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(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permamente de la justice est réunie
pour étudier le projet de loi 26, Loi modifiant le Code de
procédure civile, le Code civil et d'autres dispositions
législatives, les projets de loi privés 274, Loi concernant la
succession de Joseph-Albert Tardif, 206, Loi concernant un immeuble
situé dans la municipalité de la paroisse de
Saint-Ambroise-de-Kildare, et 221, Loi concernant certains recours en
matière de responsabilité médicale ou
hospitalière.
M. Bédard: M. le Président, nous...
Le Président (M. Desbiens): Les membres de la commission
sont M. Bédard (Chicoutimi), M. Marquis (Matapédia), M.
Charbonneau (Verchères), M. Dauphin (Marquette), Mme Juneau (Johnson),
M. Kehoe (Chapleau), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Lafrenière
(Ungava), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Martel (Richelieu), M. Marx (D'Arcy
McGee).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank
(Saint-Louis), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fallu (Groulx), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Saintonge (Laprairie).
Il serait dans l'ordre maintenant de désigner un rapporteur, s'il
vous plaît.
M. Bédard: Mme Juneau, députée de
Johnson.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Johnson agira comme rapporteur.
M. Marx: Le député d'Ungava ne sera pas ici pour
faire le rapport de comité, étant donné qu'on va aux
États-Unis étudier le système correctionnel.
Malheureusement, le ministre ne peut pas venir avec nous cette fois.
M. Bédard: Cela va vous aider à ajuster vos
opinions.
M. Marx: Surtout le député d'Ungava.
Projet de loi 26
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous avez des
remarques préliminaires sur le projet de loi 26?
M. Bédard: M. le Président, non, je n'ai pas de
remarques préliminaires. Je crois qu'il y a avantage à
procéder article par article.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Non.
Modifications au Code de procédure
civile
Le Président (M. Desbiens): Alors, j'appelle l'article 1.
M. le ministre.
M. Bédard: L'article 1, M. le Président, fait tout
simplement disparaître l'obligation d'obtenir une permission du juge ou
du protonotaire pour signifier dans une autre province du Canada. La raison en
est très simple, c'est que cette permission était toujours
accordée. L'article est, à toutes fins pratiques, inutile.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Bédard: Cette modification a pour objet de dispenser le
huissier de faire une requête écrite lorsqu'il désire
obtenir du juge ou du protonotaire une autorisation de signifier autrement
qu'en la manière prévue aux articles 123 ou 130, comme par
exemple signifier au défendeur absent de son domicile, sous enveloppe,
à son lieu de travail. Ainsi, sur simple vue du procès-verbal
attestant cette impossibilité de signifier, le juge ou le protonotaire
pourra accorder cette autorisation qui apparaîtra alors au
procès-verbal, lequel sera déposé au dossier.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Bédard: Cela accélère le processus, c'est
tout.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Article 2, adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Bédard: C'est simplement un article où il y a
une modification en vue de simplifier la procédure d'obtention de
l'autorisation qui est prévue à l'article 141.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bédard: L'article 4, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Article 3, adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Bédard: Cet article a pour objet de spécifier
que, lorsque le procès-verbal n'est pas au dos de l'acte de
procédure, mais sur feuille distincte, le huissier doit y inscrire le
numéro du dossier et le nom des parties afin que soient
évitées les erreurs de classement.
M. Marx: C'est l'article 4? M. Bédard: C'est
l'article 4.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Bédard: Cet article fait disparaître l'obligation
de prouver une signification par courrier recommandé par le reçu
du maître de poste en plus de l'avis de réception. En effet,
l'avis de réception contient tous les renseignements nécessaires
et, par ailleurs, le reçu du maître de poste est souvent perdu, ce
qui oblige les procureurs à faire la preuve de la perte de ce
reçu.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Bédard: Cet article spécifie que, pour obtenir
l'enregistrement d'un défaut de comparaître, la preuve de la
signification de la procédure introductive de l'instance doit être
produite au dossier. D'accord?
Le Président (M. Desbiens): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Bédard: C'est la même chose. L'article
précise que, pour obtenir un certificat de défaut de plaider, la
preuve de la signification de la procédure introductive de l'instance
doit être produite au dossier.
M. Marx: C'est cela, c'est un bon article.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 8?
M. Bédard: C'est un article de concordance avec les
articles 6 et 7.
Le Président (M. Desbiens): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Bédard: Cet article a pour objet d'augmenter les
délais de production de l'avis de la date d'enquête et d'audition
à 30 et 60 jours. En effet, les délais dans ces cas-là
étaient de 15 et 30 jours. Ils se révélaient souvent
insuffisants et, parfois, ils ne permettaient pas à l'avocat d'assigner
ses témoins à temps. Cependant, si les parties y consentent,
l'avis peut être envoyé dans un délai plus court.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Bédard: Cet article a pour objet de remplacer
l'interpellation verbale que le protonotaire doit faire au témoin sur
son droit à la taxe par un avis écrit qui doit être
donné dans le subpoena.
M. Marx: Qu'est-ce que c'est la taxe aujourd'hui?
M. Bédard: On pourra vérifier.
M. Marx: À peu près? Avant qu'on adopte l'article,
j'aimerais savoir.
M. Bédard: C'est 20 $ par jour et tant du mille.
M. Marx: Par les temps qui courent, cela n'est pas beaucoup
d'argent.
M. Bédard: Non, il n'y a rien pour faire fortune
là-dedans.
M. Marx: II y a beaucoup pour "faire perte". Adopté. La
taxe est prévue dans un règlement, c'est cela? Le tarif, je veux
dire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 10 est
adopté. Article 11?
M. Bédard: L'article 11, c'est de concordance avec
l'article 14 qui édicte l'article 398.1, que nous allons lire.
M. Marx: Concordance, oui.
Le Président (M. Desbiens): Article 11, adopté.
J'appelle l'article 12.
M. Bédard: Cet article permet au défendeur qui
procède à un interrogatoire
avant défense de prendre en même temps connaissance et
obtenir copie de tout écrit pertinent sans être obligé de
faire signifier une autre assignation après défense, tel que le
prévoit l'article 401 du Code de procédure. C'est une disposition
qui sera de nature à abréger les délais, tel que je l'ai
exprimé lors du discours de deuxième lecture.
Le Président (M. Desbiens): Article 12, adopté.
Article 13?
M. Bédard: Cet article permet à une partie qui
procède après défense à un interrogatoire de
prendre également connaissance et d'obtenir copie de tout écrit
pertinent sans être obligée de faire une assignation
supplémentaire.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 14?
M. Bédard: M. le Président, dans l'état
actuel du droit, les dépositions recueillies lors d'interrogatoires au
préalable font automatiquement partie du dossier, de sorte que les
avocats souvent hésitent et renoncent à se servir de ce
mécanisme de communication de la preuve de peur de faire une preuve
contre les intérêts de leurs propres clients. Le nouvel article
n'oblige plus les parties à déposer intégralement les
dépositions ainsi recueillies. Le juge pourra toutefois ordonner le
dépôt de tout autre extrait du témoignage qui à son
avis, ne peut être dissocié des extraits déjà
déposés.
Alors, je pense que cette modification, tel que nous l'avons
exprimé, devrait relancer l'utilisation de l'interrogatoire
préalable qui, effectivement, permet dans bien des cas de favoriser un
règlement à l'amiable, ce qui a naturellement une
conséquence sur la diminution des délais de cour.
M. Marx: M. le Président, est-ce que cet article fait
suite à une demande du barreau, à la suite d'une
résolution adoptée à son congrès de l'an
dernier?
M. Bédard: Tel que je l'ai exprimé hier, cela a
été discuté avec le barreau, la magistrature.
M. Marx: L'idée vient du barreau.
M. Bédard: C'est-à-dire que c'est un comité
conjoint qui a travaillé, où la justice représentait le
barreau et les tribunaux.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 15?
M. Bédard: L'article 15 est de concordance avec les
articles 12 et 13.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 16?
M. Bédard: M. le Président, l'article 16 a pour
objet de permettre au tribunal d'exiger une preuve supplémentaire
lorsqu'une partie fait défaut de comparaître ou de répondre
aux questions qui lui sont posées lors d'un interrogatoire sur faits et
articles.
En effet, dans ce cas, l'article prévoit que les faits
allégués sont tenus pour avérés; la partie
s'estimait alors dispensée de produire d'autres preuves au soutien de sa
réclamation et le juge se voyait dans l'impossibilité d'exiger
une meilleure preuve des faits comme un document, par exemple, ce qui peut
aller à l'encontre de la règle de la meilleure preuve.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 17?
M. Bédard: L'article permet que la rectification d'un
jugement puisse se faire d'office tant que le jugement n'a pas
été exécuté plutôt que jusqu'à
l'expiration du délai pour exécution. En effet, c'est souvent au
moment de l'exécution que l'avocat constate l'erreur et il est à
ce moment trop tard pour une rectification d'office et il faut alors
procéder par une requête. Cela évite une
procédure.
M. Marx: Quel est le droit actuel?
M. Bédard: Quand le délai est expiré, il
doit procéder par requête.
M. Marx: Par requête. Maintenant, cela peut être fait
d'office.
M. Bédard: Cela peut se faire d'office tant que
l'exécution n'a pas été faite.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 18?
M. Bédard: L'article 18. Actuellement, M. le
Président, un défendeur ne peut être condamné
à payer les frais de poursuite et d'exécution supérieurs
au montant de la
condamnation, si ce montant est de 50 $ ou moins. Cette modification a
pour objet d'augmenter à 800 $ le montant de la condamnation, ce qui
équivaut à une petite créance. L'augmentation de ce
montant protégera davantage le justiciable contre le risque d'avoir
à payer des frais plus élevés que le montant pour lequel
il est condamné. Toutefois, comme en matière de petites
créances, cette règle ne s'appliquera plus aux frais
d'exécution car il s'agit alors des frais consécutifs à la
non-exécution du jugement par le débiteur où celui-ci
devrait assumer les frais réels de son défaut. Pour le
justiciable, il me semble que c'est une garantie élémentaire
qu'on devait lui donner. Pour ce qui est du justiciable qui ne satisfait pas au
jugement, à ce moment-là, c'est naturellement à ses
frais.
M. Marx: Supposons qu'il y ait une poursuite de 900 $, ce
serait...
M. Bédard: C'est simplement une mesure disant que cela ne
peut pas dépasser tel montant. Ce n'est pas une mesure disant que ce
seraient les montants ordinaires.
M. Marx: Mais cela peut aller jusqu'à ce montant.
Maintenant, le plafond est de 50 $. Ce sera augmenté jusqu'au montant de
800 $.
M. Bédard: M. le député, actuellement,
si...
M. Marx: M. le ministre, est-ce que vous pouvez l'identifier?
M. Bédard: M. Gilles Létourneau.
Le Président (M. Desbiens): Au nom du ministre, de toute
façon.
M. Bédard: Actuellement, dès que le montant de la
condamnation excède 50 $, par exemple, un jugement au montant de 100 $,
les frais pourraient être de l'ordre de 600 $ ou 700 $. Ce qu'on vient
faire ici, c'est qu'en haussant le montant du jugement, on accorde au
justiciable une protection contre des frais qui seraient
disproportionnés par rapport au montant du jugement. Si le jugement est
de 100 $, les frais ne pourront plus être de 800 $, ils devront
être limités à 100 $. À 500 $, c'est la même
chose, les frais ne pourront excéder 500 $. C'est une protection pour le
justiciable.
M. Marx: Maintenant, la loi actuelle prévoit qu'il y a un
plafond de 50 $.
M. Bédard: Non. Actuellement, la loi prévoit que,
pour les jugements de 50 $ et moins, les condamnations à payer un
montant de 50 $ et moins, les frais seront de 50 $ et moins. Mais, si le
jugement est de 51 $, les frais peuvent être de 800 $.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Je pense que l'explication démontre
jusqu'à quel point c'est une protection pour le justiciable, tel que je
l'ai dit tout à l'heure.
M. Marx: D'accord, c'est parce que les premières
explications du ministre n'étaient pas tout à fait
complètes.
M. Bédard: Vous n'étiez peut-être pas assez
alerte, mais cela veut dire exactement la même chose.
Le Président (M. Desbiens): L'article 18 est
adopté. Article 19?
M. Bédard: Concordance avec l'article 34.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? Ici, il y a un
nouvel article. Après l'article 19, il y a un amendement. Après
l'article 19, on ajoute l'article 19.1 pour l'instant. 19.1. L'article 511 de
ce code, modifié par l'article 47 du chapitre 32 des lois de 1982, est
de nouveau modifié par le remplacement, dans le premier alinéa,
des mots: "il doit alors décider de la continuation ou de la suspension
des procédures de première instance" par les mots: "il doit alors
ordonner la continuation ou la suspension des procédures de
première instance". Est-ce que ce nouvel article est adopté? M.
le ministre.
M. Bédard: Nous avons d'ailleurs proposé
l'amendement à la suite de représentations qui ont
été faites par le juge en chef. D'accord?
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article
20?
M. Bédard: Article 21... 20?
Le Président (M. Desbiens): C'était 19.1.
M. Bédard: D'accord. Cet article a pour objet de
permettre, en l'absence du juge, pour rendre justice, la présentation
devant le protonotaire de la requête prévue à l'article
546.1. Cette modification vise surtout les districts où il n'y a pas de
juge résident ou encore ceux où il n'y a qu'un seul juge, mais
qui est absent. Cela va accélérer encore une fois la
justice...
Le Président (M. Desbiens): L'article 20 est-il
adopté? Adopté. Article 21?
M. Bédard: La modification apportée à cet
article a pour but d'assurer la conservation d'une preuve de l'ordonnance
visée dans cet article. D'accord?
Le Président (M. Desbiens): L'article 21 est
adopté? Adopté. Article 22?
M. Bédard: Article 22. Cet article a pour objet de
supprimer la permission du juge ou du protonotaire. En effet, les huissiers
ignorent souvent que le bien qu'ils vont saisir est en possession d'un tiers et
cette procédure les oblige à revenir devant le protonotaire pour
obtenir une permission et à retourner à l'endroit où se
trouvent les biens pour procéder à la nomination du possesseur
comme gardien, ce qui augmente évidemment les frais. En pratique, cette
requête est toujours accordée et elle n'a plus son
utilité.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? Adopté.
Article 23?
M. Bédard: Cet article a pour objet de spécifier
que l'officier saisissant doit, dans tous les cas, après une saisie,
rapporter ses procès-verbaux de saisies et de ventes et ce, en plus des
deniers, lorsqu'il y a eu une opposition à fin de conserver.
M. Marx: Est-ce que cela change beaucoup de la situation
actuelle?
M. Bédard: Cela donne l'assurance que les
procès-verbaux vont être au dossier parce qu'il y en a qui ne les
produisent pas.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? Adopté.
Article 24?
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre que le
jugement d'homologation de l'état de collocation des créanciers
puisse être transmis par courrier recommandé ou certifié en
plus de la signification par huissier.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? Adopté.
Article 25?
M. Bédard: Article 25. Cet article a pour objet de faire
disparaître l'autorisation du juge ou du protonotaire pour confier la
garde des effets saisis à un gardien que le débiteur
désigne ou que l'officier choisit lui-même. La modification a
aussi pour objet de préciser que le gardien des biens saisis en aura la
possession, étant donné, ainsi qu'il en appert dans l'article
739, que la volonté du législateur, lors de l'adoption de cet
article, était de confier au gardien la possession des biens.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 26?
M. Bédard: Cet article a pour objet de limiter les
garanties qu'un débiteur peut fournir pour éviter
l'enlèvement des biens saisis à des garanties pécuniaires.
Le débiteur ne pourra plus, à moins d'avoir la permission du
juge, fournir une caution, étant donné l'impossibilité
pour le huissier d'en apprécier la solvabilité et les abus que
cela pouvait entraîner.
M. Marx: Cela rend ça un peu plus difficile pour le
débiteur, c'est ça? C'est la même chose?
M. Bédard: Voilà. Il y a une explication que M.
Létourneau pourrait peut-être ajouter ici.
Souvent le débiteur donnait comme garantie une personne, par
exemple son beau-frère, et le huissier était dans
l'impossibilité d'évaluer la garantie, ce qui posait des
problèmes de fonctionnement. Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
élargi un peu le genre de garantie pécuniaire que le
débiteur peut donner et on a laissé quand même la soupape
pour la possibilité de donner une garantie autre, mais qui serait
appréciée par le juge, ce que le huissier peut difficilement
faire, parce qu'il n'a pas de pouvoir d'audition et il n'est pas
équipé pour savoir si la personne offerte en caution ou en
garantie est de fait solvable. Si le débiteur veut fournir ce genre de
garantie, le tribunal pourra l'accepter.
M. Marx: Est-ce qu'on a eu des problèmes avec les cautions
jusqu'à maintenant?
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Est-ce que cela pose vraiment un problème? Est-ce
que le ministère a reçu plusieurs plaintes?
M. Bédard: Cela a été demandé par les
huissiers.
M. Marx: Cela a été demandé par les
huissiers, mais les huissiers aimeraient rendre leur vie plus facile, si je
comprends bien.
M. Bédard: Non, ce n'est pas plus facile, c'est
qu'effectivement cela vient d'un sentiment de responsabilité des
huissiers qui sont en mesure de constater qu'ils ne sont pas toujours capables
de faire l'évaluation de la garantie qui est présentée;
donc, on leur donne des balises qui permettent aussi de bien protéger
les droits du créancier.
M. Marx: C'est cela, pour protéger les droits des
créanciers, mais aussi pour ne pas rendre la vie trop difficile aux
débiteurs. Si
c'est juste, est-ce que le ministre...
M. Bédard: Un juge pourra toujours autoriser une autre
forme, c'est toujours dans les possibilités.
M. Marx: Oui, mais est-ce- que le ministre fait cette
modification à cause de la demande des huissiers ou s'il a fait d'autres
recherches? Est-ce qu'il a consulté...
M. Bédard: Que les demandes viennent des huissiers ou des
avocats...
M. Marx: Laissez-moi terminer, M. le ministre, sauf que, si vous
voulez m'interrompre chaque fois, je n'ai pas d'objection non plus.
M. Bédard: D'accord, allez-y.
M. Marx: Est-ce que c'est juste à la demande des huissiers
ou si vous avez eu d'autres consultations? Avez-vous consulté le
barreau, les juges, etc.?
M. Bédard: Oui, il y a eu consultation avec le barreau au
niveau du comité, etc.
M. Marx: Tout le monde était d'accord?
M. Bédard: II n'y avait pas de problème.
M. Marx: Et ils sont d'accord?
M. Bédard: Écoutez, quand je vous dis que cela ne
pose pas de problème, ils ne sont sûrement pas en
désaccord.
M. Marx: Donc, ils sont d'accord.
M. Bédard: Vous le voyez bien. Que la suggestion vienne de
quelque endroit que ce soit, d'après la valeur de l'article, on est en
mesure de constater que cela peut être une amélioration.
M. Marx: II faut s'assurer qu'il y a un problème et pas
juste une demande d'une corporation, d'un groupe de personnes, etc.
M. Bédard: C'est évident. Si on regarde l'article
comme il faut, il me semble qu'on est en mesure de constater qu'il y avait un
problème, à savoir la difficulté d'évaluation des
garanties qui étaient présentées au huissier; or, on
essaie de corriger cette situation.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Article 26, adopté.
Article 27?
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
753.1 qui va suivre.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 28?
M. Marx: Je pense que l'article 27 est pour
accélérer les procédures. (12 h 15)
M. Bédard: Exact. D'ailleurs, comme je l'ai dit lors de
mon discours de deuxième lecture, l'essentiel de toutes ces dispositions
qui peuvent paraître très techniques a pour objet d'essayer de
diminuer les délais de procédure devant les cours. Entre autres,
par exemple, l'article 28 spécifie que la requête en injonction
interlocutoire en début d'instance ne pourra être
présentée sans qu'un bref sur l'instance principale n'ait
été émis. Toutefois, l'article introduit aussi une
certaine souplesse pour les cas d'urgence où il serait impossible
d'obtenir un bref. Mais l'idée de tous les amendements, c'est que les
gens lient contestation le plus rapidement possible.
Il serait de recours extraordinaire ou d'injonction... L'essentiel du
but qui est poursuivi est de lier contestation sur le fond le plus rapidement
possible, de diminuer les procédures qui s'avéraient beaucoup
trop dilatoires dans certains cas, spécialement en matière
d'injonction. Cela va?
M. Marx: Un instant, M. le Président. Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 28 est
adopté. Article 29?
M. Bédard: Cet article prévoit que la contestation
de la requête se fait verbalement sauf permission du tribunal de
procéder par écrit. L'article 29...
M. Marx: Un instant! Ici...
M. Bédard: C'est déjà l'état du
droit.
M. Marx: Est-ce que cela va diminuer la possibilité de
contre-interroger les témoins?
M. Bédard: Non.
M. Marx: Non?
M. Bédard: En aucune façon.
M. Marx: En aucune façon.
M. Bédard: Ah non! Il y a toujours la possibilité
pour le juge, là où il le voit, d'adopter une autre
procédure, d'indiquer une autre procédure.
M. Marx: Oui, parce qu'il y a un autre article qui prévoit
l'interrogatoire sur affidavit.
M. Bédard: Vous allez l'avoir. L'article 29.
M. Marx: À 93. M. Bédard: Aussi. M. Marx:
D'accord.
Le Président (M. Desbiens): L'article 29 est
adopté. L'article 30?
M. Bédard: Article 29, adopté. Article 30: Cet
article permet l'approche par témoin en plus de l'approche par
affidavit. Est-ce qu'on est à l'article 30? Il y en a plusieurs à
l'article 29, M. le Président, n'est-ce pas?
Le Président (M. Desbiens): Je les ai adoptés
globalement. Est-ce que vous vouliez y aller article par article?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Alors, ce serait 754 qui
aurait été adopté?
M. Bédard: C'est 754.1.
Le Président (M. Desbiens): 754.1.
M. Bédard: Alors, 754.1 prévoit que la preuve se
fait par affidavit mais un contre-interrogatoire sur affidavit, tel que
prévu à l'article 93 du Code de procédure civile, peut
être fait. Cet article prévoit également que les documents
que les parties entendent utiliser lors de l'enquête doivent être
signifiés à la partie adverse avant la présentation de la
requête. On permet toutefois la production de documents lors de
l'enquête avec permission du tribunal. 754.2...
Le Président (M. Desbiens): Si on y va par article, alors,
754.1 est-il adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: 754.2 permet la preuve par témoin en
plus de la preuve par affidavit. Adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté pour 754.2.
754.3?
M. Bédard: Cet article donne au tribunal la latitude
nécessaire pour maintenir le déroulement rapide du
procès.
Le Président (M. Desbiens): Cela va? Adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 30?
M. Bédard: Alors...
Le Président (M. Desbiens): Le paragraphe 834.
M. Bédard: Oui, je pense que c'est cela: Ces recours
n'opéreront pas sursis des procédures sauf avec l'autorisation du
juge. Cette règle a pour but d'éviter... Alors, le seul
commentaire sur 30: Généralement, cet article prévoit que
désormais un recours en évocation mandamus ou usurpation de
charge se fera par requête et non plus par action, ce qui était le
cas auparavant. De plus, l'exercice de ces recours ne sera plus assujetti
à une autorisation préalable du tribunal.
M. Marx: C'est bon.
Le Président (M. Desbiens): 834, adopté. 834.1?
M. Bédard: C'est très bon.
M. Marx: Je ne suis pas prêt à dire que ce soit
très bon. C'est bon. Cela peut être bon. Le ministre...
M. Bédard: L'article... M. Marx: Allez-y.
M. Bédard: C'est 834.1: Ces recours n'opéreront pas
sursis des procédures, sauf avec l'autorisation du juge. Cette
règle a pour but d'éviter l'utilisation dilatoire et abusive de
ces recours. Cependant, comme une certaine souplesse est nécessaire pour
protéger les droits des parties, le juge pourra, en tout temps, ordonner
un sursis.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
834.2.
M. Bédard: Cet article prévoit que ces causes
doivent être inscrites sur les rôles d'urgence. C'est un peu
compréhensible par la nature même des recours. Article 31, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): L'article 834.2 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Oui; alors, l'article 30 au
complet est adopté. Article 31, article 835?
M. Bédard: L'article 835 prévoit à qui est
signifiée la requête ainsi qu'un délai d'au moins dix jours
pour sa présentation, afin de permettre à la partie
intimée de préparer sa défense. À ce
moment-là, il devient plus difficile d'obtenir des remises. Cela va?
Le Président (M. Desbiens): Article 835, adopté.
Article 835.1?
M. Bédard: Cet article codifie une règle de droit
qui a déjà été établie par la jurisprudence,
à savoir que ce genre de recours doit être pris dans un
délai raisonnable. La notion de délai raisonnable accorde une
grande discrétion, mais permet tout de même d'imposer des limites
qui interdiront les recours abusifs par les justiciables ayant
négligé d'agir dans un délai normal.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
835.2.
M. Bédard: L'article 835.2 reprend l'exigence de la
production de documents avant l'audition déjà proposée
pour l'injonction.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
835.3?
M. Bédard: Cet article permet la preuve par affidavits
détaillés pour éviter que des témoins soient
obligés de se déplacer.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
835.4?
M. Bédard: Cet article 835.4 permet au tribunal de fixer
une date d'enquête et d'audition et de rendre les ordonnances
nécessaires à la sauvegarde des droits des parties.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
835.5.
M. Bédard: Cet article prévoit la contestation
orale de la requête, sauf autorisation du tribunal de procéder par
écrit. C'est la même disposition qui se retrouve dans les articles
concernant l'injonction. D'accord?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 31
dans son entier est adopté.
M. Bédard: L'article 32 est tout simplement un
article...
Le Président (M. Desbiens): Article 32?
M. Bédard: ...de concordance, de même que les
articles 33, 34.
M. Marx: L'article 32 n'est pas adopté.
M. Bédard: Les articles 32, 33 et 34 sont de la
concordance.
M. Marx: Oui, mais à l'article 32, on augmente de 200 $
à 500 $ le dépôt...
M. Bédard: Cela représente l'indexation. M.
Marx: Depuis quelle année?
M. Bédard: Depuis le Code de procédure civile,
depuis 1965.
M. Marx: II serait bon aussi d'indexer l'admissibilité en
ce qui concerne ceux qui font des demandes pour l'aide juridique. Ils ne sont
pas indexés depuis trois ans maintenant.
M. Bédard: On verra cela dans un autre projet de loi, M.
le Président, en temps et lieu.
M. Marx: Le ministre est bien fort sur la technique, mais, quand
cela arrive au fond, il y a une absence.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
M. Marx: Je constate...
M. Bédard: Pauvre député de D'Arcy McGeel II
n'est même pas capable de se limiter à un projet de loi.
M. Marx: Pour une question de technique et pour changer une
virgule, le ministre est très fort, mais quand arrive une question de
fond, des gens qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté, le
ministre n'a pas...
Le Président (M. Desbiens): Article 32, adopté.
Article 33?
M. Bédard: Je ne répondrai pas au
député qui enfreignait manifestement le règlement, M. le
Président. En temps et lieu, les décisions seront prises dans le
plus grand intérêt des justiciables, en tenant compte
aussi des capacités de payer de l'ensemble de la population.
M. Marx: Je vais faire un bilan de votre règne...
M. Bédard: Vous ferez cela.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Marx: On va bien le faire un jour. Vous allez voir que cela ne
sera pas un document trop épais.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Ce sera un document distinct du
député de D'Arcy McGee s'il n'est pas épais.
Le Président (M. Desbiens): Article 33, adopté.
Article 34?
M. Bédard: L'article 34 est de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 34 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 34 est
adopté.
M. Marx: J'aimerais...
Le Président (M. Desbiens): Le titre, Code civil.
M. Marx: Avant qu'on passe au titre, Code civil, j'aimerais poser
une question très technique au ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je sais que le ministre a fait tout ce qu'il a pu pour
accélérer les procédures devant les tribunaux. Maintenant,
il y a un problème et peut-être peut-on faire un amendement. Il y
a un problème en ce qui concerne les décisions des juges. Souvent
les juges prennent des mois et même plus d'un an pour rendre leur
décision. C'est un problème dans certains palais de justice. Le
ministre est-il prêt à faire quelque chose dans ce domaine?
M. Bédard: Je pense, M. le Président, que cette
préoccupation est constante pour le juge en chef qui, on le sait, est en
mesure de faire les pressions nécessaires lorsqu'il s'aperçoit
qu'il peut y avoir des abus.
M. Marx: Sur cette question, c'est "maîtres chez eux".
M. Bédard: Je ne pense pas qu'on puisse...
M. Marx: Comme le juge en chef l'a bien écrit, le ministre
n'est pas prêt à intervenir en ce qui concerne cette question.
M. Bédard: Légiférer pour fixer un
délai, non.
M. Marx: Maximal.
M. Bédard: Puisqu'on sait jusqu'à quel point les
choses traitées à l'occasion de procès, lorsque les
jugements sont à rendre, peuvent tellement être différentes
d'un procès à l'autre, d'un jugement à l'autre. Alors, je
pense qu'à un moment donné, il faut quand même faire
confiance le plus possible à l'esprit de responsabilité des juges
qui savent très bien qu'il y a avantage pour les citoyens que les
jugements soient rendus avec le plus de célérité possible.
Également, il faut faire confiance à la responsabilité du
juge en chef qui est là constamment pour surveiller et faire en sorte
qu'il n'y ait pas d'abus.
M. Marx: Le ministre a-t-il des études sur cette question,
au ministère, sur les délais dans les jugements?
M. Bédard: Non.
M. Marx: C'est sûr qu'il n'y a pas d'étude? Cela me
surprendrait.
M. Bédard: Non, non, c'est une responsabilité du
juge.
M. Marx: Est-ce que le ministère a des études sur
cette question?
M. Bédard: On n'a pas d'études. M. Marx:
Vous n'en avez pas?
M. Bédard: Pour une raison bien simple, c'est qu'il y a un
juge en chef qui a cette responsabilité au niveau de la cour dont il a
la juridiction.
M. Marx: Le ministère a-t-il reçu beaucoup de
plaintes?
M. Bédard: C'est très rare.
M. Marx: Pas de plaintes, pas d'études.
M. Bédard: C'est très rare. Ce n'est
pas "pas de plaintes, pas d'études", je ne commencerai pas un
débat pour me répéter. Je pense avoir dit au
député de D'Arcy McGee quelle était ma manière de
voir les choses. Si le député de D'Arcy McGee un jour en a la
responsabilité et s'il veut commencer à fixer des délais,
il le fera.
M. Marx: Oui. Je m'excuse, M. le Président,
peut-être que j'ai mal posé la question. Je vais la reprendre
d'une autre façon. Est-ce que le ministère a des statistiques en
ce qui concerne ces délais de rendre jugement? Avez-vous des
statistiques?
M. Bédard: II y a peut-être moyen de faire certaines
vérifications.
M. Marx: Oui, comment peut-on faire cela?
M. Bédard: Je vais voir auprès de mes responsables
du ministère ou auprès des protonotaires. C'est peut-être
par les protonotaires puisqu'il y a obligation, lorsqu'une cause est prise en
délibéré depuis plus de six mois, de faire un rapport en
conséquence.
M. Marx: Puis-je demander au ministre si cela sera possible, si
l'on recommence après l'heure du lunch, de demander à ses
fonctionnaires...
M. Bédard: Non, peut-être pas...
M. Marx: ...seulement pour me dire s'il est possible pour
moi-même ou ma recherchiste de trouver ces statistiques dans les
documents publics du ministère? (12 h 30)
M. Bédard: Je ferai faire les vérifications
à l'heure du dîner. Je serai en mesure de vous dire ce qui en
est.
M. Marx: En ce qui concerne une action précise pour
accélérer cette procédure, pour que les jugements soient
rendus plus vite, le ministre laisse le soin au juge en chef de la
régler le cas échéant.
M. Bédard: Mais non, écoutez... M. Marx:
C'est ce que j'ai dit.
M. Bédard: II y a quand même une question
d'autonomie des tribunaux judiciaires. J'espère que le
député de D'Arcy McGee sait un peu de quoi il parle et ce qu'il
est en train de me suggérer, parce que, jusqu'à maintenant...
M. Marx: Je pose des questions. Je ne suggère rien.
M. Bédard: Je sais que vous ne suggérez jamais
rien, je le sais bien.
M. Marx: C'est cela. Même quand je suggère, vous
suivez mes suggestions et vous faites toujours des erreurs.
M. Bédard: Vous essayez d'embêter, c'est tout.
M. Marx: Au prochain article, j'ai ma réponse. Je n'ai pas
encore d'idée.
M. Bédard: Sauf que toutes vos suggestions viennent
d'études faites au ministère de la Justice.
M. Marx: Le ministre...
M. Bédard: Cela consiste tout simplement pour vous
à dire les choses autrement dans vos rapports.
M. Marx: C'est le plus fin ministre au monde.
M. Bédard: On ne dira pas que c'est du copiage, mais ce
n'est pas loin.
M. Marx: II a réponse à tout.
Modifications au Code civil
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'on passe à
l'article 35?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 35 est-il
adopté?
M. Bédard: L'article 35? Oui. L'article 36, M. le
Président...
Le Président (M. Desbiens): L'article 35 a-t-il
été adopté?
M. Bédard: L'article 35 a été adopté.
L'article 36 a pour but de permettre à un...
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse, je n'ai pas
compris. Est-ce que vous avez dit que l'article 35 avait été
adopté?
M. Bédard: Cet article a pour but de permettre à
une société en commandite de se prévaloir...
M. Marx: Est-ce que l'article 35...
M. Bédard: ...de la section VII de la Loi sur les pouvoirs
spéciaux des corporations...
Le Président (M. Desbiens): C'est l'article 35?
M. Bédard: C'est l'article 35. Ce qui signifie qu'elle
pourra hypothéquer, nantir ou mettre en gage des biens futurs ou
immeubles tout comme une compagnie. Il était nécessaire de
préciser qu'une société en commandite est autorisée
à émettre des bons et obligations, car la Loi sur les pouvoirs
spéciaux des corporations ne crée pas ce pouvoir, elle ne fait
que s'y référer.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: D'ailleurs, tous ces articles
d'amélioration sur les sociétés en commandite seront -
j'en suis convaincu -très bien reçus par le milieu, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Article... M.
Bédard: Article 36.
M. Marx: Est-ce que le ministre -parce que le ministre a dit que
ces modifications seront bien reçues par le milieu - a des documents
à déposer sur les opinions et les demandes qu'il a
reçues?
M. Bédard: Je n'ai pas d'opinions. Les articles font foi
du contenu.
M. Marx: C'est seulement un...
M. Bédard: Vous serez en mesure de le constater.
M. Marx: ..."self-serving statement".
M. Bédard: Vous serez en mesure de le constater.
Le Président (M. Desbiens): L'article 35 est
adopté. Article 36?
M. Bédard: L'article 36 a pour but de permettre à
un créancier et à son débiteur de limiter par convention
les biens sur lesquels le créancier pourra exercer son recours contre le
débiteur en défaut, à condition que ceux-ci soient
affectés, en faveur du créancier, d'un privilège ou d'une
hypothèque. Cette modification permettra à une entreprise
d'élargir son champ d'activité sans engager nécessairement
tous ses biens à la garantie des emprunts qu'elle devra effectuer.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 36 est
adopté.
M. Bédard: Par le contenu, cela ne peut faire autrement
qu'être bien reçu, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Article 37?
M. Bédard: L'article 37 propose une extension de l'actuel
article 2120a du Code civil à toutes les garanties qui peuvent
être octroyées au terme de la Loi sur les pouvoirs spéciaux
des corporations. Il permettra, par l'enregistrement d'un simple avis,
d'assujettir aux dispositions d'un acte de fiducie déjà consenti
par une compagnie des biens qu'elle a subséquemment acquis sans qu'il ne
soit nécessaire de contracter un acte supplémentaire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 37 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 38?
M. Bédard: L'article 38 prévoit que
désormais le certificat de non-appel mentionné à l'article
2153 du Code civil pourra être délivré à
l'expiration d'un délai de 30 jours de la date du jugement s'il n'y pas
eu appel ou présentation d'une requête en rétractation de
jugement, ce qui est conforme à la pratique actuelle.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Article 39?
M. Bédard: Cet article prévoit que désormais
le jugement visé à l'article 2153 et qui a été
rendu par défaut de comparaître ne sera signifié que si le
juge l'ordonne.
Cet article vise tout simplement à supprimer les
difficultés de signification que l'on rencontre dans de tels cas,
étant donné que le plus souvent l'adresse du défendeur est
inconnue.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
M. Bédard: II y a un amendement à l'article 39.
Modifications à d'autres dispositions
législatives
Le Président (M. Desbiens): II y a maintenant un nouvel
article en amendement qui deviendrait l'article 39.1, qui se lit comme suit:
Loi sur la Commission des
affaires sociales...
M. Bédard: Oui, cela a été...
Le Président (M. Desbiens): Le titre serait aussi
inclus?
M. Bédard: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Desbiens): II y aurait un nouveau titre,
Loi sur la Commission des affaires sociales. Article 39.1. L'article 22 de la
Loi sur la Commission des affaires sociales (LRQ, chapitre C-34) est
modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne du
deuxième alinéa, après le mot "Commission", de ce qui
suit: "ou, dans le cas d'un appel interjeté en vertu de l'article 30 de
la Loi sur l'aide sociale, un membre ou un assesseur de la Commission". Est-ce
que le titre et l'article sont adoptés?
M. Bédard: Adopté. Cet article a pour objet de
permettre, dans les cas d'urgence, que non seulement un membre, mais aussi un
assesseur de la Commission des affaires sociales puisse ordonner, durant
l'audition de l'appel devant la commission, la suspension de l'exécution
d'une décision administrative relative à l'aide sociale et qui
fait l'objet d'un appel.
Une voix: Seulement l'aide sociale. M. Bédard:
Seulement l'aide sociale. M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre me surprend. Ce n'est pas voulu, je l'admets
tout de suite, mais il me surprend, parce que j'aimerais vérifier avec
le porte-parole en ce qui concerne les affaires sociales avant qu'on adopte cet
article. Peut-être peut-on suspendre l'adoption...
M. Bédard: Je ne vous surprends pas. Je l'ai
annoncé hier soir...
M. Marx: Oui, annoncé, mais on n'a pas vu les...
M. Bédard: ...dans le discours de deuxième
lecture.
M. Marx: Je suis surpris dans le sens que je n'ai pas vu
l'article avant ce moment-ci.
M. Bédard: Je pense qu'il y a eu d'ailleurs des
échanges entre...
M. Marx: On va vérifier.
M. Bédard: Vous allez vérifier? M. Marx: On
en suspend l'adoption.
Le Président (M. Desbiens): Alors, on suspend le titre et
l'adoption de l'article 39.1. Alors,
Loi sur la division territoriale, article 40.
M. Bédard: Je pense que cela ne cause pas de
problème.
M. Marx: Ce sont tous des comtés péquistes, de
toute façon.
Le Président (M. Desbiens): L'article 40 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: Est-ce que le ministre va nous expliquer l'article
pour...
M. Bédard: Les paragraphes 1 et 3 de l'article, par
exemple, concernant Destor, c'est à la demande même de...
M. Kehoe: La demande est faite par des organisations locales, des
avocats, des notaires?
M. Bédard: En termes de commentaires, d'abord, les
paragraphes 1 et 3 de l'article 40 ont pour objet de rattacher l'ensemble de la
municipalité de Destor au district judiciaire de Rouyn-Noranda, alors
que, présentement, elle chevauche les districts d'Abitibi et de
Rouyn-Noranda.
Le paragraphe 2 de l'article 40 vient préciser la description du
district judiciaire de Chicoutimi. Il s'agit d'une modification strictement
technique. La modification concernant la municipalité de Destor fait
suite à une demande des autorités de cette
municipalité.
M. Kehoe: Est-ce que c'est à cause de la distance
parcourue ou quoi?
M. Bédard: Oui, c'est cela. Elle favorisera l'accès
à la justice puisque le palais de justice de Rouyn est plus
rapproché de Destor que celui d'Amos.
M. Kehoe: Est-ce que ce sont des professionnels qui ont
demandé cela ou les contribuables, ou les deux?
M. Bédard: Ce sont les autorités municipales. C'est
le conseil municipal lui-même.
M. Kehoe: Ce ne sont pas seulement des professionnels. Ce ne sont
pas seulement des avocats ou des notaires. C'est à
l'avantage des contribuables de façon générale.
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Est-ce qu'on a vérifié avec les
députés de ces comtés? Oui? Ils sont d'accord?
Le Président (M. Desbiens): L'article 40 est
adopté. L'article 41?
M. Bédard: L'article de cette loi est modifié par
le remplacement... Cet article transfère d'Hébertville à
Alma l'endroit où sera situé le bureau d'enregistrement de la
division de Lac-Saint-Jean-Est. Pour la population de la division
d'enregistrement de Lac-Saint-Jean-Est et les notaires, avocats et arpenteurs
qui exercent leur profession, ce déménagement sera certainement
avantageux. Premièrement, en aménageant ce bureau
d'enregistrement dans le nouveau palais de justice d'Alma, le ministère
de la Justice se trouve à concentrer dans un même édifice
deux des principaux services qu'il offre à la population, à
savoir les services judiciaires et ceux relatifs à l'enregistrement, ce
qui permettra une meilleure accessibilité à ces services pour les
citoyens et évitera des déplacements inutiles.
M. Marx: Est-ce que le ministère a discuté de cette
modification?
M. Bédard: Et il y a même eu une résolution
de la part du barreau du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui allait dans le sens
de...
M. Kehoe: Je pense que la demande avait été faite
par plusieurs autres barreaux ou plusieurs autres districts. Pourquoi avez-vous
choisi celui-là? Est-ce qu'il y a des raisons spéciales? Lors de
la fermeture des différents bureaux d'enregistrement l'an passé,
il y a eu une foule de protestations et le ministre a quand même
procédé à la fermeture de quelques-uns. Il en a
déménagé d'autres. Maintenant, vous
déménagez les gens de Lac-Saint-Jean-Est. J'imagine qu'ils ne
sont pas très heureux de cette décision.
M. Bédard: Vous devriez aller faire un petit tour dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Une chose certaine, c'est que le
député du comté, M. Jacques Brassard, a été
consulté et le barreau a aussi été consulté.
L'ensemble du barreau du...
M. Marx: L'association libérale du comté?
M. Bédard: ...Saguenay-Lac-Saint-Jean s'est
prononcé favorablement. Cela fait également suite à la
construction d'un nouveau palais de justice à Alma.
M. Kehoe: Est-ce qu'il y a une distance assez importante entre
Lac-Saint-Jean-Est et Aima?
M. Bédard: II y a environ 10 ou 15 milles.
M. Kehoe: Et la population de Lac-Saint-Jean-Est...
M. Bédard: Elle est surtout concentrée à
Alma de même que les professionnels, et l'on reste dans le même
district.
M. Kehoe: Oui, mais vous comprendrez, M. le ministre, qu'il est
difficile pour nous de juger, de faire une critique ou de faire des
commentaires lorsqu'on n'a pas les informations pertinentes. Vous avez sans
doute des rapports. C'est pour cette raison que l'on pose des questions, pour
tenter de connaître les raisons qui ont motivé cela. Il y a eu des
demandes semblables à d'autres endroits, j'en suis certain. Je pense
plus spécifiquement à la région de chez nous,
c'est-à-dire la région de l'Outaouais. Il y a eu une fermeture de
bureau à Campbell's-Bay. Est-ce bien fermé à Campbell's
Bay? Je fais peut-être erreur, il se peut que ce soit Gatineau qui ait
déménagé à Hull. Est-ce qu'il y a eu une demande
à cet effet?
M. Bédard: Les fermetures de bureaux d'enregistrement
doivent se faire par une loi. À ce moment-là, l'ensemble des
députés est informé lorsqu'on procède à un
transfert -même à un transfert - de chefs-lieux ou autres. Cela ne
peut pas se faire en catimini, il faut qu'il y ait une loi en
conséquence. Comme ici, il s'agit d'un transfert.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Puis-je demander la suspension de l'adoption de cet
article jusqu'après l'heure du lunch? D'accord? Ça ne change
rien.
Le Président (M. Desbiens): L'article 41 est suspendu.
Nouveau titre, Loi concernant les enquêtes sur les incendies, article
42.
M, Bédard: Article 42: II s'agit d'une modification
d'ordre technique et de concordance avec l'article 44.
M. Marx: Est-ce que le ministre a l'intention d'abroger cette loi
lorsqu'il adoptera sa nouvelle loi sur les coroners?
M. Bédard: On va la réviser dans le cadre de la
révision globale de la Loi
concernant les enquêtes sur les incendies.
M. Marx: Lors de la dernière commission de la justice,
j'ai soulevé certains problèmes en ce qui concerne les coroners.
Par exemple, ils reçoivent seulement 0,12 $ le kilomètre alors
que les fonctionnaires reçoivent environ 0,24 $ le kilomètre. Le
ministre a promis à ce moment-là, il y a quelques semaines, de
faire des modifications à ses tarifs, le cas échéant.
Est-ce que le ministre a procédé aux changements?
M. Bédard: J'ai demandé à mon sous-ministre
de faire l'étude nécessaire dans les circonstances et de me faire
des représentations.
M. Marx: Est-ce qu'il y aura des tergiversations jusqu'à
la fin de l'année ou avez-vous l'intention de modifier le
règlement?
M. Bédard: Non, il n'est pas question de tergiversations
du tout.
M. Marx: Est-ce que vous allez modifier le règlement
pour...
M. Bédard: C'est mon intention, c'est clair.
M. Marx: Quand?
M. Bédard: Avant la fin de la présente
année.
M. Marx: De la présente année? On aurait alors une
nouvelle loi. On veut qu'il se fasse quelque chose immédiatement...
M. Bédard: J'ai demandé à mon sous-ministre
de me faire rapport. Lorsque j'aurai son rapport, je prendrai les
décisions nécessaires, mais je ne les prendrai pas à la
suite des représentations du député de D'Arcy McGee. (12 h
45)
M. Marx: Cela veut dire qu'ils reçoivent 0,12 $ le
kilomètre. Le ministre admettra que c'est injuste quand les
fonctionnaires du gouvernement...
M. Bédard: C'est d'ailleurs pour cela qu'on veut le
changer.
M. Marx: Un instant! M. le Président, voulez-vous demander
au ministre de ne pas m'interrompre au milieu de chaque phrase?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee, vous avez la parole.
M. Bédard: La prima donna.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: Alors, voilà une autre interruption. Il ne peut
pas se retenir. C'est mauvais pour un ministre de la Justice de ne pas avoir de
retenue.
Le ministre conviendra-t-il que 0,12 $ le kilomètre, c'est
injuste quand les fonctionnaires reçoivent environ 0,24 $ le
kilomètre? Pourquoi traiter les coroners d'une façon injuste,
traîner l'affaire et demander toute une étude? On peutaugmenter cela tout de suite à 0,20 $, par exemple. Je ne vois pas
pourquoi cela prend toute une étude et des mois avant d'agir dans un
dossier assez simple.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Cela ne prend pas des mois, M. le
Président, cela a été soulevé il y a quelques
semaines. Alors, je dis qu'une décision sera prise dès que
j'aurai pris connaissance des dernières représentations que doit
me faire mon sous-ministre.
M. Marx: Le ministre peut-il prendre l'engagement de faire cette
modification avant le 1er septembre?
M. Bédard: Nous l'espérons. M. Marx: Nous
l'espérons.
Le Président (M. Desbiens): L'article 42 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: Les coroners peuvent difficilement vivre sur vos
espoirs.
M. Bédard: En tout cas, sûrement pas sur vous.
M. Marx: Non, mais ce sont les coroners qui vont continuer de
défrayer les coûts au profit de l'État. Je trouve cela bien
bas, pour les gens qui rendent service à l'État. Ils sont
pénalisés.
M. Bédard: M. le Président, cela fait à peu
près dix fois qu'on le dit au député de D'Arcy McGee qui a
soulevé le cas il y a quelques semaines.
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: Alors, dès que j'aurai les
dernières représentations de mon sous-ministre, nous
agirons...
M. Marx: Oui.
M. Bédard: ...sans demander l'avis du député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, je suis prêt à
parier qu'au mois de novembre, à une prochaine commission, je vais poser
la même question et le ministre va me répondre qu'il attend encore
son rapport.
M. Bédard: Comme ce n'est pas permis de parier, M. le
Président, je ne donnerai pas suite à l'offre faite par le
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Desbiens): L'article 42 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 43?
M. Bédard: L'article 43, c'est une modification d'ordre
technique et de concordance avec l'article 44.
M. Marx: Le ministre a-t-il fait ces mofidications à la
Loi concernant les enquêtes sur les incendies à cause des
problèmes qui ont surgi lors des enquêtes récemment?
M. Bédard: Non. M. Marx: Non?
M. Bédard: Globalement, il y eu beaucoup d'études
de faites, mais, dans ce sens, je pense que c'est un sujet qui faisait
déjà l'objet d'études au niveau du ministère de la
Justice. De nombreuses consultations étaient nécessaires. En
fait, le tout a été mené à terme et nous allons
procéder à la mise en place d'une loi que le député
verra en temps et lieu.
M. Marx: Cela ne va pas d'une manière rétroactive
affecter certaines enquêtes qui ont déjà commencé ou
certaines causes qui sont devant les tribunaux.
M. Bédard: M. le Président, lorsque nous
déposerons le projet de loi, je pense qu'il y aura lieu à ce
moment-là de discuter du fond et de voir comment nous avons pensé
assurer la transition.
M. Marx: Je vois que les...
M. Bédard: II y a des règles de transition dans ces
cas-là.
M. Marx: Bon, le ministre m'assure que ce n'est pas pour faire en
sorte qu'on change les règles du jeu en ce qui concerne les
enquêtes qu'on fait maintenant ou les causes devant les tribunaux, le cas
échéant.
M. Bédard: Ce que je dis, M. le Président, c'est
qu'une fois la loi déposée, le député de D'Arcy
McGee, comme tous les députés de l'Assemblée nationale,
sera en mesure d'en vérifier et d'en évaluer la teneur.
M. Marx: Non, mais je vous pose une question assez simple.
M. Bédard: Cela ne devrait normalement pas poser de
problème. Il y a des règles de transition, comme c'est
normal.
M. Marx: J'ai posé une question très simple. J'ai
essayé de poser la question suivante: Quel est le fondement de ces
changements? Les fondements et les raisons de ces modifications sont-ils
causés par des problèmes devant les tribunaux ou devant...
M. Bédard: J'ai répondu là-dessus. Non, ce
n'est pas la raison.
M. Marx: Parfait.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 43 est
adopté? Adopté. Article 44?
M. Bédard: L'article 44...
Le Président (M. Desbiens): Articles 30.1 et 30.2? Article
30.1?
M. Bédard: Oui. C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): Les deux ensemble?
M. Bédard: Oui. Les articles 30.1 et 30.2.
Le Président (M. Desbiens): Les deux ensemble?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 44.
M. Marx: Est-ce que le ministre expliquera l'article 44?
M. Bédard: C'est l'article qui précise le pouvoir
réglementaire du gouvernement à l'égard des honoraires,
indemnités et autres frais qui peuvent être payés en vertu
de la Loi concernant les enquêtes sur les incendies, sur les tarifs,
etc.
M. Marx: Est-ce que le ministre a des études
préparées par son sous-ministre en ce
qui concerne les honoraires, les indemnités, les tarifs et ainsi
de suite?
M. Bédard: Disons qu'on aurait pu faire la même
chose concernant les coroners, mais comme nous allons déposer un projet
de loi avant la fin de la présente session, ce n'était pas
nécessaire dans le cas présent.
M. Marx: Vous avez dit que vous modifieriez aussi la Loi
concernant les enquêtes sur les incendies qu'on est en train de modifier
maintenant. En ce qui concerne les coroners, vous avez déjà le
pouvoir, en tant que ministre, de modifier les honoraires, les
indemnités et ainsi de suite. Ici, on procède et je me demande si
on procède aveuglément ou si le ministre a des études,
parce que, avant de parler des indemnités des coroners, il a
parlé d'une étude que son sous-ministre lui
préparera...
M. Bédard: Je n'ai pas parlé d'une étude; il
y a des représentations...
M. Marx: Un instant, je n'ai pas terminé.
M. Bédard: Vous m'excuserez, c'est une question de
règlement. Je n'ai pas parlé d'étude, j'ai parlé de
représentations.
M. Marx: II n'y a pas de question de règlement ici, M. le
Président.
M. Bédard: Oui. Il n'y a pas de question de
privilège, mais il y a des questions de règlement.
M. Marx: Quelle est la question de règlement?
M. Bédard: C'est que je n'ai pas parlé
d'études approfondies de la part du sous-ministre. J'ai dit que le
sous-ministre avait des représentations à me faire à la
suite desquelles je prendrais la décision qui s'impose.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Question de règlement. Il a parlé d'une
étude qu'il a demandée à son sous-ministre. Je pose la
question suivante: Est-ce que le ministre avait des représentations ou
des études de son sous-ministre en ce qui concerne les honoraires, les
indemnités et ainsi de suite, en ce qui concerne les fonctionnaires qui
sont soumis...
M. Bédard: C'est le même problème que celui
des coroners, c'est trop bas. C'est pour cela que j'ai demandé à
mon sous-ministre de jeter un dernier regard là-dessus de manière
à ajuster le tout.
M. Marx: Ici, on donne le pouvoir au ministre d'adopter des
règlements. Peut-on savoir si ces règlements seront
déposés bientôt, c'est-à-dire ce mois-ci, avant le
1er septembre, ou dans quel mois de l'année et en quelle
année?
M. Bédard: Cela sera traité de pair avec la Loi sur
les coroners.
M. Marx: Donc, à la fin de l'année?
M. Bédard: Peut-être, si c'est possible, avant.
M. Marx: Si vous refaites cette Loi concernant les enquêtes
sur les incendies comme vous l'avez dit il y a quelques minutes, pourquoi la
modifier une autre fois à la fin de l'année? Pourquoi ne pas
faire cela d'un seul coup? Souvent, l'Opposition a trouvé, dans
l'étude des lois de 1982 qui est une vraie tour de Babel, qu'il y a trop
de modifications des lois dans une année. Il y a des lois qu'on a
modifiées 45 fois par année ou 35 fois par année. Si le
ministre projette de modifier cette loi dont nous discutons maintenant,
pourquoi faire cela deux ou trois fois par année? Pourquoi pas une seule
fois?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: II faudrait que le député soit
conséquent. Il veut que le tarif soit augmenté, on donne le
pouvoir de réglementation pour le faire.
M. Marx: Oui, mais, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'arcy McGee.
M. Marx: J'ai demandé au ministre quand il modifiera les
tarifs, les indemnités. Sa réponse est: On va faire cela avec la
Loi sur les coroners. Qu'il se branche, qu'il dise quand et comment.
M. Bédard: C'est du même genre. C'est un peu normal.
Pour ce qui est du pari, on verra.
M. Marx: M. le Président, je vois une autre fois que le
ministre n'a pas de politique cohérente. Ce sont de petits pas dans
toutes les directions en même temps. Étant donné qu'il a la
majorité de son côté, on ne peut l'empêcher de
procéder de cette façon...
M. Bédard: Vous ne pouvez surtout pas m'empêcher de
faire des améliorations.
M. Marx: ...pas cohérente du tout.
M. Bédard: Vous ne pouvez toujours pas m'empêcher de
faire des améliorations.
M. Marx: M. le Président, voulez-vous demander au ministre
de se taire quand il y a quelqu'un d'autre qui parle et d'attendre son tour? Je
vois une autre fois qu'il n'y a pas de cohérence dans la politique du
ministère en ce qui concerne cette loi. C'est de l'improvisation de
À à Z. C'est ce que je constate. Cela n'a pas changé
depuis des mois, des années.
M. Bédard: Avez-vous terminé d'ergoter? M. le
Président, je pense que ceci nous donnera un moyen d'améliorer et
je ne vois pas pourquoi je retarderais.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, est-ce que l'article 44, qui va
être amendé et qui donne le pouvoir au gouvernement de
réglementer, c'est quelque chose de nouveau? Juste pour comprendre quel
est le pouvoir que vous voulez avoir, est-ce complètement nouveau cet
article-là? Actuellement, y a-t-il des tarifs? Y a-t-il
différents honoraires payés et est-ce que là il ne s'agit
que d'une amélioration? Vous améliorez les conditions à
cause du coût de la vie? Pour quelle raison change-t-on cela
maintenant?
M. Bédard: Le pouvoir est ambigu au niveau de la
réglementation. On veut le préciser.
M. Kehoe: Est-ce que cela existe actuellement des traitements et
des...
M. Bédard: C'est cela. C'était ambigu et on veut
que cela soit clair. Ce sont les représentations qui m'ont
été faites. C'est un peu disséminé dans la loi. Il
y en a un peu dans l'article 26 de la loi actuelle. Il y en a aussi un petit
peu dans l'article 30, mais surtout dans l'article 26. C'est une vieille loi et
c'était articulé selon le langage qui prévalait en
législation à l'époque, qui est ambigu. Ici, on le refait
pour établir nettement le pouvoir réglementaire avec les
catégories nécessaires et combler les ambiguïtés de
l'ancienne loi.
M. Kehoe: Pour les honoraires ou les traitements que vous allez
accorder par règlement, j'imagine que les barèmes, les
critères sont déjà établis. Est-ce similaire
à ce qui a déjà été établi pour les
coroners? Est-ce que cela sera un salaire, quand vous parlez d'honoraires?
M. Bédard: Ce sont des paiements à l'acte. Ce ne
sont pas des honoraires.
M. Kehoe: Qui fera ce travail-là? Est-ce que ce sont des
avocats qui seront engagés spécifiquement pour...
M. Bédard: Ils sont déjà là.
M. Kehoe: Ce sont des employés permanents du
ministère de la Justice?
M. Bédard: II y en a déjà qui sont en place.
Il ne s'agit pas d'en nommer d'autres pour le moment, mais, comme je le disais
tout à l'heure, nous ferons l'évaluation avec les personnes en
place pour voir quels seraient les montants ou...
M. Kehoe: Est-ce que ce sont des employés permanents, des
avocats permanents au ministère de la Justice? Vous parlez de
traitements. Parlez-vous d'augmenter les traitements qu'ils reçoivent
actuellement, quand vous parlez de traitements et d'honoraires?
M. Bédard: Pour le moment, je suis un peu
embêté de répondre parce qu'on ne m'a pas fait les
représentations finales concernant les améliorations qui
pourraient être apportées. Même après ces
représentations, il y a des sous-questions qui seront acheminées
au niveau du Conseil du trésor, qui aura également son mot
à dire.
M. Kehoe: Les règlements seront adoptés sans que
l'Opposition ait l'occasion de se prononcer, comme toujours d'ailleurs.
M. Bédard: Bien oui.
M. Kehoe: Vous comprenez la position de l'Opposition. On vous
donne carte blanche de faire des règlements et on ne sait pas à
l'avance sur quelle base, sur quels critères. C'est pour cela que je
pose la question.
M. Bédard: C'est pour améliorer... (13 heures)
M. Kehoe: Ah oui, c'est toujours...
M. Bédard: ...les émoluments qui sont
présentement donnés.
M. Kehoe: Je me souviens que l'année passée,
à la dernière minute, lors d'une étude article par
article, il y avait certains articles dans la loi concernant les boissons
alcooliques. Vous m'avez répondu que c'était pour
améliorer; sur les conséquences en ce qui concerne le vin dans
les restaurants, vous aviez répondu que c'était une
amélioration. Mais, effectivement, on s'est aperçu par la suite
que les retombés étaient très draconiennes. Je ne veux pas
dire que c'est l'équivalent dans cela, mais je veux juste comprendre
l'affaire pour savoir un peu où on s'en va. Je pense que le ministre
lui-
même ne sait pas au juste où il s'en va avec cet
amendement.
M. Bédard: On m'a fait des représentations à
savoir que ce pouvoir de réglementation était ambigu et qu'il
fallait le préciser.
M. Kehoe: II est encore ambigu.
M. Bédard: Dans un premier temps, avec cet article nous
précisons le pouvoir réglementaire; ensuite, quand des
représentations nous seront faites, nous prendrons les décisions
qui s'imposent.
M. Kehoe: Cela sera moins ambigu. Ce sera ambigu, mais moins
ambigu.
M. Bédard: Sur le pouvoir? Le pouvoir ne sera plus
ambigu.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, il me semble que le ministre
confirme qu'on fait la modification de cette loi d'une façon
parcellaire. On va faire une modification cette semaine, une ou deux cette
semaine, on va en faire d'autres au mois de novembre ou au mois de
décembre quand on va refaire la Loi sur les coroners, si on la fait
cette année, si je peux m'en tenir aux promesses du ministre qui ne sont
pas toujours respectées. Je me demande pourquoi on ne fait pas en une
seule fois des modifications. Le ministre a répondu à mon
collègue de Chapleau qu'il ne sait même pas quand il va adopter
les règlements et ainsi de suite. C'est un autre fouillis dans les lois
du Québec, ce sont des modifications qui ne sont pas bien
planifiées ou intégrées avec d'autres modifications que le
ministre nous avait promises à la reprise de la session, au mois de
novembre.
Le Président (M. Desbiens): Avez-vous terminé?
Est-ce que l'article... M. le ministre.
M. Bédard: Le fouillis n'existe que dans la tête du
député de D'Arcy McGee, puisque l'article est très clair.
Tout ce qu'on nous dit, c'est qu'il faudrait peut-être attendre avant d'y
aller d'une révision totale. Je pense, moi, que, quand on peut faire une
amélioration dès maintenant, il ne faut pas s'empêcher de
la faire même si, effectivement, lorsqu'il y aura toute la réforme
concernant la loi des coroners, il y aura des ajustements en parallèle
à faire avec d'autres lois existantes, dont celle-là. C'est
tout.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Bédard: Cela ne mêle que le député
de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Kehoe: Je pense que le ministre non plus n'est pas sûr
du contenu de cet article. Vous l'avez admis vous-même.
M. Bédard: Le contenu est très facile, c'est le
pouvoir réglementaire. C'est toutl
M. Kehoe: Je sais, mais sur quoi allez-vous vous baser pour
déterminer les critères et tout le reste?
M. Bédard: C'est cela que je vous dis, nous allons le
baser sur le besoin des gens. Il s'agit de discuter par étapes.
Là, c'est le pouvoir réglementaire. Ensuite, quand on aura
à discuter du contenu de la réglementation, je pense qu'à
ce moment-là, cela sera le moment indiqué. Je ne peux quand
même pas discuter avec vous valablement d'une réglementation qui
n'est pas encore à terme au moment où on se parle.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. La commission
élue permanente de la justice suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 04)
(Reprise de la séance à 15 h 06)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de la justice reprend ses travaux.
Nous n'avions pas terminé l'étude du projet de loi 26, nous en
étions à l'article 45, Loi sur les infractions en matière
de boissons alcooliques.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, avant qu'on commence, à
la fin des travaux, ce matin, j'ai demandé au ministre s'il pouvait nous
fournir des statistiques sur les jugements. Non? Il n'y avait pas assez de
temps?
M. Bédard: Non, il n'y avait certainement pas assez de
temps.
M. Marx: Non?
M. Bédard: Lorsque j'aurai des éléments
en main, il me fera plaisir de les transmettre au député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: Puis-je avoir le nom, à votre ministère,
de...
M. Bédard: C'est mon nom. Prenez mon nom.
M. Marx: M. le ministre, vous n'avez pas le temps de faire...
M. Bédard: Moi, je sais à qui parler.
M. Marx: En ce qui concerne les prisons, les coroners, etc., vous
avez quand même le temps de chercher des statistiques. Bon.
M. Bédard: On a du temps pour tout. Quand on veut
s'occuper de choses importantes, on n'a pas le temps de s'occuper de toutes les
petites bébelles du député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 45. Est-ce
que l'article 45 est adopté?
M. Bédard: À l'article 45, M. le Président,
il s'agit d'une modification de concordance avec l'article 55 du projet de loi,
qui va venir plus loin. L'article 55 du projet de loi prévoit simplement
le transfert à la Sûreté du Québec ou à un
autre corps de police autorisé par le Procureur général
des pouvoirs d'enquêtes et d'inspection qui étaient exercés
par les inspecteurs-enquêteurs de la Régie des permis d'alcool
jusqu'au 1er avril dernier. J'ai indiqué dans le discours de
deuxième lecture que ceci ne représenterait aucun besoin
d'augmentation du personnel de la Sûreté du Québec qui est
réparti sur l'ensemble du territoire du Québec, mais au contraire
une économie de l'ordre de 1 500 000 $ par année.
Le Président (M. Desbiens): Adopté, M. le
député de Chapleau?
M. Kehoe: Je ne sais pas si vous voulez en discuter ici ou
à 47. C'est plutôt de la concordance. Un instant! 45, 46 et 47
vont pas mal ensemble, n'est-ce pas?
M. Bédard: Avec 55.
M. Kehoe: Ils seront effectivement classés... Quelles
seront les fonctions de ceux qui seront remplacés par la
Sûreté du Québec, les inspecteurs et les autres personnes
qui seront remplacés? Quel sera leur travail?
M. Bédard: Ils seront mis en disponibilité. J'ai
rencontré le président et il y en a déjà plusieurs
qui sont affectés à d'autres responsabilités.
M. Kehoe: Mais ils ne sont pas sur la tablette? Ils auront une
fonction quelconque à remplir.
M. Bédard: Oui, oui. Effectivement, d'ailleurs, M. le
président de la Régie des permis d'alcool a fait le
nécessaire de manière que ces personnes soient
relocalisées, que les analyses de leurs capacités, etc., soient
faites avec le plus de célérité possible, pour aussi tenir
compte de leurs désirs, des désirs exprimés par ces
personnes. Cela ne semble pas poser de problèmes. Il peut toujours y
avoir certaines exceptions parce que, au moment où je vous parle, tel
que je viens de le dire, depuis le 1er avril, déjà c'est en
opération et ça n'a pas créé de remous.
M. Kehoe: C'est un changement majeur. M. Bédard:
Exact.
M. Kehoe: II y a plusieurs personnes impliquées dans
ça?
M. Bédard: Environ 60 personnes.
M. Kehoe: Environ 60 personnes. Les syndicats ont-ils eu des
problèmes?
M. Bédard: Non, ils n'ont pas eu de problème,
aucunement.
M. Kehoe: Vous dites que la Sûreté du Québec
n'aura pas de charge additionnelle.
M. Bédard: Non, parce que...
M. Kehoe: II n'y aura pas d'autre argent qui sera
affecté.
M. Bédard: II n'y en aura pas d'autre qui sera
nécessaire. C'est donc un enrichissement de la tâche des agents de
la Sûreté du Québec qui, de toute façon, avaient
à faire la visite - c'est-à-dire concernant d'autres dispositions
de la loi -des débits. Donc, ce n'est pas plus difficile de faire les
deux choses en même temps.
M. Kehoe: Dans le passé, ils avaient une double
tâche. Les deux faisaient la même chose.
M. Bédard: Ils ne faisaient pas la même chose, sauf
que cela faisait deux visites nécessaires pour des objets
différents.
M. Kehoe: Pour différents objets.
M. Bédard: Sauf que maintenant on peut - en fait,
déjà les résultats sont là -
faire en sorte qu'il n'y ait qu'une personne cumulant les
différentes tâches, qui fasse l'ensemble du travail. Ce sera le
cas pour...
M. Kehoe: Effectivement, j'imagine que plus de personnel sera
requis. Lorsque c'est la Sûreté du Québec qui fait ces
visites, il y aura des rapports à faire à la suite de ces
visites. J'imagine que vous simplifiez l'affaire en disant que vous allez
épargner un montant de 1 000 000 $ sans pour autant avoir des
dépenses ou du personnel additionnel.
M. Bédard: Si vous me disiez à la fin que cela peut
être 1 200 000 $ plutôt que 1 500 000 $ ou quelque chose comme
cela, c'est sûr qu'il peut y avoir une certaine différence, sauf
que mes rencontres, tant avec le président de la Régie des permis
d'alcool qu'avec les autorités de la Sûreté du
Québec, sont toutes de nature à conclure qu'il y a
possibilité pour les agents de la Sûreté du Québec,
en même temps que le travail qu'ils faisaient au niveau des
débits, d'y ajouter le travail d'inspection qui était
dévolu jusqu'à maintenant aux inspecteurs de la régie sans
qu'il y ait nécessité d'adjonction de personnel. D'autant plus
que ces agents de la Sûreté du Québec vont travailler -
comme on le sait - en action policière 24 heures sur 24.
M. Kehoe: Cela prend beaucoup de temps pour percevoir cela.
Pourquoi cela ne s'est-il pas fait avant? C'est toujours la même chose.
Cela fait des années qu'il y a des dédoublements de tâches.
Il y a des inspecteurs qui vont dans ces établissements.
Il y a la Sûreté du Québec qui y va pour une autre
fin. Tout à coup, vous avez découvert qu'il y a un
dédoublement de tâches, c'est-à-dire de fonctions. Les
agents remplissent tous la même fonction. Vous pourrez couper 60
personnes comme cela d'un coup sec et épargner 1 000 000 $ par
année. Cela n'aurait pas pu être découvert auparavant?
M. Bédard: Écoutez, vous pourriez maintenant me le
demander. Je peux avoir au moins le mérite de l'avoir
découvert.
M. Kehoe: Je vous en félicite. Mais pourquoi pas avant,
puisque cela fait sept ans que vous êtes là, que la même
situation existe, j'imagine?
M. Bédard: C'est trop facile de dire sept ans. Je ne peux
pas tout contrôler. À chaque fois que quelqu'un dit sept ans, je
ne peux quand même pas amener sur la table...
M. Kehoe: Au dire de mon collègue, depuis sept ans, vous
n'avez pas corrigé grand-chose. Il dit toujours la
vérité.
M. Bédard: D'abord, il a perdu trois ans puisqu'il est
arrivé en 1979 pour commencer.
M. Kehoe: II vous critiquait avant. II vous surveillait depuis
sept ans.
M. Bédard: Deuxièmement...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que l'article 45 est adopté? M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pense que la
question aurait pu être posée à ceux qui m'ont
précédé également. Ce qui est important, c'est que
j'espère que je pourrai corriger toutes les erreurs
d'administration.
M. Kehoe: Ils ne sont plus là. C'est vous qui êtes
là à l'heure actuelle.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Donc, je suis là. Donc, l'erreur est
corrigée.
M. Kehoe: C'est pour cela que je vous pose la question. Je n'ai
pas de réponse.
M. Bédard: Oui, vous en avez une réponse, car on
corrige.
M. Kehoe: Vous prenez vos responsabilités. Je vous
félicite pour cela.
M. Bédard: Je ne peux pas corriger toutes les erreurs des
administrations précédentes.
M. Kehoe: Que vous avez commises.
M. Bédard: Des administrations
précédentes.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 45 est
adopté? M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Quelles sont les inspections qui étaient faites
par les inspecteurs qui ne seront pas faites par la Sûreté du
Québec?
M. Bédard: Tout va être fait par la
Sûreté du Québec.
M. Marx: Tout.
M. Bédard: Bien oui, c'est le but du projet.
M. Marx: Vous êtes sûr de cela?
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Par exemple, les inspecteurs
ont fait les inspections des lieux pour mesurer les grandeurs. Est-ce
que les policiers de la Sûreté du Québec vont aller avec
des règles pour mesurer les lieux et ainsi de suite?
M. Bédard: II faudrait faire attention aux inspections qui
relèvent d'autres ministères, du ministère du Travail et
tout cela, ou des municipalités. Je comprends...
M. Marx: Je pense qu'en toute honnêteté, il faut
dire - et je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, M. le ministre -qu'il y a
des inspections qui étaient faites depuis des années et qui ne
seront plus faites à l'avenir. Je sais que le président du
Conseil du trésor a pris la décision de couper le nombre
d'inspections qu'on fait au Québec et le nombre d'inspecteurs qu'on a au
Québec. Je comprends que vous faites des modifications
législatives qui s'imposent à partir de cette décision du
Conseil des ministres, mais il ne faut pas se leurrer et dire qu'on va faire
exactement les mêmes inspections. J'ai parlé aux inspecteurs. Je
n'ai pas tous les détails avec moi aujourd'hui, mais je sais qu'ils
faisaient toutes sortes d'inspections qu'on ne fera pas à la
Sûreté du Québec, et pour de bonnes raisons.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee peut
avoir son opinion. Maintenant, j'ai l'opinion contraire et ceci ne
représente pas la fin de certaines inspections qui étaient faites
auparavant. Je pense que toutes les inspections qui se faisaient auparavant
continueront de se faire, sauf qu'en très grande partie elles seront
assumées par la Sûreté du Québec. L'article 55
prévoit qu'un membre du personnel de la régie
désigné par le président ou, à la demande de la
régie, un membre de la Sûreté du Québec ou un membre
de corps de police autorisé à cette fin par le Procureur
général...
M. Marx: Juste deux petites questions pour terminer ce
débat. Premièrement, le ministre peut-il nous fournir la liste de
toutes les inspections qui étaient faites par ces inspecteurs?
Deuxièmement, le ministre n'est-il pas d'accord que cela coûtera
plus cher d'envoyer un policier, un membre de la Sûreté du
Québec faire des inspections que d'envoyer un inspecteur qui
reçoit à peu près la moitié du salaire d'un
policier?
M. Bédard: Je suis complètement en désaccord
avec l'affirmation du député de D'Arcy McGee. Lorsqu'on dit qu'il
y a possibilité d'une économie de 1 500 000 $ par année,
c'est parce qu'on en vient à la conclusion que cela va coûter
moins cher si ce travail est fait par les agents de la Sûreté du
Québec, puisque cela va s'incorporer dans un travail qu'ils font
déjà au niveau des débits de boisson. Le tout
représente, au bout du compte, un enrichissement de tâche et il ne
faut jamais oublier que les agents de la Sûreté du Québec
sont répartis sur l'ensemble du territoire du Québec. La
décentralisation est complètement faite dans ce cas. Auparavant,
on avait une équipe d'inspecteurs-enquêteurs qui étaient
ici à la commission et qui se déplaçaient selon les
besoins.
M. Marx: Québec et Montréal.
M. Bédard: Ce que nous serons en mesure de constater lors
des prochains crédits... Il est évident qu'au moment où on
se parle, je n'ai pas les chiffres nécessaires pour être en mesure
de dire très précisément, à la cenne près,
quelles vont être les épargnes ou même l'amélioration
du service que cela peut représenter. Je suis convaincu, par exemple,
que, lors de l'étude des prochains crédits, on sera en mesure,
après une année d'application, d'indiquer carrément les
résultats de l'application de cette mesure.
M. Marx: Merci, M. le ministre. J'aimerais vous demander de
répondre à ma première question, c'est-à-dire que
j'aimerais avoir la liste de toutes les inspections qui sont faites par ces
inspecteurs. Cela va me permettre de me préparer davantage pour
l'étude des crédits de l'an prochain.
M. Bédard: Si vous voulez vous préparer pour
l'étude des crédits, dans le règlement sur les
inspecteurs-enquêteurs des permis d'alcool, vous avez là
l'ensemble du contenu de leur mandat et de leur charge. Vous avez tout
cela.
M. Marx: Est-ce qu'y a d'autres charges qui sont
incorporées dans les directives administratives ou si tout est dans ce
règlement?
M. Bédard: Tout est là. M. Marx: Puis-je le
voir?
M. Bédard: On pourra vous en faire faire une copie.
M. Marx: Ce n'est pas un secret d'État, non?
M. Bédard: Non, on vous en fera faire une copie, cela me
fera plaisir et je vais vous envoyer d'autres études pour que vous
fassiez des rapports.
M. Marx: Faites-moi une copie. Mercil Le Président (M.
Desbiens): M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Juste une dernière question, M. le ministre,
pour autant que je suis concerné. Les inspecteurs qui seront
remplacés par la Sûreté du Québec n'avaient pas un
certain entraînement ou certaines qualifications pour faire cet ouvrage?
On a mentionné qu'ils mesuraient, mais il y avait beaucoup d'autres
choses que ces inspecteurs faisaient effectivement. Est-ce que les membres de
la Sûreté du Québec auront toutes les qualifications
requises pour remplir cette tâche?
M. Bédard: Certainement, je pense que, quand on...
M. Kehoe: Non, mais quelles sortes d'inspection la
Sûreté du Québec va-t-elle faire maintenant? Remplacer tout
ce que les inspecteurs faisaient auparavant?
M. Bédard: Pour ce qui est des personnes qui sont dans les
bars, il ne faut pas oublier que la Sûreté du Québec a
déjà une expérience dans le domaine avec l'escouade sur la
moralité et également sur l'alcool, elle est au courant de ce qui
en retourne. Nous ne voyons vraiment pas de difficulté. Après
appréciation de la part des autorités de la Sûreté
du Québec, cela ne posait vraiment pas de problème de formation
additionnelle pour les membres de la Sûreté du Québec pour
faire ce travail.
Le Président (M. Desbiens): L'article 45 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: Les articles 45, 46 et 47, c'est la même
chose?
M. Bédard: C'est la même chose.
Le Président (M. Desbiens): L'article 45 est
adopté. L'article 46 est adopté et l'article 47 est
adopté. La Loi sur les permis d'alcool, article 48.
M. Bédard: L'article 48, M. le Président, vise
à faciliter pour les immigrants l'obtention d'un permis d'alcool en y
supprimant l'obligation pour eux de résider légalement au
Québec depuis au moins un an. De nombreuses représentations nous
ont été faites voulant que cette obligation de résidence
durant au moins un an au Québec qu'on imposait aux immigrants
était de nature à leur compliquer énormément la
vie, d'autant plus que beaucoup de ces immigrants, comme on le sait, sont
souvent intéressés dans tout ce qu'on appelle le domaine de la
restauration, l'hôtellerie, etc. Nous croyons qu'à partir du
moment où, au ministère de l'Immigration, il y a tous les
renseignements qui peuvent être nécessaires dans le cadre de
l'application de la loi avant qu'un permis soit octroyé à un
citoyen qui réside depuis toujours, il y a là suffisamment
d'information pour prendre une décision rapide pour les immigrants sans
leur imposer cette condition d'un an de résidence au Québec.
Le Président (M. Desbiens): Vous pouvez continuer. Vous
avez terminé sur la question?
M. Kehoe: Non, j'aurai une question après.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, on voit ici une autre fois une
politique parcellaire du ministre, c'est-à-dire que le problème
ici, c'est la citoyenneté. Il y a une loi qui exige la
citoyenneté pour que quelqu'un puisse gagner sa vie. Pour être
propriétaire d'une épicerie où on a un permis d'alcool, il
faut qu'on soit citoyen canadien, ce qui n'a pas de sens. Mais il ne faut pas
oublier qu'il y a d'autres lois où on exige la citoyenneté
québécoise pour exercer une profession ou un métier. Si on
est prêt à étudier cette question, il faut la régler
une fois pour toutes dans toutes les lois et ne pas seulement toucher la Loi
sur les permis d'alcool. Par exemple, est-il nécessaire aujourd'hui
d'exiger qu'un avocat soit citoyen canadien? Il faut se rappeler que la Cour
suprême des États-Unis a déjà dit que c'est
inconstitutionnel d'exiger la citoyenneté américaine pour
quelqu'un qui aimerait pratiquer le droit. C'est pourquoi nous avons beaucoup
de Québécois qui sont membres du barreau de la Floride. Ils ne
sont pas citoyens américains et je vois sur certains en-têtes
qu'ils sont membres du barreau de la Floride et membres du barreau du
Québec. J'imagine qu'ils ont gardé leur citoyenneté
canadienne et qu'ils ne sont pas citoyens américains.
Si on est prêt à traiter de cette question - je pense que
cela mérite d'être étudié en profondeur et qu'on
règle le problème dans toutes les lois - j'aimerais demander au
ministre pourquoi ne pas élaborer une politique pour toutes les lois, au
moins pour les lois qui sont sous l'administration du ministère de la
Justice. Par exemple, je pense que la loi sur les détectives
privés est de la compétence du ministre de la Justice et qu'il
faut être citoyen canadien pour exercer cette profession. Si on est
prêt à régler cette question dans la Loi sur les permis
d'alcool, je pense que c'est le temps de faire les modifications dans les
autres lois, le cas échéant.
M. Bédard: Je ne crois pas que le député de
D'Arcy McGee soit très sérieux. Le sujet qu'il soulève est
sérieux. Effectivement, il faudrait que globalement nous regardions
toutes les lois et ceci se fera sûrement à la lumière de
l'étude globale qui sera nécessaire face à l'application
de la Charte des droits et libertés de la personne à l'avenir.
Maintenant, je pense bien que ce n'est pas de la mauvaise législation,
loin de là. Ce n'est pas parce qu'on ne règle pas tous les
problèmes qu'on doit s'abstenir d'en régler un qu'il est possible
de régler dans une loi particulière dont j'ai l'administration,
à savoir la Loi sur les permis d'alcool. Si cela devait donner une sorte
de direction à prendre vers une étude plus globale de ce
même genre de problème qu'on retrouve dans d'autres lois comme la
loi sur les professions, ce serait tant mieux. Mais, comme nous ne sommes
pas... enfin, comme le gouvernement n'est pas prêt à
procéder à un amendement d'ordre général qui serait
applicable dans toutes les situations légales, je crois qu'il faut faire
ce que nous faisons présentement, à savoir corriger la situation,
pour autant que nous croyons que c'est indiqué de le faire; par
certaines dispositions, améliorer la situation.
M. Marx: M. le Président, je conviens que c'est du
"patchage", mais c'est du bon "patchage". Je n'ai pas d'objection à ce
qu'on adopte cette disposition, mais cela devient un ministère de
"patchage". Il n'y a pas de politique cohérente pour toucher à
tout. Si on touche ici et là, c'est "bits and bites".
M. Bédard: ...
M. Marx: Je n'ai pas terminé.
M. Bédard: Excusez.
M. Marx: Je suis tout à fait en faveur de cette
modification, mais, si on fait des modifications semblables, il faut le faire
d'une façon cohérente pour toucher à toutes les lois qui
incorporent de tels empêchements parce que, dans beaucoup d'autres lois,
cela n'a pas de bon sens d'exiger que quelqu'un soit citoyen canadien. Le
ministre vient de dire que cela n'a pas de bon sens que cela existe dans cette
Loi sur les permis d'alcool, mais il y a d'autres lois où cela n'a pas
de bon sens et j'imagine que le... Je ne sais pas pourquoi on attendrait une
autre année, deux ans, cinq ans avant de faire ces corrections. On sera
prêt à voter pour cela après que le député de
Chapleau aura posé une question.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. (15 h 30)
M. Bédard: Le député de D'arcy McGee
conviendra que ce n'est pas la même situation. On n'a pas toujours
affaire au même problème. Quand on parle des professions et de
l'obligation de résidence ou de citoyenneté qui est faite, ce
n'est pas le même problème que celui auquel nous faisons face. Ce
qui avait amené le législateur à exiger une
résidence aux immigrants avant de leur octroyer des permis,
c'était la préoccupation du législateur de voir quelles
étaient les habitudes de ces personnes. On sait quelles sont les autres
conditions qui sont attachées avant qu'un permis soit octroyé.
Comme quelqu'un vient tout juste d'arriver, il avait la nécessité
de savoir exactement quelle était cette personne-là. Je crois que
toutes ces raisons qui ont été mentionnées ne sont pas
suffisantes pour nous amener à faire durer, c'est-à-dire à
ce que persiste cette condition imposée aux immigrants avant de pouvoir
obtenir un permis. Le législateur précédent n'était
pas nous. Ce sont d'autres gouvernements qui avaient...
M. Marx: Vous êtes à l'image de votre
gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole? Est-ce que le député de D'Arcy McGee...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Bédard: C'est d'autant plus grave si c'était le
régime Duplessis qui avait mis cela, qui avait fait adopter une telle
législation. À moins que mon souvenir politique ne soit
erroné, à la suite de Duplessis, il y a eu quand même six
ou sept ans de régime libéral. Si c'était...
M. Marx: Heureusement.
M. Bédard: Sept ans n'ont pas été assez pour
corriger toutes les erreurs du précédent. Vous comprenez que je
ne peux pas corriger toutes vos erreurs, moi non plus, depuis sept ans. M. le
Président, je pense...
M. Kehoe: En sept ans, voyons donc! M. Marx: C'est...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Bédard: Comme il faut que le député de
D'Arcy McGee trouve le moyen de chialer mais d'être d'accord, alors
soyons d'accord!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, je ne chiale pas, je pose une question.
Vous dites dans l'article 48: le remplacement du premier alinéa par le
suivant. Est-ce que le deuxième alinéa de l'article 36 demeure?
C'est juste pour une explication. Elle doit de plus avoir purgé sa
peine, si c'est pour plus de cinq ans. Je vois mal quand elle peut avoir... Si
elle n'avait pas purgé sa peine, soit que la personne soit en prison,
soit que la cause soit en appel ou soit qu'elle se soit évadée.
Je me demande quel sens on peut donner à cela. Je ne sais pas si je
comprends mal le deuxième paragraphe, mais c'est juste pour mon
information personnelle.
M. Bédard: Une personne peut facilement être en
surveillance obligatoire par suite du jeu de la réduction de peine
méritée pour une bonne conduite en établissement. Elle
est, à ce moment-là...
M. Kehoe: Les seules circonstances prévues par cela sont
la probation ou la libération conditionnelle ou...
M. Bédard: Ou la surveillance obligatoire.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 48 est
adopté? Adopté. Article 49?
M. Bédard: Cet article, M. le Président, a trait
aux détenteurs de permis qui n'ont pas demandé le renouvellement
de leur permis. Il modifie le délai dans lequel ils peuvent
remédier à ce défaut afin d'éviter qu'ils ne
perdent des droits par une application trop stricte de la loi. Je pense que
cela s'impose, effectivement.
Le Président (M. Desbiens): L'article 49 est
adopté?
M. Bédard: Parce que cela les obligeait ensuite à
faire...
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 50?
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre au
nouveau propriétaire ou locateur d'un établissement qui demande
un permis d'exploiter le permis de l'ancien propriétaire en attendant
qu'il obtienne le sien. Je pense aussi que cette disposition s'imposait parce
qu'il y a plusieurs transactions qui devenaient extrêmement difficiles
à conclure étant donné que le futur acquéreur ne
pouvait pas opérer avec le permis du vendeur éventuel. Ceci
pouvait, dans certaines circonstances, vouloir dire la fermeture
momentanée de l'établissement, des personnes qui étaient
mises à pied. Je pense que ceci représente une
amélioration très importante non seulement au niveau des
possibilités de commercer, mais également pour les personnes
employées qui travaillent dans ce secteur de l'activité
économique.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pense que l'article est
intéressant parce qu'on assistait toujours à des
opérations illégales. Il fallait rédiger un acte.
Cependant, il y aurait peut-être lieu de modifier un peu le texte. On
parle spécifiquement d'une promesse de vente ou de location. Il y aurait
peut-être lieu d'ajouter une vente avec une condition suspensive, ce qui
se fait assez régulièrement. On n'est pas obligé de
recommencer l'acte. Quand vous parlez d'aliénation, il faudrait
peut-être parler de dation en paiement. Aliénation, cela veut dire
une aliénation volontaire.
M. Bédard: On l'a dans la dernière ligne.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais, si je comprends bien, vous
parliez d'aliénation. Cela veut dire quoi, cela? Il y a
l'aliénation forcée; quand on ne remplit plus ses obligations, on
aliène, tandis que, dans l'autre cas, c'est en vertu d'un jugement, si
je comprends bien.
M. Bédard: Dans la ligne qui suit, on retrouve la reprise
de possession de l'établissement à la suite de l'exécution
d'une clause de dation en paiement ou d'une autre convention similaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je comprends cela, mais: "de
l'aliénation de l'établissement ou de la reprise", que
voulez-vous dire? Je ne comprends pas. De l'aliénation, cela veut dire
de la part du propriétaire vis-à-vis du créancier? Est-ce
une aliénation simplement? Est-ce une vente? Parce que vous dites: ou de
la reprise à la suite... La dation en paiement s'applique-t-elle
à l'alinéation et à la reprise?
M. Bédard: Non, elle s'applique seulement à la
reprise. C'est simplement une série de possibilités. Le mot "ou"
est disjonctif; il énonce l'ensemble des situations dans lesquelles
l'article peut s'appliquer.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, lorsque vous parlez
d'aliénation, c'est donc une vente pure et simple. Pourrait-elle
être pure et simple sans condition suspensive?
M. Bédard: Elle peut être conditionnelle. Une vente
couvre la préoccupation que vous avez.
M. Leduc (Saint-Laurent): De l'aliéna-
tion de l'établissement.
M. Bédard: Ou encore de la reprise. C'est une situation
complètement distincte: de la reprise de possession à la suite
d'une exécution d'une clause de dation en paiement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si cela couvre également la
vente sous condition suspensive... On procédait toujours en vertu d'une
vente sous condition suspensive. C'était illégal, parce que,
évidemment, si on continuait d'opérer, le permis n'avait pas
été transféré encore. En fait, le sens, c'est de
permettre au futur acquéreur d'opérer avec le permis...
M. Bédard: Avec le permis.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire qu'il doit faire la
demande dans les 60 jours.
M. Bédard: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Et cela sera rétroactif à
compter de la demande?
M. Bédard: C'est cela. Ah oui!
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce qui n'est pas dit.
M. Bédard: Cela n'a même pas besoin d'être
rétroactif, c'est permis. Le nouvel acquéreur peut opérer
avec le permis de l'ancien propriétaire...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas ce que l'article dit.
M. Bédard: Oui, c'est ce que l'article dit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Peut autoriser.
M. Bédard: Ensuite, il va y avoir une demande en
même temps qui, par la force des choses, sera faite à la
régie qui se donne un certain délai pour faire
l'évaluation, afin de prendre une décision si ce permis est
octroyé d'une façon définitive au nouvel acquéreur.
Autrement dit, le nouvel acquéreur est traité sur le même
pied que tous les autres citoyens lorsqu'il s'agit de la décision
définitive concernant le permis. En même temps, on tient compte de
la situation particulière qui fait qu'il est acquéreur d'un
établissement qui a déjà un permis. Donc, c'est pour
couvrir cette période transitoire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Combien cela peut-il prendre de temps?
En fait, quel est le délai pour rendre la décision? Il va encore
opérer d'une façon illégale.
M. Bédard: Non, non, il n'opère pas d'une
façon illégale, la loi le permet.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais on dit: La régie peut
également autoriser...
M. Bédard: Mais oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Tant qu'elle n'a pas autorisé,
on n'a pas le droit. Je sais lire.
M. Bédard: Non, non, ce sont des décisions qui sont
prises rapidement. C'est d'urgence.
M, Leduc (Saint-Laurent): II va y avoir un laps de temps pendant
lequel on n'aura pas de permis. Êtes-vous d'accord là-dessus? Il
faudrait peut-être dire: avec un effet rétroactif, à la
date de...
M. Bédard: On signe un contrat et après il sera
indiqué quand...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous signez le contrat aujourd'hui.
Alors, vous faites une demande. Cela prend quoi? Au moins une semaine, dix
jours. Alors, on va opérer encore sans permis, illégalement.
Quant à corriger...
M. Bédard: Là, il n'y a rien qui empêche
qu'on fasse des démarches avant auprès de la régie pour
avoir l'autorisation immédiate.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites: "...de la signature d'une
promesse de vente..." Je pense que votre article ne réglera pas
complètement le problème.
M. Marx: Ce serait bien la façon d'agir du ministre.
M. Bédard: II ne faudrait pas mélanger...
Enfin!
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais je veux être bien
certain. Je pense que l'article est intéressant, je vous l'ai dit. En
fait, tous les gens opéraient illégalement. Alors, si on veut
rendre l'opération légale, je suis parfaitement d'accord, mais
qu'on prenne les moyens et qu'on se donne l'instrument adéquat.
M. Marx: Le ministre veut laisser quelque chose à corriger
pour la prochaine session.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M.
Bédard: Vous ne comprenez
absolument rien à la loi, M. le député de D'Arcy
McGee. Vous n'avez même pas été capable d'en parler en
deuxième lecture...
M. Marx: On va corriger les coquilles bientôt.
M. Bédard: ...alors, laissez parler les grandes
personnes.
M. Marx: On va corriger les coquilles à la prochaine
session, comme on l'a fait chaque année...
M. Leduc (Saint-Laurent): Parce que c'est absolument impensable
qu'on empêche la personne qui va vraiment se porter acquéreur...
C'est ce qu'on vivait quotidiennement. C'est toujours illégal. Il
faudrait peut-être dire: Avec effet rétroactif à compter de
la prise de possession ou de l'occupation. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bédard: C'est que, si on lit attentivement l'article,
on s'aperçoit que, en fait, on peut... On est sur le point de conclure
une transaction. On est intéressé à acheter un
débit de boissons. À ce moment-là, on fait une demande
à la régie pour être autorisé à exploiter
sous l'ancien permis pourvu que, dans les 60 jours, on présente une
demande de permis à son nom.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous ne pensez pas que, à ce
moment-là, n'importe qui fera des demandes? Vous ne pourrez
sûrement pas rendre une décision sur un appel
téléphonique. Quelqu'un qui a décidé...
M. Bédard: Non, mais on le fera concorder avec le
dépât de documents.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pense qu'il faut que le document
soit produit.
M. Bédard: Mais oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais, dès qu'il est produit, je
veux savoir ce qui se produit.
M. Bédard: Regardez, si je dis que je veux acheter le 15
mai un établissement, par exemple, je peux facilement, le 12 mai, faire
une demande à la régie en disant que, le 15 mai,
j'achèterai l'établissement. Je vais fournir mon contrat pour le
15 mai et demander à être autorisé dès le 15
mai...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous allez commencer...
M. Bédard: ... pour autant que je produis, dans les 60
jours, une demande de permis à mon nom.
M. Leduc (Saint-Laurent): À mon sens, non. Vous ne pourrez
pas, sur un appel téléphonique disant: J'ai l'intention
d'acheter...
M. Bédard: Ce n'est pas sur un appel
téléphonique. Il faudra que la régie ait connaissance du
contrat éventuel à signer. Si quelqu'un veut faire des
transactions de cette importance, si ces personnes ne sont plus capables de
faire une petite démarche auprès de la régie pour
l'informer que, dans quelques jours, elles se porteront acquéreurs, donc
qu'elles demandent l'autorisation pour continuer d'exercer le permis... C'est
un minimum.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que... M. Bédard:
C'est la seule formalité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi, en tout cas, comme
ministère, je ne m'occuperais sûrement pas de cette demande qui
est absolument informelle. On essaie. On dit: J'achèterai
peut-être. Je ne suis pas certain.
M. Bédard: Non, mais il y a une régie...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pense que... De dire: J'ai l'acte,
cela, c'est sérieux. Il y a un acte. Je demanderais des écrits,
c'est définitif. Vous ne pourrez sûrement pas fonctionner
autrement. Dès que vous avez l'écrit... Je ne pense pas, lorsque
quelqu'un manifestera une intention, que vous allez vous précipiter et
dire: II achètera peut-être. Parce que, dans la plupart des cas,
il n'achètera pas. Au point de vue pratique, c'est évident, vous
devez exiger un écrit. À mon sens, c'est capital.
M. Bédard: Cela semble évident. Ce n'est même
pas nécessaire de l'indiquer dans...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je viens de vous apporter
l'écrit aujourd'hui. Je ne veux affecter le commerce d'aucune
façon. Alors, je veux bien que te permis continue aujourd'hui, demain et
jusqu'à ce que la décision soit rendue. Que se produit-il? Est-ce
que c'est encore illégal comme auparavant?
M. Bédard: Comme c'est une décision rapide, sur vue
des pièces, si vous l'apportez aujourd'hui à la régie, si
vous portez à la connaissance de la régie un contrat qui indique
que, dans quelques jours, vous vous porterez acquéreur de tel
établissement qui a tel permis, donc, que vous voulez exercer les
privilèges que donne ce permis, en donnant l'assurance que, dans les 60
jours, vous ferez une demande officielle, tel que le demande
la loi, à ce moment-là, vous avez votre permis
automatiquement. Vous l'avez au bon moment, au moment même du transfert
et de la signature.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous êtes prêt à
considérer des demandes par écrit sans aucune preuve qu'on se
portera acquéreur, je suis parfaitement d'accord. Cela me va. Mais je ne
le ferais pas, si j'étais à votre place.
M. Bédard: Franchement, il faudrait quand même
être sérieux. On dit: La régie peut...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis très sérieux.
M. Bédard: Si vous êtes sérieux, voici.
L'article dit: La régie peut - pas n'importe comment - sur production
des documents pertinents qu'elle peut exiger et sur paiement du droit prescrit
par règlement, autoriser temporairement. Franchement, tout est
là.
M. Leduc (Saint-Laurent): "Autoriser temporairement une personne
autre que le détenteur à exploiter...". Je ne lis pas cela.
M. Bédard: La régie peut, sur production des
documents pertinents. Ce n'est pas quelque chose...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est le premier alinéa, ce
n'est pas cela qui nous concerne.
M. Bédard: Quel....
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est l'autre article qu'on
ajoutera.
M. Bédard: "La régie peut également, aux
mêmes conditions..."
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est cela qui nous concerne.
M. Bédard: C'est-à-dire sur production des
documents pertinents qu'elle peut exiger et sur paiement du droit prescrit par
règlement, autoriser temporairement...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous êtes certain qu'il n'y aura
pas de délais durant lesquels...
M. Bédard: Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis certain qu'il y en aura. Je
sais lire. (15 h 45)
M. Marx: On va encore corriger cela l'an prochain?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah oui, on va être obligé
de corriger cela, c'est officiel. Je le répète, l'article est
excellent. On veut corriger un trou et on ne le corrige pas.
M. Marx: Vous savez qu'il y a des lois qu'on a modifiées
55 fois par année.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, M. le
député de
Darcy McGee! La parole est au député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous ne comprenez pas?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous allez demander quoi pour
émettre le permis temporaire? C'est cela que je veux savoir.
M. Bédard: On va demander le contrat. Je viens de vous
l'expliquer.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah! Vous allez demander le contrat?
M. Bédard: On va demander le contrat à être
signé, ce qui est en train d'être acheté, les documents
pertinents. Vous arrivez aujourd'hui devant la régie en disant que vous
voulez acquérir tel immeuble et obtenir l'autorisation temporaire
d'exercer les privilèges du permis jusqu'à ce que vous fassiez
votre demande officielle. La régie va dire: Si vous êtes
sérieux, donnez-nous les contrats que vous êtes susceptibles de
vouloir signer et elle va les exiger.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous allez commencer les
démarches avant?
M. Bédard: Bien oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Même sur simple lettre, dans 80%
des cas, cela ne se produira pas, on n'achètera pas. On connaît
cela des promesses de vente, ou des intentions. On vit cela, nous, tous les
jours. Vous ne le vivez peut-être pas. Mais les gens qui veulent acheter
quelque chose, qui veulent faire des transactions, on voit cela tous les jours.
Combien y en a-t-il qui sont complétées, par exemple... Non, je
pense que non. C'est vrai cela.
M. Bédard: Non, je ne vous dis pas que vous n'avez pas
raison.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous êtes prêt à
simplement considérer une lettre, moi, je suis d'accord. Alors,
parfait.
M. Bédard: Ce n'est pas une lettre.
M. Leduc (Saint-Laurent): À ce moment-là, on va
indiquer à nos clients qui se proposent d'acquérir quelque chose:
Oui, faites une demande tout de suite, envoyez une lettre d'intention et
là, on va commencer à regarder votre cas. On va émettre le
permis lorsque vous allez signer un document officiel. Si c'est cela...
M. Bédard: C'est beaucoup plus prudent comme cela. Il va
falloir que les conditions de la lettre se réalisent pour que la
personne puisse profiter d'une autorisation temporaire.
M. Leduc (Saint-Laurent); Je regarde simplement les promesses
qu'on fait pour obtenir des hypothèques. Les institutions disent: Un
instant, les transactions par téléphone, on ne veut rien savoir
de cela. On veut un écrit, une promesse de vente signée. Est-ce
que vous allez demander la même chose?
M. Bédard: Bien oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): On ne veut pas travailler à des
dossiers, nous, qui ne se concrétiseront pas, et c'est absolument
logique.
M. Bédard: Écoutez, on ne voulait quand même
pas dans l'article commencer à énumérer tout ce que
devaient être les documents pertinents. Je pense qu'à partir du
moment où on inscrit que la régie peut, sur production des
documents pertinents qu'elle peut exiger et sur paiement du droit prescrit par
règlement...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pertinents. Vous dites: Sur signature
d'une promesse de vente. Cela veut donc dire que vous devez voir la promesse de
vente, vous devez voir l'acte. C'est cela qui est dit ici.
M. Bédard: Non, ce n'est pas cela. Écoutez...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas cela. Si ce n'est pas
cela, dites-le.
M. Bédard: Non, si vous prenez le deuxième
paragraphe: "La Régie peut également, aux mêmes
conditions..." Les conditions sont exprimées au début de
l'article 79.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si cette personne produit une demande
de la signature. Je sais lire.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Nous sommes prêts à adopter cet article,
même s'il n'est pas à notre goût...
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division?
M. Leduc (Saint-Laurent): L'article est excellent... Il n'est pas
bon, mais l'intention est bonne.
M. Marx: Non, mais j'aimerais souligner qu'en 1982 il y a
beaucoup de lois qu'on a modifiées 55, 30, 40 fois durant
l'année. Il y a même des articles qu'on a modifiés dix fois
pendant l'année. Voilà. Cela pourrait être le prochain
exemple, et le ministre n'a pas d'hésitation à le faire. Donc,
s'il y a une coquille qui survient, si l'article ne corrige pas tout le
problème, on va revenir à la prochaine session étant
donné que les bills omnibus reviennent chaque session, quoique d'autres
lois de fond reviennent rarement.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je ne perdrai plus de temps à relever
les affirmations complètement erronées du député de
D'Arcy McGee. Qu'il nous trouve donc un exemple d'un article qui a
été modifié dix fois dans une année. Donnez-m'en
un, un exemple.
M. Marx: Peut-on suspendre la séance? Je vais chercher les
études...
M. Bédard: Bon, alors, si je comprends bien, vous parlez
à travers votre chapeau, sans étudier...
M. Marx: Je vais chercher...
M. Bédard: ...sans savoir ce dont vous parlez?
M. Marx: L'étude, donc...
M. Bédard: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
ministre.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee vient
de faire la meilleure illustration de sa manière de faire l'opposition
en faisant toutes sortes d'affirmations qui n'ont aucun fondement.
M. Marx: Je vais chercher...
M. Bédard: De temps en temps, ledéputé de D'Arcy McGee dit qu'il y a trop
de lois et il fait la moitié de son discours là-dessus.
L'autre moitié porte sur le fait qu'il n'y a pas assez de lois. Quand il
sera branché, on continuera la discussion.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 50 est
adopté? Adopté. Article 51?
M. Leduc (Saint-Laurent): En tout cas, il semble
amélioré. On ne peut pas être contre.
M. Bédard: L'article 51 précise la portée de
l'article 82 afin d'indiquer expressément que l'autorisation de changer
le lieu d'exploitation d'un permis s'applique aussi dans le cas d'un changement
d'endroit à l'intérieur de l'établisssement.
M. Kehoe: Quel est le but de cet article?
M. Bédard: Cet article a pour but de dissiper une
ambiguïté. En effet, en vertu de l'article 47, la régie
indique sur le permis dans quelle pièce ou sur quelle terrasse le permis
est exploité. Il est donc normal de conclure que tout changement
à cet égard doit être autorisé par la régie.
Cependant, l'article 47 édicté aussi que la régie indique
sur le permis l'endroit où est situé l'établissement. Or,
comme l'article 82 ne parle que de l'endroit où est exploité un
permis, il est possible de conclure que l'article 82 ne couvre pas un
changement de pièce ou de terrasse à l'intérieur d'un
même établissement, d'où l'ambiguïté que la
modification proposée a pour but de résoudre.
Le Président (M. Desbiens): Article 51, adopté.
Article 52?
M. Bédard: Cet article...
M. Marx: Un instant.
Le Président (M. Desbiens): Article 51?
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Article 51, adopté.
Article 52?
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre à
la régie de révoquer ou de suspendre un permis de club lorsque
son détenteur ne satisfait plus à l'une des conditions
prévues par règlement concernant l'obtention de ce permis. Cette
modification va ojans le même sens que les paragraphes 2 à 7 de
l'article 86 qui prévoient que le fait de cesser de satisfaire à
une condition d'obtention d'un permis peut en entraîner la
révocation ou la suspension.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 52 est
adopté? Adopté.
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: Un instant. Un détenteur de permis de club ne
satisfait plus à l'une des conditions relatives... D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Article 52, adopté.
Article 53?
M. Bédard: Article 53. En vertu de cet article, un
détenteur de permis qui décide de cesser d'exploiter son permis
se verra rembourser la partie des droits qu'il a payés à l'avance
et qui correspond à la période où le permis ne sera pas
exploité à la suite de sa révocation. Il me semble que
c'est une élémentaire justice.
M. Kehoe: ...
M. Bédard: C'est surprenant que des législateurs
précédents aient fait adopter une situation qu'il faut
aujourd'hui corriger encore une fois.
M. Kehoe: ...adopté avant. Cela fait longtemps...
M. Marx: J'aimerais féliciter le ministre pour sa grande
réforme de l'année.
M. Bédard: Merci.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 53 est
adopté?
M. Bédard: À chaque article que nous faisons
adopter, il y a des réformes.
M. Marx: C'est sa grande réforme de l'année.
M. Bédard: J'ai abandonné l'idée de
réformer le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Cela suit ses promesses.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 53 est
adopté? Adopté. Article 54?
M. Bédard: L'article 54 a pour objet de permettre au
détenteur de permis, dont le permis a été
révoqué parce qu'il a fait défaut de demander le
renouvellement de son permis, de demander un nouveau permis sans avoir à
se soumettre aux formalités de publicité relatives aux demandes
de permis, si le permis demandé est de la même catégorie
que celui qui était exploité et s'il n'y a pas de demande
additionnelle. Je pense que c'est comme le dit le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): II est bon car l'autre était
mauvais.
M. Bédard: D'abord que vous ne reviendrez pas toujours sur
le mauvais!
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous allez avoir encore un délai
ou ils vont opérer illégalement.
M. Marx: Par hasard...
M. Bédard: Ceci clarifie la situation. Cela
représentait des tracasseries administratives énormes pour
quelqu'un qui avait fait défaut.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 54 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. À
l'article 55, il y a un amendement. Remplacer les quatre dernières
lignes de l'article 55 par les suivantes: "par les mots "Un membre du personnel
de la Régie désigné par le président ou, à
la demande de la Régie, un membre d'un corps de police autorisé
à cette fin par le Procureur général ou un membre de la
Sûreté du Québec."
M. Bédard: C'est d'ordre technique. Cela vient tout
simplement prévenir une ambiguïté possible. Il
déplace les mots "un membre de la Sûreté du Québec"
de façon qu'il soit clair que les mots "autorisé à cette
fin par le Procureur général" ne s'appliquent qu'au corps de
police autre que la Sûreté du Québec.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Un instant. À l'article 55,
pourquoi parlez-vous d'un membre du personnel? Qu'est-ce que cela veut dire?
J'essaie de comprendre. "Un inspecteur ou un enquêteur de la
régie" par les mots "Un membre du personnel de la régie."
M. Bédard: On me fait remarquer qu'à l'occasion
d'audiences devant la régie, il peut y avoir certains
éléments qui doivent faire l'objet de vérification. C'est
pour qu'il y ait toujours la possibilité, à ce moment-là,
d'envoyer quelqu'un d'autorisé par le président de la
régie pour faire les vérifications nécessaires.
M. Leduc (Saint-Laurent): II ne s'agit plus d'un inspecteur, d'un
enquêteur.
M. Bédard: Effectivement, pour ne pas compliquer les
choses outre mesure.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais poser une question au ministre. En vertu de
cet article, pour pénétrer dans l'établissement et dans
ses dépendances, en faire l'inspection et ainsi de suite, est-ce
nécessaire d'avoir un mandat de perquisition ou si une de ces personnes
peut entrer sans mandat de perquisition et fouiller partout, chercher des
choses, le cas échéant? C'est M. Létourneau qui
parle...
Le Président (M. Desbiens): Au nom du ministre.
M. Marx: ... au nom du ministre. J'aimerais, pour le journal des
Débats, que la personne qui parle soit identifiée même si
elle parle au nom du ministre. Je pense que c'est plus clair pour ceux qui
lisent les Débats.
M. Bédard: M. Létourneau.
Il s'agit ici d'un pouvoir d'inspection qui n'est pas un pouvoir de
perquisition traditionnel nécessitant une autorisation judiciaire
préalable. C'est un pouvoir d'inspection qui se fait dans les lieux
d'affaires, par opposition à un pouvoir de perquisition qui peut
s'exercer dans une maison d'habitation. Ici, il doit s'exercer durant les
heures d'ouverture de l'établissement. Ce n'est pas un pouvoir de
perquisition qui nécessite un mandat, mais plutôt un pouvoir
d'inspection sans mandat.
M. Marx: Un membre du personnel de la régie peut, durant
les heures d'ouverture d'un établissement, pénétrer dans
un établissement et décider d'en faire l'inspection. Il peut
aller n'importe où.
M. Bédard: Comme le faisaient les inspecteurs, les
enquêteurs qu'il y avait auparavant. Cela n'a jamais causé de
problème.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 55
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article
56?
M. Bédard: Concordance. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 57?
M. Bédard: II s'agit également d'une modification
de concordance avec l'article 55.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 58?
M. Bédard: Cet article étend à tout
détenteur d'un permis pour consommation sur place la possibilité
d'obtenir un permis de réunion alors que, présentement, les seuls
détenteurs de permis qui pouvaient obtenir un permis de réunion
étaient ceux qui exploitaient leur permis dans un établissement
hôtelier. C'est ce que j'ai expliqué. Il ne faudrait quand
même pas reprendre le discours de deuxième lecture. Ce qui arrive,
c'est que beaucoup d'amendements ont été apportés à
certaines lois de telle façon qu'auparavant, c'était clair que le
mot "hôtelier" comprenait le mot "restaurateur". Or, qu'au fur et
à mesure des amendements aux lois, il ne devenait pas aussi clair que le
restaurateur, en fait, pouvait être assimilé à
l'hôtelier et, donc, profiter des avantages possibles des permis de
réunion qui sont octroyés par cet article. J'ai rencontré
les représentants de l'Association des restaurateurs du Québec.
Ils ont porté à notre connaissance l'opportunité de
préciser la situation.
Le Président (M. Desbiens): L'article 58 est-il
adopté? Adopté.
Loi sur la probation et sur les établissements de
détention. L'article 59. (16 heures)
M. Bédard: Cet article permettra le dépôt du
solde de rémunération due à toutes les personnes
détenues dans un seul compte d'épargne détenu en la
fidéicommis, au lieu de le déposer dans autant de comptes qu'il y
a de personnes détenues dans un établissement de
détention, ce qui était obligatoire en vertu de cette loi. Ceci
va représenter une amélioration plus que sensible dans
l'administration de ces sommes par les autorités des maisons de
détention. Également, cela représente une
amélioration qui était presque nécessaire vis-à-vis
des institutions bancaires, parce qu'on peut comprendre que celles-ci aient eu
certaines réticences à ouvrir des séries de comptes.
Souvent, certains comptes étaient ouverts pour une période de
deux ou trois mois, la personne étant incarcérée pour
cette période seulement. Je pense que c'est suffisamment d'explication,
M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que ces comptes rapportent des
intérêts bancaires? M. Bédard: Oui.
M. Marx: Est-ce que l'administrateur va répartir
l'intérêt sur tous les comptes?
M. Bédard: C'est exact.
M. Marx: Ce ne sera pas une opération comptable
facile.
M. Bédard: Je sais, mais, quand on la demandait pour
chacun... Imaginez la complexité de la situation actuelle où on
demandait l'ouverture d'un grand nombre de comptes.
M. Marx: On va échanger un problème pour un
autre.
M. Bédard: Je ne pense pas que cela cause de
problème.
M. Marx: Non? On ne va pas échanger un problème
pour un autre? C'est répartir l'intérêt sur une somme de
200 $ placés pour deux mois...
M. Bédard: C'est sur ordinateur...
M. Marx: Si le ministre a bien fouillé le problème,
on est d'accord.
Il y a un autre problème concernant l'argent des détenus.
Dans plusieurs établissements de détention que j'ai
visités, les détenus se plaignent du fonds des détenus,
parce qu'ils sont censés avoir droit à un bilan et savoir ce
qu'on fait avec leur fonds. Souvent, les détenus se plaignent qu'ils
n'ont pas de bilan, on ne sait pas ce qui arrive du fonds des détenus,
etc.
M. Bédard: À moins que le député ne
me donne des exemples très précis, il n'y a pas lieu de s'alarmer
puisque des cas ne nous ont pas été soumis d'une façon
particulière. D'autre part, l'ensemble des programmes d'activités
rémunérées permet, comme on le sait, à des
détenus de percevoir une rémunération dont le versement
est traité comme suit...
M. Marx: Non, le fonds des détenus n'est pas là, M.
le Président. Le fonds des détenus...
M. Bédard: Oui, oui. Le versement est traité comme
suit - je vous donne toutes les balises, je ne vois pas comment il pourrait y
avoir des problèmes, mais peut-être y en a-t-il quand même -
10% est déposé au fonds constitué au
bénéfice des personnes détenues, ce fonds permettant de
défrayer des dépenses encourues pour les détenus afin, par
exemple, de leur donner des possibilités
d'emploi durant leur détention, comme, entre autres, la mise sur
pied d'ateliers; 40% est remis à titre d'allocation au détenu
pour lui permettre de défrayer ses dépenses personnelles et le
solde de la rémunération est déposé dans un compte
individualisé d'épargne obligatoire. Là, il ne sera plus
individualisé. Les sommes accumulées sont remises au
détenu lors de sa libération; les intérêts
versés au détenu lors de sa libération sont
calculés selon le taux d'intérêt fixé par
l'institution bancaire.
M. Marx: De toute façon, j'ai l'intention de visiter
certains établissements de détention et de faire une
enquête sur cette question. Des détenus m'ont demandé de
les visiter et je vais écrire au ministre, s'il y a des plaintes
à acheminer.
M. Bédard: Cela me fera plaisir d'y être
sensibilisé, s'il y a des problèmes.
M. Marx: Et de prendre l'action qui s'impose.
M. Bédard: En ce qui me regarde, pendant que le
député va s'occuper de cela, on va s'occuper d'autres choses
peut-être plus importantes encore.
M. Marx: On ne sait pas lesquelles, mais on va voir.
M. Bédard: Non, mais on vous enverra des études
avant et vous ferez un rapport.
Le Président (M. Desbiens): L'article 59 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 59, adopté.
M. Bédard: Entre 59 et 60...
Le Président (M. Desbiens): Entre les articles 59 et 60,
il y a un amendement qui insère une série d'articles. Le titre
serait: Loi sur les sociétés de développement de
l'entreprise québécoise et il y a trois articles: 59.1... M. le
ministre.
M. Bédard: Oui. M. le Président, l'amendement a
pour objet de permettre à une SODEQ d'acquérir une autre SODEQ et
prévoit que l'exercice financier de toutes les SODEQ se terminera
à la même date, à savoir le 30 juin de chaque année.
Sur ce sujet, je suis en mesure de dire que le ministre responsable a
communiqué avec son vis-à-vis de l'Opposition et cela ne pose
véritablement aucun problème. D'ailleurs, je pense que le contenu
même de l'amendement...
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'article 59.1 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Marx: On me dit que c'est une grande amélioration
nécessaire. Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
59.2?
M. Bédard: Une autre grande amélioration, M. le
Président.
M. Marx: Cela ne vient pas du ministre de la Justice, cela vient
d'un autre ministre.
M. Bédard: Non, cela vient du député de
D'Arcy McGee qui a dit que c'était une grande amélioration.
M. Marx: L'amélioration vient d'un autre ministre, pas de
vous.
M. Bédard: Acceptée par moi.
Le Président (M. Desbiens): L'article 59.2. Est-il
adopté?
M. Marx: Le président du Comité de
législation.
M. Scowen: Est-ce que c'est simplement de la concordance?
Le Président (M. Desbiens): Article 59.2 adopté.
Article 59.3?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. Adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Alors, le
nouvel amendement en son entier et avec son titre est adopté. Loi sur
les tribunaux judiciaires, article 60.
M. Bédard: Alors, M. le Président, cet article a
pour objet simplement d'octroyer aux protonotaires spéciaux une
juridiction dans plus d'un district judiciaire.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 60 est
adopté?
M. Bédard: Cela va.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Marx: Pas d'objection. Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Dispositions
transitoires et finales, article 61.
Est-ce que l'article 61 est adopté?
M. Bédard: Adopté. Dispositions transitoires. Il
nous reste, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 61 est adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 62
est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 63
est-il adopté?
M. Marx: Non. L'article 63... J'aimerais demander au ministre...
Je ne comprends pas l'article 63. Étant donné qu'il est
président du Comité de législation de ce gouvernement, il
pourrait m'expliquer cela.
M. Bédard: C'est très facile à comprendre.
Comme président du comité de législation je sais qu'il y
a...
M. Marx: Je n'ai pas posé ma question. Comment pouvez-vous
répondre à une question que je n'ai pas encore posée?
M. Bédard: Posez-vous une question? Avez-vous
terminé?
M. Marx: Non, mais je n'ai pas posé la question. Vous avez
tellement hâte de...
M. Bédard: Terminez et je répondrai.
M. Marx: ...répondre aux questions de l'Opposition que
vous ne pouvez pas vous retenir et écouter la question. L'article 63
prévoit que la présente loi a effet indépendamment des
dispositions des articles 2 et 7 à 15 de la Loi constitutionnelle de
1982. Mais, étant donné que tous les articles dans ce projet de
loi modifient des lois où on a déjà ajouté la
disposition visée à l'article 63, je ne vois pas la
nécessité de l'article 63. Cela devient
superfétatoire.
M. Bédard: Notre ami Jacques-Yvan Morin est parmi
nous.
M. Marx: Étant donné que j'ai été son
élève, je me souviens.
M. Bédard: D'après ce que je peux voir, il ne vous
a pas enseigné tout ce qu'il savait. Mais...
M. Marx: C'est parce que lui-même n'avait pas tout
appris.
M. Leduc (Saint-Laurent): II a bien fait d'en laisser.
M. Marx: Expliquez-nous cela.
M. Bédard: Non, M. le Président, il n'y a pas
d'autre explication...
M. Marx: Mais que pouvez-vous nous...
M. Bédard: ...que c'est l'application normale de la Loi
constitutionnelle de 1982 qui indique que, dans chaque projet de loi, cette
clause se retrouvera.
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas nécessaire de l'avoir dans
le bill omnibus qui modifie d'autres lois parce que la disposition est
déjà dans les autres lois. D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? M. Marx:
Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division. L'article 64. Il
y aura un amendement qui se lit ainsi: Ajoutez, à la fin de l'article
64, ce qui suit: "et de l'article 59.3 qui entrera en vigueur le 1er juillet
1983". Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: À l'article 64?
Le Président (M. Desbiens): L'amendement à
l'article 64.
M. Marx: On ne l'a pas vu encore. Un instant, on va
l'avoir...
M. Bédard: Le seul amendement qu'on fait, c'est concernant
les SODEQ. On dit que cela va entrer en vigueur le 1er juillet
1983.
M. Marx: J'ai un amendement...
M. Scowen: Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Desbiens): Oui.
M. Scowen: Dans l'entente qu'on avait concernant les SODEQ, il
n'était jamais fait mention du changement de la date de terminaison de
l'exercice financier. Est-ce que cela ajoute quelque chose de nouveau?
M. Bédard: Non, cela n'ajoute absolument rien.
M. Scowen: Parce que personne n'a mentionné cet
aspect.
M. Bédard: Non, il n'y a pas de problème. Cela
indique simplement que l'application de la disposition que nous avons
adoptée concernant les SODEQ entre en vigueur à partir du
1er juillet 1983.
M. Scowen: Non, mais je parle de l'article 59.3 comme tel.
M. Bédard: Non.
M. Scowen: II n'y a rien là? D'accord!
Le Président (M. Desbiens): L'article 64 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Marx: M. le Président, j'ai une question à
poser.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut terminer l'adoption
complète? M. le député de D'Arcy McGee n'a pas
d'objection?
M. Marx: Je n'ai pas d'objection, on peut l'adopter. Mais j'ai
une question et une question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Ma question est la suivante: Y a-t-il d'autres projets
de loi devant la Chambre maintenant ou devant une commission quelconque qui
modifient un article qu'on a modifié en vertu de ce projet de loi
omnibus?
M. Bédard: Non, il n'y a pas de double modification d'un
article.
M. Marx: C'est déjà arrivé. On a
déjà abrogé des articles qui n'étaient pas en
vigueur.
M. Bédard: Oui, mais, comme nouveau président du
Comité de législation, on essaie d'apporter une attention
particulière à cela.
M. Marx: Oui. L'autre question, l'inverse: Est-ce qu'il y a des
articles dans ce projet de loi qui modifient des articles dans les projets de
loi qui sont devant la Chambre ou devant les commissions, dans l'un ou l'autre
sens?
M. Bédard: À ce qu'on me dit, dans aucun sens, il
n'y a de double modification.
M. Marx: Sur la question de règlement, M. le
Président, le ministre a dit que j'ai fait une erreur en parlant des
projets de loi qu'on a modifiés en 1982. J'aimerais seulement prendre
une minute pour faire état qu'en 1982 - un instant - la Loi sur les
cités et villes a été modifiée huit fois; le Code
municipal, sept fois; la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal, cinq fois; la Loi sur les impôts, dix fois; la Loi sur
le régime de retraite des fonctionnaires, six fois, et ainsi de suite.
Si le ministre veut avoir d'autres exemples où on a modifié des
articles de lois qui n'étaient même pas en vigueur, je peux lui
donner des exemples.
M. Bédard: Je vous mets au défi de trouver des
exemples - comprenons-nous bien - d'un amendement qu'on aurait apporté
à une loi et qui, ce même amendement, aurait subi une dizaine
d'autres amendements. Ne nous mêlons pas. Quand vous parlez de la loi de
la communauté urbaine, il peut y avoir plusieurs modifications à
la demande des autorités municipales - dix ou vingt, si vous voulez -
mais il ne faudrait pas essayer de faire croire que ce sont dix modifications
concernant un même objet.
M. Marx: C'est que la loi a été modifiée dix
fois.
M. Bédard: Ce sont des objets différents...
Voulez-vous me laisser terminer?
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Bon! Ce sont des modifications à
différents articles et sur différents sujets concernant une
même loi cependant. Cela se comprend pour qui veut comprendre. Ces
modifications sont demandées la plupart du temps par des
autorités municipales de la même façon qu'avant...
M. Marx: La Loi sur les impôts a été
demandée par les municipalités.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, vous avez la parole. (16 h 15)
M. Bédard: Alors, de la même façon que
lorsque nous étions dans l'Opposition, à chaque fin de session,
surtout dans le domaine des affaires municipales, vous aviez un projet de loi
omnibus qui amenait de nombreuses modifications à la demande de
différentes municipalités, modifications qui touchaient de
nombreux sujets. Je pense que c'est tout à fait normal quand c'est
demandé. Il ne faudrait pas essayer de faire croire que, parce que
plusieurs modifications sont apportées à des lois, ces
modifications sont faites parce que le travail a été mal fait
précédemment ou encore pour le plaisir de la chose. Quand les
modifications sont faites et adoptées par l'Assemblée nationale,
c'est parce que cela répond à un besoin. Il n'y a pas un
gouvernement qui se lève un matin et qui adopte une loi pour le plaisir
de la chose. C'est parce que cela répond à des besoins de la
population.
M. Marx: L'autre exemple que le ministre...
Le Président (M. Desbiens): Brièvement, M. le
député, parce que cela n'a pas rapport au travail de notre
commission.
M. Marx: En 1982, les mêmes articles de certaines lois sont
modifiés à de nombreuses reprises par autant de projets de loi.
Voici des exemples: L'article 4 de la Loi sur l'exécutif a
été modifié par les projets de loi 89, 94 et 95; les
articles 2 et 17 de la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail ont été modifiés par les projets de loi 39,
74 et 98; l'article 404 du Code municipal a été modifié
par les projets de loi 33, 92 et 102. Aussi, si le ministre veut demander
à quelqu'un de faire des recherches, certains projets de loi
n'étaient pas encore adoptés qu'ils étaient
déjà amendés. Je trouve que parler d'une tour de Babel
dans la législation québécoise n'est pas trop
exagéré.
M. Bédard: La tour de Babel existe beaucoup plus dans la
tête du député de D'Arcy McGee, parce que les exemples
qu'il donne au moment où on se parle...
M. Marx: On parle tout le temps du député de D'Arcy
McGee...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: ...cela ne fera pas avancer et clarifier votre
législation.
M. Bédard: J'essaie de vous aider.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, en concluant sur ce sujet.
M. Bédard: Ce n'est pas parce qu'on dit que plusieurs
modifications sont apportées à une loi qu'elles ne sont pas
nécessaires. Cela ne veut pas dire qu'elles auraient toutes pu
être faites au même moment. Il y a des...
M. Marx: Vous ne savez pas ce que vous faites.
M. Bédard: ...réalités - le
député de D'Arcy McGee le sait - sociales qui changent, il y a
des besoins additionnels qui sont exprimés au gouvernement. Cela
conditionne des décisions en fonction d'amendements. Il n'y a rien de
sorcier là-dedans.
M. Marx: ...les mêmes articles trois ou quatre fois.
M. Bédard: Ce que voudrait le député de
D'Arcy McGee - et c'est impossible -c'est faire le genre de projet de loi
immuable qui ne souffrira aucun changement, qui ne tiendra pas compte des
évolutions qu'il peut y avoir au niveau de la société, de
l'évolution des problèmes, des changements de situation. C'est
une théorie de l'esprit et je laisse le député de D'Arcy
McGee s'en contenter.
M. Marx: En anglais.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'amendement qui a
été...
M. Bédard: II ne trompe que lui-même.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'amendement qui a
été proposé après l'article 39. On l'avait
suspendu. C'était d'insérer, après l'article 39 du projet
de loi, avec le titre: Loi sur la Commission des affaires sociales, article
39.1. Vous aviez demandé de suspendre cet article.
M. Marx: Oui, suspendre...
M. Kehoe: J'aurais un commentaire sur cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je ne sais pas si le ministre expliquera l'amendement,
parce que j'ai une intervention à faire.
M. Bédard: L'article en question oblige un juge de la Cour
d'appel... Non, je m'excuse.
L'article a pour objet de permettre, dans les cas d'urgence, que non
seulement un membre, mais aussi un assesseur de la Commission des affaires
sociales puisse ordonner, durant l'audition de l'appel devant la commission, la
suspension de l'exécution d'une décision relative à l'aide
sociale et qui fait l'objet d'un appel.
M. Kehoe: C'est justement sur cela. On a vérifié
avec notre chef de mission pour les affaires sociales, Mme Lavoie-Roux. Elle
s'oppose à ce que ce soit un assesseur. Quant aux membres de la
commission, auparavant, si on regarde la définition dans la Loi sur la
Commission des affaires sociales, le président doit être un juge
ou un avocat. Les autres membres doivent être des juges. C'est la raison
pour laquelle on pose la question. Je sais que c'est à cause du grand
nombre de causes qui sont là et que vous essayez
d'accélérer l'affaire. Mais, quand même, on se pose la
question: Que veut dire un assesseur dans ce sens? On est rendu en appel.
Jusqu'à maintenant, tous les membres de la commission sont des
juges,
des avocats, des personnes qui ont une formation juridique; là,
d'un coup sec, vous donnez un certain pouvoir à un assesseur, rendu en
appel.
M. Bédard: M. le Président, nous avons ici un
représentant des affaires sociales, Jean-Paul Brulotte. Je lui
demanderais de...
Le Président (M. Desbiens): M. Brulotte.
M. Bédard: Lorsqu'il y a un appel à la commission,
il est possible qu'à un moment donné, il se produise une
situation d'urgence, parce que c'est uniquement dans le cas de la division qui
s'occupe de l'aide sociale. Alors, il peut arriver qu'un contribuable se fasse
couper ses prestations d'aide sociale de façon erronée et, en
attendant que son appel puisse être entendu sur le fond, il peut faire
une requête d'urgence qui va permettre de suspendre la décision de
l'administration jusqu'à ce que l'audition sur le fond ait pu avoir lieu
et de recouvrer ses prestations d'aide sociale pendant ce temps. Alors, pour
juger ces requêtes d'urgence qui se font partout dans la province,
l'amendement qui est là permet au président de la commission
d'avoir une plus grande latitude dans l'emploi de ses commissaires et de ses
assesseurs pour aller entendre lesdites requêtes. Ce sont des
requêtes qui touchent uniquement des situations de fait. Est-ce que la
personne est vraiment à ce point mal prise qu'elle ne peut pas attendre
l'audition sur le fond pour savoir si elle a raison ou si elle a tort dans son
appel?
Je me permets un commentaire. C'est tout à l'avantage des
citoyens, comme je le comprends.
M. Marx: Est-ce que vous avez vérifié avec des
citoyens, disons l'ADDSMM?
M. Bédard: Écoutez! Lisez vous-même
l'article.
La demande d'amendement vient du... ...donner un certain degré de
compréhension, il faut qu'il lise les lois.
M. Marx: Nous ne sommes pas d'accord que cela va aider les
citoyens.
M. Bédard: Dites-nous pourquoi.
M. Kehoe: Justement, est-ce que les assesseurs dans ces
cas-là ont les qualifications requises pour prendre ces
décisions-là? Vous dites que c'est une question de fait. Mais,
quand même, toute la rédaction de la loi est basée sur le
fait que c'est un juge, c'est un avocat, c'est une personne qui a les
qualifications. Je suis d'accord avec vous que ce n'est pas un jugement sur le
fond. Mais il reste quand même qu'il y a des implications de ce jugement
que vous allez rendre par un assesseur. À notre sens, il peut avoir
quelles qualifications pour juger cela? Toute la philophie de votre commission
est basée sur le fait qu'il devrait y avoir des personnes qui ont une
certaine formation juridique. Voilà un cas, un amendement comme
celui-là, qui donne des pouvoirs assez étendus à une
personne, à un assesseur. Est-ce qu'il a les qualifications requises
pour faire le travail?
M. Bédard: Mais tout ce qu'il peut faire, c'est d'en venir
à la conclusion de suspendre l'exécution d'une décision.
Il n'a pas à se prononcer sur le fond.
M. Kehoe: Mais les conséquences pour le citoyen, quelles
sont-elles?
M. Bédard: Les conséquences, ce ne peut être
qu'à l'avantage du citoyen qui, à un moment donné, se voit
brimé ou se croit brimé par une décision rendue qui, si
elle était exécutoire immédiatement, serait de nature
à lui causer un préjudice immédiat. Alors, il y a la
possibilité qu'il y ait quelqu'un qui ne fasse que suspendre, sans se
prononcer sur le fond, l'exécution de la décision, quitte
à ce que le fond soit décidé ultérieurement par des
gens qui ont, comme vous le dites avec à-propos, un minimum de formation
juridique.
M. Kehoe: Les assesseurs, dans ce cas-là, est-ce qu'il
s'agit de travailleurs sociaux? De qui s'agit-il? Ce sont des personnes
qui...
M. Bédard: Ce sont des travailleurs sociaux qui ont quand
même une bonne connaissance des réalités de l'aide sociale
et qui, encore une fois, n'auront qu'une décision à prendre,
à savoir de suspendre l'exécution d'une décision.
M. Kehoe: Je comprends que ces cas-là sont seulement des
cas d'urgence.
M. Bédard: Oui.
M. Kehoe: Des appels rejetés, quand il s'agit d'un cas
d'urgence, où le droit à l'aide sociale était
suspendu.
M. Bédard: C'est seulement dans les cas d'urgence. On le
retrouve au début, dans la première partie de l'article.
Effectivement, ce sont seulement des cas d'urgence et des cas où
quelqu'un peut subir un préjudice à la suite d'une
décision qui est rendue si elle devenait exécutoire
immédiatement.
M. Kehoe: Après une décision prise par un
assesseur, la cause est entendue par la commission qui est formée...
M. Bédard: Voilà.
M. Kehoe: ...de juristes. À ce moment-là, le
délai requis, l'échéancier, est-ce que c'est long?
M. Bédard: Cela veut varier selon les régions et
selon les saisons. Mais l'assesseur, lorsqu'il doit entendre une requête
d'urgence, ne fait qu'évaluer les ressources financières dont la
personne dispose pour pouvoir attendre cette décision sur le fond. S'il
en arrive à la conclusion qu'elle n'a pas les ressources suffisantes
pour attendre un mois ou deux mois, il va suspendre la décision de
l'administration qui a pour objet soit d'annuler l'aide sociale à la
personne ou encore lui refuser l'aide qu'elle a demandée. Cela ne permet
que d'entendre les requêtes plus rapidement et de faire en sorte que les
personnes ne soient pas coupées de façon erratique jusqu'au
jugement sur le fond.
M. Marx: M. le Président.
M. Bédard: Est-ce que cela va?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article 39.1?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais demander au ministre: Qu'est-ce qui arrive
s'il refuse de suspendre?
M. Bédard: En fait, s'il lui arrive de suspendre, c'est
qu'il a la conviction que la personne n'est pas dans une situation d'urgence,
et pour cela, il y a une jurisprudence constante de la commission depuis sept
ans sur les éléments qu'on doit retrouver pour qu'il y ait
vraiment une session d'urgence; il va se coller à ce qui est
là.
M. Marx: S'il refuse de suspendre, la personne n'a pas l'aide
sociale, c'est cela?
M. Bédard: C'est cela, de façon
immédiate.
M. Marx: Et vous voulez que ce soit l'assesseur qui décide
cela.
M. Bédard: Si l'assesseur a refusé, pour une raison
qui n'a aucun sens, il y encore possibilité pour la partie de faire une
requête pour révision pour cause.
M. Marx: Si l'assesseur peut refuser de suspendre, je ne vois pas
tous les avantages dont le ministre a parlé auparavant, tous les
avantages pour les citoyens, ainsi de suite, tout le plat qu'il a fait.
M. Bédard: Mais oui. S'il n'y avait pas cette disposition,
une personne faisant l'objet d'une décision qui est de nature à
causer un préjudice à quelqu'un qui est
bénéficiaire de l'aide sociale devrait subir cette
décision jusqu'à ce que la cause soit entendue sur le fond devant
la Commission des affaires sociales, avec les délais que cela peut
représenter. Il me semble que cela saute aux yeux que c'est une
amélioration qui...
M. Kehoe: Effectivement, est-ce que cela représente
plusieurs cas? Parlez-vous au niveau de la province?
M. Bédard: On parle des cas d'urgence. Combien de cas? On
a ici des statistiques sur les requêtes d'urgence qui ont
été faites au cours des dernières années. En
1981-1982, par exemple, il y en a eu 141 qui ont été
logées; 1982-1983, 223 requêtes, une augmentation de 58% entre les
deux années. Si on parle de 1981 à 1982, il y a eu une
augmentation de 66% de ces requêtes, et c'était fort difficle pour
le président de la commission de pouvoir les entendre rapidement,
justement parce qu'il pouvait y en avoir plusieurs la même semaine,
à différents endroits dans la province. À ce
moment-là, en permettant aux assesseurs de pouvoir faire
également ce travail, qui n'est que d'examiner une situation de fait et
de dire si c'est oui ou non, cela permet au président de la commission
d'envoyer plusieurs personnes, partout dans la province, pour les entendre
beaucoup plus rapidement. La commission se déplace partout à
travers la province, elle ne va pas seulement dans les capitales
régionales, elle va dans les petits patelins, partout dans la province,
dans les régions périphériques.
Comme on peut voir, c'est quand même un nombre de cas
limité, mais qui augmente.
M. Kehoe: Pourquoi ne nomme-t-on pas d'autres membres qui
pourraient s'occuper de cela, des personnes qualifiées, qui ont des
compétences juridiques? Si vous dites qu'il s'agit d'un nombre assez
restreint, combien de commissaires cela prendrait-il de plus pour régler
l'affaire, pour avoir des personnes avec les compétences juridiques
requises pour prendre ces décisions?
M. Bédard: À un moment donné, tous ces
commissaires vont s'occuper seulement des demandes urgentes. Il faut quand
même voir le volume et les délais qu'il y a devant la Commission
des affaires sociales.
Il n'y a jamais de question de droit à l'occasion de telles
requêtes, parce qu'ils ne
peuvent pas entrer dans le fond. Est-ce que la personne a
véritablement droit ou n'a pas droit à l'aide sociale? Ils n'ont
pas à juger de cela à l'occasion de l'audition d'une telle
requête. Ils n'ont qu'à examiner s'il y a des prérequis
techniques qui sont là et si la personne a les ressources suffisantes
pour attendre. Par exemple, est-ce que monsieur peut aider son garçon en
attendant que l'enquête et l'audition aient lieu au fond? Est-ce qu'il y
a quelqu'un d'autre qui peut lui fournir la nourriture pour les enfants et les
médicaments, s'il y a besoin?
M. Marx: On pourrait l'adopter sur division. Nous allons
reprendre le débat sur le rapport de la commission, le cas
échéant.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: Non, M. le Président, je pense qu'il y a
une habitude. Quand nous y allons d'un amendement, l'habitude que nous avons
pour les amendements additionnels, c'est qu'il y ait eu accord de la part de
l'Opposition. Si vous n'êtes pas d'accord...
M. Marx: Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division.
M. Bédard: Si vous voulez reprendre la discussion... Ce
n'est pas une adoption.
M. Marx: Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): C'est adopté sur
division.
M. Bédard: Non, M. le Président. Il y a une
règle que nous suivons, à savoir que, lorsque nous apportons des
amendements, la responsabilité du ministre qui est concerné par
l'amendement est normalement d'obtenir le consentement de la part de
l'Opposition. Si vous ne le donnez pas, on va le retirer complètement,
c'est tout.
M. Marx: On n'a pas d'objection à ce que cela soit
adopté sur division. On n'est pas d'accord avec tout votre projet de
loi.
M. Bédard: Quitte à recommencer des débats
à l'Assemblée nationale.
M. Marx: On peut reprendre le débat sur n'importe quel
article de ce projet de loi. Supposons, quand ce rapport sera
déposé... (16 h 30)
M. Bédard: Vous n'êtes quand même pas le
dirigeant de tous les travaux. On a des règles établies. Ce que
je vous dis, comme ministre, c'est que si, comme je le perçois, vous
n'êtes pas d'accord avec l'article alors qu'il m'avait été
indiqué que vous étiez d'accord... Il semble qu'il n'y ait pas
eu...
M. Marx: Qui vous a indiqué cela?
M. Bédard: Je ne vous en fais pas le reproche. Il semble
qu'il n'y ait pas eu de consultation appropriée. Nous allons tout
simplement suspendre l'article et nous allons faire les communications
nécessaires avec le ministre responsable de l'application de cette loi
qui parlera avec son vis-à-vis, Mme Lavoie-Roux. Nous verrons
après cela.
M. Marx: M. le Président, selon l'information que j'ai, il
n'y a pas de consultation. On va inviter la députée de L'Acadie
à venir et à vous expliquer, le cas échéant, ce qui
est arrivé. On n'a pas l'intention d'entraver le cours des travaux de la
commission, en aucune façon.
Le Président (M. Desbiens): L'article 39.1 est suspendu
une nouvelle fois; c'est cela? On avait suspendu également l'article 41.
J'appelle l'article 41. Est-ce que l'article 41 est adopté?
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres remarques, M. le
Président. Adopté.
M. Marx: L'article 41 concerne le déplacement du bureau
d'enregistrement de Hébertville àAlma; c'est cela? Le ministre a
vérifié avec les gens du milieu et il n'y avait pas
d'objection.
M. Bédard: J'ai dit au député de D'Arcy
McGee ce qui en était. C'est le député de D'Arcy McGee qui
a demandé d'en suspendre l'application. Je ne sais pas pour quelle
raison.
M. Marx: C'est...
M. Bédard: J'ai dit qu'une résolution de la part
des membres du barreau de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean allait
dans le sens de l'amendement que nous apportons.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que c'est éloigné,
d'un endroit à l'autre?
M. Bédard: Une dizaine de milles.
Le Président (M. Desbiens): L'article 41 est-il
adopté? Adopté. Il nous reste l'article 39. Entre-temps, est-ce
que le titre et les sous-titres sont adoptés?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Alors, on suspend...
M. Bédard: M. le Président, il reste un
article, après vérification.
Le Président (M. Desbiens): La commission suspend
l'étude du projet de loi 26. La commission suspend ses travaux pour
quelques secondes.
(Suspension de la séance à 16 h 33)
(Reprise de la séance à 16 h 35)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
La commission reprend ses travaux pour procéder maintenant
à l'étude des projets de loi privés 274, 206 et 221.
Pour ce qui est des membres de la commission, pour cette deuxième
partie, un changement est suggéré. M. Dauphin (Marquette) est
remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce). De l'autre
côté, M. Blouin (Rousseau) remplace M. Fallu (Groulx).
Est-ce que le rapporteur sera le même?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Le même rapporteur.
J'appelle d'abord le projet de loi 274 au nom de Mme Huguette
Lachapelle.
Projet de loi 274
Mme Juneau: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Permettez-moi, au nom
de ma collègue, Mme Huguette Lachapelle, députée de
Dorion, la marraine du projet de loi 274, de vous le présenter à
sa place.
Le projet de loi 274 est une loi qui concerne la succession de
Joseph-Albert Tardif et nous avons, en notre compagnie, Me Claude Larouche,
avocat, que je vous présente, accompagné de Me Benoît
Lapointe ainsi que de M. Daniel Tardif.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous avez des
commentaires?
M. Bédard: Peut-être des commentaires
généraux, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Me Claude Larouche.
M. Larouche (Claude): M. le Président, je suis le
procureur des requérants, Mme Yvette Tardif, MM., Armand et Daniel
Tardif. Le but du projet de loi est de permettre aux requérants qui
sont, pour le moment, M. Armand et Mme Yvette Tardif,
bénéficiaires d'une rente mensuelle de 200 $, et M.
Daniel Tardif qui, éventuellement, à l'âge de 50
ans, serait bénéficiaire d'une rente mensuelle de 50 $, de
toucher dès maintentant leur part du résidu en capital de la
succession de M. Tardif. Chacun, en vertu du testament de feu Joseph-Albert
Tardif, a droit à un tiers du résidu de la succession en
capital.
Effectivement, ce qui s'est passé, M. le Président, c'est
que feu Joseph-Albert Tardif a, en 1965, fait un testament sous la forme
dérivée de la loi d'Angleterre. Par ce testament, il faisait
certains legs particuliers et accordait à son épouse une rente
mensuelle de 400 $. Par après, au décès de son
épouse, ses enfants, qui étaient, à ce moment, M. Armand,
Mme Yvette et M. Jean-Philippe Tardif, devaient recevoir une rente mensuelle de
200 $. M. Tardif est décédé en 1966. Son épouse,
Mme Tardif, est décédée en 1982 et l'un de ses fils, M.
Jean-Philippe Tardif, est décédé également en 1982.
De sorte que, présentement, la situation est la suivante: deux des
enfants de M. Tardif, Mme Yvette et M. Armand Tardif, reçoivent une
rente mensuelle de 200 $, et M. Daniel Tardif, fils de M. Jean-Philippe Tardif,
qui recevra, à l'âge de 50 ans, une rente mensuelle de 50 $.
L'actif de la succession était, au moment du décès
de M. Tardif, de 140 000 $. Il est présentement de 180 000 $, de sorte
que les requérants ne toucheront jamais la totalité des
intérêts et également jamais une partie du capital. Il
apparaît évident que le testateur ne pouvait - et c'est fort
concevable - prévoir, au moment où il a fait son testament en
1965, la hausse vertigineuse des taux d'intérêt.
La situation telle qu'elle existe présentement aurait pour effet
de laisser, pendant une période indéfinie, le fiduciaire profiter
des intérêts et également du capital. Les seules personnes
pouvant avoir un intérêt dans ladite succession,
c'est-à-dire le fils de M. Armand Tardif et les deux enfants adoptifs de
Mme Yvette Tardif, ont consenti à la présentation du
présent projet de loi. Nous tenons à souligner que Mme Yvette
Tardif est âgée de 66 ans et que M. Armand Tardif est
âgé de 70 ans. De sorte que, si le projet de loi n'est pas
adopté, il est illusoire de penser qu'ils pourront
bénéficier de la part du capital que le testateur leur avait
donnée, mais dont, malheureusement, il n'avait pas prévu
l'augmentation, à cause des taux d'intérêt. Il s'agit donc
d'une situation sans issue si le présent projet de loi n'est pas
adopté.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, en ce qui nous
concerne, je remercie Me Larouche de ses explications sur le projet de loi.
Je dois dire qu'au ministère de la Justice, nous avons fait
toutes les vérifications nécessaires à la lumière
des documents qui nous ont été acheminés par les
requérants. Nous avons certains amendements à proposer, à
partir desquels, s'ils sont acceptés, nous n'avons aucune objection
à accepter le projet de loi, étant donné que des
consentements ont été obtenus de toutes les personnes dont les
intérêts pouvaient être touchés par ce projet.
M. Larouche: M. le Président, on nous a fait part des
amendements qui devraient être apportés au projet de loi et nous
sommes entièrement d'accord sur lesdits amendements.
M. Rédard: Comme premier amendement...
Le Président (M. Desbiens): Cela s'insérerait
où?
M. Rédard: À l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 1.
J'appelle l'article 1.
M. Rédard: L'article 1 de la Loi concernant la succession
de Joseph-Albert Tardif est modifié par l'insertion, à la 2e
ligne, après le chiffre "1965", de ce qui suit: "et
vérifié le 29 avril 1966 (numéro 552 des dossiers de la
Cour supérieure du district de Montréal)." Cette modification a
pour but de bien identifier le testament dont il est question à
l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-qu'il y a
d'autres amendements à l'article 1?
M. Rédard: Non.
Le Président (M. Desbiens): L'article 1 est adopté
tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres amendements, M. le ministre?
M. Bédard: II y aurait des amendements au...
Le Président (M. Desbiens): ...au préambule?
M. Bédard: Oui, au préambule.
Premièrement, un amendement au 5e et au 6e alinéa. Est-ce
que vous les avez en main, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Oui. Ça va. (16 h
45)
M. Bédard: Je vous laisse l'initiative.
Le Président (M. Desbiens): Voulez-vous que je vous les
lise? Le préambule, aux 5e et 6e alinéas: Le préambule de
la Loi concernant la succession de Joseph-Albert Tardif est modifié par
le remplacement des 5e et 6e alinéas par les suivants: "Que
l'épouse du testateur, Marie-Alice Gauvreau, est
décédée le 7 janvier 1982."
Le 6e alinéa serait remplacé par le suivant: "Que
Jean-Philippe Tardif est décédé le 2 février 1982,
laissant un fils Daniel, âgé présentement de 33 ans."
M. Bédard: Dans le cas du premier amendement, au 5e
alinéa, la modification a pour but de rapporter avec plus d'exactitude
le contenu des certificats de décès. Dans le cas du 6e
alinéa "laissant un fils Daniel, âgé présentement de
33 ans", la modification a pour but d'indiquer l'âge exact qu'il aura
à la date d'entrée en vigueur de la loi, son anniversaire
étant le 4 mars.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que...
M. Bédard: Cela avait été
présenté à l'autre session, mais comme c'est adopté
à celle-ci, il faut faire les corrections nécessaires.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement du 5e
alinéa est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement au 6e
alinéa est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Alors, les
amendements aux 5e et 6e alinéas sont adoptés.
Il y en a un au 7e alinéa, toujours dans le préambule, et
qui se lit ainsi: Le préambule de la Loi concenant la succession de
Joseph-Albert Tardif est modifié par le remplacement du 7e alinéa
par les suivants: "Que les versements mensuels de 200$ que reçoivent
Armand et Yvette, âgés respectivement de 70 et 66 ans, ne
permettent la distribution que d'une partie des intérêts sur leur
part de capital et qu'il est probable qu'il en sera de même des
versements mensuels de 50$ que recevra Daniel Tardif lorsqu'il aura atteint
l'âge de 50 ans;
"Que, depuis 1966, les taux d'intérêt sur les placements
ont augmenté considérablement et que Joseph-Albert Tardif ne
pouvait probablement pas prévoir une telle augmentation;".
Est-ce que ce nouvel amendement au 7e alinéa est
adopté?
M. Bédard: Adopté. La modification a pour but de
faire en sorte que le préambule mentionne le fait qu'il empêche la
réalisation de l'intention du testateur de la façon prévue
par celui-ci. Un autre but est d'indiquer l'âge exact d'Yvette Tardif,
dont l'anniversaire est le 14 décembre.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté? Adopté.
Il y a un autre amendement au 8e alinéa: Le préambule de
la Loi concernant la succession de Joseph-Albert Tardif est modifié par
le remplacement du 8e alinéa par le suivant: "Que Armand Tardif a un
fils, Guy, qu'Yvette Tardif, épouse de Lucien Vézina, a deux
enfants, Francine et Alain Vézina, et que Guy Tardif ainsi que Francine
et Alain Vézina consentent à l'adoption de la présente
loi;".
Est-ce que cet amendement au 8e alinéa est adopté?
Mme Juneau: Adopté.
M. Bédard: La modification a pour but de mentionner que
les enfants d'Yvette Tardif consentent à l'adoption de la
présente loi. Je pense qu'il est important...
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: ... que cet élément soit
très visible.
Le Président (M. Desbiens): II y a un autre amendement au
10e alinéa du préambule. "Le préambule de la Loi
concernant la succession de Joseph-Albert Tardif est modifié par le
remplacement du 10e alinéa par le suivant: "Que le fiduciaire a
été avisé de la présentation de la présente
loi et qu'il ne s'est pas opposé à son adoption;"
M. Bédard: Cela décrit l'attitude du fiduciaire
avec plus de précision.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, de quelle
façon consentent-ils à l'adoption de la présente loi? De
quelle façon les enfants consentent-ils à l'adoption de la
présente loi?
M. Larouche: M. le Président, les enfants ont signé
une déclaration devant notaire, à savoir qu'ils avaient
été mis au courant du projet de loi et de ses conséquences
et qu'ils donnaient leur consentement à la présentation du projet
de loi. En plus, le projet de loi leur a été transmis.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez vérifié les
registres. Cela a été vérifié, ces
actes-là.
M. Larouche: Les documents ont été dûment
transmis aux officiers du ministère de la Justice.
M. Bédard: Nous n'avons pas d'autres commentaires, M. le
Président. En ce qui nous regarde, nous serions prêts à
adopter le projet de loi tel qu'amendé.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? Mme Juneau:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Bédard: Adopté. Mme Juneau:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que le
projet de loi privé 274, Loi concernant la succession de Joseph-Albert
Tardif, est adopté tel qu'amendé?
Mme Juneau: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: ...avant de procéder au prochain projet de loi,
en ce qui concerne ces projets de loi privés - je n'ai pas voulu nuire
aux droits des personnes qui sont venues devant la commission - c'est
impossible pour l'Opposition de vraiment faire l'étude de ces projets de
loi parce que tout ce que nous avons reçu, c'est le projet de loi. Les
documents afférents, nous ne les avons reçus que cinq minutes
avant et nous avons reçu les amendements quand vous les avez lus. Donc,
j'aimerais demander au ministre qu'à l'avenir on nous donne ces
documents et les amendements avant que la commission siège parce que, si
je comprends bien, les amendements ont été transmis aux
requérants, mais pas à l'Opposition. Il y avait dix amendements
ou je ne sais combien. C'est difficile de faire une étude
sérieuse au coin de la table.
M. Leduc (Saint-Laurent): On a perdu du temps. On était
contre au départ. Je me demandais si Yvette avait des enfants. Alors, on
perd notre temps; c'est officiel. En fait, quelle est la procédure?
Est-ce qu'on...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de D'Arcy McGee, le Secrétariat des
commissions a tous ces documents en main, de même que le greffier en loi
de l'Assemblée nationale; ils ont ces explications, ces documents. Aucun
article du règlement n'oblige ni le greffier en loi ni le
Secrétariat des commissions à les envoyer, sauf que n'importe
quel membre de la commission peut les avoir sur demande.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: ...vous m'avez enlevé les paroles de la
bouche. C'est la meilleure illustration d'un cas où l'Opposition, sans
s'en être enquise d'avance, essaie de blâmer le gouvernement alors
qu'au fond, c'est l'Opposition qui n'a pas fait son travail. C'est aussi simple
que cela. Après quelques années en Chambre, il me semble qu'on en
vient à connaître les procédures employées lorsqu'il
s'agit de projets de loi privés. Il y a la possibilité pour
l'Opposition de prendre connaissance de tous les documents qui sont entre les
mains du greffier. Le gouvernement n'est quand même pas pour faire le
travail de l'Opposition, M. le Président.
M. Marx: Et les dizaines d'amendements.
M. Bédard: Pour ce qui est des amendements...
M. Marx: Ils ont été donnés aux
requérants et pas à nous.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee nous
interrompt continuellement, M. le Président. Il me semble que c'est
clair, l'Opposition et le député de D'Arcy McGee n'ont pas fait
leur travail. Vous n'aviez qu'à aller voir le greffier et vous auriez eu
tous les documents en question. Concernant les amendements, effectivement, dans
certains cas, il y aurait peut-être avantage à ce que nous les
fassions parvenir plus rapidement à l'Opposition, sauf qu'il arrive
souvent l'Opposition le comprendra plus tard; je ne lui en fais pas reproche -
lorsqu'il y a des projets de loi privés, qu'il y a des discussions avec
les requérants. Ceux-ci, souvent, se présentent - parce qu'on ne
veut pas leur imposer des voyages à n'en plus finir - à la
dernière minute au ministère de la Justice. Il y a des
changements. Comme on le voit, ce ne sont pas des changements qui peuvent
surpendre des gens, une Opposition vigilante. Cela ne chambarde pas
complètement le projet de loi. Cela peut représenter des
précisions qui sont nécessaires. Il n'y a vraiment rien qui
surprenne l'Opposition.
Je conviens que, lorsque nous avons en main certains des amendements
longtemps à l'avance, lorsque c'est possible, on pourrait les faire
parvenir une journée à l'avance à l'Opposition pour
qu'elle puisse en prendre connaissance.
M. Marx: Les amendements d'aujourd'hui ont pas mal
expliqué le projet de loi et cela a clarifié beaucoup de
problèmes. J'aimerais demander au ministre, à l'avenir, si c'est
possible, de nous fournir les amendements la veille de la commission. Cela
rendrait notre travail plus facile.
M. Bédard: Commencez par faire votre travail qui est
d'aller voir le greffier, d'aller voir les papiers et de ne pas prendre...
M. Marx: Mais le greffier n'a pas les amendements...
M. Bédard: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: De prendre connaissance...
M. Marx: Je ne suis pas venu ici pour être insulté
par...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Marx: ... un ministre qui ne fait rien de l'année.
M. Bédard: Prendre connaissance des documents.
M. Marx: II vient m'insulter.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Marx: II ne fait rien, après cela il blâme
l'Opposition.
M. Bédard: M. le Président, j'avais la parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, en terminant,
s'il vous plaît, pour qu'on passe...
M. Bédard: S'il y a un cas où l'Opposition ne peut
pas faire de reproche,
c'est bien celui-là, parce que, manifestement, le
député de D'Arcy McGee n'a pas fait son travail. Je ne suis quand
même pas pour le faire pour lui.
M. Marx: Les amendements, ce n'est pas moi...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Mais au début... Ce que le
député de D'Arcy McGee fait, c'est qu'il est en train de corriger
à mesure les faussetés qu'il a dites. Dans un premier temps, on
est à même de le constater, il est en train de reprocher au
gouvernement de ne pas avoir porté à son attention le contenu de
documents dont il aurait pu prendre connaissance en faisant tout simplement son
travail et en allant voir le greffier.
M. Marx: Dans un deuxième temps, j'ai raison.
M. Bédard: Pour ce qui est des amendements, j'ai
effectivement fait preuve de plus de compréhension à
l'égard des remarques qui ont été faites.
M. Marx: Est-ce qu'on les aura la veille de la commission
à l'avenir?
M. Bédard: Faites votre travail et vous comprendrez mieux
les amendements.
M. Marx: Est-ce qu'on aura les amendements...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: ... à l'avenir, la veille de la commission, oui
ou non?
Le Président (M. Desbiens): II n'y a que l'avenir qui
pourra nous dire cela. J'appelle le projet de loi 206, s'il vous
plaît.
M. Blouin: Adopté, M. le Président.
Projet de loi 206
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi 206 est la
Loi concernant un immeuble situé dans la municipalité de la
paroisse de Saint-Ambroise-de-Kildare. M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Merci, M. le Président. C'est bien cela. Il
s'agit d'un projet de loi qui, sans doute...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Rousseau a la parole.
M. Blouin: II s'agit d'un projet de loi qui, sans doute,
ramènera la paix, puisque non seulement...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Blouin: ... il fera l'unanimité, j'en suis sûr,
mais en plus, il n'y a pas d'amendement, M. le député de D'Arcy
McGee.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Rousseau, sur le projet de loi 206?
M. Blouin: Oui, merci, M. le Président. Alors, sans plus
tarder, puisqu'il s'agit d'un cas assez classique qui ne devrait pas causer de
difficulté, je vais vous présenter le procureur, Me
Clément Trudel, qui, aujourd'hui, est accompagné de M. Denis
Simard qui est président de la Caisse populaire de Saint-Ambroise, de M.
Jean Grégoire qui est vice-président de la caisse populaire, de
M. Ronald Thériault qui est directeur de la Caisse populaire de
Saint-Ambroise, lesquels, très brièvement, vous
présenteront les objets de ce projet de loi. Ensuite, nous pourrons
procéder.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que c'est M. le
procureur qui prend la parole?
M. Blouin: Me Trudel.
Le Président (M. Desbiens): Me Clément Trudel, vous
avez la parole.
M. Trudel (Clément): M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, l'évêque catholique
romain de Joliette possède actuellement un immeuble qui est situé
à Saint-Ambroise-de-Kildare et qui est affecté de certaines
charges. La Caisse populaire de Saint-Ambroise-de-Kildare se propose d'en faire
l'acquisition pour y ériger une caisse populaire. L'évêque
catholique romain détient ce terrain, qui d'abord avait
été donné - tel que c'est indiqué dans le
préambule du projet de loi - par M. Jean Damien Laporte. L'immeuble
avait... Je m'excuse. Je vais parler plus fort. L'immeuble avait
été donné à la Communauté des soeurs de
Sainte-Anne avec une charge qui était d'y ériger un pensionnat et
un externat pour l'éducation des filles de la paroisse de
Saint-Ambroise.
Les soeurs de Sainte-Anne ont quitté en 1969. Le couvent a
été démoli. L'Assemblée nationale a
déjà adopté un premier projet de loi privé en 1969
permettant d'ériger un foyer pour personnes âgées sur ce
terrain. L'évêque catholique romain avait accepté, à
ce moment-là, de modifier la condition. Le foyer n'a pas
été construit à cause d'un changement de politique
gouvernementale de sorte que, actuellement, il n'est pas possible
de faire autre chose avec le terrain qu'un foyer pour personnes
âgées. (17 heures)
Nous sommes devant vous pour vous demander d'annuler les charges et
conditions contenues dans le contrat de donation du curé Laporte aux
soeurs de Sainte-Anne et, également, d'enlever complètement la
condition qui avait été fixée dans la loi de 1969. Donc,
à l'article 1, on demande d'annuler les charges et conditions et,
à l'article 2, d'annuler la condition qui est prévue dans la loi
de 1969. C'est tout, M. le Président.
M. Blouin: ...les parties intéressées sont d'accord
et que l'objectif est d'ériger sur ce terrain, avec l'accord
évidemment de l'évêque catholique romain de Joliette, une
caisse populaire.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pense que la
présentation de nos amis, de nos distingués visiteurs, a
été suffisamment explicite. Je sais qu'au ministère de la
Justice, il y a eu des échanges entre les fonctionnaires du
ministère et les représentants de ceux qui nous visitent
aujourd'hui. Nous n'avons vraiment pas de remarques spéciales à
faire. Nous n'avons pas d'amendement non plus. Alors, je pourrais difficilement
les faire parvenir d'avance dans ce projet. Nous sommes d'accord sur le projet
de loi.
Le Président (M. Desbiens): Alors, est-ce que le
préambule, tout le préambule à la loi est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Blouin: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: II ne nous reste plus assez de temps pour le
projet de loi 221.
Le Président (M. Desbiens): Alors, le projet de loi 206,
Loi concernant un immeuble situé dans la municipalité de la
paroisse de Saint-Ambroise-de-Kildare, est adopté sans amendement.
Oui, vous voulez ajouter quelque chose?
M. Trudel: Merci, M. le Président, et merci aux membres de
la commission de même qu'au parrain d'avoir bien voulu accepter notre
projet de loi qui nous permettra de réaliser un projet dans notre
municipalité.
Le Président (M. Desbiens): Merci de votre
participation.
J'appelle le projet de loi privé 221, Loi concernant certains
recours en matière de responsabilité médicale ou
hospitalière. M. le ministre.
M. Bédard: À moins que je ne me trompe - je ne
voudrais pas perturber ni trop compliquer les travaux de notre commission -on
me dit que des échanges ont été menés à
terme avec l'Opposition concernant l'article qui restait en suspens.
Le Président (M. Desbiens): Alors, la commission va
suspendre ses travaux quelques secondes.
(Suspension de la séance à 17 h 04)
(Reprise de la séance à 17 h 05)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice reprend ses travaux.
Nous allons suspendre momentanément l'étude des projets de
loi privés pour revenir au projet de loi 26.
Dans le projet de loi 26, il y avait un article qui avait
été suspendu, soit l'article 39.1. M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Mme la députée de L'Acadie m'a
demandé de faire le commentaire suivant: Nous allons voter pour cet
article si nous sommes assurés qu'un refus de l'assesseur ne retarde en
rien l'audition et que la cause n'est pas déplacée sur le
rôle. De toute façon, nous comprenons qu'une nouvelle
requête d'urgence pourra être déposée par la suite si
la situation empire. Nous sommes d'accord sur le but d'accélérer
les procédures.
M. Bédard: M. le Président, nous sommes en mesure
de donner cette assurance qui est demandée par Mme la
députée de L'Acadie. Pour le reste de ses commentaires, je pense
qu'ils rejoignent ceux que nous avions évoqués devant cette
commission, à savoir que l'adoption de cet amendement a sûrement
pour effet d'améliorer la situation
pour certaines personnes qui pourraient être l'objet d'une
décision qui serait appliquée faute d'avoir cet article.
Le Président (M. Desbiens): L'article 39.1 est
adopté.
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Article 39.1,
adopté.
Le projet de loi 26, Loi modifiant le Code de procédure civile,
le Code civil et d'autres dispositions législatives, est adopté
tel qu'amendé, avec la renumérotation nécessaire
également.
M. Bédard: Est-ce qu'il faut faire une motion ou si ce
n'est pas nécessaire?
Le Président (M. Desbiens): En le demandant, je me trouve
à faire une motion.
M. Bédard: La motion normale de renumérotation.
Le Président (M. Desbiens):
Renumérotation. Est-ce que c'est adopté?
Adopté.
Je suspends les travaux pour quelques secondes.
(Suspension de la séance à 17 h 07)
(Reprise de la séance à 17 h 08)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 221
J'appelle le projet de loi 221, Loi concernant certains recours en
matière de responsabilité médicale ou hospitalière.
Le proposeur de ce projet de loi est le député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Le projet de loi 221 a
été déposé au mois de mai 1982. Le ministre a
décidé d'accorder un délai d'à peu près six
mois pour que tout le monde puisse prendre connaissance de ce projet de loi. Le
16 décembre 1982, le projet de loi a été débattu en
commission parlementaire et les personnes intéressées dans ce
dossier ont alors eu l'occasion de donner leur opinion.
À la fin de cette commission parlementaire, le ministre a
déclaré qu'il avait l'intention de prendre le cas en
délibéré, d'étudier les témoignages qui ont
été entendus et d'agir en conséquence. C'est pourquoi
aujourd'hui on se retrouve un an plus tard devant la même commission
parlementaire avec l'objectif, j'espère, d'adopter la loi.
Je n'ai pas l'intention de faire l'historique de ce cas qui date
maintenant de treize ans. Je dois vous dire que je l'ai fait la dernière
fois, soit au mois de décembre. Pour ceux qui veulent l'étudier,
cela se retrouve aux pages 11578 à 11581 du journal des Débats du
16 décembre 1982. Je vais faire un très bref résumé
plutôt que de répéter tout l'historique, à moins que
quelqu'un ne veuille que je le fasse.
Je veux d'abord vous dire que les deux personnes en cause sont MM.
Alfred Warf et Paul-Henri Gaudreau qui sont avec nous cet après-midi;
ils sont représentés par M. Michel Richard, de l'étude
Smith, Lussier et Saint-Martin à Montréal, aussi avec nous
aujourd'hui. Effectivement, le cas concerne deux personnes qui, en 1969 et 1970
respectivement, ont subi des accidents ou des interventions chirurgicales
à la suite desquels elles prétendent qu'une erreur
médicale leur a causé des torts importants. Il s'agit d'un
traitement médical erroné, si vous voulez. Des poursuites ont
été intentées et, en 1974, à la suite d'une
décision de la Cour suprême raccourcissant les délais
permis dans ce genre de poursuite, les deux cas ont été
fermés par l'avocat de ces deux personnes, soit le même avocat
dans les deux cas.
Cependant, à la fin de 1974, le gouvernement du Québec a
adopté le projet de loi 90, lequel, effectivement, prévoyait une
ouverture rétroactive ayant pour effet de permettre à ces deux
personnes de rouvrir leur cas fermé par l'avocat à la suite de la
décision de la Cour suprême. Mais cette ouverture, ce trou
rétroactif qui a été créé par la loi
existait seulement sur une période d'à peu près une
semaine, entre le jour de la sanction de la loi, le 24 décembre, et la
fin de l'année. Tous étaient d'accord, je pense -le ministre
lui-même l'a dit - pour dire que ce délai de dix jours, entre
Noël et le jour de l'an, n'était pas raisonnable pour permettre
à ces personnes de rouvrir les dossiers.
En conséquence, depuis ce moment, plusieurs initiatives ont
été prises. Je ne vais pas les décrire, à moins que
vous n'insistiez, mais cela a abouti finalement au projet de loi 221 qui est
devant nous aujourd'hui. Je dois vous dire que les deux personnes en question
attendent maintenant depuis treize ans pour savoir s'il y a une
responsabilité de la part des médecins ou des hôpitaux dans
les deux cas. Aujourd'hui, il n'est pas question de décider des
mérites de ces cas. Il s'agit tout simplement de leur donner le droit de
recours qui a été permis dans la loi 90 de 1974, mais où,
tout le monde en convient, les délais n'étaient pas
raisonnables.
Je dois vous dire en terminant que ces deux personnes, pendant cette
période, ont
été obligées de changer radicalement et
péniblement leur vie. Elles ont payé cher les deux accidents qui
sont survenus. Je pense que vous allez constater facilement que c'est un cas
d'abord de justice, mais c'est aussi assez important sur le plan humanitaire.
C'est tout ce que j'ai à dire et je vais laisser la parole au ministre.
Je pense que j'ai résumé brièvement la situation.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. (17 h 15)
M. Bédard: Je crois que le député a
résumé d'une façon assez explicite l'ensemble de la
situation. On nous a indiqué que d'autres personnes auraient des
représentations supplémentaires, additionnelles à faire.
Il y a également l'Association des hôpitaux qui nous a
demandé de faire quelques représentations. Je pense m'exprimer au
nom de tous les membres de la commission en disant que nous n'avons aucune
objection. Peut-être serait-il opportun d'entendre les uns et les
autres.
Le Président (M. Desbiens): Me Michel Richard, je
comprends que vous êtes le procureur de...
M. Richard (Michel): Je représente les victimes dans cette
affaire. J'ai parlé à la commission au mois de décembre
et, à la suite du résumé fait par M. Scowen cet
après-midi, je ne crois pas, à ce stade-ci, avoir besoin de faire
d'autres représentations. Je me réserve cependant le droit de
répondre à ce que mes collègues pourraient dire.
Le Président (M. Desbiens): Le suivant sur ma liste est Me
Édouard Martin au nom du Centre hospitalier thoracique de
Montréal.
M. Gagnon (André): M. le Président, je suis Me
André Gagnon, du bureau Gagnon, DeBilly et Associés, je
représente mon associé Édouard Martin qui malheureusement
plaide à l'extérieur aujourd'hui.
J'ai pris connaissance du compte rendu de l'audition du 16
décembre 1982 et je n'ai pas l'intention de revenir sur tout ce qui a
été mentionné dans ce compte rendu que j'ai lu avec grande
attention. Je me borne donc à faire deux brèves remarques.
Sur la question de principe de la rétroactivité, je
réfère la commission à la lettre du 7 janvier 1983 du
bâtonnier du Québec - dont copie vous a été
transmise -qui a bien expliqué les questions de droit qui se posaient,
lettre qui a fait l'objet, le 21 janvier 1983, d'une résolution du
comité administratif du Barreau du Québec, alors que les membres
du comité administratif expriment leur accord unanime à l'endroit
de cette lettre au député de Notre-Dame-de-
Grâce. Ceci pour expliquer le danger que cela peut constituer de
faire une exception aux règles générales de droit et d'y
donner effet rétroactif pour couvrir des cas particuliers.
Ma deuxième remarque est pour faire valoir le point de vue de
l'Institut thoracique de Montréal que je représente, car, si on
peut penser être juste pour les demandeurs et leur permettre d'instituer
un recours après environ treize années, il faut également
penser aux droits des défendeurs qui seraient poursuivis. Le projet de
loi dit que toute personne qui peut être responsable peut être
poursuivie et on peut se demander si les hôpitaux, les médecins ou
les employés d'hôpitaux pourront avoir une défense pleine
et entière comme c'est leur droit.
Évidemment, la première défense à laquelle
ils avaient droit, c'est la prescription, qui est un moyen reconnu par le Code
civil pour éteindre une obligation. Mais même si on met de
côté la prescription, il y a tous les autres moyens de
défense pour établir leur non-responsabilité. Si l'action
avait été instituée dans le délai d'un an, que la
Cour suprême a reconnu comme étant celui qui devait toujours
s'appliquer évidemment, la Cour suprême n'a pas fait la loi, elle
a interprété les articles du Code civil - ou même si
l'action avait été instituée dans le délai
prévu par le chapitre 80 de la loi du 24 décembre 1974,
peut-être que la défense pleine et entière aurait
été plus possible. Mais, si on entrevoit un procès qui
pourrait avoir lieu environ quinze ans après les faits
allégués, il peut y avoir un danger sérieux que les
défendeurs ne puissent présenter une défense pleine et
entière à cause, par exemple, de l'absence des médecins,
des principaux témoins, des infirmières, etc.; quelques-uns
peuvent même être décédés ou avoir
quitté la province. Ceci, à mon point de vue, met les
défendeurs dans une position très difficile et peut constituer
une injustice à leur égard.
M. le Président, ce sont les remarques que j'avais à
faire. Je laisse la parole à mes différents confrères
s'ils ont autre chose à ajouter.
Le Président (M. Desbiens): Me Robert-J. Chénier,
au nom du Dr Bruce Sadler et du Dr James Wilson.
M. Chénier (Robert-J.): C'est simplement pour rappeler aux
membres de la commission, concernant les délais, qu'en fait, c'est
beaucoup plus qu'une semaine qui était disponible pour intenter les
procédures, alors qu'on constate que M. Warf, dont le préjudice
s'est manifesté en décembre 1970, a consulté son avocat le
22 août 1973. Donc, il avait quatre ans, à partir de son
préjudice jusqu'au 1er janvier 1975, pour intenter son action, et son
avocat a eu le dossier pendant
un an et demi sans intenter d'action. La première fois que le Dr
Wilson a entendu parler de cette réclamation, c'est lorsqu'il a
été avisé, en décembre 1982, de la tenue de la
commission parlementaire sur le projet de loi.
Concernant le Dr Sadler, le préjudice avait eu lieu en 1969. Il a
consulté son avocat le 15 août 1972. Cet avocat a envoyé
une mise en demeure le 26 septembre 1972 au Dr Sadler, mais il n'a rien fait,
encore une fois, pour donner suite à cette mise en demeure. Dans le cas
de M. Gaudreau, si une action avait été intentée dans les
cinq ans suivant la faute, c'est-à-dire entre le 7 octobre 1969 et le
1er janvier 1975, il aurait bénéficié de l'exemption qui
est déjà prévue dans la loi.
Le Président (M. Desbiens): Me André Rochon, au nom
de l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme.
M. Rochon (André): M. le Président, je n'ai pas
l'intention de reprendre ici les propos qu'on vous a fait valoir lors de la
dernière audition de cette commission. Cependant, depuis cette
dernière audition, nous avons eu l'occasion de regarder l'ensemble du
problème, de convenir avec les membres de cette commission - comme le
soulignait le député, M. Scowen - qu'il s'agissait d'un
problème humanitaire sérieux.
Nous avons également examiné les couvertures d'assurances
de l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme. Il y a un aspect
particulier du problème où, dans la période
mentionnée à l'article 1 du projet de loi qui mentionne les dates
du 16 septembre au 4 octobre 1969, l'Hôtel-Dieu de
Saint-Jérôme était assuré par deux polices qui
chevauchaient cette période, d'où une première
difficulté pour l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme,
puisqu'il s'agissait d'une police qui couvrait l'événement et non
pas la réclamation, comme c'est le cas aujourd'hui. C'était un
problème majeur pour l'Hôtel-Dieu de
Saint-Jérôme.
Deuxièmement, les archives de l'Hôtel-Dieu de
Saint-Jérôme ont également révélé que
certains contacts ont été faits avec les assureurs qui assuraient
l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme à l'époque et une
des compagnies d'assurances ne serait même pas impliquée dans le
portrait. J'ai personnellement eu un appel d'un fonctionnaire du
ministère de la Justice hier me disant le nom et le numéro de
téléphone de cette compagnie d'assurances.
Or, si on convient ici qu'il s'agit d'un projet de loi hautement
humanitaire, si on convient également qu'il y a des difficultés
réelles et sérieuses quant à l'Hôtel-Dieu de
Saint-Jérôme, je ne vois pas que ce citoyen corporatif qu'est
l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, qui a droit à la
reconnaissance de tous les droits de ses employés, devrait être
pénalisé, advenant une bataille d'assurances ou simplement
à cause de technicités, étant donné le temps
passé, par une condamnation éventuelle. Je comprends que le
projet de loi ne statue pas sur la responsabilité. Il donne simplement
la chance à ces gens d'aller devant les tribunaux.
La suggestion que j'ai à faire à cette commission, si on
agit pour des motifs humanitaires, est: Pourquoi une institution locale
serait-elle touchée par une condamnation éventuelle? Je
suggère aux membres de cette commission d'adopter un amendement
prévoyant l'éventualité, s'il y avait condamnation, que le
fardeau soit défrayé à même le fonds
consolidé de la province de Québec. C'est la suggestion
principale que je veux faire à cette commission.
Il y a aussi l'aspect - et je vais laisser tantôt ma consoeur de
l'Association des hôpitaux vous en parler - qui touche tout le
portefeuille des assurances des hôpitaux, la notion d'évaluation
du risque, de la prime et ainsi de suite. On ne voit pas pourquoi les
institutions, soit locales ou soit indirectement par une retombée
économique qui aurait lieu à la suite de l'évaluation des
risques par les compagnies d'assurances, seraient touchées et
lésées par cette façon de procéder. Alors, la
suggestion que je fais est que, si, en plus -je ne veux pas faire de redondance
avec ce qu'on a dit lors de la première audition - il y avait
condamnation, cette condamnation soit assumée par l'ensemble et non pas
par une institution locale précise.
Le Président (M. Desbiens): Me Jacques Nols, au nom des
assureurs.
M. Nols (Jacques): Je n'étais pas présent lors des
débats du mois de décembre 1982, mais Me Guy Lemay de mon
étude a représenté les assureurs de Commercial Union.
Alors, je ne reprendrai évidemment pas sur ce qui a été
dit à ce moment. Je vais simplement souligner le fait que, quant
à la Maryland Casualty, la première fois, à toutes fins
utiles, qu'ils ont entendu parler de cette réclamation-ci,
c'était hier, à 16 h 30, lorsque quelqu'un de cette commission a
communiqué avec ces assureurs. Cette réclamation-ci n'avait
jamais été rapportée comme telle. Il y a, à tout le
moins, de sérieux doutes, à savoir si la Maryland Casualty couvre
ou assure même cette réclamation-ci.
Indépendamment de cette question d'assurances, je suis devant
vous simplement parce que je détiens un mandat de ces deux assureurs et
que j'ai été invité par la commission à me
présenter devant vous. Je crois qu'il s'agit beaucoup moins d'un
problème d'assurances, mais plutôt d'une question de droit,
à savoir que, même si nous sommes face à deux individus,
dont la
réclamation peut être sympathique, ils ont quand même
des recours qui, en droit, sont prescrits. Ce sont deux individus qui ont
choisi ou dont les avocats ont choisi de ne pas poursuivre en temps opportun et
qui veulent maintenant faire revivre par une loi d'exception des recours qui
sont prescrits.
L'Assemblée nationale a déjà eu à se pencher
sur le problème, des problèmes absolument identiques, à
deux reprises: d'abord pour le projet de loi 80 en décembre 1974, et
encore une fois, les avocats de ces deux individus ont choisi, volontairement
ou non, par ignorance, par inadvertance ou quoi que ce soit, de ne pas intenter
d'action. On demande à d'autres parties, on demande à des
défendeurs qui n'étaient pas impliqués dans cette
décision de ne pas prendre action, d'assumer le fardeau de cette erreur
possible qui a eu lieu à ce moment-là.
Quant au projet de loi 65 de 1977, il faut souligner que l'article 10 de
ce projet de loi, à ce moment, prévoyait spécifiquement
une rétroactivité qui allait au-delà ou
antérieurement au 1er janvier 1972. Il est clair que le
législateur, à ce moment, a refusé de retourner
antérieurement à 1972. Je crois qu'à ce moment,
l'Assemblée nationale a déjà tranché cette
question. Légiférer pour s'occuper de droits éteints
affecte évidemment les deux individus qui présentent le projet de
loi, mais affecte également les droits acquis par les institutions
hospitalières, par les médecins et par les individus qui ne sont
même pas impliqués à ce jour, qui n'ont même pas
entendu parler de la présente réclamation ou du présent
projet de loi, que ce soient des infirmiers, des infirmières, ou des
techniciens, parce que le projet de loi nous parle du droit de poursuivre qui
que ce soit d'impliqué. Ces personnes ont acquis le droit de savoir que
tout recours contre eux pour un événement comme celui-ci est
prescrit. Je prétends qu'on ne doit pas, par un droit d'exception, leur
nier ce droit qu'ils ont acquis.
Je me pose sérieusement la question, à savoir si le
législateur est disposé à se pencher sgr chacun des
problèmes dans tous les cas qui peuvent être identiques à
ceux-ci et qui peuvent traîner depuis les trente dernières
années. Est-ce qu'on va siéger en commission parlementaire pour
chacun de ces cas et légiférer à la miette? Je soutiens
que l'individu, que ce soit l'institution hospitalière, ou le
médecin, ou l'infirmier, ou le technicien qui peut être
impliqué dans les traitements, que ce soit dans le cas de M. Gaudreau ou
de M. Warf, a acquis d'être libéré de ses obligations
lorsque la prescription a été acquise de façon
légale. Est-ce que ces personnes sont en droit de s'attendre que le
législateur respecte ce droit qu'elles ont acquis?
Le Président (M. Desbiens): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres procureurs?
Mme Gosselin (Ghislaine): Je suis Ghislaine Gosselin, avocate; je
suis adjointe au directeur général à l'Association des
hôpitaux du Québec. (17 h 30)
Dans un premier temps, je voudrais vous remercier, M. le
Président, M. le ministre et les autres membres de cette commission, de
bien vouloir accepter que l'association fasse des représentations, car
elle n'était pas à la première commission parlementaire.
Ceci dit, elle a quand même pris connaissance des propos qui ont
été tenus à cette commission parlementaire et
désire, dans un premier temps, souscrire aux représentations qui
ont été faites par les procureurs des centres hospitaliers lors
de cette commission parlementaire et aujourd'hui, de façon à ne
pas être redondant et à reprendre tous les propos.
L'Association des hôpitaux, comme telle, représente les
centres hospitaliers de la province de Québec. Depuis 1973, plus
particulièrement, elle assume la gestion des programmes d'assurances de
tous les centres hospitaliers de la province. Alors, il s'agit de ce qu'on
appelle les programmes de services mis en commun. Vous comprendez par ce fait
même l'intérêt de l'association d'intervenir à cette
commission permanente.
Il y a peut-être avantage pour l'association de porter à
votre attention deux points, le premier étant vraiment une question de
droit, à savoir la prescrition, car c'est vraiment le point de droit qui
est soulevé par le projet de loi. Quant au droit prétendu de MM.
Gaudreau et Warf de ne pas tenir compte de cette prescription en adoptant le
projet de loi 221, cela équivaudrait, selon nous, à nier les
droits des autres personnes impliquées également par ce projet de
loi, soit les centres hospitaliers, certains membres du personnel de ces
centres hospitaliers qui travaillaient à l'époque des
prétendues fautes ainsi que certains médecins.
À cet effet, vous me permettrez peut-être de vous souligner
les remarques qui ont été faites par le juge Galipeault dans
l'arrêt Gauthier versus Lacroix. Pour fins de la citation, il s'agit
d'une cause rapportée dans 1961, Cour d'appel, page 491. Je cite le juge
Galipeault: "J'avoue avoir sur le banc ressenti beaucoup de sympathie pour la
demanderesse dont le recours, paraît-il, serait prescrit si le jugement
n'était pas infirmé et avoir éprouvé beaucoup de
difficulté à réfréner ce mouvement si naturel. Je
me rends compte à ce moment qu'il faut songer au défendeur
lui-même qui est en droit d'attendre des tribunaux l'application de la
loi dans toute son intégrité si réellement, par la
prescription
reconnue par la loi qui n'a jamais protégé les
négligents, il est en droit d'être libéré des
recours exercés contre lui. Les parties doivent rester avec les
mêmes avantages, recevoir les mêmes sommes en justice."
Forte de ces remarques, je vous en fais part en vous demandant s'il est
possible de les partager dans l'étude du projet de loi qui vous est
soumis et c'est fondamentalement pourquoi l'association s'inscrit contre le
projet de loi.
Le deuxième point, il va sans dire, c'est l'impact à long
terme, non pas simplement pour les personnes que j'aiprécitées tout à l'heure, mais aussi pour l'ensemble
des centres hospitaliers. L'adoption du projet de loi créerait un
précédent. Même si, comme vous l'avez déjà
souligné, seulement trois personnes ont déjà fait
connaître à l'Assemblée ou à certains de ses membres
leur intérêt de voir une loi privée modifier une situation,
il va sans dire que d'autres qui se sont tues et qui ont tout simplement
accepté la loi telle qu'elle était, c'est-à-dire qui n'ont
pas cherché à obtenir un projet de loi privé, pourraient,
si vous décidiez d'adopter un tel projet de loi privé, s'en
prévaloir et vous soumettre des faits fort similaires.
En conséquence de l'adoption d'un tel projet de loi, si vous
décidiez de le faire, il va sans dire que tout se paie, même par
ceux qui seraient peut-être les premiers pénalisés de ne
pouvoir se prévaloir de la prescription. Ainsi, l'Association des
hôpitaux, lorsqu'elle aura à renégocier les programmes
d'assurances et, principalement, les primes devra sûrement faire face
à ce problème, à savoir: Est-ce que les risques sont
modifiés? Si, effectivement, dans la négociation, on doit tenir
compte du fait que des lois privées peuvent venir modifier les
prescriptions et permettre d'éventuelles poursuites,
indépendamment des années qui se sont écoulées, il
est à prévoir que les primes seront à la hausse et ce,
pour l'ensemble des hôpitaux de la province. Ceci dit, je vous
remercie.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il d'autres
intervenants? Me Richard.
M. Richard (Michel): M. le Président, j'aimerais
répondre très brièvement à certaines remarques
faites par mes confrères.
Tout d'abord, j'aimerais répondre à mon confrère,
Me Chénier, qui a indiqué qu'à la suite de la mise en
demeure expédiée au Dr Sadler, ce dernier n'aurait eu aucune
autre nouvelle du cas de M. Gaudreau. Dans cette affaire-ci, après cette
mise en demeure, la compagnie d'assurances qui assurait alors M. Sadler s'est
occupée de l'affaire de M. Gaudreau. Il y a eu une expertise
médicale de faite à la demande de cette compagnie d'assurances et
les pourparlers de règlement étaient en marche. Cela explique
aussi pourquoi il n'y a pas eu d'action de prise même si, comme l'a fait
remarquer le même confrère, Me Chénier, plusieurs
années s'étaient écoulées depuis l'accident.
Ensuite, je crois que l'argument qui a été apporté
à plusieurs reprises et qui concerne le problème d'assurances,
c'est un problème qui ne devrait pas concerner la commission. En effet -
cela, on ne le sait pas - s'il y a couverture, ce sont les compagnies
d'assurances qui vont payer une condamnation éventuelle et, s'il n'y a
pas couverture, ce sont les hôpitaux qui vont payer. Dans les deux cas,
on se trouve à faire payer des citoyens corporatifs de la province et je
ne vois pas pourquoi le fait qu'un citoyen paie à la place de l'autre
devrait influencer la commission.
Finalement, mon confrère, Me Nols, a mentionné le projet
de loi 65 dont l'article 10 avait été rayé en 1977. Cet
article avait été rayé justement parce qu'il s'agissait
d'un projet de loi public et qu'on avait jugé préférable
de faire passer les quelques cas qui étaient connus à ce
moment-là, c'est-à-dire les cas de MM. Gaudreau, Warf et Auclair,
par des projets de loi privés. Alors, je ne crois pas que l'argument que
je viens de mentionner soit valable.
Enfin, quant à l'argument selon lequel le projet de loi, s'il
était accordé, constituerait un précédent
dangereux, je crois que le ministre Bédard a répondu à cet
argument, la dernière fois, en disant que les cas de MM. Warf et
Gaudreau étaient très bien connus du gouvernement et du
ministère de la Justice depuis de longues années, que
c'était à cause des efforts incessants de MM. Warf et Gaudreau
qu'on était ici cet après-midi et que, si le projet de loi
était adopté, ce serait simplement à cause de ces efforts
et que d'autres personnes ne pourraient pas venir et obtenir le même
droit.
Pour ces motifs, je vous demande bien humblement d'adopter le projet de
loi 221.
M. Chénier: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): D'autres intervenants?
M. Chénier: Oui, j'aimerais ajouter seulement un mot.
Le Président (M. Desbiens): Me
Chénier?
M. Chénier: Oui, mon nom est Me Chénier. Concernant
le cas de M. Gaudreau, il y a eu une première mise en demeure en
septembre 1972. La deuxième lettre au dossier était de novembre
1972, transmettant une autorisation pour obtenir copie du dossier
médical. Le 27 février 1973, l'avocat de M. Gaudreau a dit: Je
regrette de ne pouvoir
attendre plus longtemps. À moins d'un règlement
immédiat, je devrai prendre des procédures. C'est l'état
du dossier entre les procureurs, tel qu'il m'est révélé
par mon dossier. C'est pourquoi j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait
une mise en demeure et que, par la suite, l'avocat de M. Gaudreau n'y avait pas
donné suite en prenant des procédures judiciaires. Je maintiens
ce fait-là, il n'y a pas eu de procédures judiciaires
d'intentées et, si les procécures judiciaires avaient
été intentées avant le 31 janvier 1975, on aurait alors pu
se prévaloir de la loi. Donc, à toutes fins utiles, l'avocat de
M. Gaudreau a eu du 26 septembre 1972 au 31 janvier 1975 pour agir et les faits
dataient de 1969. Je pense que c'est beaucoup plus qu'une semaine.
Le Président (Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'aimerais poser une ou deux questions aux avocats,
lesquelles relèvent en partie de votre témoignage d'aujourd'hui
et aussi de celui du mois de décembre dernier. Il me semble qu'à
l'époque, M. Martin, la dernière fois, avait confirmé
qu'il existait une incertitude quant au délai permis pour faire ces
procès. Il y avait ceux qui, avant le jugement de la Cour suprême
de 1974, prétendaient que c'était 30 ans. Il y en avait d'autres
qui prétendaient que c'était un an, mais il existait une
incertitude. Est-ce que c'est vrai?
M. Gagnon (André): Des corrections, oui, parce qu'il y
avait des obiter dictum, surtout dans un jugement de G versus C. Il a
été décidé par la Cour d'appel en 1960, là
où le médecin avait été poursuivi parce qu'il avait
laissé une pince dans le ventre d'un patient, il avait été
suggéré que c'était la prescription de 30 ans, mais
d'autres juges n'étaient pas d'accord. Dans ce jugement, comme l'action
avait été prise dans moins d'un an après qu'on eût
trouvé la présence de la pince, alors on n'en avait pas besoin,
la prescription ne courait pas tant que le patient ne le savait pas. Dans le
fond, c'était un obiter dictum. C'était une opinion qui existait
et les auteurs étaient d'opinions divergentes. D'ailleurs, dans la cause
Patry-Notre-Dame, la Cour d'appel était divisée, n'est-ce pas? Le
juge Casey était dissident et c'est sa dissidence qui a
été confirmée par la Cour suprême du Canada. Il y
avait un conflit d'opinions.
M. Scowen: Alors, pour cette raison, je pense qu'il serait
raisonnable de dire qu'aucun avocat ou étude d'avocats n'aurait le droit
de reprocher à une autre étude d'avocats de ne pas
procéder avec une poursuite dans ce domaine à l'intérieur
d'un an, parce que c'était connu qu'il existait un délai possible
de 30 ans. Je pose la question parce qu'il me semble que quelques avocats ont
prétendu que l'étude Smith, Lussier a été
négligente, parce qu'elle n'avait pas intenté une poursuite dans
des délais très courts. Mais il me semble que, s'il y avait,
parmi tous les avocats du Québec, l'impression que, très
probablement, on avait jusqu'à 30 ans pour faire la poursuite...
M. Gagnon (André): C'était controversé.
M. Scowen: ...on ne peut pas dire qu'une étude d'avocats
était irresponsable de ne pas avoir agi dans le délai d'un
an.
M. Rochon: Je ne pense pas que ce soit possible, M. Scowen,
d'après ce qu'on sait du dossier. La firme Smith, Lussier, qui ne
portait pas ce nom-là en 1972, est intervenue dans le dossier en 1972,
alors qu'on parle de faits de 1969. Mais une chose est certaine...
M. Scowen: Je m'excuse. La firme Smith, Lussier est entrée
dans le dossier, si ma mémoire est bonne, en 1973, et elle a
fermé le dossier par écrit en 1974, à la suite de... Il
n'était pas question de 1979. Ils ont fermé officiellement le
dossier à la suite de la décision de la Cour suprême.
M. Rochon: La première lettre qu'on a reçue d'eux
à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme était du 22
novembre 1972 sur la transmission du dossier médical.
M. Scowen: C'est cela. Ils ont fermé le dossier avec des
lettres écrites à M. Warf et M. Gaudreau, au mois de juin 1974,
à la suite de la décision de la Cour suprême. Ils ont dit:
On ne peut pas aller plus loin, malheureusement; il y a une décision.
Alors, ils ont fermé le dossier à ce moment.
Je veux poser une autre question. Trouvez-vous que le délai d'une
semaine dans le projet de loi 90 était un délai raisonnable? Je
veux poser la question à M. Chénier parce que je pense qu'il a
prétendu que oui.
M. Chénier: Je pense qu'un délai d'un an et demi ou
deux ans qu'a un avocat pour regarder une réclamation de ce genre et
décider s'il va prendre des procédures, c'est plus que
raisonnable. C'est absolument immense.
M. Scowen: Une semaine.
M. Chénier: Non. Le délai qu'ont eu les avocats
dans les deux cas, un an et demi ou deux ans, pour décider s'ils doivent
prendre ou non des procédures...
M. Scowen: Ce n'est pas la question
que je vous pose, M. Chénier. Je vous demande si vous trouvez que
le délai prévu dans le projet de loi 90, du 24 décembre
-quand il a été sanctionné - jusqu'au 31 décembre,
la date limite, était un délai raisonnable.
M. Chénier: Brièvement, je pense qu'il y avait eu
suffisamment de publicité. Quant au délai d'une semaine,
j'estime, quant à moi, que ce n'est pas un délai d'une semaine,
qu'il y avait eu un barreaugramme, que le projet de loi avait été
déposé bien avant la date limite et que, quant au délai
d'une semaine comme tel, après que le projet de loi eut
été sanctionné, il y a eu une large publicité faite
au barreau par un barreaugramme envoyé à tous les avocats. (17 h
45)
M. Scowen: Vous trouvez que le délai d'une semaine est
suffisant?
M. Chénier: Dans ces circonstances, oui.
M. Scowen: Nous avons reçu de plusieurs avocats
l'argument, au mois de décembre, que le délai de six mois entre
le dépôt du projet de loi 221 et le débat sur la question
en commission parlementaire n'était pas raisonnable ou suffisant. Je
veux simplement savoir comment vous pouvez dire qu'un délai de cinq
jours ou sept jours est suffisant, dans un cas. Même aujourd'hui,
quelqu'un m'a dit que la compagnie Maryland Casualty vient juste de
connaître l'existence de cette loi. J'imagine qu'elle a été
rendue publique par les barreaugrammes depuis maintenant un an. Est-ce qu'il
n'y a pas là une incohérence?
Le Président (M. Desbiens): Me Nols.
M. Nols: Si vous me le permettez, il y a peut-être une
incohérence dans votre esprit, à savoir ce qui a pu arriver en
1972, 1974, 1975. Il y avait eu à ce moment-là un battage de
publicité auprès des avocats par le barreau. La décision
Patry rendue par la Cour suprême avait fait évidemment beaucoup de
bruit. Mon étude avait été impliquée, elle
représentait la partie qui avait gagné en Cour suprême.
Cette décision avait fait énormément de bruit au barreau.
La loi qui visait à ramener le délai à trois ans et ce
projet de loi 80 avaient été rendus publics depuis
déjà plusieurs mois, presque dès le moment où la
décision de la Cour suprême avait été rendue.
Quant à la question de Maryland Casualty, il faut
évidemment savoir que le projet de loi privé qui est ici est
publié de façon absolument... À part nous ici, il n'y a
vraiment pas beaucoup de gens qui le savent. Il y a peut-être des
personnes qui ont lu la Gazette, mais, à part cela, il n'y a vraiment
personne qui en a entendu parler. La Maryland Casualty est une compagnie qui ne
fait plus affaires au Québec. Elle ne fait plus affaires au Canada.
M. Scowen: Elle n'a pas d'avocats ici.
M. Nols: II y un fondé de pouvoir qui est ici à
Montréal et il y a un représentant qui voit à terminer les
dossiers qui sont encore ouverts. Elle n'ouvre plus de nouveaux dossiers. Elle
ne fait que terminer les dossiers qui étaient ouverts, régler et
payer les réclamations.
M. Scowen: J'avoue que l'argument est un peu une situation de
deux poids, deux mesures dans ce cas. Une dernière question à
poser à M. Chénier. Dans son témoignage au mois de
décembre, à la page 11 598, il a dit, et cela faisait partie de
son argumentation: "Un des médecins, le Dr Monroe, est
décédé maintenant." Est-ce qu'il peut nous dire exactement
quand le Dr Monroe est décédé?
M. Chénier: Lorsque j'ai parlé dernièrement
avec certaines personnes, j'ai cru comprendre que le Dr Monroe serait vivant.
Je l'ignore.
M. Scowen: ...qu'il est décédé.
M. Chénier: Je ne sais pas s'il est
décédé, M. Scowen.
M. Scowen: Vous avez déclaré qu'il était
décédé.
M. Chénier: Le Dr Wilson m'avait dit que le Dr Monroe
était décédé. Maintenant, je ne sais même pas
de quel Dr Monroe on parle. J'ai voulu me renseigner entre les deux auditions.
J'ai demandé au procureur de M. Warf d'avoir accès au dossier
hospitalier. Il me l'a refusé et je ne peux même pas savoir de qui
il s'agit quand on parle du Dr Monroe. J'ai vérifié dans le
bottin des médecins et je ne sais de quel Dr Monroe il s'agit.
M. Scowen: Je vous cite, à la page 11 598: "M.
Chénier: Le Dr Monroe étant décédé
maintenant, si jamais ce projet de loi privé est adopté - je
parle au nom de ses intérêts sans être son procureur -
comment ses héritiers se défendront-ils?"
M. Chénier: C'est juste...
M. Scowen: Je veux savoir à quelle date il est mort.
M. Chénier: Je ne sais pas s'il est
décédé, M. Scowen.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais remercier
les individus, procureurs, groupes ou associations qui ont fait entendre leurs
représentations auprès des membres de la commission. Pour
quelques-uns, il s'agissait de prendre la relève de collègues qui
ne pouvaient être présents. Pour ce qui est des hôpitaux,
c'était, je crois, une première au niveau de la
représentation qui, effectivement, reprend essentiellement des arguments
que les membres de la commission avaient eu l'occasion d'entendre lors des
auditions que nous avons déjà tenues. Pour le
bénéfice de ceux qui liront le journal des Débats, il ne
s'agit pas de la première séance de la commission concernant ce
projet de loi, comme il ne s'agit pas non plus d'une première loi
puisqu'on se réfère à des lois, à une loi, entre
autres, qui a été adoptée sur le fond du sujet qui retient
notre attention, en 1975, par le ministre de la Justice d'alors.
Je ne poserai pas de questions additionnelles puisque, comme l'ont fait
remarquer nos distingués invités, il s'agit essentiellement
d'arguments déjà soulevés, chacun des membres de la
commission ayant eu l'occasion d'y aller de ses questions. Je comprends que le
député parrain du projet de loi en a ajouté d'autres
aujourd'hui, à la suite de la lecture plus approfondie des débats
que nous avions eus à ce moment.
Alors, M. le Président, il est évident qu'il y a des
décisions qui sont difficiles à prendre, mais ce n'est pas une
raison pour ne pas les prendre. Je sais qu'il y a une logique juridique qui
doit être considérée avec beaucoup de respect, parce que
cette logique juridique est essentielle pour l'ensemble d'une
société. Il y a également -je le dis avec tout le respect
pour les opinions qui nous ont été acheminées par les
individus, les groupes, le barreau, qui ont fait grand état, à
juste titre, de cette logique juridique - le danger, en adoptant ce projet de
loi, d'apporter des modifications aux lois publiques déjà
existantes; autrement dit, de changer l'état de la situation juridique
présente.
Il est évident aussi qu'il doit y avoir des situations où
le législateur doit intervenir s'il le juge à propos. Cette
intervention peut effectivement constituer, représenter un changement de
la situation juridique existante. C'est évident que le
législateur doit le faire avec beaucoup de circonspection, beaucoup de
précaution.
Or, il est clair que non seulement il peut le faire, mais il doit le
faire dans certaines circonstances; sinon, nous n'aurions pas cette
procédure qui existe depuis toujours, cette possibilité pour des
individus de présenter des projets de loi privés qui,
naturellement, de par leur nature même, ont pour effet de changer,
d'aller à l'encontre d'une situation juridique existante. Autrement dit,
il y a la logique juridique - je pense que tous les membres de la commission en
sont très conscients - et il y aussi des situations humaines qu'il est
très difficile de concilier avec la logique juridique très
stricte si on n'accepte pas d'y apporter des nuances comme législateur -
encore une fois, je le dis avec tout le respect que j'ai pour toutes les
opinions exprimées par les membres de cette commission - même si
la décision peut être difficile à prendre, parce qu'il y a
beaucoup d'éléments qui militent en faveur d'un point de vue,
beaucoup d'éléments aussi qui militent en faveur d'un autre point
de vue, peut-être plus humain, difficilement conciliable avec la logique
juridique si on s'y attache d'une façon trop rigide.
Enfin, M. le Président, je pense que, après avoir entendu
toutes les représentations, le temps est quand même venu de rendre
une décision. Je vais essayer de le faire de la façon la plus
explicite possible, tout en n'exagérant pas non plus, en revenant un peu
sur les faits que nous avons été à même de voir
explicités dans les travaux de cette commission.
Au mois de décembre dernier, la commission de la justice a
entendu les représentants des diverses parties impliquées dans la
présentation du projet de loi 221, Loi concernant certains recours en
matière de responsabilité médicale ou
hospitalière.
Aujourd'hui, les membres de la commission ont eu de nouveau l'occasion
d'entendre les représentations des différentes personnes
visées par ce projet de loi. Nous sommes donc, je pense, en mesure de
prendre une décision. Cette décision, je tiens à le
souligner, doit être prise non pas en raison de la sympathie que l'on
peut éprouver à l'égard du cas de MM. Warf et Gaudreau,
mais plutôt en raison d'une analyse rationnelle des faits et des
circonstances qui ont conduit à la présentation de ce projet de
loi. Or, c'est mon humble avis, ces faits et circonstances démontrent
que MM. Warf et Gaudreau n'ont pas à se reprocher quoi que ce soit au
niveau des délais, au moment où ils ont décidé de
consulter un avocat. Compte tenu notamment de l'état de la jurisprudence
à cette époque, on ne pouvait s'attendre - et personne dans la
communauté juridique ne pouvait s'y attendre, pas plus MM. Warf et
Gaudreau - qu'ils intentent des poursuites dans l'année qui a suivi les
dommages dont ils allèguent avoir été victimes,
étant donné la situation du droit à ce
moment-là.
Par la suite, en raison de la décision de la Cour suprême
dans l'arrêt Hôpital Notre-Dame versus Patry, ils ont en
toute
logique décidé d'abandonner le recours en justice, ne
pouvant prévoir que l'Assemblée nationale adopterait en 1974 la
Loi modifiant certaines prescriptions qui permettait à un grand nombre
de personnes d'intenter des procédures judiciaires, malgré le
fait que ces recours étaient auparavant prescrits. Il a
été allégué que MM. Gaudreau et Warf auraient pu se
prévaloir de cette loi de 1974. Cependant, j'estime qu'en pratique cela
leur a été impossible, vu que cette loi n'avait été
déposée en première lecture que le 16 décembre
1974, qu'elle a été sanctionnée le 24 décembre
suivant et qu'elle avait pour effet d'obliger MM. Warf et Gaudreau à
intenter leur action avant le 1er janvier 1975. On peut constater
que MM. Warf et Gaudreau n'ont pas bénéficié - c'est ma
conviction profonde - d'un délai raisonnable pour intenter leur action
et qu'en conséquence, on ne peut pas leur en tenir rigueur. (18
heures)
II faut aussi prendre en considération le fait - et il s'agit
là d'un aspect qui me semble très important - que MM, Warf et
Gaudreau ont, dès 1975, entrepris des démarches en vue d'obtenir
une intervention législative en leur faveur et qu'ils ont constamment
répété ces démarches au cours des dernières
années.
À cet égard, il a été allégué
que les éventuels défendeurs visés par les recours de MM.
Warf et Gaudreau pouvaient se sentir raisonnablement à l'abri de toute
poursuite, compte tenu de l'arrêt de la Cour suprême et de la loi
concernant certaines prescriptions de 1974.
Cependant, il faut prendre en considération que, dès 1977,
j'avais personnellement proposé un amendement général
à la loi à partir des situations vécues par MM. Warf et
Gaudreau et que, par la suite, en 1978, un projet de loi de
député nommant expressément MM. Warf et Gaudreau fut
déposé à l'Assemblée nationale. Le projet de loi
n'avait pu être sanctionné à ce moment-là
étant donné les objections de l'Opposition qui a depuis
changé d'attitude, à la lumière de l'approfondissement des
faits.
Le projet de loi que nous étudions présentement a, lui,
été déposé au mois de juin 1982 et
étudié en commission parlementaire, comme je l'ai dit tout
à l'heure, en décembre 1982. Dans ce contexte, je ne pense pas
que l'on puisse conclure que ce projet de loi a pour effet de surprendre
complètement les défendeurs. C'est un élément
important. De plus, il est courant que l'instruction de ce genre de cause
s'étende sur plusieurs années. Il existe des règles
relatives à la conservation des dossiers médicaux et hospitaliers
qui font qu'il devrait être encore normalement possible de s'y
référer aujourd'hui. Je peux toujours mentionner également
que nous ne nous prononçons pas sur le fond aujourd'hui. Il est exact
que nous donnons la possibilité d'un recours à MM. Warf et
Gaudreau par l'adoption du projet de loi 221. Il a été
très clair tout au cours de la commission parlementaire que nous ne nous
prononcions pas, ceci n'équivalait pas à un jugement sur le
fond.
Quant à certains faits qui auraient été
soulevés lors des audiences de décembre dernier, il
m'apparaissait important d'effectuer certaines vérifications pour que
les législateurs que nous sommes puissent bien jauger les effets
pratiques du projet de loi 221 sur les personnes susceptibles de faire l'objet
d'actions en justice en vertu de cette loi. Ainsi, il y avait unanimité
chez les parlementaires pour que le nombre de personnes pouvant potentiellement
faire l'objet de ces poursuites soit limité le plus possible.
Vérification faite auprès des procureurs des requérants,
il semble qu'il soit possible de le faire. Je vais proposer, d'ailleurs, un
amendement à cet effet.
Deuxièmement, on a allégué qu'un des
médecins était décédé, ce qui aurait
posé un problème au niveau de ses ayants droit et de leur
acceptation ou non-acceptation de la succession. Or, il appert, après
vérification, que les médecins visés sont tous
vivants.
Troisièmement, il y avait tout le problème de la
couverture par des assurances des hôpitaux et des personnes
potentiellement visées. Loin de moi l'idée de laisser entendre
que rouvrir une action prescrite est un geste moins grave s'il touche une
compagnie d'assurances plutôt qu'un individu. Je ne veux pas y aller
d'une telle évaluation. Cependant, l'argument de la
non-assurabilité des personnes visées a été
évoqué par les opposants eux-mêmes comme étant un
argument important dont il fallait tenir compte, avec raison. Cette question
avait d'ailleurs, pour cette raison, occupé longuement l'attention des
membres de la commission. Or, les vérifications juridiques ont
été faites, à ma demande, et ces contrats d'assurances des
hôpitaux me laissent plutôt entendre, sous toutes réserves,
bien sûr, qu'il y aurait couverture par les compagnies d'assurances.
C'est ce qui m'a été dit. Quant au médecin, il serait
couvert par l'Association canadienne de protection médicale, comme la
plupart des médecins le sont. Pour ce qui est d'une des compagnies
d'assurances qui aurait cessé ses activités -cela avait
été évoqué - c'est plutôt un courtier
d'assurances qui a mis fin à ses activités. La compagnie
d'assurances, en l'occurrence Maryland Casualty, fonctionne toujours.
Pour toutes ces raisons et précisions, comme parlementaire, je
dois, d'une certaine façon, faire un résumé des
inconvénients, même si ce n'est pas facile. Je propose donc
certains amendements; si les membres de la
commission sont prêts à les accepter: premièrement,
pour bien indiquer qu'il n'y a là aucune matière à
précédent pouvant être évoqué à
l'avenir pour faire rouvrir des recours collectifs prescrits par
l'Assemblée nationale dans des cas soi-disant semblables, puisqu'il
s'agit là de deux cas bien identifiés, dans la foulée d'un
projet de loi public lui-même exceptionnel; deuxièmement,
également des amendements seraient proposés pour limiter le plus
possible le nombre de personnes pouvant faire l'objet de procédures
judiciaires. À ces conditions, je serais prêt à recommander
l'adoption d'un tel projet amendé et disposé à voter pour
ce principe à l'Assemblée nationale. Je tiens, cependant,
à préciser que, par ce vote, l'Assemblée nationale ne
préjugerait en rien de la nature des jugements qui pourront
résulter des recours que MM. Warf et Gaudreau pourront ainsi
intenter.
En terminant, je signale qu'une troisième personne, M. Victor
Auclair, qui, grosso modo, présente un cas similaire à ceux des
requérants, a toujours fait les mêmes représentations que
ceux-ci et a l'intention de requérir l'adoption d'un projet de loi
privé similaire. Il s'était d'ailleurs joint, à une
époque, aux deux requérants, MM. Warf et Gaudreau. Or, comme les
circonstances juridiques sont tout de même un peu différentes, il
y aura lieu d'examiner séparément les prétentions du
requérant et d'examiner le contenu d'un éventuel projet de loi
avant d'examiner le tout en commission parlementaire. Il s'agit, cependant,
d'un cas bien identifié depuis 1975 et le seul autre, à ce
moment-ci, qui puisse prétendre aux mêmes recours que ceux de MM.
Warf et Gaudreau.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, si les amendements que
je propose sont adoptés, j'opinerais dans le sens d'adopter ce projet de
loi, en étant très conscient, tout le monde a été
à même de le constater, qu'il n'est pas facile de concilier
logique juridique et logique humaine. Mais le recours spécial que
représente le bill privé a quand même comme fondement
qu'à un moment donné des citoyens peuvent être dans des
situations d'injustice si le législateur ne pose pas les gestes qu'il
croit, en toute conscience, être les plus appropriés.
Le Président (M. Desbiens): II est 18 heures et nous
devrions terminer nos travaux.
M. Bédard: ...que les membres de la commission...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a consentement
pour compléter l'étude de ce projet de loi?
Une voix: Oui.
M. Bédard: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Desbiens): II y a consentement? Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants?
M. Bédard: Je pense que c'est un cas qui a retenu et
l'attention et les sentiments du député parrain du projet de loi.
Je dois dire qu'effectivement j'étais habité par les mêmes
sentiments qui ont fait que j'ai déjà présenté des
projets de loi dans le même sens que celui que nous allons adopter, mais
avec des modifications quand même importantes.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
intervenants, j'appelle l'article 1.
M. Bédard: Je crois que le député de D'Arcy
McGee est également d'accord avec le projet de loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'attends que les amendements soient lus, mais je suis
d'accord sur le principe.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1.
L'amendement proposé est le suivant: L'article 1 de la Loi concernant
certains recours en matière de responsabilité médicale ou
hospitalière est remplacé par le suivant: "Paul-Henri Gaudreau
peut réclamer en justice des dommages-intérêts de tout
médecin ou de tout centre hospitalier qu'il allègue être
responsables d'un préjudice qu'il prétend dû à un
acte médical accompli entre le 16 septembre 1969 et le 4 octobre
1969."
L'amendement est-il adopté?
M. Bédard: Comme on peut le voir, la modification a pour
but de préciser la portée du projet de loi en indiquant quelles
personnes Paul-Henri Gaudreau est autorisé à poursuivre. Je pense
que c'est un élément important, parce qu'on a mentionné
dans le projet de loi que des infirmiers et des infirmières pouvaient
être poursuivis. Je pense que tout cet élément est
réglé lorsque l'on circonscrit ou qu'on identifie très
précisément les personnes qui pourraient faire l'objet de
poursuite, tout en ne se prononçant pas sur le fond du litige.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
J'appelle l'article 2. Il y a également un amendement qui est
proposé et qui est le suivant: L'article 2 de la Loi concernant certains
recours en matière de responsabilité médicale ou
hospitalière est remplacé par le suivant: "Alfred Henry Warf peut
réclamer en justice des dommages-intérêts de tout
médecin ou de tout centre hospitalier qu'il allègue être
responsables d'un préjudice qu'il prétend dû à un
acte médical accompli entre le 2 septembre 1970 et le 13 février
1971."
L'amendement est-il adopté?
M. Bédard: Adopté, ce sont les mêmes
conditions pour M. Warf que pour M. Gaudreau.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. J'appelle l'article 3. Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4. Est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est adopté.
Article 5. Est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Au
préambule, il y a un amendement qui est le suivant: Le préambule
de la Loi concernant certains recours en matière de
responsabilité médicale ou hospitalière est modifié
par le remplacement des quatrième, cinquième et sixième
alinéas par les suivants: "4. Que la Loi modifiant certaines
prescriptions (1974, chapitre 80) a porté à trois ans le
délai de prescription applicable en matière de
responsabilité médicale ou hospitalière et que cette loi
contenait aussi des dispositions applicables aux actions nées plus d'un
an avant son entrée en vigueur;"
Cet alinéa est-il adopté comme amendement?
Adopté.
L'alinéa cinquième deviendrait le suivant: "5. Qu'en
raison de cet arrêt et du court délai qui leur était
accordé par cette loi, les démarches que Paul-Henri Gaudreau et
Alfred Henry Warf avaient déjà entreprises auprès
d'avocats pour faire valoir leurs droits n'ont pu être menées
à terme;"
Cet amendement est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Le
sixième alinéa deviendrait le suivant: " 6. Que Paul-Henri
Gaudreau et Alfred Henry Warf ont entrepris dès 1975 des
démarches constantes afin d'être autorisés à
intenter leur action;"
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Amendement adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi et les sous-titres sont
adoptés?
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. (18 h 15)
M. Bédard: Pour le bénéfice du journal des
Débats, la modification du préambule a pour objet de
préciser davantage les faits allégués au soutien du
présent projet de loi et de faire ressortir aussi le particularisme des
cas de MM. Warf et Gaudreau, de manière que ce ne soit jamais
interprété comme étant un précédent
posé par l'Assemblée nationale, mais plutôt un cas
très spécifique dont tout le contenu humain a été
analysé, mais aussi en essayant de concilier des choses parfois
irréconciliables: la logique juridique et la logique humaine.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le titre et les
sous-titres du projet de loi sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que le
projet de loi 221... M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je note que le projet
de loi est adopté à l'unanimité des membres de la
commission parlementaire de la justice.
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi est
adopté, tel qu'amendé, à l'unanimité.
M. Scowen: Si vous me permettez...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux remercier le ministre et son adjoint, M.
Grenier, pour l'appui non partisan et certainement très
équilibré qu'ils m'ont apporté dans ce dossier. Je veux
souligner le fait que, quand je suis entré dans le dossier, le ministre
et son adjoint étaient déjà là depuis longtemps et
j'en suis fort conscient. Merci beaucoup.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie les participants
aux travaux de la commission; je remercie également les membres de la
commission de leur
collaboration et...
M. Bédard: Je voudrais remercier tous ceux qui nous ont
visités, qui ont fait des représentations. Je comprends que la
décision ne va peut-être pas dans le sens des
représentations qui nous ont été faites, mais je pense
qu'ils ont l'assurance, avec les explications que nous avons données,
que tout a été fait en essayant d'être le plus juste
possible.
Le Président (M. Desbiens): Je demande au rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale, et la commission
élue permanente de la justice ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 18)