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Comité de la Jeunesse, des sports et des
loisirs (3)
Séance du 13 février 1969.
(Dix heures quarante-quatre minutes)
M. SAUVAGEAU (Président du comité): Je voudrais souhaiter
la plus cordiale bienvenue aux représentants de la police de
Montréal et de la Sûreté du Québec, ainsi qu'au
directeur du service de la police de Montréal, qui a bien voulu venir
nous donner des explications ce matin. M. Gilbert, on vous souhaite la
bienvenue. M'appuyant sur l'attention particulière et sur la
compétence que vous avez si bien démontrées envers les
problèmes de la jeunesse à Montréal, je suis sûr que
le témoignage de votre propre expérience, dans un domaine qu'il
nous importe de mieux connaître, nous serait d'un précieux
secours.
M. Gilbert, je voudrais vous souhaiter la bienvenue au nom des membres
du comité. Nous avons décidé de consacrer la
matinée à entendre vos explications. Avant, j'aimerais demander
aux membres du comité s'ils ont des observations à faire.
M. GARDNER: J'aurais, d'abord, une mise au point à faire. Cela
n'a pas de rapport avec M. Gilbert ni avec ce que nous avons à faire ce
matin. Cest au sujet d'une certaine déclaration que M. Louis Chantigny,
commissaire, aurait faite en fin de semaine concernant le tournoi pee-wee qui a
lieu présentement à Québec.
Je dois vous dire, en premier lieu, qu'entant que membre du
comité de la jeunesse, des loisirs et des sports, je m'objecte
carrément à cette déclaration. Je suis très
déçu qu'une personne aussi haut placée se serve de
l'influence et du poste qu'elle occupe pour faire des déclarations
semblables. Toute la population du Québec a été
offusquée d'entendre une telle chose et on a fait, je crois, dans les
journaux en fin de semaine des commentaires à ce sujet-là.
M. Chantigny disait que c'était un choc psychologique pour les
jeunes de moins de douze ans. Je ne sais où il a pris sa psychologie
pour dire une telle chose, mais, pour ma part, je sais que, si c'est un choc
psychologique, c'est en bien et non pas en mal.
Une tension existe chez les joueurs. J'arrive justement du tournoi; une
équipe de mon comté a remporté la victoire encore ce matin
et elle sera en finale la semaine prochaine.
M. GRENIER: Pas de publicité. M. GARDNER: Je crois que...
M. LEDUC (Laviolette): C'est un commercial.
M. GARDNER: ... les paroles que M. Chantigny a prononcées en fin
de semaine ne sont pas d'un homme qui s'y connaît en sport. Il s'y
connaît peut-être dans le domaine du cyclisme ou de la boxe, mais
je crois qu'il a fait une erreur dans le domaine du hockey. Il a dit
également que c'était fait, selon lui, au profit des
organisateurs. Je m'objecte, encore là, à cette phrase et je dis
carrément qu'elle est fausse.
Je souhaite et j'espère que cette déclaration a
été faite en son nom personnel et non pas en tant que membre du
haut-commissariat.
Pour ma part, je suis en faveur et je le dis publiquement
du tournoi pee-wee à Québec parce que c'est bon pour l'esprit
sportif de nos jeunes. C'est bon pour leur apprendre également un esprit
d'équipe; c'est bon pour leur corps autant que pour leur esprit.
La formation qu'ils acquièrent là, je considère
qu'elle est bonne, qu'elle est excellente pour l'avenir du hockey au
Québec.
M. le Président, je crois que M. Chantigny a choisi le mauvais
moment pour dire une telle chose. Pour ma part je le dis publiquement
je m'objecte et je souhaite que de telles choses ne se reproduisent plus
pour le bien de la gent sportive du Québec.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que M. Houde aurait quelques commentaires
à faire sur le sujet?
M. HOUDE: Non. Je n'ai pas eu l'occasion de lire la déclaration
de Louis Chantigny, commissaire à la jeunesse aux sports et aux loisirs.
Je peux vous dire qu'hier soir au Forum de Montréal, ou avait lieu le
grand gala du hockey mineur et où les députés et ministres
provinciaux ont dû baisser pavillon devant nos collègues du
Parlement d'Ottawa, le compte étant de 7 à 1, nous en avons
entendu parler...
M. GARDNER: Ils ont de la chance eux, à Ottawa...
M. HOUDE: Ils ont eu la chance de pouvoir pratiquer à
l'aréna de Hull apparemment depuis trois semaines, chance que nous
n'avons pas eue, nous. Nous avons entendu parler hier en effet de cette
déclaration du commissaire à la jeunesse, aux sports et aux
loisirs. Personnellement, je ne l'ai pas lue. Tout ce que je sais, c'est que la
gent sportive de Québec et en particulier les commentateurs sportifs de
Québec semblaient fort furieux. Je ne veux pas
commenter davantage. Tout ce que je peux dire, c'est que M. Chantigny a
probablement fait allusion à certaines études qui ont
été effectivement entreprises, il y a déjà
plusieurs années, aux Etats-Unis concernant en particulier le baseball,
les « little baseball leagues ». Il est vrai qu'il y a deux
écoles de pensée, M. Gardner, à savoir une école de
pensée qui prétend que ces tournois à grand
déploiement peuvent causer un choc psychologique aux jeunes, mais je
partage votre opinion; il est loin d'être prouvé, à mon
humble avis, que ces chocs psychologiques soient mauvais.
Personnellement, j'ai l'impression qu'il y a eu dans le tournoi pee-wee
de Québec tellement d'améliorations depuis quelques années
qu'il serait difficile aujourd'hui de le critiquer. Je sais qu'au tout
début, il y avait le danger que ces jeunes jouent plus de deux ou trois
matchs dans une journée. Au tout début, il y a eu
peut-être pas dans le tournoi pee-wee de Québec, mais dans
d'autres tournois quelques abus en ce sens qu'on faisait jouer à
des enfants pee-wee de dix à douze ans plus de deux matchs par jour. Je
pense qu'aujourd'hui il y a un règlement qui stipule qu'ils ne peuvent
jouer plus de deux matchs par jour.
Des examens médicaux et des heures de repos et de sommeil sont
prévus, etc.
Alors, pour une fois qu'il y a quelque chose de bien organisé
dans le hockey mineur, je pense que nous aurions davantage intérêt
à critiquer ce qui ne fonctionne pas qu'à critiquer ce qui
fonctionne ou, du moins, si nous voulons le critiquer, apportons des critiques
constructives et tentons plutôt d'améliorer cette situation.
Nous avons eu hier soir au Forum un match officiel du tournoi pee-wee de
Québec, qui s'était transporté à Montréal.
Des jeunes de Winnipeg jouaient contre l'équipe commerciale de CJMS de
Montréal, je pense. Personnellement, même si certains enfants
peuvent être marqués psychologiquement par 12,000 spectateurs,
j'ai vraiment l'impression que, pour les garçonnets qui partaient de
Winnipeg et venaient à Montréal fraterniser avec de petits
Canadiens français de la région métropolitaine,
après avoir passé quelques jours à Québec, les
avantages, ne serait-ce qu'au point de vue géographique compensent
déjà doublement pour quelques méfaits peut-être de
ces tournois.
Quoi qu'il en soit, avant de faire une déclaration semblable
à celle de M. Gardner, je prendrai connaissance du texte de la
déclaration de M. Louis Chantigny.
M. LEDUC (Laviolette): Je pense bien que ce n'est pas tellement
compliqué. Ce qui peut être mis en cause, ce seraient les
modalités, l'organisation. Si c'est bien organisé, avec ordre,
j'y vois plutôt des avantages que des inconvénients.
M. HAMEL: Dans le même ordre d'idées, je n'ai pas entendu
mon collègue d'Arthabaska. Je pense que M. Bélanger a
été interviewé. Il s'est réservé, avant de
porter un jugement, le privilège de vérifier exactement ce que M.
Chantigny avait réellement déclaré.
M. Bélanger a dit que si M. Chantigny avait fait cette
déclaration, il s'agissait peut-être d'une opinion
personnelle.
Peut-être y aurait-il avantage pour nous, sans aller trop loin,
à convoquer M. Chantigny ici et à lui poser directement des
questions. Nous pourrons ensuite porter un jugement.
M. GARDNER: Il est regrettable qu'il ne soit pas ici ce matin.
Personnellement, je me proposais de lui poser des questions.
M. HAMEL: M. Chantigny était au Forum avec nous hier soir. Nous
avons eu de la difficulté à revenir, à cause du mauvais
temps, alors...
M. LE PRESIDENT: C'est clos. Je demanderais maintenant au directeur du
service de la police de Montréal de prendre la parole et de nous
présenter les membres qui sont autour de la table.
M. GILBERT: Je dois dire, tout d'abord, que c'est avec empressement que
le service de la police de Montréal a donné suite à
l'invitation de M. Sauvageau de venir faire connaître ici le programme
que nous appliquons à l'intention de la jeunesse de la ville de
Montréal.
J'ai jugé à propos d'amener avec moi trois policiers
spécialisés dans le secteur de la jeunesse afin que vous les
entendiez à partir de leur responsabilité à la police de
Montréal et selon le rôle qu'ils jouent auprès des
jeunes.
Tout d'abord le sergent Claude Labelle qui s'occupe d'une façon
particulière du rôle du policier-éducateur. Ensuite le
sergent-détective Jacques Durocher qui, par ses fonctions, touche
à l'aspect des stupéfiants et des ravages qu'ils font
déjà parmi notre jeunesse. Ensuite, le sergent Roger Gravel qui,
pour sa part, s'occupe d'un secteur particulier, celui des motards, des gangs
de jeunes qui aiment à se déplacer en motocyclettes, des jeunes
qui, sans être des délinquants, peuvent très souvent causer
des problèmes parmi nos jeunes.
Ces trois policiers font partie de notre service depuis en moyenne
quinze ans et plusieurs
de ces années-là ont été consacrées
à la section particulière que nous appelons à la police de
Montréal, la section de l'aide à la jeunesse.
Grâce à la collaboration des média d'information,
tout particulièrement les journaux, nous avons pu faire connaître
depuis ces trois dernières années l'éventail des services
que la police de Montréal rend à la jeunesse. Vous avez
probablement entendu parler de ce qui se fait auprès des
écoliers. Je tiens à souligner que déjà dans la
province dans quelques-uns des comtés que vous représentez,
messieurs les députés, plusieurs chefs de police municipaux ont
commencé à mettre sur pied des programmes s'adressant à la
jeunesse.
Je suis, en plus d'être directeur à la police de
Montréal, le secrétaire général de l'Association
des chefs de police et de pompiers de la province de Québec. Par la
nature de mes fonctions, j'ai naturellement l'occasion de discuter avec mes
confrères chefs de police des différents problèmes de la
jeunesse, plus particulièrement au congrès de l'association
à Chicoutimi, l'an dernier, nous avons pu présenter d'une
façon plus détaillée que ce matin le programme de la
police de Montréal. Plusieurs municipalités ont répondu
à notre invitation de les aider à mettre sur pied des programmes
semblables et je me permets d'énumérer ici quelques-unes des
villes qui ont décidé et à ce moment-là,
ça demande une participation de l'administration municipale qui accepte
la suggestion de leur chef de police d'envoyer un ou des policiers chez
nous pour une période de temps qui peut varier de trois à quinze
jours pour se perfectionner sur ces méthodes.
Nous avons eu l'occasion de participer avec les municipalités
suivantes: Sainte-Thérèse, Lachute, Sainte-Adèle,
Saint-Jovite, Rosemère, Terrebonne, Sainte-Agathe,
Saint-Jérôme, la ville des Deux-Montagnes,
Sainte-Thérèse-Ouest.
Il ne faudrait pas croire là, que je suis dans une gare en train
de vous énumérer les villes: Outremont, Montréal-Nord,
Verdun, Lachine, Repentigny, Orsainville, Drummondville, Victoriaville,
Pierrefonds doit venir d'ici quelques semaines et Québec.
J'oubliais un secteur très important, Laval, qui, depuis quelques
semaines, a commencé à appliquer un système semblable.
Les villes de Sillery et de Sainte-Foy ont, depuis déjà
plusieurs années, des policiers qui s'intéressent d'une
façon particulière à la jeunesse. Les formules
employées ne sont peut-être pas exactement les mêmes que
celles de Montréal; c'est tout à fait normal. Il y a d'abord la
population à atteindre et aussi les effectifs policiers
concernés. A Montréal, nous entendons rejoindre grâce
à notre programme, plus de 250,000 étudiants. Je pense que c'est
un chiffre à retenir, lorsque l'on considère que, dans notre
province, il nous est possible d'atteindre un nombre aussi considérable
de jeunes, du niveau de la maternelle jusqu'au niveau des CEGEP.
Je précise ici que nous n'avons pas réussi à
imaginer une formule qui nous permettrait d'atteindre la jeunesse
universitaire. Il faut des principes psychologiques pour atteindre les jeunes;
on ne peut tout de même pas y arriver à coups de matraque ou en
s'imposant dans ces milieux-là. Donc, nous n'avons pas trouvé
encore je ne désespère pas d'y arriver cependant
cette formule pour pouvoir dialoguer avec les étudiants au niveau
universitaire.
Je pense que c'est une chose à retenir. Nous accepterions avec
plaisir des suggestions venant de différents comités sur ce
plan-là. On nous a demandé, dans la correspondance signée
de M. Bonin, le secrétaire des comités, de présenter un
mémoire si nous le jugions à propos. Malheureusement, le court
temps qui nous a été donné pour venir ici ne nous a pas
permis de préparer un mémoire. Toutefois, si vous jugez,
après nous avoir entendus qu'il y aurait intérêt à
vous fournir quelque chose, nous le ferons. Je dois vous dire cependant, que
nous avons préparé une documentation assez volumineuse que nous
vous distribuerons tout à l'heure.
Le rôle du policier dans la société, s'est trop
longtemps limité ou a été compris dans son aspect
répressif. Je veux dire par là que nous sommes mandatés
pour voir à maintenir l'ordre, pour voir à arrêter les
individus qui commettent des délits, faire les enquêtes de les
arrêter, voir à traduire ces individus devant nos tribunaux. Il y
a aussi un aspect préventif qui est inclus dans nos
responsabilités. A venir jusqu'à maintenant, certains chefs de
police ont attaché une importance plus ou moins grande à cette
partie de nos responsabilités, la prévention. Nous
considérons, à la police de Montréal, qu'il est de notre
devoir d'intensifier, d'agrandir davantage le champ de nos activités sur
le plan de la prévention.
Nous considérons que le policier a un rôle social à
jouer, qui n'est pas uniquement répressif. Les efforts faits à la
police de Montréal dans le sens de la prévention demandent chez
nous naturellement des sacrifices. J'entends des sacrifices sur le plan
budgétaire et aussi sur le plan de la distribution des effectifs. Toutes
les municipalités du Québec font face je ne vous apprends
rien, je pense, en vous le disant à cet aspect de budget qui
em-
pêche bien souvent l'application d'initiatives. Nous nous
efforçons en tant que secrétaire général de
l'association, lorsque nous avons l'occasion de rencontrer les responsables,
les conseils municipaux, de faire comprendre à ces municipalités
qu'il est important de consacrer au service de la police des budgets
nécessaires. Lorsque l'occasion se présente aussi, nous nous
efforçons de convaincre les autorités gouvernementales,
particulièrement le ministère de la Justice, qu'il y aurait
intérêt à se pencher sur cet aspect des dépenses,
cet aspect des budgets requis pour nos services de police afin d'assurer une
plus grande protection à nos citoyens et aussi permettre à tout
le monde, à tous les corps de police de mettre sur pied des programmes
comme ceux que nous avons à Montréal.
Je passe immédiatement la parole au sergent Claude Labelle qui
vous expliquera la participation, sa participation particulière en tant
que policier éducateur. Ce qu'il y a de particulier dans le programme
que nous appliquons à Montréal, et qui est remarqué par
d'autres pays et ceci dit sans exagération de ma part parce que
nous avons l'occasion de répondre à une demande de renseignements
de différents pays à travers le monde l'originalité
de notre formule est que nous nous adressons à toute la jeunesse et non
pas à la jeunesse que l'on étiquette de délinquante et
c'est là, je pense, le mérite d'un tel système.
Nous n'attendons pas qu'un jeune se soit fait prendre par la police pour
essayer de l'aider. Nous savons tous, d'abord, que ce n'est pas
nécessairement ceux que l'on étiquette délinquants qui ont
fait des mauvais coups; ce sont ceux qui se sont fait prendre. Nous savons
aussi qu'un certain nombre de nos jeunes sont juste à la phase de
franchir le seuil entre le jeune qui vit à l'intérieur des normes
acceptées dans notre société et celui qui décide de
ne pas s'y plier. Donc, par une approche qui s'adresse à toute la
jeunesse, nous pouvons atteindre tous ces jeunes. Mais lorsque nous avons
affaire à des jeunes délinquants bien reconnus qui ont fait des
stages dans des centres de correction ou de détention, par exemple, nous
avons une approche particulière.
Nous nous efforçons de faire connaître à toute la
jeunesse de Montréal ce qu'est le civisme, pourquoi nous avons des lois
ou pourquoi, à un moment donné, nous devons sacrifier notre
intérêt particulier à l'intérêt de la
masse.
Le sergent Labelle va vous exposer une phase de ce programme.
M. LABELLE: M. le Président, MM. les membres du comité,
mesdemoiselles, mesdames, messieurs.
Je tiens d'abord à remercier le président de ce
comité qui a bien voulu nous accorder ce privilège de venir vous
exposer le programme de la ville de Montréal et plus
précisément de la police de Montréal relativement à
la délinquance juvénile et plus précisément
à sa prévention.
Depuis trois ans, il existe à Montréal une fonction
sociale policière qui est celle du policier éducateur. Je suis
persuadé qu'au cours des trois dernières années, vous avez
entendu parler de ce mouvement, de ce système, de cette action sociale
policière. J'ai d'ailleurs apporté des cahiers de coupures de
différents journaux de la province de Québec qui ne sont
cependant qu'une partie des articles qui ont paru, tout spécialement sur
le policier éducateur.
J'ai l'impression qu'en tant que dirigeant, on est porté à
se dire: Qu'est-ce que le policier éducateur vient faire dans une
école? De quelle façon fait-il ce travail? De quelle façon
peut-il entrer directement en contact avec les jeunes?
Je pense qu'il serait bon, tout de même, de donner d'une
façon très succincte la genèse de cette institution pour
en arriver à l'action concrète qui s'exerce aujourd'hui.
En 1965, j'ai présenté à l'état-major de la
police de Montréal un projet où j'indiquais qu'il serait
peut-être bon qu'un policier se rende dans les écoles, pour parler
à tous les élèves, classe par classe, de la maternelle au
pré-universitaire, des lois, des règlements et surtout des
facteurs criminogènes qui peuvent amener les jeunes à se laisser
entraîner dans ce fléau social du siècle qu'on appelle la
délinquance juvénile.
Vous me direz peut-être qu'il n'est pas nouveau de voir un
policier dans une école. Lorsque nous étions nous-mêmes
à l'école, une fois par année un policier venait nous
parler dans la grande salle où 400 à 500 élèves
étaient réunis, debout, parfois cinq ou dix minutes avant la
période de récréation. Si la direction de l'école
le désirait, elle faisait entrer le policier qui venait parler dans
cette salle de cinq à dix minutes, à peu près uniquement
de sécurité routière et de circulation; Ne pas circuler
à deux sur une bicyclette, arrêter au feu rouge, et ainsi de
suite.
Mais le programme du policier éducateur est beaucoup plus profond
que ça. Il touche davantage les jeunes parce que l'action
présente du policier éducateur est intégrée au
programme de la Commission des écoles catholiques de Montréal, du
Protestant School Board ou de toutes les autres écoles privées
qui veulent bien accepter le policier. C'est donc dire que le policier
éducateur d'aujourd'hui entre dans une école avec ou sans
l'assentiment de la direction. Peu importe qu'elle désire ou non voir la
police dans les murs de l'école.
Appeler un policier à parler à des jeunes sur le plan de
l'éducation est une chose délicate, et quand on touche à
l'éducation et à l'instruction, cela devient un peu complexe. On
ne prend pas n'importe qui sur la rue comme cela pour lui dire d'aller dans les
écoles et de parler à tous les niveaux.
Après huit mois de séances et de sessions comme nous en
avons aujourd'hui, le comité d'étude pédagogique de la
Commission des écoles catholiques de Montréal se
prononçait et autorisait la police de Montréal, via le sergent
Labelle, à faire une expérience pilote, du 4 janvier 1966
jusqu'à juin 1966, dans les écoles de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, mais au niveau de la
huitième année seulement, section des garçons, et aussi au
niveau de la maternelle. Cela peut paraître étrange, vous le
savez. On se dit: un policier en uniforme dans les classes maternelles,
qu'est-ce qu'il peut bien aller faire là? Brièvement, je vous dis
que, de zéro à six ans, c'est le caractère de l'enfant qui
se forme. Donc, si, à cinq ans dans une classe maternelle, les jeunes
ont l'occasion de serrer la main du policier, de toucher son képi, son
insigne, d'avoir un contact amical avec lui, tout cela vient
décloisonner dans sa petite tête l'idée que, s'il ne mange
pas ses pommes de terre à cinq heures et demie ou six heures, au souper,
ses parents appelleront la police, et que, s'il ne se couche pas à sept
heures et demie ou huit heures, ses parents appelleront encore la police.
Enfin, ces choses qui sont dites aux jeunes en bas âge causent un
traumatisme chez l'enfant. L'agent de police a un rôle de policier
éducateur, parce que, durant le cours qu'il va dispenser à la
maternelle, et qui dure de vingt à trente minutes, il va tout
simplement, comme disait Saint-Exupéry, apprivoiser les jeunes.
Il va créer des liens, et c'est cela, le but de son travail. De
quelle façon va-t-il s'y prendre? Il y a un volume qui s'intitule.
« Je me renseigne sur les agents de police » et qui a
été distribué à Montréal, dans toutes les
classes d'éducation préscolaire qu'on appelle plus
communément les maternelles. Ce volume est maintenant un manuel de
classe des commissions scolaires.
Le policier éducateur va s'adresser aux jeunes, encore une fois,
d'une façon audio-visuelle. Il utilise des photographies comme vous en
voyez sur le mur, ici, en face de vous, des photographies que le policier et
les jeunes pourront commenter, discuter. Le policier éducateur aura
à ce moment-là à s'exprimer en chantant des chansons
enfantines avec les jeunes. Il aura enfin à se placer au niveau et au
diapason de ces jeunes-là. L'expérience des der- nières
années nous a prouvé que, pour les jeunes d'aujourd'hui, surtout
ceux qui sont en première, deuxième et troisième
années, c'est-à-dire le premier cycle d'études, leur
policier est réellement leur ami. Donc, en maternelle, c'était
important, c'était à la base.
Et maintenant, la huitième année. Pourquoi avoir choisi la
huitième année pour faire une expérience pilote? Il
fallait, pour faire une expérience pilote en huitième
année, se baser sur des chiffres, des statistiques et des faits. Le
Bureau fédéral de la statistique a fourni les chiffres suivants.
Il y a eu une enquête au Canada, de 1957 à 1961, pour savoir si
les jeunes compris entre ces années étaient le plus souvent des
écoliers, ou bien s'ils avaient quitté l'école en bas
âge et travaillaient maintenant à différents endroits, et
si c'étaient ceux-ci qui étaient jugés délinquants
ici au Canada. Les chiffres obtenus de 1957 à 1961 - le plus bas
pourcentage, celui de 1957, à été de 88.2%, et le plus
haut, celui de 1961, a été de 92.6%, établissent
que les jeunes jugés délinquants au Canada étaient des
écoliers, et que 65% à 70% d'entre eux étaient des
élèves des sixième septième, huitième et
neuvième années.
Nous avons donc placé l'expérience pilote, au niveau de la
huitième année, soit le début du cours secondaire.
C'était un point.
Deuxièmement, la période de la puberté. Celle-ci
amène des traumatismes qui provoquent un comportement antisocial.
Surtout lorsque la puberté est précoce, les dommages, les
délits, les actes antisociaux surviennent d'une façon plus
fréquente.
On s'est apperçu également à Montréal
parce que je parle pour Montréal, en ce qui concerne notre secteur,
surtout au début des expériences pilotes, on l'a
vérifié, on a les statistiques de la cour du Bien-Etre social
que c'est à l'âge de treize ans que commençait
réellement le noyau des premières comparutions à la cour
du Bien-Etre social.
Voici un autre point qui nous indiquait que la huitième
année était réellement l'année pour tenter cette
expérience.
Du 4 janvier jusqu'au mois de juin 1966, j'ai visité toutes les
écoles de la Commission des écoles catholiques de Montréal
où il y avait une classe de huitième année de
garçons. Au terme de l'année 1966, nous avons voulu savoir si
l'action du policier éducateur avait réellement rapporté
quelque chose. Les statistiques fournies par la cour du Bien-Etre social en
1966 ont donc été comparées avec celles de 1965. On s'est
aperçu qu'à l'âge de treize ans, l'âge où on
peut rejoindre les élèves de huitième année
aujourd'hui, il y avait une baisse du taux des premières comparutions de
l'ordre de 17.3%,
tandis qu'a tous les autres degrés chronologiques, de sept
à douze ans de quatorze à dix-sept ans, il y avait
recrudescence.
Nous savons qu'en 1966, à Montréal, sur le plan des
systèmes de prévention, l'action de la police de Montréal
a été la mieux organisée pour toucher le plus
d'élèves possible. Des centres de loisirs ont été
formés ici et là qui, naturellement ont fait de la
prévention, mais d'une façon globale, en 1966, à
Montréal, c'est la police de Montréal qui exerce cette
action.
Ceci a fait réfléchir les autorités scolaires ainsi
que les autorités policières, et on s'est demandé si on ne
devait pas poursuivre cette action à d'autres niveaux.
Donc, à la demande des commissions scolaires et ici
j'englobe les commissions scolaires catholiques et protestantes, anglaises et
françaises qui ont dit: « Eh bien, si c'est bon pour
l'élément français, c'est aussi bon pour
l'élément anglais », nous avons adjoint un autre policier
à cette fonction, l'agent Gordon Reed.
L'année 1966 a été de courte durée, surtout
en ce qui concerne les écoles, parce que nous avons débuté
en octobre et terminé vers le 15 décembre. Nous savons qu'au
début de l'année 1967, il y a eu cet arrêt de travail des
professeurs. Pendant plusieurs semaines, il n'y a pas eu de cours et les
étudiants, évidemment, ne se sont pas présentés
dans les écoles.
Lorsque ce conflit de travail a été réglé,
on a dit aux élèves qui sont revenus: Afin que vous ne perdiez
pas votre année, nous allons faire du rattrapage ». A ce
moment-là, on a décidé d'annuler toutes les
activités parascolaires des écoles. Donc, l'aumônier, au
lieu de présenter deux cours de catéchèse par semaine,
n'en présentait qu'un par quinze jours; la religieuse qui venait parler
de ses missions étrangères a été rayée du
programme; le médecin qui passait à tous les mois n'est venu
qu'une seule fois au cours des mois qui restaient, et ainsi de suite.
De toutes ces activités, on a conservé quand même le
policier éducateur jusqu'à la fin des classes, en juin. Ceci est
donc une preuve tangible que le rôle du policier éducateur
était très important dans une école. Je pense que dans
l'éventail des services spéciaux et essentiels qu'on y retrouve
présentement, que ce soit le conseiller en orientation, le psychologue,
l'aumonier, etc., dans notre contexte social d'aujourd'hui, il est important
d'avoir le policier éducateur.
A la demande des autorités, le directeur Jean Paul Gilbert a
alors décidé de créer une sous-section de l'aide à
la jeunesse qui s'appelle « la sous-section de l'unité
préventive ». Quelle est cette sous-section de l'unité
pré- ventive? C'est surtout avec ça que nous allons travailler
durant les prochaines minutes et que je veux vous expliquer.
Lorsque j'ai commencé le programme il y a quelques années,
je parcourais toutes les écoles et, naturellement, je revenais seulement
l'année suivante dans tel secteur ou tel autre. On s'est alors
aperçu que si un policier était attaché à un poste
dans un secteur de la ville et qu'il y demeurait, il y serait beaucoup plus en
contact avec ces jeunes. Donc, à ce système d'éducation et
d'instruction créé à Montréal par ces cours de
criminologie élémentaires dispensés par le policier
éducateur, on a relié le programme qui existe présentement
depuis dix ans également à Liverpool, en
Angleterre, où un policier en uniforme travaille avec une voiture de
radio-police sur laquelle est indiqué « officier de liaison
», ou « Liaison Officer ».
Ce policier, à Liverpool, se rend dans tous les endroits
susceptibles d'être fréquentés par les jeunes, à
savoir les centres de loisirs, les salles de billard et ainsi de suite. Il
accomplit donc un certain travail social. Ce travail social accompli par les
policiers, à Liverpool, y a rapporté des fruits, car la
délinquance juvénile y a baissé et à un
degré assez prononcé.
On a donc relié ces deux systèmes, et ceci a donné
l'unité préventive. Donc, trois policiers par poste de police,
à Montréal, on en compte seize travailleraient sur deux
relèves, à savoir la deuxième relève, de 8 heures
à 16 heures, et la troisième relève, de 15 heures à
23 heures. Les policiers de la deuxième relève travaillent dans
les écoles de leurs secteurs, non plus seulement de la maternelle
à la huitième année mais à tous les niveaux. Celui
qui travaille sur la troisième relève fait ce qui se passe
à Liverpool, à savoir dans les endroits susceptibles d'être
fréquentés par les jeunes.
Le rôle du policier éducateur s'étend beaucoup plus
que cela, même s'il n'a pas la formation scolaire, même s'il n'a
pas le diplôme d'un travailleur social. Par sa formation
policière, par la formation acquise bien des fois, à la suite de
son entrée au sein du Service de la police de Montréal, soit en
suivant des cours de l'université de Montréal, soit en suivant
les cours du collège de la police, dans le cadre du diplôme en
sciences policières, le policier éducateur a tout de même
acquis un certain potentiel qui l'aide et qui fait de lui, aujourd'hui, au
moins un officier de probation, doublé d'un statut de policier. Je pense
qu'il est important de consacrer quelques minutes à cet
aspect-là.
Lorsqu'un jeune était arrêté pour avoir brisé
une vitre dans une ruelle etc.. enfin, imagi-
nez cette chose-là avant le 31 juillet 1967, le rôle
de la police consistait à aller voir le plaignant et à dire:
Monsieur, madame, présentez-vous demain à la cour du Bien-Etre
social et allez signer une plainte contre cet enfant. Et on disait à
l'enfant et aux parents: Demain matin, monsieur, madame, présentez-vous
à la cour, vous allez comparaître. On s'arrêtait la.
Aujourd'hui, le policier éducateur convoqué pour une
plainte semblable ira rencontrer le plaignant, lui expliquera le rôle du
policier éducateur par la prévention et par le travail qu'il
fait. Dans bien des cas, le plaignant se réjouira justement, que la
police puisse faire une chose comme celle-là. A ce moment-là, on
amène le jeune garçon au poste de police, et on y fait venir les
parents pour avoir réellement un dialogue. Parce qu'on sait
qu'aujourd'hui dans les foyers le dialogue est assez rare. C'est surtout du
« crialogue » qui y existe. Le même dialogue a lieu au poste
de police, entre le policier, l'enfant et les parents. On y discute
réellement des problèmes que pourrait avoir cet enfant. Le
policier éducateur dira ceci: Je veux que tu reviennes me voir toutes
les semaines, tous les 15 jours ou tous les mois. Je veux qu'à la fin du
mois, tu viennens me montrer ton bulletin pour savoir s'il y a eu
amélioration dans ta conduite. Ou bien, il dira: Lorsque je
patrouillerai ton secteur, je m'arrêterai chez toi, f irai rencontrer tes
parents et te voir pour savoir si tout va bien.
Vous savez enfin il ne faut pas se leurrer les officiers
de probation et la cour du Bien-Etre social sont débordés en ce
qui concerne ces cas et, bien des fois, on ne peut pas faire ce travail
justement parce qu'on a trop de cas de probation. D'autre part, le policier qui
travaille dans le secteur a l'opportunité, d'abord, d'avoir un contact
avec les jeunes et, surtout, de faire ces cas de catamnèse ou de
continuité ou de « follow-up ».
Une chose est surtout importante je m'excuse de parler à
bâtons rompus je m'explique. Le policier éducateur
travaille toujours en uniforme, et, lorsqu'il est dans les secteurs de la
ville, il est dans un véhicule lettré, clairement
identifié « Police de Montréal », à l'aide
d'une plaque bleue dans les vitres de côté et sur laquelle il est
indiqué « Aide à la Jeunesse Youth Section ».
Ces indications caractérisent les policiers assignés à la
jeunesse.
Une fois que nous avons visité deux ou trois écoles de la
même paroisse, du même secteur, je dois vous dire que nous
organisons également un colloque pour les parents de ces
élèves, parce que, dans bien des cas, la cause, même
directe, des actes de délinquance commis par les jeunes dépend
des parents.
A ces colloques, il y a une commission formée d'un juge de la
cour du Bien-Etre social, d'un représentant de la ville de
Montréal soit un conseiller municipal, soit un travailleur social
et d'un directeur de district de la commission scolaire. Enfin, ce sont
des personnes compétentes qui viennent discuter de différents
sujets; on a parlé, par exemple, de la psychologie des adolescents et
des enfants et surtout de la prévention de la délinquance
juvénile. Aujourd'hui, nous nous réjouissons du fait qu'un
organisme provincial, qui s'appelle l'OPTAT, travaille en étroite
collaboration avec nous M. Durocher aura l'occasion de vous en parler
tout à l'heure pour régler un problème
d'actualité, celui des drogues.
Au cours de nos 50 derniers colloques organisés avec les parents,
la moyenne des présences s'élève à plus de 230
personnes. Donc, nous rejoignons environ 20% à 22% des parents des
élèves que nous avons visités. Je dois également
mentionner que le rôle du policier éducateur est de collaborer
activement avec le service des parcs de la ville de Montréal. Je pense,
par exemple, à l'initiative qui a été créée
il y a plusieurs années de « sécurité vacances
»; je pense aussi aux moniteurs agissant auprès des enfants, soit
dans les parcs, soit dans les centres sportifs. Il y a des rencontres
régulières et le policier éducateur a sa place à la
table ronde pour venir réellement parler avec eux et organiser ces cours
qui, parfois, peuvent être différents de ceux qui sont
dispensés dans les écoles.
Je sais que le temps passe assez vite; je ne voudrais pas retenir trop
de gens. Alors, si nous passions aux diapositives, puisque j'en ai
apporté. Comme je le disais tout à l'heure, le policier
éducateur se sert des méthodes audio-visuelles pour dispenser son
cours dans les écoles. Ces méthodes sont excellentes puisqu'on
dit qu'une image vaut mille mots. Cela vous aidera à comprendre
davantage quels sont les sujets que le policier peut traiter dans ce
domaine-là. Si vous le voulez, nous passerons aux diapositives
immédiatement.
Je dois vous dire également que, dans le système
audio-visuel, vous n'avez que cinq ou six diapositives par cours. Sur le plan
pédagogique, il est très important de ne pas montrer une
série de 40 ou 50 diapositives parce qu'à ce moment-là, il
serait préférable d'apporter un film. Maintenant, les
diapositives que je vous présente ce matin sont une
rétrospective, un tour d'horizon des différents cours que nous
pouvons donner à nos jeunes.
Voici une diapositive qui est montrée aux élè-
ves de la première année. La première pensée
qui nous vient à l'esprit, c'est que cette petite fille s'est
égarée; le policier l'a retrouvée et il va la reconduire
à sa mère. C'est cela, en fait.
Mais quand une diapositive comme celle-ci est montrée dans une
classe, il faut en faire ressortir tous les points, points dont je vais
discuter avec vous et que je vous expliquerai. D'abord, nous expliquons aux
jeunes que si, à six ans ou sept ans, on est égaré, il est
préférable de s'adresser à une personne qui porte un
uniforme, que ce soit un policier, un pompier, un facteur, un laitier, etc.
Nous savons, nous, par la sous-section des crimes sexuels, à la section
de l'aide à la jeunesse, que c'est beaucoup plus facile de
repérer un individu qui a attenté à la pudeur d'un enfant,
s'il porte un uniforme.
Nous voyons ici une petite fille dans les marches de l'escalier. Nous
parlons de cela parce que c'est dangereux. Vous savez qu'aujourd'hui, les
jeunes ne vont pas aux parcs; ils utilisent les marches de l'escalier ou une
clôture en fer, comme cela, comme trapèze, pour s'amuser. Donc,
sur le plan physique, c'est un danger. La sécurité est un point
que nous pouvons faire ressortir.
Voici une auto de la police de Montréal enfin, nous sommes
à Montréal dans le cas présent nous expliquons aux
jeunes ce que signifie la plaque bleue qui est dans les glaces du
côté. En plus, puisque nous avons parlé des escaliers, nous
pouvons entrer dans la maison et dire: Quand vos parents vous défendent
de tirer une chaise et de monter dessus pour aller chercher des friandises ou
quoique ce soit dans l'armoire, encore une fois, le policier éducateur
vient appuyer, vient réellement aider les parents, les éducateurs
et les instituteurs dans leur tâche d'éducation. Combien de fois
avez-vous dit cela à vos enfants? Quand cela vient d'une autre personne,
cela a certainement beaucoup plus de poids, beaucoup plus
d'autorité.
Nous voyons sur cette diapositive une pièce un peu malpropre; il
y a beaucoup de papiers, cela a été fait exprès.
Nous disons aux élèves qu'en classe, par exemple, il y a
des paniers à certains endroits et que les papiers vont
là-dedans. On sait que l'institutrice s'évertue à dire
cette chose-là, peut-être cinquante fois par jour. Donc, nous
venons l'appuyer dans sa demande auprès des jeunes. On leur dit, en
faisant le parallèle, que, sur la rue aussi, il y a des paniers qui sont
placés par la ville de Montréal et que, lorsqu'on a pris une
tablette de chocolat, le papier va dans le panier. Donc, c'est l'aspect de la
propreté.
Une autre diapositive et, là, j'y vais très
rapidement présentée au niveau de la quatrième ou
de la cinquième année. Une maman vient chercher sa petite fille
ou son petit garçon qui a terminé l'école. Donc, on n'a
pas vu sa maman de toute la journée. Bien des fois, on va lui faire des
caresses et, parfois, cela peut distraire le chauffeur. Cela peut être
une occasion d'accidents. Donc, on parle de cet aspect-là.
On parle aussi d'une chose que les parents ne font pas, mais qu'ils
devraient faire: on les incite à utiliser les ceintures de
sécurité. Sur le plan de la propreté, sur le plan physique
et sur le plan de la sécurité, bien des fois, des jeunes qui sont
dans des véhicules jouent au drapeau. On a un papier-mouchoir, on tend
le bras à l'extérieur de la portière et, parfois, on
laisse tomber le papier-mouchoir. Cela peut tomber justement dans le pare-brise
de l'automobiliste qui suit et causer des accidents.
Encore une fois, ce sont certains traits qui sont relevés lorsque
nous allons parler dans les classes au niveau de la quatrième ou de la
cinquième année.
Voici des jeunes garçons ou des jeunes filles qui vont cueillir
simplement des fleurs dans un parterre. Au niveau de la septième
année, c'est important d'en parler. En effet, cette diapositive nous
amène à parler d'un sujet toujours d'actualité: les
dommages à la propriété. Les derniers
événements nous l'ont prouvé. J'aimerais vous dire que
nous expliquons aux jeunes que, si l'on va cueillir une fleur dans un parterre,
ce n'est pas tant un vol qu'on commet qu'un dommage à la
propriété. On les fait réfléchir sur le rôle
de la victime, parce qu'il y a des victimes là-dedans. Le ou la
propriétaire de ce parterre a cultivé la terre pour avoir de
belles fleurs. Si l'on va tout simplement les chercher comme ça, cela
devient du dommage à la propriété. Par conséquent,
on leur fait penser au rôle de la victime.
Maintenant, on les fait réfléchir et on leur dit: Regardez
le dessus de votre pupitre; des initiales sont gravées dans le bois, des
petits coeurs avec, parfois, des initiales au milieu, etc. Bien, tout cela, ce
sont des dommages à la propriété. Il y a aussi les livres
qui leur sont prêtés par la commission scolaire. Bien des fois,
les jeunes apportent cela à la maison. On étudie une heure ou
deux, dans le plus cela n'arrive pas souvent, mais cela arrive on
prend le livre et puis, si c'est l'algèbre, par exemple, on voit des
lettres et des chiffres partout après deux heures. Alors, on prend le
livre et on le lance dans un coin de la pièce. Donc, on les fait
réfléchir sur les dommages à la pro-
priété, en prenant comme exemple les livres qui leur sont
prêtés par la commission scolaire.
Un autre sujet qui est bien apprécié par les jeunes,
naturellement, c'est la pratique de l'auto-stop, aussi bien pour les
garçons que pour les filles. Bien, on explique qu'il leur est
défendu de pratiquer l'auto-stop lorsqu'ils sont dans la rue. On sait
que sur le trottoir, c'est permis. Dans la rue, c'est défendu. Pourquoi?
D'abord, sur le plan de la sécurité, on sait qu'avec la
circulation rapide des véhicules et des autos que nous avons
présentement, c'est dangereux. Deuxièmement, sur le plan
matériel. Quand un individu immobilise son véhicule pour faire
monter des jeunes garçons ou des jeunes filles, parfois, il peut le
faire d'une façon très brusque. Par conséquent, si des
autos le suivaient alors qu'il a freiné brusquement, lui, cela va
occasionner un tamponnement d'automobiles et des accidents.
Troisièmement, sur le plan moral, on ne sait jamais où l'on va se
retrouver quand on a monté dans un véhicule dont le chauffeur est
un inconnu. Auparavant, on mettait surtout l'accent sur la question des viols
pour les jeunes filles mais on met autant l'accent aujourd'hui sur la question
des homosexuels qui font monter les jeunes.
Par exemple, je leur dis: Vous n'avez qu'à feuilleter le journal;
regardez les articles qui paraissent tous les jours ou à peu près
sur ce point de la pratique de l'auto-stop. Les jeunes, aujourd'hui, ne sont
pas intéressés à lire les journaux page par page. Les
petites filles vont aller surtout à la page féminine et les
garçons, aux pages sportives et leur lecture se termine là. J'ai
découpé dans un journal un article intitulé: « Le
vampire de l'autoroute a été arrêté ». Je leur
ai fait lire cette chose-là: « La police espagnole a mis la main,
dans la nuit de mercredi à jeudi, sur le fameux vampire de l'autoroute,
un obsédé sexuel qui, depuis deux ans, viole et tue des femmes
pratiquant l'auto-stop le long de l'autoroute allemande, Munich-Karlsruhe
(Bade). » Le reste identifie le bonhomme qui a été
arrêté. Je les ramène aussi sur le plan de la
localité.
On sait qu'à Montréal, en 1967, un individu, à
l'aide de sa jeune fille de onze ans qui était assise sur la banquette
arrière, avait fait monter des jeunes filles dans son automobile et
s'était porté à des attentats à la pudeur sur ces
jeunes. Il a été accusé. Il a eu sa sentence à
Montréal, il y a quelque temps.
Enfin, nous prenons les sujets d'actualité.
Un sujet qui est aussi d'actualité c'est le « gang »
et, d'après moi, le « gang » est un des facteurs le plus
dangereux, c'est un des facteurs criminogènes les plus importants. Je
leur expli- que que quand ils sont en groupe, comme cela, les sonneurs de
fausse alarme d'incendie viennent de là, ordinairement. Nous sommes
certains que ce n'est pas le garçon qui est en train d'étudier
chez lui, bien tranquille, qui d'une seconde à l'autre dépose ses
livres sur la table du salon et descend dans la rue pour sonner une fausse
alarme et retourne étudier. Nous sommes certains que ce n'est pas lui.
Cela vient du « gang ».
Et là, nous abordons un sujet qui est très important, la
psychologie des adolescents. Quand on est en présence d'une personne du
sexe opposé, on tente de se valoriser. Parfois, on ne peut pas le faire
d'une façon positive, soit par les sports, soit par l'école.
Donc, on va le faire d'une façon négative. On va sonner les
fausses alarmes d'incendie, comme je le disais.
Et comme je l'explique aussi, la conduite immorale entre garçons
et filles, souvent vient de là. Cela va se poursuivre dans les parcs,
dans les salles de danse, dans les discothèques ou bien tout simplement
dans le sous-sol d'une maison où les parents sont absents.
De plus, quand on est en groupe, comme cela, les gens qui passent dans
la rue, comme vous voyez présentement sur le mur, arrivés au
centre du trottoir demande aux jeunes de leur libérer le passage, les
jeunes répondent d'une façon vulgaire et souvent ces
gens-là frustrés, rendus à la maison, appelleront la
police, et nous enverrons des policiers qui demanderont, tout simplement, de
circuler.
Donc, on explique le rôle du policier, dans ce sens-là. En
suivant le « leader », par exemple dans un groupe, les jeunes
parfois ont de bonnes Intentions mais comme ils sont très
influençables, ils ne peuvent pas dire non à l'individu qui leur
demande d'aller quelque part.
Donc, je dis que quand ils sont des peureux, ils sont des «
suiveux » et quand on est des « suiveux », on peut commettre
des délits. On peut se rendre dans un grand magasin, on peut,
peut-être, aller commettre un vol à l'étalage. On peut se
rendre dans une discothèque de la ville et pour y
pénétrer, on falsifiera un baptistère, on aura l'occasion
d'absorber de la boisson et des drogues.
Je vais toucher brièvement l'aspect des drogues. M. Durocher y
reviendra beaucoup plus en profondeur que moi. Dans le cas où un jeune
appartient à un groupe où on a l'occasion d'absorber de la
drogue, si le jeune n'a pas été capable de se faire une
discipline personnelle, s'il n'a pas de discipline au foyer, au moment de
prendre une décision, s'il n'est pas capable de se conduire d'une
façon normale, s'il se laisse intimider par ses amis, sa décision
sera négative et
il ira trouver un trafiquant pour se procurer de la drogue.
On sait que cette marchandise est assez dispendieuse. Donc, il faut se
procurer l'argent, parfois d'une façon illégale pour avoir ces
produits-là.
Maintenant, je leur dis qu'à 18 ans, ils ont atteint leur
majorité pénale et que s'ils sont arrêtés pour ce
délit, ils devront supporter un dossier judiciaire et je leur parle de
l'importance d'un dossier judiciaire dans la vie d'une personne. Quand on a
passé par la filière alors qu'on a atteint plus de 18 ans, alors,
on se retrouve non pas devant une cour de bien-être social mais devant
une cour pénale qui, dans la peine qu'elle pourra imposer, sera
peut-être la prison.
Et moi je pense que c'est bon de dire à nos jeunes ce que c'est
que la prison. On parle de Bordeaux et de Saint-Vincent-de-Paul comme si ce
n'était rien, vous savez. Mais je les fais réfléchir sur
ce qu'est la prison. D'abord, privation de la liberté. Celui qui est
incarcéré là-dedans, on lui dit quand faire telle chose,
comment la faire, où aller, et ainsi de suite. Il a perdu sa
liberté.
Deuxièmement, privation du superflu. Troisièmement
privation de la sécurité. On est beaucoup plus en
sécurité à l'extérieur qu'à
l'intérieur des murs d'une prison, pourquoi? Eh bien, la personne qui
est dans la cellule voisine, qu'a-t-elle fait? Elle a peut-être
volé, triché, commis des assauts graves et même parfois
tué pour obtenir ce qu'elle voulait avoir. Pendant tout ce
temps-là, on est pris à vivre continuellement avec des gens de
cette espèce.
Et, puisque nous avons parlé de drogue, tout à l'heure, je
pense qu'il est important de parler du processus mental quand un individu a
absorbé, par exemple, une dose de LSD. On voit ici le cercle qui
représente l'oeil et les objets qui sont les tasses.
M. GILBERT: A quel niveau d'écolier vous adressez-vous alors?
M. LABELLE: Nous parlons au niveau de la dixième et de la
onzième années, au cours secondaire, au niveau de la
douzième et parfois lors de demandes spéciales, treizième
et quatorzième années, suivant les institutions.
L'homme normal qui regarde une tasse voit une tasse. Celui qui a
absorbé de la drogue, ce n'est plus une tasse qu'il va voir, c'est une
fleur. Par exemple, le gars s'en va sur le trottoir, il est fatigué, il
se croit chez lui, il veut se coucher, il se croit dans son lit, il agit de
cette façon-là. Ou bien, comme dirait M. Durocher, s'il se pense
un oiseau et veut commencer à voler, s'il monte d'une marche et essaye
de voler, il va tomber d'un pied à peu près. Ce n'est pas trop
grave. Mais si le gars décide de prendre l'ascenseur à la place
Ville-Marie et descendre du quinzième étage, cela va aller plus
mal. A ce moment-là, ça ressemble à un suicide. Certains
de nos suicides s'expliquent ainsi, à cause de ce problème que
nous avons aujourd'hui avec les jeunes.
Celui qui, par exemple, aurait absorbé ou fumé de la
marijuana, s'il prend son véhicule, de quelle façon va-t-il se
véhiculer, de quelle façon va-t-il voir les affiches? J'ai
l'impression que c'est un danger public. Celui qui aura une collision avec ce
jeune homme, c'est peut-être vous, c'est peut-être moi, on ne sait
jamais. Donc, je pense que, sur le plan de l'éducation et sur le plan de
l'information, c'est bon d'en parler.
Le même processus peut se produire pour les autres sens, à
savoir le toucher, l'ouïe, le goût, l'odorat comme pour l'oeil dont
je parlais tout à l'heure.
Les jeunes filles ou les jeunes garçons que l'on rencontre dans
les classes, je leur dis qu'en plus d'étudier et de faire des devoirs,
ils apprennent un métier d'homme, un métier de femme. Ce
métier d'homme et de femme, cela s'apprend au foyer et non pas dans les
endroits que l'on a vus tout à l'heure et ainsi de suite.
Je dois vous dire que les dispositions ont été prises avec
des figurants et des figurantes, qui ne sont pas de vrais délinquants.
Je dois le dire très fort parce que la plus petite est ma fille, alors
c'est important.
Les buts du policier éducateur, c'est de parler d'abord
prévention de la délinquance juvénile et aussi du
rôle du policier dans la société. Donc, cela devient une
valorisation de la fonction du policier en uniforme.
De quelle façon les jeunes voient le policier aujourd'hui? C'est
cette image justement que l'on veut détruire par ces cours de
criminologie qui sont dispensés dans les écoles. Je leur dis que
le policier qui a choisi cette carrière de policier aurait pu aussi
opter pour toute autre fonction. Il a choisi celle-ci de
préférence. Il a des devoirs à remplir: maintenir l'ordre,
protéger la vie et la propriété des citoyens, faire
observer les lois, arrêter les violateurs de la loi et ainsi de
suite.
Là, on explique quelques fonctions de nos policiers à
Montréal, à savoir celui qui travaille sur l'auto-radio. Celui-ci
est toujours sur la ligne de feu en fait, dès qu'il se passe quelque
chose d'anormal qui n'est pas naturel dans une ville, dans une cité,
dans un village, dans une paroisse, on a placé dans notre système
social quelqu'un qui va nous aider. C'est le policier. On peut don-
ner quelques exemples. Il est arrivé un orage électrique,
les fils électriques pendent dans les rues. Immédiatement les
gens n'appelleront pas l'Hydro-Québec mais on va appeler la police.
Il arrive un feu. Les gens parfois n'appelleront pas les pompiers mais
on va appeler la police. A ce moment-là, je dis toujours que c'est parce
que le policier pour exercer sa fonction, il doit avoir toujours «pompier
bon oeil»! C'est important.
Enfin, dans toute situation difficile ou précaire, on a toujours
recours à quelqu'un qui vient nous dépanner. Si on enlevait le
policier qui dirige la circulation au centré de la rue pour placer des
feux de circulation à sa place, on peut se poser la question,
arrêtons-nous toujours, nous-mêmes ici, au feu rouge?
Quand je vais voir mes cocos et mes poulettes dans les maternelles,
comme je le disais tout à l'heure, en plus de chanter des petites
chansons enfantines avec eux je ne commencerai pas cela ici même
si cela fait trois ans que je le fais cela, je ne veux pas que vous vous en
alliez c'est pour vous dire que quand on leur parle du feu rouge, on
leur dit qu'il faut toujours arrêter au feu rouge, voici surtout ce que
les poulettes me disent: « M. le policier, vous nous dites
d'arrêter à la lumière rouge mais mon papa et ma maman me
tiennent par la main et on passe à la lumière rouge. Parfois,
cela se passe en automobile ». Vous savez tout ce qu'ils peuvent me
raconter, à cet âge-là.
Les parents pourraient rougir si je leur disais tout ce que ces jeunes
me racontent dans les maternelles.
Une anecdote assez amusante; Il y a deux ans, j'étais dans une
maternelle comme celle-là, où j'ai toujours l'occasion de prendre
sur mes genoux une petite fille ou un petit garçon qui ordinairement
sont les plus défavorisés sur le plan physique ou vestimentaire.
J'avais donc une petite fille sur les genoux. Je parlais avec les enfants, je
discutais et tout à coup, je me suis senti la cuisse chaude, chaude.
Cela y était; c'était une petite fille qui était
réellement émue. Heureusement que cela s'est arrêté
là. C'est pour vous montrer jusqu'où ça peut aller.
Je peux vous dire que, sur le plan de la popularité, depuis que
nous avons commencé ce système, le père Noël arrive
au deuxième rang, le policier étant celui qui est le plus
populaire auprès des jeunes.
Cette diapositive où on voit les policiers qui à la
Montagne ou à l'île Sainte-Hélène sert surtout pour
expliquer un problème assez grave que nous avons à
Montréal, à la Montagne, à savoir la présence de
personnes homosexsuelles et de lesbiennes qui fréquentent ces lieux.
Quels sont les moyens de défense devant ces personnes? Que doit-on faire
lorsqu'on a reçu une proposition indécente de ces personnes? Il
est bon de leur parler de ces choses. Par timidité, les parents,
souvent, n'osent pas aborder le sujet.
La diapositive explique que le policier est celui du haut. C'est
important, car on est quelquefois porté à confondre. Je leur dis
que le policier qu'on a traité de n'importe quoi, c'est peut-être
lui qui ira demain les chercher lorsqu'ils seront gisants sur la
chaussée à la suite d'un accident. C'est peut-être ce
même policier qu'on a traité de n'importe quoi qui ira leur tendre
la main pour les sortir d'une situation précaire. Donc, cela les fait
réfléchir tout de même sur le rôle du policier et
aussi penser qu'on ne juge pas la masse d'un corps policier aussi grand que le
nôtre, comptant plus de 3,800 membres, par la conduite d'un, de deux ou
même de dix policiers.
Vous avez ici un policier devant l'université. C'est pour
expliquer qu'à Montréal, sur 3,800 policiers comme je le disais
tout à l'heure, il y en a plus de 1800 qui suivent des cours du soir et
plus de 500 qui ont suivi ou qui suivent encore des cours de criminologie
à l'université de Montréal. Il y en a près de 60
qui sont avec moi au collège Sainte-Marie et qui poursuivent leurs
études pour obtenir un baccalauréat ès arts. Vous avez des
policiers qui sont avocats, et nous avons eu la surprise de notre vie, il y a
deux ans, lorsque l'ex-constable 799 Chabot a été
élevé au sacerdoce. Il est aujourd'hui vicaire à la
paroisse Saint-Georges de Montréal. Cela pour démontrer que le
policier, grâce à la formation acquise à la suite de son
entrée dans la police de Montréal, peut avoir ce potentiel
d'instruction et d'éducation qui lui permet comme moi aujourd'hui
et mes confrères de venir vous expliquer ce qui se fait
réellement sur le plan de la prévention de la délinquance
juvénile.
Le policier devant le tribunal ne fait pas les lois. Il est là
pour les faire respecter» Le policier ne punit pas. Ce rôle
appartient exclusivement au juge. Les boîtes bleues situées
à différents endroits de la ville de Montréal, on ne sait
pas comment les utiliser et même parfois on ne sait pas que la population
peut s'en servir. On s'imagine que seul le policier qui fait sa patrouille peut
s'en servir. Mais non. Nous instruisons la population parce que la ville de
Montréal dépense un fort montant d'argent chaque année
pour maintenir ce système, et à la suite d'une enquête
sociologique, nous nous sommes aperçus qu'il n'était pas
tellement utilisé.
Vous avez maintenant une photo du policier éducateur qui
patrouille dans son véhicule clai-
rement identifié, comme je le disais tout à l'heure. Ici,
je ne voudrais pas passer outre au lait que dans le système du policier
éducateur aujourd'hui, il y a trois autres policiers enquêteurs
qui ont le même potentiel sur le plan de l'instruction, etc., pour
travailler sur le plan de la délinquance juvénile.
Lorsqu'il s'agit d'enquête, il est important que le policier sache
transigner avec les jeunes. On ne transige pas avec un jeune comme avec un
adulte. Donc, M. Gilbert a placé trois policiers enquêteurs et
trois policiers éducateurs par poste. On peut voir que ces policiers
possèdent, comme je le disais tout à l'heure, les mêmes
qualifications pour accomplir ce travail.
Aujourd'hui, naturellement nous avons de petits véhicules
européens ils ne sont pas plus petits parce qu'on s'occupe de la
jeunesse; c'est parce que les policiers éducateurs n'ont pas à
faire de chasse à l'homme, etc. qui sont d'une très grande
utilité et que nous utilisons présentement dans quelques secteurs
de Montréal.
Dès la fin de juin, nous aurons une décentralisation
complète, grâce à ce genre de véhicules.
Il faut dire également qu'à la fin des classes je
le mentionnais brièvement tout à l'heure il est question
du service des parcs. On sait qu'à toutes les présentations de
Sécurité-vacances, l'année dernière, on avait un
véhicule, comme celui que nous avons vu tout à l'heure, pour le
montrer aux jeunes. Sécurité-vacances, d'après moi,
devrait être présenté dans toute la province, parce que
c'est quelque chose de tout à fait fantastique.
De plus, pour pouvoir rayonner davantage sur le plan de l'information
par le truchement du policier éducateur, nous avons besoin des
organisations sociales et aussi des organisations commerciales. Le poste CKLM a
bien voulu mettre à notre disposition, depuis deux ans, une
émission qui s'appelle: « Salut les quinze-soixante-dix »
diffusée tous les soirs à Montréal, de sept heures
à huit heures, et dont il m'arrive d'être l'animateur. De plus,
pour donner suite aux réponses des parents dans les colloques nous avons
par la voix des ondes de ce poste, le vendredi matin, de onze heures à
midi, l'occasion de nous adresser aux parents.
Il y a une autre chose très importante, et je pense qu'il serait
bon d'en parler pendant quelques instants. Le policier éducateur, par
l'entremise du poste CKLM et des clubs sociaux, comme les clubs
Optimiste-Maisonneuve, Kiwanis-Maisonneuve, a l'occasion d'imposer des
sanctions, de distribuer des récompenses non officielles «
informal », selon un terme de sociologie. Le policier éducateur
qui fait la patrouille dans son véhicule aperçoit, par exemple,
un cycliste qui fait ses signaux pour tourner à gauche ou à
droite. Nous savons tous que ceci est rare de nos jours, c'est un cas que nous
ne voyons pas souvent. Quand le policier peut déceler un de ces
cyclistes, il prend son nom, son adresse, le nom de l'école qu'il
fréquente et la classe à laquelle il appartient. Lorsqu'il
m'appellera sur les ondes, le soir, il va me mettre au courant de ce fait. Lors
de nos colloques avec les parents, nous allons remettre à ce jeune un
disque microsillon de sa chanteuse ou de son chanteur
préféré, offert par les clubs Optimiste et Kiwanis de
Maisonneuve. Une autre récompense est également offerte. Elle
consiste à faire survoler, pendant vingt minutes, la ville de
Montréal en hélicotère, en compagnie d'un policier, par
celui qui se sera valorisé le plus au cours du mois. Pour un jeune,
c'est très intéressant de faire une promenade en avion ou en
hélicoptère. On peut le lui permettre, de cette façon
là. Très bientôt, nous aurons d'autres activités
culturelles à offrir aux enfants en récompense de leurs bonnes
actions.
Ceci sert à démontrer que le policier ne voit pas les
choses seulement sur le plan de la répression. Quand quelqu'un a bien
agi, il est là pour le prouver.
Il s'agit donc de donner au policier éducateur de
l'autorité et surtout de la popularité auprès des jeunes,
il s'agit de lui donner beaucoup plus de poids auprès des jeunes. J'aime
bien, en effet, faire des calembours et des jeux de mots. Je voudrais vous en
illustrer un: c'est pour donner beaucoup plus de poids au policier devant les
jeunes.
C'était donc à peu près ce que je voulais vous
dire. Je pense M. Gilbert en a parlé tout à l'heure
que différents pays tentent d'avoir le même système. Je
dois dire que nous avons eu l'an dernier la visite de M. Tekaya, de Tunisie,
qui va lancer le même mouvement là-bas. Paris semble
intéressé, puisqu'on a délégué, ici,
à Montréal, en 1967, madame le docteur Marti, et
récemment, M. Philippe Meyer et M. Hubert Lafond. Nous venons de
recevoir la visite de M. Philippe Robert, juge d'instruction en France, qui est
venu s'enquérir de ce qui se fait à Montréal et surtout
dans la province de Québec, relativement à la
prévention.
J'ai l'impression que si cette chose-là est imitée dans
d'autres villes de la province de Québec la police
métropolitaine de Toronto a l'intention de faire la même chose
à Toronto, dès septembre 1969 nous pourrons être
heureux que d'autres pays et d'autres villes vien-
nent chercher quelque chose chez nous pour l'appliquer dans leur
milieu.
Je termine sur deux pensées qui feront réfléchir
les gens qui veulent bien y penser, à savoir que, sur le plan
professionnel, tous et chacun ici, nous avons un devoir à remplir, et je
vous dis ceci, qu'une once de prévention vaut une livre de sanction. Je
pense que nous allons atteindre ce but par le policier éducateur. En
plus, comme nous sommes à peu près tous ici pères de
famille je pense que c'est important, sur le plan personnel, je termine avec
cette phrase: Avoir un fils, c'est bien, mais en faire un homme, c'est mieux.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, sergent Labelle.
M. GILBERT: Je voudrais ajouter quelques mots ici. Dans notre programme,
nous nous intéressons à la jeunesse non seulement durant
l'année scolaire, mais aussi durant les vacances. Le sergent Labelle en
a dit quelques mots. Même si je l'ai averti à plusieurs reprises
de cesser de parler, je vais continuer, je vais dire ce qu'il n'a pas dit,
parce que j'ai passé mon temps à lui faire signe.
Notre programme de sécurité-vacances à la ville de
Montréal a été institué il y a déjà
quelques années. C'est un devoir pour moi de mentionner que c'est
grâce à l'initiative de M. Sauvageau, alors conseiller municipal,
que la police de Montréal a mis sur pied ce programme que nous appelons
sécurité-vacances. J'invite les membres du comité à
se rendre à Montréal à un moment donné pour voir ce
que nous présentons. Cela demande la participation de différents
services et cela peut, cela devrait, même, se faire dans plusieurs villes
de la province où, à un moment donné, durant la saison
estivale, on peut profiter d'un concours quelconque pour faire voir
l'équipement de notre service des incendies, par exemple. On en profite
également pour faire faire des démonstrations par nos pompiers
sur la prévention des incendies. La police en profite aussi pour faire
voir l'équipement de la police. Pour permettre, par exemple, aux enfants
de s'asseoir dans un véhicule de la police. Si vous avez une ambulance,
vous les laissez s'asseoir dans l'ambulance. Si vous avez une motocyclette
on sait comme les enfants s'intéressent à ça
les laisser monter sur la moto et s'imaginer qu'ils sont à la poursuite
de criminels. Il s'agit de rendre ça très accessible aux enfants,
et même de les laisser monter sur le véhicule à un moment
donné si ça leur fait plaisir.
Si on a évidemment, on n'en a pas par- tout une
escouade canine, par exemple, faire une démonstration, montrer ce qu'on
peut en faire, les services que ça peut rendre. Sur le plan de la
sécurité nautique, par exemple, si nous avons de
l'équipement, les policiers le font voir, etc. C'est ce que nous
appelons nos programmes de sécurité-vacances. Nous en profitons,
nous, en plus de ça, pour démontrer, dans une
démonstration de judo, comment le policier peut maîtriser un
criminel. Tout ça pour favoriser le contact entre le policier et les
jeunes.
Nous tentons, aussi par ce programme, de revaloriser l'image de la
police. On vous a présenté une diapositive tout à l'heure
où le policier prenait des enfants au collet. C'est trop répandu
parmi la jeunesse que le policier est un épouvantail à moineaux.
Il nous arrive à l'occasion d'être appelés pour toutes
sortes de choses. Il arrive, même si ce n'est pas à tous les
jours, que la police soit appelée dans un domicile à sept heures
et demie du soir par des parents qui nous diront: « Voulez-vous faire
peur à ma petite fille, elle ne veut pas se coucher? » On commence
donc très tôt à développer cette image du policier
parmi la jeunesse, ce qui fait que rendu à l'âge adulte, on voit
le policier comme un ennemi, comme celui qui vise à instaurer un Etat
policier au Québec, enfin toutes ces choses...
Dans les réunions sociales, quand on a écopé d'une
contravention c'est que le policier n'a pas d'allure, qu'il n'a pas de
jugement, que c'est un « sans dessein » qui, au lieu de faire
ça, devrait arrêter les criminels. Tout cela est bien souvent dit
devant les jeunes. C'est pourquoi c'est là que ça devient
plus sérieux et à ce moment-ci, je reviens à ce que je
disais tout à l'heure nous n'avons pas trouvé le moyen de
rejoindre la jeunesse à l'université. On est tellement
éduqué parmi notre jeunesse, à interpréter le
rôle du policier comme un rôle négatif, qu'on est moins
porté à le reconnaître par la suite.
Maintenant, le policier ne va pas à l'école comme
conférencier, pour jouer le rôle du professeur, du travailleur
social, de l'agent de surveillance ou du conseiller en orientation. Nous y
faisons bien attention. Nous allons là pour jouer notre rôle de
policier.
Il. y en a près d'une cinquantaine qui, comme le sergent Labelle,
présentent des conférences dans les écoles. Quand le
policier s'en va là pour dire: N'abîmez pas votre pupitre, c'est
tout simplement du civisme qu'il fait. Lorsque ça vient, comme on l'a
souligné, d'un policier, ça risque de rester dans l'esprit de
l'enfant, pour le plus grand Intérêt de tous. Nous avons
souvent des rencontres avec les travailleurs sociaux et avec les agents
de surveillance. Le policier ne se prétend pas travailleur social ou
agent de surveillance. D'abord, il n'a pas la formation nécessaire pour
le faire; puis, ce n'est pas son rôle. Il est là pour aider.
Maintenant, M. Durocher parlera des stupéfiants.
M. DUROCHER: Merci beaucoup, M. le directeur. Eh bien, c'est entendu
que, dans le petit monde mystérieux des stupéfiants, il y en a
des milliers et des milliers de sorte. En fait, on dit toujours que la seule
chose dans laquelle Il n'y a pas de drogue, c'est le sirop d'érable et,
encore là, il faudrait enquêter. Le danger est très grand,
surtout pour les jeunes de 12 à 16 ans, qui, au commencement, se foutent
d'à peu près toute ligne de conduite ou, du moins, cherchent
à atteindre un but ou à prendre quelqu'un en exemple pour tenter,
par ce monde mystérieux des produits artificiels et des drogues, de
s'évader de la réalité ou de fuir un problème. Un
problème quelconque se présente. Si cette personne-là
n'est pas prête à faire face à ce problème, elle va
tenter, comme je le disais, de l'oublier en employant un produit
quelconque.
Ces produits-là, il y en a des centaines de sortes. Ceux qui sont
terribles ne relèvent pas toujours du domaine policier. Par contre, on
tente, par tous les moyens d'information mis à notre disposition, tels
la radio, la télévision ou les journaux, d'avertir ces jeunes de
ne pas toucher à ça. Nous, nous nous bornons à leur en
expliquer les dangers. Malgré tout, ils vont tenter de fuir la
réalité par ces produits-là. Il y en a un qui est mort
justement dimanche c'est terrible de voir ça dimanche
dernier, il n'y a pas plus de trois ou quatre jours, là. Un dimanche
après-midi, à la suite de conseils ou d'invitations quelconques,
un petit garçon s'est mis à respirer de la colle d'avion. C'est
entendu que c'est un produit qui peut s'acheter n'importe où. On se
procure ça partout. Il a respiré ça pendant une couple
d'heures dimanche et il est mort lundi, à 16 ans.
On en a averti plusieurs. Il y en a plusieurs qui viennent au bureau. On
va les voir; on leur fait donner des conférences. Des médecins
les informent des dangers courus. Malgré tout, vient un temps ou un
autre âge, un peu plus tard, où les fréquentations
changent, où les informations leur parviennent du côté
noir, du côté illégal. Des gens vont leur dire: Ecoute, mon
vieux, si réellement tu as plusieurs problèmes, pourquoi . ne
t'adonnes-tu pas à la marijuana? Prends ce produit-là; ce n'est
pas dangereux. Viens voir ça, viens chez nous, nous en avons. Eh bien,
par curiosité, par bravade ou, du moins, pour se montrer un peu plus
adulte que le voisin, pour ne pas passer pour un peureux ou un « suiveux
», comme le sergent Labelle le disait très bien, on va s'y rendre,
sans savoir ce qu'est ce produit, sans connaître le produit
lui-même.
Je pourrais vous expliquer ça pendant des heures et des heures.
Au niveau de l'information, nous sommes obligés c'est notre
devoir, d'ailleurs, et puis c'est une initiative de M. Gilbert, depuis deux ans
de donner des conférences. J'en ai donné aux policiers au
commencement. Le résumé que vous avez intitulé; «
Les stupéfiants », était destiné aux policiers.
C'est un résumé que j'ai fait. On informe le policier en
général, l'enquêteur ou la personne responsable pour
qu'elle tente, du moins, par sa fonction, de localiser un produit quelconque.
Il n'y a pas du tout de sensation dans ce résumé-là. C'est
direct, point final. On est obligé d'agir assez rapidement. Ce n'est pas
un roman policier. Deux autres dépliants suivent celui-là
concernant la marijuana et le LSD. Pour ce qui est des jeunes qui ont,
aujourd'hui, entre 14 et 18 ans soit l'âge où l'on s'adonne
le plus à la marijuana, au LSD ou au hachisch eh bien, on les a
informés, au moyen de diapositives locales, de ce qui peut leur arriver.
On leur montre des photos mais ça ne peut pas arriver à tout le
monde cela ne peut pas arriver aux 10%, 12% ou 15% des jeunes qui
s'adonnent aujourd'hui à la drogue de finir par
l'héroïne. Qu'on aille plus loin, par exemple: qu'on prenne 100,
200 ou 1,000 narcomanes et qu'on leur demande: Mon vieux, où as-tu
commencé, toi? Eh bien, tous ou presque tous vont vous dire : C'est la
marijuana tranquillement, juste par curiosité, ou, une bonne fois, pour
fuir la réalité, pour essayer ça, pour oublier un
problème. A ce stade, le petit problème qu'ils ont ou qu'ils
n'ont pas grossit. Moi, je me dis toujours qu'on n'est pas censé avoir
de problèmes. Ce sont toujours des solutions qui existent. On s'imagine
des problèmes et puis, là, bien...
M. GRENIER: Est-ce un problème réel? Avez-vous des
chiffres à nous donner pour qu'on sache à quel point c'est
répandu et les écoles où ça peut exister?
M. DUROCHER: Sûrement. On peut, sans se gêner, dire
qu'à n'importe quelle école où on voudrait avoir telle
chose, on peut en avoir. Je ne dis pas qu'on peut faire fumer une cigarette de
marijuana à quelqu'un qui n'en veut pas à son insu, mais
quelqu'un qui en voudrait quelque part, il n'a qu'à jaser un peu et
sûrement quelqu'un va
venir lui en offrir. Il y aura toujours ce bon-copain, cet individu, le
« pusher », ou le trafiquant lui-même, celui qu'on recherche
beaucoup. On n'a pas de boule de cristal, on a surtout besoin d'informations
pour l'avoir ce gars-là. Cet individu qui achète son produit
à $300 ou $350 pour 33 onces et qui est supposé de faire
si on parle commerce 600 ou 650 cigarettes à $1 chacune, eh bien,
ce monsieur, cet adolescent parce que la plupart sont des adolescents
fréquente le même milieu et là, à la
réception de son kilo, au lieu de peser 33 onces, il va en peser 25, 22
ou 24, il va manquer un certain revenu. Il va mêler ça avec toutes
sortes de produits. On trouve des cigarettes de marijuana qui contiennent du
balai, du gazon, du thé, de la guenille, des bourrures à coussin,
n'importe quoi, excepté le produit lui-même. On ne regarde pas
à l'intérieur. Les bouts sont toujours tournés. On fume
ça et psychologiquement, on va être pris. On dit 10% des jeunes.
Le docteur Thomas de Québec avec lequel j'étais l'an dernier, ici
justement, a fait un sondage auprès de 20,000 étudiants partout
dans le Québec. Il est résulté de ce sondage que 10% d'eux
avaient pris ou prenaient présentement un de ces produits
hallucinogènes: marijuana, hachisch ou LSD, un de ces trois là,
sans connaître leurs réactions, sans savoir si cet individu
psychologiquement va être celui qui va être marqué par le
destin.
M. GRENIER: Est-ce que vous localisez cette pratique surtout dans les
grands centres comme Montréal et Québec ou si c'est
répandu au niveau des régions rurales?
M. DUROCHER: Non. C'est entendu que les grands centres urbains ont
beaucoup plus de problèmes proportionnellement à la population.
Mais à l'extérieur aussi ça peut se retrouver. On peut en
retrouver ici dans le nord de la province et on en retrouve dans le nord du Lac
Saint-Jean. Mais, c'est plus long à parvenir à ces endroits
éloignés des grands centres de distributions de
Montréal.
M. GILBERT: Un instant. Sans vouloir créer un état de
panique, l'expérience nous démontre que ça se transmet des
grands centres aux centres moyens et de là aux petits centres. Cela est
évident. Ce qui se passe aux Etats-Unis, nous l'avons à
Montréal quelque temps après en commençant dans certains
milieux. Après, ça s'étend à la banlieue et
ça s'étend par la suite à la province. C'est pour
ça l'importance que nous accordons à la prévention c'est
que définitivement, s'il n'y a pas une action conjointe, à un
moment, toute la province sera atteinte.
M. GRENIER: Pouvez-vous vérifier si nos écoles
polyvalentes...?
M. LE PRESIDENT: M. Grenier, je crois qu'on devrait prendre note des
questions. Il va faire son exposé au complet. On a d'ailleurs
demandé la même chose pour le sergent tout à l'heure.
M. DUROCHER: Je peux répondre à ça sûrement.
D'ailleurs, un sondage a été fait à l'université
McGill à Montréal: Sur 40,000personnes inscrites à
l'université, 12,000 sont adeptes de ces produits. On était
peut-être gêné de dire 20,000 mais on va laisser ces
pourcentages de côté. Il y a toujours cette échelle de
danger qui existe. Il y a toujours cette cadence. D'ailleurs, hier
j'étais encore avec le docteur Chiasson de l'hôpital de Joliette
et lui aussi opte pour la même ligne de conduite. Nous optons tous pour
la même ligne de conduite: l'information, la prévention. Ce sont
de très grands remèdes à tous ces maux des
stupéfiants. On informe les gens, on les place devant la
réalité, on leur donne les faits, on les établit. Pas de
sensation, pas le fait de dire à quelqu'un: Ecoute, si tu es
tanné de fumer de la marijuana, pourquoi est-ce que tu n'embarques par
sur le hachisch? Cela en prend dix fois moins, mon vieux, ça coûte
dix fois plus cher. Mais s'il savait, par exemple, que ce dérivé
du canabis, la même chose que la marijuana, même plant, même
produit, même histoire mais seulement le fait que c'est la résine,
ça va le prendre psychologiquement dix fois plus rapidement que la
marijuana et ça va lui coûter dix fois moins cher, dix fois moins
gros. Mais ce monsieur, cet individu va surmonter ou du moins, pour le temps de
cette période artificielle, un problème qui se grossit toujours.
Il va se dire: Je suis rendu sur le hascisch. J'oublie complètement mes
problèmes. Je suis heureux. C'est la solution à tous mes
problèmes! Eh bien, ce n'est pas ça qui se passe. C'est que
là, momentanément, par ces produits artificiels, on oublie le
problème. A notre réveil, on l'a encore et de beaucoup plus gros.
Il y a le sujet qui monte toujours là-dedans, c'est l'escalade,
après la marijuana, le hachisch, ensuite le LSD.
S'il pouvait seulement regarder un livre, regarder et figurer ça
et étudier un peu ou du moins se demander quelle est la valeur du LSD.
Une personne qui en absorbe 150 microgrammes. Ce n'est pas un roman policier.
C'est écrit dans les résumés. 150 microgrammes. Il y a 28
millions de microgrammes dans une once de liquide. Qu'on soit capable de
diviser ça en 150 et en prendre 150 parties. Cest ce qui tient sur le
bout d'une aiguille, le pointu d'une aiguille.
On met ça sur un carré de sucre, un buvard, un morceau de
gomme à mâcher, un bonbon, le linge, n'importe où,
ça n'a pas de couleur, pas de saveur, c'est en liquide ou en poudre.
Certes quelqu'un prend ça à son insu. On n'en aura pas partout,
ça ne se distribue pas partout. On n'en a pas à un endroit
où on ne court pas après. C'est comme si quelqu'un dit: Ecoute,
je vais me passer les mains dans le moteur de mon véhicule et je fassure
qu'avec une chemise blanche, je ne me « graisserai » pas. Cest
assez difficile. C'est comme si quelqu'un sort de son bon milieu, de son milieu
sportif, du milieu où, ailleurs que dans les drogues, il va toujours
bien dépenser le surplus de son énergie, et que là, il se
rend dans ce milieu et se dit: Moi, il ne m'arrivera absolument rien.
Je sais, moi, qu'une demi-heure après l'absorption de ce produit,
une demi-heure après avoir pris 150 microgrammes d'acide, dans un
carré de sucre ou n'importe où, cette personne ne sait pas du
tout ce qui va lui arriver pour les sept prochaines heures. Sept heures sont
disparues. Qu'est-ce qui peut arriver pendant sept heures? Pas mal de choses.
On se ferme les yeux et on se le demande un petit peu. Là, on commence
à avoir des problèmes, là, on commence à avoir de
petites histoires. Là, notre petite boule de neige, qui était
blanche et grise, commence à se noircir un peu, parce qu'on se vante
encore de n'être qu'un adepte de ça. On se dit toujours: Moi, je
suis un adepte, je ne suis pas un narcomane, je ne suis qu'une personne qui
n'en prend qu'à quelques reprises. Mais après quelques reprises,
on se dit: Pourquoi n'en as-tu pas pris vendredi ou samedi dernier? Bien, je
n'ai pas voulu en prendre, c'est tout. Mais c'est parce qu'il y a eu une autre
occasion qui est arrivée par l'arrière. On s'est dit: Bien,
écoute mon vieux, tu n'avais pas d'argent. Les circonstances ne f
aidaient pas. Mais si tu en avais eu l'occasion est-ce que tu serais
allé fumer du « pot » un petit peu ou du haschish? Ah
peut-être!
On le voit que, psychologiquement et physiquement, ça s'en vient
à la même cadence. Au commencement de 1968, on ne trouvait pas
trop souvent de seringues ou de compte-gouttes et de ces histoires qui
concernent normalement un narcomane à l'héro'ine. Mais, depuis le
printemps de 1968, on commence à trouver des seringues partout. On prend
ces individus-là et on leur parle. On leur dit: Ecoute mon vieux,
qu'est-ce que tu fais avec une seringue? Qu'est-ce que tu fais avec un
compte-gouttes? Je suis aussi bien de vous l'expliquer un petit peu.
Avec la seringue, lorsqu'il y a un liquide dans la cuillère et
qu'on injecte ça, ça nous prendrait deux pouces pour en retirer
le piston et pour en retirer de la seringue. Les adeptes savent qu'en prenant
un compte-gouttes, on a besoin de seulement trois doigts. Ils connaissent tous
ça cette histoire-là. Ils sont encore au stade ou on joue avec
des amphétamines, des « speed », des pilules qu'on prend. On
suit exactement le même procédé que le narcomane à
l'héroïne qui, lui, par exemple, est de l'autre côté
de la clôture et qui est pris.
Nous sommes encore de ce côté-ci de la clôture. On se
vante toujours, on dit: Moi, je peux me contrôler. On suit exactement le
même procédé. On procède de la même
manière que le narcomane. On vide ça dans la cuillère, on
réchauffe ça; la seringue dans les veines, sous la peau ou
partout. Là, il suffit d'une occasion quelconque, d'une circonstance ou
encore d'une personne, d'un trafiquant qui, lui, est au courant. Ils se dit:
Lui, il s'en vient, ça, c'est une future victime, et il lui en offre
encore: Juste par plaisir, prends un petit peu d'héroïne, mon
vieux, et c'est fini. Tu n'as plus de problème, la solution est
trouvée, c'est fini.
On va l'essayer une, deux, trois, quatre, cinq ou six fois, et on va
être pris. Physiquement, on est pris et psychologiquement aussi on l'est,
parce que lorsque on est rendu au stade d'essayer les seringues ou les
compte-gouttes ou les aiguilles, et bien là, psychologiquement on est
pris.
Physiquement, à l'héroïne, dès la
première injection, on est pris. Il faut 14 doses pour être pris
et fini. Qu'on prenne mille personnes dans le public et qu'on leur fasse boire
une certaine quantité d'alcool, pas une petite quantité de
bière, mais une certaine quantité d'alcool, durant 21 ans, et il
y aura moins de 3% de ces personnes qui vont devenir alcooliques. Mais qu'on
prenne mille autres personnes, ou du moins les mille même personnes, et
que, durant 14 jours, on leur donne un petit peu d'héroïne,
à un petit pourcentage, il y aura mille narcomanes. Il n'y a pas de
revenez-y, on n'en sort pas. Il n'y a personne qui soit capable de dire: Je
vais essayer l'héroïne à quelques reprises, et je vais
arrêter lorsque je voudrai. On est pris, on embarque tranquillement.
Avec tous ces problèmes, avec toutes les choses qui en
résultent, si un alcoolique nuit à 15 personnes, le narcomane,
lui aussi, nuit à 15 personnes au minimum, la parenté ou les
parents. Ce gars-là se marie, alors qu'il n'est encore qu'un adepte pour
une certaine période de temps. Après ça, il a une femme et
des enfants. Certes, on ne retient pas de sa génération si son
père ou sa mère est cardiaque ou n'importe quoi. On n'a pas dans
sa génération ce problème cardiaque ou du moins pas trop.
Mais dans le cas du narco-
mane, par exemple, qui, de sa génération et des
générations à venir, psychologiquement, ne tentera pas de
suivre le grand-père, le père ou la mère aussi dans ce
chemin-là?
Nous informons les jeunes, au niveau scolaire, nous leur donnons ces
informations. J'ai donné en 1966 une quinzaine de conférences et
couvert à peu près 3,000 ou 4,000 personnes. En 1967, j'en ai
donné 75, pour couvrir à peu près 12,000 personnes. En
1968, j'ai donné 225 conférences et touché près de
70,000 personnes, à tous les niveaux: policiers, parents-maftres,
professeurs, universitaires.
Je suis en contact assez étroit avec l'OPTAT ici, à
Québec, avec le docteur Boudreau et M. Bougie, et avec le Collège
des pharmaciens d'ailleurs, avec le directeur de notre service, nous
nous sommes déjà rencontrés puis je me tiens en
contact très étroit avec toutes les institutions Domrémy
ou des institutions telles que celles du Dr Giasson, de l'hôpital
Saint-Charles de Joliette, et puis M. Chantilly et M. Duceppe assez
fréquemment. Nous donnons des conseils et puis nous ne nous limitons pas
à notre rôle de policiers. Si une mère ou un père de
famille une bonne journée nous appellent au bureau et nous disent:
Ecoutez, M. Durocher, dans le tiroir de notre garçon, nous avons
trouvé un sac de plastique, avec une sorte d'herbe dedans et cela a une
odeur étrange, eh bien, il est certain qu'à la réception
d'une demande semblable, je n'enverrai pas un membre du bureau ou
moi-même avec des barreaux pour dire: Ou est votre garçon qu'on
l'amène en prison. Pas du tout. Ces parents, ces pères, ces
mères, ces éducateurs ont besoin de conseils. Plusieurs ne savent
pas ce que sont ces produits. Nous nous rendons là, nous informons les
gens, nous leur donnons de bons conseils, nous disons aux parents quoi faire,
nous leur donnons une ligne de conduite, nous rencontrons le jeune, nous lui
parlons, nous lui donnons des conférences privées. Si le
problème est un petit peu plus haut; si au lieu d'être au niveau
primaire, ils sont au niveau secondaire dans cet usage des drogues; si, au lieu
d'être au troisième niveau ils sont au deuxième niveau,
nous pouvons les prendre, nous pouvons leur parler, dialoguer avec eux leur
dire de venir à notre bureau malgré toutes nos occupations
d'ailleurs tout le monde a des occupations où, avec les parents
nous lui parlons confidentiellement, nous lui montrons des photos, nous lui
montrons des produits. Une fois leur curiosité satisfaite, c'est au
moins 50% ou 60% de ces jeunes qui ne seront pas victimes plus tard d'une
circonstance quelconque où ils arriveront une bonne jour- née
avec un dossier, ou un numéro à la place de la cravate où
il sera inscrit : section des stupéfiants. Cela n'impressionne pas du
tout.
Mais par contre, vu que les lois sont là, vu que les lois sont
établies par la société, je leur dis toujours; Vous
êtes obligés de suivre ces lignes de conduite, vous n'avez pas le
droit d'être adeptes de cela, vous n'avez pas le droit parce que
réellement dans la société vous allez nuire à
plusieurs personnes. Si on place sur les grandes routes des lignes, des lignes
doubles et puis tout cela, cela ne veut pas dire... Justement le niveau
d'information scolaire est établi dans les deux résumés...
Je n'ai pas les diapositives, parce que nous avons des diapositives locales qui
représentent la police de Montréal, mais pas la police de
Québec. En plus de cela, au niveau parents-maîtres, lorsque la
demande est faite à notre direction du service de la police, monsieur le
directeur accorde sa permission pour que nous allions donner ces informations
générales au public. Et puis pour toutes celles qui nous sont
demandées au bureau, nous sommes à la disposition de tout le
monde. Eux ne sont pas à notre disposition, mais nous sommes à
leur service. Le temps est tellement court, mais si des questions sont
posées...
M. GILBERT: Pourquoi un policier va-t-il parler de cela? Un chimiste
pourrait le faire, un professeur pourrait le faire encore mieux
peut-être, que nos policiers. C'est encore parce que lorsqu'un policier
va dans la classe, il peut dire: La semaine dernière, j'ai eu devant moi
le cas d'un enfant de 14 ans, le cas d'un enfant de 13 ans, puis telle et telle
chose s'est produite. Il y a 15 jours, je suis allé dans une
discothèque, j'ai vu telle ou telle situation. On peut raconter des cas
que seul le policier connaît et encore une fois, nous voulons frapper
cela n'empêche pas les autres organismes d'atteindre la jeunesse,
puis d'atteindre les parents, d'ailleurs on le fait l'imagination des
jeunes. Cela vient du policier et nous croyons à la valeur, nous, de la
participation policière sur le plan de la prévention des
stupéfiants?
M. LEDUC (Laviolette): M. Durocher, j'aurais trois questions. Est-ce que
l'adepte connu a un dossier?
M. DUROCHER: L'adepte connu?
M. LEDUC (Laviolette): L'adepte de drogues.
M. DUROCHER: Il ne suffit pas de connaître l'adepte pour porter
une accusation pour ce qui est des narcotiques. Il faut que cet individu
soit
pris en possession de drogue. Nous ne pouvons pas arrêter
quelqu'un puis dire qu'il est un adepte de la marijuana, un adepte de n'importe
quoi, même de l'héroïne ou de morphine. Nous ne pouvons pas
l'arrêter.
M. LEDUC (Laviolette): Il faut qu'il soit pris...
M. DUROCHER: En possession... Mais la plupart ont un dossier en ce qui
concerne un autre délit criminel: prostitution, vol, fraude. On vole
dans les véhicules, on vole partout...
M. GILBERT: Vous parlez des trafiquants, des adeptes...
M. DUROCHER: L'adepte lui aussi, d'ailleurs, pour pouvoir se procurer
cet argent parce que c'est cher...
M. LEDUC (Laviolette): Il y a une distinction entre le trafiquant et
l'adepte. Maintenant, est-ce que vous avez remarqué que chez les jeunes,
ceux qui consomment des drogues prennent de l'alcool ou si cela influe sur la
consommation de l'alcool...
M. DUROCHER: Je ne suis pas très, très versé sur le
cas des alcooliques.
Par contre, il est facile de comparer un individu qui s'adonne à
la boisson à un autre qui s'adonne à la marijuana. Il est
beaucoup plus facile d'avoir un peu de haschisch dans nos poches que d'avoir un
petit dix onces de gin.
M. GRENIER: Oui, c'est moins embarrassant, c'est clair.
M. GILBERT: Chez les jeunes, la sensation, le mystère, le
goût du risque commencent très tôt. On exagère pas
quand on dit qu'il y a des enfants de dix, onze et douze ans qui respirent de
la colle.
M. LEDUC (Laviolette): Onze et douze ans.
M. DUROCHER: Oui, beaucoup. C'est impressionnant de voir les plaintes
reçues à notre service.
M. GILBERT: Je me répète là. Ce ne sont pas tous
les enfants. Enfin, il faut s'entendre.
M. LEDUC (Laviolette): Oui, mais il y en a.
M. GILBERT: Oui, on rencontre, à un moment donné, à
une partie, des jeunes de cet âge-là qui s'enferment dans une
pièce. On ferme toutes les issues pour que rien ne se perde par les
ouvertures des portes, des armoires ou des garde-robes et, là, on
respire de la colle parce qu'on veut avoir la sensation de ça.
M. DUROCHER: Il y a de la colle, du DDT, du fixatif à cheveu, du
Raid, etc.
M. LEDUC (Laviolette): J'ai une dernière question. Je vois que
votre travail consiste surtout...
M. DUROCHER: A faire de la prévention et de l'information.
M. LEDUC (Laviolette): ... à faire de la prévention et de
l'information; c'est très bien. Maintenant, est-ce relié, d'une
manière ou d'une autre, aux trafiquants, petits ou gros? Parce que
ça vient de quelque part, ces machins-là.
M. DUROCHER: Oui, la plupart du temps cela ne peut pas être un
trafic local; c'est un trafic qui vient d'ailleurs. En ce qui concerne les
trafiquants à un plus haut niveau, cela relève de la police
fédérale, parce qu'elle a cette facilité...
M. LEDUC (Laviolette): Le tout relève de la police
fédérale?
M. DUROCHER; Moi, je suis de la police de Montréal.
M. LEDUC (Laviolette): Je comprends, mais le trafic relève
surtout du fédéral.
M. DUROCHER: C'est-à-dire que...
M. GILBERT: J'apporte une précision ici. Nous pouvons, dans des
cas de flagrant délit, arrêter les personnes et voir à ce
qu'elles soient traduites devant les tribunaux, mais, il y a
intérêt à ce que ce soit la police nationale qui le fasse,
parce que, comme on vient de le dire, il y a nécessairement un trafic de
pays à pays. Nous avons, à la police de Montréal, un
policier qui est continuellement assigné à la Gendarmerie
royale.
Dans les cas de moindre importance, si l'on trouve, par exemple, un
enfant avec trois cigarettes sur lui ou encore avec un peu de LSD, nous nous en
occupons nous-mêmes, parce que la Gendarmerie royale s'occupe surtout des
trafiquants nationaux. Par exemple, elle va arrêter, dans une
aérogare, un individu avec une valise qui contient pour $200,000 de
marchandise.
Nous, nous occupons des choses qui touchent à la jeunesse. Nous
essayons de rejoindre le distributeur et ça devient beaucoup plus
sérieux à ce moment-là. Il n'est pas question de discuter
avec ce dernier ou de lui donner une chance, parce que le distributeur sait ce
qu'il fait. Il est là pour contaminer le plus de monde possible pour
faire plus d'argent.
Notre rôle est préventif, mais il est aussi
répressif lorsque ce sont des cas sérieux. Dans les écoles
nous rassurons les enfants qui sont engagés dans ça par des
conférences. Bien souvent, ces enfants peuvent difficilement en sortir
à cause de menaces de représailles. On les invite à se
confier aux policiers en leur disant qu'on ne les arrêtera pas. Si on
nous dit, à un moment donné: Vous allez peut-être trouver
de la marchandise chez moi et je ne sais pas quoi en faire, nous rassurons les
parents en leur disant: Si vous nous donnez des renseignements, nous n'irons
pas arrêter votre enfant. Voilà ce que nous faisons.
M. LEDUC (Laviolette): Me référant à une phrase que
vous avez prononcée, je crois comprendre que quelqu'un n'a qu'à
parler un peu dans un collège qui compte assez d'étudiants pour
trouver assez facilement de la drogue.
M. DUROCHER: Ou un produit quelconque.
M. LEDUC (Laviolette): Donc, c'est relativement facile de s'en
procurer.
M. DUROCHER: Oui, il y en a.
M. GILBERT: Maintenant, pour vous montrer que c'est non seulement
Montréal et sa région qui est affectée, je reçois,
quatre ou cinq demandes par semaine de tous les coins de la province où
on nous invite à aller rencontrer soit des parents, soit des
élèves. Si on fait cela, c'est parce qu'on a un problème
local.
M. DUROCHER: Voyez-vous, en ce qui concerne cette assurance que je donne
en représentant le Service de police, je puis dire que je n'ai jamais
failli à ma parole en disant, une bonne fois, à une personne: Eh
bien, là, j'arrête ton garçon. Jamais.
M. HOUDE: M. Durocher, il semble qu'il soit relativement facile pour les
écoliers et les étudiants du niveau secondaire de se procurer
toutes sortes de stupéfiants. Est-ce beaucoup plus difficile
d'arrêter cette action concertée des trafiquants?
M. DUROCHER: Oui, parce que...
M. HOUDE: Est-ce vraiment structuré, selon vous, sans entrer dans
aucun secret policier?
M. DUROCHER: C'est comme un mythe, cette histoire-là. Imaginez
une institution quelconque où il y a mille élèves. Dans
cette institution, il y a cinq ou six trafiquants.
Tout le monde, les 995 autres ont peur de ces cinq gars-là. J'ai
dit: Ecoutez, mes vieux, ils sont cinq à couvrir le milieu. Pourquoi ne
les donnez-vous pas? Point final. C'est un service à rendre à la
société parce qu'à leur insu, eux, leurs frères,
leurs soeurs, le cousin ou n'importe qui deviendra probablement un jour victime
peut-être pas de lui directement mais d'un autre individu.
M. HOUDE: Ce que je veux savoir c'est qu'à un moment
donné, vous devez en avoir, quand même des étudiants qui
dénoncent les cinq trafiquants...
M. DUROCHER: Oui, oui.
M. HOUDE: ... X Y Z de l'école. Est-ce qu'une fois que le noyau
des trafiquants est arrêté ou mis de côté, cela cesse
ou si on réorganise aussitôt un autre noyau?
M. DUROCHER: On dit toujours que, dans ce milieu des stupéfiants,
des fois, en ce qui concerne le trafic, un part et l'autre commence... Mais
lorsque des conférences sont données, par exemple, à un
endroit précis, dans une école précise pour les
étudiants, les parents et les professeurs, tout le monde est au courant.
Le trafiquant sait que tout le monde est au courant de son petit commerce, de
son petit truc, que cela sent le foin qui brûle, que c'est fait comme
cela, qu'ils s'y prennent comme ceci ou comme cela, il se dira: Qui pourrait me
dénoncer? Alors, il glisse de ce milieu et va essayer ailleurs, à
un autre niveau.
M. GILBERT: Comment se fait-il que cela ait changé si rapidement,
dans deux ou trois ans? Le collège des pharmaciens commence une campagne
d'éducation. C'est qu'à partir de produits qu'on peut se procurer
dans nos pharmacies, à partir de produits qu'on peut, assez facilement
avoir, avec des connaissances de chimie, se préparer soi-même, on
peut entrer, justement, dans ces questions de LSD, par exemple.
Maintenant, la marijuana nous vient d'ailleurs. Le marché est
contrôlé mais comme c'est un peu la loi de l'offre et de la
demande, comme
on en parle partout et que les jeunes sont intéressés
à essayer quelque chose de nouveau, on s'intéresse à
répandre cela dans des milieux beaucoup plus qu'on le faisait avant.
Il y a la grande question qui est posée, à un moment
donné: Est-ce qu'il est bon de faire de la publicité sur cela?
Est-ce que ce n'est pas parce que vous faites beaucoup de publicité que
cela devient de plus en plus populaire? Moi, je n'ai pas la réponse
à cela mais je pense que quelqu'un dans des écoles, qui font des
mises en garde en faisant bien attention de ne pas présenter cela d'une
façon trop attrayante... La police présente toujours les dangers,
on place toujours des exemples, nous, où on ne tire pas d'avantage
à cela.
Ce qui est malheureux, par ailleurs, c'est comment on interprète
les dangers de créer une accoutumance avec la marijuana, par exemple, ou
avec le LSD. Certains prétendront que cela n'a aucun effet. Ce qu'il
faut bien se mettre en tête, c'est que la période de temps
où les effets existent, c'est là d'abord qu'il peut se
présenter toutes sortes de choses. Ignorons, pour le moment, que cela
peut créer une accoutumance. Par exemple, le type qui pense descendre
une marche et qui est dans la fenêtre du septième étage. Il
se jette en bas. Ce n'est pas un exemple choisi au hasard. C'est
déjà arrivé, cela s'est produit. Alors, imaginez une
personne qui décide de prendre le volant de son automobile quand il est
sous les effets de ce genre. Qu'est-ce qui peut se produire?
Il y a cette fameuse expression que l'on appelle aujourd'hui l'escalade.
On part avec quelque chose puis on va plus loin, on va plus loin. C'est ce qui
se produit trop souvent aussi. Peut-être qu'on n'a pas créé
d'accoutumance avec la marijuana parce qu'on n'en a pas fumé tellement
mais, là, on veut connaître quelque chose qui est un petit peu
plus fort, et c'est là que cela devient dangereux parce qu'on passe
d'une catégorie de stupéfiants à une autre plus dangereuse
encore.
M. DUROCHER: Il y a des produits dont la réaction est
réellement terrible. On a, non pas des anecdotes mais des faits qui se
passent... Justement, l'automne dernier, un garçon d'un certain
âge, sous l'influence du LSD, se pensait invincible. Il s'est
entré le couteau à pain dans le coeur ! Cela n'a pas aidé
du tout, du tout. Il a arrêté là.
Dimanche dernier, encore, une autre histoire à Montréal
et ce n'est pas seulement à Montréal un
garçon encore qui avait essayé à peu près tous les
produits dans cette même journée, jusqu'à respirer de la
colle. Il ne savait pas du tout où il était rendu. Il a
commencé à boire de l'eau de javel! A l'hôpital.
Ce sont des choses qui sont épouvantables. Un autre qui part de
la toiture et puis, on part! Si un autre se lance dans la circulation... C'est
entendu que ce n'est pas le fumeur de marijuana lui-même qui... Il y en a
qui me disent: Ecoute, ce sont mes affaires. Si je veux fumer de la marijuana,
ce sont mes oignons!
Mais il y a une différence, parce que la notion des distances ou
du niveau de l'orientation ou de l'équilibre n'est plus là.
Imaginez mon « gars » qui est sous l'influence de la marijuana. Il
arrive à une intersection et perd complètement le nord. Il se
lance dans la circulation. Vous, vous venez avec votre véhicule. On
applique les freins, et c'est votre petit garçon qui passe à
travers le pare-brise. Ce n'est pas votre faute, ce n'est pas la faute de la
circulation, c'est la faute de ce gars-là.
M. HOUDE: M. Durocher, vous devez avoir entendu parler
dernièrement, apparemment ce serait arrivé la semaine
passée, d'une émission de la télévision
où...
M. DUROCHER: ... un certain monsieur s'est mis à fumer du «
pot ».
M. HOUDE: C'est-à-dire qu'on faisait fumer à quelqu'un,
à la télévision, un stupéfiant quelconque.
Apparemment je n'ai pas vu l'émission on a donné
l'impression que c'était attrayant.
M. DUROCHER: J'étais justement, la veille, 24 heures avant, au
programme « Sur la sellette » avec trois autres personnes. Il y
avait le docteur Garneau et puis trois autres personnes. « Sur la
sellette » dure une heure. On jase, on donne des faits. Le lendemain
soir, zoom, mon gars est là, « c'est pas dangereux, de la
marijuana. Tiens, c'est le plaisir, cela m'ouvre des horizons ».
Imaginez, on détruit dans un cours, tout...
M. HOUDE: Dans une circonstance comme celle-là, par exemple,
est-ce que votre service...
M. DUROCHER: Je suis à la télévision le jeudi
soir!
M. HOUDE: Bon, cela permet de faire une mise au point. Ce serait
peut-être une bonne chose que le comité qui siège
aujourd'hui recommande peut-être un jour à l'organisateur de la
télévision d'être quand même prudent dans
le choix de ses invités, avant de propager des idées comme
celles-là...
M. DUROCHER: Il y a quelque choseà faire, comme M. le directeur
le disait. Il parlait tout à l'heure de l'information donnée au
public. J'ouvre un journal, un bon jour nous ne blâmons pas tout
le monde c'est écrit: Fumer de la marijuana dans les
écoles, cela ne coûte rien ». Il donne la recette, le
« gars ». Il dit: Achetez une once de marijuana, faites deux
« bangbags » à $10 tu vends cela, ça
coûte $20 l'once vaut $20. J'achète une once de marijuana,
cela fait 80 cigarettes. Vends-en 40, rentre dans ton argent, et tu fumes
pendant quinze jours pour rien.
Pourquoi publier ces affaires-là? Pourquoi, dans un autre
journal, l'individu qui faisait le reportage, dit-il: C'est terrible de prendre
les sacs en plastique que nous avons chez nous. On prend de la colle 77 qui se
vend 15¢ dans toutes les quincailleries. Voilà tout de suite deux
informations. Des sacs de plastique, on en a partout, de la colle 77, le prix:
15¢. Là, il dit: On prend ça, on met ça dans un sac,
on vide le tube. Trois informations. Vous la tenez là-dedans, vous
soufflez pour expulser le bon air. Quatre informations. Donnez un gros coup.
Cinq informations. Et puis, il dit, après ça, tu perds
connaissance après deux fois.
Ils disent, une autre fois: Ne va pas dans les pharmacies acheter de
l'Asmador c'est bon pour les personnes qui ont l'asthme cela
coûte 95¢, ils disent le prix, ils le savent bien. Ils
achètent une boîte d'Asmador pour leur grand-père qui a
Pasthme, ils en prennent une cuillerée à thé avec de la
belladone, ils s'étouffent, ils n'en prennent pas seulement une, ils en
prennent deux, et ils rentrent à l'hôpital. Cest défendu
cela.
M. HOUDE: Maintenant, M. Durocher, étant donné que c'est
ici le comité de la jeunesse, des loisirs et des sports vous avez
glissé très brièvement là-dessus tout à
l'heure quelle est la relation actuellement entre votre service ou celui
du sergent Labelle, par exemple, avec le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports?
M. DUROCHER: Cent milles à l'heure, cela va bien.
Nous donnons les références, nous autres. D'ailleurs, j'ai
eu l'occasion d'aller donner des conférences à l'Association
canadienne, lors de sa rencontre au Mont-Gabriel, l'an dernier. J'ai
rencontré à peu près tout le monde en ce qui concerne le
domaine sportif. Je dis toujours aux sportifs: Au lieu de dépenser ton
énergie dans ce monde mystérieux, au lieu de brûler,
plutôt que 3,000 cellules humaines qu'un être humain brûle
par jour, 350,000 parce que ça excite partout, va donc les brûler
ces 300,000 cellules en faisant du sport. Il y en a qui vont essayer.
M. LEDUC (Laviolette): C'est qu'il faut non seulement essayer
d'enseigner les matières scolaires dans une école, il faut
également apprendre à l'élève à être
un citoyen.
M. DUROCHER! Ah, oui, ah oui.
M. LEDUC (Laviolette): C'est précisément...
M. DUROCHER: Sûrement cela.
M. LEDUC (Laviolette): Le bonhomme qui s'habitue à cela ne
devient pas un bon citoyen.
M. DUROCHER: Non, il se ruine lui, il ruine sa génération,
s'il se marie, ou il ruine les membres de sa famille. C'est une plaie,
cela.
M. LEDUC (Laviolette): C'est ça.
M. GILBERT: Il y aurait peut-être quelque chose qui permettrait
à messieurs les journalistes de réfléchir. Je leur ai
rendu un hommage au début. Je pense que, sur le plan de l'éthique
professionnelle chez nos journalistes, on devrait réfléchir
davantage avant de publier dans les journaux des renseignements de l'ordre de
ce que le sergent Durocher vient de vous donner.
M. GRENIER: La liberté de presse.
M. GILBERT: Oui, il n'est pas question, pour un chef de police, ici, de
parler de restrictions, de censure de la presse, mais je pense que nous devons
tous, en tant que citoyens, réfléchir à cet aspect.
Nous avons dans la province, et plus particulièrement à
Montréal, une série d'attentats à la bombe. Là
encore, on s'aperçoit qu'il y a eu quelques arrestations de jeunes qui
ont pris la recette, qui ont pris leurs plans dans un journal. Vous allez
peut-être dire qu'il est assez facile d'obtenir des plans semblables
indiquant comment fabriquer une bombe en se procurant des livres que l'on peut
acheter dans les librairies. J'ajouterai que c'est vrai, mais vous n'avez qu'un
petit nombre de personnes qui prennent la peine de se rendre dans une librairie
et de chercher ces volumes-là. Mais lorsque c'est publié dans les
journaux ordinaires, vous attei-
gnez un plus grand nombre de citoyens et cela présente des
risques encore plus grands.
M. GRENIER: Avez-vous l'impression que ces mouvements ont leur origine
dans des entreprises privées ou si cela vient surtout de milieux
scolaires assez importants quant au nombre d'élèves?
M. DUROCHER: Il est assez difficile d'établir l'endroit exact de
la provenance de ce phénomène. Mais on peut reculer de quelques
années, de quatre ou cinq ans pour le retrouver au niveau universitaire
,de trois ou quatre ans pour le retrouver au niveau secondaire, et il y a une
couple d'années on le retrouve au niveau primaire.
M. GRENIER: Les maternelles ne sont pas encore touchées?
M. DUROCHER: Pas encore. On ne fume pas encore à cet
âge-là. Mais aussitôt qu'on se permet de fumer, par
exemple.
M. GILBERT: La colle, c'est douze ans, treize ans.
Est-ce qu'on peut passer à la dernière intervention? Cela
va durer à peu près quinze minutes.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Durocher.
M. GILBERT: Le sergent Gravel s'occupe, comme je le soulignais au tout
début, d'un secteur particulier qui est celui des motards. Je voudrais,
avant qu'il aborde son sujet, souligner que nous obtenons une très bonne
collaboration d'un organisme provincial qui s'appelle l'OPTAT. Je pense que
vous le connaissez. C'est l'Office pour la prévention et le traitement
de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
M. GRAVEL: M. le Président, MM. les députés et
membres du comité, mesdames et messieurs, nous poursuivons, avec le
monde mystérieux des motards, cette fois-ci auquel nous nous sommes
intéressés au service de la police de Montréal, à
la suite de nombreuses plaintes nous disant que lors de manifestations de
motards, on faisait usage de violence, de chaînes, de fils
électriques, etc., et à la suite de l'échauffourée
du moins de juin 1968 à Ville Jacques-Cartier où un motard perdit
la vie.
Les deux groupes rivaux, en l'occurrence, étaient deux groupes de
motards de Montréal. Les autorités policières ont
jugé bon à ce moment-là de continuer l'action
préventive de la section de l'aide à la jeunesse avec les
motards. Les motards sont des gars âgés de dix-sept à
vingt-cinq ans et nous en avons deux de 41 et 43 ans dans certains clubs. Pour
poser un geste positif dans une philosophie positive, il nous fallait faire une
étude rationnelle de ces groupes. Moi, en tant qu'agent de police,
j'étais assez ignorant des motards. Nous avons donc tenté de
communiquer avec les présidents ou les responsables des
différents groupes que nous connaissions alors. C'était une
approche personnelle, directe et positive. Nous avions des entrevues avec ces
représentants pour connaître exactement le conflit qui pouvait
exister entre les bandes rivales. On pouvait établir qu'il y avait des
rivalités entre les deux, mais qu'étaient ces rivalités et
que pouvait faire la police pour empêcher ces conflits? Après
plusieurs entrevues, je dois vous dire ici qu'un jour, après quatorze
appels téléphoniques, nous avons finalement contacté deux
présidents de clubs qui étaient, disons, de la gauche. Ils nous
ont donné rendez-vous dans une discothèque de Montréal.
Nous avons enlevé nos vestons, nous avons mis des « T-shirts
» et nous sommes allés rencontrer les deux individus. Chose assez
curieuse, après un dialogue de trois heures, le lendemain, et le
surlendemain, les deux mêmes individus étaient rendus dans notre
bureau sans s'annoncer. Donc, à ce moment-là, premier contact:
nous avions franchi la barrière qui pouvait exister entre le policier et
le motard. Disons que, comme résultat, c'était fantastique.
Alors, pour être assez bref, cette étude nous a
révélé que la rivalité entre les groupes de motards
était aussi simple que ceci, par exemple.
Un motard d'un groupe « X » s'en va dans la rue avec sa moto
et deux ou trois individus de la bande « Y « l'aperçoivent,
le pourchassent, l'arrêtent et lui disent; Donne-nous ton « crest
», ou si tu ne veux pas nous le donner, nous l'arrachons. Alors, on fait
usage de violence tout de suite pour enlever le « crest ».
Vous savez que le « crest », les couleurs, le dossard d'un
motard, tout cela est sacré comme la pupille de ses yeux. C'est aussi
important que l'insigne d'un policier. Alors, quand on lui enlève son
« crest », on lui arrache les yeux. Vous pouvez supposer que les
conséquences sont que la même chose se produit chez le groupe
rival qui a enlevé le « crest ».
Ces « crests » en question, on les apporte au local
ils ont tous des locaux, un local par club, soit un garage ou une maison
délabrée on les accroche sur les murs, un peu comme un
trophée de scalp des Indiens d'autrefois, et quand on en a suffisamment,
on les brûle. Ce n'est plus bon. C'est un peu enfantin, me direz-vous,
mais
c'est quand même assez important dans l'esprit de ces
gars-là. Quand on considère qu'on tente de leur inculquer que le
droit d'appartenance à un groupe plutôt qu'à un autre,
c'est la liberté de l'être humain. Si je fais partie du service de
la police, moi, c'est mon affaire. J'aurais pu entrer au service des pompiers,
mais je voulais devenir policier. Alors, j'ai la liberté de choisir.
Parmi les motards, cette même liberté doit exister.
Nous avons désigné finalement, le 9 juillet 1968, un
policier du service de la police de Montréal qui avait été
formé spécialement, comme les policiers éducateurs, avec
des approches en sciences-humaines, psychologie et sociologie, et nous l'avons
lancé exactement comme eux. Le type est habillé en motard, il est
connu et identifié. Sur son veston de cuir on ne pouvait quand
même pas l'habiller en « tuxédo », cela n'aurait pas
pris on a fait mettre un écusson « Police de
Montréal » avec un motard dessus. Notre individu travaille comme
un motard. Assez souvent, je l'appelle « mon petit monstre »; il
m'arrive et il n'est pas regardable, mais disons que c'est de cette
façon-là qu'il a pu être accepté de tous les
groupes.
Nous avons à peu près treize groupes de motards, à
Montréal et dans la banlieue.
M. GILBERT: Nommez-en donc quelques-uns.
M. GRAVEL: Nous avons les Devils Disciples, les Satans Choice, les
Popeye, les Sundowners, les Night Angels, les Huns. Nous avons les
Damnés de Saint-Jérôme, les Québécois de
Granby, les Mongols de Drummondville, les Archanges, les Cobras, et ainsi de
suite.
M. HOUDE: C'est bilingue.
M. GRAVEL: Vous voyez tout de suite que le nom qu'ils portent
dénote peut-être une conduite douteuse. Les Hells Rejects, par
exemple. Des Hells, on en a: les Hells Hounds, les Chiens de chasse du diable.
On en a de toutes les sortes.
Voyant tout cela, notre policier s'en va dans la rue et se
promène avec eux. Il va à toutes les rencontres hebdomadaires du
club.
Ce que nous avons constaté et ce qui est important de noter ici,
c'est que parmi ces individus, il y a des gens extrêmement sensibles. Je
n'ai jamais rencontré un être humain aussi sensible qu'un motard.
Vous me demanderez pourquoi. Eh bien, pas la masse mais une grosse partie des
membres des clubs de motards sont des types qui ont été
élevés à la campagne, disons à 50, 60 ou 100 milles
de Montréal. Ils sont arrivés ici dans la grande ville à
seize, dix-sept ou dix-huit ans; ils ont trouvé une petite situation et
avec $100, $200 ou $300 en poche, ils ont acheté une moto.
Pourquoi s'acheter une moto après avoir amassé $200 ou
$300? Parce que, dans le milieu où il a été
élevé, psychologiquement, il a été refoulé.
Il a développé un complexe et par sa moto, il se défoule.
Il dit: Moi, je suis un homme maintenant, j'embarque sur ma machine qui fait du
bruit et on va me remarquer. On le remarque aussi. La police le remarque. La
société en général le remarque. Tout le monde le
remarque. La police et la société ont des préjugés
contre ce gars-là.
Nous avons constaté qu'il existe dans le Québec et le
Canada deux organisations qui s'occupent de motocyclisme de compétition.
Ces deux clubs-là, le CMA, Canadian Motor Cycle Association et le Sport
Motor Cycle Club de Montréal rejettent les groupes de motards à
cause de la mauvaise publicité qui a été faite contre eux
et à cause de leur conduite, il faut bien le dire. Il faudrait
établir ici qu'il y a des clubs qui sont quand même exemplaires
tandis que d'autres clubs sont de la gauche, comme je le disais tout à
l'heure. Dans les clubs exemplaires, par exemple, notre policier motard a vu
des types se rendre dans une ruelle, arrêter les moteurs des motos deux
rues avant leur garage et pousser les motos pour ne pas réveiller les
gens du voisinage. Vous pouvez tout de suite vous imaginer quel genre de gars
se trouvent dans les catégories de droite ou de gauche.
Actuellement, pour grouper tout cela, considérant que le
problème est un problème social. J'aimerais ajouter ici que lors
de notre étude et de notre approche auprès de ces groupes de
motards, nous avons constaté qu'il y avait continuellement des groupes
en formation, dont des groupes à bicyclette s'identifiant comme les
motards: conduite antisociale, usage de violence, possession d'armes offensives
et tout cela. Ils se battent dans les parcs, les places publiques. C'est
exactement le phénomène psychologique du héros. On tente
de copier l'aîné qui est le dieu, en fait. Cela se situe au niveau
des petits bonshommes de treize, quatorze, quinze ans. Nous en avons
jusqu'à dix-neuf ans.
Notre action préventive vous pouvez le voir tout de suite
s'exerce extra muros, parce que nos motards ne vont plus à
l'école. Actuellement, nous sommes à mettre sur pied une
fédération de motocyclistes au niveau provincial. Cela pourrait
s'appeler l'OMU. Disons que c'est symbolique. Il y a l'ONU qui groupe tous les
pays avec un conseil de sécurité et l'OMU qui groupe tous les
groupes de motards.
L'organisation des motocyclistes unis du Québec aurait un conseil
de surveillance et de griefs très bien structuré, avec une
réglementation qui pourrait inculquer une discipline à
l'intérieur de chaque club.
D'ailleurs, plusieurs clubs ont déjà une constitution et
une réglementation assez sévères. Il faut vous dire aussi
que les motards sont des gars très naturels, d'abord parce qu'ils
sortent avec les femmes, puis parce qu'ils prennent de la bière. Ils
sont réellement virils. Si, un samedi, dans le local du club « X
», il est défendu d'avoir la présence d'une femme, le type
qui s'y présente avec une femme est mis à l'amende :$1 d'amende
parce qu'il est venu au local avec une femme.
Si, un samedi, il est défendu de faire un « party »
avec de la boisson ou de la bière et qu'un motard se présente
avec un petit flocon sur la fesse, comme on dit, c'est $2 d'amende. Si un
individu est pris ou qu'on sait dans le club qu'il a eu une contravention de la
police pour une infraction à une loi de circulation, on lui impose une
autre amende en plus de l'amende déjà payée à la
municipalité où il a enfreint la loi.
On peut voir tout de suite que les gars, jusqu'à un certain
point, sont bien structurés ou à peu près
structurés. Cet organisme que nous sommes en train de mettre sur pied,
c'est d'abord parce que les gars réalisent qu'il y a envers eux une
injustice sociale. D'abord, il y a les deux clubs s'occupant de
compétitions qui les refusent d'une part et d'autre part, ils savent que
la société et la police sont aussi contre eux. Que leur
reste-t-il? Pas grand chose.
On a constaté aussi que la plupart des motards sont des gars qui
veulent faire de la moto paisiblement et ne pas troubler la paix des gens. Le
policier a, comme devoir principal d'assumer le bon ordre et le respect de la
paix publique et on pense que notre devoir est de donner aux citoyens le bon
ordre et la paix publique et d'éliminer les motards jusqu'à un
certain point.
Nous avons pensé, par cette fédération, les
regrouper. Nous avons déjà onze clubs connus, représentant
environ 600 membres, qui sont prêts à adhérer au mouvement.
Nous voulons leur procurer, pour les activités de compétition
d'été, un terrain où ils puissent faire du « cross
country », du « hill climbing » ou du « strambling
» excusez les termes anglais mais parmi les motards, c'est la
façon de procéder et pour l'hiver, nous voulons aussi leur
donner l'avantage de continuer à se défouler parce qu'ils
accumulent pendant cette saison, en ouvrant une piste de course pour motos avec
pneus à pitons sur un lac, par exemple le lac des Deux-Montagnes, le lac
Mégantic près de Québec. C'est peu coûteux et les
types pour- raient pratiquer le sport de la moto pendant douze mois.
Le but de cette organisation est justement de promouvoir le sport de la
moto et d'inculquer l'esprit de fraternité à ces groupes rivaux
pour en faire de meilleurs citoyens. On sait de bonne part parce qu'on
fait une étude de chacun des clubs - qu'il y en a où on fait le
trafic de la drogue, où il y a des voleurs de motos. Par contre, la
majorité sont des gars qui font partie d'une société et
qui sont d'honnêtes citoyens. Mais à cause des complexes que j'ai
énumérés tout à l'heure, ça fait des
citoyens de la gauche, jusqu'à un certain point.
Pour les activités d'hiver, par exemple, à part les
compétitions sur glace, nous sommes en train de faire des arrangements
avec les ministères qui pourront nous fournir l'occasion de donner
à nos gars des cours de base, des cours de mécanique
élémentaires en moto et en auto.
UNE VOIX: Disons d'abord que les motards vont demeurer, qu'on le veuille
ou non. Maintenant, les regarder comme des gens qu'on doit rejeter, on ne peut
pas faire ça. Que la police se retranche sur ses positions et essaie de
les arrêter lorsqu'ils font du bruit ne réglera pas le
problème.
M. Gravel vous a expliqué que des clubs bien établis ne
veulent pas les accepter et qu'eux-mêmes, à un certain moment, ne
veulent pas aller à quelque chose de structuré par d'autres.
Ils veulent s'organiser eux-mêmes. A ce moment-là, nous
leur facilitons, par différents moyens, l'organisation de leurs propres
affaires.
Je souligne ici que nous avons eu deux rencontres jusqu'à
maintenant avec M. Duceppe ainsi qu'avec M. Chantigny. Il y aura certainement
une participation du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux sports et aux
loisirs. Nous essayons d'organiser un programme nous de Montréal,
nous nous limitons à Montréal - qui pourrait s'étendre
à l'échelle provinciale. Déjà nous avons
rencontré certains chefs de la police municipale; le chef de la police
de Chicoutimi, par exemple, où il y a beaucoup de moto qui se pratique.
Sur le plan de la prévention, encore, on voit d'un bon oeil la
participation de la police à l'établissement de clubs de
motocyclistes.
M. GRAVEL: Actuellement, deux clubs, à Montréal, ont
manifesté le désir d'avoir des copies des règlements de la
circulation à Montréal, numéro 1319, parce qu'ils
commencent déjà à s'Intéresser aux lois du code de
la route. Dans notre programme d'activités d'hiver ceci se fait
actuellement, mais d'une façon lar-
ge et non systématique nous voulons instituer des cours de
sécurité sur les routes, des cours sur la réglementation,
sur le code de la route, sur les règlements de la circulation,
accompagnés d'une formation élémentaire en
mécanique. Vous comprendrez tout de suite que ces gars-là, avec
leur scolarité, ne peuvent pas répondre aux critères
d'admission des écoles spécialisées dans l'automobile, par
exemple. Ce sont des gars qui, sur le plan scolaire, sont un peu
inférieurs aux autres.
Alors, ce sont des programmes que nous traçons. Nous avons aussi
nos clubs de bicyclette. Depuis sept mois, nous avons décelé 256
groupes (des « gangs ») à bicyclette ou autres, dans la
ville de Montréal. Chaque jour vous voyez pousser sur les coins de rue
un club de « Popeye BC » (club de bicyclette) un Firing choice
à bicyclette. Cela pousse comme des champignons. Alors, dans notre
nouvelle méthode préventive, nous faisons aussi l'étude du
« gang ».
Pour vous montrer les résultats de nos efforts, je dois ajouter
qu'avant le mois de juillet les motards et la police formaient des pôles
opposés. Maintenant, les motards organisent des assemblées
à la section de la formation de la police de Montréal. Ils nous
appellent et nous demandent s'ils peuvent avoir le local le vendredi soir. Ils
viennent dans les locaux de la police et je vous prie de croire, messieurs,
que, l'an passé, ça n'aurait pas été possible.
M. GRENIER: Vous dites que vous avez des clubs de la gauche et des clubs
de la droite en campagne de recrutement. Ils doivent viser vers le centre, un
peu comme le parti libéral, j'imagine. Cela dit, je me demande un peu la
raison pour laquelle cette éducation-là est si forte. D'où
vient l'attrait qu'on a pour le « crest » par exemple? On voit des
luttes entre d'autres mouvements, qui sont peut-être justifiées;
on voit, par exemple, des luttes intersyndicales dans la province et on a des
raisons de se batailler, on les connaît. Mais, pour ces gens qui n'ont
à peu près pas de raisons de lutter entre eux, d'où vient
cet attachement qu'ils ont envers leur « crest »?
Nous travaillons dans nos paroisses ou dans nos milieux sans
réussir à stimuler les gens à s'attacher à un
mouvement quelconque et eux, en si peu de temps, ils sont capables de le
faire.
M. GRAVEL: Voici, on connaît le phénomène du gang;
c'est exactement ça. Le type est accepté parmi un groupe
d'individus. On dialogue avec les individus du même groupe, on
échange, on a les mêmes idées, on pratique le même
sport et on a les mêmes activités. Enfin, on est accepté du
groupe. Par contre, sion étudie le problème en profondeur, on
voit qu'à la maison le père s'assoit devant la
télévision et lit son journal. Il dit: Les problèmes
mondiaux m'intéressent, mais les problèmes familiaux ne
m'intéressent pas.
Alors, ils sont laissés à eux-mêmes. Ils se joignent
à un groupe où on va les comprendre. Quand on entre dans un club
comme ça, parfois, on se sublime jusqu'à un certain point. Eh
bien, le « crest », que l'on porte et qui représente le
groupe, est quelque chose d'important pour eux.
M. GILBERT: Il y a aussi le phénomène de la contestation;
ça existe à tous les niveaux, Une certaine partie de notre
jeunesse ne veut pas se joindre à des clubs ou à des organismes
déjà structurés. On a beaucoup de centres de loisirs dans
la province, mais ils ne veulent pas aller dans un endroit où on leur
dira quoi faire. Ils veulent décider eux-mêmes quoi faire.
Et puis, il y a un autre aspect aussi: parce qu'ils ne veulent pas se
plier aux règlements qui existent dans un centre de loisirs quelconque
ou bien parce qu'ils s'habillent différemment, on les rejette et on ne
veut pas les accepter.
Alors, il y a deux choses: soit qu'on ne veuille pas les accepter ou
soit qu'eux-mêmes ne veuillent pas aller dans un endroit construit par
d'autres. Donc, ils s'identifient à un club où on a vu à
s'organiser soi-même et à choisir ses loisirs. Que vient faire la
police dans ça? Eh bien, la police est là surtout comme
conseiller, et comme consultante.
Si on s'aperçoit qu'un club n'a pas de local, se tient au coin de
la rue et pense plutôt à préparer des mauvais coups, on ira
voir quelqu'un qui pourra l'aider. Donc, chez nous, à Montréal,
nous avons un service de loisirs bien organisé. Nous recourons à
lui pour avoir des moniteurs, par exemple.
Un dernier exemple: Dans le centre-ville, qui est un quartier
particulièrement défavorisé, nous sommes allés voir
le YMCA pour obtenir des haltères, parce que les gars avaient
manifesté le désir de pratiquer ce sport durant la saison
morte.
Nous sommes donc allés là, puis le YMCA. a offert en plus
de fournir des travailleurs sociaux qui s'occuperaient d'eux. C'est donc
là que nous voyons le rôle de la police. On veut organiser quelque
chose, à un moment donné, ça prend de l'argent. Nous irons
voir un club social, le Kiwanis, le Richelieu. Nous leur disons: nous
connaissons un groupe de jeunes qui sont
financièrement mal placés, est-ce que vous pouvez faire
quelque chose?
Je le répète, je voudrais que ce soit retenu ça,
que le policier n'est pas là pour devenir moniteur sportif. Il verra
toutefois à diriger le groupe vers des moniteurs sportifs. Le policier
n'est pas là pour fournir un local d'une façon permanente, mais
le policier va s'efforcer de renseigner ces gens-là et leur dire
où aller pour avoir un local. C'est là que nous voyons le
rôle de la police.
M. GRENIER: M. Gravel...
M. GRAVEL: Nous avions deux groupes de clubs à bicyclette dans
deux districts policiers différents. Ces gars-là se tenaient dans
les parcs Lafontaine et Laurier. Ils terrorisaient les gens tentaient de tout
détruire sur le plan matériel, et aussi détruire les jeux
organisés par le groupe d'enfants qui fréquentaient le petit
parc. Les policiers éducateurs des deux secteurs concernés ont
rencontré des moniteurs de leur district respectif. Ils ont
organisé des rencontres de baseball, de balle-molle, de soccer entre les
deux bandes rivales de bicyclette. Alors, les gars se sont
défoulés dans le parc et nous connaissons enfin ce que ça
doit être, les activités d'un parc. Nous tentons de les organiser
dans ce sens-là, plutôt que d'envoyer les gars dans la rue et les
persécuter.
M. GRENIER: Est-ce que vos données permettent de vérifier
quel degré scolaire ont atteint la moyenne de ces motards-là?
M. GRAVEL: Disons que, chez l'élément anglophone,
ça peut se situer à la onzième ou à la
douzième année, parce qu'il y a des groupes anglophones et
francophones. Chez les francophones, c'est beaucoup plus bas. On dirait environ
la septième ou la huitième année. Plusieurs viennent des
milieux ruraux, c'est peut-être ça qui fait que le niveau scolaire
est inférieur chez le francophone.
M. HOUDE: M. Gravel, il y a quelques années, quelqu'un me faisait
remarquer, je ne me souviens plus exactement où c'était
dans une conférence que j'entendais qu'un des rares sports, au
niveau d'une municipalité ou d'une province, qui rapporte de l'argent
à une municipalité, c'est la bicyclette. Cela va de soi. C'est
à peu près le seul sport où on exige l'achat d'un permis.
D'autre part, c'est à peu près le seul sport qui est interdit
dans la plupart de nos parcs et de nos terrains de jeux. Il n'y a pas un parc
dans la province ou il n'y ait une affiche disant que la bicyclette y est
interdite, etc.
Ne croyez-vous pas qu'avec notre structure, qu'avec le nombre de clubs
qui deviennent de plus en plus populaires, il serait intéressant,
à un moment donné, d'éveiller nos conseils municipaux et
d'apporter un remède à cette situation pour le moins bizarre?
Je pense que, dans nos terrains de jeux, dans nos parcs à
l'étendue du Québec, il devrait plutôt y avoir un
emplacement réservé aux bicyclettes au lieu de les interdire?
Moi, ça m'apparaît quand même extrêmement
important peut-être de lancer l'idée de plus en plus, surtout si
les clubs se structurent, d'avoir des emplacements, ne serait-ce qu'une piste
ordinaire pour les bicyclettes. Je pense qu'à ce moment, avec votre
future OMUQ, ce serait peut-être une idée de promouvoir et de
recommander à nos directeurs du service des parcs et de la
récréation dans leur planification d'aménager des espaces
sur nos terrains de jeux, sur nos parcs, justement pour les bicyclettes.
M. GRAVEL: Nous avons commencé de travailler en étroite
collaboration avec le service des parcs de Montréal. L'été
dernier, nous avons organisé 34 rallyes à bicyclette en
collaboration avec les moniteurs et la Fédération cyclo-touriste
du Québec. Alors, déjà, nous avons amorcé un
travail dans ce sens.
M. GILBERT: Je pense bien que pour les motocyclettes, nous
préconisons nous en avons fait part à MM. Duceppe et
Chantigny, dans nos deux premières rencontres qu'il y ait
à plusieurs endroits de la province des terrains aménagés
qui permettent aux motards donc là, on touche les motocyclistes
à ce moment-là de pratiquer leur sport, non seulement des
pistes de course mais aussi des terrains accidentés où ils
pourraient un peu loin de la ville, disons à une dizaine de
milles de la ville pour ne pas embarrasser les citoyens justement
pratiquer leur sport dans un esprit d'équipe autre que celui qui existe
actuellement. Quand on dit: Le soir, on va aller prendre un coup et tout briser
dans le village ou la ville, à ce moment-là, s'ils ont l'occasion
d'organiser entre eux des compétitions, avec un coup d'oeil observateur
de la police qui intervient au moment où elle doit intervenir, ça
changerait la situation dans le Québec.
M. GRAVEL: Il faudrait peut-être ajouter ici que l'organisation
des motocyclistes unis du Québec, on a passé cette faveur
à travers 43 articles de réglementation et puis ce sont les
motards, les représentants de chaque club de motards qui ont voulu
adhérer à la fédéra-
tion, qui ont rédigé les règlements. Nous, en tant
que policiers, nous étions là pour les guider et les orienter
dans une ligne ou dans une autre. C'est déjà une formation et une
éducation qu'on leur donne à s'établir en structures bien
équilibrées et avec des sous-comités de
compétition, de surveillance, des conseillers techniques, etc. Donc,
notre mesure préventive c'est l'information et l'éducation aussi.
Cela égale toujours prévention.
M. LE PRESIDENT: M. Gravel, nous vous remercions de vos explications et
le comité prend bonne note de vos recommandations. Nous vous remercions,
M. le directeur, ainsi que votre personnel. La police provinciale était
ici à titre d'observateur, je crois.
M. HOUDE: Est-ce que je pourrais poser une question justement au
représentant de la Sûreté provinciale?
Est-ce qu'il y a, au niveau de la sûreté provinciale,
l'équivalent de ce qui existe au niveau de la Sûreté de
Montréal, des policiers éducateurs, par exemple?
M. VAN HOUTTE: Non, absolument pas.
M. GILBERT: Lors de la rencontre que nous avons eue, hier matin avec M.
Duceppe et M.
Chantigny M. Saint-Pierre, le directeur général de
la sûreté du Québec, ainsi que l'inspecteur Aubin de la
Sûreté du Québec étaient présents j'ai
précisé, au tout début, que fêtais le
secrétaire général de l'association des chefs de police.
J'ai dit, que les municipalités avaient déjà des embryons
de programmes que nous sommes intéressés à
développer au sein de l'association.
M. VAN HOUTTE: Dans la division de l'Est de la province, des
spécialistes en circulation ont visité un grand nombre
d'écoles pour donner des conférences audio-visuelles. Mais, je
dois dire que l'éducation de la jeunesse par la Sûreté du
Québec se restreint à ce domaine-là, pour le moment.
A la demande de M. Saint-Pierre, de la Sû-reté, qui est
parfaitement au courant du programme déjà existant dans la ville
de Montréal, je ne peux rien avancer, mais je crois bien qu'il y aura
des programmes qui seront de nature à améliorer la participation
de la Sûreté du Québec dans ce domaine-là.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. Le comité ajourne ses travaux
au mercredi 19 février, à 14 h 30.
(Fin de la séance 13 h 6)
Séance du 19 février 1969
(Quatorze heures cinquante et une minutes)
M. SAUVAGE AU (président du comité): Messieurs, il me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette séance du
comité. Je voudrais attirer l'attention des membres à l'effet que
nous devions entendre des représentants du ministère de
l'Education, cet après-midi. En raison de circonstances
incontrôlables, nous ne pourrons pas les entendre cet après-midi.
Nous nous contenterons donc de préparer la prochaine réunion,
dont la date sera fixée un peu plus tard.
M. HOUDE: M. le Président, comme l'a fait, la semaine
passée, mon collègue, le député d'Arthabaska,
j'aurais, à mon tour, une déclaration à lire. Il s'agit
bien entendu du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports.
Quelques mois à peine après la création du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, les
principaux chefs de file dans ce domaine savaient qu'il existait des intrigues
et des conflits de personnalité entre les membres de cet organisme.
Dès les premiers mois de sa création, il était clair et
net que le haut-commissariat se composait de deux groupes, le tandem
Chantigny-Duceppe et le tandem Jean-Marie Morin Bélanger.
Plusieurs chefs de file, dans les mouvements de jeunesse, de sports et de
loisirs, s'efforcèrent alors de taire cette situation et même
firent des efforts individuels pour ramener la paix et l'ordre parmi ces hauts
fonctionnaires. L'intérêt commun le commandait et l'esprit sportif
devait primer. D'autre part, nous savions, dès la mi-octobre, que le
haut-commissariat serait transféré au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et que M. Jean-Marie Morin allait
être muté. Je me rappelle ici quelques conversations tenues
avec les animateurs sportifs, lors du Salon ski-famille organisé par le
père Marcel de la Sablonnière, en octobre dernier, à
l'hôtel Bonaventure. Je dois avouer que l'ensemble des travailleurs en
sports et loisirs regrettaient le départ de M. Jean-Marie Morin, mais
espéraient qu'avec ce changement, la paix reviendrait pour une plus
grande efficacité.
Depuis hier cependant, nous apprenons, par les articles publiés
dans le journal Le Soleil et par une bouleversante déclaration de
l'honorable Jean-Marie Morin à la télévision hier soir,
que la paix n'est pas revenue, malgré les changements, et que la
pagaille continue de plus belle à l'intérieur du
haut-commissariat. Pour ma part, je déplore cette situation et je
considère que c'est un très mauvais exemple à donner au
milieu de la jeunesse, des sports et des loisirs. S'il y a un domaine où
l'esprit sportif doit régner et où les principes du baron Pierre
de Coubertin, rénovateur des jeux olympiques, doivent être
appliqués, c'est bien celui de la jeunesse, des sports et des loisirs.
Après avoir entendu plusieurs fois l'honorable Morin et l'honorable
Loubier lancer un appel à tous les responsables en jeunesse, sports et
loisirs, pour qu'enfin ils s'entendent entre eux, comment ne pas
considérer comme un mauvais exemple le fait que l'autorité
première en ce domaine donne la preuve d'une mésentente
flagrante?
Le monde des loisirs et des sports, depuis plusieurs mois, a fait la
preuve qu'il était possible de se regrouper. C'est ainsi qu'en
décembre dernier, toutes les associations sportives du Québec se
regroupaient dans la paix dans une confédération des sports.
A cette occasion, lors d'une causerie, le ministre Loubier
déclarait aux sportifs, et je cite à peu près
textuellement: « Prouvez-nous que vous êtes sérieux et nous
vous donnerons les outils nécessaires pour travailler. »
Aujourd'hui, ce sont les sportifs qui sont en droit de demander au
haut-commissariat: Prouvez-nous que vous êtes sérieux et cessez
vos petits conflits et vos petites intrigues.
Dans les sports et les loisirs, la politicaillerie doit être mise
de côté, mais ce n'est malheureusement pas ce que pensent certains
personnages de l'Union Nationale.
En effet, comment expliquer qu'au moment où tous les
spécialistes en sports et en loisirs sont unanimes à dire que
l'avenir des loisirs est au plein air, le haut-commissariat puisse
déclarer, comme il l'a fait ici, à un récent comité
parlementaire devant les responsables d'une dizaine d'associations de plein
air, que personne, dans le personnel du haut-commissariat, n'est actuellement
vraiment qualifié pour conseiller et guider les organismes
spécialisés dans ce domaine?
Comment expliquer la présence, parmi le personnel du
haut-commissariat, de Mme Marie Chevalier, organisatrice bien connue de l'Union
Nationale, plutôt que la présence d'un spécialiste
nécessaire dans le domaine du plein air?
Comment expliquer également la mise au rancart, depuis quelque
temps, de M. Paul Ohl, spécialiste sportif, qui fut recommandé,
tour à tour, par l'honorable Rémi Paul, pour qui il travaillait
à l'Assemblée législative, par M. Jean-Marie Morin, alors
responsable du haut-commissariat, et par M. Yves Bélanger, le
haut-com-
missaire? Quand on sait que, le à septembre 1968, l'honorable
Jean-Marie Morin déclarait: « Nous nous sommes adjoint un autre
personnage au haut-commissariat, il s'agit de M. Paul Ohl, dont le statut sera
officiellement connu dans quelques jours. »
Or, du à septembre 1968 à aujourd'hui, non seulement le
statut de M. Ohl ne fut jamais connu, mais, au contraire, nous savons que sa
nomination officielle au haut-commissariat est loin d'être un fait
accompli.
En conclusion, au nom de tous les responsables des mouvements de
jeunesse, des organisations de loisirs et des associations sportives, je
demande au gouvernement d'éclaircir la situation, d'oublier, s'il le
faut, les derniers mois, de prendre des précautions et de partir, une
fois pour toutes, sur le bon pied. Des milliers de Québécois
attendent beaucoup de ce haut-commissariat et ne méritent pas qu'on leur
serve un tel mauvais exemple.
M. BERGERON: M. le Président, j'aimerais d'abord demander au
député de Fabre s'il ne pourrait pas me faire parvenir une copie
de sa déclaration de même qu'aux autres membres du comité.
Je trouve absolument indécent que le député de Fabre, qui
a toujours voulu s'imposer comme un homme évitant toute politicaillerie
dans le domaine du Haut-Commissariat à la jeunesse aux loisirs et aux
sports, fasse ce qui, à mon sens, est à peu près la plus
petite politique que puisse faire un homme qui a des
responsabilités.
Qu'il y ait des divergences d'opinion entre divers fonctionnaires, ce
problème existe non seulement au haut-commissariat, mais dans plusieurs
ministères. Tant et aussi longtemps qu'il y aura des hommes, il y aura
des caractères différents et des opinions différentes. Je
pense qu'il n'y a là rien d'anormal; au contraire, c'est au choc des
idées que nous pouvons voir jaillir la lumière.
On dit que la pagaille existe au haut-commissariat. Je dois dire qu'un
travail très sérieux a été accompli depuis que ce
haut-commissariat a été formé. Je sais que le ministre
aura très prochainement, des nouvelles très intéressantes
à annoncer à la population, ce qui sera une preuve
évidente qu'un magnifique travail a été accompli par tous
les fonctionnaires du haut-commissariat. Ceci n'exclut pas la
possibilité qu'il y ait des divergences d'opinion.
En ce qui concerne la nomination de certaines personnes qui auraient
fait partie de l'Union Nationale, je me demande de quel droit le
député de Fabre se sert d'un tel argument. Je pense qu'il n'y a
pas que nos amis libéraux qui ont la compétence innée.
M. HOUDE: Il n'est pas question de compétence. Nous n'avons pas
parlé de compétence.
M. BERGERON: J'ai laissé parler le député de Fabre.
Il n'y a pas que les gens du parti libéral qui ont le droit de
travailler au gouvernement. Il y a des gens dans l'Union Nationale n'en
déplaise au député de Fabre qui sont
compétents et qui sont capables de rendre de précieux services
à la province.
Je profite de l'occasion pour dire que ce n'est pas parce qu'une
personne a été membre, à un moment donné, d'un
parti politique que ceci doit l'exclure de toute activité. Bien souvent,
ce sont des gens qui ont eu la possibilité de prendre connaissance des
problèmes qui peuvent exister à différents niveaux et qui
peuvent davantage aider la population du Québec.
Lorsque le député de Fabre parle de politicaillerie,
lorsqu'il mentionne la nomination de différentes personnes à
différents postes dans différents ministères, je pense que
c'est un manque de sérieux qui ne mérite même pas qu'on
prenne le temps d'y répondre. Encore une fois, j'assure le
député de Fabre qu'il y a du travail de fait au
haut-commissariat, mais il en reste également à accomplir. C'est
un domaine nouveau: nous devons créer de toutes pièces une
institution qui nous manquait depuis plusieurs années.
De 1960 à 1966, le gouvernement qui nous a
précédés, parcourait la province en annonçant
toutes sortes de choses sans jamais passer à l'action; pour une fois, le
gouvernement de l'Union Nationale a pris ses responsabilités. Nous avons
des difficultés à surmonter, et c'est grâce au travail qui
s'est accompli et qui continuera à s'accomplir au haut-commissariat que
la population du Québec se rendra compte qu'il y a de l'action et que
nous pourrons, dans un avenir très rapproché, lui faire
connaître des réalisations concrètes, toujours en tenant
compte des disponibilités budgétaires.
Qu'on le veuille ou non, avant de tout mettre par terre, il faut, si
nous voulons réellement agir de façon progressive, établir
une ligne de conduite sans, pour cela, tout chambarder, comme ce fut le cas
dans le domaine de l'éducation où nous connaissons des
problèmes majeurs, précisément parce que le gouvernement
qui nous a précédés a décidé d'agir sans
savoir où il allait.
Le haut-commissariat a l'intention d'agir, mais nous
préférons, nous, de l'Union Nationale, savoir où nous
allons avant de procéder et voir jusqu'à quel point nous allons
engager les deniers des contribuables. Je pense que c'est cela que la
population du Québec attend. Avant d'agir, nous voulons savoir où
nous allons; nous voulons sa-
voir ce que la population de toutes les régions du Québec
attend comme action gouvernementale. Je pense que le député de
Fabre est joliment mal placé pour venir faire des remontrances au
gouvernement actuel puisque, de 1960 à 1966, il aurait eu toute la
chance voulue pour agir.
Le gouvernement a agi, en instituant le haut-commissariat, et ce n'est
qu'un jalon dans le travail que le gouvernement actuel a l'intention de faire
pour donner à tout le Québec une organisation qui va s'occuper,
une fois pour toutes, de la jeunesse, des sports et des loisirs, de
façon à répondre aux aspirations de tous les
Québécois, que ce soit la jeunesse, les gens d'âge moyen et
les personnes plus âgées.
M. PARENT: M. le Président, je veux bien dire, ici, en
réponse au député de Mégantic, que le
député de Fabre a fait sa déclaration avec les meilleures
intentions. Sa déclaration est inspirée par une intrigue qui a
été rendue publique et confirmée par l'ancien ministre
délégué au haut-commissariat, M. Morin, que j'ai
écouté hier soir à la télévision. Il a
lui-même admis le bien-fondé des avancés qui ont paru dans
le journal Le Soleil. Il a confirmé que son déplacement, comme
responsable du Haut-Commissariat à l'éducation, était
dû à ces intrigues. Il reste tout de même un fait. C'est que
cette situation, qui est rendue publique par la voie des journaux, de la radio
et de la télévision, peut quand même être nuisible au
travail du haut-commissariat.
Si, sans considération des intrigues, il n'y a pas, au niveau
duhaut-commissariat, entente sur la façon de procéder et de voir,
je pense que c'est nuisible à tout le secteur sur lequel nous voulons
faire porter des études.
Le député de Fabre, dans la déclaration dont j'ai
pris connaissance, n'a pas eu égard à la compétence des
personnes en cause. Il a simplement fait allusion à la question des
intrigues dont les journaux ont fait mention sans, pour autant, souligner s'il
était question de compétence pour les personnes en cause. Je
pense que nul d'entre nous, du côté de l'Opposition, ne met en
doute la compétence des personnes qui siègent ou qui remplissent
les fonctions de commissaires à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports.
Je pense bien que nous sommes assez conscients pour savoir que ces
personnes possèdent une compétence, même si, à
l'occasion, elles peuvent faire des déclarations laissant à
désirer. Je pense bien que, dans l'ensemble, il s'agit quand même
de personnes compétentes pour remplir leurs fonctions.
Les intrigues rendues publiques par la voie du Soleil, dans les
éditions d'aujourd'hui et d'hier, semblent être confirmées
par M. Morin. Celui-ci a bien souligné que la nomination de M.
Bélanger avait reçu son assentiment, mais qu'en ce qui concerne
les nominations de M. Chantigny et de M. Duceppe, il n'avait même pas
été consulté.
Or, c'est le ministre lui-même qui le déclare, et les
propos qu'utilise le député de Fabre sont sûrement
véridiques. Ils ne viennent pas simplement de lui mais de
l'autorité même qui dirigeait alors le haut-commissariat.
Ceci étant dit, je pense bien que si on prend en
considération le travail que le comité parlementaire doit
accomplir, on constate qu'un chevauchement se produit présentement. D'un
côté, dans une déclaration qui est faite aujourd'hui par un
front commun des organismes de sports, de loisirs et d'éducation
physique, on mentionne que le gouvernement doit incessamment prendre une
décision en ce qui concerne l'orientation de ce secteur pour les
prochains dix ans et qu'on veut être consulté au préalable
sur les décisions que prendra le gouvernement.
Je pense que la question de ce chevauchement est même nuisible
à l'intérêt et au travail du comité parlementaire
auquel nous participons. D'un côté, le ministre dit: Nous allons
faire incessamment des déclarations sur l'établissement d'une
politique dans le domaine de la jeunesse, des loisirs et des sports. D'un autre
côté, l'Assemblée nationale confie à un
comité parlementaire le soin de procéder à une
enquête, d'entendre des experts et de formuler des recommandations. Or,
je pense que les deux sont incompatibles. Il ne peut pas y avoir, d'un
côté, le ministre qui va se servir de ses prérogatives pour
faire part de ce que sera la politique du Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports et de l'autre côté, un
comité parlementaire qui sera appelé à travailler dans ce
domaine. Quand le député de Mégantic dit que la politique
du ministère doit dépendre des disponibilités
budgétaires je répète ce que j'ai dit au cours de
séances antérieures je ne puis pas agréer à
une restriction semblable quand il s'agit de déterminer une orientation
générale de la politique concernant la jeunesse, les loisirs et
les sports. Cela ne peut pas être restreint par des disponibilités
budgétaires.
On devra sans doute tenir compte des disponibilités
budgétaires quand il s'agira de mettre en oeuvre des politiques
établies, mais des politiques basées sur une politique
d'ensemble, non pas sur une politique de tâtonnement. Il ne s'agit pas de
dire: Nous allons pénétrer dans tel champ d'activité; nous
allons pénétrer dans tel autre champ d'activité. Il
s'agit, pour moi et pour le comité parlementaire de bien entreprendre
un
travail de base, un travail d'ensemble qui va nous amener vers
l'établissement d'une politique générale, mais non d'une
politique restrictive dépendant de nos disponibilités
budgétaires. Nous faisons erreur. Il s'agit évidemment d'un
chevauchement qui nous marque présentement et qui peut empêcher le
comité de donner une orientation à une politique
éventuelle relativement à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports.
Le député de Mégantic s'est permis de critiquer
l'administration précédente. Je n'ai pas l'intention de
pénétrer dans ce champ, puisque j'ai fait partie moi-même
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pendant
trois ans avant que nous laissions le pouvoir en 1966. Le gouvernement du temps
avait des priorités différentes. Il était
préoccupé, dans les circonstances, par la réorganisation
qui s'est imposée. Je pense cependant qu'il n'est pas normal d'amener le
débat politique sur ce qu'a pu faire un gouvernement antérieur ou
sur ce que peut faire le gouvernement actuel.
Le comité parlementaire est avant tout un comité non
partisan en vue de l'établissement d'une politique
générale concernant les problèmes relatifs à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports.
Je pense que c'est dans cet esprit qu'il faut regarder le travail du
comité.
Actuellement, ce qui est rendu public par la voie des journaux ou par
les déclarations du ministre, d'une part, par les déclarations,
d'autre part du Front commun de l'éducation physique, des loisirs et des
sports, nous laisse perplexes et nous invite à nous demander: Qu'est-ce
qui se passe exactement? Sommes-nous ici pour perdre notre temps? Sommes-nous
ici, simplement, comme paravent pour permettre au ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, responsable du haut-commissariat, de faire un
énoncé politique à la place du comité
parlementaire? C'est la raison pour laquelle je me demande: Avons-nous vraiment
un rôle à jouer et pouvons-nous le jouer, ce rôle?
J'essaie d'éviter autant que possible l'aspect partisan dans
toutes ces questions. A mon avis, il faudrait nous entendre avec le ministre
s'il le faut, à une séance à huis clos du
comité pour que nous puissions éventuellement en arriver
à un accord afin que le travail du comité puisse progresser et
que nous atteignions les fins pour lesquelles ce comité a
été établi ou constitué. De cette façon,
nous pourrions, de part et d'autre, travailler en collaboration au lieu de
tenter chacun de notre côté de tirer parti d'une publicité
qui pourrait être bénéfique soit à l'Union
Nationale, soit au parti libéral.
Je ne partage pas le point de vue que ce doit être un
comité partisan où chacun va tirer de son côté. Je
pense que, si c'est votre intention que l'on continue ainsi, je n'ai plus
à siéger au comité moi-même. Je n'ai pas confiance
à cette façon d'agir que l'on veut mettre de l'avant.
C'est pour ça que je dis que le ministre lui-même est un
peu responsable de la situation. Je ne veux pas lui attribuer tout le
blâme, mais, il y a deux semaines, je crois, au cours d'une
réunion, le ministre dit: Ce soir, le cabinet des ministres
reçoit les hauts-commissaires pour discuter justement de la mise en
oeuvre d'un plan d'action dans le domaine de la jeunesse, des loisirs et des
sports. Je crois que ça vient à l'encontre du mandat
confié au comité.
Je n'ai rien à ajouter à ce qui a été
déclaré. Je pense que le député de Fabre avait
raison de soulever le problème. Il a été rendu public non
pas par les membres de l'Opposition, mais par la voie des journaux. Le ministre
responsable à cette période, M. Morin, a, de son
côté, admis certaines des allégations publiées dans
les journaux.
Nous ne contestons pas la compétence des personnes en cause; nous
nous posons des questions. A l'occasion des débats subséquents en
Chambre, nous pourrons poser ces questions qui n'ont pas trait au travail du
comité. Pour l'instant, disons que le haut-commissariat rencontre les
vues de l'Opposition. Nous sommes d'accord quant à l'existence de ce
haut-commissaire sans mettre en doute la compétence des personnes
intéressées, même si on souligne qu'il y a eu des intrigues
dans leur nomination. Ce n'est pas à nous de savoir, au cours du travail
de ce comité, si réellement il y a eu intrigue ou non.
Dans les circonstances, nous devrions orienter le travail de notre
comité yers le mandat qui nous a été confié. S'il
est possible d'avoir une entente avec le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, responsable du haut-commissariat, cela évitera qu'il
y ait chevauchement et qu'on laisse dans une certaine ambiguïté le
rôle du comité parlementaire. Qu'on définisse, une fois
pour toutes, que la question de la disponibilité budgétaire
n'entre pas en ligne de compte avec le mandat du comité puisqu'il s'agit
ici d'établir une politique globale dans les secteurs qui nous ont
été confiés.
Je voulais tout simplement ajouter ces remarques à la
déclaration qu'a faite le député de Fabre et aux
commentaires qu'a pu faire le député de Mégantic.
M. BERGERON: J'ai mentionné, tout à l'heure, les
disponibilités budgétaires. Il est clair que le gouvernement se
doit d'établir une poli-
tique à long terme» Depuis que nous siégeons devant
ce comité, nous parlons d'action. Les gens d'en face ont
été d'accord pour dire qu'il ne servait à rien de
réentendre les organismes qui ont déjà été
consultés. Nous avons déjà, au haut-commissariat, une
multitude de documents qui ont été fouillés et qui
permettent au gouvernement d'avoir certaines informations dont il a besoin pour
établir une politique dans le domaine de la jeunesse, des loisirs et des
sports.
Je suis entièrement d'accord avec le député de Hull
lorsqu'il mentionne que les disponibilités budgétaires ne sont
pas là pour freiner la politique à long terme. Mais, lorsque je
fais mention des disponibilités budgétaires, je parle en terme
d'action pour le prochain exercice financier. C'est dans ce sens que je dis
qu'il faut absolument que l'Etat, avant de créer des besoins nouveaux,
assouvisse d'abord ceux qui existent. Je pense que c'est une
réalité que nous ne devons pas oublier.
Je voudrais aussi ajouter quelque chose en ce qui concerne le
haut-commissariat. Le haut-commissariat, même s'il relève
maintenant du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, conserve
son entité propre. Cela demeure une organisation complètement
différente du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Ceci a été déclaré à maintes
reprises par le ministre Loubier lui-même.
Maintenant, je me demande où veut en venir l'Opposition
lorsqu'elle dit: On ne conteste pas la compétence des personnes en
place. Si on ne conteste pas la compétence des personnes en place, je me
demande ce que l'on peut reprocher au gouvernement. Si ces gens sont
compétents...
M. PARENT: Nous parlons des haut-commissaires.
M. BERGERON: ... à ce moment-là, je me demande...
M. PARENT: Les autres questions n'ont pas à venir devant le
comité; je l'ai dit tout à l'heure.
M. BERGERON: C'est cela.
M. PARENT: On y reviendra en temps et lieu dans les débats.
M. BERGERON: C'est cela. Si ces gens sont compétents, je ne vois
pas quel reproche on peut faire au gouvernement.
Pour ce qui est de Mme Marie Chevalier, j'ai eu l'occasion,
personnellement, de discuter de problèmes qui concernent la jeunesse
avec elle.
Je peux vous assurer que Mme Chevalier est une personne qui a une
certaine expérience...
M. PARENT: Oui, mais...
M. BERGERON: ... qui peut être fort utile pour...
M. PARENT: M. le Président, je ne voudrais pas que l'on entre
dans des débats de cette nature...
M. BERGERON: Je réponds tout simplement...
M. HOUDE: Vous n'avez absolument rien compris. Je reprends ma
phrase...
M. PARENT: On a parlé des trois hauts-commissaires, j'ai dit tout
à l'heure...
M. BERGERON: Le député de Fabre a parlé de Marie
Chevalier.
M. HOUDE: Oui, je l'ai nommée. Mais vous n'avez absolument pas
compris... Juste une seconde...
M. LEDUC (Laviolette): Oui.
M. HOUDE: J'ai quand même le droit...
M. LEDUC (Laviolette): Oui.
M. HOUDE: Bon. Je pense que j'aurais peut-être dû vous
distribuer le texte, vous allez peut-être essayer de saisir...
M. GARDNER: Si les journalistes l'ont tous eu, pourquoi ne l'aurait-on
pas eu?
M. HOUDE: Oui, peut-être, vous avez peut-être raison.
M. LEDUC (Laviolette): Répétez donc votre phrase en ce qui
concerne Madame Chevalier.
M. HOUDE: J'ai dit ceci: En effet comment expliquer qu'au moment
où tous les spécialistes en sports et loisirs sont unanimes
à dire que l'avenir des loisirs est au plein air, le haut-commissariat
puisse déclarer comme il l'a fait à un récent
comité parlementaire devant les responsables d'une dizaine
d'associations de plein air que personne dans le personnel du haut-commissariat
est vraiment qualifié actuellement pour conseiller et guider...
M. GARDNER: Ce n'est pas de la compétence cela?
M. HOUDE: J'ai dit que, dans le haut-commissariat, les commissaires
eux-mêmes il y a quinze jours ont déclaré que parmi leur
groupe il n'y avait pas de personnes vraiment qualifiées pour parler
« plein air», pour conseiller et guider les organismes
spécialisés dans ce domaine.
Comment expliquer la présence parmi le personnel du
haut-commissariat c'est une nouvelle employée de Madame
Marie Chevalier, organisatrice bien connue de l'Union Nationale, plutôt
que de la présence d'un spécialiste nécessaire dans le
domaine du plein air?
M. GARDNER: Alors, de quoi parlez-vous si vous ne parlez pas de
compétence là?
M. HOUDE: Sûrement pas.
M. GARDNER: Quand vous parlez des spécialistes?
M. HOUDE: Je pense que moi, en tout cas, c'est mon opinion, je voudrais
savoir pourquoi, à quel titre d'abord elle est engagée; sa
compétence, peut-être que ce serait une bonne chose que l'on sache
qu'il y a une nouvelle employée au haut-commissariat, que l'on sache
à quel titre elle est engagée, et je dis que, dans les
priorités, puisque tout le monde est d'accord que le plein air est un
phénomène extraordinaire actuellement...
M. LEDUC (Laviolette): Nous avons bien compris.
M. HOUDE: ... pourquoi nous n'avons personne dans ce domaine...
M. LEDUC (Laviolette): Vous récidivez.
M. HOUDE: ... comme dans d'autres domaines?
M. LEDUC (Laviolette): Vous récidivez. M. GARDNER; A l'ordrel
M. HOUDE: Et je pense, soit dit en passant, que les amis d'en face
parlent exactement comme si depuis deux jours il n'y avait aucun article
publié dans les journaux, et comme si, hier soir, il n'y avait pas eu
d'émission de télévision. Je pense que vous devriez
d'abord lire ce qui a été publié depuis deux jours et
essayer de comprendre que nous n'avons absolument pas parlé du travail
fait ou pas fait au haut-commissariat. Au contraire, j'ai essayé tout
simplement de faire ressortir le point que s'il est vrai qu'il y a eu des
intrigues je dis qu'il est vrai qu'il y en a eu, M. Morin l'a
affirmé lui-même hier soir, je dis que nous l'oublions, que nous
l'effaçons, que le gouvernement prenne certaines précautions et
qu'on reparte à zéro sur un bon pied. Alors, il s'agit de
loisirs, messieurs...
M. BERGERON: M. le Président...
M. HOUDE: Et peut-être je voudrais terminer aussi pour donner un
conseil amical au député de Mégantic
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, avant de parler de ce qui n'a pas été fait
entre 1960-1966 comparativement à un petit haut-commissariat
composé d'à peu près trois ou quatre employés; de
considérer qu'entre 1960-1966, pour la première fois au
Québec, en cent ans, ou à peu près, il y a eu la
création du premier bureau des sports et des loisirs; pour la
première fois entre 1960-1966, il y a eu le premier bureau de
l'éducation physique au ministère de l'Education; pour la
première fois entre 1960-1966 il y a eu un protocole signé pour
les échanges franco-québécois en matière de sports,
de loisirs et de culture populaire; pour la première fois entre
1960-1966, il y a eu trois écoles de formation de cadres en loisirs
créées dans la province de Québec, et pour la
première fois entre 1960-1966, il y a eu des dizaines de professeurs
d'éducation physique qualifiés, spécialisés
engagés obligatoirement dans toutes les écoles de l'enseignement
spécialisé de la province de Québec.
M. LEDUC (Laviolette): Bon, eh bien, avez-vous fini là?
M. HOUDE: Seulement cela.
M. LEDUC (Laviolette): Je pense que vous avez parlé assez
longtemps.
M. HOUDE: Je pense que...
M. BERGERON: Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HOUDE: Vous appelez cela des sottises?
M. LEDUC (Laviolette): Oui, une partie, oui.
M. HAMEL: M. le Président...
M. BERGERON: Alors, M. le Président, je termine mon intervention
en disant que non seulement le député de Fabre s'est
trompé la première fois mais qu'il a récidivé et je
pense, que c'est encore plus flagrant lorsque nous venons d'entendre les
paroles qu'il vient de prononcer.
Il est clair, et je suis d'accord avec le député de Hull
pour dire que ce comité a été formé
précisément parce que le gouvernement voulait travailler en
collaboration afin de trouver la meilleure voie possible dans le domaine de la
jeunesse, des loisirs et des sports.
Nous nous apercevons qu'en particulier du côté de
l'Opposition, on se sert de ce comité pour faire des
déclarations, prendre les manchettes des journaux...
M. HOUDE: Est-ce que vous avez oublié, monsieur, la
déclaration du député d'Arthabaska, la semaine
passée vous étiez absent, M. Bergeron
C'était la première fois...
M. LEDUC (Laviolette): Est-ce que le député...
M. HOUDE: Un instant...
M. LEDUC (Laviolette): Il n'a attaqué aucun parti
politique...
M. HOUDE: Non. il a attaqué un haut fonctionnaire de la plus
belle espèce!!!
M. LEDUC (Laviolette): Non, mais il y a une nuance... Voyons
donc!...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! La semaine dernière, j'ai
permis de faire des exposés, mais je n'ai pas permis de discussion sur
le problème. J'ai demandé à toutes les personnes
présentes si elles avaient des observations à faire...
pointl...
M. LEDUC (Laviolette): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Bergeron.
M. BERGERON: Je termine en disant que nous, les députés
faisant partie de ce comité depuis le début, nous voulons que le
gouvernement passe à l'action. Nous avons eu une période
où nous avons consulté. Il est temps, je pense, que nous passions
à l'action. C'est le ministre qui, en temps et lieu, annoncera à
la population du Québec, les décisions gouvernementales qui ont
été prises en ce qui concerne le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports. Je termine en disant que les
députés n'ont ab- solument pas contesté la
compétence et de M. Chantigny, et de M. Duceppe, et de M.
Bélanger, et de Mme Chevalier.
Je me demande, ce que l'on a redire du fait que MM. Duceppe et Chantigny
aient été nommés commissaires au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Je sais qu'il peut y avoir des
divergences d'opinions entre différents hauts fonctionnaires. Il n'y a
rien d'alarmant de ce fait. Il appartient au ministre responsable de prendre
les conseils de ces différentes personnes et de retenir ceux qui,
à son sens, sont les meilleurs pour le bien-être de toute la
population du Québec dans le domaine de la jeunesse, des loisirs et des
sports.
M. LEDUC (Laviolette): M. le Président, je n'ai pas l'intention
de continuer dans la même veine. J'ai pour principe que ce n'est pas en
jetant de l'huile sur le feu qu'on peut réussir à
l'éteindre. Je pense que le député de Hull a
indiqué dans quel sens le comité doit travailler. Si on continue
à faire des allusions politiques, je pense bien qu'on s'en va sur une
fausse route, sur un angle négatif, et que nous allons démolir.
Le but principal du comité est d'étudier l'ensemble des
législations existantes, de voir les sommes d'argent votées par
les divers ministères, d'essayer de créer une cohésion
dans tout cela et de faire des suggestions constructives. Si nous voulons le
bien de la jeunesse, des loisirs et des sports, il faut faire trêve,
à l'occasion à notre esprit partisan. Je n'ai pas à sonder
les bonnes intentions. Je ne veux sonder les coeurs ou les reins de personne et
je pense bien que le député de Fabre n'a pas voulu déroger
à l'usage.
En général, il apporte une contribution valable. Nous
devrions, à mon sens cesser de discuter l'aspect négatif des
choses et nous en tenir plutôt à leur côté
constructif. De cette façon, non seulement le comité, mais aussi
le haut-commissariat pourra tirer profit de la discussion.
M. LE PRESIDENT: L'incident est clos?
M. BRISSON: Concernant le domaine des loisirs, un article paru dans le
Devoir, ce matin, nous annonce qu'un front commun a été
formé par M. Arthur Sheedy, président de la
Fédération de l'éducation physique du Québec, M.
Pierre Meunier, président de l'Association des directeurs de loisirs
municipaux du Québec, M. Fernand Gagnon, M. Bernard Miron,
respectivement vice-président et secrétaire de la
Confédération des loisirs du Québec, le père de la
Sablonnière, président de l'Association des centres de loisirs du
Québec, et M. Gaston Marcot-
te, président de la Confédération des sports du
Québec. Ces personnes ont décidé de s'unir, de former un
front commun et de faire valoir davantage leur autorité au point de vue
de l'éducation physique, des loisirs et des sports. Est-ce que le
gouvernement a l'intention de consulter ces personnes avant de prendre soit une
décision définitive, soit une option quelconque?
M. BERGERON: C'est fait. Toutes ces personnes ont été
consultées.
Je comprends le grand désir de l'Opposition de voir le
gouvernement annoncer ses politiques. Cela sera fait très prochainement
par le ministre lui-même. Les personnes qui s'occupent du sport, des
loisirs et de la jeunesse peuvent être assurées d'une chose.
L'organisation du haut-commissariat prévoit précisément
que tous ces groupements non seulement ceux-là, mais d'autres
aussi seront consultés de la part du haut commissariat pour
établir les politiques dans le domaine de la jeunesse, des sports et des
loisirs.
Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises que nous
voulons dialoguer avec ces individus. Il y aura une période pour le
dialogue, mais, si nous voulons agir, il nous faudra cesser d'ergoter pour
passer à l'action. C'est précisément l'étape
où nous en sommes rendus. Que ces gens-là soient rassurés.
Le haut-commissariat a à l'esprit qu'il y aura consultation. Des
mécanismes sont prévus pour les gens non seulement
ceux-là, mais beaucoup d'autres dans tout le Québec qui
s'occupent de ce domaine particulier, qui connaissent le problème,
soient consultés. C'est là l'opinion et le désir du
gouvernement que nous travaillions ensemble pour faire en sorte que ce domaine
soit un succès au Québec. Pour ce faire, nous devons
évidemment, avant d'agir, procéder plus lentement que nous le
souhaiterions, mais je pense que ces gens, lorsque nous passerons à
l'action, comprendront que le gouvernement a tenu compte des recommandations
qu'ils nous ont faites. Je pense que ce sera pour le plus grand bien de toute
la jeunesse et du monde du loisir au Québec.
M. BRISSON: M. le Président, le député de
Mégantic dit que ces personnes-là ont été
consultées, mais si je fais suite à l'article, je trouve curieux
qu'on y dise: « Face aux options qu'il étudie présentement,
le gouvernement se doit de consulter les premiers intéressés
avant de prendre toute décision qui engagerait l'avenir du Québec
».
Ceci suppose que ces personnes n'ont pas été
consultées. Je me demande si...
M. BERGERON: Nous avons eu le congrès des sports.
M. PARENT: Je pense qu'elles ont été
consultées.
UNE VOIX: La question qu'elles se posent est de savoir dans quel secteur
le gouvernement interviendra.
M. BRISSON: Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il? Formera-t-il
un ministère? S'en tiendra-t-il au haut-commissariat, oudon-nera-t-il
cela plus tard à une commission quelconque?
M. LEDUC (Laviolette): Il faudra en prendre note et le mentionner dans
les recommandations.
M. HAMEL: Je pense que ces personnes viendraient...
M. HOUDE: M. le Président, si vous me le permettez, juste une
précision. Ce front commun représente vraiment la totalité
des organismes et des compétences qui existent au Québec. Il va
de sol qu'on a consulté ces organismes que sont la
Fédération des éducateurs physiques du Québec et M.
Sheedy, l'ADLM, Association des directeurs des loisirs municipaux
et M. Meunier, la CLQ la Confédération des loisirs du
Québec, et M. Miron, l'ACCL l'Association canadienne des centres
de loisirs et le père de La Sablonnière, et enfin la CSQ
la Confédération des sports du Québec et M.
Gaston Marcotte.
Le problème actuel est celui-ci; ces gens ont soumis des
mémoires depuis des années. Le haut-commissariat actuel les a
consultés, c'est vrai. Je pense que ce à quoi ils font allusion
c'est que, dans les journaux, mardi dernier, pour être plus
précis, il y a eu, dans Montréal-Matin, un article assez
important disant qu'il y a eu une rencontre entre les hauts-commissaires et le
cabinet des ministres. Les commissaires y auraient proposé, semble-t-Il,
trois options possibles, je pense, en vue de l'action que le gouvernement
pourrait poser...
M. LEDUC (Laviolette): Qui ressortiralent des mémoires
présentés par les groupements.
M. HOUDE: Oui. A la suite de ces mémoires, je le pense, les
hauts-commissaires sont arrivés à soumettre au cabinet trois
options différentes. A la suite de cette réunion avec les membres
du cabinet, il n'y a pas eu de déclara-
tlon publique de la part de M. Loubler ou de quelqu'un d'autre pour dire
exactement ce que le cabinet pensait de l'une ou l'autre de ces options. Je
pense que les gens intéressés au phénomène
jeunesse, sports et loisirs sont impatients, comme le disait le
député de Mégantic et peut-être un peu
inquiets également de savoir ce qui se passera.
Je crois que nous sommes quand même rassurés. Tant mieux,
bravo, si on nous assure qu'une action sera prise.
M. LEDUC (Laviolette): Vous comprendrez, M. le député de
Fabre, que sans faire allusion à rien, il faut quand même
être réaliste. Nous sommes partis presque à zéro.
Nous n'accusons personne, il y a toute la question des circonstances
atténuantes. Nous ne pouvons pas tout faire la même journée
ni la même année.
Je sais que c'est un besoin, que les gens ont hâte qu'un programme
cohérent soit réalisé. Il faut toujours bien commencer par
la base. On a commencé par la consultation, je pense bien. Là, il
y a eu trois priorités. Je ne suis pas dans les secrets du
ministère, mais j'ai l'impression qu'on procède par ordre. Je
comprends très bien l'attitude des gens qui ont hâte qu'une
décision ou qu'une orientation finale soit prise. On se dirige vers
ça.
M. HAMEL: Je pense qu'il est très important aussi qu'avant qu'on
annonce des politiques, les gens qui sont responsables des différents
organismes travaillent avec le matériel.
M. BRISSON: Une autre question. Evidemment, je ne suis pas dans les
secrets des dieux, étant dans l'Opposition, mais est-ce que le
député de Mégantic pourrait nous dire si les ministres
titulaires de certains ministères dont une partie du budget est
consacrée aux loisirs sont prêts à abandonner ce budget
afin de permettre la formation d'un véritable ministère des
loisirs?
M. GRENIER: Le but du comité était de savoir ce qu'il y
avait dans les ministères. M. Houde s'est évertué, quand
il était ici, à tâcher de nous mettre à
côté de notre mandat. Il faisait toutes sortes de
déclarations à gauche et à droite. Il prenait les
manchettes des journaux. Nous avons de la difficulté, depuis que nous
avons commencé à siéger, à savoir ce qu'il y a au
sein des ministères concernant les loisirs.
M. BRISSON: Vous ne le savez pas encore. Y a-t-il eu un
inventaire...
M. GRENIER: Nous avons perdu du temps...
M. BRISSON: Si je pose cette question, c'est dans l'unique but
d'éclairer le comité...
M. BERGERON: Oui, d'ailleurs...
M. BRISSON: Je me pose la question. On me dit que c'est une question de
dollars. Combien pourrait-il y en avoir de disponibles? Il me semble que c'est
une question très...
M. LEDUC (Laviolette): Le mandat du comité, à mon point de
vue vous me contredirez de quelque côté que vous soyez, si
je me trompe est précisément, premièrement, de
faire au départ un inventaire de ce qui existe partout dans les
ministères pour essayer de créer un plan d'ensemble, une
cohésion. Deuxièmement, lorsque l'inventaire sera fait, de faire
des recommandations.
Ce sera à nous de faire une première recommandation,
d'accentuer peut-être l'élan vers la formation d'un
ministère distinct. Je ne veux pas faire de suggestion pour le moment.
Commençons par faire l'inventaire de ce que nous avons comme
potentiel.
M. BRISSON: Ma question se résume à ceci. Est-ce que
l'inventaire des pièces disponibles pour les loisirs à travers
les ministères a été fait? Si oui, à quel montant
s'élève-t-il?
M. BERGERON: C'est à ce moment-ci que nous avons
questionné le sous-ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, ainsi que le sous-ministre de la Santé et du Bien-Etre
social. C'est précisément ce que le comité est en train de
faire. Nous devions recevoir cet après-midi le ministère de
l'Education, mais à cause du travail qu'ils ont au conseil des
ministres, il est impossible à ses représentants d'être ici
cet après-midi. Nous sommes actuellement à travailler pour
tâcher de connaître ce qui est disponible dans les
différents ministères. Ce n'est pas facile, et ceci le
député de Hull l'a admis lui-même à plusieurs
reprises, chacun dans son coin voulant garder son patrimoine. C'était le
rôle que se proposait le comité de tâcher de déceler
dans les différents ministères les montants qui pouvaient
être dépensés, quitte à nous, par la suite,
peut-être, de dire: C'est encore le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, qui devra s'occuper de tel secteur, du point de
vue de l'efficacité, du point de vue de l'économie, etc. Le
comité ne peut pas se prononcer je pense à ce
stade-ci pour faire des recommandations. Lorsque nous aurons en
main tous ces éléments, nous pourrons faire des
suggestions au gouvernement pour tâcher de faire en sorte que le
haut-commissariat fonctionne avec le plus d'efficacité possible.
UNE VOIX: Ou le ministère des loisirs.
M. HOUDE: Il y a quatre semaines, nous avons commencé, toujours
dans cette même veine, à entendre des sous-ministres de
différents ministères, et comme l'avait prédit le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, il n'est vraiment pas facile de
leur faire donner les montants affectés au secteur de la jeunesse, des
loisirs et des sports. Maintenant, tous les hauts fonctionnaires qui sont
passés ici sont partis en disant qu'ils nous soumettraient un genre de
rapport écrit ou de mémoire. Etant donné qu'il y a
déjà de cela trois ou quatre semaines, a-t-on commencé
à recevoir les premiers rapports?
M. BERGERON: Le député de Fabre me permettra de lui
signaler que dans tous les ministères, on est actuellement en train de
travailler les budgets. Ces gens-là, avec la meilleure volonté du
monde sont dans une période de travail intensif. Je pense qu'on peut
comprendre que certains retards se produisent. Je suis certain que le
président se propose justement de leur rappeler, aussitôt que
possible, de produire ces rapports.
M. LE PRESIDENT: Nous allons communiquer avec les différents
ministères qui ont promis de nous soumettre un rapport pour leur
demander les dates qui leur conviendraient le mieux pour nous rencontrer. En
effet, c'est arrivé à deux ou trois reprises que nous avons
convoqué des ministères dont les représentants n'ont pas
pu venir.
M. PARENT: Mais, dans ce domaine, M. le Président, ne pourrait-on
pas établir une formule de travail qui nous permettrait
d'accélérer? La session commencera la semaine prochaine. La
première suggestion que j'ai àfaire, concerne un comité
spécial. Je pense que nous devrions demander à l'Assemblée
nationale le pouvoir de poursuivre notre travail.
Deuxièmement, si le président pouvait y agréer
ainsi que les autres membres, je pense que nous devrions entrer en contact avec
les ministères qui ont déjà comparu devant nous pour leur
demander de nous produire leur rapport en ce qui concerne la politique de leur
ministère sur les problèmes relatif s à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, la structure concer- née et leur budget. Nous
pourrions demander aux sous-ministres de la Santé, de la Famille et du
Bien-Etre social ainsi qu'à ceux du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et des Affaires culturelles, qui ont déjà comparu, de
nous soumettre leur rapport. Quant aux autres sous-ministres, ne serait-il pas
pratique de leur demander de nous donner la politique de leur ministère
en ce qui regarde le domaine que nous étudions et de nous en fournir la
structure et le budget avant qu'ils comparaissent devant nous?
A ce moment-là, ça pourrait éliminer une perte de
temps considérable.
M. LEDUC (Laviolette): Ce serait plus rapide.
M. PARENT: Je suggérerais les ministères suivants:
Affaires municipales, Richesses naturelles, Terres et Forêts, Affaires
intergouvernementales, Education, Justice, Travail.
M. BERGERON: D'accord.
M. PARENT: Je ne sais pas si le ministère de l'Agriculture et de
la Colonisation...
M. LE PRESIDENT: Le ministère des Richesses naturelles.
M. PARENT: Oui, et le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation.
Ne pourrait-on pas, M. le Président, communiquer avec chacun de
ces ministères pour leur souligner exactement ce que nous
désirons obtenir d'eux en ce qui concerne la politique de leur
ministère sur les problèmes relatifs à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports?
M. LE PRESIDENT: On va communiquer de nouveau avec les
ministères, mais chaque ministre a reçu la lettre, le 27
janvier.
M. PARENT: Ne leur avait-on pas demandé, par cette lettre, de
soumettre un mémoire?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. HOUDE : Il y aurait une autre chose, M. le Président. Avec le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, il avait
été question également je pense que c'est revenu
à plusieurs reprises d'une partie du mandat de notre
comité on l'a vu la semaine dernière par des cas assez
précis soumis de part et d'autre; c'est quand même amusant
concernant les lois existantes.
Il y a quinze jours, j'ai cité la Loi des concours physiques, qui
existe depuis 1941 et qui aurait pu régler un tas de problèmes si
elle avait été appliquée.
A ce moment-là, M. Loubier s'est levé avec un texte en
main et il a dit en riant : Oui, il y a énormément de lois
il y en a peut-être une cinquantaine, je l'ignore qui existent de
fait et qui n'ont jamais été appliquées dans le domaine du
sport.
Peut-on avoir, si possible, la copie ou le résumé qui a
été fait? C'est un travail qui a déjà
été amorcé.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Le ministre a dit qu'il nous le
donnerait.
M. HOUDE: C'était une partie du mandat du comité. Alors,
si on peut commencer avec un texte, avec quelque chose qui existe.
M. PARENT: Serait-on d'accord pour demander à l'Assemblée
nationale de permettre au comité de poursuivre son travail pendant la
session?
M. BERGERON: Oui.
M. LEDUC (Laviolette): On constate qu'il y a du travail à
accomplir.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LEDUC (Laviolette); C'est un champ extrêmement vaste.
M. PARENT: Si on obtenait les rapports de tous les ministères
concernés avant de convoquer les sous-ministres, il y en aurait
peut-être que nous n'aurions pas besoin de convoquer.
M. LEDUC (Laviolette): Je pense que ce serait plus rapide.
M. LE PRESIDENT: Nous allons commencer par avoir les rapports des
différents ministères et nous les aviserons par lettre de la date
à laquelle le comité se réunira.
M. BERGERON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas ce que
nous avons demandé, nous ne pourrons pas travailler.
M. BRISSON: Maintenant, n'y aurait-il pas moyen de leur suggérer
une date limite pour l'obtention de ces rapports?
M. LE PRESIDENT: On va essayer de les obtenir assez vite.
M. BERGERON: Evidemment.
M. BRISSON: Assez vite, cela peut être trois jour ou cinquante.
Avec le gouvernement...
M. LEDUC (Laviolette): Vous remarquerez que cela paraissait facile au
départ, mais que ça ne l'est pas.
M. PARENT: Je n'ai jamais cru que c'était facile.
M. LEDUC (Laviolette): Non, je vous connais. Vous travaillez avec ordre
aussi. Tout de même, nous commençons et cela avance graduellement.
Alors, commençons avec ordre, avec méthode et nous
réussirons.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Le comité ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance: 15 h 46)