ne peut chasser ou piéger sur un
terrain privé dont le propriétaire est membre d'une association
agréée par le ministre ou est partie à un protocole
d'entente convenu avec ce dernier aux fins de la gestion de la faune, s'il n'a
obtenu au préalable l'autorisation du propriétaire ou de son
représentant." Cet article s'applique-t-il aux ZEC ou si vous y faites
mention à propos des protocoles d'ententes que votre ministère a
l'intention de signer? Cela s'est déjà parlé
principalement dans l'Estrie.
M. Chevrette: Exactement pour cela. C'est pour la dernière
partie.
M. Lajeunesse: Cet article n'a pas d'affaire avec les ZEC.
M. Chevrette: Non, je vais vous le dire. C'est incitatif à
toutes fins utiles. Vous savez que dans l'Estrie, on a 5%, je crois, des terres
publiques. On incite actuellement les propriétaires privés
à se regrouper en leur assurant bien sûr que ce ne sera pas le
"free for all", advenant qu'on conclue une entente avec eux sur le droit de
chasse. Cela sera ordonné; vous aurez un mot à dire
vous-même pour le contrôle de celui qui pénètre dans
votre domaine. Par là, on veut ouvrir dans l'Estrie des
possibilités de chasse parce qu'il y a un fort potentiel dans le secteur
privé qui n'est pas exploité ou qui l'est d'une façon
très privée et à peu près pas ouvert au public. En
les regroupant en association, ils pourront et même un
propriétaire qui le voudrait pourra conclure un protocole d'entente.
C'est dans cet esprit qu'on a introduit cet article.
M. Lajeunesse: Cela n'a rien à voir avez les ZEC?
M. Chevrette: Pas du tout.
M. Lajeunesse: D'accord. J'ai une autre question si vous le
permettez. Ce matin, lors du mémoire des pourvoyeurs - je ne veux pas me
faire l'avocat du diable, mais je suis d'accord et je pense que la
fédération va entériner la décision ou ce que je
vais dire -Mme Farrar, qui était à la table, vous a parlé
de la pourvoirie à droits non exclusifs sur des territoires. Elle
parlait de conservation de la faune. Peut-être qu'elle a
été mal comprise ou qu'elle ne s'est pas bien fait
comprendre.
Une chose que, personnellement, j'appuierais sur le plan de la
conservation et de ce qu'elle a voulu dire, c'est qu'une personne ou une
entreprise qui détient un bail à droit non exclusif sur une
partie de territoire ou dans un secteur donné, que cette personne -
est-ce qu'on peut mentionner un nom, M. le ministre? - on va parler de M.
Marchand qui n'a peut-être pas de droit exclusif dans l'Outaouais, je
pense. Sur une partie d'un territoire qui serait déterminée par
le ministre, cette personne ou les personnes déterminées auraient
le droit de nommer des auxiliaires et auraient le droit, aux fins de la
conservation de la faune, d'appliquer la loi à l'intérieur de ces
territoires, même s'il n'y a pas de bail et même s'il n'y a pas de
droit exclusif de donné.
C'est à ce sujet et après avoir entendu Mme Farrar ce
matin, après avoir discuté avec elle, c'est ce qu'elle semblait
vouloir dire à la commission. C'est une chose à laquelle,
personnellement, pour celui qui se dévoue pour la faune - je pense que
l'organisme dont je fais partie m'appuiera -je ne vois pas d'objection.
D'ailleurs, vous avez le pouvoir de nommer des auxiliaires partout au
Québec. Si c'était à titre de conservation, qu'une
personne qui a un territoire non exclusif puisse être autorisée,
à titre d'auxiliaire, à faire respecter la loi de la conservation
de la faune...
M. Chevrette: Donc, je ne suis pas tout seul à être
d'accord avec cela.
M. Lajeunesse: Mais non! Qui n'est pas d'accord?
M. Chevrette: Ce que je veux vous dire, c'est que je suis, moi
aussi, sympathique à cette demande. Effectivement, on a le pouvoir de le
faire...
M. Lajeunesse: Oui.
M. Chevrette: J'ai été plutôt hésitant
par rapport à Mme Farrar à cause de la glace mince entre
l'hébergement et la notion, mais, sur la partie de la conservation de la
faune où on pourrait les nommer auxiliaires, on a le pouvoir et on peut
le faire en toute quiétude.
M. Lajeunesse: C'est sa question.
M. Chevrette: Je suis sympathique à cette demande.
M. Lajeunesse: D'accord. Lorsque vous parliez - cela va
être la dernière, je pense bien - de la consultation, on ne peut
pas passer - notre organisation, la Fédération des gestionnaires
de ZEC - sous silence le dernier décret. On est content et satisfait des
consultations qui ont commencé entre votre ministère et notre
organisme. Par contre, on ne peut pas en dire autant du ministère de
l'Énergie et des Ressources, lorsque, dernièrement et l'an
dernier, il a émis son décret au niveau des personnes qui sont
squatters sur le territoire du Québec, principalement sur les ZEC ou
chez les pourvoyeurs. Le décret, à moins que je me trompe, est le
décret 1415 de 1982. Vous comprendrez qu'on ne peut pas jouer à
cache-cache avec cela. Un matin, on légalise. L'autre matin, on n'est
plus légal. Mais il n'en reste pas moins que, pour sa part, M. Duhaime,
qui est le ministre, était un spécialiste en consultation.
Laissez-moi vous dire à cette commission qu'il n'a pas consulté
grand-chose et que nous ne sommes pas d'accord - la Fédération
des gestionnaires de ZEC - avec cette décision de règlement d'une
chose pareille qui a permis à des individus d'avoir des chalets
aujourd'hui, après le déclubage. Avant le déclubage, c'est
une autre paire de manches, mais depuis le déclubage on nous avait
laissé
entendre que, sur tous ceux qui étaient squatters, chaque
organisme dans la région ou chaque association serait consulté
pour savoir, dans le cas d'un individu qui a un chalet sur un petit lac, si le
service de la faune, compte tenu des situations biologiques, pourrait l'enlever
de là, alors que d'autres pourraient rester. Nous n'avons pas eu cette
consultation, même si l'an dernier on nous l'avait promise. À
partir de là, le MER, ou le MEER, a émis son décret. Nous
profitons de l'occasion pour faire savoir à cette commission et à
vous, M. le ministre, notre désappointement à ce niveau.
M. Chevrette: D'abord, le MEER, c'est le ministère de
l'Expansion économique régionale.
M. Lajeunesse: Oui, je sais.
M. Chevrette: Le MER, c'est le ministère de
l'Énergie et des Ressources. M. Duhaime, à la suite d'une
consultation qu'il a eue avec moi, a consenti à accorder un moratoire.
Il ne se légalise rien présentement. Il n'accorde aucun permis de
villégiature. Au contraire, il participe présentement au plan que
nous faisons conjointement - les deux ministères - pour qu'on puisse
présenter quelque chose de potable, sur lequel plan on pourra
également - je l'espère - avoir votre point de vue en temps et
lieu.
Je voudrais ajouter à la présentation que M. Lajeunesse a
faite concernant les ZEC, pour démontrer qu'il y a eu également
une ascension dans la participation du public; en 1978, il y avait 100 000
membres et, en 1980, on comptait 125 000 membres au niveau des associations des
ZEC. Il y a au-delà de 1 400 000 jours d'utilisation au niveau des 65
associations et, depuis avril dernier, on a une fédération. La
moyenne de la tarification au Québec est de 85 $ dans l'ensemble des 65
ZEC et vous avez 80% des 65 ZEC qui ont réduit ou éliminé
leur déficit. Il faut souligner aussi les côtés positifs de
la chose. Le gouvernement, c'est-à-dire mon ministère, pour une
période de trois ans, sans retourner au trésor, parce que j'ai
l'approbation pour trois ans, a 600 000 $ pour les immobilisations, de sorte
que c'est quand même quelque chose qui... Ce sont des renseignements qui
ne courent peut-être pas les rues, mais qui démontrent qu'il y a
eu passablement de travail de fait et avec les plans de gestion, je
pense...
Vous parliez de contingentement tantôt. D'une certaine
façon, il se fait un contingentement. Peut-être pas direct par
nombre d'individus sur un lac, mais, à un moment donné, un
directeur de ZEC est obligé d'annoncer que le quota de tel lac est
atteint et qu'il doit le fermer au milieu de la saison. C'est une gestion
différente de celle d'un contingentement naturel, auquel on est
habitué, à savoir que quatre personnes sur tel lac constituent la
capacité maximale. Dans certains cas, il y en a peut-être huit,
mais cela écourte la longévité de la saison sur ces lacs.
Il y a eu quelques anicroches; entre autres, des titres de communiqués,
où il y a eu une mauvaise publicité - enfin, pas mauvaise, mais
plutôt erronée - dans certains titres, on disait: Telle ZEC est
fermée - c'est le titre - mais pour tel et tel lac, alors qu'on aurait
dû dire: Tel lac est fermé dans telle ZEC. De sorte que cela a
donné un coup à certaines ZEC, certaines fins de semaine, parce
qu'ils avaient cru que toute la ZEC était fermée. On va corriger
ces situations. À la suite de remarques que j'ai eues, nous les avons
corrigées. Par la suite, j'en ai vu d'autres qui étaient
corrigées. J'espère que cela va continuer.
M. Rocheleau: J'aurais une question, M. le Président,
étant donné que le temps fuit.
Le Président (M. Brouillet): Oui, avant de terminer. M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: M. Lessard, à l'époque où il
était le titulaire de ce ministère, avait informé la
commission qu'on ne voulait plus, pour le moment, créer de nouvelles ZEC
ou même parler d'agrandissement ou de modifications à
l'intérieur des ZEC actuelles. Depuis 1982, est-ce qu'on a
autorisé ou créé de nouvelles ZEC? Est-ce qu'on a permis
des modifications ou des agrandissements des ZEC existantes?
M. Chevrette: II y a peut-être eu des modifications, quand
on a touché à certains territoires de pourvoyeurs où,
après négociation entre la ZEC et le pourvoyeur, ils se sont
entendus sur un nouveau découpage. Cela a été
sanctionné sans que personne ne le sache. Tout le monde était
heureux. Les deux entités juridiques étaient heureuses. Il y a
peut-être eu de légères modifications, mais il n'y a pas eu
d'autres ZEC. Il y a eu une demande de modification d'une ZEC, mais ce n'est
pas encore concrétisé. C'est un territoire qui touche l'Abitibi,
je pense, et la région. Enfin, on reparlera en détail parce que
je ne connais pas le dossier par coeur. Le but était de relier les
régions économiques. Cette demande est présentement
à l'étude. Il y a eu d'autres demandes pour agrandir...
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre pourrait m'informer?
M. Chevrette: ...une ZEC à même une réserve
faunique. Il y a beaucoup plus de rumeurs que de faits, parce qu'il n'y avait
rien là. Ce n'était pas vrai.
M. Rocheleau: Quand on permet l'agrandissement d'une ZEC, de
quelle façon le ministre ou le ministère informe-t-il la
population qu'une ZEC sera agrandie? De quelle façon la ZEC doit-elle se
conformer pour identifier ses nouvelles délimitations?
M. Chevrette: Ordinairement, la ZEC fait une demande à nos
fonctionnaires en région qui, eux, vont sur place et regardent si cela
touche un pourvoyeur. Ils évaluent les villégiateurs qu'il y a
dans le coin. Ils vérifient si c'est à proximité d'un
centre habité ou pas et nous font ensuite un rapport contenant des
recommandations. Par exemple, dans le cas de la réserve Mastigouche, un
des coins de la réserve est difficilement accessible par nos agents
parce qu'ils doivent faire le tour complet du lac Anselme pour venir
protéger ce territoire. Des gens nous ont dit d'agrandir la ZEC des
Nymphes. D'autres nous ont dit: Non, pourquoi n'en feriez-vous pas une bonne
pourvoirie. Je suis à cogiter sur le cas.
M. Rocheleau: Mais, normalement, M. le ministre, est-ce qu'il y a
un arrêté en conseil qui le permet éventuellement ou si
c'est simplement...
M. Chevrette: Après entente entre les parties, on
prépare un décret et c'est le Conseil des ministres qui
entérine le nouveau découpage par un arrêté en
conseil régulier. Ceci entre dans les arrêtés en conseil
réguliers et non dans les spéciaux.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on pourrait vous poser une
dernière question, étant donné que ces messieurs ne seront
pas ici demain? Souvent, on a émis certaines craintes à savoir si
les ZEC allaient s'aventurer un peu plus loin et fournir des services
d'hébergement et autres. On sait que les pourvoyeurs, entre autres, ont
une certaine inquiétude de ce côté-là, de voir une
espèce de concurrence, alors que, pour l'un, c'est l'entreprise
privée uniquement et l'autre a quand même certaines formes de
subventions pour l'aménagement du territoire. Est-ce que je pourrais
poser une dernière question à savoir si' c'est votre choix ou si
ce sont plusieurs ZEC qui ont fait ces demandes d'avoir aussi de
l'hébergement dans leur zone?
M. Lemieux: En fait, actuellement - et comme le signalait le
ministre ce matin - il y a un comité tripartite qui se penche sur la
question. Les pourvoyeurs, la fédération et le ministère
étudient la démarche. C'est effectivement une
préoccupation d'un bon nombre de nos associations qui voient avec
intérêt non pas une démarche de pourvoirie en bonne et due
forme, mais la possibilité d'offrir de faire de la villégiature
aux membres qui viennent dans nos territoires qui, souvent, sont à des
endroits très éloignés. C'est strictement pour les
accommoder, leur permettre d'avoir un toit sur la tête. Il faut bien
distinguer entre la question de la pourvoirie en bonne et due forme, où
on offre tous les services, même les repas, et celle de se mettre un toit
sur la tête, de permettre à des gens de pouvoir se rendre à
un endroit et s'abriter pour ensuite, à partir de là, pouvoir
aller effectuer des activités, soit de villégiature, soit de
pêche ou de chasse. Toute la distinction et toute l'emphase doit porter
sur la place où se situe la limite. On comprend très bien la
préoccupation des gens des pourvoiries et les difficultés qu'ils
y voient. On est très ouvert à des discussions là-dessus,
mais il faut aussi comprendre l'intérêt pour les associations
agréées de permettre à leurs utilisateurs, comme je vous
le disais, de se mettre un toit sur la tête. C'est une
préoccupation actuellement et j'espère que le comité
tripartite pourra décemment arriver à une solution.
M. Chevrette: Si le député de Hull me le permet,
j'ajouterai peut-être que le dilemme qu'on vit au niveau de ce type
d'hébergement, c'est le dilemme des constructions déjà en
place. D'autre part, les pourvoyeurs nous disent: Quelle est l'épaisseur
de la glace entre l'hébergement pour fins de villégiature et
l'hébergement pour fins de pourvoirie? Parce que si tu t'en vas dans un
camp d'une ZEC avec ta canne à pêche, tes deux gars et que tu t'en
vas pêcher toute la semaine, ils disent qu'à toutes fins utiles,
c'est de la pourvoirie. C'est l'argumentation des pourvoyeurs, alors que la
décision - en avril dernier, je pense -c'est que j'avais
mentionné aux associations de ZEC que la villégiature
était tolérable dans les circonstances. Je savais fort bien que
le dossier n'était pas tranché. Il n'est pas clair. Il faut
l'avouer candidement, je pense. La glace est très mince, les
frontières... Comment faire la preuve - je suis convaincu que les
pourvoyeurs me diraient cela s'ils étaient assis à table à
côté de nous - que l'hébergement pour fins de
villégiature n'est pas une forme de pourvoirie déguisée,
à un moment donné. Donc, j'ose espérer que le
comité tripartite nous arrivera avec des recommandations positives
là-dessus et qu'on trouvera une solution, mais je vous avoue que ce
n'est pas facile. C'est un problème très épineux à
régler, je le reconnais.
M. Lemieux: M. le Président... Le Président (M.
Brouillet): Oui.
M. Lemieux: ...si vous me permettez une conclusion, en tout cas,
pour ce qui est
de ma fédération, j'aimerais d'abord remercier cette
commission de nous avoir entendus. Cela nous a permis d'exprimer, en tout cas,
une foule de préoccupations. J'espère qu'on aura la chance de
pouvoir, pas nécessairement lors d'une commission parlementaire, mais
à toute autre occasion, exprimer cette préoccupation qui est pour
nous essentiellement d'ordre de conservation et d'exploitation rationnelle de
la faune. Notre grand défi à venir va être également
d'éduquer nos utilisateurs et c'est un défi, je pense, que la
fédération se croit capable de relever. Quant à notre
démarche avec les instances du ministère, je pense qu'elles sont
bien parties. On les espère fructueuses et pas trop ardues. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Oui, en terminant.
M. Chevrette: Moi aussi, je voudrais vous remercier, d'abord pour
l'attitude constructive que vous avez. Il y a plusieurs points qu'on va
réexaminer. Il y a des choses qu'on va probablement
réinsérer à la suite de l'argumentation que vous nous avez
donnée et j'ose espérer également que cette collaboration
va continuer. Vous voyez qu'on n'élève même pas le ton
quand c'est constructif, même si on n'est pas d'accord. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Le mot de la fin de la part
du député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. J'en profite en
même temps pour féliciter le nouveau président de la
Fédération des ZEC parce que je pense qu'ils ont fait un assez
bon choix. Je veux en même temps, remercier les trois personnes qui sont
ici et qui sont venues cet après-midi nous renseigner et nous aider,
tout en essayant de leur aider à bâtir quelque chose de bien dans
les années à venir. Merci beaucoup.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie tout le monde,
les porte-parole, les représentants ainsi que les membres de la
commission. La commission ajourne ses travaux à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 18 h 06)