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Etude des projets de loi nos 197, 194, 242, 183 et
96
(Onze heures trente-sept minutes).
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice est réunie pour
étudier article par article le projet de loi privé no 242, Loi
concernant un immeuble de Les Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie.
Procureur du requérant Me Michel Dugal. Est-il présent? Aussi, le
projet de loi no 194, Loi concernant des terrains de la Fabrique de la paroisse
de Saint-EIzéar. Parrain, M. Adrien Ouellet. Egalement, le projet de loi
no 197, Loi concernant des terrains de la Fabrique de la paroisse de
Saint-Edouard de Lotbinière. Parrain, M. Rodrigue Bi-ron. Aussi le
projet de loi 183, Loi pour favoriser la perception des pensions alimentaires,
et enfin, le projet de loi no 96, Loi modifiant diverses dispositions
législatives.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
MM. Bédard (Chicoutimi), Blank (Saint-Louis), Boucher
(Rivière-du-Loup), Fontaine (Nicolet-Yamaska), Forget (Saint-Laurent),
Godin (Mercier), Charbonneau (Verchères) qui remplace M. Guay
(Taschereau), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), MM. Marquis
(Matapédia), Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Guay (Taschereau) qui remplace M. Charbonneau
(Verchères), MM. Cordeau (Saint-Hyacinthe), Desbiens (Dubuc), La-berge
(Jeanne-Mance), Lalande (Maisonneuve), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) et Marcoux (Rimouski).
Il y aurait maintenant lieu de nommer un rapporteur. Le
député de Matapédia, M. Marquis, sera donc le
rapporteur.
Projet de loi no 242.
M. Bédard: Projet de loi no 242. Je crois qu'on pourrait
inviter...
Une Voix: ...
Le Président (M. Lacoste): Nous allons donc suspendre
l'étude du projet de loi no 242.
J'appelle donc le projet de loi no 194, Loi concernant des terrains de
la Fabrique de la paroisse de Saint-EIzéar.
Pouvez-vous vous identifier?
M. Racine (Denis): Denis Racine, notaire. J'aimerais, si vous
permettez...
Le Président (M. Lacoste): Vous pouvez prendre place, M.
Racine.
M. Racine: ... pouvoir céder mon tour au projet de loi no
197, puisqu'il s'agit d'un projet de loi avec des cas semblables. Il pourrait
être étudié ensuite...
M. Forget: On n'entend rien, M. le Président, si monsieur
veut bien s'asseoir, on pourrait s'entendre un peu.
M. Racine: Est-ce qu'il serait possible, M. le Président,
que ce proiet de loi soit débattu après le projet de loi no 197,
c'est un cas similaire?
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection. Le projet de loi no
197?
M. Racine: Oui.
Projet de loi no 197
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc le projet de loi
no 197, Loi concernant les terrains de la Fabrique de la paroisse de
Saint-Edouard-de-Lotbinière.
M. Forget: Si le prochain cède son tour, M. le
Président, on a un problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que vous pouvez vous
identifier, s'il vous plaît?
M. Huot (Gilles): Gilles Huot, notaire à la
Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que les procureurs de la partie qui demande
l'adoption du projet de loi privé ont des représentations
à faire?
M. Huot: Cela dépendrait des arguments qu'on pourrait
soulever à l'encontre. J'avais déjà présenté
un texte, dans mon cas, pour l'annulation de clauses qui apparaissent au titre
de la Fabrique de la paroisse de Saint-Edouard-de-Lotbinière. La
Société d'habitation entend ériger un projet d'habitations
là-bas et dans le titre de réquisition il y a des clauses
restrictives, à savoir que l'immeuble doit servir pour fins de culte.
Nous avons demandé l'adoption d'un projet de loi privé de
façon à faire annuler cette clause. Le même cas se
présente à Saint-EIzéar; c'est aussi pour un projet
d'habitations par la Société d'habitation du Québec dans
ces paroisses-là.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, au niveau du
ministère de la Justice, nous avons fait l'appréciation et sans y
aller d'un précédent, il n'y a pas d'objection majeure sauf que
nous aurions préféré et je pense qu'il vous a
été suggéré, qu'il y ait une sorte de
préambule à votre projet.
M. Huot: On me l'a lu au téléphone, mais je ne l'ai
pas lu.
M. Bédard: On pourrait peut-être le distribuer.
C'est un bill privé présenté comme un bill de
député. A ce moment-là, j'aimerais mieux avoir un
préambule qui en explicite bien l'historique, pourquoi on en arrive
à demander l'adoption d'un tel projet de loi. Il y a également,
vous êtes à même de le constater, un amendement que nous
suggérons, à l'article 1, aux fins de la reformulation, pour
permettre l'identification de l'immeuble visé par le projet. Nous avons
également suggéré d'ajouter, après l'article 2 une
désignation que vous retrouvez dans les documents que nous vous avons
donnés.
M. Forget: Si je comprends bien, la chapelle en question n'a
jamais été construite.
M. Huot: Oui, dans mon cas, cela a été construit,
cela a brûlé et, semble-t-il, cela a été reconstruit
par la suite.
M. Forget: Elle existe encore?
M. Huot: C'est l'église paroissiale maintenant, ce n'est
plus une chapelle.
M. Forget: C'est ce terrain qui est vendu par la
Société d'habitation?
M. Huot: On achète une partie de l'immeuble, parce
qu'à l'époque des donations, les terrains n'étaient pas
cadastrés. Cela représentait une superficie approximative, pour
les deux immeubles qui étaient donnés, d'un peu plus de deux
arpents sur quatre arpents. On achète une petite parcelle à
l'intérieur de ça pour construire un projet d'habitation.
M. Forget: Je vois. Vous dégrevez de cette charge
seulement la partie que vous achetez. C'est le but de la désignation en
annexe. (11 h 45)
M. Huot: Exactement, c'est ça.
M. Forget: Aucune objection.
Le Président (M. Lacoste): Donc, j'appelle l'article
1.
M. Bédard: II faudrait renuméroter le projet en
conséquence.
Le Président (M. Lacoste): Si je comprends bien, M. le
ministre, il s'agit de remplacer l'article 1 par le suivant, c'est un nouvel
article: "1. La clause "pour en considération de la place d'une chapelle
marquée ce jour par ledit messire Faucher sur les terrains
susdonnés et que l'on a intention d'y ériger" mentionnée
dans l'acte de donation reçu devant Me C.-A. Lemay, notaire, le 16 mars
1859 et enregistré au bureau d'enregistrement du comté de
Lotbinière sous le numéro 6389 est annulée mais en autant
seulement qu'elle a pour objet l'immeuble désigné à
l'annexe "A".
Est-ce que ce nouvel article est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 1 est
donc adopté. Est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'annexe suivant l'article 2 est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
préambule est adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 197, Loi concernant des terrains de la Fabrique de la paroisse
de Saint-Edouard-de-Lotbinière, est adopté?
M. Bédard: On nous informe qu'il faudrait de nouveau
changer le numéro du projet de loi. C'est le no 280.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas soulever des
chinoiseries...
M. Bédard: Je voudrais avoir l'explication, parce
que...
M. Forget: Je ne suis pas sûr qu'il nous appartienne de
changer le numéro du projet de loi. Je pense qu'on peut changer tout le
contenu, mais je ne suis pas sûr que le numéro appartienne au
contenu du projet de loi.
M. Bédard: C'est technique.
C'est très simple, c'est le bureau du greffier en loi qui m'a dit
que, s'il y a un préambule d'adopté, cela devient
carrément un bill privé d'individus. A ce moment-là, pour
les fins du bureau, ce n'est pas la même série de numéros.
Si c'est un projet de loi carrément de député, il reste
qu'on peut garder le numéro 197. Mais, dans ce cas-ci, il faut prendre
un autre numéro. C'est un projet de loi de société,
carrément privé.
M. Forget: J'avais cru comprendre cela, M. le Président,
mais il demeure que le point de procédure que je viens de soulever... Je
ne veux pas faire une chinoiserie avec cela, mais est-ce qu'une commission
parlementaire peut renuméroter un projet de loi? On peut
renuméroter des articles, on peut mettre des préambules, des
annexes, on peut faire bien des choses, mais je ne pense pas qu'on puisse
arriver avec le projet de loi 50 et le renvoyer à l'Assemblée
nationale comme étant le projet de loi 92. Je pense qu'on ne peut pas
faire cela.
M. Bédard: On peut peut-être faire une motion pour
qu'à l'Assemblée nationale, on renumérote...
M. Forget: C'est peut-être la bonne procédure
à adopter.
M. Bédard: Parfait. Il faudrait que la
référence en soit faite au niveau du rapport.
On verra, au stade du rapport, si c'est essentiel ou si c'est simplement
un accommodement.
Le Président (M. Lacoste): Cela va. Est-ce que le projet
de loi no 197, Loi concernant des terrains de la Fabrique de la paroisse de
Saint-Edouard-de-Lotbinière, est adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
Projet de loi no 194
J'appelle le projet de loi no 194, Loi concernant des terrains de la
Fabrique de la paroisse de Saint-EIzéar.
M. Lalande: Est-ce qu'il y a dans ce cas-là un
préambule semblable à celui du projet de loi no 197?
M. Bédard: Non, nous avons préparé...
Allez-y pour les explications.
M. Lalande: Est-ce qu'il y a une désignation des lots?
M. Racine: Denis Racine, notaire à la
Société d'habitation du Québec.
Une Voix: Cela va.
M. Racine: II s'agit d'un projet de loi similaire à celui
présenté par mon collègue, Me Huot, dans le cas de
Saint-Edouard. Il s'agit de clauses restrictives qu'on retrouve dans les titres
d'acquisition de la fabrique qui ont trait entre autres à l'usage du
terrain. Il est prévu dans cette donation-là que le terrain sera
utilisé aux fins du culte, soit l'érection d'une église,
d'un cimetière et d'autres dépendances. Le but du présent
projet de loi, c'est de demander l'annulation de ces clauses restrictives quant
à l'utilisation du terrain en ce qui concerne la partie de terrain que
la société d'habitation désire acquérir pour la
construction d'habitations à loyer modique pour personnes
retraitées.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je voudrais bien clarifier que
dans ce cas aussi l'intention du donateur original a été
satisfaite sur une partie du terrain.
M. Racine: Exactement.
M. Forget: Celle que vous achetez ne met pas en danger la
poursuite de l'oeuvre pour laquelle la donation a été faite
à l'origine.
M. Racine: Non, il s'agit d'une partie minime, puisque
l'emplacement sur lequel la société prévoit ériger
son projet d'habitations à loyer modique est composé d'autres
parties de lots qui appartiennent à des particuliers. C'est un
résidu de terrain.
M. Bédard: Nous dirions, M. le Président,
avec...
M. Forget: J'aurais une autre question, M. le
Président.
M. Bédard: Oui, allez-y.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai même deux autres questions. La
première question, c'est que je me rends compte que c'est la
deuxième fois que c'est la Société d'habitation du
Québec qui vient ici comme requérante pour modifier les
conditions de donation d'un terrain dont elle se porte acquéreur. Est-ce
que c'est une politique de la Société d'habitation de prendre
à sa charge les coûts afférents à l'introduction
d'un bill privé, relativement aux terrains qu'elle pourrait acheter, et
pour lesquels ce n'est pas absolument clair? Est-ce qu'il ne serait pas plus
normal que la Société d'habitation ait demandé au vendeur
de clarifier ses titres avant de compléter la transaction? Est-ce que le
vendeur n'a pas, en droit, l'obligation de fournir des titres clairs? Dans la
mesure où il faut clarifier les titres, est-ce que ce n'est pas une
obligation du vendeur, beaucoup plus qu'une obligation de l'acheteur?
M. Racine: ... exactement là-dessus. L'objet de la
société, ce n'est pas une politique, c'est peut-être une
question de circonstance où les deux cas se sont présentés
à peu près à la même époque. C'est dans le
but, à titre de service, vis-à-vis du client éventuel, de
minimiser les coûts. Là-dessus, M. le député, vous
avez raison de souligner cet élément. C'est simplement à
titre de service qu'on le fait.
M. Forget: La Société d'habitation n'est pas
là pour rendre service à des vendeurs de terrains qui n'ont pas
de titres clairs. Elle est là pour un objectif public. Est-ce que vous
pouvez affirmer que le prix qui a été payé pour ces
terrains par la Société d'habitation reflète, en moins
offrant en quelque sorte, la vraie valeur des services d'avocats ou de notaires
qui sont normalement impliqués dans l'adoption d'un bill privé.
Ce ne sont pas des coûts négligeables, comme on le sait. Est-ce
que cela a été négocié à la baisse? Dans le
fond, ce qu'on nous demande aujourd'hui, comme à la demande de
l'Assemblée nationale, c'est de faire une subvention à une
fabrique qui n'aurait pas des titres clairs.
M. Racine: Là-dessus, la politique de la
Société d'habitation du Québec, c'est d'acheter les
ter-
rains à la valeur marchande. Je n'ai pas l'impression que la
fabrique nous fait des cadeaux. Il reste quand même que, compte tenu du
prix de vente du terrain et compte tenu des correctifs sur le plan légal
que cela pourrait représenter, le prix de vente du terrain est quand
même assez minime par rapport au coût d'immobilisation de
l'ensemble du projet. Cela représente peut-être je n'ai pas
les montants exacts $0.12 le pied carré pour une superficie
d'environ 10 000 pieds carrés, ce qui fait $1200 à $1500, et
$2000 au maximum pour le prix de ce terrain. Par rapport aux frais juridiques
que ça pourrait représenter...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, pour poser la question de
façon plus claire, est-ce qu'il n'entre pas plutôt dans les
attributions de la fabrique de voir à clarifier son titre avant de
vendre, plutôt qu'à l'acquéreur, la Société
d'habitation, de voir à clarifier le titre avant d'acquérir? Il
appartient, me semble-t-il...
M. Racine: La même chose pourrait se poser dans le cas de
l'autre projet de loi.
M. Lalande: Oui.
M. Racine: Je vois mal pourquoi quand on vient de débattre
le projet de loi 197, c'est un cas semblable...
M. Huot: Moi je vais tenter...
M. Racine: ... quoique ce n'est pas une justification...
M. Lalande: Oui, mais ce n'est pas une réponse. Je pose la
question à vous, dans ce cas-ci précis.
M. Huot: C'est que nous, en tant que...
M. Lalande: Je voudrais poser la question; dans un projet comme
celui que nous étudions à l'heure actuelle, le projet de loi no
194 c'est votre opinion là-dessus que je vous demande à
l'heure actuelle comme dit mon collègue de Saint-Laurent, est-ce
une politique ou un système général de la
Société d'habitation du Québec de voir à clarifier
les titres de terrains ou de lots qu'elle s'apprête à
acquérir?
M. Racine: Ce n'est pas une politique...
M. Lalande: Pourquoi ça n'entrerait-il pas plutôt
davantage dans les attributions de la Fabrique de Saint-Elzéar de voir
à clarifier ses titres avant de vendre?
M. Racine: On le pourrait d'autres manières, c'est
peut-être dans un but de faire avancer le dossier un peu plus rapidement,
en vue de la concrétisation du projet le plus rapidement possible. On
aurait pu dire au vendeur: Vous avez, suivant notre opinion, à faire ces
démarches dans tel sens plutôt que de les faire dans ce
sens-là. Mais on a cru bon de le faire de cette façon, en vue
d'accélérer le processus. Mais ce n'est pas une politique. Ce
sont des cas d'espèce et je pense que c'est une question de
circonstances que les deux projets de loi se présentent de cette
façon.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Je m'informe simplement comme les autres.
Peut-être que Me Huot... Il avait l'air de vouloir y aller de quelques
commentaires.
M. Huot: Oui, ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas une
politique qu'on a établie, c'est évident, et on ne
présentera pas de bills privés dans tous les cas où cela
peut se présenter. Comme mon confrère l'a dit, c'est une question
de circonstances. Maintenant, il faut dire une chose, c'est que vous, dans
l'implantation d'un projet, évidemment, il faut tenir compte aussi des
lieux. Ce sont deux lieux propices à l'implantation de ces projets.
Dans le cas de Saint-Edouard, on n'avait pas d'autres terrains
disponibles. Il faut être près du centre du village. En premier
lieu, on nous avait dit que ce serait un bill de député. A ce
moment-là, ça ne nous coûtait pas un cent. Aujourd'hui,
c'est devenu un bill privé. Entre-temps, depuis qu'on a
présenté la chose, il y a de nouvelles situations qui se sont
présentées et qui ne dépendent pas de nous, en fait.
M. Forget: Qui vous avait dit que ce serait un bill public?
M. Huot: J'avais présenté un projet ici. On m'avait
dit que ce serait un bill public. Vous dire qui, je ne le sais pas. Cela fait
deux ans que ça traîne. Je ne m'en souviens plus.
M. Bédard: ... au niveau du comité de
législation, j'imagine?
M. Huot: Possiblement, oui.
M. Bédard: Ou greffier en loi? Je ne sais pas...
M. Huot: C'est ça, oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Je m'intéresse aussi aux questions du
député de Saint-Laurent. Est-ce que la Société
d'habitation ne doit pas prendre l'habitude de comptabiliser?
M. Racine: Oui, elle a comptabilisé ça dans le
coût de son projet. En ce qui me concerne...
M. Bédard: Parce qu'il ne faudrait pas que ce soit une
habitude au niveau de chacun des projets de venir ici.
M. Forget: II faudrait être bien précis...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... parce qu'on nous donne des réponses qui
n'en sont pas. J'ai posé une question précise et on nous dit:
C'est une question de circonstances, etc. Dans le cas de la
Société d'habitation, est-ce que, par exemple, elle va faire
capitaliser tous les coûts que lui a causés l'adoption d'un projet
de loi à l'Assemblée nationale, ou est-ce que c'est
considéré comme faisant partie de ses frais
généraux? Il y a quand même diverses responsabilités
dans le financement des projets comme ceux-là. Est-ce qu'on va
capitaliser cette dépense-là ou si on l'absorbe dans les frais
généraux? Deuxièmement, je reviens sur ma question de tout
à l'heure. Il reste qu'on nous dit: Le terrain n'est pas cher. Mais si
je comprends bien, je ne connais pas le prix des terrains à
Saint-Elzéar et à l'autre endroit, Saint-Edouard, je ne sais donc
pas ce qui est un terrain cher et un terrain bon marché, mais il reste
qu'il est sûr que vous l'avez payé probablement moins cher.
J'espérais que vous puissiez nous affirmer que vous l'avez payé
moins cher à cause de cette intervention de la Société
d'habitation. Vous n'avez cependant pas fait cette affirmation-là. Vous
dites: Ce n'est pas cher. Je ne sais pas ce qui est cher et ce qui n'est pas
cher. Si c'est un terrain dans le centre de la ville de Québec ou de
Montréal, c'est sûr que ce ne serait pas cher, mais à
Saint-Elzéar, c'est peut-être un prix très
généreux, je n'en sais rien. (12 heures)
M. Racine: Là-dessus je dois vous répondre
qu'actuellement, en ce qui concerne cette partie de terrain, la
Société d'habitation obtient des promesses de vente et elle n'a
pas encore accepté de promesse de vente. Donc, c'est encore sujet
à négociation.
Au départ, on nous avait fait des représentations qu'on
pouvait obtenir un bill de député, ce qui, apparemment, pouvait
minimiser les coûts, donc, ce qui resterait comme honoraires, c'est notre
propre temps qu'on a consacré à ce dossier, ce qu'on a fait comme
travail.
M. Lalande: M. le Président, est-ce qu'à votre
connaissance, il y a d'autres cas où la société s'est
portée acquéreur de lots ou de propriétés,
où les services ont été aussi gentiment offerts que vous
le faites dans ce cas-ci avec d'autres vendeurs que des fabriques?
M. Racine: Ce sont les seuls cas. M. Lalande: A votre
connaissance?
M. Racine: Cela fait cinq ans que je suis à la
société et ce sont les seuls cas où c'est
arrivé.
M. Lalande: Pardon?
M. Racine: II y a cinq ans que je suis à l'emploi de la
société comme conseiller juridique et ce sont les seuls cas. Au
départ, pour répondre à la question, on n'a pas
demandé au vendeur de le faire, on nous avait représenté
excusez-nous mais on ne connaît pas la procédure
parlementaire, les techniques de la procédure qu'un bill de
député pourrait être fait sans frais. Ce qui resterait
comme frais, ce seraient nos frais comme employés de la
Société d'habitation. Etant donné qu'on est sur place,
qu'on pouvait faire les démarches et les recherches, cela
représentait moins de temps que le procureur qui est au nouveau local et
qui doit faire des déplacements, etc. C'est dans ce sens-là qu'on
a offert nos services et non pas dans le but...
La perspective change si la société doit être
appelée à assumer les frais; à ce moment-là il
faudra renégocier le coût en conséquence pour tenir compte,
dans le coût du terrain, de ces frais, pour répondre à
votre question, suivant le principe que le vendeur doit nous fournir des titres
clairs.
M. Forget: Vous dites que vous allez renégocier à
la lumière de la décision de l'Assemblée nationale,
considérée comme un projet de loi privé.
M. Racine: C'est-à-dire que s'il y a des coûts, il
faudra en tenir compte dans le coût du terrain.
M. Forget: Parce que la transaction n'est pas faite.
M. Racine: Non.
M. Forget: Et il se pourrait qu'on adopte ces projets de loi et
que finalement la Société d'habitation n'achète pas les
terrains.
M. Racine: Le choix du terrain est fixé, mais...
M. Forget: Oui, mais si vous ne l'achetez pas, vous pourrez
être obligé d'en trouver un autre. La transaction n'est pas
complétée. Il n'y a pas un achat conditionnel à la
clarification des titres. Cela demeure à être
réglé.
M. Racine: Au niveau des promesses de vente que nous faisons
signer, nous mentionnons que les titres de propriété devront
être jugés satisfaisants par les conseils juridiques de la
Société d'habitation du Québec.
M. Bédard: L'indication que nous avons est que c'est la
SHQ surtout qui a des doutes sur la valeur des titres offerts. Comme il y a un
complexe qui est assez important, elle veut éviter tout danger en
fonction de l'avenir.
M. Forget: Ces titres-là étant clarifiés par
l'adoption des deux projets de loi, la SHQ va se sentir liée par la
promesse de vente qu'elle a acceptée y compris le prix qui a
été convenu,
j'imagine, dans la promesse de vente. Sur quelle base croyez-vous qu'il
peut y avoir une renégociation du prix?
M. Huot: Qu'est-ce que vous entendez par base?
M. Forget: sur quoi vous allez vous baser pour dire: On ne paie
plus le prix convenu dans la promesse de vente? Parce qu'on a encouru des
dépenses pour la clarification des titres. Est-ce ce qu'on nous a
dit?
M. Racine: II s'agit de promesse de vente unilatérale,
dans les technicités.
M. Forget: Est-ce qu'elles ont été
acceptées? M. Huot: Elles ne sont pas acceptées.
M. Forget: Donc la transaction pourrait ne pas se faire.
M. Huot: Elle pourrait ne pas se faire, mais les indications
qu'on a...
M. Racine: Hypothétiquement, mais suivant la pratique
qu'on a aussi dans les cas semblables, ça me surprendrait beaucoup que
la transaction ne puisse pas se faire.
M. Forget: Oui, mais à supposer que vous reveniez au
vendeur et que vous disiez: On a assumé des coûts, on a fait voter
deux bills privés et on doit déduire ça du prix que vous
demandez pour le terrain, et que le vendeur, à ce moment-là, juge
que ce n'est plus acceptable, la transaction ne se fera pas.
M. Huot: Evidemment...
M. Forget: Est-ce que c'est concevable?
M. Huot: ... si on enlevait le prix, ils ne nous vendront pas.
Si, par exemple, on veut avoir le terrain à un prix minime, mais
j'estime que le prix qu'on paie pour le terrain n'est pas cher, même si
tout à l'heure vous compariez Montréal, Saint-Edouard et
Saint-Elzéar, quand on paie un terrain $0.12 et $0.15 le pied
carré en plein village.
M. Forget: Oui, mais si vous achetez un terrain dont les titres
ne sont pas clairs, sa valeur peut être nulle, parce que les coûts
pour clarifier les titres peuvent être supérieurs à la
valeur du terrain. Alors, ce n'est pas très impressionnant de vous faire
dire: Ecoutez on ne paie pas cher. Vous ne payez pas cher, mais d'un autre
côté, vous devez vous-mêmes encourir des dépenses
pour clarifier les titres, ce qui serait normalement une responsabilité
du vendeur, alors qui est-ce qui se fait avoir là-dedans?
M. Racine: C'est la balance des inconvénients si on
doit...
M. Forget: Elle semble être du côté de la SHQ,
la balance des inconvénients.
M. Racine: II faudrait souligner aussi un autre
élément d'information. La société, lorsqu'elle
décide d'un choix de terrain, elle le fait en collaboration avec la
municipalité dans tous les cas, donc au niveau du choix du terrain, la
municipalité a un gros mot à dire, même si
légalement la société... Donc, dans l'étude des
choix propices, entre autres dans celui de Lotbinière, les gens à
la campagne aiment avoir leur logement près de l'église. Donc, il
y a le problème de choix de site et aussi le problème d'achat de
plusieurs terrains. Dans ce cas-là, pour former l'emplacement pour le
HLM, on doit acheter non pas simplement de la fabrique, mais de deux autres
propriétaires.
M. Forget: Je vous suggère que la prochaine fois vous
disiez justement à la municipalité qui tient à avoir tel
terrain, de s'assurer elle-même de clarifier les titres, avant d'insister
sur le choix du terrain.
M. Racine: Nous prenons bonne note de vos remarques.
Le Président (M. Lacoste): Donc, j'appelle l'article 1 qui
est un nouvel article. Est-ce que le nouvel article 1 est adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 1, adopté.
Est-ce que l'article 2 est adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 2, adopté.
Est-ce que l'annexe A est adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
préambule est adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 194, Loi concernant des terrains de la Fabrique de la paroisse
de Saint-Elzéar est adopté?
Adopté tel qu'amendé.
Projet de loi no 242
J'appelle donc le projet de loi no 242, Loi concernant un immeuble de
Les Soeurs Servantes du Saint-Coeur-de-Marie.
M. Racine: Merci.
M. Bédard: Pour nos amis qui sont venus se faire entendre
devant la commission, j'imagine qu'ils feront les messages nécessaires
à la Société
d'habitation, parce que ces deux cas ne doivent pas être
interprétés comme des précédents.
M. Racine: Nous espérons que ce sont les derniers.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc le procureur du
requérant, Me Michel Dugal, de Tur-geon, Dugal et Associés.
Me Dugal, si vous voulez intervenir.
M. Dugal (Michel): II s'agit d'un couvent situé à
Rivière-à-Pierre, que les religieuses de Saint-Coeur-de-Marie ont
reçu en donation en 1907. Il s'agissait d'une donation de terrain et
d'une petite école. L'acte dont il est fait mention dans le projet de
loi privé prévoyait des conditions et des charges qui avaient une
justification dans le temps et qui peuvent maintenant nuire au titre s'il y
avait transaction de vente de ce couvent.
On dit, dans le texte du notaire: "Cette donation est faite sujette aux
charges et conditions suivantes qui sont de rigueur et sans lesquelles elle
n'aurait pas été consentie, savoir: cette propriété
servira de maison d'éducation conformément aux enseignements de
l'église catholique apostolique et romaine avec liberté d'y
ériger d'autres bâtisses ou de faire des additions audit couvent
pour les fins de toute oeuvre approuvée par l'autorité catholique
dans le diocèse de Québec." On dit également que
"l'enseignement sera donné par lesdi-tes Soeurs Servantes du
Saint-Coeur-de-Marie."
La clause principale, c'est que l'immeuble en question doit servir pour
les fins de l'enseignement catholique à Rivière-à-Pierre.
Maintenant, il s'agit d'une bâtisse bâtie en 1907 qui a environ 350
pieds de façade sur 100 ou 125 pieds de profondeur qui, dans le temps,
logeait des pensionnaires et qui pouvait avoir 250 étudiants, dont 100
pensionnaires. Cet immeuble est loué à la commission scolaire, il
y a des classes de la maternelle jusqu'en 6e ou 7e année, il y a 65
étudiants. La commission scolaire songe soit à acheter la
bâtisse ou à s'en faire bâtir une autre. La commission
scolaire n'est pas sûre qu'elle veuille la bâtisse parce que les
coûts d'entretien sont beaucoup plus élevés que ce que la
commission scolaire paie. Ce sont des bâtisses qui ne sont pas
isolées, qui sont immenses par rapport à l'usage qu'on en fait.
On n'utilise pas 30% de la bâtisse à des fins d'éducation.
Conséquemment, il va y avoir lieu de vendre la bâtisse sous peu,
soit à la commission scolaire, qui va la rénover, soit à
un tiers, qui en fera un usage qu'on ne connaît pas dans le moment.
Pour en venir à pouvoir vendre cet immeuble, on s'est
heurté au problème de cette donation qui pouvait... On a dû
juger si on passerait par un jugement déclaratoire ou si on viendrait
ici faire changer les termes et conditions de cet acte. On en est venu à
la conclusion qu'un jugement déclaratoire ne pourrait pas régler
notre problème et qu'on devait s'adresser à l'Assemblée
nationale pour que ces clauses qui garantissent... Surtout en tenant compte du
fait qu'on dit que ces conditions sont de rigueur et sans lesquelles elles
n'auraient pas été consenties, à savoir une école
d'enseignement catholique. On ne sait pas si la commission scolaire va
l'acheter et elle ne sait pas, si elle l'achète, si elle voudra le
conserver ou pas.
Conséquemment, il y a lieu d'avoir des titres clairs et
incontestables et c'est pourquoi nous sommes ici.
Maintenant, il y a deux groupes d'intervenants, selon moi, qui
pourraient être intéressés à faire valoir leur
opinion à ce sujet. Il y a la commission scolaire, qui est partie
à l'acte original et qui garantit des salaires aux religieuses ce
qui ne s'applique plus non plus, mais, dans le temps, pouvait avoir un certain
sens et il est prévu dans l'acte qu'au cas de difficulté
d'interprétation de l'acte ou de difficulté entre les parties,
l'archevêque de Québec sera appelé à intervenir.
J'ai des lettres des deux groupements et de l'archevêque, par son
délégué, Mgr Vachon, et par la commission scolaire. Je ne
sais pas si les membres de la commission veulent en prendre connaissance.
M. Bédard: II serait bon que ce soit consigné au
dossier. Ce sont des lettres positives, j'imagine.
M. Dugal: Comme je vous l'ai dit tantôt, si elles n'avaient
pas été positives, j'aurais peut-être eu la prudence de ne
pas les apporter. Je ne sais à qui je les remets.
M. Bédard: On aimerait bien les voir, si c'est possible.
Je suis convaincu que vous auriez eu la prudence de nous en informer.
M. Lalande: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je voudrais simplement demander à l'avocat,
à l'article 2, s'il n'est pas un peu exorbitant, de façon
générale, du droit sur les immeubles, de voir à ce que les
réclamations en justice qui auraient été normalement
contre le fonds puissent être converties en une réclamation
personnelle contre les Soeurs Servantes du Saint-Coeur-de-Marie, pour un
montant égal à la valeur. Est-ce que ce n'est pas un peu
exorbitant?
M. Dugal: Exorbitant contre qui?
M. Lalande: Je pense que, normalement, habituellement, cela
devrait suivre l'immeuble, le droit réel là-dessus, mais on le
convertit en une obligation qui est personnelle.
M. Dugal: Voici. Ce sont des clauses pour lesquelles je vous
l'avouerai, on s'est inspiré d'autres, en faisant notre projet de loi.
On a obtenu les conseils des gens du ministère et du greffier en loi; ce
sont eux qui nous ont conseillés.
Dans la mesure où il y aurait des droits affectés, nous,
ce qu'on veut, dans le fond et on
est ici pour cela c'est d'avoir des titres clairs, qui ne
puissent pas être contestés dans l'avenir.
S'il y avait une personne lésée à notre
con-naisance il n'y en a pas et il ne peut pas y en avoir dans le but de
nettoyer ce terrain, on ne veut pas que ce terrain puisse servir de recours. On
dit que nous quand je dis nous, ce sont les Soeurs Servantes du
Saint-Coeur-de-Marie prenons la responsabilité de toute
obligation qui pourrait être la nôtre en vertu de l'acte ou de tout
autre droit qui pourrait résulter d'un tiers quelconque.
Je pense qu'il faut tenir compte en tout cas, nous, on en tient
compte il y a eu des opinions, on a étudié le dossier
d'une façon assez approfondie, à savoir si, n'ayant pas le droit
de retour prévu dans ce texte, effectivement, il pourrait y avoir
demande, de la part des héritiers par exemple, du donateur, pour cet
immeuble, et on en vient à la conclusion qu'il ne pourrait pas y avoir
de telle chose, parce qu'il n'y a pas de droit de retour prévu et le
Code civil prévoit que s'il n'y a pas de clause de retour, il ne peut
pas y avoir retour.
Par contre, on reste pris. On a soumis le texte à un notaire
parce que nous avions certaines craintes vis-à-vis de ce texte. On a
soumis le texte à des notaires pour voir comment ils
procéderaient si on voulait faire une vente demain matin. Ils m'ont dit:
On ne peut pas, parce qu'on ne pourra pas suggérer à l'acheteur
d'acheter un terrain qui a ces charges, à moins qu'il ne veuille
effectivement l'exploiter comme école catholique. Et même, un
acheteur qui voudrait faire cela, on le mettrait en garde, compte tenu du fait
que, si jamais il veut revendre, il aura le même problème. (12 h
15)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais que l'avocat nous
dise quelle était selon lui l'intention du donateur.
M. Dugal: Je pense que le donateur, à ce moment-là,
était... Si on se rappelle le contexte du temps, les donations se
faisaient pour une école ou pour un terrain quelconque, pour les fins de
la communauté, pour fins perpétuelles, à toutes fins
pratiques. Tout avait un contexte d'immobilisme au point de vue religieux, ce
qui faisait qu'on pouvait s'attendre que tout continue indéfiniment dans
le meilleur des mondes. Dans ce temps-là, les religieuses étaient
seules à administrer cette école-là et il n'y avait aucune
raison de prévoir qu'elles n'auraient pas le personnel suffisant, 70 ans
plus tard, pour faire fonctionner une telle école. Il n'y a plus que
cinq religieuses à cette école dans le moment alors qu'à
ce moment-là, elles étaient capables d'administrer et 100
pensionnaires et 150 étudiants en surplus. Je pense bien que l'intention
du donateur, c'était que cela dure comme cela tout le temps, mais, ce
qu'il ne pouvait pas prévoir, c'est que la population étudiante
diminuerait énormément, qu'il n'y aurait plus de pensionnaires et
que les religieuses n'au- raient pas les moyens indéfiniment
d'entretenir cette bâtisse qui est vraiment rendue au bout de sa
capacité, à moins d'être rénovée d'une
façon importante.
M. Forget: Je suis content, M. le Président, que l'avocat
ait précisé comment il interprétait l'intention du
donateur, parce que je l'interprétais de la même façon. Je
pense qu'on est là en face d'une situation où l'Assemblée
nationale, même si elle doit être sensible aux
préoccupations administratives ou autres des différentes parties
impliquées, doit aussi prendre extrêmement soin d'être la
gardienne de l'intention des donateurs, parce qu'il est dans
l'intérêt public, je pense, que ceux qui font des dons pour des
motifs communautaires, ou sociaux, ou religieux, ou culturels quelconques, sans
retour, sans prévoir un retour, donc de façon continue et
comment dire? perpétuelle, soient assurés que, s'ils font
des dons dans ces circonstances-là, ce n'est pas dix ans après
leur mort, ou quinze ans après leur mort, ou vingt ans après leur
mort qu'on pourra remettre en question leurs intentions au départ.
Dans le fond, on a cette intention, je pense que l'avocat l'a reconnue,
de faire une donation de caractère perpétuel à deux
fonctions, pour deux raisons, pour deux motifs qui, essentiellement, sont
perpétuels aussi. Enfin, l'Eglise catholique existe depuis très
longtemps et on peut présumer qu'elle va exister encore pendant un
certain temps. L'éducation est également une activité
qu'on n'est pas près de voir terminer.
On a l'intention du donateur de faire un don de type perpétuel
dans un contexte précis où il y a deux organismes ou deux
fonctions qui sont, par leur nature même, perpétuelles ou
quasiment perpétuelles. Je comprends que les moyens qui doivent
être utilisés maintenant pour atteindre ces fins-là sont
différents de ce qu'ils étaient en 1907, mais je pense que c'est
un abus de la procédure de bills privés que d'effacer tout
simplement des conditions. Il reste que ces biens-là continuent
d'exister. Ils représentent un actif considérable. En adoptant ce
projet de loi, on les verse tout simplement dans le patrimoine commercial et
les biens vont cesser, vont perdre leur identité et perdre leur
vocation.
Je pense que nous n'avons pas le droit de faire cela, parce que nous
devons démontrer à l'Assemblée nationale que nous sommes
disposés à nous assurer que l'intention originale des donateurs
est respectée, sauf dans des cas de force majeure. Or, il n'y a pas ici
un cas de force majeure. Je comprends que l'école, sous la forme
où elle existait en 1907, ne peut pas continuer à fonctionner,
que cette communauté religieuse en particulier n'est plus capable
d'assumer la relève, mais il y a quand même une
référence aux autorités archiépiscopales du
diocèse qui continuaient d'avoir un droit de regard sur l'ensemble de
l'activité et il y a quand même des activités
d'éducation qui se continuent.
Il me semble que pour être acceptable, un projet de loi comme
celui-là devrait prévoir une
disposition qui ferait que l'intention originale du donateur serait
maintenue. S'il faut absolument disposer de cet immeuble en créant une
fondation dans laquelle les fonds en question vont être
déposés et utilisés aux fins prévues par le
donateur original, on n'a tout simplement pas le droit de dire: Ce que le
donateur a prévu il y a cinquante ans, on n'est plus d'accord avec cela,
on l'efface. Les fins mêmes qui étaient poursuivies par le
donateur, aider à l'éducation confessionnelle, cela continue
d'être des fins auxquelles un tas de nos concitoyens attachent une grande
importance. Donc, je ne vois pas pourquoi, si on efface la servitude ou la
restriction sur un immeuble en particulier, on ne le fait pas à des
conditions qui permettent le maintien des objectifs originaux qui continuent
d'avoir toute leur actualité.
Il me semble que transformer cela en une obligation personnelle, ce
n'est une réponse que dans la mesure où on prévoit des
poursuites ou des réclamations, mais cela a l'air que ce n'est pas dans
ce sens que les gens vont s'orienter. Même si l'archevêque ou
l'évêque est d'accord pour ce transfert, je pense que nous avons
une autre responsabilité qui est de s'assurer que tous les cas de
donations auxquels s'attachent des conditions sont respectés dans leur
intention originale et que l'Assemblée nationale n'intervienne que pour
en modifier les modalités, lorsque, les circonstances ayant
changé, les modalités prévues à l'origine ne sont
plus réalisables. On va beaucoup plus loin que cela. Non seulement on
modifie les modalités, mais on supprime complètement l'intention
originale du donateur; à mon avis, on va beaucoup trop loin.
Pour ma part, M. le Président, je ne pourrai pas être
d'accord avec cela.
M. Dugal: Je vous montre ici un plan de la
propriété, je ne sais pas si quelqu'un pourrait faire circuler
cela. Je veux simplement vous dire que sur l'ensemble de la
propriété qui appartient aux religieuses il y a un trait
pointillé qui décrit l'espace prévu dans le contrat de
1907. C'est le seul terrain qui est grevé de ces conditions. La plupart,
sinon la totalité des autres terrains ont également
été donnés par l'abbé Blanchet sans condition
quelconque. Pour avoir accès au reste de la propriété dans
le moment, il faut absolument, compte tenu du dénivellement de terrain,
passer par le lot original et suivre le chemin, pour avoir accès au
reste de la propriété qui n'est pas couvert par notre demande ici
ce matin.
M. Forget: C'est assez clair.
M. Dugal: Si l'archevêque, la communauté et la
commission scolaire consentent et dans le cas des religieuses, elles
font plus que consentir, elles le demandent... Les conditions ont tellement
changé que la donation n'a plus le sens pratique qu'elle avait au moment
où elle a été faite. Il s'agit d'une bâtisse qui a
été d'abord il faut le dire contrairement à ce qui
peut sembler à la face même du projet de loi agrandie par
les reli- gieuses au cours des années. Les religieuses ont
substantiellement, compte tenu des circonstances, rempli les obligations
qu'elles avaient face à cette donation. Il leur est maintenant
impossible, parce que c'est une bâtisse... Je parlais à une dame
qui travaille à la commission scolaire qui me disait qu'elles ont fait
faire des estimations pour faire refaire cette bâtisse,
conformément à ce qu'une personne du ministère leur avait
soumis comme possibilité de subventions qui seraient données par
le ministère pour refaire l'école. On a dit que le gouvernement
était peut-être prêt à donner $478 000 pour la
réfection de cette école et qu'aucune des soumissions je
ne connais pas les montants, on avait une réunion à cet effet
hier n'approchait le montant que le gouvernement était prêt
à octroyer pour refaire l'école.
Notre intention n'est pas de changer le voeu du donateur comme tel,
c'est de constater qu'il est devenu impraticable et incontrôlable... il
n'y a pas moyen d'investir les sommes voulues pour remettre cette école
dans l'état où elle était au moment où il l'a
donnée. Le donateur n'y a peut-être pas pensé, cela ne lui
est peut-être pas venu à l'esprit que son école
n'était pas éternelle. Il faut à un moment donné
investir. Or, la responsabilité de ces coûts est changée
maintenant. Ce ne sont plus les religieuses qui sont chargées par notre
société de s'occuper de l'enseignement et de pensionnaires, etc.,
c'est le ministère de l'Education. D'ailleurs, c'est tellement vrai que
ce ne sont plus les religieuses qui s'occupent de l'école; les
religieuses travaillent pour la commission scolaire qui, elle, loue
l'école. La commission scolaire ne veut pas s'engager à acheter
l'école en question, parce qu'à moins de trouver une solution,
elle la trouve impraticable. Si la commission scolaire n'envoie pas les enfants
catholiques là, il n'y aura plus d'enfants à cette école.
Les conditions ont effectivement changé et ce n'est pas aller à
l'encontre du voeu du donateur, vu de maintenant, quand je vous ai dit qu'il le
faisait d'une façon perpétuelle, c'était vu de 1908
à Rivière-à-Pierre, où il n'était pas
question que rien ne bouge. Mais on est rendu en 1980. C'est une école
qui est je n'oserais pas dire un taudis très vieille. Si
vous la visitiez, vous pourriez peut-être comprendre. A ce
moment-là, il n'est pas question de la laisser là pour fins
d'éducation catholique. Ce serait un danger public. Si on maintenait
votre idée, on maintiendrait l'équivalent d'un taudis pour fins
publiques.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je comprends tout ça. Ce que vous me dites,
c'est qu'il y a des problèmes dans les modalités d'application.
Mais on se trouve devant une donation qui, dans le langage d'aujourd'hui, a
été faite pour aider ou soutenir l'enseignement confessionnel.
C'est une fin qui pourrait encore venir à l'esprit d'un donateur en
1980. Donc, il n'y a absolument aucune raison en soi...
M. Dugal: Si vous permettez...
M. Forget: ... si vous me permettez, il n'y a aucune raison en
soi de dire: Cette intention du donateur est devenue désuète au
point où on doit maintenant la rayer des livres, l'ignorer totalement.
C'est une intention qui devrait, bien sûr, aujourd'hui s'exprimer par des
modalités différentes de ce qu'était le cas en 1907 et
l'action de l'Assemblée nationale devrait être de changer les
modalités mais sans supprimer l'intention du donateur, parce que c'est
une intention qui conserve son actualité.
Bien sûr, les modalités seraient différentes, et
ça pourrait prendre la forme suivante: D'obliger les soeurs qui vendent
cette propriété, puisque je pense bien que c'est leur intention
elles vont recevoir un certain nombre de dollars pour ça, que ce
soit $50 000, $100 000, $200 000 ou $300 000, je n'en sais rien, selon la
grandeur de la propriété et de l'utilisation qu'on peut en faire
et d'obliger, à ce moment-là, par exemple, soit la
communauté elle-même ou l'archevêque a créer une
fondation pour les fins de l'enseignement confessionnel. Cela, c'est un exemple
que je vous donne. C'est une modalité de 1980 qui permettrait de
conserver aux actifs donnés à ce moment-là la même
destination que celle du donateur original.
Mais là, on veut faire simplement un actif commercial que l'on
peut transiger comme n'importe quel bout de terrain ou n'importe quel immeuble.
Probablement qu'on va démolir l'immeuble et qu'on va vendre le terrain.
Mais ce n'est pas n'importe quel bout d'immeuble. C'est un immeuble qui a une
destination spéciale et une destination qui conserve son
actualité. Seules les modalités doivent être
modifiées. L'Assemblée nationale pourrait modifier les
modalités en conservant l'intention originale. Autrement, nous allons
beaucoup plus loin que nous devrions, parce que, dans notre
société, qui est plus riche maintenant qu'elle ne l'était
en 1907, il y a des gens qui sont probablement disposés à faire
des dons pour des causes sociales, culturelles, religieuses, civiques, et si on
donne l'impression, en modifiant sans considérer l'intention du
donateur, des dons qui sont faits dans ce contexte, les gens vont dire: Cela ne
sert à rien. Après 20 ans, 30 ans, 40 ans, n'importe qui peut
faire adopter une loi à l'Assemblée nationale et les intentions
du donateur sont mises de côté simplement parce que les modes ont
changé. Les institutions sont un petit peu différentes. On dit:
Cela, ce sont toutes des vieilleries, on ne s'en occupera plus.
On a une responsabilité, comme membres de l'Assemblée
nationale, et je ne pense pas que votre projet de loi... Je ne vous dis pas que
vous ne devriez pas apporter un projet de loi sur ce sujet. Il y a un
problème pratique, mais la solution est trop radicale.
Le Président (M. Lacoste): Me Dugal.
M. Dugal: Si vous permettez, je pense que vous ignorez, dans vos
remarques, le fait que le bénéficiaire d'un prix de vente, quel
qu'il soit, sera la Communauté des Soeurs Servantes du Saint-
Coeur-de-Marie, qui font encore de l'enseignement catholique
justement.
M. Bédard: Justement, avec cet élément que
vous apportez, aussi l'élément qui veut que l'intention du
donateur, de toute façon, si on n'agit pas, ne pourra être
satisfaite, parce que l'école...
M. Dugal: Non plus, et il est prévu qu'en cas...
M. Bédard: ... est condamnée à n'être
plus utilisée à cause des...
M. Dugal: C'est ça.
M. Bédard: ... éléments que vous avez
portés à notre attention, d'ordre matériel, etc., je suis
d'accord...
M. Dugal: Si vous permettez, il y a une autre petite...
M. Bédard: Si vous permettez?
M. Dugal: D'accord. (12 h 30)
M. Bédard: Je suis d'accord que depuis sept ans à
l'Assemblée nationale on a l'occasion d'étudier certains projets
de loi privés qui se rapportent à l'intention d'un donateur.
Maintenant, il est clair qu'il est impérieux que l'Assemblée
nationale fasse en sorte que pour autant que cela est possible, l'intention du
donateur soit respectée clairement. Si l'Assemblée nationale
n'agit pas, il est clair que cette intention-là ne connaîtra pas
d'aboutissement. Il me semble que c'est un peu le cas aujourd'hui. La situation
que vous nous expliquez, je ne veux pas m'opposer plus qu'il ne le faut parce
qu'on sait que l'habitude, au niveau de l'adoption des projets de loi
privés, c'est d'essayer d'arriver à un consensus au niveau des
membres de la commission. Personnellement... Peut-être que le
député de Saint-Laurent voudrait y aller d'autres questions qui
seraient peut-être de nature à lui permettre de
réévaluer la situation au niveau de l'issue que nous devons
donner à ce projet de loi.
En ce qui regarde le côté gouvernemental, nous avons
demandé un avis juridique. Si nous comparons la situation contenue dans
ce projet de loi par rapport à d'autres projets de loi qui ont
été présentés dans le passé, qui ont
été acceptés, nous en venons à la conclusion que
nous serions d'accord pour accepter. Peut-être qu'on veut continuer la
discussion un peu plus du côté de l'Opposition.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska, ensuite la députée de L'Acadie.
M. Bédard: Surtout que vous avez également
mentionné que cet argent-là, le fruit de la vente, va demeurer
entre les mains de la communauté...
M. Dugal: De la communauté.
M. Bédard: ... qui elle peut continuer l'enseignement
confessionnel.
M. Dugal: Qui continue effectivement l'enseignement. Cette
école-là fait partie de la province dite Saint-Joseph qui a une
école ici à Québec, où il y a encore des
pensionnaires.
M. Bédard: C'est un élément que vous venez
juste de porter à notre attention.
M. Dugal: Je tiens à signaler également, si vous me
permettez, que les religieuses ont l'intention de demeurer les
religieuses qui sont actuellement à Rivière-à-Pierre
à Rivière-à-Pierre, en tout cas pour un temps
prévisible. Il y a une religieuse qui sert d'infirmière et de
médecin à Rivière-à-Pierre. Il y a quatre
religieuses qui travaillent dans l'enseignement qui vont demeurer à
Rivière-à-Pierre.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je comprends que les religieuses continuent à
faire de l'enseignement religieux tant à Rivière-à-Pierre
que peut-être en d'autres endroits dans la province de Québec, je
ne sais pas si elles sont bien répandues, mais il reste un fait, c'est
que le donateur a voulu qu'il y ait une mission spécifique à
remplir par le don de cet immeuble-là, mais le don qu'il a fait à
ce moment-là, c'était le don du terrain, si je comprends
bien.
M. Dugal: De l'école et du terrain.
M. Fontaine: L'école lui appartenait à ce
moment-là?
M. Dugal: On dit au paragraphe 1, si vous permettez: "Cette
propriété servira de maison d'éducation".
M. Fontaine: Et vous nous dites que la bâtisse est devenue
tellement désuète qu'elle ne peut plus être
utilisée. Ma question est la suivante: N'y aurait-il pas une vocation
qui pourrait être conservée une vocation d'éducation
catholique au terrain, uniquement, sans en faire l'objet d'une
utilisation commerciale?
M. Dugal: Je dois vous dire qu'aucune des possibilités qui
sont soulevées ne sera ignorée par mes clientes, mais même
s'il y a possibilité, la seule personne à qui on pourrait vendre,
si elle veut acheter, c'est la commission scolaire et il n'est pas sûr
qu'elle veuille acheter. Entre autres choses, on a vécu un cas semblable
à Notre-Dame-des-Anges, qui est un petit village à peu
près à une dizaine de milles de Rivière-à-Pierre,
d'un couvent, à peu près de la même importance par rapport
au village et les coûts de démolition s'élevaient,
d'après les chiffres que j'avais demandés à ce
moment-là aux démolisseurs, à environ $50 000 pour une
valeur commerciale d'environ... Je crois que ça s'est vendu $12 000
à la commission scolaire. Il n'y avait pas de restriction, mais c'est le
même genre de bâtisse. Alors, pour la réfection de la
bâtisse, si le ministère avait décidé d'en assumer
les coûts, quels qu'ils soient, il n'y aurait pas de problème, on
pourrait la revendre à la commission scolaire, mais même en la
revendant, il y a encore une restriction au titre. Si la commission scolaire,
dans dix ans, dans 50 ans, dans 100 ans veut vendre le terrain, elle va
être encore prise avec un titre qui ne sera pas clair ni
incontestable.
Je ne pense pas que légalement quelqu'un puisse nous enlever la
propriété dans le moment, justement parce que cette donation est
faite depuis 1907, que les religieuses ont respecté les conditions et
que, deuxièmement, tous les délais qui auraient pu exister pour
contester la donation sont éteints. La seule chose qui puisse arriver si
le bill ne passe pas, c'est que l'école reste là. Le
ministère de l'Education va sûrement, à un moment
donné... S'ils ne sont pas prêts à mettre les fonds
nécessaires pour l'améliorer, et quand je dis l'améliorer
c'est beaucoup, s'ils ne mettent pas ces fonds, la communauté n'est pas
capable et n'a plus la responsabilité d'exploiter une école. A
Rivière-à-Pierre, c'est la commission scolaire qui a pris cela en
charge. La condition est changée au départ parce que ce n'est pas
la commission scolaire qui a eu la donation. C'est la communauté des
religieuses qui elle-même a ajouté beaucoup a cette bâtisse
originale. La bâtisse originale était très petite,
c'était une petite école de campagne et on en a fait un couvent
comme on les voit à la campagne, à quatre étages. Je vous
dis qu'il y a environ 300 pieds ou 350 pieds de façade sur environ 100
pieds à l'intérieur. Elle a mis énormément d'argent
là-dedans. Mais par les temps qui courent, cela ne pourrait même
pas se justifier. Il y a 65 étudiants alors qu'il y en avait 250 quand
l'école était le plus rentable au point de vue scolaire. Il y a
65 étudiants.
Les coûts de chauffage de ces bâtisses sont
invraisemblables, les coûts d'assurance aussi parce que ce sont des nids
à feu. Il y a des endroits pour loger une centaine d'enfants avec des
douches, etc., mais toute cette tuyauterie est usée. Je veux bien croire
qu'il faut respecter l'intention du donateur, mais le donateur a prévu,
dans son... Justement c'est peut-être la seule porte de sortie qu'on a,
qui ne règle pas le problème sur le plan légal, mais qui
le règle peut-être sur le plan moral qui est soulevé par le
député Forget. Il a dit s'il y avait des problèmes entre
la communauté et le donateur et les commissaires d'école, ce sera
à l'archevêque de Québec de les régler. Il n'avait
pas prévu l'Assemblée nationale, mais l'archevêque de
Québec ne peut pas modifier les titres. Il peut régler le
problème pratique qui se présente, il peut empêcher les
gens de se chicaner et dire: Je le tranche de telle façon et
légalement c'est bon, mais ça ne me permet pas d'arriver avec un
titre modifié auprès d'un notaire pour faire ma vente.
L'archevêque de Québec consent à la présentation du
bill privé. Alors, je pense bien que l'aspect moral est très bien
défendu par l'archevêque de Québec.
Je ne pense pas que l'Assemblée nationale voudrait aller à
rencontre des voeux qui sont exprimés dans la lettre de Monseigneur
l'archevêque.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Quelles ont été les démarches
qui ont été entreprises à votre connaissance par les
religieuses et peut-être également par la commission scolaire,
pour que le ministère de l'Education prenne en main cette bâtisse
et la rénove?
M. Dugal: Cela ne se déroule pas comme ça. Cela
fait au-delà d'un an que nous sommes en discussion avec la commission
scolaire, parce qu'il n'y a pas de lien direct entre nous et le gouvernement
comme tel, il y en aura si jamais il y a achat; il y en avait eu dans le cas de
Notre-Dame-des-Anges, où on avait rencontré les gens du
ministère, mais nous finalement ne transigeons qu'avec les commissions
scolaires. Ce sont les commissions scolaires qui achètent, mais elles
sont les outils des fonctionnaires du ministère de l'Education, à
toutes fins pratiques, elles n'achètent que si elles ont des budgets, si
elles ont l'autorisation, etc. On finit par rencontrer les gens du
ministère, parce qu'ils peuvent avoir des questions à nous poser,
mais nous n'avons pas de lien comme tel.
Le ministère de l'Education avait parlé de bâtir une
nouvelle école, comme à Notre-Dame-des-Anges, qui est à 14
milles de là. Je lui avais suggéré de faire des
rénovations sur une partie de cet immeuble et de condamner le reste de
la bâtisse. Les gens m'ont dit que, dans le temps, Notre-Dame-des-Anges
avait droit à une école aussi neuve que celle des enfants de la
ville, même si ça coûtait $800 000 pour à peu
près 60 élèves. J'ai dit: si vous placiez votre argent
autrement, ce serait peut-être mieux, mais ce n'est pas à moi de
décider. J'ai un problème sur les bras que les religieuses me
donnent, elles m'ont dit: Essaie de le régler. Ce problème est
réel et il n'est pas réglage autrement que par des grands
moyens.
Imaginez une bâtisse à la baie James ce serait
à peu près semblable de 350 pieds sur 100 pieds de
largeur, quatre étages, avec de vieilles fournaises, de la vieille
tuyauterie, ce n'est pas facile à vendre, ni à disposer. Les
coûts de destruction, de démolition sont plus élevés
que la valeur marchande de la bâtisse avec le terrain. Ce n'est pas
facile.
M. Fontaine: Qu'est-ce qu'elles en feraient, les religieuses,
elles le vendraient?
M. Dugal: Elles vont essayer de le vendre. Elles ne peuvent
même pas essayer de le vendre tant qu'elles ont un titre comme
celui-là.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a des acheteurs éventuels?
M. Dugal: II y en a qui se sont manifestés. Est-ce
qu'effectivement, c'est pour venir aux sources pour voir ce qui se passe ou si
c'est vraiment pour acheter? Je ne le sais pas.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre de la Justice pourrait
s'informer auprès de son collègue de l'Education si, dans ce cas
particulier, il a eu vent de l'achat ou de la rénovation de cette
bâtisse et qu'est-ce qu'il y a à faire avec ça?
M. Bédard: Je pense qu'à partir du moment où
la commission scolaire est d'accord au niveau du ministère de
l'Education, je ne vois pas comment ça irait dans le sens contraire.
C'est ce que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire dans un sens
positif par rapport au projet de loi qui est présenté. Si on
compare à d'autres projets de loi de même nature qui ont
déjà été présentés au début de
la commission, je pense que le député de Nicolet-Yamaska a
peut-être quelques exemples à l'esprit. Il me semble que c'est...
je comprends qu'on n'adopte pas des projets de loi par comparaison à
d'autres, mais ça me semble extrêmement difficile en tout
cas, pour nous, notre idée est faite, nous sommes d'accord de
refuser.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Si vous me permettez, d'autre part, il semble
que l'Opposition ne soit pas d'accord, pour les raisons qui ont
été exprimées. On n'a pas à en être juge ici
au niveau de la commission, chacun y va de ses préoccupations. Mais
qu'est-ce que vous penseriez de l'idée d'ajouter l'Opposition
pourrait évaluer à ce moment-là après
l'article 1, que les fonds qui proviendraient de cette vente seraient
réservés à des fins d'éducation?
Autrement dit, je vous suggère un amendement; j'essaie de
concilier les choses le plus possible, en prenant le plus possible les
intérêts de nos bonnes soeurs. On pourrait peut-être
ajouter, à la fin de l'article 1, ceci: "et que les fonds provenant de
la vente de l'immeuble soient réservés à des fins
d'éducation". Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Dugal: Je ne vois pas d'objection en soi, sauf que je
comprends mal, je vois mal comment les religieuses vont expliquer cela dans
l'état financier qu'elles doivent faire préparer, comment elles
vont le dépenser et qui va avoir le droit de regard. (12 h 45)
Est-ce que c'est un souhait de l'Assemblée nationale? Si c'est
une loi, à qui vont-elles rendre compte? Cela va à une
communauté qui fait encore de l'enseignement catholique. Mais elle ne
peut plus en faire à l'endroit précis où a eu lieu la
donation. Le donateur a voulu que ce soit à cet endroit-là parce
que, dans ce temps-là, c'était pratique d'avoir une école
de cette dimension.
Je suis sûr que cela va servir à l'enseignement catholique,
d'une façon générale. Mais si on le marque dans le projet
de loi, si c'est autre chose qu'un voeu pieux, il faut rendre compte à
quelqu'un, et je vois des complications bien au-delà d'une école
qui est vétuste et qui tombe en pièces.
Cela ne me semble pas pratique. Si vous voulez le faire, je vais bien
être obligé de me soumettre.
M. Bédard: J'essayais de voir une solution. D'ailleurs, il
y a un autre élément qu'on porte à mon attention. Cela
pourrait peut-être même devenir injuste envers les soeurs parce que
pour cet immeuble, elles ont probablement ajouté de l'argent de la
communauté elle-même, au niveau de l'entretien, au-delà de
ce qui a été fait par le donateur.
M. Dugal: Ces soeurs-là ont mis de l'argent à
profusion.
M. Bédard: C'était une tentative, mais je pense
bien qu'on ne peut pas continuer indéfiniment la discussion. Nous sommes
d'accord. Mais si l'Opposition garde la même idée, persiste dans
son refus, je pense que ce n'est pas l'habitude de passer à des votes au
niveau des projets de lois privés, à moins de situations tout
à fait exceptionnelles.
Le Président (M. Lacoste): Juste auparavant, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai peut-être eu une partie de la
réponse quand vous avez donné des explications au
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pose toujours des bonnes questions.
Mme Lavoie-Roux: II pose des bonnes questions. Je crois
comprendre que la bâtisse originale a été agrandie de tous
les côtés. Mais la maison originale, est-ce qu'elle a une valeur
patrimoniale quelconque?
M. Dugal: Elle a une valeur, selon moi je ne veux pas
être cynique de presque taudis. C'est fini, c'est fini, fini. Je
ne vous dis pas que cela va s'écraser, mais il faut la voir. Il n'y a
rien là-dedans. La seule façon de s'en servir d'une façon
convenable, pour les gens de la place, c'est de refaire peut-être un
étage. Mais tel quel, il est temps que quelqu'un y voie.
Même la partie originale qui date de 1907, n'a aucun aspect... Je
suis allé voir, parce que je voulais savoir de quoi je parlais, et il
n'y a rien de beau là-dedans. Il n'y a rien. Ce n'est pas
mêlant.
Mme Lavoie-Roux: Sur le plan architectural, il n'y a absolument
rien?
M. Dugal: C'est effrayant. Ce sont les vieilles écoles pas
belles, pas rénovées, des plafonds en métal avec des
dessins dedans. Cela coule. Je dois vous dire que si jamais vous avez...
Mme Lavoie-Roux: L'état ne me fait rien. On l'a
peut-être négligée...
M. Dugal: Je vous dis qu'il n'y a rien de beau c'est une
question de point de vue je ne voudrais pas qu'on me la donne,
même si j'avais les moyens de rénover.
Mme Lavoie-Roux: Combien reste-t-il d'enfants dans
l'école?
M. Dugal: II reste 65 enfants dans l'école.
Mme Lavoie-Roux: 65. Où vont aller ces enfants-là?
A Notre-Dame-des-Anges?
M. Dugal: La commission scolaire n'a pas encore
décidé. La commission scolaire va possiblement acheter
l'école ou en faire construire une autre ailleurs dans le village
même. Elle ne sait pas ce qu'elle va faire. J'ai parlé à
des gens de la commission scolaire hier. Ils m'ont dit qu'ils n'avaient aucune
idée de ce qu'ils feraient, parce que la subvention qui... Au
début, il y a un an, quand on a commencé le projet de loi, la
commission scolaire avait dit qu'il était fort probable qu'elle ne soit
pas intéressée à acheter l'école, qu'elle
était intéressée à en bâtir une nouvelle,
parce que dans ce temps-là les subventions je ne comprends pas
toujours la comptabilité allaient dans le sens qu'on avait de
l'argent pour bâtir une école neuve de $800 000, mais on n'avait
pas d'argent pour investir $200 000 ou $300 000 pour rénover une partie
de cette école-là, parce que c'était une question de
budget et de colonnes. Je ne peux pas discuter de ces aspects-là.
A partir de là, on constate qu'on a une vieille bâtisse sur
les bras et qu'il faut en faire quelque chose.
Mme Lavoie-Roux: Mais il faut encore loger des enfants à
Rivière-à-Pierre, sur place, pour leur donner l'enseignement?
M. Dugal: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une question de les envoyer. Vous
avez parlé d'une école, je ne sais pas si c'est
Notre-Dame-des-Anges ou je ne sais trop.
M. Dugal: Non, il va se faire...
Mme Lavoie-Roux: II reste des enfants à qui il faut donner
l'éducation à Rivière-à-Pierre même?
M. Dugal: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Si ce n'est pas cela, c'est un autre
bâtiment qui doit être construit?
M. Dugal: C'est cela.
M. Fontaine: Ils vont détruire celle-là et ils vont
en construire une autre. On donnera un bon contrat.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, je voudrais être
très bref dans ceci, parce qu'il ne s'agit pas de continuer
indéfiniment, comme le soulignait le ministre de la Justice. Je voudrais
simplement souligner à l'avocat que ce n'est pas une question
d'acharnement contre le dossier qu'il défend; je trouve qu'il le
défend avec beaucoup d'habileté dans le contexte actuel, sauf que
c'est une question de politique fondamentale à l'heure actuelle, c'est
une question de droit absolu des gens, des donateurs, un peu comme la
liberté quasiment absolue de tester. C'est de changer des dispositions
d'un testament ou d'un don qui a été fait à un moment
donné avec des conditions bien précises. On a cédé
un droit de propriété aux soeurs, mais ce n'est pas un droit de
propriété absolu qu'on a cédé, c'est un droit
assorti de conditions biens spécifiques qui sont encore
réalisables de nos jours. Mais, comme vous l'avez souligné, il y
a des problèmes d'administration à l'heure actuelle. Le
bâtiment est devenu vétuste et, dans le contexte actuel, il
devient peut-être plus difficile de l'administrer; même, comme vous
l'avez dit tout à l'heure, dans les conditions où se trouve le
bâtiment, c'est quasiment un cadeau de Grec qu'on nous fait, c'est devenu
un éléphant blanc entre les mains des soeurs à l'heure
actuelle.
Or, je me demande, dans ces conditions-là, s'il faut statuer,
parce que c'est une question de substance, au fond, tout cela, de savoir si on
a le droit de changer le droit absolu de quelqu'un qui a donné à
un moment donné. Dans ceci, compte tenu quand même qu'il y a eu un
accroissement considérable, vous avez dit, par les apports additionnels
des soeurs à cette propriété-là, aussi bien
l'immeuble, aussi bien la bâtisse que le lot sur lequel on est,
peut-être faudrait-il penser en toute équité que ce droit
que le donateur a transmis aux soeurs devrait profiter aux héritiers ou
aux ayants droit. Est-ce qu'il ne vous est pas venu à l'esprit de
créer un droit de retour jusqu'à un certain point pour les
héritiers ou le donateur, si on veut changer, à l'heure actuelle,
la destination? On changerait évidemment ce droit absolu qu'il a de
tester ou de donner dans des conditions bien spécifiques, mais, si ceci
n'est plus réalisable à l'heure actuelle dans le monde
d'aujourd'hui, peut-être faudrait-il penser à un droit de retour
envers les héritiers ou ceux qui participent au patrimoine du donateur
à l'heure actuelle.
M. Dugal: Si vous permettez, le Code civil prévoit que,
dans le cas de donation, s'il n'y a pas de droit de retour prévu
je n'ai pas mon Code civil devant moi, je ne pensais pas en avoir besoin ici
dans le cas d'une donation, cette donation devient irrévocable.
Il y a deux aspects dont il faut tenir compte dans vos préoccupations,
il y a l'aspect juridique et il y a l'aspect moral.
Pour l'aspect moral, je vous réfère au texte que je vais
vous lire, qui est partie du contrat intégral: "Rien de ci-dessus
énoncé ce sont les conditions ne sera
interprété au préjudice des droits et des devoirs des
communautés religieuses en rapport avec les lois actuellement en force,
et au cas de difficultés entre les parties c'est l'intention du
donateur, tout de même en rapport avec le présent contrat,
sans restriction, ces difficultés seront soumises à
l'archevêque catholique romain du diocèse de Québec dont la
décision sera finale et sans appel." Je pense que c'est l'aspect moral
qui est couvert. Je ne pense pas qu'il soit du ressort de cette
Assemblée de savoir, au point de vue moral, plus que cela de l'intention
du donateur. Le donateur dit: Quand il y a des problèmes, allez voir
l'archevêque, c'est lui qui va trancher.
Il reste l'aspect légal qui doit suivre, parce que
l'archevêque n'est pas capable de modifier ce texte. Cela me prend des
titres clairs pour aller négocier, que ce soit avec la commission
scolaire, que ce soit avec qui que ce soit. Je ne suis pas capable de me
présenter devant un acheteur et dire: Serais-tu intéressé
à acheter une bâtisse que je vais pouvoir te livrer quand
l'Assemblée nationale va décider qu'elle juge à propos de
l'étudier? C'est une étape préliminaire, pour pouvoir
disposer de l'immeuble, que d'avoir des titres clairs et incontestables.
Maintenant, le droit de retour n'est pas prévu dans l'acte. On dit: S'il
y a des problèmes, allez voir l'archevêque de Québec et sa
décision sera finale et sans appel, mais on n'a pas prévu, s'il y
a des problèmes juridiques, comment on allait les régler. De par
le principe des lois privées, on peut venir ici pour corriger une
situation qui ne peut pas être corrigée autrement.
M. Bédard: Je crois que dans la volonté du
testateur, c'est un élément qui est extrêmement important,
ce que vous venez de souligner, et que nous avions vu d'ailleurs, lorsqu'on
spécifie qu'en cas de difficultés, le testateur, le
donateur...
M. Dugal: L'archevêque...
M. Bédard: ... accepte que la décision de
l'archevêque soit de nature à régler définitivement
les difficultés, en plus du consentement de l'archevêque que vous
nous avez donné... Si on y ajoute également le consentement de la
commission scolaire, la demande des Soeurs servantes du Saint-Coeur-de-Marie...
Du côté du gouvernement, nous n'avons absolument aucune objection
à donner suite à votre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, ensuite, le député de Nicolet-Yamaska.
M. Forget: M. le Président, je pense qu'on ne doit pas
prendre trop de temps à analyser les caractéristiques physiques
de l'immeuble. On doit tenir pour acquis que l'immeuble n'est pas physiquement
satisfaisant. C'est relativement secondaire. Si l'immeuble n'est pas
satisfaisant, si les religieuses veulent le vendre, très bien. On
suppose aussi que le montant pour lequel le terrain peut être vendu
mettons de côté l'édifice qui est un taudis
est un montant substantiel, ce qui donne
lieu à la production d'un bill privé. Si c'était un
montant nominal de quelques centaines de dollars pour le terrain, on n'en
parlerait pas.
Il y a donc une valeur réelle substantielle. Il faut partir de
cela, ne serait-ce que du terrain. Laissons de côté les
édifices qui ne pourront plus être utilisés. Si tel est le
cas, il me semble que le ministre de la Justice a indiqué une solution
que le procureur devrait retenir et qui pourrait peut-être revenir
à 15 heures avec une version... Il me semble que si la donation
originale subsiste au moins comme valeur marchande du terrain, rien
n'empêche que la vente soit faite conditionnelle à ce que la
communauté ou l'archevêché, peu importe, mais la
communauté crée un fonds dont le produit servirait à
aider, à stimuler, à encourager l'éducation
confessionnelle au Québec, que ce soit par des bourses, d'une
façon ou d'une autre, il y a de multiples façons dont ça
peut se faire à l'époque actuelle.
Il reste que, de cette façon-là, on permettrait à
la communauté de se défaire d'un bien dont elle ne veut plus, on
permettrait la démolition de l'édifice. On permettrait de
répondre à toutes les inquiétudes administratives et
budgétaires de la commission scolaire et des religieuses. On
préserverait l'intention originale, qui est une intention
perpétuelle d'aider l'éducation confessionnelle dans cette partie
du monde, et une intention qui peut être maintenue, parce qu'il y a
encore de l'éducation, il y a encore de la religion catholique et il y a
encore la jonction possible entre les deux. On le sait très bien.
Il y a une dimension qui dépasse les préoccupations
administratives et l'état physique du bâtiment. La
préoccupation, c'est que l'Assemblée nationale n'aille jamais
plus loin qu'il n'est strictement nécessaire lorsqu'il est question de
réviser rétroactivement l'intention d'un testateur. Le Code civil
dit que le testateur a le droit de donner son bien à qui il le veut,
pour les conditions qu'il veut bien déterminer, et ce n'est pas à
l'Assemblée nationale de réécrire les testaments qui ont
été écrits en 1907, mais simplement d'en changer les
modalités d'application dans la mesure, mais dans la mesure seulement
où il est strictement nécessaire, étant donné les
circonstances.
La suggestion qu'a faite le ministre, à mon avis, en est une sur
laquelle on pourrait s'entendre, à savoir qu'il y ait un fonds
spécial. L'avocat des requérantes dit: Devant qui seront-elles
responsables de ça? Cela, c'est un autre problème
complètement. Elles seront responsables devant leur conscience, mais la
loi leur donnera une obligation de constituer un fonds à même
cette somme. Je pense bien que, comme il s'agit d'une communauté
religieuse, comme il s'agit d'une communauté qui continue à
s'intéresser à l'éducation et qui continue d'appartenir
à l'Eglise catholique, elle n'a absolument pas de raison d'ignorer le
voeu d'un testateur de 1907, parce que ce sont des objectifs qui
coïncident avec les siens. Alors, je pense bien qu'on n'a pas à se
poser trop de problèmes sur le contrôle de cette activité,
pourvu qu'on en fasse une obligation légale. Les religieu- ses le feront
et le ministère de la Justice pourra s'inquiéter à un
moment donné à savoir si les procédures prévues
dans la loi ont été suivies, ou le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, parce
que c'est incorporé, j'imagine, elles sont incorporées en vertu
de la Loi des évêques ou en vertu de quelque chose, donc, il y a
une compétence gouvernementale quelque part, pour s'assurer que la loi
est respectée.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Peut-être que le procureur pourrait
profiter d'un ajournement jusqu'à 15 heures pour évaluer
jusqu'à quel point ses clients pourraient s'accommoder des suggestions
faites par l'Opposition, faites par moi d'une certaine façon, mais dans
le but d'en arriver quand même à une entente, parce que je tiens
à préciser, en ce qui regarde le gouvernement,
indépendamment de cette condition que j'ai mise de l'avant dans le but
de rechercher un consensus, nous serions d'accord avec le projet de loi tel que
formulé.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Avant d'ajourner, si vous me permettez, j'aimerais
savoir du procureur s'il sait combien peut valoir le terrain, et l'immeuble
s'il a une valeur.
M. Dugal: Si vous permettez, ce n'est pas une bâtisse qui
est évaluée comme telle et je ne demanderais pas à mes
clients d'investir des sommes pour faire évaluer cette
bâtisse-là, parce que ça ne pourrait pas se justifier. On
parle d'un terrain d'environ 150 000 pieds à $0.12 du pied carré.
Si je tiens compte du prix qui a été payé dans le cas de
l'autre couvent à Notre-Dame-des-Anges, qui est à douze ou
quatorze milles de là, qui a une population un peu plus petite, on avait
payé environ $0.12 du pied pour les premiers pieds, mais je pense qu'on
paie $0.12 pour les 60 premiers pieds ou les 100 premiers pieds et ensuite
c'est $0.06 ou $0.07 le pied carré du terrain en profondeur. En
calculant le terrain à $0.12 à la grandeur, on parle de 150 000
pieds carrés, ça ferait $18 000 de valeur. (13 heures)
S'il faut détruire la bâtisse, toujours selon ce que je
sais d'un autre couvent à peu près semblable, les coûts
sont entre $40 000 et $50 000. Il s'agit pour nous de libérer une
propriété et si, en plus des problèmes qu'on a au point de
vue pratique, on a des titres qui ne sont pas clairs, on a alors des
problèmes insolubles.
M. Bédard: Oui, parce que...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: ... la non-observance, si nous assortissons
notre consentement de conditions, la non-observance de ces conditions-là
ferait revivre
en fait la situation avec laquelle vous êtes pris
présentement. Est-ce que vous acceptez quand même...
Il semble que c'est bien clair que l'Opposition, comme vous êtes
à même de le constater, n'est pas d'accord. Alors, est-ce
que...
M. Dugal: Je serai ici à 15 heures.
M. Bédard: ... vous pourriez faire les évaluations
nécessaires? Entre-temps, si nous pouvons vous aider à nouveau,
ça nous fera plaisir.
Le Président (M. Lacoste): Donc, nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à cet après-midi, quinze heures.
Fin de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 28
Le Président (M. Lacoste): Reprise des travaux de la
commission permanente de la justice. Au moment de la suspension de nos travaux,
nous étions à l'étude du projet de loi no 242, Loi
concernant un immeuble de Les Soeurs Servantes du Saint-Coeur-de-Marie. La
parole était au ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je remets la parole
immédiatement au procureur.
Le Président (M. Lacoste): Me Dugal.
M. Dugal: M. le Président, à la suite du
débat de ce matin, il a été étudié et
suggéré qu'on fasse certains amendements au projet de loi
original; mes clientes se sont, comme il est souvent leur habitude, soumises
à certains textes et il y aurait lieu de modifier le texte de loi, avec
tout d'abord, le texte que tout le monde a en main qui vise à remplacer
l'article 1 par le suivant...
M. Bédard: ... l'amendement.
M. Dugal: Je propose cet amendement...
M. Bédard: ... qui est à la connaissance de
l'Opposition.
M. Dugal: ... qui est à la connaissance de tout le monde.
A la suite des mots "annexe A", il y aurait lieu d'inclure l'alinéa
additionnel qui se lirait comme suit: "Toutefois, le produit de
l'aliénation de l'immeuble ainsi que les revenus en résultant
devront être versés dans un fonds spécial destiné
à promouvoir, favoriser, ou autrement développer
l'éducation et l'enseignement confessionnels".
M. Marx: ... catholique.
M. Bédard: Dans le cas présent, je pense que
ça ne crée pas de problème...
M. Forget: C'est un fonds spécial des religieuses.
M. Bédard:... franchement, avant que les bonnes Soeurs
Servantes du Saint-Coeur-de-Marie changent de confessionnalité, il y a
un bout à leur créer des problèmes. Il me semble
que...
Le Président (M. Lacoste): Vous pouvez remettre votre
amendement.
M. Bédard: Je comprends que vous en êtes
arrivé à maintenir le fonds spécial, parce que vous
n'êtes pas en mesure de nous dire exactement quel montant ça peut
représenter. (15 h 30)
M. Dugal: Je ne crois pas que les chiffres que j'ai
mentionnés à M. Forget soient dépassés. Mais je ne
voudrais pas, étant donné que mon travail consiste à
représenter cette communauté au meilleur de mes capacités,
qu'un jour, quelqu'un, soit un acheteur éventuel ou quelqu'un que je ne
peux pas imaginer maintenant, me souligne cet aspect, alors qu'il est de mon
devoir d'essayer d'obtenir quand même, même pour les fins de ce
fonds, le maximum possible, en tenant compte des circonstances.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Je dois vous féliciter de votre
prudence, parce que, effectivement, s'il fallait ne pas donner suite à
l'amendement, à ce moment-là, cela pourrait faire revivre une
situation qu'on essaie de corriger aujourd'hui.
Nous vous remercions de vos représentations et tous nos respects
à vos clientes.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 se lirait comme
suit: "Les charges, conditions, obligations et prohibitions pouvant restreindre
l'usage ou l'utilisation de l'immeuble qui a fait l'objet de l'acte de donation
passé le 4 mai 1907 entre Odilon Blanchet et l'Institut des Soeurs
Servantes du Saint-Coeur-de-Marie devant le notaire Joseph G. Couture, sous le
no 11 443 de ses minutes et enregistré sous le no 47 788 au bureau de la
division d'enregistrement de Portneuf, sont abolies et éteintes, mais en
autant seulement qu'elles ont pour objet l'immeuble désigné
à l'annexe A. "Toutefois le produit de l'aliénation de l'immeuble
ainsi que les revenus en résultant devront être versés dans
un fonds spécial destiné à promouvoir, favoriser ou
autrement développer l'éducation et l'enseignement
confessionnel".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 1 est adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
Est-ce que l'article 2 est adopté? M. Bédard:
Adopté. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bédard: L'article 3 est adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 est adopté.
Est-ce que l'annexe A est adoptée?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
préambule est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 242, Loi concernant un immeuble de Les Soeurs Servantes du
Saint-Coeur-de-Marie est adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
Je tiens à remercier au nom de la commission Me Dugal pour les
représentations faites devant la commission.
J'appellerai donc le projet de loi no 96, Loi modifiant...
M. Bédard: Non.
M. Forget: ... 183.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
je crois qu'il avait été indiqué que nous
procéderions à l'adoption article par article du projet de loi
183.
Le Président (M. Lacoste): Avant d'appeler l'autre projet
de loi, je demanderai donc au rapporteur de faire rapport au sujet des projets
de loi nos 242, 194 et 197.
Les membres de la commission pour l'étude des projets de loi nos
183 et 196 seront les mêmes.
Projet de loi no 183
J'appelle donc le projet de loi no 183, Loi pour favoriser la perception
des pensions alimentaires. M. le ministre, pour vos commentaires
généraux.
Remarques préliminaires M. Marc-André
Bédard
M. Bédard: M. le Président, nous avons eu de
l'Assemblée nationale le mandat d'adopter article par article ce projet
de loi. Nous avons eu l'occasion, je pense, amplement, de faire des
représentations lors de la deuxième lecture de ce projet de loi
dont les principes ont été adoptés à
l'unanimité par l'Assemblée nationale. Je proposerais simplement
que nous passions à l'article 1.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, je suis bien heureux qu'on
commence l'étude article par article de ce projet de loi. Nous avons
indiqué, au moment de la deuxième lecture, hier, que nous ferions
tout ce qu'il était nécessaire de faire, y compris multiplier les
consentements, pour mettre de côté le règlement de
l'Assemblée nationale de manière à être sûrs
que le projet de loi soit adopté, en tout état de cause, avant la
fin de nos travaux, demain ou au plus tard après-demain.
C'est dans ces conditions, de toute manière, que notre
étude commence. Il demeure qu'on ne peut faire autrement que de
regretter que le ministre ait jugé bon de faire une modification au
projet de loi si tard. Non pas qu'il l'ait modifié, on ne regrette pas
cela, mais qu'il l'ait fait si tard, jeudi dernier, et qu'effectivement les
groupes qui ont demandé ce projet de loi, qui ont manifesté leur
intérêt à son égard, aient à peine eu le
temps d'en prendre connaissance et n'aient assurément pas eu le temps de
manifester des réserves qui peuvent demeurer dans leur attitude
relativement à ce projet de loi, même dans sa forme
révisée.
Je crois que non seulement le gouvernement a rendu les choses
extrêmement difficiles pour l'Opposition d'abord, puisque nous voulons
l'adopter nous aussi, mais que nous avons des possibilités de
débats assez réduites, mais pour les groupes impliqués
également. C'est dans un contexte où on se résout à
appuyer l'adoption d'un projet de loi à défaut de mieux, en
quelque sorte, et pour ne pas mettre en péril son adoption, on
s'abstient de faire des commentaires.
J'ai ici un télégramme qui a été transmis
à un de mes collègues, qui se lit comme suit: "Devant le besoin
extrêmement urgent de percevoir les pensions alimentaires et face
à la réticence du gouvernement à mettre sur pied un
service universel de perception des pensions alimentaires, tel que
demandé par de nombreux organismes, c'est donc "sous réserve" que
nous recommandons l'adoption du projet de loi 183." C'est signé Nicole
Poirier, pour le Front commun pour un véritable service de perception
des pensions alimentaires.
Il semble que non seulement le délai était court, mais que
certains porte-parole du gouvernement aient fait comprendre aux groupes
impliqués que s'il y avait trop de commentaires en public, l'on
fournirait ainsi des munitions à l'Opposition dans sa tentative de
résister, de façon absolue, à l'adoption du projet de loi.
Du côté gouvernemental, on est décidément
allé un peu trop loin. Il n'est pas du tout dans nos projets, et
jamais dans nos intentions publiquement exprimées à
l'Assemblée nationale, de gêner en quoi que ce soit l'adoption de
ce projet ou de le rendre impossible. Je pense que c'est un bien curieux
procédé que d'inviter en quelque sorte les groupes
intéressés à un projet de loi à se taire, de peur
que certains des objectifs poursuivis par ces groupes et aussi par le
gouvernement soient frustrés par l'Opposition. Ce n'était pas du
tout nécessaire, M. le ministre, d'employer des arguments comme
ceux-là, parce que, encore une fois, dès hier, nous avons
signifié notre intention d'appuyer le projet de loi.
Il a été extrêmement intéressant d'entendre
des groupes qui continuent d'avoir des réserves. Je ne vous cache rien,
puisque je l'ai dit hier, nous continuons nous aussi à avoir des
réserves face à ce projet de loi, pour les raisons que je ne
répéterai pas ici, mais qui sont nombreuses, qui tiennent aux
difficultés de la procédure envisagée qui, même avec
des améliorations, demeure une procédure d'exception, une
procédure qui dépend de l'initiative de la
créancière alimentaire, qui implique des démarches et des
connaissances de sa part qui ne sont pas toujours partagées par tout le
monde. Donc, il y a des difficultés de procédure. Il y a aussi
des difficultés de caractère psychologique lorsque, justement,
comme il faut prendre l'initiative, le fait même de prendre l'initiative
de telles démarches, peut contribuer à faire revivre des
périodes assez stressantes d'agressivité au sein d'un
ménage ou d'un ex-ménage, et peut ramener à la surface des
souvenirs qu'on préfère oublier de part et d'autre.
Donc, il y a là un obstacle véritable et je pense que si
on fait un droit de la famille, c'est pour humaniser le régime de droit
applicable à ces relations et non pas pour les rendre plus
compliquées.
Il y a aussi un problème d'efficacité, parce qu'on peut se
demander jusqu'à quel point, même avec l'existence de ce recours,
on va finalement résoudre le problème qu'on voulait
résoudre, c'est-à-dire voir au paiement efficace et réel
des créances alimentaires.
On nous a servi des statistiques de source gouvernementale, mais qui
avaient la caractéristique unique d'être différentes selon
le ministère qui en faisait l'usage. On ne sait plus trop s'il s'agit de
41%, 49%, 52%, 65% ou 75% de pensions alimentaires qui ne sont pas
payées. Il semble qu'on ait le choix entre tous ces chiffres, de toute
façon, que personne ne le sait au juste. C'est pourtant terriblement
important de savoir quelle est l'envergure du problème en cours, et il
me semble que le ministère de la Justice, depuis trois ans et demi,
quatre ans qu'il étudie ce problème, même quatre ans et
demi, aurait pu, par voie de sondage, faire ressortir un échantillon de
jugements sur cinq ans attribuant des pensions alimentaires et faire une
vérification discrète pour vérifier lequel de ces
jugements était exécuté et lequel ne l'était pas.
On ne demande quand même pas de relever tous les jugements de pensions
alimentaires depuis 1840 ou 1907. On aurait pu, par un échantillonnage
soigneusement fait, établir un ordre de grandeur qui aurait servi
après et aussi un certain nombre d'autres informations qui auraient
servi à former le jugement de tous les intervenants.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, ceci étant dit, pour
souligner encore une fois notre intérêt à ne pas
gêner, en fin de compte, l'adoption d'une mesure qui ne peut certainement
pas faire du tort, mais aussi notre inquiétude à ce qu'elle ne
fasse pas autant de bien qu'elle devrait le faire, nous allons entreprendre
l'étude article par article de ce projet de loi et espérer qu'il
y aura, malgré tout, encore de la place pour des améliorations,
si le ministre y consent, de manière que, dans toute la mesure du
possible, les inquiétudes et les réserves exprimées encore
aujourd'hui devant la nouvelle version du projet de loi reçoivent, si
c'est encore possible en restant à l'intérieur du même
cadre dans un grand nombre de cas évidemment ce n'est pas
possible, ça supposerait une approche entièrement
différente mais, au moins, dans la mesure où il est
possible de rendre ça compatible, qu'on puisse, malgré tout,
considérer des modifications. Nous essaierons d'en suggérer
quelques-unes au moins à titre de suggestion.
Il n'est pas toujours facile de faire des amendements à un texte
qui a été déposé jeudi dernier, étant
donné le rythme actuel des travaux de l'Assemblée nationale,
d'autant plus que, dans certains cas, les suggestions que nous allons faire
sont d'un caractère assez technique quant à leur façon de
s'appliquer, et nous ne sommes pas du tout sûrs de pouvoir faire une
rédaction aussi impeccable que ce que les légistes du
ministère de la Justice pourraient faire s'ils veulent bien collaborer
avec nous.
C'est tout, M. le Président, à moins qu'il y ait des
collègues qui aimeraient intervenir.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, je pense qu'il y a
maintenant lieu de faire part des changements chez les membres de la
commission.
Vous me disiez tantôt que le député de D'Arcy McGee
remplaçait M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) et que Mme la
députée de L'Acadie remplacerait M. Blank (Saint-Louis). C'est
bien ça, M. le député de Saint-Laurent? Il y a
consentement?
M. Forget: Oui.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Quelques mots d'introduction, une seule phrase, si
vous me le permettez, étant donné que même si nous ne
sommes pas satisfaits du projet de loi en tant que tel, on aurait aimé
voir d'autres solutions que celles qui sont proposées par le ministre.
Etant donné que les groupements et surtout les groupements
féminins concernés sont prêts à accepter cette
solution d'une façon probablement temporaire, force nous est de
constater que nous ne ferons que nous contenter d'essayer d améliorer la
tuyauterie, comme l'a dit le premier ministre. On va travailler
là-dessus
pendant les heures qu'on pourra y consacrer, tout en sachant bien que,
pour nous, cette solution n'est qu'une solution temporaire et je suis
assuré que nous devrons trouver une autre solution permanente et plus
adéquate d'ici quelques années.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie. (15 h 45)
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je veux seulement ajouter quelques mots, compte
tenu du télégramme dont le député de Saint-Laurent
a fait mention tout à l'heure.
Je veux déplorer le tait que le gouvernement ait montré si
peu de transparence dans sa consultation au sujet de ce projet de loi. Hier,
quand j'ai parlé à l'Assemblée nationale, j'avais
oublié que le projet avait même été
déposé au mois de décembre. Il me restait à
l'esprit que c'était plutôt au tout début de notre retour
à l'Assemblée nationale. Compte tenu qu'il avait
été déposé en décembre, une consultation
aurait fort bien pu avoir lieu en commission parlementaire au mois de janvier.
On ne l'a pas fait. Même, au pis-aller, elle aurait pu avoir lieu au
début de mars quand nous étions ici à l'Assemblée
nationale.
Ce qui est le plus déplorable, c'est qu'hier, le ministre d'Etat
à la Condition féminine nous laissait entendre que le front
commun était satisfait. D'abord, on n'a pas su ce qu'était le
contenu de ces rencontres qu'elle a eues avec le front commun, mais, de toute
évidence, sa satisfaction est certainement très limitée et
n'eût été le fait qu'on lui a laissé entendre que
c'était tout ou rien, c'était ce qu'il avait demandé ou
c'était rien et que, de plus, fort probablement, comme le mentionnait
mon collègue de Saint-Laurent, compte tenu du fait que l'Opposition
avait soi-disant l'intention de faire obstruction totale à ce projet de
loi, ce qui était absolument sans fondement, ni même
privément ou publiquement, sauf que peut-être, sur le projet de
loi no 83, si nous avions plus de temps... Mais il a été
remanié de toute façon. Il n'était pas question pour nous
de faire une obstruction totale.
Mais ce n'est pas la première fois que ce gouvernement, qui se
targue de transparence, lorsqu'il y a des demandes
répétées de consultations publiques par le truchement
d'une commission parlementaire, se défile, va chercher des informations
et transmet celles qu'il veut bien transmettre aux membres de
l'Assemblée nationale. Encore une fois, je pense que ce n'est pas la
façon la plus satisfaisante pour les membres de cette Assemblée
de fonctionner, qu'ils soient dans l'Opposition ou qu'ils soient même du
côté ministériel, parce qu'il peut y avoir des
représentations que, du côté ministériel, les gens
veulent faire et l'information qui est alors donnée au ministre qui
consulte devient une information en quelque sorte privilégiée
à laquelle les autres n'ont pas accès. Nous en voyons le
résultat.
Pour ma part, si j'ai accepté de voter pour le principe de ce
projet de loi, c'est uniquement parce que, peut-être, et je le souhaite
sincèrement, la situation sera un peu moins mauvaise qu'elle ne
l'était dans le passé. Un autre point qui a été
mentionné hier, c'est encore le ministre d'Etat à la Condition
féminine, somme toute, puisqu'il y avait maintenant cette modification
apportée au rôle du ministère des Affaires sociales qui
pouvait, en quelque sorte, se substituer aux bénéficiaires de
l'aide sociale; on se trouvait devant un projet de loi de portée
universelle quant à la perception des pensions alimentaires.
Peut-être nous donnera-t-on un chiffre exact, mais il s'agit
peut-être au plus de 25% à 30% des femmes qui perçoivent
des pensions alimentaires qui sont bénéficiaires de l'aide
sociale. Alors, c'est bien beau de dire, puisqu'on apporte ce dernier
amendement que le ministre a mentionné hier soir, qu'on se trouve,
à toutes fins pratiques, devant un projet de loi à
caractère universel quant à la perception des pensions
alimentaires.
Ce projet de loi, nous allons travailler à l'améliorer,
comme l'a mentionné le député de Saint-Laurent, mais je
vous assure que dans notre esprit c'est une tentative extrêmement
craintive, timide et à bien des égards inefficace devant laquelle
les femmes en particulier, parce que ça touche surtout les femmes, se
trouveront. J'interviens, parce que je tiens à le souligner d'une
façon toute particulière je pense que ce projet de loi ne
peut être que de nature temporaire. Il faudra le suivre de très
près quant à son application, quant à l'évolution
et aux chiffres qu'ultérieurement on pourra nous donner quant à
ses résultats concrets.
Je ne voudrais surtout pas que le ministre de la Justice ou le
gouvernement interprète notre appui à une correction, à
notre point de vue, bien mineure à la situation que vivent les femmes,
notre appui à améliorer ce projet de loi comme une approbation de
l'approche qu'il a choisie pour tenter d'apporter une solution à un
problème qui dure depuis, on le sait, fort longtemps.
C'est tout ce que j'avais à dire, M. le Président, et je
regrette encore une fois que, d'une part, on n'ait pas voulu accorder de
commission parlementaire à un projet de loi aussi important que
celui-là, en dépit des demandes répétées de
nombreux organismes, et que, deuxièmement, l'approche adoptée par
le gouvernement soit si restrictive quant aux objectifs que l'on pourra
éventuellement atteindre par ce projet de loi.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M.
Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, simplement quelques
mots. Comme l'a dit la députée de L'Acadie, depuis fort
longtemps, depuis des années les femmes demandent à un
gouvernement de faire quelque chose dans ce domaine, non pas pour régler
tous les problèmes on n'a jamais la prétention de
régler tous les problèmes mais pour essayer
d'améliorer une situation qui était inacceptable.
C'est bien beau de dire que ce projet de loi ne réglera pas tous
les problèmes, nous n'avons jamais eu la prétention qu'il en
serait ainsi, mais au moins il faudrait reconnaître que pour une fois il
y a un gouvernement qui s'implique et qui essaie d'y aller de gestes positifs
et pratiques. C'est bien beau d'émettre en commission parlementaire,
comme l'ont fait la députée de L'Acadie et le
député de Saint-Laurent, des souhaits pour un monde parfait, mais
il faudrait quand même être assez intellectuellement honnête
envers le gouvernement présent pour reconnaître qu'au moins nous
sommes les premiers à bouger dans ce domaine, alors que le
problème existe depuis des années. Peut-être que la
députée de L'Acadie va me dire qu'elle n'était pas membre
du gouvernement qui nous a précédés, mais le
député de Saint-Laurent l'était et ce n'est pas
d'aujourd'hui que ces problèmes existent.
Certaines représentations ont été possibles lors de
la commission parlementaire sur le droit de la famille. Les groupes se sont
fait entendre. Plusieurs se sont exprimés sur la question des pensions
alimentaires, de la mise en place d'un service de perception alimentaire. Je
suis prêt à reconnaître que ce n'était
peut-être pas l'essentiel des préoccupations qui étaient
véhiculées, étant donné qu'on parlait de l'ensemble
du droit de la famille. Mais il reste quand même que bien des groupes ont
fait connaître leur position.
Les amendements que nous avons apportés à ce projet de
loi, à différentes occasions, ne prennent pas tout le monde par
surprise, pour la bonne et simple raison que pour la plupart, ces amendements
substantiels, y compris les derniers, sont le résultat de rencontres
avec des groupes féminins qui m'ont exprimé personnellement leurs
revendications, que j'ai rencontrés, entre autres, à
Montréal. De même il y a eu des rencontres du ministre d'Etat
à la Condition féminine avec des groupes, qui ont permis
effectivement d'essayer de cerner le mieux possible certaines des
préoccupations aux fins d'améliorer le projet de loi.
On faisait état tout à l'heure d'un
télégramme qui a été envoyé par le Front
commun, qui recommande l'adoption du projet de loi 183, le recommande avec des
réserves, étant donné que la revendication fondamentale
était la mise sur pied d'un service universel et obligatoire de
perception des pensions alimentaires. Sur tous les autres amendements, je pense
que cela va rejoindre essentiellement ce que demande le Front commun.
Sur le fond même du projet de loi, à savoir la mise en
place d'un service universel et obligatoire, le gouvernement, après
réflexion, en est venu à la conclusion d'y aller avec un
système partiel, facultatif. C'est une décision politique qui a
été prise, c'est un choix qui a été exprimé.
Quand je le dis, je le dis avec tout le respect que j'ai pour tous les groupes
qui se sont exprimés dans le sens d'un système universel et
obligatoire.
Je respecte cette opinion. Je l'ai expliqué lors de la
deuxième lecture, c'était la décision gouvernementale d'y
aller avec un système partiel, facul- tatif. D'abord, il est universel
dans le sens que tous les créanciers alimentaires peuvent y avoir
recours. Je sais qu'il ne s'applique pas automatiquement à tous les
créanciers alimentaires dans le sens d'obligation, mais c'est un choix
gouvernemental et, je vous le dis, c'est cela ma conviction.
Je ne vois pas pourquoi un gouvernement se mêlerait d'une
situation lorsque le besoin n'existe pas. Autrement dit, quand un couple en
vient à la conclusion de la séparation, qu'un jugement est
prononcé à cet effet, qu'il y a entente sur la pension et sur
toutes les autres conditions que cela suppose et qu'effectivement le couple,
malheureusement séparé respecte, de part et d'autre, les
obligations auxquelles les conjoints se sont astreints par entente mutuelle,
pourquoi le gouvernement irait-il mettre ses grosses pattes alors que la
situation se règle d'elle-même? Je serais de ceux qui croient que
le gouvernement doit y aller, lorsque la situation est telle qu'il y a une
nécessité d'intervention gouvernementale, parce qu'on agit et on
travaille dans ce qu'il y a de plus intime au niveau de la vie des citoyens et
des citoyennes. En fait, leur manière de s'entendre entre eux ou leur
manière de décider de ne plus être ensemble après
avoir conclu des ententes mutuelles, si ces ententes sont respectées,
pourquoi un gouvernement s'en mêlerait-il? Je pense qu'il doit s'en
mêler lorsque, véritablement, il y a un manque de
responsabilité, lorsqu'il y a une urgence et il y a urgence lorsque
justement il y a manque de responsabilité, c'est-à-dire des gens,
créanciers ou créancières, mais surtout des hommes qui,
étant condamnés au paiement de pensions alimentaires, ne
respectent pas leur responsabilité. Je dis: A ce moment-là, un
gouvernement peut être justifié de s'en mêler, surtout si on
se rend compte... On n'a pas de statistiques précises, mais on sait que
le problème est sérieux. Ce n'est pas pour rien que cela fait dix
ans que tout le monde crie là-dessus. Mais même s'il n'y a pas de
statistiques très précises, à partir du moment où
un homme ou encore un des conjoints ne fait pas preuve de responsabilité
à la suite d'une entente ou à la suite d'un jugement qui est
rendu, lorsque cela devient en fait un véritable problème, comme
c'est le cas, en termes de pourcentages on l'a déjà
évoqué en deuxième lecture là,
l'intervention gouvernementale peut être justifiée. C'est à
partir d'une conviction profonde que j'ai. (16 heures)
Deuxièmement, il y a déjà des expériences
qui ont été faites ailleurs où on a commencé par un
service de perception universel et on s'est rendu compte, par exemple, qu'on a
été obligé de revenir à un système partiel,
facultatif. Il me semble que c'est beaucoup plus rationnel, peut-être
beaucoup plus pratique, étant donné que, même si on disait
qu'on a toutes les statistiques en main, ce n'est pas vrai, parce qu'il n'y en
a pas. C'est bien beau de nous faire des reproches, comme gouvernement, de ne
pas avoir toutes les statistiques précises, mais, entre vous et moi,
lorsqu'on est arrivé au ministère de la Justice c'est la
même chose à peu près dans tous les autres
ministères même
si le problème existait depuis longtemps, des statistiques
précises, il n'y en avait pas non plus. Non seulement elles
n'étaient pas précises, elles n'existaient pas. Au moins on a eu
le mérite d'essayer d'avoir des statistiques qui nous permettent de voir
quel est le pas le plus positif, je ne dis pas le pas définitif, mais le
pas le plus positif à faire aux fins d'améliorer la
situation.
A partir de la mise en application de ce que nous proposons, je pense
que très rapidement, nous aurons, à ce moment, toutes les
données qui nous sont nécessaires ou qui seront
nécessaires à quelque gouvernement que ce soit pour
peut-être envisager de continuer avec ce que nous proposons ou encore y
apporter d'autres améliorations ou même aller peut-être dans
le sens d'une des revendications fondamentales faites par les groupes
féminins. De là les réserves... Tout le monde en a des
réserves dans la vie. On ne connaît pas l'avenir. Une chose est
sûre, c'est que ce gouvernement bouge, au moins. Il y en a un
problème, on n'a pas la prétention de tout régler, mais au
moins, on bouge. Après cela, on verra s'il y aura possibilité
d'améliorer la situation, mais au moins, à partir de gestes
pratiques qui auront été posés. On ne ménage rien.
Ce n'est pas bouger seulement pour le plaisir. Certains nous prêtaient
simplement des motifs politiques pour voter cette loi maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'en avez jamais!
M. Bédard: Je ne marche pas dans cela. Vous pouvez avoir
le sourire, vous pouvez avoir n'importe quoi! Nous sommes un gouvernement, nous
avons à voter des lois, à essayer de régler des
situations. C'est ce que nous faisons présentement. Appelez cela
politique, appelez cela préélectoral, appelez cela
préréférendaire. Vous avez beau appeler cela n'importe
comment! Qu'est-ce qui est important? C'est qu'il y ait un problème et
qu'il y ait un gouvernement qui bouge! Je ne sais pas comment vous appeliez
cela pour les gouvernements qui précédaient, qui ne faisaient
absolument rien. C'était préquoi?
Mme Lavoie-Roux: Ils faisaient la même chose que vous
autres.
M. Bédard: Non, ils ne faisaient pas la même chose,
ils ne faisaient rien. Vous devriez au moins le reconnaître qu'ils ne
faisaient rien, Mme Lavoie-Roux, parce que je vous reconnais une grande part
d'objectivité dans bien des représentations que vous avez
l'occasion de faire à l'Assemblée nationale. On ne bouge pas
seulement pour le plaisir et pour donner une perspective ou pour donner
l'impression qu'il va se faire quelque chose. Au contraire! Au moment où
je vous présente ce projet de loi, il y a déjà des gestes
concrets, pratiques qui ont été posés. On est en mesure de
le dire, et je l'ai annoncé. Déjà, au Conseil du
trésor, pas moins de 57 postes permanents, plus une vingtaine
d'occasionnels nous ont été accordés pour la
période d'implantation, pour la bonne marche de ce service qui, nous
l'espérons, assurera la recherche, le suivi, la prise en charge des
procédures, les versements, les virements de fonds nécessaires au
paiement de l'obligation alimentaire. On estime qu'il en coûtera environ
$1 200 000 pour administrer ce service.
M. Forget: A compter du 1er janvier 1981.
M. Bédard: Ce que nous proposons, ce n'est pas la solution
à tous les problèmes, je le sais, vous ne m'apprenez rien,
même si vous le disiez cent fois.
M. Forget: Pourquoi cela vous fatigue-t-il tant? Vous dites que
vous prenez vos responsabilités.
M. Bédard: C'est vous qui essayez de vous faire une bonne
jambe. S'il vous plaît, M. le Président, j'ai laissé parler
mes collègues sans les interrompre. Je vous demanderais le respect de
mon droit de parole.
M. Forget: Prenez-les vos responsabilités. Endurez les
critiques.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, allez. Je vous
demanderais de vous adresser à la présidence, dans la mesure du
possible.
M. Bédard: C'est ce que je viens de faire, M. le
Président. Nous ne réglons pas tous les problèmes, parce
que ceux qui disent qu'on essaie de se faire une bonne jambe politique
c'est l'expression que j'ai entendue hier pensez-vous que les critiques
que vous faites à l'heure actuelle...
Si on faisait des procès d'intention, ce serait aussi facile pour
nous de vous dire que toutes ces réserves, ces critiques, en grande
partie procèdent d'une grande peur de donner plus de crédit
à ce gouvernement qu'il n'a le droit d'en avoir. C'est normal. Vous
êtes dans l'Opposition. Vous essayez de faire la critique normale.
Mme Lavoie-Roux: Vous autres, vous êtes au pouvoir. Alors,
c'est ça.
M. Bédard: Quant à nous, nous sommes au pouvoir et
avons le devoir de présenter un projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est universel.
M. Bédard: ... d'essayer d'améliorer, chose que
n'ont pas fait les gouvernements précédents. On verra à
l'avenir ce qui sera nécessaire en termes d'amélioration.
M. Fontaine: Parce que nous, nous encouragions le mariage
plutôt que le divorce.
M. Bédard: En conclusion, M. le Président, je dis
simplement que la formule qui est retenue c'est notre conviction
représente un
correctif souple, je l'ai déjà dit, simple, efficace et
économique aux problèmes qui peuvent se poser dans la perception
des pensions alimentaires, tout en respectant la situation lorsque les
obligations sont normalement assurées, selon les règles
habituelles d'une telle relation juridique. Je pense que ce projet de loi, en
tout cas, est une première étape importante on la
qualifiera comme on voudra qui répondra adéquatement
à des situations déplorables d'irresponsabilité.
J'espère qu'il contribuera à inciter les débiteurs de
pensions à s'acquitter de leurs responsabilités. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): J'appellerai donc l'article
1.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, me per-mettriez-vous de
poser une question au ministre? M. le ministre, vous avez dit: D'une certaine
façon, elle a un caractère universel, parce que tout le monde
pourra s'en prévaloir, etc. Vous avez fait valoir deux principes, mais
un, entre autres, à savoir que vous ne vouliez pas faire d'intrusion
dans ce que vous considériez des arrangements entre conjoints, là
où on s'entendait, qu'il valait mieux que le gouvernement se tienne
à l'écart et ne fasse pas d'intervention là où les
conjoints en arrivaient à une entente.
Mais pourquoi n'avez-vous pas choisi, tout en respectant ce principe que
vous mettez de l'avant, quand même de le rendre universel et que les gens
puissent se désister, comme vous prévoyez dans le cas de la
subrogation par le ministre des Affaires sociales où vous dites: Les
gens, s'ils ne veulent pas y avoir recours, pourront signifier qu'ils ne
veulent pas que le ministre des Affaires sociales agisse en leur nom et,
à partir d'un arrangement privé, ils préfèrent
faire leurs propres démarches ou ainsi de suite. Vous auriez pu avoir la
même approche dans le cas de toutes les situations où il y a un
jugement de cour touchant des pensions alimentaires, et si les gens n'avaient
pas voulu s'en servir à la suite d'un arrangement entre eux, le
même raisonnement aurai pu valoir. A ce moment-ci, c'est que, finalement,
ça touche... Je ne vois pas pourquoi, dans ce cas-là, vous
respectez et, dans l'autre cas, vous ne respectez pas. Je pense que votre
raisonnement devrait être le même dans les deux situations. Il est
plus universel dans les deux cas...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Effectivement, c'est un choix gouvernemental
d'y aller sur défaut du débiteur. Je disais tantôt que
notre service est universel dans le sens qu'il vise tout type de
créancier alimentaire, non seulement conjoints, grands-parents, enfants,
ou autres. Il est facultatif, c'est-à-dire à la demande de la
créancière, sur défaut du débiteur. C'est un choix
que nous avons fait. Je pense que nous serons rapidement en mesure... Personne
n'a la possession de la vérité tranquille. Je pense...
M. Forget: Une possession tranquille de la
vérité.
M. Bédard: Oui, vous avez raison... une possession
tranquille de la vérité et ne connaît l'avenir. Je pense
que, très rapidement, avec l'application, la mise en place de ce
service, on sera peut-être en mesure de mieux évaluer et de voir
qui peut avoir raison au niveau des représentations qui ont
été faites autour de cette table.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est ma dernière
remarque. Le ministre a lui-même indiqué hier, en deuxième
lecture, qu'il savait fort bien qu'il y avait plusieurs facteurs qui
empêchaient les gens de recourir à un tribunal dans les conditions
actuelles.
M. Bédard: Je parlais de facteurs juridiques, de facteurs
psychologiques aussi, sociaux, etc.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a des facteurs psychologiques, des
facteurs sociaux, etc. C'est pour ça que je suis contente de dire qu'il
n'a pas cette tranquillité...
M. Bédard: Cette possession tranquille de la
vérité.
Mme Lavoie-Roux: ... cette possession tranquille de la
vérité, parce qu'on sait fort bien que même là
où officiellement, ou, enfin, selon les apparences, il y a eu entente,
on ne sait jamais selon quelles conditions ces ententes se sont faites, selon
quelles conditions elles sont continues ou modifiées ou
répétées. Dans ce sens-là, il reste un trou
considérable dans la procédure et tous ces facteurs, parce qu'on
ne les connaît pas, on sait qu'ils existent, mais on n'est pas en mesure
de les évaluer.
M. Bédard: Vous avez raison là-dessus, tant sur le
plan des statistiques que sur le plan des causes, etc., on est toujours un peu,
tous et toutes, dans l'imprécis, ce qui ne doit pas nous empêcher
d'essayer de poser un geste pratique. Ce geste pratique, pour nous, c'est
l'adoption du projet de loi 183.
Nous pourrions peut-être passer à l'étude du projet
de loi article par article.
Etude des articles
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 1.
M. le ministre.
M. Bédard: L'objet de cet article, M. le Président,
est de prévoir un mode de révision par le juge de la
décision du protonotaire concernant la suspension de la saisie qui est
prévue à l'article 659.5 du Code de procédure civile, tel
qu'édicté par l'article 10 du présent projet de loi.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 1 adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Bédard: L'article 2 a pour objet de faire appliquer les
dispositions concernant l'assignation et l'audition des témoins, aux
personnes que le créancier pourrait être autorisé à
assigner en vertu de l'article 546.1 du Code de procédure,
édicté par l'article 3 du présent projet de loi.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Bédard: C'est très technique.
M. Forget: Les deux premiers sont des articles de concordance.
Habituellement, on finit par ça, mais...
M. Bédard: L'article 3: certains créanciers
alimentaires, on le sait, ne réussissent pas à recevoir la
pension qui leur est due car leur débiteur est peut-être solvable
ou insolvable, mais il est surtout introuvable.
Il est impossible à ces créanciers alimentaires de le
retrouver avec les informations dont ils disposent. Cet article a donc pour
objet de permettre à ces créanciers alimentaires d'obtenir d'un
juge de la Cour supérieure une ordonnance enjoignant une personne de
leur fournir les renseignements dont elle dispose sur essentiellement la
résidence et le lieu de travail du débiteur en défaut.
Cet article laisse au juge le soin d'apprécier si vraiment le
créancier ne peut retrouver le débiteur par d'autres moyens;
toutefois, il ne s'applique pas aux personnes liées envers le
débiteur par le secret professionnel.
Il vise par ailleurs toute autre personne, même tenue par la loi
à la confidentialité de certains documents, comme certains
fonctionnaires des ministères du Revenu, des Affaires sociales, de la
Régie de l'assurance-automobile ou de la Commission des accidents du
travail. Alors, c'est la recherche du débiteur.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II est toujours difficile de bien comprendre le sens
d'un article sans se référer aux autres articles, mais il semble
qu'on vise, comme le ministre vient de le dire, des cas où le
débiteur est introuvable. A ce moment-là, il faut s'adresser
à un juge pour que la personne que l'on présume être en
possession de l'information nécessaire à l'identification du lieu
où on peut retrouver le débiteur soit contrainte par la cour
à dévoiler cette information-là.
Quand on lit ça avec un article subséquent quant à
l'enclenchement du mécanisme, on doit donc présumer qu'avant de
présenter une requête au protonotaire d'un district, il faudra que
la créancière obtienne à l'occasion des renseignements non
seulement sur le nom de son exconjoint, c'est présumément assez
facile, mais aussi...
M. Bédard: II faut partir du principe qu'elle s'en
rappelle.
M. Forget: C'est ça. Non seulement le nom et le
prénom du débiteur, mais aussi l'adresse de sa résidence,
le nom de son employeur et son lieu de travail. Cela doit faire partie de la
requête qui est au tout début du mécanisme. (16 h 15)
Malheureusement, on va voir cet article un peu plus loin à 659.2,
mais s'il se trouve que l'adresse et le lieu de travail du débiteur sont
inconnus, il faut donc envisager la situation où c'est la
créancière qui s'adresse présumément à un
avocat, parce qu'il y a bien peu de créancières qui vont pouvoir
formuler une requête à un juge pour forcer l'employeur ou qui que
ce soit d'autre à dévoiler la résidence et le lieu de
travail de son ex-conjoint; donc, il faut procéder à peu
près de la même façon qu'actuellement, si je comprends
bien.
M. Bédard: Là-dessus, ça diffère en
ceci, pas nécessairement s'adresser à un avocat parce que
l'article suivant lui donne la possibilité de s'adresser au protonotaire
qui, lui, a la responsabilité de faire toutes les procédures
visant à favoriser l'exécution du jugement.
M. Forget: Mais c'est un cercle vicieux. Pour demander
l'intervention du protonotaire, le paragraphe b) de l'article 659.2 demande que
dans la requête faite par la créancière, par la conjointe
délaissée, séparée ou divorcée, mais qui a
une créance alimentaire, elle donne le nom et le prénom du
débiteur, l'adresse de sa résidence, le nom de son employeur et
le lieu de travail, ainsi qu'une description de ses biens meubles et immeubles,
s'ils sont connus.
M. Bédard: S'ils sont connus.
M. Forget: Mais, de la façon que cet article est
rédigé je m'excuse, M. le Président, d'anticiper,
mais c'est pour bien comprendre le sens du premier article, il faut
pratiquement discuter le deuxième l'expression, s'ils sont
connus, qui intervient à la fin du paragraphe b) de 659.2, il n'y a rien
qui nous indique de façon certaine que ça s'applique à
l'ensemble du paragraphe. Cela pour-
rait ne s'appliquer qu'à la description de ces biens meubles et
immeubles. Alors, c'est comme si on disait: Ecoutez, il faut que la
requête soit complète quant à la résidence, au nom
de l'employeur, etc., sauf que, pour la description des biens, ce n'est pas
strictement nécessaire de la mettre sur la requête originale. Si
c'est le sens de 659.2, on doit bien constater que cette demande d'information
sera toujours formulée par la créancière.
M. Bédard: Entendons-nous, c'est le sens de l'intention du
législateur. Si la rédaction peut prêter à
confusion, je pense qu'on a tout avantage à ce qu'il n'y ait aucune
confusion et je demanderai à nos légistes, peut-être
à partir du moment où on s'entend sur l'intention, d'y aller
d'une rédaction de nature à bien exprimer l'intention du
législateur.
M. Forget: II faut bien comprendre que, par 646.1 le protonotaire
est, dans l'esprit du ministre et, espérons-le, dans le libellé
de la loi, celui qui va, au nom de la créancière, formuler la
requête à un juge pour l'ordonnance qui est prévue à
646.1, c'est-à-dire l'ordonnance forçant quelqu'un à
dévoiler la résidence et le lieu de travail du
débiteur.
M. Bédard: Exactement. C'est pour cela qu'on disait, d'une
façon générale: Le protonotaire du district où la
demande est portée agit en qualité de saisissant avec tous les
devoirs que cela représente pour le créancier du jugement. Il
peut aussi se porter partie dans toute procédure visant à
favoriser l'exécution de ce jugement. Cela implique
nécessairement la possibilité de formulation d'une
requête.
M. Forget: J'ai moins de doute qu'il puisse se porter partie. Le
problème est que, pour saisir le protonotaire, je pense qu'il est
important de ne pas exiger que les renseignements que vise 646.1 soient
déjà connus, parce qu'à ce moment-là on pourrait
tourner en rond.
M. Bédard: Là-dessus, on s'entend sur le...
On le changerait vraisemblablement en mettant les nom et prénom
du débiteur et, s'ils sont connus, la série...
M. Forget: D'accord.
M. Bédard: Alors, l'amendement serait dans le sens
suivant, les nom et prénom...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, on dit souvent que si Victor
Hugo est devenu un poète, c'est à cause de Napoléon III.
Est-ce qu'on peut constater, à la suite de la déclaration du
ministre tout à l'heure, que si jamais il est devenu un ministre de la
Justice, c'est à cause des gouvernements précédents, parce
que c'est simplement en réaction qu'il fonctionne. Ils n'ont pas fait
ceci et nous avons fait ceci et on n'a pas fait ça. C'est bien plus le
procès...
M. Bédard: C'est la nature des choses. L'incurie des uns
amène le changement. C'est tout.
M. Lalande: ... des autres gouvernements. S'il n'y avait pas eu
d'autres gouvernements, le ministre de la Justice n'aurait pas grand-chose
à dire. C'est le moins qu'on puisse dire.
M. Bédard: Voyons donc!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Bédard: Vous me permettrez, vous admettrez avec moi que
la règle de la démocratie, c'est que, normalement, une population
change de gouvernement lorsqu'elle est insatisfaite de celui qu'elle a.
M. Lalande: C'est ce qu'on verra bientôt, M. le
ministre.
M. Bédard: Cela, c'est une autre affaire. M. Lalande:
Je continue...
Le Président (M. Lacoste): Une question de
règlement, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre a demandé qu'on lui donne la
possibilité de s'exprimer. Maintenant, il ne donne pas la
possibilité...
M. Bédard: Ne vous mêlez donc pas de ça, je
parle avec le député de Maisonneuve.
M. Marx: J'ai voulu soulever le problème qu'il ne nous
laisse pas parler, il ne me laisse pas parler.
M. Bédard: C'est évident, vous alliez dire des
bêtises.
M. Marx: Voilà, une autre fois. C'est la démocratie
de ce gouvernement à l'oeuvre.
M. Lalande: M. le Président...
M. Bédard: Vous pouvez trouver le moyen de relaxer un peu
quand même.
M. Lalande: On le voit à l'examen de ce projet de loi, le
gouvernement actuel, le ministre de la Justice a choisi, à
l'intérieur de ceci, pour régler un problème social, de
procéder par une approche judiciaire du problème. Au lieu
d'essayer de concevoir et de régler ce problème de façon
sociale, de façon extérieure au système judiciaire, il a
décidé d'y plonger de plain-pied, de sauter dedans de
plain-pied.
Il a choisi d'embarquer à l'intérieur du labyrinthe
judiciaire, encore une fois, pour essayer de
régler ce problème. Pourtant, on aurait été
en droit de s'attendre, à la suite justement des remarques fort
importantes du livre blanc de M. Cho-quette du gouvernement
précédent, que ce dernier n'a pas eu le temps de mettre en
application, puisque c'était huit à dix mois avant 1976... C'est
aussi préconisé dans le programme du parti politique dont le
gouvernement est issu, c'est-à-dire le Parti québécois,
programme qui, pourtant, au niveau constitutionnel comme au niveau social, on
le sait très bien, est la bible évidente de ce gouvernement.
On a choisi quand même d'y aller dans le processus strictement
juridique et judiciaire pour essayer de régler les problèmes.
Puisque nous y sommes, allons-y, M. le Président. A l'article 3 du
projet de loi, il y aurait une première réflexion que je voudrais
faire sur les dispositions et les informations qu'on devrait avoir concernant
la résidence et le lieu de travail. Il y aurait lieu d'inclure, à
l'intérieur de ça, l'état de revenu du débiteur, ce
qui me paraît fort important, dans cet article 3.
Par ailleurs, je me demande pourquoi, en plus d'ajouter l'état du
revenu du débiteur, on ne s'est pas prévalu de l'exemple de
l'article 544 actuel, qui est le fameux duces tecum, pour qu'à tout le
moins, le protonotaire, à la suite de la requête qui serait
entendue devant le juge, puisse procéder à cet interrogatoire.
Cela pourrait amener quand même un certain allégement, parce
qu'à l'heure actuelle, déjà au départ, on en sent
toute la lourdeur. Il va falloir encore s'adresser par requête, devant un
juge de la Cour supérieure, pour essayer de statuer
là-dessus.
On aurait pu, pour alléger le système, aller directement
devant le protonotaire, avec un droit de révision devant le juge. Au
niveau strictement procédural, cela aurait au moins changé
quelque chose. Mais on a décidé d'y aller avec le gros
fligne-flagne, si je peux dire, l'approche systématique devant les
tribunaux, d'aller devant le juge d'abord, alors que le protonotaire aurait
peut-être pu statuer là-dessus, encore une fois avec un droit de
révision pour le protonotaire.
Donc, on y va, mais, à tout le moins, il faudrait ajouter
certains éléments de l'article 544 actuel pour permettre au
protonotaire de procéder à l'interrogatoire, au lieu que
ça se fasse devant le juge en Cour supérieure.
M. Bédard: Dans la première partie de
l'intervention du député de Maisonneuve, qui semble pas
Victor Hugo et le poète, je suis plus pratique que ça qui
fait certains reproches suivant lesquels, dans ce projet de loi...
M. Lalande: L'art d'être grand-père!
M. Bédard: ... on ne s'attaque pas à toutes les
causes et à l'ensemble du problème social de femmes en
difficulté, je pense que, franchement, c'est un reproche qui tient plus
ou moins. Ce n'est pas un projet de société, je n'ai jamais eu la
prétention de présenter un projet de société, c'est
un projet de perception de pension alimentaire.
M. Latande: On ne vous demande pas de changer la
société, ça, on va s'en charger, pas vous.
M. Bédard: Vous l'avez assez chambardée,
laissez-nous la changer comme il faut.
M. Lalande: Ne touchez pas à la société.
M. Bédard: C'est un projet de perception alimentaire, mais
je pense qu'il est agréable de voir que, pour une fois, vous avez une
justice qui essaie justement d'être plus sociable et de se
préoccuper beaucoup plus des problèmes sociaux qu'on ne le
faisait auparavant.
Mme Lavoie-Roux: II faut faire attention à cela.
M. Lalande: II me semble retrouver la femme qui se
présente devant les tribunaux pour voir si elle va se penser à
l'intérieur d'un service social.
M. Bédard: Quoique ça ne règle pas tous les
problèmes. Le juridique ne réglera jamais tous les
problèmes d'une société, c'es bien clair! c'est ma
conviction.
Mme Lavoie-Roux: L'aide juridique, la Charte des droits et
libertés de la personne... Il faut faire attention.
M. Bédard: C'est vrai. Vous avez raison, à part
cela. Vous parlez de l'aide juridique et...
Mme Lavoie-Roux: La Charte des droits et libertés...
M. Bédard: ... de la Charte des droits et libertés
de la personne. N'interprétez pas mes propos comme regrettant ces
interventions, parce que je trouve que c'est très bien. Justement, cela
montre une justice...
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire que c'est au moins aussi bien que
présentement. Je ne voulais pas vous distraire.
M. Bédard: Je n'en suis pas aux comparaisons prises autant
à la lettre que cela. Pour les cas dont parle la députée
de L'Acadie, la justice se penche sur des problèmes sociaux, mais avec
les moyens juridiques qui ne paraissent malheureusement pas... Plus la justice
est sociale, mieux c'est. J'espère.
Sur le problème pratique, très juridique, soulevé
par le député de Maisonneuve, je demanderais au conseiller
juridique de répondre. Je crois que cela permet...
En fait, l'article 546.1 n'empêche pas l'application des articles
543 et 544 qui vont continuer à s'appliquer sauf qu'évidemment,
pour appliquer l'article 543, il faut connaître l'adresse du
débiteur pour l'assigner. Et l'article 546.1 vise vraiment à
aller chercher une information sur le lieu de
travail, la résidence, afin de pouvoir assigner ou de pouvoir
signifier des choses, et aussi d'aller chercher des choses, malgré les
clauses de confidentialité.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Le sens de ma remarque, à l'article 544... Je
comprends qu'on veuille procéder en vertu de l'article 546.1, tel que
prévu à l'heure actuelle, pour rechercher la résidence et
le lieu de travail. Je voudrais simplement vous souligner que ceci va se faire
en cour de pratique, devant un juge de la Cour supérieure. Je voudrais
qu'une fois cette requête accordée supposons que ce soit
accordé par un juge on puisse au moins référer cela
devant le protonotaire pour qu'il puisse procéder à
l'interrogatoire, tel qu'on le fait à l'heure actuelle, de par l'article
544, pour alléger... Pour ceux qui ont eu à comparaître en
cour de pratique, les files qui sont là à l'heure actuelle... il
faut dégager le plus vite possible les tribunaux pour permettre au
protonotaire d'y aller d'une façon plus extensive au niveau de
l'interrogatoire.
M. Bédard: Nous comprenons le problème que vous
énoncez, mais il n'y a rien qui nous indique que ceci n'est pas possible
en fonction du projet de loi tel que libellé. Cette
référence...
M. Lalande: II me semble qu'on aurait pu l'ajouter. Selon le
libellé de l'article 544, comme je le disais tout à l'heure, on
pourrait très bien dire: Un juge peut, à la requête du
créancier, ordonner au débiteur de produire et même
d'assigner une personne... et permettre que soit interrogée devant le
protonotaire toute personne en état de donner des renseignements sur ces
matières. On le fait de façon bien précise
là-dedans. Je me demande pourquoi on ne le fait pas dans l'article
546.1.
M. Bédard: Je pense que la requête peut contenir
plusieurs conclusions. Elle peut avoir comme conclusion d'amender le lieu et
l'adresse et, une fois cela fait, une conclusion subsidiaire de faire assigner
pour produire devant le protonotaire.
M. Lalande: Mais on le laisse entre les mains de l'avocat qui va
préparer la requête. Or, s'il prépare une requête et
qu'il n'y pense pas, ce sera la grosse machine qui sera devant la Cour
supérieure cette journée-là.
M. Bédard: Notre conviction, c'est que cela permet ce que
vous évoquez, mais on pourrait peut-être voir je ne sais
pas s'il y a lieu de suspendre la séance s'il y a lieu de le
préciser davantage pour être bien sûr que cela rejoint nos
préoccupations.
M. Lalande: II y a un autre volet de ma question auquel le
ministre n'a pas répondu. On demande la résidence et le lieu de
travail. Je crois qu'il y aurait lieu d'ajouter l'état du revenu du
débiteur.
M. Bédard: Non. Je pense qu'il faut être prudent.
Tout à l'heure, on mentionnait la Charte des droits et libertés
de la personne. On a évoqué bien souvent le danger, au niveau de
la protection de droits individuels... Je pense que si on y va de trop de
renseignements, ce n'est pas l'idée du projet de loi d'en venir presque
à une sorte de constitution d'un dossier. A partir du moment où
on a le nom, l'adresse et la possibilité d'exécuter, je pense que
vous êtes à même d'évaluer que si on y va d'une autre
précision qui n'est pas n'importe laquelle, à savoir les revenus,
on s'embarque dans pas mal de choses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre vient juste de
nous dire qu'en vertu de l'article 543 on peut faire un interrogatoire.
M. Bédard: Oui, mais par une procédure. (16 h
30)
M. Fontaine: En faisant cet interrogatoire, on peut demander tous
les renseignements, entre autres le salaire, les modalités de paiement
et tout cela. Pourquoi obligerait-on...
M. Bédard: Oui, mais par un interrogatoire du
débiteur lui-même...
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: ... et non pas par le biais d'une demande faite
par un tiers. C'est bien différent au niveau de...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Mais en faisant une saisie, on oblige
également le tiers saisi à faire une déclaration. La
plupart du temps, les demandes...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Mais les autres articles continuent à
s'appliquer. Je pense qu'on...
M. Fontaine: C'est parce que, là, on va obliger le
créancier à faire différentes procédures alors
qu'on pourrait tout simplement, dans une seule requête à un juge,
avoir tous les renseignements.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: En tout cas, du point de vue des principes, il
y a une différence fondamentale entre la demande de renseignements au
débiteur lui-même et le caractère ou la nature des
renseignements qui peuvent être demandés par un tiers. Il me
semble...
M. Fontaine: Ce sont les protonotaires qui vont avoir les
problèmes.
Le Président (M. Lacoste): Juste auparavant, Mme...
M. Bédard: Non, mais à part cela, on peut risquer
de compliquer.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Sur ce point précis, je voudrais seulement
rappeler au ministre que l'actuel article 544 dit: "Un juge peut ordoner,
à la requête du créancier, au débiteur de
produire..." Cela répond fort bien à votre question concernant le
débiteur. On va plus loin: "... et permettre que soit interrogée
devant le protonotaire toute personne en état de donner des
renseignements sur ces matières". C'est le fameux "duces tecum"
où c'est assigner carrément quelqu'un que l'article 544 permet.
Je me demande pourquoi on ne le précise pas dans la loi, de façon
bien claire, pour qu'on puisse assigner quelqu'un, que ce soit le comptable,
que ce soit le ministère du Revenu, dans certains cas. Je ne sais pas ce
que cela donnera, mais l'article 544 le donne. L'argument des droits et
libertés de la personne n'est sûrement pas bafoué, parce
que nous demandons de l'inclure à l'heure actuelle. Ou on a confiance
aux tribunaux, ou on n'y a pas confiance. Si on a confiance aux juges...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Non, c'est exact que l'article 544 permet
d'interroger des tiers. Lisez comme il faut l'article 546.1 : "... s'applique
malgré toute disposition incompatible d'une loi générale
ou spéciale prévoyant la confidentialité... tel que
stipulé à l'article 546". C'est un élément
additionnel que nous prévoyons.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander
à tous ces juristes autour de la table...
M. Bédard: ... notre possible.
Mme Lavoie-Roux: ... sur le plan concret, quand quelqu'un doit
déclarer l'état de ses revenus, lors d'une comparution pour fixer
les pensions alimentaires, dans quelle mesure doit-il déposer des
preuves comme quoi les revenus déclarés correspondent à
ses revenus réels? Est-ce strictement le fait qu'il est
assermenté?
M. Bédard: C'est le fait qu'il est assermenté.
Mme Lavoie-Roux: C'est la seule preuve ou certitude que l'on
a...
M. Bédard: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... qui, normalement, devrait être
exacte...
M. Bédard: Normalement.
Mme Lavoie-Roux: ... mais est-ce que, dans les faits,
c'est...
Une Voix: Plus ou moins.
Mme Lavoie-Roux: Plus ou moins. Non, c'est parce que
souvent...
M. Bédard: Je ne voudrais pas porter un jugement; de
valeur plus qu'il ne le faut.
Mme Lavoie-Roux: ... je vous apporte l'expérience... Je
n'aime pas dire qu'il y a beaucoup de conjoints qui se parjurent. On
espère que les gens ne se parjurent pas aussi facilement que cela, mais
comme c'est peut-être aussi un peu routinier, toutes ces comparutions
pour fixer les pensions alimentaires, je me suis laissé dire à
plusieurs reprises que c'était assez approximatif, finalement, pas dans
tous les cas, mais dans un grand nombre de cas, ce qu'étaient vraiment
les revenus exacts du conjoint à qui on demanderait de payer une pension
alimentaire. C'est peut-être dans ce sens-là qu'ici, les gens qui
ont de l'expérience dans ce domaine-là disent: Ce n'est
peut-être pas complètement faux, l'information que j'ai. Est-ce
qu'on ne pourrait pas trouver quelque mécanisme qui assurerait cela, en
mettant dans la loi l'état du revenu? S'il y est déjà, ce
n'est peut-être pas nécessaire, mais il semble que ce ne soit pas
satisfaisant, dans un grand nombre de cas.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Très honnêtement, je n'ai pas
d'autre moyen additionnel, que je verrais, à inclure dans la loi qui
nous donne plus d'assurance.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Fontaine: C'est parce que l'article...
M. Bédard: Comme vous le dites, il arrive que certains ont
des absences de mémoire, des omissions. C'est ma manière de le
dire.
M. Lalande: On a vu cela à la commission parlementaire,
lors de l'étude des crédits. Vous aviez des omissions, des fois,
des trous de mémoire.
M. Bédard: Le député de Maisonneuve s'amuse,
mais je crois que cela demeure encore le meilleur moyen.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee?
M. Marx: Non.
M. Bédard: Cela va? Article 3.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 est-il
adopté? M. le député de Maisonneuve.
M. Lalande: Est-ce que nous corrigeons... Je voudrais que l'on
clarifie cela.
M. Bédard: Pour être sûr...
M. Lalande: L'état des revenus, il n'y a pas d'objection
à ce qu'on le spécifie encore une fois.
M. Bédard: II y a vraiment des objections. On n'obtiendra
pas les demandes de renseignements confidentiels de tiers. N'oublions pas qu'on
a une disposition tout à fait spéciale qui permet, sur deux
points bien précis on n'est pas là pour entrer avec des
gros sabots dans la vie de tout le monde sur tous les aspects; aujourd'hui,
c'est le revenu, demain, ce sera d'autre chose, qu'est-ce que ce sera?
M. Lalande: M. le Président...
M. Bédard: Permettez-moi... Un des moyens
nécessaires pour rejoindre et obliger un mari ou un débiteur
alimentaire à payer sa pension, c'est évidemment de savoir
à quelle place il réside et quel est son lieu de travail s'il
travaille. Ce sont deux éléments importants. Nous
prévoyons un article spécial dans ce sens qui va s'appliquer, ne
l'oublions pas, malgré toute disposition incompatible d'une loi
générale ou spéciale prévoyant la
confidentialité ou la non-divulgation de certains renseignements ou
documents. C'est un moyen très significatif que nous mettons à la
disposition.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Ce qu'il faut quand même bien comprendre, ou on
décide de l'appliquer, cette fameuse loi, ou on ne l'applique pas, un
des deux. Voilà quelqu'un qui est condamné par le tribunal, il y
a une pension alimentaire qui est allouée, le juge statue
là-dessus après avoir entendu les parties, ou par défaut
dans certains cas, et, après avoir reçu la preuve, il vous dit:
Voilà, monsieur, vous êtes condamné à payer $100 par
semaine de pension alimentaire pour les enfants et pour l'épouse. Le
débiteur essaie de s'esquiver et de ne pas payer. On peut assigner un
tiers et lui demander la résidence et le lieu de travail. Je ne verrais
pas pourquoi, à ce stade, il faudrait reculer et renoncer à
demander l'état des revenus, si on veut faire véritablement le
tour de la question. Si vous me dites que ceci est inefficace, cela vient
souligner, encore une fois, que vous avez mal abordé le problème.
Vous l'avez abordé dans le labyrinthe judiciaire qui ne nous mène
à rien.
M. Bédard: II y en a même de vos collègues
qui ne sont pas d'accord avec cette manière de faire de votre part.
Voyons donc!
M. Lalande: Laissez-moi finir! Je vous ai laisssé aller
tout à l'heure. Ou cela fait la preuve que votre système est
inefficace, ou, s'il est efficace, ayez le courage d'aller jusqu'au bout de vos
convictions et dites: Si on croit véritablement que cette pension
alimentaire est allouée, qu'on fasse au moins, à
l'intérieur du labyrinthe judiciaire, tout l'exercice d'un bout à
l'autre. Je ne vois pas comment cela vient truster, encore une fois, les
libertés individuelles de quelqu'un si c'est à la suite d'une
requête spécialement adressée devant un juge de la Cour
supérieure. D'autant plus que vous avez inclus une balise à
l'intérieur de cela, qui est le secret professionnel. Je reviendrai tout
à l'heure pour ce qui est du secret professionnel, ce que cela comprend
et qui cela comprend. Mais, dans le moment, je me demande pourquoi vous voulez
reculer à ce niveau avec les arguments que vous nous donnez, alors que
dans d'autres cas, dans des règles ordinaires en matière civile,
vous avez le droit, en vertu de 544, d'assigner devant le protonotaire,
à la suite d'une requête devant le juge, un tiers à venir
déposer des écrits ou des documents concernant la
solvabilité de quelqu'un. Je me demande pourquoi dans ce cas, au niveau
des pensions alimentaires, vous ne croyez pas que c'est aussi important,
même s'il s'agit d'une pension alimentaire qui est moindre que les
milliers de dollars qu'on pourrait avoir en Cour supérieure dans une
cause civile. Pourquoi ne considérez-vous pas assez important
d'être capable d'assujettir le débiteur? Encore une fois, ce n'est
pas laissé de façon ouverte à tout le monde pour n'importe
qui et n'importe quoi. C'est après une requête devant un juge de
la Cour supérieure, et la partie qui pense être
lésée là-dedans aura le droit de se prévaloir et
d'apporter une défense avant qu'on arrive à cette conclusion.
M. Bédard: Vous avez passé votre message, pour les
fins des notes sténograhiques, mais vous ne comprenez pas encore que
tous les articles dont vous parlez continuent de s'appliquer et qu'au contraire
l'article dont on parle, 546.1, ne retranche pas, n'enlève pas, mais
ajoute d'autres possibilités en vue de retracer la résidence et
le lieu de travail, en sus des possibilités qui existent
déjà dans tous les autres articles qui s'appliquent. Je vous
inviterais à analyser de nouveau ou à réinterpréter
la Charte des droits et libertés de la personne, parce que...
M. Lalande: Votre argument ne tient pas, l'article 544 y est.
M. Bédard: Vous avez parlé, laissez-nous parler! Ce
n'est pas pour rien qu'on l'a refusé. Même ce que nous
préconisons aujourd'hui, c'est du bout des lèvres que le Barreau
s'est dit d'accord, justement en évoquant certains droits que nous
connaissons très bien, et y ajouter les revenus, je pense tout
simplement que le député n'a pas compris l'ampleur de ce qu'il
demande.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, ce que je veux quand
même rappeler au ministre, c'est qu'il nous
dit: On pourrait y aller par la loi générale, par les
articles généraux du Code de procédure civile, si on
voulait le faire. Mais, justement, on le voit autour de cette table, c'est
sujet à différentes interprétations à l'heure
actuelle. Ce que nous voulons, c'est au moins, si on décide d'embarquer
dans le processus judiciaire, de le clarifier le plus possible pour les
créancières. Alors, on se dit: Pour le clarifier, pour enlever
toute interprétation qu'il pourrait y avoir de part et d'autre, pourquoi
ne pas l'inclure dans cet article, alors que l'on parle de la résidence
et du lieu de travail? Indiquons aussi l'état de revenu du
débiteur et tout le monde... Ce serait clair et ce serait une
interprétation au moins que tout le monde devrait partager.
M. Bédard: Cela fait trois fois que vous
répétez la même argumentation. Je ne vais pas quatre fois
répéter la même argumentation. Je serais très
heureux de connaître les sentiments du député de D'Arcy
McGee sur une telle proposition. Il a déjà été
membre de la Commission des droits de la personne...
M. Marx: Je n'ai pas suivi le débat.
M. Bédard: Je sais très bien qu'il ne serait pas
d'accord. Je pense que le député de Maisonneuve ne saisit pas
l'ampleur de la demande qu'il fait. C'est bien beau de dire, pour les fins du
journal des Débats, que ça ne sera pas efficace, tout ça,
avant même qu'on ait commencé à essayer d'en faire
l'application, mais ça, c'est un petit message politique. On ne va pas
loin avec ça.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Lalande: Non, M. le Président, avant d'y aller...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Bédard: Faites-en un amendement et on va voter contre,
c'est tout.
M. Lalande: ... je trouve qu'il y a une certaine balise qu'il est
heureux de constater avec le projet de loi 183 qui n'était pas dans le
projet no 83 et qui est le débiteur qui est lié par...
C'est-à-dire celui qui a le secret professionnel, qui l'exerce dans sa
profession. Le secret professionnel couvre qui et quoi exactement et, de
façon plus précise, est-ce que, par exemple, l'officier du culte,
le curé, dans le secret du confessionnal, serait lié par ce
secret professionnel?
M. Bédard: Le plus que je peux vous dire, au moment
où on se parle, c'est le secret professionnel tel que compris et
interprété dans nos lois existantes. Mais je n'ai pas fait...
Mme Lavoie-Roux: ... le secret de la confession.
M. Bédard: Je n'ai pas fait d'analyse en profondeur
sur...
Mme Lavoie-Roux: Cela m'inquiète, vous n'avez pas
beaucoup...
M. Lalande: Non, mais c'est parce que le problème...
M. Bédard: Sur le secret... Non, mais vous me parlez
très précisément du secret de la confession.
M. Lalande: Je pense que vous mesurez un peu l'ampleur du
problème. C'est que, par profession, qu'est-ce qu'on entend, ce qui est
inclus au Code des professions ou s'il y a d'autres professions
libérales...
M. Bédard: C'est l'article 9 de la Charte des droits et
libertés de la personne qui, selon nous, réglerait le cas s'il y
avait des difficultés qui se présentaient.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... est-ce que la couronne est liée par cet
article? Parce que j'imagine que le tiers qu'on veut saisir, à qui on
veut demander des informations sur le lieu de résidence et le lieu de
travail, ça peut être le gouvernement du Québec, par
exemple? Est-ce que la couronne, à titre d'employeur, est liée
par cette disposition?
M. Bédard: A mon avis, oui.
M. Forget: Même si la loi ne mentionne pas que la couronne
est liée? Est-ce que le principe, c'est que la couronne est liée
à moins qu'un article de la loi dise qu'elle n'est pas liée ou si
ce n'est pas plutôt l'inverse, à savoir que la couronne n'est pas
liée, à moins qu'un article le dise?
M. Bédard: C'est dans le Code de procédure.
Il y a dans le Code de procédure quand même certains
articles qui permettent d'exercer des recours contre la couronne, comme toute
personne majeure et, jusqu'à présent, partout dans le code,
lorsqu'on rencontre un recours contre une personne, de quelque manière
qu'il soit, il peut s'exercer contre la couronne, en fait.
M. Forget: Cela vaut aussi pour la couronne
fédérale?
M. Bédard: Celle-là, on ne sait jamais.
M. Forget: On ne le sait pas, il faudrait le
découvrir.
M. Bédard: Ils sont tellement souvent au-dessus des lois
que...
C'est possible...
Avec le fédéral, on ne sait jamais s'ils sont tenus de
respecter nos lois.
Mme Lavoie-Roux: ... M. le ministre...
M. Bédard: Oui, ça, j'avoue que je viens d'en
passer une petite.
Mme Lavoie-Roux: ... pour le journal des Débats.
M. Bédard: Je l'avoue en passant, pour le journal des
Débats, comme dans le temps du référendum, ils ont
passé au-dessus de toutes nos lois.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je pense que dans d'autres lois, on a
spécifié la couronne. Est-ce que j'ai raison de dire ça?
(16 h 45)
M. Bédard: Dans d'autres lois effectivement on
spécifie la couronne, sauf qu'ici il y a quand même une section
générale pour les recours de procédures contre la couronne
et on les applique partout dans le code.
M. Marx: Oui, au début du Code civil, c'est vrai.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3...
M. Lalande:... M. le Président, comme dernière
phase. Il y a un papillon, je pense, sur lequel le ministre était assez
d'accord tout à l'heure. Est-ce qu'on peut continuer, suite à la
requête qui sera octroyée par le juge...
M. Bédard: Ce n'est pas à l'honneur du
député de Maisonneuve.
M. Lalande:... est-ce qu'on pourrait continuer l'interrogatoire
devant le protonotaire justement pour alléger le processus?
M. Bédard: II me fait plaisir... Ce sera une grande
contribution du député de Maisonneuve à la poursuite de
nos travaux et à l'amélioration du projet.
M. Lalande: ... M. le ministre, ça ne fait que
commencer.
M. Forget: A l'article 3, on ne peut pas...
M. Bédard: A l'article 3, l'amendement aurait pour effet
à l'article 546.1 d'ajouter à la fin du premier
alinéa, après le mot "défaut" ce qui suit: "et permettre
au besoin qu'elle soit interrogée devant le protonotaire à cette
fin".
Le Président (M. Lacoste): Vous me remettez ça, M.
le ministre? Merci. Sur l'amendement?
M. Marx: Sur l'article, parce qu'on m'a donné une
réponse maintenant...
M. Bédard: Est-ce qu'on pourrait adopter l'amendement?
Le Président (M. Lacoste): Oui, on pourrait adopter
l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Forget: M. le Président, formellement on n'aurait pas
besoin de voter les amendements présentés par le ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Non, je pourrai continuer ma vérification.
M. Bédard: Est-ce que l'article 3 est adopté?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 est
adopté tel qu'amendé? Adopté. J'appelle l'article 4.
M. Bédard: Peut-être comme commentaire, si ça
peut aider au niveau de la compréhension. Le dernier alinéa de
l'article 553 actuel permet déjà la saisie de pension, prestation
ou salaire jusqu'à concurrence de 50% lorsqu'il s'agit de dette
alimentaire. Cependant, les pensions provenant d'un régime de retraite
enregistré en vertu de la loi sur les régimes
supplémentaires de rentes, c'est-à-dire en pratique tout
régime de retraite privé, sont, en vertu de cette loi, totalement
insaisissables même s'il s'agit de dette alimentaire.
Selon la jurisprudence, une loi particulière prévaut sur
le Code de procédure civile. Ceci, considérant les montants assez
élevés de ces pensions, cette situation cause un grave
préjudice aux créanciers de pensions alimentaires.
L'objet de l'article 2 est donc, premièrement, de s'assurer que
les pensions de retraite versées en vertu des lois spéciales
telles que le Régime de retraite des fonctionnaires ou celui des
enseignants soient couvertes par l'article, étant donné
l'absence, dans leur cas, de fonds de pension et de caisse de retraite.
Deuxièmement, d'inclure dans les revenus qui peuvent être
saisis à 50% ceux des ministres du culte paragraphe 6
puisqu'il s'agit de revenus de la nature des traitements.
Troisièmement, d'indiquer que le dernier alinéa de
l'article 553 du Code de procédure civile s'applique malgré
toutes dispositions générales ou spéciales à
l'effet contraire.
Je pense que ça corrige une situation...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: La préoccupation qui se pose pour moi, c'est
au deuxièmement: "Néanmoins, malgré toutes dispositions
contraires d'une loi générale ou spéciale, les revenus
mentionnés aux paragraphes 6, 7, 8, 10 et 11 ne sont pas insaisissables,
s'il s'agit de dette alimentaire, jusqu'à concurrence de 50%."
Le problème qui se pose en pratique, c'est qu'au paragraphe 10 de
l'article 553, on parle des revenus bruts. Or, la situation à l'heure
actuelle, il faut bien y penser, c'est qu'un mari ou un conjoint, par exemple,
qui gagne $200 par semaine, est saisissable jusqu'à 50% du salaire brut
ou du revenu brut; vous savez bien qu'il ne lui reste pas $200 dans ses poches
à la fin de la semaine, il lui en reste peut-être $150 compte tenu
des impôts et de tout ce que vous voudrez.
Finalement, il est saisissable sur les $200 jusqu'à concurrence
de 50%, donc $100 qu'il devrait payer au conjoint ou à la
créancière; il lui resterait $50, pour vivre, ce qu'il ne peut
pas faire habituellement dans les conditions actuelles.
Ceci n'a pas seulement pour but de protéger le débiteur
alimentaire, dans certains cas, mais simplement d'être réaliste
dans le monde d'aujourd'hui, à l'heure actuelle. Avec $50 000, il se
pourrait que non seulement il ne soit pas capable de payer, qu'il ne puisse pas
arriver, mais qu'il ne soit plus capable de payer dans les semaines à
venir ou il se ramassera en faillite personnelle ou sur le dépôt
volontaire ou à d'autres endroits ou refusera de travailler. C'est pour
cela que je me demande s'il n'y aurait pas lieu de corriger salaire brut par
salaire net. A ce moment-là, s'il a $200 net, qu'il en donne 50%
à son conjoint, on est tout à fait d'accord là-dessus.
Mais s'il lui reste simplement $35, $40 ou $50 pour vivre par semaine, on aura
l'effet qu'on ne vise justement pas à l'intérieur du projet de
loi.
M. Bédard: Je pense que le député de
Maisonneuve a raison de dire qu'un des objectifs de la loi c'est, d'une part,
de protéger la créancière ou le créancier
alimentaire et que l'objectif de la loi n'est pas de dépouiller
littéralement non plus le débiteur ou la débitrice. Je me
demande si on peut y aller dans le sens que vous... Non seulement j'imagine,
mais il me semble que les juges, lorsqu'ils fixent une pension alimentaire,
tiennent compte de ces deux exigences que l'une et l'autre des parties,
débiteur-créancière ou débitrice-créancier
puissent vivre, mais tiennent compte aussi, lorsqu'ils fixent la pension,
approximativement de l'impôt qu'un individu doit payer sur son salaire.
Alors, je pense que cette évaluation dont vous parlez se fait lors de la
fixation de la pension elle-même.
M. Lalande: Je comprends très bien ce que le ministre veut
dire dans ceci et je pense que le juge en tient compte évidemment quand
il fixe la pension alimentaire sauf qu'il arrive qu'il peut fixer une pension
alimentaire à un certain montant et que c'est justement dans les cas
où le débiteur ne paie pas, où il se traîne les
pieds pendant six mois de temps. On le rattrape finalement et on l'oblige
à payer. Le salaire qu'il a à ce moment-là, c'est
là qu'il devient saisissable jusqu'à 50% et cela n'a pas l'effet,
justement, que vous visez, à savoir qu'il soit capable de payer de
façon régulière la créancière, parce qu'il
ne pourra pas arriver à ce moment-là. Il a été, je
comprends, récalcitrant dans bien des cas, des fois il a
été insolvable pendant un certain temps parce qu'il ne
travaillait pas, mais au moment où il se met à travailler,
où il serait apte à payer, on le saisit en vertu des
arrérages, etc. C'est pour cela que je pense qu'il faudrait
régler ce problème de droit à l'heure actuelle, qui
s'impose justement dans les règles de saisissabili-té.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, l'argument c'est qu'avec les
taux d'impôt et les cotisations à toutes sortes de régimes
sociaux dont on ne peut pas se défaire de toute façon, à
cause des arrérages, si le salaire brut est saisissable à 50%, il
se peut très bien que le paiement des arrérages plus les
impôts, plus les différentes charges sociales constituent plus de
100% du salaire. Quand on additionne tout cela avec certains taux
d'impôt, et s'il y a des arrérages accumulés, on peut
arriver à une réclamation qui dépasse 100% du salaire. Il
ne reste, à ce moment-là, même pas $50 par semaine, il peut
rester zéro par semaine. Ce n'est pas du tout impossible.
M. Bédard: Mais il n'y a jamais plus que 50% de saisi.
M. Forget: Non, mais 50% saisi du salaire brut, plus
l'impôt qui est sur le salaire brut et qui peut monter à 40%, 45%,
plus les charges sociales et les contributions à des fonds de pension,
etc., cela peut monter à plus de 100%.
M. Fontaine: Le contribuable a le droit de déduire de son
impôt le montant qu'il paie comme pension alimentaire.
M. Forget: Oui, je comprends, mais les taux d'impôt montent
quand même à des niveaux assez importants, plus les charges
sociales, il n'y a absolument aucune garantie que ça ne monte pas
à 93% du revenu brut, que la formule puisse s'y prêter.
M. Fontaine: Ce qu'il va payer en pension alimentaire à
son épouse ne compte pas comme du salaire pour lui, ça va compter
comme du salaire pour son épouse, c'est elle qui va payer
l'impôt.
M. Lalande: Cela dépend des seuils d'impôt, mais je
peux vous dire qu'en pratique, il arrive des cas, justement avec le cas de $200
par semaine, qui est le salaire brut, que le mari se retrouve avec $37.65 par
semaine pour vivre. Cela a l'effet qu'on
ne vise pas, c'est le contraire, il doit se dire: Je ne travaillerai
plus dans ces conditions, je m'en vais demander le bien-être social.
C'est à peu près ça.
M. Bédard: Quand de telles situations se
présentent, il y a toujours la possibilité de demander une
réduction...
M. Forget: Pas pour les arrérages? M. Lalande: Non,
c'est justement.
M. Forget: Les arrérages sont là, il faut qu'ils
soient payés avant qu'il obtienne mainlevée.
M. Bédard: A moins qu'il ait, à un moment
donné, en temps opportun, indiqué un changement dans...
M. Lalande: Le problème qui se pose, c'est que quand cet
article du Code de procédure civile a été adopté,
on ne connaissait pas ce qu'on connaît, à l'heure actuelle,
l'Etat-providence, etc., les impôts et toutes les prestations sociales
que nous devons payer régulièrement. Vous savez, il y en a
souvent qui vous disent que le talon de chèque est plus long que le
chèque lui-même; on n'assistait pas à ça à ce
moment-là. C'était réaliste dans le temps, mais,
aujourd'hui, il faut se rajuster à la réalité sociale et
penser qu'on ne peut justement pas réduire...
Mme LeBlanc-Bantey: ... Est-ce que la femme, de toute
façon, ne va pas préférer s'adresser à l'aide
sociale, parce que ce serait plus payant que de poursuivre son mari pour
pension alimentaire?
M. Forget: Là, c'est parce qu'il va y avoir la subrogation
automatique, de toute façon, c'est donc l'Etat qui va devenir le
créancier d'une portion de 50% saisissable du salaire brut et j'imagine
que l'Etat, s'il a de l'argent à aller chercher, va aller le chercher.
De toute façon, la loi va lui imposer d'aller le chercher. Il faut que
ça se paie.
M. Bédard: C'est évident qu'il faut que ce soit
fait en temps opportun, mais il y a quand même dans le projet de loi une
disposition qui prévoit la possibilité d'une demande de
diminution au niveau des arrérages, lorsque la situation du
débiteur a changé, l'article 15.
M. Forget: II reste que la préoccupation, M. le
Président, se retrouve dans le Code civil, au paragraphe 9, qui devient
le paragraphe 12, je ne sais trop, qui n'est pas modifié, qui a toujours
permis, quelles que soient les règles de saisissa-bilité des
biens, qu'un minimum vital soit laissé au débiteur, en ce sens
qu'on peut prendre des barèmes de $40 par semaine et $60, si quelqu'un
fait vivre une famille, ça date déjà un peu, mais il reste
qu'on se rend compte qu'il y a là une préoccupation du
législateur de dire: D'accord, les gens ont des dettes, il faut qu'ils
les paient, mais au point de se mettre eux-mêmes dans la situation de
devenir des assistés sociaux.
D'ailleurs, il y aurait peut-être lieu, dans le cas de
saisissabilité pour fins de pension alimentaire, qu'on révise
même ces exemptions. Il y a des choses là-dedans qui sont assez
paradoxales. On prévoit que celui qui est débiteur d'une pension
alimentaire peut dire: Je garde $60, parce que je fais vivre une
deuxième famille. Le problème est tranché de façon
très curieuse. Vis-à-vis de tous les autres créanciers qui
ne sont pas des créanciers alimentaires, cette argumentation peut
valoir, mais vis-à-vis d'un créancier alimentaire, est-ce que
l'on admet la défense que le débiteur fait vivre une
deuxième famille sans se préoccuper si cette deuxième
famille est postérieure, dans le fond, au jugement, etc., qui fait qu'il
place la société et sa créancière
hypothécaire devant un fait accompli. Il se remarie ou il a des enfants
avec une autre femme et, à ce moment-là, il échappe
à son obligation alimentaire.
C'est une question qui se pose, parce qu'on en fait une façon
absolument légale d'échapper à l'obligation alimentaire.
Le montant qui est indiqué, $60, ne fait pas de sens et minimise les
dégâts à ce sujet, parce qu'il est inférieur au
barème de l'aide sociale. Quelqu'un qui est débiteur d'une
pension alimentaire, qui, en se remariant ou non, devient soutien d'une
deuxième famille, a donc une deuxième épouse qu'il fait
vivre et disons deux enfants qui sont peut-être les enfants de cette
femme avec qui il vit, sa deuxième épouse, autrement dit. (17
heures)
A ce moment-là, ne serait-il pas normal, ou jusqu'à quel
point est-il normal qu'il puisse alléguer qu'il a droit au moins
à un minimum vital égal à ce que l'Etat lui verserait,
sous forme d'aide sociale, pour quelqu'un dans sa situation et utiliser cela
comme défense pour résister à tout paiement de pension
alimentaire à sa première épouse? Je pense qu'il y a des
problèmes de cohérence dans tout cela, qui ne sont pas du tout
résolus dans la législation actuelle. On va savoir, au fur et
à mesure que les jugements vont être prononcés, quelle est
la politique gouvernementale.
M. Bédard: Oui, mais d'un autre côté, je
pense qu'en même temps que vous évoquez le problème, vous
en évoquez la complexité. C'est clair qu'au niveau de la
jurisprudence qui va se dégager de l'application de la loi, ce sera de
nature à donner certaines orientations. Une des orientations, c'est que,
c'est bien beau de fonder une deuxième famille, mais...
M. Forget: II faut d'abord faire vivre la première.
M. Bédard: II faut que vous commenciez par faire vivre la
première, avant d'aller fonder une deuxième famille.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord. Mais l'esprit du
Code de procédure civile, dans le mo-
ment, s'il était adapté au barème de revenu minimum
du seuil de pauvreté actuel, permettrait à peu près
à n'importe qui, en devenant le soutien d'une deuxième famille,
d'échapper à ses obligations alimentaires. C'est aussi simple que
cela.
M. Bédard: Comme c'est explicité, c'est 50% du
brut. Il ne pourrait pas déduire des personnes à charge dans une
deuxième famille.
M. Lalande: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: C'est quand même une condition assez
fondamentale. Je comprends que le problème n'est pas... Mais je pensais
que vous y auriez regardé de plus près.
M. Bédard: Je comprends que, dans nos efforts pour
améliorer le sort de la créancière, on est en train de
trouver le moyen, non pas de trouver le moyen, mais de voir que tout n'est pas
facile.
M. Lalande: II est exact qu'il faut carrément se pencher
sur ce problème. Dans la pratique, on sait très bien que la
conséquence de cela, il s'agit d'avoir été un bout de
temps dans l'administration de la justice pour savoir que,
systématiquement, ces gens-là qui n'arrivent pas se retrouvent
dans des faillites personnelles où c'est le registraire qui doit fixer
le tout et là, eu égard au revenu net.
Ces dispositions du Code de procédure civile sont
complètement périmées à l'heure actuelle. Je vous
citerai justement, à l'article précédent, qui se situe
dans les choses qui ne peuvent être saisies; encore une fois, on est
rendu... Des choses qui ne peuvent être saisies, ou qui sont
laissées au choix du débiteur: les abeilles, les ruches, une
vache, cinq têtes de petit bétail et vingt volailles. Et s'il est
cultivateur ou éleveur: deux chevaux, dix bêtes à cornes,
dix têtes du petit bétail et 200 volailles.
M. Bédard: Pour vous, cela n'a pas de sens, mais...
M. Lalande: Plus aujourd'hui.
M. Bédard: Vous vivez sur l'asphalte, à
Montréal, mais venez dans les régions où il y a des
cultivateurs. Cela veut encore dire des choses.
M. Lalande: Soyez sans crainte, M. le ministre. Mes racines
plongent au plus profond de la Laurentie, M. le Président.
M. Bédard: Vous avez l'air de les oublier vite.
M. Lalande: J'ai été élevé à
la campagne, j'y retourne régulièrement. C'est ma source la plus
vive à l'heure actuelle.
M. Bédard: Ce n'est pas tout d'aller à la campagne.
Vivre à la campagne, c'est une autre affaire.
M. Lalande: Et je dois vous dire qu'à l'heure acutelle,
quand on parle de vingt volailles, de deux chevaux et dix bêtes à
cornes, trouvez-moi beaucoup de cultivateurs qui comptent aujourd'hui sur deux
chevaux pour labourer leur terrain.
C'est cela que je veux vous dire, c'est que les dispositions...
M. Bédard: Mais de là à dire que c'est
vétuste, que c'est inacceptable.
M. Lalande: Mais les dispositions devraient être
améliorées, corrigées, de même que les règles
de saisissabilité au niveau des pensions alimentaires. C'est cela que je
veux vous amener à dire à l'heure actuelle.
M. Bédard: Je pense qu'on se comprend.
M. Lalande: Pourquoi n'avez-vous pas pensé à
étudier véritablement et à donner une réponse
satisfaisante à ce niveau?
M. Bédard: C'est trop facile. Allez-y de suggestions, cher
ami, si vous avez toutes les solutions. On ne s'engage pas à refaire
tout le Code de procédure. Soit dit en passant, votre Code de
procédure a été refait il n'y a pas si longtemps que cela.
Il y a eu une refonte, il n'y a pas si longtemps que cela.
M. Blank: En 1964.
M. Bédard: En 1964. Ce n'est pas nous, normalement... Ces
gens devaient prévoir pour l'avenir. Mais on ne peut pas régler
tous les problèmes. Et je ne réglerai pas tous les
problèmes du Code de procédure civile. Mais qu'il y ait des
choses vétustes... Vous nous parlez du Code de procédure. Je
crois que, dans votre désir d'améliorer le sort de la femme qui
ne peut percevoir sa pension alimentaire, vous êtes en train de nous
proposer d'aller moins loin que ce que dit la loi à l'heure actuelle. On
est en train de régresser.
M. Lalande: Ce qui me préoccupe, M. le ministre, c'est
véritablement d'être réaliste dans la perception des
pensions alimentaires.
M. Bédard: Est-ce que le réalisme, c'est d'aller
moins loin que vous, qui disiez que vous vouliez améliorer, que je ne
vais pas assez loin avec mon projet de loi? Si je vous écoutais, on
serait en train d'aller moins loin que ce qui existe maintenant.
M. Lalande: La question n'est pas là. A l'heure actuelle,
j'essaie de démontrer. J'espère que le ministre des
Iles-de-la-Madeleine va comprendre aussi cela...
Mme LeBlanc-Bantey: Je suis députée.
M. Lalande: ... mais dans la situation qu'on nous propose, les
provisions qu'on nous offre à l'heure actuelle ne nous permettent pas,
ne nous donnent pas de motifs raisonnables et probables
de croire que l'on va améliorer la situation. Au contraire, on va
se confirmer, on va se replier sur le même problème, on sera pris
exactement dans le même "merry-go-round", et le problème ne sera
pas résolu demain matin. Il ne sera pas résolu demain matin, cela
veut dire quand? Voulez-vous mettre cela en vigueur au mois de janvier, au mois
de février? Il ne sera pas encore résolu cette fois-là. Il
va falloir le corriger. Vous avez une chance de pouvoir regarder cela en
profondeur, de vraiment poursuivre l'objectif que vous dites vouloir
poursuivre, d'atteindre ce but, mais vous vous y refusez, parce que...
M. Bédard: On ne s'y refuse pas, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: S'il vous plaît, arrêtez de parler
des refus des autres! Si vous avez des lumières, vous pouvez en faire
état.
M. Lalande: Cela fait une demi-heure que j'argumente pour vous
dire de vous ouvrir les yeux.
M. Bédard: C'est bien beau d'argumenter, cela fait des
années que j'argumente. Je ne le sais pas, si vous voyez des
éléments qui...
M. Lalande: Etes-vous capable de vivre avec $35 par semaine?
M. Bédard: C'est évident, mais il est clair qu'on
n'améliorera pas la situation de la femme en allant moins loin que ce
que la loi lui permet maintenant. Ce que vous nous dites à l'heure
actuelle va moins loin que ce qui existe déjà pour la femme qui
est en difficulté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Non, mais cela lui permet d'avoir une certaine
sécurité au niveau de la perception de la pension alimentaire,
alors qu'à l'heure actuelle elle n'a pas cette assurance de la
perception.
M. Bédard: La sécurité au niveau de la
perception, c'est nous qui la lui donnons présentement. Je ne le sais
pas. Est-ce que le député de Maisonneuve veut y aller... Je sais
que le problème qu'il soulève est complexe. Le
député de Saint-Laurent aussi en a discuté. L'état
de la loi, c'est ce que nous avons laissé entendre tout à
l'heure. Je ne le sais pas, on est ouvert, si vous avez des amendements
à proposer.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aurais un autre point
à soulever, mais je voudrais rassurer le ministre, on n'essaie pas de
créer des montagnes insurmontables, mais on attire simplement son
attention sur la chose suivante: Si on crée un mécanisme de
perception véritablement efficace on veut bien croire qu'il le
sera il ne faut pas non plus utiliser tout l'appareil judiciaire de
façon odieuse, de manière à obtenir des résultats
qui, en soi, ne sont pas désirés. Par exemple,
l'expropriation...
M. Bédard: Même socialement.
M. Forget:... à 100% des revenus de n'importe quel
individu sous prétexte qu'il a des dettes, je pense que c'est un
processus qui a été abandonné au Moyen Age. On a toujours
reconnu qu'on ne pouvait pas saisir 100% des biens de n'importe qui. Je
comprends que ce n'est pas l'intention du ministre de saisir 100% des biens de
n'importe qui, mais cela pourrait être la conséquence involontaire
de certaines dispositions, quand on va récupérer des
arrérages, de rendre tout saisissable au point où, combiné
avec d'autres mesures, cela devienne excessif.
Par ailleurs, lorsq'il s'agit d'assurer un minimum vital au
débiteur d'une pension alimentaire, on est tout à fait d'accord
qu'un tas de sources de revenus soient déclarées saisissables
alors qu'elles ne l'étaient pas avant.
D'un autre côté, il va falloir réfléchir au
genre de défense que le débiteur peut faire en disant: J'ai
besoin d'un minimum vital. Quel serait ce minimum vital? Je pense qu'il y a
deux choses qu'on peut suggérer. On peut d'abord suggérer que le
minimum vital pour tout individu doit être à peu près
équivalent, peut-être même exactement équivalent
à ce que l'aide sociale offre aux gens à titre de prestations
équivalentes au seuil de la pauvreté. Cela devrait être le
minimum dont même le Code de procédure civile tienne compte,
peut-être plus explicitement que maintenant. Plutôt que des 70%
avec $40 ou $60, etc., la clause que j'ai lue tantôt, on pourrait faire
référence aux lois sociales du gouvernement comme étant
des seuils non saisissables, mais vis-à-vis du titulaire d'une pension
alimentaire, cela pose une question encore plus profonde. Jusqu'à quel
point peut-on admettre que le débiteur d'une pension alimentaire utilise
une situation de fait acquise après qu'il a encouru cette dette,
situation où il devient débiteur d'une autre obligation
alimentaire vis-à-vis d'une deuxième famille comme excuse pour
dire: Maintenant, le barème de l'aide sociale pour une famille...
Supposons qu'il vit en concubinage avec une femme qui est elle-même veuve
ou délaissée et qui a trois enfants, c'est $500 ou $600 par mois
je ne connais pas les barèmes de l'aide sociale et cela
devient insaisissable. Il y a peut-être des distinctions qu'il faut faire
qui ne sont pas faites actuellement. On le fait dans un but cons-tructif. Comme
je l'ai indiqué au ministre, on n'a pas les ressources de
rédaction, mais, étant donné qu'on essaie de vider un peu
cette question des pensions alimentaires, jusqu'où peut-on aller vers le
haut et jusqu'où ne doit-on pas aller vers le bas. Il y a quand
même un certain nombre de balises qu'il faudrait poser. Sur un
plan...
M. Bédard: Un des problèmes se situait surtout au
niveau des arrérages dont on parlait. Je pense que cette loi, qui
facilite la possibilité de percevoir ou d'agir rapidement au cas du
défaut du débiteur, va sûrement avoir pour effet, pour
autant qu'elle soit efficace je pense que c'est ce que nous
désirons tous d'empêcher les arrérages de
s'accumuler.
M. Forget: II y en aura moins.
M. Bédard: A l'heure actuelle, un des grands
problèmes, c'est qu'à cause de la complexité juridique, il
y a des arrérages très imposants qui s'accumulent. Même,
dans certains cas, étant donné la complexité des
procédures, il y a des créancières de pensions qui
laissent tout tomber plutôt que de s'embarquer dans des procédures
judiciaires. Il faut espérer qu'un des premiers effets de cette loi
c'est qu'à partir du moment où un débiteur est en
défaut, la créancière ou le créancier, très
rapidement, dans la semaine ou dans les quinze jours qui suivront, ira d'une
demande de procéder.
M. Forget: Quoique, comme le régime est facultatif et sur
demande, il se peut très bien qu'on ne fasse la demande que lorsqu'il y
aura une certaine accumulation d'arrérages.
M. Bédard: Maintenant, on prévoit quand
même...
M. Forget: On ne peut pas présumer qu'il n'y aura pas
d'arrérages.
M. Bédard: On ne peut pas présumer. Maintenant, il
y a peut-être aussi, comme balise, l'article 15 qui ne règle pas
tous les problèmes, mais qui permet à un débiteur de
pension alimentaire, lorsque sa situation change, d'en informer et d'obtenir
une réduction.
M. Forget: Oui. Il lui fait même une obligation que s'il ne
le fait pas, il ne peut jamais revenir en arrière plus de six mois. La
situation actuelle, c'est qu'il peut arrêter de payer, si je comprends
bien, et plaider, à un moment donné, qu'une raison pour laquelle
il a arrêté de payer il y a un an, deux ans ou trois ans, c'est
que sa situation était changée, et obtenir une correction
rétroactive qui aille très loin. Si on limite la
possibilité pour le tribunal d'aller dans le passé, il va y
avoir, à un moment donné, des arrérages devant lesquels la
cour va être impuissante. Elle va dire: On peut corriger pour six mois en
arrière de la date de la demande, de la requête, mais jamais plus
que six mois. Donc, il va y avoir des paquets d'arrérages
considérables. Si c'est saisissable à 50% du salaire brut, on va
avoir des situations délicates, parce que cela va faire des paquets
d'argent. Ce sont des grosses sommes quand cela s'accumule pendant quelques
années.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: II y a une prescription... M. Forget: De
trois ans. M. Bédard: ... de trois ans.
M. Forget: C'est cela. La prescription est prolongée.
C'était un an, cela a été prolongé à trois
ans, mais c'est révisable seulement pour six mois. Alors, vous voyez,
les arrérages, loin d'être plus petits pas plus petits en
termes réels, bien sûr, ceux qui ont négligé de
payer la somme réclamable en justice va être plus
considérable désormais qu'elle ne l'a jamais
été.
M. Bédard: Oui, mais c'est dans certains cas. Il reste
quand même qu'un des premiers effets de cette loi, à partir du
moment où elle est efficace, c'est le recours plus facile et plus rapide
de la créancière ou du créancier...
M. Forget: C'est admis, mais il reste qu'il faut prévoir
cela. Je n'avais pas terminé, M. le Président. Je voulais attirer
l'attention du ministre sur la question de l'application de cela à la
Couronne fédérale. On a soulevé cela tantôt, il y a
des ententes qui sont intervenues, il y a à peu près un an ou
peut-être deux ans, pour la taxation réciproque, les accords
réciproques de fiscalité permettant au gouvernement provincial de
percevoir la taxe de vente, par exemple, sur les produits de construction qui
sont vendus à une entreprise fédérale et vice-versa,
permettant au gouvernement fédéral de percevoir la taxe de
manufacturier sur des biens qui sont vendus au gouvernement provincial. Cela
simplifie l'administration fiscale des deux gouvernements et dans l'ensemble,
finalement, il n'y a pas de désavantage financier. Je pense que les deux
gouvernements, fort heureusement, ont réussi à régler
à leur avantage administratif un problème de taxation
réciproque. Dans le même esprit qui a permis cette entente avec le
gouvernement actuel qu'est le gouvernement fédéral, ne serait-il
pas opportun de s'assurer que le salaire des employés du gouvernement
fédéral et leur pension de retraite sont saisissables au
même titre que n'importe quel salaire et n'importe quelle pension?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Je peux vous dire, M. le député
de Saint-Laurent, que cela fait un an que je revendique, que j'ai fait cette
réclamation au fédéral; j'y suis revenu à quelques
reprises. Le fédéral n'a pas bougé là-dessus.
M. Forget: Est-ce que c'est un refus pur et simple, une absence
d'intérêt ou une absence de réciprocité dans la...
(17 h 15)
M. Bédard: II y a eu un commencement de bonne
volonté, parce qu'on nous dit que le gouvernement fédéral,
à l'automne, avait déposé un projet de loi qui aurait pu
être de nature à régler ce problème, mais...
M. Forget: A cause des événements de l'automne,
ça n'a pas été adopté.
M. Bédard: A cause des événements...
M. Forget: Mais le projet de loi aurait réglé
effectivement le problème.
M. Bédard: Cela aurait permis la saisissabilité.
Nous allons revenir à la charge...
M. Forget: Bon! Il y a peut-être lieu d'espérer
qu'ils reviennent...
M. Bédard: A de meilleurs sentiments. Mais nous allons
revenir à la charge, parce que, effectivement l'effet de...
M. Forget: Oui, ça, c'est une situation inacceptable,
parce qu'il y a quand même tellement d'employés
fédéraux au Québec qu'il semblerait absolument
essentiel...
M. Bédard: A l'heure actuelle, demeurent insaisissables
les salaires des fonctionnaires fédéraux,
l'assurance-chômage, l'aide sociale...
M. Forget: Et ça, cela a été mis à
l'épreuve devant les tribunaux, cette insaisissabilité, ou est-ce
que c'est juste une interprétation?
M. Bédard: Non, il y a eu des... M. Forget: II y a
eu des causes.
M. Bédard: ... causes et des jugements dans cette
affaire.
M. Forget: Des tribunaux supérieurs. M. Bédard:
... dans leurs lois. M. Lalande: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, M. le
député de Maisonneuve, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Oui, M. le Président, je voudrais revenir sur
la question de...
M. Bédard: C'est pour ça qu'il fallait qu'ils
changent la loi...
M. Fontaine: ... la saisissabilité de 50% du revenu. Je
pense que le juge, lorsqu'il fixe la pension alimentaire, après avoir
entendu les personnes concernées, regarde tous les
éléments de la question, regarde la capacité de payer de
l'époux, regarde les besoins de l'épouse, regarde l'âge des
enfants et leurs besoins...
M. Bédard: Les dettes...
M. Fontaine: ... les dettes. Il peut même regarder l'aide
que le gouvernement peut apporter dans certains cas. Je pense que,
malgré tout ça, les juges sont assez conservateurs dans leurs
jugements. A la suite de tout ça, si un débiteur ne paie pas sa
pension alimentaire, après que le juge l'a fixée et qu'elle soit
raisonnable, je pense qu'on ne peut pas invoquer sa propre turpitude. S'il ne
veut pas payer sa pension alimentaire et qu'il se place dans une position
où il pourrait être acculé à la faillite, je pense
que c'est sa faute à lui s'il ne le fait pas. Moi, je pense que si on
veut réussir à faire en sorte que les pensions alimentaires
soient saisissables, soient véritablement
récupérées par les personnes qui en ont besoin, il faut
accepter qu'il y ait de telles contraintes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, moi, je suis d'accord avec le
député de Nicolet-Yamaska quand il dit que le débiteur ne
peut sûrement pas plaider sa propre turpitude. Je suis entièrement
d'accord avec ça, finalement.
M. Bédard: C'est un principe fondamental, oui.
M. Lalande: Quand cela a été fixé, quand le
juge a évalué sa capacité de payer et les besoins par
rapport à la créancière, je pense qu'il faut
présumer que c'est bien fait. Cependant, le problème que je
soulève, c'est que... Peut-être que le débiteur ne peut pas
invoquer sa propre turpitude, mais il est certain que la
créancière, elle, en subit les conséquences à
l'heure actuelle, parce qu'on met le débiteur dans un état...
C'est justement le problème des arrérages, à un moment
donné, celui qui s'est traîné les pieds pendant X mois
arrive finalement à être obligé de payer et, là, ne
peut plus faire face à ses obligations.
Or, l'effet que cela a, c'est l'effet complètement contraire. Non
seulement il n'arrivera plus à avoir une certaine vitesse de
croisière et être capable de payer régulièrement, il
va être contraint de laisser son travail, par absence de motivation, etc.
C'est le problème véritablement qui nous gouverne
là-dedans. Ce n'est pas évidemment de dépouiller le
débiteur, mais, si le débiteur se met dans une situation telle
qu'il est en position de se faire prendre ou qu'il n'assume pas ses
responsabilités, qu'il vive avec. La question est là. Mais, quand
même, c'est que la créancière en subit justement les
conséquences, qui seront néfastes. C'est ça le point
fondamental que je voulais soulever.
M. Bédard: Oui, espérons que ce dont parle le
député de Maisonneuve constituera des exceptions, en fait, les
moins nombreuses possible, parce que...
M. Lalande: Je voudrais cependant, M. le Président,
rappeler aussi les accords réciproques. Il existe, on le sait, à
l'heure actuelle, des accords de réciprocité, pour ce qui est de
l'exécution des pensions alimentaires, qui ont déjà
été signés
entre les provinces depuis X années, qui ressemblent plus ou
moins à une exemplification de jugement qui est exécuté
ici au Québec. Combien de provinces ont signé des accords de
réciprocité avec le Québec là-dessus? Est-ce que,
justement, ceux qui... Quand il y aurait un jugement...
M. Bédard: Sept provinces... M. Lalande: Sept
provinces? M. Bédard: ... ont signé des accords de...
M. Lalande: Et les jugements qui seront exécutoires ici,
au Québec, seront-ils soumis justement à cette nouvelle
procédure?
M. Bédard: Exactement, oui. M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible, M. le Président,
de suggérer que durant la période entre 18 heures et 20 heures,
on essaie de formuler un amendement peut-être conjointement pour parer
à certaines des difficultés les plus évidentes? Si on ne
réussit pas on laissera tomber, mais on pourrait peut-être essayer
malgré tout pour au moins prévenir les problèmes qu'on
voit dans la mesure du possible.
On pourrait le suspendre et si on ne réussit pas à
s'entendre...
M. Bédard: D'accord, continuons.
M. Forget: ... on procédera, on passera outre
simplement.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 est suspendu.
J'appelle l'article 5.
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre un
règlement plus rapide des conflits en matière d'exécution
des pensions alimentaires. Je ne pense pas qu'il y ait de...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. le député de Maisonneuve.
M. Lalande: Encore une fois, dans ces oppositions en
matière de pensions alimentaires, je pense qu'il est important de
rappeler au ministre que c'est véritablement là que l'on
vérifie encore la lourdeur du processus dans lequel nous serons. J'y
reviens, on est dans le processus judiciaire, donc, il faut en voir les tenants
et les aboutissants.
On aurait eu peut-être d'autres solutions, mais c'est la solution
qu'on a adoptée. Quand on arrive dans le problème des oppositions
en matière de pensions alimentaires, par qui est-ce que ce sera
plaidé encore une fois? C'est encore un processus qui va se passer
devant le juge de la Cour supérieure, qui sera plaidé par un
avocat? Et est-ce qu'on va demander au protonotaire de plaider ces
oppositions-là? C'est une question que je vous pose. Est-ce qu'on
demande au protonotaire de plaider?
M. Bédard: Oui.
M. Lalande: Qu'est-ce qui arrive, comme c'est souvent le cas
quand le protonotaire n'est justement pas un avocat, n'est justement pas
quelqu'un qui est apte véritablement à plaider?
M. Bédard: II va trouver le moyen de retenir les services
d'un avocat.
M. Lalande: Par quel moyen, de quelle façon? Est-ce qu'il
a le pouvoir le protonotaire d'engager un avocat pour le
représenter là-dedans? Et à quel coût?
M. Bédard: Dans les greffes au niveau des plaideurs, au
niveau des affaires civiles et pénales.
M. Lalande: Cela veut dire que si, à Baie Comeau ou
à Sept-lles, on a un problème à plaider une opposition, on
va demander à un avocat des affaires civiles et pénales de partir
de Québec et d'aller le représenter là-bas?
M. Bédard: Ne mettez pas toujours ça... Depuis
qu'on étudie le projet de loi vous regardez toujours la bibite la plus
noire possible avec...
M. Lalande: C'est mon rôle, M. le ministre.
M. Bédard: Mais il y a un bout à être
maniaque et à être pessimiste.
M. Lalande: Ce n'est pas maniaque...
M. Forget: Je pense que le ministre pourrait...
M. Lalande: ... que de penser que les gens de Sept-lles ont les
mêmes droits que...
M. Bédard: Je ne veux pas dire maniaque dans le mauvais
sens du mot. On se comprend.
M. Lalande: Les gens de Sept-lles ont le même droit que
ceux de Montréal et de Québec.
M. Bédard: Je comprends.
M. Lalande: C'est ça que je veux dire. Dans les endroits
éloignés, comment va-t-on régler ce
problème-là?
M. Bédard: Vous faites preuve d'une imagination
fantastique...
M. Lalande: Parce qu'à Montréal et à
Québec il y a des avocats dans les palais de justice, il n'y a pas de
problème. Le problème se pose dans les
endroits éloignés. Vous n'avez pas vu le problème
et vous dites maintenant: Ne cherchez pas la bête noire. La bête
noire est là, que voulez-vous?
M. Bédard: J'imagine que la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean est une région éloignée?
M. Lalande: C'est votre affirmation, M. le ministre.
M. Bédard: Non, c'est celle de votre chef.
Mme LeBlanc-Bantey: Encore une fois une région mal
informée.
M. Bédard: On ne prévoit pas de
problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Lalande: Le ministre nous dit que si, effectivement, le
protonotaire... Et là il y a une question de fond encore une fois. On va
demander à un officier de justice dont le rôle, par
définition, est d'être impartial, de statuer sur le droit. On lui
demande d'être partie à l'intérieur de ça, de
plaider une opposition, on lui demande de se départir de son rôle
d'arbitre pour pouvoir plaider au nom du pouvoir exécutif. C'est
là la confusion qu'il y a systématiquement... Ce
gouvernement-là n'est pas capable de se rentrer dans la tête qu'il
y a un pouvoir judiciaire, qu'il y a un pouvoir exécutif.
On entremêle les deux et on dit au pouvoir judiciaire de
régler le problème. Si ça ne va pas, le ministre dira
qu'il ne peut pas intervenir dans le processus judiciaire. C'est toujours se
cacher en arrière de tous les problèmes.
Vous pourriez avoir une vision plus claire...
M. Bédard: Vous n'avez pas la manière de discuter
avec sérénité.
M. Lalande: ... et plus précise de ce qu'est le pouvoir
judiciaire et le pouvoir exécutif. Si vous voulez confier le
problème à l'exécutif, confiez-le-lui, mais ne demandez
pas au protonotaire de la Cour supérieure d'intervenir et d'être
le prolongement du ministre de la Justice dans les activités au niveau
de la perception.
M. Bédard: La loi c'est ça. Le protonotaire doit
agir. C'est la loi et je pense qu'on peut s'y fier.
M. Lalande: Et la loi vous êtes en train de la matraquer
à l'heure acutelle. Quand l'Opposition n'est pas d'accord, c'est des
bêtes noires. C'est des problèmes d'exception.
M. Bédard: Ecoutez, vous êtes d'accord avec le
projet de loi et vous n'êtes pas d'accord et... Votre idée n'est
pas faite, ça paraît.
M. Lalande: On n'est pas d'accord avec certaines modalités
d'application que vous ne respectez pas.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: On vous l'a dit, vous avez posé une
question, on vous a donné la réponse. Il y a le protonotaire, il
y a les avocats des greffes, il y a aussi le niveau du contentieux pénal
et civil. Bon. On vous a donné les réponses il y a un bout
à chinoiser.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, en
plus de ça, le protonotaire a le pouvoir d'engager, par exemple, les
services d'un avocat à honoraires pour un cas spécifique?
M. Bédard: En autant que c'est possible on va se servir de
nos avocats, mais il est clair qu'à partir du moment où il est
impossible d'employer cette voie-là...
M. Fontaine: Par exemple, aux Iles-de-la-Madeleine?
M. Bédard: ... d'employer cette voie-là, à
ce moment-là on recourra au moyen qui permet d'assurer ce que nous
voulons assurer, un bon service à la femme qui est en difficulté
au niveau de la réclamation.
M. Fontaine: Par exemple, aux Iles-de-la-Madeleine, supposons que
le protonotaire n'est pas un avocat et qu'il n'y a personne du ministère
qui serait disponible, il pourrait engager un avocat de pratique
privée.
M. Bédard: Nous allons pouvoir identifier toutes les
sources de difficultés possibles au niveau de la mise en application du
système. Il faut quand même se donner deux, trois, quatre, cinq
mois pour pouvoir mettre en place tout le côté technique et en
même temps identifier l'essentiel des difficultés que cela pourra
présenter. N'essayez pas de voir un service de pensions alimentaires qui
ne sera pas une grosse machine. Cela va toujours être une grosse machine.
Votre artillerie légère, vous l'inventerez. J'ai hâte de la
voir.
M. Lalande: Par sa dimension, elle est vraiment exemplaire. C'est
nous qui allons être pris avec ça, c'est ce qu'il y a de pire.
Mme LeBlanc-Bantey: On va avoir le temps de l'améliorer,
ne vous en faites pas.
M. Lalande: Vous prévoyez faire des corrections d'ici
l'automne?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 5 est
adopté? M. le député de D'Arcy McGee.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous allez continuer à mettre
des...
M. Bédard: On va avoir encore quatre ou cinq ans pour
l'améliorer.
M. Marx: Peut-on revenir sur un certain point technique dans un
autre article? Parce qu'on s'est demandé si la loi s'applique à
la couronne. Si on regarde l'article 9 du Code civil et l'article 94j du Code
de procédure civile, j'ai l'impression que cela ne s'applique pas
à la couronne. Est-ce que j'ai raison de le dire?
M. Bédard: Nous sommes d'avis contraire. M. Marx:
Oui, quelle section?
M. Bédard: Actuellement, il est reconnu que le Code de
procédure civile s'applique à la couronne en raison des articles
94 et suivants et également tout simplement parce que par implication
nécessaire, la couronne est quand même soumise à des lois
générales. Les privilèges qui sont prévus à
l'article 9 du Code civil ainsi qu'à l'article 42 de la Loi
d'interprétation et l'interprétation des tribunaux est à
cet effet-là, ce sont des privilèges spéciaux. Dans des
lois spéciales, on va prévoir justement l'application à la
couronne, mais les lois générales, il est reconnu que, par
implication nécessaire, cela s'applique à la couronne.
M. Marx: Oui, mais l'article 94j prévoit que les articles
en question ne s'appliquent pas à un jugement rendu contre la couronne,
mais si on fait une requête, on demande au juge de statuer, il rend
jugement.
M. Bédard: Je pense que le jugement qui est prévu
à l'article 94j ou 9, c'est un jugement qui est rendu contre la
couronne, c'est le jugement principal. Ici, le jugement est un jugement de
pension alimentaire qui est rendu contre un débiteur de pension
alimentaire et non pas contre la couronne, mais je pense que ça serait
interpréter...
M. Marx: Si on veut ne pas clarifier le point et laisser le soin
aux tribunaux de décider, je n'ai pas d'objection. Je soulève le
point comme un point d'intérêt.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 5est
adopté? Adopté. Article 6?
M. Bédard: C'est un article de concordance avec le nouvel
article 659.4. En effet, on y prévoit un mode de signification par
courrier recommandé. Il fallait ajuster les règles sur la preuve
de la signification d'un bref de saisie-arrêt en conséquence.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 6est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 7.
M. Bédard: Le premier paragraphe de l'article 641.1
proposé a pour objet de permettre qu'une saisie-arrêt de salaire
demeure effective non seulement pour le paiement des arrérages de
pension, comme c'est le cas actuellement, mais également pour les
versements de la pension qui sont à échoir, indexés le cas
échéant, et cela jusqu'à ce que mainlevée en soit
donnée. Cette mainlevée ne pourra d'ailleurs être
donnée qu'un an après que les arrérages auront
été acquittés, s'il n'y a pas d'autre réclamation
au dossier et si l'exécution n'a pas été suspendue ainsi
que le prévoient les articles 659 et suivants.
L'article 641.2 proposé permet d'ajuster la saisie au nouveau
montant de la pension, s'il y a lieu, sans qu'il soit nécessaire de
reprendre un autre bref de saisie-arrêt et sans interrompre le paiement
de la pension.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, 641.1 deuxième
paragraphe dit que la mainlevée ne peut être donnée qu'un
an après que les arrérages de la pension ont été
acquittés. Quel est le motif qui vous a gouverné là-dedans
pour ne permettre la mainlevée qu'un an après? Cela me semble un
peu lourd pour le créancier qui aurait acquitté
véritablement sa dette et au niveau de sa solvabilité. (17 h
30)
M. Bédard: C'est dans l'idée de protéger et
d'éviter, le plus possible, le fardeau, pour la créancière
d'une pension alimenaire, d'être obligée de faire des
démarches pour en arriver à une saisie, de répéter
continuellement la saisie. Il est possible... d'accord?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que l'application
de cette loi...
M. Bédard: Si le député de Nicolet-Yamaska
me permet, pour ne pas l'oublier, il y a une petite erreur au deuxième
paragraphe, à la fin, on dit: "Accumulés depuis le saisie", c'est
"la saisie".
M. Fontaine: L'adoption de cette loi, M. le Président, je
pense, va permettre de favoriser une meilleure exécution des jugements
et va, par conséquent, faire en sorte d'augmenter le nombre de
saisies-arrêts qui vont être exécutées, surtout en
matière de pension alimentaire. On sait qu'il existe toujours un
problème entre l'employeur et l'employé, lorsqu'une
saisie-arrêt est exécutée, je pense que c'est l'article 650
du Code de procédure civile qui dit que l'employeur ne peut pas prendre
de sanction contre l'employé en question...
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: ... mais on sait que malgré ça, il y
en a. Est-ce que le ministre n'envisage pas de trouver un moyen d'essayer de
resserrer un peu la loi concernant ce problème et faire en sorte que,
véritablement, les employeurs ne harcèlent plus les
employés qui ont des saisies-arrêts sur leur salaire?
M. Bédard: C'est évident que cela arrive,
même si, comme le dit le député de Nicolet-Yamaska, il ne
devrait pas y avoir de sanction prise par l'employeur. Concernant cet argument
voulant qu'un débiteur risque fort de perdre son emploi à cause
de tout ce que ça représente de désagrément, une
saisie-arrêt, l'information qu'on a de la Direction
générale des greffes, c'est que les débiteurs ne se
plaignaient pas, se plaignent de moins en moins ou ne se plaignent pas de la
possibilité de perdre leur emploi et ne l'invoquent pas.
Maintenant, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas, mais
en 1969 il y a un amendement au Code de procédure civile qui a
été introduit, interdisant dorénavant à
l'employeur, sous peine de dommages et intérêts, de
congédier ou de suspendre l'employé pour ce seul motif. S'il y a
congédiement ou suspension de l'employé, il incombe à
l'employeur de prouver que c'est pour une autre cause juste et suffisante.
A la connaissance des autorités du ministère, aucune
poursuite n'aurait été prise en vertu de cet article.
M. Fontaine: C'est parce que les employeurs se trouvent un autre
motif que celui-là.
M. Bédard: Oui, sauf que si c'est véritablement le
cas, à ce moment-là, il a le fardeau de la preuve si
l'employé dont le salaire est saisi croit véritablement que c'est
à cause de la saisie qu'il a perdu son travail. Il y a un recours
prévu par la loi et il y a un fardeau de la preuve qui est sur le dos de
l'employeur. Si c'était le cas, j'imagine... Cela ne veut pas dire qu'il
n'arrive pas de cas, comme le souligne le député de
Nicolet-Yamaska, parce que ce ne sont pas tous les employés qui sont au
courant de leurs droits dans ce domaine.
Mais pour le moment, ce sont les informations que nous avons.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 8.
M. Bédard: C'est un déplacement d'article pour
garder la logique.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 9.
M. Bédard: Article 9, l'article actuel prévoit que
la distribution des deniers aux créanciers doit se faire au moins...
M. Fontaine: L'autre article que nous venons d'adopter...
M. Bédard: Précédent?
M. Fontaine: ... oui, dans le Code de procédure actuel,
c'est 641.1, 641a n'existe pas.
M. Bédard: On me dit que ce sont des problèmes de
refonte. Il n'y aura pas de problème, tel que libellé.
Le Président (M. Lacoste): Article 9.
M. Bédard: L'article prévoit que la distribution
des deniers au créancier doit se faire au moins tous les trois mois. Ce
délai est cependant très long pour le créancier
alimentaire. C'est pourquoi, dans ce dernier cas, la distribution devra se
faire au moins tous les mois.
L'amendement a également pour but de préciser que le
protonotaire distribue au seul créancier alimentaire la
différence entre la somme saisie, conformément au dernier
alinéa de l'article 553, soit 50% des revenus bruts du débiteur,
et la somme normalement saisissable, soit 30% de ses revenus.
Enfin, l'article assure au créancier le droit d'être
payé de préférence aux autres créanciers pour au
moins la moitié des sommes saisies.
Je ne sais pas s'il y a lieu de suspendre cet article par rapport au
problème qu'on avait évoqué tout à l'heure.
M. Lalande: En même temps, je pense qu'il y aurait lieu de
se pencher sur le besoin qu'on explique peut-être de façon un peu
plus claire, si le but que vous recherchez est de privilégier la
différence entre les 30% qui pourraient être une créance
ordinaire et les 50% de la créance alimentaire. Je pense que cela
n'apparaît pas clairement à l'intérieur de l'article.
Est-ce que c'est cette différence que vous voulez privilégier ou
si c'est toute la créance de 50% que vous voulez privilégier?
Il y a divers créanciers qui sont là et, à
l'intérieur, il y a un créancier alimentaire. Ce créancier
alimentaire, est-ce qu'il sera colloque pour ses 50% avant tout le monde ou
sera-t-il colloqué au même niveau que tout le monde, dans un
premier plan, et sera-t-il privilégié pour la différence
entre ces 30% et ces 50%, soit pour 20%?
M. Bédard: Ce n'est pas exactement un privilège. Ce
qu'on a voulu éclaircir, c'est le fait que la différence entre
les 50% que l'on saisit et les 30% que l'on saisit entièrement, est
payée exclusivement au créancier alimentaire, ce qui était
une règle qu'on ne fait que codifier.
La deuxième chose qu'on fait, c'est de dire que, dans les fameux
30% qui sont attribuables à la masse des créanciers, on va donner
quand même une certaine préférence ou priorité au
créancier alimentaire qui va aller chercher là-dedans
jusqu'à concurrence de la moitié des 30%, pour sa pension, mais
jusqu'à concurrence du montant de sa pension.
M. Lalande: Ce n'est pas clair. En d'autres mots, si je
comprends, le mari serait saisi jusqu'à 50% de son revenu brut, parce
qu'il a parmi ses créanciers un créancier alimentaire, sa femme,
par exemple.
Ces 50% que l'on saisit ne seront pas distribués au marc la
livre, au marc le dollar ou au prorata à tous les créanciers. Il
sera distribué, pour les règles de saisissabilité, encore
une fois, qui est de 30%. Mais pour ce qui est de la différence de 20%,
ce sera seulement le créancier alimentaire qui sera admis à
colloquer pour cela. Mais cela n'est pas clair.
Il faudrait peut-être regarder, avec ces indications...
M. Bédard: On a dit qu'on le gardait en suspens. Si vous
avez une formulation qui pourrait nous éclairer, je vous souhaite bonne
chance.
M. Lalande: Oui, en suspens. Il faudrait peut-être analyser
cela en même temps. On regardera cela.
Le Président (M. Lacoste): L'article 9 est suspendu.
Article 10. Vous aviez un amendement, M. le ministre.
M. Forget: Est-ce qu'on les approuve paragraphe par paragraphe,
M. le Président, parce qu'il y a dix paragraphes?
Section IV.1
De la saisie-exécution mobilière par le
protonotaire
Le Président (M. Lacoste): Nous allons procéder
paragraphe par paragraphe. J'appelle le paragraphe 659.1 auparavant.
M. Bédard: Cet article énonce le principe en vertu
duquel un créancier alimentaire peut, s'il le désire, demander au
protonotaire de procéder en sa faveur à l'exécution
forcée du jugement lui accordant une pension. Dans ce cas,
l'exécution sur les biens meubles du débiteur se fait suivant les
règles normales de saisie prévues au Code de procédure
civile, à l'exception de celles fixées par la nouvelle section
qui concernent principalement la saisie-arrêt de traitement. Je ne pense
pas que cela pose de problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 659.1 est
adopté? M. le député de Maisonneuve.
M. Lalande: Est-ce que je dois comprendre, pour ce qui est de la
totalité de l'article 10, qu'on vise à saisir, à
exécuter les biens immobiliers aussi, à l'intérieur de
cela?
M. Bédard: C'est seulement lorsque les biens...
Cela va être à l'article 11.
M. Lalande: C'est à l'article 11 seulement qu'on va parler
des...
M. Bédard: ... des biens immobiliers, oui.
M. Lalande: D'accord, je reviendrai à ce
moment-là.
M. Bédard: Lorsque les biens meubles sont
épuisés.
Le Président (M. Lacoste): Article 659.1,
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 659.2,
l'amendement.
M. Bédard: A l'article 10, à 659.2, on propose de
modifier le paragraphe b) comme suit: 1) A la première ligne, remplacer
le mot "débiteur" par ceci: "débiteur et, s'ils sont connus,"; 2)
biffer, à la troisième ligne, les mots "s'ils sont connus".
M. Forget: Excellent! C'est une notable
amélioration...
M. Bédard: Oui, cela pouvait prêter à
confusion.
M. Forget: ... parce que cela démontre très
clairement ce qu'il suffit de faire dans l'affidavit qui accompagne la copie du
jugement.
M. Bédard: Cela indique vraiment l'intention que nous
avions.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
Article 659.2, adopté, tel qu'amendé? Adopté, tel
qu'amendé. Article 659.3.
Une Voix: Adoté.
M. Bédard: Article 659.3. Cet article prévoit que
le protonotaire du district où le jugement a été rendu ou
celui du district de la résidence du créancier, selon l'endroit
où la demande a été faite, agit comme saisisseur pour le
créancier, comme le fait le greffier de la Cour provinciale en
matière de petites créances. Il peut dès lors
procéder à l'émission du bref de saisie. Il pourra
également agir dans toute procédure visant à favoriser
l'exécution du jugement et prendre, par exemple, une requête en
vertu de l'article 546.1.
Le deuxième alinéa vise le cas des jugements
étrangers accordant une pension alimentaire. En effet, certains de ces
jugements peuvent être rendus exécutoires au Québec en
vertu de la Loi sur l'exécution réciproque d'ordonnances
alimentaires, moyennant dépôt auprès du protonotaire du
district de la résidence du débiteur ou, si l'adresse de ce
dernier est inconnue, au protonotaire du district de Québec d'une copie
de ce jugement. Dans ces cas, le jugement ayant été
rendu à l'étranger, on peut confier au protonotaire du
district où il a été rendu le rôle de saisissant. On
confie donc ce rôle au protonotaire du district où il a
été enregistré.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on est ici en face d'une
relation de mandat. Le protonotaire se trouve le mandataire légal du
créancier. Est-ce que les règles habituelles du mandat, la
révocabilité en tout temps, par exemple, s'appliquent dans ce
cas-là ou est-ce que les dispositions sont d'ordre public? Supposons
qu'un créancier ou qu'une créancière est insatisfait de la
façon que le protonotaire s'acquitte de sa tâche. Peut-il la lui
retirer? Comment, à ce moment-là, peut-il lui retirer cette
responsabilité? Il peut aller trouver un avocat de la pratique
privée pour lui dire: Occupez-vous-en. Il y a des délais. Il y a
une grève dans la fonction publique, Dieu sait quoi. On a vu cela. Des
grèves des professionnels arrivent, à un moment donné, et
il n'y a plus rien qui se fait. Peut-il reprendre sa cause?
M. Bédard: Oui, ce n'est pas exclusif.
M. Forget: Quelle est la procédure, à ce
moment-là? Il y a une procédure pour enclencher le
mécanisme, mais je n'ai pas vu de procédure pour le
désenclencher. Est-ce qu'il adresse une requête à la cour,
au protonotaire, ou un avis?
M. Marx: On peut suspendre. Si vous voulez travailler... Pour le
bien des...
M. Bédard: C'est agréable être dans
l'Opposition.
M. Marx: On ne nous a pas demandé de rédiger la
loi.
M. Bédard: Je vous vois sourire.
M. Forget: Ne soyez pas impatients! Les bonnes années vont
revenir!
M. Bédard: On va faire travailler un peu l'Opposition.
Quels sont les cas exacts que vous voulez viser par cela, parce qu'il est clair
que si une personne veut se désister, elle peut toujours le faire? (17 h
45)
M. Forget: La seule question, c'est comment.
M. Bédard: Par la procédure de désistement
normal.
M. Forget: Je ne sais pas. C'est un mandat légal, ce n'est
pas...
M. Bédard: Cela va de soi. C'est un mandat. La
procédure de désistement d'un mandat, c'est...
M. Lalande: Pourquoi ne pas indiquer que sur avis du
créancier, le protonotaire peut être relevé de son mandat?
Je veux simplement le dire de façon bien claire.
M. Bédard: Oui, mais bien clair! On pourrait
répéter toutes les lois. Dans chaque cas, on pourrait voter
toutes les lois, mais à partir du moment où nous
considérons le protonotaire comme un mandataire, cela implique
nécessairement qu'il a un mandat, qu'il est mandataire et que les
règles du mandat comme du désistement d'un mandat s'appliquent.
On n'est quand même pas pour répéter... C'est comme aux
petites créances, quand il décide de laisser tomber son
action.
M. Forget: Le mandat devient incorporé dans un geste
judiciaire ou quasi judiciaire. Il y a une requête appuyée par un
affidavit qui est produite au protonotaire. Le protonotaire, en acceptant le
mandat, se trouve à faire l'équivalent de poser un geste de
qualité judiciaire. Est-ce qu'il appartient à une personne de
droit privé simplement d'informer la cour que la procédure
entamée est nulle? Je peux bien comprendre que ce sont les règles
générales du mandat, sauf qu'on leur donne un caractère
d'officialité assez particulier.
M. Bédard: Les règles du désistement sont
ici, l'article 262 du Code de procédure civile: "Une partie peut se
désister de sa demande ou de son acte de procédure en tout
état de cause. Le désistement se fait par simple
déclaration signée de la partie elle-même ou de son
procureur, et présentée à l'audience ou produite au
greffe. Sauf s'il est fait à l'audience en présence de la partie
adverse, le désistement ne devient opposable à celle-ci que s'il
lui a été signifié. Le désistement remet les choses
dans l'état où elles auraient été si la demande
à laquelle il se rapporte n'avait pas été faite. Il
comporte l'obligation de payer les frais occasionnés par la demande qui
seront adjugés à la partie adverse, par le protonotaire, sur
inscription". Ce sont les règles du désistement normal.
M. Forget: M. le ministre, la réponse que vous me
formulez, je l'accepte, sauf qu'on dit que ça remet les choses dans
l'état ex ante. Supposons que le protonotaire commence la
procédure de saisie-arrêt et qu'il se déclenche une
grève dans la fonction publique ou un ralentissement de travail, etc.,
qui affecte le bureau du protonotaire. La créancière, qui a
besoin de ça pour vivre, va dire: Je vais m'en occuper moi-même,
dans les circonstances, ça va aller plus vite et, même s'il y a
des procédures, etc., ça va être plus commode. Sauf que si
la pénalité est de remettre toutes les choses en état, il
a pu y avoir des procédures amorcées et des choses de faites,
elle voudrait bénéficier de ce qui a été fait
jusqu'à maintenant.
Si elle révoque tout ça et se remet dans l'état
d'avant le moment de sa requête, elle va ramer contre le courant pendant
un certain temps pour se remettre au point où c'était
déjà rendu, mais où
ça ne peut pas procéder, parce qu'il y a un ralentissement
de travail. Cela peut être seulement ça. C'est peut-être le
remettre...
M. Bédard: Je comprends, mais j'essaie de voir quand
ça pourrait être profitable lorsque déjà, par
exemple, des procédures ont été enclenchées,
surtout lorsqu'on est rendu jusqu'à la saisie...
M. Forget: Supposons que ce n'est pas rendu au point où la
saisie est exécutoire...
M. Bédard: Quand on est rendu jusqu'à la saisie, je
pense qu'on se comprend.
M. Forget: Oui, mais s'il y a saisie, c'est saisi et là,
les paiements vont se faire.
M. Bédard: A ce moment-là, je ne vois pas en quoi
il y aurait avantage à se désister avant la saisie.
M. Forget: Supposons qu'on est encore à la recherche des
biens ou quelque chose de ce genre, on a un petit peu de données, mais
ce n'est pas encore exécutoire, il ne faudrait pas effacer tout
ça et l'obliger à recommencer à zéro. Il faudrait
qu'elle puisse bénéficier du travail...
M. Bédard: Oui, mais avant la saisie, si on a
réussi à retracer l'adresse...
M. Forget: Oui.
M. Bédard: ... le lieu de travail, etc. Comme c'est au
dossier, c'est son dossier. Elle en bénéficie
nécessairement.
M. Forget: C'est son dossier, oui. D'accord.
M. Lalande: Par exemple, si c'était les inspecteurs du
ministère qui allaient prendre possession, est-ce que la
créancière aurait le droit, en retirant le mandat au
protonotaire, d'aller vérifier à l'intérieur? Est-ce
qu'elle pourrait...
M. Bédard: Bien non...
M. Lalande: ... aller vérifier avec les inspecteurs, les
56 postes que vous avez mis à la disposition...
M. Bédard: Par l'article 546.
M. Forget: Elle peut les convoquer et les faire
témoigner.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalande: Vous avez parlé du processus de
déclenchement, je voudrais parler du processus qui enclenche. Quelle
disposition de la loi nous amène à dire que le protonotaire peut
ordonner aux enquêteurs, aux inspecteurs du ministère de la
Justice de faire enquête sur la recherche à domicile, de tout ce
que vous voudrez, de revenu?
M. Bédard: Disons qu'il n'y a pas d'article
spécifique dans la loi. Cela va se faire du point de vue administratif?
Il y a un service de perception des pensions alimentaires au ministère
et, à partir du moment où il est informé de
procéder, il doit procéder à la recherche.
M. Lalande: II me semble que ce serait une garantie......dans
cette loi, je pense bien que...
M. Bédard: Non, je ne vous fais pas reproche. Je pense
que...
M. Lalande: Ce qu'on veut, c'est qu'on la veut la plus simple
possible, je pense, pour permettre aux créancières, de faire
exécuter sans trop de complications, un jugement accordant une pension
alimentaire. C'est pour ça qu'il serait peut-être utile, dans
certains cas, de répéter certains articles pour essayer d'en
faire globalement une petite loi qui serait facile à comprendre pour les
créancières, parce que, dans certains cas, elles seraient
amenées à agir seule. Pourquoi ne pas lui...
M. Bédard: J'ai la même préoccupation que
vous...
M. Lalande: ... permettre de...
M. Bédard: ... mais je pense qu'en termes de technique
administrative, malgré tout le désir qu'on peut avoir, le
député de Maisonneuve comprendra qu'on ne peut pas
répéter ce qui...
M. Lalande: C'est parce que vous mettez le fardeau sur les
épaules du protonotaire, d'exécuter ça. Si lui n'est pas
capable juridiquement de se retourner de côté et de dire: Les 56
postes ou les vérificateurs ou les enquêteurs du
ministère... Comment pouvez-vous lui demander de rendre compte de
ceci?
M. Bédard: Le protonotaire ce n'est pas l'individu le
moins informé au niveau du processus judiciaire.
M. Lalande: Je ne veux pas vous répéter ce que je
dis toutjours, mais ça me fait tressaillir quand on demande au premier
officier de justice de la Cour supérieure d'agir comme un officier
mandataire du ministère de la Justice pour exécuter... C'est un
peu énervant, encore une fois, dans le contexte actuel et dans...
M. Bédard: Vous avez bien fait de quitter au bon
moment.
M. Lalande: Remarquez que je suis peut-être un peu plus
sensible que d'autres à ce point de vue là, mais je ne veux pas y
revenir, je pense que mon message, vous l'avez compris là-dessus.
M. Bédard: Oui, j'ai entendu votre message.
M. Lalande: On trouve que la division n'est pas assez claire
entre les deux, mais, encore une
fois, si on lui confie la responsabilité de l'exécution,
il me semble que ce serait important de lui donner les pouvoirs juridiques
d'intervenir et spécifiquement ordonner une enquête, enclencher le
processus véritable. Il me semble que ce n'est pas compliqué dans
le fond, c'est simplement de l'ajouter dans la loi.
M. Bédard: Non, je sais que ce n'est pas compliqué,
mais c'est du point de vue administratif que cela va se faire et normalement le
protonotaire...
M. Lalande: Mais si les enquêteurs ne fonctionnent pas pour
une raison ou pour une autre, parce qu'il y a des réductions... Ce que
je suis en train de penser c'est que s'il y avait des coupures de personnel...
Je ne présume pas de votre mauvaise foi, loin de là...
M. Bédard: Non, au contraire, à ce moment-là
il faudrait prévoir... Je pense que le député de
Maisonneuve verse encore dans le cas le plus sombre. S'il y avait
défaut, etc.; il faudrait commencer à prévoir des
pénalités, des ci, des ça, des recours, on n'en finirait
plus. C'est du point de vue administratif que l'application de la loi va se
faire. Il ne faut pas trop non plus judiciariser même l'administration.
On peut arriver à l'effet contraire que poursuivent le
député de Maisonneuve et moi-même et tous les membres de la
commission, d'alléger le plus possible le texte de loi.
M. Lalande: M. le ministre, vous savez comme moi que plusieurs
groupes de pression se sont exprimés là-dessus et c'est aussi une
préoccupation pour nous autres de l'Opposition. Vous l'avez
corrigée en partie avec les annexes que vous avez déposées
concernant les postes additionnels qui accompagneraient cette loi-là de
façon administrative.
La préoccupation de plusieurs groupes de pression comme le
nôtre, c'était de dire que le protonotaire n'a pas
véritablement ce qu'il faut entre les mains, n'a pas
véritablement toutes les armes qu'il faut pour exécuter et mener
à bonne fin son travail à l'heure actuelle parce qu'il n'a pas de
service d'enquête, etc., etc.
Je comprends que vous dites: On va en donner, il y a 50 ou 60 postes qui
seront autour de ça, de gens qui vont aider le protonotaire dans
l'exécution de sa tâche. Je comprends bien que demain matin
ça devrait normalement fonctionner assez bien. Je vous demande tout
simplement de rassurer tous ces gens qui ont valablement, je pense, fait valoir
leur point de vue puisque vous en avez tenu compte, en ajoutant des postes
additionnels là-dessus, mais je me demande pourquoi vous ne voudriez pas
vous lier un peu plus et non seulement dire que le protonotaire pourra
bénéficier de support administratif, mais lui donner un certain
pouvoir de le faire, un peu comme on le fait à la Cour supérieure
dans les expertises psycho-sociales. Dans cet ordre-là, on dit au juge
qu'il peut ordonner, si les parties y consentent, une expertise psycho-sociale.
Donc, on concrétise dans la loi une application qui est assez similaire
à cela, le fait qu'on puisse faire une enquête psychosociale et
faire rapport devant le juge. Pourquoi ne donnons-nous pas cette façon
de procéder au protonotaire qui pourrait saisir les enquêteurs du
ministère et les obliger à faire rapport juridiquement? Ce n'est
pas des chinoiseries. C'est très clair; ça permet, je pense, une
compréhension meilleure et ça répondrait davantage aux
revendications des groupes de pression qui ont été
préoccupés valablement par ce problème puisque vous en
avez tenu compte.
M. Bédard: D'accord. J'ai tenu compte de beaucoup de
points, presque la totalité des points sauf, naturellement, ce sur quoi
tout le monde a des réserves, mais, honnêtement, je dois dire que
tous les groupes que j'ai rencontrés ne sont pas allés
jusqu'à faire des représentations sur le point précis dont
parle le député de Maisonneuve. On est dans la haute technique et
ça me surprendrait même que des groupes, quels qu'ils soient,
aillent jusqu'à ce degré spécialisé. Je pense que
le député de Maisonneuve peut le faire à cause,
peut-être, d'une certaine expérience au niveau des greffes, mais
il ne faudrait pas en mettre plus qu'il n'y en a, de pression. Du point de vue
administratif nous pensons qu'avec le personnel déjà en place il
faut que ça fonctionne durant les quatre ou cinq mois qu'on va avoir
à notre disposition pour mettre bien en place tous les mécanismes
pour une mise en vigueur efficace de la loi... C'est du point de vue
administratif qu'il faut régler ces problèmes-là.
M. Lalande: Vous savez, M. le ministre, en ce qui a trait,
justement, encore une fois, aux services d'expertise psycho-sociale, pourquoi
a-t-on cru bon, à ce moment-là, de le mettre à
l'intérieur de la loi et de permettre au juge, avec le consentement des
parties si elles le demandent, d'ordonner une enquête psycho-sociale et
de demander de faire rapport. C'est général à peu
près dans toutes les lois où on donne des services au pouvoir
judiciaire pour faire le travail. Je me sentirais beaucoup plus rassuré
si on allait jusque-là. Ce n'est pas simplementa administratif, c'est
une confirmation du sérieux de la loi. C'est un précédent.
Si c'était tout à fait nouveau et si ça fonctionnait
très bien... mais on sait pertinemment que dans bien des cas, les juges
doivent justement intervenir de leur autorité pour forcer certains
praticiens ou praticiennes du service d'expertise psycho-sociale à
donner des rapports en temps et avoir un certain pouvoir coercitif
là-dessus.
Dans le moment, les enquêteurs du ministère pourraient
très bien décider de ne pas travailler dans ces conditions, on
pourrait leur retirer des effectifs et le protonotaire n'aurait aucun pouvoir,
le pouvoir judiciaire n'aurait aucun pouvoir d'assigner ces gens à
remettre leur rapport en temps et lieu. Parce que ça aussi, ce n'est pas
prévu, ils vont faire enquête, mais quand vont-ils remettre le
rapport? C'est pourquoi je demande s'il n'y aurait
pas lieu de l'indiquer, on pourrait peut-être le suspendre et y
penser aussi, encore une fois, jusqu'à 20 heures.
M. Forget: Sur le même sujet, M. le Président,
très brièvement...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Bédard: ... représentations sur ce sujet, il est
18 heures dans quelques minutes, on va avoir l'occasion d'y revenir.
M. Forget: Sur le même sujet, mon collègue fait
allusion à des délais, à l'incapacité ou à
l'impuissance juridique du protonotaire, de donner suite à toutes ses
obligations, à toutes celles que la loi lui impose, y compris celle de
retrouver le débiteur. Le problème va se poser dans un autre
prolongement du même problème, au moment de déterminer la
responsabilité de l'administration publique ou du protonotaire, face aux
créanciers, d'obligation alimentaire, si les délais qui
pourraient être jugés excessifs dans l'exécution de son
obligation fait qu'une certaine partie de la créance devient
irrécupérable.
On peut imaginer qu'un débiteur qui a tout juste les revenus
suffisants pour satisfaire un minimum vital on revient à la
question de tantôt de payer au jour le jour, en quelque sorte, la
pension alimentaire, si on le laisse filer pendant trois ou quatre mois de
plus, on ne pourra jamais recouvrer les arrérages, parce que fatalement,
s'il doit payer de façon courante et continuer à vivre
lui-même, ça épuise ses capacités
financières. (18 heures)
Dans la mesure ou il y a un retard, est-ce que certains
créanciers ne pourraient pas revenir contre le ministre de la Justice,
ou le protonotaire, à supposer qu'il y ait une distinction entre les
deux, pour réclamer le paiement des sommes qui auraient dû
être perçues mais qui ne l'ont pas été à
cause d'un retard. Il y avait peut-être une surcharge administrative, il
y avait toutes sortes de choses.
Mais jusqu'à quel point y a-t-il une responsabilité
gouvernementale dans la perception des pensions alimentaires?
M. Bédard: Comme le mandat le stipule. La
possibilité d'avoir un recours contre le ministre de la Justice ou
contre l'administration n'est pas écartée. Mais il faudrait qu'on
prouve qu'il a agi manifestement avec un manque de vigilance coupable.
M. Forget: Ce n'est peut-être pas impossible de faire cette
preuve.
M. Bédard: Non. On ne présumera pas d'avance.
M. Forget: Donc, il y a effectivement une responsabilité
du ministre de la Justice qui est lié par le nouveau régime.
Est-ce qu'il ne serait pas prudent, dans l'intérêt même du
ministre de la Justice, étant donné qu'il est responsable du
paiement, d'une certaine façon, des pensions alimentaires, de donner
tous les moyens pour que le protonotaire soit efficace? C'est pour cela que
cela se rattachait aux propos.
M. Bédard: C'était très approprié
comme représentation. Je vais me permettre de
réfléchir.
Le Président (M. Lacoste): II est maintenant dix-huit
heures. Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à ce soir, vingt
heures.
Suspension à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons les travaux de la commission permanente de la justice
pour l'étude ,du projet de loi no 183. Au moment de la suspension de nos
travaux, nous en étions à l'article 10, paragraphe 659.3. M. le
ministre.
M. Bédard: Deux secondes! Le Président (M.
Lacoste): M. le ministre. Articles suspendus
M. Bédard: A l'article 4 concernant certaines questions
qu'on se posait par rapport à l'impôt sur le revenu, nous avons
communiqué avec les responsables du ministère du Revenu. Ils nous
disent que, présentement, ils ont à l'étude la mise en
place cela ne prend pas de législation pour cela de
formules qui permettraient justement à celui qui paie l'impôt de
pouvoir déduire son impôt plus rapidement que cela ne se fait
présentement, à savoir seulement à la fin d'une
année, ce qui amène les problèmes qui étaient
soulevés par le député de Saint-Laurent.
M. Forget: En permettant de refléter cela dans les
prélèvements à la source.
M. Bédard: C'est cela...
Le Président (M. Lacoste): Revenons à l'article
4.
M. Bédard: ... ce qui nous permettrait de garder l'article
tel qu'il est, en espérant peut-être que, tant du
côté de l'Opposition que du nôtre pour ce qui me
regarde, j'ai la préoccupation de voir à ce que cela aboutisse
vraiment nous avons la même préoccupation.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Forget: Je pourrais faire seulement une suggestion...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... puisque nous avions promis de regarder aussi
quelles suggestions pourraient être faites. Dans le contexte de l'article
553 du Code de procédure civile, ma remarque s'applique au paragraphe 9,
je pense, qui dit qu'il y a un minimum insaisissable. Je crois qu'on pourrait
ce n'est peut-être pas urgent, mais cela pourrait bien se faire
maintenant ou cela pourrait se faire dans un autre contexte facilement
établir une concordance entre ce minimum insaisissable et la loi de
l'aide sociale. Je pense que cela permettrait, sans modification
législative, au cours des années, d'ajuster le minimum
insaisissable à ce que la société, par ses prestations
d'aide sociale, considère comme le minimum vital. C'était
l'intention du législateur au moment de l'adoption du Code de
procédure civile.
Je me suis amusé à préparer une rédaction.
On pourrait faire exception là-dedans des sommes qui correspondent aux
barèmes d'aide sociale pour les charges familiales subséquentes
au jugement donnant ouverture à la première pension alimentaire,
de manière à ne pas donner une échappatoire automatique
à l'obligation alimentaire. Cela se fait en un paragraphe, ce n'est pas
tellement compliqué, mais je ne veux pas non plus, d'un autre
côté, prendre le temps de l'assemblée. Je signale tout
simplement au ministre qu'il est possible de remplacer le paragraphe par un
paragraphe beaucoup plus élégant qui fait la concordance et qui
réglerait le problème une fois pour toutes.
C'est le paragraphe 9, dans l'ancienne numérotation. Excusez-moi,
c'est parce que j'ai des indications qui... C'est ce paragraphe qui dit que les
traitements, salaires et gages brutes pour les sept dixièmes de ce qui
excède une première portion elle-même insaisissable...
Autrement dit, ce que ce paragraphe dit, c'est que, même si les salaires,
etc., sont saisissables, il y a une partie qui n'est pas saisissable. Cette
partie qui n'est pas saisissable comprend un montant de base de $60 par
semaine, plus $10 par semaine pour chaque personne à charge, à
compter de la troisième, ou $40 pour une personne seule. Ces $60 et $40
sont, dans le fond, inspirés par une certaine notion d'un minimum vital.
C'est fixe dans la loi. C'est établi une fois pour toutes, mais cela
laisse aussi ouverte la possibilité qu'un débiteur d'une pension
alimentaire acquière des obligations nouvelles et ajoute, dans le fond,
à la partie insaisissable de son salaire.
Il y a une possibilité de concordance avec les barèmes
d'aide sociale qui permettrait d'éviter à la fois ie fait que ce
sont des montants fixes et cette espèce d'échappatoire
indirecte.
M. Bédard: Je pourrais étudier l'affaire avec mon
collègue des Affaires sociales.
M. Forget: Sûrement. Disons qu'on va se limiter à
cette suggestion, pour l'instant.
M. Bédard: Nous prenons bonne note de la suggestion faite
par le député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: II y avait aussi une demande qui avait
été faite par le député de Maisonneuve...
Le Président (M. Lacoste): A l'article 9?
M. Bédard: ... qui avait la préoccupation de faire
en sorte que les deux fonctions soient distinctes ou distinguées entre
protonotaire et agent de perception ou percepteur. Nous n'avons pas d'objection
à aller dans ce sens-là.
En fait, on se trouverait à distinguer, à
l'intérieur du processus de perception des pensions alimentaires qui est
prévu là, une étape qui serait celle du protonotaire,
c'est-à-dire son rôle usuel, qui commencerait à
l'émission du bref de saisie et les choses neutres, son rôle
d'officier de justice et des fonctions préalables à ça,
pour faire procéder ou entraîner le processus d'exécution
qui serait confié à un autre fonctionnaire qui, lui, serait un
percepteur des pensions alimentaires; ceci entraînerait certaines
modifications à l'article 659.1.
Il se pourrait que, dans certains districts, tout en
différenciant les deux chapeaux et les fonctions, ce soit le même
titulaire, quand on parle... Ce ne serait définitivement pas le cas dans
les gros districts judiciaires, mais dans les districts moins populeux...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: En tout cas, je suis heureux de constater que le
ministre a daigné penser à ça, parce que, finalement,
l'esprit même de cette distinction, je pense, est qu'il faut de plus en
plus imposer entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif...
M. Bédard: J'aimerais poser la question à savoir si
c'est mieux "agent de perception" que "percepteur". Je crois que c'est mieux
"percepteur", parce que...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, à
l'article 9...
M. Bédard: On fera les changements qui s'imposent. On est
rendu là déjà. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 9, qui était
suspendu...
M. Bédard: A l'article 9, il y a vraiment un effort qui a
été fait par nos légistes pour voir s'il n'y aurait pas
une autre formulation. C'est presque un roman-fleuve, on le voit, mais il y a
tellement d'étapes qui sont très bien spécifiées
qu'on n'a pas trouvé d'autre moyen. Il arrive que c'est difficile
d'être clair autant qu'on le voudrait, mais on n'a pas trouvé
d'autre moyen d'être plus clair que la présente formulation de
l'article 9. Sauf à mettre des points...
Il y a une étape qui est exclusive, qui est celle de 50% à
30%, mais dans l'autre, on veut quand même préserver les trois
éléments suivants. Elle peut être colloquée pour sa
part habituelle, qui est une variable, mais ce qu'on veut garantir, c'est que,
dans tous les montants qui sont déposés dans la saisie chaque
mois, elle ait au moins la moitié jusqu'à concurrence de sa
créance.
En raison du nombre de créanciers qui viennent à la
réclamation, elle peut quand même avoir plus, si sa part est plus
forte dans les 30%. C'est tout ce cheminement-là qui est...
M. Lalande: Je comprends très bien que ceci est aussi
conforme à la jurisprudence qui se dégage de plus en plus de ce
que les tribunaux interprètent et je pense que, dans ces
conditions-là, à défaut d'une autre rédaction, en
rester là n'est pas toujours très facile. On sait que le
métier de légiste n'est pas facile, dans certains cas.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Nous revenons
à l'article 10, au paragraphe 659.3.
"De la saisie-exécution mobilière...
(suite)
M. Bédard: Nous aurions une première modification
du titre qui sera remplacé le titre de la "Section IV.1
par le suivant: "De la saisie-exécution mobilière pour le
paiement des pensions alimentaires".
Le Président (M. Lacoste): Pour le paiement des pensions
alimentaires.
M. Bédard: C'est ça. Au paragraphe 659.1, nous
aurions un amendement à l'effet de le remplacer par le suivant:"...
Le Président (M. Lacoste): Un instant, M. le ministre.
Cela est adopté. Proposition pour ouvrir le paragraphe 659, qui avait
été adopté, pour ouvrir le paragraphe 659.1. D'accord?
M. Bédard: C'est ça. Il se lirait comme suit:
"659.1. Sur demande du créancier d'un jugement qui accorde une pension
alimentaire, un percepteur des pensions alimentaires nommé par le
ministre de la Justice fait procéder à l'exécution
forcée du jugement sur les biens meubles du débiteur." (20 h
30)
Le Président (M. Lacoste): Qui va devenir un nouveau
paragraphe. Est-ce que le nouveau paragraphe 659.1 est adopté?
M. Forget: Adopté. (20 h 30)
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Il va y en avoir
un autre.
M. Bédard: Si vous permettez, M. le Président, et
nous donnez quelques instants, l'amendement 659.2 aurait pour effet de
remplacer dans l'article 659.2, à la troisième ligne, les mots
"au protonotaire du" par les mots "au percepteur des pensions alimentaires dans
le district" et d'inclure dans la quatrième ligne après le mot
"celui" les mots "du district".
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Rouvrir le paragraphe
659.2 qui avait été amendé déjà et remplacer
à l'article 659.2, à la troisième ligne, les mots "au
protonotaire du" par les mots "au percepteur des pensions alimentaires dans le
district" et inclure dans la quatrième ligne après le mot "celui"
les mots "du district". Adopté?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Donc, le paragraphe 659.2 est
adopté tel qu'amendé. Paragraphe 659.3.
M. Bédard: Nous avons donné les explications, cela
concerne les jugements étrangers, justifications, etc.
M. Lalande: Simplement, M. le ministre, ça s'appelle bien
aussi à 159.3, le processus qui amènerait le service de
perception, les percepteurs, les effectifs que vous allez mettre à leur
disposition pour faire enquête, les enquêteurs, c'est
peut-être bien important de pouvoir les amener...
M. Bédard: Vraiment, c'est...
M. Lalande: ... à rendre compte... Si on demande à
cet agent percepteur ou au protonotaire de leur faire apporter une certaine
diligence aux dossiers pour qu'ils puissent fonctionner, parce que là,
s'il n'a pas le pouvoir de dire: Ecoutez, je vous donne un délai pour
apporter toute l'expertise, les recherches que vous avez pu faire
là-dessus, pour que je puisse continuer mon dossier, ce ne serait pas
coercitif, ce serait seulement administratif. Les gens peuvent traîner,
on a de la misère à les retrouver, ça va prendre un an, on
ne pourra jamais fermer le dossier. Cela va traîner, rester ouvert, ad
vitam aeternam.
M. Bédard: La difficulté de lui donner... Si le
percepteur a des problèmes du point de vue administratif, il va aller
voir le protonotaire, et nous avons des réticences à donner
à un fonctionnaire des pouvoirs un peu par rapport à ce qui
l'entoure.
M. Lalande: ... dans l'esprit.
M. Bédard: Cela va faire un peu deux genres de relations.
Il y a le ministre, qui est chargé de l'administration de la loi,
naturellement. S'il y a des problèmes, c'est à lui à voir,
du point de vue administratif, à ce que la loi soit efficace et nous
préférerions... Je ne dis pas que la suggestion du
député de Maisonneuve n'est pas valable en soi, loin de
là, mais nous préférons que le tout demeure
administratif.
M. Lalande: Mais vous êtes bien conscient quand même
qu'il y a une tradition au niveau d'un dossier judiciaire. Je ne dis pas
d'être coercitif, de donner des pouvoirs, par exemple, sûrement pas
d'amener de force l'examinateur, parce qu'il n'a pas fait son travail dans les
délais d'amener, au niveau de la loi, le fait de permettre au
protonotaire de dire: A défaut, dans les délais de 10 jours qui
sont... sans que ce soit complètement coercitif, sans le forcer par un
caractère punitif, mais au moins de permettre à l'officier de
justice, dans le dossier judiciaire, de pouvoir dire: On a fait tout ce qu'il
fallait faire, le rapport est entré, on n'a pas trouvé, moi, je
peux procéder. Il s'agit simplement de clarifier.
Encore une fois, il faut toujours garder à l'esprit que c'est une
créancière alimenaire qui va arriver, une femme qui va dire:
Où est-ce que j'en suis rendue dans mon dossier? Est-ce qu'on m'a fait
rapport? Est-ce que les inspecteurs, les enquêteurs ont fait tout le
travail qu'ils avaient à faire? Quand doivent-ils ramener cela... Il
s'agit simplement de donner un peu plus de corps à cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que la soixantaine de postes qui ont
été approuvés par le Conseil du trésor pour la mise
en vigueur de cette loi ne sont pas attribués à la
responsabilité immédiate du percepteur dans chaque distict?
Est-ce qu'on ne lui donnera pas ces effectifs? Ou est-ce qu'on les garde dans
une espèce de réserve commune du ministère?
Ce serait très simple si le ministre nous disait: Ce sont les
préposés, ce sont les employés du percepteur. Mais si le
percepteur a des employés, il va les utiliser à titre
d'autorité hiérarchique sur ces gens-là. Mais si ce sont
des postes qui sont donnés au ministère de la Justice, à
Québec ou à Montréal, et que c'est une espèce de
réservoir commun auquel s'adresse le protonotaire, ou maintenant, le
percepteur des pensions alimentaires, il fait une réquisition de bons
services, il leur envoie le dossier, mais n'a pas d'autorité
administrative hiérarchique comme supérieur immédiat de
ces percepteurs, on va avoir les difficultés que souligne le
député de Maisonneuve. Si vous ne voulez pas le mettre dans la
loi, donnez-nous au moins une assurance qu'ils vont avoir l'autorité
hiérarchique immédiate. Cela aiderait.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Actuellement, c'est quand même
très administratif. On peut foncionner avec un service central au
ministère qui va coordonner un ensemble de recherches en collaboration
avec les percepteurs, qui sont des fonctionnaires régionaux.
On peut aussi envisager un jour ou l'autre d'avoir des services
rattachés directement auprès des percepteurs.
En général, il va y avoir une autorité
hiérarchique. Je référerais le pouvoir au niveau de...
M. Forget: C'est sûr, mais ce ne sera pas le même que
celui qui est responsable en vertu de la Loi pour favoriser la perception des
pensions alimentaires, si je comprends bien les explications qui viennent
d'être données. Effectivement, celui que la loi dit responsable
sera à la merci d'un service qu'il ne contrôle pas, parce que ce
n'est pas son service, ce ne sont pas ses employés.
M. Bédard: Ce sont des employés du ministère
de la Justice.
M. Forget: Oui, je comprends, mais en connaissant un peu les
grosses organisations privées ou publiques, il reste qu'il s'agit que ce
soient deux directions différentes ou deux services différents
pour que, à un moment donné, il y ait des gens qui arrêtent
de se parler. Cela arrive à tous les jours.
M. Bédard: Pour le moment, on pourrait peut-être le
laisser libre. Cela nous permettrait de nous ajuster au besoin et de voir au
niveau de l'application.
M. Lalande: Je ne comprends pas les réticences
véritables que vous pouvez avoir...
M. Bédard: Non, mais d'avance.
M. Lalande: ... à donner véritablement le pouvoir
à celui qui a la responsabilité de l'application de la
perception, de lui donner les outils qu'il puisse contrôler, pour le
juger justement à même les outils que vous lui avez donnés,
parce que là, encore une fois, on lui donne un service d'enquête,
mais qu'il ne contrôle en aucun point et qui serait laissé
à la bonne diligence de celui qui a à assumer la
responsabilité des enquêteurs, l'enquêteur-chef.
Or, il pourrait arriver des retards considérables dans la
production de ces rapports et, encore une fois, ce sera la
créancière qui aura à en faire les frais.
M. Bédard: Le service d'enquête du ministère
de la Justice ne fait pas que ces enquêtes, il y a bien d'autres
enquêtes. Alors, il faut se donner toute la souplesse possible.
Nous aurions un amendement, M. le Président, à l'article
659.3 dans le sens de remplacer
dans l'article 659.3, partout où ils se trouvent, les mots "le
protonotaire" par les mots "le percepteur des pensions alimentaires" pour
donner suite à ce que nous avons dit tout à l'heure.
Le Président (M. Lacoste): Adopté? M. Forget:
Sur division, pour le no 3.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté
et l'article 659.3 est adopté sur division. Article 659.4.
M. Bédard: Cet article permet au protonotaire
d'éviter les frais d'huissier et de procéder à la
signification des saisies-arrêts par la poste. On retrouve une
disposition semblable dans la loi des petites créances.
Le Président (M. Lacoste): Article 659.4,
adopté?
M. Bédard: Nous aurons un amendement. Ces articles, d'une
façon générale, introduisent une procédure en
matière de saisie-arrêt, soit celle de la suspension de la saisie.
Ainsi, ces articles permettent au débiteur, lorsque les arrérages
sont payés, de demander au protonotaire la suspension de la
saisie-arrêt, afin de payer lui-même directement au protonotaire
les versements de la pension à venir en fournissant des garanties
financières, morales ou autres, mais des garanties satisfaisantes de
paiement. Cette suspension vaut pour au moins six mois et au plus un an. C'est
le protonotaire qui, au moins une fois par mois, fait parvenir au
créancier même de la pension les montants qu'il a reçus du
débiteur. Si celui-ci fait défaut de payer ou si une
réclamation est déposée par un tiers au dossier de la
saisie-arrêt, celle-ci devient exécutoire et le protonotaire en
avise le tiers-saisi qui recommence à déposer. Le protonotaire
donne mainlevée de la saisie-arrêt lorsque le délai de
suspension est terminé, à moins que la saisie ne soit redevenue
exécutoire, auquel cas c'est la règle prévue au nouvel
article 641.1 qui s'applique.
Ces articles ont pour but de favoriser la prise en charge de la dette
par le débiteur lui-même. Ils permettent aussi au protonotaire
saisissant d'apprécier la volonté du débiteur de remplir
ses obligations, ce qui constitue un facteur important pour lui permettre
d'accorder ou non une mainlevée de la saisie. Enfin, ces articles
permettent au débiteur de dégager un employeur du paiement direct
des montants saisissables. Il fallait prévoir cet assouplissement qui
fait qu'à partir du moment où un débiteur de pension
alimentaire a fait les paiements, plutôt que de demeurer continuellement
sous le régime de la saisie...
M. Blank: Avec ces articles, le débiteur peut conclure une
entente avec le protonotaire pour la procédure. Si la femme veut avoir
une entente directe avec le mari, est-ce qu'elle a la possibilité de
retirer la saisie-arrêt?
M. Bédard: Elle a toujours la...
M. Blank: Non, c'est parce que c'est la procédure qui
prend...
M. Lalande: A la cinquième ligne, le mot "lui", que vous
utilisez, "si le débiteur offre de lui payer", par "lui", on entend bien
le protonotaire, à ce moment?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalande: Donc, cela continue toujours devant le
protonotaire?
M. Bédard: C'est cela. Le protonotaire fait les paiements
directement à la créancière ou au créancier...
M. Lalande: On revient au problème de désengagement
dont parlait le député de Saint-Laurent tout à l'heure,
avec la question du député de Saint-Louis. S'ils décident
de s'entendre tous les deux, qu'ils ne veulent plus passer par main de justice,
si je puis dire, par le protonotaire, est-ce qu'ils peuvent le faire?
M. Bédard: Par intermédiaire.
M. Lalande: Est-ce que la créancière ne pourrait
pas donner une mainlevée et décider de régler ce
problème à l'amiable avec son mari, avec son ex-mari?
M. Bédard: II faut que ce soit sanctionné par le
tribunal, parce que...
M. Blank: II y a une procédure ici. Il n'y a pas de
procédure dans ce bill pour donner acte à cette entente.
M. Lalande: Ils ne veulent pas l'arrangement.
M. Blank: Malgré que, si c'est sanctionné par les
tribunaux...
M. Bédard: On a prévu ici, dans les règles
générales de la saisie, à 641.1, une saisie qui demeure
tenante durant un an après le paiement complet des arrérages.
Pendant cette période de l'année et avant que la mainlevée
puisse être accordée, on prévoit la procédure de
suspension pour libérer le débiteur face à son employeur
ou un tiers-saisi.
M. Blank: On ne peut pas faire l'entente directement avec la
femme?
M. Bédard: Non, parce qu'on est toujours dans le dossier
de la saisie.
M. Blank: Oui, mais là, je ne suis pas d'accord. Du
côté juridique, c'est très bon, mais, du côté
social, si le mari...
M. Bédard: Je vais vous dire. On rejoint bien des
représentations qui nous ont été faites. J'en vois une qui
s'y connaît bien en la matière, Mme Dolman...
M. Blank: Oui, je comprends...
M. Bédard: II y a des ententes qui se font parfois sous le
poids de la pression...
M. Blank: M. le ministre, dans le cas du divorce,
peut-être, parce que le divorce, c'est final, mais dans le cas de la
séparation où c'est l'intention, l'espoir de la communauté
que ces personnes retournent vivre ensemble, qu'il y ait une
réconciliation, cela n'aide pas la réconciliation, une chose
comme cela.
M. Bédard: S'il y a réconciliation, tout tombe. Je
comprends que vous prétendez que cela n'aide pas beaucoup la
réconciliation?
M. Blank: Je vous pose la question. S'il y a une
réconciliation, il n'y a plus de séparation. Comment
arrête-t-on cela? Est-ce que le protonotaire va accepter cela? (20 h
45)
M. Bédard: II me semble que ça va de soi.
M. Blank: Oui, mais...
M. Bédard: Non, mais ça va de soi. A partir du
moment où les personnes se sont réconciliées, je ne vois
pas comment le protonotaire peut avoir encore quelque chose à faire
là-dedans.
M. Fontaine: De toute façon, le jugement ne devient plus
exécutoire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président...
M. Bédard: II n'y a plus d'objet d'exécution.
M. Forget: ... le protonotaire, c'est bien le protonotaire dans
659.5...
M. Bédard: Dans le sens de percepteur...
M. Forget: Ce n'est pas le percepteur, c'est le protonotaire.
M. Bédard: Non, c'est dans le sens du vrai protonotaire,
oui.
M. Forget: Si je comprends bien, cet accord que donne le
protonotaire à une demande du débiteur de suspendre la
saisie-arrêt, c'est un acte de caractère judiciaire. Comment
va-t-on pouvoir se situer si, accordant la suspension de la saisie-arrêt,
à partir d'une garantie qui, selon le ministre, peut être une
garantie morale, c'est-à-dire une promesse solennelle de payer
régulièrement dé- sormais... Vous avez affaire à
quelqu'un qui a l'air bien honnête et bien repentant, etc.; il dit: M. le
protonotaire, je vous promets de payer régulièrement, etc. Il
semble que ça, ça satisfait la notion de garantie morale. Il dit:
II n'y a peut-être pas d'histoire, de toute façon, de
difficultés prolongées. Il y a eu un incident, il y a eu des
arrérages, etc., l'explication semble parfaite et les arrérages
sont payés. Là, il far une promesse.
Le protonotaire, je comprends bien, peut décider, en quelque
sorte, ex parte, de suspendre l'exécution de la saisie-arrêt. A
supposer que cette décision soit suivie d'un défaut de paiement
et que le débiteur échappe à ses obligations, quelle est
la situation juridique de la créancière face au protonotaire?
Est-ce qu'elle peut se plaindre en Cour supérieure que le protonotaire a
pris une décision de nature judiciaire sans l'entendre, sans même
la consulter, et a disposé de ses droits, dans le fond, sans
consultation, sans possibilité de se faire entendre, ou est-ce qu'il
s'agirait plutôt d'une discrétion administrative qui permettrait
justement à l'officier en question de dire: La loi me donne cette
discrétion et je peux la prendre sans nécessairement entendre
tout le monde? Quelle genre de décision est-ce?
M. Bédard: D'abord, s'il y a défaut, on sait que la
saisie va redevenir effective ipso facto. Alors, le préjudice peut
difficilement être grave et c'est une décision plutôt de
caractère judiciaire qui peut peut-être faire l'objet de
révision par le juge de la Cour supérieure. Mais il est
évident que, comme, dans toutes ces situations, il faut quand même
prouver la mauvaise foi de la part du protonotaire... Mais, au niveau du
préjudice, il ne peut pas faire autrement qu'être presque
inexistant, puisque la saisie redevient tenante tout de suite.
M. Forget: Oui et non, en ce sens que si le débiteur n'a
pas changé de situation, si les circonstances entourant le
débiteur demeurent les mêmes, on peut voir qu'au moment de changer
d'emploi, un débiteur réussit à persuader le protonotaire
de lever la saisie de manière à pouvoir dire valablement à
un nouvel employeur qu'il n'est pas sous le coup d'une saisie-arrêt,
changer de domicile, changer d'emploi, et il peut s'écouler un mois,
deux mois, trois mois, quatre mois avant qu'on le retrouve, qu'on le rattrape
en quelque sorte, et cela peut avoir été une cause
contribu-toire, cela peut l'avqir aidé à se resituer et à
trouver un nouvel emploi.
M. Bédard: II n'aura pas tendance, je crois, à
changer de travail pour un moins rémunérateur, parce qu'il devra
continuer à payer exactement ce qu'il payait préalablement. Ce
serait plutôt pour un emploi plus rémunérateur, et je ne
crois pas qu'il puisse s'écouler trois à quatre mois parce que,
dès qu'il fait défaut pour un mois, la première personne
qui va revigorer le souvenir du protonotaire, c'est celle qui reçoit la
pension alimentaire.
Il est évident que si elle est un mois sans en recevoir,
dès ce moment-là...
M. Fontaine: Dans un cas ordinaire, quand on veut obtenir une
mainlevée de saisie on fait une requête au tribunal...
M. Blank: Est-ce que je peux faire une suggestion pour le
jugement? L'article 42 du Code de procédure civile...
M. Bédard: II semblerait...
M. Blank: Je peux faire une suggestion pour la révision du
jugement... On a déjà l'article 42 du Code de procédure
civile qui donne le droit au tribunal de réviser des jugements du
protonotaire, jugement qu'il a rendus suivant l'article 41, à 583a et
584, on peut ajouter cet article à 42.
M. Bédard: II y a aussi... Il semble assez clair que la
demande de suspension dont on parle, étant donné qu'à ce
moment-là le protonotaire n'est plus le mandataire de la personne, n'est
plus le percepteur, va se faire par le biais d'une requête qui va
être portée à la connaissance de la
créancière ou du créancier de la pension.
M. Forget: Est-ce que le débiteur peut demander une
révision à la Cour supérieure?
M. Bédard: Oui.
M. Forget: Oui, automatiquement.
M. Bédard: Oui.
M. Lalande: Mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
prévoir justement que tout jugement du protonotaire peut être
révisé? Je pense qu'il faudrait le faire parce qu'il y a...
M. Bédard: On l'a fait en modifiant l'article 42 pour
prévoir spécifiquement l'appel sur l'article 659.5.
Donc, sa décision est révisable.
M. Lalande: Cela va. Le député de Saint-Laurent a
parlé tout à l'heure de garantie morale. Sur la portée
juridique de fournir des garanties satisfaisantes, quel genre de garanties
avez-vous à l'esprit? Est-ce qu'il s'agit de caution? La portée,
c'est un critère pour... Est-ce une garantie morale, physique ou
financière?
M. Bédard: On a fait effort pour essayer de
définir, mais parfois, quand on veut trop définir, on ne
prévoit même pas toutes les situations. Il me semble qu'on a en
place un homme responsable...
M. Lalande: Tous les protonotaires le sont, c'est évident.
Tout le monde connaît ça très bien.
M. Bédard: Je pense que vous en savez quelque chose. S'il
fallait toujours définir dans la loi tout ce qui doit être fait,
selon quels critères cela doit être fait, c'est parfois la
meilleure manière de rendre une personne presque inactive, elle n'a pas
besoin d'exercer son jugement et devient vraiment une machine à
l'intérieur d'une machine.
M. Forget: II doit se comporter en bon père de
famille.
M. Bédard: C'est ça, la notion de bon père
de famille.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Et si la femme est au...
M. Fontaine: Est-ce qu'on ne devrait pas prévoir que,
lorsque le débiteur fait une demande au protonotaire pour qu'il y ait
une mainlevée de la saisie-arrêt, à ce moment-là, le
protonotaire, avant de rendre sa décision, avise la
créancière ou le créancier qu'il a l'intention de statuer
sur un tel cas, pour que la créancière puisse aller faire des
représentations, si elle le veut, et ainsi respecter la règle
audi alteram partem.
M. Bédard: Vous voudriez qu'on le spécifie quand
même. Dans votre esprit, le protonotaire, après avoir entendu les
deux parties, pourrait quand même décider dans le sens de la
requête faite par le débiteur, malgré l'opposition faite
par la créancière ou le créancier de la pension.
M. Fontaine: II y a en plus un droit d'appel à un juge. En
plus, il y a un droit d'appel si le protonotaire rend une décision que
la créancière n'accepte pas. Même le débiteur
pourrait en appeler de la décision du protonotaire devant un juge, en
vertu de l'article 42.
M. Bédard: Je me demande si on ne complique pas trop la
loi. Etant donné qu'il y a toujours une possibilité pour la
créancière ou le créancier d'une pension alimentaire de
faire réviser la décision du protonotaire par le juge, en quelque
sorte, cette personne n'est jamais prise au dépourvu, elle n'est jamais
aux prises avec une situation contre laquelle elle ne peut rien. Tandis que, si
chaque fois que des situations comme ça se présentent, on
spécifie dans la loi tout le détail de ce qui doit être
fait, j'ai l'impression que dans 90% des cas, on va alourdir le processus.
Le Président (M. Lacoste): L'article 659.4 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. M.
Bédard: Après "659.4...
Le Président (M. Lacoste): Pour la présidence, on
était toujours à "659.4.
M. Bédard: M. le Président, nous voudrions
insérer, après l'article "659.4, l'intitulé suivant:
"Section IV.2
"De la suspension de la saisie-arrêt des traitements, salaires ou
gages."
Section IV.2 De la suspension de la
saisie-arrêt...
Le Président (M. Lacoste): Insérer, après
l'article "659.4, "Section IV.2 "De la suspension de la saisie-arrêt des
traitements, salaires ou gages." Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: Alors, M. le Président, j'ai
donné les explications sur...
Le Président (M. Lacoste): "659.5.
M. Bédard: "659.6, 659.7, 659.8 et 659.9. J'ai
donné les explications tout à l'heure.
Le Président (M. Lacoste): "659.5 adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): "659.6 adopté?
M. Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): "659.7, adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): 659.8 adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. "659.9
adopté?
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: "659.10 a pour but de permettre au gouvernement
d'imposer par règlement des frais pour l'administration de cette
procédure. Ceci vise particulièrement le débiteur qui
demande la suspension de la saisie étant donné les frais
supplémentaires qui seront causés du fait que le protonotaire
agira comme intermédiaire.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): "659.10 adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 10 est adopté avec tous les amendements?
M. Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 11?
M. Bédard: A l'article 11, nous aurions un amendement
à l'effet de remplacer, à la première ligne de l'article
"661.1, les mots "le protonotaire du" par les mots "le percepteur des pensions
alimentaires dans le". La fin de l'article n'a pas besoin de grande
explication, c'est pour permettre la saisie immobilière.
M. Lalande: M. le Président, concernant...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: ... la saisie-exécution des immeubles, on sait
que l'article 660 se trouve dans le chapitre de la saisie des immeubles,
j'aimerais savoir si le protonotaire va pouvoir saisir d'office le
shérif, parce que là on a affaire à des ventes
immobilières avec des frais qui doivent être encourus. Il y a des
tas de collocations qui doivent être dressées évidemment
par le protonotaire, mais, en tant qu'officier de justice, il y a quand
même toute cette vente immobilière qui doit être faite. Or,
on sait que, selon certains arrêtés en conseil qui se rattachent
à cela, il y a des frais de collocation qui doivent normalement... C'est
parce qu'on arrive dans un autre système où l'officier de justice
va agir à ce moment-là. Comment seront colloqués ces
frais? Est-ce qu'il y aura des pourcentages? (21 heures)
M. Bédard: Dans notre esprit, cela suit le même
cheminement que toute autre saisie, ce qui fait que le protonotaire va voir le
shérif.
M. Lalande: C'est parce que le protonotaire va avoir besoin,
à ce moment-là, de recourir à des services d'avocats ou de
spécialistes qui vont être capables de faire la désignation
des lots, par exemple. C'est quelque chose d'assez important et il y a le
problème du bureau d'enregistrement. Il y a tous les frais
afférents autour de la préparation, savoir sur quel immeuble...
Donc, il y a des travaux.
M. Bédard: Le percepteur va faire les recherches au
cadastre et il peut, à un moment donné, comme on en a
parlé tout à l'heure, être aidé par les
personnes-ressources dont on parlait au début du projet de loi.
M. Lalande: C'est parce qu'on est avec un autre type de
personnes-ressources. Tout à l'heure, on était avec des
enquêteurs, maintenant, on tombe avec du personnel
spécialisé.
M. Bédard: On a nos notaires, maintenant, au gouvernement,
pas de problème.
M. Lalande: D'accord.
M. Forget: Cela va être fait aux frais...
M. Lalande: ... du public.
M. Forget: ... du gouvernement, tout ça.
M. Bédard: Oui. C'est une procédure exceptionnelle,
parce qu'il faut préalablement discuter tous les meubles.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
L'article 11 est-il adopté tel qu'amendé? Adopté. Article
12.
M. Bédard: A l'article 12, nous voudrions remplacer, dans
la première ligne du deuxième alinéa de l'article 662, les
mots "lorsque le protonotaire" par les mots "lorsque le percepteur des pensions
alimentaires". C'est de concordance.
M. Lalande: Oui...
M. Bédard: L'article 12 a pour objet de soustraire le
créancier alimentaire, en cas de saisie immobilière par le
protonotaire, à l'obligation de fournir une avance pour frais. En effet,
il paraît difficile d'obliger le créancier alimentaire à
fournir des avances pour frais qui peuvent aller jusqu'à $300 alors
même qu'il poursuit pour se faire payer une dette alimentaire. Cela ne
veut pas dire que ces dits frais ne sont pas payés par le
débiteur.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 12 tel
qu'amendé est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 13.
M. Bédard: L'article 13 est de concordance avec l'article
3.
Le Président (M. Lacoste): Article 13. Adopté.
M. Bédard: Article 14. Cet article que l'on retrouve dans
le projet de loi 89 portant sur la réforme du droit de la famille a pour
objet d'introduire dans le Code civil un mécanisme prévoyant
l'indexation des pensions alimentaires. Le tribunal devant qui est
présentée une requête pour fixation de pension alimentaire
pourra, même si les parties ne le demandent pas spécifiquement,
ordonner que le paiement de la pension soit indexé selon un indice
établi par décret. Ce décret pourra être
fondé sur les tables établies par la Régie des rentes, par
exemple, qui aura déterminé un pourcentage.
Cependant, afin de conserver une certaine souplesse à ce
mécanisme, le tribunal aura entière discrétion pour fixer
un autre indice lorsque des situations particulières le
justifieront.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je suis d'accord qu'on puisse laisser au tribunal le
soin de fixer un autre indice, je pense que ça va de soi, mais pourquoi
est-ce qu'on ne règle pas le problème, une fois pour toutes, en
disant: Le tribunal ordonne que les aliments soient indexés,
plutôt que de dire "même d'office"? Cela veut dire qu'il faudra le
demander chaque fois ou que le tribunal devra se prononcer lui-même pour
dire qu'il en accorde ou qu'il n'en accorde pas. Si on disait purement et
simplement: II y aura une indexation et elle pourra être
supérieure à celle prévue par règlement si le juge
le décide?
M. Bédard: C'est ce qu'on dit; même en l'absence
d'une demande explicite à cet effet, le tribunal va ordonner.
M. Fontaine: II pourrait arriver qu'un juge décide de ne
pas accorder l'indexation.
M. Bédard: A ce moment-là, il fera une erreur de
droit et il y aura appel.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Ma question est un peu différente...
M. Bédard:... l'intention du législateur est
très claire là-dessus.
M. Forget: Quel est l'intérêt de le
déterminer par décret plutôt que dans la loi? Il est
question de cela. Quel est l'intérêt de laisser la
détermination de cela par arrêté en conseil? Dans la
plupart des autres lois qui prévoient des indexations, l'indice
d'indexation est fixé dans la loi. Oui.
M. Bédard: Pas nécessairement. Je ne dis pas que ce
n'est pas le cas.
M. Forget: La Régie des rentes est la plus importante et
son rythme de croisière est fixé dans la loi, le mode de calcul
de l'indice des rentes est déterminé dans la loi, pas dans le
règlement. Par référence à la Loi sur le
Régime de rentes du Québec, les autres régimes
indexés, tels que les allocations familiales et également
d'autres régimes analogues la mémoire me manque à
ce moment-ci, mais il y en a plusieurs sont également
indexés par les dispositions législatives plutôt que
réglementaires.
Plus concrètement, qu'est-ce que le gouvernement a à
l'esprit? Si c'est l'indice des rentes, c'est facile de mentionner l'indice des
rentes en faisant référence à l'article de la Loi sur le
Régime des rentes, qui détermine l'indice. On saura au moins de
quoi on parle et cela pourrait laisser la question des cas où un tel
indice n'est pas applicable. Je pense qu'il y a un degré de
flexibilité qui est nécessaire. Pourquoi ne pas mettre dans la
loi l'indice qu'on va utiliser?
M. Bédard: Très honnêtement, je n'avais aucun
indice précis en tête. Comme les indices fluctuent beaucoup,
à l'heure actuelle, la direction des
greffes est en train de faire une étude spéciale
là-dessus qui serait de nature à nous permettre de nous brancher
définitivement. Je ne veux pas dire que votre...
M. Forget: Je comprends qu'on peut utiliser bien des choses. Quel
est leur mandat d'étude? Est-ce qu'on veut simplement leur demander de
chercher un indice? L'indice, on n'a pas besoin de le chercher longtemps, les
statuts du Québec en comportent déjà.
Est-ce que le ministre et le gouvernement ont des raisons de chercher un
autre indice que l'indice des rentes?
M. Bédard: C'est simplement que les indices fluctuent. On
ne se prononçait pas d'une façon spéciale.
M. Lalande: M. le Président.
M. Bédard: Vous me permettez, deux secondes? Je sais
très bien qu'il y a déjà des lois auxquelles s'est
référé le député de Saint-Laurent, où
l'indice est fixé.
M. Lalande: Je voudrais peut-être rappeler un peu
malicieusement au ministre...
M. Bédard: Vous êtes toujours malicieux, ce n'est
pas grave.
M. Lalande: ... que le programme du Parti
québécois, dans l'édition 1980, à la page 32, parle
justement d'indexer au coût de la vie.
Il y a des gens dans votre parti qui y ont pensé.
M. Bédard: On a pensé à pas mal tout,
même d'avance. Dix ans à l'avance sur tous les autres.
M. Lalande: Là, il s'agit d'agir.
M. Bédard: Et on agit à 90%, contrairement à
bien des partis politiques, qui ne donnent pas suite à leur programme.
Mais on ne commencera pas de discussion politique, je n'en ai pas le goût
du tout.
M. Lalande: Comme disait le bourgeois gentilhomme, voilà
pourquoi votre fille est muette, monsieur.
M. Bédard: Mais je n'en ai pas le goût. On n'est pas
muet du tout. On est fier de notre programme.
C'est quand même un élément important en termes de
piastres et de cents. Est-ce qu'on peut suspendre l'article quelques instants,
passer à un autre article, quitte à y revenir?
M. Forget: M. le Président, avant de le suspendre, j'ai
une question dans le même style, si l'on veut.
M. Bédard: ... qui serait de nature à le faire
suspendre à double titre.
M. Forget: C'est le problème de la revalorisation des
jugements accordant une pension alimentaire dans les années
antérieures. Il y a des jugements qui ont été rendus l'an
dernier et aussi longtemps dans le passé que dix, quinze ou même
vingt ans, accordant une pension alimentaire. Très peu de ces jugements
ont fait l'objet d'une revalorisation. Il se peut que cela représente le
voeu véritable des bénéficiaires, des créanciers,
dans ces cas-là, de ne pas demander de révision.
Cela peut être dû aussi aux coûts et à
l'hésitation de recommencer un épisode qui n'est pas
ordinairement associé à de très bons souvenirs, cela peut
être dû à la simple ignorance du fait que c'est possible de
le faire. On peut croire dans bien des milieux qu'un jugement une fois rendu
dans ces cas-là est immuable jusqu'à la fin des temps. Je ne sais
pas pourquoi, mais il reste qu'il y a un certain nombre de cas, en fait la
très grande majorité des cas, où il n'y a pas de
revalorisation. Est-ce que, dans l'esprit du ministre, il serait opportun... ou
plutôt, je devrais formuler la question de la façon suivante: Ne
serait-il pas opportun que le percepteur des pensions alimentaires se voie
accorder, par ce projet de loi, la possibilité motu proprio de
son propre mouvement de réviser les jugements de pensions
alimentaires émis dans le passé, de prendre contact avec,
j'allais dire, presque, les victimes et de voir jusqu'à quel point, les
circonstances étant ce qu'elles sont plusieurs années
après, à maintenir le montant inchangé, ou ne serait-il
pas préférable de soumettre à la cour un dossier
là-dessus pour un jugement en révision du quantum de la pension
alimentaire?
Autrement, l'immense majorité des cas déjà
décidés, surtout avec l'inflation qu'on a connue depuis quelques
années, les choses les plus anciennes en particulier, doivent faire
passablement vieillots, et il me semble que c'est un mandat additionnel que le
percepteur pourrait avoir, même si vous décidiez de ne pas mettre
en vigueur cet article en même temps que l'autre dans le sens de lui
donner la chance d'absorber le premier fardeau dans les premiers six mois ou la
première année, quitte à ce qu'après coup, il
puisse, une fois que le gros du travail sera fait je ne le sais pas, il
a peut-être un problème au début une fois qu'il a le
loisir de le faire, que, le plus rapidement possible, il s'attaque à ce
problème-là; enfin, on pourrait au moins accepter le principe
qu'il devrait avoir un mandat et prendre l'initiative de ces
révisions.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Comme le disait le député de
Saint-Laurent, il y a un grand nombre de pensions alimentaires qui n'ont pas
été revalorisées. Toutes les raisons, toutes les causes
pour lesquelles une telle revalorisation n'a pas eu lieu peuvent être
bien différentes d'un cas à l'autre. Je pense bien
que c'est difficile d'en faire une analyse qui nous permette d'arriver
à une solution qui s'applique à tout le monde. C'est pourquoi il
y a toujours la possibilité d'une requête en révision et
d'une requête en indexation qui peut être faite au tribunal.
M. Forget: Ah oui! bien sûr! Si la requête pouvait
être formulée avec le même degré de facilité
que la saisie-arrêt...
M. Bédard: Avec la même facilité...
M. Forget: C'est-à-dire que le percepteur soit aussi
quelqu'un qui ait pu être l'agent ou le représentant...
M. Bédard: C'est parce que...
M. Forget: ... du créancier relativement à une
demande en révision et pas seulement d'une demande de
saisie-arrêt.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: Vous voulez dire de faciliter au niveau de la
prise de la requête, parce que cela demeure toujours une
appréciation du tribunal. On ne peut pas aller jusqu'à
décider.
M. Forget: Non, bien sûr, il faut que le tribunal soit
saisi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: C'est parce qu'à l'heure actuelle, on sait que
la jurisprudence va dans le sens que l'on accepte, qu'un juge accepte de
réviser le quantum d'une pension alimentaire, s'il y a des faits
nouveaux. Est-ce que seulement le fait qu'il y ait une dévalorisation du
quantum de l'argent à l'heure actuelle? Dans l'indexation, en d'autres
termes, on ne pourrait pas d'office ce ne serait pas un fait en soi
consacrer... Je pense que c'est le sens de l'intervention de mon
collègue de Saint-Laurent.
M. Bédard: Cela pourrait être un
élément, de même que la mise en place de la loi 183.
M. Lalande: Non, mais est-ce qu'on pourrait ne pas l'ajouter
à ce moment-là, justement pour faciliter le travail du juge et
qu'il puisse d'office... ou plutôt, si on en fait la requête,
pourrait-il s'appuyer sur la loi pour dire: Oui, je vais accepter de la
réviser maintenant, non pas parce que c'est simplement un fait, mais
parce que la loi m'oblige à le faire?
M. Bédard: Cela nous donne une deuxième raison pour
effectivement...
M. Lalande: Le reporter.
M. Forget: Le suspendre.
M. Bédard: ... le suspendre.
L'existence de l'article 169.1 va justement permettre à un juge
d'être saisi, tandis qu'aujourd'hui, il hésite, dans certains cas,
dit-on, à indexer purement et simplement; mais, ici, comme il doit
indexer, il me semble qu'à la requête, il ne pourra pas dire: Je
ne peux pas, si une requête est faite pour revaloriser.
M. Forget: Même pour les jugements rendus
antérieurement à l'adoption de la loi?
M. Bédard: Oui. (21 h 15)
M. Lalande: Avec les jugements nouveaux, il n'y a pas de
problème. On comprend très bien qu'à l'avenir, le juge va
pouvoir s'appuyer là-dessus pour comprendre le jugement, mais concernant
les jugements antérieurs, je ne suis pas convaincu que les juges vont
accepter de réviser un jugement antérieur parce que maintenant il
y a une nouvelle loi.
M. Bédard: Je croirais que...
M. Lalande: C'est donner un effet rétroactif à la
loi qui...
M. Bédard: Non, je dirais que c'est s'ajuster aux
nouvelles exigences.
M. Lalande: Pourquoi ne pas le consacrer de façon bien
claire? C'est facile!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je pense qu'au contraire, comme c'est une disposition
nouvelle, comme il y a une règle d'interprétation qui dit que le
législateur a voulu manifestement changer l'état du droit,
relativement à cela, est-ce qu'il n'y aurait pas au moins une tentative
d'interpréter justement la modification à la loi comme une
indication que l'indexation n'était pas dans l'ordre des choses avant
l'adoption de cette loi?
M. Bédard: Un retour au conservatisme dont parlait le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Forget: Oui. c'est souvent le cas. Quand on fait un amendement
à une loi, a fortiori, on dit: Comme ce n'était pas dans
l'ancienne loi, il faut désormais en exclure ce sens, parce que si cela
avait été voulu, il faudrait conclure que le législateur a
modifié la loi pour rien. Ils peuvent être tentés
d'interpréter la loi d'une façon assez rigide, désormais
plus rigide qu'ils ne l'auraient fait l'an dernier, avec l'ancienne loi, avant
sa modification.
M. Bédard: Sauf la présomption, les lois sont
là pour améliorer des situations...
M. Forget: Oui, pour l'avenir.
M. Bédard: Si on peut s'en tenir à suspendre
temporairement...
M. Forget: Oui, d'accord... Je suis bien d'accord pour
suspendre.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 14... Mme la
députée de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: A l'article 169.1, le tribunal ordonne que les
aliments payables sous forme de pension soient indexés. Est-ce que ceci
vaut pour les pensions alimentaires? Il y a la question de revalorisation, mais
il y a aussi la question de l'indexation des pensions alimentaires qui ont
été accordées il y a X années ou X mois. Est-ce que
celles-ci sont couvertes du point de vue de l'indexation ou si cela veut dire
qu'il faut reprendre toutes les démarches?
M. Forget: Oui, c'est le point...
Mme Lavoie-Roux: C'est par rapport à la revalorisation.
Est-ce que cela vaudrait pour l'indexation aussi? C'est parce que la
revalorisation et l'indexation sont deux choses différentes.
M. Forget: Pas nécessairement.
M. Bédard: Non, il n'y a pas d'indexation
rétroactive de façon générale, mais il y a des
dispositions qui permettent à des créanciers de s'adresser au
tribunal sous l'angle de l'esprit de cette loi.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 14 est
suspendu.
M. Bédard: On l'a dit tout à l'heure. On
mentionnait qu'on ne peut pas identifier toutes les causes; pourquoi elles ne
sont pas revalorisées.
Le Président (M. Lacoste): Article 15.
M. Bédard: L'article 15 s'inspire des propositions de
l'Office de révision du Code civil et est conforme également aux
propositions du projet de loi instituant un nouveau Code civil et portant
réforme du droit de la famille. Il permet au tribunal de réduire
ou annuler des arrérages d'aliments, si le débiteur
démontre qu'il était, au moment où il aurait dû
payer ses aliments, dans l'incapacité de le faire à cause d'un
changement survenu dans sa situation depuis le jugement créant la dette
alimentaire. Cette disposition a pour but de tempérer les dispositions
de l'article 16 du projet. Toutefois, lorsque le débiteur est redevable
de plus de six mois de paiement de pension alimentaire, il ne pourra être
libéré des arrérages que s'il démontre
également qu'il lui était impossible d'obtenir une
révision du jugement fixant la pension alimentaire.
M. Forget: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 15 est
adopté? Article 16.
M. Forget: Adopté.
M. Bédard: Cet article a pour objet de fixer une
prescription aux arrérages d'aliments. Actuellement, en principe, ces
derniers ne s "arréragent ' pas. C'est un des changements importants.
Cependant, la jurisprudence est divisée sur ce point et beaucoup de
jugements ont reconnu le droit aux arrérages d'aliments. Toutefois, le
temps pour lequel on peut les réclamer varie d'un jugement à
l'autre, ce qui crée une insécurité pour le
créancier de la pension alimentaire. Cette prescription est fixée
à trois ans. Elle fait partie d'ailleurs des recommandations de l'Office
de révision du Code civil.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que la requête présentée au
percepteur est interruptrice de prescription?
M. Bédard: La demande d'émission d'un bref de
saisie peut entraîner interruption de la prescription, mais toujours s'il
y a signification dans les 60 jours. La signification peut être faite, au
cas où il y a difficulté de recherche, par voie des journaux ou
par un mode spécial de signification. A ce moment, il y a interruption
de prescription.
M. Forget: Seulement au moment de la signification de la
saisie...
M. Bédard: Non.
M. Forget: ... ce qui veut dire que toutes les procédures
antérieures à la signification de la saisie ne sont pas
interruptrices de prescription.
M. Bédard: Non, la demande elle-même va porter
interruption, si elle est signifiée dans les 60 jours,
c'est-à-dire que, dès le moment de la demande, il y a
interruption de prescription. C'est seulement que ça va tomber s'il n'y
a pas signification.
M. Forget: Oui, d'accord. La demande de saisie, formulée
par le protonotaire, mais non pas la requête au percepteur
formulée par la créancière de la pension alimentaire. Il y
a une demande qui est prévue à 659.2. C'est ça qui
enclenche le processus. Il y a la copie du jugement avec l'affidavit. Supposons
que, sur l'affidavit, il y a le nom, mais pas l'adresse. Il y a une copie du
jugement. Cela, c'est reçu. Il y a l'estampille de réception du
percepteur des pensions alimentaires, à un moment donné. Est-ce
que ce geste n'est pas interrupteur de prescription? Il faut que
l'enquête soit terminée. Par exemple, si on ne connaît pas
le domicile ou le nom de l'employeur, etc., le ministère de la Justice,
par ses enquêteurs, fait des recherches, etc., et, pendant tout ce
temps-là, la prescription court.
M. Bédard: Oui, sauf qu'il peut y avoir quand même
une demande de réquisition de bref qui va être faite par le
percepteur sur réception de la demande du créancier. Cela peut se
faire même si l'adresse du débiteur n'est pas connue, parce
qu'à ce moment-là, on peut signifier par une voie... obtenir un
mode spécial de signification, oui...
M. Forget: Par la voie des journaux.
M. Bédard: ... qui, elle, va permettre l'interruption sans
problème.
M. Porget: Je pense qu'il serait important, M. le
Président, que les procédures administratives internes qui soient
adoptées...
M. Bédard: Oui.
M. Forget: ... assurent que les gestes soient posés le
plus tôt possible, parce qu'autrement, le ministre de la Justice va se
trouver à être le débiteur des pensions alimentaires dans
l'espace de quelques mois. Tout retard administratif entre le moment de la
requête en vertu de 659.2 et rémission de la demande de saisie va
être imputé à la responsabilité du ministre et les
créanciers de pensions alimentaires vont s'adresser au ministre de la
Justice pour se faire payer les semaines ou les mois qui correspondent au
montant qui leur est dû.
M. Bédard: C'est dur d'être ministre de la Justice,
sous cet angle.
M. Forget: C'est ça. Vous allez avoir un nouvel
élément de programme qui va être: Paiement des pensions
alimentaires dues pendant la carence administrative, ou quelque chose du genre,
du ministère.
M. Bédard: Cela peut être dur à supporter
pour tout ministre de la Justice.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Forget: M. le Président, il ne faudrait peut-être
pas enclencher dans une redondance, mais, à 224.4, in fine, du Code de
procédure à l'heure actuelle, on dit que ce qui interrompt la
prescription: la saisie, la reconvention, l'intervention, l'opposition,
comporte la demande. Vu qu'on énumère certaines... Parce que
c'est une demande en justice, dit-on, qui interrompt la prescription, à
la condition évidemment que ce soit signifié dans les 60 jours,
comme vous l'avez dit tout à l'heure, il y aurait peut-être lieu
d'ajouter cette liste à la demande de perception de pension alimentaire.
Je ne sais pas. Je ne voudrais pas introduire une redondance inutile, remarquez
que c'est toujours une saisie, mais ce n'est pas une saisie conventionnelle, si
je peux dire, à la suite d'un jugement.
M. Bédard: Les légistes disent qu'ils ont
examiné le cas. Maintenant, s'ils ne l'ont pas fait, c'est qu'il semble
que ça causait une autre sorte de problème. C'est sûr que
je ne veux pas jouer dans le Code de procédure civile.
M. Lalande: Non, dans le Code civil. M. Bédard: ...
et dans le Code civil... M. Fontaine: En attendant...
M. Bédard: ... sur le coin d'une table, parce qu'on sait
que ça ne prend pas de grands changements pour changer bien des
choses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... M. le Président, au point de vue
pratique, la demande du créancier au protonotaire ou au percepteur va se
faire de quelle façon? Est-ce que ce sera une formule à signer ou
une demande verbale?
M. Bédard: C'est une formule. M. Fontaine: Une
formule.
M. Bédard: Oui, parce qu'il faut quand même...
M. Lalande: On emploie le mot "requête", et je pense bien
que, dans le Code de procédure civile, on dit, quand il s'agit de
requête, que c'est un avis écrit, à moins que ce soit une
demande verbale.
M. Bédard: Toute demande se fait par requête.
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 16...
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres commentaires. M.
Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 16 adopté.
L'article 17.
M. Bédard: Je pense que cela pourrait intéresser
tous les membres de la commission. Comme vous le savez, depuis une
journée et demie ou deux, il y avait une prise d'otages à la
prison de Chicoutimi et je suis en mesure de vous dire qu'avec le travail de la
Sûreté du Québec, le tout s'est réglé il y a
quelques heures. C'est un heureux dénouement. Je pense que tous les
membres de la commission...
M. Forget: Vous devriez les envoyer en Iran la prochaine
fois.
M. Lalande: Cela souligne encore une fois l'efficacité et
la compétence des gens qui oeuvrent...
M. Bédard: De la Sûreté du Québec et
de l'ensemble des bonnes volontés au ministère de la Justice. Je
n'ajouterai pas le ministre parce que je sais que vous ne serez pas encore
d'accord, alors ça ne donne rien.
M. Lalande: On ne peut pas dire que vous ne prévenez pas
les coups!
M. Bédard: L'article 16.
M. Forget: Concordance, c'est 17 en concordance avec 16.
M. Bédard: Concordance.
Le Président (M. Lacoste): Article 17.
M. Bédard: L'article 17, c'est pour prévoir que la
créance alimentaire, une fois le délai de prescription
passé, est absolument éteinte. Cela va de soi.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. Bédard: L'article 18, c'est la proposition des affaires
sociales où on modifie l'article 13.1 pour en arriver à une
formule... Je voudrais proposer un premier amendement...
M. Forget: D'accord.
M. Bédard: A l'article 18 proposé je
demanderais qu'on en distribue une copie aux membres de l'Opposition
remplacer le texte de l'article 13.1 par le suivant: "13.1 Lorsque l'aide
sociale est versée au créancier d'une pension alimentaire
accordée par jugement, le ministre est, de plein droit, jusqu'à
concurrence de l'aide qu'il verse et des montants dus par le débiteur,
subrogé aux droits du créancier, à moins que celui-ci ne
choisisse d'exercer lui-même son recours. Le ministre peut, pour exercer
cette subrogation, utiliser toute procédure que le créancier
aurait pu lui-même utiliser. Lorsque le montant de la pension alimentaire
est supérieur à celui de l'aide, le créancier peut, par
écrit, donner mandat au ministre, s'il est subrogé, de percevoir
pour lui l'excédent."
Nous voudrions... Nous aurons un autre amendement à l'article
13.2.
Le Président (M. Lacoste): On va procéder
paragraphe par paragraphe.
M. Bédard: Oui, je pense que c'est la meilleure
manière de se comprendre. Je crois que cet amendement répond
vraiment à des revendications, à un point assez fondamental au
niveau des revendications qui nous avaient été faites par des
groupes que nous avions rencontrés.
Le Président (M. Lacoste): L'article 18.13...
M. Forget: D'abord, j'aimerais faire un bref commentaire sur le
papillon qui nous a été distribué. Je remercie in
abstentia le ministre des Affaires sociales de s'être mis d'accord avec
les propos que j'ai tenus moi-même et d'autres, je pense bien, en
deuxième lecture, selon lesquels il fallait que cette subrogation soit
mandatoire, elle ne serait pas exercée autrement.
M. Bédard: Je ne voudrais pas vous enlever votre
mérite, mais je vous demande aussi de relire mon discours de
deuxième lecture qui allait exactement dans le sens de cet amendement,
parce que c'était le but que nous poursuivions et je croyais que
l'entente était conclue définitivement entre certaines personnes
au niveau du ministère des Affaires sociales.
M. Forget: Je le relirai, parce que j'avais cru comprendre que
ça demeurait facultatif dans le discours de deuxième lecture du
ministre. Tant mieux s'il avait vu la lumière. Je pense que c'est un
fait que le ministre des Affaires sociales, tant qu'il aura la
discrétion relativement à ça, ne l'exercera pas pour se
subroger aux droits du créancier. Il y a de nombreuses raisons à
la fois légales, mais plus importantes, des raisons administratives et
morales ou même politiques, qui font qu'il est impossible en pratique
d'avoir une subrogation qui est facultative.
La voie choisie est excellente, mais je me demande si ça ne
suppose pas c'est pour ça que je le mentionnais tout de suite
un amendement de concordance à l'article précédent,
l'article 13, parce que j'essaie rapidement de comprendre le deuxième
alinéa de cet article et on fait allusion au fait que, si le ministre a
choisi d'être subrogé aux droits de cette personne, à moins
que le ministre... Alors, je pense que ça suppose une rédaction
nouvelle. (21 h 30)
M. Bédard: C'est que ça restait facultatif à
13, au niveau de l'aide qui est apportée et qui est préalable,
parce qu'il y a quand même l'obligation de rembourser qui est
indépendante, mais là il restait justement cet aspect où
le ministre pouvait choisir d'être subrogé ou se porter
réclamant. C'est à 13.1 qu'on a renversé
complètement la situation, parce que là il y a un paiement
régulier et subrogation automatique.
M. Forget: Alors, dans le cas de l'aide consentie à titre
de prêt qui devrait être remboursé à même les
arrérages, il y a possibilité, malgré tout, pour le
ministre de se subroger pour les arrérages.
M. Bédard: Oui.
M. Forget: J'imagine que ça ne s'est jamais fait; enfin,
si on veut le conserver dans les textes,
je n'ai pas d'objection dirimante, mais je pense que c'est très
théorique. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 13 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Bédard: 13.1 adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 13 est
adopté. Le nouveau paragraphe 13.1.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le nouveau 13.1 est
adopté. 13.2.
M. Forget: Adopté.
M. Bédard: A 13.2, nous aurions un amendement à
l'effet de remplacer dans l'article 13.2 premièrement, dans la
première ligne les mots "le protonotaire" par les mots "le percepteur
des pensions alimentaires", deuxièmement, ajouter après la
troisième ligne, après le mot "civil", les mots "ou le
protonotaire de district où la saisie est effectuée".
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lalande: Pour être bien certain ici...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: ... le percepteur pourrait directement verser au
ministre une partie des montants qu'il perçoit. C'est cela le sens de
l'article?
M. Bédard: Je m'excuse, je discutais.
M. Lalande: Le percepteur pourrait verser directement au ministre
c'est cela au fond, pour empêcher de passer par un tiers
une partie des montants qu'il perçoit. C'est pour l'autoriser à
faire aussi... Mais pourquoi?
M. Bédard: C'est le pendant de 13. S'il n'y a pas eu de
subrogation nécessairement, il pourrait y avoir cette formule
d'autorisation.
M. Lalande: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté
et 13.2 est adopté tel qu'amendé.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 18 est adopté
tel qu'amendé.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 19.
M. Bédard: Cet article abroge l'article 26 de la Loi sur
l'aide sociale qui prévoyait spécifiquement le cas des
débiteurs alimentaires. Cet article se trouve remplacé par le
présent article 13.1, le nouveau.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 19 adopté.
Article 20?
M. Bédard: Nous avons un amendement à l'article 20,
que nous portons à la connaissance des membres de la commission qui
aurait pour effet de remplacer l'article 20 par le suivant: Article 20. "Le
ministre des Affaires sociales peut mettre fin à une subrogation qui
s'est opérée de plein droit en sa faveur en vertu de l'ancien
article 13 de la Loi sur l'aide sociale".
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 20... Est-ce
que le nouvel article 20 est adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: L'article 13 de l'aide sociale c'est...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Bédard: C'étaient les subrogations qui vont
rester de l'ancien article 13 qu'on vient de remplacer par le nouveau 13.
M. Lalande: Les subrogations facultatives.
M. Bédard: Auparavant, complètement, toujours
automatiques.
Il nous reste seulement un élément que nous avons...
Le Président (M. Lacoste): Article 20, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 20 adopté. Nous
avions l'article 21 à adopter.
M. Fontaine: Je voudrais demander au ministre de la Justice s'il
peut nous donner...
M. Bédard: On a encore un article en suspens, je
crois.
Le Président (M. Lacoste): L'article 14.
M. Bédard: On va discuter de 21. M. Fontaine: Tout
de suite?
Le Président (M. Lacoste): 21 immédiatement?
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais que le ministre nous dise quand il a
l'intention de mettre ce projet de loi à exécution.
M. Bédard: Le plus rapidement possible. Une chose
certaine, nous avons voulu être prudents. J'ai non seulement
laissé entendre mais indiqué qu'au plus tard le 1er janvier 1981,
ce serait en application. Dans mon esprit, c'est la date...
M. Fontaine: Au plus tard.
M. Bédard: ... vraiment la plus tardive, mais en
même temps une date suffisamment prudente, parce qu'on est à
même de constater qu'il y a toute une machine administrative, il y a tout
un travail administratif à faire, afin que, lorsqu'elle sera en vigueur,
elle soit vraiment efficace dès le départ. Il y a un rodage, un
travail de préparation extrêmement important. Une chose est
certaine, si tout se déroule mieux que prévu, si la
possibilité se présente de la mettre en application avant de
cette date, je vous le dis sincèrement, mon intention est que ce soit le
plus rapidement possible, mais au plus tard le 1er janvier 1980.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que le ministre
serait d'accord avec une disposition pour que le projet de loi puisse entrer en
vigueur sur proclamation ou au plus tard le 1er janvier 1981?
M. Bédard: Nous sommes prêts à accepter cette
suggestion du député de Nicolet-Yamaska, ce n'est sûrement
pas le fruit de la méfiance envers le gouvernement, et ça nous
fait plaisir.
M. Fontaine: Non, mais étant donné les
expériences que nous vivons avez la loi 9 et d'autres projets de
loi...
M. Bédard: Allez donc, vous donnez toujours comme
expérience la Loi électorale. Je vous ai dit, et j'ai toujours
dit la même chose, que la Loi électorale serait en vigueur pour
toute élection partielle, toute élection générale
à venir. Elle va l'être, c'est tout.
M. Fontaine: Le ministre se garde des armes cachées que
nous ne pouvons pas avoir.
M. Bédard: C'est parce que ça vous fait plaisir.
Quand on ne peut pas être précis et on ne peut pas
l'être autant qu'on voudrait ça vous...
M. Fontaine: Vous connaissez la date, mais nous, on ne la
connaît pas, c'est ça le problème.
M. Bédard: ... donne la chance d'alimenter le
débat.
M. Fontaine: Non, c'est un avantage que le parti au pouvoir a sur
les autres partis politiques, de connaître la date des élections,
alors qu'on ne la connaît pas.
M. Bédard: II n'y en a qu'un qui connaît la date des
élections, c'est le premier ministre.
Une Voix: ...
M. Bédard: Justement, il a dit encore récemment
qu'il était en état de réflexion. Ne nous énervons
pas, on ne changera pas de sujet, on est dans les pensions alimentaires.
M. Fontaine: Le plus tard possible.
M. Bédard: Je suis prêt à donner suite, sans
un long débat, parce que c'est notre intention qu'au plus tard le 1er
janvier, elle soit en vigueur. Si c'est possible avant, c'est avec plaisir que
nous le ferons.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Fontaine: Je n'ai pas proposé d'amendement
écrit, mais je pense que les légistes pourraient le formuler.
M. Bédard: On s'entend, tous les membres de la
commission?
M. Forget: M. le Président, au plus tard le 1er janvier
1981...
M. Bédard: Sur proclamation du lieutenant-gouverneur, au
plus tard le 1er janvier 1981.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'il n'est pas vrai
que les ressources additionnelles que le ministre juge indispensables à
l'adoption de la loi ont été accordées par le Conseil du
trésor à compter du 1er janvier seulement? Il y a des ressources,
les quelque cinquante postes additionnels ont été accordés
pour janvier 1981. Est-ce qu'il ne serait pas imprudent...
M. Bédard: A ce que le sous-ministre me dit, nous avons
toutes les ressources nécessaires, nous avons tout ce qu'il faut, les
autorisations, pour lancer le recrutement, et le Conseil du trésor a les
mêmes préoccupations que nous. Le plus rapidement, on pourra y
aller...
M. Forget: Vous avez donc eu l'autorisation de recruter
immédiatement les 60 postes en question.
M. Bédard: C'est exact.
M. Forget: Les 57 postes en question.
M. Bédard: Vous voyez comment vous n'étiez pas
très gentil envers le gouvernement, quant aux intentions du
ministère de vouloir y aller avec rapidité.
M. Fontaine: Même si vous avez l'autorisation, ça ne
veut pas dire que vous allez l'utiliser.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas gêner le
dialogue entre le député de...
M. Bédard: Je le dis en souriant, je pense qu'on a eu une
bonne analyse, un bon travail au niveau de la commission.
M. Forget: Je ne voudrais pas gêner le dialogue des
députés de Chicoutimi et de Nicolet-Yamaska, mais, sans les
déranger, j'aimerais bien qu'on soit sûr. Je ne veux faire de
procès à personne, mais comme on a vu, après un an et
quart d'attente, une loi de son collègue, la loi sur les conditions
minimales de travail, promulguée le jour même de l'émission
des brefs référendaires, peut-être pas tout à fait
par hasard, on nous permettra au moins de nous poser la question.
M. Bédard: Un heureux hasard.
M. Forget: On voudrait être bien sûr de ceci sur la
marge de manoeuvre que se donne le gouvernement de proclamer quand il le jugera
utile un projet de loi qui a des chances d'être populaire auprès
d'une partie de la population comme à peu près 52%; il serait
peut-être opportun qu'une chose soit bien claire, c'est qu'il mettra en
vigueur cette loi quand il sera en mesure de l'administrer convenablement. Ce
n'est pas tout de dire: La loi est en vigueur aujourd'hui, et d'avoir un
gigantesque embouteillage en disant: C'est vrai, on l'a mise en vigueur, mais
on n'a pas promis pour autant qu'on avait engagé tout le monde.
D'expérience, M. le Président, je sais que si le ministre
de la Justice a aujourd'hui l'autorisation d'engager 57 personnes, à
moins qu'il ait fait des miracles...
M. Bédard: Est-ce que vous proposez de reporter à
plus tard que le 1er janvier?
M. Forget: A moins que vous ayez fait des miracles dans le
recrutement dans la fonction publique, tout le monde sait que cela prend entre
quatre ou six mois pour combler des postes. S'il arrivait que la loi soit
promulguée le jour de l'émission des brefs électoraux,
comme le 14 octobre, par exemple, on trouverait que c'est peut-être une
hâte indécente. J'aimerais mettre cela dans le dossier très
clairement, c'est très joli de "scorer" des points, mais...
M. Bédard: ... ce n'est pas à cause des
élections qu'on...
M. Forget: ... on n'a pas actuellement d'assurance que cette
promulgation coïnciderait avec une capacité administrative du
ministère, aucune assurance.
M. Bédard: Je pense que le député de
Saint-Laurent sera d'accord avec moi, l'objectif à attein- dre est de
faire que, lorsque la mise en vigueur arrive, ce soit efficace, que, dès
le départ, on n'assiste pas à un embouteillage. Je suis sûr
que le député n'a pas d'objection, ce n'est pas parce qu'il y a
des élections qu'on devrait s'empêcher, si c'est possible, d'y
aller plus rapidement. Si c'est possible.
M. Forget: Si le ministre se sentait vraiment audacieux, il
mettrait dans la loi une clause qu'on retrouve souvent, que cette loi devient
en vigueur le jour de sa sanction. Comme la sanction est après-demain,
si vous êtes audacieux et courageux et si vous donnez à cela une
grande priorité, vous allez pouvoir utiliser le grand pool
d'enquêteurs dont vous nous parliez, qui étaient consacrés
à bien des fins. Vous ne commencez pas à zéro.
Vous pourriez dès demain, en somme, commencer l'application de la
loi.
M. Bédard: Le député de Saint-Laurent n'est
pas sérieux.
M. Forget: Parce que c'est trop tôt.
M. Bédard: Ce n'est pas que c'est trop tôt, c'est
que c'est impossible. Mais le député de Saint-Laurent a quand
même souligné que simplement le recrutement au niveau de la
fonction publique et Dieu sait que je fais confiance à un
technocrate tel que le député de Saint-Laurent c'est quand
même assez long. Nous avons maintenant l'autorisation, tous les moyens
qu'il faut pour foncer, ce qui montre le désir du gouvernement d'y
aller. Mais, quelquefois, cela peut être une période...
M. Lalande: Après quatre ans, cela peut bien attendre
encore six mois. Cela peut attendre un an.
M. Bédard: Le député de Saint-Laurent
évoquait tout à l'heure une période de cinq à six
mois nécessaire au niveau du recrutement, même en y allant
rapidement et en faisant tous les efforts nécessaires.
Si le député de Nicolet-Yamaska, maintenant qu'il sait que
nous avons une autorisation du Conseil du trésor, que des efforts sont
faits, pas seulement de bonne volonté, mais des gestes pratiques
posés pour fonctionner, n'a pas d'objection...
M. Fontaine: Vous commencez déjà à
reculer.
M. Bédard: Non. Je le dis très honnêtement,
c'est très sérieux. On ne veut pas commencer et que ce soit un
embouteillage. Nous allons faire tout notre possible. J'avais pensé au
1er janvier, en tenant compte que recrutement, fonction publique, etc.,
normalement, on devrait avoir le temps.
M. Forget: On peut faire une suggestion au ministre, qu'il va
trouver sûrement très intéressan-
te. On vient de terminer l'étude des crédits et on lui a
fait une suggestion à même les effectifs de la nouvelle
Régie des permis d'alcool. Il y a un grand nombre de postes qu'il
pourrait transférer immédiatement pour appliquer cette loi. Et je
pense qu'il y aurait une priorité sociale beaucoup plus grande. Il n'a
pas à faire de recrutement, à ce moment-là. Il n'y a
qu'à faire une mutation de personnel. Et, la semaine prochaine, il a
peut être en "business". (21 h 45)
M. Bédard: Le député de Saint-Laurent n'est
pas sérieux, et sur deux points précis. Premièrement, il
sait que c'est impossible que la loi entre en vigueur dès maintenant,
même s'il y avait un transfert de fonctionnaires au niveau de la
Société des alcools. D'autre part, il sait très bien que
la Société des alcools, avec tout le mandat que nous lui avions
donné en vertu de la nouvelle loi, a un travail fantastique...
M. Lalande: Ah oui! ... elle produit des papiers.
M. Bédard: ... à faire et nous espérons que
cela ira mieux en termes d'administration et d'amélioration que cela n'a
été le cas jusqu'à maintenant.
Une Voix: Elle a doublé la production.
M. Bédard: Je pense qu'on a commencé à faire
un peu trop de politique. On devrait peut-être terminer.
M. Forget: M. le Président, c'est que vous avez un article
qui invite à cela de façon tellement flagrante. Avec le genre de
gouvernement dont vous êtes membre depuis trois ans et demi, on sait
très bien que la ioi sera promulguée pour entrer en vigueur le 15
octobre, si vous avez des élections cet automne, et le plus tard
possible, si vous avez des élections le printemps prochain. C'est la
façon dont vous avez procédé avec plusieurs lois. Ce n'est
pas nous qui faisons de la politique, mais on remarque qu'apparaissent tout
à coup dans le projet de loi des mesures discrétionnaires, que le
gouvernement choisit la bonne saison. Quand l'atmosphère est propice, il
met le doigt en l'air pour regarder de quel côté le vent souffle
et il promulgue alors une loi pour meubler l'atmosphère.
M. Charbonneau: Vous n'avez jamais fait cela?
M. Forget: Anciennement, les lois étaient
promulguées le jour de leur sanction.
M. Charbonneau: Voyons donc!
M. Forget: Oui, allez vérifier, allez vérifier.
Vous venez d'arriver ici au Parlement, vous n'avez pas appris grand-chose, je
pense.
Une Voix: La Commission de police.
M. Godin: Quatre ans, cela fait quatre ans.
M. Charbonneau: Voyons donc!
M. Bédard: M. le Président, je comprends qu'on
veuille passer un message politique à la fin des travaux de cette
commission où nous venons d'adopter article par article une très
bonne loi, d'ailleurs unanimement, avec des améliorations aussi.
Certaines petites améliorations ont été apportées,
mais le député de Saint-Laurent sait très bien que c'est
le genre de loi, avec tout ce que cela comporte au niveau administratif, qui ne
peut être mise en vigueur du jour au lendemain au niveau de sa sanction.
A ce moment-là, il faut nécessairement se donner le délai
nécessaire pour en arriver à une mise en vigueur la plus rapide
possible, mais en même temps elle doit être la plus rationnelle
possible. Je pense que c'est le désir de tous les membres de la
commission que, lorsque cette loi-là sera en vigueur, le service soit
efficace dès le départ. Je pense qu'étant donné les
attentes qu'il y a dans le milieu, on accepterait difficilement de commencer
l'application de cette loi avec un embouteillage ou encore en étant plus
ou moins bien préparé du point de vue administratif.
M. Lalande: II nous reste l'article 14, je crois.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que la proposition
que j'ai faite est valable. Pour forcer tout le monde à agir et
être sûr où on s'en va, et pour rassurer également
les gens du milieu, je pense que le ministre devrait maintenir l'acceptation
qu'il a faite tantôt.
M. Bédard: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Un instant! Tantôt, vous
avez fait la suggestion en disant que les légistes vont... A quel
endroit voulez-vous le mettre?
M. Bédard: C'est à la fin.
Le Président (M. Lacoste): A la fin.
M. Fontaine: On peut peut-être le suspendre.
Le Président (M. Lacoste): Tel que l'a lu le ministre.
M. Lalande: Vous avez fait un projet tout à l'heure, le
jour de sa sanction ou au plus tard le...
Le Président (M. Lacoste): On pourrait le suspendre.
M. Bédard: C'est sur proclamation du lieutenant-gouverneur
et au plus tard le 1er janvier. C'est l'esprit de votre demande?
Une Voix: C'est cela.
M. Lalande: M. le Président, vous pourrez ajouter aussi
entre guillemets: "Cela fait quatre ans qu'on tourne en rond; on peut tourner
encore six mois, sept mois, huit mois."
M. Bédard: On pourrait y mettre aussi que les
gouvernements précédents ont tourné en rond durant dix
ans, mais on ne mettra pas tout cela, on ne se comprendra plus.
M. Forget: Ils ne s'étaient pas tous fait élire
avec ces promesses-là cependant.
M. Fontaine: Oui, dix ans, c'est d'accord.
M. Bédard: Non, nous avions fait sept promesses. Elles
sont remplies et toutes celles-là sont des promesses additionnelles. Ce
ne sont même pas des promesses, c'est encore des choses additionnelles
que nous donnons à l'ensemble de la population dans un secteur
particulier.
M. Lalande: A 10%.
M. Fontaine: Si vous voulez le mettre pour dix ans, je dis oui.
Pour dix ans, je vous appuie.
M. Forget: Une Régie de perception des pensions
alimentaires, c'était cela la promesse. C'est comme la gratuité
de l'enseignement universitaire.
M. Bédard: C'est en plus des sept grandes promesses du
parti lors des dernières élections, qui sont toutes
réalisées. Cela ne s'est jamais vu.
M. Lalande: Page 32 de l'édition de 1980, page 32,
troisième ligne.
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes en dehors de notre
discussion, M. le ministre. En fait, il y a un amendement.
M. Bédard: On a fait dans un mandat ce que d'autres n'ont
pas fait...
Une Voix: Dans quatre.
M. Bédard: ... dans quatre mandats.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, je vous
demanderais de faire l'amendement exactement à l'endroit... "Cette
présente loi entrera en vigueur..."
M. Fontaine: Pour dix ans, je vais vous appuyer.
Le Président (M. Lacoste): Pouvez-vous me dire exactement
l'endroit? Le 1er janvier.
M. Bédard: C'est à la fin.
Le Président (M. Lacoste): A la fin.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut suspendre...
Le Président (M. Lacoste): Oui, on pourrait suspendre.
M. Bédard: ... trois minutes les travaux de la commission?
On a demandé quand même beaucoup de travail à nos
légistes. Je crois que ce serait normal de leur donner quelques
instants.
Le Président (M. Lacoste): Suspendons pour... M.
Forget: ... dix minutes...
Le Président (M. Lacoste): ... dix minutes. Nous
suspensons nos travaux pour dix minutes.
Suspension de la séance à 21 h 55
Reprise de la séance à 22 h 6
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! Reprise des travaux de la commission parlementaire de la justice.
Au moment de la suspension, nous en étions à l'article 21.
M. Bédard: Non, M. le Président, nous allons
revenir à l'article 14, avec votre permission.
Le Président (M. Lacoste): L'article 14, auparavant.
D'accord. Article 14.
M. Bédard: A l'article 14, il y avait la revalorisation
sur laquelle nous avions fait nos commentaires, ensuite, la question de
l'indexation. Cela va aller. Nous allons avoir un texte.
M. Forget: Avant d'en venir à l'indexation, puisque je
comprends qu'on a une proposition concrète qu'on s'apprête
à nous formuler, je voudrais être bien sûr qu'on se comprend
relativement à la revalorisation. Le ministre, essentiellement, ne
souhaite rien changer si je comprends bien au régime
actuel, qui permet toujours à l'une ou l'autre des parties de contester
le quantum et d'obtenir une révision du quantum de la pension
alimentaire, mais à la demande du créancier ou du
débiteur, et par une requête en bonne et due forme devant la Cour
supérieure.
M. Bédard: Oui. Comme vous l'avez dit vous-même, il
y a bien des causes qui peuvent être prises en considération quant
à savoir pourquoi il y a eu revalorisation ou non. On ne peut pas, par
un seul trait de plume, faire comme si c'était la même situation
pour tout le monde, mais, au contraire, essayer de faciliter pour ceux qui la
désirent, pour ceux qui la croient indiquée, la revalorisation,
pour ceux qui auront la possibilité d'adopter la mesure qui est
préconisée, à savoir envoyer une requête
auprès du tribunal...
M. Forget: Oui, mais la requête en question, ce n'est pas
une mesure d'amélioration. Il est toujours possible de faire une
requête pour la ré-
vision d'une pension alimentaire en Cour supérieure. Cela ne
dépend pas des amendements que nous adoptons. La requête
simplifiée au protonotaire pour agir au nom du créancier ou de la
créancière de pension alimentaire n'est pas un moyen
approprié pour faire réviser une pension alimentaire qui est
devenue insuffisante à cause de la hausse du coût de la vie.
M. Bédard: Cela voudrait dire que le protonotaire agirait
un peu comme le procureur d'un créancier alimentaire. Au niveau de la
revalorisation, on fait face à une multitude de situations, selon la
date des jugements, le moment des prises en considération du tribunal.
Il peut y avoir intérêt à faire témoigner une
série de parties, à demander des preuves. A ce niveau, il me
semble, il serait préférable de laisser jouer les
mécanismes actuels, soit une révision avec l'introduction de
l'article 169.1. Si la pension a été fixée justement, il
me semble que le créancier pourra, au moment de l'entrée en
vigueur de la loi, se prévaloir de cet article et demander tout
simplement une indexation, si elle ne veut pas demander une révision en
même temps.
M. Forget: Je comprends que, pour l'avenir, l'indexation
règle le problème, mais comme l'indexation est prévue pour
l'avenir, pour les nouveaux jugements ou pour les jugements nouvellement rendus
dans les anciennes causes, est-ce que le ministre n'admet pas que
l'augmentation du coût de la vie, de l'indice des prix à la
consommation, est un fait nouveau en soi, et un fait nouveau dont la
signification peut échapper, dans le fond, à plusieurs
créancières de pensions alimentaires, d'obligations alimentaires,
de manière qu'elles négligent de demander une révision et
que, de toute façon, si elles demandent une révision, il y en va
pour elles d'un coût non significatif. Il faut qu'elles adressent, dans
le fond, une requête en bonne et due forme à un tribunal. Elles
n'ont pour ça aucune aide particulière de qui que ce soit. Elles
doivent s'adresser à un avocat pour rouvrir le dossier de la
séparation ou du divorce, selon le cas.
M. Bédard: Je pense que le député de
Saint-Laurent sait que ce sont quand même des procédures
d'exception que d'y aller avec des lois rétroactives.
M. Forget: Elle ne sera pas rétroactive dans son
application.
M. Bédard: Ce qui est important...
M. Forget: On ne demande pas de réévaluer les
pensions versées en 1975, mais de réévaluer aujourd'hui,
en fonction de l'espace de temps qui s'est écoulé depuis le
jugement original et du fait que le dollar promis ou l'ordonnance de payer $100
en 1972 n'a plus la même signification réelle économique en
1980. On ne demande pas de payer le manque à gagner de 1972 à
1980. Mais, si, en 1980, il y a une possibilité de réviser
à la hausse la pension alimentaire pour donner suite à la notion
d'indexation, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de le faire avec au moins un
minimum de formalités et un maximum d'aide de la part de ce percepteur
de pensions alimentaires?
M. Bédard: II faut que l'indexation soit fixée dans
un jugement.
M. Fontaine: Ce que le ministre pourrait faire...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine:... ce serait de décréter purement et
simplement une indexation à compter du 1er janvier 1980. Mais, à
ce moment-là...
M. Bédard: En fait, un jugement de pension alimentaire est
un jugement individualisé à une situation personnelle des
parties, créancier et débiteur, où le juge apprécie
selon les preuves, les besoins, les facultés et les possibilités
de payer. Or, on ne peut pas... On peut, pour l'avenir, fixer une règle
que le tribunal va prendre en considération. Il reste quand même
qu'une requête en révision, c'est quand même assez simple,
parce que ce sont des jugés d'urgence, ça se présente sur
requête. Ce n'est pas une procédure très longue non plus.
Il nous semble qu'on peut difficilement, pour le passé, fixer soit un
taux ou un critère applicable à tout le monde et qui soit facile
d'application.
M. Lalande: Non, mais il ne s'agit pas ici... M. Fontaine:
Je suis d'accord avec...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... ce que vous venez de dire. Mais ce que je
voulais faire comprendre, c'est qu'on ne peut pas demander au percepteur ou au
protonotaire d'agir comme procureur. Je pense que ce serait la première
fois qu'on verrait ça dans les annales judiciaires.
M. Lalande: II ne s'agit pas...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: ... de multiplier les mécanismes. Ils existent
à l'heure actuelle, comme vous l'avez bien dit, mais quand même,
là, c'est une modification au Code civil à l'article 14. Il y a
une voie qui est précise, celle de la requête pour révision
de la pension alimentaire en cours de pratique devant un juge de la Cour
supérieure.
A l'heure actuelle, n'est-il pas vrai que la jurisprudence veut que le
juge va refuser de réévaluer une pension alimentaire à
moins de lui fournir la preuve de faits nouveaux?
Pour être bien certain que l'indexation aura aussi un effet, il
pourrait y avoir un effet pas automatique, mais une fois qu'on saisira le
tribunal, c'est-à-dire pour permettre au juge d'évaluer, de
prendre en considération que l'indexation aujourd'hui dans le monde
consiste en soi en un fait nouveau et pour qu'il puisse, contrairement à
la jurisprudence régulière à l'heure actuelle, permettre
de prendre connaissance du dossier et de réévaluer la pension
alimentaire pour coller à cette réalité que nous
constatons actuellement qui est l'indexation.
Il s'agit de permettre à la pièce à une
créancière alimentaire de se présenter devant le juge et
de dire: II n'y a pas de faits nouveaux depuis un an, deux ans ou cinq ans que
j'ai reçu une pension alimentaire. Le seul fait nouveau, c'est
qu'aujourd'hui, à cause de la dévaluation du dollar, à
cause du fait que la pension qu'on m'avait allouée à $50 par
semaine, je ne peux plus vivre avec ça, c'est pour ça que je vous
fais ma demande, c'est le seul fait que j'ai à vous présenter,
c'est la dévaluation ou c'est l'inflation. C'est ça en d'autres
mots.
Pourquoi ne pas le clarifier, parce que c'est le sens de cette loi, de
cette modification que nous apportons au Code civil? Pourquoi ne pas permettre
à ceux qui ont déjà eu un jugement de pouvoir le
réviser sur le seul fait que l'argent a perdu de la valeur?
M. Bédard: Jusqu'ici, les juges ont refusé de
réviser les jugements lorsqu'il n'y avait strictement qu'une question
d'indexation, mais, du moment qu'il existe un article comme l'article 169.1 au
Code civil, il devient d'application immédiate; dès qu'il est en
vigueur, il s'applique. A ce moment-là, le tribunal peut, s'il est saisi
sur une requête...
M. Lalande: Je pense qu'il est de notre devoir de
vérifier, de nous assurer justement que c'est une indexation qu'on veut
donner; que le législateur veut donner au tribunal ou aux juges, que ce
n'est pas seulement pour les...
Parce que, encore une fois, en vertu des règles
d'interprétation, il y a toujours une certaine résistance des
magistrats et des juges à appliquer rétroactivement une loi.
Dans ces conditions, il faudrait peut-être donner cette chance de
pouvoir saisir et que ceux qui ont eu une pension alimentaire il y a six mois
puissent bénéficier des mêmes avantages que celui qui l'a
eue hier, que ceux qui l'auront au lendemain de l'adoption de cette loi.
M. Bédard: On ne recommencera pas le débat. Nous
avons donné les explications techniques.
M. Forget: M. le Président, est-ce que je pourrais faire
au moins une suggestion? Je pense que le minimum, le "minimorum" de ce qu'on
peut imaginer là-dedans, pour être bien sûr que l'intention
du ministre se traduise par une attitude appropriée, ce serait juste
d'avoir quelques petits mots ajoutés dans le paragraphe qui nous est
suggéré?
On dit: Le tribunal ordonne même d'office. Si on ajoutait: "Et
ordonne de nouveau" ou quelque chose dans ce genre, qui indique l'intention de
revoir même les jugements rendus dans le passé, que les aliments
payables sous forme de pension soient indexés.
Je pense que le fait même de mettre dans la loi que
désormais ils seront indexés peut s'interpréter dans un
sens bien opposé à celui qu'on nous suggère, à
savoir que les jugements rendus dans le passé, eux, ne le sont pas.
M. Bédard: Nous sommes convaincus que cela va se faire
avec le nouvel article que nous allons mettre en place concernant
l'indexation.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse un peu de mon ignorance, vous m'en
saurez gré, messieurs, vous ne m'en tiendrez pas rancoeur.
Si je comprends bien, l'indexation va valoir pour tous les jugements qui
seront portés à partir de l'application de la loi, disons que ce
serait le 1er janvier 1981. Dans le cas des jugements passés, il faudra
s'adresser de nouveau par requête au juge pour faire indexer la pension
alimentaire. C'est cela? (22 h 15)
M. Bédard: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, si je n'ai pas compris, M. le
Président. J'aimerais demander au ministre quelle est son objection de
base à ce que ce soit fait d'une façon automatique, dans le sens
que tous les jugements exécutoires qui ont été rendus,
s'appliquent à ceux-là comme à ceux à venir. Je
comprends que, quand on tombe dans le problème de la revalorisation,
j'en avais parlé et j'ai compris, ça peut être complexe,
etc.
M. Bédard: Non, la raison est très simple, c'est
à cause de la situation particulière de chacune des parties, de
chacun des cas, parce que c'est très personnalisé. Chacun des
jugements rendus...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais supposons que ma pension, la pension
alimentaire...
M. Bédard: Vous me permettez de terminer? Pour chacun des
jugements rendus, l'appréciation est très personnalisée.
Comme le disait également le député de Saint-Laurent, il y
a toutes sortes de causes, les causes ne sont pas les mêmes. Il n'y a pas
eu de revalorisation dans certains cas et je ne vois pas qu'à partir
d'un trait de plume ou d'un article, on mette tout cela sur un pied
d'égalité.
Mme Lavoie-Roux: Mais supposons qu'il y a une pension alimentaire
de $200 de versée à Mme X... Oui, je peux bien parler de Mme Y,
si vous voulez. Pourquoi, sans que soit réexaminée toute sa
situation... Disons que vous avez inclus j'ai
été absente une indexation, que vous avez mis un
indice, je pense...
M. Bédard: Nous allons l'inclure dans quelques instants,
si vous nous en donnez l'occasion.
Mme Lavoie-Roux: Supposons qu'il y a un indice quelconque, que la
pension de $200 de Mme Y ne soit pas immédiatement indexée, ses
$200, non pas $200 nécessairement revalorisés, que ses $200
soient automatiquement indexés selon l'indice que vous mettrez dans le
projet de loi. Pourquoi n'est-ce pas possible?
M. Bédard: Cela fait à peu près quatre ou
cinq fois qu'on donne les mêmes explications.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit que je ne comprenais pas
vite.
M. Bédard: Mais il y a toujours moyen de relire le journal
des Débats.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends, M. le ministre, mais la
revalorisation, je la comprends. Cela peut dépendre...
M. Bédard: Si vous me donnez la chance, je vais
compléter. L'indexation n'est pas donnée encore. Si vous m'en
donnez l'occasion, dès que vous aurez terminé, je vais parler de
l'indexation automatique.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous pouvez bien me donner n'importe
quel indice comme indexation.
M. Bédard: Non, vous allez voir que ce ne sera pas
n'importe quel indice.
Mme Lavoie-Roux: Cela va régler d'autres choses. D'accord,
je vais attendre.
M. Bédard: Ce ne sera pas n'importe quel indice.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais une suggestion
à faire au ministre. Est-ce qu'on ne pourrait pas indiquer dans la loi,
sans faire mention de la jurisprudence actuelle on sait que ça
prend des faits nouveaux, comme l'a dit le député de Maisonneuve
tantôt, pour demander une révision de la pension alimentaire
mais est-ce qu'on ne pourrait pas mettre dans la loi, si le ministre
veut m'accorder trente secondes, une provision selon laquelle un juge à
qui on adresserait une requête en vue de l'indexation de la pension
alimentaire pour les jugements qui sont en vigueur actuellement serait
obligé de l'accorder?
M. Bédard: Cela sera l'article 169.1. M. Fontaine:
Non.
M. Bédard: Attendez, j'ai un amendement.
Mme Lavoie-Roux: On attend toujours le produit de la
cogitation.
M. Fontaine: Ce n'est pas... en tout cas, j'attends.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
on aurait un amendement afin de remplacer le texte de l'article 169-1 par le
suivant: "169.1 Le tribunal ordonne, même d'office, que les aliments
payables sous forme de pension soient indexés suivant l'indice annuel
des rentes établi conformément à l'article 119 de la Loi
sur le régime de rentes du Québec (chapitre R-9), à moins
que la situation des parties ne justifie la fixation d'un autre indice."
Une Voix: Excellent.
M. Fontaine: Cela ne répond pas...
M. Forget: Cela répond à un problème.
M. Bédard: Cela répond, je pense, à un
problème important qui avait été soulevé...
Mme Lavoie-Roux: J'espère, M. le ministre, qu'on n'essaie
pas de...
Le Président (M. Lacoste): Cela va être le nouveau
paragraphe 169.1.
Mme Lavoie-Roux: Je vais me retenir...
M. Fontaine: Cela ne répond pas...
M. Bédard: On essaie seulement d'être...
Mme Lavoie-Roux: J'espérais qu'il n'y avait pas de cas de
protection, M. le ministre. D'accord.
M. Bédard: Je ne sais pas ce que vous voulez dire.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, d'accord, je vous ferai un
petit dessin.
M. Bédard: Je comprends que c'est une mauvaise
objection.
M. Fontaine: Cela ne répond pas à la
préoccupation de permettre à tous les bénéficiaires
de créance alimentaire actuels, au moment où on se parle, de
bénéficier d'une indexation, par une simple requête devant
le tribunal.
M. Bédard: Je pense qu'à partir du moment où
l'article 169.1 est adopté, il me semble que la politique
générale qui va être suivie, soit qu'à partir du
moment où une requête va être faite...
M. Fontaine: Non, ça va être bon pour les
jugements...
M. Bédard: ... non une requête en révision ou
une demande de révision va être faite. L'esprit de la nouvelle loi
va quand même influencer, disposer, à mon sens, très
positivement les juges face à des demandes de révision dans ce
sens.
M. Fontaine: Pourquoi ne voulez-vous pas le mettre dans la loi?
Ce serait bien plus simple que d'obliger les juges à
interpréter.
M. Forget: Est-ce que le ministre pourrait...
M. Fontaine: Quelle est la raison que vous avez de ne pas vouloir
permettre aux gens qui sont...
M. Bédard: Je vous l'ai dit, un jugement de pension, c'est
très personnalisé, différentes considérations sont
prises...
M. Fontaine: Mais vous le faites à compter du 1er janvier
1981, vous le personnalisez quand même et vous le donnez...
M. Bédard: L'indexation vient par jugement et doit
être fixée par le tribunal.
M. Fontaine: C'est la suggestion que je vous fais, c'est de
demander au tribunal d'indexer sur demande les pensions pour les
jugements...
M. Bédard: Le tribunal prendra la décision et nous
sommes convaincus qu'il va la prendre dans le sens de l'économie de la
nouvelle loi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je persiste à croire
que même si les tribunaux acceptent de réviser les anciens
jugements, ils ne le feront que pour la période à venir et non
pas à compter de la période d'émission du jugement.
Autrement dit, si $100 de pension par semaine ont été
donnés en 1972, on va dire que ces $100 sont maintenus jusqu'au 31
décembre 1980 et ils ne commenceront à s'indexer qu'à
partir de la nouvelle loi et non pas à partir de la date où il a
été rendu. C'est sûr que ça va être
interprété de cette façon, ce qui est bien loin, je pense,
de l'intention visée par un grand nombre d'interventions ici. Ce n'est
pas une indexation dans le sens où on pourrait l'entendre.
N'oublions pas que, dans le cas de certaines pensions versées par
l'Etat, on a même adopté des lois pour les anciens religieux qui
étaient devenus des enseignants, etc., on est allé très
loin dans le sens de la rétroactivité et je pense qu'à ce
moment-là, le gouvernement a vu des raisons pour agir de cette
façon-là: c'étaient les siennes.
Mais il reste qu'il y a des précédents pour agir de
façon rétroactive, relativement à l'indexation, quand cela
fait l'affaire du gouvernement ou quand il apparaît
d'intérêt public de le faire.
Il nous semble que c'est là un cas où c'est
d'intérêt public de le faire. Si on reconnaît le
problème de l'indexation une fois, il me semble qu'on doit le
reconnaître comme étant d'application plus générale.
Ce n'est pas parce qu'on est rendu au 1er janvier 1981 que cela devient une
préoccupation nouvelle et inusitée. Cela le pourrait aussi, mais
avec la rédaction qu'on a là, au moins est-ce que le ministre
pourrait s'engager, dans la publicité qu'il fera autour de la mise en
vigueur de ce projet de loi, à en profiter, dans l'un des nombreux
communiqués de presse qui seront probablement émis à ce
moment-là, pour rappeler aux créancières des pensions
alimentaires qu'elles ont la possibilité d'obtenir une révision
du jugement et d'obtenir, au moins pour l'avenir, la clause d'indexation en
question? Ce serait déjà quelque chose de gagné.
M. Bédard: Certainement. Et j'espère que
l'Opposition ne nous reprochera pas d'employer les sommes nécessaires
pour que l'information adéquate soit faite à la population
concernée.
M. Forget: On ne pourra que vous reprocher la date, M. le
ministre.
M. Bédard: Vous n'aurez même pas à me
reprocher la date, parce que nous allons procéder avec
célérité. Vous êtes à même de le
constater. Vous allez le voir dans le prochain amendement qu'on va
présenter.
M. Lalande: Est-ce que nous devons comprendre de l'argumentation
du ministre qu'il est d'accord pour prendre le risque que les gens qui sont
bénéficiaires d'une pension alimentaire qui sera octroyée
aujourd'hui, par exemple, en tout cas avant le 1er janvier 1981, qu'il est
d'accord pour prendre le risque que ces gens-là qui, au mois de
décembre, auraient eu une pension alimentaire, eux, ne soient pas
indexés, alors que ceux de janvier 1981 seront indexés, qu'on
accepte, à l'avenir, de les réviser?
C'est un risque. Selon les différentes interprétations
qu'on a eues autour de la table, il apparaît que les juges n'accepteront
peut-être pas de réviser une pension alimentaire sur le seul fait
de l'indexation. Mais c'est un risque que vous êtes prêt à
assumer?
M. Bédard: Je crois que, d'une façon
générale, les juges sont très compréhensifs face
aux situations humaines que cela peut représenter, et la loi et toute
l'économie de la loi, ils la connaîtront. Je ne crois même
pas que ce soit un risque.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article 14
est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 21.
M. Bédard: L'article 21 se lirait comme suit: "La
présente loi entrera en vigueur au plus tard le 1er janvier 1981 ou, en
tout ou en partie, à toute
autre date antérieure fixée par proclamation du
gouvernement."
Le Président (M. Lacoste): Adopté? M. Forget:
Amen
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 est
adopté.
M. Bédard: Cela termine l'étude de notre projet de
loi.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
183, Loi pour favoriser la perception des pensions alimentaires, est
adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, tel
qu'amendé.
Projet de loi no 96
Le projet de loi no 96, Loi modifiant diverses dispositions
législatives. Est-ce que vous avez des commentaires
généraux avant d'aborder l'article...
M. Bédard: Je n'ai pas de commentaires
généraux. On sait qu'une loi omnibus, de par sa nature
même, représente des amendements d'ordre purement technique
à différentes lois. Je pense que la méthode la plus rapide
de procéder, c'est d'y aller tout de suite, article par article.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Etant donné qu'on se trouve devant un projet de
loi omnibus, j'aimerais faire quelques remarques générales.
Cet après-midi et ce soir, le ministre a critiqué le
travail de l'ancien gouvernement en ce qui concerne le droit. Il a dit que le
gouvernement précédent n'avait pas fait un bon travail.
J'aimerais rappeler à la commission que c'est le gouvernement
précédent qui a fait adopter la Charte des droits et
libertés de la personne, que c'est le gouvernement
précédent qui a fait adopter la Loi sur l'aide juridique, que
c'est le gouvernement précédent qui a fait adopter la loi sur les
petites créances, et j'en passe. (22 h 30)
Je pense que le gouvernement précédent a fait beaucoup par
rapport au gouvernement qu'on a aujourd'hui. A la différence du
gouvernement précédent, le gouvernement actuel n'a pas de
philosophie globale du droit. Le gouvernement actuel n'a pas de vision globale
du droit, tout est fait à la pièce. On a vu cela cette session;
on a vu cela cette semaine; on a vu cela aujourd'hui. Je peux qualifier la
politique du ministère actuel de politique de "patchage" et, comme on a
vu cette semaine, c'est souvent le "patchage" à la dernière
minute. C'est souvent du mauvais "patchage".
J'aimerais aussi rappeler à la commission que l'Office de
révision du Code civil a fait son dernier rapport et, si je comprends
bien, l'Office de révision du Code civil a disparu maintenant. Il n'y a
plus d'Office de révision du Code civil et, en effet, il n'y a pas
d'organisme au Québec qui fait la réforme du droit. Je trouve
cela incroyable que la province de Québec n'ait pas un organisme qui
s'occupe de la réforme du droit. Tous les Etats modernes ont un
organisme qui s'occupe de la réforme du droit. On peut parler du mauvais
gouvernement fédéral, mais il a sa Commission de réforme
du droit. On peut parler des gouvernements du Manitoba, de la
Colombie-Britannique, etc. Tous ces gouvernements et tous les Etats aux
Etats-Unis ont des commissions de réforme du droit pour revoir des lois,
pour faire des études, pour proposer de nouvelles lois, etc. Au
Québec, rien ne se fait, rien ne bouge au Québec. Il faut se
demander pourquoi. Peut-être que c'est parce qu'il n'y a pas
d'intérêt politique pour établir une commission de
réforme du droit. Le ministre a parlé cet après-midi de sa
politique en matière de lois. Je ne sais pas de quoi il a voulu parler.
Peut-être que le ministre s'occupait d'autres choses, comme les
commissions d'enquête. Cela a l'air de prendre beaucoup de temps, surtout
la commission Keable, à vérifier les
récépissés et tout cela.
M. Bédard: Toujours sérieux, comme d'habitude.
M. Marx: Mais je trouve qu'il y a des problèmes sociaux,
des problèmes juridiques. C'est incroyable que tous les
ministères au Québec aient publié des livres blancs, des
livres verts, des livres bleus et une des exceptions qui sautent aux yeux,
c'est le ministère de la Justice, qui n'a rien fait, qui n'a pas de
programme global.
Le ministre est bien prudent. On a un ministre prudent. On a un ministre
qui essaie de ne pas faire d'erreurs, quoiqu'il tombe de temps en temps dans
des erreurs, un ministre qui ne fait pas grand-chose dans...
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Est-ce que nous en sommes à l'étude des
caractéristiques caractérielles du ministre, à
l'étude des crédits du ministère? Est-ce que nous en
sommes à l'Université de Montréal...
M. Forget: Quel article invoquez-vous?
M. Godin: L'article 134. ... au mois de juin, au moment de...
M. Forget: L'article 134 n'a rien à voir avec les propos
du député de Mercier.
Le Président (M. Lacoste): Allez-y, M. le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, est-ce que nous en sommes
à la période d'examens et de correction d'examens par le
professeur de l'Université Laval?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
Une Voix: M. le Président, veuillez le rappeler à
l'ordre.
M. Marx: Vous êtes en période d'examens toute
l'année. Cela fait quatre ans et vous n'avez pas passé vos
examens. Vous avez échoué.
Une Voix: Si le député n'est pas content, il
pourra...
M. Godin: M. le professeur, vos médailles, vous les
garderez pour vous.
M. Bédard: Question de règlement.
M. Godin: Ses médailles, il les gardera pour lui. Les
étoiles bleues, vertes et dorées, il les gardera pour lui.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Marx:
Non, mais je parle de...
M. Bédard: Je comprends les préoccupations de mon
collègue ministériel, mais je n'ai pas d'objection.
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee revient
avec son "bag" habituel.
M. Marx: Le ministre...
M. Bédard: II veut être dans les notes
sténo-graphiques du journal des Débats. Qu'il finisse ses
jérémiades habituelles.
M. Godin: Cause toujours mon lapin.
M. Forget: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, question de règlement.
M. Forget: II y a un article qui dit, dans notre
règlement, qu'il n'est pas permis d'imputer des motifs, etc. Le
ministre...
M. Bédard: Seigneur, vous ne parleriez jamais!
M. Forget: Mais, M. le Président, le ministre pourra faire
des plaintes en vertu du règlement, lorsque ce sera approprié,
mais il reste qu'il dit de l'intervention de mon collègue de D'Arcy
McGee qu'il est là simplement pour être cité au journal des
Débats, qu'il dit des choses insignifiantes. Au contraire, je pense
qu'il pose des questions fondamentales. On a ici un projet de loi qui est un
véritable capharnaùm des mesures les plus disparates qui...
M. Godin: C'est pour cela qu'on appelle cela un bill omnibus.
Vous avez tout compris, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Oui, c'est pour cela qu'on appelle cela un bill
omnibus. Le fait qu'il y ait un bill omnibus présenté de la
façon qu'il est présenté témoigne justement du
genre de choses dont le député de D'Arcy McGee...
M. Bédard: Commencez par l'étudier et on verra si
vous avez raison.
M. Lalande: C'est parce que les poètes ne comprennent pas
le latin.
M. Forget: M. le Président, le ministre interrompt, il
impute des motifs...
M. Godin: On passe notre temps à corriger vos lois.
M. Forget: S'il veut que les travaux procèdent dans
l'ordre, il pourrait lui-même respecter les règles qu'il invoque
si souvent pour attirer sur lui la pitié des auditeurs.
M. Bédard:... en commençant, j'ai proposé de
procéder article par article.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le ministre.
Donc, aux commentaires généraux, M. le député de
D'Arcy McGee, sur le projet de loi no 96, Loi modifiant diverses dispositions
législatives.
M. Marx: J'ai compris, par cette interruption, que les
députés ministériels se prennent pour un bon gouvernement,
et qu'il ne faut pas critiquer un bon gouvernement, sauf ceux qui le
critiquent.
Le Président (M. Lacoste): M. le député,
j'aimerais revenir...
M. Marx: J'ai seulement deux points pour terminer. Je ne veux pas
être interrompu à toutes les deux secondes par le ministre ou par
un de sa cohorte. Je propose que le ministre définisse une politique
juridique globale et cohérente. Je pense que c'est la première
chose à faire quand un ministre prend la charge d'un ministère.
Deuxièmement, je propose que le ministre étudie la
possibilité d'établir une commission permanente de la
réforme du droit, comme on en trouve dans chaque Etat moderne. Le
Québec fait exception sur ce plan. C'est le temps que le ministre fasse
quelque chose et pense à une politique quelconque.
M. Bédard: La commission...
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de répondre.
M. Bédard: C'est le bout!
M. Marx: Seulement un dernier petit point...
M. Bédard: M. le Président, le député
de D'Arcy McGee se permet de parler et il ne veut même pas qu'on lui
réponde!
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire que le ministre
réponde, parce qu'il ne veut pas être publié dans le
journal des Débats, il ne trouve pas cela important!
M. Bédard: Je répondrai rapidement, vous allez
voir!
M. Godin: Ce sont des moeurs étranges, M. le
Président...
M. Bédard: La commission de réforme est
déjà à l'étude. Pour ce qui est du bill omnibus,
c'est le moyen approprié pour apporter des corrections à
différentes lois. Vous serez en mesure de constater que ce sont des
corrections qui sont apportées aux lois du gouvernement actuel, et
également des corrections qui sont apportées aux lois
votées par des gouvernements précédents. C'est la formule
usuelle. Le député a parlé de la prudence du ministre,
c'est exact, prudence qui ne nous empêche pas de fonctionner. Au
contraire, je pense que c'est au-delà de 30 lois et, pour plusieurs,
d'importance, qui ont été votées depuis que nous sommes au
ministère de la Justice...
M. Marx: D'accord, ce ne sont pas les lois...
M. Bédard: Je comprends que le député de
D'Arcy McGee ne soit pas au courant. Cela ne fait quand même pas
longtemps qu'il est parmi nos collègues. Je ne lui en fais pas grief. Je
ne voudrais pas faire perdre le temps de la commission plus qu'il ne le faut.
Nous sommes prêts à passer à l'étude du projet
article par article.
M. Marx: Une petite addition...
M. Godin: Vous êtes la personne pour l'arrogance, vous!
Vous êtes le champion!
M. Marx: Ce n'est pas vrai que je ne suis pas au courant des
lois. J'ai pesé toutes les lois de ce gouvernement et, en livres, elles
pèsent plus que les lois qui ont été adoptées par
l'autre gouvernement. Le ministre a répondu à ma deuxième
question, mais pas à ma première question. Est-ce qu'il est
prêt à définir une politique juridique globale et
cohérente ou est-ce qu'il va procéder de la même
façon qu'il procède depuis 1976, à la pièce et par
"patchage"?
M. Bédard: On ne fera pas une longue discussion. Nous
pensons qu'elle est très cohérente. Si le député
était moins partisan, il n'aurait qu'à...
M. Marx: Est-ce que la politique...
M. Bédard: Laissez-nous parler! Est-ce qu'il y a seulement
vous qui en avez le droit?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Godin:
Les libertés de la personne!
M. Bédard: Nous pensons qu'elle est très
cohérente. Nous comprenons très bien le député de
D'Arcy McGee, pour les motifs qui lui appartiennent, d'avoir une opinion
contraire. Je ne m'attendais pas à moins de sa part. Il fera le tour des
lois que nous avons présentées. Pour ce qui est du bill omnibus,
la seule cohérence d'un bill omnibus, c'est de corriger des erreurs
techniques faites dans des lois déjà votées. Je crois que
la manière la plus efficace de travailler, c'est d'y aller article par
article.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 1.
M. Marx: Je pense qu'il a compris le point...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Une Voix: C'est quoi?
M. Bédard: Cet article a pour objet de supprimer un
régime d'exception qui prévalait dans certains districts à
une époque où peu de notaires oeuvraient dans ces districts,
à savoir Gaspé-Nord, Gaspé-Sud, etc. Je pense que, de nos
jours, il existe suffisamment de notaires en ces endroits pour ne pas avoir
besoin d'un régime d'exception.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Est-ce que vous avez pensé, M. le ministre,
à la division d'enregistrement de l'île d'Orléans? Est-ce
que le bureau d'enregistrement de l'île d'Orléans continue
à durer? Est-ce que vous avez pensé à
réévaluer ça? Il me semble qu'il y aurait assez de
notaires à Québec pour se rendre jusqu'à l'île
d'Orléans.
M. Bédard: Oui, ce n'est pas une question de fond. Je n'ai
pas de réponse très précise. Le député me
pose la question à brûle-pourpoint. On peut peut-être faire
certaines vérifications et l'informer. D'accord?
M. Lalande: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 1, adopté.
Article 2.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec le
précédent.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 2est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 3.
M. Bédard: La même chose. C'est une concordance avec
l'article 1.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 4.
M. Bédard: L'article 4, c'est un article de concordance
avec l'article 20 qui propose la suppression du registre des adresses. En
effet, ce registre n'est pas utilisé, puisqu'il constitue un double du
document "avis d'adresse" qui, lui, est consulté. Il importe de noter
que la transcription du document "avis d'adresse" dans le registre des adresses
constitue un risque d'erreur. Il consacre, par ailleurs, la pratique qui veut
que le registrateur doive aussi aviser les créanciers
privilégiés dans les cas prévus par l'article 1040a du
Code civil, puisqu'en pratique, le registrateur, en plus d'aviser les
créanciers hypothécaires, avise aussi les créanciers
privilégiés de l'enregistrement d'un avis de 60 jours.
M. Lalande: Très bonne disposition. M. Bédard:
Merci!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 4est
adopté?
M. Lalande: Très cohérente.
Le Président (M. Lacoste): Article 4, adopté.
Article 5.
M. Marx: ... une bonne chose cette année.
M. Bédard: Nous aurions un amendement, soit d'ajouter,
après l'article 4, l'article suivant: "4.1. L'article 1664 de ce code,
édicté par l'article 111 de la Loi instituant la Régie du
logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives (1979, c. 48) est modifié par l'insertion, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, entre les chiffres 1618 et
1622, du chiffre suivant: 1619. Le présent article entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation du gouvernement pour
l'entrée en vigueur de l'article 111 de la Loi instituant la
Régie du logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives (1979, c. 48)".
M. Fontaine: C'est tellement un bon gouvernement, qu'il amende
les lois avant même qu'elles soient en vigueur.
M. Marx: C'est la politique globale, être vigilant.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que ce nouvel article
est adopté? Est-ce que le nouvel article 4.1 est adopté?
Adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
1.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6. (22 h 45)
M. Bédard: Cet article établit la concordance avec
l'article 8, lequel prévoit qu'il appartiendra aux parties de
déterminer quels sont les lots affectés par le dépôt
d'un plan. Il précise que l'avis qui devra dorénavant, en vertu
de l'article 8, être présenté au registrateur pour
l'enregistrement de plans, pourra être donné sous seing
privé, soit par acte notarié en minutes ou en brevet.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 6est
adopté?
Adopté. J'appelle l'article 7.
M. Bédard: L'article 7 énonce la forme de la
déclaration énonçant les causes de la subrogation acquise
de plein droit et en requérant un enregistrement. Cette modification a
pour but de contrer les prétentions voulant que la déclaration
puisse être verbale.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 7est
adopté?
Adopté. J'appelle l'article 8.
M. Bédard: A l'article 8, il y aurait un amendement dans
le but de remplacer, dans la partie liminaire de cet article, à la
dernière ligne, les mots "deuxième alinéas" par
"deuxième alinéa". C'est parce qu'il y avait un "s".
Est-ce qu'il y a des remarques concernant l'article 8?
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: L'article 9...
Une Voix: Adopté avec amendement.
M. Bédard:... c'est un article qui a pour objet de
préciser le mode...
Une Voix: C'est le précédent.
M. Lalande: ... la modification de l'article 8. Le
Président (M. Lacoste): L'article 9.
M. Bédard: L'article 9 a pour but de préciser le
mode de preuve des documents sous seing privé présentés
pour enregistrement. Les actes sous seing privé constituent une certaine
proportion des actes soumis à l'enregistrement. Ils peuvent l'être
par dépôt ou par bordereau. Or, la seule disposition concernant la
façon dont ils doivent être prouvés est à l'article
2133 qui concerne l'enregistrement par dépôt. Il est de pratique
courante d'exiger que les actes sous seing privé soient prouvés,
qu'il s'agisse d'enregistrement par dépôt ou par bordereau.
Afin d'éliminer toute ambiguïté à ce propos,
il importe de préciser que le document sous seing privé
présenté pour enregistrement par dépôt ou bordereau
doit être attesté par deux témoins sous leur signature et
prouvé par le serment de l'une de ces personnes.
Une Voix: Adopté.
M. Lalande:... sous seing privé peut-être dans
certains pays, mais ce que je voudrais souligner, c'est le fait des extraits de
naissance de pays étrangers qui, par la suite, pour les
reconnaître... Par exemple, je pense au cas de mariages civils où
on doit avoir comme preuve l'extrait de naissance. Bien souvent, venant de pays
étrangers, on essaie d'attester et de prouver qu'effectivement, les gens
sont bien nés à telle date. Je comprends que ce n'est pas
vraiment sous seing privé, ça devrait, dans la plupart des pays,
j'imagine, être inscrit dans les registres de façon authentique,
mais est-ce que ceci est prévu quelque part dans la loi?
En d'autres mots, ma question est la suivante: Pour quelqu'un qui serait
né dans un autre pays où les registres auraient été
détruits, pourront-on prouver son acte de naissance ici avec une
attestation devant deux témoins?
Je sais que je m'écarte un peu de ceci.
M. Bédard: C'est l'article 1207 actuellement qui
s'applique dans ce cas-là et qui prévoit les écrits faits
ou attestés avec les formalités requises par un officier public
qui a le pouvoir d'attester dans le pays où, dans le lieu où.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 10?
M. Bédard: A l'article 10, nous aurions un amendement
à l'effet de remplacer, à la deuxième ligne du dernier
alinéa de l'article 2132, remplacé par l'article 10, les mots
"lorsqu'un tel index est tenu" par les suivants: "le cas
échéant". Cet article est de concordance avec l'article 19,
lequel propose que l'index des noms ne soit tenu que dans les bureaux
d'enregistrement où un système informatique est utilisé.
Alors, on propose un amendement simplement aux fins d'éviter toute
ambiguïté. Adopté?
M. Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: L'article 11 est un article de concordance avec
l'article 9, lequel modifie l'article 2131 du Code civil et précise le
mode de preuve des documents sous seing privé présentés
pour enregistrement, soit par défaut ou par bordereau.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Bédard: Article 11, adopté. A l'article 12, nous
aurions un amendement qui est du même genre que celui à l'article
10 et qui aurait pour effet de remplacer, à la dernière ligne de
l'article 12, les mots "lorsqu'un tel index est tenu" par les suivants: "le cas
échéant".
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 12 est
adopté tel qu'amendé?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, tel
qu'amendé. Article 13.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
9 quant au mode de preuve des bordereaux sous seing privé qui sont
présentés pour enregistrement.
Le Président (M. Lacoste): Article 13, adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 14?
M. Bédard: L'article 14 est de concordance avec 9 et
13.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): 14, adopté. Article
15?
M. Bédard: A l'article 15, nous aurions un amendement
à l'effet de remplacer l'article 15 par le suivant: "L'article 2151 de
ce code, modifié par l'article 8 du chapitre 98 des Lois de 1938, par
l'article 16 du chapitre 85 des lois de 1971 et par l'article 14 du chapitre 29
des Lois de 1979, est de
nouveau modifié par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: Lorsqu'ils sont sous seing privé, ils
doivent être attestés par deux témoins sous leur signature
et prouvés par le serment de l'un d'eux". Alors, c'est de concordance
avec l'article 9 dont j'ai parlé tout à l'heure qui
prévoit la méthode de preuve des documents sous seing
privé.
Le Président (M. Lacoste): Le nouvel article 15 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Nouvel article 15,
adopté. Article 16.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a des remarques?
M. Lalande: Non.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 17.
M. Bédard: Je n'ai aucune remarque particulière,
c'est un article qui précise la nomination des registrateurs.
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 18.
M. Bédard: L'article 18 concerne les heures d'ouverture
des bureaux d'enregistrement. Il s'agit d'harmoniser la situation.
M. Lalande: Selon les informations que vous avez, le fait que les
bureaux d'enregistrement soient dorénavant fermés le samedi
matin, ce n'est pas un inconvénient pour les notaires, selon les
informations que vous avez?
M. Bédard: Non, selon une information que nous avons,
l'article en question répondrait à...
M. Lalande: D'accord.
M. Bédard: On implique la notion de jour juridique
plutôt que jour de fête, ça concerne le 26 décembre
et le 2 janvier.
M. Fontaine: Mais, de 9 heures à 16 heures, ce n'est pas
changé?
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Lacoste): Article 18, adopté.
Article 19.
M. Bédard: A l'article 19, nous aurions un amendement,
à l'effet, premièrement, de remplacer, à la
quatrième ligne du paragraphe 1 du premier alinéa de l'article
2161, remplacé par l'article 19, le mot "de" par le mot "du";
deuxièmement, remplacer la cinquième ligne de ce paragraphe par
la suivante, "document, s'il ne s'agit pas d'immeubles; lorsqu'il s'agit
d'immeubles, cet index ou répertoire n'est"... Cet article propose la
suppression de la tenue de l'index des noms dans les bureaux d'enregistrement
où un système informatique n'est pas utilisé.
Cet index connu aussi sous l'appellation registre des noms est fort peu
utilisé en raison de la méthode actuelle de tenue de ce livre.
S'il y a d'autres remarques...
M. Lalande: Je voudrais simplement savoir, dans les cas où
le système est informatisé, s'il y a un système de
sécurité ou de "dumping" dans l'enregistrement, un système
autre que celui de la bande magnétique, qui nous permet d'avoir une
certaine sûreté de l'enregistrement.
En d'autres mots, est-ce que c'est simplement sur bobines ou s'il y a
effectivement des plumitifs ou des...
M. Bédard: Les documents sont tous filmés.
Actuellement... la mécanographie. Avec le développement actuel de
l'informatique, on ne peut pas se servir de la machine parce qu'on prend trop
d'information. La machine est nettoyée tous les jours, et les feuilles
sont conservées.
M. Lalande: A ce moment-là, vous faites le "dumping"
à la fin de chaque journée?
M. Bédard: Oui, mais c'est conservé, c'est
relié ensuite. C'est l'analyse qui est conservée. Prenons le cas
du bureau d'enregistrement de Montréal où l'analyse est faite
pour chaque entrée. Cela va être fait directement dans la machine
et le soir, la machine va rejeter toutes ces informations, mais sur papier. Et
cela va être conservé comme c'est conservé actuellement,
indépendamment des registres.
M. Lalande: Ils sont imprimés, en d'autres mots?
M. Bédard: Oui. M. Lalande: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. Article 20.
M. Bédard: Cet article vise la suppression de la tenue du
registre des adresses. Ce registre est
en effet la transcription manuelle des adresses que l'on retrouve dans
le document enregistré et classé à avis d'adresses.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 21.
M. Bédard: Comme c'est très technique, je ne sais
pas si j'ai besoin de donner des informations à chacun des articles.
J'imagine que l'Opposition a étudié très en profondeur
chacun de ces amendements qui sont proposés...
M. Lalande: Sauf qu'à l'article 2161b, quand on dit que
"tout créancier hypothécaire... donne au registrateur". Est-ce
qu'on en fait une obligation de le donner au registrateur. Est-ce qu'il y a un
"veut" ou un "doit"? C'est facultatif.
M. Bédard: Actuellement, c'est facultatif. S'il ne
dépose pas l'avis d'adresse et qu'il y a des poursuites judiciaires ou
un avis de 60 jours qui est enregistré contre l'immeuble, il n'est pas
avisé.
M. Lalande: Mais est-ce qu'il n'a pas intérêt
à en faire une obligation...
M. Bédard: II a intérêt, mais on ne peut pas
contraindre quelqu'un à faire quelque chose qui dépend de sa
propre volonté.
M. Lalande: Je comprends. Mais cette chance du registrateur...
Parce que, pour protéger les tiers, en d'autres mots, pourquoi ne
l'obligerait-on pas à donner...
M. Bédard: Sous quelle sanction?
M. Lalande: Une sanction de dommages et intérêts
ou...
M. Bédard: Je m'excuse, monsieur, mais il y a
déjà une sanction dans la loi. S'il ne dépose pas son
avis, s'il n'enregistre pas son avis, il n'est pas avisé.
La loi actuelle est accompagnée d'une sanction, mais, si on
l'oblige, la sanction va demeurer la même. Il ne sera pas tenu
d'exécuter son obligation.
Mais, à l'article 2161, ce que nous changeons, ce n'est pas ce
sur quoi portent les questions du député. L'amendement qui est
apporté, c'est concernant la prescription de trente ans.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 2161 est
adopté?
M. Lalande: L'article 2161, c'est cela, c'est la prescription de
trente ans.
M. Bédard: C'est cela. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 22?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Lalande: Un instant!
M. Bédard: C'est de concordance avec l'article 21.
Une Voix: Le ministre est bien pressé!
M. Bédard: Je ne suis pas pressé, mais je ne veux
pas faire perdre le temps de la commission. C'est le ministre qui travaille.
Vous autres, vous pouvez aller vous reposer.
Le Président (M. Lacoste): Article 22, adopté.
L'article 23?
M. Forget: Cela va à l'article 23, oui. Une Voix:
Ce ne sera pas long. M. Marx: Pensez plus et travaillez moins. M.
Bédard: Vous, vous ne travaillerez pas.
Le Président (M. Lacoste): Adopté! Article 24?
M. Bédard: C'est de concordance.
Le Président (M. Lacoste): Article 24, adopté?
M. Bédard: Article 24, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 25? Adopté.
Article 26?
M. Bédard: A l'article 26, on aurait un amendement.
L'amendement est entre les mains de l'Opposition. Est-ce que cela va?
Une Voix: Oui.
M. Fontaine: Je viens de le lire, c'est d'accord, oui.
M. Bédard: Je vous le donne, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Est-ce que
l'amendement proposé par le ministre est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
Une Voix: Est-ce que le député pourrait le
résumer?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 26 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bédard: Adopté. (23 heures)
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. Article 27?
M. Bédard: A l'article 27, nous aurions un amendement pour
remplacer, à la deuxième ligne du deuxième alinéa
de l'article 2176 proposé, les mots "autoriser le" par les mots
"procéder au". Cette modification précise le sens de l'article
2176.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 27 est adopté tel qu'amendé? Adopté tel
qu'amendé. Article 28.
M. Bédard: A l'article 28, nous avons un amendement
à l'effet d'ajouter, après l'article 28, l'article suivant que
nous déposons. Il s'agirait d'une concordance avec la modification qui a
été apportée à l'article 2181 par l'article 28.
M. Lalande: Je ne comprends pas exactement l'article 28. Je ne
replace pas cela.
Le Président (M. Lacoste): Cela va être après
l'article 28, ce sera l'article 28.1. C'est cela, M. le ministre? Est-ce que
l'article 28 est adopté?
M. Lalande: Tel qu'amendé?
M. Bédard: C'est-à-dire l'article 28.
Le Président (M. Lacoste): L'article 28 tel quel.
M. Lalande: Oui, cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 28, adopté.
Est-ce que l'ajout qui s'appelle l'article...
M. Bédard: 28.1.
Le Président (M. Lacoste): ... 28.1...
M. Lalande: Pourquoi le remplacement, au deuxième
alinéa, des mots "lieutenant-gouverneur en conseil" par les mots
"ministre de la Justice"?
M. Bédard: J'aurais une explication bien simple, c'est
parce que c'est mieux comme cela.
M. Lalande: Allez-y!
M. Bédard: C'est tout simplement mieux comme cela! C'est
mieux par le ministre que par le lieutenant-gouverneur. Trêve de
plaisanteries, c'est une concordance avec l'article 25. On uniformise le
rôle du ministre de la Justice et on essaie de simplifier le
système, afin que ce soit moins lourd. ... le lieutenant-gouverneur doit
autoriser la tenue d'un registre de l'index des immeubles sous feuillets
mobiles, avec cette nouvelle disposition...
M. Lalande: C'est d'accord. Cela répond à ma 1re
question. Je comprends très bien. Je viens de comprendre aussi le
rôle du protonotaire là-dedans. C'est une excellente
initiative.
M. Bédard: Bravo!
Le Président (M. Lacoste): L'article 28.1 est
adopté?
M. Lalande: Finalement, il va y avoir de la cohérence, en
tout cas en ce qui a trait au bureau d'enregistrement.
M. Bédard: Plutôt que de jaser et de placoter,
j'aime mieux faire de la cohérence que de faire comme le
député de D'Arcy McGee qui ne fait que critiquer.
Le Président (M. Lacoste): Article 29. M. Lalande:
Procédez, M. le ministre.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de faire maintenant
l'étude de la Commission de réforme du droit. On sait que vous
êtes sur la bonne piste.
M. Bédard: Attendez, à la Commission de
réforme, vous allez avoir vos surprises en temps et lieu. Il ne vous
restera plus de motif pour critiquer. Cela va pour l'article 29?
M. Lalande: Oui, excellent.
Le Président (M. Lacoste): Article 29, adopté.
Article 30.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 30, adopté.
Article 31.
M. Bédard: L'article 31, concernant l'évaluation
foncière...
Le Président (M. Lacoste): Article 31, adopté.
Article 32? M. le député de D'Arcy McGee, à l'article
32.
M. Marx: M. le Président, je ne sais pas où poser
cette question. J'espère que le député de Mercier ne va
pas m'interrompre cette fois et qu'il va me laisser poser ma question, qu'il ne
va pas soulever une question de règlement.
M. Bédard: Je suis convaincu que vous avez assez de
cohérence pour savoir où poser votre question.
M. Marx: Merci. La question est la suivante: L'autre jour, en
commission parlementaire, vous avez donné l'indication que vous seriez
préparé pour modifier la loi sur les jurés pour permettre
aux Indiens de Caughnawaga d'être membres d'un jury. Est-ce qu'on peut
inclure cet amendement dans ce projet de loi omnibus? Ce n'est pas dans le
projet omnibus maintenant.
M. Bédard: Cela va venir à la fin.
M. Marx: Cela va venir à la fin. Merci, M. le
ministre.
M. Bédard: En toute cohérence, comme ce sont les
dernières demandes qui sont entrées, elles viennent à la
fin.
M. Marx: C'est la première promesse que vous avez tenue
depuis un mois, depuis que je suis député. Cela commence
bien.
M. Bédard: Je n'ai jamais failli à une promesse au
député de D'Arcy McGee. Il est vraiment
désagréable.
M. Fontaine: Vous faites seulement des menaces, vous ne faites
pas de promesse.
M. Bédard: Je pense même que, plus on est gentil
envers le député de D'Arcy McGee, moins il est
compréhensif.
M. Marx: Non, ça va bien.
M. Lalande: Je voulais simplement faire une remarque, à
savoir que je reconnais là, pour le ministre...
Le Président (M. Lacoste): Un consentement pour parler de
l'article 31 qui a été adopté.
M. Bédard: Oui.
M. Lalande: L'article 31... C'était une
préoccupation du ministre de la Justice de voir à ce que les
conjoints des juges puissent bénéficier des avantages
prévus par le nouveau régime de retraite, c'est ça?
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalande: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Bédard: Enfin, il y a un ministre qui a
décidé de faire quelque chose là-dessus.
M. Lalande: Pour le pouvoir judiciaire.
M. Rivest: Nommez-le! M. Bédard:
Moi-même.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
M. Lalande: Oui, sous réserve des remarques de mon
collègue de D'Arcy McGee, oui.
M. Bédard: Adopté.
Une Voix: 32, adopté, oui.
Le Président (M. Lacoste): 32, adopté 33?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 33est
adopté?
M. Lalande: Attendez un peu, 33.
M. Bédard: C'est une erreur qui s'est glissée dans
la refonte des lois.
M. Lalande: Du lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre?
D'accord, 33.
Le Président (M. Lacoste): Article 33, adopté.
34?
M. Lalande: Tant qu'à changer... Le Président
(M. Lacoste): 34.
M. Bédard: 34, c'est une erreur de typographie.
M. Lalande: Encore une autre erreur.
M. Bédard: Non, ce ne sont pas des erreurs.
Le Président (M. Lacoste): 34, adopté. 35?
M. Lalande: Si ça peut corriger votre erreur, on va
l'adopter.
M. Bédard: Non, mais on corrige les erreurs des autres
lois. 35, est-ce que ça va? Il y a un amendement à l'article 35
qui a été porté à la connaissance de l'Opposition.
Je ne sais pas s'il y a des...
M. Fontaine: Le ministre pourrait lire le deuxième
paragraphe.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que... M.
Bédard: Du même souffle.
Le Président (M. Lacoste): Un nouvel article, en fait, M.
le ministre, c'est ça? Est-ce que le nouvel article 35 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, 36?
M. Bédard: 36, adopté, dit le député
de D'Arcy McGee.
Une Voix: Un instant!
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Alors, 37?
Le Président (M. Lacoste): 36, adopté. 37?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Un instant! C'est parce qu'il y a une autre erreur
ici, au niveau de la loi. De l'article 36, on passe à l'article 20.
Attendez un peu. On passe de la page 17 à la page 11.
Le Président (M. Lacoste): Oui, c'est...
M. Bédard: Non, ce sont des erreurs d'impression.
M. Lalande: Encore une autre erreur.
M. Bédard: Non, ce ne sont pas des erreurs. Ce sont des
corrections d'erreurs.
Le Président (M. Lacoste): Je dois indiquer aux membres de
la commission que c'est une mauvaise impression du projet de loi.
M. Lalande: Si le ministre nous donne la chance de reprendre
notre second souffle.
M. Bédard: C'est tout simplement parce que les pages ont
été interverties dans le projet.
Le Président (M. Lacoste): ... projet de loi, c'est
ça. La présidence est...
M. Lalande: Nous sommes rendus à 37, c'est ça, M.
le Président?
Le Président (M. Lacoste): C'est ça, 37.
M. Bédard: Non, 38.
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: 38, adopté.
Le Président (M. Lacoste): 37, adopté; 38,
adopté. 39?
M. Bédard: 39, nous aurions un amendement à l'effet
de remplacer, à la première ligne, le mot "article" par les mots
"la version française de l'article". Remplacer, à la
deuxième ligne, le mot "addition", par le suivant, "insertion" et
ajouter, à la troisième ligne, après le mot
"régie", une virgule.
M. Lalande: Pourquoi, au premier paragraphe...
M. Bédard: Cette modification a pour effet...
M. Lalande: ... on remplace "l'article" par les mots "la version
française de l'article"?
M. Bédard: ... d'introduire des mots oubliés dans
la version française de l'article 469 de la Loi sur les cités est
villes.
M. Lalande: Une autre erreur à corriger, ça va.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est
adopté?
M. Lalande: Mais oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Lalande: On collabore.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 39, adopté tel
qu'amendé. Article 40?
M. Bédard: Adopté. L'âge de la retraite des
juges municipaux est fixé à 70 ans.
M. Lalande: Qu'est-ce qui vous a amené à changer
l'âge?
M. Bédard: C'est une concordance avec la Loi sur les
tribunaux judiciaires, où c'est le cas partout.
M. Lalande: Quelle était la limite d'âge avant?
M. Bédard: II n'y en avait pas.
M. Fontaine: Quand cela a-t-il été
modifié?
M. Lalande: Vous ne trouvez pas que c'est un préjudice qui
est causé à certains juges qui espéraient pouvoir
siéger comme juges municipaux pendant bien des années, que vous
frustrez?
M. Bédard: C'est l'âge de retraite des juges des
Cours municipales de Montréal, Laval et Québec, du Tribunal de la
jeunesse, de la Cour provinciale.
M. Fontaine: Quand cela a-t-il été changé
dans la Loi sur les tribunaux judiciaires?
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: Quand cela a-t-il été changé
dans la Loi sur les tribunaux judiciaires?
M. Bédard: Cela fait longtemps que c'est là.
M. Fontaine: On avait oublié de faire la concordance?
M. Bédard: C'est ça. On n'a pas oublié; on
corrige d'autres lois aussi. C'est pour mettre de la concordance et de la
cohérence.
M. Lalande: Au moins, la remarque de notre collègue de
D'Arcy McGee aura sensibilisé le ministre à l'incohérence
habituelle pour qu'il essaie de corriger une certaine incohérence.
On peut constater ça parce que, régulièrement,
ça revient dans les propos du ministre.
M. Bédard: Non, c'est le député de D'Arcy
McGee qui a été incohérent en dénonçant
l'incohérence avant de voir le projet de loi qui mettait de la
cohérence.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 40 est
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Une Voix: II n'y a pas eu d'amendement?
M. Bédard: L'article 41 est-il adopté?
Le Président (M. Lacoste): L'article 40 est adopté.
J'appelle l'article 41.
M. Bédard: L'article 42 est-il adopté?
M. Lalande: Un instant, nous en sommes encore à l'article
41. Est-ce que le ministre peut nous expliquer la teneur de la formule 15 de
cette loi qui est abrogée à l'article 41?
M. Bédard: Ce sont les instructions devant servir de guide
aux électeurs sur la manière de voter qui, par suite de
modifications à la Loi sur les cités et villes, ont
été incluses dans différents articles de la loi, qui n'ont
plus leur raison d'être dans une formule parce qu'on ne s'y
réfère plus, de toute façon, à l'intérieur
de la Loi sur les cités et villes.
M. Lalande: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lacoste): L'article 41 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 42.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 43.
M. Lalande: L'article 42.1.
M. Bédard: Nous voudrions ajouter, après l'article
42, l'article suivant que je vous dépose, qui se lirait comme suit:
"L'article 5 du Code de la route (LRQ)..." M. le Président, je pense que
ce n'est pas nécessaire de tout le lire.
Le Président (M. Lacoste): Oui.
M. Lalande: Est-ce pour essayer de ratifier une situation
d'informatique ou si, simplement, on peut imprimer, comme dirait le ministre de
l'Education, ad nauseam, reproduire la signature sans avoir...
M. Bédard: Pas ad nauseam, mais franchement pour rendre le
système plus efficace.
M. Lalande: ... au sein du Conseil des ministres
là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 42.1 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 43.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 43 est
adopté?
M. Lalande: Un instant!
M. Bédard: C'est parce que la Loi sur les tribunaux
judiciaires prévoit que le Tribunal de la jeunesse est établi par
proclamation. C'était il y a un certain temps. Maintenant, le tout a
évolué et je pense que le Tribunal de la jeunesse, comme les
sessions, comme d'autres cours, doivent avoir juridiction sur l'ensemble du
Québec et non pas à partir d'une proclamation.
M. Lalande: Pourquoi n'a-t-on pas prévu justement la Cour
des sessions de la paix à l'intérieur de ça?
M. Bédard: C'est bien, cela.
M. Lalande: On parle de la juridiction de la Cour d'appel, de la
Cour supérieure, de la Cour provinciale, du Tribunal de la jeunesse,
mais on a omis la Cour des sessions de la paix.
M. Bédard: Dans le Code de procédure civile. M.
Lalande: Pardon?
M. Bédard: Oui, c'est l'article 23 du Code de
procédure civile.
M. Lalande: Mais le Tribunal de la jeunesse, dans les cas de
protection, comme dans les cas de délinquance ou les cas d'adoption,
est-ce que...
M. Bédard: En matière d'adoption... Je pense que le
député de Maisonneuve vient de saisir.
Le Président (M. Lacoste): L'article 43 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 44.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle
l'article 45.
M. Bédard: Je n'ai pas de remarque particulière
pour l'article 45.
M. Lalande: Pourquoi ça?
M. Bédard: Etant donné le nombre de juges au niveau
de la... et la cohérence de ce qui s'est fait dans la Loi sur les
tribunaux judiciaires, il s'agit, à même les effectifs actuels,
d'avoir à nommer un juge coordonnateur au Tribunal du travail, comme
c'est le cas, par exemple, pour la Cour provinciale, pour la Cour des
sessions...
M. Lalande: Dans l'esprit du ministre, est-ce qu'il n'y a qu'une
seule cour du Tribunal du travail ou est-ce qu'il est en deux divisions, celle
de Québec et celle de Montréal?
M. Bédard: II n'y a pas de division comme telle; il y a un
greffe à Québec et un greffe à Montréal, c'est une
seule cour.
(23 h 15)
M. Lalande: Le ministre est d'avis qu'il y a un greffe à
Montréal et un greffe à Québec. Ils sont
interdépendants? C'est parce que je voudrais essayer de concilier la
version du ministre avec celle du juge Brière.
M. Bédard: Le juge Brière a droit à ses
opinions.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 45 est
adopté?
M. Bédard: On ne commencera pas à faire des
débats à 23 h 30.
Le Président (M. Lacoste): Article 45, adopté.
Article 46?
M. Bédard: L'article 46 est un article de concordance.
M. Forget: D'accord, ça va.
Le Président (M. Lacoste): Article 46, adopté.
Article 47?
M. Lalande: Oui, ça va, concordance.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 48?
M. Lalande: Oui, ça va.
Le Président (M. Lacoste): Article 48, adopté. 49,
adopté.
M. Bédard: 50.
Le Président (M. Lacoste): 50, adopté.
M. Bédard: 51. Les ingénieurs.
Le Président (M. Lacoste): 51, adopté. 52?
M. Lalande: Oui, ça va.
M. Bédard: 52, 53.
M. Lalande: A 52, qu'est-ce que c'est 49, 50, 51, les articles
"ont effet depuis le 1er septembre 1979"?
M. Bédard: La date d'entrée en vigueur des Lois
refondues du Québec.
M. Lalande: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 52, adopté.
53?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Qu'est-ce que c'est, la Loi sur l'instruction
publique qui est édictée par l'article 15? Un commissaire ou un
parent est nommé par la commission scolaire. Quel est le sens de cette
modification?
M. Bédard: 53? Lors de l'étude en commission
parlementaire du projet de loi no 71 en décembre 1979, le ministre de
l'Education avait eu l'intention d'apporter des modifications à
l'article 15 de ce projet afin de rendre obligatoire la présence au
conseil d'orientation d'un commissaire ou d'un parent nommé par la
commission scolaire. Tel qu'il se lit actuellement, l'article accorde une
discrétion aux commissions scolaires sur ce point, ce qui n'était
pas l'intention du législateur. Alors, l'article 53 propose simplement
la suppression de la discrétion en question.
Le Président (M. Lacoste): Adopté? M. Lalande:
Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 54, adopté.
Article 55?
M. Bédard: C'est une précision des articles 53 et
54.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 56?
M. Lalande: 55.1 et 55.2, vous les avez, je crois, dans les
papillons.
M. Bédard: Oui, c'est cela.
M. Lalande: La loi sur les jurés.
M. Bédard: Oui, c'est cela. Vous êtes d'accord?
M. Lalande: Oui, on est d'accord sur cela. Vous étendez
cela aux réserves indiennes?
M. Bédard: Oui.
Il y a le paragraphe 3 qui protège le juré par rapport
à ses conditions de travail, etc.
M. Lalande: C'est dans le papillon 55.2. M. Bédard:
55.3; alors, je le dépose.
M. Lalande: Pour 55.3, je voudrais, seulement une minute...
M. Bédard: Une seconde, on va commencer par 55.1.
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: Alors, je le dépose. Cela apporte la
modification que nous voulions à la loi des jurés concernant
certaines réserves. Ces dispositions permettent au shérif, pour
préparer la liste des jurés, d'utiliser, sur autorisation du juge
et suivant les modalités des conditions prescrites par le juge, le
rôle d'évaluation d'une municipalité, la liste de bande
confectionnée selon la loi sur les Indiens ou le registre de la
population du ministère des Affaires sociales.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 55.1 est
adopté?
M. Lalande: Cela va, oui.
M. Marx: J'aimerais féliciter le ministre. Cela a pris
quatre ans, mais finalement il a mis de la cohérence dans la loi sur les
jurés, et il a bien fait. Il a rendu justice aux résidents de la
réserve de Caughnawaga qui pourront devenir maintenant membres d'un
jury.
M. Bédard: Quatre jours. Le député nous en a
parlé il y a quatre jours et déjà c'est
réglé.
M. Lalande: 55.2, oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): 55.2, adopté. 55.3?
M. Lalande: A 55.3, je voudrais demander au ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: ... s'il y a une présomption qui jouerait
contre l'employeur qui congédierait, suspendrait ou déplacerait
un employé parce qu'il a agi comme juré. Est-ce que c'est une
présomption de droit qui est créée contre l'employeur?
M. Bédard: Oui, ça rejoint...
M. Lalande: Cela rejoint les dispositions qu'on a au Code de
procédure civile concernant les gens qui sont sous saisie-arrêt,
ces choses.
M. Bédard: Oui.
M. Lalande: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): 55.3, adopté?
M. Lalande: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 56?
M. Bédard: Article 56, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 57?
M. Bédard: Article 57, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 58?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 59?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 60?
M. Bédard: Article 60, article 61, adopté. Le
Président (M. Lacoste): Article 60... M. Lalande:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): ... adopté. Article
61?
M. Bédard: Une seconde.
M. Lalande: C'est l'article 62 que je voulais bloquer.
Le Président (M. Lacoste): Article 61, adopté.
Article 62?
M. Bédard: A l'article 62, il s'agit simplement d'ajouter
le paragraphe 62.1, c'est une modification qui a pour effet de corriger une
erreur découlant de la renumérotation des articles de ce chapitre
effectuée à la suite de son étude en deuxième
lecture.
Le Président (M. Lacoste): Article 62?
M. Bédard: Alors, je dépose...
M. Lalande: A l'article 62, dans le paragraphe 1, quel est le but
visé dans ça; "modifier par le remplacement du troisième
alinéa par le suivant: Malgré toute autre loi..."?
M. Bédard: L'article 69 de la...
M. Lalande: On empêche qu'un fonctionnaire ne soit pas
assigné, c'est ça.
M. Bédard: ... Loi sur le ministère du Revenu
édicte qu'un fonctionnaire n'est pas autorisé, dans le cas de
procédures judiciaires autres que celles de droit criminel, à
témoigner relativement à certains renseignements. Cette
prohibition de témoigner n'empêche pas certains avocats de faire
parvenir des subpoenas aux fonctionnaires concernés, sachant qu'ils ne
pourront témoigner. Le fonctionnaire visé doit alors
comparaître sans pouvoir déposer. La modification propose donc
qu'il soit interdit dans ces circonstances d'assigner ces fonctionnaires; la
modification n'a cependant pas pour effet d'empêcher un tribunal
d'exercer un contrôle judiciaire et de déterminer, à la
demande d'une partie par exemple, si elle peut ou non assigner un tel
fonctionnaire.
M. Lalande: Est-ce qu'il y a des abus... M. Bédard:
Oui.
M. Lalande:... puisque vous amenez ça? C'est qu'on
forçait les fonctionnaires à déposer...
M. Bédard: Non, à se déplacer, à
être présents, à ne pas être au travail, en les
obligeant à venir dans la boîte pour invoquer l'article en
question.
M. Lalande: On va se fier aux demandes du ministre
là-dessus, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Article 62, adopté?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 62.1,
adopté?
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: Article 63...
Le Président (M. Lacoste): Article 63?
M. Bédard: Ça va, c'est simplement une question de
renumérotation.
M. Lalande: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 63, adopté.
Article 64?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Oui, ça va.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 65?
M. Lalande: Oui, ça va.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 66?
M. Bédard: Adopté. M. Lalande:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 67?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Lalande: Qu'est-ce qu'on veut dire par les autres documents
pertinents, à l'article 67?
M. Bédard: Ces documents consistent en des autorisations,
permis d'exploitation, certificats d'attestation et programmes d'assainissement
qui sont d'intérêt public.
M. Lalande: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 67, adopté.
Article 68?
M. Bédard: Article 68, adopté.
M. Lalande: Oui, ça va.
Le Président (M. Lacoste): Article 69?
M. Bédard: Je n'ai pas de commentaires à l'article
69.
Le Président (M. Lacoste): Article 69...
M. Bédard: C'est simplement à l'effet de supprimer
l'application du RREGOP aux deux vice-présidents de l'Office de la
langue française, puisque ces postes n'existent plus depuis
l'avènement de la Charte de la langue française.
M. Lalande: Donc, c'est pour leur permettre que soit applicable
le RREGOP dans ces conditions; c'est assez important pour eux, au fond, cette
modification. Je suis d'accord, très bien.
Le Président (M. Lacoste): Article 69, adopté.
Article 70?
M. Lalande: Cela va, oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 71 ?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 71, adopté.
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 72?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 73?
M. Bédard: Article 74...
M. Lalande: A l'article 73, c'est le crédit de rente aux
aumôniers à temps plein des centres de détention du
Québec. Est-ce que vous avez encore des aumôniers qui sont
engagés à temps plein?
M. Bédard: Oui.
M. Lalande: Combien y en a-t-il au Québec?
M. Bédard: Dix.
M. Lalande: Est-ce qu'ils sont rémunérés par
contrat...
M. Bédard: Cela permet à ces personnes de racheter
des années de service qui devront, le cas échéant,
être calculées aux fins des prestations de retraite.
M. Lalande: Est-ce que ce sont des employés à temps
plein, permanents, au sens de la fonction publique?
M. Bédard: C'est le cas.
M. Lalande: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 73, adopté.
M. Bédard: A l'étude des crédits, on en a
fourni la liste.
Le Présiden* (M. Lacoste): L'article 73 est
adopté. Article 74?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 74 est adopté.
Article 75?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 76?
M. Bédard: Pas de commentaires. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 76 est adopté.
Article 77?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 77 est adopté.
Article 78?
M. Bédard: Concordance. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 78 est adopté.
Article 79?
M. Lalande: II y a une autre erreur à corriger. On est
d'accord.
M. Bédard: Nous aurions un article 78.1.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle l'article 78.1.
M. Bédard: Le but de la modification apportée
à la Loi sur la sécurité dans les édifices publics
par l'article 78.1 est de supprimer tout doute sur le pouvoir des inspecteurs
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre d'inspecter les
remontées mécaniques.
L'addition de ces mots à la définition d'édifices
publics comprise dans cette loi supprimera toute ambiguïté.
M. Lalande: Les remontées mécaniques, c'est quoi,
ce sont les manèges, les montagnes russes?
M. Bédard: Les centres de ski, par exemple. M. Lalande:
D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 78.1 est
adopté?
M. Lalande: Oui, oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 78.1 est
adopté. Article 79?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 79 est adopté.
Article 80?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Oui, concordance.
Le Président (M. Lacoste): L'article 80 est adopté.
Article 81 ?
M. Lalande: Egalement.
M. Bédard: C'est un article de concordance. Ce sont cinq
articles concernant les tribunaux judiciaires.
M. Lalande: Jusqu'à l'article 87, ça va. C'est de
la concordance.
Le Président (M. Lacoste): Article 81, adopté.
Article 82, adopté. Article 83, adopté. Article 84,
adopté. Article 85, adopté. Article 86, adopté. Article
87, adopté. Article 88?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques
explications?
M. Bédard: C'est pour rendre le Code de déontologie
applicable à tous les juges municipaux sous réserve de
règles spéciales qui sont proposées dans les articles
suivants.
M. Lalande: Quels juges de paix voulez-vous retrouver à
l'intérieur de cet article? ... et à un juge de paix nommé
suivant l'article 186 si l'acte de nomination indique que l'article 189
s'applique à ce juge de paix. Est-ce que c'est le cas des juges de paix
qui procèdent aux comparutions?
M. Bédard: Les quatre juges de paix de
Montréal.
M. Lalande: Les quatre juges de paix. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 88 est adopté.
Article 89?
M. Bédard: Concordance. M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 89 est adopté.
Article 90?
M. Bédard: C'est le même sujet jusqu'à
92.
Le Président (M. Lacoste): L'article 90 est adopté.
Article 91, adopté. Article 92, adopté. Article 93?
M. Lalande: Une autre erreur à corriger. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Article 93, adopté.
Article 94?
M. Bédard: Nous voulons ajouter l'article 93.1, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 93.1. M. Lalande:
Les personnes handicapées? M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 93.1 est
adopté?
M. Lalande: Est-ce que le ministre peut me faire une petite
synthèse de ce qui est visé?
M. Bédard: Cet amendement vise à permettre la
réalisation par étapes de l'accessibilité des immeubles
aux personnes handicapées. L'article 69 actuel oblige tous les
propriétaires d'immeubles qui y sont visés à faire
approuver par le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, dans
l'année qui suivra la date d'entrée en vigueur de cet article, un
plan de développement visant à assurer, dans un délai de
cinq ans, l'accessibilité de leurs immeubles aux personnes
handicapées.
Une modification s'impose donc puisqu'il y aurait environ 250 000
édifices publics, industriels et commerciaux au Québec et qu'il
serait difficile au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre d'approuver les
plans de développement qui lui seraient présentés.
L'article propose donc de permettre au ministre de déterminer par
règlement les groupes d'immeubles qui, chaque année, seront
visés par l'article 69.
M. Lalande: C'est un délai de cinq ans que se donne le
gouvernement pour permettre aux handicapés d'accéder aux...
M. Bédard: C'est cela, promouvoir une plus grande
accessibilité des...
M. Lalande: C'est un excellent article. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 93.1 est
adopté. Article 94?
M. Bédard: C'est un gouvernement humain.
M. Lalande: C'est malheureux que cela arrive dans les derniers
milles.
M. Bédard: C'est depuis le début. Il n'y a que les
aveugles qui ne voient pas cela.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 94 sera
adopté? (23 h 30)
M. Godin: Pour longtemps à part cela.
M. Bédard: Article 94, oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 95?
M. Forget: Oui, adopté.
M. Bédard: Article 95, je n'ai pas d'objection.
M. Lalande: Adopté. Concordance.
Le Président (M. Lacoste): Article 95, adopté.
M. Lalande: L'article 96 aussi est adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 96, adopté.
Article 97?
M. Lalande: Adopté.
M. Bédard: Article 97, une seconde! A l'article 97, il
s'agirait de remplacer, dans le paragraphe g), les mots "en vertu du contrat"
par les mots "pour cette réparation".
M. Lalande: On n'a pas de papillon là-dessus. Qu'est-ce
que c'est encore?
M. Bédard: Non, c'est vraiment...
Le Président (M. Lacoste): Remplacer les mots "en vertu du
contrat" par les mots "pour cette réparation".
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 97 est adopté tel qu'amendé?
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. Article 98?
M. Bédard: Adopté. M. Lalande:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 98 adopté.
Article 99?
M. Lalande: En quoi cet article facilite-t-il l'administration de
la Loi sur la protection du consommateur?
M. Bédard: C'est tout simplement pour supprimer certaines
ambiguïtés qui existaient.
M. Lalande: Elles sont relatives à quoi, ces
ambiguïtés?
M. Bédard: L'article 240 de la nouvelle Loi sur la
protection du consommateur interdit à une personne d'invoquer le fait
qu'elle est titulaire d'un permis ou qu'elle a fourni un cautionnement
exigé par une loi ou un règlement dont l'office doit surveiller
l'application pour prétendre que sa compétence, sa
solvabilité, sa conduite ou ses activités seront reconnues ou
approuvées.
Cet article soulève deux difficultés d'application. La loi
permet à des commerçants d'être exemptés de
l'application de certaines de ces dispositions moyennant le dépôt
d'un cautionnement. Il sera donc important que le consommateur puisse
être informé par le commerçant que certaines dispositions
de la loi ne s'appliquent pas à lui puisqu'il a déposé un
cautionnement.
Tel que rédigé, l'article 240 pourrait empêcher le
commerçant de fournir cette information et on retrouve d'ailleurs une
ambiguïté semblable à l'article 241.
La deuxième difficulté d'application soulevée par
cet article a trait au fait qu'il se réfère non seulement
à la Loi sur la protection du consommateur, mais aussi à toute
autre loi dont l'office surveillera éventuellement l'application.
Or, le projet de loi no 54, Loi sur le recouvrement de certaines
créances, prévoit justement l'obligation pour un agent de
recouvrement de donner son numéro de permis au débiteur.
Comme c'est l'Office de la protection du consommateur qui veillera
à l'application de cette loi, il y aura donc conflit avec la disposition
de l'article 240. Cette situation devrait être corrigée.
Le Président (M. Lacoste): Article 99, adopté?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 99, adopté.
Article 100?
Une Voix: Adopté.
M. Lalande: L'article 100 aussi et l'article 101, c'est...
M. Bédard: Article 101, adopté. M. Lalande:
Oui, cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 100, adopté.
Article 101, adopté. Article 102?
M. Bédard: Article 102, c'est toujours sur la même
loi.
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 102, adopté.
Article 103?
M. Bédard: A aller jusqu'à...
Le Président (M. Lacoste): Article 103, adopté?
M. Lalande: Concordance avec l'article 101, oui, cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 104? M.
Bédard: Article 104, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 104, adopté?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 104, adopté.
Article 105?
M. Bédard: A l'article 105, on voudrait remplacer, dans le
premier alinéa, les mots "prendront effet à compter du" par les
mots "ont effet depuis le"
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 105 est adopté tel qu'amendé?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. Article 106?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Article 106, un instant!
M. Bédard: C'est tout simplement la clarification de la
notion de juge en chef associé.
M. Lalande: C'est le changement de la notion de juge en chef
adjoint à juge en chef...
M. Bédard: ... associé.
M. Lalande: ... associé. Mais il n'y a pas un
problème pour que les anciens juges en chef adjoints qui deviennent
associés?
M. Bédard: Non.
M. Lalande: C'est cela, au fond, le sens de la modification? Je
crois qu'il y a le juge en chef en titre, le juge en chef associé et le
juge en chef adjoint à l'heure actuelle.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalande: C'est l'ancien juge en chef adjoint qui devient juge
en chef associé, n'est-ce pas? C'est cela?
M. Bédard: C'est cela, oui. Maintenant, on a des juges en
chef, des juges en chef associés et des juges en chef adjoints...
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: ... alors qu'auparavant, on avait le juge en
chef et le juge en chef adjoint.
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: Maintenant, le juge en chef adjoint est devenu
le juge en chef associé.
M. Lalande: C'est ce que je disais. Je me comprends. Cela va.
M. Bédard: Comme on dit la même chose. M.
Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 106, adopté?
M. Lalande: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Article 107?
M. Bédard: C'est simplement au niveau de la
transcription.
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 107, adopté.
Article 108?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalande: Article 108, oui, cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 108, adopté.
Article 109?
M. Lalande: Article 109, cela va, c'est adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 109, adopté.
Article 110?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 110, adopté.
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 111?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 112.
M. Bédard: Adopté. Cela va pour l'article 112.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 113.
M. Bédard: Adopté. On ajoute des articles...
Le Président (M. Lacoste): Après l'article 113 ou
avant?
M. Bédard: Après l'article 113.
Le Président (M. Lacoste): Article 113, adopté.
M. Lalande: Article 113.1, adopté.
M. Bédard: II y a l'article 113.1, 113.2, 113.3 sur les
normes de travail...
M. Lalande: Oui.
M. Bédard: ... et l'article 113.4.
Le Président (M. Lacoste): Article 113.1,
adopté?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 113.1, adopté.
Article 113.2?
M. Lalande: Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 113.2, adopté.
Article 113.3? Un instant.
M. Lalande: On l'applique aux catégories de
salariés de la région de la Baie James, c'est cela?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalande: Quelle est la nécessité de l'article
113.3? Est-ce qu'on ne retrouve pas les catégories de salariés
partout au Québec?
M. Bédard: En vertu du texte actuel, il y a des
catégories de salariés qui ne peuvent être soumis à
l'application de la loi. Alors, on les couvre par la modification en question.
Le but de la modification est de modifier l'identification du territoire de la
Baie James en parlant à l'avenir de la région de la Baie James
plutôt que du territoire décrit en annexe à la loi du
développement de la région de la Baie James. D'autre part, le
territoire mentionné en annexe...
M. Lalande: D'accord. Je comprends ce que vous voulez dire.
Le Président (M. Lacoste): L'article 113.2 a
été adopté.
M. Lalande: L'article 113.4 aussi.
Le Président (M. Lacoste): L'article 113.3,
adopté.
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 113.4, adopté.
Article 114?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 114, adopté.
M. Bédard: C'est de concordance avec la fiscalité
municipale.
Le Président (M. Lacoste): Article 115? M. Lalande:
Oui, cela va. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 116?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 117?
M. Bédard: Cela va jusqu'à l'article 120. A
l'article 118, nous aurions...
Le Président (M. Lacoste): Article 117, adopté, M.
le député de Maisonneuve?
M. Lalande: Oui, il est adopté.
M. Bédard: A l'article 118, nous aurions un amendement
afin de remplacer, à la première ligne du huitième
alinéa de l'article 264 de la Loi sur la fiscalité municipale et
modifiant diverses dispositions législatives modifiées par
l'article 118, le mot "figurant" par le mot "figurent". C'est une erreur de
typographie.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalande: L'article 119 aussi.
Le Président (M. Lacoste): L'article 118 est adopté
tel qu'amendé.
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Oui. Un instant! Article 119,
adopté. Article 120?
M. Lalande: L'article 120 précise les définitions
de "garderie" et "services de garde et de garderie", "jardin d'enfants, etc.".
Cela précise ces définitions.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalande: On sait qu'il peut y avoir des différences
substantielles pour une garderie qui doit avoir accès sur
l'extérieur...
M. Bédard: C'est pour éviter tout imbroglio. M.
Lalande: D'accord.
M. Bédard: A l'article 121, c'est la version anglaise
qu'il fallait préciser.
Le Président (M. Lacoste): Article 120, adopté.
Article 121, adopté.
M. Bédard: A l'article 121, nous avons un petit amendement
à la première ligne de la version anglaise pour remplacer
l'expression "time during which" par "the time during which between September
1... En tout cas, continuez...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement
à l'article 121 est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 121?
M. Lalande: L'article 121, c'est le Village olympique... C'est
à l'égard des régimes de retraite, pour qu'il n'y ait pas
d'interruption des régimes de retraite entre le 1er septembre 1978 et le
31 décembre 1978. C'est cela?
M. Bédard: Exactement. M. Lalande: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 121 est adopté
tel qu'amendé?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 122?
M. Bédard: Article 122, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 122?
M. Lalande: A l'article 122, est-ce qu'on pourrait savoir le nom
du fonctionnaire qui est visé?
M. Bédard: Le nom ou le nombre?
M. Lalande: Un cas particulier, le nom, n-o-rn. Pas n-o-n,
ça, c'est passé.
M. Bédard: Ah oui! C'est dépassé,
surtout.
M. Lalande: Nom, n-o-m.
M. Bédard: C'est M. Tourigny.
M. Lalande: M. Tourigny, qui est...
M. Bédard: Qui est âgé de 65 ans.
M. Lalande: Qui était fonctionnaire où?
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre à
M. Emile Tourigny, ex-commissaire à la Commission de la fonction
publique, de pouvoir continuer sa participation au Régime de retraite
des fonctionnaires du 14 décembre 1977 jusqu'au 30 avril 1980, date
à laquelle il a pris sa retraite.
M. Lalande: Pour quel motif avez-vous permis, dans ce
cas-là, une prolongation de deux ans?
M. Bédard: Des motifs humanitaires.
M. Lalande: Je comprends, mais est-ce qu'il y en a d'autres?
Parce que ça pourrait être des motifs humanitaires...
M. Bédard: C'est beaucoup.
M. Lalande: Vous ne savez vraiment pas.
Le Président (M. Lacoste): Article 122, adopté?
M. Lalande: Oui, article 122, ça va. M. Bédard:
Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Article 122, adopté.
Article 123?
M. Bédard: Article 123, adopté. M. Lalande:
Oui, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 123, adopté.
Article 124?
M. Bédard: A l'article 124, nous voudrions ajouter,
à la fin, les mots "à l'exception des articles 26 et 27, lesquels
entreront en vigueur le 1er octobre 1980". Cette modification vise à
accorder un certain temps au service du cadastre pour mener à bien une
campagne d'information relative aux amendements proposés aux articles 26
et 27.
M. Lalande: M. le Président, nous n'allons pas harasser le
ministre avec des problèmes d'ordre...
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
L'article 124 est adopté tel qu'amendé.
M. Bédard: Une seconde. M. Lalande:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de
loi...
M. Bédard: Attendez une seconde, M. le Président!
J'aurais d'autres... Concernant la Loi sur la division territoriale, il
s'agirait d'ajouter, après l'article 48, l'article suivant, 48.1: "Le
paragraphe 67 de l'article 11 de cette loi est modifié par le
remplacement de l'intitulé de ce paragraphe par le suivant: Shefford,
bureau à Granby".
Le Président (M. Lacoste): C'est-à-dire qu'il y
aurait 48.1...
M. Bédard: II y a un consensus...
M. Lalande: Je crois comprendre qu'il y a un consensus avec le
député de Shefford là-dessus?
M. Bédard: Cela répond à... Le conseil
municipal...
M. Lalande: Avec l'accord du député de Shefford, on
est d'accord là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): Article 48.1,
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 48.1,
adopté.
M. Bédard: Et ajouter, après l'article 81, le
suivant, concernant la Loi sur les tribunaux judiciaires. Il s'agirait
d'ajouter, après l'article 81, le suivant, et je cite: "L'article 106 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires..." Bon! Je le dépose. C'est pour
corriger une erreur de transcription survenue lors de la refonte de la Loi sur
les tribunaux judiciaires. Cette erreur a pour effet de...
M. Lalande: Si c'est pour cirriger une autre erreur, on
collabore.
M. Bédard: Non, mais ça ne dépend pas de
nous.
Le Président (M. Lacoste): Remplacer, à
l'article...
M. Bédard: Ah oui! Remplacer, à l'article 82, les
mots "la Loi sur les tribunaux judiciaires", tel que libellé, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Tel que libellé, pas de
problème. Est-ce que l'article 81.1 est adopté?
M. Lalande: Oui, adopté.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard: Et l'article 82?
Le Président (M. Lacoste): L'article 82, on l'avait
adopté?
M. Bédard: Non, l'article 82?
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Bédard: Remplacer, à l'article 82...
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Rouvrir l'article
82...
M. Bédard: Attendez un peu! Je vous mêle
peut-être...
Le Président (M. Lacoste): Oui. M. Bédard:
II faut le rouvrir...
Le Président (M. Lacoste): L'article avait
été adopté, c'est ça? Rouvrir l'article 82,
consentement? Et remplacer, à l'article 82, les mots "la Loi sur les
tribunaux judiciaires" (L.R.Q., etc.) par les mots "cette loi..."
M. Bédard: Bon!
Le Président (M. Lacoste): Adopté?
M. Bédard: En terminant l'étude, je ferais la
motion habituelle...
Le Président (M. Lacoste): Article 82, adopté tel
qu'amendé.
M. Bédard: ... pour nous permettre de
renuméroter.
Le Président (M. Lacoste): Article 82, adopté tel
qu'amendé.
M. Lalande: M. le Président, c'est toujours
agréable de collaborer pour terminer l'étude d'un tel projet de
loi, mais c'est toujours un petit peu désagréable,
cependant...
M. Bédard: Avec un ministre qui travaille... (23 h 45)
M. Lalande: ... de constater qu'on y va en mettant trop de
vapeur. Cependant, compte tenu des bonnes intentions du ministre à
l'intérieur de ça, il nous fait plaisir de collaborer.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
96 est adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Je remercie les membres de l'Opposition de leur
collaboration pour ce projet de loi, M. le Président.
M. Lalande: Je remercie aussi tous les fonctionnaires qui se sont
déplacés et qui continuent d'être debout à des
heures aussi tardives.
M. Marx: On sait qui a travaillé... M. Bédard:
C'est évident.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
96, Loi modifiant diverses dispositions législatives je pense
qu'il y avait une motion pour renuméroter tout le projet de loi
est adopté tel qu'amendé?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Nous ajournons
nos travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 46